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Full text of "Dictionnaire des antiquités grecques et romaines, d'après les textes et les monuments"

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University  of  Ottawa 


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DICTIONNAIRE 

DES   ANTIQUITÉS 

GRECQUES   ET   ROMAINES 


Dictionnaire  des  antiquités  grecques  et  romaines.  Ce  Diclionnaire  est  publié  par  fascicules 
grand  in-A".  Chaque  rascicule  comprend  20  feuilles  d'impression  (1(30  pages).  —  Les  quarante- 
cinq  premiers  fascicules  sont  en  vente.  Chaque  fascicule 5  fr.     " 

TOME  I,      Premiiîre  partie  vA-B).  1  vol.  in-4°,  broché 25  fr.  » 

TOME  I,      Deuxième  partie  (C).  1  vol.  in-i",  broché 30  fr.  » 

TOME  II,     Première  partie  (D-E).  1  vol.  in-'i",  broché .30  fr.  » 

TOME  II,     Deuxième  partie  (F-G).  1  vol.  in-'i",  broché 2ô  fr.  •• 

TOME  III,  Première  partie  (H-K).  I  vol.  ia-4°,  broché 25  fr.  .. 

TOME  III,  Deuxième  partie  (L-Ml.   1  vol.  in-4",  broché 40  fr.  « 

TOME  IV,  Première  partie  (N-Q).    1  vol.  in-l",  broché 25  fr.  » 

TOME  IV,  Deuxième  partie  (R-S).   I  vol.  in-i"  broché 25  fr.  » 

La  demi-reliure  en  chagrin  de  chaque  volume  se  paye  en  sus 5  fr. 


DICTIONNAIRE 

DES    ANTIQUITÉS 

GRECQUES    ET    ROMAINES 

D   A  P  R  È  S      LES       r  E  X  T  E  S      El      LES      M  0  N  U  M  E  N  T  S 

COi\'l'E\A.\  I'   l.'KM'I.ICA'l'IO.N    DUS    'l'lil;MKS 

gui    SE    RAPPORTE.Nr    AUX    MŒURS,    AUX    INSTITUTIONS,    A    LA    RELIGION, 

AUX     ARTS,     AUX      SCIENCES,     AU     COSTUME,     AU     MOBILIER,     A     LA     GUERRE,     A     LA     MARINE,     AUX      MÉTIKRS, 

AUX    MONNAIES,    POIDS    ET    MtSURES,    F.TC,    ETC. 

KT    KX    (;Ë.\ËltAI.  A     I.A    VIE    i>uiir.iQiii!:    Kr    PUIVriK    l>KS    A\i:il':.\S 

Ouvrage   fondé   par    Ch.    DAREMBERG 
ET   RÉDIGÉ    PAR    INK    SOCIÉTÉ    D'ÉCRIVAINS    SPÉCIAIX.    DARCHÉOLOGLES    ET    DE    PROFESSEIRS 

SOIS    H     lillircTION   DE 

M.     EDMOM)     SAGLIO 

AVEC    LE    CONCOURS    DE 

M.   EDMOND   POTTIER 

OUVRAGE       OBNÉ      DE      PLUS      DE      7    000      FIGURES      DAPRÈS      L'ANTIQUE 

IlESSlNÉES      l'Ail      P.      SELI.IER.      E  T  i:  . 


TOME  QUATRIÈME 
Deuxième    partie    (R-S) 


PARIS 

LIBRAIRIE     HACHETTE     ET     C"= 

79,     BOULEVARD    S A  I N T- G E R M  A  I N ,     79 


Droits  <le  ]>ro|inùtc  et  de  tr.iUuctioii 


4 


s 


I 


DICTIONNAIRE 

DES   ANTIQUITÉS 

GRECQUES    ET    ROMAINES 


R 


BADIUS  '■  —  Bàlon,  baguette,  rayon. 
1°  Branche  d'un  pieu  de  retranchement.  Ce  sens  repose 
sur  un  texte  de  Tite-Live  connu  par  un  manuscrit  unique, 
dont  la  leçon  a  paru  suspecte,  peut-être  à  tort.  Par  radii 
il  n'est  pas  impossible  qu'on  désignât  proprement  les 
branches  pointues  et  enchevêtrées,  les  piquants  qui 
hérissaient  les  stipites  et  les  valli,  dans  les  palissades 
des  camps  romains  [vallum]  ^ 

2°  Baguette  dont  se  servaient  les  professeurs  pour 
fixer  l'attention  de  leurs  élèves  sur  un  point,  une  ligne, 
une  figure  {fig.  3217).  Elle  était  particulièrement  utile 
aux  astronomes  dans  l'étude  de  la  sphère;  aussi  en 
avait-on  fait  un  de  leurs 
principaux  attributs,  comme 
l'atteste  une  peinture  de  Pom- 
péi  qui  représente  la  muse 
Uranie  (fig.  5912)  ^  Avec  le 
radius  les  astronomes,  les 
géographes,  les  mathémati- 
ciens, les  géomètres  traçaient 
leurs  chiffres  et  leurs  figu- 
res à  la  surface  du  sable  qui 
remplissait  le  cadre  de  l'aba- 
que ABACUS,  I]  S  si  bien  que 
i  u  le  sable  et  la  baguette,  pul- 

Babette  de  démonstralioo.     «^'«    «t    radlUS    »,    SOUt    pOUr 

Cicéron  les  insignes  mêmes 
de  leur  profession.  Quand  les  anciens  évoquaient  le  sou- 
venir d'un  Conon,  d'un  Euclide  ou  d'un  Archimède,  ils 
ne  les  voyaient  plus  qu'avec  le  radius  à  la  main  '. 

3°  Navette  {■As.yM),  bâtonnet  pointu  auquel  le  tisserand 
enroule  le  fil  de  la  trame  et  qu'il  fait  passer  dans  la 
chaîne  [textrimm]  *. 

RADIUS.  '  Peutélre  crapruolé  du  grec  jiîSo;,  qui  présente  à  peu  près  les  mômes 
variétés  de  sens  ;  Bréal  et  Bailly,  DM.  étym.  lat.  s.  i'.  ;  synonyme  uir^a  dans  Serv. 
ad  yitg.Ecl.  III.  40.  _  2Acu(!  aliusque  per  alium  immissi  radii,  T.  Liv.  XXXIII, 
5,  Il  ;  radii  du  codei  Bambergensis  (B)  a  été  corrigé  en  rami  par  Madvig,  Entend. 
Livianaei  (1877),  ad  h.  I.  correction  adoptée  par  Weissenborn.  —  3  Pitt.  d'Ercol. 
Il,  8,  p.  ô3;  Millin,  Gai.  Mylh.  i3,75;  Millier- Wieseler,  Denkm.  d.  ait.  Kunsl,  II, 
58,  740;  Helbig,  Wandgem.  Campan,  a.  889,  Pjtliagore  montrant  avec  le  radius 
une  sphère  ;  monnaies  impériales  de  Samos,  Barclay  Head,  Calai,  of  the  greek 
coins  in  the  Bril.  Muséum,  lonia,  Samos,  n.  237,  J57,  351,  3C4,  pi.  ixxvii,  14. 
—  t  Ou  sur  le  sable  des  palestres  edccatio.  p.  47i,  473].  Voir  aussi  la  mosaïque 
dite..  l'Académie  de  Platon  ..  (fig.  2541).  —  =  Cic.  Tusc.  V,  23,  où  il  ne  s'agit  pas 

VIII. 


Û-.J 


4°    Rayon   (àxtiç)    d'une    couronne   radiée    [fig.  646, 
631,  653,  655,  etc.]''. 

3°    Rayon  (àxTÎç,  xvf|[AY|,  pâBi;)  *   d'une  roue  [currds, 
PLAISTRI'M,  etc.].     Georges  Lafaye. 

RADULA  (KvY,!TTi«,  xv?|(7Tf&v,  çu7i)>T,).  — Ces  noms,  venant 
de  rado,  xvxoj,  ;0oj,  conviennent  tous  à  des  instruments 
faits  pour  racler,  frotter,  polir.  Le  mot  latin  ne  se  ren- 
contre que  chez  Columelle',  qui  mentionne  une  radu/a 
de  fer  servant  à  débarrasser  les  vaisseaux  destinés  au  vin 
de  la  vendange  de  la  poi.x  ancienne  qui  y  reste  adhérente, 
avant  de  les  enduire  de  nouveau.  On  ne  saurait,  d'après  ce 
seul  renseignement,  reconnaître  le 
racloir  ici  en  question  parmi  beau- 
coup d'outils  qui  ont  été  conservés, 
propres  à  un  pareil  usage.  Leurs 
formes  variées  ou  les  circonstances 
dans  lesquelles  ils  ont  été  trouvés 
ne  permettent  que  pour  certains 
d'entre  eux,  d'en  déterminer  l'em- 
ploi dans  difl'érents  métiers  aux 
noms  desquels  nous  renvoyons  [cae- 

LATURA,    CORIARIUS,    SCULPTOR,    TIGNA- 

Rius,  etc.]. 

.Nous  ne  reproduirons  pas  ces  ou- 
tils dont  la  destination  reste  incer- 
taine, mais  nous  placerons  ici  ce  que 
nous  avons  à  dire  de  la  râpe.  La  râpe  à  fromage  est  déjà 
mentionnée  dans  Homère,  puis  dans  d'autres  auteurs  qui 
l'appellent  xvïi<jTii;,Tupoxv-r,(rTiçetx'jêT|Xov'-.  Il  semble,  d'après 
leurs  explications,  qu'il  s'agisse  d'un  instrument  tranchant 
(|jLa/_otipi5tov  Ti,  xoirtç  dtS-^oS,  5u(7T"fip  lîj  çûo'jti  tov  Tupov);  on 
fabrique  encore  desràpesdece  genre.  Mais  les  anciens  ont 
connu  comme  nous  les  râpes  faites  d'une  feuille  de  métal, 

du  compas  [ciRciNus]  ;  Virg.  Ed.  III,  40  et  Serv.  Ad  h.  l.  ;  Aen.  VI,  830;  Boelli. 
Geom.  Eucl.U,f.  1352  Migne;  Martian.  Capell.  IV,  337;  VI,  580;  VII,  7!8. 
—  6  Lucr.  V,  1352;  Virg.  Aen.  IX,  476;  Ov.  Fast.  III,  819;  Met.  IV,  275; 
VI,  56,  132.  —  '  Flor.  IV,  2,  91.  —  8  Varr.  H.  rust.  III,  5,  15;  Virg.  Georg. 
II,  444;  Aen.  VI,  616;  Ov.  Met.  II,  31«;  Val.  Flacc.  VI,  414.  K»T,i;Lr„  Poil. 
I,  144,  X,  157;  Euslath.  p.  .598,  4;  Hesycli.  s.  v.  Il  n'y  a  aucune  raison  de 
supposer  avec  Rich,  Ûict.  d.  anl.,  que  xv<|jir,  fût  réservé  pour  une  forme  spéciale 
du  rayon.  'PàSiç,  Bdicl.  Diocl.  XV,  5. 

RADCLA.  1  a.  rust.  XII,  18,  5.  —  2  Jliad.  XI,  638  ;  Eustatb.  Ad  (.;  Aristopll. 
Vesp.  998  ;  Al'.  1586  ;  Plut.  106  et  Scliol.  ;  Plut.  Z>!0,  38;  Hippocr.ap.  Gileo.  Exeges; 
Pollui,  VI,  92,  et  X,   104;    Ilcsycb.  s.  i>.  x»i;aTiî. 

102 


f^; 


Fig.  5'Jl.J.  —  Kâpe 


RAL 


—  810 


RAP 


ordinairement  de  bronze,  percée  de  trous  serrés  dont  le 
périmètre  décliiré  fait  saillie  d'un  seul  côté;  il  en  existe 
de  semblables  dans  les  collections  :  celle  que  l'on  voit 
(fig.  5913)  a  été  trouvée  en  Italie  dans  les  fouilles  de 
la  Chartreuse  de  Bologne  '  avec  des  objets 
M  étrusques  et  grecs  du  vr  et  du  V  siècle  av. 

::  ,I.-C.  :  elle  mesure  IG  centimètres  et  demi  de 

long  sur  8  de  large.  On  hachait  de  la  même 
manière  des  légumes  et  l'on  chapeiait  le 
pain  -. 

Peut-être  faut  il  mettre  encore  sous  le  titre 
(le  cet  article  des  instruments  de  fer  et  de 
bronze,  dont  le  nom  ancien  reste  incertain, 
mais  dont  la  forme  indique  clairement  la  des- 
tination :  faits  d'une  barre  de  grandeur  varia- 
ble et  pouvant,  au  besoin,  être  allongée  par  un 
manche  en  bois,  courbés  à  leur  extrémité,  ils 
servaient  de  ringards  à  remuer  le  combus- 
tible et  le  métal  dans  les  fourneaux  indus- 
triels (fig.  5914)\  à  ramasser  et  retirer  la  cen- 
dre et  les  charbons  des  foyers  plus  petits 
(tig  3165,  Focus,  p.  11915).  Dans  quelques-uns 
de  ces  derniers,  généralement  en  bronze  et 
Fig.  5314.  —   j'uij   travail  soigné,  le  bout  est  recourbé  et 

Ringard  de  fer.  ^ 

a  la  forme  d'une  main  dont  les  doigts  réunis 

se  replient  comme  pour  ramasser  les  matières  qu'on  veut 

attirer   à  soi  (lig.  .5913)*.  C'est  l'instrument   qui  figure 

dans  des  inventaires  anciens  sous  le  nom  de  «  tire-feu  ^  ». 

Rappelons  encore  la  règle  à  l'aide  de  laquelle  les  men- 


sores    de  l'annoiie   rasaient   le    grain  qui  débordait  la 
surface  des  mesures  officielles.  Racler  et  7-adoire  sont 
restés  avec  ce  sens  des  termes   techniques   dans   notre 
langue  [jiensor,  fig.  4917].     E.  S.\glio. 
RALLU.M  (de  rodo),  racloir.  —  Outil  pour  débarrasser 


FiR.  50 10.  —  Aiguillon  muni  de  rallum. 

le  soc  de  la  charrue,  de  la  terre  et  des  herbes  qui  y  res- 

1  Zaaooni,  Certvsa  fit  Botogna^  pi.  cxi.ui,  vi  ;  autres  trouvés  à  Noccra  (Musc-c 
de  Naples).  Bullct.  Napolet.  1856.  pi.  m,  p.  178;  à  Arles,  à  Marseille  (Musée 
du  Cliileau  Borely).  à  Arceria.  —  2  Alben.  III,  p.  511  U;  XII,  p.  516  d ;  Eusl. 
L.  l.  p.  87»,  9.  —  3  Ringard  en  fer,  conserviS  à  Lmeuii.  où  on  en  a  pris  le 
dessin  de  noire  (igurc  5tiU;  cf.  fig.  321)0.  —  4  Babelon  et  Blancliet,  Bronzes  de  ta 
Biàliolh.  nationale,  n'  1817;  Micali,  Monum.  per  servirc  a  la  storia  d.  popoli 
ilahani.  Flor.  I83S,  pi.  ciui,  3  et  4;  K.  Friedrichs,  Klein.  Kunsl  und  Industrie, 
n.  764;  Helbig.  Fùhrer,  \W\,  11,  p.  345,  n.  330.  —  5  De  Laborde,  Glossaire,  p.  51li! 

H4LLIJM.  I  Plin.  a.  ual.  XVIII,  177  (40,  i).  —  2  .Micali,  .Von.  ined.  pi.  cxiv, 
l.  111,  p.  ilO.  —  3L.CII.  —'■Mittheil.  d.  arcli.lnst.  Sez.  rom.  I,p.  Î3.  —  5  Bull. 
Jnst.  1880,  p.   il3,  n.   IG37  ;  Musée  de  .Naples,  Raecolla  Cumana;   Gsell.  .V,'cro/i. 


talent  adhérents  '.  On  le  voit  aux  mains  d'un  laboureur 
dans  le  groupe  connu  en  bronze,  d'Arezzo  (lig.  5916)-  : 
c'est  une  petite  pelle  emmanchée  au  bout  du  bâton  de 
l'aiguillon  {sli mu l us cuspidatiis  rallo.  dit  Pline) ^  On  a 
trouvé  de  ces  outils  en  assez  grand 
nombre,  en  fer,  à  Vulci  *,  en 
bronze,  à  Cumes  et  ailleurs  ^  Tous 
ont  une  forme  à  peu  près  sembla- 
ble, celle  d'une  palette  à  tran- 
chant droit  ou  légèrement  arrondi  (fig.  3917)  avec  une 
queue  où  le  manche  s'insérait.     E.  Saolio. 

RAPliVA,  BOX.\  VI  R.\PTA.  —  La  notion  de  violence, 
en    droit  pénal,   fut   introduite   simultanément  à  Rome 
dans  la  procédure  des  quaestiones  et  dans  la  procédure 
civile,  par  les  mesures  prises  en  77  ou  76  av.-J.-C.  '  pour 
mettre  fin   aux    troubles   occasionnés  par    Lepidus   et 
surtout  aux  brigandages  des  bandes  d'esclaves    et    de 
gladiateurs.  La  loi  Plotia  de  vi  eut  pour  pendant  l'édit 
du  préteur  pérégrin  M.  Terentius  Varro  Lucullus  d'où 
sortirent  le  délit  privé   de  rapina  et    l'action  pénale 
privée  r/  bonorum  raptorum.  Cette  action  qui  suppléait 
à  l'insuffisance  de  la  loi  .\quilia,  de  la  procédure    des 
interdits,  et  de  la  restitutio  in  integruin,  était  donnée  à 
celui  qui  avait  été  la  victime  de  dommages  causés  par 
une  attaque  violente,  par  une  bande  armée-.  Ce  délit  se 
rattachait  au  damnum  de  la  loi  Aquilia,  mais  aggravé 
par  l'adjonction  des  éléments   de   dol,  de  violence  et 
d'attroupement ^  L'appropriation  par  le  vol,  même  avec 
violence,  ne  rentrait  pas  d'abord  dans  la  notion  de  l'édit, 
mais  elle  y  fut  rapidement  introduite,  comme  le  montre 
le  titre  de  l'action  vi  bonorum  raptorum  ;  le  dommage  a 
même  passé  au  second  plan*.  L'action  fut  encore  plus 
dénaturée  lorsqu'on supprimal'élément  de  l'attroupement 
et  qu'on  la    donna  pour  toute  détérioration  ou  appro- 
priation violente  du  bien  d'autrui".    Elle  aboutissait   à 
une  condamnation  du  quadruple  de  la  valeur  de  la  chose, 
étant  ainsi  rei  perseruloria  pour  le  simple  et  pénale  pour 
le  triple'.  Elle  ne  s'appliquait  qu'aux  meubles;  pour  les 
immeubles,  on  avait  les  interdits  et  l'action  publique  de 
la  loi  Julia  de  vi  priva/a'  [vis].  On  put  appliquer  aussi 
l'action  vi  bonorum  raptorum  contre  la  détérioration  et 
l'appropriation  du  bien  d'autrui  commises  à  l'occasion 
d'une  calamité  publique,  incendie,   naufrage  et  contre 
l'extorsion  illégale  d'impôts  et  de   redevances  par  des 
publicains*.     Ch.  Lécbivain. 

RAPTUS.  —  En  droit  romain,  le  rapt  est  le  crime 
d'enlèvement  d'une  fille  ou  d'une  femme  de  condition 
honorable,  malgré  sa  volonté  ou  celle  de  ses  parents, 
qu'il  aboutisse  ou  non  au  mariage.  Il  s'est  appliqué 
aussi  à  l'enlèvement  d'un  garçon  et  même  d'une  esclave'. 
Nous  ignorons  comment  il  a  été  réprimé  sous  la  Répu- 
blique ;  le  tribunal  domestique  pouvait  évidemment 
intervenir.  Le  rapt  put  ensuite  être  poursuivi  par  le 
père  ou  le  mari  au  moyen  de  l'action  d'injure,  en  raison 

d.  Vulci.  p.  13  cl  415  ;  fouilles  d'Arceria.  Mon.  Accad.  d.  Lincei,  IX,  pi.  iv,  5. 
RAPINA,  BONA  VI  RAPT.A.  I  Ascon.  Jn  oral,  m  tog.  cand.  p.  64.  —  2Cic. 
Pto  Tull.  2  el  9.  —  3  Ibid.  i.  7,  9,  12,  27,  39.  Lucullus  avait  enlevé  de  sa  formule 
la  clause  de  dommages  causés  à  tort  [injuria)  pour  ôter  tout  prétexte  aui  conflits 
armés.  —  ^  Oig.  47,  8,  2  pr.  7,  17.  Dans  le  leite  le  plus  récent  de  la  formule  ont 
disparu  le  mol  armati,  superflu,  et  le  mot  ri.  dont  l'omission  dénature  l'action. 

—  5  Dig.  47,  8,  2,  7.  —  0  Gic.  Pro  Tull.  7,  41  ;  Gai.  3,  209;  Insl.  4.  6,  25  ;  Dig. 
4,  2,  14.  1  ;  4,  2,   16,  1  ;  47,  S,   I,   î,   13;  C.  Just.   3,  41,  4.  —  7  C.  Just.  9,  33,  1. 

—  »  Paul.  Sent.  1,3,  2  ;  Oig.  39,  4,  9,  5  ;  47,  9,  1  pr.  —  Bibliographie.  Monimseu, 
StrafreclU,  Leipzig,  1899,  p.  652-607  (trad.   franc.  Paris,  1907,  II,  p.  370-387). 

BAPTUS.  1  C.  Just.  9,  20,  I. 


RAS 


—  811   — 


RAS 


de  l'offense  qui  les  alteignail,  ou,  dans  les  cas  les  plus 
graves,  tomber  sous  le  coup  de  la  loi  Julia  de  vi  puhlica. 
En  ce  cas,  toute  personne,  même  étrangère,  pouvait 
accuser,  au  delà  des  cinq  ans  admis  en  matière  d'adultère, 
et  la  peine  pouvaitaller  jusqu'à  la  mort'.  Mais  le  rupt  ne 
fut  puni  comme  crime  spécial  que  par  Constantin 
en  320,  avec  une  sévérité  extraordinaire  :  l'élément 
essentiel  du  crime  est  l'absence  de  consentement  des 
proches:  à  l'égard  du  ravisseur,  le  consentement  de  la 
personne  ravie  est  indifTérent,  mais  elle  encourt  elle- 
même  une  peine  égale.  La  peine  est  la  mort,  même  s'il  y 
a  eu  mariage  subséquent;  pour  les  complices  esclaves, 
elle  est  accompagnée  de  supplices  :  les  parents  complices 
encourent  la  déportation;  la  sentence  ne  comporte  pas 
d'appel-.  Ces  peines  sont  atténuées  par  Constance  et 
Julien';  Gratien,  Valentinien  et  Valens  établissent  la 
prescription  de  cinq  ans';  mais  la  rigueur  reprend  le 
dessus;  les  condamnations  pour  rapt  sont  exceptées  des 
amnisties".  Le  délit  est  étendu  par  Constance  à  lenlè- 
vement  des  religieuses,  filles  ou  veuves,  et  plus  tard 
même  au  cas  où,  ayant  consenti,  elles  n'ont  pas  eu  le 
consentement  de  leurs  chefs  ecclésiastiques''.  Justinien 
maintient  la  peine  de  mort  contre  le  ravisseur,  sans 
confiscation  des  biens,  si  la  personne  est  une  esclave  ou 
une  affranchie,  avec  confiscation  des  biens  au  profil  de 
l'ingénue  enlevée  malgré  elle,  ou  de  ses  parents,  et,  à 
leur  défaut,  du  fisc,  si  elle  a  été  sa  complice  ou  si  elle  l'a 
épousé.  Les  parents  complices  encourent  la  déportation 
et  la  confiscation  des  biens.  Dans  tous  les  cas,  le  mariage 
est  nul.  Les  autres  complices  encourent  également  des 
peines  capitales.  Il  n'y  a  pas  d'appel  contre  la  sentence''. 

Ch.  Lécrivain. 
RASTELLL'M.  —  I.  Diminutif  de  rasteb,  petit  raster. 
Pour  inaugurer  les  travaux  du  percement  de  l'isthme  de 
Corinthe,  Néron  se  servit  d'un  ra.stelli/m'  qui  était  un 
raster  à  deux  dents,  ou  bide.ns,  car  Dion,  qui  raconte  le 
même  fait,  l'appelle  îi'xsXÀa^ 

IL  —  Râteau  avec  des  dents  en  fer  ou  en  bois',  ana- 
logue à  nos  râteaux  modernes  et  servant  aux  mêmes 
usages.  Varron  dit  qu'on  devait  le  fabriquer  avec  du  bois 
fourni  par  la  propriété'.  C'est  avec  le  rastellum  qu'on 
réunissait  en  tas  le  foin  coupé  lorsqu'il  était  sec  ',  et  que, 
après  la  moisson  ou  la  fenaison,  on  recueillait  les  tiges 
restées  à  terre '^.  Le  rastellum  en  bois  servait  particu- 
lièrement à  recouvrir,  après  les  semailles,  les  graines 
délicates,  comme  celles  de  la  luzerne  " .    He.sry  Thedenat. 

RASTER.  —  I.  Instrument  d'agriculture  de  la  même 
famille  que  le  bidens,  s'en  distinguant  moins  par  le  nom- 
bre de  ses  dents  que  par  la  manière  dont  celles-ci  se 
détachent  de  la  traverse  à  laquelle  s'adapte  le  manche.  Les 
deux  instruments  servaient  aux  mêmes  usages  et  le  bidens 

•  Dig.  48,  6,  5,  i;  C.  Juit.  9,  12,  3:  0,  13.  I,  5  ;  Quintil.  Inst.  9,  2,  90  ;  Senec. 
Decl.  2,  Il  ;  Quintil.  Decl.  »i7,  270,  280  ;  Calp.  Flac.  DecL  16,  23,  33.  W,  M,  49. 
—  2  C.  Th.  9,  2i,  1  (d'où  edict.  Theodor.  17-19,  92),  loi  remplaci^e  sous  Justinien 
|iar  C.  Just.  9,  13,  1  {Inst.  4,  18,  8  ;  cf.  .Vov.  143',.  Justinien  a  supprimé  la 
clause  de  la  loi  de  Constantin  punissant  de  la  perte  de  ses  droits  d'bérilage  la  fille 
enlevée  de  force.  —  3  C.  Th.  9,  13,  i  ;  Ammian.  16,  5,  12.  —  4  C.  Th.  9,  U,  3 
(loi  non  admise  par  Justinien).  —  3  9,  38.  —  6  C.  Th.  3,25,  1,  2;  C.  Jusl.  9,  13.  1. 
3  a.  3  Ij;  Sozom.  C.  3:  Ifov.  Marcian.  6  ;  -Vou.  Justin.  123.  43.  —  ^  C.  Just.  9, 
13,  1;  I,  3,  54;  /n»(.  4,  18.  8:  A'or.  123,  43;  143.—  Bibliooraphie.  Bein,  Dos  Cri. 
miiialrecht  der  Rômer.  Leipzig,  1844,  p.  392-398  :  Mommsen,  Strafrecht,  Leipzig, 
H99.  p.  664-605,  701-702  (trad.  fr.  Paris,  1907,  II,  p.  383,  420-430). 

RASTELLCM.  I  Sucton.  A'cro,  XIX.  —  2  Dio,  LXIU,  6.  —  3  Columell.  B.  rust. 
Il,  13,  0.  —  »  Varro,  fl.  rust.  I,  22,  1.  —  5  Pompa,  De  instrumenlis,  X.  —  «  Varro, 
Ling.  lai.  V,  136;  M.  fl.  rust.  I,  49.  — '  Colum.  L.  l. 

RASTER.  iCaio,/î.  rust.X,  3:  cf.  Varro,  Linij.  lai.  V,  130.  — 2  Cf.  Corp.  Gloss. 
Il,  277,  33,  Raslrum  bidens.  —  3  Ceci,  Piccoli  bron:i  del  museo  d.  Xapoli,  pi.  s. 


n'est,  après  tout,  qu'un  l'asterii  deux  dents.  Calon  men- 
tionne un  raster  à  quatre  dents'  ;  le  musée  de  Xaples  en 
conserve  à  deux-,  à  quatre  et  à  six  dents  (fig.  3918)'. 
Dans  le  manuscrit  de  Térence  de  la  bibliothèque  du 
Vatican,  une  miniature  représente  sous  la  forme  d'un 
bidens^  un  instrument  qui,  dans  le  texte  de  l'auteur, 
est  appelé  raster^. 

Le  raster  servait  à  briser  et  à  réduire  en  poussière  les 
mottes  de   terre  dans  les  terres  labourées',   dans  les 


Fig.  5918.  —  Formes  du  raster. 

vignes \  autour  des  arbres*.  Cette  opération  s'appelaît 
occatio  {occare.  occator).  Columelle,  en  elTet,  dit  qu'elle 
consistait  à  pulvériser  les  glèbes';  elle  se  faisait  immé- 
diatement après  le  labourage '"et  avant  les  semailles,  car 
une  terre  bien  ameublie  ne  devait  pas,  une  fois  ense- 
mencée, réclamer  une  nouvelle  occatio".  On  a  cependant 
des  exemples  é' occatio  faite  après  les  semailles'-. 

Quelques  auteurs,  s'appuyant  sur  des  textes  où  le 
rasier  est  qualifié  gravis'^,  iniquo  pondère'^,  l'ont 
assimilé  à  une  herse  tirée  par  des  chevaux'^.  Ces  épi- 
thèles,  poétiques  d'ailleurs,  signifient  qu'on  frappait 
lourdement  la  motte  rebelle  '^  quelquefois  sans  doute  en 
employant,  comme  avec  le  bidens",  le  côté  opposé  aux 
dents  en  guise  de  lourd  marteau.  Un  texte  de  Sénèque 
ne  laisse,  du  reste,  subsister  aucun  doute  ;  on  maniait  le 
ras/er comme  une  pioche". 

Quelquefois  Voccator  rencontrait  des  racines  ;  c'est 
pourquoi  il  existait  des  rastri  munis,  sur  le  côté  opposé 
aux  dents,  d'une  lame  tranchante  [ascia)  ".  Les  auteurs 
anciens  disent,  en  effet,  que  mieux  valait  couperles  racines 
que  les  déchirer  avec  la  charrue^",  à  laquelle,  d'ailleurs, 
était  souvent  suspendue  une  petite  hache  ■^'. 

Le  raster  servait  aussi  à  arracher  les  racines  des 
herbes^'',  à  remuer  le  fumier  dans  les  fosses-',  à  racler 
et  à  soulever  la  terre-'. 

Le  raster,  les  dents  au  moins,  était  généralement  en 
fer;  cependant  on  en  fabriquait  en  bois  pour  des  travaux 
plus  délicats,  par  exemple  pour  recouvrir  la  semence  de 
la  luzerne  que  le  fer  ne  devait  pas  toucher-'.  Le  raster 
en  bois  servait  aux  mêmes  usages  que  le  rastellum. 

II.  —  A  l'amphithéâtre,  après  un  combat,  on  se  servait 
du  raster  pour  nettoyer  l'arène  souillée  de  sang  et  de 
débris"-':  ce  qui  indique  bien  que,  par  sa  forme,  le  raster 
ressemblaitplusou  moins  à  nos  râteaux  modernes,  quoi- 
qu'employé  à  des  usages  différents.     Henry  Théde.nat. 

n.  49.  —  4  Séroux  d'Agincourt,  Hist.  de  Cart  par  les  monuments,  pL  xxxvi,  n.  2. 

—  3  Beaulontim.  1,  1.  36-37.  —  6  Columell.  X,  70;  Varro,  fl.  rust.  1,  29,  2; 
Virgil.  Oeorg.  I,  94,  111,  534;  Aen.  IX,  6C8  ;  Orid.  Uetam.  11,  287.  —  i  Cato,  R. 
rust.  XXXIII,  2  ;  Varro,  R.  rust.  1,  22  et  31  ;  Columell.  De  arbor.  V,  5;  Virgil. 
Aen.  VII,  726;  Pallad.  .\gr.  VI,  4;  Menologium  rusticum,  dans  Corp.  inscr.  lat. 
1,  2«  éd.  p.  280,  XXIII,  A  el  B,  menais  Junius.  —  *  Pallad.  {Agr.)  L.l.—^  R.  rust. 
XI,  2.  60.  —  10  Colum.  Il,  4,  2;  Varro, /ï.  r.  I,  31,  I  ;  Plaut.  J/ercai.  prolog.  71  ; 
Plin.    JVat.    hist.    XVIll,  4P,   5.  —  "  Colum.    L.  l.:  Plin.   N.   h.    XVIII,  49,  4. 

—  12  Cicer.  De  senect.  XV;  Plin.  XVIII,  49,  3;  Colum.  II,  10.  6.  L'époque 
de  ces  travaux  variait  suivant  la  nature  du  sol  et  l'époque  des  semailles.  —  13  Vir- 
gil. Georg.  1,  496;  Colum.  X,  71.  —  14  Virg.  i.  /.  —  1>  Cf.  Adam  Dickson 
(trad.  fr.),  De  l'agriculture  chez  les  anciens,  t.  I,  p.  372.  —  16  Virg.  Georg.  III, 
534.  _  n  Ibid.  Il,  399-400.  —  18  Scnec.  De  ira,  II,  25  :  cum  vidisset  fodien- 
tem  el  altius  raslrum  nlleranlem....  —  15  Pallad.  I,  43,  3.  —  20  plin. 
XVIII,  49,  3.  _  21  Ibid.  —  22  Colum.  II,  6.  —  23  Id.  II,  15,  8.  —  21  Varro,  L.  t. 
\,  136.  —  25  Colum.  II,  H,  4  —  2e  Marlial.  II,  75,  16. 


RAT 


812  — 


RAT 


•  RA.TA.RIUS,  RATIARIUS.  —  I.  Batelier  manœuvrant  un 
radeau  pour  le  transport  des  marchandises  en  eau  calme. 

Les  /■«//«/•((étaient  souvent  organisés  en  corporations  ; 
une  inscription  de  Genève  nous  fait  connaître  le  collège 
des  rafiarii  superiores^,  qui  naviguaient  sur  le  lac  Léman 
et  le  cours  supérieur  du  Rhône;  un  texte  de  saint  Jean 
de  la  Porte  nous  apprend  rexislcnce,  dans  la  vallée  de 
l'Isère,  des  ra/iarii  \'o/u(/nienses-. 

II.  — Passeur,  faisant  le  service  d'un  bac  [ratis,.  Le  tarif 
latin  du  bac  de  Carthage  à  Rades  indique  ce  que  doivent 
payer  aux  ra/arii  les  passagers  à  pied  ou  à  cheval,  les 
mulets  et  les  muletiers,  les  ânes  et  les  àniers,  les  cha- 
meaux et  les  chameliers'.     P.  Gauckler. 

RATIO,  RATIOXALIS.  —  A.  Le  mot  ratio  '  désigne 
primitivement  les  comptes,  soit  privés,  soit  publics'-,  et 
par  extension,  sous  l'Empire,  une  administration  finan- 
cière, un  service  avec  son  personnel,  ses  bureaux.  La 
ratio  a  souvent  comme  subdivision,  quelquefois  comme 
synonyme,  la  statio,  mot  qui  a  passé  du  local  aux  em- 
ployés'. La  plupart  des  services  impériaux  ont  proba- 
blement formé  des  rationes,  sauf  ceux  qui  concernent 
la  levée  des  impôts  provinciaux  dus  au  fisc  *,  des  impôts 
spéciaux,  vingtième  des  héritages,  vingtième  des  affran- 
chissements, des  vectigalia^,  et  le  recensement. 

Les  principales  rationes  connues  sont  : 

I.  —  Le  fisc,  qui  représente  dans  son  ensemble  les  ra- 
tiones imperii^,  plus  tard  les  suminae  rationes'',  et 
dont  le  chef  s'appelle  jusqu'au  m'  siècle  Va  rationibiis 
ou  le  procurntor  a  rationibus^  [fiscus,  p.  1144].  L'ar- 
gent du  fisc  était  gardé  à  Rome  en  différents  endroits, 
dans  des  temples',  en  partie  près  de  la  statue  loricata 
de  César,  dans  le  temple  de  Castor,  plus  tard  au  forum 
de  Trajan  '"  :  le  titre  de  procurateur  a  loricata  ex  ratione 
peculiare  "  peut  donc  se  rapporter  à  une  branche  spé- 
ciale du  fisc  à  Rome,  peut-être  à  une  cassette  particulière 
du  prince. 

II.  — Le  patrimoine  impérial  [pATRiMOiviiM  principis].  Ce 
service  comprend  de  nombreuses  rationes  particulières; 
on  en  connaît  une  pour  les  domaines  de  Bétique'-; 
chaque  villa  impériale  possède  son  budget,  sa  ratio 
[latifundia,  p.  960];  les  héritages  laissés  à  l'empereur 
forment  une  ?-atio  hereditatiuin  [patrimonium  PRI^'CIPIs, 
p.  351].  En  Egypte,  le  mot  Àôyoç  correspond  à  ratio  et 
sert  à  désigner  le  domaine  privé  des  empereurs,  le  >.oyoç 
oûd'.axo;  et  il  y  a  une  i'atio  spéciale  pour  le  domaine 
d'Alexandrie  [patrimonium  pri.ncipis]. 

III.  —  La  res  ou  ratio  prirata,  créée  par  Seplime- 
Sévère  et  qui  constitue  jusqu'à  Dioclétien  un  nouveau  pa- 

aATARIUS.  RATIARIIJS.  I  Corp.   inscr.  lai.  XU,  2597.  —2  C.i.  (.XII,  i331. 

—  3  Héron  de  Villcfossc,  C.  rend.  Acarl.  d.  inscr.  1006,  p.  1 18  sr|. 

RATIO.  ICic.  In  Caec.  32;  Pro  Clu.  37  ;  Senec.  Ep.  82;   Quiiilil.  ûecl.   353. 

—  2Snel.  Auij.  28  {rationarium  imperii),  101;  Caltg.  16;  Vesp.  22;  Galb.  12; 
FrODl.  Ad.  Caes.  5,  34;  C.  Jusl.  10,  2,  2;   Dio.  Cass.  59,   9;  Tac.  Ann.  13,  14. 

—  3  Voir  Hcnzen,  Annali,  1843,  p.  340  ;  Dressel,  Ad.  corp.  ins.  lat.  15,  p.  !)09,  Il  ;  [!lp. 
frag.  Valic.  134.  —  »  Les  banques,  mensae,  chargées  d'envoyer  à  Rorae  les  impôts 
provinciaux,  av.iient  nalurellcment  leurs  rationes.  s'il  faul  rapporler  à  l'apuration 
de  ces  comptes  l'inscription,  trouvée  à  Home,  d'un  affranclii  impérial:  tabulario  a 
ralionibusme(nJs(a)e(G)a(lJliarum  {Corp.  i.  l.  0,8581).  —  511  y  a  ualurellemeut 
pour  tous  ces  impôts  des  slaliones  [vkctu;ai.h],  —  «Suel.  Culig.  10.  —  7  C.  i.  l. 
6,  1364,  1598,  1115:  10,  1785  ;  3,  6574  et  7126;  8,  12543.  Voir  Hirsclifcld,  Ùie 
kaiserlichen  Verwallungtlieamlen,  2«  éd.  p.  32-33.  Ce  titre  est  réservé,  des  .Néron, 
à  l'administration  impériale  (Tac.  Ann.  15,35;  10,8).  —  »  V.  Hirsclifeld.  Z.  c.  p.  31 
et  C.  i.  (.  3,  I4II22;  Friediânder,  Sillengeschichte,  I,  p.  171  ;  Rostowzew, /drion. 
epigr.  3,  p.  133.  —  9  Herodiau.  3,  13,  i.  —  10  p|in.  £■,,.  s,  c,  13;  C.  i.  (.  6,  868!*, 
8690,  8692;  Fragm.  vntic.  134.  —  "  C.  l.  /.  15,  7l4.'i.  —  li  ytid.  15,  2,  i,  4111- 
♦136.  — 13Théori(|uenient  la  res  prirata  est  un  patrimoine  et,  en  ce  sens,  Hirschleld 
(i.  c.  p.  21-25)  a  raison  contre  Karlowa  (flom.  UecMsgesch.  1,  p.  505)  d'après 
C.  i.  (.  10,  0657  cl  15,  7333  ;  mais,  en  fait,  elle  ne  dilTérc  guère  des  biens  de  la  cou- 


trimoine,  transmissible  cependant  à  tous  les  empereurs, 
comme  les  biens  de  la  couronne  "  ;  elle  a  comme  dépen- 
dance le  service  des  biens  des  impératrices,  la  ratio  Au- 
gustae  [latifundia, p.  153;  patrimonium  principis,  p.  352]. 

IV.  —  Des  groupes  démines,  de  carrières  impériales,  dé- 
pendant soit  du  fisc,  soit  du  patrimoine  ou  de  la  res  pri- 
vala,  constituent  une  ratio  ".  lien  est  de  même  d'un  lot, 
cédé,  pour  l'exploitation,  soit  à  des  esclaves  impériaux, 
soit  à  des  entrepreneurs'^  [marmora,  p.  1599;  metalla]. 

V.  —  La  ratio  operum  publicorum.  Dès  l'époque  de 
Trajan,  à  côté  des  curateurs  sénatoriaux,  il  y  a  eu  pour 
les  travaux  publics  de  Rome  un  personnel  impérial,  une 
fatnilia,  entretenue  pendant  longtemps  par  le  patri- 
moine'^  11  a  donc  diî  y  avoir  de  bonne  heure  pour  ce 
service  une  ratio*'',  dirigée  par  le  procurator  operum 
publicorum  '*,peut  être  identique  ausubciirator  operum 
publicorum'^;  celui-ci  avait  probablement  sous  ses 
ordres  un  exactor  operum  dominicorum,  chargé  de  la 
surveillance  du  matériel-",  des  curateurs  et  des  procu- 
rateurs spéciaux  pour  la  construction  de  différents  monu- 
ments^', distincts  des  procurateurs  qui  sont  attachés  aux 
monuments  finis -'^,  et  un  ou  plusieurs  employés  pré- 
posés aux  statues'^'  [curatores  aediumsacrarum,  locoru.m 
et  operum  publicorum]. 

VI.  —  La  ratio  ac/uariorum'^^,  probablement  la  caisse 
qui  paie  le  personnel  impérial  des  eaux  et  des  aqueducs, 
dirigé  par  le  procurator  aquarum-^  [cura  aquarum]. 

VII.  —  La  ratio  des  bibliothèques  impériales -°.  Elles 
sont  dirigées  depuis  Claude  par  un  procurator  bijblio- 
thecarum  ou  a  bybliothecis  qui,  à  l'époque  d'.\ntonin, 
n'a  qu'un  traitement  de  60000  sesterces.  Hirschfeld  en 
conclut  qu'il  n'a  plus  alors  que  la  direction  administra- 
tive et  financière  et  explique  ainsi  son  titre  de  proc{ura- 
tor)  ratiionum)  summ{arum)  prioat[arum)  bibliothe- 
carum-'' ;  ce  service  aurait  donc  été  alimenté  d'abord 
par  le  patrimoine,  ensuite  par  la  res  priimta  [bibliotbeca]  . 

VIII.  —  La  ratio  monetae  [moneta,  p.  1383-1384]. 

IX.  — La  ratio  castrensis.  On  a  cru  pendant  longtemps 
que  l'intendance  du  palais  impérial  avec  les  nombreux 
et  immenses  services  qui  en  dépendaient,  avait  été  con- 
stituée par  laratio  thesaurorum  et  que  la  ratio  castrensis 
ne  comprenait  que  les  dépenses  militaires  de  l'em- 
pereur et  les  résidences  impériales  des  provinces  '". 
Quoiqu'il  n'y  ait  pas  encore  de  preuve  décisive,  on  admet 
généralement  aujourd'hui,  d'après  toutes  les  \Taisem- 
blanccs,  que  c'est  la  ratio  castrensis  qui  a  constitué 
l'intendance  du  palais".  Le  mot  castra  ne  peut  désigner 
que   la   maison   de  l'empereur,  considérée  comme  un 

ronne.  —  t^C.  i.  L  13,  1808  ;  tabut(arius)  ration(is)  ferrar(iarum)  pour  les  mines 
de  Lyonnaise  et  d'Aquitaine.  —  i>  Ex  ratione,  avec  des  noms  d'esclaves  impériaux 
ou  de  particuliers,  au  génitif  (Luigi  Bruzza,  /scriziûni,n^*  205-207,209,  182;  C.  i.l. 
8,  14500-63).  V.  Hirsclifeld.  L.  c.  p.  145-180.  —  16  C.  i.  (.  H,  3860  :  o  commentariis 
operum  publicorum  et  rationis  patrimoni.  —  17  lo,  529  ;  Aug.  n.  dispensatoris 
ratfionisj  aed(ium)  sacr(arum)  et  oper(umJ  pubUcor(um);  6,  8478  :  Aug.  dis[p\ 
operum  publicorum.  Hirschfeld  {L.  c.  p.  269)  cite  ici  l'attribution  aux  travaux  pu- 
blics de  Rome  par  Sévère- Alexandre  de  l'impôt  des  courtisanes  (V((.  Alex.  24,'. 

—  <8  f .  i.  ;.    10,   0657;  6,   1585.—  19  7,  1054;  Noti:.   dei  scavi,   1894,  p.  283. 

—  ^C.  i.  l.  (i,  8480.  —  21  C.  i.   l.  8,  1439;  822  ;  Bull,  du  Comité,  1893,  p.  214. 

—  22  C.  i.  (.  6,  1585,  1173,  8686.— 23Un[adi]u(tor]rat(ioDis)  stat(uarum),  C.  i.  (. 
6,  31053  ;  au  Bas-Empire  le  curalor  statuarum  (6,  1708).  —  24  10,  1743.  —  25  V. 
Hirschfeld,  L.  c.  p.  273-284.  —  26  /bid.  p.  298-306.  —  27  C.  i.  L  6,  2132.  Il  a  sous 
lui  des  esclaves  et  des  affranchis  a  bybliotheca  (6,  5188,  5189,  5191).  —  28  v.  Ros- 
towzew,  Das  Piitrimonimn  unU  die  ratio  thesaurorum  {.Rom.  .Uittlieil.  1898, 
p.  108-123).  —  i!9  La  démonstration,  commencée  par  Eichhorst  (Die  proc.  castrenses, 
Jahrb.  fur.  Kl.  Phil.  1865,  p.  207)  a  été  complétée  par  Hirschfeld  (£.  c.  p.  307-317) 
et  Fairon  [Musée  Belge,  2,  p.  241-266  ;  3,  p.  1-5)  et  acceptée  par  tous  les  auteurs, 
sauf  Mommseo  [Hermès,  25,  p.  242;  Staatsrecht,  II,  3'  éd.  p.  807  ;  Eph.  epigr.  3, 
p.  117)  cl  De  Sanclis.  (fli::.  epigr.  2,  p.  139). 


RxVT 


81  :i 


RAT 


camp'  ;  l'cpillièle  castrensis  ne  peut  se  rapporter  qu'aux 
serTÎces  du  palais^;  au  Bas-Empire,  le  chef  du  palais  est 
lecaslrensis  sacri  Palatii,  qui  a  sous  lui  les  paedagogiu, 
les  minisleriales  domini,  les  ctirae  palatioruniK  Une 
section  de  l'intendance  du  palais  accompagne  probable- 
ment l'empereur  en  voyage'  el  les  palais  impériaux  des 
provinces  ont  peut-être  chacun  leur  ratio  caslrerisis  '■. 
L'intendance  du  palais  date  probablement  de  Claude''; 
elle  a  pour  caisse  générale  le  /îscus  caslrensis,  probable- 
ment alimenté  par  le  patrimoine,  puis  par  la  ratio  pri- 
vata,  mais  surveillé  par  le  chef  du  fisc,  l'a  rationibus. 
Son  chef,  un  affranchi,  est  le  procurator  caslrensis  ou 
proc.  rationis  castrensis  ou  proc.  fisci  caslrensis'  ;  ses 
fonctions  sont  importantes  et  mènent  à  de  grandes 
charges  impériales  ;  il  a  sous  lui  des  comptables  [tabu- 
lariicaslrenses  ou  fisci  caslrensis  ou  rationis  castrensis) 
dirigés  par  un  praepositus  tabutariorum  rationis  cas- 
trensis et  des  adjulores  tabulariorum^,  des  payeurs 
[dispensatores),  des  archivistes  (commentarienses),  des 
pedisequi^,  des  a  copiis  caslrensibus^".  11  faut  peut- 
être  considérer  comme  ses  subalternes  immédiats,  mais 
chargés  seulement  du  palais  impérial  du  Palatin  un  sub- 
procuralor  et  un  conlrascriptor  domus  Auguslanae" 
qui  aurait  commandé  une  ratio  domus  Augustae  ou 
Auguslanae.  Inversement,  il  faut  plutôt  rattacher  direc- 
tement au  patrimoine  ou  à  la  ratio  operum  publicoruin 
une  ratio  urbica  qui  reçoit  des  marbres  des  carrières 
impériales'^,  et  qui  ne  diffère  peut-être  pas  d'une  s?a//o 
iirbana  mentionnée  sur  des  tuyaux  de  plomb  '^  De 
l'intendance  du  palais  dépendent  les  services  suivants: 

1°  Table.  —  Ce  service  comprend  le  personnel  des  cui- 
sines, les  .cuisiniers  {coqui)  qui  ont  un  praepositus  co- 
corum  ou  archiinagyrus  el  qui  forment  probablement 
un  collège  funéraire  ";  les  boulangers  (pislores)  avec  un 
praepositus,  les  sommeliers  cellarii,  des  obsonatores^  ■; 
le  personnel  des  servants,  le  Iricliniarc/ia,  personnage 
important"',  \c.sdiaetarii  ou  diaetarchae,  les  stî'uclores, 
les  ministralores,  les  esclaves  a  cgal/io,  a  potione,  a  la- 
gttna,  divisés  en  décuries,  les  praegustatores  commandés 
par  un procu)-ator  praegustatorum,\escontrascriplores, 
les  a  mappis  '\ 

2°  Toilette.  —  L'empereur  a  différents  costumes  : 
comme  chef  de  l'armée  le  paludamenluin,  pour  les 
triomphes  la  vestis  triumphalis^^,  pour  les  fonclioiis 
judiciaires  la  vestis  forensis  ou  la  vestis  manda''',  pour 
les  grands  Jeux  du  Capitole  la  vestis  regia,  graecula  -", 
pour  le  palais  la  vestis  castrensis^',  et  d'autres  costumes, 
la  i'.  privata,  \'d  v.  venatoria,  la  v.  malutina--.  .\  la 


1  JuT.  fiât,  4,  134  ;  VU.  Hadr.  13.  Alex.  41  ;  Macrob.  Sal.  2,  4,  6  ;  C.  i.  l.  K, 
.5324;  6,  2023,  p.  571,  I.  40,  42;  8520,  33469.  —  2  Tertull.  De  cor.  li  ;  6,  S49h, 
5234,  5248,  8525,  8547.  Hirschfeld  rapproche  le  praepositus  velariis  castrensibus 
el  le  praepositus  velariorum  domus  Auguslanae  (li,  5183  A,  8649;,  gens  de 
l'office  ab  admissione.  Il  explique  par  des  divertissements  privés  donnés  au 
palais  les  castrenses  lurli  (Suet.  Tib.  721  el  Vamphithealrum  castrense  de  Rome 
(Hulsen,  fieal-Enajcl.  111,  p.  1773).  Les  graffiti  de  la  maison  de  Tjl.ère, 
allégués  par  Rostowzew  (Bullett.  comm.  1894,  p.  95)  prouvent  simplement  des 
relations  entre  les  soldats  du  palais  et  les  castrenses.  —  3  Notit.  dign.  C)r. 
15;  Occ.  14.  —  i  C.  i.  l.  8,  2702,  5234,  12609,  12657,  18250  (inscriplions 
d'.\frique  sur  des  castrenses);  3,  6107.  —  5  Plombs  de  Lyon  avec  des  télés  d'em- 
pereurs el  la  marque  r.  c.  (Hirschfeld,  L.  c.  p.  315  note  5).  —  0  L'inscription 
la  plus  ancienne  est  celle  d'un  afl'ranclii  de  Claude  (C.  i.  l.  Il,  3612).  —  7  C.  i. 
l.  6,  8498,  8512.  8514,  33736-39;  10,  5336.  6005;  tl,  3612;  14,  2932;  C.  i.  gr. 
3888.  —  8C.  1.  /.  6,  8527-30;  8515,  2023,  12609;  12,  12609.  —  9  6,  8516-19, 
8520-24.  —  10  C,  8537.  Hirscliteld  fait  observer  que  cette  caisse,  n'aiant  pas  de 
recettes  propres,  n'a  pas  d'arcorii.  —  tl  6,  8640-41.  —  '2  Hirschfeld,  p.  177,  complële 
ainsi  Wilmanns  2771  :  ex  m(nrmoribas)  n(oris)  Caesaris  n(ostri)  r(ationi)  d(oinus) 
A{ugustij  ou  Afugustanae)  et  il  rattache  aux  fournitures  de  marbre  pour  les  pa- 


toiletle  des  impératrices  et  des  princesses  de  la  famille 
impériale  se  rattachent  la  plupart  des  esclaves  dits  ad 
veslem,  a  veste,  supra  vestem.  Cet  ensemble  forme  la 
ratio  vestiaria-^.  de  laquelle  relèvent  en  outre  les  ou- 
vriers et  ouvrières  [vestifici,  sarcinalrices),  les  foulons 
{fullones),  les  gardiens  des  armoires  [capsarii,  vesliplici 
ou  veslispici),  les  baigneurs  {ba/nearii),  les  masseurs, 
parfumeurs  [unctores,  unguentarii,  ab  unguentis,  Ihu- 
rarii),  les  habilleurs  {vtstilores,  vestiarii),  les  coiffeurs 
[tonsores,  tonslrices,  ornatores,  ornatrices)^''. 

3°  Mobilier.  —  Pour  le  gros  mobilier,  il  y  a  probable- 
ment l'esclave  a  supellectile-^  ;  on  connaît  trois  sections  : 
la  supellex  castrensis.  la  s.  de  domu  Tiberiana,  la  s. 
domus  aureae-^.  L'alriensis  garde  probablement  les 
meubles  de  Vatrium-\  Aux  musées  et  aux  collections 
des  palais  se  rapportent  les  atrienses,  a  tabulis,  a  pina- 
col/iecis,  ad  imagines,  a  statuis-*.  Les  matières  pré- 
cieuses, les  bijoux,  les  objets  d'or  et  d'argent,  les  perles 
constituent  les  l/iesauri-^,  administrés  par  le  procurator 
thesaurorum,  personnage  importani'".  qui  a  sous  lui 
des  tabularii  et  les  chefs  des  différentes  sections,  le 
praepositus  auri  escarii  pour  la  vaisselle  de  table,  le 
pr.  auri  polori  pour  les  vases  d'or  à  boire,  le  pr.  ab 
auro  gemmalo  sans  doute  pour  les  objets  d'or  ornés  de 
pierreries,  le  pr.  argenli  polori  pour  les  vases  d'argent 
à  boire,  Yab  argenlo  scaenico,  Va  Corinthis,  sans  doute 
pour  les  vases  de  Corinthe,  Vab  ornamentis^',  et  proba- 
blement aussi  le  chef  des  ouvriers  (praepositus  opificibus 
domus  Auguslanae)'-.  On  peut  lui  rattacher  également 
la  ratio  pur puraria,  le  service  de  la  pourpre  impériale, 
[PL'RPURAj,  créé  probablement  par  Sévère-,\lexandre,  qui 
paraît  en  avoir  vendu  le  premier  les  produits  et  pour  lequel 
on  connaît  un  procurateur  et  un  bafiis  praepositus,  pré- 
décesseur des  pi-ocuratores  ba/iorum  du  Bas-Empire". 

4°  Écuries.  —  La  présence  d'employés  rend  probable 
l'existence  d'une  ratio  spéciale". 

5°  La  ratio  vinorum,  sans  doute  pour  la  vente  des 
vins  des  domaines,  non  consommés  à  la  cour^°. 

6°  La  )-atio  charlaria,  peut-être  alimentée  par  le  pa- 
pier de  l'Egypte"'. 

7°  Service  d'hygiène.  —  Il  y  a  pour  le  service  personnel 
de  l'empereur,  pour  chaque  résidence,  pour  chaque  bu- 
reau important"  un  groupe  de  médecins,  esclaves  et 
affranchis,  avec  un  chef,  decurio  medicorum,  supra 
medicos,  superpositus  medicorum^',  sans  compter  les 
médecins  spéciaux  que  s'attache  l'empereur  à  des  prix 
considérables^'. 

8"  Jeux  publics*".  —  Il  ne  parait  pas  y  avoir  eu  de 

lais  impériaux  C.  i.  l.  6,  8331  :  ...adiut(oTi)  tabul(aTiorum)  a  rat(ionibusJ  m(ar- 
morum)  f(isei)  c(astrensis).  —  >3  Bruzza,  L.  c.  258,  259  ;'C.  i.  l.  6,  9078.  —  '*  C. 
t.  (.  15,  7826,  7793  ;  6,  455  avec  la  lecture  d'Hirchsfeld.  —  '»  6,  8750,  8752,  8758, 
9262.  —16  6,  8745-46,  8998.  —  "  6,  536,  1884,  9083;  II,  3612.  —  <!>6,  8914-26, 
0003-5,  9045,  8891-92.  —  19  6,  8546.  — '20  6,  5193,8548;  Vit.  Alex.  iO.  —  21  Ci.  (. 
6,  8552.  —  22  6,  8547-48  ;  14,  2832.  —  23  6,  8350,  8535  ;  Orelli,  2897,  -  216,  8544, 
5234  (les  vestiarii  de  la  familia  castrensis).  —  2i  0,  7281  a,  8642,  8312,  8582,  9093, 
1173.  _  26  6,  3719,  4035,4036,  4357,  5336  6,  8525,8654,  8973,  9049.  —27  6,  8525, 
8654,  3719.  —28  6,  3942,  6040,  8738-40;  10,  713;  6  3970  a,  10234,  3972,  4032.  — 
20plin.  Bist.  nat.  9,  118;  8,  136;  Vil.  Aur.  17;  Perl.  S;  Ci.  l.  6,  376.  Les 
babils  précieui  des  empereurs  y  sont  aussi  conservés  iVit.Alex.  40).  —  ™  C.  i.  l. 
6,  8498  ;  Eph.  epigr.  7,  1262.  Hirschfeld  attribue  cette  fonction  à  .Macrin  procurator 
aerarii  majoris  [Vit.  Diad.  4).  -  31  C.  i.  t.  C,  325,  8729-36,  5S47,  8757.  _  32  6, 
8648.  En  outre,  mflurifex,  un  ab  auraturis  (8737,  8741).  —  33  Vit.  Alex.  40  ; 
C.  i.  l.  3,  536  ;  Not.  Or.  12,  Occ.  10.  Hirschfeld.  L.  c.  p.  307,  note  3.  —  3*  C. 
i.  t.  6,  8863  :  disp(ensator)  a  jumenlis  ;  8865  :  arcarius  a  jmeiicis.  —  33  6,  8*98, 
8826.  -l&Jlôm.AIitth.  1896,  p.  319;  Vrt.  yl«r.  45,  I.  —  37  C.  i.  (.6,8646-47,8636, 
8671,  8907,  8504,  8770-71.—  38  6,  3982  b,  3984,  8304.  —  39  Galen.  14,  625  Dio. 
Cass.  53,  30,  l;Tac.  Ann.  12,  61.  —  40  Voir  Hirschfeld,  L.  e.  p.  283-297. 


HAT  -  SU  — 

direction  eenlrale  pour  ce  service.  Pour  l'étude  des  jeux 
propreiiienl  dits  et  des  jeux  de  gladiateurs,  nous  ren- 
voyons aux  articles  li-di  et  CLADiATon;  pour  le  service 
des  décors,  du  matériel  scénique,  au  mot  cuoracii'm  ; 
ajoutons  seulement  que  la  ratio  summi  clioragii  relève 
d'un  prociiratov  siiiiimi  clwraijii,  qui  devient  probable- 
ment au  m'  siècle  le  loghta  thymelae,  et  qui  est  assisté 
d'adjiitores,  de  lahularii,  de  dispensn tores,  de  contra- 
scriptores,  de  médecins'.  Elle  a  probablement  comme 
annexe  la  ratio  ornamentonnn,  all'ectée  sans  doute  aux 
costumes  des  acteur»  et  pourvue  d'un  procurateur  et  de 
son  personnel-. 

9°  Les  fêtes  de  la  cour  qui  paraissent  constituer  la 
ratio  voluptatum  ou  vo/uptuaria,  probablement  créée 
par  Tibère  »  et  dont  la  ratio  aedificioruin  voluptario- 
riiin  et  la  ratio  scaenicorum  sont  peut-être  des  bran- 
ches '. 

10°  Le  service  personnel  de  l'empereur  auquel  on  peut 
rattacher  :  l'office  chargé  des  réceptions  [admissio]  ;  les 
valets  de  chambre  [clbicularii]  ;  les  a  cura  atnicorum 
[amici]  ;  les  ad  libros  et  les  librarii';  les  a  manu"  ;  les 
iecticarii  avec  un  praepositus  '  ;  les  tabernacutarii, 
sans  doute  les  préposés  aux  campements";  les  a  se- 
dibus";  les  silentiarii  [silentiarius] '°;  les  victimarii 
pour  les  sacrifices  privés  "  ;  les  pueri  avec  leurs  précep- 
teurs les  paedagogi  [paedagocudm]. 

B.  De  ratio  est  venu  le  mot  rationaiis,  qui  a  remplacé 
dans  beaucoup  de  cas  le  mot  procurator'-.  Pour  le  fisc 
Va  rationibus  est  appelé  rationaiis  dès  l'époque  des 
Flaviens  '^  puis  les  deux  mots  coexistent  jusqu'à  l'époque 
de  Dioclétien  ".  Le  second  l'emporte  alors,  avec  l'ad- 
jonction des  mots  summae  rei  vers  la  fin  du  règne  de 
Constantin '%  jusqu'à  ce  qu'entre  340  et  345  le  titre  de 
rationaiis  soit  remplacé  par  celui  de  cornes  sacrarum 
largitionum^"  [nscus].  Pour  la  res  privata,  le  titre  de 
magister  privatae  rei  n'a  été  remplacé  qu'après  325  par 
celui  de  7'ationalis  privatae '\  qui  vers  340  se  trans- 
forme en  celui  de  cornes  rei  privatae.  Pour  les  procura- 
teurs provinciaux,  les  jurisconsultes  du  iir  siècle  em- 
ploient les  deux  termes  de  procurator  et  rationaiis  ;  le 
second  est  officiel  à  partir  de  Dioclétien  ".Au  Bas-Empire, 
les  rationales  dirigent  surtout  les  bureaux  de  comptabi- 
lité; tels  sont:  soos  le  cornes  sacrarum  largitiojium,  le 
cornes  et  rationaiis  summarum  Aegijjiti  elles  rationales 
summarum  en  nombre  inconnu  pour  l'Orient,  onze  pour 
l'Occident;  sous  le  cames  rei  privatae  les  ralionales 
rerutn  privalarum,  en  nombre  inconnu  pour  l'Orient, 
dix  pour    l'Occident'';    puis   le    rationaiis    rinorum. 


RAT 


<  C.  i.  l.   «,  297,    "TU,   8930,  1U0S3-S6,  33136  ;  U,  861  ;   13,  1807  ;  cf.    Apul.  De 
maij.  13.  —  2  6,  8950.  Sur  le  sens  des  omamenla  :  Plaut.  Pers.  159  ;  Trinum.  858. 

—  3C.i.;.  6,23»,  856t,  iil^  (splendidaioluptatum  statio);  14.  2932  ;  Suet.  Tib.  «. 

—  »  C.  i.  l.  6,  10088-90,  8665  (...ab  aedificis  voluntaris,  peul-êlre  pour  volupta- 
ris);  33773.  Les  tribuni  voluptatum  de  Rome,  Milan,  Cartilage  ne  se  irouvcnl 
qu'au  V  siècle  (C.  Th.  15,  7,  13;  C.  i.  t.  6,  8565-66;  Cassiod.  Var.  7,  10).  A  ces 
fêles  se  rattache  peul-ôire  aussi  la  ratio  acfo(amatum},  et  un  serv.  acroamat(icae) 
graecae  (C.  i.  t.  6,  9029,  8693).  —  5  6,  3879-83.  —  6  6,  8885-90.  —  7  6,  8872-76, 
5I9S,  iSiS-W.  —  S  6,  9033.  —  9  6,  9040,  2341,  3976.  —  tO  6,  9041-42.  -  Il  6, 
9087-88.  —  12  V.  Hirsclifeld,  i.  c.  p.  34-35.  —  13  C.  i.  t.  10,  6092.  —  U  6,  9033, 
1585,  6421,  1587,  1121,31354,33757;  3,325;  5,858,  867,  6421  ;  10,  1718;  11,1214; 
15,  7740-47;  Vit.  Aur.  38  ;  Euscb.  ffitt.  eccl.  7,  10,  5  ;  9,  li,  4.  En  grec  .«(lol,«i;  ; 
Oaleo.  ùe  aniidot.  14  ;  C.  i.  l.  3,  7126,  6574;  C.  i.  gr.  4892;  Dio  Cass.  £p.  79,  21. 

—  I5C.  i.  (.  6,  1132,  1145;  C.  Juit.  3,  26,  7.—  16  C.  Th.  12,  1,  30;  U,  7,  5;  10, 
10,  6,  7.  Encore  rationaiis  summae  rei  en  349  (C.  Just.  3,  26,  7).  -  n  c.  i.  t.  3, 
13569;  6,  1704;  C.  Th.  10,  I,  2;  12,  I,  14.  —  I8C'.  Jusl.  7,45,  5;  7,  73,  6  ;  S,  46, 
1;  10,  1,3;  9,  8,  6;  Dig.  1,  19.  -  19  Nota.  Or.  13,  14;  Occ.  11,  12.  —  20  JVo(. 
Occ.  4  :  C.  Th.  14,  6,  3.  —  Bibliogiiaphie.  Fairon,  La  ratio  caslrensis  ou  l'inten- 
dance  du  palais   impérial;  l'organisation   du  palais    impérial  «  /lome    Musée 


Fig.  5919 


do  Rome,  qui  surveille  r«?rrt  vinaria'^".     Ch.  Lécbivain. 
R.\TIS,R.\TAR1A',  RATIARIA',  SOUEDIA^  (-/"ii). 

—  R.jdeau,  assemblage  de  troncs  ou  de  poutres*,  formant 
un  plateau  capable  de  flotter  avec  un  chargement,  et  se 
manœuvrant  à  la  perche,  à  la  rame  '  ou  même  à  la  voile 
suivant  ses  dimensions. 
Dans  les  pays  où  les  ar- 
bres étaient  rares,  par 
exemple  sur  le  Nil,  on 
ùemplaçail  les  bois  de 
charpente  par  des  claies 
de  roseaux,  de  papyrus, 
de  joncs  tressés  ",  par 
des  peaux  gonflées,  par 
des  jarres  de  terre  cuite 
vides  et  soigneusement 
bouchées,  moyens  de  na- 
vigation de  tout  temps 
usité  en  Orienta  En  Bre- 
tagne aussi  l'on  se  servait 

d'outrés  de  cuir  gonflées  d'air  '.  On  voit  sur  le  manche 
d'un  miroir  étrusque'  Hercule  voguant  sur  un  radeau 
que  soutiennent  des  am- 
phores (fig.  5919).  Le  ra- 
deau d'Ulysse  est  figuré, 
sur  un  vase  de  fabrique 
béotienne  '",  par  des  am- 
phores couchées  sur  les- 
quelles marche  le  héros". 
Levaisseaud'Ulysse  n'était 
qu'un  radeau  '''. 

L'usage  des  rates  a  pré- 
cédé celui  des  naves,  aux- 
quels les  auteurs  anciens  les  opposent  souvent '^.  Mais  les 
radeaux,  étant  faciles  à  improviser,  n'ont  jamais  cessé 
d'être  employés,  concurremment  avec  les  navires  propre- 
ment dits.  On  en  voit  un  dirigé  par  des  Eros  transformés 
en  pêcheurs  sur  un  étang,  dans  la  figure  5920,  d'après  la 
mosaïque  de  Sainte-Constance,  à  Rome,  aujourd'hui  dé- 
truite, qui  datait  du  iv'  siècle".  En  temps  de  guerre,  ils 
suppléaient  à  l'insuffisance  des  moyens  de  transports  ha- 
bituels, chaque  fois  qu'il  fallait  faire  passer  rapidement  un 
cours  d'eau  ou  un  bras  de  mer  à  des  troupes  nombreuses, 
à  un  matériel  encombrant,  ou  à  des  éléphants'". 

S/£ota"  et  ratis  désignent  aussi  un  bateau  d'un  genre 
spécial  :  le  bac.  A  en  j  uger  par  le  spécimen  dont  la  mosaï- 
que d'Athiburus'"  (Médeina,  en  Tunisie)  nous  a  con- 
servé l'image,  c'était  une  sorte  de  chaland,  large  et  plat, 


Radeau  de  pôcht 


belge,  2,  p.  241--6ii  ;  4,  p.  o-i'-i)  ;  Hirsclifeld,  Die  kaiserlichen  Verwallungsbeamten 
bis  auf  Diocletian,i'  éd.  Berlin,  190S. 

RATIS,  nATARIA,  R  ATIARIA,  SCHEDIA.  >  Leçon  donnée  par  les  listes  d'Aulu- 
Gellc,  X,  25,  3.  et  d'Isidore  de  Séville,  Orig.  XIX,  1,  9.  —  2  Serv.  ad  Virg.  Aen.  I, 
43;  niosaï<|ue  d'Aliliiburus;  larif  du  bac  de  Rades,  voii'  iiatahios.  —  3  Le  nom  grec 
a  passé  en  latin,  Ulpian.  Dig.  XIV,  11,  g  6.  —  ^  Isid.  L.  c.  ;  F.  Diac.  p.  272,  éd. 
Mûller  ;  Lucan.  IV,  420-422.  —  »  Sorv.  ad  Virg.  Aen.  1,  43  ;  Varro,  Ling.  lat.  Vil, 
2,  23.  —  6  Flin.  Uist.  nat.  VU,  37,  15.  La  scirpea  ratis  de  t'iaule.  Aulu.  IV,  1, 
9,  sert  à  soutenir  l'apprenti  nageur  à  ses  débuts.  —  7  Plin.  /bid.  VIIl,  0;  Xenoph. 
Anabas.  II,  4,  ntSia.î  Si;8if(v«:;,  28;  cf.  Vict.  Place.  iVinilie  et  Assyrie,  pi.  xsiu. 

—  s  Plin.  Vil,  57,  13;  Quintil.  X,  2,  7;  Caesar,  Bell.  Gall.  VI,  35.  —  9  Mon. 
d.  Jnslit.  1866,  pi.  xitiu;  Gerhard,  Elr.  Spiegel,p\.  cccvui.  —  '«  Ashmohlean 
Muséum,  Oxford  pi.  xxvi,  n.  202.  —  H  Plin.  Ibid.  —  '2  Horacr.  Odgss.  V,  251 
[ii{ieTa>   a^cSi'ai;   Cf.   Assmann,  Floss  der  Udyssee,  5.  —  '3  Cic.   l'err.    Vil,    2. 

—  M  Garrucci,  Storia  delf  arte  cristiana,  t.  IV,  pi.  cciv.  —  i^  Xenoph.  Anabas. 
II,  4,  28;  Plin.  a.  -Y.  VIII,  6;  Diodor.  XIX,  54,  3;  Polyb.  III,  46;  Liv.  XXI,  38; 
Lucan.  IV,  420  sq. —  'OTIiéocrite,  XVI,  4 1,  appelle  iu;Eïavoxi$'''v  la  barque  de  CliarOD. 

—  17  Gauckier,  .Uonnm.  et  Mém.  Piol,  XII,  1905,  p.  126,  a'  I  et  pi.  ii,  x;  F.Biiche- 
ler,  dans  llhein.Miis.  LIX,  p.  321,  1  ;  Assmann,  Jahrbuch.  d.  Inst.  1906,  2,  p.  110. 


REC  —  81 S 

qui  se  manœuvrait  à  la  rame  (fig.  u921i.  Sur  les  grands 
fleuves,  comme  le  Rliône  '  ou  le  Danube ^  sur  les  lacs', 
sur  les  canaux  du  délia  d'Egypte*  et  de  la  Lirjuln  de 
Cartilage  \  fonctionnaient  des  services  de  bacs  réguliers, 
qui  donnèrent  parfois  leur  nom  aux  bourgades  voisines  : 


Fig.  S'jil 


S/C0Î7.  sur  le  canal  de  Canope",  Ratiuria  sur  le  Danube, 
dans  la  Mésie  supérieure';  en  Gaule,  Ratialuvi^  dans 
le  pays  des  Pictones,  et  peut-être  aussi  l'ile  de  fialis;  en 
Afrique,  Maxula-Rates  "  (aujourd'hui  Rades),  séparée 
de  Carttiage  par  le  goulet  qui  faisait  communiquer  la 
mer  avec  le  lac  de  Tunis. 

Les  raies  ou  tr/EÔiai  jouaient  aussi,  à  l'occasion,  le  rôle 
de  pontons.  Juxtaposés  côte  à  côte,  et  maintenus  par  un 
plancher  transversal,  ils  servaient  à  réunir,  par  un  pont 
volant,  les  rives  opposées  d'un  fleuve,  ou  d'un  détroit  : 
c'est  sur  des  u/EÔiai  que  les  Perses  de  Xerxès  franchirent 
rHellespont'". 

Entin,  les  poètes  latins  donnentau  mot  ra/(.s  une  exten- 
sion abusive  et  l'emploient  à  tort  pour  désigner  toute 
espèce  de  navire"  ;  de  là,  le  nom  de  ratiles  donné  sous  la 
République  à  la  monnaie  de  bronze  [as]  qui  porte  au 
revers  l'image  d'un  ratis,  ce  terme  devant  être  pris  dans 
son  acception  la  plus  étendue,  navire  et  non  radeau  ou 
bac  '-.     P.  G.vucgLER. 

RECEPTA.  —  Les  objets  déposés  par  les  voyageurs 
dans  un  navire,  dans  une  hôtellerie,  se  nommaient  en 
droit  prétorien  recepta  ;  le  maître  du  navire  ou  de 
l'hôtellerie  en  avait  la  responsabilité  et  pouvait  être 
atteint,  s'il  ne  les  représentait  pas,  et  alors  même  qu'il 
n'y  avait  pas  eu  faute  de  sa  part,  par  une  action  in  factum 
en  dommages-intérêts,  de  receplo.  Mais  il  pouvait  prou- 
ver à  sa  décharge  un  cas  fortuit,  comme  un  naufrage^ 
une  attaque  de  pirates,  de  brigands'.  Cette  action  difT'ère 
d'une  autre  action  in  factum,  donnée  au  double  contre 
le  maître  du  navire  ou  l'hôtelier  à  raison  du  vol  ou  du 
dommage  causé  par  un  de  ses  employés;  il  était  tenu 
quasi  ex  deliclo.  La  partie  lésée  pouvait  en  outre 
intenter  contre  l'auteur  du  vol  ou  du  dommage  l'action 
pénale  de  vol  ou  de  la  loi  Arjuilia  -.  [On  ne  sait  si  l'action 

1  C.  i.  l.  XH,  2597  el  2331  (Isère).  —  i  Notit.  dignît.  Or.  «,  ii  s<[.  :  .MatquardI, 
Ve  largan.  mitk.  chez  les  Jiotnains,  tr.  fr.  p.  239,  noie  0.  —  3  C.  i.  /.  XII,  2357  ; 
Uommsen,  Jnscr.  Helv.  73  =  Orelli,  276.  —  *  Slrab.  XVII,  16,  1.  —  5  C  rend. 
Acad.  Jnscr.  1900,  p.  118  sq.  —  6  Slrab.  XVII,  16,  1  ;  il  sagit  ici  d'un  liacel  non 
d'uD  ponl  de  baleau,  conlraireoifnt  à  Topiaion  courante.  —  "^  Itin.  Anton,  p.  219  ; 
Tat.  Peuling.  'PaTiafioi;  Plolcm.  111,9,  4el  VIII,  11,  5;  Notil.  dignit.  or.  42,  42. 

—  »   Plolem.  Il,   7,    10;    Vtcus  Raiialensis,   Grcg.  Turon.    Glor.  con^ess.  c.   54. 

—  9  Héron  de  Villerosse,  C.  rend.  Acad.  1906,  p.  120,  conlirmant  l'hypolliése  de 
Mannerl,  Géogr.  anc.  des  États  barbar.  trad.  Marcus,  p.  312  qu'avait  conibaltue 
]£  Corpus  inscr.lat.  VIII,  p.  131.  —  10  Aeschyl.  Pers.  69  ;  Hcrodot.  IV,  88,  89  ;  Vil, 
30;  cf.  aussi  Herodol.  IV,  97;  VIII,  97;  Liv.  XXI,  47.  -  "  Cecil  Torr.  Ancient 
thips,  p.  122.  —  12  Lucil,  ap.  Varr.  Ling  lat.  V.  44  ;  Paul.  Diac.  p.  775  0.  Miiik-r  ; 
Plin.  B.  nat.  XXXIII,  13,  3  ;  Eckhel,  Doctr.  num.  vet.  V,  p.  13  :  Mommsen,  Bisl. 
de  la  monn.  rom.  I,  p.  594. 

BECEPT.A.  1  Dig.  4,  9.  1,  3.-2  Ibid.  44.  7,  3,  §  6  ;  Inst.  4,  C,  3.-3  (Voir 
Leoel,  Zeilschr.  d.  Savigny-Stift.  13,  1892,  p.  403.] 


REC 

rfe /'('«'/j^*  venait  d'un  pacte  ou  naissait  sans  convention'.] 

G.    HuMBERT   [Cil.   LéCRIVAIn]. 

RECEPTA TOR.  —  Ce  mot'  désigne  en  droit  romain 
le  receleur,  celui  qui  reçoit  sciemment  les  auteurs  d'un 
délit  ou  les  objets  produits  par  le  délit  pour  les  sous- 
traire à  l'action  de  la  justice^.  Pendant  la  République, 
les  receleurs  de  l'objet  volé,  du  furtum,  pouvaient  être 
atteints  par  les  actions  pénales  privées  furti  concepti 
et  obloli\  ou  même  furli  proliihiti  ex  edicto,  quand 
ils  ne  s'étaient  pas  prêtés  à  la  perquisition  solennelle 
établie  en  ce  cas;  enfin,  plus  tard,  par  l'action  préto- 
rienne/«rr*  non  exliibiti'.  Le  sénatus-consulte  sur  les 
Bacchanales  frappe  ceux  qui  donnent  asile  ou  secours 
aux  coupables  ■'. 

Sous  l'Empire  les  receleurs  des  voleurs  simples  et  des 
objets  volés  furent  assimilés  aux  fures  nec  manifesti^; 
dans  les  autres  cas,  il  y  eut  une  poursuite  criminelle  avec 
des  peines  variables  et  des  circonstances  atténuantes 
selon  l'appréciation  du  juge'.  En  règle  générale,  le  rece- 
leur était  condamné  à  la  même  peine  que  l'auteur  prin- 
cipal; c'est  le  cas  pour  la  rapina,  le  brigandage,  le 
péculat;  pour  le  recel  des  sorciers,  des  magiciens,  de 
l'esclave  coupable  ou  complice  du  meurtre  du  maître  '.  On 
punit  moins  sévèrement  la  femme  et  les  parents  du  cri- 
minel, le  receleur  d'abigei\  celui  qui  n'a  commis  que  la 
faute  de  ne  pas  dénoncer  un  déserteur'",  un  ennemi 
fugitif",  ou  un  brigand  sans  profiler  de  ses  vols'-. 

G.    HuMBERT     Ch.    LêCR1V.4IX    . 

RECITATIO,  RECITATOR  [lector\ 

RECTA  [ti^.mca". 

RECTOR  PROVI^CIAE  [provi.vcia]. 

RECUPERATIO,  RECUPERATOR.  —  I.  Quelques-uns 
des  premiers  traités  conclus  par  Rome  avec  les  pays 
étrangers  paraissent  avoir  renfermé  des  clauses  d'arbi- 
trage, soit  temporaires  pour  le  règlement  de  litiges  issus 
de  guerres,  soit  permanentes  pour  le  jugement  des  dift'é- 
rends  futurs  entre  citoyens  et  étrangers,  et  appelées,  par 
extension  du  mot  désignant  la  demande  des  parties,  reci- 
peratio  ou  récupération  Elles  figurent  dans  le  prétendu 
traité  conclu  par  Spurius  Cassius  avec  les  Latins,  mais 
qui,  même  admis  comme  authentique,  serait  en  tout  cas 
postérieur  à  la  date  légendaire  -  ;  il  y  a  plusieurs  arbitres 
qui  doivent  juger  dans  les  dix  jours.  Le  second  traité 
conclu  entre  Rome  et  Carthage  à  une  date  inconnue 
paraît  accorder  aux  Carthaginois  à  Rome  l'emploi 
d'arbitres^  On  a  d'autres  exemples  du  même  genre*.  Ils 
expliqueraient  le  condictus  dies  cum  hoste,  status  dies 
cum  hoste,  qui  serait  le  terme  fixé  par  la  sommation  [coti- 
dictio)  pour  comparaître  devant  les  arbitres. 

II.  —  Est-ce  cette  procédure  internationale  qui  a 
créé,  comme  on  le  soutient  généralement,  les  recupera- 

RECEPTATOB.  1  1!  y  a  aussi  le  mot  receptor  {Dig.    I,  IS,    13  pr.  ;  47,  14,  3). 

—  2  J)ig.  I,  18,  13  pr.  ;  1,  15,  3.  1  ;  47,  16,  1  ;  47,  14,  3.  3  ;  47,  9,  3,  3  ;  C.  Jusl. 
9,  12,  9:  C.  Th.  9,  29,  2.-3  Gai.  3,186,  187;  Inst.  i,  1,  4.  —  i  Gai.  3,  188,  191, 
194.  —  5  Liv.   39,   17.  —  6  Inst.   4,    1,4;  Dig.  47,   2,   49,  1  ;  C.  Just.  6,   2,    14. 

—  1Dig.l.\i,3,  16:48,  3;  0,§  I.  — 8Dij.  47,  9;  3,  §3;  48,  17,  1;  29,  5,  3,  §12; 
Paul.  Sent.  5,3,  4  ;  C.  TA.  9,  23,  1  ;  9,  10.  11;  C. /uir(.  9,  28,  1  ;  9,  18,  9.  —  S/Ji». 
48,  5,  39,  §  4;    47,    li,   3.  —  10  C.    Th.  7,  18,  4,  3,  7,  12  (confiscation  du  fonds). 

—  Il  Dig.  48.  19,  40  (rclégalion,  tandis  qu'il  y  a  déportation  contre  le  recel  volon- 
taire). —  '2  C.  Th.  9,  29,  1,  2;  7.  18,  7,  8;  C.  Just.  9,  39,  1.  —  Bibliouraphie. 
Kein,  Das  Criminalrcchl  der  Romer,  Leipzig  1884,  p.  346-353;  [Momoisen,  Stra- 
frecht,  Leipzig,  1899.  p    775]. 

RECOPEBATJO,  RECUPERATOR.  '  Festus  s.  v.  reciperatio  (d'après  Aelius 
Gallus).  —  2Diouys.  6,  95;  cf.  Cic.  Pro  BaW.  23,  5 3.  —  3  Polyb.  3,  21  sq.  —  i  Uv. 
34,  57.  Mais  les  arbitres  donnés  par  Rome  entre  Philippe  et  des  villes  grecques, 
entre  Antiochus  cl  Perséc,  n'ont  pas  du  tout  le  roime  caractère  (Liv.  33,  38; 
93,  26). 


RED 


/orrs'?  On  peut  .soulcnir  avec  aiilanl  do  vraisemblance 
qu'elle  les  a  pris  dans  le  droit  privé  romain  où  ils  ont  été 
sans  doute  très  anciens,  et  peut-élre  employés  au  début 
pour  les  procès  relatifs  aux  délits  privés.  On  peut  les 
rapprocher  des  trois  arbitres  de  la  loi  des  Douze  Tables.  A 
l'époque  historique,  les  récupérateurs  sont  des  arbitres, 
que  les  textes  opposent  d'ordinaire  aux  juges  uniques-; 
le  magistrat  en  compose  probablement  la  liste  à  sa  guise', 
tout  en  pouvant  prendre  aussi  des  sénateurs';  pour 
chaque  procès,  ils  sont  tirés  au  sort  en  nombre  impair, 
soit  par  le  préteur  urbain,  soit,  entre  citoyens  et  étrangers, 
par  le  préteur  pérégrin,  avec  le  droit  de  récusation  des 
parties'.  Dans  les  provinces  les  juges  établis  par  les 
gouverneurs  s'appellent  généralement  récupérateurs  ; 
les  magistrats  municipaux  peuvent  aussi  en  instituer". 
Les  instances  devant  les  récupérateurs  sont  parmi  les 
judicia  imperio  continentia  '.  La  procédure  est,  à 
l'époque  primitive  probablement,  plus  tard  certainement, 
la  même  que  devant  les  juges  uniques  ;  comportant  éga- 
lement la  distinction  Au  jus  et  du  Judicium^,  elle  n'en 
diffère  que  par  une  plus  grande  rapidité,  parla  limitation 
habituelle  du  nombre  des  témoins  à  dix,  par  l'indé- 
pendance à  l'égard  de  Vactus  rerum  ;  et,  comme  toujours, 
en  cas  de  pluralité  de  juges,  le  partage  des  voix  amène 
l'absolution  du  défendeur'.  En  l'absence  de  prescription 
formelle,  le  magistrat  choisit  entre  le  juge  unique  et  les 
récupérateurs'".  On  ne  sait  quel  principe  général  règle 
l'attribution  légale  des  procès  soit  au  juge  unique,  soit 
aux  récupérateurs.  Ces  derniers  figurent  dans  l'action 
contre  l'affranchi  qui  a  cité  son  patron  sans  l'autorisation 
du  magistrat",  en  matière  de  causa  libe/'alis''^,  dans  les 
actions  d'injures"  de  rapina"',  d'interdits,  de  radimo- 
nium'';  mais  c'est  surtout  dans  les  procès  qui  intéres- 
sent le  peuple,  les  villes,  qu'on  trouve  les  récupéra- 
teurs'^. C'est  un  conseil  de  vingt  récupérateurs  qui,  en 
province,  d'après  la  loi  Aelia  Sentia,  assiste  les  mineurs  de 
vingt  ans  pour  les  affranchissements ''.     Ch.  Lêcriv.\in. 

REDEMPTOR.  —  Ce  mot,  synonyme  de  conductor. 
désigne,  en  droit  romain,  la  personne  qui,  dans  un 
contrat  de  louage  d'ouvrage,  se  charge  d'une  entreprise 
à  faire,  moyennant  une  rétribution  [merces]^.  Quoique 
louant  ses  services  à  prix  d'argent,  elle  diffère  du  simple 
ouvrier  [locntor  operarum),  probablement  parce  qu'elle 
est,  comme  le  locataire  d'un  objet,  en  contact  avec  la 
la  chose,  /7!  possessione  rei-,  et  c'est  elle  qui  obtient 


—  816  —  RED 

l'action  conducli  pour  se  faire  payer  la  somme  convenue 
par  le  maître  {locator  operis)  qui  lui  a  confié  l'entre- 
prise '.  Le  mot  redimere  a  le  même  sens  large  que 
conducere  et  s'applique  à  toutes  les  catégories  imagi- 
nables d'entreprises,  par  exemple  à  la  fabrication  de  la 
laine,  au  tissage  des  vêlements,  à  la  construction  d'un 
navire,  d'une  maison*,  au  transport  de  marchandises 
par  mer'',  à  l'éducation  d'esclaves,  à  l'entreprise  à  forfait 
de  certains  travaux,  tels  que  le  creusement  d'un  canal, 
l'exploitation  d'un  bois,  la  récolle  des  produits  d'une 
propriété".  Il  désigne  également  les  entreprises  concé- 
dées aux  publicains,  les  adjudications  de  travaux  publics, 
le  recouvrement  des  impôLs,  des  douanes,  des  diverses 
redevances  dues  pour  l'exploitation  des  domaines  publics 
et  municipaux,  terres,  mines,  carrières,  salines'.  Nous 
renvoyons  pour  ces   différents  points  aux  articles  ager 

PUBLICUS,  CENSOR,  METALLA,  PORTORIUM,  PUBLICANUS,  VECTIGAL. 

On  a  un  contrat  ou  cahier  des  charges  dressé  par  les 
magistrats  de  Puteoli  pour  la  construction  d'un  mur  en 
105  av.  J.-C.  Comme  les  actes  semblables,  émanés  de 
particuliers  [leges  /ocationis)^,  il  renferme  non  seule- 
ment les  sûretés  à  fournir,  mais  toutes  les  conditions  du 
devis,  de  la  réception  et  du  paiement  [locatio].  Le 
louage  d'entreprise  est  devenu  très  commun  à  Rome 
sous  la  République  à  la  suite  de  la  formation  d'une 
classe  de  spéculateurs  qui  se  chargent  à  forfait  de  tous 
les  travaux.  De  grands  capitalistes  y  consacrent  leurs 
nombreux  esclaves  dont  ils  louent  les  services'".  A 
partir  de  la  loi  Claudia  de  291,  les  grandes  entreprises 
ont  été  interdites  aux  sénateurs"  et  les  lois  municipales 
prononcent  la  même  interdiction  en  certains  cas  contre 
les  décurions '^. 

Outre  les  contrats  licites  d'entreprise,  des  spéculateurs, 
des  candidats  aux  magistratures  ou  des  accusés  ont 
formé  quelquefois  des  pactes  illicites  avec  un  entrepre- 
neur qui  se  chargeait  d'assurer  aux  intéressés  un  béné- 
fice, une  élection,  un  jugement.  Ces  conventions,  nulles 
et  réprimées  d'ailleurs  par  les  lois  pénales  sur  la  concus- 
sion, la  brigue,  l'homicide,  ne  pouvaient  donner  lieu  à 
aucune  action  en  justice;  les  sommes  versées  ne  pou- 
vaient être  réclamées";  on  annulait  aussi  le  pacte  par 
lequel  un  procureur  achetait  une  part  de  bénéfice  dans 
le  gain  éventuel  d'un  procès  {redimere  litein)  '*  ;  plus 
tard,  l'empereur  Anastase  autorisa  le  retrait  contre  les 
cessionnaires  de  droit  litigieux '^     G.  Humbert. 


I  Plaul.  Curctil.  1,  I,  3;  Gell.  16,  4,  i;  Lei.  duod.  lab.  2,  i;  Cic.  Ue  off. 
1,  li,  37:  Feslus.  j.  n.  status  dies;  Macrob.  1,  16,  4.  —  3  Cic.  Pro  TuU.  10;  Gai. 
4,  46,  i05,  109,  1S5,  Momnisea  conjecture  que  l'eipression  con{^€mnare  caractérise 
la  sentence  des  récupérateurs.  —  3  Dans  la  loi  agraire  de  111  (C.  ins.  lat.  I ,  n"  iOO) 
ils  sont  pris  au  nombre  de  onze  parmi  50  citoyens  de  la  première  classe.  —  ^  Liv. 
43,  2,  3  (cinq  récupérateurs  nommés  par  le  Sénat).  —  5  Dans  la  loi  agraire  de  111, 
1.  37,  chaque  partie  peut  en  récuser  quatre.  —  6  C.  i.  t.  1,  205,  II,  i.  23  (loi 
Hiibria).  Mommsen  conjecture  que  dans  la  loi  dite  Julia  municipalis  (C  i.  l. 
I,  206,  1.  44-45)  le  mot  Judicium  désigne  des  récupérateurs.  — 7  (Jai.  4,  105-109. 

—  »  Liv.  43,  2  :  Hlaul.  Bacch.  2,  3,  36  (s'il  s'agit  de  droit  romain).  —  9  Gai.  i, 
1?3;  Cic.  Pr.  Caec.  10;  De  inc.  2,  20,  60;  Verr.  1,  00,  156;  Val.  Probus, 
p.  12;  Plin.  Ep.Z,  20,9;  fliff.  42,  2,  58  ;  C.  i.t.i.i,  5439  (loi  de  Geneliva)  ; 
10,    482  (loi   sur   l'aqueduc  de  Venafrura)  ;   Gromalic.   vet.    1,   263   (loi  Mamilia). 

—  10  Cic.  Verr.  3,  58,  135.  —  "  liai.  4,  46.  —  li  Suet.  Dom.  8  ;  Dig.  42,  I,  36; 
Grieeh.  Vrk.  aus  dem  Berl.  .Vus.  611.  —  13  Cic.  De  inv.i,  20,  60;  Gell.  20,  1,  13. 

—  I*  Cic.  Pro  TuU.  3,  7.  —  15  Gai.  4,  141,  185.  -  16  Lois  Mamilia,  de  Venafrum, 
de  Genetira,  L.  c.  ;  loi  de  Bantia,  1.  9  (C.  ins.  lai.  1,  197)  ;  procès  entre  un  soldat 
et  uo  allié,  procès  de  repetundae  (Liv.  26,  48;  43,  2);  restitutions  à  opérer  après 
la  guerre  de  Mithridale  {lex  Anton,  de  Therm.  C.  ins.  lat.  1,  204,  II,  1-5  de  71 
av.  J.-C.!.  Les  juges  cités  dans  le  5.  C.  de  Tkisbaeis  (Bruns,  Fontes,  6'  éd. 
p.  166,  n*  6)  sont  probablement  des  récupérateurs.  —  '7  Gai.  1,  18-20,  38-39; 
Ulp  Beij.  I,  12-13.  —  BcBi.ioi.RAPHiF..  Sell,  Die  /lecuperatio  der  Rimer.  1837; 
Bethmann-llollweg,    Der    rSm.     Civilprocess,    BoonT  1865,    I,    §    23;    Karlowa, 


Legisaktionen,  p.  218-230;  Sohmidt.  Zeilsch.  d.  Savigny-Stif!.  1888,  p.  132, 
133;  Accarias,  Précis  de  dr.  romain,  1891-  éd.  2,  2,  §  737-738;  Wlassak,  Pro- 
cessgesetze,  2,  p.  298-328;  Eisele,  Beitrâge,  1890,  p.  37-75;  Girard,  Manuel 
de  dr.  romain,  î'  éd.  Paris,  1898,  p.  934,  980,  1004,  lOOS  ;  Histoire  de  l'orga- 
nisation judiciaire  des  Romains,  Paris,  1901,  p.  89-104;  Mommsen,  Strafreehtf 
1901,  p.  177-178. 

REDEMPTOR.'  Festus.  s.  v.  Redemptor,  p.  270;  Liv.  42,  3;  Cic.  Verr.  1,  57; 
3,  7;  Phil.  9,  7;  Dig.  6,  1,  39:  Lex  Jul.  mun.  2,  49.  —  î  Dig.  29,  J,  19,  §  2; 
22,  §  2,  39  ;  Varr.  De  re  riist.  I,  17  ;  Cic.  De  off.  1,13;  Pro  Caec.  iî;  Senec.  De 
benef.  3,  22.  -  3  Dig.  29,  2;  11,  §  3;  13,  §  2-3;  48,  11  ;  7,  §  2.  —  4  Dig.  7.  8; 
12,  §  6;  Varr.  L.  c.  1, 14;  Cic.  Ad  Quint.  2,  4,  6;  3,  2.  —  »  On  peut  employer  en 
ce  cas  l'action  praeseriptis  verbis  pour  déterminer  le  rôle  des  parties  {Dig.  19,  5, 
1,  §  1).  —  6  Cal.  De  re  rust.  16,  137,  144;  Varr.  L.  c.  1.  17;  Dig.  19,  2,  29;  Plin. 
Hist.  nat.  36,  13.  —  7  Big.  35,  4,  1  pr.  §  1  ;  3  pr.  10;  12,  §  3,  13;  50,  16,  103; 
Polyb.  6,  17;  Liv.  32,7;  3U,  44  ;  Cic.  De  prov.  cons.  S;  Verr.  1,  54;  3,  7;  Pro 
Rose.  Amer.  20;  Plin.  Bist.  nat.  10,  26;  Peslus,  s.  v.  Manceps,  venditiones 
Hysin.  De  cond.  agr.  p.  116.  —  s  C.  insc.  lat.  I  n»  577  —  9  Dig.  19,  2;  13,  §  10. 
24  pr.  30,  §  3  ;  36,  37,  51.  §  1,  58  ;  60,  §  3;  Liv.  4,  22.  —  10  plut.  Cross.  2;  Gai. 
3,  146. —  Il  Liv.  21,  23;  Cic.  Verr.  5,  18.  45  ;  Dio  Cass.  55,  10;  Ascon.  /n  tog. 
cond.  p.  94.  —  12  Lex  Jul.  mun.  I.  108  ;  Lex  Salp.  c.  93.  —  13  Cic.  l'err.  aet.  I, 
6;  Dig.  12,  5,  3;  49,  14,  29,  34;  C.  Just.  4,  7,  2.  —  '»  Dig.  17,  I,  7;  50,  13; 
1,  §  12.  —  15  C.  Just.  4,  35,  72.  —  BiBuocBiPHiE.  Rein,  PrivatrechI  der  Rômer, 
p.  333,  Leipzig,  1836  ;  Clamageran,  Du  louage  d'industrie,  Paris,  1856. 


REG 


—  SI  7   — 


REG 


llEnillBITORIA  ACTIO.  —  Les  édiles,  chargés  à  Rome 
de  la  police  des  marchés,  durent  établir  la  garantie  des 
vices  pour  les  ventes  d'esclaves  et  danimaux  faites  an 
marché.  A  une  époque  inconnue,  mais  qui  parait  posté- 
rieure à  l'introduction  de  la  procédure  formulaire',  ils 
introduisirent  dans  leur  édil  des  règlements  qui  obli- 
geaient les  vendeurs  à  faire  connaître,  ou  au  moins  à 
garantir,  certains  vices  cachés,  physiques  pour  les  ani- 
maux, phvsiques  et  moraux  pour  les  esclaves^,  el  les 
tirent  respecter  par  deux  actions,  revêtues  d'abord  d'un 
caractère  pénal',  l'action  en  réduction  de  prix  oianti 
MiNORis  .xcTio"  et  l'action  redhibitoire.  Elles  furent  appli- 
quées, au  moins  dès  l'époque  de  Cicéron,  aux  fonds  de 
terre  et  plus  lard,  peut-être  dès  le  début  de  l'Empire, 
à  toutes  les  ventes  mobilières  et  immobilières',  sauf  à 
celles  faites  par  le  fisc"'.  Ces  actions  supposent  que  le  vice 
diminue  sensiblement  la  valeur  et  l'utilité  de  la  chose,  qu'il 
préexiste  k  la  vente,  qu'il  n'a  pas  disparu  depuis  la  vente, 
qu'il  n'est  pas  apparent  et  qu'il  est  inconnu  de  l'acheteur*. 
Elles  ne  peuvent  être  cumulées.  En  premier  lieu,  le  ven- 
deur doit  promettre  indemnité  pour  les  vices  connus  ou 
non  connus  de  lui  qu'il  ne  déclare  pas  ;  s'il  refuse,  il  tombe 
sous  le  coup  des  deux  actions;  l'action  redhibitoire  peut, 
ici,  avoir  lieu  pendant  deux  mois;  cette  promesse  doit 
avoir  lieu  surtout  dans  les  ventes  d'esclaves  pour  les- 
quelles ledit  ordonne  la  stipulafin  dxplae  contenant  la 
clause  sur  l'absence  de  vices  et  la  promesse  de  la  resti- 
tution du  double  en  cas  d'éviction.  Celte  stipulation  finit 
par  être  sous-entendue  dans  les  ventes  d'esclaves  et 
l'action  (?j".<///J«/o/'/rf'/yj/f7epeulélresupplééeparraction 
ex  empto'.  En  second  lieu,  quand  la  stipulation  n'a  pas 
été  faite  et  quand  un  vice  non  déclaré  apparaît,  l'ache- 
teur peut  intenter,  une  seule  fois,  pendant  six  mois  à 
partir  du  .jour  où  il  a  connu  ou  dû  connaître  le  vice, 
l'action  redhibitoire  en  résolution  du  contrat;  il  y  a,  de 
de  part  et  d'autre,  une  sorte  de  restilutio  in  integritm  ; 
l'acheteur  doit  rendre  la  chose  avec  les  fruits  et  subir  la 
responsabilité  des  détériorations  el  moins-values  issues 
de  son  fait  ;  le  vendeur  doit  rendre  le  prix  avec  les  acces- 
soires et  les  intérêts,  sinon  rembourser  au  double*. 

Ch.  Lecrivain- 

REGEXDARILS,  REGKREXDARIUS  '.  —  On  trouve  au 
Bas-Empire  un  employé  de  ce  nom  dans  les  offices  des 
préfets  du  prétoire,  où  il  est  spécialement  chargé  de  la 
poste  et  de  la  délivrance  des  diplômes  postaux  "-  [cursis 
l'LBUCis"  ;  dans  ceux  du  préfet  de  Rome  et  des  maîtres  de 
la  cavalerie  et  de  l'infanterie  ;  enfin  de  comtes  et  ducs  en 
Occident^     G.  Hlmbert    Ch.  Lf.crivainI. 


REDI1IBITORI.4  .\r.TIO.  '  Les  telles  de  l'Iaule  X'apt.  4,  î,  «-H;  ilerc.  i,  3, 
SU:  Riid.  i,  3,  4i-41;  .Vil.  glar.  3,  I,  i3i-l34  ;  itoslell.  i,  i.  lli-113)  ne  sont  pas 
probants  ou  concernent  le  droit  grec.  —  2  Gell.  4,  2,  I  ^ancien  édil.);  Cic.  De  off. 
3,  \^\'\D:q.  SI,  1,  I  pr.  38,  pr.  6).  —3  Voira  ce  sujel  Wlassal.  Zut  Geschiclile 
Jer  nttjotiorum  gestio,  1879,  p.  175;  Girard.  Nouvelle  reo.  hi.tt.  de  droit,  1x84, 
p.  ilO-415.  —  *  Cic.  L.  c;  Dig.  îl,  I,  I  pr.  3S,  pr.  49,  63.  —  i  Dig.  21,  1,  I,  §  3. 

—  «il,  1;  I,  §  6  el  8,  14,  §  10;  16;  17,  §  17;  48,1  5.  —137,  l  tîl,  §2;  31,  §20:58. 

—  »  Ibid.  I.  19,  23,  25,  27,  31,  45,  48,  55,  60.  —  BiBuoGRApaiE.  Ortolan,  Explica- 
tion hist.  des  Insi.  de  Justinien,  10"  éd.  Paris,  1876,  111,  n"  14(16  sq.  ;  .Accarias, 
Précis  de  droit  romain.  Paris,  1882,  It,  §  60:J;  Girard.  Manuel  de  droit  romain^ 
Paris,  1901,  p.  5:)8-56J. 

REGE\DARICS,  REGEREXD.ARIUS  <  La  première  Tornie  est  dans  Cassiodorc 
el  Lydus,  la  deuiième  dans  la  Notitia.  il  y  a  aussi  la  forme  referendarius  (iVol>. 
1 1  ;  voir  Bôcking,  Xot.  dign.  Or.  p.  170,.  —  2  Bôcking,  .Vo(i(.  Occ.  2,3;  Cassiod 
Var.  11  :  Xot.  Or.  2,  3,  29  ;  'Lydus,  Demag.  3,  4,  21  les  donne  au  nombre  de  deux  el 
dit   qu'ils  ont  élé  dépouillés  de  leurs  attributions  par  le  magister  officiorant]. 

—  3  Aotit.  Occ.i,  5,  25-41. 

REGlFl'GItlU.  1  Ovid.  Fast.  Il,  125  sr|.  ;  cf.  V.  727;  Calend.  Praenest. 
2k  mars    13;    Fest.  p.  279,  ».  i.  Regifugium  :  .\uson.  Ecl.   de  feriis.    —  2  Plul. 

VIII. 


REGIFIT.IL'.M'.  — La  Fuite  du  roi,  fêle  annuelle  célé- 
brée à  Rome,  le  "24  février'.  Ce  jour-là,  le  rex  sacrorum 
se  rendait  au  coinitium,  offrait  un  sacrifice  et  s'échappait 
aussitôt.  On  a  vu  dans  ce  rite  une  allusion  à  la  fuite  du 
roi  Tarquin  le  Superbe  et  à  la  chute  de  la  royauté;  il 
convient,  en  effet,  de  rappeler  que  de  celte  époque  date 
la  séparation  des  pouvoirs  religieux,  seuls  laissés  désor- 
mais au  rex,  à  qui  il  fut  interdit  d'en  exercer  d'autres  et 
à  qui  il  était  enjoint,  quand  il  sacrifiai!  au  comitium, 
de  quitter  précipitamment  l'assemblée  publique  dès  que 
la  cérémonie  était  accomplie  -  ^regmm,  p.  82o\ 

On  peut  aussi,  avec  d'autres  auteurs,  admettre,  en 
tenant  compte  de  la  date  de  la  fête,  qu'en  ce  dernier  jour 
de  l'année  el  du  mois  des  purifications  |^februcs]  le  rex, 
dans  une  sorte  de  drame  symbolique,  prenait  la  charge 
des  souillures  du  peuple  tout  entier  et  s'en  allait  pour  se 
purifier  ^cf.  septerio.x]  ^.     E.  Saglio. 

REGI  A  ^EGNiM;. 

REGIO.  —  I.  Territoire  d'une  commune,  aux  limites 
duquel  expirait  la  juridiction  des  magistrats'.  Dans  ce 
sens  le  mot  regio  est  synonyme  du  mot  territorium, 
plus  généralement  employé   xERRiTORUir  -. 

II.  —  Divisions  géographiques,  circonscriptions  terri- 
toriales de  la  ville  de  Rome. 

1°  Les  quatre  régions  de  Servius  Tiillius.  —  Après 
avoir  enfermé  dans  une  enceinte  continue  les  sept  col- 
lines (septiinontium),  Servius  Tullius  divisa  en  quatre 
régions  la  ville  ainsi  accrue  et  délimitée'.  Les  indica- 
tions laissées  par  Varron'  permettent,  sinon  de  déter- 
miner les  confins  des  quatre  régions,  lout  au  moins  d'indi- 
quer leur  emplacement  :  Regio  I,  Suburana,  comprenant 
le  quartier  de  Subura,  la  partie  de  la  Velia  qui 
s'incline  vers  le  Forum,  la  partie  du  Caelius  comprise 
dans  l'enceinte;  II,  Esquilina,  renfermant  l'Oppius,  le 
Fagutal,  le  Cipius  ;  III,  CoUina,  avec  le  Némélal,  le 
Quirinal,  les  colles  Salularis,  Mucialis,  Latiaris;  IV,  Pa- 
latina,  Germains,  côté  de  la  Velia  attenant  au  Palatin, 
partie  du  Forum.  A  ces  quatre  régions,  dit  Tite-Live,  le 
roi  lui-même  qui  les  avait  créées  donna  le  nom  de  tri- 
bus-.  Denys  d'IIalicarnasse*  semble  confondre  régions 
et  tribus  :  suivant  lui,  Servius  Tullius  remplaça  les  trois 
tribus  primitives,  Ramnenses,  Titienses,  Lucerenses, 
par  quatre  régions  géographiques  ffioîpx),  formant  ainsi, 
ajoute  l'auteur,  d'une  ville  à  trois  tribus  (-s!cpu).ov),  une 
ville  à  quatre  tribus  i  TE-piip'jXov  .  Varron,  qui  donne  les 
noms  et  la  description  des  quatre  régions  \  fait  reparaître 
ces  quatre  mêmes  noms  dans  la  liste  des  tribus  '.  L'ori- 
gine des  quatre   régions  de    Servius  se   confond  donc 


(Juaesl.  rom.  63;  cf.  Husclike,  Das  aile  rùm.  Jah'-,  p.  162-105.  -  3  Cal.  .Vaffei  : 
C.  ins.  lut.  I,  p.  30t  :  Hartuug,  Ilelig.  der  Rôm^tr,  II,  p.  3î:  Huschke,  L.  l.  p.  164. 

—  BiBi.iocBAPHiE.  Husclike,  Oas  allé  rùmische  Jahr,  Breslau,  1869,  p.  16*  et  sq.; 
L.  Lange,  Der  rôm.  KalcnJer,  Lcipz.  1882.  p.  222  sq.  ;  CUrist,  Sitsungberischte 
d-r  Slùnch.  Xcad.  Pliil.  hist.  Cl.  lS70,p.  193  sq.  ;  Mar.|uardt,  ffandbuch.  Irad.  fr. 
de  Brissaud  (le  Culle),  II,  p.  5  ;  Bouché-Leclercq,  Manuel  de>  Institutions  ro- 
maines, p.  486. 

REGIO.  1  Siculus  Flaccus,  De  condic.  agr.  éd.  Lachmann,  1,  p.  135,  4;  165,8: 
M.  Jun.  Nipsus,  éd  Lachmann,  I,  p.  295,  13;  .\cro,  ad  Horat.  Carm.  II.  13,  4; 
Corp.  inscr.  lat,  VI,  2730;  X,  1235,  1256;  XIII,  6337;  XIV,  4012:  Rudorff,  Gro- 
matisch.  Inslit,  édil.  Lachm.  p.  235;  Mispoulet,  Les  institutions  polit,  des 
llomainn.  11,  p.  28;  Marquardt,  Roem.  .'itaalsterwaltung,  I,  p.  0  ;  Irad.  fr.  de 
Lucas  el  Weis,  Organis.  de  l'empire  romain^  1,  p.  7.  —  2Cf.,  pour  éublir  la 
synonymie,  la  définition  de  regio  dans  Siculus  Flaccus  (Lachmann,  1,  133,  4)  el  de 
(erriYoriiim  dans  Pompoaius  {De  verb.  sijnif.  Codex,  L,  16,  239,  8);  Cf.  Isidor. 
Origin.  XIV,  5,  s.  f.  —  3  Liv.  I,  43  ;  Varro,  Lmg.  lat.  V,  45-54;  Dionjs.  Hal.  IV,  14; 
Aurel.  Victor,  De  air.  illustr.  VII,  7  ;  Paul.  Diac.  s.  v.  Crbaiias,  p.  168,  éd.  Mûllcr. 

—  4  Varr.  L.  l.  —  i  Liv.  i.  (.  —  «  Dion.  Mal  i.  f.  —  '  i.  (.  —  «  Ling.  lai.  V, 
53-56. 

103 


REG 


—  SIS  — 


REG 


avec  celle  des  Iribus  qui  furent  aussi  une  réparlilion 
géographique;  peu  à  peu,  par  la  force  des  clioses,  avec 
laccroissenient  de  la  doininalion  de  Rome,  les  tribus 
perdirent  leur  caractère  géographique  ;  les  régions  le 
conservèrent.  Dans  ces  régions,  étaient  groupées  les 
familles  possédant  chacune  sa  chaumière  et  son  champ; 
ce  fut  l'origine  de  la  propriété  territoriale  et  des  hérita- 
ges '.  Il  n'est  donc  pas  surprenant  que,  à  côté  des  Iribus, 
lesqualre  régions  aient  conservé  leur  existence  propre. 
Pendant  la  République,  jusqu'au  temps  d".\uguste,  on 
trouve  trace  de  leur  existence  :  aux  quatre  régions  cor- 
respond le  nombre  persistant  des  quatre  édiles;  César 
donne  ù  la  ville  de 
Rome  reyionatim  -, 
c'est-à-dire  par  ré- 
gions, des  jeux  et 
des  spectacles. 

Mais  c'est  surtout 
par  leur  caractère 
religieux  que  survé- 
curent à  tous  les 
changements  politi- 
ques les  quatre  ré- 
gions de  Tullius.  Ce 
roi  conserva,  répar- 
ties par  six  entre 
les  quatre  régions, 
les  vingt-quatre  an- 
tiques chapelles  des 
ARf.Ei  '  et  Cicéron 
rend  témoignage 
qu'elles  furent  tou- 
jours entourées  d'un 
culte  pieux  '.  C'é- 
taient des  area  dé- 
couvertes,  consa- 
crées aux  dieux 
Lares,  situées  aux 
carrefours  et  portant 
un  autel  sur  lequel 
était  gravée  la  dé- 
dicace. \\i  mois 
de  mars  de  Tan- 
née 1888,  on  a  trouvé  le  sacellum  d'un  carrefour  de  la 
regio  Esquilina,  avec  son  arca,  les  restes  d'un  mur  en 
tuf,  des  débris  d'architecture  moins  anciens,  enfin  une 
base  d'Auguste  qui,  en  744  (—  10  av.  J.-C),  l'avait  orné 
d'une  statue  de  Mercure  et  restauré  °  ;  les  sacellums 
de  Servius  avaient  donc  été  conservés  pendant  la  Répu- 
blique jusqu'à  l'Empire,  et  .\uguste,  dans  sa  nouvelle 
organisation  de  Rome,  les  respecta"  comme  Servius  lui- 
même,  eu  créant  ses  régions,  avait  respecté  les  chapelles 
des  Argei.  Ce  sacellum,  construit  sur  le  Cispius,  appar- 
tenait  à  la  deuxième  région   de  Servius,  VEsquilina  '. 


I  Cf.  Galli,  lli  un  sacrllo  compilah;  dins  Bultel.  comunak  di  Homa,  .XVI,  IS88 
p.  m.  —  2  Sucton.  Caes,  X.\XIX  :  ediUil   ludos  etiam  rer/ionatim   i'rbe  lola. 

—  3  Varro,  Linr/.  tat.  V,  45;  Argorum  sacraria  qitattiior  et  vigenti  in  qualtuor 
partes  urbis  sufil  disposita  ;  cf.  JordaQ-iiuetscn,  Topograp.  der  Sladt  liom,  I,  £SS 
u.  50  ;  II,  ?3S.  (»(I0.  Varron  nous  a  laissé  l'iudicalion  de  rempiacemeiil  (|u'occupaienl, 
dans  chacune  des  (juatre  K'gions,  quatorze  de  ces  cliapelles.  —  ^  II,  Leg.  agrar. 
U.  —  i  HtiU.  coiaan.  di  Homa,  XVI,  IÏ88,  p.  149-,  Notiz.  degliscari.  I8S8,  p.  224, 
2i.H;    GaUi,   Oi   un  sacello,   elc.    dans    Bull,  comun.    1888,   p.  221-237,   pi.  xri. 

—  ^  GaUi,  O.  1.  p.  221.  —  ^  C'est  celui  que  Varron  désigne  ainsi  :  Ceapius  mons 
aexticeps  apud  atdem  Jununia  Laciniae  ;  c'était  donc  le  sixième  sacellum  de  la 
deuiiènic   région  de  Servius  Tullius;  cf.  Gatti,  Op.  t.  p.  228.   —  8  Galli,  Bull. 


RSalaria 


pTiburtina 


Fig.  5922 


On  en  peut  dire  autant  d'un  sacellum  connu  par  une  in- 
scription du  temps  de  Cicéron*.  .autour  de  ces  autels 
avaient  survécu  des  traditions  vénérables,  des  fêtes  reli- 
gieuses, des  jeux  célébrés  aux  carrefours'  et  dont  la 
création  était  attribuée  à  Servius  Tullius  '". 

2°  Les  quatorze  régions  d'Auguste.  —  Entre  les 
années  744  (==  lOav.  J.-C.)  —  750  (=  4 av.  J.-C.)  .\uguste 
fit  une  nouvelle  division  de  la  ville  de  Rome  en  quatorze 
régions".  Le  mur  de  Servius  servit  de  liase  à  celte  opé- 
ration ;  huit  régions  furent  comprises  dans  l'enceinte, 
les  11'',  IIIMV»,  VI',Vlir,  X%XI"etlaXIIP  qui,  plus  tard, 
s'étendit  hors  des  murs  jusqu'au  Tibre  en  s'annexant  la 

vaste  plaine  où  s'éle- 
vèrent les  greniers 
ijiorrea)  ;     les    ré- 
gions I,  V,  Vn,  IX, 
XII,  XIV  furent  ex- 
tra muros.  la  XIV' 
comprenant  tout  le 
Translévère  '^.    La 
ville    s'était    beau- 
coup  agrandie   de- 
puis le  roi  Servius 
Tullius  ;    les   rues , 
c'est-à-dire  les  con- 
tinentia  aedificia, 
s'étaient  prolongées 
au    loin ,    rompant 
l'enceinte; de  là. les 
régions   extra  mu- 
ros. Le  schéma  ci- 
joint(fig.o9-2-2)dres- 
sé   d'après    Lancia- 
ni'^    donnera    une 
juste  idée  de  la  ma- 
nière dont  Auguste 
procéda  à   la  divi- 
sion, remontant  du 
sud  au    nord  puis, 
soit    à    l'intérieur, 
soit  à  l'extérieur  du 
mur,     tournant    de 
gauche  à  droite. 
Il  est  probable  qu'Auguste,  comme  nous  avons  fait  à 
Paris  pour  les  arrondissements,  ne  distingua  les  régions 
que  par   des  numéros.   Dans  les  documents  officiels  et 
chez  les  auteurs,  tandis  que  les  vici  sont  désignés  par 
des  noms",  les  régions  ne  le  sont  que  par  des  numéros  '^; 
et  quand,  par  hasard,  un  auteur  donne  un  nom  à  une 
région,  ce  n'est  généralement  pas  celui  qui  se  rencontre 
dans  les  listes  du  iv°  siècle  dont  nous  parlerons  plus  loin". 
Les  noms  des  régions  se  créèrent  sans  doute  peu   à 
peu  par  l'usage,  le  peuple  retenant  plus  facilement  qu'un 
numéro  le  nom  familier  d'une  rue,   d'une  place,    d'une 


comun.  .XV,  18^7.  p.  156;  des  arbres,  souicnirs  d'un  bois  sacré,  entouraient  cet 
aulcl;  cf.  Corp.  inser.  lat.  VI,  32455.  —  'J  Dionys.  Hal.  IV,  14.  —  i»  Id.  Ibid.  ; 
Plin.  XXXVI,  711,  1;  Macrob.  Saturn.  I.  16.  —  "  Suelon.  Aug.  XXX  ;  Dio,  I.V, 
8;  Tacit.  Annal.  XV,  40;  f'Iin.  Nat.  hist.  III,  9.  13;  Fronlin.  De  aquaed. 
LXXIX,  sq.;  Corp.  inscr.  lat.  V[,  973,  32453.  —  t2  Cf.  Unciani,  Bicherehe  sulle 
XIV  regioni  urbane,  dans  Bull.  comm.  XVIII,  1890,  116-117.  —  13  Ibid.  p.  117 
et  pi.  ix-x.  —  14  Corp.  inscr.  lat.  VI,  449,  450,  451,  452,  453.  —  's  Ibid.  mêmes 
numéros  el  975  ;  Tacit.  Annnl.  XV,  40  ;  Sueton.  Domitian.  I  :  Fronlin,  De  nquavd. 
LXXIX,  sq.  Pi,  dès  l'origine,  les  régions  de  Rome  aiaienl  reçu,  en  même  temps 
que  leur  numéro  d'ordre,  UQ  nom  officiel,  Pline  n'aurait  pas  man(|ué  d'eo  donner 
la  liste.  —  ic  Sueton.  Caes.  XXXIX  ;   iVero,  XII. 


REG 


—  819 


REG 


porte  de  la  ville  ou  d'un  quartier.  Puis,  quand,  après  plus 
d'un  changement,  les  noms  furent  bien  arrêtés  par 
l'usage,  on  établit,  à  une  époque  relativement  tardive, 
la  liste  ofticielle  qui  est  parvenue  jusqu'à  nous'. 

Cette  listedes  régions,  avec  leurs  noms  et  leurs  limites, 
nous  a  été  transmise  par  deux  documents  de  l'époque 
constantinienne  :  ïaA'otitia  3.54 ap.  J.-C.)  elleC'//v'os;///) 
1.357  ap.  J.-C.)-.  Ces  catalogues  nous  donnent  la  liste 
des  quatorze  régions  de  Rome  avec  les  noms  qu'elles 
portaient  alors  :  Regio  I,  Porta  Capena;  II,  Caelimon- 
tium  :  III.  Isis  et  Serapis  ;  IV,  Templum  Pacis  ;  V,  Esqui- 
liae  :  VI.  .\lla  Semita  :  VII,  Via  Lata  ;  VIII,  Forum 
Romanum  magnum  ;  IX,  Circus  Flaminius  ;  X.  Palatium  ; 
Xl.Circus  Maximus  ;  XII  Piscina  Publica;  XIII,  .\venti- 
nus;XIV,  Transtiberim.  Ces  noms  sont  empruntés  à  des 
places,  des  rues,  des  portes,  des  monuments,  des  col- 
lines situés  dans  la  région. 

La  Xotitia  et  le  Curiosum  nous  donnent  en  outre, 
pour  chaque  région,  une  liste  de  noms  de  monuments, 
portes,  rues,  collines,  fontaines,  et  aussi  de  quelques- 
unes  de  ces  statues  qu'.Vuguste  offrait  aux  chapelles  des 
Lares',  les  achetant  avec  l'argent  que,  chaque  année,  lui 
offrait  le  peuple  à  l'occasion  du  nouvel  an'.  Lanciani  a 
démontré  que  tous  les  noms  des  monuments,  portes, 
collines,  etc.,  sont  les  noms  des  rues  des  régions,  noms 
abrégés  par  la  seule  indication  des  monuments  épo- 
nymes  de  ces  rues"  ;  il  en  est  de  même  pour  les  statues, 
soit  qu'elles  aient  emprunté  le  surnom  qui  leur  est  attri- 
bué à  la  rue  qu'elles  ornaient,  comme  l'Apollo  Sanda- 
liarius  de  la  quatrième  région,  soit  qu'elles-mêmes 
aient  donné  leur  nom  à  la  rue  ^.  .\  cette  liste  de  rues, 
fait  suite,  dans  les  catalogues,  l'indication  dunombre  des 
rues,  des  îlots,  des  maisons,  des  édicules,  des  greniers, 
des  bains,  des  fontaines,  des  moulins  contenus  dans 
chaque  région  et  enfin  la  superficie  de  la  région  évaluée 
en  pieds.  .\  la  fin  du  recueil,  un  hrin-iarium  donne,  pour 
toute  la  ville,  le  chiffre  total  de  ces  édifices. 

Quelles  graves  raisons  déterminèrent  .\uguste  à  diviser 
Rome  en  quatorze  régions"?  .\ucun  texte  ne  nous  l'ap- 
prend. La  centralisation  du  régime  impérial,  qui  fit  Rome 
vraiment  capitale  et  siège  du  gouvernement,  rendit-elle 
nécessaire  une  organisation  particulière  de  la  ville""/ 
Ne  faut-il  pas  plutôt  chercher  dans  l'organisation  du 
culte  des  Lares  Aiigusti  et  du  Génie  de  l'empereur  la 
cause  de  cette  division  nouvelle  de  la  ville  de  Rome  '.'  On 
sait  que,  en  même  temps  qu'il  divisa  la  ville  en  régions, 
.\ugu5te  divisa  ep  vici  chacune  des  régions.  Or,  à  la  divi- 
sion en  vici  est  intimement  liée  l'organisation  du  culte 
impérial.  A  deux  cent  soixante-cinq  carrefours  des  vici 
s'élevaient  des  chapelles  aux  dieux  Lares*.  .V  chaque 
ficus  étaient  préposés  des  hommes  de  basse  condition, 
portant  le  titre  de  magistri  vicoruin  et  chargé.^  du  culte 

1  Cf.  Preller.  Die  Jtegionen  der  StadI  Rom,  p.  7i.  —  ^  .Vofiiia,  tteywiies 
Urbis  /tomae  cum  àreviariis  suis;  Curiosum  Vrbis  Bomae  regionum  XtV 
cum  breviariis  suis,  réuDis  par  Ciriehs.  Indf^x  i'rbis  Bomae  topographicus. 
Ces  deux  régioiinaires  se  trouvent  aus^i  publiés  avec  commcutaires  dans  Preller. 
l)ie  Jiiyionen  der  Stadt  Bom,  tSW;  Beckcr,  Tojiographie  der  Stadt-Hom, 
dans  Uandbuch  drr  roem.  Allerlhu-m.  t.  1,  p.  709,  s.|.  ;  Otto  Gilbert,  Ges- 
chichte  und  Topographie  der  Stadt  Rom.  1883-1890,  t.  III,  p.  3*3,  sq.  ; 
Jordan-Uuelsen,  Topograph.  der  Stadt  Rom,  t.  1,  p.  30T,  314:  t.  Il,  p.  541: 
Otto  Richter,  Topograph.  der  StadI  Rom.  1901,  p.  371,  5i|.:  Honio,  Lexique 
de  topograph.  rom.  s.  v.  regiones  :  Lanciani.  etc.  Richerche.  dans  Butl.  corn. 
.XVIil,  1890,  p.  12.5,  sq.  spécialement  p.  1-8.  —  3  Voir  les  références  de  la  nott-  5, 
p.  8ts.  —  *  Suet.  August.  LVII  :  ex  ea  summa,  pretiosissima  deorum  aimulacra 
mercatus,  vicatim  dedicabttt  ;  Corp.  iiiscr.  lat.  VI,  456,  457,  458,  309S4  : 
Gatli,  Bull,   comunale,  XVI,  1888,  p.  ÎS8.  —  »  Lanciani,  0.  l.  p.  7Î5  sq.  —  6  Id. 


des  Lari's  Augiisli,  de  l'entretien  de  leurs  autels  et  de 
leurs  édicules  Tcompit.vli.x,  genus,  l.vres,  vicis".  Nous 
verrons  tout  ;\  l'heure  que  les  chefs  préposés  par  .\uguste 
aux  régions,  créés  en  même  temps  que  les  magistri 
vicoruin,  mais  d'une  condition  plus  élevée,  exerçaient 
sur  ces  derniers  une  autorité  et  un  droit  de  contrôle 
relatifs  au  culte  des  Lares  dans  les  iv'c;''.  Et  qu'on  ne 
dise  pas  que  le  culte  des  lares  n'était  pas  assez  impor- 
tant pour  justifier  une  nouvelle  division  de  la  ville  de 
Rome  en  régions.  Ce  culte,  le  pins  populaire,  remontait 
aux  plus  antiques  traditions;  le  nom  de  l'empereur  asso- 
cié à  celui  des  Lares  appelés  désormais  Lares  Augusti, 
leur  culte  mêlé  à  celui  du  Génie  de  l'empereur  donnaient 
au  pouvoir  dWuguste  un  caractère  divin  ;  c'est  le  moyen 
détourné  par  lequel,  après  avoir  repoussé  les  honneurs 
divins,  il  se  les  fit  rendre  sous  une  forme  nouvelle  qui 
faisait  sur  les  masses  une  impression  plus  profonde  et 
plus  durable  qu'un  culte  officiel  dans  un  temple. 

En  même  temps  qu'il  créa  les  quatorze  régions, 
Auguste  plaça  à  la  tête  de  chacune  d'elles  un  magistral 
désigné  par  le  sort  entre  les  préteurs,  les  édiles  et  les 
tribuns  du  peuple  '".  Sur  les  monuments  qui  font  mention 
de  leurs  actes,  ces  magistrats  portent,  non  pas  un  titre 
ayant  Irait  à  leurs  nouvelles  fonctions  de  chefs  d'une 
région,  mais  leur  titre  de  préteur,  édile  ou  tribun". 

Les  seuls  documents  où  nous  les  voyons  agir  nous  les 
montrent  exerçant  sur  les  magistri  vicorum  une  auto- 
rité, un  contrôle  :  ils  autorisent,  par  exemple,  l'érection 
ou  la  restauration  d'une  chapelle  aux  dieux  Lares  et 
approuvent  les  travaux'-.  Un  sacrifice,  prescrit  en  un 
endroit  déterminé  et  au  jour  anniversaire  de  l'incendie  de 
Néron,  devra  être  offert  par  le  préteur  auquel,  cette  année- 
là,  aura  été  dévolue  par  le  sort  l'administration  de  la 
région  où  se  trouve  le  lieu  du  sacrifice  '■■. 

Cette  organisation  dura  jusqu'au  temps  de  l'empereur 
Hadrien.  .\  cette  époque,  on  voit  apparaître,  à  la  tète  de 
chaque  région,  un  curator  assisté  d'un  denuntiator,  lic- 
teur qui  proclamait  les  fêtes  des  carrefours.  Une  base 
dédiée  par  les  magistri  vicorum  à  l'empereur  Hadrien 
donne,  pour  cinq  régions  de  Rome",  les  noms  ducurator, 
de  son  denuntiator,  des  magistri  vicorum,  suivis  de  la 
liste  des  vici  de  la  région  '^  ;  elle  est  datée  de  l'an  1 36  ap . 
J.-C,  la  vingtième  du  règne  d'Hadrien.  Outre  qu'elle 
nous  révèle  à  cette  époque  l'existence  des  curatores, 
cette  inscription,  connue  sous  le  nom  de  basis  Capito- 
lina,  nous  apprend  qu'il  était  survenu  un  grand  change- 
ment dans  cette  administration.  Les  chefs  des  régions 
n'étaient  plus  les  magistrats  institués  par  .\uguste,  mais 
des  affranchis  d'aussi  basse  condition  que  les  magistri 
vicorum.  Ils  ne  pouvaient  donc  pas  exercer  sur  ces  der- 
niersuneautoritéégaleàcelle  des  préteurs  ou  des  édiles: 
aussi  cette  autorité  avait  été  remise  entre  les  mains  du 

Ibid.  p.  131,  sq.  Cf.  Ibid.  p.  128.  la  liste  des  quatorze  régions,  avec  les  noms  des 
rues  et,  p.  13ti,  la  liste  des  régions  avec  une  détermination  de  leurs  limites,  plus 
exacte  qu'elle  n'avait  été  faite  jusque-là  :  cf.  Ibid.  carte  IX-X.  —  "  Cf.  Mispoulel, 
Jnstit.  pot.  Il,  Î6.  —  8  Plin.  iVal.  hist.  III,  9,  13  :  complexa  montes  Vil  ipsa 
[Roma]  dividttur  in  regiones  XIV.  compila  Larium  CCLXV.  —  ''  Voir  les 
notes  11  et  13  ci-après.  —  i»  Dio.  LV,  8  ;  Tacit.  Ann.  XIV,  12  ;  XV,  40  :  Sneton. 
Aug.  XXX;  Corp.  inscr.  lat.  VI,  8i6  ;  cf.  Ibid.  ad.  n.  434:  Jlarquardt, 
Rnem.  Staatsverwall.  t.  III,  p.  Î04-205;  —  H  Corp.  ins.  lat.  VI,  451;  cf. 
Jbid.  449,4.50,  4ôJ,  453.  —  '2  Ibid.  mêmes  n"'.  En  l'année  116,  sous  le  règne  de 
Trajan,  les  magistri  vicorum  firent,  à  leurs  frais,  et  sans  doute  sous  l'autorité  des 
magistrats  placés  à  la  tôle  des  régions,  une  restauration  générale  des  cbapelles  des 
Lares:  cf.  Galti,   Bull,  comun.,   XV,    1S87,   p.    34:   Corp.   inscr.  lat.   VI,   30958. 

—  '3  Mêmes  références  qu'à  la  note  11.  —  1»    Les  régions  I,  X,  XII,  XIII  et  .\IV. 

—  15  Corp.  iusc.  lai.   VI,  975. 


REG 


—  820  — 


REG 


pi-dcfeclus  vitji/um  '.  Au  \\'  siècle  les  fw/'rt/o/rs  sont  au 
nombre  de  deux  -'. 

Sévère-Alexandre  créa  quatorze  ciiriilures  l'rbis,  un 
par  ré^ioiî.  Ce  n"était  pas  les  administrateurs  des  régions, 
mais  des  personnages  consulaires  qui  formaient  le  con- 
seil du  praefeclim  Crbi'. 

Domilien*  et,  après  lui,  Eiagabale  eurent,  sans  tou- 
tefois en  venir  à  l'exécution,  la  pensée  de  mettre  à  la  tèle 
de  chaque  région  un praefrcliis  l'rbi.  Celle  mesure,  dont 
la  conséquence  eût  été  la  suppression  de  la  préfecture 
urbaine,  aurait  profondément  modifié  Fadministralion 
de  Rome,  le  caractère  de  ses  régions  et  les  attributions 
de  leurs  administrateurs. 

Faule  de  documents,  il  est  difficile  de  se  rendre 
compta  de  Timporlance  administrative  de  rinslilulion 
créée  par  Auguste,  importance  qui  dut  être  réelle.  Il  est 
évident  que  ces  divisions  une  fois  établies,  l'administra- 
tion dut.  plus  d'une  fois,  utiliser  ce  cadre  tout  préparé 
pour  des  buts  autres  que  ceux  auxquels  il  était  primili- 
vement  destiné.  C'est  ainsi  que  dans  le  Columbarium  des 
affranchis  de  Livie,  on  a  trouvé  les  épilaphes  de  plu- 
sieurs/)/7«7//'«/o/e.y  a  regionibus  l'rbis  '  et  nous  savons 
par  Capilolin  que  Marc-Aurèle  donnaaux  riiratures  regio- 
nis  une  certaine  autorité  pour  proléger  les  habitants  de 
leur  région  contre  les  réclamations  exagérées  du  fisc'. 
La  division  de  Rome  en  quatorze  régions  fui  rapi- 
dement adoptée  par  les  auteurs  :  nous  en  avons  pour 
preuve  l'usage  qu'ils  en  font  de  bonne  heure  et  l'habi- 
tude vite  prise  de  localiser  dans  les  régions  les  faits  qu'ils 
racontent.  C'est  par  régions  que  Tacite  rend  compte  de 
l'état  dans  lequel  l'incendie  de  .Néron  laissa  la  ville  de 
Rome';  parlant  d'un  violent  orage  qui  s'abattit  sur  la 
ville  de  Rome,  le  même  auteur  dit  qu'aucune  des 
quatorze  régions  ne  fut  épargnée  par  la  foudre'.  C'est 
par  régions  aussi  que  Frontin  établit  la  statistique  du 
service  des  eaux'";  Domilius  Aenobarbus  donna  des 
chasses  et  des  combats  au  cirque  et  dans  chacune  des 
régions  de  la  ville  "  ;  Sévère-.\lexandre  lit  construire,  un 
par  région,  des  liorrea  où  les  habitants  pouvaient  mettre 
en  dépôt  les  valeurs  et  les  objets  précieux  qui  n'auraient 
pas  été  en  sûreté  dans  leurs  maisons'^;  le  même  empe- 
reur dota  de  bains  les  régions  de  Rome  qui  en  étaient 
encore  dépourvues '^  Ces  exemples  prouvent  l'impor- 
tance qu'avaient  prises  les  régions  dans  la  vie  romaine 
et  combien  celte  inslilulion  avait  droit  de  cité  dans  la 
langue  et  dans  les  mœurs. 

III.  — Division  territoriale  de  l'Italie.  —  Auguste  divisa 
l'Italie  en  onze  circonscriptions  qu'il  appela  regiones. 
Lui-même  dressa  la  liste  de  ces  régions  en  y  ajoutant, 
par  ordre  alphabétique,  les  noms  des  colonies  et  muni- 
cipes  contenus  dans  chacune  d'elles.  Seul  Pline  nous  a 
conservé  ce  précieux  document";  aucun  autre  auteur, 

1  Corp.  inac.  lut.  30960.  —  2  Cl.  lesiBdicalioiisdonBcesparlaA'o/i/mcllcCiiriOïiim 
pour  cùa>|ue  régioD  :  curatoret  II.  Daus  ces  régioDiiaiies,  il  nesl  pas  fait  nicalion 
du  denuntiatur  iiidi.|ué  sur  la  Basis  capilotina  (for//,  insc.  lai.  VI,  375).  Sur 
celle  méinc  Use  ianiiée  136).  la  région  XII,  à  l'ciceplion  «les  autres,  a  deui 
curatores.  —  3  l.amprid.  .Sein-.  Alex.  Xi.  —  *  Lydus,  De  mayistrat.  Il, 
19.  —  5  Laniprid.  IJelioy.  ia.  —  6  c.  i.  /.  VI,  40IS-Wi+.  —  t  Capitolin. 
Aniunm.  philotoph.  XIII.  —  s  Tacit.  Annal.,  XV,  W.  —  «  Jbid.  XIV,  12.  —  lo  Oc 
aquaed.  LXXIX,  sq.  —  "  Suel.  ;V«ro,  IV.  —  12  Laniprid.  Serer.  Atexanrlei;  39. 
—  '3  Id.  Jbid.  —  1*  Plin.  III.  li,  »  :  auc(oreni  dioum  Âugustum  nos  seculuros. 
deicriptionemguc  ai  eo  factam  tolius  Jtaliae  in  regiones  X/.  —  li  Pliu.  lil 
il,  I:  Ci.  /.  X,  3S56,  Iili58:  VI,  1418  ;  correclor  Italiae  Transpadanae': 
KubiUcbck,  De  ronianarum  Iritiuum  origine  et  propagatione,  p.  107;  Id.  Jmpe- 
rtum  romanum  Iributim  dencriptum,  p.  117.  _  16  H|,„.  |||,  jj;  Kubilschck,  Oe 
rom.  \>l  ,  Imp.  rom.  105.  —  IT  Min.  III,  7  ;  Kubilschck.   Imp.  rom.  100.   —   I»  flin. 


en  ell'el,  pas  même  Auguste  dans  ses  Res  geslae,  ne  parle 
de  la  division  de  l'Italie  en  régions  :  1°  Itnlie  supérieure  : 
Regio  XI,  Transpadana '^;  X,  Venelia  et  Histria  "^  ;  IX, 
Liguria'";  VIII,  Aemilia'*.  "2°  Italie  centrale :Reg\o\U, 
Etruria'°;  VI,  Umbria-":  V,  Picenum'-'  IV,  Samnium--  ; 

I,  Campania"  ;  cette  région  comprenait  Rome-\  3°  Ita- 
lie centro-méridionafe  :  Regio  III,  Bruttii  etLucania^"; 

II,  Apulia  et  Calabria  -''. 

(Contrairement  aux  quatorze  régions  de  Rome,  les  onze 
régions  de  l'Italie  sont  générahmient  désignées  non  par 
leurs  numéros,  quoi  qu'.\uguste  leur  en  ait  assigné  un  ", 
mais  parleurs  noms'*.  Ces  noms  sont  empruntés  à  la 
situation  géographique  de  la  région,  comme  celui  de  la 
7'egiu  Transjta'/aita,  aux  noms  des  peuples  qui  l'habi- 
taient, comme  regio  Piceni;  la.  regio  Aemilia  doil  son 
nom  à  la  voie  Kmilie  qui  la  traversait-';  certaines 
régions,  comme  la  troisième,  regio  Bruttii  et  Lucania, 
et  la  deuxième,  irgio  Apulia  et  Calabria,  portent  les 
noms  de  deux  peuples. 

Aucun  texte  ne  nous  fait  connaître  les  motifs  qui  por- 
tèrent ,\uguste  à  créer  celte  division  nouvelle  de  l'Italie. 
Pline,  comme  nous  l'avons  déjà  fait  observer,  est  le  seul 
auteur  qui  en  fasse  mention  et  il  ne  s'en  occupe  qu'au 
point  de  vue  géographique. 

Faut-il  voir  dans  les  régions  d'Italie  des  circonscrip- 
tions politiques  ou  administratives  ?  .Non,  sans  aucun 
doute  :  aucun  texte  littéraire  ni  épigraphique,  —  et  les 
inscriptions  relatives  à  l'administration  sont  fréquentes 
en  Italie,  —  ne  nous  fait  connaître,  sous  les  premiers 
empereurs,  un  magistral  dont  le  litre  ou  les  fonctions 
supposent  l'existence  d'une  Italie  divisée  en  onze  régions. 

Les  régions  ne  furent  pas  davantage  des  circonscrip- 
tions judiciaires  de  l'Italie  :  en  dehors  des  tribunaux  de 
Rome,  l'Italie  n'avait  d'autres  tribunaux  que  ceux  des 
duumviri  Juridicundo  fonctionnant  en  vertu  de  la  loi 
Julia  municipalis  portée  par  César  en  l'an  de  Rome  709 
(=  45  av.  J.-C),  loi  à  laquelle  .\ugusle  se  serait  bien 
gardé  de  porter  alteinte. 

Auguste  ne  put  avoir  non  plus  la  pensée  de  créer  des 
circonscriptions  militaires  pour  faciliter  le  recrutement 
des  troupes;  car  le  jus  ilalicuin  dispensait  l'Italie  du 
service  militaire. 

Reste  la  perception  des  impôts.  Le  Jus  ilalicuin,  auss\ 
bien  que  du  service  militaire,  dispensait  les  Italiens  de 
l'impôt  foncier.  Quant  aux  impôts  indirects,  ce  n'est  pas 
pour  faciliter  leur  perception  en  l'Italie  que  furent  créées 
les  onze  régions.  Le  principal  de  ces  impôts,  la  vicesima 
heredilatium  qui  alimentait  la  caisse  militaire,  est  pos- 
térieur à  la  division  régionale  de  l'Italie.  Les  procura- 
tores  de  cet  impôt  eurent  bien  des  circonscriptions 
formées  de  la  réunion  de  plusieurs  régions  ■'",  mais  c'est 
parce  que  l'administration  utilisa  une  division  territoriale 

m,  iO:  c.  i.  l.  VI,  Xii;  X,  .ïl78;  Harlial.  111.  4.  î  :  Kubilscliek,  Jmp.  rom. 
92.  _  19  riin.  III,  8;  Kubilscliek,  Jmp.  rom.  92.  —  20  Plin.  111,  19;  Ku- 
bilscbek.  O.  l.  67.  —  3'  Hlin.  ill,  ts  ;  Gromalici  veter<rS.  éd.  Lacbmano,  II,  252; 
Kubitschok,  O.  ;.  Cl.  —  22  flin..  III  17;  Kubitschck,  0.  l.  4S.  —  23  plin.  III,  9; 
Gromal.  vel.  Lachni.  Il,  229;  Kubitschek,  O.  ;.  8.  —  2*  Plin.  III,  9,  13. 
—  23  Plin.  III,  10-13;  Kubitscliek,  O.  /.  45.  —  26  plin.  111,  16;  KubiUcbek,  O.  /. 
36.  Sur  celle  liste  des  on/e  régions,  cf.  Marquai'dt,  lîoeinisc/i.  StaalsierwtlU.  I, 
p.  69,  sq.  ;  trad.  fraui;.  Organ.  de  l'empire,  t.  11,  p.  10,  sq.  --  ?'  Plin.  III,  7  : 
ftaec  regioex  descriptiune  Auyusti  nona  est  ;  Jbid.  y,  10  :  regio  ea,  a  Tiberi, prima 
Italiae  servatur  ex  descriptiune  A  uç/iisti.  —  28  Sauf,  toutefois  exception  ;  par  exemple 
dans  Pline  {//.  n.  VU,  50,  4):  Jn  ttaliae  regione  octava;  quelques  lignes  plus  haut 
Pline  désigne  la  même  région  par  des  indications  géographitjues.  Corp.  inscr.  lat. 
XI,  2100.  Cf.  C.  Jullian,  Les  trans/urmations  politiques  de  l  Italie  sous  les 
empereurs  romains,  p.  *i.  -  a*-»  Martial.  111,  i.  t.  —  30  C.  i.  t.,  XI,  378  ;  XIV,  Ï9S2. 


lŒG 

non  préparée  pour  elle.  On  en  peut  dire  aulunt  de  la 
viresima  liberlalis  ' ,  du  domaine-,  de  l'imporlanle 
inslitulion  des  alimeixla^. 

Les  régions  créées  par  Auguste  ne  furent  donc,  à 
l'origine,  ni  politiques,  ni  administratives,  ni  militaires, 
ni  financières*.  Deux  inscriptions  mentionnant,  l'une 
un  leijatus  Aitgusii propraetore  de  Trajan  dans  la  7'egio 
Transpadana  '■",  l'autre  un  personnage  chargé,  sous 
Hadrien,  du  recrutement  militaire  dans  la  même 
région',  ne  constituent  pas  une  objection  :  il  s'agit,  en 
efl'et,  ici  ou  d'une  situation  exceptionnelle  et  Iransi- 
loire  ',  ou  d'une  mission  extraordinaire". 

Pline  l'Ancien  mentionne  quelques  cas  de  longévité 
curieux  constatés  dans  la  partie  de  l'Italie  située  entre  le 
Pô  et  l'Apennin,  dans  la  huitième  région  Transpadane. 
Pour  les  rechercher,  il  a  consulté  les  registres  du  dernier 
recensement  exécuté  par  ordre  des  empereurs  Vespasien 
et  Titus,  mais  seulement  les  registres  ressortissant  à 
cette  huitième  région  '.  C'est  donc  par  régions  qu'étaient 
centralisés  en  Italie  les  résultats  du  recensement. 
M.  Ernesl  Desjardins  en  a  tiré  la  conclusion  qu'Auguste 
créa  les  onze  régions  de  l'Italie  pour  faciliter  cette  vaste 
opération  du  recensement,  pour  lui  fournir  des  cadres  '°. 
Quoi  qu'il  en  soit,  dans  l'état  actuel  de  nos  connais- 
sances, nous  ne  voyons  pas  quelle  autre  pensée  aurait 
pu  inspirer  Auguste. 

La  nouvelle  institution  n'eut  donc  pas  une  influence 
directe  sur  les  destinées  de  l'Italie. 

Près  de  deux  cents  ans  s'écoulèrent  avant  qu'Hadrien 
créât,  sous  le  nom  de  consulares,  quatre  magistrats  de 
l'ordre  sénatorial,  entre  lesquels  il  divisa  l'Italie". 
.\nlonin  fut  un  de  ces  consulaires,  nommé  dans  une 
région  où  il  possédait  de  grandes  propriétés '^  Il  est 
probable  que,  en  déterminant  les  quatre  districts  des  nou- 
veaux consulares,  on  ne  méconnut  pas  l'ancienne  divi- 
sion en  régions;  mais  on  ignore  dans  quelle  mesure. 
Dès  le  commencement  de  son  règne,  Marc-.\urèle  rem- 
plaça les  consulares  par  des  Jiiridici  ".  Ils  étaient 
praetorii  et  leur  compétence  était  limitée'*.  Leur  nombre 
reste  incertain '^  En  examinant  les  inscriptions  où  sont 
mentionnés  des  Juridici'^,  on  voit  que  leurs  circon- 
scriptions judiciaires  furent  le  plus  souvent  établies  par 
groupements   des   anciennes    régions,    mais    avec    des 

1  Corp.  i.  l.  V,  3331.  —  2  Jb.  X,  ITOî;  cf.  Momnisen.  Die  libri  colo;iaram. 
dans  Oromalic.  de  Laclimann,  l.  Il,  p.  190,  n.  57.  —  3  Cf.  Mommsen,  O.  /. 
p.  195.  —  *  Cf.  ErDcsl  l)esjaidins,  tt-s  ojize  régions  d'Auguste,  dans  Berne 
historique,  l.  I,  IS^f.,  p.  I'J3  sq.  —  ■'.  C.  i.  I.  X,  0(168.  —  «  Léou  Keiiier, 
Mélanges  d  épigraphie,  p.  "5  ;  C.  i.  (.  VIII,  703C;  cf.  Ibid.  X,  38.5C.  —  '  Cf. 
ErBe&t  Deejardiiis,  Les  onze  régions,  p.  IP*,  s.  s.  —  »  Cf.  Mar(|uar(ll, 
Hoem.  Slaalsveru:  I,  p.  77  ;  Irad.  fr.  Organis.  l.  Il,  p.  24.  —  9  H.  n.  Vil,  ii), 
4.  _  10  Desjardins,  O.  l.  p.  l'JS.  —  "  Sparlian,  Uadrian.  22  :  Capilolin.  Antoniu. 
phil.  11;  Appiau.  BelL  cii\  I,  38;  MommseD,  Die  libri  coloniarum,  dans 
Grom.  let.  Lachmann,  11,  132;  E.  Ucsjardins,  U.  l.  p.  199,  s.  s.:  C.  Julliau,  Les 
transformations  politiques,  p.  118, s. s.—  <^  CifiloHn.,  Antonin.  l'ius,  i.  —  l^ld. 
Anlonin.  phil.  Il;  Cf.  Desjardins,  L.  t.:  Julliau,  L.  l.  —  '*  Dio,  LXXVIIl,  Ji; 
Cf.  Marquardl,  Staatsierw.  1,  p.  73,  u.  6;  Irad.  fr.   Organisation,   11,   p.  17,  n.  5. 

—  15  Cf.  Mommscu,  Die  libr.  colon,  dans  Grom.  vet.  Laclimann,  t.  Il,  p.  l'Ji: 
E.  Desjardins,  O.  l.  p.  199,  ».  s.  —  "La  liste  de  ces  inscriptions  a  été  donuùe  par 
Marquardt,  Koem.  Staalaverw.  I,  p.  77,  s.  s.  ;  trad.  fr.   Ori/anis.  p.  20  et  si(.  n.  ï. 

—  17  Cf.  Mispoulet,  Jnst.  polit.,  i.  Il,  p.  71-7^  ;  Marquardt,  Staatsverw.  L.  l.  ;  tr. 
franc.  Oripmis.,  II.  p.  19-'.0.  —  If  Mommsen,  0.  l.,  p.  193,  s.  s.  -  19  Cet  impôt  fut 
établi  par  Maiimien  Auguste,  ri'sidanl  à  Milan.  —  20  .Mommsen,  0.  (.  p.  198,  sq.  ; 
Mispoulet,  O.  l.  11,  p.  74;  Marquardt,  0.  l.  Il,  p.  80,  sq.  ;  tr.  franc.  Organis.  Il, 
p.  ti:-i'i.  —  21  Plin.  \at.  hUt.  II.  23,  4.  —  22  Horat.  Sat.  I,  4,  30.  —  23  Lucret. 
De  natur.  VI,  732;  cf.  Ibid.  721;  Ciccr.  De  nal.  deor.,  Il,  19,  i.  f.  —  2»  Cic. 
/,.  l.  ;  cf.  Oïid.  Jbis.  38  ;  Aralus,  Frai/m.  Ciceronianum,  2C4.  —  2-  Cic.  De 
tegib.  Il,  8.  i.  f.  —  26  id.  De  nat.  deor.  Il,  3;  De  diiinat.  I,  17.  —  2'  N.  h. 
XXXVI,  19.  3.  —  BiBUOGRAPHiE.  lo  SuR  LES  BE<;ioss  iiE  RoHE  :  Gïtli,  Di  un  sucello 
compilale   dtW  anticltissima  regione  Esguilina,  dans   BuUelt.  comunale  XVI, 


821  —  HEG 

changements  fréquents '\  si  fréquents  que  M.  Mommsen 
a  pu  émettre  l'opinion  que  \esjuridici  n'avaient  pas  de 
circonscriptions  fixes,  mais  étaient,  suivant  qu'il  en  était 
besoin,  envoyés  dans  telle  ou  telle  région  ". 

.\  la  fin  du  iir  siècle,  une  nouvelle  division  de  l'Ita- 
lie en  provinces  fit  disparaître  ce  qui  subsistait  des 
anciennes  régions,  quoique  quelques  provinces  aient 
conservé  les  limites  de  ces  régions.  Dès  lors,  l'Italie, 
soumise  ;'i  l'impôt  comme  les  autres  provinces,  fut, 
d'après  la  nature  des  impôts  qu'elle  payait,  partagée  en 
deux  régions  :  la  rerjio  annonarin  (Italie  supérieure)  qui 
subvenait  à  l'entretien  de  la  cour  "  et  la  regin  subiirbi- 
caria  (Italie  centrale  et  méridionale),  qui  fournissait  à 
Rome  de  la  chaux,  du  bois,  des  porcs,  des  bœufs,  du  vin  '^". 

IV.  —  En  astronomie  [astro.nomia',  on  appelait  regiones 
les  différentes  parties  du  ciel,  spécialement  les  quatre 
points  cardinaux  :  la  région  du  ciel  guae  est  sub  s^plen- 
trionibus-',  regto  vespertina'^-,  regio  australis",  regio 
aqidlonaris  -',  etc. 

V.  — Dans  la  science  uugurale  [aioires,  divin atiOj,  on 
nommait  regio  les  divisions  que  l'augure  traçait  avec  le 
liluus,  soit  dans  le  ciel -%  soit  sur  la  terre-*. 

VI.  —  Pline  donne  le  nom  de  regiones  aux  divisions  du 
grand  labyrinthe  d'Egypte,  subdivisées  elles-mêmes  en 
praef'ecturae-' .        IIenky  Thedenat. 

REGXUM  (Bxct^.EÎai,  REX  '  (B-zciàe;;;.  La  royauté,  le  roi. 

I.  Royauté  chez  les  ckecs.  —  On  trouve  la  royauté  à 
l'origine  de  toutes  les  cités  grecques,  à  l'exception  de 
celles  qui  furent  fondées  postérieurement  au  vu'"  siècle. 
Cette  royauté  parait  aussi  ancienne  que  la  société 
grecque  elle-même,  et  elle  ne  disparut  que  dans  l'âge 
où  cette  société  fut  entièrement  renouvelée  par  le  régime 
démocratique.  Elle  n'avait  d'ailleurs  que  fort  peu  de  res- 
semblance avec  l'institution  de  même  nom  que  l'on  trouve 
chez  les  peuples  de  l'Orient  ou  chez  les  peuples  modernes. 
Il  faut  observer  son  origine,  pour  se  faire  une  idée 
exacte  de  sa  nature,  de  ses  attributions,  et  aussi  des 
révolutions  qui  l'ont  lentement  abolie. 

L'ancienne  cité  chez  les  Grecs  n'était  que  la  famille 
agrandie.  Le  culte  et  les  institutions  qui  étaient  en 
vigueur  dans  celle-ci,  s'établirent  naturellement  dans 
celle-là.  La  famille  avait  un  foyer  domestique  ;  la  cité  eut 
un  foyer  public.  Dans  la  famille  le  foyer  était  entretenu 

188»,  p.  221,  pl.  XII  ;  frellcr.  Die  lieijionen  der  Stadt  Bom.  1840;  Otto  Gilbert, 
GeschiclUe  unU  Tppographie  der  Sladl  Bom  im  Alterlliiim,  1885-1907,  t.  III, 
p.  343,  sq.;  JordanHuelsen,  Topoi/rapfiie  der  Stadt  Bom  im  AtCert/ium,  1885- 
1907.t.  I,  p.29G:OtloRichter,  Topogr.  der  Stadt  Bom,  1901,  p.6  sq.;  17,  sq.  ;33sq.  ; 
371,  sq.  ;  Homo,  Lej^iquede  lopograptiie  romaine,  1900,5.  v.  Begiones;  Mommsen, 
Bnemische  Staatsreckt,  t.  Il,  p.  485;  trad.  fr.  de  Girard,  Le  droit  public  romain, 
t.  IV,  p.  213  ;  Lanciani,  Bichercbe  sulle  XI V  regiojti  urbane,  dans  Bullett.  comun., 
XVIll,  1890,  p.  115  sq.  pl.  Jx-i.  2°  Sur  les  onze  netions  de  l'Italie  :  Momraseu, 
Dte  libri  coloniarum,  dans  Gromatici  veteres,  éd.  Lacbmann,  II,  p.  143,  sq.  ; 
Desjarilins.  Les  onze  régions  d'Antjuste,  dans  Bévue  historique,  t.  I,  187G,  p.  184 
sq.  ;  Mispoultt,  Institutions  politi'/ues  des  Bomains,  l.  Il,  p.  71.  sq.;  C.  Julliau, 
Les  transformations  politiques  de  l'Italie  sous  les  enipereurs  romains,^.  78,  sq. 
118,  sq.  ;  W.  Kuhitscbek,  De  romanarum  Iribuum  origine  et  propagatioue,  1882, 
p.  91  sij;  Id.  Imperium  romanum  tributim  descriptum,  1879,  possim;  Marquardt, 
Boemische  Staatscencaltunrj,  1. 1,  p.  08  sq.  ;  tr.  fr.  de  Lucas  et  Weiss,  Organisation 
de  l'empire  romain,  t.  II,  p.  7,  sq.  ;  Ernesl  Desjardins.  A//a5 /i/i/ori^ue  de  r Italie, 
cai'te  I  :  voir  aussi,  à  la  fin  des  volumes  du  Corpus  inscriptionum  romanarum,  les 
cartes  des  régions  de  ritalie. 

RbGNCM,  REX.  Comme  nous  l'avons  fait  pour  d'autres  articles  rédigés  an- 
ciennement par  Fustel  de  Coulanges,  nous  insérons  celui-ci  sans  changement. 
Il  a  conservé  toute  sa  valeur.  Nous  n'avons  ajouté,  entre  crochets,  que  des  indi- 
cations bibliographiques  et  des  renvois.  —  1  [Sur  l'élymologie  de  reo-,  venant 
du  grec  ooi^uy  voir  Curlius,  Grundlugc  d.  griech.  Etymot.  à"  éd.  p.  185;  Momm- 
sen, Droit  public  rom.  III,  p.  3.  Pour  PK^iÀii;,  Curtius.  O.c.  302,  G.  Meycr,  Griech. 
Cramm.  2-  éd.  65,2.  Cf.  Kuhn,  ap.  Weber,  Indische  Htudien,  I,  334  ;  Poil.,  Etym. 
Forschungen,  II,  p.  250;  Bergk,  m  N.  Bhein   Mus.  XIX,  p.  064]. 


lîKG 


—  822  — 


REG 


par  le  père;  dans  la  cité  il  le  fui  par  le  roi.  Le  roi, 
comme  le  père  de  famille,  exerça  une  autorité  religieuse 
et  fui  un  véritable  pontife.  On  l'appelait  ^xciàsù;  ou  âva^, 
litres  qu'on  donnait  aux  dieux  aussi  bien  qu'aux  rois; 
plusieurs  documents  permettent  de  croire  qu'on  l'appelait 
aussi  du  nom  de  prytane',  titre  qui  indiquait  plus  spécia- 
lement la  fonction  d'entretenir  un  foyer  sacré.  Le 
caractère  sacerdotal  de  ces  rois  des  anciens  temps  est 
marqué  de  la  façon  la  plus  nette  par  les  écrivains  grecs. 
Quoique  Homère  ne  représente  la  société  que  dans  des 
moments  de  guerre  ou  de  désordre,  et  qu'il  soit  entraîné 
à  faire  ressortir  surtout  les  attributions  militaires  de  ses 
rois,  il  ne  manque  pourtant  pas  de  nous  parler  de  leurs 
fonctions  religieuses.  Ces  rais  président  aux  sacrifices; 
ils  égorgent  les  victimes;  ils  prononcent  les  saintes 
formules  delà  prière.  Ils  laissent  aux  devins  et  aux  teoErç. 
comme  Calchas,  ce  qu'on  pourrait  appeler  les  annexes  du 
culte:  mais  la  religion  officielle  leur  appartient.  Les 
poètes  tragiques  d'.\thènes,  ces  chantres  fidèles  de  vieilles 
traditions,  représentent  aussi  les  anciens  rois  comme  des 
prêtres.  Dans  Eschyle,  les  tilles  de  Danaiis  s'adressent  au 
roi  d'Argos  en  ces  termes  :  «  Tu  es  le  prytane  suprême,  et 
c'est  toi  qui  entretiens  le  foyer  sacré  de  ce  pays.  »  Dans 
Euripide,  Oreste  prétend  que  comme  tils  d'Agamemnon, 
il  doit  régner  dans  Argos;  mais  Ménélas  lui  répond  : 
«  Es-tu  donc  en  mesure,  toi  meurtrier  de  ta  mère,  de 
loucher  les  vases  d'eau  lustrale  pour  les  sacritlces?  Es-tu 
en  mesure  d'égorger  la  victime-?  »  Ainsi  la  fonction 
principale  d'un  roi,  celle  à  laquelle  on  songeait  avant 
tout,  était  celle  qui  consistait  à  accomplir  les  cérémonies 
religieuses.  Le  roi  était  le  dépositaire  des  objets  sacrés, 
le  gardien  des  rites  et  des  formules,  l'intermédiaire 
obligé  entre  les  citoyens  et  les  dieux;  sans  lui  le  sacrifice 
n'était  pas  agréé  ni  la  prière  efficace.  Il  n'était  pas  tout 
à  fait  un  dieu  ;  mais  il  était  c<  l'homme  qui  pouvait  le  plus 
sur  les  dieux  »,  pour  conjurer  leur  colère  ou  gagner  leurs 
bienfaits".  On  lit  dans  .\ristote  cette  phrase  significative  : 
«  Le  soin  des  sacrifices  publics  de  la  cité  appartient, 
suivant  la  règle  religieuse,  non  à  des  prêtres  spéciaux, 
mais  à  ces  hommes  qui  tiennent  leur  dignité  du  foyer 
sacré  et  qu'on  appelle  rois*.  »  Ainsi  le  culte  du  foyer  ou 
du  prytanée  semblait  la  source  d'où  dérivait  le  pouvoir 
royal.  Nous  savons  par  Démosthène  que  les  anciens  rois 
de  r.\ttique  faisaient  eux-mêmes  tous  les  sacrifices 
prescrits  par  la  religion  de  la  cité',  et,  par  Xénophon, 
que  les  rois  de  Sparte  étaient  les  chefs  de  la  religion 
lucédémonienne.  A  ce  caractère  sacerdotal  de  l'ancienne 
royauté  se  rattache,  suivant  toute  apparence,  l'opinion 
qui  en  attribuait  l'établissement  aux  dieux  mêmes. 
Homère  dit  que  le  sceptre  d'Agamemnon  lui  était  venu 
de  Jupiter'';  pareilles  légendes  existaient  pour  tous  les 
rois:  tous  ces  «  porte-sceptre  »  tenaient  des  dieux  leur 
dignité  et  leur  pouvoir'.  Bien  longtemps  après  Homère, 
Pausanias  trouvait  encore  ces  traditions  chez  beaucoup 
de  peuples  grecs.  On  lui  disait  que  les  anciens  rois  de 
l'Élide  descendaient  de  Jupiter,  et  que  ceux  de  Corinlhe 
avaient  reçu  leur  royauté  du  dieu  Soleil".  »  Les  rois  de 
Sparte,  dit  Xénophon,  font  tous  les  sacrifices,  à  titre  de 
descendants  d'un  dieu'.   »  On  peut  remarquer  de  même 

'  Anslol.  l'olil.  VII,  3,  il  |V1,  8);  Suidas,  s.  v.  X,fa,.  ;  Aescbyl.  Suppl.  .171 
(357j  ;  Uiodor.  VU,  fragm.  i.  —  2  Eurip.  Oresl.  Ili05.  —  3  Sopli.  Oed.  r.  31. 
—  '  Arislol.  i.  f.  —  B  bemoslli.  In  AVaer.  —  «  /liail.  II,  105.  —  '•  II.  1,  379;  11, 
196.  —  »  l'ausan.  V,  1;  II,  3.  —  »  Xeaopli.  Lacaed.  Hcsp.  13(15).   —  lo  pjud 


que  presque  tous  les  anciens  rois  de  l'Attique  étaient 
rattachés  par  les  légendes  aux  anciennes  divinités  du 
pays.  La  royauté  primitive  s'était  confondue  avec  la 
religion.  Homère  appelle  les  rois  fils  de  Jupiter;  et 
Pindare  les  appelle  les  rois  sacrés"*.  Celte  sorte  de 
royauté  par  droit  divin  se  retrouve  à  l'enfance  de  presque 
tous  les  peuples.  Le  premier  roi  n'est  pas  l'homme  fort, 
c'est  l'homme  sacré,  c'est  l'iiomme  qui  dispose  du  culte 
et  des  dieux. 

Un  lien  étroit  apparaît  entre  la  royauté  et  le  culte  du 
foyer  public.  Le  premier  roi  dans  chaque  cité  fut  celui 
qui  avait  accompli  la  cérémonie  religieuse  de  la  fonda- 
tion et  qui  avait  posé  le  foyer,  .\ussi  dans  l'établissement 
des  anciennes  colonies,  voyons-nous  toujours  un  homme 
d'une  famille  réputée  sainte  qui  emporte  du  feu  sacré  de 
la  métropole  ;  il  allume  le  foyer  ;  il  est  chargé  de  l'entre- 
tenir, et  il  devient  pour  cette  raison  le  premier  roi  de  la 
cité  nouvelle.  C'eslceque  l'on  voit  par  l'exemple  de  Ballos 
de  Cyrène  et  par  tant  d'autres.  Les  colons  qui  fondèrent 
les  douze  villes  ioniennes  d'Asie  Mineure  n'appartenaient 
nullement  à  la  population  athénienne;  mais  ils  avaient 
dû  emmener  avec  eux  quelques  membres  de  la  famille 
sacrée  des  Codrides  ;  et  comme  ceux-ci  allumèrent  les 
foyers  des  nouvelles  villes,  ils  en  furent  nécessairement 
les  rois".  Presque  tous  les  sacerdoces  dans  les  époques 
anciennes  étaient  héréditaires;  car  ces  générations 
croyaient  que  le  caractère  sacré  et  l'aptitude  à  dire  la 
prière  se  transmettaient  du  père  au  fils  par  la  volonté  des 
dieux.  Le  fondateur  étant  le  premier  prêtre  et  le  premier 
roi  de  la  cité'-,  son  fils  dut  hériter  de  son  culte  et  fut  roi 
comme  lui.  La  royauté  fut  donc  nécessairement  héré- 
ditaire. Elle  fut  aussi  indivisible:  à  la  mort  du  père,  elle 
passa  à  l'aîné  des  fils,  suivant  une  règle  que  nous 
trouvons  également  établie,  à  l'origine,  pour  le  culte 
domestique.  Cette  royauté,  ayant  une  source  sacrée,  était 
réputée  inviolable.  On  peut  voir  dans  Thucydide '^ 
comment  les  Spartiates  essayèrent  d'éluder  à  l'égard  du 
roi  Pausanias  le  principe  qui  leur  défendait  de  frapper 
un  roi;  cela  même  n'empêcha  pas  l'oracle  de  Delphes  de 
prononcer  qu'ils  avaient  commis  un  sacrilège.  Il  y  avait 
pourtant  un  cas  où  le  roi  pouvait  et  devait  même  être 
déposé  ;  s'il  avait  commis  un  de  ces  crimes  qui  souillaient 
l'homme  et  l'empêchaient  d'approcher  des  autels,  ne 
pouvant  plus  être  prêtre,  il  ne  pouvait  plus  être  roi.  Un 
roi  de  Sicyone  fut  détrôné  pour  cette  raison,  et  l'on  peut 
remarquer  dans  l'histoire  de  Sparte  qUe  pour  déposer  un 
roi  il  fallait  au  moins  alléguer  un  motif  religieux.  Une 
difformité  physique,  signe  de  la  colère  divine,  était  un 
obstacle  à  l'exercice  des  fonctions  sacerdotales;  long- 
temps ce  fut  un  empêchement  à  remplir  la  fonction  de  roi. 

11  y  aurait  assurément  quelque  témérité  à  prétendre 
que,  chez  ces  rois  des  anciennes  cités,  le  pouvoir  politique 
découla  de  l'autorité  religieuse.  11  yen  aurait  tout  autant 
à  dire,  comme  on  le  fait  souvent,  que  leur  autorité  reli- 
gieuse ne  fut  qu'un  appendice  de  leur  pouvoir  politique. 
Ce  qui  parait  plus  vrai,  c'est  que  ces  deux  séries  d'attri- 
butions furent  réunies  partout  sur  une  même  tète,  parce 
que  les  hommes  de  ces  vieux  âges  ne  les  distinguaient 
pas.   La  religion  et  la  politique  se  mêlaient  en    toutes 


Pi/:h.    V.  13t.  —   'I   Herodol.    1,    140  el   passim.;   t'aus.  VII.   S  el  3  ;  Slrab.  XIV. 

—  12  Cela  ne  s'applique  qu'aux  villes   fondées   jusqu'au  vu*   siècle;   à  partir  de 
celle   époque,   le   fondateur   ne  fut   plus   qu'uu   prôtrc  sans  aulorité  politique. 

—  13  I,  134. 


REG 


—  S23 


REG 


choses;  elles  s'unireat  aussi  et  se  confondirent  dans  la 
personne  des  rois'.  Ces  chefs  religieux,  sacrificateurs  et 
pontifes,  étaient  en  même  temps  magistrats,  chefs  d'État, 
pasteurs  de  peuples.  Ils  rendaient  la  justice  et  comman- 
daient l'armée.  «  Les  rois  des  temps  héroïques,  dit 
Aristote,  étaient  maîtres  souverains  en  ce  qui  concernait 
les  sacrifices,  ceux  du  moins  qui  n'étaient  pas  du  domaine 
des  ÏESîr;;  ils  avaient  le  commandement  à  la  guerre,  et  ils 
jugeaient  les  procès^.  »  Le  trône,  Opovo;,  était  le  siège  sur 
lequel  le  roi  s'asseyait  pour  rendre  la  justice  au  peuple^ 
Le  sceptre  était  le  bâton  qu'il  levait  en  l'air  chaque  fois 
qu'il  édictait  un  arrêt  ou  qu'il  prononçait  un  serment  ' 

[COROXA,    DIADEMA,  SCEPTRUM,    PIRPURA,  THRONIS".    La    COU- 

ronne  de  feuillage  était,  pour  le  roi  comme  pour  tous 
les  prêtres,  un  insigne  des  fonctions  sacerdotales  °. 

Cette  royauté  à  la  fois  religieuse  et  politique  n'était 
pas  aussi  contraire  à  la  liberté  qu'on  pourrait  le  suppo- 
ser. Les  prètres-rois  des  cités  grecques  n'étaient  pas  des 
despotes,  ni  leurs  sujets  des  esclaves.  Comme  leur 
pouvoir  ne  dérivait  pas  de  la  force,  mais  qu'il  reposait 
sur  des  principes  fixes  et  bien  définis,  il  avait  pour 
limite  ces  principes  mêmes  qui  le  constituaient.  Les  rois 
étaient  asservis  aux  rites  et  aux  coutumes  plus  que  qui 
que  ce  fût  dans  la  cité.  A  Sparte,  ils  devaient  jurer  de  se 
conformer  toujours  aux  coutumes  des  ancêtres".  Partout 
l'exercice  de  leur  pouvoir  était  réglé  dans  le  détail  par 
la  religion,  et  il  ne  restait  pas  de  place  pour  l'arbitraire. 

Comme  chefs  religieux,  ils  n'avaient  pas  le  droit  de 
changer  une  formule  ni  de  modifier  un  rite.  Comme 
chefs  politiques,  ils  ne  pouvaient  rien  exiger  au  delà  des 
prérogatives  que  l'usage  immémorial  leur  avait  attri- 
buées. Thucydide  et  Aristote  font  entendre  que  ces  rois 
gouvernaient  suivant  des  règles  établies.  Ce  n'est  certes 
pas  qu'il  y  eût  alors  des  constitutions  écrites  ;  mais  les 
rois  et  les  peuples  se  conduisaient  d'après  des  règles 
constantes  que  la  vieille  coutume  religieuse  avait  fixées, 
et  dont  on  ne  songeait  guère  à  s'écarter.  Euripide  peint 
assez  bien  cette  ancienne  royauté,  quand  il  met  dans  la 
bouche  d'un  roi  ces  paroles  :  «  Je  n'ai  pas  le  pouvoir 
absolu  sur  les  citoyens  ;  mais  si  je  suis  juste  envers  eux. 
ils  sont  justes  envers  moi  ''.  »  Eschyle  qui  observait 
avec  plus  de  scrupule  encore  qu'Euripide  les  vieilles 
traditions  de  son  pays,  montre  un  roi  qui  ne  veut  pas 
accueillir  les  Danaïdes  à  Argos  avant  d'avoir  consulté  les 
membres  de  la  cité. 

Ailleurs,  il  fait  dire  à  Agamemnon  :  «  Pour  tout  ce  qui 
concerne  l'état  et  les  dieux,  l'assemblée  des  citoyens  se 
réunira  et  nous  délibérerons.  »  Il  est  certain  que  l'insti- 
tution d'une  assemblée  publique  chez  les  Grecs  ne  date 
pas  du  régime  républicain,  mais  du  régime  monarchique. 
A  la  vérité,  les  assemblées  de  ce  temps-là  paraissent 
avoir  été  plutôt  aristocratiques  que  populaires;  elles 
n'en  étaient  que  plus  fortes  et  plus  tenaces  pour  résister 
aux  empiétements  des  rois.  Dans  Homère,  .\lkinoos  a 
l'autorité  suprême  chez  les  Phéaciens  ;  nous  le  voyons 
pourtant  se  rendre  à  une  assemblée  des  chefs  de  la  cité, 
et  nous  pouvons  même  remarquer  que  ce  n'est  pas  lui 
qui  a  convoqué  le  conseil  qui  a  mandé  le  roi.  Dans  un 
autre  endroit,  le  poète  décrit  une  assemblée  de  la  cité 
phéacienne  ;    il    s'en   faut   beaucoup    que   ce    soit    une 

*  On  peul  remarquer  que  c"esl  ce  coté  religieux  qui  fait  la  difTéreuce  essentielle 
de  la  royauté  et  de  la  tyrannie  chez  les  Grecs  (tyrassus].  —  2  AristoL  Polit.  III. 
10  (III,  9,  7).  —  -1  Pind.  Pijth.  IV.  271.  —i/liad.  X,  3il  ;  VII,  412;  Virg.  Aen   Vil, 


réunion  de  la  multitude  ;  les  chefs  seuls,  individuelle- 
ment convoqués  par  un  héraut,  comme  cela  se  passait  à 
Rome  pour  les  comitia  cahita.  se  sont  réunis;  ils  sont 
assis  sur  des  sièges  de  pierre  ;  le  roi  prend  la  parole,  et 
il  se  sent  si  peu  au-dessus  de  ses  auditeurs  qu'il  leur 
donne  le  même  titre  qu'à  lui  et  les  appelle  rois  porte- 
sceptre. 

Ajoutons  qu'à  tous  ces  rois  il  manquait  au  moins  deux 
choses  pour  être  absolus  :  ils  n'avaient  ni  impôts  ni 
armée.  Car  les  impôts,  dans  ces  siècles-là,  n'étaient  que 
des  contributions  pour  les  cérémonies  religieuses  (d'où 
vient  que  le  mol  té/o;  signifia  en  même  temps  impôt  et 
sacrifice),  et  quant  à  l'armée,  elle  n'était  pas  autre  chose 
que  la  réunion  des  citoyens  sous  les  armes  pour  une 
guerre  librement  acceptée  de  tous.  Les  rois  n'avaient  le 
droit  de  vie  et  de  mort  que  dans  le  cours  d'une  expédition 
militaire.  Il  ne  parait  pas  qu'Usaient  jamais  eu  l'autorité 
législative.  Enfin,  il  ne  faut  pas  perdre  de  vue  que,  si  le 
roi  réunissait  en  sa  personne  presque  tous  les  pouvoirs 
de  la  cité,  et  si  l'on  pouvait  dire  de  lui,  comme  dans 
Eschyle  :  «  Tu  es  la  cité,  tu  es  le  peuple  »  *.  c'est  que  la 
cité  n'avait  pas  alors  sur  les  individus  toute  l'étendue  de 
pouvoir  que  le  régime  républicain  lui  a,  plus  tard,  con- 
férée. Dans  l'âge  monarchique,  la  cité  n'était  guère 
qu'une  confédération  de  tribus,  de  phratries,  de  tév/j. 
Chacun  de  ces  corps  gardait  son  organisation,  son  culte, 
ses  assemblées,  son  chef,  sa  justice  intérieure.  Sur  ces 
corps  puissamment  constitués  la  royauté  avait  moins  de 
prise  qu'elle  n'en  aurait  eu  sur  des  individus  isolés.  La 
plus  grande  partie  de  la  population,  répartie  dans  les 
vÉvY,  et  les  tribus,  n'obéissait  pas  directement  au  roi  et 
n'était  pas  soumise  à  sa  justice.  De  même  que  le  roi 
féodal  du  moyen  âge  n'avait  pour  sujets  que  quelques 
puissants  vassaux,  de  même  le  roi  de  l'ancienne  cité 
grecque  était  placé  hiérarchiquement  au-dessus  de 
quelques  chefs  de  tribus  et  de  yr/r,,  dont  chacun  était  un 
petit  roi  sur  son  domaine.  Chacun  d'eux  était  individuel- 
lement presque  aussi  puissant  que  lui  ;  tous  réunis,  ils 
l'étaient  beaucoup  plus  [gens,  p.  1502".  On  peut  croire 
que  les  hommes  avaient  pour  ce  roi  un  grand  respect, 
parce  qu'il  était  le  chef  principal  de  leur  culte;  mais  on 
peut  bien  croire  aussi  qu'ils  avaient  peu  de  soumission 
à  son  égard,  parce  qu'il  avait  peu  de  force. 

Cette  royauté  fut  une  des  institutions  qui  durèrent  le 
plus  longtemps  chez  les  Grecs.  Elle  ne  disparut  guère 
avant  le  vu''  siècle,  et  dans  quelques  cités  elle  pro- 
longea son  existence  fort  au  delà  de  cette  date.  Presque 
partout  ce  fut  l'aristocratie  qui  la  renversa.  Si  peu  que 
nous  sachions  de  cette  ancienne  histoire,  nous  voyons 
du  moins  clairement  que  les  Eupatrides  d'Athènes  firent, 
pendant  plusieurs  générations,  la  guerre  aux  rois.  Pour 
ce  qui  est  de  Sparte,  en  dépit  des  fausses  appréciations 
que  contient  la  vie  de  Lycurgue  attribuée  à  Plutarque, 
on  voit  bien,  par  des  passages  d'auteurs  pi  us  anciens,  que 
ce  fut  l'aristocratie  qui  attaqua  et  affaiblit  la  royauté'. 
Les  mêmes  luttes  se  retrouvent  à  Corinthe,  à  Argos,  à 
Sicyone,  dans  toutes  les  villes  sur  les  antiquités  des- 
quelles il  nous  est  resté  quelques  souvenirs.  .\  cette 
époque,  il  n'existait  pas  encore  de  parti  populaire;  les 
intérêts  démocratiques,  ou  bien  ne  se  montraient  pas, 

itO.  —  5  Athenae.  XV,  IC;  XV,  10.  -  6  Stob.  Serm.  4».  —  '  Eurip.  Beracl.  iii. 
—  8  Acscli.  Suppl.  3ii9  (355).  —  9  .\rislol.  Polit.  VIII,  10  (V,  10;  ;  Heraciid.  Pocl. 
dans  les  Fragm.hist.  graee.  Didot,  l.  Il,  p.  ÎIO. 


REG  —  .S2i  — 

ou  bien  étaicnl  d'accord  avec  la  royaulc.  Ce  fui  donc 
laristocralie  qui,  en  Grèce  aussi  bien  (lu'à  Rome,  com- 
battit les  rois,  et,  après  des  efTorls  plus  ou  moins  longs, 
finit  par  les  vaincre. 

Toutefois  la  royauté  vaincue  ne  disparut  pas  enlière- 
ment.  Nous  avons  dit  (lu'elle  avait  été,  à  lorigine,  la 
réunion  d'une  autorité  religieuse  el  d'une  autorité  poli- 
tique. Or,  l'autorité  religieuse,  néce.ssaire  à  l'exercice  du 
culte  et  à  l'accomplissement  régulier  des  rites,  était 
sacrée  et  inviolable.  La  religion  de  la  cité  aurait  été 
troublée  et  les  dieux  oITensés,  si  l'on  avait  supprimé 
leurs  prêtres  héréditaires.  On  n'osa  donc  pas  penser  à 
se  passer  de  rois.  On  se  contenta  de  leur  enlever  leur 
pouvoir  politique,  el  on  leur  laissa  le  soin  des  cérémo- 
nies religieuses.  .Arislote  explique  bien  cette  singulière 
révolution  :  ..  Dans  les  temps  très  anciens,  dit-il.  les  rois 
étaient  les  maîtres  en  paix  et  en  guerre;  mais  dans  la 
suite,  les  uns  renoncèrent  volontairement  au  pouvoir, 
aux  autres  il  fut  enlevé  de  force,  et  on  ne  laissa  plus  à 
ces  rois  que  le  soin  des  sacrifices.  »  Plutarque  dit 
la  même  cliose  ;  «  Les  Grecs  enlevèrent  aux  rois  leur 
pouvoir  et  ne  leur  laissèrent  que  le  soin  de  la  religion'  ». 
Hérodote,  parlant  de  la  ville  df>  Cyrène,  dit  :  «  On  laissa 
à  Battos,  descendant  des  rois,  le  soin  du  culte,  et  on  lui 
retira  toute  la  puissance  dont  ses  pères  avaient  joui.  » 
Du  reste,  cette  royauté,  ainsi  réduite  aux  fonctions 
sacerdotales,  resta  partout  héréditaire.  A  Athènes,  après 
la  mort  de  Codrus,  il  n'y  eut  que  le  pouvoir  politique 
des  rois  qui  disparut;  la  royauté  religieuse  subsista  sous 
le  nom  d'arcliontal  -  ;  pendant  trois  siècles  encore,  elle 
resta  dans  la  famille  des  Codrides,  se  transmettant  de 
père  en  fils  exactement  comme  l'ancienne  royauté,  mais 
n'exerçant  plus  aucun  pouvoir  réel  en  dehors  de  la  reli- 
gion. Il  en  fut  de  même  à  Argos^  A  Sparte,  la  royauté 
se  perpétua  pendant  une  longue  série  de  siècles, 
quoique,  suivant  l'expression  d'.\ristote,  la  monarchie 
eût  fait  place  à  l'aristocralie  •.  Hérodote,  qui  dit  aussi 
que  de  son  temps  Sparte  ne  connaissait  pas  le  régime 
monarchique",  montre  bien  que  la  royauté  Spartiate 
n'était  presque  plus  qu'un  sacerdoce''. 

I^es  villes  grecques  dépossédèrent  rarement  les 
anciennes  familles  royales  de  leur  autorité  religieuse. 
On  ne  le  fit,  à  ce  qu'il  semble,  que  lorsqu'on  put  reprocher 
à  l'une  de  ces  familles  de  s'être  souillée  d'un  meurtre  et 
d'être  devenue  incapable  de  servir  les  dieux.  Il  fallut  allé- 
guer ce  motif  ou  ce  prétexte  pour  dépouiller  les  Médon- 
tides  d'.\thènes  de  l'archonlat  \  Au  temps  de  Diodore 
et  de  Strabon,  il  y  avait  encore  à  Éphèse,  à  Thespies,  à 
Marseille,  de  vieilles  familles  qui  avaient  conservé  le 
titre  et  les  insignes  de  la  royauté,  le  sceptre  et  la  robe 
de  pourpre,  el  qui  possédaient  héréditairement  la  prési- 
dence des  cérémoniessacrées,  mais  qui.  depuis  des  siècles, 
n'avaient  aucune  autorité  politique.  11  semble  qu'il  ait 
été  de  règle  d'attendre  que  ces  familles  royales  s'étei- 
gnissent d'elles-mêmes.  \  mesure  qu'elles  disparurent, 
on  ne  supprima  pas  la  royauté  religieuse,  mais  on  la 
rendit  élective  et  annuelle.  Athènes  eut  toujours  des 
prêlres-rois,    et   l'on   trouve    dans  la   plupart   des   cités 

>  Plul.  Quaest.  roin.  n.  —i  Paiisan.  IV,  :,.  10  cl  13:  Voll.  Pal.  I,  î.  I.a  dUlinc- 
lion  trop  profonde  que  les  liistoriens  modernes  mcllent  entre  la  rovaiitc^  et  l'arclion- 
tal  parait  contraire  à  la  %-éritë  historique.  Archonte  et  roi  étaient  deux  mots 
presque  synonymes  dans  celle  anliquilé.  I*ausanias  (Vil.  î)  et  les  marbres  de 
Paros.  en  parKint  de  ces  arclionlcs,  se  servent  des  mots  SaffiÀu'a,  pa.a-.lt-juv. 
—  3  Paus.  Il,  \9.  —  l  Arislol.  A.  c  -  5  Herodol.  V,  9i.  —  6  Id.  VI,  .'îiî-59.  Même 


REG 

grecques,  sous  le  nom  d'arcliontal,  de  prytanie,  ou  de 
royauté,  une  magistrature  uniquement  chargée  de 
veiller  sur  le  culte  public*.  Le  roi,  ^auiXEÛ;,  de  l'époque 
républicaine,  véritable  tiérilier  de  l'autorité  religieuse 
des  anciens  rois,  accomplissait  les  rites  les  plus  sacrés 
du  vieux  culte,  présidant  aux  fêtes  religieuses,  et  jugeait 
aussi  toutes  les  causes  oii  la  religion  était  intéressée. 
Cette  magistrature  ou  plutôt  ce  sacerdoce  annuel  ^magis- 
trature  el  sacerdoce  se  confondaient  encore)  fut  la  der- 
nière forme  que  revêtit  l'ancienne  institution  de  la 
royauté.  Le  respect  des  cités  pour  les  vieux  rites  et  les 
anciens  noms  exigeait  que  celte  royauté  subsistât;  réduite 
aux  fonctions  du  culte,  elle  put  durer,  à  travers  toutes 
les  révolutions,  sans  gêner  en  rien  les  institutions  démo- 
cratiques. Klle  survécut  même  à  l'indépendance  de  la 
Grèce,  et  ne  disparut  qu'avec  le  vieux  culte. 

II.  Royauté  chez  les  Romains.  —  La  royauté  se  montre  à 
l'origine  des  cités  latines  avec  les  mêmes  caractères 
essentiels  qu'elle  avait  dans  le  premier  âge  des  cités 
grecques.  Le  roi  était  un  prêtre  et  un  pontife  en  même 
temps  qu'un  chef  de  guerre  el  un  juge.  .\ous  croyons  que 
Virgile,  ce  scrupuleux  observateur  de  tout  ce  qui  tenait 
à  l'ancienne  religion,  a  fait  une  peinture  aussi  exacte  que 
possible  de  cette  royauté  dans  ses  personnages  de 
Lalinus  et  d'Évandre.  Il  les  présente  l'un  et  l'autre  accom- 
plissant des  sacrifices,  réglant  les  cérémonies,  présidant 
aux  repas  sacrés.  Ces  hommes-sont  les  premiers  prêtres 
de  leur  cité,  et  c'esl  toujours  par  leur  intermédiaire  que 
la  cité  invoque  ses  dieux  protecteurs.  Leur  palais  est  un 
temple''.  Leur  costume  est  un  costume  sacerdotal;  Picus, 
le  vieux  roi  du  Latium,  porte  le  b;iton  augurai  et  la 
trabée  '".  Enfin  ces  rois,  comme  ceux  des  vieux  temps  de 
la  Grèce,  ont  leur  existence  tellement  liée  au  culte  que 
la  tradition  les  mêle  au  dieux  et  veut  qu'ils  descendent 
d'un  sang  divin".  Une  royauté  de  même  nature  parait 
avoir  existé  chez  les  Étrusques;  ses  attributions  poli- 
tiques ont  varié  suivant  les  temps,  mais  elle  n'a  jamais 
cessé  d'avoir  des  prérogatives  religieuses;  lesiucumons 
étaient,  à  la  fois,  des  magistrats,  des  chefs  de  guerre 
et  des  pontifes'-;  ils  avaient  la  science  des  augures,  ils 
présidaient  aux  sacrifices,  el  leurs  principaux  insignes 
étaient  des  insignes  sacerdotaux. 

La  royauté  des  Grecs,  des  Latins,  des  Étrusques,  nous 
conduit  forcément  à  la  royauté  romaine.  Il  serait  surpre- 
nant que  celle-ci  eût  dill'éré  de  celle-là.  Car  il  n'y  a  rien 
de  factice  dans  les  institutions  primitives  des  peuples; 
elles  découlent  ou  des  aptitudes  natives,  ou  des  croyances 
ou  des  nécessiti's  sociales;  el  lorsque  des  peuples  sont 
de  même  race  el  que  leurs  croyances  et  leurs  besoins 
sociaux  onl  été  à  peu  près  idenliques,  les  institutions 
aussi  ont  dû  se  ressembler.  Nous  avons,  d'ailleurs,  assez 
de  renseignements  sur  la  royauté  romaine  pour  pouvoir 
la  juger.  Il  est  clair  que  tout  n'est  pas  vrai  dans  ce  que 
les  anciens  historiens  nous  disent  des  rois  de  Rome  ; 
mais  la  manière  dont  Tite-Live,  Cicéron,  Plutarque  et 
Denys  parlent  de  la  royauté,  doit  être  aussi  exacte  que 
possible.  Lorsque  des  historiens  décrivant  des  insti- 
tutions fort  antérieures  à  leur  temps,  leur  donnent  des 

à  l'armée,  les  rois  recevaient  les  ordres  des  êphores.  Ils  n'avaient  le  comman- 
dement r^l  qu'au  cas  où  le  Sénat  les  avait  spécialement  investis  des  fonctions 
de  général.  —  ''  Herac.  Pont,  dans  les  Frag.  hist.  gr.  I.  Il,  p.  i06  ;  Nico'.  Damasc. 
fragni.  51.  —  sPind.  .Vem.  XI  ;  Plut.  Quaest.  gr.  9»;  T.-I.iv.  XLV,  5.  Boeckh,  Corp. 
iincr.  passim.  —  9  Virg.  Aen.  VllI,  174.  —  10  Ibid.  V,  1S7.  —  Il  /*.  Vil,  «. 
—  li  Ib.  X,  175;  Tit.-Liv,  V,  1  ;  Censorin.  De  die  nat.  4. 


HEG 


—  823 


lŒO 


traits  qui  appartiennent  à  leur  époque,  nous  pouvons 
croire  qu'ils  se  trompent  et  que  la  préoccupation  du  pré- 
sent leur  ôte  la  vue  nette  du  passé.  Mais  lorsqu'ils 
décrivent  ces  institutions  anciennes  avec  des  traits  qui 
ne  répondent  en  rien  à  ce  qu'ils  voyaient  autour  d'eux, 
avec  des  traits  que  les  habitudes  de  leur  esprit  ne  pou- 
vaient pas  leur  faire  imaginer,  nous  pouvons  croire  que 
ces  traits  leur  sont  venus,  par  quelque  intermédiaire  que 
ce  puisse  être,  de  l'époque  même  qu'ils  décrivent,  et 
qu'ils  se  rapprochent  beaucoup  de  la  vérité.  Tout  ce  qui, 
dans  ce  personnage  des  rois  de  Rome,  a  un  caractère 
politique,  a  pu,  à  la  rigueur,  être  l'invention  des  âges 
suivants  ;  tout  ce  qui  a  un  caractère  religieux  date  mani- 
festement de  l'âge  primitif. 

Cicéron  représente  Romulus  portant  à  la  main  le  bâton 
augurai-;  Cicéron,  Plutarque,  Ovide,  Denys  racontent 
quelles  cérémonies  religieuses  il  accomplit  en  fondant 
la  ville.  Comme  tous  les  rois-prêtres  de  l'antiquité, 
Romulus  est  fils  d'un  dieu  ;  et,  comme  tous  les  fonda- 
teurs, il  devient  dieu  lui-même  et  est  l'objet  d'un  culte.  Si 
ce  premier  roi  esta  la  fois  guerrier  et  prêtre,  son  succes- 
seur Numa  Pompilius  est  bien  plus  un  prêtre  qu'un 
guerrier.  «  Il  remplissait  lui-même,  dit  Tile-Live,  la  plu- 
part des  fonctions  sacerdotales.  »  Il  était  ainsi  le  prêtre 
suprême  et  presque  l'unique  prêtre  de  la  cité  ;  «  mais  il 
prévit  que  ses  successeurs,  ayant  souvent  des  guerres  à 
soutenir,  ne  pourraient  pas  toujours  vaquer  au  soin  des 
sacrifices,  et  il  institua  les  flamines  et  d'autres  prêtres 
pour  remplir  l'office  des  rois  quand  ceux-ci  seraient 
absents  de  Rome'  ».  Ainsi  la  plupart  des  sacerdoces  des 
âges  suivants  n'ont  été  qu'une  sorte  d'émanation  de  la 
royauté  ;  ils  ont  été,  pour  ainsi  dire,  des  membres  déta- 
chés de  cette  royauté  qui  avait  été  d'abord  le  sacerdoce 
suprême.  On  peut  se  convaincre  que  tous  les  rois  de 
Rome,  même  ceux  qui  ont  été  le  plus  occupés  de  guerre, 
remplissaient  pourtant,  encore  après  Numa,  des  fonctions 
religieuses.  Il  paraît  même  que  la  plus  grave  accusation 
que  les  patriciens  portèrent  contre  Tullus  Hostilius  fut 
d'avoir  modifié  et  altéré  les  rites.  Tous  ces  rois  avaient 
la  suprême  direction  des  choses  sacrées*,  tous  interro- 
geaient les  dieux  par  les  auspices;  Cicéron  croyait  qu'ils 
avaient  tous  été  des  prêtres  ''  ;  enfin  Jules  César,  dans  une 
harangue  qu'il  prononçait  tout  au  début  de  sa  carrière, 
signalaitle  caractère  sacré  de  ces  rois,  sanctitasregum'' . 
Ces  rois  prêtres  étaient  intronisés  avec  un  cérémonial 
religieux  que  Tite-Live  décrit  et  auquel  Virgile  fait  une 
allusion  très  claire  '.  Le  nouveau  roi  s'asseyait  sur  un 
siège  de  pierre,  le  visage  tourné  vers  le  midi.  A  sa  gau- 
che était  assis  un  augure,  la  tête  couverte  des  bandelettes 
sacrées  et  tenant  à  la  main  le  bâton  augurai.  Il  figurait 

l  [La  question  de  l'authenlicité  des  traditions  romaines  sur  la  période  des  rois  a 
*^lé  de  nouveau  disculée,  lors  de  la  découverte  en  1899,  dans  le  Forum  romain,  du 
l'ipis  niger,  du  tombeau  de  Romulus  et  de  l'insoriplion  en  latin  archaïque  qui 
l'accompagne  et  où  se  lit  reuei.  La  controverse  a  été  vive  entre  savants  italiens  et 
allemands,  les  uns  y  voyant  la  confirmation  des  témoignages  fournis  par  les  histo- 
riens latins,  les  autres  contestant  la  date  reculée  du  texte  qu'ils  font  descendre  au 
v»  ou  vie  siècle  et  expliquant  le  mot  ref/i  comme  une  allusion  au  rex  sacrorum, 
c'est-ii-dire  à  un  prêtre  de  l'époque  classique.  Voy.  pour  ces  découvertes  :  Boni, 
Notizie  dei  scavi,  1899,  p.  130:  '900,  P-  2U5  ;  Ceci,  //  cippo  antichissimo  del 
Foro  romano,  189:);  Pais,  dans  la  JViiora  Antologia,  novemb.  1899;  et  Storia 
ili  Homa,  2*  éd.  I,  p.  744:  Comparetli,  L'iscriz.  arch.  del  Foro  Homano,  1899; 
Ciaraurrini,  dans  les  Rendi  conti  Accad.  d.  Lincei,  1900,  p.  181  ;  Milani.  Md. 
p.  289:  le  P.  de  Cara,  n"  de  février,  mars,  mai,  juillet  1900,  de  la  Civilta  Catlo- 
lica,  avec  les  ouvrages  cités  et  discutés;  Peterssn,  Jahrbuch  deutsch.  Inst.  XVI, 
1901,  Anz.  p.  62;  Huelsen,  Rômische  MMImUangen,  XVII,  p.  22;  XX,  p.  40; 
Nme  Jahrb.  f,  klass.  Alterlh^  1904,  1"  livr.  p.  29  ;  Tropea,  dans  Ilivislu 
di  storia  antica,  1902,  p.  157;  Sludniczka,  Jalireslie/'le  de  Vienne,  19():j.  p.  129; 

VIII. 


dans  le  ciel  certaines  lignes,  prononçait  une  prière,  et, 
posant  la  main  sur  la  tête  du  roi,  il  suppliait  les  dieux 
de  marquer  par  un  signe  visible  qu'ils  avaient  ce  nouveau 
roi  pour  agréable.  Puis,  dès  qu'un  éclair  ou  le  vol  des 
oiseaux  avait  manifesté  l'assentiment  des  dieux,  le  roi 
prenait  possession  de  sa  charge  [augiires].  Un  tel  usage 
avait  sa  raison  d'être  ;  comme  le  roi  allait  être  le  chef  su- 
prême de  la  religion  et  que  de  ses  prières  et  de  ses  sacri- 
fices le  salut  de  la  cité  allait  dépendre,  on  trouvait  juste 
de  s'assurer  d'abord  que  ce  roi  était  accepté  par  les  dieux. 

Ce  qu'on  appelait  i-et/in  ne  parait  pas  avoir  été  un 
palais,  même  au  temps  des  rois.  La  7'egia  ou  atrium 
regium  était  un  petit  édifice  sacré  qui  était  annexé  au 
temple  de  Vesta,  c'est-à-dire  au  foyer  public  et  au  prin- 
cipal sanctuaire  de  la  cité  [forum,  p.  1291].  Peut-être 
n'était-il  pas  un  lieu  d'habitation  ordinaire;  la  tradition 
dit  que  Numa  avait  son  domicile  sur  le  Quirinal  et  sa 
i^egia  près  du  temple  de  Vesta;  il  s'y  tenait  toutes  les 
fois  qu'il  avait  à  remplir  des  fonctions  religieuses;  c'est 
peut-être  aussi  là  qu'avaient  lieu  les  repas  sacrés*.  En 
tous  cas,  la  regia  des  Romains  correspondait  exactement 
au  paTiXsïov  des  Grecs  dont  parlent  Aristote,  Pausanias 
et  PoUux,  et  qui  était  une  salle  consacrée  aux  cérémo- 
nies religieuses  à  côté  du  foyer  public  ou  prytanée. 
L'emplacement,  la  destination,  le  nom  même  de  cet  édi- 
fice montrent  clairement  quelle  était  la  principale  fonc- 
tion que  les  anciens  attribuaient  aux  rois.  De  même  que 
le  roi  de  Rome  était  une  sorte  de  représentant  des  dieux 
sur  la  terre,  il  portait  aussi  dans  les  cérémonies  solen- 
nelles le  costume  des  dieux.  Il  traversait  la  ville  en  char, 
honneur  qu'il  avait  seul,  ou  qu'il  ne  partageait  qu'avec 
la  statue  de  Jupiter'.  Il  avait  les  joues  fardées  de  rouge, 
comme  la  statue  du  dieu  ;  il  portait  sur  la  tête  la  couronne 
de  feuilles  de  chêne,  et  à  la  main,  le  sceptre  d'ivoire'" 
[consul,  p.  1469-1470,  triumpuus]. 

Comme  les  rois  de  la  Grèce,  ceux  de  l'ancienne  Rome 
joignaient  à  leurs  attributions  religieuses  le  pouvoir 
politique.  Il  y  a  même  pour  eux  ceci  de  particulier  que 
ces  deux  séries  de  prérogatives,  unies  en  leur  personne, 
ne  se  confondaient  pourtant  pas.  Cicéron,  dans  un  traité 
delà  République,  nous  montre  que  pour  chacun  des  rois 
de  Rome,  il  y  avait  deux  élections  successives.  Il  n'indique 
pas  quelles  différences  il  devait  y  avoir  entre  les  procé- 
dés de  ces  deux  élections  :  il  montre  seulement  que  la 
première  conférait  le  titre  et  la  dignité  de  re.r,  et  que  la 
seconde  conférait  Vimpei'ium  ".  Pour  que  deux  élections 
fussent  nécessaires,  il  fallait  bien  que  les  deux  attribu- 
tions ne  se  confondissent  pas.  Vimperiiim  désigna  tou- 
jours la  puissance  politique  et  militaire  ;  le  titre  de  rex, 
que  donnait  la  première  élection,  devait  donc  désigner 

Mommsen  dans  fifrufs,  1903,  p.  I^[  ;  Krelschmer  dans  Wiener  Slndieil:  I90i, 
p.  1.58;  Diculafoy,  C.  rendus  de  l'Acad.  des  Inscript.  1899.  p.  753  ;  Vaglieri, 
dans  Bullet.  comunale  di  fioma,  1900,  p.  S7  ;  1903,  p.  1 15  ;  Thédenat,  Le  Forum 
romain,  3<  éd.  1904,  p.  77  et  242].  —  2  Cic.  Oe  dirin.  1,  17  ;  1,  48.  —  3  T.  Liv. 
1.  20.  —  «  Dionys.  II.  14.  —  5  Cic.  De  dh:  1,  40.  —  6  Suet.  J.  Caes.  0.  —  7  T. 
Liv.  1,  18;  Virg.  Vil,  174;  Dionys.  II,  6  ;  IV,  80  [Voir  iSAUcutiATio.  p.  438  sq.]. 
—  8  Plut.  IVuma,  14;  Dio  Cass.  Fragm.  Ili  ;  Servius,  ad  Aen.  VII,  153;  VIII, 
363;  Festus,  s.  1'.  Eguus  Ociober.  [Sur  la  regia  voir  Ambrosch,  Studien  uiid 
Andeulung,  Breslau,  18.39,  p.  1  sq.  ;  39;  F.  M.  Nichols,  Hegia,  Millheil.  d. 
Instit.  I,  1886,  p.  94;  Id.  Tlie  Regia,  tlie  atrium  Veslae  and  Ihe  fasli  capi- 
tolini,  1887;  H.  Jordan,  Alitth.  d.  Inst.  I,  1886,  p.  99;  0.  Gilbert,  Gesch.  und 
Topograph.  d.  Sladl  Rom,  I.  305  sq.,  III.  407;  Hulse.n,  Die  Regia,  Jalirb.  d. 
Inst.  1889,  p.  228].  —  9  [Au  sujet  du  char  royal,  voir  Horamsi-n,  Uroit  public 
rom.  III,  p.  29;  Wiliems,  Le  Sénat  de  la  Rép.  rom.  1,  p.  132,  6;  Helbig,  Le 
currus  du  roi,  dans  Mélanges  Perrol,  p.  167  sq.]  —  lo  Momnisen,  Hist.  rom. 
1,  5;  [Droit  public.  II,  p.  62,  64,  08.  Voir  aussi  mm.A,  solium,  sceptrom].  —  "  Cic. 
De  rep.  Il,  13  sq. 

104 


REG 


—  826  — 


REG 


plus  spécialement  l'aiilorilé  religieuse  el  le  privilège 
d'accomplir  les  rites.  Ces  deux  autorités  étaient  distinctes, 
el  lune  n'entraînait  pas  nécessairement  l'autre.  On  doit 
remarquer  aussi  que  l'autorité  religieuse  était  conférée 
la  première;  le  pouvoir  politique  y  était  ajouté  ensuite 
par  un  vote  tout  spécial  de  la  cité. 

Le  roi  commandait  l'armée  des  citoyens  en  temps  de 
guerre;  il  rendait  la  justice  en  temps  de  paix.  11  nom- 
mait les  magistrats  secondaires,  les  chefs  des  corps  de 
troupes  (tribiini),  les  juges  \nférieuTS  {quaeslores parri- 
cidii).  S'il  s'absentait  de  Rome,  il  choisissait  lui-même 
le  praefeclus  urbls.  Comme  tous  les  pouvoirs  de  la  cité  se 
concentraient  dans  sa  main,  nulle  autorité  n'existaitqu'en 
lui  ou  par  lui.  Le  commandement  fut  toujours  plus 
rigoureux  el  plus  absolu  à  Rome  que  dans  la  plupart  des 
cités  grecques  ;  il  ne  connut  jamais  de  limites  légales  qui 
fussent  nettement  marquées.  Toutefois  la  cité  à  celte 
époque  n'était  autre  chose  que  l'association  d'un  certain 
nombre  de  gentes,  corps  puissants  dont  chacun  compre- 
nait, outre  les  ingénus,  de  nombreux  clients.  Chaque 
gens  avait  son  chef,  son  paler.  Ces  puissants  patres 
n'avaient  pas  besoin  d'imposer  à  leur  roi  un  contrat  for- 
mel ou  une  constitution  écrite.  Il  est  clair  que  par  la 
seule  manifestation  de  leur  force,  ils  pouvaient  l'obliger 
à  les  consulter  sur  tous  les  intérêts  généraux.  En  prin- 
cipe, rien  ne  bornait  nettement  le  pouvoir  des  rois  ;  en 
fait,  ils  se  heurtaient  à  tout  moment  à  la  force  rivale 
des  patres,  el  ils  ne  pouvaient  gouverner  qu'avec 
leur  assentiment,  patrum  auctoritate  comitioque,  dit 
Cicéron  '.  La  réunion  très  fréquente  de  ces  patres  for- 
mait le  Sénat  ;  dans  les  circonstances  graves,  les  génies 
tout  entières,  groupées  par  curies,  formaient  l'assemblée 
du  peuple.  On  ne  saurait  dire  avec  certitude  si  les  rois 
avaient  ailleurs  qu'à  l'armée,  le  droit  de  vie  et  de  mort. 
La  légende  de  la  sœur  des  Horaces  permet  de  croire  que 
l'appel  au  peuple  existait  déjà  ;  mais  il  reste  à  se 
demander  si  cet  appel  au  peuple  ou  ce  recours  en  grâce 
était  de  droit,  ou  s'il  devait  être  autorisé  par  le  roi.  On 
ne  peut  pas  dire  non  plus  avec  certitude  que  les  rois 
aient  eu  le  pouvoir  législatif;  les  lois  qu'on  a  appe- 
lées leges  regiae  furent  peut-être  plutôt  promulguées  et 
sanctionnées  par  eux  que  décrétées  de  leur  seule  volonté. 

Le  trait  le  plus  distinctif  de  la  royauté  romaine  est 
qu'elle  fut  élective.  Rome  ne  connut  pas  la  royauté  héré- 
ditaire des  anciennes  cités  grecques  et  italiennes.  Nous 
n'oserions  affirmer  que  cette  différence  tinta  un  goût  par- 
ticulier des  Romains.  Il  y  a  une  autre  raison  plus  simple 
et  qui  frappe  les  yeux  ;  c'est  que  cette  royauté  estd'unâge 
plus  récent  que  l'ancienne  royauté  héréditaire  des  Grecs, 
et  qu'elle  est  contemporaine  d'une  époque  où  la  royauté 
était  partout  contestée  et  attaquée.  De  même  que  les 
cités  qui  furent  fondées,  en  Grèce  ou  en  Italie,  quatre 
générations  après  Rome,  n'eurent  plus  de  rois,  de  même 
celles  qui  furent  fondées  vers  le  même  temps  que  Rome, 
n'eurent  qu'une  royauté  amoindrie.  Or,  jusqu'à  ce  que 
l'on  songeât  à  se  passer  de  la  royauté,  le  meilleur  moyen 
de  l'affaiblir  était  de  la  rendre  élective.  Tous  les  rois  de 
Rome  furent  des  rois  élus.  Denys  le  dit  de  Romulus  lui- 
même  ^.  Cicéron  et  Tite-Live  le  disent  de  tous  les  autres. 
L'aristocratie  patricienne  ne  permit  pas  que  le  pou- 
voir devint  héréditaire  ;  à  chaque  vacance,  elle  choisit 
elle-même   son   roi,    soit  par   son  sénat,  soit   par  ses 

•  Cic.  Un  rtii.  Il,  8. 


comices  curiales  qu'elle  dirigeait  aittoritas  tatrim]. 
Il  ne  faudrait  pourtant  pas  croire  que  les  Romains  de 
cette  époque  se  fissent  du  droit  d'élection  la  même  idée 
que  s'en  faisaient  les  contemporains  de  Cicéron  ou  de 
César.  Autres  temps,  autres  pensées,  autres  institutions. 
Les  Romains  des  vieux  âges  n'avaient  probablement  pas 
l'idée  que  la  désignation  de  leur  roi,  c'est-à-dire  de  leur 
chef  religieux,  dépendit  de  leur  choix.  Si  peu  nombreux 
que  soient  nos  renseignements  sur  cette  époque,  nous 
pouvons  cependant  saisir  de  quelle  façon  les  rois  étaient 
désignés,  et  en  vertu  de  quelles  idées  ils  l'étaient.  Comme 
on  partait  de  ce  principe  que  l'autorité  sainte  avait  été 
d'abord  conférée  par  les  dieux  mêmes  au  fils  d'un  dieu, 
il  semblait  qu'il  y  eût  contradiction  à  ce  qu'elle  fût 
ensuite  conférée  par  les  hommes.  Il  fallait  donc  que  les 
hommes  eussent  le  moins  de  part  possible  à  ce  choix, 
et  que  la  plus  grande  part  restât  aux  dieux.  Le  droit  des 
hommes  était  presque  nul,  et  ne  devait  pas  paraître. 
Donc,  à  la  mort  d'un  roi,  l'autorité  divine  qui  avait 
résidé  en  sa  personne,  ne  s'éteignait  pas  et  ne  passait  pas 
non  plus  au  peuple.  Elle  passait  de  la  tête  du  roi  sur 
celle  d'un  interroi  jnterregmm.,  qui  en  en  était  comme 
l'héritier  pour  un  temps  ou  le  dépositaire.  Comment  cet 
interroi  était-il  nommé?  Le  supposait-on  choisi  par  le  roi 
mourant  ?  Était-il  désigné  parmi  les  /)i7//'es  à  l'aide  d'un 
de  ces  procédés  religieux  usités  chez  les  anciens,  comme 
le  tirage  au  sort  ou  les  auspices"?  On  l'ignore.  Ce  qui  est 
certain,  c'est  que  cet  interroi  ne  possédait  l'autorité  que 
cinq  jours,  el  la  transmettait  à  un  autre  interroi  qui  ne 
la  gardait  pas  plus  longtemps.  Celui-ci,  à  son  tour,  dési- 
gnait le  roi,  c'est-à-dire  prononçait  après  l'accomplisse- 
ment des  rites  el  avec  les  cérémonies  solennelles  le 
nom  de  celui  qui  allait  régner.  Il  est  clair  que  ce  n'était 
pas  sa  volonté  seule  qui  l'avait  choisi.  C'étaient  les  aus- 
pices qui  le  lui  avaient  montré;  c'étaient  les  augures 
patriciens  qui  lui  avaient  révélé  l'élu  des  dieux.  Ces 
mêmes  augures,  dans  la  cérémonie  solennelle  de  l'intro- 
nisation, manifestaient  en  public  le  choix  divin.  On  voit 
bien  que  dans  un  tel  système  d'élection,  les  prédilections 
politiques  de  l'aristocratie  trouvaient  toujours  moyen  de 
se  faire  jour;  il  n'en  est  pas  moins  vrai  qu'en  principe 
l'autorité  passait  d'une  tête  sur  une  autre  par  une  sorte  de 
transmission  mystérieuse  et  sacrée  à  laquelle  les  hommes 
n'avaient  presque  point  de  part.  L'idée  que  l'élection  fût 
un  droit  national,  n'existait  probablement  pas  dans  les 
esprits  de  ce  temps-là.  Il  est  vrai  que  l'on  distinguait 
dans  la  royauté  deux  choses,  l'autorité  religieuse  et 
l'autorité  politique  ;  sur  cette  dernière  le  droit  des 
hommes  était  manifeste,  et  il  s'exerçait  librement,  .\prcs 
que  les  dieux  avaient  désigné  le  roi,  la  cité  régulière- 
ment réunie  dans  ses  comices  curiates  décidait  si  elle 
donnerait  ou  refuserait  Vimperium,  c'est-à-dire  le  pou- 
voir politique,  à  ces  chefs  du  culte.  Sur  ce  point,  elle 
était  libre  ;  mais  il  ne  parait  pas  qu'elle  ait  jamais  usé  de 
sa  liberté  au  point  de  séparer  deux  choses  que  les 
anciennes  idées  des  hommes  avaient  toujours  conçues 
comme  devant  être  inséparables. 

Les  mêmes  luttes  que  l'histoire  grecque  nous  montre 
partout  entre  les  rois  el  l'aristocratie,  se  retrouvent  à 
Rome.  Les  patriciens,  caste  à  la  fois  sacerdotale  et  mili- 
taire, étaient  exigeants  et  voulaient  être  maîtres.  Ils 
tenaient   non   seulement  au   maintien  de  leur  indépen- 


REG 


827  — 


REG 


dance  vis-à-vis  des  rois,  mais  encore  el  surtout  à  la  con- 
servation de  leur  autorité  sur  les  classes  inférieures  [auc- 
TORiTAS  PATRi'M,  PATRicii,  PLEBs].  Lcs  rois,  de  leur  côté, 
avaient  bien  vile  compris  qu'en  favorisant  ces  classes  el 
en  les  alTranchissant.  ils  augmenteraient  leur  propre 
pouvoir.  Telle  fut  l'origine  du  long  conflit  qui  remplit 
ces  deux  siècles  de  l'histoire  de  Rome.  Romulus  nous  est 
représenté  comme  aimé  des  classes  inférieures,  inulti- 
tudini  f/ralior  quam  palribus  ;  il  fut  assassiné  au  milieu 
d'une  réunion  des  patres.  Tulhis  Hoslilius,  prêtre  peu 
scrupuleux,  chef  militaire  aimé  du  peuple,  auteur  d'une 
première  loi  agraire,  périt  frappé  de  la  foudre  par  les 
dieux  des  patriciens.  Le  premier  Tarquin,  qui  altéra 
l'ancienne  constitution  religieuse  de  la  cité,  fut  assassiné. 
Servius  Tullius,  dont  le  souvenir  resta  toujours  si  cher.à 
la  plèbe,  fut  égorgé  sur  les  marches  du  Sénat.  Tarquin 
le  Superbe  enfin  fut  renversé  par  une  révolution  que  les 
patriciens  dirigeaient. 

Mais  la  royauté  ne  disparut  pas  tout  entière  avec  Tar- 
quin. Les  Romains,  pas  plus  que  les  Grecs,  ne  crurent 
pouvoir  abolir  cet  antique  pouvoir  sacerdotal  que  l'on 
appelait  la  royauté.  Les  Grecs  eurent  toujours  un  ^lailtù;, 
les  Romains  eurent  toujours  un  ?'ex,  même  dans  le 
régime  républicain.  Seulement,  ce  roi  n'eut  plus  que  les 
attributions  religieuses,  et  on  l'appela  rex  sacroriim  ou 
sacrificulus  K  II  continua  à  remplir  toutes  les  fonc- 
tions sacerdotales  des  anciens  rois,  il  fil  les  sacrifices  au 
foyer  public-  [agoxalia,  janus]  ;  il  eut  sa  regia,  et  sa 
femme  s'appela  re^/Hff  ^  Mais  il  lui  fut  rigoureusement 
interdit  de  joindre  à  ses  prérogatives  religieuses  aucune 
des  magistratures  qui  donnaient  quelque  pouvoir  poli- 
tique. S'il  en  possédait  quelqu'une  avant,  d'être  roi,  il 
était  tenu  de  s'en  démettre  \  On  ne  lui  accordait  même 
pas  le  droit  de  haranguer  le  peuple  ;  avant  les  comices, 
c'était  lui  qui  accomplissait  le  sacrifice  d'usage;  mais,  ce 
sacrifice  terminé,  il  devait  s'enfuir  précipitamment  de 
la  place  publique  [regifugiim]  '";  pour  être  bien  sur  qu'il 
n'influerait  pas  sur  les  élections,  on  ne  lui  permettait  pas 
d'y  assister.  Cette  magistrature  ou  ce  sacerdoce  du  roi 
n'était  pas  autre  chose  que  la  moitié  de  la  royauté 
ancienne.  On  s'était  décidé,  en  509,  à  séparer  deux  séries 
d'attributions  que  les  générations  antérieures  avaient, 
sans  les  confondre,  réunies  sur  une  seule  tête.  Le  sacer- 
doce des  rois  subsista  ;  Vimperium  passa  aux  consuls. 

Il  est  digne  de  remarque  que  l'ancienne  royauté  ro- 
maine, si  attaquée  par  l'aristocratie,  ne  laissa  pourtant 
après  elle  aucun  sentiment  de  mépris  ou  de  haine  dans  le 
cœur  des  hommes.  Le  respect  des  générations  continua  à 
s'attacher  à  elle  On  ne  cessa  d'invoquer  le  souvenir  de 
Romulus,  le  père,  le  fondateur,  le  dieu  de  la  cité  [romu- 
lus] ",  tous  les  autres  rois,  à  l'exception  du  dernier,  lais- 
sèrent une  mémoire  que  l'on  alTecta  de  vénérer  Encore 
au  temps  de  César,  on  parlait  du  caractère  sacré  qui  était 
inhérent  à  cette  royauté  antique,  nanctitas  regum.  C'est 
pourtant  une  opinion  reçue  que  le  nom  de  roi  était  odieux 
aux  Romains.  La  preuve  du  contraire  se  rencontre  fré- 

1  [Voir  plus  haul,  p.  8i5,  noie  1,  pour  linseription  du  forum.]  —  2  T.  Mv.  [\,i 
Varr.  Ling.  lat.  VI,  13.  —  3  Serr.  VIII,  363  ;  Macrob.  Sal.  I,  15.  —  VT.  Liv.  XL.  4i 
—  -o  nul.  Ou.  rom.  6i.— 61.  liy.  XXXI,  11.  —  Bibliographie.  Cuire  lc5  hisloircs 
générales,  voir  :  Pour  la  Grèce,  Olf.  MGlIer,  Dorier,  II,  93  st|  ;  Buclisenschiitz,  Die 
Kéenig.  von  Athen,  Berlin,  1835;  Scliômann,  Griech.  AUert/iùmer,  Berlin,  IS71,  1, 
23  sq.  132,  237  :  G.  Gilberl,  Bandb.  d.  griech.  StaatsatterUt.  Berl.  1881-1885,  I. 
41,  116;  II,  265ct372,  3î3;Hermann-Thura5er,  Uandbuchgr.  Staalsallerth.i.ii,  ii. 
52,  61;  Mislsclicnco,  La  royauté  homérique,  dans  Mélanges  Graux,  159  S'i-: 
Pauly  Wjssowu,  Real-Encyct.  art.  ëasilf.cs  (V.  Schaeffer);  P.  Guiraud,  La  propriétr 


quemment  chez  les  anciens.  Ce  mot  était  si  peu  odieux  et 
si  peu  méprisé  qu'il  était  de  règle  de  l'appliquer  aux  dieux 
dans  les  prières.  On  continua  aussi  à  le  donner  comme 
un  litre  d'honneur  aux  hommes  puissants.  Les  dignités 
de  rex  sncroruin  et  d'interroi  subsislèrenl  pendant  loute 
la  République.  Vers  le  temps  de  la  troisième  guerre 
punique,  le  Sénat  accordait  encore  à  ses  alliés  les  plus 
fidèles  le  titre  de  roi  comme  un  litre  précieux,  et  il  leur 
envoyait  en  présent  le  sceptre  d'ivoire  el  la  chaîne 
curule,  insignes  de  ses  anciens  rois'''.  Les  leges  regiae, 
qui  étaient  ou  que  l'on  croyait  l'œuvre  de  ces  rois, 
furent  toujours  l'objet  d'un  grand  respect.  Si  aucun 
usurpateur  chez  les  Romains  n'osa  prendre  ce  titre,  ce 
n'est  pas  qu'il  fût  odieux,  c'est  qu'il  était  sacré.  Il  s'y 
attachait  une  idée  religieuse  que  les  usurpateurs  ne 
voulaient  ou  ne  pouvaient  attacher  à  leur  personne. 
César  l'essaya  peut-être;  il  recula  comme  devant  un 
sacrilège.  Les  empereurs  ne  se  firent  pas  appeler  rois  ; 
leur  pouvoir  était  trop  essentiellement  différent  de 
l'ancienne  royauté  pour  qu'il  leur  vint  à  l'esprit  d'en 
prendre  le  titre.     Fu.stel  de  Collanges. 

REGULA.  —  I.  Instrument  rigide  dont  se  servaient 
les  artisans  pour  tracer  des  lignes  droites  ou  pour  prendre 
des  mesures'.  Dans  la  pratique,  pour  obtenir  une  ligne 
droite  quelconque,  les  charpentiers,  les  tailleurs  de  pierre, 
les  maçons  employaient  souvent,  comme  ils  le  font  en- 
core de  nos  jours,  la  branche  d'une  équerre  [norma]  ;  ils 
se  servaient  aussi  du  pied  à  mesurer,  instrument  com- 
mode à  cause  des  divisions  qu'il  porte  [pes].  Mais  quand 
il  s'agissait  d'obtenir  une  ligne  de  longueur  précise,  il 
fallait  recourir  à  un  instrument  plus  exactement  gradué  ; 
c'est  alors  qu'on  se  servait  de  la  régula.  La  règle  en  bois, 
appeléeJaM^e,  que  les  charpentiers  emploient  pour  tracer 
leurs  ouvrages  et  couper  sur  le  trait,  peut  en  donner  une 
idée.  On  a  découvert  récemment  à  Este  une  petite  plaque 
rectangulaire  en  os  qui  parait  être  un  fragment  de  régula 
(fig.  5923).  L'instrument  a  été  brisé  sur  un  de  ses  côtés- 
les  plus  courts;  une  des  faces,  soigneusement  polie,  est 
ornée  sur  le  bord  supérieur  et  sur  le  bord  latéral  à 
droite  de  trois  lignes  gravées  servant  d'encadrement. 
Sur  le  bord  inférieur  émoussé,  au-dessous  d'une  ligne 
horizontale  plus  profonde  que  les  précédentes,  apparaît 
une  série  continue  de  petits  traits  verticaux,  également 
en  creux,  parallèles  entre  eu.x  comme  ceux  qui,  sur  notre 
double  décimètre,  servent  à  indiquer  les  millimètres.  Ces 
petits  traits  sont  au  nombre  trente-sept  et  forment  trente- 
huit  espaces,  larges  chacun  de  deux  millimètres  envi- 
ron. La  brisure  de  la  plaque  s'est  produite  nettement 
dans  une  rainure  assez  profonde  qui  traversait  l'instru- 
ment dans  sa  hauteur  et  qui  doit  correspondre  à  une  divi- 
sion de  la  régula.  Dans  son  état  actuel,  ce  fragment 
mesure  0",07o  de  longueur,  soit  à  peu  près  la  dimen- 
sion du  palinus,  quart  du  pied  romain.  On  peut  croire 
que,  dans  son  état  complet,  cette  règle  avait  la  longueur 
du  pied  el  comportait  quatre  grandes  divisions  graduées 
correspondant  chacune  à  un  pal/nus^. 

foncière  en  Grèce,  1893,  cliap.  viu,  —  Pour  Rome,  Rubino.  Von  dem  Komgthum, 
Cassel,  1339;Terpstra,  i)e;3op«/o,  rfescHa^u,  rftfre^e  de  inlerregibus,  Roterdam,  1842; 
Scbwegler,  Rôm.  Geschichte  im  Zeitatter  der  Koenige.  Tubing.  I8(;7-I8i;8  ;  Lange. 
Derrôm.  Kônigsthum,  Leipz.  1881;  Herîog.  Gesch.  u.  Syst.  der  rôm.  Slaatwerfas- 
sung,  I,  Leipi.  188i,  p.  32sr(.;Madvig,  Verfass.  und  Verwall  .des  rôm.  Beichs,  Leipr.. 
1881,  I  ;  p.  363  ;  H.  Jordan,  Die  Kônige  im  ait.  ItaCien,  Berl.  1887  ;  Bouché-Leclerq, 
Man.  d.  Inst.  rom.  Paris,  1880,  p.  I3sq.  ;  et  les  auteurs  cites  plus  haut,  p.  825,  n.  I. 
REGUL.\.  I  Vitruv.  VII,  3  ;  Pallad.  1,9;  Pliii.  [list.  nat.  XXXVl,  63,  1  ;  Colum.  III, 
13;  Cicer.  ap.  Non.  II,  7,  18.  —  2  A.  Prosdocimi,  iVotisie  d.  scaiii,  1900, p.  174. 


REI 


—  828  — 


REI 


M23.  —  Ri^gle  jrailuf 


U  y  avait  des  règles  en  bois,  en  os  ou  en  iiuHal.  Sur 
les  lombes  des  artisans  ou  des  soldats,  on  trouve 
(fig.  iOC")  des  représentations  de  ces  instruments  placés 
ordinairement  à  côté  d'un  /lerpendiculi/m  '.  Sur  un  tom- 
beau de  Burnum  en  Dalmatie,  on  a  reconnu  une  règle  à 
mesurer,  longue  de  deux  pieds  et  portant  des  divisions". 

II.  —  On  donnait 
aussi  ce  nom  ù  la 
barre  de  fer  desti- 
née à  soulever  ou 
i\  abaisser  les  pis- 
tons d'une  pompe  ^ 
m.  —  Onappelail 
reyiiltw  des  règles 
de  bois  ou  de  métal 
employées  dans 
certaines  régions,  au  lieu  du  panier  de  jonc,  pour  main- 
tenir la  pulpe  des  olives  placée  sous  le  pressoir  *  'olei m]. 
IV.  —  Des  barres  de  fer.  regulae  ferreae,  servaient  à 
fermer  la  soute  des  navires  qui  transportaient  les  blés. 
Alin  d'éviter  les  fraudes,  on  inscrivait  au  départ  sur  ces 
lames  le  poids  du  blé  convoyé  par  chaque  bateau". 

Héron  tie  Villefosse. 
BEI  VIXDICATIO,  Revendication.  —  Droit  grec.  —  La 
théorie  des  actions  civiles  servant  à  garantir  le  droit  de 
propriété  soulève,  dans  le  droit  attique,  des  difficultés 
nombreuses  et  importantes,  dont  la  solution  est  parfois 
purement  conjecturale.  La  principale  raison  en  est  que 
cette  théorie  ne  peut  guère  se  construire  que  d'après  les 
renseignements  formés  par  les  lexicographes,  à  qui  le 
sens  véritable  des  institutions  de  l'époque  classique 
échappait  bien  souvent,  et  dont  les  diverses  déMnitions 
fragmentaires  paraissent  quelquefois  inconciliables  soit 
entre  elles,  soitavec  le  peu  que  nous  pouvons  trouver  sur 
notre  matière  dans  les  plaidoyers  des  orateurs 

Une  des  principales  difficultés  consiste  à  savoir  quelle 
est  précisément  l'action  au  moyen  de  laquelle  le  pro- 
priétaire peut  faire  valoir  son  droit  sur  sa  chose,  .\-t-il  à 
sa  disposition,  comme  dans  le  droit  moderne,  des  actions 
destinées  à  faire  respecter  sa  possession,  abstraction 
faite  de  la  question  de  propriété?  iN'a-t-il,  au  contraire, 
qu'une  action  péliloire  analogue  à  la  rei  vindicatio  du 
droit  romain  ?  Ou  bien  encore  celte  dernière  action  se 
combine-l-elle  avec  d'autres  qui  en  forment,  en  quelque 
sorte,  les  préliminaires  ?  C'est  là  un  point  très  délicat 
dont  nous  avons  déjà  donné  incidemment  la  solution  en 
étudiant  le  rôle  que  jouent  dans  la  procédure  les  actions 

KNOlKlOf    DIKÈ,    EXOILÈS    riIKK,     KARPOU     DIKÈ,    OlSI.'iS    DIKÈ. 

On  a  pu  voir  que  l'action  réelle,  dans  le  droit  attique, 
n'a  pas  de  nom  spécial,  mais  qu'elle  s'intente  dans  une 
forme  spéciale,  celle  de  la  Sia5ixa<7t«  [diadikasia. 

Proil  romain.  —  La  propriété  est  protégée  à  Rome  de 
diverses  manières.  Elle  a  d'abord  comme  sanction  les 
interdits  possessoires  [imtekdictum]  qui  protègent  la  pos- 
.session  comme  telle,  mais  qui,  par  cela  même,  protègent, 
dans  la  grande  majorité  des  cas,  la  propriété  elle-même, 
à  savoir,  quand  elle  est  jointe  à  la  possession  [possession 
ce  qui  est  le  cas  normal.  Si  le  propriétaire  ne  possède 
pas,  il  ne  peut,  du  moins  à  l'époque  historique,  se  faire 
justice  à  lui-même  en  usant  de  violence  pour  forcer  l'usur- 

'  Cor/i.  ins.  lut.  III.  UïSi,  l;  voir  les  cicmpics  réunis  par  Hi-ron  de 
Villefosw,  UtttiU  tfartitans  romain),  p.  7,  cilr.  des  J/i"™.  lig  la  Aoc  des 
Ant,q.   .1.    Fr.    l.    LXII    (190*).    -    i   C.    i'.    L  111.    I4'.l;i8.  -  3    Vitruv.    X,    li 


pâleur  à  lui  restituer  la  chose  qu'il  détient  indûment. 
Mais  le  droit  lui  ouvre  plusieurs  actions  qu'il  peut  faire 
valoir  devant  les  tribunaux,  actions  qui  varient  suivant 
le  caractère  de  la  propriété,  c'est-à-dire  selon  qu'il  s'agit 
de  la  propriété  quiritaire,  de  la  propriété  prétorienne 
de  la  propriété  provinciale  ou  de  la  propriété  pérégrine. 
1^  Propriété  (juiritaire.  —  Abstraction  faite  des 
actions  pénales  qui  peuvent  proléger  la  propriété  civile 
ou  quiritaire  (action  fiirti  en  cas  de  vol  [furtim],  action 
de  la  loi  ■\quilia,  un  cas  de  damnum  injuria  datum), 
cette  propriété  est  sanctionnée  par  la  rei  vindicatio 
donnée  au  propriétaire  contre  celui  qui  refuse  de  lui 
rendre  sa  chose. 

La  revendication,  qui  est  le  type  des  actions  réelles  du 
droil  civil,  ne  s'est  pas  toujours  intentée  suivanlles  mêmes 
règles.  .\  l'origine,  dans  le  système  des  actions  de  la  loi 
[actio,  LEGis  ACTio],  elle  s'intentait  dans  la  forme  du  SACRA- 
MEiXTUM.  En  matière  de  propriété,  cette  procédure  s'en- 
gageait par  une  double  affirmation  des  parties  qui,  en 
des  termes  solennels,  s'affirmaient  toutes  deux  proprié- 
taires de  la  chose  litigieuse,  avec  un  simulacre  de  combat 
[manuum  conserlio)  relatif  à  la  chose.  La  présence  de 
celle-ci  était  nécessaire  quand  il  s'agissait  d'un  meuble. 
Quand  il   s'agissait   d'un  immeuble,  originairement   le 
préteur  et  les  parties  se  rendaient  ensemble  sur  le  terrain 
litigieux;   dans  la  suite,  les  parties  se   bornaient   à  en 
apporter  une  motte  de  terre  ;  enfin  on  n'exigea  plus  d'elles 
que  le  simulacre  de  s'y  rendre'.  L'objet  du  litige  ainsi 
déterminé,    les    parties   procédaient   au    sacrainenluin 
[actio].  Puis,  après  que  la  possession  intérimaire  de  la 
chose  avait  été  attribuée  par  le  préteur  à  l'une  des  parties, 
qui  fournissait  la  caution  de  rendre  la  chose  et  ses  fruits 
[praedes  litis  et  cindiciarum)-,  le  juge,  saisi  de  la  contes- 
tation   par  suite  de  la  formule  donnée   par  le  préteur, 
avait  à  rechercher  sur  les  preuves  administrées  par  les 
parties,  laquelle  de  celles  ci  avait  fait  un  sarramentum 
Justiiin  ou  injuslum  et  la  décision  sur  ce  point  impli- 
quait comme  conséquence  le  jugement  sur  le  droit  à  la 
propriété.   Quant  à  la  sanction  du  jugement,  il  semble 
bien  résulter  d'un  passage  de  Gaius^  que  la  partie  per- 
dante pouvait  être  contrainte,  s'il  y  avait  lieu,  à  restituer 
la  chose  en  nature. 

Les  formalités  précitées  ne  passèrent  point  dans  la 
procédure  formulaire  [actio],  où  l'on  ne  rencontre  ni  ma- 
naiim  consertio,  ni  sacramentum.  L'expédient  de  la 
gageure  fut,  il  est  vrai,  conservé  pendant  longtemps.  Mais 
la  promesse  de  payer  l'enjeu,  Kponsio,  est  simplement  pré- 
judicielle et  ne  sert  qu'à  engager  l'instance.  .\  la  différence 
de  l'ancienne  procédure  per  sacramentum,  qui  était 
double,  qui  comportait  une  inndicatio  et  une  contra 
vindicatio,  les  deux  parties  jouant  à  la  fois  le  rôle  de 
demanderesse  et  de  défenderesse,  devant  pareillement 
prouver  leur  droit  et  étant  égales  au  point  de  vue  de  la 
preuve,  la  nouvelle  procédure  persponsionem  est  simple, 
c'est-à-dire  qu'il  y  a  un  demandeur  et  un  défendeur  :  le 
demandeur  est  obligé,  pour  triompher,  de  prouver  son 
droit,  tandis  que  le  défendeur  qui  n'a  rien  à  prouver, 
conserve  la  chose  du  moment  que  le  demandeur  ne 
fournit  pas  la  preuve  qui  lui  incombe*. 

L'emploi  de  la  gageure  étant  devenu  une  simple  for- 

—  i    Colum.    -MI.  50.    —    »    C.    i.    l.    111,  14163,    S;   cf.  Rev.  épigr.  V,    p.    13t. 

REI  Vl.NDir.ATIO.  I  Gains.  Comm.  IV,  IC  sq.  ;  1.   I,  §  i  D.  Z)e  rei  rind.  VI,  I  ; 

Cic.  Pro  Murena.  M.  —  ■•  fiaius,  IV,  '6,  91,91.  —  ■<  IV,  4»i.—    4  Gains,  IV,  93,  94 


REl 


82!»  — 


REl 


malilé,  on  finit  par  en  affranchir  et  par  agir  directement 
en  reconnaissance  du  droit  de  propriHé,  per  pe/itoriam 
foj'inulam,  formule  par  laquelle  le  demandeur  réclame 
la  chose  comme  sienne,  inlen/li/  rem  suam  esxe'. 

Dans  le  système  formulaire,  la  procédure  per  xpon- 
sionem  avait  d'abord  existé  concurremment  avec  celle 
jier  pelitoriam  forinulam  ".  Mais  cette  dernière  finit  par 
l'emporter  à  raison  de  sa  simplicité  et  subsista  seule. 
Aussi  la  législation  de  Jutinien  ne  connaît-elle  plus  de 
sponsio,  et  c'est  sur  le  modèle  de  la  formule  instituée  que 
la  procédure  du  droit  nouveau  s'est  formée.  Nous  indi- 
querons ultérieurement  les  résultats  de  cette  procédure, 
après  avoir  préalablement  déterminé  les  conditions 
d'exercice  de  la  revendication. 

Ces  conditions  se  rapportent  soit  à  son  objet,  soit  aux 
parties  qui  figurent  dans  l'instance,  demandeur  et 
défendeur. 

En  ce  qui  concerne  d'abord  l'objet  de  la  revendication, 
celle-ci  étant  la  sanction  du  droit  de  propriété  quiritaire 
[domimimI,  exige  comme  objet  une  chose  susceptible  de 
ce  droit  :  elle  est  donc  inapplicable  aux  fonds  provinciaux 
et  peut-être  originairement  aux  choses  nec  mancipi.  La 
revendication  suppose,  d'un  autre  côté,  une  chose  corpo- 
relle dans  le  commerce,  meuble  ou  immeuble,  fongible 
ou  non  fongible.  De  plus,  la  propriété  supposant  un  objet 
individuellement  déterminé,  la  revendication  ne  peut 
porter  sur  une  universalité  de  droit,  unirersitas  Jiiris: 
celui  qui  réclame  un  patrimoine  ou  une  quote-part  de 
patrimoine  doit  agir  au  moyen  de  la  pétition  d'hérédité  '. 
Pour  pouvoir  exercer  la  revendication,  le  demandeur 
doit  d'abord  alléguer  son  droit  de  propriété  quiritaire; 
celte  condition  exclut  de  la  revendication  les  personnes 
qui  ne  sont  pas  susceptibles  de  cette  propriété,  les  péré- 
grins,  ainsi  que  ceux  qui  ont  acquis  seulement  par  un 
des  modes  prétoriens,  les  propriétaires  prétoriens.  Mais 
une  fois  la  propriété  quiritaire  acquise,  peu  importe 
qa'elle  dérive  d'un  mode  du  droit  civil,  ou  d'un  mode  du 
droit  des  gens  '.  Le  demandeur  doit  prouver,  d'autre  part, 
que  le  défendeur  est  en  possession  de  la  chose  réclamée, 
car  c'est  précisément  cette  possession  qui  constitue  la 
la  lésion  de  droit  du  demandeur". 

La  rei  vindicalio  peut  être  exercée  d'abord  contre  celui 
qui  possède,  peu  importe  que  ce  soit  un  véritable  posses- 
seur, ou  un  simple  détenteur,  tel  qu'un  locataire  ^  Mais 
le  détenteur  actionné  en  revendication  peut  détourner  de 
lui  la  poursuite  en  désignant  la  personne  pour  le  compte 
de  laquelle  il  détient  la  chose'.  11  peut  arriver  toutefois 
dans  deux  cas  qu'une  personne  soil  soumise  à  la  rei  riii- 
dicatio  quoiiiue  ne  possédant  pas  la  chose  litigieuse.  La 
revendication  est  possible  d'abord  contre  celui  qui  a 
cessé  de  posséder  par  dol,  en  faisant  passer  la  possession 
à  un  tiers,  ou  bien  en  détruisant  ou  en  abandonnant  la 
chose*.  Elle  l'est,  en  second  lieu,  contre  le  possesseur 
fictif,  c'est-à-dire  contre  celui  qui,  ne  possédant  pas,  s'est 
fait  passer  frauduleusement  comme  possesseur  et  a 
assumé  le  rôle  de  défendeur,  ce  qui  n'empêche  pas.  d'ail- 
leurs, le  véritable  possesseur  d'être  encore  passible  de  la 
rei  vindicatio^. 


1  Gaius,  IV,  9ï  ;  Cic.  In  Verrem.  Il,  2,  12.  _  2  Gaius,  IV,  91.  —  3  L. 
I,  §  3  D.  De  rei  rindic.  —  t  L.  S3.  pr.  D.  Cod.  Hl.  —  5  Insl.  Jusl.  §  i. 
De  act.  IV,  i;  1.  8,  §  6  D.  Ut.  po».  XLllI,  1*.  —  6  L.  9  D.  i)<;  rti  vind. 
—  1  t.i  c.  Ubi  in  rem  act.  III.  19.  —  »  L.  131  D.  De  reg.jur.;  I.  i:  ;  I.  57 
I  3,  De  rei  vind.   —   9  L.   25  D.    De  rei  viiul.  —    '»  l.aïus,  IV.  89  el  9.    —  Il  L. 


Dans  la  procédure  per  formulam  petitoriatn,  on  main- 
tient provisoirement  l'état  de  chose  existant  au  jour  de  la 
litis  cfinteslado,  et,  par  suite,  le  défendeur,  qui  est  pos- 
sesseur de  la  chose,  la  garde  pendant  la  durée  de  l'ins- 
tance. Mais,  en  retour  des  avantages  que  lui  procure 
cette  possession,  \\ào\\.ioyirn\T\\necautiojudiv(itii7nsolvi 
tendant  à  assurer  l'exécution  des  restitutions  ou  condam- 
nations prononcées  parle  juge  '". 

Dans  la  procédure  précitée  le  demandeur  seul  affirmait 
un  droit  de  propriété  sur  la  chose,  c'est  à  lui  seul  qu'in- 
combe la  prétention  de  prouver  son  droit  Le  défendeur 
qui  n'élève  pas  de  prétention  rivale  à  la  propriété,  n'a 
rien  à  prouver.  Pour  triompher  et  garder  la  chose,  il  lui 
suffira  de  détruire  les  arguments  de  son  adversaire,  au 
fur  et  à  mesure  qu'ils  se  produisent  ".  Cette  situation 
avantageuse  faite  au  défenseur,  c'est-à-dire  au  possesseur, 
explique  l'importance  et  le  rôle  des  interdits  possessoires 
iiti  po.isideti>;  et  iitrubi,  servant  de  préliminaire  à  la 
revendication  et  fixant  par  avance  la  situation  respective 
des  deux  adversaires  dans  le  procès  sur  le  fond,  pour 
savoir  uter  possidere,  uter  petere  debeat  '-. 

Le  défendeur  peut  d'ailleurs,  sans  contester  le  fonde- 
ment de  l'action,  opposer  diverses  exceptions  au 
demandeur,  .\insi  d'abord,  il  peut  paralyser  la  poursuite 
au  moyen  delà  praescriptio.  Le  même  résultat  peut  être 
obtenu,  suivant  les  circonstances,  par  Vexceptio  rei 
judicatae,  et  par  des  exceptions  analogues  fondées  sur 
l'aveu,  sur  le  serment  ou  sur  une  transaction '^  Parmi 
les  moyens  de  défense  à  la  disposition  du  défendeur  nous 
citerons  enfin  Vexceptio  rei  venditae  el  traditne,  fondée 
sur  ce  fait  que  le  demandeur  lui-même  a  mis  le  défendeur 
en  possession,  en  vertu  d'une  Justa  causa  qui  l'obligeait 
aie  faire".  Lorsque  le  demandeur  a  fait  sa  preuve  el 
qu'il  n'y  a  pas  d'exception  de  prouvée  à  son  encontre,  le 
juge,  avant  de  prononcer  contre  le  défendeur  une  con- 
damnation pécuniaire,  conformément  au  principe  du 
système  formulaire,  fixe  en  vertu  de  son  pouvoir  f«;"6(- 
trium)  les  restitutions  qu'il  doit  opérer  et  lui  donne 
l'ordre  (jussus)  de  les  exécuter. 

Ces  restitutions  comprennent  la  chose  revendiquée 
avec  tous  ses  accessoires,  cuin  omni  causa.  En  ce  qui 
concerne  la  causa,  le  principe  est  que  le  demandeur  qui 
triomphe,  doit,  dans  tous  les  cas,  avoir  la  même  situation 
et  les  mêmes  avantages  que  s'il  eût  obtenu  satisfaction 
au  moment  même  de  la  lids  contestât io^'".  Il  en  résulte 
notamment  que  le  défendeur,  que!  que  soit  le  caractère 
de  sa  possession,  doit  restituer  tous  les  fruits  de  la  chose, 
non  seulementceux  qu'il  a  réellement  perçus,  mais  encore 
ceux  que,  par  sa  faute,  il  a  négligé  de  percevoir '^  Il  doit 
également  l'indemnité  des  pertes  et  détériorations  qui 
sont  arrivées  par  son  fait  et  par  sa  faute'''.  Quant  à  la 
période  antérieure  à  la  litis  conlestalio,  le  possesseur 
de  mauvaise  foi,  qui  est  responsable  de  son  dolus  prae- 
teritus,  du  jour  même  où  a  commencé  sa  possession, 
doit  restituer  tous  les  fruits  qu'il  a  perçus  ou  qu'il  a 
négligé  de  percevoir  avant  la  litis  contestatio.  Quant  au 
possesseur  de  bonne  foi,  à  l'époque  classique,  il  garde 
tous  les  fruits  qu'il  a  perçus  avant  ce  moment  et  qu'il  a 


16  C.  De  probat.  VI,  319.  —  i-'  Uafus.  IV.  US.  —  n  L.  30,  §  1  b. 
rie  exeept.  rei  jud.  XI.IV,  î,  I.  S  6,  §  2.  D.  De  exeep.  XLIl.  i;  I.  Il 
s  3  D.  Dejurejur.  XII,  S.  —  '4  I-.  l  D.  De  exeept.  rei  vend,  et  trad.  XXI,  3. 
-  15  L.  20,  l).  De  rei  vind.  —  i«  lusl.  %  i  De  offic.  judic.  IV,  17.  —  i:  L.  13, 
De  rei  vind. 


REI 


—  830  — 


REL 


faits  sien-;  dès  qu'ils  ont  été  séparés  de  la  cliose.  Mais 
sous  Juslinien.  il  ne  garde  que  les  fruits  consommés  et 
doit  rendre  les  fruits  existant  encore  en  nature'. 

Le  montant  des  restitutions  peut  être  diminué  du 
montant  des  prestations  dont  le  demandeur  peut  être 
lui-même  tenu  envers  le  défendeur.  Celui-ci,  en  effet, 
peut,  selon  les  circonstances  obtenir  le  remboursement 
des  impenses  ([u'i!  a  faites  sur  la  chose  revendiquée.  Les 
impenses  nécessaires  doivent  être  restituées  à  tout  pos- 
sesseur, le  voleur  excepté-.  Quant  aux  autres  impenses, 
le  défendeur  a  le  droit  de  les  enlever,  s'il  peut  le  faire 
sans  détériorer  la  cliose,  à  moins  que  le  demandeur  ne 
préfère  les  garder  en  ofTrant  d'en  payer  le  prix.  Si  le 
résultat  des  impenses  ne  peut  être  séparé  de  la  chose,  le 
possesseur  de  bonne  foi  peut,  en  général,  exiger  d'être 
indemnisé  des  impenses  utiles  qui  ont  augmenté  la  valeur 
de  la  chose,  l'indemnité  étant  fixée  par  le  juge  d'après  les 
circonstances,  ordinairement  jusqu'à  la  concurrence  de 
ce  dont  la  valeur  de  la  chose  se  trouve  augmentée.  Le 
possesseur  de  mauvaise  foi  ne  peut  rien  réclamer  du 
chef  d'impenses  simplement  utiles.  Dans  tous  les  cas,  le 
défendeur  doit  faire  insérer  l'exception  de  dol  dans  la 
la  formule  de  la  rei  indiratio  pour  que  le  juge  ait  le 
pouvoir  de  tenir  compte  des  impenses  ^ 

A  la  suite  du  Jussus.  plusieurs  hypothèses  peuvent  se 
présenter  :  1°  si  le  défendeur  obéit  à  cet  ordre,  le  juge 
donne  une  sentence  d'absolution  en  sa  faveur;  2°  le 
défendeur  est  encore  absous  dans  le  cas  où  il  se  trouve 
dans  l'impossibilité  de  restituer  par  suite  de  la  perte  de 
la  chose  par  cas  fortuit  depuis  la  litis  contestatio.  Si  tou- 
tefois il  est  en  demeure,  il  est  responsable  delà  perte  et 
doit  être  condamné  *.  Si  le  défenseur  n'obéit  pas  à 
l'ordre  du  juge,  soit  par  mauvaise  volonté,  soit  parce 
qu'il  s'est  mis  par  dol  ou  faute  dans  l'impossibilité  deresti- 
tuer,  le  juge  prononce  contre  lui  une  condamnation  pécu- 
niaire. Le  montant  en  est  fixé  soit  par  une  évaluation  que 
le  demandeur  était  admis  à  faire  lui-même  sous  serment, 
quand  le  défendeur  était  it^  r/o/o  ou  refusait  la  restitution, 
bienqu'il  eùtla  chose  en  son  pouvoir,  lejugeayant  toute- 
fois le  pouvoir  de  prévenir  par  une  taxai io  une  évaluation 
excessive,  soit  par  l'estimation  du  juge  lui-même,  quand 
le  défendeur  avait  cessé  de  posséder  par  simple  faute  '". 

La  menace  de  la  condamnation  pécuniaire  fixée  dans 
ces  conditions,  soit  par  le  juge,  soit  par  le  demandeur 
lui-même,  amène  indirectement  le  défendeur  à  restituer 
la  chose.  Mais  s'il  persiste  à  la  refuser,  sa  résistance  ne 
peut-elle  pas  être  brisée  par  la  force  manu  ini/itari'! 
L'affirmative  est  certaine  dans  le  droit  de  Justinien.  Mais 
on  se  demande  si  telle  était  déjà  la  docirine  du  droit 
classique  ou  si,  au  contraire,  le  propriétaire  n'était  pas 
alors  obligé  de  se  contenter  d'une  condamnation  pécu- 
niaire. La  question  est  très  controversée*. 

La  rei  viiifiiculio  sert  à  protéger  le  propriétaire  quiri- 
laire  contre  toute  prétention  rivale  de  la  sienne  et 
portant  sur  la  pleine  propriété  même.  Mais  si  un  tiers. 


1  Inst.  Ibid.  —  î  L.  5  C.  Z*e  rei  vind.  111,  Si.  —  3  L.  36,  §  35.  D.  De 
her.  pet.  V,  3;  I.  37,  38  et  48.  D.  De  rei  rind;,!.  3  C.  De  rei  vind.  —  4L. 
15,  §  3,  D.  De  rei  vind.  —  5  L.  5,  §§  là  3,  D.  De  in  Ut.  jur.  XII,  —  6  Voir 
sur  ce  point  Accariag,  Précis  de  droit  rom.  t.  II,  n»  8G7.  —  "  Cf.  Girard, 
Manuel  de  dr.  rom.  i'  éd.  p.  iJÏ.  —  8  Girard,  Loc.  cit.  p.  3*6.  —  Voir 
sur  la  Jiei  vindicatio  :  Accarias,  Loc.  cil.  t.  i,  n"  804  et  I  ;  May,  Elém. 
de  dr.  rom.  8«  éd.  n"  296  si|.  :  Maynz,  fours  de  dr.  rom.  4'  éd.  t.  1, 
p.  767  sr[.  ;  Ed.  Cuq.  Les  Jnstit.  juvid.  des  Romains,  p.  2,  p.  i52  sij.  : 
Pellat.   Exposé  des  principes  du    droit   romain    sur  la  propriéti',   p.    107    sq,  ; 


sans  contester  le  droit  de  propriété,  prétend  avoir  sim- 
plement un  droit  de  servitude  portant  sur  la  chose,  le 
propriétaire  a  contre  lui  Vnctio  ner/atnria,  dans  laquelle  il 
nie  la  servitude  [servitus]. 

IL  Propriété  prétorienne.  —  Le  titulaire  de  la  pro- 
priété prétorienne  ou  in  bonis  peut  recourir,  pour  la  pro- 
tection de  son  droit,  à  une  action  spéciale,  l'action 
publicienne  [pi'bliciana  actio],  dont  la  théorie  a  été  pré- 
cédemment exposée. 

IIL  Propriété  provinciale.  —  La  propriété  des  fonds 
provinciaux  ne  peut  être  protégée  ni  par  la  rei  vindi- 
catio,  qui  suppose  un  objet  romain,  ni  par  l'action  publi- 
cienne, qui  suppose  un  objet  de  même  nature.  On  admet 
que  cette  propriété  pouvait  faire  l'objet  d'une  revendica- 
tion spéciale,  conçue  sur  le  modèle  de  la  rei  vindicatio, 
avec  quelques  modifications  dans  la  formule'. 

W .  Propriété pérégrine.  — La  propriété  reconnue  aux 
pérégrins  ne  pouvait  être  protégée  par  les  actions  du 
droit  civil,  qui  supposent  un  propriétaire  civil.  Mais  la 
revendication  devait  lui  être  étendue,  soit  par  la  suppres- 
sion des  mots  ex  jure  Quiritium  dans  la  formule,  soit 
par  une  fiction*.     L.  Beauchet. 

RELiVTIO.  —  Ce  mot  désigne  :  1°  Les  propositions 
faites  au  Sénat  par  les  magistrats  compétents  et  aussi 
plus  tard,  sous  l'Empire,  par  l'empereur  [senatlsJ. 

2°  .\u  Bas-Empire,  les  rapports  adressés  à  la  chancelle- 
rie impériale  par  les  magistrats  au  sujet  des  jugements 
contre  lesquels  une  des  parties  a  intenté  appel  devant 
l'empereur  [appellatio  ;  judex,  p.  6411. 

3°  Les  consultations  adressées  à  l'empereur  par  les 
magistrats  sur  toutes  les  matières,  judiciaire,  législative, 
administrative.  Elles  s'appellent  aussi  consultationes, 
suggestiones.  En  matière  judiciaire,  au  civil  et  au  crimi- 
nel, le  juge  peut,  dans  des  questions  difficiles,  pour 
toutes  sortes  de  raisons,  sauf  quand  il  n'y  a  en  jeu  que  la 
plainte  d'une  des  parties,  demander  l'avis  de  l'empereur. 
11  envoie  à  la  chancellerie  les  pièces  de  l'affaire,  les 
conclusions  des  parties,  son  avis  personnel  ;  les  parties 
ne  doivent  pas  se  présenter  à  la  cour  dans  l'année  qui 
suit  ;  c'est  seulement  ensuite  qu'elles  peuvent  venir  hâter 
ladélivrancedelaréponse  impériale  expédiéeaumagistrat 
sous  la  forme  d'epistu/a  ou  de  rescrit  ^rescriptuMj  '.  C'est 
pour  les  matières  législatives  et  administratives  que  la 
relatio  a  été  le  plus  fréquemment  employée,  comme  le 
montrent  les  correspondances  officielles  de  Pline,  gouver- 
neur de  Bithynie,  et  de  Symmaque,  préfet  de  Rome,  avec 
les  empereurs  -.  Tout  chef  de  service,  depuis  les  simples 
gouverneurs  jusqu'aux  préfets  du  prétoire,  peut  et  doit,  le 
cas  échéant,  demander  des  instructions  à  l'empereur  ^ 
Elles  sont  rédigées  et  envoyées  principalement  par  le 
scrinium  epistolarum  Tepisti'LIs  (abM;  mais,  au  Bas- 
Empire,  c'est  généralement  la  relatio  ou  la  suggeslio  des 
grands  magistrats,  surtout  des  préfets  du  prétoire,  qui  est 
la  base  de  la  réponse  impériale,  quelle  qu'en  soit  la  forme 
extérieure,  lettre,  rescrit,  loi,  édit'.       Ch.  Lécrivais. 


Welzoll,  JRômische  Vindicationsprocess  :  Pfersche,  Privatrechtl.  Abhandl.  p.  1  sq. 
RELATIO.  I  Cod.  Theod.  1.  2,  9  ;  1 1,  29:  11,  30,34,47,53;  Cod.  Just.  1,  14:7, 
6î.  _  2  Plin.  et  Trai.  Ep.  10  ;  Symmacli.  Ep.  10.  —  3  Const.  Sirmond.  1  pr.  et 
11  ;  C.  Th.  1,  15,  2,  3,  8  ;  8,  4,  4;  10,  9,  2;  15,  5,  4;  C.  Just.  I,  14,  2, 
11;  7,  62,  31;  1,  50,2;  Non.  Theodos.  11,  lit.  4,  i  pr.;  5,  i  pr.  3,  1  ;  7, 
1  pr.   2;    10,    1   pr.;    15,     1,    1,   2;    18  pr.\  36,    1,    1;    Nov.    Valentin.    III,    l, 

1,  i  ;   2,  2,   1-3  ;    4,  1  ;   7,   1  pr.  1,   2  ;    21  ;   23.    1  ;    35,    1  ;   Noi:    Harltan. 

2,  3    pr.    4;    Nov.  lUajoriau.    5,   1  pr.   (où   il   y   a    le  mot   insinuatio);  Haenel, 
Corp.  leg.  p.  238.  —  4  Corp.  ins.  lat.  3.  352;  iVor.  Theodos.  II,  18. 


REL 


—  831 


REL 


BELIGIO  i0£(>(7£g£La,  eJoeosh  .  —  \.  Le  mot,  ('■tijino- 
logie  et  signification.  —  Lélymologie  du  mot  lalia 
religio,  dont  les  termes  grecs  OEC/déêeia,  eùséêeia,  ne  sont 
que  des  synonymes  approximatifs,  est  incertaine.  Les 
anciens  eux-mêmes  n'étaient  pas  d'accord  sur  l'origine 
et  le  sens  le  plus  ancien  du  mot.  Us  proposent  trois 
solutions  du  problème  :  1°  Religio  dérive  du  verbe  rele- 
gereou  religere,  dont  la  composition  est  symétrique  de 
celle  des  verbes  diligere,  eligere,  inle/ligere  :  sous  la 
forme  religere,  on  ne  cite,  et  encore  à  titre  exceptionnel, 
que  le  participe  religens  (accus.  :  religenteni):  mais  la 
forme  re/egere  était  courante  dans  le  latin  classique. 
Cette  étymologie  est  signalée  par  Cicéron,  qui  parait 
bien  l'adopter  ',  et  par  .\ulu-Gelle,  d'après  un  vers  d'un 
ancien  poème  que  cite  le  grammairien  P.  Nigidius  Figu- 
lus^  Le  sens,  qui  se  rattache  à  cette  étymologie,  est 
indiqué  par  Cicéron  :  Qui  oninia,  (/uae  ad  cultum  deo- 
rum  pertinerent,  diligenter  retractarent  et  tanquam 
relegerent,  sunt  dicti  re/igiosi  ex  relegendo....  Dans  ce 
passage.  Cicéron  oppose  \a  religio,  qui  est  une  qualité, 
à  la  supersiitio,  qui  est  un  défaut. 

2°  Religio  vient  du  verbe  religare,  lier,  attacher  ;  le 
mot  exprime  le  lien  qui  unit  l'homme  à  la  divinité.  Cette 
étymologie  parait  être,  elle  aussi,  assez  ancienne,  bien 
qu'elle  ne  soit  mentionnée  explicitement  que  par  Lac- 
tance',  Saint-.\ugustin  '  et  Servius,  le  commentateur 
de  Virgile  ^  Il  semble  que  ce  soit  elle  qui  ait  inspiré 
à  Lucrèce  les  vers  souvent  cités:  ...  et  arctis...  Relli- 
gionitm  animum  nodis  exsolvere  pergo^;  à  P.  Nigidius 
Figulus  la  phrase  que  rapporte  Aulu-Gelle  :  Quocirca 
religiosiis  /<  appeltabatur,  qui  nimia  et  superstitiosa 
religione.iese  ulligacerat'  ;  à  Tacite  l'expression  :  A'una 
religionibus  et  divine  Jure  populum  devinxit*. 

3°  Religio  dérive  du  verbe  relinquere  :  cette  étymo- 
logie fut  soutenue  parle  jurisconsulte  Masurius  Sabinus 
dans  ses  Commentarii  de  indigenis  :  "  Religiosum  est 
quod  propter  sanctilatem  aliquain  j-emotum  ac  repo- 
situ/n  a  nobis  est,  verbum  a  relinquendo  dirtum  "  »  : 
elle  avait  été  proposée,  dès  l'époque  de  Cicéron,  par 
P.  Servius  Sulpicius  '". 

Cette  dernière  étymologie  n'a  trouvé  chez  les  modernes 
aucun  partisan.  Schoemann  parait  préférer  celle  (jui  rat- 
tache le  mot  religio  au  verbe  religare:  du  moins,  il  en  a 
affirmé  la  pleine  et  entière  possibilité".  La  plupart  des 
philologues  se  rallient  à  l'étymologie  qui  rapproche  les 
mots  religio,  religiosus,  de  religens,  religere,  relegere  '-. 
D'après  Vanicek,  la  racine  primitive  lag.  qui  a  servi  à 
former  les  \erbes  légère,  diligere,  eligere,  religere,  etc.. 
exprimait  l'idée  de  soin  respectueux  mêlé  de  crainte  ". 
Tel  parait  bien  être  aussi  le  sens  que  Cicéron  attribue  à 
la  véritable  religio  :  il  distingue,  il  oppose  même  la 
religio  el\&  superstitio,  dans  laquelle,  dit-il,  inest  timor 
inanis  deorum  "  ;  la  religio,  pour  lui,  deorum  cultu  pio 
continetur^''  ;  elle  existe  chez  les  hommes;,  quum  rébus 
divinis  operain  dont  "'.  Ailleurs,  il  la  définit  ainsi  : 
religio...,   quae  in  metu   et  caeri/nonia  deorum  .s//'   ; 


RELIGIO.  1  De  nat.  deor.  11,  2S,  7i.  —  2  Aoct.  allk.  IV,  'J,  1.  —  »  Dhiii. 
InsCilul.  IV,  Ï8.  —  »  Rétractât.  I,  13.  — 5  kiAen.  V111.3W.  —  6  1,930.  —TXocl. 
altic.  IV,  9,  2.  —  »  Annat.  III,  20.  —  »  Uell.,  Noct.  attic.  IV,  9,  8.  —  '0  Macr.. 
Sattirn.  111,  3.  —  Il  Vanicek,  Griech-tntcin.  etymol.  Wûrterbuch,  p.  630.  —  '- 
Id.  ibid.  p.  829.  —  '5  Vanicek,  loe.  cil.  «  retig-ens,  sicli  (um  die  GôUer)  kum- 
mernd,  gottesfûrchlig.  ■  —  >*  Iir  nat.  deor.  1.  *2,  117.  —  '!■  Jbid.;  cf.  1,  23. 
60;  II,  3,  8.  —  '«  Ibid.  II,  M.  —  n  Ùe  Invent.  Il,  22.  —  '8  Ibid.  II,  53.  —  '9 


ou  encore  :  religio  est,  quae  superioris  cujusdam  natu- 
rae,  quam  divinam  vacant,  curam  caerimoniatnque 
offert  '*.  Ce  qui  ressort  de  ces  diverses  citations,  semble- 
t-il,  c'est  que  pour  Cicéron  le  mot  religio  exprimait  un 
sentiment  assez  complexe  :  le  respect,  mêlé  de  crainte,  à 
l'égard  des  dieux  et  le  souci  de  leur  rendre  les  homma- 
ges qui  leur  sont  dus  [cultus,  cultus  plus,  cura,  metus, 
caerimonia).  Les  divers  sens,  plus  particuliers,  que  le 
mot  a  eus  dans  la  langue  latine,  se  rattachent  les  uns 
(scrupule  pieux,  conscience,  terreur  superstitieuse)  à 
l'idée  du  respect  mêlé  de  crainte  ;  les  autres  (cérémonies 
et  pratiques  religieuses,  lois  religieuses,  objets  sacrés, 
etc.),  à  l'idée  du  culte  et  des  hommages  dus  aux  dieux. 
Ce  même  sentiment  fut  exprimé  en  grec  par  les  mots 
6£(/t;£0£ia,  £ÙiTÉo£!a.  La  racine  ceS  exprime  précisément 
l'idée  de  respect  envers  la  divinité.  D'après  Schoemann, 
le  mot  ôù(7É?Eioi  suppose  la  reconnaissance  volontaire  d'un 
principe  supérieur,  auquel  l'homme  se  sent  au  dedans 
de  lui  tenu  de  payer  un  tribut  de  respect".  De  même 
que  Cicéron  opposait  religio  à  supersiitio,  de  même  en 
grec,  au  moins  sous  l'Empire,  on  opposait  eJîéSe'.ï  à 
S£!<7toa!u.ov['a  ^^. 

Ce  qu'il  faut  entendre  par  religio,  eJtéSeii,  c'est 
donc  le  sentiment  proprement  religieux,  le  sentiment 
qu'éprouve  à  l'égard  de  la  divinité  l'homme  qui  ne  se 
laisse  pas  aller  aux  terreurs  irraisonnées  et  aux  pratiques 
minutieuses  de  la  superstition,  mais  qui,  d'autre  part, 
croit  vraiment  à  l'existence  des  dieux  et  ne  substitue  pas 
à  cette  croyance  une  théorie  philosophique.  Il  nous 
parait  utile  de  préciser  ce  qu'était  ce  sentiment  en  Grèce 
et  à  Rome,  chez  les  individus,  dans  les  groupements  so- 
ciaux et  politiques.  Nous  renvoyons  à  l'article  ritis 
l'étude  des  actes  par  lesquels  il  s'exprimait. 

II.  Le  sentiment  religieu.c  en  Grèce.  —  Pour  bien 
comprendre  ce  qu'est  chez  un  peuple  le  sentiment  reli- 
gieux, il  faut  d'abord  déterminer  comment  ce  peuple  se 
représente  la  divinité.  Quelques  mots  sont  donc  néces- 
saires ici  sur  la  conception  qu'avaient  les  Grecs  des 
dieux  et  des  déesses  auxquels  ils  rendaient  un  culte. 
-Nous  ne  rechercherons  pas  quelle  était,  pendant  la  pé- 
riode des  origines,  la  forme  de  ces  dieux  et  de  ces 
déesses;  si  jamais,  par  exemple,  comme  certains  savants 
modernes  1  affirment,  les  Grecs  ont  adoré  des  pierres  en 
tant  que  pierres,  des  plantes  en  tant  que  plantes  et  des 
animaux  en  tant  qu'animaux-'.  Nous  voulons  nous  en 
tenir  à  la  période  historique,  pendant  laquelle  sans 
doute  survivaient  des  concepts  et  des  rites  plutôt  magi- 
ques que  proprement  religieux --,  mais  où,  cependant, 
l'idée  qu'on  se  faisait  des  dieux  et  des  déesses  présente 
un  caractère  religieux  indéniable. 

A  cette  époque,  la  mythologie  et  la  religion  grecque 
étaient  anlhropomorphiques.  Les  divinités  étaient 
conçues  sous  la  forme  d'êtres  humains,  non  soumis  sans 
doute  à  la  plupart  des  faiblesses  physiques  de  la  nature 
humaine,  mais  qui  en  possédaient  néanmoins,  à  un 
degré    supérieur,    les   qualités,    les    défauts,    les    pas- 

Antiq.  yrecques  (Irad.  fr.),  II,  p.  189.  —  M  Id.  Ibid.  p.  189.  noie  1.  —21  Chantepic 
de  la  Saussaye,  Manuel  d'histoire  dea  relit/ions,  Irad.  Hubcrl-Lévy,  p.  iyô-WO  ;  cf. 
de  Visser  De  Graecorum  diia  non  referentibus  speciem  humanam:  S.  Hcinacli, 
Cultes,  mythes  et  religions,  i  vol.  passim.  —  22  Sur  la  dislinction  de  la  religion  cl 
de  la  magie,  voir  Frazer,  Le  Rameau  d'or,  Irad.  franc.  1.  1,  p.  <)6  sq.  ;  sur  la  s'urvi- 
\ance,  à  l'époque  hislorique  de  l'hisloire  gfccque.  de  riles  el  cODCcpls  plulùl  magi- 
ques, 0.  Gruppe,  Griechische  Mythologie  und  Reliywnyescliichie.^iS':  sq.;  p.  1 18  s.,. 


REL 

sions'.  Dieux  et  déesses  existaient,  pour  les  Grecs  des 
temps  historiques,  en  dehors,  nu-dessus  des  phénomènes 
piiysiques  qu'ils  personnifiaient,  des  idées  morales,  socia- 
les, politiques  qu'ils  représentaient.  Il  est  fort  possible, 
comme  Gruppe  l'a  brillaamient  soutenu,  que  la  poésie  et 
les  arts  plastiques  aient  puissamment  contribué  à  préci- 
ser ainsi  la  physionomie  de  chaque  divinité  ;  que,  sans 
les  poèmes  homériques  et  sans  Phidias,  Zeus  eût  été 
moins  majestueux,  Alhèna  moins  pure  et  d'une  beauté 
moins  idéale  :  mais,  quelles  que  soient  les  causes  qui 
aient  concouru  à  la  formation  de  la  mythologie  grecque, 
il  nous  parait  incontestable  que  l'un  de  ses  caractères 
fondamentaux  fut  d'être,  à  tous  les  points  de  vue,  pro- 
fondément humaine  '. 

Les  êtres  divins,  conçus  sous  une  forme  humaine  par 
l'imagination  hellénique,  n'en  étaient  pas  moins  diffé- 
rents de  l'homme  et  supérieurs  à  lui  par  leur  puissance. 
Cette  puissance  s'exerçait  dans  le  domaine  de  la  nature 
physique,  dans  le  monde  des  idées  morales,  sociales, 
politiques.  Beaucoup  de  divinités  grecques  passaient 
pour  présider  aux  principaux  éléments  et  aux  grands 
phénomènes  delà  nature  :  Zeus  régnait  sur  l'atmosphère 
et  lançait  l'éclair;  Poséidon  commandait  aux  flots,  qu'il 
pouvait  apaiser  ou  soulever  à  son  gré  ;  Demèter  person- 
nifiait la  terre  féconde,  productrice  des  moissons; 
lléphaestos  dirigeait  la  force,  à  la  fois  créatrice  et  des- 
tructrice, de  la  flamme,  etc  .  L'imagination  poétique 
des  Grecs  avait  peuplé  toute  la  nature,  depuis  les  astres 
du  firmament  jusqu'aux  profondeurs  du  sol,  d'êtres  divins 
conçus  sous  la  forme  humaine,  mais  plus  puissants  que 
l'homme.  Il  en  fut  de  même  du  monde  intellectuel  et 
moral:  la  pensée,  l'inspiration  poétique  et  artistique,  la 
justice,  le  courage,  etc.,  les  qualités,  les  vertus,  les  pas- 
sions, le  bonheur  et  le  malheur  étaient  considérés  par 
les  Grecs  comme  donnés  ou  refusés  aux  hommes  par  des 
dieux  et  des  déesses  '.  En  lui-même  comme  hors  de  lui, 
le  Grec  sentait  partout  et  à  tout  instant  l'action  d'une 
divinité'.  Cette  action  ne  s'exerçait  pas  seulement  sur 
l'individu  et  la  vie  individuelle.  Elle  surveillait  les  rela- 
tions des  individus  entre  eux,  présidait  aux  divers  grou- 
pements et  aux  manifestations  variées  de  la  vie  sociale. 
Que  les  relations  des  hommes  entre  eux  fussent  paci- 
fiques ou  guerrières,  amicales  ou  hostiles,  qu'il  s'agît  de 
combats,  de  traités,  d'hospitalité,  de  serment,  etc.,  un 
dieu  était  toujours  censé  y  intervenir.  La  famille,  la 
tribu,  le  dème,  la  cité  avaient  leurs  divinités  protec- 
trices; les  actes  les  plus  importants  delà  vie  domestique, 
de  la  vie  civile,  de  la  vie  politique,  s'accomplissaient  sous 
l'invocation  et  la  garantie  d'un  dieu  ou  d'une  déesse '. 

Cette  conception,  profondément  religieuse,  du  monde 
matériel  et  moral,  de  l'existence  individuelle  et  sociale, 
la  pensée  grecque  ne  l'appliquait  pas  moins  au  double 
problème  de  l'origine  du  monde  et  de  la  destinée  de 
l'àme  après  la  mort.  De  là  étaient  nées,  d'une  part,  les 
théogonies  et  les  cosmogonies  "  ;  d'autre  part,  les  doc- 
trines eschatologiques  ''.  Dans  les  unes  et  les  autres,  le 
principal  rôle  était  tenu,  du  moins  pendant  la  période 

1  0.  UrupiiC,  Op.  cit.  §  2Si  5i|.  p.  993  sq.,  passim.  —  2  Id.  lljld.  §  i79  sq., 
p.  9Ti  sq.  —  3  Nous  ne  rappellerons  pas  ici  les  litres  des  nombreuses  Mtjtlto- 
logies  grecques  où  tous  ces  faits  sont  exposés  eu  détail  :  la  plus  récente  et  peut- 
lître  la  plus  complète  de  ces  mylhologies  est  celle  d'O.  Gruppe  (voir  en  partie, 
pour  clia^un  des  principaux  dieux  de  la  religion  hellénique,  §§  291  sq.,  p.  !tOO 
g,|).  _  l  „  L'homme  des  temps  homériques  se  croit  toujours  et  partout  entouré  de 
dieux;  d  se  sent  partout  et  toujours  sous  leur  dépendance.  >■  (Th.  Ciomperz,   tes 


—  832  —  REL 

hislurique,  jiar  ili's  êtres  divins  auxquels  étaient  prêtées, 
en  général,  la  forme  et  les  passions  humaines  ;  sans 
doute  des  monstres  y  figuraient,  comnxe  les  Géants, 
comme  Cerbère  ;  mais  aux  yeux  des  Grecs  ce  n'étaient 
pas  là  de  véritables  dieux. 

Ainsi,  pour  le  Grec  dont  le  sentiment  religieux  n'était 
ni  dénaturé  par  la  superstition  et  la  croyance  à  la  magie, 
ni  transformé  en  une  pensée  purement  philosophique, 
l'homme,  et  la  vie  humaine,  dans  toutes  les  situations  et 
dans  leurs  vicissitudes,  étaient  soumis  à  l'action  d'une 
multitude  de  divinités,  conçues  à  l'image  de  l'homme. 

Cette  action  était-elle  favorable,  sympathique  à 
l'homme?  Les  Grecs  voyaient-ils  dans  les  êtres  divins 
des  ennemis,  des  amis  ou  des  indifférents?  Si  les  disci- 
ples d'Epicure,  à  la  suite  de  leur  maître,  ont  affirmé 
l'indifférence  des  dieux  envers  le  monde  et  les  hommes, 
ce  ne  fut  là  qu'une  théorie  philosophique';  toute  la 
mythologie,  toute  la  religion,  tout  le  rituel  hellénique 
démontrent,  au  contraire,  que,  pour  les  Grecs  animés  d'un 
vrai  sentiment  religieux,  la  divinité  ne  cessait  pas  de 
s'occuper  de  l'homme,  de  prêter  attention  à  ses  actes,  à 
ses  souffrances,  à  ses  joies. 

Il  est  incontestable,  d'autre  part,  que  la  divinité  ne 
passait  pas  pour  être  toujours  bienveillante  à  l'égard 
des  liommes.  Le  mythe  de  Prométhée,  complété  par  la 
légende  de  Pandora  [prometheus,  p.  681],  attribue  net- 
tement aux  dieux  un  sentiment  de  jalousie  haineuse  :  les 
Olympiens  ne  pardonnent  ni  aux  hommes  ni  à  leur  bien- 
faiteur l'amélioration  de  la  condition  humaine;  c'est 
pour  compenser  ce  progrès  qu'ils  envoient  sur  la  terre 
Pandora  chargée  d'y  répandre  toutes  sortes  de  maux.  La 
même  idée  s'exprime,  avec  une  portée  moins  générale  ou 
sous  une  forme  plus  philosophique,  dans  plusieurs 
légendes  mytiiiques  ou  héroïques,  dans  celles,  par 
exemple,  de  Phaéton,  de  Bellérophon,  de  Dédale;  dans 
celle  d'Esculape,  foudroyé  par  Zeus  pour  avoir  tenté  de 
ressusciter  un  mort'-';  elle  se  retrouve  encore  dans  les 
réflexions  que  suggèrent  soit  aux  historiens,  soit  aux 
poètes,  la  vie  et  les  infortunes  d'un  Polycrate,  d'un  Cré- 
sus'",  d'un  Xerxès  ".  L'existence,  l'importance  de  celte 
conception  a  été  mise  en  lumière,  avec  une  force  et  une 
clarté  qu'on  ne  saurait  trop  louer,  par  Tournier,  dans 
son  livre,  aujourd'hui  classique,  sur  A'émésis  et  la  ja- 
lousie des  dieux  :  «  La  jalousie  des  dieux  n'avait  rien 
de  commun  à  l'origine,  écrit-il,  avec  la  justice  qui  régit 
le  monde  moral  :  et  par  conséquent,  si  ces  deux  idées 
ont  été  souvent  rapprochées,  presque  confondues  par 
ceux  mêmes  qui  les  distinguent  ailleurs  si  nettement,  si 
les  dieux  ont  été  représentés  maintes  fois  par  eux 
comme  frappant  dans  leur  colère,  non  la  prospérité, 
mais  l'orgueil  qu'elle  engendre  chez  les  méchants,  ce 
n'est  là  qu'un  adoucissement  apporté  après  coup  à  la 
doctrine  qui  vient  d'être  exposée  dans  sa  rigueur  primi- 
tive. Si  maintenant,  dans  une  sphère  plus  haute  et  toute 
de  spéculation,  l'on  peut  considérer  la  jalousie  divine 
comme  la  sanction  des  arrêts  de  Thémis,  c'est  là  une 
interprétation   que   les   témoignages  anciens    souffrent 

Pensfiirs  lie  la  lirecf  (Irad.  h.).  I,  p.  .11.)  — 5  Voir  outre  Fusiel  de  Coulanges, 
La  Cilé  antique,  passim.  Ciiantopie  de  de  la  Saussaye,  Manuel  d'histoire  des 
religions,  trad.  Hubert-Lévy,  p.  o4l  sq.  (surtout  p.  541,  p.  547-548].—  6  G. 
Gruppe,  Op.  cit.  SS  'lî'"'  sq.,  p.  411  sq.  — "  Voir,  eu  particulier,  E.  Rohde, 
Psyckc,  i'  éd.  (IS9S).  —  »  P.  Decharme,  La  critique  des  traditions  religieuses 
chez  les  Grecs,  p.  inii.  —  9  Tournier,  Némésis,  p.  2S,  p.  69-70,  p.  7>i-79,  p.  81-8i. 
—  10  Herodot,  1,  3i,  34.  III.  40.  —  "  Acsch.,  Pers.  passim. 


REL 


8:i;i  — 


REL 


plutôt  qu'ils  ne  la  suggèrent,  et  qui  ne  saurait,  en  aiirun 
cas,  jeter  un  doute  sur  la  signification  si  nettement  éta- 
Ijlie  par  les  textes  les  plus  sûrs  :  à  savoir  l'attribution  de 
la  jalousie  à  la  divinité  avec  tous  les  caractères  propres  à 
cette  passion,  et  une  efficacité  due  au  pouvoir  dont  les 
Grecs  la    supposaient    naturellement    et  généralement 
douée'.  »  11  n'est   pas  possible  de  nier  que  la  religion 
grecque  ait  prêté  à  ses  dieux  et  à  ses-déesses  des  senti- 
ments hostiles  soit  à  l'humanité  en  général,  soit  à  cer- 
tains hommes  en  particulier:  il  n'était  pas  rare  qu'on  fit 
appel  contre  ses  ennemis  à  ces  sentiments  de  la  divinité, 
qu'on  s'efrorçàl  d'attirer  soit  sur  des  individus  soit  sur 
des  groupes  d'hommes  la  colère  et  la  vengeance  divines  : 
c'était  là  le  but  avoué  des   malédictions  et  des  impréca- 
tions'-. Mais  ces  dispositions  malveillantes  à  l'égard  des 
hommes  n'étaient  pas  les  seules  que  l'on  attribuait  aux 
dieux.  Comme  les  êtres  humains  eux-mêmes  dans  leurs 
rapports   réciproques,    les  êtres  divins   pouvaient   être 
bienveillants  pour  l'humanité;  ils  pouvaient  aimer,  pro- 
téger,   secourir    les  individus,    les   cités,    les    peuples. 
L'Iliade,   VOdyssée,   les    poèmes   épiques   et  tragiques 
fournissent  maints  exemples  de  l'afTection,  de  la  sollici- 
tude vigilante  qu'un  dieu  ou  une  déesse  témoignent  à  un 
héros,  à  une  ville,  à  une  race.  Qu'il  nous  suffise  de  rappe- 
ler la  protection  qu'étend   Pallas-Athéna   sur  Ulysse  et 
sa  famille;  celle  qu'accordent  aux  Grecs,  sous  les  murs 
de  Troie,  Pallas-Athéna  et  Héra,  aux  Troyens  .\pollon, 
Poséidon  et  Aphrodite.  Pindare  appelle  Hermès  le  protec- 
teur  de  l'Arcadie'.   A  l'époque  historique,  chaque  cité 
grecque  rendait  hommage  à  une  ou  plusieurs  divinités 
poliades,  conçues  sans  aucun  doute  possible  comme  pro- 
tectrices de  la  cité  ^  Si  c'étaient  les  dieux  qui  envoyaient 
aux  hommes   les  maladies  dont  ils   souffraient,  c'était 
aussi  un  dieu,  Asklèpios,  qui  les  guérissait;  si  de  même 
c'étaient  les    dieux  qui    envoyaient   aux    hommes    des 
fléaux  terribles  tels    que  la    famine,    la  peste,  diverses 
épidémies,  c'étaient  aussi  les  dieux,  du  moins  certains 
dieux,  qui,  par  la  voie  des  oracles,  leur  indiquaient  les 
remèdes  à  appliquer  ou, les  mesures    exceptionnelles  à 
prendre  pour  faire  cesser  ces  maux.  Enfin  n'étaient-ce 
pas  les  dieux  qui,  de  plusieurs  façons,  par  tous  les  an- 
ciens modes  de  divination,  leur  indiquaient  avec  plus  ou 
moins  de  précision  et  de  clarté  l'avenir  soit  tout  proche, 
soit  plus  lointain  °  ? 

La  divinité  n'était  donc,  dans  la  pensée  des  Grecs,  ni 
indifî'érente,  ni  exclusivement  hostile,  ni  uniquement 
sympathique  aux  êtres  humains.  Elle  éprouvait  à  leur 
égard  des  sentiments  analogues  aux  passions  humaines, 
mais  dont  l'action  s'exerçait,  comme  il  est  naturel,  avec 
une  puissance  bien  supérieure. 

Ces  sentiments  étaient-ils  les  seuls  mobiles  qui  inspi- 
raient aux  dieux  et  aux  déesses  leur  attitude,  leur  con- 
duite envers  le  genre  humain  ?  Les  Grecs  ne  s'élaienl-ils 
point  élevés  à  une  conception  plus  haute  des  rapports 
entre  l'homme  et  la  divinité?  L'absence  d'une  telle  con- 
ception serait  bien  surprenante:  en  réalité,  elle  existe, 
elle  est  très  distincte  dans  les  poèmes  homériques,  chez 
Eschyle,  chez  Sophocle.  Nous  voulons  parler  de  l'idée,  de 
la  notion  de  la  Moïoa.  On  trouvera  à  l'article  fatlm  les 


ITournici-,  Op.  cil.  p.  61.—  2  Schoeniann,  Anliq.  ijrecq.  (,<.r^à.  fr.),  II,  p.  320-32S. 

—  3  Pindar.  Olymp.  Vi,  v.   129  bij.  —  '>  Farncll,  Tlie   cuits  of  the  greek  States 
(1896  sq.).  —  '^  Bouclié-Leclercq,  9ist.  de  la  divination  dans  l'antiquité,  passim. 

—  6  Fatcm,  i>.  1018.  —  ^  JLrs  Penseurs  de  la  Grèce,  p.  30.  —  *  J.  Girard,  Le  sen- 

VIII. 


développements  nécessaires  et  suffisants  sur  la  Moira 
grecque.  Ce  que  nous  devons  en  retenir,  pour  le  mettre 
ici  en  lumière,  c'est  que  la  Moira,  personnifiée  par  une 
ou  trois  déesses,  représente  «  les  lois  naturelles,  la  règle 
physique  et  surtout  morale  des  choses...,  la  force  intel- 
ligente etjustequi  présideau  gouvernement  de  l'univers. 
Sous  sa  forme  la  plus  élevée,  la  croyance  à  la  Moira 
n'est  pas  autre  chose  que  la  croyance  à  la  règle  qui  pré- 
side au  désordre  apparent  de  la  nature  et  de  l'huma- 
nité". »  Les  dieux,  comme  les  hommes,  sont  soumis  à 
cette  règle.  «  Une  seule  limite,  mais  infranchissable,  écrit 
Gomperz,  vient  s'opposer  aux  prétentions  et  aux  volontés 
contradictoires  des  Immortels  :  c'est  celle  de  la  Moira, 
à  laquelle  les  dieux  ne  peuvent  pas  plus  se  dérober 
que  les  hommes,  et  dans  raccei)tation  de  laquelle  se 
manifeste  un  obscur  pressentiment  des  lois  de  la  na- 
ture ''.  » 

Cette  Moira,  d'autre  part,  les  Grecs,  obéissant  à  leur 
génie  ijpris  d'ordre,  d'harmonie  et  d'équilibre,  en  ont 
fait,  non  pas  une  puissance  brutale  et  désordonnée,  mais 
au  contraire  «  l'expression  de  la  force  cachée  qui,  dès  la 
naissance  de  tout  ce  qui  a  vie,  en  domine  le  développe- 
ment, en  règle  le  cours,  en  marque  d'avance  la  fin  inévi- 
table et  fait  rentrer  ainsi  tous  les  êtres  dans  les  lois 
générales  de  la  nature*.  »  C'est  d'elle  que  provient 
l'ordre  qui  règne  dans  le  monde  ;  c'est  grâce  à  elle  que 
l'univers  est  un  ensemble  harmonieux. 

Si  les  dieux,  si  le  plus  grand  d'entre  eux,  Zeus  lui- 
même,  sont  impuissants  contre  la  Moira,  s'ils  sont  sou- 
mis à  ses  lois,  ce  sont  eux,  et  en  particulier  Zeus,  qui 
veillent  à  ce  que  les  hommes  ne  transgressent  pas  ces 
mêmes  lois,  et  qui  les  châtient  lorsqu'ils  les  ont  trans- 
gressées. Ceux  qui  agissent  ici-bas  ûxàp  (jioïfav,  ÛTtsp  fjiôpov, 
•JTtàf  a'irav,  sont  tôt  Ou  lard  punis  par  la  divinité".  Ainsi 
apparaît  dans  la  religion  grecque,  dans  la  conception  des 
rapports  entre  l'homme  et  les  dieux,  une  idée  plus  éle- 
vée, celle  des  cliAliments  infligés  par  la  puissance  divine 
pour  une  atteinte  portée  à  l'ordre  universel,  à  la  règle 
physique  et  morale  que  doivent  observer  tous  les  êtres  et 
toutes  les  choses.  A  cette  idée  correspond  naturellement 
la  notion  des  récompenses  accordées  aux  hommes  qui  se 
sont  toujours  conformés  à  la  Moira,  aux  lois  générales 
de  la  nature  et  du  monde.  Il  n'y  avait  qu'un  pas  à  faire, 
et  ce  pas  les  pjus  grands  esprits  de  la  Grèce  l'ont  fait, 
pour  substituer  à  la  Moira  primitive  la  loi  morale  et 
pour  attribuer  à  la  divinité  la  tâche  de  présider  à  l'ob- 
servation de  cette  loi,  de  punir  les  hommes  coupables  de 
l'enfreindre,  de  protéger  au  contraire  et  de  récompenser 
ceux  qui  s'efTorcent  d'y  toujours  obéir.  Eschyle,  Sophocle 
ont,  à  plusieurs  reprises,  exprimé  cette  idée.  Le  sombre 
drame  de  l'Orestie  en  est  tout  inspiré.  «  Poursuivez  les 
méchants  sans  relâche,  dit  Athéna  aux  Euménides  ;  ce 
que  j'ai  à  cœur,  moi,  c'est  de  préserver  et  de  défendre  les 
bons  '".  »  Et  dans  Œdipe  à  Colone,  Œdipe  ne  proclame- 
t-il  pas  que  «  les  dieux  punissent  tôt  ou  tard  celui  qui 
méprise  les  lois  divines  et  s'abandonne  à  la  folie  "  "?  » 
Sisyphe,  Ixion,  Tantale,  les  Danaïdes,  condamnés  dans  le 
Tarlare  à  des  supplices  éternels,  ne  sont  point,  comme 
les  Géants,  des  adversaires  vaincus  et  terrassés  après  une 


timent  religieux  en  Grèce,  d'Homère  à  Eschyle,  p.  66. 
p  989-931.  On  y  Irouvera,  p.  989,  nol.  3,  une  bibliograplii 
lion  de  la  Moira.  —  10  Acscli.  Eumen.  v.  910-912.  — 
V.  1336.  103". 


-9  0.  Grappe,  Op.  eit 
!  complote  sur  laques- 
H    Sopli.   Oeit.    Colon, 

105 


REL 


—  83  i 


REL 


lutte  implacable;  ce  sont  des  coupables  cliàtiés  pour  des 
crimes  qu'ils  ont  commis  sur  terre. 

La  religion  grecque  voyail  donc  dans  les  dieux  et  les 
déesses  qu'elle  adorait  des  ôtres,  conçus  sans  doute  sous 
la  forme  huma-ine,  mais  d'une  puissance  infiniment  su- 
périeure ;  présidant  à  tous  les  phénomènes  et  dirigeant 
toutes  les  forces  de  la  nature;  surveillant  la  vie  indivi- 
duelle, sociale,  politique;  animés  envers  le  genre  humain 
et  envers  chaque  homme  en  particulier  de  sentiments 
tantôt  hostiles,  tantôt  favorables;  dont  l'allilude  et  la 
conduite  pouvaient  être  inspirés  par  la  jalousie  ou  par 
une  alVection  particulière  qu'ils  ressentaient  pour  un 
mortel,  mais  qui  souvent  ne  voulaient  que  punir  les  cri- 
minels et  récompenser  les  hommes  vertueux. 

De  celle  conception  dérivenl  logiquement  les  devoirs 
que  la  religion  gi-ecque  imposait  à  l'homme  envers  la 
divinité.  Puisque  les  dieu.\  pouvaient  faire  à  l'homme 
beaucoup  de  mal  ou  beaucoup  de  bien,  puisqu'ils 
étaient  maîtres  de  déchaîner  conlre  lui  ou  en  sa  faveur 
toutes  les  forces  physiques,  de  lui  envoyer  la  santé,  le 
courage,  le  bonheur,  ou,  au  contraire,  de  lui  infliger  les 
maladies,  les  vices,  le  malheur,  l'homme  devait  s'efforcer 
de  gagner  la  faveur  ou  d'apaiser  la  colère  des  divinités 
en  leur  rendant  un  culte  :  de  là,  les  divers  rites  [ritus] 
par  lesquels  l'homme  essayait  d'atteindre  et  de  satisfaire 
les  dieux  :  prières,  oflVandes,  libations,  sacrifices,  pro- 
cessions, jeux,  etc.,  etc.  [ludi,  pompa,  sacrificium];  de  là 
aussi,  les  procédés  variés  auxquels  l'homme  avait 
recours  pour  connaître  soit  l'avenir,  soit  la  volonté 
divine  [divi.natio] .  L'ensemble  de  ces  rites  et  de  ces  pro- 
cédés constitue  le  culte  proprement  dit.  <<  Le  culte,  a 
écrit  Schœmann,  est  né  de  la  conscience  ([u'avaient  les 
hommes  de  leur  dépendance  et  de  leur  misère,  et  ses 
origines  remontent  à  un  temps  où  ils  n'avaient  pas 
encore  un  sentiment  assez  élevé  de  la  divinité  et  de  ses 
rapports  avec  la  race  humaine.  Les  poèmes  hésiodiques 
présentent  le  culte  comme  une  sorte  de  contrat  intervenu 
à  l'occasion  d'un  débat  entre  les  dieux  et  les  hommes,  au 
sujet  de  l'assistance  que  les  hommes  étaient  en  droit 
d'attendre,  et  des  honneurs  que  la  reconnaissance  leur 
imposait.  Il  ne  s'agirait  donc,  dans  ce  cas,  que  d'un 
commerce  d'échanges,  et  c'est  là,  en  effet,  d'après  Platon, 
le  point  de  vue  auquel  se  place  le  grand  nombre.  L'homme 
emplit  les  obligations  qui  lui  sont  prescrites,  et  demande 
en  revanche  la  satisfaction  de  ses  besoins  :  il  donne 
pour  obtenir.  11  témoigne  sa  reconnaissance  parce  qu'il 
craindrait  d'irriter  les  dieux  par  son  ingratitude  et  de 
perdre  ses  droits  à  une  faveur  dont  il  sent  à  chaque 
instant  la  nécessité.  Sa  piété  n'est  que  l'accomplisse- 
ment intéressée  de  la  loi'.  »  Mais  en  outre,  pour  les 
Grecs  qui  voyaient  dans  les  dieux  les  gardiens  vigilants 
de  la  .Moira,  c'est-à-dire  de  la  loi  physique  et  morale, 
c'était  encore  rendre  hommage  à  la  divinité,  l'honorer 
et  mériter  sa  protection,  que  d'être  un  fidèle  observa- 
teur de  cette  loi  :  aussi  considéraient-ils  comme  une 
obligation  religieuse,  non  moins  que  morale  ou  sociale, 
de  remplir  tous  leurs  devoirs  envers  leurs  semblables 
et  envers  l'État-.  Une  autre  conséquence  de  la  même 
idée  parait  être  le  rite  de  la  purification.  «  Tout  ce  qui 
est  impur  et  souillé  inspire  de  l'éloignement  aux  dieux  : 


I    Antiq.    ijr.    Il,    p.    1S7.    —  2    llmi.   p.    179.    —  3   Jb:<l.  |i.    423.    —     4/6,,/. 
p.  ii'i-iii.  —  '•>  Op.  cit.  p.  566.   —  fi  lîcchc'rc/ies  sur  l'orighie  et  la  itaturt;  itfs 


peuvent  seuls  s'approcher  d'eux  les  hommes  purs  et 
sans  tache;  pour  leur  adresser  des  prières,  pour  leur 
témoigner  sa  vénération,  pour  implorer  leur  appui,  la 
pureté  est  une  condition  indispensable'.  »  S'il  paraît  ne 
s'être  agi  dans  les  temps  les  plus  anciens  que  de  la 
pureté  corporelle,  il  n'est  point  douteux  que  plus  tard 
celte  pureté  extérieure  fût  surtout  considérée  comme 
symbole  de  la  pureté  intérieure.  Dans  certains  cas,  cette 
pureté  ne  pouvait  être  acquise  que  par  des  rites  expia- 
toires, dont  le  plus  général  était  un  sacrifice  sanglant 
[ritis].  Les  cités,  comme  les  individus,  étaient  sou- 
mises à  cette  condition  essentielle*. 

Ces  notions  morales,  combinées  avec  les  préoccupa- 
tions ([u'inspira  de  bonne  heure  aux  Grecs  la  destinée 
de  l'âme  après  la  mort,  introduisirent  dans  la  religion 
grecque  des  éléments  nouveaux  qui  paraissent  étran- 
gers à  ce  que  Chantepie  de  la  Saussaye  appelle  «  le  clair 
et  robuste  hellénisme  homérique^  »  :  ces  éléments 
furent  les  mystères  et  l'orphisme.  Les  mystères  grecs  par 
excellence  [eleusinia,  mysteria],  du  moins  les  plus 
célèbres  et  les  plus  populaires  de  tous,  furent  les 
mystères  d'Eleusis.  Il  est  bien  difficile  de  ne  pas  y 
reconnaître,  avec  M.  Foucart,  auprès  d'une  représenta- 
tion dramatique  du  mythe  éleusinien  agraire,  une  sorte 
d'enseignement,  de  révélation  sur  les  épreuves  qui 
attendent  l'àme  après  la  mort".  Seuls  les  initiés  pou- 
vaient recevoir  cet  enseignement,  cette  révélation.  Les 
profanes  n'en  devenaient  dignes  qu'après  une  série  de 
purifications,  de  jeûnes,  de  cérémonies,  qui  faisaient 
d'eux  d'abord  des  mysles,  puis  des  époptes.  Ils  étaient 
admis  à  voir  de  plus  près  la  divinité;  ils  apprenaient  ce 
que  leur  àme  deviendrait  dans  le  monde  souterrain  et 
comment  elle  pourrait  mener  à  bonne  fin  le  terrible 
voyage  qu'elle  devait  y  faire.  «  Le  résultat  de  cet  ensei- 
gnement, écrit  M.  Foucart,  était  d'inspirer  aux  initiés,  non 
pas  la  vague  espérance,  mais  l'assurance  certaine  d'une 
existence  bienheureuse  dans  le  monde  souterrain''.  » 
Quant  à  l'orphisme,  dont  on  trouvera  ailleurs  l'origine 
et  les  mythes  exposés  avec  .tout  le  développement 
nécessaire  [orpui(;i],  ce  qu'il  paraît  avoir  renfermé  de 
plus  original  est  précisément  sa  doctrine  sur  l'àme  et  la 
destinée  humaine.  Pour  les  orphiques,  l'àme  était 
d'essence  divine;  c'était  pour  elle  un  exil,  un  châtiment 
d'une  faute  commise,  que  d'être  enfermée  dans  un  corps 
matériel;  le  corps  était  considéré  comme  un  tombeau 
pour  l'àme  et  la  vie  terrestre  comme  une  période  de 
mort.  «  Le  devoir  de  l'homme,  écrit  Chantepie  de  la 
Saussaye,  est  de  libérer  l'àme,  captive  dans  la  prison  du 
corps.  Cette  délivrance  ne  se  fait  pas  d'elle-même,  la 
mort  ne  peut  l'accomplir,  car  elle  ne  fait  que  conduire  à 
de  nouvelles  existences.  Les  orphiques  admettaient 
l'hypothèse  de  la  transmigration  des  âmes...  Il  faut  donc 
chercher  des  moyens  pour  se  délivrer  de  cette  souillure 
toujours  renouvelée.  Ces  moyens  sont  tout  d'abord 
rituels  :  ce  sont  les  initiations  saintes  qui  unissent 
l'homme  au  dieu,  à  Dionysos....  A  ces  moyens  rituels 
viennent  s'ajouter  les  prescriptions  éthiques  de  la  vie 
orphique....  Il  faut  se  tourner  vers  Dieu,  se  détacher  de 
tout  ce  qui  est  prisonnier  de  la  mort  et  de  la  vie  corpo- 
relle.... L'àme  sera  libérée  du  corps  et  de  l'impureté,  et 


mi/stères  d'Eleusis,  p.  3K-7'4  ;  cf.    U 

—  1   Les  Grands  musUres  d'Eleusis,  p.  138. 


'Is  mijstères  d'Elcusts^   p.    137-138. 


REL 


—  83.- 


REL 


sa  vie  réelle  ne  commencera  que  lorscju'elle  aura  (oui  à 
fait  échappé  aux  nouvelles  naissances  '.  »  Dans  les 
mystères  orphiques,  qui  se  célébraienl  en  l'honneur  de 
Dionysos  Zagreus,  comme  dans  les  mystères  d'Eleusis, 
on  révélait  aux  initiés  des  formules  «  qui  devaient  leur 
permettre  de  se  guider  dans  leur  voyage  aux  Enfers-». 
La  destinée  de  l'être  humain  après  la  mort  était  l'un  des 
problèmes  essentiels  que  l'orphisme  essayait  de  résoudre. 
Ces  rites,  dont  la  fin  dernière  était,  d'une  part,  de 
rapprocher  l'homme  de  la  divinité,  d'autre  part  de 
fournir  à  l'homme  une  doctrine  rassurante  sur  la  des- 
tinée de  l'àme  après  la  mort,  n'étaient  pas  accessibles  à 
tous  les  Grecs  indistinctement.  Seuls  les  initiés  pou- 
vaient assister  ou  participer  aux  cultes  à  mystères.  Les 
profanes  en  étaient  exclus'^.  Les  initiés  d'Eleusis  étaient 
divisés  en  deux  catégories,  les  mystes  etles  époptes;  ceux 
des  cultes  orphiques  formaient  des  confréries  ou  Ihiases. 
Entre  les  mystes  et  les  ('poptes,  entre  les  membres  de  ces 
thiases,  un  lien  d'une  nature  toute  particulière  était 
ainsi  créé;  ce  lien  était  puissant,  comme  tous  ceux  que 
noue  une  communauté  de  foi  religieuse.  Ce  fut  peut- 
être  là  une  des  raisons  pour  lesquelles,  de  tous 
les  cultes  helléniques,  les  cultes  à  mystères  furent 
ceux  qui  survécurent  le  plus  longtemps  à  la  décadence 
de  la  religion  grecque  :  sous  l'empire  romain,  le 
sanctuaire  d'Eleusis  jouissait  encore  d'une  grande 
A'Ogue,  tandis  que  ceux  de  Delphes,  de  Délos,  même 
d'Olympie,  étaient  soit  délaissés  soit  bien  déchus  de  leur 
antique  splendeur  '. 

L'esquisse  que  nous  avons  essayé  de  tracer  de  la  reli- 
gion grecque,  ne  laisse  pas  d'être  un  peu  systématique. 
Il  est  évident  que  la  religion  des  paysans  de  l'Attique  ou 
delà  Béotie,  des  rudes  pâtres  de  l'Arcadie  ou  de  l'Elolie, 
des  marins  de  l'Eubée,  de  l'.^rgolide  ou  des  Cycladcs, 
différait  de  celle  que  professaient  et  pratiquaient  les 
esprits  les  plus  éclairés  d'Athènes,  de  Corintiie,  de 
Smyrne,  etc.  Parmi  ceux  qui  demandaient  aux  oracles  la 
révélation  de  l'avenir,  à  Asklèpios  la  guérison  de  leurs 
maux,  ou  qui  se  faisaient  initier  aux  mystères  d'Eleusis, 
de  Dionysos  Zagreus,  de  Samothrace,  il  en  était  beau- 
coup, sans  doute,  dont  les  sentiments  étaient  moins  reli- 
gieux que  superstitieux.  Nous  nous  sommes  efforcé  de 
montrer,  en  négligeant  ces  variétés  et  ces  nuances,  quels 
étaient  les  caractères  fondamentaux  de  la  religion  hellé- 
nique; comment  les  Grecs  se  représentaient  la  divinité, 
quels  sentiments  ils  lui  attribuaient  à  l'égard  de  l'homme 
et  quels  sentiments  ils  ressentaient  eux-mêmes  à  son 
égard;  enfin  sous  quelle  forme  la  religion  leur  avait 
fourni  une  réponse  au  problème  toujours  angoissant  de 
la  destinée  de  l'àme,  particulièrement  après  la  mort. 
Tous  ceux  qui  connaissent  l'étendue  et  les  difficultés  d'un 
tel  sujet  accueilleront  notre  tentative  avec  indulgence. 

IIL  —  Le  sentimenl  religieux  à  Rome.  —  Si  l'on 
veut  déterminer  avec  précision  les  caractères  distinctifs 
de  la  religion  romaine,  il  faut,  non  point  étudier  cette 
religion  à  l'époque  même  dont  datent  la  plupart  de 
nos  documents,  c'est-à-dire  vers  la  fin  de  la  République 
et  sous  l'Empire,  mais  s'efforcer  d'en  retrouver  le  fonds 
original  sous  les  apports  successifs  qui  l'ont  progressive- 
ment recouvert  et  dissimulé.  L'antique  religion  romaine 

'  Op.  cit.  p.  365-3C6;cf.  J.  Girard,  Le  sentimenl  religieux...,  liv.  Il,  cliap. 
iic-v,  p.  i63-367  ;  0.  Gruppe,  Op.  cil.  p.  IOi«  sq.  §  287  sq.  —  2  Art.  obphjci. 
p.  i53.  —    3   Art.   nïSTEBiA,    p.  2I4I-ÏI42.   —   i   /6id.   p.    2136-JI37.   —    5    Une 


subit,  en  effet,  de  bonne  heure  l'inlluence  iielh'nique  par 
l'intermédiaire  de  l'Élrurie  ou  des  colonies  grecques  de 
l'Italie  méridionale;  plus  tard,  les  Romains  emprun- 
tèrent directement  à  la  Grèce  la  plupart  des  grands 
dieux  de  l'Olympe  ;  puis  les  divinités  d'Asie  Mineure, 
d'Egypte,  de  Syrie  furent  introduites  à  Rome  à  diverses 
époques.  L'érudition  moderne  a  pourtant  réussi  à  distin- 
guer, dans  la  masse  multiple  et  complexe  des  cultes 
pratiqués  et  des  concepts  religieux  professés  par  le 
peuple  romain,  ceux  qui  lui  appartenaient  en  propre,  et 
qui  peuvent  être  considérés  à  raison  comme  les  éléments 
constitutifs  de  la  vraie  religion  romaine  °. 

Cette  religion  était  profondément  différente  de  la  reli- 
gion grecque.  Sans  doute  pour  le  Romain  des  premiers 
âges  comme  pour  l'habitant  de  la  Grèce,  l'imivers  était 
rempli  d'êtres  divins  ;  la  divinité  était  présente,  interve- 
nait dans  tout  phénomène  physique,  dans  tout  acte  de  la 
vie  individuelle,  de  la  vie  domestique,  de  la  vie  sociale, 
de  la  vie  politique;  il  n'était  point  d'objet,  pour  ainsi 
dire,  où  quelque  dieu  ne  fut  censé  résider.  Sans  doute 
aussi,  pour  le  Romain  comme  pour  le  Grec,  il  subsistait 
de  l'être  humain  quelque  chose  après  la  mort;  à  certains 
égards,  il  n'est  pas  impossible  de  dire  que  la  religion 
romaine  se  préoccupait  de  l'au  delà.  Nulle  religion  peut- 
être  n'a  imaginé  un  plus  grand  nombre  de  dieux  ou  de 
déesses;  l'action  de  ces  êtres  divins  était  fort  limitée, 
mais  par  là  même  très  précise'.  C'étaient  les  dieux  des 
Indigitamenta  [ixdigitamenta],  spécialement  ceux  que 
Varron  appelait  les  DU  cerli  [du],  dieux  qui  prési- 
daient aux  événements  capitaux  et  aux  principales 
phases  de  la  vie  humaine,  naissance,  enfance  et  ado- 
lescence, mariage,  mort,  dieux  de  la  vie  agricole  et 
pastorale,  dieux  protecteurs  de  la  maison  et  de  sa  pros- 
périté; c'étaient  encore  les  Génies  [genius],  patrons  des 
individus;  les  Lares  et  les  Pénates,  dieux  de  la  famille  et 
de  la  vie  domestique  [lares,  penatesJ;  les  Larves,  les 
Lémures,  les  Mânes  [larvae,  lemlres,  manesI,  catégories 
diverses  des  âmes  des  morts.  C'étaient  enfin  les  dieux  des 
curies  et  de  la  cité.  Parmi  ces  êtres  divins  presque 
innombrables,  quelques-uns  paraissent  avoir  acquis 
de  bonne  heure  une  importance  particulière  :  ce  sont 
ceux  que  Varron  groupe  sous  le  nom  de  DU  selecli 
[du,  p.  184].  Si  parmi  ces  dieux  choisis  de  Varron,  il  y 
en  a  dont  on  peut  difficilement  contester  l'origine 
grecque  et  l'introduction  relativement  récente  à  Rome, 
d'autres  en  revanche  sont  certainement,  suivant  la  juste 
remarque  de  M.  C.  Jullian,  «  des  dii  certi,  qui,  plus 
heureux  ou  plus  vivaces  que  les  autres,  ont  survécu 
en  absorbant  les  pouvoirs  de  leurs  congénères,  comme 
Saturne,  Liber  ou  Janus  ■".  »  Jupiter,  Mars,  Vulcain, 
Diana,  Juno,  Vesta,  etc.,  sont  également  cités  par  Var- 
ron au  nombre  des  Diiselecti. 

La  religion  romaine  était  ainsi  polythéiste  à  im  degré, 
au  moins  égal,  sinon  supérieur  à  la  religion  grecque 
elle-même.  Mais  elle  n'était  pas  anthropomorphique.  Les 
êtres  divins  n'étaient  pas  conçus,  du  moins  ne  paraissent 
pas  avoir  été  conçus  à  l'origine  sous  la  forme  humaine 
par  les  Romains.  "  Les  ancêtres  des  Latins,  a  écrit 
M.  Bouché-Leclercq,  adoraient  les  forces  multiples  de  la 
nature,  conçues  comme  des  infiuences  occultes  (««mina), 

bibliographie  complète  du  sujet  se  trouve  daus  Wisson'a,  Itetigion  und  Kultus 
lier  Borner,  p.  t3-ll;  cf.  p.  iO,  24.  28,  33.  —  6  Chantcpie  de  la  Saussaye,  Op. 
cit.  p.  591  sq.  —  1  Voir  l'art,  ou,  t.  Il,  p.  184. 


REL  —  ' 

des  volontés  iininaléiielles,  incorporées,  pour  ainsi  dire, 
aux  objets  qu'elles  meuvent.  Le  fleuve  qui  coule,  le 
vent  qui  passe,  le  l'eu  qui  s'allume,  sont  des  actes,  des 
manifestations,  des  produits  de  ces  puissances  invisibles, 
dont  nul  ne  connaît  l'essence  et  que  l'on  désigne  par  des 
noms  génériques,  comme  Génies,  Lares,  Pénales,  Mânes, 
Semons,  Indigèles,  Lymphes,  Vires,  ou  plus  simplement 
encore  parle  nom  commun  de  dieux  (rf//-rf(i'/).  Ces  êtres, 
rivés  à  une  tâche  éternellement  recommencée,  ne  peuvent 
être  conçus  comme  des  personnalités  concrètes,  à  forme 
humaine,  à  volonté  mobile  et  changeante.  La  religion 
romaine,  guidée  par  son  imperturbable  logique,  se  refu- 
sait à  détacher  ses  dieux  de  la  nature  et  à  leur  recon- 
naître une  personnalité  distincte '.  «  En  somme,  ces 
dieux  et  ces  déessses  sont  plutôt  des  forces  divines 
{numina)  que  de  véritables  divinités.  La  seule  dislinc- 
lion  que  la  religion  romaine  fasse  entre  les  êtres  divins, 
auxquels  elle  rend  un  culte,  c'est  la  distinction  du  sexe. 
Elle  connaît  des  dieux  et  elle  connaît  des  déesses;  elle 
connaît  des  couples  divins  '.  Ici  encore,  nous  ne  sau- 
riotts  mieux  faire  que  de  citer  .M.  Bouché-Leclercq  :  <•  En 
dépit  du  petit  nombre  des  couples  assortis  par  Varron, 
je  suis  persuadé  que  le  mariage  à  la  mode  romaine, 
l'association  par  couples  homonymes,  était  la  règle  pour 
les  dieux  des  /ndiijilamenfa,  règle  fondée  elle-même  sur 
le  fait  qu'il  y  avait  à  Rome  une  religion  pour  les  femmes. 
Sauf  exception,...  les  dieux  masculins  y  étaient  invoqués 
pai"  et  pour  les  hommes,  les  divinités  féminines  par  et 
pour  les  femmes  '.  «  Encore  faut-il  ajouter  que  dans 
bien  des  cas  le  véritable  sexe  de  la  divinité  que  l'on  invo- 
quait était  incertain,  puisque  l'une  des  formules  usitées 
par  les  pontifes  dans  leurs  invocations  était  :  si  deux, 
si  dea  es  ou  encore  sioe  mas,  sice  feniina*.  On  voit 
donc  que  ce  premier  pas,  fait  par  la  religion  romaine 
dans  la  voie  de  l'anthropomorphisme,  fut  singulièrement 
timide.  En  tout  cas,  il  ne  semble  pas  avoir  été  suivi 
d'autres.  S'il  y  a  dans  les  listes  de  divinités  romaines 
des  couples,  on  y  chercherait  vainement  une  généa- 
logie "'.  Il  n'y  a  point  non  plus  dans  cette  religion  de 
société  divine,  comme  celle  que  les  Olympiens  forment 
chez  les  Hellènes''.  Ni  les  dieux  des  Indigitaiiwnla,  ni 
les  Génies,  Lares,  Pénates,  ni  les  .Mânes,  Larves,  Lémures, 
n'ont  de  personnalité.  Ils  n'ont  pas  non  plus  de  mythes. 
A  vrai  dire,  il  n'y  a  ni  cosmogonie,  ni  théogonie,  ni 
mythologie  latine  ou  romaine  ^  Les  êtres  divins  n'ont  ni 
sentiments,  ni  passions;  ils  exercent,  en  raison  de  leur 
puissancesurhumaine.  une  action  qui  peulêlre  favorable 
ou  défavorable  à  l'individu,  à.  la  maison,  à  la  famille,  à 
la  curie,  à  la  cité;  mais  les  anciens  Romains  ne  don- 
naient comme  source  à  cette  action,  ni  un  sentiment 
sympathique  ou  hostile  à  l'homme,  ni  la  volonté  de 
punir  les  méchants  et  de  récompenser  les  bons.  Et  de 
même,  si  la  conception  des  Larves,  des  Lémures,  des 
Mânes,  atteste,  dans  une  certaine  mesure,  une  croyance 
à  l'immortalité  de  l'âme,  elle  ne  comportait,  pour  les 
Romains  des  premiers  âges,  rien  qui  ressemblât  même 
de  loin  à  une  eschatologie  véritable. 

«  La  religion  romaine  a  di\  commencer  comme  les 
autres  par  l'animisme,  par  le  morcellement  infinitésimal 
des  forces  motrices  de  la  nature,  forces  brutales  qui  ne 

I  Manuel  des  Imtit.  rom.  p.  «O-iOl.  —  2  Cf.  Wissoia,  Jhtiy.  ,„nl 
Kull  der  Ràmer,  p.   10;  Prcllcr.    Itnm.  i/i/tliot.  (3"  éd.),  I,  p.  ji  sq.  —   3  Arl. 

IRDICITAHENT.V,    l.    111,    p.     ATS.   —    *    Art.   INDIGIT.WIEMA,     t.    111.    p.    4TtJ.    —  ô    Prel- 


;36  — 


REL 


peuvent  être  dominées  que  par  l'incanlalion  magique. 
La  multiplicité  des  puissances  cataloguées  dans  les  /ndi- 
(jitamenta  représente  assez  bien  l'état  primitif  de  la  reli- 
gion romaine,  arrêtée  à  ce  stade  de  son  développement 
parle  formalisme  de  la  race  et  la  ténacité  des  supersti- 
tions populaires  *.  » 

Si  telle  était,  avant  l'intillralion,  puis  l'invasion  de  la 
mythologie  et  des  cultes  lielléniques,  la  religion  propre- 
ment romaine,  quels  étaient,  quels  pouvaient  être  les 
mobiles  qui  dictaient  aux  vieux  Romains  leur  conduite 
envers  les  êtres  divins,  \%f,numina  '? 

.^  ces  forces  divines,  auxquelles  la  foi  populaire  ne 
prêtait  point  la  forme  humaine,  on  ne  pouvait  attribuer 
des  sentiments  bienveillants  ou  malveillants  envers 
l'homme.  Il  ne  s'agissait  donc  pas  de  gagner  ou  de  con- 
server leur  faveur,  de  détourner  ou  de  désarmer  leur 
hostilité.  Ce  qu'il  fallait  obtenir,  c'était  que  la  force 
divine,  nécessaire  à  l'accomplissement  normal  et  heu- 
reux de  tel  ou  tel  acte  de  la  vie  individuelle,  domestique, 
sociale,  etc.,  se  manifestât,  agît  au  moment  précis  où  cet 
acte  était  accompli.  D'autre  part,  comme  il  y  avait  des 
numina  dont  l'action  pouvait  être  nuisible  à  l'homme,  à  la 
famille,  à  la  cité,  il  fallait  détourner  de  soi,  de  sa  famille, 
de  la  cité,  l'action  de  ces  numina.  Enfin,  il  était  néces- 
saire de  savoir  si  tel  ou  tel  acte,  que  l'on  se  proposait 
d'accomplir,  devait  être  aidé  par  une  force  divine  favo- 
rable ou,  au  contraire,  devait  rencontrer  l'obstacle  invin- 
cible d'une  force  divine  défavorable  :  on  atteignait  ce  but 
en  observant,  dans  des  conditions  déterminées,  certains 
pliénomènes,  certains  signes  spéciaux  [augures,  .acspicia]. 

Pour  agir,  dans  un  sens  ou  dans  l'autre,  sur  des 
forces  divines  impersonnelles,  pour  essayer  de  connaître 
d'avance  comment  ces  forces  devaient  s'exercer  dans  tel 
ou  tel  cas  particulier,  les  Romains  des  premiers  âges 
pratiquaient  des  rites,  dont  la  ressemblance  avec  les 
rites  de  la  religion  grecque  était  tout  extérieure.  Les  for- 
mules prononcées  par  tous  ceux  qui  s'adressaient  aux 
divinités,  individus,  pères  de  famille,  prêtres,  étaient 
moins  de  véritables  prières,  que  des  incantations,  où  la 
forme  et  l'ordre  des  mots  ne  devaient  être,  sous  aucun  pré- 
texte, modifiés,  des  carmina^.  Ce  qui  importait  dans  les 
offrandes,  libations  et  sacrifices,  c'était  moins  le  senti- 
ment dont  s'inspirait  celui  qui  ofl'rait  la  libation  ou  le 
sacrifice  que  l'observance  rigoureuse,  méticuleuse,  des 
prescriptions  liturgiques  et  rituelles  [piacull'M,  sacri- 
FiciiMj.  El  tel  était  aussi  le  caractère  essentiel  des  céré- 
monies augurales  [aigires,  aispiciaJ  :  la  divination 
proprement  romaine  ne  ressemblait  en  rien  à  la  consul- 
tation des  oracles,  qui  semble  lui  avoir  été  inconnue,  du 
moins  à  l'origine.  Outre  les  prières,  sacrifices  et  rites 
divinatoires,  qui  se  retrouvent,  malgré  leurs  différences 
intrinsèques  souvent  capitales,  à  la  fois  dans  la  religion 
romaine  et  la  religion  grecque,  la  religion  romaine 
comportait  d'autres  rites,  qui  ne  semblent  pas  avoir  été 
pratiqués,  du  moins  avec  la  même  faveur,  par  les  Grecs 
de  l'époque  historique  :  telles  étaient,  par  exemple,  les 
cérémonies  que  célébraient  les  Luperques,  les  Arvales, 
les  Saliens  ;U'percaua,  ll'perci,  arvales,  salii^;  tels 
aussi  le  rite  de  la  devotio  i^DEvoTio],  et  celui  des  Z.e»i«- 
?'alia  [lémures^ 

1er,  Kômische  Mythol.,  l.  c.  —  6  Chantcpie  de  la  Saussaye,  Op.  cit.  p.  59i. 
—  '  Boucbé-Leclcicq,  .Uanuel  des  /iislil.  rom.  p.  439.  —  »  Bouché-Leclercq, 
art.  iND  ciKUENTA,    p.  476.  —  9  Voir  larl.  cinuEN,  I.  I,  p.  9i2. 


RKL 


—  S'il 


HEP 


«  La  religion  romaine  n'apparaît  dans  rhistoirc  que 
sous  la  forme  de  cultes  (sacra),  surchargés  de  pratiques 
minutieuses  et  adaptés  d'une  façon  plus  ou  moins  artifi- 
cielle aux  besoins  des  individus,  des  familles,  de  la  cité. 
Elle  se  réduit  à  l'observance  scrupuleuse  de  certains 
rites,  obligatoires  en  certains  lieux  et  pour  des  groupes 
déterminés  '.  »  L'individu  y  joue  un  rôle  moins 
important  que  les  groupes  sociaux  ou  politiques,  la 
famille,  la  gens,  la  curie,  la  cité  ;  rien  ne  peut  se  faire 
ou  se  décider  au  nom  de  l'Etat  sans  la  religion.  Le 
double  trait  distinctif  de  la  religion  proprement  romaine 
est  donc,  d'une  part,  son  formalisme  rituel,  peut-être 
encore  imprégné  de  magie,  d'autre  part,  son  caractère 
plus  social  qu'individualiste. 

Les  influences  qui  modifient  cette  pliysionomie  parti- 
culière, furent  surtout  d'origine  hellénique.  S'il  est  vrai 
que  des  conceptions  et  des  pratiques  étrusques  furent 
introduites  d'assez  bonne  heure  tlans  la  religion  romaine, 
ce  qui  la  transforma  surtout,  ce  qui  en  lit,  suivant 
l'expression  de  M.  Bouché-Leclercq,  «  une  sorte  de 
polythéisme  international^  »,  ce  fut  l'action  de  la 
mythologie  grecque.  Alors  seulement  les  divinités 
romaines  devinrent  vraiment anthropomorphiques;  alors, 
seulement,  Jupiter,  Junon,  Diane,  Saturne,  etc.,  acqui- 
rent une  personnalité  distincte  et  cessèrent  d'être  de 
purs  numina  ou  de  simples  r/enii;  la  foule  des  dieux  et 
des  déesses,  créés  par  l'imagination  helléni([ue,  parut 
alors  se  substituer  aux  innombrables  êtres  divins  de  la 
religion  romaine  primitive.  Bientôt  les  cultes  orientaux 
y  apportèrent  un  nouvel  élément  :  avec  les  divinités  de 
Pessitiunle,  d'Alexandrie,  de  Dolichè,  d'IIéliopolis,  de 
Comana  el  de  l'Iran,  Rome,  l'Italie  et  l'Occident  roma- 
nisé  connurent  une  religion  à  la  fois  grossière  et  raffinée, 
sensuelle  et  ascétique,  matérialiste  et  mystique  ^  Mais 
il  nous  est  impossible  de  voir  dans  l'amas  confus  des 
cultes  qui  se  célébraient  à  l'époque  impériale  la  vraie 
religion  romaine.  Nous  avons  essayé  de  montrer  ce 
qu'avait  été  cette  religion  dans  la  période  îles  origines,  à 
l'époque  où  elle  n'avait  pas  encore  subi  de  puissantes 
influences  étrangères;  nous  avons  surtout  essayé  d'en 
marquer  les  traits  originaux,  renvoyant  pour  les  détails 
du  culte,  de  l'organisation  sacerdotale,  etc..  aux  articles 

spéciaux   [aiGURES,    AUSPICIA,    du,    FLAMEN,  IXDI(;n'AMEN'TA, 
.lANLS,   Lrr>ERi:i,  MA.NES,   PONTIFICES,   CtC.].        J.   ToLTAlN. 

RELIGiOSI  DIES  [mv.^,  p.  176]. 

RELIQUA.  —  Reliquat  d'une  dette  publique  ou  piivée 

[vectkjalI. 


1  Bouché-Lecleicr),  Manuel,  |).  459.  —  2  /4„;.  p.  4011.  —  3  Cuinoiil,  Les  reti- 
ffions  orientâtes  dans  le  pa/janisme  romain,  pa^sint.  —  BiBi.io':f<Ai>HiK.  II  ue  saurait 
élre  question  de  dooocr  ici  une  bibliographie  mime  sommaire  de  lliisloirc  des  reli- 
gions grecrjuc  el  romaine.  .Nous  nous  contenterons  d'inilii|ucr  les  ouvrages  les 
plus  importants  et  les  plus  récents,  où  Ion  trouvera  des  indications  bibliogra- 
phiques détaillées  et  précises.  Pour  la  religion  et  la  mythologie  grci-ipie  :  F.  Ilrciizer- 
Guigniiiut,  Les  religions  de  l'antii/uité  considérées  principalement  dans  leurs 
formes  symboliques  et  mythologiques,  Paris,  ISSi-IBôl;  Lobeck.  AijlaopUamus 
sire  de  theoloijiae  mysticae  graecorum  caiisis,  Koenigsberg,  18i9;  Niigcisbacb, 
Uomeriscke  Theoloi/ie,  .Nuremberg,  18W  (3"  éd.,  IS84);  Id.  (tt  Aullicnrielb,  i»  éd. 
180 II,  Nachhomer.  Théologie,  Preller,  Griech.  Mythologie,  Leipzig,  185l{i°  éd.  Ber- 
lin, tSUisq.);  E.  Gerhard,  Griech.  Mythologie,  Berlin,  18oi-l8:i3;  Jiaury,  Bist. 
des  religions  de  la  Grèce  antique,  Paris,  1837-1839  ;  Welcker,  Griech.  Gotterlehre. 
Gùllingcn,  I837-I86i  ;  llartung,  Die  Ileligion  unU Mythologie  der  Griechen,  Leipz. 
I805-1873;  P.  Dechai'me,  Mythol.  de  la  Grèce  antique,  Paris,  1879;  E.  Rohde, 
Psyché,  Leipz.  1894  (!■•  éd..  1898);  Jliss  Harrison,  Prologemena  in  the  study  of 
greek  religion,  Cambridge,  1903;  farnell,  The  culis  of  the  Greck  States,  Ouford, 
1896-1907:0.  Gruppe,  Griech.  Mythologie  und  Religiongeschichle,  Munich,  1897- 
i90(i.  —  Pour  la  religion  romaine  :  J.-A.  llartung,  Die  Ileligion  der  Itômer.  Erlangen, 
IS.IC;  Klauscn,  Aeneus  und  die  Penaten,  Hambourg  et  Gotlia,  1839,  1840;  PreUer, 


REMI,    REMIGES,  RE.MIGIUM   [navis,  sor.ll   navales]" 

REMUS  [romulis]. 

RENUXTI.VTIO  [divortu'M  ,  p.  323;  coMrru  ;  lex  , 
p.    1124]. 

REPAGULUM  [jANl  a,  seka]. 

RBPETIU\DAE  (PECU.MAE).  —  I.  Origines.  —  Ces 
mots  désignent  en  droit  romain  les  sommes  reçues 
indûment  par  des  magistrats  ou  des  juges  à  l'occasion  de 
leurs  fonctions,  à  Rome,  en  Italie  ou  dans  les  provinces, 
elqui  donnaient  lieu  à  une  action  en  répétition  au  profit 
de  ceux  qui  les  avaient  données.  Sous  cette  forme  de 
cadeau,  la  concussion  ne  tombait  sous  le  coup  d'aucune 
loi  pénale  et  ne  pouvait  être  atteinte  que  comme  délit 
privé  par  une  action  civile,  à  moins  que  le  magistrat 
délinquant  ne  fût  accusé  devant  le  peuple  à  sa  sortie  de 
charge.  Après  les  conquêtes  d'outre-mer,  les  abus  de 
pouvoir,  les  exactions  et  les  pillages  des  gouverneurs  de 
provinces  amenèrent  l'intervention  de  plus  en  plus  fré- 
quente du  Sénat.  En  171  av.  J.-C,  il  institua  pour  juger 
successivement  trois  anciens  préteurs  d'Espagne,  selon 
les  règles  du  procès  civil,  un  tribunal  de  cinq  récupéra- 
teurs pris  dans  son  sein  et  présidés  par  un  préteur  spé- 
cial, en  donnant  aux  plaignants  des  patrons  sénatoriaux, 
parmi  lesquels  était  Caton  '.  Il  fit  intenter  toute  une  série 
d'autres  procès  analogues-,  et,  plus  lard,  il  continua  sou- 
vent à  prendre  l'initiative  de  poursuites  confiées  à  des 
juges  spéciaux,  même  après  l'organisation  de  la  procé- 
dure régulière^. 

11.  Lois.  —  C'est  seulement  en  149  que  commencèrent 
les  mesures  spéciales  de  répression  qui  allaient  si  pro- 
fondément modifier  le  droit  pénal  de  la  République.  Le 
tribun  L.  Calpurnius  Piso  fit  voter  la  première  loi  de 
pecuniis  repetundis,  à  la  suite  de  laquelle  fut  probable- 
ment établie  la  première  rjuaestio  permanente,  celle  de 
pecuniis  repetundis,  présidée  par  le  préteur  pérégrin*. 
Vinrent  ensuite  la  loi  Junia,  connue  seulement  de 
nom  ■',  une  loi  qui  est  probablement  la  loi  Acilia,  qu'on 
peut  placer  en  123-2°.  et  qui,  portée  sous  l'influence  de 
C.  Gracchus,  a  transformé  la  réclamation  civile  en  action 
pénale  par  l'établissement  de  la  peine  du  double  et  créé 
probablement  pour  présider  ce  jury  un  préteur  spécial  ; 
la  loi  Servilia  présentée  probablement  un  peu  avant  111 
par  le  tribun  C.  Servilius  Glaucia'  el  qui  a  dû  avoir  la 
même  tendance  que  la  précédente  ;  la  loi  de  Sylla  de  18, 
très  importante,  mais  dont  on  ne  sait  presque  rien, 
sinon  qu'en  changeant  la  composition  du  tribunal  elle  a 
probablement  maintenu  la  procédure  et  les  pénalités  de 


hôm.  Mythol.  Berlin,  1638  (3'  éd.,  1681-1883);  J.-A.  Ambroscb,  Studien 
Andeutunyen  irn  Geùiete  des  altrômischen  Bodens  und  Cultus,  Breslau,  1839  ; 
sier,  Relig.  romaine  d'Auyast.  aux  Antonins.  t'  éd.  iS78  ;  Marquardt  et  Mo 
Manuel  des  antiquités  romaines  (Irad.  fr.),  t.  XII  et  XIII,  Paris,  1889  sq.  ;  Ci.  Wis- 
sovva,  lieligion  und  Kultus  dtfr  Hômer,  Munich,  190J.  On  peut  ajouter  à  cbs  ou- 
vrages spéciaux  :  CbaAcpic  de  la  Saussaye,  Manuel  d'histoire  des  religions.  ir^A. 
fr.,  Paris,  190t;  Bouché-Leclercq,  Manuel  des  Institutions  romaines,  Paris.  ISi^C. 
KEfETVNDAË.  1  Liv.  43,  i.  —  2Liv.  Ep.  47  (en  134).  —  3  Liv.  Ep.  54;  Cic. 
De  fin.  I,  7,24;  Val.  Mai.  5.  K,  3;  Gell.  13,  14.  —^'Cic.  Brut.  i7,l06;  De  off.  '-•, 
ïl,75;  \err.  3,  84,  193;  4,  iâ,  ôli  ;  i,  C,  iV,;  Schol.  Bob.  p.  i33  :  Tac.  A/m.  15, iO; 
Lex  Acilia  (C.  ins.  lat.  I,  n"  198,  I.  74).  Valère  Maxime,  C,  9,  10.  appelle  à  lorl  celle 
'oi  Crcilia.  —  5  Lex  Acilia,  I.  74.  —  0  On  identiric  maintenant  la  loi,  Corp.  ins.  lat. 
I,  298,  avec  celle  citée  par  Cic.  Verr.  1.  9,  -16  :  Asccu.  p.  149,  105.  Voir  Mommsea 
ad.  C.  ins.  lat.  l.  c.  contre  Klenze,  Gôttling,  Waller,  qui  identifiaient  ce  leite  avec 
la  loi  Servilia.  Le  préleur  spécial  est  dans  Veloqium  de  G.  Claudius  Pulcher,  C. 
ins.  lat.  i,  p.  279.  —1  Cic.  Brut.  6ï,  -224  ;  Verr.  1,9.  26  :  Pro  Babir.  Post.  4,  9  ; 
Pro  Balb.  24,  34;  Ascon.  In  Scaur.  p.  21  ;  Val.  Max.  8,  1,8;  Dio.  Cass.  fr.  100. 
Mommsen  met  cette  loi  avant  111,  parce  qu'à  celte  date  la  loi  Acilia  n'aurait  plus 
été  en  vigui.ir,  la  table  de  brouzc  sur  lai|uelle  elle  était  gravée  ayant  été  utilisé 
en  111  pour  une  autre  loi. 


RKP 


—  838  — 


REP 


la  loi  Serri/in  '  ;  enfin  la  loi  do  César,  de  SO,  la  le.r  Jiilia 
repotundarum  ou  de  repelundis,  qui,  longue  de  plus  de 
cent  un  cliapilres,  posait  des  règles  détaillées,  renforçait  la 
pénalité  et  devait  être  sur  cette  matière  le  code  en  vigueur 
pendant  tout  IRmpire-.  II  n'y  eut  plus  ensuite  que  des 
compléments  de  détail,  des  extensions  à  différents  cas  et 
surtout  des  modifications  dans  la  pénalité.  Les  lois  de  la 
République  furent  impuissantes  à  arrêter  les  concussions 
et  les  pillages  des  gouverneurs  =.  Les  empereurs  réussi- 
rent à  les  diminuer,  surtout  dans  les  provinces  impé- 
riales, et  au  moins  pendant  les  deux  premiers  siècles,  par 
la  sévérité  de  leur  surveillance,  par  l'établissement  de  la 
poste  et  des  traitements  fixes,  par  la  centralisation  admi- 
nistrative et  le  contr(Me  des  procurateurs,  par  le  maintien 
en  fonctions  des  gouverneurs  impériaux  pendant  de 
longues  années.  Sous  la  République  la  loi  avait  surtout 
pour  but  la  réclamation  des  sommes  indûment  versées. 
Sous  l'Empire,  la  procédure  devint  surtout  criminelle. 

III.  Personnes  poursuivies.  —  Sous  la  République  ce 
sont:  les  magistrats  romains  jusqu'aux  tribuns  légion- 
naires: les  sénateurs,  en  tant  que  chargés  de  fonctions 
publiques,  soit  commeaides  de  magistrats,  soit  en  raison 
de  leurs  votes  au  Sénat,  soit  surtout  comme  jurés,  peut- 
être  déjà  comme  accusateurs  dans  un  procès  public'  : 
les  fils  des  précédents,  s'ils  ont  reçu  de  l'argent  pendant 
la  fonction  de  leurs  pères  ;  quiconque  exerce  des  fonc- 
tions ayant  un  caractère  public  ^  Les  tentatives  pour 
soumettre  à  la  loi  des  chevaliers,  surtout  comme  faisant 
partie  de  la  suite  des  magistrats  et  comme  jurés,  les 
tribuns  légionnaires,  les  praefecti,  les  scribes,  les  autres 
personnes  de  l'entourage  des  gouverneurs,  restèrent 
sans  résultat  ".  Sous  l'Empire,  la  loi  fut  étendue  à  tous 
les  membres  de  la  co/wrs  du  gouverneur,  aux  officiâtes  ", 
à  tous  les  accusateurs,  dans  les  procès  publics  [praevari- 
CATio],  aux  avocats",  aux  juges,  jurés  et  pédanés', 
aux  fonctionnaires  impériaux  de  l'ordre  équestre  "',  aux 
provinciaux  qui  ont  assisté  des  fonctionnaires  "  ;  le  mari 
fut  rendu  responsable  de  l'argent  reçu  par  sa  femme  ". 

IV.  Prohibitions.  —  La  loi  défend,  en  général,  au  ma- 
gistrat de  recevoir  de  l'argent  [pecunias  capere,  cogère., 
coHciliare)'^.  Par  conséquent:  1°  Il  ne  doit  recevoir 
aucun  cadeau,  sauf  de  ses  proches'".  La  loi  n'excepte 
que  les  fournitures  légales  ;  les  présents  de  nourriture  et 
autres  objets  qui  n'enrichissentpas  ;  les  xenia  '"',  dont  le 
maximum  a  varié  "  et  parait  comporter  sous  l'Empire 
JOOOO  sesterces  par  an ''';  les  présents  honorifiques,  des- 


<  Cic.  Pri)  fiab.  post.  \.  'J.  —  2  Sue!.  Jul.  43;  Olh,  2;  Tac.  Hisl.  1.  77; 
Ann.  14,  iS;  Val.  Mai.  8,  1,  10;  Cic.  /n  Vat.  12,  i^  el  schol.;  In  Pis.  16,  21, 
37,  50;  Pro  Se$t.  64,  135;  Pro  Rah.  Posl.  i,  i;  Ad  div.  8,  8  ;  Pro  Flacc.  6  ; 
Schol.  Bob.  p.  321  ;  Dig.  *S,  11  ;  1,  9,  2;  1,  18,  18  ;  1,  16,  10,  1  ;  22,  5,  13;  M,  1, 
I;  50,  5,  3;  C.  Jus'..  4,  18,  11;  Paul.  Senl.  5,  28;  C.  Theod.  9,  27.  —  3  Cic. 
Deoff.  i,  21.73  ;/n  Verr.  1,  13,  38;  Tac.  Ann.  I,  2;  Vell.  2,  126.  —^  Cic.  Pro  Jiab. 
Putl.  3,  6:  Pro  Clu.  37,  llH;  41.  lU:  Dig.  48.  U,  6  ;.r.  §2.-5  Dig.  48,  II.  1, 
3,§9.  —  6  Cic.  Pro  fiab.  Posi.  5,  12;  Prn  Clu.  49,  136;  Ad.  AU.  1.  17,  8;  2,  I, 

8.  -  7  Dig.  48,  U.  1,  3,  5.  9;  Plin.  Ep.  3,  9;  C.  Just.  I,  51,  3;  1,  53,  1,  3;  9, 
27,  U.  —  8  Plin.  Ep.  3.  4;  9.  13.  —  9  Paul.  Sent.  5,  28;  Dig.  48,  19,  38,  10. 
—  10  Ils  vonl  surtout  devant  l'empereur,  sauf  exceptions  (Tac.  Ann.  4,  15;  IV,  28; 
Dio.  57.  28).—  Il  Plin.  Ep.  6.  29,8.  —  t'^  Dig.  1,  16,4,2;  Tac.  Ann.  3.  33-34;  4, 
20.  —  HLiv.  43,  î.Ep.iT:  Ci.-.  De  leg.  3.  20,  46;  Verr.  3,  30,  71  ;  3,  40,  91,  94; 
/..  Acilia,  I.  3  «  pecuniam  aiif/^rre.  capere,  cogère,  coneiliare,  averterc  »'.  —  It  Cic. 
De  leg.  3.  4.  M  ;  Dig.  I,  16,  6,  3  ;  48,  1 1,  1,  §  1  ;  Dio.  Cass.  72,  Il  ;  Plin.  Ep.  4, 

9,  6,  7.  —  15  Dig.  1,  18,  18  (pK^hiscite  diiïérent  des  lois  connues);  1,  16,  6,  3;  Plin. 
Ep.  5,  13,  8;  Cic.  Ad.  AU.  5,  10,  16,  21  ;  /n  Pis.  90.  —  ISOic.  Verr.  3,  80,  184; 
4.  10.  22;  à  (.  Acil.  I.  2,  lecliilTrc  a  disparu.  — '"  Dig.  48,  U.  6,  §  2  (100  nurei); 
erreur  dans  Inst.  3.  7,  3  (1  000  sesterces'.  —  18  Cic.  Ad.  Quinl.  I,  9.  26  ;  Ail  Alt. 
■>.  21.  7  ;  Verr.  2,  57-69,  142.  —  19  l,c  Bas-Empire  inlerdil  miimc  les  petits  cadcaus 
aiii  suUltcrnes  ;C.  TA.  11.  11.  n.  —  20/),,,,  ts,  il.ssi:  -18.  1,  46  ;  49,  14,  46.  S  2; 


fines  à  perpétuer  la  mémoire  du  magistrat,  mais  dont  le 
montant  doit  être,  d'après  la  loi  de  Sylla,  employé  dans 
les  cinq  ans,  sous  peine  d'être  considéré  comme  cadeau 
interdit".  En  dehors  de  ces  exceptions",  on  ne  tient 
compte  de  la  bonne  foi,  ni  du  receveur,  ni  du  donneur  ; 
la  loi  poursuit  tout  contrat  qui  dissimule  un  cadeau; 
tout  achat  fait  par  un  magistrat  est  censé  cadeau  elle 
vendeura  le  droit  de  réclamer  la  chose  sans  rendre  le 
prix^"  ;  elle  peut  être  réclamée  par  le  fisc  sa  la  revendi- 
cation légale  n'a  pas  eu  lieu  dans  les  cinq  ans^',  indé- 
pendamment des  amendes  tantôt  du  simple,  tantôt  du 
quadruple''^-. 

2°  Sauf  dans  les  cas  d'urgente  nécessité-',  le  magistrat 
ne  doit  faire  aucun  acte  commercial^'  dans  sa  circon- 
scription-'', ne  doit  s'enrichir  d'aucune  manière^''.  Il  en 
est  de  même  plus  tard  de  ses  subordonnés,  de  son  office 
[oKFiciALES,  p.  138]  ^'.  Dans  la  plupart  des  cas,  la  loi 
admet  la  réclamation  de  l'autre  partie. 

3°  11  ne  doit  extorquer  ni  cadeaux,  ni  prestations,  ni 
services  quelconques  par  peur  ou  abus  de  pouvoir.  Ce 
délit,  qui  n'est  pas  dans  l'ancien  droit,  est,  dès  le 
ir  siècle  ap.  .l.-C,  soit  rattaché  aux  repetundae.,  soit 
traité  comme  délit  spécial,  comme  concussio^'^  ;  il  se 
développe  de  plus  en  plus  au  Bas-Empire  et  explique  en 
particulier  les  lois  qui  interdisent  aux  agents  du  pouvoir 
central,  au\  pa/atini,  d'exercer  des  missions  dans  leur 
pays  d'origine  ou  dans  ceux  où  ils  possèdent  des  biens^'\ 

4°  Il  ne  doit  pas  se  laisser  acheter  à  prix  d'argent  pour 
faire  ou  ne  pas  faire  un  acte.  Le  délit  de  corruption, 
compris  auparavant  dans  la  défense  générale  de  recevoir 
de  l'argent,  fut  précisé  par  la  loi  Julia  qui  énumère 
plusieurs  cas.  pour  la  nomination  de  juges  jurés ^",  pour 
l'emprisonnement  ou  l'élargissement  d'une  personne", 
pour  un  jugement,  un  témoignage'"-,  pour  des  actes 
administratifs,  levée,  logements  de  soldats,  réception  de 
travaux  publics  ^^,  remise  d'impôts,  de  prestations", 
concession  d'offices  publics:  sur  ce  dernier  point  les 
pénalités,  cassation  des  achats,  amendes '',  n'ont  pu 
empêcher  la  pratique  courante  du  suffragium  des  spor- 
tulae,  sommes  payées  aux  possesseurs  des  offices,  et  la 
vénalité  des  charges  est  devenue  presque  la  règle  au 
Bas-Empire.  En  droit,  le  corrupteur  peut  réclamer  l'ar- 
gent versé. 

."i"  11  ne  doit  pas  s'enricliir  par  la  création  de  nouveaux 
impôts",  par  la  levée  de  l'or  pour  les  couronnes  [aurum 
coronarium]",  par  des  augmentations  arbitraires  d'im- 


C.  Jiisl.  2,  19,  1 1  ;  C.  Th.  8,  15,  2,  5.  —  21  C.  Th.  8,  13,  1,8.  —  22  Dig,  49,  u,  46, 
§2;  18,  1,  46.  —  23  Cic.  Verr.  9.  54,  ;  Dig.  12,  1,  34,  I  (pour  un  emprunt,  interdit 
ci'pendant  par  C.  Just.  4,  2,  10).  —  24  Dig.  18,  1,  62  pr.  ;  49,  14,  46,  |  2.  Cicéron 
LIâmc  même  l'acceptation  d'un  héritage  par  un  gouverneur  (Pro  Flacc.  34,  85). 
Les  édits  d'Hoaorius  et  de  Valentipieu  III  permettant  de  commercer  et  de  recevoir 
des  dons  n'ont  pas  été  maintenus  (Valent.  IVov.  31).  —  2j  Même  en  dehors  de  sa 
circonscription  d'après  C.  Th.  8,  13,  1.  —  26  Cic.  Verr.  3,  72,  169  ;  4,  4,  5  ;  5,  18, 
46;  Dig.  12,  1.  33;  49.  14,  46,  §  2  ;  C.  Th.  8,  16,  1  ;  C.  Jusl.  1.  53,  1,  2;  4,  2,  16  ; 
9,  27,  C.  -  27  C.  Jusl.  i,  5J,  1,  3;  2,  19,  Il  ;  4,  44,  18.  —  «S  Emploi  de  la  peur 
{tcrrere:  Paul.  .Senl.  5,  25,  12;  Dig.  47,  13.  1)  ;  Dig.  I,  18,  6.  §  3;  C.  Th.  9.  26, 
6,  7.  —  29  C.  Th.  8,8,4.  —  30 Cic.  Veri-.  3,  88,  200;  Dig.  48.  U.  3.  —31  Dig.  48, 
1 1 ,  7  pr.  —  32  Jbid  48,  11,  3-7  ;  C.  Th.  9,  27,  5  ;  Suct.  Dom.  S  ;  iVof.  124,  7  ;  Paul 
.Sent.  5,  10,  12  (peine  qu'aurait  dû  suljir  le  coupal)Je  contre  le  juge  corrompu);  ces 
cas  rentrent  aussi  dans  le  faux  cl  peuvent  ôlre  punis  de  mort  (Dig.  48,  8,  1,  1;  Paul. 
.Sent.  5,  25,  2).  I.a  loi  des  Douze  Tables  punissait  déjà  de  mort  la  corruption  du 
juge  ou  de  l'arbitre  (Oeil.  2»,  I,  7),  mais  elle  esl  rapidement  tombée  sur  ce  point  en 
désuétude.  —  3iOig.  48,  1 1,  6,  §  2,  7,  §  2  ;  C.  Just.  4,  7,  3  ;  Cic.  ^rf.  Ait.  5,  21,  7  ; 
Pro  Font.  8,  17.  —  31  Dig.  48,  11,7,  §  2;  Cic.  Verr.  3,^36,  83  ;  Ad.  AU.  6,  I,  21  ; 
C.  Th.  11,  I,  1.  —  3iC.  Th.  6,  22,  t.  2;  8,  1,  1;  12,  1,  25:  C.  Just.  4,  2,  16;  9, 
27,  0.  — 36Cic.  Pro  Font.  9,  l).  —  37Sauf,piand  le  Sénat  lui  a  décerné  le  triomphe 
•  fait  partie  du  butin  (i:ir.  I„  /',.,   ;(T,  70;  De  leg.  i,  22,  59). 


REP 


—  8:^9 


REP 


pots,  de  taxes,  de  redevances,  de  spor/iilae,  par  des 
superexactiones  de  tout  genre'.  C'est  l'abus  le  plus 
fréquent,  que  les  empereurs  n'ont  cessé  de  combattre 
chez  les  fonctionnaires  et  surtout  chez  leurs  subalternes 
[oFKicuM,  TRiBiTi'ji].  Il  donne  lieu  régulièrement  à  ri'xla- 
mation  de  la  part  des  personnes  lésées. 

6°  Il  ne  doit  pas  prêter  pour  son  propre  compte  l'argent 
de  l'Étal-;  ce  délit  rentre  à  la  fois  dans  les  repeliindae 
et  dans  le  péculat. 

7"  La  loi  a  été  étendue  à  quelques  délits  purement 
politiques,  ainsi  à  l'entretien  de  navires  de  mer  par  un 
gouverneur  ou  un  sénateur;  au  fait,  pour  un  gouverneur, 
de  sortir  des  limites  de  sa  province,  de  renvoyer  son 
légat  avant  son  propre  départ  '  ;  et  aussi  au  vol  commis 
par  un  fonctionnaire*. 

V.  Procédure.  —  Sous  la  République,  le  citoyen 
demandeur  emploie  généralement  le  procès  privé,  devant 
le  préteur  urbain,  sous  la  forme  de  la  legis  actio  per 
condictionemy  quoique,  depuis  la  loi  Acilia,  il  puisse 
aussi  utiliser  la  quciestio  spéciale,  créée  surtout  pour  les 
alliés  et  les  sujets  ^  C'est  seulement  sous  l'Empire  que 
celte  dernière  est  utilisée  par  toutes  les  catégories  d'in- 
dividus. Conforme,  en  général,  à  celle  des  autres  t/uaes 
tiones  [judicia  i'ublica,  p.  630-652],  la  procédure  oifre 
les  particularités  suivantes.  Jusqu'à  la  loi  Acilia,  le  dépôt 
de  la  plainte  a  lieu  par  la  formule  de  la  legis  actio  sacra- 
menlo'\  ensuite  de  la  façon  ordinaire.  Sous  la  Répu- 
blique, ce  sont  les  avocats  du  demandeur;  sous  l'Empire 
quelquefois,  c'est  le  demandeur  lui-même  qui  recherche 
les  preuves".  Le  procès  a  lieu  soit  devant  l'ancienne 
(/ttaes/io,  soit  surtout  devant  le  tribunal  impérial  ou  le 
Sénat,  soit  devant  les  nouvelles  juridictions  des  gouver- 
neurs et  des  magistrats  impériau,\  fji  uk.ia  iublica,  p.  Ooi- 
637].  On  a  maintenu  la  règle  du  procès  privé  que  la 
condamnation  doit  porter  sur  une  somme  d'argent 
déterminée  ;  il  y  a  donc  deux  sentences  qui  portent  l'une 
sur  la  culpabilité,  l'autre  sur  l'estimation  du  litige,  litis 
aestimalio  *  ;  c'est  le  môme  tribunal  qui  émet  les  deux 
sentences,  sauf,  sous  l'Empire,  devant  le  Sénat  qui,  après 
le  jugement  sur  le  fond  ou  l'aveu  de  l'accusé'',  confie 
restimation  à  des  récupérateurs  sénatoriaux. 

VI.  Pénalités.  —  L'estimation,  d'abord  simple  condic- 
tio,  a  été  d'abord  égale  à  la  somme  reçue  ;  mais  la  loi 
Acilia  l'a  portée  au  double,  comme  pour  le  vol'".  Ce 
tarif  a  l-il  été  maintenu  ou  porté  au  quadruple?  Nous 
ne  pouvons  nous  prononcer";  on  a  plutôt  le  double, 
quoique  cependant  on  trouve  souvent  la  restitution  du 
quadruple  au  Bas-Empire  '-.  Le  simple  va  aux  deman- 
deurs, le  reste  au  trésor.  Avant  la  litis  aestimalio,  le 
condamné  doit  fournir  des  cautions  établies  d'après  une 

1  Cic.  Verr.  3,  81,  188;  P,o  Flacc.  12,  27;  Vit.  Mme.  Il;  C.  Th.  8,  4,  2; 
8,  11;  11,  8,  3,  là  ;  il,  16,  11,  12;  C.  Just.  3,2;  1,  27,  I,  2,  12,  17  ;  11,  54,  1,  2  ; 
12,19,  12;  12,  25,  4;  7ns(.  4,  0,25;  A>/iera.  fpi'j/r.  5,  p.  380,  n"  (iSO.  La  loi  de 
C*.  Jast.  I,  51,  3  comporte  l'obligalion  pour  les  cancellarii  et  les  domcstici  des  gou- 
verueurs  de  rester  dans  la  province  50  jours  api-ès  leur  service  pour  répondre  aux 
accusations.  —  2  Cic.  In  Verr.  3,  T2.  —  3  Dig.  49,  14,  46,  §  2  ;  30,  S,  3  ;  t,  16,  10 
§  I;  Cic.  In  Pli.  21,  SX).  —  *  Cic.  Verr.  4,  41,  88  (cas  où  Cicéron  trouve  Irois 
délits  :  repelundae,  péculat  et  lèse-ni.ijcsté).  —  s  Cic.  Pro  Clu.  37,  104;  /Jiv.  m 
Caec.  5,  18  ;  l.  Acil.  I.  76  ;  Gai.  4;  17  a.  —  6  i.  Acit.  I.  23.  —  'i  Cic.  Pro  Flacc. 
6,  13;  Flin.  Ep.  3,  9,  6  ;  5,  20,  1,  6.  —  8  Cic.  Verr.  I,  38,  95:  1,  3'J,  99. 
—  9  L'aveu  se  dit  Judicea  petere  :  Suet.  ûom.  8  ;  Hlin.  Ep.  4,  9,  19;  2,  11,2:  0, 
Î9,  10  ;  Tac.  Ann.  1,  74.  —  10  L.  Acit.  1.  59.  —  "  C.  Jusl.  2,  12,  2  (en  197;. 
Moniuiseu  rejette  Scttol.  Verr.  p.  146  sur  le  f|uadruple  ;  il  constate  cependant 
qu'Auguste  a  établi  te  quadruple  pour  les  honoraires  illégaux  des  avocats  (Dio.  Cass. 
54,  18).  —  12  C\  Ih.  9,  27,  3,  6  ;  11,  16,  8,  11;  11,7,  20  ;  C.  Jual.  I,  51,  3.  Il  y  a  le 
simple,  avec  une  peine  accessoire  n  C.  Just.  4,  7,  3.  —  '^ L.  Acil.  57,  29.  —  ''•  Jbid. 
1.  29;  Plin.  Ep.  3,  9,  C;  llig.  48,  2,  M:  48,   11,  2;  48,  13,  16;   48,   16,  15,  g  3;   t. 


estimation  sommaire  ;  l'exécution  appartient  à  l'Etat  qui 
satisfait  chacun  des  demandeurs;  si  le  condamné  ne  peut 
fournir  des  cautions,  il  y  a  probablement  vente  de  ses 
biens;  il  en  est  de  même  s'il  s'exile  avant  la  condamna- 
tio^'^  ou  s'il  meurt  au  cours  du  procès,  sans  que  ses 
héritiers  demandent  son  héritage.  L'action  en  resti- 
tution est  admise  pour  le  simple  contre  les  héritiers 
pendant  un  an'*,  et,  sans  doute  depuis  la  loi  Sercilia, 
contre  les  tiers  de  tous  genres,  même  les  créanciers 
payés,  qui  ont  bénéficié  des  acquisitions  illégales'". 

Outre  la  peine  pécuniaire,  la  condamnation  ne  com- 
porte d'abord,  probablement  depuis  la  loi  Sercilia,  que 
l'infamie  "^  et,  au  début  de  l'Empire,  certaines  incapa- 
cités telles  que  l'exclusion  des  charges  et  des  sacerdoces, 
du  Sénat,  des  jurys,  du  métier  d'avocat,  du  droit  d'être 
témoin  '\  En  outre,  l'impossibilité  où  est  souvent  le 
condamné  de  restituer  les  sommes  énormes  qui  sont  en 
jeu,  a  pour  conséquence  l'exil  et  la  perte  des  droits 
civiques  '*.  Mais  dès  la  fin  du  i"'  siècle  ap.  J.-C,  à 
la  condamnation  pécuniaire  se  joignent  beaucoup  d'au- 
tres peines  arbitraires,  relégation  à  temps,  exil,  dépor- 
tation, confiscation  des  biens  et  même,  au  Bas-Empire,  la 
mort  '■'.         Ch.  Leckivaix. 

REPOSITOKIUM'.  —  Ce  nom  qui,  dans  son  accep- 
tion la  plus  large,  peut  s'appliquer  à  tout  meuble  et  à 


Fig.  5924.  -  Beposilorium. 

tout  endroit  où  l'on  pose  quelque  chose,  désigne  par- 
ticulièrement, dans  la  description  des  repas  romains,  un 
grand  plateau  ou  une  réunion  de  plateaux-,  quelquefois 
à  plusieurs  étages ^  sur  lesquels  le  dresseur  [structor] 
rangeait  avec  art  les  plats  qui  composaient  un  service 

Just.  9,  27,  a.  —  IS  Cic.  Pro  Hab.  Post.  4,  »  ;  13,  37;  Cœl.  Ad  fam.  8,  8,  2  ;  Pro 
Clu.  41,  116;  Plin.  Ep.  3,  9,  17.  —  IC  Val,  Max.  6,  9,  10;  Met.  ad  Uer.  I,  11, 
20  ;  Suet.  Dora.  8;  6'aes.  43  ;  Dig.  1,  9,  2.  Le  Sénat  peut  faire  grâce  de  l'infamie 
(Plin.  Ep.  4,9,  10-19).  —  llPIiu.i'p.  2,  11,  12,  20;  >,  9,  16-19;  Suet.  ^u/.  43; 
nih.  2;  Tac.  Ann.  14,  48;  Hiat.  1,  77  ;  Paul.  Sent.  5.  28;  Diq.  I,  9,  2,  3  ;  48,  1 1, 
6,  §  I  ;  22,  5,  15  pr.  ;  28,  I,  20,  §5.-18  Liv.  43,  2,  10  ;  Cic.  De  or.  2,  47,  194, 
Verr.  2,  31,  76  ;  Pro  Rab.  Post.  5,  Il  ;  Juv.  1,  47.  —  19  Plin.  Ep.  4,  9  ;  Oio.  Cass. 
00,25  ;  Vil.  Pli.  lli;  Auret.  39  ;  Alex.  35;  Paul.  Sent.  5,  28  ;  Dig.  48,  2,  20;  4S, 
11,7,  §  3;  C.  TA.  8,  4,  2  ;  8,  10,  2;  11,  10,  1  ;  11,  11,  1  ;  9,  27,  5  ;  11,  8,  i  ;  H,  7, 
20  ;  C.  Just.  1,  27,  1,  20.  —  Bibliographie.  Klenze,  legis  Strvilitie  fragm. 
Berlin,  1825;  Laboulayc,  Essai  sur  les  lois  criminelles  des  Jiomaiiis,  Paris, 
1845  ;  Zumpt,  De  leqibus  Judiciisque  repetundarum,  Berlin,  1843-7  ;  Walter, 
Rechlsgesettichte,  3«  éd.  Bonn,  1860,  u»  814;  Momrascn,  StrnfrechI,  Leipiig, 
1899,  p.  703-732. 

REl-OSITOniUM.  1  Capitoliu.  M.-Aur.  17  ;  Jul.  Valcr.  Iles  gest.  Alex.  3,  95,  éd. 
Mai.  —  -i  Petron.  Sut.  33,  35,  36,  40,  49,  60  ;  fliu.  Hist.  mit.  XXXIII,  140,  152. 
—  3  Petron.  36;  Plaut.  Alen.  1,  1,  23. 


RES 


840    — 


RES 


Ftg.  59i5,  —  Repositariu 


{ferrtiliim'].  A  chaque  servk-o.  on  lo  ronouvolait  -.  Il  Jovail 
donc  èire  porlalif.  El.  en  effet,  il  y  en  avait  de  tels,  qui 
pouvaient  être  fort  simples;  nous  en  donnerons  deux 
exemples.  Le  premier  (lig.  SOSi)  d'après  un  fragment 
de  médaillon  en  terre  cuite,  où  est  représenté  le  dernier 
banquet  des  Troyens  surpris  par  les  Grecs  ^:  le  reposito- 
riuin  est  conique,  formé  de  plateaux  qui  paraissent 
semboiler .  Le  second  exemple  est  tiré  d'une  fres- 
que de' bas  temps,  trouvée  au  village  de  Dernovo  (No- 
viodunum  en  Autriche');  on  y  voit  une  sorte  de  boite 
carrée,  à  toit,  surmontée  d'une  anse,  fermée  sur  les  côtés 

par  un  grillage, 
ayant  la  hau  - 
teur  de  la  table 
et  du  lit  auprès 
desquels  elle 
est  placée  (fig. 
5925).  D'autres, 
dontceux  qu'on 
voit  ici  ne  peu- 
vent donner 
qu'une  idée 
bien  imparfai- 
te, étaient  des 
meubles  de 
luxe.  Aux  bois  communs  succédèrent,  à  la  fin  de  la 
République,  les  bois  précieux,  puis  l'écaillé,  plaqués  et 
incrustés  d'argent;  on  en  fit,  enfin,  de  grandes  pièces 
d'argenterie  massive  '.      E.  Saglio. 

REPUDIATIO  i^DIVORTIUMJ. 

RES.  —  Les  choses  [rcf)  sont  tout  ce  qui  existe  dans 
kl  nature.  Mais  le  droit  ne  s'occupe  des  choses  qu'en 
tant  qu'elles  peuvent  procurer  aux  personnes  une  utilité 
quelconque  et  former  l'objet  d'un  droit.  Ainsi  considérées, 
les  choses  peuvent  être  l'objet  de  nombreuses  divisions, 
soit  d'après  leurs  caractères  intrinsèques,  soit  d'a])rès 
leur  condition  juridique.  Nous  allons  indiquer  à  cet 
égard  les  divisions  les  plus  importantes,  soit  dans  le  droit 
grec,  soit  dans  le  droit  romain. 

Droit  grec.  —  Le  droit  grec  n'a  pas  approfondi,  comme 
le  droit  fomain,  les  divisions  dont  les  choses  sont  su- 
sceptibles. On  rencontre  toutefois  en  Grèce,  à  côté  de  cer- 
taines divisions  inconnues  des  jurisconsultes  romains, 
les  principales  classifications  des  choses  admises  à  Rome. 
Les  divisions  que  nous  allons  parcourir,  d'après  les  docu- 
ments qui  nous  sont  parvenus  sont  celles  des  biens  : 
1°  en  meubles  et  immeubles;  2° biens  ostensibles  et  in- 
ostensihles;  3"  biens  productifs  et  improductifs  ;  i°  propres 
et  acquêts;  5°  choses  publiques;  G°  choses  sacrées; 
7»  choses  in  commercio  ou  extra  coinmercium. 

1"  .Ueuhlrs  el  immeubles.  —  La  division  des  choses 
en  mobilières  ou  immobilières,  qui  domine  la  plupart  des 
législations  modernes,  où  elle  présente  un  intérêt  juri- 
dique considérable,  n'a  guère  dans  le  droit  grec,  comme 
du  reste  dans  le  droit  romain,  qu'une  importance  de  fait. 
Aussi  les  sources  ne  la  signalent-elles  jamais  d'une 
manière  principale  et  se  bornent-elles  toujours  à  l'indi- 
quer par  occasion. 


1  HUul.  /-.  ;.  ;  Juv.  vil,  184  ;  Pelron.  35,  .16.  —  2  Le  reposilorimn  sur  lequel  on  pré- 
scnUil  lapromiifsio  s'appclail;)romufaidare;  Petr.  34;  Terlull.  Depall.  5;  Plia.  Jun. 
L'p.  V.  C.  37.  —  3  nec.  épiijraphique,  V  (1904),  p.  Cl.  —  *  MitlkeH.  d.  Centralcom- 
viiasion.  Vienne,  IS86,  pi.  i,  p.  25.-6  pljn.  XXXIll,  5î  ;  Ulpian.  Dig.  XXXIV.  21,9,10. 

BES.  1  Voir  sur  celle  '(uesllon  Beaucliel,  Hisl.  du  droit  priné  de  la  République 


Il  est  assez  difficile  d'abord  de  savoir  ce  que  l'on  con- 
sidérait là  Athènes  comme  biens  immeubles,  par  oppo- 
sition aux  meubles  [voir  ho.na'].  On  s'est  demandé, 
d'autre  part,  si  le  droit  altique  a  connu  ce  que  nous 
nommons  les  immeubles  par  destination,  c'est-à-dire  les 
objets  qui,  tout  en  étant  meubles  de  leur  nature,  sont 
fictivement  immobilisés  en  raison  du  lien  qui  les  unit  à 
l'immeuble  dont  ils  sont  l'accessoire  et  à  l'exploitation 
duquel  ils  sont  destinés,  comme  les  instruments  de  cul- 
ture, les  bestiaux.  La  solution  négative  nous  parait  plus 
conforme  aux  textes,  et  notamment  aux  difTérentes  défi- 
nitions que   les  lexicographes- donnent  des  meubles'. 

L'intérêt  pratique  de  la  distinction  des  biens  en  meu- 
bles et  immeubles  ne  parait  pas  considérable  à  Athènes, 
du  moins  à  l'époque  classique.  Peut-être  existait-il  au 
point  de  vue  de  l'usucapion,  mais  l'existence  de  celte 
institution  est  elle-même  fort  incertaine  dans  le  droit 
altique  îusix.'M'Io].  On  peut  seulement  conjecturer  que 
l'action  en  revendication  des  meubles  était  soumise  à 
une  prescription  plus  courte  que  l'action  en  revendication 
des  immeubles'.  Le  seul  intérêt  vraiment  sérieux  de 
notre  distinction  a  trait  à  la  publicité  des  ventes.  Les  for- 
malités prescrites  à  cet  égard  par  la  loi  attique  ne  concer- 
nent, en  principe,  que  les  immeubles  et  certains  auteurs 
ont  même  voulu  les  limiter  absolument  aux  imrneubles^. 

La  propriété  foncière  avait,  toutefois,  en  Grèce,  une 
importance  de  fait  bien  supérieure  à  celle  de  la  propriété 
romaine".  Il  fut  même  un  temps  où  la  condition  juri- 
dique des  immeubles  était  profondément  différente  de 
celle  des  meubles,  ;i  savoir  sous  le  régime  delà  propriété 
familiale,  quand  la  loi  proiiibait  le  contrat  de  vente. 
L'indisponibilité  qui  frappait  les  immeubles  ne  s'élendait 
point  alors  aux  meubles,  sinon  la  vie  économique  aurait 
été  complètement  paralysée.  Mais  celte  importance  rela- 
tive de  la  propriété  immobilière  dut  disparaître  peu  à 
peu  avec  le  développement  du  commerce  et  de  l'industrie. 
Le  législateur  athénien  semble,  néanmoins,  avoir  consi- 
déré les  meul)les  comme  une  lulis  possessio  relativement 
aux  immeubles.  C'est  vraisemblablement  sous  l'influence 
de  celte  idée  que  la  loi  attique  obligeait  le  tuteur  à  réaliser 
toute  la  fortune  mobilière  du  mineur  pour  la  placer  en 
immeubles  '. 

2°  Bienx  ox/ensibleg  el  inofilensib/es.  —  Celte  distinc- 
tion a  été  précédemment  étudiée  [apu.\>'Ès]. 

3°  Biens  productifs  et  improductifs.  —  Nous  avons 
également  exposé  la  signification  de  celte  distinction 
[bona].  Elle  ne  présente  guère  d'ailleurs  qu'un  intérêt 
de  fait,  notamment  à  propos  des  comptes  de  tutelle*. 

4"  Biens  propres  et  acquêts.  —  Il  est  difficile  de  savoir 
si,  en  Grèce,  la  coutume  primitive  connaissait  cette  dis- 
tinction des  biens.  Mais  elle  ne  larda  pas  à  s'introduire 
dès  que  le  sentiment  individualiste  eut  pénétré  dans  les 
mœurs.  On  considéra  qu'il  était  juste  de  reconnaître  à 
l'individu  le  droit  de  disposer  librement  des  biens  qui 
lui  provenaient  non  de  sa  famille,  mais  de  son  travail 
et  de  son  industrie.  Les  propres,  ou  biens  hérédi- 
taires (-à  TiaTscùa,  Tï  -tLT.izwT.)  continuèrent  à  faire  corps 
avec  la    famille  et  à  demeurer  indivis  el   inaliénables; 


a<Wnicniie,p.  3,p.  51— 2£<,mo/.  nm9n«ic,.5.  r.  riti=i«;  Pollux,  X.  10.  Cf.  Arislol. 
Rhetor.  I.  5,  §  7.  —  ^  Beaucliel,  Loc.  cit.  p.  9:  Contra,  Guiraud,  La  propriété 
foncière  en  Grèce  Jusqu'à  la  conquête  romaine,  p.  171  sq.  —  *  Beaucliel,  t.  111, 
p.  Il,  149.  —  5  Jiiiit.  p.  319  sq.  --  c  V.  Arislol.  Polit.  II,  i,  §  12.  —  7  Beauchet, 
l.  III,  p.  27.  —  8  Beaucliel,  l.  III,  p.  23,  96  el  2ÎS. 


RES 


—  841 


RES 


mais  les  acquRls  devinrent  disponibles.  Ce  ijalrimoine 
familial,  qui  ne  se  démembre  jamais  et  qui  passe  intact 
d'une  génération  à  l'autre,  c'est,  dans  les  cités  doriennes, 
à  Sparte  et  en  Crète,  le  xX^ipoç'.  Le  morcellement  en  est 
interdit  soit  par  vente,  soit  par  testament.  Quant  aux 
acquêts,  au  contraire,  les  pouvoirs  de  leur  possesseur 
s'élargissent  chaque  jour  davantage.  L'indisponibilité  des 
propres,  qui  finit  toutefois  par  disparaître,  se  maintint 
beaucoup  plus  longtemps  dans  les  lois  doriennes  que  dans 
celles  des  autres  cités  grecques,  notamment  que  dans  les 
cités  ioniennes.  La  loi  athénienne,  du  moins  après  les 
réformes  de  Solon,  ne  connaît  plus  de  différence  entre  les 
propres  et  les  acquêts  :  les  uns  et  les  autres  sont  égale- 
ment disponibles  entre  les  mains  de  leur  propriétaire. 

Il  reste  cependant,  soit  dans  le  droit  public,  soit  dans 
le  droit  privé,  certaines  traces  de  l'ancienne  distinction 
et  de  l'indisponibilité  des  propres.  Ainsi  celui  qui  dissipe 
ses  propres,  Ta  Ttarpùia,  est  frappé  de  certaines  incapacités, 
et,  lors  de  la  docimasie  [dokimasia],  il  est  assimilé  à  celui 
qui  s'est  prostitué  ou  qui  a  maltraité  ses  parents-,  et  le 
prodigue  est  exclu  des  fonctions  publiques-'.  D'autre  part, 
celui  qui  dissipe  ses  biens  paternels,  peut,  à  Athènes,  être 
frappé  d'interdiction  '.  Mais,  à  notre  avis  du  moins,  il 
n'existe,  au  point  de  vue  de  la  transmission  des  biens  aux 
enfants, aucunedifférenceentreles  propresetlesacquets  ■'. 

5°  Choses  publiques.  —  Les  choses  de  cette  catégorie 
c'est-à-dire  celles  qui  appartiennent  à  l'État  ou  aux  sub- 
divisions de  l'État,  se  divisent,  dans  notre  droit  moderne, 
en  deux  grandes  catégories,  suivant  qu'elles  font  partie 
de  ce  que  l'on  nomme  le  domaine  public  ou  qu'elles 
appartiennent  au  domaine  privé.  Cette  distinction  parait 
inconnue  dans  le  droit  grec,  oîi  tous  les  biens  domaniaux 
semblent  avoir  le  même  caractère;  ils  sont  soumis  aux 
mêmes  règles,  et  il  n'existe  entre  eux  qu'une  différence 
de  fait  provenant  de  la  diversité  de  la  destination". 

Abstraction  faite  des  biens  que  nous  rangeons  aujour- 
d'hui dans  le  domaine  public,  les  biens  domaniaux,  en 
Grèce,  provenaient  à  l'Etat  de  différentes  sources.  Ils  se 
composaient  d'abord  de  terres  réservées  lors  de  la  fonda- 
tion de  la  cité  et  demeurées  dans  l'indivision  ^  Une  autre 
source,  et  fort  importante,  du  domaine  de  l'État,  c'est, 
dans  les  cités  grecques,  la  confiscation*  [demioprata]. 
Par  contre,  l'État  en  (}rèce  ne  s'enrichit  point,  comme 
aujourd'hui,  au  moyen  des  successions  en  déshérence'-'. 
Mais  si  l'État  n'héritait  pas,  il  était  apte  à  recevoir  des 
donations  et  des  legs  et,  à  ce  titre,  il  recueillait  parfois 
des  sommes  importantes  '".  Le  domaine  de  l'État  peut 
enfin  s'accroître  par  l'effet  d'acquisitions  réalisées  par 
l'Étal  lui-même  avec  ses  revenus  ou  avec  les  sommes  pro- 
venant des  ressources  extraordinaires". 

Il  n'y  avait  aucune  différence,  quant  à  leur  condition 
juridique,  entre  les  divers  éléments  dont  se  composait 
le  domaine  de  l'État.  En  conséquence,  tous  les  biens 
domaniaux  étaient  aliénables  directement  ou  indirecte- 
ment'-. L'aliénation  régulièrement  consentie  des  biens 


1  Cf.  Fustel  de  Coulanges.  Noweltes  recherclies,  p.  9iî  :  (Juiraud,  Loc.  cil.  : 
Daresle,  Haussoullior  et  Reinach,  Hec.  des  inscr.  Jurid.  grecques,  p.  425. 
—  -ipollux.  X,  45.  —3  Platner,  Process,  II,  p.  153;  Meier,  SchAraann  et  Lipsius, 
Der  attische  Prorcss,  p.  365;  Thonisseo,  Le  droit  pénal  de  la  Bépubliquc 
atliénienne,  p.  3i>0  ;  Beauchel,  t.  III,  p.  20.  —  t  Beaucliel,  t.  II,  p.  389. 
— .  ii  Beauchet  t.  III  p.  27;  Contra,  Boissonade,  Hist.  de  la  réserve  liéréd. 
p.  iiO.  —  <>  Beauchet,  t.  III,  p.  28.  Voir  toutefois  Hitzig,  Zeitschrift  der  Savigny- 
Sliftung  f.  Rechtsgesellichte,  Rôm.  Abth.  18,  p.  172.  —  '  Guiraud,  p.  3H 
sq.  ;  Beauchel,  t.  III,  p.  29.  —  8    Aristoph.  Vesp.  fi59.  Cf.  Guiraud,  p.  US  ;  Beauchet, 

VIII. 


de  l'État  se  distinguait  môme  dos  aliénations  ordinaires 
en  ce  qu'elle  conférait  à  l'acquéreur  un  droit  irrévocable, 
et  à  l'abri  de  toutes  chances  d'éviction  totale  ou  partielle, 
purgeant  ainsi  tous  les  droits  réels  existant  sur  la  chose, 
si  légitimes  qu'ils  pussent  être,  et  notamment  celui  du 
véritable  propriétaire  dont  la  chose  aurait  été  indûment 
comprise  dans  la  vente  effectuée  parles  agents  de  l'État". 
Les  intéressés,  dont  les  droits  sont  ainsi  mis  en  péril, 
ne  peuvent  s'adresser  qu'à  l'État,  soit  pour  empêcher 
l'aliénation,  si  elle  n'a  pas  encore  été  effectuée,  soit  peut- 
être  aussi  pour  lui  réclamer  des  dommages-intérêts,  si 
l'adjudication  est  consommée".  Les  biens  domaniaux 
peuvent  être  également  l'objet  d'une  affectation  hypo- 
thécaire '^. 

Le  domaine  de  l'État  était  protégé  de  diverses 
manières  contre  les  tentatives  d'usurpation  dont  il  pou- 
vait être  l'objet  de  la  part  des  particuliers.  Ainsi  la  cité 
prenait  soin  de  faire  planter  des  cipot  autour  de  ses  pro- 
priétés. A  Athènes,  les  démarques  avaient  probablement 
pour  mission  de  dénoncer  les  empiétements  commis  au 
préjudice  de  la  cité.  De  temps  en  temps,  on  instituait, 
soit  à  Athènes,  soit  dans  les  autres  cités  grecques,  des 
magistrats  spéciaux  chargés  de  rechercher  les  biens  usur- 
pés au  détriment  soit  du  domaine  sacré,  soit  du  domaine 
de  l'État '^  On  cherchait,  d'autre  part,  à  prévenir  les 
usurpations  par  les  conséquences  rigoureuses  de  l'action 
en  revendication  intentée  par  l'État.  Enfin  le  vol  des 
choses  domaniales  est  sévèrement  réprimé  au  moyen 
de  la  ypapT|  xXottti;  S-fiaoaîwv   ypY||Ao!.To>v"   [liLOPÈ,   p.  828]. 

6°  Choses  sacrées.  —  La  propriété  sacrée,  qui  a  une 
importance  considérable  dans  le  droit  hellénique,  pro- 
vient de  sources  différentes.  Elle  a  été  constituée  d'abord 
par  les  libéralités  de  l'État.  Ainsi,  lorsqu'on  fondait  une 
ville, — etcette  règle  était  encore  suivie  dans  la  fondation 
des  colonies  athéniennes  au  i"  siècle  avant  notre  ère,  — 
l'usage  était  de  mettre  à  part  des  terres  pour  les  dieux  à 
la  garde  de  qui  on  confiait  la  cité  ".  On  réservait  égale- 
ment aux  dieux  une  part  soit  dans  le  butin,  soit  dans  les 
confiscations".  Les  libéralités  des  particuliers  n'étaient 
pas  une  source  moins  importante  de  la  propriété  sacrée-". 
Enfin  le  domaine  sacré  pouvait  s'augmenter  des  acqui- 
sitions réalisées  par  les  dieux  eux-mêmes,  soit  avec  les 
capitaux  qui  leur  avaient  été  donnés,  soit  avec  les  éco- 
nomies faites  sur  leurs  revenus'^'.  Quant  à  la  condi- 
tion des  res  sacrae,  à  leur  administration,  elles  ont  été 
précédemment  exposées  [uonarium]. 

A  côté  des  res  sacrae,  le  droit  grec  parait  avoir  admis, 
comme  le  droit  romain",  desres  religiosae.  Les  tom- 
beaux des  Grecs  semblent,  en  effet,  avoir  été  l'objet  d'une 
réglementation  analogue  à  celle  qui  existait  à  Rome.  Ils 
formaient  l'objet  d'une  sorte  de  propriété  de  famille,  qui 
ne  pouvait  être  employée  à  un  autre  usage  que  celui  de 
donner  la  sépulture  aux  membres  de  la  famille.  La  pro- 
tection en  avait  été  spécialement  assurée  par  une  loi  de 
Solon2^  et  l'on  rencontre  dans  le  droit  grec,  à  une  époque 


LUI,  p.  710  sq.  —9  Cf.  Beauchet,  t.  III,  p.  2'J  et  570.  —  lOAndocid.  C.AIcib.  §  15. 
a.  Guiraud,  p.  346.  — "  Voir  Guiraud,  p.  347.  —  '2  Guiraud.  p.  352  ;  Beauchel,  l.  III, 
p.  31.  —13  Beauchet,  Loc.  cit.  —  i*  Leist,  Der  attische  Eigentumsstreit,  p.  40  ; 
Guiraud, p.  352;  Beauchet, £oc.  cit.  —  15  Poilus,  VIII,  59.  —  16  Demosth.  6".  Timarch. 
§  il.  Cf.  Guiraud,  p.  358.—  "  Aristot.  InsM.  des  Atlien.  c.  54;  Demosth.  Loc. 
cit.  §â  il2el  127.  Cf.  Mcier,  Scliomann  et  Lipsius,  p.  454;  Guiraud,  p.  3;il).  —  18  Plat. 
Leges,  p.  738  ;  Aristot.  Polit.  IV,  9-7.  —  i»  Voy.  Donarium,  p.  365.  Cf.  les 
textes  cités  par  Guiraud,  p.  303  sq.  —  20  Cf.  Guiraud,  p.  304.  —  21  Guiraud,  p.  363. 
—  22  Voir  infra.  —  23  Cic.  De  legibus,  II,  20,  04. 

100 


RES 


—   842 


RES 


loutefois  assez  récente,  une  action  TuiACcopu/;»;  donnée 
contre  ceu\  qui  violaient  des  tombeaux  pour  les  piller'. 
Le  droit  grec  admet  d'ailleurs,  comme  le  droit  romain,  un 
Jus  .«<'/>«/(•;•/,  conférant  aux  parents  du  défunt  une  ser- 
vitude de  passage  sur  les  fonds  voisins  pour  se  rendre  au 
tombeau  afin  d"y  accomplir  les  rites  funèbres-. 

7°  Choses  in  comiuercio  ou  extra  coiitmerciiDii.  —  La 
division  des  choses  fondée  sur  le  fait  qu'elles  sont  ou  non 
dans  le  commerce,  présente  son  intérêt  principal  en 
matière  de  vente  (vendi(io).  Cette  division  n'offre,  dans 
le  droit  altique,  qu'un  intérêt  relativement  minime. 

Droit  romain.  —  Parmi  les  divisions  des  choses  données 
par  les  jurisconsultes  romains,  celle  qui  occupe  la  pre- 
mière place  est  celle  des  res  in  pn/riinonio  et  res  extra 
patrimoniuin  ^  Les  choses  dans  le  patrimoine  sont  celles 
qui  sont  sous  la  propriété  privée  d'une  personne  ou  tout 
au  moins  qui  sont  susceptibles  de  s'y  trouver.  Les  choses 
hors  du  patrimoine  sont  celles  que  leur  nature  même 
rend  insusceptibles  d'appropriation  individuelle,  ou 
celles  qui,  bien  que  susceptibles  de  cette  appropriation, 
ne  peuvent,  par  des  raisons  d'ordre  religieux  ou  d'ordre 
public,  appartenir  à  un  particulier. 

1.  Kes  in  i>.\tri.monio.  —  Les  choses  in  patriinonio  sont 
elles-mêmes  susceptibles  de  plusieurs  divisions  impor- 
tantes: 1°  res  corporafesel  incorporâtes  ;  2°  res  mancipi 
et  res  nec  mancipi;  3"  meubles  et  immeubles;  4°  res 
(/uae  pondère,  numéro  mensuraoe  constant;  a"  gênera 
et  species;  6°  res  quae  usa  consumuntur;  1"  choses 
principales  et  choses  accessoires;  8°  choses  simples  et 
choses  composées,  et  choses  collectives. 

i°  Res  corporales  elres  incorporâtes.  —  Les  choses 
corporelles  sont  celles  qui  ont  une  existence  matérielle, 
que  l'on  peut  voir  Ou  toucher,  (/««e  tungi  passant*,  que, 
d'une  manière  générale,  on  peut  percevoir  à  l'aide  des 
sens,  comme  un  animal,  un  esclave,  un  fonds  de  terre. 
Les  choses  incorporelles  sont,  au  contraire,  celles  qui 
n'ont  pas  d'existence  ;  ce  sont  des  abstractions,  des  droits 
quae  in  Jure  consistutU',  que  sans  doute  l'intelligence 
saisit,  mais  qui  échappent  à  nos  sens.  Tels  sont,  d'après 
Gains  et  Justinien,  les  droits  d'usufruit  et  d'usage,  les 
servitudes  prédiales,  les  créances  ou  obligations,  les  héré- 
ditésjacentes.  Logiquement,  le  plus  important  des  droits, 
celui  de  propriété,  devrait  être  compris  parmi  les  choses 
incorporelles,  car,  comme  les  autres  précités.  Jure  con- 
sislit.  Mais  les  Romains  en  ont  fait  une  chose  corporelle, 
et  cela  par  une  confusion  assez  naturelle  entre  \esultstra- 
lum  du  droit,  son  objet  et  le  droit  lui-même  Les  autres 
droits,  moins  complets  ou  moins  immédiats  que  le  droit 
de  propriété,  se  distinguent  plus  facilement  de  la  chose 
malérielle  à  l'occasion  de  laquelle  ils  s'exercent. 

L'intérêt  pratique  de  la  distinction  des  choses  en  cor- 
porelles ou  incorporelles,  c'est  que  les  premières  peuvent 
faire  l'objet  d'un  droit  de  propriété  et  d'une  possession 
[possESSio'i ,  tandis  que  les  secondes  ne  le  peuvent  pas". 

2°  Res  tnanripi  et  nec  mancipi.  La  portée  et  l'intérêt  de 
cette  distinction  ont  été  ailleurs  examinés  [m.\ncipiim|. 

3°  Meubtesel  immeubtes.  —  Les  meubles  [res  mobiles, 
res  se  moventes)  sont  les  choses  qui  se  meuvent  par  elles- 
mêmes,  comme  les  esclaves  et  les  animaux  ou  celles  qui 
sont  susceptibles  d'être  déplacées  sous  l'action   d'une 

'  Voir  les  documents  cités  à  ce  sujet  par  Herraann-Thalheim,  JteclUsallei- 
thamer,  +«  éd.  p.  40,  note  5.-2  Guiraud,  p.  191;  Beauchel,  t.  |[l,  p.  U,  ICI. 
—  5  luslil.   Jusl.  pr.   Û?  diiiis.  rer.  Il,    1  ;  Gains,   Comm.  Il,  1.    —  »    Insl.  Jusl. 


force  extérieure,  comme  un  livre  ou  une  table.  Les  im- 
meubles [res  .so//,  praedia.  fundi)  sont  les  choses  non  sus- 
ceptibles d'être  déplacées,  comme  le  sol  et  tout  ce  qui  fait 
corps  avec  lui,  c'est-à-dire  les  maisons,  les  plantations  ". 
Sans  avoir,  dans  le  droit  romain,  la  même  importance 
que  dans  le  droit  germanique  ou  dans  notre  ancien  droit 
français,  la  distinction  des  choses  mobilières  et  immo- 
bilières n'est  pas  à  Ftome  dénuée  d'intérêt  pratique.  Ainsi  : 

a)  l'usucapion  s'accomplit  par  le  délai  de  deux  ans  pour 
les  immeubles,  d'un  an  pour  les  autres  choses  [usucapio]  ; 

b)  les  interdits  uli  possidetis,  unde  vi,quod  viaut  clam, 
sont  spéciaux  aux  immeubles;  la  possession  des  meubles 
est  protégée  spécialement  par  l'interdit  u/rubi  [inter- 
dictum]  ;  c)  le  vol  n'est  possible  que  pour  les  meubles 
[furtum]  ;  d)  les  immeubles  dotaux  sont  seuls  inalié- 
nables [dos]. 

La  division  des  choses  en  mobilières  et  immobilières 
ne  se  confond  nullement  avec  celle  des  res  mancipi  et 
nec  mancipi,  car  parmi  les  res  mancipi  figurent  à  la 
fois  des  meubles  et  des  immeubles.  Toutefois,  à  partir  du 
moment  où  cette  dernière  division  disparut,  comme  ayant 
cessé  d'être  en  harmonie  avec  les  transformations  écono- 
miques de  la  société  romaine,  la  distinction  en  meubles 
et  en  immeubles  joua  à  peu  près  le  même  rôle,  c'est-à- 
dire  qu'elle  partagea  les  biens  en  deux  classes,  ceux 
auxquels  on  altaciiait  une  grande  valeur,  les  immeubles, 
et  ceux  de  moindre  valeur,  les  meubles.  C'est  avec  ce 
caractère  qu'elle  s'est  perpétuée  à  travers  l'ancien  droit 
jusqu'au  code  Napoléon,  encore  rédigé  sous  l'empire  de 
l'adage  res  mobiles,  res  ciles. 

i°  Res  quae  pondère,  numéro,  mensurave  constant. — 
Ces  choses  sont  celles  qui  s'apprécient  au  poids,  au  nombre 
ou  à  la  mesure,  comme  les  pièces  de  monnaie,  l'huile,  le 
blé,  le  vin  :  on  les  appelle  aussi  des  quantités  *.  A  ces 
choses  on  oppose  celles  qui  s'apprécient  d'après  leur 
individualité,  comme  une  maison,  un  tableau,  et  que  l'on 
nomme  des  corps  certains.  Dans  les  usages  du  commerce, 
les  choses  de  la  première  catégorie  peuvent,  en  général,  se 
remplacer  les  unes  par  les  autres,  chacune  dans  son  espèce. 
La  division  en  question  présente  de  l'intérêt  à  plusieurs 
points  de  vue  :  a)  le  mutuum  ne  peut  avoir  pour  objet 
que  des  choses  quae  pondère  ...  constant  j^mutiimI,  tandis 
que  le  commodat  a  toujours  pour  objet  des  choses  consi- 
dérées dans  leur  individualité  [commudatim] ;  6)  le  dépôt 
est  régulier  ou  irrégulier,  suivant  qu'il  a  pour  objet  des 
corps  certains  ou  des  quantités  i^depositim]  ;  c)  la  resti- 
tution de  la  dot  est  soumise  à  des  règles  différentes  selon 
qu'elle  s'applique  à  des  quantités  ou  à  des  corps  cer- 
tains [dos]. 

o"  Gênera.  —  Species.  —  Cette  division  des  choses  en 
gênera,  c'est-à-dire  en  choses  considérées  seulement  au 
point  de  vue  du  groupe  auquel  elles  appartiennent,  ou 
en  species,  c'est-à-dire  en  choses  individuellement  visées, 
dépend  de  l'intention  des  parties  qui  traitent  relativement 
à  ces  choses.  L'intérêt  de  cette  division  se  présente  au 
point  de  vue  de  la  libération  du  débiteur.  Le  débiteur 
d'une  species  ou  corps  certain  est  libéré  interitu  rei, 
tandis  que  le  débiteur  d'un  genre  est  soumis  à  la  règle 
gênera  non  pereunt.  Nous  observerons  d'ailleurs  que 
cette  division  ne  se  confond  pas  avec  la  précédente.  Ainsi 


§1.  De  reb.   incorp.  11,  .. 

De  acq.  vet.  amitt.  poss.  XLI,  2 

111.  90. 


—  i  Ibid.   ! 
—  'L. 


2,  Gains,  II,  li  à  U.   —  6  L.  3,  pr.  D. 
93,  D.  De  Merb.  signif.  L.  1(1.  —  s  Gains, 


RES 


—  8i3 


RES 


une  chose  (luae  pondère...  constat  ■pe\i\,  être  envisag-ée 
in  specie  :  tel  le  vin  qui  se  trouve  dans  un  cellier  '. 

6°  Res  quae  usii  consuinunfu?'.  —  Ces  choses,  que  l'on 
oppose  à  celles  qui  sont  susceptibles  d'un  usage  répété, 
comprennent  en  général  les  choses  qui  se  pèsent,  se 
comptent  ou  se  mesurent.  Mais  il  y  a  aussi  des  choses 
que  l'on  vend  au  nombre,  comme  les  moutons  d'un  trou- 
peau, et  qui  ne  se  consomment  pas  par  le  premier  usage. 
L'intérêt  pratique  delà  distinction  se  présente  en  matière 
d'usufruit  :  ce  droit  ne  peut  être  établi  sur  les  choses  qui 
se  consommeni p?-itno  usu'^  [usiisfructus]. 

7°  Choses  principales,  choses  accessoires.  —  Les  choses 
accessoires,  qui  sont  toujours  de  minime  valeur,  ne 
rendent  de  services  à  l'homme  que  par  l'intermédiaire 
d'une  autre  chose  ou  par  leur  union  aune  autre  chose, 
qui  en  est  la  chose  principale  :  telles  sont  les  clefs  d'une 
maison,  les  tuiles  posées  sur  une  toiture.  L'intérêt  pra- 
tique de  cette  division  c'est  que  les  actes  juridiques  con- 
clus pour  la  chose  principale  sont,  à  moins  de  convention 
contraire,  applicables  de  plein  droit  à  la  chose  accessoire; 
ainsi  la  vente  ou  le  legs  de  la  chose  principale  comprend 
la  vente  ou  le  legs  de  la  chose  accessoire  '. 

8°  Choses  simples  et  cotnpose'es  collectives.  —  Une  chose 
simple  est  celle  qui  est  faite  d'un  tout  homogène,  comme 
un  esclave,  une  poutre,  une  pierre  précieuse.  Une  chose 
composée  (unicersitas  rerum  cohœrentium)  est  for- 
mée de  parties  hétérogènes,  mais  adhérentes  entre 
elles,  comme  un  édifice,  un  navire,  une  armoire. 
Enfin  les  choses  collectives  [universitas  rerum  r/istan- 
tium)  sont  composées  de  plusieurs  choses  demeurées 
indépendantes,  et  qui  ne  sont  instituées  en  unité  que  par 
leur  distinction  commune,  comme  un  troupeau'*.  L'in- 
térêt pratique  de  la  distinction,  c'est  que  si  l'une  des 
choses  qui  sont  entrées  dans  la  composition  d'une  autre 
appartient  à  un  tiers,  celui-ci  ne  pourra  pas  la  reven- 
diquer, si  la  chose  est  adhérente  au  corpus,  tandis  qu'il 
en  aura  le  droit  s'il  ne  s'agit  que  d'une  universitas  facti^. 

H.  Res  extra  patrimonium.  —  Ces  choses  se  divisent  en 
trois  catégories:  res  divini  juris,  res  communes  et  res 
publicae. 

1°  Les  res  divini  juris  sont  celles  qui  ne  peuvent  appar- 
tenir à  des  particuliers  en  raison  des  droits  supérieurs 
que  les  dieux  ont  sur  elles  :  on  leur  oppose  alors  les  res 
humani  juris''. 

hesres  divini  juris  se  subdivisent  elles-mêmes  en  res 
sacrae,  religiosae,  sanctae.  Les  res  sacrne  sont  les  choses 
consacrées  aux  dii  super  i,  c'est-à-dire  aux  divinités  autres 
que  les  dieux  mânes  :  tels  sont  les  bois  sacrés,  les 
sanctuaires  de  tout  genre,  les  statues  des  dieux,  les  tré- 
sors des  temples,  et  plus  tard,  après  l'avènement  du 
christianisme,  les  choses  consacrées  à  Dieu.  Leur  affec- 
tation [consecratio)  aux  dieux  ne  peut  résulter  de  la 
simple  volonté  d'un  particulier;  elle  implique  une  inter- 
vention du  pouvoir  civil  et  une  cérémonie  religieuse.  Leur 
désaffectation  [profanatio]  résulte  d'une  cérémonie 
religieuse  inverse'.  Les  res  sacrae  sont  hors  du  com- 
merce et  absolument  inaliénables.  Toute  violation  d'une 
res  sacra  est  d'ailleurs  punie  sévèrement,  sous  le  nom 

1  L.  30,  D.  De  leg.  I",  .XXX,  6.  —  i  Inst.  Just.  §  2,  De  usufr.  II,  4.  -  3  !..  1 7,  pr. 
§S  2,  5,  7,  U,  D.  Emti,  XIX,  1.  —  4  L.  30,  pr.  D.  De  usurp.  XLI,  3.  —  ■■  L.  23, 
pr.  D.  De  usurp.  XLI,  3.-6  Gaius,  Comm.  Il,  î;  \.  l,  pr.  D,  De  divis.  rer.  I,  S. 
—  ^  fiaius,  II,  4;  Insl.  Just.  §  8,  De  divis.  rer.  II,  1  ;  I.  G,  §  3,  D.  De  divis^  rer.  I, 
8:  Noti.  Just.  67,  c.  1  ;  Nov.  131,  c.  7.  -  »  L.  1  à  4,  D.  Arf.  teg.  Jul.  pecul.  XLVIll, 
13.  —  9  Insl.  §  8.  De  divis.  rer.  Il,  1  ;  ,Vou.  120,  c.   10.  —  m  Gaiu=,  II,  i;  Insl. 


de  sacrilège'.  .\  l'époque  chrétienne,  Justinien  autorisa 
l'aliénation  des  res  sacrae  dans  certains  cas  exceptionnels, 
notamment  pour  racheter  des  captifs'. 

Les  res  religiosae  sont  les  choses  consacrées  aux  dii 
inferi,  c'est-à-dire  aux  dieux  mânes,  divinités  propres 
à  chaque  famille.  Klles  consistent,  en  définitive,  dans  les 
tombeaux  et  dans  le  terrain  où  ils  sont  élevés;  aussi  leur 
notion  survécut-elle  à  la  disparition  du  culte  des  mânes  '". 
A  la  difTérence  des  res  sacrae,  la  volonté  d'un  particulier 
peut  faire  une  res  religiosa,  à  certaines  conditions  tou- 
tefois. Il  faut  notamment  une  inhumation  réelle,  ce  qui 
exclut  les  cénotaphes;  il  faut  aussi  que  l'inhumation  ait 
été  faite  à  perpétuité  et  que  le  terrain  puisse  légalement 
recevoir  une  inhumation  ".  Ce  qui  devient  d'ailleurs  reli- 
gieux, ce  n'est  pas  l'ensemble  du  terrain,  mais  seulement 
la  place  abandonnée  au  mort  et  son  tombeau  '^  D'autre 
part,  le  caractère  religieux,  quoique  perpétuel  en  prin- 
cipe, peut  s'effacer  par  l'enlèvement  du  cadavre".  Les 
res  religiosae,  bien  que  hors  du  commerce  et  inaliénables, 
donnent  lieu  à  un  véritable  droit  privé  connu  sous  le 
nom  de  jus  sepulcri.  Ce  droit  emporte  notamment,  au 
profit  de  celui  qui  le  possède,  le  droit  d'obtenir,  moyen- 
nant indemnité,  un  chemin  d'accès  au  tombeau,  lorsque 
celui-ci  est  enclavé  dans  le  terrain  d'autrui  ;  il  comporte 
aussi  la  faculté  de  léguer  le  jus  mortuum  inforendi  '*.  La 
violation  des  res  religiosae  n'est  pas  poursuivie,  comme 
celle  des  res  sacrae,  par  voie  d'action  criminelle,  mais 
par  une  action  entraînant  l'infamie  et  une  peine  pécu- 
niaire, l'action  desepulcro  violato'-'. 

Les  res  sanctae,  qui  ne  sont  divini  juris,  d'après  Justi- 
nien, qu'en  un  certain  sens  [quodam  modo),  car  elles  ne 
sont  la  propriété  d'aucune  divinité  déterminée,  sont  les 
choses  que  l'on  a  voulu  protéger  contre  les  entreprises 
des  particuliers,  comme  les  portes  et  les  murs  des  villes, 
les  bornes  des  champs  '*.  Aussi  des  peines  sévères  étaient- 
elles  portées  contre  les  violateurs  des  choses  saintes". 

2°  Les  res  communes  sont  les  choses  dont  la  propriété 
n'est  à  personne  et  dont  l'usage  est  commun  à  tous  les 
hommes,  comme  l'air,  l'eau  courante,  la  mer  ",  La  nature 
même  de  ces  choses  est  exclusive  de  toute  appropriation 
individuelle,  d'où  résulte  la  liberté  de  la  pêche  et  de  la 
navigation  ".  Les  Romains  considèrent  également  comme 
communs  les  rivages  delà  mer,  qui  sont  une  dépendance 
de  celle-ci.  On  peut,  toutefois,  y  élever  une  construction 
avec  l'autorisation  du  préteur,  qui  doit  examiner  si  l'in- 
térêt de  la  navigation  n'a  pas  à  en  souffrir^".  La  con- 
struction appartient  à  celui  qui  l'a  édifiée  ;  mais  si  elle  est 
détruite,  le  sol  du  rivage  redevient  commun^'. 

3°  Les  res  publicae  sont  encore  des  choses  dont  l'usage 
est  commun  à  tous,  mais,  à  la  différence  des  choses  com- 
munes proprement  dites,  elles  sont  considérées  comme 
appartenant  au  peuple  romain  envisagée  comme  personne 
morale,  comme  ïager  publicus  [ager  publicus],  les  sei^vi 
publici.  Les  res  publicae  comprennent,  au  sens  large, 
aussi  bien  ce  qu'on  appelle  aujourd'hui  le  domaine  privé 
que  le  domaine  public  de  l'État.  Mais,  au  sens  étroit, 
ce  sont  par  excellence  les  biens  constituant  le  domaine 
public,  biens  qui  ne  peuvent  appartenir  à  aucun  parli- 

lUid.,  §  9  ;  1.  4,  D.  De  reli,j.  XI,  7.  —  >'  I..  C,  .6  1,  I.  30  el  40,  D.  Eod.  til.  ;  I.  3 
§  5,  D.  De  sep.  viol.  XLVII,  12.  —  12  L.  2,  §  5,  U.  De  relig.  —i'h.l  et  14  C.  De 
relig.  III,  44.  —  U  L.  12,  pr.  P.  De  relig.;  l.  14,  C.  De  légat.  VI,  37.  _  lO  L.  2  cl 
3,  D.Desep.  oio/.  XLVII,  12.  —  16  hist.  §  io, De  divis.  rer.  ;  Gaius,  11,  8.  —  "  L.  Il, 
D.  De  divis.  rer.  —  '8  Oie.  De  offic.  1, 16.  —  19  L.  2  §  9,  D.  Ne  quid  in  toc.  publ. 
XLIII,  8.  —  20  L.  D.  De  adq.  rer.  dont.  XLI,  1.  —  21  L.  C,  pr.  D.  De  dvi^is.  rer.  I,  8. 


RES 


—  844 


RES 


culier  parce  qu'ils  sont  affectés  à  l'usage  public,  comme 
les  places  et  voies  publiques,  les  ports,  les  Meuves,  les 
bains  publics,  les  théâtres,  les  gymnases.  La  libre  jouis- 
sance de  ces  biens  par  le  public  est,  comme  celle  des  choses 
communes,  protégée  par  l'aclion  d'injures'  [injuria]. 

.\  côté  de  ces  ?-es  piibiicae,  il  en  est  d'autres  que  l'on 
qualifie  aussi  de  ce  nom,  mais  qui  sont  plus  spécialement 
res  universilads,  c'est-à-dire  qui  appartiennent  à  des 
personnes  morales  telles  que  les  cités,  les  corporations. 
Parmi  ces  res  universitalis,  on  peut  en  distinguer  de 
deux  sortes,  celles  qui  sont  dans  le  domaine  privé  de  la 
personne  morale,  et  celles  qui  sont  dans  son  domaine 
public  :  ces  dernières  comprennent  les  choses  qui,  par 
leur  destination,  échappent  à  l'appropriation  individuelle 
et  sont  alTectées  à  l'usage  commun  de  tous  les  membres 
de  la  cité,  comme  le  ihédlre,  le  stade,  les  bains. publics'. 
Le  citoyen  empêché  d'en  jouir  a  encore  l'action  d'in- 
jures'.      L.   Bealchet. 

RESCISSORl.\  ACTIO  [iNTERCESsm]. 

RESCR1PTU.M.  —  1.  /faut-Empire.  —  Dès  le  début  de 
l'Empire,  tandis  qu'à  Rome  on  demande  des  consulta- 
lions  juridiques  surtout  aux  juriconsultes  qui  on\.  le  Jus 
respondendi  ;  pride.ntilm  auctorit.as],  dans  les  provinces 
les  magistrats  et  les  particuliers  prennent  l'habitude  de 
consulter  directement  l'empereur.  Des  provinciaux,  sur- 
tout des  soldats,  qui  ont  consulté  un  jurisconsulte, 
veulent  souvent  avoir  en  outre  l'avis  de  l'empereur'.  Les 
requêtes  des  particuliers  s'appellent  libelli.  preces, 
supplicationes.  en  grec  àiioïi!?  ^  ;  celles  des  fonction- 
naires relationes,  sufjf/estiones,  consultai  loties  ^  La 
réponse  de  l'empereur  a  deux  formes  principales  :  c'est 
soit  une  lettre  proprement  dite,  une  epistula,  et  c'est  la 
règle  pour  les  fonctionnaires  et  les  corps  officiels 
[epistulis  (ab)]  *  ;  soit  une  simple  subscrip/io,  inscrite 
sur  la  requête  elle-même  des  particuliers,  sur  le  libel- 
las'^; de  là  sont  venues  les  expressions  libellns  rescrip- 
tus  et  rescriptum  ^.  Les  rescrits  que  renferme  le  Code 
de  Justinien,  adressés  par  les  empereurs,  depuis  Hadrien. 
aux  particuliers,  sont  des  subscriptlones  et  non  des 
epislulae''. 

La  réponse  de  l'empereur  est  une  coiistitutio  impé- 
riale; elle  n'est  pas  une  loi  proprement  dite  et  n'a  pas 
le  caractère  d'irrévocabilité  de  la  loi,  puisque  c'est  seule- 
ment à  partir  de  Dioclétien  que  l'empereur  a  véritable- 
ment le  pouvoir  législatif;  mais  elle  a,  en  vertu  de  la  lex 
regia',  la  même  validité  que  les  acia  principis  en 
générai;  et  les  jurisconsultes  lui  reconnaissent  force  de 
loi  {vtcem  legis  oblinet),  quand,  n'étant  pas  déterminée 
par  des  considérations  de  personnes,  quand  netant  pas 


"  L.  13,  7.  D.  fie  mjur.  XL  VU,  |0.  _  s  Insl.  Jusl.  S  6,  £oU.  lit.  —  3 1,.  î.  9,  D 
Ne  quid  in  loc.  publ.  XLIII,  8.  —  Bibuograpbie.  Pour  le  droit  romain  :  Accarias. 
Précit  de  droit  romain,  3>  éd.  l.  I,  p.  4*7  sq.  ;  .May,  Eléments  de  droit  roma 
6'  éd.  p.  13t  sq.  ;  Pelil,  Tr.  de  droit  romain,  2"  éd.  p.   149  sq.  :  Girard,  Manuel  de 
droit  romain,  i-  éd.  p.  Î3i  sq.  ;  Ed.  Cuq,  fnstit.  Jur.  des  Homains.  l.  11,  p.  179  sq 
Àlaynz.  Cours  de  droit  romain,  4«  éd.  l.  I,  p.  436  sq. 

BCSCRIPTCH.  I  C.  Just.  î,  4,  39  ;  4,  33,  3  ;  7,  14,  3  ;  8,  40,  li.  —  2  Dig.  14,  2,  i 
Plin.  Ad  Trai.  105  :  Dio.  Cass.  54,  33.  —  3  C.  Just.  I,  14,  i  ;  7,  61,  34  ;  C.  Theod 
I,  J,  9;  11,  Ï9;  Dtg.  4,  4,  11,  §  2  ;  Collatio  1.  II.  —  l  On  Irouvc  aussi  rescrip- 
tum au  Bas-Ëmpire  (C.  Th.  I,  2,  9  en  398).  Voir  dans  Bruns,  Fontes  juris  romani 
les  epistolae  impériales  coanues  en  dehors  des  textes  juridiques.  —  â  Gai.  I 
Dig.  1,4,  Ipr.;  4,  8,  32.5  14;  C.  ,/uj(.  7,  43,  I;  /nst.i,  iipr.  — «Plin.  Jd.  Trai. 
105  ;  C.  ins.  lat.  3  suppl.  12330.  —  7  Uenlions  de  la  subscriptio  :  Gai.  1,  94  ;  C 
Jutl.  I,  23,  3;  Dio.  Cass.  69,  I:  Vit.  Tac.  6;  Carin.  10;  C.  ins.  lat.  8,  1037» 
col.  2,  I.  7,  12  :  lettre  des  colons  du  sallujs  Buranitanus  à  Commode;  3,  suppl 
12336.— 8  L.  17.  —  9/)ij.  4,  2,  13;  22,  6,  9,  §  5  ;  42.  I,  31.  Trajan  est  très  réservé 
pour  les  privilèges  {Dig.  27,   I,   17,  76  ;  48,  Î2,  l  ;  Valic.  frag.  233).  —  10  Uai.  I, 


une  cfinslitutio  personalis  qui  confère  une  immunité, 
un  privilège',  elle  applique  le  droit  existant  par  voie 
d'interprétation  '".  Elle  échappe  à  ce  titre  à  la  cassation 
générale  qui  atteint  les  acta  des  empereurs  dont  la  mé- 
moire est  condamnée  par  le  Sénat".  L'interprétation  ad- 
mise par  l'empereur  peut  avoir  une  portée  générale  ;  les 
jurisconsultes  rappellent  alors  constitutio  generalis^-; 
mais  le  plus  souvent  elle  ne  fait  que  trancher  un  cas  par- 
ticulier, quelquefois  en  se  référant  à  des  opinions  de 
jurisconsultes".  Théoriquement,  dans  tous  les  cas,  dès 
le  début  de  l'Empire,  et  non  pas  seulement,  comme  on  le 
dit  à  tort,  depuis  Hadrien  '*,  elle  s'impose  aux  autres 
autorités '°.  En  fait,  elle  n'a  pas  toujours  cette  influence 
prépondérante,  car  les  empereurs  ne  se  prononcent  pas 
toujours  dans  le  même  sens";  beaucoup  de  rescrits 
sont  cités  au  même  titre  que  de  simples  décisions  de 
jurisconsultes '■  et  sont  l'objet  de  critiques";  faute  de 
codification,  beaucoup  n'influent  sur  la  pratique  que  par 
l'intermédiaire  des  jurisconsultes  ou  ne  sont  connus  que 
par  ouï-dire".  Cependant  les  rescrits  ont  fini  par  faire 
prévaloir  l'interprétation  du  prince  et  de  ses  conseillers, 
surtout  depuis  l'époque  d'Hadrien  où  ils  se  multiplient 
et  prennent  un  développement  exceptionnel,  .\vant 
Hadrien,  ils  renferment  surtout  pour  les  particuliers, 
des  concessions  de  privilèges,  pour  les  magistrats  des 
règlements  administratifs-";  quelques-uns  cependant 
ont  déjà  trait  au  droit  civil  et  au  droit  pénal  -'  et  ils  ont 
pu  théoriquement  inters'enir  dans  des  procès.  A  par- 
tir d'Hadrien,  ils  interviennent  dans  toutes  les  ma- 
tières et  surtout  dans  les  procès.  Hs  acquièrent  une  im- 
portance capitale  pour  la  formation  de  la  jurisprudence, 
sur  l'évolution  du  droit  romain  qu'ils  modifient,  surtout 
en  matière  criminelle,  dans  le  sens  de  l'équité  et  de 
l'humanité  et  aussi  sur  sa  diffusion  dans  les  provinces, 
avant  et  même  après  l'édit  de  Caracalla:  de  nombreux 
rescrits  sont  applicables  à  tous  les  sujets  sans  exception  -"-, 
corrigent  les  erreurs  commises  par  les  nouveaux 
citoyens  dans  l'application  du  droit  romain,  surtout 
dans  le  monde  oriental '-^ 

Le  rescrit  n'a  de  valeur  qu'autant  que  l'exposition  des 
faits,  présentée  par  une  des  parties,  est  exacte.  C'est 
donc  au  juge  à  s'en  assurer;  cette  obligation  est  énon- 
cée formellement  ou  sous-entendue-*.  Quelquefois  la 
partie  ne  soumet  pas  au  juge  un  rescrit  défavorable  à  sa 
cause^^.  Quelquefois,  au  lieu  de  répondre  directement 
au  particulier,  l'empereur  envoie  le  rescrit  au  magistrat 
avec  une  copie  delà  requête  et  le  charge  d'examiner  les 
faits-'.  Quelquefois  le  rescrit  tranche  le  débat,  comme 
un  décret.    On    peut  attaquer   par    l'appel    un    rescrit 


5;  Dig.  1,  4,  1  :  C.  Just.  C,  23,  3;  Inst.  I,  2,  6.  —  "  Dig.  ^,  3,  2,  §  l  ;  48,  16,  16; 
Vit.  Macr.  13.  —  "2fiij.  11,  4,  1,  §  2;  22,  6,  9,  §  6  ;  26,  4,  1,  §  3  ;  28,  5,  9,  §  2  ; 
33,  2,  89,  §  1  ;  48,  2.  22.  Trajan  refuse  un  rescrit  ^néral  sur  les  chrétiens  et 
Hadrien  une  interprétation  générale  de  la  loi  Fabia  (Plin.  Ad  Trai.  10,  98  ;  Dig. 
48,  13,  C/)r.).  —  13  Dig.  37,  14,  17  pr.:  C.  Just.  2,  19.  2;  3,  4,  C  ;  5,  14,  6;  6,  38, 
1  pr.  ;  6,  53,  5,  §2  ;  7.  4,  10  ;  5.  37,  4  ;  9,  41,  12.  —  "  Les  premiers  jurisconsultes 
qui  citent  des  rescrits  sont  Ceisus  et  Julianus  {Dig.  22,  3,  13;  4,  2,  18).  —  15  Front. . 
Ad  Caes.  1,  6.  —  '6  Dig.  37,  14,  17  pr.;  18,  18,  1,  §  26  ;  49,  14.  6  pr.  —  "  Dig. 

3,  2,  6,  §  1  ;  11,7,  ipr.;  13,7,  13  pr.  ;  14,6,  3,  |  I  ;  17,  2,  23,  §  1  ;  33,  2,  1,  §  14; 
42,  8,  10,  §  1  :  48,  18,  4  ;  49,  14,  28.  —  <8  Ibid.  12,  6,  26  pr.  ;  34,  9,  18  pr.  ;  42,  4, 
7,  §  J6;42,  8,  10,  §  1  ;  49,  1,  14  pr.  ;  22,  1,  17  pr.;  48,  19,  8,  §  1.  —  19  Gai.  2,221; 
Dig.  1,22,  2:  23,  2,  50  pr.  ;  35,  2.  I,  §  14;  41,  4,  2,  §8;  49,  14,  18,  §  9.  —  20 /)iff. 
2,  12,  9;  29,  I,  24:  48,  19,  5;  Vatic.  frag.  233.  —  «  Dig.  48,  16,  16;  48,  18,  I, 
§  11,  12,  13,  21;  27.  1,  17,  §  6;  Philostr.  Vir.  soph.  2,  1,  2.  —  22  Gai.  1,  53. 
—  23  Dig.  26,  2,  26  pr.  ;  C.  Just.  2,  18,  6.  —  2V  Dig.  49,  t,  1  ;  C.  Just.  1,  23, 
7pr.;  2,  18.  6;  2,  11,  4;  10,  3,  1  ;  voir  Brisson,  De  formulis,  3,  23.—  25  C.  Jtat. 

4,  2,  1;  4.65,  16;  5,  11,  I  ;  5,  40,  1  ;  6,  2,  2.  —  26  Dig.  3i,  1,  3;  42,  I,  33;  48,6,6. 


RES 


RES 


envoyé  à  un  magistrat,  sauf  si  c'est  un  rescril  général'. 
La  langue  officielle  des  rescrits  est  le  latin  2,  sauf  pour 
quelques-uns  envoyés  dans  des  provinces  de  langue 
grecque,  la  plupart  ù  des  assemblées  provinciales  ou  à 
des  villes'.  Il  a  la  forme  d'une  lettre'  dont  les  difTé- 
rentes  parties  sont:  en  tète,  le  nom  de  l'empereur  et  celui 
du  destinataire,  soit  au  datif  avec  ou  sans  salulem,  soit 
à  l'accusatif  avec  arf';  puis  le  te.xte  ;  ensuite  la  sub- 
scriptio  proprement  dite,  la  signature  de  l'empereur  de 
sa  main,  avec  les  mots  scripsi  ou  rescripsi,  vale'^,  le 
contre-seing  de  l'employé  de  la  chancellerie  qui  a  vérifié 
la  conformité  de  l'acte  avec  la  décision  de  l'empereur, 
exprimé  par  le  mot  l'ecoynovi  ou  par  une  expression 
analogue''  ;  enfin  l'indication  du  jour  de  la  signature 
impériale,  précédée  du  mot  data  ou  rescripla*'.  Dans 
les  recueils  juridiques  les  parties  accessoires  ont  dis- 
paru ;  il  ne  reste  que  la  date  généralement  précédée  de 
l'abréviation  pp.  {proposila)^.  Ce  mol  paraît  indiquer 
une  publication,  un  affichage  officiel.  Certains  rescrits, 
en  effet,  ont  été  réellement  affichés  à  Rome,  au  m'  siè- 
cle'*.  L'affichage  a-t-il  encore  lieu  sous  Dioclétien", 
dans  les  différents  lieux  où  l'empereur  ne  fait  souvent 
que  passer  ?  C'est  peu  probable  ;  la  date  est  peut-être 
celle  de  la  signature  et  le  mot  proposita  a  pu  être  em- 
prunté à  tort  au  formulaire  du  Bas-Empire  '-.  La  minute 
du  rescrit  reste  probablement  aux  archives  impériales 
dans  les  commenlarii  '^,  qui  forment  peut-être  un 
volume  par  an  ou  tous  les  six  mois''  [commentarilm]  : 
l'original  parait  avoir  été  généralement  adressé  aux  par- 
ticuliers ou  quelquefois  affiché;  on  peut  obtenir  des 
copies  soit  de  la  minute  soit  de  l'original,  avec  le  sceau 
des  témoins  '■'. 

L'empereur  est  assisté  dans  l'examen  des  requêtes  par 
son  conseil  [consilium  prini.ipis]  et  par  les  fonctionnaires 
de  la  chancellerie  chargés  de  la  rédaction  des  rescrits. 
Pour  les  réponses  aux  magistrats  il  y  a  I'ab  epistulis. 
Pour  les  réponses  aux  particuliers  on  connaitsousTibère 
un  affranchi  a  subscriptionibiis^'^;  il  a  été  probablement 
remplacé  sous  Claude  par  Va  libellis  qui  a  sans  doute 
alors  en  même  temps  les  fonctions  d'à  studiis'';  plus 
tard  Va  studiis  fait  probablement  les  recherches  néces- 
saires [sTUDiis  Al  et  l'a  libellis  a  la  rédaction  ;  aussi  trou- 
vons-nous dans  cette  dernière  fonction  beaucoup  de 
jurisconsultes'"  [libellis  (a)]  ;  au  m"  siècle  intervient 
également  l'a  memoria  i  epistulis  (ab),  p.  723-72iJ. 

H.  Bas-Empire.  —  On  distingue  les  adnotationes, 
annotations  brèves,  mises  en  marge  de  la  requête,  et  les 


1  Dig.  M,  4,  3;  ii,  C,  9,  §  5.  ~  2  Réponses  en  latin  à  des  requêtes  écrites 
en  grec,  au  tibellus  des  Paeanislae  de  Rome,  par  .'^évère  et  Caracalla  (C.  ins.  lai. 
6,  31330);  à  la  ville  de  Smyrnc  par  Antonin  (Ibid.  3,  411);  au.\  Skaplopareni  par 
Uordieu,  aui  colons  do  Plirygie  (Ibid.  suppl.  12330.  14191)  ;  sur  un  papyrus  bilingue 
d'Egypte  (Wessely,  Ein  bilingues  .Vajestûlsi:ersuch,  Vienne  188»  ;  Wilcken,  Berl. 
fhil.  Wochensch.  1888.  p.  1205).  —  3  J)ig,  i,  16,  4;  5,  1,  37,  48;  8,  3,  16;  14,  J, 
9:  16,  1,  2,  §  3:  27,  I,  G,  §  2,  7,  8  ;  48,  3,  3;  49,  I,  I,  §  I  ;  49,  1,  25;  50,  C,  6,  g  2, 
6;  C.  Juat.  4,  24,  1  (depuis  Hadrien  jusqu'à  Sévère)  ;  Euscb.  Uisl.  eccl.  4,  13. 
—  Voir  Brisson,  De  form.  3,  23-50;  Bruns,  Die  Unterschriflen  in  den  rôm. 
HecUsurkvnâen.  Berlin,  1876.  —  »  Quelquefois  il  y  a  le  mot  have{C.  Just.  9,  i, 
11).  —  OC.  ins.  lat.  8,  10570,  I.  49;  3,  411,  412,  suppl.  12336;  i,  1423;  9,  5420; 
cf.  3,  13C40  (de  527)  ;  Vit.  Comm.  13,7:  in  subscribendo  tordus  ita  ut  libellis  una 
forma  mullis  subscriberet.  —  ^  C.  ins.  lat.  8,  10570  ;  3,  411,  suppl.  12330,  13640. 
A3.  411  on  ne  sait  s'il  s'agit  du  dix-neuvième  employé  dans  les  mots  recognovi 
undeiicensimus.  —  8  A.  C.  ins.  lat.  3,  411  il  y  a  acl{um).  _  0  a  y  a  quelques 
formules  absurdes,  telles  que  p.  p.  ou  subscripta  sine  die  et  consule  (C.  Just.  2, 
11,  1  ;  8,  tO,  11).  —  10  C.  ins.  lat.  i  suppl.  12330  :  ex  lihro  libellurum  resci-iplo- 

rum et  propositorum  Romae  in  porticu  Ihermarum   Traianorum  ;   C.  Just. 

2,  3,  5  ;  2,  56,  I  ;  "8,  39,   l  (sous  Caracalla).  L'affichage  serait  aussi  prouvé  pour 
l'époque  de  Trajan  par  \it.  Macr.  13,  eu  adoptant  avec  Monimsen  la  lecture pro/'ci- 


rescrits  proprement  dits  '";  ces  derniers  portent,  comme 
les  lois,  en  général,  différents  noms:  lex,  epislola, prae- 
ceptio,  oraculum,  ?-esponsiim,  sunctio,  a/fatus  princi- 
pis,  sacri  apices,  sacrae  lit/erae,  sacra  auc/oritas, 
bénéficia  specialia,  indulgentia,  indultum  sacrum, 
sacrajussio-".  Les  rescrits  adressés  aux  particuliers  sont 
de  plus  en  plus  nombreux,  surtout  en  matière  adminis- 
trative; mais,  n'ayant  pas  de  portée  générale  (sacra 
generalitas),  ils  ne  figurent  pas  dans  les  codes.  En  ma- 
tière judiciaire,  ils  renferment  des  indications  qui  lient 
le  juge,  toujo-ars  obligé  d'ailleurs  de  vérifier  les  alléga- 
tions, les  preces-';  celui-ci  les  reçoit  des  demandeurs 
avec  leurs  requêtes  et  les  communique  aux  défendeurs  au 
moment  de  la  litis  denuntiatio  ou  même  de  la  citation; 
les  défendeurs  peuvent  prouver  que  les  rescrits  reposent 
sur  de  fausses  affirmations  [praescriptio  mendaciorum), 
qu'ils  ont  été  obtenus  à  tort  [subreplio,  obreptio)  ;  mais, 
autrement,  le  juge  doit  en  tenir  compte,  ne  pas  en  diffé- 
rer l'exécution  ,  l'instance  [conieslatio)  est  commencée 
dès  l'envoi  de  la  requête  à  l'empereur;  les  rescrits  peu- 
vent être  allégués  par  les  héritiers  et  pour  les  héritiers; 
l'appel  est  impossible  contre  les  rescrits,  sauf  s'ils  ont 
seulement  tranché  une  question  préjudicielle.  Us  ne  sont 
valables  en  général,  et  surtout  en  matière  fiscale  et 
administrative,  que  s'ils  sont  conformes  aux  lois  et  à 
l'intérêt  public  -^.  C'est  le  rôle  des  magistrats,  et  en  par- 
ticulier des  préfets  du  prétoire,  de  faire  prévaloir  les  lois 
propres  contre  les  rescrits  obtenus  par  la  faveur,  la  cor- 
ruption, la  surprise,  aux  dépens  du  fisc,  des  curies,  des 
corporations,  des  offices,  en  général  du  bien  public -^ 

L'empereur  exerçant  maintenant  directement  le  pou- 
voir législatif,  les  rescrits  adressés  à  des  magistrats  sont 
presque  des  lois;  en  matière  judiciaire,  ils  ne  sont 
cependant  encore  valables  que  pour  le  cas  particulier, 
sauf  s'ils  sont  conçus  en  termes  généraux  ou  fixent 
expressément  une  règle  générale  '-'.  En  matière  adminis- 
trative, émis  comme  réponses  à  des  relaliones  ou  sug- 
gestiones  de  magistrats,  ils  constituent  des  règlements 
de  portée  générale  [relatio].  Ils  peuvent  être  envoyés 
soit  directement  à.  un  magistrat  ou  à  tous  les  magistrats 
de  la  même  catégorie-'',  soit  aux  préfets  du  prétoire 
chargés  ensuite  de  les  leur  transmettre.  Ils  sont,  en  géné- 
ral, affichés  et  portent  les  mêmes  indications  que  les  lois 
propres,  la  date  de  l'émission  pour  l'empereur  du  lieu 
de  son  séjour  [data)  -',  la  date  de  la  réception  par  le  ma- 
gistrat soit  supérieur,  soit  inférieur  [accepta]-'' ,  la  date 
de  l'affichage  [proposita).   L'affichage  a  lieu  générale- 


renlur  et  le  sens  que  Trajan  n'aurait  pas  répondu  par  voie  d'afficiiage.  —  U  Vet. 
Jurisc.  consult.  5,  6,  6,  13,  15,  17  ;  6,  17  ;  Vat.  frag.  275,  276  ;  C.  Just.  2,  3,  22, 
23,25;  4,  20,6;  4,  29,  16;  4,  31,  12;  4,  34,9;  6,56,4;  6,30,  7;  7,  16,  16;  7,  32, 
8  ;   8,  27,   1 1  ;  8,  55,  4  ;  9,  22,   13  ;  cf.  8,  55,  4  et  8  ;  47,  6  ;  2.  3,  21  et  9,  20,  9-1 1. 

—  12  Comme  le  mot  accepta  (5,  3,  5  ;  8,  38,  1).  —  13  Plin.  Ad.  Trai.  65,  66,  95, 
105.  —  1*  On  ne  sait  si  les  Semestria  des  rescrits  de  Marc-Aurèle  sont  un  recueil 
publié  tous  les  six  mois  ou  un  recueil  annuel  divisé  en  deux  parties  {Dig.  2,  14, 
46;  18,  7,  10;  Inst.  1,  25,  1;  Basil.  11.  I,  45  Schol.).  —  15  C.  ins.  lat.  3,  411  ; 
Suppl.  12336  ;  C.  Just.  1,  23,  3.  —  16  Ibid.  6,  5181.  —  "  Senec.  Ad  Polyb.  6,  4 
S;  5,  2;  Suet.  Claud.  28.  Voir  Biiclieler,  M.  .Vus.  37,  p.  327.  —  IS  Dig.  20,  5,  12 
pr.;    Vit.  Nig.   7.  —  13  C.  Th.    1,   2,  1.  —  20   Voir  Godefroy,  Ad.  C.    Th.  1,  2. 

—  ^Ubid.  1,  2,4;  Symmach.  jFp.  10,32,  46.  —  22  C.  TIt.  l,  2,  2,  3,  10  ;  I,  22,  2,  3; 
2,  4,  1,  2  ;  2,  7,  1  ;  C.  Just.  1,  19-23  ;  Nov.  1 12,  3pr.  ;  Symmach.  Ep.  5,  66;  10,  62. 

—  23  C.Just.  1,  19,  7;  I,  22,  6;  10,  27,  1  ;  11,  I,  30;  II,  13,  1  ;  H,  27,  1;  11,  06, 
8,  13;  C.  T'A.  1,  2,  2,  6-9  ;  1,  5,  3;  5,  12,  2,  5,  14,  30,  32;  8,  4,  20;  12,  I,  102, 
137;  iVov.   Valent.  III,  4.  —  2i  C.   TIt.  ),  2,  Il  ;  8,  17,  4;   C.  Just.   1,  14,  2,   3. 

—  25  C.  Th.  1,  15,  3,  12;  1,  2,  6;  1,  16,  1  ;  6,  26,  8  ;  6,  28,  4  ;  8,  7,  11  ;  8,  8,  1  ; 
H,  28,  9;  12,  1,  13,  —  2ti  Ou  directa,  emissa,  subscripta.  —  27  Ou  recepta, 
lecta  apud  ucla  ou  actis  {C.  Th.  2,  1,  3  ;  6,  30,  Il  ;  2,  12,  I  ;  4,  6,  3  :  Vatic. 
frag.  33). 


H  ES 


—  816 


RES 


ment  dans  la  résidence  du  magistrat  supérieur'  et  dans 
les  principales  localités  delà  province':  il  s'applique  au 
texte  dclaloi  et;\  l'instruction  du  magistratsupérieur,  qui 
l'accompagne  yedirtum ,  programma ,  litterae,  episliila]  '. 
Pour  la  rédaction  et  la  promulgation  des  rescrils, 
le  rôle  principal  appartient  au  questeur  du  palais  [ouaes- 
TOR,  p.  800  .  Cependant,  à  côté  de  lui  fonctionnent  encore 
les  chefs  des  trois  scrinia,  le  magis/er  memoriae,  le 
tnagisterlibellorum,  et  le  magisfer  opiglolariim.  Le  pre- 
mier' rédige  et  expédie  les  adnolationes,  qui  n'ont  la 
valeur  ni  d'un  rescril  ni  d'une  lettre;  il  répond  égale- 
ment aux  requêtes  (preces)  des  particuliers  avec  la 
collaboration  des  deux  autres  chefs  des  bureaux  proba- 
blement charges  de  faire  les  recherches  et  le  rapport  ;  le 
troisième  répond  aux  requêtes  des  magistrats  {consul- 
tationes)^    I^relatioI.       Ch.  Lêcrivain. 

RESIDUAE  PECUXIAE.  —  Ce  mot  désigne  en  droit 
romain  les  deniers  publics  dont  un  magistrat  est  rede- 
vable envers  l'Etat  quand  il  a  rendu  ses  comptes  de 
gestion.  Le  refus  de  les  verser  au  trésor  constituait  un 
délit  analogue  au  péculat  et  qui  fut  sans  doute,  à  l'ori- 
gine, poursuivi  et  puni  delà  même  manière  [pecllatls]'. 
Une  loi  Julia,  de  César  ou  d'Auguste,  qui  est  donnée 
comme  ditl'érente  de  la  loi  générale  Julia  sur  le  péculat-, 
adoucit  la  peine  :  pendant  un  an  après  la  fourniture  des 
comptes,  le  magistral  est  considéré  comme  un  simple 
débiteur:  il  tombe  ensuite  sous  le  coup  d'une  action 
publique  qui  comporte  outre  le  remboursement  et  l'infa- 
mie, une  amende  pénale  du  tiers  de  la  somme  ^  L'action 
principale  subsiste  contre  les  héritiers  qu'atteint,  con- 
trairement aux  règles  générales,  même  l'amende  pénale'. 
Cette  peine  est  aussi  appliquée  contre  l'emploi  illé- 
gal de  sommes  allouées  par  l'Etat-.  Dans  le  droit  muni- 
cipal, d'après  la  loi  de  Malaca',  le  comptable  de  deniers 
publics  et  ses  héritiers  doivent,  dans  les  trente  jours  qui 
suivent  la  fin  du  mandat,  rendre  leurs  comptes  et  verser 
le  reliquat  ;  autrement,  ils  encourent  une  action  publique 
avec  le  remboursement  au  double  [magistratus  mumci- 
PALES,  p.  154:2  .         Ch.  Lf.crivain. 

RESPOXS.X  PRUDEXTIL'M  'prudentium  RESPO.nsaj. 

RESTI.\RILS.RESTlO.n).oxc0;,XivoirXoxo;,(r/otvo:t"Adxo;, 
cyo'.vo'îTSÔoo;,  ffyo'.v'.odjaêoXsûç,  ayo:vouç,y6i,  xï^toorpôsoç, 
tu.ov.oiTpôs'/i;.  Cordier,  fabricant  et  marchand  de  cordes  '. 

l.  —  Sur  les  matières  végétales  dont  les  anciens  se  ser- 
vaient pour  fabriquer  leurs  cordes  Pline,  nous  a  conservé 
des  détails  évidemment  puisés  à  bonne  source'-.  Les 
principales  étaient  les  suivantes  : 


1  t'.  TA.  1,9,  1  :  6,  3i,  7;  13.3,  i9;  C.  iiu.  gr.iliî;  C.ins.  laH,î.  31893,31301. 

—  2  C.  Th.  11.  Î7,  I  lEuseb.  Hisl.  eccl.  9,  l,  ï.  —  3  C.  T'A.  9, +3,  U;  13,  11,  U  ; 
JVov.  Valent.  III  lit.  2,  ïet  4,  S*;  3,  5  ;  *.  1  ;  18,  16.  —  »C.  T'A.  1,2,  1;  A'o(i(.  Or. 
19  ;  Adnotation^s  omnes  dictât  et  emittit^  precihus  respondet  ;  Notit.  occ.  17. 

—  »  \otit.  Or.  19  ;  Occ.  17  :  Maqister  epistolartim  legationas  civitatum  et  con- 
sultationes  et  preces  tractât  ;  magist'V  libellorum  cotjnitiones  ut  preces  tractât; 
Ùig.prooem.  9  ;  Ammian.  20,  9,  8  ;  C.  Th.  1 ,  2,  9.  —  BiBl.ior.n»l>Mm  :  Rein,  Dos  Pri- 
ratrecht  der  Bômer,  Leipzig.  1S58  ;  Cuq,  /^e  consitium  principis  dWtiguste  à  Dio- 
ctétien [Mémoires  de  i  learf.  Inscr.  et  Bettes-lettres,  1884);  Karlowa,  Rôm.Rechts- 
gesehichte,  Leipzig,  1885,  p.  646.654;  MommseD,  Le  droit  public,  trad.  Girard,  V, 
p.  185.197;  Krtiger,  Histoire d<;s  sources  du  droit  romain,  trad.  Brissaud,  Paris,  1894, 
p.  12H47  ;  Lafoscade,  De  epistulis  imperatorum  magistratuumgue  Romonorum, 
Lille  ,1902;  HirscUfeld.flie  kaiserliclien  VeTwaltungsbeamten,Betlia,  I90^,p.  324-333. 

ResiDCAE  PECCMAE.  ■  Procès  de  péculat  en  66  av.  J.-C.  contre  les  béritiers 
de  Sylla  pour  pecunine  msiduac,  appelées  aussi  pecuniae  repetundae  et  aussi  pour 
détournement  d'argent  public  et  de  butin  (Cic.  Pro  Clu.  34,  94  ;  De  leg.  agr.  I,  4, 
12;  2,  22,  53  ;  Ascon,  p.  72).  —  2  //«(.  4,  19,  Il  ;  Dig.  48,  13,  2,  5  pr.  Cependant 
à  Dig.  48,  13  icf.  22,  5,  13;  48,  I,  Il  il  n'y  a  qu'une  loi.  —  3  Dig.  48,  13;  11,  §6; 
4,  §  5.  —  »  Dig.  4S,  13,  16.  —  3  Jbid.  48,  13,  2,  5  pr.,  S  1-2.  —  6  Cap.  6  (C.  im. 
/i(.2, 196»).—  BiBLiouRAPUic.  Uotnnisen,  Sirafrecht,  Leipzig,  1899,  p.  764-767,  771. 


1°  Le  lin  (Xi'vov,  linum).  Nous  n'avons  rien  à  dire  ici 
de  la  culture  et  de  la  préparation  de  cette  plante  [linùm]. 
Il  convient  seulement  de  remarquer  que  les  Grecs  l'em- 
ployèrent très  anciennement  dans  la  corderie,  comme 
l'indique  un  témoignage  de  Pline  à  propos  d'Homère  ^ 

2°  Le  jonc  {1/0110%,  j  une  us]  a  dû  rendre  les  mêmes  ser- 
vices de  très  bonne  heure  ;  car  le  mot  par  lequel  on 
désigne  cette  plante  désigne  également  la  corde  qui  en 
est  faite,  et  a  donné  naissance  au  nom  du  cordier,  <r/o;- 
vottXoxoç  '.  Deux  variétés  surtout  étaient  appréciées  ;  le 
jonc  oÀoT/otvoç  {scirpus  holoschoenus  L.),  plus  charnu 
et  plus  souple,  et  le  jonc  mariscus,  très  employés  aussi 
l'un  et  l'autre  dans  la  vannerie  [vimi.narius]  ■'. 

3°  Le  chanvre  (xs'vvaê!;,  cannabis)  c  si  utile  à  la  fabri- 
cation des  cordages,  dit  Pline,  s'arrache  après  la  ven- 
dange; on  le  teille  dans  les  veillées.  Le  meilleur  est  celui 
d".\labanda  (Carie),  dont  on  se  sert  surtout  pour  faire 
des  lilets  [rete]  et  qui  offre  trois  variétés  :  la  (liasse,  la 
plus  voisine  de  l'écorce  ou  de  la  moelle,  est  la  moins 
bonne  ;  la  plus  estimée  est  celle  du  milieu,  nommée, 
pour  cette  raison  moyenne  ([Aétr»),  mesa).  On  place  au 
second  rang  le  chanvre  de  Mylasa  (Carie).  Pour  la 
taille,  celui  de  Rosea,  dans  la  campagne  Sabine,  égale 
la  hauteur  des  arbres".  »  11  est  encore  question,  dans  les 
textes,  d'une  plante  dite  /.euxéo,  XeuxoXivov  ' .  ou  «  lin 
blanc  »,  dont  l'identification  est  mal  établie.  Suivant  cer- 
tains savants,  ce  ne  serait  pas  un  lin,  mais  un  chan^Te, 
parce  que  le  lin  ne  serait  pas  assez  résistant  pour  qu'on 
en  puisse  former  au  moins  les  plus  grosses  cordes,  telles 
que  les  câbles  nécessaires  à  la  marine  et  à  certaines 
industries.  Quant  à  l'étoupe  (cttùttyi,  stuppa),  ce  n'est 
autre  chose,  comme  on  sait,  que  la  partie  du  chan\Te  la 
plus  grossière;  il  n'est  pas  douteux  que  les  cordiers 
l'utilisaient  comme  le  reste  [stlpp.ator j  *. 

4°  La  feuille  du  palmier  ((poïvi-,  palma)  fournissait  la 
matière  de  cordes  excellentes  ;  elles  passaient  pour  résis- 
ter mieux  que  les  autres  à  l'action  de  l'eau.  On  en  fai- 
sait un  grand  usage  dans  tout  l'Orient  et  les  Grecs  ne 
l'ignoraient  pas'-'.  On  cueillait  les  feuilles  après  la  mois- 
son; on  les  faisait  sécher  sous  un  abri  pendant  quatre 
jours,  puis  on  les  étendait  au  soleil;  on  les  laissait  à 
l'air  pendant  la  nuit,  jusqu'à  ce  qu'elles  fussent  sèches 
et  blanches,  après  quoi  on  les  fendait  pour  les  mettre  en 
œuvre  '". 

0°  Il  faut  citer  encore  les  membranes  qui  tapis- 
sent le  bois  du  tilleul  ((^iXJpa,  tilia),  en-dessous  de 
l'écorce,  quoique  les  cordes  fabriquées  avec  cette  matière 


RESTIARICS.  HE.STIU.  1  Poil.  11,  28  ;  VII,  172;  Epicli.  ap.  Diog.  Laerl.  111,  14; 
.Nonn.  Pa'-apUr.  Joh.  21,  9;  Consl.  Manass.  CAroii.  p.  93.  131  ;  Gloss.  gr.  lai.; 
Hippocr.  p.  1120  f;Schol.  Arislopli.  Pac.  36,37,  48;  Plut.  Tranqu.an.  14.  p.  473  c; 
Poil.  VII,  60;  Schol.  Aristoph.  Han.  1297,  Poil.  I,  84;  VII,  60;  Plut.  Pericl.  12; 
Fronto.  p.  2201  :  Suel.  Aug.  2;  Laber.  ap.  A.  Gell.  X,  17,  2;  XVl,  7,6;  Plaut. 
Most.  IV,  2,  2.  —  2  Plin.  Hisl.  nal.  XIX,  §  25-31.  —  3  Plin.  XIX,  §  25  sur 
les  agrès  des  vaisseam  homéri.|ucs  :  Hom.  //.  Il,  133.  Cf.  Varr.  ap.  A.  Gell.  XVII, 
3,  *;  TJ.  r.  I,  22.  1  et  23.  6;  Poil.  V,  26:  Artemid.  Onirocr.  III,  59,  etc.  ;  Phot. 
p.  579.  3;  Hesycb.  s.  v.  ti^fn.U;  ;  Etym.  M.  p.  753,  10  ;  Zonar.  1718:  Ael.  .V.  an. 
Xll,  43  ;  Anthol.  Pal.  IV.  1,  30.  —  4  Déjà  noté  par  Plin.  XIX,  §  31;  Varr.  fl.  r.  I, 
22,  I  :23,  6.  -  -iTlieoplir.  U.  pi.  IV,  12,  1  :  .\eschin.  Il,  21  :  Ael.  N.  an  Xll,  43; 
darpocr.  s.  f.  ;  Phot.  p.  329,  Il  ;  Plin.  XXI,  §  112-114.  —  epiin.  XIX,  §  173-174; 
Paul.  p.  357.  1  ;  Fcst.  p.  356  A,  >i  ;  Alhen.  V,  p.  206  F;  Varr.  R.  r.  I,  22,  1  ;  23,  6; 
ni,  8,  2  ;  Colura.  VI,  2,  3  ;  Xll,  52,  8  ;  Plin.  XIX,  §  29  ;  Varr.  ap.  A.  Gell.  XVII,  3,  4  ; 
Poil.  VII,  176.  —  THerodot.  VII,  23  et  34;  Salmas.  Exerc.  Plin.  p.  538;  Hehn, 
Kulturpfl.  u.  Bauslh.  i,  p.  144;  Corp.  insc.  gr.  155,  U  ;  Aelian.  iV.  an.  V,  3; 
Xll,  43;  Arlem.  Onir.  III.  59  ;  AtUen.  V,  p.  206  F  ;  Eust.  Ad  Od.  II,  426.  p.  1453, 
10  ;  Gloss.  gr.  lat.  iiijxat'a  ;  2323  4.  1.  79.  Blûmmer,  L.  c.  p.  293,  note  6.  —  '  Varr. 
ap.  A.  Gell.  XV11,3,  4.  —  sPlin.  XIII,  §30.  XVl.  §89  ;  XIX,  §31;  Varr,  fl.  r.  1,22,1. 
—  10  Plin.  XVl,  §  89;  Rliimmcr,  i.  c.  p.  299. 


RES 


8i7 


RES 


aient  été  beaucoup   moins  communes  que  les  autres'. 

6°  Les  décliets  du  papyrus,  inutilisables  pour  la  pape- 
terie, avaientleur  emploi  dans  plusieurs  autres  industries 
[papyrus]  :  avec  récorce  la  plus  épaisse,  impropre  à 
recevoir  l'écriture,  on  tressait  notamment  des  cordes 
très  solides,  qui  rendaient  de  grands  services  aux 
Orientaux.  Antigone,  roi  de  Syrie,  n'en  avait  pas  d'autres 
dans  sa  marine  '-. 

7"  La  cordelette  de  paille  [stramenlum],  appelée  par 
les  Romains  napiira,  n'était  qu'un  article  rustique  ;  on 
en  faisait  des  liens  pour  les  porcs  ^ 

8°  Entre  toutes  les  matières  végétales  aucune,  le 
chanvre  excepté,  ne  pouvait  entrer  en  comparaison,  à 
l'époque  romaine,  avec  le  sparte  (iTtâfTY],  spartum).  Mais 
il  ne  fut  pas  connu  en  Grèce  et  en  Italie  avant  les 
guerres  puniques,  du  moins  comme  matière  d'un 
usage  courant.  Il  y  a,  sur  ce  point,  une  tradition  qui 
remonte  à  l'antiquité  même,  qui  a  été  recueillie  par 
Varron  et  par  Pline,  et  contre  laquelle  il  serait  ha- 
sardeux de  s'inscrire  en  faux'.  Le  sparte,  disent  ces 
auteurs^,  croissait  spontanément  en  Afrique;  de  là,  les 
Carthaginois  le  transportèrent  en  Espagne,  quand  ils 
furent  devenus  maîtres  de  ce  pays,  et  enfin  les  Romains, 
à-leur  tour,  l'adoptèrent,  et  le  répandirent  dans  tout  le 
monde  ancien.  Certains  savants  modernes  identitient  le 
spartum  avec  le  genêt  d'Espagne  {slipa  lenacissima  L.). 
Il  est  plus  que  probable  que  cette  plante  n'est  autre 
chose  que  Valfa  [lijgeum  spartum  L.),  que  l'Algérie 
nous  fournit  aujourd'hui  en  si  grande  quantité  et  qui  a 
repris  un  des  premiers  rangs  dans  notre  «  sparlerie  >''. 
Pour  l'arracher,  comme  elle  est  très  dure  et  coupante,  on 
secouvrait  les  jambes  avec  des  guêtres  [ocreae],  les  mains 
avec  des  gants  [mamcae],  et  on  tirait  sur  les  tiges  en  les 
roulant  autour  d'un  os  ou  d'un  bâton.  Après  les  avoir 
éparpillées  au  soleil  pour  les  sécher,  on  les  faisait  rouir 
[macerare)  dans  de  l'eau,  de  préférence  dans  de  l'eau 
de  mer;  on  les  battait  au  maillet  {/iiiidere,  malleare), 
avant  de  les  mettre  en  œuvre;  pourtant  on  pouvait  aussi 
se  dispenser  de  cette  dernière  opération  et  employer  le 
sparte  non  battu  {criidum]''.  La  réputation  des  cordes 
de  sparte  sous  l'Empire  était  universelle;  Pline  s'émer- 
veille de  ce  que  le  sparte,  qui  sert  en  tous  pays  pour  le 
gréement  des  navires,  les  machines  de  constructions  et 
tous  les  autres  besoins  de  1  existence\  soit  le  produit 
d'un  territoire  de  la  côte  de  Carthagène,  qui  a  cent  milles 
de  longueur  sur  trente  de  largeur  :  les  frais  de  transport, 
dit-il,  en  seraient  trop  élevés,  si  on  le  tirait  de  plus  loin. 
On  peut  douter  du  fait  et  de  la  raison  qu'il  en  donne. 
Déjà  Caton  '  mentionne  les  cordes  de  sparte  que  l'on 
fabriquait  à  Capoue.  L'artisan  qui  tressait  le  sparte 
portait  à  l'époque  impériale  le  nom  spécial  de  an^oTon- 
Xôxoç  ou    i7-;iapT&7rwXT,i;  '".    A   sa  profession    se  rattachait 


'  Theophr.  IV,  15,  1:  Allicn.  .VV,  p.  079  D;  Fhol.  p.  C+9,  îti  :  Pllu.  XVI, 
§  65;  XIX,  §  31.  -  2  Hom.  Od.  XXI,  391;  Herod.  VII,  25  el  34;  VIII.  2(i  ; 
Theophr.    S.  pi.    IV,    S,   2;    Plin.    XIII,    §   72,  73,    7C  ;    Pallad.    Jl.   r.    III,   31. 

—  3  Fesl.  p.  165  el  169  A,  22.  —  <•  Sur  les  ,7tàjT«  d'Ilom.  /(.  Il,  135,  voir  la 
discussion  de  Varr.  ap.  A.  Cell.  XVII,  3,  4;  Plin.  XIX,  §  26,  32;  Hehn,  Kul- 
turpflnnz.  u.  Uauslllwre^,  p.  513;  Lenz,  Botanik.  d.  Or.  p.  234;  Yalcs,  Textn- 
num  mit.  p.  31K;  Blummcr,  i.  c.  p.  294.  -  5  Cf.  Mcla,  II,  62;  Juslin.  XLIV, 
I,  6.  —  6  Lillré,  Dicl.  ».  i\  ;  Ameilhon,  Mém.  de  f/nsl.  LMcrut.  et  arts,  l.  Il, 
p.  530,  5(2.  —  7  Plin.  L.  c,  Colutn.  XII,  19,  4.  —  »  Plin.  i.  c.  el  XIII,  §  73  ; 
XXXV,  §  137;  Cal.  /i.r.3,5;T.  Liv.  XXII,20,  6;  Varr.  H.  r.  1,23,6;  Colum.  XII, 
52,  8  ;  Alciphr.  Ep.  Il,  4,  15  ;  Aelian.  .y.  an.  XII,  43;  Poil.  VII,  181  ;  Cratin.  ap. 
Poil.    X,    ISU.   —    9    //.  Jtust.    135,  3.    —    10  Poil.  VII,    181;    Phol.    p.    529,    2Ù. 

—  "   Edict.  Hiocl.  XI,  I,  3,  BliJmraer.  Nolons  ici,  pour  finir,  que  Vagaur,  vul- 


aussi  très  souvent  la  fabrication  des  lilets  [rete]  et 
de  tous  les  articles  de  vannerie  [viminarius]. 

9"  En  Orient,  les  cordes  en  poils  de  chèvre  et  de  cha- 
meau ont  dû  être  de  tout  temps  aussi  communes  qu'elles 
le  sont  aujourd'hui.  L'Édit  de  Dioclétien  fixe  à  dix 
deniers  (Ofr.  33  environ)  le  prix  maximum  de  la  livre 
de  poils  (327  gr   43)  façonnée  pour  cet  usage". 

10°  Dans  certains  gros  travaux  qui  exigeaient  un  grand 
déploiement  de  force,  on  adaptait  aux  machines  des 
câbles  formés  de  lanières  de  cuir  {lora),  tordues 
ensemble;  c'était  ce  qu'on  appelait  funes  lorei.  Dans 
une  exploitation  rurale,  par  exemple,  cette  catégorie 
comprenait  surtout  les  fuites  torcull  destinés  au  pressoir 
[torcular,  olea,  fig.  53881,  et  les  cordes  nécessaires  au 
chargement  des  plus  lourds  chariots.  Caton  nous  a  laissé 
des  renseignements  précis  touchant  la  préparation  des 
cuirs  avec  lesquels  on  fabriquait  ces  accessoires '^ 

II.  —  Ce  que  nous  ne  connaissons  guère,  ce  sont  les 
procédés  usités  en  général  dans  les  ateliers  pour  la  fabri- 
cation même  des  articles  de  corderie.  Il  est  vrai  qu'on 
peut,  à  la  rigueur,  fabriquer  à  la  main,  sans  le  secours 
d'aucun  appareil,  une  corde  grossière.  C'est  ainsi  que  les 
artistes  de  l'anti- 
quité ont  repré- 
senté le  légendaire 
Ocnos,  tordant  en- 
tre ses  doigts"  la 
corde  que  son  âne 
mange  à  mesure 
(fig.  5926);  mais 
il  est  peu  probable 
que  l'on  se  conten- 
tât ordinairement 
d'un  procédé  aussi 
lent  et  aussi  pri- 
mitif. Et,  en  effet, 
quelques  textes  " 
nous      montrent, 

quoique  en  termes  peu  explicites,  que  les  anciens  ont 
connu  l'appareil  très  simple  appelé  «  rouet  »,  dont  on 
se  sert  encore  aujourd'hui  dans  les  campagnes  et  les 
petites  villes.  On  ne  peut  guère  se  figurer  autrement 
ce  que  ces  textes  nomment  TooyOâix,  (jujaÇoXeûç,  op^avov 
(7U[AêÔAtov,  (.   que  l'on  fait  tourner   pour    la  torsion  des 

cordes,    aTps^o'jxevov   T?|  Twv  ayoïviiov  (T'jaTrXoxrj.    >>  ''.  L'opé- 

ration  commençait,  comme  aujourd'hui,  par  la  forma- 
tion du  fil  simple  ou  «  fil  de  caret  »  (Xivov)  avec  les 
filaments  que  l'ouvrier  conduit  doucement  entre  le  pouce 
et  l'index  en  marchant  à  reculons  :  c'était  là  la  première 
unité  [stuppator].  Puis  trois  fils  de  caret  «  commis  », 
c'est-à-dire  assemblés  et  tordus  ensemble  (auixSxU^iv, 
Tju.TtÀéxeiv,   lorquere),    formaient    un   "    toron    »    (xdvoç, 


gairciueol  appelé  atoés,  dont  la  fibre  serl  aujourd'hui  à  la  fabrication  des  meilleures 
cordes,  n'éUil  pas  connu  des  anciens  ;  il  nous  est  venu  de  TAmérique  du  Sud. 
-12  Cal.  H.  r.  135,  4.  -  13  Pausan.  IX,  39,  2  :  Ui,».  ,,.„..iov  ;  Plin.  B.  Nat. 
XXXV,  11,  40;  ..  spartum  tori|uens  ».  Ce  travail  est  représenté  dans  le  dessin 
du  Codex  Pighianus,  qui  reproduit  un  sarcophage  de  Rome,  publié  par 
0.  Jahn.  dans  les  Bcrichte  de  Siichs.  Gesellsch.  d.  Wiss.  1856,  pi.  Il,  d'où  est 
tirée  la  fig.  5926.  Voir  encore  Visconti,  Alus.  Pio.  Clem.  IV,  36  ;  Hofer,  Oknos,  dans 
Roscher,  Ausfillirl.  Lex.  d.  Mijthol.  col.  822.  -  H  Dans  Aristoph.  Pac.  33,  il  ne 
peut  être  question  que  des  hommes  de  peine  qui  poussent  devant  eui  sur  le  sol  du 
port  les  gros  rouleaux  de  câbles  destinés  à  la  marine.  Ce  passage,  objet  des  inler- 
prélatious  les  plus  divergentes  de  la  part  des  scoliastes,  ne  nous  apprend  donc  rien 
par  lui-même.  —  i:  Scol.  ad  Aristoph.  L.  c.  ;  Hero,  Mathem.  net.  p.  126  c  ;  Hesjch. 
s.  f.  «unôoici;;  Blijnimer,  L.  c.  p.  301. 


-  5926.  —  Ocnos  tordant  sa  corde. 


RES 


—  848  — 


RES 


xwÀov,  tnni.'i'.  Trois  torons  assemblés  l'ormuionl  le  ràble 
dit  pour  cette  raison  èvv^iXivoç.  puisqu'il  comprenait  neuf 
lils  de  caret.  C'était  là  l'article  de  grosseur  moyenne. 
Mais  on  pouvait  aller  jusqu'à  quinze  (ils  par  loron,  ce 
qui  donnait  des  cordes  à  quarante-cinq  tils  (irsvTsxaiTeir- 
<ri:axovT»>'.vo!l.  Enhn,  comme  dans  nos  ateliers,  il  y  avait 
aussi  des  torons  à  quatre  tils,  d'où  les  cables  à  douze 
et  à  seize  (oo^osxiÀtvo!  et  sxxuSsxâXivot)  ',  Il  est  regret- 
table que  les  monuments  figurés  ne  nous  soient  ici 
d'aucun  secours.  On  ne  peut  alléguer  qu'une  peinture 
égyptienne  (fig.  59-27).  où  sont  représentés  des  cordiers 


Fi2.  59i7.  —  Cordii 


i  <!gj-pti( 


à  l'ouvrage;  au  fond  sont  suspendus  contre  un  mur  des 
paquets  de  cordes,  finies  et  enroulées:  un  ouvrier  assis 
tient  l'extrémité  dune  corde,  qu'un  de  ses  camarades 
debout  est  en  train  de  tordre  avec  l'aide  d'un  instrument 
que  l'on  n'a  pu  encore  identifier'-. 

Parmi  les  principaux  centres  de  cette  industrie,  si 
nécessaire  surtout  aux  peuples  navigateurs,  on  cite  au 
V' siècle  .Marathon;  l'air  y  retentissait  des  chansons  dont 
les  cordiers  accompagnaient  leur  travail^  Au  temps  de 
Caton.  Capoue  était  le  grand  entrepôt  de  la  corderie, 
principalement  de  celle  qui  se  fabriquait  avec  le  sparte  *. 
Carthagéne  et  d'autres  villes  d'Espagne,  sous  l'Empire, 
tiraient  aussi  des  revenus  importants  de  cet  article  de 
commerce,  brut  ou  fabriqué  '.  X  Rome  même,  les 
restiones  étaient  assez  nombreux  pour  former  une  corpo- 
ration ;  l'inscription  qui  nous  en  a  conservé  le  souvenir 
provient  vraisemblablement  de  la  sépulture  commune  à 
ses  membres\  Auguste,  s'il  faut  en  croire  une  tradi- 
tion maligne,  comptait  parmi  ses  ancêtres  un  cordier 
de  Thurium".  Labérius  avait  écrit  un  mime  intitulé 
Restio*.      Georges  L.\F.\YE. 

RESTIS  (S/oTvo;,  ff/o!viov,  TEipi).  Corde,  câble. 

Le  terme  le  plus  général  pour  désigner  une  corde  était 
funis;  il  est  possible  qu'à  l'origine  restis,  comme  <s-/oi- 
vo;,  s'entendit  plus  particulièrement  de  la  corde  de  jonc 
[resti.\ru"S  '  ",  mais  le  mot  a  fini  par  s'étendre  à  toutes 
les  variétés.  Ruflens  s'appliquait  surtout  aux  câbles  de 
la  marine-.  Le  commerce  de  la  corderie  comprenait 
aussi,  parmi  les  articles  plus  petits,  la  ficelle,  les  cor- 


I  Hom.  OtI.  XIII,  4»  :  XVII.  Iifi;  .^rUIopli.  Equ.  :1T  :  .Xenoph.  Anah.  IV,  7,  15; 
Cyneg.  II.  4  cl  5  ;  X,  î;  Poil.  V,  iT  :  Cal.  li.  r.  135.  4.  Blûinmer.  p.  3i)i.  —  2  Rosel- 
liiii,  itonum.  cir.  II.  65,  1 1  :  Wilkinson,  Manners  aiid  customs,  III,  I4i,  n.  359  ; 
Blummer.  p.  303.  fig.  M.  Conlrairement  à  l'opinion  de  Bliimroer,  Wilkinson  a  sans 
doute  raison  d'v  voir  une  corde  de  cuir.  Cr.  Cal.  /?.  r.  135.  4.  —  3  .\rlstoph.  Han. 
t;9û  el  Scol.  arf  k.  l.  —  i  Cal.  H.  r.  135.  4.  —  s  Plin.  H.  n.  XIX,  §  20.  il  ;  Mêla, 
II.  6.  i;  Athen.  V,  i06  F.  —  *  Corp.  inscr.  Int.  VI,  yR5»i.  Inscr.  fausse  sauvent 
cil^c  :  Vi  (/.  IX  [faUae).  309.  —  1  Suel.  /ti/J.  2.  —  »  Labr.  ap.  A.  Cell.  X,  17  :  XVI. 
7  :  Ribl«ck.  romic.  rom.  fragm.  M898),  p.  333.  —  BioijoiiiiAPHiE.  Hugo  Blûmo.er, 


deaux.  cordons,  lacets  [linea,  finiculus],  etc.,  et  les 
mèches  pour  les  lampes  elles  luminaires  de  poix  ou  de 
cire  [fi'nalis,  lucerna].  On  trouvera  des  figures  dans  les 
articles  qui  concernent  les  machines  de  guerre  ou  celles 
qui  sont  employées  à  la  construction  et  dans  les 
métiers,  etc.  macui.nae,  torsientaj.  Pour  les  amarres  et 
les  cordages  des  navires,  voirsurtoutNAvis,  ancora,  p.  37. 

G.  Lafaye. 

RESTITUTIO  Ii\  I.VTEGRUM.  —  1.  Droit  civil.  —  Ce 
mot'  désigne  en  droit  romain  l'acte  du  préteur  qui,  par 
des  considérations  d'équité,  contre  la  rigueur  du  droit 
civil,  déclare  tenir  pour  non  avenu  un  acte  juridique  et 
replace  une  partie  lésée  dans  sa  situation  primitive-. 
C'est  un  remède  extraordinaire  (aiixilium  extraordi- 
narium),  accordé  par  le  magistrat  en  dehors  de  sa  juri- 
diction, en  vertu  de  son  imperium,  pour  venir  au 
secours  d'un  citoyen  qui  n'a  aucun  moyen  de  droit 
commun  pour  se  proléger  contre  le  résultat  inique  d'un 
fait  ou  d'une  omission  excusable'.  Le  magistrat  jouit 
d'une  très  large  liberté  d'appréciation;  elle  n'a  été  limi- 
tée que  dans  une  certaine  mesure  par  l'usage,  l'édit  du 
préteur  et  plus  tard  par  les  lois,  sénatus-consultes  et 
constitutions,  qui  ont  déterminé  la  plupart  des  causes 
légitimes  de  restitution.  Le  droit  de  restitution  n'appar- 
tient qu'aux  magistrats  supérieurs  et,  sous  l'Empire, 
aux  préfets  du  prétoire  de  Rome;  l'empereur  le  possède 
contre  ses  sentences  et  celles  de  ses  procurateurs  et  des 
juges  qu'il  a  donnés;  il  n'est  pas  accordé  aux  magistrats 
municipaux,  aux  défenseurs  des  ci  tés,  aux  juges  pédanés; 
il  peut  être  exercé  soit  par  le  magistral  lui-même,  soit 
par  son  successeur,  soit,  sous  l'Empire,  par  un  magistral 
supérieur'.  On  ignore  à  quelle  date  remonte  la  resti- 
tution. Il  n'est  pas  probable  qu'elle  ait  existé  sous  le 
régime  des  actions  de  la  loi^,  ni  même  au  début  de  la 
procédure  formulaire. 

La  restitutio  in  integrum  s'entend  au  sens  propre  du 
cas  spécial  où  le  préteur  statue  lui-même,  par  cognitio, 
en  rescindant  une  obligation  ou  une  aliénation,  ou  en 
refusant  une  exception,  ou  en  ordonnant  la  restitution 
d'une  possession,  de  manière  à  terminer  l'affaire  lui- 
même,  in  jure,  sans  renvoi  devant  un  juge*.  Mais,  sans 
doute  de  bonne  heure,  ce  mol  a  été  appliqué  au  cas  où 
le  préteur,  délivrant  une  action  fictice  [actio  ficticia, 
rescissoria),  en  supposant  rescindée  une  aliénation  ou 
une  extinction  d'obligation,  laisse  au  juge  le  soin  de 
statuer  sur  le  foad  de  l'afTaire.  judicio  rescissorio''. 
Enfin,  on  a  considéré  comme  une  application  de  la 
restitutio  in  integrum  le  cas  où  le  préteur  accorde  une 
action  arbitraire  iti  factum,  de  dolo,  quod  metus  causa, 
etc.,  en  confiant  au  juge  la  mission  d'affirmer  l'existence 
de  la  cause  de  restitution,  en  même  temps  que  le  fond 
du  procès,  ou  en  accordant  une  exception  metus  ou  doli 
ajoutée  à  l'action  pour  une  cause  analogue'. 

La  matière  de  la  restitution  est  régie  par  plusieurs 
principes  généraux.   D'abord,  dans  la  plupart  des  cas 


Technologie  u.  Terminologie  il.  GeirerOe  \i.  Kùnste  bei  Gr.  u.  B.  I  '1875)  p.  488. 

RESTIS.  I  De  Vit,  Ler.  s.  r.  d'après  Mari.  XII.  32  ;  Plin.  XVII.  11.  2;  XX.  23, 
î.  —  iRestis  synonyme  de  rudens  dans  Plaul.  Bttd.  IV.  3,  97. 

BESTITCTIO  IN  INTEGRL'M.  '  Aussi  integri  res/i(u<io  (Paul.  Sent.  I.  7,  1). 
—  2  Dig.  4,  1,  1;  Paul.  L.  c.  t.  7,  1;  C.  Th.  2,  16,  II.  —  3  J)ig.  4,  4,  16:  Senec. 
Controv.  4,  20.  —  i  Dig.  4.  4,  17.  §  5;  18  pi-.  §  1-4,  42  ;  50.  l.  26.  §  l  ;  C.  Jutt.  2, 
27,  3;  2,  47,  1.  —  5  Le  Icite  de  Térence  {Phorm.  2,  4,  9)  se  rapporte  au  droit 
grec.  —6  Dig.i,  1,  7.  §  1  :  4,  2,  2t,§  6;  4.4,  13,  g  1.  —^  Dig.  i.  4,  13.  27,  §  1: 
12,  2,  9,  §4;  4,  2,  9,  §  3;  11,  1,    IS;   C.   Jnst.    2.   54,  3.-8  Paul.  Sent.  1,  7,  4. 


RES 


—  849  — 


RES 


elle  n'est  accordée  que  cognita  causa,  après  examen  des 
circonstances'.  En  second  lieu,  elle  doit  être  demandée 
dans  le  délai  d'une  année  utile,  à  partir  du  moment  où 
on  a  pu  la  réclamer,  par  exemple  à  compter  de  la  cessa- 
lion  de  la  violence,  du  retour  de  l'absent,  de  la  majorité  ; 
pour  la  restitution  des  mineurs,  Constantin  porta  le  délai 
à  cinq  ans  à  Rome  et  dans  les  cent  milles  de  Rome,  à 
quatre  ans  dans  l'Italie,  à  trois  ans  dans  les  provinces; 
sous  Justinien,  le  délai  fut  pour  tous  les  cas  de  quatre 
ans  continus^.  Il  faut  ensuite  de  la  part  du  demandeur 
une  lésion  d'une  certaine  importance,  qui  ne  résulte  ni 
de  son  délit  ni  de  son  dol  ni  d'une  faute  peu  excusable, 
qui  ait  pour  cause  la  rigueur  du  droit  civil,  et  la  resti- 
tution ne  doit  jamais  aller  contre  la  liberté  une  fois 
acquise  ou  reconnue  par  jugement'.  En  quatrième  lieu, 
elle  n'est  concédée  qu'en  l'absence  d'autres  voies  de 
recours  '  ;  sauf  cependant  dans  les  cas  de  dol  et  de 
contrainte,  où  elle  coexiste  avec  les  actions  prétoriennes. 
Enlin  il  faut  une  cause  équitable  de  restitutions 

Six  principales  causes  de  restitution,  dont  nous  ne 
pouvons  retrouver  l'ordre  chronologique,  ont  été  établies 
successivement,  la  première  applicable  seulement  aux 
mineurs. 

1"  Oh  aetatem.  —  La  restitution  peut  être  accordée  par 
le  préteur,  selon  son  appréciation,  aux  mineurs  de  vingt- 
cinq  ans  contre  leurs  propres  actes  et  contre  ceux  de 
leurs  tuteurs  ou  curateurs,  qui,  sans  tomber  sous  le  coup 
de  la  loi  Plaetoria,  leur  ont  causé  une  lésion,  qu'il 
s'agisse  d'un  appauvrissement  ou  d'un  gain  manqué, 
que  le  mineur  ait,  par  exemple,  répudié  une  hérédité 
avantageuse,  négligé  de  faire  valoir  un  moyen  en  justice, 
laissé  s'accomplir  contre  lui  une  usucapion,  périr  un 
droit  d'usufruit  ".  La  libre  appréciation  du  préteur 
s'étend  soit  aux  conditions  et  à  la  forme,  soit  à  l'étendue 
même  de  la  restitution  '.  Le  mineur  qui  a  traité  par 
contrainte,  peut  opter  entre  la  restitution  et  l'action  quod 
meliis  '.  Cette  protection  accordée  aux  mineurs  les 
mettait  souvent,  d'autre  part,  dans  l'incapacité  de  con- 
tracter ;  de  là  vint  la  concession  par  rescrit,  aux  femmes 
à  dix-huit  ans,  aux  hommes  à  vingt  ans,  de  la  venia 
aetatis  qui  a  pour  effets  de  rendre  la  demande  en  resti- 
tution non  recevable  pour  les  actes  futurs  du  mineur,  de 
faire  courir  le  délai  pour  les  actes  antérieurs,  sans 
cependant  amener  la  déchéance  avant  vingt-cinq  ans,  et 
de  faire  cesser  la  curatelle  ' 

2°  Ob  absentiam  '".  —  La  restitution  pour  absence 
s'applique  à  tous  ceux  qu'un  obstacle  légitime  a  empêchés 
d'agir  en  temps  utile;  l'obstacle  peut  être,  par  exemple, 
une  juste  crainte,  un  service  public  ou  municipal  quel- 
conque, un  emprisonnement,  une  servitude  de  fait  et  non 
de  droit,  une  captivité  du  demandeur",  ou  une  situation 
particulière   qui    empêche    de   poursuivre   l'adversaire. 


<  Ibid.  1,  7,  3;  Dig.  4,  1,  3;  4,  4,  16,  §  î-3  ;  C.  Jutt.  i,  25,  3.  -  2  Dig.i,  4, 
19;  4,  6,  28,  §  3,  4;  44,  7,  35;  C.  Just.  2,  53,  5-7;  C.  Th.  2,  7,  i;  2,  15,  i  ;  i.  16, 
2.-3  Dig.  4,  1,  4;  4,  3,  7;  4,  4.  3,  §6,  6,  7,  §5,  9,  §  6,  10,  16,  34,  §  1,48,  S  1, 
49;  4,  5,  2,  §4;  4,6,  15,  §2,  16,  §26,  18;  10,4,  9,  §  2,  37,  §  1  ;  39,4,  16,  §9;  47,  12, 
6;  49,  1,  9;  C.  Jutt.i,  3!,  1;   6,    23,   2.-4  Dig.   4,   4,  10;  C.  Juit.    11.  29,  3. 

—  5  Paul.  Sent.  1,  7,  2;  Dig.  4,  1,  I.  —  6  c.  Jtat.  2,  22,  1  ;  2,  23,  2,  3  ;  2.  27  ; 
Dig.  4,  4,  1,  3.  §  8,  7,  §  6-9  et  11,  2.ï,  §  5,  26,  29  pr.,  47  pr.;  12,  2,  9,  §  4,  44  ; 
C.  Gregor.  3,  1  ;  Paul.  Senl.  1,  9.  —  7  Dig.  4,  4,  13  pr.  §  1-4,  45;  C.  Just.  2, 
24,  1-2  ;  Paul.  Senl.  1,  7,  4;  1,  9,  6.  —  8  Dig.  4.  S,  21.  §6.  —  9  C.  /usl.  2,  43,  1  ; 
2,  33,  :i;  5,  74,  3.   -   10  Déjà  dans  Cic.  Verr.  2,  2,  26,  03;  Dig.  4,  6;  4,  I,  1. 

—  "  Dig.i,  0,  2-7,  9-11,  33-38,  42,  43;  30,  16,  224;  C.  Just.  2,  64,2.  —  12  Dig. 
+,  6,  51-26.  —  11  Dig.  4,  6,  26,  28,  33,  40.  Dans  le  S.  C.  De  Asclepiade  le  Séoat 
accorde  à  trois  alliés  et  amis  de  Rome,  à  eux  et  à  leurs  enfants,  la  restitution  totale 


VIII. 


telle  que  son  absence,  sa  qualité  de  magistrat,  son  état 
d'infaiis,  de  fou,  son  défaut  au  procès,  ou  si  c'est  une 
ville.  L'obstacle  peut  encore  provenir  du  fait  d'un 
magistrat  absent,  empêché,  ou  qui  a  fait  traîner  le  procès 
par  négligence  ou  à  dessein  '^.  Le  préteur  a  pleine  liberté 
d'appréciation  pour  les  autres  cas  ". 

3"  Ob  vim  ou  metuin  '•.  —  On  a  ici  le  choix,  mais 
nous  ne  savons  dans  quelle  mesure  entre  la  restitution  et 
l'action  rjuod  metus  causa  ou  Vexceptio  metus;  la  restitu- 
tion parait  être  postérieure  à  l'action,  mais  a  dû  cepen- 
dant la  renforcer  de  très  bonne  heure '^  Tandis  que 
l'action  donne  le  quadruple  delà  valeur,  la  restitution  a 
des  effets  plus  larges  et  elle  est  préférable  au  cas  d'in- 
solvabilité du  tiers  acquéreur '^ 

i"  Ob  dolum  ".  — En  règle  générale,  le  préteur  doit 
donner  contre  la  lésion  déterminée  par  une  manœuvre 
frauduleuse  {dolus  malus)  l'action  personnelle  de  dol  ou 
Vexceptio  doli'*;  mais  la  restitution  est  quelquefois 
préférable,  par  exemple  en  cas  d'aliénation,  quand 
l'adversaire  est  insolvable".  On  peut  faire  rentrer  dans 
le  dol  Valienatio,  Judicii  mutandi  causa,  le  cas  où  une 
chose  a  été  aliénée  pour  changer  la  situation  d'une 
partie  au  procès  en  lui  opposant  un  adversaire  plus 
puissant-".  La  restitution  consiste  ici  soit  dans  un  refus 
d'action  à  l'acquéreur,  soit  dans  une  action  utile  contre 
l'aliénateur  ou  dans  une  action  in  factuni  contre  ses 
héritiers,  soit  dans  une  action  in  factum  ordinaire  en 
indemnité  Gxée  par  le  juge  -'.  Le  sénatus-consulte 
Juventien  donne  l'action  directe  contre  celui  qui  avait 
cessé  de  posséder--.  Nous  connaissons  un  autre  cas 
obscur-'  où,  contre  une  aliénation  frauduleuse  des  biens 
de  leur  débiteur,  les  créanciers  obtiennent  la  rescision 
de  la  tradition  et  obtiennent  une  action  réelle  simulant 
le  maintien  des  biens  dans  le  patrimoine  du  débiteur; 
nous  ne  savons  si  c'est  une  restitution  spéciale  ou  une 
action  accordée  pour  exécuter  une  restitution  pour  dol 
ou  l'action  Paulienne. 

o"  Ob  errorem  '".  —  L'erreur  {errorjustus)  est  une  cause 
de  restitution  dans  les  cas  où  elle  n'annule  pas  l'acte 
juridique,  surtout  dans  la  procédure,  par  exemple  pour 
la  conclusion  d'actes  avec  un  pupille  assisté  d'un  faux 
tuteur '-%  pour  la  p/us  petitio  ou  l'omission  d'une  excep- 
tion peremptoire  dans  une  formule": 

6°  Ob  capitis  deminutionem.  —  Cette  restitution  est 
accordée  probablement  sans  examen  des  faits,  et  à  une 
époque  quelconque,  aux  créanciers  de  celui  qui  a  subi 
une  capitis  deminutio  minima,  par  exemple  une  adro- 
gation  ;  le  changement  d'état  est  considéré  comme 
rescindé  et  les  créanciers  obtiennent  l'action  utile  contre 
l'adrogé.  Pour  les  dettes  nées  des  délits,  il  reste  tenu 
d'après  le  droit  civil  -'.  Sous  Justinien,  les  créanciers  pa- 
raissent n'avoir  plus  besoin  de  demander  la  restitution -'. 


relativement  aux  impôts,  créances,  héritages,  jugements,  ventes,  pour  tout  le  temps 
passé  hors  de  leur  ville  au  service  de  Rome(C.  i/is.  (aM,  203,  en  178  av.  J.  C).  —  H 
Dig.  4,  2  ;  C.  Just.  2,  20  ;  Paul.  Sent.  1,  7,  4-10;  Senec.  Controi'.  4,  26.  —  15  Elle 
eiisteen  39  d'après  Cic.  Pro  Flacc.  21,  49etestconnucdeLdbéoD(Z)ij.  4,  2,  14,  §9). 

—  16Z)ij.  4,2,9,  §0.-11  Paul.  Sen«.  1,8;  C.  Th.  2,  15  ;  ûij.  4,  3,  1  ;  4,  1,7,§I  ; 
42,  1,33;  C.Just.  2,21,  1.  —  18  Gai.  4,  119;  Dig.  44,  4,  2,  §  1  et  5,  4,  §  33;  4,  3, 
1,§  1;  Cic.  Deoff.i,  13,  61.  — 13  Z>i».  2,  10,  3pr.,  §1  ;4,3,  18,  §.t,  7,  §9,  9,  §1. 

—  aoZKff.  4,  7,  I;  C.Just.  2,  55,  l.  —  'U  Dig.i,  7,  \  pr.  ;3,4,  §  2-6,  8  pr.  ;6,  1,  .52  ; 
C.Just.  10,  3,  2i.  — SiZIiff.  5,3,  2,  §  0.  —  23 /n5(i(.  4,  6,§  3-6.  —  2*  Paul.  Sen(.  1, 
7,2;  Dig.  4,  1,  2  ;  42,  2,  2;  1 1,  1,  8,  10,  It.  —il  Dig.  il,  6,  I,  §  1,  7,  §  3.  —  26(Jai. 
4.  33,  123  ;  /nstil.  4,  6,  33  ;  Dig.  50,  17,  42  ;  44,  2,  2  ;  Suet.  Claud.  14.  Il  y  a  contro- 
verse pour  l'omission  de  la  simple  eiceplion  dilatoire  {Dig.  3,  3,  57,  §  1).  —  27  Dig. 
4,  5,   1,  2;  Ciai.  4,  33;  Paul.  Senl.  I,  7,  2.  —  2i  C.  Junl.  3,  10,  1. 

107 


RES 

On  peut  comparer  avec  Rudorfi"  '  à  celte  dernière 
cause  de  restitution  les  cas  d'action  restitutoire  à  la  suite 
du  sénatus-consulle  Velléien',  lerélablissenient  d'actions 
personnelles  éteintes  par  confusion',  la  restitution  en 
certains  cas  d'actions  nulles'.  Du  reste,  une  clause 
o-énérale  de  l'édit  du  préleur  autorise  la  restitution  dans 
toutes  les  hypothèses  non  prévues  où  l'équité  parait 
l'exiger  ■. 

Le  droit  de  restitution  se  transmet  aux    héritiers   et 
aux  autres  successeurs  universels  de  la  partie  lésée;  il 
peut    être  même   cédé  avec   le    droit  à  rétablir  ^   Elle 
s'étend   activement    ou    passivement,   suivant    les   cas, 
aux   codébiteurs  solidaires   ou  aux  cautions:  pour  les 
garants  du  mineur. 
le  préteur  apprécie 
les  circonstances  et 
la  volonté  des  par- 
lies  lorsdu  caution- 
nement '.  La  resti- 
tution peut  être  de- 
mandée   contre    la 
sentence    comme 
contre  tout  acte  de 
la  procédure*.  Elle 
comporte  générale- 
ment un  débat  con- 
tradictoire et  n'est 
opposable    qu'à 
ceux    qui    ont    été 
parties  au  procès  '  ; 
contre  une  adition 

d'iiérédité,  il  faut  mettre  les  créanciers  en  cause'".  La 
restitution  est  un  vrai  jugement  qui,  sous  l'Empire,  com- 
porte l'appel  ".  Elle  remet  en  général  le  patrimoine  du 
gagnant  dans  l'état  antérieur  au  jugement  ou  à  l'acte 
rescindé  et  lui  restitue  son  droit  avec  les  avantages 
annexes,  intérêts,  fruits,  mais  aussi  avec  les  charges 
correspondantes,  restitution  du  prix  en  cas  de  vente,  de 
la  chose  en  cas  d'achat'-.  On  a  vu  qu'en  général,  sauf 
pour  la  minorité,  ce  n'esl  pas  le  magistrat  qui  met  à 
exécution  les  conséquences  de  la  restitulion;  c'est  à  la 
partie  à  demander  les  exceptions  el  les  actions  resci- 
soires  ou  restitutoires  nécessaires,  soumises  ensuite  au 
juge". 

11.  Droit  chiminel.  —  Les  sentences  prononcées  par  les 
jurys  criminels  el  les  comices  ont  toujours  été  théori- 
quement irrévocables'^;  sous  l'Empire,  ce  principe  a  été 
étendu  aux  sentences  rendues  par  les  magistrats,  dans 
les  cas  où  ils  ont  remplacé  les  jurys,  quoiqu'ils  puissent 


1  P.6m.  Rechtsgeseli.  S,  p.  200.  —  2  Oiij.  10,  I, 
8t,  9,  8,  17,  18:  49,  14,  29,  §  1  ;  i,  0,  2,  §  1.  —  ' 
13,  §  i;  39,  6,  29;  ti,  1,  5.  §  3;  C.  Jiisl.  7,  53,  1, 
i,  §  I,  Î6,  §  9,  33  pr.   —  0  Jbid.  4,    I,  B  ;  4,  4,  18, 


S,  §  Il  ;  4,  4,  li.  —  3  Lij. 
Instil.  2,  I,  3i;  ûiji.  4,  4, 
î;  5,  M,  30.  — '"'  Diff.  4,  G, 
§  5,   24;  26,    7,    25;   27.    3, 


20,5  I;  C.JusI.  2,  49.  I.  -1  Diii-  4.4,  3,  §  4,  13;  39,  1416,  g,  10,  20;  4i,  I,  I,  §  1, 

—  «Ci».  Pro  rlacc.i\,  W  ;  Verr.  2,  2,  23,  «2  ;  2(>,  63;/)ty.  4,  4,  IG.  S  3,  17,  I8,pi\; 

1,  II.  I,  §  2.  —  "  Oij.  4,  4,  I3pr.  ;  C.  Just.i,  ii,  1.  Le  magistral  peul  statuer  par 
défaut  du  demandeur.  —  '0  Wj.  4,  4,  29.  §  2.  —  u  Paul.  Sent.  1,  7.  3  ;  C.  Jint.  2, 
44,  I  ;  Diij.  4.  l,  41.  -  li  Dig.  4,  4.  7,  §  5.  2t,  §  I,  27,  §  1  ;  C.  Jiist.  i,4  8,  I  pr., 
§1.  _  IJ  Voir  les  notes  i..  7  de  la  p.  818,  et  Diy.i,  3,  46,  §3  ;  4,  6,26,  §5-6:  C.  Just. 
3,  32,  24  —  14  Scncc.  Controv.  7,  8,  7  ;  Apul.  Flor.  1,5;  Dig.  1 ,  1 .  10  ;  42,  1 ,  43  : 
42,  I,  55;  48,  19,  27  pr.  ;  48,  18,  I,  27;  C.  Just.l,U,  2;  7,  50,  I  ;  9,  47,  15;  Plut. 
Ti.  Graee.  16.  — '5  Senec.  Clauil.  29;  Dig.iS.  19.  27  pr.  ;  48,  18,  l,§27;  C.  Just. 
9,  47,  13  ;  PliD.  Ad  Trai.  56,  57.  —  l«  Coel.  Ad  fam.  8,3,  3  ;  Dig.  47,  15,  13,  §  I . 

—  n  Mommsen  le  conclut  par  analogie  de  Cic.  Pro  Flacc.  21,  49.  —  '8  V'j7. 
Marc.  24.  —  19  Plut.  Cor.  29;  Uionys.  S,  21  :  Val.  Max.  0,  4,  4;  Ovid.  Pont.  1,  3, 
S3  ;  Scncc.  lit  henef.  6,  37  ;  IJuinlil.  II.  1 ,  12  ;  Cic.  Verr.  5,  0,  12  ;  De  leg    agr. 

2.  4.  10:  /'/il'/.  Il,  5,  II.  Amnisiics  {légendaires  de  Cimille,  de  Q.  Caeso,  d'.Miala 
(Cic.  lit:  dmi.  32.  80:  voir  Monimscu,  Jlùm.  Forscli.  2,  213,  321  |.  -  •■»  Cic.  Pro 


—  830  —  RET 

toujours,  eux  ou  leurs  successeurs,  retirer  avant  l'exé- 
cution une  sentence  rendue  dans  le  cas  de  simple 
cognitio'\  Mais  en  laissant  de  côté  l'appel  introduit 
sous  l'Empire  [.\ppellatio],  on  trouve  cependant  une 
l'estitutio  in  inlef/rum  qui  peut  résulter  soit  d'un 
nouveau  procès,  soit  d'une  disposition  légale.  Le  procès 
criminel  peut,  en  etTet,  être  repris  quand  il  y  a  eu  préva- 
rication de  la  part  de  l'accusateur  "'  [praevaricatio],  inti- 
midation el  contrainte  du  tribunal'',  et  probablement, 
sous  l'Empire,  dans  le  cas  d'une  faute  du  juge".  La 
disposition  légale  constitue  l'amnistie.  Le  droit  de  la 
République  ne  reconnaît  pas  régulièrement  l'amnistie", 
sauf  dans  le  cas  où    un  citoyen    exclu   du    Sénat  pour 

corruption  électo- 
rale obtient  la  resti- 
tution el  sa  rentrée 
dans  ce  corps  en 
faisant  condamner 
un  st'nateur  pour 
le  même  délit'-".  On 
ne  connaît  que  deux 
exemples  d'amnis- 
tie politique-' avant 
les  restitutions  en 
masse  accordées  ir- 
régulièrement de- 
puis 88  pendant  les 
guerres  civiles  '^-. 
Sous  l'Empire,  le 
droit  d'accorder 
l'amnistie  appar- 
tient régulièrement  à  l'Empereur  ou  au  Sénat  [abolitio, 

INDULGE.NTIAj.       Cil.   LéCRIVain. 

RETE,  RETIS  i.\':vov,  oi/.tuov,  èvoo'.ov,  àpx'jc,  plcifja, 
rassis;  àa-iioÀY,i7T:ov,  cxy-r^-rr,,  jaruluiil,  cer/'icti/uiiv.  — 
Filet.  On  distingue  deux  catégories,  d'après  l'emplui 
qu'on  en  faisait  :  les  filets  de  chasse  el  les  filets  de  pêche. 

I.  —  Les  liletsde  chasse  sont  fort  anciens  [venatio].  Les 
Égyptiens  s'en  servaient  pour  attraper  les  oiseaux  dans 
les  épais  fourrés  de  leurs  marais'.  Les  Assyriens  con- 
naissaient le  système  des  panneaux  tendus  pour  prendre 
le  gros  gibier,  cerfs  et  daims".  Un  des  plus  célèbres 
monuments  de  l'art  préhellénique,  le  vase  de  Vaphio, 
nous  montre  le  taureau  sauvage  saisi  dans  sa  course 
furieuse  el  empêtré  dans  les  mailles  d'un  grand  filet  tendu 
entre  deux  arbres  (fig.  5958) ^  Homère  désigne  sous 
le  nom  de  >,;vov  le  fllel  de  ciiasse  et  fait  une  claire  allu- 
sion à  ce  mode  de  capture  des  gros  animaux  '.  Dans  la 
littérature  classique  les  textes  abondent  sur  ce  sujets 

Clu.  36.98;  Uio,  36,  38  ;  Appian.  Bel.  ci'o.  2,  ii:D!g.  18,  14,  1.2.  —  21  l.e  rappel 
de  l'opilius  (Cic.  .9rul.  34,  128)  et  la  resliluliou  de  Q.  Metellus  Niiniidicus  en  99 
(Diod.  30,  lll|.  —  22  Après  la  guerre  sociale  (Liv.  ep.  77  ;  Wiel.  <id  Uer.  2,  2*,  43)  ; 
sous  Marius  et  Sylla  (Cic.  Ciim.  sen.  grut.  eg.  15,  .'W),  sous  César  (Caes.  Bel.  civ.  3, 
ll;Cic.  Piiil.  2,  23,  56;  II,  5,  11).  —  Bibliographie.  Borcliardi.  Lehre  fonder 
Wiedereinsetzung  in  der  vorigen  Stand,  Gnltiiïg.  1831;  Savigny,  System,  trad. 
fr.  VII,  §  313;  RudorlT,  ttom.  Itechlsgesch.  Leipzig,  1837-59,  II,  S  5H  ;  Kellcr,  Civil 
process.  trad.  fr.  p.  360;  Betker,  Àktionen,  1873,  II,  p.  77-105;  Ortolan,  Explica- 
tion hist.  des  Inst.  10"  éd.  Paris,  1876,  III,  n"  2013-2022;  Accarias,  Précis  de 
droit  romain,  i'  éd.  Paris,  1891.  II,  940-949;  Uiiard,  .1/aniu/  de  droi!  romain, 
■•'  éd.  Paris,  1901.  p.  407.  409,  908,  1030-33  ;  Mommsen,  Sirafreclil.  Leipzig,  189''. 
p.  478-480. 

RETK,  IlETIS.  1  Wilkinson.  .l/.i/in.Ts  aii'l  Custoins,  III,  p.  37:  cf.  p.  38  et 
p.  4li  (pièges  à  lilets).  -  2  place,  Ninive  et  f  Assyrie,  pi.  i.vi,  ii»  1.  —  3  Perrot  et 
Cliipicz,  Hisl.  de  fart,  VI,  pi.  xv,  fig.  369.  —  *  /liad.  V,  487.  On  parle  souvent 
du  lîlet  dont  Vulcain  enveloppe  Mars  et  Vénus  pour  les  surpcntire;  mais  c'est  sur- 
tout uu  piège,  une  sorte  de  toile  d'.traignée  monstrueuse  et  magi<|ue,  plutôt  qu'un 
filet  proprcmeiil  dit;  Odyss.  Vllt,  271  si|.  —  ô  On  les  trouvera  rassem'Iilés  en 
majeure  p.irlie  dans  le  Texlrinnm  anliiiuoritm  de  Yatcs  (Londres.  1843).  p.  4t2  sq. 


RET 


Rappelons  surlout  uo  passage  d'Aristopliane  '  ijui  énu- 
inère  dillerentes  variétés  de  filets  (pç.6yo;,  ~%yii,  écxo;, 
v£(3ÉXf|,  oiV.TJOv.  7rr|XTr,)  et  le  cluipilre  de  Xénoplion-  qui 
décrit  la  struclure  de  ces  engins. 

La  malièi-e  employée  est  le  lin,  Ài'vov  [lim  m,  p.  12(i.3], 
ou  le  c!ian\ re  [hestiarils,  p.  846]  ^,  plus  rarement  d'autres 
matières  végétales  *.  Les  mailles  (fipd/oi,  ^po/i'Ss,-,  inacii- 
lae')  sont  plus  ou  moins  larges",  suivant  la  nature  du 
gibier  que  l'on  veut  prendre.  A  l'époque  romaine,  on  fil 
des  filets  si  fins  et  si  légers,  prétend  Pline,  qu"un  homme 
seul  pouvait  en  porter  de  quoi  enceindre  un  petit  bois  et 
qu'ils  auraient  passé  par  un  anneau  '.  Xénoplion  dis- 
tingue trois  variétés  :  àçz'j;,  âvootov,  oiV.-jc/  *  :  les  ipy.ucç 
sont  des  filets  petits  et  fins,  ivvsaÀivoi,  c'est-à-dire  com- 
posés de  fils  assemblés  trois  par  trois,  chaque  fil  étant 
lui-même  composé  de  trois  brins  :  restiarils,  p.  8481.  et 
ils  ont  une  longueur  de  .j  spilhames  'environ  1  m.  loi; 


—  8-)l   —  liET 

des  oi'xTja"  Les  cotés  des  filets  tendus,  de  façon  à  for- 
mer un  espace  qui  va  en  se  rétrécissant,  comme  un 
entonnoir,  sont  les  i.x.Qtaliv'.y.,  iiTSûÛYia,  atae^'-.  Les  por- 


Fig.  59i9.  —  Chasse  au  1 


les  Évdoia,  plus  grands  et  plus  résistants,  sont  owosxà/.iva, 
à  douze  brins,  et  longs  de  2  à  o  orgyes  (3  m.  70  à  9  m.  75;  ; 
enfin  les  oîxtjiz  èy.y.aiScj'.âXiva,  à  seize  brins,  sont  longs  de 
10  orgyes  à  30  et  même  davantage  (18  m.  50  à  35  mèlresj. 
l^a  largeur  des  mailles  ne  difl'ère  pas  pour  les  trois 
genres:  2  palaisles  (0  m.  13).  Les  deux  derniers  genres 
ont  30  nœuds  de  maillons,  ce  qui  donnerait  une  hauteur 
totale  d'environ  i  mètres.  Le  filet  de  chasse  était  tendu  et 
soutenu  par  des  baguettes  fourchues  à  l'extrémité  supé- 
rieure ((î/a>a'oEç;  voir  la  figure  3930),  qui  variaient  aussi 
de  dimensions  suivant  la  force  du  filet  :  les  étais  des  apzuE; 
étaient  hauts  de  10  palaistes  (environ  0  m.  73)  et,  suivant 
les  inégalités  du  terrain,  on  en  plaçait  de  plus  petits;  ceux 
des  âvoSta  étaient  le  double;  ceux  des  5''xtuz avaient  3  spi- 
lhames (environ  1  m.  13;  ''.  Dans  les  maillons  supérieurs 
et  inférieurs  étaient  passées  de  grosses  cordes  lisses  qui 
servaient  à  serrer  les  filets  et  à  les  rouler  (TtEpi'opûjjiot  et 
èîrics&jAot,  cpldi'omi)  '".  Oppien  distingue  aussi  les  apy.uE; 

I  Av.  5»7.  —  2  [)f  lenat.  cap.  i.  —  3  Xcnoph.  Ùe  nennl.  2.  Le  lin  de  la 
région  du  Phase  et  celui  de  Carlha;^e  sont  les  meilleurs.  X'.-<'.v  en  grec  et  linum  en 
latin  désigneni  le  filet  lui-même  (llom.  Jliad.  V,  487  ;  Virgil.  Georg.  i,  Hi  :  ['lin. 
His(.  nat.  Xl.\.  I  (i);  Ovid.  AJelam.  111,  153  ;  Vil,  807:  Oppian,  Ctjneg.  IV,  iii):. 
I.e  meilleur  cljan>Te  est  celui  d  ALihanda  en  LIarie  (Plin.  .\l,V,  174).  —  4  Pline  parle 
ilun  genêt  doii  Ion  lirait  une  sorte  de  ficelle  pour  faire  les  filets  ;  XXIV,  9  (40). 

—  5  Aristoph.  Av.  527;  Pollui,  V,  2»;  Varr.  R.  rusl.  III,  Il  ;  Ovid.  Heroid.  V,  10. 

—  »  Relia  rara,  à  mailles  larges;  Virgil.  Ameid.  IV,  131.  —  7  XIX,  I  (2).  —  »  lie 
venat.  t.  —  y  Xenopli.  L.  c.  et  VI,  7  ;  (rràXi/t;  dans  Oppian.  Cynei).  IV,  G7,  71,  121, 
380;  Pollui,  V,  31.  — lOXenoph.  i.c.  ;  Pollux,  V,  2S,  i'3;fV\a.  Hisl.  na(.  XIX.  I(2|. 

—  "  Cynegct.  IV,  3,^1.  —  12  Pollux,  V,  29:  Xenoph.  L.  c.  —  13  Pollux,  V,  17.—  n  Pol- 
lui, A.  cet  VU,  179;  Xcnoph.  Op.  (.11,  3;  VI,  I;  Aelian.  Hisl.  an.  I,  2.  —  IJXV  3. 


Fig.  3930.  —  Porteurs  Je  filets  de  cliassf. 

leurs  de  filets  sont  appelés  otxTuàYtovoi '3;  le  fabricant  de 
filets,  oiy.-uoTit/toi;  OU  oixTuoTtXôxo';,  àpxutopô?".  Strabon  si- 
gnale en  Perse  certaines  localités  où  l'on  s'adonnait  avec 
une  habileté  particulière  à  la  fabrication  de  ces  engins  '  '. 
Chez  les  auteurs  latins,  bien  que  les  termes  gardent  le 
plus  souvent  un  sens  général,  on  constate  que  cassis  cor- 
respond plutôt  à  àpxuç,  plaga  à  âvôSiov.  rete  à  Sixxuov  '°.  Le 
mot  /imbus  parait  s'appliquer  à  la  grosse  corde  du  filet, 
7rspî5po[jLûi;'''.  Les  fourches  à  porter  les  panneaux  sont  les 
vari  et  Oîicones'^.  On  pose  et  on  tend  les  filets,  re/i(i 
ponere,  relia  tendere".  On  barre  la  roule  aux  bêles  et 
on  les  pousse  vers  les  toiles  en  lançant  sur  elles  les 
chiens  et  en  poussant  des  cris'^°,  pendant  que  d'autres 
chasseurs  surveillent  les  filets,  en  se  postant  derrière^'. 
On  suspendait  aussi  aux  cordes  des  morceaux  d'étoires 
voyantes,  des  plumes  écarlates,  pour  efirayer  le  gibier  et 
l'afi'oler^''.  Comme  dimensions  pour  les  filets,  un  traité  de 
cynégétique  indique  une  longueur  de  40  passas  (environ 


60  mètres)  avec  une  hauteur  de  10  maillons'-'.  Dans  les 
jeux  de  l'amphilhéàtre,  la  cltJture  des  parcs  à  bêtes  était 
formée  par  des  filets  qui  protégeaient  les  spectateurs-' 
Le  filet  entre  aussi  dans  la  structure  de  certains  appa- 
reils, comme  les  volières,  les  cages  d'oiseaux,  etc.  ". 

18,  p.  731.  —  10  Nemesian.  Cyneg.  299-302.  Le  terme  usité  est  rele  (Virg.  Bucol. 
III.  75;  Georg.  I,  307;  Ovid.  Ars  amat.  I,  45).  Pour  plaga,  Horat.  Epod.  II,  31, 
32;  Lucret.  V,  1249;  Plin.  XIX,  1  (2).  Pour  cassis,  Ovid.  Ars  amat.  1,392;  II,  2; 
Martial.  III,  58,  28;  Propert.  IV,  2,  32;  Isidor.  Orig.  XIX,  5.  —  17  Ural.  Falisc. 
Cyneg.  25.  —  18  Lucan.  Pharsal.  IV,  439  ;  Grat.  Falisc.  87.  —  19  Virg.  Georg.  1, 
307  ;  Ofid.  Ars  amat.  1,  45.  —  20  Virg.  Georg.  III,  411-413;  .\eneid.  X,  707-715; 
Ovid.  Heroid.  V,  19,  20;  Tibull.  IV,  3,  12;  Plin.  EpUt.  1,  6.  —  -''  Virg.  Bue.  11!, 
75;  Plin.  L.  c.  —  22  Virg.  Aen.  IV,  121  ;  Oeorg.  III,  371  ;  Ovid.  .Vetam.  XV,  475; 
.\emesian.  Cyneget.  303-321.  —  23  Grat.  Falisc.  31-32.  —  2t  Plin.  XXXVII,  3  (11)  ; 
il  cite  une  prodigalité  de  Néron  faisant  orucr  de  perles  d'arohre  les  nœuds  de  ces 
filets  ;  cf.  Saumalse  ad  Solin.  p.  106-167.  —  2e  Varr.  R.  rusl.  III,  3  ;  cf.  une  pierre 
gravée  représcnlant  un  oiseleur  ap.  Vcnuli,  Coltect.  antiguit.  roman,  pi.  i.^xvni. 


Fig,  503-2.  —  Filet  de  cli 


RET 

Lesreprésonlalions  de  lîlets  de  chasse  dans  l'art  grec 
ne  sont  pas  très  fréquentes.  On  les  rencontre  surtout  au 
Vf  siècle,  dans  l'épisode  de  la   cliasse  au  lièvre   qui, 
poursuivi  par  les  chiens,  vient  se  ji'ler  dans  le  filet  der- 
rière lequel  le  chasseur 
est  posté,  prêt  à  l'assom- 
mer avec  son  lafjohnlon 
(fig.  o9-29^'. 

Beaucoup  plus  nom- 
breuxsonlles  monuments 
d'époque  éirusque  ou  ro- 
maine, sarcophages*,  mo- 
saïques ',  fresques  (fig. 
2782)',vasesd'orfévrerie% 
lampes',  qui  ofTrent  des 
représentations  détaillées 
de  ces  engins  et  de  la  cap- 
ture des  animaux,  gros  et 
petits.  Nous  reproduisons 

ici  un  coté  de  sarcophage,  où  l'on  voit  des  serviteurs  char- 
gés du  filet  roulé  et  tenant  en  main  les  étais  fourchus  qui 
serviront  à  le  tendre'  (Hg.  3930)  ',  une  mosaïque  oii  le  liè- 
vre poursuivi  se  jette  dans  un  filet  tendu  circulairement 
(fig.  3931'!'',  un  vase  d'argenloùle  chasseur,  posté  derrière 
le  fi]el,  guette  un  cerf  el 
unebiche  qui  viennent  s'y 
précipiter  (fig.  5932)'. 

II.  —  Le  filet  de  pêche 
n'est  pas   moins   ancien. 
Les  Égyptiens   s'en   ser- 
vaient et   l'on    a   même 
trouvé,  dans  un  tombeau 
de  Thèbes,  les  restes  d'une 
senne  encore  garnie   de 
ses    plombs    el    de     ses 
bois'".   Sur  un  des   plus 
anciens  monuments  de  la 
Chaldée,  le  dieu  Ninghir- 
sou   tient  des  captifs  en- 
fermés dans  une  sorte  de  nasse  ou  de  filet  comme  des 
poissons".  Chez  les  Grecs,  les  filets  de   pèche  offrent 
d'assez  nombreuses  variétés.  Le  nom  générique  est  encore 
ôi'xTua,  iXtsuTixi  Si'xTua  '^  OU  ),iva'';  mais  On  distinguait 
plusieurs  catégories  qu'énumère  Oppien'S  à[jLç.iê).Y|(rTpa, 
Yptcpot,  yiYYaiJia,  (mo/aî,  (rayr|Vai,  xa)iiJ[j.(jiJtTa. 

L'à(Aï.î?XT,<rTpov  (?st  Tépervier,  le  filet  en  forme  d'enton- 


1  Coup.-  â  lij.  noire?  .le  Capoiie,  Arcli.  Zcitimj,  1881,  pi.  v.  Aulrcs  exemples  : 
trépied  de  Taiiagre  {/ùid.  pi.  n)  ;  coupe  signée  dCikopliélés  (Froeiiner,  Cutaloijue 
CoUecl.  rari  Branlciihem,  ii»  1,  pi.  i|;  sujets  estampés  sur  le  rebord  des  grands 
plais  ou  sur  la  panse  des  grandes  jarres  de  Céré  (Loeschcke,  Arcli.  Zeit.  1881,  p.  34; 
Pottier,  album  des  Vases  antiques  du.  Louvre,  pi.  ixxvin,  D,  345,  347,  34»)  ;  Mé- 
langet  Perrot,  p,  270,  pi.  iv.  Pour  l'iiisloirc  de  la  chasse  au  lièvre,  la  haute  anti- 
quité cl  le  prolongement  de  ce  sujet  à  travers  les  iges,  cf.  Bull.  corr.  Iiell.  1893, 
p.  SÎS  cl  sq.;  Jahrhuch  fnsl.  19uC,  p.  121.  —  2  Lasiuio,  Raccoltu  di  sarcofagi, 
urne,  etc.  del  Cnmpo  Santo  di  Pisa.  pi.  i.xxiv,  r.x,  cxxxv  ;  de  Laborde,  Les  Monu- 
ments de  la  France,  I.  pi.  i.xx  (cf.  Moutfaucou,  Anttq.  exphq.  .Supplément,  111, 
pi.  i.xï.);  I.cnoir,  Slalist.  nionum.  de  Paris.  1,  pi.  xxvi  ;  AJonuincnti  insl.  IX, 
1869,  pi.  Il:  Annali,XX\V.  1803,  pi.  A,  (ig.  2  ;  Michaclis,  Ancient  ,tfar4/es,  p.  381, 
n"-  Ï44.  2*5  =  Yales,  Testrinum  ttnlii/u.~p\.  xvi;  ]Voli:ie  dei  Scavi,  )904,  p.  47. 

—  3  H.  de  Villcfossc,  dans  fiuHc/in  arch.  du  Comité  des  Irae.  Iiisl.  \90i,p\.i.—i  Mo- 
numenli  Inst.  I,  1831.  pi.  xxxni  (peinture  d'une  lombe  étrusque  de  Tar.iuinies)  ;  Bar- 
lolict  Bcllori,  Pictura  antiq.  p.  54,  pi.  sxvi,  xxvir  (tombeau  des  N'asons;  cf.  Ricb, 
Dict.desAntiq.s.v.  Rete).  —  '"  Antiq.  du  Bosphore  CimmérieH,f\.  xui  (  =  Schrèi- 
bcr,  Bilderatlas,  I,  pi.  i.vxx,  a'  5);  cf.  C.  rend.  St-Pétersbourg  pour  1867,  p.  53. 

—  «Gauckicr,  dans  Bull.  arch.  du  Comité,  1901,  p.  135,  fig.  I.  —7  .Xnnali,  1863, 
pi.  \,  fig.  2.  —  »  Bull.  arch.  du  Comité,  I9U3,  p\.i.  —  »  Antiq.  du  Bosph.  Cim.  pi.  xlu. 

—  10  WilLinson,  Manners  and  customs,  111,  p.  37,  55  ;  cf.  Yates,  Textrinum  antiq. 
pi.  ivi,  fig.  3,  p.  432,  note.    —  Il   De  Sarzec  el  Heu/ey,  Découvertes  en  Chaldée. 


832  —  RET 

noir,  muni  de  plombs,  qu'on  lance  en  l'étalant  sur  l'eau 
et  qu'on  ramène  au  moyen  d'une  corde  placée  à  la  partie 
supérieure  de  la  poche'".  Le  filet  où  Agamemnon  périt 
enveloppé  est  un  àu.a.i?Xï|(îTçov  ".  En  latin,  on  dit  /'un- 
dn  ''  ou  jaculum  ". 

La  (jaYï|VYi  est  la  senne 
ou    seine,   le   filet   à   la 
traîne,  composé  d'un  très 
long  rectangle,  muni  à  la 
partie   inférieure   de  pe- 
sons de  pierre  ou  d'argile 
pour  le  maintenir  vertica- 
lement et  à  la  partie  supé- 
rieure   de    rondelles    de 
liège  ou  de  bois  (uoaipêiive;) 
pour  le   faire   flotter;    le 
cen  tre  s'évase  en  forme  de 
vaste  poche  où  le  poisson 
est  peu  à  peu  poussé  et 
rassemblé  ".  C'est  un  appareil  très  ancien  et  déjà  Homère 
en  décrit  l'emploi  -".  D'autres  auteurs  font  allusion  à  l'em- 
ploi des  lièges  et  des  plombs  dans  ces  filets  (cpeXXot)  '-' .  Au 
figuré,  (j3(Yy,vEij£iv  désigne  une  tactique  de  guerre  qui  con- 
siste à  dépeupler  une  ville  ou  une  région  entière,  en  pous- 
sant au  dehors  les  habi- 
tants au  moyen  de  cordons 
de  troupes  serrées  comme 
les    mailles   d'un   filet--. 
Le  pécheur    est   parfois 
appelé  (rayTiVEuT-riÇ  ou  trayTri- 
veù;'".  Le  mot  lui-même  a 
passé  en  latin,  sagena-'', 
mais  d'ordinaire  on  em- 
ploie les  termes  verricu- 
lum,  tra(jula,  tragum-'., 
exprimant    l'action    de 
balayer    ou    de   traîner. 
Hesychius  seul  l'explique 
comme  une  nasse   faite 
avec  des  joncs'-*  [nassa].  Entre  l'épervier  et  la  senne  se 
placent  des  variétés  sur  lesquelles  nous  avons  fort  peu 
de  lumières,   comme  le  Yptepo;^'  et  le  xiXufAjjLa.  L'imo/i^ 
paraît  être  une  épuisette,  un  petit  filet  rond,  emmanché 
à  un  long  btilon'-*.  Le  y^yY^Î'-''^  ou  y^yy^jat,  serait  un  syno- 
nyme de  (TaYTiv/)-'. 

On  a  déjà  vu  [piscatio,  fig.  5689,  5690]  quelques  repré- 

p.  183-184,  pi.  IV  bis.  Pour  les  terap*  préhistoriques  en  Europe,  voir  Monlelius,  Temps 
préhisloriq.  en  Suéde,  trad.  Reinach,  p.  28;  S.  Keinacli.  Cataloq.  du  Mus.  de 
Saint-Ge7Tnain,  p.  136.  —  12  Athen.  VU,  p.  284;  Oiod.  Sic.  XVII,  43;  Antholog. 
Palat.  VI,  II,  13,  14,  15,  24,  2(1,  30,  38.  —  13  Anlhohq.  Palat.  VI,  12,  16.  27,  28, 
29,  33.  —  It  Halieut.  III,  80  sq.  ;  cf.  Pollux,  I,  97.  —  13  Hesiod.  Seul,  tierc.  216  ; 
Herodot.  1,  141;  II,  95;  Athen.  X,  p.  450  C;  Pollux,  X,  132;  Suidas  et  Hesych, 
s.  1'.;  Oppian.  Hal.  IV,  144;  .Anthol.  Pal.  VI,  25.  —  16  Aesch.  Aqam.  1382; 
Choeph.  492.  —  17  Virg.  Georg.  I,  141;  Isidor.  Orig.  XIX,  5.  —  18  plaut.  Asinar. 
1.  1,  86;  Trucal.  I,  I,  14.  —  la  Oppian.  Hal.  III,  8i;  Lucian.  Piscat.  p.  618; 
Epist.Sat.  p.  406;  Tim.  p.  136;  Alciphr.  Epist.  I,  I,  17,  18;  Anthol.  Pal.  VI,  28, 
38  et  192;  Virgil.  Georg.  I,  142;  Ovid.  Ars.  amat.  I,  704.  —  20  Odi/ss.  XXII,  384. 

—  21  Aeschyl.  Choeph.  506  ;  Pausan.  VIII,  12,  1  ;  Aelian.  Hisl.  anim.  XII,  43  ;  .int/i. 
Pal.\'\,  23,6;  28,  3;  29,  3;  30,1  ;  38,4;  l'\ulircb.  De  gen.  5ocr.  p.  1050;  Plin.  XVI,8, 
13;  Ovid.  Trist.  III,  4,  12.  —  22  Herodot.  III,  145;  VI,  31  ;  P  al.  Leg.  III,  p.  098. 

—  23  Plutarch.  De  solert.  anim.  p.  29  ;  Anth.  Palat.  VII,  295.  —  21  Manil.  V,  678. 

—  25  Valer.  Flacc.  Memor.  1 V,  1  ;  Isid.  Orig.  XIX,  5  ;  Plin.  XVI,  8, 1 3.  —  20  5.  d.  nu-tiLa 
T.  tx  .«'Aii^uv.  —  27  Plut.  Moral.  V,  p.  838  ;  Anthol.  Palat.  VI,  23;  Etym.  magn. 
s.  V.  :  Eustath.  Ad  Iliad.  p.  633,  40.  Le  mot  ^pnïE  j;  désigne  parfois  le  pécheur  ;  Etym. 
magn.  s.  v.;  Anth.  Palat.  VII,  504,  505.  —  28  Oppian.  IV,  251  ;  cf.  le  filet  égyptien 
reproduit  par  VVilkinson,  Manners  and  customs,  III,  p.  53.  —  29  Hesych.  et  Etym. 
maqn.  s.  v.  Hesych.  dit  aussi  :  Y«rr»ix!0;,  iXnù;  ;  et  ÏEtym.  magn.  appelle 
YaYr"!*»"^^^'  ^i  ffttT*lv£u-«'-  Le  mot  yàvvano.  est  déjà  d.ins  Aesch.  Agam.  3(11. 


5933.  —  Filet  de  poche. 


RET 


—   8o3 


RET 


sentalions  de»  filets  de  péclie,  en  parliculier  de  l'épervier. 
Nous  ajouterons  ici  une  composition  inédile  d'un  vase  du 
Louvre,  oii  Ton  voit  figurée  la  pèche  à  la  senne,  le  long 
filet  jeté  au  large  et  ramené  vers  le  bord  du  rivage 
(fig.  3933 1  '.  Sur  des  fresques  figurent  des  pêcheurs  dans 
leur  barque,  halant  sur  les  cordes  du  filet  pour  le  sortir 
de  l'eau  -.  Les  filets  roulés  en  gros  paquets  déposés  au 
fond  du  bateau  se  voient  sur  une  mosaïque  [hùria, 
fig.  3881\ 

Dans  les  jeux  de  l'amphithéâtre  un  des  épisodes  les 
plus  goûtés  était  le  combat  du  refiarius,  armé  d'un  tri- 
dent et  d'un  filet  de  pêcheur,  contre  le  seciilor  ou  le  mur- 
mi/lo,  dont  le  casque  portait  comme  emblème  un  poisson 
■GLADiATOR.  p.  1583  sq.,  fig  3581].  Dans  le  personnel  des 
jeux  on  remarque  aussi  un  Jaculator,  qui  pourrait  être 
un  gladiateur  muni  de  l'épervier,  jaciilum  [c.ladiator, 
lig.  3398;. 

Le  fabricant  de  filets.  &;ztjo7:ào/.o;.  o'.ztjeû;  ^,  est  peut- 
être  représenté  sur  une  intaille  où  l'on  voit  un  homme 
nu,  assis,  avec  un  filet  suspendu  au-dessus  de  lui  auquel 
il  semble  travailler '.  E.  Pottif.r. 

RETEXTK).  —  Le  mot  relinere  désigne,  en  principe, 
l'attribut  du  droit  de  gage  [pic.mSj.  La  rétention  est  la 
faculté  accordée  au  créancier  gagiste  de  garder  la  chose 
qui  lui  a  été  remise  pour  sûreté  de  sa  créance,  tant  que 
le  débiteur  n'a  pas  acquitté  sa  dette'.  La  même  faculté 
est  accordée  au  créancier  hypothécaire,  lorsqu'il  a  fait 
usage  du  jus  possidendi  et  s'est  mis  en  possession  de 
la  chose  hypothéquée    uypotueca.  p.  360,  n.  20\ 

On  emploie  plus  souvent  le  mot  retinere,  ou  l'expres- 
sion relent ionem  habere-.  pour  désigner  un  droit  spécial 
qui  existe  indépendamment  de  tout  contrat  de  gage,  ou 
même  de  toute  convention  tacite  comme  celle  que  l'on 
sous-entend,  à  partir  du  ii"  siècle,  dans  les  rapports  du 
locateur  d'une  maison  et  du  locataire  uypotheca,p.  362, 
n.  18  et  25\  La  rétention  est  la  faculté  accordée  à  un 
créancier,  qui  détient  une  chose  appartenant  à  son  débi- 
teur, de  refuser  de  la  rendre  tant  qu'il  n'est  pas  payé.  On 
ne  s'occupera  ici  que  de  la  rétention  considérée  comme 
un  droit  spécial. 

Le  droit  de  rétention  n'est  pas  admis  dans  tous  les  cas 
où  un  créancier  délient  une  chose  appartenant  à  son 
débiteur  ^  :  on  exige,  en  général,  qu'il  y  ait  une  corréla- 
tion entre  la  chose  retenue  et  la  créance  qu'on  fait  valoir. 
Un  rescrit  de  Gordien  a,  par  exception,  accordé  le  droit 
de  rétention  ù  un  créancier  qui  a  reçu  une  chose  de  son 
débiteur  pour  sûreté  d'une  obligation  autre  que  celle 
dont  il  réclame  l'exécution  [uypotueca,  p.  360,  n.  22  .  La 
jurisprudence  a  pareillement  accordé  le  droit  de  réten- 
tion au  créancier  qui  a,  sciemment,  reçu  en  gage  la  chose 
d'autrui.  Bien  que  le  gage  n'ait  pas  été  valablement  con- 
stitué, le  créancier  pourra  retenir  la  chose  jusqu'à  parlait 
paiement,  si  elle  devient  plus  tard  la  propriété  du  débiteur*. 
En  dehors  de  ces  exceptions,  le  droit  de  rétention  est 
admis  :  1°  dans  les  contrats  synallagmatiques  parfaits  ou 


'  Ocnochoé  à  décor  polyclirome  et  à  légers  reliefs  dorés.  Ivouvce  en  CyrénaK|UL- 
(salle  SI).  Elle  a  élé  signalée  par  0.  Jalin,  l'as,  mit  Goldschmuck,  p.  10.  n"  3i,  el  par 
Hevdemann,  Pariser  Antiken,  p.  40,  n"  i.  —  2  Bcllori,  Pictur.  antiq.  p.  'JO, 
pi.  vn;  Helbig,  V/and,iem.  Cainpan.  n»  1573.  —  3  Pollui,  Vil,  179.  —  i  Annali 
Inst.  1883,  pi.  H,  n"  37,  p.  iiO  (musée  de  Coriielol. 

RETENTIO.l  Pompon.  35  ad  Sab.  Dig.  XIII,  7,  1<.  —  2  Paul.  3  ad  Sab.  Ihy. 
XLVII,  î,  15,  i.  —  3  Diocl.  Cod.  Jusl.  IV,  i3,  4.  -  s  Papin.  Il  Besp.  ùiy.  X.\, 
1,  1  pr.  —  5  Jul.  ap.  Paul.  39  ad  Ed.  Ùig.  XLVII,  2,  5i,  4.-6  Jul.  17  Dig.  Dig. 
XXXIX,  3,  14.   —  '   L'Ip.   Ileg.  VI,  13.  —  8  pauI.   C  ad  Plaul.  Dig.  L,  11),  70  fr. 


imparfaits  tels  que  la  vente,  le  commodat,  le  gage,  et  en 
général  dans  les  actes  qui  donnent  lieu  à  des  prestations 
réciproques,  comme  la  restitution  de  la  dot  en  vertu  de 
l'action  rei  uxoriue  et  l'indivision;  2"  dans  les  actions 
réelles  en  revendication"  et  en  pétition  d'hérédité  [vixdi- 
catio'.  Dans  ces  deux  séries  d'hypothèses,  il  peut  y 
avoir  une  créance  connexe  à  la  chose  retenue  par  l'ayant- 
droit.  Cette  créance  a  pour  objet  soit  le  remboursement 
de  certaines  impenses  faites  par  le  détenteur  de  la  chose, 
soit  la  réparation  d'un  dommage  causé  à  l'occasion  de 
cette  chose,  soit  enfin  une  obligation  résultant  du  con- 
trat ou  imposée  par  la  loi  au  profit  du  détenteur. 

I.  RÉTENTio.v  POUR  IMPENSES.  —  Le  débiteur  ou  le  pos- 
sesseur, qui  a  fait  des  impenses  pour  la  chose  qu'il  est 
tenu  de  restituer,  a  le  droit  de  rétention  à  deux  condi- 
tions :  1°  qu'il  n'ait  pas  agi  dans  une  pensée  de  libéralité, 
en  vue  de  faire  une  donation  au  créancier  ^  ;  2°  que  la 
dépense  soit  nécessaire  ^  Les  impenses  nécessaires  sont 
celles  dont  l'omission  entraînerait  la  perle  ou  la  détério- 
ration de  la  chose".  Mais  on  n'en  tient  compte  que  si  la 
chose  en  vaut  la  peine  au  moment  où  elles  ont  élé  faites'. 
On  considère  parfois  comme  une  dépense  nécessaire 
celle  qui  s'applique  à  des  travaux  neufs  qui  doivent 
servir  à  la  bonne  exploitation  du  fonds  :  la  construction 
d'une  grange  pour  conserver  les  récoltes,  d'un  moulin, 
d'un  four  pour  cuire  le  pain  '". 

La  rétention  pour  impenses  a  été  accordée  : 

J"  Dès  le  milieu  du  vi"  siècle  de  Rome  au  vendeur". 
Les  frais  de  nourriture  de  l'esclave  vendu  sont  à  la 
charge  de  l'acheteur  à  dater  du  jour  où  il  a  été  mis  en 
demeure  de  prendre  livraison  [mora]  :  le  vendeur  a  le 
droit  de  retenir  l'esclave  jusqu'à  ce  qu'on  lui  ait  rem- 
boursé ces  dépenses 

2°  A  l'acheteur  en  cas  de  résiliation  de  la  vente  pour 
cause  de  vices  rédhibitoires  [REDHibitoria  actioj  :  il 
ne  sera  pas  forcé  de  rendre  la  chose  avant  d'avoir  été 
indemnisé'^. 

3°  Au  commodalaire,  mais  seulement  pour  les  impenses 
d'une  certaine  importance",  telles  que  les  frais  de 
maladie  ou  les  frais  de  poursuite  d'un  esclave  fugitif 
]commodatum\ 

4°  Au  créancier  gagiste,  lors  par  exemple  qu'il  a  étayé 
la  maison  donnée  en  gage  et  qui  menaçait  de  s'écrouler  " 

>IGN"USj. 

5°  Au  dépositaire'  ',  pour  les  frais  de  garde  delà  chose; 
mais  ce  droit  lui  a  été  retiré  par  Justinien  "'  [deposi- 
TUM,  p.  103]. 

6"  .Au  mari,  lorsqu'après  la  dissolution  du  mariage,  la 
femme  exerce  l'action  l'ei  uxoriae  pour  obtenir  la  resti- 
tution de  sa  dot''.  Le  mari  peut  invoquer  le  droit  de 
rétention,  même  pour  les  impenses  utiles  ou  d'améliora- 
tion lorsqu'elles  ont  été  faites  du  consentement  de  la 
femme'*.  Cette  solution  équitable,  contestée  encore  au 
siècle  d'.\uguste,  a  prévalu  auii"^  siècle:  on  a  pensé  qu'il 
était  préférable  d'accorder  au  mari  un  droit  de  rétention 


—  9  Proc.  Ccls.  ap.  LIp.  10  ad  E.l.  ûir/.  III,  3,  9.  —  io  Pompon,  ap.  Ulp.  31  ad 
Sab.  Dig.  XXIV.  3,  7,  10.  Lab.  ap.  Ulp.  36  ad  Sab.  Dig.  XKV,  1,  1,  3:  3  pr. 
Paul,  î  eod.  —  Il  Sex.  Aciius  ap.  Gels.  8  Dig.  Dig.  XIX,  1,  38.  1.  —  12  Ulp.  1  ad 
éd.  Aedil.  lur.  Dig.  XXI,  1,  i'J,  3.  —  13  Gaius,  9  ad  cd.  prov.  Dig.  XII,  6,  18,3; 
Jul.  3    ei  Minic.    Dig.  XLVII,  i,   39.   —  14  Pompon.  35  ad  Sab.  Dig.  XIII,  7,  8. 

-  li  Collai,  teg.  ilosaic.  et  Boman.  X,  i,  6.  —  16  Cod.  Just.  IV,  34,  Il  ;  cf. 
Applelott,  Histoire  de  la  compensation  en  droit  romain^  1895,  p.  493.  —  n  Neral. 
i  Membr.  Dig.  XXV,  I,  13.  —  18  Ulp.  Ileg.  VI,  10;  Paul.  Dig.  XXV,  I,  G  ;  cf. 
Edouard  Cuq,  Institutions  juridiques  des  Romains^  t.  Il,  p.  112 


HET 


—  Soi  — 


RET 


que  de  forcer  la  femme  h  vendre  un  de  ses  biens, 
lorsqu'elle  n'a  pas  d'autre  moyen  de  se  libérer'.  Mais  ce 
droit  ne  peut  être  invoqué  par  l'héritier  du  mari  en  cas 
de  legs  de  la  dot  -  [legatlm,  p.  1043;.  Pour  les 
dépenses  voluptuaires  ou  de  pur  agrément \  le  mari  ne 
peut  s'en  faire  tenir  compte  :  il  n'a  que  le  droit  d'enlever 
ce  qui  peut  lui  profiter  '  ;  encore  faut-il  qu'il  ne  détériore 
pas  le  bien  dotal. 

7°  .\u  communiste  qui  a  fait  des  dépenses  pour  la 
chose  indivise  '  [oommim  dividundo,  I,  2,  1411].  Par 
exception,  dans  les  mines  du  lise,  lorsque  la  chose  com- 
mune est  un  puits  de  mine,  l'associé  qui  a  fait  des 
dépenses  a  plus  qu'un  droit  de  rétention  :  d'après  une 
inscription  du  temps  d'Iladrien,  récemment  découverte 
à  Aljustrel,  il  acquiert,  sous  certaines  conditions,  la  part 
de  ceux  de  ses  coassociés  qui  refusent  de  contribuer  à  la 
dépense'.  Cette  exception  a  été  étendue  par  Marc-Auréie 
au  cas  où  un  associé  a  fait  des  réparations  néces- 
saires à  la  maison  commune  :  si,  dans  les  quatre  mois, 
les  autres  associés  n'ont  pas  remboursé  la  dépense 
avec  les  intérêts,  leur  part  de  propriété  est  attribuée  à 
l'associé  qui  a  fait  les  frais  '. 

8°  .K»  possesseur  d'une  chose,  lorsqu'il  est  défendeur  à 
la  revendication"  [vindicatio\  Le  possesseur  de  mau- 
vaise foi  lui-même  a  le  droit  de  rétention  pour  les 
impenses  nécessaires'  :  le  voleur  seul  est  excepté'".  Le 
possesseur  de  bonne  foi  a,  de  plus,  le  droit  de  rétention 
pour  les  impenses  utiles,  lorsque  l'amélioration  subsiste 
au  moment  de  la  revendication;  mais  son  droit  est 
limité  à  la  plus-value  donnée  à  la  chose  "  :  tel  est  le  cas 
où  il  a  construit  sur  le  terrain  d'autrui  '-.  Quant  aux 
dépenses  de  luxe,  le  possesseur  de  bonne  foi  est  traité 
comme  le  mari  :  il  n'a  que  le  jus  toUendi.  Le  droit  récent 
a  étendu  cette  règle  au  possesseur  de  mauvaise  foi  ". 

9°  Au  possesseur  d'une  hérédité,  défendeur  à  la  péti- 
tion d'hérédité.  S'il  a  consolidé  une  maison  héréditaire 
qui  menaçait  ruine  ",  payé  un  legs  à  un  individu  devenu 
insolvable '%  érigé  un  monument  funéraire  au  défunt 
conformément  à  une  clause  du  testament'",  il  aura  le 
droit  de  rétention.  Ce  droit  appartient  aussi  à  l'héritier 
grevé  d'un  fidéicommis  universel,  restituable  à  son  décès, 
lorsqu'il  a  rebâti  à  ses  frais  une  maison  comprise  dans 
le  tidéicommis  et  détruite  par  un  incendie  '  ' .  —  Le  droit  de 
rétention  appartient  à  tout  possesseur  de  l'hérédité,  non 
seulement  pour  les  impenses  nécessaires,  mais  aussi, 
d'après  le  jurisconsulte  Paul  '*,  pour  les  impenses  utiles. 
Il  a  paru  contraire  à  l'équité  de  permettre  à  l'héritier  de 
s'enrichir  aux  dépens  d'un  possesseur,  même  de  mau- 
vaise foi.  Le  possesseur  de  bonne  foi  d'une  iiérédité  a  en 
outre  le  droit  de  rétention  pour  les  impenses  voluptuaires, 
car  il  n'est  tenu  de  rendre  que  ce  dont  il  s'est  enrichi  '■'. 

II.  Rétention  pocr  réparation  d'in  dommage.  —  J°  Dès 
le  temps  de  Cicéron,  le  capitaine  d'un  navire,  qui  a  dû 


I  Paul.  Diii.  X.VV,  I,  s.  —  -'  Mai'cian.  3  Rcg.  Uuj.  X.Wlll,  4,  3.  —  3  Ulp.  Rcy.  VI,  17. 
—  *  L'Ip.  30  ad  Sab.  Dig.  XXV,  1,  9.  —  5  Paul  3  ad  PlauC.  big.  X,  3,  14,  2; 
cf.  Audiberl,  Souvetle  étude  sur  ta  formule  des  actions  famitiac  erciscundac 
et  conimuni  dividundo,  1904,  p.  i4.  — 6  Cf.  Éd.  Cuq.  Vn  réytement  adminis- 
tratif sur  l'exploitation  des  ruines  au  temps  d'Hadrien.  I90T,  p.  ;!9-33.  —  "  l'apin. 
ap.  LIp.  Did.  XVII,  i.  5i,  10  sq.  —  «  Jul.  ap.  Paul.  39  ad  Ed.  Dig.  XLVII,  2. 
54,  4.  —  ''  Gord;  Cod.  Just.  III,  3S,  5,  1.  —  10  Alei.  Sev.  Cad.  Jusl.  VIII.  51,  I  : 
Paul.  39  ad  Ed.  Dig.  XIU,  1,  13.  —  "  Cels.  i  Di».  Di,,.  VI,  I,  3S  ;  cf.  Cod. 
Gregor.  1.  —  12  Gaius,  II,  7(i;  Cod.  Oregor.  i.  —  13  Ulp.  17  ad  Ed.  Dig.  VI,  1, 
37  ;  Paul.  îl  ad  Ed.  eod.  il,  5  ;  Gord.  Cod.  Just.  III,  Si.  5,  1.  —  is  Jul.  39  Dig. 
D'ig.  XII,  6,  33.  -  15  Gaius,  6  ad  Ed.  prov.  Dig.  V,  3,  17.  —  16  Papin.  fi  quacsi. 
Uig.  V    3,  50,  1.  —  n  Jul.  39  Dig.  Diy.  XXX,  60.  —  18  Dig.  V,  3,  38.  —   19  U  p. 


jeter  ;'i  la  mer  une  partie  de  la  cargaison  [n.u'Fragum, 
p.  7  ,  a  le  droit  de  retenir  les  marchandises  sauvées, 
jusqu'au     paiement     de     la    contribution    ^lex   riiodia, 

p.  1173;. 

2°  Le  propriétaire  (jui,  après  avoir  vendu  un  esclave 
avec  son  pécule  mais  avant  de  l'avoir  livré,  est  victime 
d'un  vol  commis  par  cet  esclave,  peut  retenir  sur  le 
pécule  la  valeur  de  l'objet  volé,  alors  même  que  cet  objet 
aurait  péri  par  cas  fortuit  -". 

3"  Le  mari  a  le  droit  de  rétention  sur  les  biens  dotaux 
pour  les  détournements  commis  à  son  préjudice,  et  en 
prévision  du  divorce,  par  la  femme  divorcée-'. 

m.  RÉTENTION  POUR  ASSURER  l'eXÉCUTION  D'UNE  OBLIGA- 
TION. —  1°  Depuis  le  milieu  du  iT  siècle,  le  vendeur  a  le 
droit  de  retenir,  comme  en  vertu  d'un  contrat  de  gage, 
l'objet  vendu,  jusqu'à  ce  qu'il  ait  obtenu  satisfaction'--. 

2°  L'héritier  institué  a  le  droit  de  retenir  la  quarte 
Falcidie  sur  les  biens  légués.  Alors  même  qu'il  aurait 
déjà  livTé  une  partie  des  objets  légués,  il  peut  retenir 
sur  le  reste  la  totalité  lie  sa  quarte-^  [leg.uum,  p.  104.5;. 

3°  En  cas  de  divorce  par  la  faute  de  la  femme  ou  de  son 
père,  le  mari  peut  retenir  sur  la  dot  la  quotité  que  la  loi 
lui  accorde  suivant  le  nombre  des  enfants  issus  du 
mariage-*,  ou  en  raison  de  la  conduite  de  la  femme" 
;dos,  p.  3%;.  Il  peut  aussi  retenir  sur  la  dot  la  valeur  des 
objets  qu'il  a  donnés  à  sa  femme  durant  le  mariage  -°  :  la 
donation  entre  époux  étant  interdite,  la  femme  est  con- 
sidérée comme  s'étant  enrichie  injustement  aux  dépens 
du  mari  [donatio,  p.  384j.  .Mais  depuis  le  sénatus-consulte 
de  Caracalla,  le  droit  de  rétention  ne  peut  plus  être 
invoqué  par  l'héritier  du  mari  -'. 

IV.  Sanction  du  droit  de  rétention.  —  Le  droit  de 
rétention  a  été  consacré  par  la  pratique  judiciaire  et,  en 
certains  cas,  par  les  lois  d'Auguste  sur  le  mariage-' 
[lex  julia,  p.  1149'.  Il  est  sanctionné  en  général  par 
l'office  du  juge'".  La  rétention  est  admise,  en  etTet,  dans 
des  cas  où  le  juge  a  des  pouvoirs  assez  larges  pour  tenir 
compte  de  la  créance  invoquée  par  le  défendeur,  sans 
qu'il  soit  nécessaire  d'insérer  une  exception  dans  la  for- 
mule :  l'action  intentée  est  une  action  de  bonne  foi,  ou 
une  pétition  d'hérédité  que  Justinien  assimile  à  une 
action  de  bonne  foi.  Dans  la  revendication  cependant, 
où  le  juge  a  un  pouvoir  analogue  à  celui  qu'on  lui 
reconnaît  dans  la  pétition  d'hérédité,  certains  textes 
mentionnent  l'exception  de  dol  comme  un  moyen  de 
faire  valoir  le  droit  de  rétention  ^''.  Mais  il  s'agit  sans 
doute  de  cas  où  il  avait  paru  nécessaire  d'attirer  l'atten- 
tion du  juge  sur  le  droit  du  défendeur"  :  tel  est  le  cas  où 
le  demandeur,  à  qui  l'on  a  signih'é  avant  le  procès 
d'avoir  à  rembourser  les  impenses,  déclare  qu'il  ne  doit 
rien  de  ce  chef^-.  L'exception  de  dol  se  rencontre 
d'ailleurs  dans  les  actions  de  bonne  foi,  bien  qu'en  géné- 
ral elle  soit  sous-entendue  ^^ 


15  ad  Ed.  Dig.  V,  3,  i'i,   U.  —  i"  Jul.  ap.  Afric.  8  i|uaesl.  Dig.  XIX,  1,   30  pr 

—  21  Ulp.  Reg.  VI,  9.  —  'M  Marccllus,  ap.  Ulp.  1  ad  Ed.  Aedil.  Dij.  XXI,  1, 
31,  8;   Ulp.  3i  ad  Ed.    Dig.   XIX.   I.  13,  S.  —  23  Scacv.  3  quaesl.  Dig.  XXXV, 

2,  10;    Diocl.    Cod.    Just.  VI,   49,   4.  —  21  Ulp.  Jlcg.  VI,  10.  —  2S    /6,rf.    m. 

—  2«  Ibid.  VI,  19.  —  27  Marcian.  3  Reg.  Dig.  XXXIII,  4,  3.  —  28  a.  Edouard 
Cuq,  Instit.  jurid.  t.  Il,  p.  102,  n.  1.  —  2»  Cels.  Dig.  VI,  1,  38  ;  XIX,  1,  8,  1  ;  Ulp. 
Dig.  XXI,  1,  i'J,  3.  —  30  Gaius,  11,  76.  Paul.  Dig.  X,  3,  U.  1  ;  VI.  1,  i7,  5  ; 
Papin.  Dig.  V,  3,  50,  J.  Dans  Papin.  Dig.  VI,  I,  48,  le  lexle  csl  interpolé;  dans 
Scaïv.  Dig.  XX.W,  i,  IC.  l'excepLion  de  dol  éuil  nécessaire,  pai-ce  que  laction  du 
lëgalaire  coDlre  l'Iiérilicr  est  une  action  de  droit  strict.  —  -'1  Scaev.  3  Dig.  Dig.  V, 

3,  58;  cf.  Edouard  Cuq,  Op.  cil.  t.  Il,  p.  26f,  n.  i.  —  32  Gaius,  7  ad  éd.  prov. 
Dig.  VI,  1,  30.  —  33  Cf.    Edouard  Cuq,  Op.  cit.  t.  Il,  p.  416,   n.  6 


RET 


800  — 


REU 


Le  droit  do  rétention  est  opposable  aux  ayants  cause 
du  débiteur  comme  au  débiteur  lui-même,  mais  il  est 
sans  effet  à  l'égard  des  tiers.  Ce  n'est  donc  pas  un  droit 
réel;  i!  ne  confère  pas  le  droit  de  suite,  ni  même  directe- 
ment un  droit  de  préférence.  Mais  les  autres  créanciers 
du  débiteur  ont  intérêt  à  payer  celui  qui  fait  usage  du 
droit  de  rétention,  lorsque  la  chose  est  dune  valeur 
supérieure  au  montant  de  la  dette. 

Le  droit  de  rétention  n'est  pas  exclusivement  réservé 
à  qui  n'a  pas  d'autre  moyen  d'obtenir  le  paiement  de  ce 
qui  lui  est  du.  Il  se  cumule  souvent  avec  une  action  en 
justice.  Telle  est  l'action  rerum  amotariim  donnée  au 
mari  ',  l'action  contraire  accordée  au  commodataire. 
au  dépositaire  et  au  créancier  gagiste  -.  Éholard  Ccy. 
RETICCLUll,  RETIOLl'.M  A-xtûo-ovI.  Filet,  réseau, 
résille.  —  Outre  les  grands  filets  de  pêche  ou  de  chasse 
ut  i!  a  été  question  plus  haut 
[rete",  d'autres  de  moindres 
dimensions  et  d'un  tissu  plus 
serré  sont  ordinairement  dési- 
gnés par  le  diminutif  rclicu- 
li)  liim  ou  reticu/us' .  Ceux-oi,  on 
le  voit  par  les  textes  et  les 
monuments,  avaient  des  em- 
plois très  divers. 

Ils  servaient  à  transporter 
toutes  sortes  d'objets,  pro- 
visions'^, armes  ^,  bagages  :  le 
filet,  comme  le  sac,  caracté- 
rise dans  des  peintures  le  voya- 
geur (fig.  3934)  *.  On  y  plaçait 
l'attirail  du  bain  fig.  3935)  '"  et  Ton  en  avait  de  plus 
petits  (fig.  3936)  ',  pour  l'éponge,  la  fiole  d'huile  ou 
d'autres    accessoires    mis  à   part. 

Les  femmes,  au  moins 
chez  les  Romains,  avaient 
pour  contenir  leurs  cheveux 
des  résilles  qui  faisaient  l'of- 
fice du  cécryphale  grec,  mais 
qui  ne  se  confondent  pas 
avec  lui  KEKRYPHALO.Nj'.  Les 
peintures    de    Pompéi    et 


d'HercuIanum  (fig.  5937)" 
en  offrent  des  exemples. 
Dans  celui  qui  est  ici  repro- 
duit la  résille  est  dorée  ;  ce 
qui  s'accorde  avec  les  pas- 
ii  sages  de  plusieurs  auteurs, 

qui  parlent   de  relicu/a  ou 

retiola  aurea^.  Il  y  avait  même  de  ces  filets  qui  étaient 

ornés  de  pierreries  '". 

I  IbM.  I  11,  p.  113,  n.  I  ;  l.  I",  i'  M.,  p.  IT4.  —  2  Cf.  sur  les  actions  con. 
Iraires,  Edouard  Cuq.  Op.  cit.  t.  Il,  p.  371,  n.  i.  —  Biblioukaphie.  l'cllal.  Textes 
sur  lu  dot,  ï«  édit.  IK53,  p.  16:  Erposè  des  principes  généraux  de  la  propriété 
et  de  f  usufruit,  î-  édil.  1853,  p.  i03  ;  Grosikopff,  Ziir  Lehre  rowi  Jlfl^nlioiis- 
recht,  1858;  Maynz,  Cours  de  droit  romuin,  i'  édil.  1870,  l.  I  el  II;  Oi-lo!an  el 
J.-E.  Labbé,  Explication  historit^ue  des  Instituts  de  Ju^ti -ieu,  ii'  êdil.  1864. 
t.  Il,  p.  717;  Accarias,  Précis  de  droit  romain,  i'  Mil.  1884-I8!»1,  I.  I".  p.  618: 
t.  Il,  p.  i55,  Î60,  303  ;  Langfcld,  Die.  lehre  rom  Retentionsrecht.  1886;  Pcrnici', 
Lttbeo.  i.  Il,  i'  édil.  I89.i,  p.  232  ;  Windsclieid,  Lehrbuch  des  Pan'leklenrechies, 
9'  cdil.  t.  Il,  §  331  ;  bernburg,  Pandeklen,  7-  édit.  )9u2.  1.  I"  S  138;  Edouard 
Cu'(,  Les  Institutions  juridiques  des  Homaitts,  i'  cdil.  1905,  t.  1",  p.  17  i,  2;  25;  ; 
1.  11.  édil.  1908,  p.  261,  647,  807. 

ItETICCLUM.  I  Pour  la  forme  reticulus.  voir  Non.  Marc.  s.  v.  rcliculum.  p  221  ; 
Varr.  /(.  r.cit.  III,  5,  13;  Pelron.  Hat.  67  :  Plio.  H.  nat.  .\ll,  32,  2.  — 2Horal.  Sut.  I. 
1,47;  Juven.  XII,  60.-3  Reticulagalearia.  Non.  p.  222  (cf.  oalejiiius].  —  *.l/oii«n  . 


Fi-r.    5936.  —  Filet  à  époug 


étaient  des  mous- 


En  dehors  de  la  coiffure,  il  n'est  question  de  réseau 
dans  le  costume  qu'exceptionnellement,  si  ce  n'est  au 
théâtre,  où  il  est  attribué  aux 
devins  comme  un  vêtement 
caractéristique,  qui  rappelle 
les  bandelettes  croisées  sur 
l'omphalos  de  Delphes  [agre- 
NON,  0MPHAL0s\  L'cntrecroi- 
sement  des  attaches  du  cam- 
PAGus  fit  donner  à  ce  genre  de 
chaussure,  au  temps  de  Gai- 
lien,  le  nom  de  reticuli  ". 

On  a  pu  voir  ailleurs  que 
des    filets  firent  quelquefois    partie   du    harnachement 
des  chevaux '-ciRcrs.  fig.  1336  . 

Cicéron  '^  appelle 
reticulum  un  sachet 
de  lin  à  fines  mailles 
contenant  des  feuil- 
les de  roses ,  que 
Verres,  en  Sicile. 
avait  sur  lui  pour  le 
respirer.  Aelius  Ve- 
rus  remplit  de  la 
même  manière  des 
rideaux  entourant 
les  lits;    il  eut   des  -^^--.^ 

imitateurs.    Ces    ri-  p.„  j 

deaux.  que  son  his- 
torien nomme  minutum  reticu/ant' 
tiquaires  'coxopeim. 

Par  extension,  le  même  nom  fut  appliqué  à  un  grillage 
métallique  fermant  une  fenêtre  (fig.  1069, 1070,  2944),  ou 
protégeant  un  endroit  réservé'".     E.  Saglio. 

REUS.  —  Ce  mot,  dérivé  de  res,  désignait  à  l'origine 
et,  en  général,  toute  personne  intéressée  dans  un  procès 
ou  dans  un  acte  juridique,  aussi  bien  le  demandeur  que 
le  défendeur'.  Mais  dans  la  suite  il  signifia  surtout  au 
civil  le  défendeur,  en  matière  d'obligation  le  débiteur-, 
au  criminel  l'accusé. 

Dans  le  droit  criminel  le  reii.i  est  celui  qui  est  en  t?tat 
d'accusation,  in  realii.  Dans  les  procès  soumis  au  peuple 
cet  état  commençait  à  partir  de  la  citation  %  faite  à  l'ac- 
cusé d'avoir  à  comparaître  au  jour  fixé;  devant  les 
qitaestiones perpetuap,  au  jour  de  l'inscription,  après  la 
nominis  receplio^  ivma.K  piblica,  p.  G3ij.  .\  partir  des 
Sévères  et  plus  tard,  à  certains  égards,  le  point  de  départ 
fut  une  sorte  de  ////.<;  contestatio  commençant  avec  l'ou- 
verture des  débals  judiciaires'.  L'état  de  prévention,  de 
rentus,  entraine  certaines  conséquences  juridiques,  indé- 
pendamment de  l'usage  qui  existe  déjà  au  dernier  siècle 

'/.  Inst.  1837,  pi.  xivin  ;  llarlwig,  .Meister.ichttl.  pi.  xi..  -  â  La  fig.  5933  d'après  une 
coupe  du  .Musée  du  Louvre  (Salle  G  318|.  —  6  Stackelberg,  Crâber  der  Heltenen, 
pi.  Il,  2.  —  7  Varr.  Linrj.  lai.  V  130  ;  Juven.  Il,  96  ;  Pelron,  67  ;  Serv.  Ad  Aen.  IV, 
1.3;  Augustin.  Ep.  109.  (2111,  10  :  Pollux,  Vil,  179,  place  le  fdcl  («;.t.,i.,  5.«tOSh)  à 
côté  du  cécryphale.  —  *  Pitl.  tlErcolano,  III,  45,  p.  337  ;  .l/u.t.  Borb.  XIV,  31  ;  voir 
::ussi  V,  49  ;  VI,  IS  :  VIII,  4  ;  XI.  2.  —  9  Pelr.  L.  l.  ;  Laus.  Virgin,  in  Hieronyra.  ; 
Op.  Palrol.  de  -Migne.  l.  XXX,  p.  169  ;  cf.  Pelag.  Ep.  ad  Demetr.  Ib.  -  «>  Capitolin. 
Maxim,  jun.  I,  Uist.  Aug.  Paris.  1020,  p.  148;  cf.  Anlh.  Pal.  V,  276.  —  "  Trcb 
Poli.  Gallieni,  Bitl.  .iw,.  p.  182;  Casaubon  ad  l.  p.  210.  —  '*  Passeri,  Lucemae, 
III,  28.  —  13  Cic.  Yen:  II,  9,  1 1.  —  '^  Sparlian.  Ael.  Ver.  p.  15.  —  15  Fesl.  ».  ». 
regillis.  Suf,pl.  Lrsini,  p.  4H  Muller;  cf.  Varr.  Jl.  rust.  III,  7;  Ùigest.  XIX.  I.  17,  §  3. 
REIÎS.  I  Cic.  De  or.  2,  43,  183;  Feslus  s.  r.  Reus.  —  iDig.  44,  I,  1,  2,  S  2;  «,  2. 
1 1  :  4,  8,  34  ;  34,  3,  3,  §  3.  —  3  Liv.  3,  3  :  23,  4  ;  26,  2  ;  Dionys.  10,  S  ;  Appian.  Bjll. 
ci...  I,  74.  —  *Cic.  Verr.  2,  41-43;  4.  19  ;  Adfam.  8,  8  ;  Pro  Ctu.  31  ;  Dig.  48,  2,  3, 
SI,*;  Cod.  Theod.  9,  36,  1-2.  —  3  Dig.  48,  16,  3,  .S  5;  C.  Jusl    3,  9,  I. 


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—  806  — 


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de  la  République,  que  raccusé  ainsi  que  ses  principaux 
amis  paraissent  en  public  en  coslumo  de  deuil,  en  tenue 
négligée,  laissant  pousser  leur  barbe  et  leurs  cheveux  '. 
Quoiqu'en  général,  l'accusé  ne  soit  pas  considéré  comme 
coupable  avant  la  sentence  et  garde  son  honorabilité 
civique-,  il  ne  peut  intenter  contre  un  tiers  une  accusa- 
tion, à  moins  qu'elle  ne  soit  plus  grave  que  la  sienne 
propre^  ;  sous  la  République,  il  peut  encore,  sauf  dans  cer- 
tains cas  ',  être  candidat  aux  magistratures  »,  mais  sa  no- 
mination n'est  régulièrement  possiblequesileprocèsaété 
jugé  avant  le  jour  de  l'élection  ^  Sous  l'Empire,  surtout 
devant  une  accusation  capitale,  il  ne  peut  briguer  aucune 
magistrature ';  en  outre,  dans  ce  cas,  il  lui  est  interdit 
d'affranchir  ses  esclaves  et  le  lise  peut,  après  la  con- 
damnation, faire  rescinder  les  aliénations  et  donations 
frauduleuses  '.  Dans  les  procès  de  lèse-majesté  et  de 
haute  trahison,  la  condamnation  est  même  alors  réputée 
rétroagir  au  jour  du  crime  et  l'accusé  perd  la  libre  dis- 
position de  ses  biens':  sa  mort,  avant  la  sentence,  les 
soumet  également  à  la  confiscation'". 

L'état  de  prévention  détermine  également  le  délai  de  la 
prescription  de  l'action,  de  l'expédition  du  procès",  et, 
au  moins  depuis  le  m'  siècle,  en  cas  de  mort  de  l'accusé 
avant  le  jugement,  la  responsabilité  des  héritiers  pour 
les  amendes  et  la  confiscation  des  biens'-.  Ch.  Lécrivain. 
REVOCATIO.  —  La  révocation  est  un  acte  volontaire 
ou  judiciaire  qui  a  pour  but  d'empêcher  un  acte  juri- 
dique, parfois  même  un  jugement  de  produire  ses  effets. 
Dans  quelques  cas  le  mot  revocnre  a  conservé  son 
acception  littérale:  il  désigne  le  fait  de  rappeler  une 
personne  d'un  lieu  dans  un  autre.  Cette  recocntio  a  reçu 
deux  applications:  c'est  d'abord  un  incident  de  la  procé- 
dure de  l'action  de  la  loi  per  sacramentum  dans  les 
procès  en  revendication  d'un  immeuble  rsACR.\MEXTUMl  ; 
c'est  ensuite  le  droit  concédé  à  certaines  personnes  de 
décliner  la  compétence  du  magistral  local  et  de  demander 
le  renvoi  de  leur  procès  devant  le  tribunal  de  leur 
domicile. — Dans  les  jeux  du  cirque,  le  conducteur  d'un 
quadrige  était  parfois  revocatus\  lorsqu'une  course 
était  restée  indécise-.  Les  spectateurs  exprimaient  leur 
désir  de  voir  recommencer  la  course  en  secouant  leurs 
toges'.  Plusieurs  inscriptions  mentionnent  ces  rappels'. 
Un  agitatorfactionix  A  Ibae  fut,  en  douze  ans  (a.  76()-778 1, 
rappelé  quatre  fois  '- . 

1.  RÉvui;.\Tiox  d'un  acte  jiridiole.—  La  révocation  d'un 
acte  juridique  résulte,  en  général,  d'un  changement  de 
volonté  chez  l'auteur  de  l'acte.  Ce  changement  est  tou- 
jours possible  dans  les  actes  à  cause  de  mort  ;  il  n'est 
permis  qu'à  titre  exceptionnel  dans  les  actes  entre  vifs. 
A.  Actes  à  cause  de  mort.  —  Ces   actes  sont  essen- 


I  Geli.  3,4:  Cic.  De  or.  l,  VI,  195;  In  Verr  1,58,  132;  Pro  Lig.  Il,  32;  Appian. 
Bel.  civ.  3,  2*;  Tac.  Ann.  i,  i9  ;  Suel.  Vitelt.  9  ;  Martial.  2,  24,  3fi,  94;  Seocc.  Ep. 
18.  »  ;  Val.  Max.  6,  4,  4  ;  Hlin.  Ep.  9,  22,  14;  Dig.  47,  10,  30  ;  Plut.  Cic.  35.  —  2  Dig. 
50,  I,  17,  §12:  48,4,  11  ;  C.  Th.  9,  2,  1.  —  3  C.  Just.  9,  1,  1.  —  t  Inleidiclion  à 
Catilina,  poursuivi  pour  repetundae,  de  se  présenter  au  consulat  (Sali.  Cat.  18; 
Ascon.  p.  89  ;  Cic.  Brut.  62,  224).  —  î  Ascon.  In  Scaui:  p.  19  ;  Dio.  Cass.  40,  51; 
Cic.  De  leg.  agr.  2,  3,  23.  —  0  Cic.  Cal.  3,  6.  Dans  Dion  Cassius,  40.  31,  Pompée, 
seul  consul,  prend  comme  collègue  Scipion  accusé  de  corruption  et  arrête  l'accusa- 
tion. —  7  Oig.  50,  I,  17,  5  12;  50,  4,6,  §  2,  7  pr.  ;  C.  Jusl.  2,  12,  6;  10,  60.  1.  Il 
ne  peut  uou  plus  plaider  une  cause  (C  Just.  I,  2,  13,  6).  —  t  Dig,  49,  14,  45; 
10,  1,  8,  §  1,  2  ;  39,  51,  15.  —  9  C.  Just.  9  8,  6.  —  lO  Dig.  48,  4,  11  ;  48,  2,  20  ; 
f.  Jusl.  9,  8,  6. —  11  Dig.  48,  5,  30,  §  7  ;  50,  4,  7,pr.  ;  C.  Th.  9,  19,  2;  9,  36,  2; 
9,  44.  3.  On  confisque  les  biens  du  reus  qui  ne  s'est  pas  constitué  prisonnier 
dans  l'année  if.  Ju»l.  9,  40,  2).  —  12  Dig.  48,  2,  20  ;  44,  7,  33.  —  Bibi.iochaphie. 
Lalioulaye,  Essai  sur  Us  lois  criminelles  des  Romains,  Paris,  1845,  p.  340  ;  .Momni- 
sen    SirafrtcUl,  Leipzig,  1899,  p.  390-392  (trad.  fr.  Paris,  1907,  11,  p.  63-66). 


tiellement  révocables  jusqu'au  décès  de  leur  auteur  : 
1°  Les  fidéicommis  sont  révoqués  de  plein  droit  par 
une  manifestation  quelconque  de  volonté;  aucune  forme 
n'est  requise  ,fideicom.missi'.Mj.  11  n'en  est  pas  de  même 
pour  les  legs.  Les  modes  de  révocation  des  legs  ont  été 
indiqués  au  mot  leg.\ti'm    IH,  p.  1046J. 

2°  Les  donations  à  cause  de  mort  sont  révocables  au 
gré  du  donateur  et  en  cas  de  prédécès  du  donataire  ^  mais 
le  donateur  peut  renoncer  à  la  faculté  de  révoquer'.  La 
révocation,  lorsqu'elle  est  demandée  par  le  donateur,  n'a 
pas  toujours  lieu  de  plein  droit  ;  il  faut  qu'elle  ait  été 
faite  sous  une  condition  suspensive'.  Si  elle  a  été  faite 
sous  une  condition  résolutoire,  le  donateur  n'a  qu'une 
action  personnelle  pour  réclamer  au  donataire  la  valeur 
du  bien  donné',  ou  pour  obtenir  sa  libération  s'il  a  fait 
une  simple  promesse"'.  Cette  différence  tient  à  l'effet  de 
la  condition  résolutoire;  les  jurisconsultes  classiques  ne 
la  considèrent  pas  comme  un  mode  d'extinction  des  obli- 
gations", et  ils  lui  refusent,  en  général,  tout  effet  réel'-  ; 
ils  estiment  que  cet  effet  serait  très  dangereux  pour  les 
tiers  qui  traiteraient  avec  le  donataire  sans  savoir  que 
son  droit  est  résoluble.  La  législation  de  Justinien,  s'ins- 
pirant  d'une  opinion  émise  par  Ulpien",  n'a  pas  tenu 
compte  de  ce  danger  ;  elle  accorde  dans  tous  les  cas  au 
donateur  le  droit  de  revendiquer  le  bien  donné".  Lors- 
que la  donation  à  cause  de  mort  a  consisté  en  une  remise 
de  dette  _acceptilatio],  le  donateur  n'a  que  la  ressource  de 
demander  au  donataire  de  s'obliger  à  nouveau  enverslui  ''. 
3°  La  révocation  d'un  testament  fut,  pendant  longtemps, 
soumise  à  une  condition  rigoureuse  :  la  confection  d'un 
nouveau  testament".  Le  changeme'nt  de  volonté  ne  pouvait 
se  manifester  d'une  autre  manière;  et  lorsque  le  testateur 
faisait  un  second  testament,  il  était  toujours  censé  révo- 
quer le  premier.  Depuis  le  ii''  siècle  de  notre  ère,  il  n'en 
est  plus  de  même  :  on  recherche  avant  tout  l'intention  du 
testateur  '',  sans  exiger  l'emploi  d'une  forme  déterminée. 
S'il  a  fait  un  nouveau  testament  parce  qu'il  a  cru  mort 
l'héritier  institué  ",  le  testament  antérieur  reste  valable. 
On  ne  tient  pas  compte  d'un  changement  de  volonté 
causé  par  une  erreur.  Il  en  est  de  même  si,  après  avoir 
fait  un  second  testament,  il  l'a  détruit  pour  rendre  sa 
valeur  au  premier  "  ;  on  considère  comme  inexistant  un 
acte  qui  n'exprime  plus  les  dernières  volontés  de  son 
auteur.  Sous  l'intluence  de  la  même  idée,  on  n'exige 
plus  la  confection  d'un  nouveau  testament  :  la  révocation 
résulte  de  tout  acte  manifestant  le  changement  de  volonté 
Par  exemple,  le  testateur  a  effacé  le  nom  de  l'héritier -", 
ou  bien  il  a  détruit  les  tablettes  du  testament^'.  On 
admet  également  qu'un  testament  irrégulier  en  la  forme 
suffit   pour   révoquer  un   testament  antérieur,  lorsqu'il 


REVOCATIO.  1.  Le  mol  remissus  parait  avoir  le  même  sens.  Corp.  inscr.  iat. 
VI,  10047.  —  2  Cf.  Friediaender,  Darsteltungen  aus  der  Sittengeschichte  Roms, 
6«  édit.  1889,  t.  II,  502.  —  3  Ovid.  Amor.  lll,  1,  73-82;  Senec.  Conirov.  I,  3,  10. 
—  '  Corp.  inscr.  Iat.  VI,  10055  ;  33950.  —  5  ywrf.  VI,  10051.  —  «  Jul.  29  Dig. 
XXXIX,  6,  16.  —  •:  M.irccll.  ap.  Jul.  17  Dig.  Eod.  13,  1.  -  s  Jul.  Eod.  14;  Llp. 
17  ad  Ed.  Eod.  29;  Javol.  Il  E|.ist.  Dig.  XXIV,  1,  20;  Ulp.  32  ad  Sab.  Dig.  XXVI, 
6,  11,  9.-9  Paul.  6  al  leg.  Jul.  Eod.  35,  3.  —  lu  Trvphon.  9  Disput.  Oig.  XXIll, 
3,  76.  —  Il  Paul.  74  ad  Ed.  Dig.  XLIV,  7,  44.  I.  —  12  Cf.  Edouard  Cu,|. 
Institutions  juridigues^  des  Romains,  t.  II,  p.  366  et  421.  —  13  Ulp.  17  ad 
Ed.  Dig.  XXXIX,  6,  29.  —  14  Cad.  Jusl.  VIII.  55,  2.  —  15  Afric.  9  (iuaest. 
Dig.  XXXIX,  6,  24.  —  16  Pompon,  2  ad  Q.  Mue.  Dig.  XW'IH,  3.  16;  Ulp. 
2  ad  Sab.  46  ad  Ed.  Eod.  2,  11  ;  Oratio  de  Pertinai,  Inst.  Il,  17,  7.  —  i"  Gains, 
II,  131.  —  18  Paul.  Impérial.  Sent.  Dig.  XXVlll,  5,  92.  —  19  Papin.  13  Quaesl. 
Dig.  XXXVII,  11,  11,  2.  —  '20  Jul.  24  Dig.  Eod.  8,  3.  Décret  de  Marc-Aurèle, 
ap.  Marcell.  29  Dig.,  Dig.  XXVlll,  4.  3.  —  21  Llp.  4t  ad  Ed.  Dig.  XXXVIll, 
6,  1,  8. 


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institue  un  héritier  «6  inlestat'.  Au  Bas-Empire  on 
exige,  en  ce  cas,  que  le  changement  de  volonté  soit  attesté 
par  cinq  témoins-.  Au  v'  siècle,  une  constitution  d'Hono- 
rius  a  introduit  dans  l'empire  d'Occident  une  innovation 
singulière  ;  les  testaments  qui  ont  dix  ans  de  date  sont 
révoqués  de  plein  droit  '  ;  mais  celle  décision  a  été 
abrogée  par  Justinien  '. 

B.  Actes  entre  vifs.  —  Les  actes  juridiques  entre  vifs 
sont,  en  principe,  irrévocables.  Des  exceptions  ont  été 
admises  pour  certains  contrats  et  pour  quelques  actes 
comme  la  donation  entre  vifs,  l'émancipation,  l'affran- 
chissement, la  renonciation  à  une  succession.  Une 
exception  plus  générale  a  été  consacrée  par  l'édit  du  pré- 
teur pour  les  actes  faits  en  fraude  des  créanciers. 

1°  Sont  révocables  les  contrats  et  conventions  formés 
en  considération  de  la  personne;  tels  sont  le  mandat', 
la  société  ',  le  dépôt  ',  la  fiducie  contractée  avec  un 
ami,  le  précaire  '.  Les  règles  sur  la  révocation  du  man- 
dat, du  dépôt,  de  la  fiducie  ont  été  indiquées  aux  mots 

MANDATIM  III,  2,  io69-lo70j,  DEPOSITUM  [II,  1 ,  10o[,  FIDUCIA 

[II,  2,  1II7[.  Quant  à  la  société,  elle  se  dissout  par  la 
volonté  de  l'un  des  associés  '  ;  lorsqu'il  n'a  plus  con- 
fiance en  ses  coassociés,  il  est  libre  de  se  retirer,  sauf  le 
cas  de  dol,  et  sous  réserve  de  dommages-intérêts  s'il  y 
a  préjudice  pour  la  société  '•*  [societasJ.  La  convention 
de  précaire  est  également  révocable  au  gré  du  concédant 
[precarium".  Le  droit  de  révocation,  qui  fut  à  l'origine  la 
conséquence  de  l'état  de  dépendance  dans  lequel  le  pré- 
cariste  se  trouvait  vis-à-vis  du  bailleur,  a  été  maintenu 
sous  l'Empire",  lorsque  le  précaire  a  reçu  des  applica- 
tions nouvelles  en  matière  de  gage  et  de  vente  à  terme. 
Le  bailleur  ne  peut  même  pas  renoncer  temporairement 
au  droit  de  révocation'-. 

2°  La  donation  entre  vifs  a  été  pendant  longtemps  sou- 
mise à  la  règle  de  l'irrévocabilité.  Le  donateur  avait 
cependant  le  droit  de  refuser  d'exécuter  la  donation 
lorsqu'elle  dépassait  le  taux  fixé  par  la  loi  Cincia  [lex 
ciNCiA,  p.  1135].  Depuis  leur  siècle  ap.  J.-C,  la  donation 
est  devenue  révocable  dans  quatre  cas:  pour  inexécution 
des  charges,  lorsqu'elle  est  faite  par  un  patron  à  son 
affranchi,  pour  ingratitude,   lorsqu'elle  est  inofficieuse. 

Le  premier  cas  de  révocation  a  été  exposé  au  mot 
MODis  [p.  19o9[.  Le  second  cas  a  été  établi  en  249  par 
un  rescrit  de  l'empereur  Philippe:  la  donation  faite  à  un 
affranchi  par  son  patron  est  révocable  ad  nutum  ".  Un 
siècle  plus  tard,  en  "ioo.  une  constitution  de  Constance 
et  Constant  a  restreint  le  droit  de  révocation  au  cas  de 
survenance  d'enfant". 

La  révocation  pour  ingratitude  a  été  établie  par  Dio- 
clétien  au  profit  du  père  du  donataire '%  par  Constance  au 
profit  de  la  mère'".  Elle  a  été  étendue  par  Valens  à  tous 
les  ascendants'".  Justinien  l'a  accordée  à  tous  les  dona- 
teurs, mais  en  déterminant  les  causes  d'ingratitude 
(injure  grave,  attentat  à  la  vie  du  donateur,  dommage 
important  causé  aux  biens) '^  Ce  droit  de  révocation  ne 
peut  s'exercer  ni  contre  les  tiers,  ni  contre  les  héritiers 

1  LIp.  2  ad  Sab.  Dig.  XXVllI,  3,  2.  —  2  A'ou.  Theod.  XVI,  5  el  7.  -  s  Cod. 
T/ieod.  IV,  4,  6.  —  *  Cod.  Jusl.  VI,  i3,  il.  —  s  papin.  10  Resp.  Dig.  XVII 
1,  57  :  Certi  hominis  fidem  etegit.  —  6  Gaius,  III,  loi.  —  ^  Ulp.  30  ad  Ed. 
Dig.  XVI.  3,  1  pr.  4.  -  8  Cela.  25  Dig.,  Dig.  XLIII,  26,  lî,  1.  —  9  Gaius.  III, 
)51.  —  10  Paul.  3î  ad  Ed.  Dig.  XVII,  i,  65,  |  3,  5,  6.  —  Il  Ulp.  71  ad  Ed. 
Dig.  XLIII,    26,  2,  2.  —   12  Gels     25  Dig.   Eo'l.   12  pr.  —  13   Valic.  frag.  272. 

—  Il   Cod.    Theod.   VIll,   13,    3.    —   13   md.    2.  —    16  Uid.    I.   —   1"  Jbid.  6. 

—  18  Cod.  Jusl.  VIII,  55,  10.  —  19  Philip.  Cod.  Just.  III,  29,  2.  —  20  Cf.  Edouard 

VIII. 


du   donataire.  Le  donateur   ne  peut  s'en  prévaloir  qu'à 
rencontre  du  donataire. 

Sont  révocables  les  donations  excessives  faites  pour 
éluder  la  plainte  d'inofficiosité  ".  La  coutume  impose 
au  testateur  l'obligation  de  laisser  une  partie  au  moins 
de  sa  fortune  à  ses  proches  parents  (ascendants,  descen- 
dants, collatéraux  privilégiés)  [testame.ntlm] .  Une  cer- 
taine quotité  leur  est  réservée-".  Cette  quotité,  laissée 
d'abord  à  l'appréciation  du  tribunal  des  cenlumvirs,  fut, 
à  l'exemple  de  la  quarte  Falcidie,  fixée  au  quart  de  ce 
que  les  parents  auraient  eu  ab  intestat-'.  C'est  la  quarte 
légitime.  La  partie  lésée  a  le  droit  d'attaquer  le  testament 
comme  inofficieux  et  de  le  faire  rescinder.  Si  pour  éviter 
la  rescision,  le  disposant  a  fait  des  donations  entre  vifs 
excessives,  le  légitimaire  a,  depuis  Alexandre-Sévère^', 
le  droit  de  les  faire  révoquer  pour  fraude  à  la  loi,  même  si 
ledonateur  est  mort  intestat-^  Dioclétien  alimitéle  droit 
de  révocation  à  la  quotité  qui  excède  la  légitime-*,  mais 
il  l'accorde  même  s'il  n'y  a  pas  eu  fraude  à  la  loi  lorsque 
les  enfants  sont  nés  après  la  donation  faite  par  leur  père  -''. 
L'exercice  de  l'action  en  révocation  est  subordonné  à 
plusieurs  conditions.  Il  faut  que  le  légitimaire  ait  été 
injustement  privé  de  sa  part,  qu'il  n'ait  pas  d'autre  voie 
de  recours,  qu'il  n'ait  pas  approuvé  la  donation^". 

.3°  La  renonciation  à  une  succession  est  révocable  dans 
un  seul  cas,  lorsqu'un  héritier  a  été  institué  cum  cretione. 
La  cretio  est  un  mode  solennel  d'accepter  une  succession  ; 
elle  consiste  en  une  déclaration  verbale  qui,  à  l'époque 
classique,  n'est  obligatoire  que  si  elle  a  été  imposée  par 
le  testateur.  Elle  doit  être  faite  dans  un  délai  qui  est  ordi- 
nairement de  cent  jours.  L'héritier  qui  renonce  avant  l'ex- 
piration de  ce  délai  peut  changer  de  volonté  et  faire  la 
déclaration  prescrite  tant  que  le  délai  n'est  pas  écoulé". 

4°  DepuisConstantin,  l'émancipation  peut  être  révoquée 
pour  cause  d'ingratitude.  Cette  révocation  a  pour  effet 
d'attribuer  au  père  les  biens  du  fils  ;  il  recouvre  même 
la  propriété  des  biens  qu'il  lui  a  donnés  "'  [e.mancipatioI. 

.3°  L'affranchissement  lui-même  est,  en  quelques  cas, 
révocable.  Au  temps  de  Tibère,  cette  idée  n'était  pas 
eniîore  admise  :  lorsqu'un  affranchissement  avait  été  fait 
en  fraude  des  créanciers,  l'action  Paulienne  était  inappli- 
cable. La  loi  .\elia  Sentia  tourna  la  difficulté  en  décidant 
que  l'affranchissement  serait  non  avenu  ^'  ;  on  respectait 
ainsi  la  règle  qui  défend  de  révoquer  un  affranchissement 
régulièrement  fait  ^''.  Dans  la  suite,  cette  manière  de  voir 
ne  fut  pas  rigoureusement  maintenue  Dès  la  fin  du  i"  siè- 
cle de  notre  ère,  Ariston  autorise  la  revoratio  in  servi- 
tutenKÏuQ  esclave  afl'ranchi  en  fraude  des  droits  du  fisc". 
Cette  opinion  fut  consacrée  plus  tard  par  un  rescrit  de 
Sévère  el  Caracalla  '-,  et,  dès  lors,  on  trouve  plusieurs  cas 
de  révocation  d'un  affranchissement  [libertus,  p.  1214]. 

6°  Un  sénatus-consulte,  rendu  sur  la  proposition 
d'Hadrien,  a  révoqué  l'usucapion  à  titre  d'héritier  que 
l'ancien  droit  avait  admise  pour  déterminer  l'héritier 
institué  à  se  hâter  de  faire  adition  [lsit.apioJ.  La  révoca- 
tion a  lieu  de  plein  droit  par  l'autorité  de  la  loi.  Désor- 

Cuq,  Institutions  juridiques,  l.  Il,  p.  604-609.  —  2i  papin.  ap.  Ulp.  14  ad  Ed. 
Dig.  V,  2,  8,  8.  —  22  Ap.  Paul.  14  Resp.  Dig.  X.XXI,  87,  .3.  —  23  Val.  Gall. 
Cod.  Jusl.  III,  29,  3.  —  21  Cod.  Just.  III,  29,  8  pr.  —  23  Uid.  5.  —  26  /j;rf.  4  et  6  ; 
Constaulius,  h'od.  9.  —  2"  Gaius,  II,  168.  —  28  Vatic.  frag.  248.  Valcnlin.  Val. 
Cral.  Cod.  Just.  Vlil,  49,  1.  —  29  Gaius,  I,  37  :  Nihil  agit  quia  lex  Aelia  Sentia 
imppdil  libertatem.  —  30  Pius  ap.  Marciaa.  13  Insl.  Uig.  XL,  2,  9,  1  ;  Ulp.  60  ad 
Ed.  ùig.  XL,  5,  4,  1.  —  31  Ap.  LIp.  3  ad  leg.  Aeliara,  Dig.  XL,  9,  16,  3.  —  32  Ap. 
UarciaD.  3  Inst.  Dig.  XLIX,  14,  30. 

108 


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—  8.^S  — 


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mais  l'héritier  ppul  cxitcci-  la  pélilion  d'hOréditi'  conln' 
l'i'lui  qui  a  usucapé  un  l)itMi  hôiM'ditaire,  et  il  obtiendra 
gain  de  cause  comme  si  l'usucapion  n'avait  pas  eu  lieu  '. 
7°  Les  actes  faits  en  fraude  des  créanciers  peuvent  être 
révoqués  par  le  préteur.  Il  s'agit  ici  non  plus  d'un  chan- 
gement de  volonté  de  l'auteur  de  l'acte,  mais  d'une  révo- 
cation judiciaire.  Dès  le  temps  deCicéron-,  le  préteur  a 
réprimé  l'abus  de  conliancc  commis  par  un  débiteur 
insolvable  qui  aliène  un  de  .ses  biens  au  préjudice  de  ses 
créanciers.  Il  promet  ;\  ceux-ci  l'interdit  fraudatoire  ' 
pour  forcer  le  tiers  acquéreur  de  mauvaise  toi  à  resti- 
tuer les  biens  aliénés'.  L'interdit  doit  être  demandé 
dans  le  délai  d'un  an  utile  à  dater  de  la  vente'.  A  défaut 
de  restitution,  le  tiers  est  condamné  à  payer  une  indem- 
nité égale  à  la  valeur  de  la  chose  au  jour  de  la  vente; 
on  y  joint,  s'il  y  a  lieu,  la  valeur  des  fruits^ 

Cette  disposition  fut  généralisée  par  un  autre  édit  :  le 
préteur  promet  de  révoquer  tout  acte  frauduleux  commis 
par  un  débiteur'.  !1  accorde  au  curateur,  chargé  de  la 
vente  des  biens  de  l'insolvable,  et  pendant  un  an  à  dater 
de  la  vente,  une  action  en  réparation  du  préjudice  causé. 
Cette  action,  appelée  Paulienne  du  nom  du  préteur  qui 
l'a  proposée",  est  une  action  en  révocation  :  elle  se  donne 
contre  le  tiers  qui  a  pris  part  à  l'acte.  Elle  peut  même 
être  exercée  contre  le  débiteur  qui,  ne  pouvant  exécuter 
la  condamnation,  sera  enfermé  dans  une  prison  privée. 
L'exercice  de  l'action  Paulienne  est  subordonné  à  plu- 
sieurs conditions  :  l'acte  dont  on  demande  la  révocation 
doit  avoir  eu  pour  efTet  de  diminuer  le  patrimoine  du 
débiteur'  ;  il  doit  être  préjudiciable  aux  créanciers'".  11 
faut,  en  outre,  que  le  débiteur  ait  su  qu'il  se  rendait  insol- 
vable ou  qu'il  augmentait  son  insolvabilité  ",  et  que  le 
tiers  ait  été  complice  de  la  fraude'-.  Cette  dernière  con- 
dition n'est  pas  exigée  pour  un  acquéreur  à  titre  gratuit; 
il  est  toujours  obligé  dans  la  limite  de  son  enrichis- 
sement'''. Le  principe  de  l'action  Paulienne  a  été  main- 
tenu par  le  droit  moderne,  et  consacré  par  l'article  1167 
du  Code  civil. 

Cette  action  était  insuffisante  et  ne  protégeait  pas  effi- 
cacement le  créancier  en  cas  d'insolvabilité  du  défendeur; 
le  préteur  combla  cette  lacune  en  promettant  aux  créan- 
ciers une  in  intef/rum  restitiiliolorsque  l'acte  frauduleux 
est  un  acte  d'aliénation.  Les  créanciers  peuvent  reven- 
diquer la  chose  aliénée,  comme  s'il  n'y  avait  pas  eu 
transfert  de  propriété;  mais  cette  restitution  n'est  pos- 
sible que  contre   le   tiers  à  qui  le  débiteur  a  livré    la 

chose  [RESTITUTIO  IN  INTEGRl'Jl]  ". 

8°  La  révocation  judiciaire  est  également  admise  pour 
les  aliénations  entre  vifs  faites  par  un  afl'ranchi  en 
fraude  des  droits  successoraux  de  son  patron.  L'édit  du 
Préteur  accorde  au  patron  l'action  Fabienne,  si  l'affranchi 
a  fait  un  testament '%  l'action  Calvisicnne  dans  le  cas  con- 
traire '".  Le  patron  ne  peut  faire  révoquer  les  actes  par 
lesquels  l'affranchi  a  manqué  d'acquérir,   tels    que   la 

1  Caius,  U,  57.  —  2  philipp.  VI,  'l,  Il  ;  ail  Atlic.  I,  1,  3.  —  :i  Papin.  Il  Resp. 
hig.  XLVI,  3,  UO  pr.:  Valons.  3  lid.  Dig.  XXXVI,  1,  G'J,  i.  -  i  LIp.  73  ad  E.l. 
Dig.  XUI,  »,  10  pr.  —  i.  Ibid.    10,  §  i,  5,  18.   -  0  lt,id.  10,  §  0  à  8,  19  à  23. 

—  1  Ibid.  1  pr.  —  »  Paul,  G  ad  Plaul.  Dig.  XXII,  1,  3»,  4.  —  9  Ulp.  Oig.  XLII, 
8,  I.  I;  Paul.  Eod.  7:  cf.  Jul.  Eod.  17.—  lO  Ulp.  6C  ad  Ed.  DUj.  XLII,  8,  6  pr. 
S  1,  2;  3,  1;  Paul.  Eod.  i.  —  u  Ulp.  73  ad  Ed.  Eod.  10,  I.  —  12  Ibid.  10,  î; 
Jul.  19  Dig.  Eod.  13;  17.  1.  Ulp.  Eud.  10,  §  2  à  5.  —  13  Ulp.  Eod.  0,  §  Il  à 
13.  -  I*  Imt.  IV,  c,  C:  cf.  Ed.  Cuq,  Instil.  jm-id.  1.  Il,  p.  489,  n.  2.  —  15  Cf.  Ulp. 
44  ad  Ed.  Dig.  XXXVIII,  5,  I  pr.  —  ii  Ibid.  3,  3.  —  n  Ibid.  1,  6.  —  18  Ibid.  1,  4. 

—  l'J  Paul.  43  ad  Ed.  Eod.  4  pr.  Frg.  de  formula  Fabtnna  [juriconsulti,  III,  I, 
7i4,  n.  10],  §  G.  -  ati   Ulp.  Dig.   XXXVIIl.  5,   I,  ;g.   J-rg.  de  form.  Fab.  %  I.' 


répudiation  d'une  hérédité  ou  d'un  legs'".  Les  actions 
Fabienne  et  Calvisienne  se  donnent  contre  l'acquéreur 
même  de  bonne  foi  '*  ;  le  dol  n'est  exigé  que  chez  l'alié- 
nateur".  Ces  actions  sont  d'ailleurs  des  actions  person- 
nelles, arbitraires  et  perpétuelles-".  Si  l'acquéreur  a  lui- 
même  aliéné  la  chose,  il  est  débiteur  de  la  valeur  vénale  : 
le  patron  ne  peut  jamais  réclamer  la  valeur  subjective-'. 
Par  exception,  si  l'aliénation  a  été  faite  pour  doter  une 
femme,  l'action  en  révocation  peut  être  intentée  contre 
le  mari  tant  qu'il  n'a  pas  restitué  la  dot'-'.  Mais  la  dot 
constituéepar  l'affranchi  à  sa  tille  est  irrévocable-^ 

Les  aliénations  à  cause  de  mort  faites  à  des  tiers  '-'  par 
l'affranchi  peuvent  toujours  être  révoquées  à  la  demande 
du  patron  :  on  n'a  pas  à  prouver  qu'elles  sont  fraudu- 
leuses -■'. 

II.  ItÉvoCATiox  d'un  jugement.  —  La  sentence  rendue 
par  un  judex  privatus  n'est  pas  susceptible  d'être 
réformée.  En  cas  de  mal  jugé,  il  n'existe  pas  de  voie  de 
recours.  L'erreur  ou  l'injustice  du  juge  sont  considérées 
comme  des  cas  fortuits  ^^  L'appel  n'est  admis  que  contre 
les  décisions  des  juges  délégués  par  l'empereur.  Le 
défendeur  condamné  par  un  juge  investi  par  le  préteur 
du  muntis  Judicandi,  n'a  que  la  faculté  d'arguer  de 
nullité  [judicatum  negare)  le  jugement  qui  lui  fait  grief 
et  d'en  demander  la  révocation-". 

Les  causes  de  nullité  sont  assez  nombreuses  ;  il  suffit 
de    citer  quelques   exemples.   La   sentence   est  nulle  : 
1°  Lorsque  le  juge  ne  statue  pas  d'une  façon  précise  sur 
kl  prétention  du  demandeur,  notamment  sur  les  intérêts 
de  la  somme  que  le  défendeur  est  condamné  à  payer-*. 
2°  Lorsqu'il  a  statué  sur  des  questions  non  comprises 
dans  la  formule-',  ou  bien  un  jour  férié  en  l'absence  des 
parties^",  ou  encore  sans  que  le  défendeur  ait  été  régu- 
lièrement cité^';  lorsqu'il  a  prescrit  une  chose  impos- 
sible^-, condamné  une  personne  décédée  ou  incapable  ^^ 
3°  Lorsque  le  juge  a  été  institué  par  un  magistrat  incom- 
pétent,  tel  qu'un  procurateur  impérial  qui  ne  fait  pas 
fonction    de  gouverneur   de  province  et  qui    a  nommé 
un  juge  pour  un  procès  entre  particuliers^*.  4°  Lorsque 
le  juge  est  incapable.  L'incapacité  de  remplir  la  fonction 
de  juge  résulte  de  la  nature,  de  la  loi  ou  de  la  coutume. 
Les  impubères,  les  sourds,  les  muets,  les  fous  qui  n'ont 
pas  d'intervalle  lucide,  sont  naturellement  incapables. 
Les  citoyens  qui  n'ont  pas  l'Age  requis  par  la  loi,  ou  qui 
ont  encouru  urie  déchéance  comme  l'exclusion  du  Sénat, 
sont  incapables   légalement.  D'après   la  coutume,  sont 
incapables  les  femmes  et  les  esclaves,  qui  ne  peuvent  pas 
remplir  un  office  civiP\  5°  Lorsque  la  sentence  a  été 
rendue  par  le   magistrat  dans  un   cas  où   il  aurait  dû 
instituer  un  juge"'.  6°  Lorsqu'une  affaire  a  été  soumise 
à  plusieurs  juges,  tels  que  les  récupérateurs,  et  que  l'un 
d'eux  a  été  absent  lors  du  jugement^^  La  sentence  n'est 
pas  régulièrement  rendue,    car  les  juges  avaient  reçu 
mission  de  statuer  tous  ensemble.  On  ne  saurait  objecter 

—  21  Ulp,  Loc.cil.  I,  13;  cf.  Edouard  Cuq,  Oyj.ciM.  H,  p.  504  et  610.  —  22  Qctavcnus 
in  Frg.  de  form.  Fib.  §2.-21  Ulp.  Loc.  cil.  I,  10.  —  24  Frg.  De  form.  Fab., 
§  6  ;  Ul|..  Loc.  cit.  1,  1.  —  2b  Ibid.  I,  2.  —  20  Cf.  Edouard  Cuq,  Op.  cil.  i.  ll,p.  409, 
n.  6;  709,  n.  5.  —27  Cic.  p.  Flacco.c.  21,  §49.  —  2»  Ulp.  4  de  omn.  tribun.  68  ad  Ed. 
Dig.  XLII,  1,  59,  i;  4,  G;Gord.  Cod.  Just.  VII,  46,  .3.—  29  Alen.  Sev.  Cod.  Jmt.  VII, 
48,  1.  —  30  Ulp.  4  de  omn.  Iribun.  Dig.  II,  12,  1,  I.  —31  tinKer .  Dig .  XL1X,8,  1,3. 

—  32  Paul,  le  Rcsp.  Eod.  3  pr.  —  33  Esclave  :  Papin.  2  Resp.  Dig.  V,  1,  4i,  1  ;  Gord. 
Cod.  Jus!.  III,  1,  C.  Pupille  non  assisté  de  son  luleiir:  Paul.  Dig.  XLII.  1,  4d,  î. 
Femme  qui  défend  à  un  judiciitm  legitimvm  sans  son  tuteur  :  Ulp.  XI,  2+  ;  27  ;  Gains. 
I^  184.  —  3*  Papin.  91  Kesp.  Dig.  XLIX,  1,  23,  1.  —  35  Paul.  17  ad  Ed.  Dig.  V,  1, 
12,  2.  —  36  Carac.  Cod.  Jusl.  VII,  43,  4.  —  37  Cels.  3  Uig.  Dig.  XLII,  1,  39. 


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que  ce  juge,  s'il  avait  été  présent,  aurait  pu  être  en  désa- 
cord  avec  les  autres,  et  que  la  sentence  rendue  par  la 
majorité  n'en  serait  pas  moins  valable:  la  loi  veut  que 
les  juges  assistent  tous  à  la  délibération  et  expriment 
leur  avis',  cet  avis  se  réduirait-il  au  serment  sihi  non 
liquere-  [jusjlrandum,  III,  p.  "73,  n.  35;.  1"  Pour  viola- 
lion  de  la  loi,  d'un  sénatus-consulte  ou  d'une  constitution 
impériale  '. 

La  révocation  d'un  jugement  peut  être  demandée  de 
deux  manières  :  directement,  lorsque  le  défendeur  con- 
damné prend  l'ofTensive;  indirectement,  lorsque,  pour- 
suivi par  l'action  judicali,  il  conteste  la  prétention  de 
son  adversaire,  en  soutenant  qu'il  n'existe  pas  de  juge- 
ment valablement  rendu  contre  lui*.  Dans  l'une  et  l'autre 
hypothèse,  il  encourt  la  peine  du  double,  en  cas  d'insuccès. 
De  là  le  nom  de  cette  procédure  :  revocalio  in  duplum'\ 

La  révocation  d'un  jugement  peut  également  être  solli- 
citée par  le  demandeur  lorsque  le  juge  a  prononcé  l'abso- 
lution du  défendeur.  Il  renouvellera  sa  demande  devant 
un  nouveau  juge  ;  si  son  adversaire  lui  oppose  l'exception 
de  chose  jugée,  il  la  paralysera  par  une  réplique  fondée 
sur  la  nullité  du  jugement.  Mais  cette  faculté  ne  lui  appar- 
tient que  pendant  un  certain  délai  :  au  bout  de  dix  ans 
entre  présents,  vingt  ans  entre  absents,  le  défendeur 
absous  lui  opposera  la  prescription  •'. 

III.  Ri-.voi;.\Tio  DOMUM.  —  Le  Jus  revocandi  domum  est 
la  faculté  accordée  à  l'habitant  d'un  municipe  ou  d'une 
cité  provinciale,  lorsqu'il  est  de  passage  à  Rome,  de 
décliner  la  compétence  du  préteur  II  peut  demander  à 
être  renvoyé  devant  le  tribunal  de  son  domicile  [^.ilkis- 

DICTIO,  III,   i,  731    . 

L'exercice  de  ce  droit,  qui  constitue  un  véritable  privi- 
lège, a  été  rigoureusement  limité.  Il  a  d'abord  été  intro- 
duit en  faveur  des  députés  [légat i\  envoyés  à  Rome  par 
un  municipe  ou  par  une  cité  provinciale.  Il  leur  est 
accordé  pour  les  obligations  contractées  avant  leur 
mission'^  soit  dans  leur  cité,  soit  dans  leur  province  ', 
soit  même  à  Rome'.  Le  légat,  qui  a  fait  dans  sa  pro- 
vince un  pacte  de  constitut  [cû.nstitltum,  I,  :2,  \.\o\],  ne 
perd  pas  le  jus  revocandi  domum  lorsqu'il  a  promis  de 
payer  à  Rome  '",  à  moins  qu'il  n'ait  été  spécifié  qu'il  paie- 
rait lorsqu'il  serait  légat  ".  Il  en  est  de  même  s'il  a  fait  à 
Rome  un  pacte  de  constitut  pour  une  dette  contractée  en 
province'-.  Le  légat  ne  peut  être  actionné  en  revendi- 
cation en  raison  d'un  objet  qu'il  possède  actuellement '^ 
11  ne  peut  pas,  non  plus,  être  appelé  devant  un  arbitre  en 
raison  d'un  compromis  qu'il  a  fait  ii  Rome  avant  sa 
mission'*.  Pareillement,  on  ne  peut  poursuivre  devant  le 
préteur  le  légat  qui  a  fait,  à  Rome,  adilion  d'une  héré- 
dité qui  lui  est  échue  en  province' ',  ou  bien  celui  à  qui 
une  hérédité  a  été  restituée  en  vertu  d'un  fidéicommis  "■. 
Le  jurisconsulte  Cassius  indique  la  raison  de  ce  privi- 
lège des  députés  :  on  ne  veut  pas  entraver  l'exercice  de 
leur  mission.  Un  sénatus-consulte  leur  avait  défendu  de 
s'occuper  d'autre  chose'".  L'intérêt  des  créanciers  héré- 


1  Marcel.  3  big.Eod.  37.  —  2  Paul.  Eod.  36.  —  3  Modesl.  De  enucl.  casibus, 
Dig.  XLIX,  1,  19.  -  t  Gaius,  IV,  9.  —  5  Paul.  Sent.  V,  5  a,  6  a.  Alex.  Sev.  Cod. 
Gregor.  X,  I.  —  6  Paul.  Sent.  V,  5  a,  8  ;  cf.  0.  Lenel,  Essai  de  reconstitution 
de  i'Edil  perpétuel,  Irad.  Pellier,  t.  Il,  p.  187.  —  '  (Jlp.  3  ad  Ed.  Dig.  V,  1,  2,  4. 

—  8  /é,V.  2,  ô.  —  9  Ibid.  Jul.,  Anton.  Plus,  ap.  Ulp.  Eod.  î.  i.  —  1«  Jul.  ap. 
Ulp.  27  ad  Ed.  Diy.  Xlll,  .ï,  5,  1;  Uaius.  i  ad  Ed.  prov.  Dig.  V,  I,  8;  et.  la  cor- 
rection de  Mommsen  sur  le  premier  texte.    —   n  Afric.  3  quaest.  Dig.  L,   7,  3. 

—  12  Gains,  Loc.  cit.  —  <3  Julian.  ap.  Paul.  17  ad  Plant.  Dig.  V,  1,  24.  2.  —  i»  Paul. 
3  ad  Ed.  Dig.  IV,  8,  32,  9.  —  15  Paul.  Dig.  V,  1,  2C.  —  '«  Ibid.  28  pr.  —  17  Paul. 


ditaires  n'est  pas  sacrifié;  ils  ont  le  droit  d'exiger  une 
salisdation  [satisdatio^  ou,  à  défaut,  ils  obtiendront 
l'envoi  en  possession  de  l'hérédité  à  titre  conservatoire" 
[missio  i.v  possessionem,  III,  2,  1938,  n.  5].  Cette  mesure 
n'empêchera  nullement  le  député  de  remplir  sa  mission  ". 

Le  Jus  rei'ocandi  domum  est  refusé  au  légat  :  1°  Pour 
les  obligations  qu'il  a  contractées  durant  sa  mission,  à 
Rome'-'\  en  Italie-',  oumémesuivanl  l'opinion  qui  apré- 
valu,  hors  de  sa  province".  Il  en  est  ainsi  notamment 
pour  les  achats  ou  autres  acquisitions  faites  pendant 
son  séjour  à  Rome.  L'exercice  du  privilège  aurait  ici 
donné  lieu  à  un  abus;  le  légat  aurait  pu  en  profiler  pour 
emporter  dans  sa  province  la  chose  d'autrui".  La  règle 
qui  précède  a  pour  conséquence  de  permettre  au  légat  de 
cautionner  toute  espèce  d'obligation  :  il  ne  peut,  en  effet, 
invoquer  son  privilège  pour  une  obligation  contractée 
en  Italie-'.  2°  Pour  les  obligations  qu'il  a  contractées  à 
Rome  avant  sa  mission,  s'il  séjourne  dans  cette  ville,  une 
fois  sa  mission  terminée  -.3°  Pour  l'action  en  restitution 
de  la  dot  intentée  par  la  femme  du  légat,  après  un  divorce 
signilié  à  Rome^*^.  4°  Pour  un  recours  en  garantie  contre 
l'éviction  ;  le  député  vendeur  invité  à  défendre  l'acheteur 
doit  se  rendre  devant  le  juge  saisi  de  l'action  dirigée 
contre  l'acheteur-'.  5°  Lorsque  le  légat  a  été  cité  en 
justice  avant  d'à  voir  reçu  sa  mission'-'.  6°  Lorsqu'il  exerce 
lui-même  une  action  devant  le  préteur,  il  est  censé 
accepter  sa  juridiction  pour  toute  demande  qui  pourrait 
être  formée  contre  lui  -'.  Exception  est  faite  pour  le  cas 
où  l'action  intentée  par  le  légat  a  pour  objet  la  répres- 
sion d'un  délit  (injure,  vol,  dommage  causé  contrai- 
rement au  droit)  dont  il  a  été  victime.  Sans  cette  excep- 
tion, il  eût  été  très  facile  de  priver  le  député  de  son 
privilège  :  il  aurait  suffi  d'exercer  contre  lui  une  voie  de 
fait  ;  ou  bien  on  aurait  pu  l'outrager  impunément'".  7° En 
matière  de  délits ''.  Le  tribunal  compétent  est  toujours 
celui  du  lieu  où  le  délit  a  été  commis '^ 

Le  privilège  accordé  au  légat  ne  le  dispense  pas  de 
fournir  la  caution  damni  infecti,  lorsque  sa  maison 
menace  de  s'écrouler  sur  le  fonds  voisin^'.  A  l'inverse,  on 
ne  peut  lui  déférer  le  serment  sur  l'existence  de  la  dette 
dont  on  lui  réclame  le  paiement  ".  Le  privilège  du  légat 
est  attaché  à  sa  personne;  il  ne  peut  être  invoqué  par 
ses  ayants  cause'". 

L'application  du  Jus  revocandi  domum  a  reçu  un  tem- 
pérament :  lorsque  le  légal  est  tenu  d'une  action  tempo- 
raire sur  le  point  d'être  périmée,  le  préteur  permet 
d'engager  le  procès,  puis  après  la  litis  contestatio, 
l'instance  est  transférée  en  province  '".  Mais  pour  le 
calcul  d'un  délai  utile  comme  celui  qui  est  accordé  pour 
demander  Vin  integrum  restitulio,  on  ne  tient  pas 
compte  du  temps  que  le  provincial  a  passé  à  Rome'''. 

Lorsqu'il  y  a  doute  sur  le  point  de  savoir  si  le  légat  a  le 
Jus  revocandi  domum,  le  préleur  statue  lui-même  après 
enquête".  Le  légat  ne  peut,  en  aucun  cas,  refuser  de  se 
présenter  devant  le  préteur  pour  justifier  de  sa  qualité 


Dig.  L,  7,  8,  2;  10  pr.:  Il,  1  :  Scaev.  Eod.  12:  Modest.  Eod.  15.  —  is  Ap.  Paul. 
Eod.  26;  cf.  Jul.  Eod.  24,  2.  —  19  Julian.  I,  Dig.  Eod.  27.  —  2»  Ulp.  Eod.  2,  4. 

—  21   Ulp.  Eod.  2,  5.  —  22  Marcell.  ap.  Ulp.  Eod.  —  23  Jul.    1  Dig.  Bod.  if., 

—  21  Rescr.  Pii  ap.  Ulp.  Eod.  î,  4.  —  2J  Papin.  24  quaest.  Eod.  42.  —  26  Paul. 
3  Resp.  Eod.  49  pr.  —  27  Papin.  3  quaest.  Eod.  39,  1.  —  28  Ulp.  7  ad  Ed.Eod.  7. 

—  29  Paul.  3  ad  Plaut.  Eod.  i2.  —  30  Jul.  ap.  Ulp.  Eod.  2,  5.  —  31  Kescr.  Pii  ap. 
Ulp.  7  de  offic.  Proc.  Dig.  XLVIll,  2,  7,  4.  —  32 Paul.  Uig.  V.  1,  4,  1.  —33  /bid. 
Ï8,  3.  —  31  Jbid.  28,  2.  —  35  ihid.  28,  I.  —  3«  Ibid.  28,  4.  —  37  Ulp.  12  ad. 
Ed.  Dig.  IV,  6,  28,  4.  —  38  Paul  Dig.  V,  I,  28,  6.  Scaev.  1  Reg.  Dig.  L,  7,  3,  i. 


REX  —  860  — 

cl  invoquer  son  privilège'.  L'exercice  de  ce  privilège 
est  d'ailleurs  subordonné  ù  la  condilion  de  promettre  de 
comparaître  en  justice  au  jour  fixé  par  le  magistrat.  On 
n'exige  pas  de  satisdalion,  sans  quoi  la  difficulté  de 
trouver  des  cautions  pourrait  empêcher  le  légat  d'user 
de  son  privilège'-  s.\tisp.\tio\ 

Le  jus  rei-ocandi  domum  a  été  étendu  aux  habitants 
des  municipes  ou  des  provinces  qui  ont  été  mandés  à 
Rome  par  le  prince  soit  pour  un  procès  ^  soit  pour 
rendre  des  comptes  de  tutelle;  à  ceux  qui  sont  venus  à 
Rome  pour  juger  un  procès,  pour  témoigner  en  justice*, 
ou  même  pour  interjeter  appel  d'un  jugement".  On  ne 
peut  profiter  de  leur  présence  à  Rome  pour  les  actionner 
en  raison  d'une  autre  affaire  ;  on  ne  permet  même  pas  à 
un  mineur  de  vingt-cinq  ans  de  demander  contre  eux 
une  in  integriim  restilittio  "    restititio]. 

IV.  Revùc.\tio  romam.  —  Les  habitants  de  Rome,  de 
passage  en  Italie  ou  dans  les  provinces,  pouvaient-ils 
réciproquement  demander  le  renvoi  à  Rome  des  procès 
qu'on  leur  intentait  devantles  magistrats  municipaux  ou 
devant  les  gouverneurs  de  province?  Divers  passages  de 
Ciceron'  prouvent  que,  dans  les  provinces,  le  renvoi  à 
Rome  n'était  pas  obligatoire:  il  dépendait  du  pouvoir 
discrétionnaire  du  gouverneur  de  la  province.  Quant  aux 
magistrats  municipaux,  la  question  du  renvoi  à  Rome 
est  mentionnée  dans  le  fragment  de  loi  trouvé  à  Este 
[lex  rosci.\,  III,  2,  p.  1162].  La  loi  décide  que  les 
litiges  entre  particuliers,  qui  auraient  été  de  la  com- 
pétence des  magistrats  municipaux  avant  la  loi  Roscia, 
resteront  soumis  à  cette  compétence,  quelle  que  soit  la 
valeur  du  litige  :  la  revocatio  Romae  {sic)  est  interdite. 
La  portée  de  cette  règle  est  discutée  :  les  uns  y  voient 
une  disposition  visant  l'avenir';  d'autres  pensent  que 
c'est  une  mesure  transitoire,  applicable  aux  actions  déjà 
nées  lors  du  vole  de  la  loi'.      Edouard  Ciq. 

REX  [regnum]. 

REX  XE.MOREXSIS.  —  Ce  titre,  chez  les  écrivains 
anciens  ',  désigne  une  sorte  de  prêtre  chargé  du  culte  de 
Diane  Aricina,  au  temple  situé  dans  le  bois  de  Némi, 
sur  le  versant  des  monts  .\lbains  [diana,  p.  154-2". 
Diane  elle-même  est  couramment  appelée  .Yemo)-ensis, 
et  le  commentateur  de  Virgile  remarque  qu'aux  temps 
anciens  on  donnait  le  nom  de  roi  aux  prêtres  et  aux 
pontifes  en  général  [reg.mm]-.  C'était  une  étrange  pra- 
tique et  qui  sent  la  barbarie  primitive  que  celle  qui  pré- 
sidait à  l'installation  du  roi  de  Némi^  Une  fois  remplacé, 
le  premier  qui  fut  un  héros  silvestre  en  rapport  avec  l'être 


'  Pompon.,  Viodius  ap.  L'ip.  5  ad  Ed.  Dig.  V,  1,5.  -  2  Mêla  ap.  Ulp.  3  ad 
Ed.  £od.  i«,  6.-3  Paul.  Eod.  ii  pr.  —  i  Ulp.  Eod.  i,  3;  Rcscr.  Pii. 
Eod.  —  5  Gels.  ap.  lilp.  Eod.  —  6  Rescr.  Pii,  Eod.  3,  3.  —  ■  Cic.  Ad 
fam.  Xlll,  6,  3;  in  Verr.  Ili,  tiO.  —  8  Karlovia,  Mm.  Jlechtsgesch.  I,  4i2. 
—  S  Uoniniseii,  in  Bermes,  XVI,  34;  AliLrandi,  Opère,  I,  400;  Esmeiu,  .Mélan- 
ge; Î86;  cf.  Applelon,  lier.  gén.  de  droit,  l'JoO,  XXIII,  p.  ;«.  -  Bibliograpbib  : 
I.  Glasson,  Elude  sur  les  donations  i  cause  de  mort,  1870;  Serafini,  Delta 
reioca  degti  atti  fruudolenti  compiuti  dal  debilore,  ls87-)889;  Morjlz  Voigt, 
Romische  Hfchttgeschichle,  l.  I",  189i,  p.  760;  l.  II,  1899,  p.  1013;  Karlowa, 
Rim.  RechlsgeschicUle.  I.  Il,  1901,  p.  HOO  ;  Solazîi,  La  reroca  degli  alti  frau- 
dolenli,- HOÎ  ;  Girard,  Manuel  de  droit  Romain,  4"  6d.,  p.  Mi;  Edouard  Cuq, 
Let  institutions  juridiqurs  des  Romains,  t.  11.  édition  1908,  p.  488.  —  II.  Belli- 
mann-llollweg,  Der  rôm.  Civilprozess,  t.  Il,  1865,  p.  720  ;  Kuntze,  Excurse  ùber 
rôm.  RechI,  i<  *d.  1880,  p.  402;  Eisele,  Abhandlungen  :um  rôm.  Civilprozess, 
1889,  p.  102;  Otlo  LcncI,  E.xsai  sur  la  reconstitution  de  VÉdit  perpétuel,  Iraduc- 
lion  Pellier.  l.  Il,  1902,  p.  IR3;  Edouard  Cuq,  Op.  cit.  t.  Il,  p.  763.  -  lII  BelU- 
mauu-Hollweg,  Op.  cit.  I.  Il,  p.  12»;  Edouard  Cuq,  Op.  cit.   l.   Il,  p.    729  et  KSI 

HEZ  .%EHORE\$IS.  I  Slrab.  V,  p.  239  ;  cf  llarlung.  Religion  der  Roemer,  il, 
212;  Fesl.  p.  1«;  l'ausan.  Il,  27,  4:  Ov.  FasI.  III,  271;  Pers.  VI,  55  sq.  avec  le 
comnienlaire  de  0.  Vaho.  —  2  Scrv.  .\en.  III,  80.  —  3  Serv.  Aen.  VII   776-  Ov 


RHA 

de  la  déesse  et  portait  dans  la  légende  indigène  les  noms 
tantôt  de  Manius  .^egerius,  tantôt  de  Virbius  (identifiés 
plus  tard  par  les  hellénisants,  soit  avec  Oreste,  soil  avec 
Ilippolyte,  fils  de  Thésée),  c'est  un  combat  singulier  entre 
le  prêtre  en  exercice  et  le  prétendant  à  la  succession  qui 
décidait  du  sacerdoce.  La  place  était  pour  celui  qui 
assommait  l'autre  avec  une  branche  cueillie  sur  certain 
arbre  caché  au  fond  du  bois  '.  La  royauté  de  N'émi  étant 
ainsi  une  prime  à  la  force  brutale,  ce  n'était  plus  que 
des  esclaves  fugitifs  qui  se  hasardaient  à  la  disputera 
Sous  le  règne  de  Caligula,  dont  la  folie  en  voulait  à 
toute  supériorité,  la  place  était  occupée  par  un  véritable 
colosse  qui  s'y  maintenait  depuis  des  ans;  l'empereur 
n'eut  de  cesse  qu'il  ne  lui  eût  suscité  un  compétiteur 
plus  vigoureux^  :  la  coutume  était  encore  en  honneur 
au  temps  de  Pausanias  qui  visita  Némi.  En  réalité,  le 
personnage  installé  par  de  tels  moyens  n'était  pas  un 
prêtre  au  sens  élevé  du  mot  :  la  preuve  en  est  qu'à  l'occa- 
sion les  pontifes  de  Rome  venaient  à  .^ricia  accomplir  en 
personne  les  cérémonies  qui  intéressaient  l'État''.  Il  est 
question,  chez  Servius,  d'une  image  du  premier  des 
Rois  de  .Némi  ;  Ovide  parait  avoir  vu  de  ses  repré- 
sentations puisqu'il  prête  à  Virbius  les  traits  d'un  vieil- 
lard*. Les  fouilles  faites  à  .\ricia  ont  permis  de  déter- 
miner l'emplacement  du  temple  et  ont  mis  à  jour  une 
figure  en  pierre  qui  est  considérée  comme  celle  du  Mex 
.Yemorensis  divinisé'.     J.-A.  Hild. 

REX  SACRORUM  [reg.ntm,  p.  8271. 

RHABDOPIIOROI  [PaêS&sdpoi)  ;  RHABDOUCIIOI  (Pa?- 
i'yj/oi  )  —  Ce  nom  de  «  porte-verge  »  fut  donné  à  des 
fonctionnaires  dont  une  verge  ou  bâton  était  l'insigne. 
Tels  étaient  à  .Athènes  les  agents  préposés  au  maintien  du 


Fig.  5938.  —  Surveillauls  de  Ibéilre. 

bon  ordre  au  théâtre'.  Leur  place  habituelle  était,  d'après 
les  auteurs,  sur  la?/iy//te7e  jheatrumI.  Dans  une  peinture 
de  Pompéi  représentant  une  scène  de  comédie  -,  on  les 


Jlelam.  XV,  4»7  ;  543  :  Fast.  VI,  735;  Luc.  III.  84  sq.  ;  VI,  73  ;  Sil.  lui.  IV,  366; 
Mart.  VI.  47;  Stal.  Silr.  111,  1,  53.  Pour  les  Wgendcs  de  Virbius  el  iidenlificalioD 
du  héros  avec  Oresleet  Hippolyle,  voir  Harlung,  Op.  cit.  el  Preller-Jordau; /îoem. 
Mytkol.  1,  p.  314  sq.  Voir  aussi  les  idées  nouvelles  développées  par  Frazt-r,  Lec- 
tures on  the  early  kistory  of  fCingship,  Lond.  1905.  —  ^  Voir  la  uote  de  Servius, 
Aen.  II,  116;  Virgile  s'inspira  d"un  détail  de  cette  légende  en  faisant  cueillir  par 
Énée  le  rameau  d'or  qui  lui  ouvre  l'entrée  des  Enfers  ;  Aen.  VI,  136  sq.  et  196  s((. 
—  5  pausan.  Loc.  cit.  ;  cf.  Or.  Ars  am.  1,  259  el  Fest.  p.  143  ;  celui-ci  rapporte  à 
ce  sujet  le  proverbe  ;  multi  masi  ariciae,  inspiré  par  la  succession  rapide  de  ces  rois 
de  Némi.  —  6  Suel.  Calig.  35.  —  7  Tac.  Ann.  XII,  S;  cf.  Marquardt-Mommscn, 
Handbuck  der  roem.  Alterth.  VI,  p.  255  sq.  —  s  Aen.  VU,  7T6;  Ov.  Metam.  XV, 
338.  —  9  Pour  la  question  topographique,  voir  Rosa,  Mon.  Annal.  Bullet.  deli 
înstit.  1856,  5  et  Henzen,  BuUel.  1S71,  53.  Pour  cette  refiréseiilation,  voir 
Uhden,  Abhandlungen  der  Berl.  Akadem.  1818.  p.  Is9  et  Mus.  Pio  Clément. 
3,  39. 

RBABDOPnOROI,  RHABDULT.HOI.  I  Aristoph.  Pac.  733  et  Schol.  Suid.  J.  v. 
jaSSoûto-.;  Schol.  Plat.  p.  99  Ruhnk.  Cf.  Demosth.  Jn  Mid.  779,  où  ces  agents  sont 
qualiûés  de  iT:r,piTo.,  —  2  Mus.  Borbon.  IV,  pi.  xviii  ;  Helbig,  Wandgemàlde, 
n.  1468  ;  Wicseler,  Denkm.  d.  Bùhnenwesens,  pi.  si,  2,  p.  S3  ;  Id.  Thymele,  Gôtting, 
1847,   p.  43;   RilTet./i/iei'n.  Mus.  XXIV,  p.  134. 


RHA 


861   — 


RHA 


voit  (fig.  5938)  assis  faisant  face  aux  spoclaleiirs  des 
deux  côtés  de  la  scène. 

On  peut  rapprocher  de  ces  r/iul)douc/ioi  deîi  surveil- 
lants du  même  nom,  appelés  aussi  uaffriYoctôfoiel  [aittivo- 
vôjAO!,  armés  de  bâtons  ou  do  fouets,  qui  assistaient  les 
agonothètes  dans  les  luttes  gymniques'  et  rappelaienlles 
lutteurs  à  l'observation  des  règles  en  empêchant  ceux  qui 
avaient  le  dessus  de  faire  abus  de  leurs  forces  [flagellim, 
p.  II06,  U'CTA,  PUGILATLS,  p.  759].  Il  y  en  avait  pareille- 
ment dans  les  courses'  et  dans  les  concours  musicaux  '. 

Il  y  en  avait  aussi  qui  veillaient  à  l'exacte  observation 
des  règlements  dans  la  célébration  des  mystères.  Des 
rhabdophoroi  sont  nommés  dans  l'inscription  d'Anda- 
nia'.  D'une  manière  plus  générale,  les  titres  de  paSo&'j- 
yo^,  potêSoadpoç,  comme  les  verbes  f.aS3o!fopéa),  iaê3ouy_Éo), 
paraissent  avoir  été  employés  en  parlant  de  tous  ceux 
pour  qui  les  verges  étaient  la  marque  de  leur  autorité. 
Les  écrivains  grecs  qui  se  sont  occupés  des  institutions 
romaines  s'en  sont  servis  à  propos  des  licteurs,  qui  por- 
taient les  fasces  [lictor]  '.      E.  Saclio. 

RHABDOU  Ai\ALÊPSIS  ('Pàêoou  àvaV/i.|/i<;).  —  Fête 
célébrée  à  Cos  en  l'honneur  d'Asclépios  '.  Celte  dénomi- 
nation se  trouve  dans  une  lettre  de  la  collection  hippo- 
cratique  ^  La  «  prise  de  la  baguette  »,  sans  doute 
symbole  de  l'entrée  en  charge  du  prêtre  d'Asclépios, 
faisait,  d'après  ce  texte,  partie  de  la  fête  annuelle  d'As- 
clépios à  Cos,  qui  comportait  une  panégyrie  et  une 
procession  solennelle  au  lieu  dit  KuTrâptacov.  C'est  la  fête 
qu'on  trouve  désignée,  dès  le  ii''  siècle  avant  J.-C, 
sous  le  nom  d'  'AaxXaTtieia  ^  xi  Év  Kùi,  'AtrxXiitsix  xk 
lAÉyaXa'.  Mentionnons,  en  effet,  ici,  comme  complément 
à  l'article  asklepieia,  qu'à  côté  des  inscriptions  déjà  con- 
nues, d'autres  inscriptions  non  encore  publiées,  décou- 
vertes par  les  savants  allemands  dans  leurs  fouilles  de 
l'Asclépieion  de  Cos,  se  rapportent  à  cette  grande  fête '. 
L'une  d'elles  donne  la  liste  des  concours  musicaux  et  gym- 
niques qui  en  rehaussaient  l'éclat  ".       Em.  Cahe.\'. 

BHAPHANIDOSIS  [adi'lterii  m]  . 

RHAPSODUS  (  'Px'l/wSoç).  —  L'étymologie  et,  par  suite, 
la  signilication  originelle  du  mot  paj-cuSdç  sont  objet  de 
controverse  '.  Mais  une  chose  certaine,  c'eslqu'à  l'époque 
historique  ce  terme  désigne  spécialement  les  chanteurs 
de  poésies  épiques^.  Toutefois  le  rhapsode  ne  doit  pas 
être  confondu  avec  l'aède  primitif.  Il  en  diffère  par 
plusieurs  traits.  D'abord  par  la  date  :  le  rhapsode  n'appa- 
raît qu'à  une  époque  relativement  récente,  où  la  pro- 
duction épique  est  tarie.  De  cette  première  différence  en 
découle  une  seconde:  tandis  que,  généralement,  l'aède 
était  poète  en  même  temps  que  chanteur,  le  rhapsode 
n'est  plus  que  l'interprète  des  œuvres  du  passé.  Une 
autre  nouveauté,  de  moindre  importance,  c'est  que  le 
rhapsode  n'accompagne  plus  ses  chants  des  sons  de  la 

»  Pollux,  m,  145,  153  ;  Dig.  L,  4,  18,  19.  Pour  les  ikuxai  d'Olympic  ;  cf.  hei.i.a- 
NoDlKAi,  p.  63.  —  2  l'ausan.  VI,  2,  2.  —  3  Plat.  Protag.  338A;  Thuc.  V,50;  Lucian. 
Adv.  indoct.  9.  —  *  Sauppe,  Die  Myttrieninschrift  ans  Aiidanie,  (ioell.  1SG0; 
LeBas-Foucarl,  Voyage,  Inscr.  I.  40,  44.  —  5  Polyb.  V,  id,  10;  Dion.  liai.  III,  CI, 
02;  Plut.    Num.  20,  etc. 

nHABDUU  ANALÈPSIS.  1  Cf.  Nilsson,  Griech.  Fest.  p.  411.  -  2  Uippocr.  III, 
p.  778  Kûlin.  =  Littré,  t.  IX,  p.  320.  —  3  Cf.  Diltenbergcr,  Syll.  inscr.  gr.  -', 
n.  676.  -  »  Cf.  Ibid.  n.  077.  —  5  Cf.  Arch.  An::.  1903,  p.  197.  —  6  Jbid.  p.  l«s. 

RHAPSODUS.  1  Pour  les  uns  Télymologie  est  fdSSoî  baguette  et  ài.'Ss.v  chanter  : 
le  mol  aurait  désigné  originairement  les  chanteurs  de  poésies  <5piciue5  qui,  renonçai. t 
à  la  cithare,  donnèrent  l'exemple  de  débiter  ces  pO'''sics  en  tenant  simplement  une 
baguette  à  la  main.  Selon  une  autre  opinion  plus  générale,  le  mot  serait  composé 
des  éléments  ^ànTuv  et  4<,.S/,  ;  mais  on  ne  s'accorde  même  pas  sur  le  sens  de  cette 
élyiDOlogie.  Kaut-il  entendre  «  asseoibleur  de  morceaux  délachés  •',  ou  (selon  l'usage 


phorminx.  En  raison  des  progrès  accomplis  par  l'art 
musical,  cet  accompagnement  pauvre  et  grêle  avait  fini 
sans  doute  par  paraître  ridicule:  on  l'avait  supprimé. 
Mais,  par  tous  les  autres  traits,  le  rhapsode  est  le  succes- 
seur de  l'aède.  Comme  l'aède,  il  est  nomade,  et  va  de 
ville  en  ville,  de  fête  en  fête;  car  c'est,  pour  lui,  une 
nécessité  de  renouveler  incessamment  son  public. 
Comme  l'aède,  le  rhapsode  récite,  non  des  poèmes  en- 
tiers, mais  des  épisodes  détachés  qui  n'ont  d'autre  lien 
que  la  communauté  du  sujet  (paittùiv  ÈTrétov  àoiBoi,  dit 
Pindare)  '.  Les  rhapsodes  ont  été  les  propagateurs  de  la 
poésie  homérique  à  travers  tout  le  monde  grec.  Hérodote 
mentionne,  au  vr  siècle,  à  Sicyone  des  concours  de  rhap- 
sodes, que  le  tyran  Clisthène  abolit  ^  Bientôt  il  n'y  eut, 
pour  ainsi  dire,  pas  une  ville  grecque  qui  n'admît  dans 
le  programme  de  ses  fêtes  un  concours  de  ce  genre". 
Même  en  pays  dorien,  ces  récitations,  après  quelque 
résistance,  s'introduisirent  à  Sparte,  en  Crète,  à  Cyrènc, 
à  Syracuse,  etc.'.  Mais  les  concours  rhapsodiques  les  plus 
mémorables,  etpar  l'intervention  officielle  de  l'État  et  par 
l'influence  qu'ils  eurent  sur  la  constitution  du  texte  écrit 
des  poèmes  homériques,  ce  sont  ceux  d'Athènes.  D'un 
témoignage,  à  la  vérité  assez  obscur,  de  Diogène 
Laerce*,  il  paraît  résulter  que  Solon  imposa  à  ces  con- 
cours un  règlement  public.  Primitivement  on  avait  laissé 
les  rhapsodes  libres  de  choisir  dans  VIliade  et  dans 
VOdyssée  les  morceaux  qui  leur  convenaient  et  de  les 
réciter  dans  l'ordre  qui  leur  plaisait.  Solon  les  obligea  à 
une  succession  régulière,  «  de  telle  sorte  que  chacun 
d'eux  commençât  au  point  oii  le  précédent  s'était 
arrêté''  ».  Cela  revient  à  dire  que  les  deux  épopées 
devaient  être  chantées  d'un  bout  à  l'autre,  sans  transpo- 
sition, ni  lacune.  Mais  un  tel  règlement  n'était  évidem- 
ment applicable  qu'à  la  condition  qu'on  possédât  un 
texte  officiel  de  VIliade  et  de  YOdyssée.  C'est  ce  que 
comprit  Pisistrate  :  il  chargea,  dit-on,  une  commission 
spéciale  d'établir  le  texte  authentique  des  poèmes  homé- 
riques'". Cette  commission  convoqua  sans  doute  les 
meilleurs  rhapsodes  et  écrivit  sous  leur  dictée  :  son  tra- 
vail personnel  se  borna  à  attribuer  à  ces  épisodes  déta- 
chés une  suite  régulière,  et  à  supprimer  ou  à  concilier 
les  divergences.  C'est  à  cet  exemplaire  officiel  d'Homère 
que  les  rhapsodes,  dans  leurs  récitations,  durent 
désormais  se  conformer.  Après  Pisistrate,  son  fils  Hip- 
parque  prescrivit  que  les  poèmes  homériques  seraient 
récités  dans  toute  leur  étendue  par  les  rhapsodes  aux 
Panathénées  :  usage  qui  subsistait  encore  au  iv"  siècle 
[PANATHENAIA,  p.  308]".  Sur  les  conditions  extérieures  et 
sur  la  mise  enscè  ne  de  ces  représentations  rhapsodiques, 
l'/on  de  Plafonnons  a  conservé  des  détails  intéressants. 
Le  rhapsode  se  présentait  au  public  en  grand  appareil 
'^ciTHAROEDUs,  p.  1216],  vêtu  d'une  robe  éclatante,  la  tête 

homérique  du  mot  iàuTtiv)  "  compositeur  de  cliauts,  poète  ",  ou  autre  chose  encore  ? 
Contre  ces  deux  étymologies.  du  reste,  la  même  objeciion  se  dresse  ;  on  ne  s'expliqi'e 
pas  la  transformation  du  -  en  ^.  Voir  Maurice  Croiset,  Littér,  gr.  I,  p.  391,  n.  t. 

—  2   Herod.   V,  67.  —  3  M.   Croiset,  Littur.   gr.  I,  p.   391  sq.  —  *  JVeni.  Il,  1. 

—  3  Herod.  V,  67.  —  6  Plat.  Ion.  530  A.  —  7  Max.  Tyr.  X.IIII,  5  ;  Schol.  ad  Pind. 
Nem.  II.  1.  —  8  0.  1,  2,  57.  .Nous  suivons  rinterprétation  de  M.  Croiset,  0.  l. 
p.  394.  —  5  Diog.  Laert.  L.  1.    :   îrou    0   itf^To;  ti.r,U-,   i>!rti»  «çyioSm  tilv  l/di»tvoï. 

—  10  Cic.  Ve  oral.  III,  34  ;  Acl.  Hist.  mr.  XIII,  14  ;  Pausan.  Vil,  26  ;  Liban.  Socrat. 
apol.  t.  III,  p.  25  Reiskc;  Anthol.  gr.  (Jacobs),  t.  IV,  p.  186;  Suid.  5.  v.  'O^f»!  ; 
Euslath.  urf  Iliad.  I,  v.  1  cl  X,  v.  I.  Voir  Wilamowitz,  Bom.  Cntersuch.  V  part. 
I,  p.  235  sq.  et  Cauer,  Grundfrag.  d.  Bomerkrit.  p.  bO  sq  ;  Sengebusch,  Dissvrt. 
poster,  p.  36-38  (voir  la  bibliocraphik).  —  n  [Plat.J  Hipparcti.  p.  22S  B  : 
'lïirtâj/.b»  oç    r,vivxRffe  T'.Ù4    fa<î*';,5oùç    IlavaOr.vtti'o;;  U    ûitoX/,iE,u-  £=£;?;;    aÙTi     Stirf.i, 


HHE 


—  862   — 


RHE 


ceinte  dune  couronno  d'or,  et  récitait  du  liaut  d  une 
tribune  ^âvwesv  i:Tb  toO  îir,u.i-o;)  '.  Sa  déclauuilion  passioa- 
nce,  sa  inimique  expressive  faisaient,  dit  Platon,  frémir 
et  pleurer  les  vingt  inille  spectateurs  assemblés  -.  La 
rhaitsodique  de  celle  époque  est  vraiment, comme  l'im- 
pliquent, du  reste,  plusieurs  expressions  d'Aristole',  une 
partie  de  V/iypocrith/ue.  Par  d'autres  côtésaussi.  notam- 
ment par  leur  vanité  et  leur  sottise,  les  rhapsodes  méri- 
taient d'être  comparés  aux  comédiens*.  Entendu  de  cette 
façon  dramatique,  l'art  des  rhapsodes  continua  à  se 
produire  sur  les  théâtres,  bien  au  delà  de  l'époque 
classique,  à  la  cour  des  Ptolémées  et  jusqu'à  l'époque 
romaine".  0.  Navarre. 

lUIK.V    CYBELEj  I,  p.  1677  sq. 

HIIEA  SILVIA.  —  La  mère  de  Romulus  el  de  Rémus 
[homlus:  mars,  p.  1613;.  Le  nom  de  Rhea  signifierait  la 
..  consacrée  •-  [rea  voti)  el  désignerait  clairement  sa  qua- 
lité de  vestale'  ;  le  gentilice  Silvia  la  rattache  aux  familles 
albaines.  Bien  que  mise  au  rang  des  déesses  par  son 
alliance  avec  le  Tibre-,  Rhea  n"a  été  l'objet  d'un  culte  ni 
à  Rome,  ni  dans  les  provinces'.  La  plupart  des  monu- 
ments figurés  suivent  la  version  rapportée  par  Ovide*. 
Mars  descend  d'une  hauteur  vers  Rhea  endormie  °  : 
quelquefois,  il  plane  horizontalement  au-dessus  de  la 
Vestale  ;  mais,  généralement,  les  artistes  ont  renoncé  à 
rendre  visible  le  vol  du  dieu'.     G.  .Nicole. 

RHED.\,REDAou  RAEDA'.  —Voiture  d'origine  gau- 
loise -,  de  bonne  heure  adoptée  par  les  Romains  \  C'était 
un  char  à  quatre  roues  *,  fortement  construit  et  capable 
de  porter  de  nombreux  voyageurs  et  une  charge  considé- 
rable. Des  constitutions  impériales  en  fixent^  à  mille 
livres  le  maximum  ;  à  huit  ou  dix,  selon  la  saison,  le 
nombre  de  chevaux  ou  de  mulets  qui  peuvent  y  être 
attelés.  Mais  il  n'est  là  question  que  des  transports 
publics  [ciRSis  PUBLicis^  '.  Ces  réglementations  jugées 
nécessaires  au  Bas-Empire  ne  s'appliquent  pas  à  toutes 

I  5Î5  D-E.  —  î  lliiil-  —  '  flf"^'-  m.  I,  p.  1M3  à,  U04  a;  Poet.  26,  p.  I46Î 
a.  —  *  Xenoph.  Mem.  III,  i.  10;  Plut.  De  garrul.  îî:  Plal.  Ion,  passim. 
—  5  Alhcn.  Xll,  538  E;  XIV,  c.  12;  Plul.  Quaest.  comii:  IX,  1,  i;  Corp.  inscr. 
gr.  1563-1587.  —  Bibliograpuie  :  J.  Kreuzer.  Uomerische  Rhapsoden.  Kôln,  1833: 
Silisch,  De  rhapsodis  aelatis  atlicae,  Keil,  1635;  S.-F.  Dresig,  De  rhapsodis, 
Lips.  ;  Wolf,  Proleg.  ad  Bomerum,  p.  96  sq.;  Welckcr,  Der  epische  Cyclus- 
p.  338  sq.  ;  Scngebuscb  (en  I6lc  de  l'Iliade  et  Odyssée  de  Ci.  Dindorf.  Teubner),  Dis- 
sertât, prior,  p.  91.  lis,  li' ;  Disstrl.  poslerior,  p.  30-38;  Maurice  Croisel, 
Lillér.  grecque.  1,  p.  391-398. 

RIIEA.  t  Pour  la  Rhea  grecque,  les  texles  sont  réunis  dans  Farnell,  Cuits  of 
the  greek  States,  1907,  III,  p.  379  sq.  :  nous  donnons  ici  ceux  qui  nonl  pas  été  cités 
dans  l'article  cïbele. répartis gcograpUiqucmenl  :  Ampliipolis,  Rail.  corr.  hell.  !S94, 
4i3sq.;  Orcbomène.  Corp.  inscr.  Gr.  sept.  I,  3216;  Chéronée.  /bid.  3315,  3378; 
Thcspies  /bid.  1,  1811  ;  Tanagra.  Allien.  Mittheil.  III,  388  sq.  ;  Athènes,  Bekker, 
Anecdol-  yr.  p.  iî9  ;  Hesych.  s.  v.  ■,tXtl{n:  Arrian.  .4nn6.  3,  16,  8  ;  Aescbin.  Ad<. 
Tint.  I  60  :  Demostli.  Adi:  Arist.  A,  §  97  ;  Harpocrat.  s.  r.  jir.tjSo.;  C.  inscr.  att. 
I,  4;  I,  Î73;  î,  607 -.  S.  1J88  b;  i,  1594;  3,  Î062  ;  Muller,  t'ragm.  hitt.  graec.  1 
p.  539  ;  Cleilodemos.  Fr.  1  ;  Arch.  An:eig.  1895.  p.  1S9  ;  Alh.  .Uillheil.  1896,  p.  275  ; 
Pagai  (Mégarc),  Head,  Hist.  num.  340;  Corintbe,  Pausan.  i,  4.  7;  Head,  Bist. 
num.  330;  Hermione,  Head,  370:  Epidaurc.  'E=r.;».  'Ao^.  1883, 151  ;CaTTadia5,  Fouil- 
le» dEpH.  a'  64;  Sparte,  Paus.  3, 12.  9;  Akriai,  Athen.  Mittheil.  II,  329  :  Arcadie, 
Akekesion,  F'aus.  s,  37,  1  ;  Mont-AIpliée.  Dio  Chrjs.  Orat .  1,  60-61  R  ;  Mont  Azanion. 
Lact.  Plac.  ad  Slat.  Theb.  4,  292;  Asea,  Paus.  8,  44.3;  Megalopolis,  Paus.  8,  30,4: 
Olrhipic,  Schol.  Pind.  Olymp.  3.  10;  Messénie,  Paus.  4,  31,  6,  4,  31,  9;  Délos,  R. 
corr.  hell.  1882,  p.  500,  n.  22;  cf.  a'  25.  Paros.  Alh.  Milth.  1901,  160,  162;  Cbios, 
R.  corr.  h.  1S79,  234;  Samolhrace,  Arcli.  An:.  1893,  130;  Head,  Bisl.  num.  226; 
Lesbos,  Coate,  Lesbos,  10  ;  Classical  fleview,  1902,  290;  Cos,  Paton  et  Hicks,  /nscr. 
33;  Arch.  An:.  1891,  176,  44;  Pliaeslos,  ifusco  Italiano,  111,  736;  Athen.  Mitth. 
1893.  27 i,  1894,  290:  Chypre,  Ohticfalscb  Ricbter.  Die  anliken  Kultuslâtlen  auf 
Kyprot,  ll5;B)Tance,  Hesych.  Miles. /^raj m.  ;  Muller,  Frag.  hisl.  gr.  4.  p.  149; 
Zosim.  JVor.  Bist.  i,  31;  Rôm.  .Milth.  1899,  8  ;  Héraclée  du  Pont,  Arr.  Peripl.  13; 
Nic.'o,  Conze,  lesbos.  45,  19  ;  Nicomédic.  Plin.  Epist.  10,  58  ;  Phrygie,  Joum.  of 
hell  ttiid.  5,  245;  Platon,  Euthyd.  227  D;  Cyzique,  Apoll.  Kbod.  Argon.  1.  1092, 
1117,  134  sq.:  Schol.  1126;  Paus.  8,46.  4;  Plakia.  Head.  Bisl.  num.  465; 
Pessinontc,  Herod.  1,  80;  Plul.  Marias,  17;  Anlhol.  Pal.  3,  51;  Polyb.  22, 
20;  Atli.  Milth.   1897,   38;   Paus.    1,  4,  5;  Lydie,  Lucian.    Tragoedopoda,  30 , 


les  redae.  ni  à  leur  usage  en  tous  temps.  Il  en  est  fait 
mention  dès  le  temps  de  la  République  '. 

Ce  qu'on  peut  retenir  des  témoignages  plus  anciens, 
c'est  que  la  reda  était  une  voilure  lourde,  opposée  aux 
voitures  légères  et  à  deux  roues,  telles  que  I'essedim  ou 
le  cisii'M*;  qu'elle  pouvait  être  de  capacité  et  de  gran- 
deur dilTérentes  suivant  sa  destination.  Les  particuliers 
en  avaient  de  très  spacieuses  pour  voyager  en  famille  ou 


Fig.  3939.  —  Rheda. 

en  compagnie',  avec  paquets  et  provisions";  d'autres 
étaient  capables  de  fournir  de  longues  courses  rapides; 
il  y  en  avaitaussi  de  louage  \reda  iiierituria)^'.  Le  nom- 
bre des  bétes  de  traits  variait  également'-.  Ces  véhicules 
étaient  sans  luxe.  .\lexandre-Sévère  permit  aux  sénateurs 
de  faire  couvrir  d'argent  celles  dont  ils  se  servaient", 
comme  ils  faisaient  déjà  pour  la  carrlxa,  leur  voi- 
ture d'apparat.  Celle-ci  était  découverte;  la  l'eda  sans 
doute  l'était  aussi.  On  la  garnissait  de  banquettes 
[sedularia]  et  de  couvertures  -tapefia  vel  lintea  '*).  Le 
jurisconsulte  Paul,  qui  les  nomme,  range  dans  le  mobilier 
la  r/ieda  et  les  sedularia  ;  il  en  distingue  les  couvertures 
qu'il  considère  comme  faisant  partie  du  bagage  du 
voyageur,  aussi  bien  que  les  pelles  qui  enveloppent  les 

Anthol.  Palat.  6,  324;  Mont  Sipyle,  Alh.  Milth.  1887,  253;  Sardes,  Plul.  Themisl. 
31;  Pergame,  FrSnkel,  Inschrift.  334,  481  ;  AncyTe,  Joum.  of  hell.  slud.  1902.  191; 
Teninos, /oum.  hell.  slud.  II,  291;  MjTina,  Arch.  Anz.  1892,  106  ;  Smyme,  Rril. 
Mus.  cal.  of  Coins,  lonia.  pi.  xxv,  j;  Erythrée,  Slrab.  645;  Dittenberger,  Syllogei. 
II,  600,  1.  lOC;  Tralles,  Slrab.  p.  440;  Téos.  Arch.  epigr.  Mitth.  1883,  180,  37; 
Telmesse,  Joum.  hell.  slud.  1896,  234:  Ephèse,  Rril ish  Muséums  Jnscr.  III,  secl. 
2.  p.  205;  Slrab.  040;  Plul.  Them.  30;  Laodicée,  Alh.  Milth.  1888,  237;  Olbia, 
Lalyschef,  Inscr.  Pont  Eux.  I.  n"  107  ;  Panlicapée,  Corp.  inscr.  gr.  add.  2017  b.  La 
bibliographie  récente  dans  Frazer,  Adonis,  -ittis,  Osiris,  1906,  165  sq. 


i 


RHEA  SILVIA.  1  Virg.  Aen. 
Rôm.  Mythot.  .11,  345,  n.  1  et  I, 
—  2  Pour  la  divinisation  de  Rhea 
0.  c.  I,  95  :  elle  participe  à  l'imi 
II,  376,  n.  1  el  377,  n.  2.  —  3  Le  t 


137;  Macrob.  III,  2.  6;  cf.  Preller-Jordan, 
13  :  Wissona,  Religion  der  Rûmer,  320,  n.  3. 
ar  sa  cbule  dans  le  Tibre,  cf.  Preller-Jordan. 
rtalilé  des  di  indigeles  :  cf.  Rohde,  Psyché^, 
Il  de  Rhea  ne  ligure  pas  dans  la  statistique  très 
complète  des  documents  épigraphiques  dressée  par  M.  Marrochio.  Rei.'.  archéol. 
1907,  I,  270  sq.  —  *  Fasti,  III.  V,  11  sq.  Les  textes  sont  réunis  par  Preller-Jordan: 
O.  c.  II,  347  sq.  —  ô  Juï.  XI,  106.  Voir  mars,  p.  1623,  notes  8  el  9.  —  6  Cf.  Rôm. 
Millh.  X,  1893,  pi.  V,  224  sq  :  Ostervald,  Das  rômische  Denkmal  zu  Igel,  pL  rv  ; 
Robert,  Die  anliken  Sarcophagreliefs,  III,  227  sq.  ;  Strong,  Roman  sculpture, 
1907,  pi.  iisu,  p.  239.  —  BiBMOCRAFBiE  :  Preller-Jordan,  Rômische  Mythologie,  1881- 
83  (voir  VIndej:);  Mélanges  de  l'Ecole  française  de  Rome,  1903,  43  sq.  el  Appen- 
dice, 1.  p.  79  (Maynial);  G.  CosU,  Rivista  di  sloria  antica,  XI,  1907,  fasc.  2,  Rhea 
Silvia  el  Tia  ISiîa. 

RHEDA,  REDA.  1  Sur  ces  noms  voir  Revue  de  Cinstruclion  publ.  en  Relgique, 
1864,  p.  56;  1867,  p.  390.  —  2  Quintil.  Or.  1,  3,  37  et  68  ;  Yen.  Forlun. />oem.  III, 
17  (22);  Cic.  f.  il/i/on.  X,  28;  XX,  54.  —  3Cic.  Ad  Alt. 1,1.  1;  VI,  1,  m /Snc  ;  Varr. 
R.  rust.  Il,  7,  13;  III,  17,  7;  Id.  ap.  Non.  p.  107,  25;  Suel.  Caes.  37.  —  »  Isid. 
Or.  XX,  12.  —  J  Cod.  Theod.  VIII,  5,  8,  17.  28,  30,  47.  —  6  Ajouter  l'art,  cobsus 
pcBLicL's  de  Scek,  dans  la  Realencycl.  de  Pauly-Wissowa.  —  7  \'oir  notes  2  el  3. 

—  8  Cic.  Phil.  Il,  24;  Pro  Mil.  28.  —9  Ibid.  el  Juvcn.  III,  10  :  tola  domus  reda 
componitur  una  ;  Mart.  III.  47  :  plena  in  reda  omnes  beali  copias  Irahens  ruris. 

—  10  Suel.  Caes.  57  ;  Hor.  Sal.  1,  5,  85.  —  Il  Suel.  i.  /.  ;  cf.  Calig.  39.  —  12  II 
pouvait  y  en  avoir  vingt  cl  plus,  Liban.  Or.  V.  569  ;  deu\  ou  quatre,  attelés  par 
piire {duplex  bijugum),  suflisaient  ordinairement  :  Ven.  Fort.  L.c.  ;  Gell.  XIX,  13, 
5;  cf.  Sulp.  Sev.  Dial.  II,   3;  SchelTer  De  re  vehiculari,  Francf.   1671,  p.  347. 

—  ISLampr.  Al.  Sev.  43.  —  H  Dig.  XXXIII,  10,  4  el  3. 


RUE 


863  — 


RHO 


effets  et  les  courroies  qui  les  attachent.  11  sejnble  donc 
que  les  tnpetia  et  lintea  dont  il  parle  soient  des  toiles 
ou  des  bâches  que  Ton  étendait  seulement  quand  il  fal- 
lait se  mettre  à  l'abri  du  mauvais  temps. 

Nous  croyons  reconnaître  une  veda  dans  le  char  à 
bancs  découvert,  à  quatre  roues  et  à  quatre  chevaux, 
d'ailleurs  simple  et  sans  ornement,  que  représente 
(fig.  5939)  un  bas-relief  trouvé  près  de  Langres  '.  Les 
personnages  qui  y  sont  assis  sont  vêtus  de  \a /acerna 
ou  paenula  cuciillata  des  voyageurs.       E.  S.\i.lio. 

RHKDARIUS.  —  I.  Conducteur  d'une  rhedfi'.  — II.  Fa- 
bricant de  r/iedae-  [rhed.\\ 

RHEXO.  —  Manteau  de  fourrure.  Le  renne,  animal 
plus  répandu  en  Europe  autrefois  qu'il  ne  l'est  de  nos 
jours,  a  donné  son  nom'  aux  vêtements  que  se  faisaient 
de  sa  peau  les  peuples  habitant  les  contrées  du  Nord,  et 
ce  nom  s'est  étendu  sans  doute  à  des  vêtements  sem- 
blables faits  de  la  dépouille  d'autres  bêtes".  Le  rheno 
est  attribué  aux  Germains •'  et  aussi  aux  Gaulois*.  Les 
Romains  l'adoptèrent  comme  pardessus  contre  le  mau- 
vais temps.  C'était  un  manteau  garni  de  poils  épais  et 
impénétrable  à  la  pluie,  qui  couvrait  les  épaules  et  des- 
cendait par  devant  jusqu'au  milieu  du  ventre'.  On  a 
essayé  de  le  reconnaître,  mais  sans  preuves  suffisantes, 
parmi  les  costumes  de  Barbares  représentés  sur  les 
colonnes  de  Trajan  et  de  Marc-Aurèle.     E.  S.\glio. 

RHETOR  ^OKIM.ASIS,  p.  39^  sq.,  edl'catioI. 

RHÉTRA  ('P/iTpa).  —  Dans  Homère',  ce  mot  signifie 
convention,  pacte,  accord,  et  il  se  retrouve  avec  le  même 
sens  dans  divers  dialectes,  notamment  à  Chypre-,  sous 
la  forme  Fç^r^TOi,  avec  chute  du  second  p  et  à  Olympie,  sur 
la  fameuse  plaque  de  bronze  du  Brilish  Muséum',  qui 
porte  comme  titre  :  i  psirpi  toTo  ^xlsioiç  xai  -o'.ç  'Esp^^'^'Ç 
(traité  entre  les  Éléens  et  les  Héréens).  Mais  en  Élide  le 
mot  a  certainement  eu  aussi  le  sens  de  loi,  comme  le 
prouvent  d'autres  textes  épigraphiques  *  et  les  deux 
significations  reparaissent  dans  la  littérature  postérieures 
Cela  semble  indiquer  que  le  sens  primitif  devait  être  sen- 
tence, précepte,  décision. 

A  l'époque  classique,  le  mot  rhétra  est  d'ailleurs  em- 
ployé surtout  pour  désigner  les  lois  de  Sparte,  dont  les 
principales  remontaient,  suivant  la  tradition,  jusqu'à 
Lycurgue.  Citées  déjà  dans  tin  fragment  de  Tyrtée  °,  ces 
rhêtrai  nous  sont  connues  surtout  par  Plutarque^  qui, 
directement  ou  indirectement,  a  puisé  dans  Éphore,  dans 
Aristote  et  dans  Ilermippe',  et  qui  croyait  avec  les  an- 
ciens, que  Lycurgue,  dans  leur  rédaction,  avait  été  inspiré 
par  l'oracle  de  Delphes  ïl.\ced.\ejioniorum  respublica]. 
Cette  tradition,  généralement  adoptée  par  les  historiens, 

'   /(«■.   Archéol.    XI,  IS34.  pi.  ccxxxvi. 

RUEDARICS.  1  Cic.  Pro  Mil.  10.  —  2  Capiloliii.  Max.  et  Balb. 

RHE.NO.  1  Inicrpr.  Ad  Cncs.  Bibl.  Gall.  VI,  2:J  :  'P/i.u.  x./wi.|iflvù,.  ;„■,«,.  S.sua,-.. 
IvSviovTai  :  Aimon.  Gest.  Franc.  \,'i:  Bhenonum.  id  est  nomen  aninialis,  tegumentis; 
Isidore,  Or.  XIX,  23,  i,  faisait  venir  le  nom  de  celui  du  Rhin.  Rhenus.  —  2  Scrv.  Ad 
Georg.  III,  3S3  ;  cf.  Sid.  Apoll.  Ep.  in.  _  3   Caes.  L.  c.  ;  Sallusl.  ap.  Isid.  L.  c. 

—  *Varr.  Ling.  lut.  V,  107.  —  ô  Isid.  L.  c. 

RUÈTRA.  1  Od.  XIV,  3'J3.  —  2  Collilz,  Sammt.  Griech.  Dial.-Inschr..  t.  I,  n«  60  ; 
II,  2t',29  :  cf.  Hoilmann,  Griech.  Diatekte,  I,  p.  275.  Cf.  aussi  Hesyeli.  Plioiius  cl 
Suidas,  s.  v.  —  •'•  .Michel,  Becueil,  1  =  Dillenbcrgcr,  Inschr.  von  Olympia,  n»  9,  cf. 
p.  795.  Voir  aussi  .Michel,  flec.  2.  —  t  Michel,  «y;,  cit.  194-01195.  -5  Èlien.Var.  /lisl. 
i,  7.  l'emploie  dans  le  sens  de  convention.  Xénopbon,  Cyr.  I,  6,  33  et  Anab.  VI,  6, 
28,   dans  celui  de   loi.  Dans   Lucien,    Toxar.    35,  il   sigaiGe   simplement   parole. 

—  SBergk,  foet.  Lyr.  Gr.  4»  éd.  Il,  p.p.  8-i2.  —  T  Lycurg.i;  De  re  publ.  sen. 
ger.  lu;  Diodore  (VII,  fr.  13)  cite  aussi  les  vers  de  Tyriéc.  —  8  Fliigel,  Die  Quellen 
Plutarclia  im  Leben  des  Lykurgos,  Marbourg,  1870.  —  9Trieber,  Forscli.  :ur 
tparl.  Verfassungsgcsch.  Berlin,  1871  :  Ed.  Sleyer,  Forschungen,  1,  p.  2i;3  sq.; 
Wilamowitz-Moellendorir,  Mom.    Unters.  p.  280  sq.  —   Biblioimiaphif..   Goetlling, 


a  été  combattue  par  quelques  savants  modernes'',  qui  ont 
été  jusqu'à  nier  l'existence  de  Lycurgue  et  à  assigner  une 
date  très  récente  aux  textes  cités  par  Plutarque.  Il  ne 
nous  est  pas  possible  d'entrer  ici  dans  le  détail  de  cette 
controverse.  Nous  indiquerons  simplement  qu'une  réac- 
tion très  nette  contre  les  conclusions  de  l'hypercritique 
sur  ce  point  se  marque  dans  les  travaux  de  Tôpffer  et  de 
MM.  A.  Bauer  et  J.-H.  Lipsius.     Ch.  Michel. 

RHIEIA('Pie!a).  — Lafêtedes/?/r/e(a  est  attestée  par  un 
texte  de  Plutarque'  et  une  inscription  de  Sicyone -.  Elle 
était  célébrée  au  promontoire  de  Rhion,  sans  doute  en 
l'honneurde  Poséidon ',  et  comportait  un  sacrifice  et  une 
panégyrie  *,  ainsi  que  des  jeux  gymniques  ^     Em.  Caiie.n. 

RllODI  AS,  RHODIAKÈ  (  "PoSiâ;,  'Poîitxx/,,  s.  e.  cpiiX-r,).  — 
Vase  en  forme  de  coupe;  c'est  une  des  nombreuses  va- 
riétés de  la  xiJÀi;  '  [cALixj.  On  en  fait  mention  aussi  dans 
les  inscriptions,  où  il  est  spécifié  que  ce  vase  a  un  pied 
et  des  anses-.         E.  P. 

RIIOMBUS  (  'PdaSoî,  pû^uÇo;,  t30/o;,  Tpoy  t'ixo;).  —  Le  nom 
de  rhombe,qui  est  en  géométrie  celui  d'un  corps  composé 
de  deux  cônes  réunis  par  des  bases  égales',  a  été  donné 
à  divers  objets  se  rapprochant  de  cette  forme  qui  les  rend 
plus  aptes  à  tourner  (ps;ji?o>):  tels  une  quenouille  ou  un 
fuseau  [fiscsj,  une  toupie  [turboj.  De  même,  le  treuil 
autour  duquel  s'enroule  la  corde  qui  sert  à  tirer  les 
seaux  d'un  puits,  au  lieu  d'être  cylindrique,  est  renflé 
en  son  milieu  et  aminci  vers 
ses  extrémités,  dans  quelques 
représentations  antiques  [pu- 
TEUS,  fig.  3695]. 

11  semble  qu'une  idée  su- 
perstitieuse ait  été  attachée  par 
les  anciens  au  mouvement  de 
rotation  que  cette  forme  facilite. 
En  Italie,  dans  les  campagnes, 
il  était  défendu  aux  femmes,  au 
temps  de  Pline  -,  de  se  prome- 
ner sur  les  chemins  en  faisant 
pirouetter  leurs  fuseaux  :  on 
croyait  qu'elles  pouvaient  par 
là  compromettre  le  succès  des 
récoltes.  Le  mot  rhombus  se 
rencontre  surtout  employé  par  les  auteurs  pour  dési- 
gner un  instrument  de  sortilège.  Des  peintures  de  vases 
grecs  nous  montrent  en  quoi  il  consistait.  C'est  une 
petite  roue  munie  d'un  double  cordon,  qui  rappelle  un 
jouet  autrefois  à  la  mode,  variété  du  «  diable  »  ;  les  cor- 
dons qui  la  traversent  eu  s'enroulant  et  se  déroulant 
tour  à  tour,  quand  on  en  tire  les  extrémités,  lui  impri- 

Ueb.  die  fier  Lykurg.  Rhetren,  dans  Gesamm.  Abha'idl.  Halle,  1851,  1,  p.  317 
SI).;  Bazia  de  Bezons,  De  Lyrurgo,  Paris,  1885;  Bouché- Leclercq,  Bist.de  la 
Divin.  I,  p.  3CI  sq.  III,  113;  Wilamowitz.  ffomer.  Unters.  Berlin,  1884,  p.  2so 
s*!-  ;  Hermann-Tbumser,  Lehrb.  der  griech.  .\ntiquit.  1889,  I,  p.  148  sq.  ;  Atlinger, 
Essai  sur  ii/curyue,  Neuchàlel,  1892;  Ed.  Meyer,  Forsch.  :ur  allen  Gesch.  Halle, 
1892, 1,  p.  203  sq.  ;  Busoll,  ùrietA.  Geschichte,  i'  (■(!.  Gotha,  1893,  I,p.  51 1  sq.; 
Bussou,  Lykurgos  und  die  grosse  Hhetra,  Inspruck,  1 887  ;  Gilbert,  Bandb  der 
griech.  Staatsalt.  2»  éd.  Leipzig,  1893,  I,  p.  8  ;  Schœmann-Lipsius,  Griech.  Altert., 
Berlin,  1897,  I,  p.  22S  sq.  ;  TôpOcr,  OeitT.  zur  griech.  Mtertumsw.  Berlin,  1897, 
p.  347  sq.  ;  Bauer,  Forsch.  zur  griech.  Gesch.  Munich,  1899,  p.  103. 

RHILIA.  1  Plularch.  Sept.  sap.   cmv.  p.    162  E.  —  2  Jnscr.  Argol...  n.  428. 

—  3  CL  Niisson,  Griech.  Fest.  p.  S4.  —  4  CL  Plut.  Jbid.  —  5  CL  Jnscr.  Argot  .. 
ibid. 

RUODIAS,  RHODIAKÈ.  I  Alhcu.  XL  90,  p.  496  ;  cL  Kraui^c,  .Ingeiotogie,  p.  373. 

—  2  Bull.  eorr.  hell.  Vl,  p.  HO;  Vil,  p.  112,  115,  119.  Uu  dit  aussi  -.^Siax!.  (s.  c. 
noriç.ov);  ibid.  VII,  p.  109. 

RHOMBCS.  I  Archimed.  De  sphuera  el  cylindre.  —  2  Plin.   Uist.  nat.  XXVIII, 


Fig.  5940.  —  Eros  jouant  ; 
rhombus. 


RHO 


861  — 


RHO 


ment  par  li^ur  torsion  un  mouvement  rapiiio  qui  la  fait 
ronder  et  siffler  '.  La  position  des  mains  est  rlairemenl 
indiquée  dans  plusieurs  peintures  (fig.  5940;  cf.  fig. 
-48G2)-,  où  l'on  voit  la  roue  mise  en  mouvement;  on  en 
dislingue  mieux  les  détails,  le  bord  perlé  ou  dentelé,  les 
rais  ou  les  cercles  concentriques  qui  en  remplissent, 
le  tour  dans  celles  où  elle  est  ligurée  au  repos  ^  (tig.  5941). 
S'il  s'agit  d'un  simple  jeu  peut  être  dans  (juclques-unes 
des  scènes  ainsi  représentées,  il  n'est  pas  douteux  que 
dans  d'autres  on  a  voulu  rappeler  le  sortilège  dont  usaient 
les  femmes  ou  les  magiciennes  auxquelles  elles  avaient 
recours ,   croyant    par    le    tournoiement     du    rb.ombe , 


Fig.  5S41.  —  Le  rhombiis  elViynx. 

accompagné  de  paroles  ou  d'incanlalions ,  pouvoir 
appeler  à  elles  des  plus  grandes  distances  un  amant 
rebelle  '. 

Le  r/iombw^  est  aussi  appelé  iijnx('iu-;l).  Ce  nom  désigne 
tantôt  l'objet  dont  il  vient  d'être  parlé,  tantôt  un  oiseau  ^ 
lynx,  fille  d'Écho,  avait  été  changée,  disait-on,  en  cet 
oiseau  par  Héra,  qui  voulut  la  punir  d'avoir,  à  l'aide  de 
philtres,  détourné  vers  lo,  ou  vers  elle-même,  l'amour  de 
Zeus.  Après  sa  métamorphose  elle  gardait  pour  con- 
traindre les  cœurs  un  pouvoir  dont  la  magie  s'empara  en 
l'ajoutant  à  celui  de  la  roue".  "luy;  est  devenu  dans  la 
langue  courante  un  nom  commun  appliqué  à  tout  ce  qui 
a  le  don  de  séduire  eî  d'entraîner,  au  charme  de  la  parole 
ou  de  la  poésie  aussi  bien  qu'à  l'attrait  de  la  beauté  et 
aux  incantations''.  Il  est  possible  que  l'oiseau  et  le 
rhombe  ne  soient  dans  beaucoup  de  peintures  que  des 
symboles  assez  vagues  des  enchantements  de  l'amour, 
mais  dans  quelques-unes,  leur  signification  est  précise  : 
par  exemple  lorsqu'on  voit  la  roue  mise  en  mouvement 
par  une  jeune  mariée  ou  par  une  des  femmes  qui  font 


I  Arcliylas.  ap.  H.  Slcph,  Thcs.  s.  v.  el  Muineke,  Corn.  gr.  frng.  p.  160 
Didol.  —  2  Vase  du  Brilish  Muséum;  Wallers.  Catalog.  IV,  F  iii  ;  de  même 
Tisclibein,  Engravings,  IV,  pi.  x  ;  (Comptes  Tendus  du  la  commiss.  nrchéol,  de 
Pélersbourg,  186J,  pi.  x;  Slackelbcrg,  Griïber  der  Betlen.  pi.  xlv,  2;  Gerhard, 
Etrusk.  Spiegel,  pi.  cccixviii;  cf.  3ir, ;  Milani,  itonum.  scelti  di  Firenze,  pi.  t. 

—  3  Dubois-Maisonneuie,  Introd.  à  t'iUude  des  vases,  pi.  xl;  Monum.  de  l'Inst. 
areh,  I83C,  pi.  xxx  ;  1837,  pi.  vi  •,  Minervini,  Mon.  ined.  pi.  xvui  ;  voir  la  fig.  941, 
d'après  Milliiigcn,  Peint,  ms.  pi.  slv.  0.  Jalin,  Bericlile  d.  Sù'elts.  Uesellseh.  d. 
WiM.  185*,  p.  156.  —  i  Theocr.  /dyl.  Il,  30;  Luciaa.  Dial.  mer.  IV,  5;  Properl. 
Il,  Ï8,  311  ;  Anthol.  Pal.  v,  205  —  5  Ils  sont  souvcnl  pris  l'un  pour  l'autre.  .Servius 
[Ed.  VIII,  20)  traduit  f»;;  par  turbo  ;  Suid.  s.  v.  fuv;,  clc.  ;  voir  luHbo.  —  6  Schol. 
Theocr.  Il,  17:  Sch.  Pind.  .\em.  Il,  56  ;  Phol.  et  Suid.  s.  i:  Il  y  a  d'autres  versions  : 
vov.  Engctmann,  lynx,  dans  Koscher,  Lexik.  d.  Alythol.  —  "^  Pindar.  Nem.  IV,  55  ; 
Acscli.  Pers.  990;  Xen.  Memor.  III,  II,  17:  Aristoph.  Lys.  1111  :  Suid.  s.  t'.  fu^E. 

—  i  Slackelbcrg,  L,  l.\  Dnmont  et  Ctiaplain,  Ci^ramig.  de  la  Grèce  propre,  pi.  xi. 

—  'i  Mon. ined. deilnst.  :Miuervini,  Waltors,  Milani.  L.c.  Dans  ce  dernier  exemple, 


partie  du  cortège  nuptial  ^^  ^cf.  fig.  4862',  et  quand  elle 
est  mise  dans  les  mains  d'Éros  (fig.  SOW"»  ou  dans  celles 
d  Aphrodite ',  qui,  la  première,  dit  Pindare,  apporta  de 
l'Olympe  aux  hommes  «  l'oiseau  qui  rend  fou,  [xatvaS' 
ïpvtv  »,  et  l'attacha  aux  quatre  rais  de  la  roue'"  Dans  la 
figure  59.il  ",  une  jeune  femme  laisse  pendre  le  rhombe 
immobile;  ses  mains  sont  ciiargées  de  présents;  l'Amour 
la  couronne;  un  jeune  homme,  assis  à  quelque  distance, 
se  tourne  vers  elle  et  saisit  l'oiseau  par  une 
cordelette  attachée  à  sa  patte. 

L'explication  fournie  par  les  vases  peints  y 
concorde  avec  les  termes  dont  se  servent  plu- 
sieurs auteurs  quand  ils  décrivent  la  roue  tour- 
nant sous  l'action  de  fils  ou  de  cordons  [fili, 
licia)  ''^;  d'après  d'autres,  il  semble  qu'on  lui 
donnait  en  la  frappant  l'impulsion  (TrcsioeoEt; 
y.'.v/|g£ii;)  qui  la  faisait  tourner  el  résonner;  on  la 
fouettait  comme  un  sabot  d'enfant  "  (cf.  fig. 
3087).  En  effet,  comme  on  le  verra  ailleurs, 
ce  jouet,  le  turbo,  a  aussi  été  employé  dans 
les  enchantements;  les  noms  turbo,  r/wmbiis, 
po[xêoi;,  pujxêi'ov,  rpo/o;,  Tpo/î(Txtov,  ont  été  pris  sou- 
vent l'un  pour  l'autre. 

Le  mot  rhombe  désigne  encore  un  autre  objet 
ressemblant  à  celui  dont  il  vient  d'être  parlé, 
en  ce  qu'il  tourne  et  qu'il  résonne,  mais  ayant 
une  destination  et  un  aspect  différents.  Des 
auteurs  le  mentionnent  avec  le  tyinpanum 
i.'omme  un  instrument  en  usage  dans  les  mys- 
tères de  Bacchus,  de  Cotytfo  et  de  la  Mère  des 
dieux  '*.  C'est,  dit  l'un,  une  planchette  (<7av:Siov) 
•lue  l'on  agite  en  l'air  pour  lui  faire  faire  du 
bruit'"'  (on  peut  penser  à  une  crécelle);  pour  Fig.sg^. 
d'autres",  il  est  en  bronze,  en  or  ou  même 
taillé  dans  une  pierre  fine.  Sa  forme  n'est  pas 
nécessairement  celle  du  rhombe,  mais  aussi  bien  celle  de 
la  sphère,  du  cylindre;  il  peut  même  être  triangulaire. 
Peut-être  possédons-nous  encore  deux  spécimens  de  ces 
objets  :  l'un  d'eux  (fig.  5942j  est  au  Musée  du  Louvre". 
Comme  on  peut  le  voir,  il  consiste  en  une  boîte  creuse 
faite  de  deux  cupules  rapprochées  par  leur  bord  ;  la  sur- 
face bombée  en  est  ornée  de  reliefs  représentant  de 
chaque  coté  deux  personnages  assis  tenant  des  thyrses. 
Celte  boite  pivote,  comme  le  rhombe,  qu'un  commenta- 
teur appelle  (rtfoipoç  ou  arpétpaXoç",  autour  d'une  lige 
dont  les  bouts  sont  posés  sur  les  branches  d'une  petite 
fourche  placée  au  sommet  d'une  mince  colonnette  ser- 
vant de  manche.  On  devait  donc  tenir  l'instrument  et 
l'agiter  comme  un  sistre  ou  comme  un  hochet  [crepita- 

CULVmI  '\         E.  S.^r.Llo. 


le  rhombe  est  tenu  par  lliméros  ;  cf.  Jahn.  L.  c.  noie  62.  —  »)  Pind.  Pyth.  IV,  214 
et  srhol.  —  "  Milliiigcn,  Peinl.  de  vases,  pi.  xlv.  Voy.  aussi  le  vase  de  Florence, 
Milani,  L.  c.  —  '2  Lucan.  PImrs.  VI,  2,  52,  torti  vertigine  fili;  Ovid.  Am.  I,  8, 
1  :  torto  concita  rhombo  linea  ;  Id.  Fast.  Il,  573  :  cantata  iigat  cum  fusco 
licia  rhomào;  Propert.  VI,  26:  staniinea  rhomhi  ducitur  ille.  rota;  Anth.  pal. 
V,  205:  fj-il...  i»«i»«ij  tf>z'  l'i"»»  SsOtT^a  ;  Hcsych.  fc;;iS<iî...;u)nis.ow  oî  11^7,-ni 
<T;(oivtov,  xa'i  êv  Tat;  Te^£TaTç  SiveTthi.  Ordinairement  le  rombe  est  d'airain  ;  Theocr.  Il, 
30.   —    13   Schol.    Apoll.    Rliod.    I,   1139;    IV.  l-U;    Eusiath.  .irf.  Od.    p.    1387. 

—  U  ApoU.  Rhod.  1139  ;  Diog.  tr.  ap.  Athen.  XIV,  p.  636  A;  Elym.  M.s.v.  fùnSo  ; 
Phot.   et  Suid,  jinSo;  ;  Phalaec.  ap.  Antbol.  t'ai.  VI,  103.  —  13  Etym.  M.   t.  c. 

—  IB  Nicephor.  ad  Synes.  Ue  insomn.  p.  362  ;  Psellns  ad  Orac.  Chald.  ; 
Marin.  Vit.  Procli,  éd.  Boisson.ide,  1814,  p.  \ît  ;  Etym.  M.  l.  c;  Anthol.  Pal.  V, 
205.  —  17  Bull.  Soc.  des  Antiq  de  France,  1899,  Acq,  du  Louvre,  n»  14.  L'au- 
Ire,  peu  ditlércut,  au  musée  de  Berlin  (Jiilirbueh,  1894  Aiicei//.  p,  H7),  Tous  deux 
passent  pour  provenir  de  Corinlhe,  Ils  sont  entièrement  en  bron«e.  —  18  Nicephor. 
L.  l.  —  19    Phalaecus  ap,  An'liol.  L.  t. 


RHO 


—  865  — 


RHY 


RHOMPIIAEA  {'Vo^tfiix)  '.  —  Puissante  arme  d'hast, 
d'origine Ihraco-illyrienne'-,  que  la  Grèce  ne  semble  pas 
avoir  connue  avant  la  période  macédonienne.  Bien  que 
les  mercenaires  aient  dû  répandre  son  nom  jusqu'à 
Alexandrie  dès  le  début  du  m"  siècle,  époque  où  les  Sep- 
tante se  sont  approprié  ce  vocable  pour  traduire  l'arme 
que  leur  dieu  des  Armées  avait  empruntée  aux  héros 
babyloniens  ^  ce  n'est  qu'en  2^21  qu'on  trouve  une  men- 
tion de  la  rhomphaia  rattachée  A  un  fait  historique* 
En  200,  la  grandeur  de  cette  arme  en  rend  l'usage 
impossible  aux  auxiliaires  thraces  de  Philippe  V  engagés 
sur  des  pentes  boisées^,  tandis  que,  en  167,  dans  la  plaine 
de  Pydna,  balancée  sur  l'épaule  droite  des  Thraces  de 
l'avant-garde  de  Persée,  elle  jette  la  terreur  dans  l'armée 
romaine*^.  C'est  alors  qu'Ennius  parait  l'avoir  latinisée 
sous  la  forme  rumpia  dans  des  vers  relatifs  à  la  guerre 
islrique  de  178'',  vers  qui  servirent  sans  doute  de 
modèle  à  Valerius  Flaccus  lorsqu'il  décrit  l'armement 
des  Bastarnes,  peuplade  celtique  qui  avait  pu  adopter  la 
rumpia  pendant  son  long  séjour  en  Illyrie^  L'arme 
semble,  en  efi'et,  s'être  maintenue  longtemps  chez  les 
indigènes  de  cette  région^;  de  là,  elle  fut  introduite 
à  Rome,  d'abord,  avecla  pelle  et  la  xica,  par  les  esclaves 
et  gladiateurs,  tel  ce  Birria  qui  perce  d'un  coup  de 
rumpia  réjjaule  de  Clodius'",  puis,  comme  les  matlio- 
6fl?'6i///,  par  les  légions  de  l'Illyricum".  Delà,  elle  passa 
à  Byzance  où  l'on  trouve  un  corps  spécial  qui  lui  doit 
son  nom  de  rhomphaio phoroi  '-.  Bien  que  de  prove- 
nances si  diverses  ces  textes  s'accordent  pour  décrire  la 
rhotnphaia  comme  une  pique  longue  d'au  moins 
2  mètres  ",  dont  la  moitié  formée  par  une  lourde  lame  à 
deux  tranchants  '*.  Ce  fer,  puissant  et  acéré,  que  Tite- 
Live  et  Isidore  paraissent  identifier  à  la  framée,  devait 
n'être  qu'un  grand  coutelas,  la  harpe  ou  la  sica  des 
Tiiraces,  adapté  à  une  hampe  solide  '°.  Allongée,  la 
hampe  donnait  naissance  à  une  faux  en  forme  de  rhom- 


nbfja.  rapporl.-e  à  la  racine 
,  pique  (cf.  W.  Tomascliek, 
mpjoyée  par  tous  les  auteurs 


RHOMPHAËA.  1  La  forme  originelle  peut  être  )■ 
hrmh.  empoigner,  enfoncer,  d'où  le  sanscrit  ramhh 
Die  allen  Thraker,  II,  i,  p.  18).  La  forme  jo^is»;», 
grecs  (à  l'exception  de  Flutarque,  qui  donne  la  forme  macédonienne  ^^r^^LZ<^la),  est 
due  à  des  assimilations  tentées  par  tes  lexicographes,  soit  avec  fà}*soî,  ôahoïî, 
couteau  recourbé,  croc,  soit  avec  ^o;xÇo;,  po;i.Siw,  ^oj^çi^w,  ce  qui  tournoie,  soit  avec 
pÔTCTj,  foT:ài<7.,  ^d-Tfo'.,  marteau,  massue.  Les  Latins  ont  transcrit  rhomphaea, 
Tompkaea  ou  rumphaea,  sauf  Ennius  (suivi  par  Tite-Live,  Valerius  Flaccus  et 
Ascunius)  qui,  sans  douf-   par    rapprochement  avec    Tumpere,   a    écrit   rumpia. 

—  2  Outre  les  faits  indiqués  ci-dessus  cf.  Gell.  X,  i5  ;  genus  teli  thracicae 
nationis  ;  Hesych.  s.  v.  ôp«»iov  à^uvxoçtov  ;  Eustath.  p.  947,  30.  —  3  La  lance  que 
tiennent  à  la  main  Mardouk  ou  Izdubar  ou  qui  leur  sort  de  la  bouche,  symbole  de 
l'éclair,  devient  la  ^oixçaîa  Iv  8t;iS  ou  èx  tou  «jTdjtaToç  du  Dieu  de  l'Ancien  Testament 
{Gen.  111,  2i;  Ex.  V,'»!  ;  EccL  XXI,  4,  XXVI,  27;  1er.  XLl,  lî;  Ez.  XXI,  9) 
et  de  l'Apocalypse  (I.  16;  IL  12,  16  ;  VI,  8  ;  XIX,  15  ;  XXI,  2).  Arme  divine,  elle 
devient  lance  de  feu,  çÀovfviri  çonça^a,  entre  les  mains  de  Jalivèh  (Prudent,  Cath. 
Vil,  93;  Peristeph.  V,  189)  ou  de  l'archange  Michel  (Diouys.  Areop.  Episl.  9, 
p.  323;  Hier.  Epist.  31,  5;  Léo  M.  Serm.  OC,  3;  Nicetas,  p.  309;  sur  la  ruwphea 
ignifera  cf.  Jlliein.  Mus.  1907,  159).  A  ce  titre,  la  rlto^.pliaia  doit  avoir  des 
dimensions  prodigieuses  qui  la  désignent  pour  être  l'arme  que  Joséplie  {Ant.  Jud. 
VL  12,  4;  VIL  12,  1)  donne  aui  géants  que  tue  David,  Goliath  et  Akmon;  cnQn, 
au  sens  symbolique,  rhomphaia  paraît  avoir  pris  l'acception  de  pointe,  extrémité, 
fon.aîei  Tii;  .W/ti  (Luc.  11,  32);  toî  'Aivou  (Waltz.  Rnet.  I,  p.  633,  2.5].  —  ^  Plut. 
Cleom.  26.  C'est  probablement  en  racontant  l'usage  que  Cléouiène  fit,  devant  Argos, 
de  faux  en  forme  de  rhomphaia,  que  Phylarque  faisait  mention  d«  ce  terme 
[Fragm.  hist.  gr.  1,  p.  352).  —  5  T.-Liv.  XXXI,  39.  —  6  plul.  Aem.  18  ;  cf.  Liv. 
XLIV,  40.  —  7  Ennii  fragm.  éd.  Vahlen,  p.  7U.  Si  l'on  n'admet  pas  qu'il  faille 
corriger  de  XIV  en  XVI  le  livre  des  Annales  indiqué  par  Aulu-Gelle  (X,  23),  la 
mention  de  la  rumpia  pouvait  figurer  parmi  les  armes  des  Tralles,  peuplade  illy- 
Tienne  qui  joua  un  rôle  important  à  la  bataille  de  Magnésie  (190),  épisode  principal 
du  livre  XI V.  —  8  Val.  Flacc.  Arg.  VI,  98  :  .^quaque  nec  ferro  brevior  nec  rumpia 
ligna.  —  9  En  799,  le  duc  de  Frioul  tombe  cruentaia  romphaea  [Poetae  lut.  aevi 
Carol.  I,  p.  132)  et  c'est  cum  romphis  que  l'armée  de  Barberousse  est  accueillie 
devant  Crème  (Morena,  ap.  Muratori,  VI,  1U3I).    —  '0  Ascon.  Ad.  Milon.  28,  4. 

—  11  Claudicn  emploie  rumphaea  [Ep.  27)  comme  piltim  {Laus.   Ser.  236)  pour 

VIII. 


phaia  comme  celle  dont  Cléomène  lit  usage  en  221  pour 
couper  les  moissons  d'Argos  ;  réduite,  elle  emmanchait 
ce  fauchard  qui,  pouvant  servir  d'estoc  ou  de  jet,  a 
permis,  dès  l'antiquité,  de  voir  dans  la  rhomphaia  un 
sabreplutôt  qu'une  pique.     A.-J.  Reinack. 

UHYTOX  (TuTov).  —  'Vase  à  boire.  Le  mot  ne  semble 
pas  être  entré  dans  l'usage  avant  le  iV  siècle  :  il  est  em- 
ployé par  Démosthène',  par  les  poètes  de  la  Comédie- 
Nouvelle-.  Dans  les  inscriptions  on  ne  le  rencontre  pas 
avant  l'époque  des  Ptolémées'.  On  a  même  pu  croire, 
d'après  un  passage  d'Athénée',  que  cet  ustensile  avait 
paru  pour  la  première  fois  sous  le  règne  de  Ptolémée 
Philadelphe  (iir  siècle)  et  qu'il  fut  alors  donné  comme 
attribut  aux  statues  de  la  reine  Arsinoé^;  mais  le  con- 
texte fait  comprendre  qu'il  s'agit  d'une  grande  corne 
d'abondance  double  (ôixes-/;),  que  le  célèbre  constructeur 
et  mécanicien  Ctésibios  avait  machinée  comme  un  rhy- 
ton  à  vin  et  un  instrument  de  musique,  peut-être  une 
sorte  d'orgue  hydraulique  [hydraulus,  p.  313]".  Nous 
avons  indiqué  plus  haut  combien  fréquemment  la  corne 
à  boire  s'est  confondue  avec  la  corne  d'abondance 
[coRNUCOPiA,  p.  1514,  1316].  Ce  qui  est  indubitable,  c'est 
que  le  rhyton,  vase  à  boire,  existait  depuis  fort  long- 
temps, mais  il  portait  un  autre  nom,  comme  le  note 
d'ailleurs  Athénée;  on  l'appelait  krras  ';  dans  les  inscrip- 
tions on  trouve  xÉpaç,  pour  exprimer  la  forme  en  corne, 
et  7tfoTO[ji.'/-j,  quand  le  rhyton  est  décoré  d'une  tête  d'ani- 
mal'. Le  terme  '^io-i-za.  est  équivalent  à  p'jT-i'. 

Les  monuments,  dont  quelques-uns  remontent  à  la  plus 
haute  antiquité,  nous  permettent  de  retracer  avec  plus 
de  précision  l'histoire  de  ce  vase  et  l'évolution  qui  amena 
du  simple  xépaç  au  puTov  plus  compliqué  et  plus  orné. 

Chez  beaucoup  de  peuples  primitifs,  on  a  donné  aux 
vases  une  forme  animale  ou  humaine,  non  pas  tant  par 
instinct  artistique  et  décoratif  que  par  désir  de  multi- 
plier autour  de  l'homme  les  images  des  êtres  utiles,  sou- 


opposer  l'armée  romaine  aux  Goths.  L'arme  y  avait  peut-être  été  introduite,  comme 
les  mattiobarbuli,  à  l'époque  Antonine  (cf.  Vegel.  IH,  14 1.  —  12  Const.  Manassès, 
Chron.  v.  4701  :  eujixosieov;  «'./.i^^ti;  SvSja;  p,;.5«,oj<ijou;.  Cf.  Ann.  Coiiinen.  IX, 
9;  Psellos,  p.  82,  19;  p.  198,  16;  p.  253,  3  (éd.  Sathas-Bury).  —  13  Tite-Live 
(XXXI,  39)  dit  que  dans  les  défilés  boisés  de  l'Éordée  la  rhomphaea  des  Thraces  ne 
peut  pas  servir  plus  que  la  sarissa  des  Macédoniens,  longue  de  3  à  4  mètres.  Corip- 
pus  en  dit  autant  (V,  378)  du  pilum  (serait-ce  la  rhomphaea  ?)  des  soldats  byzantins 
surpris  dans  une  forêt  de  Kabylie  ;  pour  Justifier  ces  dires  et  la  comparaison  du 
fer  de  l'arme  avec  celui  d'une  rapière,  il  faut  que  le  ferrum  qui,  d'après  Flaccus 
(VI.  98i,  était  égal  au  lignum,  ait  eu  au  moins  1  mètre.  —  '4  L'épilhéte  ?açu,iSvifoî 
est  donnée  par  Plutarque  {Aem.  18)  et  par  tous  les  textes  byzantins;  Psellos  (233,3) 
ajoute  ixiposTo;!»;  que  confirment  le  S.'oxoiio;  iit'a  des  textes  apocalyptiques,  la 
comparaison  instituée  par  Isidore  (XVIII,  6)  avec  la  framée,  gladius  ex  utraque 
parte  acuius,  enfin  les  gloses  médiévales  où  la  rhomphaea,  expliquée  une  dizaine 
de  fois  par  gladius  ou  spatha  et  une  fois  par  hasta,  est  dite  ;  ex  utraque  parte 
acuta  ou  cavata  {Corpus  Gloss.  V,  578).  —  15  Le  couteau-couse-kosa  et  le  glaive- 
gtiisarme  peuvent  donnor  une  idée  de  cette  catégorie  d'armes  antiques  servant,  selon 
l'emmanchure,  de  couteau  de  jet,  de  glaive  ou  dépique:  telles  la  cateia  associée 
par  Aulu-Gelle  à  la  rumpia,  don:iée  par  Flaccus  (VI,  84|  aux  Coralètes,  par  Virgile 
(Vil,  730;  VIII,  550)  aux  Samnites  et  dont  les  noms  de  Teutona  ou  de  Francisca 
disent  assez  les  destinées  ultérieures  ;  la  framea  identifiée  par  Isidore  à  la  rhom- 
phaea (XVIII,  6  :  cL  Philoxen.  gloss.  p.  97  ;  Ulpien  ayant  mentionné  la  framea 
les  compilateurs  byzantins  expliquent  :  id  est  rhomphaea,  Dirj.  .XLIII,  16,  3)  et 
que  Tite-Live  donne  à  la  place  de  la  rhomphaea  aux  Thraces  de  Pydna  (XLIV, 
40  :  ab  dextro  immanem  pondère  frameam  identidem  coruscabant)  ;  l'aclis  que 
Flaccus  (VI,  99|  met  aux  mains  de  tribus  apparentées  aux  Bastarnes,  et  Silius  (VIII, 
530)  entre  celles  des  Campauicns,  le  verutum  et  la  falarica,  etc.  [falarica,  secubis, 
sfARDM,  verl'tum], 

RHTfTO.N.  1  Mid.  p.  363;  cf.  Athen.  XI,  p.  496  F.  —  2  Diphilos,  Epinikos,  cités 
par  Athen.  XI,  p.  497  ;  cL  Polyb.  ap.  eumd.  XIII,  p.  576  F.  —  3  Bull.  corr.  hell. 
Il,  p.  322.  —  4  Athen.  XI,  p.  497  B.  —  5  Krause,  Angeiologie,  p.  357  ;  cf.  Letronoe, 
Œuvres,  III'  série.  I.  I,  p.  421,  note  6.  -  6  Cf.  Tanncry  ap.  Revue  des  Étud. 
grecq.  1896,  p.  2t.  —  '  Athen.  XI,  p.  497  6;  cf.  p.  470  b.  -  »  Corp.  inscr.  grec. 
138,  139,  142,  131  ;  Bull.  corr.  hell.  VI.  p.  47,  1.  167;  p.  30,  1.  204;  et  Ibid.  p.  41, 
112,  115.  —9  Athen.  XI,  93  ;  p.  496;  cf.  Krause,  l.  c.  p.  373. 

109 


Fig.  594S  —  'Jornet  de 
pierre  sculpté. 


RHY  —  f^ee  — 

mis  à  son  aiUorilé  et  nécessaires  à  son  existence  '  :  c  est 
pourquoi  tant  de  vases,  dans  TÉgypte  pi-éliistorique-, 
à  Chypre \  en  Troade\  en  Crète  et  à  MycènesN  affec- 
tent soit  des  formes  féminines,  soit  des  formes  animales. 
Parmi  ces  animaux,  les  bêtes  à  cornes  domestiques, 
bœufs,  béliers,  jouent  un  rôle  important.  La  corne,  en 
effet,  a  pour  les  primitifs  une  imporlance  toute  parti- 
culière. Elle  est  une  matière  première  pour  toutes 
sortes  d'objets  mobiliers  [cormj.  Elle  offre  aussi,  par 
sa  cavité  intérieure  qu'il  est  facile  de  régulariser  et 
d'approfondir,  un  récipient  naturel  pour 
les  liquides.  Entin,  par  sa  forme  poin- 
tue, elle  a  une  vertu  magique  spé- 
ciale, la  pointe  ayant  le  pouvoir  d'écar- 
ler  les  mauvaises  influences  [clavus, 
fascinim]'.  Aussi,  de  bonne  heure,  on 
voit  la  corne  isolée,  détachée  du  corps 
de  l'animal,  prendre  une  valeur  à  la  fois 
pratique  et  religieuse '.  Dès  la  période 
préhellénique,  les  potiers  de  la  Troa- 
de  ',  de  Chypre',  de  Crète  et  de  Milo'°, 
des  régions  mycéniennes  ",  imitent 
dans  l'argile  la  forme  du  xésa;  attestant 
ainsi  les  qualités  qu'on  attribuait  à  cet 
objet.  On  en  connaît  aussi  en  pierre 
sculptée  et  ciselée,  de  celle  époque  très 
ancienne  ^fig.  5943)'^  On  voit  alors  se 
former  et  se  développer  parallèlement 
deux  catégories  de  vases  à  boire,  les  vases  en  forme 
de  cornets  et  les  vases  plastiques  à  tètes  d'animaux.  Mais, 
sous  l'influence  des  idées  artistiques  et  décoratives,  ces 
derniers  gagnent  de  plus  en  plus  la  faveur  du  public. 
Ce  sont  eux  surtout  que  recueillera  et  propagera  le 
monde  grec  classique  ;  ce  sont  eux  auxquels  l'archéo- 
logie moderne  attribue  de  préférence  le  nom  de  rhytons. 
En  réalité,  on  devrait  réserver  ce  mol  aux  vases  con- 
struits de  la  façon  que  décrivait  Dorothéos  de  Sidon  :  le 
fuTÔv  est  semblable  au  xépa;,  mais  il  est  percé  par  le 
bas;  de  celle  ouverture  jaillit  un  mince  jet  de  liquide 
que  l'on  boit  en  mettant  la  bouche  par-dessous  ;  de  là  le 
nom  de  rhyton,  ô.-ko  tti;  fûgeoiç  (pÉ<o,  couler;  pûut;,  écoule- 
ment) ".  Toutefois  l'élude  des  monuments  nous  monlre 
que  ni  les  cornets,  ni  les  rhytons  ne  sont  tous  soumis  à 
une  règle  stricte  S'il  est  vrai  qu'en  général  on  devait 
boire  dans  le  xépa;  comme  dans  un  verre,  en  appliquant 

'  Voir  la  Ihéorie  développée  par  S.  Reinach  sur  V Art  et  la  Sfayie  dans  Cultes, 
JUyIlwsel  Religions,  I,  p.  1Î7;  cf.  Bull.  corr.  hell.  XXXI.  1907,  p.  127.— 2J.  Ca- 
ptal.Les  néùuts  de  l'Art  en  Egypte,  p.  120  à  1 27;  tod  Bissing,  A  Itùgyptische  Gefaesse 
daos  Zeilschrifl  fur  aegyptische  Sprache,  1 898,  p.  1 23  sq.  —  3  Potlier,  Vases  antiq. 
du  loutre,  pi.  vi  ;  Catalogue  des  rases,  p.  86,  106  ;  Murray,  Excavations  in  Cyprus, 
ng.  02,  71,  72,  74.  —  »  Schlieniann.  llios,  Iraducl.  franc,  p.  383-394,  414-418,  673- 
«77,  etc.  —  ^  Voir  l'article  de  J.  de  Mot,  Vases  égfens  en  forme  d'animaux,  dans 
/(«eue  arch.  1904,  11,  p.  201-224,  —  i>  On  «ait  quelle  est  encore  aujourd'hui  la 
puissance  de  cette  superstition,  en  particulier  en  llalie,  où  l'on  porte  des  breloi|ues 
en  forme  de  cornes  de  corail.  —  1  I  es  défenses  de  l'éléphant,  pour  des  raisons 
semblables,  oui  non  seulement  une  valeur  utilitaire,  mais  un  caractère  d'ex-voto 
religieux  [tmi.,  p.  444J.  —  »  Schliemann,  Op.  l.  p.  450-400,  (ig.  357-304.  -  9  Pot- 
lier, l'oses  anti(/.   pi.  v,  A  27  (I);    Murmy,  Excaval.  in  Cyprus,  fig.  0,  08,  75. 

10  Uaraghiannis,  Anliguil.  Cretoises,  pi.  xxxix,  n"  7,  9,  11;  Annmil  of  brit. 

School,  VI,  p.  74,  lig  10  ;  Excarat,  at  Phylakopi  in  Melos.  pi.  xxvii.  —  M  Furt- 
wàngler  el  LoeschcLe,  Mykenische  Vas.  pi.  xi,  n'  71  ;  Perrot  et  Chipiez,  Hisl.  de 
tArl,  VI,  Qg.  473.  Pour  l'Europe,  voir  Pic,  Die  Umengraeber  Bôhmens,  1907,  |i,  74, 
fie.  35;  p.  98,  fig.  44.  —  '2  Notre  (igure  est  faite  d'après  Burrows,  Discoreries  in  Crète. 
pi.  ,.  _  13  Cité  par  Athen.  XI,  p.  497  E;  cf.  Bekkcr,  Anecdot .  p.  290,  31  ;  Ulp.  In 
Demoith.  contr.  Mid.  p.  189  B,  et  le  commentaire  de  Letronne,  Œuvres,  série  III, 
t.  1,  p.  418,  noie  2.  —  >'  Cf.  S.  Reinach,  Ilépert.  Sta!.  I,  p.  412  ;  Bnttiger,  Amal- 
thea,  1,  pi.  i;  Gerhard,  Aus.  Vasenb.  III,  pi.  ccxxxvin  ;  Antiq.  Bosphore  Cimm. 
pi.  XX,  0»  II.  —  *6  Par  ex.  les  cornets  de  pierre  trouvés  à  Cnossos,  Annual  British 
tchool,  VI,  p     30.   En  céramique,   cf.  Jahrb'ich  Anzeiger,  1892,   p.   170    n»  169. 


944.  —  Khylon  d'argile  Cretois. 


RHY 


ses  lèvres  à  l'orifice  supérieur  ",  on  constate  aussi  que 
certains  cornets  sont  munis  d'un  trou  à  la  partie  infé- 
rieure, pour  l'écoulement  du  liquide '^  Et,  d'autre  part, 
il  s'en  faut  que  tous  les  rhytons  ou  têtes  d'animaux 
soient  pourvus  d'une  ouverture  pratiquée  dans  la  bouche 
de  la  bêle,  pour  l'écoulement  du  vin"^.  Il  n'y  a  pas  de 
règle  à  poser  ù  ce  sujet.  Ce  qui  subsiste,  c'est  qu'entre 
le  xÉpa;  et  le  purov,  malgré  les  différences  extérieures  de 
formes,  la  parenté  est  toujours  resiée  étroite;  que  le 
second  est  une  simple  dérivation  el  comme  une  compli- 
cation du  premier.  Ce  qui  prouve  encore  que  le  xépaç  est 
le  premier  en  date,  c'est 
qu'il  est  donné  par  tra- 
dition, dans  l'imagerie 
religieuse,  à  Dionysos 
el  à  ses  suivants  (fig. 
682,689) '\landisqu'on 
ne  voit  jamais,  ou  très 
rarement,  le  putov  entre 
leurs  mains".  Celui-ci 
est  devenu  surtout  un 
ustensile  familier  des 
banquets  et  un  diver- 
tissement par  l'adresse 
qu'exigeait  la  façon  de 
s'en    servir  "  ;    il    n'a 

plus  du  tout,  à  l'âge  classique,  le  caractère  d'un  vase 
primitif  el  l'on  s'efforce,  au  contraire,  de  l'enrichir  de 
toutes  sortes  d'ornements.  La  capacité  du  vase  pouvait 
atteindre  un  et  même  deux  c/iof/s  (de  3  i\6  litres  el  demi)  ^°. 
Dans  le  matériel  très  nombreux  des  xépaxa  et  des  purâ 
nous  signalerons,  par  ordre  chronologique,  quelques- 
uns  des  spécimens  les  plus  typiques.  Nous  avons  cité 
déjà  les  cornets  d'argile  peinte  fabriqués  à  l'époque  pré- 
hellénique el  rappelé  que  les  fouilles  de  Crète  ont 
exhumé  de  magnifiques  vases  en  pierre,  cannelés  ou 
sculptés  (fig.  3943),  qui  ont  la  même  forme  el  dont  les 
anses  devaient  être  rapportées  en  une  matière  différente, 
peut-être  en  métal;  l'extrémité  étant  percée  d'un  trou,  ce 
sont  de  véritables  rhytons-'.  C'est  un  grand  cornet 
de  ce  genre  que  porte  le  jeune  homme  représenté 
sur  une  des  plus  célèbres  fresques  du  palais  de  Minos  ^'. 
On  a  déjà  remarqué  que  sur  une  des  peintures  du  tombeau 
égyptien  de  Rekhmara  les  tributaires  du  Pharaon,  sans 
doute  des  Cr-étois,  apportent  des  vases  où  figure  le  même 

—  16  Cf.  Stcphani,  C.  Bendus  St-Pélersb.  1877,  p.  10  ;  Lissing,  Nom.  vas.  p.  58. 
Dans  la  riche  collection  des  rhytons  plastiques  du  Louvre  (salle  H),  on  n'en  compte 
que  deux  qui  soient  munis  d'un  trou  pour  l'écoulement  du  liquide  (n"  09,  tôle  de 
clie\al,  décor  en  figures  rougfs  de  la  I"  moitié  du  v"  siècle,  femme  assise  jouant 
de  la  double  flûte  et  femme  dansant  avec  des  crotales  ;  no  72,  tète  de  biche,  décor 
en  figures  rouges  restaurées,  femme  assise  sur  un  rocher  et  Silène  debout).  II  faut 
ajouter  (jue  beaucoup  de  rhytons  ont  subi  de  fortes  restaurations  qui  ont  pu  suppri- 
mer maladroitement  le  trou  inférieur. —  '7  Voir  le  Bt^pertoire  des  vases  peints  de 
S.  Reinach,  I,  p.  137,  340,  381,  462,  498,  322;  II,  p.  35,  36,  38,  45,  196,  209,  340; 
Kurtwanglcr,  Vasensammt.  Antiquar.  n"  16S9,  1690,  1733,  1809,  IS27,  1839,  1872, 
187  4,  1876,  1883,  1892,  1918,  1924,  1940,  1941,  1953,  1959,  1989,  2033,  2037,  2050, 
2054,  2004,  2005,  2070,  2076,  2081,  2091,  2182,  2933,  3989,  4009.  —  18  Comme 
exceptions  voir  Panofka,  Trinkhorner,  pi.  i,  n"  3  z=  Benndorf,  Griech.  und  Sic'.l. 
Vas.  p.  73;  Tischbein,   l'as.  I,  pi.  xi,vi  ;  M.irlha,  L'Art  étrusque,  p.  52  i,  fig.  360. 

—  19  II  est  difficile  de  comprendre  pourquoi  Théophraste  en  faisait  un  vase  con- 
sacré "  aux  héros  seuls  »  (Athen.  XI,  p.  497  E).  Dans  le-î  repas  funéraires  et  sur 
les  ex-voto  à  Esculapc,  il  apparaît  comme  vase  à  boire  {Bull.  corr.  hell.  I,  p.  162  ; 
v,  p.  491  ;cf.  Jàid.  Il,  p.  421  à  423  ;  voir  aussi  le  bas-relief  du  Pirée,  Athen.  JUitthei- 
lungen.  VII,  pi.  xiv  =  Duruy.  Bisl.  des  Grecs,  III,  p.  101),  mais  ce  n'est  pas  un  ustensile 
exclusivement  religieux.— 20  Athen.  XI,  p.  497.  —  '^l  A.  Evans  dans  Annua/  bril. 
sch.  at  Atfien.^.  VI,  p.  30  ;  Burrows,  Discoveries  in  Crète,  pi.  i  ;  Rfndi-conti  Accad. 
dei  Lincei,  XIV,  1905,  p.  365  sq.  fig.  I.  —  22  Evans,  Jbid.  p.  15  ;  cf.  le  fragment  de 
relief,  VII,  p.  89,  fig.  29;  Collignon,  .4rcA.  grecque,  i'  édit.  p.  10,  fig.  3; 
Burows,  L.  c.  p.  2. 


i 


I 


i 


-  Rhylon  atliqu 


RHY 


cornet  à  boire'.  D'autre  part,  les  rhytons  en  forme 
d'animaux  ou  de  têtes  d'animaux  ne  sont  pas  moins 
anciens  (fig.  3944)  et  le  taureau  y  joue  un  rôle  prépon- 
dérant^. A  l'époque  du  style  géométrique,  les  deux 
catégories 'subsistent,  mais,  à  partir 
des  VII'  et  vi'  siècles,  c'est  dans  tout 
le  monde  grec  une  floraison  consi- 
dérable de  TipoTojjLïi  en  têtes  d'ani- 
maux de  tout  genre,  et  le  kéras 
proprement  dit  devient  moins  fré- 
quent, tout  en  restant  en  usage*. 
La  catégorie  des  vases  à  forme  hu- 
maine et  animale  est  alors  une  bran- 
che importante  de  l'industrie  céra- 
mique, non  seulement  pour  les 
récipients  à  boire  (fig.  1130,  1131;, 
mais  aussi  pour  les  flacons  à  huile 
et  à  odeurs  ^  [unguentarium]  ;  dans 
le  mobilier  de  table  comme  dans 
celui  de  toilette  persiste  l'idée 
superstitieuse  très  ancienne,  qu'il 
faut  multiplier  dans  la  maison  les 
formes  protectrices  et  les  porte-bonheur  représentés 
par  certaines  figures  d'animaux  ou  de  divinités.  En 
Étrurie,  les  vases  dérivés  du  kéras  afTectent  souvent  des 
formes  bizarres  et  compliquées  où  domine  la  figure  hu- 
maine ". 

De  l'époque  classique,  notamment  du  v'  siècle,  nous 
avons  conservé  beaucoup  de  rhytons,  dont  quelques-uns 
sont  de  véritables  chefs-d'œuvre  de  l'art  industriel. 
Panofka  leur  a  consacré  autrefois  une  dissertation  spé- 
ciale'' et  tous  les  grands  musées  possèdent  aujourd'hui 
de  beaux  spécimens  de  cette  catégorie';  nous  en  don- 
nons comme  exemple  un  vase  à  tête  de  cheval  du  musée 
du  Louvre  (fig.  5945),  d'un  réalisme  pittoresque  ;  il  ofTre 
cette  particularité  assez  rare  d'être  muni  d'un  pied'. 
Ordinairement  les  ^uri  et  xépaTa  ont  le  désavantage  de 
ne  pas  pouvoir  se  poser  debout  sur  la  table  ;  on  les  y 
plaçait  couchés  sur  le  côté'".  Mais  on  les  voit  aussi 
disposés  sur  des  supports  (û:TozOOu.r|V,  ■jtepcTxeXi';)  qui  les 
maintiennent  verticalement". 

Les  peintures  de  vases  et  les  fresques  nous  montrent 
l'emploi  de  ces  vases  dans  les  banquets.  Mais,  s'il  est 

<  SleindorlT  dans  Jahrbuch  Anzeiyer,  1S9J,  p.  13.  —  2  PoUicr  dans  Bull, 
coi-r.  Iiell.  101)7,  p.  ISl  et  note  3,  pi.  xxui,  d'où  est  tirée  notre  figure  59*4: 
cf.  de  Mot,  dans  lievue  arcli.  1904,  II,  p.  224;  Murray,  Excavat.  in  Cyprus, 
pi.  ui  ;  Maraghiannis,  Antiquit.  Cretoises,  pi.  xxsix.  —  3  Louvre,  salie  A. 
In?.  CA  698;  cf.  Olia.  Richler,  Kypros,  p.  245-248.  —  *  Voy.  par  ex.  deux 
cphèbes  revenant  du  banquet  sur  une  coupe  à  fig.  rouges  de  style  arctiaïque  ; 
Lenormant  et  de  Witle,  Ji'lite  Céramogr,  H,  pi.  xxxvii.  —  5  Nous  laissons  ici  de 
côté  toute  une  catégorie  de  vases  qui  est  considérable  et  apparentée  aux  rhytons 
plastiques;  voir  Monuments  et  Mémoires  de  La  Fondation  Piot,  IX,  p.  133  sq.  ; 
pi.  XI  à  \iv.  Mais  je  crois  qu'on  a  tort  de  ranger  dans  la  classe  des  rhytons  les  vases 
plastiques  à  têtes  humaines  qui  sont  aussi  anciens  que  les  rhytons  à  têtes  d'ani- 
maux et  f|ui  dérivent  des  mêmes  superstitions  religieuses  (Murray,  Excavat.  in 
Cyprus,  pi.  ni  et  p.  33).  Ils  s'allient  de  plus  près  aux  formes  du  cantharc  et  l'on 
doit  réserver  le  nom  de  rhyton  aux  vases  qui,  dérivés  du  «£?«;,  en  ont  plus  ou 
moins  conservé  la  forme  oblique.  —  6  Potticr,  Vases  antiq.  du  Louvre,  pi.  xxviri, 
C  719;  Robinson,  Cataiog.  o(  vases  Boston,  p.  110,  n"  306.  —  1  Th.  Panofka.  Die 
griech.  Trinkhôrner,  dans  les  Abhandlungen  d.  Kônigl.  Akad.  der  Wisscns- 
cha/t.  Berlin,  1850,  p.  2.  _  8  Au  Louvre,  salle  H,  vitrine  des  rhytons;  au  cabinet 
des  Médailles,  de  Riddcr,  l'as,  de  la  Bilil.  nat.  a"  872,  1239-I2W;  à  .Naples,  Hcy- 
demann,  VaKensamml.  Museo  Naz.  n"  2932-2937,  2954-2963,  etc.  (voir  Vlndex 
au  mot  Rhyton);  à  Berlin,  Furtwângler,  Vasensamml.  Ântiquar.  n»'  2«23,  3422- 
3441  ;  à  Londres,  Vt'alters,  Latalog.  Vas.  Brit.  Mus.  IV,  n»>  F  418  à  433  ;  à 
Bruxelles,  Caspar,  Le  legs  de  Hirsch.  (DurenJal,  1901),  p.  3  ;  à  Boston,  Robinson. 
Cataiog.  vas.  n»  469;  à  .New- York,  Bull,  of  metropolit.  Mus.  mai  1906,  p.  79, 
fig.  6,  etc.  —  S  Salle  H,  Inv.  Camp.  3335.  Cf.  le  rhylon  en  tète  de  bélier,  monté 
sur  un  pied,  dans  Collect.  Sabourofie  Furtwaenglcr,  pi.  lxx.  —  10  Cf.  Heydemann, 


.  3940.  —  Emploi  du  rylhon  da 
banquet. 


—  867  —  RHY 

vrai  que  la  façon  de  boire  <■  à  la  régalade  »,  en  recevant 
directement  le  .jet  de  vin  dans  la  bouche,  est  plusieurs  fois 
représentée,  par  exemple  sur  un  vase  grec  à  figures 
rouges  (fig.  3946)  '-  et  sur  des  fresques  pompéiennes '\ 
on  remarque  encore  plus  fréquemment  que  le  vin  du 
rhyton  débouché  était  reçu  dans  une  phiale  ''%  afin  de 
boire  plus  commodément, 
et  cette  observation  accen- 
tue le  caractère  de  jeu  et 
de  divertissement  que  le 
rhylon  devait  avoir  pris  à 
l'époque  classique.  D'après 
les  textes,  il  y  avait  aussi 
des  rhytons  Stzpojva,  pro- 
bablement composés  de 
deux  cornes  accouplées , 
dans  lesquelles  on  pou- 
vait mettre  des  liquides 
différents,  le  liquide  s'é- 
coulant  à  la  base  par 
une  double  ouverture  '\ 
D'après  d'autres,  ce  serait 
un  double  jet   du   même 

liquide  que  devaient  recevoir  deux  personnes  à  la  fois  "'. 
Le  kéras,  ou  simple  corne,  était  encore  en  usage  à  la 
fin  du  V» siècle;  on  voit,  sur  un  des  grands  sarcophages 
de  Sidon,  un  serviteur  verser  le  contenu  d'une  œnochoé 
dans  un  vase  à  boire  de  ce  genre'". 

Les  formes  les  plus  diverses  ont  été  données  à  l'extré- 
mité décorée  du  rhyton:  têtes  de  taureau,  de  bélier, 
de  cheval  ou  de  mulet,  de  biche,  de  lion,  d'aigle,  de 
grifTon,  etc.".  Les  textes  et  les  inscriptions  s'accordent 
à  signaler  la  variété  de  ces  décorations  plastiques  ; 
iXe-j/aç,  Tptrjpiriç  ",  ypij']/,  ^puTro;  TrcoTof!.-/] ,  XÉovtoç  X£<paX-;i, 
TpaYÉXaoo;,  etc.^»  Les  vases  d'argile  peinte  qui  nous 
ont  été  conservés  ne  sont  d'ailleurs  que  les  imitations 
d'une  vaisselle  plus  belle  et  plus  riche,  en  métal  pré- 
cieux^'  :  il  est  question  dans  les  textes  et  les  inscriptions 
de  xÉpata  en  argent  ou  aux  embouchures  dorées  '".  De 
ce  mobilieropulent  nous  avons  gardé  de  très  intéressants 
spécimens,  comme  les  rhytons  d'argent  et  de  bronze,  à 
têtes  de  bouquetins,  conservés  au  Louvre",  la  magni- 
fique  série  des  rhytons  d'or  et  d'argent  du   musée  de 

Vasensamml.  Mus.  Naz.  n"  2833,  3253  ;  et  Ibid  .R.  C.  144.  —  11  Panofka.  Trin- 
khôrner, pi.  1,  no  4;  Letronne,  Œuvres,  série  III,  I,  p.  419,  pL  xlvie;  S.  Reinaeh, 
Répert.  Stat.  I,p.  125;  cf.  Bocckh,  Staatshaush.{\,  x.u,  n»  37,  p.  273!  ._  liMilliu! 
Peint,  vas.  Il,  pi.  lxxvi,  scène  de  banquet.  -  13  Antichita  di  Ercolano,  Pitturè. 
t.  V,  pi.  XLVi,  p.  201,  jeune  satyre  nu,  étendu  par  terre  et  recevant  dans  sa  bouché 
le  jet  d'un  rhyton  ;   Zahn,  Die  schnnsten  Ornam.    I,   pi.   lc,  scène  de  banquet. 

—  H  Panofka,  Trinkllôrner,  pi  1,  no  1  {=  de  Laborde,  Vas.  Coll.  Lamberg,  I, 
pi.  Lxii);  cf.  pi.  ni,  n"  2  (=  Heydemann,  Vasensamml.  Mus.  Naz.  n»  2202;  Guhl 
et  Koner,  Vie  .intique,  trad.  Trawinski,  I,  p.  378,  fig.  513)  ;  Museo  Borbonico,  V, 
pi.  u;  S.  Reinaeh,  Répert.  Stat.  I,  p.  32.  Voir  dans  le  Dict.  à  l'article  fcnaiibÔi.u~ 
la  fig.  3320  et  à  l'article  LARES  la  fig.  4351.  Panofka  voulait  donner  le  nom  de  pO,,f,: 
aux  serviteurs  chargés  de  cet  office  (Recherch.  sur  les  noms  des  vas.  p.  32),  mais 
Lftronne  a  réfuté  cette  idée  {Œuvres,  I1I«  série,  I,  p.  419,  note  3i.  —  15  Àlbeu. 
XI,  p.  468  F;  Pollux,  VI,  97.  Voir  le  commentaire  de  Letronne,  L.  c.  p.  420,  qui 
corrige  l'explication  de  Panofka.  Pour  les  inscriptions,  cf.  Bull,  corr.hell.  Il,  p.  32.'. 

—  16  Voir  l'explication  de  Stephani  dans  la  notice  de  la  pi.  xxxvi  des  Antiq.  du 
Bosph.  Cimm.  (édit.  franc.  Reinaeh,  p.  Ss).  -  n  Hamdy-bey  et  Th.  Reinaeh,  Nécro- 
pole deSidon,  pi.  XXI.  -  is  Voir  Icsplanches  des  Trmkhirner  de  Panofka  etci-dessus 
la  note  8;  cf.  encore  Panofka,  Griechinnenund  Griech.  pL  i,n»4:  .Miilin,fein<.  Vas. 
\i,f\.Lym;  Museo  Borbonico,  VIII,  pi.  xiv;  Guhl  et  Koner,  Z.a  vie  antique,  trad.  Tra- 
Minski,  l,p.  213;  Kr^use,  Angeiologie.  {û.  v;  Duruy,  Hist.  des  Grecs.  III,  p.  110. 

—  19  Athen.  XI,  p.  469  A;  p.  497  A  et  B  ;  p.  500  F.  —  20  Corp.  inscr.  jrec.  139,  150  ; 
Athen.  XI,  p.  300  E.  —  21  Voir  l'Iiistoire  du  IjTan  Agathocle.  fils  d'un  potier,  qui  prend 
un  grand  rhyton  d'or  pour  en  faire  une  copie  d'argile  ;Diodor.  Sicil.  XX.  63.  —  22ror;i. 
mscr.  grec.  138,  139,  142,  131  :  Athen.  XI,  p.  4766  et  C.  -  23  Salle  des  antiquités 
orientales,  Inv.  AO  3093  (argent;  ;  AO  31 13  (bronze);  cf.  iïuseo  Borb.  VIII,  pi.  xiv. 


RlC 


868 


RIP 


Fig.  59«.  —  R)iylon  d  arpcnl. 


Fig.  5948.  —  lihylon  dargcut  el  or. 


Saint-Pétersbourg  (fig.'59'»7  et  3948)',  celui  de  Tarcnte 
au  musée  de  Triesle  -,  celui  de  Sofia  %  etc. 

A  l'époque  romaine  le  rhylon,  transformé  en  un  meu- 
ble colossal,  exécuté  en  marbre 
et  rehaussé  de  toutes  sortes 
d'ornements,  décore  les  riches 
villas  où  il  servait  de  bouche  de 
fontaine  [fons,  p.  1236]'  :  on 
connaît  un  beau  vase  de  ce 
genre  (fig.  3137)  signé  par  l'ar- 
tiste Pontios  S  et  le  Louvre 
possède  aussi  plusieurs  de  ces 
grandes  cornes  de  marbre  qui 
participent  à  la  fois  de  la  cor- 
nucopia  el  du  purov  '.  Sous  la  forme  ordinaire,  il  figure 
très  souvent  dans  des  fresques,  statuettes,  de  bronze 
reliefs,  etc.,  comme  attribut  classique  des  dieux  Lares 

(fig.  4343  à 
4331)  ■>.  Le  mot 
grec  avait  pas- 
sé enlatinsous 
la  forme  rhy- 
liuni  *.  Pen- 
dant toute  la 
période  romai- 
ne et  jusqu'à  l'époque  mérovingienne,  on  conserva  l'ha- 
bitude, chez  les  peuples  barbares  du  nord  et  du  centre 
de  l'Europe,  de  boire  dans  des  cornes  ^  On  connaît  un 
très  beau  zépaç  de  verre  bleu  trouvé  dans  un  tombeau 
ostrogoth'".         E.    PoTTiEn. 

RICA,  RICIi\HLM.  —  Pièce  de  vêlement.  On  discute  sur 
le  sens  précis  du  mol.  Les  uns  y  voient  un  manteau, 
d'autres  un  voile  ou  même  un  simple  mouclioir  posé  sur 
la  tète'.  Il  est  probable  que  les  définitions  dilTérenles  des 
auteurs  correspondent  aux  étapes  successives  qui,  à  tra- 
vers les  âges,  ont  peu  à  peu  conduit  la  rica  oniùcinium, 
manteau,  à  n'être  plus  qu'un  simple  voile  couvrant  le 
haut  des  épaules  ou  la  lêle.  Une  description  fort  claire 
en  est  donnée  par  Festus  :  vêlement  de  forme  carrée, 
muni  de  franges,  de  couleur  pourpre  ;  c'est  celui  que 
porlailla/?awj//i/fa,  femme  du  flamine  [flamen,  p.  1170]  -. 
D'autres  la  disent  de  laine  blanche  ou  teinte  de  cou- 
leur bleuâtre'.  C'était  donc  un  très  ancien  costume, 
une  véritable  pa/la,  qui  avait   précédé  la  loge  ronde 

ï  KondakofT-Reîuach,  Antiq.  du  ùosp/iorf  Cimmërifin.  pi.  xxxvr  d'où  est 
tirée  la  fig.  59i7)  ;  Anlii/.  de  la  Russit  méridionale,  p.  80,  fig.  113;  p.  197, 
lig.  184:  p.  318.  Dg.  i86  ;  C.  Rendus  St-Pélerso.  1676,  p.  157,  pi.  iv,  n»  8 
(d'où  csl  liréc  la  fig.  5948);  1877,  p.  Il,  15,  pi.  i;  Jahreshefle  de  Vieunc,  V, 
1902,  pi.  Il  et  p.  120,  fig.  33.  —  2  Jahreshefle,  l.  c.  p.  Hi.  I.  p  i.  _  3  74,rf. 
p.  liâ-l£3,  fig.  3i-35.  —  i  On  peut  rappeler  que  dès  l'époque  préhcitcQique 
le  grand  rhylon  de  marbre,  eu  léle  d'animal,  parait  avoir  eu  une  destiualion 
analogue;  Annual  ofbrit.  school,  VI,  p.  31.  —  ô  HuUettino  comm.  di  Home,  III, 
pi.  XLi  et  xui;  Hauser,  Neu-att.  Reliefs,  p.  8.  —  6  Voir  l'arlicle  fons,  p.  tï36, 
note  4.  —  Ty oir\e  Répertoire  de  la  statuaire  de  S.  Reioacli,  I,  p.  iHi  ■  II,  p.  493 
à  496.  —8  Épigrammc  de  Martial;  II,  35,  sur  un  homniu  aux  jambes  torses  qui  pour- 
rait se  laver  les  piods  dans  un  rhylon.  —  »  Gaes.  Bell.  yall.  VI,  29;  cf.  Krausc, 
Angeiolog.  p.  35'.,  noie  ï;  Aug.  Thierry.  Conquête  de  VArtijtcterre,  I,  p.  93; 
Mcita  des  temps  mérovingiens,  p.  209.  Slepliaui  note  l'emploi  du  rhylon  jusi|u'à 
nos  jours  dans  certaines  contrées,  comme  la  Géorgie,  la  Catalogne  (notice  de  la 
pi.  nxvi  des  Antiq.  du  Bosph.  Cimm.;  voir  le  résumé  fait  par  S.  Reinach,  é,lit. 
franc,  du  même  ouvrage  dans  llibl.  des  mon.  figurés,  189J,  p.  87).  L'usage  en  per- 
siste aussi  dans  les  pays  sauvages,  par  ei.  au  Congo;  cf.  Annales  du  musée  du  Congo, 
U  Bruielle-,  tome  II  des  iVoles  analytiques  sur  les  coll.  et/,no'/raph.  1»U7,  p.  57. 
—  '0  Monumenti  aiitichi,  XII,  pi.  v,  n"  1)  ;  cf.  un  vase  de  verre  trouvé  à  Nîmes, 
Bull.  Comité  trav.  hitt.  nouv.  série,  III,  p.  393;  Devil  e,  jUist.  de  la  rerrerie, 
p.  37.  —  BiBuoCRAPHlE.  0.  Jahn,  Vasensamml.  :u  .Mûnchen,  p.  xcix  ;  Krause,  An- 
geiologie,  p.  355  sq.  ;  Ussing,  De  nominib.  vasor.  graec.  p.  56  ;  Cramer,  Styl  und 
Berkunftd.  griech.  Thongef.  p.  125  sq.;  Panorka,  Recherches  sur  les  noms  des 
l'Oies  grecs,  p.  31  sq.  ;  Oie  griech.   Trinishorner  (dans  les  AbhandUngen  d.  h. 


[iwLLU'M,  p.  292],  et  qui  pouvait  être  même  attribuée  aux 
hommes  ;  les  mimes  au  théâtre  la  portaient  encore  et 
étaient  riciniali^  [mimus,  p.  1906,  fig.  3036].  On  l'assi- 
mile aussi  à  la  toge  prétexte  [toga]  avec  le  claviis  de 
pourpre'.  Une  1res  ancienne  statue  de  Jupiter  le  repré- 
sentait riciniatus^.  Les  quatre  jeunes  garçons  patrimi 
[pATRiMi],  qui  assistaient  les  frères  Arvales  dans  leurs 
cérémonies,  étaient  riciniatP .  Les  femmes  romaines  met- 
taient ce  vêtement  dans  les  funérailles  ou  dans  les  deuils 
publics  pour  exprimer  leurs  sentiments  graves  et  doulou- 
reux '.  On  ne  peut  donc  pas  douter  que  nous  ayons  affaire 
à  un  manteau  d'origine  fort  ancienne,  à  un  pallium  porté 
en  forme  de  châle,  analogue,  comme  nous  l'avons  déjà 
noté,  au  maf'ors  ou  mavortium  [mafors,  p.  1494]".  D'au- 
tres textes,  parlant  du  riciniiim,  que  l'on  porte  double 
et  que  l'on  rejette  en  arrière,  confirment  le  fait'". 

Mais  tout  le  monde  sait  que  dans  les  temps  anciens, 
à  Rome  comme  en  Grèce,  les  femmes,  pour  s'abriter  contre 
le  soleil  ou  les  intempéries,  avaient  l'habitude  de  ramener 
leur  manteau  en  voile  sur  leur  tête  (fig.  2822,  3684, 
4862,  etc.)".  Par  conséquent,  on  pouvait  être  insensible- 
ment amené,  une  fois  la  pallaei  lasto/a  adoptées  pour  le 
costume  féminin,  à  ne  donner  à  l'ancienne  l'ica  ou  rici- 
niiim  que  l'aspect  d'un  voile,  d'une  sorte  de  mantille, 
comme  le  xp^Ssavov  et  la  xaXÛTiTpx  des  Grecs  [veluji],  ou 
même  d'un  mouchoir  de  lête.  De  là,  les  textes  qui  repré- 
sentent les  ricae,  riculae  et  ricinia  comme  des  palliofa, 
abritant  seulement  la  tête  '^,  ou  comme  un  simple  stida- 
rium''.  C'est  une  Iransformation  et  une  réduction  de 
l'antique  vêtement.         E.  Pottier. 

RIPEXSES,  RIPARIEXSES.  —  A  partir  de  Dioclélien 
el  de  Constantin,  l'armée  romaine  est  définitivement  par- 
tagée en  deux  groupes  principaux  :  d'un  côté,  l'armée  de 
campagne  qui  comprend  la  nouvelle  garde  [sc/wlae],  les 
palalini  el  les  comitalenses,  répartis  dans  les  alen- 
tours des  capitales  et  les  villes  de  l'intérieur  ;  de  l'autre, 
l'armée  sédentaire  des  frontières,  des  confins  militaires, 
les  ripenses  ou  riparienscs,  appelés  aussi  limitanei, 
castellani,  castricianl\  auxquels  on  peut  joindre  les 
pseudocojnitatenses^ .  Celte  seconde  armée,  considéra- 
blement augmentée  par  Dioclélien,  parait  avoir  été 
diminuée  par  Constantin  au  profit  de  l'autre';  à  celle-là 
elle  est  inférieure  pour  la  solde  qui  comporte  un  tiers  en 
moins  d'annonae  et  de  capitus,  pour  la  retraite,  oble- 

Akad.  d.  Vtiss.  Berlin,  1650.  II,  p.  i  sq.);  Leironnr,  œiieres,  III- série,  1,  p.  413 
sq.  (=  Journal  des  Hui-ants,  1833,  p.  093);  Becker-Uôil,  Charikles,  111,  p.  91-9i. 
RIC.4.  1  Voir  le  commentaire  de  Godefroy  dans  les  Commentarii  in  Paul.  Diac. 
excerpt.  édit.  Lindeinaun,  p.  G3T-658  ;  Bcckcr-Giill,  Gallus,  II,  p.  ï;)  ;  III,  p.  204; 
Marquardt.  Vieprivée  des  Rom.  trad.  Henry,  II,  p.  218-219;  Wilpert,  dans  r.4r/e, 
II,  1899,  p.  6-8;  Wuesch  r-Becchi,  dans  BuUetlino  comm.  arch.  di  Roma,  XXI.IC, 
1901,  p.  108.  — 2  Festus  ap.  Paul  Diac.  édit.  Linderaann,  p.  139,  De  signifient,  verb. 
XVII,  s.  i'.  rica;  cf.  l'est,  fragm.  ibid.  p.  229  et  237.  —  3  Fesl.  ap.  Paul.  Diac.  L.  c. 
—  ^?est.  Fragm.  ibid.  p.  229,  reeintati  mimiplanipedes.  —  â  /bid.  Voir ci-dc^sous 
note  7.-6  Aruob.  Adt'.  gcnt.  VI,  25  (p.  1213  de  la  Patrolog).  —  '  Marini,  Fralr. 
Arval.  p.  279  ;  Henzen,  Acta  fralr.  Arv.  p  36.  .38,  42.  Celui-ci  fait  remarquer  (p.  36), 
avec  Mommsen,  qu'enlre  la  praetexta  et  la  rica  il  devait  y  avoir  peu  de  dill'érence, 
puisijuedans  ces  Acta  les  jeunes  garçons,  servant  d'assistants,  sont  dits  tantôt  prae- 
textati,  tantôt  riciniati.  —  8  .Non.  Marcell.  XIV,  33  (p.  542  M)  ;  cf.  Cic.  De  legib.  Il, 
23.  —  9  Non.  Marcell.  L.  c.  -  lO  Varr.  Ling.  lat.  V,  132  ;  Isidor.  Orig.  XI.X,  23  ; 
Serv.  ad  Virgil.  .ien.  I,  280.  —  "  Varron,  Op.  l.  V,  130,  indique  le  geste,  quand  il 
montre  les  femmes  se  voilant  avec  la  rica,  au  moment  du  sacrifice.  —  t2  Fest.  édit. 
Lindem.  p.  136,  229,  643;  Aul.  Gell.  X,  15.  Voir  le  commentaire  et  les  textes 
réunis  par  Godefroy,  Op.  l.  p.  637.  —  13  Non.  Marcell.  XIV,  15,  16  (p.  339  M.). 

RIPENSES,  RIPARIEXSES.  1  Cod.  Th.  7,  1,  18;  7,  13,  7;  7,  20,  4;  7,  22,  8;  7, 
4,  14;  S,  4,  17;  Cod.  Just.  {,  27,  2  (rétablissement  des /i'mtfaiiei  en  Afrique  par  Jus- 
linien)  :  Nov.  Theodos.  Il,  til.  24  ;  Vit.  Aur.  26  ;  38.  4  ;  voir  Godefroy  Ad.  Cod.  Th. 
7,  I,  18.  —  2  C.  Th.  7,  1,  18;  8,  1,  10.  D'après  Mommsen  ils  auraient  été  séden- 
taires à  l'époque  de  Dioclélien  et  rattachés  plus  tard  aux  comilatenses,  sans 
cependant  les  égaler.  —  3  Zos.  2,  34  ;  Lactaul.  Ùe  mon.  per.  7  ;  Suid.  s.  v.  t(T7«;:i. 


RIP 


—  869  — 


RIT 


nue  seulement  avi  bout  de  vingt-quatre  ans  de  service, 
au  lieu  de  vingt,  et  pour  les  conditions  de  taille  et  de 
force.  C'est  l'ancienne  armée  romaine  des  castra  slativa, 
pourvue,  dès  l'époque  d'Auguste  et  surtout  depuis 
Alexandre-Sévère,  de  terres  qu'elle  est  chargée  de  dé- 
fendre et  de  cultiver  [limitanei  milites].  On  a  généralisé 
cette  institution  des  lerrae  limilaneae,  fundi  limi/rophi. 
Ces  territoires,  répartis  entre  des  garnisons  et  les  sol- 
dats, comprennent  les  niimeri  ou  fossata,  résidences  de 
l'état-major  du  corps  et  les  castra,  résidences  des  déta- 
chements annexes,  lesquels  constituent  de  petites  cités 
en  dehors  des  cités,  passent  aux  enfants  des  vétérans, 
s'ils  sont  au  service,  reviennent  au  corps  à  défaut  d'héri- 
tiers mâles,  peuvent  être  frappés  d'amendes,  ne  doivent 
être  ni  aliénés,  ni  acquis  par  des  étrangers  '  ;  mais  ils  ne 
suffisent  point  à  nourrir  les  garnisons,  à  l'entretien 
desquelles  doivent  subvenir  en  outre  les  fournitures  des 
villes  de  l'intérieur  et  surtout  de  la  frontière-.  \  la  défense 
et  à  l'entretien  des  petits  postes,  tours  (burr/i,  turres, 
clausurae^  que  renferme  le  limes  en  Gaule,  en  Espagne 
et  en  Afrique,  sont  en  outre  attachés  des  burgarii,  sortes 
d'esclaves  publics  ^ 

Comme  dans  l'autre  armée,  la  cavalerie  et  l'infanterie 
des  ripenses  sont  absolument  séparées.  L'infanterie 
comprend,  pour  les  pays  dont  l'effectif  est  connu',  envi- 
ron 40  légions  réparties  en  détachements,  -44  auxilia  et 
lOo  cohortes  de  500  hommes;  l'ancienne  légion  de 
6000  hommes,  dépouillée  de  ses  alae  et  de  ses  cohortes, 
a  pour  chef  nominal  le  praefectus  legionis  qui  figure 
encore  dans  la  Notitia  dignitatum  ^,  mais  les  chefs  véri- 
tables sont  les  six  tribuns  ;  ils  commandent  les  détache- 
ments et  la  nouvelle  légion,  probablement  1000 liommes, 
qui,  dès  le  iv'  siècle,  remplace  généralement  l'ancienne 
légion".  Les  auxilia  se  trouvent  exclusivement  dans 
les  duchés  du  Danube,  en  Orient  et  en  Occident,  et 
sont  supérieurs  aux  légions;  issus  probablement  des 
levées  locales  antérieures  à  Dioclétien  \  ils  paraissent 
être  entièrement  barbares.  Il  en  est  probablement  de 
même  des  cohortes  qui  viennent  après  les  légions,  sauf 
pour  les  duchés  orientaux  du  Danube,  et  dont  les  noms 
sont  empruntés  soit  à  la  garnison,  soit  à  la  province  *, 
quelques-uns  à  une  fonction  spéciale  '.  La  cavalerie 
comprend  trois  groupes  :  avant  les  légions  46  cunei  equi- 
tum,  probablement  de  formation  barbare,  surtout  dans  la 
Thébaïde  et  les  duchés  du  Danube,  et  121  corps  d'erjuiles, 
probablement  de  500  hommes;  après  les  légions  65  alae, 
probablement  de  600  et  pour  les  archers  à  cheval  de 
oOO  hommes'".  On  a  estimé",  sauf  les  lacunes  de  la 
Notitia,  le  chiffre  total  des  soldats  des  frontières  à 
250000  pour  l'infanterie  et  HOOOO  pour  la  cavalerie 
contre   150000   d'infanterie  et  46000  cavaliers  pour   la 

I  C.  Th.l,  15,  i-*;  C.Just.  1,27,  i,  5  8;  11,00,  3  ;  iVor.  Tlieodos.  II,  i4.  4  ,C.  >ns. 
gr.  5187  (loi  d'Anaslase  sur  les  soldats  de  la  Pentapole).  —  2  C.  Th.  7.  4-5.  —  3  C. 
Th.  7,  14;  12,  19,  2;  C.  Just.  1,  27,  2,  §4;  Oros.  7,  2.';  Vegel.  4,  10  ;  Zoi.  2,  34; 
Ammiao.  28,2;  Sidon.  Carm.  22,  119,  t2û;  JSov.  Justin.  103  praef.  ;  voir  Godelroy 
Xd.  C.  Th.  7,  14.  —  4  Dans  la  Notitia  dignitatum,  les  données  manquent  plus  ou 
inoins  complètement  pour  l'Italie,  la  Gaule,  l'Afrique,  la  Libye:  elles  ne  soûl  com- 
plètes que  pour  l'Espagne,  les  pays  du  Danube,  l'Oi-ient  et  l'Egypte,  —  î"  Dernière 
loeolion  réelle  des  praefecti  legionis  (C.  Jiist.  8,  50,  5:  290).  —  6  Aramian.  19,  2, 
14;  18,  8,  3  (20  000  hommes  pour  sept  légions  et  d'autres  troupcsl;  Procop.  Bel. 
vand.  1,5.  —  7  Voir  Mommsen,  Vie  ràm.  Provincialmilizen  {Hennins,  22,  p.  547,, 

—  8  Gratianenses  de  Gratiana;  Cimbriani  de  Cimlirianum;  Scyt/iici,  .Woesiaci, 
DaeUci.  —  'J  Les  Ascarii,  qui  passent  les  lleuves  sur  des  outres  {Xotit.  Occ.  31  . 

—  10  Lydus,  De  mag.  1,  46.  —  n  Mommsen,  Das  rom.  Jdilitârwesen  seit  Dioelt- 
<inn(i/ermes,  1889,p.2.i7).—  12  Pour  l'époque  de  Justinien,  Agatliias,  5,  13  ;Procop, 
Bel.  vand.  1,11;  Bel.  goth.  1,  16,  24.  —  13  Notit.  dign.  ;  C.  Th.  7,  1,9;  7,  20, 
13;  7,  17,  1  ;   C.  Just.  12,  35,   18;  12,  59,  8.  —  H  i'/j/i.  epigr.  2,  S84:  C.  lus.  lut. 


garde  et  l'autre  armée.  Mais  dans  la  réalité  ces  chiffres 
ont  dû  être  beaucoup  moins  élevés,  car  c'est  avec  des 
effectifs  très  restreints  que  se  font  les  campagnes'-, 

A  la  tête  des  ripenses  se  trouvent  pour  l'Occident  les 
deux  maîtres  de  la  milice  en  résidence  à  la  cour  ;  pour 
l'Orient  depuis  Théodose  I",  les  cinq  magistri  equitum 
et  peditum,  dont  les  deux  praesentales  ont  un  droit  gé- 
néral de  surveillance  et  les  trois  provinciaux  un  com- 
mandement direct '^  Sous  eux  le  limes  de  chaque 
province  a  un  dux  limitis,  d'abord  perfeclissime,  puis, 
sous  Théodose,  clarissime  et  plus  tard  respectable  ;  quand 
il  est  comte  de  première  classe,  il  s'appelle  cornes  et 
dux;  il  n'a  que  les  pouvoirs  militaires,  sauf  quand  il  est 
dux  et  praeses"'.  Il  a  sous  ses  ordres  les  chefs  des  déta- 
chements (numeri)  dont  le  nom  générique  esl  tribunus, 
et  qui  s'appellent  aussi/jrne/'eca'  surtout  pour  les  alae  et 
les  flottes,  praepositi,  tribuni  et  praepositi,  praepositi 
limitis'^.  Pour  les  flotilles  des  lacs  et  des  Qeuves  et  des 
mers,  pour  le  recrutement,  nous  renvoyons  aux  articles 

CLASSIS,   DILECTl'S.  Ch.  LtCRIVAIN. 

RISCUS  (  'Pt'îxc,;)  '.  —  Coffre,  coffret,  fait  ou  couvert  de 
peau  et  qui  parait  avoir  été  particulièrement  à  l'usage 
des  femmes,  pour  serrer  des  vêtements,  des  bijoux  ou 
d'autres  objets  précieux  ^  D'après  Nonus,  le  même  nom 
pouvait  être  donné  à  une  cachette  pratiquée  dans  un 
mur^     E.  Saglio. 

RITUS  (0=(7[A()ç,  vo[j.o,-?)  .  —  Les  textes  anciens  ne  nous 
donnent  aucun  renseignement  sur  l'origine  ou  sur  l'éty- 
mologie  que  les  grammairiens  latins  attribuaient  au  mot 
ritus.  Parmi  les  modernes,  Louis  Lanzi  avait  cru 
retrouver  dans  un  terme  des  Tables  Eugubines  erietu 
l'origine  du  latin  ri/us  '  ;  mais  M.  Bréal  voit  dans  ce 
terme  l'équivalent  du  verbe  latin  porricere,  dont  il  ne 
diffère  que  par  le  préfixe'^;  il  n'y  aurait  donc  rien  de 
commun  entre  erietu  et  ritus.  D'autres  ont  essayé,  sans 
grand  succès,  de  rattacher  ritus  au  grec  pûoj,  variante  de 
ç£(o,  couler\  L'étymologie,  qui  semble  aujourd'hui  la 
plus  probable,  est  celle  que  propose  Vanicek:  r^■<(/s  serait 
dérivé  comme  ratus,  ratio,  reus,  de  la  racine  sanscrite 
ra,  qui  exprime  l'idée  de  compte,  d'appréciation,  d'opi- 
nion, d'adaptation,  d'accommodement'.  Le  mot  ritus  ne 
parait  pas  avoir  eu  en  latin  un  sens  aussi  limité  que  le 
mot  français  rite,  dans  lequel  domine  nettement  l'idée 
religieuse.  Ritus  était  à  peu  près  synonyme  de  mos, 
consuetudo,  comme  le  prouve  le  sens  le  plus  fréquent  de 
l'ablatif  rite,  que  Servius  explique  simplement  par  le 
mol  recte".  Souvent,  quand  les  écrivains  latins  veulent 
donner  à  ritus  le  sens  de  notre  mot  rite,  ils  le  complètent 
par  un  terme  caractéristique:  ritus  sacrificii'',  ritus 
sacrorum'',  ritus  piandi",  comprecationes  quae  ritu 
roinano  fiunt\  sacra  diis  facere  ritu  Albano'",  etc. 

3,  764;53>iD;  C.  TA.  7,  4,30;  7,  9,  2;  8,  5,  49,  52;  II,  30,33,  —  if:  Notit.  dign.  : 
C.  Th.  7,4,  t;  7,  »,  1-2;  7,  12,  1  ;  7,  21,  I;  8,7,  II;  12,  1,  113;  C.Just.  12   59,  (i, 

—  BiDuoGHAPHic  :  Bôckiug.  Notitia  dignitatum,  p.  513  sq,  ;  Kiihn,  Verfassung  des 
rom.  Jieichs,  Leipzig,  1864,  1,  p.  139;  Léolard,  Essai  sur  la  condition  desbarbans 
établis  dans  l'Empire  romain,  Paris,  1873;  Fustcl  de  i;ouiangc3,  Les  origines  du 
système  féodal,  c.  1";  Mommsen,  Dos  ràm.  Militdrwesen  seit  Uioctetian  {tiennes, 
1889,  p,  195-279);  Secck,  Geschichte  des  Untergangs  der  antiken  Welt,  Brlin, 
1902,  I,  p,  233-270. 

RISCUS.  1  Donat.  ad  Serenl.  Eun.  753  ;  Hcsych.  s.  v.  9ai,o=»,.,,-.  —  2  Pollui,  X, 
137;  Ter.  L.  l.  ;  cf.  Dig.  .XXXIV,  2,  25  §19.-3  Non.  s.  v.  p.  103  ;  cf.  Cujas! 
Obsero,  VIIJ,  1. 

IIITCS.  1  Lanzi,  Saggio  di  lingua  etrusca,  p.  822.  —  i  Les  Tables  Eugubines, 
p.  277.  —  3  Forcellini,  Lexicon  (éd.  1890),  ».  r.  Ritus.  —  4  Griech.-tatnn^  etymol. 
^'orterbuch,  p.  766-767.  —  5  Servius,  Ad  Aeneid.  III,  546.  —  6  Id,  /bid.  V,  77. 

—  1  Virgil.4en.Vlll,S30;Ovid.  Fast.  V,  421.— «Id.  Jbid.  III.  291.  —  9  Gell. -Voc». 
Att.  XUl,  22,  2.  —  10  Liv.  I,  7;  cf.  Varro,  De  liny.  latin,  VII,  5,  97, 


RIT 


870 


A  vrai  dire,  c'est  là  l'emploi  le  plus  général  du  mot,  et 
c^estbien  ce  qui  ressort,  malgré  létal  mutilé  du  texte, 
de  la  déllnilion  qu'en  donne  Servius'  :  liitus  est  com- 
probata  in  adminisiraïu/is  sacrijiciis  consiietiniol].... 
Alii  ita  lie/iniunl,  l'idim  esse  quo  sacrificium  uti  fiât 
[statiitum  esr?]  aitt  inslilulus  religiosus  aut  cerimoniis 
consecralusl  Par  rittis,  il  convient  donc  d'entendre  les 
règles  ou  lois  qu'il  fallait  observer  dans  l'accomplis- 
sement des  actes  religieux  et,  d'une  façon  plus  générale, 
les  actes  religieux  eux-mêmes,  c'est-à-dire  les  actes  par 
lesquels  l'homme  manifestait  ses  sentiments  envers  la 
divinité.  Aucun  mol  grec  ne  répond  exactement  au  mot 
ritus:  celui  qui  s'en  rapproche  le  plus  parait  être  ôscruoç, 
surtout  quand  le  sens  général  en  est  précisé  par  des 
épilhètes  telles  que  Oeio,-,  hzôç-.  Parfois  aussi  le  mot 
voao;  est  employé  de  façon  analogue  ^ 

Les  rites  étaient  très  nombreux  dans  la  religion  grecque 
et  dans  la  religion  romaine;  ils  tenaient  une  grande  place 
dans  la  vie  privée,  dans  la  vie  domestique,  dans  la  vie 
sociale  et  politique  ;  leur  caractère  n'était  pas  absolu- 
ment identique  en  Grèce  et  en  Italie.  Sans  entrer  ici 
dans  le  détail  de  chacun  des  rites  grecs  et  romains,  détail 
que  l'on  trouvera  dans  de  nombreux  articles  de  ce 
dictionnaire,  nous  voulons  essayer  de  montrer:  1°  com- 
ment on  peut  classer  les  rites  grecs  et  romains;  2"  quelle 
place  les  rites  tenaient  dans  la  vie  antique  sous  ses 
diverses  formes;  3°  à  quelles  conditions  extérieures  la 
pratique  des  rites  était  subordonnée;  4"  enfin,  quel  a 
été  le  caractère  particulier  et  distinctif  des  rites  dans  les 
deux  grandes  civilisations  de  l'antiquité  classique,  c'est- 
à-dire  en  Grèce  et  à  Rome. 

1.  Cl.\ssific.\tiox  des  rites.  —  Puisque  les  rites,  au 
sens  le  plus  large  du  mot,  sont  les  actes  religieux  par 
lesquels  l'homme  manifeste  ses  sentiments  envers  la 
divinité,  la  classification  des  rites  devra  être  fondée  en 
principe  sur  les  diverses  formes  que  le  sentiment  reli- 
gieux a  prises  dans  l'antiquité.  On  a  vu,  à  l'article 
KELiGio,  que  les  anciens,  abstraction  faite  des  dilTérences 
qui  distinguaient  à  cet  égard  les  Romains  des  Grecs, 
cherchaient:  1°  à  obtenir  la  faveur,  à  détourner  la  colère 
de  la  divinité;  "2°  à  connaître  la  volonté  divine  ou,  par 
l'intermédiaire  de  la  divinité,  l'avenir;  3°  à  savoir  ce  qu'il 
adviendrait  d'eux  après  la  mort,  quelle  était  la  nature  de 
l'âme,  et  comment  ils  pouvaient  s'approcher  le  plus  de 
la  divinité.  De  là  trois  grandes  classes  de  rites,  qu'on 
peut  ainsi  définir  :  1°  les  rites  propitiatoires  ;  2°  les 
rites  divinatoires  ;  3°  les  rites  des  mystères. 

A.  Les  rites  propitiatoires.  —  Pour  que  la  divinité 
pût  se  montrer  propice  aux  désirs  de  l'homme,  il  fallait 
d'abord  qu'elle  connût  ces  désirs:  l'homme  les  lui  indi- 
quait au  moyen  de  la  prière  {precatio,  sj/vî)'.  La 
prière  était  dite  à  part  ou  bien  elle  accompagnait  un 
autre  acte  religieux,  oll'rande,  sacrifice,  etc.  De  même, 
quand  il  avait  obtenu  de  la  divinité  ce  qu'il  désirait, 
l'homme  lui  eu  exprimait  sa  reconnaissance  verba- 
lement (r/ralulalio,  =7ra;vo;).  C'étaient  là  les  deux  formes 
les  plus  fréquentes,  les  plus  simples  de  la  prière.  Il  y  en 
avait  d'autres.  Ainsi  les  Grecs  et  les  Romains  priaient  les 

1  Ad.  Àeneid.  VIU,  836.  —  -  H.  Estienne,  TAetfaurus  ting.  graec.  s.  c.Qsg-^i:^. 
—  i  Har  eï.  Diou.  Halic.  II,  66  et  73.  —  *  Sur  la  prière  dans  le  culte  grec,  voir 
StcQgel,  Diegrit^hischenlCultusaUertûmer,  §52-53,  p.  7i-74;  sur  la  prière  chez  le? 
Komains,  Mar(|uardt,  .Manuel  des  antiquités  romaines  (trad.  fr.).  t.  \II,  p.  ^09  sq.  Cf. 
La<iaulx,  Gtbetc  '1er  Criechen  und  ftônicr  tims  Studien  dei  ctassischen  Attertums^ 
Ralisbonnc,   ISil,  p.  137    sq.  —  ^  Siengel,  Op.  cit.  §  54,  p.  75  sq.  —  6  G.  Wis- 


RIT 

dieux  d'exercer  leur  puissance,  non  pas  seulement  en 
faveur  de  celui  qui  s'adressait  à  la  divinité,  mais  contre 
un  autre  homme  ou  d'autres  hommes  nommément 
désignés  :  c'était  là  le  rite  de  l'imprécation  (àpi,  litapi, 
xaTipQt,  deprecatio,  exsecratio,  imprecatio,  etc.  ;  [voirDE- 
voTio,  p.  114]  ■.  La  devolio,  le  dévouement  (au  sens 
étymologique  du  mot)  de  soi-même,  n'était  qu'un  cas 
particulier  de  cette  forme  de  prière  [devotio,  /oc.  cit.]  '  ; 
dans  ce  cas,  on  s'offrait  soi-même  au  courroux  des  dieux 
pour  le  détourner  soit  d'une  autre  personne,  soit  plus 
fréquemment  de  sa  patrie.  Lorsque  la  prière  proprement 
dite  était  accompagnée  d'une  promesse,  quand  l'homme 
qui  implorait  la  divinité  s'engageait  d'avance  à  lui 
témoigner  sa  gratitude  par  une  offrande  ou  un  sacrifice, 
la  prière  devenait  un  vœu  [votim,  £'j/apicr-:T,piov]  \  Dans 
une  certaine  mesure  aussi  le  serment7"syi/;"anrfj<wi,ôpxoç) 
était  une  prière  '  ;  on  prenait  la  divinité  à  témoin,  on  la 
priait  de  punir  le  parjure  [jusjlrandum].  Ces  rites 
purement  verbaux  ne  s'accomplissaient  pas  sans  gestes 
appropriés;  les  plus  usuels  de  ces  gestes  était  le  geste 
spécial  de  l'adoration,  une  légère  inclinaison  de  la  tête, 
parfois  un  baiser  donné  à  l'image  de  la  divinité  qu'on 
invoquait  [adoratiOj. 

On  peut  rattacher  à  ce  premier  groupe  de  rites  propi- 
tiatoires, prières  transmises  par  la  voix,  le  rite  de  la 
defixio,  imprécation  le  plus  souvent  transmise  par  écrit 
et  nettement  distincte  de  [adevotio^. 

Mais  les    anciens   n'ont  jamais   cru   que  de  simples 
paroles,  dites  ou  écrites,  même  accompagnées  de  pro- 
messes, fussent  assez  efficaces  pour  rendre  les  divinités 
propices.  Les  actes  avaient  plus  d'importance  encore  que 
les  paroles  dans  le  rituel  antique.   L'acte  religieux  par 
excellence,  du  moins  à  l'époque  historique,  était  le  don 
fait  par  l'homme  à  la  divinité,  l'offrande  (àvi6r,uLa,  </on«/«, 
donarium).    On   trouvera  à  l'article  donarium   tous  les 
renseignements   nécessaires  sur  les  simples  offrandes, 
leur  caractère,  leurs  rites  {consecratio,  dedicatio],  leurs 
diverses  espèces,  etc.  Si  l'offrande  était  le  don  sous  sa 
forme  la  plus  simple,  la  libation  et  le  sacrifice,  quoique 
plus  complexes,  étaient  de  même  des  dons  de  l'homme 
à  la  divinité.  A  certains  égards,  la  libation  faisait  partie 
du  sacrifice  ;  elle  était  un  sacrifice  sans  eflusion  de  sang. 
Au  sens  le  plus  précis  et  le  plus  limité  du  mot,  la  libatio 
était  le  don  fait  à  la  divinité  des  liquides,  tels  que  le  vin, 
le  lait,  l'hiiile,  que  l'on  versait  sur  l'autel,  ou  encore  de 
l'encens  et  des  parfums  qu'on  répandait  dans  les  flammes 
sacrées  '".    Le    sacrifice    [sacrificium,    Ouo-îa)    pouvait 
comporter  ou  non  l'immolation  d'un  être  vivant.  Lors- 
qu'il n'était  pas  sanglant,  il  consistait  essentiellement 
dans  le  don  à  la  divinité  de  pains,  de  gâteaux,  de  fruits, 
quelquefois  aussi  de  fromages".  Le  sacrifice  sanglant 
comportait  l'immolation  d'une  victime  dont,  suivant  les 
cas,  les  dieux  laissaient  une  partie  à  la  disposition  des 
hommes  ou  qu'ils  réclamaient  tout  entière  [sacrificium\ 
Malgré  toutes  les  différences,  parfois  capitales,  qui  dis- 
tinguent entre   eux  les  trois  actes   de  l'offrande,  de  la 
libation,   du  sacrifice,    ces  actes  étaient    inspirés,  chez 
les  Grecs  et  les  Romains,   d'une  seule  et  même  idée  : 

sowa,  lieligion  und  Kultus  der  liômer,  p.  dii.  —  7  gur  le  caractère  du  votum 
daus  le  culte  romaiu,  voir  G.  Wissowa,  ()p.  cit.  p.  319-3it.  —  s  Chez  les  Grecs, 
voir  Siengel,  Op.  cit.  §  56,  p.  78-80.  —  ^  A.  .\miollent,  Defixionum  tabeltae, 
p.  XXXVI  sq.  —  '"  Sur  les  libations  dans  le  culte  grec.  v.  Siengel,  Op.  cit,  §  tiî, 
p.  93-9i;  cf.  Marquardt,  p.  î03-i04.  —  Il  Siengel,  Op.  cil.  i  61,  p.  89-9Î;  Mar- 
quardt,  p.  i03  ;  Wissowa,   Op.  cil.  p.  344-345. 


1 


RIT 

rendre  par  des  présents  plus  ou  moins  considérables 
ou  précieux  la  divinité  propice,  obtenir  d'elle,  grâce  à 
ces  présents,  qu'elle  satisfit  les  désirs  des  hommes. 

Mais  à  ce  rite  essentiel  certaines  conditions  étaient 
indispensables  et  des  rites  accessoires  s'ajoutaient.  La 
divinité    n'accueillait    avec    faveur     les     présents   des 
hommes,  que  s'ils  lui  étaient  olTerts  par  des  êtres  purs. 
I  En  règle  générale,    il  fallait  se  purifier  avant  d'entrer 

dans  un  sanctuaire,  avant  de  procéder  ou  de  prendre 
part  à  une  ofTrandc,  à  une  libation,  à  un  sacrifice.  Delà 
les  purifications  ou  rites  purificatoires  (xiôapccç,  lus- 
trât io),  dont  on  trouvera  l'énumération  et  l'étude 
complète  dans  l'article  listratio.  Mais,  lorsque  la  tache 
à  effacer  était  grave,  lorsque  la  souillure  à  faire  dispa- 
raître était  un  crime  commis  soit  envers  les  hommes  soit 
envers  les  dieux,  la  purification  prenait  un  caractère 
particulier,  devenait  une  expiation  ;  les  rites  expiatoires 
{lustratio,  piaculum)  étaient  plus  minutieux,  plus  com- 
pliqués, plus  sévères  que  les  simples  purifications  '. 

D'autre  part,  quand  les  multiples  conditions  requises 
pour  la  validité  d'un  sacrifice  se  trouvaient  remplies,  les 
Grecs  et  les  Romains  croyaient  augmenter  encore  l'effi- 
cacité de  l'acte  religieux  qu'ils  accomplissaient  en 
l'entourant,  pour  ainsi  dire,  de  cérémonies  destinées  à 
honorer  la  divinité  :  telle  parait  être  du  moins  la  signi- 
fication à  l'époque  historique  des  processions  solennelles, 
des  hymnes,  des  jeux  et  concours  de  toute  nature  qui 
précédaient,  accompagnaient  ou  suivaient  beaucoup  de 
sacrifices.  [Pour  les  processions  sacrées,  on  les  trouvera 
citées  et  décrites  aux  noms  des  principales  fêtes,  tels 
que  BRAURONiA,  I,  p.  748-749;  délia,  II,  p.  37;  eleusinia, 
II,  p.  o67  sq.  ;  panathenaia,  IV,  p.  306  sq.;  pythia, 
IV,  p.  792  sq.  ;  argei,  I,  p.  40o;  amburbium,  I,  p.  226; 
COMPITALIA,  I,  p.  1429,  etc.  —  Pour  les  hymnes,  voir 
HYMNUS,  III,  p.  337  sq.  —  Pour  les  jeux,  voir  les  mots 
AGONAUA,  I,  p.  147  sq.  ;  certamina,  I,  p.  1081  sq.  ; 
LUDi  PUBLici,  III,  p.  1362  sq.,  ainsi  que  les  noms  des 
grandes  fêtes  helléniques,  istumia,  nemea,  Olympia, 
PYTHIA,  etc.]. 

Tels  étaient  les  rites  propitiatoires  le  plus  généra- 
lement observés,  ceux  dont  le  caractère  peut  être  déter- 
miné sans  hésitation.  Mais  nous  devons,  en  outre,  citer 
divers  rites,  soit  exceptionnels  à  l'époque  historique,  soit 
d'une  nature  spéciale,  soit  encore  d'une  origine  et  d'une 
signification  qui  ne  sont  pas  sans  laisser  quelque  place 
au  doute.  Si  le  plus  souvent  les  victimes  immolées  en 
l'honneur  des  divinités  étaient  des  animaux,  il  arrivait 
parfois  cependant  qu'on  sacrifiât  des  êtres  humains  :  le 
rite  était  célébré  en  Grèce  dans  les  cultes  de  Dionysos 
Omestès,  de  Zeus  Laphystios,  de  Zeus  Lykaios,  etc.;  il 
avait  parfois,  mais  non  toujours,  le  caractère  d'une  céré- 
monie expiatoire  ^  Dans  la  religion  romaine,  il  parait 
avoir  été  plus  exceptionnel;  les  Romains  lui  attribuaient, 
à  tort  ou  à  raison,  une  origine  grecque  '  [sacrificium]. 
C'était  encore  un  genre  particulier  de  sacrifice  que  le  ban- 
quet sacré  offert  aux  dieux,  appelé  par  les  Grecs  9îo;£v!a, 
par  les  Latins  lectisterniuin  [lectisternium,  theoxenia]. 
L'origine  des  sacrifices  humains  et  des  lectisternes 
remonte  sans  doute  à  une  époque  très  reculée,  oîi  les 
conceptions  religieuses  étaient  différentes  de  celles  qui 
avaient  cours  pendant  la  période  classique  :  les  uns  et 

1  Slcngel,  Op.  cit.  55  S5  si(.  p.  138-151  ;  Wissowa.  p.  3î7  s'j.  —  2  SIengcl,  Op. 
cit.  §74,  p.  114-117;  cf.  Frazer,  The  Golden  Bougt,  î'  éd.  11.  34  sq.  —  'J   G,  Wis- 


871 


RIT 


les  autres  sont  des  survivances  d'un  rituel  qu'inspiraient 
des  idées  tout  à  fait  étrangères  à  un  Athénien  du  siècle 
de  Périclès,  à  un  Romain  contemporain  d'.\\iguste,  ou 
même  de  Caton  l'Ancien.  D'autres  rites  encore  se 
présentent  avec  la  même  physionomie:  tels  ceux  de 
I'aiora,  de  l'AMPiiiDROMiA ,  de  I'aouaelicium,  manalis 
LAPIS,  de  I'armilustrum,  du  bidental,  du  dioskodion, 
de  I'eiresionè,  de  la  lithobolia,  des  lupercalia,  de 
l'ocTOBER  Eouus.  On  saisit  bien  dans  les  uns  et  les  autres 
des  traits  qui  permettent  de  les  considérer,  ceux-ci 
comme  propitiatoires,  ceux-là  comme  purificatoires  ou 
expiatoires;  mais  dans  l'ensemble,  ils  semblent  appar- 
tenir à  une  strate  religieuse  différente  de  celle  qui  cor- 
respond vraiment  aux  temps  historiques.  C'est  en  les 
comparant  avec  certaines  coutumes  encore  populaires 
parmi  les  paysans  européens  ou  bien  avec  des  usages 
encore  aujourd'hui  observés  par  des  tribus  sauvages, 
que  plusieurs  mythologues  modernes,  Mannhardt  et 
Frazer  surtout,  ont  essayé  d'expliquer  le  sens  de  ces 
rites  \ 

B.  Rites  divinatoires.  —  Les  Grecs  et  les  Romains  ne 
cherchaient  pas  seulement  à  se  concilier  la  faveur  de  la 
divinité,  à  obtenir  d'elle  la  satisfaction  de  leurs  désirs. 
Ils  s'efforçaient  aussi  de  connaître  d'avance  ses  desseins 
ou,  par  son  intermédiaire,  l'avenir;  ils  s'adressaient  à 
elle  pour  savoir  ce  qu'il  convenait  de  faire  en  telle  ou 
telle  circonstance  donnée.  La  divination,  sous  ses 
multiples  formes,  a  tenu  une  place  considérable  dans  les 
religions  antiques.  Les  rites  divinatoires  n'étaient  pas 
moins  nombreux  ni  moins  variés  que  les  rites  propi- 
tiatoires. Il  a  été  ou  il  sera  question  de  ces  rites  dans  des 
articles  spéciaux  auxquels  nous  renvoyons  [augures, 
fclmen,  haruspices,  incubatio,  oraculum,  procuratio, 
PRûDiGiA,  siGNUM,  TEMPi.UM,  etc.].  Sur  l'ensemble  de  la 
divination  antique,  son  caractère,  ses  méthodes,  son 
histoire,  l'article  divin.^tio  fournira  tous  les  rensei- 
gnements désirables. 

C.  Rites  des  mi/stêri";.  —  Les  cultes  à  mystères,  culte 
de  Déméter  à  Eleusis,  culte  des  Cabires  de  Samothrace, 
culte  de  Dionysos  en  Béotie,  etc.,  comprenaient,  outre 
lesrites  usuels,  purificatoires,  expiatoires,  propitiatoires, 
des  cérémonies  particulières,  qui  ne  se  célébraient  pas 
dans  les  autres  cultes.  Ce  sont  ces  rites  spéciaux,  dont 
nous  formons  une  catégorie  à  part,  sous  le  nom  de  rites 
des  nvjsières.  L'acte  essentiel,  fondamental,  duquel 
dérivent  ces  rites,  c'est  l'initiation,  la  révélation  à  un 
groupe  limité  de  fidèles  d'un  secret  caché  jalousement 
aux  profanes.  La  nature,  l'aspect  extérieur,  le  contenu, 
en  un  mot  le  fond  et  la  forme  du  secret  étaient  variables  : 
à  Eleusis  par  exemple,  on  montrait  aux  initiés  des  objets, 
on  leur  faisait  entendre  des  paroles  ou  des  formules, 
on  leur  faisait  voir  des  actes  représentés  dramatique- 
ment [eleusinia].  Les  rites  des  mystères  sont  naturel- 
lement ceux  dont  les  détails  sont  le  moins  connus;  les 
initiés  n'ontpoinl  rompu  le  silence  qui  leur  était  imposé; 
quant  aux  railleries  des  sceptiques  comme  Lucien,  et 
aux  attaques  passionnées  des  chrétiens,  il  est  prudent  de 
n'y  accorder  qu'une  confiance  très  mesurée.  Des  quelques 
renseignements  dignes  de  foi,  qui  sont  épars  dans  les 
documents  et  les  auteurs  anciens,  on  peut  conclure, 
croyons-nous,    que  le  plus  souvent  la   révélation   des 

sowa.  Op.  cil.  p.  354-335.  —  4  Mannhardt,  Antilce  Wald-und   Feldkulte  (iS'î); 
Mythologiache  FoTschungen,  (1884);  J.  Frazer,  The  Golden  Bough,  2»  éd.  (1900;. 


RIT 


872 


RIT 


myslèves  avait  pour  objet:  1"  la  mise  on  action,  sous  la 
forme  d'un  drame  sacré,  du  raylhe  ou  d'un  épisode  du 
mythe  de  la  divinité;  2'  la  destinée  de  l'àme  humaine, 
surtout  après  la  mort  ;  3°  comme  conséquence  de  cette 
révélation,  un  enseignement,  beaucoup  moins  eschato- 
logique  et  moral  que  pratique,  si  l'on  peut  s'exprimer 
ainsi,  sur  les  lînfers  ;  col  enseignement  «  avait  pour 
objet  de  mettre  l'homme  en  état  de  se  tirer  d'allaire 
lorsqu'il  arriverait  dans  la  demeure  d'Hadès'  ». 

D'autre  part,  on  a  vu,  à  l'article  rkligio,  que  les  anciens 
connurent  le  désir  de  s'approcher  le  plus  près  possible 
de  la  divinité,  au  point  de  s'assimiler  avec  elle.  C'est  de 
ce  désir  que  procèdent  certains  rites  de  cultes  à  mystères, 
tels  que  l'omophagie  [oMOPnAr.iAj  du  culte  de  Dionysos, 
l'absorption  du  cycéon  dans  le  culte  éleusinien  [cycaeon, 
ELEisiMA,  p.  569  sq.],  peut-être  certains  banquets 
sacrés,  dans  lesquels  s'opérait,  d'après  plusieurs  mytho- 
logues modernes,  une  véritable  communion  des  fidèles 
avec  la  divinité'-;  peut-être  aussi  les  danses,  transports 
et  orgiasmes  bachiques. 

II.  Les  rites  dans  la  vie  antique.  —  Les  rites  tenaient 
dans  la  vie  antique  une  place  considérable;  ils  étaient 
mêlés  à  tous  les  actes  de  l'homme,  à  toutes  les  circon- 
stances habituelles  ou  inattendues  de  son  existence. 

Dans  la  vie  individuelle  et  domestique,  qu'il  est  assez 
malaisé  de  distinguer  complètement  l'une  de  l'autre, 
puisque  l'homiie  vit  plutôt  en  Tamille  qu'isolé,  les  actes 
religieux  étaient  pour  ainsi  dire  incessants.  La  naissance, 
le  passage  de  l'enfance  à  l'âge  adulte,  le  mariage,  la 
mort  étaient  chez  les  anciens  accompagnés  de  rites 
spéciaux  [pour  la  Grèce,  ampbidromia;  ephebus,  p.  625; 

UIERÛS  GAMOS  et  MATRIMONIUM,  p.    1647  Sq.  ;  FUNLIS,  p.  139; 

pour  Rome,  outre  les  renseignements  réunis  dans  l'ar- 
ticle INDIGITAME[VTA,  VOir  FUNUS,  p.  1386  Sq.,  MATRIMONIUM, 

p.  16.56  sq.,  toga]. 

La  vie  quotidienne  en  était  de  même  toute  remplie. 
Le  matin,  à  chacun  de  ses  repas,  le  soir,  le  Grec  faisait 
une  libation  sur  l'autel  d'Hestia,  la  déesse  du  foyer; 
chaque  jour,  «  les  vieux  Romains  et  plus  tard  ceux  qui 
étaient  restés  fidèles  aux  mœurs  antiques,  faisaient,  avec 
leurs  enfants  et  leurs  esclaves,  la  prière  du  matin  et 
offraient  un  sacrifice  à  table  »^  Avant  de  se  mettre  au 
travail,  on  invoquait  le  patron  de  sa  corporation.  A  la 
campagne,  tous  les  actes  essentiels  delà  vie  rurale,  sous 
sa  forme  agricole  et  pastorale,  étaient  précédés  de  rites  : 
les  calendriers  rustiques,  les  inscriptions,  les  auteurs 
tels  que  Caton,  Ovide,  Columelle  nous  font  connaître  les 
cérémonies  multiples  qu'il  fallait  célébrer  dans  les 
champs  pour  s'assurer  une  bonne  récolte,  pour  attirer 
sur  ses  moissons,  sur  ses  troupeaux,  sur  ses  granges, 
sur  ses  élables,  la  protection  et  la  faveur  des  divinités, 
pour  en  détourner  les  mauvaises  influences  et  les  cata- 
strophes'. C'est  précisément  la  multiplicité  de  ces  rites, 
de  ces  prières,  de  ces  libations,  de  ces  sacrifices,  qui 
explique  la  présence  dans  chaque  demeure  grecque  ou 
romaine  d'autels,  de  niches  occupées  par  des  images 
divines,  même  de  petites  chapelles  ou  d'oratoires  [ara, 
DOMfs,  larariumJ;  qui  explique  aussi  le  nombre  considé- 
rable de  sanctuaires,  le  plus  souvent  très  modestes,  dont 

1  Foiicart,  Recherchet  sur  l'oriyine  eC  la  nature  des  myslires  d'Eleusis,  p.  C3  ; 
cf.  l'art.  URPHici,  p.  253  sq.  Sur  les  mysLôrcs  en  général,  voir  l'article  «ysteria  ; 
cf  ELSusmiA,  Dio.iïsos,  CABini.  —  2  W.  Roborlson  Srnitli,  art.  «  Sacrifice  ..,  Ency- 
ctop.  Brilannica,  9*  édit.  XXI,  p.  137  sq.  ;  cf.  Fiazcr,  Le  Hameau  d'or,  Ir.  fraaç. 


la  campagne  était  remplie,  ou  mieux  encore  le  caractère 
sacré  attribué  à  tant  de  hauteurs,  à  tant  de  grottes,  à  tant 
de  sources,  à  tant  d'arbres  [montes  divini,  fons,  arbores 
sacrae,  templum,  etc.].  A  Rome,  chaque  partie  de  la 
maison,  chaque  opération  agricole  était  nommée  dans 
les  indigitamenta  ou  dans  les  formules  sacerdotales 
[indigitamenta,  p.  471-472].  Enfin,  outre  les  actes  cou- 
rants, habituels,  réguliers  de  la  vie  quotidienne,  indivi- 
duelle et  domestique,  certains  événements  exceptionnels, 
un  départ,  un  retour,  l'arrivée  d'une  bonne  nouvelle,  une 
convalescence,  une  récolte  particulièrement  bonne,  etc., 
étaient  l'occasion  d'actes   religieux,  de  rites. 

Il  est  inutile,  après  la  lumineuse  démonstration  de 
Fustel  de  Coulanges,  d'insister  sur  le  caractère  religieux 
du  lien  par  lequel  les  Grecs  et  les  Romains  se  sentaient 
rattachés  à  leurs  ancêtres"^.  Ce  caractère  nous  fait  mieux 
comprendre  la  place  que  tenaient  dans  la  vie  antique 
les  rites  du  culte  des  0£o(  Ttarocôoi  et  des  0sol  jAriTooioi  ;  la 
fréquence  de  ceux  qu'on  célébrait,  soit  en  l'honneur  de 
la  déesse  du  foyer,  soit  sur  les  flammes  mêmes  du  foyer, 
[focus,  vesta];  les  invocations  incessantes  au  Zeus 
Herkeios,  au  Zeus  Ktésios,  aux  Pénates,  aux  Lares;  cer- 
taines cérémonies  enfin,  qui  attestent  l'existence  d'un 
culte  domestique  des  morts  [lémures]. 

La  famille  n'était  que  le  plus  étroit  des  groupes 
sociaux  ou  politiques  dont  l'individu  faisait  partie  dans 
l'antiquité.  Les  rites  ne  jouaient  pas  un  rôle  moins 
important  dans  le  yÉvoç  grec  el  la  gens  romaine  [gens], 
dans  la  phratrie  grecque  [apaturia,  puratria]  et  la  curie 
romaine  [curia,  p.  1627],  dans  les  diverses  associations 
ou  corporations  de  la  Grèce  et  de  Rome  [collegium, 
p.  1294;  ERAN0S,  p.  805;  orgeones,  tbiasus].  Comme 
aucun  de  ces  groupements,  quels  qu'en  fussent  l'origine 
et  le  caractère,  ne  manquait  d'être  fondé  sur  la  religion 
ou  cimenté  par  elle,  il  en  résultait- que  les  actes  religieux 
formaient  une  partie  essentielle  de  leur  vie  collective. 

Quant  à  la  cité  ou  l'État,  on  peut  dire  que  rien  ne  s'y 
faisait  sans  l'accomplissement  de  quelque  rite.  La  vie  de 
la  cité  était,  à  ce  point  de  vue,  calquée  sur  celle  de  l'indi- 
vidu ou  de  la  famille  :  des  actes  religieux  précédaient 
ou  accompagnaient  tous  les  actes  publics.  Il  y  avait  un 
foyer  de  l'État,  comme  il  y  avait  dans  chaque  maison  un 
foyer  domestique  :  ce  foyer  était  en  Attique  le  Prytanée 
[prvtaneum],  à  Rome  le  temple  de  Vesta  [vesta].  Les 
corps  constitués,  tels  que  la  Boulé  d'Athènes  et  le  Sénat 
romain,  les  assemblées  publiques  ne  se  réunissaient 
jamais  sans  que  la  séance  s'ouvrît  par  un  acte  reli- 
gieux, prière,  invocation,  sacrifice,  prise  des  auspices 
[boulé,  p.  741-742;  ekklesia,  p.  521;  senatus  ;  cf .  aus- 
piciA,  p.  583-584].  Le  Sénat  romain  ne  pouvait  être  con- 
voqué que  dans  un  endroit  inauguré  ou  templum 
[auspicia,  loc.  cit;  senatus,  templum].  Aucun  magistrat  de 
Grèce  ou  de  Rome  n'entrait  en  fonctions  sans  offrir  un 
sacrifice  et  sans  prêter  serment  [jusjurandum,  p.  757 
(Grèce),  p.  770  (Rome);  magistratus,  p.  1534].  \  Rome, 
tout  magistrat  devait  d'abord  procéder  à  la  cérémonie 
particulière  appelée  la  prise  d'auspices  [auspicia,  loc. 
cit.].  Une  cérémonie  religieuse  était  célébrée  au  début 
de    toute    entreprise    importante,    par    exemple    quand 

L.  Il,  p.  130.  —  3  Alarquardt  et  Mommsun,  Manuel  des  antiquités  romaines 
(tr.  franc.],  t.  XII,  p.  152.  —  1  Voir  en  particulier,  Corp.  inscr.  lat.  12;  Cal. 
De  rc  rustica;  Ovid.  Fasti;  Columell.  De  re  rustica.  —  s  Fustel  de  Coulanges, 
La  cité  antique. 


RIT 


—  873 


RIT 


l'armée  partait  pour  une  expédition  :  qui  m.'  connaît  les 
lignes  fameuses  où  Thucydide  mentionne  les  prières,  les 
libations,  les  hymnes  qui  accompagnèrent  le  départ  de  la 
flotte  athénienne  pour  la  Sicile'?  Tout  consul  romain, 
avant  d'aller  prendre  le  commandement  des  légions,  fai- 
sait quelque  vœu  à  la  divinité  [votum]  ;  ces  vœux  étaient 
spécialement  appelés  vota  nuncupata.  Nous  pourrions 
multiplier  sans  fin  les  exemples  :  qu'il  suffise  d'avoir  mis 
ici  en  lumière  que  la  vie  antique  sous  toutes  ses  formes, 
individuelle,  domestique,  sociale,  politique,  privée  ou 
publique,  était  marquée  à  chaque  instant  par  un  rite, 
tantôt  très  simple,  comme  la  prière,  l'invocation,  la 
libation,  tantôt  solennel,  comme  le  serment  des  magis- 
trats, la  prise  des  auspices,  les  sacrifices  offerts  au  nom 
de  l'État  pour  remercier  la  divinité  d'une  victoire  déci- 
sive ou  d'une  paix  avantageuse.  De  même  que  les  dieux 
eux-mêmes,  les  rites  surgissaient  partout,  à  tout  instant, 
dans  la  vie  des  Grecs  et  des  Romains. 

III.  Conditions  de  temi'S,  de  lieu,  de  personnes.  —  La 
pratique  incessante  de  rites  si  nombreux  était-elle  sou- 
mise à  des  conditions  impérieuses  de  temps  et  de  lieu  ? 
Etait-ellestrictementréservéeàcertainespersonnes,  inter- 
dite à  toutes  les  autres  ?  Cette  question  est  fort  complexe, 
en  raison  du  nombre  et  de  la  variété  des  rites.  Elle  com- 
porte non  pas  une  seule,  mais  de  multiples  réponses. 

Le  temps.  —  Il  semble  bien  que  la  prière,  le  vœu,  le 
serment,  l'imprécation,  et,  d'une  manière  générale,  les 
rites  propitiatoires  de  caractère  individuel  et  privé, 
tels  que  l'offrande  simple  et  la  libation,  pouvaient  être 
pratiqués,  sauf  cas  exceptionnels,  n'importe  quel  jour  et 
à  n'importe  quelle  heure  de  la  journée.  Rien  dans  les 
documents  ne  nous  indique  qu'une  limitation  ait  été 
apportée  en  cette  matière  à  la  libre  initiative  des 
individus.  Il  n'en  était  pas  de  même  pour  certains  rites 
de  la  religion  domestique,  ni  pour  les  rites  de  caractère 
public  ou  collectif.  Chez  les  Romains,  le  sacrifice  quoti- 
dien offert  aux  Lares  n'avait  lieu  que  pendant  le  repas  : 
les  Lemuj'ia  devaientêtre  célébrésaprès  minuit  [lemires. 
Quant  aux  rites  du  culte  public,  ils  se  composaient,  en 
Grèce  et  à  Rome,  à  la  fois  de  cérémonies  dont  les  dates 
étaient  fixées  d'avance,  de  fêtes  fixes,  —  de  cérémonies, 
dont  les  dates  variaient  chaque  année,  de  fêtes  mobiles, 

—  même  de  cérémonies  imprévues,  déterminées  par  des 
circonstances  fortuites,  telles  que  l'apparition  de  pro- 
diges, un  danger  pressant,  le  départ  d'une  flotte  ou 
d'une  armée,  etc.  [feriae].  A  Rome,  «  l'indication  des 
fêtes  mobiles  et  extraordinaires,  dit  Marquardt,  était 
l'affaire  des  consuls,  et,  en  leur  absence,  celle  dnpraetor 
urbanus  -  ».  C'était  donc  des  magistrats  civils,  non  les 
pontifes,  qui  fixaient  d'avance  les  dates  de  ces  fêles.  .\u 
contraire,  le  calendrier,    qui    indiquait  les  fêtes   fixes, 

-était  confectionné  par  les  pontifes',  qui  avaient  la  charge 
de  veiller  à  l'observation  des  jours  de  fête.  N'y  a-t-il  pas, 
dans  cette  différence  même,  la  preuve  que  certaines 
cérémonies  religieuses  étaient  plus  particulièrement 
soumises  à  de  rigoureuses  conditions  de  temps  ?  11  y 
avait,  à  ce  point  de  vue,  une  grande  variété  parmi  les 
rites  et  les  fêtes.  Si  le  paysan  attique  était  libre  d'adres- 
ser une  prière  ou  d'offrir  quelques  fruits  à  une  divinité 
champêtre  quand  il  le    voulait,  le  myste  d'Eleusis   ne 

I  VI,  3Î.  —  2  Marquardt,  Op.  cit.  p.  357.  —  3  Slengel,  Op.  cit.  §  77,  p.  120-121. 

—  1  Id.  Jbid.  —  '■■  Dere  rustica,  LXXXIII.  —  6  Ibid.  CXLl.  —  ''  P.  llonceaui, 
La   Grèce   avant   Alexandre,  p.  26  ;   Cato,  /)e  re  rustica,   CXLUI  :  Kalendis, 

VIII. 


pouvait  assister  aux  mystères  de  Déméter  et  de  Coré 
qu'aux  dates  fixées  par  le  rituel. 

Le  lieu.  —  En  apparence,  la  condition  de  lieu  semble 
plus  rigoureuse  :  la  plus  grande  partie  des  rites  se  prati- 
quent sur  le  foyer,  dans  les  sacella,  lararia,  et  sur  les 
autels  domestiques,  quand  il  s'agit  de  cultes  privés  ou 
familiaux  ;  dans  les  sanctuaires  si  nombreux  et  si  divers 
que  la  Grèce  et  Rome  ont  connus,  depuis  les  bois  sacrés 
et  les  sources  jusqu'aux  édifices  magnifiques  comme  le 
Parthénon  ou  le  temple  de  Jupiter  Capitolin,  s'il  s'agit 
de  cultes  publics.  A  première  vue,  on  ne  conçoit  guère  un 
sacrifice  ou  une  libation  en  l'absence  d'un  autel.  D'autre 
part,  puisque  les  rites  sont  les  procédés  employés  par 
l'homme  pour  atteindre  la  divinité,  ils  doivent  logique- 
ment être  pratiqués  de  préférence  là  où  la  divinité 
séjourne,  dans  les  lieux  qui  lui  ont  été  consacrés, 
devant  les  images  où  l'on  croit  qu'elle  aime  à  résider.  Et 
pourtant,  il  serait  inexact  d'affirmer  que  les  anciens 
n'ont  prié,  invoqué  les  dieux,  offert  des  libations,  même 
de  véritables  sacrifices,  que  dans  des  sanctuaires  ou  sur 
des  autels.  Des  chevaux  et  des  taureaux,  pour  être 
sacrifiés  à  Poséidon,  étaient  précipités  dans  les  flots'; 
c'est  au  même  dieu  qu'Alexandre  fait  une  libation  en 
plein  Hellespont.  De  même,  maintes  offrandes,  dédiées 
aux  divinités  fluviales,  étaient  simplement  jetées  dans  les 
rivières  *.  Des  rites,  comme  Vaiora,  se  célébraient  dans 
les  vergers,  sous  les  arbres  [aiora].  Même  chez  les 
Romains,  où  la  notion  du  teinplum  paraît  avoir  été 
d'une  si  rigoureuse  précision,  le  rite  de  la  devotio  pou- 
vait se  pratiquer  sans  condition  de  lieu,  sur  un  champ 
de  bataille  par  exemple  et  en  pleine  mêlée;  divers  rites 
agraires,  recommandés  par  Caton,  se  célébraient  in 
silva  '%  ou  dans  le  champ  même  qu'il  fallait  lustrare  ^ 
S'il  est  historiquement  vrai  de  dire  que  la  plupart  des 
actes  religieux  se  consommaient  dans  des  lieux  consa- 
crés, il  ne  faut  pas  en  conclure  qu'il  y  eût  là  une  obliga- 
tion rituelle  absolue  :  nombreux  sont  les  cas  contraires 
qu'on  pourrait  énumérer.  Il  n'y  a  là  d'ailleurs  rien  qui 
doive  surprendre  ;  les  sanctuaires  étaient  sur  la  terre  les 
demeures  préférées,  mais  non  exclusives,  de  la  divinité. 
Zeus  était  partout  dans  le  ciel  diurne,  et  son  éclair 
jaillissait  de  toutes  les  parties  de  l'atmosphère  ;  Poséidon 
était  partout  dans  la  mer  calme  ou  irritée;  Cérès  résidait 
dans  tous  les  sillons,  Silvain  dans  tous  les  bois  et  dans 
tous  les  jardins. 

Les  personnes.  —  En  règle  générale,  les  anciens  n'ont 
point  pensé  que  les  rites  dussent  être  célébrés  par  des 
personnages  revêtus  d'un  caractère  particulier  perma- 
nent, et  spécialement  préparés,  par  une  initiation  plus 
ou  moins  longue,  aux  fonctions  rituelles  et  religieuses. 
On  a  souvent  remarqué  qu'il  n'y  avait  pas  eu  en  Grèce 
ni  à  Rome  de  classe  sacerdotale  ^sacerdos].  Les  rites  du 
culte  domestique  étaient  pratiqués  par  le  pater  familias ; 
dans  certains  cas,  à  son  défaut,  par  un  esclave  de  la 
famille  ^  Le  culte  public  était  célébré  par  des  magistrats, 
et  les  prêtres  proprement  dits  n'y  intervenaient,  suivant 
l'expression  de  Marquardt,  qu'à  titre  d'experts  :  «  il  le 
fallait,  car  les  sacrifices  les  plus  usuels  étaient  accomplis 
eux-mêmes  suivant  des  règles  minutieuses  qu'il  n'était 
pas  possible  d'observer  sans  une  connaissance  très  pré- 

Idibus,  Nonis,  festus  dies  cum  erit,  coronam  in  focum  indat  [vilica].  Per  coa- 
detr.que  dies  Lari  familiari  pro  copia  supplieei.  11  lui  est  seulement  iuterdit 
rem  divinarti  facere. 

110 


RIT 


874 


ROB 


cise  des  rites  et  sans  une  expérience  consommée'  ". 
Mais  ce  qu'il  faut  noter,  c'est  que  dans  la  cérémonie 
religieuse,  dans  le  rite  célébré  au  nom  de  la  cité,  pro 
populo,  le  véritable  représentant  de  la  cité,  l'intermé- 
diaire entre  les  hommes  et  la  divinité,  c'est  le  magistrat, 
l'archonte  à  Athènes,  le  consul  à  Rome,  mais  non  l'Upcù; 
ou  le  sacerdos.  Les  seuls  cultes,  où  les  prêtres  aient  tenu 
peut-être  une  place  analogue  à  celle  qu'occupent  les 
prêtres  dans  nos  sociétés  modernes,  sont  les  cultes  à 
mystères  :  chargés  des  révélations  sacrées,  ils  ensei- 
gnaient, sinon  un  dogme,  du  moins  des  formules 
destinées  à  rassurer  l'homme  sur  la  destinée  de  son 
âme  après  la  mort.  Encore  convient-il  de  ne  pas  trop 
appuyer  sur  l'analogie  que  nous  signalons;  car,  les 
Grands  Mystères  d'Eleusis  terminés,  jusqu'à  leur  pro- 
chaine célébration,  les  membres  du  sacerdoce  éleusinien 
vivaient  de  la  même  vie  que  leurs  compatriotes. 

Sans  être  des  prêtres  proprement  dits,  les  devins,  au- 
gures, aruspices,  pratiquaient  les  rites  divinatoires.  Là 
encore,  pour  reprendre  l'ingénieuse  expression  de  Mar- 
quardt,  nous  nous  trouvons  en  présence  d'experts,  plutôt 
que  d'hommes  exclusivement  chargés  de  ces  rites,  exclu- 
sivement compétents  pour  les  pratiquer.  .\  Delphes,  c'était 
bien  la  Pythie  qui  rendait  l'oracle;  mais  c'étaient  les 
prêtres  du  temple  qui  l'interprétaient.  Il  en  était  de 
même  à  Dodone,  à  Épidaure,  etc.  [divixatio,  or.acilum".  .\ 
Rome  même,  où  les  augures  jouaient  un  rôle  si  consi- 
dérable dans  le  culte  public,  les  magistrats  étaient 
officiellement  investis  du  droit  de  prendre  les  auspices, 
de  la  spectio  ;  ce  qui  incombait  spécialement  à  l'augure, 
était  la  nuntiatio  [aigiresJ. 

En  résumé,  les  conditions  de  temps,  de  lieu,  de  per- 
sonne, paraissent  n'avoir  été  rituellement  impératives  ni 
en  Grèce,  ni  à  Rome  :  en  fait,  elles  étaient  observées 
beaucoup  moins  dans  le  culte  privé  que  dans  le  culte 
public,  et  l'on  se  ferait  une  idée  incomplète  de  la  dévo- 
tion grecque  et  romaine,  si  l'on  s'en  tenait  aux  rites  qui 
étaient  pratiqués  à  dates  fixes,  dans  des  lieux  consacrés 
ou  des  sanctuaires  bâtis,  par  des  personnages  portant  le 
titre  de  prêtres  ou  un  titre  analogue.  Il  n'y  avait  point 
de  jour  sans  rites;  tout  lieu  pouvait  être  le  théâtre  d'un 
acte  religieux;  tout  homme,  à  condition  qu'il  fût  pur. 
pouvait  pratiquer  les  rites  de  sa  religion. 

IV.  Le  c.\ractère  des  rites  e.n  Grèce  et  a  Rome.  —  Il 
est  évident  que,  par  essence  et  par  définition,  tout 
rituel  se  compose  de  règles  qu'il  faut  observer.  Toutefois 
les  sentiments,  avec  lesquels  on  se  conforme  au  rituel, 
peuvent  varier  ;  le  respect,  qu'on  professe  pour  les  rites, 
peut  être  très  strict,  très  étroit,  hostile  à  toute  modifica- 
tion même  extérieure  delà  règle;  au  contraire,  ce  respect 
peut  s'allier  avec  l'expression  spontanée  d'une  pensée 
intérieure.  Il  y  avait,  à  ce  point  de  vue,  une  différence 
sensible  entre  la  Grèce  et  Rome.  Il  ne  semble  pas.  par 
exemple,  que  les  Grecs  aient  eu,  pour  la  lettre  même  de 
leurs  prières,  de  leurs  formules  rituelles,  de  leurs 
hymnes,  le  respect  absolu  que  les  Romains  gardèrent 

I  Mommsea  et  ilarquardi,  Manuel  des  antiquités  romaines  (IraJ.  fr.),  i,   XII, 
p.   iC4-ï65.   —2  Manuel  d  histoire  des  Religions,  trad.  Huberl-Lévy    p    54ti' 

-  3  Val.  Mai.  IV,  1,  to.  -  t  .\oct.  Atl.  XIII,  iZ  (ii).  -  5  a„riol.  XXV ';  cf.  Polyb.' 
M,  ïC;   Boissier,  dans  la  Jievue  dhistoire  des  Beligions,  1881.  t.  IV,  p.  308. 

—  BiBi.io..K*PHiE.  Sur  l'ensemble  des  rilcs  grecs  et  romains,  éludics  ind.^pendam- 
nienl  de  la  mythologie  et  de  Thisloiie  des  religions,  il  nous  parait  suffisant  de 
ciler  :  Ur^^ce.  .^cboemann,  Griechische  AUerthùmer.  t.  Il  itrad.  franc.  Galuski 
lomell);Stengel,  Die  yriechischen  /Cullusatlerlhamer.  ilamcU,  I89S.  -  Rome  ■ 


pour  les  leurs,  au  point  d'en  arriver  à  ne  plus  comprendre 
eux-mêmes  leurs  antiques  carmina  [carmen,  p.  9221.  <i  II 
est  à  noter,  écrit  justement  Chantepie  de  la  Saussaye '-, 
que  pour  les  Grecs  la  prière  n'a  pas  été  uniquement  une 
chose  rituelle,  mais  qu'ils  l'ont  enrichie  d'idées  et  de 
sentiments  religieux.  Peu  de  peuples  nous  ont  laissé, 
dans  la  prière,  autant  de  manifestations  de  piété  inté- 
rieure que  les  Grecs.  Les  Spartiates  priaient  les  dieux 
de  leur  faire  don  de  ce  qui  était  bon  et  beau  ;  Pythagore 
et  Socrate  enseignaient  qu'il  fallait  leur  demander  le 
bien  ;  Platon  décrit  la  piété  se  manifestant  dans  la 
prière.  »  A  Rome,  au  contraire,  la  prière  ne  perdit 
jamais  complètement  son  caractère  d'incantation  ma- 
gique "carme.n,  p.  922".  Valère  Maxime  cite,  comme  un 
fait  exceptionnel  et  unique,  la  modification  que  Scipion 
Ëmilien  fit  apporter  au  carmen  precationis  public^; 
d'après  .\ulu-Gelle,  les  prières,  qu'il  fallait  adresser  aux 
dieux  immortels,  formaient  un  recueil  qui  se  trouvait 
dans  les  libri  sacerdotum  populi  romani^.  En  ce  qui 
concerne  les  libations,  les  sacrifices,  les  purifications  et 
expiations,  les  consultations  d'oracles  et  procédés  divi- 
natoires divers,  les  processionset  les  jeux,  rien  n'indique 
que  la  Grèce  ait  cru  autant  que  les  Romains  à  la  nécessité 
d'une  impeccable  observance:  en  tout  cas,  on  ne  connaît 
point  chez  les  Grecs  de  notion  ni  de  rite  qui  soient  com- 
parables à  la  notion  et  au  rite  du  piaculuin  romain 
[piacilim',  quand  ce  terme  est  employé  pour  désigner 
quelque  dérogation,  souvent  imperceptible,  aux  règles 
du  rituel.  Les  rites  purificatoires  ou  expiatoires  du  culte 
grec  étaient  destinés  à  effacer  des  souillures  matérielles 
ou  morales,  mais  non.  semble-t-il,  des  maladresses  ou 
des  oublis  rituels.  D'ailleurs,  Plutarque,  qui  connaissait 
fort  bien  la  religion  grecque,  cite,  comme  un  des  carac- 
tères particuliers  de  la  religion  romaine,  le  soin  et  la 
ténacité  avec  lesquels  les  Romains  recommençaient 
jusqu'à  trente  fois  les  cérémonies  dans  lesquelles  ils 
croyaient  avoir  remarqué  quelque  défaut  ou  quelque 
obstacle  \  Il  ressort,  avec  évidence,  du  passage  de  Plu- 
tarque, que  la  même  rigueur  n'existait  pas  en  Grèce.  Si 
donc  les  rites  n'étaient  pas  moins  nombreux  dans  la 
religion  grecque  que  dans  les  cultes  romains,  s'ils  y 
tenaient  une  place  aussi  grande,  du  moins,  d'après  tout 
ce  que  nous  savons,  ils  pesaient  d'un  poids  moins  lourd 
sur  la  pensée  et  sur  l'àme,  ils  ne  comprimaient  pas  ou 
ils  comprimaient  beaucoup  moins  les  élans  du  sentiment 
religieux.         J.  Toltain. 

RIVUS  'AOIAE. 

ROBIGUS,  ROBIGALIA.  —  Le  phénomène  de  la  rouille, 
qu'il  s'attaque  au  fer  ou  aux  céréales,  est  désigné  en 
latin  par  lemotroô/^oirad.  robus^^  ruf'us, rouge)' .  L'im- 
portance de  la  culture  du  blé  dans  la  banlieue  de  Rome 
aux  plus  anciens  temps  ne  pouvait  manquer  de  surexciter 
la  piété  des  laboureurs  lorsque  ce  fléau  s'abattait  sur 
leurs  champs.  De  là,  une  personnification  divine,  à  face 
double  comme  la  plupart  des  génies  de  la  végétation  et 
de  la  vie  rustique,  funeste  et  réparatrice  tour  à  tour,  qui 

Boucbé'Leclercq,  Manuel  des  Institutions  romaines,  Paris,  18S6;  Marqiiardt  et 
Mommsen,  Manuel  des  antiquités  romaines,  Irad.  franc,  t.  XII  et  XIII;  le  Cultr 
chez  les  Romains.  Paris,  1889;  G.  Wissowa,  Religion  und  Kullus  der  Hômer, 
Munich,  1902. 

nOBIGUS,  ROBIGALIA.  1  Serv.  ad  Georij.  I,  151  ;  Ov.  Fast.  I.  68T.  Dans  ce  der- 
nier passade,  consacra  aux  feriae  Sementivae  de  janvier,  c"est  Gérés  qu'invoque  le 
poète  et  à  qui  il  demande  d'écatter  des  semailles  nouvelles  le  fléau  de  la  rouille. 
Les   épilliêtes  par  lesquelles  il   les  caractt:rise   sont  :  scabra  aspera. 


ROB 


875 


ROM 


devint  l'objet  d'un  culte  de  propitiation '.  Dans  un  des 
morceaux  les  plus  soignés  des  Fastes  '-,  Ovide,  sans  doute 
interprète  de  l'opinion  populaire,  appelle  cette  divinité 
Robigo  ;  en  réalité,  les  anciens  ne  connaissaient  qu'un 
dieu  Robigus^;  ainsi  que  Mommsen  l'a  fort  bien  con- 
jecturé, c'était  moins  une  personnalité  distincte  qu'un 
aspect  personnifié  du  Mars  rustique  '.  Caton  nous  a  con- 
servé la  prière  par  laquelle  le  laboureur  demande  à  Mars 
de  détourner  des  cultures  les  fléaux  et  les  intempéries'; 
et  le  flamine  qui  intervient  dans  les  actes  principaux  du 
culte  de  Robigus  est  le  flamen  Quirinalis,  c'est-à-dire 
le  ministre  du  Mars  des  Sabins''.  Dans  la  littérature,  à 
partir  d'Ovide,  c'est  Robigo  qui  persiste  '';  mais  il  n'y  a 
jamais  eu  de  couple  Robigus-Robigo  dans  les  livres  des 
pontifes.  Il  arrivait  seulement  qu'on  appariait  d'une  part 
Mars  avec  Robigus,  de  l'autre  Robigo  avec  Flora  qui 
exerçait  une  action  analogue*. 

La  fête  du  dieu  Robigus,  les  Robigalia.,  instituée  par 
le  roi  Numa,  tombait  le  25  avril,  époque  où  les  blés 
sont  en  fleur  et  où  se  forme  l'épi.  Il  ne  semble  pas  qu'on 
les  ait  jamais  célébrés  ailleurs  qu'à  Rome;  mais  aux 
portes  de  la  grande  ville,  ils  subsistèrent  bien  long- 
temps après  que  les  champs  de  céréales  eurent  disparu 
de  la  région.  Le  flamen  Quirinalis  y  présidait,  comme 
il  présidait  à  celles  d'Acca  Larentia,  la  mère  des  Lares, 
et  aux  Consualia  de  juillet  et  d'août,  qui  ont  le  même 
caractère  rustique'.  Les  Robigalia  débutaient  par  une 
procession  qui,  de  la  ville,  se  rendait  au  iucus  Robigi, 
situé  sur  la  voie  Claudia  au  cinquième  milliaire'".  Ovide 
revenait  de  Nomentum  lorsqu'il  lui  fut  donné  de  voir  la 
foule  en  toges  blanches  et  le  flamine  officiant  au  fond  du 
bois  sacré;  il  entendit  la  prière  rituelle  et  il  lareproduisit 
en  la  déformant.  Il  note  même  les  accessoires  du  sacri- 
fice, la  serviette  en  grossier  tissu  de  lin  {man(ele),  la 
patère  aux  libations,  le  vin,  la  boîte  d'encens  (atwra),  et, 
sous  la  flamme  de  l'aulel,  les  entrailles  des  deux  victimes 
qui  sont  une  brebis  et  un  chien.  Le  sacrifice  de  cette  der- 
nière est  caractéristique";  on  trouve  déjà  le  chien 
victime  propitiatoire  dans  le  culte  d'Hercule  et  de  Mania, 
la  mère  des  Lares  '-,  et  il  figure  de  même  dans  une  très 
antique  cérémonie  qui  a,  avec  celle  des  Robigalia,  une 
grande  analogie,  la  cérémonie  du  sacri fîcium  ou  augu- 
riumcanarium^'.  On  y  procédait  aux  confins  de  la  ville 
et  des  champs,  à  proximité  d'une  porte  qui  reçut,  par 
là,  le  vocable  de  catularia:  son  but  était  de  préserver  le 
blé  de  la  rouille  "  ;  les  chiens  immolés^  étaient  de  cou- 
leur fauve,  c'est-à-dire  symbolique  du  fléau  à  conjurer  '^ 

1  Plin.  Bkt.  nat.  XXVIII,  10  ;  cf.  Wissowa,  Religion  und  Kultus  der  Boemer,  I,  4, 
p.  20  sq.  —  2  0». /■'as<.  IV,  905  sq.  —  3  Varr.  Ling.  Int.  VI,  16;/(e  rust.  I,  1,6-,  Fest. 
£p.  p.i67;  Aul.-Gei:.  V,  ii,  14;  cl'.  Prellcr- Jordan,  11,  p.  44,  note  2.  —  l  llomrasen, 
Corp.  insCT.  lai.  I,p.  391.  —  »  Cat.  Agr.  141  ;  Preller-Jordan,  Op.  cil.  I,  p.  341. 

—  6  Ov,  Fast.  IV,  907,  910;  voir  flame»,  11,2,  p.  1164.  —  •"  Colura.  11,  H,  4;  Ter- 
tull.  Spect.  5;  Aug.  Cil',  û.  IV,  21;  Lact.  I,   20,  17;  cf.  Varr.  Be.  rust.  I,  1,  6. 

—  8  Ov.  L.c;  Fest.  Epit.  p.  267;  Plin.  Hist.  nal.  XVIll.  p.  28.5.  — 'J  Aul.-Gell. 
VU,  7,  7;  Plut.  1)0)71.  4;  Tert.  Spect.  5.  —  lO  V.  Mommsen,  C.  i.  l.  p.  39,  391, 
et  Ov.  Op.  cit.  IV,  907.  —  Il  Ov.  Loc.  cit.  908  ;  Colum.  X,  342.  Plut.  Boni.  21  : 
Quaesl.  Bom.  68.  —  12  V.  LAriES,  III,  2.  p.  945,  noies  5  sq.  —  13  Plin.  Uist.  nat. 
XVIll,  14.  qui  cite  un  texte  emprunté  aux  livres  des  pontifes:  cf.  Philarg.ad  Virg. 
Ueorg.  IV,  123;  Colum.  H,  21;  cf.  Wissowa,  Behijion  und  Kultus  der  Bocmcr. 
p.  162  sq.  —  Il  Fest.  Epit.  p.  45  et  p.  385,  31  ;  Marquardt-Momrasen,  Handbuch,  VI, 
p.  574;  Preller-Jordan,  Op.  cil.  Il,  44,  noie  5  cl  .lordan.  Topographie,  I,  1,  p.  243. 

—  1»  Sur  la  question  du  d'!mon  des  céréales  tour  à  tour  bouc,  reuard,  chien, 
Korrthund,  etc.  voir  MannUardt.  Myth.  Forschungen,  p.  107  sq.  —  16  Arist.  Hist. 
anim.  S,  20;  Theoph.  C.  Plant.  3,  10  et  1 1  ;  cf.  Plin.  H.  nat.  XVII,  37,  5  et  f, 
avec  les  Lciiques.  —  "  Ni  les  Commentaires  des  Pontifes,  ni  Varron  n'ont  mis  lo 
phénomène  de  la  rouille  sous  la  dépendance  de  la  chaleur  ;  le  dernier  le  met  sous 
celle  de  l'humidité.  Cf  Plin.  ffist.  nat.  XVIII,  3,  3  et  29,  69.  —  18  Fast.  Praen.  23 
avril  :  Sacrificium  et  ludi  cursoribus  majoribus  minoril/usque  fiunt.  Voir  linler- 


C'est  probablement  l'influence  de  l'astronomie,  suivant 
les  Grecs,  qui  mit  l'action  funeste  de  Robigus  en  rapport 
avec  la  constellation  du  Chipn.  L'altération  de  l'épi,  par 
certaines  conditions  atmosphériques  était  en  Grèce,  mise 
au  compte  des  astres  :  àaTpoêXY,<7ia  ou  àaTpoSoXia,  ce  que 
les  Latins  traduisirent  par  sideratio'^  ;  mais  la  date  des 
Robigalia  n'a  rien  à  voir  avec  les  jours  caniculaires,  et 
le  sacrifice  du  chien  à  Robigus  comme  aux  Lares  doit 
s'expliquer  par  d'autres  raisons '\  La  fête  comportait 
aussi  des  réjouissances,  sous  la  forme  de  courses  d'un 
caractère  antique  et  national'*;  on  y  voyait  figurer, 
comme  dans  le  trojanus  lodus,  des  enfants  et  des 
jeunes  gens,  partagés  en  camps  rivaux.  Et  même  l'élé- 
ment licencieux  n'y  fit  pas  plus  défaut  qu'aux  Floi'alia 
célébrés  trois  jours  plus  tard;  les  Robigalia  étaient,  en 
effet,  la  fête  des  pueri  lenon  ii,  comme  les  Floralia  étaient 
celle  des  courtisanes  ".         J.-A.  Hild. 

ROBUR  (et  plus  anciennement  robus).  —  Nom  donné 
d'abord  à  la  cage  de  bois  de  chêne,  où  était  enfermé  un 
criminel  ;  puis  à  la  partie  la  plus  reculée  et  la  mieux 
gardée  de  la  prison.  C'était,  à  Rome  le  cachot  souterrain 
du  Tullianum,  où  étaient  exécutés  les  condamnés  à 
mort  [carcer].     E.  S. 

BOGATIO  [lev,  p.  1123:  comitia,  p.  1.377,  1379, 
1385,  1394  sq.,  plebiscitum]. 

ROGUS  [funus,  p.  1394]. 

ROMA.  Rome  personnifiée  ou  déifiée.  —  La  plus 
ancienne  représentation  de  Rama,  comme  person- 
nification symbolique  de  l'État,  apparaît  au  droit 
des  premiers  deniers  de  la  République  à  partir  de  269 
av.  J.  C.  ;  on  la  trouve  presque  sans  interruption,  et 
avec  de  légères  variantes,  entre  269  et  46'  (fig.  5949, 
5950).  C'est  un  profil 
de  femme  casquée  qui 
n'est  pas  sans  analo- 
gie avec  l'Athéna  Par- 
thônos  gravée  sur  les 
monnaies  d'Athènes  ^. 
Mais  la  figure  de  Roma 
est  caractérisée  par  deux  attributs  essentiels  :  les  ailes 
et  le  protome  de  griffon  qui  décorent  le  casque, 
ces  deux  motifs  sont  vraisemblablement  empruntés 
à  l'art  étrusque  '  ;  quelquefois  les  ailes  sont  rem- 
placées par  deux  plumes*;  on  trouve  aussi  deux 
étoiles  sur  le  timbre  du  casque^;  enfin,  souvent,  la 
figure  des  deniers  est  parée  de  bijoux,  pendants 
d'oreilles   et  colliers  (fig.  5950).  La  forme   du  casque 

prélation  chez  Foggini,  Fastorum  retiquiae,  p.  65  et  les  textes  de  Suet.  Caes.  39  ; 
Aug.  43;  Tib.  6.  —  19  Fast.  Praen.  Jbid.;  cf.  floralia,  II,  2,  p.  1196. 

ROMA.  I  Mommsen,  Hist.  de  la  monnaie  rom.  trad.  franc,  t.  IV,  pi.  xxii,  xxni, 
XXIV,  xxvi,  xxvii,  xxviii  et  xxxi  ;  Babelon,  Alon.  de  la  rép.  rom.  I,  72,  118  :  Haeber- 
lin,  Der  Borna  ttjpus,  in  Corolla  numism.  in  hon.  Barclay  Head.  p.  135  sq. 
—  2  Cette  analogie  a  prêté  à  une  interprétation  fausse  ;  l'effigie  des  deniers  romains 
est  désignée  comme  une  Palias  par  certains  auteurs  ;  Olivieri,  Saggio  delV  acc'id. 
di  Cortona,  l\\  133  ;  Cavedoni,  Saggio  di  osserraz.  suite  medaglie  di  fam. 
rom.  etc.  Modène,  1831,  p,  124;  Eckhel,  Doct.  num.  vet.  V,  84;  Kluogmann, 
Leffig.  di  Borna  nei  tipi  monet.  piu  antichi.  Rome  1879,  p.  46.  En  revanche  Zoega 
{Bassirilievi,  I,  141),  Aldini  {Sul  tipo  primario  délie  ant.  monete  délia  rom.  rep. 
Turin,  1842),  Kenner  (Die  Boma-Typen.  dans  Mém.  de  l'Acad.  de  Vienne,  1857, 
p.  2611,  Borghesi  {Osserv.  numism.  decad.  I,  4),  Mommsen  {O.  c.  Il,  8,  19, 
101),  Babelon  (O.  c.  1.  p.  xix)  voient  Borna  dans  la  ligure  des  deniers;  cf. 
aussi  l'article  denarius  du  Dictionnaire.  —  3  Gerhard,  Die  Flûrjelgestalten  der 
ail.  Kunst,  in  Akad.  Abhandl.  I,  p.  196  sq.  —  4  Deniers  de  la  gens  Poblicia 
(Babelon,  0.  c.  Il,  334);  de  la  gens  Manlia  (Ibid.  p.  175,  179);  de  la  gens 
Lutatia  [Ibid.  p.  157,  158).  —  5  Babelon,  0.  c.  II,  p.  157,  158.  D'après  Zocga 
(O.  e..  1,  145,  n.  5),  les  deux  étoiles  rappellent  les  deux  jumeaux  fondateurs  de 
la  ville;  d'après  Kenner  (0.  c),  elles  se  réfèrent  à  la  navigation  el  au  commerce 
de  Rome. 


ROM 


—  876 


ROM 


Fig.  5U51.  —  Ro 
couronnée  par 
Fidélilé. 


varie  peu  '.  Cerlains  symboles  figurés  à  côlc  de  l'efligie, 
(line  palme,  une  couronne  de  laurier  -,  un  épi,  une  corne 
d'abondance  ^  une  image  de  la  Victoire)*,  complètent 
l'allégorie   de   l'Étal.    En   gravant   cette   tête   sur    leurs 
monnaies,  les  Romains  n'avaient  aucunement  l'idée  de 
représenter  lioma  comme  une  divinité,  mais  seulement 
de  créer  un  emblème  de  leur  cité,  sous  les  traits  d'une 
femme  armée,  à  l'exemple  de  tant  de  villes  grecques-'. 
Ce  sont  des  peuples  étrangers  qui,  par  flatterie  ou  par 
reconnaissance,  donnèrent  à  la  personnification  de  Roma 
le  caractère  et  les  attributs  d'une  divinité.  Le  didrachme 
des  Locriens  qui  a  été  souvent  décrit  '  présente  au  revers 
l'image  de   Rome    couronnée  par  la   Fidélilé    (riiiTiç)  : 
Rome  est  représentée  sous  les  traits  d'une  femme  vêtue 
du  chiton  long,  assise  sur  un  siège  auquel  un  bouclier 
est  appuyé  et  portant  une  épée  suspendue  à  son  flanc 
gauche;  debout  devant   elle,  la  Fidélité  lui    place   une 
couronne  sur  la  tète  (fig.  5951).  Cette  monnaie  fut  vrai- 
semblablement frappée  en  204  av.  J.-C.  pourremercier  le 
Sénat  romain  de  l'appui  qu'il  avait  accordé 
à  Locres  opprimée  par  le  préteur  Q.  Flami- 
nius  ".  Le  groupe  locrien  de  Rome  et  de  la 
Fidélité  se  rattaclie  visiblement  à  toute  une 
catégorie  de  monuments  grecs  représen- 
tant un  peuple  ou  une  divinité  poliade  cou- 
ronnés par  un  autre  peuple  ou  par  une  autre 
divinité  *  ;  pour  la  première  fois,  Roma 
apparaît  dans  ce  groupe  avec   ses   attri- 
buts guerriers  caractéristiques,  le  bouclier  et  le  glaive; 
par   son  costume  et    sa   pose,   elle   participe  à    la   fois 
des   trois  types   grecs   de    Pallas,  de    la  Tyché   et    de 
r.\mazone  qui  concourront  à  former  son  image  défini- 
tive ;  enfin,  la  cérémonie  du  couronnement  lui  confère  un 
caractère  divin.  .A  partir  de  cette  époque,  on  trouve  sur 
les    monnaies  de  la  République  romaine  une  image  de 
Roma  plus  complète  que  la  tête  casquée  des  deniers  et 
manifestement  mspirée  de  la  7?07«a  locrienne  :  les  types 
les  plus  intéressants  sont  Rome  couronnant  un  trophée, 
Rome  assise  sur  des  armes,  Rome  couronnée  par  la  Vic- 
toire, Rome  et  le  Génie  du  peuple  romain,  Rome  et  l'Ita- 
lie, Rome  et  Vénus  '. 

Lorsqu'en  196  Flamininus  proclama  aux  jeux  isthmi- 
ques  le  décret  qui  rendait  la  liberté  à  tous  les  Grecs 
d'Europe  et  d'Asie,  les  Chalcidiens  d'Eubée,  entre  autres 
manifestations  de  reconnaissance,  célébrèrent  dans  un 
même  hymne  le  consul  romain,  la  Bonne  Foi  des  Ro- 
mains (n-'dTiç  'Poj[j.ai'(ov)  et  Rome  elle-même  associée 
comme  divinité  à  Zeus'°.  Un  autel  découvert  à  Gerace, 
l'ancienne  Locres,  était   consacré,   à  la  même  époque, 

1  Voir  cepeniianl  Babelon,  U.  c,  I,  395,  un  denier  de  P.  Cornélius  Celegus  où  le 
cas(|ue  de  Roma  rappelle  la  forme  dun  bonnel  phrygien.  —  2  Babelon,  0.  c  II,  i73 
ct44i.  -  3  Ibid.  I,  Ui  el  11,  4.  -  l  Ibid.  1,  408  et  11.  483.  -  3  Une  tète  de  Borna, 
semi)lable  à  l'effigie  des  deniers,  se  voit  aussi  sur  certaines  gemmes  (Furiwaengler, 
Geschn.  Steine  in  Antiiju.  :u  Berlin,  n»'  1821,  4876,  4877).  —  6  Eckhel,  D.  n.  v. 
I,  176;  de  Luynes,  Buines  de  Locres,  dans  Annali  dell.  Ist.  1830,  p.  3  à  IJ; 
Millingen,  Considérât,  sur  la  r.umism.  de  Cane.  Jlatie,  p.  1S.Î;  Corcia,  Storia 
délie  due  Sicilie,  111,  p.  210,  411  ;  Calai,  of  the  greek  coins  in  the  Brit.  Mus., 
Jtaly,  p.  363;  Kluegraann,  U.  c.  p.  9;  Parisotti,  £'i.o(u:.  del  tipo  di  floma,  dans 
Ann.  delta  B.  Societa  Bom.  di  Stor.  patria,  XI,  82;  Haeberlin,  Op.  c.  pi.  vi.  9. 
—  "  T.  Liv.  XXIX,  6,  9,  10  à  19;  Oiod.  Sic.  Excerpt.  XXVI,  lô.  —  8  La  lisle  a 
été  donnée  par  A.  Duraonl,  dans  les  Monum.  grecs  publiés  par  rassoc.  pour  l'en- 
eouraq.  des  étud.  ,jrec,/ues.  n'  i  (1873),  p.  31,  pi.  ni.  -  9  Golien,  Aléd.  consul. 
p.  146,  n»  13,  pi.  XII  Furia  n°  3,  pi.  xun,  n«  13,  pi.  xiv  Cornelia,  5  et  6  ;  Babelon 
O.  c.  1,72,276,  277,  401,  40i,  417,  4t8,  472,  474,  52S,  512,  513;  II.  331,  i3-2, 
2-.5,  25C;  Mommscn,  0.  c.  IV,  pi.  xxvni,  n-  12;  pi.  xxx,  n»  9;  Kluegmann! 
O.  c.  p.  17,  pi.  ,„.  p.  15,  pi.  u,  p.  28,  pi.  IV  el  V,  p.  31,  pi.  vin,  p.  39! 
pi.    IX,  p.  42,  pi.  X,  etc.  —   m  l'iutarch,   Flamin.  lu  à  17.  —  u   Monum.   ined. 


Jooi  Oplimo  Maximo  Dus  Deabusque  Immortalibu.^  et 
Romae  Aeternae^^  Enfin  c'est  en  195  que  fut  élevé  à 
Smyrne  le  premier  temple  de  Rome  déesse  '^.  L'exemple 
de  Smyrne  fut  rapidement  suivi  par  d'autres  villes  grec- 
ques: Alabanda  en  Carie  consacra  un  temple  et  des  jeux 
annuels  à  la  ville  de  Rome";  ces  jeux,  connus  sous  le 
nom  de  'PiopaTa  ",  se  retrouvent  dans  plusieurs  cités 
d'Asie  Mineure,  à  Magnésie  du  Méandre  '^  àLagina  '*,  et  en 
Grèce,  à  Athènes,  Égine,Mégareet  d'autres  villes  [romaia]. 
Quelquefois  Roma  est  associée  dans  un  culte  commun  à 
une  autre  divinité  locale  :  à  Hécate,  à  Zeus",  à  la 
triade  Zeus-Dionysos-Maron  '*.  Le  peuple  de  Mélos  dédie 
une  statue  d'airain  et  une  couronne  de  bronze  à  Roma 
«  pour  sa  valeur  et  ses  bienfaits  »  ";  en  163,  les  Rho- 
diens  érigent  dans  un  temple  d'Athéna  une  statue  du 
Peuple  romain  et  instituent  en  l'honneur  de  Rome  des 
jeux  qui  se  célébraient  tous  les  trois  ans'"  ;  l'existence 
d'un  prêtre  de  Roma  est  attestée  à  Éphèse,  à  Sardes",  à 
Sasoba  ^-,  à  Apamea  ^^  à  Délos  ^*,  antérieurement  à  l'Em- 
pire. Les  Lesbiens  consacrent  à  'Puj|jLa  Ntxo^opoç  une  statue 
d'or^^  elles  Lyciens,  au  i"  siècle  av.  J.-C,  offrent  à  Jupiter 
Capitolin  et  au  peuple  romain  une  statue  de  Rome". 

En  même  temps  qu'ils  divinisaient  Rome,  les  Grecs 
donnaient  à  cette  nouvelle  déesse  une  histoire  et  une 
personnalité  définie.  La  plus  ancienne  tradition  relative 
à  Roma,  celle  de  l'historien  Callias  rapportée  par  Denys 
d'Halicarnasse",  la  représente  comme  une  Troyenne, 
femme  de  Lalinus,  mère  de  Romulus  et  de  Remus  "^ 
D'autres  versions,  conservées  par  Servius^',  font  de 
Roma  une  fille  de  Télémaque  qui  épouse  Ênée,  une  sœur 
de  Lalinus,  une  fille  d'Évandre,  ou  une  captive  troyenne; 
selon  Agalhoclès  de  Babylone,  Énée  vint  dans  le  Latium, 
accompagné  de  sa  petite-fille /îoma,  fille  d'Ascagne'". 
De  ces  traditions  contradictoires  il  faut  retenir  ce  carac- 
tère commun  :  la  croyance  à  l'existence  d'une  femme 
nommée  Roma,  d'origine  troyenne,  qui  aurait  été  la 
cause  directe  de  l'installation  des  Troyens  en  Italie  et 
qui  serait  devenue  l'héroïne  éponyme  de  la  ville.  Enfin, 
un  texte  littéraire  important  attribue  à  Roma  une  origine 
divine  :  l'hymne  de  la  poétesse  grecque  Melinno,  que 
nous  a  conservé  Slobée^',  célèbre  Rome,  fille  de  Mars. 
Le  nom  de  la  ville  et  de  l'héroïne  dérive  manifestement 
du  grec  pwfXYi,  force'-  ;  le  nom  primitif  de  la  ville  aurait 
été  Valent ia,  traduit  en  grec  après  l'arrivée  d'Évandre". 
Sous  l'Eihpire,  le  culte  de  Roma  se  développa  et  se 
régularisa.  Les  Romains  comprirent  les  avantages  qu'ils 
pouvaient  retirer  de  ce  culte  éminemment  politique  et 
en  favorisèrent  l'extension.  En  29  av.  J.-C,  un  décret 
d'Octave  permit  aux  villes  d'Éphèse  el  de  Nicée  de  con- 

dell.  Ist.  I,  pi.  xv;  Ann.  dell.  /st.  1830,  p.  3  à  12;  Corcia,  0.  c.  III,  210-211. 
C.  i.  l.  X,  16;  Orelli,  1799  ;  De  Luynes,  Ruine  di  Locri,  etc.  —  '^  Tacit.  Ann. 
JV,  55  :  "  .. .  se  primos  templum  Urbis  Bomae  statiiisse —  13  Liv.  XLIII,  6. 

—  I*  Preller,  Boem.  Mytk.  11,  354.  —  15  Mitth.  des  deutsch.  Arch.  /nst.  in  Athen. 
XIX,  94,  97.  —  16  Bull.  corr.  hell.  IX,  450  ;  Papers  of  the  american  scliool  at 
Athcns,  I,  a'  8,  21,  22.  —  n  Ibid.;  C.  i.  g.  2483,  1,  44;  3074.  —  18  Sur  1& 
dieu  Marou  voir  Roscher,  Lexik.  Mytk.,  s.  v.  —  i»  '.^psTà;  "tvtxtv  xaî  tiiEpYEîriaç, 
Mitt/t.  d.  deutsch.  arch.  Inst.  in  Ath.  1,  247.  —  20  Polyb.,  XXXI,  16;  Inser.  gr. 
ins.  mar.  Aeg.  I  46  el  730;  Wissona,  Belig.  d.  Rim.  p.  282,  n.  I.  —  21  Fraenkel, 
Inscr.  de  Pcrgame.  a'  268  E,  35,  36.  —  22  Bull.  corr.  hell.  XI,  94.  —  23  Millh. 
d.  d.  arch.  Insl.  in  Ath.  XVI,  148.  -  24  Bull.  corr.  hell.  X,  34.  —  25  Mitth.  d. 
d.  a.  Inst.  in  Ath.  XIII,  57.  —  26  c.  i.  l.  I,  589,  VI,  372.  —  21  1,  72.  —  2»  Cf. 
aussi  Plut.  Bomul.  2  et  Festus,  s.  v.  Borna,  f.  i69.  —  M  Ad  Aen.l,  273. —30  fr. 
hist.  gr.  iMullcr)  II,  290  :  cf.  Arch.  Zeit.  XXXVll,  25,  n.  6.  —  31  Fhril.  Vil,  13. 
Sur  la  date  et  l'attribution  de  l'hymne  de  Melinno,  cf.  Welcker,  Kleine  Hchrift.  Il, 
160;  Birl,  De  urbis  Bomae  nomme  {Proem.  acad.  Marburg.  1887);  Christ, 
Griech.   Liter.  ."ilT.   -    32  Verr.   Flaccns,  p.   267,   M;   Athen.    p.  328    D,  p.  260. 

—  33  Serv.  L.  c;  Solin.   Pohjldst.   1.   Voy.  de  Witte,  Bei\  archcol.  IS49,  p.   34. 


ROM 


ROM 


sacrer  des  sanctuaires  à  Rome  el  à  César  '.  Après  l'apo- 
théose d'Auguste,  en  14  ap.  J.-C,  le  culte  commun, 
désormais  officiel,  s'adressera  à  Roma  et  à  l'empereur 
vivant,  Romae  et  Aitguslo-.  Rome  et  l'empereur,  ainsi 
associés,  vont  représenter  la  double  formule  politique  el 
religieuse  qui  résume  au  sommet  de  l'Empire  la  puis- 
sance garante  de  la  paix  publique  et  de  Tordre  établie 
Dans  toutes  les  provinces  de  l'Empire  on  trouve  de  nom- 
breux vestiges  de  ce  culte  :  en  Asie,  les  temples  de 
Pergame*.  de  MylasaS  de  Cyzique^  d'ApoUonie  de 
Pisidie  ■",  de  Smyrne  *,  de  Césarée'  et  d'Ancyre'";  des 
prêtres  de  Roma  à  .Nysa",  à  Cymé'-,  à  Assus  '^  à  Ala- 
banda  ",  à  Bargylia'°,  à  Aphrodisias  ",  à  Thyatira''',  à 
Euménie'*  el  à  Sardes";  en  Grèce,  les  temples  d'Athè- 
nes '^^  el  de  Sparte '''  ;  des  prêtres  à  Gorlyne  ■^-,  Thessalo- 
nique"  et  Olympia".  Des  prêtres  de  Rome  et  d'Auguste 
se  rencontrent  en  .Norique^"',en  Pannonie -',  en  Afrique^', 
en  Espagne"  et  en  Bretagne".  En  Italie,  Naples^",  Aqui- 
nium^',  Potenlia^^,  Surrentum",  Terracine'*,  Nola'^. 
Pola  d'istria  ''  et  Trente  "  étaient  des  centres  importants 
du  nouveau  culte.  Enfin  la  Gaule  possédait  à  Lyon  un 
autel  célèbre  de  Rome  el  d'Auguste,  où  se  réunissaient 
régulièrement  les  délégués  des  trois  provinces  [apotueo- 
sis,  p.  324,  fig.  387^'*.  L'empereur  Hadrien  consacra 
définitivement  et  reconnut  officiellement  dans  Rome 
même  le  culte  qui  s'adressait  à  l'État  divinisé  en  faisant 
construire  sur  la  Voie  sacrée,  près  de  l'arc  de  Titus,  le 
temple  de  Rome  et  Vénus''.  Le  culte  de  la  dca  Roma,  de 
Ruma  aeterna  subsista  jusqu'à  ce  que  la  Tyché  de  la 
nouvelle  capitale,  Conslantinople,  se  substituât  à  la  per- 
sonnification divinisée  de  l'ancienne*". 

Les  représentations  figurées  de  la  déesse  Rome  de- 
viennent sous  l'Empire  très  nombreuses.  On  peut  les 
ramener  à  deux  types  principaux:  Roma  guerrière,  ins- 
pirée du  type  grec  de  l'Amazone,  casquée,  bottée,  vêtue 
d'unchiton  court  qui  laisse  à  découverllesein  droit,  armée 
d'une  hasle  et  d'un  bouclier;  /?o;7iff  pacifique,  inspirée  du 
type  grec  de  Tyché,  coiffée  d'une  couronne  lourrelée, 
vêtue  d'une  tunique  taiaire,  portant  une  corne  d'abon- 
dance, un  globe  ou  une  Victoire.  Ces  deux  représenla- 

'  Dio  Cass   Ll,  20.  —  2  Colieii,  Mon.  imp.  Cet.  Aug.  3i;  Toulain,  Les  cultes  païens 
dans  l'emp.  mit.  1,  1907,  p.  m.  —  3  E.  Desjardins,  Bev.  dephilol.  III  (1879),  p.  33. 

—  4Tacil.  Ann.  IV,  37-,  C.  i. /.  3,  39'J. —  =  Caylus, /îcc.  d'antiqu.  II,  189;  C.  i.gr. 
S696;  BM.corr.  h.  XII,  15.— 6  Tacil.  Ann.  IV,  30.  Dio.  LVII,  24.  —  ^  Texicr, 
L'Univers,  l'Asie  Mineure.  U9,  —  8  c.  i.  gr.  3187.  —  9  Jos.  Antiq.  Jud.  XV,  13  ; 
BeU.  Jud.  1,  21,  7.  —  10  f'errol  cl  Guillaume,  Explor.  de  Galatie,  II,  pi.  nui  à  xxiv  ; 
cf.Iien.  arch.  1»71,  347;  1872,  29  .  Zumpl.  J/oii.  Ancyr.  4;  C.  i.  j.40.19.  — 11  C.  i.q. 
;943.  —  12  C.  i.  g.  3524.  —  "  C.  i.  g.  35H9.  -  14  Liy.  XLIll,  C  ;  Bull.  corr.  hell.  X, 
307.  —  15  Ibid.  V,  192.  —  16  Ibid.  IX,  71  :  C.  i.  g.  1068  el  3428.  —  n  c.  i.  g.  3490. 

—  '8  C.  i.  g.  3887.  —  19  S.  Ueinacli,  Chron.  d'Orient,  154.  —  20  Beulé,  L'acropole 
d'Alh.  Il,  p.  206,  pi.  i;  Alitlheil.  d.  deustch.  arch.  Inst.  in  Athen.  XII,  2f,4;  C.  i. 
•/.  478:  C.  i.  a.  III,  232.  334.  —  21  Pausan.  Lacon.  III,  11  ;  Le  Bas  el  Waddiuglon, 

Voy.  arck.  Lacon.  a'  176.  —  22  C.  i.  t.  III,  4.  —  23  Arch.  des  miss,  scient.  1876, 
p.  207.  —  24  Arch.  Zeit.  1878,  103,  194.  —  2b  C.  i.  t.  3,  3443.  —  26  C.  i.  l.  3 
3308,  1422,  10470  ;  Toulain,  Les  cultes  païens,  I,  p.  39.-27  philo,  Leg  ad  Caium, 
II,  507;  L.  Renier,  Jnscr.  de  l'Algérie,  1534,  1333,  1539;  0.  Hirsclifeld,  Ann. 
detl  Istit.  1866,  43,  53;  Gagnai,  Berne  des  publ.  épigr.  dans  Beu.  Arch.  1894,  I, 
n"  47  ;  Toulain,  U.c.  p.  37,  — 2i)  C.  i.  l.  2,  4199,  4203,  4217,4222,  4224,  4223,  4228. 
4235,  4243,  4247,  4248,  4249,  4250,4514,  elc.  -  29  C.  i.  l.  7,  370,  1037;  Toulain, 
p. 38.  —  3"  Dio,  LV,  10.  9;  LVI,  29  ;  LX,  6,  2;  Slrab.  V,  246;  Suelon.  Aug.  98  ; 
Claud.    11  ;  Kaibel,   Inscr.  gr.    .Sic.    Ital.    748,  734,  755.  —  31  C.    i.   l.    lu.   5394. 

—  32  Ibid.  131.  —  33  Ibid.  088.  —  3*  Ibid.  0803.  —  35  Suelon.  Tib.  40.  —  36  C. 
i.  /.  5,  18  ;  Palladio.  Archit.  IV.  27;  Sluarl  et  Kevelt,  Antiqu.  d'Ath.  éd.  fr.  IV.  2  ; 
Arnelh,  Reisebemerk.  p.  18,  pi.  i.  —  37  C.  i.  l.  5,  3030.  —  36  Aug.  Bernard,  Le 
temple  d' Aug.  et  ta  national,  gaul.  i^G^  ;  AWmer,  Sur  l'autel  de  Borne  et  d'Aug.  à 
Lyon  (Bev.  épigr.  du  Midi  de  la  France,  1878,  n°  1,  p.  2-3 1;  Boissieu.  Inscr.  anl. 
de  Lyon  ;  Marijuardl,  Ùe  provinc.  rom.  conduis  et  sacerdot.  {Ephem.  Epigr.  I, 
203-204);  E.  Carelle.  Les  assemblées  prov.  de  la  Gaule  rom.  1895;  Marlin-Daussigny, 
Sur  les  restes  de  l'amphi'h.  et  de  l'autel,  d'.lug.  à  Lyon  ;  C.  i.  /.  13.  p.  227  à  248. 

—  39  Nardini.  Borna  antica,  I,  2»7  ;  Canina,  EdiX:i  di  Borna,  II,  31-36;  Reber, 


Fig.  5933.  —  Ro 
Colli 


lions  symboliques  de  l'Étal  alternent  sur  les  monnaies 
impériales  où  on  les  rencontre  très  fréquemment,  depuis 
Auguste  jusqu'aux  empereurs  d'Orient  de  la  fin  du 
iV  siècle;  effigie,  tête  ou  buste  de  Rome"  ;  Rome  assise 
sur  des  armes  *^  (fig.  5932)  ou  adossée  aux  sept  collines  " 
(fig.  3933),  Rome  debout";  Rome 
dans  un  temple*';  Rome  unie  à 
la  Victoire *^  à  l'empereur*''  ou  à 
Conslantinople  **.  Les  pierres  gra- 
vées offrent  de  nombreuses  varié- 
lés  du  type  de  Roma  '-  :  sur  le 
grand  camée  de  Vienne,  la  déesse 
est  représentée  aux  côtés  d'Au- 
guste »". 

La  plus  ancienne  statue  de  la 
déesse  Rome  a  été  trouvée  à  Dé- 
los  :  elle  est  l'œuvre  du  sculpteur  Mélanos  d'Athènes  et 
remonte  sans  doute  au  i"  siècle  av.  J.-C.°'.  De  nom- 
breuses statues,  d'une  époque  plus  récente  el  fortement 
restaurées,  représentent  Rome  debout,  casquée,  vêtue 
de  la  tunique  taiaire  el  du  man- 
teau =^,  ou  vêtue  du  chilon  court, 
avec  une  ceinture  et  un  bau- 
drier^', ou  assise,  portant  com- 
me attributs  un  sceptre",  le 
globe  du  monde  ''",  une  hasle  ^^ 
l'égide". 

Sur  les  bas-reliefs,  notam- 
ment sur  les  reliefs  à  repré- 
sentations historiques  de  l'épo- 
que impériale,  la  déesse  est 
souvent  figurée  *».  Elle  l'était  déjà,  semble-l-il,  sur  le 
fronton  du  deuxième  temple  du  Capitole  .achevé  par  Jules 
César  (capitolium,  fig.  1147',  ou  sur  celui  du  temple  de 
Mars'';  on  la  trouve  sur  la  clef  de  voûte  des  arcs  de 
Janus  Quadrifrons,  de  Titus  [for.mx,  fig.  3235],  de  Sep- 
lirae-Sévère  el  de  Constantin.  Un  beau  bas-relief  de  la 
villa  .Mbani,  provenant  d'un  monument  triomphal  de 
l'époque  d'Hadrien,  représente  Rome  assise  sur  des 
trophées,  devant  un  temple  el  tenant  une  Victoire'";  de 

Die  Buinen  Boms,  400-405;  Lalom,  Mél.  de  [école  fr.  de  Borne  1882,  362-37», 
pi.  TM-xii  ;  Pelersen,  BrJm.  Mitth.  1893,  248  el  pi.  viii,  bas-relief  représenlanl  ce 
lemple  cl  son  fronlon  :  cf  Malz-Duhn,  Antik.  Bidwerk.  3519;  Benndorf  cl 
Scliocnc,  Later.  Mus.  20;  Lanciani,  Itin.  Einsiedeln,  62,  67;  Id.  Buins  of  ana. 
Bom,  196-200  ;  Huelsen-Jordan,  Topog.  d.  Stadt  Boni,  I,  III,  1907,  p.  17  sq.;  cf. 
Dio.  LXIX,  4-5;  LXXI,  31  ;  Vita  Uadr.  19  ;  Alhenae.  VIII,  63,  p.  361  ;  Serv.  Ad  Aen. 
II.  227;  Aur.  Vict.CaCï.  40,  26;  Prudent. /n  S\jmm.  I,  214,221;  Cohen.  .l/on«.  imp. 
Hadr.  1149:  Anton.  767  sij.  962  sq.  ;  Donaldson.  Archit.  Numism.  n'  9.  p.  37-41. 

—  WSchuIze,  Untergang  des  Beidenthums,  II,  281  ;  Burckhardt,  Die  Zeit  Con- 
slantins,  p.  421.  —  41  Colien,  Mon.  imp.  VII,  327-333  el 273-276  ;  Ibid.  Hadrien,  13:4; 
Sept.-Sev.  397;  Victorin  père,  107,  138,  elc.  —  42  Cohen,  Tibère,  7;  .\éron,  278; 
Galba,  168;  Vespas.  406;  Commode.  63»,  756,  elc.  —  '3  Cohen,   Yespasien,  375. 

—  »  Cohen,  Galba,  195,  201,  209,  400;  Lucius  Verus,  268,  325;  Marc-Aur.  908; 
Phil.père,  144,  etc.  —  45  Coben,  Caracalla.  176;  Sev.-Alex.  361,  526;  Phil.  père, 
iOl  ;  BosUlius,S3;  Maxence,^,  îl,3i,H;  Constantin  I,  74  à  78,  etc.—  «Cohen, 
Titus,  190  ;  Hadr.  714;  Marc-Aur.  542  ;  Commode,  964,  etc.  —  47  Cohen,  Vespas. 
422  ;  Hadr.  79,  84,  91,  348,  350,  1504,  1505;  Lucius  Verus,  299,  324  ;  Trajan,  599, 
OOl.etc. —48  Cohen,  Constance,  11,72, 108, 11 0,1 31; /u/ien,  8,  22,  31;  ionien,  3, 8,  elc. 
VoirKenner,  Numism.  Zeitschrift,  1882,  p.  4.  —  49  Furlwaengler,  Stone  m  .\ntig . 
Berlin,  4876,  4877,  1821,  4783,4788,  4786,  2693,  8174,  8401,  6374,  2372,  2775,  2783, 
3348,4400,  7159,  7170,4401,  1463,  1432,  1438,  1448,3543;  Id.  Die  Antik.  Gemmei, 
XXV,  34;  XL,  11,  30;  XLIV,  67  ;  XXVIII,  60;  XXVII,  68.  —  511  Voir  cemmae,  l.  III, 
p.  1477,  noies  2.cl  3.  —  51  Bull.  corr.  hell.  VII,  463.  —  52  Bull,  archéot.  1876.  215. 

—  53  Amelung,  Die  Sculpt.  d.  Vatican-Mus.  p.  907.  —  5t  Matz  et  Uuhn,  Op.  l.  661. 

—  53  2bid.  662.-56  s.  Reinach,  Bépert.  de  la  statuaire,  I,  168.-57  Malzel  Dubn, 
C6i:  cf.  S.  Reinach,  O.  c.  I,  450,  433.  —  58  Datschke.  Ant.  Bitdw.  in  OberitaL 
a'  963  a;  Arch.  Zeit.  31,  24;  Ibid.  17,  81,  pi.  cxxviu,  cxsix;  Malz  cl  Duhn,  3629; 
Ibid.  2244,  3684,  3«3,  2236,  3325;  Zoega,  B.  rilievi,  I.  147,  n.  29;  Ilcibig,  Fûhrer, 
n"  163,  535,  692,  3511;  Arch.  Xeit.  1847,  pi.  iv.  —  59  pelersen,  Ara /'oci»,  p.  63. 

—  eoHelbig,  0.  c.  772;  Zoega,  O.c.  I,  141,  153;  Bunsen,  Beschreib.  Bom.  111,3,472. 


ROM 


178  — 


ROM 


même  sur  un  bas-relief  où  sont  représenlés  plusieurs 
monuments  de  Rome,  on  voit  un  arc  de  triomphe  sous  la 
voûte  duquel  la  déesse  est  figurée  assise  sur  des  armes'; 
sur  d'autres  bas-reliefs.  Home  en  Amazone  assiste  à  un 
congiaire  d'Antonin  -,  à  l'apothéose  d'Anlonin  et  de  Faus- 
line  '  [apotueosis,  tig.  390\  accueille  Hadrien  aux  portes 
de  la  ville  *;   sur  l'arc  de  Titus,    elle    précède    le    char 


triomphal  de  l'empereur^;  sur  l'arc  de  Trajan,  à  Béné- 
vent,  elle  assiste  à  un  congiaire  de  Trajan  et  reçoit  l'em- 
pereur au  Capitole  '^:  sur  l'arc  de  Septime-Sévère,  elle 
écoute  les  supplications  des  prisonniers  barbares  ''  ;  sur 
l'arc  deConstantin,  elle  précède  Trajan  rentrant  victorieux 
de  la  guerre  contre  les  Daces  *. 

Une  peinture  du  palais  Barberini,  à  Home,  représente 
Rome  assise  sur  un  trône  richement  décoré  '  (fig.  3954); 
signalons  seulement  encore  la  mosaïque  dite  du  prince 
Colonna,  où  la  déesse  armée  contemple  la  louve  allaitant 
les  jumeaux  '",  et  plusieurs  diptyques  consulaires  sur  les- 
quels Rome  est  associée  à  Constantinople".     E.  Mavnial. 

ROMA.IA  ( 'Pcojjiaîa).  — Jeux  en  l'Iionneur  de  la  déesse 
Home  qui  se  rencontrent  dans  un  grand  nombre  de  villes 
de  la  Grèce  et  de  l'Asie  Mineure.  Elles  consacraient  par 
cette  fondation  l'intervention  protectrice  des  Romains 
dans  leur  vie  politique.  C'est  ainsi  que  nous  trouvons,  au 
II'  et  au  I"  siècle,  des  'P(o|jiaîa  à  .Athènes',  à  Thespies'\  à 
Chalcis^  à  Égine',  àMégareS  à  Oponte*,  à  Oropos ',  où 
ces  jeux  apparaissent  comme  surajoutés  et  associés  aux 
Amphiaraia  plus  anciens",  àCorcyre^.  Du  côté  de  l'Asie 
Mineure,  des  Romaia  sont  attestés  pour  Rhodes,  où  la 
fête  était  pentétérique'", etpour  Magnésie  du  Méandre", 


'    Au  musée   de   Latraa,   Monum.    d.    Inst.    V,   7;    Uarrucci,   Mus.  Lateran. 
X.VXIX,  p.  76  ;  BeDadorf  et  Schoene,  Later.  Mus.  a'  358.  —  2  Helbig,  0.  c.  821. 

—  SAmclung,  0.  c.  883,  803,  pi.  ccivi-ccxviii.  —  »,  Helbig,  0.  c.  56i  ;  Brunn- 
BruckniaDU,  Denkmaeler,  n»  S68  a;  Kossini,  Archt  trionf.  pi.  \l{\.  — 5  Rossini. 
Arclii  trionf.  pi.  iisiv  et  xxxvi;  Baumeister,  Denkm.  p.  1879  :  Courbaud,  Le  bas- 
relief  rom.  à  représ.  hist.  p.  126  ;  Philippi,  Ràm.  Triitmphalreliefe,  dans  Abli.  d. 
Sâcht.  Gesells.  Vl,  1874.  —  5  Petersen,  L'arco  di  Trajano  a  Benevento  (ROm. 
itittheil.  Vil  {189ij  p.  î;i9)  ;  Aliiierico  Mcomaitiui,  I  monumenti  di  Benevento  (les 
buil  premiers  f»scicules  consacrés  à  l'arc)  ;  Rossini,  O.  c.  pi.  xl  ;  Frottingham,  Th- 
Iriumphal  arch  <U  Beneventum.  Catalog.  af  tlie  caies,  iS93;  Domaszcnski,  dans 
/ttltrethefte des  Oetter.Arch.  Inst.  in  Wen,  II  (1899). —7  Rossini,  O.c.  pi.  n.  m  : 
Zoega,  0.  c.  1,  IW.  —  8  Rossini,  O.  e.  pi.  i.xx-i.nni  :  Zoega,  Ibid.  —  9  Bœltiger,  A7. 
Schrift.  I.  p.  23C;  Arch.  Zeitung.  18S5.  pi.  iv  ;  Monlfaucon.  Antiqu.  expl.  I, 
pi.  ciciii,  p.  i93:  cf.  Malz  cl  Oubu,  4111,  pour  qui  celte  peiulure  a  été  exécutée 
d'après  l'ancienne  staluc  du  temple  de  Vénus  et  Rome.  —  10  Bittl.  dell.  Jsttt. 
1838,  p.  112  et  1888.  p.  1,  pi.  i;  Mittlieil.  d.  arch.  Inst.,  Seiione   rom.  I,  pi.  u. 

—  "  Gori,  Thés,  diptych.  Il,  pi.  m  cl  ix:  Bull.  deU.  fslit.  1851,  p.  82.  —  Biblio- 
(.rapuie:  Birl,  Ue  Boinae  urbis  nomine ;  F.  Keanei.ûie  Roma-Typen.  Vienne  (1857  ; 
Klijgmaun,  L'effigie  di  Roma  nei  tipi  moneturii più,  anlichi  dans  Festschrift  fur 


dès  la  première   partie   du  second   siècle.  Nous  savons 
d'ailleurs    par    Tite-Live  '^   que  les    habitants    d'.\la- 
banda  avaient  institué,  dès  avant  170,  des  jeux  analo- 
gues. Les  jeux  Romaia   étaient  ou  gymniques   (Égine, 
Mégare,  etc.)  ou   musicaux  ;  à  Magnésie   du   Méandre, 
nous  voyons  couronnés,  dans  chaque  àytûv,   des  poètes 
tragiques,  comiques    et  satiriques".  Les  jeux    "Pcojxaîa 
subsistent  par  la  suite",  à  côté  des  jeux   Caesarea  et 
autres  jeux  dédiés  aux  personnages  impériaux.  Em.  Cahen. 
BOMAXORUM  RESPUBLICA.   —  L    Qmiititulion_de 
Rome  sous  les  premiers  rois.  —  Rome  eut  djibord,  comme 
presque  toutes   les    cités  anciennes,    le,,  gouvernement 
aaanarchigue.  Il   ne  faudrait  pourtant  pas   nous  repré- 
senter cette  royauté  primitive   comme  celle   que  nous 
voyons  établie  à  d'autres  époques  et  chez  d'autres  peuples. 
Pour  en  comprendre   la  nature,  pour  en  connaître  les 
attributions  et  en  distinguer  les  limites,  il  faut  se  reporter 
à  l'état  social  dans  lequel  s'est  d'abord  trouvée  la  popu- 
lation romaine  ;  et  il  faut,  avant  toutes  choses,  écarter 
l'opinion     qui    présente    cette    population    comme    un 
ramassis  d'aventuriers,   voire  même   de  brigands  qui, 
réunis  par  hasard  sous  la  volonté  toute  puissante  d'un 
homme  hardi,  n'auraient  pu  avoir  en  eft'et  qu'un  gouver- 
nement despotique  et  n'auraient  su  trouver  d'autres  lois 
que  celles  qu'il  aurait  plu  à  cet  homme  de  leur  donner. 
Cette  opinion  sur  les  origines  du  peuple  romain,  qui 
nous  est  venue  de  quelques  légendes  mal  interprétées  et 
qui  a  contre  elle  les    textes  très   précis  des  historiens 
anciens,   nous  donnerait  une  idée  très   fausse   du  plus 
ancien  gouvernement  de  Rome.  Que  l'on  admette  ou  que 
l'on  rejette  les  traditions  relatives  à  Romulus,  il  est,  en 
tous  cas,  hors  de  doute  que  la  cité  romaine  s'est  formée, 
comme  toutes  les  cités  anciennes,   non  par  une  réunion 
d'individus,  mais  par  une  association  de  gentes.  Chaque 
gens,  constituée  antérieurement  à  la  cité,  avait  sa  religion 
spéciale,  son  gouvernement  intérieur,  sa  hiérarchie,  son 
chef.    Le  régime   de  la  cité   ne  détruisit   nullement   le 
régime  de  la  gens  ;  celle-ci  garda  sa  constitution  interne; 
son  chef  (que  l'on  parait  avoir  appelé   d'abord  pater, 
patronus,    quelquefois     rex)    conserva    son     autorité 
absolue  sur  toutes  les  catégories  d'hommes  qui  compo- 
saient la  gens,  c'est-à-dire  sur  la  partie  patricienne  ou 
ingénue  aussi  bien  que  sur  les  clients  et  les  esclaves.  La 
cité  fut  une  véritable  confédération  de  gentes,  celles-ci 
s'étant  préalablement  groupées  en  curies  et  en  tribus. 


Les  relations  de  chaque  groupe  ou  de  chaque  gens  avec 
la  cité  ressemblèrent  à  celles  qui  existent  de  nos  jours 
entre  des  États  confédérés  et  le  pouvoir  central  qui  les 


das  Institut  (1879):  A.  Parisotli,  Evohtzione  del  tipo  di  Borna  nelle  rappresen- 
tanze  figurate  deW  ontichità  classica  dans  \'  Archivio  di  storia  pcUria,  XI  (1888), 
39-148;  Pieller-Jordan.  flom.  Mythol.  Il  353  ;  Marquardl,  Z>eprouinc.  rom.  conciliis 
et  sacerd.  dans  VEph.  Epigr.  1;  0.  Hirschfeld,  Zur  Gesch.  d.  rôm^Kaisercultus, 
dans  Sitz.  Ber.  Akad.  Berlin  (1888),  p.  833:  Cumont,  L'éternité  des  emp.rom. 
dans  Rev.  d'hist.  e;  de  litt.  relig.  (1896),  p.  449  (Roma  aeterna);  E.  Desjardins, 
Rev.  de  philot.  [1879),  p.  33:  Beurlier,  Le  culte  impérial.  Essai  sur  le  culte 
rendu  aux  emp.  rom.  1891  ;  Guiraud,  Les  assemblées  provinciales  dans  l'emp. 
romain;  Haeberliu,  Der  Romatypus,  dans  Corolla  numismatica  in  honorem  Bar- 
clay Head.  1907  ;  J.  Toutain.Zej  cultes  païens  dans  l'emp.  romain,  1'  partie,  1907, 
p.  19,  37,  62. 

ROMAIA.  I  Corp.  inscr.  att.  II.  953.  —  2  Corp.  inscr.  ait.  II.  490.  —  3  Jmcr. 
Megar.  Orop.  etc.  n.  48.  —  4  Jnscr.  Argol.  elc.  2.  —  5  Jbid.  1136.  —    ^   Jbid. 

—  7  Inscr.  Megar.  Orop.  etc.,  419,  420.  —  8  Cf.  Ditlenberger,  Sylloge  »,  334, 
n.  43.  —  9  Ibid.  676.  —  10  Cf.  Jnscr.  Rhodi,  etc.,  46,  730.  Sur  la  première  de  ces 
inscriptions,  cf.  Holteaux,  Rev.  de  Phil.  1893,  p.  171  ;  sur  la  seconde,  cf.  H.  von 
C.acrtriugeu,  Hermès.  1894,  p.  18  sq.  —  n  Cf.  Kern,  A  th.  Mitth.  1894,  p.93sq.  ; 
Ditlenberger,  Syll.  2  699.  —  12  Til.  Liv.  43,6.  —  13  Cf.  Kern,   Loc.  cit.  p.  98  sq. 

—  •'  Ainsi  à  Pergame  iDillenberger.  Syll.i  677),  à  Cos  {Ibid.  678). 


ROM 


879  — 


ROM 


unil.  Car  la  cité,  qui  nous  parait  aujourd'hui  l'élément 
le  plus  simple  et  le  plus  irréductible  de  l'association  poli- 
tique, apparaissait  au  contraire  aux  hommes  de  ce  temps- 
là  comme  le  composé  le  plus  complexe  et  comme  le  der- 
nier terme  de  l'association.  11  arriva  forcément  que  le 
gouvernement  delà  cité  fut  de  même  nature  que  celui  de 
la.  gens,  de  la  curie,  ou  de  la  tribu.  Or.  les  hommes  de 
ces  anciens  âges  n'avaient  pas  précisément  l'idée  du  gou- 
vernement républicain  et  ne  concevaient  que  le  pouvoir 
d'un  seul,  c'est-à-dire  la  monarchie,  aussi  bien  pour 
régir  la  cité  que  pour  régir  la  famille.  L'unité  de  pouvoir 
était  un  principe  universellement  admis,  et  il  y  a  grande 
apparence  que  ce  principe  avait  été  fourni  aux  hommes 
par  les  croyances  relatives  à  la  religion  du  foyer  domes- 
tique ou  du  foyer  public.  De  même  que  la  gens  avait  son 
chef  unique,  son  pater,  la  cité  eut  son  roi.  L'autorité  de 
ce  roi  comprit  toutes  les  attributions  qui  composaient 
aussi  l'autorité  du  chef  de  gens.  Il  fut,  avant  tout,  le 
grand  prêtre  du  culte  commun,  le  conservateur  du  foyer, 
l'intermédiaire  entre  la  cité  et  les  dieux.  Il  fut  en  même 
temps  juge  des  procès  et  des  crimes,  non  pas  de  ceux  qui 
pouvaient  se  produire  dans  l'intérieur  de  la  gens,  mais 
de  ceux  qui  avaient  lieu  entre  les  didérenies  gentes.  Enfin 
il  fut  un  chef  militaire  ;  en  temps  de  guerre,  il  convoquait 
les  génies,  les  curies,  les  tribus,  et  les  conduisait  au/ 
combat.  Son_pouvoir,  fondé  sur  le  droit  religieux  autant 
que  sur  les  idées  d'intérêt  public,  n'élaitlimitéparaucune 
loi  formelle;  il  était  aussi  complet,  aussi  absolu,  aussi 
sacré  que  l'était  celui  du  pater  dans  sa  famille  ou  dans  sa 
gens.  En  droij.  il  n'avait  pas  de  bornes,  et  rien  ne  faisait 
obstacle  à  ce  représentant  des  dieux  de  la  cité.  Mais  dans 
la  pratique  ce  pouvoir  était  limité  par  la  constitution 
sociale  elle-même,  c'est-à-dire  par  l'existence  de  ces 
groupes  fortement  constitués  dont  nous  venons  de  parler. 
Comme  la  cité  était  une  confédération,  le  pouvoir  du  roi 
ne  s'exerçait  pas  directement  sur  des  individus;  il  s'exer- 
çait sur  des  groupes,  curies,  tribus,  génies,  et  seulement 
sur  les  chefs  de  ces  différents  groupesV  Le  plus  grand 
nombre  des  Romains  étaient  sujets,  non  du  roi,  mais 
d'un  pater  qui  les  jugeait,  qui  les  menait  au  combat,  qui 
présidait  à  leurs  cérémonies  saintes.  Or  la  royauté,  qui 
devient  aisément  despotisme  lorsqu'elle  s'exerce  sur  des 
individus  isolés,  est  nécessairement  faible  lorsqu'elle 
n'agit  que  sur  des  chefs  de  groupes.  Chaque  pater  était 
un  personnage  puissant,  respecté  des  siens,  ayant  des 
sujets,  plus  habitué  au  commandement  qu'àl'obéissance, 
et  revêtu  enfin  du  même  caractère  sacré  que  le  roi  lui- 
même.  Il  pouvait  être  fier,  car  il  ne  tenait  pas  sa  dignité 
et  sa  noblesse  de  la  faveur  du  roi,  comme  on  l'a  prétendu 
plus  tard  quand  on  a  cherché  à  expliquer  l'origine  incom- 
prise du  patriciat;  cette  dignité  et  cette  noblesse  lui 
étaient  venues  de  bien  plus  loin  ;  elles  lui  étaient  venues 
de  sa  naissance  et  lui  étaient  garanties  par  sa  religion. 
Chaque  pater  individuellement  était  presque  aussi  fort 
que  le  roi  ;  tous  réunis,  ils  étaient  beaucoup  plus  forts 
<iue  lui.  Ils  formèrent  une  sorte  de  Sénat.  Les  historiens 
nous  présentent  ce  Sénat  des  premiers  âges  comme  une 
assemblée  élective,  apparemment  parce  que  ces  histo- 
riens, qui  vivaient  dans  l'âge  démocratique  de  Rome, 
jugeaient  des  temps  anciens  d'après  ce  qu'ils  voyaient 
autour  d'eux.  Mais  l'élection  était  un  procédé  rarement 

ROMA>'ORl'M  RESPDBLICA.  1  Cic.  De  repuli.  Il,  S.  —  2  Voir  Til.  Li\.  XXIX, 
il  ;  Cic.  Pro  Muren.  6  :  .\ul.-Uell.  X,  20. 


employé  et  même  presque  inconnu  dans  cette  première 
période  de  l'existence  des  cités;  elle  était  surtout  incom- 
patible avec  le  régime  delà  gens  qui  était  encore  dans  sa 
pleine  vigueur.  Il  n'est  donc  pas  vraisemblable  que 
l'ancien  Sénat  fût  une  assemblée  élective,  et  l'on  doit 
croire  plutôt  qu'il  était  simplement  la  réunion  des  chefs 
de  gentes,  c'est-à-dire  de  ceux  qu'on  appelait  alors /)«/re,<;. 
Il  ne  faut  même  pas  se  le  représenter  comme  un  corps 
régulièrement  constitué,  à  la  façon  des  assemblées  déli- 
bérantes des  modernes,  avec  des  attributions  déterminées 
et  des  réunions  constamment  périodiques,  .aucune  loi  ne 
liaitles  rois,  et  aucune  ne  garantissait  non  plus  les  droits 
du  Sénat.  Seulement,  le  roi  n'étant  obéi  des /ja?re,ç  qu'au- 
tant que  ceux-ci  consentaient  à  obéir,  il  était  obligé  de 
les  réunir  souvent.  Sans  eux,  il  ne  pouvait  ni  régler  les 
intérêts  généraux,  ni  faire  une  loi,  ni  entreprendre  une 
guerre.  Il  ne  pouvait  gouverner  qu'avec  eux,  et  c'est  dans 
ce  sens  que  Cicéron  peut  dire  du  premier  roi  :  patrum 
auctoritate  consilioque  regnavil'.  Dans  les  circonstances 
graves,  ce  n'était  pas  seulement  les  chefs  des  gentes  qu'il 
fallait  réunir,  c'était  les  gentes  tout  entières.  Cela  for- 
mait les  comices  ou  l'assemblée  du  peuple.  Mais  il  faut 
noter  que  ce  qu'on  appelait  peuple,  populus,  à  cette 
époque,  ne  ressemblait  pas  à  ce  que  fut  le  peuple  romain 
dans  les  siècles  suivants.  Le  mot  populus  signifiait  pro- 
prement le  corps  politique;  il  désigna  donc,  suivant  les 
époques,  des  agglomérations  d'hommes  fort  différents. 
Dans  le  premier  âge,  populus  n'était  que  la  réunion  des 
gentes.  La  plèbe  n'y  était  pas  comprise.  On  voit,  en  effet, 
par  des  textes  anciens  et  surtout  par  de  vieilles  formules 
religieuses,  que  la  plebs  fut  longtemps  distincte  du 
populus-,  et  cette  distinction  s'explique  si  l'on  songe  que 
le  premier  roi,  en  créant  la  première  plèbe  ([uelque  temps 
après  avoir  fondé  sa  ville,  l'avait  établie  et  mise  à  part 
dans  Vasgle,  c'est-à-dire  tout  à  fait  en  dehors  de  la  ville 
sacrée  du  Palatin.  Ce  populus  des  premiers  temps  n'était 
distribué  ni  en  centuries  ni  en  tribus  locales,  mais  en 
gentes,  en  curies,  et  en  tribus  de  naissance.  Aussi  appe- 
lait-on l'assemblée  politique  du  nom  de  comices  par 
curies,  comitia  curiata.  Les  hommes  y  étaient  répartis 
par  gentes,  chaque  gens  étant  groupée  autour  de  son 
chef,  et  les  différentes  gentes  étant  réunies  entre  elles 
par  curies.  Les  votes  se  comptaient  par  curies  pour 
l'ensemble,  et  par  gentes  pour  chaque  curie'.  Chaque 
gens  figurait  tout  entière.  Les  clients,  qui  n'étaient  pas 
alors  des  plébéiens*,  mais  qui  étaient  des  hommes  atta- 
chés héréditairement  à  chaque  gens,  faisaient  partie  de 
l'assemblée  aussi  bien  que  leurs  patrons.  Ils  votaient 
aussi  bien  qu'eux;  seulement,  comme  ils  votaient  sous 
leurs  yeux,  comme  d'ailleurs  la  loi  ou  l'usage  leur  défen- 
dait de  voter  autrement  qu'eux,  on  peut  croire  que  leurs 
droits  politiques  étaient  assez  illusoires.  Telle  fut  donc  la 
constitution  romaine  des  premiers  temps/d'une  part,  la 
gens  conservait  sa  vie  propre  et  en  grande  partie  son 
indépendance  ;  d'autre  part,  les  pouvoirs  publics  étaient 
exercés  par  un  seul  homme  qui  avait  le  titre  de  roi  et  qui 
était  revêtu  de  l'autorité  religieuse  comme  de  l'autorité 
politique;  mais  ce  roi  ne  pouvait  agir  qu'avec  l'assenti- 
ment des  chefs  de  gentes,  c'est-à-dire  d'une  sorte  de 
Sénat,  ou  même  des  gentes  tout  entières,  c'est-à-dire  des 
comices  curiates. 


3  .\.-Uell.   XV,  i7.  -  *  T.  Lii 


11.  64;  Dion.  Halic.    VI,   «:    VII,    19; 


/ 


ROM 


—  880  — 


ROM 


II.  Modification!!  apportées  xoux  /f.<  ;•()/.<  à  In  consti- 
tution primitire.  Cette  constitulion  primitive  de  la  cité 


"romaine  ne~dura  pas  longtemps  sans  trouble  et  sans 
modification.  Le  premier  élément  de  trouble  fut  l'inévi- 
table rivalité  qui  existait   entre  le  roi  et  les  patres.  La 

I.  lutte  éclata  dès  le  premier  règne.  Rfvmiilns  créa  une  plèbe, 
c'est-à-dire  qu'il  admit  sur  le  territoire  romain  des  hommes 
sans  foyer  et  en  dehors  de  toute  gens,  des  hommes  par 
conséquent  qui  n'étaient  ni  patriciens  ni  clients  des  patri- 
ciens. Il  ne  les  introduisit  pas  dans  la  ville,  mais  il  les 
établit  à  côté  d'elle,  sur  la  pente  boisée  du  mont  Capi- 
tolin.  Il  ne  les  fit  pas  entrer  non  plus  dans  la  cité  ;  mais 
il  en  fit  comme  un  peuple  à  part  qui,  étranger  aux  insti- 
tutions politiques  et  religieuses,  étranger  aussi  aux  lois 
civiles,  vécut  sous  la  dépendance  personnelle  du  roi  et 
sous  sa  protection.  Ce  fut  pour  le  roi  une  grande 
force.  Si  dans  la  cité  il  était  manifestement  plus  faible 
que  le  corps  des  patres,  les  bras  de  la  plèbe  qui  lui 
étaient  nécessairement  dévoués,  rétablissaient  la  balance 
eu  sa  faveur.  Les  guerres  que  la  situation  géographique 
de  Rome  rendait  inévitables,  et  que  la  politique  inté- 
ressée des  rois  multiplia,  accrurent  à  la  fois  l'importance 
de  cette  plèbe  et  celle  de  la  royauté/Ouelle  résistance 
opposèrent  les  patres,  quels  tiraillements  durent  troubler 
ces  premiers  règnes,  l'histoire  ne  le  dit  pas  nettement; 
mais  elle  le  laisse  deviner  quand  elle  montre  que  plu- 
sieurs de  ces  rois,  particulièrement  le  premier  et  le  troi- 
sième, périrent  de  mort  violente. 

9  —  Une  nouvelle  forme  de  gouvernement  fut  essayée,  dès 
la  mort  de  Romulus.  On  supprima  la  royauté,  et  chacun 
des  chefs  de  gentes,  à  tour  de  rôle,  exerça  le  comman- 
dement pendant  cinq  jours,  faisant  les  sacrifices  publics 
et  présidant  les  assemblées.  Celte  constitution,  assez  ana- 
logue à  celle  que  les  Eupatrides  d'Athènes  avaient  établie 
sous  le  nom  d'.\rchontat  annuel,  ne  dura  pas  longtemps 
ù  Rome.  Les  classes  inférieures,  c'est-à-dire  la  plèbe  et 
peut-être  aussi  une  partie  des  clients  des  gentes  la  repous- 
sèrent :  fremere  deinde plebs  multiplicatam  servitutem. 
rentutn  pro  uno  dominos  factos  '.  Ces  classes  inférieures 
n'avaient,  en  eflfet,  rien  à  gagner  à  cette  domination  de 
l'aristocratie,  et  elles  tinrent  tant  à  avoir  un  roi  que,  s'il 
faut  en  croire  Tite-Live,  elles  songèrent  à  en  créer  un 
elles-mêmes,  comme  faisait  le  parti  démocratique  dans 
beaucoup  de  villes  grecques  et  italiennes  à  la  même 
époque.  Les  patres  aimèrent  mieux  avoir  un  roi  de  leur 
choix  que  du  choix  de  la  plèbe,  et  ils  se  hâtèrent  de  réta- 
blir la  royauté.  Seulement,  ils  eurent  soin  de  décider 
qu'elle  serait  toujours  élective.  Même,  ils  entourèrent 
l'élection  de  tant  de  précautions  et  de  formalités  qu'ils 
espérèrent  bien  que  la  plèbe  n'y  pourrait  jamais  mettre 
la  main.  Ils  établirent,  en  effet,  que  pour  créer  un  roi,  il 
faudrait  trois  choses,  d'abord  Vauctoritas  des  patres, 
c'est-à-dire  leur  initiative  ou  la  désignation  par  eux  du 
candidat;  ensuite  l'approbation  des  dieux,  c'est-à-dire 
des  augures  patriciens;  enfin  la  nomination  définitive 
par  les  comices  curiates  dans  lesquels  la  plèbe  n'avait 
pas  accès  et  où  les  patriciens  dirigeaient  les  votes  de  leurs 
clients.  Il  est  juste  de  dire  que  ces  règles  n'avaient  rien 
que  de  conforme  avec  tous  les  principes  politiques  et 
toutes  les  croyances  religieuses  de  cette  époque. 

L'avènement  des  Tarquins  parait  coïncider  avec  une 
révolution  dont  les  annales  romaines  ne  nous  ont  pas 
conservé    le   souvenir  ;   la  constitution   fut   gravement 


modifiée  par  ces  princes.  Les  changements  paraissent 
avoir  été  essayés  par  Tarquin  l'Ancien  ;  mais  ils  ne  furent 
accomplis  que  par  Si^rvins  Tnllius.  11  était  devenu  roi 
par  la  force  ou  par  la  ruse,  en  tous  cas  en  violant  les 
règles  relatives  à  l'élection.  Les  patres  devaient  lui  en 
garder  rancune.  Ce  qui  prouve  d'ailleurs  qu'il  fut 
l'ennemi  de  cette  classe,  c'est  que  sa  mémoire  resta  tou- 
jours chère  à  la  plèbe  romaine.  Par  lui,  la  constitution 
sociale  et  politique  de  la  cité  fut  transformée,  et  l'aristo- 
cratie des  patres  fut  frappée  du  plus  rude  coup  qu'elle 
eût  encore  reçu.  Nous  avons  montré  plus  haut  quelle 
était,  dans  l'ancienne  cité,  la  signification  et  l'importance 
de  la  division  en  gentes,  en  curies  et  en  tribus  ;  à  ces 
cadres  étaient  attachées  toute  la  religion  et  toute  la  con- 
stitution piîlitique;  c'était  l'organisme  par  lequel  la  cité 
patricienne  vivait  et  agissait.  Les  faire  disparaître  était 
donc  une  des  révolutions  les  plus  radicales  qu'on  piit 
imaginer.  Servius  Tullius,  à  la  vérité,  n'osa  pas  les 
détruire,  et  apparemment  il  n'y  eût  pas  réussi.  Mais, 
sans  toucher  à  ces  anciens  cadres,  il  établit  des  cadres 
nouveaux  et  une  nouvelle  classification  des  hommes,  ce 
qui  équivalait  à  créer  un  autre  organisme  et  tout  un  autre 
système  de  vie  publique.  Il  partagea  la  population  en  sept 
catégories.  En  tête  était  celle  des  chevaliers  :  venaient 
ensuite  ceux  qu'on  appelait  les  i/uinr/ue  classes  ;  la  sep- 
tième catégorie  était  formée  de  toute  la  population  infé- 
rieure, infra  classem.Ce  qui  distinguait  ces  sept  catégo- 
ries entre  elles  et  ce  qui  plaçait  l'homme  dans  l'une  ou 
dans  l'autre,  ce  n'était  plus,  comme  aux  âges  précédents, 
la  naissance  et  la  religion,  c'était  la  richesse.  Quiconque 
possédait  une  fortune  équivalente  à  100  000  as,  c'est-à- 
dire  à  100  000  li%Tes  de  cuivre  (la  livre  romaine  pesait 
326  grammes),  faisait  de  droit  partie  de  la  première 
classe.  La  vieille  distinction  de  patriciens,  plébéiens,  de 
clients,  distinction  qui  subsistait  encore  dans  les  curies 
et  les  gentes,  disparaissait  de  la  nouvelle  classification 
en  classes  et  en  centuries.  Il  ne  faudrait  sans  doute  pas 
exagérer,  comme  on  l'a  fait  souvent,  l'importance  de 
cette  création  du  roi  Servius.  A  vrai  dire,  les  classes  et 
les  centuries  ne  furent  à  l'origine  que  des  cadres  mili- 
taires. Les  mots  mêmes  expriment  cette  vérité;  la  pre- 
mière catégorie  s'appelait  celle  des  cavaliers  ;  les  cinq 
suivantes  étaient  désignées  par  le  mot  classes  qui,  dans 
l'ancienne  langue  latine,  signifiait  corps  de  troupe.  Ces 
six  catégories  différaient  entre  elles  par  leurs  armes  et 
par  leur  poste  de  bataille;  la  septième  différait  de  toutes 
les  autres  en  ce  qu'elle  ne  faisait  pas  partie  de  l'armée 
régulière.  Il  est  hors  de  doute  que  la  réforme  de  Servius 
fut  bien  plutôt  militaire  que  politique  ou  sociale.  Mais 
c'était  déjà  un  changement  bien  grave  que  celui  qui 
consistait  à  soustraire  l'armée  aux  vieilles  règles  patri- 
ciennes. La  constitution  de  la  cité  proprement  dite  ne 
paraissait  pas  modifiée  ;  mais  la  société  romaine  prenait 
une  autre  face.  En  effet,  le  plébéien  dorénavant  figura 
dans  l'armée  ;  riche,  il  prit  son  rang  dans  les  premières 
lignes  de  la  légion  ou  même  dans  le  corps  d'élite  de  la 
cavalerie,  pendant  que  le  patricien  pauvre  était  relégué 
au  dernier  rang.  Cela  changea  peu  à  peu  les  habitudes 
des  hommes  et  leurs  idées.  Cette  admission  du  plébéien 
dans  l'armée  fut  le  prélude  de  son  admission  dans  la  cité. 
Lui  mettre  les  armes  en  mains,  c'était  le  rendre  digne 

1  T.  Liv.  I,  17  ;  cf.  Cic.  De  rep.  II,  U. 


RO.M 


881  — 


ROM 


des  droits  politiques  et  lui  donner  le  plus  sûr  moyen  de 
les  conquérir.  Peu  importe  que  Servius  n'ait  pas  songé 
à  faire  tout  de  suite  de  ces  plébéiens  des  citoyens,  ni  de 
la  réunion  de  ces  centuries  une  assemblée  politique.  \ous 
pouvons  croire  qu'il  ne  les  fit  jamais  délibérer,  puisque 
l'assemblée  centuriate  n'aurait  eu,  à  cette  époque,  aucun 
magistrat  à  élire,  et  que  nous  savons  d'ailleurs  par  un 
texte  formel  de  Cicéron  '  qu'elle  ne  vota  sa  première  loi 
qu'au  temps  de  la  République.  Il  n'en  est  pas  moins  vrai 
qu'en  créant  les  cadres  d'une  armée,  Servius  se  trou- 
vait avoir  créé  du  même  coup  pour  un  avenir  prochain 
les    cadres    d'une    assemblée   politique     dans   laquelle 
patriciens   et  plébéiens  devaient  être  confondus.  Cette 
organisation  militaire  fut  le  moule  d'où  sortit  l'organi- 
sation politique  des  générations  suivantes.  Il  avait  intro- 
duit aussi  dans  les  habitudes  des  hommes  une  grande 
innovation  en  donnant  à  la  richesse  la  place  qu'avait  eue 
jusqu'alors  la  religion.  Tite-Live  lui  attribue  l'institution 
du  cens  ;  mais  le  cens,  cérémonie  religieuse  en  usage 
dans    toutes    les    cités,    était   plus   ancien    que    Rome 
même.  Servius  le  transforma  plutôt  qu'il  ne  l'établit,  et 
il  le  transforma  surtout  en  ce  sens  que  les  plébéiens, 
qui,  autrefois,  n'avaient  pas  été  compris  dans  la  cérémonie 
religieuse,  y  figurèrent  dorénavant.  Enfin,  à  côté  de  la 
division  toute  militaire  en  classes  et  centuries,  il  fonda 
de  nouvelles  divisions  toutes  civiles  :  les  tribus.  Là,  les 
hommes    furent  répartis,    non  pas  suivant  leur   nais- 
sance comme  dans  les  trois  tribus  primitives,   non  pas 
même  suivant  leur  fortune,  mais  suivant  leur  domicile. 
L'inscription  des  plébéiens  dans  les  tribus  fut  un  ache- 
minement vers  leur  inscription  dans  les  curies  et  dans 
la    cité,  et   le   temps    n'était   pas   très   éloigné   où    ces 
tribus  elles-mêmes  allaient  former  une  assemblée  poli- 
tique.   Ainsi    la    population   romaine  prenait,    si    l'on 
peut  s'exprimer  ainsi,  une  nouvelle  physionomie;  elle 
n'était  plus   simplement  une  confédération  de  gentes  ; 
la  plebs  s'y  faisait  une  place  régulière  ;  elle  s'infusait 
insensiblement  dans  la  cité,  y  apportant  de  nouvelles 
idées  comme  de  nouveaux  intérêts  et  sapant  peu  à  peu 
le  régime  de  la  gens.   La  royauté  trouvait  son    profit 
dans   ces    nouveautés;  chaque  plébéien  était  pour  elle 
un  sujet;  ses  forces  s'accroissaient,   tandis  que   celles 
des  patres,  tenues  en  échec  par  cette  plèbe  et  intérieu- 
rement  menacées    par    les  altérations    incessantes  du 
régime  de  la  gens,  allaient  s'afTaiblissant.  Les  deux  der- 
niers rois,  le  dernier  surtout,  mirent  sous  eux  l'aristo- 
cratie et  régnèrent  en  rois  absolus,   ne  consultant  plus 
les  paires,  ne  réunissant  plus  les  curies,  et  abusant  de 
la  guerre.  Cicéron  nous  donne  une  idée  nette  de  la  trans- 
formation  qui  s'était  opérée  dans  la  royauté  lorsqu'il 
dit  de  Tarquin   le  Superbe  que  de  roi  il   était  devenu 
maître,  ex  rege  dominus. 

III.  Constitution  républicaine  de  Rome.  —C'est  contre 
cette  royauté  amie  de  la  plèbe  et  trop  puissante  que  fut 
faite  la  révolution  de  510.  Dirigée  et  accomplie  par  le 
patriciat,  elle  ne  profita  d'abord  qu'à  lui.  La  royauté  fut 
supprimée,  et  la  constitution  républicaine  qui  la  remplaça 
fut  toute  à  l'avantage  de  l'aristocratie.  L'autorité,  au  lieu 
d'être  la  propriété  viagère  d'un  homme,  devint  annuelle 
et  fut  partagée  entre  deux  hommes  qui  ne  l'eurent  qu'en 
dépôt.   Ces  chefs  de  la   cité  eurent  indifféremment  les 

1  Derepuhl.  II,  31. 

2  Cic.  De  legib.  III,  3. 

VIII. 


titres  de  praetores,  d'imperatores,  de  constiles  :  ce  der- 
nier prévalut  à  la  longue.  Ils  devaient  être  patriciens; 
cette  règle  n'était  sans  doute  pas  écrite  dans  une  consti- 
tution, mais  elle  n'avait  pas  besoin  de  l'être  ;  elle  semblait 
alors  si  naturelle,  si  nécessaire,  qu'elle  s'établit  de  soi- 
même,  sans  peut-être  qu'on  pensât  à  la  formuler;  il  ne 
venait   à   l'esprit  de  personne,   à  cette  époque,    qu'un 
plébéien  pût  être  le  chef  de  la  cité.  Comme  les  patriciens 
étaient    surtout   une    caste   sacerdotale,   leurs    consuls 
durent  être  élus  suivant  des  rites  religieux.  Cette  règle 
fondamentale,  aussi  vieille  que  le  consulat,  est  encore 
exprimée  par  Cicéron  :  auspicia  patritm  sunto,  ollique 
e.t  se    produnto    qui  comitiatu    crenre    consules   rite 
possint^.   Il  importe  de  voir  quels  étaient  ces  rites  de 
l'élection,  afin  de  nous  rendre  compte  de  la  nature  du 
consulat  dans    les   premiers   temps  de  la    République. 
On  commençait  par  désigner  quelque  temps  à  l'avance, 
parmi  les  jours   fastes,  celui  où  l'élection  aurait   lieu, 
pendant  la   nuit  qui  précédait  ce  jour,    un    magistrat, 
revêtu  préalablement  d'un  caractère  sacré,   prenait  les 
auspices  ;  à  cet  effet,  sur  un  emplacement  choisi  suivant 
certaines  règles  religieuses,  tabernaculo  rite  capto  ;  il 
veillait  toute  la  nuit,  en  plein  air.  Sa  pensée  était  fixée 
sur  un  candidat  et  ses  yeux  sur  une  partie  déterminée 
du  ciel.  Si  les  dieux  envoyaient  dans  cet  espace  un  signe 
favorable,  c'est  qu'ils  agréaient  le  candidat.  Le  magistrat 
pouvait  ainsi  prendre  les  auspices  sur  plusieurs  person- 
nages successivement^.  Le  jour  venu,  le  populus,  c'est- 
à-dire  l'assemblée  politique  des  citoyens,  se  réunissait. 
Le    magistrat    qui    avait    pris   les    auspices,    présidait 
l'assemblée  et  lui  disait  les  noms  des  candidats  que  les 
dieux  avaient  acceptés.  Le  peuple  ne  pouvait  voter  sur 
aucun  autre  nom.  Si  on  lui  présentait  trois  ou  quatre 
candidats,  il  choisissait  librement  entre  eux  ;  ne  lui  en 
offrait-on    que   deux,    ces    deux  hommes   étaient    élus 
nécessairement,  quelle  que  pût  être  la  haine  du  peuple 
contre   eux*.    Si    l'on   observe   ce  mode   d'élection,   on 
reconnaît  qu'en  principe  le  choix  des  chefs  de  la  cité, 
dans  cette  constitution   que  la  caste  sacerdotale   avait 
faite,    appartenait   aux    dieux    plutôt  qu'aux    hommes. 
Celui  qui  nommai  t  réellement  les  consuls  était  le  magis- 
trat qui  avait  pris  les  auspices  et  qui  possédait  par  con- 
séquent le  secret  des  dieux  ;  aussi  était-ce  à  lui  et  non 
pas  au  peuple  que  s'appliquait  l'expression  officielle  créât 
consules.    Par    là,    les    patriciens    étaient   les    maîtres 
absolus  de  l'élection  ;  c'étaient  leurs  dieux  qui  la  déci- 
daient, c'étaient  leurs  augures  qui  la  prononçaient.  Le 
rôle  du  populus  était  alors  réduit  presque  à  rien,  puis 
qu'il  n'avait  jamais  l'initiative  et  qu'il  n'avait  même  pas 
toujours  le  choix.  Que  ces  règles  fussent  favorables  au 
patriciat,  on  n'en  saurait  douter  ;  mais  ou  aurait  tort  de 
croire  qu'elles  aient  été  imaginées  tout  exprès  et  habile- 
ment calculées  par  cette  classe  en  vue  de  la  domination. 
Elles    sortirent    en   quelque    sorte    spontanément    des 
croyances  et  de  la  manière  de  penser   de  ces  hommes  ; 
elles   étaient  si  conformes   à  leurs   habitudes   d'esprit 
qu'ils   ne  songèrent  peut-être  pas  que  d'autres  règles 
fussent  possibles. 

Les  consuls  ainsi  nommés  étaient  les  chefs  suprêmes 
de  la  cité  et  avaient  un  pouvoir  presque  absolu.  La  révo- 
lution de  510  n'avait  pas  été  faite  en  vue  de  conquérir  la 

3  Plutarcli.  Marcellus,  5;  Val.  Mai.  1,  1,  3;  Cic.  De  divinal.  II.  i;  Dion.  Hal. 
passim.  —  ^  Ou  en  voit  des  exemples  dans  Tite-Live,  11,  M  et  II,  43- 

111 


ROM 


—  882  — 


ROM 


libcrlé  ou  ilen  élargir  les  limites,  do  donnera  l'individu 
des  droits  mieux  garantis  ou  à  l'ensemble  du  peuple  une 
souveraineté  plus  étendue.  Elle  avait  seulement  dépla.'é 
le  pouvoir  royal,  de  telle  sorte  qu'au  lieu  d'être  ronflé  à 
un  seul  viagèrement,  il  dût  passer  de  main  en  main 
parmi  les  élus  du  palriciat.  .\  cela  près,  c'était  encore  le 
pouvoir  royal  qui  subsistait  sous  le  nom  de  consulat. 
Cioéron  le  dit  dans  un  passage  où  il  reproduit  les  ancien- 
nes lois  de  Rome:  regio  iiiiperio  duo  sunto.  thjue  prae- 
eundo.  judicando,  consulendo,  praetores.  judices.  con- 
sules  appellantui\  militiae  summum  jus  habento  '.  On 
voit  ici  que  les  titres  de  préteur,  de  consul,  de  juge, 
s'appliquaient  au  même  magistrat,  que  ces  titres  dési- 
gnaient l'ensemble  de  ses  fonctions  très  diverses,  et  que 
l'ensemble  de  ces  fonctions  constituaient  un  véritable 
pouvoir  monarchique, /•e^('«m  imperium.  1°  Les  consuls 
avaient  des  attributions  religieuses,  comme  tous  les 
chefs  des  cités  anciennes  ;  il  est  vrai  que  quelques-unes 
des  fonctions  sacerdotales  furent  confiées  au  re.v  sacro- 
rum  et  au  ponli/'ex  maximus  ;  mais  les  consuls  conser- 
vèrent encore  un  caractère  sacré  et  une  partie  importante 
du  pouvoir  religieux;  c'étaient  eux  qui  prenaient  les 
auspices  pour  la  cité;  ils  accomplissaient  les  plus  grands 
sacrifices  du  culte  public  et  la  cérémonie  sainte  des 
fériés  latines,  qui  avait  autant  d'importance  en  politique 
qu'en  religion  >eri.*e  latix.^e].  i"  Les  consuls  avaient 
des  attributions  judiciaires;  ils  étaient  les  organes  du 
dro\l,jus  dicebant.  Sans  doute  ils  pouvaient  être  assistés 
d'un  judex  ou  d'un  arbiter,  mais  la  sentence  venait 
d'eux  seuls.  La  loi,  qui  n'était  guère  écrite  ou  dont  le 
texte  était  tenu  à  peu  près  cache,  ne  se  manifestait  que 
par  la  bouche  du  magistrat.  Contre  l'arrêt  du  consul 
il  n'y  avait  nul  recours;  il  n'existait  aucune  juridiction 
d'appel  ni  rien  d'analogue  à  notre  Cour  de  cassation 
rappelant  le  juge  au  respect  de  la  loi.  Les  Romains 
n'imaginèrent  qu'une  seule  limite  à  cette  autorité  abso- 
lue du  consul,  et  un  seul  cas  ;  en  matière  criminelle, 
si  le  consul  avait  prononcé  la  peine  de  mort,  l'accusé 
eut  le  droit  d'en  appeler  au  peuple  {provucatio  ad 
populum).  3°  Les  consuls  avaient  des  attributions 
administratives  ;  c'étaient  eux  qui  présidaient  à  la  percep- 
tion des  impots  aussi  bien  qu'à  l'enrôlement  des  soldats  ; 
c'étaient  eux  aussi  qui  dressaient  la  liste  du  Sénat.  Ils 
accomplissaient  la  cérémonie  semi-religieuse  et  semi- 
politique  du  cens,  et,  par  là.  ils  décidaient  si  un  homme 
serait  sénateur  ou  chevalier,  citoyen  des  classes  ou  pro- 
létaire. En  tout  cela,  la  volonté  des  consuls  était  toute 
puissante,  et  l'on  ne  pouvait  en  appeler  de  leurs  déci- 
sions. 4°  Ils  avaient  enfin  l'autorité  militaire  et  le 
commandement  de  l'armée.  Ici  encore,  et  à  plus  forte 
raison,  leur  pouvoir  était  sans  limites.  Ils  avaient  même 
le  droit  de  vie  et  de  mort,  et  \a  prococatio  n'existait  pas 
dans  les  camps.  On  sait,  par  de  nombreux  exemples, 
qu'un  seul  mot  du  consul  pouvait  livrer  l'homme, 
à  la  hache  des  licteurs.  On  peut  encore  remarquer  dans 
la  formule  du  serment  militaire  qui  nous  a  été  conservée, 
que  le  soldat  romain  jurait  d'obéir  en  tout  au  consul;  il 
en  était  autrement  dans  les  villes  grecques,  où  le  soldat 
jurait  simplement  de  défendre  la  cité  et,  au  besoin,  de 
mourir  pour  elle. 

On  voit,  par  cette  simple  énumération  des  pouvoirs 
tiu  consul,  que  l'un  des  points  caractéristitjues  de  la 
constitution    romaine    était    la    grande    puissance   qui 


était  conférée  au  magistrat.  Rome  comprenait  l'autorité 
autrement  que  les  cités  grecques.  Xvec  son  esprit  de 
discipline  et  ses  fortes  habitudes  de  subordination,  elle 
conçut  toujours  l'autorité  publique  comme  une  force  à 
laquelle  rien  ne  devait  résister.  Elle  se  préoccupa  tou- 
jours beaucoup  moins  de  garantir  la  liberté  que  de 
constituer  fortement  l'autorité.  L'idée  délimiter  celle-ci 
au  profit  de  celle-là  ne  vint  presque  jamais  à  l'esprit 
des  Romains.  Il  faut  encore  remarquer  que  les  Romains, 
dans  ces  premiers  temps  de  la  République,  tenaient  fort 
à  l'unité  du  pouvoir.  Il  nefaut  pas  que  l'existence  simul- 
tanée de  deux  consuls  nous  fasse  illusion  ;  l'autorité 
n'était  pas  partagée;  car  les  deux  consuls  alternaient 
entre  eux  de  mois  en  mois,  se  transmettant  Vimperium 
et  les  faisceaux,  de  telle  sorte  que  chacun  à  son  tour  eût 
la  plénitude  du  pouvoir.  On  peut  presque  dire  que  le 
consulat  était  une  monarchie.  L'institution  du  Sénat  et 
des  comices  n'était  pas  une  barrière  aussi  forte  qu'elle  le 
semblait  contre  cette  omnipotence.  Car  le  Sénat,  dont  la 
liste  était  dressée  par  les  consuls,  ne  se  réunissait  que 
sur  leur  convocation  et  sous  leur  présidence,  et  ne  volait 
d'ailleurs  que  sur  les  objets  qu'ils  mettaient  en  délibé- 
ration. De  même  les  comices  ne  s'assemblaient  que  le 
jour  où  un  consul  les  convoquait  ;  ils  étaient  présidés 
par  lui  ;  nul  n'y  parlait  que  lui  seul  ou  ceux  à  qui  il  vou- 
lait bien  donner  la  parole  ;  enfin  l'assemblée  ne  pouvait 
s'occuper  de  ce  qui  leur  était  proposé  par  le  consul  et  ne 
pouvait  voler  que  par  oui  ou  par  non.  C'étaient  donc  d'assez 
faibles  limites  au  pouvoir  consulaire;  et  cependant  telles 
étaient  les  idées  autoritaires  de  ces  auteurs  de  la  consti- 
tution républicaine,  qu'ils  ne  tardèrent  pas  à  croire  que 
le  pouvoir  consulaire  n'était  pas  encore  assez  fort.  Ils 
établirent    donc   laf 


jctaturel  Le  dictateur  ne  différait 
d'ailleurs  du  consul  qu'en  deux  points  :  l'un,  qu'il  pou- 
vait exercer  l'autorité  pendant  six  mois  sans  interruption 
et  sans  partage  ;  l'autre,  que  le  droit  de  provocado  était 
suspendu  et  qu'il  n'y  avait  aucun  appel  de  ses  condam- 
nations à  mort.  Le  vrai  nom  de  ce  magistrat  était 
magister  populi;  et  dire  maître  n'était  pas  trop  dire.  Il 
désignait  lui-même  le  magister  equitum  qui  était  à  son 
égard,  non  un  collègue,  mais  un  lieutenant. 

Cette  première  constitution  républicaine  de  Rome,  à 
ne  regarder  que  ses  principes  et  ses  règles,  penchait 
tout  entière  vers  l'autorité;  il  n'en  est  pas  moins  vrai 
que,  dans  la  pratique,  la  liberté  se  fit  une  place  de  moins 
en  moins  restreinte.  Les  comices  par  curies  se  réunis- 
saient plus  fréquemment  que  sous  les  rois,  soit  pour 
traiter  les  affaires  religieuses,  soit  pour  donner  Vimpe- 
rium au  magistrat  élu,  soit  enfin  pour  faire  les  lois. 
Lautorité-  absolue  du  consul  s'effaçait  momentanément 


en  présence  de  cette  assemblée;  c'est  ce  que  signifiait 
l'obligation  qu'on  lui  imposa  d'abaisser  devant  elle  les 
faisceaux  de  ses  licteurs.  .\  la  même  époque,  c'est-à-dire 
au  début  de  la  République,  une  grande  innovation  fut 
opérée.  L'armée  que  Servius  avait  divisée  en  classes  et 
en  centuriae,  où  il  avait  fait  entrer  les  plébéiens  et  où  il 
n'avait  admis  de  distinction  que  celle  de  la  richesse,  fut 
réunie  pour  un  autre  objet  que  pour  la  guerre.  Le  con- 
sul la  convoqua,  non  pas  dans  Rome  même  car  l'armée 
ne  pouvait  jamais  se  réunir  dans  Rome\  mais  sous  ses 
murs,    au   Champ-de-Mars.  rangée   comme   en    guerre, 

1  Cic.  De  iajib.  111,  3. 


ROM 


—  883 


ROM 


avec  ses  centurions  et  ses  enseignes  '  ;  mais  au  lieu  de 
la  mener  au  combat,  il  lui  parla,  la  consulta,  lui  demanda 
son  avis,  la  fit  voter.  L'armée  devint  ainsi  une  asseinblé(> 
politique;  elle  n'eut  pas  tout  de  suite  l'autorité  législative 
qui  resta  aux  comices  curiates  ;  mais  ce  fut  par  elle  que 
les  magistrats  furent  élus,  que  les  lois  furent  préalable- 
ment discutées;  ce  fut  par  elle  enfin  que  les  volontés 
communes  s'exprimèrent.  Les  consuls,  qui  étaient  en 
droit  des  maities  absolus,  ne  purent  guère,  dans  la  pra- 
tique, se  soustraire  à  l'obligation  de  consulter  cette 
assemblée  et  ne  purent  rien  entreprendre  sans  son 
assentiment.  Or,  celte  assemblée,  plus  nombreuse  et 
plus  mêlée  que  les  comices  par  curies,  était  aussi  moins 
souple  et  moins  maniable.  D'autre  part,  le  Sénat,  après 
l'expulsion  des  rois,  prit  une  plus  grande  importance  dans 
la  cité.  Il  s'était  réservé  quelques  prérogatives  considé- 
rables. C'était  lui  qui,  par  les  voies  indirectes  que  nous 
avons  indiquées  plus  haut,  élisait  les  consuls;  il  pouvait 
aussi,  par  d'autres  moyens  que  la  religion  lui  fournissait, 
les  obliger  à  se  démettre;  il  pouvait  encore  décréter 
l'établissement  d'une  dictature.  Il  avait  Yauctorllas, 
c'est-à-dire  l'initiative  de  toutes  les  lois  à  proposer  aux 
comices,  initiative  qui  ne  se  changea  que  plus  tard  en 
un  simple  droit  de  confirmation.  Il  possédait  en  outre  ce 
qui  fait  la  force  en  politique  comme  à  la  guerre,  c'est-à- 
dire  l'administration  des  finances.  Il  était  défendu  aux 
consuls  et  même  au  dictateur  de  toucher  au  trésor  sans 
l'assentiment  du  Sénat.  Ce  SénaL  qui  conservait  ainsi 
une  assez  grande  puissance,  était  exclusivement  patri- 
cien. Rien  n'autorise  à  croire,  comme  ont  fait  quelques 
historiens,  que  les  plébéiens  y  eurent  accès  dès  l'an- 
née olO.  Il  serait  fort  singulier  que  cette  révolution,  qui 
était  faite  contre  la  plèbe  plus  encore  que  contre  la 
royauté,  eût  eu  pour  premier  efTet  de  donner  à  cette 
plèbe  l'admission  au  Sénat  que  les  rois  eux-mêmes 
n'avaient  jamais  osé  lui  donner.  Lorsque  Tite-Live  nous 
dit  qu'au  lendemain  de  cette  révolution  on  créa  de  nou- 
veaux sénateurs,  il  ajoute  que  ces  sénateurs  furent  tirés 
des  premiers  rangs  de  l'ordre  équestre;  or  nous  savons 
d'ailleurs  que  la  première  catégorie  des  chevaliers,  c'est- 
à-dire  les  six  premières  centuries  étaient  exclusivement 
composées  de  patriciens.  Le  changement  qui  se  produisit 
dans  la  composition  du  Sénat,  consista  seulement  en  ce 
point  qu'il  ne  fut  plus  formé  uniquement  des  chefs  des 
(fentes,  des  patres  proprement  dits  ;  il  y  eut  désormais  à 
côté  de  ces  hommes  des  sénateurs  conscripti  ou  altecti, 
c'est-à-dire  siégeant  en  vertu  d'un  choix  et  non  plus  en 
vertu  d'un  droit  héréditaire  ^.  Ils  étaient  patriciens 
comme  les  premiers,  mais  de  branches  cadettes,  ou  plus 
jeunes,  et  ils  avaient  apparemment  d'autres  intérêts  et 
une  autre  manière  de  voir  les  choses  que  les  vieux  patri- 
ciens; car,  à  partir  de  ce  moment,  l'histoire  nous  montre 
que,  de  même  qu'il  y  avait  officiellement  deux  catégories 
de  sénateurs,  ceux  qu'on  appelait  patres  et  ceux  qu'on 
appelait  conscripti,  de  même  il  y  eut  presque  toujours  et 
sur  presque  toute  question  deux  avis  fort  distincts  et 
deux  courants  d'opinion  dans  le  Sénat.  Telle  fut,  en 
résumé,  la  première  constitution  républicaine  de  Romi'. 
CEuvre  des  patriciens,  elle  fut  toute  à  l'avantage  du  patri  - 
ciat  et  ne  tint,  à  vrai  dire,  aucun  compte  de  la  plèbe  ;  elle 
constitua  l'autorité  d'une  manière  aussi  forte  qu'aurait 


T.  Liv.  XXXIX,  13 


De  ling.   lai.  V,   91  :    A.  G«ll.    XV,  27;  Uio..r.ass. 


pu  le  faire  une  constitution  monarchique;  mais,  en  même 
temps,  par  l'établissement  des  comices  curiates  et  parla 
composition  nouvelle  du  Sénat,  elle  ouvrit  la  porte  à  des 
réformes  prochaines. 

)y._Prfmiprps  »inrfi/icatio?is  apuortées  à  la  constitii- 
tionj^éjmblicaine.  —  Ce  que  cette  première  constitution 
républicaine  de  Rome  avait  contre  elle,  ce  qui  en  était 
la  victime  et  l'ennemi  naturel,  c'était  la  plèbe.  Cette 
classe  d'hommes  existait  dans  toutes  les  cités  anciennes; 
mais  à  Rome  elle  était  plus  nombreuse  que  nulle  part 
ailleurs.  Son  premier  berceau  avait  été,  suivant  toute 
vraisemblance,  l'asyle  ouvert  par  Romulus  à  tous  ceux 
qui  se  trouvaient  en  dehors  du  régime  régulier  des 
cités  et  des  yentes.  Elle  s'accrut  ensuite  par  des  causes 
diverses.  La  situation  géographique  de  Rome,  sur  un 
fleuve,  à  portée  de  la  mer,  et  justement  au  point  de  ren- 
contre des  trois  confédérations  latine,  sabine,  étrusque, 
en  fit  nécessairement  une  ville  de  commerce  et  y  attira 
les  marchands;  il  y  eut  ainsi  toute  une  population  de 
métèques  qui,  ne  figurant  pas  dans  les  cadres  des  gentes, 
furent  forcément  dans  la  plèbe.  La  guerre  aussi  fil  des 
plébéiens  ;  les  vaincus  enlevés  aux  cités  voisines  grossi- 
rent un  peu  le  patriciat,  bien  plus  la  plèbe.  Ajoutez  que 
les  cités  voisines,  latines,  étrusques,  sabines,  avaient 
alors  une  existence  fort  troublée  et  que  les  luttes  intes- 
tines en  faisaient  sortir  beaucoup  d'exilés  qui  trouvaient 
à  Rome  refuge  et  sûreté.  Il  est  hors  de  doute  que  la 
plèbe  grandit  considérablement  sous  les  rois,  favorisée 
qu'elle  était  par  eux.  L'ancien  asyle  étant  devenu  beau- 
coup trop  étroit,  elle  s'étendit  tout  autour  du  Palatin  dont 
les  portes  lui  étaient  fermées,  sur  l'Aventin,  sur  le 
Coelius,  sur  l'Esquilin  et  sur  la  rive  droite  du  Tibre. 
Les  rois  lui  donnèrent  des  champs,  non  sur  Vager  roma- 
niis  qui  avait  été  partagé  exclusivement  entre  les  curies 
et  les  gentes,  mais  sur  le  territoire  enlevé  à  l'ennemi. 
Or  cette  plèbe,  population  en  dehors  des  gentes  et  qu'il 
ne  faut  même  pas  confondre  avec  les  clients  des  patri- 
ciens, ne  faisait  pas  partie  de  la  véritable  cité  romaine. 
Le  plébéien  n'avait  pas,  à  cette  époque,  le  culte  de  la 
cité  ;  il  ne  sacrifiait  pas  dans  les  curies,  il  n'était  pas 
quirite;  il  n'avait  non  plus  aucun  droit  politique,  n'était 
ni  sénateur  ni  membre  des  comices  curiates  ;  il  n'avait 
pas  même  les  lois  de  la  cité,  ne  pouvait  pas  les  invoquer, 
n'était  pas  protégé  par  elles.  La  constitution  que  nous 
venons  de  décrire,  n'existait  pas  pour  lui.  Le  consul, 
chef  de  la  cité,  commandait  au  plébéien  et  se  faisait 
obéir  de  lui,  non  en  vertu  de  la  loi,  mais  seulement  en 
vertu  de  Vimperium,  à  peu  près  comme  aux  époques 
suivantes  le  praefectus  ou  le  proconsul  a  commandé  en 
vertu  du  même  imperiuni  aux  peuples  déditices.  Son 
pouvoir  sur  le  plébéien  était  donc  absolument  arbitraire. 
Il  n'existait  de  garantie  légale  ni  pour  la  propriété,  ni 
pour  la  personne  du  plébéien.  Il  arriva  donc  que  la  plèbe 
regretta  les  rois  ;  rois  et  consuls  étaient  aussi  bien  des 
despotes  à  son  égard  ;  mais  il  y  avait  cette  difïérence  que 
les  rois  étaient  des  despotes  qui  avaient  intérêt  à  la  favo- 
riser et  à  l'enrichir,  tandis  que  les  consuls  étaient  des 
despotes  que  leurs  préjugés  de  naissance  et  leurs  idées 
religieuses  autant  que  leurs  intérêts  poussaient  à  l'oppri- 
mer et  à  la  faire  tomber  dans  une  sorte  de  servage. 
Cependant,  cette  plèbe,  habituée  qu'elle  était  à  vivre  sans 

Fragm.  liv.  XXXVIl;  Dion.  liai.  Vil,  59.  —  2  Feslus,  s.  v.   tiUecti. 


ROM 


—  884  — 


ROM 


droits  politiques,  n'aurait  peut-être  jamais  son{<é  à  en 
demander,  si  elle  ne  s'était  aperçue  que  cette  absence  de 
garanties  la  plongeait  dans  la  dernière  misère.  On  voit, 
en  effet,  (jue  dans   les  quinze  années  qui   suivirent  la 
révolution  de  .'liO  la  plèbe  perdit  les  terres  que  les  rois 
lui  avaient  données  ',  cl  qu'en  même  lempsle  commerce, 
qui  avait  été  très  actif  sous  les  rois,  fui  tout  à  coup 
anéanti,  soit  par  le  calcul  des  patriciens,  soit  par  le  fait 
seul  de  l'absence  de  liberté.  La  plèbe,  qui  avait  été  une 
classe  assez  riche  sous  les  rois,  puisqu'elle  figurait  dans 
les  premières   classes,  en  vint,  au  bout   de  vingt-cinq 
années,  A  n'avoir  plus  même  les  moyens  de  vivre.  En 
conséquence^ilÊ_:î>fforça  de  sortir  de  cette  misérable 
situation,  et(^£7!>3)blle  lit  une  tentative  fort  imprévue, 
mais  dont  1  imprévu  eirétrangetémême  caractérisent  ces 
vieilles  époques.  Elle  ne  pensa  pas  à  se  révolter,  à  com- 
battre dans  les  rues  de  Rome,  à  forcer  l'enceinte  sacrée 
du  Palatin  ou  à  pénétrer  dans  le  comilium,  à  réclamer 
enlin  pour  elle  les  droits  civils  et  politiques.  Elle  aurait 
pu  faire  tout  cela,  nombreuse  et  armée  comme  elle  était: 
mais  l'idée  ne  lui  en  vint  peut-être  pas  ;  car  il  était  si 
conforme   au.\    habitudes  et  aux  pensées  de   tous,    en 
ce  temps-là,  que  le  plébéien  n'eût  rien  de  commun  avec 
le  patricien  et  restât  en  dehors  de  la  cité,  que  le   con- 
traire aurait  paru  une  monstruosité  et  ne  se  présentait 
à  l'esprit  de  personne.  La  plèbe  donc,  au  lieu  de  cher- 
cher à  acquérir  les  droits  du  patricien  et  les  lois  de  la 
cité,  ne  songea  qu'à  une  chose,  quitter  Rome  et  le  terri- 
toire "romain  et  aller  vivre    ailleurs:    Ijnisguement  elle 
émigra  et  essaya  de  fonder,  à  deux  lieues  de  là,  une  ville 
toute  plébéienne  où  il  n'y  aurait  pas  de  patriciens.  Sin- 
gulière révolution,  où  l'on  ne  se  combattait  pas  et  où 
l'on  se  contentait  de  se  séparer.  La  séparation  dura  trois 
mois,  les  patriciens  restant  à  Rome  avec  leurs  clients,  les 
plébéiens  essayant  de  s'organiser  un  corps  de  peuple  sur 
le  mont  Sacré.  Mais,  d'un  côté,  les  patriciens  sentirent 
leur  petit  nombre  et  virent  l'insuffisance  des  f/en tes  à 
former  une  cité  puissante  au  milieu  de  tant  d'ennemis 
qui  l'entouraient.  De  l'autre,  les  plébéiens  s'aperçurent  de 
toutes   les    difficultés    que    l'on    rencontre   d'ordinaire 
quand  on  veut  fonder  d'un  seul  coup  une  nouvelle  orga- 
nisation   sociale.    Patriciens   et  plébéiens  reconnurent 
qu'ils  avaienlbesoin  les  uns  des  autres,  et  se  rejoignirent. 
Mais,  auparavant,  les  plébéiens  exigèrent  un  traité,  qui 
fut  conclu,  comme  entre  deux  peuples,  par  le  ministère 
des  féciaux.  Ce  traité,  dont  on  souhaiterait  que  les  histo- 
riens nous  eussent  conservé  un  souvenir  plus  précis,  ne 
donna  pas  aux  plébéiens  les  droits  politiques,  pas  même 
l'égalité  civile,  et  continua  à  les  tenir  en  dehors  du  vrai 
popufus  des  quirites.  Il  leur  accorda  seulement  d'avoir 
certains  chefs  qui  fussent  pour  eux  à  la  fois  des  juges 
et  des  protecteurs.  Ces  chefs  que  l'on  appela  tribuns  de  la 
plèbe  et  qui  ne  pouvaient  pas   être   patriciens,   furent 
nommés  d'abord  par  l'assemblée  centuriate;  mais  comme 
la  majorité  dans  ces  comices  appartenait  aux  clients  des 
patriciens  et  non  pas  aux  vrais  plébéiens  '^  il  fut  décidé 
en  47i  qu'ils  seraient  élus  par  l'assemblée  plus  foncière- 
ment plébéienne  des  tribus.  Leur  nombre  fut  porté  de 
deux   à  cinq,    puis  de  cinq   à  dix.   Sur  le  caractère  et 
l'aulorité  de  ces  chefs  de  la  plèbe,  il  y  a  beaucoup  de 
vague    dans  les  historiens  anciens.    Ils   n'étaient  pas 

)  Cassius  Heiiiina.ap.  Non.  s.  v.  pUrilas.  -  i  Til.-I.iv.  Il,  50.  -  3  Plut.  Qaactt. 
rom.  81.  —'T.  Liv.  Il,  36.    —   '■>  III,  55.    -  6  UioH.    liai.  VI,  89;  X,  32    X,  M; 


réputés  magistrats  ^  ils  étaient  élus  sans  auspices, 
n'accomplissaient  aucune  cérémonie  sacrée,  n'avaient  ni 
siège  curule  ni  la  robe  de  pourpre,  ni  les  licteurs;  en  un 
mot,  ils  ne  possédaient  ni  Vimperium  proprement  dit  ni 
le  caractère  sacré  de  la  magistrature  ;  officiellement  ils 
n'étaient  que  des  hommes  privés,  privati,  sine  imperio, 
sine  maffistrntu  ''.  Mais,  en  revanche,  ils  étaient  sacro- 
sancti,  c'est-à-dire  qu'une  cérémonie  religieuse,  que 
Tite-Live  indique  sans  la  décrire  %  leur  avait  conféré  un 
caractère  analogue  à  celui  des  objets  dévoués  aux  dieux 
infernaux  ;  il  résultait  de  là  que  quiconque  les  touchait, 
et  à  plus  forte  raison  quiconque  leur  faisait  violence, 
devenait  aussitôt  un  homme  souillé  et  maudit  '^.  Cette 
étrange  inviolabilité  fut  ce  qui  fit  la  force  des  tribuns  ; 
nul  ne  pouvait  leur  résister  sous  peine  <le  souillure;  les 
patriciens,  liés  par  leur  religion,  devaient  craindre  de 
se  commettre  avec  eux  et  devaient  trembler  à  leur  aspect. 
Comme  chefs  de  la  plèbe,  les  tribuns  exerçaient  sur  elle 
un  pouvoir  judiciaire.  Mais  ils  ne  rendaient  pas  la 
justice  de  la  même  manière  que  les  consuls,  ni  en  vertu 
des  mêmes  lois.  La  singulière  façon  dont  s'exerçait  leur 
autorité  judiciaire  est  expliquée  avec  quelque  clarté  dans 
ce  passage  d'Aulu-Gelle  '  :  Iribuni  créât i  non  juri 
dicundo  (c'est-à-dire  qu'ils  n'étaient  nullement  les 
organes  du  droit  et  ne  pouvaient  pas  prononcer  la  loi), 
nec  causis  querelisque  de  absentibus  noscendis,  sed 
intercession  ibus  faciendis  quibus  praesentes  essent,  ut 
injuria  qitae  corain  /leret  arceretur.  Ils  n'avaient  donc 
de  pouvoir  qu'à  l'égard  des  actes  qui  se  passaient  en  leur 
présence,  et  des  personnes  qui  étaient  à  portée  de  leur 
main  ou  au  moins  de  leur  regard;  aussi  avaient-ils  le 
jus  prehensionis  et  non  pas  \e  jus  rocalionis.  Ce  pou- 
voir se  bornait  à  une  simple  intercession  (intercedere,  se 
placer  entre),  c'est-à-dire  que,  en  présence  d'une  que- 
relle entre  un  patricien  et  un  plébéien,  le  tribun  mettait 
sa  propre  personne  entre  eux,  et  cela  seul  forçait  le 
patricien  à  lâcher  prise.  D'ailleurs,  cette  autorité  s'exer- 
çait plutôt  sous  la  forme  de  protection  que  sous  celle  de 
châtiment,  auxilii  non  paenae  jus  datum  '  ;  entre 
deux  •:ommes,  ils  punissaient  moins  le  coupable  qu'ils 
ne  protégeaient  l'innocent.  Ils  n'avaient  d'ailleurs  aucune 
espèce  d'autorité  sur  les  patriciens,  non  jus  esse  in 
quetnquam  nisi  in  p/eheium.  N'ayant  pas  Vimperium, 
mais  seulement  Vauxilium,  ils  étaient  mal  armés  pour 
l'action  et  pour  l'initiative,  mais  ils  étaient  très  forts 
comme  obstacles.  Ils  n'avaient  qu'à  prononcer  le  mot 
veto,  et  ce  seul  mot  sorti  de  leur  bouche  empêchait 
tout  ;  il  empêchait  le  créancier  de  saisir  son  débiteur, 
le  magistrat  de  punir  un  coupable,  le  consul  de  lever 
l'impôt  ou  de  procéder  à  l'enrôlement.  En  résumé,  ils 
avaient  une  autorité  fort  bizarre  par  sa  nature,  fort 
irrégulière  dans  l'application,  mal  définie,  et  qui,  par 
cela  même,  devait  tendre  à  s'accroître. 

Cette  institution  du  tribunat  de  la  plèbe  modifia  con- 
sidérablement l'état  poliliqueet  social  de  la  République. 
Ce  n'est  pas  qu'elle  ait  tout  de  suite  changé  l'ancienne 
constitution.  Il  faut  bien  remarquer,  au  contraire,  que  le 
tribunal  restant  en  dehors  des  magistratures  et  n'étant 
pas  compté  ofticiellement  parmi  les  institutions  légales 
de  la  cité,  la  constitution  patricienne  restait  intacte  en 
apparence.  Il  semble  seulement  qu'à  côté  de  la  cité  gou- 


Plut.    Qiiaest.    rom.   81 

II,  r:-. 


T.  Liv.    m,  ôo.  —  ^  A.  Gell.  XIII,    13.  —  8  T.  Liv 


ROM 


—  885  — 


ROM 


vernée  par  ses  consuls,  dirigéee  par  son  Sénat, 
obéissant  à  ses  augures,  il  y  avait  un  autre  peuple  qui  se 
trouvait  avoir  son  organisation  propre.  La  dualité  de  la 
population  romaine  se  trouvait  ainsi  plus  marquée  que 
jamais.  C'étaient  deux  peuples,  qui,  à  la  vérité,  ne 
faisaient  quun  à  larmée  et  ijui  avaient  vi.s-à-vis  de 
l'étranger  les  mêmes  intérêts  et  les  mêmes  passions, 
mais  qui,  dans  la  vie  civile,  n'avaient  rien  de  commun. 
L'un  obéissait  à  ses  consuls  et  l'autre  à  ses  tribuns. 

Il  semble  qu'entre  ces  deux  peuples  diversement 
organisés,  la  lutte  aurait  pu  s'engager  d'une  façon  vio- 
lente et  se  manifester  par  des  combats  et  des  massacres, 
comme  cela  se  vit  dans  beaucoup  de  cités  grecques.  Il 
n'en  fut  rien.  Quand  on  regarde  de  près  l'histoire 
romaine  en  tenant  compte  de  cette  situation  singulière 
et  des  immenses  dangers  qu'elle  présentait,  on  est 
étonné,  non  pas  qu'il  y  ait  eu  ces  conflits  que  l'on 
voit,  mais  que  ces  conflits  n'aient  pas  été  plus  nombreux 
et  plus  violents.  C'est  que  la  plèbe  romaine,  en  ce  temps- 
là,  n'était  pas  la  foule  grossière  et  misérable  que  nous 
trouvons  aux  époques  postérieures  Elle  était  composée, 
pour  une  bonne  partie,  de  marchands  et  de  spéculateurs. 
Elle  avait  plus  d'intérêt  à  faire  la  guerre  aux  étrangers, 
pour  conquérir  des  terres  ou  pour  assurer  ses  relations 
commerciales,  qu'à  faire  la  guerre  au  patriciat.  .\utant 
elle  désirait  obtenir  les  droits  et  les  garanties  qui  étaient 
nécessaires  à  son  commerce  et  à  ses  spéculations,  autant 
elle  sentait  les  profits  de  la  paix  intérieure  et  redoutait 
les  troubles  civils.  Cette  classe  d'hommes  qui  tenait  la 
tête  de  l'ordre  plébéien  et  qui  lui  fournissait  les  tribims, 
le  dirigeait  et  le  contenait  plus  souvent  qu'elle  ne  l'exci- 
tait. Elle  paraît,  du  reste,  s'être  alliée  de  bonne  heure  à 
une  portion  de  l'ordre  patricien,  et  cette  combinaison 
d'intérêts  détermina  la  ligne  dans  laquelle  Rome  marcha 
pendant  deux  siècles.  D'une  part,  en  effet,  la  plèbe  ne 
songea  plus  à  se  séparer  et  à  faire  peuple  à  part,  mais 
elle  mit  plutôt  son  ambition  à  se  rapprocher  de  la  cité  et 
à  s'y  introduire.  D'autre  part,  le  patriciat,  ou  du  moins 
une  forte  partie  de  cette  caste,  se  résigna  à  accueillir  la 
plèbe,  à  faire  tomber  les  barrières  que  les  vieilles  idées 
religieuses  et  politiques  avaient  élevées  entre  la  cité  et 
elle,  à  lui  faire  une  place  dans  la  société  civile,  à  lui 
communiquer  enOn  les  lois,  les  droits  et  les  institutions. 
qui  avaient  été  jusqu'alors  la  possession  exclusive  des 
genCes.  11  est  à  noter  que  cette  admission  de  la  plèbe 
dans  la  cité  s'opéra  graduellement,  de  manière  à  ne  pas 
briser  l'ancien  organisme  social.  La  plèbe  ne  détruisit 
aucun  des  rouages  de  la  vieille  constitution.  .\u  lieu 
d'abolir  les  institutions  patriciennes,  elle  les  adopta,  elle 
les  fit  plébéiennes.  Elle  obtint  d'abord  d'avoir  les  lois 
de  la  cité,  et  il  fallut  pour  cela  que  les  Décemvirs  écri- 
vissent un  code  qui  fut  aussi  bien  plébéien  que  patricien. 
Ce  fut  un  grave  changement  :  la  dualité  cessa  dans  la  vie 
civile.  En  vain,  ces  législateurs  avaient-ils  décidé,  par  une 
singulière  contradiction,  que  les  mariages  seraient  inter- 
dits entre  les  deux  ordres;  il  fallut  bientôt  lever  celte 
interdiction  et  l'on  vit  bientôt  le  sang  patricien  et  le  sang 
plébéien  se  mêler.  Peu  à  peu  les  familles  riches  de  la 
plèbe  imitèrent  le  plus  qu'elles  purent  les  mœurs  et  les 
habitudes  privées  du  patriciat  ;  loin  de  détruire  le  régime 
de  la.  gens  qui  leur  avait  été  si  longtemps  contraire,  elles 
formèrent  des  génies  à  leur  tour  ;  loin  de  combattre  cette 
religion  patricienne  qui  les  avait  si  longtemps  honnies 


et  repoussées,  elles  l'adoptèrent  et  la  copièrent  de  leur 
mieux.  Quand  tout  cela  fut  fait,  il  ne  fut  pas  difficile  aux 
plébéiens  d'acquérir  l'égalité  politique.  Ici  encore,  leur 
procédé  fut  le  même.  Ils  ne  mirent  pas  leurs  efforts  à 
faire  disparaître  le  Sénat,  mais  à  s'y  introduire.  Ils  ne 
tentèrent  pas  de  détruire  la  magistrature  hostile  du  con- 
sulat, mais  à  la  prendre  pour  eux,  au  moins  pour  une 
moitié.  Ils  ne  supprimèrent  jias  les  charges  de  censeur, 
de  préteur,  d'édile  curule  ;  mais,  à  leur  tour,  ils  furent 
censeurs  et  accomplirent  avec  la  même  solennité  que  les 
vieux  patriciens  la  cérémonie  sainte  du  cens,  ils  furent 
préteurs  et  comme  tels  ils  prononcèrent  le  droit,  ils 
furent  édiles  curules  et  donnèrent  des  jeux  sacrés. 
Quand  tout  cela  fut  acquis,  ils  demandèrent  le  partage 
des  sacerdoces,  au  moins  de  ceux  qui  touchaient  autant 
aux  intérêts  politiques  qu'à  la  religion,  c'est-à-dire  l'au- 
gurât et  le  pontificat.  Il  fut  décidé,  l'an  300  av.  J.-C,  que 
la  moitié  des  pontifes  et  des  augures  seraient  choisis 
nécessairement  parmi  la  plèbe.  Des  lors  cette  classe  n'eut 
plus  rien  à  conquérir.  Le  plébéien  fut  réellement  un 
membre  de  la  cité  ;  en  droit,  en  politique,  en  religion, 
il  fut  un  citoyen  complet.  C'est  sans  doute  à  cette  époque 
que  se  fit  un  changement  dont  les  historiens  ne  parlent 
pas  ;  les  plébéiens  qui,  dans  les  premiers  siècles,  n'avaient 
certainement  pas  pu  être  comptés  parmi  les  quirites, 
c'est-à-dire  parmi  les  membres  des  curies,  y  figurèrent 
désormais,  et  nous  voyons  dorénavant  le  terme  officiel 
de  quirite  désigner  également  le  patricien  et  le  plébéien  ; 
preuve  certaine  qu'il  n'y  avait  plus  dans  Rome  qu'un 
seul  peuple. 

V.  Deuxième  constitution  re'pub/irninf.  —  L'intro- 
duction  définitive  des  plébéiens  dans  la  cité  avait  trans- 
formé l'état  social  delà  population  romaine.  Les  vieilles 
formes  avaient  seules  subsisté  ;  du  vieux  régime  de  la 
gens,  il  ne  restait  plus  que  des  mots,  des  rites,  et  quel- 
ques prescriptions  dans  le  droit.  Le  patriciat  n'était  plus 
qu'un  titre,  quelquefois  plus  nuisible  qu'utile.  La  clien- 
tèle avait  changé  de  sens.  .\  ce  nouvel  état  social  de  la 
population  romaine,  correspondit  naturellement  une 
nouvelle  constitution  politique. 

La  forme  républicaine  subsista  dans  cette  seconde 
époque,  et  le  gouvernement  se  composa,  comme  par  le 
passé,  de  trois  éléments:  1°  des  magistrats;  2°  des 
assemblées  populaires;  3°  d'un  Sénat.  Seulement,  ces 
trois  éléments  n'étaient  plus  de  même  nature  ni  de 
même  composition  qu'auparavant.  Les  magistratures 
étaient  beaucoup  plus  nombreuses,  soit  que  le  gouver- 
nement, devenu  plus  difficile  et  plus  compliqué,  exigeât 
qu'un  plus  grand  nombre  d'hommes  y  mit  la  main,  soit 
qu'on  eût  voulu  diminuer  l'autorité  trop  forte  des  ma- 
gistratures en  les  multipliant.  Le  consulat  restait  consti- 
tué en  apparence  comme  dans  l'époque  précédente.  11 
est  vrai  qu'on  en  avait  détaché  la  censure,  la  préture  et 
l'édilité  curule  ;  mais  on  lui  avait  laissé  de  grandes  attri- 
butions administratives,  judiciaires  et  militaires.  II 
passait  encore  pour  la  magistrature  suprême,  et  Cicéron 
pouvait  dire  encore  qu  il  était  l'âme  de  la  République  '. 
Il  est  certain  qu'aucune  règle  précise  ne  gênait  les  con- 
suls, qu'aucune  loi  formelle  ne  les  liait,  que  leurs  déci- 
sions étaient  sans  appel,  et  qu'ils  avaient  tous  les  dehors 
de   l'omnipotence.    On  reconnaît  cependant   à  certains 

1  Pro  Muren.   35. 


ROM 


886 


ROM 


délails  de  l'hisloire  de  cette  époque  iju^ils  n'exemiienl 
plus  un  pouvoir  aussi  absolu  qu'auparavant.  La  notion 
de  l'aulorité  s'était  alFaiblie  dans  les  esprits.  La  faiblesse 
des  consuls  ressort  surtout  de  ce  fait  qu'ils  n'alternaient 
plus  entre  eux  aussi  réellement  que  par  le  passé;  ils  se 
pas.saient  bien  encore  les  faisceaux  et  les  insignes  de 
mois  en  mois  ;  mais  ils  gardaient  l'autorité  tous  les  deux 
à  la  fois,  et,  soit  par  l'apprl/alio,  soit  par  Vobnunliatio, 
ils  se  faisaient  échec  l'un  à  l'autre.  La  fonction  principale 
(ltii_aiaiCiirs  était  d'accomplir  la  cérémonie  du  cens  ou 
/us/ralio,  cérémonie  fort  importante  en  religion,  parce 
qu'elle  mettait  la  cité  en  règle  avec  les  dieux,  et  fort 
importante  aussi  en  politique,  parce  qu'elle  fixait  les 
rangs  dans  la  population.  Les  censeurs  déterminaient 
(|ui  serait  sénateur  ou  chevalier,  qui  serait  dans  les  clas- 
ses ou  au-dessous  des  classes  ;  ils  donnaient  à  chacun  sa 
valeur  et  sa  place  dans  l'État.  En  les  créant,  on  n'avait 
peut-être  pas  songé  là  leur  donner  la  surveillance  des 
mœurs  et  de  la  vie  privée  ;  mais  cette  surveillance  leur 
échut  naturellement,  et  leur  autorité  morale  trouva  sa 
sanction  dans  le  rang  qu'ils  assignèrent  à  chacun.  Les 
préleurs  avaient  la  puissance  judiciaire  concurremment 
avec  les  consuls  ou  à  leur  place.  Ils  prononcèrent  le  droit 
(jus  dicere),  tandis  que  des  judices  ou  des  arbitri, 
désignés  la  plupart  du  temps  par  eux,  étaient  les  juges 
du  fait.  Il  n'y  eut  d'abord  qu'un  préteur  ;  on  en  créa  plus 
tard  un  second  pour  juger  les  procès  oîi  un  étranger  se 
trouvait  engagé.  Le  nombre  des  préteurs  fut  augmenté 
ensuite,  mais  plus  encore  pour  le  besoin  de  l'admini- 
stration des  provinces  que  pour  ceux  de  la  justice  dans  la 
cité.  Après  ces  magistrats  venaient  les  questeurs  chargés 
de  l'administration  financière,  et  les  édiles  curules  char- 
gés surtout  d'accomplir  à  leurs  frais  les  jeux  sacrés.  On 
voit  que  dans  cette  nouvelle  constitution  le  nombre  des 
magistrats,  sans  être  aussi  grand  que  dans  quelques  cités 
grecques,  était  assez  considérable  pour  que  l'autorité  de 
chacun  d'eux  fût  nécessairement  restreinte.  Car  il  n'y 
avait  entre  eux  qu'une  hiérarchie  purement  fictive,  et  ils 
étaient  absolument  indépendants  les  uns  des  autres.  Les 
lois  ne  fixaient  même  pas  avec  netteté  les  pouvoirs  de 
chacun  d'eux;  elles  laissaient  planer  sur  tous  une  sorte 
d'incertitude  et  de  vague  qui  était  souvent  une  cause  de 
conflits  et  toujours  une  cause  de  faiblesse. 

A  Rome,  comme  dans  toutes  les  villes  grecques  et  ita- 
liennes, le  principe  de  la  souveraineté  du  peuple  était 
universellement  admis  ;  la  cité  n'était  pas  réputée  une 
agglomération  sujette,  mais  une  individualité  maîtresse. 
La  cité  se  réunissait  donc  en  assemblées  publiques,  et 
c'étaient  ces  assemblées  qui,  du  moins  en  théorie,  déci- 
daient souverainement  de  tout  ce  qui  intéressait  la 
communauté.  Mais  de  même  que  nous  avons  vu  la  cité 
changer  de  nature,  de  même  les  comices  s'étaient  trans- 
formés. Aujiiljjiècl^e  avant  notre  ère,  il  y  avait  à  Rome 
simultanément  trois  sortes  d'assemblées  du  peuple  :  sin- 
gularité bizarre  et  qui  semblerait  un  vice  de  constitution  ; 
il  est  bien  certain  que  ce  n'était  pas  l'effet  d'un  habile 
calcul  que  ces  trois  assemblées  fonctionnant  à  la  fois  ; 
mais  elles  avaient  été  établies  successivement,  et  l'on 
peut  dire  qu'elles  représentaient  les  trois  âges  par  les- 
quels la  cité  avait  déjà  passé.  Les  comicescuriates  étaient 
l'image  d'un  lempsoùla  cité  n'avait  été  que  la  confédéra- 
tion des  fjentes  ;  les  comices  centuriates  figuraient 
l'époque  oii  les  plébéiens  n'étant  encore  admis  que  dans 


l'armée,  les  plus  riches  d'entre  eux  étaient  du  moins 
consultés  sur  une  partie  des  affaires  communes  ;  les 
assemblées  dataient  du  jour  oii  la  plèbe  entière  avait 
commencé  à  former  un  corps  politique.  Les  Romains  qui 
avaient  un  grand  respect  pour  le  passé,  et  qui,  même  en 
fondant  du  nouveau,  avaient  du  scrupule  à  détruire  ce 
qui  était  ancien,  laissaient  subsister  concurremment  ces 
trois  sortes  d'assemblées  fort  différentes  par  leur  compo- 
sition et  par  leur  esprit.  Si  elles  ne  se  nuisaient  pas  l'une 
à  l'autre,  c'est  que  dans  la  pratique  elles  n'avaient  pas 
toutes  les  trois  une  égale  valeur.  Les  comices  curigies 
n'avaient  plus  d'autres  attributions  que  de  nommer  cer- 
tains prêtres,  d'autoriser  les  testaments  ou  les  adoptioris, 
de  confirmer  l'élection  des  magistrats,  et  enfin  de  revêtir 
les  décisions  publiques  de  cette  sorte  de  caractère  sacré 
qui  en  faisait  des  lois.  En  réalité,  ils  n'avaient  ni  l'exa- 
men des  questions  ni  le  droit  de  les  discuter,  ni  l'initia- 
tive ni  le  rejet.  Leur  réunion  était  si  bien  devenue  une 
pure  formalité  qu'on  en  vint  à  ce  que  les  trente  curies 
ne  fussent  plus  représentées  que  par  leurs  trente  appari- 
teurs. L'assemblée  centuriate  élisait  les  magistrats.  Du 
reste,  le  système  d'élection  n'était  plus  le  même  que  dans 
l'époque  précédente.  Il  est  bien  vrai  que  l'on  continuait 
à  observer  les  anciennes  formes,  qu'un  consul  ou  un 
interroi  prenait  encore  les  auspices,  qu'il  présidait  l'as- 
semblée et  qu'il  lui  désignait  les  candidats  agréés  des 
dieux,  comme  dans  l'âge  où  dominait  le  patriciat.  Mais 
ces  vieux  rites  cachaient  une  nouvelle  manière  de  procé- 
der ;  en  effet,  toute  l'histoire  de  ce  temps-là  montre  clai- 
rement que  le  président  était  tenu  de  faire  voter  sur  tous 
les  candidats  qui  se  présentaient;  il  n'exerçait  plus  son 
ancien  droit  d'élimination,  ou  ne  l'exerçait  que  dans  des 
cas  fort  rares  et  avec  de  très  grandes  précautions.  De  fait, 
on  continuait  à  prendre  les  auspices  sur  les  candidats, 
mais  à  la  condition  que  les  auspices  seraient  également 
favorables  à  tous,  et  qu'ils  laisseraient  le  peuple  maître 
absolu  de  choisir  ses  candidats  préférés.  Les  assemblées 
par  tribus,  établies  tumultuairement  au  v''  siècle, 
n'avaient  eu  d'abord  aucune  autorité  légale  et  n'avaient 
pas  été  considérées  comme  de  vrais  comices.  Elles  devin- 
rent pourtant  peu  à  peu  des  assemblées  régulières  et  le 
nom  même  de  comices  leur  fut  quelquefois  donné.  Elles 
élisaient  les  tribuns  et  quelques  fonctionnaires  d'ordre 
inférieur.  Elles  prononçaient  des  arrêts,  et  condamnaient 
même  à  Texil  ou  à  la  mort.  Leurs  sentences  n'avaient 
peut-être  aucune  valeur  légale,  mais  comme  expression 
de  la  volonté  du  plus  grand  nombre,  il  fallait  en  faire 
cas  et  s'y  soumettre.  Les  plébiscites  étaient  les  décisions 
prises  par  la  plèbe  dans  ces  assemblées  ;  dans  les  âges 
précédents,  il  n'était  certes  venu  à  l'esprit  de  personne  que 
ces  décisions  de  la  plèbe  pussent  être  des  lois  delà  cité, 
et  l'on  ne  songea  pas  à  leur  attribuer  un  caractère  obli- 
gatoire. Un  temps  vint  où  ces  assemblées  prirent  tant 
d'empire  que  leurs  arrêts  s'imposèrent  avec  plus  de  force 
que  celles  des  comices  curiates  eux-mêmes  ;  il  fallut  alors 
leur  accorder  force  de  lois.  La  loi  Valeria-Horatia,  au 
IV''  siècle,  établit  que  les  plébiscites  devraient  être  res- 
pectés par  le  patricien  aussi  bien  que  par  le  plébéien; 
puis  la  loi  Hortensia  ajouta  qu'ils  vaudraient  autant  que 
des  lois.  Par  là,  la  puissance  législative  qui  avait  appar- 
tenu d'abord  aux  seuls  comices  par  curies,  passa  à  l'as- 
semblée par  tribus  qui  devint  ainsi  l'assemblée  véritable- 
ment souveraine  et  maîtresse. 


I 


I 

4 


ROiM 


887  — 


ROM 


Aucune  des  révolutions  de  la  sociélé  romaine  ne 
supprima  le  Sénat;  mais  chacune  d'elles  donna  à  ce  corps 
une  face  nouvelle.  Le  Sénat  du  m'  siècle  ne  res- 
semblait plus  que  par  le  nom  et  les  dehors  au  Sénat 
du  v^  Sa  composition  n'était  plus  la  même.  On  ne 
saurait  dire  au  juste  si  les  chefs  des  anciennes  pentes,  les 
\'VA\s  palre!^  des  vieux  temps,  continuaient  à  y  siéger  par 
droit  héréditaire;  cela  est  possible  et  même  assez  pro- 
bable; mais  le  nombre  des  gentes  ayant  été  réduit  par 
des  extinctions,  et  le  nombre  des  sénateurs  ayant  été,  au 
contraire,  augmenté,  nous  devons  croire  que  cette  caté- 
gorie des  patfes  de  vieille  roche  ne  formait  plus  qu'une 
faible  minorité;  les  conscripti  étaient  assurément  plus 
nombreux  de  beaucoup.  D'ailleurs,  le  changement  le  plus 
grave  consistait  en  ce  que  les  sénateurs  conscripti 
n'étaient  plus  choisis  exclusivement  parmi  les  patriciens: 
les  plébéiens  étaient  nombreux  sur  les  sièges  du  Sénat. 
11  y  a  même  une  remarque  à  faire,  c'est  que,  dans  les 
récils  que  les  historiens  nous  ont  laissés  des  délibérations 
de  ce  corps  au  iV  et  au  m'  siècle,  nous  ne  voyons 
jamais  apparaître  le  vieil  antagonisme  entre  patri- 
ciens et  plébéiens  ;  les  deux  ordres  semblent  s'être 
parfaitement  fondus  dans  le  Sénat;  la  diversité  des  opi- 
nions qui  s'y  produisent  ne  tient  plus  à  la  distinction 
native  des  deux  castes.  Aucune  loi  formelle  à  cette  épo- 
que n'impose  de  conditions  de  naissance  pour  entrer  au 
Sénat;  est  sénateur  quiconque  a  obtenu  du  peuple 
l'élection  à  une  magistrature  curule  ou  quiconque  a  paru 
au  censeur  digne  d'être  inscrit  sur  la  liste. 

Telle  fut  la  seconde  constitution  républicaine  de  Home. 
A  n'en  regarder  que  la  lettre,  à  ne  songer  qu'aux  lois 
qui  la  composent,  elle  paraît  tout  à  fait  démocratique. 
C'est  le  peuple  qui  est  souverain  ;  et  ce  peuple  n'est  plus, 
comme  autrefois,  une  réunion  de  citoyens  privilégiés,  il 
est  la  foule  elle-même.  C'est  le  nombre  qui  décide  de 
toutes  choses;  c'est  le  nombre  qui  fait  la  loi.  Tous  les 
magistrats  sont  électifs,  et  tous  sont  responsables.  Le 
Sénat  même,  à  ne  regarder  que  les  apparences,  n'est 
qu'une  émanation  du  peuple  qui  paraît  en  nommer  lui- 
même  les  membres,  puisque  le  Sénat  se  compose  de  tous 
ceux  que  le  peuple  a  élus  aux  magistratures  curules. 
Cependant,  si  l'on  regarde  les  faits  de  l'histoire  et  les 
mrpurs,  on  s'aperçoit  bientôt  que  Rome,  avec  des  lois 
très  démocratiques,  avait  alors  un  gouvernement  tout  à 
fait  aristocratique.  D'abord  les  assemblées  populaires 
par  tribus  avaient  à  côté  d'elles,  comme  obstacle  ou 
comme  contrepoids,  les  comices  centuriates  qui  avaient 
encore  des  attributions  régulières,  et  dans  lesquels  les 
classes  riches  ou  aisées  avaient  la  prépondérance.  i*uis 
l'assemblée  par  tribus  elle-même  n'était  pas  aussi  démo- 
cratique qu'elle  le  paraissait,  car  les  voix  s'y  comptaient, 
non  par  hommes,  mais  par  tribus  ;  or,  sur  trente-cinq 
tribus,  il  n'y  en  avait  que  quatre  où  fussent  compris  les 
prolétaires;  toutes  les  autres  se  composaient  des  hommes 
de  la  campagne,  de  telle  sorte  que  la  classe  des  posses- 
seurs fonciers  ayant  trente  et  une  voix  sur  trente-cinq 
était  absolument  maîtresse  dans  ces  assemblées.  Les 
magistrats,  d'après  la  lettre  de  la  constitution,  devaient 
ètrechoisis  delà  manière  la  plus  démocratique;  ni  la  plus 
basse  naissance,  ni  la  dernière  misère  n'était,  aux  yeux 
de  la  loi,  un  motif  d'exclusion.  Mais  le  suffrage  universel 
coûtait  fort  cher  à  mettre  en  branle,  et  il  fallait  avoir  une 
fortune  entière  à.  sacrifier  pour  faire  les  frais  d'une  can- 


didature. Ajoutez  à  cela  qu'on  commençait  ordinairement 
la  série  des  magistratures  par  l'édilité  curule  et  que  les 
fêtes  à  donner  au  peuple  devaient  être  fort  coûteuses. 
Tous  les  magistrats  sortaient  donc  nécessairement  de  la 
classe  la  plus  riche.  Même  les  tribuns  de  la  plèbe,  à  cette 
époque,  n'étaient  plus  les  chefs  d'une  démocratie.  Ils 
appartenaient  presque  tous  à  de  grandes  et  riches  familles. 
Le  tribunat,  loin  d'être  comme  autrefois  une  magistra- 
ture rivale  et  ennemie  du  consulat,  était  le  marchepied 
par  lequel  on  y  arrivait.  Les  tribuns  siégeaient  au  Sénat; 
beaucoup  étaient  fils  de  sénateurs  :  ils  avaient  les  intérêts 
et  l'esprit  de  ce  corps.  Il  faut  se  représenter  les  tribuns 
de  celte  époque  bien  moins  comme  des  chefs  d'opposition 
que  comme  des  membres  du  gouvernement.  Aussi  voit-on 
rarement,  pendant  cette  époque,  les  tribuns  faire  acte  de 
démocrates,  ou,  s'il  arrive  qu'un  tribun  engage  quelque 
lutte  avec  le  Sénat,  il  est  bien  vite  arrêté  par  le  veto  de 
ses  propres  collègues.  Le  tribunat  est  une  magistrature 
qui  conserve  un  nom  et  des  apparences  révolutionnaires, 
mais  qui  n'en  est  pas  moins  un  des  rouages  du  gouver- 
nement aristocratique. 

Quant  au  Sénat  de  celte  époque,  il  est  composé  de  per- 
sonnages qui  ont  été  assez  riches  pour  se  faire  élire  pré- 
teurs ou  consuls;  la  pauvreté  n'y  peut  pas  pénétrer.  Le 
Sénat  romain  est  donc  l'assemblée  des  plus  riches.  Il  est 
vrai  que  la  lettre  de  la  constitution  interdit  au  Sénat  d'être 
un  obstacle  aux  désirs  de  la  démocratie  ;  car  non  seule- 
ment il  n'a  plus  seul  l'initiative  des  lois,  non  seulement 
l'ancien  droit  d'auctoritas  s'est  transformé  de  telle  sorte 
que  le  mot  lui-même  ait  changé  de  sens  et  qu'au  lieu 
d'initiative,  il  signifie  désormais  la'simple  confirmation, 
mais  encore  une  loi  du  m'  siècle  oblige  le  Sénat  à  donner 
cette  confirmation  à  l'avance  à  toutes  les  lois  qui  seront 
votées  par  les  tribus.  Ainsi  le  Sénat  n'a  plus  aucune  arme 
contre  la  démocratie,  si  la  démocratie  veut  faire  des  lois. 
Peut-il  du  moins,  lui  aussi,  légiférer?  Nullement,  car  la 
constitution  dit  qu'un  sénatus-consulte  n'a  pas  force  de 
loi  et  n'a  rien  d'obligatoire.  Et  cependant  si  l'on  regarde 
l'histoire,  on  voit  que  les  lois  qui  ont  été  faites  depuis  la 
première  guerre  punique  jusqu'au  temps  des  Gracques 
présentent  un  caractère  aristocratique  et  sont  favorables 
à  la  classe  riche  et  au  Sénat  lui-même  ainsi  qu'aux  che- 
valiers. Il  y  a  donc  un  désaccord  complet  entre  la  lettre 
de  la  constitution  et  la  manière  dont  cette  constitution 
est  mise  en  pratique.  D'après  les  lois,  le  Sénat  n'est  rien 
qu'une  sorte  de  conseil  d'État  chargé  d'examiner  les 
questions  que  le  vrai  souverain,  c'est-à-dire  le  peuple, 
résoudra.  Dans  la  réalité,  le  Sénat  fait  tout  et  peut  tout. 
Il  tient  les  magistrats  dans  sa  main.  Il  a  sur  les  consuls 
et  les  dictateurs  l'énorme  avantage  d'être  un  corps  per- 
manent et  pour  ainsi  dire  immortel,  tandis  que  le  consul 
et  le  dictateur  n'ont  le  pouvoir  que  pour  quelques  mois. 
Le  magistrat  qui  sort  du  Sénat  et  qui  doit  bientôt  y 
rentrer  comme  simple  membre,  ne  peut  guère  avoir 
d'autres  intérêts  que  ce  corps,  et  il  ne  lui  vient  guère  à 
l'esprit  d'entrer  en  lutte  avec  lui.  Cette  constitution  si 
compliquée,  ces  magistratures  si  nombreuses  et  si  indé- 
pendantes les  unes  des  autres,  ces  pouvoirs  si  mal  déli- 
mités, tout  autorise  le  Sénat  à  intervenir  presque  quoti- 
diennement. Le  Sénat  a  d'ailleurs  quelque  chose  qui 
donne  toujours  une  grande  autorité  morale  ;  c'est  lui  qui 
examine  toutes  les  questions;  les  assemblées  du  peuple 
votent  sans  débat,  décident  sans  discussion  ;  c'est  le  Sénat 


ROM 


—  888  — 


ROM 


seul  qui  délibèro.  Les  comices  sont  la  volonté;  le  Sénat 
est  la  réilexion.  De  là  son  inlluence  incontestée:  on  sait 
qu'il  a  la  sagesse,  la  tradition,  l'expérience  politique,  les 
secrets  de  ladniinistration  et  ceux  de  la  diplomatie.  La 
foule  est  pour  lui  pleine  de  respect  et  de  soumission.  Il 
est  le  pouvoir  dirigeant,  et  plus  la  marche  du  gouver- 
nement devient  difficile  et  compliquée,  plus  granditl'im- 
porlance  du  Sénat.  Subordonné  légalement  aux  comices 
et  même  aux  magistrats,  il  domine,  en  réalité,  les  uns  et  les 
autres.  Il  s'est  réservé,  d'ailleurs,  l'administration  finan- 
cière sans  laquelle  les  magistrats  ne  peuvent  rien  et  qui 
les  fait  tous  dépendre  de  lui.  Il  se  charge  aussi  de  la  poli- 
tique extérieure,  et  il  s'identifie  ainsi  avec  les  intérêts  et 
la  gloire  de  l'État.  C'est  lui  qui  reçoit  les  ambassadeurs 
étrangers  et  qui  envoie  les  légations  au  dehors  ;  c'est  lui 
qu'implorent  les  rois  et  les  peuples.  Il  règle  le  gouverne- 
ment des  provinces,  distribue  les  légions, donne  les  com- 
mandements et  en  prolonge  ou  en  restreint  la  durée.  Il 
décide  même  presque  toujours  de  la  paix  et  de  la  guerre, 
les  comices  n'ayant  ensuite  à  voter  que  sur  les  faits  accom- 
plis. En  un  mot,  c'est  le  peuple  qui  est  souverain  en  droit 
et  en  théorie,  mais  c'est  le  Sénat  qui  dirige  ;  le  peuple 
règne  et  le  Sénat  gouverne. 

Ce  Sénat  n'est  pas  seulement  un  corps,  il  est  une 
noblesse;  il  est  composé  de  familles  qui  ont  exercé  les 
charges  curules  et  qui  restent  en  possession  de  les 
exercer  à  tour  de  rôle.  La  corporation  est  parfaitement 
unie  en  ce  qui  touche  les  intérêts  de  ses  membres;  le 
Sénat,  qui  dirige  les  élections,  pousse  aux  magistratures 
les  fils  de  sénateurs,  qui  deviennent  ainsi  sénateurs  à 
leur  tour.  C'est  une  sorte  de  roulement.  Ainsi  le  Sénat, 
électif  en  apparence,  est  réellement  héréditaire  ;  il  admet 
pourtant  de  temps  à  autre  des  hommes  nouveaux,  mais  à 
condition  qu'ils  soient  riches,  et  que  leur  entrée  dans  la 
corporation  lui  apporte  une  force  de  plus,  .\u-dessous  du 
Sénat  est  une  autre  classe,  celles  des  chevaliers.  C'est 
encore  une  aristocratie.  Les  chevaliers,  comme  les  séna- 
teurs, sont  des  hommes  riches  ;  ils  forment  corps  entre 
eux  et  sont  comme  une  grande  compagnie  qui  prend 
à  ferme  la  perception  des  impôts,  l'exécution  des  travaux 
publics,  et  l'exploitation  des  terres  de  l'État,  ager  publi- 
cus,  vaste  domaine  qui  comprend  un  tiers  du  monde 
conquis.  Cette  classe  a  une  influence  indirecte  sur  le  gou- 
vernement de  Rome,  car  l'État  ne  peut  pas  se  passer  des 
capitaux  dont  elle  dispose,  et  la  marche  du  gouvernement 
s'arrêterait  si  l'argent  de  l'ordre  équestre  cessait  de  cir- 
culer. Ce  sont  donc  ces  deux  classes  seules  qui  dirigent  les 
destinées  de  la  cité  romaine.  La  foule,  la  plèbe,  est  trop 
pauvre  et  trop  corrompue  pour  avoir  quelque  influence. 
Il  est  vrai  qu'elle  a  son  droit  de  suffrage,  mais  elle  ne  s'en 
sert  guère  que  pour  le  vendre  ;  elle  vit  de  ses  votes  et  de 
la  sportule  des  riches  ^sportil.^i]. 

Ce  fut  sous  l'empire  de  cette  constitution  que  Rome 
vécut  depuis  le  iv'  siècle  jusqu'au  temps  de  César. 
11  n'est  pas  hors  de  propos  de  remarquer  quel  lien 
étroit  il  y  eutentre cette  constitution  politique  et  l'histoire 
de  la  grandeur  romaine.  Celte  double  aristocratie,  celle 
des  sénateurs  et  celle  des  chevaliers,  avait  le  même 
intérêt  à  faire  des  conquêtes;  car  les  conquêtes  étaient 
une  .source  de  richesse.  Ce  fut  donc  sous  la  direction  de 
celte  aristocratie  que  Rome  conquit  le  monde.  El  à  mesure 
qu'elle  le  conquérait,  cette  même  aristocratie  l'exploita 
avec  une  entente  et  une  habileté  qui  égalaient  sou  avi- 


dité. Les  sénateurs  l'exploitèrent  par  le  gouvernement 
lucratif  des  provinces;  les  chevaliers  l'exploitèrent  par 
la  mise  en  ferme  des  terres  publiques  et  des  impôts  ;  les 
uns  et  les  autres  firent  couler  jusqu'au  peuple  quelque 
chose  de  leur  richesse  par  la  sportule  et  par  l'achat  des 
magistratures. 

VI.  Constitution  iiiipéria/e.  —  Les  abus  du  gouverne- 
ment républicain  étaient  visibles.  Reposant  uniquement 
sur  la  richesse  et  donnant  tout  à  la  classe  riche,  il  créait 
une  inégalité  toujours  grandissante,  avec  peu  de  profit 
d'ailleurs  pour  la  liberté.  Aussi  ne  manqua-l-il  pas  d'être 
attaqué.  On  se  tromperait  pourtant  si  l'on  croyait  que  ce 
fut  la  plèbe  qui  s'insurgea  contre  lui.  En  effet,  l'expé- 
rience tentée  par  les  Gracques  montra  clairement  que, 
si  quelques  hommes  honnêtes  s'élevaient  contre  l'esprit 
de  cette  constitution  et  voulaient  relever  la  démocratie 
par  le  travail  et  la  propriété,  la  plèbe  refusait  de  suivre 
ceux  qui  se  disaient  ses  chefs.  Elle  ne  fit  rien  pour  sor- 
tir de  cette  sorte  de  servage  dont  sa  paresse  et  ses  vices 
s'accommodaient  bien,  et  ce  ne  fut  pas  elle  qui  renversa  la 
domination  de  l'aristocratie.  .Mais  cette  aristocratie  fut 
frappée  et  combattue  de  deux  manières.  D'une  part,  étant 
composée  de  deux  classes,  elle  s'affaiblit  par  des  luttes 
intestines;  les  sénateurs  et  les  chevaliers,  après  avoir 
été  étroitement  unis  jusque  vers  le  temps  des  Gracques, 
n'eurent  plus  entre  eux  autant  d'accord  qu'il  leur   en 
aurait  fallu  ;  ils  se  disputèrent  sur  le  partage  des  jouis- 
sances de  la  domination.  D'autre  part,  les  peuples  con- 
quis ne  se  résignèrent  pas  à  être  exploités  et  pressurés 
par  le  gouvernement  de  Rome.  Nous  ne  savons  pas  par 
des    documents   assez    précis    sous    quelle    forme   les 
attaques  des  provinciaux  se  firent  jour  ;  du  moins,  des 
témoignages  nombreux  montrent  que  le  mécontentement 
était  universel  ;  or,  ce  mécontentement  usa  bien  vite  le 
prestige   et  la  force  du   Sénat.    On    ne   peut   d'ailleurs 
s'empêcher   de    remarquer   combien   cette  constitution 
républicaine    et    aristocratique    était    fragile.    Elle    ne 
reposait   ni  sur  la  force  du   nombre,  puisqu'elle  était 
aristocratique,    ni    sur    des    textes    formels    de    lois, 
puisque   les  lois    étaient  absolument  égalitaires.    Elle 
ne  s'appuyait  sur  aucune  base  solide.  Elle  avait  contre 
elle  ses  propres  lois.  Démocratique  en   théorie,  aristo- 
cratique   dans    l'application,    elle    était    un    perpétuel 
mensonge.  Elle  ne  se   soutenait    que  par  des  prodiges 
d'habileté-   des  hautes  classes.   Le    premier  ambitieux 
venu  qui  pouvait  avoir  un   intérêt  personnel  à  renver- 
ser   ce  régime,    avait    beau  jeu.    Il    ne  lui    était   pas 
difficile  d'en  montrer  les  vices  et  la  faiblesse,  de  prouver 
que  le  Sénat  n'avait  aucun  droit  à  gouverner,  et  qu'il 
gouvernait  mal.  Quant  à  réclamer  le  renversement  des 
lois,  cela  ne  devait  pas  choquer  beaucoup  au  milieu  d'un 
régime  qui  était  lui-même  une  violation  permanente  des 
lois.   Quiconque  eut  la  force  militaire  dans  les  mains, 
essaya  de  détruire  celte  constitution,  Marius   d'abord, 
puis  Sylla,  puis  Catilina  avec  les    anciens  soldats  de 
Sylla,  ensuite  Pompée,  César,  .\ntoine.  Octave.  Des  cir- 
constances fortuites  firent  vivre  la  République  soixante 
ans  de  plus  qu'elle  ne  semblait  avoir  à  vivre,   et  il  faut 
s'étonner,  non  pas  qu'elle  ail  été  renversée  par  César  et 
Octave,  mais  qu'elle  ail  pu  vivre  jusqu'à  eux.  La  consti- 
tution nouvelle  qui  remplaça  le  régime  républicain  ne 
fut  d'ailleurs  établie  que  sous  Auguste. 

La  constitution  impériale  fut  comme  une  suite  nalu- 


4 


ROM 


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relie  de  la  conslilulion  républicaine;  elle  n'eut  pas 
besoin  de  la  détruire  et  ne  parut  d'abord  rien  changer. 
On  peut,  d'ailleurs,  remarquer  dans  l'histoire  du  peuph' 
romain  que  ses  différentes  constitutions  naquirent  tou- 
jours les  unes  des  autres  et  qu'aucune  d'elles  ne 
s'annonça  comme  rompant  brusijuement  avec  le  passé. 
La  République  avait  conservé,  autant  qu'elle  avait  pu,  les 
dehors  de  l'ancienne  royauté  ;  l'Empire  garda  longtemps 
tous  les  dehors  de  la  République.  On  a  supposé  que 
c'était  là  l'effet  d'un  calcul  habile  ou  d'un  véritable 
mensonge  de  la  part  des  premiers  empereurs.  C'était 
plutôt  l'effet  naturel  de  cette  loi  qui  s'impose  d'ordinaiie 
aux  esprits  et  aux  sociétés  et  qui  leur  défend  de  procé- 
der par  bonds  et  par  soubresauts.  Les  idées,  même  chez 
les  empereurs,  ne  se  transformèrent  pas  instantanément, 
et  les  habitudes  du  régime  républicain  s'imposèrent  à 
eux.  Aussi  voit-on  qu'en  exerçant  la  puissance  absolue, 
ils  ne  conçurent  cependant  pas  tout  de  suite  les  principes 
de  l'absolutisme  et  ne  songèrent  pas  à  l'ériger  en  instilu- 
tionj  Les  fondateurs  de  l'Empire  ne  formulèrent  aucun 
principe  nouveau  de  gouvernement  et  n'imaginèrent 
presque  aucune  forme  nouvelle.  Mais,  de  même  que, 
dans  l'époque  précédente,  l'aristocratie  avait  pu  dominer 
avec  tous  les  rouages  de  la  démocratie,  ils  purent  gou- 
verner avec  les  rouages  d'un  régime  de  liberté.  C'est  avec 
les  idées  et  les  institutions  de  Rome  républicaine  qu'ils 
furent  les  maîtres.  En  effet,  si  l'on  cherche  quel  fut  le 
principe  et  pour  ainsi  dire  la  base  théorique  du  gou- 
vernement, on  trouve  que  ce  fut  uniquement  l'idée  de 
la  souveraineté  du  peuple.  Ce  principe  était  admis  et  pro- 
clamé parles  jurisconsultes  eux-mêmes,  c'est-à  dire  par 
ce  qu'il  y  avait  de  plus  dévoué  au  pouvoir  impérial.  Si 
l'Empereur  pouvait  tout,  c'était,  disaient  encore  Gains  et 
Ulpien,  parce  que  le  peuple  lui  conférait  et  mettait  en 
lui  toute  sa  propre  puissance.  La  cité  ou  la  république 
que  la  langue  officielle  appelait  encore  respublica  ou 
populus,  continuait  donc  à  posséder  seule  la  souverai- 
neté; seulement  il  la  déléguait  au  prince.  Il  y  avait 
cette  unique  différence  entre  Rome  impériale  et  Rome 
républicaine  qu'au  lieu  de  déléguer  cette  souveraineté  à 
plusieurs  magistrats  à  la  fois,  le  peuple  la  déléguait  au 
prince  seul.  Les  consuls  et  les  préteurs  ne  cessèrent  pas 
d'exister  ;  mais  ils  cessèrent  d'avoir  Vimperiiim  ;  et  le 
prince  seul,  revêtu  de  cette  puissance,  porta  seul  aussi 
dorénavant  le  titre  d'impernlor. 

Cette  délégation  de  l'autorité  n'était  pas,  comme  on 
pourrait  le  croire,  une  simple  fiction.  Elle  s'opérait  réel- 
lement et  formellement  par  la  /ex  regia  ou  lex  imperii . 
Il  ne  faudrait  même  pas  supposer  que  cette  délégation 
de  la  souveraineté  populaire  ait  été  faite  une  fois  pour 
toutes,  au  début  de  l'ère  impériale,  pour  tout  l'avenir  et 
au  profit  de  toutes  les  générations  successives  d'une 
famille.  Elle  ne  fut  faite  que  pour  dix  ans;  Auguste  dut 
la  faire  renouveler  trois  fois  '  ;  les  princes  qui  lui  succé- 
dèrent durent  obtenir  cette  délégation  au  premier  jour 
de  leur  règne  et  la  faire  renouveler  à  l'expiration  de 
chaque  période  décennale  dans  une  cérémonie  que  l'on 
appelait  sacrn  décennal io.  La  lex  imperii  n'était  donc 
pas  une  constitution  permanente.  Elle  était  une  sorte  de 
contrat  essentiellement  temporaire,  qui  était  conclu  non 
pas  entre  un  peuple  et  une  famille,  mais  entre  un  peuple 
et  un  homme  seulement.  C'estce  qui  explique  que  l\|i  puis- 
sance  impériale  pendant  les  trois  premiers  siècles  ne 

vm. 


fut  pas  réputée  héréditaire  en  droit.  Aucune  loi  de  suc- 
cession ne  put  être  établie  par  cette  simple  raison  que, 
dans  les  idées  des  hommes,  l'autorité  restait  toujours 
élective  et  toujours  au  choix  du  peuple.  S'il  y  avait 
adoption,  c'est-à-dire  si  un  empereur  présentait  son  suc- 
cesseur, encore  fallait-il  que  ce  successeur  fût  agréé  et 
que  la  lex  regia  fût  faite  en  sa  faveur  par  qui  de  droit. 
Il  est  bien  vrai  que  le  peuple  ou  la  république  n'était 
plus  représentée  que  par  le  Sénat,  corps  impuissant 
dont  les  empereurs  étaient  absolument  les  maîtres. 
C'était  ce  Sénat  qui  chaque,  fois,  rédigeait  la /e.c,  c'est-à- 
dire  dressait  le  contrat  entre  les  gouvernés  et  les  gou- 
vernants. Ce  contrai  était  nécessairement  à  l'avantage 
des  derniers  ;  si  quelque  réserve  avait  été  faite  pour  la 
liberté,  cette  réserve  eût  été  tout  à  fait  sans  garantie.  On 
conçoit  donc  que  ce  contrat  ne  fut  bientôt  qu'une  pure 
formalité,  une  sorte  de  fiction  ou  de  mensonge  comme 
ceux  que  nous  avons  déjà  vus  dans  les  constitutions  des 
âges  antérieurs.  Il  n'en  est  pas  moins  vrai  qu'il  était  la 
seule  ressource  reconnue  de  l'autorité  et  le  seul  prin- 
cipe qui  la  rendît  légitime  aux  yeux  de  cette  partie  des 
sujets  qui  raisonnait.  Il  est  assez  singulier  que  le  pou- 
voir le  plus  absolu  qui  fut  jamais  se  soit  ainsi  appuyé 
sur  un  principe  toutrépublicain.  Il  est  curieux  aussi  que 
celle  manière  de  concevoir  le  pouvoir  impérial  ait  pu 
subsister  dans  les  esprits  en  dépit  des  guerres  civiles, 
des  abus  de  la  force  et  des  fréquentes  usurpations.  On 
voit  encore  un  contemporain  de  Justinien  définir  ainsi 
l'empereur:  Pi'inceps  est  qui  civium  suorum  suff'ragio 
elertus  eminenlem  super  altos  furtunam  sortitus  est''. 
Ces  idées  n'affaiblissaient,  d'ailleurs,  en  rien  l'autorité 
impériale  ;  la  théorie  de  la  souveraineté  primordiale  de 
la  nation  n'était  nullement  un  obstacle  au  développe- 
ment  de  la  puissance  monarchique,  et  ne  garantissait 
en  aucune  façon  la  liberté. 

Telle  était  l'essence  et  pour  ainsi  dire  la  théorie  de  la 
constitution  impériale;  voici  maintenant  comment  elle 
était  appliquée.  Dans  la  praticiue,  l'empereur  était  l'héri- 
tier de  toutes  les  anciennes  magistratures  républicaines, 
de  toutes  celles  du  moins  qui  donnaient  une  puissance 
réelle.  Comme  censeur  ou  maître  des  mœurs  [magister 
owpraefectus  morum),  il  nommaitàsongré  les  sénateurs 
et  pouvait  expulser  du  Sénat;  il  nommait  les  chevaliers 
et  pouvait  chasser  de  l'ordre  équestre  ;  il  donnait  ou 
ôlait  le  droit  de  cilé  ;  il  assignait  enfin  à  chacun  son 
rang,  sa  considération,  ses  droits  politiques  etmême  ses 
droits  civils.  Comme  tribun  du  peuple,  il  avait  deux 
prérogatives  inappréciables  :  d'abord,  il  était  absolu- 
ment inviolable  et  pouvait  frapper  de  mort  comme  sacri- 
lège quiconque  portait  atteinte  à  sa  personne;  ensuite, 
il  pouvait  par  son  veto  annuler  les  actes  ou  arrêter  les 
projets  du  Sénat,  du  peuple,  ou  des  magistrats,  s'il  se 
trouvait  que  ces  actes  ou  ces  projets  fussent  contraires  à 
son  intérêt.  Comme  souverain  pontifc\  il  avait  dans  ses 
mains  la  religion  et  toute  l'iiitluence  que  la  religion  et 
les  auspices  exerçaient  encore  sur  la  grande  majorité 
des  hommes,  dans  la  vie  privée  et  dans  la  vie  publique  ; 
il  nommait  les  prêtres  et  les  surveillait  ;  il  fixait  les 
croyances  officielles,  les  cérémonies  et  les  fêtes,  toutes 
choses  qui  tenaient  une  grande  place  dans  l'existence  un 
peu  vide  des  hommes  de  ce  temps-là.  Étant  revêtu  de  la 


Dio.  Cass.   liï.   LUI.  — ^Lydus,  Z;emajis//.  édil.  Ilan.  1,  15 


11-2 


ROM 


—  890 


ROM 


puissanco  roiisulairç'    \ /n)/i'.i/as  i'on>:u/iiris\    il   poiivail 
juger  sansappi'l.  convcxiiicr  \e  Sénat,  lidicler  dos  arrêts, 
recevoir   les    ainliassadeurs    étrangers     II   n'avail    pas 
besoin  d'èlre  consul;  le  consulat,  duquel  la  puissance 
consulaire  avait  été  détachée  comme  nous  venons  de  le 
dire,  n'était  plus  (]u"un  litre,  el  le  prince  le  rehaussait 
en  consentant  à  s'en   revêtir  quelquefois.    Les  consuls 
avaient,  du  reste,  le  premier  rang  dans  les  céri-monies  où 
le  prince  ne  figurait  pas;  ils  portaient,  comme  autrefois, 
la  traitée  et  s'asseyaient  sur  la  chaise  curtile;  ils  conti- 
nuaient à  donner  leur  nom  à  l'année.  Ces  prérogatives 
purement  honorifi(iues  semblaient  encore  assez  considé- 
rables pour  ((ue  l'empereur  tinta  nommer  lui-mêm(!  les 
consuls.  Quant  aux  préleurs,  ils  ne  jugeaient  plus  qu'en 
première  instance;  même  il  arriva  peu  à  peu  que  leur 
pouvoir  judiciaire  disparut  et  qu'ils  n'eurent  plus  d'autre 
fonction  que   celle  de  donner  des  fêtes  et  des  jeux  au 
peuple  à  leurs  fi'ais;  leur  nomination   était  laissée  au 
Sénat,   l'empereur  ayant  d'ailleurs  le   droit  de  recom- 
mander ses  candidats  préférés.  Ainsi  toutes  les  magis- 
tratures   importantes  de  l'ancienne  République  étaient 
entre  les  mains  du  prince,  en  sorte  que  la  souveraineté 
populaire  ne  put  s'exercer  que  par  lui.  La  Républi(|ue 
subsistait  encore  de  nom,  el  le  popii/a.s  ou  corps  poli- 
li(|ue  restait  encore  la  puissance  suprême,  planant  théo- 
riquement au-dessus  de  l'empereur.  Mais  ce  /topu/nii  ne 
se  réunissait  plus  dans  ses  comices,  à  partir  de  Tibère, 
et  n'avait  aucun  moyen  de  manifester   une  volonté.  Le 
Sénat  ne  fut  pas  supprimé  ;  il  parut  même  agrandi,  puis- 
qTi'il    parut    liériter     des    anciennes    attributions    des 
comices,  comitin  e  campo  ad  patres  Iranshtla  xuntK 
Il  avait  conservé  d'ailleurs  ses  anciennes  attributions  ; 
il  Jugeait  les  grands  procès,  les  crimes  capitaux  ;  il  rece- 
vait solennellement  les  ambassadeurs  des  nations  et  des 
rois  étrangers  ;  il  discutailla  plupart  des  affaires  ;  on  y 
parlait,    on    y  votait  comme    autrefois.    Seulement,  ce 
Sénat  était  nommé  par  l'empereur  et  était  à  sa  discrétion. 
L'empereur   avait,  à  titre  de  princeps,  le  privilège  de 
donner  son  avis  le  premier,  c'esl-à-diro  d'indiquer  dans 
quel  sens  il  fallait  voter.  Il  avait  de  plus,  parle  jus  rcla- 
/J07u's,  l'initiative  ou  le  droit  de  faire  toutes  les  proposi- 
tions qu'il  lui  plaisait.  Enfin   toute    décision  du  Sénat 
devait  être  soumise  à  son  approbation.  En  sorte  qu'il 
pouvait  tout  sur  le  Sénat  et  que  le  Sénat  ne  pouvait  rien 
sans  lui.   Mais  la  force  principale  des  empereurs  leur 
venait  de  leur  autorité  militaire  :  c'était  là,  sans  contre- 
dit, le  plus  considérable  de  leurs  pouvoirs  et  celui   (|ui 
servait  d'appui  à  tous  les  autres.  Avec  le  titre  d'iwprra- 
tor,    ils  disposaient  de  toutes  les   forces  militaires  de 
rÉtal,elilsélaient  les  maîtres  de  la  population  désarmée. 
Par  eux  l'armée  fut  transformée  de  deux  façons  ;  <i'abord. 
elle  devint  permanente  ;  eiyiuite,  elle  cessa  d'êlre  l'armée 
de  l'État  pour  être  exclusivement  l'armée  du  prince.  Elle 
lui  obéit  d'une  manière  toute  personnelle;  c'était  à  lui 
qu'elle  prêtait  sermentde  fidélité  ;  c'était  lui  qui  la  r(  cru- 
tait,  qui  nommait  aux  grades,  qui  donnait  la  solde  el  la 
retraite.  Dans  toutes  les  guerres,  il  avait  ce  qu'on  appe- 
lait les  auspices,  c'est-à-dire  le  commandement  suprême 
et  la  haute  direction  ;  après  toute  victoire,  c'était  lui  qui 
avait  les  honneurs  du  triomphe.  Comme  chef  de  l'armée, 
il  avait  le  droit  de  paix  el  de  guerre.  Le  gouvernement 
des  provinces  lui  appartenait   II  est  vrai  que  dans  les 
premiers  temps  on  les  avait  partagées  en  provinces  im- 


périales el  provinces  s('ualoriales,  mais  on  avait  eu  soin 
décompter  dans  la  première  catégorie  toutes  celles  où  il 
se  trouvait  des  armées;  d'ailleurs  l'empereur  avait  l'au- 
torité proconsulaire  même  dans  les  provinces  sénatoriales 
el  exerçait  ainsi  sur  elles  un  droit  de  surveillance.  D'ail- 
leurs, cette  distinction  ne  tarda  pas  à  être  supprimée,  et 
l'empereur  possédant  toutes  les  provinces  et  disposant 
des  revenus  el  des  forces  qu'elles  donnaient,  s'imposa  à 
la  cité  romaine  comme  un  inailre  tout  puissant.  Dans 
chaque  province,  il  avait  une  autorité  absolument  sans 
limites,   comme  *les  anciens  proconsuls;    il  jugeait,    il 
administrait,  il  percevait  les  impôts.  Contre  lui  les  pro- 
vinces n'avaient,  ni  en  droit,  ni  en  fait,  aucune  garantie. 
En  tout  cela,   l'empereur  était  l'héritier  de  l'ancienne 
République  et  gardait  toutes  les  formes  du  gouvernement 
républicain.  Toutefois,  dès  l'origine  même  de  l'Empir^, 
oil_\oil  germer  tout  un  autre  ordre  d'instilutions_çiui  peu 
à  peu  vinrent  au  jour  el  grandirent,  .\uguste  établit  à 
côté  du  Sénat  le  consistorium.  conseil  peu   nombreux, 
absolument   au  choix  du  prince,  et  qui  avait   quelque 
analogie  avec  le  conseil  d'Étal  de  l'ancienne  monarchie 
française.  Il  n'avait  pas,  comme  le  Sénat,  une  valeur  par 
lui-même,  et  ne  pouvait  pas  même  concevoir  la  pensée 
de  l'indépendance;  instrument  du  pouvoir  et  n'existant 
que  par  la  volonté  du  prince,  il  l'éclairait  el  préparait  ses 
actes. )"Ce  _consi_stoire.  qui  répondait  bien  à  l'esprit  du 
régime  monarcliique  et  à  ses  besoins,  prit  bien  vite  une 
grande  importance.  Le  Sénat  fut  peu  à  peu  annulé;  ce 
fut  le  consistoire  qui  décida  dans  toutes  les  affaires  ayant 
quelque  gravité.  Le  Sénat  qu'il  rendait  inutile  ne  resta 
debout  que  comme  un  brillant  décor,  jusqu'au  jour  où 
l'empereur  Léon    le  supprima  en  donnant   pour  motif 
qu'il  ne  servait  à  rien  ^,  et  cette  vieille  institution,  si 
longtemps    respectée,   disparut   ainsi    sans  qu'on  ■  s'en 
apercùt.'A-En  même  temps  que  le  consistoire  se  plaçait  à 
côté  du  Sénat  et  l'eiraçait,  il  se  fondait  aussi  peu  à  peu 
une  administration  impériale  à  côté  ou  au-dessus  des 
anciennes    magistratures    républicaines.    Les    premiers 
empereurs,  forcés  de  déléguer  l'exercice  de  leur  immense 
autorité,    nommèrent  un  préfet  de  la   ville  chargé  d'y 
maintenir  l'ordre,  des  p£éJjMsjlu._£rélo|re  qui  n'étaient  à 
l'origine  que  les  chefs  des   cohortes  prétoriennes,  des 
procurateurs  chargés   de   gouverner  les    provinces,    et 
enfin  une   foule  de  fonctionnaires  subalternes  répartis 
dans  tout  l'Empire.  Il  se  forma  ainsi  peu  à  peu  un  per- 
sonnel administratif  fort  différent  de  l'ancien  personnel 
des  magistrats  républicains.  Au  lieu  d'être  élus  par  des 
assemblées,    les    fonctionnaires    de  tout    ordre    furent 
nommés  par  le  prince  ;  au  lieu  d'avoir  caractère  de  magis- 
trats, ils  furent  des  agents;  au  lieu  d'être  tous  indépen- 
dants, ils  furent  placés   hiérarchiquement  les  uns  au- 
dessous  des  autres,  et  tous  furent  surveillés  et  respon- 
sables; au  lieu  d'être  des  maîtres,  ils  furent  les  premiers 
sujets  d'un  maître,   el  leur   première  qualité  dut   être 
l'obéissance.  Ce  nouveau  corps  d'administrateurs,  qui 
était,  en  tout,  l'opposé  des  anciens  magistrats,  et  qui  prit 
de  siècle  en  siècle  plus  d'importance,  répandit  à  la  longue 
dans  tout  le  corps  social  des  habitudes  de  hiérarchie  et 
un   esprit   de   subordination   que  les   temps  antérieurs 
n'avaient  guère  connus.  Il  arriva  insensiblement  que  les 
consuls,  les  préleurs,  les  questeurs  n'eurent  plus  qu'un 

)  Tacil.  Ann.  I,  Ij.  —  2  .Voi'.  Lcon.  78. 


\ 


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8!)1    — 


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vain  titre  iH  que  l'exercice  de  raulorilé  passa  à  ce  nouvel 
ordre  de  fonctionnaires  (jua  l'on  appela  patrices,  comles, 
préfets  du  prétoire,  vicaires,  présidents,  qui  n'étaient  tous, 
en  droit  comme  en  fait,  que  les  agents  de  l'empereur. 
"^  L'autorité  législative  du  prince  se  développa  de  siècle 
en  siècle.  D'abord  il  n'avait  pas  eu  le  droit  de  faire  une 
véritable  loi,  lex;  mais  on  donna  aux  sénalus-consultes 
la  même  force  qu'aux  lois,  et  comme  les  sénatus-con- 
sultes  étaient  ou  inspirés  par  le  prince  ou  soumis  au 
moins  à  sa  sanction,  il  se  trouva  que  l'empereur  eut 
indirectement  tout  le  pouvoir  législatif.  D'ailleurs,  les 
premiers  empereurs,  à  titre  de  magistrats,  et  comme 
tous  les  magistrats  de  l'ancienne  République,  avaient  eu 
le  droit  de  faire  des  édits  ayant  caractère  obligatoire.  Ce 
droit  s'étendit  peu  à  peu  si  loin  que  l'on  en  vint  à  for- 
muler ce  principe  :  quidquid  principi plncuit  lef/is  liabet 
vigorem.  Ajoutons  que  l'empereur  qui  faisait  les  lois 
n'était  pas  tenu  de  leur  obéir;  on  admettait  comme  un 
principe  incontestable  qu'il  était  au-dessus  d'elles. 

Par  suite  de  ce  développement  continu  du  pouvoir 
impérial,  les  idées  que  les  hommes  s'étaient  faites  de 
l'autorité  changèrent  peu  à  peu.  Celles  que  le  régime 
républicain  avait  déposées  dans  les  esprits,  après  y  avoir 
vécu  quelques  générations,  s'éteignirent.  La  théorie  de 
la  souveraineté  populaire  disparut;  l'élection  du  prince 
par  le  Sénat,  la  promulgation  de  la  lex  regia,  le 
renouvellement  de  la  délégation  décennale,  tout  cela 
devint  pure  formalité  que  personne  ne  prit  plus  au 
sérieux  et  dont  le  sens  même  échappa  à  tout  le  monde. 
A  partir  surtout  de  Dioclétien,  les  vieux  principes  avaient 
si  complètement  disparu,  que  les  empereurs  commen- 
cèrent à  se  poser  comme  régnant  en  vertu  d'un  droit 
personnel;  ils  firent  de  l'autorité  impériale  ce  qu'elle 
n'avait  jamais  été  avant  eux,  c'est-à-dire  un  bien  de 
famille  qu'ils  se  partagèrent  comme  une  propriété  et 
qu'ils  léguèrent  comme  un  patrimoine.  Ce  fut  la  dernière 
transformation  de  l'autorité  chez  les  Romains.  A  ce  chan- 
gement essentiel  et  radical  correspondit  un  changement 
dans  les  formes  et  dans  le  langage.  Déjà  le  fondateur  de 
l'Empire  s'était  fait  donner  le  nom  d'Auguste,  terme  de 
la  langue  religieuse  (|ui  répondait  au  cESaîToç  des  Grecs 
etqui,  jusqu'alors,  n'avait  été  appliqué  qu'aux  dieux.  Ce; 
fut  le  germe  d'où  sortit  plus  tard  toute  une  façon  nou- 
velle de  penser  et  de  parler  à  l'égard  de  l'autorité  impé- 
riale. Dioclétien  et  ses  successeurs  adoptèrent  des  titres 
et  un  cérémonial  par  lesquels  ils  se  placèrent  en  dehors 
et  au-dessus  de  l'humanité.  Leurs  sujets  les  adorèrent, 
c'est-à-dire  se  prosternèrent  devant  eux  et  prirent  en  leur 
présence  les  mêmes  attitudes  que  devant  les  statues  des 
divinités.  Tout  ce  qui  touchait  à  la  personne  du  prince 
fut  réputé  sacré;  sa  maison  futappeléesacrMmcM^/cM/(/w  ,■ 
son  trésor,  sacrae  largiliones  :  ses  gardes,  les  Joviensou 
les  Héracléens.  L'empereur  n'était  plus  un  délégué  des 

ROMULl'Sct  REMUS.  1  Praefal.  7  ;  Consecrare  origines  suas  el  ad  deos  referrf 
auelores-.ct.  Weisscnboni,  Titi  Livi  ab  Vrbe  condita  libri.  lutrod  p.  44  sq.  —  2  Les 
principales  autorités  qui  dous  ont  transmis  l'Iiisloire  légendaire  de  Home  sont,  après 
Ennius  qui  l'a  chantée  dans  les  Annales  (I,  v.  39  sq.)  :  Cicéron.  Repub.  Il,  i,  4; 
T.  Livc,  I,  3,  S;  DenysdHal.  I,  7G  ;  II,  56  ;  SIrabon,  V,  3,  2;  Virgile,  ,te«.  VUI. 
630.  d'après  Ennius:  Ovide.  Fast.  Il,  381  sq.  III,  Il  sq.  ;  Plutarquc,  Hom.  3  sq.  ; 
Fort.  liom.  8  ;  Qaaest.  liom.  21  ;  Justin  (d'après  Troguc  Pompée),  43,  2.  Il  faut  ; 
joindre  quelques  textes  île  Varron,  cités  plus  loin,  et  ce  qui  a  survécu  de  Vcrrius 
Flaccus  et  d  aulres  antiquaires,  chez  Macrobe,  Servius,  Feslus,  Paul  Diacre,  etc. 
Comme  sources,  Denys  illlal.  I,  "H,  cite  Fabius  Piclor,  L.  Cincius  Alimentus. 
P.  Caton,  Calpurnius  Pisou  ;  d'une  façon  générale  les  annalistes  et  les  juriscon- 
sultes cpii,  dès  la  seconde  guerre  punique,  clierchèrent  un  fondement  inslorique  à 
la  discipline  augurate  et  au»  C'irémoaies  publiques  et  qui  ont  écrit  sous  l'intluence  de 


populations;  il  n'était  même  plus  un  hoinmi!;  il  était  im 
dieu.  Voilà  où  était  arrivé  la  constitution  romaine  par 
une  pente  insensible.  On  ne  sait  où  cette  conception 
étrange  de  l'autorité  unie  à  ce  système  administratif 
aurait  mené  les  sociétés,  si,  par  une  remarquable  coïnci- 
dence, cet  agrandissement  démesuré  de  la  puissance 
impériale  ne  s'était  rencontré  avec  un  décroissemenl 
rapide  des  forces  de  l'Empire.  Au  moment  où  ce  régime 
nouveau  s'établissait,  il  fut  emporté,  comme  la  société 
tout  entière,  par  le  torrent  des  invasions  barbares 

FUSTEL  DE  CoULA-NGES. 

ROMllLUS  et  REMUS.  —  La  légende  des  fondateurs 
de  Rome  est  sans  conteste,  même  abstraction  faite  de  la 
grandeur  de  son  objet,  parmi  toutes  celles  qui,  suivant 
le  mot  de  Tite-Live,  ont  consacré  les  origines  de  la 
Ville  en  les  rattachant  aux  dieux',  la  matière  la  plus 
intéressante  et  la  plus  complexe  qui  puisse  s'offrir  au 
mytiiologue  et  à  l'antiquaire.  On  y  rencontre  étroitement 
confondus  et  enchevêtrés  tous  les  éléments  d'une  tradi- 
tion primitive,  au  caractère  national  et  populaire;  mais 
cette  tradition  est  déformée  et  rendue  méconnaissable 
par  l'ingéniosité  à  la  fois  subtile  et  puérile  des  anna- 
listes, des  poètes,  des  historiens  de  profession  ^  S'il  n'y 
subsistait,  nettement  visibles,  quelques  faits  topogra- 
phiques, archéologiques,  religieux,  qui  nous  mènent  à  la 
réalité  du  temps  préhistorique,  la  fable  de  Romulus  et 
de  Rémus  n'aurait  guère  plus  de  droits  à  figurer  dans  le 
répertoire  des  antiquités  romaines  qu'elle  n'en  paraissait 
avoir  à  Mommsen  de  prendre  place  dans  l'histoire. 
Cependant,  il  y  a  quarante  ans  déjà,  le  critique  le  plus 
judicieux  des  témoignages  relatifs  à  la  royauté  romaine 
a  pu  écrire  ^  :  «  Ces  récits  plongent  desracines  si  profondes 
dans  des  conceptions  et  des  faits  qui  ne  sauraient  être 
que  le  produit  du  vieil  esprit  national  ;  ils  sont  dans  un 
rapport  si  intime  avec  les  cultes  les  plus  anciens,  avec 
les  monuments  les  plus  vénérables,  avec  tous  les  détails  de 
la  topographie  romaine,  qu'il  est  impossible  de  les  mettre 
tout  entiers  au  compte  de  la  fantaisie  hellénique  '.  •■ 
Depuis  lors,  les  fouilles  du  Forum  et  celles  du  Palatin  ont 
donné  à  cette  opinion  une  confirmation  intéressante.  Ce 
sont  donc  ces  faits  qui  méritent  de  trouver  ici  leur 
place  ;  et  nous  ne  retiendrons  de  la  légende  elle-même 
que  les  détails  qui  les  fortifient  ou  les  éclairent. 

Une  tradition  unanime  a  localisé  les  aventures  de  Ro- 
mulus et  de  Rémus  sur  lapartie  ouest  du  Palatin  appelée 
Cermalus  [lupf.rcal]».  Là  se  trouvait  le  (iguier  Ruminai 
sous  lequel  le  Tibre  débordé  porta  le  van  où  avaient  été 
exposés  les  Jumeaux  nés  de  Rhea  Silvia  ou  Ilia,  amante 
de  Mars  [rheaJ.  Là  aussi  était  la  grotte  du  Lupercal, 
repaire  de  la  Louve  qui  devait  leur  servir  de  nourrice  ; 
là  enfin  s'élevait  la  hutte  du  berger  Faustulus  où  ils 
furent  élevés,  et  qui  se  confond  ensuite  avec  la  cabane 
de  Romulus,  berceau  de  la  royauté  romaine.  Le  nom  du 

la  Graecia  mendux  in  Insloriis.  —  J  Scbwegler,  floem.  Geschiclite  in  deni 
Zeitaller  der  Koenigc,  p.  412  et  jmss.  La  môme  théorie  avait  été  défendue  avec 
beaucoup  de  force  par  Zinzow,  ï)e  pelasg.  Roman,  sacris,  1851;  elle  a  été 
reprise  dans  ces  dernières  années  par  Gilbert,  (leschiclite  und  Topogra- 
phie, I,  61  sq.  passim  et.  avant  lui,  n  un  autre  point  de  vue,  par  Kubino, 
Vorgetehickte.  Voir  plus  loin  la  bibliographie.  —  ''  Voir  plus  haut,  p.  825, 
n.  1  ;  Visconti-Laneiani,  Guida,  etc.  -,  el  les  nombreux  travaux  do  Lauciaui. 
Hichter.  etc.,  taul  dans  le  Bullet.  municip.  di  Roma  que  dans  les  Annali  et 
Monumenli;  Jordan-Huelsen,  Topogr.  d.  Sladt  Hom,  1878-1907  ;  Kichter, 
Topographie  der  Sladt  Rom..  Munich.  1901.  —  '"  Cf.  III,  2,  p.  1398; 
Gilbert,  Op.  cil.  I,  p.  45  sq.  ;  Jordan-Huelsen.  111,  p.  35  sq.  ;  Varr.  Ling.  lai. 
V,  5't;  Dion.  liai.  1,  79;  Fest.  Epit.p.  55;  le  Cermalus  est  une  des  sept  collines  de 
Kome  primitive. 


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Cennalus  était  interprété  ciiez  les  anciens  par  l'idée 
même  des  Jumeaux.  Germani  ;  on  l'écrivait  le  plus 
souvent  (iermalus.  Si  le  lieu  est  nettement  déterminé 
par  la  descente  en  pierre  qu'on  appelait  l'Éclielle  de 
CACi's',  il  faut  renoncer  à  expliquer  le  sens  originaire 
du  mot  qui  le  désigne  ;  car  Cennalus  est  la  seule  forme  au- 
thentique. Quant  à  la  légende  des  Jumeaux  de  Rome,  elle 
n'est  pas  la  seule  de  son  espèce:  il  s'en  racontait  d'autres 
à  Prénesle  et  à  Tibur,  deux  frères  y  étaient  également 
opposés  l'un  à  l'autre  dans  une  rivalité  d'influence-. 

Si  les  noms  de  Romulus  et  de  Rémus  ne  sont  pas  plus 
clairs  dans  leur  signilication  originelle  que  celui  du 
Cermalus,  ce  n'est  pas  faute  d'avoir  été  discutés^  Les 
anciens  considéraient  le  nom  de  la  ville  comme  issu  de 
celui  du  fondateur;  pour  la  linguistique  moderne,  c'est 
Homu/i/s  qui  est  un  dérivé  de  Roina,  identique  à 
Ritmiinux,  lequel  se  confond  sans  doute  avec  l'appellation 
des  finmneis^,  race  indigène  du  Latiumqui  fut  le  grand 
facteur  de  la  nationalité  romaine.  Romulus  et  Rémus  ne 
sont  i)as  autre  chose  que  les  chefs  éponymes  de  cette 
tribu;  il  est  possible  que  la  piété  de  leurs  descendants 
les  ait  personnifiés  dans  \es  Lares  praestites  [lares]  ^; 
puis  lecouple  perdit  son  individualité  religieuse,  lorsque, 
par  l'extension  graduelle  de  la  cité,  les  Lares  praestites  se 
confondirent  dans  le  groupe  des  douze  Lares,  fils  d'Acca- 
Larentia  et  protecteurs  divins  de  la  campagne  romaine". 

Les  historiens  grecs  des  choses  romaines  ont  donné 
à  Rémus  le  nom  de  Pwjjloç  \  qui  tend  à  le  confondre 
avec  Romulus;  parmi  les  modernes,  Mommsen,  d'accord 
sur  ce  point  avec  Sch  wegler,  a  conjecturé  que  la  légende, 
dans  sa  forme  primitive,  ne  connut  qu'un  seul  fonda- 
teur*; et  ceux  qui  ont  fourni  de  la  dualité  l'explication 
la  plus  plausible,  y  ont  vu  le  souvenir  d'un  conflit  entre 
les  deux  quartiers  soit  du  Cermalus  et  du  Palatin,  soit 
du  Palatin  et  de  r.\ventin'.  Dans  cette  lutte  pour  la  supré- 
matie, le  rôle  ingrat  fut  pour  Rémus'".  Elle  débute  par 
la  cérémonie  des  auspices  où  Romulus  s'affirme  comme 
l'augure  par  excellence,  optimus  augur,  tandis  que  les 
présages  tournent  contre  son  frère".  Le  li/uns  avec 
lequel,  des  hauteurs  du  Cermalus,  Romulus  délimita  dans 
le  ciel  le  templum  oîi  passèrent  les  douze  vautours,  fut 
conservé  à  travers  les  âges  comme  la  plus  précieuse  des 
reliques;  et  la  cérémonie  qui  préluda  à  la  fondation  de 
la  ville  nouvelle,  de  cette  Roma  tninilrata  qui  devait  être 

'  Pour  Và'cheUe  de  Cacus,  voir  l'Iiil.  ]lom.  t'J,  où  il  faul  coriigcr  «aXr-; 
4»^i;;,  <|iii  n'a  pas  do  sens,  en  ExiVî  Koxl^;  (BeUimann,  Dullct.  Jell. 
Instil.  183i,  p.  4U);  Tac.  Bisl.  Ml,  Si:  Uiodor.  IV,  2[  ;  Solin.  I,  18;  cf. 
Schwcgicr,  p.  3W  :  Cilhcrt,  I,  p.  67  ;  Jordan- lluclscn,  III,  p.  41,  clc.  —  2  Virg. 
Aen.  VII,  1570;  Serv.  Ibid.  «8;  cf.  Mommsen,  rtemiislcqende,  Hrmes,  XVI, 
p.  8.  —  3  Stliwegler,  p.  4I.S,  avec  les  le.'itcs  ;  les  diverses  lenlalives  d'inlcr- 
pr^lation  des  modernes,  Ibid.  noie  10  de  la  p.  419.  Voir  surtout  chez  les 
anciens  :  Varr.  Ling.  lat.  IV,  50  et  lajudicieuse  remarque  de  l'hilarg.  ad  Virg.  Kcl. 
I,  20;  cf.  Serv.  Aen.  I,  273  et  Kest.  Ep.  208.  —  l  Proeliner,  Philologus,  ISIiS, 
p.  552;    Mommsen.  Roem.  Gescli.  I.  p.  43;  cf.  l'rcller,   Roem.    Mijtli.    Il,    343. 

—  -  V.  T.  III.  2,  p.  94>.  Ov.  fast.  Il,  fil5;  V,  129,  135;  Fcst.  Ep.  p.  223,  Ce  ne 
sont  pas  les  foudateurs  qui  ont  fourni  lidéc  des  Lares,  mais  la  dualité  de  ceu\-ri 
qui  a  suggéré  l'idée  des  Jumeaux.  Voir  Scliwegler,  Ibid.  p.  43  i  sq.  —  C  l'ieller- 
Jordan,  II,  p.   3*2;  cf.   Mommsen,  Zcitschrift  fur  AU.    Wissemc/i.  1845,  p.   !35. 

—  7  Plul.  Ilom.  f)  cl  11;  cf.  Gilbert,  1,  p.  02  sq.  —  «  Die  Remusleiiende,  Op. 
cit.  p.  1  sq.  ;  .  Les  sources  les  plus  anciennes  ne  parlent  que  de  Rémus  cl  de 
Romulus,  deui  formes  dilTérenles  du  même  nom.  ..  Les  deui  frères  soiil  confondus 
chej  Cat.  58,  5;  Prop.  Il,  1,  23;  Juv.  XI,  lOj,  où  ils  sont  appelés  :  Geminns  Qui- 
rinos,  elc.  —  »  Gilbert,  Op.  cil.  I,  p.  Cl;  p.  87  sq.  ;  205  sq.  —  10  T.  I,iv.  I,  6; 
Dion.  Hal.  I,  86;  Plut.  «oni.  <1  ;  Ov.  /osf.  IV,815;  V,  131;  Aul  (lell.  XIII.  ui 
5;    Fesl.     p.    276;    cf.   Kubina,     Yon/eschichte,    p.    2i3  sq.   et    la    note  300. 

—  "  Cic.  Rep.  Il,  9,  16;  /)ivin.  I,  2.  3,  etc.  et  IcScliol.  Bob.  in  Cic.  Va/,  p.  319; 
cf.  Scimegler,  p.  387  sq.  I.a  scène  des  auspices  était  représentée  au  fronton  du 
lemplc  de  Ouirinus,  comme  on  le  voit  dans  un  bas-relief  rcccmincnl  retrouvé,  qui 
appartient  aujourd'hui  au    musée  des  Thermes,  à  liome   [Riimisrhe  Mitiheilunn. 


ROM 

le  centre  du  monde,  reçut  le  titre  d  Ai/f/iiriain  Aiigu.s- 
turn'-.  Lorsque  les  amis  d'Octave  cherchèrent  dans 
l'histoire  des  anciens  temps  un  vocable  qui  pût  rattacher 
au  passé  l'Empire  nouveau  en  le  légitimant,  la  plupart 
proposèrent  celui  de  Romulus;  Munatius  Plancus  fit 
adopter  celui  d'Auffustus,  qu'un  vers  célèbre  d'Ennius 
avait  consacré  et  qui  faisait  ainsi  de  l'héritier  de  César 
comme  le  second  fondateur  de  Rome  arrachée  aux 
guerres  civiles.  Au  début  encore  du  iv'  siècle  de  notre 
ère,  l'empereur  Maxence,  très  épris  des  souvenirs  de 
l'ancienne  Rome,  devait  donner  à  son  fils,  dans  une 
intention  analogue,  le  nom  de  Romulus  ;  et  le  dernier 
empereur  s'appela,  par  une  dérision  du  sort  :  Romulus 
Augustulus  ". 

Les  auspices  pris  par  Rémus  l'avaient  été  d'un  empla- 
cement situé  à  la  pointe  nord-ouest  de  l'Aventin,  appelé 
communément  Saxum  et  que  la  chronique  des  Pontifes 
désignait  sous  le  nom  de  Remuria  ou  Remaria 'K  On 
peut  établir  un  rapport  entre  ce  nom  et  celui  des  aves 
remores,  c'est-à-dire  de  ceux  qui. donnaient  de  funestes 
présages  ''.  Il  y  avait  des  Remuria  en  dehors  de  Rome, 
à  trente  stades  en  aval  du  Tibre,  nous  apprend  Strabon  ;  et 
il  est  probable  que  le  lieu  fut  redevable  de  ce  nom  il  des 
auspices  de  conclusion  malheureuse"'.  Ceux  dont  Rémus 
fut  l'augure,  entraînèrent  sa  mort  violente  que  les  anna- 
listes racontèrent  de  façon  diverse  avec  la  préoccupation 
d'en  laver  la  mémoire  de  Romulus  ''.  Le  Saxum  de 
l'Aventin  fut  considéré  comme  lieu  de  la  sépulture  de 
Remus  et  même  on  établit  une  relation  entre  sa  mort  et 
la  cérémonie  des  Lemuria'^  \  mais  cette  identification  , 
comme  beaucoup  d'autres  traits,  n'est  qu'une  fantaisie 
des  mythologues  hellénisants  qui  ont  dépensé  des  trésors 
de  subtilité  pour  oter  à  la  vieille  légende,  au  profit  d'une 
vraisemblance  factice,  son  caractère  naïvement  national. 

Mommsen,  dans  une  dissertation  justement  célèbre", 
en  a  pris  texte  pour  démontrer  que  toute  la  fable  des 
Jumeaux,  jusque  et  y  compris  la  fondation  de  Rome  et 
le  meurtre  de  Rémus,  n'est  qu'une  fiction  consciente  de 
temps  relativement  récents.  Elle  serait  née  dans  l'inter- 
valle qui  sépare  la  chute  de  la  royauté  et  l'érection  par 
les  frères  Ogulnii  en29fi  av.  J.-C.  d'un  groupe  en  airain 
qui  représentait  la  louve  allaitant  les  Jumeaux".  Cette  fic- 
tion aurait  eu  pour  but  d'accentuer  la  ressemblance  entre 
le  régime  disparu,  mais  non  encore  impopulaire,  et  le 

\\\,  l'.iOi,  pi.  iv,  p.  23-37;  E.  Strong,  Rom.  sculpture,  1907,  pi.  xcin).  Ce  bas- 
relief  n'est  pas  antérieur  au  règne  de  Caracalla.  —  '2  Ennius  ap.  Varr.  De  re  rust. 
111,1,2;  Annat.l,  94  sq.  el  Linq.  lat.  V,  43;  cf.  Suet.  Oct.  7:  cf.  Gilbert,  O//. 
cit.  II,  p.  193.  —  13  V.  Eckhel,  Doct.  niim.  vet.  VIII,  p.  203;  cf.  Thédenal. 
Le  Forum  romnin,  3"  édil.  p.  240.  —  U  Fasl.  p.  27');  250  ;  Ov.  Fasl.  V,  150  sq  ; 
Dion.  Hal.  I,  85.  Sur  une  colonne  datant  du  temps  de  Claude,  on  lit  la  forme 
areha'i'que  :  remureink;  Corp.  inscr.  lat.  V,  1,  566.  Pour  les  diverses  variantes 
du  nom  desiîemuria,  voir  Gilbert,  Op.  cit.  Il,  p.  202,  n.  1.  —  15  Fest.  p.  276  : 
cf.  l'expression  remoram  fac^re,  chez  le  même,  p.  277  ;  cf.  Blura,  Einleitung  in 
Roms  alte  Geschickte,  p.  187.  —  16  Dion.  Hal.  1,  85;  cf  Sleoh.  Bvz.  p.  544,  3. 
Le  nom  même  de  Rémus  a  souvent  chez  les  auteurs  une  nuance  défavorable.  Voir 
Prop.  II,  I,  23  ;  V,  0.  8  ;  Juv.  X.  73  :  turba  Rémi,  où  l'idéo  injurieuse  est  à  la  fois 
dans  Rémi  et  dans  turba.  —  "  Enn.  Annal.  I.  122;  chez  Macr.  VI,  1,  15;  Serv. 
.\en.  IX,  422;  T.  Liv.  1,  7;  Prop.  III,  9,  50;  Tib.  Il,  5,  23.  Le  meurtre  de  Rémus 
signifie  que  la  commune  dont  il  est  le  représentant  perdit  son  autonomie;  cf.  Gil- 
bert, Op.  cit.  I,  p.  tli,  n.  1  et  202,  1  sq.  —  •»  Ov.  Fast.  V.  411  :  479  sq.  Voir 
i.KiiuREs,  III,  2,  p.  1100:  Plut.  Rom.  9  et  If.  —  'S  Die  Remusieyende,  Hermès. 
XVI,  p.  1  sq:  et  la  critique  par  Gilbert,  Geschichtc  und  Topogr,  I,  p.  60  sq. 
—  20  Pour  ce  groupe,  voir  lupkucai.,  p.  1398,  n.  9  et  10:  cf.  Muller-Wieseler. 
Denkm  d.  ail.  Kunst,  3,  n.  284;  Rayet,  jl/on.  de  l'art  anliq.  1,  pi.  27;  Baumeister, 
Denkmaeler.  I,  fig.  652  à  comparer  avec  les  monnaies  et  un  fragment  du  fronton 
du  temple  de  Vénus  et  Rome;  voir  plus  bas,  p.  895,  n.  5,  ei  Duhn  et  Matz,  Ant. 
IWdwerke  in  Rom.  Reliefs,  n"  3319  cl  2235.  Les  textes  chez  Tit.  Liv.  X.  23: 
Dion.  Hal.  t.  I.  7M  ;  Plin  .  H.  nul.  XV,  77.  Cf.  Cic.  ûicin.  Il,  20,  43;  Dio  Cass. 
37,  S  ;  .Serv.  Aen.  VIII,  030.  "' 


I 


ROM 


—  893 


consulat  républicain,  celui-ci  rééditant  sous  une  forme 
nouvelle  la  dualité  primitive,  puis  gagnant  à  cette  simi- 
litude une  légitimité  plus  concrète  devant  Fopinion. 
(iilbert  a  raison  dédire  qu'une  telle  solution  du  problème 
posée  par  la  tradition  est  non  seulement  invraisem- 
blable, mais  impossible  '.  D'abord  rien  de  plus  forcé 
que  la  ressemblance  ainsi  obtenue  de  deux  régimes 
politiques  différents;  et  l'histoire  entière  de  la  Répu- 
blique, surtoutà  son  origine,  nous  montre  les  patriciens 
beaucoup  plus  préoccupés  d'opposer  le  pouvoir  qui  a 
passé  entre  leurs  mains  à  la  royauté  que  de  les  associer 
tous  deux  dans  une  conception  commune  iregnlm  . 
D'autre  part,  l'affirmation  de  Mommsen  que  la  fable  des 
origines  de  Rome  ne  repose  sur  aucun  fondement  réel 
est  de  plus  en  plus  démentie  par  les  faits  -. 

Les  fouilles  opérées  depuis  une  vingtaine  d'années  au 
Palatin  ont,  sur  le  versant  ouest  de  la  colline,  mis  à 
jour  des  substructions  très  anciennes,  les  plus  anciennes 
de  toutes  celles  qui  sont  sorties  du  sol  actuel  de  Rome, 
et  auxquelles  on  peut  demander  la  confirmation,  non  pas 
certes!  de  tous  les  détails  dont  les  historiens  ont  encom- 
bré la  tradition,  mais  tout  au  moins  de  son  ensemble 
et  de  ses  traits  principaux  ^  Ainsi,  juste  en  face  de  la 
pointe  nord-ouest  de  l'Aventin  oii  il  faut  localiser  les 
Reinuria  et  dominant  la  pente  qui  mène  du  Palatin 
dans  la  vallée  de  Murcia*,  on  a  exhumé  des  fondations, 
des  restants  de  murs  et  de  constructions  qui  semblent 
remonter  au  delà  des  temps  historiquement  connus.  Ces 
ruines  sont  immédiatement  en  arrière  des  vieux 
remparts  qui  les  ont  protégées  et  l'on  distingue  encore  la 
ruelle  fortement  inclinée  qui  descend  vers  la  dépression 
où  s'éleva  le  Grand  Cirque.  De  l'ensemble  Visconti  a  pu 
dire  que  ces  vestiges  remontent  aux  premiers  temps  de 
Rome  ;  la  ruelle  est  l'Échelle  même  de  Cacus,  scalae 
Cad,  laquelle  figure  dans  le  texte  de  Plutarque  racon- 
tant la  vie  de  Romulus.  C'est  dans  le  voisinage  de  cette 
ruelle  que  nous  allons  pouvoir  déterminer  la  place  de 
tous  les  monuments  qui  donnent  à  la  légende  de  la 
fondation  son  objectivité  nationale. 

Nous  y  rencontrons  d'abord  l'emplacement  où  poussait 
le  figuier  RuminaP.  Cet  arbre  sacré,  qui  abrita  la  Louve 
avec  les  Jumeaux,  reçut  son  nom  d'une  divinité  rus- 
tique, celle  des  brebis  et  des  chèvres  dont  elle  gonflait 
de  lait  les  mamelles.  La  vieille  langue  latine  nommait 
l'organe  de  l'allaitement  minus  ou  ruma  et  le  vocable 
/ÏMw/nîfs  porté  par  Jupiter  signifiait  :  nourricier'^.  Dans 
les  livres  des  pontifes,  le  Tibre  lui-même  était  appelé 
Rumon,  non  parce  qu'il  rongeait  et  dévorait  ses  bords, 
mais  parce  que,  fécondant  les  vallées  dans  son  cours,  il 

*  "  La  légende  de  Romulus  et  de  Rémus  serait  la  pire  des  inventions, 
si  les  auteurs  avaient  eu  vraiment  l'intention  de  forger  au  consulat  répu- 
blicain une  image  parallèle  dans  celle  de  la  royauté.  ■■  Ibùl.  p.  01.  —  2  Voir 
le  point  de  départ  de  cette  démonstration  (jue  les  fouilles  récentes  ont  con- 
tinuée, chez  Schwegler,  Op.  cit.  p.  425  sq.  Les  éléments  réels  liés  ii  la  topo- 
graphie de  Rome  sont  pour  lui  l'histoire  du  Liipercal,  de  la  louve,  du  figuier 
Kuminal.  de  Fauslulns,  d'Acca  Larentia  et  enlin  la  morl  de  Romulus  au  Marais 
de  la  Clicvre.  —  ■!  V.  Visconti-Lanciani,  Guidu,  passim;  cf.  Gilbert,  Op.  cit.  I, 
p.  *5  sq.;  vid.  supra,  n.  4  s((. .  p.  891.  Aux  fouilles  du  Palalin,  il  convient  de  joindre 
celles  qui,  sur  le  Forum  même,  ont  mis  à  jour  la  Pierre  .\oire,  lapis  niffer, 
dont  parle  Feslus  p.  177  et  le  prétendu  lomliiau  de  Romulus  auquel  font  allu- 
sion les  commentateurs  anciens  d'Horace,  Epotl.  XVI,  13;  v.  Porphyr.  le  comment. 
Gruq.  et  Asconius  à  ce  vers.  On  ne  sera  pas  surpris  que  nous  ne  lassious  pas  ici 
état  davantage  de  la  tradition  de  ce  lombeau,  dont  l'épocpie  classique  a  ignoré 
l'eiistence.  Pour  la  bibliographie  spéciale  de  cette  question,  v.  plus  ha«t,  regscm, 
p.  825,  n.  I  etThédenat,  Le  Forum  romain,  ç.  77  sq.  ;  S42  sq.  —  iPlut.  Rom.  19, 
iO  et  l'interprétation  par  Gilbert,  Loc.  cit.  p.  4i),  notes  ;  Diod.  IV,  21  ;  Solin.  I,  18  ; 
cf.  Lanciani,  Op.  ci(.  p.  131 .  —  .5  Varr.  Li;ij.  fai.  V,  54  ;  De  re  ru«(.  Il,  1 ,  20  et 


ROM 

était  le  nourricier  par  excellence''.  .\  Jupiter  ftiuninus 
faisait  pendant  une  Ûiva  Rumina  qui  figure  dans  les 
Indigitamenta  *  et  [dont  le  sacellum  s'élevait  sur  la 
pente  du  Cermalus,  non  loin  du  figuier.  L'image  même 
de  la  Louve  n'est  autre  chose  que  la  représentation 
Ihériomorphique  de  cette  divinité  identique  à  Fauna 
Luperca  qui  se  confond  elle-même  avec  Accu  Larentia, 
l'épouse  de  Faustulus  Faunus  et,  par  lui,  mère  adoptive 
des  Jumeaux".  Le  figuier  est,  lui  aussi,  un  symbole 
de  fécondité  dans  la  tradition  la  plus  ancienne  des  cultes 
indo-germaniques'".  Les  Grecs  l'avaient  comme  tel  con- 
sacré à  Dionysos  et  à  Déméter,  divinités  chthoniennes; 
et  Varron  rappelle,  en  ce  qui  concerne  Rome  et  le  Cer- 
malus, que  sur  le  Lupercal,  sous  le  figuier,  les  bergers 
faisaient  des  offrandes  de  vin  et  de  lait 
pour  la  prospérité  des  troupeaux  ".  C'est 
ce  figuier  qui  est  représenté  abritant  la 
Louve  que  tètent  les  Jumeaux,  en  pré- 
sence de  Faustulus  saisi  d'une  admira- 
tion religieuse,  sur  un  denier  (fig.  o9o5) 
queCavedoni  et  Cohen  datent  de  l'an  184  Fig.  5955.  -  La  Louve 

^  .et  les  Jumeaux. 

av.  J.-C.  mais  qui  parait  être  de  soixante- 
dix  années  plus  récent'-.  Le  monétaire  dont  le  nom  est 
en  exergue  est  un  certain  Sextus  Pompeius  Faustulus 
(le  denier  dit  fostlvs),  qui  n'est  pas  autrement  connu, 
mais  qui  compte  parmi  lesascendants  du  grand  Pompée. 
Sous  la  louve,  orientée  de  gauche  à  droite,  on  lit  Roina  ; 
dans  l'arbre,  sont  perchés  deux  ou  trois  (?)  oiseaux,  sans 
doute  le  pivert  et  la  huppe,  et  aussi  la  chouette  iparra) 
consacrée  à  Vesta,  tous  les  trois  apparentés  dans  la  signi- 
fication d'oiseaux  ou  tutélaires  ou  prophétiques  [prcrs]". 
On  remarquera  la  position  de  la  louve  se  retournant  vers 
les  enfants  :  c'est  celle  qu'on  retrouve  sur  les  monnaies 
romaines  à  la  légende  romano  émises  en  Campanie  dès 
340  av.  J.-C.  [denarius,  p.  93,  et  colù.ma,  fig.  7'2o]. 

L'arbre  lui-même  avait  sa  légende;  on  racontait  que 
sous  Tarquin  l'Ancien,  l'augure  Attus  Navius  ■  puteal] 
l'avait  miraculeusement  transporté  du  Cermalus  sur  le 
Forum,  à  l'endroit  du  ComitiunV''.  Cette  translation  est 
sans  doute  symbolique;  elle  signifie,  selon  Jordan,  que 
de  la  cité  restreinte  du  Palatin  sortit  la  grande  ville  de 
Rome  dont  Servius  va  bâtir  l'enceinte  et  dont  le  Forum 
avec  le  Comitium  formeront  le  centre  politique''.  La 
conjecture  de  Mommsen  que  le  figuier  Ruminai  ne  fut 
mêlé  à  la  fable  des  Jumeaux  que  par  l'annaliste  Fabius 
Pictor,  qui  a  si  gravement  altéré  en  tant  de  points  la 
vieille  tradition,  est  moins  heureuse"^.  L'arbre  ne  figure 
pas,  il  est  vrai,  sur  le  miroir  de  Bolsena  qui  nous  offre 
la    plus   ancienne   représentation    de    la  fable   des  Ju- 

11,4:  Plut.  Rom.  4;  Quaest.  Rom.  57  ;  Fest.  p.  270  et  2f.O  —  c  Aug.  Cir.  d.  IV, 
11  :  VI,  10;  Varr.  ap.  Non.  p.  1G7  ;  Sen.  ap.  Aug.  Civ.  d.  VI,  10;  Lacl.  I,  20,  3i; 
et  Varr.  ap.  Donat.  Terent.  Phorm.  I,  1,  14.  —  '  Serv.  Aen.  VIII,  62;  cf.  Jordan, 
Topogr.  I,  I,  197  et  Prcller-Jordan,  Uoem.  Myth.  Il,  p.  132.  —  8  V.  indicit.»mesia, 
111,  1,  p.  470  et  Preller-Jordan,  Op.  cit.  I,  418;  cf.  Mommsen.  Roem.  Forsch.  11, 
p.  1 1  sq.  —  3  Macr.  1.  12,  21  ;  cf.  Schwegler,  Op.  cit.  p.  412  et  toute  la  fahie  des 
Jumeaux  dans  ses  rapports  avec  Acca  Larentia,  chez  Mommsen,  Op.  cit.   p.  10  s(i. 

—  10  A.  Kuhn,  Die  Hcrabhmft  des  Feuers,  p.  159  ;  l'arbre  a  son  pendant  dans  la 
légende  germanique  ;  voir  Grimm.  Deutsche  Mythol.  4«  édit.  p.  821  et  suppl.  291. 

—  Il  Varr.  De  re  rust.  II.  11,  5.  —  <2  Cohen,  Méd.  consul,  p.  259,  pi.  xxiui, 
Pompeia,  t;  Babclon,  ^fonnaies  Je  la  Rép.  Il,  33C  ;  Babelon  date  de  129;  Klûg- 
mann,  Annali  delfinstil.  1879.  p.  «,  de  113;  cf.  Mommsen,  Roem.  ilûnzwesen, 
n.  t59,  qui  d.lc  vaguement  de  la  1"  moilié  du  vu'  siècle  de  Rome.  —  !<  T.  IV,  ), 
p.  471.  —  1«  Con.  Narr.  48:  Uion.  liai.  III,  71;  Plin.  Hist.  m.  XV,  20.  77;Tac. 
Ann.  Xlll,  58;  Fest.  p.  H'.S  ;  forv.  Aen.  VIII,  '.10.  Il  y  a  eu  des  confusions  et  des 
erreurs  du  fait  des  deux  figuiers,  déjà  d..ns  ranti<|uilé  ;  ainsi  Til.  l.iv.  1,  4  et  Tac. 
Loc.  cit.  :  cf.  PKTiîAi .  IV,  1,  p.  7-9.  -  '.  Topographie,  I,  I,  p.  200.  -  '6  Roem. 
Forschungen,   11.  p.  11.  note. 


ROM 


—  89i  — 


ROM 


nieaux';  mais  il  n'en  parait  pas  moins  inséparable  et 
Schweglera  pu,  avec  raison,  le  considérer  comme  for- 
mant, au  point  de  vue  relij<ieux  et  lopographique.  l'élé- 
ment principal  du  bloc  légendaire-. 

Quoi  qu'il  en  soit,  le  tiguier  du  Comiliiim  lit,  depuis 
la  tin  de  la  royauté,  tort  à  celui  du  Lupercal.  Seul  il 
semble  avoir  été  l'objet  de  la  sollicitude  .sacerdotale. 
Pline  r.Ancien  ne  parle  du  dernier  que  comme  d'un 
lointain  souvenir,  alors  que  l'autre,  appelé  F/cm.s  ^Vor «a, 
préoccupait  l'opinion  par  les  phénomènes  de  sa  croissance 
ou  de  son  dépérissement.  Sous  Néron,  il  s'était  desséché 
et  avait  failli  mourir,  ce  qui  fut  considéré  comme  un 
fâcheux  présage:  lorsqu'il  eutreverdi,  on  l'entoura  d'une 
balustrade  en  métal  pour  le  préservera  Un  bas-relief 
exhumé  en  I87i  sur  l'emplacement  même  du  comice  et 
datant  du  règne  de  Trajan  en  a  conservé  l'image'.  C'est 
lui,  en  somme,  qui,  dès  lors,  perpétua  la  tradition  née  sur 
le  Palatin;  et  même  on  érigea  à  proximité,  pour  le 
compléter,  un  exemplaire  du  groupe  de  la  Louve  et  des 
Jumeaux". 

Non  moins  respectées  et  entretenues  étaient  les  cabanes 
de  Fausluliis  et  de  Romulus  que  les  historiens  semblent 
distinguer,  alors  que  le  Iwjurium  du  berger  et  la  casa 
du  fondateur  ont  dû,  dans  la  réalité,  se  confondre  ^ 
D'anciennes  représentations  nous  en  ont  conservé  la 
physionomie  ;  s'il  en  faut  croire  Denys,  l'une  au  moins 
des  constructions  subsistait  encore  au  temps  d'Auguste, 
soigneusement  entretenue  par  l'autorité  sacerdotale. 
Elle  était  du  type  des  cabanes  primitives  domus, 
fig.  ioOG,  2507j,  construite  en  terre  argileuse  et  cou- 
verte de  chaume;  un  historien  mentionne  des  incendies 
qui  les  auraient  détruites,  l'une  en  38  av.  J.-C,  l'autre 
vingt-six  ans  plus  tard.  .Mais  déjà  alors  la  casa  liomuli' 
était  dénommée  aedes,  ce  qui  semble  prouver  qu'on 
l'avait  transformée  en  sanctuaire.  11  y  faut  sans  doute 
chercher  la  curie  des  Saliens.  où  le  bâton  augurai  de 
Homulus  était  conservé  *.  Lanciani  l'a  identifiée  avec 
une  très  antique  chapelle  construite  à  laide  du  tuf  de  la 
colline  et  dont  les  pierres  portent  la  marque  des  con- 
structeurs. On  n'a  pu  décider  encore  si  ces  caractères 
appartiennent  à  l'alphabet  étrusque  ou  au  plus  ancien 
alphabet  latin  ;  dans  tous  les  cas,  l'éminent  archéologue 
y  voit  avec  quelque  raison  un  vestige  des  plus  lointaines 
origines  de  Rome'. 

Si  nous  montons  au  sommet  de  l'Échelle  de  Cacus, 
nous  rencontrons  un  dernier  témoin  de  la  royauté  de 
Romulus  avec  le  cornouiller  sacré'".  C'est  à  proximité  de 
la  casa  Romnli  qu'a  pris  racine  dans  le  sol  du  Palatin  la 
lance  jetée  par  le  fondateur  depuis  la  pointe  nord-ouest 
de  r.\ventin  où  Rémus  lui-même  avait  pris  les  auspices. 
Cet  acte  a  été  interprété  comme  symbolisant  la  prise  de 

•  ilonwn.  Jmt.  XI,  3  ;  cf.  Klûgniaun,  Annnl.  Jnst.  1879,  p.  41.  _  2  Scliwe- 
gler,  Op.  cit.  p.  ilT;  cf.  Cilbcrl.  Op.  cit.  I,  p.  53  sq.  —  3  PIJq.  loc.  cil.; 
Oï.  Fatl.  II.  il»:  Serv.  Aen.  VIII,  90;  voir  pltkal,  Loc.  cil.  —  »  Jordan, 
chez  Bimlan,  Forlschrilte,  clc.  1873.  p.  754  s<|.  —  '••  Fesl.  p.  I6R,  270:  Dion. 
Hal.  III,  71.  —  6  Dion.  liai.  I.  79;  Plut.  Jiom.  iO:  Dio  Cass.  .\LVU1,  H;  Sol. 
I,  18:  Sotil.  reijion.  X:  cf.  Preller,  Jtegionm,  p.  180:  Lanciani.  Cuida. 
p.  13Ï,  IM,  el  (iilberl.  Op.  cit.  I.  p.  49.  —  7  Varr.  Ling.  I.it.  V,  :u  (fragment  de 
la  chroai.|ue  des  .orgies).  —  »  Val.  Mai.  1,  8.  Il  ;  cf.  Kubino.  Vorg-;schichte.  etc., 
p.  îî\.  qui  essaie  de  distinguer  la  casa  Romuli.  idenli(|ue  au  lugurium  Faustuli  et 
devenue  la  curie  des  Saliens,  d  une  autre  casa  portant  le  nom  du  fondateur  cl  située 
au  Capitale  près  de  la  Curia  Calabra  (Vitr.  Il,  !,  5:  Scn.  Contr  i,  I.  4;  Cou.  A'aiT. 
40.  etc.)  :  c'est  la  première  qui  possédai!  le  lituus.  —  'J  Lanciani.  Op.  cit. 
p.  133:  cf.  Jordan.  Topographie.  |,  i.  i59  :  Brurn,  .Annali  deU'lnstit.  1870. 
p.  7i  sq.  tav.  dagg.  IK.  —  lo  piuL  liom.  io  :  Serv.  Aen.  III,  46  :  .\mob. 
IV,  3;  M;th.  lai.  p.  894;   texte  de  Laclantius    flacidus,   scliol.   d'Ovide,  ilet. 


possession  de  la  ville  nouvelle".  Comme  le  liguier  Rumi- 
nai, le  cornouiller  fut  un  objet  de  vénération  pendant 
toute  la  durée  de  la  République.  Plutarque  raconte  qu'il 
subsistait  encore  au  temps  de  Caligula  et  qu'alors  il 
périt,  les  travaux  entreprispour  la  réparation  de  l'escalier 
ayant  entamé  ses  racines.  Pour  Rubino  qui  s'est  attaché 
surtout  à  montrer  les  rapports  de  l'histoire  de  Romulus 
avec  le  culte  des  Lares,  le  jet  de  lance  signifie,  non  l'occu- 
pation militaire  d'un  territoire  ennemi  [ager  hostHis). 
mais  le  transfert  de  la  religion  des  Lares  praestites  qui, 
avec  Faunus,  Picus,  Mars  et  .lupiter,  devaient  être  les 
divinités  principales  de  la  Roiiia  quadrala  '*.  De  toute 
façon  nous  retrouvons  une  fois  de  plus  les  souvenirs 
laissés  par  la  royauté  de  Romulus,  étayés  en  quelque 
sorte  et  garantis  par  les  plus  anciens  cultes  de  la  cité. 

De  tous  les  autres  faits  racontés  par  les  annalistes  el, 
à  leur  suite,  par  les  historiens,  il  n'en  est  point  qui  mérite 
de  figurer  à  cette  place,  à  l'exception  de  celui  qui  nous 
est  donné  par  eux  comme  étant  la  conclusion  du  règne  et 
la  consécration  de  la  mémoire  du  fondateur.  Je  veux 
parler  de  sa  mort  mystérieuse  au  Marais-de-la-Chèvre 
[popliflgia'  '^  el  de  son  apothéose;  mais  si  nous  le  men- 
tionnons, c'est  uniquement  pour  constater  qu'il  laissa 
l'opinion  indillerente  et  qu'il  n'a  marqué  sa  trace  ni 
dans  le  culte  officiel  de  Rome  ni  dans  l'art.  Il  esta  peu 
près  démontré  que  la  poésie  d'Ennius  a  forgé  de  toutes 
pièces  l'apothéose,  par  imitation  de  ce  qui  se  pratiquait 
chez  les  Grecs;  les  poètes  de  l'âge  suivant  ont  pu  con- 
tinuer dans  cette  voie  et  les  historiens  eux-mêmes 
exploiter  cette  fable:  elle  n'a  jamais  pris  place  parmi  les 
traditions  nationales  el  il  n'existe  aucun  monument,  ni 
temple,  ni  statue,  ni  bas-relief,  qui  lui  ait  donné  la  consé- 
cration publique  ".  Romulus  ne  fut  vénéré  comme  une 
divinité  qu'après  son  identification,  assez  tardive  et  dont 
lapiété  populaire  n'a  même  pas  du  saisir 
le  sens,  avec  Quirinus' ■.  La  seule  image 
divinisée  que  nous  ayons  de  Romulus 
sur  les  monnaies  de  la  République  est 
celle  qu'on  voit  (Qg.  3956),  sous  le  nom 
de  Quirinus  et  avec  ses  traits,  sur  un 
denier  de  la  gens  Memmia  "^.  On  peut 
d'ailleurs  douter  que  le  monétaire  en  la 
frappant  ait  songé  à  Romulus  ;  el  les  modernes  n  y  ont 
songé  eux-mêmes  qu'en  la  rapprochant  de  fantaisies 
poétiques  qui  ont  juste  la  valeur  de  l'apothéose  selon 
Ennius  '". 

Pour  le  surplus,  les  représentations  du  fondateur  de 
Rome  sont  aussi  rares  el  insignifiantes  "  que  celles  de  la 
déesse  Roma  sont  fréquentes  et  caractéristiques  rom.\  . 
Des  monnaies  de  la  période  impériale  nous  le  montrent 
sous  les  traits  d'un  guerrier  jeune,   vêtu  de  la  cuirasse, 


XV,  4S.  —  "  Fest.  Epit.,  p.  1)3,  coelibari  Uasta,  cl  p.  101,  haslae.  four  l'inter- 
prétation juridique,  voir  Gaius,  IV,  16  el  ha^ta,  III,  I,  p.  42.  —  1- Rubino,  Vor- 
geschichte.  p.  217.  n.  301  ;  cf.  Gilbert.  Op.  cit.  p.  47  avec  la  note  3.  —  l^  Ton». 
IV,  p.  579  et  jusi..  III,  1,  p.  085  avec  les  telles  cités;  cf.  Ilor.  Epod.  XVI.  13 
avec  les  notes  des  commentateurs  ;  voir  aussi  latinus.  III,  i.  p.  980.  —  i^  Enu. 
ap.  Cic.  Bep.  I,  41,  04  :  Ov.  Fast.  Il,  491  :  Luc.  Phan.  I.  197  ;  cf.  T.  Liv.  I, 
16;  DioD.  Hal.  Il,  56  ;  Plut.  Mom.  28.  Ovide  cependant  parait  décrire  Romulus 
déifié  d'après  quelque  monument  :  putcher  et  humano  major  trabeaqite  deconisx 
el  Plutarque  peut-être  traduit  le  passage  d'Ovide.  —  '^  ul-irisus,  IV.  p.  so7 
avec  les  textes  cités.  —  tfi  Coben,  Méd.  consulaires,  X.ÏVII,  5  ;  cf.  Babeloii, 
.Von.  de  la  Rép.  p.  217  :  Bernoulli,  /loem.  Jkonographie,  I,  pi.  i.  p.  8.  Le- 
Memmii  se  prétendaient  sans  doute  descendus  de  Quirinus:  cf.  l'apostrophe  de 
Catulle  à  Memmius.  notre  monétaire,  xxviu.  15.  —  17  Ov.  Fast.  Il,  5ol  VI. 
309;  Plin.  tJist.  nat.  34,  23,  toc.  cit.  —  '*  Pour  celte  rareté,  voir  Helbig.  Cam- 
pan.   ^^andinalerei,  p.  4  sq. 


ROS 


—  Hm 


ROS 


tenant  la  lance  de  la  main  droite  et  portant  do  la  franche 
un  trophée  (fig.  5957);  en  exergue  :  romulo  conoitori 
DU  ROMi'LO  ArcrsTO,  litres  inspirés  par  le  souvenir  de 
V  Auguriiim  Augusium  et  qui  perpétuent  les  prétentions 
dynastiques  d'Octave  et  de  ses  successeurs'.  Sous  la 
République,  l'art  s'est  borné 
à  exploiter  la  légende  des  Ju- 
meaux et  Virgile  donne  place 
à  la  louve  sur  le  bouclier 
d'Énée-.  Sous  l'intluence  de 
VÊnéide  ont  dû  être  peintes 
les  fresques  sépulcrales  dé- 
couvertes sur  l'Esquilin  qui 
combinent  les  épisodes  de 
l'histoire  de  Romulus  avec  les 
aventures  d'Énée  '.  On  en 
peut  rapprocher  Vara  Casali  '  et  l'une  des  faces  d'un 
autel  découvert  en  1881  à  Osties,  qui  est  daté  de  124  ap. 
J.-C.  Il  faut  citer  encore  un  fragment  du  fronton  du 
lemple  de  Rome  et  Vénus  bâti  par  Hadrien,  fragment 
que  complète  un  bas-relief  conservé  au  Musée  des  Ther- 
mes "  où  l'on  voit  la  scène  des  amours  de  Rhea  et  de 
.Mars,  avec  la  louve  allaitant  les  Jumeaux.  C'est  sans 
doute  à  cette  œuvre  que  pensait  Juvénal  (elle  était  alors 
dans  sa  nouveauté),  lorsqu'il  décrit  le  casque  dont  les 
ornements  sont  fournis  par  cette  double  scène  et  par 
les  enfants  qu'il  appelle  les  Jumeaux:  Geminos  Quiri- 
nos.  Le  motif  parait  avoir  été  couramment  exploité  dans 
l'ornementation,  particulièrement  des  armures  et  des  in- 
signes militaires  jusqu'à  la  fin  de  l'Empire".  J.-Â.  IliLn. 
ROSARIA  ou  ROSALIA.  —  Fête  des  roses,  d'un  carac- 
tère généralement  funèbre  et  qui  rentrait,  chez  les 
Romains,  dans  la  catégorie  des  sacra  privata  célébrés 
en  famille  pour  honorer  les  morts'.  Grecs  et  Latins 
associaient  dans  une  même  croyance  dont  la  gravité 
était  tempérée  par  la  grâce,  l'éclat  des  fleurs  qui  ne 
durent  qu'un  jour  et  le  mystère  de  la  mort  qui  est  le 
principe  du  renouvellement  des  existences  [cf.  paren'ïalia 
etFERALiAJ-.  Des  textes  fort  explicites  démontrent  que 
les  fleurs  qui  poussaient  sur  les  tombes  rendaient  aux  sur- 
vivants la  personnalité  même  de  ceux  qui  y  étaient 
enfermés'.  De  là  aussi  la  coutume  d'y  apporter  des 
fleurs,  d'organiser  des  cepotaphia'',  de  sculpter  des 
guirlandes  ou  des  bouquets  au  faîte  des  stèles.  <<  Le 
sang  enfante  les  roses  et  des  larmes  sortent  les  ané- 
mones »,  dit  un  élégiaque  grec'';  idée  qui  est  développée 
ainsi  par  un  autre  poète  gréco-romain''  :  «  Des  fleurs  en 
grand  nombre  ont  poussé  sur  le  tombeau  récent,  non  pas 


1  Cobeii,  Médailles  impériales.  II.  773,  1095;  Bernoulli,  Roem.  Ikon.  l.  c:  ."lut. 
flom.  itj.— 2  Jen.Vlll,G30s<|;cf.  Uoberl,  Annali.  1878,  235et  J/o/iiim.  lO.Tab.  L.X  ; 
Servius  nous  apprend  que  la  description  de  Virgile  est  imitée  d'Ennius.  —  3  Brizio, 
Pilture  e sepokri  scoperti  siili'  Esquitino,  Roiiia,  l«76  [voy.  (jg.  21291.  —t  Wieseler, 
Ara  Casali,  I8H  ;  du  même,  Denkmaeler  der  allen  Kunst,  II,  23,  2Î)3,  353  a-, 
Pistolesi,  Vat.  Tab.  4,  9B;  Bruon,  Kleine  Sckrift.  I.  p. +1  et  45  ;  Notizie,  I.  II, 
1881.  —  5  Raoul-Rochelte,  .1/onum.  /îiW.  Acllilléidc,  pl.viii;  Helbig, /"ueArer, 
n»  1037;  Roem.  .Mittlieil.  X,  I2S)5,  pi.  v.  p.  244;  Amelung-Hollzinger,  .Muséums 
and  ruins.  (ig.  W,  p.  139  ;  E.  Slrong,  Roman  Sculpture,  pi.  i.xxil.  —  C  Juv. 
.VI,  104  sq.  Claud.  Cons.  Prob.  96  sq.  ;  Sid.  Apoll.  Carm.  Il,  393;  cf.  Kried- 
laendcr,  Juvenalis  oper.  1893,  II.  p.  499.  —  Bibi.[ocr.\phie.  Xous  ne  citons 
ici  que  les  ouvrages  qui  ont  conservé  quelque  autorité  dans  la  question,  parmi  la 
1res  copieuse  littérature  sur  le  problème  des  origines  de  Rome  en  général  depuis 
Niebuhr.  Blum,  Einleilung  in  Roms  aile  Gescliicllte,  Berlin,  1828  ;  Petersen,  Dis- 
tertatio  de  originibus  historiai  romanae,  1838;  Zinzow,  De  pelasgicis  Roman. 
tttcris,  Berlin,  1851  ;  Schwegicr,  Roem.  Geschichte  im  Zeilaller  der  Koenige, 
Tobinguc.  l8ti7-68;  Rubino,  lleitraege :ur  Vorgescliiclite  Italiens,  Leipzig,  IS68; 
Popcbhararaer,  Die  Grùndung  Roms,  Kiel,  I86.S  ;  Mommseu,  Roem.  Forschunqen, 
1864-79,11,  1    sq.;  Acca   Larentia:   Id.  Hermis.    t.   XVI,    p.  I    sq.    Die   Remus- 


la  ronce  sauvage,  ni  la  triste  ivraie,  mais  des  violettes, 
de  la  marjolaine,  o  Vibius,  et  du  narcisse  délicat  :  tout 
à  l'entour  de  toi  la  terre  s'est  couverte  de  roses!  » 

Ces  témoignages  et  d'autres  épigraphiques  assez 
nombreux  nous  expliquent  la  popularité  de  la  fête  des 
roses  en  l'honneur  des  morts.  Elle  n'était  pas  à  date  fixe, 
mais  variait  d'une  famille,  d'une  association  à  l'autre, 
sous  cette  réserve  qu'elle  était  toujours  célébrée  dans  la 
saison  des  roses,  en  mai  et  en  juin  V  Elle  donnait  lieu  à  un 
repas,  comme  le  novemdiale  et  les  parentalia  ;  et  durant 
ce  festin  on  distribuait  aux  convives  des  roses,  après  en 
avoir  déposé  sur  les  tombes*.  Les  inscriptions  men- 
tionnent des  fondations  de  fosaria  soit  par  des  asso- 
ciations soit  par  des  particuliers:  il  en  est  qui  nous 
mènent  à  la  dernière  période  du  paganisme  romain'.  Le 
calendrier  de  Constantin  mentionne  pour  Rome  une  fête 
générale  des  roses  pour  le  23  mai'";  et  il  est  à  peine 
besoin  de  faire  remarquer  que  la  pratique  d'honorer  les 
morts  par  des  fleurs  a  survécu  au  paganisme,  par  la  force 
des  mêmes  croyances.  Une  de  ces  inscriptions  parle,  pour 
une  même  famille,  de  quatre  fêtes  annuelles  en  l'honneur 
des  défunts,  l'une  au  jour  anniversaire  de  leur  naissance, 
la  seconde  dans  la  période  des  roses  (rosalioiii.i),  la 
troisième  dans  celle  des  violettes  [violae],  la  quatrième 
aux  Parenfa/ia".  Une  fête  des  roses  qui  parait  avoir 
eu  un  caractère  joyeux,  puisqu'elle  était  en  rapport 
avec  le  culte  de  Flora,  était  célébrée  à  Capoue  le 
13  mai'^.  Philostrate  nous  en  explique  le  sens  et  les 
rapports  avec  l'idée  de  la  mort,  lorsqu'il  dit  qu'il  a  vu  à 
Rome  des  coureurs  portant  des  fleurs  et  qui,  par  la  rapi- 
dité de  leur  course,  proclamaient  que  la  jeunesse  passe 
vite"  [floralia].  J.-A.  Hild. 

ROSTRUMCPùy/o;). — Ce  nom  qui  signifie  bec,  museau, 
groin,  a  été  appliqué  à  différents  objets  à  cause  de  leur 
forme,  par  exemple  à  des  serpes  ou  faux  '  servant  à  tailler 
et   à  élaguer 

[FALX,RUNCO], 

au    soc    de 

la    charrue  - 

i'aratrum]  ,   à 

la  pince  d'un 

levier  ^    [vec- 

Tis],  à  la  tête 

d'un    m  a  r  - 

teau  '    [mal- 

LEUs],  au  bec 

d'une  lampe' [lucerna],  et  particulièrement  à  l'éperon 

('£u.6oXo(;)  d'un  vaisseau.  On  a  parlé  ailleurs  de  cet  éperon 


légende;  Schv/AHz,  Der  Ursprunq,  der  Stamm  und  Grûndnngssage  Roms,  léna, 
1878;  Preller-Jordan,  floem.  J/j/(/iotojr!c,  3"  édil.  passim  et  II,  p  341  sq;  111,  1907, 
Huelsen.  Topographie  der  Stad.  Rom,  1878-1907,  p.  36  sq.  ;  Gilbert,  Geschichte 
und  Topographie  der  .'itadt  Rom,  Leipzig,  1883-1690,  I,  60  sq.  et  passim,  etc. 

RUSARIA.  I  Orclli,  Inscript.  4084;  Corp.  inscr.  lat.  III,  704.  707;  voir  4016, 
4871.  —  2  Cbez  les  Grecs,  la  rose  était  chère  à  Dionysos  et  à  Aphrodite;  voir 
Anacr.  53;  Siinonid.  Fragm.  148,  3;  cf.  pour  les  Latins,  Ov.  Fast.  V,  194,  parlant 
de  Flora.  —  3  Pers.  I,  39;  Juv.  VII,  208;  Serv.  Aen.  V,  760.  —  l  Orelli,  Inscr. 
4418,  4*36,  4515,  45iC.  —  5  Rio,  I,  06.  —  6  Analecla  de  Brunck,  III,  p.  303. 
—  "  Le  Collegium  Sitvani  de  Rome  céléb.-ait  les  rosaria  le  20  juin  ;  Corp.  inscr. 
lat.  X,  444;  cf.  Marquardl-Monimsen,  llandbuch,  VI,  p.  311.  —  8  l'Iin.  Hisl.  nnl. 
XXI,  11  ;  cf.  îlarini,  .MU  Fratr.  An:  p.  3S0  sq.  —  9  Avelliuo,  Opusc.  III,  p.  Ï54, 
et  Bellermann,  Die  aeltesten  ckristlichen  fîegraebnisstaetlen,  p.  16  sq.  —  10  Fast. 
Philoc.  à  celte  date.  —  "  Corp.  inscr.  lai.  VI,  10,  240  ;  cf.  10239  ;  V,  2072,  4489, 
5272;  VI,  9626,  etc.  —  12  Feriale  Cap.  au  13  mai:  cf.  Preller-Jordan,  Roem. 
Mylhol.  1,  p.  433.  —  13  Philostr.  Ep.  55,  p.  300  ;  cf.  Ibid.  I  et  3.  p.  343  ;  cf.  Preller, 
Griech.  Mythol.  I,  p.  283. 

ROSTnCM.  I  Colum.  //.  rnst.  IV,  25,  3  :  cL  11,  20,  30.  —  2  Plin.  H.  nat.  XVIII, 
48;    XXXIV,  5,    H.    —  3    Ibid.   —    '    Ib.    XXXIV,    14,    40.    —   5   Ib.  XXVIII,  40. 


Fig.  5958.  —  Rostre 


ROT 


896  — 


ROT 


et  de  ses  divers  types  ^.\avis\  La  tête  de  sanglier  est 
un  des  plus  anciens  et  se  conserva  par  la  suite  ;  on  en 
voit  ici  un  exemple  (fig.  5958).  Cet  éperon  esl  en  bronze  ; 
il  a  été  recueilli  au  fond  du  porl  de  Gênes  ' . 

Après  que  la  tribune  aux  harangues  à  Rome  eut  été 
décorée  des  proues  des  vaisseaux  pris  aux  Anliales 
(368  av.  J.-C),  on  l'appela  les  Rostres  [F0RrM,p.  2!»].  Il  y 
eut  aussi  des  colonnes  qui  furent  appelées  rostrales  parce 
qu'elles  étaient  ornées  de  la  même  manière  [kolimna, 
p.  i;}511.  Des  rostres  décoraient  encore  d'autres  monu- 
ments'-. 

Pour  la  couronne  rostrale  ou  ornée  de  proues,  voir 
CORONA,  p.  1536.       E.  Saglio. 

ROTA  Tpo/oç),  roue.  —  I.  Roue  de  char  ou  de  voiture. 
[Voir  ciiRRi'S.  p.  1635,  pour  tout  ce  qui  concerne  la  roue 
des  chars  de  guerre'  :  plalstri'm.  pour  la  roue  pleine  et 
pour  la  roue  munie  de  croisillons  se  coupant  à  angles 
droits-.  Des  roues  antiques  à  rayons  sont  actuellement 
conservées  dans  plusieurs  collections  de  l'Europe^  ;  elles 


Houe  de  bronze. 

sont  toutes  en  bronze  et  d'une  construction  identique, 
quoiqu'elles  proviennent  de  régions  très  éloignées  les 
unes  des  autres.  Celle  que  représente  la  figure  5950  a  été 
trouvée  à  Mmes'.  Elle  a  été  fondue  d'une  seule  pièce 
(diamètre  49  centimètres;.  Sur  tout  son  pourtour  est 
creusée  une  gorge  profonde,  dans  laquelle  venait,  sans 
aucun  doute,  s'emboîter  une  jante  en  bois  cerclée  de  fer. 
Des  trous  pratiqués  sur  les  faces  latérales  de  la  gorge 
donnaient  passage  aux  clous  qui  servaient  à  fixer  la 
jante  aujourd'hui  disparue.  Cette  disposition  était  certai- 
nement très  répandue  et  très  ancienne;  car  on  peut  l'ob- 
server sur  les  monuments  figurés  non  seulement  de  la 
Grèce,  mais  de  l'Orient,  où  sont  représentés  des  chars  ; 
les  tètes  des  clous,  plus  ou  moins  décoratives,  y  sont 
souvent  très  apparentes».  On  remarquera  dans  la  roue 
de  Nimes  la  longueur  du  moyeu  (34  centimètres)  par 
rapport  à  la  hauteur  totale;  les  rayons  sont  creux.  Des 
cercles  en  fer  et  des  débris  de  jantes  similaires  ont  été 

«  WelcWer.  Aile  DenkmSIer.  V.p.  203  .Graser,  Arch. Zeilung,  187i,p.«;  Richlcr, 
Jnhrbuch  d.  deutsch.  arch.  Instil.  1889,  p.  \i.  —2  Voir  par  exemple  une  inscription 
de  |jrinia(A«i.  rf.  Accad.  d.  Lincei.  1881,  p. 249)  mentionnant  des  rosira  riavaiin. 

ROT\.  '  Les  exemples  de  roues  à  rayon*  (rotae  radialae)  se  rencontrent  en  très 
grand  nombre.  V.  la  Table  des  matières.  XVI,  Véhicules.  —  2  Autres  exemples  : 
cc(iRU>.  note  \~ .  —  ^  Catalogui^es  et  reproduites  par  l.iodenschmit,  .Mterth.  uns. 
heidn.  Vorzrit.  III  (IS8I).  Hefl  IV.pl.ii.  —'•  Elle  appartient  au  Cabinet  des  médailles 
à  Paris,  Babelon  et  Blancliel.  Catal.  des  bronzes  ant.  de  la  Bibl.  nat.  .p.  630, 
n.  1823:  cf.  H24  :  Lindeusclimit.  L.  c.,  fig.  dans  le  teite.  Ils  donnent  la  bibliographie 
antérieure  ou  peuvent  en  dispenser.  —  ^  Voir  par  ex.  <:urbds.  fig.  2217,  2i23;  Lîn- 
denschmit,  /,.  c.  —  '  Fûrstl.  Hohenzoller'sche  Satnmlung,  pi.  vu,  14;  JUus. 
Gregor.  pi.  x«ui.  Char  en  bronze  du  Valican:  E.-Q.  Visconti,  Hus.  P.  Ctem.  t.  V. 
pl.  B.  Il  ;  Calai,  de  la  coll.  Gréau.  pi.  xiii  :  Cal.  rff  ta  coll.  Boffmann,  î'  part. 
(1888),  p.  13'),  n.  iOG  :  Lindenschmit.  £.  c.  Ml.  Heft  III.  pl.  ii,  n.  12.  —  '  Hazard. 
Essai  sur  les  chars  gaulois  de  la  Marne,  Rer>.  arch.  IST",  I,  p.  154  et  21T  ; 
Schianiauseo,  Uallische  Streiticagen  in  tthein  Hûgelgraben,  Jahrb.  d.  Ver.  d. 
AH.  freunde  m  Ilhein'.  I.XXXVIII  (rS89;.  p.  241  ;  S.  Reinach,  Catal.  du  musée  de     I 


—  Supplicié  sur  la  roue. 


recueillis  sur  les  bords  du  Rhin  aussi  bien  qu'en  Étrurie'-. 
Ils  nous  offrent  un  point  de  comparaison  intéressant  avec 
les  roues  qui  ont  été  retrouvées  dans  le  sol  de  la  Gaulée 
II.  —  Instrument  de  supplice.  Le  patient  était  étendu  à 
plat  sur  une  roue,  les  quatre  membres  attachés  aux 
rayons  par  des  cor- 
des*. 11  est  probable 
que  le  supplice  con- 
sistait surtout  à  les 
tendre  (IXxetv,  tcîveiv, 
SiaTEtveiv,  xaTaTEi'vEtv)', 
de  telle  sorte  que  les 
membres  fussent  tirés 
en  sens  contraire,  et 
même  déboîtés  ;  il  de- 
vait y  avoir  des  degrés 
dans  la  tension  ;  de  là 
vient  que  la  roue  était 
employée  principale- 
ment pour  mettre  à  la 
question.  Cependant,  comme  c'était  un  instrument  simple 
et  commode,  qui  livrait  le  patient  au  bourreau  dans  une 
immobilité  absolue,  on  aggravait  souvent  le  supplice  en 
y  ajoutant  beaucoup  d'autres  châtiments  corporels,  tels 
que  le  fouet  [fla- 
GELLUMj,  la  bas- 
tonnade, le  feu 
(ignis),  c'est-à- 
dire  les  torche.s 
promenées  sur 
la  surface  de  la 
peau  I'tûrmenta  . 
et  le  coup  de 
grâce,  regorge- 
ment final  par 
l'épée  '°.  Les 
Grecs  pratiquè- 
rent de  bonne 
heure  cette  ma- 
nière de  rouer 
(Tpe/t'^Eiv)     ". 

C'est,  sans  aucun  doute,  le  supplice  de  la  roue  qui  a 
inspiré  l'idée  du  châtiment  infligé  à  Ixion  dans  les 
Enfers;  les  figures  5960  et  5961,  qui  reproduisent  des 
peintures.de  vases,  représentent  Ixion  dans  l'attitude 
du  patient  attaché  à  la  roue  :  dans  l'une  par  des  poignées 
et  des  écrous'-;  dans  l'autre,  au  moyen  de  cordes '\ 
Ixion  ,  disent  les  poètes,  était  entraîné  par  le  tourbillon 
des  vents  dans  un  mouvement  éternel  de  rotation".  Dans 
la  réalité,  on  devait,  en  effet,  imprimer  à  la  roue  un 

Saint  Germain  (IS'iî),  p.  136,  137,  140,  145,  148,  154,  160,  164,  170,  171,  173,.174, 
203;  Bertrand,  Arch.  celtique  et  gaul.  (1889);  2<  édit.  p.  265,  332,  363,  386. 
—  8  Virg.  Aen.  616  (ixion)  :  radiis  rotarum  districti  pendent.  —  9  Suid.  s.  r.; 
Aristoph.  Pac.  452;  Achill.  Tat.  VI.  21  ;  Plul.  /Je  loquac.  p.  500  c.  Cf.  Arisloph. 
Lys.  846;  Plut.  876;  Demoslh.  p.  836,  13;  Anlipb.  De  venef.  I,  20;  V.  40;  Ando- 
cid.  p.  6,  42:  Lucian.  Toiar.  28;  Dio  Chrys.  Or.  31  (vol.  1.  p.  611,  Wakef.); 
Poil.  X,  187;  Plut.  .Vicias,  30.  —  10  Voir  surtout  Achill.  Tat.  VI,  21.  —  Il  Ad- 
tiph.  De  venef.  I.  20;  Diod.  XX,  71  ;  Aristot.  Eth.  VU,  13  ;  .4n(Ao/.  Pal.  V,  181, 
3;  Suid.  s.  v.  —  '2  Raoul  Roclictle,  Monum.  inédits,  pl.  xiv,  p.  179  =  Gerhard, 
Arch.  Zeitung.  1843,  pl.  xiu.  —  13  Annali  delilsl.  di  corrisp.  arch.  di  Itoma, 
1873,  pl.  fK  =  Bauraeislcr.  Oenkm.  d.  kl.  Alterth.  p.  767,  fig.  821;  Roscher, 
Leiilc.  d.  Mgthol.,  Ixion,  fig.  p.  769-770.  Cf.  Visconti,  ilus.  Pio  Clem.  V, 
pl.  XIX  =  Rich.  Dict.  d.  ant.  s.  c;  Duruy,  Hist.  d.  Bnm.  Il,  764.  —  I*  K-jiivS»|.ivoî. 
Pind.  Pyth.  Il,  20;  «a^i;esir.«.i»i-«i,  Lujian.  Dial.  deor.  VI,  5.  Cf.  Plut.  De  aud. 
poem,  p.  19  F;  Tibull.  1,  3,  74.  Le  mot  crftSJioJ»,  qui  s'applique  aussi  à  d'autres 
supplices,  ne  si;?nifie  rien  de  plus  que  torquere.  torturer  ;  Guggenlieîm,  Die  Bedeu. 
liing  d.  Folterung  im  Ait.  Processe,  diss.  Zurich  (1882;,  p.  25. 


Fig.  5961.  —  Ixion  dan 


RUB 


897 


RUD 


mouvement  circulaire  autour  de  l'axe,  de  manière  à 
augmenter  par  la  congestion  la  douleur  des  extrémités 
tendues'.  D'autre  part,  ce  supplice  diirérait  de  celui 
que  l'on  pratiquait  encore  en  France,  sous  le  même 
nom,  jusqu'au  milieu  du  xvui'^  siècle;  d'après  nos  an- 
ciennes lois,  le  condamné  que  l'on  rouait  devait  avoir 
les  os  rompus  à  coups  de  barres  de  fer  :  raffinement 
de  torture  qui  rendait  la  mort  plus  atroce.  Chez  les 
Grecs,  au  contraire,  la  roue  n'entraînait  pas  nécessai- 
rement la  mort.  Le  but  semble  avoir  été  surtout  d'étirer 
les  muscles  jusqu'à  provoquer  une  souffrance  intolérable 
sans  mettre  en  danger  la  vie  du  patient^.  Aussi  est- il 
très  rare  de  voir  appliquer  à  la  roue  un  condamné  qui 
doit  expier  son  crime  par  la  mort^  C'est,  en  général,  un 
moyen  d'arracher  des  aveux  à  un  prévenu  ou  à  un 
témoin  \  et,  pour  cette  raison,  c'est  par  excellence  un 
supplice  fait  pour  les  esclaves.  Il  est  peu  probable  que  les 
Grecs  l'aient  jamais  infligé  à  un  citoyen,  pas  plus  qu'au- 
cun autre  genre  de  torture  [tormenta]  ;  du  moins,  la  tra- 
dition ne  nous  en  a  conservé  aucun  exemple'^.  Les 
Romains  n'ont  connu  le  supplice  de  la  roue  que  par  les 
Grecs;  ils  l'appelaient  <■  un  supplice  grec  »  et  s'ils  l'ont 
pratiqué  eux-mêmes,  ils  ne  l'ont  pratiqué  que  très  tard, 
à  la  fin  de  l'Empire''.  On  raconte  que  l'empereur  Élaga- 
bale  faisait  attacher  ses  parasites  sur  une  roue  hydrau- 
lique, rota  aquaria  J^machiîva],  qui  tournait  dans  l'eau; 
il  les  appelait  par  dérision  «  ses  amis  Ixioniques  »\ 
Ce  récit  même  prouve  que  c'était  là  une  fantaisie  ins- 
pirée par  la  légende  grecque.  En  réalité,  les  upplice  de  la 
roue  chez  les  Romains  n'appurait  pour  la  première  fois 
que  dans  le  récit  des  souffrances  endurées  parles  confes- 
seurs de  la  foi  chrétienne*. 

IlL  —  Roue  hydraulique  [rotn  aqunria)  [machina, 
p.  1467  =  ;  METALLA,  p.  1839,  1860]. 

IV.  —  Roue  de  potier  [rota  /iffu/a/'is)'"  [kiglimim  oins, 
p.  1121,  1122,  fig.  3033,30341. 

La  figure  de  la  roue  a  eu  dans  l'art  des  peuples  anciens 
un  sens  symbolique;  attribuée,  par  exemple,  à  la  Fortune, 
à  l'Occasion  ou  à  Némésis  [fortuna,  kairos,  nemesisJ,  elle 
exprime  la  rapidité  avec  laquelle  se  succèdent  les  vicissi- 
tudes de  la  destinée  humaine.  Sans  parler  ici  du  dieu 
gallo-romain,  qui  a  pour  attribut  une  roue  ",  on  pourrait 
mentionner  toute  une  catégorie  de  monuments,  trouvés  en 
Grèce  et  en  Italie,  sur  lesquels  est  figurée  la  roue  symbo- 
lique ;  mais  les  explications  qu'on  en  a  données  sont  jus- 
qu'ici assez  confuses  et  n'emportent  pas  la  conviction  '-. 

Pour  la  roue  servant  aux  enchantements,  voir  riiombis 
et  TROCUus.       G.  L.^fAVE. 

RUBRICA.  —  Bol  rouge,  sanguine',  terre  dont  les 
anciens  se  servaient  pour  colorer  en  rouge,  soit  en  l'em- 

'  Le  passage  le  plus  si;,'iiilicatif  est  [Maut.  Cisl.  Il,  I,  4.  Cf.  Martijral. 
rum.  23  api-il.  —  2  C'est  ce  qu'a  bien  vu  notamnicub  Barenius  ad  Mnrtyrot. 
ruman.  23  april.  Cf.  Ducanse,  s.  i'.  Uota.  —  3  Peut-ôlre  Anaciv  fragm. 
21,  9  (ap,  Atlien.  XII,  p.  534  A).  — '.  Plut.  Nicias,  30,  ne  fait  pas  excep 
lion.—  5  Guggenheira.Z..  c.  ;    Hermaim   et    Thallieim,    Ulirb.   d.    gr.     Aiilii/u. 

II.  p.   20,    not.    2  :    p.    124,  note   4.    —   <•   Ititu  ijraeciensi  rota,   Apul.    Met. 

III,  9;  cf.  X,  10;  Cic.  Tuic.  V,  9,  peut  contenir  une  glose  {rotam-<iraecos). 
mais  elle  eonfii-me  la  tradition.  Plaut.  Cisl.  Il,  1,  4,  peut  être  traduit  «lir 
grec.  Il  n'est  question  que  d'ixion  dans  Tibull.  I,  3,  74;  Virg.  Geory.  III, 
3S:  IV,  484:  Am.  VI,  61ti  ;  Sen.  Herc.  fur.  750;  Herc.  Oet.  1011;  Clau.liau. 
Itapt.  Proserp.  Il,  ,133,  —  ''  Lamprid.  Heliog.  24.  —  8  .\turtijrol.  rom. 
23  april.  cl  Baron,  Ad.  II.  l.  Martyres  des  SS.  Félix,  Fortunat  et  AcIiilliC-e  à  Valence 
en  l'an  212  ap.  J.-C.  —  5  Ajoutez  aux  sources  Lucr.  V.  517.  —  <0  Xcn.  Conv.  VU, 
2;  Plat.  Rep.  IV,  p.  420  E;  Aniiplion.  X,  p.  449  B;  Polyb.  XII,  15,  0;  XV,  3:i, 
2  ;  Plut.  Mor.  p.  588  F;  Atlien.  I,  p.  28  C  ;  Plaul.  Captiv.  Il,  3,  9  ;  EiiUI.  III.  2, 
35  ;  llor.  Ars  poet.  21.  —  H  Voir  la  bibliographie  de  la  iiuestion  dans  S.  Reinacli, 
Bronzes  figurés  de  la  Gaule  rom.  p.  31-3G.  —  i'2  Voir  en  particulier  de  Willc,  Descr. 

VIII. 


ployanl  directement  sous  forme  de  crayon-,  ou  en  en  frot- 
tant un  cordeau  à  tracer  [linea],  soit  en  la  mélangeant  à 
d'autres  substances  [inscriptiones]''  destinées  à  la  pein- 
ture, à  la  teinture,  aux  fards;  les  potiers  faisaient  parfois 
entrer  la  mibrica  ou  le  i^iXto;  dans  la  composition  de 
la  terre  dont  ils  faisaient  leurs  vases''. 

L'habitude  (jue  l'on  prit  d'écrire  en  rouge,  dans  les 
livres,  les  initiales  et  les  premières  lignes  ou  têtes  de 
chapitres  établit,  comme  on  l'a  déjà  expliqué  [cinnabaris], 
la  synonymie  entre  les  mots  rubrica  et  titulus,  qui  s'est 
perpétuée,  notamment  dans  les  recueils  législatifs,  et 
conservée  dans  le  français  «  rubrique  »  °.       E.  Saglio. 

RUDIS  ('PotSôo;),  baguette.  — •  1"  Agitateur  (xûxTjôpov), 
baguette  dont  on  se  servait  dans  la  cuisine  et  dans 
l'industrie  pour  mélanger  les  divers  éléments  d'une 
préparation  liquide  ou  pour  retourner  des  corps 
solides  sans  y  mettre  les  doigts'.  Cet  instrument  fort 
simple  remplissait  à  peu  près  l'office  d'une  cuiller  à 
pot.  Mais  il  était  tout  droit  et  ne  se  terminait  pas  par  un 
cuilleron^;  par  là,  il  se  distinguait  de  la  spatha,  très 
employée  aussi  pour  des  usages  analogues.  Ce  n'étaitrien 
de  plus  qu'une  tige  de  bois  léger,  telle  que  pouvait  en 
fournir,  par  exemple,  la  férule  (/'eruUi,  v^ipOr,^^).  Cepen- 
dant, on  en  faisait  aussi  en  fer,  notamment  pour  mélanger 
le  soufre  et  le  plomb  en  fusion*.  A  la  ruil'ts  on  substi- 
tuait,  suivant  le  besoin,    la   rudiculn.   plus   petite  -'. 

2°  Baguette, 
bâton ,  canne , 
qui  jouait  dans 
l'escrime  desan- 
cienslerôled'un 
fleuret.  On  dut 
l'employer  d'a- 
bord dans  les  ar- 
mées pour  exer- 
cer les  soldats 
au  maniement 
deTépée*^.  Delà, 
la  rudis  passa 
dans  les  troupes 
de  gladiateurs  ; 
elleydevintl'ou- 
til  indispensable 
à  leur  instruc- 
tion ;  c'est  avec 
la  rudis  en  main  qu'ils  faisaient  chaque  jour  au  ludu.'( 
l'apprentissage  de  leur  art  difficile  et  périlleux  [glaiha- 
torI  '.  Mais  comme  ils  ne  devaient  avoir  aucune  arme 
offensive  à  leur  disposition  avant  le  jour  du  combat,  il 
est  probable  que  ce  bâton  même  ne  leur  était  confié  que 

ffc  la  coll.  Betignot.  p.  24;  Oaidoz,  lleii.  urcli.  18»4,  II,  p.  23,  I3C,  141  ;  1885,  I, 
p.  195,  200,   365. 

KUBRICA.  1  La  rutinca  terra  est  souvent  confondue  avec  rilémalite,  aiis^i 
bien  qu'avec  le  mijiiuin,  <i.Vt,z'j-^  ou  cinabre  [coloh,  p.  1329,  cinnabarisJ  ;  voir  Blil- 
mner,  Techn.  d.  Gewerbe,  IV,  p.  479  sq.  —  2  Hor.  Sal.  11,  7,  98.  —  3  Plaul. 
Truc.  11,  2,  39.  —  4  Plin,  Hist.  nat.  XXXV,  152  ;  Suid.  s.  v.  Koà.iSo;  xr.pK^ii.,; 
Bliimner,  0.  c.  Il,  p.  30;  Pottier,  Catalog.  vas.  du  Louvre,  p.  053.  —  6  Schol.  ad 
Pcrs.  X.  90;  Rubricum  vacant  minium  guo  tituli  legum  adnotabuntur;  Quinlil. 
Inst.  or.  Xll,  3,  11  ;  Cic.  In  Vcrr.  Il,  1.  45,  §  116,  117  ;  Dig.  XLIII,  16,  etc. 

nUDIS.  Aristoph.  fac.  654;  Bekker,  Anecd.  p.  48,  28  ;  Joseph.  Ant.  Jud.  XVII, 
3,8;  Cat. /(.  r.  79;  Pliu.  H.  n.  XXXIV,  50,  4.-2  Sans  quoi  Caton,  L.  c.  ne  dirait 
pas  ;  versato  duabus  rudibus.  —  3  Plio.  L.  c;  Diosc.  V,  103.  —  '•  Plin. 
i.  c.  -s  Cal.  /(.  r.  95;  Plin.  H.  n.  XXXIV,  54,  2  ;  Colum.  Xll,  48.  -  6  T.  Liv. 
XXVI,  51,  4;  XL,  C,  6,  iuMvi;  ptoiz»^?»  dans  Polyb.  X,  20,  3,  source  de  T.  Liv.  XXVI, 
51,  4.  —  1  Suet.  Cnlig.  32;  6v.  Ars  am.  III,  515;  Cic.  De  opt.  gen.  orat.  0; 
Lucil.  ap.  Cic.  De  or.  23;  Tac.  Dial.  de  or.  U;  Juv.  VI,  24s  et  Scliol.  Ad.  h.  t.  : 
DioCass.  LXXII,  19  (i.'=,s  syi.yov,  vàe8>)î). 

113 


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Fig.  5962.  —  Laniste  tenant  la  rudis. 


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—  898  — 


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peiulaul  la  dunV'  de  lours  exercices.  Au  contraire,  leur 
chef,  le  lanisle,  en  était  toujours  muni  '  ;  ce  n'était  pas  seu- 
lement pour  lui  un  insigne,  un  bâton  de  commandement, 
mais  encore  une  arme  véritable,  qui  devait  lui  être  sou- 
vent utile  pour  réduire  à  l'obéissance  des  hommes  vio- 
lents, brutaux  par  profession  et  toujours  prêts  àlarévolte. 
Plusieurs  monuments  représentent  le  lanistc  tenant  la 
riidis  h  la  main  lig.  59(5:2  ;  gladiatoh,  fig.  3.'j7U,  3577,  SriSl) . 
Le  jour  où  le  gladiateur  lui-même  obtient  son  congé, 
on  lui  donne  la  rudis  en  toute  propriété  [rude  donniur). 
parce  qu'en  général,  il  n'habite  plus  au  ludux  et  qu'il  ne 
peut  plus  y  semer  le  désordre  ;  on  n'a  plus  rien  à  craindre 
de  lui;  il  est  rudiarius-.  Ou  bien  encore  il  revient  au 
Indus,  mais  alors  en  qualité  d'instructeur,  il  est  gradé  ; 
et  le  bàlon,  qui  ne  le  quitte  plus,  est  entre  ses  mains  le 
signe  de  sa  dignité  ;  il  commence  par  le  titre  dexcciiiida 
rudis  et  peut  s'élever  ensuite  jusqu'au  grade  de  prima 
ou  suinma  rudis  [gladiator^^.  D'après  quelques  textes, 
il  semble  Lien  que  le  bâton  pouvait  alTecter  la  forme  de 
l'épée  dont  il  tenait  lieu,  et  la  mise  en  scène  de  la  gladia- 
ture  était,  en  général,  trop  luxueuse  pour  qu'on  n'ait  pas 
cherché  à  orner  aussi  cet  objet  si  important.  .Mais  il  nous 
est  impossible  d'en  juger  par  les  monuments  qui  nous 
sont  parvenus;  la  rudis  n'y  est  pas  autre  chose  qu'un 
bâton  plus  ou  moins  épais.     Georges  Lakaye. 

RU.\CIX.\  ('PjxivY,),  rabot.  —  Cet  outil,  indispensable 
aux  travaux  du  menuisier,  de  l'ébéniste,  du  charron  et, 
en  général,  de  tous  les  ouvriers  du  bois,  semble,  si  l'on 
s'en  rapporte  à  l'étymologie,  avoir  été  emprunté  aux  Grecs 
parles  Romains'.  La  construction  du  rabot  antique  ne 
différait  pas  sensiblement  de  celle  du  rabot  moderne  ;  le 

couteau  (probable- 
ment plana,  ita'f,)" 
y  était  inséré  obli- 
quement, au  milieu 
d'une  monture  rec- 
tangulaire, dans  une 
ouverture  par  où 
s'échappaient  les  copeaux  [ramenla)^ .  On  a  cru,  d'après 
certaines  représentations  figurées,  que  le  rabot  devait 
être  percé  de  deux  ou  plusieurs  ouvertures'.  Mais, 
outre  qu'il  serait  difficile  d'expliquer  le  maniement  d'un 
outil  ainsi  construit,  les  spéci- 
mens authentiques  qui  ont  été 
retrouvés  ne  justifient  pas  cette 
hypothèse.  Deux  rabots  en  fer,  de 
l'époque  romaine,  ont  été  exhu- 
més à  Cologne '.  L'un  (fig.  5963),  de  0  m.  363  de  longueur, 
était  certainement  entouré  d'une  monture  en  bois,  comme 
en  témoignent  les  quatre  clous  verticaux  qui  ont  servi  à 

•  Charis.  I,  p.  115;  Glo»».  lat.  gr.  Labb.  s.  i:  ^àSSo;  <i  -.:,-,  i«o:iiT£v  t.:v 
|i««|uLi>i«.  —  -  Oc.  Phil.  \\,  29;  Ps.  Cic.  Epist.  ad.  Octav.  9;  Hor.  EpiH. 
I,  I,  2;  Ov.  Amor.  II.  9,  2J  ;  Trist.  IV,  8,  ÏV;  Mari.  Spect.  29;  111,  36  ; 
Jur.  VI,  113,  VII,  171  ;  Suet,  Tib.  7;  Claud.  21  ;  C.  i.  l.  XII,  «52.  —  3  c. 
i.  t.  VI,  10170,  10201,  10202;  VIII,  10983;  IX,  5906;  X,  1U2S;  Allracr  cl  Dissard, 
tnscr.  de  Lyon,  III,  p.  8;  So'ji(|L«poû$ii;,  Hiila  cl  Scanlo,  Sitzungbrr.  d. 
Aknd.  in  n'ien,  CXXXII  (1893),  p.  17,  12;  Cagnat  cl  Lafavc,  Jnscr.  gr.  rom. 
III,  n.  215. 

nUNCIXA.  1  Varr.  L.  l.  V,  00,  p.  113  M  :  runcinare  a  runcina.  ciijm  fu.àvr. 
origo  graeca  ;  Anlhol.  Pat.  VI,  201,  3;  cf.  205,  2  (?;;  Plin.  U.  nat.  XVI,  22,î  ; 
llesvch.  t.  V.  —  2  Arnob.  VI,  U;  llcysch.  ii-.^x.  —  3  Plin.  i.  r.  —  t  Hich,  IHcl. 
d.  aniigu.  s.  %•.  d'après  un  bas-rclicf  de  RasUdl.  Voir  aussi  Grulcr.  Imcr.  p.  644, 
1  ;  Uelbi^,  Wandgem.  Campan.  a.  liUJi;  Blûiniier,  L.  c.  —  5  Lindensclimit,  .Mterth. 
un9  hcidn.  Vorzeit,  IV,  pi.  xxi.  Couteaux  do  i-abols,  Ibid.  n.  ■5(a^cc  nom  du  fabri- 
caol),  6  cl  I.  Ilcfl  XII,  pi.  V,  n.  8  —  6  Niccolini,  Mon.  ili  Pompci,  1,  Casa  di 
l.ucrciio,  IV,  5;  Ceci,  l'iccoli  bronzi  'del  Muieo  di  Napoli,  pl.  x,  1.  —  "  Varr. 
/,.  c.  ;  Arnob  V.  28;  Miuuc.  Fcl.  Oct.  p.  23  E;  Hhas.  gr.  lat.  s.  v.  —  8  Ganucei, 


\1 


la  fixer.  On  peut  douter  qu'il  en  fût  de  même  du  second 
(0  m.  325  de  longueur).  On  conserve  au  musée  de  Na- 
ples  plusieurs  rabots  prove- 
nant de  Pompéi  (fig.  5964)', 
dont  le  devant  a  la  forme 
d'une  boîte  carrée,  avec  une 
ouverture  au-dessus,  par  où 
sortent  les  copeaux  ;  le  der- 
rière, celle  d'une  anse  ser- 
vant à  pousser  et  tirer  l'ou- 
til La  ligure  5965  représente  ' 

°.    .  ^  .  Fig.  3905.  -  Menuisier. 

un  menuisier  occupe  a  rabo- 
ter (runcinare,  huxcoi'.ïie'.M)  une  planche  sur  un  établi''. 
La  stèle  funéraire  d'un  ébéniste  grec,  fabricant  de  lits 
(xÀs'.voTiTiY!);,  lectarius;  voir  tECTi's)',  nous  montre,  au- 
dessus  des  autres  insignes  de  sa 
profession,  un  outil  dans  lequel  on 
a  cru  reconnaître  un  rabot,  quoi- 
que la  construction  en  soit  assez 
différente   de    celle   qu'on   a   vue 
plus  haut.  U  semble  se  composer 
d'un    manche    recourbé,    qu'une 
large  bande  de  cuir  ou   de  métal 
fixe  à  une  lame  horizontale;  pour 
s'en    expliquer  le   maniement,   il 
faut  supposer  qu'il  était   destiné 
non  pas  à  polir  le  bois,  mais  à  y 
creuser  des  moulures  (fig.  5966)''. 
Quelques  textes  mentionnent,  en 
effet,  une  sorte  de  rabot  dont  se 
servaient  les  sculpteurs  sur  bois 
pour    fabriquer    les    statues    des   f'?-  ''Ji'û 
dieux'";  on  ne  peut  guère  voir  là 

autre  chose  que  le  «  bouvet  »,  dont  la  lame,  sillonnée 
d'une  ou  de  plusieurs  gorges,  est  propre  à  l'exécution  des 
moulures.         Georges  Lafaye. 

RUXCO.  —  Instrument  d'agriculture  appelé  aussi  fal- 
castrum  parce  que  sa  forme  est  analogue 
à  celle  de  la  faux'.  C'était,  en  effet,  une 
lame  de  fer  infléchie  (fig.  5967),  ajustée  à 
un  long  manche  grâce  auquel  on  pouvait 
l'introduire  dans  les  broussailles  épais- 
ses'. La  runcntio,  ainsi  se  nommait  l'opé- 
ration', consistait,  quand  elle  ne  se  fai- 
sait pas  à  la  main,*  à  enlever,  au  moyen 
du  runco,  les  mauvaises  herbes^  et  les 
ronces'*  dans  les  moissons'',  les  fourra- 
ges*; les  légumes,  comme  les  asperges', 
les  fèves'".  Elle  devait  se  faire  avec  dis- 
cernement" et  à  des  époques  déterminées'-,  plus  parli- 

Vielri  ornati  di  figure  iii  oro,  pl.  xxxiu;  0.  Jahn,  Ber.  d.  S'ïchs.  GeseUsch.  d. 
Wissensch.  1S61,  pl.  xi,  I  ;  Perrel,  Catacombes,  IV,  iî,  14;  Blûmner,  Op.  cit. 
p.  344.  fig.  58,  n.  4.  —  9  Provienl  de  IWrcbipel.  Musée  du  l.omTe.  Michon,  BuU.  de 
la  Soc.  des  Antiquaires  de  France,  I9U0,  p.  98.  100  el  300;  Héron  de  Villefosse, 
Ibid.  Mém.  LXII,  p.  206.  Stèle  d'un  cliarronde  Chypre;  Michon,  X.  c.  p.  101  ;  cl. 
Bu//.  1901,  p.  249  t?|.  —  10  Minuc.  Fel.  Octav.  23  ;  Terlull.  Apol.  12  ;  Arnob.  VI, 
n  ;  Auguslin.  tic.  Dei,  IV,  8  ;  Brunck,  Anal.  I,  227. 

RVXCO.  1  Isidor.  Orig.  XX,  14,  5.-2  Id.  Ibid.  ;  cf.  Pallad.  I,  43,  3.  La  fig. 
5967  reproduit  un  de  ces  outils  trouvé  dans  les  fouilles  de  la  villa  Pisanetla.  près  de 
Pompéi:  1/onum.d.  .Accnrf.  rfei  iiiicei, VII, p.  439,  fig.  39.  Autres  :  Musée  de  .Naples, 
Ceci,  PiccoU  bronzi,  pl.  x,  53  ;  .l/i(//iei7.  d.  Aniiq.  (lesellsch.  in  Zurich,  XV,  pl. 
XII,  29  el  30.  —  3  Plin.  XVlll,  50,  I  ;  Columell.  11,12,  9.  On  appelait  aussi  runcatio 
les  herbes  el  les  ronces  (lu'enlevail  le  runco  ;  Columell.  Il,  12,  6.  — *  Colum.  V,  4, 
7.-5  M.  Il,  11,  3;  12,6.  —  6Calo,  H.  rust.  Il,  i  ;  Pallad.  I,  43,3.  —^  Varro.  R. 
rust.  1,30:  Plin.  .Wat.hisl.  XVlll,  .50,  1;  Coluiu.  Il,  12,  1;  XI,  2,  4.  -  8ld.  XI,  2. 
4;  Pallad.  III,  6.  —  9Calo,  H.  r.  CI.X1,  2.  —  <« Colum.  Il,  12,  6.  —  n  Id.  Ibid.  el 
11,   12.  9.   —  12  Varro,  B.  rust.    I,  30;   Plin.  XVlll,   30,  1  :  Coluro.  XI.  2,  40. 


n-BtlTHNOC  • 
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^t^AtK^.lM-Aiv   I 

npippAtiTA/jAief.  I 

Oulilsd'ébènislfi. 


RUS 


—  899 


H  US 


lièrement  au  mois  de  mai  '  ;  il  faut  cependant,  comme  le 
fait  observer  Columelle,  exterminer  en  tout  temps  les 
mauvaises  herbes  -  ;  la  runcatio  devait  donc  être  fré- 
quente ^  Régulièrement  elle  se  faisait  après  la  sarrilio'', 
ou  sarclage  [sarculum],  qui,  elle-même,  était  précédée  de 
l'of  c«^/o  [raster].  L'ouvrier  qui  maniai  lie /"«nco  s'appelait 
runcator^.  Henry  Thêde>at. 

RUMEX.  —  Arme  connue  seulement  par  la  mention 
qui  en  est  faite  à  côté  dusPARUM  gaulois  '. 
RUMIIVALIS  FICUS  [romulus  et  REMUS,  forum]. 
RUSTICA  RES.  —  Par  cette  expression,  les  auteurs 
opposent  souvent  les  choses  de  la  vie  rustique  à  celles 
de  la  vie  urbaine,  et  les  profits  qu'on  lire  de  la  terre  aux 
gains  que  l'on  fait  à  la  ville,  principalement  par  le  com- 
merce et  par  l'usure  '.  Rus,  c'est  tout  ce  qui,  sur  terre, 
n'est  pas  enclos  dans  les  murs  d  une  ville  ;  c'est  la  cam- 
pagne comme  la  montagne,  ce  sont  les  champs  et  les 
terres  incultes,  ce  qu'on  nommait  jadis  la  friche  et  ce 
qu'on  appelle  aujourd'hui  la  brousse  dans  les  pays  à 
demi-peuplés  -.  Rura  ne  devint  l'équivalent  de  ai'va  que 
par  synecdoche  et  à  une  époque  relativement  récente. 

La  brousse  défrichée  prenait  le  nom  de  ager.  Selon  la 
façon  dont  on  appropriait  cet  ager,  on  avait  l'une  de  ces 
quatre  formes^  qui  correspondent  aux  grandes  divisions 
des  traités  agronomiques  anciens'  comme  aux  plus 
récents  ^  : 

I.  Ager  salionalis.  —  Champs  ensemencés  de  céréales,  de  plantes 
sarclées  alimentaires  ou  industrielles  IAgriculture). 

II.  Ager  consitus.  —  Terrains  plantés  d'arbres  fruitiers,  verger.-,, 
oliveraies,  vignes,  etc.  (Arbohicultube). 

III.  Ager  pascuus.  —  Pâturages  (Zootechnie). 

IV.  Ager  floreus.  —  Jardins  potagers,  d'agrénii-nt  ou  cultivée 
plus  spécialement  pour  les  abeilles  (Horticiltube). 

Grèce.  —  I.  Agriculture.  —  Historique.  —  D'après 
les  Grecs,  c'est  en  Egypte  qu'il  faut  chercher  l'origine  de 
l'agriculture.  Isis  aurait  découvert  le  froment  et  l'orge 
qui  croissaient  dans  la  vallée  du  Nil  «  confondus  avec 
les  autres  plantes'^  ».  Osiris  aurait  trouvé  le  moyen  de 
cultiver  ces  deux  céréales  et  l'aurait  enseigné  aux  Égyp- 
tiens ^  Diodore,  cependant,  après  avoir  rapporté  ce 
mythe,  cite  une  autre  tradition  plus  conforme  aux  vues 

I  Varro.  R.  r.  I,  30;  Colum.  IX,  2,  40;  Menologia  rustica,  dans  Corp.  msci-. 
lat.  1,  2"  éd.  p.  280,  memis  Mains  :  seget[es)  runcant(ur].  —  i  Colura.  XI,  :i, 
19.  —  a  Id.  11,  9,  18.  —  «  Cato,  R.  r.  CLXl,  i  ;  Plio.  .\al.  lusl.  VI.  50,  1  ;  Colum. 

II,  12,  9.  —  5  Colum.  Il,  13,  1  ;  XI,  3,  19. 

BCMEX.  '  Lucil.  ap.  Fest.  s.  v.  rume.î  ;  A.  Gell.  X,  25. 

RUSTICA  BES.  1  Varro,  De  re  rust.  III  :  Qaae  conslilula  sunt  fructus  causa.; 

III,  1  ;  cf.  Liiii).  lat.  V,  40  (sans  tenir  compte  de  la  fausse  étymolopie)  :  Qtiod  iti 
ag7-is  quoi  quotannis  rursum  facienda  eadem  ut  ursum  capias  fructus  appella.ta 
rura  ;  Plaut.  J/erc.  IV,  3,  15  ;  Cato,  H.  rusl.  I,  pr.  ;  Cic.  De  orat.  I,  58  ;  11,6; 
Isid.  Orig.  XV,  13,  7;  cf.  Aristot.  Polit.  1,  3.  L'adverbe  rustice  a  mieux  conserv(>, 
comme  synonyme  de  înurbane,  sou  sens  étymologique.  —  2  Lucret,  V.  1247  ;  Virg. 
Aen.  IV,  527;  Georg.  Il,  412  et  Serv.  Ad  h.  L:  Isid.  Orig.  XV,  13,  7.  —  JAristol. 
Polit.  1,  4,  11  ;  Isid.  Or.  XV,  13.  6.  — «■  Virg.  Georg.  IV,  1-4;  Isid.  L.  l.  —  ^  Voir 
Progr.  officiel  du  27  juillet  1882.  —  li  Diod.  Sic.  I,  14;  Leoo.  Pell.  fragm.  3-4 
{Fragm.  hisl.  graec.  éd.  Didot,  11,  p.  331).  —  ^  Diod.  Sic.  I,  14;  Plutarch.  De  Isid. 
et  Osir.  13  ;  Avien.  Z/e«cr.  or6is,  354  ;  Serv.  Ad  Georg.  I,  19.— 8  Alp.  de  Candolle, 
se  basant  sur  un  passage  de  Bérose  et  sur  une  phrase  d'Olivier  (  Voy.  dans  l'emp. 
Othoman,  etc.,  1807,  III,  p.  460)  a  prétendu  que  le  blé  était  originaire  de  la  Méso- 
potamie (Geogr.  botan.  rais.  1855,  et  Origine  des  plantes  cultiv.  1883,  p.  284) 
et  son  opinion  a  été  reproduite  par  des  savants  archéologues  (li.  Maspéro,  Hisl. 
anc.  des  peuples  de  l'Orient  ctassig.  1895,  I,  p.  555  ;  P.  Foucart,  ftecn.  sur  l'orig. 
et  la  nat.  des  mystères  d'Eleusis.  (.Vém.  de  l'Acad.  des  Inscr.  XXXV,  11,  1890, 
p.  3).  Le  témoignage  de  Bérose  a  autant  de  valeur  que  les  passages  d'Homère  (bl'- 
sauvage  en  Halle)  ou  de  Diodore  (blé  sauvage  en  Egypte,  eu  Arabie,  etc.).  Quant  n 
la  phrase  d'Olivier,  tout  botaniste  peut  faire  la  même  constatation,  môme  à  P.iris, 
et  Olivier  l'avail  déjà  faite.  Alph.  de  Candolle,  après  a\oir  admis  l'autorité  île  la 
phrase  d'Olivier  à  la  page  284  (Orig.  des  pi.  cuil.),  la  rejette  complètement  auv 
pages  292  et  295.  Eu  somme,  l'origine  du  blé  est  inconnue.  —  ^  Dureau  de  la 
.Malle  place  à  tort  cette  ville  en  Palestine.  —  '0  Diod.  Sic.  I,  15;  Uymn.  Homer. 
in  bacch.  8  et  9,  et  ap.  Diod.  III,  65  ;  cf.  IV,  2.  —  n  Diod.  Sic.  I,  15  ;  Plut,  De 


des  botanistes  modernes  *  ;  ce  serait  d'Asie  que  les  Égyp- 
tiens auraient  reçu  leurs  premières  notions  agrono- 
miques; Osiris  aurait  appris  la  culture  des  céréales  à 
<>  Nysa,  ville  de  l'Arabie  Heureuse  ^  où  cet  art  était  en 
honneur'"  ».  Ce  serait  encore  à  Nysa  qu'Osiris  aurait 
trouvé  la  vigne  et  bu  le  premier  vin  ".  Il  est  intéressant 
de  remarquer  que  les  Chaldéens  faisaient  venir  leur  pre- 
mier agronome,  le  dieu  Oannès'-,  du  golfe  Persique 
dont  les  flots  baignent  l'Arabie  Heureuse"  et  que  c'est 
aussi  de  c.elte  région  que  vinrent  les  Phéniciens  pour  s'éta- 
blir dans  les  vallées  du  Liban  et  sur  la  côte  de  Syrie  '*. 

Quoi  qu'il  en  soit,  l'agriculture  était  déjà  florissante  en 
Chaldée,  comme  en  Egypte,  longtemps  avant  le  second 
millénaire'^,  époque  où  les  Grecs  ne  font  remonter  aucun 
de  leurs  vieux  mythes";  ce  ne  serait  même  que  vers 
le  xv"  siècle  que  les  premiers  éléments  de  la  culture 
des  céréales  et  des  arbres  fruitiers  aurait  commencé  en 
Attique,  d'où  elle  se  répandit  dans  le  reste  de  la  Grèce  ''. 

Étudiant  à  nouveau  les  mystères  d'Eleusis,  M.  P.  Fou- 
cart conclut  que  «  l'agriculture  ne  s'est  pas  développée 
peu  à  peu  chez  les  Grecs,  et  par  leurs  efl'orts  successifs, 
mais  qu'elle  fut  introduite  d'un  seul  coup  par  des  étran- 
gers" »;  que  c'est  sous  le  règne  de  Pandion,  voire 
même  d'Amphictyon.  qu'elle  fut  introduite  par  des  colons 
ou  des  fugitifs  venus  d'Egypte  qui  apportèrent  les  cultes 
d'Isis  et  d'Osiris  en  Argolide  et  en  Attique  '"  ;  que  pour 
conserver  le  souvenir  des  bienfaits  que  leur  avaient 
procurés  ces  étrangers,  les  Grecs  racontèrent  que  Osiris- 
Dionysos  donna  un  plan  de  vigne  à  son  hôte  Icarios'", 
en  même  temps  que  Isis-Déméter  faisait  connaître  les 
céréales  à  Kéléos  d'Eleusis^',  enseignait  l'art  de  labourer 
à  Buzygès^S  celui  d'ensemencer  à  Triplolème",  et  don- 
nait le  figuier  à  Phytalos".  Plusieurs  fois,  M.  P.  Fou- 
cart est  revenu  sur  la  distinction  que  l'on  doit  faire  entre 
le  Dionysos  attique  et  le  Dionysos  thébain";  pour 
grande  que  soit  cette  ditTérence  au  point  do  vue  reli- 
gieux, elle  n'est  pas  de  moindre  importance  pour  l'his- 
toire agricole,  car  elle  nous  montre  une  autre  source 
où  les  Grecs  puisèrent  leurs  principes  agronomiques^''. 
Les  procédés  agricoles  desÉgyptiens  son  t  trop  spéciaux^" 

Is.  et  Osir.  13  (éd.  I.cemans,  p.  21);  I/iscr.  d'/os,  ap.  Kaibel,  Epigr.  graec. 
\i.  21.  —  12  Beros.  ap.  Syncell.  p.  26  B,  et  ap.  Eiiseb.  Chrome.  Biparl.  (éd.  Au 
cher),  I,  p.  20  ;  cf.  Phot.  Biblioth.  CCLXXIX,  p.  1594.  —  13  Dio;J.  Sic.  III,  14. 

—  H  Hcrod.  I,  1  ;  Vil,  89;  Justin.  XVIll,  32;  cf.  F.  Lenormant,  Manuel  d'hist. 
anc.  1869,  111,  p.  3;  U.  Maspéro,  O.  l.  Il,  p.  64.  —  IS  Pour  la  Chaldée,  cf.  les 
contrats  de  Tello  et  la  table  de  la  loi  d'Hamraourabi,  qui  sont  au  Louvre  ;  Scheil, 
Lu  loi  de  Uammourabi,  Paris  1904,  les  §§  17,  30,  31,  36,  37,  38,  39,  40  et  41  pour 
les  champs,  30,  31,  30,  37,  38,  39,  40  et  41  pour  les  jardins,  57  et  58  pour  les 
pâturages,  42-47  pour  les  fermages,  59,  60  pour  la  destruction  des  arbres,  48-52 
pour  les  emprunts  agricoles,  53-SG  pour  les  irrigations.  Les  monuments  funéraires 
de  la  v'  dynastie  égyptienne,  comme  le  mastaba  d'Akhoulotep  qui  est  au  Louvre, 
nous  fournissent  do  nombreux  renseignements.  Cf.  G.  Maspéro,  O.  c.  I,  p.  27  sq. 

—  16  J,  Brandis,  De  temp.  graec.  antiquiss.  ralione,  Bonn.  1857  ;  Ëuseb.  (éd. 
de  Venise,  ISIS);  II,  Temp.  canones,  p.  03  sq.  —  "  Isocrat.  Paneg.  XXXI,  p.  28 
(éd.  Didot.)  ;  cf.  Mém.  de  la  Soc.  des  Antiq.  de  Fr.  XXII,  1855,  p.  323-327  ;  la 
lettre  du  proc.  L.  Meslrius  Florus  {Bull.  cor.  hcll.  I,  p.  289)  ne  donne  aucun 
renseignement  sur  celte  (juestion.  —  18  p.  Foucart,  L.  c.  —  l'J  Apollodor. 
III,  XIV,  7;  P.  Foucart,  L.  c.  p.  75;  Les  dernières  théor.  sur  les  Dionysos 
attique  iJourn.  des  savants,  1904),  p.  266;  Culte  de  Dionysos  en  Atiique 
{Mém.  de  l'Ac.  des  inscr.  XXVII,  II),  1900,  p.  39,  43,  159  sq.  ;  Ikrodot. 
Il,  171  ;  Plin.  H.  nat.  VII,  57.  —  20  Apollod.  III,  14,  7,  cité  par  M.  Foucart, 
Culte    de   Dion.    1906,  p.    43,    03.    —   21   Apollod.    III,    14,  7;    Plin,    VII,    57. 

—  22  Plin.  Vil,  57,  S.  —  23  Plato.  Leg.  VI,  p.  782  b  ;  Paus.  I,  14,  2;  VIII,  4,  I  ; 
cf.  Diod.  Sic.  I.  18,  qui  fait  de  Triplolème  un  disciple  d'Osiris.  —  21  Pansan.  I, 
17,  2  ;  cf.  Antliol.  gr.  Append.  cp.  109  ;  Philostr.  Vit.  soph.  II.  20  :  Foucarl.  Les 
gr.  myst.  d'Eleusis,  p.  23.  —  2o  p.  Foucart,  Les  dsrn.  théories,  p.  267  ;  6'»//e 
de  Dionys.  p.  3,  19,  55  sq.  ;  cf.  Martin  ISiIsson,  Studiu  de  Dionysiis  attic. 
I.undac,  1900,  p.  85-88.  —26  Herodol.  H,  19;  Eurip.  Bacch.  181.  —  27  Herodol 
II.  14  ;  G.  Maspéro,  O.  t.  II,  p.  27  sq.  ;  Thaer,  Die  ait.  aegyptische  Landwirthsch. 
Berlin,  1907. 


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pour  qu'on  puisse  les  introduire  dans  d'autres  régions  •. 
leur  agriculture,  adaptée  au  climat  particulier  de  la  val- 
lée du  Nil',  est  uniiinement  basée  sur  la  crue  pério- 
dique du  fleuve  el  ses  inondations  annuelles'.  Il  fal- 
lait donc  aux  Grecs  d'autres  éducateurs  et  ils  les  trou- 
vèrent parmi  ces  Phéniciens  qui  s'emparèrent,  avec 
Cadmus,  de  la  Béotie  '  vers  le  temps  où  Danaus  abor- 
dait en  Grèce*.  Peu  de  pays  étaient,  alors,  mieux  culti- 
vés que  la  terre  de  Chanaan  "'  ;  et  les  grandes  colonies 
phéniciennes,  Chypre ^  Sicile',  Byzacène'  et  Bélique', 
restèrent  longtemps  des  greniers  d'abondance,  bien  que 
le  sol  n'y  eilt  rien  de  cette  fertilité  naturelle  de  la  Méso- 
potamie'" ou  de  l'Egypte".  C'est  que  les  Phéniciens  ont 
toujours  été  considérés  comme  d'habiles  ingénieurs'-  et 
de  savants  agronomes '%  et  personne  ne  sut,  comme  eux, 
aménager  les  eaux"  ou  les  pentes  des  collines.  L'âge 
d'or  de  l'agriculture  grecque  coïncide  avec  la  période 
homérique'-',  époque  oii  Phéniciens  et  Hellènes  avaient 
les  plus  fréquents  rapports  "*.  Hésiode,  bien  que  consi- 
déré par  Aristophane'"  comme  le  premier  agronome, 
marque  déjà  la  décadence'*;  il  ne  craint  point  de  don- 
ner des  conseils  de  physiologie  intime",  mais,  comme 
le  remarque  Cicéron -",  il  ne  dit  rien  de  la  fumure  des 
terres  et  l'on  continuera,  en  Grèce,  jusqu'à  nos  jours,  à 
dédaigner  les  engrais  ■'.  Cela  lient  à  ce  que  l'Égyple  a 
toujours  exercé  le  plus  grand  attrait  sur  tous  les  Grecs  et 
que  la  plupart  des  savants,  comme  Thaïes,  Solon.  Héro- 
dote, allèrent  y  chercher  les  premiers  rudiments  scienti- 
fiques. Ces  notions  premières,  surtout  celles  qui  concer- 
nent l'agriculture,  sont  erronées,  bien  que  déduites  de 
faits  réels.  Les  inondations  du  Nil  font  la  fertilité  de 
l'Egypte  ;  il  y  a  mauvaise  récolle  toutes  les  fois  que  l'eau 
n'est  pas  assez  abondante  et  que  la  crue  n'est  pas  nor- 
male"; de  là,  cette  conclusion,  qui  se  trouve  chez  Héro- 
dote, que  l'eau  seule  donne  la  fertilité  ;  que  c'est  l'humi- 
dité, la  pluie  qui  fait  l'abondance  -^  Théophraste  le 
redira-*  après  Aristole-^,  après  Hippocrate  -%  et  ce  sera 
l'un  des  dogmes  d'Épicure  '-'.  Cependant,  quand  ce  phi- 
losophe constatera  que,  malgré  des  pluies  régulières,  le 
sol  n'est  plus  aussi  fertile,  il  formulera  sa  théorie  de  la 
dégénérescence  de  la  terre-',  que  les  agronomes  latins 
refuseront  d'accepter  -'.  Incapables  de  comprendre  les 
causes  de  l'épuisement  de  leurs  champs,  el  en  dépit  des 
exemples  de  la  Perse'",  les  Grecs  se  borneronl  à  planter 
des  vignes  el  des  oliviers,  négligeant,  même  dans  leurs 


I  lleroiiot.  II,  35.  —  2  Id.  13  et  H.  —  s  Fr.  Lcoormaiil,  La  légende  de  Cadmus 
(Annales  de  philos,  chrét.  1867):  Ul.  Les  prein.  civilisât.  1874,  11,  p.  3H  sq.  ;  cf. 
Hcrod.  Il,  +9.  —  *  Diod.  Sic.  I,  SS  ;  XI.,  Fragm  ap.  Exe.  Phol.  p.  542.  —  5  Ùeul. 

I,  25.  —6  D'où  son  surnom  d'EÙu$r,;;  cf.  Dapper,  Descr.  de  l'Archip.  p.  46; 
Kngcl,  Kijpros,  1,  58;  F.  Uiiger  el  Kolschy,  Aie  Jnsel  Ojpern,  p.  97-473;  A.  Gau- 
dry  et  A.  Dainur,  Essai  d'une  carte  agric.  de  nie  de  Cypre  {Hecherches  scientif. 
en  Orient,  Faris,  1855).  —  1  Pindar.  tJlymp.  I,  20.  —  8  Pli,,.  H.  nal.  V,  3  ;  XVII,  3, 
XVIII,  27.-3  Pliii.  //.  nat.  XVll,  3,  6.  —  lo  Herod.  1,  192.  —  n  Hcrod.  Il,  14. 

—  '2  D'où  l'épilkèlc  de  soiuSa.SaJi'-î  :  cf.  Hei-od.  VU,  23.  —  13  Renan,  Mission  de 
Phénicie,  p.  633,  634,  639  ;  cf.  G.  Maspéro,  Uisl.  anc.  des  peuples  de  iOr.   1897, 

II,  p.  1S8  ;  G.  Pcrrol  et  Chipiez,  Hilt.  de  l'Art.  III.  p.  366  sq.  —  '*  De  la  Blanclièrc, 
L'aménagement  de  l'eau  courante  dans  l'Afriq.  anc  (Acad.  des  inscr.  18  dcc. 
1891).—  l5Roiigieid^  la  Bergerie,   Hist.  d-  l  agric.  des  Grecs,   183U,  p.   21. 

—  '6  V.  Bérard,  Les  J'Iténidens  et  l'Odgssée,  1902;  \V.  Hclbig,  A'ur  In  quesl. 
mycén.  (Mim.  det'Ac.  des  Inscr.  XXXV,  II,  p.  312-346).  —  i:  /San.  1634.  —  'S  Roii- 
giiT  lie  la  Bergerie,  O.  cit.  p.  229.  —  1^  Op.  et  dies,  725-730.  —  20  De  senect.  15. 

—  21  Gos,  L'agriculture  en  Tltessnlie,  passini.  —  22  ilerodot.  Il,  14.  —  23  Hcrodot. 
II,  13.  -  2»  Tlieophr.  De  cam.  plant.  Il,  1-3.  —  25  Probl.  XX,  20.  —  2C  Ue  ae. 
aq.  loc.  (éii.  Coray)  LXXVIII  sq.  —  2'  Lucrel.  De  rer.  nat.  I.  251-265.  —  28  I.ucrcl. 
Jb.  II,  1133-1157;  V,  207-213.  —  2'J  Coliim.  Ue  re.  rust.  pr.  —  M  Xcnopll. 
Oecon.  IV,  4  sq.,  confirmé  par  l'inscription  grecque  découverte  par  .MM.  Uadet  el 
Kougùres  el  qui  est  conservée  au  Musée  du  Louvre.  -  31  Ilerodot  V,  i'J.  —  32  C. 
Pcrrol    Le  commerce  des  céréales  en  Atliq.   au  l\-  siècle  (flee.   hist.   18771. 


meilleures  colonies  ",  la  culture  des  céréales  pour  se 
faire  importateurs  du  blé  ",  se  livrer  au  commerce,  à  la 
navigation'*'  et  dire  avec  l'Athénien:  «  Je  n'obtiens  rien 
en  travaillant  la  terre,  mais  j'ai  tout  par  la  mer'*.  >> 

Faisant  œuvre  d'érudition,  Varron,  cite  dans  la  pré- 
face du  De  re  ru.ttica  plus  de  cinquante  agronomes  qui 
auraient  écrit,  en  grec,  sur  l'agriculture '\  Nous  ne 
pouvons  juger  ces  ouvrages,  mais  nous  avons  le  témoi- 
gnage de  Xénophon  qui  prétend  que  les  agronomes 
de  son  temps  <■  dissertent  merveilleusement  en  paroles, 
mais  qu'ils  n'entendent  rien  à  la  pratique'"  ».  Columelle 
parle  avec  respect  des  anciens  ouvrages  grecs,  mais  il  ne 
leur  accorde  qu'une  confiance  relative,  car  «  les  principes 
de  l'agriculture  de  nos  jours  s'écartent  des  règles  sui- 
vies dans  les  temps  passés''".-  »  Pline  ne  dit  pas  autre- 
ment el  ses  meilleures  références  sont  «  Denys,  traduc- 
teur de  Magon,  Diophaneabrévialeur  de  Denys''  ».  C'est 
que  les  Romains  se  reconnaissaient  meilleurs  culliva- 
teurs  que  les  Grecs"  el  s'ils  voulaient  perfectionner  leurs 
méthodes,  ce  n'est  pas  à  la  Grèce  qu'ils  demandaient  des 
leçons,  mais  à  Carthage''".  Quoiqu'il  en  dise,  Virgile, 
pour  ses  Géorgiques,  doit  moins  au  chantre  d'Ascra*' 
qu'à  l'Africain  Magon*-.  Lorsque  l'empereur  Constantin 
Porphyrogénète,  «  voyant  que  toute  politique  se  divise 
en  trois  parties,  le  militaire,  la  religion  et  l'agricul- 
ture" »,  donna  l'ordre  de  compiler,  en  grec,  les  meil- 
leurs préceptes  agronomiques,  le  savant  chargé  de  cet 
office**  ne  fil  aucune  coupure  dans  les  anciens  agro- 
nomes grecs  et  se  contenta  de  compulser  des  Latins, 
des  Africains  ou  desSyriens'°.  Les  Géoponiques  ne  nous 
fournissent  aucun  document  sur  l'agriculture  au  siècle 
de  Périclès,  mais  elles  forment  un  véritable  trésor  pour 
les  cultivateurs  de  l'ancien  pays  de  Chanaan,  comme  le 
montre  la  traduction  syriaque  que  l'on  en  fil  dès  leur 
publication  **. 

L'esprit  dorien  fut  toujours  contraire  à  l'agriculture,  et 
le  Cretois  n'était  pas  seul  à  chanter  :  <<  Ma  richesse  est  ma 
lance,  mon  glaive  el  mon  beau  bouclier  ;  c'est  avec  cela 
que  je  laboure,  que  je  moissonne,  que  je  fabrique  le  vin 
de  ma  vigne".  »  Quantaux  Ioniens,  des  esprits  satiriques 
pouvaient  dire  qu'ils  s'adonnaient  de  préférence  à  la  té/vT| 
àyopaîa  **,  laissant  aux  naïfs  el  aux  simples  la  culture  des 
champs  *'.  Doriens  et  Ioniens  s'accordent  à  regarder 
comme  barbares  les  trois  seuls  peuples  agricoles  de  la 
Grèce,  les  Éléens,   les   Thessaliens  et  les  Béotiens  ''"  : 


p.  22.  Pour  les  importations  actuelles  de  céréal'S  en  Grèce,  cf.  Dem.  Gcorgiadès. 
La  Grèce  économiq.  Paris,  1893,  p.  29.  —  33  Hesiod.  Op.  et  d.  611  sq.  —  3V.Vcn. 
Hesp.  Athen.  Il,  12;  cf.  /b.  Il,  7.  -  35  Varro,  H.  rusl.  I,  pr.  —  36  Xenopli.  Oee. 
XVI,  1.  —37  Col.  /t.  rusl.  pr.  —  3»  Voir  les  sources  des  livres  XIV,  XV,  XVll 
et  XVIII.  —  39  Cf.  l'éloge  de  la  culture  romaine  par  Varroi,  (fi.  rust.  I.  2),  —  «o  Lc^ 
traités  de  Varron  et  de  Columelle  ne  sont  que  des  abrégés  de  l'ouvrage  de  Ma^oo. 
comme  le  disent  les  auteurs.  —  ^1  Georg.  H,  176  ;  les  commentateurs  regardent  As- 
crrtcum  comme  synonyme  de  Georgicum.  —  42  .MahalTy,  ffermathena  V;  cf.  le  résumé 
des  études  faites  sur  les  sources  des  Géorgiques  par  Jalm  (/M-'iH.  Aïus.  I,  VIII,  3) 

—  *^  Al.  Rarabaud,  L'emp.  grec  au  X^  siècle,  1870,  p.  79.  qui  donne  la  traduction  de 
la  préface  des  Géopon.  —  4*  Sur  l'auteur  de  la  compilation,  cf.  Fabricius-Harles, 
t.  VIII,  p.  16-20,  qui  conclut  (|ue  l'on  doit  se  résigner  à  laisser  l'auteur  dans 
l'anonyme  ;  c'est  l'avis  de  Raml).-iud,  mais  le  dernier  éditeur,  M.  Beckh  (Teubuer, 
1895),  a  repris  l'hypothèse  d'Érasme  el  attribue  l'ouvrage  à  Cassiaiius  Bassus. 

—  45  Pour  les  snurces  des  Géopon.  cf.  L.  de  Raynal,  Ètud.  sur  les  Géop. 
{Ann.  de  lAss.  des  et.  grecq.  1874),  p.  89. 12!;  E.  Oder,  Beitr.  :ur  Gesch.  der 
Landuiirthsch.  bei  den  Uriech.  (Rhcin.  Mus.  1890,  p.  58  sq.;  1893,  p.  I  sq).  —  W  Cf. 
P.  de  Lag.irde,  Ge-minm.  Abhandl.  Leipz.  1866,  p.  120  s(|.  —  4'  Poet.  hjr. 
graeci  (éd.  Tb.  Bergk),  III.  p.  65.  —  48  Hyper.  C.  Atlienag.  col.  XII.  lig.  1-2 
du  papyrus  publié  par  M.  Révilluut.  —  49  Arisloph.  iViiA.  43  sq.  —  60  »  (Juelqu'un 
à  (|ui  l'on  demandait  qui  étaient  les  plus  barbares  des  Béotiens  ou  des  Tliessaliens, 
répondit  plaisamment  <|ue  c'étaient  les  Éléens.  >i  L.  Heuzey,  L'ne  inscription  en 
diatect.   thcssal.  {Ann.  des  étud.  grecq.),  1869,  p.   114. 


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RUS 


;»oi 


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même  en  Béotie.  on  déclarera  que  Ions  les  travaux  ma- 
nuels, ceux  de  l'agriculture  compris,  sont  une  honte'. 
Ce  discrédit  dans  lequel  tomba  rapidement  l'agriculture 
grecque  tient  à  la  nature  du  sol  et  surtout  aux  mau- 
vaises méttiodes  qui  ne  permirent  Jamais  aux  paysans 
de  lutter  contre  les  importateurs  et,  partant,  de  faire 
front  aux  usuriers,  de  s'enrichir  et  de  gagner,  par  là, 
l'honneur  et  la  considération  que  les  négociants  surent 
obtenir. 

Nature  et  connaissance  du  sol  (aùci;  Y'fj;,  3ox!u.a7Îa 
vTiç).  —  "  C'est  lutter  contre  Dieu,  dit  Xénophon^  que  de 
vouloir  cultiver  à  sa  guise,  ou  selon  ses  besoins,  et  non 
d'après  la  nature  du  sol.  »  Aristote  recommande  égale- 
ment de  rechercher,  avant  tout,  si  un  terrain  est  propre 
à  l'élevage,  convient  aux  céréales  ou  s'il  est  préférable 
d'y  faire  des  plantations'.  Mais  comment  faire  cette 
recherche  qu'on  nommait  ttiV  cpûd'.v  tt|;  yTi?  eiôévat  *? 

Xénophon  conseille  d'imiter  les  marins  qui  jugent  de 
la  qualité  de  la  terre  par  ses  pi'oductions"' ;  il  suffit  que 
Pline  ait  réfuté  ce  procédé",  admis  par  Virgile".  Aris- 
tote reconnaît  que  la  connaissance  du  sol  fait  partie  de 
la  pratique  agricole';  c'est  s'en  rapporter  à  l'empirisme 
que  pratiquèrent  les  Romains  et  qui  valait  mieux  que 
les  théories  des  premiers  physiciens  grecs.  Ceux-ci,  pro- 
cédant par  synthèse,  au  lieu  d'employer  l'analyse  qui 
devint  la  «  méthode  habituelle  »  d'Aristote",  déclaraient 
que  les  choses  ont  pourprincipe  l'un  des  quatre  éléments. 
Anaximène  choisit  l'air'".  Son  meilleur  disciple  fut,  un 
siècle  plus  tard,  Hippocrate  qui  considéra  l'air  comme 
source  du  chaud,  du  froid,  du  sec  et  de  l'humide,  comme 
cause  des  saisons,  et  celle.s-ci  comme  déterminant,  par 
leurs  modifications,  la  nature  du  sol  et  sa  conformation 
extérieure".  D'où  sa  division  des  terres  en  froides'-, 
chaudes",  humides'*,  et  sèches'".  C'est  réduire  toutes 
les  sciences,  même  la  géographie  physique  et  l'agricul- 
ture, à  la  météorologie;  théorie  funeste  qu'Alexandre  de 
Humboldt  essaya  de  remettre  en  honneur,  mais  cjui  fut 
combattue  par  Alph.  de  Candolle  '".  A  la  classification  de 
l'école  d'Anaximène,  nous  devons  préférer  les  épithèles 
que  les  poètes  donnèrent  aux  terres  fertiles  et  qu'ils 
liraient  de  leur  aspect  physique. 

De  toutes  les  couleurs,  le  noir  est  la  plus  estimée 
et  Déméter  ",  comme  Gè'",  reçoit  le  qualificatif  de 
mélaina  '^  C'est  également  le  nom  d'un  dème  de  l'At- 
tique^"  dont  Stace  signale  la  végétation  verdoyante-'. 
La  terre  noire  est  vantée  par  Homère-^,  par  Hérodote-\ 
par  les  Alexandrins -'^  et  par  ceux,  d'entre  les  Latins,  qui 
les  ont  imités  ".  Est-ce  parce  que  le  limon  du  Nil  est  noi- 


•  AlïKjV/  ;,■,  Ti,v,v  n.Str-,  ,./,  ,,j\  ,£,.,„,«.,  S.ajjISii.  :  Heracli.l.  Frngm.  4:i 
{Fragm.  hist.  graec.  111,  224).  —  2  Xcnoph.  Orcon.  XVI,  S.  —  :i  Arislot.  Polit. 
1.  4,  I.  —  4  Xen.  Oec.  .XVi,  1,  Brnitcnbach,  en  noie  à  ce  passage,  dit  : 
«  Leopliancm  de  teprae  generibus  ptanlis  commodac  indieantem  memorat  Tlico- 
phrasl.  De  caus.  pi.  Il,  S;  Menestorem  I,  îd  ;  Schneider,  V,  Pracf.  p.  3 
»(.  «  Ce  Léophanés,  cité  également  par  Aristote  (Gen.  an.  IV,  1,  â)  et  par 
diotius  l,Cod.  167),  parait  avoir  été  physicien  plutôt  r|u'agronon]e.  .Nous  parle- 
rons plus  loin  du  passage  de  Théophraste.  —  à  Oec.  XVI,  3.  —  »  Plin.  H. 
nat.  XVII,  3,  «.  —  7  Oeorg.  11,  251.  —  8  Aristoi.  Polit.  |,  4,  —  9  .Mi^si  t.-v 
à.iuyi;„..,  à.ï^r,  «ta.çtiv.  Polit.  I.  1,  3.  —  10  Plut.  Di-  Plac.  phil.  1,  i  ;  cf. 
i;ic.  De  nat.  deor.  L.  10;  .icad.  IV,  37,  118.—  H  Hippocrat.  Ue  aerr,  aq.. 
locis.;    cf.  éd.  de   Coray,   Paris,   1800,   I,    p.  71,    lxxvhi  sq.  —  '2  Edit.  c.    n. 

--    13    IV       LXXXIll,     CXX.      —     14    IV,     LXXIX.     CXX,     CXXIl,   CXXV.     —     IH    IV,     LXXIX,    XCH. 

cxxui.  —  10  Géograph.  botaniq.  raisonnée,  1833;  cf.  la  note  d'Alf.  Maur% 
dans  y.Ulienaeitm  franc,  du  10  déc.  1833,  p.  11 40  s(|.  De  nos  jours,  .M.  Olck 
a  repris  la  théorie  de  Al.  de  Humboldl  (Pauly-Wissowa,  Hcal.  Encycl.  ISSi, 
8.  V.  Ackcrban,  col.  264  sq.)  —  n  Paus.  VIII,  3,  3  ;  42,  2-6.  —  18  Solon  (éd.  Tli. 
Bergk),  p.  233.  —  19  Alf.  Maury,  Relig.  de  la  Grèce,  I,  p.  69.  —  iO  Etym. 
il.  533,  42;  cf.  Ph.  Roi|ue,  Topogr.  d'Athènes  d'après  Leake,  Paris,  1861,  p,  331'. 


ràtre-''  ou  parce  que  la  contrée  grecque  la  plus  fertile  fut 
l'Éolide,  dont  le  sol,  dans  les  cantons  voisins  de  laTroade, 
se  compose  d'une  argile  noire  comme  l'indiquent  les 
terres  cuites  de  cette  région?  Nous  savons  à  quoi  est  due 
la  fertilité  de  l'Egypte  :  celle  du  Nord  de  l'Eolide  provient, 
non  de  la  couleur  du  sol,  mais  de  la  grande  quantité  de 
potasse  que  drainent  les  eaux  pluviales  dans  les  mon- 
tagnes granitiques  des  environs  -\  Mais  les  Grecs  igno- 
raient ce  détail,  et  Léophanès  prétendait  que  toute 
terre  noire  est  bonne  parce  qu'elle  a  la  faculté  d'absorber 
le  chaud  et  l'humide-*  :  assertion  et  explication  que  les 
Romains-"  et  même  Pline'"  ne  voulurent  point  admettre, 
bien  qu'ils  connussent  la  pulla  campanienne. 

Une  autre  épithète  très  fréquente  et  associée  parfois  à 
[AeXâYYîio;  ",  c'est  Ttis'.pot,  que  les  Latins  rendaient  par 
pinguis.  VOc/ijsse'e  vante  la  terre  de  Crète  comme  xa),-^ 
xa't  ■Jtiîtpa'^,  Pindare  célèbre  la  grasse  Sicile,  SixeXi'cxv 
TtiEipotv  '■'.  Platon  se  sert  du  même  adjectif  pour  qualifier 
une  région  de  l'âge  d'or",  et  Théophraste  l'accouple  à 
àyœOvî  '°.  Cette  épithète  convient  parfaitement  aux  terres 
argilo-calcaires  que  l'on  trouve  dans  la  grasse  plaine  de 
Marathon,  /aitapk  MapaSiov  'S  en  Béotie  et  dans  presque 
toutela  Thessalie,  seuls  endroits  de  la  Grèce  continentale 
où  l'on  signale  le  granit  dans  les  montagnes  environ- 
nantes ;  mais  les  Grecs,  pour  indiquer  la  fertilité,  avaient 
soin,  à  l'exemple  de  l'Iliade",  de  joindre  à  Tct'eîoa  le  cor- 
rectif [iaXa-cT],  molle  ou  plutôt  meuble,  pour  mieux  dis- 
tinguer ces  terres  de  l'argile  pure,  kçyïlo;,  dont  la  stéri- 
lité est  proverbiale  et  qui  n'est  bonne  qu'à  faire  des 
briques  ou  des  terres  cuites.  Rien  ne  pousse  dans  l'ar- 
gile pure  :  T]  os  Tri'eioa  TtajATiav  oùoEvl  ;u(i^ÉpEi  'fJTtyi,  dit  fort 
bien  Ménestor  cité  par  Théophraste'*;  à  peine  si  dans 
la  glaise,  contenant  déjà  un  peu  de  sable  et  de  cliaux,  on 
arrive  à  faire  vivre  des  arbres  ;  l'argile  ne  sert  qu'à  con- 
server l'humidité  du  sol,  bien  que  Théophraste  dise  que 
son  grand  inconvénient  est  de  se  dessécher"''.  Cependant, 
les  Grecs  réservaient  àla  culture  des  céréales  leurs  terres 
argileuses,  employant,  pour  mieux  les  reconnaître,  ce 
procédé  du  trou  que  les  Géoponir/ues  attribuent  à  Dio- 
phane'"  et  que  Virgile  a  si  longuement  décrit*'  :  ce 
dont  Pline  le  blâma  indirectement'-. 

Exploitation  du  sol.  Propriétaires ,  fermiers  et 
ouvriers.  —  On  a  fort  peu  de  renseignements  sur  le  sys- 
tème de  la  propriété  à  l'époque  homérique,  c'est-à-dire 
antérieure  à  l'invasion  dorienne,  et  on  ne  sait  si  l'indivi- 
sion des  biens  était  généralisée  à  la  tribu  entière '^ 
comme  nous  le  voyons  encore  dans  quelques  pays  arabes, 
ou  bornée  à  la  famille  ainsi  que  dans  notre  régime  de  la 


—  il  Theh.  XII,  019.  —  22  Odyss.  XIX,  111  ;  lliad.  XVIII,  568;  Schol.  ad  Odyss. 
IV,  336.-23  11.  12;  IV,  lOR.  — 24  Steph.  Byz.j.  l'.  AryuiTo;;  Euslath.  Arf.  Dionys. 
Per.  239  ;  Paraphr.  Dionys.  Per.  V,  174,  p.  6  ;  cf.  Plirynich.  Sophist.  {éd.  Lobeckl. 
p.  298;  Pilipp.  (.4ii«i.  Pal.  VI,  231,  II;  Oppian.  Cyneg.  III,  511.  —  2:.  Virg. 
Ceorg.  II,  203.  —  2*  Herod.  Il,  12;  cf.  G.  Maspéro,  Etud.  de  mytii.  et  d'arcli. 
cqypt.  II,  p.  360.  —  ^1  C'est  de  ce  granit  que  sont  faits  les  bas-reliefs  d'Assos  con- 
servés au  musée  du  Louvre  :  cf.  de  Clarac,  Musée  descuîfit.  II,  2'  part.  p.  1149  sq. 

—  28  Ap.  Theophr.  De  caus.  plant,  (éd.  Didot),  II,  4,  p.  198.  Sur  ce  physicien  grec, 
cf.  î^chneider,  Theoph.  Er.  O/).  vol.  IV,  p.  120  et  127;  Phot.  Cod.  167;  Aristot.  Gen. 
un, m.  IV,  1.  CFuvrcs  d'Ilippocr.  éd.  Litlré.  I,  p.  879  sq.  —  23  Colum.  /Je  r.  rust. 
l'r.  Nonnullae  cotor.  fallunt.  —  m  plin.  H.  nat.  XVII,  3  :  Invicem  snOulum.  mul- 
lisque  in  locis  infecundum  est.  —  31  Geopon.  II,  5,  7.  —  32  XIX,  173  ;  cf.  pour  la 
niOme  épithète  :    lliad.  XVIll,   5H  ;  XIX,    180,    où   elle   qualilic  des    aliments. 

—  33;vem.  I,  ïl.  —  3i  Critias  (éd.  Didoli,  p.  253.  lig.  37  et  40.  — 35  H. pi.  VIII,  6. 

—  31!  pindar.  Ol;mp.  XII!,  137.  —  3"  XVIII,  541.  —  38  De  caus.  pi.  Il,  4. 
_  39   Ibid.  —    W  II,  2,  11.  —  41    Geoi-u-  11,  226-237.  _   42   H.  nat.  XVII,  3,    3. 

—  43  Cf.  Esnicin,  ;VoKi).  reme  hist.  du  droit.  1890,  p.  821  sq.,  Ihéso  comballue 
|iar  Guiraud,  La  propf.  /'onc.  en  Grèce,  1 892,  p.  39.  On  ne  peut  être  trop  réservé  sur 
l'application  aux  inslilulion^  grecques  d'arguments  tirés  de  l'orfèvrerie  homérique. 


RUS 


—  902 


HUS 


communauté  où  la  femme  et  les  mineurs  ne  peuvcnl  dis- 
poser de  leurs  biens  '. 

Après  avoir  alFranflii  l'Allique  de  la  domination  étran- 
gère, Thésée  aurait  partagé  la  nation  en  trois  castes  '  : 
les  démiurges,  artisans  et  gens  de  métiers;  les  géomores 
ou  cultivateurs  [geomoroi]  et  les  Eupatrides  [eipatrides, 

ATTICA    RESPUBLICa]. 

Dans  les  pays  où  sVtablissait  une  tribu  grecque,  les 
terres  de  culture  étaient  divisées  en  lots  et  tirées  au 
sort  '  pour  éviter  les  contestations  et  pour  que  le  par- 
tage fût  sans  appel  '  :  mais  avant  ce  partage,  on  avait 
prélevé  la  part  du  dieu^  et  celle  du  chef,  de  l'âva;  : 
celle-ci  était  généralement  située  près  de  la  ville  ^  car 
dans  les  pays  grecs,  formés  de  longues  mais  étroites 
vallées,  les  terres  cultivables  s'échelonnent  sur  le  bord 
delà  rivière,  parfois  jusqu'à  une  distance  assez  grande'. 
Les  propriétés  sacrées  et  royales  étaient  plus  grandes, 
ê;o/oî  à/.Àwv  »,  que  les  autres,  bonnes  en  terres  arables,  et 
plantations;  elles  formaient  un  T£|i£vo;  '  avec  bâtiments 
pour  l'exploitation  rurale  '".  Les  unaktès  prenaient  part 
à  tous  les  travaux  agricoles",  même  aux  plus  répu- 
gnants'-; ils  étaient  aidés  par  des  mercenaires  (Ot,t£ç, 
ïp-eo;  ")  auxquels  on  donnait  un  salaire,  la  nourriture  et 
le  logement'',  ainsi  que  par  des  serviteurs  appelés 
5;xài£;  ",  que  l'on  croit  esclaves,  comme  ils  Tétaient  effec- 
tivement à  l'époque  d'Hésiode,  mais  qui  alors,  peut-être, 
n'étaient  que  des  serfs  tributaires'*  analogues  aux  Pénes- 
lesdes  Lapithes.  L'invasion  dorienne  modifia  ce  régime. 
Les  conquérants,  selon  la  coutume  grecque  pratiquée 
également  parles  Athéniens",  se  partagèrent  les  biens 
des  vaincus  et  les  tirèrent  au  sort.  Mais  voulant  former 
une  caste  guerrière,  ils  rétrocédèrent  ces  lots  aux  vain- 
cus, qui  durent  les  cultiver  sous  certaines  conditions. 
■lacedaemomorim  respiblicaI.  Les  riches  propriétaires 
émigrèrent,  les  uns  en  Attique,  d'autres  en  Asie 
Mineure,  où  ils  s'appliquèrent  tant  à  l'agriculture  qu'on 
reprocha,  proverbialement,  aux  gens  de  Cymé  de  n'avoir 
point  soupçonné  que  leur  ville  fût  au  bord  de  la  mer  '*. 
Ceux  qui  s'étaient  établis  à  Athènes  s'adonnèrent  au 
commerce  et  quelque  peu  à  l'usure  vis-à-vis  des  culti- 
vateurs :  d'où  la  célèbre  crise  agraire  qui  ne  se  termina 
que  par  la  constitution  de   Solon    mektemoroi;.  Ruinés 


1  La  loi  turque.  b.isêe  sur  le  Coran,  laisse  a  la  femme  mariée  la  libre  dispo- 
sition de  ses  biens  ;  le  régime  de  la  propriété  collective  ou  individualiste  n'est 
donc  pas  produit  par  l'état  plus  ou  moins  avancé  de  la  civilisation.  —  -  Aristol. 
Frag.  hisl.  gr.  Muller  384;  Plut.  Thés.  i5  ;  cf.  Curtius,  Bist.  grecq.  Paris. 
1880.  p.  38J-38:<  ;  Duruy  (Hisl.  tles  Grecs,  1886,  p.  36J)  croit  celte  division  du 
peuple  antérieure  à  Thésée.  —  3  Odyss.  VI,  9  et  10.  —  *  Cette  coutume  se  con- 
servera jusqu'à  la  conquête  romaine:  Diod.  Sic.  V,  59:  VI,  SI,  83,  Si:  Thucyd.  VI, 
4,  etc.  Fusiel  de  Coulanges  a  dit  que  ><  le  sort  était  l'arrôt  des  dieui  »  (.Voui<. 
recherches,  p.  ^4).  M.  Guiraud.  accordant  au\  dieux  plus  de  bonté  que  de  justice, 
combat  celte  opinion  {Lapropr.  en  Gr.  p.  35j  ;  cf.  Plat.  Leg.  V.  p.  737.  —  ">  Aris- 
lot.  Polil.  IV.  9,  7;  Plat.  Leg.  V,  p.  341.  —  «  Iliad.  VI,  293-204.  Les  jardins 
d'Alcinoos  soûl  également  près  de  la  ville.  —  ~'  Cléobis  et  Biton  fout  45  stades  pour 
venir  à  !a  ville,  et  leurs  champs  étaient  plus  éloignés  encore  puisqu'ils  n'eurent  pas 
le  temps  d;  aller  chercher  les  bœufs  (Herod.  1,  31).  —8  Iliad.  VI,  194.  —  9  //. 
VI,  194;  VIII,  48;  Odyss.  XVII.  Î99.  —  10  Descripl.  de  la  r'erme  d'Ulysse  (Odyss. 
XVII,  Î93  sq).  —  11  Odyss.  Il,  ii;  XXIV,  ii7-S3l  ;  XVlll,  395,  etc.  :  cf.  Philo'cor. 
fragm.  13  (éd.  Didot)  :  Dion.  Halic.  Aal.  Rom.  II,  2S.  —  iî  Coluni.  11.  16. 
—  13  Itiad.  XVIII,  530;  pour  leur  condition,  à  l'époque  homérique,  cf.  Guiraud, 
O.  c.  p.  73.  —  li  Odyss.  XVlll.  360.  —  li  Odyss.  IV,  644.  —  16  Guiraud  n'admet 
point  le  servage  poar  l'époque  homérique.  O.  c.  p.  73  sq.  Mais  les  mots  esclave. 
serff  tributaire,  etc..  sont  appliqués  à  des  conditions  si  dilTérentes  et  si  peu  dans  nos 
mœurs  que  la  que^tioa  ne  s'ëclaircit  point.  Ainsi  Guiraud.  dans  la  loi  de  Gortyne,  tra- 
duit toujours  par  serf  (0.  c.  p.  ii%)  un  terme  que  M.  Dareste  a  rendu  par  colon 
(ch.  V.  b.  E.  G.)  et  qui  désigne  un  fermier,  un  locataire  étranger  (comme  l'étaient, 
naguère,  tous  les  cultivateurs  eiropéens  dans  l'empire  Ottoman),  c'est-à-dire  sans 
droit  de  pr.,priété  au  s.jl  et  sans  droit  politique.  —  l"-  Les  Alliériiens  partagent  au 
sort  les  t.Trcs  des  hippobotes  chalcidiens  (llcrodol.  VI,  100  ;  après  b  révolte  de 


par  des  emprunts  usuraires,  les  géomores  de  l'Attique 
deviennent  serfs,  alors  qu'ailleurs,  à  Syracuse,  ils  for- 
meront, au  iv'  siècle,  l'oligarchie   dominante,  les   /.a>,- 

XlXÛplOl". 

La  division  et  la  répartition  de  la  propriété  immo- 
bilière en  lots  égaux  ne  peut-fatalement  se  maintenir. 
Si,  comme  chez  les  Spartiates,  elle  est  maintenue  par  la 
constitution,  on  arrive  à  une  misère  croissante,  car, 
ainsi  que  le  fait  remarquer  Aristote"",  on  ne  peut  guère 
réglementer  la  natalité  ;  on  peut  encore  moins  réglemen- 
ter la  mortalité  des  vieillards  et  amener  une  sorte  d'équi- 
libre entre  les  naissances  et  les  décès.  Il  advint  qu'à 
Sparte  on  eut  quelque  chose  de  comparable  à  la  rflrfrowg'o 
serbe,  et  que  plusieurs  frères  furent  réduits  à  vivre  sur 
le  lot-'  indivis  et  inaliénable  de  leur  père".  La  produc- 
tion agricole  d'un  territoire  étant  limitée,  et  l'agriculture 
étant  la  seule  ressource  des  Lacédémoniens'^',  ceux-ci  ne 
pouvaient  que  demander  à  leurs  rois'*  ou  à  la  Pythie" 
de  nouvelles  régions  à  conquérir  et  à  lotir. 

Dans  l'Attique,  Solon  avait  défendu  aux  citoyens 
d'acheter  autant  de  terres  qu'on  le  voudrait^';  la  pro- 
priété se  morcela^'  et  les  domaines  de  20  à  30  hectares 
devinrent  l'exception  -*.  Comme  le  travail  était  libre,  et 
que  les  cultivateurs  étaient  maîtres  de  leurs  terres,  ils 
cherchèrent  à  en  tirer  le  meilleur  profit  tout  en  y  consa- 
crant le  moins  de  temps  possible.  Astyphile,  client  d'Isée, 
doubla  la  valeur  de  son  patrimoine  en  y  faisant  des  plan- 
tations -',  ce  qui  ne  l'empêcha  pas  de  faire  les  campagnes 
de  Corinthe  et  de  Thessalie,  de  prendre  part  à  toute  la 
guerre  thébaine  et  de  partir  comme  volontaire  à  l'armée 
de  Mytilène^".  Ces  propriétés  de  l'Attique  étaient  autant 
de  terres  enlevées  à  l'agriculture  ;  jadis,  on  labourait  les 
pentes  du  Lycabète^';  sous  Périclès,  nous  voyons  dans 
la  campagne  d'.\thènes  des  maisons  de  plaisance,  des 
jardins  de  luxe^-,  voire  même  "  des  propriétés  remar- 
quables par  la  magnificence  des  édifices  et  par  les  raretés 
qui  les  embellissent'^  ».  Les  paysans  d',\ristopbane  ne 
sont  pas  des  laboureurs,  mais  des  vignerons ''  ou  des 
propriétaires  d'oliveraies '°  plantant  quelques  figuiers 
dans  leur  petit  domaine,  Y-r,ô!ov"',  et  élevant  des  abeilles 
qui  vont  butiner  sur  l'Hymette.  Tous  ces  petits  ruraux  se 
faisaient  aidi^r  par  des  serviteurs  (SepaÎTriDv^',  o!X£tT|;*'), 


Mytilènc.  ou  divise  en  3  000  lots  les  terres  des  Lesbiens,  300  de  ces  lots  furent 
réservés  aux  dieux,  les  2  700  autres  partagés  au  sort  entre  les  citoyens  d'Athènes 
sont  rétrocédés  aux  Lesbiens  <|ui  les  prennent  en   ferme  à  raison  de  i  mines  par 


i 
I 


1 


lot  (Thucyd.  lU,  50),  etc.  Les  Thùb 
affermés  pour  dix  ans.  Celte  coutui 
voyons  appliquée,  antérieurenieul 
Lapithes   qui, 
réduit  les  The 

Ménestes:  cf.  Archeinach.  fragni 
Aristol.  Polit,  p.  44.  25  {éd.  Bekkcr,   18 
.5,  19.  —  »8  Duruy,  Hist,  des  Grecs,  II, 


s  fout  de  iiicnie  pour  les  champs  de  Platée 

i^tail  si  peu  spécixile  aux  Doriens  que  nous  la 

retour  des   Héraclides,  par  tes  conquérants 

ou  peu  après,   leurs  combats  contre  les  Centaures,  avaient 

Perrhèbes  à  t'émigration  ou  à  ta  condition  de  Fénestes  ou  de 

(Frag.  hist.   graec.  édit.  Didot,  IV.    p.  3U): 

Atheu.  Deipn.  VI,  p.  i64;  Slrab.  IX, 

)0.  —  it)  Suidas,  s.  v.  xaUixûcioc;  Diod. 


Sic.  Vni,  Il  ;  Plut.  Qii.  gr.  oT.  —  aOArislol.  Polit.  Il,  3.  —  21  Polyb.  XII.  6  6.  S. 
-  22  Aristol.  Polit.  VII,  2,  5;  cf.  Heraclid.  Il,  7  {Frag.  hist.  yr.  Didot)  pour 
Sparte,  Leucadeel  les  Locriens.  A  Elis,  Oxyle  interdit  d'hypothéquer  les  lots  (Arist. 
Polit.  VI,  i.,  5).  -  23  Discours  de  Périclès,  Thucyd.  i,  141.  —  '2*  Réponse  du  roi 
Pclydore.  Plut.  Apophth.  lac.  s.  v.  IL  —  25  Herodot.  I,  66.-26  Arislot.  Polit.  I, 
4,  4.  —  27  Cf.  Guiraud  (  La  propr.  fonc.  en  Grèce,  p.  39i)  qui  a  dépouillé  les  inveo- 
laireâ  de  successions  et  les  garanties  hypothécaires.  —  "^  Le  décret  dressé  par  Alei- 
biade  accorde  au  (ils  d'Ari!<tide,  Lysimaque,  lUO  mines  d'argent,  100  plèthres  de 
terrain  planté  d'arbres  et  une  rente  quotidienne  de  4  drachmes;  Plutarch.  Aris- 
tid;  cf.  Boeckb,  Èconom.  polit,  des  Athén.  IL  chap.  xvni,  300  plèthres  de  terre  en 
Attique  est  un  grand  domaine;  Lysias  XIX,  29.  —  29  Igae.  IX,  28.  —  30/6irf.  14  et 
j5.  _  31  Diod.  Sic.  fr.  [Excerpt.  Vatic.  p.  29  i).  —  32  Disc,  de  Périclès  dans  Thucyd. 
Il,  62.  -    W  Thuc.  Il,  05.  PéricUs  a  des  maisons  de  campagne  (Thucyd.  II.  13). 

—  3I.Trygée,  du   dème  d'Alhmone,  est    vigneron    à^Traou^^o;    Sevô;    {Pax.  190). 

—  su  Strepsiadc  parle  de  ses  ruches,  de  ses  moulons,  de  ses  figues  sèches  et  du  marc  de 
sesolivcs,A'i/6.  4;isq.  — 3r./*aj-,;i70.  —  37  Arisloph.  Plut.  i.  —  38  Arisloph.  Nuh.^, 


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nus 


dont  quelques-uns  sont  esclaves,  mais  dont  le  plus  grand 
nombre  est  de  condition  libre,  métèques,  lydiens,  phry- 
giens ou  autres  asiatiques',  percevant  un  salaire  libre- 
ment consenti  comme  les  autres  ouvriers^  et  embauchés 
généralement  le  l(j  du  mois  anlhestérion',  c'est-à-dire 
au  commencement  de  l'année  tropique. 

Il  ne  faudrait  pas  croire  que  tous  ces  propriétaires 
athéniens,  que  Thucydide  nous  représente  séjournant  à 
la  campagne'  et  vivant  »  dans  les  champs  »  habitaient 
des  maisons  isolées,  éparpillées  dans  la  campagne.  Une 
loi  topologique  s'y  oppose,  le  besoin  d'eau  qui  force  à 
se  grouper  en  villages  (xcÛiay,,  Sti(a&:^)  les  habitants  des 
contrées  jurassiques  ou  crétacées.  En  Attique,  il  n'y  a  pas 
(le  cours  d'eau  permanent";  et  dans  toute  la  Grèce,  les 
rivières  que  l'on  peut  qualifier  de  àsiva/,;  forment  l'ex- 
reption.  Les  puits  fournissent  donc  la  seule  eau  potable 
sur  laquelle  on  puisse  compter,  mais  ils  sont  rares  en 
Attique"  et  une  loi  de  Solon  en  réglementait  l'usage  et 
en  réservait  la  jouissance  aux  voisins  immédiats*. 

On  a  peu  de  détails  sur  les  maisons  rurales.  Hésiode 
conserve  sa  récolte  dans  sa  maison'.  Hérodote  dit  qu'en 
Grèce,  les  animaux  sont  séparés  de  l'endroit  où  mangent 
les  hommes,  contrairement  à  l'usage  égyptien'".  Un 
inventaire  délien,  de  la  ferme  de  Pyrgos,  mentionne  une 
case  à  esclave,  un  hangar  sans  porte,  une  étable  à  bœufs 
sans  porte,  une  écurie  sans  porte,  deux  appartements 
d'hommes  sans  porte";  ce  devait  être  un  grand  /lupî&v 
lomme  en  possédaient  les  temples. 

Les  biens  de  mainmorte  étaient  nombreux  en  Grèce'-; 
ils  commençaient  à  la  fondation  de  chaque  ville"  et 
s'augmentaient,  après  chaque  guerre,  de  la  dime  des 
biens  conquis"^, parfois  même  delà  totalité,  comme  après 
la  guerre  sacrée,  où  tout  le  territoire  de  Krissa  fut  con- 
sacré à  .\pollon  iJelphien  '».  Us  s'accroissaient  encore 
des  nombreux  dons  volontaires'",  ex-voto,  legs,  etc.,  et 
formaient  de  vastes  domaines  inaliénables.  Pour  en  tirer 
profit,  on  les  lotissait  et  l'exploitation  des  lots  était  don- 
née à  bail.  Nous  possédons  plusieurs  de  ces  baux,  ordi- 
nairement emphytéotiques '\  et  ils  nous  fournissent  de 
nombreux  documents  sur  l'agriculture  grecque.  De  nom- 
breuses entraves,  qualifiées  de  clauses  conservatrices, 
arrêtent  l'exploitation  progressive  et  coupent  court  à  tout 
progrès,  à  toute  amélioration  du  fonds.  Il  en  résulte  que 
ces  terres  domaniales  furent  délaissées,  bien  que  les 
décrets  du  peuple  qui  régl;iient  toujours,  dans  les  villes 
grecques,  la  location  des  terrains  sacrés'*,  devinssent 
plus  conciliants.  Sous  l'Empire,  Dion  Chrysostome  repro- 
chant aux  Eubéens  de  négliger  leurs  terres,  leur  conseil- 
lait d'accorder  le  droit  de  cité  à  tout  étranger  qui  s'en- 
gagerait à  en  cultiver  200  plèlhres''\ 

*  XeDOph.  Vectigat.  11.  —  2  Pour  le  salaire  des  ouvriers  grecs,  cf.  Foucart, 
Bull.    corr.    /lel.    VIII,    p.  194  sq.    —  3  Mommsen,  Heortologie,    1864,  p.    420, 

—  •  Thucyd.  Il,  14-16.  —  s  o'jliai  (les  Pélopon(!siens)  ^v,  -,1^  «,i^«;  t-i;  i!sj,oi«i8«;, 
«ultTv  .i7i»  ASiivaioi  Si  5nii»"i-  Arislol.  Polit.  I,  1,  8.  —  6  CeUc  loi  méconnue  par 
El.  Reclus,  qui  attribue  le  j^roupement  des  Siciliens  à  des  raisons  poliliques,  se 
trouve  dans  Risler,  Géologie  agricole,  I,  p.  35  —  ^  Gaudry,  Géûlog.  de  V Attique, 
p.  377.  —  8  Gaudry,  Op.  c.  p.  460.  -  9  Op.  et  d.  599.  —  10  11,  36.  —  n  Bul. 
cor,  hcl.  XIV,  p.  424.  —  12  Le  xXîJpoî  inaliénable  et  baillé  à  ferme  est  déjà  une 
mainmorte  au  sens  strict  du  droit  féodal.  —  '3  Plat.  Leg.  V,  p.  341  ;  Aristot. 
Polit.  IV,  9,  7.— liThuc.  111,  30.  —  15  Pausau.  X,  37,  5.—  16 Cf.  fart.  no.NAR.UM, 
II,  p.  369.  —  "  Le  bail  de  Munychie  est  de  dix  ans  (C.  insc.  gr.  Il,  p.  600)  ; 
eelui  d'Héraclée  est  viager  (76.  5774).  —  is Foucart,  fnscr.  du  temple  d'Béraklès 
{Bull.  cor.  helt.  1883,  p.  413).  —  19  Oio.  Clir.  Orat.  (éd.   Dindorf),  Vlll,  p.    IIC. 

—  20  Aristot.  Gen.  Il,  3,  12.  —  21  Georg.  I,  73.  —  22  U.  nat.  XVIll,  52.  —  -'<  Plin. 
B,  nat,  XVlll,  49  :  Navale  est  quod  altenis  annis  seritur.  —  21  Horuolle,  Le 
cahier  des  charges  de  la  location  des  domaines  de  Zeus  Temenites  {Bul.  cor.  hel. 
1892,  XVI,  p.  i0.!-i94);  résumé  dans /îei'.  desétud.gr.  1893,  p.  i83.  Prescriptions 


Aliinentadoii  des  plantes.  —  Les  végétaux  ne  vivent 
pas  de  l'air  du  temps,  comme  le  croyaient  les  an- 
ciens physiciens,  mais  ils  se  nourrissent  d'éléments 
particuliers  contenus  dans  le  sol,  ainsi  qu'.\ristote  l'a 
reconnu  en  partie'-".  Ces  éléments  nutritifs,  au  nombre 
de  quatre  principaux,  ne  sont  pas  absorbés  dans  les 
mêmes  proportions  par  tous  les  genres  de  plantes,  d'où 
ces  règles  d'assolement  propres  à  chaque  pays.  Cette 
rotation  ou  cycle,  le  mutalo  sidère  de  Virgile-',  Vordo 
de  Pline ^-,  n'existait  pas  chez  les  Grecs,  puisque  chaque 
terrain,  chaque  champ,  était  réservé  à  une  culture  spé- 
ciale et  invariable.  Maintenant  ces  principes  sont  encore 
observés  en  Grèce  et  il  y  a,  par  exemple,  en  Thessa- 
lie,  des  terres  où,  de  mémoire  d'homme,  on  n'a  récolté 
que  du  blé.  Pour  remédier  aux  effets  épuisants  de  cette 
méthode,  les  Grecs  avaient  la  jachère  dite  de  deux 
années  l'une. 

Jachère  (vi-i;,  norale'^).  — Toute  terre  consacrée  à  l'en- 
semencement est  divisée  en  deux  parts  égales  où  l'on  sème 
alternativement  chaque  année.  La  moitié  du  territoire 
agricole  est  donc  continuellement  en  jachère.  Tous  les 
contrats  de  location  prescrivent  d'observer  cette  règle-'; 
et  même,  pour  éviter  les  fraudes  des  fermiers,  ces  deux 
soles  égales,  dans  les  terres  prises  en  location,  sont  sépa- 
rées, encore  aujourd'hui,  par  un  chemin.  Nouvelle  perte 
bien  inutile  de  terrain,  car  il  n'y  a  pas  un  cultivateur 
grec  qui  oserait  contrevenir  à  cette  coutume-"  plus 
ancienne  qu'Homère'^  et  qui  fut  chantée  par  Pindaie". 
Une  jachère  bien  comprise  et  bien  pratiquée  n'a  qu'une 
action  :  restituer  au  sol,  par  les  légumineuses  qui  croissent 
spontanément-',  les  38  kilogrammes  d'azote  que  toute 
récolte  de  céréales  enlève  en  moyenne  à  chaque  hectare^-; 
mais  elle  ne  peut  remplacer  les  26  kilogrammes  de  potasse, 
les  16  kilogrammes  d'acide  phosphorique  et  les  8  kilo- 
grammes de  chaux  qui  ont  également  servi  à  l'alimen- 
tation de  la  récolte  précédente.  Dans  certains  pays  privi- 
légiés, cette  restitution  s'obtient  par  l'irrigation  d'une 
eau  qui  a  préalablement  drainé  ces  substances,  soit  dans 
les  montagnes  voisines,  comme  en  Thessalie  et  en  Macé- 
doine, soit,  comme  en  Mésopotamie^"  ou  en  Egypte,  "  de 
montagnes  très  éloignées.  Mais,  ailleurs,  il  faut  employer 
des  moyens  artificiels  dont  le  meilleur,  découvert  par 
l'empirisme,  est  encore  le  bon  fumier  de  ferme. 

Fumier  (xottooç).  —  Le  terme  grec  indique  assez  que 
cet  engrais  n'est  pas  un  fumier  complet;  ce  sont  simple- 
ment des  déjections  solides.  Chartodras'*'^  en  a  dressé, 
par  ordre  de  mérite,  une  liste  que  Théophraste  a  repro- 
duite" ainsi  que  Pline,  qui  la  cite  en  guise  de  praecep- 
tum  ancien'*,  car  les  Romains  en  contestaient  l'excel- 
lence'^  En  première   ligne,  on   plaçait   les  déjections 

relatives  à  la  jachère,  aux  lignes  7  et  8  de  l'inscr.  (page  377).  Dans  d'autres  contrats 
(C.  i.  g.  Il,  105:-.,  1.  15:  1059,  1.  18),  si  une  jachère  est  mise  en  culture,  les  pro- 
duits seront  saisis.  —  ->  Cf.  Bilchsenschûtz.  Besit:  und  Erioeb.  p.  301  s(|.  ; 
Hermann-Elimincr,  Priv.  Allerth.  p.  102,  n»  C.  —  26  /(.  XVlll,  341.  —  21  Nem. 
VI,  13.  20;  cf.  Virg.  Georg.  I.  73  et  ap.  Plin.  XVIl,  50,  qui  ajoute  ce  cor- 
rectif :  5(  patiantur  ruris  spatia.  —  28  Berthclot,  C.  rendus  de  l'Acad.  des 
sciences,  17  nov.  1890.  —  29  A.  iMuntz  et  Girard,  Les  engrais,  I8S8,  1,  p.  120  si|. 
—  30  Herodot.  I,  193  :  «  L'eau  fournit  la  nourriture,  tô  ixTjtoo,,  à  la  racine  du 
grain.  »  Cf.  Plin.  XVlll,  47,  3.  —  31  Herodot.  Il,  12:  cf.  Plin.  XVlll,  47.  2  ;  Gra- 
numque  limo  tanlum  continetur.  —  32  Sur  cet  agronome,  dont  le  nom,  découvert  par 
Scaliger,  aété  méconnu  par  Schneider  (Theoph.  Eres.  Oper.  éd.  de  1818-21.  vol.  111, 
p.  129), cf.  Kirchuer,  Botau.  Sehrift.  des  Theophr.  Jahrb.  f.  Phihl.  Suppl.  Vil,  307; 
Wellmann,  Pauly-Wissowa,  Beal  Enryc.  s.v.-  33  Theophr.  £/.  pi.  Il,  7,  4.  -  31  //. 
liai.  XVII,  0,  3.  —  3b  Colum.  De  re  rust.  Il,  13  ;  Varro,  Oe  r.  rust.  I,  38.  Ce  n'est 
qu'une  question  de  mots  puisque  les  fèces  ne  valent  que  p.ir  l'alimentation.  Des  porcs 
nourris,  comme  en  CWce,  deglandées  dans  la  montagne  font  un  meilleur  copros  que 
s'ils  barbotent,  comme  souvent  en  Italie,  une  potée  semi  liquide  dans  leurs  auges. 


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humaines,  noire  engrais  tlaniand;  comme  elles  conlien- 
iienl  beaucoup  d"azotc,  et,  parlant,  peuvent  provoquer  la 
verse  des  céréales,  on  ne  les  employait  que  pour  la  cul- 
ture potagère  ;  en  Orient,  c'est  encore  l'engrais  de  choix 
pour  les  salades.  Dans  les  champs,  on  répandait  surtout 
le  copros  des  bêles  de  travail,  bouses  des  bœufs  (pdX- 
6iTa)  '  ou  crottins  des  mulets-  et  des  chevaux  ^  car  les 
animaux  de  boucherie  vivaient  en  plein  air,  dans  la 
montagne.  Combien  en  fallait-il  par  hectare?  11  est  sti- 
pulé dans  un  bail*  que  le  fermier  emploiera  chaque 
année  cent  cinquante  coudes,  contenant  chacune  quatre 
tiers  de  médimne,  sous  peine  d'une  amende  de  3  oboles 
par  coutTe  ;  malheureusement,  nous  ignorons  la  super- 
ficie des  terres  à  emblaver  et  même  si  cet  engrais  était 
destiné  aux  terres  de  labour  et  non  aux  plantations. 

Quoi  qu'il  en  soit,  ce  copros,  mêlé  aux  chaumes  non 
moissonnés'  et  aux  mauvaises  herbes  de  la  jachère,  a 
toujours  constitué  l'engrais  classique,  sinon  dès  le  temps 
d'Augias,  qui  passe  pour  l'avoir  inventé",  du  moins  depuis 
Homère  ■,  et  le  paysan  grec  n'en  a  jamais  connu  d'autres, 
pas  même  le  parcage  %  puisque  tous  les  contrats  de  loca- 
tion défendent,  sous  peine  d'amende  ou  de  confiscalion, 
de  laisser  pâturer  les  bestiaux  dans  les  terres,  même  en 
jachère'-'.  Cependant,  quand  le  sol,  après  plusieurs 
années  de  culture,  avait  perdu  le  peu  de  potasse  qu'il  y 
a  dans  la  terre  grecque,  et  ne  pouvait  plus  fournir  d'ali- 
ment même  aux  plantes  sauvages,  alors  on  employait 
un  moyen  suprême  encore  en  usage  dans  tout  l'Orient  : 
on  réunissait  sur  le  champ  devenu  stérile  un  certain 
nombre  de  tas  de  bois  mort,  de  ramilles,  d'herbes  sèches 
et  on  y  mettait  le  feu  '"  (totto;  6X-/ii;è[ji,T:pT,!jO£iaYi(;").  Ce  n'était 
qu'un  palliatif  et  l'infertilité  augmentait  chaque  année; 
car  les  Grecs,  avant  Épicure,  ne  pouvait  admettre  que  la 
terre  s'appauvrisse.  Ce  qu'Hésiode  dit  à  son  frère'-,  ce 
que  tout  laboureur  recommande  à  ses  enfants,  ce  n'est 
pas  de  fumer  le  sol,  c'est  de  le  creuser  de  toutes  façons 
et  le  plus  souvent  possible  "  ;  procédé  bon  pour  la  vigne  " 
en  terre  argileuse,  mais  d'une  utilité  plus  contestable 
pourlaculture  des  céréales. 

Tracaux  agricoles.  —  Labourage  (ipoiïiç  '^).  —  D'après 
une  tradition,  basée,  peut-être  sur  une  légende"^  ou  sur 
une  élymologie'',  Déméter  aurait  ordonné  de  labourer 
trois  fois  les  champs  avant  de  les  ensemencer  '*  ;  on  en 
vint  à  faire  des  labours  surérogatoires  ",  et  Xénophon 


1  ]if)M::;  Ou  i-.-.^A-.i^;  dans  le  dialecte  d'.\ndros  ;<■■'.  C.  Wcschei-,  Note  relative  au 
dial.dAndroi  tAnii.  desét.gr.  1871),  p.  140.  —  'iOdyss.  XVII,  2'J7.  —3  Xen.  De 
re  eq.  V,  i.  —  v  Horaolle,  Bul.  cor.  hd.  18'JJ,  XVl,  p.  aSO  cl  lignes  20-25  de  l'inscr. 
et' 40-44.  —  5  Xen.  Oec.  XVIll,  i.  —  6  p.in.  H.  nat.  XVII,  lî,  1.  —  1  Odyss.  XXIV, 
iS5  et  ap.  Flin.  H. nat.  XVII,  U,  1  ;  cf.  Hesych,  s,  f,  ;  Euslal,  p.  18S1,  4.1  ;  Buchsen 
scliutz,  ().  c.  p.  305.  Aujourd'hui,  la  plupart  des  paysans  grecs  se  cliautTenl  avec  le  co- 
froa;  cf.  Gos,  AgricuU.  en  Thessalie,  p.  56.  —  »  Cal.  De  r.  rust.  XXX  cl  ap.  Piin. 
B.nat.  XVII, 0,5.  —  0  Conlr.  d'HéracliSe,  I.  liS;contr.de  ZeusTéraenités,  I.  33-38. 

—  «0  Xiuoplion  Oecoii.  XVIII,  i)  conseille  de  briller  les  chaumes  après  la  recolle  ; 
cf.  Plio.  //.  nnt.  XVIII,  7î,2.  Virgile  énuinùre  {Ueorg.  I,  84-'ja)  les  i|ualre  Iiypo- 
Ihèses  (|ue  (ircnt  les  savants  pour  expliquer  la  raison  de  ce  procédé.  —  1'  .\tlien.  ; 
elap.  Onbas.  Co//.  med.  I,  2.  —  12  Op.  et  ilies.  443  sq.  —  "  Xeuopli.  Oecon.  XVl. 
U  :  •  i!A.;^é.,;  ..  —  11  Acsop.  XX  :  cf,  La  Fontaine,  Fables,  V,  9.  —  là  //.  IX,  580  ; 
Odyti.  IX,  138.  —  m  Hesio  I.  Tkeog.  971  :  Hlouios conçu  v.,ù,  t.i  Tf.itiV,.,,.  —  17  ïj,- 

««ÙAr.j  (  HauS.   VIII,   15,  -4),  composé  de  AJW;  ou  Al).a;  =  Sillon.  »  Tp-.;-ai).Tis  est  uu 

synonyme  ciîcl  de  'rj,-«7ii«ii»;  ».  Voir  l'arl.  cehes,  p.  1037.  —  K  Cf.  le  vtio: 
Tj.r:«A-,î  dans  lUail.  XVIll,  541  ;  Odgut.  V,  127;  Hesiod.  Up  et  d.  Theog.  971  el 
les  scliol.  relalirsà  ci-s  passages.  —  19  Lexicog.  s.v.  T<Ts«-oMi  —  20  Oecon.  XVl,  14 

—  S'  <  Lorsque  le  sol  rcsle  nu  pendant  l'aulomne,  les  pluies  liabilucllfs  de  celte  sai- 
son le  dépouillent  des  nitrates  qu'il  contient.  ..  L.  Passy.C.  rendu  des  trav.  de  la  Soc. 
nat. dagricult.  de  France,  1898, p.  25. 1.e  sol  restait  nu,  en  Grèce,  non  pendant  Irois 
mois,  mais  pendant  sii  mois.  —  '.!2  Inscr.  de  Thisbé,  coulenanl  un  règlement  ratihé 
par  le  proconsul  Modestus  el  relatif  à  des  baux  cmphytéoliquos  {.\meric.  Journal  of 
philol.  (Baltimore),  VI,  110  .  Uans  le  bail  des  Dyalécns  {C.  i.  ijr.  1055,  I.  23),  la 


enseignait  que  plus  on  travaille  une  jachère,  moins  on 
laisse  de  mauvaises  herbes  et  meilleure  est  la  récolte^". 
Le  précepte  est  bon  ;  toutes  les  terres  argileuses  ou 
argiles  calcaires  ne  peuvent  produire,  selon  la  remarque 
de  Moll,  qu'après  de  nombreux  labours  ;  mais  les  Grecs 
avaient  le  tort  d'échelonner  ces  labours  à  de  trop  longs 
intervalles  et  le  sol  sedénilrifiait  par  les  eaux  des  pluies^'. 
Pendant  les  dix  mois  qui  suivaient  la  récolte,  on  ne 
touchait  pas  à  la  jachère,  qui  devenait  une  véritable 
friche  et  portait  le  nom  de  xô  àpyôv--.  Durcie  pendant 
l'été,  la  terre  se  ramollissait  par  les  inondations  ou  les 
pluies  d'hiver.  Le  premier  labour,  véritable  défrichement, 
se  nommait  et:'!  xaÀâiAV)  àpoùv  -'  et  se  faisaitau  printemps**, 
après  l'équinoxe  du  21  mars"'',  alors  que  le  sol  commence 
à  sécher  et  à  devenir  moins  boueux  '".  Les  Romains 
désapprouvaient  ce  système",  mais  ils  jugeaient  par  le 
sol  et  le  climat  de  l'Italie  ;  en  Orient,  les  terres  de  labour 
sont  des  argiles  très  compactes,  et,  sitôt  la  fin  des  pluies 
de  mars,  la  température  augmentant  rapidement,  elles 
redeviennent  très  serrées  en  peu  de  jours-'.  Pour  faire 
ce  premier  labour  de  défrichement,  on  employait  la  char- 
rue composée,  titiXtov  âpoxpov -'  [aratrum],  tirée  par  des 
bœufs,  des  bœufs  de  neuf  ans,  dit  Hésiode  ^"  ;  le  conduc- 
teur devait  avoir  l'habileté  d'Ulysse  et  savoir,  comme  lui, 
renverser  complètement  la  tranche  de  terre  pour  mieux 
enfouir  les  herbes  de  la  jachère".  Ce  long  travail,  car  on 
ne  peut  défricher  plus  d'un  plèthre  carré  par  jour ''^,  étant 
achevé,  la  jachère,  xb  àpyôv,  recevait  le  nom  de  guéret, 
vÉoç,  vervaclum'^,  et  les  ouvriers  allaient  ailleurs  faire  la 
moisson.  La  moisson  terminée,  on  revenaitau  vâo;  pourle 
second  labour  ou  labour  d'été  ^'',  qui  se  faisait  avec  la  petite 
charrue,  l'araire,  ou  aùxÔYuov  apoxpov^^  [aratruMj,  tirée  par 
des  bœufs  ou  des  mulets  •''*,  mais  de  préférence  par  des 
mulets  qui  ont  le  pas  plus  vif  et  avec  lesquels  on  peut 
faire  des  sillons  plus  étroits^*.  Grand  avantage,  puisque 
ce  second  labour  se  faisait  transversalement  au  premier'-' 
et  avait  pour  but  principal  de  briser  les  grosses  mottes 
d'argile.  Xénophon  donne  une  seconde  raison  de  ce 
deuxième  labour  :  détruire  les  mauvaises  herbes;  aussi 
le  faisait-il  exécuter  au  milieu  du  jour,  en  plein  soleil 
d'été  ^'\  Le  troisième  labour,  ou  labour  de  semailles,  se  fai- 
sait égalementavec  l'araire  qui  agit  parécarlement  et  non 
par  renversement;  ce  qui  suffisait,  puisque,  le  sol  étant 
défoncé  et  purgé  de  ses  mauvaises  herbes,  il  ne  fallait 


jaclicre  est  iiouiniée  '/p|oç,  qu-il  ne  faut  pas  confondre  avec  Tancien  ternie  «f^ô; 
désignant  une  plaine  d'alluvions  (Hesych.  s.  v.  —  --3  Suidas,  5.  v.  —  2V  "Kapt  lïoÂetv 
d-Hcsiode  {Op.  et  dies,  400).  —  25  Pline  (H.  nat.  XVIll,  49,  2)  :  Quidam  utiquc 
ab  aeguinoctio  verno  proscindi  volunt  ;  Xen.  Oec.  XV,  12.  —  26  a",].,  «ât  Sieçr.v 
à^ôuiv  ûpo^oto  xaO'wfi]-/  (Hes.  Op.  et  dies,  458),  que  l'on  traduit  par  ><  travaille,  dan.^ 
la  saison,  le  sol  humide  et  sec  ».  (Bignan,  Petits  poèm.  gr.,  éd.  Charpentier,  1841, 
p.  69)  el  que  les  Romains  rendaient  par  sulcus  varius  (Cato,  De  r.  rut.  LXI),  terra 
varia  (Plin.  H.  nat.  XVIll,  49).  —  i^  Cato,  H.  rust.  01  et  ap.  Plin.  XVlll,  49. 
—  28  Aujourd'hui  la  plupart  des  Européens  qui  enfreignent  celle  coutume  grecque 
cassent  le  versoir  en  fer  de  la  charrue.  —  29  Hesiod.  Op.  et  d.  431  (éd.  Weise, 
1890)  et  Schol.  Ad.  h.  toc.  ;  Odyss.  XIII,  32  ;  Hesych.  s.  p.  Aujourd'hui,  on  emploie 
le  bouyouk  sabau  a  six  paires  de  bœufs,  t^esl  une  charrue  toute  eu  bois  {sauf  le 
contre  el  le  soc),  dont  le  grand  versoir  est  composé  d'une  planche  en  bois  dur 
de  1  mètre  de  long,  sur  30  cent,  de  large;  cf.  C.  de  Raymond,  Ckroniq.  agric. 
du  Bull,  de  la  chambre  de  coin,  franr.  de  Constantinopte,  sept.  1897.  —  30  Op.  et 
dies.  334.  —  31  Odyss.  XVIII,  370.  —  32  Plia.  H.  nat.  XVlll,  49,  3.  —  33  /O. 
XVlll,  49,  2.  —  3V  Hesiod.  dp.  et  </.  460.  —  35  Jb.  -431  el  Schol.  Ad  A.  /oc;  Schol. 
ad  Horaer  Jliad.  X,  353  et  Apoll.  Rod.  III,  232;  Hesych.  s.  i:  aiT<i;i,o..  —  36  lliad. 
X,  351-353  ;  XIU,  703-707  ;  Odyss.  VlU,  145;  Hesiod.  Op.  et  d.  40.  Euslalhe  (p.  810) 
prétend  qu'on  employait  des  mulets  pour  les  terres  plus  légères  ;  il  est  évident  que 
le  sol  du  vio;  est  moins  compact  que  celui  de  l'ipr.);.  —  3"  iliad.  X,  353.  —  38  JUad. 
X,  331.  —  35  Aralione  per  transrersum  ilerata  (Plin.  H.  nat.  XVlll,  49,  3),  ce  qui 
ne  veut  pas  dire  de  faire  deux  labours  transversaux  (Irad.  Liltré,  éd.  Didot,  I, 
p.  CKC);  cf.  Virg.  Oeory.  I,  97-99.  —  io  Oecon.  XVI,  14. 


RUS 


—  90K  — 


RUS 


que  creuser  un  sillon  pour  enterrer  le  grain.  Ce  troi- 
sième labour  était  précédé  de  la  fête  agricole  des  proe- 
ROSiA,  Ttpô  Toû  àpÔTpou',  et  avait  lieu  après  les  premières 
pluies  de  septembre  '•^  qui  coïncident  avec  le  passage 
des  grues  '.  Hésiode  donne  encore  une  autre  date,  le 
coucher  des  Pléiades  ',  qu'il  place  à  l'équinoxe  d'au- 
tomne =,  mais  qui  se  produit  plus  tard  dans  d'autres  ré- 
gions". Xénophon  tranchait  les  divergences  d'opinion 
des  auteurs  en  disant  qu'il  faut  attendre  l'ordre  de  la  divi- 
nité, c'est-à-dire  les  premières  pluies,  pour  ne  pas  semer 
dans  une  terre  sèche',  pluies  qui  n'avaient  lieu  qu'en 
novembre,  d'après  Cicéron   *. 

Semailles  {<j-k6ç,'jç).  —  De  suite,  après  ce  troisième 
labour,  on  se- 
mait. Hésiode  ne 
donne  aucun  dé- 
tail sur  l'opéra- 
tion, il  n'en  parle 
pas,  bien  qu'elle 
soit  indiquée  par 
le  sens  :  le  culti- 
vateur conduit  ses  bœufs  à  l'aiguillon,  lient  en  main  le 
manche  de  la  charrue,  È/éxXT,,  et  fait  son  labour,  -/poro;; 
en  arrière,  ott-côev,  vient  un  serviteur  qui  recouvre  la 
semence  avec  un  hoyau,  [xazsÀvi  (fig.  5968)  ^  De  ce  pas- 
sage (vers  -469-471),  on  a  con- 
clu que  apoTo;  signifiait  se- 
mailles'". Il  se  peut  que  la 
charrue  d'Hésiode  fût  munie 
d'un  semoir  disposé  de  ma- 
nière que  le  grain  tombât  dans 
la  raie  ouverte  par  le  soc.  La 
combinaison  est  assez  simple 
et  fut  souvent  proposée  jus- 
qu'à l'invention  de  l'ancien 
sambrador  de  Lucalello  ". 
Quoi  qu'il  en  soit,  on  se- 
mait, d'ordinaire,  à  la  volée 
(fig.  .5969)'-,  et  Xénophon 
e.\igeait  que  le  semeur  eut  la 
main  aussi  souple  qu'un  ci- 
thariste;  l'habileté  consistait  à  proportionner  la  quan- 
tité de  graines  avec  la  qualité  de  la  terre.  On  devait  semer 
dru  dans  les  bonnes  terres  et  clair  dans  un  sol  moins 
fertile:  pratique  infirmée  par  nos  usages  et  nos  théories". 

'  Hesych.  s.  i'.  itjor.jooia.  Plutarque  iC'iment.  Vil  Sap.  p.  13»),  associe  Démêler 
Proerosia  avec  Zeus  Ombrios  et  Poséidon  Plijlalinios.  —  2  Xen.  Oec.  -Wll.  i  ; 
cf.  Virg.  Georg.  1,  208-211.  —  3  Hesiod.  Op.  et  d.  MO:  Theogn.  197;  Arislopli. 
Av.  710;  Theocr.  X,  30;  Porphyr.  De  abat.  carn.  III,  .î.  —  »  Op.  et  dies, 
382.  —  5  Astrolog.  ap.  Plin  Hist.  nat.  XVIIi,  37,  3.  —  «  l'J  oclobre  (Thaïes); 
29  octobre  (Anasimandre)  ;  Il  novembre  (Euclemon);  cf.  Pliu.  H.  uat.  XVIII, 
37,  5.  Le  calendrier  dressé  par  M.  Ruelle  [voir  calenoabium,  t.  Il,  p.  X43] 
donne  les  dates  des  20,  21,  23  (Aelius),  28  (Lyddus)  el  30  octobre  (Ucmocr. 
d'Abdère);  1,  10  (Euclémou)  11,  13  et  14  novembre.  Pour  l'opinion  de  f'Iine; 
cf.  B.  nat.  XVIU,  3<J  et  60.  —  1  Oec.  XVII,  2.  —  »  Plio.  U.  nat.  XVlll,  60,  1. 
—  9  Dans  la  fig.  3968,  d'après  une  coupe  du  Musée  du  Louvre  (0.  Jahn, 
Uericht.  d.  Sâclis.  Gesellsch.  der  Wisscnchaft.  1867,  pi.  i.  2;  Ouruy.  UM. 
des  Grecs,  1887,  I,  p.  307),  un  homme  armé  d'une  pioche  retourne  la  terre, 
derrière  la  charrue  el,  plus  loin,  s'avance  le  semeur,  un  sac  suspendu  au  bras 
(ia«.o;.  Plut.  De  glor.  Alh.  IV,  p.  .348  A),  un  voit  des  scènes  semblables 
sur  une  coupe  de  Camiros,  Froebner,  AJtisêf;s  de  France,  pi.  xui,  p.  45  ; 
sur  une  autre  au  Musée  de  Berlin  (Gerhard,  Trinksehal.  und  Ge/'dsse,  I  : 
0.  Jahn,  L.  t  pi.  i),  où  le  semeur,  portant  une  corbeille  (çof^id;,  Hesiod.  Op. 
et  d.  4832  ;  Lucian.  Diss.  cum  Hes.  0=1.  III,  p.  24'»  et  ScImI.  ad  h.  I.),  suit 
le  laboureur.  —  10  H.  Sleph.  Thés,  rjraec.  ling.  (éd.  Uidol,  1  S-'jO)  s.  v.  àooio;. 
Cf.  Theophr.  U.  pi.  VIII,  1,  2.  —  n  II  parait  qu'en  Chine  on  emploie,  depuis 
plus  de  vingt  siècles,  une  charrue  pour  semer;  0.  Heuzé,  Les  plantes  alimen- 
taires, I,  183.  —  12  La  fig.  3969  est  empruntée  au  calendrier  sculpté  de  la  l'auagia 
Uorgopiko   à  Athènes;  ci',   calendahilm,   fig,   1030,  où  le  laboureur  et  le  semeur 

VIII. 


Fig.    5969.  —   Semeur 


Le  grain  répandu  sur  le  sol  serait  dévoré  par  les 
oiseaux  ''^  si  on  ne  le  recouvrait  de  terre  ;  on  peut  le  faire 
avec  un  hoyau  ou  une  claie  de  rameaux  épineux. 

Toutes  ces  opérations  devaient  s'accomplir  entre  le 
coucher  matinal  des  Pléiades  et  celui  de  la  Couronne'"', 
c'est-à-dire  entre  le  20  octobre  et  le  23  novembre'",  et  être 
terminées  avant  la  fête  de  Zeus  rsobpYoi;  ■''. 

Une  semaine  après  les  semailles,  la  plante  commence 
à  germer'^  et  les  premières  feuilles  apparaissent,  -/\6i\!; 
YsvûfjÉvYiç  ",  àla  fin  delaseconde  semaine.  La  végétation 
continue  jusqu'à  ce  que  la  température  moyenne  de  l'air 
descende  à  -+-  5°.  Alors,  et  pendant  tout  l'hiver,  les 
céréales  restent  en  herbe-".  Xénophon  recommande  de 

choisir  ce  temps 
pour  remédier 
aux  fautes  du 
semeur  ;  il  pen- 
sait, comme  nos 
cultivateurs^que 
la  plus  mauvaise 
herbe  pourleblé, 
c'est  le  blé,  et  il  conseillait  d'éclaircir  les  endroits  où  les 
semailles  avaient  été  trop  épaisses-'. 

Sarclage  (cxaXôta).  —  Cette  opération  se  faisa;l  à  la 
fin  de  l'hiver,  quand  la  terre  commence  à  se  ressuyer. 
Hérodote  prétend  que  les  Égyptiens  s'en  dispensaient^'-, 
lin  Grèce,  c'était  un  travail  multiple  qui  répond  à  la  fois 
à  l'assainissement,  au  hersage,  au  roulage,  au  binage,  etc. 
et  qui  avait  pour  but  d'enlever  les  mauvaises  herbes,  de 
faciliter  l'écoulement  des  eaux,  de  prévenir  la  pourriture 
des  feuilles,  et  le  déchaussement  des  racines  pour  per- 
mettre au  blé  de  mieux  taller  et  de  passer  l'époque  cri- 
tique'-'^  Après  le  sarclage,  qui  était  exécuté  par  des 
hommes  ((TxaXeû;)  '^''  se  servant  d'une  sorte  de  hoyau 
i'j-A'xV.q)  -%  on  laissait  les  céréales  poursuivre  leur  ado- 
lescence, taller  ou  émettre  des  tiges,  xaXijAYj  '-",  ou  vul- 
gairement y.'xk'x^'i.ix  -",  d'autant  plus  nombreuses-*  que  le 
sol  est  plus  fertile  et  que  les  pieds  sont  plus  espacés, 
contrairement  à  l'opinion  de  Xénophon-'. 

Quand  la  température  moyenne  atteint  -+-  16°  (mars- 
avril),  les  céréales  commencent  à  épier  (cTa/'jooixai)  ;  puis 
ont  lieu,  très  rapidement,  la  floraison,  la  fécondation  et 
la  fructification  qui  étaient  le  signal  de  fêtes  religieuses'" 
ou  d'expéditions  militaires  ''  ;  d'ordinaire,  cependant,  les 
soldats  ne  partaient  qu'après  avoir  fini  leur  moisson  ". 

sont  placés  l'un  h  colé  de  l'autre.  —  13  .Venoph.  Oecon.  XVII,  7,  9;  cf.  G.  Heozé, 
0.  c.  p.  ISO.  —  ll-Virg.  Georg.  I,  119-120,  1.30.  -  15  Iles.  Op.  et  d.  383  et  614; 
Aral.  P/iaen.  264  sq.  ;  cf.  Cic.  Arat.  Phaen.  V,  110-112;  Philostr.  Jun.  Imaij. 
p.  13;  V^irgil.  Georg.  I,  221;  Democrit.  ap.  exe.  Didym.  Il,  14  :  xl-A  tV.v  xoJ 
ETtoàvou  Sj(7iï  «ruîi'çttv  5u(>5oii'k!iii;  Oidym.  ap.  Geopon.  Il,  14,  8.  Cf.  Xenopb. 
Oecon.  XVII,  6;  Theophr.  H.  plant.  VIII,  1,  2.  —  IS  D'après  le  calendrier  de 
M.  Ruelle  [cAi.E!iDAtiiuM,  II,  p.  849J,  le  coucher  de  la  Couronne  est  marqué  pour 
les  19,  27  et  28  novembre;  sur  le  calendrier  athénien  de  la  Panagia  (fig.  1030),  le 
semeur  est  placé  avant  'e  sagittaire,  qui  corre-^pond  au  25-26  novembre,  —  n  Boct- 
licher,  Der  ant.  Festlsaknder  an  der  Panagia  Gorgopiko  :u  Alhen  (Philologus, 
1803,  p.  385-420).  —  18  Theoph.  H.  pi.  VIII,  1.  —  19  Xen.  Oeco.  XVII,  10. 
—  20  Theoph.  H.  pi.  VIII.  2.  —  «1  Oce.XVII,  10.  —  22  llerod.  II,  14;  à  l'époque 
romaine,  le  sarclage,  en  Égypie,  se  pratiquail  et  se  nommait  botanismos  (Pliu.  U. 
nat.  XVIII,  47).  —  '23  Xen.  XVII,  12-13.  —  21  Ib.  —  23  Pollm,  X,  129;  les  dimi- 
nutifs, -ô  [Atxoov  cTtaAÎStov  et  ff*a'Ai»7ïi3t'*w,  furent  employés  par  les  Byzantins  ;  cf. 
Uncacge.  —  26  Uallim,  Del.  283;  Cer.  20;  Dion.  Hal.  Ant.  Itom.  V,  13.  Suidas 
se  trompe  en  faisant  ..iÂinri  =  C  ïTàju;  toI  «i'tju  (cf.  Schol.  ail  Theocr.  X,  18)  pro- 
bablement parce  que  KaÀan^nat  est  pris  avec  le  sens  de  glaner  ap.  Plut.  Mor. 
p.  182,  A.  —  27  Eustiit.  p.  1181,  32;  cf.  Schol.  Theocr.  X,  18.  —  28  Pline  men- 
tionne un  pied  de  blé  portant  plus  de  400  tiges  (llist.  nat.  XVIII,  21)  ;  Duhamel, 
Daïy,  Tessier  ont  vu  des  pieds  de  blé  qui  avaient  dt:  100  à  376  tiges.  —  29  Oecon. 
.XVII,  9.  —  30  p.  Foucart,  Rev.  des  Et.  grecq.  1893,  p.  322  ;  Reeh  sur  long, 
et  ta  nat.  des  mysl.  d'Eleusis,  p.  14;  cf.  'B^^ja.  ij/.«..o/i.  1890,  p.  126.  —  31  Thu- 
cyd.     II,    10;    III,    1  ;   IV,    1    et   2.    —    32   Id.    I,    141;    III,   15. 

114 


RUS  —  -^06 

Moisson  [hz::cu.o:;!  '.  —  En  Égyple  el  ea  Syrie,  on  la 
fail  à  la  fin  d'avril-,  quand  le  coucou  chante'.  »  Les 
fellahs,  armés  d'une  faucille  courte,  coupent  ou  plutôt 
scient  les  tiges,  javelle  à  javelle.  Cependant  qu'ils  avan- 
cent en  ligne,  un  flûtiste  leur  joue  ses  airs  les  plus 
entraînants,  un  chanteur  donne  de  la  voi.v,  rythme  les 
mouvements  en  frappant  de  ses  mains*.  »  Théocrile  a 
dépeint  une  scè- 


ne à  laquelle  il 
avait  pu  assister 
en  Egypte, quand 
il  parle  de  ces 
moissonneurs 
s'avançant  de 
front  %  et  de  cel- 
le fille  de  Poly- 
botas  jouant  de 
la  flûte  à  la  mois- 
son d'Hippo- 
lion  ^  Quant  à 
l'accompagne- 
ment de  la  fiùle  et  du  chant",  on  sait  combien  il  était 
usité  en  Grèce  pour  régler  et  rythmer  les  mouvements 
dans  tous  les  exercices  et  tous  les  travaux  ^cf.  gym- 
NASTiCA.  p.  1702  ;  PISTOR,  p.  496].  Théocrile  nous  a  con- 
servé un  de  ces  chants  de  moissonneurs,  qui  commence 
par  une  invocation  à  Démêler  *. 

Les  moisson- 
neurs grecs  n'em- 
ployaient pas  la 
faux,  mais  la  fau- 
cille dont  on  se 
sert  encore  en 
France  ',  en  Grè- 
ce '",  comme  dans 
l'Egypte  du  xl' 
siècle  avant  no- 
ire ère  '  '  ]falx1  . 
Les  faucilleurs 
ou  seyeurs  mar- 
chaient   sous     le 

vent,    (T-rk;   '=v9a   -vs; 

Égyptiens  fig.  3970) 


5970.  —  Moissonneurs  6gypl 


RUS 

soit  dans  la  seconde  semaine  de  mai,  époque  que  les 
Grecs  ont  toujours  considérée  comme  le  commencement 
de  lété  '\  c'est  qu'alors,  on  pratiquait  le  javelage  ;  les 
javelles  restaient,  pendant  quelques  jours,  alignées  dans 
les  champs,  pour  que  les  grains,  tout  en  perdant  leur 
eau  de  végétation,  finissent  de  mûrir,  d'où  l'épithète  de 
'A^TitJi'a  donnée  à  Démêler  ''\ 

A  l'époque  ho- 
mérique, les  en- 
fants ramas- 
saient les  javel- 
les, ooiyiLi''^,  et 
les  portaient  aux 
botteleurs,  àjxa/.- 
Aoo£T7ip£;  ^',  qui 
les  liaient  en 
gerbes,  àaaXXa-^, 
'iOuÀo;  -K 

L'auteur   du 
Bouclier  d'Her- 
cule semble  dire 
erbes  sur  l'aire-', 
on  alten- 


Fig.  5971.  —  Foulase  des  épis  et  nettoyage  du  grain. 


av£u.o;'-,   et  coupaient,   comme  les 

%  les  tiges  à  mi-hauteur,  [Ascô-ofioç  " 

pour  ne  pas  fatiguer  d'une  peine  inutile  les  batteurs  et 

les  vanneurs  '  '  ».  On  perdait  ainsi  la  moitié  de  la  paille  : 

par  suite,  pas  de  litière  pour  les  bestiaux  et,  parlant,  pas 

de  fumier. 

De  nos  jours,  on  moissonne,  dans  les  plaines  de  la 
Grèce,  depuis  le  milieu  de  mai  jusqu'à  la  mi-juin  ;  dans 
les  cantons  montagneux,  on  ne  fait  la  moisson  qu'en 
août  '\  Hésiode  la  commençait  au  lever  des  Pléiades  ", 

1  A  Clijpre.  moissonner  =■  5a{itxtft^itv,  cf.  Hesycb.  s.  v.  —  -  G.  Heuzé. 
Le*  plantes  alim.  1,  p.  Hi.  —  3  Aristopfa.  Aves,  303  ;  d'où  le  dicton  : 
«n«u,  '^uko:  siSiovSi.  Aristoph.  Av.  506  et  Schol.  —  ^  G.  Maspero.  Uist. 
aac.  de»  peupt.  de  (Or.  I,  p.  %\i.  —  5  X,  13.  —  6  vil,  ÎO:  dans  1  idylle  VI, 
le  vers  -il  interpolé,  —  '•  Itiad.  XVUI,  550  s<|.  Sur  le  bouclier  d'Achitle,  le 
chanteur  figure  aui  vendanges;  mais,  à  la  moisson,  il  est  remplacé  par  le 
batileu»,  qui  tient  son  sceptre  en  silence  «tur^  ;  cf.  la  moisson  du  bouclier 
d'Hercule,  Aspis,  Î8<.  —  s  X,  4î  sq.  —  »  G.  Heu2é,  Op.  c.  I,  p.  ÎH.  -  lo  Gos 
L'agric.  en  Theantlie,  p.  74.  —  >t  Cf.  les  sculptures  du  mastaba  d'.\khoun 
lliotep(iv<  dynast.l  4|uiesl  au  Lou\Te.  —  '2  Xenopli.  Occon.  XVUI,  1.  ~  i^Cham 
pollion,  Mon.  de  C  Egypte.  1833-1845,  pi.  417;  Perrot,  Hist.  de  larl.  I,  p,  5 
cf.  Maspéro,  Bisl.  anc.  les  tîgures  des  pages  196  et  541  du  vol.l.  —  >^  Xen 
Oec.  XViU,  î.  Dans  les  provinces  de  France  oii  on  moissonne  encore  à  mi-hauteur 
on  fauche  les  chaumes  en  novembre  où  on  fait  pâturer  des  moutons,  ce  que  ne  fai- 
saient point  les  Grecs.  —  '^  Xen.  L,  c.  —  ">  C16n  Stéplianos,  La  Grèce  au  point  dt 
vue  naturel,  etc.  p,  400.  —  17    Op.  et  d.  570  sq.  I.c  lever  des    Pléiades  est  noté 


qu'on  entassait  immédiatement  les 
En  fail,  et,  à  moins  qu'un  orage  ne  survint - 
dail  la  fin  de  la  moisson  pour  charger  la  récolte  sur  un 
chariot  à  bœufs,  comme  le  montre  le  gracieux  tableau 
d'Oppien  ■". 
Foulage  [klof^ais:)'-'' .  —  Les  Grecs  ne  battaient  les  cé- 
réales ni  en  gran- 
ge, ni  en  plein 
air,  car  ils  n'a- 
vaient point  de 
fléau  pour  faire 
sortir  le  grain  de 
l'épi.  Ils  em- 
ployaient la 
vieille  méthode 
égyptienne  (fig. 
5971)  -'  du  dépi- 
quage ou  fou- 
lage, qui  n'est 
plus  guère  en 
usage  que  chez  les  Provençaux  el  les  Languedociens  ^'. 
En  juin,  c'est-à-dire,  à  l'apparition  d'Orion  '",  on 
portait  les  gerbes  sur  une  aire,  qualifiée  de  [i.e-c^'-'i  ''- 
£'JxTi|X£vr) '-;  âiJTpop^àXoç '\  '£pâ '',  et  construite,  plus  ou 
moins,  d'après  le  modèle  de  l'aire  sacrée  d'Eleusis  '■'. 
Des  ouvriers,  È7IaXa)(7Teç^^  dressent  les  gerbes  à  côté  les 
unes  des  autres  en  les  inclinant  un  peu  vers  le  centre  el 
on  fait  entrer  les  animaux:  bœufs '^  chevaux,  mulets'*, 
parfois  même  des  ânes  ''  ;  ils  sont  accouplés  deux  à 
deux  '"  et  marchent  en  cercle*',  d'abord  au  pas,  puis  au 

auï  a  avTil,  G,   7,   11,  12,  13,   15  et  30  mai,  cf.  Ruelle  [calendariuh  II,  p.  839]. 

—  l*Clôu  Stephauos,  0.  c.  p.  371  ;  cf.  c&lendarioh  aux  6,  7  et  11  mai.  —  1^  Hesycb, 
5.  u.  d'où  le  proverbe  #,  "AnaîaTiiv  'A'r.çt'av  (xEiiiXee;  Soph.  ap.  Bekker,  Anecd.p.  348. 

—  20  lliad.  XVUI,  553  ;  Theocr.  X,  44.  —  21  Hiad.  XVUI,  354.  —  22  Eust.  Ad  11. 
p.  1162,  39;  Hesycli,  s.  t'.  iiiiXai.  —  '23  [)'où  les  surnoms  de  Déméter  :  'Isulià 
{Sem.  ap.  Athen.  XIV,  p.  018;  Didym.  ap.  Schol.  Apoll.  Rh.  1,  972),  'Elm'ou'ko;  (cf. 
Ahrens,  Rhein.  Mus.  XVII,  353),  Kanîiîouloi  (Athen.  XIV,  p.  619).  —  2«  Aspis, 
2>1.  —  25  Plin.  SisI  nat.  XVUI,  78.  —'26  De  vénal.  1,  327.  —27  Elym.m.  74,  22, 
s.  V.  à'AQif.triç;  cf.  H.  Bliimner,  Tech,  und  Terminal.  I,  3.  —  '2*  Voir  les  sculptures 
des  mastabas  égyptiens.  La  figure  3971  est  tirée  de  Wilkinson,  Manner  and  Cas- 
toms  ofanc.  EgypI.  1878,  II,  p.  423.  —  29  G.  Heuzé.  Les  pi.  aliment.  I,  p.  295. 

—  30  Mes.  Op.  et  d.  596.  -  31  /«ad.  XIll,  588.  —  32  Hiad.  XX.  496.  —  33  Hes. 
O.  c.  397.  —  31  lliad.  V,  499.  —  35  Pausân.  I,  38.  —  36  Xen.  Oecon.  XVUI,  4; 
cf.  Lobeck  ad  Phryn.  p.  234.  —  37  lliad.  XX.  495.  —  3«  .Xenoph.  Oecon.  XVUI; 
4.  —  39  Anihol.  palal.  IX,  301.  —  »0  TcoïiY.a,  Xenopb.  Oecon.  XVUI,  3  et  4, 
T.!  Cii;r.    Ili.î  lliad.  XX.   493.  —  H  Anth.  pal.    L.  l. 


I 
I 


1 


RUS 


907  — 


RUS 


Irot  ',  sous  la  direction  d'un  homme,  placé  au  centre  de 
l'aire,  qui  tient  en  main  les  guides,  SeTuiâ,  SoùuTpocpa 
SEciii  TEvôvTojv-.  D'autres  ouvriers,  armés  de  fourches 
en  bois,  rpt'va;  ',  régularisent  la  foulaison,  oaiXisÏTai  b 
aXoT,TÔi;',  en  retournant  la  paille  et  en  la  ramenant  sous 
les  pieds  des  animaux,  pour  faciliter  le  manège,  b  oivo;". 

Après  la  conquête  romaine,  les  Grecs  commencèrent  à 
remplacer  le  foulage  par  le  battage  à  l'aide  du  plostel- 
lumpuniruin  ou  du  tribulim,  Tp■?oXo(;^  ce  qui  est  moins 
fatigant  pour  les  animaux  et  en  exige  un  moins  grand 
nombre.  Le  résultat  est  le  même,  le  grain  sort  de  l'épi 
et  la  paille  est  réduite  en  petits  morceaux,  ce  qui 
permet  de  la  donner  comme  aliment  aux  bestiaux,  mais 
non  d'en  faire  de  la  litière  et  du  fumier '. 

Nettoyaoe  du  grain  ()>!X[x7i(ji<;)  *.  —  Les  Grecs  ne  con- 
naissaient point  le  vannage  proprement  dit,  opération  de 
nos  batteurs  en  grange,  qui  nettoyé  simplement  le  grain 
des  glumes  ou  glumelles  et  que  l'on  exécute  près  de  la 
porte  d'une  grange,  dans  un  léger  courant  d'air,  mais  à 
l'abri  du  vent.  .\u  contraire,  les  Grecs  attendaient  que  le 
vent  fût  assez  fort  '  pour  emporter  les  fétus  de  paille  et 
leur  permît  de  pratiquer  le  v€?itage,  qui  peut  se  faire  de 
deux  façons  :  1°  Avec  une  corbeille,  Xtxad; '",  -rrÀoxxvov  " 
[ventilabrvm]  '-.  Aujourd'hui,  dans  le  Languedoc,  l'Ita- 
lie et  l'Espagne,  des  femmes  élèvent,  aussi  haut  que 
possible,  de  petites  corbeilles  remplies  de  grains  et  les 
renversent  contre  le  vent  qui  doit  être  assez  fort  pour 
entraîner  au  loin  la  poussière  et  la  paille,  tandis  que  les 
grains  retombent  aux  pieds  de  la  femme.  2°  Avec  une 
pelle  en  bois,  TtTÛov  "  [pala,  fig.  o434].  C'est  notre 
nettoyage  à  la  roue;  on  jette  circulairement  contre  le 
vent  et,  aussi  loin  que  possible,  à  la  hauteur  d'un 
mètre  au  moins,  une  pellerée  de  grains  qui  retombent 
sur  le  sol,  tandis  que  la  paille  et  les  balles  sont  empor- 
tées à  l'extrémité  de  l'aire". 

Criblage  (tïi'ji;)  '^  —  Si  bien  fait  que  soit  le  ventage,  il 
reste  toujours,  avec  le   grain,  des  pierres,  des  épis  mal 


1  Anih.  pal.  IX,  301.  —  2  Jb.  VI,  iO+.  —  3  /t.  VI,  93,  4;  VI,  lOt,  6:  Suid.  ».  i-. 
Le  Scholiasle  de  Tliéocrite,  VII,  135,  emploie  la  forme  t^ivinr,  :  cf.  Schol.  Ven.  Rom. 
quicODfond  une  fourche  avec  une  pelle;  65«'va«aî  =àfft,  i:apà  Si  •A-rttxoT;  titù»  (l.obech 
ad  Phryn.  p.  iX)  d'où,  sans  doute,  l'opinion  deM.  Oick,  qui  dit  que  les  Grecs  vannaient 
avec  une  lourclie  :  ■  oder  mit  einer  dreizinkigen  Gabel,  iji'.'M.':.  ».  Pauly-Wissowa, 
neal  Encycl.  1S93.  s.  v.  Dreschen.  —  '  Xen.  Oec.  XVIII.  3;  Lobeck.  ad  Phryn. 
p.  204,  croit  <|ue  ô  •xA.jr.Tb;  est  la  forme  altique  de*)  ilo^ii;;  il  se  peut  cependant  que 
le  premier  désigne  l'action  (la  foulaison)  faite  pendant  l'opération  (le  foulage).  —  »  'O 
Stvo;  =  tournoiement  :  c'est  la  mai-che  au  trot  et  en  cercle  des  animaux  plutôt  que 
l'airée,  la  solade,  comme  le  croit  M.  B.  Weiske  {.\enoph.  Oper.  Oec.  XVlll,  5)  :  ou 
que  l'aire  elle-même,  ainsi  que  le  dit  L.  Breitenbach  en  note  de  la  p.  143   |184-,i. 

—  I  Anth.  Pal.  VI,  104;  Long.  Paslor.  III,  p.  93.  Le  Iribolos  est  déjà  mentionné 
parles  Septante;  Am.  I.  3;  Parai.  I,  30,  3.  —  ^  La  paille  des  blés  d'Orient  n'est 
paâ  creuse  comme  celles  du  Nord  de  la  France,  m^is  pleine  ou  demi-pleine  et  les 
bestiaux  ne  la  mangent  que  si  elle  est  brisée  :  les  Grecs  qui  veulent  employer  nos 
machines  à  battre  sont  obligés  d'avoir  un  bache-paille,  d'où  une  opération  et  des 
frais  supplémentaires.  —  »  Greg.  Naz.  l,  p.  3S6  ;  .VIoschop.  ad  llesiod.  Oper.  58;^. 

—  9  lliad.  V,  499  sq.  ;  Xlll,  388  sq.  ;  cf.  Ant/t.  palat.  VI,  33.  —  10  Ancien  mot 
d'où  dérive  .\ixitat'«.  surnom  de  Démêler  {Antli.  pal.  VI,  98^  le  verbe  '«.iv^âu  que 
l'on  trouve  dans  V/liade  et  les  diminutifs  .Vixjir.Tr.^t;  (Poltux,  1,  i45),  Àtï;*,iTr.ot&* 
,.  ,.  j.  _  Il  Varro,  Li'iij.  lai.  V,  138;  De  r.  rust.  l,  ôi,  2;  Colum.  Il,  10,   14. 

—  li  lliad.  Xlll.  388:  Aeschyl.  fr.  194;  Thcocrit.  VII,  150;  Poil.  1,  243.  —  13  lliad. 
XIII,  588-391  :  V,  499  s(|.  Mais  dans  ce  dernier  passage,  le  procédé  employé  n'est 
pas  indiqué,  —  14  Suid.  s.  v.  —  '^  Herodot.  I,  200.  —   ">  Suid.  j-.  i.    9i;TàvE'.o;. 

—  "  Hesych.  s.  v.  —  18  D'où  les  surnoms  de  Démêler,  ^^^i-.ti  ;  ffymn.  Orpli.  L\  : 
-oli^uf,;  Addé  {Anlh.  pal.  VI,  238),  3.  Dans  Théocrite,  le  mii;  est  formé  de  pailles 
et  de  grains   non  encore  nettoyés    (Vil,    loi);   par  contre,    cf.   Herodot.    I,   22. 

—  "  Hesiod.  Op.  et  d.  398.  —  'M  On  a  trouvé  à  Uissarlik  des  pithoi  [dolium. 
p.  249]  contenant  de  grandes  quantités  de  blé,  de  pois,  etc.  Cf.  procès-verbal  du 
30  mars  1890  dressé  par  M.  Babin,  R.  Virchow.  etc.  —  21  Anth.  pal.  VI,  2ï7. 
_22/6,',/.  _  23  1n5Cr.  d'Éleusisdu  V  siècle(P.  Foucart,  Bull.  cor.  /tel.  IV,  p.  22:. 
sq.)  pi.  XV,  lig.  10.  Ces  silos  devaient  être  construits  xaxâ  Ta  ««toi«,  ce  rjui  prouve 
que  l'usage  en  était  déjà  ancien  au  ve  siècle.  —  2t  Inscript.  d'Eleusis  du  iv  siècle, 
I.  79;  cf.  P.  Foucart,  Bull.  cor.  hel.  VIII,  p.  197  s(|.  —  2''  Pour  les  greniers  grecs. 


foulés  et  non  égrenés,  des  graines  de  plantes  parasites  ; 
d'où  la  nécessité  de  cribler,  cîcu'*,  (rv^ôto  ",  les  céréales 
et  l'emploi  d'un  crible  ou  rige,  (7'ï|(rrpov '*,  dont  les  trous 
sont  plus  grands  que  ceux  du  blutoir.  Nettoyés,  les 
grains  restent  encore  en  tas,  «jwpôç  ",  sur  Taire  pour  finir 
de  sécher,  puis  on  les  enferme  dans  des  jarres,  aYYoç-", 
■iit8oç^',T£û/oç"^-,  voire  même  dans  des  amphores-'  ou  bien, 
on  les  déposait  dans  des  silos,  a-po;-',  des  tours,  liOpyoç'--, 
des  greniers,  ctToêcÀiôv,  lôpsîov  ^'  'graxarium,  horreum]. 

La  moisson  se  terminait,  en  .\ttique,  par  les  fêtes  de 
DEMETRIA-'',  et,  dans  le  reste  de  la  Grèce,  pair  des  festins^' 
où  Ton  mangeait  du  pain  nouveau,  eaXùfrio;  âpTo; -',  des 
gâteaux  de  miel  et  d'orge  pilée,  Trpoxajvtot'",  après  avoir 
offert  à  tous  les  dieux",  et  spécialement  à  Déméter,  les 
prémices  delà  récolte,  GaÀiiiix '-  [thalysia]. 

Nettoyé  et  criblé,  le  grain  avait  le  nom  générique  de 
cïToç  dont  l'étymologie  est  inconnue"  ;  ce  terme  s'appli- 
quait indifféremment  au  blé,  à  lorge,  au  millet  ou  au 
sésame  ^';  puis,  il  finit  par  désigner  toute  espèce  de  nour- 
riture solide  par  opposition  à  la  boisson  '^  :  (jîtï  xx't  ttotï  ^^ 

Plantes  cultivées.  —  Céréales  (o-itiÔôt),  (j!TT,pi''j.  —  On 
les  nommait  vulgairement  :  \f^\L-r^x'^o^  xap'rroP',  oY,u.-r|Tpto! 
xap'TioP',  o-fi[iT|Tp''axQt  cTTspaiTûc  *"  OU,  plus  simplement 
BT|(jLfjp'.axo!  *',  que  les  Latins  rendaient  par  cerealia  *-. 

Les  Grecs  ont  cultivé  quatre  genres  de  céréales  :  le 
blé,  l'engrain,  l'orge  et  le  mil. 

1°  Blé  [izu'Jji).  —  Usuellement,  on  classe  les  blés  selon  : 
1°  la  couleur  du  grain  ;  blé  rouge*'  et  blé  blanc*'  ;  2°  la 
contexture  cornée  ou  farineuse  du  grain  ;  blé  tendre  ou 
sitanique,  (7T,Totvioç*°,  iXeupiT-ci;'",  etblé  dur,  ciiAtSaXiTT,?*'  ; 
3°  selon  que  les  épis  sont,  ou  non,  barbus  :  blé  imberbe 
et  blé  barbu  ou  aristé;  4°  selon  le  temps  que  la  plante 
met  à  taller:  blé  d'automne  ou  tardif,  ï'V.oç**  et  blé  de 
printemps  ou  hâtif,  -^rpojïo;  '^ 

Ces  huit  caractères,  qui  sont  plus  ou  moins  stables 
et  se  transforment  avec  le  terrain  et  le  climat  '",  se  com- 
binent entre  eux  de  toutes  les  façons,  d'où  le  grand  nom- 


cf.  Theophr.  Hist.  plant.  VIII,  il;  De  caus.  pi.  IV,  17  ;  Philo  p.  86-88  (éd.  Thé- 
venot).  On  n'a  pu  encore  trouver  le  nom  grec  donné  par  Varron  et  que  les  éditeurs 
transcrivent  xjd.r.v  (De  l.  lat.  V,  105).  —  'is  Schol.  Pind.  01.  IX,  130.  —  27  SchoI. 
Theocr.  VII.  —  '28  Atben.  III.  p.  114.  A.  —  «  Harpocrat.  s.  f.  ;  cf.  P.  Foucart,  Bull, 
cor.  hel.  VIII,  p.  197  :  inscript,  des  comptes  d'Eleusis,  lig.  67.  —  30  JUad.  l.X,  534 

—  31  Theocr.  Vlll.  3.  —  32  Cf.  Anlh.  pal.  VI,  36,  98,  223,  238.  —  33  On  a  fait 
dériver  (ttt.>;  d'un  sémitique  chittah  qui,  en  français,  devrait  être  Irauscrit  khittah  ; 
de  aiottoToi,  d'où  ai:r.i;  =  oTto;  i^Etym.  m.  714,  37|.  —  3t  Herodot.   I,  193:  cf. 

Suidas    :   ET-ïo;  «àq  ô  (rtTtxb;  xapT;o;,  o'-j/_  ô  Tt'Jfô;   nov6v.  —  33  Thucyd.  II,  75  ;   Xenoph. 

Bier.  VI,  7  ;  Cyrop.  IV,  2  :  V,  2  ;  VI,  2  ;  Apomn.  I.  3,  3,  que  Cicéron  a  rendu  par 
Cibus.  L'inscript.  de  la  monnaie  de  Tarse  à  l'effigie  de  Caracalla  (Eckhel,  ùoct.  Num. 

III,  p.  73)  SwçEa  jrtTo-j  K.  T.  .V.  indique  une  distribution  de  grains.  —  36  Xenoph. 
Cl/ri  Inst.  IV,  2,  U.  —  37  Theophr.  H.  pi.  1.  10,  XIV,  2  :  De  c.  pi.  IV,  7  ;  VI, 
1 1  ;  Plut.  Galba,  13.  —  38  Herodot.  I,  193.  —  39  Preller,  Demeter  und  Persephone. 
p.  316:  Griech.  ilythol.  I.  p.  474.—  iO  Orib.  Coll.  med.  I.  1.  —  »'  Preller.  O.  c. 
p.  316.  —  42  Flin.  a.  nat.  XXIII,  1;  Ovid.  Met.  XI,  121.  —43  D'où  probablement 
le  nom  grec  tiuçô;,  indiquant  la  couleur  rousse  ou  rouge  (-'^990;)  de  l'épi  ou  du 
grain  de  blé  par  opposition  à  Vorge  blanche  homérique.  Le  nom  arabe  du  blé, 
khintah    (cf.  hébreu    khittah),  indique   la  couleur   rousse   {khanata)    du   grain. 

—  41  Le  blé  le  plus  blanc  était  importé  d'Italie  :  cf.  Sophocle  dans  Pline  {H.  nat. 
XVIll,  12).  —  iîTheoph.  a.  pi.  VIII,  2.  —  16  Alhen.  I  et  ap.  Oribas.  Coll.  med. 
I,  2.  —  «  Hippocr.  p.  356,    18:  Callen.  De  alim.  far.    I,  2  (vol.  Il,  p.   310) 

—  48  Theoph.  H.  pi.  VIU,  4.  —  W  Theopli.  //.  t>l.  VIIl,  4.  —  50  Ces  transfor- 
mations et  ces  dégénérescences  fréfjuenl-'s  dans  la  culture  des  blés  portent  sur  les 
caractères  de  la  race,  et  non  de  l'espèce,  comme  le  croyaient  les  anciens  qui  étaient 
transformistes  convaincus.  Cf.  Theophr.  //.  plant.   H,   4;  VIII,  8  :  De  caus.  pi. 

IV,  5;  V,  6;  V,  7  ;  ps.-Arislot.  ûc  p/aiitis,  I,  7  ;  Plutarch.  5ympos.  VIII,  9,  3.  GalicQ 
raconte  que  «  son  père  avait,  dans  le  but  de  résoudre  la  question,  pris  du  froment 
et  de  l'orge,  qu'il  en  avait  fait  séparer  avec  le  plus  grand  soin  toutes  les  graines 
étrangères,  qu'il  avait  ensuite  semé  ce  froment  et  celte  ortie,  mais  que  tous  ces  soins 
o'empècbèrent  pas  qu'il  ne  poussât  beaucoup  d'ivraie  dans  le  froment,  et  beaucoup 
d'égilopes  dans  l'orge  ;  le  père  de  Galien  répéta  encore  la  môme  expérience  pour  les 
autres  graines.  »  C.b.  Daremberg,  note  y\i.  333)  pour  la  p.  7,  l.  11,  ix  (tetaiSo'Aî';, 
1"  vol.  des   Œuv.  dOnbttse. 


Fig.  5972.  —  Mon- 
naie de  Métaponle. 


RLS  -  908 

bre  de  races  que  Ton  connaît.  Il  y  en  a  aujourd'hui  plus 
dcsix  cents,  mais  toutes  se  fécondent  entre  elles  et  peuvent 
se  ramènera  une  seule  espèce  dont  l'origine  est  inconnue 
et  dont  le  représentant  le  moins  altéré  par  la  culture  serait 
le  triticum  sativum  ou  le  tr.  durum.  selon  que  la  plante 
est  originaire  d'un  pays  froid  ou  chaud.  Quoi  qu'il  en 
soit,  on  peut  conclure,  d'après  les  auteurs  et  les  monu- 
ments figurés,  que  le  blé  cultivé  par 
les  Grecs  était  une  durelle.  comme  le 
sont  encore  tous  les  blés  de  l'Italie 
méridionale,  de  l'Afrique  et  du  bassin 
oriental  de  la  Méditerranée'.  C'était 
une  race  d'automne  ^  à  épi  simple  \ 
régulier,  barbu  et  allongé  ;fig.  o97'2, 
5973  et  5974)',  rougeàlre  ou  à  grains 
rouges  \  effilés  etplus  pointus  du  côté  du  germe  *  que 
nos  poulards  (/;•.  turgidum  ;  la  paille  en  était  pleine 
^^ — -^  ou     demi -pleine 

"'^^ï^^K  puisqu'on  la 
broyait  avant  de 
la  donner  à 
manger  aux  bes- 
tiaux ". 

Ce  blé  dur  se 
divisait  en  plu- 
sieurs races  se- 
condaires, KaY/puSi'a;,  ct/syt"?  ^  ='-"''•  D'ordinaire,  on  dé- 
signait la  race  par  le  nom  du  pays  où  on  l'avait  cultivée 
et  d'oii  elle  provenait';  on  la  difTéren- 
ciait  parle  volume  du  grain  et  par  son 
poids'".  Le /jo/i^/^i/e  était  le  plus  léger; 
le  sicilien  et  le  béotien  étaient  les  plus 
lourds".  C'est  en  Sicile  que  les  Grecs 
connurent  les  blés  de  printemps  :  1°  Le 
blé  de  trois  mois,  6  Tptu.T,voç7r'jpd;''.  C'est 
une  durelle  que  les  Siciliens  cultivent 
encore  et  qu'ils  nomment  tumminia^^. 
2°  Un  blé  de  deux  mois,  b  o:u.t,voç  que  l'on  chercha  à 
acclimater  en  Grèce  et  qui  réussit  bien  dans  la  belle 
plaine  de  Karystos  ;  on  le  semait  en  a\Til  pour  le  mois- 
sonner en  juin".  Théophraste  cite  encore  un  blé  que 
l'on  récoltait  quarante  jours  après  les  semailles'». 

Le  rendement  moyen  du  blé  en  Grèce  ne  peut  se  cal- 
culer, car  les  terrains  y  sont  trop  variés.  .\  peine,  si  dans 


'  Gust.  Heuzé,  Les,  pi.  aliment.  I,  p.  IW  sq.  Cependanl  Alpli.  de  CindoUe 
{Origine,  p.  289)  dit  que  le  Ir.  durum  de  Dcsfonlaines  •■  sérail  une  variété 
obtenue  en  Espagne  ou  dans  le  Nord  de  l'ATrique.  peul-ètre  depuis  l'ère  cliré- 
tienne  ».  oubliant  que  Desfontaines  avait  donné  le  nom  de  tr.  durum  seulement 
au  blé  Irimenia  barbu  de  Sicile  et  que  ce  n'est  qu'après  ()u  on  l'a  donné  aui 
blés  durs  d'Algérie,  de  Grèce,  de  Tur<|ui*.-  quand  ils  eurent  été  mieni  connus. 
—  S  Cf.  le  paragr.  des  Semailles.  —  3  Voir  fig.  5974,  la  monnaie  de  Mclaponte  (Des 
eript.  des  méd.  gr.  du  cab.  Pr.  Dupré,  pi.  1,  n'  «;  V.  Duruv,  Hisl.  des  Gr.,  I, 
p.  631).  —  t  Fig.  5973,  Épis  dans  la  cbevelure  de  Froserpine  et  à  l'eiergue  ;  Duruy, 
Bisl.  des  Grées,  11,  p.  549;  Deser.  des  méJ.  gr.  de  la  coll.  Gréau,  pi.  i,  n"  875  et 
59i.  Fig.  5974.  Revers  d'une  monnaie  de  Sége*lc,  Uuruj,  0.  c.  III.  p.  561.  Cf.  [ceres, 
fig.  1308];  les  épis  coupés  et  placés  dans  un  naos,  et  pboserpisk,  fig.  5817,  5818,  58*0 
et  cEBES,  fig,  1319],  —  5  Athénée  remarque  que  les  blés  sitaniqucs  sont  blancs, 
"«ij»oi  et  les  sémidaliques  jaunes,  ;»v»»'i.  (S,  I,  et  ap.  Oribas,  Coll.  med.  I,  i  :  cf.  Plin, 
H.  nat.  XVIII,  12),  —  «  Voir  les  grains  de  blé  sur  les  monnaies  d'Erélric,  Mionnet, 
11,  307.  —  7  Toutes  les  races  comprises  sous  les  noms  de  tr.  sativum  et  de  t. 
amyleum  ont  la  paille  lisse  et  creuse,  —  *  Tlieopbr,  H.  plant.  VIII,  4,  —  9  Tlieopb. 

L.  e.  cile  les  blés  Vio-jxo:,  zovcïo',  t^àxe;,  à7(rJ^tot,  «t7Ji:Tt«t,   ffi*i*o!,    —    *0  Ibid.  et 

Galcn,  ap.  Orib,  Coll  med.  1,  I  (éd,  Daremberg  I.  p,  5),  —  't  Theophr.  A,  c; 
Plin.  H.  nul.  XVIII,  15,  —  i2Theoph,  L.  I.  el  De  eaus.  pi.  IV.  n,  _  13  G.  Biundi, 
Voeabolar.  siciliano-ital.  Palerme.  IS56,  s.  r.  —  il  Tbeoplir,  B.  pi.  VIII,  4;  De 
eau»,  pi.  IV,  il.  —  1^  B.  pi.  Vlll,  4,  Il  rapporte  u:i  on-dit,  sasî;  les  cdil.  modernes 
indiquent  les  environs  de  *,'\t>t:av  comme  lieu  de  culture.  Si  le  fait  s'était  passé 
dans  la  Chalcidique,  Théophraste  aurait  pu  le  vérilier  facilement.  Je  crois  qu'il 


,  5974,  —  .Moni 
de  Ségeste, 


RUS 

le  Péloponnèse,  année  moyenne,  on  récolte  dans  les 
meilleures  terres  8  à  12  hectolitres  à  l'hectare  :  par  contre 
en  Thessalie,  dans  la  plaine  de  ,Néochori,  on  obtient  tous 
les  deux  ans,  sans  fumier,  40  hectolitres  par  hectare"', 
ce  que  donnent  rarement  les  terres  les  mieux  fumées  des 
seuls  départements  du  Nord  et  du  Pas-de-Calais'".  Bœckh 
avait  calculé  que  le  rendement  total  de  l'Allique  devait 
être  de  2  800000  médimnes"  ;  une  inscription  récemment 
découverte  montre  qu'en  329  av.-J.-C.  on  ne  récolta  que 
400000  médimnes'-. 

Tous  ces  blés  durs  de  l'Orient  sont  encore  très  recher- 
chés pour  les  semoules  et  les  pâtes,  mais  ils  sont  moins 
bons  pour  la  boulangerie.  Le  blé  d'Egypte,  le  plus  glu- 
tineux  de  tous,  donne  une  farine  d'un  goût  fade,  deve- 
nant même  nauséabond,  ammoniacal,  si  l'engrangemenl 
des  grains  est  tardif.  Ce  défaut,  inhérent  au  sol,  explique 
pourquoi  les  Égyptiens  n'avaient  que  du  mépris  pour  les 
peuples  mangeant  de  Forge  ou  du  blé  et  pourquoi  ils 
faisaient  leurs  pains,  y.'Alr,ari<;'^'' ,  avec  la  farine  d'olyra-'. 

2°  Épeautrc,  SÀjp. ,  î^Eia  --.  —  Hérodote  dit  que 
Volyra  est  la  plante  que  d'autres  nomment  zéa  ". 
Cependanl,  les  deux  noms  étaient  connus  des  Grecs  par 
les  œuvres  homériques.  L'Iliade  parle  de  l'olyra  dans 
deux  passages  identiques  et  relatifs  à  la  nourriture  des 
chevaux  :  r.o'.  Xe<JX.6^  kzz~-6iLeio:  xae  ôXûpa;'-'.  L'Odyssée 
parle  du  zéa  comme  servant,  avec  l'orge  blanche,  à  la 
nourriture  des  mêmes  animaux'-^'  et  comme  étant  cultivé, 
dans  ce  but,  en  Laconie'".  Lexicographes  et  scholiastes 
ont  embrouillé  la  question  relative  à  ces  deux  noms, 
olyra  et  zéa*'.  On  croit  que  zéa  est  un  très  ancien  mot-*, 
apparenté  au  sanscrit  désignant  les  premières  céréales 
connues'-'  et  d'où,  peut-être  on  a  tiré  le  nom  de  At,- 
|a-(5tti:,  son  synonyme  At,(o  '"  et  l'épithète  homérique 
Ziîoujpoi;^'.  Quoi  qu'il  en  soit,  nous  savons  par  saint 
Jérôme'-  que  le  zéa  et  Folyra  étaient  notre  épeaulre 
{t.  spelta)\  race  de  blé,  dont  la  culture  est  délaissée 
depuis  qu'on  a  de  meilleurs  froments  amylacés,  mais 
qui,  pendant  longtemps,  en  Egypte  "  comme  en  Italie^', 
a  donné  une  bonne  farine ^^  qu'on  ne  peut  extraire  des 
blés  durs. 

Le  grain  de  l'épeautre  »  est  allongé,  triangulaire, 
pointu,  avec  un  sillon  profond'"  »  et  ressemble  beaucoup 
à  celui  qu'on  voit  (fig.  5975)  sur  des  monnaies  de  Cumes  ". 

Le  grand  inconvénient  de  l'épeautre,  c'est  que  le  grain 


s'agit  J'Enna  en  Sicile,  'E>,u  ou,  comme  sur  les  monnaies,  Henna  ;  Pline  {B.  nat. 
.XVIII,  M]  a  lu  '.\ivo;  el  traduit  :  cii'ca  Thraeiae  Aenum.  —  "  Cos,  Agric.  en 
Tttessalie,  p,  23,  Ordinairemeul,  en  Thessalie,  les  rendements  sont  de  15  à  18  hec- 
lolit,  par  hectare,  toujours  sans  fumier  (p,  55),  —  *7  G.  Heuzé,  Les  pi.  aliment.  I, 
p.  326,  <|ui  cite  des  récolles  de  45,  50  et  même  55  bcct.  dans  ces  deux  départements 
avant  1872,  —  18  Die  Staatshaushall.  d.  Athen.  (1851)  I,  §  lô,  —  '9  P.  Foucart, 
Bull.  COÏT,  lielt.  VIII,  p.  211.  —  *)  Herodol.  Il,  77.  Les  Seplaule  nomment  ce  pain 
;  <;-*u;iTr.;,  I,  Rcg,  XIX,  6,  -  2'  Herodol,  II,  38,  —  22  Theophr,  B.  pi.  VIII.  1,  3, 

—  23   Herodol,  11,  36,  —  21  V.    196;  VIII,  560  (564,  éd.    Dindorf,),  —  25   [V,  41. 

—  26  Odyss.  IV,   604.    —   27   Hesjcil,  s,  v.   Zla  =  «a^Sr.,  f,  m;oi.  y^voî  ;   S.  i:  Tt'ç».  = 

oi  ô'iùjai  ;  s,  r,  Znà  =  o'  i»îv  c'.-.oj  hSo;,  ol  5t  -àç  oiipu.  —  '28  A.  Kuhn,  Bcrabkunfl 
des  Feuers,  p,  98,  —  29  G.  Curlius,  Grunds.  d.  griech.  Etym.  p,  571  ;  Mommsen, 
Rim.  Gesch.  (1881),  I,  15,  —  30  En  Cretois.  5»,«l  désigne  l'orge  {Htym.  m.  p,  264, 
12);  Preller,  Griech.  Myth.  I,  p,  474;  Démet,  und  Perseph.  p,  317,  qui  admet 
éi-alement  Zt(a  =  Sr.à  =  scr.  gawa  -  fur  das  altesie  Korn  . .  —  31  lUad.  Il,  54«  ;  cf . 
Plin.  B.  nat.  XVIII,  19,  Etym.  m.  p,  410,  6.  —  32  7„  Ezech.  1,  4.  vers.  9  (éd. 
Migoe,  V,  col,  47),  qui  établit  l'équivalence  :  bébr,  Kusemim  =  o'Aûpa,  %dt  =  lai. 
far  =.  gen'il,  spelta.  L'identité  du  far  et  du  zéa  est  également  donnée  par  Asclé- 
piadc  (ap,  Galen.  IX,  3,  el  par  Denis  d'Haï.  (Ant.  rom.  Il,  25)  ,  mais,  en  Grèce,  le 
mot  désigne  maint-înant  la  folle  avoine  (Lexiq.  de  G,  Venloti,  Vienne,  1790),  tandis 
qu'en  Italie,  le  nom  de  farro  s'applique  encore  à  l'épeautre  rose  sans  barbes  (G,  Heuzé, 
Lespl.  aliment.  I,  p,  1 32).  —  31  Herodol,  II,  77;  Plin,  B.  nat.  XVIII,  29, 1  et  4.  —  3'  Plin. 
Heuié,  B.  nal.  .XVIII,  19,  3;  29,  1-4,  —  35  Notre  mot  farine  vient  du  far  latin. 
—  î6Hcuic/,«s;)(,n(im,lI(éd,  1872),  I,  p.  129,-37  Duruy,  flis(,  des  GrtM.  l,p,  565. 


RUS 


—  909 


RUS 


ne  sort  pas  nu;  l'égrenage  le  laisse  enveloppé  dans  sa 
balle,  àer,p',  à  cause  de  la  fragilité  de  l'axe  des  épis  qui  se 
brise  facilement,  d'où  la  nécessité  d'une  seconde  opéra- 
tion. Les  Grecs  n'ont  pu  se  résigner,  comme  les  Ita- 
liens ^,  à  ce  travail  supplémentaire  et 
ils  préféraient  donner  aux  chevaux 
ces  grains  tout  vêtus  ainsi  que  les 
grains  d'orge  ^ 

3°  Tiphé  (tiçti).  —  Il  est  difficile 
d'identifier  cette  plante  que  Théophraste 
range  parmi  ses  o[jioto7tijç,ot'.  G.  Heuzé 
dit  que  c'est  un  sorgho  à  épi°.  Cii.  Da- 
remberg  croyait  que  c'était  le  petit  épeautre'^  ou  engrain, 
graminée  que  l'on  confond  avec  les  blés,  mais  qui  forme 
une  espèce  spéciale  '  que  l'on  trouve  encore  à  l'étal 
spontané  en  Béolie  et  en  Anatolie*. 

Maladies  des  blés:  jiarasites.  —  Théophraste  consacre 
un  chapitre  entier  aux  affections  des  céréales' ;  les  Grecs 
regardaient  la  rouille,  Içufri'êT,  '"  comme  la  plus  désastreuse 
et  ils  en  avaient  reconnu,  sinon  la  cause  déterminante  qui 
est  un  champignon,  u.ijzt,î",  du  moins  la  cause  occasion- 
nelle qui  est  l'humidité  de  l'été  '-  ;  pour  en  préserver  leurs 
moissons,  ils  adressaient  des  vœux  à  Déméter  'Epuctëïi" 
ou  à  Apollon  'EpuOiêtoç".  Les  principales  plantes  nui- 
sibles étaient  l'ivraie,  alpa,  pour  le  blé'^;  la  folle  avoine, 
|ipo|xoç,  pour  l'épeaulre  "  et  l'égilops,  atYtXo)i|',  pour  l'orge  ". 
4°  Orge  1x016/1).  —  C'est  la  plus  importante  des  céréales 
de  la  Grèce  et  celle  qui  convient  le  mieux  au  sol  et  au  cli- 
mat de  ce  pays.  Les  Athéniens  croyaient  que  c'étaient  une 
plante  indigène  de  l'Attique  '*  et  l'on  racontait  que  Démé- 
ter, en  arrivant  à  Eleusis,  n'avait  voulu  prendre  qu'une 
boisson  d'orge,  sorte  de  bière  '^  sucrée,  le  kykéon  '",  dont 
on  continua  à  faire  usage  dans  certaines  cérémonies 
d'Eleusis  [cyceonI.  On  conserva  également  la  coutume 
d'employer  l'orge  grillée^',  les  gâteaux  d'orge  ^^  dans  les 
principaux  actes  religieux,  ceux  dont  la  pratique  était  la 
plus  ancienne  ;  l'orge  tint  toujours,  dans  le  rituel  grec,  la 
même  place  que  le  riz  chez  l'Hindou  ou  l'épeautre,  far'", 
chez  les  Romains.  Les  rois  de  Sparte  recevaient  encore 
leur  ration  en  farine  d'orge '^S  alors  qu'on  se  nourissait  de 
froment  dans  la  plupart  des  villes  grecques  et  que  les 
gens  peu    fortunés-"  étaient  seuls  à   manger  du   pain 


'  Ouruy,  L.  l.  le  donne  comme  un  grain  d'orge.  Pour  la  renonimôc  du  far 
ou  zéa  de  Cumes  en  Campanie  :  cf.  Slrab.  V,  p.  242  ;  Plin.  H.  nat.  XVlll,  2U, 
2  ol  3.  —  -  D'où  la  différence  considérable  de  prix  entre  le  scandula  sive  spelta  et 
le  spelta  munda  dans  l'Édil  de  Dioclélieu  (C.  i.  /.  111,  826).  Je  crois  que  le  iinji» 
de  Galieu  (De  al.  fui;.  1,  13)  ne  désigne  pas  une  pellicule,  mais  la  balle,  ai*;?,  que 
l'on  enlève  par  le  décalage,  à  moins  que  ce  dernier  terme  ne  convienne  plus  spécia- 
lement à  la  balle  de  l'orge  dont  les  glumelles  sont  arislées.  —  "'  Pour  la  difiicullé 
du  décalage  qui  était  faite  par  des  esclaves  enchaînés,  vinctorum  poenali  opera^  cf. 
Plin.  B.  na<..XVlll,29,  4.  —  3 /;,'ad.  V,  196,  VIll,  564;  Odyss.  IV,  604.  —  *Tlieoph. 
H.  pi.  VUI,  i,  3.  —s  les  pi.  aliment.  I,  p.  13.  —  6  Tradiict.  des  Œuvres  d'Orih. 
1,  p.  27.  —  ■!  H.  de  Villemorin.  s.  v.  Froment  {Dict.  d'Agricult.  de  Barrai  et  11. 
Sagnier,  1888).  —  s  Boissier  (Diagnoses,  l"  série,  vol.  11,  fasc.  13,  p.  09)  pour  la 
Béolie  cl  la  Serbie  ;  Balansa  [Bull,  de  la  Soc.  bot.  de  France,  1834  ;  cf.  /*.  IsUO, 
p.  30,  l'art,  de  J.  Gay)  pour  le  mont  Sipyle,  près  Srayrne.  —  1  De  caus.  pi.  III, 
22.  —  10  Theophr.  H.  pi.  Vlll,  10,  1  ;  De  caus.  pi.  IV,  14.  —  Il  Tlieopli.  M.  pi.  1, 
1,  II.  —  1»  Athen  ap.  Oribas.  Coll.  med.  1,  2.  'Hiéophraste  (B .  pi.  Vlll,  10,  2) 
conseille  de  semer  le  blé  dans  des  cbamps  balayés  par  les  veols  pour  éviter  que 
l'eau  de  pluie  ou  la  rosée  ne  restent  sur  les  liges.  —  13  Etym.  Gud.  p.  210,  25. 
Cf.  Preller  Oriech.  .Wyth.  1,  p.  474;  Démet,  und  Perseph.  p.  323.  —  n  Slrab, 
XIII,  p.  613;  Euslath.  XXXIV,  29.  —  13  Tlieopbr.  B.  pi.  1,  6,  3;  Gai.  Al.  fac.  I, 
37,  p.  551  (éd.  Kahn);  .\tlien.  I  et  ap.  Oribas.  Coll.  med.  1,  2.  —  16  Tlieopbr.  B.  pi. 
Vlll,  4,  1  :  Plin.  B.  nat.  XVlll,  44.  —  17  Theophr.  B.  plant.  IX,  9,  2  ;  Ual.  Al. 
fac.    I,  37.    —    18   piato,   Menexen.    p.    238,    éd.   Steph.    et    384,   éd.    Beklov. 

—  1»  Les  Grecs  attribuaient  l'invention  de  la   bière   à  Dionysos,   fils   de  Sémélé 
(Diod.    Sicul.    IV,    2);    c'était    la    boisson    habituelle    des    Égyptiens    [cefivisiaJ. 

—  i"  Anton.  Libéral.  24.  —  21  Odyss.  111.  441  ;  Herodol.  1,  132,  160  ;  Sch.  Hom. 
Odyss.  III,   441  ;    Hesych.  s.    l'.    '0),at  ;    Erotian.    Glos.  p.   282;    Pollux,  I,  27;    cf. 


d'orge-'".  Celte  céréale  coûtait  moitié  moins  cher  que  le 
blé  -',  la  Grèce  en  produisait  dix  fois  plus.  C'est,  du  moins, 
la  proportion  pour  l'Atlique  en  329  av.  J.-C.-'  et  ce  rap- 
port peut  être  admis  pour  la  plupart  des  autres  contrées. 
Les  baux  de  location  fixent,  le  plus  souvent,  la  redevance 
en  orge  -'  ;  le  lotissement  des  terres  Spartiates  était  établi 
d'après  leur  rendement  en  orge'";  beaucoup  de  pays, 
comme  Salamine  '',  ne  produisaientque  de  l'orge  et  d'au- 
Ires,  comme  Rhodes'-,  en  donnaient  deux  récolles  par  an. 

Les  Grecs  avaient  remarqué  que  le  froment  pousse 
mieux  que  l'orge  dans  les  contrées  froides  et  pluvieuses''' 
et  que  celle-ci  a  besoin  pour  végéler  d'un  sol  plus  sec  et 
plus  chaud,  d'où  le  dicton  :  «  Plante  le  blé  dans  la  boue 
et  l'orge  dans  la  poussière".  »  En  réalité,  cette  plïinte 
réussit  sur  les  calcaires  et  les  marnes  du  jurassique,  les 
sables  et  les  argiles  du  crétacé,  les  terrains  de  transition 
avec  leurs  schistes  et  leurs  grès,  toutes  formations  que 
l'on  trouve  dans  la  plupart  des  cantons  de  la  Grèce,  de 
sorte  que  ce  pays  peut  être  qualifié,  comme  l'Attique,  de 
xpi9o!popo;  àpc'<TTT|'^  Mais,  ce  qui  séduisait  le  plus  les 
Grecs  dans  la  culture  de  cette  plante,  c'est  qu'elle  exige 
moins  de  temps  que  celle  des  autres  céréales'^  On  peut 
semer  en  octobre-novembre  et  récoller  sept  ou  huit  mois 
après";  on  a  donc  presque  tout  son  été  pour  naviguer 
ou  guerroyer.  Le  grand  inconvénient  de  celle  plante,  c'est 
que  le  grain  ne  peut  se  nettoyer  complètement  au  fou- 
lage, il  reste  vêtu  dans  sa  balle  ;  avant  de  le  moudre,  on 
doit  le  décortiquer  et  le  perler  ;  les  femmes  grecques  le 
faisaient  griller"  pour  le  nettoyer. 

Dès  l'époque  homérique,  on  nourrissait  les  chevaux 
avec  de  l'orge"  et  cette  coutume  existe  encore,  car  notre 
avoine  doit  être  considérée  comme  inconnue  en  Orient*"  ; 
pour  les  animaux,  on  ne  fait  ni  griller,  ni  monder  le 
grain,  on  le  donne  vêtu.  Cependant  les  anciens  avaient 
une  orge  nue,  •yu|Avr,  xptôvj",  mais  il  ne  semble  pas  qu'ils 
aient  cherché  à  l'acclimater  en  Grèce.  On  possédait  alors 
toutes  les  races  (xptôïj  ■>)  IvBtx-r,*^,  /)  à/i)J,Y|i;'^,  \  Xeuxi^'*, 
'jj  ÈTEoxpiOoç)'^",  que  l'on  cultive  encore  maintenant  dans 
l'Europe  méridionale  et  qui  peuvent  se  ramener  à  deux 
principales  :  l'orge  à  deux  rangs,  oîstoi/oç,  que  l'on  trouve 
à  l'état  spontané"  et  l'orge  à  six  rangs,  éçàcTcii/o;,  qui  en 
dérive.  Quant  aux  orges  à  trois,  quatre  et  cinq  rangs, 


Pausan.  I.  41,  9  ;  Atheu.  Vil,  p.  2'J7  U.  —  22  HarpocraL  s.  v.  i;fox™v.«.  —  23  Don 
les  mots  confarrcatio  et  di/J'avreatio.  Dionys.  Hal.  Anl.  rom.  11,  25  [matui- 
sioNiuM,  p.  1658],  p.  48.  —  '21  Herodol.  VI,  57.  Chaque  Spartiate  devait  donner, 
tous  les  mois,  un  raédimue  de  farine  d'orge  pour  les  repas  publics;  Plutarch.  Lycurfj. 
Xll.  —  25  La  veuve  de  Socrate  reçut  de  Xénuphon,  pour  passer  l'hiver,  0  chéuices 
d'orge,   8    drachmes  et    i    tunique  ;  Ep.  socr.    XXI.    -   26    Anth.  pal.   VI,  302. 

—  '-7  P.  Foucart,  Bull.  cor.  liel.  Vlll,  p.  214;  d'après  l'inscr.  d'Eleusis,  l'orge  fui 
vendue  3  drachmes  le  médimne,  el  le  blé  6  drach.  — 28  p.  Foucart,  L.  c.  p.  213. 

—  -20  Un  contrat  éléen  (Dialekt.  Inscr.  1I6S),  relatif  à  uue  terre  de  18  plèthres, 
Vwe  le  feimage  à  22  doubles  médimnes  d'orge;  cf.  contr.  d'Hëraclée.  —  30  plut. 
Lycury.  Vlll.  —  31   p.   Foucart,  L.  l.   p.   214.  —  32  Theophr.  B.  plant.  VUI,  2. 

—  33  Theoph.  B.  plant.  VI,  4.  —  34  Plutarch.  Quaest.  natur.  XVI.  —  35  Theoph. 
B.  plant.  Vlll,  8.  —  36  pialo,  Phaedr.  Cl.  —  37   Theophr.  B.  plant.  Vlll,  2. 

—  38  Cf.  l'oracle  du  devin  Lysistratc  (Herodol.  Vlll,  90j.  —  39  Jliad.  V,  19C  ; 
Vlll,  564;  Odyss.  IV,  41  ;  Xcnoph.  De  re  equestr.  IV;  cf.  Bœckh,  Staatsh.  d. 
Athen.  I,  p.  92;  Biichsenschiitz,  Dcsit::  und  Erw.  p.  210,  10  ;  Hcrraann-Blûmner, 
Gr.  Privât  ait.,  p.  113,  n°  2.  —  40  En  Orient,  Pavoiuc  n'est  encore  cultivée 
que  pour  l'exportation.  Sur  les  722  120  hectares  de  terres  en  culture  dans  le 
royaume  hellénique,  il  n'y  a  que  4078  hect.  d'avoine  pour  67  911   hect.  d'orge. 

—  "  Ualen.  Al.  fac.  I,  15  (p.  320,  Kuhn)  et  ap.  Orib.  Coll.  med.,  1,  1.  L'auteur 
semble   dire    que   c'est  la    môme  race  qu'on    nommait   jh    Çeonuçov  en   Billiynii*. 

—  '-s  Theoph.  B.  pi.  Vlll,  4,  2.  —  43  74.  Vlll,  1,  2;  c'est  à  tort  qu'on  a  pris 
cille   race    pour    un    blé    (Guiraud,    Bist.   de    la    propr.    en    Grèce,   p.    489). 

—  »  Theoph.  De  c.  plant.  IV,  13,  1.  Cf.  le  xpr  V.ijxbv  homérique  l^lliad. 
XX,  496;  Odyss.  IV,  41,  C04).  —  *3  Theoph.  C. plant.  III,  12,  2.  —  16  Theophr.  //. 
pi.  IV,  5,  qui  la  mentionne  en  Bactriane.  Cf.  Marco-Polo  (éd.  Soc.  de  Géogr.)  I, 
p.   44   sq. 


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910  — 


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menlionnt'es  diins  Vffi.'Hoire  (/es  plantes',  elles  sont 
complètement  inconnues,  et  F.  Link  a  eu  raison  de  con- 
jecturer quil  y  avait  là  une  interpolation  ;  TliéoplirasU; 
a  trop  bien  vu  les  aroryot  différenciant  le  blé,  ïittoi/oç,  de 
l'orge,  (tto'./>8yiç,  pour'  s'être  trompé,  et  rien  n'autorise 
à  croire  qu'il  ait  jamais  songé  à  présenter  une  vue  de 
L'esprit  pour  une  observation  scientifique. 

Cultures  d'été  {^toiwoX  ïpoxoi)-.  —  S'il  avait  été  impos- 
sible de  labourer  et  de  semer  entre  l'équinoxe  d'automne 
et  le  solstice  d'hiver,  «  le  mal  n'était  pas  sans  remède  =  » 
et  l'on  recourait  aux  semences  d'été,  OEpivi  a^iÉpixaTa*, 
dont  la  plus  importante  était  celle  des  millets. 

1°  Millet  commun  ou  panic",  xéY/poç%  milium''  eipis- 
/«/««,  d'où  le  Tiiaxoi  des  Byzantins'  {panicum  milia- 
ceuin,  L.'";.  Le  grain  de  cette  plante  se  réduit  en  une 
farine  susceptible  de  panification";  mais  d'ordinaire 
on  en  faisait,  avec  de  l'huile,  de  la  graisse  de  porc  ou  du 
lail  '-,  une  bouillie  qui  devaitêtre  analogue  àla  milllasse 
des  Cévennes. 

Pour  la  culture  du  millet,  il  faut  labourer  dès  qu'on 
entend  chanter  le  coucou 'S  afin  de  pouvoir  ameublir  le 
sol  par  un  ou  deux  labours  transversaux.  On  ne  sème 
qu'en  été  "ou,  plus  exactement,  en  mai,  quand  les  gelées 
ne  sont  plus  à  craindre;  les  semailles  se  font  à  la  volée. 
On  sarcle  au  moins  deux  fois  et  on  peut  commencer  à 
récolter  quarante  ou  cinquante  jours  après,  «  lorsque 
Sirius  dessèche  les  corps  et  que  le  raisin  vert  commence 
à  se  colorer''  ».  On  coupe  chaque  épi,  'id6-fi'%  avec  une 
faucille,  au-dessus  du  dernier  nœud  de  la  plante  et  à 
mesure  qu'il  arrive  à  maturité.  La  récolle  d'un  petit 
champ  de  millet  dure  donc  plusieurs  jours. 

Strabon  vante  la  culture  de  cette  plante  dans  la  plaine 
de  Thémiscyre,  sur  les  bords  asiatiques  de  la  mer  Noire  '\ 

1°  Millet  à  grappe  ou  millet  des  oiseaux,  panouil'*, 
panic",  (jLÉXivo;-",  eXuixoç-',  panicum^-  [setaria  italica, 
P.  B.-').  Cette  plante,  dont  le  Ihyrse  est  velu,  produit  un 
grain  dur  et  petit  qui  n'est  bon  que  pour  la  volaille.  Cepen- 
dant, en  temps  de  disette-*,  on  en  fait  une  farine  et  un 
pain  que  Galien  regarde  comme  plus  difficile  à  digérer 
que  le  pain  de  xé^/poç.  Nous  ignorons  la  différence  qu'il  y 
avait  entre  le  ixÉXivoç  et  l'I'Xufioç  ;  peut-être  les  distinguait- 
on  par  la  couleur  du  fruit. 

2°  Légumineuses  (osTcoia,  êXXoÊa,  y»£opo7ta)  [cibaria, 
p.  1144  ;  UORTIS,  VILLA  rustica]. 


1  Vlll.  4.  —  2  Theophr.  U.  pi.  vu:,  I.  Cf.  l'Iiii.  Uist.  nat.  .KVMI,  10.  AUqm 
venta,  milium  panicum,  etc.,  appelant,  et  XVIU,  It  :  Aestivn  frumenta  diximus 
Ksamam,  milium,  panicum.  etc.,  que  LiUré  a  eu  tort  du  traduire  :  «  Nous  avODS 
appelé  bb}  d'été  \e  sésame,  le  rail,  le  panic...  ».  —  3  Hesiod.  Op.  et  dies,  483. 
—  iTheoplir.  De  c.  pi.  IV,  7.  —  s-  C'est  le  Gemeiiier  Hirsen  des  Allemands.  Pour 
la  nonicucUlure  française,  cf.  Gillet  et  Magne,  Nouv.  flore  française  (3t  éd., 
p.  5ii  et  le  Diction,  d'agricult.  de  Barrai  et  Sagnier,  1880).  —  6  Tlicophr.  U. 
pi  Vlll,  1  ;  Dioscor.  De  nat.  med.  11,  119.  —  '•  Cato,  De  Ag.  cuit.  VI,  i; 
V»rr.  De  r.  rust.  \,  57,  t;  Pliu.  H.  nat.  XVIll,  10,  24.  —  8  Isidor.  Hispal. 
XVll,  3.  13.  —  9  Sinieon  Setli.  p.  '.IS  :  tiÏixo;  iitoi  xeT/.jo;.  Un  manuscrit  d'Oribase 
{Pam.  i31o)  remplace  le  «ijifo;  du  teite  (Coll.  med.  I,  13)  par  ^iIoto;.  La  syno- 
nymie est  encore  indiquée  dans  le  texte  publié  par  Ideler,  Ptnjs.  et  med.  minores, 
ll,S"0,  12.  —  '»  Fée  a  cru  que  le  xinf..;  était  le  P.  italicimt  de  Lioué,  mais  cette 
opinion  a  été  comballne  par  Kraas  (Si/nop.  planlar.  florae  classic.  31i)l  et  n'a  été 
adapl<'c  ni  par  Leni  [Uotan.  d.  altin  tir.  und  Rôm.  p.  232),  ni  par  Langliavel  {Bot. 
d.  spaet  Griech.  p.  123).  A  l'argument  invoqué  par  Fraas,  on  peul  ajouter  que  les 
Grecs  avaient  un  blé  .«ï).fj5;«;  (Tlieophr.  H.  pi.  VIII.  4)  dont  le  grain  devait  res- 
sembler plus  à  celui  du  millet  conunun  qu'au  millet  des  oiseaux.  —  n  Galou.  .4/. 
lac.  1.  15  (p.  523.3Î1,  Kuhn).  —  •'-  l'iin.  H.  nat.  .VVUI,  24  ;  mais  sou  milium 
lies  Élbiopiens  est  un  sorglio  comme  le  kéy/.?o;  du  livre  XVll  de  Strabon,  qui  a 
puisé  à  la  môme  source.  —  •■1  Hesiod.  Op.  et  d.  486.  —  '*  Hesiod.  Seul.  398. 
_  lô  Ib.  399.  —  <6  Theophr.  H.  pi.  Vlll,  3.  —  n  Strab.  Xll,  15.  —  1«  Gil- 
let et  Magne,  IVouv.  flore  franc.  {3>  éd.)  p.  522.  —  19  1-.  Kousch,  Comment, 
de  riiisloire  des  plantes  (Paris,  1549i,ch.  XCIV.  —  20  Theophr.  U.  pi.  Vlll,  C, 


3°  Plantes  Ic.vtiles.  1°  Lin,  Xt'vov  [linumj. 

2°  Coton  (pùTOo;)  [byssi's,  carbasus]. 

3°  Chanvre  (xâvvœêi;).  —  Mentionné  par  Hérodote-" 
comme  cultivé  par  les  Scythes  et  lesThraces,  le  chanvre 
ne  semble  pas  avoir  été  introduit  en  Grèce  avant  la  con- 
quête romaine.  Pausanias  dit  qu'on  le  semait  en  Ëlide 
comme  le  lin  et  le  byssus".  Celte  plante  est  trop  épui- 
sante pour  le  sol,  et  comme  il  faut  plus  de  I2G000  kilo- 
grammes de  fumier  par  hectare,  les  Grecs  ont  renoncé 
à  sa  production. 

IL  Arboriculture.  —  Si  les  Grecs  négligèrent  l'agri- 
culture et  ne  semèrent  dans  leurs  champs  que  des 
céréales  de  première  nécessité  et  de  production  facile, 
c'est  que,  par  goût  et  par  suite  de  la  nature  géologique 
du  sol,  les  cultivateurs  s'adonnèrent  à  l'arboriculture 
qui  exige  moins  de  travail,  laisse  plus  de  loisirs  et  donne 
un  meilleur  profit.  Dès  le  ix'  ou  le  viir  siècle,  la  Grèce 
importe  des  céréales"  et  peut-être  des  matières  textiles, 
mais  elle  exporte  ses  vins  et  ses  huiles  d'abord  en 
en  Egypte  -',  plus  lard  en  Italie".  La  balance,  comme 
aujourd'hui,  devait  être  en  sa  faveur'". 

Ce  système  dominant  est  déjà  nettement  tranché  dans 
les  temps  homériques  ^',  où  chaque  t=(ji.£voç  comprend  un 
àXoT|  '^,  enclos  d'arbres  fruitiers,  c'est-à-dire  de  vignes 
dont  l'introduction  parait  due  aux  Cadméens  '■',  d'oliviers 
qui  donnaient  déjà  de  l'huile  aux  contemporains  d'Aris- 
tée  '*,  de  figuiers  cultivés  probablement  dès  le  xV  siè- 
cle'^, etc.  Les  scènes  de  vendanges,  qui  ne  figurent 
jamais  dans  les  sculptures  des  mastabas  égyptiens, 
occupent  une  place  importante  dans  l'orfèvrerie  homé- 
rique et  forment  comme  pendant  aux  travaux  de  la 
moisson  ". 

La  plupart  des  agronomes  grecs  sont  des  arboriculteurs  ; 
ceux  d'entre  eux  qui  composèrent  des  traités  généraux, 
yewpyixot  ",  reportèrent  toujours,  dans  la  partie  relative 
aux  arbres,  tous  les  chapitres  concernant  les  clôtures, 
l'irrigation,  les  engrais  et  même  la  connaissance  du  sol; 
questions  que  nous  sommes  habitués  à  trouver  dans  la 
partie  agricole  de  nos  traités  d'agronomie.  Il  y  a  là  une 
disposition  voulue,  non  seulement  par  les  cultivateurs, 
mais  aussi  par  les  gens  de  loi  qui  avaient  à  discuter  les 
nombreux  litiges  relatifs  aux  vergers,  vignes,  olive- 
raies, etc.  Une  terre  de  labour  ne  prête  pas  à  de  nom- 
breuses contestations  :   elle  est   limitée  par  de  simples 


3.  —  21  Theophr.  H.  pi.  Vlll,  I,  1  :  Dioscor.  De  mal.  med.  11,  12».  dont  la  des- 
cription répond  mieux  à  celle  du  millel  commun,  d'où  l'opinion  des  autours  modernes 
depuis  Fuchs  jusqu'à  Fée;  il  se  peut  que  Dioscoride  ait  décrit  un  sorgho  africain 
d'Egypte  sous  l'un  des  trois  noms  ijue  Théophraste  avait  donnés  aux  millets  de 
Grèce.  —  22  Cato,  De  ag.  cuit.  VI,  I  ;  Colum.  fl.  rust.  11,  9.  17.  —  23  Le 
s.  italica  de  Palisot  de  Beauvois  est  le  p.  italicum  de  Linné  et  le  ^Velsclte  Hirsen 
des  Allemands  ;  cf.  Leuz,  Botanik  d.  ait.  Gr.  und  Bom.  p.  232.  M.  Olck  croit  pou- 
voir identilier  l'ri.wiJio;  avec  le  Kolbenhirse  {p.  italicum,  L.)  mais  il  fait  de  liiXiv^ 
un  synonyme  de  xêTX?o;  sous  prétexte  que  les  Albanais  donnent  à  cette  espèce  le 
nom  de  Mélj.  Langkavel  considérait  déjà  ce  mot  comme  pélasgique  ;  mais  il  vient 
probablement  de  l'ilalieu  mejo  ou  du  vénitien  mei  pour  Jniglio.  En  tout  cas,  l'opi- 
nion nouvelle  de  M.  OIck(PauIy-Wissowa  B.  Encijcl.  s.  v.  Ackcrbau,  2ii2i  ne  fera  que 
compliquer  la  question  à  cause  du  ê^ûnou,  o*  xoi  (xe^Îv^jv  (ou  [ae'aît.v,  dans  le  ms.  dv 
Cambridge  de  la  fin  du  xv  s.)  d.oiiàÇ^ujiv  d'Oribase  (Coll.  med.  1,  15).  —  2t  Arte 
midor.  1,68.  —  SMV,  74  et  75 ;  Hesych.  s.  v.  —20  Pausan.  VI,  26,  6.-27  G.  Perrol. 
Le  corn,  des  céréales  [Berne  hist.,  1877).  —  28  Herodot.  III,  fi.  Pour  l'exportation 
en  Scythie  ;  cf.  Curtius.  Hist.  firecq.  1880, 1.  p.  523.  —  29  J.  Marquardt,  Vie  prii-ée 
rfes/?om.trad.rr.  p.  81sq— S0Enl903,  la  Grèce  importa  pour  34  millions  de  céréales 
et  exporta  pour  43  millions  de  raisins,  vins  et  eaux-de-vie  {Almanack  de  Gotha, 
1906,.  —31  Jliad.  VI,  194.  —32  lUad.  IX.  634;  XVII,  37.  561,  566  ;  Orfyss.  Vil,  122  ; 
XI,  193;  XXIV,  221  ;  cf.  ScUol.  ad  Odys.  1.  193;  Eustalh.  772,  29;  1410,  U. 
—  33  Diod.  Sic.  III.  63.  —  34  plin.  H.  nat.  VII,  57,  8.  —  35  Herodot.  Vlll,  53. 
30  -y/iarf.  XVIll,  561;  cf.  Hesiod.  5'c.ii.  400.  —  37  cf.  Virgil.  Grary.  Il,  176-257;  Plin. 
H.  nat.  XVll,  3.  Le  même  plan  se  retrouve  dans  Théophi-asle  et  les  Géoponiqucs. 


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bornes,  &fo;  termims],  dont  le  déplacement  donna  lieu 
parfois  à  des  actes  criminels'  mais  ne  servit,  souvent, 
qu'à  exercer  la  verve  des  satiriques'^  Quant  au  terrain, 
il  est  censé  ne  subir  aucune  dépréciation  si  le  fermier 
fait  ses  deux  soles  égales  et  laisse  Tune  en  jachère. 

Les  plantations,  qui  doublent  la  valeur  du  fonds ^ 
sont  sujettes  à  maintes  causes  de  destruction  et  les  con- 
trats renferment  toujours  de  nombreuses  clauses  rela- 
tives à  leur  conservation  et  à  leur  entretien  et  à  leur 
accroissement. 

1°  Clôtures  (î'pxoç).  —  Le  premier  devoir  de  l'arbori- 
culteur est  de  préserver  ses  plants  de  la  voracité  des 
animaux  sauvages  toujours  si  nombreux  en  Grèce*  à 
cause  des  hautes  montagnes  et  des  lieux  escarpés  et 
incultes". 

Les  pauvres  se  contentaient  d'une  haie  de  ronces"; 
mais  déjà  à  l'époque  homérique,  on  clôturait  les  vergers 
de  murs  en  pierres  sèches  ''  et  une  loi  de  Solon  régle- 
mente la  construction  de  ces  enceintes". 

2°  Connaissance  du  sol.  —  Un  contrat  d'Héraclée 
prescrit  au  fermier  de  planter,  au  moins,  quatre  pieds 
d'olivier,  par  schène  «  si  le  preneur  conteste  que  la  terre 
puisse  porter  des  oliviers,  les  polianomes  en  fonction, 
s'adjoignant  ceux  des  citoyens  qu'ils  voudront,  procéde- 
ront à  une  expertise  sous  serment  et  feront  leur  rapport 
à  l'assemblée  du  peuple,  après  avoir  comparé  la  nature 
du  sol  à  celle  des  propriétés  voisines'  ».  C'est  le  procédé 
du  marin  indiqué  par  Xénophon'". 

3°  Binage  (îxaTrâvïi)".  —  La  terre  des  plantations  doit 
être  travaillée  pour  empêcher  qu'elle  ne  soit  trop  com- 
pacte, pour  l'aérer  et  pour  détruire  les  mauvaises 
herbes'-.  Si  les  arbres  sont  espacés,  on  donne  deux  ou 
trois  labours  avec  l'araire;  mais  le  plus  souvent,  on  se 
contente  de  plusieurs  binages  avec  la  houe  fourchue, 
3lxeÂXa'^  qui  n'endommage  pas  les  racines  superficielles. 
Le  contrat  d'Amorgos  stipule  que  les  figuiers  seront 
travaillés  au  moins  une  fois  l'an,  et  les  vignes  deux  fois, 
aux  mois  d'anthesterion  et  d'apatourion'*. 

4°  Irrigation  (Oopsia)  '*.  —  L'irrigation  des  arbres  à 
fruits  est  d'autant  plus  nécessaire  que  le  sol  est  moins 
profond,  qu'il  se  compose  soit  de  calcaire,  soit  d'argile 
compacte"^.  Les  céréales,  accomplissant  la  majeure  par- 
tie de  leur  existence  pendant  la  saison  humide  de  l'hiver, 
jaunissent  dès  que  la  saison  sèche  survient,  mais  alors 
on  les  moissonne.  Il  ne  peut  en  être  ainsi  pour  les  fruits 
qui  ont  besoin  d'une  plus  grande  somme  de  chaleur  et 
ne  mûrissent  qu'à  la  fin  de  l'été.    Quand   le  sol  ne  con- 


1  Isac.  I,V,  17.  —  2  Theophr.  Charact.  10.  —  3  Isae.  IX,  13.  —  '>  Sangliers  : 
Iliad.  IX,  541  ;  Anth.  pal.  VI,  168  ;  cerfs  :  Aesop.  65  ;  renards  :  .\esop.  156  ;  héris- 
sons :  Anih.  pal.   VI.  45  et  169  ;  lièvres  :  Ib.  VI,  72;  cf.  Virgil.  Georrj.  Il,  3T1  sq. 

—  îi  La  Grèce,  dont  la  superGcie  est  moindre  de  64  000  kil.  carrés,  a  ;{5  mon- 
tagnes de  plus  de  1000  mètres  d'altitude.  —  »  Anth.  Pal.  IX,  414.  —  ^  Ody.is. 
XVIII,  3'i7-;i6I.  Un  bail  athénien  eiige  du  fermier  qu'il  clôture  ie  terrain  et  qu'il 
plante  ensuite  200  rejetons  d'olivier  (C.  i.  ait.  IV,  53  a.  I.  30  sq.j;  cf.  Demosth. 
LV,  11  et  30;  Thucyd.  I,  106;  dans  le  contrat  de  Zens  Tem.  les  murs  de  clôture, 
Ta  tî  ô5oj.  doivent  être  tenus  clos  et  remis  clos  ;  Homollc,  Bul.  cor.  bell.  1S92, 
p.  284.  —  8  Digest.  X,  1,  13.  —  9  DaresteHaussouIlier,  Inscr.  jurid.  p.  205. 
— 10  Oecon.  XVI,  5.  —  »  Theophr.  B.  pi.  Il,  7  ;  Caiis.  pi.  III,  25  ;  Virgil.  Geonj. 
Il,    353,   400,  424,    5)3.    —    12    Xen.    Oec.  XX.    20.  —    13  Anth.   pal.    VI,   21, 

—  1»  Bull,  corr.hel.  XVI,  p.  278.  —  'ô  Theophr.  B.  pi.  Il,  7;  Plat.  Tim.  p.  77  D. 
7»  B;  Leg.  VI,  p.  761  C  Le  synonyme  JSp.»»,?  se  Irouve  dans  Theophr.  B.  pi.  III, 
9,  5.  —  16  L'irrigation  des  vignes  se  pratique  encore  près  de  Sion,  dans  le  Valais, 
oô  les  pluies  sont  rares  du  15  juillet  au  15  sept,  et  où  la  température  monte  jus- 
qu'à 35  à  l'ombre  ;  on  irrigue  deux  fois,  vers  la  fin  de  juin  quand  la  vigne  va  nouer  le 
grain  et  quand  le  fruit  commence  à  varier  ;  l'irrigation  doit  être  termiuée  trois  ou 
quatre  semaines  avant  la  uialurilé  ;  cf.  la  lettre  de  l'iulendanl  Lonicos  à  son  patron 
pour  lui  rendre  compte  de  ses  plantations  de  vignes  et  d'oliviers  et  pour  se  plaindre 


serve  point  d'humidité  sufiisante  à  la  vie  de  la  plante 
durant  la  canicule,  les  feuilles  se  flétrissent  et  tombent, 
et  alors  se  produit  ce  phénomène  que  les  anciens  sym- 
bolistes représentaient  parla  mort  d'Adonis  et  les  autres 
mythes  du  soleil  dévorant. 

L'irrigation  des  arbres  se  pratiquait  déjà  à  l'époque 
homérique  '  ',  et  l'une  des  plus  anciennes  lois  de  Gortyne 
réglemente  les  prises  d'eau  que  les  cultivateurs  pouvaient 
faire  dans  le  Lethaeon'*.  Les  baux  contiennent  des 
clauses  relatives  aux  cuvettes  que  l'on  doit  entretenir 
aux  pieds  des  arbres  et  aux  rigoles  traversant  les  ter- 
rains '''.  Un  contrat  d'Héraclée  de  Lucanie  défend  de  les 
approfondir,  de  les  saigner,  de  les  couper  par  des  bar- 
rages, soit  pour  accumuler  les  eaux,  soit  pour  les  dériver-». 

.5°  Engrais  (xoTipionç')  ^'.  —  C'est  à  propos  de  la  culture 
des  arbres  que  les  Grecs  ont  étudié  les  différentes  caté- 
gories d'engrais^''.  En  principe,  chaque  espèce  d'arbre 
devait  recevoir  un  engrais  particulier  et  spécial  ;  mais,  le 
plus  souvent,  les  contrats  .stipulent  la  quantité  et  non  la 
qualité  du  copros  à  répandre  dans  les  cuvettes  au  moment 
de  l'irrigation. 

6'=  Élagage  {i.tfoiiç.e.':::;  TO)v  à'JM^)".  —  Cette  opération 
donnait  lieu  à  de  fréquentes  contestations  entre  proprié- 
taires et  fermiers  car  le  bois  de  chauffage  a  toujours  été 
très  cher  en  Grèce  :  une  ânée  se  vendait  deux  drachmes 
à  Athènes  au  temps  de  Démosthène -''  et  l'on  comprend 
que  les  fermiers,  à  la  fin  du  bail,  aient  été  enclins  à  faire 
quelques  coupes  sombres  pour  augmenter  leurs  revenus. 
Le  contrat  du  Pirée,  dressé  en  l'an  321-320,  défend  au 
fermier  d'emporter,  hors  du  domaine  du  Théseion,  ni 
boues,  ni  terre,  ni  bois^^;  le  bail  d'Aixoné  dit  que  le 
bois,  provenant  de  la  taille  des  arbres  ou  des  coupes, 
sera  mis  en  adjudication  par  les  bailleurs  -'.  En  Lucanie, 
les  preneurs  ne  devaient  ni  couper,  ni  brûler,  ni  vendre 
les  bois  vifs  ;  mais  on  les  autorise  à  prendre  autant  de 
bois  qu'ils  voudront,  dans  les  taillis,  pour  échalasser  les 
vignes  '-'.  En  Crète,  on  autorise  la  coupe  des  arbres 
épineux  et  des  branches  mortes-'.  Enfin,  à  Chio,  on 
permet  de  couper  du  boisjusqu'à  concurrence,  en  poids, 
de  30  talents  par  an  ^°. 

7°  Plantations  {•>,  tùjv  îévâpojv  çyreiï)^".  —  Tous  les 
baux  obligent  les  fermiers  à  remplacer,  sous  peine  d'in- 
demnité pécuniaire,  chaque  arbre  fruitier  qui  manquera. 
Parfois,  on  concédait  gratuitement  un  fonds  à  condition 
que  le  preneur  planterait  un  certain  nombre  d'arbres". 
Toutes  ces  plantations  étaient  réglementées  par  la  loi'-; 
dansl'Attique,  on  ne  pouvait  planter  à  moins  de  2  pieds 


du  manque  d'eau  ;  J.  MahalTy,  On  Ihe  FI.  Pétrie  Pupyri  [Mém.  de  VAc.  roy.  d'Ir- 
lande. 1891,  VIII),  29.  _  17  llia'l.  XXI,  257  sq.  ro'/.sT>;T«;  creuse  des  rigoles  avec 
un  boyau,  ^«.ymm,  pour  conduire  l'eau  d'une  fontaine  jusqu'auï  arbres  de  sou 
jardin.  Dans  XVII,  53,  un  jeune  Troycn  est  comparé  à  un  olivier  bien  feuillu,  planté 
prés  d'une  source  abondante;  cf.  Tlieogn.  479  sq.  —  1»  R.  Dareste,  Une  inscr.  de 
Gortyne  [B.  des  et.  gr.  ISSs,  |,  p.  86;.  Les  conduites  ou  prises  d'eau  sont  nommées 
■f,«.  —  19  Dareste-Haussoullier,  /nscr.  juridiq.  VII,  52,  56  ;  XIII  bis,  1.  44.  Le  con- 
trat d'Érétrie  (Ib.  IX)  fournit  tousiles  termes  techniques  çpiaxia,  T«oçor,  StEonivo., 
iîTovoiioî,  «îp«.  —  iii  Inscr.  jurid.  XII,  I,  I.  130,  Le  contrat  d'Amorgos  oblige  le  fer- 
mier à  curer  les  fossés  tous  les  ans  au  mois  d'ùcraeon  (  Bul.  cor.  hel.  XVI,  p.  278)  ; 
un  autre  bail  impose  au  preneur  I  obligation  de  creuser  les  rigoles  et  les  cuvettes 
nécessaires  aux  oliviers,  figuiers  et  aulres  arbres  :  Tô;  5=  ê^aîa;  xâi  Ta;  (ru»iaç  xai 
Td  a-/.a  Stv8ç«  (Inscr.  jurid.  p.  211).  —  21  Theophr.  B.  pi.  II.  7.  —  22  Ib.  où 
Théoplu^aste  donne  la  classificalion  classique  de  Cliarlodras.  —  23  Theoph.  B.  pi. 
11,  7.  —24  XLII,  7.  —  2'  Inscr.  jurid.  p.  237.  —  26  C.  ins.  al.  Il,  1053,  I.  32-47. 

—  r.  Conlr.  d'Héracl.  (Inscr.  jurid.  p.  207).  —  2»  B.  Haussoullier  (Bul.  cor.  hel. 
1««5,  p.  9).   —  29  là.  III,  p.  242  sq.  I.  16  et  51.  —  30  Xenoph.  Oecon.  XIX,  1. 

—  31  Ces  planlalions  se  faisaient  souvent  sous  le  contrôle  et  suivant  les  indications 
di's  bailleurs  :  ^<ifi:,..;  t.t..  v,.,^-,,.;-,  (contr.  de  Zcus  Témén.  I.  31  ;  cf.  1.  1 15  sq.  d  un 
conlr.  d'Héraclée,  C.  i.  gr.  5774).  -  32  l'Ial.  Leg.  VIII  (p.  1 12,  I.  36  sq.  éd.  Didot). 


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dune  conslruclion  voisine  :  quand  il  n'y  avait  pas  de 
oonslruclion,  la  dislance  élait  dco  pieds  pour  les  vignes, 
les  amandiers,  etc.,  et  de  9  pieds  pour  les  figuiers  et  les 
oliviers'.  Les  trous,  pô^îo;,  où  l'on  plaçait  les  boutures, 
rejetons,  etc.,  -i  iuri  xÀiiaeva,  avaient  généralement  1  pied 
et  demi  de  profondeur,  sur  2  à  i  pieds  et  demi  de  lon- 
gueur et  de  largeur-;  on  remplissait  avec  la  terre  foulée 
el  on  ajoutait  du  copros  de  clievaP. 

Pour  les  figuiers,  grenadiers,  pommiers  et  poiriers, 
on  plantait  des  arbres  sauvages  déracinés  dans  les  forets 
et  on  les  grelTait  '. 

8°  Espèces  cullicées.  —  Les  principales  sont  après 
l'olivier  oleimI,  que  l'on  cultive  encore  sur  IGTOOO  hec- 
tares el  la  vigne  aiNiMj,  qui  en  occupe  123  739  :  soit  plus 
du  tiers  de  toutes  les  terres  cultivées  dans  le  royaume  : 

Le  figuier  ktjxt,)».  —  Cette  plante  parait  indigène  en 
Grèce  el  sur  tout  lelitloral  de  la  .Méditerranée  orientale  ; 
en  tout  cas,  elle  y  est  si  bien  acclimatée  qu'on  la  retrouve 
à  l'état  spontané  dans  la  plupart  des  fissures  de  rochers 
ou  de  vieilles  murailles.  Déjà,  V/liade  mentionne  un  de 
ces  figuiers  sauvages,  Èp-.vsôç  *,  près  de  l'une  des  portes 
de  Troie".  Hehn  affirme  que  le  figuier  cultivé  ne  pro- 
vient pas  de  ces  figuiers  sauvages  *,  mais  comme  le  dit 
.\lph.  de  Candolle,  «  tous  les  botanistes  sont  d'une  opinion 
contraire'  >■.  La  culture  du  figuier  est  antérieure,  en 
Grèce,  au  viii'  siècle,  et  bien  avant  .\rchiloque,  YOdyssèc 
parle  des  figues  douces,  c'jzét,  yàuxcoy,  du  jardin  d'Alci- 
noos'".  Suivant  une  tradition  rapportée  par  Pausanias, 
le  figuier  aurait  été  donné  par  Démêler  au  héros  Phytla- 
los"  et  un  faubourg  d'.-Mhènes  se  nommait  'hoi  (tuxyi  '-. 

Le  figuier,  qui  est  encore  cultivé  en  Grèce  sur 
6  348  hectares '\  était  lune  des  principales  et  des  plus 
anciennes  cultures  de  l'.Mlique.  Il  y  prospère  bien, 
grâce  à  ses  longues  racines  ;  les  feuilles  ne  tombent  qu'en 
décembre,  où  la  température  moyenne  est  de +  9°, 95;  mais 
les  gelées  blanches  détruisent,  presque  tous  les  ans,  ses 
premiers  bourgeons".  Par  suite  de  la  sécheresse  du  sol, 
la  plupart  des  races  cultivées  sont  devenues  bifères  et 
produisent  des  figues-fleurs  en  juin  et  des  figues  ordi- 
naires en  septembre  ;  ce  sont  ces  dernières  qu'on  fait 
sécher.  En  Laconie,  où  l'on  arrosait  les  figuiers  durant 
tout  l'été",  on  pouvait  récoller  des  fruits  pendant  quatre 
ou  cinq  mois  de  l'année.  Les  races  et  les  variétés  de 
figuiers  se  différencient  par  la  couleur  et  la  forme  du 
fruit  et  par  l'époque  de  la  maturité.  Théophraste  men- 
tionne les  suivantes  :  (Tuxt,  \  aéÀa'.vz'^,  'r^  Xeuxr, '^,  -îj 
XaxiDVixv-,  ",    'r^    ÀsjxoasàX'.o;  ",   Tj   o;ç.o;o;  -",     /;    (juxip'.voç  ''. 


'  Plul.  Sulon,  23;  cf.  Diijest.  X,  1,  U.  —  2  Xen.  Oecon.  XIX.  —  3  Theoplu-. 
Caïa.  pi.  m,  6,  i  :  9,  î.  —  4  TUcopUr.  U.  pi.  IV.  U,  4;  C.  pi.  1, 6,  8.  —  i  Thcopbr. 
B.pl.  I,  6,  11.  -  6  Jb.  I.  14,  4.  —  ■;  VI,  433;  XI.  167  :  XXI.  33;  XXII,  145; 
cf.  Odijts.  XII,  103.  Dans  l'île  ti'.Audros,  ces  Gguiers  sauvages  se  nomment 
encore  iç.»!,  el  leurs  fruits  l:»-»  au  lieu  de  Jiavtoi  (Lettre  du  diacre  Jacq., 
mtr  le  dtal.  d'Androt.  Ann.  des  tt.  grecq.  187t.  p.  140,  14i  et  143).  —  »  Kul- 
tttrpflanzen  ;3«  éd.',  p.  513.  —  9  Oriij.  des  pi.  eull.  p.i3i;.  —  10  VII,  116. 
—  "  I,  37.  Diodore  attribue  au  Bacchus  Indien  l'invention  de  la  culture  du 
Ggnier,  III.  6i.  —  '-•  liiilostr.  Vit.  soph.  Il,  iO  ;  cf.  P.  Foucart,  Les  qr. 
myst.  d'Eleusis,  p.  i3.  —  13  Le  figuier  est  cultivé  principalement  dans  les 
ditiricts  de  Uesséne  et  de  Calâmes,  puis  dans  ceui  d'.\ndros.  de  Carystie,  de 
Tinos,  de  Pjrlie,  etc.  —  H  Plularcli  Demetr.  li.  —  15  Tlieopiir.  H.  pi.  Il,  7,  I  ;  un 
contrat  d'Héraclée  de  Lucanic  prescrit  d'iniguer  les  figu«rs  'Jnscr.  jurid.  p.  il  I). 
I^H.pl.  11,  3,7.  —  <W6.  —  I»  Oe  caus.pl.  V,  1,8.  —  19  4.  —  SO /J.  0.  —  SI  U.pl. 
I  9,  7.  -22  B.  amm.  V,  26,  4;  cf.  Tlieophr.  H.  pi.  II,  8.  I  ;  l'iin.  O.  nul.  XVII, 
4»;  XV,  19  et  il.  De  toutes  les  descriptions  modernes,  la  plus  etacle  est 
celle  de  Toumefort  (  Voy.  au  Leiani,  I,  p.  338).  Ses  figues  fomilès,  cratitirès  et 
or/ii  sont  les  trois  fruits  successifs  du  figuier  sauvage  dont  parle  Pliue  :  In  Cea 
insuta  caprifici  triferae  sunt  iX\'l,i<i). —îiAmaenil..\cad.  1.  p.  iiT  ;  Gcner.pl. 
p.  770.  I.a  Heur  du  figuier  n"est  bien  connue  i|ue  depuis  les  travaux  de  H.  Bâillon. 


Toutes  ces  variétés  appartiennent  à  la  même  race  et  ne 
peuvent  donner  de  figues  comestibles  que  par  la  caprili- 
cation,  èpivaufioç,  méthode  singulière  consistant  à  rendre 
les  figues  cultivées  aussi  véreuses  que  les  figues  sau- 
vages. Aristote,  qui  a  longuement  décrit  le  procédé 
employé  par  les  paysans  grecs--,  prétend  que  cette  opéra- 
tion a  pour  but  d'empêcher  les  fruits  de  tomber  avant 
la  maturité,  mais  il  confond  les  fruits  i  akènes),  avec  le  sac 
charnu  qui  les  enveloppe.  Quant  aux  explications  moder- 
nes, elles  sont,  pour  la  plupart,  basées  sur  une  erreur  de 
Linné-'.  Ce  qui  est  certain,  c'est  que  les  races  de  figuiers, 
importées  d'Italie  ou  de  France  en  Grèce,  n'ont  pas  besoin 
d'être  caprifiées  pour  donner  d'excellents  fruits  -*. 

Le  grenadier,  ioa,  sotr,,  diÔTi  [cib.\ria,  p.  1152\  —  Cet 
arbre,  qui  ne  craint  ni  la  chaleur,  ni  la  sécheresse  -•', 
s'était  si  bien  naturalisé  en  Grèce  qu'il  y  formait 
plusieurs  espèces  ou  variétés-*.  On  multiplie  le  grena- 
dier par  marcottage  ou  par  greffe  sur  sauvageon.  Démo- 
crite  conseillait  de  le  planter  auprès  des  myrtes  pour 
qu'il  produise  plus  de  fruits  -'  ;  Théophraste  prétend  que 
le  fumier  de  porc  adoucit  l'àpreté  de  la  grenade  et  la  rend 
plus  sucrée-''.  La  récolte  des  fruits  se  fait  en  août- 
septembre,  avant  la  complète  maturité. 

L'amandier  (iu.uYOï/.îx,  x'j.-j'/oxkv^  -'.  — C'est  le  moins 
important  des  arbres  de  grande  culture.  On  ne  le  trouve 
en  Grèce  que  sur  une  superficie  de  394  hectares  et  les 
anciens  auteurs  ne  le  mentionnent  que  rarement^".  On  le 
trouve  cependant  à  l'état  sauvage  en  Grèce  ^'  et  en  Si- 
cile'*-, et  les  Romains  appelaient  l'amande,  nitx  graeca  '\ 
Les  meilleures  venaient  de  Naxos,  de  Thasos  et  de  Tarenle 
où  l'on  cultivait  nos  deux  sortes  commerciales  :  la  coque 
tendre,  fragili  pntamine,  et  la  coque  dure,  duro  puta- 
mine  ''. 

Le  poirier  (â:rio;)".  —  Le  poirier  sauvage,  à/po;  ^*,  se 
trouve  dans  les  montagnes  boisées  du  .Nord  de  la  Grèce. 
Ses  fruits  rie  servaient  qu'à  exciter  la  soif  des  buveurs  '". 

L'Odyssée  mentionne  quelques  poiriers,  Sy/vT,  '*,  cul- 
tivés dans  les  jardins  d'Alcinoos  el  de  Laërte  ;  le  fait  est 
possible  dans  les  lies  Ioniennes,  surtout  à  Corfou,  où  se 
trouvaient  les  Phéaciens  '^  ;  mais  dans  les  autres  contrées 
de  la  Grèce,  la  culture  du  poirier  est  aléatoire  et  ne 
donne  que  des  résultats  médiocres:  le  sol  est  trop  cal- 
caire, le  climat  trop  chaud  et  l'air  trop  sec  pour  qu'on 
puisse  espérer  des  poires  de  couteau.  Les  fruits  obtenus, 
de  nos  jours,  en  Thessalie,  en  Épire  et  en  Macédoine,  ne 
peuvent  se  comparer  qu'à  notre  poire  d'Angleterre  et  ne 
sont  bonnes  que  cuites   cibari.\,  p.  llolj. 


—  21    Uella    Rocca.    Traité  compl.    sur   tes    alieilles.    Paris.    1790,    I,   p.    246. 

—  23  Geopon.  S..  i9.  —  26  Tliéopliraste  en  mentionne  cinq  (t/.  pi.  Il,  i,  3  et  7; 
m,  10,  3).  —  27  Ap.  Florent.  (Geopon.  X.  i'.").  —  28  Theopbr.  De  caus. 
III,    9,   pi.   3.    —  M   Arislot.    H.    an.    IX,    40;   Theopbr.    H.    pi.    I,    11,   3. 

—  30  Ëupolis,  Phrynich.  etc.  ap.  Athen.  Il,  p.  3i,  53,  fragm.  i  (éd.  Didot. 
fragm.  corn.  p.  187.  —  31  Hcldreich,  Nutzpfl.  Griechenland,  p.  67.  —  32  Gus. 
sone,  Synops.  flor.  Sicul.  1,  p.  55i.  —  33  Colum.  ft.  rust.  V,  10.  li;  cf. 
Plin.  XV.  i4,  4  :    Haec  arbor  aa  fuerit   in    Jtalia    Catonis   aetate   dubitatnr. 

—  31  Pbrynicb.  L.  c.  ;  Pbiloues.  Ibid.  ;  Plin.  XV,i4,  5.-35  Theopbr.  H.  pi.  Il, 
5,  6;  Athen.  XIV,  63  ;  Galen.  Al.  fac.  II,  il  (|ui  dit  que  dans  son  pays  les  grandes 
poires  se  nomment  menâtes  ip.  605,  éd.  Kuhn).  L'àx-Tr,;  ol»o;  de  Dioscoriil. 
(De  il.  mcd.  V,  32)  est  notre  poiré.  —  36  Theopbr.  ff.  pt.  I.  14,  4.  Les  poêles 
Sophocl.  Oed.  col.  1596;  Theocr.  XIX,  90  (éd.  Abrens)  ;  Alkai  (Anth.  pal.  VII. 
536)  3;  Pliereckr.  (Bekker,  Anecd.  graec.  p.  373.  25).  emploient  la  forme  bomérii|ue 
(Odyss.  XIV,  10^  «/£3^o;,  d'où  vient  probablement  le  nom  dudéme  attique  'A/tpSo:;; 
Steph.  Bïz.  Bekker,  O.  c.  I,  34S.  —  «  Anth.  pal.  VI;  228,  i32.  ti.  L'anecdote  de 
Thrasybule  (Aristopb.  Ecclez.  355|  montre  que  ces  poires  grecques  ont,  comme 
nos  saugers,  des  poires  de  voleur  ;  elles  prennent  les  gens  à  la  gorge.  —  38  Odyss. 
VU,  115.  120  ;  XXIV,  339.  —  39  Thucyd.  I,  25  ;  V.  Bérard,  Les  PMnie.  el  lOdyx. 
sée,  I,  p.  345. 


RUS 


-  !)13 


RUS 


Pommier  {|AY,),£a)  '.  —  On  trouve  beaucoup  de  pom- 
miers sauvages  dans  loules  les  forêts  des  montagnes  et 
des  vallées  du  Nord  de  l'Asie  Mineure.  La  culture  a 
permis  d'obtenir  des  fruits  remarquables  dans  la  vallée 
de  l'Iris,  près  d'Amasia,  ainsi  qu'en  Galatie.  En  Grèce,  on 
ne  peut  cultiver  ces  arbres  à  cause  du  grand  nombre 
d'insectes  et  de  la  sécheresse  du  terrain  et  de  l'air  ;  le 
pommier  pousse  très  bien  sur  les  calcaires,  mais  ses 
racines  traçantes,  et  qui  ne  s'enfoncent  jamais  profon- 
dément dans  le  sol,  ne  résistent  pas  aux  chaleurs  de  l'été. 
On  a  même  prétendu  que  le  (iîXsr,  des  jardins  d'Alci- 
noos  ^  ne  pouvait  être  un  pommier^;  c'est  confondre  le 
climat  de  Corfou,  où  l'humidité  relative  moyenne  ne 
descend  jamais  au-dessous  de  68°6,  avec  celui  d'Athènes 
où  elle  tombe  à  40°3  et  même  à  32"-i  dans  les  après-midi 
d'août  ''. 

Cognassier  ((AïiAéïT)  xuSiûvioç)  ' .  —  Cet  arbre  ne  pousse 
pas  très  bien  dans  les  calcaires  brûlés  par  le  soleil  et 
dans  les  terres  trop  argileuses.  Bien  qu'on  le  trouve  à 
l'étal  sauvage  dans  les  forêts  du  Pinde  et  en  Asie  Mineure, 
son  centre  principal  de  culture  fut,  en  Crète,  dans  les 
environs  de  La  Canée  (Kydonia)  [cibaria,  p.  1151]. 

La  plupart  des  autres  fruits  dont  parlent  les  auteurs 
peuvent  être  considérés,  même  les  noix  et  les  châtaignes, 
comme  des  fruits  sauvages,  otypio!  xapTr&'t,  que  l'on  allait 
cueillir  dans  les  bois  ^  Pour  ces  fruits  et  ceux  de  quel- 
ques autres  arbres,  nous  renvoyons  à  l'article  cibaria. 

Rosier  (pôSov)  [hortus,  p.  292]. 

L'étude  des  arbres,  dont  le  bois  sert  à  la  construction 
ou  au  chauiïage  [ligna],  formait  un  art  spécial  nommi' 
'JXoTO|x!'a,  qu'Aristole  compare  à  l'exploitation  des  mines 
et  place  en  dehors  des  sciences  agronomiques'. 

in.  Zootechnie.  —  La  té/vt,  TijoêaTeuTix-fj  était  consi- 
dérée par  Aristote  comme  partie  essentielle  de  l'agricul- 
ture (iruvTjTtxai  Tr|  YEiopyia)  ;  il  compare  même  les  troupeaux 
à  un  champ  vivant  cultivé  par  les  bergers  *.  La  ligure 
est  d'autant  plus  exacte  que  l'élevage  est  toujours  corré- 
latif de  l'agriculture  et  que  ces  deux  arts  ne  peuvent  se 
développer  que  parallèlement.  Les  champs  ne  produisent 
qu'avec  du  fumier;  les  animaux  ne  prospèrent  que  si  on 
a  de  quoi  les  nourrir  et  les  abriter  pendant  la  mauvaise 
saison.  Les  Grecs,  ayant  négligé  l'agriculture,  yeiaoyiix 
i)/iXt|,  pour  planter  des  oliviers  et  de  la  vigne,  furent,  de 
plus  en  plus,  contraints  de  reléguer  les  bestiaux  dans 
les  forêts  ou  les  montagnes;  les  vaches  n'ayant  plus  dr 
lait  furent  remplacées  par  des  chèvres.  Et,  cependant,  les 
anciennes  traditions  recueillies  par  Aristote  et  son  disciple 
Dicéarque'  montrent  que  primitivement  les  Grecs  étaient 
un  peuple  de  pasteurs,  ce  qui  n'implique  nullement  le 

I  Theopbr.  H.  pi.  Ul,  :i,  I.  —  2  Odyss.  VII,  Mo.  IJI).  —  :i  K.  Kocli,  OiV 
Balime  u.  Strauch.  d.  ait.  Griccli.  1884,  180-185  ;  cf.  Hcsycll.  s.  V.  —  ^  Celle 
liumidité  relative  est  due  au  Zé\)ïùre  (Odijss.  VII,  119),  vent  d'ouest  (lui  vieut 
de  l'Adriatique  et  (|ui  n'est  agréable  que  sur  le  versant  occidental  de  la  Grèce; 
sur  le  versant  oriental  il  a  tous  les  caractères  du  mistral.  —  ^  Theophr. 
H. pi.  II.  5.  5;  IV,   8,  II.  —   »  f'iutarci.   De  vit.   pud.   t.  —  ^  Polit.    I,    t,  2 

—  »  Pol.    I,   3,   i.    —  'I    Varr.    /?.    rust.    I,    2:    cf.    Hcsiod.    Op.    et    d.     145. 

—  10  'i  La  migration  pt^riodique  et  régulière  en  vue  des  nécessités  de  l'industrie  pas- 
torale. i>  Aug.  Bernard  et  N.  Lacroix,  L'th'olution  du  Nomadisme  en  Algérie, 
Paris  1907,  p.  3.  C'est  l'èlat,  dont  Renan  a  Iracé  le  tableau  dans  son  Hist.  du 
peuple  d'Israël,  \,  p.  13-25,  et  qui  est  inapplicable  â  l'élevage  du  bœuf;  les  mou- 
lons et  les  chèvres  peuvent  seuls  faire  ces  longs  voyages.  —  '1  Curtius,  Hist. 
(jrecq.  Paris,  1880,  I,  p.  175.  —  l'i  Odyss.  XIV,  103-IOt;  XXIV,. lôO.  —  13  //,„,/. 
XXIII,  30;  Odyss.  X,  410;  XV,  233.  Le  meilleur  exemple  se  trouve  dans  la  phrase 
d'Arislote  comnieiu-ant  par  ^o-7;  ô  ^por^v  et  finissant  par  Tr,v  êojv.  De  un.  hist.  VI.  21. 
l.  —  H  Ar'.stot.  .471.  ff.  III,  16.  —  r,  I,es  vallées  d'Auge,  d'Arqués,  clc.  Actuellement, 
la  plupart  des  éleveurs,  bouviers  et  bouchers  de  l'Orient  sont  Épirotes.  —  "  Aristot. 
Probl.  XXV,  2.  —  i^î  Dans  une  seule  razzia,  les  Pyliens  enlèvent  aux  Eléeus  cinquante 

VIII. 


nomadisme  tel  qu'on  le  définit  maintenant  et  ([ue  le  prati- 
quent certaines  tribus  arabes  '".  A  l'époque  homérique, 
les  troupeaux  constituaient  encore  la  principale  richesse 
et  servaient  de  mesure  constante  pour  les  échanges: 
«  C'est  principalement  en  bœufs  et  en  moutons  que  l'on 
évalue  les  présents,  les  dotations,  la  rançon  des  captifs, 
le  prix  des  esclaves  ".  »  Mais,  déjà,  s'était  établie  la  cou- 
tume d'envoyer  paître  les  bestiaux,  loin  des  terres 
cultivées,  sur  les  montagnes,  dans  les  bois  qui  forment 
les  confins,  rà  'éff/aTot  '-,  de  tout  /mooç  grec. 

Bœuf.  —  Boûç  est  le  nom  commun  à  tous  les  animaux 
de  l'espèce  bovine  "  ;  plus  lard,  on  l'appliqua  plus  spécia- 
lement aux  mâles  que  l'on  châtrait  pour  dompter  leur 
caractère  et  les  soumettre  au  joug. 

Les  bœufs  ne  peuvent,  comme  les  moutons,  brouter 
l'herbe  rez  terre  ;  il  faut  qu'elle  soit  haute  et  fournie 
comme  celle  des  prairies  humides.  L'élevage  n'est  donc 
possible  que  dans  certains  pays  que  l'on  ne  trouve,  en 
Grèce,  que  sur  le  versant  occidental  où  souffle  le  véri- 
table Zéphire  :  1°  l'Êpire  ",  dont  la  constitution  ofTre 
quelque  analogie  avec  plusieurs  vallées  normandes'"; 
2°  r.\carnanie,  avec  ses  terres  alluvionnaires,  -koio.- 
[AÔyiixjToç  /(jjpa,  à  l'embouchure  de  l'Achéloos  où  se  pro- 
duisaient ces  bruits  qui  mettaient  les  vaches  en  rut'"; 
3"  les  plaines  basses  de  l'Élide'^  où  paissaient  les  trou- 
peaux d'Augias  ".  Sur  le  versant  oriental,  il  n'y  a  guère 
que  la  Phtiolide,  formée  par  la  vallée  du  Sperchéios  '■', 
et  la  plaine  de  Krannon,  en  Thessalie,  arrosée  par  les 
nombreuses  sources  de  Hassan-Tatar  -".  Dans  le  Pélo- 
ponnèse, outre  l'Élide,  on  doit  citer  la  ^essénie,  «  sillon- 
née de  cours  d'eau  et  favorable  aux  bœufs  et  aux  mou- 
lons -'  »,  qui  semble  être  resiée  un  centre  important 
d'élevage. 

A  l'époque  homérique,  le  déboisement  n'était  pas  en- 
core considérable  et  on  pouvait  nourrir  des  bœufs  dans 
beaucoup  de  petites  vallées  secondaires;  la  plupart  des 
chefs  achéens  avaient  de  nombreux  troupeaux  de  bo- 
vidés ;  l'étymologie  du  mot  hécatombe  indique  la  véri- 
table portée  de  l'épithète  itoXuS&ÛT-rjç'^^. 

Les  chevaux  étaient  rares -^  et  réservés  pour  les  chars 
des  chefs  militaires  ;  le  bœuf  servait  donc  aux  transports 
des  objets  et  des  personnes  ",  aux  travaux  agricoles,  à 
la  nourriture,  ainsi  qu'aux  cérémonies  du  culte  :  c'est  la 
plus  importante  victime  de  la  rpixToia  poOao/oç^^ 

On  élevait  les  bœufs  loin  de  toute  habitation;  on  ne 
voit  jamais  leurs  Iroupeauxdans  la  cour,  aùX-/],  delaferme, 
où  sont  les  oies-''  et  oii  viennent  parfois  les  moulons; 
ils  demeuraient  dans  de  grands  parcs,  xoTcpo^-',  qui  ne 
devaient  pas  difl'érer  beaucoup  du  poJ7Ta9[Acv  de  l'époque 


troupeaux  de  bœufs,  de  brebis,  de  porcs,  de  chèvres,  cent  cinquante  cavales  sans 
tompler  les  poulains;  lliad.    XI,   071-681;  autre    razzia  (Xenoph.    Hell.  Ul,  2). 

-  Le  pillage  de  l'Elide  des  bestiaux  fut  une  sorte  d'approvisionnement  pour  tout 
le  Péloponnèse.  »  —  1»  Theocr.  XXV  (incerlor.  IX  éd.  Ahrens,  Bucotic.  gruec 
reliq.).  —  19  Le  vers  du  Philoctèlc  d'Eschyle  cité  par  Aristophano  dans  les  Gre- 
nouilles, 1383.  Pour  la  description  actuelle  de  la  plaiue  de  Laniia  ■  et  de  ses  magni- 
fiques prairies  remplies  de  bétail  et  de  chevaux  »  :  cf.  B.  Haussoullier,  Guide 
Joamie  en  Grèce,  11,  p.  47.  —  -o  Theocr.  XVI,  38  et  Schol.  Theocr.  Ad  l.  ;  Callim. 
Hymn.  IV,  138.  —21  Eurip.  ap.  Strab.  VIII,  p.  360.  Au  nord  de  la  Messénie,  ou  peut 
encore  mentionner  les  pâturages  XtytToîïiî  du  Thermodon  et  de  l'Asope  iBacis  ap. 
Herodot.  IX,  43).  —  'iî  lliad.  IX,  154.  Iphidamas  donne  a  sa  l'emme  cent  bœufs 
[lliad.  Xî,  94't).  Ulysse  possède  douze  troupeaux  de  bœufs  qui  paissent  en  Épire. 

-  2S  Dans  le  pillage  de  l'Élide  par  les  Pylieus,  les  cent  cinquante  cavales  et  leurs  pou 
lanis  ont  plus  d'importance  que  les  cinquante  troupeaux  de  bestiaux;  lliad.  XI,  071 -681. 

-  i*  Herodot.  I,  3 1 .  —  '21  Fr.  Lenorniant,  Iteclierches  à  Eleusis,  p.  S 1 .  —  26  Odyss. 
XV,  161.  —  2''  Avec  l'accent  sur  la  dernière  syllable  (Eustath.  p.  1103,  li  :  1063, 
35)  pour  le  distinguer  de  sou  homonjrae  xinfo;,  fumier  d'où  il  dérive;  /liad.  XVllI. 
574;    Odyss.    K.'ui;  cf.  Callim.    H.    in   Dian.    177. 

lis 


RUS 


914  — 


nus 


classique'  ou  du  vouslnsion  actuel-.  Le  jour,  les  veaux 
restent  dans  le  /copros,  mais  les  vaches  et  les  taureaux, 
conduits  par  un  vieux  bœuf,  poOç  vjyejxiôv,  rjpwç^,  se  diri- 
gent vers  le  fond  de  la  vallée,  si  on  est  en  hiver  ou  au 
printemps,  pour  paître  près  de  la  rivière,  du  ruisseau; 
mais   en   été,    ils  vont  dans  les  bois   ou   les  forêts  * 
dos  coteaux  pour  y  manger,  non  pas  l'herbe,  mais  les 
feuilles  des  arbustes  '■"  si  nombreux  dans  la  flore  grecque. 
Vers  le  soir,  le  troupeau  revient  au  kopros  et  l'on  assiste 
;\  la  scène  si  exacte  de  VOdijssée  :  les  petits  veaux,  aflTamés 
depuis  le  matin,  se  précipitent  en  beuglant  contre  les 
clôtures  alors  que  les  vaches  s'élancent  en  courant  pour 
rentrer  plus  vite^  Ce  système  d'élevage  s'est   continué 
jusqu';\  nous;  Xénophon  remarque  que  tous  les  bestiaux 
vivent  en  plein   air';  mais,  par  suite  du  déboisement, 
dont  Platon  décrit  si  bien  les  effets  désastreux',  beaucoup 
de  collines  et  de  montagnes  se  dénudèrent  et  les  bes- 
tiaux ne  trouvèrent  plus,  en  été,  qu'une  nourriture  in- 
suffisante. Théocrite  parle  d'une  vache  précipitée  d'un 
rocher  où  elle  essayait  de  manger  des  feuilles  d'arbou- 
sier". N'ayant  presque  rien  à  brouter  pendant  la  saison 
chaude,  ces  bêtes  ont  à  peine  de  lait  pour  nourrir  leurs 
petits  qui  pâtissent.  Mais    cet  inconvénient  est  moins 
grave  que  si  on  les  faisait  vêler  en  hiver,  seule  saison 
où  l'herbe  est  abondante;  les  veaux,  couchant  en  plein 
air,  ne  pourraient  résister  aux  frimas.  Aristote  conseille 
donc    de    faire    les  accouplements    dans    les    mois    de 
Ihargélion  et  de  skirophorion '"  pour  qu'elles  puissent 
vêler  dix  mois  après  ",  c'est-à-dire  au  printemps. 

Chez  nous,  beaucoup  de  petits  cultivateurs  ont  une  ou 
plusieurs  vaches  qu'ils  nourrissent  le  mieux  possible 
pour  avoir  du  lait  en  abondance.  Il  n'en  fut  jamais  ainsi 
en  Orient  où  la  vache  a  moins  de  lait  que  nos  juments  '^. 
Les  vaches  sont  des  animaux  de  reproduction,  et  rien  de 
plus.  Elles  appartiennent  à  des  éleveurs  qui  ne  cultivent 
pas  et  sont  contraints  d'acheter  de  la  paille  ou  de  l'orge 
pour  empêcher  les  bêtes  de  mourir  de  faim  quand  la 
sécheresse  est  trop  grande  ou  la  terre  couverte  de  neige. 
Ces  bouviers  ou  vachers,  pojxôXoç  '%  et  leurs  valets  " 
forment  un  ordre  à  part  parmi  les  pasteurs  ;  comme  les 
toréadors  modernes,  dont  ils  ont  la  morgue  et  les  ca- 
prices '%  ils  ne  veulent  pas  être  comparés  à  des  bergers, 
à  des  chevriers  "*  ;  ils  n'otl'rent,  que  rarement,  leurs 
vœux  au  dieu  Pan  et  n'adorent  qu'Apollon  et  les  Muses •■'. 
Leur  principal  prolit  provient  de  la  vente  des  bœufs 
destinés  à  traîner  les  charrues  ou  les  voitures.  Hésiode 
conseille  avec  raison  d'acheter  un  bœuf  de  neuf  ans'*  ; 
c'est  alors  seulement  qu'ils  ont  le  plus  de  force  et  qu'ils 


1  F'olliix,  I.  iia;  Euripide.  {Heleii.  2'.1  ;  Iphiij.  Aul.  75)  place  les  ?o..TviOna 
dans  rida.  —  2  Ce  sout  des  parcs  dont  les  clùLures  faites  de  branchages  et 
d'épines  sonl  très  hautes  (H  mètres  au  moins)  pour  empêcher  les  fauves  de 
pénétrer.  Le  sol,  ou  lit,  se  compose  de  toutes  les  bouses,  xo-oi;,  accumulées 
depuis  la  construction  du  parc,  et  ((ui.  constamment  pii''linéos  par  le  li-oupeaii, 
forme  une  masse  compacte  beaucoup  plus  chaude  que  le  sol  naturel;  c'est 
même  pour  cela  que  les  bouliers  s'opposent  à  ce  qu'on  enlève  ce  fumier  (jui 
atteint  parfois  une  épaisseur  de  uu  mètre  sur  âO  à  30  ares  de  ^uper^cie.  On 
peut  juger  par  là  de  ce  qu'étaient,  non  pas  les  écuries,  mais  les  parcs  des  trou- 
peau! d'Augias.  —  3  Aristot.  De  anim.  H.  VI,  21  ;  Xenopli.  Hell.  VI.  4,  ï'.i; 
cf.  Boeckli,  C.  i.  (.  I,  805,  3».  —  4  Uoù  le  proverbe  cité  par  Théocrite  (XIV,  Vi) 
?i3«.t.  T«J;.,î  4.il«y:  cf.  Idyl.  Vil.  91.  Daplinis  offre  à  la  jeune  fille  tout  son  trou- 
peau de  bœufs,  tous  ses  bois  et  ses  prés  (Alirens,  0.  c.  inccrt.  Vil,  'ii.  —  »  Varr. 
Der.  r,nl.  II,  5.-6  Od,/ss.  X,  Hfi.  —  l  Oeetm.  VII,  19.  —iCriliax,  p.  233  (éd. 
Didot).  —  9  IX,  1 1 .  —  lu  flc  nii.  A.  VI,  21 .  0.  —  H  /b.  —  li  ..  D'un  troupeau  de  cent 
vaches  on  ue  tire  pas  un  litre  de  lait.  .  C.  de  Raymond,  L'élevage  en  Tarr/uie  {Bull. 
fie  tach.  tiecomm  franc,  de  Constantinnpte  181i8,  p.  tiS);  cf.  la  réponse  d<^  Corydon, 
Thcocr.  IV,  4.—  Ullerodoi.  I,  HO;  Aescbyl.  Prometh.  677  ;  Soph.  Trachin.  tU'.li; 
Xcnoph.    Insl.  Cyr.  I,   l,  2.  Pour  les  deui  étvmologics  piopos'is*  pir  les  anciens. 


égalent  en  vigueur  un  taureau  de  cinq  ans  '''.  Plus  jeunes, 
les  bœufs  d'Orient  ne  rendent  guère  de  services  -".  Cela 
tient  moins  aux  privations  subies  par  les  veaux  qu'à 
des  accouplements  trop  précoces-',  toujours  inévi- 
tables dans  ces  parcs  où  les  taurillons  ne  sont  châtrés 
qu'à  trois  ans.  Les  Épirotes  l'avaient  si  bien  compris  que, 
pour  maintenir  les  belles  qualités  de  leur  race  bovine^'^, 
ils  séparaient  soigneusement  les  sexes  ;  la  vache  restait 
àTidraupo;  jusqu'à  neuf  ans  '-'. 

Les  Grecs  choisissent,  parmi  les  taurillons  de  trois  ans, 
les  plus  belles  bêtes  pour  les  émasculer  el  les  vendre 
aux  cultivateurs.  La  destinée  du  bœuf  est  alors  celle  de 
nos  chevaux  :  ils  travaillent  tout  le  jour;  le  soir,  on  les 
abrite  dans  uneétable,  véritable  hangar  où  on  leur  donne 
une  ration  de  paille  hachée  et  trois  à  cinq  litres  d'orge. 
Ces  bêtes  sont  conservées  jusqu'à  l'âge  le  plus  avancé  et 
quand  elles  n'ont  plus  la  force  de  tirer  la  charrue,  on  les 
engraisse  pour  les  livrer  au  boucher'-*.  Aristote  indique 
deux  moyens  d'engraisser  les  vieux  bœufs  :  1°  donner 
des  fèves  concassées,  de  la  vesce  noire,  des  feuilles  de 
fève,  de  l'orge  pilée,  des  figues,  du  vin,  etc.  ;  2°  inciser  la 
peau  de  l'animal  et  insuffler  de  l'air  dans  le  tissu  cellu- 
laire sous-cutané -^ 

Cependant  les  anciens  rites  prescrivaient  le  sacrifice 
d'animaux  moins  âgés  que  ces  bœufs  de  labour.  Les 
administrateurs  des  temples  devaient  se  procurer  tous 
les  ans  un  certain  nombre  de  génisses  ou  de  jeunes  tau- 
reaux. Dans  quelques  villes,  on  organisait,  à  ce  propos, 
de  véritables  concourir  el  l'on  n'achetait  que  les  bêtes 
primées-'.  Autre  part,  les  temples  possédaient  d'im- 
menses troupeaux  ;  Diodore  mentionne  les  trois  mille 
bœufs  sacrés  d'Engyon  en  Sicile  '" . 

Chevaux,  dnes,  mulets.  —  L'élevage  de  ces  animaux 
se  pratique,  en  Orient,  comme  l'élevage  du  bœuf.  Mais  on 
parait  avoir  pris  plus  de  soin  dans  le  choix  des  repro- 
ducteurs-* [eOUI'S,  ASINUS,  MULIJSJ. 

Mouton  (oT;).  —  Les  Grecs  avaient  deux  races  princi- 
pales de  moutons  :  1°  Les  grosses  queues,  ai  TtXaTÛxEpxoi  *', 
que  l'on  nomme  moutons  de  Caramanie  parce  qu'ils  pa- 
raissent originaires  de  la  côte  sud  de  l'Asie  Mineure.  Ils 
sont  caractérisés  par  une  sorte  de  tumeur  graisseuse  qui 
envahit  tout  l'appendice  caudal  et  atteint,  parfois,  le 
poids  de  10  kilos.  Ce  suif  remplace  le  beurre  dans  toute 
r.\natolie  el  une  grande  partie  de  l'Europe  orientale. 
Ces  moutons  sont  très  grands,  ils  résistent  mieux  au 
froid  que  ceux  des  autres  races'''"  et  leur  laine  est  la  plus 
longue  que  j'ai  vue.  2"  Les  moutons  communs  du  Levant, 
qu'Aristole  nomme  ai  [laKpozso/.ot  (fig.  5976)  el  dont  l'un 


cf.  KusUlh.  p.  ISIT,  53  elElym.  m.  p.  208,  11.  —  it  Itiad.  XVIll,  5S0  ;  cf.  J.-R. 
Gail.  Idylles  de  Théocrite  (ou  VI)  I.  p.  0  du  dise,  prélim.  —  15  Theocr.  XX  et 
XXVll  ou  incert.  Il  et  VII  d'Ahrens.  —  16  Theocr.  VI.  7  ;  et  Tancien  vers  65  de  l'/d. 
I  :  supprimé  parce  qu'on  ne  l'a  pas  compris  :  ■<  Jadis  tu  étais  un  bouvier,  tu  n'es 
plus  qu'un  chevrier.  •  —  "  Gail,  O.  c.  p.  X.  —  18  Op.  et  d.  iU.  —  19  Aristot.  De 
an.  h.  VI,  21,  G,  —  20  «  Le  bœuf  ue  se  développe  (en  Orient)  qu'entre  la  4*  et  la 
5^  année. . .  ici,  à  trois  ans,  le  bœuf  n'est  absolument  bon  à  rien.  ■>  C.  de  Raymond, 
O.  c.  p.  02.  —  2'  «  On  a  vu  des  laureaux  et  des  vaches  s'accoupler  à  quatre  mois.  » 
Aristot.  />e«n.  A.  VI,  21,  0.  Bien  que  le  bœuf  ne  soit  dans  toute  sa  force  qu'il  cinq 
ans.  les  Grecs  les  accouplaient  à  vingt  mois,  ou  à  deux  ans  au  plus  tard  (Aristot.  O.  c. 
VI,  21,  2),  rpiand  ils  perdent  leurs  dents  de  lait.  (>tte  coutume  existe  encore  dans  lout 
le  Levant.  —  2>  Anth.  pat.  VI,  233;  Arislot.  De  an.  h.  III,  IG.  —  23  Aristot.  O.  c. 
VIII.  7,  3.  Ces  vaches,  après  avoir  vêlé,  donnaient  chacune  une  amphore  et  demi  de 
lait.  —  2V  Comme  exception,  ,lii^/i.  pat.  VI,  228.  Par  reci.nnaissance  pour  un  vieux 
bœuf  de  labour,  Alcoii  ne  l'a  pas  conduit  au  billot,  mais  l'a  mis  dans  un  gras  pâturage. 

—  25  De  lin.  h.  VIII,  7,  t.  Moyen  encore  pratiqué  par  les  maquignons  sur  les  vieux 
chevaux,  et  conidéré  comme  frauduleux.  —  2ii  Journ.  of  Isell.  stiid.  IX,  p.  323  sq. 

—  27 IV,  80.  -"Tbeogn.  ISi.  —  29  Aristot.  U.an.  VIll,  12,3.-30  Aristot.  Dean, 
h.  VIII,  10,  3.  La  fig,  5'.173,  d'après  l.enorraaul  et  de  Witte,  Elite  céram.  pi.  uxxxui. 


RUS  —  91  r;  — 

des  plus  beaux  types  est  noire  petit  mouton  algérien. 

Les  bergeries,  sTaOjxô;',    sont  assez  semblables   aux 

Pou(jTa9_u.a -,  elles  se  composent  de  cabanes,  xÀ-.ai'a',  pour 

les  bergers  et  de  parcs,  crt^y.i:;  ',  u.àv5:i  '  pour  les  ani- 


RUS 


F'S- 


-  Troupe; 


maux.  Mais  au  lieu  d'établir  ces  enclos  sur  les  premières 
pentes  de  la  vallée,  on  les  place  à  flanc  de  coteaux,  à 
l'abri  des  vents  froids,  et  sur  un  terrain  assez  incliné 
pour  faciliter  l'écoulement  des  eaux.  Généralement,  on 
choisit  des  vallons  retirés  et  boisés,  pf,!ria*.  Les  clôtures 
sont  plus  fortes  et  plus  hautes  que  celles  des  bouveries 
ou  des  haras,  car  le  mouton  est  sans  défense  contre  les 
loups  et  les  chacals,  9oJ;  ",  si  nombreux  en  Orient  ;  de 
plus,  elles  sont  fortement  inclinées  (45°)  et  forment  un 
abri  sous  lequel  toutes  les  bêtes  peuvent  se  réfugier  en 
temps  de  pluie  ou  de  neige.  Le  parc  est  divisé  en  un 
certain  nombre  de  carrés  suivant  l'importance  du  trou- 
peau '  ;  mais  il  doit  toujours  y  en  avoir  au  moins  quatre 
pour  isoler,  en  temps  convenable,  les  agneaux,  les  brebis, 
les  moutons  et  les  béliers,  car  les  bergers  prennent  beau- 
coup plus  de  précautions  que  les  bouviers  contre  les 
accouplements  précoces,  le  froid  faisant  périr  les  mères 
et  les  agneaux.  Les  déjections,  xrirrpo;,  ne  sont  jamais 
enlevées  des  mandras,  elles  forment  une  couche  très 
épaisse  destinée  à  protéger  les  bêtes  contre  l'humidité 
du  sol  ou  le  froid  de  l'hiver.  Dans  les  contrées  où  l'on 
trouve  des  grottes,  des  cavernes  accessibles,  les  bergers, 
à  l'imitation  de  Polyphème,  y  abritent  leurs  bêtes  pendant 
toute  l'année  '. 

Les  moulons  ne  sortent  jamais  du  parc  avant  8  ou 
9  heures  du  matin  ,  car  l'herbe  couverte  de  rosée 
leur  est  funeste;  on  ne  les  conduit  pas  dans  des 
plaines  humides  où  ils  contracteraient  la  pourriture; 
généralement  on  les  fait  pailre  sur  les  coteaux,  dans  ces 
forêts  nommées  «TxTpa'",  où  on  ne  trouve  plus  que  des 
essences  arbustives,  myrtes,  arbousiers,  lentisques,  etc. 
On  cultivait  même,  spécialement  pour  les  moutons,  un 
arbuste,  le  cytise  imedicago  arborea  Z..),  xjticûç  ".  Cette 
légumineuse  trifoliée,  originaire  de  l'ile  de  Kythnos  ou 
Thermia,  se  propagea  rapidement  dans  toute  la  Grèce, 
car  un  plèthre  carré  planté  en  cytises  donnait  un  revenu 
annuel  de  lOOU  sesterces  '-.  Elle  passait  pour  augmenter 

I  Itmd.  XVIII,  339.  —  2  follui.  1,  i49;  9,  IC.  —3  lUad.  XVIII.dSO.  —  -Ihad. 
XVIII,  589;  Odtjts.  I.\.  il9;  Hesiod.  Op.etd.  785:  Plal.  Resp.  V,p.  460, C;  Theael. 
|ï.  174  C.  —  5  HesTclï.  s.  V.  ffT.«iî;  ;  ce  mot  esl  passé  dans  toutes  les  langues  du 
Levant,  môme  dans  le  français.  —  ^  tliad.  XVIII,  588  :  sur  le  sens  de  ce  mot  i|ui 
signifie  vallon  boisée  cf.  Sirab.  IX,  5,  —  ^  Tbeocr.  1,  115;  cf.  P.  de  Tchiliatchef, 
Le  Botphore  et  Conslantinople,  1866,  p.  90  sq.—  *  Tlieocr.  .XXV,  li.  —  '^  Herodol.  IX . 
93.  Cf.  fig.  4939.  Cet  usage  subsiste  encore.  —  '0  Hesych.  s.  v.  Ces  forets  ont,  à  pre- 
mière vue,  l'aspect  de  nos  taillis  de  moins  de  dix  ans  ou  des  fourrés  de  moris-bois. 
—  Il  Tbeop'.ir.  H.  pi.  I,  6,  I  ;  cf.  Colum.  De  r.  rusl.  V,  12  ;  De  arbor.  ii.  On  le 
nomme  aujoui-d'bui,  Tpt^-jAÀoxîiaS*.  —  '-  .Arisloniach.  Allien.  ap.  Plin.  U.  nat.  -Xlll, 
47,  i,  —  13  Aristot.  De  an.  h.  III,  16;  .\ristomaque  conseillait  d'en  donner  eu 
infusion  aux  nourrices.  —  1^  .\ristot.  De  un.  h.  111,  16.   —  I"'  Oribas.   Coll.  med. 


le  lait  des  brebis '\  tandis  que  la  luzerne,  plante  du 
même  genre,  avait  la  réputation  de  le  faire  perdre  '*. 

On  engraissait  les  moutons  du  21  mars  au  -21  juin  '  •  en 
cherchant  à  les  faire  boire  le  plus  possible.  On  commen- 
çait par  les  faire  jeûner  pendant  trois  jours;  puis  on 
leur  donnait  des  concombres  dans  de  l'eau  salée,  et,  tous 
les  cinq  jours,  on  distribuait  un  médimne  de  sel  pour 
cent  bêtes  ".  Parmi  les  curiosités  de  la  Grèce,  on  citait 
deux  ruisseaux  de  l'Eubée  dont  l'un  blanchissait  la  laine 
des  moutons  qui  s'y  abreuvaient  et  l'autre  la  noircissait  '^ 

Chèvre  (x'I).  —  Cet  animal,  qu'on  ne  trouve  que  dans 
les  pays  où  l'agriculture  est  rudimenlaire.  a  toujours  été 
nombreux  en  Grèce.  Il  y  en  a  encore  1963  894  dans  le 
royaume,  alors  qu'on  n'y  trouve  pas  50 000  bovidés  de 
tout  genre".  C'est  que  la  chèvre  fournit  presque  tout  le 
lait  [lac,  caseum]  dans  les  contrées  où  la  vache  peut  à 
peine  subsister.  La  chèvre  se  contente  de  peu  ;  elle  vil 
de  lérébinlhe  ",  de  bruyère  -°;  elle  trouve  à  manger  dans 
les  montagnes  où  il  n'y  a  que  ronces  et  chardons-'.  Un 
poète  donne  au  rocher  l'épilhèle  de  aîyiê&To;'--. 

Les  chevriers,  dont  les  mœurs  bestiales  sont  peintes 
par  Théocrite,  adressaient  leurs  vœux  à  Pan  ;  le  plus  sou- 
vent, ils  lui  demandaient  de  préserver  leurs  bêtes  de  la 
dent  du  loup"  et  de  leur  donner  deux  petits  par  portée  *'. 

Cochon  (5;)  ^'\  —  Aristote  range  cet  animal  parmi  les 
quadrupèdes  dont  le  corps  est  tout  entier  poilu  comme 
l'ours  et  le  chien".  Cela  prouve  que  la  race  porcine  esl 
la  même  qu'autrefois  et  qu'elle  tenait  plus  du  sanglier 


Fig.  S977.    —  Paysans  conduisant  leurs  porcs  au  marché. 

d'Europe  et  d'Asie  (fig.  5977  ;  cf.  fig.  2115)  que  du 
cochon  égyptien  '-'. 

A  l'époque  homérique,  les  Grecs  avaient  de  nombreux 
troupeaux  de  porcs  qui  paissaient  dans  les  forêts  de 
chênes^';  cel  usage  existait  encore  du  temps  où  Polybe 
remarquait,  qu'en  Grèce,  les  porchers  suivent  leur  trou- 

1,  3.  —  10  Aristot.  De  an.  h.  VlU,  lu,  1.  -  n  strab.  X,  I,  14;  le  Kralliis  p.issait 
pour  avoir  la  même  vertu  {VI,  1,  13).  —  18  D'  Clon  SIepbanos,  La  Grèce  au  point 
de  vue  naturel,  p.  40S.  — 19  Anth.pal.  VI,  336.—  20  Theocr.  I,  13.  —  21  Tbeocr. 
IV,  B7.  —TiAnth.pal.  VI,  334.  —  23  Anlb.  pal.  VI,  35,  99.  —  ii  Anth.  pal.  VI, 
i;9.  —  25  L'étymologie  proposée  pai-  Varrou  {De  re  r.)  n'est  plus  admise.  —  26  /*e 
an.  h.  Il,  i,  5.  Barthélémy  Saint-Hilairc  a  eu  tort  de  critiquer  ce  passage  {Hist. 
des  animaux  dAristole,  I,  p.  109).  C.  de  Kayniond  (0.  c.  p.  72j  décrit  ainsi  le 
cochon  du  Levant  :  •>  Sa  peau,  recouverte  d'une  épaisse  fourrure  de  soies  noires  il 
fauves,  rudes,  longues  et  toujours  hérissées  sur  le  dos,  est  encore  protégée  par  un 
épais  matelas  laineux.  -»  —  27  Fig.  5977  d'après  Dubois-Maisonneuve, /«/rorf.  à  t étude 
des  vasesprintSf  pi.  i.iv,  3.  —  2S  Odyss.  XXIV,  loi.  Pour  les  douze  troupeaux  de 
porcs  d'Ulysse,  cf._V.  Bérard,  Les  Phéniciens  et  l'Odyssée,  II.  p.  45i. 


nus 


—  î)10  — 


RUS 


peau,  tandis  qu'on  Italie,  ils  1(>  précèdont'.  Mais  la  fa- 
cilité avec  laquelle  on  élève  les  cochons  fit  que  tous 
les  petits  cultivateurs  voulurent  engraisser  un  ou  deux 
de  ces  animaux;  en  Attiqiie,  le  cochon  devint  l'animal 
domestique  par  excellence'-;  il  fut  même  considéré 
comme  faisant  partie  de  la  famille^  Les  anciens  engrais- 
saient un  porc  en  soixante  jours  ;  ils  le  faisaient  jeûner 
soixante-douze  heures;  puis  lui  donnaient  de  l'orge,  du 
millet,  des  poires  sauvages,  des  figues,  des  concombres'. 
Mais  ce  qui  engraissait  le  plus  cet  animal,  au  dire 
d'Aristote,  c'est  le  repos  et  on  devait  l'emprisonner, 
comme  on  le  fait  maintenant,  dans  une  palissade  si 
étroite  qu'il  ne  peut  marcher. 

IV.  HoRTicuLTiRE.  —  Lcs  Grccs,  surtout  dans  l'Atlique, 
mangeaient  beaucoup  de  légumes,  de  verdure.  La 
plupart  de  ses  plantes  citées  comme  aliments  [cibaria, 
p.  11 V4  sq.]  étaient  recueillies  dans  la  campagne  où  elles 
croissent  encore  spontanément.  Pour  les  quelques  rares 
léguuies  que  l'on  cultivait  alors,  voir  hortus  etviLLA^ 

dojiE.  —  L'agronomie  romaine  dérive  de  l'agronomie 
grecque,  soit  par  les  Étrusques ^  soit,  plus  directe- 
ment, par  les  Campaniens.  Mais  les  Latins,  plus  mé- 
thodiques, plus  attachés  à  la  terre  que  les  Hellènes, 
perfectionnèrent  rapidement  les  méthodes  premières  et 
ne  refusèrent  jamais  d'adopter  ce  qu'ils  virent  de  meilleur 
chez  les  étrangers. 

.\u  début,  les  choses  se  passent  comme  dans  toute 
colonie  grecque.  Le  territoire  est  divisé  en  deux  parts  : 
1°  les  terres  de  culture  ;  2°  celles  qui  étaient  destinées  à 
servir  de  pâturages  communs,  compascua,  à  tous  le  s 
bestiaux  appartenant  aux  citoyens.  Sur  les  premières, 
on  prélevait  les  domaines  royaux  et  sacerdotaux,  puis 
on  divisait  le  restant  en  lots  égaux  répartis  viritim'' . 
D'après  une  tradition,  acceptée  par  tous  les  auteurs*, 
chacun  des  sujets  de  Romulus  ne  reçut  qu'un  lot  de 
2jugères  [centuria,  p.  101],  soit  environ  50  ares,  ce  qui, 
cultivé  en  céréales,  est  insuffisant  pour  nourrir  une 
famille  ^  Il  faut  donc  admettre  que  les  premiers  Romains 
vivaient  surtout  du  produit  de  leurs  troupeaux  qui 
paissaient  dans  I'ager  romanus  et  que  ces  lots  si  exigus 
servaient  uniquement  à  la  culture  de  quelques  arbres 
fruitiers  et  des  légumes  '". 

Après  de  nouvelles  conquêtes,  et  surtout  après  l'endi- 
guement  du  Tibre  et  le  dessèchement  des  marais,  la  su- 
perficie des  lots  fut  portée  à  7  jugères(l  hectare,  76)  ",  ce 
qui  permit  de  faire  un  peu  d'agriculture,  de  récolter  de 
l'orge,  ou  mieux  de  l'épeautre,  far''^,  dont  on  décortiquait 
les  grains  en  les  faisant  griller  selon  le  précepte  de 
Numa  qui  avait  institué  à  cet  effet  la  fête  des  fornacalia. 


1    XII,   *.    —  2  Al-isloph.    Plut.    8iO;  Par,   24,    <,li7  ;    Vesp.   :)6  ;   Lysislr.   G84. 

—  3  Aristoph.  J'Iul.  1 100.  —  4  Arislol.  De  an.  h.  Vill,  0,  3  (ùd  Didot).  —  5  piin. 
//.  nat.  XIX,  22:  Bortos  vUtae  jungendos  non  est  dubium.  —  6  G.  Conestabilc, 
Degli  Etruschi  e  delV  agricoUura,  Pci'ugia,  1859.  —  ^  Varr.  De  r.  rust. 
I,  10.  —  »  V.  Duruy,  ffist.  des  liom.  1,  p.  72.  L'auleur  éniel  une  hypothèse 
très  ingénieuse,  mais  contraire  aux  lexlcs  connus  et  aux  coutumes  aucicnnes. 
Sa  distribution  des  terres  par  centuries  est  basée  sur  le  système  arabe  d'Algérie. 

—  9  Voigl.  liUein.  Mus.  a.  f.  XXIV,  1868,  p.  52  ;  A.  MeiUen,  Sierlelung  ii. 
Agrarwesen,  18'.i5,  I,  p.  ii8.  Le  calcul  est  facile  :  on  donnait  4  modii  de  blé  par 
mois  aux  esclaves  (Cal.  Oe  aijr.  cuit.  56  :  Senei-.  Epist.  80)  ou  aux  soldats  (l'olyb. 
VI,  39),  soit  48  par  an  ou  un  peu  plus  de  4  bectolilres:  autant  pour  la  femme  et 
tous  les  enfants,  cela  ferait  8  bcctolilres  par  famille,  l'our  les  récolter  sur  5u  arcs, 
la  moitié  étant  en  Jachère,  il  faudrait  que  le  rendement  moyen  fût  de  32  hectolitres 
par  hectare.  Nos  meilleures  lerrcs  de  la  lirie  et  de  la  llcauce  tlonncnt,  en  moyenne, 
de  20  il  2.5  hectolitres.  —  iO  Liv.  V.  47  ;  VI,  17  ;  VII,  37  ;  «,11.  XX,  1,  45  ;  Horat. 
Sal.  I,  5,  65;  cf.  Flin.  [H.  nat.  XIX,  19,  7|  :  Quippe  e  carnario  au.1  macello  liuen- 
didii  etse.  —  "  C'est  à  peu  prés  la  surface  de  la  cour  du  Loutre.  Adam  Dickson 
croit  que  ces  7  jugèrcs  étaient  cultivés  ii  la  bêche  et  non  à  la  charrue  (Z>e  l'aijricult. 


C'est  également  à  ce  roi  qu'on  attribue  les  premières 
bornes  champêtres  [termiivi'sI,  et  les  cérémonies  que  l'on 
faisait,  avant  les  semailles,  en  l'honneur  de  Seia  ainsi 
que  celles  qui  avaient  lieu,  avant  la  moisson,  en  l'hon- 
neur de  Segesta'^ 

Dans  les  premiers  siècles  de  la  République,  les  séna- 
teurs et  les  généraux,  duces,  cultivaient  eux-mêmes 
leurs  biens,  comme  les  anaklès  homériques;  les  censeurs 
inspectaient  les  champs,  réprimandaient  les  mauvais 
cultivateurs";  le  laboureur  qui  avait  obtenu  les  plus 
belles  récoltes  était  appelé  bonus  agricola,  ce  qui  était 
alors  le  plus  bel  éloge'".  Avec  de  pareilles  mœurs, 
l'agriculture  suffisait  à  nourrir  le  pays  ",  et  même  les 
armées  en  campagne".  Mais,  au  iv"^  et  au  m''  siècle 
av.  J.-C.  survint  une  crise  qui  transforma  complètement 
le  système  agronomique  des  Romains  :  la  petite  culture 
disparaît  et  fait  place  à  l'exploitation  de  vastes  domaines. 
J.  Marquardt  attribue  ce  changement  à  l'avilissement 
du  prix  des  céréales  causé  par  les  redevances  en  nature 
que  durent  livrer  les  Siciliens  et  les  Sardes  vaincus'*. 
C'est  oublier  que  la  petite  culture  avait  pu  se  maintenir 
en  Attique,  bien  qu'Athènes  fût  devenue  le  grand  marché 
de  l'importation  des  blés,  bien  qu'Eleusis  eût  com- 
mencé à  vendre,  souvent  à  vil  prix,  les  prémices  de 
toutes  les  récoltes  des  alliés  et  des  tributaires,  bien  que 
des  rois  étrangers  fissent  gratuitement  distribuer  au 
peuple  athénien  des  quantités  considérables  de  froment. 
Les  Latins  pouvaient,  comme  les  Grecs,  délaisser  la 
culture  des  céréales  qui  ne  donnait  plus  de  profit"  et 
cultiver  la  vigne  ou  l'olivier.  Dans  tous  les  pays,  de 
semblables  transformations  s'opèrent  sans  amener  la 
ruine  des  cultivateurs  -". 

La  crise  romaine  du  m'  siècle  est  trop  semblable  à 
celle  qui  causa  la  ruine  des  Géomores  de  l'Attique  pour 
n'avoir  pas  les  mêmes  causes.  Toutes  deux  (comme  la 
crise  agricole  qui  eut  lieu  en  France  à  la  fin  du  wiii"^  siècle) 
sont  dues  à  un  essor  trop  rapide  du  commerce.  Les  pre- 
miers négociants  qui  s'enrichissent  ont  hâte  de  se  retirer 
des  affaires  et  achètent  de  la  terre  pour  sauvegarder  leurs 
bénéfices.  Il  faut  ajouter  qu'à  Rome,  les  sénateurs,  les 
fonctionnaires  de  tout  ordre,  enrichis  de  la  dépouille  des 
peuples  vaincus  et  ne  pouvant,  à  cause  de  leur  situation 
officielle,  se  livrer  à  l'usure,  mirent  également  leurs  capi- 
taux dans  des  entreprises  agricoles.  C'était  un  moyen 
honnête  de  grossir  son  épargne  -',  tout  en  se  conformant 
à  l'antique  tradition  de  placer  ses  deniers  sur  de  bons 
gages  ^-.  Cette  intrusion  de  la  finance  dans  les  choses 
agricoles  fut  fatale  aux  petits  cultivateurs  du  Latium  qui 
devinrent  des  o6oe?'«//,  puis  disparurent  complètement  de 


des  Anciens,  1802,  I,  p.  13).  Celle  Ijypollièse,  bien  qu'émise  par  un  pralicien,  n'est 
guère  admissible.  Les  terres  de  la  vallée  du  Tibre,  de  la  campagne  romaine,  étaient 
très  compactes,  au  dire  de  Galon.  V'arron  prétend  qu'il  fallait  plus  de  quatre  jours  pour 
labourer  à  la  charrue  cliai|ue  jugère  [De  r.  rust.  1,  18).  —  1'^  A. -F.  iMagerstedt. 
Bild.  aus  d.  rôm.  Landwirlhsch,  V,  p.  283  sq.  -  !■>  Pliu.  H.  nut.  XVlll,  2.  Voir 
l'arL  FERUE,  t.  II.  p.  1042  cl  1048;  cf.  J.  Marquardt,  qui  a  dressé,  d'après  saint 
Augustin,  la  liste  des  divinités  rustiques  des  Latins  {Le  culte  chez  les  Romains, 
1889,  p.  20)  ;  Huschke,  Dus  alte  rôm.  Jahr..  admet  (p.  358)  le  témoignage  de  Lydus 
[De  mens.  III,  !'■)  pour  les  Semenlivae  célébrées  après  les  semailles,  —  "  Plin.  B. 
nat.  .XVllI,  4,  4  cl  5.  —  ■■'  Cal.  De  afjr.  cuit.  pr.  Cependant  Pline  cite  G.  Furius 
Gresinus,  qui  fut  accusé  do  maléllces  parce  que  ses  récoltes  étaient  plus  belles  que 
les  autres;  il  est  vrai  que  celui-là  lut  absous  {H.  nat.  XVIII,  S,  2),  —  '6  Plin,  B. 
nat.  XVllI,  i.  —  ''•  Tacit.  Ann.  XII,  43.  —  18  Vie  privée  des  Rom.  1893,  p.  13 
sq.  —  l!i  Sur  les  recolles  et  le^  prix  du  blé.  cf.  annona,  1,  p,  274  ;  cf.  également 

FnUaiESTAHIAE     I.F.GES,     FKCMENrUM    EMPTtM,    UUimEL'M,    LAWGITIO.    —    20    Oc    UOS  jOUrS, 

on  peut  citer  la  garance  remplacée  par  la  vigne  en  Provence;  le  café  par 
le  caoutchouc  au  Brésil.  -  -'  Gat,  t>e  aijr.  cuit.  pr.  —  '-2  lierai.  Epoë. 
Il,  103  107. 


RUS 


itr 


RUS 


toute  l'Italie',  remplacés  par  le  polilor^,  sorte  de  mé- 
tayer. On  abandonnait  à  ces  derniers  du  cinquième  au 
neuvième  de  la  récolle  du  blé,  selon  que  le  partage  étaitfait 
à  la  corbeille  ou  au  modius  et  selon  que  le  sol  était  bon, 
ordinaire  ou  médiocre  ;  pour  l'orge  et  les  fèves,  ils  rece- 
vaient le  cinquième  ^  Celte  situation  précaire  était 
encore  aggravée  par  l'ingérence  continuelle  des  proprié- 
taires, et  c'est  pour  mieux  guider  ceux-ci  que  Caton  com- 
pose son  De  agri  cu/lura  ',  qui  est  moins  un  mémento 
agronomique  qu'un  manuel  de  propriétaire  foncier.  Le 
souci  de  l'auteur  n'est  pas  de  rechercher  ce  qui  convient 
mieux  à  la  terre  et  quels  doivent  être  les  meilleurs  asso- 
lements, dont  il  ne  parle  pas,  que  d'étudier  si  la  vigne 
rapporte  plus  que  l'olivier  et  dans  quelles  circonstances. 
Ce  qui  le  préoccupe  surtout,  c'est  de  régler  le  travail  du 
métayer;  c'est  de  veiller  à  ce  qu'il  ne  perde  passontemps^. 
11  va  même  jusqu'à  lui  interdire,  ainsi  qu'à  la  métayère, 
les  pratiques  religieuses  qui  peuvent  les  éloigner  de  la 
propriété  :  "  les  Lares,  les  Mânes  et  les  Sylvain»  suffisent 
à  la  protection  de  la  ferme  ;  il  n'est  pas  besoin  d'autres 
dieux  "^  ».  Quant  aux  bètes  de  somme,  jamais  chômera 
Ces  métayers  disparurent  bientôt  et  furent  remplacés 
par  le  villicus  *,  sorte  de  gérant  que  l'on  faisait  surveiller 
par  un  intendant  rural,  le  procurator''.  Varron,  qui 
écrit  égalen\ent  pour  les  propriétaires  fonciers,  leur  in- 
dique, mois  par  mois,  ce  que  le  villicus  devra  faire  et  il 
conseille  d'afficher  ce  règlement  dans  la  ferme  pour  que 
le  gérant  ne  puisse  arguer  d'ignorance'".  Son  avis  fut 
suivi  et  l'on  a  encore  plusieurs  de  ces  ménologes  agri- 
coles indiquant,  pour  chaque  mois,  de  combien  d'heures 
se  compose  la  journée  de  travail  et  les  opérations  à 
effectuer  '  ' . 

.\  la  fin  de  la  République,  les  propriétés  étaient  deve- 
nues si  considérables  qu'il  aurait  fallu  des  milliers  d'ou- 
vriers pour  les  exploiter '^  On  chercha  alors  à  réduire  la 
main-d'œuvre  ou,  plus  exactement,  les  frais  de  nourri- 
ture du  personnel.  Comme  la  vigne  exige  au  moins 
soixante  esclaves  par  100  hectares  ",  on  l'arracha,  sauf 
dans  les  meilleurs  crus,  et  toutes  les  plaines  furent  trans- 
formées en  prairies  d'élevage.  Déjà  Varron  se  plaint  que 
le  bouvier  ait  repris  la  place  des  pâtres  de  Romulus  et 
fait  disparaître  l'ancien  cultivateur  romain  ". 

1°  Connaissance  du  sol.  —  Les  Romains  s'embarras- 
saient peu  de  toutes  les  subtilités  de  la  physique  grecque*"; 
ils  classaient  les  terres  en  bonnes,  ordinaires  et  mé- 
diocres ".  Si  l'on  voulait  plus  de  précision,  on  ajoutait 
une  épithète  tirée  de  l'élément  dominant  :  cretosa,  argil- 


1  Varr.  Le  r.  rust.  I,  1",  qui  n'en  connaît  plus  (|u"en  Asie,  en  Egypte  et  en 
lllyrîe.  —  2  Ulpian.  Digest.  XVII,  2,  oi,  2  et  la  noie  de  Godefroy.  —  3  Cat. 
De  agr.  cuit.  136.  —  ^  C'est  le  titre  adopté  par  l'un  des  plus  récents  éditeurs, 
H.  Keil  (éd.  Ibner),  I8'J5;  cf.  du  môme  auteur,  Comment,  iii  Caton.  librum,  Leipz. 
1*94.  —  i  Cat.  De  agr.  cuit.  3t);  cf.  Virgile  «[ui  lui  a  emprunlé  ces  «cellentes 
ina&imes,  Georg.  i,  273,   mais  les  a  atténuées  par  des  réminiscences  d'Hésiode. 

—  c  Duruy,  But.  fies  Rom.  1,  p.  136,  admire  un  peu  trop  ces  préceptes  dictés 
plutôt  par  l'avarice  que  par  le  bien  de  la  ferme.  Il  ne  faut  pas  oublier  que  pour 
Caton,  le  premier  devoir,  c'était  de  gagner  de  l'argent  (l'iut.  Cat.  maj.  21),  et 
que  cet  auteur,  qu'on  représente  à  lort  comme  un  type  de  cultivateur,  commandi- 
tait une  fouleric,  faisait  le  trafic  d'oulre-mer  et  ne  se  désintéressait  pas  de  la  traite 
des  esclaves.  Les  deux  Sascrna  sont  encore  plus  exigeants  :  personne  ne  doit 
sortir  de   la  propriété  (Varr.  De   r.   rust.  I,    16).  —  'i   Cat.    De  ng.  cuit.    136. 

—  »  Cat.  De   ag.    cuit.  3   et  142;  Varr.    H.    rust.    I.    14;    Colum.   XI.    1,    7. 

—  9  Colum.  1,  6;  PliD.  Epist.  III,  19.  —  «0  De  r.  rust.  1,  36.  —  »  C.  i.  (. 
VI,  p.  637,  mcnol.  du  mu^ée  de  Naples;  p.  638  et  639  pour  le  mcnol.  romain 
dit  Vallense.  —  i-  u  En  29t,  il  fallait  déjà  2  OOU  travailleurs  à  un  consul  pour 
défriilicr  ses  bois.  .  V.  Dnruy,  0.  c.  I,  p.  283.  —  "  Cal.  De  a.  cuit.  Il  et  ap. 
Varr.  /(.  rust.  1.  19.  —  l»  Varr.  O.  c.  Il,  I.  —  «5  Piine  termine  son  exposé  de  la 
nature  du  sol  par  cet  aphorisme  :  Omnium  reram  sunt  quaedam  in  alto  sécréta^ 


losa.  lapidosa,  etc.,  modifié  par  un  adverbe,  ralde,  me- 
dioc}-Jler'\  Mais  ce  ne  sont  pas  ces  questions  géolo- 
giques qui  les  préoccupaient  le  plus.  La  cognilio  fundi 
envisage  principalement  la  situation  de  la  villa  et  son 
exposition.  C'est  qu'il  est,  en  Italie,  des  terres  où,  selon 
le  proverbe,  «  on  fait  fortune  en  un  an,  mais  où  l'on 
meurt  en  six  mois'*»  du  paludisme".  Tous  les  agro- 
nomes latins  recommandent  de  ne  pas  acheter  de  biens 
dans  ces  contrées  malsaines;  ils  recommandent  égale- 
ment de  ne  pas  trop  s'éloigner  des  grandes  villes  et  de 
chercher  les  facilités  de  communication,  les  routes  et  les 
fleuves  '",  ce  dont  les  Grecs  n'avaient  cure. 

Clôtures.  Saepes,  sapiinentum.  —  'Varron  conseille 
de  ne  pas  se  contenter  de  borner  les  champs  ;  il  vaut 
mieux,  pour  prévenir  toute  contestation  avec  les  voisins 
et  éviter  les  procès,  planter  des  ormes  ou  des  pins  entre 
les  bornes;  l'orme  rapporte  le  plus;  il  produit  des 
feuilles  pour  les  brebis;  il  fournit  des  branches  pour  les 
ouvrages  en  clayonnage  et  du  bois  pour  le  chaufTage. 
C'était  l'usage  à  20  kilomètres  au  nord  de  Rome;  mais, 
près  de  Naples.  on  plantait  des  cyprès-'. 

Tous  les  vergers  et  les  prairies  étaient  entièrement 
clos,  soit  ;  1°  dune  haie  vive,  natur-ale  sepimentum  ; 
2°  d'une  ligne  de  pieux,  ex  agresti  ligna,  dont  on  gar- 
nissait les  intervalles  par  un  clayonnage  ou  des  brous- 
sailles ;  3°  d'un  fossé  avec  escarpe,  militnre  sepimentum  ; 
clôture  employée  généralement  le  long  des  routes  et  des 
cours  d'eau;  4°  enfin,  d'un  mur  en  pierres  (environs  de 
Tusculum),  en  briques  crues  (pays  des  Sabins),  ou  cuites 
^Gaule),  en  une  sorte  de  béton  aggloméré  (Espagne  et 
Calabre)  --. 

Instruments  agricoles.  —  .\  l'exemple  d'Arislote  ",  les 
agronomes  latins  divisent  les  instrumenta  en  trois  ca- 
tégories :  1°  genus  vocale,  ou  les  hommes;  2°  semivocale 
ou  les  animaux;  3°  mutum  ou  les  machines-'. 

a.  Hommes.  Ils  forment  deux  classes  distinctes  :  les 
esclaves  et  les  travailleurs  de  condition  libre. 

k  l'origine,  tous  les  cultivateurs  sont  des  citoyens  qui 
occupent  même,  parfois,  les  premières  dignités  de  la 
République.  Le  colon,  colonus,  romain,  dont  parle  Caton, 
est  également  de  condition  libre  et  maître  de  ses  terres  -  % 
alors  qu'en  Grèce,  il  n'était  qu'usufruitier,  locataire  ou 
partiairc  (partiarius),  comme  le  fut  plus  tard  le  politor  *' 
des  auteurs  latins. 

L-Apolitio  ne  doit  pas  être  confondue  avec  le  métayage  ; 
le  politor  n'est  pas  un  employé  payé  en  nature,  c'est  un 
associé,  sof/us-',  apportant  son  industrie  dans  une  entré- 


es suo  cuigue  corde  pervidenâa  {H.  nat.  XVU.   3,  4).  —  16  Cat.  De  n.  cuit.  136. 

—  I'  Varr.  De  r.  rust.  1,  9.  —  i»  In  .Maremma  si  arrichisce  in  un'anrio,  si  muore 
in  sei  mesi.  —  19  Les  fièvre's  des  Jlarcmmes  sont  plus  pernicieuses  que  les  fièvTes 
paludéennes  de  Grèce  dont  le  calcaire  poreux  ne  laisse  pas  à  l'eau  le  temps  de  séjour- 
ner en  été  ;  dans  les  contrées  trop  malsaines,  il  n'y  a  ni  village  ni  culture.  Calon 
et  les  autres  agronomes  n'écrivent  pas  pour  des  villageois,  qui  connaissent  le  pays, 
mais  pour  des  capitalistes  en  quête  de  bons  placements.  C'est  à  eux  que  Varron 
croit  devoir  dire  :  Cbi  salubritas  non  est,  cullura  non  aliud  est  {De  r.  rust.  I.  4;. 

20  Varr.  O.  c.    I,  16.  —  21  Varr.  B.  rust.  I.  14;  Caton  conseille,  dans  le  même 

but.  de  planter  des  ormes  et  des  peupliers  uti  frondem  ovibus  et  bubus  habeas. 

—  22  Varr.  R.  rust.  I,  14,  qui  indique  cette  classification;  cf.  Colum.  V,  (0; 
X,  3;  Pallad.  I,  34;  VI.  3;  Pline  {f}.  nat.  XXXV,  48)  donne  les  détails  pour  ces 
murailles,  "  quos  appcllant  fornaceos  -.  Pour  la  question  juridique,  cf.  Digest. 
X,  tit.  I,  finium  regund.  et  plus  spécialemenl  paragr.  13  ;  Gains,  Ad  leg.  xii  tab. 
pour  les  bornes  déplacées,  Dig.  XLVIl.  Til.  XXI,  De  term.  moto.  —  23  Polit. 
I,  2,  4.  T.:.  5'ôfY«"»-  ■•'<  -M-  «1j7.«  '«  S'îl>ij/.«-  —  ^^  Varr.  De  r.  rust.   I,  17. 

—  25  Z)e  domino  bono  colono  melius  emetur  (Cat.  De  a.  cuit.  I).  II  faut  donc  le 
distinguer  du  partiarius  colonus  des  époque»  postérieures  (Scaevola,  Digest. 
XXXIll,  -,   20.  par.  3).  —  26  Th.  .Mommsen,  Jiôm.  Gesch.  1882,  II,  363,  note;  368. 

—  27  Digest.  XVII.  2,  23,  2. 


RUS 


—  \ns 


prise  agricole  et  son  conlral  est  régi  par  les  lois  sur  les 
associations  commerciales  '.  Kntre  autres,  le  propriétaire 
est  responsable  de  toutes  les  dettes  contractées  par  le 
poli/or   pour    l'exploitation    rurale'.   Cette   association 
entre  personnes  qui  ne  sont  point  de  la  même  profession 
et  ne  peuvent  avoir  les  mêmes  idées  est  fatalement  con- 
damnée à  disparaître.  Les  propriétaires  jugèrent  préfé- 
rable de  donner  leur  domaine,  en  tout  oupartie^  àlerme, 
/ocotio,    contre  espèces'.    Le  cultivateur,   ro/onus,    qui 
devenait  fermier,  condiictor,  faisait  avec  le  propriétaire, 
locator,  un  contrat  de  louage  stipulant  la  durée  du  bail, 
ordinairement  cinq  ans%  le  prix  du  fermage''  et,  parfois, 
le  genre  de  culture".  Tous  les  biens  meubles  du  fermier 
servaient  de  gage  ainsi   que  dans  les  autres   locations 
d'immeubles».  Si  ce  gage  n'était  pas  suffisant,  le  pro- 
priétaire pouvait,  par  une  convention  expresse,  prendre 
hypothèque  sur  les  instruments  agricoles'',  bien  que  ce 
fût,  comme   le  remarque  le  législateur,  un    dommage 
pour  la  chose  publique.  Le  fermier  avait  toujours  le  droit 
de  sous-atiermer  tout  ou  partie  du  domaine  ;  le  proprié- 
taire, n'ayant  alors  aucune  action  sur  les  biens  du  sous- 
fermier  '",  pouvait  exiger  un  cautionnement  du  fermier 
principal".  Le  bail  à  ferme  présente  de  si   nombreux 
inconvénients  quand  le  cultivateur  manque  de  connais- 
sances saines  et  de  probité  parfaite,   que  Columelle'-, 
d'accord  en  cela  avec   Thaër  et  les  agronomes  de  nos 
jours",  n'admet  ce  système  que  pour  les  domaines  trop 
éloignés  pour  être  exploités  plus  directement.  Pline  le 
Jeune  y  renonça  pour  ses  terres  et  les  fit  cultiver  par  un 
métayer".  En  fait,  tous  les  fermiers,  dont  nous  connais- 
sons quelque  peu  l'histoire,    exploitent  plutôt  les  do- 
maines publics  ou  privés  de  l'Empereur'^  et  c'est  ce  qui, 
dans  la  suite,  priva  les  colons  de  leur  liberté'^  [colonusj. 
Le  métayer,    colonus  partiarius,  n'est    pas  un  associé 
au  sens  juridique  du  mot,  il  est  quasi  socius^''  ;  en  réa- 
lité, c'est  un  employé  dont  le  salaire  est  payé  en  nature 
et  qu'on  fait  surveiller  par  des  contrôleurs,  exaclores  ope- 
ris  et  custodes  fructibus'*.  Les  conditions  du  métayage 
diffèrent  tellement  dans  tous  les  pays,  et  spécialement  en 
Italie  où,  dans  une  province,  on  trouve  de  nombreuses 
coutumes  locales",  qu'il  est  difficile  de  présenter  ici  un 
résumé   succinct  de  toutes   les   règles   régissant    cette 
matière   dans   l'Empire  romain.  La  classe  des   hommes 

1  Digest.  XVII,  *  :  pro  socio.  —  s  /6.  I.  iT.  —  3  Colum.  1.  7,  3.  —  *  Colonus 
(jiti  nummis  colat.  Dig.  XLVU,  i,  iù.  I.  —  5  Fundus  in  quinquenniurr,  pen- 
sionitius  locutus,  Dig.  XIX,  2.  U,  i.  Cf.  IMin.  Min.  Efiist.  IX,  37.  —  6  Dig. 
XIX,  2,  52.  —  ^  Ib.  XIX,  i,  51.  —  »  Ib.  Il,  14,  4  et  glose  sur  la  loi  9,  Cod. 
IV,  24.  —3  Digett.  XX,  1,  32:  Cod.  VIII,  17,  7  et  8.  Cf.  l'authent.  Agri- 
cuUores.   Plia.     Epist.    III,    19     :    Possessor   prior   soepius    vendidit   pignora. 

—  10  Dig.  XIX,  2,  24,  I.  —  11  Gai.  IV,  14,  7.  —  12  De  r.  rust.  I,  7,  6.  —  "Cf. 
BaroD  Crud.  Économie  thèor.  et  pral.  de  l'agric.  I,  p.  26.  —  1*  Epist.  IX,  37,  2. 

—  15  C.  i.  l.  Vi,  9273  el9i76;  IX,  888  et  3674:  X,  1S77-I918.  Cf.  Dig.  L. 
I.  3S,  I  et  XLI.V,  14,  50.  -  16  Cil.  Reviliout,  Étude  sur  fhist.  du  colonat  (Rev. 
du  droit  franc.  II.  p.  433  sq.  :  III.  p.  201  sq.)  —  17  Dig.  XIX,  2,  23,  6.  —  18  Plin. 
Epist.  IX,  37.  2.  —  19  Ces  variations  provieuuent  du  système  de  culture,  de  la  nature 
du  sol  et  de  la  misère  des  liabitants  :  elles  portent  sur  la  redevance  lixe  ou  loyer,  les 
impôts,  les  avances  à  faire  pour  les  semailles,  la  propriété  et  l'achat  des  instruments, 
les  bestiaux  qui  sont  au  propriétaire,  au  fermier  ou  ii  des  tiers,  la  litière  des  animaui, 
leur  nourriture,  le  lait,  la  laine,  la  volaille,  la  mortalité,  la  répartition  des  bénéfices, 
le  salaire  et  la  nourriture  des  ouvriers.  Dans  le  Bolonais  et  la  Itomagne,  les  métai- 
ries sont  encore  exploitées  par  des  familles  de  vingt. cinq,  trente  et  môme  qua- 
rante personnes,  vivant  réunies  sous  la  direction  du  clicf  de  famille,  le  plus  sou- 
vent un  grand-père.  Cf  les  pauperculi  cum  sua  progenie  de  Varrou  {De  r.  rust.  I, 
17 1.  —  -'J  Colum.  I,  3,  8-13.  — 21  Les  jurisconsultes  romains  faisaient  une  distinction 
entre  le  locataire  d'une  maison,  inquitinus^  et  le  locataire  d'une  ferme,  colonus.  De 
ce  que  ces  derniers  sont  â  la  campagne,  il  n'en  résulte  pas  que  tous  les  inquilius 
sont  il  la  ville  :  ce  serait  admettre  qu'on  ne  pouiait,  dans  l'Empire  romain,  louer, 
il  la  campagne,  une  maison,  une  clianibre.  Autant  prétendre  (|uc  tous  les  villageois 
étaient   alors   iiropriélaires,    fermiers  ou  esclaves.   Il   est   vrai   que    J.    Mari|uardt 


RUS 

libres  rournissail  encore  des  tâcherons  et  des  journaliers 
que  l'on  engageait  pour  la  moisson,  les  vendanges,  la 
cueillette  des  olives  :  villageois  voisins,  petits  proprié- 
taires'-" ou  inquilins^'.  Galon  recommande  de  choisir 
un  domaine  entouré  d'une  population  laborieuse^-, 
c'est-à-dire  capable  de  fournir  une  bonne  main-d'œuvre 
pour  les  besognes  temporaires.  Varron  conseille  égale- 
ment de  recourir  aux  journaliers  dans  les  contrées  mal- 
saines et  pour  tout  travail  insalubre  ou  pouvant  nuire  à 
la  santé  des  esclaves-'. 

On  avait  encore  la  ressource  d'employer  des  étrangers 
qui  venaient,  chaque  année,  faire  la  moisson  dans  les 
pays  fertiles.  Le  plus  souvent,  ces  mercenaires  étaient 
embauchés  au  delà  du  Fô  par  un  entrepreneur  qui  les 
conduisait  dans  l'Ombrie  et  le  Latium  et  y  louait  leurs 
services  dans  les  grandes  exploitations  rurales". 

Des  diverses  manières  d'exploiter  un  fonds,  la  meil- 
leure est  sans  contredit  la  culture  à  économie.  Ce  système 
permetaupropriélaired'ètremaîtrechezlui,etledomaine, 
tout  en  augmentant  ses  revenus,  lui  sert  de  lieux  de  plai- 
sance-' ;  il  peut  faire  élever  ses  enfants  à  la  campagne^', 
y  venir  lui-même  pour  changer  d'air  et  y  chasser^'.  A 
Rome,  la  culture  à  économie  se  faisait,  non  par  le  moyen 
d'hommes  libres,  mais  d'esclaves. 

Esclaves.  —  Les  esclaves  agricoles  se  divisaient  en 
deux  classes  comme  tous  les  autres^';  les  soluti  ou 
déchaînés  elles  vinc/i ou  enchaînés;  l'emploi  des  uns  ou 
des  autres  dépendait  des  coutumes  locales  et  des  goûts 
personnels^',  ils  formaient  la /"«/«('//a  rustica'^'' .  Le  chef 
de  celte  famille  avait  le  titre  de  viUicus^^  ou  d'actor'^^, 
mais  il  était  esclave  ■■';  on  l'achetait  moins  cher  qu'un 
cuisinier"  et  on  le  comprenait  dans  l'inventaire  du  do- 
maine'\  En  principe, \eviUicus  ne  dirige  que  la  culture;  il 
coordonne  les  opérations  agricoles  et  les  fait  exécuter 
en  temps  voulu.  Quant  à  la  partie  financière,  elle  est 
confiée  à  un  procurator^*,  qui  passe  les  marchés  et  con- 
clut les  affaires;  il  habite  au-dessus  de  la  grande  porte 
charretière  d'où  il  peut  surveiller  si  on  ne  sort  rien,  furti- 
vement, du  domaine  el  observer  les  gestes  du  villicus^''. 
Dès  la  fin  du  m"  siècle  av.  J.-C,  ou  voit  les  Romains 
appliquer  à  l'agronomie  les  principes  de  la  division  du 
travail",  que  les  Grecs  n'ont  connu  qu'imparfaitement. 
Ce  système,  qui  a  dû  prendre  naissance  dans  l'armée'', 

dit,  qu'eu    Italu?,   «    la   classe   paysanne   s'éteignit  ..    Vie  priv.  des   Rom.  p.   13. 

—  22 De  ag.  cuit.  \.  —  H  De  r.  rust.  I,  17.  —  2'.  Suet.  Vespas.  1 .  —  25  Cic.  De 
orat.  58  :  Cui  nostrum  non  licct  funios  nostros  obire,  aut  res  rusticas  vel 
fructus  causa  vel  dilectationis  invisere?  —  20  Caton,  l'auteur  du  De  agricult.  fut 
élevé  dans  la  ferme  de  son  père.  —  27  Plin.  Min.  Epist.  III.  19.  —  2J  CoIum.  I,  6. 

—  20  plin.  Min.  Epist.  III,  19  :  née  ipse  usquam  mnetos  habeo,  nec  ibi  quisquam. 
Cf.  Plin.  U.  nat.  XVIII,  4,  5.  Columelle  dit  qu'on  employait  les  vincti  dans  les 
vignes  (De  r.  rust.  I,  8).  —  30  C.  i.  t.  IX.  302S.  —  31  Ou  d'après  certains  manus- 
crits, Cato  II,  i  :  Varr.  I,  i,  14  et  les  inscriptions  :  vilicus,  C.  i.  L  IX,  3028.  X,  355U. 

—  32  II  faut  distinguer  lactor  qui  est  oîxovdiio;  (C.  i.  t.  IX,  1,  25  où  Sagaris  se 
qualifie  d'ttCtor  et  C.  i.  g.  III,  p.  1261,  n.  .5873  a.  2.  de  oNovifio;)  de  lactor 
dont  parle  Pline,  Episi.  III,  19.  Pour  ce  dernier  sens.  cf.  C.  i.  /.  IX,  3571. 
Festus  Fronlonis  nilicus  qui  est  Feslus  Frontonis  aetor  du  n.  3379,  c.  : 
C.  i.  l.  NI,  5616  :  ^Vorrt  vilica  urso  aclori  marito,  X,  6592  :  aclori  et  agri- 
colae  optimo.  —  33  Dig.  XXVI,  7,  39.  18:  XXXllI.  7,  12,  38;  C.  i.  I.  IX, 
1456  :  servus  nillicus.  l.a  plupart  ont  des  noms  grecs  :  C.  i.  l.  IX.  820;  2829; 
3028;  X,  1.H6I  ;  X,  1746;  IX,  4053,  IX,  346Cs  cf.  IX,  1456.  3103,  3446;  X. 
1561,  1746,  etc.  —  34  Sallust.  ./iiy.   I.XXXV,   39.    —  35   Dig.    X.XXIll,    7,    12.   38. 

—  36  Colum.  I,  6,  7  ;  Plin.  Epist.  III,  19,  Précédemment,  le  villicus  était  chargé 
de  tous  ces  soins  :  quacque  emi  pararigue  oportet,...  quo  modoque  cibaria  ves- 
timenta  famitiae  dari  oporlet.  Cat.  De  ag.  cuit.  142.  —  37  Colum.  I,  6.  —  38  Cal. 
O.  l.  5,  6,  10,  11,  etc.  Plin.  H.  nat.  XVIII,  7  :  Sooissimus  villam  posait  C. 
Marins,  sed  peritia  casirametandi.  —  39  Coluin.  I,  7  :  Censeo  ne  cunfun- 
dantur  opéra  familiae.  Cf.  Ib.  9.  où  l'auteur  insiste  sur  les  différentes  qualités 
physiques  que  doivent  présenter  les  ouvriers  de  chaque  catégorie.  C'est  le  sys- 
tème militaire. 


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reçut  tout  son  développemenl  à  la  tin  de  l.i  République 
el  Columelle  nous  en  montre  le  double  avantage  pour 
l'exécution  du  travail  el  la  responsabilité  des  ouvriers  '. 

Chaque  genre  d'opération  est  fait  par  des  hommes 
spéciaux,  sous  la  conduite  d'un  magister  operum  -  qui 
répartit  son  monde  en  escouades,  classift,  de  dix 
hommes',  commandées  par  un  moniteur.  Il  y  avait  ainsi 
les  aratores  * ,  les  vinitores  ^  bubidci  '^,  domitores  ', 
stibulcl  ',  usinarii  ',  opiliones  '°,  mediaslini ,  etc., 
pour  ne  compter  que  ceu.\  qui  ont  encore  une  spécialité 
distincte  dans  nos  fermes  actuelles  ".Caton  recommande 
de  tenir  tout  ce  monde  en  haleine,  même  par  des  corvées 
improvisées  '-.  C'est  confondre  les  ouvriers  agricoles  avec 
les  soldats  dont  l'entraînement  fait  la  force.  Il  importe 
moins  d'avoir  des  gens  toujours  occupés  que  de  propor- 
tionner le  nombre  des  ouvriers  aux  produits  à  récolter. 
Ce  fut  là  l'enclouure  de  l'agronomie  romaine  et  Columelle 
avoue  que  les  7  jugères  liciniens  rapportaient  plus  que 
les  immenses  friches  de  son  temps  '^ 

Le  tribun  Licinius  avait  fait  accorder  7  jugères  à 
chaque  citoyen.  Cette  superficie,  dont  on  n'ensemençait, 
probablement,  qu'un  peu  plus  de  la  moitié '%  suffisait  à 
une  famille  vivant  de  légumes  récoltés  dans  les  3 
jugères  de  jardin,  du  miel  des  ruchers,  du  lait  des  chèvres 
et  des  brebis  paissant,  par  droit  de  compascuité.  dans  le 
saltus  de  Vager.  Mais  ce  rapport  de  7  jugères  pour 
un  cultivateur  servit  toujours  de  base  aux  calculs  des 
agronomes  latins '%  de  sorte  qu'on  crut,  de  par  la  cou- 
tume"^, avoir  besoin  de  cinquante-huit  ouvriers  pour 
emblaver  100  hectares.  Quel  que  soit  le  rendement,  tout 
bénéfice  est  impossible,  d'oii  cette  conclusion  que  l'agri- 
culture, ou  l'exploitation  d'un  campus  friimenlarius,  est 
au  sixième  rang  de  l'échelle  des  revenus  agronomiques''. 

Les  oliveraies,  que  Caton  place  au  quatrième  rang, 
exigeaientencore,  pour  100  hectares,  vingt  et  un  ouvriers 
uniquement  occupés  de  la  terre", puisque  la  récolte  était 
vendue  sur  pied  et  enlevée  par  les  moyens  de  l'ache- 
teur". Un  vignoble  de  100  hectares  avait  besoin  de 
soixante  personnes  sans  compter  celles  qu'on  employait 
à  la  vinification-".  On  arrive  ainsi  au  total  de  cent 
trente-neuf  personnes  pour  un  domaine  de  300  hec- 
tares où  l'on  cultivait,  en  parties  égales,  la  vigne, 
l'olivier  el  les  céréales,  ce  qui  donne  une  moyenne  de 
quarante-six  ouvriers  pour  100  hectares.  Celte  nom- 
breuse domesticité  agricole  est  restée  le  fléau  de  la 
culture  italienne-'.  Les  propriétaires  actuels,  surtout  dans 
le  Sud,  n'arrivent  pas  à  pouvoir  payer  tous  ces  ouvriers. 
Les  anciens  ne  salariaient  point  les  esclaves,  mais  il  fallait 
les  acheter,  et,  à  l'intérêt  du  prix  d'achat,  ajouter  l'amor- 
tissement, au  minimum  3  p.  100;  il  fallait  les  nourrir,  les 


1  Colum.  (J.  l.  1,  !i  ;  XI.  1,  27.  Magistri  sinQuluritm  officirn-um,  —i  Colum.  I,  9, 
Classes  quas  decurias  appellaverunt  antiqui.  —  -f  Colum.  i.  9,  3.  —  '*  10.  «  sepa- 
randi  sunt  aratores  a   vinitoribus  et  vinitores  ab  aratoribiis   ■>.  —  ''  Cal.  5,  t>. 

—  «Colum.  VI,  i,  6.  — T  Cal.  10,  11.  —8  /J.  _  9 /i.  _  iO  Jb.  —  n  Le  syslfme  de 
Columelle  comprend  encore  un  ergastularius  (1,  8);  cf.  C.  i.  (.  X,  817.'!  servus 
erf/nslulariiis.  Mais  les  occatores,  sarritores,  ritncatores,  etc.,  (jue  l'on  donne 
comme  des  spécialisles,  ne  sont  que  des  meffiastini  occupés  temporairemcul 
aui  travaux  sueccssirs  de  la  culture  des  cér^al^s  ;  Plaul.  Capt.  III,  5.  Quant  au» 
nitssores,  dans  tous  les  pays  el  à  toutes  les  époques,  ce  sonl  des  journaliers  on 
tâcherons  si  le  domaine  est  un  peu  vaste.  Des  professionnels  auraient  plus  de 
du  mois  de  cliômage  par  an.   —  12   /),,.  ag.    cuit.  39.  —   13  ne  r.  rusl.   I,    3. 

—  14  Aranti  quatuor  sua  jugera;  Plin.  M.  nal.  XVIll,  3,  +.  —  là  Saserna  avait 
propose"-  un  ouvrier  pour  8  jugères;  Varron  {Jt.  rust.  I,  18)  réfute  celle  innova- 
lion  qu'il  croit  possible  seulement  in  Gallia.  D'après  Columelle,  Pasenia  amait  dit 
•  lu'on  pouvait  cultiver  un  d'jmaine  de  20fi  jugères  avec  deus  laboureurs  cl 
SIX  valets,  soit  seize  peisounts  pour  100  Lectarcs  non  plantés  {Jb.  Il,    I3|.   Mais  i 


vêtir  ;  tous  ces  faux  frais  entraient-ils  en  compte  pour  cette 
foule  d'atrietise.i,  de  lopiarii,  de  fabri  nécessaires  dans 
toute  villa^-,  mais  y  vivant  dans  l'assoupissement  et  une 
quiétude  voisine  de  la  négligence-'?  Et,  cependant,  les 
riches  Romains,  obéissant  à  cette  manie,  que  Tite-Live 
nomme  cupido  agros  continuandi'-'',  empruntaient  de 
l'argent  '-°  pour  acheter  de  nouveaux  domaines  ;  ils 
savaient  qu'ils  n'en  pourraient  tirer  aucun  profit  pécu- 
niaire; leur  désir  se  bornait  à  pouvoir  les  conserver^*^. 

Animaux  de  travail.  —  Dans  la  Campanie,  où  la 
terre  est  légère,  on  labourait  avec  des  ânes  ou  des 
vaches -\  Dans  le  Latium  et  les  provinces  septentrionales, 
on  employait  des  bœufs  et  les  laboureurs  sont  appelés 
bubulci^'.  Seulement,  alors,  comme  au  siècle  dernier -'.on 
avait  le  grand  tort  de  vouloir  se  servir  d'animaux  trop 
jeunes.  Columelle  réprouve  ce  système  que  Celse  eut  le 
tort  de  vouloir  défendre^".  En  moyenne,  il  fallait  une 
paire  de  bœufs  pour  8  jugères  à  emblaver.  Chaque  jugère 
exigeait  quatre  jours  de  travail  ;  on  ne  pouvait,  dans  la 
culture  intensive,  commencer  les  labours  que  quarante- 
cinq  jours  avant  les  semailles.  Varron  calcule  8  x  4  =  32. 
plus  treize  jours  pour  parer  aux  maladies  et  au  mau- 
vais temps".  En  Ligurie,  la  nature  montueuse  du  sol 
ne  permettait  pas  de  labourer  1  hectare  en  quatre  jours; 
mais  la  besogne  était  plus  facile  en  Gaule,  où  Saserna 
prétend  que  deux  attelages  de  bœufs  suffisaient  pour  un 
domaine  de  200  jugères  ou  50  hectares'^;  c'est  qu'il 
n'y  avait  ni  argile  compacte,  ni  ce  fléau  de  la  culture 
italienne,  la  terre  gâtée. 

On  employait  communément  les  ânes  pour  porter  le 
fumier  soit  avec  des  chariots",  soit  avec  des  paniers 
attachés  au  bât.  Les  usinarii  sonl  toujours  comptés 
parmi  les  ouvriers  indispensables  à  la  culture  des  grains, 
de  la  vigne  et  des  oliviers". 

Instruments  agricoles.  —  Les  plus  importants,  pour 
le  travail  de  la  terre,  sonl  les  instruments  diérétiques,  qui 
sont  destinés  à  pénétrer,  comme  un  coin,  entre  les  molé- 
cules à  séparer.  Ces  instruments  se  divisent  en  deux 
classes:  les  instruments  à  lame  plane  et  tranchant  recti- 
ligne,  et  les  instruments  piquants  qui  pénètrent  d'autant 
plus  profondément  que  leur  pointe  est  plus  acuminée. 

Instruments  tranchants.  —  Les  plus  importants  .sont  : 

1°  La  charrue  [aratrum]  ;  2°  la  pelle  [pal.\]  ;  3°  la 
bêche,  d'abord  bipalium;  puis,  dans  la  basse  latinité'» 
et,  en  italien,  vanga;  4°  la  houe,  qui  n'est  qu'une  bêche 
emmanchée  sous  un  angle  aigu  ;  le  fer  carré  ou  trapézoïde 
est  relié  par  une  douille  à  un  manche  en  bois.  On  en  connaît 
plusieurs  types  •  la  houe  à  fer  plan  et  plein  [sarculum]  ; 
la  houe  à  fer  plan  et  fourchu,  formant  deux  larges 
dents  plates  [bidens,  fig.  853]  :  c'est  le  béchard  dont  se 

ces  cbilfres,  il  faut  ajouter  le  rillicus  et  les  bergers  des  troupcaui  nécessaires 
pour  le  fumier.  Pour  ce  passage,  cf.  R.  lieitzenstcin,  De  script,  rei  rust.  libris 
deperdit.  Berlin,  181S4,  p.  7.  —  "i  Cal.  /le  agr.  cuit.  —  "  Cal.  17.  —  18  Jb.  10. 

19  /(,,  i4t;,  _  20  /b.  11.  —  21  Le  baron  Crud,  l'un  des  fondateurs  de  l'économie 

agronomique,  cite  un  de  ses  voisins,  dans  la  Komagne  <i  qui,  pour  cultiver  .Si)  hec- 
tares, tenait  loule  l'année,  seize  à  dix-huit  domestiques  ..  {Kcon.  tlu-nr.  et  pra- 
tiq.  de  lagric.  183»,  l.p.D7).  -  ■2'2  Plin.  Epist.  III,  19.-23  74.1,  4.  -2' XXXIV, 
4.  _  23  Plin.  Epist.  Il,  19.  —  20  Ih.  ..  unum  villamcA^e  et  ornarc,  altérant  tanlum 
tueri  ...  Cf.(Plin.  H.  nat.  XVIII,7,  5)  l'histoire  de  L.  Tarins  Kufus  qui  dépensa  pour 
acheter  des  terres  et  les  cultiver  »  pour  la  gloire  ..  100  millions  de  seslerccs.  Ju 
glnria  internecionemeri/o  famemque  censemus.  —  21  Varr.  li  rusl.  I,  iO.  —  28  Colum. 
/(.  rust.  Il,  i.  -  29  Crud,  O.  c.  1,  p.  55.  -  30  De  11.  Il,  a.  -  -31  /(.  "«(.  1,  18. 
—  32  Reilzcnstein,  O.c.  p.  7.  —33  Cal.  De  ag.  cuit. T.  II.— 3lCat.  /A.lOel  11,  et 
ap.  Varr.  Jl.  rust.  1, 19.  —  3:i  Pallad.  I,  M,  3.  Pour  lepays  où  écrivit  Palladius,  voir 
les  curieux  calculs  de  M.  Harris,  On  ihe  localitj/to  which  tlic  treatise  oj  Palladius 
de  .igriculturu  mu>t  be  ns,ign»l[A,ueric.  journ.  o[  pldlol.  III,  M  décembre  188i). 


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servent  les  Provençaux  pour  façonner  les  vignes,  car  un 
fer  plein  pourrait  couper  les  racines  de  ces  plantes',  et 
les  Romains  l'employaient  au  même  usage-,  après  s'être 
longtemps  servi  d'une  pioche,  le  rutrum  '  ;  la  houe  à 
large  fer'  courbe,  incurvus'^,  fourchu",  monté  sur  un 
long  manche  [noo];  a  houe  à  fer  très  large',  denté  *, 
[marra]. 

/nstruments  piqiian/s.  —  Le  plus  simple  est  :  a]  le 
pic,  cil  l'angle  de  diérèse  est  réduit  au  minimum  ;  c'est 
une  pointe  effilée,  mais  cassante.  Pour  remédier  à  cet 
inconvénient,  on  laisse  à  la  pointe  toute  la  largeur  du  fer 
et  on  a  :  6)  une  pioche  que  l'on  monte  à  angle  droit  sur 
un  manche  en  boisfsECURis].  c)  La  tournée  est  une  pioche 
dont  la  douille  se  trouve  au  milieu  du  fer,  dont  l'une 
des  extrémités  a  la  forme  d'un  pic  et  l'autre  d'une  pioche. 
C'est  la  dolabra  fossoria'^,  employée  par  les  terras- 
siers [fossor,  fig.  3281]  et  les  mineurs  [metalla,  fig.  3281], 
pour  détacher  la  terre  qu'on  enlève  ensuite  à  la  pelle" 
[dolabra,  tlg.  2487].  d)  Un  hoyau  ou  tournée  dont  l'une 
des  extrémités  est  rudimentaire.  Les  deux  principaux 
types  de  ces  lioyaux  sont  le  rutrum  et  le  rastrum. 

Rouleau.  Cylindrus  ".  —  L'une  des  préoccupations  du 
laboureur  est  de  briserces  grosses  mottes  de  terre,  gleba, 
que  la  charrue  a  retournées.  On  se  servait  du  premier  ins- 
trument venu,  houe,  hoyau.  Le  mieux  serait,  théorique- 
ment, d'employer  le  rouleau  formé  d'un  tronc  d'arbre 
ou  d'un  fût  de  colonne  comme  le  font  encore  les  paysans 
dans  certaines  régions  de  l'Italie  et  de  l'Anatolie  [cylin- 
drus] ;  mais  l'emploi  de  cet  instrument  ne  s'est  jamais 
généralisé  chez  les  anciens,  parce  que  presque  toutes 
les  terres  à  emblaver  étaient  des  argiles  compactes 
qu'on  ne  peut  labourer  que  quand  elles  sont  détrempées 
par  les  pluies.  Le  roulage  comprime  l'argile  et  les  champs 
deviennent  unis  et  durs'-,  comme  la  surface  d'une  aire  ". 
Un  instrument  analogue  au  rouleau,  avec  lequel  on 
peut  le  confondre'',  est  la  ploutre,  barre  de  bois  de 
3  à  4  mètres  de  longueur  que  l'on  fait  traîner  sur  les  blés 
semés  dans  des  terres  aussi  légères  et  aussi  meubles  que 
la  pulla  campanienne.  On  ne  pourrait  herser  sans 
déchausser  complètement  la  plante".  A  défaut  de  ploutre, 
on  peut  employer  une  herse  renversée. 

Herse,  ffirpex,  primitivement  sirpex  ".  —  Les  anciens 
ont  toujours  donné  le  plus  grand  soin  au  hersage,  opé- 
ration qui  consiste  à  recouvrir  la  semence.  Hésiode  se 
faisait  suivre  p;ir  un  enfant  qui  recouvrait  le  grain  avec 
une  pi.axÉXT|,  sorte  de  hoyau  (voir  p.  903).  Ce  travail  de- 
vient impossible  quand  on  sème  à  la  volée.  On  emploie 
alors  uneclaied'osier,c/'ff/e«,  que  l'on  fait  traîner,  «e/'yoe/'e, 
sur  le  sol'", ou  une  herse  en  fer,  munie  de  dents  et  for- 
mant comme  un  système  derdteau.x".   On  l'employait 

•  D'après  Palladius,  on  pourail  se  servir  du  sarcloir  ou  de  la  dolabra  pour 
les  rosiers  ((II,  SI).  —  2  Virg.  Geurg.  1.  i'Sô  el  iOO.  —  3  Cal.  Ue  ay. 
cuit.  Il:  Ovid.  Fast.  IV,  843;  cf.  Dionys.  Hal.  AnI.  rom.  I,  87;  Diod.  Sic. 
VUI,  4,  i  {éd.  Didol,  I,  p.  319).  —  4  Varr.  Liny.  lai.  134.  —  5  Stal.  Theb. 
III,  .380.  —  6  Coluni.  X,  88.  -  1  Ib.  X,  70.  —  »  /A.  88.  -  S  Isidor.  Ori,,. 
XVIII,  0,  II.  —  10  Les  deux  opéralioas  successives  sont  figurées  dans  les 
peialurcs  des  catacombes;  cf.  Marligny,  Dict.  des  ant.  chrétiennes  s.  v.  fossores 
—  Il  Coluni.  XI,  3,  31.  _  12  ï  II  faut  souvent  plus  d'une  année,  et  l'action  d'une 
forte  gelée,  pour  détruire  la  pression  des  particules  du  sol  les  unes  sur  les  autres 
et  cette  imperméabilité,  qui  ont  été  opérées  par  l'action  intempestive  du  rouleau.  ., 
Crud.  0.  c.  I,  p.  335.  —  '3  C'est  pour  construire  les  aires  que  Caton  conseille  d'em- 
ployer le  rouleau  (ûe  ag.  cuit.  129);  cf.  Virg.  Geory.  I,  17S.  —  14  La  confusion  a 
élé  faite  par  Cli.  Fcllows  qui  a  dessiné  une  de  ces  ploutrcs  prés  d'Alexandrie  en 
Troade;  .ijourn.  writt.  dur.  an  excurs.  in  Asia  Minor,  1839,  p.  70.  —  15  G.  Heuzé, 
Us  plantes  alim.  I,  p.  iOl.  —  10  Varr.  De  ling.  lat.  V,  136;  cf.  De  ag.  cuit.  11! 
Calon  le  cilc  parmi  les  ferramenta  sous  le  nom  de  crates.  —  "  La  synonymie  est 
indiquée  par  Servius,  Ad  Ocorg.  1,  95  :   Crates  i/uam  rustici  irpicem  vacant; 


pour  recouvrir  la  semence,  pour  étaler  le  fumier,  cratex 
stercoraria'^,  dans  les  vignobles  ;  mais  rien  ne  montre 
qu'on  hersât  alors  le  blé  en  herbe. 

Râteau  [pecten).  —  Si  on  ne  hersait  pas  au  printemps 
les  céréales  d'automne,  —  ce  qui  a  ses  inconvénients  dans 
les  terres  argileuses^",  —  du  moins  on  les  râtelait  avec  des 
râteaux  dont  les  dents  étaient  faites  d'une  mince  tige  de 
fer,  slili  ferrei^^.  Cette  opération  a  pour  but  d'ameublir 
la  terre  et  de  faciliter  le  tallage-^.  Le  râteau  ordinaire, 
qu'on  emploie  dans  la  fenaison,  se  nommait  rastellus" 
ou  raster  liyiieus'^''. 

Faux,  faucille.^  ou  sapes.  — Toutes  les  variétés  de  ces 
instruments  sont  énumérées  par  Varron '■'=  [falx]. 

Fourches  [furca]. 

Opérations  agricoles  :  1°  Drainage  —  C'est  l'une  des 
plus  importantes,  car  l;i  plupart  des  terres  cultivées  se 
trouvaient  dans  des  plaines  argileuses,  ayant,  parfois, 
moins  d'un  mètre  de  pente  par  kilomètre-".  On  est  donc 
forcé  de  recourir  à  tout  un  système  de  chavessines,  de 
rigoles,  de  fossés  et  de  canaux  que  l'on  doit  toujours 
tenir  en  parfait  état-',  si  l'on  veut  cultiver  ces  pingues 
campi  inconnus  à  la  Grèce  [kossa]. 

Alimentation  des  plantes.  Stercoralio.  —  Ce  fut  le 
mérite  des  agronomes  latins  de  proclamer  que  «  la 
terre  ne  vieillit  pas  si  on  l'engraisse  -'  ».  «  D'abord 
bien  labourer,  dit  Caton,  deuxièmement  encore  la- 
bourer; troisièmement  fumer ■■^\  »  Les  Romains  furent 
les  premiers,  dans  l'antiquité  classique,  à  entretenir 
du  bétail  uniquement  pour  avoir  du  fumier  ^''.  Le 
subulcus  et  Vopilio,  que  Caton  range  parmi  les  ouvriers 
indispensables  aux  vignobles  comme  aux  oliveraies'", 
n'étaient  pas  chargés  de  fournir  de  la  viande,  ainsi  qu'on 
l'a  dit'-,  mais  du  fumier.  N'imitant  pas  en  cela  les 
Grecs  qui  reléguaient  tous  les  bestiaux  dans  la  mon- 
tagne, les  Romains  envoyaient  le  moins  possible  leurs 
troupeaux  dans  le  saltus;  ils  préféraient  les  garder  dans 
des  étables  où  abondait  la  litière'',  ils  les  envoyaient 
dans  les  champs  quand  cela  pouvait  se  concilier  avec  la 
culture.  Et,  cependant,  malgré  tous  leurs  soins,  ils  ne 
savaient  pas  faire  un  bon  fumier.  Varron  avoue  que 
le  fumier  des  chevaux  et  de  toutes  les  bêtes  de  somme 
qui  mangent  de  l'orge,  contient  beaucoup  de  graines 
non  digérées  qui  produisent  des  plantes  parasites  au 
milieu  des  récoltes'".  Columelle,  qui  avait  appris  l'agri- 
culture en  Espagne,  cherche  à  réagir  contre  cette 
erreur;  u  Gardez  votre  fumier  un  an  dans  les  fosses; 
alors  il  ne  donne  pas  de  mauvaises  herbes,  lierbas 
non  créât  "^.  Cette  aversion  des  Romains  pour  ce  qui 
constitue,  à  notre  sens,  le  meilleur  fumier,  le  fumier  de 
ferme,  faisait  qu'ils  remplissaient  leurs  fosses,  sterfjuili- 

Virgile  Georg.  1,  K,  dit  viminea.  —  18  Varr.  Ling.  lat.  V,  134.  —  13  Cat.  0.  c.  II. 

—  20  Crud,  0-  c.  I,  p.  331,  "  les  pieds  des  bœufs  y  laissent  une  empreinte  plus 
ou  moins  profonde  ».  Pour  y  remédier,  cet  agronome  renonça  au  hersage  et  à 
râteler  ses  blés.  —  21  plin.  il.  nat.  XVIII,  50,  i.  -    22  G.  Heuzé,  0.  c.  1,  p.  199. 

—  23  Varr.  De  r.  rust.  I,  49,  1  ;  De  ling.  lat.  V,  136.  —  2t  Colum.  H,  27.  —  25  Varr. 
Ling.  lat.  V,  137.  —  28  Crud.  O.  c.  I,  p.  382  :  «  Dans  la  plaine  du  Bolonais  et  de  la 
Romagne...  sur  une  lieue  d'étendue,  nous  n'avons  pas  au  delà  de  G  à  7  mètres  de 
pente.  »  —^  Varr.  H.  rust.  1,  25;  Colum.  II,  2.  —  28  M.  1|,  |.  —29  De  ay.  cuil. 
61  et  ap.  Phn.  U.  nat.  XVIII,  49.  —  30  Non  solttm  pratorum  causa  habere  debent, 
sed etiatn  propter  stercus  (Varr.  De  r.  rust.   I,  19).  —  31  De  ag.  cuit.  10  et  H. 

—  32  J.  Marquardt,  La  vie  privée  des  Dom.   1892,   I,  p.   163,  note  1   du  traducl. 

—  33  Cat.  O.  c.  37  et  ap.  Plin.  XVII,  6,  5.  —  31  O.  c.  1,  38  et  ap.  Plin.  H.  nat.  XVII, 
6,  4  qui  dénature  le  sens  de  Varrou.  Si  les  Romains  ne  laissaient  pas  au  fumier 
de  cheval  le  temps  de  se  faire,  c'est  parce  que  ce  fumier  s'échauffe  beaucoup.  «  La 
température  s'élève  fréquemment  il  80".  Certains  auteurs  rapportent  ([ue  la  tempé- 
rature peut  être  assez  élevée  pour  qu'il  y  ait  combustion  vive.  >.  Muutz  et  Girard, 
Les  enyrais.  I,  p.   359.   —  35  II,    15. 


RUS 


—  921 


RUS 


nium  '  de  loules  les  saletés  qu'ils  Irouvaicnt,  el,  en  été, 
la  fermentation  devait  être  considérable.  C'est  pour  cela 
qu'ils  avaient  hâte  de  l'enlever  alors  que  Columelle,  au 
contraire,  recommande  de  bien  faire  le  mélange  quo 
facilius  pittrescal  et  sil  arvis  idoneum  - . 

Ces  conseils,  que  l'on  trouve  ébauchés  dans  Varron  \ 
paraissent  être  des  préceptes  d'agronomie  punique  et  les 
Romains  tardèrent  à  les  adopter,  car  il  fallait  d'abord 
transformer  le  système  des  fosses  à  fumier.  Pline  consi- 
dère toujours  les  déjections  humaines  ou  aviaires  comme 
des  engrais  parfaits';  ce  sont  ceux  qu'on  employa  le 
plus  '.  Il  est  donc  difficile  de  calculer  la  valeur  des 
8  mètres  cubes  de  fumier  que  Columelle  conseille  de 
répandre  dans  les  champs''.  En  fumier  frais  de  cheval', 
cela  ne  ferait  que  3  000  kilogrammes  à  l'hectare,  ce  qui 
est  faible.  Il  est  vrai  que,  par  crainte  de  la  verse,  les 
agronomes  latins  recommandent  de  fumer  légèrement  la 
terre,  mais  le  plus  souvent  possible*.  En  général,  on 
fumait  tous  les  ans  les  champs  '\  les  prairies  '",  les 
vignes  et  les  oliviers,  etc.  ". 

Ecohuar/e.  —  Les  cultivateurs  de  la  Transpadane 
avaient  un  fumier  si  peu  actif  pour  la  terre  de  cette 
contrée,  qu'ils  préféraient  le  brûler  et  en  répandre  les 
cendres  sur  le  sol  '-.  Caton  recommande  également,  si 
on  n'a  pas  de  pierre  à  chaux  sur  son  domaine,  et  si  on 
ne  peut  vendre  son  bois,  de  le  brûler  pour  amender  le 
sol'^  Mais  le  système  que  préféraient  les  Latins,  comme 
les  Grecs,  c'était  d'écobuer  à  feu  courant,  d'incendier  les 
chaumes,  d'où  l'expression   incendere  agroK^''. 

Parcaije.  —  L'écobuage  ne  convient  qu'aux  terres 
argileuses,  et  on  ne  peut  écobuer  des  champs  où  on  a 
planté  des  arbres  fruitiers.  Dans  ce  cas,  on  attirail,  selon 
le  conseil  de  Caton,  les  moutons  sur  les  champs  mois- 
sonnés, et  quand  ils  avaient  brouté  les  chaumes,  on  les 
retenait  en  leur  portant  des  feuilles '°  que  l'on  prenait 
aux  arbres  plantés  sur  la  lisière  de  ces  champs  "'. 

Engrais  verts.  —  C'est  probablement  le  parcage  qui 
conduisit  les  Romains  à  cet  excellent  système  des  engrais 
verts'',  que  G.  Ville  chercha  dernièrement  à  remettre  en 
pratique  et  d'où  il  tira  sa  théorie  de  la  sidération.  Même 
ses  adversaires  reconnaissent  que  les  engrais  verts 
réussissent  beaucoup  mieux   dans  le  Midi  que  dans  le 

<  Cat.  De  iiij.  cuit.  i.  3;Varr.  1,  li,  4  el  :)s,  :i  ;  Colum.  f,  u.  21  ;  VII,  3,  H; 
cf.  Phaed.  Ml.  ti.  I.  —  2  Colum.  11.  li.  —  3  if.  rust.  I,  38.  —  '.  U.  nnl .  XVIll, 
t».  —  ^'  Cal.  iJe  atj.  cuit.  36  ;  «  Répandez  la  colombiiie  sur  les  |)r<;s,  les  jar- 
dins, les  moissons.  »  D'après  Varron  {B.  rust.  I.  3K).  ceux  qui  prenaicril  «les 
volières.  amaHa,  à  loyer,  payaient  un  prii  raoiodrc  ifuand  le  proprirlaire  se 
réservai!  la  liente  pour  ses  terres.  —  6  Colum.  II,  5  et  ap.  Pallad.  .V.  I.  A. 
Dickson  {O.  c.  I,  p.  267)  trouve  600  boiss.  de  Winchester  pour  un  aci-*-  anglais. 
I.es  fumerons  étaient  espacés  de  S  pieds,  soil  I.j  X  l'»X2  ou  450  par  jugero  ; 
il  5  modii  cl)a'|ue,  on  a  225il  ou  I  mètre  cube,  969  pour  i5  ares,  182.  Les  coteaux, 
l'ournissant  des  engrais  aux  terrains  inférieurs  par  les  pluies  et  les  eaux  naturel- 
lement drainées  (Colum.  Il,  18).  recevaient  une  plus  forte  fumure  ;  vingt-quatre 
voies  au  lieu  des  dix-huit  que  Ion  répandait  dans  la  plaine  (Colum.  11,  j). 
A  l'époque  de  Pline,  une  voie  de  fumier  routait  un  denier  {H.  nat.  XVIll, 
hi,  2),  mais  Littré  croit  que  le  texte  est  altéré  et  qu'au  lieu  de  denario.  on 
doit  lire  tricesimo  die  (éd.  Didot,  I,  p.  709,  26).  —  7  La  plus  grande  partie 
du  fumier  provenait  des  bergeries  où  l'on  cliaugeait  la  litière  très  fréquem- 
nieut,  aUquot  diea  (Varr.  fi.  rust.  II.  2)  pour  ((ue  la  laine  fût  toujours  propre- 
I. 'emploi  du  fumier  trop  frais  a  toujours  été  un  des  errements  de  la  culture  ilalieuue  , 
Crud  (O.  c.  1.  p.  312)  dit  avoir  retrouvé,  presipje  intactes,  des  mottes  de  fumier  me» 
en  terre  huit  ou  dix  ans  avant.  —  8  IJolum.  Il,  16  ;  cf.  Pallad.  X,  1.  —  9  Plin 
/y.  nat.  XVIll.  53  :  Boc  tantum  enitn  in  confessa  est,  nisi  stercorato  sert  non 
oportere;  cf.  Colum.  II.  4  et  3.  On  fumait  les  champs  lors  du  second  labour,  c'est- 
à-dire  fin  juin.  C'est  pour  cela  que  Columelle  recommande  de  ne  répandre  de  fumier 
<|ue  ce  que  le  labiureur  peut  enterrer  dans  sa  journée.  On  croyait  que  la  chaleur 
faisait  perdre  ses  forces  au  fumier,  nec  solis  habilu  vires  amittat  (Colum.  II.  .3). 
—  10  On  fumait  les  prés  en  février  (Colum.  II.  17)  alors  qu'on  commençait  ii  cou- 
«luire  les  bestiaux  dans  le  saltus.  —  H  Cat.  De  ai),  cuit.  10  el  II  :  crûtes  et  sirjieu 
siercorariue.  Cf.  Plin.  H.  nat.  XVIU.  62  :  arbores  stercorare.  —  "  Plin.  //.  nnl. 

Vin. 


Nord'"  :  il  est  donc  facile  de  comprendre  pourquoi  les 
Romains  donnèrent  le  plus  grand  soin  à  ce  procédé 
empirique  de  nilrification  du  sol. 

Les  légumineuses  sont  les  seules  plantes  à  cultiver 
comme  engrais  vert,  et  parmi  les  légumineuses,  c'est  le 
lupin  et  les  vesccs"  qui  fournissentle  plus  d'azote  d'après 
les  analyses  de  Wolff.  Aussi,  le  lupin  est-il  la  plante  de 
prédilection  de  tous  les  agronomes  latins,  et  Pline  en  fait 
un  éloge  un  peu  oratoire^".  Le  lupin  cultivé  par  les  an- 
ciens, en  Italie,  est  le  lupin  blanc  [L.  albus,  l.)  " .  Aujour- 
d'hui, dans  les  pays  où  la  sécheresse  n'est  pas  à  craindre, 
les  Italiens  le  sèment  en  mai  et  l'enterrent  à  la  fin  de  l'été  ; 
dans  d'autres  provinces,  on  sème  en  septembre  pour  le 
retourner  à  la  fin  d'avril.  D'après  Pline,  on  semait  en 
septembre  et  on  récoltait  en  septembre  ;  mais,  comme 
engrais  vert,  on  l'enfouissait  dès  la  seconde  floraison, 
dans  les  terres  sablonneuses  et,  lors  de  la  troisième  florai- 
son dans  les  terres  argileuses.  L'un  des  plus  grands 
avantages  que  présente  cette  plante,  c'est  qu'on  peut 
répandre  la  graine  sur  un  terrain  moissonné  et  parmi 
les  chaumes  :  c'est  la  seule  culture  qu'on  puisse  faire  sans 
labour  et  qui  réussisse  sur  un  sol  couvert  de  feuilles,  de 
broussailles  et  de  ronces  ^^ 

Marnage.  —  Ce  système  ne  fut  pratiqué  ni  par  les 
Grecs",  ni  parles  Romains,  (^est  une  méthode  de  cul- 
ture spéciale  aux  peuples  de  race  celtique  et  Pline  dit 
fort  bien  :  ratio  quam  Britannia  el  Gallia  invenere... 
quod  genus  vacant  margam  ''Al  n'y  a  que  dans  la  Grande- 
Bretagne  et  en  France  où  l'on  trouve  d'anciennes  niar- 
nières'-\  Les  marnes  se  distinguaient  par  leur  contexture 
ressemblant  à  l'argile,  argillacea;  au  tuf,  tofacea;  au 
sable,  nrenacea;  ou  par  la  couleur:  alba,  dont  la  plus 
estimée  était  la  glissomarga,  son  effet  durait  trente  ans; 
ru/'a,  dont  la  meilleure  se  nommait  aca(//iwwia;'^«  et  ferti- 
lisait les  champs  pour  cinquante  ans.  Quant  à  la  marne 
colombine,  que  les  Gaulois  nommaient  eglecopala,  elle 
ne  se  délitait  pas  à  l'air  mais  se  clivait  en  minces 
lamelles^''.  Il  est  certain  que  toutes  ces  matières  ne 
peuvent  pas  être  considérées  comme  de  la  marne ,  ces 
substances,  qui  amendent  les  terres  pour  trente  ou  cin- 
quante ans,  étaient  certainement  des  phosphates  dont  les 
gisements  sont  assez  nombreux  en  France^''. 

XVII,  5.  —  13  Ijc  ai/,  cuil.  3x.  —  i'.  Virg.  Geoii/.  1.  si;  cf.  Colum.  Il,  15,  4; 
Geopun.  XII,  4.  —  li  /Je  ai),  cuil.  30  et  ap.  l'Iin.  U.  nat.  XVII,  6,  5;  cf.  Varr, 
R.  rust.  I,  53  et  H,  2.  oii  il  indique  trois  motifs  pour  admettre  ce  système  ;  !•  en- 
graisser les  moutons  des  épis  tombés  ;  2"  fumer  la  terre  ;  3»  broyer  les  chaumes  sous 
les  pieds  des  botes.  —  16  Cat.  O.  c.  VI,  3.  —  '7  Pline  semble  donner  une  origine 
historique  (ff.  nat.  XVIII,  49),  mais  le  texte  nesl  pas  assez  clair.  —  '»  Muulz  et 
Cirard,  Les  engrais,  1,  p.  473.  —  *!•  .Set/etem  stercorant  fruf/es  :  lupiniim.  fabu. 
mcia  :  Cal.    flc  ay.    cuit.    37  et   ap.    Plin.   H.    nat.  XVII,  7.  —  20  plin.  XVIll,  3(i. 

—  '21  Lenr,  Botanik  der  ait.  Gr.  und  BOnt.  p.  713.  La  plante  que  les  (irecs 
nomment  ee^^ô;,  ■aouiîT^cç,  'Agurixàptûv.  Â'^unroivi  est  le  Z.  birsutus  de  Linné  d'après 
B.  Langkavel  {Bot.  der  sp.  Griecben,  p.  4).  Cependant,  Fraasa  reconnu  le  /-.  ai.- 
gustifolius,  L.  dans  le  âç^tu  /.oO-tva,  que  l'on  trouve  en  dehors  du  Magne  et  de  In 
Tzaconic  {Synops.  flor.  classic.  1843,  51).  —  22  plin.  H.  nat.  XVIll,  36  ;  cf.  XV,  7, 
5  ;  XXH.  74,  1  sq.  ;  XXIU,  49,  t  :  Cat.  De  ag.  cuil.  34,  37,  54;  Varr.  Oe  r.  rust.  1, 
13.  3  et  23,  3.  Colum.  Il,  10.  I  ;  Virgil.  Georg.  I,  75,  etc.  —  23  Le  leucargillon 
dont  parle  Pline  {H.  nat.  XVII)  et  que  les  Mégariens  employaient  pour  la  culture 
des  concombres,  ne  constitue  pas  le  marnage  au  sens  propre  ;  cf.  Theophr.  /Je  c.  pi. 
Il,    20,  i:   H.  pi.    Il,  S,   5.  —21   Plin.    H.  nat.  XVII.  4l   cf.    Varr.   B.    rust.   I,  7. 

—  2j  «  Ou  trouve  encore,  dans  notre  pays,  de  nombreuses  excavations  représenlanl 
les  niarnières  ouvertes  par  les  (iaulois,  el  l'on  peul  constater  qu'on  allait  chercher 
la  précieuse  matière  jusqu'à  30  mètres  de  profondeur.  .-  F.  Berthault.  bicl.  d'Agri- 
cuit,  de  Barrai  et  Sagnier,  1889,  s.  v.  marnage.  Pline  dit  que  les  Bretons  creusaient 
des  puits  qui  avaient  généralement  lOo  pieds  de  profondeur  (//.  nat.  XVll,  4,  4). 

—  2fi  Plin.  a.  nat.  XVII,  4,  5.  —  2'  .Sur  le  nombre  et  l'importance  de  ces  gisemenis, 
cf.  la  communication  de  M.  Daubrée  à  la  Société  nationale  d'agriculture  de  France 
(1889)  et,  depuis,  La  statist.  de  find.  miner,  en  France  publiée  par  le  minislèi-c 
des  Travaux  publics,  où  l'on  peut  trouver  les  élémcnls  nécessaires  pour  élucitler  le 
texte  de  Pline. 

116 


RUS  -  922 

Chaii/ar/p.  —  Ce  système  nélail  employé  <iiie  par  les 
l'iclons  el  les  Êduens',  probablement  sur  les  schistes 
primitifs  de  la  Galine  et  du  Morvan.  En  Italie,  on  ne 
chaulait  que  la  vigne  et  les  oliviers  ^ 

Amendemenis  arénacés  el  argileux.  —  L'Espagnol 
C.olumelle  en  avait  appris  les  avantages  chez  son  oncle 
paternel  M.  Columella,  qui  mêlait  de  l'argile  aux  terres 
sablonneuses,  du  sable  aux  sols  argileux  el  trop  com- 
pactes •'.  Pline  qualifie  ce  s;ystème  de  dementin  et  il 
ajoute  :  Quid  potest  sperare  qui  lalem  colil  i  Ce  qui 
montre  assez  combien  peu  les  Romains  comprenaient  la 
pratique  des  amendements  et  les  idées  fausses  qu'ils 
avaient  sur  les  qualités  et  la  nature  du  sol. 

1.  AGRiaLTVRE.  —  Elle  a  pour  but  la  production  des 
céréales  [frumentaJ  des  plantes  légumièrcs  cultivées  en 
plein  champ  [villa  rustica],  et  des  plantes  textiles. 

Opérations  agricoles  :  Labour,  aralio.  —  C'est  la 
première  et  la  plus  importante  de  toutes.  Elle  consiste, 
comme  l'a  très  bien  dit  Virgile,  à  ameublir  le  sol. 

Et  oui  piitre  solum  namque  hoc  itnitatnur  arandoK 
Pour  saisir  toute  la  portée  de  ce putre  solum  et  de  putris 
(/leba\  il  faut  se  souvenir  que  les  anciens  n'ensemen- 
çaient guère  que  ces  plaines  el  ces  vallées  argileuses  où 
se  trouve  le  pinguis  humus  S  qui  correspond  à  la  irieioa 
yr,  des  Grecs;  qu'après  la  récolte,  ce  sol,  compacte  de  sa 
nature,  foulé  par  les  pieds  des  moissonneurs,  durci  par 
le  soleil  de  l'été,  forme  une  masse  impénétrable  que  l'on 
ne  peut,  en  certains  pays,  entamer  avec  nos  plus  fortes 
charrues  traînées  par  cinq  ou  six  paires  de  bœufs.  C'est 
seulement  après  les  pluies  d'hiver  el  les  gelées  qu'on 
peut  labourer  de  telles  terres^  ;  et  il  faut  plusieurs  façons 
successives  pour  ameublir  le  sol.  De  là,  est  venu  l'usage 
forcé  de  lajachère  dont  les  Grecs  ont  méconnu  le  principe. 

Les  Romains,  qui  n'attachaient  à  la  jachère  aucune 
idée  superstitieuse  ou  religieuse,  voulurent  profiter  de 
ces  fortes  averses,  qui  tombent  parfois  en  été,  pour 
labourer  leurs  champs  de  tuf.  Mais  alors  se  présenta  ce 
curieux  phénomène  de  la  terre  gâtée  que  Galon  nomme 
cariosa  terra '^  el  que  Pline  ne  semble  pas  avoir  connu  ^; 
son  explication  n'a  fait  que  susciter  de  nombreuses  hypo- 
thèses. Galon  dit  ceci  ":  «  N'essayez  pas  de  labourer  après 
ces  pluies  d'été  ou  d'automne  qui  ne  font  que  mouiller 
la  surface  du  sol.  Votre  terre  deviendrait  stérile  pour 
trois  ans.  Si  vous  avez  carié  votre  champ,  n'y  conduisez 
aucun  troupeau,  aucune  voilure.  »  C'est  à  Adr.  de  Gas- 
parin  que  l'on  doit  l'explication  de  ce  phénomène  qu'il  a 

1  l'iin.  /Ai./.   —   aCiiluin.  /Je  r.    rust.    11.   l(i.  —  3  l'iio.  ff.  nal.   XVII,  3,   iî. 

—  t  lieorij.  Il,  204  v\  apud  Coluiii.  Il,  2.  —  '■  Virg.  Georg.  1,  44;  cf.  Aen. 
VIII,  5<ir,,  pulris  campus;  l'iopcrl.  IV,  3,  39,  putris  tellus.  —  6  Cf.  Colum,  Il  I  ; 
a/jer  pinguis  ac  putris.  —  ''  Cf.  l'iin.  //.  nat.  XVII,  3,  3  i>l  12  :  quum  siccus  est, 
arabilem  laui-is,  posl  imùres  vili  asello.  —  »  5 :  34  cl  37.  —  9  l'Iiii.  //.  nal.  XVII, 
3,  y.  Si  Pline  avait  compris  la  question,  il  n'en  aurait  pas  parlé  dans  ce  chapitre 
du  livre  XVII.  mais  an  livre  XVIII,  49,  après  ces  mois:  sulco  mrio  ne  ares.  A 
Dickson  (/le  la-ir.  des  anc.  1602,  I,  p.  394  397)  a  bien  vn  Icrreur,  sans  expliquer, 
toutefois,  ce  qu'est  une  Icrre  cariée,  l'alladius  rapporte  le  dire  de  Caloii  avec  ré- 
serve ;  ferlur...  asseritur...  {Il,  3).  L'Iiypolliése  que  M.  OIck  donne  comme  vraisem- 
blable ll'auly-Wissowa,  /(.  Jincyct.  s.  r.  Aciierbau,  p.  881)  n'a  aucun  fondement. 

—  10  J'ai  vainement  clierclié  dans  leqiiel  de  ses  nombreux  mémoires  Ad.  de  Gas- 
parin  a  décrit  cette  observation  que  l'on  trouve  résumée  dans  la  Maison  rustique 
du  .Y/.V"  Jiècïc,  I83>,  I,  p.  105.  «  Un  labour  imprudent  produit  un  effet  que  l'on 
désifcnc  dans  ce  pays  (la  l'rovence)  par  l'expression  de  ij&ter  la  terre.  Il  consiste 
dans  ta  sortie  d'une  multitude  de  mauvaises  herbes,  principalement  de  coquelicots 
el  de  crucifèreE,  plantes  à  graines  oU^aginenses  qui  épuisent  beaucoup  le  sol  el  le 
couvrent  pour  plusieurs  années  de  leurs  semences  abondantes.  »  —  II  M.  F.  Bcr- 
tliault,  professeur  à  Gngnon,  parle  d'une  infénondité  de  trois  ans  :  Dicl.  d'ugric.  de 
Barrai  et  Saunier,  I8K9,  III,  p.  412  h.  v.  Labour.  Je  ne  sais  pourquoi  ni  VV.  Ramsay. 
ni  M.  A.-S.  Wilkins  {Smilhs  diction,  of  greell nnd  rom.  nntiq.,  ».  v.  igricullura). 
ni  M.  OIck  fO.  c),  pour  ne  citer  que  les  plus  récents,  ne  mcnliotnienl  l'opinion  des 
«gronomis  franrais  el  nevpliquenl  In  cariosa  terra  de  Calon  par  la  terra  guasla 


RUS 

vu  se  produire  en  Provence'".  D'après  M.  Berthaull,  on 
peuU'observer  dans  toutes  les  régions  de  la  France". 

En  principe,  on  devait  attendre  le  printemps  ''-  pour 
faire  le  premier  labour  qui  consiste  à  fendre  le  sol,  pro- 
scindere".  C'était  encore  l'opinion  de  Calon,  qui  recom- 
mandait de  commencer  par  les  terres  calcaires  ou  sablon- 
neuses et  de  terminer  par  les  champs  argileux'*.  Mais, 
par  suite  des  changements  survenus  dans  les  méthodes 
de  culture  el  de  l'aménagement  en  prés  des  sols  trop 
compactes,  on  arriva  à  faire  le  labour  de  défoncemenl 
vers  les  calendes  d'octobre'^  et  même  vers  la  première 
moitié  d'aoiit,  dans  les  plaines  humides",  les  terres  cal- 
caires, légères'''  des  pays  oit  l'on  n'a  pas  à  redouter  la 
prolifération  des  crucifères  et  autres  plantes  nuisibles". 
Il  fallait  faire  ce  premier  labour  très  profond  "  et  ne  pas 
se  contenter  d'égratigner  le  sol  [perstringere]^",  comme 
on  y  était  contraint  dans  les  terres  pauvres  et  maigres, 
solum  exile  et  macrum^' . 

Un  homme  pouvait  labourer  un  actus,  soit  une  dou- 
zaine d'ares  (12,591)  dans  sa  journée-^;  c'était  l'habitude 
dans  le  centre  de  l'Italie  et  probablement  dans  la  Bétique, 
où  Columelle  va  prendre  tous  ses  exemples;  mais  Pline, 
qui  connaît  mieux  les  environs  de  Naples,  dit  qu'on  pou- 
vait labourer  le  double  en  un  jour■-^  il  est  vrai  qu'au 
pied  du  Vésuve,  la  terre  est  si  meuble  qu'on  peut  faire 
tirer  la  charrue  par  une  vache  ou  un  àne^'.  La  règle  était 
de  tracer  un  sillon  de  120  pieds  d'une  seule  traite,  uno 
impetu  juste;  mais,  à  la  tournée,  on  laissait  les  bœufs 
reprendre  haleine;  on  leur  faisait  boire,  à  chacun,  un 
double  setier  de  vin'^^  el  on  éloignait  le  joug  des  épaules 
pour  éviter  les  plaies  ^^  Le  vitlicus  devait  surveiller  si 
les  sillons  avaient  la  profondeur  voulue,  si  on  n'avait  pas 
laissé  de  bans,  scamnum-'' ,  lira-*  dissimulés  sous  la  terre 
renversée  par  la  charrue,  sousl'ados,  porca^^  ou  tergum 
de  Virgile^". 

Le  second  labour  avait  pour  but  de  renverser  ces  ados 
ou  arêtes  culminantes  des  sillons,  maisplusspécialement, 
de  briser  les  grosses  molles  de  terre,  gleba,  qui  recou- 
vraient le  guérel,  ?ioi''a/e".  Pour  cela,  on  le  faisait  trans- 
versalement au  premier  ^^.  Celle  opération,  que  l'on  dési- 
gnait par  le  verbe  offringere'^.  avait  lieu  vers  le  21  juin  ; 
on  était  forcé,  dans  le  nouveau  système,  delà  faire  quinze 
jours  après  le  premier  labour,  c'est-à-dire  en  septembre  ". 
Du  temps  de  Palladius,  on  se  contentait  d'une  façon  à  la 
main,  avec  la  dolabra^^.  C'est  à  ce  deuxième  labour  que 
les  anciens  Romains  attachaient  le  plus  d'importance,  car 

o  arrobbiata  (N.  Tommaseo.-B.  Beliini,  Dizz.  del.  ling.  liai.  (Naples,  1869|  s.  v. 
Oaasto.  |3.)  des  paysans  ilaliciis,  la  lerro  gasto  des  Provençaux.  —  12  Virg. 
Georg.  I.  43-4C.  —  13  Varr.  De  r.  rust.  I,  29.  —  IV  /)e  ag.  cuit.  131.  Pline  s'est 
inspiré  de  ce  passage  (B.  nat.  XVlll,  49,  1).  —  16  Colum.  II,  11.  —  16  Ib.  4. 
—  17  Plin.  O.c.  XVIII,  49,  1.  —  1^  C'est  par  crainte  de  ces  plantes  que  Varron  con- 
seille de  se  conformer  à  l'ancienne  coulumeel  de  faire  le  premier  labour  au  printemps 
(fl.  rust.  I,  27).  —  "  Colum.  Il,  2.  Pline  demande  trois  quarts  de  pied  (221  milli- 
mètres) -.justum  est  proscindi  sulco  dodrantali  (0.  c.  XVIII,  49,  3).  —  20  Cic.  De 
leg.  agr.  II,  25.  —  '-'  /b.  —  22  Colum.  Il,  12,  qui  ajoute  encore  cette  restriction,  si 
facilis  est  terra.  —  23  //,  nat.  XVllI,  49,  3  ;  mais  il  admet  également  le  proscindi 
semissem.  —24  Varr.  De  r.  rust.  1.  20.  —  25  Colum.  11,3.  —  25  /h.  Ces  plaies  devaient 
être  d'autant  plus  fréfiueules  que  les  bœufs  étaient  attelés  plus  court,  arctissime 
(Pbn.  O.  c.  XVIII,  40,  2).  -  27  Colum.  II,  2;  Pliu.  //.  na(.  XVIII,  49,  2.  Ces  bancs 
étaient  plus  fréquents  dans  les  terres  fouies  au  liqo  (Colum.  III,  131.  —  28  /b. 
II,  4.  —  29  Varr.  Ling.  l.  v.  39,  qui  donne  le  mot  pour  une  contraction  de  pro- 
tecta  (.!.-e.  terra).  —  W  Georg.  I,  97.  —  3l  Varr.  Ling.  1.  VI,  59.  où  ce  qu'il  dit 
est  plus  exact  que  son  explication  du  V,  39  ;  De  r.  rust.  1,  29  ;  cf.  Virg.  Georg.  I. 
71.  _  32  Plin.  ff.  nat.  XVIII,  49,  5,  où  il  dit  aratione  per  transversum  ilsrata 
bien  que  précédemment  i/b.  3)  il  ait  écrit  mo.T  et  obliquis  subiqi  débet.  —  33  Varr. 
/i.  rust.  I,  29  et  32,  où  il  explique  affrini/ere  par  ut  franyantur  glebas.  —  34  Les 
deux  dates  soûl  données  par  Colum.  11.  4  et  11.  —  35  pallad.  11.  3.  Mais  cette 
coutume  de  remplacer  le  second  labour  par  un  travail  à  la  main  existait  déjà  du 
temps  de  Virgile.  Geurg.  I,  93  et  94,  mis  en   piralléle  avec  le  labourage,  97-99 


RUS 


—  92n 


RUS 


on  devait  prendre  garde  de  yàter  la  terre  en  labourant  un 
sol  rendu  humide  par  les  orages  d'été  '  ;  on  devait  bien 
enterrer  le  fumier  épandu  sur  le  sol  ;  enlever  les  pierres, 
lapides  omnes  egerito^;  bien  briser  les  mottes,  les  pulvé- 
riser et  rendre  inutile  l'opération  nommée  ocratio'.  Et 
cependant  ces  multiples  opérations  exigeaient  moitié 
moins  de  temps  que  le  premier  labour  de  défoncement*^. 

Le  troisième  labour  se  faisait  non  pas  comme  chez  les 
Grecs,  avant  les  semailles,  mais  après,  jacto  seminc'. 
Cette  façon  que  Ion  nommait  lirare  ^  avait  pour  but 
d'enterrer  la  semence,  de  rafl'ermir  le  sol  et  de  creuser 
des  rigoles  pour  l'écoulement  des  eaux  fluviales.  On 
attachait  à  la  charrue  une  poutre,  tabula  ',  sorte  de 
ptoutre  primitive,  ou  des  planches,  tabellae^.  On  pouvait 
se  servir  encore  d'une  claie,  craten^,  d'une  herse  (crabes 
dentata}'".  ou  du  rastrum". 

Le  labourage,  qui  fut  longtemps  la  principale  occupa- 
tion des  Romains,  a  donné  un  certain  nombre  de  méta- 
phores qui  sont  restées  dans  les  langues  romanes  :  arare 
reî'sus^-,  praevaricari'^,  delirare^\  etc. 

Semailles  [satio).  —  Elles  avaient  lieu  à  des  époques 
différentes  selon  le  climat,  la  nature  du  sol  et  le  genre  de 
la  plante.  En  généi-al,  cependant,  on  semait  en  automne  , 


^^z; 


un  peu  plus  tôt,  dans  les  terres  sèches '°;  d'abord  l'orge, 
ensuite  le  blé,  bien  que  les  calendriers  agricoles  portent 
pour  novembre  se;ne/i/es  Iriticariae  et  /tordiar'^'.  La  cou- 
tume indiquée  par  Varron  était  de  commencer  les  semailles 
au  23  septembre  et  de  les  continuer  pendant  les  quatre- 
vingt-onze  jours  suivants  pour  avoir  terminé  le  travail 
au  22  décembre''. 

Dans  la  campagne  romaine,  on  semait,  par  jugère, 
4  modii  de  fèves:  5  de  blé;  6  d'orge  ou  10  d'épeautre'*, 
4  de  mil  ou  de  panic,  10  de  lupin  ''^  On  semait  plus  dan.s 
les  sols  argileux,  moins  dans  les  terres  calcaires  ou 
sablonneuses  -",  selon  le  principe  de  Xénophon.  Les  grains 
destinés  à  l'ensemencement  étaient  choisis  avec  soin  pour 


I  Colum.  ir.  4.-2  Id.  II.  11.  —  3  Id.  11.  4.-4  Ib.  Clin.  H.  nat.  XVlll, 
W.  3.-5  Varr.  De  r.  rust.  I,  29.  —6  Ib. .  Colum.  II.  2;  Plin.  XVlll. 
M,  5.   —  '  Ib.   —  8  Varr.   R.  rust.  I,   29.  —  »  Plin.  L.  c.   —   lO  /(,.  _  il  tb. 

—  12  M.  Bréal,  Itei:  des  Études  gr.  1890,  p.  Iî7.  —  13  Plin.  H.  nul.  XVlll,  49,  4. 

—  <»  Ib.  5.  —  15  Cal.  De  a,j.  cuil.  34.  —  16  C.  i.  l.  VI.  p.  637-039.  —  "  Varr. 
II.  rust.  I,  33.  Virgile  {Georg.  I,  206-230)  donne  les  dates  des  semailles  pour  le., 
difTérentes  plantes  :  l'orge,  le  lin  et  le  pavot,  depuis  l'équinove  jusqu'aux  pluie?, 
de  novembre  ;  le  blé  et  répeautrc,  au  coucher  des  Pléiades,  vers  le  IX^  jour  des 
'ralendcs  d'oc:obre  :  les  légumineuses,  depuis  le  coucher  du  Bouvier  Jusqu'aux 
frimifS.  novenilire-décenibre  :  la  fève  et  la  luzerne,  au  printemps  ;  le  millel,  au 
commencement  de  la  canicu'e.  —  I»  Varr.  B.  rusl.  I,  4t.  —  '9  Plin.  U.  nat.  XVlll. 
35.  qui  reproduit  les  données  précédentes  de  Varron.  —  20  plin.  Ib.  —  21  Virg. 
Georg.  I.  I9T.Î03:  plin.  XVlll,  54,  I.  —  22  Virgil.  Georg.  I,  193-190.  —  23  (Vr 
ret.  Us  Catacombes  de  Rome.  V.  pi.  m.  —24  plin.  H.  nat.  XVlll,  49,  5;  Virg. 
Georg.  I,  95.  —  2i  Colum.  II.  1.  —  26  Virgil.   Georg.  1,  t03;  Cic.  Senect.  13  ;  Clin. 


éviter  la  dégénérescence  de  la  race'-'.  On  leur  faisailméme 
subir  certaines  préparations  --  dans  le  but  de  prévenir 
l'apparition  et  le  développement  des  champignons  para- 
sites, carie,  charbon,  ergot,  etc. 

Les  Romains,  comme  les  Grecs,  semaient  à  la  volée 
(fig.  5978)  '-\ 

Hersage  {occntio).  —  Cette  opération  que  l'on  faisait 
avec  la  claie  d'osier,  crates  viminea.  la  herse  à  dent 
de  fer,  crates  dentata,  avait  lieu  à  deux  époques  dis- 
tinctes :  1°  après  le  second  labour,  quand  il  restait  de 
grosses  mottes^'  ;  parfois  même,  sur  les  sols  nalurelle- 
ment  meubles,  elle  remplaçait  ce  deuxième  labour-'; 
2°  après  les  semailles,  quand  on  ne  pouvait  labourer, 
lirare-^.  .\  défaut  de  herse,  les  petits  cultivateurs  em- 
ployaient la  dolabra-''  ou  le  rastrum  à  plusieurs  dents-'. 

Binage  {sarritio,  saritio,  sartio).  —  Cette  opération 
que  les  Italiens  nomment  sarchiatura  est,  à  proprement 
parler,  le  binage  de  nos  agronomes-'.  Columelle  recom- 
mande de  le  faire  quand  le  blé  n'a  encore  que  quatre  ou 
cinq  feuilles"*  et  les  calendriers  l'indiquent  parmi  les 
opérations  à  effectuer  en  février  ■'.  Le  binage  a  pour  but 
d'ameublir  le  sol,  de  détruire  les  mauvaises  herbes, 
(i'éclaircir  les  semis  trop  drus  '-,  de  rechausser  les  céréales 
pour  leur  permettre  de  mieux  laller.  Pline  conseille  de 
biner  deux  fois  le  blé,  l'orge,  l'épeautre  et  les  fèves  ".C'est 
également  l'avis  de  Columelle  qui  compte  un  jour  par 
jugère,  soit  deux  jours  pour  les  deux  façons  ^•.  Cepen- 
dant, Varron  prétend  que  cette  opération  était  très 
discutée  par  les  agronomes '■'. 

Sarclage  [runcatio].  —  Cette  façon  qui  se  donnait  au 
mois  de  mai'*,  quand  le  blé  est  sur  le  point  de  montrer 
ses  tuyaux  et  ses  épis'',  avait  pour  but  d'arracher  toutes 
li^s  plantes  parasites  dont  les  plus  importantes  sont  énu- 
mérées  par  Virgile'*.  On  l'exécutai  là  la  main,  mais,  quand 
les  champs  étaient  infestés  de  chardons,  de  ronces  ou  de 
plantes  acaules,  on  employait  les  .\rcull'm  ou  le  runco". 

Mois-fon  {messio).  —  D'après  les  deux  calendriers  agri- 
coles trouvés  dans  l'Italie  centrale,  la  moisson  de  l'orge 
et  des  fèves  avait  lieu  en  juillet  et  celle  du  blé  et  de 
l'épeautre  en  août".  Le  jour  précis  variait  avec  l'état  de 
l'atmosphère  et  les  conditions  météorologiques  du  pré- 
cédent mois.  Columelle  recommande  bien,  lorsque  le 
moment  est  arrivé,  de  ne  pas  remettre  l'opération  au 
lendemain*'  ;  on  verrait  alors  les  épis  s'entr 'ouvrir  et  les 
grains  tomber  à  terre. 

D'après  Varron,  les  Romains  moissonnaient  le  blé  à 
mi-hauteur,  comme  les  Grecs.  Ce  procédé  n'est  peut-être 
indiqué  que  pour  donner  une  étymologieà  me.s.-:is  :  a  guo 
medio  messem  dictant  puln^'.  En  général,  comme  le  mon- 
trent divers  monuments  de  l'époque  impériale  •',  on 
coupait,  .stringere^^,  les  épis  aussi  hautque  possible  pour 

XVlll,  49,  3.   —  27  Pallad.   Il,    i.  —  s»  Virg.    Ueorg.    I,    ')i;    Plnl.    XVlll,    i<i.   5. 

—  29  G.  Heuié,  Les  plant,  alim.  I,  p.  203.  —3I>R,  rust.  I,  9;  Plin.  XVIII,  05.  4. 

—  ^1  C.  i.  l.  VI,  p.  637  et  638.  —  ^2  Luxuriem  segetum  tenera  depascit  in  herha; 
Virg.  Georg.  I.  112.  —  3î  U.  nat.  XVIII,  I,  où  il  emploie  la  forme  sarcalatiu  que 
Ton  trouve  également  dans  Palladius,  III,  24.  —^Der.  rust.  Il,  2.  —  35  Varr.  De  r. 
rust.  II,  12.  —  36  r.  i.  l.  \1,  p.  637  cl  638.  —  37  Qaum  seges  in  articula  est  :  l'Un. 
XVlll,  30,  1.  —  3«  Georg.  I,  152-134.  -  39  Pallad.  I.  43.4;  cf.  Isid.  Origin.  XX, 
H,  5.  _  40  C.  i.  /.  VI,  p.  037  cl  639.  —  »1  R.  rust.  II,  21,  cf.  Plin.  XVIII,  72,  2  : 
Oraculum  vero  biduo  celerius  messein  facere  potius  quant  biduo  serius.  —  42  Oe 
y.  rust.  I,  50.  —  45  C'est  ainsi  que  moissonnent  des  soldats  représentés  sur  la 
colonne  Trajane  ;  l'rœhner,  Col  Trnj.  pi.  clxu  ;  cf.  (fig.  2863,  ;  Bottari,  ^cult.  e  pil- 
ture  sagre,  I  ;  Vign.  du  titre,  et  dans  des  peintures  ;  Bottari,  O.  c.  pi.  xi.vin  ; 
Anth.  Kich.  nid.  des  Antiq.  rom.  1861.  s.  v.  Messor  et  Hanipulus  ;  llarrucci, 
Stor.  d.  arte  crist.  Pilture,  pi.  Jtxi.  — 44  Virg.  Georg.  I,  317.  Catou  emploie  la 
même  expression  pour  cnfillir  des  olives  ;  César,  pour  les  feuilles  des  arbres. 


KUS 


—  tl24  — 


nus 


ménager  la  paille,  éviter  qu'elle  ne  soil  brisée  sur  Taire 
el  rendue  impropre  aux  divers  usages  auxquels  l'em- 
ployaient les  Latins.  Sur  d'autres  monuments  et  quelque- 
lois  sur  les  mêmes,  on  les  voit  eoupés  à  mi-hauteur  ou 
plus  près  de  terre  et  mis  en  gerbes  (fig.  5979,  5980).  Ordi- 
nairement on  jetait  les  épis  dans  une  corbeille,  corbis  '  et 


on  les  portait  sur  l'aire.  En  somme,  les  Romains  moisson- 
naient les  céréales  exactement  comme  nous  vendangeons . 
Ce  n'est  qu'après  la  cueillette  des  épis,  qu'on  fauchait 
ou  qu'on  sapait  la  paille,  on  la  javelait,  puis  on  la  botte- 
lait,  in  manipulos  co/lir/are-,  pour  la  conserver  en 
meule,  acervus,  ou  en  grenier.  Dans  la  précédente  figure, 
ce  sont  des  liges  avec  leurs  épis  qui  sont  ainsi  rassem- 


Fig.  5980.  —  M. 


blées.  Sur  un  sarcophage  ^  les  moissonneurs,  armés  de 
faucilles  à  manche,  saisissent  à  pleine  main  des  gerbes 
déjà  étêlées  par  les  coupeurs. 

C'était  également  la  méthode  employée  dans  le  Pice- 
num,  mais  au  lieu  d'employer  la  faucille,  on  se  servait 
d'un  instrument  spécial  décrit  par  Varron*.  Le  pro- 
cédé ombrien  était  tout  opposé  :  on  commençait  par 
couper  le  blé  rez  terre,  puis  on  détachait  les  épis  de  la 
paille  et  on  les  transportait  sur  l'aire  dans  une  corbeille  \ 
lin  Gaule,  on  se  servait  d'une  moissonneuse  portée  sur 
deux  roues  ^  ;  ailleurs,  on  coupait  les  épis  avec  une 
paire  de  ciseaux,  inter  duas  mergites''.  La  diversité  des 
méthodes  ne  provenait  pas  seulement  des  coutumes 
locales,  mais  aussi,  au  dire  de  Pline,  de  l'étendue  des 
domaines  et  de  la  cherté  de  la  main-d'œuvre*. 

Battage  et  dépiquage  [trituratio) .  —   Les  Romains 


^  Bollari,  itoma  ioterr.  \,  11;  Bosio,  Roma  sotterranea.  p.  139;  tiarruccr, 
O.  t.  Sarcofagi,  pi.  cccisii.  —  i  Plin.  H.  nal.  XVIII,  Ti,  3  pour  le  botlelage  du 
chaume,  si  la  paille  manque.  —  3  Arch.  Zeitunij,  iS61,  pi.  cxlïui,  p.  U5  :  Car- 
rucci.  Miueo  Laleran.  pi.  .«sri,  1,  p.  53.  —  l  /(.  rust.  1,  50.  -  ■>  Jb.  —  ^  Plin. 
XVIII,  72,  I.  —  1  y*.  —  5  Ib.  3.  —  a  Varr.  H.  rust.  I,  51,  2.  —  <0  Colum.  11, 
îl.  -  Il  Plin.  XVIII,  72,  2,  alibi  [messis)  perticis  flayMatur.  —  12  Ue  ag.  cuil. 
129.  —  13  Georg.  I.  178-186.  —  'i  Varr.  JJe  r.  rusl.  I,  50.  Coluraellc  paile  égale- 
menl  de  faire  DeUoycr  le  graiu  sous  un  hangar,  s'il  pleut  (II,  21).  —  ij  Colum. 
11.  21-  —  "*  l*lin.  XVIII,  +4,  4.  —  l"!  Ib.  5t.  Kn  France,  pour  se  débarrasser  de 
la  moutarde  des  champs  (S.  ai-vtiiiais,  1^.»,  on  a  recours  à  un  travail  spécial  qui 
revient  à  12  ou    15  francs  par  hectaïc  (G.    Hcu/é.  O.  c.    1,  p.   220).   —  •»   Plin. 


avaient  plusieurs  procédés  pour  faire  sortir  le  grain  des 
épis  :  1°  Le  dépiquage  ou  foulage  employé  par  les  Grecs. 
2°  Le  battage  avec  des  traîneaux  ^traha,  tribulum].3°  Le 
battage  avec  des  rouleaux  garnis  de  dents  saillantes  et 
fixés  dans  le  cadre  d'un  traîneau.  Ce  cadre  était  traîné 
par  deux  bœufs  que  conduisait  un  homme  assis  à  égale 
distance  du  cylindre  d'avant  et  du  cylindre  d'arrière'. 
Cet  appareil,  que  l'on  trouve  encore  en  usage  dans  le 
Liban,  se  nommait  plosielh/m  punicutn.  i"  Le  battage 
au  fléau,  cum  baculis  '°.  perticis'^;  c'est  la.  /lagellatio. 
Tous  ces  procédés  s'exécutaient  au  dehors,  et  non  dans 
des  granges.  On  battait  les  grains  sur  des  aires  dont  le 
mode  de  construction  est  indiqué,  en  détail,  parCaton'^ 
et  par  Virgile".  Dans  la  A'allée  piémontaise  du  Tanaro, 
les  aires  étaient  couvertes  d'une  toiture  ". 

Nettoyage  du  grain,  vantage{ventilatio\.  — Ce  moyen 
était  le  plus  habituel  et  il  ne  semble  pas  avoir  difTéré  de 
celui  que  nous  avons  vu  employer  par  les  Grecs;  en  Ita- 
lie, il  fallait  attendre  que  le  Favonius  soufllàt  doucement. 
Si  l'air  se  maintenait  au  calme  pendant  plusieurs  jours, 
on  devait  présager  une  tempête  qui  perdrait  la  récolte, 
et  on  nettoyait  le  grain  par  le  vannage'"  [vannus]. 

Maladies  des  céréales  et  plantes  nuisibles.  —  La  ma- 
ladie que  les  Romains,  comme  les  Grecs,  redoutaient  le 
plus,  est  la  rouille,  rubigo"^.  Pour  en  préserver  leurs 
céréales,  on  célébrait  la  fête  des  robigalia. 

A  propos  de  la  cariosa  terra  de  Caton  et  de  Columelle, 
nous  avons  vu  qu'un  labour  intempestif  pouvait  faire 
germer  un  grand  nombre  de  crucifères  qui  épuisent  le 
sol.  La  plus  commune  et  la  plus  redoutable  est  la  mou- 
tarde {sinapis  alba,  L.),  senape  bianca,  «  dont  il  est 
difficile  de  délivrer  le  sol  parce  que  la  graine  qui  tombe 
germe  aussittjt'"  ».  Une  autre  plante  qui,  parfois,  peut 
devenir  très  nuisible,  est  le  coquelicot,  papaver  erra- 
ticum  de  Pline'*.  Quand  la  température  est  chaude  et 
humide,  il  prend  un  tel  développement  qu'il  étouffe  les 
blés  d'automne  et  qu'on  ne  peut  s'en  débarrasser  même 
par  des  sarclages  spéciaux  qu'on  nomme  dans  la  Pouille 
spapaverare  ou  spapernare.  Le  coquelicot  est  représenté 
dans  les  peintures  de  Pompéi  ",  ainsi  qu'une  autre  plante 
nuisible,  la  coquelourde -"  (agroslemnia  githago,  L.), 
gottone,  qui  est  de  la  même  famille  que  la  lychnis  [A. 
coronaria,  L.)  que  Pline  nomme  fleur  de  Jupiter^'. 

Rotations.  —  Dans  l'agriculture  grecque,  les  champs 
restaient  en  jachère  pendant  plus  d'un  an,  quinze  ou 
seize  mois.  Les  Romains  essayèrent  de  supprimer  cette 
cause  de  diminution  de  revenus  et  de  faire  alterner  la 
culture  des  céréales  avec  celle  d'autres  plantes  qu'ils 
considéraient  comme  moins  épuisantes'^-.  La  terre  qu'on 
laissait,  «  se  reposer  par  le  seul  changement  de  produc- 
tion-' »,  se  nommait  rcstibilis"'.  Virgile  donne  plusieurs 
exemples  de  mutations  -'  :  alterner  le  blé  avec  des  plantes 
légumières  ou  celles-ci  avec  le  lin,  l'avoine-"  ou  le  pavot. 
Pline'",   après  Columelle  ^*,  indique  trois  autres   rota- 


\X,  19.  —  19  N"  12,  13,  U  et  15  de  la  salle  I  au  Musée  nat.  de  Naples.  —  2I>  Sur 
une  mosaïque  de  la  maison  du  Faune  an  Musée  de  Naples.  —  2t  Plin.  S.  nat.  XXI, 
39,  I.  —  22  Varr.  Ji.  rusl.  1,  W.  —  S''  Virgil.  Georg.  I,  82.  —  2k  Varr.  De  ling. 
lai.  V,  39.  —  25  Virgil.  Georg.  1,  71  8V.  —  26  Ce  passage  de  Virgile  monlie  que 
c'est  à  tort  qu'on  a  prétendu  que  l'on  ne  cultivait  pas  l'avoine  {A.  saliva,  L.)  en 
Italie,  tout  au  moins  dans  la  Gaule  Cisalpine  et  les  environs  de  .Mantoue,  alors 
(|u'on  la  retrouve  chez  les  Lacustres  suisses  du  bronze  (Heer,  Pflatiz.  (1er  Pfahlb. 
p.  fi,  lig.  211.  La  remarque  de  Pline,  XVIII,  41,  I,  prouve  seulement  que  les 
Honiains  n'en  mangeaient  pas;  cf.  Galen.  De  ahm.  fac.  1,  14,  p.  522,  éd.  Kuliii 
"  L'avoine  sert  d'aliment  aux  animaux  cl  non  .-lux  hommes.  >■  —  2"  //,  nal. 
XVI 11.   52.    —  28    Oe  r.  rust.  II. 


RUS 


—  !)2." 


RUS 


lions  pour   les  terres  meubles,   argileuses  ou   légères. 

Culture  des  céréales  [fruiMENTa]. 

Légumineuses  i  villa  rustica]. 

Plantes  textiles  :  1°  Lin  [linum].  —  2°  Chanvre, 
cannabis  '.  —  En  Italie,  on  cultivait  le  chanvre  aux 
environs  de  Rosea-.  dans  le  pays  des  Sabins.  On  semait 
au  printemps,  quand  le  Favonius  commençait  à  souf- 
fler. On  récoltait  la  graine  à  Téquinoxe  de  septembre, 
et  on  arrachait  la  plante  après  les  vendanges.  Plus  la 
plante  était  semée  drue,  plus  la  tige  était  fine  et  haute. 
Le  chanvre  de  Rosea  avait  la  grandeur  d'un  arbre,  mais 
ce  pays,  très  humide,  passait,  bien  qu'on  n'y  culti- 
vât point  les  céréales,  pour  être  d'une  merveilleuse  fer- 
tilité depuis  que  César  Vopiscus,  plaidant  sa  cause  de- 
vant les  censeurs,  avait  dit  qu'en  une  nuit  l'herbe  y 
croissait  de  l'épaisseur  d'une  perche  ^ 

H.  Arboricllti're.  —  Théophraste  connaît  tous  les 
arbres  fruitiers  de  l'antiquité  ;  mais  nous  ne  voyons  les 
(irecs,  à  aucune  époque  de  leur  histoire  ',  chercher  à 
acclimater,  dans  leur  pays,  les  arbres  qu'ils  avaient  pu 
voir  en  Asie,  bien  que  les  Perses  leur  eussent,  maintes 
fois,  montré  le  moyen  de  cultiver  de  nouvelles  plantes  ^ 
Les  Romains,  au  contraire,  étaient  avides  de  nouveautés, 
et  c'est  à  eux  que  l'on  doit  la  connaissance  et  l'introduc- 
tion, dans  notre  Occident,  de  beaucoup  d'arbres  asiati- 
ques ou  africains.  On  sait  le  prix  fabuleux  que  l'on 
donnait  à  Rome,  sous  la  République,  pour  avoir  des 
arbres  rares '^,  et  le  revenu  considérable  que  l'on  tirait 
parfois  de  l'arboriculture''. 

Principaux  arbres  cultivés  :  i°  La  vit/ne,  dont  la  cul- 
ture est  mise  au  premier  degré  de  l'échelle  des  revenus 
par  Caton  *  [vinum]. 

2°  L'olivier,  qu'il  place  au  quatrième  rang  [olelmj. 

3"  Le  figuier  ;  c'était  l'arbre  sacré  des  Romains,  comme 
l'olivier  était  celui  des  Athéniens.  Déjà  du  temps  de 
Caton,  on  cultivait,  dans  l'Italie  centrale',  au  moins  six 
races  ou  variétés  de  figuier.  Les  marisques,  mariscae, 
que  l'on  plantait  dans  les  terrains  crayeux  ou  découverts; 
les  figues  d'hiver,  les  lélanes  noires  à  long  pédicule,  les 
africaines,  les  herculanées  et  lessagontines  que  l'on  cul- 
tivait dans  une  terre  argileuse  et  fumée  '".  A  l'époque  de 
Pline,  les  variétés  s'étaient  considérablement  multipliées, 
car  beaucoup  de  personnes  étaient  désireuses  de  donner 
leur  nom  à  des  races  nouvelles  ".  Mais  les  caractères  de 
ces  variétés  sont  si  minimes  qu'il  est  difficile  de  les 
différencier  sur  les  figues  sèches  trouvées  à  Pompéi'- 
ou  sur  les  peintures  qui  représentent  ces  fruits  ". 

4°  Pommier  [cibaria,  p.  1151].  —  Sa  culture  parait  très 
ancienne  en  Italie.  M.  Sordelli  "  a  trouvé  dans  les  pala- 
fittes  du  lac  de  Lagozza,  et  M.  Ragazzoni  dans  le  dépôt  de 
Bardello  (N.-O.  du  lac  Varèse),  des  pommes  qui  semblent 
plus  grosses  que   celles  qu'on  trouve  dans    les  dépôts 

1  Varr.  De  r.  rusl.  I,  i3  ;  Coliim.  Il,  10,  \i,  21.  —  2  P|in.  XI.V,  .M.  —  3  Cal. 
De  aij.  cuit.  7  ;  Flin.  XVIl,  3,  7.  —  4  Ch.  Jorct  a  étudié  les  planlea  que  fil  cou- 
naltre,  à  la  Grèce,  l'expédition  d'Alexandre  {Journal  des  savants.  1904),  mais  ou 
ne  trouve  nulle  pari  le  résultat  pratifiue  de  ces  connaissances  nouvelles,  $i  ce  n'est 
l'introduction  d'un  citronnier  dans  l'Altique.  —  '■>  Cf.  /iutl.  cor.  hel.  XIII,  p.  52'.» 
si|.  Inscription  de  Magnésie  du  Méandre  donnant  le  texte  d'une  lettre  de  Daruis  ; 
et.  Xenoph.  Oecon.  IV;  Polyb,  X,  28.  —  6  p|in.  H.  nat.  XVII,  I.  _  7  II  y  avait, 
dans  la  banlieue  de  Rome,  des  arbres  (jui  donnaient  un  revenu  annuel  de  2  000  ses- 
lopces  (Plin.  L.  c).  —  •*  /M  ag.  cuit.  17.  —  '-'  Tout  ce  qu'écrit  Caton  se  rapporte 
spécialement  aux  environs  de  Rome  comme  l'a  démontré  ÎVitzch  {2eitsch.  f.  <l . 
Allerthumwiss.  III,  1845,  p.  493).  —  10  Cat.  Ile  ag.  cuit.  8.  —  "  Sunt  et  auctorum 
nomina  Us,  Liviae,  Pompeiae;  Plin.  XV,  19,  Ib.  13.  —  12  Or.  Comes,  Illustra:, 
dette  plante  rapprcsent.  nei  dipinti  Pompe:.  Naples,  1879,  p.  3o.  —  ^-^  Pitt.  lii 
Ereolano  e  cent.  Naples,   1757,  I,  pi.   xi,  xxii,  .xxxviii,  XLvn';  II,   pi.  x\v  ;   V,  pi. 


lacustres  de  la  Suisse''.  On  les  conservait  entières  ou 
coupées  en  tranches  longitudinales  que  l'on  faisait  sé- 
cher pour  l'hiver.  Du  temps  de  Caton  "■',  ces  fruits  étaient 
conservés  dans  des  tonneaux,  in  doliis.  Le  pommier,  se 
greffant  facilement  ou  recevant,  comme  sujet,  la  greffe 
d'un  autre  arbre '\  on  voit  le  grand  nombre  de  variétés 
que  l'on  a  pu  obtenir  en  cultivant  sur  des  terrains  diffé- 
rents ces  petites  pommes  sauvages  qui  existaient  encore 
en  Italie  à  l'époque  de  Pline  ". 

5"  Poirier  [cibaria,  p.  ilol^i.  —  Nos  agronomes  con- 
seillent aux  jardiniers  de  se  borner,  commercialement,  à 
la  culture  d'une  dizaine  de  races  de  poiriers  pour  avoir 
des  fruits  à  vendre  depuis  le  mois  de  juillet  jusqu'en  mai 
et  de  laisser  aux  amateurs  le  soin  de  collectionner  les 
trop  nombreuses  variétés  qui  existent".  Il  en  était  de 
même  à  Rome  où  la  passion  de  la  pomologie  faisait 
essayer  toutes  les  créations  que  l'on  peut  obtenir  par  les 
semis  ou  la  greffe-".  Une  peinture  de  la  maison  de  Mars 
et  Vénus,  à  Pompéi -',  représente  des  rameaux  de  poirier 
avec  les  feuilles  et  les  fruits  ;  une  autre  peinture,  dans  le 
triclinium  de  la  maison  de  Siricus  ou  Salve  Lucrutn, 
représente  des  poires--  comparables  à  celles  d'une 
mosaïque  trouvée  dans  la  maison  du  Faune  ". 

6°  Cognassier  [cibaria,  p.  1151].  — Cultivé  tant  pour  ses 
fruits  que  comme  porte-greffe  du  poirier  et  du  pommier^' . 

On  plantait  tous  ces  arbres  à  pépins,  non  seulement 
dans  des  vergers,  mais  aussi  dans  les  champs  emblavés '^^ 
comme  on  le  fait  encore  dans  le  système  campanien  que 
l'on  peut  observer  entre  Gaëte  et  Sorrente. 

Les  arbres  fruitiers  à  noyau,  nuclei,  étaient  cultivés 
dans  les  vergers  ou  les  prés;  ils  appartiennent,  presque 
tous,  à  la  tribu  des  prunées  et  forment  les  nombreuses 
races  ou_  variétés  des  pruniers,  pêchers,  abricotiers, 
amandiers,  cerisiers,  etc.  [cibaria,  p.  1132]. 

Multiplication  et  reproduction.  —  Virgile  divise  les 
modes  de  reproduction  en  deux  classes  :  1°  modes  natu- 
rels, hos  natura  modos  primum  dedit'^''  ;  2°  modes  arti- 
ficiels, quos  ipse  via  repperit  usus  ■'. 

l°Les  premiers  sont  subdivisés  en  trois  :  a.  semis,  sponle 
.<«a^*,  c'est  le  moyen  dont  on  se  contentait  pour  l'osier, 
le  genêt,  le  peuplier,  le  saule,  etc.  -''  ;  b.  semis  àla  volée, 
ou  plutôt,  en  lignes,  posito  de  semine^"  (châtaigniers, 
chênes,  etc.  '');  c.  dvs.^eons,  pullulai  ab  radice'-,  moyen 
de  reproduction  de  l'orme,  du  cerisier,  du  laurier  ^^ 

2°  Les  modes  artificiels  se  subdivisent  également  en 
trois  :  a.  boutures  simples,  prises  sur  des  rameaux 
d'antan '^  et  boutures  en  plancon,  formées  de  rameaux 
plus  forts  dont  l'extrémité  mise  en  terre  est  aiguisée  ou 
fendue  en  quatre''^;  b.  marcottes'"  par  provignage  pour 
la  vigne,  et  couchage  pour  les  autres  végétaux  ;  c.  greffes, 
ou  boutures  que  l'on  plante,  non  plus  dans  la  terre,  mais 
sur  des  plantes  vivantes.  Virgile  n'indique  que  deux  pro- 

IX  ;  VII,  pi.  XXI,  auxquelles  on  doit  ajouter  les  représentations  plus  récentes  :  Casa 
di  Sirico  (Itay.  VII,  Is.  12,  Via  XI.  n°  47);  Casa  del  gallo  (n«   10,  lab.   I,  Alt.). 

—  fi  Suite  plante  délia  staz.  delta  Laggozza,  p.  33;  cf.  Notiz.  sulla  staz. 
d.  Lagozza,  18S0.  —  I»  Heer,  Die  P/lanz.  der  Pfahtbaut.  Znrirh,  1803,  p.  2i, 
lïg.  1.7.  —  16  De  ag.  cuil.  143;  cf.  7.  —  n  ..  Appius,  de  la  famille  Claudia,  ayant 
greffé  le  cognassier  sur  le  pommier  de  Scandius,  le  fruit  qui  en  résulte  porte  le 
nom  dappien.  «  (Plin.  H.  nat.  XV,  13,  I,  Irad.  Littré.)  —  1»  L.  c.  3.  Le  malttm 
de  Virgile  {Bue.  III,  ti+)  est  la  pomme  vulgaire,  comme  le  dit  fort  bien  Bubani 
(Flor.  Virgil.  p.  77).  -  19  P.  de  M.  quarante  poires,  p.  7.  -  20  plin.  XV,  16  et 
17;  Virgil.  Georg.  II,  88.  —  21  0.  Comes,  O.  c.  p.  03.  —  82  /*.  —  23  put.  di 
Ercol.  I,  pi.  xin.  —  2'>  Plin.  XV,  18,  2.  —  K  Cat.  De  ag.  cuit.  37  :  Nuclcos  in 
segetem  ne  indideris.  —  i^  Georg.  II,  20.  —  27  Ib.  22.  —  2»  yt.  1 1,  —  29  Ib.  10-13. 

—  30  Ib.  14.  —  31  Ib.  13.  —  3'2  Ib.  Iti.  —  33  Ib.  17.  -  '"'  Ib.  18  et  23.  —  3i;  Ib. 
24  et  23.  —  W  Ib.  '20  et  27. 


RrS  -  926  — 

cédés  :  la  greffe  par  œil,  oculos  iinponere  '  el  la  greffe  par 
rameaux,  mser^rp  - .  Caton  '  fournit  déjà  un  grand  nom- 
bre de  renseignements  techniques  el  précis  sur  les  diffé- 
rentes gretres  :  l'un  de  ses  procédés  a  même  été  remis  en 
honneur  par  M .  Cazalis-AUul,  eta  permis,  ausiècle  dernier, 
de  conserver  notre  vieille  race  des  muscats  de  Frontignan. 

La  reproduction  des  arbres  avait  lieu  dans  des  pépi- 
nières, seminariuiii  \  planturium  '\  entourées  d'une 
bonne  clôture,  bêchées  au  hipaUum,  épierréesavec  soin, 
souvent  sarclées.  Les  jeunes  plants  étaient  espacés  d'un 
pied  et  demi  en  tous  sens  ^  et  on  les  protégeait  contre  les 
rayons  solaires  par  des  paillassons  ou  des  claies  de 
figuier  placés  à  hauteur  d'homme'. 

La  transplantation  avait  lieu  au  printemps  *  ;  avant  de 
déplanter,  on  poussait  le  soin  jusqu'à  marquer,  sur 
récorce  du  sujet,  le  côté  exposé  au  nord  pour  que  la 
plante  fût  remise  dans  la  même  orientation'. 

La  profondeur,  fastigium,  des  trous  de  plantation, 
scrobis,  variait  avec  la  nature  et  la  force  de  l'arbre  ;  mais 
quelle  que  fût  la  plante,  on  recouvrait  les  racines  de 
fumier,  on  jetait  de  la  terre,  et  on  formait  la  couche 
superficielle  avec  des  coquilles  ou  des  pierres  spongieuses 
pour  empêcher  l'argile  de  se,  durcir  au  soleil  '". 

ML  ZooTECUNiE.  —  On  a  prétendu  que  «  l'ère  historique 
en  Italie,  ne  connaît  plus  les  peuples  pasteurs  "  ».  L'asser- 
tion est  probable  au  sujet  des  Étrusques,  mais  elle  reste 
hypothétique  pour  les  colonies  grecques,  qui  inventèrent 
la  poésie  bucolique.  Quant  aux  peuples  italiotes,  il  est 
certain  que  la  plupart  d'entre  eux  ont  continué  jusqu'à 
nos  jours  à  ne  vivre  que  de  l'industrie  pastorale.  Tous 
les  automnes,  de  grands  troupeaux  de  bœufs  descendent 
de  la  Sabine  pour  passer  l'hiver  dans  la  campagne 
romaine;  d'immenses  troupeaux  de  bœufs  elde  moutons 
transhument  des  .Vpennins  et  vont  hiverner  sur  ces 
plateaux  argileux  qu'on  nomme  tapolierc  du  Capitanate. 
Fr.  Lenormant  parle  de  troupeaux,  punta,  qui  comptent 
généralement  dix  mille  tètes  et  il  rappelle  qu'à  la  fin 
du  xvi''  siècle,  plus  de  quatre  millions  de  bètes  à  laine 
venaient  ainsi,  chaque  hiver,  dans  la  plaine  de  Foggia  '-. 

Cette  coutume  est  antérieure  aux  Espagnols,  aux 
Normands  et  aux  Byzantins.  Vouloir  la  supprimer, 
comme  l'essayèrent  les  Français  au  commencement  du 
siècle  dernier,  ce  serait  ruiner  tous  les  habitants  de  r.\pen- 
nin,  des  .\bruzzes,  région  où  la  culture  des  céréales  est 
impossible,  où  la  neige  séjourne  six  mois  de  l'année,  où 
l'on  n'a  d'autre  ressource  que  les  châtaignes  et  l'industrie 
pastorale  qui  y  est  fort  prospère  en  été.  Les  Romains  ont 
toléré  cette  transhumance  et  l'ont  réglementée  par  une 
loi  des   censeurs,  lerie  reiisoria'^.   Mais   elle   est    plus 


nus 


.  _  3  /Jn  n,/,:  cuti  iO  el  a.  —  '  Cal.  De  ay. 
5  Plin.  a.  nat.  XV,  I,  i.  -  «  Cal.  De  ag. 
Ueorg.  Il,  3l3-3ii.  —  1  Ib.  II,  iS'J- 
Uist.  rom.  1863,  I,  p.  iW.  —   12  Fr. 


I  Virg.  Georg.  Il,  74-70.  —  î  lli.  7 
cuit.  46;  Varr.  De  ling.  lat.  V,  37 
cuU.  46.  -  7  II,.  48.  —  s  Vu 
i7I.  —  II)  Ib.  346-334.  —  "  Moi 
Lenornianl.  A  travers  l'Apulie  et  la  Lucunie,  1883,  I,  p.  17-33.  —  '3  Varr.  De  r. 
rust.  Il,  I.  i|iii  donne  de  iionibreut  détails;  cr.  Horal.  Epod.  I,  ^7  et  âS.  Ce 
n'est  donc  pas,  comme  on  l'a  dit.  Alfoiise  d'Aragon  qui  ><  transplanta  ainsi 
lie  la  Sierra  Nevada  dans  les  plaines  de  l'.^pulic,  la  niesta  espagnole  avec 
tous  ses  inconvénients  politiques,  économiques  et  morani  <■.  A.-J.  du  Pays. 
/linéraire  de  l  liai,  et  de  ta  .Sicile.  ISli'J,  II,  p.  3ti7.  —  H  f/ist.  des  nom.  I.  page 
xciv  de  l'iutroduct.  —  '•'■'  Tli.  Mommsen  reconnaît  que  les  «  bandes  samnites 
laisseul  subsister  les  villes  grec(|ucs  >-.  (Hist.  rom.  Il,  p.  148  de  l'édit. 
franc.).  —  16  Sur  la  route  de  Capoue  à  Rcggio,  il  y  avait  un  ager  ptibticus 
que  le  consul  P.  Popillius  lit  céder  par  les  pasteurs  aux  agriculteurs  ;  C.  i.  t. 
X,  1,  n»  *)îi50  :  Eidemquc  primas  fecei  ut  de  agro  poptico  aratoritius  cédèrent 
pnstores.  Il  est  probable  que  la  plaine  de  Mantoue  (Virgil.  Georg.  Il,  198| 
était  une  value  pâture  avant  d'être  mise  en  culture  par  les  soldats  des  trium- 
virs. IVesl  du  moins  ce  qui  semble  ressortir  de  tout  le  passage  (195-âOâ), 
des  (i^^on/uiHes  el  delà  première  églogne  :  errare  boves  (10);  pascite,   ut  ante 


ancienne  que  celte  loi  romaine  et  remonte  à  l'indépen- 
dance des  Samnites.  V.  Duruy  a  même  reconnu  que  ce 
fut,  pour  ceux-ci,  «  une  cause  de  guerres  continuelles 
avec  les  peuples  voisins''  >>.  Toutes  les  invasions  sam- 
nites en  Campanie,  dans  la  Lucanie  el  la  plaine  de  Ta- 
rente,  n'ont  d'autres  motifs  que  la  nécessité  de  mettre  les 
troupeaux  à  l'abri  des  froids  de  l'hiver  '  ',  el  il  est  probable 
que  ce  furent  les  Romains  qui,  ménageant  les  intérêts 
opposés  des  agriculteurs  el  des  pasteurs,  canalisèrent  cet 
exode  annuel  vers  les  plaines  dépeuplées  de  l'Apulie  et 
la  campagne  de  Diomôde'^  On  y  envoyait  même  les 
troupeaux  de  Reale'",  ce  qui  avait  été  impossible  avant 
la  conquête  du  Samnium  par  les  Romains,  le  parcours 
ne  pouvant  exister  que  dans  les  limites  d'un  même  État  '". 
.\vant  le  traité  de  "290,  les  Sabins  de  Reale  et  les  villes 
voisines  ne  pouvaient  conduire  leurs  bestiaux  que  dans 
le  Lalium.  Fatalement,  cette  «  large  plaine  »  eut  à 
subir  de  la  part  des  Sabins  les  mêmes  vicissitudes  que 
les  Samnites  faisaient  éprouver  aux  plaines  de  Campanie 
et  de  Tarente.  Cet  état  "  dura  jusqu'au  jour  où  les  pâtres 
de  Romulus  s'installèrent  définitivement  sur  le  Palatin. 
On  a  prétendu  que  ces  bergers  se  transformèrent  du  jour 
au  lendemain  en  laboureurs  et,  comme  les  bina  jugera 
sont  insuffisants  pour  la  culture  des  céréales,  on  a  émis 
l'hypothèse  d'un  communisme  agricole  pratiqué  dans 
Vager  publicus-'^.  Par  détinition  même,  un  terrain  de 
vaine  pâture,  agev  publiais,  ne  peut  être  cultivé.  Dans 
tous  les  pays  où  existent  encore  le  parcours  el  la  vaine 
pâture ,  les  propriétaires  qui  veulent  cultiver  doivent 
enclore  avec  soin  leurs  champs  '-'. 

Ce  n'est  qu'à  partir  du  règne  de  Numa  qu'on  com- 
mence à  trouver  les  premiers  indices  d'une  culture  des 
céréales,  mais  les  Latins  cherchèrent  toujours  à  tirer 
profit  de  la  nécessité  où  se  trouvaient  les  Sabins  de 
recourir  au  parcours  et  de  faire  hiverner  leurs  bestiaux 
dans  la  plaine.  C'est  pour  cela  qu'on  transforma  les 
moins  bonnes  terres  du  Lalium  en  prés  ou  prairies. 
Caton  nous  a  conservé  un  modèle  de  location  de  prairie 
pour  riiiver,  des  calendes  de  septembre  aux  calendes  de 
mars'-.  Le  profit  était  bon;  on  augmenta  les  pâturages 
et  quand  la  petite  propriété  rurale  fit  place  aux  latifun- 
dia, la  campagne  romaine  reprit  cet  aspect  si  spécial  que 
nous  lui  voyons  aujourd'hui  et  qu'elle  avait  conservé,  au 
moins,  jusqu'au  règne  de  Numa. 

Troupeaux. —  Les  Latins  distinguaient  :  ["Vannentutii 
formé  d'animaux  destinés  à  aider  l'homme  dans  ses  tra- 
vaux :  bœuf,  mule,  cheval,  àne-^;  2°  le  grex,  composé 
d'animaux  dont  on  tire  un  revenu  comme  le  lait,  la  laine, 
la  viande  :  brebis,  chèvre,  porc  -'. 

tïoves,  pueri;  sufjmittite  lauros  (40),  etc.  —  ^t  Varr.  De  r.  rust.  II,  t.  —  *8  C'est 
pour  cela  que  la  transhumance  n'existe  point  en  Grèce  Jusqu'à  l'uniftcalion  dn  pa\s 
par  les  Romains.  Avant  la  cession  de  la  Thessalie  au  royaume  de  Grèce,  les  bergers 
de  l'OUmpe  venaient  hiverner  dans  les  plaines  de  Bitbynie  ;  maintenant,  il  n'y  a 
plus  que   les   pâtres  albanais   ou    macédoniens   ([ui    puissent    faire   ce   p,ircours  . 

—  19  C'est  ce  que  montrent  les  anciens  mythes  de  Saturne,  le  "  bon  semeur  ..,  di- 
Cacus,  de  Géryon,  etc.  L'histoire  des  colonies  primitives  du  Latium  ressemble  trop 
à  celles  des  premières  colonies  d'.Apulie,  pour  que  tous  ces  récils  soient  purement 
légendaires.  —  2»  Mommsen,  //.  rom.  Paris,  1803,  I,  p.  Î30  el  Ï51,  cf.  p.  50,  !I5,  elc. 
Voir  également  PuchU,  Cursus  der  Institut.  1893,  I,  540;  B.  BiichscuschtCz, 
Bemerk.  ul..  die  rôm.  Voticswirtscli.  der  Kônigszeit,  1880.  p.  11  qui  oui  adopté 
cette  hypothèse.  —  21  H  est  impossible  de  retracer  ici  l'histoire  des  clôtures  et  de  la 
vaine  piture  dans  tous  les  pays  qui  formèrent  jadis  l'Empire  romain ,  mais,  pour 
les  anciennes  coutumes  et  la  législation  française,  on  trouvera  un  résumé  sufltsaut 
dans  Belèie,  Dielionn.  de  ta  vie  pratique,  s.  v.  Parcours.  —  22  De  ag. 
cuit.  149.  —  -3  Coluni.  VI,  pr.  qui  ajoute  que  tous  les  bestiaux  qui  forment  l'ar- 
mentum  sont  appelés y^men/a,  de  Junare  aider,  ou  armenta,  de  arare,  labourer. 

—  2t  Le  porc  est  rangé  dans  celle  catégorie  non  pour  sa  viande,  mais  pour  le 
revenu  des  codions  de  lait. 


RUS 


927  — 


RUS 


Bœuf  [bos).  —  11  esl  possible  que  la  race  des  bœufs  à 
longues  cornes,  que  l'on  voit  dans  la  campagne  romaine, 
provienne  des  bœufs  d'Épire  dont  parle  Arislole'.  En  tout 
cas,  elle  diflëre  complètement  des  taureaux  et,  des  vaclies 
représentés  sur  les  monuments  dans  lesquels  on  peulrecon- 
naître  des  types  italiens,  notamment  les  lingots  servant 
de  monnaie  marqués  à  l'empreinte  du  bœuf  [as,  fig.  546j 
ou  les  scènes  de  sacrifice  [voir  lig. 2474, 2488,  4692,  4872j, 
sacrificium]^.  Columelle  compte  quatre  races  bovines  en 
Italie  :  1°  la  campanienne,  pelage  blanc,  taille  petite. 
peu  de  force  :  2°  ["ombrienne,  pelage  blanc,  parfois  rouge, 
grande  taille;  3°  Vétrusque,  animaux  massifs  et  forts: 
4°  Vapennine,  moins  belle  que  les  précédentes,  mais  plus 
forte  et  plus  rustique.  Toutes  ces  races  étaient  si  peu 
laitières  qu'on  faisait  venir  des  vaches  des  Alpes,  des 
cevae  pour  allaiter  les  jeunes  veaux  italiens".  Quand  on 
n'avait  point  cette  ressource,  on  donnait  aux  petits  un 
supplément  de  nourriture  composé  de  fèves  broyées  et 
surtout  de  vin,  mais  il  était  de  règle  de  les  laisser  téter 
pendant  un  an  pour  qu'ils  devinssent  plus  forts*.  On 
comprend  que  ces  vaches  italiennes  fussent  incapables 
d'allaiter  leurs  petits  pendant  douze  mois,  puisqu'elles 
devaient  vêler  chaque  année.  Elles  mettaient  bas  au  prin- 
temps et  on  les  accouplait  à  nouveau,  au  mois  de  juillet". 
C'est  qu'en  Italie,  comme  en  Grèce,  les  bœufs  ne  sont 
pas,  à  proprement  parler,  des  animaux  de  boucherie,  mais 
des  bêles  de  trait,  et  Virgile  compare  toujours  l'élevage 
de  ces  animaux  à  celui  des  chevaux". 

Quand  toutes  les  vaches  du  troupeau  avaient  vêlé,  on 
triait  les  jeunes  et  on  en  faisait  trois  lots'  :  1°  les  ani- 
maux destinés  à  repeupler  le  troupeau,  pecorisubinittere 
habendo)  ;  2°  les  victir/ies  des  sacrifices  [ar'is  servare 
sacros),  ou  les  prémices:  3°  les  bœufs  de  travail  (scindere 
terrain),  dont  la  vente  constituait  le  principal  revenu  des 
éleveurs.  Les  veaux,  ainsi  classés,  étaient  marqués  de 
signes  spéciaux  au  fer  rouge  *.  A  un  an,  les  veaux 
cessaient  d'être  subrumi^,  c'est-à-dire  de  téter;  c'est 
alors  que,  dans  certains  pays,  on  les  châtrait;  il  semble 
cependant  qu'en  Italie,  on  ait  attendu  qu'ils  eussent 
acquis  plus  de  force  et  qu'on  ne  faisait  subir  cette  opéra- 
tion qu'aux  bovillons  de  deux  ans'";  c'est  alors  qu'on 
commençait  à  les  dresser  à  la  charrue",  afin  de  pouvoir 
les  vendre  à  quatre  ans.  C'est  à  cet  âge  que  les  cultiva- 
teurs les  achetaient  pour  les  faire  travailler.  Ces  bœufs 
de  trait  étaient  tenus  à  l'etable  et  on  les  nourrissait 
comme  Caton  l'indique  en  détail  '^ 

Mouton  [ovis).  —  On  élevait  les  moulons  pour  leur 
laine  [lana]  (si  tibi  Innitium  curae...  "). 

Les  races  de  choix  étaient  donc  celles  qui  avaient  la 
toison  la  plus  blanche  et  la  plus  fournie.  Les  moutons 
devaient  avoir  de  la  laine  autour  du  cou,  sur  la  tête 
jusqu'au  nez  et,  surtout,  sous  le  ventre'-.  Toute  brebis, 
ventre  glabre,  était  appelée  apica'°  et  rejetée  du  trou- 


i  Uiat.  anim.  111,  I');  cf.  Aeliao.  H.  an.  XII,  2;  Plin.  H.  nul.  VIII,  09, 
—  2  Cf.  s.  Reinadi,  fiépert.  de  la  statuaire,  1,  p.  108  sq.  Il,  p.  730  sq  ;  III, 
p.  214.  sq.  —  J  Colum.  VI,  21;  Virgil.  Geori/.  III,  176-177.  —  *  Coliim.  VI, 
2V.  —  &  Columelle  admet  cependant  que  si  les  pâturages  sont  peu  abondants, 
la  vache  ne  doit  vêler  que  de  deux  ans  luu.  —  0  Georg.  III,  49-209.  —  7  Vir- 
gil. Georg.  111.  137-161.  —  8  Virgil.  Geori/.  1,  263;  111,158.  —  9  Varr.  J)e 
r.  riut.  Il,  1.  —  10  Colum.  VI,  26.  —  n  Virgil.  Georr/.  111,  163.  —  12  De 
€Ui.  cuil.  60.  —  13  Virg.  Georg.  111,  .384.  Le  parallèle  entre  la  brebis  et 
la  chèvre  se  continue  et  le  vers  394  commence  par  :  At  eut  lactis  amor  qui 
concerne  les  chèvres,  puisqu'il  est  question  nnn  des  afini  mais  des  haedi  au 
vers  398.  —  14  Varr.  De  r.  rusl .  II,  2.  —  lï  Festus  ap.  l'aiil  Diac.  s.  v.:  <f. 
Plin.  B.  nat.  Vlll.  73.  —  lo  Virgil.  Geor,,.  111,  387-390.  —  i^  Varr.  De  > .  rust.  11, 


peau  ;  preuve  qu'on  estimait  plus  la  quantité  de  la  laine 
que  sa  qualité.  On  rejetait  également  les  béliers -qui 
avaient  des  taches  noires  dans  la  bouche,  à  la  voûte  pala- 
tine, parce  qu'on  craignait  que  leurs  agneaux  n'eussent 
la  laine  noire  ou  bigarrée".  C'est  encore  pour  mieux 
ménager  la  toison  et  la  préserver  de  toute  souillure  qu'on 
changeait  si  souvent  la  litière  des  bergeries'^  et  qu'on 
menait  paître  les  moulons  dans  des  endroits  où  il  n'y 
avait  ni  ronces,  ni  épines  '*. 

On  a  vu  précédemment  le  système  suivi  par  les  pas- 
teurs pour  l'élevage  du  mouton.  Les  agriculteurs,  au 
contraire,  gardaient  les  moutons  dans  la  ferme  et  les 
nourrissaient  toute  l'année,  soit  à  l'élable,  stabu/uin,  soit 
aux  champs,  où  on  les  parquait  après  la  moisson".  C'est 
le  même  système  que  nous  suivons  dans  la  Brie. 

Chèvre  icapra).  —  Les  Italiens  élevaient  des  chèvres 
pour  avoir  du  lait  [lac].  Les  troupeaux  devaient  donc 
rester  près  des  villes  où  le  berger  allait,  dès  l'aurore, 
vendre  la  traite  de  la  veille  au  soir^".  Columelle  recom- 
mande de  n'avoir  que  cent  chè^Tes  là  où  on  pourrait 
élever  commodément  mille  moutons-';  les  étables,  sta- 
bula,  devaient  être  tenues  avec  le  plus  grand  soin  ;  on  les 
balayait  chaque  matin;  on  enlevait  les  déjections,  la 
boue  et  tout  ce  qui  pouvait  y  entretenir  l'humidité.  Les 
chevriers  étaient  choisis  parmi  les  bergers  les  plus 
robustes  et  les  plus  actifs--,  contrairement  à  ce  que  l'on 
faisait  dans  les  pays  grecs. 

On  s'arrangeait  pour  faire  naître  les  chevreaux  au  prin- 
temps «  quand  les  taillis  se  couvrent  de  bourgeons  et  les 
bois  d'un  tendre  feuillage"  >>.  De  deux  chevreaux,  on 
réservait  le  plus  robuste  pour  recruter  le  troupeau  ;  le 
plus  faible  était  vendu;  cetera  mercantihus  Iraduntur'^'' . 

Cochon  {sus).  —  Il  y  avait  deux  races  de  porcs  ^^;  les 
uns,  véritables  cochons  domestiques,  à  peau  glabre  ou  à 
soies  blanches,  étaient  choisis  parles  petits  cultivateurs 
qui  voulaient  élever  un  ou  deux  porcs  avec  les  débris  de 
cuisines  et  les  résidus  de  laiterie-".  Les  animaux,  qui 
vivaient  en  troupeau,  dans  la  montagne,  ressemblaient 
davantage  au  sanglier  ;  ils  avaient  les  soies  noires,  dures, 
épaisses.  L'été,  ils  restaient  dans  les  forêts  et  s'y  nourris- 
saient de  caroubes,  d'arbouses,  de  cornouilles,  de  prunes 
et  de  poires  sauvages;  ils  revenaient  à  la  lin  de  l'automne^' 
pour  passer  l'hiver  dans  des  porcheries  où  on  leur  donnait 
à  manger  des  glands  fumés  ou  conservés,  soit  sur  des 
planchers,  soit  dans  l'eau  des  citernes  ^'. 

On  cherchait  à  ce  que  les  truies  eussent  leurs  petits  en 
juillet;  les  éleveurs  qui  tenaient  à  avoir  deux  portées  par 
an,  devaient  vendre  les  porcelets  de  la  seconde  portée, 
non  comme  sacres,  mais  comme  cochons  de  lait,/>orc« -' 
[cibaria,  p.  11591,  car  ces  jeunes  animaux  supportent 
difficilement  les  froids  de  l'hiver.  Les  verrats  n'étaient 
châtrés  qu'à  l'âge  de  trois  ou  quatre  ans  '°. 

Al.  Sorlin  Dorigny. 


,  —  18  Virgil.  Georg.  III,  385.  —  19  Cal.  De  a-/,  cuil.  30;  Varr.fie  r.  rust.  I,  ô3  : 
,  2;  Plin.  H.  nat.  XVII,  9  et  XVIII.  23.  -  2U  Virgil.  Georg.  III,  402.  —  21  VII,  6. 

-  22  76.  —  23  //,.  cf.  Plin.  a.  nat.  VIll,  76.  —  21  Colum.  VII,  6.  _  25  Colum.  D^ 
rust.  VII.  9.  —  26  Dans  la  location  des  troupeaux  de  mouton,  on  stipulait  que 
petit  lait  de  dix  brebis  serait  réservé  pour  la  nourriture  d'un  porc  {Cat.  De  ag. 

M.  150).  —  27  Virgil.  Georg.  11,  520.  —  2S  i;olum.  VII,  9.  —  29  Varr.  Z^e  r.  rust. 
2;  cf.   De  ling.  lat.  \,  97,  où  l'on  indique  une  étymologie  sabine   ou  grecque. 

-  30  Colum.  VII,  9;  pour  les  détails  sur  la  caslraliou,  cf.  /4.  1 1 .  —  Bibuo- 
lAPHtE.  Outre  les  ouvrages  déjà  cités,  ou  doit  signaler  :  généralités  :  Mongez, 
ur  les  instruments  agricoles  des  anc.  {Mém.  de  t'acad.  des  inscr.  II. 
il.'),  p.  61C;  111,  1818,  p.  1);  F.-U.  Schulze,  .intiquitates  rusticae,  leu.  1829; 
,-W.  Forclihammer,  Landwirttisehaftl.  Mittheilung.  a.  d.  class.  Altertii.  Kiel. 


RUT 

RUTELLLWI.  —  Kègle  plate,  prohableinenU'ii  f('i-\dont 
se  servait  le  tnensor-  fru- 
menfariiis  pour  niveler  au 
ras  de  l'orilice  le  las  de  blé 
versé  dans  le  modius  -.  Aux 
monuments  déjà  cités  à  l'ar- 
licle  MENSOR,  p.  1727,  nous 
ajouterons  le  sarcophage  du 
meunier,  conservé  au  mu- 
sée du  Vatican  ',  où  le  rutel- 
litm  accompagne  trois  bois- 
seaux de  diverses  tailles,  un 
ralatlius  cylindrique  et  un 
van  [cRiBRUM,  fig.  "2072],  un 
cippe  funéraire  de  Bolo- 
gne ''  ;  enfin  la  mosaïque 
tombale  d'un  inensor  f ru- 
men tarius  chrétien  de  Tha- 
barka  (  Tliabraca)  en  Tunisie 
(fig.   5981),    où    le    modius 


Fig.  5981.  —  Rutellum  el  mod 
d'un  mensor  fritmentarius. 


est  placé  au-dessus  du  ruteUum  el  surmonté  du  buste 
du  défunt.  P.  Gaicki.er. 
RUTILIAIVA  ACTIO.  —  Cette  action  fut  introduite  dans 
le  droit  romain  par  P.  Rulilius,  préteur  au  plus  tard  en 
118  av.  J.-C.  ',  dans  le  cas  de  la  vente  en  masse  des  biens 
d'un  débiteur  par  ses  créanciers,  de  la  bnnorum  venditio. 
établie,  selon  (iaius-,  par  une  extension  prétorienne  de 

1S5C  ;  H.-D.  SViskermanu,  Anlike  Landwirthschaft  und  das  v.  Thunen'sche  Gesetz. 
Leipzig,  1859  ;  Fr.  Staiidaclier.  Antik.  und  modern.  Landwirthschaft ,  Vienne, 
iS98  ;  J.  K.  Mucke,  Urgeschichte des  Ackerbaues,  Greifswald,  )898.  —  Orécb.  Rcy- 
nier.  De  l'économie  public,  el  rurale  des  Grecs,  18J5;  J.  Durbach,  Flora  mytho- 
/ojica,  Francforl,  1833;  Siblliorp,  Flora  Graeca,  Oiford,  ISM  (10  vol.  in-fol.)  ; 
Lenz,  Zoologie  der  ail.  Griechen  und  Borner,  Gollia,  1S5IÎ;  C.  Saoderval.  Die 
Thierart.  des  Aristot.  Stockholm,  1863  ;  Sclimidl,  Météorologie  et  Phénomologie 
d  Attique.  Alhèiles,  I88t;  Pailiieui-Bois,  Les  plantes  aliment,  spontanées  en 
Grèce,  Paris,  1890;  Stepll.  Fcllnor,  Flora  homerica,  Vienne,  189".  Pour  les  ou- 
vrages des  savants  grecs,  voir  S.  Aiislarchis,  K«ti(.o|o;  t.»v  ■,iut£juiv  'Eilkiivca-.  iit^ 
ôi-tiffEoiç  itiy^i  tojSe  (ruT^vp.^ai..-u,v  pt6XtwïçuffixofffToptx.ùv,  Constantiuople,  1884.  —  Rome. 
Mongez,  Sur  les  mots  Argilla,  Crela  cl  Marga  (AJém.  de  lAc.  des  inscr.  III,  1318, 
p.  26)  :  Diireau  de  la  Malle.  Sur  l'affaiblissement  de  la  population  et  des  produits 
de  t Italie  pendant  le  VII'  siècle  de  Rome  (Mém.  de  fAc.  des  inscr.  IS'Mt,  XII, 
p.  5Î8):  Hur  l'AgricuU.  rom.  depuis  Caton  jusqu'à  Columelle  [Mém.  de  l'Ac.  des 
inscr.  XIII,  18;i8,  p.  413);  P.  Allard,  Les  putilicains  et  l'AfiricuUure,  Paris,  1889  ; 
H.  Vosclsleiii.  Oie  Landwirtschafl  in  Paleslina  :ur  Zeit  der  Misnah,  Breslau 
1891;  Toulain.  Inscripl.  dHenchir  -  ilettich  (Mém.  présentés  a  l'Ac.  des 
inscr.  XI.  1897);  Cuq,  Le  colonat  partiaire  dans  l'Afrique  rom.  (Ibid.)  ;  Bcaur- 
redon,  Voyage  agric.  chez  les  anciens  ou  l'économie  rurale  dans  l'antiquité. 
Paris,  1898. 
RUTELLUM.  1  On  lit  ;  régulas  ferreas,  dans  une  réponse  d'i 


—  !128  —  RUT 

la  i^oclio  bonorum  dans  ledit  de  ce  même  magistrat. 
L'adjudicataire  du  patrimoine,  le  lionorum  emptor,  pou- 
vait poursuivre  les  débiteurs  de  la  personne  frappée  par 
la  vente,  au  moyen  d'une  action  utile,  dans  la  formule 
de  laquelle  Vintentio  mentionnait  le  créancier  et  la  con- 
demnatio  était  rédigée  au  profil  du  cessionnaire.  Il  pou- 
vait aussi  employer  une  action  Servienne,  fondée  sur 
une  fiction  d'hérédité  ^  L'action  Rutilienne  est  déjà  citée 
dans  la  loi  agraire  de  111  av.  J.-C.     Ch.  Lécrivain. 

RUTRUM.  —  1°  Instrument  agricole'  qui  servait  à 
défoncer  le  sol  -  et  à  briser  les  mottes,  se  composant 
d'une  lame  de  fer  aplatie  et  tranchante,  au 
sommet  de  laquelle  s'adaptait  un  manche  en 
bois.  D'après  la  légende,  c'est  d'un  coup  de 
rutrum  que  fut  tué  Rémus^ 

2°  Outil  de  maçon,  sorte  de  truelle  qui  ser- 
vait à  appliquer  le  stuc  contre  les  parois*. 

La  ressemblance  qui  devait  exister  entre  les 
deux  objets  que  désignait  le  même  mot  %  peut 
servir  à  en  déterminer  la  forme.   Ce  devait 
être,  comme  le  montrent  quelques  e.xemplai-   p,,    .g^^ 
res  'fig.  3982)   qui  ont  été  conservés'',    une      "-»""•'""• 
lame  de  fer  s'adaptant  à  un  manche  en  bois, 
plate  et  tranchante  comme  une  pelle  [pala],  mais  en  dill'é- 
rant  par   sa  tige  ou  sa  douille  plus  ou   moins  coudée 
comme  une  truelle  de  maçon  [trullaI. 

P.  Gal'CKLER. 


de  l'auuone,  a  une  requôlc  des  naviculaircs  d'Arles:  C.  rendus  de  lAcad.  des 
inscr.    1899.  p.   383;  Bull,    é/jigr.    1900,  u»    ISIil;  Corp.    insc.  lat.  III,  14163,  S. 

—  2  Lucil.  ap.  Non.  1,  66  :  Frumentarius  est  :  modium  liie  secum  atque  rutellmi 
una  aferl.  —  3  QUo  Jalin,  Berichle  der  Sâchs.  Gesellsch.  der  Wissensclt.  1861, 
p.  346  sq.  et  pi.  XII,  3  ;  Anielung,  Die  Sculpturen  des  Vatican.  Muséums,  1,  p.  778 
el  Album,  pi.  i.xïxjr.  n«  685,  avec  la  bibliographie.  —  ^  JVotizie  degli  Scan,  1898, 
p.  477.  —  tLa  Blanchére  et  Uauckler,  Calât,  du  Musée  Alaoui,  p.  19,  A,  n"  68; 
IJauckler,  sur  des  mosaïques  tombales  d'une  chapelle  de  martyrs  a  Tlialiarca,  Mon.  et 
Mém.  Piot.  t.  XIV,  p.  iOO  et  fig.  0. 

HaTILIANA  ACTIO.  I  Rulilius  fut  consul  en  103.  Voir  Girard.  La  date  de  la 
loi  Aebutia  (Aoiin.  ren.  Iiist.  de  droit,  1897,  p.  27i-i73).  —  2  4,  35  ;  Theopli. 
paraphr.  3,  13  pr.  —  3  Gai.  4,  36  ;  3,  81.  —  *€.  56  (Corp.  ins.  lat.  I,  n«  SOO).  — 
Bibliographie:  Dernburg,  Uber  die  Emtio  bonorum,  Heidelberg,  1830:  Rein,  Dus 
Privatrecht  der  Rômer,  Leipzig,  1853,  p.  137,943;  Belhniann-Holl»eg,  Der 
Civilprocess,  Bonn,  1864-65,  11,  §  114;  Ortolan,  Explication  hist.  des  Insl. 
10»  éd.  Paris,  1877,  111,  n»'  1163,  1070,  Ï0Ï8  ;  Girard,  Manuel  de  droit  romain, 
Paris.  1901,  p.  103i,  note  3. 

RUTRUM.  I  Cato,  R.  rusl.  10,  I  I.  —  2  Vairo,  Ling.  lat.  V,  134;  Pompon,  ap. 
Nou.  1,  p.  18.  —  3Uvid./^as<.  IV,  843;  Diou.  Hal.  I,  87,  el  Diod.  Sic.  VIII,  4,  i, 
racontant  le  même  fait  appellent    l'instrument  inotsetnv.  —  i  Vilruv.-  Vil.   3.   C. 

—  spalla.l.  I.  15;  Plin.  H.  nnl.  XXXVI,  177.  —  «Ceci,  Piccoti  bronzi  del  Mus. 
di  Napoli.  X.  4il  ;  Baudol,  Antiq.  de  la  Cote-d'Or,  l.  Il,  pi.  xvu,  H. 


SAB 


—  929 


SAB 


SABAIVUM  (^Siêavov,  (TiSiviov).  —  Pièce  de  toile  servant 
au  bain  '  et  à  tous  les  usages  pour  lesquels  un  linge,  fin  ou 
grossier,  est  employé^-  L'Édit  de  Dioclétien^  en  men- 
tionne de  plusieurs  sortes  etqualités  ;  il  place  en  tête  ceux 
de  la  Gaule  (o-iêava  yixWixi).      E.  S. 

SAB  AZIUS  (SaêàÇio;) .  —  Ce  dieu ,  don  t  la  première  patrie 
est  la  Thrace',  fut  toujours  adoré  par  les  populations 
de  la  péninsule  balkanique^.  On  a  fait  dériver  son  nom 
de  celui  de  la  bière,  qu'on  appelait  en  lllyrie  xabaium', 
tandis  que  Dionysos,  originaire  de  la  même  région,  per- 
sonnifiait le  vin;  mais  ce  nom,  primitivement  sans  doute 
Savadios,  prend  des  formes  si  diverses'  que  tout  essai 
d'étymologie  reste  incertain.  Comme  Sabazius  était  la 
divinité  suprême  de  certains  cantons,  on  l'assimila,  en 
Thrace  même,  au  Zeus  hellénique  ''  et  plus  tard  à  Hélios'^. 
Lorsque  les  tribus  thraces  franchirent  l'Hellesponl  et 
s'établirent  en  Asie  Mineure,  elles  y  apportèrent  leur 
culte  national.  Sabazius  trouva  ainsi  en  Phrygie  une 
patrie  d'adoption'  et  il  fut  accueilli  de  bonne  heure  dans 
les  régions  circonvoisines,  en  Lydie*,  en  Bithynie',  en 
Carie  '",  enCappadoce,  d'où,  au  début  du  ii'siècleav.  J.-C, 
la  reine  Stratonice  l'introduisit  à,  Pergame  " .  Il  fut,  selon 
la  coutume  du  paganisme,  confondu  avec  les  dieux 
honorés  en  Asie  Mineure,  Attis'-,  Mèn",  Mithra". 

Sabazius  pénétra  en  Grèce  dès  le  v"=  siècle,  et  si  ce  dieu, 
qui  resta  toujours  essentiellement  barbare  ",  provoqua 
d'abord  les  plaisanteries  des  poètes  comiques",  si,  à 
l'époque  de  Démosthène,  ses  mystères  bruyants  parais- 
saient encore  méprisables  aux  citoyens  athéniens",  le 
nombre  de  ses  adorateurs  n'en  devint  pas  moins  consi- 
dérable ".  On  le  trouve  dès  le  ir  siècle  av.  J.-C.  à  Rome, 
où  le  préteur,  en  139,  expulse  les  propagateurs  de  son 
culte".  Mais  les  sacra  Savadia^"  ou  Sebadia-'  devaient 
prendre  un  nouveau  développement  dans  le  monde  latin  à 
l'époque  impériale.  Inscriptions  et  monuments  attestent 
leur  succès  non  seulement  à  Rome"-  et  en  Italie '■',  mais 
aussi  en  Pannonie-'"  et  particulièrement  en  Gaule''. 

SABAM'M.  '  Corp.  Gloss.  III,  ïi,  I  ;  193,  iSI;  M.  Î7:l.  O'J;  63»,  3  ;  tiU,  28  ,  «11, 
tO  ;  Scliol.  Juvenal.  XIV,  H.  —  S  Voget,  A.  vet.  V,  46,  11  :  Marc.  Erap.  iO  ;  Apio. 
V(,  i  (215);  Pallad.  Vil,  7,  3;  Isid.  Or.  XIX,  26,  7,  —  3  XXVIII,  57  sq.  ;  BliimnL-r, 
Der  Maximal  Tarif,  p.  17». 

SABAZICS.  1  KreUchmer,  Einleitung  in  die  Gescit.  der  ,/riccli.  Sprache,  18IIG, 
p.  197.  —  2  Macrob.  I,  18,  11  ;  Kalinka,  Aiitikn  Denkmdlnr  in  Bu-lgarien,  1!I06, 
n"  18t-5  ;  liobrusky.  Matériaux  d'archéologie  en  Bulgarie,  Sofia,  1899,  p.  79  ; 
Magnat.  Annw  épigr.  l'JOî,  n»  138;  Arclt.  Epig.  MUl.  aas  Oesterr.  X,  p.  238, 
Î39,  241  ;  XIV,  p.  IbO;  XVIII,  p.  119.  —  3  Harrisson,  Prolegomena  lo  the  sludy 
of  Greek  religion,   1903,   p.  420.  Cf.   Dessau,  Inscr.  sel.  2189;    f.    III,  12429, 

^  4  EaÇi^i-);,  Eao'jà^io;.  Sawà^ic;,  Eaoàî^io;,  Eotàî^ii;,  StSà^to;,  Sabadius,  Sebadins, 
Zabasius,  Sabazis  ;  cf.  Kretschmer,  /.  c.  — 5  Arch.  epig.  ilitt.  XVIII,  119.  1,'idcri- 
lîlïcalion  avec  Zeus  ou  Jupilcr  esl  habituelle  aussi  eu  dehors  de  la  Tbrace.  —  '  Ma- 
crob. L.  c:  Arch.  Ëpig.  MM.  X,  241  :  a.î  •H\lv  nsfi/.,,.  xj,;...  StS.;;.,,.  Les  bas-relief» 
le  monlreut  parfois  la  tète  couronoée  de  rayODs.  --  7  Schol.  Aristoph.  Av.  874  ; 
Orph.  Hginn.  48  ;  cf.  les  iascriptioiis  ;  Slerrctt,  Pap.  American  school,  II  n"  37,  45, 
W  ;  Ramsar,  Ciliés  and  bishopries  of  Phrggia,  I,  p.  272,  u°  97  ;  Conze,  /teise  auf 
den  Inieln  des  Thrakischcn  Meeres,  pi.  Kvii  ;  Wagener,  Inscrip.  d'Asie  Mineiirr 
{.Vém.  Acad.  Belg.  t.  xii),  p.  3.  —  8  Bull.  corr.  hell.  I,  1877,  30S;  Keiuacli,  Cfirou. 
d'Orient,  1891,  p.  157,  159;  Burcsch.  Ans  Lydien,  p.  63,  68  sq.  —  9  .Niconiédic  ; 
Kôrle,  Atlien.  Mitl.  1890,  p.  421;  Gagnât,  Ann.  epigr.  1900,  n'  79.  —  '«  Mvlas.i, 
Bail.  corr.  hell.  V,  1881,  p.  100.  —  M  Fràokel,  /nsclir.  v.  Pergamon,  246  =  Miclic.l, 
Beciieil,  46  =  Uittenberger,  Or.  inscr.  331.  Dédicace  sur  uue  maia  provenant  d'Asie 
Mineure,  Blinkenberg,  Arcliâologische  .Studien,  1904  p.  C9,  n"  1  ;  cf.  p.  77,  ii°  16. 
—  12  Buresch,  Op.  cit.  p.  63.  —  '3  Proclus,  In  Timaeum,p.  251  C.  —  ".  Cumonl, 
i/',n.  mi/st.  Mitlira,  I    p.  23:i.  I,  assinijlatioa  a  dû  se  produire  en  Cappadoce  ;  cf. 

VIII. 


Comme  Dionysos,  auquel  il  est  étroitement  apparenté 
et  dont  on  le  rapproche  fréquemment  [bacchus,  p.  595]  -', 
Sabazius  est  sans  doute  primitivement  un  dieu  de  la  végé- 
tation" et  l'on  fêtait  par  de  bruyantes  orgies  sa  renais- 
sance annuelle.  On  s'y  enivrait  en  l'honneur  de  ce  génie 
du  blé,  devenu  par  une  transition  naturelle  celui  de  la 
liqueur  capiteuse  qui  se  fabrique  ex  ordeo  vel  fru- 
menlo^^,  Démosthène  a  tracé  de  ses  thiases  un  tableau 
caricatural,  mais  néanmoins  fort  instructif*'.  Il  nous 
montre  le  cortège  de  ses  fidèles  dansant  aux  cris  de  eùof 
<7a6oï  ûïjç  aTTTji;  et  agitant  au-dessus  de  leur  tête  des  ser- 
pents sacrés.  Puis,  la  nuit,  se  célébrait  une  cérémonie 
secrète  :  après  certaines  lustrations,  on  figurait  le  mariage 
mystique  de  l'initié  avec  le  dieu;  un  serpent  qui  repré- 
sentait Sabazios  (ô  Sti  xôXirou  9eo;)  était  introduit  par  le 
haut  du  vêtement  et  retiré  par  le  bas^°.  On  a  voulu  voir 
dans  cet  acte  étrange  un  rite  d'adoption'",  mais  il  faut 
plutôt  y  reconnaître  un  simulacre  d'union  sexuelle  '-  dont 
les  mystères  offrent  d'autres  exemples. 

La  religion  grossière  des  vieilles  tribus  thraco-phry- 
giennes  se  transforma  nécessairement  lorsque  Sabazius 
eut  été  identifié  avec  des  divinités  étrangères  et  fut  devenu 
le  parèdre  d'Anâhita  et  d'Athéna  iNicéphore^'.  De  toutes 
ces  assimilations,  aucune  n'eut  des  conséquences  plu.s 
importantes  que  celle  qui  s'opéra  avec  le  Dieu  d'Israël, 
quand  les  Séleucides  eurent  établi  en  Asie  Mineure  une 
quantité  de  colonies  juives^'".  Le  xtipioç  SaêaÇtoç  des 
Thraces  fut  regardé  comme  l'équivalent  du  xùptoî  Saêaai9 
des  Septante  et  à  Rofne  même  on  confondit  lovent  Saha- 
sium  et  le  «  lahvé  Zebaoth  »  des  Hébreux''.  Le  caractère 
du  premier  en  fut  profondément  modifié.  Il  devint  un 
dieu  saint  (ayio;,  sanclus)^^,  et  on  lui  attribua  le  pouvoir 
d'effacer  par  ses  purifications  la  malédiction,  analogue 
au  péché  originel,  dont  le  ciel  frappait  une  race  entière  à 
cause  des  fautes  commises  par  son  auteur'';  son  nom 
même  parait  avoir  été  modifié  en  celui  de  SoiÇwv,  Sau- 
veur^". En  même  temps,  il  aspire  à  la  toute-puissance, 

supra,  11.  U.  —  'j  Luciau.  ûeor.  conc.  9  ;  Icarom.  27.  —  l'i  Aristoph.  An.  875; 
\esp.  9  sq.  ;  Lysistr.  388.  —  17  Demosthen.  Pro  corona,  §  259,  p.  313  ;  cf.  Strah. 
X,  3,  18,  p.  471  C.  —  1»  Theophrasl.  Charact.  16,  27.  Cf.  Foucart,  Les  associations 
religieuses  chez  les  Grecs,  p.  67-81.  —  19  Val.  Mai.  I,  3,  2.  —  20  C.  i.  t.  X,  M97 
=  Dessau,  Inscr.  sel.  4092.  —  21  Arnob.  V,  21.  Cf.  Apul.  ilelam.  VIII,  25.  —ne. 
i.  l.  VI,  429  sq.  30948-50=  Dessau,  Jnscr.  set.  2189,  40S6  sq.;  Blinkenberg,  C  5;  E 
1-14.  —  23  C.  i.  (.  X,  5197  (Casinum);  XI,  1323  (Luna);  XIV,  2894  (Prénesle) 
=  Dessau,  4092,  4093  ;  Blinkenberg.  p.  116.  —21  Blinkenberg,  C  4;  £28.—  25  C.  i. 
l.  XIII,  4091  (Vichy),  G708  (Mayence)  =  Dessau,  4091,  2294.  Cf.  von  Domaszewski, 
Jieligion  desrom.  Beeres,p.  41  sq.  ;  Blinkenberg,  p.  116  sq.  —  26  ^'ymphis,  l''rag. 
hist.  gr.  III,  p.  14  fr.  11  ;  Diodor.  IV,  4;  Cic-r.  Nat.  deor.  IV,  23;  Plut.  Quaesl. 
conv.  IV,  6,  2;  Macrob.  Hat.  I,  18,  Il  ;  Lydus,  De  Meus.  IV,  51  ;  Orph,  Bymn. 
48;cf.  Gruppe,  Griech.  Myllwl.  1532,  n.  4.  —  27  Diod.  IV,  4;  ,;,  ^ndjo.  tw-,  ««js.:. 
tiTtTEÀtrv.  Cf.  Plutarch.  De  Iside,  69  :  Les  Phrygiens  croient  que  leur  dieu  s'endort 
l'hiver    pour  se   réveiller   Télé.    —    28  Aoimian.   XXVI,   8,   2);   cf.    supra,    n.   3. 

—  29  Foucart,  Associât,  relig.  p.  67  sq.  —  30  Diodor.  IV,  4;  Clera.  Aie». 
Protrept.  II,  16;  Arnob.  V,  21;  Firmic.  Mat.  De  err.  prof.  rel.  10;  cf. 
Foucart,  L.  c.  p.  75;  Blinkenberg,  p.  106.  —  31  Preller-Robert,  Griech.  Mythol. 
p.  702.  —  32  Dieterich,  Mithrasliturgie,  1903,  p.  123.  —  33  Reinach,  Chron. 
d'Orient,  1891,  p.    157  sq.  ;  Dittenberger,    Or.    inscr.    311    =  Michel,   /tec.   46. 

—  3*  Cf.  Sabazius  et  le  Judaïsme  {Comptes  rendus  Acad.  Inscr.  1906), 
p.  C3.  Je  résume  cet  article  dans  ce  qui  suit.  —  3E>  Valer.  MaKÛn.  1,  3,2:  Judaeos 
qui  Sabazi  lovis  cuttu  Bomanos  mores  inficere  conati  erant.  —  3S  Apul.  Met. 
Vlll,  25;  Arch.  Epigr.  Mitl.  X,  241,  C;  C.  i.  l.  VI,  30948  sq.  —  37  Jambl.  De 
Myst.  III,  10.  —  38  Ramsay,  Cities  and  biskoprics.  I,  264,  269;  cf.  Gruppe, 
Griech.  Myth.  L.  c. 

117 


SAB 


—   930 


SAC 


il  est  dil  zavxoipivo;'.  el  les  monumenLs  de  ses  mystères 
prouvent  qu'on  le  regardait  comme  une  divinité  aux 
qualités  multiples,  réunissant  les  puissances  de  dieux 
divers.  C'est  ainsi  qu'il  apparaît,  sur  une  plaque  de 
bronze  estampée  provenant  de  Rome  (fig.  5983)-,  debout 
dans  un  temple,  entre  les  bustes  du  Soleil  el  de  la  Lune, 
entouré  des  animaux  el  des  attributs  les  plus  variés. 
Vêtu  du  costume  phrygien,  il  pose  un  pied  sur  une  tète 
de  bélier,  le  compagnon  d'.Mtis  ;  de  la  main  gauche  il 
lient  un  sceptre,  el  de  la  droite  porte  une  pomme  de  pin, 


Fig.  5983, 


emblème  de  fécondité.  Dans  le  fronton,  on  voit  le  Soleil 
sur  son  quadrige;  et,  dans  les  angles  supérieurs,  les 
Dioscures  personnifient  les  deux  hémisphères  célestes. 
Les  recherches  de  M.  Blinkenberg  '  ont,  de  plus, 
démontré  qu'une  série  de  mains  votives  couvertes  de 
symboles,  dont  les  plus  fréquents  sont  la  pomme  de  pin 
et  le  serpent  [donarium,  fig.  2542,  fascinim,  fig.  2886], 
appartiennent  au  culte  de  Sabazius;  elles  représentent 
la  main  du  dieu  lui-même  qui  protège  et  bénit  ses  fidèles, 
les  trois  premiers  doigts  levés,  les  deux  derniers  abais- 
sés :  le  geste  chrétien  de  la  benedictio  latina. 

L'idée  de  l'immortalité  de  l'âme,  qui  est  fort  ancienne 
enThrace,  subit  aussi,  semble-t-il.  parmi  les  sabaziastes, 
l'influence  du  judaïsme.  Nous  connaissons  surtout  leurs 
croyances  eschatologiques  par  les  célèbres  fresques  du 
tombeau  de  Vincenlius,  autistes  Sabazis,  découvert  dans 
les  catacombes  de  Prétextai*.  On  y  voit  la  défunte  Vibia, 
entraînée  par  Mercure^  dans  le  monde  souterrain  vers 
le  tribunal  de  Pluton  [dis  pater,  fig.  2468\  el  introduite 
par  un  bon  ange  (angélus  bonus)  au  banquet  des  bien- 

*  C.  i.  g.  3T9I.  —  2  Plaque  de  brouze  coostTvée  au  musée  de  Copenhague, 
publiée  par  Bliokenberg,  L.  c.  pi.  u  ;  cf.  p.  91  sq.  —  3  Blinkenberg, 
Archûologiicht  Studien.  190»,  p.  66  sq.  —  *  Uarruci,  Tre  sepalcri  con 
pitture  dette  supcrstizioni  pagane.  \aples.  I8ôi  ;  cf.  Maas,  Orpheus,  1893, 
p.  SU5  S(|.  —  0  Cf.  C.  i.  l.  III,  \iii9:  Jovi  Saltazh  et  itercurio  ;  cf.  Blin- 
kenberg, L.  c.  p.  105.  —  6  C'est  le  sens  de  liuscriplion  manduca  bibe  lude  Cf. 
Complet  rendus  Acad.  /nscr.  1906,  p.  77.  —^  Sur  celle  Iransformalion  du  colle 
phrygien,  cf.  mes  /leliijions  orientâtes,  1907,  p.  80.  —  Bibmûckaphie.  Oulre  les 
ouvrages  cilés,  voyez  Lenormanl,  Itevue  nrehéologique.  X.XVlll  (lS7i),  300  sq.. 
:i>0  sq.,  XXI.V  (1875),  43  sq.;  Prcller-Robert,  Crieeft.  A/i/lhol.  701  sq.  ;  Gruppe. 
Criech.  ilfilhotogie,  1S3i  sq.,  1603  el  pasaim.;  Wissona,  Religion  der  Rimer, 


heureux,  auquel  prennent  part  sept  convives  [bonorum 
iudicio  iudicali).  Les  mysles  de  Sabazius,  à  la  fin  de 
l'Empire,  se  représentaient  donc  encore,  aussi  bien  que 
les  anciens  Thraces,  la  béatitude  d'oulre-lombe  comme 
un  festin  perpétuel,  où  l'on  s'abandonnait  à  une  douce 
ivresse.  Seulement  l'àme  n'y  est  plus  admise  qu'après  un 
jugement,  si  elle  a  ■<  pratiqué  pieusement  les  cérémonies 
saintes  des  dieux  »,  pris  part  au  repas  sacré  des  mys- 
tères" el,  d'une  manière  générale,  fait  le  bien  [benefac). 
Les  bacchanales  du  dieu  de  la  bière  s'étaient  peu  à  peu 
spirilualisées,  conformément  aux  tendances  religieuses 
de  l'époque  \        Franz  Cumont. 

S.\CCARH]S(-axxoxÀoxo;).  —  1"  Fabricant  et  marcliand 
de  sacsîSACCuSj.  L'industrie  des  sacs  devait  être  très  floris- 
sante dans  les  ports  et  le  long  des  grandes  voies  fluviales, 
par  où  se  faisait  le  commerce.  Ainsi  une  inscription  men- 
tionne un  habitant  de  Trêves  qui  fut  à  la  fois  cuparius 
et  saccarius,  c'est-à-dire  qu'il  fabriquait  également  les 
tonneaux  [cupa]  el  les  sacs  nécessaires  au  transport  des 
vins  et  des  blés  qui  suivaient  le  cours  de  la  Moselle  '. 

2°  (2axxûsop&;),  porteur  de  sacs,  portefaix-.  Ces  hum- 
bles travailleurs,  si  nécessaires  à  la  vie  des  porls  et  des 
marchés,  formaient,  à  l'époque  romaine,  des  corporations 
dans  un  grand  nombre  de  villes.  Parmi  ceux  de  Rome 
nous  connaissons  notamment  les  saccarii  salarii  totius 
urbis  etcampi  salinarum  Boinanarum  (an  202  ap.  J.-C.) 
qui  faisaient  le  service  des  entrepôts  de  sel  situés  près 
de  la  Porte  Trigemina^.  Les  saccarii  de  Pompéi  y  ont 
aussi  laissé  leur  trace  \  H  y  en  avait  certainement  un 
grand  nom'bre  à  Ostie^:  une  curieuse  peinture  décou- 


Ctùt' 


Fis.  398*.    —  PorWfaii  chareeanl 


verte  dans  cette  ville  nous  a  conservé  une  image  fidèle 
de  leurs  travaux  (fig.  5984).  Sur  une  grande  barque,  V/si^ 
de  Geminius,  prête  à  remonter  le  Tibre,  des  portefaix 
chargent  le  blé  destiné  à  Rome,  sous  la  surveillance  du 
pilote  Pharnaces  et  du  capitaine  .\bascanlus  ;  l'un  d'eux, 
qui  a  fini  sa  tâche,  s'écrie  avec  satisfaction  :  «  feci  /•'  ». 
Des  associations  de  portefaix  ont  existé  encore  à  Cyzique, 
à  Panormos,  à  Périnlhe,  etc.  \     Georges  Lafaye. 

315  sq.  On  atleiid  l'arlicle  Sabazim  dans  Roscher.  Lvxikon  lier  .Vytfioloyif. 
SACC*Rll'S.  1  Corp.  iiisc.  lat.  XIII,  3700.  Gloss.  gr.  lat.  s.  v.  Le  <i«<.ot\o«o; 
sérail  un  fabricaiU  de  coilTes  pour  les  femmes  [sacccs],  d'après  BMraner,  Tecbnolog . 
I,  p.  232.  Peu  probable.  — 2  Apul.  Met.  I,  7:  saccariam  facere;  Dig.  18, 
40,  3  ;  Cad.  Theo'Jos.  XIV,  22  et  coramcnt.  de  Godefroi.  —  i  Corp.  inscr. 
lat.  VI,  2300;  cf.  4417.  —  »  'bid.  IV,  274.  497.  —  5  Cod.  Theod.  XIV, 
22,  1.  —6  Ann.  d.  Jstit.  areh.  di  Borna,  1866.  pi.  T,  Og.  2;  C.  i.  (.  XIV, 
3028.  Peinture  analogue  dans  les  catacombes  de  Rome  ;  Wilperl,  Rom.  QuartaU- 
ehrifl  I,  18S7,  p.  2'.",  pi.  iir  ;  IVaeis  saccaria,  (Juinlil.  VllI.  2.  13.  —7  Wallzing, 
Étude  sur  les  corporMions  professionnelles  chez  les  Romains,  t.  U.  p.  .Ï9  ,  IV, 
p    41,  MT. 


SAC 


931 


SAC 


SACCIIABOX  (Siy./apov).  —  Dans  ralimentalion  ol  la 
médecine  des  Grecs  et  des  Romains,  le  miel  [mel]  tenait 
lieu  de  sucre;  c'est  seulement  au  moyen  âge  et  par  l'in- 
termédiaire des  Arabes  que  l'usage  du  sucre  de  canne 
s'est  répandu  en  Occident  ' .  On  peut  se  demander  cepen- 
dant si  les  anciens  n'ont  pas  connu  ce  produit.  Les 
roseaux  du  genre  saccharum  officinarum,  d'où  on  li- 
lire,  ont  pour  pays  d'origine  soit  l'Asie  méridionale,  Inde 
ou  Cochinchine,  soit  l'Archipel  malais^;  le  nom  qu'ils 
portent  et  les  noms  mêmes  du  sucre  dans  les  différentes 
langues  modernes  dérivent  d'un  mot  sanscrit,  rarkara, 
pràkrit,  sakhara.  Or,  un  certain  nombre  de  textes  litté- 
raires grecs  et  latins  nous  parlent  d'une  sorte  de  miel 
que  les  Indiens  extrayaient  des  roseaux  et  quelques-uns 
d'entre  eux  appellent  ce  miel  saccharon  '. 

D'après  Strabon,  <■  on  dit  »  (e'ipirixE)  que  les  Indiens 
peuvent  se  passer  d'abeilles  ;  avec  le  fruit  de  certains 
roseaux  ils  composent  un  miel  qui  enivre'.  Strabon 
n'est  ici  que  l'écho  de  Néarque  ;  la  première  connaissance 
scientifique  de  l'Inde  et  la  première  mention  du  miel  de 
roseaux  remontent  à  l'expédition  d'Alexandre,  327  av. 
J.-C.  De  la  même  source  proviennent  les  informations 
de  Théophraste  sur  le  |j.ÉXt  x.a),ifji.!vov,  qu'il  oppose  aux 
deux  autres  espèces  de  miel,  celui  que  distillent  les 
abeilles  et  celui  qui  tombe  du  ciel  sous  forme  de  rosée  '\ 
Ératosthène,  cité  par  Strabon,  note  que  dans  l'Inde  quel- 
ques racines  de  roseaux  sont  douces  au  goût  naturelle- 
ment et  aussi  après  avoir  été  cuites,  spû^st  xai  vir^au^. 
Varron  assure  que  le  suc  de  ces  racines  rivalise  avec  le 
miel'.  Lucain  sait  que  les  Indiens  boivent  le  jus  très 
doux  des  roseaux'.  Sénèque,  comme  Strabon,  rapporte 
un  on-dit  :  on  trouverait  du  miel  sur  les  feuilles  des 
roseaux  de  l'Inde,  soit  qu'il  tombe  du  ciel  comme  une 
rosée,  soit  que  le  suc  de  la  plante  lui  donne  naissance". 
Le  mot  saccharon  ne  fait  son  apparition  qu'au  premier 
siècle  de  notre  ère,  vers  l'année  75  ap.  J.-C,  dans  trois 
œuvres  à  peu  près  contemporaines,  VHistoiî'e  nature/le 
de  Pline  l'.Ancien,  le  Traité  de  la  matifire  médicale  de 
Dioscoride  et  le  Périple  de  la  mer  Erythrée.  Selon  Pline, 
le  saccharon  existe  en  Arabie,  mais  celui  de  l'Inde  est 
plus  estimé  ;  c'est  un  miel  qu'on  recueille  sur  les  roseaux  ; 
il  est  blanc  comme  la  gomme  et  se  brise  sous  la  dent; 
ses  morceaux  ne  sont  jamais  plus  gros  qu'une  noisette  ; 
il  ne  sert  qu'en  médecine  '"  ;  d'ailleurs,  dans  aucune  des 
receltes  médicales  qu'énumère  Vf/istoire  naturelle,  il 
n'est  question  du  sucre,  tandis  qu'au  contraire,  le  nom 
du  miel  y  revient  constamment.  A  la  même  époque  et 
d'après  les  mêmes  sources,  Dioscoride,  sans  connaître 
Pline,  répète  ses  indications,  avec  cette  différence  toute- 
fois qu'il  compare  la  consistance  du  cxxyapov  à  la  consis- 
tance du  sel  au  lieu  de  comparer  sa  couleur  à  celle  de  la 
gomme  ;  il  ajoute  quelques  détails  sur  ses  propriétés 
thérapeutiques".  L'auteur  anonyme  du  /'éri/ile  est  plus 
bref  :  il  se  borne  à  nommer  le  u.kh  «aXàfi'.vcv,  appelé 
aussi  'li/.yj.p'.,  parmi  les  produits  exportés  de  Barygaza,  le 
grand  port  commerçant  de  la  côte  nord-ouest  de  l'Inde  '-. 

SACCHARON.  I  E.-O.   »on  Lippmaon,  CeichiclUe  des  Zvckers,    Lcipz.    wm. 

—  2  (v.  Ritter,  t/eber  die  geograph.  Verbrcitung  dcr  Zuckerrohrs,  dans  les 
Bericlile  der  Berl.  Akad.  1839;  A.  de  Candolle,  Origine  des  plantes  cultivées. 
Paris,  IS83,  p.  liMiT;  E.-O.  von  Lippraaiin,  Op.  cit.  p.  31-S8.  —  3  H.O.  Leni. 
Botanik  der  allen  Griechen  und  Rômer,  GoUia,  1859,  p.  207  sq.  ;  E.O.  vou  Lipp- 
mann,  Op.  cit.  p.  59  sq.  —  «  Slrab.  XV,  1,  20,  p.  1016.  —  '■   Tlieophr.  fr.  190. 

—  «  Slrab.  Loc.  cit.  —  '  Varr.  ap.  Isid.  Orig.  XVII,  7,  58.  —  8  l.iican.  Pliars. 
III,  2:!7.  —  0  Senec.  Epist.  8t,  '..  —  lO  plin.  Nul.  hist.  XII,  32.  —  ii  Dioscor. 
Uni.  med.  II.  101.  —  12  Per.mar.  Erylhr.  U,  —  i  J  G'c;!  à  lorl  el  d'apris  une  mau 


Les  textes  postérieurs  n'ajoutent  presque  rien  à  ceux 
du  i""'  siècle  ".  Galien  décrit,  en  s'inspiranl  de  Dios- 
coride, les  vertus  médicales  du  aoîx/apov,  qui  a  l'avan- 
tage, dit-il,  de  ne  pas  exciter  la  soif".  Solin  rappelli' 
simplement  qu'on  extrait  des  racines  de  roseaux 
indiens  une  liqueur  douce  comme  le  miel'^  Alexandre 
d'Aphrodisias'*  et  Oribase  "  répètent,  en  les  abrégeant, 
Dioscoride  et  Galien.  Isidore  de  Séville  s'associe  aux 
paroles  de  Varron  sur  le  suc  exprimé  de  roseaux  de 
l'Inde",  et  dans  un  autre  passage  il  prétend  que  les 
feuilles  de  ces  plantes  sécrètent  du  miel".  Paul  d'Égine, 
le  dernier  des  médecins  grecs,  consacre  quelques  lignes 
au  saccharon,  à  ses  caractères  et  à  ses  propriétés^";  il 
raconte  ailleurs  qu'Archigénès,  qui  vivait  au  i"  siècle, 
ordonnait  contre  les  enrouements  le  sel  indien,  aX? 
ivSixôv,  incolore,  semblable  extérieurement  au  sel  ordi- 
naire, mais  avec  la  saveur  du  miel  ;  on  le  prenait  en 
morceaux  de  la  grosseur  d'une  lentille  ou  d'un  haricot  ^' . 
Il  résulte  de  l'examen  des  textes  que  les  Grecs  et  les 
Romains  ont  été  renseignés  sur  celte  matière  très  lard 
et  très  mal;  si  Néarque  avait  appris,  dès  le  w"  siècle 
avant  notre  ère,  l'existence  du  |j.s>,'.  xaÀiaivov,  le  nom  du 
(jix/apov  n'est  prononcé  pour  la  première  fois  en  Occident 
que  quatre  cent  cinquante  ans  après  l'expédition  d'Alexan- 
dre. La  plupart  des  auteurs  anciens  qui  traitent  du  miel 
de  roseaux  n'ont  fait  que  copier  presque  textuellement 
leurs  devanciers;  les  témoignages  qu'ils  nous  transmet- 
tent se  ramènent,  en  dernière  analyse,  aux  récils  plus  ou 
moins  véridiques  de  quelques  voyageurs  ou  marchands 
venus  de  l'Inde;  comme  l'Arabie  était  l'étape  obligée  du 
commerce  de  l'Inde  avec  l'Europe,  on  a  pu  croire  qu'elle 
produisait,  elle  aussi,  du  saccharon.  Celui-ci  n'a  jamais 
été  employé  couramment  dans  le  monde  gréco-romain  ; 
les  médecins  eux-mêmes  ne  semblent  guère  le  connaître 
que  de  réputation. 

L'insuffisance  et  l'obscurité  des  documents  ont  fait 
naître  chez  les  modernes  d'assez  vives  controverses, 
depuis  Manardus  '^^  et  Saumaise  ",  jusqu'à  Sprengel  -'*, 
Lassen'"etE.-0.  von  Lippmann''*.  Le  (jlé/i  xaXâ(Aivov est-il 
identique  au  cix/apov?  L'un  de  ces  deux  termes,  sinon 
tous  les  deux,  désignail-il  notre  sucre  de  canne?  Cer- 
taines contradictions  sont  fort  singulières.  Les  auteurs 
grecs  et  latins  considèrent  le  miel  de  roseaux  ou  le 
saccharon,  tantôt  comme  un  fruit,  tantôt  comme  un 
extrait  des  racines,  tantôt  encore  comme  une  sécrétion 
des  feuilles  ;  dans  quelques  textes  il  s'agit  d'un  liquide, 
succus,  humor;  dans  les  autres,  d'un  corps  solide,  ana- 
logue au  miel  par  son  goût,  au  sel  ou  à  la  gomme  par 
son  aspect.  Peut-être  convient-il  de  distinguer,  avec 
Isidore  de  Séville,  deux  choses  tout  à  fait  différentes, 
qu'on  aura  confondues  à  distance,  parce  qu'elles  prove- 
naient également  des  roseaux  de  l'Inde  :  d'une  part,  le 
(AÉXt  xaXijAivov,  suc  liquide,  doux  et  sucré,  sortant  par 
exsudation  de  la  tige  et  des  feuilles  de  plusieurs  espèces 
de  bambous  et  que  l'on  faisait  réduire  par  cuisson  pour 
l'employer;  d'autre  part,  le  véritable  saccharon,  qui  resta 


vaise  lecture  des  (iiaiiuscrits  qu'on  a  voulu  retrouver  un  souvenir  de  la  caune  à 
sucre  dans  un  passage  de  Stace,  Sih.  I,  6,  15.  —  i*  Galen.  De  simpl.  facult.  VII, 
p.  207.  —  15  Solin.  53.  —  IG  AlcK.  Aphrod.  Il,  74.  —  n  Oribas.  XI,  203.  —  1»  Isid. 
/,.  cit.  —  13  Ibid.  XX,  2,  50.  —  M  Paul.  Aegin.  Opus  divinum,  éd.  de  Bàlc,  1532, 
p.  388.  —  21  Jbid,  p.  9j.  —  22  Dans  ses  Epistolae  médicinales  (commentaire  de 
Dioscoride,  Paris,  1528).—  i^ Dissert,  de  saccliaro,  Utrecht,  1G79;  Exercital.  Pli- 
nianae,  Utrcchl,  1089.  —21  Historia.  rei  herbariae,  I,  Amsterdam,  1807,  p.  170  et 
p.  245.  —  25  Indi^che  Mterlliumskunde,  Leipzig,  I,  1S07,  p.  312  sq.:  111,  IS58, 
p.  30.    ~   2B   Op.  cit.    p.    72-90. 


SAC  -  932  - 

ignoré  dos  peuples  occidentaux  jusqu'au  temps  de  l'iinc 
et  de  Dioscoride,  et  qui  était  une  substance  solide,  une 
coDcrétion  frial)le  ;  la  plante  qui  produisait  le  saccharon 
paraît  correspondre  au  tabaschir  des  Indiens,  bambum 
iirundinacea  des  naturalistes  modernes  :  les  nodosités 
du  labasr/iir  contiennent,  en  efTet,  une  fine  poussière 
arénacée  que  les  indigènes  recueillent  et  utilisent;  il  est 
vrai  que  celle-ci,  par  elle  même,  n'a  pas  de  saveur  sucrée, 
mais  il  est  possible  qu'on  y  ajoutai  divers  ingrédients 
destinés  à  ladoucir.  L'aXç  IvStxôv  d'Isidore  de  Séville  n'est 
sans  doute  qu'une  variété  de  saccharon.  En  tout  cas,  ni 
le  ix£Ài  xaXiu.!vov,  ni  le  (jix/apov,  ni  l'aX;  ivotxov  n  étaient 
du  sucre  de  canne.  D'après  les  recherches  les  plus  ré- 
centes, la  fabrication  du  sucre  en  morceaux  n'a  com- 
mencé dans  l'Inde  qu'entre  le  m"  et  le  vi'  siècle  après 
notre  ère,  et  plus  près  de  la  seconde  époque  que  de  la 
première';  les  plus  anciennes  mentions  authentiques 
que  nous  en  possédions  se  trouvent  dans  les  chroni- 
queurs byzantins  Théophane-  et  Cedrenus',  à  propos 
des  événements  de  l'année  627,  et,  vers  640,  dans  la 
(léographie  de  Moïse  de  Khorène'.       Malrice  Besmer. 

SACCIPERiUM  (Saxxo:Tvîpa).  —  D'après  l'éLymoIogie,  il 
faut  supposer  qu'on  appelait  ainsi  un  sac  en  poils  de 
chèvre  ou  bien  en  toile  [saccus],  qui  se  rapprochait  de  la 
PERA,  soit  parce  que  certaines  parties  en  étaient  de  peau, 
soit  parce  qu'on  pouvait  le  suspendre  à  l'épaule  par  une 
corde  ou  une  courroie.  On  s'en  servait  en  voyage  pour  y 
mettre  ses  efTets'.     Geokce.s  Lafaye. 

SACCULARII.  —  Cette  expression  s'applique,  d'après 
Ulpien',  aux  filous  qui  s'attaquaient  à  la  bourse  des 
gens  (sacculum),  à  l'effel  de  la  soustraire  par  des  moyens 
magiques  ou  par  de  simples  tours  d'adresse.  Ils  étaient 
punis  extra  ordinem,  sous  l'Empire,  comme  les  nrREC- 
TARU,  c'est-à-dire,  ceux  de  basse  condition,  de  la  fusti- 
gation [POE.NA,  p.  3401  et  des  travaux  publics  à  temps 
[opus  pubucum]  et  les  autres,  de  relégation  temporaire 
[exsilium,  p.  4491.     G.  Humbert. 

SACCUS  (Sâxo;  el<7ixxoç).  —  Tissu  grossier  en  poil  de 
chèvre  employé  particulièrement  à  la  fabrication  des 
sacs,  qui  en  ont  tiré  leur  nom.  Dans  les  parties  du  monde 
ancien  où  le  lin  à  l'origine  était  rare  et  coûteux  [linum], 
la  toile  dut  être,  pendant  assez  longtemps,  réservée  pour 
le  linge  fin  ;  les  étoffes  plus  rudes,  nécessaires  à  la  con- 
fection des  sacs  et  objets  de  même  nature,  se  faisaient 
surtout  avec  du  poil  de  chèvre  lissé;  de  là,  la  parenté  pro- 
bable du  (;ïxo;  et  du  SAGUM*.  En  Orient,  le  poil  de  cha- 
meau élail  aussi  très  apprécié  pour  cet  usage  comme  il 
l'est  encore  aujourd'hui .  L'Édit  de  Dioclélien  consacre  tout 
un  chapitre  aux  sacs  et  articles  similaires  confectionnés 
avec  du  poil  de  chèvre  ou  de  chameau  [de  snetis  caprinis 
sive  camellinis)^.  11  fixe  ainsi  qu'il  suit  le  prix  des  ma- 
tériaux qu'on  y  employail:  1°  poils  bruts,  la  livre  6  de- 
niers (0  fr.  219);  2°  poils  tissés  (pili  neli)  pour  sacs,  la 
livre  10  deniers  (0  fr.  363).  Viennent  ensuite  les  sacs 
confectionnés,  dont  nous  allons  parler;  notons  seulement 

'   E.-O.  von  Lippmann,  O.  c.  p.  8'.l  —  2  I.  p.  494.  —  1  I,  p.  712.  _  l  I,  p.  364. 

SACCIPKKIDH.  I   Plaul.  Itud.  Il,  C,  64;  Poil.  X,  161  ;  Non.  531,  15. 

SACCOLAnil.  I  Dig.  XLVIl,  11,7.  —  Bmi.iocRAPHiK.  Cujas,  Observât.  X,  27; 
Siryck,  Z)e «ttccu/ariij  c/ <ii'-cc/oriïs,  Francfort,  1667;  Ménage.  Amofinitates  jurii, 
3'.',  Paris  IC61;  Rein,  Dns  Criminalreclil  der  /lômer,   Uipicg,  1844.  p.  3îl. 

SACCL'S.  1  .Saccus  vienld'uij  mot  sC-initir|ue  qui  a  le  môme  $cns.  I.e  a  cilicc  » 
est  un  vêtement  en  poil  de  cliivrc  de  Cilicic  Icii.iuhimI.  —  2  Hdicl.  Di'ctit. 
XI.  —  3  Mar<|uardt,  Vie  prine  des  IIom.  Ir.  fr.  11,  p.  IIS.  I,a  chose  est  ccrlaine 
pour  les  filtres,  sacci  (v.  plus  l.as).  (Juanl  au  cliauvrc  (rannabis],  lanliiiuité 
n'en  a  tiré  pour  ainsi  dire  aucun  parti  dans  l'inlustric  tcjtdc;    Yalcs,  Teilrinum 


SAC 


5985.   —  Remplissage  des  sacs  de  blé 


qu'on  y  assimile  les  bats  [sagma]  pour  bêtes  de  somme, 
évidemment  parce  qu'ils  se  composaient  en  partie  d'un 
nixo^.  Malgré  la  précision  de  ce  document,  il  est  bien 
probable  que,  quand  la  toile  de  lin  est  devenue  plus  com- 
mune, elle  a  dû  servir  aussi  à  faire  des  sacs,  comme  elle 
servait  à  faire  des  tentes,  des  voiles  de  navires,  etc.  '. 

1°  Le  sac,  chez  les  Grecs  aussi  bien  que  chez  les  Ro- 
mains, servait  d'abord  à  enfermer  le  blé,  le  sel,  les  lé- 
gumes et  toutes  les  denrées  que  l'on  voulait  mettre  en 
vente  ou  garder  pour  ses  propres  besoins  *.  Dans  cet 
usage  il  avait  certainement  la  même  forme  qu'aujour- 
d'hui, comme  le  montre  la  figure  3983,  d'après  un  bas- 
relief  de  la 
colonne  Tra- 
jane  ;  on  y  voit 
des  soldats 
romains  oc- 
cupés à  rem- 
plir, proba- 
blement avec 
du  blé ,  des 
sacs ,  que 
d'autres  char- 
gent ensuite 
sur  leurs 
épaules  pour 
les  transpor- 
ler°.  Au  nom- 
bre des   plus 

grands  parmi  ces  récipients,  il  faut  sans  doute  compter  les 
saccopat/inae,  qui  peuventavoir, suivant  l'Édit  de  Dioclé- 
lien, 3  pieds  (0",887 1  )  en  long  et  larges  en  proportion  et  se 
vendent  alors  à  raison  de  16  deniers  (Ofr,  584)  la  livre. Puis 
vient  la  nombreuse  série  des  sacs  de  voyage,  désignés  dans 
l'Édit  sous  le  nom  générique  de  zaberna,  très  voisin  de 
saccus,  avec  celle  dilférence  qu'il  s'applique  plus  spéciale- 
ment aux  sacs  faits  pour  contenir  des  habits;  il  se  rap- 
proche donc  beaucoup  aussi  de  mantica.  Un  grand  bissac 
jeté  sur  l'échiné  d'une  bête  de  somme,  suivant  un  usage 
encore  très  répandu  en  Orient  et  dans  les  contrées  méri- 
dionales [cLiTELLAE,  SAGMAj,  peut  Supporter  une  lourde 
charge  ;  une  paire  de  zabernae  ou  de  sacci  en  poils  lissés, 
du  poids  de  30  livres,  se  vend  pour  cette  destination 
40  deniers  (1  fr.  46). 

Les  Grecs  avaient  des  noms  divers  i  cixxo;,  cixxi'ov,  iix- 
raç,  u.ip(7[-::7coç,  OiJXixo;),  pour  désigner  les  sacs  qu'ils  por- 
taient avec  eux  au  bain  ou  au  gymnase'.  Nous  nous  bor- 
nerons à  rappeler  dans  celte  catégorie  le  x(ipiixo;,  qui  n'est 
pas  seulement  un  ballon  sur  lequel  le  pugiliste  exerce 
ses  poings  [corycusJ,  mais  d'abord  un  sac  dans  lequel  les 
éphèbes  et  les  athlètes  enferment  leurs  vêtements,  leurs 
provisions  et  les  différents  accessoires  nécessaires  à  leurs 
exercices  ;  on  le  voit  suspendu  aux  murs  des  palestres, 
des  salles  de  bains  '  (fig.  3986;  *,  des  dépôts  d'armes  [cf. 
CLiPEUS,  fig.  16.481.  Les  sacs  étaient  d'un  usage  journalier 

ant.  p.  29»;  cf.  »esti*bios.  —  i  Aristoph.  AcUam.  743,  75)5,  700.  761,  704. 
822;  Lys.  1212;  Scbol.  ad  Soph.  Aj.  573:  Poil.  VII,  191;  X,  6i.  75,  t6t, 
186;  Suid.  Phol.  Hcsjch.  5.  ».  ;  Cic.  Verr.  Il,  2,  38:  Pliaedr.  Il,  7;  Vegel. 
Yeterin.  IH,  58.  —  i»  Froeliner,  Coï.  Trajane,  pi.  ci.x  ;  Cichorius,  Traj.  Sâulr. 
pi.  CXMV,  n.  33S-:i39.  —  6  Poil.  111.  155;  X,  64;  Scliol.  Hom.  Od.  V,  m, 
B»i.»Euii,  lig.  748:  tvuNASTicA,  p.  1688,  1700,  1701,  fig.  3'i78,  3680;  pu,;il.ATls. 
fig.  5S67.  —  '  Poil.  III,  155;  X,  172,  179;  Hom.  Od.  V,  260  et  Eustatk.  Ad.  h. 
L  p.  I.Ï34,  47  :  p.  14)0;  Suid.  5.  r.  ;  Hesych.  Soj»;  :  Alhtn.  IV,  p.  161  A;  Pelerseii. 
Das  Cymnasinm  der   Griechen  (1858),  p.    37,    n.    10.    —   «Gerhard.    Aiiserlcs. 

V«S™',.pl.   CCLM,. 


SAC 


933  — 


SAC 


pour  toute  espèce  de  transports  et  de  déménagements  '. 
Les  vases  peints  offrent  des  exemples  de  sacs  de  ce  genre 


Fig.  3987.  —  Sac  de  voy; 


Fig.  ii986.  —  S 

plus  ou  moins  ornés  ;  ils  ressemblent,  d'ailleurs,  aux  sacs 
ordinaires  ;  le  côté  où  ils  s'ouvrent  est  noué  quand  ils 
sont  remplis  -  et  ils  forment  alors  (fig.  3987)  un  ballot  sur 
lequel  le  voyageur  peut  s'asseoir  pour  se  reposer  ^ 
2"  Le  sac  h  argent  (sacculm)  est  pour  l'ordinaire  de 
dimensions  bien  moin- 
dres ;  mais  il  est  plus 
gros  que  la  bourse 
[marsupium],  dont  il  ne 
diffère  guère  par  la 
l'orme.  Tandis  qu'on 
porte  la  bourse  avec 
soi  quand  on  sort  de 
sa  demeure,  le  saccu- 
/«>',  contenant  de  plus 
iortes  sommes,  y  reste 
enfermé  dans  un  meu- 
ble *.  Il  joue  un  grand 
rôle  dans  les  maisons 
de  banque  et  dans  les 
administrations  publi- 
ques; c'est  un  des  insignes  des  questeurs,  magistrats 
d'ordre  financier  '.  Le  sac  que  représente  la  figure  ."SOSH 
se  voit  sur  un  bas-relief  du  Vatican  ;  ce  monument  a 
dû  orner  la  tombe  d'un  appariteur  (viator)  des  questeurs, 
employé  comme  garçon  de  caisse  ou  de  recelte  au  trésor 
public  [aerarium)''.  Là  surtout  oii  le  coffre-fort  est  bien 
garni,  on  inscrit  sur  chacun  des  sacs  le  chiffre  de  la  somme 
qu'il  contient  ou  qu'il  peut  recevoir  [argentarii,  fig.  Wo]'. 
3°  Sorte  de  coiffe  dans  laquelle  les  femmes  enfermaient 
leur  chevelure  rejetée  sur  la  nuque  ;  elle  doit  être  distin- 
guée de  la  résille  [reticulum],  qui  répond  au  même  besoin 
mais  qui  est  en  filet  et  emprisonne  les  cheveux  sans  les 
cacher.  Au  contraire,  le   aàxxo;  est   une   poche  d'étoffe 

1  Par  ex.  pour  le  transport  des  livre?,  iiiioi(|u'on  suspecte  Theopomp.  fragoi. 
lis  Mûller;  Ps.  Longin,  it.îloj;,  43,  2;  Atheu.  p.  67  K;  Birt,  Buchwesen. 
p.  33,  n.  2.  —  2  Millin,  Peint,  de  Vases.  Il,  Cl  ;  Lenoraiant  et  de  Witle, 
Elite  cramofjr.  II,  9i  ;  voir  aenëas,  fig.  15i.  —  a  Raoul  Rochettc,  Muit. 
inéd.  pi.  xvir.  .XX  —  ►  Plaut.  Capt.  I,  1,  22;  Hor.  Sat.  I,  1,  70;  II,  3,  lie. 
Calull.  13,  7;  Jlart.  V,  39;  X,  74;  XI,  3;  Plin.  H.  71.  II,  52,  2;  Juv.  XI,  26: 
XIV,  138  ;  Apul.  Met.  IX.  33.  p.  200  ;  Ulp.  Dig.  XVI,  3,  1  ;  Paul.  Ibid.  29.  —  5  H. 
de  LoDgpéri-r,  Jiccli.  sur  les  récipients  monétaires,  ap.  Hev.  archéol.  XVII  (1868). 
p.  113;  XIX  (1889),  p.  131  [quaestou,  fig.  .n919].  —  6  Corp.  inscr.  lat.  VI,  1932; 
.Momnisea,  Droit  public,  Irad.  Girard,  I,  p.  411,  noie  7;  Rich,  Dict.  des  ant.,  s.  r. 
Sacs  à  moitié  pleins  à  côté  d'un  tas  de  pièces  de  mouuaies,  peintures  de  Pompéi  ; 
llelliig,  Wandgeni.  Campan.a.  1723,  1726,  1727.  —  7  Trois  lignes  d'écriture  sur 
lui  sac,  peinture  de  Porapéi  ;  Hcibig,  L.  c.  a.  1703.  —  8  poll.  Vil,  191;  IX,  39: 
X,  192  ;  Pbot.  p.  496,  23  ;  Becker  et  Goell,  Charikles,  III,  p.  393,  304.  —  9  Dciuoslii. 


Fig.  5988. 


pleine,  un  véritable  sac,  et,  par  conséquent,  ressemble 
beaucoup  au  kekrypualos,  du  moins  à  celui  qui  affecte 
cette  forme.  En  effet,  les  deux  termes  semblent  avoir 
été  tout  à  fait  synonymes*.  Le  uoîxxoi; 
fut  en  grande  faveur  auprès  des  fem- 
mes grecques  au  V  et  au  iv"  siècle 
avant  notre  ère;  l'ouvrier  appelé  <s%/.yy- 
cpivTïjç  n'avait  pas  d'autre  tâche  que  de 
tisser  pour  elles  des  coiffes  de  cegenre" . 

A"  Saccus  vinarius('jixxivij^\jli(j-zrip), 
sac  à  filtrer  le  vin;  on  en  coiffait  les 
vases  dans  lesquels  on  versait  le  vin 
avant  de  le  consommer,  afin  d'arrêter 
la  lie  et  les  autres  impuretés,  que  les 
procédés  de  fabrication  chers  aux  anciens  devaient  y 
mélanger  dans  une  forte  proportion  [vinum].  On  se  débar- 
rassait des  plus  grosses  à  l'aide  de  la  passoire  [colum]  ; 
l'opération  s'achevait  avec  le  filtre'".  Il  était  générale- 
ment en  toile  de  lin;  mais  les  gourmets  se  plaignaient, 
avec  raison,  du  goût  désagréable  que  la  toile,  surtout 
quand  elle  est  neuve,  communique  au  liquide  " .  On  s'ima- 
ginait aussi  que  l'usage  du  filtre  avait  l'avantage  de  ren- 
dre le  vin  moins  capiteux'-.  C'était  ce  qu'on  appelait 
saccare  (ffaxxiÇstv)  et  castrare  vinum  '^  Le  filtre  en  toile 
était,  du  reste,  employé  encore  dans  plusieurs  industries". 

5"  Saccus  nivarius,  sac  rempli  de  neige,  qu'on  plon- 
geait dans  le  vin  pour  le  rafraîchir.  On  pouvait  aussi 
verser  le  vin  par-dessus  la  neige  et  le  filtrer  ainsi  du 
même  coup.  C'était  un  procédé  très  simple,  à  la  portée 
de  tout  le  monde,  et  qui  pouvait  dispenser  de  recourir 
au  coLUM,  employé  pour  le  même  usage.  Mais  avec  les 
vins  fins  on  préférait  le  colum  pour  la  raison  indiquée 
plus  haut  :  c'est  que  la  toile  du  saccus  en  altérait  la 
saveur".     Georges  Lafaye. 

SACELLUM.  —  Lieu  consacré  alentour  d'un  autel,  à 
ciel  ouvert  et  clôturé,  ordinairement  de  peu  d'étendue' ; 
il  y  en  avait  cependant  d'assez  grands  pour  renfermer, 
avec  l'autel,  toutes  sortes  d'édicules,  chapelles,  colonnes, 
statues,  tables  pour  les  offrandes,  des  fontaines,  des 
arbres  [arbores  sacrae].  Quelques  paysages  pompéiens 
peuvent  nous  en  donner  l'idée^  La  forme  diminutive  du 
mot  sacellum  ne  marque  pas  tant,  en  effet,  les  étroites 
limites  de  l'espace  occupé,  qu'un  rang  secondaire 
dans  le  culte;  ce  mot  désigne,  dans  l'usage,  tantôt  un 
sanctuaire  privé,  qui  n'a  pas  reçu  la  consécration  des 
pontifes  [ponpifices,  p.  371]^,  tantôt  un  lieu  consacré 
publiquement,  mais  qui  paraît  de  moindre  importance 
à  côté  des  somptueux  édifices  [aedes,  teinpht)  où  les 
dieux  dont  le  culte  a  grandi  abritent  désormais  leurs 
images.  A  Rome,  des  divinités  anciennes  et  vénérées, 
mais  plus  ou  moins  tombées  dans  l'oubli,  n'ont  qu'un 
sacellum  appelé  aussi  bien  ara.  fanum,  aedes,  aedi- 

In  Olympiad.,  or.  XLVIII,  12,  p.  1170;  Bluraner,  Teclmol.  I,  p.  291.  —  m  .Schol. 
Aristopli..  Plut.,  1087;  Poil.  VI,  18;  X,  73;  Plut.  Sijmpos.  VI,  7;  Senec.  Ep. 
I.XXVII,  16;  Colum.  IX,  13,  12;  XII,  17,  30;  Pl(n.  H.n.  XIV,  22,  28;  XIX,  19,  4; 
XXIU,  14,  1;  XXIV,  1,3;  XXIX,  39,  2;  XXXI,  43,  4;  Mart.  VIII,  43;  XII,  60  ;  Gloss. 
net.  à  la  suite  du  Thesaur.  d'Eslieune  ;  Becker  et  Ooell,  Charikles,  u.  347  :  Gnllus, 
III,  p.  429  ;  Busseroakcr  et  Darcmbcrg,  notes  de  leur  édit.  d'Oribase,  I.  V.  c.  V,  p. 
634.  —  Il  Hor.  Sat.  Il,  4.  —  12  Plin.  XIV,  22-  XXIII,  4-;.  -  '3  Tlieophr.  Caus.  pi  vi, 
7,  41;  Plin.  XIX,  53.  -  H  Plin.  X\l,  122;  XXXIV,  172  -  ^''  Cic.  De  fin.  il,  8, 
23;  Mart.  XlV,  103,  101. 

SACELLUM.  I  Fcstus.p.  2.Î1  (LinduiannI  :  Loca  dis  sacrata  sine  tecto  ;  Trebatius 
ap.  Oeil.  VI,  12,  5  ;  locus  parvus  deo  sncrntus  cum  ara  ;  Ovid.  Fast.  I,  273,  et  V, 
no  ;  Corp.  inscr.  lut.  IX,  5ill9,  1420.  -  2  JUus. /lorbon.  X\,  20;  XII,  8;  Zabu,  Die 
schônte  Ornam.  und  Gemûlde.  II,  60,  etc.  ;  cf.  Helbig,  Untersch.  ueber  die  Cumpan. 
Wandmalerei,  c.  ixiv.  —  3  Cic.  .Irf  Attic.  12,  19  :  Fanum  quasi  cotxsecratmn. 


SAC 


—  9;u 


SAC 


ruin  KA.MM  '.  Les  sncella  ou  ficdiculai'  do?  I.are.^  com- 
pilâtes, même  après  que  leur  culle  eut  pris  sous  Auguste 
un  développement  nouveau,  n'étaient  que  des  autels 
en  plein  air,  au-dessus  desquels  on  les  voyait  eux-mêmes 
figurés  dans  une  niche  ou  sous  un  fronton  "labes,  com- 

PITALIA,  COMPITIMJ  ■-.         E.  SaGLIO. 

SACKXA.  —  Hache  de  sacrifice  polabra  . 

SACEI»      POENA,    p.    537,     PONTIFU'.fS,    p.    oTl.    SAi:RATi0 

c:apitis.  SACRiruniMj. 

SACERDOS  ("hseO,-).  —  Grèce.  —  1.  Dé/inition  du 
prêtre:  différentes  espèces  de  personnes  desquelles  il 
convient  de  te  distinguer.  —  L'Etymolorjicuni  magnum, 
page  468,  définit  le  prêtre  en  ces  termes  :  «  celui  qui 
adresse  au  dieu  les  sacrifices  »  (Uss-J;  o  -riç  O'jch;  àvaTréfnrwv 
T(0!6£u)!i  ;  plusieurs  passages  d'auteurs  et  de  scholiasles  le 
représentent  comme  »  celui  qui  prie  pour  autrui  »'.  Si 
l'on  s'en  tient  à  ces  définitions,  nombreuses  sont  les  per- 
sonnes qui  méritèrent,  dans  la  société  grecque  de  toute 
époque,  d'être  appelées  des  prêtres.  Ce  sont  d'abord 
tous  les  chefs  de  famille  qui,  chez  eux,  en  leur  particu- 
lier, sacrifiaient  à  des  dieux  domestiques  et  priaient  eux- 
mêmes  pour  les  leurs'-.  Ce  sont  ensuite  tous  les  profes- 
sionnels de  la  prière  et  du  sacrifice,  ceux  qu'Homère 
appelle  ôuoTxdo!  %  et  dont,  chez  .\ristophane ',  Hiéroklès 
est  le  type  :  devins,  charlatans,  apôtres  de  divinités  nou- 
velles, qui  sollicitaient  la  piété  populaire  et  prêtaient 
aux  dévols  le  secours  de  leur  compétence  liturgique.  Ce 
sont  en  troisième  lieu  des  magistrats,  civils,  politiques, 
militaires,  en  qui  subsistait  la  dignité  sacerdotale  des 
rois  el  des  chefs  de  clans  primitifs.  SJziv  se  disant  cou- 
ramment de  celui  qui  fait  offrir  un  sacrifice  aussi  bien 
que  de  celui  qui  l'offre  au  sens  exact  du  mot  %  on  ne  sait 
pas  toujours  au  juste  quel  fut,  dans  telle  ou  telle  céré- 
monie religieuse,  le  rôle  de  tel  ou  tel  magistral.  Mais 
Aristote  dislingue  expressément  des  sacrifices  qu'il 
nomme  •.-zxtixx:  ôycta;*  d'autres  sacrifices  ô'ïi;  (it,  toîç 
•  sps'jff'.v  à-oo;oa)7'.v  o  voaiç^  ;  CCS  sacrifices,  que  lui  el 
d'autres  écrivains,  Plularque  notamment,  appellent  t.x- 
Tp'.oi',  et  qui  paraissent  s'être  accomplis  le  plus  souvent 
au  foyer  de  l'État ',  étaient  offerts,  dit-il  "\  par  les  héri- 

I  Jordan.  To[.o'jr.  d.  SladI  Rom,  11,  p.  iH  :  Id.  in  Hermès,  XIV,  p.  57T  sq.  : 
Marquardl.  Handbiicli  (Irad.  fr.  Le  culte  chez  les  Rom.)  I.  p.  Igi-IS*;  Wissowa, 
Relig.  imrf  KuUm  de  Ramer,  p.  400-402.  —  3  Wissowa.  L.  I. 

SACEROOS.I  Aesch.  C.  Clesiph.  18  :  Toi;  ïiotr,-  .«;  To;  tsjt;»;...  ^oi;  rà;  cOii; 
j=c9  j;i.-»  :t;'.;  t'-j;  •s'vj;  cù/o{i£vou;.  Cf.  PIul.  Cum  princip.  philos.  3.  7  ;  Schol.  Aris- 
loph.  flan.  297.  —  2  Arislopli.  Pax,  937  sq.  :  Is.  De  Ciron.  lier.  16;  elc.  Voir 
siCKA.  —  3 //iarf.  XXIV.  SSl:  Od.  XXI,  145;  Eustalli.  ad  I.  —  t  Arist.  Pax, 
1043  sq.  —  5  Cf.  Marlba,  Les  sacerdoces  athéniens,  p.  7j.  —  6  Arisl.  Polit. 
p.  1285  B.  1.  9-10.  —7  Jb.  p.  1322  B.  —  8  /*.  p.  12S5  B,  1.  14  sq.  ;  Plul.  Quaest. 
conviv.  VI,  8.  1.  — «Arisl.  0.  /.  p.  1322  B;Plut.  £.  /.  —  10  Arist.  0.  l.  p.  1322  B. 

—  Il  Paus.  I,  5,  I  :  Kai  eiou»;  ti  ivT»:'a  (dans  la  Iholos)  »;  sfuTi.!,;;  cf.  Kôhler,' 
Hermès.  V,  p.  334.  Sur  les  sacrilices  précédant  les  délibérations  de  l'assemblée 
(/iijrr.  gr.  H.  417.  459,  etc.  ;  [Dem.l,  Prooem.  54;  Thcophr.  Char.  211.  cf.  Gilbert, 
Staatsallerlh.  |2,  p  326,  n.  I.  —  <2  Arisl.  AS.  ro>..  57.  l  :  ,;  STsi;  listi.  »«'.  Ti; 
-«fîcv;  i^i'.it;  S.o-.»!'^  o:t.>;  (larcbonte-roi)  tà»a;  ;  Poilu».  Unom.  Vlll,  90  :  .ai  -a 
rtfï  T«;  tatjiSa;  C-jiict;  Xtoîxet  (ce  mot  S..qix£7v  semble  faire  allusion  à  des  fonctions 
iradminislrateur.  d'organisateur,  plutôt  qu'à  des  fonctions  proprement  religieuses); 
Arisl.  f>./.  5S,  I  :9jei  ;Al«(le  polémarqiie)0->9;a;  tt.v  te t»jt  ' Aj-.ejaî  5, xr.r '.AvjoTe'pat  vatTwT 
'ËvuïX'Mi...  x«';  'As}t'>5V.  ira'  '.Xç-.ff :5*ïtT^>t  -,%  îv«7iT;iaT«-o..ET.  —  13  plut,  Quaest.  conv. 
VI,  8,  I.  —  Il  Dittenberger,  Sijtloijei,  616.  —  15  Ibid.  426. 1.  17  sq.  —  16  Ainsi  que 
l'affirme  l'auteur  de  la  Resp.  Laced.  15,  2  ;  i"»r,.£  ^ij  (Lycurgue)  «in.  ^i,  Si^.un 
ï;5*  xdVtw;  Ti  ir.-^if.x  âî:avT«.  I.e  telle  d'Hérodole,  VI,  57.  est  d'une  lecture  dou- 
liuse  [tj,\.,,  ou  »a»lr.v?)  et  d'une  interprétation  contestable.    -  17  Hcrod.   VI,  sn. 

—  t»  Hermès,  XXI  (1886),  p.  308,  note.  Cf.  Arrian.  Anah.  II.  26  ;  etc.  —  19  Ainsi, 
â  l.:alaurie.  un  certain  Agasillès  el  sa  femme  Xikagora  ayant  consacré  à  Poséidon 
iiae  somme  d'argent  el  un  terrain,  les  citoyens  décident  que  cliaquc  année  on 
ctioisira  deui  tctiACAr.Tat  qui,  avec  tes  revenu*  de  la  douation,  n  sacrilîeront  à  Posei- 
<ion  une  brebis  adulle  el  une  aulre  a  Zeus  Sotor,  ayant  élevé  un  autel  devant  les 
siatues  des  donateurs  à  côté  du   bouleutériou  »:    llittenberger,   Si/lloge-,   578. 

—  *>  .Sur  les  Iifomoi',  cf.  Dôrmer,  De  Graec.  sacrificulis  gui  '.sfoïoto;  dicuntur, 
dans  II-.  Dissertât,   .irgentoralentcs,    1S83;    Schclll,    .4Men.    Festcommisiionen, 


tiers  des  anciens  rois,  ïp/ovts;,  paCTÀst;,  itpuTivei;  [regnum, 
p.  8221.  De  ce  genre  devaient  être,  à  Athènes,  certains 
sacrifices  offerts  par  les  prytanes",  par  l'archonle-roi 
et  par  le  polémarque'-;  à  Cliéronée,  le  sacrifice  offert  par 
l'archonte  local  lors  de  la  pouXifiou  È^Àaai;  "  ;  à  (".os,  le 
sacrifice  offert  à  Heslia,  au  mois  de  balromios,  par  celui 
qu'une  inscription  appelle  Ysp^asopo;  pxtsùAoïv  ";  à  Stiris, 
les  sacrifices  offerts  par  ï/iiérola>nias  au  nom  des  anciens 
Médéoniens  '';  elc.  A  Sparte,  si  les  rois  n'offraient  pas  en 
personne  tous  les  sacrifices  publics"',  ils  faisaient  tout  au 
moins  fonctions  de  prêtres  vis-à-vis  de  Zeus  Lakédaimon 
et  de  Zeus  Ouranios  ^' .  En  campagne,  il  pouvait  arriver 
que  le  général  sacrifiât  pour  l'armée  '".  Enfin,  des  sacri- 
fices étaient  parfois  offerts  au  nom  de  la  cité,  d'une  sub- 
division de  la  cité,  d'un  corps  politique,  d'un  groupement 
quelconque,  par  des  commissions,  permanentes  ou  tempo- 
raires, instituées  ad  hoc'''.  Parmi  les  fonctionnaires  très 
différents  les  uns  des  autres  qui  s'appelèrent  è-^rijxiîvioi, 
parmi  ceux  que  désigna  le  nom  UpoTroio!-^',  il  dut  y  en  avoir 
qui  offrirent,  à  proprement  parler,  des  sacrifices:  c'est  le 
cas,  semble-t-il,  à  Athènes,  pour  les  ispoTroioî  des  Augustes 
Déesses  '^'  ;  pour  ceux  qui  étaient  tirés  de  la  boulé  au  mo- 
ment des  £!7iT'/-pia--  ;  peut-être  pour  les  (lix  ispoTroiol  èx't  xà 
èx9'J(AatTa,  désignés  annuellement  en  vue  des  sacrifices  que 
pourrait  ordonner  un  oracle  et  de  ceux  par  lesquels  on  cher- 
cherait un  présage-';  peut-être  aussi  pour  les  dix  iepoTioto'; 
xat"  ÈviauTÔv  ^'  ;  à  Délos.  pour  les  hiéropes  d'.^pollon  '"  ;  elc. 
Ces  divers  personnages,  quelque  nom  qu'ils  aient 
porté-',  n'ont  pas  été  exactement  des  prêtres.  Dès  avant 
le  début  de  la  période  classique-',  le  prêtre,  au  sens 
étroit  du  mot,  est  le  desservant  attitré  d'un  sanctuaire-*, 
l'intermédiaire  officiel  entre  le  dieu,  ou  les  dieux,  qui 
régnent  dans  ce  sanctuaire  el  les  fidèles  qui  viennent  les 
y  prier,  c'est-à-dire  leur  offrir  des  sacrifices;  il  ne  peut 
exercer  que  là  son  ministère;  et  là,  en  revanche,  il  jouit 
d'un  monopole.  Il  arriva  bien  quelquefois,  surtout  à  la 
basse  époque,  qu'un  seul  prêtre  desservit  deux  sanc- 
tuaires du  même  dieu  ".  ou  même  plusieurs  sanctuaires 
de  divinités  différentes'".  Il  arriva  aussi  qu'il  y  etit 
plusieurs  prêtres  ou  prétresses  attachés  simultanément  à 

dans  les  Sitzunijsbericftte  de  l'Académie  de  Munich,  l!l87.  Sur  les  £7t;Ai;vi«L, 
Oôrmor,  O.  I.  appendice.  —  21  Dero.  C.  ^JiJ.  115  :  Tal;  eri^t»?;  «sat;  'ic;os<ti> 
atpE&ÉvTs...    xai  vaTa9^â{*£vov    Tù»   ûpù*  (sur  la   valeur   de  cette    eipressioo,   voir 

ci-après,  §  II,  3»),  —  22  /bid.  1 14  :  Ettri-r^pt'  ûslo  -Hj?  PouX^;  iepoKati;sat  xa'i  $J(r«i,  xct'i 
»aTâj5«fl«fltt  T.S»  ;e?.T.v.  —  -1  Arisl.   "A».  To\.  54,  6  :  ...  o"  Ti  te  navTEUTà  ÎEçi  •uo-jot».  x«v 

rt  xal'jiiE9J;'iat  SÉijt  xa'A^ktE^ojT,  |jiETgL  T.*.  (fcàvTEwv.  Toutefois,  sur  les  fonctions  respectivt^ 
des  devins  et  des  liiéropcs,  cf.  Schol.  Dcm.  C.  Aîid.  115)  :  isaocoiôv  3e  xaVoi7(n  tôv 

ÊcOTTEÛoyTK   TailÇ    (xdvTEt^   ûTE  6ÙOUO,    [*,]  TÎO'J  Tt   XKX0upfô>9tv  Êv  TaT;    SuTiaif.  —  ^  /Ô.  54,  7    : 

...  oï  «u»;.;  TÉ  T..i;  •liou»..  —  2i  Bull.  corr.  hetl.  XIV,  p.  418-410.  —  26  Des  mitra- 
gyrtes  qui  couraient  le  monde  en  promenant  le  culte  de  Cybéle.  des  personnages 
équivoques,  comme  Ninus,  qui  introduisait  à  Athènes,  en  dehors  de  tout  sanctuaire 
officiel,  les  fêles  de  Sabazios,  sont  appelés  parfois  Îe^eT;,  ti^nnx.  IJuelques  inscrip- 
tions éphébiques  mentionnent  des  éphèbes.  des  enfants  (eseF;  (cf.  Bull.  corr.  hell. 
XV,  p.  257,  278) ,  on  suppose  qu'ils  étaient  chargés  d'accomplir,  lors  de  certaines 
fêtes,  les  rites  et  les  sacrifices  (jui  précédaient  les  concours  agonistiques  et  les  jeux 
(/ô.  p.  278).  Sur  les  iÊpiiai  rava^-ïî  d'Elcusis  cf.  Foucart,  Les  grands  mystères 
d'ÉUusis,  p.  67.  —  27  [^e  prêtre  tel  que  nous  le  définissons  apparaît  déjà  chez 
Homère-  Témoin  Tbéano,  qui  introduit  les  femmes  troyennes  dans  le  sanctuaire 
d'Albéna.  pré-senle  leur  offrande  à  la  déesse  et  prononce  pour  elles  la  prière  (//t'a//. 
VI,  298  sq,).  —  28  Ce  sanctuaire  ne  comporte  pas  nécessairement  un  lemple,  et 
n'est  pas  toujours  un  sanctuaire  de  TËtat.  Il  y  eut  des  prêtres  attachés  à  un  téménos, 
à  uu  autel.  Il  y  eut  des  prêtres  do  tribus,  de  dèmes,  de  phratries,  de  ie'vt.,  de  thiases, 
etc.  —  29  Un  seul  prêtre  pour  les  deux  temples  d'.\sklêpios  sur  le  versant  sud  de 
l'Acropole  d'Athènes  :  Athen.  MUtheit.  Il,  p.  255.  Une  seule  prêtresse  pour  le 
Parthénon  cl  l'Èrechtlicion  :  Jb.  et  Ath.  AJitth.  XII,  p.  195.  A  Slratonicée,  au  ii« 
ou  fu*  siècle  de  notre  ère,  le  même  homme  est  prêtre  simullanémeut  de  Zeus  Chry- 
saor,  de  Zeus  Narasos  el  de  Zeus  l.ondargos  :  Bull.  corr.  hetl.  XII,  p.  83,  8s. 
—  3«  Inscr.  gr.  XII.  1,  786  (Lindos)  ;  Bull.  corr.  hell.  XIV,  p.  ,165  (Slratonicée); 
'E».  'A9X-  1892,  p.  20,  23,  25  (Sparte);  etc.  A  Slratonicée.  à  l'époque  impériale, 
un  seul  homme  exerce  ii  la  fois  les  deux  principaux  sacerdoces  du  pays  :  celui  d'Hé- 
cate et  celui  de  Zeus  Panamaros  (Bull.  corr.  nell.  XII.  p.  83,  86,  88|. 


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935  — 


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un  même  sancUiaire  '.  Mais  ce  furent  là  des  cas  excep- 
tionnels-. Par  contre,  un  même  individu  pouvait  être 
tour  à  tour  prêtre  de  divers  dieux;  les  textes  qui  le  prou- 
vent surabondent \ 

11.  Fonctions  du  jjn'trc.  —  Les  l'onctions  des  prêtres 
Jurées  peuvent  être  réparties  en  trois  groupes,  confor- 
mément à  la  division  que  M.  Martlia  a  proposée*. 

1°  Fonctions  diaconales.  —  Les  prêtres  sont  les 
<c  serviteurs  du  dieu  »  %  et  ils  doivent  veiller  à  ce  que  le 
séjour  dans  son  temple  lui  soit  agréable.  De  là,  l'obli- 
gation de  soigner  sa  statue,  de  la  laver,  de  la  parer'^  ;  de 
conserver  propres  et  bien  rangés  le  sanctuaire,  les  cons- 
tructions annexes,  le  péribole''.  A  ces  fonctions  diaco- 
nales proprement  dites,  nous  pouvons  rattacher  certaines 
fonctions  de  police*.  Les  prêtres  tiennent  la  main  à  ce 
que  personne  ne  profane  ou  ne  dilapide  le  domaine  du 
dieu  :  par  exemple,  à  ce  qu'on  n'y  coupe  pas  de  bois  ^  à  ce 
qu'on  n'y  tire  pas  de  la  pierre,  à  ce  qu'on  ne  vexe  pas  les 
animaux  sacrés;  ils  font  respecter  le  droit  d'asile'";  ils 
empêchent  d'entrer,  de  sacrifier,  les  personnes  qui  n'en 
ont  pas  le  droit"  ;  bref,  ils  répriment  tout  délit,  tout  dé- 
sordre à  l'intérieur  de  l'hiéron'-,  et  imposent  V E'j-*.or:tj.iix''' . 
Dans  l'exercice  de  cette  première  espèce  de  fonctions, 
les  prêtres  sont,  d'ailleurs,  très  souvent  secondés,  ou 
même  suppléés,  par  d'autres  personnages.  Ils  le  sont, 
pour  peu  que  le  sanctuaire  ait  tant  soit  peu  d'impor- 
tance, par  nombre  de  fonctionnaires  subalternes  ou 
d'employés  [uieroduli,  neocoros,  zacoros,  etc.)'*,  par 
les  membres  de  commissions  sacrées  ou  de  certaines 
familles '^  Ils  le  sont  aussi  par  les  magistrats  civils  :  la 
police  des  cultes  et  des  édifices  religieux  étant  réglemen- 
tée ordinairement  par  l'État,  ou  par  une  fraction  de 
l'Étal  qui  est  propriétaire,  il  est  naturel  que  les  déten- 
teurs de  la  puissance  publique  aient  qualité  pour  la 
faire  observer.  Dans  une  inscription  attique,  le  prêtre 
d'un  culte  de  dème,  celui  d'Apollon  Érithaséos,  fait  une 
proclamation  et  une  défense  en  son  nom,  au  nom  des 
déniotes  et  au  nom  du  peuple  d'Athènes  ^'^  ;  si  les  délin- 
quants qu'il  saisira  sont  esclaves,  il  pourra,  à  lui  seul, 
leur  faire  administrer  cinquante  coups  de  fouet;  mais  si 
ce  sont  des  hommes  libres,  il  devra,  pour  leur  infliger 
une  amende  de  30  drachmes,  s'entendre  avec  le  dé- 
marque; dans  l'un  et  l'autre  cas,  le  nom  du  délinquant 
sera  transmis  par  lui  à  la  boulé  et  à  l'archonte-roi  ;  le 


1  Exemples  :  plusieurs  pi-ôtres  siniiiUanés  d'.^rtémis  Ki^koia  k  Lioilos  {/user. 
gr.  XU.  1,  88!);  un  prélre  et  une  prcitresse  d  Arlémis  Hymnia  à  Orchomcuc 
d'Arcadie  iPaus.  Vlll.  iH,  1)  ;  un  prôlre  el  une  prêtresse  cliez  les  orgéons 
du  Pirée  (Michel,  Becueil  d'inscr.  '.I7H)  ;  etc.  —  '-  Lorsqu'un  prêtre  est  prêseutù 
comme  étant  à  la  fois  prêtre  de  plusieurs  dieux,  il  arrive  souvent  c|ue  ces 
dieux  soient  adorés  ensemble  dans  le  môme  sanctuaire  :  cf.  Dittenberger, 
Syllog^'i.  627  (...»«',  ^:.<,  iUuv  «sS»  to".  évT.niv'uv  ioi^y  Iifôit..  i  U'çiu;)  ;  Eç. 
'Afjr.   1892,  p.    20    (...   «al   Trây    (TU»»a9!iSjJïiïvuv    Bs™-,   iv    toï;    nioYlyoaiiillvoi;    'itp^lO  ; 

p.  tî  I...  >ul  T.ôv  iiu'/<aei.$DiiWv>o>  tv  TuT  Ti|iiivii  Si.T.v).  Diodorc  de  Sicile  dit 
uettement  que  la  multiplicité  des  prôtre;^  attacliés  à  un  même  sanctuaire 
n'était  pas  ordinaire  chez  les  (jrecs  (I,  73,  5).  Quebiuefois,  les  prêtres  ou  pré- 
Iresses  pouvaient  avoir  des  vicaires,  dont  le  choix  leur  appartenait  :  cf.  Dilteo- 
berger,  SyUogei  598  ((jsiéftta)  ;  7;i7  (ivôiEpEJ;).  —  3  A  la  basse  époque,  il  y  eut  en 
certains  pays  une  sorte  de  cwsus  honorum  sacerdotal  :  par  exemple  à  Stralonicée, 
où  les  prêtrises  de  Zeus  Clirysaor  et  de  Zeus  Pana  >  aros  étaient  la  préparation 
ordinaire  à  la  prêtrise  d'Hécate  {Bull.  corr.  heli.  .XI,  30  ;  XV,  170).  —  4  Martha, 
Sacurrloces  athéniens,  p.  U.  —5  pollux.  On.  I,  14  :  0\Sl  t.;.v  Js.r,-,  e.j«.»!uT(il  Ufiiî 
*-\.  Cf.  Martha,  0.  l.  p.  51  ;  Lcbas-poucarl,  /nscr.  du  Péloponnèse,  p.  213,  352  h  ; 
DM.  corr.  Ii-ll.  XIV,   p.    180.    —  6  Encmple  :   Michel,  Bec.  d'inscr.  a'  735,  I. 

130-132  :  ...  npovqoû^cvo;  dtça,:  <a;  xt  xal  yoT^^QU  i;pÉ7TovTo;  icoi^Sv  à|a'A{AÛTuv.  Cf.  Martba, 
O.  l.  p.  45-  49.  —  1  Exemple  ;   Uilteuberger,   Syllogei.  594  :  [Ivo,|ittv)  Si  t!,.  Ufi| 

xi,  .<■«  ,«;'  4i.,[oav-   i,;in,]»,aOK,  Si  «i-i,v  x.\  xiq  aTo,à[i  -S;  zb]tTOit   ' \wt.<i.Ti:d,^:  Ssu.; 

•«Ii=p[n  T,;].  —  8  Platon  (Leg.  p.  75S-7.S9)  rapproche  les  prêtres  des  astynomes  et 
autres  magistrats  de  police.  —  9  Exemple  :   Dittenberger,  5()8.  —  to  Ex.  :  Dilten- 


tout,  en  vertu  d'un  décret  de  la  boulé  et  du  peuple. 
2"  Fonctions  administratives.  —  A  l'origine,  le  prêtre 
administrait  la  fortune  de  son  dieu,  entretenaitetréparail 
les  édifices  sacrés,  conservait  les  offrandes,  affermait  ou 
faisait  valoir  les  immeubles,  gérait  les  capitaux".  Cet 
état  de  choses  subsiste  cà  et  là  dans  le  monde  grec,  à 
l'époque  classique  et  plus  tard'*.  Les  prêtres  sont  nommés 
dans  un  décret  attique  de  la  fin  du  v'  siècle  parmi  les 
personnes  qui  doivent  avoir  connaissance  des  prêts 
d'argent  consentis  par  les  trésors  des  temples".  Dans  un 
décret  du  dème  de  Myrrhinonte,  datant  du  iV  siècle,  il 
est  prescrit  aux  prêtres,  s'ils  prêtent  de  l'argent  sacré, 
de  le  prêter  sur  bonne  hypothèque,  et  de  placer  sur  le, 
fonds  hypothéqué  un  ô'po;  avec  le  nom  du  dieu  qui  a 
prêté-".  Le  prêtre  d'Asklépios  à  Athènes,  aux  iv'etiii"  siè- 
cles, reçoit  les  ex-voto,  dont  il  fait  remise  au  moment  où 
il  sort  de  charge-'  :  il  aide  à  en  dresser  l'inventaire"^-; 
lorsqu'on  procède  aune  refonte  partielle,  s'il  s'agit  d'une 
refonte  peu  importante,  peut-être  il  s'en  occupe  seuP'  ; 
nomme-t-on  une  commission,  il  figure  (de  droit,  à  ce 
qu'il  semble)  au  nombre  des  commissaires'-*.  De  même, 
en  pareille  circonstance,  le  prêtre  du  Héros  Médecin". 
A  Lindos,  dans  le  cours  du  ni"  siècle,  un  prêtre  d'Athéna 
est  chargé  de  payer  la  gravure  d'un  décret  rendu  en 
l'honneur  d'épistates-'^.  Dans  un  sanctuaire  de  Pergame, 
vers  la  fin  du  même  siècle,  le  prêtre  veille  sur  l'argen- 
terie el  autres  objets  précieux  ;  il  entretient  et  donne  à 
ferme  des  ÈpYaaTriÇ-.a  appartenant  au  dieu-'.  \  Uion, 
au  W  siècle,  un  prêtre  de  tous  les  dieux  fait  âx  toù  lEpoù 
àpyiiptou  un  don  de  15  000  drachmes  en  vue  de  la  célé- 
bration des  Panathénées  '-*  ;  etc.  Mais,  dans  le  domaine 
administratif,  la  compétence  sacerdotale  est  très  com- 
munément limitée  par  l'activité  d'autres  personnes  ^^ 
[pROSODOi].  Des  intendants  ou  trésoriers  des  dieux  (Tajxt'ai 
Tiûv  îepùv  ^pTijJLOtTtov,  UpOTaptiat,  l£pû[Ji.vYi[j.oveç,  UpaTrdXoi,  Upo- 
Tcoioi,  Upovofjioi,  lepip/a'.,  vEioTtoTai,  vaocpûAaxEç,  etc.)  exis- 
tèrent en  nombre  de  pays^";  ou  bien  la  comptabilité  des 
richesses  sacrées  fut  tenue  par  des  fonctionnaires  de 
l'État^'.  A  Athènes,  il  y  eut  un  collège  annuel  de  dixUptôv 
ÈTTKrxEuaaTa!^-,  et  un  ou  plusieurs  architectes  ètci  xi 
Upà^'.  Un  décret  de  284/3  nous  montre  la  prêtresse 
d'Aphrodite  Pandémos  faisant  faire  une  démarche 
auprès  de  la  boulé  et  du  peuple  pour  que  le  temple 
qu'elle  dessert  soit  mis  en  tenue  de  fête  le  jour  de  la 


berger,  053,  ligne  »3.  -  11  Herod.  V,  72;  VI,  81.  —  li  Dittenberger,  3S9,  1.  9  sq.  : 

'AvSiT.4  48i«it  iv-ol'.ioir  ;,  Un;  fi  SriiJiiTri;,  Ç^nioiiiu  0  Isptù;  [li/j.  lîi'vxt  8faxi»!"»»"f'"; 
,t'a.  —  13  Dittenberger,  594,  1.  24  sq.  :  'Eï.jWttoSai  Si  ««i  xi;;  lixoonîaî  x^î  >axi  xi 
•ut,iv  nàTT.î  xbv  Iijic.  xzl..  ;  Michel,  Bec.  d'inscr.  689.  1.  10-1 1  :  litini;»iÀiix«i  Si  «aï  xi|4 
x..i  »aoù  iû»o.T;.;a;.  -  It  Cf.  NEocoBos.  HiEiioiiui.i.  —  15  Ainsi  Ics  oacSuv-al  d'Olympic, 
soi-disant  descendants  de  Phidias,  qui  prenaient  soin  de  la  statue  de  Zeus  ;  à  Athènes 
les  Praxiergides,  ({ui  déshabillaient  l'image  d'Athi'na  Polias  au  moment  des  Plyn- 
téries  ;  les  Loutrides  et  les  Plyntrides,  qui  la  baignaient,  etc.  —  '6  Dittenberger, 
568.  —  "  Cf.  S«oboda,  Ucber  griech.  Schatzverwaltung,  dans  les  Wiener  Slu- 
dien,  XI,  p.  80  sq.  —  >»  Swoboda,  O.  l.  p.  80,  82.  —  '9  Dittenberger,  SI      àioj/.- 

viyio.  Si  x«  T«rf»l'H'"«  l">î  ■"  ^-mi  »«"'  I"»  ht.fo«o.o'i  xo',  if  x,î  Si'aK  oTSlv.  —  20  Michel, 
Bce.  150.  —  21  JnSCr.  gr.  Il,  833,  1.  74  :  TdSt  ip<.oiiaotSo,«tv  Ujsù;  'AaxÀrin.oî  x« 
àvax.et.ta  ie  U^-.tiS  ;  1.  78  :  TdSt  tçoomçiSu.cv  Ufti;  'A<n)iT,-,oi?.  —  22  Michel,  821, 
1.  7-8  :  T«ix«;  esii  i  'isfiù;  Ei;..«;S,i  •AX.i.ù-,  ii«'«aià;  iX.ai  ;  1.  3  :  -aixa;  Sit.  to^ 
iitoSoù.o:  i,o«-.;«  Mufj.ïoùo.oï.  —  23  Martha,  0.  l.  p.  109  et  n.  5.  —  21  Michel,  823. 
Cf.  Martha.  0.  L  p.  107.  —  2j  Michel,  687  ;  Jnscr.  gr.  11.  403,  404.  —  2'  Michel, 
435.  _  27  Dittenberger,  604.  —  2S  Michel,  731  ;  cf.  Swoboda,  Wiener  Si.  XI, 
p.  69-70.  —  29  Aristot.  Polil.  p.  1322  B,  I.  18  sq.  :  i'a<,  S'nSos  isii»Eli!«;  ii  ittol  ■'■'»5 
Cto-Jî,  oîov  UieTî  X£  m'i  iitifn'Ar.xa'i  xdv  ittf'i  xi  'iipi  xoù  ouiÇirin;  xt  xo  S;idf,ovx«  »al 
4»oç(oi;ii9ai  xà  îic'itxoyxa  xiv  oUoSoarijidxiuv  xaî  xSv  «XXiuï  Sia  xixaxiai  itobi  x-,ù;  SsoiJî. 
I:u|<.6ai'/ît  Si  xijï  én.nills.aï  xaixiiv  ivia-/.où   |»iï  e'v«i  (lîav,    oîoy  iv  xnï;  |»ixpat5   noltiti», 

!.[«;(•>■;  Si  iio'Uài  »«'.  x!/upi5|>£va;  -:f,i  uoiuaivr,;.  —  30  Swoboda,  Wiener  Stud. 
XI,  p.  82.  —  31  Swoboda,  /6.  —  32  Arisl.  'AS.  IIo».  iu,  1.  —  33  Michel,  087,  I. 
29-31).  Cf.  Martha,  O.  l.  p.  107. 


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—  93ti  — 


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grande  procession  ;  elce  sont  les  aslynomos  qui  reçoivent 
lacliarge  de  polir  les  autels,  d'enduire  de  poix  la  toiture, 
de  laver  les  statues'.  A  l'époque  impériale,  un  prêtre  d'As- 
klépios  sollicite  l'autorisation  de  réparer  l'Asklépieion  à 
ses  frais  -.  Quand  il  s'agit  de  fondre  des  ex-voto  apparte- 
nant à  Asklépios  ou  au  Héros  Médecin,  c'est  la  boulé  ou 
le  peuple  qui  décrète  l'opération  ;  au  prêtre  sont  adjoints, 
pour  en  surveiller  l'accomplissement,  le  stratège  ir.':  tv 
^rapadxsuT.v,  l'arcliilecte  èrti  ri  ispi,  des  aréopagites,  de 
simples  citoyens'.  A  Oropos.  en  pareil  cas.  le  prêtre 
d'Amphiaraos  ne  parait  jouer  aucun  rôle*.  La  location  des 
TJixÉvT,  rentre,  à  Athènes,  dans  les  attributions  de  l'ar- 
chonte basileus  '  ;  ailleurs,  nous  la  voyons  faite  par  des 
x-T,jiiT(ùvi!,  des  liiéropes,  des  agoranomes,  etc.  [prosodoi]. 
La  préparation  même  des  fêtes  religieuses,  des  sacrifices 
publics,  n'est  pas  ordinairement  laissée  aux  soins  des 
prêtres.  Tant(M  des  magistrats  civils  en  sont  chargés  : 
par  exemple,  à  Athènes,  le  basileus,  l'archonte,  le  polé- 
marque,  etc.  Tantôt  elle  est  confiée  à  des  commissions 
spéciales  :  'lEpoirotoî,  ÈitijxeÀTjTaî,  £in|XT|Vtoi,  'fioMvxi,  etc.'. 
C'est  tout  au  plus  si  nous  voyons  le  prêtre  présider  au 
choix  des  victimes  '. 

3°  Fonctions  liturgiques.  —  Ce  sont  celles  qui  distin- 
guent essentiellement  le  prêtre  des  autres  fonctionnaires 
sacrés.  En  général,  on  ne  célèbre  pas  dans  les  temples 
grecs  de  service  religieux  quotidien*.  11  arrive  que  le 
prêtre  soit  chargé  par  la  communauté  d'offrir  en  son 
nom  un  sacrifice  au  dieu  une  fois  par  an,  une  fois  par 
mois,  ou  plus  ':  en  dehors  de  ces  occasions,  il  ne  fait 
«(n'assister  ceux  qui,  à  intervalles  réguliers  ou  irré- 
guliers, à  titre  privé  ou  à  titre  public,  viennent  sacrifier 
dans  le  sanctuaire  ">.  Mais  alors,  quels  que  soient  les 
sacrifiants,  le  prêtre  doit  être  là  et  participer  au  sacri- 
fice". Si  les  textes  où  sa  coopération  est  stipulée, 
signalée,  ne  se  trouvent  qu'en  petit  nombre,  c'est  que 
la  chose  allait  de  soi  et  qu'elle  pouvait  être  sous- 
entendue'-.  Au  contraire,  la  faculté  de  se  passer  du 
prêtre,  étant  une  rareté,  méritait  qu'on  la  précisât  en 
termes  exprès,  et  elle  est  précisée  effectivement  dans 
plusieurs  règlements  religieux.  Cette  faculté  existait, 
par  exemple,  à  l'Ampharaion  d'Oropos,  mais  seulement 
quand  le  prêtre  était  absent,  et  s'il  s'agissait  de  sacri- 
fices offerts  par  des  particuliers";  à  Milel,  si  un  étran- 
ger voulait  sacrifier  dans  le  sanctuaire  d'Apollon,  il 
pouvait  prier  de  l'assister,  au  lieu  el  place  du  prêtre, 
n'importe  quel  Milésien  "  ;  à  Chios,  dans  un  sanctuaire 
d'Héraklès  appartenant  à    un  vivo;,   le  prêtre,    absent. 

«  Dillcnbergcr,  556.  —  2  Dilleoberger,  558.  —  3  Inscr.  gr.  Il,  8.16:  Michel, 
Rec.  «87;  IntCT.  gr.  Il,  403,  40*,  405  4.  —  l  Michel,  8Î7.  —  5  Arist.  -M. 
n«i.  4".  4.  —  6  A  Halicarnassi-,  ce  soot  les  fenimes  des  prytancs  en  fondions 
pendanl  le  moi»  dhdrakleios  qui  sont  chargées  de  préparer  le  sacrifice  à 
Arlémis  l-rgiia  (DiUenkergcr.  601).  —  1  Par  eien.ple  à  Cos,  lors  du  sacri- 
fice ollerl  en  Balroniios  à  Zeus  Polieus  (DlUenberger,  616).  -  »  L'offrande 
do  sacrifices  publics  .luolidiens  sur  lautel  de  Zeus  à  Olyrapie  csl  signalée 
par  Pausanias  (V.  13.  5)  comme  quelque  chose  dcxlraordinaire.  V  élail  préposé, 
â  l'époque  romaine,  un  fonclionnaire  spécial,  appelé  ««îr.^noSJx,:;  ;  cf.  DiLlcn- 
herger.  612.  n.  10.  -  ■•  Sch5mann.Lipsius,  Griech.  AUer'th.  I|i,  p.  435-456. 
-  '0  Une  inscriplion  de  Cos  nous  montre  un  prêlrc  veillant  à  ce  que  cerUines 
per.ounc5  onrcnl  régulièrement,  dans  le  sanctuaire  qu  il  dessert,  des  sacrifices  qui 
leur  sont  imposés  (Oittcnbcrger,  940).  -  il  Marllia,  O.  t.  p.  79.  -  12  piaion  le 
laisse  entendre  dans  ses  Lois,  où  il  erapruulc  beaucoup  de  disposilions  a  la  réalité 
qui  lentourait  :  Hobs  w  S,|»ia,.  Tt»  ti^.  „•,  «t,  UfiS,;  -.t  ..\  U,-.--,.-,  init^iV^^  xi 
«V.Tt.  ,;;  ir.,U  toit».  i.,K,i,i;  (909  D).  Nous  lisons  dans  le  règlement  d'un  sanc- 
tuaire de  Mén  Tvraanos  (Diltenbcrger,633)  :  Mr,e;ïa  «aaià^eiv  «„j  -«;  «aiiij 
ti  ;.ai..  —  13  Dittenbcrger,  589.  -  U  Oiltenbcrger,  627  :  'h,  -il,-  CJ^'^-lf-lx 
■A„iv»...  ,,„,,j^,.  ,:  i„;.  .-.  i. ,.!,.  ;  j;„.  (s„^  ,^  ^^^  -^  ^,or:,i,L,.  'cf. 
Frankcl.  Imchr.  von  Pergamon.  I,  p.  icf;  Ziehcn,  Mein.  Mus.  1904,  p.  401) 


peut  être  suppléé  par  un  de   ceux  wv  al  Xoy;/ai  EÏtriv  "■. 
Kn  quoi  consistait  l'intervention  nécessaire  du  prêtre 
dans  l'acte  du  sacrifice?  11  n'est  pas  douteux  que  fré- 
quemment il  maniait  lui-même  le  couteau,  qu'il  portait 
à  la  bête  le  coup  mortel,  lui  ouvrait  le  ventre  pour  eu 
arracher  les  entrailles,  la  dépouillait  et  la  dépeçait  en 
morceaux  :  des  passages  d'Kuripide'\  de  Plularque'\ 
de  Lucien",  le  rapprochement  plusieurs  fois  répété  du 
prêtre   avec   le    cuisinier",    nous   fournissent   de    sûrs 
témoignages.     Mais,     non    moins    certainement,   celte 
besogne  sanglante  pouvait  être  abandonnée  par  le  prêtre 
à  des  auxiliaires  ou  à  des   serviteurs.  Iphigénie,  dans 
Jphifjénie  en  Tauride,  se  défend  de  frapper  les  victimes  : 
"  le  soin  d'égorger  ((T^ày'.a)  »,  dit-elle,  «  regarde  d'autres 
personnes  »  "  ;  et,  à  la  question  d'Oreste  :  «  Femme,  tu 
immoles    loi-même    les    hommes   avec    l'épée?  »    elle 
répond  sans  ambiguité  :  «  Non  (où/.).  »-'.  Nous  connais- 
sons en  différents  pays  l'existence  de  fonctionnaires  qui 
portaient  le  nom  de  ^ûttiç  ou  UpoôÛTT,;  [hiérothytèSj  ;  ces 
fonctionnaires  durent  être,  au  moins  dans  quelques  cas, 
des  spécialistes  de  l'immolation,  distincts  des  prêtres  --. 
Il  en  fut  de  même,  selon  toute  vraisemblance,  de  plu- 
sieurs des  ui-j-eipot  que  nous  trouvons  mentionnés  çà  et 
là  dans  le  personnel  d'un  sanctuaire  [coouus]  ".  Laissons 
donc  de   côté  la  boucherie  et  la  cuisine  sacrées.  Les 
moments  du  sacrifice  où  le  prêtre  doit  agir  en  personne 
sont  au  nombre  de  deux-*  :  1"  Il  voue  la  victime  à  la 
mort,  il  la  consacre  et  commence  l'offrande.  C'est  ce  que 
veut  dire  Iphigénie  lorsqu'elle  déclare  :  xaT(xp;^o[xai  [aév, 
•75ixYta  o'iXXomv  [léXei.  On  trouvera  dans  l'article  sacri- 
FicnJM  le    détail    des    opérations    que   désigne    le    mol 
xaTap/ûftat.  2"  Il  prononce    la  prière  qui    accompagne 
l'oblation.  Témoin  ce  paragraphe  du  règlement  d'Oro- 
pos-' :  KaT£Ù/s<î8ai  oè  tiûv  t'epwv  xa'i  êirt  xbv  flwjibv  èriTiÔstv, 
oTav  ■Kv.ov.y  Tov  l'spéa;  ou  bien  encore  la  question  que  les 
fiivTEti;  ituôixoi,  dans  Andromaque'^ .  posent  à  Néopto- 
lème  :  w  veavia,  t(  iTot  6sw!  xaTeu;6pL£(T9a  ^'. 

Ici  et  là,  l'intervention  sacerdotale  a  pour  objet 
d'assurer,  par  l'observance  des  formalités  imposées,  la 
valeur  et  l'efficacité  du  sacrifice.  Le  prêtre  grec  est  le 
conservateur  des  rites,  une  espèce  de  vojxoipùXa^'^*.  Ses 
fonctions  proprement  religieuses  ne  vont  pas  au  delà  : 
il  ne  prêche  pas  el  il  n'enseigne  rien. 

III.    Conditions    requise.'!   pour    être   prêtre.    Dési- 
gnation des  prêtres.  Durée  des  fonctions  sacerdotales. 
Parmi  les  conditions  physiques  requises  pour  l'exer- 
cice du  sacerdoce,  la  plus  commune  est  celle  qu'expri- 


—  1j  Dittenberger.  627  '«jo,ej,;tsjtti.  ;  cf.  FrSnkel,  L.  I.).  —  16  Uerc.  Fur.  v.  451- 
45Ï  (t:ç  îeçe-jç  ;  ttt,  «sareù;...  n...  çoveûî ;).  —  1"  Non  posse  suav.  viv.  sec. 
Epie.    ît.  p.   1102  C  (tut  Upsi  «rrdtto.t.).  —  1»  De  sacrif.    13  [i  Si  Ujeùt  «Otb; 

îimi.e.    V'i»«Tl«s.«î   »ti.y  —    19   P.  en.    Plul.   /..   (.   —    20  Iph.  T.  40-41.   —    21    /fciV. 

651-622.  —  '.S  Je  pense  i  des  liiérothytes  comme  celui  d'Aléa  (Michel,  Recueil, 
695),  comme  celui  de  Thyrreuni  (Michel,  865).  ou  comme  ceuv  de  Messène  (Boeckli, 
Corpus,  1297).  Une  inscription  de  Magnésie  du  Méandre  mentionne  un  6ùti.,;  au 
service  de  l'État  (Dittenberger,  553:  la'itoiï  XiitoufYoù.To;  eOtou  t>it  liiti)  ;  nne 
inscription  de  Mytilène,  un  fT.v  tî};  «ô''e<,>;  W^z.^  Rçodûta;  {Inscr.  gr.  XII.  2, 
484).  Un  «ytT.;  figure  dans  uo  catalogue  de  fonctionnaires  religieux  provenant 
de  Rhégium  :  Inscr.  gr.  XIV,  617.  -  23  Cf.  Athen.  Mittheil.  XIX,  p.  43;  Oilten- 
bcrger, 140.  note  23.  —  21  Marlha,  O.  /.  p.  82  et  84-86.  —  25  Dittenber- 
ger. 589.  —  26  Androm.  1104-1105.  —  2"  Les  hérauts  ou  hérauts  sacrés 
(U3oxr,p-j«E;)  que  nous  voyons  parfois  prononcer  des  prières  publiques  (cf.  Ditlen- 
herger,  552,  553  ;  Inscr.  gr.  Il,  57  b  :  Aeschin.  C.  Tim.  Ï3  ;  Thuc.  VI,  32  ; 
Atli.  149  E;  etc.)  ne  le  font  ordinairement  que  si  l'acte  religieux  s'accomplit 
en  dehors  d'un  sanctuaire  'priARcu];  s'ils  le  faisaient  dans  un  sanctuaire,  ils  se 
bornaient,  je  pense,  à  répéter  plus  haut  les  paroles  qu'avait  dites  le  prêtre. 
—   2«  Cf.    Plat.  Leg.  800    A  (,o^«çil«i-;  te  ..l  Itjt.a.  ..',  Uf.n)  ;  877   0  (i».ti 


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937 


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ment  les  mots  àçîXr,?,  Oyiviç,  ôXôxXripoç  :  les  minisires  des 
dieux  doivent  être  exempts  de  tares  et  d'infirmités 
corporelles  '.  11  arrive  même  qu'on  exige  d'eux  Ja 
beauté-.  Ils  doivent  appartenir,  suivant  les  sanctuaires, 
à  l'un  ou  à  l'autre  sexe  '.  Des  prêtresses  paraissent 
avoir  été  affectées  de  préférence  au  service  des  divinités 
féminines;  mais  il  s'en  faut  de  beaucoup  que  cette  règle 
soit  absolue*.  D'ailleurs,  il  n'est  pas  sans  exemple  que, 
dans  un  même  sanctuaire,  coexistent  prêtre  et  prê- 
tresse '.  Les  conditions  d'âge  sont  extrêmemeni 
variables.  Les  règles  que  Platon  et  Aristote  ont  pro- 
posées dans  leurs  ouvrages  théoriques",  —  choisir  les 
prêtres  et  prêtresses  parmi  les  personnes  qui  ont  atteint 
la;  soixantaine,  parmi  ceux  qui,  à  cause  de  leur  âge,  ont 
renoncé  à  la  vie  active,  —  n'étaient  pas  observées  dans  la 
réalité.  Un  proverbe  fameux  ('épva  vswv,  pouXat  oà  jAsawv, 
BÙyoÀ  3à  Y£?ovT(uv)  semble  bien  indiquer  qu'aux  yeux  des 
Orecs  les  hommes  âgés,  ou  tout  au  moins  entrés  dans  la 
période  de  la  maturité,  étaient  les  mieux  qualifiés  pour 
la  prêtrise";  mais  auteurs  et  inscriptions  nous  parlent 
de  prêtres  enfants',  qui  quittent  leur  emploi  dès  que  la 
barbe  leur  pousse',  de  prêtresses  qui  ne  sont  pas  encore 
nubiles'";  des  règlements  stipulent  qu'un  prêtre  d'Asklé- 
pios  et  Hygieia,  à  Cos,  n'aura  pas  moins  de  quatorze 
ans"  ;  une  prêtresse  de  Dionysos,  à  Cos  également,  pas 
moins  de  dix  '-.  Enfin,  une  condition  physique  exigée  de 
certaines  prêtresses  était  la  virginité  '^  ;  ou  bien,  elles  de- 
vaient n'avoir  eu  de  commerce  qu'avec  un  seul  homme  ". 
Socialement,  le  prêtre  devait  être  membre  de  la  com- 
munauté à  laquelle  le  culte  appartenait;  s'il  s'agissait 
d'un  culte  de  l'État,  il  devait,  en  règle  générale,  être 
citoyen,  et  citoyen  épitime  [atimia]  '^  On  exigeait  même 
(}uelquefois  que  ses  ascendants  eussent  été  citoyens 
avant  lui.  A  Athènes,  le  naturalisé  ou  87)fjioTCûiT|To;  ne 
pouvait  exercer  aucune  prêtrise;  ses  fils  seulement  le 
pouvaient,  s'ils  étaient  nés  postérieurement  à  la  natura- 
lisation de  leur  père,  d'un  légitime  mariage  avec  une 
citoyenne  '".  A  Halicarnasse,  il  était  de  règle  que  la  pré- 
tresse d'Artémis  Pergaia  fût  citoyenne  I-kX  Tpeïç  yevsâç, 
en  ligne  paternelle  et  en  ligne  maternelle".  Il  fallait, 
d'autre  part,  que  le  prêtre  eût  bonne  réputation,  et  qu'il 
fût  d'une  famille  estimée";  dans  les  états  aristocratiques, 
les  sacerdoces  furent  sans  doute  réservés  assez  souvent 


I  Plal.  O.  c.  759  /;  Anaiandnd.  fr.  :)»  Kock  (=  Atli.  3au  A),  v.  10-11;  Etym 
m.  s.  v.  à=E>.r,î  ;  Dittenberger,  50't,  1.  9-10;  598,  1.  9;  etc.  Les  prûtres  eunuques 
i{ui  ont  desservi  çà  et  là  en  pays  grec  les  cultes  de  certains  dieux,  parfois  dans 
des  sanctuaires  publics  (ainsi  dans  le  sanctuaire  d'Arl(?niis  à  Ephèse),  étaient 
d'institution  orientale  et  recrutas  parmi  les  étrangers.  —  2  Cf.  Fausau.  VU,  24,  t  (a 
Aiglon)  ;  IX,  10,  4  (à  Tbèbes)  ;  l'olyaen.  Strateg.  VIII,  59  (à  Pellène).  —  3  Héro- 
dote signale,  comme  contraire  aux  habitudes  grecques,  qu'en  Egypte  tous  les 
prêtres,  prôtres  de  dieux  ou  de  déesses,  doivent  appartenir  au  sexe  fort  (II,  35). 
—  »  Cf.  Pans.  11,  33,  3  (prétresse  de  Poséidon  i  Calaune)  ;  l.\,  27,  5  (d'HérakIés 
à  Thespies);  Inscr.  gr.  III,  313  (d'Hélios  à  Athènes);  Bull,  de  corr.  hetl.  IV, 
p.  399  (des  Corybaules  à  Halicarnasse)  ;  Dittenberger,  598  (de  Dionysos  à  (Jos) 
Paus.  VIII,  47,  4  (prêtre  dAtliéna  Poliatis  à  Tégée);  etc.  -  li  Cf.  Pans.  VIII. 
13,  !  (sanctuaire  d'Artémis  Hymnia  à  Orchomène).  Au  coutraire.  l'alternance  de 
prêtres  et  de  prêtresses  desservant  un  même  culte  est  chose  extrêmement  rare  ; 
elle  s'expli(|ue  sans  doute  par  la  nécessité  de  ne  préposer  â  ce  culte  que  des 
membres  d'une  certaine  famille  (Frankel,  îvschr.  von  Perfjamon,  commentaire  du 
n»  3kO).  -  6  Plat.  Le(j.  759  D;  Arist.  Polit.  1329  A,  1.  3i-34.  —  7  Pour  l'hiéro 
pliante  d'ivlcusis,  cf.  Arrian.  Diss.  Epict.  III,  il  ;  Foucart,  Les  grands  mystères 
d'Eleusis,  p.  23.  On  préférait  surtout  une  personne  d'âge  lorsque  prêtre  ou  prê- 
tresse était  tenu  à  la  continence;  cf.  Plut.  De  Pyth.  orac.  20  ;  Paus.  VI,  20,  2 
VIII,  3,  8.—  8  Paus.  VIII,  47,  2  (Tégée);  X,  34,  4  (Élatée)  ;  Bull,  de  corr.  helt. 
XII,  p.  89  ;  XV,  p.  7ii  (sanctuaire  de  Zeus  l'anatnaros)  ;  etc.  —  9  Paus.  Vil,  24,  2 
(Aigion).  —  <0  Paus.  Il,  33,  2(Calauric);  Vil,  26,  3  (Aigire);  cic.  —  H  Paton-Hicks, 
/mer.  0/ Aos,  n»  30.  —  12  Dittenberger,  598.  —  13  Ainsi,  —  sans  parlt-r  des  prêtresses 
impubères  dont  il  était  question  précédemment,  —  de  la  prêtresse  d'Aphrodite  à 
Sicyone  (Paus.  H,  10,  4)  ,  de  la  prétresse  d'Héraklès  à  Thespies  (Paus.  IX,  il,  :i) 

VIII. 


aux  citoyens  des  classes  dirigeantes  ;  Aristote  en  interdit 
l'accès,  dans  sa  république  idéale,  aux  cultivateurs  et  aux 
artisans  ";  à  Chalcédoine,  le  sacerdoce  d'Asklépios  ne  peut 
être  exercé  que  par  un  citoyen ojt  8a|jto(Tt&pYiaç  ^>.i[-:eaz{]'"'. 
Mais  surtout  il  arriva  en  tout  pays  que  les  desservants 
de  certains  cultes  fussent  tirés,  exclusivement,  de 
familles  déterminées  ;  ils  étaient  alors  prêtres  xoiTà 
yévoç,  Stx  -cÉvouç,  et  les  sacerdoces  qu'ils  détenaient 
s'appelaient  TtotTptat  lepcouûvat  ^'.  Ainsi,  dans  la  démocra- 
tique Athènes,  les  Étéoboutades  avaient  le  monopole  de 
fournir  le  prêtre  de  Poséidon  Érechlheus  et  la  prêtresse 
d'Alhéna  Polias  ;  les  Thaulonides,  le  prêtre  de  Zeus 
Polieus;  les  Eumolpides,  l'hiérophante  d'Eleusis;  les 
Kéryces,  le  dadouque  ;  les  Philléides,  la  prêtresse  de 
Déméter  et  Koré;etc.--.  Un  pareil  monopole  pouvait  tenir 
à  diverses  raisons.  Parfois  la  famille  qui  le  possédait 
était  censée  descendre  du  dieu  même  :  ainsi,  à  Halicar- 
nasse, les  prêtres  de  Poséidon  Isthmios  avaient  pour 
ancêtre  mythique  et  pour  premier  prédécesseur  Télamon, 
fils  de  Poséidon  -';  en  Laconie,  à  l'époque  impériale,  des 
prêtres  xaxà  '(évoq  sont  désignés  par  des  numéros  d'ordre 
à  partir  d'Héraklès  ou  des  Dioscures  ou  de  Poséidon  *\ 
et  l'un  d'eux  est  appelé  nettement  Upeùç  xaî  àuo-yovoç 
lloatôavo;^''.  Ou  bien  il  s'agit  d'un  culte  qui,  d'abord, 
appartenait  à  un  groupe  de  fnmilles,  et  qui  est  devenu 
culte  d'État;  les  familles  autrefois  propriétaires  ont 
retenu  le  droit  de  fournir  les  ministres ^'^.  Ou  bien  le 
culte  en  question  a  été  importé  dans  le  pays  par  un 
membre  de  la  famille  :  un  certain  Archias,  ayant  été 
guéri  par  Asklépios  à  Épidaure,  avait  introduit  le  culte 
du  dieu  à  Pergame-';  ses  descendants  restèrent  investis 
à  jamais  du  sacerdoce  dans  l'Asklépieionpergaménien**. 
Ou  bien  quelqu'un  de  la  famille  a  rendu  au  sanctuaire 
des  services  signalés  :  ayant  réparé  à  ses  frais  un 
temple  d'Apollon  à  Gythion,  au  n'^  siècle,  un  nommé 
Philémon  reçut  pour  lui  et  sa  race  la  prêtrise  perpé- 
tuelle du  dieu^'. 

Nous  ne  voyons  pas  qu'on  ait  jamais  exigé  des  candi- 
dats au  sacerdoce  des  connaissances  spéciales  et  une 
compétence  préalable.  Un  passage  d'Isocrate  prouve  an 
contraire  que  les  fonctions  sacerdotales  passaient  pour 
des  fonctions  peu  difficiles,  à  la  portée  de  tous  ^".  Chaque 
sanctuaire  devait  posséder  un  rituel  détaillé,  gniue  auquel 


—  I'.  Ainsi,  la  prêtresse  de  Gé  à  Boura  (Paus.  VU,  23.  8).  D'après  Seevius{.id  Aenri,' 
IV,  19),  les  femmes  mariées  plus  d'une  fois  auraient  été  couramment  exclues  des  sacii- 
doces.  —  «5  Plat.  Leg.  739  C  (i,iTo.  ni.  ad«l.ipo/  vu  Tvr.er.o.)  ;  cf.  Martha,  .S',..- 
atli.  p.  24-25.  Dans  une  inscription  de  Cos,  qui  est  le  règlement  d'une  associîttiu.i 
religieuse  (Dittenberger,  734),  nous  lisons,  I.  144  sq.  ;  Sv  Se  t\i  voe-jç  wv  ^^[iOJeÎî 
Y.u,9Y,r  |.£Ti,.a.  ^S.  ;ijS[v,  v]rt  lli^^  «Itut  i^iri^s,.  |U]?»au«J..  —  <6  |  Dem.]  C.  Neaer. 
92.  -  17  Dittenberger,  601.  —  18  Cf.  Plat.  Leg.  759  C.  (a,;  5t.  iiiA.at.  U  .»6a- 
^Euouffùv  olxT)(reuv).  Un  client  de  Démosthèue  dit  do  lui-même  :  tîooé.o'Bïiv  êv  xot; 

EtiYevECTTtttoiç  nî^r.çotïffOat  Tîl;  tEowawvifiç  twT  'HpaxAEÏ  (c.  Exiboui.,  §  46);  un  pcrson 
nage  du  comique  Posidippe,  parlant  d'une  réception  entre  gens  de  la  bonne  sociéb'-, 
s'exprime  ainsi  :  o  &tS.-.ù;  tTnçav^iî,  Êitiçavr,^  o  /«[AÔàvwv*  -toûtwv  ^uvaïJiEî  ÎÉpEiKi  6£alf,  Oehï 
(fr.  26  K-Ock,  V.  20-211.  A  Pellène,  les  prêtres  d'Artémis  Sotcira  sont  choisis  x«tà 
Sd-a.  Yivouî  (Paus.  VII,  27,  i).  —  19  Polit.  1329  A,  1.  28-29.  —  20  Dittenberger,  59'., 
1.  10.  —  21  Plat.  Leg.  759  B.  Des  expressions  comme  Iejeù;  è;  Ujiuv,  iî  ÎEfE'uv 
xa',  TîooYÔvwv,  ix  TCttTÉùwv  lEfEû;,  ne  font  pas  toujours  allusion  à  uu  privilège  de  nais- 
sance, mais  constatent  simplement  un  fait  :  le  retour  fréqueut  des  mêmes  houucurs 
dans  certaines  familles  distinguées  [Bull,  de  corr.  hetl.  XV,  p.  170;  lleller,  De 
Cariae  Lydiaeque  sacerdotibus,  p.  222).  —  2'2  Cf.  Bossier,  /Je  gevtibus  et  furniliis 
Atticae  sacerdotatibus  ;  Tôpffer,  Attische  Généalogie  ;  et,  pour  les  s.icerduces 
èlousinieus,  Foucart,   Les   grands  mystères  d'Eleusis  .   —  23  Dittenberger,  OOk 

—  2'.  Boeckh,  Corpus,  1353,  1340,  1355,  1349.  —  2S  Boeckb,  Corpus,  1374.  -  '.iO  Cf. 
Martha,  0.  (.  p.  16-18.  -  27  Paus.  Il,  26,  7.  —  28  Dittenberger,  592.  —  29  Michel, 
183.  Nous  voyous  aussi  quelquefois  des  sacerdoces  héréditaires  obtenus  oi  solli- 
cités  en  récompense  de  services  rendus  â  la  communauté  ;  ainsi  Hcrod.  III, 
142  :  Parocmiographi.  I,  p.  402  ("EiiSafd;  t!ni)  ;  etc.  —  30  Nicocl.  <>    :  •.,.■>  S«!r,'«.'»v 


118 


SAC  - 

le  prêtre  nouveau  se  mellail  rapidement  on  état  de  rem- 
plir les  devoirs  de  sa  ciiargc  '. 

Au  reste,  beaucoup  de  prêtres  n'exerçaient  la  prêtrise 
que  durant  peu  de  temps.  Dans  les  cités  grecques,  le 
prêtre  était  assimilé  aux  magistrats';  et,  comme  les 
magistrats,  il  était  le  plus  souvent  annuel.  Toutefois, 
j\  côté  des  prêtres  annuels,  existèrent  constamment, 
surtout  pour  les  Tziioixi  Upiosùvai,  des  prêtres  nommés 
i\  vie  (Sià  piou)  ^  D'autres  étaient  nommés  pour  un  temps 
incertain  :  ceux,  par  exemple,  ou  celles  qui  devaient 
résigner  leurs  fonctions  au  moment  de  la  puberté  ',  ou 
bien  en  se  mariant»,  ou  bien,  comme  les  prêtres  de 
Messène',  lorsqu'ils  perdaient  un  enfant.  Enfin,  il  y 
en  eut  cà  et  là  qui  demeuraient  en  charge  un  nombre 
d'années  déterminé  :  deux  ans",  quatre  ans', cinq  ans^ 
dix  ans'",  etc.";  cela  se  produisait  surtout  quand  le 
culte  du  dieu  comportait,  à  des  intervalles  réguliers,  le 
retour  d'une  fête  périodique.  Ajoutons  qu'en  beaucoup  de 
pays  le  même  homme  pouvait  exercer  plusieurs  fois  en 
sa  vie  le  même  sacerdoce  temporaire'-. 

Comment  les  prêtres  étaient-ils  désignés?  Pour  les 
sacerdoces  patrimoniaux  (TraTpiat  Usuaûvai),  la  règle  de 
succession  parait  avoir  varié  d'une  famille  à  une  autre  ; 
et  il  est  rare  qu'on  puisse  la  discerner.  A  Halicarnasse, 
parmi  les  descendants  deTélamon,  tous  les  frères,  semble- 
t-il,  étaient  appelés  à  se  succéder,  du  plus  âgé  au  plus 
jeune;  ensuite,  tous  les  fils  du  frère  aîné,  par  rang  d'âge; 
tous  les  fils  du  frère  cadet,  par  rang  d'âge;  et  ainsi  de 
suite;  à  la  troisième  génération,  tous  les  fils  du  fils  aine 
du  frère  aîné,  par  rang  d'âge  ;  tous  les  fils  du  fils  cadet  du 
frère  aîné,  par  rang  d'âge;  etc.;  il  va  de  soi  que  sou- 
vent un  membre  de  la  famille  mourait  avant  d'avoir  eu 
l'occasion  d'exercer  la  prêtrise  '^  A  Halicarnasse  égale- 
ment, un  certain  Posidonios,  ayant  institué  un  culte  fami- 
lial, décide  par  testament  que  le  prêtre  sera  toujours  le 
plusâgé  de  ses  descendants  en  ligne  masculine  '*.  A  Théra, 
une  femme  qui  na  qu'une  fille,  Épictéla.  décide,  en  de 
l)areilles  circonstances,  que  le  sacerdoce  domestique  des 
Muses  et  des  Héros  appartiendra  toujours  au  descen- 
dant le  plusâgé  de  sa  fille'».  D'autres  fois,  un  tirage  au 
sort  décidait  entre  ceux  des  membres  de  la  famille  qui 
posaient  leur  candidature:  c'est  ce  qui  se  passait  à 
.\tliènes,  dans  la  famille  des  Étéoboutades,  pour  la  prê- 
trise de  Poséidon"^;  dans  la  famille  des  Kumolpides, 
pour  riiiérophantat ''. 

1  Cf.  Slartba,  n.  l.  p.  iS-i9.  —  2  Arislote  {Polil.  IS99  A,  I.  17  sq.)  réprouve 
celle  assimilalioD,  mais  de  maDicre  à  laisser  entendre  qu'elle  élait  communèuient 
.admise.  Cf.  Martha,  O.  l.  p.  6  et  noie  l.  —  3  Variantes;  ÎEpiù;  èjîÎ  C<"^;  (Dilten- 
Uergcr.  595.  COI);  Uçeù;  he/çî  ?îo-j  (Dittenberçer,  603);  cxaTô;  îtoEJ;,  înscr.  gr. 
\[l.  I,  780.  —  i  Paus.  Vil,  2i,  a  ;  26,  3.  —  s  ("ans.  Vil,  19,  1.  —  6  Paus.  IV, 
lî,  4.  —  1   Inschr.  ron  Pergamon,  a"  107  et  525  (culle  J'Atliéna  Niképhoios). 

—  8  Bull.  corr.  hcll.  Vil,  p.  203  (Altalie,  culle  des  Empereurs);  Paus.  Il,  14,  1 
(Plilioiilc,  culte  do  Déméter).  —  3  Paus.  X,  34,  4  (Élalée,  culte  d'Athéna  Kranaia). 

—  ïO  [Jiltenberger,  645  (Miuoa  d'Amorgos,  culle  de  la  Mère  des  Dieux),  I.  17  ; 
•  t^atixu  ï-rt  SÉ»a  iv  ^ojX»iTai.  —  H  Le  prôlre  d'Atbi^na  Lindia  qui  est  demeuré  en 
charge  treize  mois  {/nser.  gr.  XII.  1,  832i  était  un  prêtre  annuel;  il  avait 
exercé  le  sacerdoce  pendant  une  année  intercalaire  ;  cf.  Diltenberger,  De  sacris 
nhodiorum  commenlalio  altéra  (Halle,  ISST),  p.  V.  —  12  Par  exemple,  à 
Slralouicéc,  le  sacerdoce  d'tlécale  [BuU.  corr.  heil.  XI,  p.  31-35),  le  sacerdoce 
.le  Zeus  l'anamaros  [Bull.  corr.  hell.  XV.  p.  109).  En  pareil  cas,  il  était,  serable- 
I  il,  exceptionnel  que  te  prêtre  fût  maintenu  dans  ses  fonctions  pendant  deux 
pjriodes    consécutives    {Uull.    corr.    hell.   XI,  p.   34).  —   13    Diltenberger,    608. 

—  H  Diltenberger,  041;  cf.  Uermes.  XX,  p.  23,  n.  2.  —  13  Michel,  1001  ; 
cf.  Hermo,  L.  l.  —  <c  |Plul.)  Vit.  .\  orat..  Jyc.  39.  —  17  Scb.  Palm,  dans 
le  Bull.  corr.  hell.  1,  p.  52;  cf.  Foucart,  Les  grande  mystères  d'Eleusis, 
|i.  2»-2:i.  —  1»  Cf.  Arisl.  Polit.  1299  A,  l.  10-18.  —  19  Boeckb,  Corpus,  2884; 
Inscr.  gr.  XII.  3,  178;  cf.  Plat.  Leg.  759  C.  —  20  Dem.  C.  Eubul.  40.  Dans  le 
décret  de  Uélos  (Michel,  103),  je  doute  qu'il  y  ait  une  allusion  à  ce  mode  de  dési- 
gnation mi.xte.   Après  loJ  S^^9u,  à  la  ligue  19,  je  pense  qu'il  faut  suppléer  Uçe:; 


938 


SAC 


Les  sacerdoces  ordinaires  étaient  attribués  le  plus  sou- 
vent par  l'élection  ou  par  le  tirage  au  sort".  Ce  second 
mode  de  désignation  semblait  particulièrement  conve- 
nable, parce  qu'il  permettait  à  la  divinité  de  choisir  elle- 
même  son  ministre  '^  D'ailleurs,  les  deux  modes  pou- 
vaient, à  ce  qu'il  semble,  se  combiner  :  dans  le  dème 
d'Ilalimonte,  le  prêtre  d'Héraklès  était  tiré  au  sort  parmi 
un  certain  nombre  de  candidats  que  les  démotes  avaient 
préalablement  choisis-".  En  tout  cas,  désignés  par  le 
sort  aussi  bien  que  nommés  à  l'élection,  les  prêtres, 
avant  d'entrer  en  charge,  subissaient  une  dokimasie'-". 
Exceptionnellement,  la  préférence  divine  pouvait  se 
manifester  autrement  que  par  le  tirage  au  sort:  ainsi, 
par  la  voix  d'un  oracle--.  Ou  bien,  à  l'élection  par  le 
peuple,  se  substitue,  dans  les  états  monarchiques,  la 
nomination  par  le  prince-^'. 

En  .\sie  Mineure,  dans  les  îles  et  dans  les  colonies  du 
Pont-Euxin",  à  partir  de  l'époque  d'Alexandre^»,  les 
sacerdoces  s'achetèrent  "^  On  en  achetait  même,  parfois, 
la  survivance'-'.  D'autres  fois,  on  achetait  pour  autrui  : 
un  père  pour  son  fils-*,  le  kyrios  d'une  femme  pour  sa 
pupille  ".  A  Erythrée,  un  prêtre  pouvait  acheter  d'avance, 
pour  son  fils,  sa  propre  succession^".  A  Halicarnasse,  le 
sacerdoce  d'Artémis  Pergaia  pouvait  être  acheté  par  un 
homme,  à  charge  pour  l'acquéreur  de  fournir  une  prê- 
tresse qui  en  exercerait  lesfonctions^'.  Une  inscription  de 
Cos  montre  l'achat  combiné  avec  le  tirage  au  sort  :  la  prê- 
tresse de  Démêler  était  choisie  par  le  sort  entre  les  candi- 
dates qui  s'étaient  engagées  à  payer  un  prix  déterminé  '-. 
H  va  de  soi  que  prêtres  et  prêtresses  tirant  leur  droit  d'un 
achat  devaient  satisfaire  d'autre  part  à  des  conditions 
d'âge,  de  sexe,  etc..  qui  variaient  avec  les  sacerdoces. 

Rappelons  enfin  que,  dans  des  inscriptions  d'Asie 
Mineure  postérieures  à  la  période  classique,  des  prêtres 
sont  qualifiés  ainsi  :  UoeÙ;  èï  £7raYY£^i'aç,  iepsùç  èitiYYeiXîjjLe- 
voç^^  Il  s'agit  alors  de  sacerdoces  qui  obligeaient  à 
de  grosses  dépenses  (cf.  ci-dessous,  §  V)  ;  le  prêtre  é^ 
ÈiraYYeXîa;  doit  être  celui  qui  s'est  offert  spontanément. 

L'entrée  en  fonctions  des  prêtres  nouvellement  dési- 
gnés, surtout  des  prêtres  à  vie,  parait  s'être  faite  avec 
une  certaine  solennité.  Peut-être  les  poèmes  de  Pindare 
appelés  Èv9povi(jfj.oi  furent-ils  composés  pour  des  fêtes 
d'intronisation-".  Des  inscriptions attiques  mentionnent 
des  sacrifices  nommés  £l<iiTT,T-r|pia,  que  les  prêtres  offraient, 
comme  les.  magistrats,  au  moment  où  ils  entraient  en 

T-v  mtaïu.  8i.-.v.  —  21  Plat.  Leg.  759  C  :  So»,|iiÇ!,»  Si  to.  4t'i  li.;ià«-,vt«. 
Cf.  Martha,  0.  /.  p.  39  sq.  —  22  Dillenberger,  .'590  ;  toJ  îi^oa  t-,;;  'Ae,-,»;..!. 
Sôv[to;  i'-pia  Jvai]  toff  'AT»Xr|iïic.j  jtaTà  -r.v  [jiav|  TEÎav]  ;  les  circonstances  étaient,  d'ail- 
leurs, assez  particulières.  On  rencontre  dans  des  inscriptions  la  formule  îtpeù;  xaî» 
Tijv  TQî  6eo-j  {loy'Aïi-ir.,  dout  la  valcur  n'apparaît  pas  neltemcut  (cf.  Bull,  de  corr. 
hell.  XV,  p.  171).  —  -23  Exemples  :  Michel,  4l',;  735,  1.  124.  —  21  A  Erythrée,  Dilten- 
berger, 000  ;  à  Chios,  Diltenberger,  599  :  à  Magnésie  du  Méandre,  Diltenberger,  5ï4  : 
peut-être  à  Priènc,  fîref^mser.i.i  the  British  .Wus.  III  1,420;  à  Cos,  Diltenberger. 
591,  597,  59S,  021  ;  Paton-Hicks,  Inscr.  of  Cos,  29,  30  ;  flerzog,  Koisclie  Forsch. 
ii«  10;  à  Halicarnasse,  Diltenberger,  601  ;  à  Kasossos,  Sitzungsberichtede  Vienne, 
1894-1895,  p.  23  ;  à  Andros  ou  à  Mykonos,  l.ebis,  1799,  2059  ;  à  Chalcéuoine,  Dilten- 
berger, 59t,  595.  596;  à  Torai,  Michel,  704.  —  25  L'inscription  de  Chios,  —  la  plus 
ancienne,  —  est  de  la  tin  du  iv*  siècle.  Dans  l'inscription  de  Cos,  Dill.  591,  du  m*  siè- 
cle, il  s'agit  d'une  innovation.  Probablement  aussi  dans  celle  de  Tomi,  qui  n'est  pas 
antérieure  au  m"  siècle.  —  '26  Voir  sur  celte  question  :  Anlhes,  De  emptione  vcn- 
ditione  Graecorum  quaest.  epigr.  Diss.  Leipzig.  1SS5;  Herbreclit,  De  sacerdotii  aj>. 
Graecos  emptione  vendttione.  Dissert.  Argentoratenses,  X,  p.  1-56;  Lehmann, 
Quaest.  sacerdotales,  Konigsberg,  188S;  Huiler,  De  Cariae  Lgdia^gue  saccrd. 
p.  223  sq.  ;  Bischoir.  Jllivtn.  .Vus.  1899,  p.  9  sq.  —  27  C'esl  à  quoi  font  allusion,  dans 
l'inscripiiou  d'Érjtbrée,  les  verbes  tTiiTîiiîpâaituv.  l^nrw'AE-.v.  —  28  Dillenberger,  5:>4. 
—  •29  Dillenberger,  591.  —  30  C'est  l'opération  de  la  Smii^Tust;.  —  31  Dittenbergci-, 
col.  — 32  Dillenberger,  591.  —  3-Cf.  Lebas-Waddington,  253,  251  (lasos);  Newton, 
Halicarnass.  n"  97  ;  Bull.  corr.  hell.  V,  p.  186,  190  ;  XI,  p.  30,  138  (Lagina)  ;  XH, 
p.  170  (temple  de  Zeus  Panamaros)  ;  etc.  —  34  Cf.  Diltenberger,  Bermes,  XXVI,  175, 


SAC 


—  939 


SAC 


charge  '.  A  Cos -,  à  Amo^gos^  à  Pergame',  à  Clialcé- 
(loine\  des  cérémonies  avaient  lieu  que  nous  trouvons 
désignées    par  ces   mots:    TeXôTv,   xaTaiitivoeiv,    àvartOéva'. 

IV.  Titres,  costume,  régime  de  rie  des  prêtres.  —  Le 
nom  courant  des  prêtres,  en  Grèce,  est  iepeû;.  Mais,  de 
même  que  ce  nom  peut  s'appliquer  parfois  à  d'autres 
ministres  des  dieux  ',  de  même  des  prêtres  tels  que  nous 
les  avons  définis  peuvent  s'appeler  autrement  que  îepeï;. 
A  vrai  dire,  il  est  souvent  difficile  de  savoir  si  tels  ou 
tels  titres  de  fonctionnaires  sacrés  ont  désigné  de  véri- 
tables prêtres;  la  chose,  néanmoins,  parait  certaine  ou 
grandement  probable  pour  plusieurs  :  àficj/s'iroXo;  ',  Upa- 
irôXoç',  '.eç.o6iJTrii; '",  UpouLvVjjjLojv  ",  xàt,ioo5^oç ''^,  TxeçavT- 
(popoç  ",  etc.  ;  çà  et  là,  prêtres  ou  prêtresses  portaient  des 
noms  plus  spéciaux,  faisant  allusion  à  quelque  cérémo- 
nie caractéristique  du  culte  qu'ils  desservaient:  Sacpvacpô- 
foç",  àY'iÎT<i>p '^,  ûit£xxaû(7Tp!a"',  ÀTi'.Teipa'',  ).0'jTp<;(i.iipo; '", 
etc.".  Le  titre  àp/'.tpeûi;  (plus  rarement  àp/ispEia)  se  ren- 
contre surtout  en  Asie,  à  partir  de  l'époque  hellénis- 
tique-"; il  est  porté  tantôt  par  le  plus  haut  dignitaire 
religieux  d'une  province  ou  d'un  groupe  de  sanctuaires, 
desservant  d'un  culte  particulièrement  considérable^', 
lantôt  par  le  président  d'un  collège  de  prêtres  attachés  à 
un  même  sanctuaire  ou  à  plusieurs  sanctuaires  d'un 
même  dieu  [archiereus].  L'hiéronymat,  c'est-à-dire  la 
substitution  constante  du  titre  sacerdotal  au  nom  propre 
du  prêtre,  doit  avoir  été  rare  et  n'apparut  que  tard  :  pour 
les  hiérophantes  d'Eleusis,  nous  n'en  trouvons  de  trace 
qu'à  partir  de  la  fin  du  m"^  siècle  '--  :  il  ne  devint  de  règle 
que  sous  l'Empire^'. 

En  ce  qui  concerne  le  costume  des  prêtres,  il  faudrait 

1   Slicliel,  08S;  Inser.  gr.  II.  3Î5,  326,  4534,  453c,  022.  Cf.   MarUia,  O.  !.  p.  42. 

—  ■■!  Dilicnberger,  397.  598;  Falon-Hicks,  Inscr.  of  Cos.  n»  30.  —  3  Ditlen- 
berger,  Ci3.  —  ''  Micbel,  46.  —  5  Dillcnberger,  394,  59r..  —  6  Cf.  Lucian, 
Lexi/jh.  10  (à  propos  des  prôtpes  d'Eleusis)  :  U  oS^îïç  w(rt.i8riffav.  —  "^  Voir  ci-dessus, 
p.  93V  noie  23.  —  S  par  exemple,  le  prêtre  de  Zeus  à  Syracuse  :  Diod.  XVI,  TO,  0. 
Cf.  l'Iul.  Quaest.  gr.  24  (culte  d'Apollon  i  Argos).  —  ■>  Par  exemple,  le  prêtre 
fédéral  d'Apollon  Aktios,  dans  le  koinon  des  AcarnanieDs;  cf.  Uittenbergcr,  4^2; 
/mrr.gr.  IX.  I.  513,  515,  517.  —  10  Vraisemblablement  i  Agrigente,  à  Sége.ste,  à 
llisliée  et  autres  lieux,  où  l'^p'^ôûTiri;  est  éponyme.  Cf.  hierothytrs.  —  t*  A  Mégare,  le 
ppêlre  de  Poséidon  ;  cf.  Pliil.  Quaest.  conviu.  VIII,  s,  4;  cf.  hierumîiemon.  —  i2PluWrl, 
à  vrai  dire,  dans  la  langue  poétique  que  dans  le  langage  officiel.  —  *-ï  Par  otemple 
le  prêtre  d'Apollon  Didyméen  à  Milet  (cf.  Goizer,  De  Branchidis.  p.  32)  :  le  prêtre 
d'Héraklcs  â  Tarse  (cf.  Atb.  213  B)  ;  elc.  Ce  Utre  est  fréquent  en  Asie.  —  *'►  I-c 
prêlre  d'Apollon  à  Thèbes  ;  Paus.  IX,  10,  4.  —  'j  Un  prêtre  d'Aplirodite  à  Cypre; 
flesych.  s.  v.  —  '6  La  prêtresse  d'Athéna  à  Soloi  ;  Plut.  Quaest.  gr.  .3.  —  f  Les 
prêtresses  des  Ëuraénideâ  ;  Hesych.  s.  v.  —  1*  La  prêtresse  d'Aphrodite  à  Sicyone  ; 
Paus.  II,  10,  4.  —  '9  Cf.  Hermann,  Gottesdienstl.  Atterlh.  J  35,  2;  Stengcl,  Kut- 
lusallerthi.  p.  43;  Schômann-Lipsius,  Griech.  Alterth.  II»,  p.  433-434.  —  20  Voir 
l'article  '  is/isssi;  dans  le  dictionnaire  do  Pauly-Wissowa  iBrandisi.  —21  Ainsi,  dans 
le  royaume  des  Séicucides,  par  les  prêtres  du  roi  et  de  la  reine  ;  à  l'époque  impé- 
riale, par  le  prêtre  du  culte  des  Empereurs.  —  --  Inscr.  graec.  II,  949;  cf.  Il,  5, 
p.  213.  —  23  Cf.  Foucart.  Lus  grands  mystères  d: Eleusis,  p.  28-31 .  —  21  l.a  dilTé- 
rcnee  est  nettement  marquée  dans  quelques  textes.  Par  exemple  chez  Plutarque, 
.lri«/.  21,  r'/oytitv  des  Plaléens  ne  doit  porter  en  temps  ordinaire  que  des  vête- 
ments blancs  ;  le  jour  où  il  offre  un  sacrifice  en  l'honneur  des  guerriers  tués  par  les 
Perses,  il  revêt  un  chitôn  de  pourpre.  Dans  l'inscriplion  735  du  Recueil  An  Michel 
il.  132  sq.),  Antiochos  I  de  Comniagène  prescrit  au  prêtre  qu'il  institue  de  revêtir, 
lors  des  fêtes  mensuelles  et  annuelles,  xIt^ov  Ui^ix^tf.^  ÎTÔfiTo;.  On  sait  quel  costume 
Ihéjllral  l'hiérophante  d'Eleusis  revêtait  lors  de  la  célébration  des  mystères  (cf. 
Poucart.  Les  grands  mystères  d'Eleusis,  p.  32).  Pour  le  dadouque,  cf.  dadooghos. 

—  '25  Cf.  Michaclis,  Festschrift  fur  Orerbeck,  p.  tSl  sq.  La  figure  de  la  frise  du 
Parthénon  à  propos  de  laquelle  Michaelis  a  écrit  cet  article  {Part/ienon,  pi.  xiv, 
fig.  34),  n'est  d'ailleurs  pas  celle  d'un  prêtre  ;  c'est  plutôt  celle  d'un  athlète  (cf. 
.Mommscn.  Feste  der  Stadt  Athen,  p.  114).  —  26  Cf.  Herodol.  Il,  30  :  ol  '.fin  ■:■•,: 
»e.«v  TT.l  fiî«  v.\\-rii  xoiiÉojff-.v,  U  Al^jrTji  5é  vjpeo.tai.  A  Marathou,  Kalliasle  dadouque 
t«l  pris  par  les  Barbares  pour  un  roi  Sià  tt.v  nônr.-.  (Plut.  Arist.  5);  cf.  Arrian. 
Dhs.  F.pict.  III,  21,  16;  Arlemid.  Oneir.  I,  18.  —  21  Pollux,  On.  IV,  119  (dans 
le  catalogue  des  costumes  de  comédie)  :  ^  Si  ïuvatxojv  UQr.ç  xw;nxo,-,  ii  nèv  twv  ypa'"  ' 

[iV**'^  ^  4toî»l»  lï^*!"  iipft-,v  •   TaÛTaiç  5-;  ÂEUXr..  Cf.   Diltenberger,   604  :  [ô  S'àel  X]a)F>..y 

f^îtlT.!  ■/•wu.iî»  ltux/,v;  Plut.  Arist.  21  ;  Arlemid.  Oneir.  Il,  3.  —  28  Cf.  Plat.  Leg. 
956  A.  —  29  Aesehyl.  Eumsn.  975;  cf.  Strab.  XIV,  I,  41,  p.   6i8  (le  prêtre  de 


distinguer  celui  qu'ils  portaient  quotidiennement  et 
celui  qu'ils  pouvaient  avoir  à  revêtir  au  moment  de 
certaines  cérémonies  du  culte^'.  Nous  ne  sommes  pas 
tou.jours  en  état  de  le  faire.  Les  prêtres  grecs  paraissent 
avoir  retenu  communément  le  costume  archaïque  :  long 
chitôn  flottant  sans  ceinture'''.  Us  ne  se  coupaient  pas 
les  cheveux^'"'.  La  couleur  la  plus  habituelle  de  leurs 
vêtements  était  la  couleur  blanche",  qui  passait  pour 
préférée  des  dieux,  tout  au  moins  des  dieux  olympiens-'. 
La  couleur  pourpre  aussi  était  assez  souvent  prescrite, 
principalement  dans  le  culte  des  dieux  infernaux^"; 
quelquefois,  la  couleur  safran  '".  Parmi  les  insignes  de  la 
dignité  sacerdotale,  le  plus  ordinaire  fut  la  couronne", 
que  certains  prêtres  portaient,  à  ce  qu'il  semble,  con- 
stamment, et  dont  le  nom  se  trouve  employé  pour  dési- 
gner le  sacerdoce  même  ^^  Cette  couronne  était,  en 
général,  d'une  espèce  déterminée  de  feuillage,  variable 
suivant  les  cultes",  quelquefois  d'or".  Elle  pouvait 
être  ornée  de  bandelettes^'',  ou  remplacée  par  un 
diadème  "^.  Outre  la  couronne,  méritent  d'être  cités, 
comme  insignes  des  prêtres  ou  prêtresses  :  le  sceptre''", 
et  la  clef  du  sanctuaire  ^^  C'est  la  clef  que  nous  voyons 
ici  dans  les  mains  d'Iphigénie,  prêtresse  d'Artémis 
en  Tauride  i^fig.  S989) '^  et  dans  celles  d'une  prêtresse 
d'Héra  (fig.  3990)'°.  Il  ne  manque  pas  de  monuments 
où  l'on  reconnaîtrait  volontiers  des  prêtres,  même  à 
défaut  de  tout  insigne,  d'après  l'acte  qu'on  leur  voit 
accomplir,  si  l'on  n'avait  à  craindre  de  les  confondre 
en  ce  cas  avec  de  simples  sacrifiants  [sacrificium]  ou 
avec  des  ministres  subalternes,  dont  rien  ne  les  dis- 
tingue. Ainsi,  sur  l'autel  du  musée  de  Florence  où  esl. 
figuré    le    sacrifice    d'Iphigénie    (fig.    !j992)",   Calchas 

Zeus  Sosipolis  à  Magnésie)  ;  ALh.  211  B  (un  philosophe  épicurien,  qui  prétend  être 
prêtre  d'Arété,  demande  à  Alexandre  '^tcw;  ,:op3jç&Jv  te  j-ituvÎtkov  çoo^uei);  215  B  (un 
autre  philosophe,  élu  à  Tarse  stéphanéphore  d'HérakIès,  porte  un  chitôn  nopaujoCTy 
[jitffo/.euKov)  ;  etc.  —  31)  Le  costume  que  Dionysos  portait  au  théâtre  (Pollux,  IV,  I  17  : 
;  U  «çoxuTis  !i»<itiov  Atovu»o;  Si  ag™î  ly fiiri  vT*.  ;  cf.  Aristoph.  Han.K)  devait  être 
le  même  qui  était  de  règle  pour  ses  prêtres,  —  3i  Dittenberger,  592  ;  xa\  mezrvrt- 

coptïv   «ûlù.v  àeï  t'iv  É'/OVTa  Tï;v  Upwffjvnv  ;    394  :  (jceçavaoopEtTW  51  Tiç  éçÔTto;  ;  604  :  ô  5* 

àti  "AJxjriov  çoçEÎTw...  fftEiavov.  Avec  le  vêtement  de  pourpre,  le  soi-disant  prêtre 
d'Arété  annonce  l'intention  de  porter  -/ou<roffv  «TÉœavov  e;tovca  «çôffoiTtov  'Açetî];  xaT*. 
n;,,v.  —  32  Dittenberger,  325,  1.  19,22,  35  ;  592,  I.  22;  604,  I.  17-18;  420.  1.  15-16; 
RulL  de  corr.  hell.  XI,  p.  375,  377  ;  cf.  XV,  p.  173.  —  33  Dittenberger,  004  :  ,téç.vo» 
Uaaî  ;  603  :  à]vBi.b;  urisïv.,;  ;  Ath.  215  B  :  TtEoa-.ov  Sàsvrii.  Les  prêtres  et  prêtresses 
d'Eleusis  portaient  la  couronne  de  myrte  (Istros  ap.  schol.  Oed.  Colon.  681).  Un 
prêtre  de  Dodone  est  représenté  avec  une  couronne  de  chêne  {Bull,  de  corr.  hell. 
XIV,  p.  159  [cf.  COBON;.,  p.  15-24  sq.]  —  34  Ath.  21 1  A  ;  215  B.  —  33  Cittenberger, 
604  :  (itt*.  TEtiviS^ou  c'*t/.x;oJ.  —  3G  Gcst  le  cas  pour  l'hiérophante  et  le  dadouque 
(cf.  Feucart,  Les  grands  mystères  d'Eleusis,  p.  -2)  ;  à  la  bataille  même  de  Mara- 
thon, Kallias  portait  le  tt;o3io/  (Plut.  Arist.  5).  Un  TTpdstov  faisait  partie  du  cos- 
tume du  «uf.^oloî  d'Aratos  (Plut.  Arat.  53).  —  3'î  Chez  Homère,  Chrysès  poric  le 
sceptre  (//.  I,  )5i  ;  de  même,  chez  Eschyle,  Cassandre  {Agam.  1205).  Un  sceptre  est 
ligure,  avec  une  clef,  sur  la  stèle  d'une  prêtresse  à  Argos  {Ath.  Mittheil.  IV,  p.  I.i3). 
Dans  une  peinture  de  vase  représentant  la  guérison  des  l'rœtides  (Millier- Wiesclor, 
Denfcm.  d.ntt.  Kunst  I,  fig.  11.=  notre  fig.  2367),  Mélampous,  prêtre  et  devin,  lient 
le  sceptre  —  3!i  Outre  les  tL-xtes  dans  lesquels  x).,it^o;x'>;  est  employé  comme 
synonyme  de  prêtresse  (Acsch.  Suppl.  291;  Eur.  Iph.  T.  130,  1463;  etc.),  voir  par- 
ticulièrement :  Eur.  Troj.  250-257  ;  Callim.  H.  Dem.  44  (xaT.,n«S;ay  S'e'/e  x\„:i„, 
passage  bien  expliqué  par  Pelersen,  Arc/i.  éieitwig,  XXII,  1864,  p.  152).  De  nom- 
breux monuments  figurés  représentent  des  prêtresses  tenant  une  clef,  par  exemple  : 
S.  Reinach.  Répertoire  de  vases  peints,  I,  p.  19,  53,  133,  158,  299,  321,  4is,  5o»; 
II,  p.  161,  226  ;  Arch.  Zeit.  XV,  1837,  pi,  c»  (relief  attique),  avec  le  commentaire  do 
Petcrscn  Arc/i.  Zeit.  XXil,  1864,  p.  130  sq.  ;  Bull,  de  corr.  hell.  XV,  p.  ,32  (terre 
cuite  de  Corcyre)  ;  Atlien.  Mittheil.  IV,  p.  135  ;  etc.  Voyez  Preller.  Arcn.  Zeit.  181.0,- 
p.  261  sq.  ;  0.  Jahn.  Annal,  d.  Inst.  1828,  p.  208  sq.  ;  Conze,  Arch.  Zeit..  1802, 
p.  290  ;  Stephani,  C.  rendus  de  la  commiss.  arch.  1863,  p.  213  ;  Vogel,  Hcenen  Eurip. 
Tragôd.  p.  71,  n.  2;  Diels,  Parmenides,  p.  123  sq.  Une  clef,  qu'une  inscription 
désigne  comme  appartenant  au  temple  d'Artémis,  à  Lousoi,  a  été  retrouvée  récem- 
ment :  .•iitzungsberichte  d.  preuss.  Akad.  1908.  p.  27,  pi.  i.  —  39  Arch.  Zeit.  1849, 
pi.  XII  ;  .Monum.  d.  Inst.  IV,  pL  i.c;  Reinach,  Répertoire,  I,  p.  133.  —  '0  Mon.  d. 
Inst.  VI-VII,  pi.  LXM,  2{=  Reinach,  Répertoire,  II,  p.  101);  cf.  Lôwy,  Eranos  Vin- 
doboiiensis,  p.  270.  Cette  figure  rend  bien  compte  de  l'expression  employée  par 
Callimaque  :  xaTunaSîav  A-Ma..  —  •!    Raoul  Rochelle,  Von.  inéd.  pi.  xxvi,   I. 


SAC 

n'a,  comme  lassislant  placé  derrière  lui,  d'antres  véle- 
menls  que  la  draperie  qui  couvre  ses  jambes  ;  tous  deux 


—  940  —  SAC 

Quelques  règlements  prévoient  le  cas  où  le  prêtre  n» 
serait  point  présent  lorsqu'un  fidèle  viendrait  offrir  uo' 
sacrifice  '  ;  à  l'Amphiaraion  d'Oropos,  le  prêtre  n'es^ 
tenu  d'être  là  que  dix  jours  par  mois,  un  jour  par  quatre 
jours  consécutifs,  et  encore  seulement  de  la  fin  de 
l'hiver  à  la  saison  des  labours*.  Mais  il  n'est  guère  dou- 
teux que,  dans  la  plupart  des  sanctuaires,  la  consigne 
ait  été  plus  stricte.  Beaucoup  d'enceintes  sacrées  com- 
prenaient une  habitation  pour  le  prêtre  comme  pour  les 
autres  employés  du  sanctuaire"  ;  cela  nous  laisse  enten- 
dre que  le  prêtre  devait  y  résider.  .\u  reste,  celte  contrainte 
n'était  pas  sans  compensation  :  les  prêtres,  à  ce  qu'il 
semble,  furent  en  général  dispensés  de  porter  les  armes 
et  de  prendre  part  aux  expéditions  militaires.  La  dispense 
paraît  stipulée  expressément,  dans  une  inscription  de 
Sinope,  en  faveur  du  prêtre  de  Poséidon  Hélikonios';  le 
plus  souvent,  je  pense,  elle  pouvait  être  sous-entendue 


Kig.  5989.  —  Prèlrcssc  dArtén 


Fig.  5990.  —  Prélrissed'H? 


.sont  couronnés  de  feuillage.  Au  contraire,  dans  la  pein- 
ture de  Pompéi  (fîg.  5991)  qui  représente  la  même  scène', 
reproduction  de  l'œuvTe  de  Timanthe,  il  est  vêtu  d'une 
tunique  de  pourpre  violette  qui  descend  jusqu'à  ses  pieds 
chaussés  de  sandales,  d'un  manteau  blanc  à  bordure 
violette,  croisé  sur  les  hanches,  avec  une  ceinture  dorée, 
par-dessus  un  autre  vêtement  vert  à  longues  manches. 
On  ne  saurait  dire  si  ce  costume  a  un  caractère  liturgi- 


quî.  En  fait  de  costumes  réservés  à  la  célébration  des 
grandes  fêles,  signalons  tout  particulièrement  les  traves- 
tissements rituels,  grâce  auxquels  les  ministres  d'une 
divinité  représentaient  la  divinité  même^. 

Au  nombre  des  obligations  des  prêtres,  doit  être  men- 
tionnée d'abord  celle  qui  consistait  à  fréquenter  d'une 
façon  assidue  les  temples  dont  ils  étaient  les  desservants 

I  Mus.  Borh.  IV.  pi.  m;  llclbig.  Wandqenfilde.  Camp,  n'  1304.  —  2  Exemples 
r-aiis.  VIII,  15,  I  (Phénéc,  culte  de  Dèmflcr)  :  Polyacn.  VIII,  59  (Pellcne,  culte 
.l'Atli«na):  Plul.  Qanett.  gr.  58  iCos,  culte  d'IIéraklèsi;  etc.  Cf.  Back.  De  Graeco 
ritm  caei-imnniis  in  quibus  homines  deorum  vice  fungebantur^  Diss.  Berlin,  1883 
—  ■>  P.  ei.  Dillcnbcrgcr.  ."iOU.  —  »  Ditlenbergcr,  559.  —  S  p.  ei.  â  Hâtée  (Paus 
\.  31.  tj;  à  Comaaa  (Slrab.  XII,  8,  9.  p.  575,  ;  à  Eleusis  [K=.  'hn.  IS8H.  p.  109 
«>|.  :  A,  I.  IS,  74;  a,  I.  50',  %.\  60;  7,  I.  9;  touterois,  sur  ce  que  sont 
li'S  '.'.tx-ty  en  (tucslion,  cf.  Koucart.  Les  itrands  mystères  d'Kleusis,  p.  t;G-67) 
Êpi.laure  (Paus.  Il,  i',1;  cf.  Kawadias,  T>,  u;»  t.O  'A^Ar.iiioJ  £>    E-tSuJeui,  p. 


Fig.  599Î.  —  Le  sacrifice  d'Iphigéoie.  Autel  de  Florence. 


sans  inconvénient.  Si  Kallias,  étant  dadouque,  combattit 
néanmoins  à  Marathon  '.  c'est  que  le  péril  était  alors 
d'une  exceptionnelle  gravité.  Même  des  ennemis  victo- 
rieux, s'ils  étaient  de  race  grecque,  hésitaient  à  arracher 
les  prêtres  de  leurs  temples  pour  les  emmener  en  servi- 
tude ou  pour  les  vendre  comme  esclaves  :  les  .Mhéniens 
laissèrent  à  son  poste,  sous  les  murs  de  Syracuse,  le 
prétresyracusain  de  l'Olympieion  *  ;  Alcibiade,  vainqueur 
de  Pharnabaze,  renvoya  sans  rançon  les  prêtres  et  les 
prêtresses'  ;  après  la  conquête  de  Thèbes,  Alexandre  ne 
les  inquiéta  point'". 

Serviteurs  et  familiers  de  la  divinité,  les  prêtres 
devaient  se  garder  plus  soigneusement  que  le  vulgaire 
de  tout  ce  qui  pouvait  les  souiller.  Platon,  dans  ses  Lois, 
leur  interdit  d'assister  à  des  funérailles,  par  crainte  de 
la  souillure  qui  résultait  du  voisinage  d'un  mort  " .  Il  est 
douteux  que  cette  règle  ait  été  observée  dans  la  réalité; 
Mais  nous  voyons  certains  prêtres  astreints  à  des  précau- 
tions minutieuses,  .\insi.  le  prêtre  et  la  prêtresse 
d'Artémis  Hymnia  à  Orchomène  d'Arcadie  ne  devaient 

3*.  t30);  etc.  La  prêtresse  que  Plaute  met  en  scène  d.ins  le  ftudens  liabite  le 
temple  d'Apbrodite  {v.  178  sq.)  Déj  t  à  l'époque  bomérique,  Maron.  prêlre  d'.ApoI- 
Ion,  habitait  le  téménos  de  son  dieu  (Orf.  IX,  200).  —  6  Dillenberger,  «OS  : 
tTsai  Si  »a('  ct-ati]a;  dTcVr.;  ff.i[;a»jTt  tm?  sauToj.  Le  mot  essentiel  est  restilu»'. 
—  7  Plut.  Arist.  5.  De  la  même  façon  s'explique  la  présence  des  hiéropbaales 
messéniens  au  combat  décisif  de  Stényklapos.  livré  sur  le  sol  de  Messénie  iPaus. 
IV,  16,  I);  ils  ne  prirent  d'ailleurs  aucune  part  à  l'acti'O  et  se  conlenlércul 
d'encourager  les  leurs.  —  »  Paus.  X,  28.  3.-9  Plut.  Alcib.  29.  —  10  Plul.  Alex. 
H.—  U  P.  947  C. 


SÂG  — 

pss  même  pénétrer  dans  la^maison  d'un  parliculier,  de 
peur  d'y  rencontrer  à  l'improviste  quelque  chose  d'im- 
par'.  D'autres  avaient  à  s'abstenir  de  tel  ou  tel  aliment", 
de  bains  pris  dans  telles  ou  telles  conditions'.  La  pro- 
preté corporelle,  la  netteté  des  vêtements,  étaient 
cdrnmunément  imposées'.  La  continence  l'était  assez 
souvent,  non  seulement  aux  prêtresses  qui  devaient  être 
vierges  lors  de  leur  entrée  en  fonctions,  mais  à  d'autres 
aussi,  et  à  des  prêtres,  tout  le  temps  qu'ils  demeuraient 
en  charge^.  Par  contre,  beaucoup  de  prêtres  ou  prê- 
tresses étaient  mariés';  et,  fréquemment,  on  n'exigeait 
d'eux  la  continence  que  pendant  quelques  jours  avant 
les  grandes  cérémonies  du  culte''  [lusteatioJ. 

V.  Pi'ofits  et  charges  des  prêtres.  Honneurs  et  pri- 
vilèges qui  leur  étaient  accordés.  Considération  dont  ils 
Jouissaient.  —  Parmi  les  profits  ordinaires  des  prêtres 
figurent  en  première  ligne  les  portions  des  offrandes, 
notamment  des  victimes,  qui  leur  étaient  attribuées. 
Quelquefois  la  part  du  prêtre  se  trouve  désignée,  en  même 
temps  que  celle  du  dieu,  par  le  mot  6£oa&ipt'a  *  :  les 
expressions  propres  sont  UoojTuva  ou  vépr,.  On  appelle  fiot], 
exactement  et  de  façon  exclusive,  des  portions  de  la  bête 
.sacrifiée  '.  Les  ^Épri  variaient  d'un  sanctuaire  à  un 
autre,  et,  dans  un  même  sanctuaire,  suivant  que  le  sacri- 
fice était  offert  par  un  particulier,  par  un  métèque  ou  par 
un  étranger,  isolément  ou  lé  jour  de  la  fête,  suivant 
que  la  victime  appartenait  à  telle  ou  telle  espèce,  suivant 
qu'il  y  en  avait  une  seule  ou  plusieurs'".  Beaucoup  de 
règlements  conservés  par  l'épigraphie  les  énumèrent  en 
détail  ;  c'étaient  le  plus  souvent  :  la  peau  ",  une  ou  plu- 
sieurs pattes  ou  portions  de  pattes"^;  ailleurs,  la 
langue".  Une  oreille  ou  les  oreilles'',  la  tête  ou  la 
moitié  de  la  lête'°,  la  queue'",  tout  ou  partie  des 
entrailles''^,  tout  ou  partie  du  filet",  d'un, flanc",  de  la 
poitrine^";  ou  bien,  simplement,  une  ou  plusieurs  por- 
tions de  viande-'.  Çà  et  là,  il  est  spécifié  que  les 
morceaux  destinés  au  prêtre  seront  découpés  géné- 
vL'usement".  On  précise  d'autre  part  (jue,  si,  pour 
une  raison  ou  pour  une  autre,  le  prêtre   n'assiste  pas 


'  Paus.  VIII,  11.  I.  —  .!  Plul.  Quaest  conow.  VIII.  s,  4:  De-  solert.  anirn.  35 
.ni /ïVî.  ;  Slrab.  IX,  I,  M,p.  395;  Atli.  375  C;  Porpli.  De  abstin.  IV, la.  — îPau.e. 
VIII,  13,  1  ;  X,  34,  4.  —  '.  Ponph.  Deahslin.  H,  10.  —5  Prêtre  d'HéiakIès  Misogyne 
cuPlioeide  (Plut. />er'j/(/i.orac.  201;  peut-Ctrc  biéropl'ante  d'Eleusis,  du  moins  à 
l'époque  i'upériale  {Paus.  II,  H,  1)  ;  priMre  et  prêtresse  d'Arti^mis  HymniaàOrcboraène 
(Paus.  VIII,  13,  I)  ;  prêtresse  de  Gé  à  Boura  (Paus.  VII,  25,  8)  ;  prêtresse  de  Sosi- 
polia  il  Olynipic  (Paus.  VI,  20,  2)  ;  prêtresses  d'Hestia  à  Delphes,  d'Atlifna  Polias  à 
Athènes  (Plut.  Nam.  9);  etc.  —  6  Pour  l'hiéroplianle  dÉIeusis,  cf.  Foucart,  0.7. 
p.  27-28.  Plusieurs  dos  testes  couramment  cités  dans  les  manuels  (/nscr.  t/r.  II,  550  ; 
[Pliit  ].  Vit.  X  orat.,  ÎAjC  2y  ;  Paus.  IV,  12,  4)  prouyent  bien  que  certains  prêtres 
ou  prêtre'ises  furent  mariés  .^  un  monienlde  leur  vie.  mais  non  pas  qu'ils  vivaient 
en  étal  de  mariage  pendant  la  dur.-e  de  leurs  fonctions  sacerdotales.  Dans  l'ins- 
cription înscr.  (jr.  II,  550,  qui  est  un  décret  de  proxéoie  dciphique  en  l'honneur 
d'une  prêtresse  athénienne  d'Athéna,  les  mots  aù-ar  vaî  ivvo.,.>i;  ont  pu  être  trans- 
crits sans  intention,  parce  cju'ils  faisnient  partie  d'un  formulaire  consacré.  Après 
l'iq)0iiue  classique,  il  est  fri''quent  de  voir,  -.urtotit  en  Asie  Mineure.  les  femmes  des 
prêtres  associées  à  la  dignité  de  leurs  maris  et  à  l'cxeicico  du  sacerdoce  ;  rf.  Bull, 
'le  corr.  hM.  X,  p.  5  i-iiO  ;  XV,  p  172  ;  lleller.  De  Lydiae  l'aria-quc  sacerdotibus 
p.  â2l-222.  — 7  Comme  on  l'exigeait  des  personnes  chargées  temporairement  de 
fonctions  religieuses,  ou  même  des  simples  lldëles  qui  entraient  dans  le  temple 
(cf.  Dem.  C.  4vdro/.  78;  (Dcm.]  C.  Veoer,  §  78  ;  Dittenberger,  507;  633;  etc.). 
—  8  StcDgcI,  Hermès,  XXXI,  p.  i;42-r,43.  —  9  Ibii.  —  '0  Cf.  Ditlenberger,  589,  599, 
601,  60i,  603;  Michel.  979.  —  "  iipjia.  S-p-i  :  Dittenbcrger.  589,  592,  595,  604, 
616,017:  Michel.  673;  etc.  L'abandon  au  prêtre  de  la  peau  des  victimes  était  fréquent, 
surtout  lorsqu'il  s'agissait  de  sacrilices  publics  :  Ditlenberger.  599,  fiOt,  627.  Mais, 
dans  ce  cas  même,  il  n'était  pas  constant,  cunimc  l'ont  prétendu  des  gcholiastes 
(Scli.  Aristopb.  Vesp.,  695;  Ptiil.,  11851  :  témoin  l'inscription  altique  du  derma- 
tique.  Dittenbcrger,  620  ;  l'inseriptiou  de  Pergame,  Ditlenberger,  506;  ce  que  dit 
Hcroiote,  VI,  57;  etc.  —  12  !;,a-.;,  5î;,i>v  .7»î.o;  :  Dittenbcrger,  592,  602,  C03,  616, 
lit",  911  .  —  «w'a,;,  «u'^eâ  :  Scliol.  Aristoph.  L.  l.  qui,  comme  pour  les  peaux,  s'ex- 
prime ici  on  des  termes  trop  généraux  ;  Dittenbcrger,  4i9,  595,  601,  64t  ;  —  ôffjj;  ; 


!»4i   -  SAC 

au  sacrifice,   les  vépT)  lui   appartiendront  néanmoins  °'. 

En  plus  des  parts  des  victimes-*,  les  i.epiiiruva  pouvaient 
comporter  d'autres  revenants-bons,  soit  en  nature,  soit 
en  argent.  Dans  la  phratrie  atlique  des  Démotionides, 
le  prêtre  de  Zeus  Phralrios  recevait,  lorsqu'un  phrater 
offrait  le  sacrifice  appelé  xo'jpeîov,  une  espèce  de  pain  ou 
de  gâteau  fait  d'une  chénice  de  farine  (ÈXaxYipa  /otvt- 
xtaïov),  un  demi-chous  de  vin -^  Dans  une  scène  fameuse 
du  Plutus,  Aristophane  représente  le  prêtre  d'Âsklépios 
raflant  pendant  la  nuit  les  gâteaux  et  les  fruits  (toùç  ij.6ot(; 
)tat  Txç  luyioaç)  déposés  Sur  la  table  sacrée-".  Sans  se 
cacher  dans  l'ombre,  le  prêtre  d'Asklépios  à  Pergame 
retenait  pour  lui  Ti)»À5'.  TpaTreî^wjjiaTa  Tiivra  ri.  ttootiOé- 
fjiEva-''  ;  le  prêtre  de  Zeus  Mégistos  à  lasos  prélevait,  soi- 
disant  pour  le  dieu,  un  gâteau  par  corbeille  de  ceux 
qu'on  apportait  dans  le  sanctuaire-^  Les  fournitures  de 
bois,  d'huile,  de  vin,  de  miel,  etc.,  requises  pour  un  sacri- 
fice, —  celles  qu'on  trouve  désignées  par  les  mots  Ispà^', 
ôùtTTpa '",  ÈTii6û[iaTa",  (pepvi^-,  —  pouvaient  être  pour  le 
prêtre  l'occasion  de  dépenses,  plus  souvent  l'occa- 
sion de  profils  supplémentaires.  Elles  sont  parfois  si 
copieuses '''  que  quelque  chose  devait  en  subsister  après 
le  sacrifice,  et  que,  données  au  dieu,  elles  enrichissaient 
vraisemblablement  son  ministre'*.  Dans  un  certain 
nombre  de  textes,  il  est  stipulé  que  le  prêtre  en  fera  les 
frais '^;  mais,  alors,  il  arrivait  qu'il  fût  dédommagé  en 
argent,  soit  par  l'État '\  soit  par  les  particuliers''';  et 
nous  pouvons  croire  qu'il  l'était  largement. 

Peut-être  est-ce  pour  subvenir  à  la  dépense  des  iepi  que 
les  fidèles,  aux  termes  de  plusieurs  règlements,  devaient 
payer  chaque  fois  qu'ils  sacrifiaient  une  somme  déter- 
minée'' :  chez  les  Démotionides,  3  oboles  ou  1  drachme, 
suivant  qu'il  s'agissait  du  (jteTov  ou  du  xouoEiov";  chez 
les  orgéons  du  Pirée,  3  oboles  ou  1  obole  et  demie 
selon  la  qualité  de  la  victime  offerte,  lorsque  le  sacri- 
fiant n'était  pas  membre  de  la  confrérie*";  au  temple 
d'Artémis  Pergaia  à  Halicarnasse,  2  oboles  par  victime 
adulte,  1  obole  par  victime  de  lait"  ;  à  Olbia,  1  200  chal- 
qties  par  tète  de  bœuf,    300  par   tète  de   brebis  ou   de 


Ditlenberger,  002,  027  ;  _  nfi-.iLr,,,;  :  Diltenb.  603  ;  —  !a,;«v,  à<,f,„ii„:  :  Dittenb.  661; 

—  ,",iio(,  iuon'/diTTi  :  Dittenb.  589,  603:  —  ppà,;,..  :  Ditlenb.  615;  —  iiOSt;  :  Dittenb.  602; 

—  Jai,  Tof».;;  :  Dittenb.  617.  —  13  Diltenb.  599,  603,  615,  627.  —  U  Diltenb.  439, 
616.  —  is  Dittenb.  602;  .Michel.  673.  —  16  DiUenberger,  627.  —  l^i  EcVàTzvo  (cf. 
Slengel,  Jalirb.  desarch.  Instit.  189t,  p.  114  sq.);  DiUenberger,  599,  601,  602,  641  ; 

—  ytfHf.i:  Michel,  673;  —  ii,:!-»,  r;«i,.j,  .«Am;  îin.(7u:  Dittenbcrger,  616.  —18  Dit- 
tenb. 616,  —  19  Ibid.  —  20  Dittenb.  603,  617,  633.  —  21  Mtçis,  noTja,  «fid;:  —  i»ipî; 
S;»ftû;:  Dittenb.  599;  -  S.'xsEa;:  Diltenb.  616;  —  Siw.'a;  xçi.r.y  :  .Michel,  673  (cf. 
Hesyeb.  s.  v.  !t.<ri«S».).  —  22  Dittenb.  027  :  i,7=àî  Sa^ia  (Cf.  Ziehen,  Alhen.  Mittheit. 
1899,  p.  271-272);  001  :  tô  U\  »o.).,,t  v,fii.»tvi.;  602  :  .i;  UTin.ixa.  i  lÎTji;.  —  23  Dit- 
tenbcrger, 589,  599.  627.  —  24  Dans  un  sanctuaire  de  Démêler  à  Cos.  les  personnes 
(|ui  sacriliaient  avaient  la  fdculté  de  verser  à  la  prêtresse  une  somme  d'argent  à  la 
place  des  Yipr,,  suivant  un  Urif  dûment  livé  ;  Diltenb.  591.  —  2ô  Dittenb.  Ib.  439. 

—  26  Aristoph.  Plut.  670  sq,  —  'il  Dittenbcrger,  592.  Cf.  033  (règlement  d'un  sanc- 
tuaire de  Mên  Tyrannos,  où  le  fondateur.  Xantlios  Loukios,  (ait  les  fonctions  de 
prêtre),  1  20.  Voir  aussi  053,  1.  80  s(|.  —  58  Diltenb.  602.  —  29  Ditlenb.  010,  617 
passim;  618,  I.  5  :  tu  toO™-,  «isTUL  liji  .t'».  -  30  Dittenb.  017  ad  fin.  En  plus  des 
fournitures  consomptibles,  les  ÔJtnça  comprenaient  des  uslcnsilcs;  cf.  Stengel,  Iler- 
linerphilol.  Wochenscliri/t,  1890,  p.  687.  —  31  Cf.  Ditlenberger,  016, 1.  21  (i-.eii'), 
37  («.Suixiil.  —  32  Dittenb.  938.  —  3)  Par  ex.  Ditlenb.  018  iid  fin  ;  938.  —  3i  Cf. 
Stengel,  0.  t.  p.  688.  —  35  Dittenbcrger,  016,  I.  21,  47,  51.  57,  59,  62  ;  617,  I.  4, 
7,  16-17  ;  618,1.  7-8  ;  731,  I.  39  ;  Michel,  704.  Les  Oi^xp-/,  semble-t-il,  étaient  toujours 
fournis  en  oalurc  par  l'État  ;  cf.  Stengel,  O.  L  p.  087. —  36  Cf.  Von  Prolt  et  Ziehen, 
Leqes  Graecoritm  sacrae,  n"  7  B,  I.  5  sq.  :  Uçà  i\ji\  toûJtoi^  caoâùç  ir»  [i/ti  ■  S.S-.ct&u 

Se    Ti»l  'itolir    0=1  tij5  T.>,\tni  t1i   vvaJiujilivi,,   <;vùii'.v  ij  [:aJt>].   '«''^  doutcul.  A  llali- 

carnasse,  la  prêtresse  d'Artémis  Pergaia  est  tenue  de  célébrer  à  chaque  nouvelle 
lune  une  È,:i«oupia  û-tp  -ïijç  i:o'a£ws  :  elle  reçoit  pour  cela  une  drachme  du  trésor. 

—  37  Cf.  Michel,  673  et  Athen.  Mittheit.  XXIV,  p.  267  sq.  itcxte  mal  traduit  par 
Martlia,  O.  l.  p.  121  sq.  :  les  objets  mentionnés  au  génitif  soni  les  Iipi;  les  prêtres 
ou  prêtresses  les  fournissent  contre  le  verscmenl  des  sommes  indiq-iécs)  —  38  Oit- 
Icuberger,  439.  —  39  Michel,  979.   —   '0  Ditlenberger,   601.  —  »1  Ditlenb.   629. 


SAC 


—  n2  — 


SAC 


chèvre.  60  par  lète  de  porc';  au  temple  d'Athéna  Niké- 
phoros  à  Pergame,  i  oboles  pour  les  sacrifices  de  porcs, 
2  oboles  et  une  fraction  pour  les  autres  '  ;  etc.  Ces 
redevances  pouvaient  être  versées  directement  aux 
prêtres  :  ainsi  chez  les  Démotiouides  et  chez  les 
orgéons  du  Pirée.  Ou  bien  elles  étaient  mises  dans 
un  tronc  (OT.ffaupo;).  Même  en  ce  cas,  les  desservants  du 
temple  en  avaient  parfois  quelque  chose  :  à  Halicar- 
nasse,  par  exemple,  le  tronc  était  ouvert  tous  les  ans,  et 
la  prêtresse  recevait  une  partie  du  contenu,  qui  la 
dédommageait  de  certains  frais;  à  Athènes,  à  l'époque 
impériale,  une  prêtresse  d'Athéna  dédie  une  <7xa<pTi  à  la 
déesse  avec  ce  qui  lui  est  revenu  de  l'argent  versé  au 
Parlhénon^  A  lasos,  semble-t-il,  dans  le  sanctuaire  de 
Zeus  Mégistos,  ce  que  les  fidèles  oIVraient  en  numéraire 
devenait  la  propriété  du  prêtre;  et  les  autres  offrandes 
seulement  restaient  au  dieu  '.  L'inscription  d'Halicar- 
nasse  nous  montre  une  prêtresse  augmentant  ses  profits 
par  un  procédé  plus  actif  :  une  fois  par  an,  durant 
trois  jours  de  suite,  elle  est  autorisée  à  faire  une  quête 
(i^EpiAÔç),  à  la  condition  cependant  de  ne  point  pénétrer 
dans  les  maisons  ;  et  le  produit  de  cette  quête  est  pour 
elle.  Enfin,  il  n'est  pas  sans  exemple  que  le  desservant 
d'un  sanctuaire  public  ait  reçu  de  l'Étal  une  somme 
fixe  :  un  décret  attique  du  milieu  du  v"  siècle  attribue 
IjO  drachmes  par  an  à  la  prêtresse  d'Athéna  .Nikè^ 

Les  prêtres  pouvaient  avoir  d'autre  part  la  jouissance 
de  biens-fonds  appartenant  au  temple,  ou  de  domaines 
publics.  Nous  avons  dit  qu'ils  habitaient  parfois,  dans 
le  téménos,  des  dépendances  du  sanctuaire  ;  en  même 
temps  qu'une  obligation,  cela  représentait  un  avantage. 
Il  est  souvent  question  chez  les  auteurs  ''  de  terrains 
consacrés  dont  les  fruits  étaient  pour  le  prêtre  ;  et 
quelques  documents  épigraphiques  corroborent  ces 
indications.  Nous  lisons,  par  exemple,  dans  un  décret  de 
Pergame  réglementant  le  culte  d'Asklépios  '  :  x]apirEÛ- 
£(76a'.  8;  aùtôv  xol!  -b  •■s.ç,[6t]  ;  dans  un  autre  texte  de  même 
provenance  ',  le  roi  Attale  I"  dit  avoir  consacré  (à  Zeus 
probablement)  des  èp^acTyipia  que  le  prêtre  affermera 
à  son  bénéfice;  à  Chalcédoine,  le  prêtre  d'Asklépios  a 
l'usufruit  d'un  BapLoaioç  /ûpoç  qui  entoure  l'hiéron  de  son 
dieu  ';  etc.  '".  Ailleurs,  s'ils  ne  jouissent  pas  d'un  usu- 
fruit total,  les  prêtres  tirent  des  propriétés  sacrées 
quelques  avantages  particuliers  :  à  Tégée,  le  prêtre 
d'Athéna  Aléa  a,  seinble-t-il,  le  droit  de  faire  paître  sur 
les  terrains  du  dieu  un  certain  nonabre  d'animaux"  ;  à 
Magnésie,  le  prêtre  de  Sarapis  reçoit  une  drachme  sur  la 
vente  du  blé  provenant  du  téménos  ''-  ;  à  Eleusis, 
les  poissons  des  Rheitoi  sont  réservés  à  la  table  des 
prêtres '';  etc. 

En  différents  pays,  les  prêtres  sont  exempts  d'impôts, 

1  Diltenberger.566.  —  -  Peudant  la  célébration  de*  mystères,  l'iiiérophanle  et  d'autres 
membres  du  sacerdoce  életisinien  recevaieat  des  mystes  une  redevance  (Dittcu- 
berger,  6V6  c).  Au  sanctuaire  de  Déraéter,  à  Cos,  les  femmes  qui  se  faisaient  initier 
et  celles  qui  se  mariaient  (?)  pouvaient  se  racheter,  moyennant  cinq  oboles  versées 
à  ta  prêtresse,  de  toutes  autres  dépenses  (Diltenb.  591).  —  3  Bermet,  XXX.  (i.  6i9  : 
t»  To;  ouva/«!y;«;    iib  t.:v    Ji^.Sivxuv  lU    t»v    Haftiv^v..    —    i   Diltenberger,     602. 

—  â  Dittenb.  911.  —  A  Notamment  chez  Strabon,  passim  :  'f.v  (/,û^a>  ïe^àv)  ô  ici  iepeù; 
««j=oJt.  .  —  '  Dittenl.erger,  59».  —  »  Dilleob.  tlO*.  —  »  Oittenb.  594.  —  10  Dans 
une  inscription  du  sanctuaire  de  Zeus  Panamaros,  l'absence  de  candidats  au  sacer- 
doce esl  eiplit|uée  par  l'incendie  imprévu  des  olivettes  (5,4  tîiv  Tf.Koixïviiv  '.mpo<rS«5(ïiT'-v 
T.:.  i'/iaiivia,  lalj.v,  Bail,  de  corr  /œil.  XV,  p.  186):  cela  peut  s'entendre  de  la 
misère  des  temps  en  général  ;  mais  ne  peut-on  pas  croire  aussi  qu'ordinairement 
le    revenu  d'olivettes  constituait  un   des   prolits  du    prôlrc'?  —   *1    Michel,    695. 

—  li  Ditlenberger,  554.  —  "  Pans.  I,  3>(,  1 ,  —  14  Diticnberger,  592  (Pergame)  ;  604 
(Pergame)  :  SUzungabericliU  de  Vienne,  1894-1 895,  p.  i'i  (Ka.sossos)  ;  Greek  inscr. 
in  tlu  Drilith  îlui.  III,  4i6  a,  4J7  4  (Priène)  ;  etc.  —  >5  Jnscr.  gr.  III,    10Î9  sq. 


de  liturgies'*.  D'autres  fois,  ils  sont  nourris  aux  frais  de 
l'Étal  :  ainsi,  à  Athènes,  à  partir  d'une  certaine  époque, 
l'hiérophante  et  le  dadouque  sont  commensaux  des  pry- 
lanes'";  ou  bien,  du  moins,  ils  sont  ins'ilés  aux  agapes 
publiques'"  et  y  reçoivent  une  pari  privilégiée '^ 

En  somme,  les  profits  du  sacerdoce  pouvaient  être,  en 
Grèce,  considérables.  Quant  aux  charges,  elles  paraissent 
avoir  été  ordinairement,  pendant  la  période  classique, 
1res  peu  lourdes  :  la  fourniture  des  Uoi,  l'acquisition  de 
quelques  objets  d'habillement  et  peut-être  de  quelques 
ustensiles,  furentprobablemenl  les  principales.  Plus  lard, 
au  contraire,  l'exercice  de  certaines  prêtrises  devint  très 
dispendieux.  On  peut  s'en  faire  une  idée  par  beaucoup 
d'inscriptions  d'Asie  Mineure,  notamment  par  celles  qui 
ont  été  découvertes  au  sanctuaire  de  Zeus  Panamaros  : 
l'entrée  en  charge  (TiapiXT,'J/i;  toO  aT£<p7.vou),la  célébration 
des  grandes  fêtes  occasionnaient  toutes  sortes  de  somp- 
tuosités et  de  largesses  :  banquets,  concours  musicaux 
et  athlétiques,  installation  de  (entes  pour  les  pèlerins, 
organisation  de  processions,  distributions  d'huile,  de 
parfums,  de  bois,  de  vin,  de  viande,  de  blé,  de  repas  à 
emporter  (àTToçôpifiTa  5Eti:va),  de  numéraire".  Seuls,  les 
citoyens  opulents  pouvaient  affronter  ces  dépenses. 

Aux  profits  s'ajoutaient  pour  les  prêtres  des  honneurs. 
La  considération  dont  ils  jouissaient  a  été  naturellement 
variable  avec  les  époques,  les  pays,  les  milieux  —  et  les 
individus.  Du  moins,  nous  connaissons  à  différents 
détails  qu'ils  occupaient  dans  le  monde  officiel  une 
situation  élevée".  Le  privilège  flatteur  de  proédrie 
leur  fut,  semble-t-il,  assez  communément  accordé  -°.  Dans 
un  décret  du  Pirée  où  ce  privilège  esl  concédé  à  un  parti- 
culier ^',  il  est  dit  que  le  démarque  introduira  celui-ci  au 
théâtre  xaftâ-^tep  toÙî  Upetç  xat  xoùc  àXXouç  otç  SéSoTat  -Jj  TipoeSpîot 
mapà  ristpaiÉtov  ;  on  sait  qu'au  théâtre  de  Dionysos,  parmi 
les  inscriptions  gravées  sur  des  sièges  d'honneur^*, 
beaucoup  sont  des  titres  de  prêtres;  dans  un  décret  de 
Pergame  concernant  le  prêtre  d'Asklépios^\  nous  lisons 
cette  clause  :  àvayopeûsTSai  Sa  ci;  TtpoESpt'av  tôv  lepéa  èv  aitadi 
Totç  àYMo-iv  ;  etc.  ^*.  D'autre  part,  ce  n'esl  pas  chose  rare  que 
des  prêtres  aient  été  éponymes,  c'esl-à-dire  que  les  années 
aient  été  comptées  dans  leur  cité  d'après  les  fastes  sacer- 
dotaux". El  âla  basse  époque,  lorsque  tendit  à  s'établir, 
principalement  en  Asie,  une  sorte  de  cursus  honorum, 
un  sacerdoce  forma  assez  souvent  le  couronnement  d'une 
brillante  carrière.  Pu.-E.  Legrand. 

SACKRDOS.  —  FI.  RoME.  —  Le  mot  latin,  qui  corres- 
pond au  terme  grec  Upsùç,  est  sacerdos.  L'étymologie  n'en 
parait  point  douteuse.  La  première  partie  du  mot  repro- 
duiU'adjectif  s«cer;  la  seconde  partie  dos,  aétérattachée 
parCorssen'  et  Vanicek^àlaracine  rf«,  qui  exprime  l'idée 
de  donner.  L'un  et  l'autre  érudit  traduisent  sacerdos  par 

—  is  Dittenberger,  594  (Cbalcédoinei  :  ir.",  t*  Str,iyii  oomitu  ra  Sr,|Ld,T:>  ;  Greek  inscr. 
in  the  British  Mus.  III,  4i6  a,  427  b  (Priène)  :  tîvii  Si  oùiur  x«'.  i|t  hjutuve;»!  «Iir,»,. 
oT«iJL  itô'Ai;  Uçô  roiïjr.  —  *'^  Sitznngsber.  de  Vienne,  1894-1895,  p  23  (Kasossos)  : 
JiiiiETai  Ji  Iv  taT;  »:>v.v„,aî;  ,:à,«,;  S.|»«if :'«■-.  Cf.  Alh.  H9  E.  —  f»  UuU.  rfc  corr.  heU. 
XV,   172  sq.  —  "  Plut.  Cum  princ.  philos.  3,  7  :  tôt;  Uçtùm/  «iSi  «k'l  tii^îv  oI 

ndXln  yi|l..>U5,ï.   —  S"  Cf.    Hesych.   11,  p.  666   :    t4;  iv    wt   BiiTf...i  toLiiSfCii  J.T,^c'«n«Ti 

vtvt|.T,|i!v«î  ,!fi,!Se.'a;  ;.jti:<7:.  —  •il  Dittenberger,  430.  -  2-2  Michel,  860.  Cf.  Aristopli. 
San.  297  et  schol.  —  23  Ditlenberger,  592.  —  54  Pour  Priène,  cf.  Greek  inscr.  in 
the  Brit.  Mus.  111.  426  a.  — 2i  C'était  le  cas,  p.  ex.,  à  Argospour  la  prêtresse  d'Héra  : 
à  Oropos  pour  le  prêtre  d'Amphiaraos;  à  Dodone  pour  le  prêtre  de  Zeus  Naios:  à 
Syracuse  pour  le  prêtre  de  Zeus  ;  à  Agrigente,  à  Ségesle,  à  Histrée.  pour  les  hiéro- 
Ihytcs;  à  Rhodes  pour  le  prêtre  d'Hélios;  àlMagnésie,  àGambreion,  à  lasos,  à  Milel. 
pour  les  slépharnéphores  :  dans  les  colonies  niilésiennes  ;  de  la  Mer  Noire,  Torai. 
Olbia,  Istropolis,  Dionysopolis,  pour  lesprêlresdc  divers  dieux;  etc. 

SACERUOS.  —  II.  RoMg,  —  •  Zeitschrift  fur  vcrgleichende  Sprachforschung , 
t.  Il  (1853),  p.  53.  —  2  Vanicet,  Griechischialein.  Etymol.   Wàrterbuch,  p.  322. 


SAC  —  943  — 

le  mol  allemand  Opfergebcv.  Cette  élyinologie  el  cette 
interprétation  se  trouvent  déjà  dans  Isidore  de  Séville'  : 
Sacerdos  nomen  habet  compositum  ex  graeco  el  latino, 
quasi  sacrum  dans.  11  serait,  toutefois,  inexact  de  ne  voir 
dans  le  sacerdos  romain  que  le  personnage  chargé  d'ofl'rir 
les  sacrifices.  A  l'époque  historique,  du  moins,  le  sens  du 
mot  fut  plus  large.  Deux  catégories  de  prêtres  publics 
sont  nettement  distinguées  dans  les  lois  citées  par 
Cicéron  :  eoruni  duo  gênera  sunlo,  unuin  tjuod  praesit 
caerimoniiset  sacris,  allerumquod  interpretetur  falidi- 
corutn  et  vatum  efj'ata  incognita  ^.  De  tous  les  détails 
qui  précèdent  et  qui  suivent  ce  texte  très  important, 
il  résulte  que  la  compétence  des  prêtres  s'étendait  à  tout 
le  rituel  el,  en  outre,  au  comput  du  temps:  quo  haec 
privatim  et  publiée  modo  rituque  fiant,  discnnloignari 
a  publiais  sacej'dotibus...  —  cursus  annuos  sacerdotes 
finiunto^.  On  peut,  dès  lors,  se  demander  si,  en  tradui- 
sant par  Ojjfergeber  le  mot  latin  sacerdos,  Corssen  el 
Vanicekn'onlpoinltrop  limité  lasignification  de  l'adjectif 
sacer  ;  el  s'il  ne  convient  pas  de  lui  donner  ici  son  sens  le 
plus  compréhensif.  Le  sacerdos  serait,  dans  notre  hypo- 
thèse, ou  du  moins  aurait  été,  à  l'origine,  non  pas  seule- 
ment le  personnage  chargé  d'offrir  les  sacrifices,  mais 
le  personnage  à  qui  incombait  le  soin,  la  surveillance,  le 
contrôle  de  tout  ce  qui  concernait  les  dieux,  de  tout 
objet  ou  de  tout  être  qui  leur  appartenait,  de  tout  acte 
quis'adressaitàeux,  de  toulphénomèneconsidéré comme 
un  signe  particulier  de  leur  volonté*. 

Celle  définition,  toutefois,  doit  être  pour  l'époque  his- 
torique, limitée  el  précisée.  Les  Romains  ne  paraissent 
avoir  jamais  désigné  par  le  nom  de  sacerdotes  soit  les 
magistrats  qui  célébraient  ou  présidaient  au  nom  de 
l'Étal  des  cérémonies  religieuses,  .  soit  les  pères  de 
famille  qui  rendaient  les  hommages  prescrits  parle  rituel 
aux  divinités  domestiques  ou  genlilices.  Le  consul,  qui 
prenait  les  auspices,  qui  sacrifiait  des  taureaux  à  Jupiter 
Capilolin  le  jour  de  son  entrée  en  fonctions  %  qui  célé- 
brait les Feriae  lalinae'^  sur  les  monts  Albains,  qui  pré- 
sidait les  Ludi  romani',  n'était  point  compté  parmi  les 
sacerdotes  publici  populi  romani.  De  même  des  édiles 
curules,  bien  que  la  procuratio  aedium  sacrarum  fut 
«  une  partie  considérable  de  leur  compétence  »  ", 
bien  qu'ils  eussent  à  organiser  et  à  surveiller,  sous  la 
République,  un  très  grand  nombre  de  jeux,  soit  publics 
soit  privés  '.  Mommsen  a  mis  1res  nettement  en 
lumière  les  différences  essentielles  qui  existaient  dans 
l'État  romain,  tel  que  nous  le  connaissons,  entre  les  ma- 
gistratures el  les  sacerdoces.  «  Tout  l'ensemble  du  culte 
régulier  des  dieux  reconnus  par  l'État  est  confié  aux 
prêtres,  sans  que  les  magistrats  y  aient  aucune  partici- 
pation, ni  même  aient  sur  lui  un  droit  de  haute  surveil- 
lance. Les  représentants  de  l'État  ont  sans  doute,  en  celle 
qualité,  le  droit  de  faire,  suivant  les  circonstances,  au 
nom  de  la  ville,  les  prières  el  les  sacrifices,  les  vœux  el 
les  dédicaces  que  les  particuliers  font  en  leur  nom  propre  ; 
mais  ils  n'ont  que  celui-là.  En  sens  inverse,  les  prêtres 
n'ont  dans  la  conslitulion  ni  puissance  théorique,  ni  place 
juridique  ;  ils  n'ont  aucun  pouvoir  pour  assurer  l'obser- 

•     Orit/in.    Vil,  (i,    17.  —    2   lie    leg.    II.   S,    iO.    —    3   lie    lerj.  II.    8.   20. 

—  *  Cf.  Cicer.  ûe  legib.  toc.  cit.  i  Cerlasque  fruges.  certasque  Lacnas  bacerdotes 
liutitica  libanto...;  (juaequc  cuique  divo  decorae  grataeque  sint  hosliac  provi- 
ilâDlo...;    sacerdoles    viaela    virgclaque  et    salutem  populi    auguraoLo...  »  :    etc. 

—  6  Voir  CONSUL,  t.  I,  p.  1456  et  1170.  —   S  Voir  FERfAE  ijitimb,  l.   Il,  p.  1071. 

—  ^   Voir  lUDi,    t.    III,    p.    1372.    —    8  Bouclié-Leclercci,    Mamiel   de»   Inatit. 


SAC 

vation  de  leursdécisions....  L'organisation  des  sacerdoces 
est  diamétralement  opposée  à  celle  des  magistratures  '".  » 

El.  d'autre  pari,  jamais  non  plus  le  nom  de  sacerdos  ni 
le  caractère  sacerdotal  n'ont  été  attribués  au  paler 
famiiias,  qui  offrait  des  libations  et  des  sacrifices  aux 
Lares  et  aux  Pénales,  soil  sur  lefoyer  même  de  la  maison, 
soit  dans  le  lararium  ";  qui  célébrait,  dans  les  nuits 
du  9,  du  11  el  du  13  mai,  la  cérémonie  des  Lemuria, 
destinée  à  apaiser  et  à  écarter  les  âmes  des  défunts  de  la 
famille'^;  ou  encore  qui  rendait  aux  mânes  de  ses 
ancêtres  et  de  ses  parents  le  culte  accoutumé '^  Suivant 
l'expression  de  Galon  :  Scito  dominum  pro  tota  familia 
rem  divinam  facere"',  le  pater  famiiias  romain  était, 
en  fait,  un  vrai  prêtre  du  culte  privé  :  cependant  jamais 
il  ne  porta,  à  l'époque  historique,  le  titre  de  sacerdos. 

Les  sacerdotes  étaient,  à  Rome,  des  personnages  qui 
exerçaient  dans  la  société  et  dans  l'État  des  fonctions 
spéciales.  D'autres  qu'eux,  magistrats  et  particuliers, 
pouvaient  pratiquer  les  rites  habituels  du  culte,  prières, 
libations,  sacrifices,  vœux,  dédicaces,  etc.,  tant  en  leur 
nom  privé  qu'au  nom  de  l'Étal  ;  mais  seuls  les  sacer- 
dotes étaient,  comme  l'indique  Marquardt  dans  une 
formule  aussi  nette  que  suggestive,  «  experts  dans 
l'acte  religieux  »'°;  seuls,  ils  étaient,  si  l'on  peut  em- 
ployer cette  autre  expression,  des  ■<  professionnels  ». 
«  On  peut  affirmer,  sans  hésiter,  qu'à  toute  époque,  tous 
les  prêtres  ont  été  chargés  par  l'État  d'agir  en  qualité 
d'experts;  il  le  fallait,  car  les  sacrifices  les  plus  usuels 
étaient  accomplis  eux-mêmes  suivant  des  règles  minu- 
tieuses qu'il  n'était  pas  possible  d'observer  sans  une 
connaissance  très  précise  des  rites  et  sans  une  expé- 
rience consommée  '"  ».  Aussi  les  sacerdotes  publici 
populi  romani  avaient-ils  la  charge  de  contrôler,  de 
surveiller  non  seulement  le  culte  public,  mais  même 
les  cérémonies  de  la  religion  privée,  domestique,  gen- 
tilice.  A  la  différence  des  magistrats  et  des  pères  de 
famille,  ils  étaient  nommément  désignés,  suivant  des 
modes  spéciaux  de  nomination,  pour  exercer  leurs  fonc- 
tions liturgiques  ;  ils  avaient,  en  tant  que  prêtres, 
des  devoirs,  des  droits,  des  privilèges  particuliers. 

Les  sacerdoces  romains  étaient  très  nombreux  et  très 
variés.  «  Ils  ne  sont  point,  écrit  M.  Bouché-Leclercq, 
rattachés  les  uns  aux  autres  par  des  liens  hiérarchiques, 
de  façon  à  constituer  un  ensemble.  Ce  sont  comme 
autant  de  fonctions  spéciales  et  isolées,  d'origine  et 
d'importance  très  diverses,  groupées  autour  du  pouvoir 
civil  qui  représente  l'État,  avec  mission  de  l'aider,  de 
l'éclairer,  mais  surtout  avec  le  devoir  de  lui  obéir.  De 
ces  sacerdoces,  les  uns  sont  individuels,  les  autres 
collectifs:  parmi  ces  derniers,  les  uns  sont  représentés 
par  des  sodalités,  les  autres  par  des  collèges'''.  »  Les 
sodalités,  confréries  vouées  à  un  culte  déterminé, 
avaient  plus  fidèlement  conservé  le  type  primitif  des 
associations  gentiliees  ;  les  collèges,  créés  par  l'Étal 
pour  fixer  la  tradition  religieuse  et  guider  l'autorité 
publique  dans  l'accomplissement  des  devoirs  de  l'État 
envers  les  dieux,  étaient  plutôt  des  cénacles  de  théo- 
logiens que  de  véritables  confréries  religieuses". 


p.  73,  n.  4.  —  9  Id.  /bid.  p.  74;  cf.  AijDu.ts,  l.  I,  p    98.  _  10  Mamm- 
■gen    et  Mar(|uardt,    Manuet   des   ant.     rom.    (trad.    franc.),    t.    fU,    p.    19   sq. 

—  H  Voir  LABKs,  l.  III,  p.  !141-94Î.  —  12  Voir  lbmukes,  t.  III,  p.  1100.  —  13  Voir 
KEi.Ai.rA,  l.   Il,   p.   1040;  «ANES,  l.  111.    p.   1.575-1576;  pahemtalia,  l.  IV,  p.  333-334. 

—  H  Z>e  re   rust.,    143.  —  '5  Momiuseu  et   .Marquardt,    tj.  c,   t.    XU,  p.   264. 

—  16   Id.  Ibid.  p.  2G4-Ï(i3.  —  I"  0.  c,  p.  500.  —  i» Ibid.  p.  501. 


SAC 


—  944  — 


SAC 


Les  prêtres  romains,  chargés  iodividuolleinent  de 
desservir  le  culte  d'une  divinité  déterminée,  portaient 
d'iiabiludele  litre  de  /lamines  [klamen,  t.  II,  p.  H56sq.]. 
Le  terme  sacerdos:  ou  succrdotes  fut  cependant  employé 
pour  désigner  officiellement  des  prêtres  attachés  à  divers 
cultes,  sinon  d'origine  proprement  romaine,  du  moins 
adoptés  de  bonne  iieure  par  Rome:  c'est  ainsi  qu'on  ren- 
conlredes sacvrdotes  Alban i,  Cahenses,  Caeninenses,  La- 
nuvini,  Laurentes  Lavinutes,  iMurentini,  Suciniani, 
Tuscu/ani  [v.  les  articles  ci-après].  K\i  féminin,  il  servitù 
désigner  certaines  prêtresses  de  cultes  appartenant  au 
ritus  graecus,  telles  que  les  mcerdoles  publicae  Gererix 
poptili  romani  Quiritium\  les  sacerdotes  Bonae  Deac"-, 
les  sacerdotes  Mat  ris  Deum  Maijnue  XV  virales  \ 

Signalons  encore  quelques  sacerdotes  de  rang  secon- 
daire: \es  sacerdotes  bidentales\  le  sacerdos\virginum. 
Vesta/ium'\  les  sacerdotes  sacrae  Ui'bis'^. 

Les  sodalités  officielles  étaient  celles  des  Luperci,  des 
Fratres  Arvales,  des  Salii,  des  Titii;  plus  tard,  sous 
l'Kmpire,  une  sodalité  fut  créée,  dont  les  membres  por- 
taient le  titre  de  sodales  Auffusiales,  pour  perpétuer  le 
culte  de  la  gens  Julia.  [arvales  fratres,  p.   449;  augus- 

TALES,  t.  I,  p.   560;  LUI'ERCAL(A,   t.   111,  p.  1398;  SAL1I,  TITll]. 

Les  collèges  sacerdotaux  de  l'État  romain  étaient  ceux  :  des 
Pontifes,  des  Augures,  des  Féciaux,  des  //  viri,  puis  A' 
viri,  puis  A' l' i^iri  sacris  faciundis,  des  VII  viri  epulo- 
n«;«fAUGURES,  1. 1,  p. 550;  epulomes,  t.  II,  p.  738;  fetiales, 
t.  II.  p.  1095;  POiNTiFiCEs,  t.  IV,  p.  567;  duumviri,  t.  Il, 
p.  i26.]^  Sur  ces  /lamines,  sacerdotes,  sodalitates,  colle- 
(jiu,  on  trouvera  aux  articles  que  nous  signalons  les  rensei- 
gnements nécessaires;  mais  il  nous  faut  essayer  de  déga- 
ger les  caractères  généraux  des  sacerdoces  romains, 
absiraclion  faite  des  particularités  qui  distinguaient  un 
Hamined'un  membre  d'une  sodalité  ou  d'un  collège,  un 
Arvale  d'un  Luperque,  un  Pontife  d'un  Qiiindecimvir 
sacris  faciundis  ou  d'un  Septemvir  epu/onum! 

Les  prêtres  romains,  sous  la  République,  n'étaient  pas 
tous  désignés  de  la  même  manière.  Ceux  qui  faisaient 
■partie  des  sodalités  et  des  collèges  se  recrutèrentpendant 
longtemps  par  cooptation,  et  nommèrent  eux-mêmes  par 
un  libre  vote  leur  président.  Les  premières  dérogations 
à  cette  règle,  qui  parait  bien  avoir  été  générale  *,  se 
produisirent  dans  le  courant  du  m''  siècle  avant  l'ère 
chrétienne.  Tite-Live  signale  pour  la  première  fois  en 
l'année  212  la  réunion  de  comices  pour  la  désignation 
du  Pontifex  Maximus ''  ;  M.  Bouché-Leclercq  suppose  que 
le  premier  plébéien  qui  exerça  ce  sacerdoce,  T.  Coruu- 
canius,  fut,  en  252,  désigné  de  même  par  des  comices  '". 
[poNTiFiCES,  p.  508j.  .\  vrai  dire,  ces  comices,  composés 
seulement  de  dix-sept  tribus  sur  trente-cinq,  ne  représen- 
taient que  la  minorité  dos  citoyens,  et  leur  rôle  consistait 
dans  la  pratique  à  désigner  d'avance  celui  des  pontifes 
que  le  collège  devait  ensuite  coopter  :  on  avait  donc  pris 
les  plus  grandes  précautions  pour  respecter,  au  moins 
en  apparence,  les  principes  et  les  usages  traditionnels, 
tout  en  donnant  satisfaction  aux  réclamations  du  parti 
démocratique ".^Les  tribuns  de  la  plèbe  ne  s'en  tinrent 

I  (J.  Wissowa,  Iteliijion  und  Kultiis  der  lliimcr.  |i.  iH-ît:i:  cf.  Cicer.  Pro 
ISalbo,  .1t.  —  2  Wissowa,  Ih.  p.  178-171).  —  i  Ibid.  p.  iOi.  —  i  Ibid. 
p.  lîl.  —  t-  C.  i.  lat.  VI,  ilJO.  —  6  Ibid.  iUG.  —  '  Us  VcsUles  [vss- 
TALKs)  uc  formaient  pas  un  collège;  elles  dépendaient  eutièrcmcnt  du  Pontifex 
Jfaximus  ci  l'autorité  f|u'il  eicrçait  sur  elles  était  absolue.  — ^  Mommscu  semble 
(tiftposé  à  croire  que  les  Saliens  élaioiit  nommés  par  le  P.  M.  {Manuel  des  ant. 
romaines,   tr.  franc,  l.   III,  p.  :iS).  Aucun  texte  formel  ne  peut  être  invoqué  it 


pas  là  :  en  145  av.  J.-C,  C.  Licinius  Crassus  propos» 
une  loi  d'après  laquelle  l'élection  populaire  devait  rem- 
placer, dans  la  désignation  des  membres  des  collège,s 
religieux,  la  cooptation'^.  Celte  loi  ne  fut  pas  volée. 
Mais,  en  104,  le  tribun  Gn.  Domitius  Ahenobarbus  réussit 
à  faire  voter  la  lex  Domitia,  qui  étendait  ceteris  sacer- 
doliis  le  procédé  usité  depuis  plus  d'un  siècle  déjà  pour 
la  désignation  du  Pontifex  Maximus  ".  Il  faut  entendre  ici 
par  cetera  sacerdotia  toutes  les  fonctions  religieuses  pré- 
cédemment décernées  par  cooptation  "  ;  c'étaient  donc 
les  membres  des  sodalités  et  des  collèges  qui  devaient 
être  désormais  désignés  par  les  comices  restreints,  avant 
d'être  cooptés  suivant  les  règles  du  droit  religieux.  Abro- 
gée par  Sylla,  qui  rétablit  l'ancien  mode  de  la  cooptation 
au  moins  pour  les  deux  grands  collèges  des  pontifes  et 
des  augures  [lex  Cornelia  de  ponlificum  augurumque 
collegiis;  cf.  lex,  t.  Ill,  p.  1139),  la  lex  Domitia  fut 
rétablie  et  même  aggravée,  semble-t-il,  par  la  lex  Atio; 
cette  loi,  votée  en  63  sur  la  proposition  du  tribun 
T.  Atius  Labienus,  confiait  de  nouveau  aux  comices  des 
dix-sept  tribus  la  désignation  préalable  pour  les  fonc- 
tions sacerdotales''' ;  en  outre,  elle  assignait,  non  plus 
au  P.  M.,  mais  aux  consuls  la  présidence  de  ces  comices 
spéciaux.  Les  réformes  de  César  et  d'Auguste  aboutirent 
en  fait,  malgré  toute  apparence  contraire,  à  la  suppression 
delà  cooptation.  L'empereur,  P.  M.  de  droit,  et  d'ailleurs 
maître  absolu  de  l'État,  s'était  fait  donner  dès  l'an 
29 av.  J.-C.  le  pouvoir  de  disposer  à  son  gré  des  sacer- 
doces et  d'ajouter  à  chaque  collège  autant  de  prêtres 
surnuméraires  qu'il  le  voudrait  '°. 

Mais,  sous  la  République,  les  sacerdotes  n'étaient  pas 
tous  désignés  par  la  cooptation.  Les  titulaires  des  sacer- 
doces individuels,  /lamines,  le  Rex  sacrorum,  les 
'Vestales  étaient  nommés  par  le  P.  M.,  considéré  comme 
le  chef  de  la  religion  nationale,  le  directeur  du  culte 
public  [ PONTIFICES,  p.  567].  Il  est  vraisemblable,  d'autre 
part,  que  les  duumviri,  puis  decemviri,  puis  quinde- 
cimviri  sacris  faciundis  nommaient  les  prêtres  dA 
cultes  d'origine  étrangère  admis  et  reconnus  par  l'Étal 
romain,  par  exemple  les  prêtres  de  la  grande  Mère 
des  Dieux  et  les  prêtresses  de  Cérès,  etc.  |duum 
VIRI,  etc.,  p.  441]  '\  Sous  l'Empire,  toutes  les  attri 
butions  du  P.  M.  passèrent  à  l'empereur,  dont  l'autorité 
s'exerçait  en  outre  sur  le  collège  des  Quindecimvirs 
comme  sur  tous  les  autres. 

En  résumé,  les  sacerdotes  publici  populi  romani, 
nommés  probablement  à  l'origine  par  le  roi,  furent 
désignés  sous  la  République,  les  titulaires  des  sacerdoces 
collectifs  par  cooptation,  puis  par  une  élection  soumise  à 
certaines  conditions  spéciales,  les  titulaires  de  sacer- 
doces individuels  soit  par  le  P.  M.  soit  par  le  collège 
des  Duumviri,  Decemviri  ou  Quindecimviri  sacris 
faciundis.  Sous  l'Empire,  quelles  que  fussent  les  règles 
théoriques  et  officielles,  en  fait,  la  nomination  des  uns  et 
des  autres  dépendait  de  la  volonté  impériale. 

Quelles  conditions  fallait-il  remplir  pour  pouvoir  être 
investi  d'un  sacerdoce,  non  pas  de  telle  ou  telle  fonction 

l'appui   de    cette    oflirroalion  ;   cf.    Bouché-LeclerC([,  InsCU.    rom.    p.    500,    u.  i. 

—  9    Liv.    XXV,    5   :  Comitia   inde    Pontifici    maximo   creando   sunl    habita. 

—  tu  Iml.  Hom.  p.  531,  n.  I .  —  "  Marquardt  et  Momrasen,  Manuel,  t.  III, 
p.  Î9sq.  —  <*  Cic.  De  amie.  25.  —  13  Cic.  De  lege  agraria,  11,  7.  —  it  Vell. 
Palerc.  Il,  13,  3.  —  l»  Art.  lbx,  I.  111,  p.  1130.  -  16  Dio  Cass.  il,  ÎO  ;  cf. 
art.  DDDMvnti,  dkckmviri,  ûuinurckmviri  sackis  i--ACiuNDis,t.  Il,  p.  +i9-43Û.  —  '7  Boii- 
clié-Leclercq,  Instit.  rom.   p,   Sl.'i-Siri,  3*7.548. 


SAC 


—  Dif)  — 


SAC 


sacerdotale,  mais  d'un  sacerdoce  public  et  officiel,  quel 
qu'il  fùl?  Il  y  avait  d'abord  des  conditions  très  géné- 
rales, telles  que  l'absence  de  toute  tare  ou  infirmité 
corporel',  l'absence  de  toute  condamnation*,  la  posses- 
sion du  droit  de  cité  romaine  ',  l'ingénuité'.  D'autres 
conditions  furent,  en  outre,  exigées  pendant  certaines 
périodes;  par  exemple,  sous  la  royauté  et  pendant  les 
premiers  siècles  de  la  République,  les  patriciens  seuls 
pouvaient  être  cooptés  dans  les  collèges  et  les  sodalités 
ou  nommés  prêtres  par  le  P.  M.  :  ce  fut  seulement  en 
l'année  300  av.  J.-C.  que  la  Icx  Ogulnia  ouvrit  aux  plé- 
béiens les  deux  grands  collèges  des  Pontifes  et  des 
Augures  et  même  leur  y  donna  de  droit  la  majorité^.  Il 
est  vraisemblable  que  la  plupart  des  autres  sacerdoces 
devinrent  de  même  accessibles  aux  plébéiens  :  seuls 
paraissent  avoir  été  réservées  aux  patriciens  les  fonctions 
du  Rex  sacrorum,  des  trois  grands  flamines  et  des 
Saliens''.  Cette  situation  fut  modifiée  par  .\uguste. 
Désormais,  les  divers  sacerdoces  publics  ne  purent  être 
revêtus  et  exercés,  les  uns  que  par  des  personnages  de 
l'ordre  sénatorial  (les  quatre  grands  collèges,  la  plupart 
des  anciennes  sodalités  et  les  sodalités  nouvelles  qui  se 
créèrent  pour  le  culte  des  Divi,  Aitffustnles,  Flaviales 
Titiales,  Cocceiani,  Ulpiales,  etc.,  les  fonctions  de  Rex 
sacrorum.  des  trois  grands  flamines,  des  Vestales);  les 
autres  que  par  des  personnages  de  l'ordre  équestre.  Les 
simples  citoyens  s'en  trouvèrent  donc  exclus".  Ilconvient 
enfin  de  signaler  qu'aucune  incompatibilité  formelb; 
n'existait  entre  les  difl'érents  sacerdoces,  sauf  celles  que 
comportait  la  nature  même  des  choses,  et  sauf  le  cas  des 
Saliens.  Il  allait  de  soi,  par  exemple,  que  le  même 
Romain  ne  pouvait  pas  être  en  même  temps  flamine  et 
pontife,  puisque  les  (lamines  dépendaient  du  collège  des 
pontifes,  ou  encore  qu'une  Vestale  ne  pouvait  pas  exercer 
d'autre  sacerdoce,  puisque  les  Vestales  étaient,  à  Rome, 
les  seules  prêtresses  d'État*.  Quant  aux  Saliens,  celui 
d'entre  eux  qui  était  investi  d'un  autre  sacerdoce,  qui 
devenait  pontife  ou  augure,  devait  sortir  du  collège'. 

Coopté,  désigné  par  l'élection  des  comices  restreints, 
ou  nommé  par  le  P.  M.,  le  nouveau  prêtre  devait  être 
installé  dans  sa  fonction  sacerdotale.  On  sait  formelle- 
ment que  le  Rex  sacrorum,  les  grands  flamines  et  les 
augures  étaient  inaugurés,  à  la  requête  du  P.  M.,  dans 
les  comitia  calafa.  On  trouvera  discutée  ailleurs  [i.nacgu- 
RATio,  t.  III,  p.  438-439],  la  question  de  savoir  si  tous  les 
prêtres  étaient  inaugurés.  M.  Bouché-Leclercq  montri' 
que  ni  les  grands  collèges,  ni  les  confréries  ou  sodalités. 
ne  faisaient  inaugurer  leurs  membres.  Pour  les  autres 
prêtres,  l'entrée  en  fonctions  paraît  avoir  eu  lieu  sans 
prise  spéciale  d'auspices  :  dans  les  collèges  et  les  soda- 
lités, le  chef  ou  président  ad  sacra  rocabat  le  membre 
nouvellement  désigné'". 

En  règle  générale,  les  sacerdoces  publics  de  l'État 
romain  étaient  conférés  à  vie  ";  dans  la  plupart  des  cir- 
constances où  il  était,  en  fait,  dérogé  à  ce  principe,  le 
prêtre  qui  cessait  d'exercer  ses  fonctions  sacerdotales  les 


'  G.  Wissona,  p.  421  et  noie  4.  —  i  Ibid.  p.  4il  cl  n.  5.  —  3  Ibid.  p.  411. 
cl  n.  C.  —  *  Ibid.  p.  421  el  n.  7  ;  Marquardl  et  Slomnisen,  Manuel,  111,  p.  36. 
—  5  Voir  18X,  t.  III,  p.  li.iS.  —  6  G.  Wissowa,  0.  c.  p.  iil-iii  ;  Cic.  Pro 
domo,  38.  —  1  G.  Wissowa.  p.  422.  —  »  Ibid.  p.  423-424.  —  9  Ibid.  p.  423  , 
cf.  l'art.  sALii.  —  1**  La  thèse  de  Vinauguratio  pour  tous  les  prêtres  est  encore  sou- 
tenue par  Marquardl  ap.  Marquardl  et  Slommseii.  Manuel,  t.  XII,  p.  270-277. 
D'après  Man^uardl.  Vinauijuratio  proprement  dite  n'aurait  élc  abolie  qu'au  temps 
<le  l'Empire.  G.  Wissowa,  au  contraire,  partage  l'opinion  de  Bouclié-I.eelercq, /fe/i*;. 

VIII. 


quittait  volontairement  par  démission  ou  abdication'-. 
La  dignité  sacerdotale  parait  avoir  été,  en  droit,  inamo- 
vible à  Rome'^ 

Lorsqu'un  Salien  quittait  son  collège,  lorsqu'une 
Vestale  usait  du  droit  qui  lui  était  dévolu  par  la  loi  reli- 
gieuse de  résigner  ses  fonctions  après  trente  ans  de 
prêtrise,  on  employait  les  termes  exaugurare,  exaugu- 
ratio,  pour  désigner  l'acte  par  lequel  ils  dépouillaient 
leur  caractère  sacerdotal  ".  L'emploi  de  ce  mot  n'im- 
plique nullement,  d'après  VVissov^^a'S  que  les  Saliens 
ou  les  Vestales  fussent  inaugurés,  au  sens  strict  du  mot, 
lors  de  leur  entrée  en  fonctions.  «  Ces  exaugurations 
ne  sont,  dit  Bouché-Leclercq  à  propos  des  Saliens,  que 
des  congés  délivrés  par  la  confrérie  elle-même '^  «  De 
telles  exaugurations  étaient,  d'ailleurs,  exceptionnelles. 

.Nous  n'avons  à  énumérer  ici  en  détail  ni  les  fonctions 
spéciales  qu'exerçaient  les  divers  prêtres  publics  de 
l'État  romain,  ni  les  insignes  qu'ils  avaient  le  droit  de 
porter  et  qui  les  distinguaient,  ni  les  serviteurs,  lic- 
teurs, etc.,  qui  les  aidaient  dans  l'accomplissement  des 
rites:  on  trouvera  ces  diverses  questions  exposées  aux 
articles:  arvales  fratres  (I,  p.  449  sq.),  augures  (I, 
p.  ooO  sq.),  Dui'MviRi,  etc.  S-4Cris  FAauvDis(n,  p.  426-442), 

EPULONES  (II,  p.    738   sq.),  FETIALES  (II,  p.  1095),  FLAMINES 

(II,  p.  1156  sq.).  LUPERCALiA,  etc.  (III,  p.  1398  sq.),  rex 

SACRORUM  (IV,  p.  827),  SALII,  TITII,    VESTALES. 

Comme  nous  l'avons  indiqué  plus  haut,  lorsque  nous 
avons  essayé  de  définir  ce  qu'étaient  les  sacerdotes 
romains,  leurs  fonctions  consistaient  essentiellement  à 
être  les  experts  de  l'État  dans  l'acte  religieux  ;  si  les 
insignes  qu'ils  portaient  variaient  suivant  les  sacerdoces, 
du  moins  devaient-ils  tous  porter,  quand  ils  sacrifiaient, 
pura  vestimenta,  idesi,  non  obsita,  non  fulgurita,  non 
funesta,  non  maculam  habentia^'.  .\ux  collèges,  aux 
sodalités,  aux  personnes  des  prêtres  investis  de  sacer- 
doces individuels  étaient  attachés  un  nombreux  personnel 
d'agents  subalternes  et  de  servants  du  culte,  apparitores, 
calalores,  camif/i,  cultrarii,  lictores,  popae,  /ibicines, 
viatores,  etc.  [voir  ces  mots"]. 

S'il  est  inexact  de  parler  pour  les  sacerdotes  publici 
populi  romani  d'une  hiérarchie  officielle  et  organisée,  il 
ne  serait  pas  moins  contraire  à  la  réalité  historique  de 
nier  entre  eux  l'existence  de  rapports  hiérarchiques 
établis  les  uns  par  la  tradition,  les  autres  par  l'histoire 
même  du  culte.  Sous  la  royauté,  semble-t-il,  les  prêtres 
dépendaient  tous  du  Roi,  et  ils  se  classaient  entre  eux 
selon  le  rang  assigné  au  dieu  dont  le  culte  leur  était 
confié  ".  Un  texte  souvent  cité  de  Feslus  nous  apprend 
que  Vordo  sacerdotum  traditionnel  était  le  suivant  : 
maximus  videtur  Rex,  dein  Dialis,  post  hune  Mar- 
tialis,  quarto  loco  Quirinalis,  quinto  Pontifex  Maxi- 
mus. Itaque  in  [conviviis]  soins  Rex  supra  omnes 
accubat  :  sic  et  Dialis  supra  Martialem  et  Quirinalem  : 
omnes  item  supra  Pontificem  ^".  Aulu-Gelle  *'  et  Ser- 
vius^^  confirment  les  indications  donnés  par  Festus, 
et  attestent  en  même  temps  la  survivance  sous  l'Empire 

und  KM.  der  Rim.p.  420,  n.  3.  —  "  Marquardl  et  Mommsen,  Manuel,  t.lli,  p.  20. 
-  12  U.  Wissowa,  O.  l.  p.  424.  —  '3  Voir  notamment  Plin.  Episl.  IV,  8,  I  ;  Plut.  Qu. 
Tom.  99.  —  <4  GeU.  ,V.  Att.  VU,  7,  4  ;  Capitol.  Vita  Marci.  IV,  4.  —  1>  G.  Wissowa, 
0.  c.  p.  420,  o.  3.  —  16  Art.  isaucoratio,  t.  III.  p.  438  —  '7  Feslus,  s.  !■. 
pura  vestimenta.  —  18  Cf.  G.  Wissowa,  0.  c.  p.  42.5-427  ;  Marquard'.  el  Momniseu, 
Manuel,  t.  XII,  p.  209  sq.  —  "  Marquardl  et  Mommsen.  Op.  cit.  t.  Xli.  p.  31, 
J65.  —20  Feslus,  s.  V.  ordo  sacerdotum.  —  21  Noct.  att.  X,  15,  21.  —  a  Ad 
Aeneid.  Il,  2. 

119 


'  Marquardi  el  UomniseD,  O/i.  cit.  l.  XII,  p.  i66.  —  2  Jbid.  p.  2G8.  —3  Ibid. 
—  ♦  /Ait/.  —  bitii.iocRAi>HiE.  —  tirècc.  Krcuser,  Ùer  Hellenen  Priesterstaat, 
Mayrncc,  18ii;  Adriau.  />ie  Pricsterinnen  der  Oriechen,  Kiancforl.  1821  ;  Ëocckli, 
Jft;  Graecorum  sacerdotiis  {repris  dans  les  Kleine  Schriften,  IV,  p.  331  sq.);  ran 
Limhurg-Brouwer,  Histoire  de  ta  cii^itisation  morale  et  reli'/ieuse  des  Grecs, 
i.  V  (183'J),  p.  il3  sq.  ;  lleimbrod,  De  Mlieniensium  sacerdolibus,  Gleiwiti,  1854  ; 
Manry.  Histoire  des  religions  de  la  Grèce,  l.  Il,  185",  p.  381-431;  K.-V.  Her- 
manii.  Lehrbuch  livr  r/ottesdiensllichen  Allerthùmer  der  Griechen  IS58,  p.  304 sq.  ; 
SU-ngel,  Die  yriecliischen  Sakratalterthùmer  (dans  le  Uandbiich  de  Iw.  von 
.Mr.llerj,  J*  éd.  (1838),  p.  30-41:  Sclifiraanii,  Griechische  Allerthùmer,  t.  II. 
4»  lil.  revue  par  Lipsius  I9ûi.  p.  4I0-4S4;  Marlha,  Les  sacerdoces  athéniens 
IH*!:  Ilellcr,  /Je  Cariae  Lydineque  tacerdolibus,  dans  le  xvm"  volume  suppli- 
inentaireiles  Jahrbaeher  de  Fleckeisen  (IS9i),  p.  i\îiiH.  —  Rome.  Sur  rori"iiic, 
les  caractères  géaéraui  el  l'organisation  publique  des  sacerdoces  romains,  Jcs 
ouvrages  capilaui  sont  aujourd'hui  :  Bouché-l.eclei-cq.  Manuel  des  Jiistitutions 
romaines,  Paris.  1886  (Sixième  parlie,  p.  459  sq.)  ;  J.  MarquardI,  Le  culte  chez  les 
Ilnmains,  Ir.  fr.  Paris,  1889-1890  =  Mari|uardt  el  llonimsen,  Manuel  des  antiquités 
romaines,  Irad.  franc,  t.  XII  et  XIII  ;  G.  Wissowa,  Iteligiun  und  Kiittus  der  lUmer. 
lluuitli,  I90i,  §3  6«   sq.,   p.   410  sq.  On  peut  v  ajouter  :  L.  Mercklin.   Lebcr  die 


SAC  —  94fi 

de  cette  antiijiie  liiiTaixliie,  tout  exlérii;'iiio  d  ailleurs. 
Sous  la  Kt'publique.  l'organisation  sacerdotale  se  carac- 
térisa par  la  prédominance  incontestée  du  Pontifex 
Maximus;  parmi  les  collèges  et  sodalités,  les  Pontifes, 
les  Augures,  les  Septeimuri  Epiilnnum,  U's  Duuinviri 
(puis  Deirmriri,  puis  (Jainileciiiii'iri  sacris  faciiindis) 
formaient  les  qtmtuor  .^umma  ou  amplissinxi  coUegia'. 
Il  est,  en  outre,  évident  que  le  P.  .M.  exerçait  une  atilorité 
particulière  sur  les  prêtres  et  les  prétresses,  sur  les 
llamines.  sur  les  Vestales  qu'il  nommait,  qu'il  investis- 
sait de  leurs  fonctions  sacerdotales  ;  de  même  les  prê- 
tresses de  Cérès  et  les  prêtres  de  la  Mère  des  dieux 
dépendaient  des  Diiumviri,  etc.,  sacris  faciiindis.  Sous 
l'Empire,  l'empereur,  grâce  à  son  titre  de  pontifex 
maximus,  fut,  comme  l'avait  été  le  roi  dans  l'organi- 
sation primitive  de  la  cité,  le  chef  de  la  religion  oflicielle. 
Tous  les  prêtres  de  l'État  romain  jouissaient  d'immu- 
nités et  de  privilèges  honorifiques.  Ils  portaient  la  toge 
prétexte-;  des  places  d'honneur  leur  étaient  attribuées 
dans  les  fêtes  et  dans  les  jeux  ^  Ils  étaient  exempts, 
sauf  cas  exceptionnels  et  d'urgente  nécessité,  des  charges 
publiques,  des  impôts,  du  service  militaire'.  Les  pri- 
vilèges particuliers  à  certains  sacerdoces  sont  exposés 
dans  les  articles  spéciaux  consacrés  à  ces  sacerdoces. 

[P0.NTIFICES.  KL.iMEX,  VESTALES,  etC.J      J.    ToUTAIN. 

SACERDOS  PROVIXCIAE.  —  Cette  variété  de  prêtre 
est  une  nouveauté  de  l'époque  impériale;  elle  résulte  de 
l'extrême  déférence,    imitée    des    usages   orientaux    et 
hellénistiques',  qui  fit  mettre,  dans  les  provinces,   le 
souverain  au  rang  des  dieux  [apotueosis].  Le  culte  de 
Home  avait  pris  naissance  beaucoup  plus  tôt  [roma],  mais 
il  était  resté  généralement  municipal  -.  .Mors  qu'à  Rome 
le  culte  des  divi.  c'est-à-dire  des  empereurs  morts,  fut  seul 
admis,  le  culte  provincial  fut  celui  de  Rome  et  de  J'em- 
l>ereur  vivant^  ;  sans  doute,  la  série  des  empereurs  précé- 
dents ne  dut  pas  être  écartée  ;  ainsi  le  temple  élevé  à  Tibère, 
sur  la  demande  «   des  villes  »  d'.\sie,  à  Smyrne',  dut 
servir  aussi  à  l'adoration  des  princes  ultérieurs,  mais 
Tibère  ne  pouvait  y  être  oublié  ;  l'adoption,  au  reste,  ne 
lit  souvent  que  renforcer  les  privilèges  héréditaires  de 
ilescendance   directe  ;  eût-on   osé    adorer   le   monarque 
régnant  et  négliger  le  culte  de  son  père  et  prédécesseur? 
Le  culte   provincial  n'était  réglé  par  aucune  loi  d'en- 
semble s'appliquanl  à  toutes  les  provinces;    aussi  le.s 
deux  moitiés  de  l'Empire,  latine  et  grecque,  présentent 
dans  cet  ordre  de  choses  un  certain  nombre  de  diffé- 
rences, mais  il  y  eut  aussi  bien  des  traits  communs.  En 
principp.  les  provinciaux  restaient  libres  d'orijaniser  ce 


SAC 


culte  à  leur  guise  '  ;   pratiquement,  si  l'empereur  ou  h- 
Sénat  n'intervinrent  que  sur  requête,  le  gouverneur  dut 
exercer  une  discrète  surveillance,  inspirer  même  officieu- 
sement quelques  mesures.  Le  sarerdolium  /irovijiciar 
échap])ait  au  système  de  la  collégialité;  il  appartenait  à 
un  seul  dignitaire,  élu,  dans  la  province  ou  le  groupe  de 
provinces  unies  pour  la  célébration  du  culte  des  Césars 
[Très  Daciae,  Très  Ga/liae)^,   par  l'assemblée  provin- 
ciale'^,  et  à    temps,    non   à    vie^.    Sacerdoce    sûrement 
annuel  en  Afrique  et  en  Narbonaise',  ailleurs  aussi  très 
probablement.  Pour  insignes,  la  couronne  d'or,  souvent 
ornée  des  bustes  des  Césars,  et  la  robe  de  pourpre,  imita- 
tion de  la  toge  impériale  '"  ;  maison  pense  que  tels  étaient 
aussi  les  insignes  du  prêtre  municipal  des  empereurs. 
En  Orient,  le  prêtre  provincial  s'appelait  àû/iepeO;  [ar- 
CHiEREi's]  ;  en  Occident,  suivant  les  régions,  flnmen  (pro- 
vinces alpestres,  Espagne,  Narbonaise,  .\frique  hormis  la 
proconsulaire)  ou  A'ffcc/'rfos  (autres  provinces,  notamment 
les  Gaules).  L'hégémonie  romaine  ayant  partout  favorisé 
le  régime  aristocratique,  ce  personnage  ne  pouvait  être 
qu'un  notable,  citoyen  d'ailleurs  de  n'importe  quelle  ville 
de  la  province    D'ordinaire,  il  avait  parcouru  le  cursus 
honorum  municipal  ;  le  fait  est  attesté  pour  le  plus  grand 
nombre  et  put  se  produire  dans  d'autres  cas  à  notre  insu. 
Beaucoup  d'inscriptions  qui  les  commémorent  portent 
la  mention  omnibus  honoribus  functus  ou  une  autre 
analogue".  La  plupart  de  ces  sacerdofes  étaient  citoyens 
romains''-,  mais  il  ne  semble  pas  que  celte  qualité  leur  fût 
indispensable,  comme  on  l'a  dit  en  généralisant  à  torl 
une  disposition  qui  parait  ressortir  de  la  lex  concilii 
Narbonensis'^;  il  se  peut  même  que  la  civitas  romana 
leur  ait  été  accordée  à  leur  entrée  en  charge,  ou,  mieux 
encore,  à  l'expiration  de  leurs  fonctions,  lorsqu'ils  pre- 
naient le  titre  de  sacerdotalis  ou  de  flaminalis,  impli- 
quant des  privilèges,  honorifiques  ou  autres,  dans  leurs 
villes  et   dans   la  province   entière.    Les   municipalités 
entretenaient  des  rapports  excellents  avec  les  conventus 
civium  nomanorum  ;  ceux-ci  fournirent  plus  d'une  fois 
des  sacerdotes  prorinciae;  on  en  vint  même  à  élire  des 
fonctionnaires  romains,  d'anciens  officiers,  des  procu- 
rateurs impériaux '^  Mais  surtout  la    noblesse,  locale, 
aristocratie  de   naissance  el  de  fortune,    pourvut  à  ces 
fonctions  qui,   comme  les  autres,   devaient  être  dispen- 
dieuses pour  ie  titulaire:  aussi,  dans  les  listes   qu'on 
pourrait    dresser  pour  chaque  localité   importante,  les 
noms  des  mêmes  familles  reparaîtraient  constamment; 
une  autre  catégorie  très  représentée  est  celle  des  rhéteurs 
el  des  sophistes  ''\  En  dehors  de  ces  attributions  propre- 

Anordnung  und Einteitimg  des  rômischen  Priesterthum3,^ial-PèlershouTg,  1S53: 
Marquardt  et  Mommsen,  Manuel  des  antiquités  romaines,  trad.  frauç.  1.  III, 
p.  li)  sq.  ;  Gemoll,  De  coo/datione  sacerdottim  romanorum,  Berlin,  1870;  H.  Oldeu- 
lierp.  Ue  innuijuratione  sacerdotnm  romanorum  (Comment,  philolog.  in  honor. 
Mommseni,  p.  1.^9);  C.  Bardt.  Die  Priester  der  vier  yrossen  Collégien  aus 
rtimisehrepublikanischer  Zeit,  Berlin.  1871  ;  .K.  Houché-Leclercq,  Les  Pontifes  de 
'  Home,  Paris,  \h'\. 


SACERDCIS  pnoviXCIAE.  1  Korncmann,  Beitrdge  zur  aiten  Geschichte,  1 
(1901),  p.  51-U6.  —  -^  J'en  ai  cit«^  nombre  d'ei;emples  pour  TAsie,  Province  pro- 
consutaire,  Paris,  1904,  p.  423.  —  ^  Beurlier,  Essai  sur  le  culte  rendu  aux 
empereurs  romains,  Paris,  1890,  p.  99.  —  *  Tac.  Ami.  IV,  15.  —  5  Cf.  J.  Tou- 
Inin,  Les  cultes  païens  dans  l'Empire  romain,   Paris.   I,    I    (1905),    p.  127    sq. 

—  6  Beurlier,  O.  c.  p.  121.   —  7  Paul.   .Sent.  V.  30,  1.  —  »  Beurlier,  p.  145  sq. 

—  3  P.   Uuiraud.   Les    asseinb'ées  provinciales   dans    l'Empire    romain,  Paris, 
1887,   p.    82  sq.  —    ">  Fr.  Cumonl,  Jtev.  des  étud.   grecq.    XIV    (1901),  p.  141. 

—  Il  C.  i.  Int.  Il,  4189  sq.  —  12  Toutaiu,  O.  c.  p.  133.  —  13  Beurlier,  140  et  148. 

—  '4  l.a  chose  est  fréquente  surtout  en  Espagne  (C.  i.  (.  II,  4188,  4203,  420C,  4226, 
4Ï38,  4245,   etc.).  —  <^  Guiraud,  Àssembl.  prov.  p.  89. 


SAC 


947  — 


SAC 


ment  cultuelles,  le  sacerdos  en  charge  Jouissait  de 
diverses  prérogatives:  Au  jus  senlenliaedicendae,  du  jus 
^ignandi,  et  d'une  place  d'honneur  dans  la  curie,  à 
l'assemblée  du  peuple  et  au  tliéàlre  '.  En  cas  de  vacance 
par  décès,  nous  ne  savons  pas  pour  chaque  province 
lomment était  désigné  le  subrogatus- . 

Toute  assemblée  provinciale  avait  le  droit  de  discuter 
des  intérêts  communs  de  la  province  ;  mais,  en  fait,  elle 
se  réunissait  principalement  pour  voter  des  honneurs 
publics,  célébrer  des  cérémonies  religieuses,  des  fêtes  et 
jeux.  Par  suite,  le  grand  prêtre  semblait  tout  désigné 
pour  la  présider;  d'où  la  fusion  qui  devait  tendre  à 
s'accomplir  entre  son  litre  et  ceux  que  portaient  les  chefs 
des  confédérations  que  Rome  laissa  subsister  en  Orient. 
Cette  question  a  été  déjà  exposée  ailleurs  [asiarcua, 
koinon];  nous  ne  ferons  ici  que  la  mettre  à  jour.  L'itri- 
dp;^Tlç  se  confond-il  avec  l'àp/tEpEÙi;  'Aai'aç?  le  -^xlixi^yt^', 
avec  l'àp/cepsù;  TaXaTtaç,  etc. ..  ^?  Peut-être  a  priori  serait- 
il  prudent  de  ne  pas  chercher  une  solution  unique  ;  il 
put  y  avoir  d'une  province  à  l'autre  des  différences 
considérables  '. 

Et  d'abord  tout  titre  en  —  âp/T|;  désigne  le  chef  d'un 
groupe  ethnique,  et  sans  doute,  en  conséquenc.e,  le  pré- 
sidentd'une  assemblée  de  l"l6voç,  mais  non  pas  forcément 
d'une  assemblée  comprenant  des  représentants  de  toute 
une  province,  car  il  y  a  un  béotarque,  un  phocarque, 
etc.,  et  il  n'y  a  pas  de  province  de  Béotie  ou  de 
Phocide.  Donc  si  un  irovripyTiç  de  Mésie  est  dit  en  même 
temps  àp;/iEp£Ùç,  il  n'a  pas  forcément  la  grande  préirise  de 
la  Mésie  Inférieure.  Seulement  il  y  a  pu  avoir  une  grande 
prêtrise  du  koinon  pontique  lui-même  ;  dans  celte  hypo- 
thèse, le  parallélisme  serait  frappant  entre  les  koina 
d'ancien  type  et  les  concilia  de  provinces  ^  Mais  cette 
grande  prêtrise  du  koinon  pontique  concernerail-elle  le 
culte  impérial?  Rien  ne  le  prouve.  Les  koina  diver.s 
tolérés  sous  l'Empire  avaient  souventpour  origine  essen- 
tielle un  lien  religieux;  ce  lien  ne  se  serait-il  pas  rompu 
si  au  culte  primitif  s'était  substitué  ou  superposé  le 
culte  des  empereurs  ?  Ces  derniers  ne  pouvaient  prendre 
ombrage  d'une  survivance  qui,  pratiquement,  n'affai- 
blissait en  rien  le  loyalisme  des  populations  :  nombre  de 
collectivités  professaient  des  cultes  spéciaux  qui  n'étaient 
pas  le  culte  impérial;  le  culte  provincial  éclipsait  ces 
dévotions  secondaires,  sans  caractère  politique.  Pour- 
tant la  difliculté  reste  entière,  et  diverses  provinces  de 
l'Orient  grec  ont  bien  pu  compter  chacune  plusieurs 
grands  prêtres  du  culte  impérial,  chacun  à  la  tête  d'un 
koinon^  sans  avoir  un  sacerdos  provinciae,  au  sens  strict 
du  mol. 

Finalement,  lorsqu'une  inscription  nomme  un  person- 
nage agonothète  et  àp;i^i£pEiji;  (d'une  province  donnée)  et 
—  àp/Y,;,  on  a  toujours  le  choix  entre  deux  explications: 
1»  Simple  redondance  ".  Beaucoup  inclinent  vers  cette 
solution,  depuis  que  Mommsen  l'a  couverte  de  son  auto- 

'  Beurliei-,  p.  149  srj.  —  2  Id.  p.  148.  —  3  Voir  la  nouicnclalure  de  ces  litres 
dans  Beurlier,  p.  121  sq.  et  ajoiiler  ie  MaxE5oviâj/r.;,  couuu  depuis  peu  par  des 
inscriptions  de  Tiiessalonique  iJiev.  des  étud.grecq.  XX  (1907),  p.  70).  —  4  Cl. 
Ko\sos;  CUapoi,  La  province  d'Asie,  p.  46:*  sq.  ;  Toutain.  Les  Pontarques  de  lu 
Mésie  Inférieure  {Mém.  de  la  Soc.  des  antiq.  de  France,  7»  série,  Il  (I90i|, 
p.  123-144).  —  ■>  Il  y  eut,  en  effet,  une  assemblée  provinciale  de  Mésie  Inférieure  . 
mais,  —  Guiraud  Ta  montré  jadis,  —  rien  n'atlestc  absolument  que  chaque  province 
eijt  son  assemblée,  où  tous  les  districts  et  cités  auraient  envoyé  des  délégués.  Ainsi 
il  y  eut  un  koinon  de  Lycie,  un  de  Pamphylie;  il  parait  bien  certain  qu'il  ny 
eut  pas  d  assemblée  de  Lycie  et  Pamphylie.  ni  de  Bitbyuie  et  Pont.  —  »  .Mai^ 
ces  pléonnsnies  ne  sont  pys  d:ins  les  usages:  cf.  Chapol.  Province  d'Asie,  p.  tT'./, 


rite':  le  titre  de  lyciarque  est  viager;  il  désigne  l'àp^t^- 
psû;  de  Lycie  encore  en  fonctions  ou  honoraire.  Reste  une 
objection  :  comment,  dans  cette  doctrine,  expliquer  les 
formules  ÉXXa3ap/Y|<7ïç  ',  irovrap/Vidai;  ^,  'foriv./.ïo/r^<Ta<;  '", 
et  surtout  Xuxiap/iÎTaç  "  dans  le  pays  même  où  Opramoas 
fut,  pendant  de  longues  années,  qualifié  de  X>jxiap/-r|?, 
.sous  d'autres  àpyiepEïî?  Il  faut  admettre  à  tout  le  moins 
un  formulaire  un  peu  llottant.  2"  Réunion  de  plusieurs 
attributions  sur  la  même  tête.  Dans  divers  cas,  le 
texte  suppose  un  exercice  simultané,  non  successif;  en 
fait,  si  les  fonctions  sont  distinctes,  le  cumul  a  pu  se 
produire. 

Le  sacerdos  provinciae  n'avait  pas  la  haute  main  sur 
les  autres  prêtres  de  la  province.  Maximin  chercha  à 
hiérarchiser  le  culte  impérial  en  conférant  à  ceux  qui  le 
célébraient  suprématie  et  juridiction  sur  les  autres 
prêtres  '^  ;  mais  sa  tentative  fut  sans  lendemain. 

Lorsqu'après  Constantin  le  culte  impérial  eut  été  sécu- 
larisé, les  sacrifices  disparus,  il  y  eut  encore  des  jeux 
et,  pour  les  diriger,  des  sacerdotes  pi'ovinciae^^;  mais 
nous  ne  suivons  guère  leurs  traces  qu'en  ,\frique  et 
en  Asie;  à  celte  époque,  ils  sont  souvent  députés  par 
l'assemblée  auprès  de  l'empereur  ;  aussi  les  choisit-on 
de  préférence  parmi  les  advocati  "  ;  ils  continuent  à  être 
élus  comme  auparavant"''.  Le  caractère  onéreux  de  leur 
charge  les  fit  dispenser  de  plusieurs  autres  "^.  Julien  leur 
rendit  leurs  attributions  religieuses,  pour  les  opposer 
aux  évêques'^;  mesure  dont  l'effet  fut  aussi  court  que 
son  règne.  Nous  entrevoyons  en  somme  la  décadence  de 
l'institution;  nous  ne  savons   pas  quand  elle  disparut. 

De  nombreuses  inscriptions  rappellent  des  flaminicae 
ou  des  sacerdotes  femmes  ;  vraies  prêtresses,  mais  nous 
ne  savons  pas  de  quel  culte;  il  n'est  point  établi  que  ce  soit 
le  culte  impérial;  .la  /ïaminis  uxor  n'est  pas  de  plein 
droit/?awu'?i(ca;  en  revanche,  en  tant  qu'épouse  du  grand 
prêtre,  elle  a  déjà  un  caractère  sacré,  qui  se  manifeste 
par  certains  privilèges  et  obligations'*.  Pour  l'Orient 
grec,  la  question  est  très  obscure.  Nous  avons  un  cas  de 
femme  asiarque",  un  de  femme  pontarque-",  deux  de 
Xuxtâp;^i(r(jx  ^'  ;  dans  l'un,  le  mari  est  nommé,  et  non  dési- 
gné comme  lyciarque;  on  a  supposé  qu'il  était  époux  en 
secondes  noces.  Un  bien  plus  grand  nombre  sont  qua- 
lifiées grandes  prêtresses.  P.  Paris -^  indique  deux  hypo- 
thèses possibles  :  simple  honneur  décerné  à  la  femme 
en  raison  des  mérites  de  son  mari  grand  prêtre,  ou  tilre 
récompensant  une  donatrice  qui  a  participé  aux  frais  du 
culte  impérial  ".         Victor  Chapot. 

SACERDOTES  ALBANI,  CABEi\SES,  CAENIIVENSES, 
etc.  —  Dans  les  premiers  siècles  de  Rome,  lorsqu'une  ville 
latine,  vaincue  et  conquise  par  les  Romains,  était,  sous 
quelque  forme  que  ce  fût,  annexée  à  la  cité  romaine,  ses 
cultes  publics  ou  sacra  étaient  adoptés  par  le  peuple 
romain.  Le  soin  de  célébrer  ces  cultes  incombait  à  des 
prêtres  ou  à  des  sodalités,  dont  les  noms  rappelaient  le 


—  1  Oesleir.  Jahresliefle,  111  (UIOO),  p.  1-8;  cf.  Fougères,  Mélanges  Perrot , 
Paris,  190i,  p.  103-108.  —8  Inscr.  gr.  ad  r.  R.  pert.  III,  i02.  —  9  Ibid. 
115.  —  Wlbid.  1375.  —  11  Ibid.  500,  563,  739  passim.  —  12  P.  Monceani,  De 
communi  Asiae,  Paris,  1885,  p.  114.  —  13  Beurlier,  Op.  l.  p.  290  sq.  —  l*Cod. 
Theod.  XII,  1,  46.  —  15  Ib.  XII,  1,  75;  add.  77,  (12,  148.  —  16  Beurlier, 
p.  295.  —  n    Julian.  Epist.  49,  62,  63.  —  l«  Toutain,  Cultes  païens,  p.  141  sq  . 

—  19  C.    i.  gr.  3324.  —ii'Jnscr.  gr.  ad  r.  R.  pert.  III,  97.  —  21  Ibid.  583-'i84. 

—  22  Quatenus  feminae  res  publicas  in  Asia  Minore,  Romanis  imperantibus, 
attigerint.  Lut.  Par.  1891,  p.  112  sq.  —  23  J'ai  dressé  une  liste  d'ifj.tfE.ai  Aii»; 
la  plupart  sont  dites  femmes  de  grands  prêtres  ;  peut-être  y  avait-il  là  une  condi- 
tion nécessaire,  mais  non  suflisante;   cf.  Province  d'.Asie,  p.  488  sq. 


SAC  —  948  — 

s  cultes  avaiiMil  primilivi-ment 


SAC 


nom  de  la  ville  à  laquell 
appartenu'. 

I"  Sacerdotes  [Albani].  —  A  proprement  parler,  il 
n'y  avait  point  de  prêtres  ni  de  membres  d'une  sodalité 
qui  fussent  appelés  à  Rome  sacerdolex  Albani.  Les  cultes 
d'Albe  la  Longue  devinrent  des  cultes  romains  :  on 
connaît  des  pontifices  Albani',  des  Salii  Albani  pré- 
sidés par  un  magisfer  Saliorum  \  des  virgines  ou 
Vt'sla/es  Albanae'',  un  /îex  sacrorum  [albanorum)  ■'. 
ti"  Sacerdotes  Cabenses.  —  Le  titre  complet  de  ces 
prêtres  était  sacerdotea  Cabeiucs  feriarum  Latinarum 
monlis  Albani^;  leur  nom  abrégé  :  sacerdotes  Cabenses 
montis  Albani';  la  cité  latine  de  Caba  ou  Cabè  parait 
nommée  par  Pline  el  par  Denys  d'Halicarnasse  *. 

3°  Sacerdotes  Caeninenses  ou  Caeninensium.  — 
Prêtres  mentionnés  par  quelques  inscriptions'.  D'après 
la  trailition,  Caenina  avait  été  détruite  par  Romulus '". 
■'("  Sacerdotes  Lanuvini.  —  Les  sacerdotes  Lanuvini, 
recrutés  en  général  parmi  les  citoyens  romains  de  haute 
condition,  formaient  un  collège  consacré  spécialement 
au  culte  de  Juno  Sospita,  la  principale  déesse  de  Lanu- 
vium.  Cette  déesse,  en  l'honneur  de  laquelle  un 
temple  avait  été  construit  ;\  Rome,  avait  gardé  son  sanc- 
tuaire de  Lanuvium  ;  mais  ce  sanctuaire  el  le  culte  qui  s'y 
célébrait  étaient  devenus  communs  aux  Romains  et  aux 
municipes  Lanuvini".  Outre  les  sacerdotes  Lanuvini, 
on  connaît  un //awp/i  maximus  à  Lanuvium'-. 

5°  Sacerdotes  Laurentes  Lavinates  ou  Laurentium 
Lavinatiuni.  — Après  la  défaite  de  Lavinium,  en  338,  le 
culte  antique  et  très  révéré  des  Pénates,  qui  passaient 
pour  avoir  été  apportés  dans  cette  ville  par  Énée,  fut 
confié  à  la  cité  voisine  de  Laurentum;  un  collège  de 
prêtres,  dans  le  titre  desquels  figuraient  les  noms  des 
deux  villes,  sacerdos  Laurens  Lavinas",  sacerdos  Lau- 
rentium Lavinatium^^,  sacerdos  apud  Laurentes  Lavi- 
nates^'",  etc.,  existait  encore  sous  l'Empire.  Mais  il  semble 
que  le  titre  de  sacerdos  Laure?is  Lavinas  fût  alors  plutôt 
honorifique,  puisqu'on  trouve  des  personnages  revêtus  de 
ce  titrejusqu'enDacieeten  Afrique"'.  Auprès  de  ces. socer- 
dotes,  les  inscriptions  font  connaître  des  (lamines  '\  des 
pontifices^^,  des  .mlii'^  attachés  à  ce  même  culte. 

6°  Sacerdotes  Suciniani.  —  Prêtres  mentionnés  sur 
quatre  inscriptions  de  Rome-";  leur  origine  est  incon- 
nue. Nulle  part  on  ne  trouve  citée  une  ville  de  Sucini  u  m 
ou  Sucinia  dans  le  Latium. 

7°  Sacerdotes  Tusculani.  —  Depuis  l'an  371,  date  à 
laquelle  Tusculum  reçut  le  droit  de  cité  romaine,  le  culte 
poliade  de  celte  ville,  celui  de  Castor  et  Pollux,  fut  adopté 
par  l'État  romain.  Le  soin  de  ce  culte  fut  confié  à  divers 
prêtres  ou  fonctionnaires  religieux,  dont  plusieurs  sont 

SACERDOTES  ALBAM,  CABKNSES,  CAE\1\ENSES,  1  Mar(|uardl  cl  Momni- 
»en  (trad.  franc.),  l.  XII,  |).  47  ;  l.  XIII,  p.  235  ;  G.  Wissowa,  Religion  und  KiUtm 
der  Humer,  p.  447  sq.;  Bouchê-Leclerci),  \tan.  des  Inst.  rom.  p.  516.  —  2  C.  i. 
lat.  VI,  21C1,  2108;  IX,  1395;  XIV,  22i;4.  —  3  Ih.  VI,  2170,  2171;  XIV,  2974. 
»  C.  i.  lai.  VI,  2172  ;  XIV,  2410  ;  Asconius,  p.  35  ;  Syminach,  Bpisl.  IX,  147, 
!k«.  —  =  f.  i.  lai.  VI,  2125  =  X|V,  2H3.  —  6  tb.  VI,  2021,  217.1  ;  XIV, 
2228.  —  ^  là.    VI,  2174  sq.  —  8  Plin.  Nat.  /iiî(.   III,  04;    Dion.  Halic.  V,  61,  §  3. 

—  «  C.  i.  t.  V,  4059,  5128;  VI,  159S;  l.t,  4883  sq.  ;  X,  3704;  XI,  2699,  3103; 
XII,  071.  —  10    Liv.  I,  10,  5  4;  Plularcli.  Homul.    16.   —  "  Liv.  VIII,   14,  §  2. 

—  lî    C.    i.   l.  V,  6992,  7814;  IX,  4206,  42il7.  42')8,   4399;    X,  4390;   XIV,   2092. 

—  13  C.  i.  l.  IX,  4686;  Noliz.  degli  scavi,  1888,  p.  +08.  —  "  C.  i.  l.  III,  1180, 
6270;  V,  0357;  VI,  2176  ,  VIII,  1439,  7978  ;  X.  73j0.  —  15  Noliz.  degli  scaui.  1888, 
p.  236.  -  16  Ci.  lal.lU,  1180,  0270;  VIII.  U39,  7978.  -  H  C.  i.  I.  III,  1198;  X, 
797;  XI,  5215.—  18  /d.  VI,  1435;  VIII,  9368;  XII,  408;  XIV,  171,  3.H.  —10  M. 
XIV,  390  sq.  ;  R.  Gagnai,  Lannée  épigr.  1896,  n.  86.  —2»  C.  i.  /.  2178,  2179, 
2180;  IrtKr.  graec.  ad  rcs  rom.  perlin.  I,  143.  -  21  C.  i.  lat.  V,  27  ;  VI,  2177  ;  IX, 
2305.  —  22  Id.  V,  5U30.  —  21  1/nn.  des  Inslil.  rom.  p.  333.  o.  I.  —  24  Ibid. 
p.  554  s<(.  ;  J.  TouLain,   /.t'«  cultes  païens  dans  l'Empire  romain,  I,   p.   273   sq. 


désignés  dans  les  textes  épigraphiques  par  le  titre  de 
sacerdos  Tusculanus'" .  Peut-être  tous  les  prêtres  attachés 
àce culte  formaienl-ilsunesodalité,  puisqu'on  trouveéga- 
leraenl  mention  de  sodnles  sacrorum  Tusculanorum  '-■'. 
Sacerpotes  municipiorum,  coloniarum.  —  Dans  les 
innombrables  cités  des  provinces  romaines,  il  y  eut, 
comme  à  Rome,  des  sacerdotes  publici.  M.  Bouché- 
Leclercq  a  fait  très  justement  remarquer  qu'il  <>  n'est  pas 
toujours  aisé  de  distinguer  (dans  les  villes  provinciales) 
les  prêtres  locaux  des  prêtres  à  la  mode  romaine.  Sacer- 
dos coloniae.  sacerdos  publicus  sont  des  termes  élas- 
tiques, applicables  aux  deux  catégories -^  »  Les  sacer- 
dotes, auxquels  on  peut  vraiment  attribuer  le  caractère 
et  le  nom  de  prêtres  municipaux,  furent:  i"  les  pontifes 
et  les  augures  des  colonies  et  des  municipes,  dont  l'orga- 
nisation était  calquée  sur  celle  des  pontifes  et  des 
augures  romains^';  2°  les  prêtres  municipaux  du  culte 
impérial,  dont  le  titre  le  plus  fréquent  élail  flamen,  qui 
parfois  s'appelaient  sacerdos  ou  pontife.v-''  ;  3°  enfin  les 
Augustales  ou  Seviri  Augustafes,  membres  ou  prêtres 
des  confréries  qui  s'étaient  constituées  dans  maintes 
cités  des  provinces  occidentales  pour  rendre  un  culte 
fervent  à  la  divinité  des  empereurs-".       J.  Tout.^in. 

SACRA.  —  Employé  comme  un  substantif,  ce  pluriel 
neutre  avait  en  latin  un  sens  précis.  Par  sacra,  on 
entendait  à  Rome  les  cérémonies  des  cultes  et,  par  exten- 
sion, les  cultes  eux-mêmes'.  Ces  cultes  étaient  répartis 
en  plusieurs  catégories,  que  distinguaient  des  épithètes. 
Ainsi,  encore  sous  l'Empire,  on  opposait  les  sacra  pere- 
grina  aux  sacra  romana-.  Les  premiers  étaient  les 
cultes  étrangers  qui  n'avaient  pas  été  admis  dans  la  reli- 
gion officielle,  tels  que  les  cultes  égyptiens,  syriens,  ira- 
niens ^  Les  seconds  étaient  les  cultes  officiellement 
reconnus  par  l'État  romain,  qu'ils  fussent  vraiment  natio- 
naux el  indigènes,  comme  les  anciens  cultes  romains 
elles  cultes  latins,  ou  qu'ils  eussent  été  accueillis  posté- 
rieurement dans  la  cité,  comme  les  cultes  d'Apollon,  de 
Cérès,  de  la  Mater  Magna  deum.  Les  sacra  romana 
étaient  de  beaucoup  les  plus  importants  el  tenaient  le 
plus  de  place  dans  l'organisation  religieuse  de  Rome. 
On  les  divisait  eux-mêmes  en  deux  grandes  classes  :  les 
sacra  privata  el  les  sacra  publica^. 

L  Sacra  privata.  —  Les  anciens  nont  pas  laissé  une 
définition  très  précise  des  sacra  privata  ;  ils  se  sont 
contentés  dé  les  classer  en  catégories  et  d'énumérer  ces 
catégories.  Le  texte  le  plus  clair,  à  ce  point  de  vue,  est 
celui  de  Festus  :  Privata  sacra,  cjuae  pro  singulis 
Iwminibus ,  familiis ,  gentibus  fiunt.  Nous  devons  y  atta- 
cher d'autant  plus  d'importance,  malgré  la  confusion 
qui  se  produisit  plus  lard  enirelei  familiae  eilm  gent  es  % 

Essai 


le  culte  rendu 
1.  132  sq.  —  26  Voirl'arl. 
de  l'Augustalité,  Paris, 


—  25  Voir  HiAMtM,  6°,  l.  Il,  p.  1182  sr|.  Cl.  Beurlicr, 
aux  empereurs  romains,  p.  16S  sq.  ;  J.  Toutain,  Op.  ci 
AuGosTAi.Es,  t.  1.  p.  560;  Mourlot,  Essai  sur  l'histoi 
1893  ;  i:f.  J.  Toulaiii,  Op.  cil.  p.  116  sq.  ;  p.  170  sq. 

SACRA.  1  Liv.  I.  20  ;  Pontificem...  e.r  patribiis  tegit  eique  sacra  omnia  attri- 
butt  ;  guiôus  ftostiis,  quibua  diebus,  ad  guae  templu  sacra  fièrent.  Cf.  Macroli. 
.Satura.  I,  10,  4  :  Sacra  cetebritas  est,  vel  cum  sncri/icia  dis  offerantur,  vel  cum 
dies  divinis  epulatinnibus  celebratur,  vel  cum  litdi  in  ho-iorem  aguniur  deorum, 
vel  cum  feriae  obseriiantur.  —  2  Spartian.  Vita  ffadr.  XXII,  10  :  Sacra  romana 
diligentissimecuravit,peregrina  conlempsit.  — 3  Voir  G.  Wissowa,  Religion  und 
Kultiis  der  Borner,  p.  289  sq.  ;  Bmché-Leclercq,  .Manuel  des  Instit.  rom.  p.  470, 
noie  I  ;  p.  403.  —  '  Liv.  I.  20  :  ...  caetera  quoque  omnia  publica  pricataque  sacra 
Pontifias  scitis  sub/ecil.  Cf.  Liv.  V,  52  ;  Ciccr.  Prodom.XL,  103;  Feslus.  s.  v.  pu- 
blica sacra.  —  ^  Celle  confusion  ressort  en  particulier  du  passage  de  Macrobe 
Saturn.  I,  16,  7  :  Snnt  praeterm  feriae propriae  familiariim,  ut  familiae  Claudine, 
vel  Aemiliae,seu  Juliae  stoe  Corneliae.et  si  quas  ferias proprias  quaeque  familiae 
ex  usu  domesticae  celebritatis  observât.  II  n'est  point  douteux  que  les  familiae 
Claudia.  Aeuiilia,    Julia.   Coruelia  soiil    des   gen'es. 


SAC 


949 


SAC 


qu'il  est  vraisemblablement  emprunli-  suivant  l'Iiypothèso 
de  Marquardt.  au  droit  pontifical'. 

Les  sac7-a  pro  singalis  hoininibus  étaient  les  fêtes 
religieuses  qui  se  célébraient  dans  chaque  maison  lors  des 
épisodes  les  plus  importants  de  la  vie  de  cliacun  des 
membres  de  la  famille  :  ces  fêtes  ont  été  énumérées  et 
décrites,  leur  caractère  sacré  a  été  mis  en  lumière  à  l'ar- 
ticle FEKiAEit.  II.  p.  10'i6-i047;  ;  c'étaient,  en  particulier, 
les  yatalia.  les  A'oininalia,  les  Liberalia,  les  Sponsalia, 
les  A'upliae  et  les  Repolia. 

Les  sacra  pro  familiix  se  célébraient  en  l'honneur 
soit  des  divinités  domestiques.  Lares  et  Pénates,  soit 
des  défunts  de  chaque  famille;  on  trouvera  l'énumération 
de  ces  diverses  cérémonies  au  mot  feri.ae  (p.  1045-1046  . 
Sur  chacune  d'entre  elles  et  sur  les  divinités  auxquelles 
elles  s'adressaient,  voir  les  mots  caristia  (p.  921^; 
FERALiA  (p.  1040);  GENIUS  (p.  1488  sq.)  ;  gens  (p.  1.^04 
sq.)  ;  LARES  (p.  937  sq.)  ;  lémures  (p.  1100)  ;  .mânes 
p.  1571  sq.)  ;  novemdiale  (p.  110)  ;  parentalia  (p.  333); 
i'ENates  (p.  376  sq.  ;  i  rosalia  ^p.  895).  Comme  on  pourra 
s'en  rendre  compte,  en  se  reportant  à  ces  articles,  ces 
cérémonies  ou  sacra  étaient  célébrés  soit  dans  la 
maison  même,  sur  le  foyer  [atrium,  focus)  et  sur 
l'autel  domestique  {ara),  soit  près  des  tombes  où  les 
Mânes  étaient  censés  résider  ;  le  prêtre  de  cet  en- 
semble de  cultes  domestiques  était  le  pater  fainilias. 
Parmi  ces  sacra,  les  uns,  par  exemple  les  Feralia,  les 
Lemuria,  étaient  communs  à  toutes  les  familles  et  tom- 
baient pour  toutes  aux  mêmes  dates;  les  autres,  au  con- 
traire, pouvaient  être  fixés  dans  les  diverses  familles  à 
des  dates  différentes  :  tel  était  le  cas  des  Parentalia 
privés,  des  Feriae  Denicales,  du  Novemdiale  sacri/icium 
[feriae,  p.  1046\ 

A  l'origine  et  par  définition  même,  les  sacra  pro  gen- 
libus  ou  sacra  yentilicia  étaient  nettement  distincts  des 
sacra  pro  familiis.  La  gens,  au  sens  strict  du  mot,  for- 
mait un  groupement  social  et  religieux  plus  étendu  que 
Vdfamilia  :  chaque  gens  se  composait  de  plusieurs  fanii- 
liae.  Les  sacra  gentilicia  s'adressaient  soit  aux  mânes 
de  tous  les  ancêtres  communs,  soit  à  un  héros  fabu- 
leux considéré  comme  le  fondateur  de  la  gens  [gens, 
p.  1505]  ;  on  les  célébrait,  ceux-ci  au  tombeau  commun 
de  la  gens,  ceux-là  dans  des  chapelles  spécialement  con- 
sacrées -.  La  yens,  à  l'époque  historique,  n'avait  point 
de  chef  naturel,  comme  le  pater  familias  était  le  chef 
de  la  famille;  aussi  chaque  gens  désignait  un  de  ses 
membres,  pour  célébrer  les  cérémonies  du  culte  gen- 
lilice,  et  ce  prêtre  portait  le  titre  de  ftanien  •\  Les  sacra 
gentilicia  ne  pouvaient  exister  avec  leur  caractère  ori- 
ginal que  dans  les  génies  patriciennes  '  ;  mais,  au  fur  et  à 
mesure  que  ces  génies  diminuèrent  et  que  les  familles 
plébéiennes  s'élargirent,  la  confusion  s'établit  entre  les 
vrais  cultes  genlilices  et  les  cultes  domestiques,  Macrobe 
employait  le  mot  familia  pour  désigner  les  anciennes 
gentes  Claudia,  Aemilia,  Julia,  Cornelia.  Toutefois 
l'énumération  si  précise  mentionnée  par  Festus  prouve 
que  sous  la  République  les  cultes  gentilices  et  les  cultes 
domestiques  formaient  encore  deux  catégories  très  dis- 
lincles.  Outre  les  xflc;'«  yjrojre/U/ÔMS  proprement  dits,  cer- 

1  Marquardl  cl  .Moraraaen,   Man.  des   a'itiq.  rom.  (Ii-.   franc. |    l.    XM,  p.    156. 

—  2  Marquardt  el  Moranisen,  Manuel,   etc.    p.    IdO-ICI.  —  3  Ibid.  —  '  Ibid. 
p.   I56I5T.    —   J   Serv.   Ad  Aen.    1\,    166;   cf     V,    70i  ;    Dionys.    Ualic.     VI,   69. 

—  '   Liv.    IX,  i9:    Dionys.    llalic.    I.  40;   Fcslus,  s.   i>.  Potitium  et  Pinariuta. 


laines  génies  célébraient  des  culles  particuliers,  dont  la 
charge  leur  avait  été,  semble-t-il,  confiée  parla  cité  elle- 
même.  Ainsi,  le  culte  de  Minerve  incombait  à  la  gens 
Nautia^;  le  culte  d'Hercule  à  VAra  Maxima  était  célé- 
bré par  les  deux  génies  des  Potitii  et  des  Pinarii  '  ;  la 
gens  Julia  était  spécialement  investie  du  culte  d'Apol- 
lon '  ;  la  gens  Aurélia,  de  celui  du  dieu  Sol'  ;  les 
gentes  Horatia  et  Claudia  devaient  accomplir  certaines 
cérémonies  expiatoires,  piacula  ou  piamentu  '.  Faut-il 
classer  de  tels  satva  parmi  les  cultes  vraiment  gentilices? 
Est-il  exact  de  les  considérer,  selon  la  définition  de 
Festus,  comme  des  sacra  pro  gentibus'l  11  est  plus  vrai- 
semblable el  plus  conforme  à  tous  nos  renseignements 
de  voir  en  eux  des  sacra  publica,  dont  certaines  gentes 
avaient  reçu  de  l'État  la  mission  officielle  accomplir 
les  rites'".  Ce  qui  corrobore  cette  opinion,  c'est  que  de 
tels  sacra  ne  s'éteignaient  pas  avec  les  gentes  chargées 
de  les  célébrer  ;  par  exemple,  quand  disparut  la  gens  des 
Potitii,  ce  fut  le  préteur  urbain  qui  lui  fut  substitué 
pour  offrir  à  Hercule  avec  \iigens  des  Pinarii  le  sacrifice 
de  VAra  Jlaxima".  L'organisation  de  la  confrérie  des 
Luperci  permet  de  croire  qu'à  l'origine  les  Lupercalia 
étaient  célébrés  par  deux  gentes,  celle  des  Fabii  et  celle 
des  Quinctilii:  plus  tard,  sans  doute  quand  ces  très 
anciennes ^en/es  disparurent,  on  créa  pour  les  remplacer 
la  double  sodalité  des  Luperci  Fubiani  et  des  Luperci 
Quinctiliani  '-,  à  laquelle  César  ajouta  en  44  les  Luperci 
Juliani.  Abstraction  faite  de  ces  cultes  spéciaux,  qui 
rentrent  plutôt  dans  la  catégorie  des  sacra  publica,  les 
sacra  gentilicia  ont  tenu  dans  la  vie  et  dans  le  droit  privé 
de  Rome  une  place  très  importante;  il  en  fut  de  même, 
d'ailleurs,  mais  tout  d'abord  à  un  moindre  degré,  pour 
les  sacra  familiaux.  Plus  tard,  en  raison  de  la  confusion 
que  nous  avons  signalée,  les  sacra  pro  familiis  et  les 
sacra  pro  gentibus  furent  mis  sur  le  même  rang.  Dans  le 
groupe  social  plus  restreint  de  la  famille  comme  dans 
l'organisme  plus  complexe  que  formait  lagens,  les  sacra, 
c'est-à-dire  les  culles  communs  à  tous  les  membres  de  la 
gens  ou  de  la  famille,  étaient  l'un  des  facteurs  essentiels 
de  l'unilé  gentilice  ou  familiale,  constituaient  le  lien 
peut-être  le  plus  étroit  entre  les  vivants  ainsi  qu'entre 
eux  et  les  générations  disparues.  C'était  à  l'occasion  de 
ces  sacra,  autour  du  lieu,  quel  qu'il  fût,  où  ils  se  célé- 
braient, qu'apparaissait  sous  une  forme  concrète  l'unité 
présente  et  passée  de  la  gens  ou  de  la  familia.  De  là,  le 
rôle  capital  que  jouaient  les  sacra  dans  tous  les  actes, 
dans  toutes  les  circonstances  dont  pouvait  dépendre 
l'existence,  la  survivance  de  la  gens  ou  de  Va  familia, 
en  particulier  dans  le  mariage  el  dans  la  transmission 
héréditaire.  L'une  des  conséquences  du  mariage  légi- 
time, des  justae  nuptiae,  était  la  participation  de  la 
nouvelle  épouse  aux  sacra  privata  de  son  mari,  la 
communio sacrorum[GiL^?,,^.  1509;.matrimo.mu-M,p.  1659]  ; 
toutefois,  on  ne  sait  pas  si,  en  quittant  sa  propre  gens, 
l'épouse  abjurait,  par  une  detestatio  sacrorum,  les 
sacra  de  sa  famille  naturelle  [gens,  Loc.  cit.].  La  charge 
de  célébrer  les  sacra  privata  se  transmettait  de  géné- 
ration en  génération  jusqu'à  extinction  complète  de  la 
familia   ou  de   la  gens.  Le  fils  y  succédait    au    père. 

—  ''  Serv.  Ad  Aeneid.  X.  HIG.  —  «  Martiuardt  et  Momntsen,  .Manuel,  etc. 
t.  XII,  p.  158  et  not.  i.  —'J  Ibid.  el  not  4  et  5.  —10  Marquardt  et  UorDiusen, 
Op.  cit.  p.  )58.  —  Il  V.  lart.  r.ENs.  t  II.  p  ISOr-ijOd.  —  1-'  V.  larl.  lupebcai.i*, 
l.  Ili,  p.  I3'J9. 


SAC 


—  '.)riO  — 


SAC 


Quand  un pnter  fonii/iax  a'a.\a\ipo\n\  d'enfani,  il  adop- 
tait un  membre  d'une  autre  famille  ou  d'une  autre  ;/pns, 
afin  que  les  sarrii  de  sa  famille  ou  de  sa  f/e)i.<  ne  fussent 
pas  interrompus',  A  défaut  d'enfant  ou  d'adopté,  l'Iiéri- 
lier,  qui  recueillait  les  biens  da  pafo!-  fami/ias  décédé, 
était,  par  là  même,  formellement  obligédecélébrerdésor- 
mais  les  sacra  du  testateur;  lors(iu'il  y  avait  plusieurs 
héritiers,  c'était  à  celui  d'entre  eux  dont  la  part  était  la 
plus  forte  que  la  charge  incombait.  D'après  Cicéron,  les 
jurisconsultes  romains  avaient  examiné  en  détail  et 
résolu  les  très  nombreux  cas  particuliers  qui  pouvaientse 
présenter  en  cette  matière-. 

Mais  la  célébration  de  nacra  privnta  n'allait  pas  sans 
frais;  aussi  avait-on  imaginé  toutes  sortes  de  procédés 
pour  y  échapper;  Cicéron  en  cite  un,  malheureusement 
assez  obscur,  dans  le  Prn  Murena  :  Sacra  interire  illi 
nohiorunl  :  horum  ingenio  senes  ad  coemptiones  farien- 
das,  in/rrimendorum  sacrorum  causa,  reperti.  sunt  ^ 
D'autre  part,  l'expression  Ae^WZ/as  sine  sacris  était  de- 
venue proverbiale  pour  désigner  un  avantage  sans 
inconvénient,  un  bonheur  sans  mélange'. 

Le  lien,  par  lequel  chaque  citoyen,  ou  du  moins  cha- 
que patricien  romain  était  rattaché  à  ses  sacra  privnta. 
était  tellement  fort  qu'il  fallait  une  cérémonie,  une  pro- 
cédure spéciale,  pour  le  dénouer,  quand  un  patricien 
quittait  sage7is.  Ici  se  pose  un  problème  dont  la  solution 
est  encore  incertaine  et  obscure,  à  cause  de  la  pénurie  et 
de  la  concision  des  textes.  Deux  expressions  sont 
mentionnées  par  les  auteurs  anciens  :  alienatio  sacro- 
rum %  defeslalio  sarrorum  ^  Nous  ne  savons  vraiment 
ni  en  quoi  consistait  Valicnatio  sacrorum  ni  comment  il 
y  était  procédé.  Le  sens  général  du  mot  alienatio 
(transfert  à  autrui)  n'apporte  ici  aucune  lumière.  La 
detestatio  sacrorum  est  en  elle-même  plus  intelligible. 
Il  semble,  d'ailleurs,  qu'elle  ait  été  définie  dans  cette 
phrase  de  Servius  :  Consuetudo  apud  antiquos  fuit  ut, 
qui  in  familiam  vel  gentem  transiret,  se  abdicaret  ah 
ea  in  qua  fuerat...  ''.  Le  patricien,  qui  passait  dans  une 
autre  familia  ou  dans  une  autre  gens,  devait  solennel- 
lement abjurer  les  sacra  de  sa  familia  ou  de  sa  gens 
naturelle,  avant  d'être  admis  à  participer  aux  sacra  de  la 
familia  ou  de  la  gens  dans  laquelle  il  entrait  ;  sinon  il  y 
avait,  suivant  les  termes  qu'emploie  Cicéron,  perturhat.io 
des  sacra,  contaminalio  des  gentes*.  La  detestatio  sa- 
crorum était  une  formalité  publique,  qui  avait  lieu 
devant  les  comitia  calât  a  '. 

Les  historiens  modernes  se  sont  demandé  si  Valienatio 
sacrorum  et  la  detestatio  sacrorum  étaient  deux  actes 
diiîérents.  D'après  Savigny,  Walter,  Lange,  il  n'y  a  point 
de  distinction  à  faire  entre  les  deux  termes,  qui  désignent 
une  seule  et  même  opération,  l'abjuration  des  sacra'". 
Mommsen,  au  contraire,  pense  que  la  detestatio  sacro- 
rum avait  lieu  seulement  en  cas  de  transitio  ad  plehem, 
c'est-à-dire  lorsqu'un  patricien  renonçait  au  patriciai 
pour  entrer  dans  la  plèbe.   Cette  detestatio  sacrorum 


1  V.  I  arl.  Ai...pTro,  t.  I.  p.  78.  —  2  Df  Ivi/ihus,  11.  ISl  sq.  S  i'  sq.  —  3  Prij 
Murena,  li.  —  *  Feslus,  s.  !'.  sine  sacris  fieredilas.  —  ■'>  Cicer.  Orat.  42; 
/)e  lo/ib.  III,  iO.  —  «  Oeil,  Nocl.  allie.  XV,  il.  §  3.  —  t  Ad  Aeneid.  Il,  150. 
—  8  Pro  domo,  13.  —  ^  Ucll.  ^ocl.  atlic.  XV,  i7,  3  ;  cf,  dhiksiatio  sAOBonuM, 
1.  II.  p.  113.  —  10  Savigny,  Vermischle  Scitriften.  I,  p.  100;  Waller,  Gesch. 
des  rôm.  /Inhts,  3'  éd.  I,  n"  l,ï,  2i;  Lange,  Hôm.  AUerthûmer,  I,  p.  137; 
cf.  arl.  DETESTATro  SAcnoDUM,  l.  II.  p.  113  (bililiogi-apliie).  —  11  Moinmseii,  lia- 
misck.  Forscfiurtgen,  2«  éd.,  I,  p.  397-409.  Cf.  Bouclié-liCclercq,  Manuel  des 
inal.   rom.   p.   385,  n.   4.   —  1^  V.   sur  la  compélencc  des   Honlifes  en   ce  qui 


aurait  été  indépendante  de  l'adoption  par  un  plébéien, 
de  l'entrée  dans  une  familia  déterminée  de  la  plèbe  ". 
Les  textes  antiques  ne  fournissent  pas  de  solution  ;  les 
opinions  des  historiens  modernes  ne  sont  que  des 
iiypothèses  plus  ou  moins  ingénieusement  construites  et 
plus  ou  moins  vraisemblables. 

L'importance  des  sacra  privuta  dans  l'organisation 
des  familiae  et  des  gentes  explique  que  l'État  ne  s'en 
soit  pas  désintéressé,  que  ces  sac7-a  aient  été  soumis  à 
l'action,  à  la  surveillance,  au  contrôle  des  pontifes  '^.  11 
n'était  pas  indifTérent  à  la  prospérité  de  la  cité  que  les 
divinités  domestiques  et  gentilices  fussent  ou  non  satis- 
faites des  hommages,  des  prières,  des  sacrifices  qu'on 
leur  adressait;  négligées,  abandonnées,  ces  divinités 
pouvaient  faire  sentir  leur  colère  non  seulement  aux 
familiae  ou  aux  gentes  coupables,  mais  à  l'État  tout 
entier;  delà,  les  prescriptions  des  lois  romaines  relatives 
aux  sacra  privata,  telle  que  :  Sacra  privata  perpétua 
manento  ",  ou  encore  :  Deorum  nianium  jura  sancta 
sunfo:  hos  leto  datos  divos  habento...  ".  De  là  aussi  le 
droit  accordé  aux  censeurs  de  punir  la  négligence  des 
sacra  privata  '". 

II.  Sacra  publica.  —  Aux  sacra  privata  la  plupart  des 
écrivains  anciens  opposent  les  sacra  publica  '*.  Festus 
en  donne  la  définition  suivante  :  Publica  sacra,  quae 
publico  sumptu  pro  populo  fiant,  quaeque  pro  mon- 
tibus,  pagis,  curiis,  sacellis...  '''.  Les  sacra,  quae 
publico  sumptu  pro  populo  fiunt,  sont  les  cultes  dont 
les  cérémonies  sont  célébrées  au  nom  et  aux  frais  de  la 
communauté  tout  entière  des  citoyens  par  des  magis- 
trats ou  des  prêtres  de  l'État.  Quant  aux  sacra,  quae 
pro  montibus,  pagis,  curiis,  sacellis  [fiunt),  c'étaient 
des  cultes,  à  la  célébration  desquels  prenaient  part  les 
membres  des  antiques  divisions  de  la  cité,  montes,  pagi. 
curiae,  sace/la  ;  on  les  a  retrouvés  avec  raison  sous  la 
définition  que  Labéon  donnait  des  sacra  popularia  : 
Popularia  sacra  sunt  quae  omnes  cives  faciunt,  ner 
certis  familiis  attributa  sunt  ".  Les  sacra  popularia 
se  distinguaient  donc  à  la  fois  des  sacra  publica  confiés 
à  des  gentes,  culte  de  Minerve  célébrés  par  les  Nautii, 
culte  d'Hercule  célébré  par  les  Pinarii  et  les  Potitii, 
etc.  ;  —  et  des  sacra  pro  populo,  dont  les  cérémonies 
étaient  accomplies  par  des  magistrats  ou  des  prêtres  de 
l'État,  mais  sans  la  participation  active  des  citoyens,  tels 
que,  par  exemple,  le  culte  public  de  Vesta,  le  culte  de 
.Jupiter  Capilolin,  le  culte  de  Quirinus,  etc. 

Les  sacra  popularia  étaient  :  pro  montibus,  le  Septi- 
montium  ou  Septimontiale  sacrum  '°  ;  — pro  pagis,  les 
fêtes  religieuses  connues  sous  le  nom  général  de  sacra 
paganorum,  et  qui  comprenaient  :  les  Feriae  Sementi- 
vae  ou  Sementinae,  avec  lesquelles  se  confondaient 
peut-être  les  Paganalia  ou  Feriae  Paganicae  ;  les  .4m- 
barvalia  ;  les  Palilia *"  ;  les  Terminalia  '^'  ;  — pi'o curiis, 
en  termes  généraux  les  sacra  curionia  ",  dont,  dans 
chaque  curie,  le  prêtre  était  le  curio;  plus  spécialement 


concerne  les  sacra  prirnia,  MarquarJl  el  Monniisen,  Manuel,  I,  XII,  p,  :104- 
375;  Bouche- Leclercq,  Op.  cit.  p.  510-517,  p.  637-5*9;  art.  pontikices,  I.  IV, 
p.  575-578.  —  13  Cicer.  Ùe  legib.  Il,  0.  SS.  —  1'.  Uid.  —  is  V.  art.  ckîisoii, 
I.  I,  p.  997.  —  1»  Liv.  1,  20;  V,  Si;  cf.  Cicer.  Pro  domo,  40;  Festus,  s.  «. 
publica  sacra;  Diouys.  ilalic.  Il,  05.  —  17  FesLus,  L.  l.  —  18  Festus.  s.  v.  po- 
pularia sacra.  Une  opinion,  contraire  à  celle  (|ne  nous  e\primou$  ici,  a  6lé  formulée 
à  l'art.  FBHIAK,  t.  Il,  p  1051,  noie  1.  —  ''^  Festus,  s.  v.  Septimontium,  Septimonlio. 
—  20  V.  l'art.  FEitiAE,  l.  II,  p.  1051.  —  21  Marquardt  et  Mommsen,  Afan.  t.  Xll. 
p.  -244.  —22 Festus,  s.  V.  Curionia  sacra;  cf.  l'art,  cuhia,  t.  I,  p.  1037. 


SAC 


—  9.=;!  — 


SAC 


les  Fornacalia  el  les  Fordicidia  '  ;  —  pro  sacellis,  sans 
doute  1.1  procession  AfisArgaei  ',  en  tout  cas  les  Compi- 
lalifi'  et  peut-être  les  Lara/ ia  '.  Outre  ces  fêtes,  qui. 
certainement  ou  vraisemblablement,  se  rapportent  aux 
sacra  pro  inontibus,  pagis,  curiis,  sacellis,  Feslus  cite 
encore,  pariiii  les  popu/aria  sacra,  le  sacrifice  de  la 
porca  praecidanea  ;  d'après  ce  que  nous  en  savons, 
ce  sacrum  devait  être  célébré  pro  pagis,  puisqu'il  parait 
avoir  eu  pour  but  d'expier  les  dérogations  au  Jus 
manium  qui  auraient  pu  être  commises  depuis  la  précé- 
dente récolte  des  fruits  de  la  terre  *. 

Si  les  sacra  publica  méritent  d'être,  au  point  de  vue 
de  leur  caractère,  répartis  en  trois  catégories,  les»«c/'« 
pro  populo,  les  sacra  popularia,  et  les  sacra  dont  l'État 
avait  confié  le  soin  à  certaines  génies,  une  autre  division 
de  ces  sacra  se  trouve  déterminée  parleur  origine  même. 
Les  sacra  popularia  étaient  tous  de  très  anciens  cultes  ; 
parmi  les  sacra  publica  confiés  au  soin  de  certaines 
génies  elles  sacra  pro  populo,  la  plupart  partageaient  ce 
même  caractère,  mais  il  en  était  d'autres  dont  l'origine 
étrangère  n'avait  pas  été  complètement  oubliée,  par 
exemple  le  culte  d'Apollon  et  celui  de  la  triade  Cérès. 
Liber  et  Libéra  ;  plus  tard,  le  culte  de  la  déesse  phry- 
gienne, de  la  Mater  Magna,  tint  une  place  analogue 
dans  la  religion  romaine.  Ces  sacra,  venus  du  dehors, 
mais  accueillis  et  introduits  officiellement  dans  la  religion 
de  la  cité,  furent  administrés  et  surveillés,  non,  comme 
\fi  sacra  d'origine  romaine  ou  latine,  par  les  Pontifes, 
mais  par  un  collège  d'institution  plus  récente,  qui  alla 
en  se  développant,  celui  des  Duumviri,  puis  Decemciri, 
enfin  (Juindccimviri  sacris  faciundis  [duimviki,  etc., 
t.  H,  p.  426  sq.] 

Tous  les  sacra  publica  de  l'État  romain  (Haient  ainsi 
sous  le  contrôle  soit  des  Pontifes,  soit  des  Quindecim- 
viri  sacris  faciundis.      J.  Toltain. 

SACRAMENTUM.  —  Dans  son  acception  primitive,  ce 
mol  désigne  l'acte  par  lequel  une  personne,  qui  prête  un 
serment,  consacre  sa  personne  à  une  divinité  en  cas  de 
fausse  déclaration  ou  de  parjure.  Sacramentum  dicitur 
quod  jurisjurandi  sacratione  interposita  gerilur^. 
C'est  la  présence  d'une  sacratio  qui  distingue  le  sacra- 
mentum du  jusjurandum  [jl's.iir.\ndcm].  Cette  sacratio 
n'est  pas  un  acte  privé  comme  le  serment  :  elle  exige  une 
déclaration  spéciale  et  ne  peut  être  faite  qu'en  vertu  d'une 
loi^;  elle  doit  aussi  s'adresser  à  un   dieu  déterminé'. 

Le  sacramentum  s'applique  dans  deux  cas:  aux  mili- 
taires, lors  de  leur  enrôlement;  en  matière  de  procédure 
civile  ou  criminelle.  L'usage  du  sacramentum  a,  de  tout 
temps,  été  maintenu  pour  les  militaires;  il  a  même  été 
étendu  à  tous  les  fonctionnaires  publics.  .Mais  dans  son 
application  à  la  procédure,  il  a  subi  d'importantes  trans- 
formations; il  a  fini  par  être  presque  entièrement  sup- 
primé au  temps  d'Auguste,  sauf  devant  le  tribunal  des 


1  Voirlesarl.  fekiae,  I.II,  p.  10.51;  fordicidia, t.  Il,  p.  liil;  pobs*cai.ia,  l.  II.  p.  Iii4- 
MK  ;  cf.  .MarquariJt  el  Mominsen.  Op.  cit.  XII,  p.  i.î7-239.  -  2  Voir  lart.  argh. 
t.  I,  p.  Wt-lOii.  —  3  V.  coMWTAUA,  t.  1,  p.  I«8-Ii20.  —  i  Feslus,  ».  v.  popnlarm 
tacra  :  Marc|uardl  et  Mommscii.  Op.  cit.  XII,  p.  2t9;  cf.  arl.  vebiak,  l.  II.  p.  l(«l. 
—  ï»  Voir  l'art,  piacui.um,  t.  iV,  p.  iô'6.  —  Bibmograpiiif:.  Les  ouvrages  essentiels  â 
consulter,  en  ce  qui  concerne  les  sacra  romains,  sont  :  Marquariit  et  ^lommseD, 
Jfanuet  des  antiquités  romaines  (iT^d.  fr.).  t.  .XII,  I,  p.  M>  î^q.  ;  Bouché-Leclercq  . 
Manuet  des  Institutions  romaines,  p.  464  sq.  ;  G.  VVissowa,  IteUqion  und  KuUus 
dtr  /lômer,  3«  partie,  p.  ^18  sq.  passim.  D'utiles  renseignements  pourront  ètri- 
reeueillis  dans  Fuslel  (Je  Goulauges,  La  cité  antique  ;  Bouclii':-Leclercq,  Les  Pontifeii 
de  l'ancienne  Rome:  L.  i'rcUei-,  Bômisclie  JJylholoijie,  t'  éd.  (Jordan). 

HACHAMëNTCM.  —  1  I'.  Diac.  s.  v.  sacramentum.  —  a  Plutarch.  Quaest.  Rom. 


centumvirs,  oii  il  a  persisté  jusqu'au  m'  siècle  de  notre 

ère   [CENTUMVIRi]. 

\.  Le  sacramentum  militaire.  —  Ce  serment  est  exigé 
des  soldats  lors  de  la  levée  des  troupes  [dilectus,  t.  II, 
p.  215.  219].  Au  sacramento  adigere''  ou  rogare'°  des 
consuls  correspond  le  sacramento  dicere  des  soldats*. 
Dans  chaque  légion,  un  homme  prononce  la  formule 
solennelle"  qui  se  termine  par  une  sacratio.  Il  jure 
d'obéir  aux  chefs  de  l'armée,  de  ne  pas  abandonner  les 
enseignes,  de  ne  rien  faire  contrairement  à  la  loi  *  ; 
puis  il  consacre  sa  personne,  sa  famille  et  ses  biens  à 
.lupiter  pour  le  cas  oit  il  manquerait  à  son  serment  [pon- 
TiFicES,  t.  IV,  p.  571,  n.  14j.  Cette  dernière  clause  n'est 
pas  directement  attestée  par  les  documents  qui  rapportent 
les  termes  du  serment,  mais  la  présence  d'une  sacratio 
résulte  d'abord  du  nom  donné  au  corps  de  troupes  après 
la  prestation  du  serment:  solemnis  et  sacrata  militia'', 
puis  de  la  formule  prononcée  par  chaque  légionnaire 
qui,  à  l'appel  de  son  nom,  s'avance  eljure  :  Idem  in  me  '"  ; 
enfin  des  formules  de  serment  militaire  usitées  chez  les 
autres  peuples  italiques  ". 

Le  sacramentum  militaire  ne  doit  pas  être  confondu 
avec  le  serinent  que  doivent  prêter  toutes  les  personnes, 
libres  ou  esclaves,  admises  dans  un  camp.  Elles  doivent 
jurer  de  ne  rien  voler  et  de  remettre  aux  tribuns  tout  ce 
qu'elles  trouveront'^  Les  deux  serments  sont  nettement 
distingués,  soit  par  Polybe,  soit  un  siècle  plus  lard", 
par  Cincius  Alimentus  dans  son  traité  De  re  militari. 

Le  sacramentum  militaire  est  également  distinct  du 
serment  collectif,  prêté  par  acclamation,  qui  devint  obli- 
gatoire en  338  et  qui  était  usité  lorsqu'on  faisait  une 
levée  de  troupes  en  cas  de  tumulte"  Iconjuratio).  Le 
premier  serment  est  seul  accompagné  d'une  sacratio  :  il 
fait  d'un  citoyen  un  soldat,  il  lui  confère  le  droit  de  faire 
usage  de  ses  armes  contre  l'ennemi  "';  il  modifie  aussi  sa 
condition  juridique,  soit  en  lui  permettant  d'invoquer  les 
privilèges  des  militaires,  soit  en  lui  faisant  perdre  le  droit 
de  se  porter  accusateur  dans  une  affaire  criminelle"'. 
Le  serment  une  fois  prêté,  le  soldat  est  enchaîné  par 
un  lien  religieux.  Il  ne  peut  le  briser  sans  commettre  un 
crime  contre  les  dieux'',  il  encourt  leur  malédiction  et 
devient  sacer  ;  on  a  le  droit  de  le  mettre  à  mort. 

A  l'époque  antique,  le  soldat  était  délié  de  son  enga- 
gement lorsque  la  guerre  était  terminée.  Il  devait  prêter 
un  nouveau  serment  toutes  les  fois  qu'il  était  rappelé 
sous  les  armes"  [magistratus,  t.  III,  p.  1334].  Depuis 
la  création  d'une  armée  permanente,  le  soldat  est  délié 
de  son  serment  lorsqu'il  a  reçu  son  congé  fjiissio, 
t.  III,  p.  1938],  lorsqu'il  a  été  réformé  ou  exclu  de 
l'armée  pour  cause  d'ignominie  "  [militum  poenae, 
p.  1896],  en  raison  d'un  délit-"  ou  d'un  acte  infamant-'. 
Il  est  également  délié  de  son  serment  lorsque  son  géné- 
ral est  fait  prisonnier  --. 


39.  Dionys.  X,  18.  Scrv.  in  Aen.  VIII,  1.  —  3  Macrob.  Sut.  III.  7,  5;  Fesl.  318  : 
alicuideorum.  -  iTit.  Liv.  IV,  5;  Tac.  .Inn.  1,  37;  Plin.  Ep.  X,  38.  -  5  Caes.  De 
bellogaU.  VI,  I.  -6Til.  Liv.  IV,  33.  -  '  Fesl.  Epit.f.î*A.  -  «  Polyb.  VI,  21; 
Dionys.  X,  18,  XI,  «.  — «Tit.  Liv.  VIII,  34,  10.  —  lOKesl.  Epit.s.  v. praejurationes 
facere.  —  "  Tit.  Liv.  X,  38  ;  cf.  Fesl.  vo  Sacratae,  p.  318  b.  —  <-'  Polyb.  VI,  33. 

—  «3  A.  Gell.  XVI,  4.  C'est  à  tort  que  .Marquardl,  liùm.  Altert.  II,  374,  prétend 
.|uc  Cincius  a  confondu  les  deuï  sermcnls.  —  '*  Serv.  Ad  Aen.  VllI,  1.  —  'S  Cato 
.-■p.   Cic.  De  o/f.  I,   11,  37.  —  10  Macer.  2  De  publ.  jud.  (Dig.  XLVlll,  2,  S). 

-  n  Tit.  Liv.  XXVlll,  27.  —  i«  Tit.  I.iv.  III,  20.  —  la  Ulp.  6  ad  éd.  Dig. 
111,  2,  2,  3.  Table  d'Héraclée,  I.  121.  —  20  M.icer.  2  De  re  mitil.  {Dig.  XLIX,  10, 
13,  3).  —  21  Papin.  De  adutl.  (Diij.  XLVlll,  5,  11  pr,i,  —  '"  Caos,  De  hello  cir. 
Il,  32. 


SAC 


!»52 


SAC 


Sous  l'Empire,  le  sonuL'ul  inililuire  est.  pièlé  ;»  l'empe- 
reur seul  par  tous  les  soldats'  Il  est  exigé  à  l'avène- 
ment de  chaque  prince,  il  doit  être  renouvelé  à  chaque 
anniversaire  de  ce  jour  -  et  au  commencemenl  de  chaque 
année'.  Tous  doivent  jurer  in  verba  ou  innomenejus\ 
même  ceux  qui  ne  sont  pas  citoyens''. 

A  l'exemple  des  soldats,  les  magistrats,  le  Sénat  et  le 
peuple  prirent  l'habitude  de  prêter  le  serment  de  fidélité 
à  l'empereur".  Les  sujets  de  l'Empire  y  furent  contraints 
par  les  gouverneurs.  Deux  tables  de  bronze  trouvées, 
l'une  en  Lusitanie  sur  les  bords  du  Tage",  l'autre  en 
T^oade^  contiennent  le  procès-verbal  de  la  prestation 
du  serment  de  fidélité  à  Caligula,  l'an  37  de  notre  ère, 
par  les  habitants  d'Arritium  et  par  ceux  d'Assos  [lex, 
t.  III,  '1.  p.  1120,  n.  29  et  30J.  Lesermenty  est  qualifié 
jusjurandum  bien  qu'il  contienne  une  sacralio  qui  se 
rapproche  par  l'idée,  sinon  par  les  termes,  de  celle  du 
sacramenlum  :  Si  sciens  fa  Ko  fefellerovc,  tum  me  Ube- 
rosque  ineo.i  Juppilei-  optiinus  maximus  ac  diviis  Au- 
r/uslus  ceterique  omneu  di  immortales  expertem  patria 
iiuohimitate  fortunisque  omnibus  f'axint.  La  consécra- 
tion est  faite  ici  à  tous  les  dieux  et  non  à  une  divinité 
déterminée. 

L'obligation  pour  les  soldats  de  prêter  un  serment  de 
fidélité  a  été  étendue  aux  fonctionnaires  impériaux. 
Ceux-ci  forment  la  militia  civilis  [militia,  t.  III,  2, 
p.  18911  ;  au  Bas-Empire,  ils  sontdeplusen  plus  assimi- 
lés à  la  militia  armata.  Comme  les  soldats,  ils  sont  im- 
matriculés', ils  portent  un  costume  spécial'"  et  sont 
soumis  au  sacramenlum^\  C'est  pour  cela  qu'on  appelle 
parfois  ««c/'ame/Ua  les  fonctions  publiques'-;  le  citoyen, 
nommé  à  une  de  ces  fonctions,  ad  sacrumenta  pervonit  ; 
celui  qui  sort  de  charge,  sacramenta  deponit". 

Par  extension,  le  mot  sucramcntum  a  été  appliqué  à 
r«i/rtora/«.s'*qui,en  s'engageant  envers  le  lanista,  \»Te 
uri,  vinciri,  verberari,  ferroque  necari  (pati)  [auctora- 
MENTUMj  et  qui  était  sans  doute  immatriculé,  comme  un 
soldat,  car,  d'après  le  sénalusconsulte  de  Marc-Aurèle  et 
Commode  sur  la  réduction  des  frais  des  jeux''%  il  doit 
faire  une  déclaration  au  tribun  de  la  plèbe  [pkofessio]. 
Le  mot  sacramentum  se  dit  aussi  de  ceux  qui  jurent 
fidélité  au  chef  d'un  complot  contre  le  prince  [facfionis 
sacramentum)  '"  [sacrilegiumj.  On  l'a  également  appliqué 
aux  adeptes  de  la  religion  chrétienne  [Dci  summi  sacra- 
menta) '"  ou  juive  [judaicae  religionis  sacramentum)  ". 
Dès  lors,  il  a  pris  le  sens  qu'il  a  conservé  de  nos  jours, 
celui  de  sacrement;  TerluUien  oppose  res  'Sacramento- 
rum  divinorum  à  idolorum  mysteria  ''•'. 

Sur  le  serment  militaire  en  Grèce,  voir  l'article  .jusjii- 
RANUUM,  t.  III,  2,  p.  73i,  n.  23. 

II.  Le  sacramentum  dans  la  procédure  cicile.  —  Le 
sacramentum  areçu  danslaprocédure  civiledeuxapplica- 
tions  caractérisées  parles  expressions  sacramento  inter- 
rof/ari  et  sacramento  contendere.  Sacramentum  aes, 
quod  pocnae  nomine  penditur,  sive  eo  quis  interroyatur 


1   Valent.    Cod.    Theod.    VUI.  7,    ti;    Léo,    Cod.    Jiist.    XII,    34,   4;    An,-isUs. 
Cod.  Just.  VI,  21,    16.   —  «  Grat.    Val.   TlieoJ.    Cod.    Theod.    XIV,    10,    1,    1. 

—  3  Theod.  Il,  Ibid.  XVI,  5.48.  —  4  Arcad.  Cod.  Just.  IX.  8,  5,  t.  —  s  cf. 
.Mommseï),  Slrafrechl,  Irad.  t.  11,  p.  S74.   —  6  Honor.    Cod.  Just.  XII,  il,    1, 

—  7  pctrou.  Sattfr.  H"  ;  /n  rerba  Eumolpi  sacramentum  juravimus  :  Uri, 
fie.    —  »  Bphem.    epigr.      VU,    154.    —    9    Arcad.    Cod.    Just.   IX,    8,   5   pr. 

—  ">  Valent.  Cod.  Theod.  XV,  7,  I.  —  n  Gral.  Eod.  III,  1,  5;  Arcad.  Bod. 
.VVI.  8.  13.  -  12  Tacil.  Ann.  XIV,  11;  Uisl.  1,  53;  Joseph.  Antig.  Jud. 
XIX    4,  S.  —  '■'•Plin.  Ep.  X,  a.  —  H  Suel.    Vespas.  G;  Claud.  (0.  —  I5  Tac. 


sive  contendifiir-".  Ces  deux  applications  que  Festus 
oppose  l'une  à  l'autre  n'ont  de  commun  que  la  consécra- 
tion aux  dieux  d'une  somme  d'argent:  Sacramenti... 
nomine  id  aes  dici  coeptum  est,  (juod et propter  aerarii 
inopiam  et  sacrorum  publicorum  multitudinem  consii- 
meljatur  in  rébus  divinis'-'. 

A.  Sacramento  interrogari .  —  On  n'a  pas  de  rensei- 
gnement direct  sur  celte  application  du  sacramentum. 
Des  divergences  se  sont  produites  sur  le  sens  qu'il  con- 
vient de  lui  attribuer  ^^  Ce  n'est  pas  ici  le  lieu  de  discuter 
les  opinions  émises  :  il  suffira  d'indiquer  celle  qui  paraît 
le  mieux  établie ^^  L'obligation  de  payer  une  somme 
d'argent  à  titre  de  peine  donne  lieu  de  penser  qu'il  s'agit 
d'une  interrogation  relative  à  un  dirt'érend  survenu 
entre  deux  personnes.  Le  sacramento  interrogari  semble 
être  la  contre-partie  ùu  sacramento  qit aerei'e  nxçniioané 
par  Valerius  Probus  -''.  Ce  quaerere  avait  lieu  sur  l'or- 
dre du  magistrat,  dans  le  cas  où  l'un  des  plaideurs 
opposait  à  l'autre  une  dénégation  :  si  negat,  sacramento 
quaerilo.  Il  faut  donc  supposer  que,  dans  un  procès,  se 
présente  une  question  accessoire,  assez  importante  pour 
motiver  la  consignation  d'une  somme  d'argent  et  qui 
devra  être  jugée  avant  le  procès  principal.  Tel  est  le  cas 
où  le  demandeur  veut  s'assurer  si  le  défendeur  est  l'hé- 
ritier de  son  débiteur,  ou  si  la  personne  qui  accompagne 
en  justice  le  défendeur  à  la  revendication,  entend  prendre 
fait  et  cause  pour  lui.  La  teneur  de  cette  dernière  ques- 
tion a  été  conservée  par  Valerius  Probus  ^^:  Quandoque 
in  jure  te  conspicio  postulo  anne  /ias  auctor''.  Dans  ce 
cas,  comme  dans  le  précédent,  si  la  personne  interrogée 
nie,  le  demandeur  peut,  avec  le  concours  du  magistral, 
la  forcer  à  consigner  une  somme  d'argent  pour  garantir 
l'exactitude  de  sa  déclaration.  Cette  somme  sera  perdue 
si  la  réponse  est  reconnue  fausse. 

Le  .mcramento  interrogari  a  subi  avec  le  temps  une 
transformation  analogue  à  celle  qui  sera  indiquée  ci-après 
pour  le  sacramento  contendere.  Mais  tandis  que  l'action 
de  la  loi  par  serment  a  été  remplacée  par  une  procédure 
nouvelle,  l'usage  de  l'interrogation  en  présence  du  ma- 
gistrat a  persisté  :  le  sacramentum  seul  a  disparu.  L'in- 
terrogatio  in  jure  entraine  désormais,  sinon  la  perte 
d'une  somme  d'argent,  du  moins  des  conséquences  ri- 
goureuses, qui  ont  été  indiquées  aumot  .ius|^t.  III,  p.  744]. 
Le  sacramento  interrogari  ne  doit  pas  être  confondu 
avec  ïinterroyatio  lege  usitée  dans  la  procédure  crimi- 
nelle-". Cette  dernière  interrogation  avait  pour  but  de 
rechercher  si  l'accusé  reconnaissait  la  compétence  du 
tribunal  institué  par  la  loi  pour  juger  le  crime  qui  lui 
était  reproché,  et  s'il  se  reconnaissait  coupable  d'avoir 
violé  la  loi  '-'. 

B.  Sacrameitto  contendere.  —  C'est  l'expression  usi- 
tée pour  caractériser  la  procédure  de  l'action  de  la  loi 
par  serment-*.  Celte  action  est  la  plus  importante  des 
actions  de  la  loi  ;  elle  tire  son  nom  du  sacramentum  qui 
en  forme  le  trait  essentiel.  Elle  a  subi,  au  cours    des 


Bist.  I,  55;  Suel.  Gaiba,  10;  Plut.  Galba,  ii.  —  '6  Tac.  Ann.  1,  T:  Jiuere  in 
servitium.  —  "  Corp.  inscr.  lat.  II,  I7i.  —  18  Ephem.  epigr.  V,  154.  —  19  De 
prnescr.  fieret.  4U  —  20  Fest.'p.  344  b.  —  21  ibid.  s.  v.  sacramentum.  —  22  Elles 
simt  rapporti^es  par  Huschke,  /lie  Mutta  itnd  dos  Sacramentum,  p.  358,  u.  11  ; 
cf.  Huveliu,  .Slipulalio,  stips  el  sacramentum,  lOoC,  p.  27.  —  23  Elle  a  élé 
soutenue  par  Karlowa,  Der  rom.  Civilprozess  zur  Zeit  dçr  Leyisactionen,  p.  32. 
_  21  §  4,  5.  —  2i  §  4,  7.  —  28  Cic.  P.  domo,  29,  77  ;  Sall.  Caliiina.  18  ;  Tit.  Liv.  38, 
30,  8.  — '-^Cf.  Mommsen,  Strnfreebt,  traduction  Duquesne,  t.  II,  p.  5P.  —  28  Gaius, 
IV.  Il;  Cic.  Ad.  fam.  VU,  32,  2;  De  oral.  1,  10,40,  Val.  Mai.  VII,  7,  2. 


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9o3 


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siècles,  des  modilicalions  qui  onl  l'ail  perdre  de  vue  son 
caraclère  primitif.  Si  on  l'envisage  sous  sa  forme  la  plus 
récente,  telle  que  la  décrivent  les  jurisconsultes  du  siècle 
des  Antonins.  elle  semble  consister  en  une  sorte  de  pari  ' 
dont  le  montant  du  sncromenftnn  forme  l'enjeu.  Chacun 
des  plaideurs  parie  que  son  adversaire  a  tort;  le  juge 
recherche  lequel  d'entre  eux  a  eu  raison  de  parier;  le 
gagnant  reprend  sa  mise  ;  l'enjeu  du  perdant  est  attribué 
au  trésor  public.  .Mais  dans  cette  explication  il  y  a  une 
lacune  :  on  ne  voit  pas  pourquoi  ce  mode  de  procéder  a 
reçu  le  nom  de  sncrainenfum.Ce  mot  ne  peut  être  qu'une 
survivance  d'une  époque  où  cette  action  de  la  loi  exigeait 
un  serment  accompagné  d'une  sacral io.  Cette  manière  de 
voir  est  confirmée  par  le  témoignage  de  V^arron  ^  et  de 
Verrius  Flaccus  ^  Chacun  des  plaideurs  jure  que  sa  pré- 
tention est  fondée  et  consacre  aux  dieux  une  somme 
d'argent  pour  le  cas  où  son  serment  serait  déclaré 
injuste  [dikè,  t.  II,  p.  204].  Celte  somme  était  déposée 
ad  ponlem^  ou,  suivant  Mommsen  %  ad  ponti/icem. 
Celui  des  plaideurs  qui  obtient  gain  de  cause  a  le  droit 
de  la  réclamer  ;  celui  qui  succombe  en  perd  le  montant, 
qui  est  affecté  aux  besoins  du  culte. 

Le  taux  du  sacramentum  fut  fixé  par  les  Douze  Tables 
à  500  as  pour  les  litiges  d'une  valeur  de  1000  as  et  au- 
dessus,  à  50  as  pour  ceux  de  moins  de  1000  as''.  Il  est 
vraisemblable  qu'à  l'époque  antérieure,  on  consignait 
un  certain  nombre  de  tètes  de  bétail  :  cinq  boeufs  ou 
cinq  brebis  suivant  l'importance  de  l'affaire  [pecllati's, 
t.  IV,  p.  363\  Par  faveur  pour  la  liberté,  ce  taux  fut 
fixé  uniformément  à  50  as,  dans  les  procès  où  l'on 
revendiquait  pour  un  esclave  la  qualité  d'homme  libre. 

L'action  de  la  loi  par  serment  a  été,  de  bonne  heure, 
dépouillée  de  son  caractère  religieux.  La  substitution  du 
trésor  public  au  grand  pontife,  comme  dépositaire  de  la 
somme  consignée,  ne  tarda  pas  à  faire  modifier  l'affecta- 
tion et  le  caractère  du  sacramentum .  La  sacrât  io  tomba 
en  désuétude  et  avec  elle  le  serment  qui  la  motivait.  Le 
sacramentum  devint  une  sorte  d'amende  pour  le  plai- 
deur qui  perdait  son  procès.  L'action  de  la  loi  par  ser- 
ment fut  considérée  comme  une  procédure  périlleuse  '  ; 
l'obligation  de  déposer  un  sacramentum,  comme  un 
moyen  de  restreindre  le  nombre  des  procès:  ceux  qui 
n'étaient  pas  sûrs  de  leur  droit  devaient  hésiter  à  courir 
le  risque  de  perdre  la  somme  consignée.  Le  seul  incon- 
vénient était  de  placer  dans  une  situation  défavorable  les 
plaideurs  pauvres  qui  ne  pouvaient  faire  l'avance  de  la 
somme  requise.  Mais,  par  une  heureuse  innovation,  on 
finit  par  dispenser  les  plaideurs  de  verser  effectivement 
le  sacramentum  :  il  suffit  de  promettre  au  préteur  de  le 
payer  au  trésor  public  si  l'on  venait  à  perdre  le  procès. 
La  promesse  devait  être  garantie  par  des  cautions.  Le 
recou^Tement  fut  confié  par  la  loi  Papiria  [lex,  t.  III, 
p.  1157,  n.  14]  non  pas  aux  questeurs,  mais  aux  trium- 
virs capitaux*  [triumviui  capitales]. 

C'est  une  question  controversée  de  savoir  quelle  fut,  à 
l'origine,  la  raison  d'être  de  cette  procédure.  D'après  les 
uns',  les  procès  étaient  anciennement  soumis  au  juge- 

'  Keller,  Der  rôm.  Civilprozest  und  die  Aktionin,  traduction  Capma*,  §  13; 
BHchmann,  Studie  im  Gebiete  des  legis  actio  sacramenti  in  rem,  p.  29,  n.  I  ;  Decla- 
rcuil,  .VouD.  revue  histor.  de  droit  1889,  p.  397.  —  i  De  ling.  lat.  V,  36,  ISO  : 
Ea  pecunia  quae  in  j-idicium  venit  in  îitibns  tacramentum  a  sacro.  —  3  Fest. 
Bpil.  3  41-  6  ;  V"  sacramentum.  —  '  Varro.  Ling.  lat.  V,  36.  —  5  Htaatsrerlil, 
traduction,  l.  III,  p.  78,  n.  3.  La  leçon  des  manuscrits  est  maintenue  par  Moritz 
Voigl,  Die  Zwôlf  Tafein,  t.    I,  p.  591,  n.  4.  —  «  Gains,   IV,    U.  —  '  Gaïus 

VIII. 


ment  de  Dieu;  le  sacramentum  serait  la  somme  payée  à 
litre  d'expiation,  lorsqu'on  prit  l'habitude  de  soustraire 
le  procès  à  la  décision  de  la  divinité.  Mais  alors  les  deux 
parties  devraient  payer  le  sarramentum  ainsi  que  le 
magistrat  et  le  juge,  car  tous  ont  participé  à  l'acte. 
D'autres  voient  dans  cette  procédure  un  expédient  pour 
provoquer  l'intervention  de  l'autorité  publique  dans  un 
dilîérend  entre  particuliers'".  Mais  il  est  peu  vraisembla- 
ble que  chez  un  peuple  aussi  religieux  que  l'étaient  les 
anciens  Romains,  on  ait  imaginé  une  procédure  qui  exi- 
gerait la  prestation  d'un  faux  serment.  Le  magistrat  de- 
vait intervenir  volontairement  en  connaissance  de  cause  ; 
chacun   des   plaideurs   prêtait  serment  de  bonne  foi". 

1°  Forme  de  l'action  de  la  loi  par  serment.  —  Ces 
formes  varient  suivant  qu'on  invoque  un  droit  sur  un 
meuble  ou  sur  un  immeuble,  ou  un  droit  contre  une 
personne.  Mais  celle  distinction  n'existait  vraisembla- 
blement pas  à  l'origine.  Il  est  douteux  que  la  classili- 
calion  des  actions  en  réelles  et  personnelles  soit  très 
ancienne  ;  et  il  paraît  certain  que  l'action  de  la  loi  par 
serment  n'a  été  appliquée  aux  immeublesqu'à  une  époque 
récente.  Les  expédients  auxquels  on  a  eu  recours  pour 
adapter  aux  immeubles  les  formes  de  l'action  mobilière 
le  montrent  clairement. 

n)  En  matière  mobilière,  r.iclion  ne  peut  être  engagée 
qu'en  présence  de  la  chose  litigieuse  '^.  Le  défendeur  qui 
la  possède  ne  peut  refuser  de  la  porter  ou  de  la  conduire 
en  juslice  sans  commettre  un  vol".  L'action  de  la  loi 
s'ouvre  par  l'affirmation  solennelle  du  droit  du  deman- 
deur. Tenant  à  la  main  une  baguette  {festuca,  vindicte), 
qui  représente  la  lance,  signe  de  la  conquête  et  de  la 
propriété  'S  il  touche  la  chose  et  déclare  qu'il  en  est  pro- 
priétaire quiritaire  ".  Le  défendeur  en  fait  autant. 
Ce  combat  simulé  [manum  conserere^'^)  est  arrêté  par 
le  magistral  :  il  ordonne  aux  plaideurs  de  lâcher  la 
chose'''.  Celui  qui  a  revendiqué  le  premier  demande  à 
son  adversaire  pourquoi  il  prétend  à  cette  chose.  Celui-ci 
doit  alors,  ou  bien  dire  de  qui  il  la  lient  {auctorem 
laudare),  ou  bien  déclarer  qu'il  n'a  pas  d'explication 
à  fournir.  Le  désaccord  étant  manifeste,  les  parties  se 
provoquent  réciproquement  au  sacramentum.  Puis  le 
magistrat  attribue  à  l'une  d'elles  la  possession  de  la 
chose  [viNDiciAEj  duranlle  procès,  en  lui  faisant  promettre 
de  la  restituer  si  l'adversaire  obtient  gain  de  cause.  Cet 
engagement  doit  être  garanti  par  des  cautions  [pi-aedes 
litis  et  vindiciarutn)  [praes]. 

6)  En  matière  immobilière,  l'objet  litigieux  ne 
pouvant  être  apporté  «n^w?'?,  la  procédure  a  dû  être  mo- 
difiée. On  a  eu  recours  à  des  expédients  qui  onl  peut-être 
varié  suivant  les  époques,  et  qui,  en  tout  cas,  sont  rappor- 
tés par  les  auteurs  anciens  d'une  manière  différente. 
D'après  Aulu-Gelle,  lorsque  la  juridiction  du  préteur 
s'étendit  avec  les  frontières  de  l'Italie,  et  que  la  multitude 
des  affaires  l'empêcha  de  se  déplacer,  l'usage  s'intro- 
duisit, contrairement  aux  Douze  Tables,  de  procéder  à  la 
manus  consertio  sans  l'assistance  du  préleur  {ex  jure)  '*. 
Les  parties  se  conviaient  réciproquement  à  se  rendre  sur 

IV,  13.  —8  Fest.  V»  sacramentum.  —  9  R.  von  Itering,  Vorgeschichte  der  Indo- 
EuropSer,  trad.  de  Mculonaere,  1000.  —  l»  Hugo  Krueger,  Gesehichte  der  capilis 
deminutio.  I,  217  ;  Girard,  Manuel,  p.  984,  n.  î.  —  "  Fr.  Eisele,  Beitrâge  zur 
rôm.  Reclitsgeschichte,  p.  219.  —  12  Gaius,  IV,  26.  —  I3  Ter.  Eun.  IV,  7,  809; 
cf.  Sal)in.  ap.  Gell.  XI,  18,  14.  —  H  Gaius,  IV,  l(i  ;  A.  Gcll.  XX,  10.  —  '5  Gaius, 
Loc.  cit.  —  i«  Gic.  P.  Mvr.  12;  A.  Gell.  Lac.  cil.  —  n  Gaius,  IV,  16.  —  i»  (icil. 
XX,  10. 

120 


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—  934 


SAC 


lefondslitigieux  :  Inde  ilti egoleexjurc  nuiniim  conser- 
titnt  voco.  Cet  appel  était  suivi  d'un  rappel  du  défendeur  : 
l'ndetu  me  e.rjure  manum  consertuin  rocasli,  inde  ibi 
ego  te  revoco  '  [revocatio].  Sur  quoi  lu  niagislrat  ordon- 
nait aux  plaideurs  de  partir  avec  leurs  témoins.  Les 
mots:  Iteviam,  redite  riam,  consacraient  le  départ  et  le 
retour  des  parties  devant  le  magistrat.  Elles  rapportaient 
une  motte  de  terre  sur  laquelle  allaient  désormais  s'ac- 
complir les  rites  de  l'action  de  la  loi.  Gaius  ne  fait  pas 
mention  de  ce  transport  sur  lieux  ;  les  parties  apportaient 
elles-mêmes  in  Jure  un  objet  représentatif  de  la  chose 
revendiquée  :  une  motte  de  terre  ou  une  tuile,  suivant 
qu'il  s'agissait  d'un  fonds  non  bâti  ou  d'une  maison. 
11  en  était  de  même  pour  tous  les  cas  où  l'on  ne  pou- 
vait commodément  apporler  ou  conduire  en  justice 
l'objet  litigieux,  tel  qu'un  navire,  un  troupeau,  une 
ciilonne,  une  hérédité.  La  procédure  s'accomplissait 
sur  l'objet  représentatif  ^rame,  mouton,  fragment  de 
colonne,  elc.\  comme  si  la  chose  tout  entière  était  en 
présence  du  magistral-. 

c  En  matière  personnelle,  les  solennités  étaient  en  par- 
lie  les  mêmes  qu'en  matière  réelle.  Mais  les  détails  man- 
quent par  suite  d'une  lacune  dans  le  manuscrit  de  Gaius. 
Que  l'action  de  la  loi  fût  in  rem  ou  in  personam, 
après  le  dépôt  du  sacramentum,  on  procédait  à  l'organi- 
sation de  l'instance  :  les  parties  demandaient  un  juge 
{procare  judicem)', qui  était  immédiatement  nommépar 
Je  magistrat'.  Depuis  la  loi  Pinaria,  la  nomination  n'a 
lieu  qu'au  bout  de  trente  jours  [lex,  t.  lU,  p.  1158,  n.  9j. 
Celte  loi  doit  être  postérieure  à  la  sécularisation  du 
sacramentum  ;  il  n'y  avait  plus  urgence  à  statuer  depuis 
que  le  procès  avait  cessé  d'avoir  le  caractère  d'une  cause 
sacrée;  et  il  était  utile  de  laisser  aux  parties  le  temps  de 
conclure  un  arrangement  amiable  °. 

Le  juge  une  fois  nommé,  les  parties  se  promettaient 
réciproquement  de  comparaître  devant  lui  le  surlende- 
main [comperendinatioY .  Elles  prenaient  des  témoins 
pour  constater  l'accomplissement  régulier  des  rites  con- 
sacrés iuTis  coxTESTATio,  t.  III,  p.  1271].  La  procédure 
in  jure  se  terminait  par  un  hommage  rendu  aux  dieux 
par  le  magistrat  :  Diis  honorem  dico  ''. 

2°  Applications  de  l'action  de  la  loi  par  serment.  — 
L'action  de  la  loi  par  serment  avait  une  application  géné- 
rale :  elle  devait  être  employée  dans  tous  les  cas  où  la  loi 
n'en  avait  pas  autrement  ordonné.  Elle  était  surtout 
usitée  en  manière  de  revendication,  de  servitude',  de 
pétition  d'hérédité,  et  dans  les  procès  relatifs  à  la  liberté. 
Dans  ce  dernier  cas,  elle  présentait  deux  particularités: 
l'une,  déjà  indiquée,  relative  au  taux  du  sacramentum  ; 
l'autre  relative  aux  vindiciae  qui  sont  toujours  attri- 
bués à  celui  qui  passe  pour  un  homme  libre '^  [vindiciae]. 
Sous  l'Empire,  malgré  la  suppression  djs  actions  de 
la  loi  ^legis  actio,  t.  III.  p.  1095]  parles  lois  judiciaires 
d'Auguste  LEX,  t.  III,  p.  1149],  le  sacramentum  a 
conservé  quelques  applications  en  matière  réelle  (suc- 
cessions, libei'té)  ou  personnelle  '";  il  est  resté  usité  dans 
les  procès  portés  devant  le  tribunal  des  cenlumvirs 
[cENTUMviRi,  l.  I,  p.  lOlij.  L'action  de  la  loi  peut  avoir 

I  Cic.  P.  Mur.  12.  —  '  Gaius,  IV,  17.  —  3  Fesl.  2M  n,  4,  v  procure;  27*  6,  20. 
S.ir».  /n  .4cn.  I.  5,  H.  —  '  Pscud.  Ascoii.  Jn  Verr.  p.  Kit.  —  5  Cf.  Eisclc,  Op.  cil. 
p.  iîî.  — 6 Gaius,  IV,  15.  Paul-Diac.  iS3,  I.  —  ^Serv. /h  Aen.  I,  63J.  -  8  Cf.  Èloiiaid 
Cm),  institutions  juridiques  des  Romains,  l.  I,  2o  6d  p.  P3,  n,  2.  —  9  Pompon.  En- 
clm-id.  Dig.  1,  î.  î,  Si.  — '0  Valerius  Probus.  §  ♦.  (-3.  —  M  Gains,  IV,  31. —12  Gains, 
lV,4(i;cf.  .MilUisfl.'ini./'rim/reic/l/,  I,  W,  IS,  cf.  Giraid,  (Jrf/.jud.  I,  91;  fcloiianl 


lieu,  soit  devant  le  préleur  urbain,  soit  devant  le  préteur 
pérégrin  "  [praetor^. 

3°  Effets.  —  Le  juge,  nommé  par  le  magistrat,  a  mis- 
sion de  dire  lequel  des  plaideurs  a  prêté  un  faux  ser- 
ment, ou,  à  l'époque  récente,  lequel  d'entre  eux  a  fait  un 
sacramentum  injuslum.  Il  n'a  pas  de  condamnation  à 
prononcer.  L'exercice  de  la  justice  privée,  suspendue 
pendant  l'accomplissement  de  l'action  de  la  loi  et  l'exa- 
men du  juge,  est  désormais  permis  à  celui  dont  le  ser- 
ment a  été  déclaré  juste.  En  matière  réelle,  s  ila  la  posses- 
sion intérimaire,  il  garde  la  chose,  sinon  il  s'adresse  aux 
praedes  litis  et  vindiciarum  pour  se  faire  restituer  la 
chose  et,  s'il  y  a  lieu,  les  fruits.  Les  praedes,  qui  se  sont 
obligés  envers  l'État,  sont  tenus  sur  leur  personne  et  sur 
leurs  biensi  Si  la  chose  a  péri  ou  a  été  détériorée,  si  les 
fruits  ne  peuvent  être  rendus,  on  charge  trois  arbitres 
d'en  fixer  la  valeur  [.iirgiim,  t.  III,  p.  714]  ;  les  cau- 
tions doivent  payer  le  double  de  l'estimation.  Cependant, 
certains  auteurs  pensent  que  le  juge  du  sacramentum 
pouvait  condamner  in  rem  ipsam,  et  ils  invoquent  en  ce 
sens  un  passage  de  Gaius'-.  Mais  Gaius  emploie  ici 
la  terminologie  usitée  de  son  temps  :  condemnare  est 
synonyme  de  Judicare;  tout  défendeur  qui  succombe  est 
à  la  fois  jugé  et  condamné.  A  l'époque  antique  au  con- 
traire, la  jndicatio  est  distincte  de  la  condemnatio.  La 
Judicatio  porte  uniquement  sur  l'objet  du  litige.  Pour 
qu'il  y  eût  damnalio  ou  condemnatio,  il  faudrait  que  le 
jugement  fit  naître  une  obligation  de  payer  une  somme 
d'argent,  ce  qui  n'est  sûrement  pas  le  cas  lorsqu'on  y 
exerce  l'action  de  la  loi  par  serment '^ 

En  matière  personnelle,  le  créancier  dont  le  serment  a 
été  déclaré  juste,  exerce  la  manus  injectio  contre  son 
débiteur  pour  obtenir  son  paiement.  Si  la  dette  a  pour 
objet  autre  chose  que  de  l'argent,  la  loi  .\cilia  repetun- 
darum  [lex,  t.  III,  1127]  prescrit  de  procéder  à  une  litis 
aestimatio  [litis  aesti.matio,  t.  III,  p.  1169]. 

III.  Le  sacramentum  dans  la  procédure  criminelle.  — 
L'action  de  la  loi  par  serment  a  été  appliquée  en  matière 
criminelle  par  la  loiCalpurnia  repetundarum  de  l'an  605 
[le.\,  t.  III,  p.  1133^  et  par  la  loi  Junia  [le.v,  p.  llol, 
n.  14].  Elle  sert  à  introduire  une  instance  contre  un  ma- 
gistrat accusé  de  concussion.  L'exercice  de  l'action  de  la 
loi  est  ici  exceptionnellement  accordé  au  xpérégrins  [legis 
actio,  t.  III,  p.  1095]  à  une  époque  où  vraisemblable- 
ment existait  déjà  la  procédure  formulaire".  La  loi  a 
voulu  donner  aux  pérégrins  une  garantie  contre  la  par- 
tialité du  préteur  qui  aurait  pu  refuser  de  délivrer  une 
formule  contre  un  ancien  collègue'".  Elle  a  fait  plus 
encore  :  l'affaire  est  soumise  au  jugement  d'un  jury  pré- 
sidé par  un  préteur  spécial;  seuls  les  rites  de  l'action  de 
la  loi  sont  accomplis  en  présence  du  préteur  pérégrin  "'. 
Cette  forme  nouvelle  de  procédure,  introduite  parle  tri- 
bun de  la  plèbe  L.  Calpurnius  Piso,  fut,  par  la  suite, 
généralisée  et  appliquée  à  toute  une  série  de  crimes 
fOL'AESTio  perpétua]  ;  mais  on  renonça  à  l'action  de  la  loi 
par  serment  comme  mode  d'organisation  de  l'instance  : 
la  loi  .\cilia  repetundarum  deVan  631  ou  632  se  contente 
de  la  nominis  delatio  [lex,  t.  III,  p.  1127]. 

Cuq,  Op.  cit.  l.  I,  i'  édit.  p.  IW  et  1*9.  —  n  C'est  l'opinioa  générale.  Cf.  Wlassal, 
Hôm.  Processgesetze,  t.  Il,  1891,  p.  301  :  Erman,  Zeits.  der  Savigny-Stiftunij,  K. 
A.  18Se,  p.  276  Partscli,  Die  Scliriftformel  im  rOm.  Proiinzialprozesse,  1905; 
Bekkcr,  Zeits.  der  Savigny-Stiftunç,  R.-A.  1906,  p.  39:  Wlassak,  Ibid.  1907,  p.  tOS  : 
Jlitlci*,  /mmisches  Privatrecht,  1908,  p.  50.  —  I»  Cf.  Edouard  Cu(|,  Institutions 
juridiques,  l.  Il,  p.  731,  n.  5.  —  li  Gaius,  IV,  31.  —  IC  Cic.  Brut.  27,  lOC. 


SAC 


—  !)5S 


SAC 


IV.  In  xacruin  judicare.  —  11  convienl  de  rapproclier 
(lu  sacraineiitum  Vin  sacrum  Judicaî'e,  qui  présente 
(les  traits  communs  à  c(^)té  de  difTérences  caractéristi- 
([ues.  L'un  et  l'autre  supposent  l'afrectation  aux  dieux 
d'une  somme  payée  par  un  plaideur  qui  a  été  judiciaire- 
ment condamné.  Mais  dans  le  premier  cas  l'alTectaLion 
est  faite  par  les  plaideurs  ;  dans  le  second,  par  le  juge. 
L'un  et  l'autre  ont  le  caractère  d'une  peine  ;  mais  dans  le 
sacramentum  la  peine  est  infligée  à  celui  des  plaideurs 
qui  a  fait  un  faux  serment  ;  dans  Vin  sacrum  judicare, 
à  celui  qui  a  été  reconnu  coupable  d'une  contravention. 

Vin  sacrum  judicare  n'est  cité  que  dans  deux  textes  : 
la  loi  Silia  de  ponderibus  [lex,  t.  III,  p.  1164]  et  la  loi 
ou,  suivant  Mommsen,  le  statut  colonial  de  Todi'. 
D'après  ces  lois  qui  paraissent  être  de  la  tin  de  la  Répu- 
blique^, le  magistrat  a  le  choix  entre  deux  moyens 
d'infliger  une  amende  au  contrevenant  :  mu/tare  (ou 
popufi  judicio  petere)  et  in  sacrum  judicare.  L'anti- 
thèse, établie  entre  ces  deux  moyens  de  répression, 
donne  lieu  de  penser  que  l'amende  est  infligée,  dans  le 
premier  cas  par  un  magistrat  du  peuple  romain,  dans  le 
second  par  un  représentant  de  la  plèbe. 

L'iii  sacrum  judicare  doit  remonter  à  l'époque  où 
les  tribuns  et  édiles  de  la  plèbe  n'avaient  pas  le  droit  de 
condanmcr  légalement  un  citoyen.  Ils  n'avaient  que  la 
ressource  de  consacrer  aux  dieux  le  montant  de  l'amende 
prononcée,  de  même  qu'ils  déclaraient  sacer  le  citoyen 
qu'ils  voulaient  condamner  à  une  peine  capitale.  Dans  les 
deux  cas,  ils  plaçaient  sous  la  protection  des  dieux  une 
décision  qui  n'avait  pas  de  valeur  au  regard  de  la  loi 
[tribl'ncs]. 

L'm  sacrum  j udicare  cessa  d'être  considéré  comme  une 
mesure  extra-légale,  lorsque  le  jugement  des  représen- 
tants de  la  plèbe  fut  soumis  à  l'appel  au  peuple  comme 
s'il  émanait  des  magistrats  du  peuple  romain  [phovoca- 
Tio].  Il  cessa  également  d'être  un  moyen  de  répression 
propre  aux  représentants  de  la  plèbe  lorsqu'on  les  assi- 
mila aux  magistrats.  Dès  lors,  la  distinction  des  deux 
sortes  d'amendes  n'a  plus  d'intérêt  qu'au  point  de  vue  de 
l'aflectalion  qui  en  est  faite  par  le  magistrats     Éd.  Cuq. 

SACRARIUM  ('lepoïuÀajtiov) '.  — Lieu  (chapelle,  ora- 
toire, réduit,  armoire-)  où  sont  gardés,  à  l'abri  de  toute 
profanation,  les  objets  sacrés,  soit  dans  un  temple,  soit 
dans  une  demeure  privée;  car  il  n'était  pas  nécessaire 
qu'un  sacrarium  fût  rituellement  consacré'.  Pour  les 
cultes  publics,  on  peut  rappeler  ce  qui  a  été  dit  du  sacra- 
rium de  Mars  sur  le  Palatin,  où  étaient  enfermés  les 
nncilia,  et  de  celui  de  la  Regia,  où  étaient  conservées  les 

'  Corp.  iiiscr.  lat  .XI,  '1,  4G32.  —  2  MotniuseQ  conjeclure  qu'elles  sont  du 
VII*  siècle  de  Kome.  —  3  Cf.  Husclike,  Die  Multa  tinti  daa  Sacramentum. 
p.  4(i7;  Mommsen,  Strafrecht,  trad.  Duquesne,  l.  1,  p.  182;  t.  III,  p.  382; 
(jîrard,  Hist.  de  l'organisation  judiciaire,  t.  I,  p.  241,  ii.  1.  —  Bibliogra- 
cHiK.  Keller,  Der  rômischc  Civilprozess  uwl  die  Aklionen  in  summarisc/ier 
Danlellung,  0'  éd.  1883;  Dam,  Der  sakrale  Schutz  im  rômischen  fleckts- 
rerkekr,  18o7;  voa  BcLlimann-llollweg,  Der  Civilprozess  des  gemeinen  ftecbts 
m  gexehicht lichen  Eniwicklunrj.  l.  1,  180*,  §  37;  Beklier,  Die  Aktionen  des 
rùmischen  Priratrechts,  1871,  t.  I,  p.  57;  0.  Karlowa,  Den  rômische  Civilprozess 
zur  Zeit  der  Legisactionen,  1872  ;  Husclike,  Die  Multa  und  das  Sacramentum  in 
ihrem  lierschiedenen  Anwendungen,  187i;  Lotmar,  Zur  legis  aciio  sacramenti  in 
rem,  1876;  Slarquardt.  Rômische  Staatsvermaltimg,  2"  Mil.  187(i,  l.  V,  p.  373; 
Morilz  Voigt,  Oie  Zwîilf  Tafeln,  1883-1884,  t.  I,  p.  300,  t.  U.  p.  34;  Fr.  BuODa- 
iiiici,  La  storia  delta  procedura  civile  romana,  1886;  Bechraann,  Studie  im 
Gebiete  der  legis  actio  sacramenti  in  rem,  1889  ;  Wlassak,  Rômische  Process- 
i/eselze,  l.  I,  1891,  p.  186;  Eiscle,  Beitrâge  zur  rômischen  Civilprocess.  1896; 
JobbéDuval,  Études  sur  l'histoire  de  la  procédure  civile  chez  les  Romains,  l.  I, 
1896,  p.  13,  304-387  :  Girard,  .Vanuel  de  droit  romain,  4-  éd.  p.  983;  Mommsen, 
Rnmisches  Strufrecht,  trad.   Duquesne,    1907,    I.    Il,  p.    59;    Edouaid   Cui|,    U-x 


hastae  marliae  et  le  liluus  de  Romulus  [m.\rs,  p.  1615]  ; 
du  sacrarium  d'Ops  Consiva,  qui  était  au  même  endroit 
[ops,  p.  212].  Les  auteurs  et  les  inscriptions  en  nomment 
d'autres*.  La  famille  des  Jules  avait,  àBovillae,  un  sacra- 
rium pour  ses  sacra  gentilicia  [sacra].  Nous  renvoyons 
pour  le  culte  domestique  à  ce  qui  a  été  dit  aux  articles 
LARES,  p.  942,  sq.,  et  pénates,  p.  377. 

Les  Grecs  avant  les  Romains  eurent  des  oratoires 
privés,  que  les  auteurs  latins  désignent  par  le  nom  de 
sacrarium^ .  On  connaît  par  Cicéron  la  richesse  de  celui 
de  Heius  à  Messine''.  Celui  que  Timoléon  avait  élevé  dans 
sa  maison  à  Syracuse  est  appelé,  par  Cornélius  Nepos  ', 
sacellum.  Les  deux  mots  n'ont  pas,  en  effet,  conservé 
toujours,  dans  l'usage  courant,  leur  définition  rigoureuse 
'sacellum].         E.  Sa(jlio. 

SACRATAE  LEGES  [lex,  p.  1173]. 

SACRATIO  CAPITIS.  —  Ce  mot  désigne  dans  le  droit 
romain  primitif  la  consécration  du  coupable  aux  dieux. 
Le  crime  devait,  en  effet,  attirer  sur  la  communauté  entière 
la  vengeance  du  ciel  s'il  n'était  l'objet,  comme  les 
offenses  directes  envers  les  grands  dieux',  d'une  expia- 
tion publique,  si  le  coupable  n'était  livré  à  la  divinité 
comme  victime.  La  forme  primitive  du  jugement  a  donc 
été  l'attribution  du  condamné  à  un  dieu-  par  le  repré- 
sentant légal  de  la  communauté  S  Ce  caractère  religieux 
de  la  peine  est  particulièrement  marqué  par  la  consécra- 
tion de  la  fortune*,  et  par  les  cérémonies  rituelles  de  la 
plus  ancienne  forme  de  la  mise  à  mort,  par  la  hache,  où 
le  condamné,  attaché  à  un  poteau,  nu,  les  mains  sur  le 
dos,  puis  étendu  sur  le  sol,  a  l'altitude  d'une  victime. 
C'est  pour  cette  raison  que  la  loi  parfaite,  celle  dont  la 
violation  rend  sacer,  s'appelle  lex  sacrata,  et  qu'elle 
comporte  comme  punition  une  sanclio  '".  Si  l'État  épargne 
le  coupable,  par  exemple  dans  le  cas  de  l'inceste,  de  la 
violation  des  jours  de  fêle  ou  des  jours  néfastes,  de 
l'homicide  involontaire,  il  doit  offrir  une  expiation  aux 
dieux  ^.  L'homme  sacer  est  mis  hors  la  loi,  comme  mau- 
dit par  la  divinité  à  qui  il  appartient;  chacun  peut  le  tuer 
impunément,  mais  naturellement  en  rendant  compte  de 
sa  conduite  :  de  bonne  heure,  du  reste,  l'autorité  publique 
a  dû  se  charger  de  l'exécution  et  on  a  poursuivi  réguliè- 
rement devant  le  peuple  les  délits  atteints  par  la  sacra- 
lio  capitis'.  La  personne  ou  sa  fortune  est  toujours 
consacrée  à  une  divinité  spéciale,  surtout  aux  dieux 
infernaux  [devotioJ.  Le  produit  des  confiscations  est 
consacré  au  culte  [multa]. 

La  tradition  attribue  à  l'époque  royale  la  sacrât io 
capitis  contre  la  violation  des  devoirs  des  enfants  envers 


Institutions  juridiques  dus  Romains,  l.  I,  édil.  1903,  p.  U3  ;  t.  Il,  édil.  1908, 
p.    731. 

SACR-\UIUM.  1  Dion.  Mal.  I,  70.  —  2  Pelron.  Sat.  Ï9  ;  cf.  Plal.  Protaq.  11  ; 
Etym.  mag.  146,  36.  —  3  Ulp.  Dig.  1,  8,  9,  2  :  Sacer  locus  est  locus  consecralus, 
sacrarium  est  locus  in  quo  sacrareponuntur,  quod  etiam  in  loco privalo  tssepotest: 
cf.  Ibid.  XLIII,6,  1,  1  ;  Serv.  Ad  Aen.  XII,  199.  -  s- S.  Bonae  deae,  Cic.  ilil.  31  ; 
se  ;  Fidei,  T.  Liv.  I,  'A:  Argeorum,  Varr.  Ling.  lat.  V,  43  [mau]  :  Cereris  Antia- 
ttnae  :  Inscr.  Orclli,  1359,  etc.  Voir  sur  In  mot  sacrarium  Jordan.  'J'opoqr.  d. 
Stadt  Rom,  III,  271  ;  Gilbert,  Die  Stadt  Rom,  H,  371.  —  5  Tac.  Aim.  Il,  41  ;  cf. 
Mommsen,  Corp.  inscr.  lut.  I,  p.  207.  —  6  Cic.  In  Verr.  IV.  143  sq.  .Sacrarium  de 
Hiéron  à  Syracuse,  T.  Liv.  ,\XIV,  26,  etc.  —  7  Timol.  4. 

SACRATIO  CAPITIS.  I  Dionys.  2,  10,  74;  Liv.  3,  35.  —  2  Festus,  p.  31» 
V.  homo  sacer  is  est  quem  populus  indicavit  ob  mateficium.  —  3  .Aussi  les  exécu- 
tions faites  par  les  chefs  de  laplébe  ne  sont,  au  début,  que  des  meurtres  excusables 
(Festus,  L.  c.)  —  i  Festus,  L.  c.  ;  Liv.  2,  8,  2  ;  3,  58,  7  ;  8,  20,  8  ;  Dionys.  6,  8,  9; 
9,  17;  Cic.  De  domo,  +7,  123  ;  Plin.  Hist.  nat.  7,  44,  143.  —  =  Dig.  1,  8,  9,  §  3; 
Cic.  De  rep.  t,  31,  34;  Pro  Balb.  1 1,  33.  Le  s-ns  primitif  de  sandre  est  dévouer, 
;i)F.voT(o].  —  (i  Liv.  I,  26,  13;  Macrob.  Sat.  1,16;  Festus,  p.  297;  v.  sororium;  Varr. 
Ling.    lat.   0,  30.  —    7    Uionys.  9.  34;  Liv.   2,  61. 


SAC 


—  9oG 


SAC 


leurs  parents',  des  patrons  envers  leurs  clients  et  res- 
pectivement -,  contre  l'enlèvement  ou  le  déplacement 
(les  bornes';  au  début  de  la  République,  les  diverses 
lege.t  sacratae,  la  loi  confirmée  par  serment  contre  toute 
tentative  de  rétablir  la  royauté';  la  loi  interdisant,  après 
le  décemvirat,  de  créer  une  magistrature  non  soumise  à 
l'appel  au  peuple";  les  lois  qui  ont  constitué  la  plèbe 
et  les  privilèges  de  ses  tribuns  >lebs,  tribims  plebis]'; 
l'interdiction  des  pririh'gifi  :  la  loi  Icilia  de  Aventino 
/lublicando''  ;  la  loi  défendant  la  dégradation  de  l'ancien 
tribun  militaire  au  rang  de  centurion  ^  :  la  défense 
d'entraîner  le  peuple  à  une  secessio^.  La  xacratio 
rapitis  fut  remplacée  de  bonne  heure  par  Vaquas  et 
ignis  interdiclio  ^exsilum^. 

Il  y  a  eu  quelques  cas  de  sacrât io  capitis  sans  crime,  en 
guise  de  prorural io  ou  comme  mesure  de  salut  public,  par 
exemple  le  jet  à  la  mer  ou  l'exposition  dans  une  île  d'un 
monstre  '",  l'ensevelissement  de  deux  étrangers  ennemis, 
sur  l'ordre  de  la  Sibylle  en  216".     Cii.  Lêcrivain. 

SACRIFICIUM.  —  Grèce.  —  1.  ^intention  du  sacri- 
fice. —  Nous  ne  voulons  pas  rechercher  ici  à  quels 
sentiments  obéirentles  premiers  hommes  de  race  grecque 
qui  ont  accompli  des  sacrifices,  ni  si  les  sacrifices  qui 
s'accomplirent  en  Grèce  peuvent  se  ramener  tous  à  une 
même  conception  primitive.  Il  nous  suffira  d'exposer  ce 
qui  se  constate  durant  la  période  historique. 

La  grande  majorité  des  sacrifices  passaient  alors  pour 
des  sortes  d'ofTrandes  que  l'homme  adressait  à  des  êtres 
surhumains'.  Mais,  à  la  différence  des  ex-voto  de  bronze, 
de  marbre,  de  bois,  d'étoffes  précieuses,  etc.,  les  objets 
qui  faisaient  la  matière  des  sacrifices,  —  victimes  ani- 
males, fruits  de  la  terre,  aliments  de  toute  sorte,  parfums 
(voir  §11;,  —  étaient  de  nature  essentiellement  éphémère. 
Offerts  aux  âmes  des  morts-,  ils  étaient  censés  leur  faire 
le  même  plaisir  qu'ils  auraient  fait  à  des  hommes  vivants  : 
le  mort,  suivant  l'opinion  populaire,  buvait  les  libations 
et  se  repaissait  des  mets  qu'on  lui  apportait  \  Offerts  aux 
dieux,  passaient-ils  pour  servir  à  leur  nourriture,  aux 
satisfactions  de  leurs  sens'?  Quelques  passages  d'auteurs 
d'époques  diverses,  depuis  Homère  jusqu'aux  polémistes 
chrétiens  \  quelques  épilhètes  de  divinités  \  sont  propres 
à  nous  le  faire  croire.  Toutefois,  il  est  probable  qu'une 
pareille  croyance  avait  cours  seulement  chez  les  fidèles 
grossiers  ;  les  autres  considéraient  plutôt  les  sacrifices 
corn  me  des  offrandes  honorifiques. 
I  fintention  du  sacrifiant,  dans  la  plupart  des  cas,  était 
(  de  mériter  le  bon  vouloir  de  l'être  surhumain  ou  de  lui 
l^lémoigner  de  la  reconnaissance,  'kpsùsiv  se  dit  couram- 

--  Dionvs. 


C.  609. 


•  Fcstus.  p.  i30v./)torare.— '^Dionys.  i,  10;  Plul.  «om,  1 .(;  .■"civ.  Ad  Ae 
—  î  Paul.  Diac.  p.  368,  v.  lermino:  Diooïs.  i,  7t  ;  P!in.  Hisl.  nat.  8,  li.  —  4  Liv. 
2,  8,  i;  i.  I,  9;DiODjs.  3,  19:  \-lul.  Popl.  Il,  li.  —  5  Liv.  355.  —  6  Cic.  De  prov . 
eoni.  19,  40;  Pro  Sat.  7,  19;  Pi-o  TuU.  +7  ;  De  Ug.  i,  7,  18;  Liv.  3,  55,  6  ;  i,  54, 
9;  3,  3i,  7;  3,  11,  3  ;  30,  S,  S.  —  T  Cic.  De  itom.  17,  43;  Pro  Sest.  30,  65  :  Liv. 
3,31,  I;  3,3»,  7;  DioDys.  10,  3i.  —  8  Li».  7.  41.  — 9  Liv.  7,  16,8.  —10  Liv.  31,  li, 
B;  39,  a.  5;  i7,  37,  6  ;  Obseq.  30.  50;  Plin.  Hlit.  nat.  7,  4,  36.  -  "  Liv.  ii'  57! 
6:  Cic.  Pro  Hoic.  .4m.  35;  Gros.  4.  13:  Plul.  Marc.  3.  -  BiBi,iouR»PHie.  Rein, 
Dot  Criminalrechl  des  Itômer,  Leipzig,  1841,  p.  30,  1«9,  136;  Lao^,  De  conte- 
cralione  capitu  et  bonorum,  Giessen.  1807;  Lûbbcrl,  Commentationes  ponti- 
ficale: Berlin,  1859:  Bouché  Lcclorc<|.  Les  Pontifes  de  l  ancienne  Jtome,  Paris, 
'1871.  p.  195-198  ;  Uonimsca,  Strafrecht,  Leipzig,  1899,  p.  55i,  9iJ0-905. 

SICIIIFICIIJM.  1  (Mal.  E„th.  14  C  :  -.i  «i».  S^jiirf.^-  !«,  «î,  ««t;.  -  2  Chez 
Honiéie,  le>  niorls  ue  reooivenl  pas  de  cullc  régjlier  ;  mais  on  accomplit  parfois  en 
leur  hountur.  à  leur  adresse,  des  cérémonies  .|ui  ressemblent  singulièrement  à  des 
sacrifices  (//.  XXIII,  W,  s-J.  ;  Oil.  X,  518  sq.  ;  XI,  iO  sq.  ;  30  s.].  ;  45  sq.  ;  XXIV, 
<-i  vy.)  :  c'étaieni  sans  doute  des  souvenirs  dun  culte  plus  ancien,  momeulaiR-ment 
négligé,  qui,  dans  la  suite  des  temps,  se  raviva,  cf.  Stengel,  Kulluallenhameri. 
p.  Ii8-I30.  —  3  Aesch.  Choeph.  4ji3-4S5;  Eur.  Uec.  535-530;  Lucian.  Cliar.  îi] 
Ue  luclu,  9.  -  '  lliad.   I,  4i3;  XXIII,  Î05  5.|.  ;  Od.  1,  i6;  VII,  iOI  s<i.  :  Scliol 


ment  chez  Homère  en  parlant  du  bétail  que  les  hommes 
abattent  pour  le  manger',  parce  que  l'immolation^tait 
accompagnée  de  démonstrations  religieuses';  et  cette 
habitude  persista  dans  le  cours  de  la  période  classique*, 
e  même,  il  fui  toujours  d'usage  de  faire,  pendant  les 
anquets,  des  libations  aux  dieux'.  C'est  qu'on  ne  vou- 
lait pas  jouir  des  présents  de  la  divinité  sans  marquer 
-  qu'on  se  souvenait  d'elle,  et  sans  lui  restituer,  par 
déférence,  une  portion  de  ce  qu'elle  avait  donné.  D'autre 
part,  communautés  et  particuliers  sacrifiaient  très  sou- 
vent au  début  d'une  entreprise  quelconque  pour  en 
acheter  le  succès  :  ainsi  avant  une  guerre,  avant  un 
voyage,  avant  tels  ou  tels  travaux  de  la  campagne,  au 
moment  d'un  mariage,  pendant  une  maladie  en  vue  d'ob- 
tenir la  guérison,  etc.'".  Ou  bien,  l'entreprise  menée  à 
bonne  fin,  des  sacrifices,  promis  quelquefois  par  un 
vœu",  récompensaient  la  divinité  lutélaire'-.  Sans  être 
en  relations  aussi  étroites  avec  une  entreprise  particu- 
lière, la  plupart  des  sacrifices,  principalement  des  sacri- 
fices publics  qui  s'accomplissaient  à  date  fixe,  étaient 
inspirés  par  le  même  désir:  conserver  l'amitié  des  divi- 
nités bienveillantes.  Pour  la  commodité  de  la  classifica- 
tion, nous  appellerons  les  sacrifices-offrandes  de  cette 
première  espèce  d'un  nom  qui,  je  l'avoue,  traduit  impar- 
faitement leur  nature,  .sacrifices  propitiatoires  ".  ^^.^ 
Une  seconde  sorte  de  sacrifices-offrandes  exprimait 
moins  le  désir  de  s'assurer  la  faveur  des  êtres  surhumains 
que  celui  de  désarmer  leurs  mauvaises  dispositions.. 
C'est  le  cas  vis-à-vis  de  certains  êtres  qu'on  se  figurait 
irritables,  vindicatifs,  méchants,  et  de  qui  on  redoutait  le 
mal  plus  qu'on  n'osait  espérer  d'eux  le  bien.  Tels  étaient, 
sinon  aux  yeux  des  Grecs  de  la  période  classique,  du 
moins  dans  l'opinion  de  leurs  prédécesseurs  et  de  leurs 
descendants  ",  les  morts  en  général  et  en  particulier  les 
héros.  Telles  étaient  les  divinités  chthoniennes  (sauf 
lorsqu'elles  présidaient  d'une  manière  spéciale  aux  tra- 
vaux de  l'agriculture!  :  Hadès,  les  Euménides,  Hécate, 
Perséphone  ;  cà  et  là,  Zeus,  Dionysos,  Hermès.  Déméter, 
Poséidon.  .\rtémis  et  .\pollon  lui-même,  quand  on  les 
considérait  dans  leurs  relations  avec  le  monde  d'outre- 
tombe  ;  telles  les  divinités  des  vents  :  Borée,  Typhon, 
les  Harpyies  ;  telles,  en  mainte  circonstance,  celles  de 
la  mer  et  des  fleuves,  .\ussi  bien,  de  la  part  de  tous  les 
dieux,  la  jalousie  et  la  susceptibilité  étaient  à  craindre. 
.\  tous  pouvaient  donc  s'adresser,  le  cas  échéant,  les 
sacrifices  que  nous  appellerons,  de  nouveau  de  noms 
peu  précis,  sacrifices  expiatoires  ou  sacrifices-rançons  '^ 
Dans  de   pareils   sacrifices,    qui  semblent    inconnus   à 

v/.  III,  ilO;  .\ri5t.  Ar.  1516  sq.  :  Plut.  1113  sq.:  Orig.  f.  tels.  p.  397; 
Psellus.  De  oper.  daemon.  p.  li  Boiss. :  Atb.  363  D  :  Julian.  Oral.  V.  p.  176  D; 
etc.  La  pratique  des  t.oUvta,  véritables  banquets  préparés  pour  les  dieux,  est  assez 
signiiicative  ;  cf.  Paus.    IV,  27.   1,  —  ^  Eiia^ii.âsïT;;,  d-iooivo;,   a-iosi^o;,    xpiooà|o;. 

»ut>osâ:o;,  /oonàvii;.  etc.  Toutefois,  et.  Schômann-Lipsius,  Griech.  .\lterth.  11^, 
p.  Îi7,  n.  4;p.  i56-'57.  —  «iVeiu;  Jahrbûcher,  151  (1885),  p.  I03.  —  T  Voir  coeva. 
p.  1209sq.  Cela  est  conlesié  par  Stengel  iSeue  Jahrb.  L.I.:  Sermej,  XXXVI  (1901), 
p.321-3i8).  d'après  qui  les  hommes  de  l'époque  homérique  n'auraient  sacrifié  (ce  qui 
se  disait  exclusivement  ôil;-.,  ou  r^Sav)  que  lorsqu'ils  désiraient  ou  redoutaient  quelque 
chose,  —  î*  Stengel,  Kultnsalt.-,  p.  95;  Schômann,  Gr.  Alterth.  Il*,  p.  59i  —  *  Cf. 
Hug,  comment,  de  Plalon.  Symp.  176  A;  von  Fritze,  De  libatione  veterum  Grae- 
corum^  p.  39  s^l.  —  10  QçoTt'*£tâ,  ,c907à;Ai«,  ;;aqr,ço7ca,  5;aSaTi^pta.  Ice£oS-«,  etviTr.a-.a. 
—  1I7(.  VI.  307;  XXIII,  146.  195,  873  ;  Xcn.  Àna*.  III,  2,12.  —  ISEutt.o-..,  tj.rrii,., 
»tSr,;>tlI,  U,vr»i«,  y«fisTi;;i«,  Tî"»£<rtr.pi«.  —  U  Ce  SOOl    les   e-j/n'a:  T:)tr,T^;,-ii  de  Julien 

(Or.  v.  p.  176  [)).  les  Bitt-und  Dankopfer  des  manuels  allemands.  —  14  Sur  l'adou- 
cissement du  culle  des  morts,  de  la  période  archaïque  à  la  période  classique,  voir 
l'arliclede  Stengel  dans  le  Festschrift  fitr  Friedlànder,  particulièreraenl  pages  41ts 
4i3, 43 1  ;  sur  ta  transformation  des  héros  en  méchants  démons  dans  les  croyances  de 
la  basse  époque,  voir  Bohde,  Psyché^  p.  225,  note  4.  —  là  Sàhnopfe  r.  Bussopfer, 
dans  les  manuels  allemands. 


SAC 


957  — 


I'ép0(iuf  lioiiiérique,  l'essentiel  éUiil  moins  de  réjouir  la 
divinité  par  un  don,  par  un  hommage,  que  de  se  dépouil- 
!ler  volontairement  à  son  intention  d'une  partie  de  ce 
qu'on  possédait:  on  abandonnait  ceci  ou  cela  aux  dieux 
mécliants  pour  éviter  qu'eux-mêmes  ne  se  fissent  leur 
part.  Ainsi  agissait-on  lorsqu'on  était  en  face  d'un  grand 
danger,  par  exemple  au  moment  d'affronter  les  tempêtes, 
de  tenter  la  fortune  des  armes,  en  cas  d'épidémie  ou  de 
famine  ;  ou  bien  lorsqu'on  craignait  d'avoir,  par  quelque 
crime,  par  quelque  profanation,  par  quelque  violation 
des  rituels  religieux,  offensé  une  personne  divine. 

Voici  maintenant  plusieurs  catégories  de  sacrifices  où 
la  notion  d'offrande  était  très  secondaire. 

Ce  sont  d'abord  les  sacrifices  purificatoires,  inconnus 
à  l'époque  homérique.  Dans  ces  sacrifices,  la  victime  était, 
semble-t-il,  substituée  symboliquement  au  coupable  de 
qui  il  s'agissait  de  laver  lessouillures  ;  son  sang  coulait 
en  place  du  sang  de  ce  coupable  ;  elle  payait  pour  lui. 

Symboliques  aussi  étaient  beaucoup  des  sacrifices  qui 
accompagnaient  un  serment.  Sans  doute  il  arrivait  qu'ils 
eussent  pour  unique  but  d'inviter  les  dieux  à  être  té- 
moins de  la  parole  jurée'.  Mais,  d'autres  fois,  ils  repré- 
sentaient par  avance  le  châtiment  qui  serait  celui  du 
parjure  :1e  sacrifiant  appelait  sur  lui-même,  pour  le  cas 
où  il  ne  tiendrait  pas  son  serment,  une  mort  pareille  à 
la  mort  des  victimes,  et  souhaitait  que  son  sang  fût 
répandu  à  terre  comme  étaient  répandues  les  libations  -. 

Enfin,  parmi  les  intentions  qui  conduisaient  les  Grecs 
à  sacrifier,  il  faut  relever  celle  de  sonder  l'avenir,  d'ex- 
plorer le  bon  vouloir  divin,  d'apprendre  à  un  moment 
donné,  comme  lorsqu'on  interrogeait  un  oracle,  ce  qu'il 
convenait  de  faire  ou  de  ne  pas  faire  (oti  ;(pYi  Tzoïeïv).  Sou- 
vent cette  intention  coexistait  avec  quelciu'une  des 
autres  que  nous  avons  signalées  :  ainsi  dans  beaucoup 
des  sacrifices  propitiatoires,  où  l'on  examinait  les 
entrailles  des  victimes  (voir  ci-dessous,  §  III);  surtout 
dans  les  sacrifices-rançons,  qui,  pour  cela,  s'accomplis- 
saient toujours  par  le  ministère  de  pivreiç.  Elle  préva- 
lait dans  les  sacrifices  que  l'on  offrait  en  campagne  au 
moment  d'engager  une  action,  de  tenter  une  marche 
périlleuse  ^  Ailleurs,  elle  était  exclusive  :  Vhie'roscopie, 
ou  examen  des  entrailles,  a  été,  chez  les  Grecs,  une 
forme  importante  de  la  divination  [divinatio]. 

Les  mots  les  plus  généraux  pour  désigner  en  grec  le- 
"sacrifice,    l'action  de   sacrifier,    sont  9ûe;v ',   âuuia  ^    Le 


'  Cf.  Jliu'l.  .\IX,  238  S((.  —  2  /(.  Ul,  iUO-r.OI  ;  Eusl.  Àd  lliad.  111,  iTi  |p.  414, 
4a);  Uiogcn.  /'l'oti.  III,  60.  —  3  Aescli.  Sept.  i30,  378;  Eiir.  Heracl.  400; 
Hcrod.  VI,  76  ;  IX,  4J,  45,  01,  62  ;  Xpn.  BM.  IV,  6,  10  ;  VII,  4;  30  ;  Anab.  IV, 
3,  18;  [Xen.J.  Resp.  Laced.  XIII,  8  ;  etc.  11  airivail  pourUnt  qu'on  sacrifiât  après 
laclicn  engagée  :  TIiuc.  VI,  69  ;  Xen.  Hell.  III,  4,  23  ;  Anab.  I,  8,  15;  VI,  5, 
8;  etc.  —  '  Inconnu  chez  Homère.  —  "  Oiei.  Homère,  Sùify  signifie  eiacle- 
nicnl  «  faire  briller  ■>  ;  6jîc,  O-jr.Aat  sont  des  offrandes  que  l'on  briile  ;  ^ihiaô;  ôj^îe-.^, 
l'autel  où  ou  les  fait  brûler.  Immoler,  chez  Homère  et  cliez  les  plus  anciens  t'cri- 
vains  de  langue  greci|uc,  se  dit  jiXstv  ou  Sjiv  (Atli.  OiiO  A).  —  »  Hcrodiau.  fr.  4S  ; 
Vmmon.  s.  u.  »ùou,>,  p.  72  Vaick.  ;  cf.  Poilus,  1,  162.  -  ^  Bermes  XXXI  (1890), 
p.  637-610.  .\insi.  on  dit  Stecôa-z/i'^tu  HjtaHtt;  et,  d'autre  pai-l,  tiut«î6i«,  -.ixirjTvifiov, 
•va^liliia  6ÙLIV.  —  **  Sauf  les  cas  où  l'on  sacrifiait  ."i  l'un  d'eux  .«;  AewT.  Cf. 
J.-E.    Harrison,    Prolegomena     lo    the    Slud;/    of    ijreelt    Religion,    p.    îiS    sq. 

—  9  Herod.  1!,  i^  ad  fin.;  Diod.  IV,  :)9  ;  Paus.  II,  10,  1  ;  H,  7;  VIII.  3i,  2; 
etc.  —  10  Sur  la  compréhension  de  ce  mol,  cf.  Bermes  XX  (1884),  p.  307-312; 
Harrison,  O.  l.  p.  64  sq.    —   n   Herod.   V,    47  ;    VII,    179  ;   Paus.  111,  12,  3;  etc. 

—  '2  Hesych.  s.  0.  Aïo;  6J<o.;  Euseb.  Praepar.  evang.  Il,  20  Schone  ;  Paus. 
I.  i8.  11.  —  13  Plut.  Quaest.  sijmp.  VIII,  8,  3,  0.  —  '4  Plat.  Leg.  7S2  C; 
l'Iut.  L.  l..  Porph.  De  abstin.  Il,  29;  Pollux,  I,  26  ad  fin.;  etc.  Un  autel  de 
Délos  où  l'on  n'olfrail  que  des  sacrifices  non  sanglants  s'appelait  eO(TiÇ.T.v  Sw[*o; 
(Porph.  De  abstin.  II,  28).  —  15  Lo  bœuf  de  labour  qui  servait  de  victime 
n'était  frappé  qu'après  avoir  mangé  du  grain  déposé  sur  l'autel,  comme  si  la 
Miorl  eût  été  le  châtiment  de  son  sacrilège;  et  la  hache  qui  servait  â  le  frapper 


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moyen  OjscOan,  d'après  certains  lexicographes  anciens,  se  ! 
serait  dit  seulement  des  sacrifices  inantiques '^  :  mais  il  1 
parait  plutôt    qu'on    l'employait  toutes  les   fois   que  le  l 
sacrifiant  était  préoccupé   d'obtenir  quelque   chose,   la  j 
forme  active  Oûeiv  s'employant  au  contraire   lorsque  le  k 
sacrifice  visait  surtout  à  honorer  ou  remercier  les  dieux'.  I 
Sacrifier  aux  héros  ou  aux  morts  se  disait  èvayi'ïe'.v  (d'où 
èvot-ctTaot),  xaftayi^siv  *  ;  les  auteurs  qui  s'expriment  avec 
exactitude  opposent  assez  souvent  ces  locutions  à  Weiv'. 
Plus  généralement,  en  parlant  de  tous  les  sacrifices  san- 
glants autres  que  ceux  que  nous  avons  appelés  propi- 
tiatoires,  on  se   servait  de   l'expression  saiyia '"   (d'où 
a^>oL-(iiï,e(jQ'Xi).  'IXotaxeiOai  se  trouve  usité  lorsqu'il  s'agit 
de  sacrifices-rançons,  de  sacrifices  aux  morts  ou  à  cer- 
tains êtres   particulièrement   redoutables".    La   valeur 
propre  de  quelques  autres  termes,  par  exemple  èvréjAvetv, 
'ÉvToixa,  TOfxia,  sera  indiquée  ci-dessous  (§  III). 

II.  La  matière  du  .sacrifice.  —  Considérés  au  point  de 
vue  de  la  matière,  les  sacrifices  des  Grecs  peuvent  être 
répartis  en  deux  catégories  :  sacrifices  sanglants  et  non 
sanglants.  Des  légendes  athéniennes  attribuaient  à 
Athéna  elle-même,  à  Kékrops  ou  à  Érechtheus  l'intro- 
duction des  premiers'-;  une  autre  tradition  en  faisait 
remonter  l'établissement  à  un  oracle  de  Delphes  '".  Les 
seconds  ont  été  présentés  de  bonne  heure,  à  l'instigation 
des  philosophes,  comme  des  sacrifices  particulièrement 
pieux,  les  seuls  qu'eût  pratiqués,  aux  époques  primitives, 
l'humanité  innocente".  Il  est  possible,  en  effet,  qu'en 
UQ  temps  où  les  ancêtres  des  Grecs  ne  mangeaient  point 
de  viande,  ils  n'aient  pas  sacrifié  de  victimes  animales. 
Les  rituels  spéciaux  de  quelques  fêles  (comme  celui  des 
Bouphonia  d'Athènes  [dipolia,  p.  270]'^  ou  celui  d'une 
fête  de  Lindos '"),  des  légendes  aitiologiques  (comme  la 
légende  thébaine  relative  au  culte  d'Apollon  Spodios'^) 
semblent  indiquer,  d'autre  part,  qu'on  hésita  longtemps  à 
immoler  certaines  catégories  d'animaux,  ceux  qui,  par 
leur  travail,  par  leur  lait,  par  leur  laine,  rendaient  à 
l'homme  des  services  et  acquéraient  des  droits  à  sa 
reconnaissance'*.  Mais,  dès  l'époque  la  plus  reculée  que 
nos  documents  peuvent  atteindre,  ces  scrupules  avaient, 
dans  le  monde  grec,  généralement  disparu'''. 

Durant  les  temps  historiques,  l'immolation  d'une 
victime  animale  était,  en  certains  cas,  absolument  néces- 
saire-". Ainsi  dans  les  sacrifices  offerts  à  des  divinités 
sombres,  cruelles,  amies  de  la  destruction,  dans  les  sacri- 

passail  en  jugement  (Pans.  I,  24,  4;  28,  II;  Scbol.  Aristo|.h.  \ub.  S85  : 
Porph.  De  abslin.  11.  10;  29-30,  etc.;  cf.  Hermès,  XXVlll,  p.  497-500). 
—  10  Pendant  (|u'on  immolait  des  bœufs,  l'assistance  injuriait  les  sacrifiants  : 
Apollod.  11,  5,  11,  S  ;  Con.  .Xarral.  Il  ;  Philostr.  Imag.  Il,  24;  elc.  —  n  Paus. 
IX,  12,  I.  —  IS  A  cela  se  rallaclie  l'opinion,  plusieurs  fois  exprimée  chez  les 
anciens,  que  le  porc,  dont  la  chair  seule  est  bonne  à  quelque  chose,  avait  été  )a 
première  %i(;time,  la  victime  par  excellence  :  Ath.  401  C;  Porpli.  De  abstin. 
1,  14;  m,  20;  Varr.  /le  re  ruitica.  II.  4.  9;  etc.  —  <«  Toutefois,  le  bœuf  de 
labour  ou  de  trait  était  ordinairement  respecté  :  Aelian.  V.  Bist.  V,  14  ;  Aral. 
Phaenom.  132  ;  etc.  —  '-0  A  cela  près  que  l'animal  pouv:;il  èlre  représenté,  en  cas 
de  force  majeure,  par  un  gâteau  qui  affectait  sa  forme.  Ainsi,  à  Athènes  lors  des 
Diasia,  et  ailleurs  en  pareille  circontance,  les  pauvres,  hors  d'état  de  payer  des 
victimes  coûteuses,  olTraient  des  ,;Éii;ia-a  î";  ^wîw.  ;i">poà5  TETo,:w;i£.«  (Scbol.  Thucyd. 
1,  126;  cf.  .Suidas,  5.  i\  ?',>;  ÏS5'...io:  ;  etc.;  le  même  usage  existait  chez  les  Egyp- 
tiens :  Hcrod.  II.  47  ;  Plut.  De  Is.  et  Osir.  30).  De  même  agissaient  les  philosophes 
qui  se  faisaient  scrupule  de  tuer  un  être  vivant  (Ath.  3  E;  Porph.  Vit.  Pylbag.  22). 
De  même  les  assii'gés,  cpii  devaient  ménager  leur  bélail  (Plut.  Luc.  10;  Appian. 
Mithr.  75).  D'autres  fois,  la  victime  animale  élait  suppléée  par  un  fruit.  A  Héraklcs, 
dans  le  dème  de  Mélité,  ou  oll'rail  au  lieu  de  bœufs  des  pommes,  dans  lesquelles  on 
plantait  de  petits  morceaux  de  bois  réprésentant  les  patles  et  les  cornes  iSuidas, 
s.  v.  Mfl\t.o;  'Hpix'/ii!;;  Hesych.  s.  v.  .M^z-o.»  'Hfaxl;:;  ;  Zenob.  V,  22).  De  semblables 
coutumes  existaient  en  Locride  (Zenub.  V,  5;  [Plut.J  Pror.  Alex.  24),  et  chez  les 
Béotiens  (Pollux,  !,  30-31;, 


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fices  expiatoires,  dans  les  sacrilices-raai-ons  (seule, 
lolTrande  d'une  vie  pouvant  racheter  la  vie  du  sacrifiant], 
dans  les  sacrilices  qu'on  offrait  en  campagne  pour 
obtenir  des  prc'-sages.  Le  nom  qui,  couramment,  désigne 
ces  sacrifices  10.1711,  est  à  lui  seul  très  significatif.  D'au- 
tres fois,  au  contraire,  des  offrandes  non  sanglantes 
étaient  les  seules  admises.  Mnsi,  à  Athènes,  lors  des 
fêtes  de  Kronos'  et,  d'une  façon  constante,  sur  l'autel 
de  Zeus  Hypatos  -  ;  à  Délos,  sur  l'autel  d'Apollon 
rsvi-Ttop';  à  Élis,  dans  le  culte  de  Sosipolis*;  etc.  Dans 
le  culte  des  morts,  à  l'époque  classique,  l'immolation 
d'une  victime  était  quelque  chose  de  rare^:  chez  les 
Atliéniens,  celle  d'une  grosse  victime,  d'un  bœuf,  était 
même  interdite  par  un  règlement  deSolon*.  Également 
rare  était  l'immolation  dans  les  sacrifices  qui  accompa- 
gnaient les  serments,  les  conventions  internationales'. 
Au  reste,  comme  nous  le  constaterons  par  la  suite, 
beaucoup  de  sacrifices  comportaient  à  la  fois,  d'une 
part  l'oblation  d'une  victime,  d'autre  part  celle  d'objets 
inanimés. 

Passons  donc  en  revue  les  diverses  sortes  d'ofl'randes 
(9ù(Aa-a)*.  Et  commençons  par  les  victimes  animales 
(iepi  ou  tspeîo.  dans  les  sacrifices  du  type  propitia- 
toire', c-ixyKt  dans  les  autres  en  général'",  Ïvto^x  plus 
particulièrement  dans  les  sacrifices  aux  héros  et  aux 
morts  " . 

L'immense  majorité  appartint  aux  quatre  espèces 
suivantes  :  bovine,  ovine,  caprine,  porcine.  On  immola 
aussi  assez  souvent  des  coqs  ou  des  poules''-.  Beaucoup 
plus  rarement,  des  chiens '^  des  chevaux",  des  ânes'"', 
des  oies'*,  peut-être  des  colombes''.  Les  sacrifices  de 
poissons  (anguille",  thon",  rouget'",  etc.)-'  furent 
exceptionnels-'.  Les  sacrifices  de  gibier  sont  presque 
sans  exemple'-'.  Un  loup  est  nommé  comme  victime  dans 
une  seule  circonstance,  qui,  en  même  temps  que  des 
Grecs,  intéressait  des  barbares -^ 

Comme  on  peut  le  penser,  les  sacrifiants  n'étaient  point 
libres  d'immoler  n'importe  où  et  n'importe  quand  n'im- 


1  A.  Mommsen,  Fcste  der  Sladt  Alhen,  p.  U  el  n.  I.  —  2  Paus.  1,  ii.  6: 
VIII,  J,  1.  -  3  Porph.  De  abxtin.  Il,  iS;  Janibl.  lit.  Pyth.  V,  i5;  VII.  35; 
Cic.  De  nat.  rfeor.  MI,  36:  Macr.  Soi.  III,  6;  Censor.  D.  nat.  î;  Diog.  1,. 
VIII,    13.    —  *    Paus.    VI,   20,    S.   —  5  Fetschrift   fur    Iriedlûnder ,   p.   431. 

—  6  plut.  Sol.  21.  —  ~'  L'expression  couranle  «novjà;  co-.Eîtrôai  ne  fait  allusion 
qu'à  de*  libations.  —  8  Cf.  Hermès  XXVII  (189i),  p.  447-U8.  Il  arrive  aussi 
que  des  offrandes  quelconques,  sanglantes  ou  non  sanglantes,  soient  appelées 
»jr,W:  cf.  Hermès,  XXXIX  (1904|,  p.  615.  —  9  Clie?  Homère,  le  mot  Uo.iov,  em- 
ployé seulement  cinq  fois,  désignerait,  d'après  Sleogel  (.Yeue  Jahrb.  132,  p.  102), 
les  bétes  de  boucherie:  les  victimes  s'appelleraient  exclusivement  ÎEoâ.  —  lO  Chez 
Homère,  les  victimes  immolées  pour  soleunisor  un  serment  sont  appelées  osxcot  (//. 
III,  243  el  269).  —  Il  Schol.  Od.  XI,  23  :  is'.  |4f  vtxfSv  Tciiita  .«',  fvTofia,  ls\  ^i  Si.v 
(c^ira.  —  1-  l.ies  ôsv-.tE;  figurent  chez  Suidas  (s.  f.  6o-7;  sSSotio;  et  <.  r.  iSa'>;)  et  chez 
Zénobius  (Miller,  Mélanges,  p.  357)  parmi  les  siz  E[t|ii/a  que  les  Grecs  auraient 
sacrifiés.  'Pour  la  just.*  iuterprélatiou  de  ces  lestes,  voir  Bermes,  1903,  p.  570  sq. 
surtout  p.  573).  Cf.  Wolff,  Porphijrii  de philosopkia  ex  oraculis  haurienda.  p.  187 
sq.;  Philologus,  XXVIIl,  p.  18S  sq.;  et  ci-dessous,  n.47-48  et  p.  939,  n.  1-4.  —  13  Cf.  ci- 
dessous,  n.  37-40et4».  —  "Cf.  /'Ai(o/osu»,  XXXIX,  p.  182-185:  ci-dessous,  n.  ïS-35. 

—  IS  Cf.  ci-dessous,  n.  41.  —  16  Même  observation  que  pour  lesô?-.t6E;:  cf.  Wolff,  L.  /.■ 
el  ci-dessous,  n.  46.  —  17  Seul  exemple  connu  :  Dillenborger,  Sylloge^,  556.  1.  23-2V. 
(H  s'agit  d'une  purification  :  la  purific:itiou  du  sanctuaire  d'.^plirodite  Pandémos  ;  cf. 
Bermes,  I9U3.  p.  570-571).  Le  canard  (v^ç»»)  esl  nommé  par  un  seul  écrivain 
(Miller.  Mélnnges  de  littérature  grecque,  p.  377),  dont  l'autorité  est  douteuse  (cf. 
Philologus.  XXVIIl,  p.  189;  Hermès,  XXXVIIl.  1903,  p.  571).  -  18  Ath.  297  D. 

—  "9  Ath.  297  E:  303  B.  —  S»  Alh.  323  ABF;  330  B;  Cornulus,  =ej'i  =j,.  «eJv,  34. 

—  21  Anth.  Pal.  X,  9;  14,   16;  Polaea.  VI.  24.  —  22  Alh.  L.  l.;  Julian.  Orat.  V. 

p.  176  C  D.  Plularque  dit  même  :  !/6ûwv  Si  6Û9t)A.>;  0'J$e\;  «vSè  tE9tû(r:[LÔ;  trr.v 
{Quaett.  sgmp.  VIW,  s,  3).  Mais  c'est  aller  trop  loin  :  cf.  Siengel,  A/ermes,  XXII(IS87) 
p.  97-98.  —  23  Cf.  Bermes,  XXII,  p.  94-95,  où  sont  examinés  et  critiquAs  les  quel- 
ques telles  intéressants  (Paus.  VII,  18,  7  ;  X.  32,  9;  Eurip.  Iph.  A.  1587;  Porph. 
De  ahsi.  Il,  25;  Bekker,  Aneedota,  p.  249;  Philosir.  Imag.  I,  6;  Eust.  ad  //.  Il, 
308,  p.  1  j3;  Ael  Hist.  an.  X.  34  Arrian.  De  venat.  33  ;  Hipponax,  fr.  40)  el  plu- 
sieurs monuments  figurés  (.A  rA.  SJillh.  1883,  p.  207;  Arch.Zeit.  1885,  p.  99:  Mau. 


porte  quel  animal.  Dans  ht  plupart  des  cas,  l'espèce  des 
victimes  était  détermini'e,  soit  par  la  personnalité  du 
dieu,  de  l'être  surhumain,  à  qui  le  sacrifice  était  offert, 
soit  par  les  circonstances  dans  lesquelles  on  l'olYrait.  La 
faculté  d'offrir  une  victime  quelconque  est  signalée,  là  où 
elle  existe,  en  des  termes  formels,  comme  une  chose  qui 
ne  va  point  de  soi*°.  D'une  façon  générale,  les  animaux 
d'espèces  non  comestibles  ne  pouvaient  servir  aux  sacri- 
fices que  nous  avons  appelés  propitiatoires  nia  ceux  que 
l'on  oft'rait  aux  morts".  Car  ces  sacrifices  étaient  comme 
des  banquets  auxquels  l'homme  conviailles  dieux  ou  les 
défunts;  el  il  n'eut  pas  été  convenable  de  sa  part  djijîrfi- 
senter  des  mets  qu'il  dédaignait.  L'unique  sacrifice  où 
nous  voyons  immoler  un  loup  accompagnait  un  ser- 
ment-". C'est  en  pareille  circonstance  que  Tyndare, 
d'après  le  récit  légendaire  que  nous  a  transmis  Pausanias, 
immola  un  cheval-',  et  que,  chez  Aristophane,  les  com- 
pagnes de  Lysistrata  parlent  d'en  faire  autant-'.  Les 
sacrifices  de  chevaux  que  les  Rhodiens  offraient  à  Hélios'", 
les  habitants  du  Taygète  à  Hélios^'  et  aux  vents'-',  les 
Arcadiens  à  je  ne  sais  quels  dieux",  les  Argiens  à 
Poséidon",  celui  que  Mithridate  offrit  à  ce  même  dieu'", 
outre  que  la  plupart  ont  un  caractère  exotique ^'^,  sont 
plus  ou  moins  nettement  des  sacrifices  expiatoires  ou 
sacrifices-rançons.  Dans  la  même  catégorie  rentrent  les 
sacrifices  de  chiens  offerts  un  peu  partout  à  Hécate", 
chez  les  .\rgiens  à  llithyie'*  et  ailleurs  à  Génétyllis'', 
chez  les  Spartiates  à  Ares'";  les  sacrifices  d'ânes  offerts 
parles  Tarentins  aux  dieux  des  vents";  etc.  Lorsque 
le  sacrifice  devait  servir  à  une  purification,  la  victime 
ordinaire  était  le  porc'-;  quelquefois  l'agneau  ou  le 
bélier."  ou  bien  le  chien".  S'il  accompagnait  un  ser- 
ment, c'était  soit  un  taureau,  soit  un  bélier,  soit  un  ver- 
rat ;  dans  les  grandes  occasions,  tous  les  trois  réunis  ". 
L'oie  semble  avoir  été  offerte  exclusivement  à  une  divi- 
nité d'importation  récente  dans  le  monde  grec:  à  Isis'*. 
Les  coqs  et  les  poules,  en  dehors  du  culte  domestique'" 
el  du  culte  des  morts",  ne  le  furent  couramment  qu'à 

Pomp.  Wandgem,  taf.  XUj.  —  2i  Xen.  Anab.  II,  2,  9  (Sacrifices  de  loups  chez  les 
Perses  :  Plut.  Is.  et  Os.  46).  Toutefois,  on  rarontait  que  les  .\rgiens  avaient  immolé 
des  loups  à  Apollon  (Sch.  Soph.  El.  6:  Hesych.  s.  v.  I-j.ojtcI.o;).  —  2J  Paus.  VIII, 
37,  3:  IX.  19,  5;  Michel,  Heeueil  d'inscr.  gr.,  709  ;  Diltenberger,  Syllogei,  589  ; 
603.  —  26  Les  sacrifices  de  chevaux  .lux  mânes  de  Toxaris  (Lucian.  Scyth.  2)  sont 
des  sacrifices  étrangers.  Le  sacrifice  aux  mânes  des  filles  de  SkMasos  (Plut.  Petop. 
21-22)  ne  rentre  pas  dans  la  catégorie  des  sacrifices  funèbres  proprement  dits.  Sur  le 
sacrifice  de  Polyxène.  cf.  ci-dessous,  p.  00,  n.  0. —  '27  Xen.  Jnaô.  11.2,9.  Les  prétendus 
sacrifices  des  .\rgiens  se  seraient  adressés  à  Apollon,  le  dieu  xa4âpff..o;  par  excellence. 

—  28  Paus.  III,  20,  9.    -  29   Aristoph.  Lys.  192.  —  30  Festus,  s.  u.  Oclober  equus. 

—  31  Paus.  III,  20.  3.  —  32  Feslus,  p.  18 1 .  —  33  Tietz.  Ad  Lycophr.  483.-34  Paus. 
VIll,  7,  2;  cf.  Eust.  Ad  II.  XXI,  131,  p.  1227  ;  XXIll,  14«,  p.  1293.  —  35  Appi.in. 
Mitltrid.  70.  —  36  Sur  les  sacrifices  de  chevaux  chi^z  les  Troyens  et  les  .Amazones, 
chez  les  Perses  el  les  Scythes,  cf.  Philologus,  XXXIX.  p.  183-184.  —  37  Paus.  III. 
14,  9;  Plut.  Quaest.  rom.  32,  68,  111:  Aristoph.  ap.  Schol.  Theocr.  Id.  Il,  12 
(=  fr.  204  Kock)  ;  Schol.  Arist.  Pa.r,  iT.  :  Lycophr.  Ale.T.  77  et  Schol.  Ad  l.  ; 
Julian.  Orat.  V,  p.  176  I)  ;  Suidas,  s.  r.  Eai.o«e«r«T,.  —  38  plut.  Quaest.  rom.  52. 

—  39  Hesych.  s.  i:  n.ErjU;;.  —  ">  Paus.  III,  14,  9;   Plut.   Quaest.  rom.   111. 

—  {I  Elym.  m.  s.  >'.  &vE[jLûTa;.  Probablement  aussi  les  sacrifices  célébrés  à  Lampsaque 
en  l'honneur  de  Priape  (Lactant.  De  fatsa  relig.  I,  21,  26  :  ...  hac  de  causa 
Lampsacenos  aselluni  Priapo'/iiasi  in  ullionem  mactare  couâuevissei.  Les  sacrifices 
d'ânes  que  les  Hyperboréens  auraient  offerts  à  .\polIon  (Anton.  Liber.  Metam.  XX,  1  ; 
Eust.  Ad  Itiad.  I,  41)  ont  un  caractère  fabuleux;  l'idée  que  de  pareils  sacrifices  se  se- 
raient accomplis  à  Delphes  à  l'époque  historique  s'appuie  sur  une  lecture  fautive  de 
l'inscr.  Michel,  702,  1.  14  (to;  o'-«;  =  -roi;  i-,.u4).  —  '2  Aesch.  Eum.  282,  430:  Schol. 
Apoll.  Rh.  I\,701;  Paus.  V,  16,  5;  Diltenberger,  Sylloge^,  653,  I.  68;  387,  I.  120, 
126:  von  Prott,  Fasti,  n»  8  B.  I.  4;  Bull,  de  corr.  hell.  VI,  p.  22,  I.  180;  etc. 
— 'SEurip.  Iph.  T.  1223:  Dillenberger,  653,  I.  67;  Diog.  L.  1.  110;  Paus.  I,  34,3. 

—  n  Plut,  riuaesl.  rom.  68;  111.  —  45  Schol.  /(.  XIX,  197;  Xen.  Anab.  11,  2, 
9:  Dem.  C.  Aristncr.  68  :  Plut.  Pyrrh.  6.  —  *6  Paus.  X,  32,  9  ;  cf.  WolIT,  Porph. 
de  philos,  p.  101  ;  Philot.  XXVIIL  p.  189-191.  On  sacrifiait  aussi  à  Isis,  excep- 
tionnellemenl,  des  pintades:  Paus.  /..    /.   —  ^'   Aelian.    De  nat.   anim.  V,  28. 

—  48  Rohde,   Psyché,  p.    221  ;   btengel,   Festschrift  fur   friedhlnder,  p.  430. 


SAC 


—  yoi)  — 


SAC 


Asklépios  et  aux  dieux  guérisseurs' ;  parfois  à  Iléraklcs- 
et  à  d'autres  divinités \  surtout  de  la  part  de  pauvres 
gens  ou  d'avares*.  Le  thon  est  une  ofl'rande  réservée  à 
Poséidon  par  les  pécheurs  qui  viennent  de  faire  bonne 
pèche  \  Le  rouget  n'est  offert,  à  notre  connaissance,  qu'à 
Hécate',  à  Priape';  le  bogue,  le  scare,  l'alose,  à  Priape 
seul*.  L'immolation  en  masse  de  sangliers,  de  cerfs,  de 
daims,  d'ours  et  autres  animaux  sauvages  est  une  parti- 
cularité des  fêles  d'Artémis  Lapiiria  à  Palrai'.  Rappro- 
chons-en toutefois  ce  que  dit  Pausanias  du  culte  rendu 
chez  les  Messéniens  aux  Curâtes,  en  l'honneur  desquels 
on  brûlait  Çwïa  xà  itœvTa  ô|xoia)î  '".  Même  entre  les  quatre 
espèces  d'où  l'on  tirait  presque  toutes  les  victimes,  le 
choix  n'était  pas  toujours  libre.  Les  moutons  ou  brebis, 
les  vaches  et  les  bœufs,  sous  réserve  des  bœufs  de 
labour  ou  de  trait",  ont  été  presque  toujours  admis; 
au  point  que  SouSuTsiv  s'emploie  en  parlant  de  sacrifices 
somptueux,  quelles  que  fussent  les  victimes '-,  et  que 
Upsïov,  sans  autre  détermination,  désigne  assez  fréquem- 
ment une  brebis '\  Nulle  part  nous  n'entendons  parler 
d'une  proscription  visant  l'espèce  bovine  en  général  ; 
l'espèce  ovine,  à  notre  connaissance,  est  proscrite  par  deux 
seuls  règlements  :  le  règlement  de  Thasos,  en  ce  qui  con- 
cerne le  culte  d'Apollon  et  des  Nymphes:  le  règlement  de 
Tithorée  concernant  le  culte  (exotique)  d'Isis".  Les  porcs, 
les  chèvres  et  les  boucs  n'ont  pas  joui  d'une  faveur  aussi 
universelle.  D'après  un  personnage  d'Aristophane,  athé- 
nien, Aphrodite  n'eût  pas  voulu  de  sacrifices  de  porcs'"'  ; 
et,  d'après  Callimaque,  elle  ne  les  aurait  acceptés  qu'en 
Pamphylie,  sous  le  nom  d'Aphrodite  KaTxviriTiç  '".  A  vrai 
dire,  ces  deux  affirmations  sont  trop  catégoriques  : 
l'Athénien  d'Aristophane  est  réfuté  séance  tenante  par  un 
Mégarien''';  Callimaque  l'a  été  par  d'autres  érudits'*,  et 
lui-même  s'est  donné  un  démenti  en  parlant  des  'Tc-Vipia, 
fête  argienne  en  l'honneur  de  la  déesse".  Néanmoins,  il 
y  a  apparence  que  le  porc,  dans  le  culte  d'Aphrodite,  a 
été  une  victime  d'exception-".  De  même,  et  plus  stricte- 
ment encore,  la  chèvre  dans  le  culte  d'Héra  :  les  Spar- 
tiates seuls,  si  l'on  croit  Pausanias,  l'immolaient  à  la  reine 
(les  dieux-';  et  nous  ne  sommes  point  sûrs  qu'il  convienne 
d'ajouter  les  Corinthiens'--.  AthénaàAthènes-\  Asklépios 
à  Épidaureetù  Tithorée^',  refusaient  également  cette  vic- 
time. Les  répugnances  d'une  divinité  variaient  souvent 
de  pays  à  pays,  de  sanctunire  à  sanctuaire;  et  de  même 
ses  préférences.  On  nous  dit  bien,  en  termes  généraux, 
que  Poséidon  préférait  les  taureaux,  Athéna  les  vaches, 
Déméter  les  porcs,  Dionysos  les  porcs  et  les  chèvres, 
Arlémis  et  Aphrodite  les  chèvres,  etc.  Mais  cela  n'a  rien 
d'absolu.  Quant  aux  raisons  par  lesquelles  les  anciens 
expliquaient  préférences  ou  répugnances  de  telle  divinité 


•    Plal.  J'Imed.  118  A;^crond.  Mim.  IV;  ArU-niid.    Oneir.  V,  9;    Lact.  111,  11, 
7;  Dittcnbcrgcr,  m  (««Uf;)-  —  ^  Flul.  Qii.  syinpos.  VI,  10,  1  ;  Inscr.  gr.  111,  77. 

—  3  A  Ares,  chez  les  Spartiates,  comme  ïi»>iTiij:o«  (Plut.  Insl.  lacon.  25  ;  Ages.  33)  ; 
à  Nephlliys  et  à  Osiris  {/nscr.  gr.  III,  77)  ;  à  Apollon  (Anth.  pal.  VI,  155)  ;  au» 
vcnls  (Paus.  Il,  34,  2)  ;  à  Aphrodite  Heitho  et  à  Hermès  (Michel,  709)  i  Léto  et  Art<-- 
mis,  Kitlenherger,  938.  —  *  Lucian.  De  sacr.  i  ;  Jup.  trag.  15  ;  Porph.  Vit.  Pytii. 
3li.  —  'Ath.iO-  E;  303B.  —  0  Ath.  )i5  A,  B,  F  ;  330  B;  CorDulus,  34.  —  7  .4n(A./w/. 
X,  16.  —  *  Ib.  X,  9,  14,  IC.  —  9  Paus.  VII,  IS,  7.  —  10  Paus.  IV,  31,  7.  —  U  Aelian. 
Uisl.  anim.  XII,  34;  Var.  liM.  V,  14:  Schol.  Arat.  Phaen.  132;  etc.  Cette  réserve, 
à  lï'poque  hislori(|ue,   est  loin  d'ûtrc  de  règle.   —  12  p.  ex.  Arist.   Plut.  81^t  sq. 

—  "  Cf.  Ililtcnberger,  20  n.  13;  G15,  n.  17;  6i9,  n.  3:  etc.  —  I'  Ib.  624; 
Paus.  X,  32,  9.  11  est  faux  que  Zcus  ait  dédaigné  les  brebis;  on  l'a  allégué  en 
parlant  d'un  passage    dAristotc  {Elli.    -Xicorit.  V,    10)   mal   lu   et  mal   compris. 

—  >5  Aristoph.  A':h.  793.  —  16  Callim.  ap.  Strab.  IX,  p.  370  Didot.  —  n  Arist. 
ilcft.794sq.  —  18  Strab.  L.  l.  -  f'  Ath.  91'.  F;  Eusl. /)<;//.  XI,  417,  p.  853.  —  20  Cf. 
Paus.  Il,  10,  4.   —  -'1    Paus.  111.  1;.,  7.  —  22   Zenob.  I.    27  ;Hesych.  s.  r.  »U  «h»- 


vis-à-vis  de  telle  ou  telle  victime,  elles  sont  parfois  futiles  ; 
en  tout  cas,  elles  ne  se  ramènent  point  à  un  seul  et  unique 
principe.  Ce  sont  parfois  de  simples  jeux  de  mots.  Le 
rouget  (TpiYÀ-f|),  disait  Apollodore -'et  répète  Athénée'", 
s'offrait  à  Hécate  parce  que  son  nom  rappelait  des  épi- 
thèles  courantes  de  la  déesse  :  xpiuioo^oi;,  rçnoôlTn;,  -z^i-^X-r- 
voç;  le  porc,  insinue  le  Mégarien  d'Aristophane ^\  est 
une  victime  qui  convient  certainement  à  Aphrodite  parce 
que  son  nom  (xo'p°?J  désigne  aussi  les  parties  sexuelles 
de  la  femme.  D'autres  fois,  on  arguait  d'une  ressemblance, 
plus  ou  moins  réelle,  entre  l'humeur  du  dieu  et  celle  de 
de  la  victime  :  les  chèvres,  disait-on,  étaient  immolées 
à  Aphrodite  à  cause  de  leur  complexion  amoureuse'^' 
(mais  on  offrait  également  des  chèvres  à  la  chaste  chas- 
seresse Artémis")  ;  les  taureaux  étaient  offerts  à  Poséidon 
à  cause  de  leur  caractère  impétueux'*';  les  chiens  à  Ares, 
à  cause  de  leur  goût  pour  les  querelles^';  à  Hécate, 
parce  qu'ils  aboient  à  la  lune''^;  etc.  Ici,  la  prétendue 
hostilité  d'un  dieu  ou  d'une  déesse  à  l'égard  d'une 
espèce  d'animaux  engageait,  soi-disant,  à  les  lui  sacrifier: 
ainsi  les  porcs  et  les  boucs  à  Déméter  ou  à  Dionysos 
parce  qu'ils  gâtent  semailles  et  vignobles '\  Là,  cette 
hostilité  servait,  tout  au  contraire,  à  motiver  l'exclusion 
(le  telles  ou  telles  victimes:  par  exemple,  si,  en  Altique, 
Athéna  ne  voulait  point  de  chèvres,  c'était,  disait-on, 
parce  que  les  chèvres,  qui  rongent  l'écorce  des  arbres, 
endommagent  les  oliviers  **.  Dans  les  sacrifices  aux 
morts,  la  victime,  quand  il  y  en  avait  une,  parait  avoir 
été  d'ordinaire  une  brebis '",  et  de  même  dans  les  sacri- 
fices aux  héros'",  exception  faite  pour  les  braves  tombés 
sur  le  champ  de  bataille  et  à  qui  l'on  rendait  des  hon- 
neurs héroïques;  à  ceux-là  on  sacrifiait  des  taureaux  ". 
En  outre  de  l'espèce,  il  y  avait  lieu  de  considérer,  dans 
le  choix  des  victimes,  un  certain  nombre  de  caractères 
physiques.  D'abord,  il  fallait,  en  règle  générale,  que  ce 
fussent  des  animaux  de  bonne  qualité,  sains,  irrépro- 
chables, parfaits  «  de  corps  et  d'àme  «  '^'.  Des  bêtes  estro- 
piées, malingres  ou  malades,  n'étaient  pas  des  offrandes 
dignes  des  dieux.  Les  Spartiates  en  sacrifiaient  pour- 
tant'' ;  et  on  en  immolait,  à  Érélrie,  en  l'honneur  d'Artémis 
Aramynlienneou  Ko/ainis'".  Mais  une  pareille  pratique 
était  une  rareté.  Ordinairement,  les  victimes  amenées 
dans  un  sanctuairesubissaient,  de  la  part  des  desservants, 
un  examen  plus  ou  moins  minutieux  ;  celles  qu'on  se 
proposait  d'immoler  dans  des  fêles  publiques  devaient 
être,  souvent,  agréées  par  des  commissaires  (Ufoizoïoî, 
£7ci^-/|Vtot,  etc.)*'.  Une  inscription  de  Kos  nous  montre 
avec  quel  soin,  avec  quelle  solennité,  étaient  choisis  les 
taureaux  destinés  à  être  sacrifiés  à  Zeus  Polieus  et  à 
Zeus  Machaneus''^.   Une  fois  agréées,  les  victimes,  en 


—  23  Ath.  587  A.— 24Piius.  Il,  20,7;  X,  32,8.  lien  était  autrement  à  Cyr(-ne.  Paus. 
Il,  20,  7.  —  25  Ath.  325  B.  —  26  Ath.  323  A.  —  21  Ach.  794  sq.  —  28  Schol.  Luci.in . 
D:lU.  JUeretr.  VII,  I.  —29  Aristoph.  Eq.  060  sq.  ;  Xen.  Anab.  111,2,  12;  Aelian. 
Var.  hist.  Il,  25;  etc.  —  »"  Proclus  ad  Hes.  Op.  D.  788.  —  31  Paus.  111,  14,  9. 

—  32  Schol.  Theocr.  Il,  12.  —  33  Schol.  Arist.  Hun.  338 ;  Sch.  Plut.  1 129.—  3V  Ath. 
587  A.  —  35  Eur.  El.  92,  510  ;  Philostr.  Her.  XIX,  p.  743  ;  etc.  ;  cf.  Plut.  Sol. 
21.  La  vache  stérile  dont  il  est  question  dans  V Odyssée  (XI,  30)  est  unique  en  son 
genre.  Cf.  Zeilschr.  f.  Ggmnnsialw.  I8S0,  p.  743.  —  36  paus.  1,  34,  3  ;  V,  13,  2  ; 
X,  39.  4;  etc.  Cf.  Zeilachf.  f.  Gymn.  L.  t.  —  37  Plut.  Arist.  21  ;  Paus.  IV,  32,  4; 
Philostr.  Her.  XIX,  p.  741;  Kaibel,  Epigrammala,  4'il.  —  38  'Afi.»,  iii>if«,  «irnf;, 

4»aTi,  t.wl.ii.  i-JIîpa,  «aU.irtiiovTa,  ii«6aj<i  (tuî  ti  siitKaz^  »«'.  tTiî  iu/.riï),  ô).()»i>iç«,  ûyiil, 

etc.  Cf.  Arist.  ap.  Ath.  674  F  ;  Plut.  De  def.  orac.  49  ;  Pollux,  I.  29  ;  Lucian.  De 
sacr.  12.  -33  [Plat.]  11  Alcib.  149  A.  —  *0  Aelian.  Bist.  anim.  XII,  34.  Cf.  Schol. 
Aristoph.  Av.  873.  —  41  Schol.  Ilem.  C.  Mid.  171  :  Ujoso.ov.  tIiv  (in,«o.:oi;vT<t  -.u 
OC.ïi«-«  i^î  iSd«i|»»  ««;  nr.ço,.  —  42  Uitlonbergcr,  Sijllage^,  016,  1.  5  sq.  ;  617, 
I.  10  sq. 


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allendanl  le  Jour  du  sacrifice,  pouvaient  eMre  marquées 
d'un  signe  spécial,  qui  rendait  impossible  les  confusions 
ou  les  substitutions";  et  elles  étaient  engraissées^.  La 
<•  santé  de  1  ame  »  s'explorait  par  des  procédés  divers. 
A  Delphes,  on  présentait  aux  porcs  des  pois  cliiclies,  aux 
taureaux  des  grains  d'orge;  et,  s'ils  n'en  mangeaient 
pas,  ils  étaient  réputés  mal  portants  :  les  chèvres  étaient 
aspergées  d'eau  froide  ;  celle  qui,  sous  la  douche,  demeu- 
rait impassible,  était  laissée  de  côté'. 

En  maintes  circonstances,  le  sexe  des  victimes  était 
prescrit.  Rituels  et  écrivains  constatent,  ici  ou  là,  que 
Ion  peut  offrir  indifTéremmenl  des  mâles  ou  des 
femelles'  ;  c'est  donc  qu'en  général  on  ne  le  pouvait  pas. 
Toutefois,  la  règle  formulée  dans  des  textes  de  basse 
époque,  d'après  laquelle  le  sexe  des  victimes  eût  été 
assorti  à  celui  des  divinités  %  ne  doit  pas  être  acceptée 
sans  correction".  Elle  vaut,  à  ce  qu'il  semble,  pour 
Zeus  ^  Poséidon  ',  Héraklès  '  et  Asklépios  '°,  pour 
Héra  et.  presque  constamment,  pour  .\théna".  Elle  ne 
vaut  pas  pour  .\pollon'-,  Hermès'',  Artémis",  Aphro- 
dite'^, Déméter  et  Koré'S  etc.";  et  les  infractions 
qu'elle  subit  ne  semblent  pas  étonner  les  anciens  '*. 
C'est  une  erreur  de  croire  qu'aux  déités  chthoniennes 
on  n'olTrait  que  des  victimes  femelles  ou  des  mâles  châ- 
trés "  ;  peut-être  cette  règle  se  vérifiait-elle  mieux  dans 
le  culte  des  morts  -".  Inversement,  en  l'honneur  des 
héros,  on  sacrifiait  des  mâles ■^'.  C'étaient  aussi  des 
mâles  qu'on  immolait  pour  solenniser  un  serment'-; 
et,  toutes  les  fois  qu'il  est  question  d'une  rpixTota,  cela 
doit  s'entendre  de  trois  mâles  ^^  :  taureau,  bélier,  ver- 
rai*'; bouc,  bélier,  verrat-";   taureau,  verrat,  bouc'"; 

1  Ib.  653.  1.  71  ;  cf.  PorpU.  De  abst.  I,  i5,.—  2  Phileni.  fr.  133  Kock  ;  Plut.  Ckom. 
36.  Cf.  Paus.  X,  33,  4.-3  Pluï.  De  def.  orac.  49  ;  cf.  Revue  des  Éludes  grecques. 
1901,  p.  53.  Toulefois,  en  ce  qui  couceroe  les  chèvres,  la  signification  de  l'épreuve 
était  aussi  comprise  autrement  (Plut.  0.  l.  46  et  49  inît.l.  —  *  I^lichel,  liecueil 
709;  Ditlenberger,  Syll.  2,  624;  Paus.  IX,  9,  5.  -  5  Arnob.  Adi>.  nat.  VM.  19.  Cf. 
Euseb.  Praep.  evang.  IV,  9  ;  Porph.  De  antro  Nymph.  6.  —  6  Cf.  Neue  Jahrbù- 
cher,  133  !lS86).  p.  3i4  sq.  —  '  Si  ou  admet  que  dans  quelques  textes  (//.  XV. 
373;  von   Prott,   Fasli.   ÎO  A,  1.  Il;  2C   B,  1.  47;   etc.).    oi?    désigne   un    moutou. 

—  8  Chez  Aristophane  (Ai*.  5*>7),  olç  ne  désigne  pas  nécessairement  une  brebis 
femelle.   —   ^  Mais  il  faut  ajouter    qu'à    Héraklès   on    sacrifiait    souvent  û;   ï-ptit 

—  1»  Même  observation. —  Il  Cf.  Schol.  /liad.  II.  550;Sch.  Soph.  Oed.Col.  1600; 
Comulus.  iTe?;  3>.6.,  20.  L'aflirraation  de  Pausanias  I,  27,  9  (tôv  êv  twT  M«p«9.ùvt 
Tnîjo»....  en«0;...  Sùiai  'Mjtta..  -r.i  «lu!)  est  Contredite  par  Plutarque,  Thés.  14. 
A  relever,  toutefois,  une  exception  à  Ilion  [.Michel,  liecueil  d'inscr.  731, 1.  21);  une 
autre  à  Pergame,  du  lemps  d'Hadrien  (Kaibel,  Hpigr.  1035,  v.  21).  —  12  Cf.  Ditlen- 
berger, 624  ^Thasos)  ;  Paus.  Il,  24,  1.  Les  hécatombes  qu'on  offrait  assez  souvent  à 
Apollon  n'étaient  sans  doute  pis  composées  exclusivement  de  mâles.  —  1^*  .Michel, 
necueil,  070  (Athènes)  ;  709  (l.esbos).  —  <*  Paus.  IX.  19,  3  (Aulis)  ;  Callim.  fr.  76 
Schneider;  Schol.  Aristoph.  Ai\  873  ;  Hesych.  s.  w.  B^augu.îa,  xa:;oosdvoq  ;  .\nton. 
I.ib.  13;  LacUnl.  De  falsa  relig.  21,  30;  etc.  —  li  Plut.  Thés.  IS  ;  Tac.  Hist.  Il, 
3;  Michel,  Itec.  709  (Lesbos).  —  16  Plut.  .Uor.  5S6  F;  Eupolis,  fr.  183  Kock  ; 
lnscr.gr.  !I,  467.468,  470  :  Michel,  flec.670;  Ditlenberger.  SijU.  2,  20.  l.  37;  015. 
I.  17;  von  Prott,  Fasti,  26  B,  I.  44;  etc.  -  '7  Culte  de  Léto  (Aelian.  Hist.  an, 
IV,  29;;  de  la  Mère  des  Dieux  (Michel,  Recueil.  979,  I.  6-7)  ;  de  Tyché  {Corp. 
inter.  gr.  1464);  des  Moires  (Ditlenberger,  641,  I.  37);  de  Gé  (von  Prott, 
Fasti,  26  B.  1.  17-18);  de  Paudrosos  (Aristoph.  Al'.  971  et  schol.  Ad  l.):  de 
Boubroslis  (Plut.  Quaest.  Sgmp.  VI,  81);  elc.  —  '8  Cf.    Michel,    Recueil,   979. 

—  19  Contre  cette  erreur,  et  sur  la  façon  dont  elle  est  née,  cf.  .\eue  Jalirbùcher, 
123  (1881),  p.  80  et  74J.  Exemples  de  victimes  raàles  ofTerles  à  Koré  :  Dilt.  Syll.i. 
615,  I.  17  ;  à  Despoina  et  à  Plulou.  Corpus,  1464  ;  à  Hadès,  Kaibel,  Epigr.  1034. 
-2"  Schol  Odyss.  X.  522  et  XI,  30;  Schol.  Apoll.  Rhod.  1,587;  Suidas,  s.  r 
h-ijjiii^t-.JClym.m.s.  v.  T-t^i»..  Cf.  Xeue  Jalirbùcher,  133(1886),  p.  328;  Festsehrift 
fur  FriedlAndfr.  p.  425;  Zu  den  griech.  Sakralalt.  (dans  les  Xoiae  Symb.  Joa- 
chim.  19071.  p.  11.  Naturellement,  doivent  être  mis  hors  de  cause  les  morts  qui 
recevaient  des  honneurs  héroïques:  i'Iut.  Arisl.  21;  Paus.  I,  32,  4;  Kaibel. 
£/)ijr.,  461.  —21  Paus.  IV,  32,  3;  Philostr.  Her.  XIX,  p.  741  ;  etc.  Dans  l'ins- 
cription v.  Prott,  Fasti,  20  B,  oii  la  victime  destinée  soil  à  un  héros  soit  à  une 
héro'inc  est  plusieurs  fois  appelée  ot;,  il  peut  s'agir  d'un  mouton.  Pélargé,  à  qui  on 
sacrifie  une  brebis  pleine  (Paus.  IX,  25,  6),  n'esl  app  ircmmeni  pas  considérée  comme 
une  héro'inc.  —  '22  Unique  exception  :  lliad.  III,  103  ;  cf.  Stengcl,  Zu  dfn  griech. 
Sakratalthert.  p.  15  sq.  Ce  que  dit  Suidas  s.  v.  Daî;  ô  Mo'aott-t.v,  —  (t4;  (sic)  ?ot7;),  — 
est  sans  valeur.  —  23  Isiros  et  Pbotius  :  iffhui>,  cùvtuv  tjtiTl»  ;  Hésychius  et  Sui- 
das :  »iii>.  Si  là.™  Tola  •«;  Î.,B7.<>.  —  i*  Udyas.  XI,  131  et  Eust.  Ad  l.    Xen.  Anab. 


taureau,  lioiic,  bélier-".  Des  mâles  non  châtrés  sont  exi- 
gés dans  un  certain  nombre  de  règlements"*;  là  où  cette 
exigence  n'est  pas  explicitement  formulée,  les  animaux 
châtrés  étaient  admis.  Quelquefois,  semble-l-il,  il  fallait 
que  la  victime  destinée  à  une  chaste  déesse  (Alhéna, 
.\rtémis)  n'eiit  pas  été  accouplée^'.  D'autres  fois  au 
contraire,  principalement  dans  le  culte  de  Déméter, 
déesse  maternelle,  présidant  à  la  fécondité,  ce  devait 
être  une  femelle  pleine",  ou  qui  avait  mis  bas". 

L'âge  des  animaux  offerts  en  sacrifice  pouvait  être 
également  fixé  par  les  rituels.  Il  arrive  qu'il  soit  indiqué, 
tout  au  moins  de  façon  approximative,  par  le  nom  même 
qui  désigne  l'animal  :  (ioa/oç''^,  àp/iV^',  àu.vo'ç'',  'épi(t.oç'^ 
jjoipidxoç  "■,  /oipioiov'',  ôpOavopî'dxoç'",  5éXça| '',  SijJi.aXtç"', 
Txùla.l,  iTX'Aàxtov",  etc.  Mais  nombre  de  documents  con- 
tiennent ù  cet  égard  des  indications  plus  précises.  Sou- 
vent il  est  question  de  victimes  adultes  (UperaTÉXetc.)'^  ou 
de  victimes  qui  tettent  encore  (vaXa6T|vi)".  Ailleurs, 
sont  réclamés  des  animaux  d'un  an",  de  deux  ans*', 
de  trois  ans  '^,  etc.  '^  ;  ici,  un  porc  qui  n'ait  pas  plus  de 
dix-huit  mois  '*,  un  veau  ou  une  brebis  qui  ait  déjà 
perdu  ses  premières  dents'";  là,  une  truie  pleine  pour  la 
première  fois"".  En  .\ttique,  il  était  défendu,  nous  dit-on, 
d'immoler  un  agneau  avant  qu'il  eût  été  tondu ^',  une 
brebis  avant  qu'elle  eût  mis  bas  '^. 

Enfin,  les  rituels  stipulaient  assez  communément  que 
les  victimes  seraient  de  telle  ou  telle  couleur  déterminée. 
Lorsque  les  Grecs  sacrifièrent  des  chevaux,  dansquelques 
circonstances  qu'ils  l'aient  fait,  ce  furent  exclusivement 
des  chevaux  blancs  ou  de  couleur  claire  ".  Les  victimes 
d'autres  races  pouvaient  être  de  robe  claire  ou  foncée, 

11.  2,  9;  Dem.  C.  Aristocr.  68  ;  Calliraaque,  fr.  403  Schn.  ;  Diod.  IV,  39  ;  Plut. 
Pyrrh.  6  ;  Paus.  II,  11,7;  Schol.  II.  XIX,  197  ;  Hesych.  s.  o.  ipi.Tiia.  —  25  Aris- 
toph. Plut.  820;  Suidas,  s.  ».  -fiTrl;..  —  '26  Etym.  m.  p.  768,  17  (Isiros);  Pholius, 
5.  11.  -p.îTiiv.  --  27  Eust.  Ad.  Od.  XI,  130  ;  Theocr.  Ep.  4,  v.  16  sq.  ;  Ditlenber 
ger,  Syll.  2,  20,'  1.  37  (ijusi^j ov).  —  2S  Ainsi  à  Jlykouos;  Ditlenberger,  Syll.  2,  615, 
1.  6  el  9  («pli;  tvojjT.;,  à|iv»;  l.ofjtr.;).  Cf.  Jt.  XXIll,  147  sq.;  Lucian.  Bis  accus. 
10;  Dial.  deor.  IV,  2,  Platon  le  Comique,  dans  sou  Phaon  (fr.  174  Kock),  paro- 
diant le  langage  des  rituels  religieux,  parle  d'un  -"Aaxow;  èvôoxr.ç-  —  29  Cf. 
Kaibel,  Epiip-.  1035;  Bacchyl,  (Blass),  X,  103;  XV,  20.  L'épilhète  ÎÇai,  employée 
dans  ces  textes,  peut  s'euleudre  d'ailleurs  de  différentes  façons.  Chez  Homère 
(II.  X,  292-2113  ;  Od.  III,  382-303),  foJ;  4«iir.'^.  comme  le  prouve  le  contexte, 
esl  dit  d'une  bêle  qu'on  n'a  pas  encore  attelée  (cf.  //.  VI,  94).  —  30  Cornutus,  Ilipi 
OtJ..  28:  euiuai  J'C;  iv.univa;  iti|iiiTj,  nivu  obtlu;.   Exemples  :  Ditlenberger,  615, 

I.  12,  16;  Bull,  de  eorr.  hell.  XIV,  p.  503,  n.  4;  XXVII,  p.  72;  VI,  p.  25,1.  200  ;  v. 
Prott,  Fasti,  26  B,  l.  48-19.  Ailleurs,  on  offre  à  Démêler  une  brebis  pleine:  Dit- 
lenberger, 610,  I.  61.  De  pareilles  offrandes  s'adressent  à  Gé  (v.  Prott,  Ibtd.  1. 
9)  ;  â  Da'ira  (ibid.  I.   12,  ;  ii  Rbéa  (Ditlenberger,  617,  I.  3)  ;  aux  Euménides  (Paus. 

II,  11,  4);  à  Pélargé  (Paus.  IX,  23,  6);  à  Athéna  elle-même  (Ditlenberger,  616, 
1.  57)  et  à  Artémis  (Kaibel,  Epigr.  872)  Platon  le  Comique,  dans  le  fragment  pré- 
cité du  Phaon,  prescrit  un  «n-jXo;  Iyxû^iwv.  —  31  Ditlenberger,  521,  l.  16  (po-j; 
-piçla;  iuo);   653,  l.   68  (là»   iaTO..).  —  '32  Ditlenberger,    438,    I.  203;  734,    I.  36. 

—  '33  Paus.  II,  10,  1  ;  Ditlenberger,  615,  1.  33  (les  ipvi;  s'opposeni  au  Tilt.o.)  ;  618; 
653. 1.  67  (les  âpvt;  s'opposent  au  xfto;^.  —  3V  Ditlenberger,  615,  I.  9  (opposé  à  xptô;). 

—  3.'  Paus.  VI,  2,  2;  Ditlenberger,  616,  I.  46,  59;  621,  1.  Il;  623.  —  36  Ditlen- 
berger, 633,  I.  68.  —  37  Meu.  fr.  318,  Kock.  v.  3.  —  M  Alh.  139  B.  —  39  Michel, 
Recueil,  692,  -  40  Lucian.  Dial.  JUeretr.  VII,  I;  Dillenberger.  617,  I.  5  el  22  ; 
653,  1.  34  el69  («àiiaM;  oô;).  —  *"  Plul.  Quaesl.  rom.  68;  111.  —  12  Michel, 
Recueil,  673;  97a;  Dillenberger,  306,  I.  54-35;  .391,  l.  11  ;  601,  1.  31;  615,  I.  35, 
36  ;  616,  1.  61  ;  617,  1.  15,  23  ;  etc.  Cf.  l'expression  homérique  Tilir.taaa  UaTinS.;.  Les 
victimes  immolées  lors  d'un  serment  devaient  être  des  animaux  •zi'f.na  :  Andoc. 
Myst.  98;  [Dcm.J  C.  Aeae-.  60  ;  Thuc.  V,  47.  Hésychins  dit  qu'aux  yeux  de  cer- 
tains les  animaux  Tat-.oi  étaient  ceux  qui  avaient  uu  an  fait  :  aux  yeux  de  certains 
autres,  ceux  ()ui  avaient  plus  de  dix  jours  (!).  —  43  Pherecral.  fr.  28  Kock; 
Heniochos,  fr.  2;  Alh.  139  B;  Michel,  Rec.  673:  979;  Dillenberger,  601,  1.  32; 
etc.  Cf.  Ditt.  591,  1.  Il  (iî,i.,u);  lliad.  IV,  120  =  XXIll,  873  (Ip,;.  itj<.,Toïov»«)  ; 
Paus.  IX,  8,  1  (2;  Tûv  vcoyvro-/).  Les  porcs  qui  servaient  aux  purifications  étaient 
généralement  de  tout  jeunes  animaux.  —  4^  Dillenberger,  615,  I.  23,  24,  25. 
Cf.    //.    VI,   94:    X,    292   (J.v,;).    —  45  Ditl.    633,    1.    68;    Kaibel,    Epigr.    1035. 

—  a  Etym.  m.  s.  v.  Tp.irla  (Istros);  Bull,  de  coi-r.  hell.  XIV,  164;  Kaibel,  Epigr. 
1035.  —  47  Chez  Homère,  Agamcmnon  sacrifie  à  Zeus  un  porc  de  cinq  ans  (//.  II, 
4'i3).  —  48  Dillenberger,  522.  —  "  Jbid.  —  50  Ditl.  613,  1.  16.  —  61  Philoch.  ap. 
Ath.  9  D;  Audrot.  ap.  Alh.  375  B.  —  2  Audrot.  L.  l.  —  53  Aristoph.  Lyt. 
192;  Plul.  Mor.  774  D;  Pelop.  22(;.,«r,v);  Appîan.  Mithrid.  70;  Lucian.  Scyth.ï. 


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SAC 


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SAC 


suivant  la  nature  du  sacrifice  et  la  qualité  de  ceux  à  qui 
on  l'otTrait.  Un  scholiaste  d'Homère  dit  qu'on  ne  sacri- 
fiait pas  aux  morts  d'animaux  blancs';  cette  règle 
(abstraction  faite  des  sacrifices  de  chevaux)  semble  avoir 
été  générale  ;  morts  et  héros  reçoivent  des  victimes 
noires^  ;  il  n'y  a  d'exception  que  lorsqu'on  sacrifie  à  un 
mort  (liq  6£wï'.  Parmi  les  dieux,  si  l'on  en  croit  certains 
auteurs  anciens,  les  dieux  du  ciel  eussent  exigé  des  vic- 
times de  teinte  vive  ;  les  dieux  chthoniens,  des  victimes 
de  teinte  sombre  '.  Cela  n'est  pas  rigoureusement  exact. 
Comme  les  morts,  les  déités  chthoniennes  reçoivent  en 
général  des  victimes  noires  "'.  Mais  Hélios  est  le  seul  à 
qui  l'on  n'ait  offert  que  des  animaux  clairs".  Aux  autres 
dieux,  on  offrait  des  victimes  de  teintes  différentes,  selon 
que  le  sacrifice  était  destiné  à  reconnaître  leur  bien- 
veillance ou  à  désarmer  leur  courroux''.  Même  dans  les 
sacrifices  expiatoires  ou  purificatoires,  des  victimes 
blanches  furent  quelquefois  admises  '. 

Il  arrivait  souvent,  surtout  dans  les  sacrifices  publics, 
qu'on  immolait  plusieurs  victimes  à  la  fois.  Le  nombre 
pouvait  en  être  très  variable.  Signalons  quelques  groupe- 
ments qui  ont  joui  d'une  faveur  particulière,  et  qui  furent 
désignés  par  des  vocables  spéciaux.  D'abord  la  xpiTTot'a', 
dont  nous  avons  déjà  parlé;  en  dehors  des  sacrifices 
accompagnant  un  serment,  nous  la  voyons  offerte  à 
Apollon'",  à  Poséidon",  àDéméter'^,  aux  déesses  d'Eleu- 
sis et  à  Iakchos '^  à  Asklépios",  à  Hélène  et  aux  Dios- 
cures  '%  à  Héraklès'"  et  à  Euhamérion'^  quand  on  leur 
sacrifice  <!>?  6soT;,  à  Priape'*;  tous  les  dieux,  probable- 
ment, pouvaient  en  recevoir  l'offrande,  sauf  Athéna,  à 
qui  l'on  n'immolait  point  de  mâles".  En  d'autres 
circonstances,  les  animaux  sacrifiés  étaient  au  nombre 
de  douze  ^°;  ils  composaient  alors  une  Swosxiç  ou  SojSe- 
xiiç*'  ;  citons,  à  titre  d'exemples,  les  dodécades  que 
menaient  à  Délos  et  à  Delphes  les  théories  athéniennes  "  ; 
ces  dodécades  comprenaient  onze  tètes  de  petit  bétail  et 
un  bœuf,  d'où  les  noms  de  ôuôexiç  irpioroêota^^  oaiSexic 
PoÛTtpojipoç^'.  Plus  connues  que  les  dodécades  et  les  Irit- 
tyes  sont  les  hécatombes^"'.  Exactement,  le  mot  éxa- 
TÔ[ii.6T|  désigne  une  offrande  de  cent  bœufs.  Mais  il  fut  de 
bonne  heure  employé  par  abus'-^  D'une  part,  il  s'ap- 
pliqua à  des  sacrifices  où  l'on  immolait  un  petit  nombre 
de  bœufs"  (quelquefois  un  seul  bœuf^*)  et  du  menu 
bétail,  ou  même  exclusivement  du  menu  bétail"  ;  d'autre 

'  Schol.  II.  XXIll,  30.  —  2  OU.  X,  5Î7;  XI,  32;  Eurip.  El.  510;  Plut. 
jlm«.  21  ;  Slrab.  VI,  p.  28i  ;  Paus.  V,  13,  2;  X,  29,  1;  Pliiloslr.  Uer.  XIX, 
p.  743  ;  etc.  -  3  Philostr.  ffer.  XIX,  p.  741.  —  4  Eus.  Praep.  evang.  IV,  a, 
i:  Arnob.  Adv.  nat.  VII,  19.  —  5  Jtiad.  II,  103  (Gaia)  ;  Plut.  Luc.  10  (Phéré- 
pltatta);  Quaest.  sympos.  VI,  8,  i  (Boubrostis)  ;  Appian.  Mithrid.  75;  Aristopli. 
Dan.  8i7  (les  vents)  ;  Scbol.  Œd.  Col.  42  (ies  Euménides)  ;  Kaibel,  Epiyr.  1034 
(liuchaités);  Dittcnberger,  615  fGé  Clittionié,  Zeus  Clitlionios)  ;  v.  Pioli.  fas<i, 
n-  26  B,  1.  17-18  (Gé).  —  »  11.  III,  1U3;  Inscr.  gr.  XII.  1,  892;  Pliiloslr,  Uer. 
XI,  1,  p.  309.  —  "A  Poséidon,  par  exemple,  nous  voyons  offrir  tantôt  des 
victimes  noires  iOd.  III,  0,  avec  la  scholie  de  Uidymc  ;  cf.  Cornulus,  Titç'i  cit.  «iSv, 
ii),  tantôt  des  blanches  (Dittenberger.  615.  I.  5  et  10  ;  Pind.  01.  XIII,  691,  tantôt 
des  fauves  (Pind.  Pyth.  IV,  205).  —  »  Aristopli.  fr.  204  Kock  ;  Diog.  L.  I,  110  ; 
Dittenberger,  653,  1.  67.  —  9  Appelée  aussi  ipiTio«,  ifixTO»,  t^ittO;.  Sur  ces  diverses 
formes,  cf.  Dittenberger,  20,  note  11.  —  10  Etym.m.f.  768,17  (Istros);  cf.  Boeckh, 
Corpus,  1688.  —  Il  Od.  XI,  130.  —  'iJnscr.gr.  I,  534.  —  13  Dittenberger,  20,  I. 
37  ;  Insrr.  gr.  I,  5.  —  H  Arist.  Plut.  820.  —  '!•  Eust.  Ad  Od.  I,  399.  —  16  Diod. 
IV,  39.  —  17  Paus.  II,  11.  7.  —  18  [^Theocr.J  Epigr.  4,  16  sq.  —  '9  AVue  Jalirb. 
133  (1886),  p.  330.  —  îO  Cf.  II.  VI,  308,  d'où  il  ressort  que  les  dodécades  n'étaient 
pas  nécessairement,  comme  les  trittyes,  formées  de  victimes  raàles.  —  21  Hesych. 
».  V.  Su$tvr/ja  (9ti-Tîa.^  Tiiv  êk  SwSêxa  ÎEoEÎtuv  ;  les  autres  explications  proposées' sont 
fantaisistes  ;  cf.  Bull,  de  corr.  Iiell.  XXX.  p.  306.307)  ;  Eustatli.,  p.  1386,  48  ;  1670, 
M.  -  22  Bull,  de  corr.  hell.  XXIII  (1899),  p.  8.H  sq.  ;  XXVIU  (  1904),  p.  171-172; 
XXX  (1906),  p.  306  sq.  Autres  esemples  de  dodécades  à  Delphes  :  Dittenberger, 
438,  1.  199-200  ;  281,  1.9.  —  n  Bull,  de  corr.  hell.  XXX,  p.  311,  n»  60.  —  24 /4iV. 
p.  314-316,  n"  1)2,  63:  Uitl.  281.  I.  9.  —  20  Les  kehdomades  ou  groupes  de  sept 

Vin. 


part,  on  appela  hécatombes  des  offrandes  qui  ne  com- 
prenaient pas  une  centaine  complète  de  victimes'". 
Inversement,  le  mot  peut  désigner  des  sacrifices  de  plus 
de  cent  victimes,  comme  il  s'en  offrait  quelquefois". 
Le  mot  yiÀioaêT)  ne  se  trouve  qu'à  une  basse  époque  '-. 
J'ai  réservé,  pour  en  parler  à  part,  la  question  des 
sacrifices  humains.  Il  n'est  pas  douteux  qu'en  pleine 
époque  historique  de  pareils  sacrifices  aient  existé  chez 
les  Grecs.  Ainsi  en  Arcadie,  sur  la  cime  du  Lycée,  lors 
des  fêtes  de  Zeus  Lykaios  ^'  ;  à  Rhodes,  annuellement,  en 
l'honneur  de  Kronos'";  à  Leucade,  annuellement  aussi, 
en  l'honneur  d'Apollon-^;  en  lonie^^et  à  Athènes  pendant 
les  Thargélies",  en  l'honneur  du  même  Apollon;  etc.''*. 
Dans  les  trois  derniers  cas,  la  qualité  du  dieu  à  qui  les 
victimes  étaient  offertes  (Apollon  Kalharsios)  et  les  noms 
qu'elles  portaient  (Trep'.'l/riiAaxo,  (pap|xax&''  ou  xa8âp[AaTa)  indi- 
quent bien  l'intention  des  sacrifices '";  dans  les  autres 
cas,  il  doit  s'agir  de  même  de  sacrifices  purificatoires  ou 
sacrifices-rançons.  A  une  époque  antérieure,  le  retour 
périodique  de  pareils  sacrifices  avait  été  vraisemblable- 
ment plus  fréquent'".  On  discerne,  dans  le  rituel  de 
ceux  qui  subsistèrent,  la  réprobation  de  ce  qu'ils  avaient 
de  barbare  ou  le  souci  d'en  atténuer  l'horreur  :  en  Arca- 
die, le  sacrificateur  des  Lykaia  devait  s'exiler  après  la 
cérémonie,  comme  un  meurtrier  ;  à  Athènes,  à  Rhodes, 
à  Leucade,  on  prenait  pour  victimes  des  criminels,  qui 
avaient  mérité  la  mort;  à  Rhodes,  le  patient  était  enivré 
avant  de  marcher  au  supplice;  à  Leucade,  où  on  le  pré- 
cipitait du  haut  d'un  rocher  dans  la  mer,  des  précautions 
étaient  prises  pour  amortir  sa  chute,  des  barques  se 
tenaient  prêles  pour  le  repêcher  s'il  ne  se  tuait  pas  en 
tombant  et  pour  le  conduire  hors  du  pays.  Ailleurs,  le 
sacrifice  humain  n'a  persisté,  si  l'on  peut  ainsi  dire,  que 
sous  une  forme  réduite  :  par  exemple  à  Halai,  où,  lors 
des  fêtes  d'Artémis  Taurique,  un  homme  était  blessé  à 
la  gorge  d'un  coup  d'épée  "  ;  à  Sparte,  où  la  diainasli- 
gùsis  des  jeunes  garçons  autour  de  l'autel  d'Artémis 
Orthia  s'est  substituée  peut-être  à  une  immolation*-. 
Ailleurs  ,  enfin,  des  victimes  animales  ont  pris  la  place  des 
victimes  humaines.  On  nous  le  dit  nettement  dans  cer- 
tains cas'^  Ou  bien  cela  s'exprime  par  de  bizarres  prati- 
ques traditionnelles.  A  Ténédos,  une  vache  qui  avait  mis 
bas  était  soignée  comme  une  femme  en  couches;  le  veau, 
avant  d'être  immolé  à  Dionysos,  était  chaussé  de  cotliur- 

victimes,  dont  on  a  prétendu  discerner  la  mention  dans  quelques  textes  altérés, 
n'existèrent     probablement     jamais    (Hermès,    XXXVIII,      1903,     p.    568    sq.). 

—  26  D'où  l'opportunité  de  formules  comme  celle-ci  ;  baxôtiSr.v  twï  ovtî  ôtioa;  xaî 
0-;  4eu5i...0|ii.,;  (Ath.  3  D).  —^'Jliad.l,  315-310;  Soph.  Trach.  760-702.-2»  •£««■:• 
po-jiïçuipoî  ;  cf.  Hesych.  s.  v.  ;  PInt.  Quaest.  sympos.  IV,  4,  2,  10;  Dittenberger, 
281,  I.  8.  —  29  niad.  IV,  120  =  XXIII,  873.  Cf.  l'emploi  abusif  de  eoi/luTiTv  (Arist. 
PhU.  819  ;  etc.).  —  30  //,  VI,  93  et  1 13  ;  Od.  59  ;  cf.  7-8.  Une  Tci^totra  l«.Tiiner, 
n'est  rieu  autre  chose  qu'une  hécatombe  d'animaux  adultes  (Neue  Jahrb.  131. 
p.   103).  —  Il   Diod.  XI,  72;   Isocr.  Areop.  29  ;    Plut.    De   malign.    Herod.    20. 

—  32  Eust.  Ad  11.  p.  49,  4;  .irf  Od.  p.  1454,  26  ;  Julian.  p.  214  A  ;  Thcodoret.  p.  2S2 
Gaisf.  —  33  Pans.  VIII,  38,  5;  Porph.  De  alistin.  Il,  27.  —  3'.  Porph.  O.  (.  Il,  5i. 

—  36  Strab.  X.  p.  452.  —  ac  llipjionax,  fr.  37  Bergkt.  —  3^  Harpokral.  s.  f. 
ça5|i«»05.  Cf.  Schol.  Aristoph.  i'îMif.  1136;  Ran.  730;  Plut.  454;  Suid.  s.  v. 
•afna.dî  :  Hellad.  ap.  Phot.  Bihl.  279,  p.  534;  Tzetz.  Chil.  V,  72C  sq.  La  périodicité 
des  sacrifices  humains  des  Thargélies  a  été  contestée  par  Stengel,  Bermes,  XXII 
(1887),  p.  89-93.  —  38  Cf.  Plal.  Leg.  782  C;  Min.  315  C.  —  39  De  mémo  l'ex- 
pression   de    Strabon    à   propos    des    sacrifices    de    Leucade  :    îiïotpdttt;;    x^?'^' 

—  10  Voir  les  exemples  réunis  par  Alaury,  Beligions  de  la  Grèce,  II,  p.  101-102. 

—  11  Eurip. /pA.  T.  1458  sq.  Sur  les  Agiionia  de  Béotie,  cf.  Plut.  Quaest.  Gr.  3k. 

—  42  Paus.  III,  16,  7;  Philostr.  Vit.  Apoll.  VI,  20,  2.  L'usage  de  la  diamastigôsis 
a  toutefois  été  expliqué  autremenl  :  cf.  S.  Reinach,  Cultes,  mythes  et  religions, 
I,  p.  173  sq.  —  43  A  l'olniai,  Dionysos,  disait-on,  avait  autorisé  le  remplacement  du 
sacrifice  annuel  d'un  bel  enfant  par  celui  d'une  chèvre  (Paus.  IX,  8,  1).  En  Achaie, 
on  gardait  le  souvenir  de  sacrifices  humains  qui,  avec  le  temps,  avaient  disparu, 
sans  compensation    semble-l-il    (Paus.  VII,    le,    2-3). 

121 


SâC 


—  902  — 


SAC 


nés,  et  le  prélre  qui  l'immolait  devait  fuir,  après  le 
sacrifice,  jusqu'au  bord  de  la  mer.  poursuivi  à  coups  de 
pierres  par  l'assistance  ;  probablement,  au  lieu  d'un  veau, 
les  Ténédiens  avaient  jadis  immolé  un  enfant'.  En 
dehors  des  sacrilices  périodiques,  beaucoup  de  sacrifices 
humains  nous  sont  connus  parla  fable.  Ce  sont  ordinai- 
rement des  sacrifices-rançons,  moyennant  lesquels  on 
achetait  une  heureuse  traversée,  un  succès  militaire,  la 
lia  d'une  famine,  d'une  épidémie,  d'un  fléau  quel- 
conque-; tel  le  sacrifice  d'enfants  accompli  par  Ménélas 
en  Egypte';  tels  les  sacrifices  d'Iphigénie',  de  Po- 
lyxène',  de  Macarie*^,  de  Ménécée',  de  Kodros',  des 
filles  de  Léos',  des  filles  d'Érechtheus  '",  des  filles  d'An- 
tipoinos",  de  la  fille  d'.\ristodème  '-,  etc.  Ce  sont  aussi 
des  sacrifices  purificatoires,  comme  celui  qu'aurait 
accompli  Épiménide  à  .Vthènes'^,  ou  ceux  qui  furent 
réclamés,  dans  de  pareilles  circonstances,  à  Sparte"  et  à 
Syracuse'^.  Les  auteurs  grecs  qui  ont  parlé  de  ces  sacri- 
fices les  ont  qualifiés  sévèrement  '^.  Et  l'histoire  ne  nous 
fait  connaitre,  à  partir  du  v"  siècle,  presqu'aucun  inci- 
dent du  même  genre,  .\vant  Salamine,  à  l'instigation 
d'un  devin  fanatique,  Thémistocle,  si  l'on  en  croit  Plu- 
larque,  dut  sacrifier  à  Dionysos  Omeslès  trois  prison- 
niers persans'^  .\gésilas,  au  moment  de  passer  en  Asie, 
reçut  en  songe  l'ordre  d'offrir  un  sacrifice  humain  ;  mais, 
se  rappelant  l'histoire  d'Iphigénie,  il  se  tira  d'affaire  en 
sacrifiant  une  biche  ".  Pélopidas,  avant,  la  bataille  de 
Leuctres,  vit  dans  son  sommeil  les  filles  de  Skédasos 
qui  réclamèrent  l'offrande  d'une  cierge  blonde  ;  cette 
fois  encore,  grâce  à  l'ingéniosité  du  devin  Théokritos,  le 
sacrifice  humain  fut  évité  ;  et,  en  guise  de  rier//e  blonde, 
on  immola  une  cavale  ". 

Parmi  les  offrandes  non  sanglantes  (6J£a)^°,  les  gâteaux 
ou  pâtisseries  au  sens  large  du  mot  méritent,  vu  leur 
fréquence,  d'être  mentionnés  au  premier  rang.  On  les 
nommait  TtoTtava'-',  TtsiAixaTi'-",  zsÀavot'-',  ij/a'.ffTx'"',  o9oTç-°, 
âsTùi-'',^iÇai-'',IXaTTip£(;",àfE!rrYip£ç-'\ÛY!'£ta"',va(îTd?",etc. 
Un  de  ces  noms,  -îXavo;,  appelle  quelques  mots  d'explica  - 
lion.  Tantôt  il  désigne  une  pâtisserie  solide,  une  espèce  de 


'  AcWan.  Hisl.  anim.  XII,  34.  Rappiochei'  Ihisloirc  d  Hérakl^s  oITrant  à 
Arlémis  .Mounycliia  une  chèvre  liabilléL-  en  jeune  lille  {Paroemiogr.  yrneci, 
I,  p.  Mil.  —  2  Eurip.  El.  11124  sc|.  ;  Plut.  De  def.  orac.  14;  Phylarcli.  ap. 
Porpli.  De  alislin.  11,  56  =  Euseb.  Praep.  enaiig.  IV,  136  D.  —  3  Herod.  III, 
l'j.  —  i  Slasinos,  Kijpria  :  Aesch.  Ag.  Î14  («uai-.jio;  e«;«):  1418  (l^tii; 
e}i|i.iuv  4r..»i;i.vi.  —  ô  Eurip.  Hec.  539  sq.  ;  900  sq.  ;  li89  sq.;  etc.  Peut-ètie, 
chez  les  épiques  {liutpersts)^  le  sacrifice  avait-il  pour  but  de  satisfaire  l'âme 
du  héros  pir  l'olTrandc  d'une  part  de  buliu.  Toutefois,  quand  le  poète  repré- 
sente Xéoplolèmc  invitant  l'ombre  d'Achille  à  venir  boire  le  sang  de  la  jeune 
fille  (v.  33.Î  si|.',  il  prête  à  la  société  héroïque  une  sauvagerie  de  fantaisie 
(cf.    FesUclirift  fur   Friedlâmler ,   p.   416-417).    —    0   Eurip.    Heracl.   408   sq. 

—  1  Eurip.   l'hoenic.   690   sq.   ;    Apoll.    III,   0,    7.   —   8  Lyc.    C.  Leocr.    86  sq. 

—  3  [Deni).  fÇpilaph.  SO  ;  Phanojeni.  ap.  Phol.  ».  t'.  Ac«..ifiov.  —  tO  [Dem]. 
Epilaph.  27;  l,yc.  C.  Leocr.  99;  Apoll.  111,  lî,  *  ;  Suid.  ».  ».  .«jSivo,.  —  Il  Pans. 
IX,  17,  I.  —  12  Paus.  IV,  9,  i  cl  ô.  Cf.  Plul.  Parait.  ÎO.  —  i:  Noanlh.  ap.  Ath. 
60J  CD  ;  Diog.  L.  1, 110.  —  14  Plut.  Parall.  3S.  —  15  Plut.  Parall.  19  ;  J.  L;dus.  De 
mens.  p.  113.  —  '6  '.v,-.^-,-  (Aesch.  Ag.  149);  ;:a;«vo;»o;,  jàf6»po;  (Plul.  Pelop.  21); 
£t..l  t-,i«(Paus.  VU,  19,  3;  cf.  Eur.  Jpli.  T.  463).  —  1"  Plut.  Them.  13  ;  Ariat.  U 
(d'après  Phanias  d'Érésos  ;  l'anecdote  n'est  pas  contée  par  Hérodote,.  ~  1»  Plul. 
Agen.  0.  —  19  Plut.  Pelop.  20-22.   —20   Cf.   Hermès,  X.XVII  (1892),  p.  447-448. 

—  21  Arist.  Thesm.  285;  Diog.  I..  Vlll,  13  ;  Lucian.  Katapl.  2;  Michel,  /iecueil, 
C92;  DitIcnbcrgcr '2.  031  ;  etc.  —  '22  Paus.  1,  26,  6;  Vlll,  2.  I  ;  Schol.  Thuc.  I, 
126;  etc.  —  21  Eurip.  /on,  226;  Uet.  1334;  .\rist.  Plul.  661  et  scliol.  Ad  l.; 
Apoll.  Rh.  IV,  712  ;  Herond.  .Uim.  IV.  91  ;  Paus.  Vlll,  2.  1  ;  Dillenberger,  20,  I.  36  ; 
587,  I.  280,  284,  291  ;  028  ;  etc.  Des  scholiastes  ou  lexicographes  confondent  les 
«r»»/»!  avec  les  5i>i«y»  ou  ::cyiii«a  ;  mais  à  tort  {Bennes,  XXIX,  p.  283).  —  24  Arist. 
Plut.  138  et  schol.  137-138  (-i.,,,;,,  il  mji»;  iit.jo-,  i).,i„,  i^ii^i^i^o,  ■  ..,.jp,,„,.i, 
ji  uï  li  5i!:«vo.\  1113  ;  Anliph.  fr.  306  Kock  ;  Herond.  Mim.  IV,  92;  Anth.  pat. 
V,  17;  VI,  190,  191,  300;  Alh.  660  A  ;  672  C;  Suidas,  ».   v.  ;  Hesych.  ».  v.  ;  etc. 

—  'i'  Arist.  Plut.  677;  DitIcnbcrgcr,  616.  I.  31,  38;  etc.  —  '26  Ditleaberoer,  616 
1.  48.  —    21  Paus.   III,  23,  5;  VI,  20,  2.-28  Suidas  el  Hesych.  ».  i°   Schol.' 


gâteau  plat,  de  crêpe  ^-  ;  tantôt  une  bouillie,  une  pâte  quasi- 
liquide,  susceptible  d'être  répandue  comme  une  libation". 
.\ssez  probablement,  le  irsÀivd;,  sous  ces  deux  formes, 
correspond  à  deux  âges  dans  l'histoire  des  céréales,  ou 
plutôt  de  l'usage  que  l'humanité  en  sut  faire  ;  le  wEXavoç 
liquide  est  un  souvenir  de  la  période  oii  l'on  ignorait 
encore  la  fabrication  du  pain'".  Le TreXavo;  contenait  ordi- 
nairement du  mieP'' ;  et  il  s'offrait  le  plus  souvent  aux 
divinités  infernales '^  Ces  deux  caractères  le  rapprochent 
d'une  espèce  de  gâteaux  nommés  u.sX'.to'jTTat  ;  ce  sont  des 
liLïXiToiJTTott  qu'on  donnait  au  serpent  d'Athéna  sur  l'Acro- 
pole d'Athènes^''  ;  les  clients  de  Trophonios  en  tenaient  à 
la  main  '*  ;  etles  morts  en  emportaient  avec  eux  pour  les 
jeter  à  Cerbère".  Citons  encore  une  bouillie  de  farine  et 
de  lait  nommée  yi^i;'!,  qu'on  ofTrait  à  la  Mère  des  Dieux*". 
La  forme  des  gâteaux  solides  pouvait  être  très  variée". 
En  outre  de  gâteaux  reproduisant  l'aspect  d'un  animal*^, 
il  y  avait  des  gâteaux  en  forme  de  broches,  c'est-à-dire 
allongés,  qu'on  appelait  oÇsXiai,  et  qui  s'offraient  à  Dio- 
nysos'' ;  il  y  avait  des  gâteaux  en  forme  de  lune  ((jeXti- 
vai)'*,  des  gâteaux  ronds  autour  desquels  on  plantait  de 
petites  torches  et  qu'on  offraità  .\rtémisMounychia'^;  il  y 
avait  des  gâteaux  en  forme  d'arc,  de  flèche,  de  lyre,  des- 
tinés à  Apollon";  il  y  en  avait  en  forme  d'autels", 
d'autres  en  forme  de  cônes  (■TrupafxtÔEç)  pour  les  dieux 
chthoniens  et  les  morts'*  ;  il  y  en  avait  qui  représentaient 
les  parties  sexuelles  de  l'homme  ou  de  la  femme",  etc. 
Parfois,  ils  devaient  avoir  des  renflements  (àjjK^aXoi)  en 
nombre  déterminé'";  et  la  disposition,  le  plus  ou  moins 
de  hauteur  de  ces  renflements  pouvaient  être  régle- 
mentés"'. De  même  le  volume  des  gâteaux,  ou  la  quan- 
tité de  farine  qui  servait  à  les  fabriquer'^.  IlEXavoç  ou 
gâteaux  accompagnaient  souvent  une  victime  animale  à 
titre  d'ofTrandes  accessoires"'.  Ou  bien,  avant  d'offrir  à 
tel  ou  tel  dieu  un  sacrifice  sanglant,  on  devait  les  offrir 
préalablement  à  quelque  autre"'. 

Des  offrandes  de  légumes  et  de  fruits  sont  assez  souvent 
mentionnées.  .\  Mykalessos  en  Béotie,  Déméter  recevait 
chaque  automne  oaa  h  oTtiôcai  TrÉ^puxsv  ■ïr^  y7f  çépciv"".  En 


Arisl,  Equit.  1181  ;  Ach.  24l.  ;  Dillenberger,  439  el  n.  7:  617.—  29  Polluï,  VI,  76  ; 
Bekker,  Anecd.    215,   s.    v.    àp:mif  ;  Michel,    Recueil,    676;    Dillenberger,    631. 

—  30  Poilus,  VI,  76  ;  Herond,  Mim.    IV,  94,  —  31  Michel,  Rec.  692.  —  32  Hesych. 

».  f.  {n!';i;.«-:«  s!;  9j»:o,-  ls.T,-is,a)  ;  Suid.  ».  v.  4-,àoT<Toi  et  f,i\f..<,.,.  —  33  Chei 
Sajinyrion  (fr.  1  Kock),  le  -''xavo;  est  assimilé  aux  o-k^wh,  qui  sont  une  bouillie 
d'orge  {Eranos  -\indobonensis,  p.  378).  Le  mol  se"(,avo;  s'emploie  abusÎTement  en 
parlant  d'huile  ou  de  sang  qui  coule  ;  Aesch. /*er».  816;  Aj.  96  ;  Choeph.  92  (cf. 
87  et    149);    Eum.  26?    Icf.    304    sq.)  ;    Eurip.    Aie.    Soi:    Or.  220;    Mes.   430. 

—  3*  Bermes.  .X.XIX  (1894),  p.  285.  —  35  îbid.  p.  623-626.  —  36  Au.x  mêmes  qui 
proscrivaient  les  libations  de  vin  [Bermes,  XXIX,  p.  288)  :  Aesch.  Pers.  204  et 
523  sq.;  Eurip.  fr.  912  .\auck  ;  Apoll.  Rhod,  IV,  712;  Paus.  1,  26,  5;  Porpb,  De 
ahsi.  Il,  10  et  29;  Suid.  s.  v.  Douçiv.»  ;  Hesych.  ».  ti.  Aiiii<iXu>;  etc.  Mais  Pollui 
dit  (VI,  76)  :  itt'«<l»«\  «oivoi  ,:«,  O.oT;  ;  cf.  Eur,  Bipp.  147  ;  Aesch.  Ag.  96;  Dion. 
Halic.  Il,  7*.  —  37  Herod.  Vlll.  41  ;  cf.  Hesych.  ».  v.  oî.oupiv  içi«.  —  38  Paus. 
IX.  39,  3;  Pollui,  VI,  76;  Arist.   ?luli.  507-508,  Cf.    Inscr.  gr.    VII,  3035,  I.  1-7. 

—  39  Suid.  ».  V.;  Schol.  Arisloph,  Lys.  601.  —  40  Bekker,  ineed.  p.  229  :  r«)d->.  ■ 
éoo-i;  'Aftr.vTiai  ixi^tç"!  fltwv  àY«:*=v»i  i'^^-  ■^'  Mommsen.  Fesle  der  St.  Ath.  p.  449  ;  Inscr. 
gr.  II,  470,  I.  13),  ;,  nî  îiojo.  tr."  -a'.,»;:».  ;  cf,  Hesych.  p,  333.-41  Sur  un  aulel  du 
Pirée  (Dillenberger,  631),  l'aspect  réglementaire  des  ;:ô-a,.a  prescrits  était  représenté 
par  un  dessin  (I.  16-17).  —  42  Schol.  Thuc.  I,  126:  Michel,  Recueil,  692  (SoJ. 
lotvi.iaTovl  ;  Pollui,  VI,  76  (=t;»^a  «l'oaT»  t>oï  -[-r-.Yni',..,)  ;  Miller,  Mélanges,  p.  377 
(e!;  «1^(1.  ?oi;);  elc.  Cf.  Bermes,  XXXVIII  (1903),  p.  573-374.  —  43  Pollui, 
VI,  75.  —44  Pollui.  VI.  76:  Suid.».  i'.4.à<rtaToi,3w  ESJofio,-,  «Aiîv».  ;  Hesych.»,  r. 
ailr^-u.;;  Eurip.  fr.  350  .Xauck.  —  45  Poil.  VI,  75;  Ath.  643  A;  Philem.  fr.  67  Kock, 

—  46  Sleph,  Byz.  ».  r.  -«■:«?«,  —  *"  Dillenberger,  031.  —  48  Collcclion  Sabouroff, 
commentaire  de  la  planche  xxx.  —  49  Alh.  647  A.  —  50  Michel,  Rec.  692  ;  Inscr.  gr. 
II,  1661,  1665.  —  51  fbid.  :  Sbt^txit^a.'i.'.v  xa^-jn-^o»  (oui  spatio  medio  piano  duodecim 
sunt  umttitici  marginales,  v.  Prolt)  ;  ^«îîxôvsafcov  èyOô-ysaXov  {cujus  umbiticus  médius 
est  erectus).  -  -2  Poil.  VI,  73  ;  Michel,  692;  Dillenberger,  439  ;  617.  —  53  Voir  ci- 
dessous,  p.  969,  notes  26  et  27;  et  la  figure  5997.  Cf.  Herond.  Afim.  IV;  DiU.  616, 1. 
37-38;  etc.  —54  Eurip.  /on,2i6sq.;  Dillenberger,  617,1.  17  ;  631,  — 55  Paus.  IX,  19,4. 


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—  96;} 


SAC 


Arcadie,  on  apportait  en  don  dans  le  temple  de  Despoina 
de  tous  les  fruits  comestibles  que  produisaient  des 
arbres,  les  grenades  exceptées'.  A  Trézèue,  Poséidon 
recevait  les  prémices  des  récoltes'.  De  même,  à  Ttiéra, 
la  Mère  des  dieux  ^  Fruits,  légumes  et  graines  pouvaient 
être  offerts  à  la  divinité  dans  des  xéovyi  ou  xécvoi,  c'esl-à- 
dire  des  plats  divisés  en  compartiments'.  Les  Delphiens, 
pendant  les  Théoxénia,  offraient  à  Léto  des  poireaux^ 
A  Patrai,  au  cours  d'une  fête  locale,  on  déposait  des  cou- 
ronnes d'épis  près  de  la  statue  d'Artémis'.  En  Atlique, 
lors  des  Pyanepsia,  on  faisait  cuire  des  légumes  iô'd-pia), 
principalement  des  fèves  (-ruavoi)  ' ,  qu'on  offrait  à 
Apollon*;  une  branche  d'olivier  décorée  de  bandelettes 
et  à  laquelle  pendaient  des  fruits,  des  pains,  des  fioles 
pleines  de  vin,  d'huile,  de  miel,  Veirésioné,  était  portée 
processionnellement  au  temple  du  dieu  et  placée  à  la 
porte'.  Pareilles  offrandes  se  reproduisaient  au  moment 
des  Thargélies  '".  Aux  Oschophories,  des  pampres  chargés 
de  grappes  étaient  offerts  à  Dionysos  et  à  AthénaSkiras". 
Sur  les  autels  de  l'Altis,  les  Éléens,  une  fois  tous  les 
mois,  déposaient  des  rameaux  d'oliviers'-.  Des  rayons 
de  miel  sont  mentionnés  dans  plusieurs  inscriptions 
liturgiques'';  à  Phigalie,  on  en  apportait  sur  Fautel  de 
Déméter.  avec  des  fruits  et  de  la  laine  brute '\  Nous 
entendons  parler  aussi  de  fromages,  de  gâteaux  au 
fromage  '^ 

Les  libations  formaient  une  autre  classe,  très  impor- 
tante, d'offrandes  non  sanglantes.  On  les  désignait,  en 
en  général,  par  le  mot  a-Tovôai.  Lorsqu'elles  s'adressaient 
aux  morts,  leur  nom  était  /oïi'";  s'appelaient  également 
/ootî,  ou  Xoi?a!,  les  libations  faites  en  l'honneur  de  cer- 
taines divinités  chlhoniennes".  Des  libations  accompa- 
gnaient presque  tous  les  sacrifices".  Elles  constituaient 
parfois  le  sacrifice  à  elles  seules.  De  même  que  l'homme 
pieux  abandonnait  à  la  divinité  une  part  des  animaux 
qu'il  tuait  pour  sa  subsistance,  de  même  il  répandait  en 
son  honneur  quelques  gouttes  de  ce  qu'il  buvait''-'.  Les 
sijmposki  commençaient  par  une  libation  -"  en  l'hon- 
neur de  r'AfotOôçSïijj.cov  ou  d'Hygieia^',  etchacun  des  cra- 
tères que  vidaient  les  convives  était  dédié  à  un  dieu,  ou 
bien  à  un  héros,  qui  en  avait  les  prémices  ^'.  C'étaient  le 

'  Paus.  VIII,  .57,  4.  —  2  Plut.  Tkes.  0  init.  —  3  Ditlenberger,  630.  —  '■>  Polcm. 
ap.  Alh.  470  E;  478  G.  —  5  Alh.  372  A.  —  «  Paus.  VlU,  2U,  I.  Cf.  Himcr. 
Orat.  VII.  2.  —  '  D'où  le  nom  de  la  fête  et  du  mois  Pyanepsion;  PoU.  VI, 
«I  ;    Photius  s.    V.    r.uavoi;    Suid.  s.  V.    tif.a.,;-/.,,  n.javiiiu.    —    »    Plut.   Thes.    22. 

—  5  Plut.  L.  l.;  Schol.  Arist.  Equit.  729;  Plut.  1054;  Eust.  Ad  II.  XXII, 
4!1S,  p.  128.);  Suid.  s.  V.  s!ps»,4v,;  etc.;  cf.  Mannhardt,  Wald-und  Feld- 
kulte,  p.  214  sq.  Dans  plusieurs  textes,  relptiri^v,]  est  attribuée  à  Hélios  el  aux 
Heures;  cf.   Porph.  De  abst.  II.  7.  -  lO  Soh.  Arist.  Ll.  Ll.\  Suid.  s.  i:  tipsoiùvr,. 

—  11  Proclus  ap.  Phot.  Bibl.  p.  322  Bekk.  —  12  Paus.  V,  15,  0.  —  13  Dit- 
teubergpr,  031  ;  /nsa:  gr.  II,  1662  ;  1667.  —  n  Paus.  VIII,  42,  5.  Même 
association  dans  un  fragment  du  Pohjidos  de  Sophocle,  citi*  par  Porphyre,  Oe 
abstin.  II,  19.  Dans  l'inscription  Michel,  ,692,  est  prescrite  l'offrande  d'une 
««.««fi(.  à  Zeus  Géôrgos.  —  is  Od.  IX,  232;  [Xen.]  Hesp.  Laced.  Il,  9;  Alexis, 
fr.  196  Kock;  Ath.  658  D;  Michel,  1001,  1.  30-37;  'Ae^vaio.,  I  (1872),  p.  257; 
Ditlenberger,  016,  I.  49;  Sitzungsber.  der  Wiener  Akad.  1895.  23.  —  '5  Eust. 
AdOd.  X,  518.  Cf.  le  titre  Choéphores:  Lucian.  De  luctu,  9;  etc.  (Juelquefois, 
surtout  chi-z  les  poètes,  les  libations  aux  morts  sont  appelées  loiSal  (Soph.  El. 
52),  cr,j«;  (Ibid.  89î),  sooc  (Eur.  Hel.  1587|,  ,..1t'a«  (Ap.  Rh.  I,  1075;  Paus.  IX, 
17,  4).  —   n  Eurip.  Jph.    T.    169;   fr.    912  Nauck2.    —  1»  Cf.  ci-dessous,  §  III. 

—  19  /(.  VI,  258-260;  VII,  480;  Od.  III,  395  =  VII,  184;  Plat.  Phed.  117  B; 
Ath.  482  B;  Plaut.  Cure.  125  sq.  ;  etc.  Rapprocher  les  libations  d'eau  des 
compagnons  d'Ulysse,  Od.  XII,  362.  —  20  Xenophan.  fr.  1  ;  Eurip.  Ion,  1032  sq.  : 
Plat.  fr.  69  Kock;  Aristoph.  Vesp.  1217  sq.  ;  Xen.  aellen.  IV,  7,  2;  Plat.  Symp. 
p.  176  A  ;  etc.  —  21  Ath.  486  F,  693  DE;  Poilus,  VI,  100;  Schol.  Arist.  Eq.  83  ; 
etc.  Cf.  V.  Fritze,  De  libatione,  p.  40-45.  —  22  Polkix.  VI,  LS;  Schol.  Pind. 
/«Mm.  V,  12;  Schol.  Plat.  Phileb.  p.  383:  etc.  Les  titulaires  de  ces  libations 
successives  n'ont  pas  été  les  mêmes  à  toute  époque;  cf.  v.  Fritze,   O.  l.  p.  45  sq. 

—  23  E^îovSjl;  Ti^vî,.  :  Eur.  Hel.  1235  ;  cf.  Diels,  Sibill.  Blâtter,  p.  72  sq.  A  rele- 
ver aussi  l'expression  courante  fvof/ov  xai  s'yoçao»  :  Corpus,  2554  ;  2555.  —  2i  Thuc. 


plus  souvent  des  libations  isolées  qui  solennisaient  les 
serments  :  d'où  l'expression  cTtovoi;  TtoieEirOai  (ou  même 
(77T&v3iç  T£[iv£iv)  pour  Signifier  <(  conclure  une  trêve,  faire 
la  paix  »  -'.  Dans  le  culte  des  morts  aussi,  des  libations 
s'étaient  substituées  pour  l'ordinaire,  pendant  l'âge 
classique,  aux  sacrifices  de  victimes:  on  y  ajoutait  de 
temps  en  temps  des  gâteaux  ou  des  fruits";  mais  cela 
même  était  rare.  D'autres  exemples  de  libations  isolées 
se  trouvent  en  grand  nombre  dans  les  textes  el  les 
inscriptions.  Qu'il  suffise  de  rappeler  les  libations 
qu'Œidipe,  dans  Œdipeù  Cofone,  offre  aux  Euménides  "  ; 
les  libations  qui  accompagnèrent  la  prière  solennelle, 
lorsque  la  flotte  athénienne  leva  l'ancre  pour  la  Sicile-"  ; 
les  libations  à  Pan.  à  Priape,  aux  Nymphes  et  autres  divi- 
nités agrestes,  dont  il  est  question  assez  souvent  chez  les 
poètes  bucoliques  el  dans  les  épigrammes  de  VAîi/ho- 
/o(/2e-'' ;  etc.  ^".  Ce  qui  servait  le  plus  habituellement  aux 
libations,  c'était  le  vin  ;  el  le  vin  mêlé  d'eau,  tels  que  les 
Grecs  le  buvaient^".  Quelquefois,  cependant,  les  libations 
devaient  être  de  vin  pur,  a-Kovo-A  ây.paxot  :  c'était  le  cas,  par 
exemple,  pour  la  libation  que  l'on  faisait  à  table  en 
l'honneur  de  r'Ayotôb;  S^'iacov'";  c'était  le  cas  pour  les  liba- 
tions qui  accompagnaient  un  serment^ '.On  offrait  aussi  du 
vin  pur  aux  morts ^-,  mais  non  pas  d'une  façon  régulière ''. 
Ou  bien,  au  contraire,  le  vin  était  proscrit.  Dans  Œdipe  o 
Co/one,  Œdipe  demande  de  quoi  il  doit  remplir  les  trois 
cratères  qu'il  offrira  aux  Euménides  ;  el  le  chœur  lui 
répond  :  uoaxo;,  |XEXi(j(jr,ç,  [ji.-/-|3àTtpc.(js£p£tv  [aé8u".  Nous  avons 
affaire  là  à  ce  qu'on  appelait  cTiovBat  àt&tv&t,  c-ko^jZ-û  vYjcpiXtot, 
ou  vT|(f.àXia'".  De  telles  libations  étaient  de  règle  dans  le 
culte  des  dieux  infernaux,  à  qui  la  joyeuse  boisson  des 
vivants  inspirait  de  l'horreur '".Elles  l'étaient  dans  certains 
autres  cultes,  sans  que  l'on  puisse  toujours  bien  com- 
prendre pourquoi.  Peut-être  Mnémosyne  el  les  Muses 
proscrivaienl-elles  le  vin'',  tout  au  moins  à  Athènes, 
parce  qu'il  trouble  la  mémoire;  Éos,  Séléné,  Hélios'", 
déliés  de  la  lumière,  parce  qu'il  obscurcit  l'esprit; 
Aphrodite  Ourania  ",  parce  qu'il  excite  l'ardeur  sen- 
suelle ;  et  ainsi  de  suite*";  mais  ce  sont  là  de  pures 
hypothèses,  plus  subtiles  que  plausibles.  Ailleurs,  on  ne 
peut  même  avancer  des  hypothèses  de  ce  genre  ;  el  il  n'y 

III,  58,  4;  Lucian.  Katapl.  2.  —  25  Qed.  Col.  477  sq.  —  26  Thuc.  VI,  32.  Cf.  Od. 
XIII,  30  sq.  ;  Apoll.  Rhod.  I,  534.  —  21  Theocr.  Id.  V.  53-54  ;  58-59  ;  Anth.  patal . 
VI,  44;  239;  etc.  —  28 /(.  VI,  239  sq.  ;  IX,  177  sq.  ;  XVIll,  221-231;  Od.  II,  432; 
XV,  149,  258;  Arist.  Pax,  431  sq.  ;  Xen.  Anab.  IV,  3,  13;  Cyrop.  VII,  1,  1  ;  elc. 
Cf.  ».  Fritze,  De  libatione,  p.  20  sq.  —  29  C'est  par  erreur  que  le  scholiasle  au 
vers  1132  du  Plutus  (=  Suidas  s.  r.  «J'/.iEet  «txfansvii)  réserve  au  seul  Hermès  les 
libations  de  vin  mélangé  d'eau;  cf.  Hermès  XVII  (1882),  p.  328.  —  aOAlli.  675  R; 
Ansloph.  Eq.  105-106  ;  etc.  —  317/.  II,  341  ;  IV,  159;  cf.  .Scliol.  III,  269.  Apollonius 
de  Rhodes  I,  435  parle  de  libations  de  vin  pur  dans  une  description  de  sacrifice 
imitée,  avec  plus  ou  moins  d'â-propos,  de  la  description  du  chanl  II  de  V Iliade. 
—  32  Lucian.  De  luctu,  19;  cf.  Eur.  El.  331,  où  la  libation  est  improvisée.  —  33  plul. 
.4m(.  21.  —  3i  Oed.  Col.  481.  —  3:.  Aesch.  Eum.  107  ;  Schol.  Soph.  Oed.  Col.  99- 
100  (=  Polcm.  fr.  42)  et  481;  Suidas  s.  r.  vriaàl.o;  eu,la  ;  Pollux,  VI,  20  (où 
les  flumai  wotvot  sont  opposées  aux  oîvoffito-.S'^i)  ;  etc.  —  36  Porph.  De  antro  lYijmp/i. 
18.  Exemples:  Soph.  Oed.  Col.  L.  l.;  Paus.  II,  II,  4;  Schol.  Aesch.  C.  Tim .  18s 
(culle  des  Euménides);  Schol.  Aesch.  Ag.  70  (les  Moires)  ;  Paus.  V,  15,  6  (Des- 
poina) ;  Dion,  Halic.  I,  33,  1  (Déméter);  Ditlenberger,  010,  I.  34,  37  (Zeus  Policus)  ; 
Michel,  692  (Ncphthfs  et  Osiris,  Zeus  Géôrgos,  Poséidon  Chamaizélos,  les  Vents)  ; 
Phdoch.  ap.  Schol.  Oed.  Col.  99  (les  filles  d'Érechtheus)  ;  etc.  Dionysos  lui-même, 
quand  il  était  envisagé  comme  divinité  infernale,  principalement  dans  la  religion 
des  mystères,  recevait  des  ^-t,;S%\  âo.voi  (Plut.  Mor.  132  F;  Philocbor.  i.  (.). 
D'après  Porphyre  (O.  l.  28),  on  aurait  fait  usage  de  »Tt.  Soivo;  dans  les  évocations 
des  morts  ;  contra  Od.  XI,  27.  —  31  Polem.  fr.  42  (  =  Sch.  Oed.  Col.  100)  :  cf.  Plul. 
t'ont'.  Vil  Sap.  13  (p.  156  D)  ;  Porph.  De  antro  Nymph.  7  ;  Ditlenberger,  631.  Les 
libations  de  vin  offertes  à  table  (Pind.  Isllim.  V,  12;  Plut.  Mor.  164  D;  Ath.  50:i 
F)  doivent  être  mises  ici  hors  de  cause.  —  38  Polem.  L.  l.:  Phylarch.  ap. 
Ath.  693  E  ;  Ditlenberger,  631.  —39  Polcm.  L.  /.  ;  Enipcdocl.  ap.  Ath.  510  D; 
Porph.  De  abst.  II,  21;  Anth.  pal.  V.  220.  —  *»  Cf.  Neue  Jahrbilcher,  133 
(1887),   p.  051. 


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a  qu'il  constater  les  faits'.  Les  vr,3iXia  jouaienV  égale- 
inenl  un  rolc  dans  les  c»''rémonies  de  purification,  qu'il 
s'agit  de  purifier  un  liouime  '  ou  un  sanctuaire'.  De 
((uoi  se  composaient  les  dTrovoa!  âoivo-.  '?  Parmi  elles,  nous 
trouvons  h  citer  quelques  libations  d'eau'.  Mais  la  plus 
répandue  était  le  lisXt'xpaTov,  mélange  de  lait  et  de  miel". 
Ce  breuvage,  usité  en  dehors  du  culte  [mel,  p.  1703]% 
servait  surtout,  probablement,  à  fortifier  les  enfants  et  à 
réconforter  les  malades'  ;  ce  qui  (ïxpliquequ'onl'aitofTert 
auv  morts*,  conçus  comme  des  êtres  débiles,  comme  des 
ombres  sans  force'.  Le  u.£Xixp!XTov  jouait  un  rôle  impor- 
tant dans  le  culte  des  divinités  infernales  '".  On  l'offrait 
également  aux  Nymphes  et  aux  divinités  de  la  campagne  , 
peut-être  parce  que  les  éléments  dont  il  était  formé  fai- 
saient partie  du  luxe  des  campagnards".  Et  à  d'autres 
encore'-.  En  plus  de  l'eau,  du  lait  et  du  miel,  les  aTrovSai 
âotvo!  pouvaient  comporter  de  l'huile.  Dans  les  sacrifices 
ordinaires,  l'huile  ne  servait  qu'à  activer  la  flamme  (lui 
consumait  les  chairs  de  la  victime  ;  dans  le  culte  des 
morts  '%  elle  faisait  partie  des  libations  '^ 

Une  dernière  catégorie  d'offrande  comprenait  les  par- 
fums i'iûex  chez  les  auteurs  postérieurs  à  Homère. 
9ju,tiaxTa).Il  en  était  brûlé  pendantles  sacrifices  sanglants, 
pour  combattre  la  mauvaise  odeur  des  chairs  grillées  et 
des  os  calcinés.  Ou  bien  ils  accompagnaient  d'autres 
olTrandes  non  sanglantes,  gâteaux,  fruits,  libations  '  '. 
Ou  bien  ils  constituaient  tout  le  sacrifice  à  eux  seuls  '"  ; 
ainsi,  notamment,  dans  le  culte  domestique' ',  et  dans  le 
rituel  de  certaines  sectes  '*.  Primitivement,  les  Grecs  em- 
ployèrent soit  le  bois  soit  les  baies  d'une  espèce  d'arbre 
indigène,  une  sorte  de  cèdre  qu'on  appelait  ôiJov".  A 
partir  du  vn'^  siècle ,  ils  employèrent  des  aromates 
d'Orient,  de  l'encens,  de  la  myrrhe^",  etc.,  dont  les 
inventaires  de  quelques  temples  énumèrent  de  grandes 
quantités''". 

lll.  Les  rites  du  sacrifice.  —  Envisageons  d'abord  un 
sacrifice  du  genre  que  nous  avons  appelé  propitiatoire  et 


I  Cullc  (les  .Nymphes  (Polem.  L.  t.;  l'aus.  V,  l:i,  0);  de  Zeiis  Hypalos  à 
Allièms  (Pans,  1,  i6,  6);  de  SosipoMs  en  Élide  (Paus.  VI,  20,  i):  des  Douze  Dieux 
à  Olympie  (Paus.  V,    13,   6)  :  d'Iléraithéa    eu    Chersonèse  (Diod.    V,    02)  :    elc. 

—  2    Ap.    Rh.    IV,   702   sq.   —    3    Palon,     Insci:    of   Cos,    p.    81,    1.    34    si|. 

—  i  Od.  IV,  27;    XI,  28.   Cf.  Theophr.  ap.  Poipli.  De  abst.  Il,  20  (JSfomo.Sa). 

—  '■>  Eust.  Ad  Od.  X,  319  :  in7.i«j«T0v  «;  jiaXaiij\  iaIjh»  oacrî  i»i)iito;  «ai  yàlaxTOî  (ce 
<|»'il    ajoule    ensuite,    —    o,     (xî'v-ioi    (aiQ'    "Unr.jou    v-i-l_}\    ««X    àstipti     yfà[4i     |ii>,iToç 

KŒ!  îi^aTo;  Tô  jAîXt'xya-îov  of^aTi,  —  parait  ôtre  une  erreur  ;  cf.  Pkilologus , 
XXXIX,  p.  379-:)80;  Neue  Jakrbaeher,  1887,  p.  653,  n.  U'.  Cf.  Porpli.  De 
aiilro  nijmp/i.  28  ;  Aesch.  Pers.  GI2-6i:t:  Eiu-i|i.  Jph.  T.  161,  103  ;  0,:  1  U.  (,)uand 
le  lait  est  nomm6  sans  le  miel  (Soph.  El.  894;  Plut.  De  r/en.  .'iocr.  6  ;  Arist.  il)  ou 
le  miel  sans  le  lait  (Soph.  Oed.  Col.  13J  ;  fr.  3  m  Xnuck;  Theophr.  L.  l.  :  j,,»,- 
«irovS»),  il  doit  s'agir  cependant  du  niXi^ja^ov  {.Veue  Jahrb.  L.  l.  n.  17).  De  même. 
en  géni'ral,  là  où  il  est  parle!  de  |iiiX-:;,i«Ta  (Acsch.  rhof/iti.  15  :  É'nm.  107  ;  Paus. 
IX,  17.  4;  etc.).  —  0  Pind.  ;Vem.  lll,  77  ;  Antimach.  fr.  18  Stoll  ;  Aelian.  Hisl. 
aniin.  W,  7.  — ^  On  donnait  du  niii'l  auv  nouveau-nés;  Scliol.  .Arist.  Thesmopli. 
SOC;  Ole.  Cf.  Rh.  Mus.  LVIl  (1902),  p.  193  et  notes.  —  8  Od.  XI,  27  ;  Acsch.  Pers. 
610  s<|.  ;  lînr.  Or.  114  sq.  ;  /pA.  T.  138  sq.  ;  Sch.  Hec.  237;  Luciau.  Char.  22. 

—  9  •A;»iy^ï«  .«ijr.v.  {Od.    XI,   29);  4=Jï*il;   VI»po;,  iMuia   .«:i<;vtu,v  {(Id.   IV,    473). 

—  10  l'orph.  De  antro  nymph.  18  ;  Paus.  II.  11,  4;  Michel,  092;  Dittcnberger, 
CIC,    I.    34  et   37;  etc.   —   "   .Vt'Hd  Jalirb.  1887,  p.  630.  —  M  Ainsi   Diod.  V,  02. 

—  13  l.'huilecst  ah-cnlc  des  libaliuns  uirerlcs  aux  dieux  chlhoniens;  cf.  Festschrift 
fur  Friedlânder,  p.  418-419.  —  H  Aesdi.  Pei-s.  610-017;  Soph.  fr.  306  Nauck  2 
{Polijidos)  ;  Plut.  Arisl.  21;  Pollux,  IX,  03;  llcsych.  s.  v.  ..ovisiov;  Dittenberger, 
877,  I.  »  :  etc.  Doivent  «Ire  mises  hors  de  cause  les  libations  d'huile  versées  sur  le 
bûcher  (Iliad.  XXlll,  170  sq.  ;  237;  XXIV,  7SI:  Eur.  //./,.  T.  033  sq.;  Kaibel 
Epii/r.  1034;  elc.)  ;  celles-là  aussi  no  servaient  qu'à  activer  la  llammc.  —  1=  Paus. 
V,  13,  0  ;  VI,  20,  2.  —  16  Lucian.  De  sacr.  12  ;  Inschr.  von  Pergamon,  246, 1.  12-13. 

—  i''  Hesiod.  Op.  et  D.  338  ;  Anliphan.  fr.  200  Kock  ;  Plaut.  Aiilul.  24.  —  18  Voir 
les  hymnes  orphiques.  —  1»  Od.  V,  00.  —  2»  Arist.  Plut.  114t;  Antiph.  fr.  200; 
Paus.  V,  13,  6  ;  Lucian.  De  sacr.  12;  Dittenberger.  734,  I.  34;  939,  I.  lO-ni  etc. 

—  21  Boeckh,  Corpus,  2832  (Didymes),  I.  58  sq.  ;  3773  ;  etc.  —  22  Scliol.  Apoll.  Rb. 
1,  387;  Schol.  Pind.  isthm.  IV,  110;  Elym.  m.  468,  I.  31  sq.  ;  cf.  Diels,  Sibitl. 
BliUter,  134.  Pausaiiias  signale,  comme  une  pratique  ovccplionnelle,  (|uc  les  gens 


comportant    une   victime   animale.    Voici  comment  les 
choses  se  passaient. 

La  cérémonie  avait  lieu  le  matin--.  L'autel,  sur  quoi 
du  feu  brûlait''^  était  orné  de  fleurs,  de  couronnes,  de 
bandelettes-*  ;  lors  des  grandes  fêtes  publiques,  on  avait 
pris  soin  de  le  blanchir,  de  le  polir,  d'en  rendre  brillante 
la  surface-^  [ara].  Les  personnes  qui  offraient  le  sacri- 
fice, à  l'époque  homérique,  ne  faisaient  d'autres  frais  de 
toilette  que  des  ablutions  préalables".  .\  l'époque  clas- 
sique, elles  revêtaient  des  vêtements  blancs^',  et  se 
mettaient  sur  la  tête  une  couronne-'  de  feuillage,  différent 
suivant  les  dieux  à  qui  l'on  sacrifiait  [corona].  La  cou- 
ronne parait  avoir  été  un  symbole  de  pureté  -'  et  des 
dispositions  joyeuses  sans  lesquelles  la  pureté  n'est  point 
parfaite  ;  car,  dans  l'idée  des  Grecs,  le  malheur  consti- 
tuait une  souillure.  On  connaît  l'histoire  de  Xénophon 
apprenant  la  mort  de  son  fils  pendant  qu'il  sacrifie  et 
déposant  sa  couronne  ;  puis  la  reprenant  quand  il  sait  que 
le  jeune  homme  a  eu  une  belle  fin^°;  la  nouvelle  d'un  deuil 
le  souillait;  en  reprenant  sa  couronne,  Xénophon  veut 
dire  qu'il  ne  considère  plus  la  mort  de  son  fils  comme 
un  malheur.  La  victime,  elle  aussi,  pouvait  être  parée  de 
couronnes  et  de  bandelettes  "  ;  toutefois,  à  ce  qu'il  sem- 
ble, on  ne  les  lui  mettait  souvent  sur  la  tête  qu'au  moment 
de  l'immolation.  S'il  s'agissait  d'un  bœuf,  d'une  vache 
ou  d'un  taureau,  assez  couramment  on  lui  dorait  les 
cornes  ^-.  Il  va  de  soi  qu'en  plus  de  ces  parures  la  vic- 
time, quand  c'était  une  grosse  bête,  recevait  des  liens 
qui  permettaient  de  l'amener  à  l'autel  sûrement.  C'est 
d'une  façon  tout  à  fait  exceptionnelle  que,  lors  de  la 
fête  athénienne  des  Bouphonia,  on  l'attirait  par  l'appât  de 
friandises ''\  En  général,  on  lui  passait  des  cordes,  soit 
aux  cornes,  soitaux  pattes  (fig.  3993)^',  soit  même  autour 
du  cou,  au  risque  de  l'étrangler^^.  Il  était  sans  doute  de 
bon  augure  que  l'animal  allât  où  l'on  voulait  sans  se 
faire  trop  prier^'^  ;  mais  il  fallait  éviter  par-dessus  tout 
qu'il  s'échappât,  ce  qui  aurait  été  un  présage  terrifiant'''. 


de  Tithoréc,  lors  de  la  fétc  d'Isis,  sacriGaieut  dans  l'après-midi  (X,  32,  9)  ;  le  culte 
d'Isis  était  un  cuit.!  exotique.  —  23  orf.  XIV,  422  ;  Eur.  El.SOl;lph.  A.  1111,  1471. 
Cf.  Hermès,  XXXII  (1807),  p.  2M.  Le  feu  .lu  sacrifice,  semble-t-il,  ne  devait  être 
alimenté,  au  moins  dans  certains  cas,  (|u'avec  des  vTis'iîita.  îJAa,  c'est-à-dire 
(.l'aprés  Pliilochore,  fr.  31  =  Schol.  Soph.  Oed.  Col.  99)  sans  sarments  de  vigne  ni 
rameaux  de  figuier.  Çà  et  là,  la  (|ualité  du  bois  ét;iil  rigoureusement  déterminée  ;  à 
Olympie,  dans  le  culte  de  Zcus,  ce  devait  être  du  peuplier  blanc  (Paus.  V,  14,  3)  ;  à 
Sicyone,  dans  le  culte  d'Aphrodite,  du  genévrier  (Paus.  II.  10,  4).  —  2V  Cf.  Heal 
Enkyk.  s.  v.  Altar,  p.  1687  (Reisch).  —  2j  C'étaient  les  opérations  appelées  xp^o'î. 
«Xti.}..;,  x'^v'wffis,  sur  les(|uelles  nous  renseignent  des  inscription,  de  Délos  {Bult.  de 
corr.  AcH.  XIII,  100;  XIV,  4'I7).  —  26  Cf.  flermes,  XLI  (1900),  p.  230.  —  27Aesch. 
C.  Clés.  77.  —  28  Aesch.  L.  l.  Plut.  Dio,  28  ;  Ath.  674  E;  etc.  Les  vers  477  sq. 
des  Thesmophoriazousai  atteslent  la  généralité  de  cet  usage  ;  une  des  accusatrices 
d'Euripide  .pii,  deson  métier,  est  niarchanile  de  couronnes,  déclare  qu'en  contestant 
l'existence  des  dieux  et  Topportunité  des  sacrifices  le  poète  libre  penseur  l'a  ruinée. 
Quelquefois,  cependant,  la  couronne  n'était  pas  obligatoire,  ou  même  était  proscrite  ; 
c'étaient  des  raretés  que  les  auteurs  relèvent  expressément  (Apollod.  III,  15,  7  ; 
Paus.  III,  11,  4;  Ath.  137  D;  Plut.  Non  posse  suaviler...,  XXI,  9|.  —  29  Cf. 
Hermès,  XLI  (1906),  p.  231.  —  SU  Diog.  L.  Il,  34;  Plut.  .Vor.  119  A;  132  V. 
—  ai  Luciau.  De  sac.  12.  C'est  à  cette  habitude  d'enguirlander  les  victimes  que 
fait  allusion  Macarie,  dans  les  Héraklides,  lors.pie,  s'olTranl  pour  être  immolée, 
elle  dii  :  ,t.«i.i«-oJti  (529).  A  la  fin  d'Iphir/énie  à  Atdis,  Kalchas  couronne  Iphigénie 
av.int  de  la  frapper  (1567  ;  cf.  I477-I47,s).  Voir  aussi  Arist.  Ifitb.  250-237.  —  32  /(. 
X,  29!  =  Od.  lll,  384  (cf.  438)  ;  [Plat.]  //  Aie.  149  C  ;  Dittenberger.  20,  1.  37  et  40. 
Dans  les  comptes  des  Amphictyons  de  Délos  vers  375  figurent,  au  chapitre  des 
dépenses,  de*  ^i-:«l«  /oaià  et  le  salaire  d'un  /.juiut/s  (Ditt.  80,  I.  37).  —  33  Paus. 
I,  24,  4.  —  3t  Atlas  du  Journal  of  hellenic  .étudies,  pi.  vu.  —  35  Inscr.  gr.  II.  3, 
33  b.  1.  21  sq.;  cf.  Hermès,  XXX  (1893),  p.  344,  note.  —  36  Aesch.  Ag.  1298  ; 
Plut.  Luc.  24.  ^31  Les  liens  coulinuaient  à  élrc  nécessaires  pour  maintenir  la  victime 
lorsque  celle-ci  élail  prés  de  l'autel;  je  ne  crois  donc  pas,  avec  Stengel  [KiiltusaUert.^, 
99,  n.  11),  ([u'on  l'en  ait  alors  débarrassée;  eu  loutc.s,  cela  ne  ressort  point  du  vers 
469  A'  1  phig^nie  en  Tauride;  dans  ce  pass,ige,  Iphigénie,  qui  vient  de  recevoir  du 
bouvier  Oreste  el  Pyladc  enchaînés,  orilonne  igu'on  les  détache  ù;  o.te;  Îc90!  iit.xèt' 
iinn  Si'ffiAioi  ;  elle  n'en  est  pas  encore  au  moment  de  les  sacrifier.  Cf.  Plut.  Luc.  24. 


SAC  —  965  — 

Si  c'était  un  animal  de  petite  taille,  il  pouvait  être 
porté  à  bras  (lig.  3994)'.  Portant  ou  conduisant  avec 
eux  la  victime,  les  sacrifiants  se  rendaient  à  l'autel 
[voir  ARA ,  fig.  427]  - ,  munis  d'un  certain  nombre 
d'objets  :  principalement  d'un  vase  et  d'une  corbeille  ^ 
Le  premier  s'appelait,  d'un  nom  qui  en  indique  l'usage, 
yéivii]/ ;  il  pouvait  être  de  diverses  matières,  déter- 
minées cà  et  là  par  des  règlements  locaux';    il  conte- 


SAC 

Paix,  les  oXa;  sont  jetées  à  la  volée  jusqu'aux  plus  loin- 
tains spectateurs,  et  on  leur  applique  le  nom  xciSï;'-'; 
ce  seraient  donc  plutôt  des  grains  intacts,  ou  tout  au 
plus  grossièrement  concassés  '"  :  en  tout  cas,  les  oÀa; 
n'étaient  pas,  à  coup  sûr,  de  la  farine.  Comme  la  mola 
sfflsa,  elles  étaient  additionnées  de  sel"  ;  on  l'a  nié 
mais  à  tort  '-.  Quant  au  couteau,  qui  dans  la  figure  5994 
est    porté  par  un  sacrificateur  avec  des  broches  et  un 


Fig.  3993.  —  En 


nait  de  l'eau.  La  corbeille  (/cavo'Jv)  était  parfois,  savons- 
nous  par  des  textes  d'auteurs  et  des  documents  épigra- 
phiques,   en   argent»  ou    en    métal  doré';   elle   conte- 


Fig.  5994.  —  l.a  viclinie  portée  ii  laiilcl. 

nait,  nous  dit  Aristophane,  oXiç...  /.aî  (TTÉaax  zal  tj.j./x:- 
pav''.  STé[jt|ji3(,  c'est  la  guirlande  qui  doit  servir  à  parer 
la  victime.  Les  oAaî  sont  assurément  des  grains  d'orge  ; 
et  il  ne  peut  y  avoir  de  doute  que  sur  leur  plus  ou  moins 
parfaite  intégrité.  Une  phrase  d'Hérodote,  oîi  se  lit 
l'expression  oûXàç  xpiSâiov  ',  inviterait  à  croire  qu'il 
s'agit  de  grains  triturés.  Mais,   dans  un  passage  de  la 

1  Gerhard,  Antike  Bildwti-kc,  pi.  ixi.  -  i  Hytirie  .lu  Lnuvre,  Cottii-r  F 
10.  —  3  Cf.  Od.  Ml,  4H)-Ui  ;  Eur.  Iph.  A.  1309;  Arisl.  Pax,  936;  Ar. 
850;  Pollux,  X,  65;  elc.  •£•,«;);€(.««■.  (ou  t;io,,!,t«.)  .«vo-r.  esl  une  eupres- 
siOD  plusieurs  fois  employée  pour  pigniHer  la  mise  en  train  d'un  siicrifice 
(Eur.  El.  1142;  Iph.  A.  I47(  ;  .Menandr.  Samia,  v.  7;  Aesch.  C.  Clés. 
120;  Eur.  Iplt.  A.  435);  on  trouve  aussi  «rsi.v  ou  nT-i^i^t  ..voJv  (Eur.  El. 
800;  Arist.  Au.  850).  Les  premières  locutions  font  allusion,  je  pense,  à  l'acte 
de  garnir  la  corbeille  ;  les  secondes,  à  celui  de  la  prendre  et  de  l'apporter. 
—  '  Herod.  V,  89.  —  5  /„jcr.  i/r.  VII.  1,  M3, 1.  3.ï  ;  24i4  :  Bocckli,  Corp.  2S53, 
I.  20.  —  c  Eur.  Jph.  A.  1503;  Schol.  Arist.  Ac/l.  242    —   ''  Fax,  94S.   —  »  Uerod. 


maillet,  ce  n'est  pas  une  fois  en  passant  que  nous  le 
voyons  placé  dans  la  corbeille.  Il  en  est  de  même  dans 
Y  Electre  d'Euripide",  dans  un  fragment  du  Paidarion 
de  Platon  le  comique '\  au  début  delà  Vie  d'Apollonius; 
de  Tyane  par  Philostrate,  d'après  un  livre  ancien  sur 
Pythagore,  etc.  Et  un  passage  de  Viphigénie  à  Aulis 
atteste  l'existence  d'une  prescription  rituelle.  Pour 
immoler  Iphigénie,  Kalchas  va  employer  son  épée;  il  la 
tire  du  fourreau;  mais,  avant  de  frapper,  il  la  dépose 
pour  un  instant  dans  la  corbeille'^.  Le  couteau  du  sacri- 
fice devait  donc  avoir  voisiné  avec  les  ô/.xi  ;  d'après  un 
scholiaste  de  la  Paix,  il  devait  même  en  avoir  été 
recouvert  '". 

Arrivés  auprès  de  l'autel,  les  sacrifiants,  portant  la 
/épvt'i/  et  le  xavoùv,  en  faisaient  le  tour  en  marchant  vers 
la  droite.  C'est  ce  que  Trygée  ordonne  à  son  esclave  (t6 
y.Ti'A'i  Àaêiiiv  eu  xal  T"f|V  yép'rêa  XESiiôi  rôv  pujjAov  TayÉio; 
liTio£;'.a)'"  ;  c'est  à  quoi  fait  allusion  Iphigénie  quand  elle 
dit:  7îaT-r,p  èjaô; èvoeîio'JîOo)  pioaôv'*.  On  prenait  ensuite  sur 
l'autel  un  tison  (SaXoç,  oaX;ov),  et  on  le  plongeait  dans 
l'eau  de  la  /éiv!']/",  ce  qui  était  une  manière  de  la  con- 
sacrer. De  nouveau,  ce  détail  est  indiqué  dans  \s.Pai.c-"; 
il  l'est  aussi  dans  ÏHéraklès  Furieux.  Déjà  on  a  tourné 

1.  16(1.  —  1  Fax,  962  SI].  De  mime,  chez  Straton  ifr.  1  Kock.  v.  34-i3i,  le  terme 
ol.o/OTai   est   expliqué   par  »;-.9i;.  —  '»  Suidas  s.  r.  <,j\;/;,-.ti  ;    Scli.    //.  I.  449. 

—  Il  Schol.  Arist.  Equil.  1 167  (=  Suidas  s.  v.  oXal)  ;  Schol.  /;.  I,  440  et  Eust.  Ad  t.  ; 
Scliol.  Od.  III.  441.  Chez  Straton,  le  cuisinier  réclame  le  sel  aussitôt  après  les 
d-Ant'  (£.  (.  V.  36-39).  —  12  Cf.  Hermès  XXI.Ï  (1894),  p.  627-029.  —  13  El.  810-811. 

—  14  Fr.  91  Kock.  —  15  Jph.  Aul.  1363  sq.  (.i;  .«/oîv  zfjîîWTov  cOr,»iv  il!,  ^iifl 
çiTya.ov.  <r=4.7«;  xoit,:«  t,mUv,  ;  cf.  Bermes  XXXVII  (1902).  p.  398-399.—  16  Schol. 
Arist.  P(ix,  948.  —  11  Arist.  Fax,  950-937.  —  1»  /pli.  A.  1473-1473;  cf.  1508- 
15r.9  ;  Berc.  Fur.  926-927  ;  Arist.  Av.  958.  —  19  Alh.  409  B.  —  20  Fax,  959  ;  cf. 
Schol.  Ad  L 


SAC 


—  966 


autour  de  l'autel  :  Héraklès  tient  à  la  main  droite  un 
tison;  il  s'apprête  à  le  plonger  dans  la  xspvnl/  ;  c'est  à  ce 
moment  que  le  délire  le  saisit'.  Une  fois  consacrée 
par  l'immersion  du  tison,  l'eau  de  la/épvnj/  servait  à  des 
ablutions,  à  des  luslrations'.  Trygée  dit  à  son  esclave  : 
a'j-oç  TE  ytfvÎTzrou  ::aça8où<;  tïûtt.v  (tT|V  /_.)  k^Loi'  ;  lui-même 
s'est  lavé,  maintenant  il  veut  faire  couler  de  l'eau  sur  les 
mains  de  son  compagnon.  Puis  l'esclave,  ses  ablutions 
terminées,  jette  le  reste  de  l'eau  sur  les  spectateurs*; 
c'est  que,  dans  les  sacriQces  réels,  on  aspergeait  l'assis- 
tance'. On  aspergeait  également  la  victime*.  Lors- 
qu'Oreste,dans//)/(/^e'«/ei?n  rawr/rfe,  s'étonne  de  voir  une 
jeune  femme  présider  à  des  sacrifices  aussi  abominables 
que  des  sacrifices  humains,  Iphigénie  explique  qu'elle 
n'immole  point  elle-même  les  victimes  :  elle  ne  frappera 
pas  Oreste,  mais  elle  versera  sur  sa  tête  l'eau  lustrale 
[yii-zr^v  àuL&i  <7t,v  y£3V!'i|/ou.ai)'.  C'est  à  l'aspersion  de  la 
victime  que  font  allusion  ces  paroles  de  Trygée  :  «teiou  a'j 
ra/£<o;'.  Cette  aspersion,  en  efTel,  n'avait  pas  simplement 
une  valeur  purificatoire;  on  souhaitait  que  la  victime 
eût  l'air  de  consentir  à  être  sacrifiée'  :  et  on  interprétait 
comme  un  signe  d'adhésion  de  sa  part  un  mouvement  de 
la  tète'".  Quelques  gouttes  d'eau  qu'on  lui  jetait  sur 
les  oreilles,  ou  même  dans  une  oreille",  l'amenaient 
d'ordinaire  à  se  secouer.  Dès  lors,  tout  était  en  règle;  la 
victime  avait  consenti.  Enfin,  on  aspergeait  d'eau  lustrale 
l'autel  même:  un  passage  de  Z,yA'(.';//"fl/a  en  fait  foi,oiiilesl 
dit  des  Grecs  qu'aux  fêtes  panhelléniques  ils  aspergent 
les  mêmes  autels  '^  Il  est,  d'ailleurs,  malaisé  de  com- 
prendre cette  cérémonie.  Le  feu  qui  brûlait  sur  l'autel 
était  par  lui-même  purificateur '^  ;  le  purifier  parait  bien 
superflu.  —  Aux  aspersions  faites  avec  l'eau  de  la  /.Épvt'i 
sont  associées,  dans  un  grand  nombre  de  textes,  les  opé- 
rations qui  se  faisaient  avec  les  oXai  ".  La  nature  de  ces  opé- 
rations est  indiquée  par  deux  autres  noms  que  les  oÀai'ont 
portés  quelquefois,  oùXo/ûta;  '',  irpo/'J-ai  '*,  tous  les  deux 
composés  de  ykoi.  Ainsi  on  répandait  les  oXat'''.  Mais  sur 
quoi?  A  l'époque  classique'*,  certainement  sur  l'autel, 
dans  la  flamme  qui  y  était  allumée".  En  jetait-on  aussi 
sur  la  victime?  On  ne  saurait  guère  en  douter-".  .\ga- 
tharcbidès,  dans  un  fragment  transmis  par  .\thénée, 
parlant  des  sacrifices  d'anguilles  qui  s'accomplissaient 
en  Béolie,  dit  que  les  Béotiens  sacrifiaient  ces  poissons 

!£p£!c>v  Tpoirov  (7T£(DavO'îvT£;  xot'i  xaTE'j^ô|jLEVot  oùXâç  t'   ÊTT'.êaX- 

1  Berc.  Fur.  9î8.9i9.  —  2  Dion.  Halic.  VII,  72.  —  3  Arist.  Pax,  961.  —  i  /Aid. 
970-67*.  —  5  Atb.  409  B.  —  6  Diou.  Hilic.  L.  I.  ;  Plut.  Alex.  50.  —7  Ipk. 
T.  6i2-  Au  d^ltut  de  la  pièce,  Iphigénie  raconte  qu'elle  s'est  vue  en  songe 
toute  prête  â  sacrifier  le  dernier  rejeton  de  sa  Tamille  ;  et  elle  eiprime  celle  idée  en 
es  termes  :  IS;»;.!,.  n'j-.n  i;  tzvoi^t.o..  —  »  Pax,  960.  —  9  Dans  les  sacrifices 
liumiins,  il  était  de  la  plus  grande  imporlance  que  la  pei-soone  destinée  à  la  mort 
acceptât  elle-même  de  mourir.  Cf.  Eur.  Heracl.  549-351;  Alh.  fiCi  CD  ;  etc. 
—  1"  Scbol.  Arisl.  Pax,  960  ;  IMul.  Qttaest.  sijmpos.  VUI,  8,  3,  7  ;  De  def.  orae. 
♦«;  Schol.  Apoll.  Rhod.  1.  4i5  ;  Dittentwrgcr,  616,  I.  20.  —  n  ScUol.  .\poll.  Rh. 

L.  '.  —  '^  iy».  11-9  (jiiàs  |i  7.<Jvi5o,-  ?u|><>ù;  <:!;..spaivovT:;,  i^ss;  cjyjcstî);  cf. 
Iph.  A.  1509.  —  13  K««àfT.»»  nJj  :  Eur.  Iph.  A.  llij;  fferc.  Fur.  937; 
Bel.  869;  Sdiol.  Eur.  Or.  M;  etc.  —  "  II.  I,  «9;  Od.  III.  445;  Eur. 
Iph.  A.  Illllllî;  1471-1473;  Dem.  C.  Andr.  78  (=  C.  Timoc.  I8C);  Apoll. 
Rh.  I,  418  ;  etc.  Cf.  Hermès.  .XXXVII  (  190J).  p.  396-397.  —  15  Partout  chci 
Homère  sauf  Od.  111,441.  Lé  |ui>aleocc  d<!  ii»;  et  «j'^iiai  est  établie  pir  la  com- 
paraison des  vers  441  et  145.  —  l«  La  synonymie  (intermittente)  de  dl-..:  et  -ijoxit»! 
ressort  de  c^tte  phrase  d'Hérodote  (L  160)  :  o'ti  oOXâ;  xottiuv  sço;[wfftv  isotÊLTo  Aeûv 
-.;Si.;:  cf.  Hermès.  XXXII  il897),  p.  i46.i47.  np«/Ot«,  équivaut  à  iUi,  par 
cicmple  dans /pA.  T.  U7i  (Herro?»,  XXXVIH  1903,  p.  38,  note),  chei  Apollonius 
de  Rhodes,  1,4*5  (cf.  Schol.  Ad  /.).  D'autres  fois,  =so;Ot«, est  dit  de  l'eau  lustrale 
(cf.  Schol.  .\poll.  Rh.  i.  /.).  —  "  Dans  les  passages  où  il  est  question  des  iiti,  nous 
trouvons  employés  quelquefois  les  mots  «joôi'ili^tai  (//.  I,  458;  II.  4il  ;  Od.  III, 
447),  i^rr.:.  (Ar.  Pax,  96J),  fi'a.,,  (Eur.  Iph.  A.  1111;  El.  804;  Apoll.  Rh. 
I,  4i5).  —  18  Pour  l'époque  homérique,  les  témoignages  ciplicites  font  défaut  ;  il 
est  dit  simplement  que  les  assistants  jettent  devant  eux  les  d)ia;  (T:ooôi"<..)VT.>).  Cet 


SAC 

XovTcî-'  ;  le  régime  indirect  de  ÈTriêiXXovTEç  est  certaine- 
ment le  même  objet  que  le  régime  direct  de  (tteozvoîjvtê;; 
ce  doivent  être  les  anguilles,  c'est-à-dire  les  victimes. 
Notons  que  des  ôXai  étaient  distribuées  à  tous  les  assis- 
tants; cela  ressort  du  pluriel  employé  chez  Homère",  et 
du  passage  déjà  mentionné  de  la  Paix^^.  La  similitude 
d'emploi  entre  l'eau  lustrale  et  les  ôXat  donne  à  penser 
(juc  celles-ci  comme  celle-là  avaient  une  vertu  cathar- 
tique.  Et,  par  le  fait,  Euripide  les  appelle  quelque  part 
TZùoyJxxi  xx9ip(Ttot.  Toutefois,  celte  observation,  vraie 
pour  l'époque  classique,  n'empêche  pas  de  croire  qu'à 
l'origine  les  oXii  aient  représenté  une  ofl'rande  :  celle 
du  pain  sous  sa  forme  primitive,  accompagnant  celle 
des  chairs  des  victimes  et  celle  du  vin  sous  forme  de 
libations-'. 

Les  aspersions  d'eau  lustrale,  la  distribution  et  le  jet 
des  oXai  n'étaient  pas  les  seules  cérémonies  qui  précé- 
dassent l'acte  de  l'immolation.  Avant  de  frapper  l'aaimal, 
on  lui  coupait  sur  la  tête  quelques  poils,  qui  étaient  jetés 
dans  le  feu.  Ainsi  font,  chez  Homère,  .\gamemnon-', 
Nestor-',  et  le  porcher  Eumée'";  ainsi  fait  Égisthe,  chez 
Euripide^'.  Dès  lors,  la  victime  était  vouée  au  trépas. 
Quelques  vers  du  début  de  VAlceste  soulignent  bien  la 
portée  de  ce  rite.  «  Ceux  »,  dit  Thanatos,  <■  dont  mon 
<>  glaive  a  touché  la  chevelure  appartiennent  aux  dieux 
«  infernaux-'  ».  Immédiatement  avant,  Thanatos  avait 
dit:  «  Je  me  rends  chez  Alceste  côç  xï-ip;(o|j.a'.  ^'sEt'"  ». 
KaTïp/Euôat,  employé  seul"  ou  avec  le  génitif  du  nom  de 
la  victime''-,  est  une  expression  consacrée.  En  soi-même, 
ce  mot  ne  veut  rien  dire  de  plus  que  commencer  le  sacri- 
fice^^. En  pratique,  il  désigne  un  certain  nombre  d'actes 
préliminaires,  rituels  ;  ceux  mêmes  que  nous  venons  de 
passer  en  revue.  Le  passage  d'A/ceste  et  quelques  autres 
textes  donnent  à  croire  que,  très  exactement,  xaTip/EsSai 
devrait  s'entendre  de  la  seule  consécration  des  victimes 
à  la  mort  par  l'oblation  des  poils  pris  sur  leur  tête  "  :  mais, 
d'une  façon  courante,  il  embrasse  également  les  lustra- 
lions  par  l'eau  et  les  ôXat'". 

Reste  la  xocTEu/'f,,  la  prière,  indispensable  dans  tout 
sacrifice,  par  laquelle  on  demandait  au  dieu  ou  bien  telle 
faveur  particulière  ou  bien  sa  bienveillance  en  géné- 
ral (voTUM,  SACERDOs).  Elle  aussi  précédait  l'immola- 
tion^*: et  même,  à  ce  qu'il  semble,  du  moins  dans  la 
période  classique,  l'oblation  des  poils  que  l'on  jetait  au 

acte  accompagnait  ou  suivait  la  prière.  Auparavant,  nous  dit-on,  les  assistants 
nUiitui  à.fXovTo  (//.  I,  419:  II,  410).  Selon  toute  vraisemblance,  i>i..?[t9<>t,  dans 
cette  phra.ie.  signifie  simplement  «  prendre  à  la  main  «  {Hermès.  .X.XXVIII. 
p.  43).  —  19  Eur.  Iph.  A.  lui,  1471147*;  El.  S03-804  ;  Eust.  .id  II.  I,  449  :  Schol. 
Apoll.  Rhod.  1,  409.  —  20  Sch.  Arist.  Nub.  260;  Eg.  1167;  Schol.  Od.  111,44  ; 
Sch.  //.  I,  449  et  Eust.  Ad  l.  ;  Suidas  s.  v.  ^a-.ij-.iT,  ;  Dion.  Halic.  VU,  72.  C'est  a 
tort  qu'on  a  supposé  dans  ces  textes  une  confusion  entre  les  usages  grecs  et  les 
usages  romains.  —  21  Ath.  297  D.  —  22  Jl.  I,  438  ;  II,  421  ;  Od.  III,  447.  -  23  Pax, 
962  sq.  On  ne  saïu-ait  assimiler  cette  distribution  de  grains  d'orge  aux  distributions 
do  figues  et  de  noix  que  faisaient  les  anciens  comiques  ;  les  o'ak.  ne  sont  pas  des 
friandises.  —  24  Porph.  De  abst.  II,  6;  Theophr.  ap.  SchoL  /(.  1,  449;  Suidas 
s.  V.  oj'AojruTïTv.  Les  ô'ka.'.  sont  parfois  présentées  comme  un  î:oô6u;ia  :  Eu3l.  Ad  II.  I. 
449  ;  Schol.  Od.  III,  441.  Sur  le  changement  de  point  de  vue,  en  ce  qui  concerne 
les  ôWi,  de  l'époque  homérique  à  l'époque  classique,  cf.  Hermès,  XLI  (1906). 
p.  244-246.  — 2ô  /(.  XIX,  254.  —  26  Od.  III.  445-446.  —  ST  Od.  XIV,  422.  —  28  Eur. 
Et.  811-812.  —  29  Aie.  75-76.  —  30  /ftirf.  74.  _  31  Eur.  Beracl.  529  :  /ph.  T.  40. 
—  32  Arist.  Ac.  959;  Ear. /ph.  T.  56  ;  1 1 54.  —  33  Cf .  Diltenberger,  CominenM»io  rff 
Thuq/didis  loco  ad  antiquilates  sacras spectante,  p.  6  infr.  —  3;  Cf.  Hesych.:xaTâp- 
Qtto^at  ToJ  îEjtîou  ■  Tiv  Tfi//ùv  4-o»-âffa;.  Dans  les  Oiseaux,  lorsque  le  devin  dit  à  Peis. 
thétairos  ^r.  xa-iflr,:  To-j  Tpàvo-j  (v.  959j,  les  opérations  lustrales  sont,  à  ce  qu'H 
semble,  déjà  faites,  ou  tout  au  moins  entamées.  Mais  peut-être  le  de^'in  n'en  sait 
rien.  —  35  Od.  III,  445  ;  Eur,  Iph.  T.  40  el  622  ;  54  et  56  ;  244  (où  .«TisTl^'î»  P»"" 
désigner  les  oiai;  cf.  Jph.  A.  955).  —  36  Dion.  Halic.  VII,  72  (i'=i..T«  «ts^U^i'ii. 
tùttv...  i.iXiuov)  ;  il.  I,  457  sq.  ;  II,  419  sq.  ;  Od.  III,  443  sq.  ;  Eurip.  El.  804  sq.  ;  Jph. 
A.   1570  sq.:  Arist.  Ai.  063  sq.  {cf.  959  et   1056-1057);  Pax,  973  sq.  (cf.  1017  sq.) 


SAC 


—  !)f)7 


SAC 


feu'.  Chez  Homère,  sinon  Je  la  part  du  sacrifianl,  du 
moins  de  la  pari  de  l'assislance  qui  répète  quelques-unes 
de  ses  paroles-,  elle  parait  avoir  accompagné  le  jet  des 
o'JÀo/ÙTai^  De  même,  dans  Tj^/er/z-e  d'Euripide,  Égisthe. 
pendant  qu'il  prie,  lance  des  oXat  sur  l'autel*;  dans  les 
Oiseaux,  le  prêtre,  au  moment  de  prier,  réclame  la  cor- 
beille'. Dans  la  Paix,  la  prière  suit  la  distribution  des 
ô/ai^,  mais  non  pas  forcément  l'usage  rituel  qu'on  en 
fait.  Cela  étant,  il  parait  difficile  de  ne  pas  comprendre 
la  prière  parmi  les  actes  préliminaires  que  désigne  le 
mot  xaxàp/'eaôa!  ^. 

C'était,  je  pense,  au  moins  avant  la  x.aT£u/r,  que  l'on 
recommandait  aux  assistants  d'observer  un  religieux 
silence  (eù^tkxeïte,  eù^TijAia  lm<j>)  '.  Également  avant  la 
xaTeu/T|,  sinon  plus  tôt,  le  sacrifiant  demandait,  paraît-il, 
tî;  ttjïoe  ;  et  les  assistants  répondaient  :  xoXX&i  xàyaOot'. 
De  la  sorte,  dit  un  scholiaste,  tous  ceux  qui  se  savaient 
souillés  étaient  mis  en  demeure  de  s'éloigner".  Cette 
habitude  doit  être  postérieure  à  l'époque  homérique,  où 
un  meurtrier  avéré  assiste  à  un  sacrifice  sans  que  per- 
sonne s'en  émeuve  '  ' . 


Fig.  Ô995.  —  Nikri  saciinaiil. 

Pour  achever  le  tableau  du  premier  acte  de  la  céré- 
monie, ajoutons  que  la  musique  de  la  flûte  devait  s'y  faire 
entendre.  Cet  accompagnemeni  musical,  dont  Homère 
ne  dit  rien,  fut  de  règle  plus  tard,  au  point  qu'Héro- 
dote en  signale  le  défaut  dans  les  sacrifices  perses 
comme  un  trait  de  mœurs  étrangères  '^  Nous  ne  sau- 
rions dire  avec  certitude  à  quel  moment  il  commençait, 
ni  s'il  durait  de  façon  ininterrompue.  Du  moins,  assez  de 
documents  nous  certifient  qu'il  se  manifestait  déjà  avant 
l'immolation  de  la  victime,  et  même  avant  la  prière". 

L'acte  même  de  l'immolation  s'accomplissait  suivant 
des  rites  précis.  Il  était  essentiel  que  la  victime  eût  la 

«  Eurip.  El.  L.  t.:  Arisl.  Av.  805  sij.  (cf.  939).  Dans  VOdijssée,  111,443-446: 
XIV,  4S3,  les  deux  actes  semblent  contemporains;  dans  Vltiade,  XLK,  234,  la  prière 
paraît  venir  en  second.  —  2  Cf.  Hermès,  XXXVIII  (1903),  p.  40.—  3Jl.  I,  458; 
II.  421  ;  Od.  III,  447;  cf.  Ud.  XII,  35G-3.57.  -  4  Eur.  El.  803-804.  -  5  Ai:  864- 
(■OS;  cf.  893  Stixtfo.  |xfto!  -/^pv.S....  U.S.,;»).  —  6  Pax,  962-967.  —  7  C'est  l'opi- 
nion de  Dillenberger  (0.  (.  p.  6-7),  généralement  adoptée.  Elle  a  été  combattue  par 
Ziehen,  JUiein.  Mus.  LIX  (1904),  p.  402-403.  —  8  Arist.  Thesm.  295.  Dans  les 
Ackarniens,  Dikaiopolis  recommande  l'eû^ï^nia  tandis  fju'il  est  encore  en  marche 
vers  le  lieu  du  sacriGce  (237);  et  le  scholiaste  observe  :  tîjTo  i  il..a,dt:o'A..î  aCuXuv 
«ouï»  Bvffiav  sr.tri  •  -.ojto  ifây  r^-j  È'^o;.  Dans  les  Oiseaux,  la  prière  est  déjà  prononcée 
lorsque  Pcislhélairos  déclare  =;=iifL;«  ï,r-.i„  (959)  ;  mais,  dans  l'iutcrvalle,  l'intrusion 
du  poète  a  troublé  la  cérémonie  ;  peut-être  ejar.^tîa  ï<r:<a  en  annonce-t-il  simplement 
la  reprise.  Sur  la  nécessité  d'observer  l'tJar.jAia  pendant  les  prières  et  les  sacriflces, 
cf.  Schol.  Arist.  Ach.  337;  /(.  IX,  171  ;  Soph.  Et.  630;  etc.  Quelques  coutumes 
locales  contraires  à  celte  règle  sont  signalées  comme  des  curiosités:  Apoll,  Rh. 
IV,  1728;  Apollod.  Il,  3,  11,  8.-9  Arist.  Pax,  968  et  Scbol.  Ad  t.  (=  Suidas, 
».  i:  T.';  tr.TSs;).  —  lOSch.  Arist.  L.  t.  —  M  Od.  XV,  222  sq.  —  12  Herod.  I,  132. 
Dans  les  sacrifices  grecs,  le  défaut  d'accompagnement  musical  est  quelipie  chose 
d'aussi  eiceptionnel  que  le  défaut  de  couronnes;   cf.  Plut.  Mor.   1102  A  ;   16  U; 


gorge  ouverte  d'un  coup  de  pointe,  —  on  employait  pour 
désigner  cette  opération  le  mot  peu  expressif  ucpaTiEiv  ", 
peut-être  aussi  le  mot  Tsa/TiXiÇsiv  '',  —  et  que,  lorsque  ce 
coup  était  porté,  elle  eût  la  gorge  tendue  vers  le  ciel'*  ; 
pour  cela,  on  lui  renversait  la  tête  en  arrière,  comme 
le  montre  la  fi- 
gure 5995  '' . 
ce  qui  se  di- 
sait aÙEDiieiv  '* . 
ô-KÎcio  l'Xxeiv  "  . 
ivo)  TfiÉTteiv  '''  . 
avaiTTpé;ps[v  ^'  . 
lia  position  de 
l'ensemble  du 
corps  n'était 
pas ,  semble  - 
l-il,  rigoureu- 
sement pres- 
crite. Pour  les 
petites  vieil  - 
mes,  on  les 
tenait  souvent 
soulevées      de 

terre  tout  entières,  tantôt  le  dos  en  l'air  (fig.  5996)^^, 
tantôt  le  ventre  ;  —  ainsi  devront  se  passer  les 
choses  dans   le    sacrifice   dont  la    figure    5997"    nous 


,  5997.  —  Offrande  i 


ctime  animale  et  de  gâteaux. 


fait  voir  les  préparatifs;  —  ou  bien  le  sacrificateur  les 
maintenait  dressées  entre  ses  jambes,  reposant  sur  leurs 
pattes  inférieures  (fig.  5998)  -';  ou  bien  il  les  écrasait  de 
son  poids  contre  le  sol  (fig.  5995)-'.  Pour  les  grosses  vic- 
times, il  n'est  pas  sans  exemple  qu'à  elles  aussi  on  ait 
fait  perdre   pied.   Dans  YÉlectre   d'Euripide,  le   jj.d<7/oç 

Apollod.  111,  13,  7.  Comme  la  couronne,  la  musique  de  la  flûte  était  un  signe  de 
joie;  peut-être  aussi  croyait-on  qu'elle  mettait  en  déroute  les  démons  infernaux  ;  cf. 
Hermès,  XLI  (1906),  p.  232,  n.  1.  Chez  le^  Argiens,  en  vertu  d'un  usage  local,  on 
jouait   de  la  trompette  pendant  l'accomplissement  de  sacrifices   (Pollui,  IV,  87). 

—  13  Cf.  Plut.  Quaest.  sympos.  11.  1,  5,  8  ;  Macho  ap.  Ath.  349  C;  etc.  —  1*//.  I, 
459  -  II,  422  ;  Od.  III,  454  ;  XIV,  42»  ;  Soph.  AJax,  299  ;  Apoll.  Rhod.  1,  432  ;  etc. 
Cf.  Jahrb.  des  arcli.  /ns^  XVIII  (1903),  p.  1 19  et  n.  17.  -ISTheophr.  Char.  XXVIl; 
Diog.  I,.  VI,  01  B.  —16  Schol.  n.  1,459;  Scbol.  Apoll.  Rhod.  I,  587;  Orph.  Aryon. 
i[6;  Psi:Uus,Deo/>.  daem.  p.  38  Boiss.;  etc.  —  l''  Musée  du  Louvre,  Clarac,  pi.  ccxiiv, 
n.  303.  Cette  attitude  est  apparente  dans  un  grand  nombre  de  monuments,  notam- 
ment dans  ceux  qui  représentent  une  victime  immolée  par  une  Victoire.  —  '»  //.  I, 
439  =  II,  422  et  Eust.  Ad  t.;  etc.  ;  Sch.  Plat.  Tim.  21  B  (S--,,  içis.»)  ;  Etym.  m.  98, 
56  (àv.ffOi.v).  Cf.  Schulzc,  Quaestiones  epicae,  p.  56  sq.  —  "  Eust.  Ad  IL  I.  439. 

-  20  Etym.  m.  L.  l.  -  si  Scb.  Apoll.  Rh.  I,  587.  -  22  Hartwig,  Mcisterscttaten,  III, 
i,  _  23  Monum.  detVlnstit.  Vl.Vll,  pi.  xxxv.i.  -  2^  Mongez,  Cal.  de  Flor.  I.  Cf. 
(jori.  Mus.  Florent.  I,  pi.  ici;  Maffei,  Gemme.  111,  82;  Jahrb.  des  arch.  Instit. 
XVll'l  (1903),  page  117,  fig.  3  et  4.  -  '«  Cf.  Zoega,  Bassiril.  Ant.  Il,  pi.  xl;  Rossini, 
Arcli.  triunf.  pi.  xi.iii;  Campana,  Opère  in  plaslica,  pi.  lxxxiv-lxxxv.;  Jahrbuekdes 
arch.  Inst.  XVIII  (1903),  p.  63  (fig.  tO),  64  (fig.   11,  12,  13),  120  (fig.  5  et  6). 


SAC 


—  968  — 


SAC 


Pig.  5998.  —  Sacnlice  à  F*riape. 


.  5999.  —  Rilucl  a 
lie  (monnaie  A'UU 


qu'Kgislhe  sacrifie  est,  lorsqu'il  reçoit  le  coup  mortel, 
porté  sur  les  épaules  des  serviteurs'.  Des  monnaies 
ilUion  représentent  des  bœufs  suspendus  vivants  à  un 
arbre  ou  à  un  pilier  pour  être 
ainsi  immolés  (fig.  5999)-;  ce 
qui  pourrait  être  une  survivance 
locale  du  cérémonial  archaïque  '. 
Mais,  dès  le  temps  d'Homère  el  à 
l'époque  classique,  on  abattait 
ordinairement  la  victime  d'un 
coup  de  massue  ou  de  hache  ap- 
pliqué par  derrière  sur  la  tête,  sur 
la  nuque,  sur  l'épine  dorsale'; 
puis  on  se  contentait  de  soulever 
l'avant-train  pour  que  la  gorge 
se  trouvât  placée  conformément 
aux  règles  ;  c'est  ce  que  signifient, 
dans  une  description  de  VOdyssée,  les  mots  àvsXdvTs;  kno 
/•6ov6;»;  el  c'est  à  quoi  fait  allusion,  dans  plusieurs 
décrets  en  l'honneur  des  éphèbes  athéniens,  cette 
phrase  souvent  mal  comprise  ;  v^pavTo 
Toù;  pou?  ^.  Quand  des  femmes 
assistaient  à  la  cérémonie,  elles 
poussaient,  au  moment  oii  la  bête 
était  frappée,  un  long  cri  modulé, 
rôXoÀuYULoç  '.  .\  l'époque  homéri- 
que, ce  cri  devait  servir  à  appeler 
les  dieux  *  ;  plus  tard,  on  lui  attri- 
bua en  outre  la  puissance  d'écar- 
ter les  mauvais  esprits  ". 

Ouverte  d'un  coup  de  couteau  ([Ai/npï,  d^avi;;  cf.  cul- 
ter),  la  gorge  de  la  victime  laissait  échapper  le  sang  à 
flots.  Du  temps  d'Homère,  dans  les  sacrifices  dont  nous 
nous  occupons  présentement,  ce  sang  se  répandait  à 
terre  sans  que  l'on  y  fit  attention  ">.  A  l'époque  clas- 
sique, au  contraire,  il  fallait,  en  général,  que  le  sang 
mouillât  l'autel".  Les  sacrifices  où  cela  n'avait  pas 
lieu,  —  sacrifices  à  Eiréné '-,  sacrifices  dits  àTroêiûfiia", 
■rrpoÇiûfX'.a  "  OU  rapaêwfn'.a'^,  Oudi'oti  Ttooa/âpaiO!  '*,  —  étaient 
en  minorité  infime.  Tantôt  le  sang  coulait  directement 
de  la  gorge  béante  sur  le  Pcojjloî,  tantôt  il  était  recueilli 

I  £■/.  813.  — 'i  Cf.  Dôrpfeld,  Troja  uwi  [lion,  pi.  mu.  n"  08-69;  pi.  iaiv. 
n»  85:  Jahrb.  des  arch.  Insl.  XVlll  (1903),  p.  .58.  L'n  passage  du  Critias  (119  E) 
semble  faire  allusion  à  quelque  disposition  du  môme  genre  (cf.  Woeh.  f.  klass. 
jihilol.  1903,  p.  24-25),  peut-être  aussi  un  passage  de  Y  Iliade  (XX,  403-405;  cf. 
Troja  und  Jlion.  p.  565;  \V.  f.  kl.  phil.  1903,  p.  26)  el  une  gemme  de 
.Mycèncs  reproduite  dans  Troja  und  /lion,  p.  56i.  —3  Troja  und  /lion,  p.  516; 
366  ;  .'ahrb.  d.  arcll.  Insl.  XVIIl  (1903),  p.  58;  122.  —  »  //.  XVlt,  521  ;  Od.  III, 
449-450;  XIV,  425;  .\poll.  Rliod.  1,427,  429-430;  Scliol.  .kp.  Rli.  Il,  91  ;  Soph. 
Ajax,  299  ;  Dion.  Halic.  VII,  72;  etc.  —  5  Od.  III,  453  ;  cf.  Jahrb.  d.  arch.  /nst. 
XVlll  (1903),  p.  114.  —  6  C.  ei.  Dittenberger,  321,  1.  10-11.  Môme  expression  /nscr. 
ijr.  I.  Suppl.  35  b,  1.  21  ;Tlieopbr.  Char.  XXVII.  CJ.  Bennes.  XX\  (1895),  p.  3*5; 
Jahrb.  d.  arch.  /nst.  XVlll  (1903),  p.  Il.=i.  —  T  Od.  III,  450;  Acscb.  .4j.  595; 
Sepl.  2o8  et  Schol.  Ad  I.  :  Eur.  Or.  1137  ;  Menandr.  fr.  326  Kock;  Herod.  IV,  189; 
Xcn.  Anab.  IV,  3,  19;  Dittenberger,  530,  1.  26.  —  8  //ermes,  XXXVIII  (1903), 
p.  44.  —  9  Hermès,  XLI  (1906),  p.  231-232;  «f  Eur.  iled.  1173.  —  10  Ainsi 
Od.  III,  455.  —  11  l'ollui.  I,  27  ;  Schol.  Od.  111,  444  =  Eusl.  p.  1476  ;  Lucian.  /ca- 
romen.  27;  De  sacrif.  13.  —  12  Fax,  1019  el  Sch.  Ad  l.  —  13  Hesych.  s.  ti. 
itoSiiiioî  ;  Eusl.  Ad  /l.  VIII,  318,  p.  727  ;  Ad  Od.  XII,  252,  p.  1728  ;  Tac.  Sisl.  Il, 
3.  D'ailleurs,  les  tl^aiti:  àT:o6û[4ia:  s'accomplissaient  parfois  sans  qu'il  y  eût  d'autel; 
cf.  Pauly-Wissowa,  i.  r.  iioi^tunUfà.—  "Eur.  Jon,  37C.  —  15  Kaibel,  Epigr.  89J. 
—  i«  Dittenberger,  626.  — 17  Schol.  Od.  III,  444;  Poil.  X,  65  ;  X,  97  ;  Etym.  m.  p.  737  ; 
Eur.  El.  800;  Alh.  261  E.  —  18  Lucian.  /caromen.  27  ;  De  sacrif.  9.  —  19  Chez 
Aristophane,  les  dieui  pri>(s  de  sacrifices  ne  regrettent  que  la  chair  des  vicliœes, 
les  glleaui  cl  le  vin.  —  20  Voir  ci-dessous,  p.  971-972.  —  21  Cf.  l/ermes,  XLI  (1906), 
p.  243.  —'i'- et.  Hermès,  XXXVI  (1901),  p.  330  et  n.  1—23  Sauf  lorsque  la  victime 
/■Uit  uo  porc  :  l'animal,  dans  ce  cas,  était  flambé  ;  d'où  le  nom  de  e:»tôv,  par  lequel 
on  le  trouve  désigné  :  Dittenberger,  027;  'Eç.  '.4j/.  1855,  n.  2667;  cf.  Athen. 
A/ittheil.  XXIV  (1899),  p.  Î68-269.  — !t  Eurip.  El.  822-823.  Les  Thessaliens  passaient 
pour  être  tout  spécialement  eiperls  dans  ces  opérations  de  boucherie,  /bid.  813  sq. 


dans  un  (r^ayefov,  et,  à  l'aide  de  ce  vase,  on  le  répandait 
sur  l'autel'''.  En  dépit  des  insinuations  de  Lucien'*,  il 
est  peu  probable  qu'on  ait  considéré  ces  libations  san- 
glantes comme  des  offrandes  agréables  aux  dieux 
olympiens";  on  leur  attribuait  plus  vraisemblablement, 
à  cause  de  leurs  relations  étroites  avec  le  culte  des 
déitéschlhoniennes-",  une  valeur  catliarlique^'. 

Puis  venait  le  dépeçage  de  la  bête,  opération  qui  ne 
laissaitpoint  d'être  assez  délicate  et  soumise  à  des  règles. 
Peut-être,  avant  toute  autre  chose,  coupait-on  les  pieds 
et  la  tête'^-.  Ensuite,  on  dépouillait  le  corps  de  la  peau^'. 
C'est  ce  qu'Oreste,  dans  VÉleclre  d'Euripide,  exécute 
avec  maestria,  en  moins  de  temps,  raconte  le  messager, 
qu'il  n'en  faut  à  un  coureur  agile  pour  couvrir  un  double 
diaule  -'.  Cela  fait,  les  flancs  étaient  ouverts,  les  entrailles 
examinées  pour  savoir  si  le  sacrifice  avait  plu  à  la  divinité 
et  s'il  présageait  du  bonheur^".  Et  une  première  distri- 
bution était  faite  avec  ce  qu'on  nommait  les  sitXiYyva^', 
c'est-à-dire  certaines  parties  intérieures'-',  telles  que 
l'estomac,  le  foie,  les  rognons,  les  poumons  -'.  De  ces 
m:\iyyy3:,  une  portion,  qui  ne  comprenait  point  les  meil- 
leurs morceaux-',    était  prélevée  pour   les    dieux'"; 


Pig.  0000.  —  Cuisson   des  os'/ioy/.»«. 

on  la  brûlait  sur  l'autel  ",  sans  addition  de  sel,  en  sou- 
venir des  temps  anciens  où  les  hommes  ignoraient  ce 
condiment  •^-.  Le  reste  était,  semble-l-il,  grillé  au-dessus 

—  23  Ainsi  chez  Euripide,  El.  826  sq.  C'est  à  ccl  esamen  des  entrailles  que  lait 
allusion,  dans  nombre  de  décrets  atliques  concernant  des  prêtres  ou  d'autres  fonc- 
tionnaires, la  formule  suivante  ;  ta  i^iv  ivaSà  ityiahat  -èytYO''^'^"  *^  ■coTçiepoT;  oî;  tfiuov 
^/mcr.  gr.  Il,  325,  320,  373  b.  393,  417,  426,  431,  etc.)  ;  Michel,  689  ;  Ditt.  640.  En 
campagne,  on  tirait  des  présages  non  seulement  dos  sacrifices  ad  hoc  («rsâxta),  mais 
aussi  des  sacrifices  quotidiens  ('e^û)  qui  fournissaient  aux  troupes  leur  subsistance  : 
Herod.  VU,  219;  Xen.  4na(..  1.  7.  18;  II,  2,  3;  etc.;  cf.  Bermes,  XXt  (1886),  p.  31 1. 
Constater  des  présages  favorables  se  disait  ««X'dKpETv;  le  mol  esl  très  fréquent  chez 
les  auteurs  et  dans  les  inscriptions.  —  2e  Schol.  Arist.  Plat.  1130  (#,v(Ka  ^àç 
£;^yov  Totijta  Toî  Upeto-j, -ajaûTtua  È'6-jov)  ;  cf.  Od.  XX,  252,  rapproché  de  279  sq.  ;  Dion. 
Halic.  I,  40,  4.  — 27  Les  Œ^î^âT/vasont  opposés  parfois  aux  tvTEpa  :  Aesch.  Ag.  1212; 
Dittenberger.  616,  1.  34-35.  —  28  Scliol.  /(.  I,  464.  Peut-être  les  mots  fvSoja  (Dit- 
tenberger, 616,  1.  48,  49;  617,  I.  8,  9  ;  v.  Prott,  fns/i,  a»  8  B,  1.  7i,,-v8p«ta  (Hesych.), 
désignent-ils  également  les  <ri;UT/va;  cf.  Bermes.  XXXVl  (1901).  p.  335.  Cela  est 
loulefois  1res  douteux  :  Hermès,  XXXIX  (1904),  p.  613.  —  29  Dans  le  Dyskolos  de 
Ménandre  (fr.  129  Kock).  la  bile  (y,o\T,)  est  nommée  parmi  les  morceaux  qui  reve- 
naient aux  dieu\  ;  dans  la  .$amia  (v.  186-187),  la  bile  el  la  rate  (on^Viv)  ;  cf.  Soph. 
Antig.  1010.  C'est  par  suite  d'un  règlement  spécial  que,  lors  des  sacrifices  en  l'hon- 
neur d'Héra  protectrice  du  mariage,  la  bile  était  rejelée  (Plut.  A/or.  14t).  Le 
scholiaslc  au  vers  717  de  la  Paix  définit  ainsi  les  /ôXtxs;  :  tô  tS»  poùi,  r.s.-ji'x  ivrepa' 
Taffra  Tôp  o  li  x  itooffvxo. —  ^  Du  moins  à  l'époque  classique  :  Arisl.  Plut. 
\na;Pax,  1102  sq.  ;  Athenio,  fr.  1  Kock  (t.  III,  p  370)  ;  Men.  fr.  292  ;  Dion.  Halic. 
VII,  15.  A  l'époque  homérique,  il  semble  bien  que  les  dieux  ne  recevaient  rien  des 
ffiïXàYx^oc  :  c'élaient  les  sacrifiants  qui  absorbaient  le  tout  {tij:\i.ijya  rà^avTo  ;  //.  1, 
464;  II,  427;  Od.  111,  9;  461  ;  XII,  364.  niTfo{xi,  signifie  >.  manger  entièrement  ..). 
Cf.  Stengel,  Zu  den  griechischen  Sakralaltertùmern  (extrait  des  Novae  Symbolae 
Joachimicae,  1907),  p.  5-6.  —  31  Les  Ev$«fa  sont  brûlés  sur  l'autel  intérieur  Us' 
inU,,  Dittenberger,  016;  1-'.  70T  ioria.  !.  î»i  y»ut,  Ditt.  617);  cf  Hermès,  XXXVI 
(1901),  p.    334.  —  3-2  AUienio,  i.  (. 


SAC 


—  969 


SAC 


de  la  flamme  ',  au  bout  de  broches  ou  fourchettes  à  long 
manche  ;  ce  doit  être  celte  opération  que  représentent 
plusieurs  peintures  de  vases,  dont  les  figures  6000  - 
et  6001  ^  offrent  des  exemples  *.  Un  bronze  de  Do- 
done  '  nous  montre  un  splnnchnoplès  "  armé  de  son 


Fig.   60ÙI.  —  Cuisson  des  fnXi.-^/yi.. 

instrument,  qui  rappelle,  au  nombre  des  dents  près, 
les  TiEixTTojëoÀa  déjà  nommés  chez  Homère'.  De  petits  mor- 
ceaux des  m:Aiyy\i7.,  peut-être  aussi  sans  sel  *,  étaient 
distribués  aux  assistants,  qui  les  mangeaient  de  suite', 
avec  des  gâteaux  d'une  espèce  particulière  '".  La  majeure 
partie  était  mise  de  côté";  souvent  les  prêtres  et  les 
hérauts  en  recevaient  leur  part  '"-. 

Les  chairs  de  la  victime  (xpéa  ÛTtépTspï) '•*  faisaient 
ensuite  l'objet  d'un  nouveau  partage  ".  La  part  du  dieu, 
dans  les  sacrifices  homériques,  comprend  les  [Ji-'ip&i'  ou 
uLTipia,  c'est-à-dire  les  cuisses,  du  moins  les  os  des  cuisses 
avec  quelque  peu  de  chair  adhérente '°  ;  on  les  mettait 
entre  deux  couches  de  graisse '%  et,  par-dessus,  on  ajou- 
tait des  bribes  détachées  des  autres  morceaux''.  L'en- 
semble était  censé  représenter  l'animal  tout  entier.  Dans 
la  Paix,  ce  sont  encore  les  u.T|pta,  les  (Avipoi,  qui  sont  en 
première  ligne  réservés  pour  Eiréné  ".  Nous  entendons 
aussi  parler  assez  souvent,  à  l'époque  classique,  du  crou- 
pion (o(7cpùç,  o(7çùç  àxpa)  "  et  de  la  queue  (xépxoç)^".  L'im- 

I  /(.  Il,  «6  :  mtliYXva  5«p'  insti'fnvxeî  ÎTt.Ioexov  "HeaîirTon..  —  2  Gerhard, 
Àmerl.  Vasenb.  155.  Retaacb,  Répertoire  de  vases  peints,  t.  Il,  p.  80.  —  ^  Le- 
iiormaiit  el  de  Witte,  Élite  cêramographique.  II,  pi.  cviii.  —  t  D'autres  peintures 
semblables  sont  «numérées  Bull,  de  corr.  hell.  XIX  (1895),  p.  99-100.  Voir 
aussi  Jahrb.  d.  arch.  Inst.  VIII  (1893),  p.  200,  note  6.  —  s  Carapanos, 
Dodone  et  set  ruines,  pi.  itv,  3;  Alhen.  Mittheil.  XXXI  (1906),  pl.  «xii. 
—  6  C'est,  du  moins,  l'opinion  de  ïon  Salis,  Atken.  Mittheil.  XXXI  (I9u6), 
p.  352  sq.  D'autres  explications  ont  été  proposées  :  cf.  Revue  des  Et.  grecques, 
XX  (1907),  p.  267,  n.  4.  —  7  II.  I,  463;  Od.  III,  460.  Sur  les  ni^T.iU\«i,  cf.  Apoll. 
Lex.  Rom.  129,  29;  Hesycb.  s.  v.;  Eugelmann,  Jahrbuch  d.  arch.  Inst.  VI 
(1891),  p.  176.  —  8  Cf.  Hermès,  XXXVI  (1901),  p.  629.  —  9  D'où  l'appcllatioji 
<r*jo«Xa;tvEiJ(ivTe;  qui  leur  est  appliquée  chez  Aristophane,  Fax,  1115.  Sur  le  sens 
primitif  de  cette  absorption  des  'ji^t-àfi-to.,  cf.  Slengel.  O.  t.,  p.  3  sq.  —  10  Eust. 
Ad  II.  XVIII,  575,  p.  1165;  Suidas  s.  v.  ivi<mTo,.  —  "  Daprès  le  scholiaslc 
de  VJliade  I,  464,  les  sacrilianls  ne  faisaient  que  goûter  auï  T,tAà|7_va  (àirtvrjovToi. 
Cf.  Jahrb.  d.  arch.  Instit.  IX  (1894),  p.  115,  117.  —  12  Dittenbcrger.  599,  I.  3,7; 
601,  I.  11,  14;  602,  1.3;  641,  1.  39;  Inscr.  gr.  XII.  3,  330;  Silzungsb.  Berl.  Akad., 
1904,  p.  636;  1906,  p.  259;  etc.  -  13  Od.  III,  65;  470;  XX,  279.  —  H  Ici,  comme 
en  plus  d'une  aulre  circonstance,  il  ne  faut  pas  vouloir  préciser  trop  l'ordre  de 
succession  des  différents  épisodes.  D'après  Od.  III,  9,  l'absorption  des  rr.'i.iT/;a 
piraît  précéder  l'offrande  des  chairs  au  dieu  :  d'après  H.  I,  460  sq,  (=  11.  423  sq.), 
elle  l'aurait  plutôt  suivie.  —  15  II.  l,  460;  11,  423;  XI,  773;  Od.  III,  456;  XII, 
360;  elc,  —  16  //.  1,  460-461  ;  II,  423-424  ;  Od.  111,457-458  ;  XII,  360-361.  —  17  Mêmes 
passages  (U'  «;,;■,  S'inoei-rr.oiv  ;  cf.  sehol.  Apoll.  Rliod.  III,  1033  :  i^oBiTiTy  8i  ti>^. 
rt  T<.7uî!.'o<,i;.ol  ii«pz!»8at  Tiv  iitU,.);  Od.  XIV,  427-428  (en  plus  de  ces  menus 
morceaux,  Eumée,  pieusemeul,  attribue  aux  dieux  un  bon  morceau  de  viaude  : 
V.  453  sq.).  —18  Pax,  1021.  1039;  1128  (««.Xi;;).  Cf.  Soph.  Antig.  1008;  1011  ; 
Pberecral.  fr.  23  Kock;  Eubul.  fr.  130;  hymne  de  Delphes,  Bull,  de  corr. 
hellen.  XVII  (1893),  p.  576;  Paus.  I,  34,  2;  VII,  38,  6.  —  15  Arist.  Pax,  1033; 
Menandr.  fr.  129  Kock;  Pherecrat.  fr.  23;  Scbol.  Arist.  Pax.  iOii  ;  Etytn. 
m.  468,  ii.  —  20  Arist.  Pax,  1054  el  Schol.  .4'/  l.  ;  Eubul.  fr.  130.  —  21  Phe- 
recrat: fr.  23  Kock;  Arist.  Plut.  1128  et  Sch.  Ad  l.  :  iMenandr.  fr.  129;  Coraic 
aJesp.    120)  Kock   (=   Trag.   adesp.    91    .Nauck).   —  22   Dittenberger,   615,   I.  7; 

VIII. 


portance  de  la  part  faite  au  dieu  variait  naturellement 
suivant  la  dévotion  et  la  générosité  des  fidèles;  d'ordi- 
naire, semble-t-il,  elle  était  peu  succulente^'.  Toutefois, 
il  arrivait  qu'aux  termes  de  certains  règlements,  elle  dût 
comprendre  de  bonnes  pièces  :  morceau  de  filet, 
épaule,  etc.  '-.  Cette  part,  qu'on  nommait  ànap/a;, 
àTripYfjLaxa^',  iepi^',  ou,  d'un  mot  plus  précis,  flsûiioipt'at  ^^, 
était  parfois,  à  l'époque  homérique,  saupoudrée  de  farine 
ou  enveloppée  de  pâte  ^^■.  plus  tard,  recouverte  de  gâteaux 
(6uÀ-/,{jiaTx)-'.  On  la  brûlait  sur  l'autel  extérieur,  en  l'ar- 
rosant de  libations  de  vin  et  d'eau-*,  souvent  aussi  de 
libations  d'huile  qui  accéléraient  la  combustion^'.  De 
l'encens,  ou  quelque  autre  parfum  que  l'on  jetait  dans 
la  flamme,  dissimulait  l'odeur  des  chairs  brûlées'".  Ce 
moment,  où  les  offrandes  se  consumaient  sur  l'autel, 
n'était  peut-être  pas  le  moment  le  plus  impression- 
nant du  sacrifice  ;  mais  ce  devait  en  être  le  plus  pom- 
peux. C'est  alors  que  l'on  exécutait  les  plus  beaux 
hymnes^',  et  que  se  déroulaient  les  chœurs  de  danse 
jHYMNUs,  hïporchema].  On  sait  qu'un  rythme  grec  avait 
tiré  son  nom  des  libations  :  le  spo?idée^^.  Une  catégorie 
de  chants  religieux  était  celle  des  TïxpatrT.ovSsta,  ou  u;avc,i 
TtapaiTiovÔEiot  ■".  VHymne  à  Zeus  de  Callimaque  a  été 
chanté  (ou  est  censé  l'avoir  été)  Z-C|V6;  Ttapi  cTrc.vS-fjdtv''. 
Dans  un  des  hymnes  découverts  à  Delphes  est  décrit  le 
décor  qui  devait  entourer  son  exécution  :  c'est  le  moment, 
ditl'auteur,  où  «Héphaistos  consume  sur  les  autels  sacrés 
les  cuisses  des  jeunes  taureaux  »  ;  le  parfum  d'Arabie 
monte  en  tourbillons  vers  l'Olympe  ;  la  flûte  de  lotus  fait 
entendre  ses  sons  harmonieusement  modulés  ;  la  cithare 
d'or,  à  la  douce  musique,  répond  par  ses  accords  à  la 
voix  des  hymnes;  et  tout  l'essaim  des  théores  venus 
d'Athènes  chante  et  se  meut  en  cadence  ^\ 

Les  parties  de  la  bête  qui  n'avaient  été  ni  brûlées  sur 
l'autel  ni  abandonnées  au  prêtre  '*,  à  ses  aides  ou  à 
différents  employés  du  sanctuaire  ''',  demeuraient  la 
propriété  des  sacrifiants.  Ceux-ci  pouvaient  les  consom- 
mer sur  place  ^',  ou  bien  ils  les  emportaient  chez  eux  '■". 

1.  12-1.3:  I.  30-31;  017,  I.  19-20.  —  23  Od.  XIV,  428,  446;  Hesjch.  s.  v. 
etufiop.'a.  —  24  Thcophr.  Char.  22;  lliad.  XI,  775;  Od.  XII,  302;  etc.  Cf.  Hermès, 
XXXIX  (1904),  p.  610-617.  —  2i.  Dillenberger,  617,  1.  20;  Hesycb.  s.  v.  «tufiof.'a. 
Hésychius,  d'ailleurs,  distingue  mal  la  part  du  dieu  de  la  part  du  prêtre,  c'esl- 
à-dire  des  ^tp,;  (saceroos).  C'est  aussi  par  suite  d'une  confusion  qu'il  esl  dit  dans 
les  Aneedota  Aç  Bekker  (44,  9):  'Up.içyvu  •  Ta  toï;  OeoTî  (tipr,  xa:  ôy;itû.i*Eva  ;  cf. 
Hermès,  XXXI  (1896),  p.  640-643.  —  1A  Od.  XIV,  429  (s«Xiva;  aoàou  àxt<;T)  ;  cf. 
Hermès,  XXIX  (1894),  p.  282.  —  2T  Plierecr.fr.  23,  v.  6;  ?0Tf\\.  De  abstin.  Il,  6.  Sur 
les  «aifLuxa  (nommés  par  Télékleidès,  fr.  33  Kock;  Plat.  fr.  174,  v.  18;  Arist.  Pax. 
1040;  Theophr.  Char.  X  et  fr.  9  Wimmer),  voir  schol.  Arist.  Pax,  1040  ;  Hesycb.  el 
Suid.  s.  V.  Cf.  Hermès,  XXXl.V  (1904),  p.  615-616.  —  28  /;.  |,  462-403  =  Od.  III,  45P- 
460;  /;  XI,  775;  Apoll.  Rhod.  1,1133-1134;  Poilus,  X,  63;  Alh.  486  A;  Dittenberger, 
615,1.  7-8;  616,1.  49-50;  elc.  —  29  poil.  X,  65  ;  Alb.486  A.  —  30  poil.  X,  63  ;  Bull. 
de  corr.  hell.  XVII  |l893),p.  576;  Dittenberger,  616,  I,  37;  etc.  —  31  Exemples  de 
sacrifices  célébrés,  à  titre  excepliounci,  sans  chants  religieux  :  Ath.  139  D;  Dit- 
tenberger, 624. —  32  Von  Frilze,  Z>e  libatione  veterum  Oraecorum,  p.  18-19.  Pollux 
mentionne  aussi  un  «i'XT.fia  «sovSiTo.  (IV,  73).  —  33  Philo,  11,  p.  484, 13.—  3i  Callim. 
Bymm.  I,  1.  —  35  Bull,  de  corr.  hellen.  XVII  (1893),i  p.  576-577.  —  36  Sur 
celles-ci,  voir  l'article  sacbrdùs.  II  faul  en  rapprocher  les  parts  qui  étaient  réservées 
soit  à  des  familles  sacerdotales  (ex.  :  Dittenberger,  616,  i.  53  ;  617, 1.  18  sq.),  soilàdes 
magistrats  ayant  uue  compétence  religieuse,  tels  que  les  rois  de  Sparte  (Herod.  VI,  57). 
—  37  Dans  un  règlement  d'Épidaure  (Dillenberger,  938),  des  parts  sonl  attri- 
buées anx  hiéromnémoos,  aux  chanteurs  làotSo-'),  aux  gardiens  (spojpoO-  Dans  un 
règlement  de  Mykonos  (Dittenberger,  615),  au  cuisinier,  i  des  retrSeç  et  à  des 
vu;x3toi.  Dans  des  règlements  de  Cos  ^ Dillenberger,  616;  v.  Prolt,  Fasti,  n.  8  B)  à 
un  hiérope,  à  un  héraut,  à  un  0 vasôp o;,  à  des  joueurs  de  flûte,  à  des  potiers  et  à  des 
forgerons,  à  des  médecins;  elc.  —  38  plaul.  Rudens,  61,  343  (Léo).  Certains  -.t^vt, 
renfermaient  un  édifice  destiné  aux  banquets,  un  é.ïTt«Tôpiov  ;  Plut.  Afor.  146  ; 
Slrab.  X,  5,  11  ;  Dittenberger,  016.  note  37  ;  Bull,  de  corr.  hell.  XIV  (IS9o),  p.  307 
et  note  3  ;  XXX  (1906),  p.  57.  Sur  les  cas  où  il  était  obligatoire  de  consommer  sur 
place  les  chairs  des  victimes  (Hesycb.  s.  v.  'Effiiai  e-JojAEV  t^sôv  tîve;  Ouas'at,  is 'Sv  &0x 
oli.T.  V  fiiTaSoJ.ai,  ;,  Utv.v.it',),  voir  ci-dessous,  p.  972,  n.  3.  —  39  Arist.  Plul. 
227  ;  Plaut.  Poen.  491,  017  ;  etc. 

122 


SAC 


!)70  — 


SAC 


Philochore  observe  quW  Athènes  les  viandes  provenant 
(l'un  sacrifice  aux  Heures  étaient  bouillies,  non  rôties'  ; 
c'était  donc  généraleuienl  rôties  qu'on  mangeait  les  chairs 
(les  victimes.  Quiconque  n'était  pas  un  ladre  les  faisait 
servir  à  un  banquet,  et  en  distribuait  à  ses  amis";  les 
saler  est  cité  par  Théophrastc  comme  un  trait  de  grossière 
impudence  (àvaiTx/JVTÛl  \  Si  l'on  en  croit  le  même  Théo- 
phraste,  les  vaniteux,  lorsqu'ils  avaient  .sacrifié  un  bœuf, 
pla(:aient  devant  leur  porte  la  tète  de  l'animal,  ornée  de 
bandelettes,  pour  que  tous  les  passants  fussent  informés 
de  leur  faste  '.  Bref,  le  jour  où  un  particulier  avait 
offert  un  sacrifice  de  quelque  importance  était  dans  sa 
maison  jour  de  liesse  ^  Chez  Homère,  le  soir  venu,  un 
dernier  acte  religieux  sert  comme  d'épilogue  à  la  fête: 
les  convives,  au  moment  de  se  séparer,  brûlent  en  l'hon- 
neur du  dieu  les  langues  des  victimes  immolées,  en  les 
arrosant  de  libations  «.  Cet  usage  n'a  point  persisté 
durant  l'âge  classique  ';  les  langues,  alors,  étaient  bien 
encore  mises  de  côté';  mais  elles  faisaient  partie,  très 
couramment,  des  fh-r;^  [sacerdos].  \  la  suite  des  sacri- 
fices publics,  avaient  lieu  parfois  des  xcsavoiAta-.  ou  dis- 
tributions de  viandes,  etde  solennelles  agapes  (5Yijji.o9oivia'., 
ôsiTTva  5t,[aot£X-7|)  '^  Chacun  des  membres  de  la  commu- 
nauté recevait  sa  part;  les  magistrats  et  ceux  ou  celles 
qui  avaient  joué  un  rôle  pendant  le  cours  de  la  fête 
avaient  droit  à  des  portions  de  choix,  déterminées  d'après 
des  règlements  ".  Il  arrivait  aussi  que  de  pareilles 
largesses  suivissent  des  sacrifices  offerts  par  de  simples 
particuliers,  lorsque  le  sacrifiant  était  très  riche  et 
recherchait  la  popularité  '-. 

Je  rappelle  que  la  description  ci-dessus  concerne  les  sa- 
crificesdu  type  le  plus  ordinaire  :  sacrifices  propitiatoires 
offerts  à  des  dieux  olympiens.  Signalons  maintenant  ce 
qui,  par  différence,  caractérise  les  sacrifices  d'autre  sorte. 

1°  .4(/  point  de  vue  de  l'heure.  —  Les  sacrifices  aux 
divinités  infernales  s'offraient  le  soir,  ou  même  pendant 
la  nuit  ''.  Demême  les  sacrifices  en  l'honneur  des  héros  '*. 
De  même  aussi,  à  l'époque  homérique,  les  sacrifices  aux 
morts '^  ;  à  l'époque  classique,  ceux-ci  s'offrirent  ordi- 
nairement de  jour  ". 

2"  Au  point  de  vuedu  décor.  —  Dans  le  culte  des  divi- 
nités infernales,  on  revêtait  des  habits  ou  des  ornements 
rouges,  de  la  couleur  du  sang  "  ;  dans  le  culte  des  morts, 
des  vêtements  de  deuil'*.  Point  de  couronnes,  point  de 
guirlandes,  non  plus  que  dans  les  sacrifices  expiatoires 
ou  sacrifices-rançons''.  La  musique  était  proscrite  des 

I  Ath.  C5C  A.  —  apiaut.  Miles  j(or.  711-712  (Luo):  Plul.  Aqes  \T  ad  fin.  .Arat. 
15.  —  3  CVinr.  IX.  —  *  Char.  XXI.  —  ^  I.e  sacrilianl  conservait  sur  sa  lêtc  la 
couronno  qu'il  avail  prise  pour  sacrifier  :  Plat.  Resp.  3iS  C.  —  6  Od.  III,  332,  3*1. 
Il  est.  d'ailleurs,  inexact  que  celte  dernière  olfrande  ait  été  adressée  à  Hermès  (Ath. 
!«  B;  Sch.  Apoll.  Rli.  I,  317  ;  Scli.  Od.  111,  332,  3H  et  Eustatli.  Ibid.}:  elle  s'adres- 
sait au  même  dieu  que  le  principal  sacrifice.  —  ^  Rien  de  tel  n'apparaît  chez  Platon, 
Leg.  HOIt  E.  Le  passage  d'Apollonius  de  Rliodes  où  l'usage  en  question  est  énoncé 
(I,  .517-.'îl8)  contient  certainement  une  réminiscence  homérique  et  ne  prouve  point 
pour  l'époque  de  l'auteur.  —  »  Arist.  Av.  1703;  Pue,  1000  ;  Menandr.  fr.  29î  Kock. 
—  'J  [sacerdos].  Dans  les  sacrincc-t  publics,  les  langues,  paraît-il,  étaient  attribuées 
aui  hérauts:  Arist.  Plut.  Il  10  et  Schol.  Ad  l.  —  1"  Pollui,  I,  34.  Les  exemples 
abondent.  Citons  seulement,  à  cause  des  détails  donnés  sur  le  menu,  l'inscription 
de  Céos  Ditlenberger,  522.  —  u  Schol.  Arist.  Pax,  893;  Diltenberger,  634; 
601,  I.  21  sq.;  533,  I.  34  sq.  —  I?  Ken.  Anab.  V,  3,  9  ;  Ath.  3  D;  332  E;  Inscr. 
gi:  Vill.  I,  2712;  Diltenberger,  Or.  gr.  inscr.  339,  I.  63.  —  13  Diog.  L.  Vlll, 
33;  Etym.  m.  468,  34  (cf.  Rohde,  Psyché,  101,  n.  2;  Festschrift  fïir  Fried- 
liUdtr,  p.  422).  Exemples  :  Aescll.  Eum.  108  (Érinyes);  Apoll.  Rhod.  III,  1029,  cf. 
1191  sq.  (Hécalo);  Pans.  Il,  24,  1  (Apollon  Deiradiotés)  ;  III,  14,  9  (Hécate, 
Ényalios)  ;  IX,  39,  4  iTrophonios)  ;  X,  38,  4  (îioî  Mt.>.';[.»0  ;  Diels,  Sihill.  Bliitter, 
134,  V.  «  sq.  (les  Moires,  IliUiyie,  Gaia);  etc.  —  '*  Proclus  ad  Hes.  Op.  et  D. 
763:  Diog.  L.  VII,  33;  Schol.  PinJ.  Ullim.  IV,  110;  Sch.  Apoll.  Rli.  I,  587; 
Sch.  H.  VIII,  66  et  Eust.  Ad  l.  (cf.  Festschr.  f.  Friellanrler,  422).  Exemples  : 


sacrifices  offerts  aux  dieux  chthoniens,  des  sacrifices 
expiatoires,  des  sacrifices  aux  morts.  Pausanias,  parlant 
du  cultedeZeus  Lykaios  en  Arcadie,  dit  que  les  sacrifices 
s'y  faisaient  Iv  j-jtoppiîTon  ^''.  Un  scholiaste  de  Sophocle 
nous  apprend,  d'après  Polémon,  qu'avant  de  sacrifier 
aux  Euménides,  on  offrait  un  sacrifice  préliminaire  au 
démon  du  silence,  Hésychos-',  ce  qui  est  significatif; 
d'ailleurs,  Eschyle  lui-même  dit,  dans  \es]Euménides,  que 
le  chant  des  sombres  déesses  était  à;pdpixiYXToi;  ^^,  ce  qui 
doit  contenir  une  allusion  aux  circonstances  réelles  de 
leur  culte.  Des  passages  des  Choéphores,  A'Iphigénie  en 
Tauride,  laissent  entendre  que  les  /oat  funéraires 
n'étaient  accompagnées,  en  fait  de  musique  etde  chants, 
que  de  lamentatious-'.  La  même  absence  de  musique 
paraît  certaine  pour  les  sacrifices  qui  accompagnaient  les 
serments,  et,  d'une  façon  générale,  pour  tous  les  sacri- 
fic6s.,de  l'espèce  des  (rcpàyta-*. 

iS^Ll;*  point  de  vue  des  rites  préliminaires  et  des 
offrandes  accessoires.  —  Les  oXai  ne  figurent  jamais  dans 
les  sacrifices  offerts  aux  dieux  chthoniens",  où  figure, 
au  contraire,  IcTteXavoç.  Elles  ne  devaient  pas  être  usitées 
non  plus  dans  les  sacrifices  aux  héros  ou  aux  morts,  ni 
dans  les  sacrifices  expiatoires  ou  sacrifices-rançons. 
Toutefois,  il  est  question  d'oXai  dans  Iphigénie  à  Aulis^ 
à  propos  du  sacrifice  d'Iphigénie-*  ;  mais  non  point  dans 
Hécuhe,  à  propos  du  sacrifice  de  Polyxène  ;  la  différence 
peut  tenir  à  ce  que,  dans  le  premier  cas,  le  sacrifice 
s'adresse  à  une  divinité  olympienne,  Artémis  ;  dans  le 
deuxième,  à  un  mort,  Achille^'.  Quant  aux  libations, 
outre  qu'elles  lurent,  dans  certains  sacrifices,  de  vin 
pur,  d'huile  ou  de  u.E/,!xpaTov,  au  lieu  d'être  de  vin 
trempé",  il  pouvait  arriver  qu'elles  manquassent 
totalement.  H  y  avait  des  ôudiat  ào-TrovSoi",  qu'un  scho- 
liaste de  Sophocle  définit  en  ces  termes  peu  clairs  :  Ôuit'ai 
xocTa  TiJ/y|V  sîç  s^oç  Ttp oeXôoùaai  ^''.  Ces  mots  paraissent  dési- 
gner, non  pas  des  sacrifices  réguliers,  périodiques,  dont 
l'institution  a  eu  pour  cause  un  accident  fortuit,  mais  des 
sacrifices  tels  que  la  coutume  s'est  établie  d'en  offrir 
dans  certaines  circonstances";  il  s'agirait  des  sacri- 
fices expiatoires,  des  sacrifices-rançons^-.  Nous  savons 
que,  dans  ces  sacrifices,  on  ne  prétendait  pas  offrir 
à  la  divinité  les  prémices  ou  une  part  de  ses  dons,  mais 
l'apaiser  en  lui  immolant  une  vie;  l'addition  de  cTrovSai 
y  eiHdonc  été  sans  objet  ^^ 

4°/l«  point  de  vue  des  modes  d' immolation .  — Signa- 
\6t)^  d'abord  que  quelquefois  la  victime  n'était  pas,  à 

Pind.  IsthM.  IV,  110;  Apoll.  Rhod.  I,  587;  Paus.  II,  11,  7;  Vlll,  14,  11;  Plul. 
Sol.  9.  —  15  n.  XXIII,  220  sq.;  Od.  XI,  12  sq.  —  <6  Exemples  :  Aesch.  Pers. 
609  sq.  ;  Choeph.  début  et  v.  149;  Sopb.  El.  326  sq.  ;  403;  431  ;  883  sq.  ;  Eurip. 
tiec.  321  s<[.  ;  Or.  11 14;  etc.  Les  sacrifices  solennels  offerts  aux  morts  par  les  Pla- 
téens(Plut.  Arist.  21;  cf.  Thuc.  III,  58),  les  Mégariens  (Simon,  fr.  107  Bergki), 
par  les  Athéniens  à  Marathon  (Paus  I.  32,  4  ;  Inscr.  gr.  II,  471),  par  les  Arcadiens 
à  Phigalie  (Paus.  Vlll,  41,  1)  n'élaient  sans  doute  pas  des  cérémonies  nocturnes, 
nunpius  que  la  fête  des  Génésia.  Si  l'offrande  d'Oresle  au  tombeau  de  son  père,  dans 
VElectre  d'Euripide,  a  été  faite  la  nuit,  ce  détail  est  commandé  par  les  nécessités 
de  l'action  {Festschr.  f.  FriedI.  p.  423).—  n  Aesch.  Eum.  1028  ;  Lys.  C.  Andoe. 
5 1  ;  cf.  Diels,  Sibill.  Bliïtter,  69  si|.  — 18  Aesch.  C'A.  1 1  ;  Eur.  Bel.  1038  ;  cf.  Festschr. 
f.  Friedl.  p.  424.  Jason,  sacrifiant  à  Hécate,  revôt  également  des  vêtements  de  teinte 
sombre  (Apoll.  Rh.  111,  1031,  1203).  —  19  Bermes,  XXV   (18901,    p.  322,    n.    I. 

—  20 Paus.  Vlll.  38.  3.  — 'il  Schol.  Oed.  Col.  [00.  — ^iEum.  Î3i. —  i3  Choeph.  151  sq.; 
Jph.  T.  Ilô.  -  -ii  Festchr.  f.  Friedl.  p.  421.—  2i  Bermes.  XXXll   (1897),  p.  249. 

—  26  Iph.  A.  1417.  —  2'!  Uerme<:  XXXII  (1S97),  p.  248-349.  —  28  Cf.  ci-dessus, 
§  II.  —  29  Ne  pas  les  confondre,  comme  on  l'a  fait  parfois,  avec  les  6u9,'ai 
ïoivoi.  —  30  Schol.  Oed.  Col.  100.  —  ■'"  Par  opposition  aux  eucji'ai  »a9,i»ou»«'.  ««ta 
•t»  niT?.«,  aux  «ujJai  itdTp.oi  l,  Tois  xaln.ou»,  ;(p<;.oi;.  —  32  Beones,  XXII 
(1887),  p.  647.  —  33  Pour  l'explication  de  quelques  textes  objectés  par  v. 
Frilze(/>e  libatione  vet.  Graecorum,  p.  24-23),  cf.  Stengel,  Kultusaltert.^,  p.  118, 
n.  12. 


SAC 


—  971 


SAC 


proprement  parler,  immolée,  je  veux  dire  tuée  de  main 
d'homme  à  laide  d'une  arme  quelconque,  mais  qu'on  la 
faisait  périr  autrement;  cela  se  produisait  surtout  dans 
des  sacrifices  expiatoires  offerts  aux  divinités  clitlio- 
niennes.  Ainsi,  à  Patrai  en  l'honneur  d'Arlémis 
Laphria  ',  à  Messène  en  l'honneur  des  Curetés  -,  des 
animaux  de  toute  sorte  étaient  brûlés  vivants.  A  propos 
des  sacrifices  humains,  nous  avons  déjà  parlé  d'un  autre 
rite:  celui  de  la  précipitation  ^  A  Potniai,  près  de  Thébes, 
en  l'honneur  de  Démêler  et  de  sa  fille,  on  précipitait 
déjeunes  porcs  dans  un  gouffre  'uévapa)'.  De  même  à 


l'ail  préalablement  assommée '^  En  second  lieu,  dans 
les  mêmes  sacrifices,  la  gorge  des  victimes  n'était  pas 
tendue  vers  le  ciel;  elle  était  tournée  vers  le  sol", 
comme  on  le  voit  sur  la  figure  6002  '•'  ;  c'est  ce  qu'ex- 
prime, par  opposition  à  aùspJEiv,  le  verbe  xxTafJxoicfei-t  "'. 
Enfin,  le  coup  de  couteau  porté  dans  la  gorge  n'était  pas 
alors  un  coup  de  pointe,  mais  un  coup  de  tranchant 
qui  détachait  partiellement  la  téle'^;  le  mol  technique 
pour  désigner  cette  manière  de  frapper  est  ÈvTÉjAVctv 
(d'où  evTojii  pour  désigner  les  victimes)  "  ;  on  rencontre 
également  le  verbe  simple  Téave-v",  ou  quelqu'une  des 


—  Sacrifice  Hc  Polvxène. 


Alhènes,  dans  une  fissure  du  sol  qui  s'était  produite, 
disait-on,  lorsqu'Hadès  avait  enlevé  Perséphone  '".  A 
Syracuse,  c'étaient  des  taureaux  et  autres  animaux  qu'on 
jetait  dans  une  source  profonde,  dont  l'origine  était 
expliquée  comme  celle  de  la  fissure  d'.\tliènes ''.  Les 
auteurs  citent  encore  quelques  exemples  de  victimes 
noyées  dans  la  mer  en  l'honneur  d'Hélios  '  ou  de 
Poséidon*  ;  mais  la  plupart  de  ces  offrandes  ont  un 
caractère  exotique,  ou  bien  elles  remontent  à  une  époque 
très  ancienne.  Dans  les  fleuves,  les  Grecs  n'ont,  semble- 
t-il,  jamais  immergé  des  victimes,  dont  les  cadavres 
eussent  souillé  l'eau  courante  ;  le  sacrifice  auScamandre 
dont  il  est  question  chez  Homère  est  offert  par  les 
Troyens';  et  Achille  parait  s'en  étonner'".  Dans  l'im- 
mense majorité  des  cas,  la  victime  était  tuée  d'un  coup 
de  couteau  ou  de  hache"  ;  mais,  par  rapport  au  sacri- 
fice que  nous  avons  décrit,  l'acte  de  l'immolation  pouvait 
comporter  d'intéressantes  variantes.  D'aljord,  lorsqu'on 
sacrifiait  une  grosse  bête  aux  dieux  chthoniens,  aux 
héros  ou  aux  morts  (ce  qui,  d'ailleurs,  était  rare'-;, 
il    est   douteux    qu'avant  de    lui    ouvrir  la    gorge    on 


I  Paus.  VII,  18,  7.  —  2  Paus.  IV,  31,  7.  —  3  La  lapidation  est  mciilionnéi- 
dans  i]uel>pjes  légeodeâ  ailiologiques  (Islros  ap.  Harpocrat.  s.  r.  ïofjxaxoî  ; 
l'aus.  II,  32,  3);  tuais  il  ne  semble  pas  qu'à  l'époque  historique  on  l'ail  prati- 
quée rituellement.  —  *  Paus.  IX,  8,  1.  —  5  Schol.  Luciau.  Dial.  Meretr.  Il,  I 
ip.  i76  Rabe).  —  6  Diod.  V,  i,  1.  D  après  IV,  23.  4,  on  pourrait  croire- 
que  les  animaui  étaient  immolés  au  préalable,  et  qu'on  ooyait  seulement  leurs 
cadavres.  — ''  Festus,  p.  181  (october  eqlis;.  —  8  Paus.  VIII,  7,  1  (la  fontaine 
Diné  esl  toute  proche  de  la  mer:  ûSu;  -{Ktixi  U  iilids^,;  i>i;)[o)>E>',>)  :  Plut. 
Coiirio.  VU  Sap.  SO  ;  Appian.  Mithrid.  70  ;  Suidas  s.  v.  .[fi'-lr.na.  —  9  //. 
XXI,  132.  —  10  iVeue  Jahrb.  U3  (1891),  p.  452.  L'observation  d'Euslathc  Ad 
11.  XXIII,  14S  (xMm:  Si  l.  Titî  j;,.!;  ;»!>i;  Vii-ouî)  est  sans  valeur  ;  cf.  iVeii' 
JahrbUctu-r,  125  (1882),  p.  734.  —  n  Sur  des  rites  locaui,  cf.  Paus.  Il,  35,  4; 
VIII,  37,  5.  —  12  Cf.  ci-dessus.  §  II.  —  13  Orph.  Argon.  313  sq.  ;  Plul.  ArM.  21  : 
Eur.  Bel.  1584;  cf.  Jahrb.  des  arcli.  InslU.  XVIII  (1903),  p.  121-122.  —  1'  Schol. 
II.  I,  459  (lire  :  à,,î'*!s,vTi|  et  Eust.  Ad  t.  ;  Schol.  ApoU.  Rhod.  I,  587  (lire  :  ,U 
".»  T*!>)  ;  Psellus,  De  op.  daemon.  p.  38  Boiss.  —  15  Journal  of  hellen. 
studies,  XVIII  (I898|,  p.  281,  pi.  xv.  —  16  Plut.  Pelop.  22  (cf.  Jahrb.  d.  arch. 
Inst.  XVIII,  p.  118-119).  Cf.  Od.  X,  527  (e!î  'EjsSo;  ^e£«.y)  et  Schol.  Ad  l. 
—  i''  Schol    ApoU.   Rh.  I,  5874(4,»Tt|i»«»«ai  Ti;  xz-.àU;).  —  18  Culte  des  héros  et 


expressions  suivantes,  presque  toutes  composées  de  téjjl- 
vEiv  :  aTtooetpoTOfjLîïv  ^'',  ),a;u.0Tou.£tv,  Xatfxov  TÉiivetv^',  aùve- 
vtÇg;v  2-. 

5°  Au  point  de  vue  des  cérémonies  consécutives  à 
l'immolation.  —  Dans  un  certain  nombre  de  sacrilices, 
le  sang  des  victimes,  contenant  .soi-disant  le  principe  de 
leur  vie,  était  considéré  comme  l'offrande  essentielle  : 
ainsi  dans  les  sacrifices  expiatoires,  dans  les  sacrifices 
aux  morts  (autant  qu'ils  comportaient  une  victime  ani- 
male), et  dans  les  sacrifices  accompagnant  un  se^ment-^ 
Il  arrivait  alors  que,  pour  faire  parvenir  ce  sang  aux  êtres 
surhumains  à  qui  le  sacrifice  s'adressait,  on  prit  de  parti- 
culières précautions.  L'une  des  plus  habituelles  était  de 
creuser  un  trou  en  terre,  dans  lequel  on  faisait  couler  le 
sang'";  ou  bien  l'autel  était  percé  en  son  milieu,  et  un 
conduit  acheminait  vers  les  régions  souterraines  tout  ce 
que  l'on  répandait  dessus  -"  ;  pour  le  même  motif,  sur  la 
tombe  de  certains  héros,  on  ménageait  des  ouvertures 
«rf/«oc".  D'autres  fois,  lorsque  le  sacrifice  était  oflerl 
aux  dieux  de  la  mer  ou  des  fleuves,  le  sang  de  la  victime 
coulait  directement  dans  les  eaux,  ou  bien  on  l'y  versait 


des  morts  :  Schol.  //.  1,  459  et  Eust-  Ad  I.  :  Schol.  Schol.  Od.  XI,  23  ;  Apoll.  Ith. 
I,  387  et  Schol.  Ad  l.  ■  Tbuc.  V,  11  ;  Plut.  Sol.  2;  Pelop.  22;  Lucian.  Scytt,  2; 
Pbilostr.  Her.  XIX,  p.  741.  Culte  des  vents  et  des  dieuv  de  la  mer  :  Herod.  Il,  1 19; 
VII,  191  ;  Arrian.  Ind.  20.  Sacrifices  accompa^ant  les  serments  :  Arist.  Lys. 
192  Hesych.  s.  v.  Tvroijia.  Sacrifices  expiatoires  ou  purificatoires  :  Hesvch. 
lùid.;  Plut.;  Quaest.  rom.  III.  Cf.  Zeitschrift  f.  dos  Gt/mnasialweseii,  1S80, 
p.  737-743.  —  19//.  III,  252,  292;  XIX,  197;  266;  Eur.  Suppl.  1196.  Cf.  les  eipres- 
sions  Sf.i.  •!i|iv..y,  <ri:ov54;  ,<,.•„■.,.  —  ÎO  Od.  XI,  35.  —  '21  Eur.  Bel.  1384;  Suppl. 
1201  ;  Apoll.  Rh.  H,  840;  IV,  1601.  —  22  Soph.  Ajax,  295.  —  '23  Sur  l'imporlancd 
du  sang  dans  ces  catégories  de  sacrifices,  cf.  Uermea,  XLI  (1906),  p.  233-237  ; 
241-242.  En  ce  qui  louche  les  sacrifices  aux  héros  et  aux  morts,  cette  importance 
ç'aflirme  par  le  nom  spécial  a"[j«»ojj:a,  qui  leur  est  parfois  appliqué  ;  Pind.  01.  I, 
•JO;  Plut.  Arist.  21.-2*  Apoll.  Rhod.  III,  1032  sq.  ;  Paus.  Il,  12,  1  ;  IX,  39,  4  ; 
Lucian.  Nekyom.  9.  Dans  les  grands  tombeaux  a  coupoles  de  la  période  mycénienne, 
il  y  avait  de  semblables  poftpot  ;  cf.  lierliner  philol.  Wocftenschrift,  1691,  p.  706. 
—  2ô  Ainsi  à  Mycènes  :  cf.  Schliemann,  Mykenae,  p.  246  sq.  Même  disposition  pour 
les  amphores  gigantesques  qui  surmontaient  souvent  les  tombes  atliques  des  vie  et 
v«  siècles:  le  pied,  fiché  dans  le  sol,  était  percé,  et  laissait  couler  en  terre  tes  liba- 
tions ;  cf.  Athen.  Mitlheilungen,  XVIII,  155.  —  26  Paus.    III,  19,   3;    X,  4,  T. 


SAC  -  î>72  - 

an  moyen  du  T^ayjtov'.  S'il  s'agissait  de  solenniscr  un 
serment,  il  pouvait  arriver  que  le  sang  des  victimes  fût 
recueilli,  par  exemple  dans  un  bouclier,  et  que  ceux  qui 
juraient  y  trempassent  leurs  mains  ou  leurs  armes  -. 
linlin.  dans  les  sacrifices  de  purification,  le  sang, 
devant  servir  à  laver  les  souillures,  était  répandu  sur  les 
liommes   ou   les    lieux   qu'on    se  proposait  de   purifier 

[USTRATIO]. 

Voici  maintenant  une  distinction  d'une  importance 
capitale.  Dans  les  sacrifices  que  nous  avons  décrits,  les 
chairs  des  victimes  se  partageaient  entre  le  dieu,  le 
prêtre  et  les  fidèles.  Dans  beaucoup  d'autres,  —  sacrifices 
expiatoires  et  sacrifices-rançons,  sacrifices  en  l'honneur 
des  dieux  chthoniens,  des  héros  ou* des  morts',  sacrifices 
accompagnant  une  purification  ou  un  serment*,  sacri- 
fices manliques  \  —  la  victime  entière  appartenait  à 
l'être  surhumain  ;  l'homme,  en  règle  générale,  n'en  devait 
rien  consommer  ;  c'étaient  des  6'j<7i:tt  'iyeuaz'ji'''.  Les  raisons 
pour  lesquelles  il  en  était  ainsi  variaient  d'un  cas  à  l'autre  ; 
elles  se  distinguent  assez  bien.  Dans  les  sacrifices-rançons, 
il  aurait  été  contradictoire  de  retenir  pour  soi-même  une 
part  de  ce  qu'on  afTectail  d'abandonner  au  dieu  :  dans 
les  sacrifices  accompagnant  une  purification  ou  un 
serment,  la  victime,  maudite,  ne  pouvait  être  consommée  ; 
dans  les  sacrifices  aux  morts,  aux  habitants  des  régions 
infernales,  partager  avec  eux  eût  été  se  ranger  sous 
leurs  lois. 

Les  victimes  ou  uoctYia,  —  rappelons  qu'elles  pouvaien  t 
appartenir  parfois  à  des  espèces  non  comestibles,  — 
étaient  alors  le  plus  souvent  brûlées.  C'est  ce  qu'expri- 
ment les  mots  ôÀoxx'jTïïv  ',  TrpoxauTsÙEiv  '  (/cauToç)  ',  et 
aussi  le  mot,  moins  expressif  mais  consacré  par  l'usage, 
/.ïpTtojv'*'.  La  combustion,  dans  ce  cas,  ne  devait  point  se 
faire  sur  les  mêmes  autels  où  l'on  brûlait  la  part  du  dieu 
dans  les  sacrifices  ordinaires,  il  fallait  des  autels  spé- 
ciaux, qui  étaient  fréquemment  improvisés  et  brûlés 
avec  la  victime".  Quelquefois  les  victimes  étaient 
enfouies  dans  la  terre'-, jetées  dans  la  mer",  ou  anéan- 
ties de  quelque  autre  façon "^.  11  pouvait  même  arriver 
([ue  la  combustion  et  l'enfouissement  fussent  combinés  : 
on  brûlait  les  chairs  de  la  victime,  et  les  cendres  étaient 
enterrées '^  Ces  pratiques  n'excluaient,  d'ailleurs,  pasfor- 

I  llind.  .VXlll,  U8;  Eur.  Hel.  ISSi;  Apoll.  RIiod.  IV,  1595;  .\en.  Ànab.  IV, 
3,  18  ;  AiTiaii.  Aimé.  VI,  19,  5;  Tlieoplir.  ap.  ,\tli.  261  D  (texle  hien  expliqué  par 
Slciigel,  Zit  lien  griech.  Sakrulaltert.  p.  IS-19)  ;  Uilleuberger,  615,  I.  37;  etc. 
Pareille  coutume  chez   les   Perses  :  Herocl.  VU,    ll.'î  ;    Slrab.  XV.    14,   p.    "3o. 

—  2  Acsch.  Sept.  41  (cf.  Arisl.  Lys.  188-180  ;  Xcn.  .\nab.  Il,  i,  9.  Des  libations  île 
vin  et  de  sanij  accompagnaient  le  serment  des  -Eto!  et  Us»:'  à  .\ndanie  (Ditlenberger, 
«53,  I.  :;).  —  3  11  y  avait  toutefois  des  exccptious,  notamment  lorsque  les  sacrilices 
s'adressaient  aux  dieux  clillioniens  prolecleurs  de  l'agriculture,  aux  dieux  ou  aux 
h^ros  dispensateurs  de  la  santé.  .Mais  alors  l'usiige  de  ta  chair  des  victimes  était 
comniuncnncnt  réglementé  par  des  prescriptions  spéciales.  Ainsi,  on  devait  la  con- 
sommer sur  place  et  parfois  dans  un  délai  lixé;  Ditlenberger,  615,  1,26,28  (SaivûtrObiv 
.inj);  616,  I.  46,  59,  Cl  («;x  4::oç,f«)  ;  fil",  I.  4,  24;  534,  7;  632,  10-11  ;  389,  SI- 
SI;  Faus.  Il,  il,  1  ;  VHI,  38,  6  ;  X,  4,  7  ;  38,  4;  cf.  Hermès,  XLI,  p.  239,  n.  3. 
Ou  bien,  après  en  avoir  mangé,  il  fallait  se  faire  purifier  :  Paus.  V,  13,2.  Voir  aussi 
llillenberger,  613,  I.  23-2^  et  note  18;  553,  I.  ;i4  s<|.  Chez  Athénée,  p.  140  C,  il 
s'agit  d'un  sacrificejuxlaposéau  sacrifice  en  l'honneur  des  héros  (iVeue  Jahrbiicher, 
127,  p.  373,  u.  47|.  —  ISchol.  //.  III,  310;  XIX,  268;  Paus.  V,  24,  2.  —  '<  Ce 
sont  les  itp«,  et  non  point  les  t^ù.-.a,  qui  fournissaient  aux  troupes  en  campagne 
leur  nourriture  quotidien  ne:  cf.  Hurmes,  XXI  {1880;,  p.  311.  —  c  plul.  ilor .  124  I:. 

—  1  Xen.  Anab.  Vil,  S,  4  et  3;  Plut.  Quaest.  sympos.  VI,  8,  I  ;  Istros  ap.  Schol. 
Soph.  Oed.  Col.  42.  —  »  Uittcnberger,  617,  I,  12.  —  'J  Ditt.  616,  I.  3i  ;  618,  I.  9, 

—  10  Ditt.  584,  I.  9;  016,  I.  33,  33  cl  note  31  ;  Jnscr.  i/r.  III,  77;  Suid.  s.  v. 
i^,i■,^,■.  Phol.  j.  0.  .«>7T<;»;  cf.  tiennes,  XXVll  (1892),  p.  161-164;  XXXVI  (1901), 
p.  333,  n.  2.  —  11  Zosira.  Hist.  nor.  Il,  3  ;  Paus.  IX,  3,  4;  Theocr.  Id.  XXVI.  3  sq.  ; 
rac.  Ann.  XV,  30.  Cf.  Hermès,  XXVll  (1892),  p.  431.  —  12  Paus.  Il,  34,  3  ;  III,  2ii, 
9.  A  Tilhoréc,  les  restes  des  victimes  étaient  lai^s'-s  d'une  panégyric  à  la  suivante 
dams  l'ailylon  d'Isis  ;  puis  on  les  retirait  pour  les  enfouir  toujours  au  même  endroit 
(Pau».  X,  33,  9),  — 13/(m(/.  XIX,  267  sq.;Theopl.r  ap.  Alh.  201  D  ;  Arrian.  Aimb. 


s.\c 


cémenlque  le  cadavre,  avant  d'être  livré  à  la  destruction, 
eût  été  dépecé.  Dans  une  inscription  de  Cos,  il  est  dit, 
semble-t-il,  qu'on  brûlera  sur  l'autel  le  gros  de  la  vic- 
time et  les  cr7tXàY;(va,  qu'on  lavera  le  reste  des  entrailles 
('évTEpa)  et  qu'on  les  brûlera  à  côté  de  l'autel'";  cela 
implique  que  le  corps  était  ouvert  et  vidé.  Il  le  fallait 
bien,  d'ailleurs,  dans  les  sacrifices  divinatoires,  pour 
qu'on  pût  lire  dans  les  entrailles  les  pronostics  qu'on 
cherchait.  Lorsque  le  sacrifice  accompagnait  un  serment, 
la  victime,  semble-t-il,  était  mise  en  morceaux";  delà 
vient  peut-être  l'expression  Tdjxia,  d'usage  courant  en 
pareille  circonstance'*;  celui  qui  jurait  mettait  la  main 
sur  les  entrailles  palpitantes  ou  les  prenait  dans  sa 
main  '",  ou  bien  il  se  tenait  debout  sur  les  Tojxta  pendant 
qu'il  prononçait  la  formule'".  Une  mise  en  pièces  brutale 
est  attestée  de  même  pour  un  sacrifice  de  l'espèce  des 
sacrifices-rançons  :  celui  que  les  Smyrniotes  offraient  à 
Boubrostis-'.  Pareil  traitement  était  sans  doute  infligé 
à  beaucoup  des  victimes  qu'on  appelait  a^oÎYia^^.  En 
général,  ces  victimes  ne  devaient  pas  être  dépouillées 
«le  leur  peau-^  Mais  il  y  avait  des  exceptions-'.  La  plus 
connue  concerne  les  béliers  qu'on  immolait  àZeus  Meili- 
chios,  et  dont  la  toison  servait  à  des  rites  purificatoires 
[dios  kodionJ. 

Rappelons,  enfin,  qu'après  l'accomplissement  de  cer- 
tains sacrifices,  le  sacrifiant  devait  se  retirer  sans  se  re- 
tourner en  arrière.  D'après  un  passage  de  l'Odyssée,  il 
semble  que  c'était  le  cas,  à  l'époque  homérique,  après  les 
sacrifices  offerts  aux  morts-^  Plus  tard,  le  culte  des  morts 
ayant  perdu  son  caractère  effrayant,  cette  coutume  ne  s'y 
est  pas  maintenue.  Elle  persista  dans  le  culte  des  déités 
infernales.  Chez  Sophocle,  le  chœur  prescrit  à  ÛEdipe, 
après  qu'il  aura  offert  des  libations  aux  Érinyes,  de 
revenir  aTTooço;'-";  chez  Apollonius  de  Rhodes,  Jason 
doit  s'en  aller  sans  regarder  derrière  lui  après  avoir 
sacrifié  à  Hécate-';  etc.-*. 

Tels  furent  les  rites  divers  observés  dans  le  cas  d'un 
sacrifice  sanglant.  Relativement  aux  autres  genres 
d'ofi'randes,  nous  avons  peu  de  chose  à  ajouter.  Rien  à 
dire  des  parfums,  qui  s'en  allaient  en  fumée,  des  libations, 
que  le  sol  absorbait  ou  que  les  flammes  consumaient. 
Les  pâtes,  en  particulier  le  TtsXavôç,  et  les  autres  coroes- 

VI,  19;  etc,  —  H  Les  tiçi  Sn^fa,  ixar.»  des  Lindiens  (Pind.  01.  VII  et  schol.  au 
vers  86  ;  Diod.  V,  56)  ne  comportaient  probablement  pas  de  victimes  animales;  cf. 
Eurip.  fr.  904  et  [Lucian.]  Am.  i.  —  15  Muller,  comment,  des  £uménidis,  p.  181'. 

—  lii  Ditlenberger,  616,     1.   34-33;    cf.    Berm^s,    XXXVI    (1901),  p.    333,   n.   2. 

—  n  Suid.  s.  i'.  BoJî  ;  .MoiidT:».  ;  Dion.  Hal.  V,  I  ;  VU,  50.  A  l'époque  homérique, 
on  coupait  simplement,  pour  les  prendre  à  la  main,  quelques  poils  de  la  bête  (//.  III, 
273  ;  XIX,  234).  —  1»  Acsch.  De  falsa  kg.  87  ;  Arist.  LiJS.  192  ;  Plat.  Leg.  733  D  ; 
etc.  D'après  Stengel  {Zit  deri  griech.  .*<akratatte't.,  p.  12  sq.),  les  tojaîw  seraient 
les  parties  sexuelles  de  la  victime,  (|u'on  tranchait  lors  du  sacrifice.  —  19  Herod.  VI, 
68  ;  Arist.  Lys.  202;  Antiph.  De  catde  Herodis,  12;  Acsch.  C.  Tim.  114;  Lyc. 
C.  Leocr.  20  ;  Apoll.  Rhod.  Il,  717.   Sur  le  sens  de  ce  rite,  cf.  Stengel,  0,  t.  p.  15. 

—  20  Dem.  C.  Arislocr.  68;  Paus.  III,  20,  9  ;  IV,  15,4;  V,  24,  2  ;  Dion  Hal.  VII, 
50.  Cf.  Stengel,  Z.  l.  —  '21  Plut.  Quaest.  sympos.  VI.  8.  1.  —  22  Stengel  fait  valoir 
à  l'appui  de  cette  opinion  le  passage  d'Ajnx  où  les  bêtes  massacrées  par  le  héros 
sont  assimilées  à  des  cr^àvia  (219  si).)  et  l'emploi  que  font  les  Latins  du  verbe 
caedere  lorsqu'ils  parlent  des  victimes  de  ce  genre  [Hermès.  XXV  p.  323-324);  cf. 
Diels,  Sibill.  Btûtter,  p.  69  sq.  Chez  .Apollonius,  Médée  stipule  explicitement  que  la 
brebis  immolée  à  Hécate  sera  mise  sur  le  bûcher  tout  entière  (i^afiTo.,   III,  103.1). 

—  2a  Eurip.  El.  413  sq.;  Plut.  Quaest.  sympos.  VI,  8,  i  ;  Lucian.  De  sacrif.  13. 
Dans  plusieurs  inscriptions  (Ditlenberger,  613;  'Eip.  'Ap/.  1902,  p.  31  sq.  ; 
Sitzungsberichte  d.  Berlin.  Akad.  1904,  p.  619  sq.),  Seçt»,  SapTâ  [victimae 
pelle  spoliandae  est  dit  de  victimes  qu'on  ne  doit  pas  brûler  tout  entières,  par 
opposition  aux  :tr.  5a-.Ti,  qui  sont  des  holocaustes  ;  Hermès.  XXXIX  (1904), 
p.  611-614.—  21  /liait.  XXIII,  169;  Od.  X,  533  =  XI,  46;  Ditlenberger,  615, 
note  21  ;  Suid.  cl  Hesycli.  s.  v.  iii;  «oiIS,-,..  —  25  Od.  X,  528.  —  26  Soph.  Oed.  Cot. 

490.  —  27  Apoll.  Rho  J.  III,  1039 '28  II  en  était  de  même  après  certaines  cérémonies 

purificatoires:  Aesch.  Choeph.  98-99;  Theocr.  Jd.  XXIV,  94;  cf.  Kohde,  Psyché, 
p.  376-377,  n.  3. 


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—  973  — 


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tibles  pouvaient  être  brûlés';  ou  bien  on  les  déposait 
sur  la  table  sacrée^,  [mensa],  et  les  prêtres  les  y  recueil- 
laient, la  part  des  ministres  du  dieu  se  confondant 
alors,  dans  la  pratique,  avec  la  part  du  dieu  même 
ISACERDùs].  Parfois  elles  devaient  disparaître  de  quelque 
autre  manière  %  sans  que  nous  puissions  dire  exac- 
tement comment.  A  Mykalessos,  les  fruits  que  Ton 
offrait  à  Déméter  passaient  pour  se  conserver  intacts,  par 
une  espèce  de  miracle,  d'un  automne  jusqu'à  l'automne 
suivant  '.  Ph.-E.  Legranu. 

SACRIFICIUM.  —  Rome.  —  Le  mot  sacrl/îciuiit,  dans 
son  sens  le  plus  général,  désignait,  au  moins  à  l'origine, 
tout  acte  par  lequel  un  objet  ou  un  être  devenait  propriété 
exclusive  de  la  divinité,  sacer  ou  sacrum  '  ;  le  verbe  sacri- 
/icare,  don t  dérive sacrificium, sigaidailsans aucun  doute 
xacrum  facere.  A  l'époque  classique  et  dans  l'usage 
courant,  le  terme  sacri/icium  avait  toutefois  un  sens  plus 
restreint.  On  ne  l'appliquait  qu'aux  actes  rituels,  dans 
lesquels  un  être  ou  un  objet  était  tué,  brûlé,  détruit  de 
quelque  manière,  en  l'honneur  d'une  divinité,  et  près  d'un 
autel.  Isidore  de  Séville  semble  confondre  les  deux  signi- 
fications du  mot  dans  la  définition  qu'il  donne  du  sacri- 
flcium:  Sacri/icium  aulem  est  victima,  et  quaecunque 
cremantur  in  ara  seu  ponuntur;  omne  aulem  quod  Deo 
datur  aut  dedicatur  aut  consecratur- . 

Le  premier  membre  de  phrase  définit  assez  nettement 
le  sacri/icium  proprement  dit  ;  dans  le  second,  il  paraît 
y  avoir  confusion  entre  le  sacri/icium,  la  dedicalio  et  la 
consecratio  :  or  ces  trois  mots  ne  peuvent  être  considérés 
comme  synonymes.  Si  tout  sacri/icium  comporte,  par 
définition  même,  la  consecratio  de  l'objet  ou  de  l'être 
sacrifié,  la  réciproque  n'est  pas  exacte;  il  peut  y  avoir 
consecratio  sans  sacrificium  [consecratio,  t.  I,  p.  1430- 
1431  ].  Quant  à  la  dedicatio,  c'est  un  acte  surtout  officiel 
et  de  caractère  public,  avec  lequel  le  sacrificium  ne 
saurait  être  confondu  [dedicatio,  t.  II,  p.  42-43J.  Les 
donaria  n'étaient  pas  non  plus  des  sacri/icia;  il  suffira 
de  se  reporter  à  l'article  uo.narium  (t.  II,  p.  363  sq.)  pour 
reconnaître  que  les  offrandes  n'étaient  point  destinées  à 
être  immolées  ou  brûlées  ;  qu'au  contraire,  elles  devaient 
être  conservées  avec  le  plus  grand  soin  dans  les  sanc- 
tuaires. Sans  chercher  à  donner  une  définition  abstraite 
du  sacri/icium  chez  les  Romains,  nous  dirons  seulement 
qu'il  y  &.\dÀi sacrificium  toutes  les  fois  qu'un  être  animé 
ou  un  objet  inanimé  %  offert  à  la  divinité  par  un  indi- 
vidu ou  un  groupe  collectif,  famille,  yens,  association, 
cité,  était,  soit  près  d'un  autel,  soit  sur  l'autel  même,  tué, 
brûlé,  détruit,  de  quelque  manière  que  ce  fût,  partielle- 
ment ou  totalement. 

Dans  les  limites  mêmes  de  cette  définition,  les  sacri- 
/icia  peuvent  être  répartis  (m  plusieurs  catégories.  Si  l'on 
tient  compte  de  l'intention  dans  laquelle  le  sacrifice  a 
été  accompli,  on  peut  distinguer  les  sacrifices  honorifi- 
ques, c'est-à-dire  les  sacrifices  par  lesquels  on  veut  hono- 


•  Pour  le  «>,»■,«;.  cl.  scliol.  Arisloph.  l'iiil.  001  ;  lùiilp.  /on,  2ÎI1,  707;  Tra. 
1063;  Bel.  1331;  Apoll.  Rli.  IV,  71i;  l'aus.  VIII,  i,  I;  elc.  Pour  les  gâteaux. 
Menaodr.  fr.  119  Kock,  v.  4-3;  Arisloph.  Thesm.  283;  Paus.  I,  38,  7  ;  X,  8,  ô; 
U.-liker,  Anecd.  215  ».  t>.  àosut/,?  ;  /nsci:  ijr.  III,  23,  3  ;  Boeckli,  Corpus,  3599  ;  etc. 
-  2  Arisloph.  Plut.  661  et  sriiol.  AU  l.;  Diog.  L.  VIII,  13  ;  clc.  Des  labiés  chargée* 
ilollrandes  (gàleam,  fruits,  etc.j  sont  représentées  lig.  449,  2*38,  3831,  4664.  —  3  A 
l.ilaia  de  Phocide,  on  jetait  dans  la  source  du  Cépliise  des  gâteaux  (Paus.  X,  8,  5).  Ou 
eu  jetait  de  même  dans  une  fontaine,  à  Épidaure  Limera,  lors  de  la  fête  d'Ino 
(Paus.  111,23,5).  -  tPaus.  IX,  10.  4.  Voir  la  bibliographie  à  la  lin  de  rarticle. 

«ACRIFICIUM.  —  Rome.  — I  Isid.  Elijmol.KW.  38  :  «  Sacrificium,  quasi  « 
factum  ...  —  i  Id.  Iliid.  XIX,  30.  —  3  M.\l.  Hubert  et  .Mauss,  dans  leur  Essai 


rer  la  divinité,  s'assurer  sa  bienveillance  et  sa  protection, 
s'acquitter  envers  elle  ;  les  sacrifices  expiatoires,  par 
lesquels  on  veut  apaiser  le  courrou  x  de  la  divinité  offensée  ; 
les  sacrifices  divinatoires,  dont  le  but  est  de  fournir,  par 
l'observation  de  diverses  particularités,  surtout  par 
l'examen  des  entrailles  des  victimes,  des  indications  sur 
l'avenir  et  sur  la  volonté  des  dieux.  Les  épithètes. 
employées  par  les  Romains  pour  distinguer  les  hostiae 
honorariae,  piaculares,  consultatariae,  paraissent 
répondre  à  cette  classification.  D'autre  part,  on  a  souvent 
divisé  les  sacrifices  en  deux  grandes  classes:  les  sacri- 
fices non  sanglants,  les  sacrifices  sanglants.  Celte 
distinction  porte  exclusivement  sur  un  caractère  exté- 
rieur de  l'acte  rituel;  s'il  est  difficile  de  la  tenir  pour 
fondamentale,  il  convient,  du  moins,  de  ne  pas  la  négliger, 
car  elle  permet  d'établir  une  différence  assez  nette  entre 
la  libation,  par  exemple,  et  l'immolation  d'une  victime. 
Sans  nous  prononcer  pour  telle  ou  telle  classification, 
nous  nous  proposons:  1°  d'examiner  successivement  les 
libations,  lessacrificesd'animaux,  lessacrificeshumains; 
2»  de  déterminer  quelles  étaient  les  conditions  exté- 
rieures nécessaires  pour  qu'un  sacrifice  fût  valable  ; 
3°  de  rechercher  quelle  était  la  véritable  signification  des 
sacrifices  à  Rome. 

I.  Les  sacrifices,  étudiés  au  point  de  vue  des  objets 
ou  des  êtres  sacrifiés.  -^  1°  Sacrifices  non  sanglants: 
libations.  —  Les  mots  tïbare,  libamina,  libntiones 
s'appliquaient  en  latin  à  toutes  les  offrandes  non  san- 
glantes que  l'on  répandait  ou  dont  on  répandait  une 
partie  dans  la  flamme  allumée  sur  l'autel,  que  cet  autel 
fût  le  foyer  domestique  ou  un  autel  proprement  dit  placé 
dans  un  sanctuaire  consacré.  Après  avoir  rappelé  la 
légende,  d'après  laquelle  Liber  Pater  le  premier,  à  son 
retour  des  Indes,  aurait  mis  à  part  les  prémices  de  son 
butin  pour  Jupiter,  lui  aurait  offert  le  cinname,  l'encens 
et  les  entrailles  rôties  d'un  taureau,  Ovide  ajoute  : 
nomine  ab  auctoris  ducunt  libamina  nomen 
libaque,  quod  sacris  pars  datur  inde  focls^. 

Les  offrandes,  auxquelles  s'appliquaient  les  termes  de 
libamina,  liba,  étaient  de  diverses  catégories  :  elles 
comprenaient  des  liquides  d'usage  courant  parmi  les 
hommes,  tels  que  le  vin,  vinum";  plus  spécialement  le 
vin  pur,  merum'';  et  le  lait,  lac'^;  des  herbes  et  des 
plantes  odoriférantes,  romarin,  laurier,  herbes  sabines, 
rameaux  de  pin  *  ;  des  parfums  d'origine  orientale,  encens, 
myrrhe,  crocus  et  coslum'' ;  divers  produits  agricoles, 
considérés  comme  prémices  des  fruits  de  la  terre,  far. 
farra^",  fruges'\  baccae^-,  spicae^-;  du  miel,  quel- 
quefois en  rayons,  met'',  favi''';  des  aliments  usuels, 
dapes"^;  du  sel,  saH'' ;  enfin  certains  gâteaux  spéciale- 
ment préparés  pour  les  cérémonies  religieuses  suivant 
des  prescriptions  rituelles,  la  mola  salsa  "  et  les  liba  '^ 

Ces  diverses  libations  faisaient  partie  du  culte  domes- 
tique comme  des  rites  qui  se  célébraient  dans  les  sanc- 


nalure  et  la  fonction  dusacri/îce,  di.«cnt  exccllemmeut;  «  On  doit  appeler  sacrifice  tonte 
oblation,  même  végétale,  toutes  les  fois  que  l'oITrande  ou  qu'une  partie  de  l'olTrande 
est  détruite,  bien  r(ue  l'usage  paraisse  réserver  le  mot  de  sacrifice  à  la  désignation  des 
seuls  sacrifices  sanglants.    •  {L'Année  sociologique,    18U8,   p.  39-40).  —  4  Fas!. 

III,  729-734.  —  =  Calo,  Ùere  rust.  132,  134;  Ovid.  Fast.  Il,  653  ;  IV,  935.  —  6  Virg. 
Aen.  V,  77.   -  7  Schwegler,  Rom.  Gescliichle,  I,  p.  421,  n.  5.-5  Ovid.  Fast. 

IV,  741-742.  —  9  Id.  lùid.l,  339  sq.  —  ">  Ovid.  Fast.  I,  338;  II,  519.  —  Il  Id. 
Iliid.  II,  651  ;  Cicer.  De  iegib.  Il,  8;  Plin.  Aal.  hist.  XVlll,  7.  —  12  Cic.  Loc. 
cit.  —  13  Festus,  s.  V.  floriferium,  sacrima.  —  14  V.  l'art,  mel,  t.  III.  p.  170ù. 
—  IS  Ovid.  Fast.  Il,  632-653.  —  16  Cato.  De  re  rust.  132  ;  Tibull.  I,  5,  28.  —  '^  Oviil. 
Fasi.   I,  338.  —  1»  V.  l'art,  mola,   t.  III,  p.  I'.i02.  —  i'-'  Voir  l'art,  moum,  p.  123». 


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974  — 


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luaires  publics.  A  l'inli^rieur  de  rhaqiip  maison,  celait 
au  momenl  des  repas,  au  début  ou  entre  le  premier  et 
le  second  service,  qu'on  procédait  aux  libations  en  allant 
porter  au  foyer  et  en  jetant  dans  le  feu  une  partie  des 


çuibiis/iosliis  immolandum  cnique  deo^...  On  se  servait 
de  même  du  mot  viclima  dans  l'acception  générale  de 
notre  mot  victime^".  Outre  les  animaux  appartenant 
aux  trois  races  bovine,  ovine  et  porcine,   les   Romains 


Fig.  6003.  —   Libation  peudaiil  ic  repas. 


aliments'.  C'est  ce  que,  dans  un  bas-relief  étrusque  de 
Chiusi  (fig.  t}()03},  on  voit  faire  à  un  convive  placé  près 
de  l'autel,  dans  le  repas  qui  suit  un  sacrifice^.  Dans 
les  sanctuaires  et  les  temples,  les  libations  étaient  pra- 
tiquées soit  isolément  (fig.  6004),  soit  en  même  temps 
qu'on  immolait  une  victime 
(fig.  6005  .  Plusieurs  écrivains 
anciens  affirment  qu'à  l'origine 
les  libations  seules  ;  c  est-à- 
dire  les  sacrifices  non  sanglants, 
existaient  dans  le  culte  ro- 
main '  ;  cette  assertion  a  été 
fort  justement  révoquée  en 
doute  par  les  savants  moder- 
Fig.  600*.  -  Libation.  "es  ;   il  y  a,   dans   la  religion 

romaine  la  plus  ancienne,  des 
indices  certains  de  l'existence  de  sacrifices  sanglants*. 
1 2*iSacrifices  sanglants  :  victimes  animales.  —  Dans  les 
sacrifices  sanglants,  les  victimes  immolées  aux  dieux 
étaient  le  plus  souvent  des  ani- 
maux, quelquefois  des  êtres 
humains.  Nous  nous  occupe- 
rons d'abord  des  sacrifices 
d'animaux.  Les  Romains  choi- 
sissaient principalement  les 
victimes  dans  les  trois  races 
bovine,  ovine  et  porcine  "  ; 
les  animaux  de  race  bovine 
étaient  qualifiés  victimae', 
tandis  que  les  autres  ani- 
maux portaient  le  nom  d'hos- 
tiae'.  Il  ne  convient  pas  d'attribuer  à  cette  division 
une  valeur  excesssive  :  les  deux  mots  paraissent  avoir  été 
employés  pour  désigner  toutes  les  victimes  en  géné- 
ral ;  c'est  le  cas,  par  exemple,  pour  hostia  dans  ce  texte 
de  loi  cité  par  Cicéron  :  [sacerdotes]  quae  cuique  divo 
decorne  grataeque  sint  hostiae  providento*  \  et  dans 
cette  phrase  de  Cicéron  lui-même  :  Jain  iUud  ex  ins 
titntis  pontificum  cl  haruspicum  non  mutandum    est 

'  Serv.  Ad  Atn.  I,  730.  Voir  encore  Virg.  Georg.  IV,  378  sq.  ;  SiL  liai.  Pun. 
VII,  181  sq.  —  2  Au  Loa»rc,  Mon.  d.  Inttitut.  186t,  pi.  i  ;  Helbig,  Annali. 
I»6t,  ;  voir  le  dércloppement  fusus,  fig.  3i55.  Les  morceam  ici  jetés  dans 
le  feu  sont  peut-ôtre  la  part  faite  aux  dieux  d'un  sacrifice  sanglaut.  —  3  Ovid. 
F(ut.  I,  .1i7  sq.;  nion.  Hali.  Il,  74;  Plio.  .\at.  hist.  XVIII,  7  ;  Plut.  A'uma,  8. 
—  '  Marquardt  el  Mominseu,  Manuel  des  anliq.  rom.  (Ir.  franc.),  i.  XII,  p.  20+- 
i05.  —  i  Ibid.  Op.  cit.  p.  iOi.it'9.  —  6  C.  i.  lat.  VI,  i059  (Acla  fralr.  Anal. 
a.  81).  —  ■  Ib.  VI,  il04  {Acla  fratr.  Anal.  a.  ÏI8)  ;  cf.  Varro,  De  ling.  lat.  V. 
98.  -  3  De  lejib.  Il,  8.  -  ■*  Id.  Ibid.  Il,  li.  —  lO  par  ex.  Cicer   Ad  Atl.  1,  ]3  ; 


Fig.  6005 


sacrifiaient,  dans  certains  cas  particuliers,  des  chevaux 
[ocTOBER  EOLX's,  t.  IV,  p.  149];  des  coqs  et  des  poules  en 
l'honneur  d'Esculape"  ;  des  chiens  et  des  chiennes  aux 
Lupercales  [luperc.\lia,  t.  III,  p.  1400-1401]  et  dans 
quelques  autres  cultes,  tels  que  celui  de  robigo,  de  la 
Canicule  et  des  Lares'-;  des  poissons  aux  volcanalla". 

Les  victimes,  de  quelque  racequ'elles  fussent,  formaient 
des  catégories  distinctes  suivant  leur  âge,  leur  sexe, 
parfois  aussi  leur  couleur.  En  ce  qui  concernait  l'âge  des 
victimes,  on  distinguait  les  lactentes  et  les  majores^''. 
Suivant  l'opinion  le  plus  généralement  adoptée,  les  ani- 
maux lactentes  étaient  ceux  qui  n'avaient  pas  encore 
leurs  deux  rangées  de  dents,  supérieure  et  inférieure,  qui 
n'étaient  point  encore  bidentes  ou  ambidentes''.  Les 
animaux  majores  étaient  ceux  qui  avaient  dépassé  cet 
âge.  Outre  cette  distinction  essentielle,  certaines  règles 
prescrivaient  soit  de  n'immoler  les  victimes  lactentes 
qu'un  certain  nombre  de  jours  après  leur  naissance,  les 
porcs  cinq  ou  dix  jours,  les  brebis  sept  jours,  les  veaux 
trente  jours  '*;  soit  de  choisir  spécialement  pour  tels  ou 
tels  sacrifices  des  brebis  et  des  moutons  dont  la  laine 
n'avait  pas  encore  été  tondue,  oves  altilaneae,  arietes, 
verveces  altilanei'''.  En  ce  qui  concerne  le  sexe  des 
victimes,  on  immolait,  en  général,  des  mâles  aux  dieux, 
des  femelles  aux  déesses"  ;  toutefois,  cette  règle  souffrait 
des  exceptions:  par  exemple,  on  sacrifiait  annuellement 
au  nom  de  l'État  une  génisse,  juvenca,  à  Hercule  ".  Ces 
exceptions  devraient  être  assez  nombreuses,  puisque 
Cicéron  attribue  aux  prêtres  la  tâche  d'indiquer  aux 
fidèles,  ex  institutis  pontificum  et  haruspicum,  à  quelles 
divinités  il  faut  immoler  des  animaux  mâles,  à  quelles 
divinités  conviennent  des  victimes  femelles'-".  Il  y  avait 
aussi  des  prescriptions  assez  rigoureuses  quant  à  la 
couleur  des  victimes:  en  général,  les  divinités  du  ciel 
préféraient  des  animaux  blancs  ;  les  divinités  qui 
avaient  quelque  rapport  avec  le  feu,  des  victimes  au  poil 
roux;  les  divinités  infernales  n'agréaient  que  des  ani- 
maux de  couleur  noire  ou  foncée  -'.  A  vrai  dire,  on  ne  se 
gênait  guère  pour  tourner  les  difficultés  qui  résultaient 

cf.    Isidor.    Etym.    XIX,    30.  —  H  Terlull.  Apolog.  46;  Fest.  ».   r>.   in   intula. 

—  12  Plut.  Quaest.rom.  51,  5Î;  Fesl.  s.  v.  ealularia.  —  «3  Varr.  De  ling.  latin. 
VI,  20;  Fesl.  s.  V.  piscatorii  ludi.  —  1^  Cicer.  De  tegib.  II,  12;  Quibus  hosliis 
immolandum  cuiquedeo,  cui  tnajoribus,  cui  lactentibus,  cui  martbus^  eut  feminn. 

—  13  Marquardt  et  Uommsen.  Loc.  cit.  p.  205-206.  —  16  Plin.  Xat.  hist.  VIII 
183,206;  Varr.  Oercrust.  Il,  4,  16.  —  l'!  Scrv.  Ad  .A.en.  XII,  170:  Ci.  lat.  \'\. 
2099  {Acta  frat.  Anial.  a.  183).  —  18  Arnob.  Vil,  19.  —  19  Varr.  Ling.  [latin. 
VI,  54.  —  20  De  legib.  Il,  12.  —  21  G.  Wissowa,  Beligion  und  Kultus  der  Ràmer, 


348. 


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975   — 


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parfois  de  telles  prescriptions:  quand  les  taureaux  blancs 
faisaient  complètement  défaut,  on  blanchissait  à  la  craie 
la  victime  destinée  à  Jupiter  Capilolin  '. 

Nous  ne  pouvons  entrer  ici  dans  le  détail  d'autres  con- 
ditions particulières  exigées  des  victimes  dans  les  divers 
cultes  :  on  trou 
vera    ces   condi 
tions     mention 
nées  aux  articlcb 
qui    traitent    de 
chaque  divinité 
Outre  les  con 
ditions   de   race 
d'âge,    de    sexe 
de    couleur,    les 
animaux    offerts 
en    sacrifice   de- 
vaient   remplir 
l'ertaines    condi- 
tions   générales 
communes  àlou 
les  les  victimes. 
Ils  devaient  être 

sans  tares;  c'en  était  une  pour  les  bœufs  d'avoir  porté 
le  joug  ou  tiré  la  charrue  ^.  A  plus  forte  raison,  un 
animal  boiteux,  borgne,  blessé,  etc.,  était-il,  par  là  même, 
écarté  de  toute  cérémonie  religieuse.  Ces  qualités  spé- 
ciales requises   de    la   victime   étaient   exprimées   d'un 

seul  mot:  elle  de- 
!>  jU^  vait  être  pura  ^ 

^  La    réunion    de 

toutes  les  condi- 
tions ci-dessus  in- 
diquées était  telle- 
ment nécessaire 
que  les  animaux 
destinés  aux  sacri- 
fices, du  moins  aux 
sacrifices  publics , 
étaient  soumis  à  un 
véritable  examen 
officiel,  la  proba- 
tio  ;  une  victime 
n'était  admise  que 
si  elle  avait  été  p/'o- 
bala  *.  La  proba- 
tio  était  faite  soit 
par  les  magistrats, 
consuls  ou  pré- 
teurs, qui  offraient  les  sacrifices",  soit  par  les  prêtres  ^ 
Si,  le  plus  souvent,  une  seule  victime  était  immolée, 
dans  certains  cas,  le  sacrifice  comprenait  l'immolation  de 
plusieurs  animaux:  la  plus  fameuse  des  cérémonies  de 
ce  genre  était  le  sacrifice  des  suovetaurilia,  où  l'on 
offrait  à  Mars  un  taureau,  un  bélier  et  un  porc  [fig.  6006 

et  MARS,  p.  1617,  LUSTRATIO,  p.  1429]. 

Quand  la  victime  ou  les  victimes  avaient  été  choisies 
et  admises  (oplatae,  probatae),  alors  l'acte  même    du 

•  Juven.  X,  05;  Schol.  AUloc.  -  2  Macrob.  III,  5,  5.  —  3  G.  Wissowa,  Op.  cit. 
p.  351  et  note  3.-4  Cicer.  De  tege  ai/mr.  Il,  93;  Pliu.  iVat.  hisl.  VIII, 
183  ;  Tertull.  Ad  nul.  I,  10  ;  Apolog.  30.  —  3  Cic.  L.  c.  ;  Terlull.  Ad  nat.  I,  10. 

—  6  Bas-relief  du  Louvre,  L.  Carac.  Musée  de  scutpt.  pi.  cix,  n.  3liî,  —  "ï  Ter- 
tull. Apolog.  30  :  quum  hostiae  probantur  pênes  vos  a  vitiosissimis  sacerdotibus. 

—  8  La  figure  est  lirie  d'un  bas-rclicf  de  la  villa  Midicis,  a  Rome,  i|ni  apparleiiail 


sacrifice. 


parée  pour  le  sacrifice. 


sacrifice,  l'opération  rituelle  commençait  '.  On  peut 
la  diviser  en  trois  parties  ou  moments  :  1°  la  victime 
est  parée  et  amenée  à  l'autel  ;  2°  elle  est  consacrée 
alla  divinité  et  immolée;  3°  ses  chairs  sont  partagées 
entre  la  divinité  et  les  hommes,  après  qu'on  en  a  examiné 

certaines  parties 

77      ^^  "^^"^  ^vflsn    pour  y  reconnai- 
~  tre  la  volonté  di- 

vine. 

C'était  surtout 
la  tête  de  la  vic- 
time qui  était  or- 
née: les  éléments 
essentiels  decette 
parure  étaient 
Yinfula^  la  vitta, 
plus  rarement 
une  plaque  riche- 
ment décorée, 
(fig.  6007)  qu'il 
faut  peut-être  ap- 
peler   frontale  " 

[  cf  .        FRONTALE  ^ 

p.  1343;  LNFULA,  p.  515;  vitta],  des  guirlandes  de  fleurs 
(fig.  6008;  cf.  serta);  les  cornes  des  bœufs  étaient  dorées  ', 
et  parfois  on  mettait  sur  leur  dos  une  large  bande  d'étoffe 
plus  ou  moins  richement  ornée,  appelée  dorsuale  [dor- 
SUALE,  p.  387].  Cette  toilette  terminée,  la  victime  ou  les 
victimes  étaient  conduites  en  procession  jusqu'auprès 
de  l'autel  par  les  ministri,  popae,  cultrarii,  victimarii 
[cuLTRARius,  t.  I,  p.  1587];  sur  les  monuments,  ces  per- 
sonnages sont  représentés  nus  jusqu'à  la  ceinture  ;  ceux- 
ci  portent  sur  l'épaule  le  maliens  ou  la  securis  ;  ceux-là 
tiennent  à  la  main  le  culter  [culter,  p.  1585].  Cette 
procession  avait  une  importance  toute  particulière  dans 
les  sacrifices  purificatoires  [lustratio  p.  1422  sq.]  ; 
mais,  quelle  que  fût  l'intention  dans  laquelle  la  victime 
était  offerte  aux  dieux,  toute  résistance  de  l'animal  à  sa 
laisser  mener  à  l'autel  était  tenue  pour  un  indice  de  très 
mauvais  augure;  à  plus  forte  raison,  renonçait-on  à 
sacrifier  la  bête  lorsqu'elle  réussissait  à  s'échapper'\ 

Lorsque  la  victime  avait  été  amenée  à  l'autel  sans  diffi- 
culté ni  incident,  le  second  moment  de  la  cérémonie 
commençait.  Le  magistrat  ou  le  prêtre  qui  offrait  le  sacri- 
fice procédait  d'abord  à  une  libation  d'encens  et  de  vin", 
puis  il  consacrait  la  victime  par  le  rite  de  V immolalio 
proprement  dite,  c'est-à-dire  en  répandant  sur  sa  tête  la 
mola  salsa  [mola,  t.  III,  p.  1962]  et  une  coupe  de  vin'^ 
Le  sens  de  ce  rite  n'est  point  douteux;  jusque-là  la 
victime  n'appartenait  pas  à  la  divinité;  après  ['immolalio, 
elle  est  sacra:  immolare,  dit  Festus,  est  mola,  id  est 
farre  molito  et  sale,  hostiam  perspersam  sacrare'^. 
Après  avoir  été  consacrée,  la  victime  était  tuée;  à  l'ori- 
gine et  peut-être  dans  lessacrifices  privés,  c'était  le  prêtre 
lui-même  qui  la  tuait;  dans  les  sacrifices  publics,  le 
prêtre  ou  le  magistral,  chargé  de  la  cérémonie,  se  con- 
tentait de  faire  un  geste  symbolique,  par  exemple,  de 
promener  un  couteau  tout  le  long  du  dos  de  la  victime, 


utrefois 


pi. 


10  Plii 


la  frise   de    l'Ara  pacis  ;    F'elerseo,    Ara   Pach 

—  9  Virg.  Aen.  V,  360:  IX,  6i7  ;  cf.  Henzen,  Acta  fr.  Arv 
Nat.  hist.  VIII,   183;  Scrv.  Ad  Aeii.   Il,    10+  et  140;  Macroh.    Sat.   III,  5,  §  8. 

—  Il  Oïid.  La  figure  GOOG  reproduit  un  bas-relief  du    Louvre.   Clarac,   Musée, 
pi.  coxxii.   Fast.  IV,  953  si|.  —   i2  Cicer.  De  dhir.atione.  11,   IC,  37.  —  «3  s. 


SAC 


970  — 


SAC 


depuis  le  front  jusquà  la  queue  '.  L'animal  iHait  mis  à 
mort  par  des  minîstri,  ceux-là  mêmes  qui  avaient 
conduit  la  victime  ou  les  victimes  à  l'autel,  riillrarii, 
popae.  l'icHnwrii  ffig.  6008)  ;  les  taureaux  et  les  bœufs 
étaient  frappés  avec  une  hache,  securis;  les  veaux  et  les 


T 


ysfï.^^-  's^-i^r 


^;i' 


'^)y  P^^ 


1 


1 

M 

_. 

Inimolalioii  .le  ia  viclinu'. 

génisses  étaient  abattus  avec  un  maillet,  inalleus;  les 
bétes  de  race  ovine  et  porcine  étaient  égorgés  avec  un 
couteau,  miter-  [culter,  p.  1385  ;  cultrarius,  p.  1587]. 
Loin  de  marquer  le  terme  de  la  cérémonie,  la  mort  de 
la  victime  n'était,  au  contraire,  que  le  prélude  de  prati- 
ques minutieuses  et  compliquées,  où  l'extispicine  tenait 
une  place  importante.  Abattue  ou  égorgée,  la  victime 
était,  en  général,  dépecée  ;  des  chairs  proprement  dites, 
viscera,  on  séparait  les  exla;  ce  dernier  mot  désignait 
le  foie,  les  poumons,  le  cœur,  le  fiel  et  la  membrane  qui 
enveloppe  lesintestins  (jecia\pulmo,  cor,  fel,  omentum). 
Ces  divers  organes,  auxquels  il  faut  peut-être  joindre 
l'estomac  et  les  reins,  étaient  d'abord  soumis  à  l'examen 
des  aruspices  ;  si  cet  examen  ne  révélait  dans  la  con- 
stitution de  la  victime  aucune  anomalie,  aucune  tar*,  on 
en  concluait  que  le  sacrifice  avait  été  agréé  par  la  divinité 
on  tirait  aussi  de  ces  examens  de  multiples  indications  sur 
la  volonté  divine,  sur  l'avenir,  sur  les  événements  pro- 
chains, etc.  [h.\ruspices  divinatio,  p.  299,  fig.  2474  p.  23- 
2ol.  Quand  l'examen  des  exta  était  terminé,  les  sacri- 
ficateurs procédaient  à  une  sorte  de  cuisine  savante  :  ils 
coupaient  les  divers  exta  en  morceaux,  que  les  auteurs 
appellent  ;j/'oscc?ff,  prosiciae,  prosicies,  prosicium^  ;  à 
ces  prosecta  ils  ajoutaient  quelques  autres  parties  de  la 
victime  [augmenta,  wff(7«!Pnto),  unmorceaude  la  queue, 
un  morceau  du  cou,  un  morceau  de  la  hanche,  une  sorte 
de  farce  et  des  saucisses:  le  tout,  dûment  préparé,  mé- 
langé, dosé  et  cuit,  composait  un  plat  ou  fercutiim,  sur 
lequel  on  répandait,  comme  on  l'avait  fait  sur  la  tête  de 
la  victime  encore  vivante,  de  la  mola  salsa  et  du  vin. 
Sous  cette  forme,  les  exta  étaient  placés  sur  l'autel,  po?-- 
recta  ou  reddita  ';  c'était  la  part  de  la  divinité;  elle  était 
brûlée.  Le  reste  des  chairs  de  l'animal  sacrifié  était  dès 
lors  considéré  comme  non  sacré,  et  consommé  soit  par 
les  prêtres,  soit  par  les  fidèles  au  nom  desquels  le  sacri- 


<  SuTv.Ad  Aen.  XII,  173.  —  2  Voir  les  leites  cités  par  MarquarJl  el  Mommsen,  j/a- 
nueidesantiq.  rom,  (Ir.  franc),  t.  XII,  p.  317  :  maison  ne  doit  pas  en  tirer  une  règle 
absolue.  Ain:,!  le  couteau  était  aussi  employé  pour  les  grands  animaux  ;  cf.  plus 
haut.  —  3  llarquardl  el  .Momrasen,  Op.  cit.  p.!2l9.  —  4  Id.  Jbid.  p.  îtD-àiO. 
—  5  c.  Wissowa,  Rehijion  und  Kultus  der  Borner,  p.  353-354.  —  0  Id.  Ibid.  p.  359. 


fice  avait  été  accompli,  soit  peut-être,  en  cas  de  cérémo- 
nies officielles,  par  les  magistrats  et  les  sénateurs  ". 

Tels  étaient,  abstraction  faite  des  cas  particuliers  et 
des  circonstances  exceptionnelles,  les  rites  du  sacrifice 
romain,  les  divers  actes,  dont  l'ensemble,  la  succession, 
les  rapports  réciproques,  rigoureusement  déterminés 
par  le  rituel,  constituaient  le  sacrifice. 

Les  sacrifices  d'animaux  n'avaient  pas  tous  le  même 
caractère;  ils  n'étaient  pas  tous  offerts  dans  la  même 
intention.  Les  uns  étaient  simplement  propitiatoires  ; 
d'autres  étaient  des  sacrifices  d'actions  de  grâces,  suji- 
plicationes,  gratulationes,  qu'on  offrait,  par  exemple, 
pour  célébrer  tous  les  événements  heureux  de  la  vie 
privée  ou  publique  des  empereurs  ^  ;  ceux-ci  étaient 
purificatoires  [liistratio,  p.  1413  sq.],  et  l'un  des  plus 
importants  était  la  cérémonie  des  suovetauritia  [lustra- 
Tio,  p.  1428-1429^;  ceux-là  étaient  plus  spécialement 
expiatoires,  piacula  [piaclll'm,  p.  4o4-4oo].  Il  n'est  pas 
certain',  que  dans  les  sacrifices  expiatoires  les  victimes 
fussent  entièrement  brûlées  :  Wissowa  déclare  que  les 
h  otocausta  élaieni  inconnus  dans  le  vieux  rituel  romain'; 
les  Acta  Arvaliion  nous  apprennent  qu'à  plusieurs 
reprises,  en  cas  de  piacula,  la  part  de  la  divinité  se 
réduisait  aux  exta  et  les  chairs  des  victimes  étaient 
consommées  par  les  frères  Arvales'. 

3°  C'est  à  la  catégorie  des  piacula  que  se  rattachaient 
dans  la  religion  de  Rome  les  sacrifices  humains.  La  tra- 
dition romaine  prétendait,  à  l'époque  classique,  que  l'im- 
molation des  victimes  humaines  était  un  rite  étranger'": 
c'était,  d'ailleurs,  dans  les  livres  sibyllins  que  les  pouvoirs 
publics  trouvaient  ou  feignaient  de  trouver  l'ordre  de 
procéder  à  de  tels  sacrifices  ".  Numa,  le  fondateur  et 
l'organisateur  légendaire  du  culte  national,  passait  pour 
les  avoir  interdUs  '^  Quelles  que  fussent  sur  ce  point  les 
affirmations  et  les  prétentions  des  écrivains  latins,  il 
paraît  aujourd'hui  démontré  que  la  plus  ancienne  religion 
romaine  a  connu  et  pratiqué,  comme  la  plupart  des  reli- 
gions primitives,  sinon  toutes,  l'usage  de  consacrer  des 
êtres  humains  à  la  divinité,  pour  apaiser  sa  colère  pro- 
voquée par  un  crime,  une  faute,  etc.  Les  rites  de  la  pro- 
cession des  Argei,  du  culte  de  Mania  et  des  Lares  Com-  j  | 
pitales,  la  devotio,  la  consecratio  capitis  étaient,  ^M 
semble-t-il,  des  survivances  de  cet  usage  [argei,  t.  I,  P^' 
p.  404-406;  consecratio,  t.  I,  p.  1451;  devotio,  t.  H, 
p.  113  sq.  ;  MANIA,  MANES,  t.  IH,  p.  1372  ;  oscillum, 
t.  IV,  p.  237  ;  SATURNALiA,  VER  sacrum].  Non  loin  de  Rome, 
au  pied  des  monts  .\lbains,  dans  le  bois  consacré  à  Diana  ^ 

Nemorensis,  le  meurtre  du  prêtre  de  la  déesse  par  son 
successeur  était  sans  doute  aussi  l'atténuation  d'un 
antique  sacrifice  humain  '^. 

Tite-Live  el  Plularque  sont  d'accord  pour  nous  ap- 
prendre que  soit  en  222  (Plutarque  ,  à  la  veille  de  la 
guerre  contre  les  Gaulois  Insubres  de  la  Cisalpine'*,  soit 
en  216  iTite-Live),  après  la  bataille  de  Cannes '°,  les 
êtres  humains  sacrifiés,  un  Grec  et  une  Grecque,  un 
Gaulois  et  une  Gauloise,  furent  enterrés  vivants  sur  le 
Forum  Roarium.  Tite-Live  ajoute  :  in  locum  saxoconsep- 
tum,  [jam]  ante  hostiis,  minime  ftomano  sacro,  imbu- 


—  ''  Comme  on  l'a  parfois  affirmé,  Hubert  et  Mauss,  in  Année  sociologique,  t.  IIIIsyT- 
lSQg),  p.  31.  —  8  O/i./aii-i.  p.  35î,n.  6.  —  9  C.  i.)a(.  VI,  2104,  5104  o(ann.il6);  ci. 
Henzen.  Acta  fr.  Anal.  p.  133.  —  !0  Liv.  XXII,  57.  —  n  Ibid.:  PluUrch.  Marcell. 
3.  _  12  Bouché-Leclercq,  Instit.  rom.  P.  Si3,  not.  1  et  3.  —  <3  J.  Frazer,  Le  Bn- 
meau  d'or  (tr.  franc.),  t.  Il,  p.  2  sq.  —  1*  Plut.  Marcell.  3.  —  15  Liv.  XXII,  S7. 


SAC 

turn.  Si  l'on  se  rappelle  les  conditions  parliculières  du 
supplice  infligé  aux  Vestales  qui  avaient  manqué  à  leur 
vœu  de  chasteté',  on  sera  frappé  de  la  ressemblance 
au  moins  extérieure  qu'il  y  avait  entre  ces  sacrifices 
humains  et  le  mode  d'exécution  des  Vestales  coupables^. 
La  mise  à  mort  des  Vestales  n'aurait-elle  pas  été,  elle 
aussi,  un  véritable  sacrifice  humain?  N'y  faudrait-il  pas 
voir  la  forme,  peut-être  la  mieux  conservée,  de  cet  usage 
barbare  ?  Par  sa  faute  la  Vestale  coupable  avait  grave- 
ment offensé  la  déesse  dont  elle  était  chargée  de  célébrer 
le  culte  :  afin  d  éviter  que  la  colère  de  la  déesse  n'attei- 
gnit la  communauté  tout  entière  ^  on  lui  sacrifiait,  au 
sens  étymologique  du  mot,  la  personne  elle-même  qui 
avait  provoqué  cette  colère.  La  victime,  retranchée 
désormais  du  nombre  des  humains,  était  enfermée  vive 
dans  un  caveau  souterrain.  L'exécution  de  Vestales  cou- 
pables serait,  dans  notre  hypothèse,  anpiaculuin  demeuré 
immuable  malgré  l'adoucissement  des  mœurs  romaines. 
D'autre  part,  du  rapprochement  que  nous  venons  de 
faire,  il  semble  résulter  qu'au  moins  dans  les  temps 
historiques,  à  Rome,  les  victimes  humaines  n'étaient 
pas.  à  proprement  parler,  immolées  ni  égorgées,  mais 
plutôt  livrées  à  la  divinité  :  les  sacrifices  humains,  ceux 
du  moins  dont  la  tradition  historique  nous  a  gardé  le 
souvenir,  ditTèrenl  donc  profondément  des  sacrifices 
d'animaux.  Plus  tard,  en  97  av.  J.-C.  les  sacrifices  d'êtres 
humains  furent  interdits  formellement  par  la  loi 
romaine*.  Si,  à  une  date  aussi  tardive,  le  Sénat  crut 
devoir  promulguer  une  telle  loi,  c'est  bien,  quoi  que 
prétende  Wissowa  ',  que  les  sacrifices  humains  n'étaient 
pas  absolument  étrangers  à  la  religion  romaine. 
—  n.  Conditions  extérieures  :  personnel,  réglementa- 
tion, mobilier,  ustensiles.  —  Nous  avons  déjà  eu 
l'occasion,  dans  les  observations  précédentes,  de  men- 
tionner quelques-uns  des  personnages  qui  jouaient  un 
rôle  dans  l'acte  même  du  sacrifice.  Le  plus  important 
était  celui-là  même  qui  sacrifiait,  c'est-à-dire  qui  accom- 
plissait en  personne  les  rites  liturgiques  ou  qui  prési- 
dait à  leur  accomplissemenl.  Dans  les  sacrifices  du  culte 
domestique,  le  sacrifiant  était,  en  principe,  le  pater- 
faniilias  ;  il  célébrait  les  rites  sacrificiels  en  son  propre 
nom  et  au  nom  de  toute  sa  domus  ;  s'il  avait  besoin 
d'assistants,  ces  assistants  n'étaientautres  que  les  mem- 
bres de  sa  famille,  sa  femme,  ses  enfants  ou  ses 
esclaves.  Lorsque  le  sacrifice  était  offert  à  une  divinité 
dans  un  sanctuaire  déterminé,  le  sacrifiant  était  un  prêtre, 
assisté,  suivant  les  circonstances,  d'un  personnel  plus  ou 
moins  nombreux.  Enfin,  dans  les  sacrifices  publics  célé- 
brés au  nom  de  rEtat,  il  arrivait  que  le  sacrifiant  fût  un 
magistrat,  consul  ou  proconsul,  préteur  ou  propréteur 
's.\CERDOS  .  Parmi  les  assistants  du  prêtre  ou  du  magis- 
tral dans  les  sacrifices  publics,  il  convient  de  distinguer  : 
)°  les  camilli.  véritables  servants  du  culte,  qui  devaient 
être  de  naissance  libre  |^c.\milli,  p.  8.38-859^  :  "l"  les  victi- 
murii,  à  qui  incombait  le  soin  de  tuer  les  victimes. 
popae,  cultrarii    clltr.vrus,  p.  1387]  ;  3"  les  ti/jicines, 


>  Boucbé-Lcclercq,  Les  Pontifes,  p.  i9î-298.  —  2  Celte  ressemblance  a  été 
inUiquëv  par  M.  S.  RciDacli,  dans  son  étude  sur  le  voile  de  l'oblalion,  Cultes, 
mythes  et  religions,  t.  I.  p.  305.  —  3  Bouché-Leclerc*],  ïnstit.  rom.  p.  5ii, 
not.  1.  «  C'est  le  pécheur  qui  doit  expier  sa  faute,  et  daus  sa  personne:  il  n'est 
pas  évident  â  première  vue  qu'il  puisse  se  substituer  une  victime  animale  ou 
l'AVer  la  rançon  de  sou  crime  en  sacriliaut  une  partie  de  sa  propriété   (paena)  .>. 

—  l  Plin.  .Va(.  hist.    XXX,  li.  —  3   Itelig.   und  Kultus  der  Jiôm.  p.  31,   p.  354. 

—  *>  Marquardt  et  Mommscn,  Manuel  des  antig.  rom.  (tr.  franc.),   I.  .VII,  p,  20^- 

Vlll. 


977  —  SAC 


joueurs  de  (hite  jibice.n'  ;  l"  les  praecones,  cnlatores, 
lictores.  spécialement  chargés  de  veiller  à  ce  que  la  céré- 
monie ne  fiit  troublée  par  aucun  bruit,  aucun  désordre 
[PRAEco,  lictor]  ;  5°  les  pistores  et  les  coqui,  qui  prépa- 
raient les //6«,  fercula,  magmentn,  etc.  [coouis,  p.  1.503; 
piSTOR,  p.  499];  6°  enfin  Vharuspex,  qui  examinait  les  exiu 
[harispices,  p.  23  sq.].  Tous  ces  personnages  étaient 
soumis,  comme  le  sacrifiant  lui-même,  aux  conditions 
générales  de  pureté,  physique  et  morale,  réclamées  de 
tous  ceux  qui  prenaient  part  à  une  cérémonie  religieuse  ". 
En  outre,  nous  savons  par  les  monuments  et  les  textes 
que  le  sacrifiant  et  les  virtitnarii  étaient  astreints  à 
certaines  obligations  liturgiques. 

Le  sacrifiant,  prêtre  ou  magistrat,  s'il  voulait  observer 
strictement  le  ritus  romanus,  devait  sacrifier  velato 
capite,  c'est-à-dire  en  se  couvrant  de  sa  toge  tout  le  haut 
de  la  tête  et  la  nuque;  c'était  là  ce  qu'on  appelait  le 
cinctus  Gabinus  \  Cette  disposition  de  la  toge  est  par- 
faitement visible  sur  un  grand  nombre  de  monuments, 
comme  on  le  voit  plus  haut  dans  les  figures  6004  et  6006  *. 
(v.  aussi  3438).  Dès  l'antiquité,  on  a  cherché  la  cause  de 
ce  rite  fort  caractéristique  ;  d'après  Plutarque  '  on  en  don- 
nait plusieurs  raisons,  que  M.  S.  Reinach  résume  en  ces 
termes  :  «  L'origine  de  cet  usn-^e  remontait,  croyait-on,  à 
Énée.  .\u  livre  III  de  VÉnéide,  le  héros  troyen  aborde 
en  Épire  et  consulte  le  devin  Helenus,  fils  de  Priam, 
qui  règne  sur  des  villes  grecques  avec  Andromaque. 
"  Dès  que  ta  flotte  sera  parvenue  au  terme  de  sa 
«  course,  dit  Helenus,  et  que  tu  auras  élevé  des  autels 
"  sur  le  rivage  pour  acquitter  tes  vœux,  couvre-toi  la  tête 
•  d'un  voile  de  pourpre,  de  peur  qu'au  milieu  des  feux 
"  sacrés  allumésen  l'honneur  des  dieux,  un  visage  ennemi 
'■  ne  se  présente  à  tes  regards  et  ne  trouble  les  présages. 
"  Que  tes  compagnons  répètent  ce  rite  dans  les  sacrifices  ; 
■  observe-le  toi-même  et  que  ta  postérité  s'y  conforme.  » 
On  racontait  qu'Énée,  sacrifiant  sur  le  rivage  de  l'Italie, 
fut  surpris  par  Diomède  ou  un  autre  Grec  et  qu'il  put 
échapper  au  trouble  que  devait  lui  causer  cette  rencontre 
grâce  au  voile  dont  il  était  recouvert.  Voilà  la  fable  étio- 
logique,  l'origine  pseudo-historique  de  la  coutume. 
Plutarque  allègue  cette  explication,  mais  il  en  propose 
encore  trois  autres  :  1°  on  adore  les  dieux  la  tête  cou- 
verte par  humilité  ;  2°  on  agit  ainsi  pour  ne  pas  entendre 
pendant  la  prière  des  paroles  de  mauvais  augure  ;  3"  on 
veut  signifier  que  l'âme  qui  adore  les  dieux  en  dedans 
de  nous  est  couverte  et  comme  cachée  par  le  corps  '".  » 
Aucune  de  ces  explications  ne  peut  être  admise,  et 
M.  S.  Reinach,  après  avoir  rappelé  plusieurs  épisodes 
historiques  et  diverses  coutumes  romaines  où  le  voile- 
ment  de  la  tête  est  attesté,  conclut,  plutôt  sous  forme 
d'hypothèse:  «  On  peut  dire,  d'une  manière  générale,  que 
le  voile  convient  aux  choses  sacrées,  parce  qu'elles  sont 
"  mises  à  part  »  pour  les  dieux,  réservées  à  leur  usage, 
et,  en  conséquence,  isolées  du  monde  ".  »  Cette  conclusion 
aurait  plus  de  valeur,  si  le  voile  couvrait,  non  le  sacri- 
fiant, mais  la  victime.  Quoi  qu'il  en  soit,  ce  n'était  une 


ïll.  —'  Serv.  Ad  Aen.  V,  753;  C.  i.  lat.W.  1420,  23.  —  8  Citons  particulière- 
ment les  statues  d'Auguste  trouvées  à  Otricoli  :  Hetbig,  Fûhrer,  2*  éd.  n.  327;  une 
statue  de  prêtre  au  Valicau,  Visconti,  Mus.  Pio-Cl.  III,  19;  Clarac,  Musée  de  se. 
pi.  7t>8  b.  Plusieurs  reliefs  dans  la  coloune  Trajanc  ;  Ed.  Cichorius,  pi.  xxxviii, 
Lxxvi,  et  celui  du  musée  des  Couservatcurs  à  Rome,  où  l'on  a  reconuu  Marc- 
Auréle  sacriHant  :  Helbig,  Op.  cit.  i'  éd.  n.  361.  —  3  Quae.  rom.  X  sq. 
_  II)  S.  Reinach,  Cultes,  mythes  el  religions,  p.  300-301.  —  il  Id.  Ibid. 
p.  309. 

123 


SAC 


;iT8  — 


SAC 


obligation  pour  le  prèLro  ou  le  magislrat  sacrili;int  de 
ramener  sur  sa  tète  un  pan  de  sa  toge  que  dans  le  ri/ns 
/•o«iff7iM,«;  s'il  sacriliait  suivant  le  rite  grec,  il  accomplis- 
sait la  cérémonie  la  lète  découverte,  aperlo  capile. 
Ainsi,  sur  les  reliefs  de  la  colonne  Trajane,  l'empereur 
sacrifie,  tantôt  voilé,  tantôt,  au  contraire,  tête  nue'.  Sur 
un  bas-relief  du  Louvre  (tig.  6009)  un  quindecemvir  fait 
une  libation  à  .Vpollon  la  tèle  nue.  couronnée  de 
laurier-. 

Sur  les  monuments,  le  costume  des  viclimarii  est  très 

caractéristique. 
Ils  sont  repré- 
sentés le  torse 
nu,  vêtus  seule- 
ment d'une  sorte 
de  tablier  serré  à 
la  ceinture,  qui 
ne  descendait 
guèreau-dessous 
des  mollets ,  et 
qui  était  orné 
d'une  frange  à  sa 
partie  inférieure 
[limis,  t.  III.  p. 
i2o91.  Cette  dis- 
position du  //- 
mus  explique 
lépithèLe  de  sac- 
cincti.  donnée 
aux  viclimarii.  Souvent  ils  sont  couronnés,  probable- 
ment de  laurier  ;  les  camilli  et  les  tibicines  le  sont 
aussi  d'habitude^. 

Les  rites  sacrificiels  proprement  dits  étaient  accom- 
pagnés de  prières  ou  de  formules  liturgiques  prononcées 
par  le  sacrifiant".  Prières  et  formules  étaient  fixées  par 
les  pontifes  et  reproduites  dans  leurs  rituels  '".  Il  y  avait 
même  un  formulaire,  semble-t  il,  pour  les  prières  qui 
devaient  être  dites  dans  les  sacrifices  domestiques. 
Caton  nous  a  conservé  plusieurs  formules  de  ce  genre, 
telles  que  :  Jane  pater,  de  hac  strue  commovenda 
bonus  preces  preco>\  uti  sies  co/ens  propitius  mifii  Ube- 
risque  rneis,  domo  familiaeque  meae,  ou  encore  Jupi- 
ter, le  hoc  fercto  nbmovendn  bonas  preces  precor,  uti 
sies  volens  propilius  mihi  liberisr/ue  tneis,  domo  fami- 
liaeque meae  ??iactus  hoc  fercto''.  Voici,  d'autre  part, 
la  prière  que  tout  propriétaire  devait  prononcer,  lors- 
qu'il célébrait  la  lustralio  de  ses  champs  sous  la  forme 
des  suovetaurilia  .Mars  pater,  te  precor,  quaesoque  uti 
sies  volens propitius  mihi,  domo  familiaeque  nostrae, 
quojus  rei  ergo  agrum  terram  fundumque  meum  suovi- 
tauriliacircumagijussi.  L'titu  morbos  visos  invisosque, 
viduerlalem,  rastitudinemque,  calamitates  intempe- 
riasque,  prohibessis,  défendus  averruncesque:  utique 
tu  fruges,  frumenta,  vineta  virgultaque  grandire 
beneque  evenire sinas  : pasiores pecuaque salva  servassis 
dicisque  bonam  salulem  valetudinemque  tnihi,  domo 
familiaeque  nostrae.  Harumce  i-erum  ergo  fundi  ter- 
raeque  agrique  mei  lustrandi  lustrique  faciendi  ergo, 
sicuti   dixi,    macte  hisce  suovitaurilibus    lactentibus 


'  Par  eicmplc,  sur  la  p!.  liiii  de  la  Col.  Traj.  ti.  Cichorius.  —  2  Clara.-.  Musée. 
pi.  SIC,  n.  316.  —  3  Voir  les  fig.  600li,  6007,  60(>8  :  Col.  Trajane,  Ed.  Cicliorius, 
pi.  MXïi,iAii,-i.niii,  uxivi.  —  *  PliD.  Nat.  hisl.  XXVdl,  10.  -  ."^  Gell.  Attic. 
noct.  XIII,   S3,  §  1.  —  S  Cal.  De  re  rutlic.  13*.  —  ^  Id.  Ibid.   1*1.  —8  Mar- 


intmolandis  esto.  Mars  pater.  ejusdein  rei  ergo,  macte 
hisce  suovitaurilibus  lactentibus  esto  '.  Le  Chant  des 
.Xrvales  était  sans  doute  une  prière  qui  accompagnait  l'un 
des  rites  du  sacrifice  à  la  dea-Dia*.  Prières  et  formules 
liturgiques  devaient  être  prononcées  sans  qu'un  mot 
fût  changé  ni  même  déplacé:  la  plus  légère  modifica- 
tion constituait  un  piaculum  et  la  cérémonie  tout 
entière  devait  être  recommencée  'pi.^culim,  p.  454-453  . 
D'autre  part,  pendant  que  le  sacrifiant  procédait  aux 
diverses  opérations  sacrificielles,  libatio,  immolatio, 
porrectio  des  e.vla,  etc.,  les  assistants  devaient  observer 
un  silence  parfait  :  ordre  leur  en  était  donné  par  le 
praeco,  le  calator  ou  le  lictor,  qui  disait  :  Favete  lin- 
guis  '  ou  bien  Hoc  âge  '"  ou  encore  Parcito  lin- 
guam'-K  C'était  le  moment  oii  le  libicen  jouait  de  la 
fiùte,  afin  qu'aucun  bruit  étranger  ne  vint  troubler  lacéré- 
monie'-.  Des  prescriptions  minutieuses  réglaient  tous 
les  détails  du  sacrifice:  ces  prescriptions  devaient  être 
rigoureusement  observées;  la  moindre  négligence,  un 
oubli,  un  geste  non  conforme  au  rituel,  constituaient  un 
piaculum. 

Les  sacrifices,  du  moins  les  sacrifices  publics,  étaient 
donc,  dans  le  culte  romain,  des  actes  fort  compliqués. 
Un  mobilier  abondant,  des  ustensiles  nombreux  et 
variés  y  étaient  nécessaires.  Si,  pour  les  libations  et  les 
sacrifices  journaliers  du  culte  domestique,  le  foyer  de  la 
maison  suffisait,  pour  les  sacrifices  offerts  dans  les  sanc- 
tuaires, l'autel  est  indispensable  '.4R.\,  p.  347]  ;  il  fallait 
même,  dans  certains  cas,  que  le  sacrifiant  le  tint  avec 
les  mains".  Parfois  l'autel  était  remplacé  par  une  sorte 
de  foyer  portatif  ^\r.\,  p.  349;  Foris,  p.  1 195;  tiribilim'. 
ou  par  un  trépied  [tripisj.  C'était  sur  l'autel,  le  foyer  ou 
le  trépied,  que  le  sacrifiant  versait  les  libations  de  vin  et 
d'encens.  Près  de  l'autel  se  trouvait  en  général  une  fable, 
anclabris.  mensa,  sur  laquelle  on  disposait  soit  les  ins- 
truments du  culte,  soit  les  mets  offerts  à  la  divinité,  soit 
encore  les  exta  de  la  victime  [.a.nclabris,  p.  23G  et  fig.  317; 
MENSA,  p.  1720;  cf  fig.  133,  317,  417,  449\  Les  divers 
instruments,  dont  il  était  fait  usage  pendant  lacérémonie, 
étaient  :1e  vase  d'eau  lustrale,  labrum  ou  labellum,  placé 
à  demeure  près  de  la  porte  du  sanctuaire  ou  mobile  et 
porté  par  un  camillus  [labrim.  p.  881]  :  l'aspersoir,  asper- 
gillum  ?,  tantôt  simple  branche  de  laurier,  tantôt  véritable 
goupillon  I^LLSTRATio,  p.  1408  sq.,  tig.  4682,  4685];  les 
vases,  appelés  praefericulum,  guttus.  simpulum  ou 
si?npuvium,  dans  lesquels  on  apportait  au  sacrifiant  les 
liquides  qu'il  devait  répandre  en  libations  sur  les 
flammes  de  l'autel,  et  la  patera,  dont  il  se  servait  pour 
cet  acte  rituel  [glttis,  p.  1674  ;  patera,  p.  341, 
fig.  3322;  PRAEFERiciLiM,  p.  622;  simpilum]  ;  TacéTra 
ou  coffret  à  encens,  qu'un  des  camilli  assistant  à  la 
cérémonie  présentait  ouvert  au  sacrifiant,  afin  qu'il 
y  prît  les  grains  d'encens  [acerra.  p.  22,  fig.  41,  42]; 
la  taeda  ou  torche,  avec  laquelle  on  allumait  le  feu  sacré, 
et  qu'un  camillus  tient  devant  l'autel  sur  le  bas-relief  du 
LouvTe  (fig.  5908 j  ;  les  divers  instruments  qui  servaient 
àabattre  ou  à  égorgerles  victinies.  le  culter,  que  les  cul- 
trarii  portaient  à  la  ceinture  enfermé  dans  un  étui 
icLLTER,  ciLTRARiLs,  p.  1584,  fig.  21 14-21  I9j  ;  le  malleus. 


(|uardl  el  Mommscn,  Op.  cil.  XIII,  p.  198-20:1.  _  9  f.ic.  flc  divin.  Il,  M,  83  •  Plin. 
\at.  hisl.  XXVIll,  11  ;  Horal.  Od.  III,  1,  2;  0>id.  Fast.  Il,  65*.  —  <"  Plularch. 
A'iima,  U;  0".  rom.  XXV.  —  Il  Kesl.  s.  i:  Parcilo  tinr/uam.  —  H  PUù.  .\al. 
/iij(.  XXVIll,  11.  —  13  Virg.  Afii.  IV,  219;Scrv.  Ad.  loc. 


I 


SAC 

dont  la  masse  élail,  en  général,  Je  forme  ronde  [Malleus, 
p.  1302,  lig.  i803)  ;  la  dolabra  el  Xa  securis,  à 
peine  ditïérenles  l'une  de  l'autre,  ol  loules  deux 
employées  dans  les  sacrifices  [dolabra,  t.  329,  tig.  2488: 
SECLRiSj;  Voila  ou  aula,  marmite  d'assez  grande  capacité 
dans  laquelle  ou  faisait  cuire  les  exta'.  \  ces  instru- 
ments proprement  dits,  il  faut  joindre  la  mantele,  ser- 
viette à  franges,  portée  d'haljilude  par  les  camilli  [man- 
tele, p.  1381,  fig.  482i]. 

Comme  le  sacrifiant,  comme  tous  les  assistants  qui 
l'entouraient  ou  qui  l'aidaient  dans  l'accomplissement  des 
rites,  ces  instruments  du  sacrifice  devaient  être  purs-. 
Leur  impureté  constituait  un  piaculum.  11  fallait  de 
même  qu'ils  fussent  disposés  sur  Vancfubris  ou  maniés 
conformément  aux  prescriptions  rigoureuses  du  rituel; 
sinon,  il  y  availencore  piaculum  [piaculum,  p.  ioi]. 

On  voit,  par  tous  les  détails  qui  précèdent,  combien 
les  rites  sacrificiels  étaient  minutieux  et  compliqués,  au 
moins  dans  les  cérémonies  publiques.  En  dépit  de  toutes 
les  indications  précises  que  donnaient  sans  doute  les 
libri  sacerdotuin  populi  romani',  il  y  avait  de  très  fré- 
quents piaeula;  les  Romains  en  étaient  si  convaincus, 
qu'ils  prenaient  la  précaution  de  célébrer  d'avance,  la 
veille  des  sacrilices  solennels  otTerts  au  nom  de  l'État, 
un  sacrifice  expiatoire  en  vue  des  fautes  que  l'on  pour- 
rait commettre  le  lendemain  dans  la  cérémonie  princi- 
pale'; la  victime  immolée  dans  ce  sacrifice  préliminaire 
était  appelée  hoslia  praecidanea.  De  même,  le  sacrifice 
de  la  porca  praecidanea,  que  chaque  année  on  oITrait  à 
Gérés  avant  de  commencer  la  moisson,  devait  expier  les 
dérogations  au    rituel    funéraire    qui  auraient  pu  être 

I;    .   ,    commises  depuis  la  récolte  précédente  [piaculum,  p.  433]. 

1  l  [■  III.  Caractère  du  sacri/ire  dans  la  religion  romaine.  — 
Il  est  aujourd'hui  impossible  d'étudier  et  d'exposer  les 
rites  sacrificiels  d'un  culte,  d'une  religion,  sans  parler 
au  moins  brièvement  des  théories  récentes  sur  la  nature, 
le  caractère  et  l'origine  du  sacrifice.  Même  si  l'on  refuse 
d'accorder  à  ces  théories  la  solidité  et  la  certitude  que  leur 
attribuent  maints  savants,  on  ne  peut  contester  qu'elles 
aient  attiré  l'attention  sur  plusieurs  détails  jadis  trop 
négligés.  A  l'époque  historique,  les  Romains  sacrifiaient  à 
leurs  divinités  pour  obtenir  leur  protection,  pour  les  en 
remercier,  pour  détourner  d'avance  leur  courroux,  ou 
pour  l'apaiser  s'il  avait  été  déjà  provoqué.  Les  sacrifices 
étaient  les  uns  propitiatoires,  les  autres  d'actions  de 
grâces;  ceux-ci  étaient  des  cérémonies  purificatoires, 
ceux-là  des  rites  d'expiation.  En  outre,  par  l'examen  des 
exta,  on  essayait  de  savoir  si  le  résultat  visé  avait  été 
obtenu;  si  la  divinité,  à  laquelle  le  sacrifice  était  oH'ert, 
l'agréait;  si,  par  conséquent,  elle  promettait  sa  bien- 
veillance, se  montrait  satisfaite  des  remercîments  qu'on 
lui  adressait,  renonçait  à  son  courroux  pour  se  réconci- 
lier avec  l'individu  ou  la  collectivité  qui  avait  pu  l'olîen- 
ser.  Le  sacrifice  n'était  qu'un  procédé  employé  pour 
acquérir  l'appui  de  la  divinité  :  la  cérémonie  ne  réussis- 
sait que  s'il  y  avait  vraiment  litatio,  suivant  la  formule 
du  scholiaste  de  Stace  :  inter  litare  et  sacri/icare  hoc 
interest  :  sacri/icare  est  hostias  inimolare,  litare  cero 
per  immolationem  hostiarum  impetrare  quod  pos- 
tules' [litatio,  p.  1266-1268'. 


.Lin'/,  lat.  V, '.IS;  F«t. 


Mar.|iiai'dl  et  .Mnir 


Amphitr.    Ili6 


-•.  .lu /as. 


Op. 


Maiito,  par  ex-,  emploie  l'exprès- 
3  Gell.  .\'oct.  utiic.  Xlll,  -2? 
13-ilC.  —  3  Ad   Theb.  X,  lili  . 


!I79  —  SAC 

Si  nous  essayons  de  ramener  autant  que  possible  à 
une  idée  simple  les  sentiments  qu'éprouvaient,  en  ce  qui 
concerne  les  sacrifices,  les  Romains  des  temps  histo- 
riques, voici  ce  que  nous  trouvons  :  les  divinités  sont 
les  puissances  qui  envoient  à  l'homme  le  bonheur  ou  le 
malheur,  le  succès  ou  l'échec,  la  richesse  ou  la  misère  ;  si 
l'homme  veut  être  heureux,  il  doit  invoquer  et  obtenir 
la  faveur  des  divinités;  s'il  veut  éviter  les  malheurs,  il 
doit  détourner  de  lui  ou  apaiser  le  courroux  de  ces 
mêmes  divinités.  Ce  qui  est  vrai  de  l'individu  est  vrai  de 
la  far.iille,  de  la  communauté,  de  l'État.  D'autre  part, 
comment  faut-il  s'y  prendre,  que  faut-il  faire  pour  par- 
venir à  ce  résultat?  Il  faut  sacrifier;  c'est-à-dire,  il  faut 
abandonner  aux  dieux,  en  lui  conférant  la  qualité  toute 
particulière  qu'exprimait  le  mot  sacer,  soit  un  objet 
inanimé,  soit  un  être  animé.  Mais  nous  avons  vu,  au 
début  de  cet  article,  que  si  le  mot  sacrificium  eut  à  l'ori- 
gine ce  sens  très  compréhensif  et  très  large,  en  fait,  il 
ne  désigna  plus  tard  que  1^  cérémonie  spéciale  dans 
laquelle  tout  ou  partie  de  l'objet  ou  de  l'être  otTert  à 
la  divinité  était  détruit  ou  consommé.  Le  sacrificium 
était  conçu  comme  une  oblatio  d'un  genre  spécial.  Il 
était,  pour  employer  une  expression  courante,  un  sacri- 
fice-don '^. 

Toutefois,  cette  conception  n'explique  point  tous  les 
détails  de  la  cérémonie,  tous  les  rites  proprement  sacri- 
ficiels. Pourquoi,  par  exemple,  les  objets  ou  les  êtres 
sacrifiés  à  la  divinité  étaient-ils,  sinon  exclusivement, 
du  moins  presque  exclusivement  des  fruits  de  la  terre  et 
des  animaux  domestiques,  c'est-à-dire  des  objets  et  des 
êtres  destinés  à  la  consommation  alimentaire?  Ce  carac- 
tère est  encore  accentué  par  certains  faits  particuliers  : 
dans  le  culte  domestique,  pendant  chaque  repas,  le  père 
de  famille  allait  déposer  ou  verser  sur  le  foyer  une  partie 
des  aliments  qui  composaient  le  repas;  dans  les  sacri- 
fices publics,  la /jo/vec?/o  des  exta  ressemblait  vraiment 
à  la  présentation  d'un  plat  savamment  préparé.  Enfin, 
sauf  circonstances  exceptionnelles,  la  plus  grande  partie 
des  chairs  [viscera]  de  la  victime  était  consommée,  après 
le  sacrifice,  par  les  adorateurs  de  la  divinité.  Tous  ces 
traits  ne  se  rapportent-ils  pas  à  une  autre  conception  du 
sacrifice,  celle  que  l'on  pourrait  appeler  le  sacrifice-ban- 
•luet?  Cette  conception  a  été  mise  en  lumière  avec  beau- 
coup de  précision  et  de  pénétration  par  W.  Robertson- 
Smith'.  Les  Romains  l'ont  eue  certainement,  puis- 
qu'ils offraient  à  leurs  dieux  des  epula,  et  puisqu'il  n'est 
pas  certain  que  l'usage  des  lectisternes  soit  à  Rome 
d'origine  uniquement  grecque  [epula,  p.  738;  epulones, 
p.  738  sq.  ;  lectister.xium,  p.  1006  sq.].  Ainsi,  c'est  par 
l'otTre  aux  divinités  d'un  repas,  où  les  hommes  pren- 
nent part,  que  les  anciens  Romains  paraissent  avoir 
voulu  s'assurer  leur  protection,  les  remercier  de  leurs 
bienfaits,  ou  désarmer  leur  hostilité. 

Mais,  pour  W.  Robertson  Smith  et  pour  ceux  qui 
l'ont  suivi,  le  sacrifice-banquet  était  surtout  un  sacri- 
fice de  communion.  Seule  l'organisation  du  clan  toté- 
mique  peut  en  rendre  compte,  en  fournir  une  expli- 
cation acceptable.  «  Dans  le  totémisme,  écrivent  MM.  Hu- 
bert et  Mauss,  le  totem  ou  le  dieu  est  parent  de  ses 
adorateurs  ;  ils  ont  même  chair  et  même  sang  ;  le  rite 

—  '■  Hubert  et  Mauss,  dans  V.i.nnée  sociologiqw;.  Il  (IS97-1898),  p.  30;  S.  Reiuacli. 
Cultes,  mythe)  et  religions,  t.  I,  p.  97  sq.  —  '  Art.  Sacrifice,  dans  VEncyclop. 
Britaiin.  V  cdit,  t.  XXI,  p.  I3i  sq. 


SAC 


—  980 


SAC 


a  pour  objt'l  d'enUi'lonir  l'I  de  garaiilii'  cette  vie  com- 
mune qui  les  anime  et  l'association  qui  les  lie.  Au 
besoin,  il  rétablit  lunilé.  L'  «  alliance  par  le  sang  »  et  le 
«  repas  en  commun  »  sont  les  moyens  les  plus  simples 
d'atteindre  ce  résultat.  Or,  le  sacrifice  ne  se  dislingue 
pas  de  ces  pratiques  aux  yeux  de  R.  Smith.  C'était  pour 
lui  un  repas  où  les  fidèles,  en  mangeant  le  totem,  se 
l'assimilaient,  s'assimilaient  à  lui,  s'alliaient  entre  eux 
ou  avec  lui.  Le  meurtre  sacrificiel  n'avait  d'autre  objet 
que  de  permettre  la  consommation  d'un  animal  sacré, 
et,  par  conséquent,  interdit'.  »  A  notre  avis,  il  n'y  a 
rien  dans  les  rites  sacrificiels  romains,  tels  que  nous  les 
connaissons,  qui  permette  d'entrer  dans  la  voie  ainsi 
ouverte.  On  a  prétendu  retrouver  la  trace  d'un  sacrifice- 
communion-,  dans  l'usage  que  pratiquaient  les  frères 
Arvales  lors  de  la  fêle  de  la  dea  Dia,  de  se  nourrir,  le 
second  jour  de  cette  fêle,  des  deux  cochons  de  lail 
immolés  le  malin  même  de  ce  jour  [arvales,  p.  452]. 
Mais  il  n'y  avait  là,  en  véuité,  rien  de  caractéristique, 
puisque  les  exla  des  victimes  avaient  été,  au  préa- 
lable, porrecla  sur  l'aulel  situé  à  l'entrée  du  lucus  deae 
Diae  :  le  sacrifice  s'accomplissait  comme  tous  les  autres; 
il  >  restait  des  traces  plus  visibles  peut-être  de  l'antique 
conception  du  sacrifice-banquet;  il  ne  s'y  trouvait  aucun 
indice  du  caractère  communiel  qu'on  veut  lui  attribuer. 
De  même,  certains  érudits  ont  voulu  reconnaître  des 
survivances  tolémiques  dans  les  rites  qui  prescrivaient 
de  sacrifier  des  porcs  à  Cérès,  des  béliers  à  Bacchus, 
des  chèvres  à  Esculape'.  11  est  certain  que  les  explica- 
tions de  ces  rites  fournies  par  les  auteurs  anciens,  tels 
qu'Ovide,  ne  sont  nullement  satisfaisantes  ;  dire  que  le 


1  Hubert  el  Mauss.dans  l'Année  sociolog.  t.  Il  (1897-1898),  p.  W-.W  ;  cf.  licinacli. 
Op.  cit.  p.  102-103.  —  2  Rob.  Smith,  Loc.  cit.  —  3  S.  Reinacli,  O/,.  cil.  p.  30  ; 
llubcrl  cl  Mauss.  Op.  cil.  p.  120,  128;  cf.  Rend,  Les  Enseignes,  p.  122,  123  sq. 
—  *  ()p.  taud.  p.  59.  —  BtBLiOGHAPHiE.  —  Grèce.  —  t "  Uuvrages  généraux  :  K.-F. 
Hennann.  Lehrbuch  der  gottesdienstlicben  Âlterthiluter  der  Griechen  {2"  éd. 
rc>  uc  pai-  Stark,  Heidelberg,  1838),  §  24-2S  ;  Maury,  Histoire  des  religions  de  la 
Grèce  antique  (1857).  t.  I,  cli.  [V;  t.  II,  cli.  K:  Slengcl,  Die  griecliis- 
chen  Kullusallerthùmer  (2«  édit.  Munich,  1898),  p.  86-138  ;  Schôraann,  Grie- 
cUiache  Allerthiimer,  Il  (4'  éd.  revue  par  Lipsius.  Berlin,  1902),  p.  226-202.  —  2» 
Travaux  ne  concernant  qu'une  partie  du  sujet  (énumèrés,  autant  que  possible, 
suivant  l'ordre  de  l'exposé  ci-dessus)  :  Fr.  Nitzsch,  Idée  und  Stnfen  des  Opferkul- 
tuSy  Kiel,  1889;  Hubert  et  Mauss,  Essai  sur  la  nature  et  la  fonction  du  sacrifice., 
Année  sociologique.  Il  {1897:8),  p.  29-138;  MissJ.-E.  Harrisou,  Prolegomena 
lo  Ihe  Stady  of  Greek  Religion  {±'  éd.  Cambridge,  1908),  chap.  I,  II,  III  ;  Stengel, 
Die  Speiseopfcr  Ijei  tiomer,  Hermès  XXIV  (1901),  p.  321-328  ;  Homerisckes  (U?.iiov), 
.Yeue  Jahrtiûcher  131  (1865),  p.  102-103;  Denekcu,  De  theoieniis.  Diss.  Berlin 
1581  ;  von  Lasaulx,  Die  Suhnopfcr  der  Griechen  und  Rômer,  Akiid.  Abti.  Wûr:- 
biirg,  ISit;  Donaldson,  On  the  expiatorg  and  subslitutionarg  sacrifices  of  llie 
Greeks.  Transactions  of  E^linburgh,  1870,  p.  433  sq  ;  Stengel,  Die  Einfûhning 
der  in  homerischer  Zeil  nocli  nicht  bekannten  Opfer  in  Griechenland,  Neiie 
Jahrbûrher  127  (1883),  p.  361-379:  S  a  àYi«.  //ermes,  XXI  (1880),  p.  307-312  et 
XXV  (18901,  p.  321-323;  Die  Opfer  der  Hellenen  an  die  Winde,  Hermès.  XVI 
(18811,  p.  310-330;  Wassner,  Z)ér  Aeroumnpui/  Graecos  cultu,  Diss.  Kiel,  1883; 
Rohde,  P^gche.  Freibur^  i.  E.  1894  ;  Steugel,  Cllthonisclier  und  Todtenkult, 
dans  le  Festschrifl  fur  FriedUmder,  1893,  p.  414-432;  Prophezeiung  ans  den 
Tjiï»,  Herims,  XXXI  (IS9C).  p.  47S-4S0  et  XXXIV  (1899),  p.  642-013;  ©Oi.v  und 
«O.oS..,  fferaies,  XXXI  (IS9li),  p.  037-040;  S  vii  e  ■;.«  :./,),«,  Sud,,;,  Ibid.  XXVI 
(1891),  p.  137-159;  Zum.  Sûkalarorakel,  Ibid.  XXVII  (1892),  p.  411-431  ;  Bupho- 
iiien,  Hermès,  XXVIII  (1893),  p.  488-300  et  Jllieiniscties  Muséum.  LU  (1897), 
p.  ;i99-4ll  ;  'H;  ««Ai;;  Miluy,  IVeue  Jahrbuclier,  123  (1881),  p.  398-400;  B,Js 
ïSSono;,  Bennes,  XXXVIII  (I903i,  p.  307-.574  et  Archiv.  fur  die  Religions- 
aissenschaft.  Vil  (iool),  p.  437-144;  Die  Pferdeopfer  (ter  Griechen,  Philologus, 
XXXIX  (ISSO),  p.  182-183;  G.  Woliï,  Die  Gefliigehpfer  der  Griechen,  Ibid. 
XXVIII  (13(i9),  p.  ISS.IJI;  Sîengel,  Ueher  die  Wild  =  ii,id  Fischopfer  der 
Griechen.  Hermès,  \\\\  (1887),  p.  94-100;  Quaesliones  sacrificales,  Hrogr. 
Berlin,  1879;  llie  Farbe  uni  das  Geschlecht  der  griechischen  Opferthiere,  jVeite 
Jahrb.  133(1886),  p.  32l-'i3l;  Za  den  griechischen  Todtenopfern.  Ibid.  123(1881), 
p.  80  et  740;  Bomtrisches.  Ibid.  I2i  (1882).  p.  240-217  et  131  (1883),  p.  103  ;  Die 
angeblichen  Menschenopfer  bel  der  Thargelienfeier  in  Athen,  Hernies,  XXII 
(1887),  p.  80.93;  H. A..»;,  Ibid.  .XXIX  (18941,  p.  ÏSl-289  et  XXXI  (189C),  p.  477- 
478;  Hcriog,  ZiintXa.di./iii.  XXIX  (1891),  p.  025-020;  Benndorf,  Altgriechisches 
Urod,  dans  \' Eranos   Yiniobonensis  (1893),  p.  372-383;  0.   Bjnd     Liai   atlischc 


porc  est  voué  à  Cérès,  parce  qu'il  détruit  les  récoltes;  le 
bélier  à  Bacchus,  parce  qu'il  est  nuisible  à  la  vigne  ;  la 
chèvre  à  Esculape,  parce  qu'elle  passe  pour  être  con- 
stamment en  élat  de  fièvre,  ce  n'est  point  donner  des 
raisons  bien  vraisemblables.  Mais  le  totémisme  fournit-il 
une  exégèse  plus  acceptable'?  <>  La  victime  favorite  d'une 
divinité,  écrit  M.  S.  Reinach,  n'est  autre,  à  l'origine,  que 
celte  divinité  elle-même....  Le  sacrifice  par  excellence 
est  celui  du  totem,  dont  les  fidèles  se  partagent  la  chair 
pour  se  sanctifiera  »  Ainsi  les  ancêtres  des  Romains 
auraient  été  divisés  en  clans  tolémiques,  dont  l'un  aurait 
eu  pour  totem  le  porc,  un  second  le  bouc,  un  troisième 
la  chèvre.  Ce  sont  Là  des  affirmations  qu'on  ne  peut  ni 
prouver  ni  réfuter,  parce  qu'elles  ne  sont  élayées  par 
aucun  document.  Au  delà  de  l'époque  à  laquelle  nous 
permettent  de  remonter  les  plus  anciens  documents  his- 
toriques aujourd'hui  connus,  tout  est  hypothèse  ;  et 
chaque  hypothèse  n'a  que  la  valeur  d'une  opinion  person- 
nelle. A  l'époque  historique,  les  rites  sacrificiels  du  culte 
romain,  où  la  conception  du  sacrifice-banquet  est  encore 
très  visible  et  très  nette,  ne  renferment  aucun  indice 
delà  conception  du  sacrifice  communiel.     J.  Toltaix. 

SACRILEGIUM.  —  Le  mot  sacrileg'ium  a  reçu  deux 
acceptions  distinctes  :  il  désigne  d'une  part  le  vol  d'un 
objet  mobilier  appartenant  aux  dieux,  d'autre  part  un 
acte  d'impiété,  commis  soit  envers  les  dieux  de  Rome  ou 
la  religion  chrétienne,  soit  envers  l'empereur. 

I.  Vol  u'objefs  mobiliers  appartenait  aux  diei  x.  —  Voir 
pour   le   droit  grec  l'art,  hiérosvlias  graphe. 

En  droit  romain,  le  sacrileghnn  consiste,  d'après  Ci- 
céron,  à  enlever,  à  soustraire  une  chose  sacrée  [sacrum 


Demeler-h'ore  Fcsl  der  Epikleidia,  Progr.  Berlin,  1887  ;  Stengel,  Kûseopfer,  Ncue 
Jahrb.  123  (1882),  p.  672  :  K.  Bernhardi,  Die  Trankopfer  bei  Borner,  Progr. 
Leipzig,  1883;  von  Fritze,  De  libalione  veterum  Graecorum,  Diss.  Berlin.  1893: 
Sicngel,  Weinspenden  bei  Brandopfern,  Hermès,  XVII  (1882),  p.  329-332  ; 
Todtenspenden,  Philologus,  XXXIX  (1880),  p.  378-381;  Opferspenden,  Neue  Jahrb. 
135  (1887),  p.  049-654;  euaîai  isits.So,,  Bermcs,  XXII  (1887),  p.  645-048: 
Usener,  Milch  nnd  Honig.  Rhein.  Mus.  LVII  (1902),  p.  177-193;  Barlh,  Die 
Bestatlungspende  bei  den  Griechen,  JVeue  Jahrb.  1900,  p.  177-186  ;  von  Kntie, 
Die  Rauchopfer  bei  den  Griechen,  Berliu,  1894:  Stengel,  Oûlai,  Hermès,  XXIX 
(18941,  p.  627-029;  von  Fritze,  on«:,  Ibid.  XXXII  (1897),  p.  235-250;  Ziehen. 
Oi-AoiC.T«,,  /4id.  XXXVIl  (19021,  p.  39|.400;Stengel,OUio,.iTa,,  Ibid.  XXXVII, 
(1903),  p.  38-43  ;  Opferbhit  und  Opfergerste,  Ibid.  XLI  09061,  p.  230-246  ;  Ditten- 
berger,  Commentatio  de  Thiicylidis  locn  ad  aniiquitates  sacras  spectante.  Ind. 
lect.  Halle,  1889-1890;  Martha,  Les  sacerdoces  athéniens  (1881),  p.  66-67  ;  Ziehen, 
Die  Bedentung  von  nçoeonv.  Rhein.  Mus.  LIX  (1901),  p.  391-400;  Stengel,  2u 
den  atlischen  Ephebeniuschriften,  Hernies,  XXX  (1893).  p.  339-346  ;  von  Fritze, 
Zum  griechischen  Opferrilual:  aCoEflOai  und  »  «  t  a»  xp  £ç  e,.^,  Jahrb.  des 
archaeol.  Instituts,  XVlll  (1903),  p.  58-67;  Stengel,  même  titre,  Ibid.  p.  113-123: 
:;itJ.iT-/.vct,  ,/a/ir6.  (/.  nrch.  Inst.  IX  (1894),  p.  114-117;  Mayer,  Splanchnoptes, 
Ibid.  VIII  (1893),  p.  218  si|.  ;  Stengel,  Zn  den  griechischen  Sakralaltertûmern, 
extrait  des  Novae  Symbolae  Joachimieae,  Halle.  1907  ;  Ziehen,  e;<i-:ov,  Athen. 
Mittheil.  XXIV  (1899),  p.  267-274;  Stengel,  'E.Soja,  Hermès,  XXXVI  (1901), 
p.  328-335;  '  I  tp,;  ju  v«  lind  Seo  n  o  j  la  .  /Sirf.  XXXI  (1896),  p.  640.6  43  ;  Paley, 
Upon  the  sacrificial  sensé  of  ii.T,oai  and  jAr,?ta,  Transnct.  of  Cnmbr.  philot. 
Society,  1879,  p.  202  sq.  ;  Stengel,  Die  Zunge  der  Opferthiere,  Neue  Jahrb. 
119  (1879),  p.  687-692;  Die  Opfer  der  Fluss  =  und  Qucllgotiheiten  in  Griechen- 
land, Jbid.  125(1882),  p.  733-730  ;  Die  Opfer  fiir  Flussgbtter,  Ibid.  143  (189i;. 
p.  449-453;  'Evti>»£,v,  ^ei<scAri/'( /ï»' Gynmasi'a/wesfn,  XXXIV  (1880),  p.  737- 
745;  Uonieriaclies(titi...i<.^),  Neue  Jahrb.  ii\  (1885),  p.  103-104  ;  Kàp^iao,;,  xaç- 
loûv,  tferaies,  XXVIl  (1892),  p.  101-164;  a.fti,  Ibid.  p.  164-169;  Zu  den 
griechischen  Saci'alaltertiimern  (A-jcpxà  .  Qjt]'io.I,  flyX/inaîa.  'AvaXiffxtiv.  'Itpà). 
Ibid.  XXXIX  (19031,  p.  011-017.  -  Roue.  Outre  les  ouvrages  généraux  sur  les  ins- 
titutions ou  la  religion  de  Rome,  ouvrages  de  Eouché-Leclercq,  Marquardl  et 
Mommseu,  G.  Wissowa,  aux((ueis  nous  avons,  à  plusieurs  reprises,  renvoyé  dans 
notre  article,  nous  signalerons,  comme  traitant  particulièrement  du  sacrilice  chez 
les  Romains:  Brissonius,  De  forniiilis  et  sollemn.  pop.  Rom.  verbis,  I,  p.  1-69; 
Liibbert,  Commentationes  Pontificales,  Berlin,  1839:  Henzen,  Acta  fratrum 
Arvalium,  Berlin,  1874.  —  En  ce  qui  concerne  les  théories  sur  l'origine  et  la 
nature  du  sacrilice,  voir,  outre  rarli::le  de  W.  Roberlson  Smilh  dans  l'Encyrlo- 
paedia  Britannica  {9*  édit.  t.  XXI,  p.  132  sq.).  H.  Hubert  el  Mauss,  Essai  sur  la 
nature  et  la  fonction  du  sacrifice,  dans  V Année  sociologique,  t.  Il  (1897-1898), 
p.  29  sq.  ;  S    Reinach,  Cultes,  mythes  el  religions,  t.  I  (sp.xia'.em  -ni  p.  90  à  104). 


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légère',  auferre-,  clepere,  rapere^).  C'est  un  volqualifié, 
analogue  au  péculat,  cesl-à-dire  au  vol  dune  chose 
appartenant  à  l'État  'pecilatus.  t.  IV.  p.  165  . 

15  {"Éléments  constitutifs.  —  1°  Pour  qu'il  y  ait  sacri- 
legium,  il  faut  d'abord  que  la  chose  volée  ait  été  réguliè- 
rement consacrée  aux  dieux'  ^dedicatio,  p.  42  .  En  cas 
de  doute,  les  Pontifes  décident"  "pomifex,  p.  oïl].  La 
consécration  faite  par  un  simple  particulier  ne  suffit  pas^ 
Au  m'  siècle  ap.  J.-C.  un  rescrit  de  Gordien  assimile 
aux  fes  sacj'ae  les  choses  destinées  à  la  religion  :  celui 
qui  les  vole  commet  le  crimen  laesae  religionis''.  Le 
sacrilegium  s'applique  aussi  au  vol  des  choses  consa- 
crées aux  dieux  mânes ',  même  par  un  particulier^  {res 
religiosae;.  Les  choses,  appartenant  à  des  dieux  autres 
que  ceux  du  peuple  romain,  ne  peuvent  être  l'objet  d'un 
sacrilegiutn  à  moins  d'une  faveur  spéciale.  Auguste 
accorda  ce  privilège  aux  Juifs  pour  les  livres  saints  et 
])our  l'argent  appartenant  à  leurs  temples'".  Le  vol  des 
objets  appartenant  aux  temples  des  cités  italiques  ou 
des  vici  ne  restait  pas  impuni.  La  loi  municipale  de  la 
cité  ou  l'acte  de  fondation  du  temple  \lex  t empli)  avait 
soin  de  déterminer  la  peine  et  la  procédure  applicables 
à  ce  délit.  Le  chapitre  premier  de  la  loi  municipale 
de  Tarente  édicté  la  peine  du  quadruple  contre  celui 
qui  aura  soustrait  qnocl  ejus  municipii  pecuniae.... 
sacrne  religiosae  est  erit ,  ou  aura  provoqué  cette  sous- 
traction. Tout  magistrat  de  la  cité  est  autorisé  à  réclamer 
et  à  exiger  le  paiement  de  celle  somme  au  protit  du 
municipe".  De  même  la  lex  du  temple  dédié  à  Jupiter, 
dans  le  viens  de  Furfo,  le  13  juillet  696,  loi  qui  repro- 
duit des  règlements  antérieurs,  permet  ù  l'édile  d'in- 
tliger  une  amende  arbitraire  à  celui  qui  aura  soustrait 
un  objet  sacré  {qui  lieic  sacrum  surupuerit)  sauf 
appel  devant  l'assemblée  du  peuple,  qui,  à  la  majorité,  a 
le  droit  d'absoudre  ou  de  condamner  '^  ^dedicatio, 
p.  43;.  Les  bois,  voués  au  culte,  étaient  également  sa- 
crés 'lucis,  p.  1356'.  Cela  est  certain  pour  le  bois  des 
frères  .\rvales  ;  il  devait  en  être  de  même  des  bois  de 
Luceria  et  de  Spolète,  dont  les  leges  nous  sont  par- 
venues". La  le.r  du  bois  sacré  de  Spolète  défend  d'em- 
porter quoi  que  ce  soit  qui  appartienne  à  ce  bois  : 
neque  e.rcehito  neque  exferto  quod  louci  siet.  Le 
magistral  qui  a  fait  la  dédicace  a  le  droit  d'exiger  du 
contrevenant  un  sacrilice  expiatoire  et,  s'il  y  a  dol,  une 
amende  de  300  as. 

Ce  fut  une  question  controversée  de  savoir  si  les  objets, 
déposés  par  des  citoyens  dans  un  temple  pour  les  mettre 
en  sûreté",  participent  à  la  protection  des  choses 
sacrées.  Devait-on  traiter  le  vol  de  ces  objets  comme  un 
vol  simple  ou  comme  un  vol  qualifié,  comme  un  furtum 
ou  comme  un  sacrilegium'!  Si  l'on  devait  prendre  à  la 
lettre  un  passage  du  Rudens'",  on  pourrait  dire  que,  dès 
le  temps  de  Piaule,  ce  vol  était  un  sacrilegium.  Démonès 
a|ipelle  Labrax  sacrilegissime  /lominum,  parce  qu'il 
veut  arracher  du  temple  de  Vénus  ses  deux  esclaves  qui 
se  sont  mises  sous  la  protection  delà  déesse.  Mais  Piaule 
a  voulu  sans  doute   amuser  les  spectateurs,  sans  pré- 

SACRILEGICM.  1  Hor.  Sal.  I,  :i.  1 17.  —  2Cic.  lie  Ug.  II.  IC.  +'.'.  —  3  UiU.  Il, 
9,  23.  —  l  Sonec.  De  benef.  VII,  7.-5  Macrob.  Sot.  111,3,  1.  —  6  Paul.  De  publ. 
jud.  Wj).  XLVIII,  13,  9,  I.  —7  Cod.Just.  IX.  19,  I,  —«Loi  raunicip.de  Tarenlc  : 
Oessau,  11,  cnsf,.  —  9  Gaius,  II,  C.  —  to  Josèphe,  AiUig.  Jud.  XVI,  6,2.  —  u  Dessau, 
ll,C08(i.  ~  12  Corp.  inscr.  tat.  IX.  3j13.  —  IS  /iid.  IX,  7S2  ;  Bruns,  Fontes  juris,  6, 
MO.  —  1»  Papin.  8  Resp.  Dig.  XXXI,  77,  i6;  Pompon.  28  ad  Ed.  ap.  LIp.  IV,  7.  2 
—  <5  III,  se.  IV,  1.  _  lOCic.  Deleg.  II,  10,  40.  —  17  iliy.  XI.VIll,  19,  10,  4.  —  i»  Ap. 


tendre  indiquer  la  solution  admise  par  les  Prudents 
contemporains.  En  tout  cas,  cette  solution  a  prévalu  au 
temps  de  Cicéron  :  le  sacro  commendalum  est  traité 
comme  le  sa  «•?<//( '".Tel  est  aussi  lavis  du  jurisconsulte 
Claudius  Salurninus  dans  son  livre  De  poenis  paga- 
norum  :  pour  lui,  l'élément  décisif  est  le  lieu  où  la  chose 
est  placée  ''^  ;  le  vol  commis  dans  un  temple  est  un  sacri- 
legium. .Mais  un  rescrit  de  Sévère  et  Caracalla  a  tranché 
la  question  en  sens  contraire  :  désormais  l'action  de  vol 
fut  seule  autorisée'*. 

2°  Le  sacrilegium,  comme  le  vol  et  le  péculat,  ne 
s'applique  qu'aux  choses  mobilières.  Les  textes  visent 
spécialement  l'argent  des  temples  [pecunia  sacra)'^  ou 
des  tombeaux  (pecunia  religiosar".  D'après  la  lex  du 
temple  de  Jupiter  à  Furfo.  les  objets  donnés  au  temple 
peuvent  être  vendus  par  l'édile.  Ceux  qui  seront  acquis 
avec  le  prix  de  la  vente  auront  le  caraclère  sacré,  comme 
s'ils  avaient  été  compris  dans  l'acte  de  dédicace. 

La  notion  du  sacrilegium  n'a  pas  été  appliquée  aux 
statues  qui  décorent  les  tombeaux^'.  Celui  qui  enlève 
une  statue  d'un  tombeau  n'est  passible  que  de  l'interdit 
quod  vi  aut  clam--.  Quanta  la  violation  des  sépultures, 
elle  constitue  un  délit  spécial  prévu  parl'édit  du  préteur. 

3"  Le  sacrilegium  exige  un  fait  matériel:  il  faut  qu'on 
ail  touché  à  la  chose  (contaminare)-^.  En  général,  cet 
attouchement  est  suivi  de  l'enlèvement  de  la  chose 
{auferre ,  -'. 

4°  11  faut  enfin  l'intention  de  voler  [animus  furandi) 
et  de  réaliser  un  gain  aux  dépens  d'aulrui.  Celui  qui 
enlève  d'un  temple  un  objet  prêté  pour  le  décorer  ne 
commet  pas  de  sacrilegium-'-';  de  même  celui  qui  a  la 
garde  des  objets  et  qui,  à  ce  titre,  est  responsable  de 
leur  conservation-'^  'aeditlls'.  L'intention  de  voler  n'a, 
d'ailleurs,  été  exigée  qu'à  une  épo(|ue  récente  :  l'ancien 
droit  romain  ne  se  préoccupe  pas  de  la  culpabilité  de 
l'auteur  du  délit.  Tite-Live  en  rapporte  un  exemple 
relatif  au  sacrilège-'.  Après  la  prise  de  Rome  par  les 
Gaulois,  le  trésor  n'avait  pas  la  quantité  d'or  nécessaire 
pour  payer  la  rançon  promise  :  on  allait  prendre  l'or 
des  temples  et  commettre  un  sacrilège,  lorsque  les 
dames  romaines  offrirent  l'or  qu'elles  avaient  pour  qu'on 
ne  fut  pas  obligé  de  toucher  à  celui  qui  avait  été  consacré 
aux  dieux. 

!;  2.  Sanction.  —  La  sanction  du  sacrilegium  a  varié 
suivant  les  époques.  .\ux  premiers  siècles  de  Rome,  elle 
a  un  caractère  religieux.  Il  appartient  au  grand  pontife 
de  décider  si  le  crime  est,  ou  non,  susceptible  d'expia- 
tion-'. Dans  le  premier  cas,  le  coupable  est  impurus 
et  doit  apaiser  la  colère  des  dieux  par  un  sacrifice  expia- 
toire ".C'est  ce  que  le  Sénat  ordonna  en  581,  lorsque  le 
censeur  Q.  Fulvius  Flaccus  fit  enlever  les  dalles  de 
marbre  qui  formaient  la  toiture  du  temple  de  Junon 
Lacina  dans  le  Bruttium,  et  qui  devaient  servir  à  couvrir 
le  temple  qu'il  avait  voué  à  la  Fortune  équestre,  alors 
qu'il  était  préteur  en  Espagne^".  Dans  le  second  cas,  le 
coupable  esl  impius  et  condamné  à  un  supplice  : 
mort   deonecari],e.rsecratio  capitis,  ou  confiscation  des 

LIp.  7,  De  oir.  proc.  Dig.  XI.VIII,  13,  6.  —  1»  Loi  niunicip.  de  Tarinle,  I.  I. 
—  20  Loi  iuUa.  De  tacrilei/iis.  ap.  llp.  44  ad  Sab.  ùig  XLVIII,  13.  1.  —  21  Gels, 
ap.  LIp.  16  ad  Ed.  Dig.  XLVll,  lî.  i.  —  îi  Cf.  Edouard  Cu(|,  Institutions  juri- 
digues  des  Romains,  I,  2'  W.  p.  187.  —  23  Jul.  Victor,  Ars  rlietor.  VI,  3.  —  »i  l'ip. 
Dig.  XLVIII,  13,  I.  —  £i  Jul.  Victor,  Op.  cit.  VI,  I .  —  :6  Til.  I.iv.  V,50.  —  il  Lab. 
34  Poslcr.  ap.  Paul.  Uc  publ.  jud.  D,(,.  XLVIII,  13,  il,  S.  —  28Tit.  Liv.  XXIX,  19: 
cf.  Varro,  Deling.  lai.  VI.  3U.  -  2'J  Macrob.  Sut.  I,  10,  6.  —  30 TU.  Lu.  XLU,  3 


SAC  -  98-2 

biens'.  Dans  tous  les  cas.  les  objels  volés  doivent  être 
restitués-.  Telle  fut,  d'après  Tite-Live,  la  sanction  des 
sacrilegia  commis  par  Q.  Pleminius  qui,  en  58(5,  pilla  le 
temple  de  Proserpiiie  à  Locres.  par  M.  Fulvius  Nobilior 
qui,  en  505,  enleva  les  trésors  du  temple  d'Ambracie. 

Le  caractère  religieux  de  la  sanction  du  sacrilegium 
n'est  pas  admis  par  .Mommsen '.  D'après  lui,  le  sacrile- 
gium fut,  comme  le  meurtre,  jugé  par  les  ijuaestores 
paricidii.  A  l'appui  de  celte  conjecture,  il  invoque  un 
passage  du  De  /i'</ibus,  où  Cicéron  propose  de  considérer 
les  voleurs  d'objets  sacrés  comme  des  parricides'.  Cette 
assimilation  ne  peut  se  concevoir,  dit  Mommsen,  qu'au 
point  de  vue  de  la  compétence  du  tribunal  et  de  la  peine 
encourue,  car  on  n'a  jamais  appliqué  le  mot  parricide 
aux  délits  contre  la  propriété. 

Il  est  vrai  que  les  écrivains  du  temps  de  l'Empire  ne 
mentionnent  plus  la  peine  religieuse  encourue  autrefois 
par  les  voleurs  d'objets  sacrés.  D'après  eux,  le  sacrilegium 
était  sanctionné  par  une  peine  capitale  '\  Ce  n'est  pas,  à 
mon  avis,  une  raison  suflisante  pour  récuser  le  témoi- 
gnage de  Tite-Live,  qui  cite  des  faits  précis  d'après  les 
anciens  annalistes.  Si  le  sacrilegium  avait  été  puni 
comme  le  parricide,  il  serait  bien  singulier  qu'on  ne 
trouve  aucune  trace  de  cette  assimilation  dans  le  droit 
postérieur.  On  ne  saurait,  en  effet,  se  prévaloir  d'un  rescrit 
de  Constance  et  Constant,  de  l'an  339,  qui  applique  la 
peine  du  parricide  aux  sacrilegi  nu/jliarum^',  car  il  ne 
s'agit  pas  d'un  délit  contre  la  propriété.  Il  est  vraisem- 
blable que  Cicéron  s'est  inspiré,  non  pas  des  coutumes 
romaines,  mais  des  idées  émises  par  Platon  dans  son 
Traité  des  Lois  '. 

Aux  derniers  siècles  de  la  République,  la  répression  du 
sacrilegium  subit  une  transformation  analogue  à  celle 
qu'on  observe  pour  le  vol  manifeste  commis  à  l'égard 
d'un  particulier  :  la  peine  capitale  fut  écartée  en  fait, 
sinon  en  droit.  On  se  préoccupa  surtout  de  la  réparation 
du  préjudice  :  on  en  fixa  le  montant  de  manière  à  donner 
à  la  condamnation  le  caractère  d'une  peine.  L'innovation 
fut  réalisée  par  l'édit  du  préleur  pour  le  furtum*\  par 
la  loi,  pour  le  sacrilegium.  Un  tribunal  fut  institué  pour 
juger,  sur  la  demande  d'un  citoyen  qui  se  portait  accu- 
sateur dans  l'intérêt  général,  les  crimes  de  sacrilegium 
et  de  péculat  ^qcaestio  perpetia".  Mais,  comme  on  l'a 
établi  à  l'article  peculatus,  ce  tribunal  ne  prononçait 
qu'une  condamnation  pécuniaire.  Il  statuait  d'abord  sur 
la  culpabilité;  puis,  s'il  y  avait  lieu,  une  seconde  procédure 
était  ouverte  pour  estimer  le  litige  et  fixer  le  chiffre  de  la 
condamnation  ^litis  aestimatio,  t.  III,  2,  1270].  D'après 
Cicéron,  le  jury  se  laissait  souvent  influencer  par  des 
considérations  étrangères  au  procès  qui  lui  était  soumis 
Tantôt  il  était  très  indulgent,  tantôt  il  se  montrait  très 
sévère  dans  l'estimation  de  la  valeur  du  litige''. 

Au  temps  de  César  ou  d'Auguste,  une  loi  .Iulia  pecu- 
latus  et  de  sacrilegiis  [lex,  t.  III,  2,  p.  1150]  joignit  à  la 
condamnation  pécuniaire  une  peine  criminelle  :  l'inler- 
diclion  de  l'eau  et  du  feu  qui  entraîne  la  peine  de  mort 
en  cas  de  rupture  de  ban'".  Celle   peine  fui  remplacée 

I  Til.  I.i..  XXXI,  li.  —  -2  nul.  \X1X,  8;  XXXI,  li;  XLII,  3.  _  :i  Ilûm.  Slra- 
freeht  (Iraducliou).  l.  li,  p.  ÏJi.  n.  1.  —  l  Cic.  De  kg.  11,  9,  iî.  —  s  Scnoc. 
De  henef.  VII,  7;  Jul.  Viclor,  krs  rhet.  111.  15.  ClauJ.  Saluinin.  Dig.  XLVUI,  l'.i, 
16.  4.  —  «  Cod.  Just.  XI,  36,  i.  —  -i  Cf.  Ludwig  MlUeis.  Romisches  Priratrecht 
bisaufiU'!2eil  Violiletians,  fJOS,  p.  16.  —  »  Cf.  Edouard  Cu.|,  Inslil.  jurid.  I.  Il, 
p.  471,  n.  7.  —  9Cic.  P.  Cillent.  41.  116.  —  m  Clp.  l  De  aduU.  Ijig.  XLVIU,  13,  3. 
—  Il  Ouinljl.   Inst.  Or.  111,  10,  I.  —  l2Cf.  Pliil.  Ep.   Il,  11;  Tac.  .4ii;i.  Il,  50  ;   111, 


SAC 

bientôt  après  par  une  nouvelle  peine  introduite  par 
Tibère,  la  déportation  [riEPORTAXio  . 

Lorsque  l'accusation  de  sacrilège  était  connexe  à  une 
autre  accusation,  comme  celle  d'homicide,  l'affaire  était, 
par  exception,  renvoyée  au  Sénat  pour  éviter  la  contra- 
riété des  jugements".  C'était  un  moyen  de  remédier 
au  vice  organique  du  système  des  r/uaestiones  perpetuae. 
qui  obligeait  à  déférer  chaque  crime  à  un  jury  distinct. 
Le  Sénat,  qui  avait,  comme  le  prince,  une  compétence 
générale,  pouvait  statuer  sur  toutes  les  questions  qui 
lui  étaient  soumises  '-. 

kn  cours  du  u'  siècle,  la  procédure  d'accusation  devant 
un  jury  spécial  commença  à  être  délaissée.  Les  vols  dans 
les  temples  étaient  fréquents  :  le  gouvernement  jugea 
utile  de  les  réprimer  administrativement,  lors  même  que 
le  vol  avait  été  commis  dans  un  sanctuaire  privé.  Des 
mandats  impériaux  prescrivent  au  préfet  de  la  ville  et 
aux  gouverneurs  des  provinces  de  poursuivre  d'olfice  et 
de  juger  extra  ordinem  ceux  qui  ont  commis  un  sacrile- 
gium'^.  Ils  sont  autorisés  à  prononcer  une  peine  plus 
ou  moins  sévère  suivant  le  rang  social,  l'âge  et  le  sexe 
du  coupable,  suivant  la  condition  de  la  chose  et  le  lieu  oii 
le  crime  a  été  commis. 

Ulpien  constate  que.  de  son  temps,  beaucoup  de  ces 
voleurs  ont  été  condamnés  aux  bètes,  quelques-uns  ont 
été  brûlés  vifs,  d'autres  ont  été  suspendus  à  une  fourche. 
11  conseille  de  faire  une  distinction  suivant  que  le  crime 
a  été  commis  de  jour  ou  de  nuit  ".  Si  le  crime  a  eu  lieu 
de  nuit,  avec  elTraction,  par  une  bande  (manu  facta),  la 
peine  devra  être  abaissée  jusqu'à  la  condamnation  aux 
bêtes.  S'il  a  eu  lieu  de  jour  et  que  le  vol  ne  soit  pas 
très  important,  le  magistrat  prononcera  la  peine  de  la 
déportation  à  temps  si  le  coupable  est  honestior,  la  peine 
des  travaux  forcés  à  temps  si  c'est  un  humilier  '^  Le 
préfet  de  la  ville  a,  d'ailleurs,  seul  le  droit  de  condamner 
directement  à  la  déportation'";  les  gouverneurs  de  pro- 
vince doivent  en  référer  à  l'empereur".  La  déportation  a 
lieu  dans  une  île"  ou  dans  une  oasis  égyptienne'^  La 
désignation  du  lieu  d'internement  est  faite  par  l'empe- 
reur dans  chaque  cas  particulier;  dans  l'intervalle,  en 
attendant  sa  décision,  le  condamné  est  retenu  en  prison^". 

La  peine  du  sacrilegium  était  moins  sévère  lorsque  le 
vol  avait  été  commis  dans  un  temple  privé;  mais  elle 
devait  être  plus  forte  que  pour  un  simple  furtum-'. 

11.  Impiété.  —  Voir  pour  le  droit  grec  l'article  asebeia, 
t.  I,  1,  p.  463  et  467. 

En  droit  romain,  cette  acception  nouvelle  du  sacrile- 
gium a  été  consacrée  par  le  droit  du  Bas-Empire;  elle  a 
passé  de  là  dans  le  droit  moderne.  C'est  la  seule  que  le 
mot  sacrilège  ait  conservée  de  nos  jours.  La  transition 
entre  les  deux  acceptions  s'est  opérée  progressivement  : 
elle  a  été  préparée  par  la  jurisprudence  qui  a  rapproché 
du  sacrilegium,  au  sens  primitif,  divers  crimes  tels  que 
ceux  de  magie,  de  majesté,  de  violation  de  sépulture. 

Dès  la  fin  de  la  République,  on  qualifie  sacrilegium  les 
pratiques  occultes  de  Mgidius  Figulus--  i  préteur  en  696) 
et  de  ses   alliliés.  Le  .fodalicium  sacrilegii  .Xigidiani 

22.  —  ISJIarcmn.  14  losl.  flii/.  XLVIII,  13,4,  2;  L'ip.  7  Df  OIT.  proc.  Dig.t,  18,  13| 

—  14  L'Ip.  Wy.  XLVUI,  22,  6  pr.  —  !■>  Cf.  Paui.  Seul.  V,  13,  I.  —  16  Llp.  De  ^ 
praef  uibi.  Dig.  '.,  \î.  I,  3.  —  17  Sev.  ap.  LIp.  9  De  o£f.  pioc.  Ôij/.  XLVllI,  22, 
I  ;  7,  I;  Llp.   48  ad  Ed.  Dig.  XLVlll,    18,  2,    1.  —  'S  Llp.  Ùig.  XLVUI,  13,  6,  1  ; 
XLVUI,  22,  7  pr.  —  i«  Ibid.  XLVlll,  22,  7,  5.  Jusl.  Cod.  IX,  47,  26,  2.  —20  Llp. 
/>!(/.  XLVlll,  22,  7,  1;  1,  12,  i,  3.  —  il   Paul.  De  publ.  jud.  Dig.  XLVlll,  13,  9,  I. 

—  22  Dio  Cass.  XLV,  I. 


SAC 


—  983 


SAC 


doniiM  lieu  ;i  uiio  poursuite  judiciairn  dans  laquelle  Cali- 
lina  fui  impliqué  '.  Les  deux  autres  crimes  ne  sont  pas 
express'^ment  qualifiés  sacrilèges,  par  les  documents 
juridiques;  mais  le  crime  de  majesté  est,  d'après  Ulpien, 
voisin  du  sacrilège  [proximxm  sacrile(/io)  ^  ;  quant  à  la 
violation  de  sépulture,  l'empereur  Julien  alleste  que  les 
anciens  (majores)  l'ont  toujours  considérée  comme  un 
acte  voisin  du  sacrilège  ^  En  faisant  ce  rapprochement, 
la  jurisprudence  a  dégagé  le  caractère  commun  de  ces 
crimes;  elle  les  a  classés  dans  une  catégorie  plus  large, 
celle  du  crimen  Inesae  religionis.  Cette  idée  apparaît  au 
temps  d'Auguste  pour  le  crime  de  majesté,  au  temps  de 
Gordien  pour  celui  de  violation  de  sépulture. 

Auguste  punit  les  complices  de  l'adultère,  commis  avec 
les  femmes  de  la  maison  impériale,  (/ravi  nomine  laesa- 
rum  religionum  et  violatae  majestatis  appe/lando''.  La 
])eine  encourue  était  la  peine  capitale.  Le  fait  est  d'autant 
plus  caractéristique  que  la  loi  Julia  De  adul/eriis,  pro- 
posée par  Auguste,  édictait  simplement  la  peine  de  la 
relégation  dans  une  ile  et  la  confiscation  de  la  moitié  des 
biens  [lex,  t.  III,  2,  p.  1149j.  Il  en  fut  de  méiae  pour  le  . 
délit  de  violation  de  sépulture  :  pendant  longtemps,  il  ne 
fut  puni  que  d'une  amende  fixée  par  l'édit  du  préteur" 
SEPiLCRiMj.  Lorsqu'on  s'aperçut  de  l'insuffisance  de  ce 
mode  de  répression,  on  chercha  le  moyen  de  traiter  ce 
délit  comme  un  crime.  Un  jurisconsulte  contemporain 
d'Alexandre-Sévère,  Macer*^,  émit  l'avis  (potest  (/ici)  que 
la  violation  de  sépulture  tombait  sous  l'application  de  la 
loi  Julia  De  vi  puhlica  '  [lex,  t.  III,  2,  p.  H48^  ;  il  pro- 
posa d'étendre  à  la  violence  dirigée  contre  les  tombeaux 
la  règle  posée  par  la  loi  pour  la  violence  contre  les  inhu- 
mations. Gordien  estima  que  la  peine  encourue  n'était 
pas  assez  sévère  :  il  considéra  le  délit  comme  rentrant 
dans  le  crimen  laesae  religionis^. 

§  i"  Impiété  envers  la  religion  rotnaine.  —  Aux 
premiers  siècles  de  l'Empire,  ce  chef  d'accusation  a  été 
appliqué  aux  chrétiens".  L'adhésion  au  christianisme  fut 
considérée  par  la  jurisprudence,  non  sans  hésitation, 
comme  un  crimen  laesae  romanae  reliyionis,  donc 
comme  un  crime  voisin  du  sacrilège.  Tertullien,  négli- 
geant cette  nuance,  appelle  sacrilège  le  crime  imputé  aux 
chrétiens  '".  Il  n'y  a  pas  là,  croyons-nous,  un  motif 
suffisant  pour  récuser  son  témoignage; mais  la  question 
est  discutée.  Elle  consiste  à  savoir  si  les  chrétiens  ont 
été  poursuivis  en  vertu  d'une  loi  d'exception  (édit  ou 
sénatusconsulte)",  ou  en  exécution  des  lois  existantes'-. 
Cette  question  se  rattache  si  intimement  à  l'histoire  du 
sacrilegium  qu'on  ne  peut  se  dispenser  d'examiner  les 
raisons  invoquées  pour  refuser  à  l'assertion  de  Tertullien 
toute  portée  juridique.  Ces  raisons  sont  de  trois  sortes  : 

1°  11  n'y  a  ni  au  Digeste  ni  au  Code  aucun  texte  qui 
fasse  rentrer  les  crimes  contre  la  religion  romaine  dans 
la  catégorie  des  crimes  de  lèse-majesté.  Assurément  les 


'  Ps.  Cic.  In  Snllusl.  V.  14.  —  2  L'ip.  De  oll.  proc.  Diij.  XLVIll.  i.  1  pr. 
-  3  Co(.i.  Th^od.  IX,  17,  5.  —  '  Tac.  Ann.  III,  24.  —  '■•  Cf.  Edouard  Cn(|,  Ins- 
tttutionn  juridiqueit  des  Homains,  t.  Il,  p.  47s.  —  6  i  De  publ.  jud.  />!>/. 
XLVII,  12.  8.-7  Leuel  lorf  h.  l.\  propose  de  Ure  prii-ata.  à  cause  de  l'aul. 
Sent.  V,  26,  3.  —  »  Cod.  Just.  IX.  l!i,  1.  —  a  S.  Justin.  Apol.  I,  5  :  ileo, 
»«i  iotSiT;.  —  '0  .ipolof/.  iO.  I  :  S5.  5.  —  il  AMard,  Histoire  des  persécutions. 
i*  éd.  t.  !•',  p.  172  ;  CallewacrL,  Heime  des  questions  historiques.  1903,  LXXIV, 
Ï8:  1904,  LXXVI,  5  ;  1903,  LXXVII,349.  —  12  C'est  l'opinion  que  j'ai  soutenue  dans 
un  article  publié  en  I  S»C  [Mélanqes  d'archéologie  et  d'histoire  de  l'iicole  française 
deSome,  VI,  115;.  Elle  a  été  reprise  en  1890  par  Neumann  (Ùer  rôm.  Staat  imd  die 
nllgem.  Kirche  bis  an  Dioclelian),  en  1S93  par  Ramsay  (C/iurc/i  and  State  be/ore 
».  d.  17u;,  en  1894  par  Mommseo,  avec  un  important  correctif  qui  sera  indiqué  plus 


compilateurs  se  sont  abstenus  de  reproduire  les  décisions 
qui  n'avaient  plus  de  raison  d'être  depuis  que  la  religion 
chrétienne  était  devenue  la  religion  de  l'État.  C'est  ainsi 
qu'ils  ont  exclu  les  passages  du  traité  dTlpiensur  l'office 
du  proconsul  qui,  d'après  Laclance.  contenait  les  rescrits 
contre  les  chrétiens  [ ji'riscoxsi'lti,  t.  III,  1 ,  p.  722,  n.  29]. 
Ils  ont,  du  moins,  recueilli  un  fragment  de  Modestin  qui 
prouve  que  la  loi  Julia  De  majeslale  a  été  étendue  aux 
crimes  qui  doivent  être  punis  ad  exemplum  legis'^. 

2°  L'existence  d'une  loi  d'exception  est,  dit-on,  attestée 
par  un  document  récemment  publié,  les  actes  d'Apol- 
lonius. Ces  actes,  dont  on  possède  deux  versions,  armé- 
nienne" et  grecque'',  contiennent  le  procès-verbal  des 
deux  audiences  consacrées  par  le  préfet  du  prétoire 
Perrenis"'  à  juger  Apollonius,  l'an  185,  sous  le  règne  de 
Commode.  Us  mentionnent  à  la  fois  une  décision  du 
du  Sénat  exprimantl'avis  «  qu'il  n'y  ait  pas  de  chrétiens  », 
et  une  décision  de  l'empereur  qui  défend  de  les  absoudre 
s'ils  ne  changent  pas  d'opinion'''.  La  décision  du  Sénat 
est,  dit-on,  un  sénatusconsulte  rendu  au  temps  de  Com- 
mode, ou,  suivant  certains  auteurs,  au  temps  de  Néron. 

Mais  si  le  Sénat  eût  proscrit  le  christianisme  dès  le 
temps  de  Néron,  Pline  ne  l'aurait  pas  ignoré  ;  il  n'aurait 
pas  eu  besoin  de  demander  à  Trajan  s'il  devait  punir  les 
chrétiens  à  ce  seul  titre  ou  en  raison  des  crimes  qu'on 
leurimputait.  En  présence  d'un  texte  impératif, /ptcTiavoy; 
|XT|  eIvch!,  le  doute  n'eût  pas  été  permis.  De  même  si  le 
sénatusconsulte  eût  été  rendu  sous  Commode,  Tertullien 
n'aurait  pas  eu  à  discuter,  dans  son  Apologétique  com- 
posée à  la  fin  de  197,  les  griefs  imaginaires  des  pa'iens 
contre  les  chrétiens.  D'autre  part,  rien  n'est  moins  sûr 
qu'il  y  ait  eu  un  sénatusconsulte  '".  Le  rôle  du  Sénat  en 
cette  afTaire  n'est  pas  présenté  d'une  manière  uniforme  : 
d'après  certains  documents,  le  Sénat  a  jugé  le  procès"; 
suivant  d'autres,  l'afl'aire  a  été  jugée  en  présence  du  Sénat 
et  du  préfet^"  ;  seul  le  texte  grec  ne  fait  allusion  au  Sénat 
qu'à  la  seconde  audience  et  cite  une  décision  rendue  par 
lui  (to  3cYu.a  TT,;  tuyxX/,tou)  et  connue  d'Apollonius.  Ces 
divergences  ne  se  concevraient  pas  si  l'avis  demandé  au 
Sénat  avait  le  caractère  très  net  d'un  sénatusconsulte. 
Elles  s'expliquent,  au  contraire,  si  on  lui  a  soumis  une 
question  de  fait.  Le  préfet  du  prétoire  a  pu,  comme  le 
pensait  H.  de  Valois,  conseiller  à  Apollonius  de  se  justifier 
devant  le  Sénat.  C'est  ainsi  que  dans  les  Actes  de  saint 
Polycarpe  de  l'an  155,  le  magistrat  engage  l'accusé  à  se 
justifier  devant  le  peuple-'.  Le  gouvernement  devait 
tenir  compte  de  l'opinion  publique  qui,  pour  un  person- 
nage comme  Apollonius,  avait  pour  organe  le  Sénat. 
Le  préfet  du  prétoire  a  pu  également  consulter  le  Sénat, 
antérieurement  au  procès,  sur  le  cas  d'Apollonius-'. 

Il  ne  parait  pas  douteux  que  Perennis  siégea  dans 
l'afTaire  comme  président  du  tribunal  impérial,  en 
l'absence  de  l'empereur.  L'afl'aire,  qui  était  de  la  compé- 


loin  {Uist.  Z^ilschrift.  I.XIV,  p.  389;  cf.  Hom.  Slrafrechl.  trad.  1.  Il,  p.  278). 
_  13  Modest.  12  Pand.  Dig.  XLVIll,  4,  7,  3.  —  H  Traduite  en  anglais  par  Conybeare 
en  1893  {The  Guardian,  1893),  en  alleniantl  par  Burcliardi  [Sitzunys'ierichte  der 
Kon.  Preuss.  Akad.  der  Wiss.  1893,  p.  72;S).  —  1-  Publiéd'aprés  un  manuscrit  grec 
de  la  Bibliothèque  national.-,  1219,  f»  3»,  dans  les  Anakcta  Bollandiana,  1895, 
XIV.  284;  cf.  l'édition  de  (i.  Rauschen,  Flor'deginm  patristicum,  III,  1905,  p.  «9. 
—  16  Cf.  Borghesi,  Les  préfets  du  prétoire,  t.  X,  1897,  p.  64.  —  "''  Acics  grecs, 
§  11  et -23.  —  IS  Cf.  Hîmack,  fiit:ungsberichte  d.  l'reuss.  Ak.  1893,  p.  721-746; 
MommscD.  IbiU.  1894,  p.  497-503;  Klelte,  Texte  und  Untersuchnnqen  von  fiebliardt 
und  Harnack,  1897,  XV,  2.  —  la  S.  Jérôme.  De  ciris  illustr.  42.  -  2»  Eusébe, 
Hist.  eccles.  V,  21.  Actes  arméniens.  —  21  .\lnrlijrium  Polycarpi,  X,  2,  éd.  Rans- 
chen,  1904, 1,  49  :  t.i',;w  ;b.  8i;jiov.  —  22  Cf.  Mommsen,  Loc.  cit.  p.  501. 


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98  i  — 


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tence  du  préfet  de  la  ville,  avait  été  évoquée  devant  ce 
tribunal  :  elle  fut  jugée  dans  le  Palais  impérial'.  Or, 
depuis  la  réorganisation  du  conseil  du  prince  par  Hadrien, 
lapplicalion  eirinlerprélation  des  lois  ne  sont  plus  faites 
d"une  manière  arbitraire-  :  l'empereur  est  lié  moralement 
par  l'avis  des  jurisconsultes  membres  de  son  conseil 
[coNSiLUM  pRiNciPis,  t.  I",  2,  p.  14.i3].  Clioisis  dans  les 
rangs  du  Sénat  ^  ceux-ci  devaient,  dans  les  questions 
délicates  louchant  à  la  politique,  souhaiter  d'avoir  l'avis 
de  leurs  collègues  pour  rouvrir  leur  responsabilité. 

3.  La  procédure  suivie  contre  les  chrétiens  présente, 
dit-on,  des  anomalies  inexplicables  si  le  crime  qui  leur 
fut  imputé  est  un  crime  de  droit  commun.  Cependant 
c'est  TertuUien  lui-même  qui  les  signale'.  Les  chrétiens 
qui  avouent  leur  qualité,  ne  sont  pas  admis  à  prouver 
qu'ils  n'ont  commis  aucun  crime;  on  ne  spécifie  pas  dans 
la  sentence  qu'ils  sont  condamnés  pour  lèse-majesté;  on 
les  soumet  à  la  torture,  non  pas  pour  obtenir  l'aveu  de 
leur  crime,  mais  pour  faire  rétracter  l'aveu  de  leur  affi- 
liation au  christianisme  ;  on  absout  les  chrétiens  qui 
renient  leur  foi,  on  les  encourage  même  à  nier  leur 
crime  en  leur  promettant  l'impunité;  enfin,  à  certaines 
époques,  il  fut  défendu  de  poursuivre  les  chrétiens. 

Mommsen  a  essayé  d'écarter  cette  objection  en  disant 
que  très  souvent  les  magistrats  ont  poursuivi  les  chré- 
tiens par  mesure  de  police  en  vertu  de  leur  droit  de 
coercition  ^  ;  ils  pouvaient,  dès  lors,  agir  d'une  ma- 
nière arbitraire.  Mais  il  parait  difficile  de  considérer 
comme  arbitraires  des  actes  qui  se  reproduisent  d'une 
manière  si  uniforme  au  ii'^  siècle  de  notre  ère.  A  mon  avis, 
ces  anomalies  s'expliquent  si  l'on  observe  comment  la 
jurisprudence  a  procédé  pour  appliquer  aux  chrétiens 
les  lois  existantes.  Suivant  l'usage,  elle  s'est,  autant  que 
possible,  conformée  aux  précédents. 

Pendant  longtemps,  à  Rome,  la  profession  d'une  religion 
étrangère  n'a  pas  été  traitée  comme  un  délit  :  on  s'est 
contenté  de  punir  les  crimes  dont  elle  pouvait  être  l'occa- 
sion et  de  prendre  des  mesures  contre  les  affiliés.  C'est 
ce  que  fil  le  Sénat  en  368  pour  le  culte  de  Bacchus*.  Ce 
culte  impie  lui  parut  un  danger  pour  l'État  et  pour  la 
religion.  D'après  Tite-Live,  ceux  qui  ne  furent  convaincus 
que  de  s'être  fait  initier  et  d'avoir  répété  après  le  prêtre 
le  carmen  sacrum  contenant  l'engagement  de  se  livrer  à 
tous  les  excès  du  crime  et  du  libertinage,  furent  retenus 
en  prison;  mais  ceux  qui  s'étaient  rendus  coupables 
d'impudicilé,  de  meurtre,  de  faux  témoignage,  de  faux 
cachets,  de  supposition  de  testament,  furent  punis  de  la 
peine  capitale'.  Des  mesures  analogues  furent  prises, 
aux  premiers  siècles  de  l'Empire.,  contre  les  chrétiens. 
Comme  aux  adeptes  du  culte  de  Bacchus  *,  on  leur 
imputa  toute  sorte  de  crimes  et  d'infamies  [facinora  et 
flagitia)  :  on  les  accusait  de  magie',  d'inceste,  d'infan- 
ticide, de  réunions  nocturnes  "*.  On  les  poursuivit  d'abord 
de  ce  chef;  mais  on  reconnut  bientôt  que  la  preuve  était 
difficile,  sinon  impossible  à  faire.  Seule  l'accusation  de 
magie  aboutissait  souvent,  parce  que  les  agissements  des 


1  Haroacii  fait  remarquer  qu'en  iuvit.iul  Apollonius  à  sacriticr  a'.ix  dieuv  Percnuis 
cite  Apollon  seul  par  son  nom.  Il  en  couclut  que  le  tribunal  siégeait  iv  -za  ' Xr.'iWia/i-u  \ 
cf.  Mommsen,  Rôm.  Slaatsr,  Irart.  VII,  IIC,  i.  — 2  Cf.  Edouard  Cuq,  Instilulions 
juridt</ue»,  t.  Il,  p.  28,  n.  4.  —  3  Cl.  Edouard  Cuq,  i?  conseil  des  Empereurs, 
p.  3H-3«.  —  i  Terlull.  Anol.  i,  S-18.  —  i-  Itôm.  StrafredU,  trad.  t.  Il,  p.  i81. 
—  •  Corp.  imer.  lai.  I,  196.  —  1  Tit.  Liv.  XXXl.V,  17.  —  »  Ibifl.  .^iXXI.V,  14  et 
17.  -  »  Cf.  Le  Blanl,  ilém.  soc.  des  .\nti(iaaires,  X\.\l,  8.i6.  -  m  Terlull.  Apol. 
7—11  Cf.  Edouard  Cu.|.  Mi'lanyes  de  lÉc.  fr.  de  Rome.  l.  VI.  -  li  Terlull.  .ipol. 


chrétiens  ressemblaient,  à  s'y  méprendre,  aux  pratiques 
des  magiciens.  On  leur  appliquait  alors  la  disposition 
des  Douze  Tables  sur  Vincantatio  mali  canitinis^^  peut- 
têre  aussi,  suivant  certains  auteurs,  la  loi  Cornelia  De 
reneficis  [lex,  t.  HI,  2,  p.  !I40,  n.  32].  Ce  chef  d'accu- 
sation parut,  à  son  tour,  insuffisant;  il  y  aurait  eu  trop  de 
magiciens.  A  ceux  qu'on  ne  pouvait  espérer  convaincre 
des  crimes  précités,  on  reprocha  de  s'être  engagés  par 
serment  à  les  commettre,  de  s'être  fait  initier  à  une  doc- 
trine dangereuse  pour  l'Ëtat.  Telle  fut  la  règle  formulée 
par  les  jurisconsultes  ou  par  les  rescrits  impériaux  :  elle 
entraînait  l'application  de  la  loi  Julia  De  mojcsiate'-,  qui 
proscrit  les  actes  attentatoires  à  la  sécurité  de  l'État". 
De  là.  une  double  différence  entre  les  mesures  prises  à 
l'occasion  du  culte  de  Bacchus  et  celles  qui  furent  appli- 
quées aux  chrétiens  :  les  premières  avaient  un  caractère 
arbitraire,  les  secondes  étaient  fondées  sur  la  loi;  puis, 
tandis  qu'au  vi'  siècle  de  Rome,  les  simples  initiés  au 
culte  de  Bacchus  furent  retenus  en  prison",  les  confes- 
seurs de  la  foi  chrétienne  furent  punis  comme  des  crimi- 
nels. Mais  le  fait  qui  motivait  l'accusation  portée  contre 
eux  n'établissait  qu'une  présomption  '°  de  culpabilité,  qui 
cédait  devant  la  preuve  contraire.  Celte  preuve  résultait 
de  la  vénération  des  images  des  dieux  ou  de  l'empereur  '^ 

Celle  interprétation  n'a  pas  été  admise  sans  résistance  ; 
elle  se  fait  jour  dès  le  i"  siècle  :  on  en  trouve  la  trace 
dans  la  première  épilre  de  saint  Pierre '\  puis  dans  une 
lettre  de  Pline  à  Trajan".  Trajan  en  restreint  la  portée  : 
il  défend  de  rechercher  les  chrétiens  ;  il  permet  seulement 
d'accueillir  les  accusations  dirigées  contre  eux  ".  Hadrien 
est  plus  strict:  dans  sa  lettre  au  proconsul  d'.\sie,  Minu- 
cius  Fundanus,  il  prescrit  de  ne  pas  tenir  compte  des 
demandes  ni  des  clameurs  de  la  foule;  on  ne  doit 
admettre  que  les  accusations  présentées  au  tribunal; 
celles  qui  seront  reconnues  calomnieuses  seront  sévère- 
ment punies.  Les  chrétiens,  convaincus  d'avoir  commis 
un  acte  contraire  aux  lois,  seront  frappés  suivant  la 
gravité  du  délit-".  Hadrien  semble  bien  ici  s'écarter  de  la 
règle  posée  par  Trajan,  et  ne  pas  autoriser  les  accusations 
portées  contre  les  chrétiens  en  raison  de  leur  nom. 
C'est  ainsi  que  les  contemporains  comprirent  sa  décision, 
car  saint  Justin  demande  à  .\ntonin  le  Pieux  de  la 
confirmer'-'.  Mais  ces  bonnes  dispositions  de  la  juris- 
prudence impériale  ne  se  sont  pas  maintenues.  Vers  l'an 
iCo,  moins  de  quinze  ans  après  la  publication  de  l'Apo- 
logie, saint  Justin  fut  condamné  à  mort  par  le  préfet  de 
la  ville,  Junius  Rusticus,  pour  avoir  propagé  des  doc- 
trines nuisibles  à  l'Étal--. 

Ces  variations  de  la  jurisprudence,  ainsi  que  la  diver- 
sité des  chefs  d'accusation  qu'on  a  fait  valoir,  suivant  les 
époques,  confirment  l'idée  que  la  situation  des  chrétiens 
a  été  réglée,  non  pas  par  un  acte  législatif,  mais  seulement 
par  des  rescrits^'.  Lactance  l'affirme,  et  son  assertion  est 
conforme  à  ce  que  l'on  sait  sur  le  caractère  des  rescrits 
aux  premiers  siècles  de  l'Empire  :  ils  interprètent  la  loi  ; 
ils  ne  créent  pas  le  droit.  C'est  pour  cela  que  les  chrétiens 


20  ;  lia  nos  crimini  majestatis  addicile  :  cf.  il  ;  cum  ejusdem  no3:^J]ae  eadem 
traclatio  deberet  intervenire.  —  '•i  Llp.  7  De  off'.  proc.  Dig.  XLVIII,  4,  I,  1  ; 
.Majestatis  crimen  iltud  est  quod  aduersus  popuhim  romanam,  vel  adeersus  secu- 
rilatem  ejus  commitlitur.  —  1*  Tit.  Liv.  XXXIX.  —  ''"  Terlull.  Apol.  3,  1 1  ;  16,  3. 

—  lii  Terlull.  Apol.  10,  I.  —  17  III,  l.').  —  13  Ep.  96.  -   la  Cf.  Terlull.  Apol.  i,  6. 

—  20  Jusliu.  .Apol.  I,  68,  .=;.  Ed.  Rauschen,  Floril.  patrisl.  1904,  11.  73.  —  21  Jbid. 
1.  68,  3.  —  22  Mnrti/rimn  S.  Juatini  et  sociorum,  éd.  Rauschen,  III,  97.  —  23  Cf. 
Edouard  Cui|,  MHamjes  de  l'Ec.  fr.  de  Rom.-,  VI.  139. 


SAC 


98.Ï 


SAC 


pouvaient  toujours  espérer  un  revirement  de  jurispru- 
dence. C'est  pour  cela  que  saint  Justin  et  TertuUien  ont 
composé  des  Apologies  destinées  à  éclairer  les  juris- 
consultes membres  du  conseil  impérial.  Nous  venons,  dit 
saint  Justin,  demander  w/,  diligenti  delibera/io/ie  ad/ii- 
bita,  judicium  exercent is  ^  . 

La  règle  consacrée  par  les  rescrits  eut  pour  conséquence 
de  faire  traiter  comme  des  criminels  les  confesseurs  de 
la  foi  chrétienne,  ceux  qui  avouaient  s'être  fait  initier  à 
la  nouvelle  religion.  Aux  yeux  des  païens,  le  christianisme 
est  une  doctrine  qui  enseigne  le  mépris  des  dieux  protec- 
teurs de  l'État-  et  qui  se  propose  de  les  détruire^  Mais 
ce  n'est  pas  un  simple  délit  d'opinion.  La  volonté  doit  se 
manifester  par  un  acte  positif  :  un  sacramentum  lS.\cr.\- 
MENTi  m].  Pline  l'atteste  On  reproche  aux  chrétiens,  dit-il  à 
Trajan,  sacramento  in  scelus  se  obstringere'-.  Il  ajoute 
qu'il  n'a  rien  découvert  de  sacramentis  eorinn',  sinon 
qu'ils  se  réunissent  avant  le  jour  pour  chanter  au  dieu 
Christ.  Comme  exemple  des  engagements  que  la  croyance 
populaire  attribuait  aux  chrétiens,  TertuUien  cite  le 
Sfirramenfiim  infanlicidii''.  Lorsqu'il  s'agit  d'un  crime 
d'Étal,  il  esl  de  principe  qu'on  ne  punit  pas  seulement  le 
crime  consommé.  D'après  le  jurisconsulte  Q  Cervidius 
Scaivola,  qui  fut  membre  du  conseil  de  Marc-Aurèle,  la  loi 
Julia  De  majestate  est  applicable  à  celui  qui,  par  dol,  a 
fait  engager  quelqu'un  par  serment  à  accomplir  un  acte 
ndrersus  rempiib/icain' .  Ce  principe  est  encore  appliqué 
au  Bas -Empire  par  .\rcadius,  au  cas  où  des  factieux  ont 
formé  un  complot  et  se  sont  engagés  par  un  sacramentum 
à  tuer  des  membres  du  Consistoire  ou  du  Sénat*.  Les 
chrétiens  aussi  étaient  des  factieux'  et  s'engageaient, 
croyait-on,  par  un  sncrnmentum.  Ils  n'hésitaient  pas 
à  sacrifier  leur  vie  plutôt  que  de  manquer  à  leur  pro- 
messe. Leur  courage  à  affronter  les  supplices  était  pour 
les  païens  la  preuve  éclatante  de  leur  culpabilité. 

On  aperçoit  maintenant  la  cause  des  prétendues  ano- 
malies de  la  procédure  suivie  contre  les  chrétiens 
lorsqu'ils  étaient  accusés  en  cette  seule  qualité.  Ce  sont 
des  conséquences  logiques  de  l'interprétation  consacrée 
par  les  rescrits.  TertuUien  a  donc  raison  de  dire  que  les 
chrétiens  sont  coupables  d'un  crime  de  lèse-religion 
lorsqu'on  les  condamne  en  raison  de  leur  nom  et  de  l'aveu 
de  leur  foi.  Ils  sont  punis  pour  s'être  engagés  par  serment 
àcommeltre  un  crime  prévu  par  la  loi  Julia  Z)e  «ff/"e«?a/c, 
crime  qu'L'lpien  déclare  èlre  un  quasi-sacrilège.  En  le 
qualifiant  sacrilège,  TertuUien  emploie  une  terminologie 
qui  n'est  pas  rigoureusement  exacte,  mais  qui  était 
justifiée  par  l'usage  suivi  de  son  temps  dans  les  tribunaux. 
La  sentence  prononcée  en  179  contre  saint  Symphorien 
constate  que  majestatis  sacrilegium  perpetravif^".  Cet 
usage  a  persisté  au  Bas-Empire  :  Constance  II  et  ses 
successeurs  considèrent  les  faux  monnayeurs  comme 
loupables  de  sacrilège  "  et  leur  applique  non  plus  la  loi 
Ojrnelia  De  falsis,  mais  la  loi  Julia  De  majestate^"-.  Us 
traitent  de  même  les  agioteurs  qui  spéculent  sur 
la  «lilférence  de  cours  de  la  menue  monnaie  suivant 
les  pays  où   on  l'utilise".    Le   crime  de    sacrilège  est 


'  Juslio.  Apol.  I,  î,  3.  —  2  Id.  I,  6:  Laclant.  De  mort,  pers  U.  —  3  _]/ar- 
tyrium  Pohjcarpi^  12  ;  Hic  est...  deorum  nostrortim  eversor  qui  multa 
docet  ne  sacrificent  ncve  a'Ioreiit.  —  l  Kp.  96.  —  3  Terlull.  Apol.  2,  6. 
-  «  Ibid.  7,  t.  —  7  Scaer.  i  Reg.  Dig.  XLVIU,  4,  l  pr.  —  »  Cad.  Just. 
IX,  8.  5  pr.  —  a  Terlull.  Apol.  38.  —  10  Kuinart.  Acta  sincera  martyrum, 
M.   Je    Ralisbonne,    1859,    p.     127.    —    Il    Cod.     Theod.    IX,    23.     (;   IX,    21, 

vin. 


donc,   à    leurs  yeux,  identique   au  crime   de    majesté. 

Cette  extension  de  l'usage  normal  du  mot  sacrilegium 
n'est  pas  particulière  aux  Romains.  Une  inscription 
grecque  de  Syros,  de  l'époque  romaine",  qualifie  ispo- 
TuÀoi;  celui  qui  a  violé  un  règlement  de  police  religieuse. 
Il  en  était  de  même  à  l'époque  antérieure;  d'après  une 
inscription  d'iasos,  du  iv"  siècle'-',  on  appliquera  les  lois 
surles  UpoT'jXoi  à  quiconque  détruira  soit  la  stèle  portant 
la  loi  relative  au  culte  de  Zeus  Mégistos,  soit  le  texte  de  la 
loi.  Une  inscription  de  la  tin  du  m'  ou  du  commencement 
du  ir  siècle  donne  une  liste  de  faux  monnayeurs  qui  furent 
condamnés  à  mort  comme  coupables  de  sacrilège  "■'. 

§  2.  Impieté  envers  la  religion  chrétienne.  —  Le  mot 
sacrilegium  est  souvent  employé  au  Bas-Empire  pour 
désigner  un  certain  nombre  de  crimes  qui  ont  pour  trait 
commun  un  acte  d'impiété,  soit  envers  la  religion  chré- 
tienne, soit  envers  le  prince.  Ces  crimes  sont  plus  ou 
moins  graves  et  donnent  lieu  à  une  peine  spéciale.  Le 
sacrilège  n'est  donc  pas  un  crime  déterminé:  c'est  une 
dénomination  commune  à  plusieurs  crimes. 

Il  y  a  cependant  au  Code  Justinien  un  titre  De  cri- 
mine  sacrilegii,  mais  les  trois  constitutions  qu'on  y  a 
réunies  ont  un  objet  trop  disparate  pour  justifier  la 
rubrique  sous  laquelle  on  les  a  placées  '".  Cette  rubrique 
figurait  sans  doute  dans  le  Cod/'  Grégorien  dont  les  com- 
pilateurs se  sont  inspirés,  mais  les  décisions  qu'il  devait 
contenir  sur  le  vol  d'objets  sacrés  ont  été  remplacées  au 
hasard  par  quelques  constitutions  mieux  en  rapport  avec 
l'acception  nouvelle  du  mot  sacrilège.  La  confusion 
commise  par  les  rédacteurs  du  Code  Justinien  esl 
d'autant  plus  excusable  que  parmi  les  textes  qui  nous 
sont  parvenus,  il  en  esl  qui  font  allusion  aux  peines 
établies  par  le  droit  contre  les  sacrilèges".  Mais  celle 
formule  vague  désigne  sans  doute  les  peines  spéciales 
aux  crimes  prévus  dans  ces  textes  '■'  et  que  d'autres  docu- 
ments nous  font  connaître  ^".  —  La  même  confusion  appa- 
raît dans  les  Basiliques  :  le  crime  visé  par  les  rédacteurs 
du  Code  Justinien  esl  qualifié  Upo^'jXia.  Les  scoliastes 
emploient  tantôt  ce  mot,  tantôt  celui  de  rjxxo'.lày.ov. 

U  n'y  a  donc  pas  lieu  de  définir  le  sacrilège  :  il  suffit 
de  dresser  la  liste  des  crimes  auxquels  s'applique  cette 
dénomination  générale. 

1°  Troubles  apportés  à  l'exercice  du  culte.  —  Les 
troubles,  commis  dans  une  église  par  une  bande  de 
personnes,  doivent  être  dénoncés  parles  autorités  locales 
au  gouverneur  de  la  province;  on  lui  indiquera  les  noms 
des  individus  qu'on  a  pu  reconnaître.  Le  gouverneur  les 
fera  arrêter  sans  attendre  la  plainte  des  ministres  du 
culte,  et  s'efforcera  d'obtenir  les  noms  des  complices.  Si 
les  accusés  prennent  les  armes  pour  se  défendre  ou  se 
réfugient  dans  des  lieux  d'accès  difficile,  le  gouverneur 
adressera  une  réquisition  écrite  au  commandant  de  l'ar- 
mée d'.\frique  pour  empêcher  les  révoltés  de  s'enfuir. 
Ceux  qui  seront  convaincus  d'avoir  pris  part  au  crime  ou 
qui  l'auront  avoué,  seront  frappés  d'une  peine  capitale. 
Cette  décision,  datée  du  2.3  avril  398  et  envoyée  par  Hono- 
rius  au  préfet  du  prétoire  d'Italie,  Theodonis-',  a  été  mo- 


5;  IX,  38,  6.  —  12  litid.  IX,  21.  9.  —  13  /bid.  IX.  23.  1.  —  I-  Diltenber- 
ger,  Sylloge  inscriptionum  graecarum,  i'  éd.  680.  —  15  Jt/id.  602.  — •  16  Ibid. 
513.  Cf.  Dareslc,  Haussoullier  et  Reinach,  Inscriptions  juridiques  grecques, 
1.  II,  p.  371.  —  17  Cod.  Just.  IX,  29.  —  18  Cod.  Theod.  XVI,  2,  31  ;  A'or. 
Valent.  XVII,  1,  1.  —  19  Atteinte  au\  immunités  donl  jouissent  les  biens  d'Église 
ou  aux  privilèges  des  clercs.  —  20  Cod.  Theod.  XVI.  2,  31.  —  21  Ibid.  XVI,  2,  31. 

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tivée    par    les    troubles    qui    suivirent    la    défaite    de 
Gildon'. 

'H."  Atteinte  aux  privilèges  des  biens  déylise.  —  Les 
fonds  de  terre  appartenant  aux  églises  sont  exempts 
des  charges  extraordinaires  ou  sordides  mi'.m  s,  t.  III,  2, 
2013\  Daprès  un  rescril  d'Honorius  au  préfet  d'Italie 
Melitius  (25  mai  412),  quiconque  portera  atteinte  à  ce 
privilège  en  exigeant  des  prestations  indues,  encourra 
la  peine  établie  contre  les  sacrilèges  et  en  outre  la  dépor- 
tation ■-.  La  première  peine  est  sans  doute  celle  de  cinq 
livres  d"or,  édictée  par  Honorius  en  399  contre  ceux  qui 
portent  atteinte  aux  privilèges  des  églises'. 

3°Atfeinteau.rprivi/è(/esdes  cle7'cs  quant  à  la  juridic- 
tion —  Valenlinien  III  rétablit  en  423  le  privilège  des 
clercs  aboli  par  l'usurpateur  Jean.  Il  prescrivit  au  préfet 
des  Gaules  .\matius  d'informer  les  gouverneurs  de  pro- 
vinces que  les  juges  séculiers  doivent  s'abstenir,  sous 
peine  de  sacrilège,  de  citer  les  clercs  devant  leur  tribu- 
nal ;  l'évèque  est  seul  compétent  S 

4°  Profanation  du  dimanche.  —  D'après  une  consti- 
tution de  Valenlinien  II  adressée  en  386  au  préfet  d'Italie 
Principius,  les  afTaires  et  les  procès  doivent  être  suspen- 
dus le  dimanche;  il  est  également  défendu  de  réclamer 
ce  jour-là  une  dette  publique  ou  privée.  Le  contrevenant 
est  noté  d'infamie  et  jugé  sacrilège'. 

5°  Négligence  des  évêques  à  remplir  les  devoirs  de 
leur  charge.  —  Un  édit  de  Théodose  I"  au  peuple  de 
Conslantinople  (27  février  380)  déclare  coupables  de 
sacrilège  ceux  qui,  par  leur  ignorance  ou  leur  négli- 
gence, offensent  la  sainteté  de  la  loi  divine  ••.  Godefroy. 
s'appuyant  sur  le  témoignage  de  saint  Basile  et  de  saint 
Grégoire  de  Nazianze,  a  montré  que  celte  disposition 
vise  les  évêques  qui  laissaient  l'hérésie  se  développer 
dans  l'empire  d'Orient  '. 

6°  Apostasie.  —  Les  chrétiens,  convertis  au  judaïsme 
ou  au  manichéisme  [apostasi.4,  jidaei]  ,  sont, en  raison  de 
ce  sacrilège,  déchus  du  droit  de  tester.  En  383,  une  con- 
stitution de  Valenlinien  I",  adressée  au  préfet  d'Italie 
Ilypalhius,  limita  à  cinq  ans  après  le  décès  le  délai  accordé 
pour  attaquer  le  testament  de  l'apostat*.  Mais,  en  426,  une 
constitution  de  Valenlinien  III  au  préfet  d'Italie  Bassus 
supprima  cette  reslriclion  et  rendit  perpétuelle  l'action 
en  nullité.  Elle  retira  également  à  l'apostat  la  faculté 
de  faire  des  donations  entre  vifs,  alors  même  qu'elles 
seraient  déguisées  sous  l'apparence  d'une  vente*.  Dans 
l'intervalle,  Honorius,  par  une  constitution  de  409 
adressée  au  préfet  d'Italie  Jovius,  avait  décidé  que  l'on 
poursuivrait,  comme  coupables  du  crime  de  majesté,  les 
Coelicolae'" qui  tenteraient  de  convertir  des  chrétiens  ". 
Un  demi-siècle  plus  tôt,  en  357,  Constance  II  avait  puni  de 
la  confiscation  les  chrétiens  convertis  au  judaïsme'-,  et 
cette  peine  a  été  maintenue  par  Justinien  ". 

7°  Hérésie.  —  Les  hérétiques,  quels  qu'ils  soient, 
Ariens",    Donatistes 'S    Manichéens'^    Apollinaristes. 

'  Cf.  K.  Marlrove,  Gmséric,  ta  conquête  vandale  en  Afrique  et  la  destruction 
<ie  l  Empire  dUcnilent.  I!ir)7,  p.  35.  —  2  CoDsl.  Sirniond.  XI.  —  J  Cod.  TlieoU. 
XVI,  2,  U.  —  '  Consl.  Siruioort.  VI.  —  5  Cod.  Theod.  Vlll,  g,  3.  —  6  Ibid.  XVl, 
i,  Î5;  Cod.  Jutl.  IX,  29,  I.  —  î  Godefroy.  t.  VI.  p.  58.  —  »  Cod.  Theod.  XVl, 
"•  3»   '■  —  '  Jtiid.  T.  —   10  Cf.  sur  celle  secte  nouvelle,  Godefroy,  t.    VI,  p.  210. 

—  Il  Cod.  Tlieod.  XVl.  8.  1!>.   -  n  Ibid.  XVl,  8,  7.  —  13  Cod.  Jast.  1,  7,  1. 

—  "  Cod.  Theod.  XVl,  5,  6,  —  15  Jl,id.  XVl,  C,  4.  —  16  Aor.  Valenl.  XVII, 
1,  1.  —  "  Cod.  Just.  I,  5,  8,  2.  —  18  Jbid.  :  Diapar  quidcm  nomen.  sed 
idem  tacriUgiam;  Cod.  Theod.  XVl,  5.  20.  —  19  Cf.  Edouard  Cui|,  Jnati- 
tulioKi  juridiques  des  Homams.  l.  Il,  p.  76.  —  20  Ibid.  1.  I",  2<  éd.  p.  I«, 
n.    «.  —  21  Ibid.  I.  Il,  p.  786.  —  22  CoDsl.   Sirmond,    Il  ;   Cod.    Theod.  XVl. 


Eutychianistes''',  sont  des  sacrilèges'*  [uaeretici,  t.  III, 
1,  p.  31.  Les  peines  édictées  contre  eux  sont,  en  général, 
des  peines  civiles  :  infamie"  ûxf.\miaj,  intestabilité  *" 
[TESTis^  déchéance  du  droit  de  tester  jEST.tMEXTiMJ  et 
de  succéder  à  cause  de  mort'-'  [siccESSio].  On  y  joint 
souvent  la  confiscation  des  biens  >roscriptio,  cùnfis- 
CATiOj,  l'interdiction  du  séjour  dans  les  grandes  villes  et 
dans  les  cent  milles  environnants  --.  Parfois  des  peines 
rigoureuses  (amendes  très  fortes",  peine  de  mort)-'  sont 
prononcées  contre  les  affiliés  à  certaines  sectes.  Les 
hérétiques  sont,  enfin,  exclus  des  fonctions  publiques -^ 
et  du  barreau  "  ;  ils  ne  sont  jamais  admis  à  profiter  des 
grâces  ou  amnisties  accordées  à  l'occasion  des  fêtes  reli- 
gieuses "  JNDlLfiENTlA,  t.  III,  l,p.  482j. 

§3.  Impiété  envers  l'empereur.  —  Parmi  les  actes 
d'impiété  envers  les  dieux,  ceux  qui  sont  commis  envers 
la  divinité  de  l'empereur  [imperium,  t.  III,  1,  p.  431"  doivent 
être  examinés  séparément.  Toute  atteinte  à  la  majesté 
impériale  est  une  impiété  -',  mais,  en  général,  elle 
n'est  punie  comme  un  sacrilège  que  dans  un  certain 
nombre  de  cas. 

1°  Refus  de  jurer  par  le  génie  de  l'empereur.  —  C'est 
un  des  principaux  griefs  formulés  contre  les  chrétiens*'. 
Pour  s'assurer  de  l'exactitude  de  l'accusation  portée 
contre  eux  en  raison  de  leur  nom,  on  leur  déférait  ce 
serment  qu'il  leur  était  impossible  de  prêter.  Ils  consen- 
taient à  prier  pourl'empereur.  mais  non  à  reconnaître  son 
génie  ^gexiis,  t.  Il,  2,  p.  i493j.  En  quoi  ils  commettaient 
un  sacrilège^".  —  Le  faux  serment  prêté  par  le  génie 
de  l'empereur  devait  être  aussi  un  crime  de  lèse-majesté. 
Mais  Alexandre-Sévère,  confirmant  les  décisions  de  ses 
prédécesseurs,  déclare  que  si  le  parjure  a  eu  lieu  dans 
l'emportement  de  la  colère,  l'accusation  ne  sera  pas  rece- 
vable^'.  Un  rescrit  de  Sévère  elCaracalla  prescrit  d'inlli- 
ger  au  parjure  une  correction  :  on  le  fait  fustiger'-. 

^"Inobservation  des  décrets  de  l'empereur.  —  La  peine 
du  sacrilège  est  encourue  par  celui  qui  demande  à  l'em- 
pereur de  lui  concéder  les  biens  d'un  condamné  pour 
crime  de  lèse-majesté  ",  ou  des  terres  qui  conviennent 
mieux  à  la  construction  d'un  palais  impérial  qu'à  la  cul- 
ture", par  celui  qui  demande  une  fonction  publique  dans 
une  province  ou  une  ville  d'où  ilest  originaire  ^%  par  celui 
qui  usurpe  une  dignité  supérieure  à  celle  qu'il  a  obte- 
nue "",  enfin  par  le  délateur  qui  dénonce  les  particuliers 
qui  ont  régulièrement  acquis  des  biens  patrimoniaux,  ou 
des  biens  appartenant  à  un  temple  ou  à  une  cité  ''. 

En  certains  cas  la  peine  du  sacrilège  s'ajoute  à  celle  qui 
est  prononcée  contre  l'auteur  de  la  contravention  {adjecta 
poena  sacrilegii  f/uae  in  divalium  scitorum  violatores 
palam  insequitur''.  —  On  traite  de  la  même  manière  et 
l'on  inflige  une  peine  semblable  à  celle  du  sacrilège  aux 
vicaires  des  préfets  du  prétoire  d'Italie"  qui  refusent  le 
jus  osculi  aux  domeslici  et  aux  protectores  '"  [protec- 
TOREs].  Quant  aux  magistrats,  qui  se  permettent  de  cri- 

2,  65;  XVl,  5,  3t:  Cod.  Just.  I,  5,  8,  6.  —  23  Cad.  Theod.  XVl,  5,  52: 
54,  3.  —  21  Cod.  Just.  I,  0.  2.-25  Cod.  Theod.  XVl,  5,  25.  29,  42.  etc.  —  26  Cod. 
Jutl.  1.  5,  12,  S.  —  21  Cod.  Theod.  IX.  38,  7  et  8.  —  2»  Paul.  Sent.  V.  29,  I  :  cf. 
Tac.  Ann.  VI,  47.  —  29  Passio  sanctorum  Seilitanonmi,  5  (éd.  Rauschen,  III. 
1904,  p.  104)  ;  ilartyr.  Polycarp.  9;  Acta  Apolloni.  4,  6.  —  30  Terlull.  Apoiog. 
32,   2.   —  31   Cod.   Just.   IV,   4,  2.    —  32   dp.  22  ad   Ed.   Uig.  XII,  2,  13,  (i. 

—  33  Theod.  I(a.3  80),  Cod.  Theod.  X,  10,  15:  reus  riolatae  legis.  —^Ibid. 
(a.  362),  X,  10,  16.  —  35  Valenl.  I  (a.  384).  Cod.  Theod.  VI,  5,  2.  —  3t  Theod. 
I  (a.  385),  Cod.  Just.  IX,  29,  3.  —  31  Theod.   II  fa.  405),  Cod.  Theod.  X,  10.  24. 

—  38  Ibid.  (a.  409),  II,  4,  30,  —  39  La  conslitulion  esl  adressée  au  préfet  d'Ilalie 
Eusignius  ;   cf.   Borghesi,  Œuvres,   t.    X,  p.   502.  —   »"  Ibid.  (a.  387),  VI.  24,  4. 


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tiquer  les  choix  laiU  par  lenipereur,  Valcntinien  1!  con- 
sidère leur  conduite  comme  un  sacrilège  [sncrileijii  ins- 
tar) et  leur  inflige  une  peine  delOlivres  d"or'.  Ed.  Cug. 
SACRORUM  TURBATIO.  —  Une  loi  dArcadius  et 
d'Honorius.  de  308.  contre  les  injures  adressées  publi- 
quement au  culte  chrétien  et  à  ses  ministres,  punit  de  la 
peine  capitale  tout  trouble  apporté  à  l'exercice  du  culte 
dans  les  églises,  toute  dégradation  des  édifices'  [s.\cri- 
LEGiiM,  p.  98.j".  Justinien  maintint  cette  pénalité  contre  la 
sacroruin  tnrbalio.  mais  ne  frappa  plus  que  de  l'exil  les 
outrages  aux  prêtres  ^  La  violation  du  droit  d'asile  des 
églises  était  assimilée  à  la  lèse-majesté  ^      G.  Hlmbert. 

SAECUL.\RES  LUDI.  SAECULUM.  —  Parmi  les  fêtes 
de  tout  ordre,  cérémonies  religieuses  compliquées  de 
réjouissances  populaires  qui,  sous  le  nom  de  ludi,  se 
succèdent  au  calendrier  romain  'lidij,  celles  qui  sont 
connues  sous  le  nom  de  Jeux  sécn/aires  méritent,  malgré 
la  rareté  qui  en  est  le  caractère  distinctif,  une  mention 
toute  particulière'.  Leur  histoire,  assez  sommaire  pen- 
dant longtemps,  a  grandi  en  intérêt  du  jour  où  une 
découverte  de  premier  ordre  l'a  fait  passer  du  domaine 
de  la  littérature  dans  celui  de  l'archéologie;  cette  dé- 
couverte n'a  pas  seulement  éclairé  la  question  spéciale 
des  jeux  publics  chez  les  Romains  ;  elle  a  jeté  des 
lumières  précieuses  sur  plus  d'un  problème  d'ordre 
religieux  et  même  politique. 

L  L'idée  du  saeculum.  —  Ce  qui  les  distingue  de  tous 
les  autres,  c'est  qu'en  principe  ils  ne  sont  célébrés  qu'une 
fois  par  siècle-,  .\insi  que  le  proclamait  le  héraut  chargé 
de  les  annoncer  à  Rome,  ceux  qui  allaient  y  assister  ne 
les  avaient  jamais  vus  dans  le  passé,  ne  devaient  jamais 
plus  les  revoir  dans  l'avenir^  Les  fêtes  séculaires  mar- 
quent la  lin  d'un  siècle  et  elles  inaugurent  un  siècle 
nouveau.  .Mais  la  notion  du  siècle,  dans  l'antiquité  gréco- 
romaine,  n'a  pas  eu  universellement  la  précision 
mathématique  qui  s'y  attache  aujourd'hui.  In  premier 
coup  d'œil  sur  l'histoire  des  fêtes  séculaires  à  Rome  ne 
rencontre  même  que  confusion  et  incertitude*.  C'est 
qu'il  y  eut,  pour  le  moins,  trois  façons  ditTérentes  d'en- 
tendre le  siècle  et  qu'aucune  d'entre  elles  ne  réussit  à 
exclure  entièrement  les  deux  autres,  des  combinaisons 
politico-religieuses  continuant  de  les  exploiter  toutes. 
Il  y  eut  la  conception  du  siècle  suivant  la  nature  qui  ne 
s'astreint  à  aucune  règle  mathématique  ;  et  il  y  en  eut 
d'autres  fondées  sur  des  calculs  humains  qui  prenaient 
leur  point  de  départ  et  la  mesure  de  leur  durée  dans  des 
faits  sinon  varieibles  du  moins  contingents.  De  cette 
espèce  est  le  siècle  juridique  icici/e),  le  seul  que 
nous  admettions  aujourd'hui,   et  surtout  le  siècle  reli- 


<  Ibid.  (a.  384),  I,  6,  9;  cf.  Cod.  Just.  IX,  29,  2.—  Bibliocraphik.  Van  Vreden- 
burck,  Ve  sacriiegio,  tS32  ;  Rein,  Das  Criminalrecht  der  liômer,  1844  ;  Albert 
Desjirdios,  Traité  du  vol  dans  les  principales  législations  de  tantiquité  et  spécia- 
lement dans  le  droit  romain,  Is81  :  Morllz  Voigt,  Die  XII  Ta/'eln.  Geschichte  und 
System  des  Civil  und  Criminal  Redits,  wie-Processes,  18S3,  t.  11,  p.  558  ;  Mornm- 
seo,  Rimisches  Strafreeht,  1809  çtraduclion  par  J.  Duquesne,  1907.  l.  Il,  p.  273; 
310;  t.  m,  p.  60)  ;  S.  Weiss.  Christencerfijlgungen,  1899  ;  P.  Allard,  Histoire  des 
persécutions,  t.  I",  3»  éd.  1003  ;  i:.  Callcwacrl,  fleînie  des  questions  historiques, 
1903,  l.  LX.tlV.  p.  28:  1904.  t.  LXXVI,  p.  5:  1905,  t.  LXXVll,  p.  349;  Edouard 
Cuq,  Les  institutions  juridiques  des  Romains,  t.  11.  édit.  1008,  p.  788. 

SACRORUM  TURBATIO.  I  C.  Th.  16,  i,  31.  —  2  A'oi.  123,  31.  —  3  C.  Just. 
i,  12,  J,  5,  li. 

SAECCLARES  LCDI.  SAECDLCM.  UlDl  111,  i,  p.  1374.  —  2  Fesl.  Saeculares 
ludi,  p.  310  ;  Epil.  p.  284,  283  ;  cf.  Censor.  De  die  nat.  17,  2,  5,  passim  ;  Zosim. 
11,  1.  —  3  Sud.  Claud.  21  ;  cf.  acta;  Ephem.  epigr.  VIU,  lignes  54,  56.  —  4  Varr. 
Ling.  lai.  VI.  11  ;  Censor.  Op.  cit.  17,  13  et  13  ;  cf.  8  et  9  ;  Aug.  Civ.  D.  111.  18; 
Mueller-Oeeke,  Die  Etrusker.  Il,  p.  332:  }i\ommsen.  Chronologie,  p.  M^  ;  Ephem. 


gieux,  le  plus  élastique  et  le  plus  arbitraire  de  tous. 
A  l'origine  des  littératures,  à  Rome  aussi  bien  qu'en 
Grèce,  on  mesurait  la  vie  d'un  peuple  par  celle  des  géné- 
rations d'hommes  qui  le  composaient.  Chez  Homère  et 
chez  Hésiode,  ce  sont  les  mots  ysvét,,  yévoîcI  aïwv,  l'un  et 
l'autre  se  retrouvant  chez  les  Latins,  sous  les  formes 
gênera  elaevu/n,  qui  expriment  la  durée,  d'ailleurs  indé- 
finie, d'un  ensemble  contemporain  de  vies  humaines '. 
La  première  tentative  en  vue  de  répartir  l'existence  de 
l'humanité  en  général  suivant  la  mesure  des  vies  parti- 
culières est  à  chercher  dans  la  poésie  hésiodique  ;  c'est 
là  qu'on  trouve,  formulé  en  mythe,  un  système  de  cinq 
générations  successives  en  qui  se  résume  l'histoire  de 
l'humanité  jusqu'au  temps  du  poète*"'.  De  même  chez  les 
Latins,  mais  sous  une  forme  purement  abstraite,  c'est  le 
mot  saecuhtm,  presque  toujours  écv'ii  saeclum  jusqu'au 
déclin  de  la  République  :  surtout  chez  Lucrèce,  lequel  ne 
connaît  que  celle  forme),  qui  exprime  lidée  des  êtres 
vivants,  hommes  ou  animaux,  en  tant  qu'ils  durent 
ensemble,  au  cours  d'une  même  période  indéterminée  '. 
La  linguistique  moderne  a  ramené  ce  mot  au  radical  sa, 
saat,  senien  en  latin  et  l'a  rapproché  de  •[■évo;  en  grec*. 
Au  point  de  vue  de  la  signilicalion,  les  anciens  déjà 
assimilaient  saeclum  à  <tiiu'^,  l'un  et  l'autre  excluant 
toute  notion  de  durée  précise.  Cette  indi'termination 
même  devait  éveiller  les  préoccupations  religieuses. 

Ce  sont  les  aruspices  étrusques  qui,  les  premiers, 
cherchèrent  au  siècle  un  point  de  départ  et  une  durée 
mathématique;  et  voici  comment  ils  résolurent  le  pro- 
blème '.  De  même  que  l'année  embrasse  la  vie  et  la  mort 
de  la  végétation,  il  y  a,  au  regard  de  la  vie  des  hommes, 
une  période  au  cours  de  laquelle  s'accomplit,  pour  tous 
ceux  qui  sont  nés  le  même  jour,  l'évolution  totale  de  leur 
être  physique  et  moral.  Le  siècle  équivautcomme  durée 
au  plus  long  âge  d'un  homme  ;  il  commence  quand  cet 
homme  nait,  il  est  achevé  quand  cet  homme  meurt'". 
Mais  si  la  durée  du  siècle  est  ainsi  définie,  théorique- 
ment, rien  dans  la  succession  continue  des  individualités 
ne  permet  d'en  fixer  le  point  de  départ.  Et,  de  fait,  on 
s'avisa  que  le  siècle  n'existait  que  par  rapport  aux 
nations",  de  sorte  qu'il  est,  par  son  début  comme  par 
sa  conclusion,  un  fait  qui  échappe  à  l'observation  ;  seule 
la  science  surnaturelle  des  augures  est  en  mesure  de 
dire,  sinon  quand  un  siècle  commence,  du  moins  quand 
il  doit  finir  et  suivant  quelles  étapes  "-.  Partant  de  ces 
principes,  les  aruspices  étrusques  attribuaient  à  leur 
propre  nation  une  durée  de  dixsiècles,  aux  autres  peuplés 
une  durée  variable  qui  dépendait  de  leur  histoire,  c'est- 
à-dire  de  l'arrêt  du   destin.  .\  la  nation   romaine  ils  en 


epigr.  ibid.  p.  252;  l'reller-Jordan,  Roem.  Mgthol.  II,  83  sq.  ;  Marquardl-Mommaen, 
Handbuch,  VI,  p.  390  sr).  ;  Riesc,  Rhein.  .Vus.  1865,  p.  293  ;  Helbig,  Bulhlt. 
dell'  Instil.  1876,  p.  227  sq.  —  5  Hom.  Jl.  I,  230;  11.  707  ;  III,  213  et  passim  ;  li' 
pluriel  seulement  une  fois,  dans  le  premier  de  ces  passages:  Hes.  Op.  et  aies.  100 
sq.  ;    90-93  ;   et  les  commentaleurs.  —  «  Preller.   Griech.  Mythol.   I.  p.  67  sq. 

—  ■  Lucr.  1,  21  ;  598  ;  11,  77  ;  V,  340  ;  III,  734  etc.  ;  Cic.  Sen.  7  :  Serit  arbores 
quae  alteri  saeelo  prosint  (citation  d'un  vieux  poète).  Cf.  Virg.  Aen.  VI,  7,  93  : 
Aurea  candet  saecula;  et  Georg.  11,  293  :  Multa  virum  volvens  durando  saecula 
vineit.  Cf.  Buccheler,  chez  Polie,  De  artis  locabulis  Lucret.  p.  37.  —  «  Vanizcel, 
Griech.  Latein.  Wôrlerbuch,  p.  979  ;  cf.  Bréal  et  Bailly,  Dictionn.  étymol. 
p.  317  :  l'idée  du  siècle  est  sortie  de  celle  d'âge  :  Jlommsen,  Roemisch.  Fors- 
chungen.  Il,  p.  59.  —  9  Censor.  Op.  cit.  17,  13  :  cf.  Mueller-Decke,  Die  Etrusker, 
11,  p.  309.  —  10  Censor.  L.  c.  17,  2  et  5  :  Spatium  aetatis  humanae  longissimum. 

—  Il  Preàler-Jordan,  Roem.  ilijth.  II,  p.  85.  —  12  Censor.  17,  15;  Sidon.  Apoll. 
Carm.  VII,  55;  Claud.  BM.  Gel.  265  sq.  ;  Varr.  ap.  Serv.  Aen.  VIII,  526;  Cic.  De 
har.  resp.  9,  18,  Cf.  Mucller-Dceke,  Op.  cit.  Il,  314;  Boucbé-Leclercq,  Bist.  de 
la  divination,   I.  IV,  p.  90. 


S.\E 


—  988  — 


SAE 


accordaient  douze  et  ils  trouvaient  ce  nombre  dans  celui 
des  douze  vautours  que  Romulus  vil  apparaître  sur 
l'Aventin  lorsque,  avant  de  fonder  la  ville  nouvelle,  il 
procéda  à  VAugtirium  Augustum  '. 

Cependant  l'esprit  romain  ne  se  contentait  pas  de 
cette  mesure  du  siècle  qui,  tout  en  définissant  l'idée  de 
génération,  laissait  à  l'arbitraire  la  lixation  du  point  de 
départ  et  faisait  varier  la  durée  :  ils  cherchèrent  une 
moyenne  et  il  est  probable  que  c'est  la  mesure  du  lus- 
trum,  introduite  dans  l'organisme  fiscal  et  administratif 
de  Rome  par  Servius  Tullius,  qui  la  leur  fournit  :  le 
siècle  au  sens  juridique  icivilei  fut  pour  eux  une  durée 
de  vingt  lustres  ou  cent  ans-.  Tous  les  ans,  en  vertu 
d'une  coutume,  venue  elle  aussi  d'Élrurie,  le  praetor 
maximiis  plantait  un  clou  dans  la  paroi  qui,  au  temple 
de  la  Triade  Capitoline,  séparait  lace//fl  de  Minerve  de  celle 
de  Jupiter  [^clavus  .Ceclouqui,  au  sanctuaire  de  Xortia  à 
Volsinies,  exprimait  la  volonté  immuable  de  la  destinée, 
servait  ainsi  chez  les  Romains  à  dénombrer  les  années  : 
indices  numeri  annorum^.  On  manque  de  textes  précis 
pour  le  début  de  cette  pratique  comme  aussi  pour  la 
limitation  solennelle  du  siècle,  après  les  cent  ans  révo- 
lus. Cela  seul  est  une  preuve  que  si  le  siècle  juridique 
était  accepté  par  l'opinion  romaine  comme  ayant  une 
durée  de  cent  ans,  le  siècle  naturel,  dont  l'art  augurai 
avait  fait  le  siècle  religieux,  gardait  ses  droits;  et  ainsi 
s'expliquent  les  variations  qui,  sans  doute  à  partir  de 
l'an  500  de  Rome,  où  commença  la  notation  régulière  par 
années  des  prodiges  dans  les  Annales  des  Pontifes^, 
brouillèrent  le  calcul  des  siècles  depuis  les  origines  et 
(irent  la  partie  belle  aux  combinaisons  futures. 

C'est,  d'ailleurs,  à  celte  époque  que  la  notion  du  siècle 
parait  avoir  élé  exploitée  pour  la  première  fois  par  les 
liwes  sibyllins  et  par  les  magistrats  chargés  de  leur  inter- 
prétation^. En  l'an  oOo  de  la  fondation  ;249  av.  J.-C), 
ceux-ci  la  mêlèrent  au  culte  des  dieux  souterrains,  Dis 
Pater  et  Proserpine,  pour  la  célébration  des  jeux  laren- 
tins.  Avec  la  date  de  737  (17  av.  J.-C),  cette  année  est  la 
seule  qui  nous  offre,  pour  la  détermination  des  siècles 
avant  l'ère  chrétienne,  un  point  d'appui  sûr  et  histori- 
quement garantie  Mais  que  l'on  calcule  en  remontant 
vers  les  origines  ou  en  descendant  vers  la  fête  de  l'an 
17  av.  J.-C.  ni  le  siècle  de  cent  ans,  ni  toute  autre  durée 
régulière  du  siècle  ne  saurait  expliquer  soit  la  date  de 
249,  soit  son  rapport  avec  l'année  17.  La  confusion  s'ac- 
croît encore  si  l'on  constate  que  des  jeux  séculaires  ont 
pu  être  célébrés  à  Rome  (la  chose  n'est  pas  sûre)  en  146 
av.  J.-C.  ;  si  enfin,  au  siècle  suivant,  nous  nous  avisons 
que  ceux  qui  auraient  dû  tomber,  soit  en  49,  soit  en  46, 
selon  qu'on  se  règle  sur  le  point  de  départ  (249)  ou  sur 

•  Rouen-?  FT  RtMis,  p.  892;  Sch»egler,  Itoem.  Getch.  de.  1.  p.  440  si).;  S.  Rei- 
nach.  C.  r.  .4fnd. /n«(T.  1!»06,  p.  1»5.  —  îVarr.  Ling.lat.W,  11;  Censor.  i7.8;  13,15; 
Gaius,  fiijesf.  7,  I.  5fi;  Fesl.  p.  3i8  el  iî9  ;  cf.  Moitirnsen,  Chronol.  p.  175  sq.  ;  Mar- 
«luardl-Morarasen,  Handbiich,  VI,  p.  3ï0.  —  3  T.  Liv.  Vil,  3;  Hor.  Od.  I,  35,  18;  III,  U, 
5;  cf.  Cic.  Ve  r.V,  il,  53;  Helr.  Sa:.  71;  Plaul.  Asin.  1,3,4.  Cf.  PrcHer-Jordan,  floem. 
Myth.  I.  p.  358  sq  et  11.  189  ;  Sluellcr-Deeke,  Op.  cil.  11.  p.  309.  —  »  Sur  l'imporlance 
lie  l'ann^  5(i0  U.  G.  au  point  de  vue  clirouologique,  v.  BerDays.  Jtliein.  Mus.  N.  sér. 
XII,  p.  43r.;  et  pour  le  détail  des  divergences  et  la  confusion  qui  en  résulta,  Mar((uardt- 
Mommsen,  L.  c.  p.  36"  S(\.  :  Morarnseu.  Ephem.  epiçr.  VIU,  p.  234  sq.  —  »  Varr.  ap. 
Censor.  17,  8  ;  T.  Liv.  Spil.  49;  Val.  Max.  II,  5.  5  ;  .^ug.  Cit:  D.  III,  18  ;  Comment. 
t>uq.  Hor.  Carm.  saee.  I  ;  cf.  Carter,  cher  Rosclier,  Ausf.  Lexikon.  fasc.  56,  p.  3143 
cl  3145.  Diehis,  Sibt/lliniscfie  Staetter,  a  aftirmé,  mais  non  démontré,  que  c'esl  en 
249  av.  J.-C.  que  les  ludi  satcutares  se  sont  substitués  aux  ludi  tarentini;  vid. 
iafra^  II;  le  conflit  des  deux  siècles,  celui  de  cent  ans  (ctrt7e  &aecliim]  et  celui  de  cent 
dix  {naturalt  ou  reliyioium),  date  probablement  de  ce  moment.  —  <>  Les  jeux  de  146 
(«06  l'.  Cl  sonl  cites  par  Censor.  17,  1 1  el  T.  Liv.  Epit.  49;  Valerius  Antias  lei  plaçait 
trois  ans  plus  tût  ;  mais  ce  sont  les  auualistes  subsét|iieuls,  Fison  Calpurnius,   Cn. 


la  dérogation  du  siècle  subséquent,  n'ont  pas  eu  lieu  du 
tout,  à  raison  de  la  guerre  entre  César  et  Pompée \  Ce 
n'est  pas   tout  encore  :    de   nombreux  prodiges  ayant 
épouvanté  le  monde  en  l'an   88  iTiG6  de  la  fondation), 
l'année  où  avait  commencé  la  grande  lutte  entre  Sylla  et 
Marius,  où  Mithridale  en  Orient  menaçait  la  sécurité  de 
l'empire,  les  aruspices  d'Étrurie  avaient  vu  dans  ces  évé- 
nements la  lin  du  siècle  et  le  début  d'une  ère  nouvelle  ^ 
De  même  en  l'an  44  (710  de  la  fondation),  le  jour   des 
funérailles  de  César,  une  comète  se  montrant   dans  le 
ciel,  l'augure  Vulcatius,  dont  le  nom  seul  indique  son 
origine  Etrusque,  déclara  devant  l'assemblée  du  peuple 
que  l'étoile  signifiait  la  fin  du  ix''  et  le  commencement  du 
X'  siècle,  non  pas  de  Rome,  ce  qui  est  impossible,  mais 
d'Étrurie''.  Et  pour  donner  du   poids  à  ses  paroles,  il 
annonça  sa  propre  mort,  en  punition  d'un  secret  qui 
aurait  dû  rester  celui  des  dieux.  L'histoire  rapporte  qu'il 
mourut,  en  effet,  devant  le  peuple  assemblé,  après  lui 
avoir  ainsi  interprété  le  phénomène  céleste.  Mais  ni  sa 
mort,  ni  sa  révélation  ne  jettent  du  jour  sur  la  durée  du 
siècle.   La  seule  chose  qui   est  certaine,  c'est  que,  sous 
l'influence  des  livres  sibyllins,  on  délaissa,  sans  doute 
à  partir  de  666,  la  mesure  du  siècle  par  vingt  lustres 
pour  adopter  celle  qui  fut  consacrée  par  les  jeux  sécu- 
laires de  l'an  17  (737),  la  mesure  de  110  ans'".  C  est  alors 
que,  en  vertu  de  calculs  rétrospectifs,   sans  souci  de  la 
réalité  historique,  on  créa  de  toutes  pièces  une  ou  plu- 
sieurs traditions  de  la  répartition  des  siècles  ",  de  sorte 
qu'il  nous  faut  nous  orienter  entre  elles,  sans  avoir  la 
ressource  ni  de  les  mettre  d'accord,  ni  même,  le  plus 
souvent,  de  nous  expliquer  leurs   divergences.  .\  nous 
en  tenir  aux  deux  systèmes  principaux  (mais  il  y  en  eut 
d'autres),  l'un  reposant  sur  la  durée  de  cent,  l'autre  sur 
celle  de  cent  dix  ans,   nous  remarquerons  d'abord  que 
leurs  points  de  départ  diffèrent.  Le  premier  date  de  l'an 
245  de  la  fondation  de  Rome,  c'est-à-dire  du  règne  de 
Tarquin  le  Superbe  ;  le  second  de  l'an  298,  qui  est  celui  du 
consulat  de  M.  Valerius  el  de  S.  Verginius.  Ensuite  nous 
notons  que  tous  les  deux  aboutissent  à  l'an  738  (16  av. 
J.-C  )'-,  ce  qui  prouve  qu'ils  ont  été  calculés  en  vue  de 
cette  date,  celle  des  jeux  célébrés  par  Auguste.  Il  est  clair 
qu'il  s'agissait  de  la  légitimer  par  tous  les  moyens  el  de 
mettre  d'accord  les  siècles  sibyllins  ou  religieux  avec  les 
siècles  civils;  voici  le  tableau  qui  permet  de  comparer: 


Saec 

tum 

cicile  (100  ans).  —  Saeculum  sibtjtlinu 

■n  (110  aosl. 

Ann.  U. 

C. 

Ante  Cbr. 

Ann.  U.  C. 

Ante  Cbr. 

243 

aO!l 

398 

456 

34(i 

40» 

408 

34G 

SOS 

U'J 

518 

330 

608 

140 

638 

126 

737 

17 

738 

16 

Gcllius,  Cassius  Hcmina  qui  donnent  la  première  date  ;  Varrou  et  T.-Live  ont  suivi 
Valerius.  —  '•  T.  Liv.  ap.  Censor.  17,  9  ;  Dio.  Cass.  54,  18.  Mon.  Ancyr.  4,  36,  37  ; 
Tac.Ann.XI.il.  —  8  Cic.  Hariisp.  rfs.o.  9,  18  ;  Serv.  ilcn.  VIII,  5Ï0  ;  cf.  Mueller- 
Deeke.  Op.  c.  Il,  p.  313.  Cf.  Plul.  Syll.  7;  Suid.  EiUi;.  cilant  Tile-Liveet  Diodorc. 
—  9  Serv.  Bucol.  9.  47,  d'après  les  mémoires  d'Auguste  [Dt  memoria  vîtae  stiae)  ; 
cf.  Cartaull,  Eludt  sur  les  Bucoliques  de  Virgile,  p.  218  sc|.  —  10  II  n'est  pas 
impossible  que  la  date  de  060,  si  voisine  de  Tannée  caractéristique  de  666,  ait  pré- 
cisé dans  certains  esprits  la  mesure  du  siècle  par  cent  dix  ans  ;  cf.  Varr.  De  génie 
populi  romani,  ap.  Aug.  Civ.  D.  XXll,  28.  sur  la  période  des  quatre  cent  quarante 
ans  durant  laquelle  se  fait  la  palmgénésie,  le  renouvellement  des  existences  hu- 
maines. —  "  V.  Carter,  chez  Roscher,  Op.  cit.  p.  3146  sq.  ;  Bergk,  Augusti  rerum 
a  se  gestarum  index,  p.  75,  croit  (jue  les  séries  n'oiit  été  calculées  rétrospective- 
ment que  sous  Septime-Sévère.  lors  des  septièmes  fêtes  séculaires,  suivant  le  canon 
des  cent  dix  ans  :  les  chiffres  ci-après  et  toutes  les  circonstances  Je  l'organisation 
trouvée  sous  Auguste  plaident  pour  l'initiative  de  ce  dernier.  Pour  les  divergences, 
V.  Marquardl-Mommsen,  Hitndbuch,  VI,  p.  389.  -  12  Vid.  infra,  III,  les  raisons  qui  ont 
fait  devancer  d'un  an  ladalede  738  pourla  célét»ralion  des  cinquièmes  jeux  séculaires. 


SÂE 


—  98Î) 


SAE 


Seule  la  série  si/bi/line  esl  régulière,  mais  facLice  ;  la 
série  civile  repose  sur  une  base  historique  moins  fragile. 
cl  c'est  pour  cela,  sans  doute,  qu'elle  déroge  le  plus  sou- 
vent à  la  règle  des  cent  ans.  On  y  surprend  Tinterven  11  on 
fréquente  de  la  gens  Valeria',  au  début  d'abord  et  en 
Tan  505  de  Rome  qui  a,  dans  la  question  des  jeux  sécu- 
laires issus  des  jeux  tarentins,  une  importance  particu- 
lière. Pour  le  surplus,  c'est  sans  doute  à  expliquer  les 
écarts  et  les  confusions  que  travaillèrent,  à  l'aurore  d(^ 
l'Empire,  et  les  historiens  et  les  archéologues.  Ainsi 
Varron,  qui  écrivit  un  traité  De  saeculis  -  et  mourut  dix 
ans  avant  les  fêtes  de  l'an  17  ;  puis  Verrius  Flaccus, 
dont  Festus  nous  a  conservé  sommairement  l'opinion, 
et  qui  mourut  l'année  même  des  fêtes ^;  enfin  Aleius 
Capilo,  le  célèbre  jurisconsulte,  qui  conseilla  l'empereur 
et  réussit,  à  force  d'ingéniosité,  à  justifier  la  date 
souhaitée  par  lui*.  Constatons,  d'ailleurs,  que  celte  Ira- 
dilion  si  péniblement  forgée  ne  s'imposa  pas  à  l'opinion, 
malgré  l'éclat  dont  devaient  briller  les  fêtes  qui  en  sont 
sorties  sous  Auguste.  Après  comme  avant,  le  calcul  des 
siècles  resta  livré  à  l'arbitraire,  sous  celle  réserve  qu'au 
lieu  de  déroger  à  la  fois  à  la  règle  des  cent  ans  et  à  celle 
des  cent  dix,  ou  voulut  bien,  sinon  en  fait,  du  moins 
en  principe,  suivre  soit  l'une,  soit  l'autre ^ 

La  littéralure  des  dernières  années  de  la  République 
nous  fournit  sur  la  conception  du  siècle,  tout  au  moins 
chez  les  esprits  cultivés,  d'autres  témoignages  qui  nous 
ramènent  d'une  part  au  mythe  des  âges  suivant  Hésiode, 
d'autre  part  aux  spéculations  pythagoriciennes  sur  les 
révolutions  (àvaxûx)i<u<nç),  la  décadence  graduelle  (aTioxa- 
TÎdTasi;)  et  la  régénération  de  l'humanité  (TraXt^fcvEtria)  ''. 
Nous  avons  cité  déjà  Varron  qui,  dans  ses  Liôri  rilnales, 
dont  faisait  partie  un  traité  De  Saeculis,  semble  avoir 
mêlé  les  leçons  de  la  sagesse  hellénique  à  l'application 
de  la  théorie  du  siècle  suivant  les  Étrusques.  Un  écho 
intéressant  de  ces  idées  est  à  chercher  dans  la  quatrième 
Eglogue  de  Virgile  qui  est  de  l'an  40av.  J.-C,  c'est-à-dire 
qu'elle  succède,  à  peu  d'années  près,  à  la  prédiction 
de  l'augure  Vulcatius,  le  jour  des  funérailles  de  César''. 
Dans  celle  églogue,  qui  célèbre  l'avènement  au  consulat 
d'Asinius  Pollion,  il  est  question  du  dernier  siècle  prédit 
par  la  sibylle  ;  d'une  nouvelle  grande  année  qui  va  com- 
mencer pour  le  monde,  de  l'âge  d'or  qui  s'annonce;  de 
la  naissance  d'un  enfant  merveilleux  qui  doit  en  être 
l'incarnation  etque  Virgilen'apas  autrement  déterminé*. 
Celte  églogue  esl  un  curieux  symptôme  de  l'étal  des 
esprits,  à  l'heure  où  la  République  romaine  s'écroule, 


*  Sur  rintervcQlioD  des  magisirals  issus  de  la  gens  Valeria,  vid.  infra,  M  ;  cl  Val . 
M«.  Il,  4,  6,  Si|.  ;  Zosim.  H,  4;  111,  3:  Fest.  p.  319;  Censor.  17,  10;  Hlul. 
Popi.  •i.\.  Cf.  Preller-Jordan.  Op.  cit.  II,  p.  80  sq.  Pour  les  fêtes  séculaires 
lia  rëgDC  de  Tari|uin  le  Superbe,  v.  Fesl.  p.  319  ;  ils  auraient  été  célébrés  sur  les 
terres  mêmes  du  roi,  en  riiouneur  de  Mars,  par  Valerius  Publicola,  consul  taun. 
ttë  U.  C).  La  répartition  des  (|ualrc  fêtes  séculaires  apocryphes  et  antérieures  à 
Auguste,  chez  Censor.  17,  in;  cf.  Rotb,  /Ihein.  Mus.  N.  série,  VU,   p.   365  sq. 

—  2  Serï,  Aen.  Vlll,  5i6  ;  Censor.  17,  8,  ciUint  Varron.  —  s  U  y  a  des  traités  de 
Verrius  Flaccus  qui,  à  s'en  rapporter  au  titre,  louchaient  sûrement  à  la  question 
des  jeux  séculaires  :  /terum  etruscanim  (Schol.  Vcron.  Aen.  X,  H3  et  200)  ;  Satur- 
iiiu  (Macrob.  I,  4,  7).  —  '•  Festus  cite  de  lui  :  De  ponlificw  jure  libri,  p.  15i. 
mundus.  Sa  parlicipalion  juridique  à  l'organisalion  des  jeux  séculaires  n'est  pas 
douteuse  ;  Varron  les  ayant  dénombrés  suivant  le  canon  de  cent  ans  (Censor.  17,  9). 
c'est  Ateius  Capito  qui  fit  triompher  celui  de  cent  dix,  et  avec  lui  l'autorité  des 
liTTes  sibyllins  ;  cf.  Hor.  Carm.  saec.  21.  —  '  V.  la  liste  complète,  avec  témoignages 
àl'appui.  chei  Roscher,  A'isf.  Lexikon.  Proser/jina  (Carier),  p.  3147  ;  et  ci-après, 
IV,  riiistoriiiue  sommaire   des  jeux  avec   les  raisons  de  leurs  dates  incohércutes. 

—  6  H  n'y  a  pas  lieu  de  faire  entrer  dans  celte  discussion  la  théorie  de  la  grande 
année  du  monde  que  nous  trouvons  formulée  chez  les  Lalins,  sans  doute  d  après 
les  astronomes  grecs;  Cicer.  Borlms.  sire  de  pliilosophia,  Orelli,  IV, p.  982;  Somn. 


où  un  pouvoir  nouveau  s'organise  et  promet  la  fin  d'une 
longue  série  de  guerres  et  de  désastres.  Elle  prouve,  pour 
sa  part,  que  si  les  livres  sibyllins,  renouant  le  présent  au 
[lassé  lointain,  invitent  à  célébrer  une  ère  meilleure, 
alors  que  tous  les  calculs  sur  la  durée  rituelle  du  siècle 
semblent  exclure  une  idée  de  ce  genre,  cette  idée  était 
en  quelque  sorte  dans  l'air  '.  Elle  va  mûrir  pendant 
quelques  années  encore,  jusqu'à  ce  que  Octave,  devenu 
Auguste,  inscrive  dans  l'histoire  des  siècles  la  date  pré- 
cise qui  y  manquait  jusqu'alors,  date  autour  de  laquelle 
et  parfois  contre  elle  vont  entin  se  déterminer  et  les  siècles 
du  passé,  demeurés  vagues  et  incomplets,  et  ceux  de 
l'avenir.  Et  c'est  ainsi  que  Virgile,  qui  n'a  pas  vu  les  jeux 
de  l'an  17  inaugurant  l'ère  nouvelle,  y  aura  collaboré 
pour  sa  part,  vingt-trois  ans  avant  que  son  ami  Horace 
en  écrivit  l'hymne  officiel. 

II.  Jeux  séculaires  el  jeux  tarentins.  —  Il  résulte  de 
cet  exposé  que  les  seuls  jeux  séculaires  ou  soi-disanl  tels 
qui  aient  été  célébrés  à  Rome  avant  Auguste  sont  ceux 
de  l'an  249  av.  J.-C.  (505  U.  C.)'".  Il  furent  ordonnés  par 
les  oracles  sibyllins  et  organisés  par  le  collège  des 
Decemviri  sarris  fuciundis  ",  avec  la  préoccupation  de 
remédier  aux  maux  el  aux  périls  dont  la  première  guerre 
punique  ''^  menaçait  l'Italie.  Ces  fêles  se  greffèrent  sur  un 
culte  de  famille  propre  à  la  gens  Valesia  ou  Valeria, 
culte  dont  la  tradition,  moitié  historique,  moitié  légen- 
daire, a  dû  être  établie  par  l'annaliste  Valerius  d'Antium'=. 
Mais  à  l'imitation  des  annalistes  de  son  temps  (le  fait  esl 
démontré  pour  Fabius  Piclor  ",  il  traitait  avec  une 
complaisance  spéciale  el,  au  besoin,  il  arrangeait  la  chro- 
nique des  événements  anciens  pour  la  faire  servir  à  la 
vanité  ou  aux  intérêts  politiques  de  sa  propre  famille'". 
Ainsi  il  établit,  en  remontant  vers  les  origines,  une 
série  de  fêles  analogues  qui  toutes  peuvent  se  réclamer 
d'un  haut  magistral  appartenant  à  la  gens  Valeria.  En 
fait,  celles  de  l'an  249  nous  sont  connues  par  des  témoi- 
gnages qui  nous  mènent  seulement  aux  derniers  temps  de 
la  République  ;  ces  témoignages  nous  ont  été  conservés 
par  Zosime,  historien  byzantin  de  la  deuxième  moitié  du 
V  siècle  ap.  J.-C,  qui  les  avait  pris  chez  Phlégon  de 
Traites,  affranchi  de  l'empereur  Hadrien,  lequel  a  dû 
puiser  chez  le  compilateur  grec  dont  s'est  servi  Pline 
l'Ancien  pour  la  composition  d'une  partie  de  son  Histoire 
naturelle'^.  Les  jurisconsultes  de  l'entourage  d'Auguste 
s'en  étaient  servis  déjà  pour  la  fixation  et  l'organisation 
des  jeux  de  l'an  17  ;  mais  les  oracles  ne  sont  guère  anté- 
rieurs à  cette  date  '■' . 


Scip.  22  ;  Scrv.  Aen.  1.  269  ;  111,  S84  ;  Tac.  Vial.  16.  —  7  Virg.  Ed.  IV,  12  :  Incl- 
pient  magni  procedere  vienses  ;  Serv.  et  le  Schol.  Bern.  Ibid.  4:  Vllima  Cumaei 
vemtjam  carminis  aelas.  avec  les  commentalouri.  Cf.  Juv.  Xlll,  28  sq.  V.MucUer- 
Deeke.  Op.  c.  Il,  p.  315;  et  surtout  le  texte  de  Varron,  chez  sauit  Augustin,  Cm.  U. 
XXU,  28.  —  8  V.  Cartaull,  Op.  cil.  p.  217  sq.  c|ui  discute  les  témoignages  anciens 
relatifs  à  cette  œuvre  ainsi  que  les  diverses  interprétations  dont  elle  a  été  l'objet 
chez  les  modernes.  La  conclusion  est  que  Virgile  s'est  moins  réglé  sur  lellc  tradi- 
tion précise  qu'il  ne  s'est  inspiré  d'une  idée  générale,  celle  qui  avait  cours  autour  de 
lui  et  d'où  va  sortir  l'institution  des  jeux  séculaires.  —  9  Jbid.  p.  233  S(|.  —  '0  V. 
Schoemann,  JJe  Roman,  anno  saecal.  [Opusc.  Aead.  I,  p.  50  sq.)  el  Roth,  liliein. 
Mus.  N.  sér.  Vlll  (1853),  p.  336  sq.  -  1'  V.  Carter,  Op.  c.  Proserpitm,  p.  3U6; 
Mommsen,  Eph.  epiyr.  Vlll,  p.  137.  —  12  Aug,  Civ .  D.  111,  18.  T,  Liv,  EpU.  49  ; 
Crui(,  Comment.  Hor.  Carm.  saec.  1  ;  Censor.  Op.  c.  17,  8  ;  cf.  Roth,  Op.  c.  p.  374. 
—  13  Val.  Max,  H,  4.  6;  Plut.  Pop/.  21  ;  Censor.  17,  10;  Zosim.  111,  3  ;  Fesl.  p.  329  ; 
cf.  Preller-Jordau,  Jioem.  Mytiiol.  Il,  p.  86  s;.;  Carter,  L.  c.  p.  3145  ;  Jordan, 
Kritisclie  BeiMigc,  p.  107, 135,  358.  — i*iilura,  EinkitanyinRoms  ulte  Geschichte. 
p.  71  sq.  Cf.  Mommsen,  Roem.  Forsdi.  Il,  9.  —  )6  Carier,  Op.  cit.  p.  3140  ;  cf  Hir- 
schfcld,  Wiener  Studien,  1881,  p.  100  sq.  —  10  Vopisc.  Saturn.  7  ;  Sparl. //arfr.  16  ; 
cf.  Mommsen,  Eph.  epii/r.  Vlll,  p.  234.  236.  -  ^^  V.  Idcicr,  HaiMuch  der  Chronolo- 
gie, U,  82  S(|.  ;  elles  discussions chronologi(|uc8  déjà  citées  de  Mommsen  et  de  Roth. 


SAE 


—  990 


SAE 


Celte  série  pseudo-historique  de  jeux  séculaires  prenait 
son  point  de  départ  dans  la  légende  d'un  Sabin  de  noble 
famille  au  temps  des  rois,  lequel,  ayant  eu  sa  maison 
incendiée  par  la  foudre  et  ses  enfants  frappés  d'une 
maladie  mystérieuse,  consulta  l'oracle  et  reçut  le  conseil 
de  mener  ceux-ci  à  Tarente,  après  leur  avoir  fait  boire  de 
l'eau  du  Tibre  cliautVée  sur  l'autel  de  Dis  Palcr  et  de 
Proserpine.  Il  s'embarqua  aussitôt  pour  celte  lointaine 
destination;  mais  arrivé  au  coude  du  Tibre,  près  du 
Champ  de  Mars,  il  se  vit  contraint  d'aborder  pendant  la 
nuit  sur  l'emplacement  même  qui  s'appelait  le  Tarentuin. 
Là.  il  s'acquitta  des  prescriptions  de  l'oracle;  les  enfants 
guérirent  après  avoir  bu,  et  le  père  reconnaissant 
découvrit,  en  creusant  la  terre  pour  élever  son  ex-volt;, 
un  vieil  autel  déjà  existant,  dédié  à  Dis  et  Proserpine  '. 
Trois  nuits  consécutives  il  sacrifia  à  ces  divinités  des  vic- 
times de  couleur  sombre  :  ce  fut  l'origine  des  jeux  dits 
tai'entins  ou  terenlins.  Ils  se  seraient  dès  lors  trans- 
formés en  jeux  séculaires  pour  aboutir  à  ceux  de  l'an  249, 
dont  Valerius  d'Antium  recueillit  la  tradition  récente  -. 

Cette  légende,  rapprochée  de  ce  que  nous  savons  des 
cérémonies  propres  aux  jeux  de  l'an  17,  renferme  tous 
les  éléments  qui  donnent  à  ces  derniers  le  caractère 
d'une  pratique  implantée  du  dehors,  en  même  temps 
qu'une  forme  de  propitiation  en  l'honneur  des  dieux 
infernaux  ^  Dis  Pater  et  Proserpine  sont  d'origine 
grecque  et  ont  été  admis  relativement  lard  dans  le  cercle 
des  divinités  romaines  ';  le  Tarentum  (car  tel  est  le 
véritable  vocable  du  lieu),  l'histoire  du  voyage  vers  la 
la  capitale  des  Messapiens,  nous  mènent  en  plein  hellé- 
nisme ^  Ce  sont  les  livres  sibyllins  qui  ont  suggéré  aux 
Romains  le  culte  nouveau  S  et  l'autel  élevé  aux  divinités 
infernales  est  au  dehors  du  Pomoerium,  tout  proche  du 
lieu  où,  au  cours  de  la  deuxième  guerre  punique,  devait 
aborder  la  Grande  Mère  des  Dieux  venue  de  Pessinonte, 
en  Phrvgie,  pour  parer  aux  maux  de  la  patrie  romaine  ". 
Quelle  que  soit,  par  rapport  à  l'annaliste  Valerius,  l'an- 
tiquité de  ces  cérémonies  et  en  faisant  la  part  de  ses 
divagations  familiales,  il  est  impossible  de  méconnaître 
que  les  jeux  tarentins  furent,  tout  au  moins  en  249, 
comme  le  point  de  cristallisation  sur  lequel  se  déposèrent 
les  croyances  relatives  au  renouvellement  des  siècles  et 
les  pratiques  pieuses  qui  avaient  pour  but  d'y  intéresser 
les  dieux*.  Des  fouilles  faites  en  1887  ont,  d'ailleurs, mis 
à  jour,  dans  celle  partie  du  sol  qui  garda  longtemps  la 
trace  de  phénomènes  volcaniques,  sur  le  Corso  de  Victor 
Emmanuel,  auprès  de  la  place  Sforza  Cesarini,  un  vieil 
autel  enfoui  à  20  pieds  sous  terre,  celui-là  même  dont 
parle  la  légende  de  Tarentum  ;  ce  qui  a  même  permis  d'en 
fixer  l'emplacement  exact  entre  les  A'avalia  et  le  pont 


1  Val.  Max.  II,  4,  5;  Zosini.  II.  1  sq.  ;  le  premier,  en  1 
terrain  portait  l'inscription  :  diti  patri  et  proskbpin 
lisail  :  "AtS^j  ««\  nijnsovii;.  Il  y  avait  à  Rome  un  autn 
et  que  l'on  découvrait  pour  les  fôles,  celui  de  Gonsus  i 


utel 


lit  .lue   l'aiilcl   soii- 

lo    socond    qu'on   v 

(■gaiement  enfoui 

.1    Cirque  [cnicus, 


p.  1191;  cossLs,  p.  148r:  Dion  Hal.  II,  31  ;  Plut.  iîom.  I  i.  —  2  V,  ci-dessus,  1,  la 
suite  chronologique  des  jeux  ;  Ceusor.  17,  10;  cf.  Marquardl-Momnisen.  Op.  cit. 
p.  367.  —  3  V.  Ihid.  p.  390  et  391.  avec  les  textes  cités.  —  '  V.  Carter,  L.  cit 
3142  SI),  et  notre  art.  piioserpwa,  l.  IV,  p.  70i.  —  5  Ibid.  p.  -'1144.  Us  étymologics 
varient  suivant  l'orthographe,  Tarentum  ou  Terentnm.  Cf.  Jordan,  Topoi/r,  I,  !, 
p.  181;  BecLer.  Topogr.  p.  128  qui  tiennent  pour  Terentum.  V.  les  textes  de  Ser- 
vius,  Aen.  VIII,  03;  Fest.  p.  351.  Le  lieu  était  de  nature  volcanique.  Censorinus,  17, 
7.  dit  simplement  :  In  Campo  Marlio.  Pour  le  caractère  exotifjuc  du  culte,  cf. 
Wissowa.  lidigion  uni  Kiiltus.  p.  Ï37.  Tarentum  es!  l'orlliographe  de  l'édit  de 
Septime-Sévère,  Eph.  epigr.  VIII,  p.  584  (fragm.  III,  15).  -  c  Censor.  17.  8;  cf. 
Klausen.  Aeneas  und  die  Pennten,  i,  p.  204  5i|.  —  7  T.  Liv.  XXI.\,  14,  13;  Dion, 
liai.  II,  19.  —  "Ephem.  epiyr.  VIII,  p.  237  sq.  —  9  V.  R.  Lanciani,  i/on.(men(i 


.\urélien'.  C'est  là  qu'on  découvrira  trois  années  plus 
tard  les  fragments  des  pyramides  qui  devaient  consacrer 
le  souvenir  des  jeux  séculaires  des  règnes  d'.Xuguste  et 
de  Seplime-Sévère '".  La  filiation  de  ces  derniers  avec  les 
jeux  tarentins  est  donc  garantie  à  la  fois  par  les  textes 
littéraires,  par  les  cérémonies  pieuses  et  par  des  monu- 
ments matériels.  On  remarquera  cependant,  en  consultant 
le  tableau  ci-dessus  de  la  divergence  des  siècles,  que  les 
jeux  de  l'an  249  font  partie  de  ceux  qui  ont  été  calculés 
par  cent  ans  et  non  par  cent  dix,  comme  le  demanderait 
le  canon  des  livres  sibyllins.  En  réalité,  il  n'est  pas  sur 
que  ce  furent  des  jeux  séculaires  au  sens  exact  du  mot; 
et,  comme  les  jeux  antérieurs,  ils  durent  être  classés 
comme  tels  par  assimilation  et  calcul  rétrospectif". 

III.  Lex  jeux  séculaires  de  Fempereur  Auguste.  — 
Jusqu'en  1890,  la  question  des  jeux  séculaires  se  dégageait 
confuse  et  incomplète  de  la  discussion  de  quelques  textes 
littéraires,  de  l'interprétation  en  partie  très  incertaine  de 
quelques  monnaies  des  règnes  d'.Xuguste,  de  Domilien  et 
de  Seplime-Sévère.  Cette  année-là'-,  les  travaux  entrepris 
sur  la  rive  gauche  du  Tibre  firent  retrouver,  à  7  mètres 
de  profondeur  dans  le  lit  du  tleuve,  deux  séries  de  tables 
de  marbre,  relatives  aux  jeux  célébrés  sous  .\ugusle  en 
l'an  17  av.  J.-C,  et  à  ceux  qu'organisa  Septime-Sévère  en 
204  ap.  J.-C.  Le  groupe  des  tables  et  fragments  de  tables 
qui  se  rapportent  aux  premiers,  de  beaucoup  les  mieux 
partagés,  se  compose  de  huit  morceaux  qui,  mis  bout  à 
bout,  atteignent  une  hauteur  de  trois  mètres  et  com- 
portent cent  soixante-huit  lignes  d'une  écriture  fine  et 
serrée '^ 

Cette  inscription  '  '  nous  apprend  que  l'empereur,  pour 
fixer  le  souvenir  de  la  grande  faveur  des  dieux,  ordonna 
de  graver  le  commentaire  de  la  fête  sur  deux  colonnes, 
l'une  d'airain,  l'autre  de  marbre,  et  de  les  ériger  sur 
l'emplacement  même  où  les  jeux  avaient  été  célébrés,  et 
aussi  qu'un  crédit  spécial  serait  ouvert  aux  préteurs  pour 
le  paiement  des  travaux'*.  Seule  la  colonne  de  marbre 
devait  survivre  dans  le  mur  qui  en  recul  les  matériaux; 
c'était  en  réalité  une  pyramide  quadrangulaire  dont  une 
monnaie  du  règne  d'.Vugusle,  au  nom  de  Mescinius 
Rufus,  nous  a  gardé  le  souvenir  '".  Mommsen  a  démontré 
que  l'endroil  où  le  monument  commémoratif  a  été  ainsi 
découvert,  n'est  guère  distant  que  de  500  mètres  de  la 
place  où  il  avait  été  érigé  " .  Du  même  coup,  l'oracle  de  la 
Sibylle  conservé  par  Zosime  et  qui  recommande  de 
célébrer  les  jeux  «  dans  la  plaine,  là  où  les  flots  du  Tibre, 
vers  la  partie  la  plus  resserrée,  coulent  à  pleins  bords  », 
prend  son  véritable  sens  '*.  Il  s'agit,  non  de  la  parlie  la 
plus  resserrée  du  Champ  de  Mars,  mais  du  lieu  où  le  Tibre 
est  le  moins  large.  On  a  trouvé,  en  amont  du  Ponte  Sislo 


ant.  dei  Lincei,  1,  -140  sq.  ;  cf.  Huclsen,  Hoem.  Mittkeil.  VI.  127  S(|.  —  10  Eph. 
epiijr.  VIU,  p.  225  sq.  —  n  Carter,  Op.  cit.  p.  3145  sq.  Vid.  supra,  l,et  le  tableau  de 
concordance  des  deux  séries,  —  12  V.  cet  historique,  par  G.  Boissier,  Bévue  des 
deux  mondes,  1892,  p.  75  sq.  :  Mommsen,  ifonumenti  antichi,  I,  1891,  fasc.  3, 
p.  617  S(|.  ;  Eph.  épiyr.  VIII,  1892,  p,  225.  —  13  ,\vec  Mommsen,  nous  désignons  par 
le  mot  Acta  le  texte  do  l'inscription  telle  qu'elle  est  publiée  dans  VEphemeris 
epigrapbica  ;  le  premier  cbifl're  renvoie  aux  lignes,  le  second  à  la  page  du  fascicule 
(227  à  232)  —  H  Acl.  38-63,  p.  229,  p.  248  s.],  et  226  sq.  ;  cf.  Geoffroy,  La  science 
archêot.  à  Home,  [Hevue  des  deux  mondes),  18i'2,  p.  591.  —  13  Sur  ce  point  cf. 
l'inscription  depuis  longtemps  connue,  sans  doute  relative  aux  jeux  célébrés  sous 
Claude  ou  sous  Domitien,  C.  itiscr.  tut.  VI,  877  a.  —  16  Cohen,  Méd.  impér.  n<>  461 
(Auguslus);  cf.  Dressel,  Ephem.  epigr.  Vlll,  p.  315,  n"  16,  tab.  I.  —  17  Mommsen, 
Eph.  epiyr.  VIII,  253;  le  texte  chez  Zosim.  vers  5  et  6  ;  Preller,  Regionen,  p.  211, 
et  Gesuer,  De  annis  ludisque  saecularibus,  p.  3i,  avaient  conjecturé  juste,  bien 
avant  la  découverte.  —  IS  Galti,  Bullet.  commun.  1887,  p.  276  sq.  ;  Huclsen,  Mtt- 
theilungen,  1889,  p.  263. 


SAE 


m\  — 


SAE 


qui  mène  au  Janicule,  un  autel  d'excellent  travail  et,  non 
loin  de  là,  les  fragments  de  l'inscription.  Le  lieu  delà  l'êle, 
l'atM-ien  Tarentum,  était  ainsi  nettement  déterminé'. 

Les  Actes,  exhumés  et  parfois  restitués  par  Mommsen 
de  la  façon  la  plus  heureuse,  sont  d'accord,  en  ce  qui 
concerne  le  programme  des  fêtes,  tant  avec  l'oracle 
sibyllin  (37  hexamètres  grecs  conservés  par  Zosime) 
qu'avec  les  textes  d'Horace,  de  Valère-Maxime,  de  Sué- 
tone, de  Dion  Cassius,  de  Censorinus  et  de  Zosime  lui- 
même-,  qui  nous  l'avaient  antérieurement  fait  connaître 
ou  conjecturer.  L'n  renseignement,  cependant,  y  fait 
défaut,  celui  qui  expliquerait  le  choix  de  l'an  737 
(17  av.  J.-C.  ,  lequel  ne  cadre  avec  aucune  des  dates  anté- 
rieures, soit  que  l'on  calcule  suivant  le  canon  des  cent 
années,  soit  qu'on  se  règle  sur  celui  des  cent  dix.  Ce  der- 
nier, qui  est  la  mesure  du  siècle  selon  les  livres  sybillins, 
menait,  ainsi  que  nous  l'avons  montré  plus  haut,  à 
l'an  738.  Tout  ce  que  l'on  sait  à  cet  égard,  c'est  que  toutes 
les  questions  de  date  et  d'organisation  avaient  été  réglées 
par  l'empereur,  de  concert  avec  le  jurisconsulte  Ateius 
Capito,  expert  en  droit  religieux  \  Si  la  fête  a  été 
avancée  d'un  an  sur  la  date  régulière,  ce  ne  peut  être 
que  pour  un  motif  personnel  à  l'empereur.  Le  plus  plau- 
sible a  été  conjecturé  par  M.  G.  Boissier  ;  l'empereur 
dut  vouloir  faire  coïncider  cette  fête  avec  la  dixième 
année  de  son  principal.  C'est,  en  effet,  en  Fan  27  que  le 
Sénat  lui  décerna  le  litre  d'Aiigus/e  en  souvenir  de 
Romulus  et  de  VAugurium  Augustum;  et  Dion  Cassius 
mentionne  la  tradition,  introduite  par  les  successeurs 
d'Auguste  et  à  son  imitation,  de  fêler  le  dixième  anniver- 
saire de  leur  avènement'.  Tout,  d'ailleurs,  en  ce  qui 
concerne  l'organisation  des  fêtes,  se  lit  par  son  initiative 
et  les  Quindecemviri  S.  F.  chargés  de  l'interprétation 
des  livres  sibyllins  n'entraient  en  jeu  que  par  son  ordre. 

Ainsi  nous  trouvons  au  point  de  départ  un  rescrit  de 
l'empereur  au  collège,  et  ce  rescrit  est  aussitôt  suivi 
d'une  série  d'édits  et  de  décrets,  délibérés  en  commun, 
l'empereur  et  son  gendre  Agrippa  faisant  fonction  de 
inagistri'\  Le  Sénat  semble  n'avoir  été  consulté  que  pour 
la  forme  et  souvent  même  tenu  à  l'écart  en  tant  que 
pouvoir  politique  et  religieux;  il  figure  à  peine  dans  les 
Actes  et  pas  du  tout  dans  la  mention  donnée  aux  jeux 
par  le  monument  d'.\ncyre  ''.  Il  \ote  cependant,  sur  la 
caisse  particulière  nommée  lic.^r,  les  fonds  indispen- 
sables à  l'organisation  des  fêtes  et  à  leur  commémoraison 
par  des  monuments  ".  C'est  aussi  le  Sénat  qui  lève  l'in- 
terdit formulé  par  la  loi  De  maritandis  ordinibus  contre 
les  célibataires  :  «  afin,  dit  l'édit..  d'ouvrir  l'accès  des  jeux 
séculaires  au  plus  grand  nombre  possible  tant  pour 
honorer  la  religion  que  parce  que  personne  ne  doit  plus 


'  Avant  d'exposer  la  découverte  pour  les  savants  dans  les  âJonumenti  cl  ISphe- 
merit,  Mommsen  l'avait  racontée  au  grand  public  dans  le  journal  la  Aatton^ 
de  Berlin  ;  v.  Boissier,  Loc.  cit.  p.  77.  —  2  Hor.  Carm.  aaec.  avec  les  com- 
ment. Acron,  Lrui).  etc.  ;  Val.  Max.  Il,  4.  3  •  Snel.  Oct.  M  ;  Dio.  Cass.  34, 
18  1  Ceusor.  17,  1  6<|.  :  Zosim.  II.  I  5i|.  ;  cf.  Mon.  Ancyr.  4,  3fi,  37. 
—  3  V.  MomtnséD,  L.  cit.  p.  i38  st\.  ;  et  pour  la  participation  des  juriscon- 
sultes, Ibid.  p.  23y,  u.  t.  L'auteur  ajoute  finement  :  Sacerdotcs  ejxis  attatis,  ut 
decet  au/ifos,  mentiti  sunt  cum  aliquo  pudore.  —  ^  Mommsen  croit  que  les  jeux 
ont  été  avancés  pour  ({ue  l'empereur  fût  libre  de  partir  l'année  suivante  en  Gaule, 
0/1.  cil.  p.  252;  G.  Boissier,  L.  cit.  p.  80.  Marquardt  (Uandbuch,  VI,  p.  389.  n.  0), 
iprés  Bergk  et  Hirschreld,  Op.  cit.  p.  77  et  102,  calcule  (|ue  les  jeux  auraient  dû 
«Ire  célébrés  en  731.  quatre  ans  plus  lot  et  (|uils  ont  élé  différés  â  cause  de  la 
mort  de  Marcellus.  L'argument  tiré  des  Decennalia  par  M.  Boissier  est  encore  le 
plus  plausible  de  tous  iDio.  Cass.  LUI,  10:  cf.  C.  inscr.  l.  VI,  1S03).  —  '-  Uomm- 
scn,  L.  cil.  p.  244  et  oiluvihi,  etc.  II,  2.  p.  430;  433  et  43S,  etc.,  Hommsen,  p.  240  ; 
les  membres  du  collège,  au  nombre  de  21,  sont  nommés  cinq  fois,  ce  qui  laisse  sup- 


jamais  les  revoir  »  *.  Il  interrompt  de  même  la  durée  du 
deuil  légal,  notamment  celui  des  veuves  fixé  depuis  les 
temps  de  .Numa  à  dix  et  même  plus  tard  à  douze  mois'. 
Tous  les  édits  préliminaires  ne  témoignent  pas  seule- 
ment du  souci  d'amener  aux  jeux  la  totalité  des  citoyens 
de  Rome,  mais  de  préciser  avec  insistance  les  obligations 
de  chacun  et  de  les  mettre  en  état  d'y  faire  face.  Les  fêtes 
devant  commencer  dans  la  nuit  du  31  mai  au  1"' juin,  ces 
dispositions  s'échelonnent  entre  le  17  février  et  le  io  mai, 
date  à  laquelle  sont  promulguées  les  ultimes  et  instantes 
recommandations,  par  aftiches  et  proclamations  orales, 
lesquelles  ont  pour  but  d'assurer  l'ordre  en  fixant  à 
chacun  sa  place'". 

Le  délail  de  la  proclamation  par  la  voix  du  héraut 
public  ne  figure  pas  dans  les  Actes,  mais  nous  le  connais- 
sons par  le  témoignage  de  Zosime  ",  et  il  est  illustré  par 
des  monnaies  des  règnes  d'.\uguste  et  de  Domilien.  Ces 
monnaies  qui  portent  la  mention  des  jeux  séculaires, 
comme  la  plupart  de  celles  qui  s'y  rapportent,  nous 
offrent  des  personnages  costumés  comme  des  prêtres 
saliens  I^saliij,  vêtus  de  la  tunique  relevée,  casque  avec 
apex  en  tête,  un  petit  bouclier  rond  au  bras  gauche, 
dans  la  droite  un  ca- 
ducée ou  un  bâton  '- 
(fig.  6010):  ce  sont  les 
serviteurs  ou  appari- 
teurs du  collège  des 
Quindecemvirs.  Sué- 
tone les  mentionne, 
ainsi  que  cette  phrase 
de  leur  proclamation, 

plusieurs  fois  rappelée  au  cours  des  .Icles  :  «  les  jeux  que 
nul  n'a  vus  encore  et  que  nul  ne  verra  plus  jamais"  ».  Ces 
hérauts,  appelés  tEsoxv-suxî;  dans  les  textes  grecs,  sont 
assimilés  aux  (ictores  curiatii. 

La  numismatique  impériale  nous  fournit  la  représen- 
tation de  deux  autres  opérations  qui  préludent  aux  jeux  : 
la  distribution  au  peuple  des  suffimenta  ou  substances 
purificatoires,  et  l'offrande  par  le  même  peuple  des 
fruges,  prémices  de  la  récolte  prochaine,  blé,  orge  et 
fèves.  Les  suffimenta,  qui  sont  appelés  aussi  purga- 
menta  et  en  grec  ÀJ[xa-a  ou  zatOàina",  sont  analogues 
aux  substances  qui  s'employaient  dans  la  fêle  des  palilia 
pour  la  luslralion  des  élables  et  des  troupeaux  :  ils 
consistent  en  soufre,  torches  et  bitume  '^  La  distribution 
s'en  faisait  à  des  endroits  déterminés;  nous  connaissons 
le  parvis  du  lemple  de  Jupiter  0.  M.  et  celui  du  temple 
de  Jupiter  Tonans  au  Capitule,  les  abords  du  Palatin, 
notamment  le  portique  du  temple  d'Apollon  et  le  temple 
de  Diane  sur  l'.Xventin '"'.  En  théorie,  c'est  l'empereur 


poser  qu'on  les  a   tous,  l'empereur  et  .\grippa  toujours  en  tête,  —  fi  Acta,  1-23. 

—  7  V.  HisTKio  111,  I,  p.  224;  C.  i.  I.  VI,  577  a  :  (pecuiiiam)  Lucaris  nomine 
constitutam  iligne  4}  ;  Mommsen,  p.  245  sq.;  et  Acta,  3?.  Les  Actes  ne  mention- 
nent pas  l'intervention  sénatoriale  :  mais  elle  survit  dans  le  fragment.  C.  i,  l.  V!. 
S77  :  et  dans  le  cas  de  fêtes  publlttues  elle  est  de  droit  (.Marquardt-Mommsen, 
Staatsiecht,  III,    1038).   —  s  Acta,  53-56.  —  »    Uid.    111-114;  cf.   Fest.   p.  145 

—  10  Acta,  2328.  —  n  Zosim.  Il,  3  -.  Herod.  lil.  S,  10  :  Suet.  Claud.  il  ;  Claudian. 
De  sec.  cons.  Bonor.  (ann.  390  p.  Clir.i.  —  12  Babelon,  iJonnaies  de  la  Répu- 
blique. II,  p.  417  (Sani|uinius)  ;  cf.  Eckbel,  Doctr.  num.  VI,  385:  Cohen,  .iug.  112, 
188;  //omit.  72,  73;  Dressel,  Ephem.  epig.r  p.  314  et  la  table  1,  n"  11,  12,  14, 
13:  avec  la  noie  de  .Mommsen,  Ibid.  p.  246,  1.  V.  ï-raecu,  IV,  1,  p.  610.  V.  Oressel, 
Ih.  p.  310  ;  lab.  I,  n°  2,  cf.  Cobeu,  Llomit.  n»  81.  —  13  Suet.  Clnud.  (L.  c): 
cf.  Acta,  54,  37;  et  lictor,  III,  2,  p.  1241.  —  14  L'oracle  dit  aûjAiTa,  v.  25: 
Zosim.  Loc.  cit.  xa9à?ata  :  les  Acta  emploient  purgainenta  (36),  suffîmentfi  et 
suffili  (63,  68).  —  15  i-Aun.!*,  IV,  1,  283;  Zosim.  Il,  5.  —  IC  Acta,  9,  10,  31-32  ; 
cf.  Corp.  inscr.  lat.  VI,  877. 


SAE 

kii-nième  qui  y  procède;  mais  dans  la  pratique  il  lui 
fallait  partager  cette  tâche  avec  les  Quindereînviri  '. 
Dans  les  Acta  relatifs  aux  jeux  du  règne  de  Sévère,  le 
sort  assigne  à  ces  magistrats  groupés  par  quatre  des 
postes  dans  les  divers  quartiers  de  la  ville,  un  entre 
autres  près  de  Roina  quadrata,  sur  le  Palatin'.  Il  était 
recommandé  aux  citoyens  de  se  présenter  avec  leurs 
femmes  et  leurs  enfants;  même  l'oracle  sibyllin  spécifie 
que  les  siiffimenta  seront  remis  aux  hommes  el  aux 
femmes,  particulièrement  à  ces  dernières ^  In  aitreus 
du  règne  d'.Xuguste,  au  nom  de  L.  Mescinius.  porte  au 
droit  la  tète  de  l'empereur  couronné  de  laurier  ;  en  exergue 
IM  P.  C.VESAR.  TR  ihiini/iae  POT  [estatis]  IIX  ;  au  revers, 
l'image  de  l'empereur  en  toge,  assis  sur  une  estrade  avec 
une  corbeille  à  ses  pieds  ;  devant  lui,  deux  personnages 
également  en  toge  :  l'un  reçoit  les  suffimenla  de  la  main 
de  l'empereur;  sur  la  base  de  l'estrade  est  la  mention  des 
jeux  séculaires  (LVD.  S.];  au-dessous  :  AVG.  SVF.  D  = 
Auguitiis  su/pmenta  dédit.  L'ne  monnaie  analogue,  en 
bronze,  du  règne  de  Domitien,  porte  au  fond  un  temple 
d'ordre  corinthien;  au  premier  plan,  sur  l'estrade  où 
figurent  deux  paniers  avec  l'inscription  SVF.  P.  D..  un 
personnage  assis,  vêtu  de  la  toge,  qui  fait  la  distribution  ; 
devant  lui.  un  homme  qui  la 
reçoit  et  un  enfant  qui  re- 
mercie d'un  geste  de  la  main 
'fig.  6011;>  :  c'est  le  commen- 
taire delà  recommandation  for- 
mulée par  les  Actes  :  «  Que 
tous  les  citoyens  libres  deman- 
dent les  purifications,  mais  une 
fois  seulement;  qu'eux  et  leurs 
femmes  ne  se  présentent  aux 
jeux  que  purifiés  suffiti)  '.  » 
Mais  voici  ;fig.  6012)  les  citoyens  qui  font  une  offrande  à 
leur  tour,  celle  des  friiges  *  ;  la  scène  ressemble  singuliè- 
rement à  la  précédente,  si  bien  que  l'une  des  monnaies 
qui  nous  l'a  conservée  se  borne 
à  remplacer,  le  SVF.  P.  D.  par 
A  P.  FHVG.  AC  =  a  populo 
fruges  accepit .  Devant  un  tem- 
ple à  colonnade  corinthienne, 
l'empereur  ou  l'un  des  Quin- 
decemviri  est  assis  sur  l'estra- 
de; ici,  il  tient  une  patère  des- 
tinée à  recevoir  l'offrande  qu'il 
déverse  ensuite  dans  les  paniers 
placés  auprès  de  lui  ;  là,  il  se 
borne  à  remercier  de  la  main,  tandis  que  le  citoyen 
qui  fait  l'offrande,  ouvre  les  plis  de  sa  toge  pour  déver- 
ser lui-même  les  grains  qu'il  y  a  apportés  '.  Le  texte 
de  l'oracle  tranche  tout  litige  concernant  cette  cérémo- 
nie,   déjà   suffisamment    claire,    sur    la   mention  A  P. 


Fig.  fiOll.    —   Distribution 
des    suffimçnta. 


■  Offiande   .les  fruijes. 


*  V.  Zosmi.  Loc-  cit.  —  2  Acta  .^ercriana  [ephem.  epigr.  p.  ^7+  sii.)  :  les 
.léUils  relatifs  aiu  sitffimenta.  II,  1-6;  11.  7-14,  p.  Î82  sq.  —  3  Acta,  63-68; 
7:t-78;  Carm.  sibyll.  ii-iiî,  cf.  T.  Liv.  XXU,  10,  8.  —  '  Babelon,  Monn.  de  la 
HépuitHqne.  II.  2il  :  cf.  Cohen.  Monn.  des  emp.  I,  p.  130,  w  466,  frappée£en 
738-9;  Dressel,  i.  c.  p.  311,  n»  1,  lab.  1,  1.  —  5  Acta,  65-6S  ;  cf.  Mommsen, 
Ephem.  [Loc.  cil.  p.  25û|.  —  6  Mommsen,  0.  cit.  p.  251;  cf.  Acta,  7-11; 
:0.33  ;  cf.  Acta  sever.  fra^m.  V,  14  ;  Carm.  sibyU.  i'  sq.  —  "  Dressel.  L. 
cit.  p.  310,  n'  3  et  lab.  I.  3  a;  3  6.  L'cnfanl  de  ta  monnaie  précédente  est  remplacé 
pour  toutes  deux  par  un  adulte;  la  scéue  est  orientée  en  sens  contraire  ;  cf.  Cohen. 
Op.  cit.  Domil.  83  el  8i.  —  8  Dressel, /tid.  p.  311  el  Eckhel,  ûoctr.  num.  VI, 
p.  387  sq.  —  9  Zosim.  Il,  5.  —  i»  Mommsen.  L.  c.  p.  Î51.  —  il  Zosira.  L.  c: 
Hor.  C.irm  saec.  i3  el  24:  Varr.  ap.  Censor.  17,  «  ;  Val.  Mai.  Il,  4.  5.  V.  Mommsen, 


—  992  —  S.\E 

FRVG.  AC  ;  c'est  bien  les  participants  à  la  fête  qui,  ayant 
reçu  les  purifications,  offrent  les  grains  *.  l.e  même 
texte  nous  apprend  que  ces  grains  sont,  au  cours  des 
fêles,  distribués  parmi  les  spectateurs  et  entre  les  acteurs 
qui  y  ont  donné  leur  concours  ''.  La  double  cérémonie, 
dans  le  dispositif  des  jeux  de  l'an  17,  semble  avoir  pris 
trois  jours,  du  -29  au  31  mai  '". 

C'est  dans  la  nuit  du  31  mai  au  1"  juin  que  commen- 
cent les  cérémonies  religieuses  qui  sont,  à  proprement 
parler,  celles  des  jeux  séculaires  :  dans  l'ensemble,  elles 
vont  durer  trois  nuits  et  trois  jours,  alternant,  durant 
ce  temps,  avec  des  jeux,  se  continuant  ensuite,  après  un 
repos  fixé  au  quatrième  jour,  par  des  jeux  seulement". 
La  partie  religieuse  est  seule  caractéristique;  les  jeux 
par  eux-mêmes  n'ont  de  particulier  que  d'olTrir.  pour 
une  même  fête,  toutes  les  variétés  possibles  de  réjouis- 
sances qui  sont  alors  en  usage  à  Rome  ;  parlons  tout 
d'abord  des  cérémonies.  Elles  se  divisent  en  deux  caté- 
gories, suivant  qu'on  les  célèbre  la  nuit  ou  le  jour;  et 
ces  catégories  s'opposent  nettement  l'une  à  l'autre, 
comme  les  ténèbres  et  la  lumière,  comme  les  dieux  de 
signification  redoutable,  aux  dieux  de  clarté,  de  joie  et 
de  prospérité  '^.  Les  trois  fêtes  de  nuit  ne  sont  pas  seu- 
lement graves,  mais  pénétrées  d'un  sentiment  de  tris- 
tesse; elles  sont  la  réédition  quelque  peu  amplifiée  des 
cérémonies  propres  aux  jeux  tarentins  et  elles  conti- 
nuent la  tradition  des  jeux  de  l'an  249  av.  J.-C,  qui 
paraissent  n'en  avoir  pas  connu  d'autres  ". 

Pendant  la  première  nuit,  l'empereur,  doublé  par 
.\grippa,  qui  est  revêtu  comme  lui  de  la  puissance  tribuni- 
tienne,  tous  deux  assistés  par  le  collège  des  Quindecem- 
fi'r/,  dont  vingt  et  un  membres,  y  compris  Auguste  et  son 
gendre,  sont  nommés  par  les.4c/es,  fait  un  sacrifice  aux 
Moerae  ou  Parques,  sur  l'emplacement  du  Tarentum  ". 
Ce  sacrifice  est  offert  successivement  sur  trois  autels, 
avec,  pour  chaque  autel,  six  victimes  de  couleur  sombre, 
trois  brebis  et  trois  chèvres  ;  elles  portent  dans  les  Actes 
l'épithète  de  prodigiva.^,  qui  signifie  qu'elles  doivent 
être  entièrement  consumées,  après  que  les  autels  ont 
reçu  tout  leur  sang'^;et  elles  sont 
immolées  selon  1?  rite  grec,  acftivo  ^^^^^  •'  ^  . 
ritu,  et  plus  spécialement  athénien,  ,f^ 
comme,  du  reste,  toutes  lescérémo-  ;^ 
nies  nocturnes  de  la  fêle  '*.  Une 
monnaie  du  règne  de  Domitien  nous 
permet  d'en  restituer  les  principaux 
détails  fig.  (5013)  '^  L'empereur  pro-  ^       — -j^^ 

cède  à  la  prière  et  au  sacrifice,  non  Fig.  sois.  —  SacnOce 
la  tète  voilée  comme  l'exigerait  •'°"'  "'  ^'"^  séculaires. 
le  rite  romain,  mais  la  tête  découverte  ;  et  il  porte 
non  la  toge,  mais  une  tunique  longue,  brodée  au  bord 
inférieur  et  munie  de  courtes  manches.  Il  laisse  pendre 
le  bras  gauche;   sa  main  droite   tient  une   patère  d'où 

Op.  c.  p.  253  sq.  :  Acta,  4  ;  40-42  ;  90.  Pour  l'interruption  du  quatrième  jour,  v. 
Acta,  159.  —  12  Carm,  sibytt.  1  V  sq.  Le  même  oracle  parle  de  supplication  aux  dieux  : 
;*EiX«)rio;fft*.  vocable  auquel  l'empereur  a  donné  place  dans  son  rescrit  et  qui.  chez  les 
Grecs,  convient  aux  dieux  chlboniens.  —  13  Zosim.  II,  5  et  l'oracle  sibyllin,  chez  le 
même,  16  ;  cf.  Schijlz.  Horatius  Flaccus.  I,  p.  291  ;  et  Mommsen.  Eph.  ep.  p.  237. 
—  '»  Acta,  90-99  ;  Mommsen,  Ibid.  p.  25S  ;  cf.  Carm.  siùyll.  V.  7  el  8  el  Zosim. 
L.  c.\  Hor.  Carm.  saec.  p.  2-^.  —  i'>  Mommsen,  p.  260  sq.  ;  pour  pradigivas,  v. 
Fest.  p.  250.  —  16  Mommsen.  p.  257.  L'expression  se  retrouve  dans  les  Acta 
sever.  fragm.  VI,  6;  cf.  Carm.  sibyll.  V.  10,  et  Diehis,  Sibyl.  Blaetter,  p.  53. 
Pour  la  différence  du  ritus  yraecus  et  du  ritus  romanus,  v.  Macrob.  I.  8,  2  ;  cf. 
.Marquardt- .Mommsen.  ffanUbuch,  VI.  p.  1S6;  el  sacbificicu,  p.  978.  —  I7  Dressel,  L.  c. 
p.  311,  n»  4;  cf.  p.  261,  lab.  I,  n»  4;  cf.  Cohen,  />omi(.  n»87;  et  Eckhel.  D.  .Y.  VI,  386. 


SAE  —  993 

tombe  la  libaLion  sur  l'aulel  ;  un  minisire  amène  la  brebis 
et  la  chèvre,  tandis  qu'un  joueur  de  flûte  et  un  cilha- 
ristc  accompagnent  sur  leurs  instruments.  Le  fond  est 
occupé  par  un  temple  à  quatre  colonnes  corinthiennes. 
Le  sacrifice  terminé,  commencent  dans  le  même  lieu, 
c'est-à-dire  au  Champ  de  Mars,  des  jeux  scéniques  à  l'an- 
cienne mode,  sur  une  simple  scène  en  bois,  sans  théâtre, 
ni  sièges;  les  spectateurs  y  assistent  debout'.  Cette  nuit- 
là  aussi,  cent  dix  matrones,  dont  le  nombre  correspond 
à  celui  des  années  du  siècle,  organisent,  sur  les  indica- 
tions des  Quindecemvii'i,  interprètes  des  livres  sibyllins, 
des  sellisternia  en  l'honneur  de  Junon  et  de  Diane  -. 
Auguste  interdit  l'accès  des  cérémonies  nocturnes  aux 
jeunes  gens  des  deux  sexes,  à  moins  qu'ils  ne  fussent 
accompagnés  de  quelque  parent  âgé  '. 

Les  cérémonies  des  deuxnuitssuivantes  ont  été  l'objet, 
avant  l'exhumation  des  Acles,  de  confusions  causées 
par  l'insuffisance  ou  l'inexaclilude  des  témoignages  lit- 
téraires'*. Il  est  maintenant  établi  que  la  deuxième  nuit 
est  consacrée  au  sacrifice,  toujours  sur  le  Tarentum,  en 
l'honneur  des  IlU/iijies,  divinités  grecques  qui  président 
aux  naissances  et  que  Horace,  dans  son  Carmen  saecu- 
lare,  ramène  à  l'unité  :  I/it/iijia,  afin  de  l'identifier  avec 
Junon  ou  Diana  Lucina,  donlles  fonctions  dans  la  reli- 
gion romaine  sont  identiques^.  C'est  toujours  l'empe- 
reur qui  offre  le  sacrifice  et  qui  prononce  la  prière  ;  mais 
le  sacrifice  n'a  rien  de  sanglant:  il  consiste  en  gâteaux 
de  trois  variétés  différentes,  en  liba  qui  sont  d'origine 
romaine,  en  popana  et  enphtoes,  ceux-ci  de  provenance 
liellénique".  Les  popana  semblent  à  peine  différents  des 
liba;  quant  aux  phtoes,  ce  sont  des  gâteaux  ronds  pétris 
avec  du  fromage,  du  miel  et  du  persil;  chaque  espèce 
figure  pour  neuf  gâteaux  dans  l'offrande  ^  Il  est  à  remar- 
quer que  dans  lescérémonies  séculaires  tout  est  réglé  par 
le  nombre  trois,  ou  ses  multiples  neuf  et  vingt-sept  :  les 
autels,  les  victimes,  les  ofl'randes,  le  nombre  des  adoles- 
cents qui  ont  à  chanter  l'hymne  du  dernier  jour  *.  Les 
monnaies  du  règne  de  Domitien  qui  représentent  le  sacri- 
fice de  la  deuxième  nuit  sont  celles 
où  l'on  voit  un  sacrifice  sans  victimes 
vivantes".  L'un  des  types  (fig.  6(JI4) 
compose  ainsi  la  scène  :  au  coin  de 
gauche,  dans  la  posture  habituelle 
aux  représentations  sculpturales  des 
fleuves,  est  étendu  le  Tibre,  tenant 
la  corne  d'abondance;  son  image 
rappelle  que  le  sacrifice  est  offert 
au  bord  du  fleuve.  L'empereur,  de- 
bout et  faisant  l'ofl'rande,  est  vêtu  de  la  toge  ;  devant 
lui,  sont  deux  musiciens  jouant  l'un  de  la  flùle,  l'autre 
de  la  cithare.  L'arrière-plan  est  occupé  par  un  temple  à 
double  fronton  dont  les  moitiés  sont  reliées  par  un  tym- 
pan. L'autre  type,  identique  pour  tout  le  reste,  difl'ère  du 


SAE 


llilliyk 


'  Acta,  1011-101.  —  2  Ih.  101-IOi.  Voir  i.ectisteiima,  111,  2,  p.  1010.  —  3  .ï,,.!. 
Oct.  31.  —  'Ainsi  chez  Man|uarcil-.Momniscu,  Bandbuch,  VI,  p.  393.  où  il  csl  ilil  c|iic 
le  sacriflcc  de  la  dnuiLiènic  nuil  osl  en  l'honneur  de  Tcllus.  —  5  Acta,  113-118  ; 
Mommsen,  p.  358  cl  i02  ;  Carm.  sibyll.  9;  Hor.  Carm.  saec.  13  s(|.  V.  ii.miviA, 
m,  I,  p.  381;  et  Schiilz,  Uoratius  Flaccus,  p.  293.  —  0  Le  Carm.  sibyll.  10 
n'a  pas  mis  en  vers  ces  oITrandcs  el  les  nienlionne  vaguement  :  Ouîiiaiv  îrr,  Hi/.-.;  ;  cf. 
Zosim.  Il,  6.  —  1  Pour  les  liba,  v.  Cato,  De  re  rusl.  75;  pour  les  jiopana- 
I.yd.  /Jd  mens,  i,  2;  pour  W'S  pbloe.l.  Alhcn.  XIV,  p.  CSV  rf;  cf.  Loljccli.  Afilaopha- 
mus,  II,  p.  1074.  —  8  Les  Pan|ucs  et  les  llithyies  (cf.  Wilamovilz,  l'kilolof). 
L'niersiich.  9,  p.  13,  180)  sont  des  ilivinilés  apparentées  et  groupées  par  liois.  El  il 
semhlc  i|ue  les  Ouindccenuirs,  pour  les  jcu\  de  l'an  17,  aieul  constitui;  la  Iriailo 
Apollon,  Diane,  l.alone,  parallélcnicnl  à   la    triade  c.ipilolinc   .|ui   n'y  ligure  pas 

VIU. 


[ircniicr  en  ce  que  le  temple  et  l'iiiilel  sont  de  construc- 
tion différente  et  que  l'image  du  Tibre  en  est  absente; 
on  a  voulu  le  rapporter  au  sacrifice  de  la  troisième  nuil; 
mais  cette  dernière  cérémonie  est  l'objet  d'une  mon- 
naie caractéristique  qu'il  est  impossible  de  confondre 
avec  aucune  autre'". 

Les  jeux  ayant  continué  tout  le  premier  jour  et  pen- 
dant la  deuxième  nuil,  l'empereur  se  rend  de  nouveau, 
pour  la  troisième  nuit,  sur  le  Tarentum,  afin  d'y  immo- 
ler à  la  Terre,  Tellus,  appelée  Gaea  dans  l'oracle  sibyl- 
lin, identifiée  avec  Cérès  chez 
Horace  et  avec  Démêler  chez 
Zosime  ".  C'est  à  ce  sacrifice 
que  se  rattache  la  monnaie  du 
règne  de  Domitien  (fig.  6015), 
oii  l'on  voit  l'empereur,  orienté 
de  gauche  adroite,  qui  fait  une 
libation  sur  l'autel  ;  à  ses  pieds, 
est  couchée  la  figure  de  Tellus 
tenant  une  corne  d'abondance; 
dans  le  fond,  les  mêmes  mu- 
siciens dont  nous  avons  constaté  la  présence  à  tous  les 
sacrifices;  devant  l'autel,  un  ministre  qui  amène  la 
truie  destinée  à  l'immolation '*.  Avec  cette  cérémonie 
se  terminent  les  acles  en  l'honneur  des  dieux  helléni- 
ques, de  caractère  chthonien,  c'est-à-dire  apparentés 
aux  dieux  infernaux.  Mais  il  importe  de  constater  que 
Dis  Pater  et  Proserpine,  qui  tenaient  la  place  princi- 
pale, sinon  toute  la  place,  dans  les  jeux  tarenlins,  ont 
totalement  disparu  des  jeux  séculaires  el  que  si  le  culte 
des  Parques,  des  llithyies  et  de  Tellus-Gaea,  célébré  la 
nuit,  a  un  caractère  éminemment  grave,  il  exclut  toute 
préoccupation  funèbre,  toute  perspective  ouverte  sur  le 
monde  des  morts'^  Cette  orientation  de  la  fêle,  qui  se 
réclame  en  principe  de  la  filiation  avecles  jeux  tarenlins, 
vers  les  croyances  sereines  et  confiantes,  est  encore  plus 
marquée  dans  les  cérémonies  célébrées  de  jour. 

Le  sacrifice  du  premier  jour  est  offert  lui  aussi,  quoi- 
qu'il soit  en  l'iionneur  de  la  plus 
romaine  des  divinités,  à  Jupiter, 
achivo  ritu.  L'empereur  y  appa- 
raît (fig.  6016)  vêtu  de  la  même  robe 
que  la  nuil  précédente;  il  fait  des 
libations  dans  la  même  attitude  ; 
mais  l'autel  diffère  et  le  temple  est  à 
cinq  colonnes  '*.  Nous  savon  s  par  les 
textes  que  la  cérémonie  se  déroule 
au  Capitole,  dans  le  temple  de  la 
Triade.  L'oracle  désigne  les  victimes  qui  sont  des  taureaux 
blancs  ;  Horace  de  même,  mais  l'un  et  l'autre  sans  en  fixer 
le  nombre;  Agrippa,  concurremment  avec  l'empereur, 
off're  un  sacrifice  analogue.  Le  poète  officiel  donne  place 
dans  son  Cfl/v/ie?i  à  cette  cérémonie  qui  devait  revêtir  un  ca- 


—  'J  Ces  monnaies  sont  chez  Dressel,  L.  cit.  p,  312  et  tah.  I,  celles  qui  portent  les 
numéros  6»,  G"  et  7  ;  il  se  peut  cependant  (pic  celle  derniiïre  se  rapporte  nu  sacrifice 
du  troisième  jour  (|ui  ne  comporte  aussi  que  dos  gâteaux  (Cf,  Cohen,  Domit.  85), 

—  10  Cf,  Cohen,  Domit.  n.  91  ;  Eckhel,  VI,  p.  380.  —  n  Acta,  lin.  134-130  :  Terrae 
mairi  :  Hor.  Cnrm.  saec.  20;  Carm.  sibytl.  10  et  II,  —  12  pour  celle  victime  qui 
est  riluello  quand  il  s'agit  de  Tellus,  v,  Fcsl.  p.  238,  et  Arnoh.  7,  22,  V,  la  monnaie 
chez   Dressel,  Tah,  I,  9  et  p    313;  cf,   Cohen,  Domit.   n.  Si;  Eckhel,  VI,  p,  385. 

—  13  Cf.  Mommsen,  Ephem.  epigr.  VIII,  p.  237  :  similia  maijis  fuertnit  quam  eailem, 
dit-il  justem''nt  en  comparant  les  cérémonies  célébrées  e 
les  l'élcs  sécidaires  <le  l'an  17  :  encore  celte  similitude 
fôlcs   de  nuil.  —   H  Acta,  103,  104;  Carm.  sibyll.  12  ; 
Eckhel,  VI,  p.  380  ;  Cohen,  Domit.  n.  89  ;  Dressel,  i. 


249  sur  le  Tarentum  avec 
exisle-l  elle  que  pour  les 
Jor,  Carm.  saec.  V,  43; 
.  n.  312,  n.  5  el  tah.  I,  3, 


123 


SAE 


—  994  — 


SAE 


radère  dos  plus  imposants.  Il  en  prolile  pour  rappeler  l'il- 
lustre descendance  do  l'empereur,  devenu  par  l'adoption 
fils  do  Vénus  et  d'Anr liise.  Do  même,  il  arrange  à  sa  façon, 
en  la  poélisanl,  la  prii're  très  simple  que  nous  trouvons 
dans  les -If/es  '.  C'est  encore  à  une  monnaie  do  Domilien 
que  nous  pouvons  demander  la  restitution  de  l'acte  prin- 
cipal, du  sacrifice  (fig.  GOlO).  L'empereur,  debout  devant 
l'autel,  y  verse  la  libation  ;  devant  lui  les  deux  musiciens 
et  plus  il  gauche  la  victime  maintenue  par  un  ministre, 
tandis  qu'un  sacrificateur  love  le  maillot  pour  frapper; 
dans  le  fond,  la  colonnade  du  temple  à  cinq  colonnes 
corinthiennes.  Ici  encore,  les  ^f/cs  désignent  la  victime 
Yiixrunc  (''pilhi'lcrhueWe:  borcmmarem...  projjrium,cello 
épithète  se  trouvant  appliquée  pour  la  nuit  précédente 
aux  clièvres  et  aux  agneaux  pour  honorer  les  Parques; 
elle  signifie:  f/iii  appartient  tout  entière  ou  bien  :  f/iii 
est  sans  tache  -.  Le  sacrifice  ofTort,  les  jeux  commencés 
la  nuit  précédente  reprennent  leurs  cours  ;  de  plus,  sur 
un  théâtre  en  bois  élevé  au  Champ  de  Mars,  non  loin  du 
Tibre,  sont  donnés  des  ludi  que  les  Actes  nomment 
latini,  ce  qui  peut  fort  bien  désigner  des  représentations 
dramatiques,  atellanes,  mimes  et  exodia,  du  vieux 
répertoire  nationale  Pendant  ce  temps,  les  matrones 
continuent  leurs  dévotions  auprès  des  sellisternla  *. 

La  deuxième  journée  leur  est  d'ailleurs  spécialement 
consacrée  :  elle  est  la  journée  de  Junon  comme  la  précé- 
dente était  celle  de  Jupiter  ^  A  la  tète  dos  matrones  au 
nombre  de  cent  dix,  l'empereur  et  Agrippa  lui  offrent 
chacun  un  sacrifice;  celui  auquel  l'empereur  préside  est 
précédé  d'une  prière  dont  la  formule  est  prononcée  par 
lui  et  répétée  à  mesure  par  les  femmes  agenouillées  à  ses 
pieds  :  les  actes  nous  on  ont  gardé  une  notable  partie  et 
Mommsen  a  restitué  le  surplus  ^  Elle  demande  à  la 
déesse,  «  d'augmenter  l'empire  et  la  majesté  du  peuple 
romain  des  Quirites,  en  paix  comme  en  guerre  ;  de 
défondre  sans  cesse  le  nom  latin,  d'accorder  au  peuple 
la  sécurité,  la  victoire,  la  force,  de  favoriser  le  peuple  et 
les  légions  et  d'assurer  le  salut  de  la  République  ».  La 
scène  dans  son  ensemble  revit 
sur  une  monnaie  de  Domi- 
tien  (fig.  6017)  qui,  jusqu'à 
l'exhumation  des  Actes,  était 
restée  sans  explication  plau- 
sible '.  Auprès  d'un  temple  à 
quatre  colonnes,  un  person- 
nage en  toge  (l'empereur  au 
temps  d'Auguste,  le  magister 
Fig.  0017.  -  Piarc  à  Juiion.  du  collègo  dcs  Quindeconviri 
plus  tard)  est  debout,  un  rou- 
leau dans  la  main  gauche  :  sa  main  droite  est  tendue  vers 
un  groupe  de  trois  femmes  à  genoux  devant  lui,  la  tête 
voilée  dans  l'attitude  des  suppliantes.  Le  sacrifice  de  la 
vache  blanche  qui  va  suivre  n'est  pas  indiqué;  c'est  que 

1  V.  30-CO,  avec  les coramcnlalcuis.  Il  n'y  a  pas  chez  Hoiace  d'invocaUon,  au  sous 
propre  du  mol,  ni  à  Jupiter  ni  à  Junon;  mais  toute  celle  tirade  de  trente  vers  qui  est  la 
plus  expressive  cl  la  |)lus  personnelle  de  YUde  csl  anienc5e  par  la  mention  de  Jupiter  et 
l'invocation  à  Apollon.  —  2  Mommsen,  p.  2U I .  L'expression  propria  avec  une  victime 
rcvienlencorcàl30;  cf.  Virg.  Ed.  Vil.  31;Jen.  VI,  872  ;  déjà eli.fz  Plaul.  Capt. 
800,  Ole.  -3  Acla,  lOS  ;  cf.  Zosim.  11,5.  l'our  le  sens  tie  ludi  latini,  v.  Diomed.  Gram- 
mal.  latin.  (Keil),  1.  400.  —  iActa.  iOO.  —S  Je/a,  110,  lîU;  C«™.  516. 15,  23-25  ; 
Zosim.  Loc.  cit.  —^Acta,  123-131  ;  cf.  Mommsen,  p.  200  si|.  ;  cl  les  Act.  Serer.  fragm. 
VI  A,  7-11.  —  1  Eckhel,  VI,  p.  386  ;  Colien,  Domit.  n.  80  ;  Dressel,  O.  c.  p.  313  ;  'fab! 
n.8.  -»  Virg.^en.  VIII,  704:  Hrop.  V, 0,29:  Ilor.  Car/n.  IV, 6,  qui  prélude  au  Ca;-- 
men  saeculare  ;  cf.  Preller-Iordau,  Jlocm.  Mtjth.  II,  p.  89  sq.  ;  I,  p.  30  sq.  —  B  Acta, 
\  39. 1 47.  CVsl  à  ce  sacrifice  qu'on  a  rapporté  parfois  la  monnaie  de  Domilien  dont  nous 
avons  parlé  plus  haut  lig.  0014.  —  10  l'our  ce  cullc  d'Apollon  l'alatin  qui  allcinl  à  sa 


l'arlisto  qui  avait  choisi  l'épisode  du  sacrifice  pour  le 
Jour  précédent  a  voulu  varier  la  scène,  en  prenant  pour 
lo  second  celui  plus  caractéristique  de  l'invocation. 

Le  troisième  jour  qui  conclut  la  toto  est  aussi  celui  qui 
suppose  lo  plus  grand  déploiement  de  pompe,  afin  d'en 
souligner  devant  les  imaginations  la  signification  reli- 
gieuse et  politique.  C'est  le  jour  d'.\pollon,  le  dieu  lumi- 
neux qui  depuis  Actium  est  devenu  le  dieu  dynastique, 
celui  qui  représente  la  domination  de  Rome,  incarnée  dans 
l'empereur,  sur  le  monde  entier  *.  Ce  sont  les  li\Tes  sibyl- 
lins déposés  au  sanctuaire  du  Palatin  qui  ont  ordonné 
les  jeux  séculaires  :  ce  sont  les  magistrats  chargés  de 
leur  interprétation  qui  en  ont  organisé  tous  les  détails 
et  qui,  avec  l'empereur,  le  premier  dos  magistri,  en  pré- 
sident tous  les  actes.  La  triade  capitoline  même  s'efface 
devant  ce  culte  nouveau  et  elle  ne  figure  au  programme 
que  pour  en  rehausser  la  splendeur.  La  journée  débute 
comme  les  autres  par  un  sacrifice  :  sacrifice  non  sanglant 
qui  consiste  en  gâteaux  analogues  à  ceux  de  la  deuxième 
nuit'.  L'oracle  sibyllin  conservé  par  Zosime  le  dit  offert 
à  Apollon  :  mais  les  jurisconsultes  qui  ont  collaboré  avec 
l'empereur  ont  adjoint  au  dieu  Diane,  sa  sœur,  et  Latone, 
sa  mère,  avec  l'intention  manifeste  d'opposer  à  la  triade 
du  Capitole  celle  du  Palatin  '"  :  le  lieu  du  sacrifice  est,  en 
vertu  de  la  même  pensée,  fixé  non  au  Champ  do  Mars, 
mais  au  temple  qui  est  comme  le  vestibule  de  la  maison 
même  de  l'empereur,  le  temple  d'Apollon  Palatin". 

Le  sacrifice  est  suivi  de  la  procession  solennelle  qui, 
parlant  du  Palatin  pour  monter  au  Capitole  et  revenir  à 
son  point  de  départ,  unit  dans  la  cérémonie  finale  les 
grands  cultes  d'autrefois  à  ceux  dont  lo  pouvoir  nouveau 
a  fait  sa  raison  d'être  et  sa  sauvegarde.  Ce  qui  distingue 
cette  procession,  c'est  un  double  chœur  de  vingt-sept 
jeunes  gens  et  d'autant  de  jeunes  filles,  tous  de  condi- 
tion libre  et  de  naissance  légitime,  tous  possédant  encore 
leur  père  et  leur  mère  '-.  C'est  pour  le  double  chœur  que 
le  poète  Horace  composa,  sur  l'ordre  de  l'empereur,  son 
hymne  séculaire.  L'historien  Zosime,  qui  mêle  au  récit 
des  fêtes  d'.\uguste  les  souvenirs  dos  fêtes  subséquentes, 
dit  que  le  Carmen  était  chanté  alternativement  en  latin 
et  en  grec  :  les  Actes,  qui  sont  completssur  ce  point,  ne 
disent  rien  de  tel,  mais  seulement  :  Carmen  composuit 
Q.  Horatius  F/accus  ;  ils  nous  apprennent  de  même  qu'il 
fut  chanté  d'abord  au  Palatin,  ensuite  au  Capitole  ''.  A 
l'examiner  on  détail,  il  semble  bien  que  les  invocations 
aux  dieux  aient  été  chantés  par  les  garçons,  les  invoca- 
tions aux  déesses  par  les  filles  ;  mais  la  répartition  est 
malaisée  et  peut-être  même  n'en  faut-il  tenter  aucune". 
En  réalité,  le  poème  se  divise  en  deux  parties  princi- 
pales :  la  première,  qui  s'arrête  au  vers  32,  comporte  les 
invocations  spéciales  à  chaque  divinité  qui  ont  une  place 
dans  le  rituel  de  la  fête,  à  Apollon  et  Diane,  au  Soleil 
distinct  d'Apollon  '■%  à  Ilithyia,  aux  Parques,  à  Cérès; 

pléuilude  avec  les  jeux  séculaires,  v.  Preller-Jordan,  0.  c.  I,  p.  309  sq.  —  "  Acta,  3, 
20  à  23;  147-152.Cf.  Hor.  Car.  saec.  3  sq.  ;  Carm.sib.\.  20  sq.;  Zosim.  11,5,0;  elles 
comnienlateurs  d'Horace;  nolammenl  C.  Fr.  Hermann,  De  loco  ApoUinis  in  carminé 
Horatii  saeculari,  1848.  —  12  Patrimi  et  matrinn,  disent  les  Actes  ;  \'irQines  îectas 
puerosque  castos  (Hor.)  ;  yov/.wv  lîâvTuv  ^wôvtuv,  tôt?  àjjiçi^a).^;  t-:  oJTAr,  [Carm.  sib.)\ 
cf.  Hor.  O'i.  IV,  C,  41  si|.  —  '3  Acta,  14.  —  H  V.  Scimlz,  édit.  d'Horace,  p.  291  ; 
Mommsen,  Kphem.  epii/r.  [Loc.  cit.  p.  25ii).  —  1j  L'oracle  de  la  Siliyllc  fait  l'idcn- 

lilicalion,  v,  10  :  ■toîSo;  AsiUuy,  S;  -.:  .al  •Iliil;o;  ..»Xi;»x!tiii.  Hor.nce,  Ibid.  9, 
ilislinguc.  Y.  SOL  el  la  noie  d'Orelli  (1,  p.  032).  Au  temps  d'Auguste,  l'aslre  élail 
encore  honoré,  en  vertu  d'une  vieille  tradition  latine,  comme  une  divinité  dislinclc 
avec  l'épilliéle  des  Indiijentes  [indi(;itamk>ta;.  C.  i.  l.  I,  p.  398  ;  Eplt.  epi.jr.  IV, 
8,  I  ;  et  les  Calendriers  au  8  août.  L'idenlificalion  avec  Apollon  est  de  provenance  Iiellè- 
niqnc  el  dale  de  la  fin  de  la  Républiqqe,  ce  (|ui  peut  servir  à  dater  l'oracle  siliyllin. 


SAE 


905  — 


SAE 


Ti~.  601S.  —  Procès 


vient  ensuite  une  seconde  invocation  d'ordre  général 
qui  débute  par  Apollon  et  par  Luna,  pour  associer  toutes 
les  autres  divinités  dans  une  prière  commune  pour  le 
bien  de  l'Empire.  Peut-être  aussi  le  chant  s'adaplait-il, 
dans  une  certaine  mesure,  à  la  religion  des  localités 
parcourues,  aux  temples  du  Palatin  et  du  Capitole  qui 
sont  les  stations  principales  de  l'itinéraire'. 

Une  monnaie  de  Domilien  représente  la  procession  en 
la  simplifiant  (fig.  6018)  :  un 
groupe  de  trois  adolescents  en 
toge  (à  la  coifTure  on  reconnaît 
une  jeune  fille  dans  la  figure 
du  milieu)  s'avance  vers  la 
droite  en  chantant  et  en  éle- 
vant au-dessus  de  leurs  têtes 
des  rameaux  d'olivier;  derrière 
marchent  deux  hommes  en 
toge,  l'empereur  et  le  inagis- 
ter  du  collège  des  Quindecem- 
virs;  le  premier  tient  un  rouleau,  sans  doute  le  texte  de 
l'hymne  et  des  prières  rituelles^.  Rien  ne  prouve  que 
d'autres  que  les  adolescents  aient  pris  part  aux  chants  : 
que,  par  exemple,  les  Quindecemvu'i  aient  fait  partie  du 
chœur'.  Il  y  a,  d'ailleurs,  un  précédent,  celui  de  Lrs'ius 
Andronicus,  qui  composa  en  207  av.  J.-C,  sur  la  demande 
du  Sénat,  pour  célébrer  la  victoire  de  Séna,  un  hymne 
en  l'honneur  de  Junon,  hymne  chanté  uniquement  par 
un  chœur  de  vingt-sept  jeunes  filles*. 

Ce  n'est  pas  ici  le  lieu  d'insister  sur  les  qualités  litté- 
raires du  Carmen  d'Horace  ;  mais  il  convient  de  remar- 
quer avec  quel  scrupule  d'exactitude  rituelle  le  poète  a 
tiré  parti  des  données  archéologiques  de  son  sujet, 
mettant  chaque  détail  à  sa  place  et  n'omettant  rien 
d'essentiel":  Apollon  et  Diane,  dans  leur  signification 
générale  et  sous  leur  aspect  particulier  de  divinités 
sidérales;  Ilithyia  identifiée  discrètement  avec  JunOn  et 
Diana,  Lucina  et  Genitalis  ;  les  Parques  et  Cérès,  Jupi- 
ter nommé  en  passant,  Junon  plutôt  indiquée  que  nom- 
mée, malgré  la  place  qu'ils  tiennent  dans  les  trois  jour- 
nées de  la  fête;  par-dessus  tout,  d'une  part  l'empereur 
Auguste  avec  le  prestige  de  la  descendance  qui  le 
rattache  àÉnée,  fils  de  Vénus  et  d'Anchise";  d'autre  part, 
la  suprématie  de  la  religion  d'Apollon  et  de  Diane,  celle- 
ci  intimement  mêlée  au  culte  national  par  ses  temples  de 
l'Aventin  et  de  l'Algide  ^  Tout  aussi  caractéristiques 
senties  allusions  à  la  le.rJu/ia  de  maritandis  ordi?iibus, 
la  mention  des  livres  sibyllins,  l'hommage  aux  victoires 
qui  ont  assuré  la  sécurité  des  frontières,  le  rappel  des 
réformes  intérieures  et  finalement  l'évocation  de  l'âge 
d'or  qui  va  recommencer  avec  le  siècle  nouveau*.  Tout 

'  L'hymne  commence  el  Dnit  par  Apollon  et  Diane,  cl  la  procession  pari  du  Icniple 
d'Apollon  l'alalin  pour  y  revenir;  Carm.  saec.  v.  1-13  ;  61  arf  fin.  Cf.  Monimseu,  Kph. 
epUjr.  Vlll,  p.  237.  On  localisera  de  mSme,  avec  vraisemlilance,  au  Icmplc  ilu  Capilole, 
le  clianl  des  vers  30  à  50.  —  2  Eckhcl,  VI,  p.  3S0  ;  Cohen,  Domit.  79  ;  Dresscl, 
'1.  e.  p.  313;  Uh.  n.  10.  —  3  Fr.  Plessis  cl  Lejay,  Mil.  d'Horace,  p.  253,  scinLIciil 
noir,  à  tort,  émis  celle  hypollicsc.  —  4  T.  Liv.  XXVII,  37;  Fcsl.  p.  333.  —  =  V. 
u-rs  I  sq.  ;  34,  Cl,  75  pour  Apollon  ;  1,  26,  69-73,  75  pour  Diane;  13  si|.  pour 
llilhyia;  pour  les  Par.pios  (Moerae),  23;  Gères,  30;  Jupilcr  avec  Juuon,  dans  une 
■illusion  au  sacrifice  de  hœufs  blancs,  v.  48,  el  Junon,  au  v.  13  dans  le  vocahlc 
Lucina  ;  Jupiter  nommé,  73.  —  0  V.  les  strophes,  les  mieux  venues  de  loules,  30  i 
eo.  —  1  laid.  Cl  ad  fin.  —  »  V.  17  st|.  ;  cf.  Suel.  Aug.  34  ;  T.  Liv.  Epit.  59  ;  v.  5; 
T.  50  si|.  ;  v.  43,  57  sq.  ;  65  si|.  —  9  V.  pour  le  surplus,  G.  Boissier,  Op.  cit. 
p.  87-93  ;  cf.  F]-.  Heiniann,  Op.  cit.  —  iO  V.  Acta,  22  ;  23  à  28  ;  39  à  42  ;  83  à  83  ; 
100-101;  108-109;  133;  133;  154;  156-158;  1C0-1G5.  Carm.  sihyll.  v.  32-34. 
Cf.  Uommseu,  Op.  cit.  p.  268  sq.  —  "  .4c(a,  109:  Negue  sunt  /(udi)  intermissi  ici 
quinoctu  coepli  erunt.  Ces  cérémonies  nocturnes  dans  un  quartier  éloigné  ne  pou- 
Taient  manr|uer  de  favoriser  des  désordres  cl  des  distractions  qui  n'avaient  rien  de 


cela  constitue  mieux  qu'une  poésie  officielle,  dépourvue 
do  conviction  et  limitée  aux  circonstances  qui  l'ont  in- 
spirée. 11  est  permis  d'y  voir  le  manifeste  pieux  d'un 
régime,  fondé  sur  le  patronage  du  dieu  qui  est  symbole 
de  lumière,  de  progrès  et  de  civilisation,  pour  le  rajeu- 
nissement des  destinées  de  Rome  et  pour  le  bonheur  du 
monde  rangé  sous  ses  lois^. 

Tel  est  l'ensemble  des  cérémonies  religieuses,  les  plus 
complètes   et  les  plus    importantes  dont   l'histoire  des 
cultes  romains  fasse  mention,  par  lesquelles  l'empereur 
Auguste  et  le  collège  des  Quindecemvirs  inaugurèrent, 
plus  qu'ils  ne  la  continuèrent,  la  série  des  jeux  séculaires. 
La  partie  populaire  de  la  fête  est  celle  qui  lui  a  donné  son 
nom,  les  jeux  de  toute  sorte  qui,  dans  le  rescril  de  l'em- 
pereur et  dans  les  édits  rendus  à  son  instigation,  sont 
l'objet  d'une  sollicitude  égale  '".  Nous  avons  vu  déjà  que 
de  ces  jeux  certains  fonctionnent  simultanément  avec  les 
actes  de  piété  et  cela  dès  la  première  nuit  et  le  jour  sui- 
vant, puis  ils  se  continuent  nuit  et  jour  sans  interruption 
jusqu'à  la  fin  des  cérémonies".  11  y  en  a  de  deux  sortes, 
les  uns  scéniques  installés  dans  les  théâtres  (il  n'existe 
encore  qu'un  théâtre  permanent,    celui  de  Pompée,  le 
théâtre  de  Marcellus  étant  en  voie  d'achèvement),  les 
autres  au  Cirque  '-.  Les  représentations  théâtrales  sont 
ou  latines  ou  grecques,  celles-ci  de  deux  variétés  diffé- 
rentes ".  Les  premières  appelées  ludi  tlujmelici  dans  les 
Actes,  parce  qu'elles  se  déploient  non  seulement  sur  la 
scène  mais  dans  l'orchestre,  autour  de  la  thymélé,  à  la 
facondes  Grecs,  étaientdonnéesau  théâtre  de  Pompée'*; 
les  autres,  nommés  astijci,  qui  sont  les  représentations 
ordinaires,  sans  doute  des  tragédies  et  comédies  imitées 
du  grec  par  la  génération  des  vieux  poètes  latins,  dans  des 
théâtres  en  bois  construits  exprès' =.  Nous  avons  vu  que,  la 
première  nuit,  il  y  avait  d'autres  représentations  encore, 
nommés  ludi  latini,  sur  des  scènes  sans  théâtres,  et  qui 
devaient  être  fournies  par  le  répertoire  des  vieilles  farces 
populaires'".  Quant  aux  jeux  du  cirque''',  ils  consistaient 
en  courses  de  chars  el  en  exibitions  de  desuUores  ;  les 
Actes  ne  parlent  pas  de  gladiateurs.  Mais  ils  nomment 
les  magistrats  qui  présidaient  aux  départs  des  courses; 
durant  les  premiers  jours,  M.  Valerius  Potitus  Messalla, 
qui  avait  été  consul  en  722,  probablement  frère  de  Mes- 
salla  Corvinus,  l'orateur  célèbre,   l'ami    de   Tibulle  et 
d'Ovide;  plus  tard,  quand  il  n'a  plus  à  remplir  de  fonc- 
tions sacerdotales.  Agrippa  en  personne  ". 

A  mesure  que  les  cérémonies  saintes  tirent  à  leur  fin, 
les  jeux  se  multiplient  et  comportent  toutes  les  variétés 
connues  [ludi  publiciI.  Aceuxqui  sont  obligatoires  et  dont 
les  frais  sont  payés  par  le  trésor,  s'ajoutent  ceux  que  l'édi  t 
des  Quindecemvirs  appelle  hojwrarii,  ce  qui   signifie 

religieux.  Auguste  on  interdit  l'accès  aux  jeunes  gens  des  deux  sexes,  à  moins  (|u'il3 
ne  fussent  accompagnés  par  fiuelque  parent  ùgé  ;  Suel.  Oct.  31.  ^  12  Ibid.  134  : 
metae  positae  quadriijaeque  sunt  missac  et  desultorcs  misit  Potitus  Messalla. 
—  fi  Acta,  15e  sq.;  100  sq.  —  ''*  V.  sur  l'organisation  de  certains  grands  théâtres 
de  l'époque  macédonienne,  qui  furent  imilés  par  les  Romains,  oii  la  partie  de 
l'iMchcstre  située  entre  le  proscenium  et  la  tlnjmélé  élait  changée  en  une  scène 
plus  basse,  sur  laquelle  paraissaient  des  mimes  et  des  danseurs,  0.  Millier,  Gescli. 
der  Griech.  Littéral.  1,  p.  299.  —  1^  Acta,  161  :  Gracci  Ihymelici  in  theatro 
Powpei,  Graeci  astici  in  theatro  r/uod  est  in  circo  Flaminio;  cf.  Vitruv.  V,  7,  2  ; 
Suel.  Tib.  6;  Cal.  20.  —  '6  Acta,  100:  Ludi...  sunt  commissi  in  scncna  quoi 
theatrum  adjectum  non  fuit,  nultis  positis  scdilibus.  Sur  cet  usage  aux  temps 
anciens,  v.  Val.  Max.  Il,  4,  2;  cf.  Zosim.  II,  3.  -  1'  Ces  jeux  succèdent  le  troi- 
sième jour  aux  représentations  théilralcs  ;  Acta,  153  ;  le  passage  est  mutilé  et 
riinure  manque;  cf.  Mommscu,  Op.  cit.  p.  271,  qui  cite,  à  ce  sujet.  Feslus,  Taren- 
lum,  p.  331  cl  Suct.  Claud.  11.  Les  (.Hiiudcccmvirs  y  jouaient  le  rôle  qu'ailleurs 
jouaient  les  Frères  Arvales  dans  des  jeux  analogues  en  l'an  81.  V.  Henîeu,  Anal. 
p.  20.  —  18  Acta,   134,  105. 


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extraoj'dinaires,  de  siircro/fd/ion  '.  Ils  sonl  organisés 
par  les  magislrals,  nolammenl  par  les  Quindecemvirs  et 
sans  doute  à  leurs  frais,  ce  qui  les  fait  appeler,  par  Feslus, 
libérales.  Kn  temps  ordinaire,  le  nombre  en  était  limité 
à  trente  jours  par  an  afin  qu'ils  ne  fassent  pas  ruineux 
pour  les  organisateurs-.  Les  cérémonies  s'élant  termi- 
nées le  3  juin,  il  y  avait  interruption  le  lendemain  ;  puis 
les  jeux  de  tout  ordre  se  succédaient  du  3  au  il,  pour  se 
terminer  par  une  grande  chasse  qui  n"est  pas  localisée 
par  les  Arles  ^■,  le  monument  d'Ancyre  nomme  en  bloc, 
comme  emplacements  utilisés  à  cet  effet,  le  cirque,  le 
forum,  les  amphithéâtres.  La  chasse  spectacle  paraît 
avoir  été  coupée  d'intermèdes  fournis  par  des  courses  de 
chevaux  et  de  chars  ''. 

Il  va  de  soi  que  tous  ces  jours  de  cérémonies  et  de 
jeux  sont  déclarés  fériés  :  les  tribunaux  chôment,  le  deuil 
légal  est  suspendu,  ainsi  que  l'interdiction  aux  céliba- 
taires visés  par  la  loi  Julia.  C'était  une  application  d'un 
cas  de  dispense  plus  général  et  dans  lequel  rentraient  les 
jeux  séculaires:  «  Il  n'y  a  ni  deuil,  ni  interdiction  lorsqu'on 
dédie  un  temple,  lorsque  les  censeurs  font  la  clôture  du 
cens,  lorsque  l'État  s'acquitte. d'un  vœu  formé  en  son 
nom.  »  La  fête  séculaire  rentrait  dans  ce  dernier  cas^. 
Par  leur  durée,  qui  est  de  dix-huit  jours  entiers,  dont 
quinze  de  réjouissances  publiques,  par  la  variété  des  céré- 
monies, sacrifices,  prières,  processions,  lectislernia  et 
sellistemia,  par  la  qualité  des  personnages  qui  y  pré- 
sident ou  qui  en  sont  les  principaux  acteurs,  par  leur 
signification  politique  et  religieuse,  par  l'immense 
déploiement  de  toutes  les  ressources  décoratives  et 
somptuaires,  tant  pour  les  actes  du  culte  que  pour  les 
amusements  populaires,  les  fêtes  de  l'an  17  furent  les 
plus  importantes  de  toutes  celles  dont  l'histoire  de  Rome 
ait  fait  mention.  Il  n'y  en  a  point  dans  le  passé  qui  puisse 
leur  être  comparée  ;  celles  qui  leur  succédèrent  au 
même  titre  ont  pu  les  égaler  en  pompes  et  prodigalités, 
jamais  elles  ne  se  sont  déployées  dans  l'atmosphère  de 
confiance,  de  joie,  de  dignité  morale,  de  distinction 
artistique  et  littéraire  qu'avait  su  créer  pour  les  siennes 
le  fondateur  de  l'Empire. 

W .Les  jeux  séculaires  après  Auguste.  —  On  pourrait 
croire  que  l'éclat  même  des  fêtes  de  l'an  17,  joint  au 
prestige  d'Auguste  qui  en  fonda  la  tradition,  fixerait  à 
tout  jamais  la  règle  de  leurpériodicité;  ce  fut  le  contraire 
qui  arriva.  Les  empereurs  subséquents  semblèrent  regret- 
ter de  ne  pouvoir  célébrer  des  jeux  séculaires  chacun  à  sa 
manière.  Claude,  le  dernier  de  la  lignée  d'.\uguste,  trouva 
le  moyen  de  les  renouveler  soixante-trois  ans  après, 
en  l'an  46  ap.  J.-C.  Il  calcula  que  cette  année-là  Rome 
achevait  le  vm'  siècle  de  son  existence  et  qu'en  se  réglant 
sur  la  durée  juridique  du  siècle,  le  droit  à  des  jeux 
solennels  se  trouvait  établi.  Comme  il  y  avait  encore  des 
survivants  de  la  fête  précédente,  que  même  des  acteurs 
qui  y  avaient  figuré  reparaissaient,  bien  vieux  évidem- 
ment, sur  la  scène,  ces  jeux   de   Claude  parurent   sur- 

'  Àcla,  150  :  Ludoi  quos  honorarias  ilicriim  VU  a'Jjccimus  twiis  so- 
lemnibus....  Cf.  Moramscn,  Loc.  cit.  p.  209.  Pour  l'expression  de  ludi  honorarii, 
V.  Fcsl.  £>i7.  p.  lOi,  cl  Suct.  Auij.  32.  Mommseii  rapproche  Cic.  In  Pis.  35, 
80,  et  Isidor.  Orig.  XX,  3,  8  :  //onorarium  vinum  quod  regibus  et  polentibus 
honoris  gralia  defertur.  —  2  Lcdi,  p.  1375.  —  3  AHa,  159;  103.  Cf.  Suct. 
Claud.  il.  —  i  Acta,  105;  Jlon.  Ancyr.  4,  30  sq.  —  s  Acta,  13,  H,  111-114; 
cf.  Kcsl.  p.  151;  JISTITILM,  lir,  I,  p.  -80.  —  C  l'Iiii.  Hist.  nat.  Vil,  W,  0;  Tae, 
Ann.  XI,  11;  Suet.  Clatid.  21  ;  (jcusor.  17,  11;  cf.  Mommsen,  Chronologie, 
p.  19i.  0.  Ilirschfcld,  Wiener  Sludien,  III  1881,  p.  101  sq.  a  cherché  d'autres  rai- 
sons à  celle  liialion  des  noureaus  jeux  par  Cliuilc  :  j'avoue  ne  pas  hicn  les  saisir. 


tout  ridicules  :  ils  n'ont,  d'ailleurs,  laisst;  aucune  tracée 
Quarante  ans  plus  lard,  Domitien  voulut  en  célébrer 
pour  son  compte  :  il  invoqua   le  canon  de  cent-dix  ans, 
celui  des  livres  sibyllins,  qui  menait  à  les  fixer  en  0:2  ou  93 
si  l'on  calcule  à  partir  de  l'an  17  ou  16,  mais  qui  aurait 
permis  de  les  mettre  déjà  en  61,  sous  Néron,  si  l'on  s'était 
réglé  sur  l'an  49  av.  J.-C,  où  les  jeux  de  l'an  17  auraient 
dû  être  célébrés'.  Domitien  les  donna  en  87.  Pas  plus  que 
ceux  de  Claude,  ils  ne  firent  sensation,  mais  nous  leur 
sommes  redevables  de  la  curieuse  série  de  monnaies  dont 
nous  avons  pu  tirer  parti  pour  l'interprétalion  des  jeux 
d'Auguste.  A  s'en  tenir  à  ce  témoignage,  il  est  établi  que 
Domitien  suivit  fidèlement,  pour  leur  organisation,  les 
exemples  donnés  par  son  prédécesseur,  comme  il  suivit, 
à  peu  près,  son  calcul  du  siècle*.  Un  témoignage  unique, 
qui  n'a   sans  doute   pas    grande  valeur,  nous  apprend 
qu'Antonin  le  Pieux,  reprenant  le  canon  de  cent  ans  et  se 
réglant  sur  l'archéologie  de  Claude,  célébra  en  146  ap. 
J.-C.  le  neuvième  centenaire  de  la  fondation  de  Rome'. 
Désormais,  il  n'est  plus  question  de  jeux  séculaires 
jusqu'au  règne  de  Septime-Sévère  qui,  suivant  le  canon 
des  livres  sibyllins,  réédita  ceux  de  Domitien  et  d'Auguste 
en  204  de  notre  ère'".  Dans  les  Actes  gravés  sur  un  monu- 
ment analogue  à  celui  que  nous  avons  décrit,  l'empereur 
les  appelle  :  iudos  saeculares  seplimos,  alors  que  Censo- 
rinus  leur  donne  le  huitième  rang;  c'est  que  la  chrono- 
logie officielle  ne  tient  aucun  compte  de  ceux  de  Claude 
et  parait  ignorer  ceux  d'Anlonin  le  Pieux".  Ils  ont  été 
commémorés,  comme  les  jeux  d'Auguste;  et  l'exhumation 
qui   a  mis   au    jour  l'historique    de    ceux-ci,    nous    a 
rendu  également  les  fêtes  de  Sévère,  sur  des  fragments 
de  tables  enfouies  au  même  lieu,  dans  les  mêmes  condi- 
tions. Mais  ces  débris  sonl  si  morcelés  et  de  restitution 
tellement  difficile,  qu'ils  n'offrent   qu'un  assez  pauvre 
intérêt'-.  Il  s'en  dégage  toutefois  cette  constatation  :  si 
les  jeux    célébrés   par  Auguste   donnent  à   l'empereur 
toute  l'initiative  et  le  rôle  principal,  faisant  bon  marché  . 
de  l'autorité  religieuse  du  Sénat,  ceux  de  Septime-Sévère 
consacrent  l'effacemenlà  peu  près  total  de  cette  assemblée. 
Le  Sénat  ne  décrète  même  plus,  sur  l'invitation  de  l'em- 
pereur, que  les  jeux  auront  lieu;  mais  il  demande  au 
souverain  de  vouloir  bien  les  ordonner.  Le  collège  des 
Quindecemvirs  a  gardé  son  rôle,  mais  le  magister  déclare 
qu'il  exerce  ses  fonctions  sacrées  :  jussu  mandatoque 
imperatorum;  et  il  n'y  a  plus  qu'un  seul  magister^  alors 
que  les  Actes   du  règne  d'Auguste   en 
nomment  cinq.  La  cjualilé  d'Auguste  et 
d'Agrippa  se  retrouve  dans  celle  de  Sep- 
time-Sévère et  de  son  fils  M.  Aurèle  An- 
tonin,  et  tous  deux  continuent  à  être  re- 
vêtus  de  la  puissance    tribunilienne  '\ 
Outre  les  actes  ou  nous  relevons  ces  de-      sepiime-Scvèrc. 
tails,  il  nous  reste,   comme  monuments 
des  jeux  de  l'an  204,  diverses  monnaies  en  or  (fig.  6019), 
argent  ou  bronze,  frappés  pour  commémorer  les  fêtes. 

—  7  Tac.  Ann.  XII,  11;  Mart.  IV,  1,  7;  X,  03.  3:  Slat.  Sili:  I.  +,  17;  IV, 
1,  37;  Suet.  Domit.  i  ;  Zosim.  Il,  4-;  Ccnsor.  17,  11.  Ta.-ite  y  prit  pari  en 
qualité  Ue  XV  Vir  S.  F.  Domitien  y  fit  de  véritables  folies  dans  l'organisation 
des  courses  de  chevaux.  —  8  y.  Oresscl,  Ephem.  epigraph.  VIII,  p.  310  sq.  Tah. 
I  ;  toutes  les  monnaies  sont  du  règne  de  Domitien.  à  l'exccpliou  des  n"*  I,  13  et  K». 

—  9  Aurel.  Vicl.  Caes.  15.—  '0  Ccnsor.  17,  Il  ;  Zosim.  Il,  4;  llerodiau.  111,8,  10. 

—  Il  Acla  .Scier.  17  {Eph.  epiijr.  VIII,  p.  2S3).  —  12  fph.  epigr.  {L.  cil.  p.  i70) 
sq.  Une  table  coniposée  par  Huelsen  permet  de  se  rendre  compte  de  l'étal  fragmen- 
lairc  et  de  la  faible  proportion  des  fragments  recueillis  par  rapport  à  ce  que  nous 
n'avons  plus.  —  13  V.  Mommsen,  £.  c.  p.  29i  sq.  ;  Actti  Scver.  passim,  p.  27S  sq. 


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Fig.  C02I.  —   Eiliibil 
Lijtes  rares. 


Tellus-Cérès  el  le  Tibre  y  rappellent  le  dispositif  religieux 
observé  aux  temps  de  Domilien  et  d'Auguste;  à  ces 
vieilles  divinités  sont  associés  Hercule,  Bacchus  et  la 
Concorde,  empruntés  aux  cultes  du  temps  '. 

Les  dernières  fêtes  séculaires  organisées  par  les  empe- 
reurs païens  furent  celles  auxquelles  présidèrent,  en  240 
ou  247,  suivant  le  canon  de  cent  ans,  Philippe  et  son 
lils  :  leur  caractère  distinctif,  c'est  qu'elles  célébrèrent 
le  millénaire  de  la  fondation  de 
Rome  -  :  c'est  ce  que  rappelle 
le  grand  bronze  ici  reproduit 
(fig.  6020).  Cassiodore  nous  ap- 
prend qu'à  cette  occasion  il  y  eut 
au  Champ  de  Mars,  pendant  trois 
jours  et  trois  nuits,  des  représen- 
tations théâtrales  et  que  le  peuple 
passa  les  nuits  en  réjouissances; 
les  jeux  du  cirque  surtout  y  fu- 
rent magnifiques  :  on  y  vit  une  profusion  de  combats 
de  gladiateurs,  d'exhibitions  de  bétes  rares  et  féroces 
qui  figurent  à  leur  tour  sur  les  monnaies  (fig.  6021'j'. 
L'empereur  qui  y  présidait  était  un 
Africain,  fils  d'un  chef  de  brigands; 
il  satisfaisait  par  les  sacrifices  et 
les  cérémonies  à  la  tradition  poly- 
théiste, quoiqu'il  fût  très  probable- 
ment chrétien.  M.  Boissier  cite  à 
ce  propos  la  réflexion  mélanco- 
lique de  l'historien  Zosime,  resté 
païen  convaincu  :  «  Si  les  saintes 
cérémonies  avaient  été  religieuse- 
ment observées,  ainsi  que  l'ordonnait  la  Sibylle,  l'Em- 
pire romain  aurait  conservé  sa  puissance;  mais  comme 
on  les  a  négligées,  il  est  tombé  sous  la  domination  des 
Barbares.  ■>     J.-.\.  Hild. 

SAEPTL'JI.  —  Dans  un  sens  général,  ce  mol  signifie 
toute  espèce  d'enclos  aussi  bien  que  l'enceinte,  le  mur, 
la  cloison,  la  barrière  qui  l'enferme.  On  appelait  particu- 

*  Eph.  fpiijr.  [Loc.  cit.  p.  2T4)  ;  cf.  Eckhel,  Vil,  183  ;  Cohen,  iîéil.  impèr.  IV, 
p.  U,  n.  103-liO;  Ib.  p.  ItT,  n.  48-52;  p.  05,  n"  Ci3-C2C;  p.  201;  555,  55C  ; 
p.  272,  n.  170,  180.  —  2  Eulrop.  9,  3;  Capilol.  Gord.  33;  Aur.  Vict.  Caes.  28; 
cf.  EcSvlicl,  Docir.  Xumm.  VII,  p.  323  ;  Corp.  inser.  lat.  V,  488  ;  les  ciironogr. 
p.  047,  édil.  Sloramsen  el  Bieronym.  Citron,  anno  217  ;  cf.  G.  Boissier,  Op. 
cil.  p.  94  sq.  —  3  Eckhel,  0.  I.  Vil,  p.  332.  Il  y  a  des  monnaies  se  pappor- 
lanl  aux  années  1012  el  1051  de  la  fondation  de  Rome  r|ui,  faisant  allusion  à 
des  jeux  s'culaires,  prouvent  que  Ion  exploitait  jusqu'à  cette  date  le  double 
canon  des  cent  et  cent  dix  ans,  mais  divisii-s  par  deux,  pour  obtenir  plus  fréquem- 
ment l'occasion  d'en  célébrer.  V.  Eckhel,  VII,  p.  409  et  VIII,  p.  20  sq.  ;  ceux  de 
l'an  1051  |U.  G.)  furent  les  derniers.  —  Bibliographie.  Citons  pour  mémoire  les 
aacieoncs  dissertations  de  Petrus  Taffinus,  D.;  reterum  romanorum  anno  saecutari 
(Tournai,  IC4t|,  el  d'On.  Pauviuius,  De  ludis  saecularibus.  l'une  et  l'autre  chez 
Graerius,  Thésaurus,  VIII,  p.  4CG  et  IX,  p.  1001;  Beryli,  Augusti  reriim  gcst. 
Jnd.  Halle,  J873,  p.  74  sfj. ;  Boissier,  La  religion  romaine  d'AugtiSte  aux  Anto- 
niiw,  I,  p.  36  sq.  i4*  édit.)  ;  Id.  Les  jeux  séculaires  d'Auguste  {Revue  des  Deux 
iloildet,  1892,  p.  75  sq.)  ;  Bouchc-Leclcrcq,  Histoire  de  la  divination,  t.  IV, 
p.  300  sq.,  p.  300  sq.  ;  Conrad,  Z*t;  saccuio  .flomanoniJH,  prog.  Posen,  1900;  Diehis, 
Sibytlinitclie  Blaetter,  1890,  p.  127  sq.  ;  Gcffroy,  La  science  archéol.  à  Rome 
(Revue  des  Deux  Mondes,  1892,  p.  590  sq.);  Hirschfeld,  Wiener  Studien,  1881, 
p.  99  sq.;  les  éditions  d  Horace,  d'Orelli,  II,  p.  620  sq.:  de  Jlilscherlich.  Il,  p.  643, 
cl  de  Sehûlz,  I,  p.  290  srj.  ;  Idcler,  Uandbuch  der  Chronologie,  II,  p.  82  sq.  ; 
Xlausen,  Aeneas  und  die  Penaten,  I,  p.  262  sq.  ;  Marquardt-Mommsen,  Handbnch 
der  Roem.  Alterlhùmer  (2'  édil.),  t.  VI,  p.  385  «).;  Moiiimsen,  TJoem.  Chronologie 
[V  édil.),  p.  172  sq.  ;  Iil.  Die  Saecula  der  Etrusker,  dans  le  Rhein.  Muséum, 
nouv.  série,  XII,  p.  53;  Id.  Ephemeris  epigraphica,  vol.  VIII,  p.  125  sq.;  Mueller- 
Deekc,  Die  Etrusker,  11,  p.  29  ;  309  à  315  ;  Pauly,  Rcalencyklopaedie,  l.  VI,  p.  474  si|. 
el  065;  cf.  Id.  édil.  nouvelle.  IV,  2  sq.;  2374;  Preller-Jordan,  Roemische  Mytho- 
logie, II,  34  sq.  ;  Roschcr,  Ausf.  l.exikon  d.  .Mylhol.,  etc.,  art.  l'ro- 
serpina  (Carier),  p.  3146  sq.  ;  Rolh,  C'ebcr  die  Roem.  Saecularspiele,  Rhein. 
Mut.  nouv.  sér.  VIII,  p.  305  sq.  ;  Schoemaiin,  De  Roman,  anno  saecut.  (dans  les 
OpMC.  Acad.  I,  p.  50  sq.;  ;  Usener,  Rhein.  Muséum,  l.  XXX  (nciuv.  sér.),  p.  204 
»q.  ;  WissOHa,  Religion  und  Kultus  der  Roemer,  p.  303  sq.  Pour  la  partie  numis- 


lièrement  de  ce  nom  au  pluriel,  saepta,  la  partie  du 
Champ  de  Mars  où  le  peuple,  à  Rome,  s'assemblait  pour 
voler  coMiTi.A.,  p.  138.'j  sq.,  139.3  sq.],  et  qui  était  aussi 
nommée  ovile,  parce  que  les  tribus  et  les  centuries  y 
étaient  séparées  el  comme  parquées  entre  des  claies  ou  des 
planches,  au  moment  où  elles  allaient  déposer  leurs  voles  ' . 

Celle  installation  primitive  ne  disparut  qu'à  la  fin  de 
la  République.  Jules  César'-  commença,  pourla  remplacer, 
la  construction  de  galeries  de  marbre  qu'il  n'eut  pas  le 
temps  d'achever.  Agrippa  inaugura  les  nou\eau\  saepla, 
qui  furent  appelées  les  saepta  Julia  '.         E.  S.\r.Lio. 

S.\GA.  —  Devineresse,  magicienne  [magi.\,  p.  13001'. 
Ce  nom  était  donné  aussi  aux  entremetteuses,  parce  que 
les  magiciennes  en  faisaient  souvent  le  métier-. 

S.\GEi\.\  [rete,  p.  8o2\ 

SAGITTA'  ('lô:,  iV<TTo;-,  to;cv,  To;£uaa)  ■\  —  La  flèche, 
à  laquelle  s'applique  souvent  le  nom  générique  des 
armes  de  trait,  telitm  (pÉ/.o;),  comprend  une  hampe, 
calamus,  ai'undo  (xiXajxoç,  Sôva;),  pourvue  à  un  bout 
d'une  encoche  empennée,  pennala  (TïTspwTi'.  vÀ'j^îoe;), 
et,  à  l'autre  bout,  d'une  pointe,  spiculum  (àxU),  appelée 
parfois  ferinim  (ci'oTipov),  du  nom  du  métal  dont  elle  est 
faite  à  l'époque  classique';  cette  pointe  peut  être  mu- 
nie de  barbelures,  unci,  hami  {ï-,'zo!,  oy^ivoi),  et  d'un 
nombre  variable  d'arêtes   tranchantes,  acies  (yXu/i'vsç). 

Structure  et  évolution  de  la  flèche.  —  La  flèche 
est,  essentiellement,  un  trait  le  plus  léger  et  le  plus 
facile  à  lancer  qui  soit.  Aussi  a-l-elle  dû  commencer 
par  être  taillée  dans  un  bois,  un  roseau  ou  un  os 
mince  et  rigide,  et,  si  l'on  n'a  conservé  que  de  rares 
pointes  en  ces  matières  friables,  nous  connaissons 
nombre  de  peuples  qui  se  servent  encore,  à  l'époque 
classique,  d'une  flèche  de  roseau  avec  pointe  d'os°. 
Cette  différenciation  de  la  tige  de  la  flèche,  toujours 
facile  à  remplacer,  et  de  la  pointe,  d'autant  plus  pré- 
cieuse qu'elle  est  mieux  acérée,  constitue  le  premier 
progrès  dans  l'évolution  de  cette  arme.  Dès  le  début 
de  l'époque  énéolilhique,  dans  le  bassin  de  la  Méditerra- 

mali.|ue,  v.  Drcssel,  Éphem.  epigr.  1.  VIII  (1892),  p.  310  sq.  ;  avec  les  ou\rages 
de  Cohen  et  d'Eckhcl  cilés. 

SAEPTl'M.  1  Serv.  Ad  Ed.  I,  34  :  Septa  propria  sunt  loca  in  Campo  Martio 
inclusa  tnbulatis,  in  quibus  stans  populus  romanus  suffragia  ferre  consueverat, 
sed  quoniam  haec  septa  simitia  sunt  ovitibus  duo  haec  invicem  pro  se  ponuntur. 
Les  snepi'i  avaient  été  inaugurés  ;  Cic.  Pro  Rabir.  IV,  2.-2  UioCass.  LUI.  23. 
—  3  Voir  Gilbert.  Topograph.  d.  Stadt  Rom,  III,  p.  113  et  152;  0.  Richler,  Top.  d. 
Stadt  Rom,  p.  230  ;  Jordan-Hijisen,  Top.  d.  St.  R.  II,  p:  498  ;  III,  p.  479. 

SAGA.  ICic.  Divin.  I,  31;  Horal.  Od.  I,  2,  21;  Ep.  H,  2,  208;  Tib.  I,  2,  42; 
Apul.  Met.  I,  p.  106,  etc.  —  2  Non.  Marc.  p.  23. 

SAGITTA.  —  •  Sagitta,  ratlat  hé  à  tort  par  Grôber  {Archiv.  f.  lat.  Icxicogr. 
1888,  457)  â  sagum,  semble  désigné  par  la  terminaison  itta,  etta  comme  un  mol 
lydo-élrusque  (cf.  S.  Reinach.  Oriental  records,  1892,  85);  la  racine  sag,  seg  se 
retrouve  dans  nombre  d'armes  trancliantes  :  sagaris,  securis.  Le  mol  fut  grécisé 
par  les  Bvzanlins  :  oa^ÎTa,  aa-^i-rzà-vo,  aaY,ToSp(>)[iov,  oaTiToÇolr,.  —  2  'lô;  est  la  forme 
primitive  (épique  el  lyrique)  d'  i.iTo;  (is-iord;);  pid;,  désignation  homérique  de  l'arc, 
est  pcul-ôlre  à  'tôç,  ce  qu'esta  'itu;  la  forme  éoliennepit-j;.  Sur  la  possibilité  d'une  racine 
commune  entre  iiî-o.irTbi  cl  oiVoî-fiu;,  cf.  p.  1000,  n.  14.  —  3  TJ;ov-:d;i  jn«  sont  des  dési- 
gnations qui,  comme  ?tô;-!oî,  paraissent  avoir  passé  à  la  flèche  de  l'arc  dont  ils  dési- 
gnaient le  bois,  (oxus,  l'if,  bois  dans  lequel  cstdéjà  taille  l'arc  préhistoriquede  la  tour- 
bière de  Cambridgeel  dont  lenom  anglo-saxon,  jew,  est  devenu  celui  de  l'arc  en  Angle- 
terre. Seul,  To;ov  se  trouve  chez  Homère  où  il  désigne  à  la  fois  l'arc  et  les  Uèclics.  Le 
surnom  â-{««-:'.i  sous  lequel  on  désigne  la  ncche(Thuc.  IV,  40;  Esch.  fr.  129;Soph.PA. 
290  ;  Tr.  714),  s'il  faul  le  rapprocher  de  la  racine  de  torqucre,  se  rapporte  ou  au  bande- 
inenl  de  l'arc  ou  à  l'enroulement  qui  maintenait  la  pointe.  —  *  ^ApSi;,  semble  se  rappor- 
ter â  l'âge  ou  elle  était  de  bronze,  erz.  —  ^  Pour  la  classification  des  pointes  de  llcches 
néolithiques,  voir,  outre  les  AHiil'ions  et  Cavernes  de  S.  Reinach  et  le  Musée  préhis- 
torique de  G.  de  .Morlillet,  une  étude  de  Th.  Wilson  dans  r.4n(/.ropa(ojie,  1901,508. 
Des  pointes  de  flèches  triangulaires  à  pédoncule  el  barbelures  en  os  el  en  corne  de  cerf 
ont  été  trouvées  en  grand  nombre  dans  les  lerramares  ilalicnnesde  Gozzano,  (^slione 
el  Moniale  iMonlclius,  Civilisation  primitive  en  Italie,  pi.  XIV,  20  ;  XVII,  4;  XIX, 
4),  de  Polada  (Modestov,  Introduction  à  Ihist.  romaine,  pi.  xii,  8)  cl  dans  les 
grottes  de  Pollera,  Famé,  Arène  Candide  {Rullet.  di.  Paletn.  XVI,  98;  XIX,  30). 


SAG 


—  998 


SAG 


née,  on  fixe  sur  des  liges  des  pointes  foliiformes  '  aigui- 
sées à  rexlrémité,  arrondies  ;":  la  base.  La  dinîculté  qu'on 
éprouvait,  à  les  fixer  amena  à  tirer  de  celle  pointe  primi- 
tive les  deux  formes  qui  devaient  se  maintenir  depuis: 
1°  Kn  supprimant  la  partie  arrondie  el  en  la  rempla- 
çant par  une  base  droite,  on  allégeait  la  pointe  devenue  tri- 
angulaire, mais  on  ne  la  rendait  pas  plus  facile  à  insérer 
dans  la  tète  fendue  d'une  tige;  c'est  en  substituant  à  la 
base  droite  une  base  concave-  qu'on  obtint  un  creux  où 
la  hampe  s'encastrait  d'autant  plus  solidement  que  les 
angles  inférieurs  étaient  mieux  eflilés  et  rabattus;  ces 
ailerons  furent  les  rudiments  des  barbelures'  (fig.  0023). 
2°  Kn  taillant  la  partie  arrondie  en  un  angle  semblable 
à  celui  de  l'extrémité  perforante,  on  obtint  une  pointe 
losangitiue  ;  en  développant  l'angle  destiné  à  frapper  et 
en  réduisant  l'angle  destiné  à  s'emmancher,  elle  donna 
naissance  à  la  pointe  à  pédoncule'',  qui  ne  tarda  pas  à 
se  compléter  par  une  sorte  de  cran  d'arrêt  formé  par 
les  angles  inférieurs  de  la  partie  perforante  ;  quand  ces 
angles  inférieurs  ne  formèrent  plus  un  angle  droit  avec 
le  pédoncule,  mais  un  angle  de  plus  en  plus  obtus,  on  eut 
la  pointe  à  pédoncule  et  à  barbelures^;  un  trou  pou- 
vait la  compléter,  permettant  le  passage  d'une  attache^. 
En  même  temps,  la  succession  d'entailles  qui  forment  les 
tranchants  du  silex  éclaté  sont  retouchés,  ou  bien  de 
façon  à  obtenir  une  arête  unie  et  polie,  ou  bien  de 
façon  à  développer,  au  contraire,  ces  irrégularités  en  une 
série  de  dents  de  scie  ou 
barbes  qui  rendront  la  pointe 
plus  difficile  à  extraire.  Ce 
sont  les  pointes  à  bords 
^yi^  ^"^^j^  ^^    denticulés,  dont  les  angles  in- 

i.2^  C^^^r^    férieurs  sont  effilés  de  façon 

à  en  faire  les  plus  saillantes 
de  ces  barbes,  qui  semblent 
avoir  dominé  en  Grèce,  surtout  parce  que  l'obsidienne, 
qui  y  remplaça  de  bonne  heure  le  silex,  paraît  y  avoir 


<  Palafillc  de  Uodio,  Moniclius,  Op.  eit.  pi.  m,  3  ;  cf.  Brizio,  Xolhie, 
isni,  213.  —  2  Palalillc  de  Pescliioia,  Moniclius,  Op.  cit.  pi.  ii,  16.  Type 
semlilaLle  à  Rcmcdcllo,  B.  di  Palcln.  pi.  si,  XXIV.  —  3  Jlyccncs,  Sclilicmann, 
Mijcéites.  p.  354  ;  l'crrot.  JJist.  de  l'art,  VI,  p.  H6.  Cf.  Modeslov,  Op.  cit. 
pi.  XII,  ll-i.  —  t  Silex  coloré  au  ciuabio  de  Sgurgola  dans  le  Lalium,  Pinza. 
J/OB.  anlichi,  XV,  pi.  i,  il.  Un  cran  darrôl  très  ncl  se  voil  sur  un  silev  de  Cuma- 
rola,  Monlelius,  Op.  cil.  pi.  x.vivi,  îi,  un  siles  de  Remedello,  B.  di  Paletn.  XXV, 
pi.  11.  —  5  Palafillc  de  Bodio,  Monlelius,  Op.  cit.  pi.  iii,  C-7.  Cf.  /éirf.  X,  13  ;  CXVII, 
3  ;  B.  di  Paletn.  X,  148;  XIV,  133  ;  XV,  S3.  —  c  Acropole  de  Kakovalo,  près  Sami- 
kon  (l'ylos  dcNeslor?),  Doerprdd.  Alh.  ilillheil.  1907,  p.  ini.  —  7  Voir  pour  sa 
produclion  el  sa  dispersion,  Bosan.|uel,  Explorât,  at  Phtjlakopi  of  Mrlos  (1904), 
p.  2JS.  Les  pointes  en  obsidienne  se  Irouveiit  des  grollcs  du  Portugal  {Congrès 
prihist.  inlern.  1S89,  p.  S.ïlj)  au\  Kourganes  du  Caucase  (Z.  f.  Etîmol.  XXXIII,  87, 
9»;  XXXIV.  156,  170;  Bev.  arch.  1890,  11,  ISC).-  8  33  poinlcs  en  »n  seul  las  dans 
la  i|ualrième  lombe  de  Myccnes,  Scliliemann,  Mycénes,  p.  334  (15  reproduites  par 
Sthliemann,  fig.  433  ;  3  par  Perrot,  VI,  p.  1 10  =  (fig.  0023);  une  dizaine  de  pointes 
beaucoup  plus  grossières  de  Tiryntlie  sont  reproduites  par  Scliliemann,  Tirynlhe, 
p.  102,  ipii  dit  en  avoir  vu  d'autres  à  rllèiaeuiu  dArgos  el  à  Asinè;  S  dans  une 
loinbc  à  fosse  de  l'Acropole  d'Allièncs  (Skias,  'Ec.'oj/.  1902,  128).  On  on  signale 
encore  dans  des  lumulus  d'Apbidna  {Ath.  JUitlh.  1896.3911  el  de  MaïaUion  (Z.  f. 
Etimol.  1S84.  p.  83  cl  p.  10  des  n.f.,,»y,«,;  de  l-inlay)  ;  ce  sonl  sans  doute  les 
poinlcs  eu  silev  noir  c|uc  Dodwell  atlribnail  à  la  bataille  de  490,  Tour  through 
Crcece,  II,  159;  une  douzaine  à  Diraini  el  Seskio,  près  Volo  (A/an,  1902,  76); 
peut-être  à  lljon  (.Schlieniann,  Ilios.  p.  309);  à  Pliaeslos  en  Crcle  (.Won.  n nt  ' iSOî, 
22),  el  à  Kuossos  {British  School.  Annual,  VII,  44;  VIII,  123).  Elles  sont  longues 
de  0,016  à  0,038.  -  9  Pcrrol,  Vi,  p.  MO  d'après  Dumonl,  Collecl.  prChist.  de 
l'inlay  {ilélanges  darch.  1892,  p.  21).  Cf.  en  bronze,  British  Sluseum,  n.  2804 
(Sardaignc),  2805  (Kcrlcli),  2800  (Marathon),  2S11  (l^iorfon),  2813  (Hi'èrapolis). 
V.  aussi  Déchelellc,  ArchroLpréhist.  1,  1908,  p.  309.  —  10  Ainsi,  on  signale  une 
pointe  en  silei  dans  la  tholos  de  Thorikos  en  Atli.|ue  (nf,,i,xà,  1893,  15^  ;  une  en 
silei  dans  un  tumulus  macédonien  [Z .  f.  Ethnol.  XXXIV,  73);  une  en  silex  el  une 
en  obsidienne  dans  celle  de  Vapbio  {.Musée  d'Athènes,  n.  18i0)  ;  d'aulres  à  Mélos, 
mêlées  i  des  poinlcs  de  bronze  (l!osan.|uel,  Op.  cit.  p.  194).  Des  llècbes  en  silex,  à 
extrémité  tordue,  trouvées  au  pied  de  la  forlercsse  de  Prinia,  en  Crète,  proviendraient 
{Ausonia,  1.  110)  d'un  siège  subi  parcelle  place  an  v"  siècle;  mais  la  forteresse  est 


.  0023.  —  Poinlcs  trouvées  à  Mvcènes. 


prêté.  Celle  matière  éruptive,  dont  les  coulées  ne  se 
manifestent  en  Méditerranée  que  dans  la  seule  ile  de 
Mélos',  se  débile  naturellement  en  petits  éclats  triangu- 
laires, d'une  apparence  vitreuse  et  noirâtre  que  l'on 
connaît,  dans  les  tombes  énéolilhiques  des  acropoles 
de  Mycènes,  de  Ti- 
rynlhe  et  d'.\tliè- 
nes,  sous  toutes 
les  formes  que 
nous  venons  de 
passer  en  revue, 
notamment  sovis 
forme  de  lami'S 
minces  à  bords 
légèrement  con- 
vexes et  à  angles 
inférieurs  très 
saillants  (fig.  6023)  ;  mais  on  les  trouve  aussi  sous  la 
forme  de  triangles  à  pédoncule  plus  ou  moins  développé 
(fig.  6022)*  et  sous  la  forme  tout  à  fait  primitive 
du  carreau  à  triple  arête  (fig.  602ii  ',  qui  se  dé- 
veloppera au.x  âges  des  métaux. 

Bien  que  les  pointes  de  silex  et  d'obsidienne 
persistent  à  l'époque  des  tombes  à  coupole  '", 
les  lames  de  bronze  apparaissent  dès  avant  pig.  0024. 
cette  époque  proprement  mycénienne,  dans  des 
couches  prémycéniennes  qui  remontent  au  moins  au  dé- 
but du  II""  millénaire  ;  longtemps,  elles  se  bornent  à  imiter 
les  formes  des  silex"  en  facilitant  seulement  l'altache  par 
l'ouverture  de  deux  trous  oit  passeront  des  lanières  '^  ou 
en  échancrant  en  A  la  base  du  pédoncule  ;  avec  ce  pédon- 
cule bifurqué,  la  pointe  s'adaptait  mieux  à  un  manche 
fendu,  elles  angles  inférieurs  de  la  lame,  inutiles  désor- 
mais pour  l'assujettir,  étaient  réservés  au  rôle  de  barbe- 
Jures  aggravant  la  plaie".  L'allongement  et  l'amincisse- 
ment progressifs  du  pédoncule  permirent  de  développer 
la  lame  sans  craindre  qu'elle  rompit  au  moindre  choc  '*. 

construite  sur  des  débris  mycéniens.  A  Rome,  on  a  trouvé  une  pointe  do  silex  al'a. 
cliée  par  un  fil  de  bronze  (Monlelius,  Op.  cit.  pi.  ccci.v,  13).  —  "  Surtout  la  forme 
à  barbolures  dans  les  Icrrainares  et  dépôts  de  l'âge  de  bronze  (Moniclius,  Op.  cit. 
pi.  XV,  6  ;  i.xx,  6  ;  cxiv,  13  ;  cxsvi,  4-3,  10, 18  ;  Modeslov,  Op.  cit  pi.  xni,  5  et  1 1  ;  :  a 
Mycènes  (Tsounlas,  "  Ei.  'i^j.  1888,  pi.  ix,  22  ;  Mycencan  Aije,  p.  200),  dans  la 
sixième  cilé  do  Troie  {Troja.  fig.  1327  ;  Troja  und  llion.  I,  p.  323),  à  Phylakopi  do 
Mélos  (Bosauipiel,  Op.  cit.  pi.  xxxviii,  7-9),  même  dans  la  grotte  du  Diktè  (.iHniini 
Brit.  School,  VI,  110);  la  pointe  à barbelurc  en  crochet  sur  la  douille,  dans  la  pala- 
fillc de  Bodio'(Monlclius,  pi.  m,  20,  avec  deux  trous  pour  attaches),  à  Athènes  et  à 
Myccnes  (Ridgcway,  Early  âge  of  Grecce,  I,  p.  302),  daus  la  quatrième  ville  de  Troie 
{Ilios,  n.  1216);  la  p'ointc  foliiforme  avec  grand  pédoncule  el  sans  barbelurc,  dans  la 
6»  ville  de  Troie  {Ilios,  n.  1423).  —  12  Evans,  Prehist.  tomlis  of  Knossos,  1900,  f.  28. 
Pointes  de  ce  lypo  cl  du  type  suivant,  mesurant  de  0,0043  à  0,0047,  trouvées  dans 
une  tombe  à  puils  des  xiv-xiii«  siècles.  Voir  encore  Brit.  School.  .Xnn.  .X,  61  ;  Anti- 
quary,  1903,  440).  Huit  pointes  semblables  dans  une  tombe  do  Phaestos  (de  0,003s 
à  0,0018,  Savignoni,  Xecropoli  di  Ph.  fig.  21)  ;  d  autres,  dans  la  ville  basse  de 
Mycènes,  en  deux  paifuels  de  dix  (Tsounlas,  Mycen.  Age,  p.  206).  —  13  La  note  pré. 
ccdcntc  s'appli'|ucaux  deux  lypes.  —  14  Bosanifuel,  Phylakopi  of  Mélos,  pi.  xxxviu, 
0  (loug.  0,11).  Poinles  semblables  à  Chypre  (Ridgcway,  Op.  cit.  p.  302;  Cesnola, 
Cyprus,  pi.  x;  Cypriis  Muséum  catal.  363-71,  British  Muséum,  n.  2S09),  à  lliou 
{Troja  and  llion,  I,  313;  Ilios,  fig.  103,  3-  ville),  à  Delphes  (Perdrizet,  Bronzes 
de  Delphes,  1908,  fig.  336  c;  cf.  Frochner,  Coll.  Créait,  p.  142),  en  Ëgypic 
(J.  de  Morgan,  Bech.  sur  les  orig.  de  l'Egypte,  1896,  p.  210;  Garsiang  Bet- 
Khallaf,  pi.  xxui).  On  la  retrouve  entre  les  mains  d'Hcraklcs  sur  une  des  plaques 
de  bronze  de  Pérousc  {Ant.  Denkmider,  II,  pi.  iv).  C'est  une  forme  qu'affectent 
souvent  les  pointes  en  os  {Troja  und  llion,  I,  p.  371.  n*-v«  slrales  ;  Icrramarc 
de  Caslione,  Monlelius,  Op.  cit.  xiv,  20).  Dans  Monlelius,  pl.  xxxv,  13  (près 
Bologne),  le  piiloncule  était  encore  entouré  d'un  fil  de  bronze.  Le  même  type  avec 
les  angles  inférieurs  moins  accenlués  à  Dodone  (Carapanos,  Dodonc,  pl.  i.viii.  H), 
à  Olympie  {Bronzen  v.  Olympia,  pl.  xi.iv,  1093,  1096),  à  Égine  (Furlwacnglcr, 
Aegina,  pl.  cxvii.  43),  à  Delphes  (Perdrizet,  Bronzes  de  Delphes,  p.  97,  330  b). 
Cf.  Frochner,  Coll.  Créai,,  p.  142  ;  de  Bidder,  Coll.  de  Clercg,  III,  347  ; 
Bronzes  British  Muséum,  u.  2813  (lliérapo'is).  On  possède  des  spécimens  égyp- 
tiens semblables,  en  ivoire,  de  la  première  dynastie  (Pétrie,  Abydos,  I.  pl.  lu  ; 
Bmjal  tomlis,  II,  pl.  xxxiv). 


SAG 


yyy  — 


SAG 


Aux  lames  plates,  acérées  seulement  sur  le  pourtour, 
succèdent  les  lames  où  la  partie  saillante,  au  centre  de 
Tune  des  deux  faces,  se  développe  à  son  tour  en  aréle. 


Fig.  C0J3.  —  Poinlcs  de  llcclics  i 
bronze  trouvées  à  Olympie. 


Ces  lames  à  quatre  ou  à  trois 
arêtes  (fig.  6025),  le  TçiyÀcô/i; 
oïffTÔç  homérique,  prennent 
un  poids  tel,  qu'il  devient 
nécessaire  d'enfoncer  dans 
la  hampe  le  pédoncule  en- 
tier, ce  qui  empêchait  de 
rendre  l'arme  plus  meur- 
trière en  détachant  une  bar- 
belure  sur  le  pédoncule.  Au  contraire,  en  creusant  da- 
vantage le  pédoncule  bifurqué,  il  devenait  possible 
d'enfoncer  la  hampe  dans  le  pédoncule  et  non  plus  le 
pédoncule  dans  la  liampe.  C'est  ainsi 
que  se  développa  la  pointe  à  douille. 
La  douille  cylindrique  est  simple  avec 
une  lame  lancéolée  '  ou  triangulaire 
avec  deux  arêtes-,  ou  triangulaire  avec 
quatre  arêtes';  elle  est  plus  rarement 
composite  ou  avec  double  cran  d'arrêt 
sous  une  lame  à  deux  arêtes'  ou  avec 
barbelure  latérale  sous  une  lame  à  trois 
ou  quatre  arêtes  '.  Il  semble  même 
qu'on  ait  parfois  disposé  jusqu'à  quatre 
barbelures  métalliques  à  la  partie  su- 
périeure de  la  hampe  '. 

Avec  les  pointes  à   douille,   qu'on 
coule  d'une  pièce  dans  des  moules",  la 
tête  de  flèche  atteint  une  perfection  qu'elle  ne  dépas- 
sera guère.  Aussi,  les  pointes  de  fer,  qui  apparaissent 
vers  le  vi^  siècle  *,    ne  pourront-elles   que  reproduire 


1  FurlwacDglcr,  Olympia,  pi.  l.liv,  lOTC,  1078,  108C,  1091,  Aerjina,  pi.  cxvii,  40  ; 
Brilish  Muséum,  n.  2»li  (Eplièsc);  Mus.  d'Athènes,  8038-9.  —  2  Monlelius,  Op. 
cil.  pi.  xxxï,  9  cl  11  (Icnamarc  près  de  Hcggio).  —  3  Olympia,  pi.  siiv,  1089.  Même 
Irpc  dans  Aegina,  fig.  4i  (3  cm.;  fig.  H,  cm.  7,  7  et  (pi-oveiiaiil  de  Mégalopoli*^) 
reproduit  daus  Helbig,  Epopée  homérique,  p.  437).  — tMoîîtclius,  Op.  e((.pl.  xi,  2 
(Cottolengo,  près  Brescii).  —  â  Cf.  Olympia,  pi.  xi.iv,  1077  (Ibid.  1092)  ;  Bronzes 
de  Delphes,  fig.  337  ;  Coll.  Gréau,  p.  142  ;  Bronzes  Brilish  Muséum,  p.  347,  fig.  80, 
Uontclius,  pi.  XXXV.  10  (Ucggio  d'Emilie).  Ou  retrouve  le  mémo  croc  caraetcris- 
tii|ue  à  Kalymna  (Keml»le,  Uorae  ferales,  VI,  3,  4,  et  Brilish  Muséum,  n.  2803),  à 
ilalUUtt  (Sacken,  Ballstatl,  p.  37),  à  Muzna  (Tocilescu,  Dacia,  pi.  ui)),  et  en  Kgyple 
(De  Morgan.  Loc.  cit.).  — G  Voir  la  ficche  •|u'Artêmis  tient  à  la  main  sur  un  vase  du 
vie  siècle  (Coozc,  V«5e»  aus  Milo,  pi.  iv).  Lue  pointe  triangulaire  toute  semblable 
daus  Bronzes  de  Delphes,  330  a.  —  "•  L'un  de  ces  montes  a  été  retrouvé  dans  la 
première  ville  d'Iliou  {Jlios,  fig.  103).  A  Delphes,  on  a  exhumé  deux  flèches  eucorc 
rèuuies  par  la  ligne  de  coulée  {Fouilles  de  Delphes,  t.  V,  p.  97.  —  8  Les  pointes 
de  bronze,  qui  apparaissent  dès  l'époque  énéolithique  (ainsi  dans  la  nécropole  de 
Vortan  en  Mysie:  cf.  Collignon,  C.  rend.  Ac.  inscr.  1901,  814)  et  qui  abondent  dans 
les  lombes  à  coupole  (outre  celles  citées,  p.  998,  n.  10,  voir  pour  Spata.  Slamalakis, 
'Al^.vaioï,  1877, 168),  desccDdcnt  jus<|u'aux  champs  de  bataille  de  Marathon  (Dodwell. 
Tour  through  Greece,  II,  p.  759)  et  de  Platées  (Denkmûler  de  Baumeislcr,  III, 
p.  2043).  Bien  que  ces  dernières  flèches,  si  leur  provenance  était  certaine,  dussent 
plutôt  être  attribuées  aux  Perses  (Wolters,  Ath.Mitth.  XV,  233;  10  flèches  de  fer 
auraient  été  trouvées  en  1830  dans  une  tombe  de  Marathon,  Jahrbuch,  Anz.  1907, 
383):  les  poinlcs  de  fer  du  Diklè  et  de  Dodone  en  Grèce,  celles  de  Scsto  Calende  et 
Bisenzio  en  Italie  ne  peuvent  guère  être  antérieures  au  vi«  siècle.  —  9  Grotte  du 
ilililè,  Museo  ilatiano,  II,  p.  76i.  —  10  Cara|ianos,  Dodone,  pi.  i.Mn,  14  (long.  0,10). 
—  "  La  plus  ahon.lante  collection  de  p  jiulcs  de  flèche  ilalierurs  préhistoriques  est  an 


g.  C02C.  —  Pointes  de 
flèches  en  bronze. 


les  formes  de  celles  de  bronze.  Les  pointes  grecques 
telles  qu'elles  nous  sont  connues  par  les  monuments, 
semblent  être  des  lames  triangulaires,  à  douille  ou  à 
pédoncule,  aux  angles  inférieurs  prononcés  ;  la  grotte 
du  Diktè  et  Dodone  ont  livré  deux  spécimens  (fig.  (5020) 
de  la  pointe  foliiforme  '  et  de  la  pointe  pyramidale  à 
pédoncules  allongés  '". 

Italie.  —  Les  nombreuses  pointes  de  pierre,  de  bronze 

ou  de  fer  rencontrées  dans  les  tombes  suffisent  à  attester 

l'usage  de  la  flèche  dans  toute 

l'Italie  primitive  ".  Du  vu"  au 


iv'^siècle,  à  défaut  de  textes,  des 
œuvres  d'art  et  des  monnaies 
montrent  que  l'arc  reste  une 


des  principales  armes  des  Ombriens '-,  des  Lucaniens'^ 
et  des  Sardes"  (fig.  6027);  des  peintures  (fig.  G028) '% 
des  bas-reliefs  ",  des  empreintes  monétaires ''confirment 
le  vers  où  Virgile  met  les  flèches  aux  mains  des  Étrus- 
ques '*.  C'est  d'Étrurie  peut-être  que  Rome  a  reçu  le  mot 
même  de  sagitta  ;  mais  les  archers  n'apparaissent  pas 
dans  ses  armées  jusqu'aux  guerres  puniques. 

Dans  l'Italie  primitive,  les  premières  pointes  de  fer 
appartiennent  aux  types  des  lames  à  douille  avec  lame 
lancéolée  "  ou  triangulaire  -".  Les  flèches  de  l'ar- 
mée romaine,  depuis  les  premiers  spécimens  qui  pro- 
viennent du  siège  d'.Viésia  (an  52)  -'  et  du  siège  d'Os- 


Museo  Preistorico  de  Rorae,  salles  .\XVII-.\XXV.  Au  Musée  des  Thermes,  à  fînme, 
sont  les  flèches  votives  en  bronze  des  temples  de  Juuou  à  Norba  et  de  Diane  à  Nénn", 
les  plus  anciens  documents  pour  l'emploi  de  la  flèche  dans  le  Lalium  à  la  période  his- 
torique. Cf.  Monum.  antichi.  1903,  333.  —  '^  Garrucci,  Monele  anticlii  d/talia, 
pi.  ivi.—  13  laid.  pi.  en  cl  l'hippotoxote  lucanien  ou  campanien  dans  S.  Reinach- 
Béjjert.  de  la  stal.  II,  530.  —  li  Perrot,  Hist.  de  l'Art,  IV,  p.  07,  OS  (notre  fig.  0027), 
73;  Taramelli,  Aotizie  d.  scam,  1905,  p.  228.  Pour  la  Sicile,  on  ne  peut  distinguer 
entre  les  indigènes  et  les  Grecs,  voir  p.  1002,  a.  17.  —  1^  k\i  Louvre,  Mon.  d.  Inst. 
arch.  1859,  pi.  xix.  (Martha,  L'art,  étrusque,  pi.  iv  (notre  fig.  0028).  .\  côté  de  ces 
fresques  de  Caere,  il  faut  citer  les  archers  semblables  de  celles  de  Chiust  {Annali, 
IbôO,  259).  —  lii  Sur  des  urnes  (Brunn,  Bilievi  d'urne  etrusche,  l,  pi.  i.xxil,  8)  ; 
des  plaques  de  terre  cuite  de  Tarquinies  iR.  Rocliette,  Mon.  ined.  pi.  i.xxvi, 
VI,  de  Vellelri  I Helbig,  Bhein.  Mus.  1903.  p.  500);  une  statuette  de  bronze 
(Babelon  et  Klanchet,  Bronz.  de  la  Bibl.  nationale,  p.  393):  une  coupe  de 
Palcstrina  (Montelius,  Op.  cit.  pi.  cccr.,  xvni,  5);  un  fourreau  du  trésor  de 
Prénesle  {Monumenli,  X,  pi.  xixi,  5);  un  bronze  de  la  Cerlosa  (Bultel.  di  Cor- 
resp,  arch.  1872,  116).  .A  ces  archers  à  pied,  on  peut  ajouter  connue  exemple 
d'archers  à  cheval  Monum.  V,  25  et  Bull,   du  Musée  de  iVew-i'ork.  1907,  37. 

—  I'  Monnaie  de  Populonia,  Garrucci,  Op.  cit.  pi.  lxxiv,  3,  et  Samhon,  Monn.  ant- 
d'Italie,  (1903).  p.  71.  —  1»  Aen.  X.  108.  Sur  Vcdiovis,  archer,  cf.  p.   1002,  n.  1. 

—  19  Bisenzio,  près  Rome,  Montelius,  Op.  cit.  pi.  cclvii,  0.  —  20  Sesto  Calende,  Mon- 
telius, Op.  cit.  pi.  Lxn,  5.  —  21  Quatre  types  :  triangulaire  à  section  carrée;  folii- 
forme ;  barbelé  de  part  et  d'autre  ;  croc  d'un  seul  côté.  Longueur  variant  de  0,06  à 
O.OS  (au  Musée  de  Saint-Germain,  salle  XIII,  vitrine  26).  Le  type  triangulaire  se 
retrouve  dans  les  oppirfa  gjulois  (cf.  Mém.  de  la  Soc.  des  Anliq.  1907,  3)  et  dans 
celui  de  Stradonitz  (Pic-Déchelettc,  Stradonitz,  pi.  xxix,  11);  le  type  à  croc  latéral 
dans  les  tombes  de  llallstalt  (Sacken,  Hallstalt,  p.  37) 


SAG 


—  1000  — 


SAG 


a 


suna  (43)  '  jusqu'à  roux  des  postes  du  limes",  se  répar- 
lissenl  entre  des  types  ditlerenls  qu'illustrent  les  ligu- 
res (jO-29  et  ()(W  :  pointes  pyramidales  el  coni- 
ques il  douille  ou  petit  jiédoncule';  à  quatre 
arêtes  et  pédoncule  plus  développé  '  ;  trian- 
gulaires à  petite  douille  ^,  à  grande  douille  * 
el  à  fort  pédoncule '.  Il  semble  même  qu'on 
se  soit  borné  parfois  à  entourer  la  tète  de  la 
liampc  d'un  cercle 
de  métal  pourvu 
d'un  dard  acéré  *; 
enfin,  l'on  connaît 
des  pointes  en 
plomb*  (peut-être 
les  plumbatae) , 
type  d'où  est  issu 
ce  maltlobarbuhis 
dont  les  soldais 
des  légions  d'illyrie  portaient  cinq  exemplaires  à  l'inté- 
rieur de   leur    bouclier  (fig.   6031)'". 


'/i 


-    PO'DlCS 

romaines. 


Fig.    G030. 


Fig.  6031.   —  ililtliobai-bnliis. 

Sur  un  sarcophage  romain  (fig.  G032)  ",  on  voit  des 
flèches  armées  d'un  fer  en  croissant  employées  à  la  chasse 
aux  autruclies  :  c'est  ainsi 
que  Commode  les  décapi- 
tait dans  ramphithéàlre  '-. 
On  est  malheureusement 
très  mal  renseigné  sur  la 
matière  dont  était  faite  la 
hampe  des  flèches  :  elle  était 
Fig.  C03Î.  —  FiècUe  à  fer  en  croissant,  en  bois  de  comouillier  cliez 
les  Lyciens  et  les  Sarmates  '^, 
en  bois  d'if  chez  les  .\nglo-Saxons,  les  Irlandais  et  les 
Scandinaves,  et,  si  l'on  en  croit  l'explication  de  t(î;ov  par 
taxas,  chez  les  Latins  primitifs.  S'il  n'y  a  pas  de  trace 
que  To;ov  ait  désigné  également  l'if  en  grec,  il  est  pos- 
sible que  iôç,  qui  semble  un  nom  plus  ancien  de  la 
flèche,  el  la  forme  dérivée  oVctoç  (ôc-.gtô?),  soient  en 
rapport  avec  ïicoç,  linûi,  qui  désignent  ou  le  saule, 
le  bois  flexible  et  résistant  par  excellence'*,  ou  cer- 
tains roseaux.  C'est  au  roseau  que  nous  ramènent  aussi 

1  Cf.  p.  Taris,  Archives  <(«  missions,  t.  XUI(I'J06),  pi.  xxx  olxxjvn.  I.a  plupar!  sont 
lies  pointes  à  pi'dnncule  avec  fer  plat  en  forme  de  feuille  lancéolée  ou  rie  fuseau  al- 
longé, fera  i|uatre  faces  avec  arél's  barlielécs  ;  rares  exeniplaircs  àilouilic.  La  longueur 
varie  de  0,00  àO.IO.  On  reraar.|ue  sur  la  plupart  (ng.iili3(i)i|uun  côté  es!  plus  développé 
que  laulre;  celte  asvraétrie  est  sans  doute  intentionnelle  :  les  pointes  en  silex  biseau- 
lécs  d  un  seul  ciité  accompli-sent  un  mouvement  giratoire  (Wilson.  AiilhropotOQii; 
tSOI.p.  584).  —  S  On  ne  connaît  liicn  r|ue  les  pointes  du  limes  gerniauii|ue  publiées 
dans  Jacolii,  .Sn<i76iira,  pi.  xxxix  et  dans  Der  Ober^ermanische- llnelisclie  Limes  (11!, 
p.  13  ;  IV,  p.  8  :  VU,  il  ;  X,  13  [prèsdc  800  dans  Varmamenlarium  de  Bucli]-  XII,  S  • 
XIII,  15  :  XIV,  23,  3-,  74  ;  XV,  14  ;  XVI.  18  ;  XVIll,  13  ;  XIX,  13  ;  XXII,  3i  XXV  3r,  • 
XXVI.34.39;X.\Vll.2::XXIX,21):de3àl0centimMres,avecdeux.lroisou,|uatré 
arêtes,  un  ou  deux  crocs  latéraux,  pédoncule  ou  douille.  Dans  sou  Ha^Much  </« 
Deuisch.  Atlerlh.p.  153-4.  I.iudensclunit  publie  une  série  de  pointes  de  basse  époque 
romaines  ou  barlarcs  se  rapporlanl  à  ccsdilTérenls  types.  —  3  Lindenscliniit,  Traclit 
und  /lewaff'nuny.  pi.  xi,  SG  (40  millimètres).  Slayencc  (=  OOiO  c.:  /4/rf.  pi.  ji,  24 
(88  mm.)  ;  Ma;  ence  (  =  C0i9  ni—  i  Croller,  Derrôm.'Umes  in  Oestei-rèich,  VlU  (  1907). 
p.  138  (55  millimétrés),  Lauriacum.  —  5  Lindenscbmil,  Op.  cil.  pi.  xi,  25  (15  milli- 
métrés), Mayenre  (=  0027  b).  -  c  p.  Paris.  Op.  cit.  pi.  m,  13  ||  lo  millimètres;, 
Ossuna:  Cf.  Lindenscbmil,  Allerlhùmer,  11,  VIII,  pi.  v,  9  ;  Crolbr,  Loc.  cil.  (05  mil- 
limètres). —  7  p.  Paris,  O/,.  c/7.  pi.  xxivii,  9(IIOmm.),  assnna(=  6030).  —  8  Lin- 
denscbmil, Alterlh.  heidn.  Vorzeit.  I,  XI,  pi.  iv,  8  (30  millimètres;.  -  9  Gabelon 
et  lilancliet.  Bronzes  de  la  DM.  nat.  p.  071  (55,  57  el  04  millimètres),  avec  ins- 
criptions mutilées  sur  les  bases.  Des  inscriptions  grecques  se  lisent  sur  la  face  de 
pointes  de  brome  de  la  Collection  de  Clcrcq.  III,  347.  Les  Déclics  garnies  de 
plomb  (pour  souder  la  poinle  ?)  «laieiit  déjà  connues  du  lerap*  dAristote!  Ve  caelo 
11,  7,  29S.  Cf.  1  lin   .V,i(.  /„.(.  X,  ÎO,  2  :  /Aumbatis  saijiltis  nidos  miuni  deenti.ml 


oi-iil.  xiÀiuLo;,  ariindo,  calanuts.  Si  ces  désignations  de  la 
hampe  ont  fini  par  passer  pour  poétiques,  l'antiquitéclas- 
sique  ne  conservait  pas  que  le  souvenir  du  temps  où  la 
hampe  de  la  flèciie  était  faite  d'un  roseau.  Pline,  après  avoir 
énuméré  les  peuples  archers  de  l'Orient,  conclut  que  la 
«  moitié  du  monde  vit  sous  un  Empire  imposé  par  les  ro- 
seaux »;  il  ajoute  que  le  roseau  de  l'Inde  est  trop  fort,  celui 
de  Belgique  trop  ligneux,  mais  que  ceux  du  Rhcno,  dans 
lePicénum,  l'emportent  même  sur  ceux  de  Crète  par  leur 
rigidité  qui,  grâce  à  l'abondance  de  la  moelle,  n'exclut 
pas  le  poids  nécessaire  pour  n'être  pas  emporté  par  le 
vent  ''.  On  emmanchait  donc,  encore  au  i"  siècle,  les 
pointes  de  flèche  sur  des  roseaux  :  c'étaient  sans  doute 
seulement  des  flèches  de  chasse,  puisqu'on  trouve  sou- 
vent des  fragments  de  bois  à  côté  des  pointes,  dès 
l'époque  du  palais  de  Knossos'^  et  qu'on  voit,  à  Orcho- 
mène,  les  archers  de  Mithridate  se  servir  de  leurs 
flèches,  comme  de  poignards,  dans  la  mêlée,  ce  qui  im- 
plique une  hampe  plus  résistante  qu'un  roseau  ". 

Pour  remédier  à  la  légèreté  du  roseau  primitif  et  l'em- 
pêcher de  tourner  sur  lui-même  dans  sa  course,  on  garnit 
de  bonne  heure  l'extrémité  qui  reçoit  l'encoche  de 
plumes  disposées  le  plus  souvent  en  deux  rangées 
opposées,  parfois  réparties  une  par  une  '*.  «  Ailée  »  [--,'.- 
fôsi;)  est  une  épilhète  ordinaire  de  la  flèche  chez  Homère, 
et,  Hésiode,  décrivant  les  flèches  d'Héraklès,  parle  de 
«  leurs  grands  bois  lisses  que  couvrent,  par  derrière, 
les  plumes  du  vautour  solaire  »''. 

Ainsi  empennée  et  pourvue  d'une  pointe  fixée,  par  un 
clou  si  elle  est  à  douille,  par  un  boyau  ou  un  lil  de  métal 
si  elle  est  pédonculée,  la  hampe  ne  dépasse  guère 
30  centimètres,  donc  00  centimètres  pour  la  flèche  entière 
en  prenant  les  pointes  les  plus  longues.  Cette  dimension 
ne  résulte  d'aucun  texte  positif;  Homère  lui  donne  le  nom 
deTTYi/u;  (une  coudée,  0,48),  mais  elle  est  facile  à  consta- 
ter sur  les  monuments  et  l'on  sait  que  les  anciens  s'éton- 
naient de  la  grandeur  des  flèches  des  Indiens  ou  des 
Carduques,  longues  de  9J  centimètres-";  enfin,  les  plus 
petites  flèches  que  lancent  les  machines  ont  de  46  à 
67  centimètres -'.     .\.-J.  Rein.^cu. 

S.\G1TTARII  (To;oTai).  —  LeS  .\RCUERS  D.\XS  LES  ARMÉES 

GHECOiES.  — C'est  en  Egypte  qu'un  trait  de  roseau  appa- 
raît pour  la  première  fois  lancé,  non  pas  à  la  main,  mais 
sur  la  fibre  ou  le  boyau  reliant  les  deux  bouts  d'une  tige 

—  10  ReconsliluLion  tentée  par  Lindenscbmil  {.Alterlh.  I,  V,  pi.  v),  d'après  la  pointe 
(fer  engagé  dans  du  plonibj  de  200  millimètres  el  le  texte  de  Végèce  (1,  17).  bien 
qu'il  compare  aux  sayitlarii  les  soldats  des  deux  légions  (jui  onl  reçu  de  Dioclélion 
le  nom  de  matlio-tmrtuli  à  cause  de  celte  arme,  il  est  prol>able  qu'on  les  Jetait  à  la 
main,  mais  ils  peuvent  ilonner  une  idée  des  plumbatae.  11  y  a  lieu  de  croire  que  Ici 
ceslfophendonne  qui  apparaissent  dans  ranuée  de  Persée  sont  des  llècbes  semblables 
qu'on  lançait  avec  une  fronde  [cESTitospuENnuNF.j  p,^ul-élrc  aussi  les  çélosphcndonae 
des  Romains  5  Cliérouce,  Plut.  Sylla,  18.  —  "  Anuali  d.  Jnst.  1SC3,  pi.  A  ;  ilelbig, 
Fûhrer  (1891),  p.  403.  —  12  Herodiau.  1,  47.  —  13  Herodol.  Vil,  09  ;  Pans.  1,  21,  5. 

—  1^  C'est  à  une  idée  de  flexibilité  que  parait  se  rapporter  la  racine  de  ces  différcols 
mots.  C!f.  les  Dicliounaires  étymologiques,  grec  de  Prehvitz  f.  v.  irj;,  et  lalin  de 
Walde,  s.  v.  vinien.  Si  !o;  est  apparenté  à  ijr,  yeic,  ibar  qui  désignent  à  la  fois  rif  el 
l'arc  en  Scandinave,  anglais  el  irlandais,  l'if  ne  poussant  pas  à  l'est  du  23'  degréde 
longitude,  iva  eu  -lave,  désigne  le  saule  ;  il  dut  en  cire  de  même  pour  !ô;  en  Grèce. 

—  lô  Vlm.  H.  n.  XVI,  05.  -  16  Voir  p.  998,  n.  12.— -"7  Plut.  Sijtla,  21.  — "C'csl 
ce  qu'on  voit  nolaniment  sur  une  ampliore  d'Amasis,  Ame}'ic.  joiirn.  arcliaeol. 
1907,  pi.  xii.  La  cesirophendone  a  Irois  ailes  courtes  (Liv.  XLII,  03).  Sur  ladifli- 
cnllé  et  les  moyens  de  rendre  et  maintenir  droits  les  bois  de  flcclie  :  Scbumaclier, 
Archiv.  f.  Anlhropol.  1877,  300.  —  19  Aspis,  133-4.  Plumes  daigle  :  Aes.ip.  t'ab. 
4  llalm;  Aescbyl.  Fraijm,  135:  on  se  conteulait  de  pennes  plus  modestes  rognées 
en  demi-cercle,  cf.  p.  2,  .Aitnali,  1871,  pi.  f  ;  Gcrbard,  .Aitserl.  Vasenb.  pi-  cxi.iv 
[lig.  247].  De  Luyncs,  a'5Cri>/ion,  pi.  xxiv.  —-20  llerod.  Vil,  09;  Xen.  ,lno4.  IV,  ^ 
Les  poinlts  des  flècbes  indiennes  auraient  eu  4  doigts  de  long  sur  3  de  large  ;  Plul. 
De  fort  Alex.  345  n.  —  21  Textes  cités  pas  Droyscn,  Ueerwesen  der  Griech.  p.  189: 
Diod.  XVI.  74;  Arrian.  1,  3,  8  ;  1,  20,  8  et  22,  2;  Atben.  p.  538  B.  Pour  les  ûècbcs 
empoisonnées,  voir  vemlxlm  el  A.-J.  I\eiua<-li,  L'anthropologie,  1908. 


SAG 


1001 


SAG 


suffisamment  élastique'.  Dès  le  vi"  millénaire,  en  pleine 
période  néolilhiiiue,  on  y  voit  des  chasseurs  posant,  sur  tles 
arcs  d'une  seule  pièce,  légèrement  concaves,  de  grosses 
(lèches,  empennées  et  encochées  à  l'extrémité  inférieure; 
à  l'autre  extrémité,  la  hampe  est  fendue  pour  recevoir  la 
pointe  d'une  lame  de  silex  dont  le  tranchant  transversal 
ira  déchirer  plutôt  que  percer  les  chairs  de  la  victime  "-. 
L'arc  restera  l'arme  favorite  des  chasseurs  '  égyptiens,  et 
les  archers  la  force  principale  de  leurs  armées  '.  Durant 
tout  l'ancien  Empire,  jusqu'à  l'invasion  des  Hyksôs,  l'arc 
et  son  trait  ne  diffèrent  guère  en  Egypte  de  ceux  que 
les  monuments  égyptiens  ou  les  gravures  rupestres  d'Al- 
gérie prêtent  aux  Libyens''.  C'est  au  même  type  que 
se  rattachent  l'arc  du  chasseur  d'un  relief  en  stéatite  de 
Knossos  ''',  et  celui  que  tiennent,  sur  des  sceaux  et  des 
gemmes  de  la  Crète  minoenne,  les  dieux  archers  prédéces- 
seurs d'Apollon  et  d'Artémis'.  C'est  encore  le  même  arc 
qu'on  retrouve  sur  des  monuments  bien  connus  des  lom- 
bes de  l'Acropole  de  Mycènes,  le  sceau  de  la  Chasse  au 
cerf",  le  poignard  de  la  Chasse  au  lion  (fig.  58()7),  surtout 
le  fragment  du  vase  d'argent  représentant  la  Défense  d'une 
ville  par  des  frondeurs  et  des  archers  (fig.  3322)',  tous 
monuments  dont  il  y  a  lieu  de  croire  qu'ils  ont  été 
exécutés  en  Crète  vers  le  milieu  du  u'  millénaire.  L'au- 
teur du  Bouclier  d'Héi^klès,  dans  sa  description  de  la 
ville  assiégée,  paraît  avoir  eu  sous  les  yeux  une  repré- 
sentation semblable  à  celle  du  vase  des  archers.  Teukros, 
dans  V Iliade,  qui  décoche  sa  flèche  à  l'abri  du  grand  bou- 
clier d'Ajax'",  n'agit  pas  autrement  que  l'archer  de  la 
dague  de  la  Chasse  au  lion.  Dans  l'ensemble  des  poèmes 
homériques,  malgré  les  transformations  qu'on  leur  a  fait 
subir  pour  les  adapter  au  goût  de  la  société  aciiéo- 
éolienne  qui  tenait  l'arc  en  mépris,  le  fond  premier  de 
l'épopée  exalte  les  hauts  faits  d'une  époque  où  c'est 
celle  arme,  et  non  la  lance,  qui  domine.  Non  seulement, 
la  masse  des  Achéens  tire  de  l'arc",  mais  les  Locriens 
d'AjaxOiléide'%lesPhtiolesdePhiloctète'%lesPïeoniens 

SACITTAniI.  I  11  est  protialjle  i|ue,  dans  une  phase  inlermCdiaire,  on  a  lanci! 
ce  Irail  avec  une  longue  lanière  seniblahle  à  Vtimentum  des  javelots.  Un  grand 
os(lelle  était  d'après  Tacite.  Germ.  iO,  la  Hêclie  des  Finnois),  auquel  étaient  attachés 
plusieurs  mètres  de  fil  de  bronze,  trouvé  près  de  Kiel,  est  publié  par  M.  Jiibns, 
Enlwicklunr/sf/escliichtc  der  TrutzKaffen,  1899,  pi.  xxxui,  3.  I.cs  plus  anciens 
débris  d'arcs  apparaissent  en  Occident,  dans  les  stations  lacustres  (à  Cambridge, 
Robenhauscn,  Sutz  et  Castione).  Sur  les  origines  possibles  de  l'arc  et  la  diffusion 
des  deux  types  asiatique  (composite)  et  africain  (simple),  voir  surtout,  Balfour, 
Jomn.  anthrnp.  Inst.  XIX  et  XXVI;  Ratzel,  Abhandl.  d.  Sâchi.  GeseUsch.  d.  Wis- 
tenschaflen,  1891  et  Bericlite,  1887;  B.  Adler,  Inl.  Archic.  (.  Antlirop.  suppl. 
au  t.  XIV  (1901);  Longman  et  Walrond,  Arclmry,  1901,  p.  55;  L.  Frobenius, 
WeltgesckiclUe  des  Krieges,  1903,  p.  2Ci.  —  2  Heuzcy,  Dullel.  de  la  Soc. 
des  antiquaires  de  Fr.  1890,  p.  182;  A.-J.  Reinacli,  L'Egypte  préliislorigue, 
1908,  p.  51.  Pour  la  diffusion  des  pointes  à  trancbet,  voir  Déehelcttc,  Archi'ol. 
préhistorique,  ï,  1908,  5L'I  ;  pour  le  plus  ancien  monument  égyptien  représentant 
une  chasse  avec  des  flèches  de  ce  type,  J.  Capart,  Les  débuts  de  l'art  en  Kgypte, 
1904,  pi.  I,  p.  223.  On  trouve  des  flèches  à  pointes  arrondies  entre  les  mains  d'Ama- 
lones,  Monumenti,  I83li,  pi.  i..  —  3  Voir  Maspero,  ffist.  anc.  des  peuples  de  l'Orient, 
passim.  —  *  Maspero,  Ibid.  —  ^  Pour  les  monuments  égyptiens,  voir  K.  Rlac- 
Iver,  Libyan  notes,  1901;  pour  les  gravures  rupestres,  Tissot,  Géographie  de  la 
prov.  d'Afrique,  1,  p.  337,  379,  491.  Comme  la  Xuuiidia  des  images  des  nationes  à 
Rome  (Arch.  Jahrb.  1900,  13),  les  Kefti-Crélois  ou  Chypriotes  sont  représentés  le 
carquois  au  cijté  sur  les  mon.  égyptiens  (Virey,  Le  tombeau  de  Hekhmara,  pi.  v). 

—  6  Le  P.  Lagrange,  La  Crète  ancienne,  1908,  (Ig.  85.  Ct.  Annual  Dritish  school.  VII, 
p.2l;VIII,p.U.— 1  Jnnaii',  180,  pi.  S  ;  Mosso,  A'snirs.  in  Crp/a,  1907,  p.  53  ;  Furt- 
wacnglcr,  Antike  Gemmen,  pi.  n,  Si-  (Mycènes).  Dans  une  des  caves  ouvertes  sous  la 
parlic  du  palais  de  Knossos  r|ue  M.  Evans  considère  comme  sacrée,  on  a  trouvé  une  ré- 
duction votive  en  ivoire  avec  coche  et  pennes,  et  d'autres  pennes  en  os  {Annual, \\,i\). 
Une  pointe  de  flèche  en  or,  également  votive,  provient  de  la  3"  ville  d'IIion  {Ilios, 
n.  902).  —  »  Schliemann,  Mycènes,  n.  33i  —  9  Perrot,  Hist.  de  l'Art,  VI,  flg.  85. 

—  10;(.  VIII,  269,  passage  dont  parait  se  souvenir  Tyrtée,  IX;  35.  Comme  Pandaros, 
Teukros  a  appris  l'arc  d'Apollon  (11,821  ;  XV,  441).  —  Il /;.  III,  79  ;  XI,  85  ;  XV,  313  ; 
XVI,  339,  etc.;  de  même  les  Troyens,  XI,  810.  —  1^  11.  XIII,  710.— 13y(.  II,  713. 

—  I*  II.  Il,  8i8.  —  1^  Cette  position  est  celle  d'Ulysse  dans  le  massacre  des  préten- 
dants, Od.  XXII,  4.  L'épreuve  fameuse  qui  précède  cette  scène  appartient  bien  à  une 

VIII. 


de  Pyraichmès  '*  conservent  l'équipement  des  archers 
mycéniens  :  court  vêtus,  sans  casque  ni  bouclier,  une 
peau  de  bête  pour  toute  arme  défensive,  ils  tirent,  un 
genou  en  terre,  les  flèches  à  leurs  pieds  dans  la  position 
qui  restera  classique  pour  l'Héraklès  du  relief  d'Olympic 
ou  les  guerriers  du  fronton  d'Égine  *'.  De  part  et  d'autre, 
les  héros  qui  conservent  leur  caractère  d'archer,  Philoc- 
tète,  Teukros,  Mérionès,  Ulysse  parmi  les  Achéens,  Paris, 
Pandaros,  Dolon  chez  les  Troyens,  placent,  sur  le  boyau 
de  bœuf  d'un  arc  simple  qu'ils  ramènent  de  la  droite  con- 
tre leur  poitrine '\  l'extrémité  d'un  roseau  profondément 
encoche  et  garni  de  plumes'*;  un  autre  boyau  maintient, 
à  l'extrémité  opposée  du  roseau,  une  pointe  de  bronze 
à  pédoncule  et  à  triple  arête  ";  parfois,  des  barbelures 
viennent  augmenter  encore  le  poids  de  la  pointe'"  qui, 
la  hampe  brisée  par  le  choc,  s'enfonce  dans  la  plaie  sans 
qu'on  puisse  l'en  arracher.  Le  poison,  dont  on  l'imprégnait 
à  l'origine,  achevait  de  rendre  la  blessure  mortelle  '■'.  La 
mésestime  que  professaient  pour  l'arc  les  conquérants 
achéens  et  doriens  n'amena  pas  seulement  à  effacer  de 
l'épopée  toute  trace  des  flèches  empoisonnées,  à  faire 
expier  cruellement  à  Philoclète  la  possession  des  flèches 
envenimées  d'Héraklès  ou  à  incriminer  comme  une 
preuve  de  lâcheté  la  préférence  de  Ptiris  pour  le  combat 
de  l'arc;  l'arc  lui-môme  disparut  peu  à  peu  comme  arme 
de  guerre  pour  ne  se  maintenir,  semble-t-il,  qu'en  Alti- 
que,  où  on  croit  le  retrouver  à  l'époque  du  Dipylon^%  en 
Crète,  qui  resta  la  pépinière  des  archers  mercenaires,  en 
Chypre,  où  le  voisinage  de  la  Syrie  avait  introduit  le  char 
pour  archer  avec  l'arc  asiatique". 

C'est,  en  effet,  au  cours  du  ir  millénaire,  que  divers 
envahisseurs.  Assyriens  -',.  Scythes  -",  Ilétéens, Hyksôs-'', 
étaient  venus  apporter,  dans  les  vallées  du  Nil  et  de  l'Eu- 
phrate  et  dans  toute  l'Asie  Mineure,  l'arc  asiatique,  plus 
puissant  par  la  détente  de  ses  cornes  qu'il  faut,  pour  tirer, 
ramener  d'avant  en  arrière,  et  qu'on  ne  manie  plus  seule- 
ment à  pied,  mais  à  cheval  aussi  et  en  char.  Reprenant  l'œu- 

époquc  où  l'arc  est  en  grand  honneur.  Pour  les  archers  d'Égine  et  leurs  prototypes, 
voir  en  dernier  lieu  FurtHacngler,4e9;na,  p.  299.—  I»  NiJja  Jis.o,  //.  IV,  122.  —  n  v;ur 
la  question  de  l'arc  homéri(|ue,  je  ne  puis  que  renvoyer  à  F.  v.  Luschan,  Festschrift 
Demidorf,  189;  W.  Reichel,  Homer.  '^'affen,  1901,  p.  lli  ;  Th.  Day  Seymour, 
Life  in  the  homcric  âge,  1907,  p.  CC9  et  à  un  travail  sur  Les  archers  d'Homère  à 
paraître  dans  la  lîee.  d.  et.  grecques.  —  i^  II.  IV,  1 17  ;  -Tïptiuç,  122  ;  y^uçîSe;  (cf. 
Eurip.  Or.  274,  zi-m  iits}wTi;  vlust'Sciî).  La  hampe  elle-mômc  se  dit  li;  ou  Sdva;,  ce 
qui  implique  ([u'elle  était  en  jonc,  ou  Tïîjyu;,  ce  qui   lui  donne  une  coudée  (0,48). 

—  19  C'est  ainsi  (ju'on  parait  devoir  interpréter  l'épithôtc  Tfiv/.ii/t;  (cf.  Simonid. 
if.fKiL/ti  iifrz'K,  248  Hiller)  ;  on  trouve  aussi  -scL^u-^XJiyii,  o;u5É).r.î.  —  20  C'est  à  cause 
de  ces  J'yxoi  que  la  flèche  est  dite  /«Xxr,;r;î;î,  ya'ixoSajV.î.  II  n'est  question  qu'une  soûle 
fois,  par  adjonction  tardive,  d'un  triSr.fov  de  flèche  (//.  IV,  231.  —  21  Ce  fait  ne  résulte 
pas  seulement  de  l'analogie  avec  tous  les  peuples  primitifs  qui  empoisonnent  leurs 
flèches,  mais  de  la  légende  d'après  Iaf[uclle  Ulysse  serait  allé  demander  du  poison 
au  roi   d'Éphyra,  (lui   le  lui  aurait  refusé,  puis  au  roi  des  Taphiens,  Od.  I,  200. 

—  'i2  Combats  d'archers  du  haut  d'un  navire  sur  des  vases  du  Dipylon,  AJonumenti, 
IX,  4,  34,  33,  40(40=  Hirschfeld,  AufsiitzeE.  Curlius,  p.  304);  Gazette  arch. 
VII,  pi.  vu  ;  '£..  4}/.  1898,  pi.  v  ;  PoUicr,  Album  des  rases  du  Louvre,  pi.  \s,  A. 
3G0  et  519.  Un  archer  est  également  figuré  sur  un  vase  chalcidien  du  vi»  siècle, 
ap.  Ridder,  'Vases  Dibl.  nationale,  p.  109.  —  23  Perrot,  Op.  cit.  111,  717; 
Holbig,  L'épopée  homérique,  p.  173.  Cf.  Jbid.  p.  51  ;  Cesnola,  Cyprus,  p.  133; 
Murray,  Enkomi,  pi.  v,  p.  12.  —  21  Bas-relief  du  palais  de  Nimroud,  lers  884, 
au  British  Muséum,  souvent  reproduit;  bas-relief  de  Pendschirli  (v.  730),  cf. 
Mélanges  Benndorf,  pi.  vin;  cf.  plus  haut.  lig.  2199  et  Maspero,  Hist.  anc. 
des  peuples  de  l'Orient,  II,  623,  i;36;  III,  9,  11,  203,  297,  407,  412  (archers  1 
pied)  ;  11,  C21,  02C  ;  III,  37  (en  char)  ;  III,  8  (il  cheval).  —  23  G.  Loeschke,  aonner 
•Studien,  p.  250.  Cf.  p.  1003,  n.  3-3  cl,  eu  général,  les  monuments  indiqués  à  l'ar- 
ticle amazones;  elles  sont  toujours  armées  de  l'arc  ou  de  la  bipenne.  Pour  les  repré- 
sentations des  dieux  et  héros  archers,  je  me  borne  à  renioycr  au\  articles  Apoi.r.o, 
i.lANA,  HEiicLT.ES.  —  20  Qutre  Ics  figurcs  de  The  Bittites  de  Saycc  et  de  Messer- 
schmidt  et,  pour  les  llyksijs  et  aulres  nomades  syriens,  Maspero,  Histoire,  I  409, 
voir  von  Luschan,  Verhandl.  Derliuer  Anlhrop.  Ces.,  1893,  206.  C'est  après  la 
soumission  des  Hyksoset  pendant  les  guerres  avec  les  Hittites  que  l'arc  asiatique 
apparaît  dans  les  armées  de  la  xviu"  dynas-tie,  surtout  dans  la  charrerie,  cf.  Mas- 
pero, Hist.  anc.  des  peuples  de  l'Orient,  II,  222. 

126 


SAG 


1002 


SAG 


vre  de  ces  coiuiiu-raiits,  les  toxopliorcs  médo-perscs  eurent 
bieiUùl  fait  de  réunir  sous  leur  domiiKilion  le  monde  orien- 
tal. 11  ne  leur  restait  à  conquérir  que  la  Grèce,  qui  avait  si 
bien  conscience  de  leur  supériorité  comme  archers  qu'elle 
faisait  de  Scythes  ou  de  Persée  linvenleur  du  tir  de  l'arc  ' . 
Sur  la  cinquantaine  de  peuples  que  Xerxès  menait 
contre  la  Grèce,  près  de  la  moitié  étaient  pourvus  d'arcs-  : 
les  Perses,  d'abord,  qui  se  mettent  àlabri  pour  tirer  der- 
rière de  grands  boucliers  d'osier',  à  l'intérieur  desquels 
est  suspendu  le  carquois  dont  ils  extraient  les  flèches  de 
roseau  qu'ils  placent  sur  leurs  grands  arcs*:  tel  était 
l'équipement  des  insulaires  du  golfe  Persique,  des  Ariens, 
des  Saranges,  des  Ilyrcanicns,  des  Mèdes^  surtout,  de 
qui  les  Perses  l'auraient  reçu '^.  A  côté  des  arcs  compo- 
sites de  ces  peuples,  des  roseaux  indigènes  suffisaient  à 
constituer  arcs  et  flèches  des  Parthes,  Saces,  Choras- 
miens,  Sogdiens,Gandariens,  Dadices,  Pactyens,  Utiens, 
Myces,  Paricaniens  '  ;  ces  mêmes  Paricaniens  fournis- 
sent, comme  les  Médes,  des  hippotoxotes  à  la  cavalerie*  ; 
à  sa  suite,  marchent  les  dromadaires  du  haut  desquels 
les  Arabes  manient  leurs  longs  arcs  qui  appartiennent 
au  même  type  que  les  arcs  scytho-perses '■'.  Les  arcs 
des  Indiens  ne  sont  pas  moins  longs  '",  bien  qu'ils  soient 
faits  de  roseau  ainsi  que  leurs  Itèches  à  pointe  de  fer". 
Ce  sont,  par  contre,  des  pointes  de  silex  que  les  Éthio- 
piens placent  sur  leurs  arcs  en  palmier  hauts  de  4  cou- 
dées'-. Enfin,  les  Ciliciens  delà  Milyatide,  comme  les 
Lyciens  montés  sur  cinquante  vaisseaux  de  la  flotte  '^ 
portent  des  arcs  en  cornouillier  avec  des  traits  de  roseau. 
En  face  de  ces  masses  profondes  d'archers  qui,  aux 
Thermopyles  ou  à  Platées,  allaient  obscurcir  le  ciel  de 
leurs  traits",  la  Grèce,  depuis  la  conquête  dorienne, 
avait  relégué  l'arc  au  rang  des  armes  de  chasse.  Sans 
doute,  peut-on  trouver  cette  arme  plus  en  honneur,  au 
V'  siècle,  dans  les  cités  de  la  région  pontique  et  helles- 
ponlique  en  contact  immédiat  avec  les  archers  scythes  ou 

1  ï'iin.H.n.  VI,  56.  Plus  lard,  les  Grecs  donuèrent  à  l'arc  comme  inventeurs  ou  Apol- 
lon, ou  Eurylos,  pcrc  de  Tovos,  bien  ((u'Héraklès  leûl  vaincu  à  l'arc  (c'est  à  cause  de 
sou  nom,  équivalent  de  goi'ytos  Apotlod.  11,4,9;  Anecd.  ox.  W.  25o)  ou  Krolos,  (ils de 
l'an  (llyg.  Fnh.  ti^\  Poet.  asir.  Il,  il).  Les  Romains  mettaient  des  ficelles  dans  la 
main  Je  leur  Vcdiovis  r|ui  fnt  identilié  à  Apollon,  liell.  V.  IJ.Ovid,  /'(mMI, +37,  399, 
—  2  Les  indications  suivantes  sont  tirées  d'Hérodote.  VII,  GO,  —  3  C'est  une  iiabitude 
assyrienne;  cf.  nolaninicnt,  Maspero,  Histoire,  Hl,p,  -03.  —  4 En  marcbe,  Iecarr[uois, 
reçoit  l'arc  détendu  :  voir  les  frises  des  arcbers  de  la  garde  de  Suse  et  de  Pcrsépolis 
(Perrol,  Uist.  de  l'art,  VI,  p.  3il,  828  ;  cf.  plus  baut,  les  fig,  1171,  927,  930),  Outre 
la  niosa'ique  de  l'ompéi  et  le  sarcophage  de  Sidon,  voir  dans  Maspero,  Op.  cit.  III,  58, 
475,  421,  07.7  ;  dans  Pcrrot,  Op.  cit.^  les  cylindres  et  sceaux,  p.  S5I-4  ;  et  les  dari- 
iiues,  p.  8*i0-3.  L'arcber,  dont  sont  frappées  ces  pièces  perses,  leur  valurent  en  Grèce 
le  nom  de  To;oTai  (références  dans  Babelon,  Traité  de  ninit.  1,  p.  471).  —  -■>  Sur  les 
toxopitores  mcdes,  cf,  les  épigrammes  de  Simonide  (137  Bergk)  et  de  Bakis  (ap. 
Herod.  IV,  43).  Les  Mèdes  et  Elamites  sont  représentés  comme  arcbers  sur  les  monu- 
ments assyriens  (Maspero,  Op.  cit.  m,  230,  400-9).  —  6  Selon  Hérodote  (1, 103),  c'est 
Cyaiarc  qui  aurait  organisé  le  premier  les  toxopbores  dans  son  armée.  —  7  A  ces 
peuples  appartiennent  encore  les  archers  gélo-scylbes  en  général  (cf.  Herod.  IV, 
94;  Curt.  VII,  1,2),  les  archers  mardes  (Arr.  A'r/j.  Alex.  III,  8),  les  arcbers 
kos^écns  (Slrab.  XI,  324);  les  Soancs  du  Caucase,  ciui  se  servent  de  flèches  empoi- 
sonnées (Strab.  XI,  429);  les  Arméniens  (Oppian.  Cyneij.  III,  22  ;  Luc.  Pliars.  VIII, 
221  ;  Zosim.  Il,  51,  etc.,  les  l'artyens  (llerodian.  1,  15,  4  ;  Arriao.  Tact.  4),  et  les 
archers  cardouipies.  que  Xéno|d]On  tAnab.  IV,  2,  cf.  Diodor.  .VIV,  27)  montre  lançant 
sur  des  arcs  de  près  de  3  coudées  des  flèches  de  plus  de  2  coudées.  —  »  Sur  ces  bip- 
pnloioles,  Aesch  l'ers.  20,  235.  -  9  na/,;.,Tova,  dit  Hérodote  (cf.  Acsch.  Clioeph.  100, 
^i  jtKx  saKiTovo).  Il  y  aurait  eu  deux  toiotes  par  dromadaire  (Cijrop.  VIII,  5,  5).  Le 
bois  de  CCS  arcs  est  le  nabach,  sorte  de  grande  épine.  Leurs  flèches  sont  parfois  empoi- 
sonnées (Pollux,  I,  10,  138),  les  Arabes  s'en  servent  également  sur  nier(Plin.  VII,  10). 
—  «0  Sur  leur  habileté  au  tir,  Plut.  Apophl.  isl  B;  Clés.  Ind.  23  ;  Apul.  Flor, 
1.  0.  (Juinlc-Curcc  (Vlll,  9,  28;  14,  19;  IX,  5,  19;  8,  20,  donne  2  coudées  à  leurs 
flèches  ;  longs  en  proportion,  les  arcs  dcv.iienl  être  appuyés  à  terre,  sans  doute 
aiaient-ils  I  m.  83 .  comme  les  arcs  des  Wcddahs  de  Ccylan,  qu'on  peut  bander  avec 
le  pied  (Anthropologie,  1891,  307).  —  Il  Hérodote  ne  spéciflant  ce  délail  que  pour 
les  Indiens,  il  faut  en  conclure  que  les  pointes  des  autres  peuples  n'étaient  pas 
en  fer,  mais  en  bronze,  comme  il  le  dit  de  celles  des  Massagèles  (I,  215)  et  des 
Scythes  (IV,   81).   ou  en  os,  comme    Pau^allias   le  dit  des  Sarmates  (I,  21,  5)  et 


thraces,  si  l'on  en  croit  les  sagittaires  gravés  sur  les  mon- 
naies de  Thasos  (fig.  477),  d'Héraclée.  de  Phanagorie,  de 
Cyzique,  ainsi  que  dans  les  grandes  colonies  doriennes  de 
l'Ouest  où  les  luttes  avec  les  indigènes  ou  avec  les  Étrus- 
ques et  les  Carthaginois  ont  pu  développer  l'usage  de 
l'arc  qu'on  connaît  à  Corcyrc  '^,  à  Camarine  '",  à  Syracuse 
surtout,  où  Gélon  proposera  d'aller  se  mettre  à  la  tète  des 
Grecs  avec  les  2  000  archers  ''  qui  devaient  contribuer  à 
la  victoire  d'IIimère.  D'ailleurs,  si  Lacédémone  s'obstine 
dans  son  mépris  de  l'arc  '*,  l'expérience  de  Marathon ''■' 
a  bientôt  fait  de  convaincre  les  Athéniens  de  son  utilité. 
Par  une  tradition  qui  remonte  peut-être  aux  garde-côtes 
de  l'époque  du  Dipylon,  chacun  des  quatre-vingts  navires 
athéniens  est  muni  de  quatre  archers  à  Salamine-";  ce 
sont  eux  qui  massacrent  les  Perses  de  Psyttalie  et  c'est  peut- 
être  en  souvenir  de  leurs  exploits  que  les  héros  archers, 
HéraklèsetTeukros,  figurent  sur  le  fronton  d'Égine.  A  Pla- 
tées, les  300  arcliers  athéniens,  les  seuls  de  l'armée,  font 
merveille  contre  les  hippotoxotes  perses-'.  Si  l'on  peut 
faire  fond  sur  ce  chiffre,  il  semblerait  que,  dans  chacune 
des  dix  tribus,  on  ait  levé  parmi  les  thètes  30  archers, 
tandis  que  les  trois  premières  classes  fournissaient 
600  hoplites  et  10  cavaliers  par  tribu.  Cette  répartition 
par  tribu  parait  confirmée,  en  460,  à  la  fois  par  l'ins- 
cription de  quatre  toxotes  à  la  suite  de  la  liste  des  décès 
que  la  tribu  Erechtheis  avait  subis  en  Egypte'-^-,  et  par 
la  mention,  dans  une  garnison  garnison  envoyée  par 
Athènes  à  Érythrées,  d'un  toxarque  sous  les  ordres 
duquel  seront  placés  10  toxoles,  sans  doute  10  par  tribu  ^^ 
Avec  l'augmentation  de  la  population  athénienne  vers  le 
milieu  du  V  siècle,  il  devint  possible  de  porter  à  160 
la  quotité  des  archers  que  devait  fournir  chaque  tribu  ;  le 
cliifTre  de  1600  archers,  que  Thucydide'-' et  Aristole ''' 
donnent  pour  l'an  431  doit  correspondre  aux  16000  ho- 
plites inscrits  alors  sur  les  rôles-*.  C'est  apparemment  par 
exception  que  ces  toxotes  étaient  appelés  à  un  service  de 

comme  semble  l'impliquer  le  nom  iranien  de  la  flèche  asti  (ôffTÉov).  Dans  les  lumulus 
des  chefs  scylbcs,  ou  a  trouvé  à  la  fois  jusqu'à  cinq  cents  flèches  de  roseau  à  pointe 
de  bronze  {H.  archéid.  1904,  1,  11).  —  *'-  Sur  les  archers  éthiopiens,  cf.  Diod.  III, 
8  et  33  (il  donne  également  4  coudées  à  leurs  arcs  qu'ils  banderaient  avec  le  piedi  ; 
Slrab.  XVII,  3,  7;  Plin.  VI,  33,  16;  Claudùin.  Stilich.  I,  254,  351;  Aupt.  lion. 
221  ;  Cons.  Hon.  21.  Les  pointes  des  Pygmées  seraient  en  os  (Plin.  VII,  2,  19).  On 
connaît  plusieurs  représentations  de  nègres  comme  archers  (Rcinach,  Itépcrt. 
Vases,  I,  412;  Alh.  Millh.  1890,  244).  —  13  Les  Lyciens  sont  vantés  comme 
arcbers  par  Virg.  Aen.  VIII,  166,  et  représentés  comme  tels  sur  les  monnaies  de 
Soloiet  sur  le  monument  de  Gôlbaschi  (Beundorf,  Das  Heroon  von  G.  142).  C'est 
sans  doute  à  eux  (|u'il  faut  rapporter  les  passages  de  la  Bible,  los.  LXVI,  19  : 
1er.  XLVI,  9.  Sur  les  flèches  des  Hébreux,  habiles  archers  comme  plusieurs 
peuples  syriens  ;  les  Ituréens,  notamment,  fourniront  à  Rome  une  bonne  part  de 
ses  sagittaires,  voir  l'art.  Archers  du  Dict.  de  la  Bible  (Vigouroux).  —  **  Herod. 
VII,  218,  225-0  ;  IX,  61,  etc.  Plut.  Arist.  320  F.  —  '5  Thuc.  IV,  49.  Il  s'agit  de 
la  bataille  de  Sybota  (433)  où  les  1 10  vaisseaux  corcyréens  et  les  150  corinthiens  sont 
également  chargés  d'archers.  —  1»  Thuc.  VII,  33.  —  17  Herod.  VII,  158.  Cf.  Thuc.  VI, 
20,  07,  09  et  Liv.  XXII,  43,  7;  X.XVII,  38,  12.  —  18  plut.  Apopht.  Lac.  234  E.  C'est  p.ir 
exception  que  Sparte  lève  400  arcbers  après  Pylos  (Thuc.  IV,  33);  comme  ceux  i|u'on 
trouve  daus  leurs  armées  au  iV  s.  (Xen.  Hell.  III,  4,  16;  IV,  2,  10;  7,  0),  ce 
sont  des  périoeques,  des  bilotes  ou  des  Cretois  (avec  qui  ils  sont  alliés  depuis  les 
guerres  de  Messénie,  à  en  croire  Pausanias,  I,  23,  4;  IV,  8,  3,  12),  en  tout  cas 
depuis  Agis  en  331  (Diod.  VVII,  02,  7)  jusqua  Nabis  (liv.  XXXIV,  279,  Polyh. 
X.XXIII,  140).  —  19  Hérodote  (VI,  112)  constate  que  leur  infériorité  venait  de  ce 
qu'ils  n'étaient  pourvus  o;t!  firso-j  o^s  To-tu^ià™.,.  —  20  Plut.  Them.  44.  Cf.  Esch. 
Pers.  739  ;  Timotb.  Pers.  32.  Dans  le  vers  cité  d'Eschyle,  on  voit  les  Grecs  faire 
périr  Toîixî;?  T'i-ô  ôù^Aiy^o;  les  Perses  de  Psyttalie  ;  or  Hérodote  (VIII,  95)  nous 
apprend  que  ce  fut  un  exploit  des  Athéniens.  Plusieurs  fois,  dans  les  Perses,  le 
To;oS«nvoç  'Ap»;;,  l'à'/.nï;  -tolouîixô;  de  l'armée  de  Xerxès  sont  opposés  aux  'ixx',  <r:aS«i« 
des  Grecs  Jouflx'iuToi.  —21  Herod.  IX,  22  et  60.  C'est  en  souvenir  de  leur  rôle  que 
Simonide  composa  l'épigrammc  Anth.  pal.  VI,  2  (143  Bergk).  —  22  Corp.  i.  atl.  I, 
433  =  Dittenbcrger,  Syll.i,  9.  —  23  C.  i.  o.  1,  9  =  Dittenberger,  Syll.i,  8.  La  divi- 
sion par  tribus  est  certaine  dans  C.  i.  a.  I,  54-5  et  1V3,  26  a.  — 24  Thuc.  Il,  13.  7. 
—  2"'  Arist.  Polilria  Mlien.  24,  12.  —  2C  Sur  ces  questions  numériques,  onlrc  les 
références  indi((uées  à  l'article  KxBucirus,  voir  Ed,  Mcyer,  Forschanyen^  11,  149; 
Wilauiowitz,  .4i«   Kijdathen,  p.  73  et  Aristoteles  imd  Athen,   I,  212;    Busoll, 


SAG 


1003  — 


SAG 


garnisaires  comme  à  Érytlirées  ou  de  gardes,  comme  à 
Athènes  même  pour  surveiller,  en  447,  les  travaux  de 
l'Acropole '.Ces  fondions  de  police  étaient  assignées  à  un 
corps  d"esclavespublics  [demosioIj  -,  formé  à  cet  effet,  corps 
qu'on  a  généralement  confondu 
avec  celui  des  archers  d'origine 
athénienne.  Ce  sont  ces  archers 
d'origine  servile  et  étrangère, 
dits  aussi  Speiisinioi,  du  nom 
de  celui  qui  avait  eu  l'idée  de  les 
constituer,  qui  sont  surtout  con- 
nus sous  la  désignation  de  Scij- 
t/ies  '.  La  plupart  sont,  en  effet, 
des  barbares,  achetés  en  Thrace 
ou  sur  les  côtes  du  Pont,  d'abord 
au  nombre  de  300,  vers  -450; 
vingt  ans  après,  ils  furent  portés 
à  1200.  Casernes  au  début  sur 
r.\gora,  ensuite  sur  l'.Vréopage, 
...i^w.  .,,t,.i.  ^;i„i.  gijjjpgés  (Je  maintenir  le  bon  or- 
dre dans  les  rues,  les  places,  les  assemblées  et  les  tribu- 
naux, exécutant  les  ordres  des  magistrats  de  police  et 

Griech.  Gescli.  III,  i.  879;  Bdocli,  Klio,  1906,330.  ['oui- coinpromlrc  coniiiicnl 
on  De  levait  que  f  600  ai'clters  sur  leg  tbètes  qui  étaient  au  moins  30  000,  tandis 
<|u'on  deiuauilait  IG  000  hoplites  au&  trois  premières  classes  qui  ne  de\aient 
guère  dépasser  Î5  000  lionimes,  il  faut  rappeler  que  c'est  sur  les  tlièles  que  reposait 
le  scr»  ice  de  la  flotte  (|ui  réclamait  au  moins  20  000  hommes.  Dans  la  guerre  du 
Péloponnèse,  les  toxotes  nstoi  paraissent  avoir  surtout  le  caraclôre  de  soldats 
de  marine  :  6r.Tï;  "e-iSâTa-..  On  signale  comme  une  evception  l'occurrence  où  700 
d'entre  eux  sont  équipés  en  hoplites  (Thuc.  VI,  43t.  Les  textes  et  monuments  seront 
réunis  dans  un  mémoire  Toxotes  et  hipjjoloxoles  at/ièntens  auquel  je  me  permets 
de  renvoyer  par  avance  pour  toutes  les  questions  q-je  je  ne  puis  qu'indiquer  ici. 
—  1  C.    i.  a.  IV,    3  iC  n  =   Syll.  16  :  ça.a.a;  Si  tîva.  Tf.f:    ToEixa;  t»   ~.f.i  ew-nî  Ifs 

c;jia>ii>où9r,;.  C'est  probablement  à  tort  i|uc  M.  Foucart  {Bull.  corr.  Iiell.  1690, 
177),  considère  ces  toxotes  comme  des  Scythes;  s'ils  étaient  tels,  ils  ne  pourraient 
être  membres  d'une  p//y/é  (cf.  Wilamowiti,  Arislolcles  und  Athen,  II,  ÎUi;  Wcr- 
uiclc, //ernies,  X,VVI,  51  ;  Keil,  Anonymus  Argent.  146).  Il  parait  très  probable 
que  les  gardes  appointés  pour  cette  sur\eillance  spéciale  sont  prélevés  sur  les  iv 
T?,  toiiti  spo-jçol  -i^-f.^v.-.n  dont  parle  Arislote,  Loe.  cit.  —  2  Outre  cet  article, 
voir  Waszinski,  De  sertis ptiblicis  Alhcnimisium  (Berlin,  1898)  p.  i5.  —  3  Pollui, 

VIII,  I3i:  E.iJiu  Ualo:»TO  .«\  ToiiTai  x«\  Esij,,:-,..»!  àco  loù  ,t8«T«j  irj.Ti;av-o!  ; 
Scbol.  Aristoph.  Acii.  51  :  imX  Si  o'i  -nli-tn  Sriiiouioi  ûsiijiTii,  Harpocration,  Sui- 
das, Photius,  Lexic.  Seg.  iF/ym.  wia^H.  5.  u.  To;ÔTai.  Scythe  finit  par  caractériser, 
connue  Tareutin,  la  désignation  d  un  armement  spécial  d'archers  à  cbeial  (cf. 
Asklepiodotos,  ap.  Koechly,  Griech.  KriegschriftsI.  II,  134).  Quelques-uns 
venaient  de  Thrace,  dont  les  habitants  étaient  réputés  comme  archers  (Virg.  Aeii. 
V.  311;  VIII,  7J5);  mais  la  plupart  des  rives  scylhiques  du  Pont.  Dès  4Î8,  on 
voit  l.csbos  attendre  pour  se  révolter  l'arrivée  d'archers  du  Pont  (Thuc.  III,  2); 
les  mille  archers  de  Polycrate  de  Samos  venaient  peut-être  aussi  de  Scythic  (Hcr. 
III,  39,  45),  inépuisable  réserve  d'esclaves  et  de  mercenaires.  Sur  l'adresse  comme 
archers  des  Scythes  qui  auraient  même  adoré  l'arc  sous  la  forme  de  leur  dieu  ou 
héros  Toxaris,  ideutiriue  à  Scythes,  l'invenleur  de  l'arc,  sur  leurs  arcs  de  cornes, 
leurs  llèches  de  roseau  à  poiules  de  bronze,  leur  art  de  tirer  des  deux  mains, 
à  pied,  à  cheval,  en  fuyant,  les  textes  sont  nombreux  :  Aesch.  Cfioeph.  160  ; 
lleroil.  I,  214;  IV,  81,  131  ;  Plato,  Leg.  VII,  793  A;  Xenopb.  Anab.  111.  3,  9;  4, 
l.ï;  llor.  I,  ±0,  10;  Plin.  VI,  56,  tOl  ;  XI,  33,  115;  Curt.  VU,  8,  17;  X,  I,  31  ; 
Plut.  .fepl.  sap.  conv.  163  F;  Amm.  Marc.  XXII,  8,  37  :  EusUtli.  Ad  Lion.  137. 
—  i  Aristophane  se  plaît  à  les  montrer  escortant  les  prytancs  (.4c/(.  54  ;  Tltesm. 
9Ui)  ou  les  proboiiloi  (Cysislr.  441).  —  J  La  figure  6033  d'après  Cerbrard,  Auserl. 
Va»,  pi.  ccsxiv ,  voir  aussi  la  coupe  d'Or^iéto,  Dokimasiat  fig.  2464  et  les 
vases  à  Scythes  dans  les  Antiquités  de  lu  Jtussic  Méridionale  de  Tolslo'i  et  S. 
Rcinach  (fig.  130,  158,  104,  179,  192,  338,  359,  373.  379,  386).  Outre  les  réfé. 
rences  indiquées  à  l'art.  .uicLSp.  389,  n.  3,  cf.  Jalirbucli.  Arcll.  Inst.  1S88,  pi.  IV  ; 
1804,  p.  180;  1895,  p.  71;  1899,  p.  67;  7(ôm.  J/i«/i.  1887,  pi.  ix  :  S.  \\t:mîc\\,  Réper- 
toire. I,  35,  4;  120,  1  ;  310,  2;  428,  II,  97,  1  ;  131,  4;  219,  237,  3.  —  6  Comme 
Arislote,  Loc.  cit.  éuumère,  pour  le  milieu  du  v«  siècle,  50  gardes  pour  l'Acropole 
500  pour  les  arsenaux,  2  000  pour  les  garnisons,  les  1600  toxotes  ne  peuvent 
suffire  à  assurer  ces  divers  services.  On  a  'donc  oécessairemenl  recouru  aux  10  à 
IGOOO  hoplites.  —  7  Le  synchronisme  de  ces  deux  séries  de  faits  est  attesté  par 
Andocide,  De  pace,  3  et  7  (répété  par  Eschiue.  Fais.  leij.  173-4).  Après  l'armis- 
tice de  450-49:  UjiTov  -On  -.f:ax„,imi  \xr.ia.-,  »«TiiFTT,a«;vie«  »al  To;ot«;  Tfi.xoiri'iH.; 
ï^'jtff;  is9iâ;tEttt  ;  après  la  paix  de  Trente  ans  conclue  en  443  :  Xt'Aîou;  vaè  S[a>o9-!o-j; 
iïici./;  ic«:  T5;6Taç  Éîipo-j;  T'.aoJTo-j;  «aTtffT/.uaiic/  (cct  encore  autant  ne  peut  se 
rapporter  qu'au  nombre  précédent,  1  200,  et  non,  comme  on  l'a  dit  [EyuiTKs,  p.  756], 
aucliiUrc  de  300,  énoncé  20  I.  plus  haut).  Malgré  ce  texte  formel  qui  place  entre 
4iû  et  445  la  constitution  du  corps  des  Scythes,  Gilbert  {HandlMClii  1,  192)  ^ 
voulu  la  faire  tiesccndre  jusqu'à  l'expédition  de  Périclès  dans  le  Pont  qu'il  place. 


des  présidents  du  Conseil,  ces  Scythes,  dont  le  costume 
national  excitait  la  verve  des  comiques  '*  et  des  céra- 
mistes (fig.  6033)  '\  ne  semblent  avoir  été  qu'une  gendar- 
merie, parfois  montée,  le  plus  souvent  à  pied. 

Ce  n'est  pas  à  ces  esclaves  publics,  mais  seulement  à 
des  corps  de  citoyens  que  pouvaient  être  confiées  la  garde 
de  r.\cropole  et  des  arsenaux,  l'occupation  de  certains 
points  fortifiés  de  r.\ttique,  de  ses  colonies  ou  des  états 
alliés  ;  on  a  vu  que  les  toxotes  ont  tenu  garnison  à  l'Acro- 
pole et  à  Érythrées  °.  Pour  la  surveillance  de  r.Xtliquc 
même  et  des  frontières,  on  ne  se  borna  pas  à  porter  les 
hippeis  à  300,  puis  à  1  200,  en  même  temps  que  les 
archers  Scythes  subissaient  la  même  progression",  ce  qui 
laisse  supposer  que  les  Scythes  servaient  d'écuyers  aux 
cavaliers,  sinon  en  campagne  lointaine,  au  moins  en 
.\ttique  '  [eouiteS:.  On  leur  adjoignit  encore  un  corps 
spécial  de  200  hippotoxotes  athéniens',  qui  sont  proba- 
blement, par  rapport  aux  cavaliers,  ce  que  les  toxotes 
sont  par  rapport  aux  hoplites. 

Si  l'on  peut  chercher  au  viii'  siècle  les  premières 
traces  des  toxotes,  les  hippotoxotes  remontent  peut- 
être  au  temps  de  Pisistrate '"  ;  qu'ils  aient  été  ou   non 

avec  Dunekrr,  eu  444;  mais  Beloch  (l,  304)  et  Busolt  (III,  1,  3S3)  ont  montré  <|U0 
cette  expédition  n'avait  pu  avoir  lieu  avant  438-7,  date  à  laquelle  on  s'accorde  à 
placer  l'aclièvenient  de  la  frise  du  Parthénon  où  la  procession  des  cavaliers  ferait 
allusion  à  celte  réorganisation.  Par  sa  réussite  financière,  il  est  donc  possible  que 
l'expédition  du  Pont,  placée  en  438,  ait  permis  à  la  fois  l'achat  de  900  nouveaux 
Scythes,  la  solde  de  900  nouveaux  cavaliers  et  une  reprise  des  travaux  du  Par- 
Ibénon.  Si  l'organisation  des  1  200  peut  être  fixée  à  438,  celle  des  300,  vu  les 
erreurs  chronologiques  d' Andocide  et  le  rôle  de  la  cavalerie  athénienne  à  Tanagra 
(457),  peut  remonter  jusque  vers  465  ;  il  y  avait,  d'ailleurs,  des  écuyers  scytbes  à 
Athènes  depuis  le  temps  de  Pisistrale  (cf.  Helbig,  Sitz.'bcr.  d.  Bayer.  Akad. 
1897,  II,  260).  Outre  la  coupe  figurant  la  revue  passée  par  Pisistrale  (Reinach, 
Bépert.  des  Voies,  I,  182),  il  faut  surtout  citer  une  amphore  ehalcidiennc  do  la  fin 
du  VI*  siècle  où  l'on  voit  de  même  des  archers  scyllies  mêlés  à  des  cavaliers  (Pol- 
tier,  Catat.  des  vases  du  Louvre^  II,  531).  —  8  Des  archers  scytbes  apparais- 
sent fréquemment  sur  les  vases  peints  du  v«  siècle  ou  bien  accompagnant 
par  deux  un  cavalier  athénien  (cf.  S.  Reinach,  liépertoire,  II,  220)  ou  bien 
isolés  assistant  à  rarmement  ou  au  départ  de  cavaliers  ou  d'hoplites  (Bépert.  I, 
311  ;  II,  109,  8;  131,4.8,  10;  Pottier,  Op.  c.  Il,  pi.  ixxv,  151;  pi.  lxixvii,  f. 
388).  M.  Helbig  a  essayé  de  démontrer  que,  depuis  le  temps  des  Pisistratides, 
des  archers  scytbes,  à  pied  ou  à  cheval,  servaient  d'-jT:r,p;-a[  aux  cavaliers 
athéniens  ;  ceux-ci  ne  seraient  (|uc  des  hoplites  montés,  pour  les.juels  le  cheval 
serait  plus  un  moyen  de  transport  ([ue  de  combat.  Cf.  Helbig,  Les  ;,:t:£ï;  athé- 
niens (,Mem.  .ic.  insc.  XXXlll,  1902).  Aux  objections  de  Pelersen  (Oest.  Jahres- 
hefte,  1903,  77),  Helbig  a  répondu  [Ibid.  1905,  ISS)  ;  cependant,  s'il  a  montré  que 
les  hippeis  ont  parfois  combattu  à  pied  et  qu'ils  sont  parfois  accompagnés  d'ar- 
chcis  scytbes,  ces  deux  faits  semblent  encore  plutôt  exceptionnels  r[ue  réglemen- 
taires. —  9  Comme  Périclès,  en  431,  estime  les  \--LJi  à  1200  =iv  :s,TOTo;iiT«.5  cl 
que  le  chiffre  réglementaire  de  1  000  cavaliers  parait  assuré  par  Philochoros 
(fr.  100  de  Mûller),  Aristophane  (Eq.  225),  Xénophon  (Hipp.  9,  3)  et  Démoslhèue 
(XIV,  13),  on  en  a  conclu  avec  vraisemblance  que  les  200  cavaliers  qui  viennent 
s'ajoutera  ce  millier  soûl  les  hippotoxotes:  mais  c'est  certainement  à  tort  que,  à 
la  suite  de  Bœckh  (13,  264),  on  a  généralement  identifié  ces  hippotoxotes  aux 
Scythes.  S'il  est  certain  (juc  la  cavalerie  athénienne,  affaiblie  de  300  hommes 
par  la  peste  de  430  iThuc.  III,  87),  a  ilû  faire  appel,  pendant  la  guerre  du  Pélopon- 
nèse, à  des  cavaliers  thessaliens  ou  Ihraces  'cf.  MKacEN.vnii,  p.  1788]  et  si 
.Vénophon,  vers  370,  conseille  aux  .athéniens,  pour  se  refaire  une  cavalerie  de  1  000 
hommes,  d'enrôler  200  '1=11-5  ;ivou;  (Bipparch.  IX,  3),  on  ne  peut  s'appuyer  sur 
des  faits  pareils  pour  considérer  les  hippotoxotes  comme  des  mercenaires,  S'iîs 
étaient  tels  et,  à  plus  forte  raison,  s'ils  élaienl  esclaves,  Thucvdide  ne  les  énumé- 
rerait  pas  parmi  les  citoyens  athéniens  et  ils  ne  figureraient  pas,  précédant  l'iiip- 
par<|ue,  dans  les  processions  de  la  cavalerie  (Xcn.  ilém.  III,  1).  En  admellanl  ce 
chiffre  de  200  hippotoxotes,  il  faut  supposer  qu'Andocide  et  qu'Eschine  (Loc. 
cit.)  les  comprennent  parmi  les  1  200  cavaliers  dont  on  a  placé  l'institution  en  43S  ; 
d'ailleurs,  il  résulte  de  leurs  textes  comme  de  celui  de  Philochoros  que  la  force 
des  hippeis  a  varié.  Le  premier  témoignage  formel  sur  les  1  000  cavaliers  étant 
celui  d'Aristophane  en  124,  il  n'est  pas  impossible  qu'entre  ce  chiffre  et  les  300 
cavaliers  antérieurs  à  443,  il  ue  faille  placer  les  600  cavaliers  dont  parle  le  schol. 
d'Aristophane  {Eq.  624).  Si  telle  était  la  force  des  hippeis  do  443  à  430,  c'est  une 
force  égale  de  600  hippotoxotes  qu'il  faudrait  supposer  dans  les  textes  de  Thucy- 
dide et  d'Andocidc.  Toutefois,  il  est  possible  (juc  ces  600  cavaliers  doivent  s'ap. 
pliquer  à  la  période  antérieure  à  445  (30O  hippeis,  300  toxotes  scythes). 
—  10  C'est  la  théorie  développée  par  W.  Helbig,  Op.  laiid.  H  s'appuie  sur- 
tout sur  une  amphore  du  dernier  tiers  du  vi«  s.  (pi.  1  de  son  mémoire),  ou  il  croit 
voir  un  combat  entre  deux  hoplites  montés,  acconq^-ignés  chacun  d'un  archer 
scylhc  monté;  sur  une  coupe  de   même  époque  où  se  voit    un  hippoioxotc    on 


SA  G 


lOOi  — 


SAG 


constitués  alors  sur  le  modèle  des  archers  à  cheval  scylhes, 
toujours  est-il  qu'ils  sont  citoyens  et  ligurent,  au  w" 
comme  au  i\'  siècle,  dans  les  délilés  de  la  cavalerie  athé- 
nienne'. Ces  hippotoxoles  n'étaient  guère  plus  utiles  que 
les  /lippeis  dans  les  expéditions  maritimes  ;  aussi,  pour 
remédier  au  petit  nombre  des  toxotes  à  pied,  on  eut 
recours  aux  archers  les  plus  fameux  en  Grèce  avec  les 
Scythes  :  .les  mercenaires  crélois  apparaissent  en  425-. 
Ainsi,  au  début  de  la  guerre  du  Péloponnèse,  on  connaît 
à  la  fois,  à  .Vthènes,  les  toxotai  xénthoi  et  les  toxotai 
skythai  d'une  part,  les  toxotai  astiAoi  ou  politai  et  les 
hippotoxotai  de  l'autre.  Des  200  hippotoxotes  on  sait 
seulement  que  20  d'entre  eux  figurèrent  dans  l'expé- 
dition de  Mélos  '  et  quelques-uns  peut  être  parmi  les 
deux  cent  quatre-vingt  cavaliers  envoyés  en  Sicile*. 
A  la  fin  du  v' sècle.Xénophon  en  fait  encore  mention  ^ 
mais  aucun  monument  ne  nous  a  conservé  d'eux  un 
souvenir  certain  ou  précis.  Les  toxotes  nous  sont,  par 

contre,  assez  bien 
connus,  par  des  va- 
ses (fig.  6034)',  des 
stèles',  des  statuet- 
tes même  *,  avec 
leur  équipement  qui 
rappelle  celui  des 
Scylhes  ou  desThra- 
ces.  Très  court  vê- 
tus, un  justaucorps 
collant  s'arrêtant  au 
haut  des  cuisses  et 
laissant     les     bras 

Fig.  Cû3l.  —  Krchev  g.cc.  , 

nus,  sur  la  tête 
l'ulôpé/xis  thrace  ou  une  sorte  de  bonnet  phrygien  à  garde- 
joues,  les  pieds  nus  ou  protégés  par  de  hautes  bottines 
thraces,  sans  armure  ni  armes  défensives,  le  carquois  à 
la  ceinture  ou  rejeté  sur  le  dos,  ils  tirent  le  plus  souvent 
de  la  main  droite,  le  genou  droit  en  terre'.  Soigneuse- 
ment distingu("3  des  psi/oi  et  autres  troupes  légères  [ve- 
LiTES^,  ils  comptaient,  on  l'a  vu,  parmi  les  troupes  régu- 
lières et  paraissent  avoir  reçu  une  solde  de  3  oboles  par 
jour  '".  Peut-être  leur  corps  de  1  UOO  hommes  était-il  divisé 

coslunic  scvllje  iJnhrbucli,  1S9I.  p.  i'i<l)  el  sur  les  fragnieuls  d'une  stalue  poly- 
cliromo  CQ  marbre  (Irouvés  sur  l'-Acropole  parmi  les  débris  aiilérieurs  à  4SU)  d'un 
liippoloiole  en  cusiume  scylhe  dont  il  rapproche  une  dédicace  d'un  Diokhidès 
LlioklèoiiS  de  la  (in  du  v.'  s.  {Jafirùiich,  !S91,  239;  IS93,  133);  mais  lapparle- 
nance  de  linscriplion  aux  fragmenis  esl  aussi  sujeUe  à  caulion  que  l'inlerpréla- 
lion  de  l'amphore  el  que  l'idonlificalion  du  Mt'ATtdSr.c  xai.o;  qui  s'v  Irouve  inscrit 
au  grand  .Uilliade.  —  <  Pour  le  vi'  s.  l'amphore  dite  de  la  revue  de  Pisislrale  (cf. 
Cg.  -VSV);  pour  le  v«  s.  la  frise  des  cavaliers  au  Parlliènon,  où  le  premier  des  sept 
groupes  de  six  cavaliers  dilTorc  un  peu  par  l'Iiabillenicut  (cf.  fig.  îî9)  des 
autres,  sans  que  l'absence  d'armes  permette  de  l'identifier  avec  certitude  aux 
hippotoxotes;  pour  le  iv»  s.  le  texte  de  Xénoplion  {ilem.  ill.  3,  I).  —  2  Thuc.  VI, 
Î5  el  13.  —  3  Thuc.  V,  84.  —  l  Tluc.  VI,  2i.  43,  93.  —  5  À/em.  Ill,  3,  I.  En 
414,  Aristophane  les  nomme,  Aves,  1179.  Sur  les  repréentalions  possibles  d'hippo- 
loxoles,  n.  S.  —  6  La  fig.  6031  d'après  ilonum.  il.  Insl.  VI,  33  =  Arch.  Jalirbuch, 
t89û,  p.  71.  On  trouvera  une  série  de  références  dans  cet  article;  dans  Hartwi*', 
iteitteisclialtn,  p.  107,  389;  dans  Feslschiift  Uenndorl',  p.  60.  —  7  L.  v. 
Sybel,  Kalal.  d.  Hculpluren  v.  Athen.  J6i-3  ;  Polticr,  Bull.  corr.  hell.  ISSO, 
p.  414  (an  «rchcr  tégéatc  ?)  —  8  Babelon,  Bronzes  de  la  Bibl.  nationale, 
p.  394.  Arcliaeoloi/ia ,  XXX,  pi.  xxn.  Un  archer  agenouillé  sur  le  genou  droit, 
tirant  de  la  droite,  le  carquois  à  gauche  sur  une  applique  d'Olympie  (O/ym/iin, 
Bronzen,  pi.  xi).  Voir  encore  S.  Keinach,  Bt'perl.dela  Slat.  Il,  185;  I9i;  iOI  ;  200. 
—  *J  L'archer  nu  bandaul  son  arc  de  la  fig.  472,  coiJTé  de  Valofièkis,  ou  l'ar- 
cher nu  sans  coilTure,  le  cari|uois  relenu  par  une  corde  à  la  ceinture,  du  vase 
du  Louvre  (Poltier,  Àlhiim  des  vases  du  /.ouvre,  pi.  i.xxsix  G.  5;  de  Ridder, 
Vases  de  la  Bibl.  nationale,  p.  195,  n,  S96)  représentent  plutôt  des  éphèbcs 
qui  s'exercent  comme  ceux  de  la  fig  480.  —  10  C'est  ce  qui  semble  résulter  de 
l'inscr.  C.  i.  a.  I,  79,  ou  on  ordonnerait  de  i>ayer  cette  somme  tojî  ■r'.;«;T«;  t6Î; 
Ti  49-:[(-«j;  xai  l'.ù;  ;t>ixe-j;].  Tandis  qnc,  en  général,  il  semble  que  l'Iioplite  rece- 
Tait  quatre  oboïcs  el  le  cavalier  six  ;  dans  le  traité  d'Athènes  avec  Argos,  Elis  et 


en  quatre  toxarchies"  :  c'est  au  nombre  de  400  qu'on 
les  envoie  à  Mélhone,  en  420,  soit  quatre  archers  pour 
dix  hoplites  sur  chacun  des  100  navires  de  l'expédition  '-. 
En  427,  Démosthène  perd  un  grand  nombre  d'archers 
en  Étoile  ;  les  60  qui  lui  restent  contribuent,  l'année 
suivante,  à  la  victoire  d'Olpai  ' '.  En  423,  le  même  géné- 
ral en  commande  400  devant  Pylos,  et  Cléon  lui  amène 
un  renfort  d'autant  d'archers  mercenaires  ".  En  423, 
Nicias,  avec  600  archers,  tente  l'assaut  de  Mende'^; 
en  420,  Alcibiade  pousse  une  pointe,  d'.\rgos  à  Patras,à 
la  tète  d'une  poignée  de  toxotes"^.  Dans  l'expédition  de 
Mélos,  on  retrouve  la  proportion  de  quatre  archers  pour 
dix  hoplites,  300  sur  1200'';  ils  sont  300  pour  3  000, 
plus  80  Crélois,  sur  l'escadre  de  Sicile;  avec  la  flotte  de 
renfort,  Démosthène  semble  en  avoir  amené  autant'*. 
De  ces  2000  à  2300  archers,  au  total,  mobilisés  par 
Athènes  pendant  la  guerre  du  Péloponnèse,  bien  peu 
durent  rentrer  dans  leur  patrie.  La  dernière  mention 
des  archers  scythes  est  de  411  '■';  c'est  vers  cette  époque 
que  les  hippotoxotes  sont  cités  également  pour  la  der- 
nière fois  par  Xénophon,  et  des  paniers  à  flèches,  (jiûsaxoi 
ro;£uu.iTtov,  recensés  dans  la  Chalcothèque  en  362  -",  ne 
suffisent  pas  à  attester  la  persistance  des  toxotes  ni  des 
hippotoxotes  dans  r.\thènes  du  iv'=  siècle. 

Dans  la  grande  transformation  de  l'art  militaire 
qu'Athènes  subit  alors  comme  la  Grèce  entière,  si  le 
recrutement  national  continue  à  fournir  des  hoplites,  de 
moins  en  moins  nombreux  et  de  moins  en  moins  solides, 
on  s'adresse  surtout  aux  troupes  plus  légères  et  mieux 
entraînées  qui  ont  fait  de  la  guerre  leur  profession  :  divi- 
sés selon  leurs  armes,  les  mercenaires  comprennent  des 
toxotes  au  même  titre  que  desakontistesou  despellastes 
[mercexariij.  La  première  armée  de  mercenaires,  celle 
des  Dix  Mille,  contient  au  moins  200  archers  crétois'^'. 
Ce  sont  leurs  dernières  bandes  qui  se  distinguent  sous 
Iphicrate,  pendant  la  guerre  de  Corinthc  (394-3)--. 
Contre  elles,  Sparte  se  décide,  à  son  tour,  à  faire 
appel  à  300  archers  crétois-'.  C'est,  en  efTet,  de  Sicile-', 
d'Étolie'-%  de  Rhodes''',  mais  surtout  de  Crète,  que 
viennent  les  archers  qu'on  a  vus,  dès  425,  pris  à  la  solde 
d'.\thènes  -".  Équipés  crelico  armatu  -',  ils  portent  le  car- 

Mantiuée,  une  payé  de  1  drachme  d'Égine  est  spécifiée  pour  le  cavalier,  3  ob. 
d'Egiuc  pour  le  toxole,  le  psilos  et  l'hoplite  (Thuc.  V,  47).  Sur  celte  question  de  la 
solde,  cf.  Boeckh,  |3,  i63,  3i6,  330;  A.  Martin,  Les  cavaliers  athéniens,  p.  351. 
—  il  Dans  r.  i.  a.  I,  79.  il  est  question  de  ri;aç)roi  :  dans  Dittenbergcr,  Sylt.  S 
d'un  toiarque.  —  12  Thuc.  Il,  23.  —  13  Thuc.  III,  98,  107.  —  u  Thuc.  IV, 
28,  31. —15  Thuc.  IV,  129.—  liThuc.  X,  52.  —  1^  Thuc.  V,  84.  Chacune  des  trente 
trirèmes  en  porte  dix.  Cf.  C.  i.  a.  I,  .54  :  xsT'ij^'jXà;  To;[o-:ai  Six«.  —  i^  Thuc.  VI, 
22,  43;  vil,  42,  60.  Cf.  C.  i.  a.  I,  55  :  ,a-.à  zjXài]  To-iT.;  Tfj-.à.ovt..  —  19  Ouand 
l'oligarque  .Aristarchos,  emmenant  d'.Mliènes  les  archers  ^ -.^SaQu-âtoi,  s'empare 
d'Œuoé  (Thuc.  VIII, 98).  —  20f.  ,-.  a.  1|1,  61.  Dans  un  comple  de  la  marine  il  est 
question  d'ôxxo;  T'.;fj.aâTwv  que  Boeckh  {Heeurkunden.  p.  570)  prend  pour  des 
nerfs  à  arc.  C'est  Xénophon,  Hem.  III,  1,  ijui  mentionne  pour  la  dernière  fois  les 
hippotoxotes.  AVernicke,  qui  les  identifie  à  tort  aux  Scylhes,  suppose  qu'ils  ont  été 
transformés  en  prodromoi.  Ces  èclaireurs  seraient  une  partie  des  peripotui  (non 
pas  éphèbes  dans  la  seconde  année  de  leur  ser»  ice  mais  mercen  .ires  cantonnés  dans 
les  places)  qui  assurent  au  iv  s.  la  sécurilé  de  l'AUique  {Hernies,  XXVI.  51  ;  cf. 
Brueckner,  Arch.  Jahrbuch,  1890,  209).  —  21  Xen.  .4na6.  I,  2,  9  :  111,7,  15;  IV, 
2,  38;  8,  18.  —22  Xen.  Hell.  IV,  2,  14;  Plut.  A/iopht.  187  B  —  23  Xen.  Hett.  IV, 
2,  10.  F'cul-élre  doit-on  considérer  comme  des  Crélois  les  archers  qu'.\gésilas  a  eu 
Asie  (III,  4,  16),  où  on  le  voit  demander  aux  ailles  ioniennes  de  lui  fournir  un  lochos 
d'hoplites,  loxotes  el  pellasles  (IV,  2,  .">).  On  retrouve  des  archers  Cretois  dans  l'iinnéo 
de  Cléomène,  Plut.  Cleom.  21,  3.  Cf.  p.  1"02,  n.  18.  —  2VCf.  p.  1002,  n.  17.  —2-  Cf. 
Thuc.  III.  94-8.  C'est  sans  doute  à  ce  titre  iju'ils  paraissent  comme  mercenaires  dans 
l'expédition  de  Sicile  (VII,  57,8)  ;  ils  sont  surtout  réputés  comme  akonlisfcs.  —  2Cl.es 
lihmliens  sont  surtout  frondeurs  (Thuc.  VII,  43;  Xen.  .4na/,.  IV.  S,  15).  —  '27  Voir 
encore  Thuc.  II.  9,  3  et  Vil,  57,  8.  —  28  Liv.  .\I.II,55.  En  dehors  d'une  stèle,  malheu- 
reusement peu  instructive,  d'un  jeune  archer  de  Kydonia  {Jahreshefte,  VI,  9),  les  ar- 
chers Cretois  nous  sont  surtout  connus  par  les  monnaies.  On  peut  l'cmarqucr  que,  sur 
les  monnaies  Cretoises,  l'arc  simple  est  donué  à  Apollon,  l'arc  coniposile  à  llêraklès. 


SAG 


—  lOÛo 


SAG 


quois  sur  le  dos,  un  bouclier  léger  au  bras  gauche,  et  ti- 
rent de  la  droite  leur  arc  simple  en  bois  souple,  de  moin- 
dre portée  que  l'arc  recourbé  des  Perses',  mais  qui  leur 
vaut  encore  une  réputation  telle  qu'on  prétend  qu'Apollon 
lui-même  leur  a  donné  des  leçons  '.  C'est  à  l'effigie  de 
l'archer  que  la  plupart  des  villes  Cretoises  frappent  leurs 
monnaies;  le  tc);ov  xpT,T!X!)v  est  presque  proverbial  chez 
l'historien  des  Dix  Mille',  les  Gnossia  spicula'  passe- 
ront de  la  poésie  alexandrine  aux  poètes  latins. 

Ces  Cretois  contribuèrent  puissamment  au  succès  des 
armées  macédoniennes.  Sans  doute,  Philippe  avait  déjà 
trouvé  d'excellents  archers,  montagnards  comme  les  Éto- 
liens  et  les  Cretois,  chez  les  Agrianes  du  Rhodope  '.  Ce 
sont  eux  qui,  dans  la  campagne  de  Thrace  et  du  Danube, 
se  distinguent  à  la  suite  d'Alexandre  ''.  Mais  celui-ci,  bon 
archer  lui-même  \  ne  se  contente  pas,  pour  la  guerre 
d'Asie,  de  son  millier  d'Agrianes;  il  forme  un  corps  spé- 
cial de  toxotes  Cretois  mêlés  de  Macédoniens  et  comman- 
dés par  un  toxarque  macédonien  *.  A  côté  de  ces  toxotes, 
divisés  en  deux  chiliarchies,  il  engage  au  moins  un 
millier  d'hippotoxotes  thraces  '.  Cretois,  Thraces  et 
Agrianes  sont  également  utiles  contre  l'immense  archerie 
perse'".  Au  Granique,  les  Cretois  et  les  Agrianes  passent 
le  fleuve  à  la  tête  de  l'aile  droite;  à  Issos,  ce  sont  eux  qui 
engagent  et  soutiennent  le  combat  pendant  que  l'armée 
se  déploie  ;  à  Arbèles,  divisés  en  deux  corps  d'un  millier 
d'hommes,  ils  forment  la  pointe  des  ailes;  c'est  à  leur 
tête  qu'Alexandre  force  le  passage  du  Taurus;  c'est  sous 
la  protection  de  leur  tir  que  s'opère  la  traversée  du  Tanaïs. 
Cette  victoire  sur  les  Scythes  assura  à  Alexandre  les 
services  de  la  peuplade  des  Dahes  qu'on  comptait  parmi 
les  meilleurs  des  hippotoxotes  scythes";  un  millier 
d'entre  eux,  joints  aux  Agrianes  et  aux  autres  archers,  en 
accablant  les  chevaux  et  les  éléphants  indiens  d'une 
grêle  de  traits,  décidèrent  de  la  victoire  de  l'Hydaspe. 
C'est,  en  effet,  l'un  des  résultats  de  la  conquête 
d'Alexandre  que  de  faire  entrer,  dans  les  armées  de  ses 
successeurs,  ces  redoutables  archers  de  l'Orient  qui 
avaient  fait  la  force  des  Perses.  Si,  en  Egypte  '-  et  en 

*  XeiJ.  Anab.  NI,  3,  7,  V,  i,  2'J.  On  a  vu  qu'au  v  s.  encore  les  Cretois  parais- 
sent sôtrc  servis  de  poink-s  en  silex  (p.  998,  n.  10).  —  2  Uiodor,  V,  74.  Cf.  l'ind. 
Pyth.  V,  41;  Epicliarni.  Ap.  schol.  11.  XIX,  t;  Simonid.  ap.  Atli.  XIII,  p.  573  E; 
Anth.  pril.  XIII,  7;  ['lato,  Leg.  VIII,  834  D  (ils  sauraient  également  tirer  à  che- 
val); Pans  I,  23,  4;  Vellcius,  II,  34,  etc.  La  catapulle  à  llèclies  serait  d'inven- 
tion Cretoise,  Flin.  VIII,  36.  —  ■>  Xen.  Hell.  IV,  2,  5;  Poilus,  I,  10,  149.  —  4  Virg. 
Jicl.  X,  59;  Ciris,  299;  cf.  Propert.  I,  3,2;  11,12,9;  Lucan.  111,  186,  etc.  —■■Voir 
les  t'*xtescliez  H.  Droysen  (i/w/ersucA.  ueb.  Alex,  l/eerwesen,  1885,  p.20)quianion- 
Iré  que  les  Agrianes  étaient  bien  des  archers,  non  dcsakontistes.  Cf.  encore,  Krause, 
Hermès,  1890,  p.  GO  ;  Kroniayer,  Ibid.  1900,  216.  —  »  Arr.  Exp.  I,  2,  4  ;  3,  8  :  6,  1  ; 
8,  il.  —7  Plut.  Alex.  23.  —  »  Arr.  1,  22,  9  ;  III,  12,  2;  V,  23,  7  ;  Curt.  IV,  t,  38  ; 
VlU,  13.  —  OCurt.  V,  4,  14.  Diodore  (XVIII,  11.'.)  parle  des  images  de  deux  archers 
agenouillés  dressées  de  part  et  d'autre  du  calafal(|uc  d'Héphaeslion.  —  10  Je  crois 
inutile  d'énumérer  les  textes  qu'on  trou\era  facilement  dans  V Histoire  d'Alexandre 
de  Droysen  ou  dans  la  Oesch.  der  Kriegskitnsf  de  Uelbriick,  1  (1900),  p.  105. 
—  Il  Arr.  IV,  24  1  ;  17,  4  ;  V,  11,  3;  12,  2.  —  12  Cf.  l'olyb.  V,  36,  4  ;  05,  7;  82, 
+  ;  XXXI,  27,  3;  Uiod.  111,  37.  Cf.  P.  Jl.  lleyer,  Das  Hecrwesen  der  Ptolemâer, 
l-cipzig,  1900.  —  l;l  Polyb.  11,  03-6;  V,  3,  2;  7,  11  ;  X,  42,  2;  XXIX,  6; 
Diod.  XVllI,  7-12;  Liv.  XXXI,  35,  37,  39  ;  XLIl,  35,  51  ;  XLIII,  7  ;  Plut.  Flamin. 
370  E  ;  Aeinil.  32,  5.  —  H  Diod.  XIV,  14,  17.  —15  plut.  Pyrrh.  15,  396  E.  Pour 
les  sagittaires  montés  sur  éléphants,  cf.  Liv.  XXXVII,  40  ;  Strab.  709;  Veget.  III, 
24;  Cassiod.  Ant.  12,  14.  —  10  Polyb.  V,  79,  6  ;  Liv.  XXXVII,  40  ;  App.  Syr.  32. 
Des  Agrianes  figurent  dans  la  bataille.  Antiochus  IV  pouvait  encore  passer  5  OOO 
Mjsicns  en  revue  à  Dapliné  avec  3  COO  Cilicicns  dont  Polybe  dit  i'.i  rtv  tu.»  tjÇ'i"»» 
TfoBov  »«Oai,ti.ii|ii>cii  (XXXI,  2,  3);  peut-être  faul-il  admettre  qu'ils  étaient  dus 
archers  puisque  Titc-Li\e  dit  des  1  500  Cariens  et  Ciliciens  de  Magnésie  qu'ils 
étaient  placés  avec  1  000  Néocréto's  codcm  armacix  (XXXVII,  40,  8).  .«ous  Démé- 
trius  iNikalor,  on  parle  encore  d'Êlyméeus  (Justin.  XXXVI,  1,  4)  et  l'on  sait  i|ue, 
sous  son  nom.  les  Crélois  de  Lasihénés  régnèrent  à  Antioche.  Les  monnaies  des 
Séleucides  portent  souvent  lare  et  le  cari|Uois  (Babelon.  Itois  de  Si/rie,  p.  210)  ; 
c'est  probablement  pour  favoriser  la  fusion  avec  les  archers  diiins  Mardouk  et 
Mithra  ipills  ont  choisi  Apollon  comme  prolecicurde  leur  Empire.  —  11  l'olyb.  V, 


Macédoine '\  Agrianes  et  Cretois  sont  encore  seuls  à 
représenter  cette  arme,  dès  310  les  gouverneurs  des 
hautes  satrapies  lèvent  10000  archers  perses '^  Pyrrhus, 
qui,  à  Asculum,  disperse  2  000  archers  entre  ses  élé- 
phants'", dispose  trois  ou  quatre  tireurs  d'arc  sur  le 
dos  de  ces  animaux  à  la  manière  indienne,  comme 
Antiochus  III  le  fera  encore  à  Magnésie  ;  dans  cette 
journée  décisive  pour  sa  puissance,  le  roi  Séleucide  peut 
grouper,  autour  de  sa  phalange,  des  sagittaires  arabes 
montés  sur  leurs  dromadaires,  1200  hippotoxotes  dahes, 
2  500  archers  mysiens  et  2000  archers  élyméens  à  côté 
d'environ  3000  Cretois".  Contre  ces  auxiliaires,  les  rois 
de  Pergame  ont  recours  à  des  Mysiens''  comme  à  des 
Cretois".  Ce  sont  leurs  archers  crétois qui  contribuent  à 
la  victoire  des  Romains  à  Magnésie  et  au  mont  Olympe  '\ 
Bientôt,  les  Romains,  qui  connaissent  leur  valeur  depuis 
les  guerres  puniques  '",  s'adressent  directement  à  la  Crète  ; 
contre  Persée,  le  Sénat  somme  la  confédération  Cretoise, 
d'abord,  de  mettre  à  sa  disposition  autant  d'archers 
qu'en  a  enrôlés  le  roi  de  Macédoine,  puis,  de  rappeler 
tous  ceux  qui  étaient  à  son  service-'. 

C'est  seulement  à  cette  époque  hellénistique  qu'on 
commence  enfin  à  faire  à  l'arc  une  place  dans  l'éducation 
militaire  de  la  jeunesse  grecque.  Alors  que  Lysias  tient 
encore  l'archer  en  mépris  ",  Platon,  plus  clairvoyant,  cite 
aux  Athéniens  les  Crélois  et  les  Scythes  comme  modèles 
à  cet  égard  et  les  exhorte  à  faire  apprendre  le  tir  à  leurs 
enfants  dès  l'âge  de  six  ans  -'.  Bien  que  l'arc  fût  enseigné 
depuis  longtemps  dans  les  palestres,  ce  n'est  qu'en  282 
qu'un  maitre  d'arc  figure  parmi  les  maîtres  éphébiques 
d'Athènes  -'*  et  ce  n'est  qu'à  la  fin  du  m''  ou  au  ii°  siècle  que 
l'on  trouve  des  toxotes  ou  des  p/tarétrites  mentionnés 
dans  les  tironum  catulogi  béotiens'-»  et  des  concours  de 
toxikè  institués  à  Téos",  Samos-\  Koressos  de  Kéos", 
Sestos -^  Larissa'",  Olbia^'.  L'usage  de  l'arc  se  déve- 
loppa si  bien,  même  dans  le  Péloponnèse,  que  Pompée 
aura,  à  Pharsale,  des  archers  laconiens  ;  et  la  Crète,  sinon 
la  Grèce  propre,  restera  une  des  pépinières  où  se  recru- 
tera l'archerie  des  armées  impériales '^.     A.-J.  Rein.acii. 

77,  7  ;  cf.  mon  mémoire  sur  les  Mercenaires  de  Pergame,  Jieviie  arckèol.  1908, 
II.  —  18  Liv.  XXXVII,  39;  XXXVllI,  21.  —  19  Liv.  XXXVU,  39;  cf.  App. 
Mlthr.  32;  Uio  Cass.  XXXVI,  49,  2.  —  20  Liv.  XXIV,  30,  13;  Polyb.  111, 
i5,  7.  —  21  Liv.  XLIII,  7.  —  22  Lys.  XV,  6.  L'arc  faisait  partie  de  rarraeraent  du 
matamore  de  la  Comédie  nouvclie  (Athen.  X,  422).  —  23  Plato.  Aie.  Il,  143  C  ;  Pol. 
IV,  439  B;  Leij.  623  D;  794  C  ;  813  D  ;  814  A.  Dans  la  constitution  idéale  de  l'Atlan- 
tide, chacun  des  60  000  lots  entre  lesquels  les  terres  élaieut  réparties,  devait  fournir 
huit  soldats  dont  deux  archers  I^Crit.  119  A).  D'ailleurs,  le  vase  des  éphcbes  tirant 
sur  une  cible  en  forme  de  coti  (fig.  480;  ajoutez  Ilartwig,  Meisterschuleji,  p.  121) 
prouve  que  le  tir  était  praliiiué  par  les  éphèbes  athéniens  dès  le  v^  s.  et  Aristote 
(Put.  Alh.  42,  23)  dit  qu'on  leur  apprend  To;iitt«  xa\  Ixo.xiït.v.  —  21  C'est  un  Cré- 
tois nommé  Sondros  [C.  i.  a.  Il,  316).  Dans  la  période  112-100,  on  conn.iit  une 
série  de  toxotes  athéniens  (,/ùid.  403,  407,  469,  470,  471).  De  la  même  époque  on 
possède  un  fragment  en  l'honneur  d'un  stratège  d'Élcusis  qui  s'est  occii|)é  to;e'"ç 
{Ibid.  IV,  2,  614  d).  c'est  un  éphèbe  vainqueur  au  concours  de  l'arc  que  représente 
la  lig.  478  (du  début  du  V  s).  —  2ô  Toxotes  à  Orchomène  (/.  G.  Sept.  3190)  ;  jilia- 
rélrites  à  Akraiphiai  {Ibid.  2714)  et  Tanagra  {Alh.  ilittheil.  1906,  435).  Dés  le 
siège  de  Platées,  ou  voit  les  fugitifs  écarter  les  Lacédénioniens  à  coup  de  llèches 
(Thuc.  111,  23).  PourThèbeson  peut  voir  un  indice  d'emploi  de  l'arc  à  la  même 
époque  dans  Thuc.  VII,  30  et  sur  ses  monnaies  du  iv=  s.  au  type  de  l'archer  ; 
pour  Corinthc  en  433  ddns  Thuc.  I,  49.  Enfin,  un  toxarque  est  mentionné  à  Iler- 
mioue  au  ii"  s.  de  notre  tre  (/.  g.  Pel.  693)  et,  au  siège  de  Marseille  par  César,  il 
est  (|uestion  des  archers  des  assiégés  {D.  C.  II,  14,  3).  —  26  C.  i.  g.  3059  =  Sgll. 
523,  le  maitre  d'arc  est  payé  250  dr.  —  27  Syll.  673.  —  28  Syll.  522.  Le  gagnant 
du  concours,  qui  aura  lieu  trois  fois  par  mois,  recevra  un  arc  et  un  carquois 
garui  d'une  valeur  de  13  dr.  —  29  Or.  gr.  inscr.  sel.  339.  —  30  Syll,  C70-I. 
-  31  Latyschew,  Inscr.  P.  Eux.  n.  460;  Oest.  Jahrcshefte.  1091,  Beibl.  57.  Les 
monnaies  d'Olbia  sont  au  type  d'HérakIès  archer.  Plutarque  trouvera  nécessaire  de  re- 
prendre les  arguments  de  Platon  en  faveur  de  la  toxiké  {.Voral.  p.  440  //).  —  32  Cf. 
l'IIyperanor  de  Lappa  de  la  coh.  I  sagittnriorum,  p.  1005,  fig.  0037.  Pour  les 
archers  crétois  de  Pompée  et  de  César,  Hell.  gall.  11.7,  I  ;  10,  1  ;  IV,  10,  4  ;  VII, 
40,  5  ;  Hell.  A  lex.  1,1,  Dell,  cil:  III,  4,  3  ;  45  ;  50  ;  62  ;  Appian.  Dell.  cif.  11,  49  ;  V,  30. 


SAG 


1006  — 


SAG 


Les  ARciiEns  dans  les  armkes  romaines.  —  Il  n'est 
miùre  question  d'archers  dans  les  armées  romaines  avant 
l'époque  de  la  deuxième  guerre  punique;  Tile-Live  en 
parle,  pour  la  première  fois,  à  propos  des  événements  de 
l'année  207'.  11  est  naturel,  qu'au  contact  des  peuples 
qui  combattaient  avec  des  arcs  et  des  Hèches,  les  Ro- 
mains aient  compris  les  avantages  de  cet  armement  et 
aient  demandé  à  leurs  auxiliaires  de  leur  fournir  des 
corps  de  celte  sorte.  Végèce  rappelle  que  Galon  recom- 
mandait l'usage  des  archers  et  (jue  Scipion  l'Africain,  en 
Espagne,  avait  mélangé  aux  légionnaires,  dans  chaque 
centurie,  un  certain  nombre  de  sagitiurii  -. 

Nous  retrouvons  ensuite  des  archers  crélois  employés 
contre  Persée',  puis  dans  les  guerres  d'Asie';  il  y  en 
a  dans  l'armée  que  Cicéron  commande  en  Cilicie  °  ; 
César,  dans  la  guerre  des  Gaules,  employa  des  archers 
Cretois  S  dans  celle  d'Afrique,  des  archers  Ituréens  et 
Syriens';  au  début  de  l'Empire,  Germanicus  avait  em- 
mené avec  lui,  contre  les  Germains,  des  archers  montés*. 
Les  documents  épigraphiques  montrent  que  l'institu- 
tion s'était  régularisée  à  l'époque  impériale  ;  les  troupes 
irrégulières  d'archers  étaient  devenues  des  ailes  et  des 
cohortes  inscrites  en  permanence  sur  les  contrôles  de 
l'armée  romaine.  Il  est  facile  de  dresser  la  liste  de  celles 
qui  nous  sont  connues  : 

Ailes  :  Ala  I  Thracum  veteranorum  sagitlario- 
rum  civiian  romanorum  (mentionnée  au  iv  siècle  en 
Pannonie)  '. 

Ala  III  Aufj.  Tliracum  sagittariorum  (en  Pannonie 
supérieure)  '". 

CouoRTES  :  Cohors  I  Apamcnoritm  sagittariorum 
equitata  (en  Egypte)". 

Cohors  I  Flavia  Chalcidenorum  equitata  sagittario- 
rum (en  Syrie)'-. 

Cohors  III  Cgrenaica  sagittariorum  '\ 

Cohors  I  Fkiria  Da- 
mascenorum  miliaria 
equitata  sagittario- 
rum (en  Germanie)  ". 
Cohors  I  Ilamiorum 
sagittariorum  (en  Bre- 
tagne) '». 

Cohors  I  jniliaria 
Hemesenorum  sagitta- 
riorum equitata  '°  ci- 
vium  romanorum  (en 
Pannonie  Inférieure). 

Cohors   I     Augusta 
Ituraeorum  sagittario- 
rum (en   Pannonie)''. 
Cohors  I  turaeoru7n 
sagittariorum  equitata  (en  Cappadoce) '*. 

Cohors  I  milaria  nova  Surorum    sagittariorum  (en 
Pannonie)  ". 
Cohors  I  Thraium  sagittariorum  (en  Dacie)-". 

1  Liv.  XXVII,  3S.  —  2  Vfgol.  1,  i;i.  Cf.  aussi,  à  propos  des  archers  employés 
daus  les   guerres   d'Espagiie  :  Liv.  XLII,  35  (archers  Cretois).  —  3  Liv.  XLIII,  7. 

—  t  Jd.  XXXVU,  39  ;  flularch.  Luc.  27.  —  ^  Ail  fwn.  XV,  4,  10.  —  c  BeU  ijjll. 
Il,  7,  l  ;  10,  i  :  19,  4.  —  ''  BuU.  afr.  20.  —  8  Tac  Ann.  Il,  10.  —  9  Keil,  De  Thra- 
cum auxiliis,  p.  19.  —  10  Ibid.  p.  30.  —  H  Connue  par  les  papyrus.  Cf.  Pauly- 
Wissowa,  Ileal.  encycl.  IV,  col.  2H.  — 12  C.  i.  l.  III,  C65S.  —  «3  ^nn.  epijr.  «90, 
10.  _  14  Brambacli,  1412  ;  cf.  l'auly-Wissowa,  col.  279.  —  'â  C.  i.  l.  III  (  Dipl. 
XLIIIi;VII,  748,  758,  773,  clc.  —  <«  76.^.  III,  3331,  10303;  cf.  Tauly-Wis- 
towa,  col.  295.  —  17  C.  i.  l.  III  (Uipl.   XXXVII);    cf.  Pauly-Wissowa,  coi.  305. 

—  18  Arrian.  'E.tï;,;,  18  ;  et.  C.  i.  t.  XI,  2113.  —  19  C.  i.  l.  ill,  3(;3S,  3039,  3040, 


Cohors  I  Tgriorium  sagittariorum    fen  .Mésie   Infé- 
rieure) -'. 

Cohors  I  sagittariorum  (en  GermanieV". 

Cohors  I  sagittariorum  miliaria  (en  Dacie)-^. 

Cohors  I  Aelia  sagittariorum  milaria  equitata  (en 
Pannonie)  '-'. 

Cohors I  L'ipia  sa- 
gittariorum equi- 
tata (en  Egypte)  ^'\ 

Cohors  III  sagit- 
tariorum-^. 

Ainsi  qu'on  le  voit, 
ces  troupes  avaient 
été  recrutées  origi- 
nairement dans  les 
pays  où  l'usage  de 
l'arc  était  le  plus  ré- 
pandu :  la  Thrace 
(trois  corpsj  et  sur- 
tout la  Syrie  (huit 
corps  ).     Un      grand 

nombre  d'entre  elles  étaient  des  cohortes  mixtes  de  fan- 
tassins et  de  cavaliers. 

A  ces  ailes  et  à  ces  cohortes,  il  faut  ajouter  des  troupes 
à  pied  et  à  cheval,  de  formation  irrégulière,  des  nu- 
meri,  recrutés  aussi  dans  les  mêmes  régions  ;  numerus 
Palmgrenorum  sagitta- 
riorum, en  Egypte  -^  ; 
numerus  Palmyrenorutn 
sagittariorum,  en  Xu- 
midie-*;  îiumerus  Sui'o- 
rum  sagittarioru?n,  en 
Dacie",  etc. 

Le  nombre  des  corps 
d'archers  augmenta  forte- 
ment, semble-t-il.  à  l'épo- 
que post-dioclétienne.  On 
trouvera  dans  la  A'otice 
des  dignités  la  liste  des 
7iumeri  de  fantassins  ou 
de  cavaliers  armés  de  l'arc 
qui  existaient  alors.. \cùti 
d'une  seule  cohorte,  la 
cohors  prima  sagittario- 
rum campée  à  Narthu  (?), 
en  Egypte  '",  peut-être 
l'ancienne  cohortel  Ulpia 
sagittariorum  •^',  elle  ne 
mentionne  pas  moins  de 
soixante  troupes  de  sa- 
gittarii  à  cheval'^  et  de 

treize  troupes  à  pied  ",  répandues  dans  toutes  les  par- 
ties de  l'Empire,  surtout  dans  les  provinces  orientales. 

.\  l'époque  byzantine,  les  troupes    impériales  conte- 
naient encore  un  grand  nombre  d'archers  ^'.  On  reconnaît 

10381,  10387.  -  20  ibul.  (Dipl.  LXVI  el  LXVi;).  -  21  Ibid.  XXX  :  cf.  c.  i.  l.  III. 
8716;  XI,  1934;  cl  f'auly-\Visso«a,col.  313.  —  22C.  i. /.  XIII.  7313,  7314  ;  cf.  Pauly- 
Wissowa,  col.  329.  —  23  C.  i.  /.  III,  0279,  SOIS.  —  2'  Ibid.  5643,  5647  ;  cf.  l'auly- 
Wissowa,  col.  329.  —  23  Ibid.  600.  —  21i  Ibid.  III,  335  ;  XIV,  3955.  —  2Î  Insc.  i/r. 
rom.  I,  1109.  —  2S  Aun.  épigr.  1900,  197.  —  29  C.  i.  I.  III,  7493,  8033,  12001  o 
et  6,  12603;  cf.  Ann.  épiijr.  1890,  27  (vexillarii  saijiltarii  exercitus  Daciei). 
—  30  .Vo(.  diijn.  Or.  XXVIII,  40.  —  31  Ibid.  COS.  —  32  .\ot.  dign.  éd.  Sccct, 
Indices,  p.  319;  cf.  Animian.  XV,  4.  10;  XVIII,  9,  4.  —  3J  Xot.  diijn.  Indices, 
p.  325;  cf.  C.  i.  I.  111,  8762.  —  31  l'rocop.  DcU.  Pers.  I,  1,  8.  Cf.  sur  les  arcliers 
chez  les  Byzantins,  Cliapol,  La  frontière  de  VËuplirate,  p.  141. 


i\mi.  IIEI  leLAFPA-MILCHO 
ri/XANN-LX-5TIPXV1il 
H  s        £ 


,  —  Ai'clior  crt-lois  dune  colioile 
de  GerniaDÎc. 


SAG 


1007  — 


SAG 


avec  plus  ou  moins  de  probabilité  à  leur  costume  des  ar- 
chers et  Dacie  ou  de  la  Tlirace  (lig.  6035)  ',  de  la  Syrie  ou 
d'autres  provinces  d'Asie  (fig.  603H)'-  sur  les  bas-reliefs 
des  colonnes  du  Trajan  et  de  Marc-Aurèle  et  sur  d'autres 
monuments:  une  tombe  de  Zahlbach^  aujourd'hui  au 
Musée  de  Mayence,  et  deux  autres  de  Bingerbrïick,  con- 
servés au  Musée  de  Kreuznach  '  (fig.  6037).     R.  Gagnât. 

SAGMA  i'm-fii.x),  bât  pour  les  bêtes  de  somme.  —  On 
doit  admettre  que.  comme  aujourd'hui,  le  bât  se  compo- 
sait essentiellement  d'une  armature  en  bois,  sur  laquelle 
on  pouvait  suspendre  ou  poser  les  fardeaux.  Cependant, 
cette  armature  était  rembourrée  par  un  tissu  en  poils  de 
chèvre  ou  de  chameau  ^saccls],  destiné  à  préserver  l'ani- 
mal des  écorchures'  ;  il  formait  même  une  partie  très 
notable  du  bat;  car,  dansl'Édit  de  Dioclétien,  les  saginae 
sont  rangées  au  nombre  des  articles  confectionnés  avec 
des  tissus  de  poils,  et  ces  étoffes  entrent  certainement 
pour  beaucoup  dans  le  prix  total  de  la  marchandise. 
Le  tarif  maximum  en  est  établi  comme  suit  :  bât  de 
mulet,  burdo  \\o\t  jiulis",  330  deniers  (12  fr.  773);  bat 
d'àne,  250  deniers  (9  fr.  123)  ;  bat  de  chameau,  350  de- 
niers (12  fr.  775).  Le  bat  de  chameau  se  vend  le  même 
prix  que  le  bât  de  mulet;  si  on  l'en  distingue,  c'est  évi- 
demment qu'il  était  d'un  autre  modèle,  en  rapport  avec 
la  conformation  de  l'animal  ]c.\melis,  fig.  1050]-.  On 
remarquera  aussi  qu'il  n'est  pas  question  d'un  bat  de 
cheval,  parce  que  le  cheval  servait  plus  rarement  de  bête 
de  somme.  En  Grèce  et  dans  les  pays  d'Occident,  l'âne 
et  le  mulet,  chargés  de  leur  bât,  étaient  les  compa- 
gnons ordinaires  du  voyageur;  ils  faisaient  partie  des 
longs  convois  que  les  riches  traînaient  avec  eux  dans 

leurs  déplace- 
ments. Ilélio- 
gabale  légiféra 
pour  détermi- 
ner quelles  se- 
raient les  fem- 
mes qui  au- 
raient le  droit 
de  monter  un 
cheval  bâté, 
equHs  sagina- 
riits  '■'  ;  car  la 
selle  de  femme 
dans  l'anti- 
quité étaitplu- 
tùt  un  bât  très 
lourd,  sur  le- 
quel l'amazone  était  complètement  assise  [  eol'it.\- 
Tio,  lig.  2716,   SELLA   EOUESTRis^  '.  Mais  c'était   surtout 


I  Bi-lloii,  Cot.   M.    Aur.   Anl.    pi.    u,  .\.xi.  xxxvii,  us,  Lixvni,  xcix  ;  Fiochncr, 
Col.  Traj.  pi.  «iri,  lïi.  —2  Froelmer,  O.  c.  pi,   i.xvii.  —  3  C.  i.  l.   XIII,  T04I. 

—  '  Ibid.  7513,  7314.  La  figure  d'après  une  pliolographic  ;  cf.  Lindcnschmil,  Tra- 
ehtsnud  Seteaffinmg  d.  rùm.  //e^ius,  188»,  pi.  v,  1.  J.  Beckcr,  GraOschrifUines 
Schrift;  cims  Vanzerscite  officiers^  Francf.,  1808,  pi.  u,  3. 

$.\GMA.   1  Vcgct,   A.  vêler.   111,  59.  —   2  Edict.  Diocl.    11,   i,   C,    BlGniucr. 

—  3  Lanipr.  Heliog.  4  ;  cf.  Vopisc.  Aiirel.  7  et  Sauniaise,  Ad  h.  /.  —  l  Uiparamma 
mularis  [Edicl.  Diocl.  10.  3)  semble  avoir  élé  une  selle  de  cavalier,  plulôt  qu'un 
bat  pour  les  paquets.  Blûmncr,  Ad  h.  l.  —  ^  Plut.  .Irai.  i5  ;  Pomp.  41  ;  Vopisc. 
Aurel.  7;  Veg.  .Vil.  H,  10  ;  III,  6;  Léo,  Tact.  IV,  36;  V,  7.  V.  encore  Vcg.  Vel. 
III.  3'J  ;  Isid.  X.X,  10,  3;  Suid.  s.  r.  ;  l'oll.  X,  101.  —  6  Fri'.liner,  Col.  Traj.  pi. 
41  ;  cf.  pi.  73  =  Cicliorius,  Iteliefs  d.  Trajanssaûk  pi.  xiv,  n'  xv  ;  cf.  pi.  ixxvr, 
n»  xLii-i..  —  1  PiUtire  iCErcolano,  I,  48  ;  p.  i53,  II,  pi.  13  =  Helbig,  Wandgem 
Campan.  n.  370,  507,  790,  1482,  1483,  1308;  voir  aussi  l'art,  canpona,  fig.  1258  ; 
Giuzrot,  11,  pl.  Lxxxvi,  3  ;  et  pi.  i.xxxv.  —  8  Prince  de  Biscari,  Itayionam.  sopra 
gli  anlichi ornam.  trastiilli.  Firenie.    17S1,  pl.  .x,  un  l.àl  semblable  dans    Fudol, 


Fig.  0038.  —  Bât  double 


iL^ 


dans  les  armées  que  le  bât  jouait  un  rôle  important; 
il  permettait  au  train  des  équipages  de  transporter  les 
munitions  et  les  approvisionnements  là  où,  à  défaut 
de  routes,  les  chariots  ne  pouvaient  pas  passera  La 
figure  6038  représente, 
d'après  un  bas-relief  de 
la  colonne  Trajane,  un 
cheval  ou  un  mulet  de 
l'armée  romaine  em- 
ployé à  ce  service  °.  Le 
bât  est  muni  de  pièces 
de  bois  saillantes  for- 
mant support  \  ou  il 
peut  même  consister  en- 
tièrement, comme  on  le 
voit  (fig.  6039),  en  un 
bâti  de  bois  sur  lequel 
les  fardeaux  sont  char- 
gés; la  figure  reproduit  un  vase  en  terre  cuite,  représen- 
tant un  cheval  qui  porte  des  amphores  *.     GErniGEs  Lakaye. 

SAGMARIUS.  —  1°  Bête  de  somme  chargée  d'un  bât 
[sAGMAj*.  — 2°  Fabricant  et  marchand  de  bâts,  sellier, 
bourreMer  (GxyiLx-'j-o'.iç)  - .         G.  L. 

SAGMI\A.  —  Ce  mot,  dans  les  livres  rituels  des 
Fétiaux  I  FETiALis,  p.  1093  et  1097  ,  désignait  une  herbe 
sacrée,  d'ordinaire  la  verveine',  ([u'ils  emportaient 
comme  symbole  de  leur  mission  et  garantie  de  leur 
inviolabilité,  lorsqu'ils  allaient  ou  déclarer  la  guerre, 
ou  faire  la  paix,  ou  conclure  un  accord  en  pays 
étranger  Elle  leur  était  remise,  à  l'origine,  par  le  roi; 
plus  tard,  par  l'un  des  consuls  ou  préteurs;  la  cérémonie 
est  décrite  par  Tite-Live  qui  en  a  dû  emprunter  les 
détails  à  l'annaliste  Cincius,  à  l'occasion  du  traité  qui 
devait  mettre  fin  aux  rivalités  de  Rome  et  d'.\lbe  par  le 
combat  singulier  entre  les  Horaces  et  les  Curiaces  -.  L'un 
des  Fétiaux  prend  les  ordres  du  roi  Tullus  à  qui  il 
demande  les  sagmina  ;  et  il  les  cueille  sur  le  sol  sacré 
de  la  citadelle'.  La  dernière  mention  de  cette  pratique 
est  de  l'an  201  av.  J.-C.  pour  la  conclusion  de  la  paix 
entre  Rome  et  Carthage,  à  la  fin  de  la  seconde  guerre 
punique.  Le  cérémonial  est  le  même,  mais  avec  l'herbe 
sacrée  les  Fétiaux  reçoivent  encore  des  cailloux.  La 
verveine  est,  d'ailleurs,  arrachée  avec  ses  racines,  en 
toufTe,  de  manière  à  conserver  la  terre  où  elle  a  poussé. 
Ces  pierres  et  cette  terre  sont  l'emblème  du  sol  de  la 
patrie  que  les  magistrats  emportent  ainsi  avec  eux  pour 
ne  pas  la  quitter;  et  l'ensemble  de  ce  bagage  symbolique 
est  désigné  par  Tite-Live  sous  le  nom  de  vasa,  évi- 
demment archaïque  avec  ce  sens.  Celui  des  Fétiaux  qui 
portait  les  mgmina  é\.?i\\.  appelé  verbeiuiriu.<!  ou  verôe- 


Figur.  d'argile,  pl.  Lxii  ;  cf.  iDgliitimi,  Pitliire  rfi  fasi,  pl.  cccli.  —  ëlumui.h.W'Hii:. 
ScliclTer,  De  re  rehieulari  letertim.  11,  6;  Ginzrot,  Fuhrwerke  d.  Griech.  u.  liômer, 
II,  p.  488. 

SAGMAniUS.  1  Lampr.  ffeliog.  4:  Vopisc.  Aurel.  7;  Saumaise,  Ad  h.  l. 
—  -   Gloss.  gr.  lat.  8.  r. 

SAGMIiVA.  t  Plin.  Bist.  nat.  XXV,  105  et  XXII,  3  ;  clic  est  appelée  encore  f.'ii- 
robotané.  —  2  T.  Liv.  I,  i4,  5  ;  cf.  32,  0  cl  38,  î.  Le  roi  recommande  que  la  loulTe 
d'herbe  (graminis  herbam)  soit  cueillie  puram.  C'est  à  tort  qu'où  a  voulu  corriger 
pitram  en  privam\  cf.  les  éditions  de  L'ssiug,  de  Madvig,  etc.  et  Weidner,  Progr. 
de  Mersebourg,  1608,  p.  73.  V.  Festus,  p.  321  :  Sagmina  vocanlur  verbenae,  id 
esl  herbae  purae,  quia  ex  loco  sanclo  carpebantur  fpour  arccbanliir;  corr.  de 
Mercklin,  /nd.  Lect.  Dorpat.  lSi:0,  p.  13;  d'autres  arcesaeOnntur). —  3  T.  Liv.  1, 
2,  4  sq.  ;  et  les  notes  de  Weissenboru  ;  cf.  XXX,  43,  9,  où  le  Sénat  rend  uu  décret  : 
ttt  privos  lapides  silices  privasque  i-erbenas  secitm  ferrent.  L'adjectif  privus 
exprime  précisément  cette  notion  d'exterritorialité.  V.  une  autre  iuterprétation  chez 
Wissowa,  Iteligion  und  Knltiis  der  Hoemer,  p.  420  sf]. 


SAG 


—  1008  — 


SAG 


nntux  '.  Oiianl  aux  licrhcs,  elles  sont  assimilées,  par  le 
Diijcsle,  aux  xT;:ùx£tï  des  ambassadeurs  grecs,  cl  par  ^  ar- 
ron  au  caducée,  emblème  de  paix  -.  Le  texte  le  plus  ancien 
qui  en  fasse  mention,  dans  la  littérature  pure,  est  un  vers 
de  ^aevius  parlant  du  droit  sacré  dont  Jupiter  a  la  garde 
et  que  confirme  le  serment  sous  la  garantie  du  sagmen. 
Kn  dehors  des  historiens,  des  juristes  et  des  antiquaires, 
on  ne  peut  citer  d'autre  allusion  aux  sagmina  que  dans 
le  passage  de  l'Enéide  où  Virgile  décrit  les  préparatifs 
de  l'accord  entre  Rutules  etTroyens:  il  y  a  là  des  person- 
nages analogues  aux  Féliaux',  couronnés  de  bandelettes 
et  de  verveine'.  La  pratique  des  sagmina  suit  la  destinée 
de  l'institution  des  Fétiaux  ;  elle  est  tombée  en  désué- 
tude bien  avant  la  fin  de  la  République  ^     J.-A.  IIild. 

SAGL'M  C^y-yoi;).  —  Le  sagum  était  un  vêtement  gau- 
lois, de  nom  et  d'origine'.  On  fabriquait  des  sagum  à 
Arras%  à  Tournai  ^  à  Langres',  chez  les  Bituriges  \ 
C'était  le  vêtement  des  Germains*  et  des  Ligures '.  De 
la  Gaule, ce  vêtement  s'était  répandu  dans  les  autres  par- 
ties de  l'Empire,  en  Espagne  ',  en  Afrique  ',  en  Egypte  '". 
Les  inscriptions  nous  révèlent  l'existence,  dans  des 
régions  diverses,  de  sagarii  ou  de  negotiatores  sagarii  : 
en  Gaule,  à  Vienne",  à  A'arbonne'-,  à  Lyon  où  ils 
formaient  une  corporation'^;  en  Italie,  à  Milan'*,  à 
Rome'%  à  Terracine",  à  Pouzzoles'',  à  Pompéi'*,  etc. 
Le  sagum  était  une  pièce  d'étoffe  carrée".  C'est  ce 
qu'attestent  les  textes  cités,  et  ce  que  confirment  cer- 
tains usages  exceptionnels  que  l'on  fit  du  sagum  :  on 
s'en  servit,  en  effet,  pour  ber- 
ner '-",  pour  remplacer  des  voi- 
les de  vaisseaux  en  en  cousant 
plusieurs  ensemble  ^'  ;  pour 
enlever  les  terres,  à  défaut  de 
panier--.  11  se  jetait  sur  les 
épaules  et  s'attachait  par  une 
fibule -^  C'est  ainsi  qu'il  est 
porté  par  le  Dispater  ou  dieu 
au  marteau  des  Gaulois  -*. 
Une  statuette ,  de  Resan- 
çon-%  en  offre  un  bel  exemple 
(fig.  6040).  Les  pauvres,  dans 
les  campagnes,  remplaçaient  la 
fibule  par  une  épine  ou  un 
nœud-''.  Les  riches  avaient  quelquefois  des  fibules  en 
or  -■;  il  en  existait,  en  effet,  de  bien  ornées,  de  pour- 
pre ou  de  couleurs  variées  '-*,  même  chez  les  peu- 
ples barbares  ^'. 

1  Dig.  I.  8,  8,  I  :  Varr.  ap.  .Non.,  p.  3iS,  18;  Plin.  H.  nat.  XXll,  8,  3.  Br6al  et 
Bailly  (Dict.  étymol.  p.  369,  stipula)  croient  pouvoir  établir  un  rapport  outre  la  pra- 
tique romaine  des  sagmina  et  l'usage  de  rompre  une  paille  en  sijiDe  de  promesse 
<|ui  eiistail  déjà  chei  les  anciens.  V.  Isid.  Orig.  V,  Ji.  —  2  Cité  par  Fest.  p.  3il  : 
jus  sacratum  Jovis  jttrandum  sagmine.  Les  anciens  expli<|uaient  sagmen  par 
sancimen,  de  «ancio  et  le  rallacliaienl  au  môme  radical  i|uc  .^ocer.  V.  Isid.  Orig. 
XVII,  9,  53;  Scrv.  Aen.  XII,  liO.  Cf.  Bréal  cl  Bailly,  Op.  cit.  p.  316.  —  3  Virg.  Aen. 
XII,  liO;  avec  le  commentaire  de  Scrvius  ijui  rappelle  les  Féliaui,  la  ver»cine  et  les 
sagmina.  Cf.  Wissowa,  Jletigion  und  Kultus  der  Roemer,  p.  lOi.  —  »  Fetui.is, 
Loc.  cit.  p.  1101. 

SACIM.  I  Varr.  ling.  lat.  V,  1C7  ;  Polvb.  II,  28,  7;  III,  62,  5;  Strab.  IV,  i,  3  ; 
Diodor.  V,  30,  1  :  Edict.  Dioclet.  XIX,  60,  dans  Corp.  inscr.  lat.  t.  III,  suppl. 
p.  I0«;  Waddington,  Edit  de  DiocUt.  I8C1,  p.  31,  n.  iC;  Bliinmer,  .Vaximatarif, 
p.  136:  Isidor.  Orig.  XIX,  24,  13.  —  2  Ed.  Diocl.  XVI,  23;  Trcb.  l'ollio,  Gallieni 
duo,  VI,  0  ;  cf.  Vopisc.  tarin.  XIX ;  Suidas,  s.  i:  'ATçaSaTuiç.  —  3  I.a  fabrique  est 
mentionnée  dans  la  .Xolitia  dignit.  Occid.  X,  12  ;  cf.  Mommsen,  Edicl.  Dioclet. 
p.  nT-88.  —  l  Martial,  I,  54,  5;  XIV,  159,  2.  —  i  Edict.  Viocl.  XIX,  60.  —  6Tacit. 
Oerm.  \'[;  XVIII;  l'omp.  ilel.  111.  3,  2.  —  "  Strab.  IV,  6,  2.  —  »  Liv.  XXVIl,  19; 
XXIX,  3  ;  cf.  X,  30  ;  Strab.  III,  3,  7  ;  Appian.  Hispan.  42  ;  Diodor.  V,  33.-9  pijn. 
VIII,  21,  i;Ed.  Diocl.  XIX,  61  :  Héron  de  Villefossc,  le  tarif  de  Zraia,  13  (dans 
Compt.  r.  delà  Soe.de  numismatique  et  d'archéologie.  I.  VI,  1875)  ;  Corp. inscr. 


Un  sagum  grossier  était  le  costume  habituel  du  peu- 
ple ".  Il  était  généralement  d'une  étoffe  de  laine  rude", 
à  longs  poils  '-,  quelquefois  rayée  ".  Columelle  recom- 
mande aux  agriculteurs  de  défendre  leurs  employés 
contre  le  froid  et  la  pluie,  en  leur  faisant  porter  un 
sagum  à  capuchon  [saga  cucu(lata)^^  [cicillis]. 

On  portail  le  sagum  noir  en  signe  de  deuil '".  Il  y 
avait  des  saga  épais  et  lourds  pour  l'hiver,  plus  légers 
pour  l'été '^ 

Chez  les  Romains,  ]e  sagum  (al  l'habit  militaire  par 
excellence,  de  telle  sorte  que  les  expressions  :  saga 
sumere  ",  ire  ad 

saga  ^',   ad   saga  ^1 

converti  ",  sont 
synonymes  de  par- 
tir en  guerre;  esse 
in  sagis^",  être  en 
étal  de  guerre  ; 
saga  ponere  ou 
deponere,  ou  7'eji- 
re;'e",fairelapaix. 
Dans  des  textes 
nombreux,  les 
mots  sagum  et 
loga  sont  opposés 
comme  symboles, 
le    premier  de   la 

guerre,  le  second  de  la  paix  '-.  Le  sagum  était  un 
habit  militaire  très  pratique,  laissant  à  celui  qui  s'en 
couvrait  toute  la  li- 
berté de  ses  mou- 
vements. On  voit 
dans  la  figure  6041 
un  frondeur  vêtu 
du  sagum,  prêt  à 
lancer  une  pierre 
de  son  bras  droit  dé- 
gagé, l'autre  tient  le 
bouclier.  Dans  la  fi- 
gure 604-2,  un  soldat 
romain,  les  bras 
étendus,  pousse  de- 
vant lui  un  prison- 
nier barbare  :  le  premier  porto  le  sagum  attaché  comme 
une  chlamyde;  le  second  un  manteau  analogue,  qui  peut 
être  ce  qu'on  appelait  sagoc/ilamys.  Il  n'a  pas  été  pos- 
sible jusqu'à  présent  de  déterminer  avec  précision  ce 

lut.  VIII,  450S.  —  10  Peripl.  mar.  Enjlhr.  VIII.  —  »  C.  i.   l.  XII,  1928,  1930. 

—  12  Ibid.  4509.  —  13  Jbid.  1898.  —  14  C.  l.  (.  V,  5923,  5928,  3929  ;  et  prés  de  Vcr- 
cellae,  6773.  —  «5  /bid.  VI,  1282;  1868,  près  du  lliéàlre  de  Marccllus,  9864;  9872, 
derrière  le  temple  de  Castor.  —  16  Jbid.  IX,  8263.  -  '7  Jbid.  1872.  —  18  Jbid.  IV, 
733.  _  19  Afranius  ap.  Cliaris,  Insl.  gram.  I,  13,  p.  103,  17,  éd.  Keil  ;  Isid.  L.  t. 

—  20  Martial.  I,  34,  S;  Suet.  Otho,  II.  —  2'  Tacit.  Uist.  V,  23.  —  22  Caes.  Bell. 
çall.  V,  4.  —  23  Varr.  ap.  iNon.  XIV,  10.  —  2V  S.  Reinach,  Bronzes  figurés  de  la 
Gau'e  rom.  p.  137  sq.  —  25  Montfaucon,  Antiq.  expliquée,  III,  2,  pi.  cscu;  Appian. 
Bispan.  42;  Diodor.  V,  30,  1;  Trgi.  tyrnnni,  Vlll.  —26  Tacit.  Germ.  XVII;  cf. 
Virgil.  .ien.  III.  39i;  Ovid.  Melam.  XIV,  166.  -  27  Lit.  XXX.   17;  XXXVII,  19. 

—  i  C.  1.  ;.  Vlll  4,  508;  Héron  de  Villefossc,  L.  /.;  Liv.  L.  l.  —  29  folyb.  III,  02,  5; 
Diodor.  V,  30,  1  ;  Tacit.  Bisl.  II,  20  ;  V,  23.  —  30  Cat.  Jl.  rust.  39  ;  Digest.  XXXIV. 
2,  23,  §2.-31  liachana.  Ed.  Diocl.  VU,  60.  —  32  Strab.  IV,  4,  3.  —  33  Diodor. 
V,  30,  1  ;  Virgil.  Aen.  Vlll.  660.  —  31  Colum,  I,  8,  9;  II,  1,  21.  —  33  Plularck. 
Moral,  p.  201  c  ;  llorat.  Epod.  IX,  28,  cl  Porphyr.  Ad  toc.  —  36  Diodor.  V,  30,  I  ; 
cf.  Trig.  tyr.  XU.  —  37  Varr.  Ling.  I.  VII,  37,  et  ap.  Non.  p.  538,  20  ;  Liv.  Epitom. 
LXXll,  CXVIII;  Cicer.  Pldlipp.  V,  12,  Vlll,  2.  —  3S  Cic.  Ibid.  XIV,  1  ;  Vell.  Pa- 
tcrc.  Il,  10.  —  39  Isidor.  Orig.  XIX,  24,  13.  —  4»  Cic.  Philipp.  VIII,  11.  —  »l  Liv. 
Epitom.  LXXIIl;  Cic.  Jn.  Pison.  XXlll  :  Lamprid.  Sever.  Alex.  LIV.  —  *2Cic. 
Philipp.  Vlll,  11  ;  Jn  Pis.  XXIII,  55;  Tacit.  JJist.  Il,  20;  Non.  Marc.  XIV,  10; 
.Non.  Marc.  XIV,  20;  Isid.  Orig.  XXIV,  13. 


de  soldat  romain. 


SÂL 


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SAL 


qui  distinguait  pour  les  anciens  des  vêtements  à  peu  près 
semblables,  tels  que  I'abolla,  la  lacerna,  la  chlamyde 
[cHLAMYs],  qui  s'attachaient  sur  l'épaule  ou  devant  le  cou; 
il  en  est  de  même  de  [a.saffOc/ilaini/s.  Comme  on  ne  con- 
naît pas  bien  la  différence  du  aagum  et  de  la  chhnntjs,  on 
ne  saurait  non  plus  dire  ce  que  tenait  de  l'un  et  de  l'autre 
le  vêtement  qui  réunissait  les  deux  noms.  Nos  dessins 
sont  empruntés  à  la  colonne  Trajane  '  ;  on  trouve  de  nom- 
breux exemples  du  saginn ,  aussi  bien  que  sur  la  colonne 
Antonine,  sur  les  arcs  de  triomphe  et  sur  les  monuments 
funèbres  ifig.  1493.  37-29,  44.39,  4483,  3684). 

Le  sagum  du  soldat  était  le  sagiim  gregale'-.  Le  sri- 
gtim  des  officiers  s'appelait  aussi  sagum  ■\  mais  plus 
souvent  6Y/^(//w//(  ;  il  ditTérait  de  celui  du  soldat  par  une 
couleur  plus  éclatante*.  Celui  du  général  en  chef  était 
rouge  %  et  aussi  celui  de  ses  licteurs  pendant  la  guerre''. 
Il  y  avait,  pour  la  troupe,  des  sagum  d'hiver  et  des 
sagum  d'été".  Le  sagum  du  général  en  chef  ne  devait 
pas  différer  du  paludamentim. 

On  appelait  également  sagum  des  couvertures  de 
cheval*,  couvertures  parfois  luxueuses'.  On  donnait 
aussi  ce  nom  au  morceau  d'étoffe  que  l'on  place  sous 
la  selle  pour  que  le  bois  ne  blesse  pas  le  cheval  '"  [sella 

EQl'ESTRIS'.      H.  ThÉDENAT. 

SALCAXç).  —  Lesel.— Origine. —  Pline  l'Ancien  distin- 
gue deux  sortes  de  sel,  qu'il  appelle,  la  première,  sel  natif, 
xal naticus,  (juigignitur;  la  seconde,  sel  factice,  sal facti- 
cius,  qui  lit  ;  elles  se  forment  l'une  et  l'autre  de  différentes 
manières,  mais  elles  résultent  toujours  de  la  condensa- 
tion ou  de  la  dessiccation  d'eaux  chargées  de  sel  dissous'. 

Le  sal  natirus  est  un  produit  naturel;  on  le  trouve  soit 
en  grains,  dans  des  dépôts  d'origine  marine,  lacustre, 
fluviale  ou  thermale,  soit  en  blocs  dans  des  gisements 
souterrains.  L'écume  que  les  eaux  de  la  mer  laissent  sur 
les  rivages  et  dans  les  rochers  donne,  en  se  condensant 
par  évaporation,  un  résidu  salin'.  L'été,  sous  l'action 
du  soleil,  le  lac  marécageux  de  Tarente,  qui  com- 
munique avec  la  mer,  se  transforme  tout  entier  en  sel. 
in  salem  abit  ;  en  Sicile,  les  exlrémitésdu  lacus  Cocanirus 
et  d'un  autre  lac  près  de  Gela  se  dessèchent  pareillement 
et  donnent  aussi  du  sel;  à  Chypre,  aux  environs  de 
Citium,  en  Afrique,  notamment  aux  environs  de  Mem- 
phis,  et  dans  différentes  régions  de  l'Asie,  en  Phrygie, 
en  Cappadoce,  à  Aspendos,  en  Bactriane  surtout,  il  y  a, 
loin  de  la  mer,  des  lacs  sur  les  bords  desquels  on 
recueille  du  sel  '  ;  le  même  phénomène  est  signalé  par 
Hérodote  à  propos  du  lac  d'.\nava  en  Phrygie  '  et  par 
Vitruve  à  propos  de  lacs  de  la  Libye,  entre  le  temple  de 
Jupiter  Ammon  et  l'Egypte  ^  Plusieurs  fleuves  et  rivières 
d'Asie  charrient  des  parcelles  salines  qui  se  condensent 


1  Froehner,  Col.  Traj.  (lô7i-7-ll,  pL  xci.  —  2  Liv.  VU,  34;  Non.  itiarc. 
XIV,  10.  —  3  Saliust.  Fragm.  p.  173.  —  t  Suelon.  .\ug.  XXVI;  Sil.  liai. 
IV,  517,  XVII,  5i7;  Valer.  Mas.  111.  2,  il:  Trig.  Tyr.  XXVll.  —  o  Hirl. 
Bell.  Afr.   LVII;  Sil.   11.  IV,  517.    —   0   Sil.   11.  I.X,  420.    —  7  Trig.  Tijr.    XII. 

—  8  Vcget.  Art.  vet.  III,  13,  IG  ;  Hippiatr.  p.  240.  —  9  lui.  Capilol. 
Verus,  VI.  —  lo  Vcget.  Art.  vet.  II,  39,  2.  —  Bior.iocnAracE.  Le  Beau,  iJém.  île 
l'Acad.  des  inscr.  t.  XXXIX,  p.  509  ;  Marquardl,  Vie  prirée  des  Romains,  Irad. 
Victor  Henry,  t.  Il,  p.  207;  voir  encore  Musée  gallo-romain  de  Sens,  pi.  i; 
Hûlincr,  Relief  eines  rom.  Kriegers,  Winckclm-inus  progr.  Berl.  ISSO,  p.  Il;  Id. 
Kriegen-relief  aus  Florenz,  p.  30,  pi.  vxix,  dans  Archaeol.  Zeitung,  n.  série, 
t.  III.  1S70  ;  Uetlner.  dans  Dirk's  Monatschrift,  III,  p.  4-10;  cf.  Id.  Jjie 
rocmischen  Steindenkmaeler   des  proi'in:ial  Muséums   :u    Trier,  Trùves,    IS'.iS. 

S  \L.  1  Plin.  .Va(.  Ilist.  XXXI.  73-83.  —  2  Ibid.  74.  —  3  Jiid.  74  ;  7r.  ;  Isid.  XVI. 
2,  3.  Sur  le  Tatta  palus  de  Cappadoce,  cf.  Sirab.  XII.  3,  4.  —  4  Herod.  VU,  30. 

—  5  Vitruv.  VIII,  3.-6  Plin.  Loc.  cit.  75;  Isid.  L.  c.  D'après  Vitruve  {L.  c), 
l'eau  d'un  des  bras  du  fleuve  Himère  en  Sicile  «tait  «gaiement  salée.  —  7  Espagne  : 

VIIL 


à  la  surface:  c'est  le  cas  des  flumina  salis  qu'on  voit 
près  des  portes  Caspiennes,  chez  les  Mardi,  en  Arménie; 
c'est  le  cas  aussi  de  l'Oxus  et  de  lOchus,  en  Batriane*  ; 
on  sait  que  différents  fleuves  antiques  portaient  le  nom 
de  salsum  /lumen';  à  l'emboucliure  du  Borysthène,  le 
sel  se  déposait  de  lui-même  en  abondance,  ôîXsç  aÙTÔfiaxot 
TT-z-yvovrai*.  Parmi  les  sources  thermales  dont  les  eaux 
fournissent  du  sel,  Pline  ne  cite  que  les  fontes  Pagasaei 
en  Thessalie'.  Les  gisements  salins  se  rencontrent  soit 
dans  les  montagnes,  comme  au  mont  Oromenus  en 
Inde'",  soit  dans  certaines  plaines,  au-dessous  des  cou- 
ches superficielles  de  terre  végétale  et  de  sable  déser- 
tique, comme  en  Sicile,  en  Cappadoce,  en  Arabie,  en 
Libye"  ;  dans  celte  dernière  contrée,  on  exploitait,  aux 
alentours  du  temple  de  Jupiter  Ammon,  un  sel  très 
recherché,  le  sal  ammoniacus,  de  Jaaoç.  sable '^,  enfoui 
dans  le  sol,  àXeç  ôpiixTot,  à  l'intérieur  de  buttes  de  terre, 
autour  desquelles  se  groupaient  les  habitations  humai- 
nes '^  ;  les  mêmes  tertres  salins  existaient  aussi,  plus  à 
l'ouest,  chez  les  .\ugiles,  lesGaramantes,  les  Atarantes  '*. 
.\ristote  parle  des  mines  de  sel  d'Utique'-';  et  Caton'% 
Pline  '^  Solin",  Sidoine  .\pollinaire  ",  des  mines  de  sel 
de  l'Espagne  citérieure,  à  côté  d'Egelesle.  Partout  le  sel 
était  taillé  régulièrement  en  blocs,  ù  la  façon  des  pierres 
dans  les  carrières  ;  les  .\rabes  '"  et  les  Libyens-'  s'en  ser- 
vaient même  en  guise  de  matériaux  de  construction 
pour  bâtir  leurs  maisons. 

Le  sal  farticius  est  un  produit  de  fabrication  artifi- 
cielle. Dès  l'époque  préhistorique,  au  temps  de  la  civili- 
sation de  Halstatt,  les  hommes  savaient  extraire  le  sol 
des  eaux  qui  le  renferment.  On  a  retrouvé  en  Lorraine, 
dans  les  briquelages  de  la  vallée  de  la  Seille  (près  de 
Vie  et  de  Burthécourt),  en  Belgique  près  de  Bruges,  au 
Giebichenstein  en  Thuringe,  à  Magdebourg,  ailleurs 
encore,  les  vestiges  de  plusieurs  exploitations  de  sources 
salées  :  des  perches  en  terre  cuite,  supportant  des  tuiles 
plates  munies  d'une  rigole,  étaient  disposées  parcouche? 
au-dessus  d'un  foyer;  l'eau  des  sources,  versée  de  haut, 
ruisselait  d'étage  en  étage  et  s'évaporait  sous  l'influence 
de  la  chaleur  ;  toutes  les  pièces  de  terre  cuite  se  cou- 
vraient d'un  dépôt  salin  que  l'on  en  détachait  ensuite 
sans  peine--.  Peut-être  faut-il  voir  un  souvenir  de  ces 
coutumes  primitives  dans  certains  procédés  grossiers 
de  fabrication  encore  en  usage  à  l'époque  classique  :  les 
Gaulois  et  les  Germains  jetaient  de  l'eau  salée  sur  des 
bois  enflammés-';  il  en  était  de  même  en  quelques  par- 
ties de  l'Espagne";  les  Chaoniens  d'Épire  faisaient 
bouillirTeau  de  leurs  sources  salines''^",  et  les  Ombriens 
une  eau  dans  laquelle  ils  avaient  jeté  des  cendres  de  joncs 
et  de  roseaux'^''';  les  .\rdiaei  d'illyrie  se  contentaient  de 


Hirl.  Bell.  aléa:.  7,  S  ;  .Maurélaiiie  cnsaiienne  :  PInl.  V,  10;  il.Ant.  p.  13: 
Arabie:  Plin.  VI,  147;  Carnianie  :  Ibid.  VI,  III.  —  »  Herod.  IV,  33.  Cf.  Dio 
Chrysost.  Orat.  XXXVI,  p.  437  M.—»  Plin.  L.  c.  7e.  -  M  Ibid.  77.—  njh. 
l''l*è\  Isid.  L.  c.  A  propos  de  la  Sicile,  Vilruve  {L.  c.)  emploie  les  expressions 
salis  fodinae,  areae  salinariae,  terres  d'où  l'on  extrait  du  sel,  et  Solin,  V,  19,  l'ex- 
pression salinarum  metalla,  sel  minéral  ;  dans  le  même  sens,  Varroo  [Ve  re 
rust.  I,  7,  8|  disait  :  sal  fossicius.  —  12  Plin.  L.  c.  79  ;  cf.  Dioscor.  V,  12i  ; 
Colum.  VI,  17,  7;  Ovid.  .Medic.  fac.  94.  —  13  Herod.  IV,  181  ;  Arrian.  Anab.  III, 
4;  Eralostll.  ap.  Sirab.  I,  4,  3;  Synes.  Epist.  147.  —  14  Herod.  IV,  182-18.>. 
—  li  Aristol.  De  mir.  auscull.  134.  —  16  Cat.  ap.  Cell.  Il,  îi,  29.  —  17  Plin.  L.  c. 
*0.  —  18  Solin.  XXIII,  4.  —  19  Sid.  Apoll.  lipi.it.  9,  12.  —  2"  A  Cerrliae  :  Sirab. 
XVI,  3,  3;  Plin.  VI,  147;  XXXI,  7*.  —  ^1  Herod.  IV.  1S5;  Plin.  V,  34.  —  ^â  A. 
Schliz,  dans  \a.  Zeitsch.  f.  Etbnologie,  XXiiV,  I903,p.  liii  sij.  ;  L.  Laloy,  dans 
l  Anthropologie,  1904,  p.  479-480.  —  23  Varr.  De  re  rust.  I,  7,  8  ;  Plin.  XXXI,  83  ; 
Tac.  Ann.  XIII,  57.  —  2t  plin.  /,.  e.  -  2b  Aristot.  .Veteor.  11,3,  40  ;  Plin.  L.  c. 
S2.  —  '26  Aristot.  L.  c.  42-33;  Tlieophr.  ap.  Plin.  L.  c.  83. 

127 


SAL  -   1010 

laisser  évaporer  à  lair  l'eau  salée  (jiii  jaillissait  de 
leurs  montagnes'.  Le  sel  tiré  du  bois  nétait  ni  blanc, 
ni  pur  '-. 

La  plus  grande  partie  du  sel  que  consommaient  les 
peuples  anciens  provenait  de  salines  ou  marais  salants, 
établis  généralement  sur  le  bord  de  la  mer^  Le  sel  était 
considéré  comme  un  produit  de  la  mer,  OaÀi-Tiov*,  un 
don  de  Poséidon  '■>  ;  dans  Vodyssée,  Tirésias  annonce  à 
Ulysse  qu'il  verra,  en  se  dirigeant  vers  les  Enfers,  des 
peuples  de  l'intérieur  des  terres,  qui  ignorent  l'exis- 
tence de  la  mer  et  qui  ne  salent  par  leur  nourriture  \ 
Les  Grecs  appelaient  les  marais  salants  kÀonvcia  ^  de 
aÀ,-eliT/|YVj,tAt,  lieux  où  le  sel  se  solidifie,  et  les  Romains 
salinae*,  salsae  pahtdes';  les  ouvriers  qui  y  travail- 
laient étaient  les  âXo:iT|VO': '°,  salarii^'  ou  salinatores'-, 
presque  toujours  de  ciuidition  servile'^  Les  salines 
romaines  d'Oslie,  Sa/iiuie  roinanae,  mentionnées  dès  les 
temps  légendaires  des  rois'*,  sont  les  plus  célèbres  du 
monde  antique;  elles  approvisionnaient  la  ville  de  Home 
et  toute  l'Italie  centrale  '^  11  y  avait  beaucoup  d'autres 
salines  dans  les  difTérents  pays  du  bassin  de  la  Médi- 
terranée ;  quelques-unes  se  trouvaient  même  à  une 
distance  plus  ou  moins  grande  des  côtes  "  et  ser- 
vaient à  l'exploitation  des  eaux  de  rivières  ou  de  sources 
salées,  comme  par  exemple  en  Babylonie  et  en  Cappa- 
doce'''.  Le  nom  de  Salinae  que  portaient  plusieurs  villes 
et  villages  faisait  allusion  tantôt  à  l'existence  de  sources 
salines,  tantôt  à  la  présence  de  marais  salants'*.  Ruti- 
lius  Namatianus  nous  a  laissé  la  description  détaillée 
d'un  marais  salant  de  la  côte  occidentale  d'Italie,  près  de 
Voltalerra  :  «  l'eau  de  mer  pénètre  par  des  canaux  creu- 
sés en  pente  sur  le  sol,  et  de  petites  rigoles  {fossae] 
arrosent  d'innombrables  réservoirs  (lacus)  :  quand 
arrive  Sirius  avec  ses  feux  brûlants,  quand  l'herbe  se 
flétrit  et  que  la  campagne  est  partout  altérée,  on  ferme 
les  écluses  (ca^fl/'ac^f/e  ,  la  mer  n'entre  plus  et  ainsi  l'eau 
devenue  immobile,  se  durcit  sur  le  sol  échauffé  ;  sous  la 
vive  influence  de  Phœbus,  les  éléments  se  coagulent  en 
une  croûte  épaisse"  ».  D'après  Pline,  on  mélangeait  le 
plus  souvent  dans  les  salines  de  l'eau  de  rivière  et  de 
l'eau  de  pluie  à  l'eau  de  mer;  parfois  cependant,  comme 
en  Crète  et  en  Egypte,  celle-ci  avait  seule  à  intervenir  ; 
aux  abords  des  marais,  notamment  à  Utique,  les  tas  de 
sel  amoncelé  et  durci  à  l'air  formaient  de  véritables 
petites  collines".  On  donnait  le  nom  de  flos  salis,  fleur 
de  sel,  au  sel  très  léger  et  très  blanc  qu'on  recueillait, 
surtout  en  Egypte,  à  la  surface  des  salines  -'  ;  et  celui  de 
salsugo  ou  salsilago,  au  liquide  salé  qui  restait  au  fond, 
sous  la  croule  de  sel  solidifiée  --.  Caton  donne  une  recelte 
pour  purifier  et  blanchir  le  sel  commun  et  en  dégager  la 
/los  sa/is  ;  on  le  fait  fondre  jusqu'à  saturation  dans  une 


'  Aristot.  Oe  mir.  ausc.  138.  —  i  Plin.  L.  c.  —  i  /6.81.  —  4  f'Iut.  Symp.  IV, 
4,  3.  —5  Lykophr.  (33.  —  6Hom.  Od.Xl,  Ii2.  — "  Slrab.  VU,  i,  7  (Chersonnèse)  ; 
XIU,  1.48(àTrasasae,  enTroade;cr.  Pliu.  X.KXI,  76  el  S6-,  Poil  VI,  G3);  Plut.  flom. 
25  (près  de  Rome,  au  bord  du  TibreK  Peut-ôtre  le  mot  ài-ix-içiSt;  a-l-il  aussi  quel- 
ilUL'fois  ce  sens  (Hesycb.  s.  v.\  Corp.  inscr.  atlic.  Il,  1059).  —  S  Varr.  Liny. 
l'I.  vu,  i5  ;Colum.  Il,  i,  15  et  les  textes  cités  dans  lesnotes  suivantes.  —  'J  Kutil. 
Namal.  I,  476.  —  10  Nicand.  Alex.  519.  —  "  Corp.  inscr.  latin.  X,  557  :  7860 
(in<icription  trilingue  de  Sardaigne  :  salarius  est  traduit  par  ô  tri  tùv  ftXuv;  il  s'a- 
git d'un  esclave).  —  *2  îbid.  XII,  5300  ;  Gloss.  de  Papias.  Les  mois  salarius  et  sali- 
nator  sont  pris  aussi  dans  d'autres  textes  avec  le  sens  de  marchand  de  sel  :  voir  plus 
loin.  p.  inii,  n.  12  à  15.  —  I3  Cic.  De  imp.  Pomp.  6  ;  familiae  in  salinis.  —  '*  Dion. 
Hal  11,  55:  Liv.  I.  33.  a.Iàid.  V,  45;  VII,  19;  XXIV,  47.  Voir  ci-dessous,  p.  tfii. 
u.  !.  —  15  Plin.  XXXI,  89:  Fesl.  p.  3i6  .M.  —  '6  Cic.  De  iial.  deor.  Il,  67,  13». 
—  '7  Plin.  L.  e.  Si.  —  IS  Bretagne  ;  Plol.  II,  3,  21  ;  Gaule  méridionale  :  ]bid. 
III,  I,  42;  Dacie  :  Ib.  III,  8,  7  ;  Apulie  :  //.  .4n(.  p.  314,  Tab.  Peut.;    Picenum  : 


SAL 

amphore  pleine  d'eau,  que  l'on  expose  ensuite  au  soleil 
pour  laisser  évaporer  le  liquide -^ 

Propriétés  et  usages.  —  Le  sel,  natif  ou  factice,  ne  pré- 
sentait pas  partout  exactement  les  mêmes  caractères;  sa 
couleur,  son  aspect,  son  degré  de  sécheresse  et  de  solu- 
bilité, son  goiit  variaient  selon  les  pays  d'origine  et  les 
modes  divers  de  préparation  ;  les  anciens  appréciaient 
surtout,  comme  les  modernes,  le  sel  blanc,  sec,  friable  et 
piquant,  qui  se  prêtait  le  mieux  aux  besoins  de  la  cui- 
sine et  de  la  médecine-'.  Pline  l'Ancien  nous  dit  que  les 
hommes  ne  peuvent  vivre  sans  sel  ;  c'est  un  élément 
nécessaire  de  leur  existence  -°.  La  possession  de  sources 
salines  était  souvent  la  cause  de  conflits  sanglants  entre 
peuplades  voisines".  De  là  vient  le  caractère  divin  que 
le  sel  avait  primitivement,  comme  l'eau,  la  lumière,  la 
'erre  -''  (Homère  l'appelle  ôeioç  àXç  -'),  et  le  rôle  qu'il 
jouait  dans  les  sacrifices  religieux  ;  les  Romains  ne  fai- 
saient aucune  offrande  à  leurs  dieux  sans  qu'y  figurât 
un  gâteau  salé,  mola  salsa-^  [mola,  p.  196^].  Platon 
déclare  que  le  sel  est  agréable  aux  dieux,  parce  qu'il 
développe  harmonieusement  la  faculté  du  goût^".  Delà 
aussi  la  valeur  symbolique  qu'on  attribuait  au  sel:  il 
était  l'emblème  de  l'amitié,  de  l'hospitalité^',  de  la  fidélité 
à  la  parole  donnée  ;  on  jurait  par  lui  ''-.  De  là  vient  enfin 
le  sens  métaphorique  du  mot  sales  pour  qualifier  les  agré- 
ments de  l'esprit,  le  charme  riant  de  la  vie,  voluptas 
animi,  vitae  lepos  et  summa  hilaritas^^. 

Il  faut  remarquer  cependant  que  le  mot  servant  à 
désigner  le  sel,  arménien  al  (ag/i),  grec  aX;,  latin  sal, 
ancien  iranien  sahuin,  vieux  slave  soli,  gothique  sait, 
ne  se  rencontre  que  dans  les  langues  où  existe  aussi  un 
vocabulaire  développé  de  la  vie  agricole".  La  consom- 
mation du  sel  est  liée  étroitement  à  la  culture  des 
céréales  ;  le  chlorure  de  sodium  fait  contrepoids  à  l'excès 
de  potasse  que  renferment  les  végétaux;  les  peuples  pas- 
teurs et  chasseurs,  qui  se  nourrissent  exclusivement  de 
viande  et  de  laitage,  n'en  ont  pas  besoin.  Même  à  l'époque 
historique,  les  Xumides,  qui  n'avaient  pas  encore  dépassé 
ce  degré  de  civilisation  rudimentaire,  ne  connaissaient 
pas  le  seP\  Chez  les  Grecs,  les  viandes  animales  offertes 
aux  dieux  ne  devaient  jamais  être  salées;  Agathion, 
cité  par  Athénée,  voit  en  ce  fait  un  souvenir  du  temps 
où  l'usage  du  sel  ne  s'était  pas  encore  répandu'".  On 
comprend  le  sens  profond  des  locutions  proverbiales  qui 
associaient,  dans  l'antiquité  comme  dans  les  temps  mo- 
dernes, le  pain  et  le  sel". 

Les  Grecs  et  les  Romains  utilisaient  le  sel,  dans  leur 
alimentation,  de  différentes  manières  :  d'abord  comme 
condiment,  obsonium,  pulmenfarium^^  ;  ils  en  saupou- 
draient leurs  mets  pour  leur  donner  plus  de  saveur. 
Quelquefois   ils  ajoutaient  au  sel  certains   ingrédients 

Tab.  Peut.  ;  (ianipame,  près  d'Hercuianum  (salinae  Hercuteae)  ;  Colura.  X,  \Zri;Sali- 
num  en  Pannonie  :  Plol.  Il,  16,  4  ;  /(.  Ant.   p.   243  ;  "Ai»,  en  Attique:  Steph.  Byi. 

—  19  Rulil.  Xaniat.  I,  475-484  (éd.  et  trad.  Vessereau,  Paris,  1904).  —  20  Plin.  U, 
233  ;  XXXI.  81  ;  XXXIV,  12.H.  Les  salines  des  environs  d" Clique  sont  citées  par  César 
{Bell.  civ.  Il,  37,  5).  —  21  Cat.  De  re  rust.  S5;  Plin.  XIII,  9  et  14;  XXXI,  91-92; 
XXXll,  134;  Uioscor.  V,  127-128.  —  22  Vilruv.  I,  4;  Plin.  XXXI,  92.  —  23  Cal. 
L.  c.  —  24  Plin.  XXXI,  84-89  ;  Solin.  V,  Is  ;  Isid.  HVl,  î,  6.  —  25  plin.  L.  c. 
88.  —  2«Tacit.  Ann.  XIII,  57;  Amm.  Marc.  XXVIll,  5.  —  21  Plut.  Symp.  V, 
10.  2.    —   28  Hom.    /;.  IX,  214.  —  29  Plin.    Loc.  cit.  89.  —  33  Plat.    Ti/n.  p.  60. 

—  31  Aristot.  Eth.  Eudem.  Vil,  2,  40:  Etli.  yicom.  VIIl,  3,  8  ;  Cic.  De  amicit.  19. 
07  ;  Eustaih.  Ad  II.  1,  4i9.  —  32  Archil.  fr.  98  (éd.  Bergk)  ;  Demosth  fle  falsa  légal. 
191;  Lyloplir.  133.  — 33  plin.  £.c.  88.  —  34Schrader.  ap.  V.  Hehn,  Bas  Salz. 
î'  éd.  Berlin.  1901.  p.  98.  —  3i  Sallusl.  Jug.  80,  7.  —  :I6  Agath.  ap.  Athen.  XIV, 
p.  601.  —  37  Varr.  ap.  Pliu.  XXXI.  89;  Horat.  Sat.  11,2,  17.  —  38  plat.  Hep.  VI, 
p.  372;  Xeuopb.  Oecou.  VIII,  9  ;  Plin.  XXXI,  87-88  ;  Athen.  VII,  p.  277. 


SAL 


ion 


SAL 


destinés  à  exciter  l'appétit  ^condimentlm]  ;  le  sel  ainsi 
accommodé  s'appelait  sa/  conditum,  en  grec  craÀazovSsTTov 
ou  àXaffisTUTov '.  D'autre  part,  ils  composaient  avec  les 
intestins  de  quelques  espèces  particulières  de  poissons, 
maquereaux  et  thons,  marines  dans  le  sel,  des  sauces 
piquantes  dont  ils  étaient  très  friands  et  qu'ils  appelaient 
GARUM  et  MiRiA  ;  ils  donnaient  le  nom  d'a/ex  à  une  sauce 
de  qualité  inférieure  et  bon  marché,  faite  avec  les  résidus 
de  la  fabrication  des  deux  précédentes.  Enfin,  le  sel  ser- 
vait aussi  à  la  préparation  de  conserves  de  viandes  et  de 
poissons  [SALGAMA,  salsamentum]. 

D'après  un  vieux  proverbe  latin,  il  n'y  a  rien  de  plus 
utile  à  la  santé  que  le  sel  et  le  soleil,  nihil  esse  ittillus 
sale  et  sole  -.  Aussi  les  médecins  prescrivaient-ils  con- 
stamment l'usage  du  sel.  soit  seul,  soit  associé  à  d'autres 
substances  (graisse,  miel,  huile,  farine,  raisin,  vin, 
vinaigre  surtout),  sous  forme  de  boissons,  de  frictions,  de 
cataplasmes,  de  liniments,  de  collyres,  d'applications 
sèches  ou  humides.  Astringent  et  corrosif,  il  purifie  les 
corps  et  les  préserve  de  la  destruction^  ;  il  avive  l'appé- 
tit, guérit  la  morsure  des  serpents,  des  scorpions,  des 
guêpes,  fait  disparaître  les  verrues,  les  abcès,  les  déman- 
geaisons, les  brûlures,  combat  les  maladies  de  peau,  les 
maux  de  dents,  les  douleurs  nerveuses,  la  goutte,  l'hydro- 
pisie,  les  coliques,  la  fièvre,  la  toux,  etc.*.  C'est  une 
panacée  universelle.  On  l'emploie  également  en  médecine 
vétérinaire,  contre  la  gale  des  moutons  et  des  bœufs  %  et 
l'on  recommande  d'en  faire  manger  aux  bêtes  laitières, 
pour  que  leur  lait  soit  plus  abondant  et  plus  savoureux  *. 

Commerce.  —  Nous  ne  possédons  qu'un  petit  nombre 
d'indications  sur  le  commerce  du  sel  dans  l'antiquité. 
Cependant  la  circulation  et  la  vente  d'un  produit  aussi 
universellemeut  nécessaire  devaient  donner  lieu  à  d'im- 
portantes transactions.  Comme  presque  tout  le  sel  con- 
sommé pour  l'alimentation  était  tiré  des  salines  marines, 
les  peuples  qui  habitaient  loin  des  côtes  devaient  s'appro- 
visionner auprès  de  ceux  du  littoral'  et  donner  en 
échange  les  produits  de  leur  propre  territoire.  Suidas 
nous  dit  que  le  mot  aÀcûw^Tov,  littéralement  «  vendu  pour 
du  sel  «,  signifiait»  esclave  ■),  danslalangue  des  barliares, 
parce  que  les  marchands  qui  apportaient  le  sel  dans 
l'intérieur  des  terres  le  troquaient  habituellement,  sur- 
tout chez  les  Thraces,  contre  des  esclaves*.  L'une  des 
grandes  voies  qui  se  dirigeaient  de  Rome  vers  les  con- 
trées du  centre  de  l'Italie,  s'appelait  via  Sala?'ia  :  elle 
servait  à  conduire  chez  les  Sabins  le  sel  recueilli  dans 
les  salines  d'Ostie'.  Les  textes  littéraires  ne  parlent 
que  do  l'exportation  des  variétés  de  sel  utilisées  spéciale- 
ment en  médecine.  Le  .*«/  Tattaeus,  des  marais  de  Tatla 
en  Phrygie,  et  celui  de  Caunus  en  Carie  entraient  dans  la 
composition  de  collyres  et  de  cataplasmes;  celui  de  Cap- 
padoce,  débité  en  tablettes  (Jaterculi),  servait  pour  les 
soins  de  la  toilette;  celui  de  Tragasae  enTroade,  pour  laver 


1  Plin.  L.  cit.;  Apic.  I.  27  (29):  Edict.  Dioclet.  III,  9  :  Corp.  glosa.  III,  184, 
13;  ÎS5,  I.  —  2  Plin.  XX.XI,  102.  —3  Ibid.  98;  Plut.  Symp.  IV,  4,  3.  -  '  PIm. 
L.  c.  98-105;  Plin.  iim.  33,  20;  111,9-10;  102,  18-20  ;  28,  4-7;  Uioscor.  Df 
mat.  med.  V,  125:  Eupor.  I,  43;  123;  II,  63;  Marcell.  De  medicam.  12,  21  :  Isi.l. 
XVI,  2,  6.  —  5  Plin.  L.  c.  103.  -  6  Anstot.  Hist.  anim.  VIII,  10  ;  Xeij. 
Georg.  III,  394-397  ;  Plin.  L.  c.  88.  —  7  Dio  Chrys.  Oral.  36,  p.  43  M  :  les  Scythe-* 
allaient  chercher  leur  sel  à  l'embouchure  du  Borysthène.  Sur  l'eiportation  du  sel 
gemme  de  l'oasis  d'Ammon  vers  l'Egypte,  cf.  Arrian.  Aiiab.  III,  4.-8  Suid.  s.  v. 
4»»yrTo..  —  3  Plin.  XXXI.  89;  Fest.  p.  336  M.  —  10  Voir  surtout  Plin.  Loc. 
cit.  73-105  et,  pour  chaque  centre  de  production,  les  textes  cités  plus  haut.  Aris- 
tophane (Acharn.  760)  fait  allusion  à  l'importation  du  sel  de  Mégare  à  Athènes. 
-    Il  Plut.  Deir.-lr.  33.     -  ii  Ed.  Dioclet.  111,8  et    9   (éd.  Mommscn-Blûmii.-r, 


les  yeux  des  animaux;  la  fleur  de  sel  d'Egypte,  le  sel  de 
Memphis,  de  Thèbes,  de  Péluse,  le  sal  ammoniucus  de 
Cyrénaïque  étaient  très  recherchés,  à  tel  point  que  l'on 
falsifiait  ce  dernier  en  y  mêlant  du  sel  de  Chypre  ou 
de  Sicile.  L'Ile  de  Chypre  exportail  le  sel  du  lac  de  Ci- 
lium  et  celui  des  salines  de  Salamine.  En  Grèce,  on  pré- 
férait pour  la  table  un  sel  très  soluble  et  assez  doux, 
comme  celui  de  l'Attiqueêt  de  l'Eubée,  et  pour  les  salai- 
sons, au  contraire,  un  sel  acre  et  sec  comme  celui  de 
Mégare.  En  Italie,  les  principaux  centres  de  production 
et  de  commerce  du  sel  étaient,  outre  le  Latium  avec 
Ostie,  Tarente  et  la  Sicile,  avec  le  laciis  Cocanicus,  le 
lac  de  Gela,  Centuripes,  Agrigente.  Le  sel  gemme  d'Es- 
pagne passait  pour  le  meilleur  au  point  de  vue  médical  '". 

La  seule  donnée  numérique  qui  nous  ait  été  transmise 
sur  le  prix  du  sel  à  .\thènes  se  rapporte  à  une  époque 
tardive  et  à  des  circonstances  exceptionnelles,  au  temps 
de  la  guerre  de  Démélrius  :  la  ville  était  bloquée  et 
toutes  les  denrées  s'y  vendaient  très  cher  ;  le  médimne 
de  blé  coûtait  300  drachmes,  le  médimne  de  sel 
40  drachmes"  ;  il  faut  retenir  seulement  de  ce  texte 
que  le  sel  en  Grèce  valait  environ  sept  fois  moins 
que  le  blé  ;  le  bon  marché  de  ce  produit  ressort  aussi  de 
la  notice  de  Suidas  sur  le  mot  âXœvYjTov  :  les  esclaves  que 
l'on  appelait  de  (.'0  nom  étaient  les  plus  communs  et  les 
moins  chers.  A  Rome,  l'éditde  Dioclétien  sur  le  maximum 
fixe  le  prix  du  sel  ordinaire  à  100  deniers  le  modius 
castrensis,  soit  2  fr.  50  les  17  lit.  51,  et  celui  du  sal 
conditum  à  8  deniers  le  sextiarius,  20  centimes  les 
54  centilitres'";  en  389  ap.  J.-C.  une  loi  du  Code  Theo- 
dosien  évalue  le  modiiis  italique  de  sel  à  un  douzième  de 
sn/idus^^,  soit  1  fr.  25  les  8  lit.  75,  ce  qui  correspond 
exactement  au  chifl're  donné  par   l'édit   du  maximum. 

Dans  beaucoup  d'États  du  monde  antique,  l'exploitation 
des  gisements  salins  ou  des  salines  et  la  consommation 
du  sel  étaient  la  source  de  recettes  importantes  pour  les 
finances  publiques'*.  Les  rois  de  l'Inde  tiraient  de  gros 
revenus  des  carrières  du  mont  Oromenus '°.  Un  passage 
d'Aristophane  mentionne  l'existence  de  décrets  de  l'as- 
semblée du  peuple  athénien  au  sujet  du  sel";  peut-être 
organisaient-ils  un  monopole  et  prescrivaient-ils  des 
mesures,  dans  l'intérêt  des  pauvres,  contre  l'élévation  des 
prix'^  .\  l'époque  hellénistique,  Lysimaque  frappa  d'un 
impôt  le  sel  de  Tragasae  en  Troade'*;  le  monopole  du 
sel  existait  à  Byzance",  en  Syrie-",  à  Palmyre-',  en 
Egypte  surtout,  où  fonctionnait  un  système  de  ventes 
forcées  au  bénéfice  du  fisc,  par  l'intermédiaire  des 
à>.07tùi).ai  ou  fermiers  de  la  gabelle  ^'\ 

Chez  les  Romains,  les  salines  de  l'Italie  et  des  pro- 
vinces étaient  la  propriété  de  l'État  ;  elles  faisaient  partie 
du  domaine  public,  au  même  titre  que  les  mines  ;  et  les 
recettes  pécuniaires  qu'elles  procuraient  au  trésor 
constituaient  un  vectigal-^   Celles  d'Ostie  auraient  éti' 


Berlin.  1893,  note  à  la  p.  72).  —  13  Cod.  Theod.  Vlll,  4,  17.  —  n  M.  Rosto\yze«, 
(iesch.der  Staatspackt  in  der  rdm.  Kaiserzeit,  dans  le  Phitoloyus,  Supplement- 
l.nnd  IX,  1904,  p.  411-414.  —  15  Plin.  XXXI,  77.  —  10  Aristoph.  Ekkl.  809  (8Ui  et 
Srhol.  —  17  Bœckh-Fraenkel.  Slaatshaushaltung  der  Atltener,  3"  éd.  Berlin,  1886, 
1  p.  126.  —  is  Athen.  III,  p.  73.  —  i»  Aristot.  Oecon.  Il,  2,  3.  Cf.  Dumont- 
Homolle,  Mél.  d'archéol.  Paris,  1892,  p.  432  (inscription  relative  au  monopole  de  la 
pioche,  associé  par  le  Ps.  Aristote  à  celui  du  sel).  — '2»  Jos.  Ant.WW,  2:3;  Maccalt. 
1,  10.  29.  —  21  Tarif  publié  et  commenté  par  Dessau,  dans  VBermes,  XIX,  1884, 
p,  518.  —  22  U.  Wilcken,  Ostraka,  Berlin,  1899,  I,  p.  141  s.|.  ;  188  sq.  —  23Ulpian. 
Digest.  L,  16,  17,  1  ;  Gains,  Ibid.  III.  4,  1.  Cf.  J.  Marquardt,  Organis.  financ.  chez 
les  Romains,  Irad.  franc.  Paris,  18S8,  p.  203-203  ;  p.  334  :  0.  Hirschfeld,  Die  kaiserl. 
Vn-waltioif/sbeamlen  bis  auf  Dioclelinn,  2'  éd.  Berlin,  1903,  p.  130,  n.  4. 


SAL 


—  1012  — 


SAL 


créées.  d"après  Pline,  dès  le  temps  du  roi  AncusMarcius  ', 
qui  fit  au  peuple  une  distribution  gratuite  de  6  000 
modii  de  sel-.  L'institution  du  monopole  de  la  vente 
ilalerait  du  lendemain  même  de  la  ciuite  des  Tarquins: 
en  .508,  des  spéculateurs  firent  monter  les  prix  très  haut  ; 
le  Sénat  intervint  pour  interdire  aux  particuliers  de  se 
livrer  désormais  au  commerce  du  sel'.  En  204,  les  cen- 
seurs M.  Livius  et  C.  Claudius  modifièrent  les  conditions 
dans  lesquelles  était  prélevé  le  vertiijal  relatif  à  Van- 
nona  salaria  ;  c  "est  à  la  suite  de  cette  réforme,  dont  les 
détails  ne  sont  pas  nettement  établis,  que  M.  Livius 
reçut  le  cognomen  de  Salinator''.  En  général,  TÉtat 
n'exploitait  pas  lui-même  les  salines,  mais  il  les  affermait 
à  des  concessionnaires  nommés  conductores  sa/inarum  ° 
ou  salarii^  et  groupés  ru  sociétés,  corpora  ''  ou  socie- 
lates^.  D'après  Mommsi-n,  une  double  préoccupation 
inspirait  les  censeurs  dans  la  rédaction  des  contrats 
qu'ils  passaient  avec  les  fermiers:  il  fallait  que  la  mise 
en  valeur  des  biens  du  domaine  rapportât  un  certain 
i)énéfice  au  trésor,  de  là  la  fixation  d'une  redevance 
payée  par  les  conductores  ;  il  fallait,  d'autre  part, 
assurer  aux  populations  romaines  des  approvision- 
nements abondants  de  sel  à  bon  marché,  de  là  des  pres- 
criptions relatives  aux  quantités  que  devaient  renfermer 
les  magasins  des  fermiers  et  aux  prix  de  vente'.  D'après 
M.  Rostowzew,  les  conductores  salinurum,  à  l'époque 
républicaine  tout  au  moins,  ne  faisaient  pas  eux-mêmes 
le  commerce  du  sel  ;  ils  le  fournissaient  seulement  à  des 
marchands  spéciaux,  qu'un  texte  de  Caton  appelle 
salinatores  aerarii  '"  :  l'épitliète  aerarii  semble  indiquer 
que  ces  salinatores  affermaient  eux-mêmes  leurs  em- 
plois". Arnobe  emploie  le  mot  salinatores  dans  le  sens 
de  marchand  de  sel'^  ;  un  mime  de  Laberius  était  inti- 
tulé Salinator  '^  Deux  inscriptions  de  Rimini  ont  été 
rédigées,  en  l'honneur  d'un  officier  romain,  par  les  sali- 
natores des  deux  cités  gauloises  des  Menapii  et  des  Mo- 
rini  '*  ;  il  s'agit  sans  doute,  dans  ces  documents,  de  spé- 
culateurs romainsqui  faisaientle  trafic  du  sel  sur  les  côtes 
de  la  Belgique  '\  A  Rome,  les  marchands  de  sel  avaient 
leurs  magasins,  salinae,  hors  de  la  porta  Trigemina  "^. 
C'est  dans  ces  greniers  que  puisèrent  Agrippa,  en  l'an 
721deRome(33av.  J.-C.)'',et  l'empereur  .\u rélien  "  pour 
faire  au  peuple  de  la  capitale,  à  l'imitation  d'Ancus 
Marcius,  des  distributions  gratuites  de  sel. 

Une  inscription  du  règne  de  Septime-Sévère,  décou- 
verte dans  la  Campagne  romaine,  au  lieu  dit  Campa 
Saline,  près  de  Porto,  fait  mention  d'un  collège  de  sac- 
carii  salarii  totius  urbis  {et)campi  sal[inarum)  roma- 

1  D'autres  textes  attribuent  même  leur  foudaliou  à  Romulus  (Dionys.  Hal. 
Il,  55;  Liv,  I,  33;  cf.  F'iul.  Kom.  25).  —  2  Flil).  XXXI,  S'J  ;  .\urel.  Vict.  De 
vir  illuslr.  5.  —  3  Liv.  Il,  9,  6.  Cf.  E.  Fais,  Sloria  di  Borna,  I,  Rome,  1897, 
p.  490.  —  l  Liv.  XXIX,  37,  3.  Cf.  Kniep.  Sodtlas  piMicaMrum,  léna,  1896, 
p.  75  sq.  D'après  Dio  t^ss.  fragm.  1,  p.  108  Dind.,  la  réforme  aurait  consisté  à 
mettre  un  impôt  sur  le  sel,  ((ui  jusiju'alors  en  était  exempt.  —  ^  C.  inscr.  lat. 
m,  1209,  1303.  —  6  Inscription  de  répo<|ue  républicaine,  sur  pâte  de  verre  au 
Musée  de  Berlin,  citée  par  0.  Hirsclifeld,  Loc.  cit.  —  "î  Gains,  Digest.  Loc.  cit. 
—  fe  L'inscription  sur  pâte  de  verre  porte,  d'après  0,  Hirschfeid,  les  mots 
&oc{ior)xm)  saliarioritm).  C'est  donc  à  tort  que  J.-P.  Waltzing,  Étude  histor.  sur 
les  corpor.  proftssionn.  chez  les  Homains,  II,  LouvaiOj  1896,  p,  226,  conteste 
l'existence  de  collèges  de  salarii.  —  9  Th.  Mommsen,  Droit  public  romain,  trad. 
franc.  IV,  Paris,  1894,  p.  127,  n.  2.  —  lOCat.  ap.  Serv,  Ad  Aen.  IV,  iU.  —  n  Ros- 
towzew, Loe.  cil.  —  12  Aruob.  II,  38.  -  u  Gcll.  111.  12.  —  H  C.  i.  latin.  XI, 
390,  391.  —  là  Waltiing,  Loc.  cit.  L'emploi  du  nml  salinator  parait  exclure  les 
interprétations  proposées  par  Marquardl,  (Jp.  cit.  p.  2ui,  et  par  M.  Rostowzew, 
Loc.  cit.  p.  414,  n.  2.  qui  voient  eu  ces  personnages,  le  premier  des  fermiers  des 
s.ilines,  le  second  des  ouvriers  travaillant  dans  les  saline>.  —  1*1  Liv.  .\.XV,  47  ; 
I  ronliu.  Oe  ai/uaed.   5.  —   17  Dio  i:ass.  XLIX.  43.  —    1»   Chronoi/r.  ann.  334, 


[narum].  placé  sous  l'autorité  de  trois  procurateurs 
impériaux,  ainsi  que  d'un  aerarium  et  d'une  arca  sali- 
narum  administrés  par  un  conseil  de  seize  membres  "  ; 
les  saccarii  étaient  des  portefaix  ;  ceux-ci  devaient  être 
chargés  de  transporter  à  Rome  le  sel  des  salines  de  l'em- 
bouchure du  Tibre.  Une  autre  inscription,  trouvée  à 
Rome,  a  été  dédiée  à  Constantin,  après  sa  mort,  par  le 
corpus  salariorum-°.  Du  rapprochement  de  ces  deux 
textes,  M.  Rostowzew  conclut  que  les  saccarii  salarii 
appartenaient  à  la  grande  corporation  des  salarii,  char- 
gée, sous  la  direction  d'agents  impériaux,  de  mettre  en 
valeur  les  salines  d'Ostie  ;  au  m''  siècle  de  notre  ère,  le 
système  de  la  régie  aurait  été  substitué,  dans  la  banlieue 
de  Rome,  au  système  de  la  ferme  -'. 

Dans  les  derniers  temps  de  l'Empire,  on  constate  l'exis- 
tence à  Rome  d'une  autre  corporation,  celle  des  man- 
cipes  solinaruin'--,  préposés  à  la  vente  du  sel,  dont  ils 
avaient  dans  la  ville  le  monopole  (comme  les  salinatores 
aerarii  del'époque  républicaine)  ;  une  constitution  d'.\r- 
cadius  et  d'Honorius  défend  d'acheter  et  de  vendre  sans 
passer  par  leur  intermédiaire  ^'.  On  entend  par  manceps 
un  marchand  auquel  l'État  afferme  la  jouissance  d'une 
boutique-'  ;  les  mancipes  salinarum  sont  donc  les  fer- . 
miers  ou  locataires  des  magasins  de  vente  du  sel,  sali- 
nae; ils  étaient  à  la  fois  mancipes  salinarum  et  man- 
cipes thermarum;  l'entretien  et  le  chauffage  des 
établissements  publics  de  bains  leur  étaient  confiés,  en 
même  temps  que  la  gestion  des  salinae^'  ;  leurs  éta- 
blissements ne  payaient  pas  l'impôt-^     M.\crice  Besnier. 

SALAKIUM.  —  Ce  mot  dérivé  de  sal  '  désignait  pri- 
mitivement, chez  les  Romains,  le  sel  fourni  aux  soldats 
par  le  trésor:  puis  il  a  signiûé  l'argent  pour  les  vivres, 
la  solde  elle-même  avec  les  prestations  en  nature  - 
et  finalement  toute  espèce  de  traitement,  de  salaire  ^ 

L  Traitements  des  magistrats  et  fonctionnaires.  — 
Sous  la  République,  les  magistrats  n'ont  pas  de  traite- 
ment proprement  dit.  Ils  ne  touchent  que  des  indemnitétf 
pour  certaines  missions.  Les  commandants  en  chef,  ma- 
gistrats ou  pro-magistrats,  reçoivent  d'abord  de  l'État 
les  objets  d'équipement  nécessaires,  chevaux,  mulets, 
tentes,  tapis,  vêlements,  argenterie,  anneau,  cachet  en 
or,  fournis  avant  le  départ  par  voie  d'adjudication  pu- 
blique*; c'est  le  vasarium.  En  second  lieu,  le  Sénat 
inscrit  à  leur  budget  une  somme  déterminée  pour  leurs 
frais  de  voyage  (viaticum)  et  d'entretien,  frumentuvi 
in  cellam^  [aestimatum].  Les  auxiliaires  du  magistrat  en 
province  ont  eu  aussi  droit  de  bonne  heure  aux  vivres, 
au  logement  et  aux  moyens  de  transport  *  ;  pour  les  prin- 


éd.  Mommsen,  Monum.  Germ.  Auct.  antiq.  IX,  2,  Berlin,  1891,  p.  148.  Cf.  L.  Homo, 
Kssai  sur  le  règne  de  l'empereur  Aurélien,  Paris,  190i,  p.  179.  —  19  K.  Lanciani, 
dans  le  fiu//e«.con!un.  1888. p. 83  sq.  —  ^"C.i.lat.W,  1132.  — 21  M.  Rostonzew, 
Loc.  cil.  p.  413.  —  22Symm.  Epist.  IX,  103;  X,  38  et  les  textes  juridiques  cités 
ci-dessous.  Cf.  Waltzing,  Op.  cit.  Il,  p.  123-126,  p.  426-427.  —  23  Cod.  Justin.  IV, 
61,  H  :  persona  mancipum,  id  est  salinarum  conductorum  (Kniep,  Op.  cit.  p.  78  sq. 
considère  les  quatre  derniers  mots  comme  interpolés).  —  21  Fest.  p.  131  M  ;  Plin. 
.Xat.  hist.  X,  122;  Corp.inscr.  latin.  VI,  8435;  IX,  4796;  XIV,  3642.  —25  Cod. 
Theodos.  XI.  20,  3;  XIV,  3,  1.  —  26  Ibid.  XI,  20,  3.  —  Bibliographie.  M.  J. 
Schleiden,  Das  Sah,  seine  Geschichte  und  Symbolik,  Leipzig,  1873;  V.  Hebn, 
Oas  Salz,  eine  kulturhistorische  Studie,  2<  éd.  par  0.  Schrader.  Berlin,  190 1 . 

S.\LARIl'.M  1  Plin.  Bist.  nat.  31,7,41  ;  34,  3,  6.  —  2  Dio.  Cass.  52,23;  78.  22; 
Vit.  ProO.  4  :  Aur.  9  :  Claud.  14.  —  3  Vit.  PU.  7,  6  ;  1 1 , 3  ;  iVig.  7,  6  ;  Alex.  44,  4  ; 
Clod.  10,8;  Oig.  19.2,19,  10.— 4 Liv.  30,  17  ;  42, 1  ;4t,22:Cic.  Verr.  2,5,  32,  §83  ; 
i,4,3,§9:Zonar.  8,  6;  Plut.  Cat.maj.  6  ;  Gell.  15,4,  3;  Dio.  Cass.  53,  15,  3:  Dig. 
33,  10,  7;  Suet.  .\ug.  36.  L'opinion  de  Mommsen  qui  fait  du  vasarium  une  somme 
fixe  payée  an  commandant  ne  repose  que  sur  Cic.  In  Pis.  35,  86,  où  il  s'agit  évidem- 
ment de  tout  le  budget  piovincr^il.  —5  Cic.  V'eiT.  2,  3,  84,93;  AdAtt.  7,  I,  6  ;  Val. 
Max.  4,  3,  U  ;  Plut.  Cal.  rr.uj.  4.  —0  Liv.  44,22,  13;  Cat.  m  Front,  .id  .4)1/.   1.  1. 


SAL 


1013  — 


SAL 


cipaux  d'entre  eux,  questeurs,  tribuns,  li'gats,  membres 
de  la  co/ioi'S,  l'usage  s'est  établi  très  tôt  de  remplacer  ces 
prestations  en  nature  par  une  indemnité  quotidienne  eu 
espèces,  cibaria  '  ;  en  outre,  dès  l'époque  de  Cicéron,  le 
gouverneur  leur  alloue,  sous  le  nom  de  cotif/iarium 
(frais  de  vin)  ou  desalarium,  des  gratifications-  propor- 
tionnées au  grade  et  au  temps  de  service  et  qui  sont 
portées  parmi  les  bénéficia  sur  les  comptes  officiels  des 
dépenses  ^  Les  personnages  envoyés  en  mission  ont 
droit  aussi  ta  l'équipement,  aux  moyens  de  transport 
qu'ils  obtiennent  par  l'exhibition  de  leur  anneau  d'or', 
et,  en  outre,  à  des  frais  de  route  {ciaticuin)  '  ;  le  Sénat 
alloue  des  indemnités  journalières  aux  commissaires 
agraires*.  Enfin,  l'État  paie  un  salaire  proprement  dit, 
inerces,  aux  appariteurs  des  prêtres  et  des  magistrats 
rAPPARiTORESj''  ;  mais  nous  n'avons  de  chiffres  que  pour 
les  appariteurs  de  la  colonie  Julia  Genetiva  en  Espagne*. 

Sous  l'Empire,  apparaît  immédiatement  le  principe  des 
traitements  fixes,  .\uguste  alloue  à  tous  les  magistrats 
provinciaux  de  rang  sénatorial  et  aux  légats  impériaux 
des  traitements;  le  taux  en  est  inconnu  ";  nous  savons 
seulement  que  le  proconsul  d'.\frique  a  un  million  de  ses- 
terces '".  Il  se  peut  qu'on  ait  conservé  en  outre  les 
anciennes  fournitures  en  nature,  dont  une  partie  seule- 
ment doit  être  rendue  au  trésor".  Le  tribun  militaire 
a  25000  sesterces  par  an'^  Les  membres  de  l'escorte 
du  gouverneur  touchent  également  des  ribaria,  trans- 
formés peu  à  peu  en  traitements  fixes '^  et  peut-être 
encore  le  vasarium  '\  Il  est  question  du  salaire  des 
assesseurs  depuis  l'époque  de  Septime-Sévère  '^  de  celui 
des  questeurs  attachés  au  prince '^  et  des  avocats  du 
fisc'''.  Ces  salaires  gardent  quelque  chose  de  leur  ancien 
caractère  de  gratifications  et  ne  peuvent  être  réclamés 
qu'extra  ordinem^*.  iN'ous  ignorons  les  traitements  des 
emplois  inférieurs  du  palais  et  de  l'administration  '', 
parmi  lesquels  il  y  avait  beaucoup  de  postes  très  lucra- 
tifs ■-".  Pour  le  traitement  des  procurateurs  et  la  solde 
militaire,  nous  renvoyons  aux  articles  proci:ratok 
(p.  663-G64)  et  stipendil.m  -'. 

Au  Bas-Empire,  toutes  les  fonctions,  sauf  les  charges 
municipales,  sont  salariées  de  la  même  manière.  Dès  la 
fin  du  iv=  siècle'-,  l'incertitude  et  les  variations  de  la 
valeur  des  monnaies  ont  amené  l'usage  général  du  paie- 
ment en  nature  et  non  plus  en  argent  dans  toutes  les 
relations  sociales.  On  établit  une  unité  pour  ce  qui  est 

1  Cic.  Ad  Alt.  0,  3,  tl;  Ad  fam.  5.  10.  9;  Wrr.  I,  1+,  :i6.  Les  cibaria  soiil 
la  ratiOD  journalière  du  soldat  (Nep.  Eutn.  >.;  Caes.  Bel.  ijal .  t,  5).  —  ~  Front. 
L.  c.  ;  Plin.  Uist.  nat.  31,  7,  89.  —  3  Cic.  Ad  AU.  7,  1,  6  ;  Ad  fam.  5,  30,  9  ; 
7,  8,  i  ;  Pro  Balb.  28,  63  ;  Verr.  1,  li,  SS  ;  Diodor.  p.  610.  Porter  en  compte  se 
dit  déferre  ad  aerarium.  —  *  Plin.  ffisl.  nat.  33,  1,11;  Cic.  Ad  Att.  15,  18, 
1  ;  Plut.  Ti.  Grâce.  13.  —  i  Zonar.  8,  6;  Cic.  .VI  fam.  13,  3,  2.  —  6  Plut.  Ti. 
Grâce.  13  (9  oboles  par  dérision);  Cic.  De  leg.  agr.  2,  13,  33.  —  7  Cic.  Verr. 
3,  78,  79.  182,  18i;  Nep.  Eumen.  l  ;  Plut.  Cat.  min.  Ifi:  Plin.  Ep.  4,  13;  Fronlin. 
De  ai).  10(1  ;  Dionys.  2,  6  ;  C.  ins.  lai.  1,  108,  1,  1.  —  8  C.  ins.  lat.i,  343'J  : 
pour  les  duumvirs,  chacun  des  deux  scribes,  1300  sesterces;  Vaccensus  70i'; 
chacun  des  deux  licteurs.  600  :  l'haruspice,  ^00;  chacun  des  deux  viateurs, 
400:  le  librariiis,  le  joueur  de  flùle  et  le  héraut,  300;  pour  les  édiles,  le  scribe, 
800  ;  l'haruspice,  500  ;  le  héraut  et  le  joueur  de  llùte,  300.  —  s  Suet.  ^117. 
36;  Dio.  Cass.  53,  15;  cf.  53,  33.  Les  objections  de  Merkel  contre  ces  textes 
ne  portent  pas.  —  10  Dio.  "8,  33;  cf.  Tac.  .Auric.  43.  Le  chilTre  de  100  ourei 
(10  000  sesterces)  pour  un  praeses  dans  Vit.  .-l/eJ".  43,  4,  paraît  trop  faible. 
—  1'  Vit.  Claud.  14;  Prob.  4,  4-7;  Alex.  42,  4;  textes  d'ailleurs  suspects, 
avec  corifusion  des  institutions  du  Haut  et  du  Bas-Empire.  Mommsen  admet  encore 
la  réquisition  du  frumentum  in  cetlam:  mais  le  texte.  Tac.  Agric.  19,  nous  parait 
s'appliquer  plutùt  aux  réquisilions  pour  les  soldats.  —  '-  C.  ins.  lat.  131,  3613: 
Vit.  Claml.  14,  3.  — lîSuet.  Tib.  40.  Porter  en  compte  se  dil  toujours  déferre  ad 
aerarium  ou  ad  commentariitm  principis  iDitj.  4,  6,  32;  27,  1,41,  2;  Ephem. 
epigr.  4.  530;  5,  p.  4).  Ces  cibaria  s'appellent  encore  resliaria,  diaria,  calcitiria 
{Dig.  10,  2,  39,  2  ;  34,  1,  20-21).  —  1*  V.  note  1 1.  Il  n'est  plus  question  de  vialicum 


nécessaire  par  jour  soit  au  soldat  uu  à  l'ofricier,  soit  nu 
fonctionnaire  ;  ce  sont  les  annonae  pour  l'homme,  les 
capitus  ou  capita  pour  ses  bêtes  ^',  sans  compter  le 
matériel  nécessaire,  la  veatis-'',  et  une  petite  somme  d'ar- 
gent, complément  du  traitement -\  C'est  donc  le  paie- 
ment en  nature  qui  prédomine  au  iv'  siècle-'.  Mais  l'em- 
pereur pouvant  en  certains  cas  avoir  besoin  de  plus  de 
numéraire  et  les  contribuables  pouvant  aussi,  pour  dif- 
férentes raisons,  préférer  les  versements  des  impôts  en 
argent,  on  voit  se  développer  la  pratique  de  l'évaluation 
des  denrées,  et  de  leur  versement  en  argent,  de  ïadae- 
ratio:  largement  pratiquée  pour  les  fournitures  mili- 
taires'^^  elle  n'est  encore  que  l'exception  pour  les 
fournitures  civiles-*.  Mais  au  v°  siècle  se  produit  une 
nouvelle  révolution  économique,  c'est  le  paiement  en 
numéraire  qui  reprend  définitivement  le  dessus  sous  la 
forme  de  Vadaeratio,  d'abord  pour  rarmée-%  puis  pour 
les  fonctions  civiles;  les  annonae  ci  les  capitus  sont 
payés  soit  aux  prix  du  marché,  soit  le  plus  souvent 
d'après  des  tarifs  fixés  par  les  préfets  du  prétoire'".  \ 
l'époque  de  Justinien,  les  fournitures  pour  l'office  du 
prétoire  d'Afrique  sont  estimées  en  sous  d'or",  et  les 
annonae  des  fonctionnaires  aux  tarifs  suivants  :  100 
livres  d'or  (7  200  sous  d'or)  pour  le  préfet  du  prétoire 
d'Afrique,  40  pour  le  préfet  d'Egypte,  un  peu  plus  de 
20  pour  le  duc  de  Libye,  20  pour  le  proconsul  de  Cap- 
padoce,  13  pour  le  gouverneur  d'.\rabie'-,  de  11  à  9 
pour  d'autres  gouverneurs.  Pour  le  salaire  des  offi- 
ciales.  nous  renvoyons  à  l'article  officiales,  p.  156  ; 
pour  les  traitements  publics  des  professeurs,  à  l'article 
EDiCATio,  p.  489-490. 

IL  Salaires  des  ouvriers  libres.  —  Nous  avons  peu  de 
renseignements  sur  ce  point,  les  salaires  des  ouvriers  à 
Rome  [pour  la  Grèce,  voir  artifices,  p.  445  sq.l.  Cicéron 
donne  12  as  comme  salaire  quotidien  d'un  journalier^'. 
Dans  l'édit  du  maximum  de  Dioclétieu  en30l '*.  il  y  aune 
longue  liste  de  salaires  journaliers  et  de  prix  de  travaux 
estimés  en  deniers  ;  ainsi,  l'ouvrier  de  ferme  et  le  palefre- 
nier ont  25  deniers;  le  berger  nourri,  20;  le  maçon,  le 
charpentier,  l'ouvrier  boulanger,  le  charron,  le  forgeron, 
le  charpentier  de  bateaux  de  rivière,  50  ;  le  charpentier  de 
navires,  le  marbrier,  le  mosaïste,  60;  le  peintre  en  bâti- 
ments, 65;  le  peintre  d'images,  150;  le  cureur  d'égouls 
et  d'aqueducs,  23  ;  le  barbier,  2  par  tête  d'homme  ;  le 
tondeur  2   par  tête  de  bétail  ;  le   capsarius  et  le  bai- 

(|ue  pour  les  légations  municipales  [Vig.  50,  i,  IS,  12  ;  50,  7,  3).  —  15  Dig.  i.  11, 
4;  50,  13,  4;  Vit.  Nig.  7.  6;  Alex.  46,  1.  —  IC  Zeitsch.  der  Sar.  Stift.  23,  190., 
p.  56;  frag.  de  jure  fisci,  16-17.  —  17  Dig.  SO,  13,  1,  §  8.  —  '8  Les  proxi'i  i 
des  bureaux  touchent  40  000  sestfirces  (C.  ins.  lat.  0,  8619).  —  19  Suet.  Ot/i. 
5;  Vesp.  23;  Vit.  Alex.  41,  3.  —  20  Les  salariarii  des  légions  sont  des  sol- 
dats qui  reçoivent  un  solarium,  comme  Vevoeatus  salnriarius  (C  ins.  Int.  3, 
4308  ;  Orelli,  3464).  —  21  Vers  390,  le  magister  memoriae  touche  encore  en 
argent  300  000  sesterces  (Eumen.  Pro  instaur.  sch.  11);  mais  la  réforme  est 
supposée  par  lo  texte  de  Victor  {Caes.  39,  31-32),  vers  393.  Les  mots  ducenarii, 
centenarii.  sexagenarii  n'indiquent  plus  le  trailement,  mais  le  rang  (C.  Th.  13,  1, 
3;  11,  1,  12;  11,  7,  1).  —22  C.  T'A.  8,  1,3;  6,  34,  2;  7,  4-3  et  la  note  11.  —  23  (,' 
Th.  6,  20.  18  ;  6,  30,  11  ;  3,  4,  19,  32,  35  ;  8,  I,  3,  10  ;  8,  5,  3,  31.  —  2i  Ammian. 
22,  4,  9.  _  25  Voir  pour  l'ÉgypIe  Wilcken,  Ostraka,  p.  665-681.  —  26  c.  Th.  7,  4, 
10,14,  22-23.  —27  Ibid.  11.  2,4-5:  11,  28,  17  ;  Ammiao.  31,  14,  2.  —28  C.  Th. 
7,  i,  28-30,  35,  36  ;  Nov.  Valentin.  III,  IS,  §  3.  -  '29  C.  Th.  7,  4,  35  (423.  en  Oricnlj  ; 
32  (412  en  Ulyrie).  C.  Just.  1,  52,  (.  an.  (439  en  Orient).  —  30  c.  Just.  1,27.  I. 
—  31  Edict.  Just.  n,  3,  IS;  4,  1  ;  Nov.  24-31  ;  103;  f.  Just.  1,  27,  I,  8.  Les 
assesseurs  ont,  en  général,  une  livre  d'or  ;  auprès  des  préfets  d'Egypte  et  du  pré- 
toire de  3  à  20  livres.  —  32  pour  les  honoraires  publics  et  privés  des  méde- 
cins, voir  MEoicus,  p.  1694-1095.  —  33  Cic.  Pro  Rose.  com.  10,  28.  —  3'.  C.  ins. 
lat.  3  suppi  3,  p.  1938-1953.  Voir  Mommsen,  Pas  Edikt  Diocletians  (Ber.  d.  K. 
Sàchs.  Ces.  d.  Wiss.  phil.  bist.  Cl.  ISil,  l-.-o,  381-400;  Le  Bas-Waddingloo, 
Voy.  iirch.  3,  533,  p.  143-191  ;  Bliimner,  A'eue  fragmente  des  edictam  Diocle- 
tiani  (Philolog.  N.  F.  13,  p.  384-501;. 


SAL 


—  1014  — 


SAL 


teneur,  -1  par  client;  le  scribe.  10  par  cent  lignes;  l'avocat, 
2:i0  pav  postulatio,  1000  par  cognitio;  les  ditTérents 
maîtres  touchent  par  tète  d'élève  et  par  mois  :  \epaeda- 
gof/ux.  le  libraritis  ou  anfiquarhis  et  le  maître  institn- 
tor  litterariim.  50  deniers;  le  calculator,  le  notarius, 
75;  le  grammairien  grec  ou  latin  et  le  maître  de  géomé- 
trie, 200;  Vorator  ou  sophiste,  200;  le  maître  de 
dessin,  100.  Nous  ignorons  malheureusement  la  valeur 
exacte  du  denier  de  cette  époque '. 

m.  Autre  sens.  —  Le  mot  salarium  désigne  encore 
une  subvention  annuelle,  accordée  par  exemple  par 
l'empereur  à  des  sénateurs  pauvres-  ou  à  des  membres 
de  sa  famille^;  ou  bien  léguée  à  un  homme  honorable'. 
11  s'applique  encore  à  la  rémunération  accordée  à  un 
mandataire  en  échange  de  ses  services,  et  qui  peut  être 
réclamée  extra  ordinem  °.  Ch.  Lécrivain. 

S.\LG.4MA  ('A>.fiiara).  —  Les  Grecs  désignaient  sous  le 
nom  d'à/.iAïTi  ',  et  les  Romains  sous  le  nom  de  salgama\ 
les  conserves  salées  de  légumes  et  de  fruits.  Columelle 
donne  des  recettes  nombreuses  et  minutieuses  pour  con- 
fire les  laitues  et  autres  salades,  les  câpres,  les  asperges, 
les  oignons,  les  poires,  les  pommes,  les  prunes,  les 
olives,  les  raves,  les  navets,  etc.  [condimentum]  '.  Dans 
toutes  ces  préparations  entraient,  en  proportions  varia- 
bles, et  parfois  avec  d'autres  condiments  accessoires,  du 
vinaigre  et  de  la  saumure  lMiriaI  ;  on  se  servait,  pour 
les  fabriquer,  de  vases  de  taille  médiocre,  en  terre  cuite 
ou  en  verre,  à  grande  ouverture,  aussi  larges  au  sommet 
qu'à  la  base,  afin  que  les  conserves  qu'ils  renfermaient 
fussent  toujours  recouvertes  également  de  liquide  ;  on 
avait  soin  de  déposer  ces  vases  dans  des  endroits  frais  et 
secs,  à  l'abri  du  soleil'.  Les  gens  qui  préparaient  ou 
qui  vendaient  des  fruits  et  légumes  confits,  s'appelaient 
a.X^iu-%i'^,salgamarii^  on  salgamentarii''.  Un  certain 
Caius  Matins  avait  composé  un  ouvrage  intitulé  Saïga- 
?>iarius,  le  Confiseur^. 

Le  mot  salgamum,  au  singulier,  ne  se  rencontre 
qu'à  une  époque  tardive  et  avec  des  sens  nouveaux. 
Dans  un  passage  d'une  lettre  de  saint  Grégoire  le 
Grand,  le  salgamum  est  le  cellier  où  l'on  garde  les 
snlgama^.  Un  titre  du  Code  Théodosien  '",  dont  les  dis- 
positions sont  reproduites  dans  le  Code  Jiistinien", 
traite  De  salgamo  hospitibus  non  praebendo;  une  loi 
de  l'année  393  défend  aux  soldats  de  rien  demander  à 
leurs  hôtes  comme  salgamum.  c'est-à-dire  dr  leur  ré- 
clamer du  bois,  de  l'huile  et  de  la  literie'-;  on  entendait 
donc  Tpur  sa/gamiiin,  sous  le  Bas-Empire,  l'ensemble  des 


1  Waddinglon  l'estime  à  2SS  par  caitreus,  c'est-à-dire  à  eii\irou  0  fr.  Û6:i  ; 
Mommsen  n'admet  guère  que  le  tiers  de  celte  valeur;  Huitsch  [Jahrb.  fur  Phil. 
l-iKO.  p.  i7-3l)  admet  30  000  deniers  à  ta  livre  d'or,  ce  qui  donnerait  environ 
0  fr.  0203  pour  le  denier.  —  2  Suet.  Ner.  10.  —  3  ri(.  Marc.  15,  3.-4  Dig. 
i.  15,  8.  §  J3.  —  5  Ibid.  17,  l,  7  ;  C.  Just.  4,  35,  1.  —  BrBLiocnAPHiE.  Dureau  de 
la  Malle,  Économie  politique  des  Bomains,  Paris,  1840,  I,  p.  97-134;  Hofmann, 
De  provinciali  sumplu  populi  romani,  Berlin,  1851  ;  Kulin,  Die  sld'dl.  inld  bù7'y. 
Verfiumng,  Leipzig,  18i)4,  I,  p.  94-103;  Merkel,  l'eber  die  Entstehung  der  rôm. 
Beamtengehaltei.  Halle,  1888;  Monimsen  et  Marquardt,  Manuel,  trnd.  fr.  1, 
p.  330-345,  378,  p.  38-39,  C4-65  ;  Seeck,  Geschichte  des  Cntcrgangs  der  antiken 
W'elt,  Berlin,  l'.>02,  11.  p.  191-299. 

SALGAMA.  I  Arisloph.  Pac.  Ii53;    Nicand.  ap.  Athen.  IV,  p.   133  E;  Dioscor. 

II.  205.  Le  verbe  i'/.iiii-.ï  veut  dire  «  confire  ..  iDioscor.  1,  172;  II,  li7,  134. 
130;  III,  [t,  et  le  mol  i'i.f.i\ii:i  caractérise  la  fabrication  des  conserves  (Dioscor. 

III.  91).  —  2  Colum.  De  re  rusl.  X,  117;  XII,  4,  4;  9,  2;   Greg.  SI.  Episl.  V,  44. 

—  îColum.  Op.  cit.  XII,  4  sq.  —  4  Ibid.  XII,  4.  —  i  Dioscor.  I,  27.  —  6  Colum. 
Op.  cit.  XII,  se,  1  ;  cf.  Concil.  Clialcedon.  acl.  1 1  :  ,aY«|iaj,'oj;.  —  :  Salv. 
Adi:    .irar.    IV,  7.  —  8  Colum.    Op.   cil.    XII.  40,   1.   -  9  (ireg.   M.   Loc.  cit. 

—  10  Cod.  Theod.  VII,  9.  —  il  Cod.  Just.   XII,  42.  -    1-2  Cod.  Theod.   VII.  9,  3. 

—  13  Du  Cange,  Ghssarium  s.  v»,  éd.  de  Paris,  1846,   VI,  p.  3s  ;  H.-E.  Dirksen, 


objets  de  première  nécessité  que  les  hôtes  étaienttenus  do 
fournir  à  ceux   qu'ils  hébergeaient'^.      Mai  rice  Besmer. 

SALII.  —  Les  Saliens  sont  au  premier  rang  des  con- 
fréries ou  sodniités  sacerdotales  qui,  dans  l'organisme 
du  culte  de  Rome,  sont  chargées  d'accomplir  certains 
rites  pour  le  bien  de  l'État  tout  entier.  Ils  se  partagent 
ces  fonctions  avec  les  li  perci,  les  arvales  fratres,  les 
soDALES  TiTii  et  les  TETiALEs';  ils  l'emportent  sur  eux 
en  importance,  non  seulement  parce  qu'ils  sont  les 
ministres  de  Mars,  dieu  fondateur  de  la  cité,  mais  parce 
que  le  culte  auquel  ils  président  devait  être,  dès  les  com- 
mencements de  Rome,  le  lien  le  plus  puissant  des  com- 
munes, d'abord  indépendantes,  puis  groupées  dans  une 
cité  unique  autour  du   Capitole  ^ 

I.  Origines,  organisation.  —  L'histoire  légendaire 
rapporte  l'institution  des  Saliens  au  roi  Numa,  comme 
elle  lui  attribue  la  création  des  Flamines,  du  collège 
des  Vestales  et  généralement  toute  l'organisation  de  la 
vieille  religion  des  Romains^.  Les  témoignages  les 
plus  dignes  de  foi,  parce  qu'ils  sont  confirmés  par  les 
actes  mêmes  du  culte  et  par  les  vocables  portant  la  mar- 
que d'une  vénérable  antiquité,  prouvent  que  leur  ori- 
gine est  antérieure  à  la  période  dite  du  synoecisme, 
c'est-à-dire  de  l'unification  de  Rome  sous  l'autorité 
de  ses  rois  '.  Comme  celle  des  Luperques,  leur  corpo- 
ration se  présente  à  nous  sous  la  forme  de  deux  con- 
fréries distinctes  et  semblables  ;  mais  tandis  que  la 
dualité  des  premiers  s'explique  par  leur  origine  genti- 
lice^,  celle  des  Saliens  tient  à  des  raisons  nationales. 
L'une  des  confréries  représente  la  religion  de  Mars 
Gradivus,  telle  que  la  pratiquaient  les  habitants  du 
Palatin  et  du  Germains,  qui  furent  des  Latins  "  ;  et  l'autre, 
cette  même  religion  chez  les  Sabins  de  la  Colline,  qui 
honoraient  Mars  sous  le  vocable  de  Quirinus.  Ce  dernier 
vocable  passa  à  une  partie  du  quartier  peuplé  par  eux, 
ainsi  qu'à  la  confrérie  même  des  Saliens  Sabelliques '. 
Il  y  eut  donc  des  Salii  Palatini  et  des  Salii  Quirinales 
ou  Collini  ^  ;  et  même  ceux-ci,  dans  la  langue  rituelle, 
étaient  désignés  sous  le  nom  de  Agonenses  ou  Agonales. 
parce  que  le  17  mars  on  célébrait,  au  sanctuaire  de  Qui- 
rinus, une  cérémonie  que  les  .\nnales  des  Pontifes  appe- 
laient Agoniiim  Martiale  ou  Agonia'\  Ce  collège  des 
Saliens  du  Quirinal  ne  jouit  jamais  de  la  même  considé- 
ration que  celui  du  Palatin,  ce  qui  démontre  pour  sa 
part  que  l'élément  latin  eut  dans  l'action  religieuse,  po- 
litique et  militaire  de  Rome,  une  influence  prépondérante 
dès   l'origine  '".   Quand    il    est   question  plus    tard  des 


Manuale  latinitatis  fontium  juris  cii-ilis  Bomanonim,  Berlin,  1S39,  s.  v»,  p.  857. 
SALII.  1  Sur  le  rôle  de  ces  confréries,  envisagées  dans  leur  ensemble,  v.  Preller- 
Jordan,  Roem.  Mythol.  I,  p.  125  sq.  —  2  Gilbert,  Geschichte  und  Topographie,  I. 
p.  139  sq.  —  3  Cic.  Rep.  Il,  14,  26;  T.  Liv.  1,20,  4;  Dion.  Hal.  Il,  70;  Ov.  Fast. 
III.  239  sq;  387,  /bid.  Cf.  Enn.  Annal.  II,  80  (Baelirens)  et  Varr.  ling.  lat.  Vil, 
13;  Fest.  Epit.  p.  131,  Plut.  .\um.  13;  Lyd.  De  mens.  4,  2;  Aur.  Vict.  De  vir. 
itlustr.  111,  1  ;  Serv.  Aen.  VIII,  283;  Lactant.  Inst.  I,  22,  4.  —  *  W.  Helbig,  Attri- 
buts des  Saliens,  p.  211;  Gilbert,  Loc.  cil.  —  ô  Lcperci,  III,  2,  p.  1399  sq.  Cf. 
Lange,  Roen?.  Alterlhùmer,  I.  p.  31s  sq.  —  6T.  Liv.  I,  20,  4;  V,  52,  7  ;  Serv.  Aen. 
VIII,  663  ;  cf.  Preller-Jordan,  Op.  cit.  I,  p.  348  sq.  —  7  Qumiscs,  IV,  l,p.  807.  cf. 
Corp.  inscr.  lat.  VI,  1383,  1422, 1439,  etc.  ;  IX,  1 123  ;  X,  505S,  6322  ;  Ephem.  épigr. 
\^  458.  La  noie  de  Servius,  Aen.  VlU,  285,  est  entachée  d'une  grave  erreur  eu 
ce  qu'elle  distingue  les  Collini  des  f.}uirinales,  et  qu'elle  oublie  les  Palatini  ;  cf. 
Wissowa,  Religion  und  Kultus,  p.  133,  n.  2.  —  8  Dion.  Hal.  Il,  70  ;  III,  32;  Varr. 
ling.  lat.  VI,  14.  Cf.  Gilbert,  Op.  cit.  I,  p.  298;  Corp.  inscr.  lat.  Il,  1406;  V. 
1S12,  4347;  VI,  1339,  1553,  2158;  IX,  1687,  Î43C,  3154.  4853;  X,  5061.  —3  Ma- 
crob.  l,  4,  15;  Fest.  Epit.  p.  10;  il  y  a  d'autres  dates  au  calendrier  caractérisées 
par  Agonia,  sacrifices  en  l'Iionneur  de  Jauus,  de  Vejovis,  d'Inuus;  V.  ilarquardl- 
Mommsen,  Handbuch,  VI,  p.  323,  note  5.  —  lo  Ambroscli,  Studien  und  Andcf 
tungen,  p.  193  sq. 


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Saliens  sans  épilhèle,  il  faut  presque  toujours  penser  à 
ceux  du  Palatin,  de  beaucoup  les  plus  notoires'.  La 
légende  même  fait,  d'ailleurs,  des  autres  une  copie  des 
premiers.  Ils  auraient  été  institués  par  le  roi  TuUus, 
sous  le  coup  des  préoccupations  que  causa  la  guerre  avec 
Albe  ;  et,  en  même  temps,  aurait  été  édifié  sur  le  Quirinal 
un  sanctuaire  à  Paror  et  à  Pallor.  divinités  symboliques 
qui  rappellent  les  daemons  Asiao;  et  Oooo;  d'Hésiode^; 
un  commentateur  de  Virgile  va  même  Jusqu'à  appeler 
les  nouveaux  Saliens  Pacoril  et  Pallorii,  e.vpressions 
qui  ne  se  retrouvent  nulle  part  ailleurs  '. 

J^es  Saliens  sont  redevables  de  leur  appellation  à  l'acte 
principal  du  culte  dont  ils  sont  les  ministres,  à  la  danse 
sacrée  qu'ils  exécutent  publiquement  en  l'honneur  de 
Mars  durant  le  mois  qui  porte  son  nom^  Cette  danse  et 
le  collège  des  Saliens  ont  leur  légende,  dont  le  caractère 
naïf  garantit  l'antiquité.  Dans  la  période  même  où  ils 
s'offrent  en  spectacle  à  la  piété  des  Romains,  tombait  la 
fête  des  equirri-^  ou  eci"rri.\,  courses  de  chars  orga- 
nisées au  Champ  de  .Mars,  qui  recurent  dans  la  suite  le 
nom  de  Mamuralia  ^  Mamurius.  surnommé  Veturius, 
est  un  forgeron  divin  qui,  à  la  prière  du  roi  Numa, 
fabriqua,  sur  le  modèle  d'un  engin  tombé  du  ciel  ou 
mystérieusement  déposé  dans  la  Beyia,  onze  boucliers 
absolument  semblables  qui  furent  appelés  ancilia  et 
conservés  dès  lors,  avec  un  soin  religieux,  comme  un 
des  gages  de  la  future  grandeur  de  Rome''.  En  réalité. 
Mamurius  est  le  prototype  du  prêtre  salien  et  très  pro- 
bablement une  incarnation  populaire  du  dieu  .Mars  lui- 
même  ;  la  procession  au  cours  de  laquelle  le  collège  tout 
entier  accomplit  ses  rites,  commémore,  en  l'idéalisant, 
l'aventure  qui  lui  a  valu  cet  honneur'.  Son  nom  figure 
parmi  ceux  des  divinités  qui  sont  invoquées  dans  les 
chants  propres  aux  Salien^iJ  Lue  statue  élevée  entre  le 
Capilolium  Vêtus  et  le  temple  de  Quirinus  reproduisait 
son  image*.  Nous  renvoyons  aux  mytiiologues  de  pro- 
fession el  aux  f'olfilorisles  pour  l'interprétation  du  nom 
et  des  réjouissances  populaires  qui.  à  c<jté  des  Equirria. 
rappelaient  les  aventures  du  héros.  Disons  simplement 
qu'un  personnage  accoutré  de  peaux  de  bête  était  expulsé 
de  la  ville  à  coups  de  bâton  par  la  foule  et  que  cet  usage 
se  retrouve  encore  aujourd'hui  en  divers  lieux,  dans  les 
démonstrations  qui  ont  pour  objet  de  chasser,  de  brûler 
même  et  d'enterrer  en  effigie  le  bonhomme  Carnaval. 
Aelius  Stilo,  aux  débuts  du  i"''  siècle  avant  notre  ère, 
expliquait  par  ces  pratiques  les  cérémonies  publi- 
ques des  Saliens  ;  au  déclin  du  paganisme,  ce  sens  rus- 


1  Gilbert.  Op.  cit.  p.  Î93.  —  2  Til.  Liv.  I.  27,  7  :  cf.  Id.  VIII,  8,  7  ;  .X,  28, 
16;  Fesl.  Epit.f.  Wï.  —  3  Scrv.  Aen.  VIII.  £83;  idenliDés  avec  Picus  et 
Faunus  et  désignés  sous  le  DOra  de  Hostilii  Lares.  Od  a  voulu  retrouver  des 
représeniations  de  Pavot'  et  de  Pallor  sur  certaines  monnaies  [palloh,  pavob, 
fig.  5Mi,  5483]  ;  à  tort,  voir  Babelon.  Monnaies  de  la  Républ.  I,  552  ; 
Frochner,  Philol.  suppl.  V,  »i,  et  Monal,  /lerue  numism.  1891,  p.  279  gq.  :  cf. 
Wissova,  Ilelirj.  itnd  Kull.  p.  133.  —  ^  Varr.  Ling.  lai.  V,  85;  Ov.  Fait.  III,  S"*:. 

—  5Le  U  mars;  Varr.  Ling.  lat.  VI,  13;  Ov.  Fast.  III.  317  sq.  ;  Fesl.  Epit.  81  : 
131  cl  les  Calendriers.  —  6  Serv.  Aen.  VII,  188  :  Lyd.  De  mens.  4,  36  ;  3,  29  ;  Ov. 
Fast.  111,  373;  Plut.  .Vum.  13;   Dion.  Il,  71;   cf.  Gilbert,  Op.  eil.  I,  p.    295  sq. 

—  7  Varr.  Ling.  lat.  VI,  43;  ef.  L'sener,  nhein.  Mus.  1875.  p.  209.  qui  a  donné 
du  mythe  une  interprétation  aussi  lumineuse  qu'eiacte;  Ui'bert,  Op.  cit.  I,  p.  141, 
note  1  :  Mïnnhardt,  Baumkitltus.  p.  5ii'.  sq.  —  8  Plut.  Loc.  cit.:  Fesl.  £>i(. 
p.  131  ;  Cnriosum  Urbis  Rom.  chez  Becker,  Topographie,  p.  713.  —  9  Serv.  Aen. 
VII.  188  ;  Slinuc.  Fel.  Octav.  24,  3,  où  alii  est  à  corriger  en  Salii  ;  Fesl  p.  210  : 
pescia  in  Saliari  carminé  Aelius  Stito  clici  ait  capilia  es  pellibiis  agninis  fada. 
a.  Lsener.  Op.  cit.  p.  212  ;  Mannbardt,  Antike  li'aUl  „nd  Feldkulle,  p.  266,  297  ; 
Id.  Mythol.  Forschuni.  p.  153  sq.  ;  198,  etc.  —  '0  l.yd.  De  mens.  4,  2,  avec  le 
commentaii-e  de  Corssen,  Origines  poesis  romanae,  p.  23  sq.  :  cf.  Gilbert,  Op.  cit. 
1,  p.  141,  note   1;  et  L'sener,  p.  209.  —  u  Ambroscb,  Studien,  etc.  ;  p.  213  S(|.  ; 


tique  de  leurs  origines  ne  s'était  pas  perdu  encore  '. 
ij^es  deux  collèges  des  Saliens  comptaient  chacun  douze 
membresj  tout  comme  le  collège  des  .\rvales,  ceux  des 
Luperques  et  des  Flamines  minores.  Ce  chitlre  a  été 
expliqué  par  des  raisons  astronomiques  ;  il  correspon- 
drait à  celui  des  mois  de  l'année  et  il  serait  symbolisé 
dans  la  légende  par  les  douze  boucliers,  l'un  tombé  du 
ciel,  les  autres  fabriqués  sur  ce  modèle"',  .^mbrosch 
nous  semble  plus  dans  la  vérité  des  choses  en  l'expliquant 
par  des  considérations  politiques,  c'est-à-dire  par  la  di- 
vision de  l'ancienne  Rome  en  un  certain  nombre  de 
quartiers  qui  auraient  fourni  aux  corporations  sacerdo- 
tales un  nombre  égal  de  représentants".  Les  douze 
membres  de  chaque  collège  restèrent  longtemps  de  fa- 
mille patricienne;  ils  étaient,  à  ce  point  de  vue,  sur  le 
même  rang  que  le  fiex  Sacrorum  et  que  les  Flamines, 
choisis  également  parmi  les  Patriciens'-.  Les  Saliens 
devaient  de  plus,  au  moment  de  leur  choix,  être  patrimi 
et  matrimi,  c'est-à-dire  nés  de  père  et  de  mère  vivants, 
mariés  par  confarreatio^^ .  Enfin,  ils  pouvaient  être 
recrutés  parmi  de  tout  jeunes  gens,  sans  doute  après 
qu'ils  avaient  revêtu  la  toge  virilea)  l'exemple  de  .Marc- 
Aurèle  qui  fut  choisi  à  l'âge  de  huit  ans  est  unique  et 
s'explique  par  sa  qualité  de  César  ".y_usqu"à  la  lin  de  la 
République,  le  recrutement  se  faisait  par  cooptation  ; 
sous  l'Empire,  il  y  a  des  exemples  de  Saliens  nommés 
sur  la  désignation  du  prince,  mais  rien  ne  démontre 
qu'antérieurement  le  Grand  Pontife  ail  exercé  un  pou- 
voir analogue  '^. 

En  principe,  la  dignité  de  Salien  'saliatus]  était  con- 
férée pour  la  vie  "■  ;  mais  il  arrivait  dans  la  pratique  que 
les  obligations  en  étaient  difficilement  conciliables  ou 
avec  les  grandes  magistratures  électives,  préture  et  con- 
sulat, ou  avec  les  fonctions  du  flaminicat  et  du  ponti- 
ficat :  pour  ces  circonstances  était  prévue  une  exaiifju- 
ratio.  Les  Fastes  des  Saliens  du  Palatin  nous  offrent  trois 
cas  où  il  est  procédé  par  cooptation  au  remplacement  de 
confrères,  l'un  décédé,  d'autres  élevés  à  la  dignité  de 
flamine,  de  pontife  et  d'augure,  un  autre  encore  nommé 
consul  '".  La  preuve  que  les  devoirs  du  Salien  pouvaient 
se  trouver  en  conflit  avec  des  charges  ou  civiles  ou  mili- 
taires, nous  est  fournie  par  le  cas  de  Scipion  l'.^fricain 
qui,  en  190  av.  J.-C,  comme  légat  de  son  frère  en  .\sie, 
fut  contraint  à  une  inaction  militaire  de  plusieurs  jours, 
parce  que  sa  qualité  de  Salien  l'obligeait  à  respecter  les 
fêtes  de  sa  confrérie'*.  On  peut  même  remarquer  que, 
pour  la  même  raison,  le  sacerdoce  salien  fut  le  seul  que 


pour  le  nombre  des  membres  dans  les  confréries  comparé  à  celui  des  augures  et 
des  pontifes,  v.  Wissona,  Op.  cit.  p.  415.  —  '2  Luc.  Phars.  IX,  477  ;  Juv.  VI,  604; 
Dion.  Il,  70  ;  déjà  Cicer.  De  dom.  14,  38.  a.  C.  i.  lat.  I.X,  1123.  —  13  Dion.  II,  71, 
&|i«i9<xXer;.  Pour  le  chœur  des  Jeux  séculaires,  v.  les  Acta,  146  dans  VEptlem.  éptgr. 
Vlil,  2,  p.  233;  cf.  Tac.  Hisl.  IV,  53.  —  14  Capit.  M.  Aur.phil.  4.  2;  Dion.  11, 
70;  Corp.  inscr.  lat.  VI,  1439  (Salien  âgé  de  20  ansi  ;  IX,  +855  (de  24  ansi. 
—  15  C.  inscr.  lat.  V,  3117  :  ab  imperatore  adscitus  in  numeriim  Saliorum; 
cf.  Wissowa,  Op.  cit.  p.  417,  note  4;  et  419.  note  2.  Pour  la  cooptation  dans 
les  collèges  sacerdotaux,  v.  Mercklin,  Die  Cooptation  der  Jtoemer,  Leip.  1848.  et 
Gemoll,  Decooptationesacerdotum  romanorum,  Berlin,  1Ç70.  —  i6Macrob.  III,  14, 
14;  Val.  Max.  I,  1,9.  Pour  le  terme  de  Saliatus  (cf.  pontificatus.  auguratuSyelc), 
V.  Cicer.  Pro  Scaur.  7.  —  17  L'n  assez  gracd  nombre  d'inscriptions  sont  relatives 
à  des  personnages  qui.  ayant  été  Saliens,  ont  ensuite  rempli  des  charges  qui  leur 
rendaient  la  fonction  difiîcile  ;  C.  i.  l.  VI,  1339,  1422,  1333;  XI.  5743;  XIV,  2301, 
2803.  3804.  Ces  inscriptions  n'impliquent  pas  que  les  titulaires  aient  cumulé.  V.  les 
Fasti  des  Salii  Palatini,  C.  i.  l.  VI,  1977-83  ;  un  cas  â'exaiiguratio  men- 
tionné à  1978,  13;  cf.  1980,  9.  —  I»  Polyb.  XXI.  13,  10  sq.  ;  T.  Li».  XXXVII, 
33,  0.  Huschke,  Das  Roemische  Jahr.  p.  363,  a  démontré  que  l'événement  se 
produisit  aux  fêtes  d'octobre,  pour  \'armilustriun\,  non  pour  celles  du  mois 
de  mars. 


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—  1016 


SAL 


les  empereurs  n'aienl  pas  cru  devoir  revêtir,  comme  ils 
le  firent,  à  roccasion,  de  tous  les  autres'.  Il  arrivait 
cependant  que  d'éminents  personnages  refusassent  de 
quitter  le  collège,  après  avoir  obtenu  des  dignités  et  des 
fonctions  qui  invitaient  à  ïexaur/uratio.  Appius  Clau- 
dius  voulut  jusqu'à  la  lin  de  sa  vie  remplir  ses  fonctions 
de  Salien  et,  tout  vieux  déjà,  comptait  comme  un  titre 
d'honneur,  la  persistance  à  se  distinguer  parmi  ses  con- 
frères en  qualité  de  danseur  sacré.  Furius  Bibaculus, 
nommé  préteur,  resta  Salien  à  la  requête  de  son  père  et 
remplit  toutes  les  fonctions  de  ce  sacerdoce,  même  celle 
de  danser  en  public -(., En  fait,  s'il  y  a  des  cas  de  dis- 
pense, il  dépendait  de  l'intéressé  de  les  faire  valoir. 

Nous  avons  dit  qu'on  pouvait  entrer  jeune  dans  la  CQn- 
frérie  ;  celle-ci  Se  partageait  même  en  deux  classes,  celle 
des  Jiiniores  et  celle  des  Seniorey,  on  n'est  pas  fixé 
sur  la  limite  d'âge.  Le  rituel  des  prières,  des  chants  et 
des  danses  étant  assez  compliqué,  il  était  important  que 
l'on  s'y  façonnât  de  bonne  heure  ;  et  les  anciens  ensei- 
gnaient la  tradition  aux  nouveaux  venus'.  Virgile,  qui 
a  mêlé  les  Saliens  au  culte  d'Hercule,  les  partage  en  deux 
cliœurs  :  l'un  des  jeunes,  l'autre  des  anciens  :  un  gram- 
mairien du  iv»  siècle,  épiloguant  sur  les  qualités  du  mètre 
spondaïque  que  le  roi  Numa  aurait  appelé /j/y/f ////(•«/.  nous 
parle  déjeunes  Saliens  qui  se  livrent  aux  danses  sacrées 
el,  sur  un  rythme  grave,  chantent  les  dieux  hidigètes'. 
iTrois  dignitaires  présidaient  aux  actes  et  aux  chants 
de  la  confrérie  ;  c'étaient,  probablement,  dans  l'ordre 
ascendant,  d'abord  le  praesu/,  coryphée  de  la  danse, 
•puis  le  va  les,  coryphée  du  chant;  finalement  le  mat/ister, 
qui  est  le  maître  de  la  confrérie  chargé  de  régler  le  détail 
de  l'administration  intérieure,  de  l'organisation  des  fêtes, 
de  l'admission  et  de  Yexauijiiratio  des  membres.  C'est, 
du  moins,  dans  cet  ordre  que  les  cite  l'historien  deMarc- 
.\urèle,  en  faisant  remarquer  que  le  prince  remplit  ces 
dignités  successivement  et  qu'il  eut,  comme  magister,  à 
admettre  et  à  exaiigurer  un  grand  nombre  de  confrères^ 
nous  avons  dit  que  lui-même  entra  dans  le  collège  à  huit 
ans  et,  sans  doute,  il  n'usa  point  de  la  dispense  après 
être  parvenu  à  l'Empire ^|Toutefois.  la  danse  sacrée  étant, 
aux  yeux  du  public,  la  fonction  principale  du  Salien, 
c'est  le  praegul,  mol  qui  signifie  danseur  en  premier, 
qui  fut  le  personnage  le  plus  en  vue  ^  Il  est  impossible 
de  ne  pas  tenir  compte  de  l'ingénieuse  interprétation 
qu'on  a  donnée  du  mot  consal,  la  seule  en  détinitive  qui 
satisfasse  aux  règles  de  la  linguistique  et  à  la  nature  des 
faits  :  il  signifierait  confrère  de  danse  dans  le  chœur  des 
Saliens.  Par  là,  il  nous  ramène  aux  temps  où  les  deux 
confréries  du  Palatin  et  du  Quirinal  préludaient  par  la 
danse  sacrée,  et  à  l'entrée  en  campagne  des  deux  contin- 
gents au  mois  de  Mars,  et  à  leur  retour  triomphal 
au  mois  d'octobre  :  les  deux  chefs  auraient  été  rede- 
vables de   leur  nom  au  rôle  qui  leur  était  dévolu  dans 

'  WisMwa,  Op.  cit.  p.  423,  noie  8;  el  415.  noie  5.-2  Macrob.  el  Val.  Mai. 
loe.  cil.  Le  père  de  Furius  Bibaculus  éUH  magister  du  collège.  —  3  Preller-Jordan , 
Op.  cit.  1.  p.  337.  —  t  Uioni.  {lirammal.  lat.  de  Keil,  p.  476,  15  aJ  Virg.  Aen.  VIII, 
i»3  sq.  —  3  Capilol.  J/.  Aur.  phil.  4,  4;  cf.  Val.  Mai.  I,  I,  9.  —  6  Aur.  Vicl.  De 
n>.  illualr.  3,  I  :  Snlioê,  Jtartis  sacerdotes.  quorum  pi-imus  praasiil  vocatur. 
Fesl.  p.  570;  et  Lucil.  fragra.  IX.  37  (éd.  Mueller).  —  ^  V.  celte  interprétation 
du  niot  consul  cliez  Uilberl.  ô/,.  cil.  I.  p.  SOS  :  et  Moinmseu.  Hoem.  Oesch.  I. 
p.  il6(S'  éd  )  :  .  Consules  sont  ccuv  <|ui  saiilcnl  ou  dansent  ensemlilc,  comme 
l>iaetul  est  le  corrpliée  de  la  dai.se.  exsul  celui  qui  saute  dehors,  etc.  »  L'oneinalilé 
de  l'interprélalion  est  de  rattacher  la  niagistralurc  aux  fonctions  du  sacerdoce 
salien  qui  est  le  sacerdoce  mililaire  par  evcellence.  —  8  MuellenholT.  Ceber  den 
.^cliwerttanz.  p.  6  sq.  et  .Mannhardt,  Op.  cit.  voir  ccreies.  I,  2,  i6i6'.  —  9  Dion. 
Hal.  II,  71.  Cf.   Gilbert,  Op.  cit.    p.    141.  —    lo  .*us  exemples  nombreui  cités 


les    cérémonies    en    l'honneur   du    dieu    des    arméesl,/ 
Les  recherches  du  folklore  ont  établi  que  la   danse 
guerrière  à  la  façon   des  Saliens  était  pratiquée   dans 
l'antiquité  gréco-romaine  pour  obtenir  la  protection  de 
divinités  solaires,  .\pollon,  Hercule,  Jupiter,  Mars,  et  que 
la  même  coutume  se  retrouve  chez  un  grand  nombre  de 
peuples  appartenant  à  la  race  indo-germanique*.  C'est 
généralement  vers  l'équinoxe  du  printemps,  c'est-à-dire 
dans  la  saison  où  les  armées  se  mettaient  en  campagne, 
après  que  la  terre  a  reçu  les  semences  des  futures  ré- 
colles, que  cet  acte  de  religion  nationale  était  célébré. 
Les  historiens  grecs  des  institutions  romaines  n'ont  pas 
manqué  de  souligner  la  ressemblance  que  la  danse  des 
Saliens  ofTrait  avec  celle  des  Curetés  en  Crète  el  à  Éphèse, 
laquelle  s'adressait  à  Zeus  enfant  ou  à  -\pollon^  Nous 
en  retrouvons  d'analogues  chez  les  Celtes  et  les  Germains 
de  l'antiquité  et,  dans  les  temps  modernes,  parmi  les 
populations  rurales  des  pays  italiques,  slaves,  romans 
et  germaniques  :  partout  ces  danses  s'inspirent  de  préoc- 
cupations à  la  fois  guerrières  el  champêtres'''.  Chez  les 
Romains,  la  pénétration  de  ces  deux  ordres  de  sentiments 
est  si  intime  qu'on  a  pu,  avec  une  égale  vraisemblance, 
faire  des  Saliens  une  confrérie  agricole  fournissant  un 
pendant  aux  .\rvales  ou  une  corporation  exclusivement 
militaire  ".  C'est  cette  dernière  opinion  qui,  aujourd'hui, 
tend  à  prévaloir,  alors  que  l'autre  a  été  bien  longtemps 
en  honneur.  Wissowa  et,  à  sa  suite,  Helbig  ont  démontré 
tant  par  des  faits  d'ordre   général  que  par  l'étude  des 
attributs   el  des  cérémonies  propres  aux  Saliens,   que 
l'institution  même  de  cette  confrérie  est  d'un  temps  où 
le  Romain  a  dépouillé  le  caractère  primitif  du  berger  el 
où  il  se  présente  devant  nous  avec  l'allure  du  guerrier 
combattant  '-^es  cérémonies  auxquelles  les  Saliens  pré- 
sident sont  accomplies  pour  le  salut  de  l'armée  et  leurs 
attributs  sont  déterminés  (nous  en  fournirons  plus  loin 
la  preuve)  par  l'armement  dont  les  patriciens  faisaient 
usage  dans  l'Italie  centrale  au  ix'  siècle  avant  notre  èruJ 
D'aussi  loin  que  la  tradition  permet  de  se  faire  une  opi- 
nion raisonnée.  a  pu  dire  Wissowa,  Mars  n'a  jamais  été 
pour  les  Romains  que  le  dieu  de  la  guerre  ;  et  s'il  est  en 
même  temps  le  protecteur  des  champs,  ce  n'est  pas  tant 
pour  en  assurer    la  récolte   que  pour    en    écarter    les 
ravages  de  l'ennemi  en  armes '^^es  Saliens,  qui  sont 
ses  ministres,  dira  à  son  tour  Helbig,  officient  originai- 
rement  comme  les  représentants  sacerdotaux    du  con- 
tingent des   citoyens  qui  avaient  les  pleins  droits  poli- 
tiques ;  et  c'est  pour  cela  que  Denys  les  a  définis  :  les 
ministres  chargés  de  célébrer  les  divinités  guerrières'*. 
\Ce   qui  prouve  l'importance  de  leurs  fonctions,  c'est 
que  nous  ne  les  rencontrons  pas  seulement  à  Rome,  mais 
dans  diverses  villes  du  Latium  et  qu'elles  s'adaptent, 
dans  certains  cas,  à  d'autres  cultes  que  celui  de  Mars.  Une 
note  de  Servi  us,  qui  est,  d'ailleurs,  un  mélange  assez 

par  MuellenholT,  Op.  cil.  on  peut  ajouter  les  observations  de  Mannhardt.  Myt*ot. 
Forschumjen,  p.  19»  :  et  Antike  ««M  i/ii'f  Fehlku.'te,  p.  136.  Cf.  pour  la  survi- 
vance de  pratiques  de  ce  genre,  Zeitschrift  fiir  deutsches  Atterihum.  1876,  p.  IS 
st|.  ;  et  un  article  de  la  revue  La  \atifre.  i3  ocl.  et  13  nov.  1886,  sur  une  ancienne 
danse  guerrière  dans  les  Hautes-.\lpes.  près  de  Briançon.  —  tt  V.  Corssen.  fjp. 
cit.  p.  -5  sq.  ;  celui-ci  contre  Klauseii.  .lenens  und  die  Penaten;  Hartung. 
Heligion  der  Hoemer.  II.  p.  IGi  sq.  ;  Preller,  Roem.  Mylhol.  I,  p.  334  avec  les 
rcclificalions  de  Jordan.  Pour  .Mars,  dieu  agricole,  v.  Rosclier,  Le.rikon  de  Mythol,  II. 
p.  2379  sq.  et  MAKS,  1^,  2.  p.  1613  sq.  —  '2  Wissona,  Iteli).  und  Kull.,  p.  131  sq.  ;  382 
s  [.  ;  480  :  Helbig,  .Sur  les  allribuls  des  Snliens,  p.  203.  261,  etc.  Déjà  Gilbert,  O/i. 
cil.  I,  p.  141  sq.  143  et  passini.  L'élude  de  M.  Helbig  tranche  délinitivement  le  i1,- 
bat  ;  elle  répond  au  vœu  exprimé  par  Preller-Jordan,  Jioem.  ityth.  I,  p.  256.  —  '3  0. 
cit.  p.  131.  —  1»  Op.  cit.  p.  201.  Dion.  Hal.  Il,  70  :  ■;^»r.ti;  t.ïv  S.o-iîuv  M.. 


SAL 


—  1017 


SAL 


incohérenl  de  fables  helléniques  et  de  Iradilions  nalio- 
nales,  signale  des  Saliens  à  Tibur,  qui  les  aurai l  connus 
anlérieurement  à  Rome  '.  Ils  y  étaient  au  service  d'Her- 
cule, vénéré  sous  le  vocable  de  Victor  et  d'/nvictus, 
c'est-à-dire  envisagé  comme  un  dieu  guerrier.  C'est  cette 
tradition  que  Virgile  a  transplantée  à  Rome  même^ 
quand  il  nous  montre  les  Arcadiens  d'Évandre  fêlant,  à 
l'arrivée  d'Én('eJ  Hercule  auprès  de  r^?"«  Maxiina.  Les 
minisires  du  dieu  sont  des  Saliens  qui,  la  tête  couronnée 
de  feuillage  de  peuplier,  évoluent  autour  de  l'autel  en 
chantant.  Le  même  auteur  cite  desSaliensA^'^eïes,  ville 
étrusque  oii  leur  collège  aurait  été  organisé  par  un  roi 
ancien  du  nom  de  Morrius  ^  Ceux  de  Tibur  fonctionnent 
encore  aux  temps  historiques,  et  il  en  est  de  même, 
comme  le  prouvent  des  inscriptions,  à  Albe,  à  Lavinium, 
à  Tusculum,  à  Anagnia,  villes  du  Latium*.  D'autres 
plus  lointaines,  situées  dans  le  Nord  de  l'Italie,  Brixia, 
Opitergium,  Patavium,  Ticinum,  Vérone,  pouvaient  les 
avoirreçus  de  Rome  ou  transformés,  à  l'imitation  des  col- 
lèges du  Palatin  et  du  Quirinal,  en  sacerdoces  locaux  ^ 
Tel  est  aussi  le  cas  de  Sagonte  en  Espagne  qui,  sous  la 
domination  romaine,  possédait  un  collège  de  Saliens, 
avec  une  organisation  qui  semble  calquée  sur  celle  de  la 
métropole".  En  revanche,  il  faut  dénier  toute  valeur 
scientifique  aux  élucubrations  anciennes  qui  tendent  à 
faire  des  Saliens  de  Rome  une  implantation  d'origine 
grecque,  soit  qu'on  les  rattache  au  culte  des  Cabires  de 
Samothrace,  soit  qu'on  les  présente  comme  les  ministres 
de  celui  des  Pénates  qu'Énée  aurait  apportés  de  Troie  en 
Italie''.  On  a  transformé  les  Saliens  en  ministres  des 
Lares  publics,  identifiés  avec  Picus  et  Faunus  au  sanc- 
tuaire de  la  Regia  '. 

II.  Culte. —  De  même  que  le  culte  de  Mars  fut  un  des 
liens  qui  unirent  entre  elles  les  diverses  peuplades  de 
l'Italie  centrale  sous  l'hégémonie  de  Rome,/ainsi  la  Cm?vV/, 
où  les  Saliens  gardaient  les  boucliers  sacrés,  doitêlre  con- 
sidérée comme  le  centre  religieux  de  leur  fédérationjV:^ 
\Cette  Curia  est  un  local  distinct  du  Saci'arium  A/artis, 
aussi  souvent  cité  qu'elle  parce  que  les  Saliens  y  offi- 
ciaient, et,  pour  cette  raison,  confondu  avec  elle,  tant  à 
cause  du  mot  sacrarium  qui  se  prête  à  qualifier  tous 
les  édifices  du  culte,  qu'à  cause  de  l'expression  arma 
ancilia  par  laquelle  les  calendriers  désignent,  tantôt  les 
boucliers  seuls  en  vertu  d'une  apposition,  tantôt  séparé- 
ment les  lances  et  les  boucliers  '°.  La  Curia  Satiorutn, 
située  surle  Palatin,  était  la  résidence  des  6'ff/f«  Palatini 
et  l'arsenal  des  ancilia.  Il  s'y  trouvait  aussi  une  statue 
de  Mars  armé  de  la  lance,  puis  une  relique  vénérable,  le 
lituus  ou  bâton  augurai  de  Romulus".  C'est  dans  ce 
sanctuairequeles  Saliens, aux  dates  rituelles,  etlegénéral 

1  Scrv.  Afi  Aen.  VIII,  2)-5:  cf.  Macroh.  III,  12,  7,  citant  un  livre  d'Oclavius 
Hersennius  (?)  intitulé  :  De  sacris  Saliaribus  Tiburtium.  Cf.  C.  i.  l.  p.  577, 
n»  3543,  3348,  4234;  3353  et  p.  577;  Mommscn,  Ibid.  I,  p.  150;  Orclli,  Inscr. 
2249,  2701.  —  2  Virg.  Aen.  VIII.  Ad  loc.  CS.  .«cliol.  Horat.  Carm.  I,  27.  —  3  Serv. 
Aen.  Loc.  cil.  Cf.  Marquardt-Mommscn,  Handliuch.  \l,  p.  430;  Roscher,  Lexikon, 
II,  2,  p.  2427,  qui  voit  dans  Moi'i-ius  une  coiTuplion  do  Mars.  U.  Helbig  s'autorise 
de  ce  témoignage  pour  i'interprètalion  de  lasardoine  représentant  les  boucliers  des 
Saliens  dont  il  sera  i|ucstion  plus  loin  (III).  —  4  C.  i.  I.  VI,  2170,  2171  ;  X,  707, 
5923  et  5920.  On  a  ciu  reconnaitre  des  Saliens  sur  un  petit  bas-relief  d'Anagnia, 
représentant  des  lioinmes  casqués  qui  portent  des  boucliers  oblongs  avec  la  télé  de 
Gorgone;  Annali  delf  tnstit.  1S09,  pi.  E.  L'identilicatiou  est  plus  que  douteuse; 
voir  plus  loin,  p.  1020.  —  5  C.  i.  (.  V,  1978,  2831,  0431  ;  4492.  —  6  ll,id.  Il,  3833, 
3855,3839;  un  magisler,  Ib.  3814  et  3805;  conlusores  (membres)  à  3853.  —  7  Fcst. 
p.  326  et  329;  Plut.  Siim..  13;  Serv.  Aen.  Il,  323  et  VIII,  283.  —  8  Kubino,  Bii- 
traeue  zur  Vori/eschiclite  Italiens,  p.  239  :  die  Salier  als  Penatendiener.  Cf.  /leal- 
encyclop.  de  l'auly,  t.  VI,  p.  CS9,  où  sont  entassées  comme  à  plaisir  toutes  les  assi- 
milations erronées  de  l'institution  des  Saliens  avec  les  cultes  exotiques.  —  'J  Gilberl, 

VIII. 


en  chef,  lors  d'une  entrée  en  campagne,  allaient  faire  ré- 
sonner les  boucliers  [commovere  arma  ancilia)  et  tou- 
cher la  lance  du  dieu  en  l'interpellant  :  Mars,  vigila  '-. 
Le  Sacrarium  Martis  n'étant  pas  un  édifice  distinct,  mais 
une  chapelle  de  la  Regia,  Mars  n'y  avait  ni  statue,  ni 
boucliers;  mais  on  y  déposait  les  lances  sacrées  qui 
avaient  également  leur  rôle  et  dans  les  cérémonies  des 
Saliens  et  dans  les  préliminaires  d'une  déclaration  de 
guerre.vCésar  y  était  allé  dormir  au  début  de  la  lutte 
contre  Pompée,  et  il  y  fut  réveillé  par  le  bruit  des  lances 
qui  s'entrechoquèrent  miraculeusement '^^^Là  aussi  in- 
tervenaient des  Vierges  Salieiuies.  prêtresses  d'occasion, 
dont  le  caractère  est  mal  connu,  mais  dont  on  sait  qu'elles 
assistaient  le  Grand  Pontife  en  compagnie  des  Saliens 
pour  l'oblation  d'un  sacrifice;  elles  étaient  alors  vêtues 
du  pa/MrfrtWie/i/wm,  manteau  militaire,  et,  comme  les  Sa- 
liens eux-mêmes,  coiffées  de  Vapex  '*.  Le  sacrariutnde  la 
Regia el\a.Curia  Saliorum  appartenaientoriginairement 
à  la  confrérie  du  Palatin;  celle  du  Quirinal  avait  sa  Cui'ia 
propre,  très  vraisemblablement  une  annexe  du  temple 
de  Quirinus,  au  sommet  de  la  Colline..  Denys,  en  la  dési- 
gnant par  le  terme  de  UpoauXâîciov,  indique  qu'on  y  de- 
vait conserver  d'autres  objets  vénérables  servant  au  culte 
du  MarsQuirinus  '°.  Enfin,  rappelons  les  sanctuaires  qui, 
au  dire  de  Tite-Live,  auraient  été  élevés  à  Pavor  et  à 
Pallor  par  TuUus  Hostilius,  quand  il  créa  la  confrérie 
des  Saliens  du  Quirinal;  si  ces  sanctuaires  ont  jamais 
existé,  il  est  impossible  d'en  découvrir  des  traces'". 

Aux  temps  historiques,  il  n'est  question  que  d'un 
groupe  de  fêtes,  célébrées  en  l'honneur  de  Mars  par  les 
Saliens,  sans  que  l'on  distingue,  à  ce  point  de  vue,  les 
deux  confréries.  11  est  probable  que  certaines  cérémonies 
leur  étaient  communes,  tant  à  la  Curia  Saliorum  que 
dans  la  chapelle  de  la  Regia  ;  si,  ensuite,  elles  se  sont 
séparées  (mais  nous  n'en  savons  rien  au  juste),  ce  devait 
être  pour  se  partager  l'itinéraire  des  processions  suivant 
leurs  quartiers  respectifs'".  (Ces  fêtes  se  célébraient  en 
mars  et  en  octobre  ;  celles  du  printemps  sont  de  beaucoup 
les  plus  importantes,  puisqu'elles  s'étendent  sur  un  mois 
presque  entier  '*;  celles  d'automne  sont  une  rapide  con- 
clusion qui  tient  dans  une  seule  journée,  celle  de  VÂrmi- 
lustriian  ".  Les  premières  avaient  pour  objet  de  mettre 
en  mouvement  [movere]  les  armes  et  les  boucliers:  les 
secondes  de  les  rendre  au  repos  (condere).  La  légende 
fixant  au  1"'  mars  le  miracle  de  Vancile  tombé  des  nues 
aux  pieds  de  Numa,  c'estce  jour-làque  commence  la  fonc- 
tion pieuse  des  Saliens.  Ils  vont  à  la  Curia  du  Palatin 
invoquer  Mars  et  tirer  de  leur  réduit  les  douze  boucliers  ; 
de  là,  ils  se  rendent  kla. Regia,  assister  au  sacrifice  offert 
par  le  Grand  Pontife  en  compagnie  des  Vierges  Saliennes 

Gescli.  vnd  Topogr.  I,  p.  139  sq.  —  10  Cic.  Divin.  I,  17,  30  ;  Dion.  XIV,  2  et  II,  7  ; 
Plut.  Niim.  13  ;  Cam.  32  ;  Val.  Max.  I,  1,  39  ;  Serv.  Aen.  VIII,  3  ;  Vil,  003.  Pour  la 
question  topograpliique,  v.  Becker,  Topographie,  p.  229  sq.:  Jordan,  Topogi:  U, 
p.  271  sq.  et  tlilberl,  1,  p.  346  sq.  Cf.  Roscber,  Lexikon,  II,  2388.  —  "  Varr. 
Ling.  lat.  V,  143;  T.  Liv.  I,  44;  Plut.  nom.  Il;  Fest  p.  252.  Cf.  i.iiuus, 
p.  1278,  1.  —  12  Serv.  Aen.  VII.  603  et  VIII,  3,  avec  les  calendriers  au  9  mars; 
Lyd.  De  mens.  III,  15  et  IV,  29;  les  ancilia  et  les  lances  par  leurs  bruits  spon- 
tanés annoncent  les  périls  publics.  T.  Liv.  Epit.  08  ;  Jul.  Obseq.  44.  —  13  Serv. 
Ihid.  II,  323;  Aul.  Clell.  IV,  0,  1  ;  Uion.  Cass.  44,  7;  cf.  T.  Liv.  XL,  19  et 
Jul.  Obseq.  00-91  et  ailleurs.  —  1*  Fest.  p.  329;  cf.  Ambroscli,  Op.  cit.  p.  8, 
note  32;  p.  1 1  et  1»,  note  56.  —  15  Dion.  Hal.  Il,  70;  cf.  m-iniKus,  p.  807,  et 
Serv.  Aen.  I,  292.  —  IS  Gilberl,  I,  p.  139  si|.  ;  et  supra.  —  "  Wissowa, 
Op.  cit.  p.  482.  —  is  l'olyb.  XXI.  10,  12;  Dion.  Hal.  H,  70.  Les  trente  jours  de 
Polybe  sont  moins  exacts  «[ue  le  grand  nombre  de  jours  dont  parle  ce  dernier. 
—  13  T.  I,  p.  43S.  Cette  dernière  félc  était  également  sous  la  direction  des  .Sa- 
liens; Varr.  Ling.  lat.  VI,  22;  V,  133;  Fest.  Epit.  p.  19  et  les  Calendriers  au 
19  octobre. 

128 


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1018 


SAL 


cl  s'assuror  des  lances  qui  devaient  compléter  leur  arme- 
ment '.iLes  calendriers  désignent  ce  jour  par  Ferine 
Martis  ou  A'ata/is  Martis-;  la  première  manifestation 
publique  du  collège  ne  devait  avoir  lieu  que  huit  jours 
plus  tard,  le  î)  mars,  qui,  dans  les  calendriers,  figure  sous 
la  rubrique  :  nriiia  anci/ia  movent,  et  ([ui  marque  en 
réalité  l'ouverture  des  processions  par  la  ville ^  Dans 
l'intervalle  du  l"  au  0  mars,  tombait  la  fêle  des  Matro- 
nalin  qui,  à  partir  de  l'an  375  U.  C,  jouit  d'une  popu- 
larité considérable'.  Les  fêtes  en  l'honneur  de  Mars 
continuent  ensuite  pendant  une  quinzaine.  Polybe  s'est 
donc  trompé  en  donnant  aux  cérémonies  des  Saliens 
une  durée  de  trente  joursJ  La  procession,  qui  est  l'acte 
capital  de  leur  culle,  senible  s'être  déroulée  pendant 
dix  jours  au  plus,  du  9  au  19  mars,  date  des  Quinqua- 
Iries  [oiiNOUATRtsl  ^  ;  et  c'est  le  2i  que  figure  au  calen- 
drier le  dernier  épisode  de  la  fêle;  ce  jour-là,  le  Rex 
sacroruin  mettait  lin  aux  cérémonies  en  déclarant  close 
la  série  des  jours  reliyiosi  ouverte  le  1"  mars  %  Quant 
aux  détails  de  l'organisation,  les  témoignages  anciens 
manquent  de  précision  ;  seule  la  procession  qui  mettait 
la  ville  en  rumeur  parait  avoir  frappé  les  imaginations. 
Comme  celle  des  argei,  dont  les  stations  nous  sont 
connues,  et  celle  des  luperci,  dont  nous  savons  le  parcours, 
la  processionjifisSaliens  devait  suivre  un  itinéraire  dé- 
terminé. Elle  étaiticoupée  par  des  haltes  dans  une  même 
journée  et  s'arrêtait  chaque  soir  dans  un  édifice  amé- 
nagé à  cet  efTet>Du  moins,  une  inscription  de  l'an  382 
de  notre  ère  parle  des  mansiones  «  bâties  par  les 
anciens  pour  la  garde  des  armes  sacrées  et  qui,  tom- 
bant en  ruines  de  vétusté,  parce  qu'on  s'en  était  dé- 
sint(Tessé,  avaient  été  réparées  aux  frais  des  Pon- 
tifes '  ».^\ux  haltes  de  la  journée  était  donné  à  la  foule 
le  spectacle  de  la  danse  sacrée  et  les  Saliens  chantaient 
leurs  hymnes,  sans  doute  en  offrant  un  sacrifice*.  Une 
de  ces  haltes  avait  sûrement  lieu  sur  le  Comitium  et 
l'on  peut  conjecturer  qu'il  y  en  eut  une  au  Capitole  ■', 
et  une  autre  sur  le  pont  Sublicius  '"  ;  il  devait  y  en 
avoir  beaucoup  d'autres.  La  procession  impliquait  le 
concours  des  grands  sacerdoces  et  celui  de  la  cavalerie 
des  Juniores  commandée  par  le  tribun  des  Celeres  "  ;  un 
bas-relief  nous  en  a  peut-être  conservé  une  représenta- 
tion réduite.  Elle  s'ouvre  par  trois  hommes  portant  une 
corjjeille;  suivent  quatre  joueurs  de  trompettes  et,  der- 
rière eux,  cinq  Saliens  de  taille  plus  petite  (sans  doute 
la  section  des  Juniores);  le  cortège  est  fermé  par  six 

I  Lyd.  De  mens.  III.  13  ;  Ovid.  Fast.  III,  239  ;  373  et  les  leilcs  cités  plus  haut. 
—  2  C<l(.  Praen.  Fast.  Philocali  ;  Pliol.  Amphil.  13i.  —  3  Fttst.  Philoc.  —  ''  Voir 
jtNo,  III,  1.  p.  084,  2.  —  ô  IV,  p.  802.  1  ;  les  (Juinquatries,  à  l'origine,  (|uaiid  elles 
étaient  eu  rapport,  avec  le  seul  culte  de  Mars,  ne  duraient  qu'un  jour,  le  iO  mars,  et 
étaient  une  fôte  de  purification;  Cliaris.  p.  81,  20  (Grammnt.  lut.  de  Keil);  quingtia- 
trtis...  a  ijuinquando,  id  est  histrando^  guod  eo  die  arma  ancilia  lustrari  siitt 
aotita.  Celte  journée  correspondait  à  l'Armilustrîum  du  l'J  octobre.  Cf.  Marc|uardt, 
Momnisen,  VI,  p.  434;  et  Husclike,  Das  Jioem.Jnhr.  p.  355,  avec  la  restitution  du 
telle.  Cal.  Praen.,  salu  faciunt  in  comitio  sai.tus  SAcnincAXTUîus  pustificiuus  i-t 
Tiiiiic.Ms  cEfKrirM.  —  6  Le  23  avaitlieu  le  tuuu.ustrom;  V.  v.  Le  24  mars  est  désigné 
dans  les  calendriers  par  :  quando  iif.x  comitiavit  fas  ;  ef.  Fest.  p.  238,  278  et  Varr. 
Lhtf/.  lot.  VI,  31;  une  mention  identique  se  retrouve  pour  le  24  mai.  La  céré- 
monie rouvre  le  cours  des  affaires  judiciaires  ;  T.  Liv.  ,\XXV1I,  33,  0  ;  cf.  Mar- 
quardt-iMommsen,  VI,  p.  430,  note  tu.  —  ^  C.  i.  l.  VI,  2138.  Ce  sont  les  prêtres 
de  Vesta,  c'csl-ii-dire  les  Pontifes  de  la  /tegia  qui  les  rétablirent.  —  8  Vid. 
infra;  sauf  le  sacrifice  du  premier  jour,  nous  ignorons  tout  de  celte  partie  de  la 
cérémonie;  Fest.  p.  239.  —  'J  Varr.  Ling.  lat.  V,  83;  Dion.  liai.  Il,  70.  —  to 
Kn  ce  qui  concerne  cette  station,  située  sur  le  chemin  du  Jnuicule  (jui  repré- 
sentail  devant  l'opinion,  par  rapport  à  Rome,  la  ville  hostile,  elle  permet  de  sou- 
ligner une  fois  de  plus  le  caractère  guerrier  de  l'institution  des  Saliens.  V.  Cic. 
Ug.  ugr.  I,  3,  )6;  II,  27,  74;  T.  Liv.  I,  33;  Plin.  Hist.  N.  III,  5,  'J,  où  le  Jani- 
culecst  appelé  :il/t^ipo^'s.  Cf.  Husclike,  Verfassunr/  des  Serritts  TuUius,  p.  471,  01 


jeunes  filles  portant  des  encensoirs,  dans  lesquelles  il 
est  permis  de  voir  les  Vierrjes  Salieiines23^ 

Les  auteurs  latins  qui  parlent  de  la  danse  des  Saliens 
emploient  tous  le  terme  de  tripiidium  en  le  relevant  par 
l'expression  plus  générale  de  saltattis.  Tite-Live  et  Tacite 
recourent  au  même  mot  pour  les  danses  des  soldats  bar- 
bares, l'un  des  Espagnols,  l'autre  des  Germains '^  Le 
rythme  en  était  des  plus  élémentaires  et  rustiques  ;  Sé- 
nèque  le  compare  avec  les  mouvements  des  foulons  pilant 
sous  leurs  pieds  les  étoffes  dans  la  cuve  ;  Catulle,  qui  y  fait 
allusion,  semble  insinuer  qu'il  mettait  la  solidité  du  pont 
Sublicius  à  unB  dure  épreuve".  Mais  Lucien,  peu  cou- 
tumier  de  respect  religieux,  l'appelle  la  plus  majestueuse 
et  la  plus  sainte  des  danses,  et  dit  qu'elle  est  exécutée 
par  les  plus  illustres  des  Romains  en  l'honneur  du  dieu 
guerrier '°  [saltatio\  Nous  avons  vu  que  des  personnages 
de  la  plus  haute  gravité  tenaient  à  honneur  d'y  figurer 
jusqu'à  un  âge  très  avancé  "*.  Corssen  croit  que  le  t?'i- 
pudium,  en  général,  et  celui  des  Saliens,  en  particulier, 
se  dansait  sur  le  rythme  anapeslique,  qui  suppose 
trois  mouvements  :  les  deux  premiers  brefs,  frappés  par 
un  pied,  le  troisième  égal  en  durée  aux  deux  autres,  ce 
qui  constituait  une  sorte  de  repos  sur  l'autre  pied  '"„  Il 
résulte  d'un  passage  de  Vcrrius  Flaccus,  qui  s'est  docTT- 
menlé  dans  les  Fastes  des  Saliens,  que  le  coryphée  de  la 
danse  [praesul)  danse  la  figure  en  solo  et  que  le  collège 
faitlareprise,  d'abord  par  les  jeunes  et  les  anciens  sépa- 
rément, puis  par  tous  ensemble";  c'est  ce  que  signifie  le 
vers  du  satirique  Lucilius  :  «  Quand  le  praesul  a  dansé, 
il  faut  que  la  confrérie  danse  à  son  tour  de  même.  » 
L'évolution  du  chœur  devait  se  faire  autour  de  l'autel  du 
sacrifice  ",  et  les  danseurs  frappaient  les  boucliers  avec 
la  lance,  leur  chant,  accompagné  par  les  trompettes, 
contribuant  à  scander  le  rythme  de  la  danse.yil  n'est  pas 
douteux  que  ce  rythme  fut  en  rapport  avec  celui  du  vers 
national  des  Latins,  le  vers  saturnien,  sur  lequel  il 
semble  que  le  chant  des  Saliens,  comme  celui  des  Arvales, 
ait  été  composé^".  D'autre  part,(l_es  termes  de  antruare 
et  de  redanlruare,  employés  par  Verrius  Flaccus  pour 
désigner  les  figures  de  la  danse  des  Saliens,  rattachent 
cette  danse  au  ludus  trojanus,  qui  n'esl  troyen  que  par 
une  corruption  du  mot  [trojae  ludis],  et  le  carrousel 
des  jeunes  Latins  que  Virgile  a  idéalisé  dans  VÉnéide 
trouve   son  pendant  dans  la  danse  sacrée  des  Salien^j^. 

11  est  difficile  de  savoir  ce  que  furent  les  mansiones 
dans  lesquelles,  chaque  soir,  les  Saliens  déposaient,  pour 

et  Klausen,  Aeneas  uud  die  Penaten.  p.  947.  —  II  Cal.  Praen.  19  mars,  cl  supra, 
note  3.  —  12  Kdité  par  J.-B.  Casali,  De  profanis  et  sacris  veteribus  ritibus 
opiis  (Home,  1044),  p.  140.  V.  Matz,  Monatsberichte  der  Berliner  Akad.  1871, 
p.  443  sq.;  et  Schulze,  Handzciclmiing  eines  Reliefs  mit  Darsteltuug  eines  Sa- 
lieritmzitgs,  Pétersbourg,  1873.  Le  bas-relief  a  été,  par  conjecture,  présenté  comme 
originaire  de  Tibur.  Vid.  supra,  note  4,  p.  1017.  U  n'est,  d'ailleurs,  pas  sur  (ju'ii 
représente  la  procession  des  Saliens  suivant  le  rituel  romain.  —  t3  T.  Liv.  XXV, 
17,  3;  Tac.  Annal.  IV,  47.  —  14  Scn.  Epist.  13,  4;  Catull.  17,  5;  Uor.  Od.  I, 
30,  12;  IV,  1,  28;  cf.  Fest.  p.  270,  320;  Serv.  Aeii.  VIII,  283,  003:  0.  Miicllcr- 
Ueekc,  Die  Jitruster,  11,  p.  217.  —  15  Luc.  iJe  sallat.  20.  —  16  Vid.  supra, 
Macrob.  III,  14,  14;  Val.  Max.  I,  1,  9.  — 1^  Op.  cit.  p.  44  sq.  ;  il  cite  encore 
Hor.  Od.  III,  18,  13,  où  il  est  dit  du  laboureur  :  Gaudet  invisam  pcpnlisse 
fossor  ter  pede  terram'.  Cf.  Lucr.  V,  1399  :  extra  numerum  procedcre  membra 
moventes  ditriter  et  dura  terram  pede  pellere  matrem.  —  1**  Chez  Festus, 
p.  9  et  220  ;  cf.  Nonius,  p.  103  avec  les  citations  de  Pacuvius  et  de  Lucilius  et 
l'inlerprétalion  de  Klausen,  Op.  cit.  p.  823,  note  1324.  —  l'J  Des  sacrilices  à  l'occa- 
sion de  ces  ilanscs  ne  sont  pas  douteux  ;  dans  les  fragments  de  l'hymne  chanté,  il 
est  question  de  i  ictimes  vivantes  dont  on  consultait  les  entrailles  cl  partageait  les 
chairs;  et  aussi  de  iHo/a  5a(sn;  V.  Fest.  p.  141  ;  Varr.  Ling.  lat.  V,  110;  pour  la 
mola  salsa  k  laquelle  fait  allusion  le  premier  de  ces  textes,  Serv.  Bucol.  VIII,  82, 
qui  en  donne  la  recette  et  l'emploi  dans  le  culle.  —  20  Corssen,  Origines  etc. 
p.  200  sq.  —  '-t  Virg.  Atn.  V,  380  sq.  et  Klausen,  p.  820  sq.  ;^v.  TnoJAv;  ludi:s]. 


s  AL 


1019  — 


SAL 


la  nuit,  les  armes  sacrées  et  tout  l'atlirail  de  la  proces- 
sion, ce  qui  suppose  que  le  lendemain  ils  partaient  delà 
pour  une  station  nouvelle.  Wissowa  suppose  que  des 
locaux  quelconques  étaient  aménagés  pour  la  circon- 
stance' ;  avecFextensiondu  périmètre  de  la  ville,  le  retour 
à  la  Curia  du  Palatin  eût  imposé  au  collège  des  fatigues 
excessives  ou  contraint  à  négliger  certains  quartiers 
éloignés.  C'est  dans  ces  mansiones  que  les  membres 
de  la  confrérie  prenaient,  après  la  tâche  accomplie,  un 
somptueux  repas-.  Les  repas  des  confréries  et  des  sacer- 
doces sont  cités  fréquemment  comme  des  modèles  de 
luxe  gastronomique,  .\ugures,  Pontifes,  Arvales  '  s'en 
offraient  d'aussi  plantureux  que  ceux  des  Saliens  et 
tous  ensemble  méritèrent  de  passer  en  proverbe*. 

Si  la  danse  des  Saliens  a  frappé  l'imagination  des 
foules,  leurs  chants  ont  attiré  de  très  bonne  heure  l'at- 
tention des  érudits;  ils  constituaient,  en  effet,  un  des 
plus  anciens  monuments  de  la  langue  nationale'.  .\  ce 
litre,  il  fut  très  fidèlement  transmis  à  travers  les  âges; 
mais  il  devint  de  très  bonne  heure  inintelligible,  même 
aux  prêtres  qui  en  avaient  la  garde/Dès  la  fin  du  ii"  siècle 
avant  notre  ère,  le  savant  .\elius  Stilo  sentit  le  besoin 
d'en  écrire  un  commentaire  qui  devint  lui-même  obscur 
pour  les  écrivains  de  la  fin  de  la  République.  L'œuvre  fut 
mise  à  contribution  par  Varron  et  par  Verrius  Flaccus  ; 
les  fragments  que  nous  possédons  du  chant,  grâce  aux 
abréviateurs  de  ce  dernier,  sont  à  ramener  à  cette  source. 
Les  linguistes  modernes  n'en  ont  guère  déterminé  que 
le  sens  général  et  quelques  expressions  isolées  "./Ces 
chants  des  Saliens  étaient  appelés  axainentn,  mot  qu'on 
explique  de  diverses  manières,  soit  qu'on  le  rattache  à 
axis,  rouleau  sur  lequel  ils  auraient  été  écrits,  soit  qu'on 
fasse  du  verbe  axare  un  synonyme  ou  de  agere  au  sens 
sacré  ou  de  invocare  :  dans  ce  dernier  cas,  axamenta 
serait  très  semblable  à  indifjitamenta' .  L'examen  des 
fragments  a  permis  d'établir  que  ces  chants  étaient  une 
sortede  litanies,  invocations  sommaires  où  l'on  ne  trouve 
guère  que  des  noms  de  divinités  avec  les  vocables  ritue^sy 
On  rencontre  ceux  de  Mars  Gradivus,  de  Mars  Quirinus, 
de  Janus  Quirinus,  de  Jupiter  Lucetius,  de  Saturne,  de 
Minerve,  de  Junon,  de  Diane,  de  Liber,  de  Salus,  de  Con- 
cordia,  de  Pax  et  celui  du  forgeron  divin  Mamurius  Ve- 
turius*.  Macrobe  remarque  que  Vénus  seule  parmi  les 
dieux  célestes  n'y  avait  pas  trouvé  place  °.  Plus  tard,  on 
y  accueillit  les  noms  des  empereurs  (le  premier  qui  obtint 
cet  honneur  fut  .\uguste)  et  des  princes  de  la  famille  im- 
périale'". Un  passage  fort  discuté  de  Verrius  Flaccus  a 
permis  d'y  distinguer  des  invocations  aux  divinités  en 


I  Op.  cit.  p.  i29.  —  3  Fcsl.  p.  329,  7  ;  Suct.  Ctaud.  33  :  en  train  de  juger  dans 
l'une  des  basili'|ucs  qui  bordaient  le  forum,  cet  empereur  perçoit  lodeur  du  festin 
i|uc  l'on  préparait  aux  Saliens  dans  le  temple  voisin  de  Mars:  il  abandonne  le 
tribunal  et  se  joint  au  collège,  dont,  sans  doute,  il  faisait  partie.  .\pulée^  IV,  22,  par- 
lant d'un  cheval  qui  a  de  l'orge  à  foison,  dit  de  lui  ;  Saliares  te  cenasse  cenas  cre- 
deret.  Cf.  .\us.  K/iisl.  I.\,  13;  Symmach.  Epist,  I,  23  ;  Tert.  Apol.  30;  Cicer.  £p. 
Ait.  V,  9,  1  ;  llor.  Od.  I,  37,  2.-3  Henzen,  Aolar.  An.,  p.  16,  45.  —  4-  Varr. 
Ùe  re  rusl.  III,  2,  IC;  Cic.  Epist.  fam.  VU,  20,  2;  Hor.  Od.  Il,  14-,  28; 
.Mari.  XII,  W,  11;  Hin.  Hist.  n.  XXVIll,  î'I.  —  i  Varr.  Linij.  /a/.  VII,  2; 
Fesl.  p.   141,  t4C,  210.  329  ;  Cic.  De  orat.  111,   107  ;  llor.  Ep.  Il,  1,  80  ;  (Juint.  I, 

10,  20,  et  6,  49.  Cf.  Bergk,  De  carm.  .Saliar.;  Corssen,  Origines  poesis  roman.  ; 
WordsKortli,  Etirlj/  Latin,  p.  564;  Jordan,  Kritische  Beilraeye  :ur  Gcsch.  dcr 
Lat.  Sprache,  p.  2tl.  —  G  V.  surtout  Corssen,  Op.  cit.  p.  55  sq.  ;  199  scj.  ;  cl 
Bcrgk,  Op.  cil.  —  7  Fesl.  Epit.  p.  s.  Glossar.  Labh.  ;  (Julberleth,  Ve  Saliis 
Martis  saccrjotibus,  p.  114;  Corssen,  p.  43  sq.  :  Bergk,  Op.  cit.  et  Hallische 
Litteraturzeitung,  1842,  p.  ÎÎ4;  Wissowa,  Helig.  und  JCultus,  p.  4S3  et  passim  ; 
Gilbert,  Op.  cit.  I,  p.    144,  note.  —  spcstus,  Loc.  cit.;  Varr.  L.  c.  ;  .Macr.  I,  9; 

11,  15;  Corssen,  Op.  cit.  p.  55  sq.  :  probablement  aussi  Komulus  et  Remus,  Dion, 
liai.  I,  79;  Plut.  A'um.  5.-9  Macr.  I,    12.  —  lO  J/oiium.  Anci/r.  Il,  2S  ;  Tac. 


particulier  et  d'autres  qui  s'adressaient  à  elles  d'une 
façon  collective  ".  Mais  ce  n'est  que  dans  un  sentiment 
de  chauvinisme  littéraire  que  Cicéron,  parlant  de  ces 
vénérables  restes  de  la  poésie  nationale,  a  pu  se  hasarder 
à  dire  :  «  que  l'élément  artistique  n'a  pas  été  négligé 
dans  le  culte  ni  par  Xuma  lui-même,  souverain  très 
éclairé,  ni  par  les  vieux  Romains,  ainsi  que  le  prouvent 
les  lyres  et  les  cithares  dans  les  festins,  avec  les  vers  des 
Saliens  dans  le  culte'-  ». 

\  côté  des  textes  sacrés  de  prières  et  d'invocations  qui 
étaient  pour  les  membres  du  collège  un  objet  d'études 
difficiles,}  il_eiista|t,  pour  chacune  des  sodalités  du  Pa- 
latin et  du  Quirinal,  des  livres  rituels  où  étaient  consignés 
tous  les  détails  relatifs  à  la  pratique  du  culte/Comme  les 
xVrvales,  ils  avaient  leurs  Fastes,  sorte  de  journal  qui 
fixait  les  faits  intéTëssanls  de  leur  histoire 'y/.  11  n'est  pas 
douteux  que  les  deux  collèges,  tout  en  collaborant  aux 
mêmes  fêtes,  restèrent  indépendants  l'un  de  l'autre  jus- 
qu'au déclin  du  paganisme  et  qu'ils  réussirent  à  garder 
la  marque  distinctivede  leurs  origines".  Les  Fastes,  dont 
nous  avons  des  fragments  qui  vont  de  170  à:202ap.  J.-C, 
sont  ceux  des  Saliens  du  Palatin.  Les  réparations  faites 
aux  mansiones  en  3S:i,  sous  le  règne  de  Gratien  et  de  Va- 
lentinienll,  prouvent  que  les  danses  des  Saliens  se  main- 
tinrent,comme  la  course  des  Luperques  (condamnée  par  le 
pape  Gélase  en  494),  jusqu'en  plein  christianisme  offi- 
ciel, àraison  de  leur  caractère  dedistractionpopulaire '^ 

III.  Attributs.  -|-  La  description,  d'ailleurs  très  som- 
maire, que  Tite-Live  nous  a  léguée  des  manifestations 
publiques  du  culte  des  Saliens,  nous  montre  les  mem- 
bres de  la  confrérie  du  Palatjn,  vêtus  d'une  tunique  de 
couleur  bigarrée  et,  par-dessus  la  tunique,  d'un  rouvre- 
poitrine  en  métal;  c'est  dans  cette  tenue  qu'ils  sortent 
les  armes  tombées  du  ciel  qu'on  nomme  ancilia,  et 
qu'ils  les  portent  par  la  ville  en  chantant  des  hymnes 
accompagnés  de  danses  à  trois  temps  et  de  gesticula- 
tions pieuses  [cum  tripudiis  solemnique  saltatu)  "^.  A 
ces  attributs,  il  faut  joindre  une  coiffure  spéciale,  une 
lance  et  une  épée  dont  il  est  question  ailleurs  ou  qui 
sont  figurées  sur  des  monuments^.  M.  Ilelbig  y  a 
compris  encore  le  ceinturon,  la  chaussure  et  jusqu'au 
char  de  guerre".  Ces  derniers  attributs  ne  peuvent 
être  restitués  que  par  conjecture  et  ne  sont  pas  parti- 
culiers aux  Saliens. 

\La  pièce  la  plus  importante  est  le  bouclieiynon  pas 
seulement  à  cause  de  lu  légende  qui  en  a  fait  la  raison 
d'être  de  la  confrérie  ",•  mai^  cause  de  sa  forme  qui  le 
distingue  de  tous  les  autres  engins  de  même  ordre.  Le 

Annal.  II,  83;  IV,  9.  Glossar.  Cijr.  Salins...  u-.t-j;  Kseîrajo;.  Capilol.  il.  Auret. 
Phil.  21,5  ;  Spart.  Caracall.  Il,  G;  cf.  Marini,  Atli  Fratr.  An.  p.  597.  —  n  Fest. 
p.  3.  Le  texte  a  été  corrigé  de  diverses  manières,  dont  aucune  ne  donne  un  sens 
satisfaisant.    V.    llarquardt.  Op.    cit.    p.   437,  note  2.  —    12  De   orat.    III,    31. 

—  13  Varr.  Linq.  lat.Xl.  14;  cf.  Ambroscb,  A'/u</icn,  p.  146,  note  62.  l'ourle 
recueil  des  Salii  Palatini,  C.  i.  l.  VI,  1977-1983.  Cf.  Borglicsi,  Œuvres,  t.  IV, 
p.  310  sq.  —  It  Gilbert,  Op.  cit.  I,  p.  297,  et  surtout  la  note  commentant  T.  Liv. 
V,  52.  —  <ô  C.  i,  /.  VI,  2158,  du  régne  de  Gratien.  Voir  lcperci,  p.  1402,  not:s  10  sq. 

—  i«  T.  Liv.  I,  20,  40.  —  17  Dion.  Hal.  Il,  70;  l'iut.  A'um.  13.  Des  ustensiles  spé- 
ciaux qui  servaient  au  culte  intérieur  des  Saliens  nous  n'en  connaissons,  et  de  nom 
seulement,  que  deux  :  capides,  vasa  fictilia  Saliorum  [c.\pis\  V.  les  frai^menls  du 
clianl  des  Saliens  <6aelirens).  p.  32.  IG,  et  le  molucrum  qui  servait  à  offrir  1j  mola 
salsa  >oi.i].  Vid.  supra  et  Md.  13.  —  IS  Op.  cit.  p.  235.  261  ;  270  s([.  four  le  cein- 
turon, V.  Plut.  iVuni.  j  3  :  ya'/ixaT  ;AtT5«i  K'i.a-:i'ai,  avec  le  commentaire  d'Helhig  et  les 
n.çures  29,  30  et  31,  surtout  la  ligure  30  rcprésontaul  un  guerrier,  peut-être  Mars, 
qui  tenait  au  bras  gauclie  un  bouclier  et  brandissait  une  lance  de  la  main  droit£ 
(Martlia,  L'art  étrusque,  p.  502,  lig.  336  ;—  1»  Dion.  liai.  11,71;  Ov.  Fatt. 
III,  239-392  :  Plut.  Num.  13.  Cf.  Peler,  P.  Ovidi  Naionii  faili,  2«  édit. 
p.  I2S. 


k 


SAL 


—  1020  — 


SAL 


nom  d'(inci/e,  qui  lui  est  parliculier,  a  été  expliqué  très 
naturellenienl  par  Varron  et  Verrius  Flaccus;\ils  l'ont 
défini  ..  un  bouclier  court  dont  l'ovale  est  échancré  de 
chaque  côté  dans  la  partie  médiane  y  ce  qui  fait  que  les 
parties  inférieures  et  supérieures  sont  de  diamètre  sen- 
siblement plus  fort  que  celle  du  milieu  '.  Seul  Ovide,  dont 
l'exactitude  technique  ne  fut  nulle  part  la  qualité  domi- 
nante, l'a  décrit  autrement,  cela  en  vertu  d  une  étymo- 
logie  erronée-.  Son  erreur  a  été  partagée,  dans  une  cer- 
taine mesure,  par  Piutarque,  qui  assimile  Vancile  au 
bouclier  thrace  (tîéXtt,),  lequel  est  échancré  à  la  partie 
supérieure  et  rond  par  ailleurs  [clipeus,  p.  1257]  ^  Pour 
Ovide,  r«7(f//e  est  un  ovale  parfait  et  sans  angle  [ab  omnî 
parte  recisitm),  alors  que  pour  les  antiquaires  de  son 
temps  il  est  :  recisum  uti-imque,  découpé  de  chaque 
côté.  Les  monuments  figurés  ne  confirment  que  cette 
dernière  définition;  en  elTet,  les  monnaies  du  règne  de 
Domitien,  sur  lesquelles  on  a  cru  reconnaître  des  Saliens 
coitTés  de  l'apex  et  portant  le  bouclier  rond,  représen- 
tent les  hérauts  chargés  de  proclamer  les  Jeux  sécu- 
laires, avec  lesquels  les  Saliens  n'ont  rien  de  commun  '■  ; 
et  il  n'y  a  aucun  fond  à  faire,  pour  la  question  des  ancilia 
de  Rome,  sur  deux  bas-reliefs,  l'un  d'Anagnia,  l'autre 
rapporté  par  hypothèse  à  Tibur,  où  l'on  a  voulu  recon- 
naître des  Saliens  armés  du  bouclier  rond^.  L'ancile, 
bouclier  échancré,  est  l'attribut  de  la  Junon  de  Lanu- 
vium  figurée  sur  des  deniers 
de  la  gens  Procilia,  sous 
la  réserve  que  l'échan- 
crure  est  arrondie  aux  bords 
(fig.  6043)%  et  de  la  gens 
Cornificia  (fig.  604-i)  ■>  ;  et 
le  Picus  de  Laurente,  que 
décrit  Virgile  d'après  une 
statue  archaïque,  devait  porter  au  bras  gauche  un  bou- 
clier identicjue,  appelé,  d'ailleurs,  ancile  par  le  poète,  la 
main  droite  tenant  le  bâton  augurai*.  Picus  était,  déplus, 
vêtu  de  la  Irabea,  ce  qui  contribue  à  lui  donner  de  tous 
points  l'allure  d'un  Salien.  Cette  trabea,  qui  n'est  qu'une 
variété  de  la  toge  aux  plus  anciens  temps,  est  le  costume 
réservé  aux  citoyens  (jui  occupaient  dans  l'État  une 
situation  éminente,  sacerdoce  ou  magistrature'.  Elle  dif- 
férait de  la  toge  en  ce  que  sur  le  fond  blanc  du  vêtement 
se  détachaient  des  bandes  de  couleur,  dans  l'espèce,  de 
pourpre,  et  en  ce  qu'elle  était  moins  ample  que  la  toge 
des  âges  postérieurs  [tr.\be.\].  Par  là,  elle  était  plus 
appropriée  à  un  rôle  actif  de  combattant  ou  de  dan- 
seur, ce  qui  devait  en  faire  l'habillement  propre  aux 
Chevaliers  et  aux  Saliens  '"  ;  mais  revenons  à  Vancile. 
Le  plusancien  spécimen  connu  nous  estdonné  (fig.  6045) 
par  une  sardoine,  aujourd'hui  à  Florence,  qui  porte  en  ca- 
ractères étrusques  le  nom  à'Attius  et  au-dessous  le  terme 
de  sens  douteux  :  alce.  Attius  est  sans  doute  le  nom  du 

<  Varr.  imj.  lat.  Vll,  43;  Fest.  Epit.  p.  131  ;  Serv.  Aen.  VII,  ISS;  Lyd.  Z)e 
ment.  III,  i9;  cf.  Uion.  et  Plul.  Loc.  cil.  —  2  ^ast.  377.  —  3  Dcuvs  et  Plularque 
emploient  tous  deui  le  mot  KîÀTr,,  le  premier  seul  y  accotant  la  di5nomiDalio'a  de 
Thrace.  V.  la  discussion  de  ces  passages  chez  Hcibig,  Op.  cit.  p.  215  Si].;  et 
CLIPKCS,  I,  i,  p.  1257,  lig.  166i  â  16'»4,  —  *  ColiOD,  Àlêd.  impér.  I,  p.  47G, 
n"  7i;  et  sAKccL.\HEP  irni.  p.  00,  note  li.  Cf.  Mommsen,  Ephem.  epiyraph.  VIII, 
p.  iiW,  note  I ,  et  Pelerscn,  Hoem.  Mittheitungen,  1892,  p.  259  st\.  M.  Helbig 
admet  que  sur  l'une  des  monnaies  du  règne  d'.AugusIe  commémorant  les  Jeux  sécu- 
laires (fig.  7,  p.  225]  le  personnage  portaut  un  caducée  a  au  bras  gauclie  un  an- 
cile ;  mais  il  n'est  mâme  pas  sûr  qu'il  tienne  un  bouclier. —  -'  Bcundorf,  Annati  d, 
Inslit.  1869,  p.  70  sq.;  E.  Schuize,  Aile  Hand:eichnung  eines  Reliefs.  Péters- 
bourg,  1873.  p.  259  sf(.  :  cf.  supra,  p.  1017,  note  4.  —  6  Babtiun,  Monnaies  de  la 
Hép.   Il,    p.  38C,    no'   1    cl  2  ;   Overbccl,   Kunstmijllwlogie,   lliinitafel,    3,    7t. 


Fig.  C043.  Fig.  6044. 

L'aneile  de  Junon. 


Fig.  6045.  —  Transport  des  ancilia. 


Fig.  6046.  —  Transport  des 


propriétaire  qui,  sur  son  cachet,  avait  fait  graver  l'em- 
blème de  sa  dignité  sacerdotale".  M.  Helbig  suppose 
qu'il  la  remplissait  dans  quelque  colonie  romaine  ou 
latine  établie  dans 
une  ville  où  l'al- 
phabet étrusque 
était  encore  en  hon- 
neur et  où  fonc- 
tionnait un  collège 
de  Saliens  analo- 
gue à  celui  de 
Rome  ;  il  est  très 
possible  que  la  sar- 
doine remonte  au 
IV'  siècle  avant  no- 
tre ère.  Un  cachet 
en  cornaline,  de  style  moins  archaï<iue,  fournit  à  la 
gemme  de  Florence  un  curieux  pendant  (fig.  6046),  tant 
pour  la  forme 
des  boucliers 
que  pour  la  ma- 
nière dont  ils 
sont  portés  '-. 
Échancrés  sur 
les  bords  com- 
me celui  de  la 
Junon  de  La- 
nu  viu  m,  ils 
sont  suspen- 
dus au  nombre 
de     cinq,    par 

des  courroies,  à  une  longue  perche  qui  repose  à  chaque 
extrémité  sur  les  épaules  de  deux  hommes,  lesquels 
ne  sont  pas  sûrement  des  Saliens  ;  le  costume  même 
invite  à  ne  pas  les  considérer  comme  tels.  Les  per- 
sonnages gravés  sur  la  sardoine  sont  vêtus  de  tuni- 
ques courtes  tirées  sur  l'occiput  et  de  courts  man- 
teaux serrés;  ceux  de  la  cornaline  ont  des  cuirasses 
en  cuir  et  des  casques  de  type  attique.  Quoique  nous 
sachions  par  des  témoignages  formels  que  les  Saliens 
eux-mêmes  portaient  ainsi  les  ancilia  suspendus  à 
des  courroies  '^,  les  personnages  de  nos  pierres  gravées 
sont  à  interpréter  par  un  texte  de  Denys,  où  il  est  dit 
que,  dans  cette  fonction,  des  serviteurs  spéciaux  (OnYipÉ-at, 
7ninistri,  apparitores]  se  substituaient  parfois  aux 
membres  du  collège".  Les  boucliers  (jui  figurent  sur  les 
deux  gemmes  ont  ceci  de  particulier  qu'ils  donnent 
l'impression  de  véritables  armes  de  défense,  travaillées 
solidement,  d'une  seule  pièce. 

Il  n'en  est  plus  de  même  de  ceux  qui  sont  représentés 
sur  des  monnaies,  l'une  du  règne  d'Auguste,  portant  le 
nom  de  LiciniusPublius  Stolon  ifig.  6047),  l'autre  d'Anto- 
nin  le  Pieux  (fig.  6048);  \esancilia  y  ont  un  caractère  plu- 

—  7  Babelon,  Ibid.  I,  43k  et  II,  p.  -tSS.  —  8  Aen.  Vll,  188;  cf.  Mccs,  IV,  1, 
p.  472.  —  9  Uion.  Hal.  Il,  70:  cf.  Serv.  Aen.  VII,  196;  Helbig,  Op.  cit.  p.  529 
et  Bennes,  1904,  p.  161  sq.  —  '0  T.  Live  désigne  ce  vêlement  par  les  mots  tunica 
picta  (I,  20,  4)  ;  Denys  dit  :  /.;»>!,  soixiloi;  Piutarque,  .\um.  13,  ^,t^.„,o.  oo,v..oi' ; 
Wissowa,  Op.  cit.  p.  480,  donne  à  la  couleur  rouge  sang  une  signiticatiou  symbo- 
lique :  cf.  Helbig,  p.  260.  —  *i  Furiwaengler,  Die  antiken  Oemmen,  I,  pi.  xxii.  64  : 
II,  p.  111,  64;  III.  p.  222  ;  Helbig,  p.  206,  fig.  I.  V.  la  discussion.  Jàid.  sq. 
_  1^  Ibid.  p.  218,  fig.  3;  Furiwaengler,  Ibid.  I,  pi.  ixn,  62;  II,  p.  Ut.  Helbig  rap- 
proche de  plus  une  sardoine  du  musée  de  Berlin  (p.  223,  fig.  6|  qui  représente  deu^ 
guerriers  en  train  d'élever  un  trophée  dont  un  ancile  décoré  d'ornements  forme- 
le  motif  central.  Cf.  Furiwaengler,  /bid.  I,  pi.  x«[i,  n»  63  ;  II,  p.  118;  III,  p.  245, 
qui  a  le  tort  de  les  considérer  comme  des  Saliens.  —  U  Val.  liai.  I,  1,  9  ;  Luc. 
Phars.  I,  603  ;  Juven.  Il,  124.  —  14  Dion.  Hal.  11,71;  cf.  HcIbig,  Jbid.  p.  221. 


SAL 


1021   — 


SAL 


tôt  décoratif '.  Au  lieu d"èlrelailk's  dans  une  seule  pièce, 
ils  semblent  formés  de  trois  pièces  assemblées  ;  celle  du 
milieu  est  ovale,  les  deux  autres  afl'eclent  la  forme  d'un 

disque  que  le  gra- 
veur a  tourné  en  or- 
nement. M.  Heliiig 
remarque  que  la  cu- 
rie des  Saliens  fut 
incendiée  à  diverses 
fois,  la  dernière  en 
36  av.  J.-C,  c'est-à- 
dire  dix-neuf  ans  en- 
viron avant  la  frappe 
du  denier  de  Licinius  Stolon'-;  que  les  anciens  boucliers 
ont  du  périr  dans  le  désastre  et  que  les  nouveaux  ont  dû 
être  fabriqués  sur  un  modèle  nouveau,  mais  le  même 
auteur  observe  ailleurs  que  les  Romains,  foncièrement 
conservateurs  en  tout  ce  qui  se  rapportait  au  culte,  ne 
devaient  pas  changer  d'une  façon  radicale  un  attribut  de 
leurs  prêtres';  il  vaut  donc  mieux  admettre  une  fantaisie 
d'artistes  monétaires  qui  s'en  sont  permis  bien  d'autres. 
Sous  une  influence  qui,  sans  doute,  n'avait  pas  encore 
pris  conscience  d'elle-même,  et  qui  laisse  subsister  dans 
tous  les  accessoires  du  culte  des  Saliens  le  caractère 
national  (M.  Helbig  s'empresse  de  constater  qu'ils  ne 
trouvent  aucune  analogie  dans  le  culte  hellénique),  les 
ancilia  et,  avec  eux,  toutes  les  parties  de  l'équipement 
militaire  des  Saliens  offrent  des  ressemblances  frappantes 
et  difficilement  dues  au  hasard  avec  les  objets  analogues 
de  l'art  mycénien.  On  dirait  que  Vancile  naquit  d'une 
modification  apportée  au  bouclier  des  soldats  de  My- 
cènes*.  Les  dimensions  en  sont  plus  petites;  elles  cor- 
respondent au  scM^MWô/'ei'e,  dont  la  longueur  ne  dépassait 
pas  73  centimètres,  et  qui  descendait  parfois  à  GO». 

Nous  ignorons  ce  que  fut  au  juste  Vaeneum  pectorix 
tegumen,  ce  qui  veut  dire  le  couvre-poitrine  en  bronze, 
qui  complétait  l'armure  défensive  des  Saliens,  au  dire 
de  Tite-Live''.  Il  est  évident  que  l'historien  n'aurait  pas 
employé  cette  périphrase  pour  désigner  la  cuirasse  ; 
celle-ci  ne  vint,  d'ailleurs,  en  Italie  qu'au  cours  du 
vu"  siècle,  importée  par  les  Grecs  qui  l'avaient  adoptée 
au  siècle  précédent''.  Le  tegumen  était  plutôt  la  pièce 
dont  les  légionnaires  se  servaient  environ  cinq  siècles 
plus  tard,  afin  de  protéger  le  thorax  et  que  Polybe  décrit 
sous  le  nom  de  xaoSi&cfûXaxov,  que  les  auteurs  latins 
nommèrent  pectoraUa'.  Elle  était  de  bronze,  épou- 
sait la  forme  du  corps  et  était  assez  résistante  pour 
amortir  un  coup  de  lance  ou  d'épée.  M.  Ilelbig  en  a  étudié 
quelques  spécimens  (fig.  6049),  beaucoup  plus  anciens 
que  Polybe,  puisqu'ils  ont  été  découverts  dans  des 
tombes  à  puits,  des  tombes  à  fosse  étrusques  et  dans  les 
<om6e  arfarca  qui  furent  trouvées  à  Rome  sur  l'Esquilin, 
monuments  qui  remontent  à  une  période  rapprochée  de 
celle  où  fut  fixé  l'équipement  des  Saliens  '.  Plus  récent, 
mais  de  destination  identique,  i^slle  pectoral  An  guerrier 

1  Babelon,  Monn.  de  la  Ilép.  Il,  p.  1 3S  fi|.  ;  n»>  28  et  29:  Colion,  .1/crf. 
contxd.  pi.  xxiv,  ;i,  10  el  Mid.  impér.  II.  p.  3U,  ii"  407  ;  Ecklicl,  Docir.  iwmiii. 
VII,  p.  13  et  Helljig,  Ibid.  p.  218,  Ilg.  4  cl  5.  —  2  md.  p.  219;  T.  I,iv. 
XXVI,  27;  XXVII,  11;  Jul.  Obseq.  19;  Dio.  Cass.  «,  42.  —  3  Jbid.  p.  238. 
—  t  V.  ccUc  (It-monstralion,  Op.  cit.  p.  230  sq.  ;  cf.  Reicljcl,  Ueber  home- 
rische  Waff'en,  p.  1  sq.;  Robert.  .Studien  zur  Jlias.  p.  2  .=q.  —  »  Fesl.  E/iit.  131  ; 
cf.  Helbig,  p.  215  et  S31.  —  0  T.  Liv.  I,  20,  i  et  le  commentaire  de  Helbig, 
p.  245  sq.  —  ''  Reichel,  Nom.  Waff'en,  p.  80  sq.  ;  cf.  i  onic*,  III,  2,  p.  1302  sq.  ; 
XIV  et  V.  —  8  Polyb.  VI,  23,  14;  VaiT.  ling.  lat.  V,  110  ;  Tlin.  Hist.  nal. 
XXIV,  §18.-3  Helbig,  Op.    cil.  p.  240,  avec  les  figures  22  à  27.  L'cxenqilaire 


Fig.  0049.  —  Pectoral  étru: 


italien,  vêtu  de  cuir  que  représente  un  tombeau  de 
Paestum'".  Avec  M.  Helbig,  nous  pouvons  rappeler 
encore,  d'après  une  urne  étrusque  représentant  le 
mythe  de  Troïols, 
la  broche  en  forme 
de  rosette  ijui  cou- 
vre le  sternum 
d'un  guerrier  en 
défense;  cette  bro- 
che est  soutenue 
par  une  courroie 
dont  la  partie  su- 
périeure estrepliée 
autour  des  épaules 
du  guerrier  et  dont 
les  extrémités  infé- 
rieures disparais- 
sent sous  la  cein- 
ture (fig.  60o0j  ". 
Comme  aucun  mo- 
nument ne  nous 
donne  la  représen- 
tation   totale  d'un 

Salien  sous  son  équipement,  c'est  par  conjecture  seule- 
ment que  nous  pouvons  interpréter  ainsi  Vaeneum  te- 
gumen que  leur  prête  Tite-Live. 
(_La  coiffure  des  Saliens  dans 
l'exercice  de  leurs  fonctions, 
était  le  pileus  haut,  de  forme 
conique, \que  les  Grecs  nom- 
maient )cup6at7Îa'-.(Elle  devait 
se  fixer  à  la  tête  par  une  jugu- 
laire qui  l'empêchait  de  vaciller 
pendant  la  danse,  à  plus  forte 
raison  de  tomber,  ce  qui  eût 
constitué  un  mauvaisprésageJJ'. 
La  calûlle  n'était  pas  de  bronze, 
comme  le  dit  à  tort  Plutarque, 
mais  de  cuir  ou  de  grosse  laine, 
renforcée  seulement  par  des 
cercles  en  bronze  qui  for- 
maient ornement'*;  l'analogie 
avec  le  casque  mycénien  n'est  pas  moins  frappante  que 
pour  le  bouclier.  Le  pileus  se  terminait  à  la  partie 
supérieure  par  Vapexyins\Qnii  distinctif  des  coiffures 
sacerdotales,  jiarticulièrement  de  celles  des  (lamines '■■. 
Le  denier  de  Licinius  Stolon,  où  elle  forme  trophée 
avec  une  paire  d'ancilia.,  et  la  cornaline  qui  repré- 
sente deux  guerriers  portant  les  cinq  ancilia  sus- 
pendus à  une  perche,  nous  en  donnent  une  image  assez 
complète!  Le  soldat  qui  marche  en  tête  lient  dans  la  main 
gauche,  par  la  jugulaire,  la  coiffure  conique  qui  se  ter- 
mine en  apex.  Sur  le  denier,  on  distingue  nettement 
l'anneau  qui  rattache  cet  appendice  à  la  calotte  du  cas- 
que'S^  Nous   renvoyons   au    travail  très  documenté  de 

que  nous  reproiluisons  est  celui  qui  porte  le  n°  25,  li-ouvii  dans  la  tomba  del 
giierriero  (Mmuim.  deW  Instit.  X,  1874,  pi.  j;  Annali,  1871,  p.  249  si|.:  cf. 
Martha,    L'art  élrusi/ue,  p.  102,  fig.   98|.   —   10    LuniCA,   p.  1313,  fig.  4.Ï43,  4344. 

—  11  Helbig,  Op.  cit.  p.  251,  fig.  28,  d'après  Brunn,  Urne  Elrusche,  I,  pi.  xi.viii,  2. 

—  12  Dion.  Hal.  11,  70  ;  v.  pu.eus,  IV,  1,  p.  479,  (ig.  5669  sq.  —  13  Plut.  lUarc.  5  ; 
pour  les  mentonnières  consolidant  Vajtex,  v.  les  représenlalioDs  diverses  de 
fiamines  sur  l'.4ra  Pacis  (Afonum.  delï  Instit.  1881,  pi.  xxxir,  a"  6),  etc.,  chez 
Helbig,  p.  233,  note  2.  —  14  Id.  Num.  13;  cf.  Helbig,  p.  238  sq.  —  15  Fi.am.nes, 
11,  2,  p.  1107,  fig.  3093  sq.  Cf.  Helbig,  SUzimijsberichte  der  bayer.  Âkad.  1880, 
t.  1,  p.  492  sq.  —  10  Babelon,  Monn.  de  la  nép.  II,  p.  138,  n"  28,  29,  et  supra. 


0050.  —  Le  tfniin 


SAL 


—  1022  — 


SAL 


Fig.  6051.   —  Casque 
étrusque. 


M.  Ilelbig  pour  tout  ce  qui  explique,  à  l'aide  des  casques 
étrusques  et  mycéniens  et  par  les  vestiges  d"un  équipement 
guerrier  étrusque,  dont  le  casque  est 
ici  reproduit  (fig.  6051),  la  matière  et 
l'agencement  de  la  coifTure  des  Sa- 
liens,  laquelle  fut  celle  de  la  milice 
patricienne  au  temps  de  la  royauté  '. 
Nous  avons  dit  que  les  Saliens  scan- 
daient leur  danse  en  frappant  sur  leurs 
boucliers  suspendus  au  bras  gauche  ; 
Denys  dit  qu'ils  frappaient  ou  avec 
une  lance  ou  avec  une  baguette  qu'ils 
tenaient  de  la  main  droite  -.  Il  va  de  soi  que  la  lon- 
gue lance  des  guerriers  mycéniens  ne  convenait  guère 
à  cet  usage  ;  l'hésitation  même  de  Denys,  à  défaut  de 
monuments  figurés,  nous  invile  à  chercher  cet  acces- 
soire parmi  les  types  de  lance  courte,  de  préférence  dans 
celui  de  la  hasta  pura  que  nous  trouvons  reproduite 
sur  un  denier  de  la  gens  .\rria  et  qui  affecte  plutôt  la 
forme  d'une  forte  baguette  terminée  par  une  boulet 
Une  arme  plus  pesante  et  plus  longue  n'aurait  guère 
convenu  à  la  danse  qui  était  l'acte  par  excellence  du 
culte  public  des  Saliens.  M.  Helbig  a  démontré,  d'autre 
part,  que  ceux-ci  portaient  en  plus  l'épée,  que  cette  épée 
était  courte  et  que  c'est  seulement  aux  plus  anciens 
temps  que  les  guerriers,  soit  grecs,  soit  romains,  dispo- 
saient simultanément  de  la  lance  et  de  l'épée.  Cette  der- 
nière faisait  partie  de  l'équipement  des  patriciens  capa- 
bles de  porter  les  armes  et  elle  passa  à  ce  titre  dans  celui 
de  leurs  représentants  sacerdotaux'. 

Une  remarque  qui  a  son  importance,  puisqu'elle  trouve 
sa  place  dans  l'historique  même  des  armées  romaines, 
c'est  que  ces  prêtres,  personnifications  sacrées  de  l'esprit 
militaire,  sont  des  fantassins,  et  que  si,  au  cours  des 
siècles,  des  pelotons  de  cavalerie  escortaient  leurs  pro- 
cessions comme  ils  prenaient  part  à  la  course  des  Lu- 
perques  autour  du  Palatin  °,  l'origine  même  de  la  cava- 
lerie est  postérieure  à  celle  des  grandes  confrérie-s 
religieuses.  Ceci  concorde  avec  le  fait  qu'il  était  défendu 
au  llamine  de  Jupiter  de  monter  à  cheval**.  Aussi,  sur 
les  monuments  de  style  archaïque  exécutés  en  Italie, 
n'y  a-t-il  pas  d'exemple  certain  d'un  soldat  cavalier  ^ 

Nous  revenons  ainsi,  par  l'examen  des  attributs  et  du 
rôle  actif  des  Saliens  dans  le  culte,  au  point  de  départ 
même  de  leur  institution. llls  sont  par  définition, pour  le 
Palatin,  les  ministres  de  -Mars  Gradu-us,  c'est-à-dire  du 

<  Furlwacnglcr,  Antik.  Gemmen,  I.  pi.  xxii,  C  ;  Ilelbig,  Op.  cit.  p.  ilS,  fig.  3 
et  4.  —  -  Helbig,  Ibid.  p.  i33  sq.  Voir  encore  Xotizie  d.  scavi^  tî)07,  p.  5S  ; 
Jlilani,  Sliidi  e  Materiali,  I,  p.  140.  Cf.  Dion.  [lal.  U,  70.  —  3  H.tsii.  III,  1,  p.  33  ; 
surtout  37,  i  ;  cl  Helbig,  Op.  cit.  V.  à  lirt.  hasta,  la  fig.  3734,  d'après  une  mon- 
naie lie  la  tjcns  An-ia;  Colien,  Monnaies  de  la  Républ.  pi.  vu,  1,2;  Babclon, 
Monn.  de  la  Jlép.  p.  218.  —  4  P.  243  s.].  ;  cf.  254.  —  i>  Vid.  supra.  II, 
p.  1018;  Calcud.  Praeo.  19  mars;  Lcpcnci,  p.  1402,  note  4.  — 6  Aul.  Gell.  X, 
15,  14;  Plia.  Bist.  n.  XXVllI,  I4fi.  —  "  Mm.  de  VAcad.  des  inscript.  tWî, 
p.  170.  Cr.  Helbig,  Op.  cil.  p.  265  sq.  —  8  Tit.  Liv.  I,  20,  4  ;  V,  52  ;  Fesl.  Epit. 
p.  97;  Serv.  Aen.  1 ,  292  ;  Val.  Mai.  I,  8,  6  ;  Juv.  Il,  125-128  ;  Anim.  Slaic.  XXIV, 
4,  24;  C.  i.  I.  V,  823ii;  XIV,  25SO,  25SI.  Corssen,  Ori'j.  p.  31,  s'est  donne  beau- 
coup de  peine  pour  expliquer  gradiviis  par  le  pliénoniène  agricole  de  U  germina- 
tion :  gramme  ortus  ou  ijerminans.  V.  Laclimanu,  Comment.  Lncret.  p.  360. 
—  9  Cf.  01  iRi.tLs  p.  807  cl  les  textes  cilC-s,  notes  3-3;  cf.  Corssen,  Origines,  etc. 
P-  !"•  —  '"V.  les  représentations  sur  les  monnaies  ;  Babelon,  I,  94;  301.534  sq.; 
11.  377.  —  Il  Helbig,  Op.  cil.  p.  265.  -  13  Itiid.  p.  275.  —  Bibuoi,fiaphir.  AmbroscU, 
Iloemische  Sludien,  Brcslau,  1839,  1,  p.  143  sq.  passim  ;  Bccker,  i/andbuch  der 
inem.  Alterlhûmer,  l.  I,  p.  4  si(.  :  Bcrgk,  De  carminum  Saliorum  reliquiis, 
.Marburg,  1847;  Corssen,  Origines  poesis  romanae,  Berlin,  1846,  p.  15  si|.  : 
du  ni«mc,  De  Saliorum  carminibus,  (Ibid.  1844);  Fragmenta  poetarum  roma- 
narum  (édil.  Baehrens),  Numae  Saliare  carmen,  p.  29  sq;  Gilbert,  Geschichte 
anJ  Topographie  der  Sladl  Rom,    etc.   t.  I,  p.    139-146;    294  sq.   et /lajsini. 


dieu  qui  s'élance  à  grands  pas  dans  la  bataille  *  et,  pour 
le  Quirinal,  ceux  du  Mars  Qtiirinus,  le  divin  porte- 
lance^,  tous  les  deux  figurés  avec  persistance  comme  le 
type  idéal  du  soldat  qui  combat  à  pied,  plus  rarement 
du  haut  d'un  char  de  guerre'";  Le  guerrier  primitif  de 
Rome,  celui  qui  est  contemporain  de  l'organisation  reli- 
gieuse de  la  cité  où  ses  aspirations  et  ses  exercices  tien- 
nent déjà  une  place  prédominante,  est  le  fantassin". 
Concluons  sur  la  parole  même  par  laquelle  l'archéologue 
dont  nous  venons  de  résumer  les  recherches  a  terminé 
l'œuvre  qui  a  si  heureusement  renouvelé  et  élargi  le 
problème  du  sacerdoce  militaire  :  «  Le  pas  ferme  et 
rythmique  avec  lequel  les  guerriers  latins  marchaient  à 
la  rencontre  de  l'ennemi,  a  laissé  son  reflet  idéalisé  dans 
la  danse  des  Saliens'-.  »     J.-A.  Hild. 

SALLXAE  [sal:. 

SALINUM. — Chez  les  Romains,  le  sel  était  toujours  servi 
sur  les  tables  des  repas  dans  un  petit  vase  spécialement 
destiné  à  cet  usage  et  appelé  5a//nww(,  salière,  que  l'on  re- 
gardait comme  l'un  des  objets  essentiels  du  mobilier  do- 
mestique et  que  l'on  se  transmettait  pieusement  de  père  en 
fils.  Il  était  de  règle  que  le  salinum  fût  en  argent,  même 
dans  les  familles  de  condition  modeste  ;  les  pauvres  cepen- 
dant se  contentaient  d'un  vase  en  terre  cuite'.  -V  l'époque 
républicaine,  les  plus  sévères  prescripteurs  du  luxe  et 
des  dépenses  somptuaires,  comme  Fabricius,  permettaient 
aux  citoyens  de  posséder  deux  pièces  d'argenterie,  une 
patelin  et  un  salinu7n-,  eWes  jouaient  toutes  deux  un 
grand  rôle  dans  les  sacrifices  adressés  aux  divinités  de 
la  famille.  .\vec  le  salinum  le  paterfamilias,  au  com- 
mencement de  chaque  repas,  saupoudrait  de  sel  le  gâteau 
traditionnel,  mola  salsa  [mol.\j,  qu'il  offrait  aux  dieux 
Lares  ^;  la  présence  obligatoire  de  la  salière  sanctifiait 
la  table  et  attirait  sur  les  convives  la  protection  du 
ciel  '.  Des  petits  vases  d'argent  découverts,  les  uns  en 
France,  les  autres  à  Bosco  Reale,  près  de  Pompéi,  parais- 
sent être  des  salina'^.     .Maurice  Besmer. 

SALPIX.V  [tib.\:. 

SALSAMEXTU.M  (Tipi/o;).  —  Les  Grecs  donnaient 
aux  conserves  de  légumes  et  de  fruits  le  nom  d'iÀ[Aaïa; 
les  Romains  celui  de  s.\LG.\M.i;  ils  appelaient  rapi/T, 
el  salsamenta  les  conserves  de  viande  et  de  poisson'. 
Tous  les  peuples  anciens  faisaient  usage,  dans  leur 
alimentation,  de  viandes  salées,  préparées  avec  la  chair 
d'animaux  domestiques  ou  sauvages-  [cib.^rh,  p.  1157- 
1162  .  Les  Romains  paraissent  avoir  eu  beaucoup  plus 

Gutberlctli  S.  Tob.  De  Saliis  .Vartis  sacerdotibus,  1704  et  dans  le  Thésaurus 
anlifjuus  de  l'oleni,  l.  V,  p.  793  sq.  :  Marquardt-Mommsen,  Handbuch  der  roe- 
mischen  Alterlhûmer,  t.  VI  (2'  6dil.),  p.  427-42S  ;  W.  Helbig,  Sur  les  attributs 
des  Saliens,  Mêm.  de  VAcad.  des  insc.  et  b. -lettres,  t.  XXXVII,  2*  partie 
(1906),  p.  204-276;  Th.  Mommsen,  Roem.  Geschichte,  t.  1.  p.  52,  p.  166; 
Mûllenhotf,  Ueber  den  Schirerttan;,  Berlin,  1671,  p.  6;  passim,  et  dans  les 
Feslgaben  fur  Homei/er,  p.  1 1 1  s<i.)  :  Preller-Jordau,  Roem.  Mythol.  1. 1,  p.  1 15  sq .: 
346  sq.  et  passim  ;  Roscher,  Lexikon  der  Gr.  und  Roem.  Mythol.  art.  mars,  p.  2400 
sq.,2420  sq.;  ScbeilTelc,  dans  la  Renl-Encyclopaedie  de  Pauly,  t.  VI,  1,  p.  688  sq., 
art.  SAI.U  ;  Uscner,  die  Fabel  des  Mamurius  Veturius,  dans  Rheinisches  Muséum, 
uouv.  série,  t.  XXX,  1875,  p.  209  sq.  ;  Wissowa,  Religion  und  Kullits  der  Roemer, 
p.  480  sq.  passim. 

SALI.NCM.  1  Hor.  Sat.  I,  3,  14  et  Schol.  Ad  loc.  ;  Carm.  H,  16,  13,  el  Scliol.  Ad 
loc;  Pers.  III,  24-26.  —  S  Plin.  Aal.  hist.  XXXIII,  153;  Val.  Mai.  IV,  4,  3. 
—  3  Liv.  XXVI,  36;  Slat.  Silc.  I,  4,  130;  Acro  ad  Hor.  Carm.  /.  c.  —  4  Arnob.  II, 
67.  Cf.  Plut.  Qu.  convii:  VII.  4,  7  ;  Fest.  s.  D*  salinum.  —  ^  Cf.  Gazette  archéolog., 
1885,  p.  333  (au  Britisb  Muséum);  Aton.  et  Mém.  Fond.  Piot,  V,  1699,  p.  96, 
pi.  XXI,  n**  4  et  5  (au  LouxTC). 

SALSAME.\"TUM.  t  Tâst/oç  et  ses  dérivés  désignent  parfois  les  momies  :  Herod. 
IX,  120;  Lucian.  -Vecyom.  15,  etc.  Sens  général  ie  salsamentum  :  WSlflIn,  ii-cAir. 
f.  Latein.  I.exikojr.  XII,  366.  —  2  Cf.  Diod.  Sic.  XIX,  19,  3;  Allicn.  IV,  p.  137; 
Didym.  Cea/ion.XlX,  9,5-6et  13, etc. 


SAL  — 

de  goùl  que  les  Grecs  pour  ce  genre  de  nourriture;  ils 
apprijciaiont  surtout  le  porc  salé,  qu'ils  trouvaient  très 
substantiel  et  facile  à  digérer  '.  Varron,  Columelle,  Api- 
cius  nous  ont  transmis  la  formule  de  différentes  recettes 
pour  le  confectionner -;  Apicius  recommande  de  ne  le 
servir  aux  repas  qu'après  avoir  pris  la  précaution  de  le 
dessaler  en  le  faisant  bouillir  d'abord  dans  du  lait,  puis 
dans  de  Feau^  On  distinguait  deux  sortes  de  jambons, 
perna  elpetaso,  la  première  fortement  salée  et  fumée,  la 
seconde  moins  salée  et  plus  fine,  mais  peu  susceptible 
de  se  conserver  longtemps  '.  Les  meilleures  salaisons 
de  porc  étaient  celles  que  fabriquaient  les  peuples  celti- 
ques :  dès  l'époque  républicaine,  les  Romains  en  faisaient 
venir  de  Gaule,  Cisalpine^  et  Transalpine  %  des  provi- 
sions considérables  ;  en  particulier,  les  jambons  de 
Belgique^,  notamment  du  pays  des  Ménapiens';  ceux 
qu'expédiaient  les  Cantabres  et  les  Cerretani  du  Nord  de 
l'Espagne  ou  de  la  région  de  Bayonne'  avaient  une 
grande  réputation  ;  Varron  parle  aussi  de  porcs  envoyés 
de  Lusitanie  à  Rome  '". 

Les  poissons  tenaient  la  première  place  dans  la  nour- 
riture des  Grecs  [cibaria,  p.  1162].  Aussi  le  mot  xioi/o; 
et,  par  suite,  le  mot  salsamentum  étaient-ils  pris 
le  plus  souvent  avec  un  sens  restreint,  pour  désigner 
uniquement  le  poisson  salé.  C'est  sur  cette  catégorie  de 
salaisons  que  nous  sommes  le  mieux  renseignés  ". 

En  principe,  tout  poisson,  à  la  condition  d'avoir  une 
chair  suffisamment  épaisse  et  chargée  de  suc,  mais  sans 
excès'-,  pouvait  être  transformé  en  râpc/oî  et  l'on  em- 
ployait à  cet  usage  les  poissons  des  rivières  et  des  étangs 
aussi  bien  que  ceux  de  la  mer".  Mais,  en  fait,  les  fabri- 
cants de  salaisons  ne  se  servaient  guère  que  de  ces  der- 
niers, etpresque  exclusivement  d'esturgeons  "et  de  thons 
d'espèces  variées"^  {pelamijs  et  thyniius^^,  sarda'\ 
coracynus  ou  saperdes  ",  xESToeû;  ou  mugil  ",  scomber-", 
colins -\  opxuvoç -'■').  Pour  les  préparer,  ils  les  faisaient 
séjourner,  plus  ou  moins  longtemps,  entiers  ou  en  mor- 
ceaux, dans  des  vases  de  terre  ou  des  bassins  cimentés 
remplis  de  saumure.  On  a  découvert  de  nos  jours  sur  les 
cotes  d'Espagne  et  de  Portugal  les  vestiges  d'un  certain 
nombre  d'anciens  établissements  de  fabrication;  les  plus 
intéressants  sont  situés  dans  la  province  de  l'Algarve  en 
Portugal  ;  ils  consistent  en  bassins  rectangulaires  de 
dimensions  variables,  longs  de  l^joO  à  3", 90,  larges  de 
1"',03  à  S^ioo,  profonds  de  0",79à  1",8S,  disposés  par 
séries  le  long  de  la  plage  ;  des  cannelures  convexes, 
destinées  à  empêcher  l'écoulement  de  la  saumure,  les 

I  Galon.  De  alim.  fac.  III,  2  ;  AcI.  Amidcn.  Tetrab.  I,  2,  151.  —  s  Varr.  De  ra 
ruét.  Il,  4,  10;  Colum.  XII,  53;  Apic.  VU,  0.  —  3  Apic.  I,  10.  —  ^  Vair.  Loc. 
cit.;  Hor.  Sat.  Il,  2,  U7  ;  Martial.  III,  77,  0;  XIII,  64  et  55;  Athcn.  XIV, 
p.  657  c:  Augustin.  De  mor.  manich.  XIII,  30;  Edict.  Dioclet.  IV,  8  (avec  le 
commentaire  de  Bliimner,  p.  74  de  son  (■■dilion).  —  5  Polyb.  Il,  15,  3  ;  Slrab.  V, 
p.  218.  -6  Varr.  £<ic.  c/(.  ;  Slrab.  IV,  p.  Iii2.  Daus  les  monnaies  de  Nimcs  carac- 
térisées par  radjonction  d'une  sorte  de  patte  coulée  en  môme  temps  rpie  le  (lan 
(A.  Blanclict.  Ti-aiLé  des  monn.  r/nuloises,  II,  p.  438);  M.  Svoronos  {Journ.  d'ar- 
chéol.  numism..  IX,  1906,  p.  207-217,  fig.  20),  propose  de  voir  l'image  de  jambons, 
par  allusion  au  commerce  des  viandes  salées  que  l'on  exportait  de  .Nîmes. 
—  1  Strab.  IV,  p.  197.  —  8  Martial.  XIII,  54;  Ed.  Diocl.  {Loc.  cil).  —  »  Slrab. 
III,  p.  162  ;  Mart.  L.  c;  Ed.  Diocl.  (L.  cit).  —  10  Varr.  L.  c.  —  "  La  principale 
source  est  le  Iraité  de  Xénocrate,  De  alimentis  ex  (luv  atilibus,  reproduit  par 
Fabricius  dans  sa  Bibtiotheca  graeca,  IX,  p.  455  sq.  et  par  Darcmberg,  dans  son 
édition  d'Oribase,  I,  p.  124  sci.  Le  meilleur  travail  sur  la  question  est  encore  celui 
de  Koeliler,  Tip./o;,  dans  les  M6m.  de  VAcad.  de  S.  PiHersbourrj,  1832,  p.  347- 
488.  —  <2  (Jalen.  De  alim.  fac.  III,  41.  —  13  Hippocr.  De  diaet.  II,  19.  32.  Sur 
le  céplia'.e  de  rivière  mariné  et  salé  :  (ïalcn.  Op.  cit.  III,  20;  Paul.  Aegin.  I,  90; 
Acl.  Amiden,  Tetrab.  I,  2,  137,  —  H  Tipixo;  i.ta.aro-  :  Antioli,  ap.  Atbcn.  III, 
p.  118  d.  Cf.  Ilcrod.  IV,  53;  Strab,  Vil,  p.  307.  —  l'o  Énumérécs  par  Xenocr.  .ip. 
Oribas,  éd.  Darcmberg,  I,  p.  129  (avec  les  notes).  —  iiJ  Strab.  VU,  p.  320;  Pliii. 


102:]  — 


SAL 


renforçaient  aux  angles  ;  une  couche  de  ciment  les  ré- 
vélait à  l'extérieur  et  à  l'intérieur  ".  Plusieurs  locali- 
tés du  monde  antique,  une  ville  de  Palestine  -',  une 
bourgade  du  delta  du  Nil-%  un  groupe  d'ilôts  sur  la 
côte  delà  Tripolitaine^»,  s'appelaient  Tnriciteae  :  elles 
devaient  leur  nom  à  l'existence  de  pareils  établisse- 
ments sur  leur  territoire. 

On  distinguait  les  différentes  sortes  de  Tâp^oç  d'après 
leur  mode  de  préparation,  leur  degré  de  salaison,  la 
nature  des  poissons  avec  lesquels  elles  étaient  faites  et 
la  forme  qu'elles  affectaient.  Le  xàpiyo;  tiXtov,  fabriqué 
avec  des  poissons  dont  on  avait  enlevé  les  écailles,  s'op- 
posait au  ripi/ûç  XETrtScoTÔv  2'.  Le  TÉXsioi;  '*,  complètement 
salé,  s'opposait  à  rr,[iiTâpi/oçou  vi(xivy,po<;  =',  à  moitié  salé, 
et  à  l'àxpoTraffTOî'",  légèrement  salé.  Les  Tapî/-/i  Ttt'ova, 
salaisons  grasses,  s'opposaient  aux  maigres,  Tasi/y, 
âTTi'ova  "  ;  toutes  les  espèces  de  poissons  et  toutes  les  par- 
ties du  corps  d'un  même  poisson  n'étaient  pas  égale- 
ment grasses  ni,  par  suite,  également  recherchées  ^-.  On 
appelait  ôûvvsia^',  ôuwdoe;  ou  ôuvvîSe;'*,  les  quartiers  de 
thon  en  conserve  (c'était  le  meilleur  des  Tapt'/-^  Tui'ova)  ; 
à)[xùTâp..;('o; '%  le  Tucpt/o;  fait  avec  les  parties  du  thon  les 
plus  voisines  de  la  tête  ;  oûpaîa  ^\  celui  qui  était  fait 
avec  les  parties  les  plus  voisines  de  la  queue  ;  xy|TT,ua=', 
un  wjAOTapt/oç  de  qualité  inférieure  fait  avec  de  gros  pois- 
sons ;  Tapi/o;  (ûpaïov  OU  ojpatOTap'./oi; '*,  unTaptyo;  fabriqué 
au  printemps  avec  de  jeunes  poissons,  le  meilleur  des 

Totpiy-^  aTTi'ova.  Le  xp^yiovov,  le  xeTpâyojvov,  le  xûêtov  '^''  étaient 

des  salaisons  de  grands  poissons  débitées  par  morceaux 
de  forme  triangulaire,  quadrangulaire  ou  cubique;  les 
'^^m.Ay  de  petites  tranches  de  poisson  salé'°;  les  (JiEXav- 
Spua,  de  longues  tranches  dorsales  d'esturgeon  ou  de 
thon,  salées  et  séchées,  qui  ressemblaient,  disait-on,  à 
des  planches  de  chêne". 

Les  principaux  centres  de  production  du  Tâpt/oç'^ 
étaient  les  pays  riverains  du  Pont-Euxin,  qui  approvi- 
sionnaient la  Grèce,  et  l'Espagne  méridionale,  où  se 
fournissaient  les  Romains.  Chaque  année,  au  printemps, 
des  bandes  épaisses  de  poissons  migrateurs  descendaient 
le  long  des  cotes  septentrionale,  orientale  et  méridionale 
du  Pont-Euxin,  se  dirigeant  vers  le  Bosphore  de  Thrace  ; 
les  habitants  du  littoral  faisaient  des  pèches  fructueuses  " 
et  salaient,  pour  les  exporter,  la  majeure  partie  des  estur- 
geons et  des  thons  capturés  [piscatio],  p.  -491]  ;  les  textes 
antiques  mentionnent  fréquemment  les  Tapi'/v,  rfcvr-xà". 
Au  nord,  il  y  avait  des  fabriques  de  salaisons  à  l'embou- 
chure de  tous  les  grands  fleuves,  Ister  ",  Tyras  ",  Bory- 

IX.  47  sq.  ;  Galen,  Op.  cit.  III,  31.  —  n  p|i„.  XXXII,  151  ;  Galen.  L.  c.  —  1»  Pcrs. 
V,  134;  Galen.  L.  c.  Athen.  III,  p.  118  A;  Hesych.  s.  v.  —  19  Alben.  III,  p.  118  r  ; 
VII,  p.  307  *;  Schol.  Aristopb.  Nub.  338.  —  20  Strab.  III,  p.  159.  —  -21  Plin 
XXXII,  146;  Atben.  III,  p.  lia  c.  —  22  Alben.  L.  cit.  et  VII,  p,  303  b.  —  -a  Mes- 
quito  de  Figuereido,  dans  le  Bullct.  Iiispan.  1906.  p.  109-121.  —  21  Slrab.  XVI, 
p.   704;    Plin.    V,   71;    Suel.    Tit.    4.   —  2:i   Herod.    II,    113;    SIeph.    Brz.    s.   i,. 

—  26  Slrab.  XVII,  p.  834.  —  27  Poil.  Onom.  VI,  49;  Hesycli.  5.  V.  —  23  Atben. 
III,  p.  120  rf.  —  2'J  Ibid.  p.  1 19  a  ;  Xenocr.  Op.  cit.  V,  76.  —  30  Sopat.  ap.  Alben. 
Loc.  cit.  ;  Xenocr.  Loc.  cit.  —  31  Alben.  III,  p.  120  e.  —  32  Voir  les  textes  réunis 
par  Koeliler,  Op.  cit.  p.  308-379.  —  33  Atben.  L.  c.  —  31  Hesycb.  s.  i'.  —  3.  Dios- 
cor.  De  mat.  med.  II,   33;  Xenocr.    Op.   cit.    IV,    73.  — 30  Xenocr.    O.  c.   I,  C. 

—  37  Alben.  III,  p.  121  b.  —  38  Plaut.  Capt.  851  ;  Alben.  III,  p.  110  a,  e,  f\  p.  120 
e, /';  Xenocr.  Op.  cit.  IV,  67;  Hesycli.  s.  v.  —39  Alben.  III,  p.  118  a,  6;  p.  120  e,/'. 

—  40  Scbol.  Arislopb.  IVub.  338.  —  *l  Plin.  IX,  48;  Atbcn.  VII,  p.  313  d;  Xenocr. 
Op.  cit.  IV,  03.  —  42  Cf.  Koeliler,  Op.  cit.  p.  357-367;  H.  Blumner,  Die  ijewerbl. 
Thûtigkeit  der  Vôlker  des  Idass.  Aitertli.  Leipzig.  1869.  —  43  Arislot.  ffist. 
anim.  VIII,  19;  Aelian.  De  nat.  an.  IV,  9;  XV,  5;  Peripl.  Pont.  Eux.  I,  p.  9  ;  Plin. 
IX,  47;49sq.  ;  176  sr|.;  Poil.  VI,  48  sq.  —  "  Strab.  III,  p.  Ui;  VII,  p.  320;  Plii- 
lostr.  Imag.  I,  13:  Plin.  XXXII,  146;  152;  Alben.  I,p.  27  c  ;  III,  p.  110  /';  p.  117  n; 
p.   119  b:    VII,   p.  295  c;   p.    319  a;    p.  320   f,    etc.    —   43  Allien.    111,    p.    ll'.l  ,;. 

—  46  Scymn.  Cli.  Orb.  descr.  798. 


SAL 


—  102i  — 


SAL 


sthène',  TanaïS".  Olbia,  à  remboiiclmre  de  lllypanis, 
parait  avoir  été  le  plus  important  marché  de  Tis'./o;  de 
loute  la  région  '  ;  les  sujets  représentés  sur  quelques- 
unes  de  ses  monnaies  font  allusion  à  ce  commerce  :  on  y 
voit  au  revers  soit  une  tête  de  poisson  accompagnée  du 
mot  o.Miio',  soit  un  aigle  enlevant  un  poisson  °,  ou  les 


J'Olbia,  au  type  du  taricho 


quatre  rayons  d'une  roue  avec,  dans  le  champ,  le  mot 

lAPix,  abréviation  de  apixos,  forme  dialectale  pour  Taçt/o; 

(fig.   6052; ".   De  petits  poissons  en  bronze    fig.  60o3\ 


Fig.  6053.  —  liions  de  brouzc  dOILia. 

esturgeons  et  thons,  découverts  à  Olbia,  servaient  sans 
doute  de  jetons  de  distribution  ou  de  monnaie  locale; 
les  uns,  convexes  des  deux  côtés,  sont  anépigraphes; 
les  autres,  plats  surTune  de  leurs  faces,  portent  quelques 
lettres,  QT  pour  9û(vvo;),  6û(vvoi),  ou  6u(vvi3£;),  S'jfvviSc;^ 
OT  pour  o'Xpaîï),  APixo  pour  (T)i:i/o(îl  ".  Plus  à  l'est,  il 
faut  citer  encore,  comme  lieux  de  fabrication  de  salai- 
sons, la  Chersonèse  Taurique  et  le  Bosphore  Cimnié- 
rien  *,  avec  les  ports  de  Théodosie'  et  de  Panlicapée 
ou  Bosporus'",  Dioscuriasen  Colchide  "  ;  au  sud,  la  côte 
du  pays  des  Chalybes '-,  Trapézonte'\  Sinope'\  Amas- 
tris 'S  Tieum  et  Héraclée  du  Pont",  le  Bosphore  de 
Thrace ''  avec  Chalcédoine"  et  Byzance'-',  la  Propon- 
tide^",  l'Hellespont^'.  Les  salaisons  de  l'Espagne  méri- 
dionale étaient  encore  plus  renomrnées  que  celles  du 
Pont-Euxin --.  L'industrie  et  le  commerce  des  poissons 
salés   contribuaient  à    enrichir   les  trois   grands  ports 

<  Herod.  IV,  53;   Poinp.  SIel.  II,  I,  6;  Plin.  IX,  W;  Scymn.  Cli.  O.  cit.   8l3sq. 

—  i  Strab.  XI,  p.  493  :  N'iccpb.  Creg.  IX,  5,  p.  417  ;  XIII,  li,  p.  686,  éd.  de  Bonn. 

—  3  Scymn.  Ch.  O.  c.  804  sq.  —  4KocliIer.  O.  c.  p.  iï7  :  planclie.fifr.  7.  —  S  Duruy, 
Bist.  des  Grecs,  l.  III,  p. '311.  —  6  Koebler,  p.  4i8-4i9  ;  pi.  fig.  8-14; 
von  SaKet,   Zeilsch.  f.  Namism.  X,  p.  145  sq.  et  pi.  ;  Head,  B'tst.  num.  p.  533. 

—  7  Kocbler,  p.  4Ji-lJ7;  pi.  fig.  1-6.  —  8  S'rab.  VU,  p.  311.  —  9  Dcmoslli.  Adr. 
Lacr.  32  et  34.  —  fO  Strab.  VII,  p.  307  el  310.  —  "  Id.  XI,  p.  506  ;  Const.  Porpli. 
De  adm.  imp  ii.—  '2  Strab.  XII,  p.  519.— "  Id.  VII,  p.  320.-  ItM.  Loc.  cit. cl 
XII,  p.  545;  Alben.  III,  p.  118  e:  VII,  p.  307  6.  Des  poissons  sont  figurés  sur  les 
raonoaies  de  Sioope  :  Eckhel,   Doctr.  tuim.  II,  p.  390;  Head,    Hist.  iium.  p.  434. 

—  <»  Aelian.  De  nat.  nn.  XV,  5.  —  i»  Ps  Arislot.  .Virab.  73  ;  Aelian.  L.  c:  Alben. 
VIII,  p.  331  c.  —  <'  Eutlivd.  ap.  Alben.  III,  p.  I IC  4  :  Arcbeslr.  Ibid.  VU,  p.  284  -: 
Liban.  Hpist.  Si,  p.  43,  éd.  Wolf.  —  IS  Arcbeslr.  ap.  Alben.  111,  p.  92  e:  Geli.  VI, 
10,  5.  —  l'J  Polyb.  IV.  38,  4;  Alben.  III,  p.  1 16  <(  si|.  ;  Dio  Cbrys.  Il,  p.  11  ;  Tacit. 
Ann.  XII,  63.  —  SI  Aelian.  L.c.  —  21  Hermipp.  ap.  Alben.  I,  p.  27  c.  —  22  Sur  les 
pôcberies  d'E-jpagne  :  Strab.  III.  p.  145;  l'oljb.ap.  Atben.  VII,  p.  302  r;  VIII,  p.  331  a: 
Plin.  XXXI,  2i;  XXXII,  14'),  elc.  Sur  le  Tdf./o;  d'Espagne  :  Strab.  III,  p.  141;  Plin. 
;CIX,  49:  Galcn.  De  alim.  facutt.  III,  31  ;  Xenocr.  Op.  cit.  IV,  61.  —  23  Ps.  Aristol. 
Mirab.  136;  Atbcn.  III,  p.  116  c;  p.  1 18  d  ;  VII,  p.  302  c;  p.  315  c;  Eupol.  ap.  Slepb. 
B.  s.  v.  rdS..f«;  Poil.  VI,  41;  Hc-sycb.  t.  i-«.  r.S..ç,.i.  Tij^o;.  Tlions  sur  les  mon- 
naies de  Cadès  :  Head,  Htst.  num.  p.  3.  _  21  Strab.  III,  p.  156.  —  25  Ibid. 
p.  158.  —  2«  Ibid.  p.  140.  —  S7  Ibid.  p.  I3IJ.  —  28  Strab.  Il,  p.  90.  Tbons  figuras 
sur  les  monnaies  de  la  ville  de  Lixus  ;  1,.  Millier,  Xmnism.  de  l'ancienne  Afrique, 
III,  n"  238-23.1,  p.   Iljl.  C.   Mûllcr,  éd.  de  Ptoléméc,  I,  2,  p.  âS'.i,  suppose  que  le 


de  Gadès",  à  l'entrée  de  l'Océan  .\tlantique  ;  de  Ma- 
laca^'  el  de  Carthagène",  sur  la  mer  Méditerranée, 
ainsi  que  les  stations  intermédiaires  de  Baelo  et  de  Mel- 
laria'^*,  de  Carteia  et  des  Exelani-',  aux  abords  du 
détroit  des  colonnes  d'Hercule.  Une  partie  des  poissons 
préparés  dans  les  ports  espagnols  étaient  péchés  sur  les 
côtes  de  la  Maurétanie  Tingitane;  nous  savons  que  les 
marins  de  Gadès  descendaient  dans  l'.^tlantique  jusqu'à 
l'embouchure  du  lleuve  Lixus'-*.  C'est  par  Pouzzoles  que 
le  riz'./'j;  d'Espagne  entrait  en  Italie-^. 

En  dehors  du  Pont-Euxin  et  de  l'Espagne,  tous  les 
pays  du  monde  antique  possédaient  des  établissements 
de  salaisons  plus  ou  moins  importants,  dont  les  produits 
alimentaient  la  consommation  locale  et  donnaient  même 
lieu  quelquefois  à  un  certain  commerce  d'exportation. 
Les  textes  littéraires  mentionnent  notamment  les  Tapî/Tr] 
de  Sardaigne,  supérieurs  à  ceux  du  Pont-Euxin  et  aussi 
réputés  que  ceux  d'Espagne'",  de  Sicile '',  de  Grande- 
Grèce'-,  d'Épire  ",  de  Macédoine",  d'Asie  Mineure'^, 
d'Egypte'*^,  peu  estimés '",  et  de  Tripolitaine'". 

Les  poissons  salés  étaient  livrés  au  commerce  dans 
des  vases  de  terre  de  formes  et  de  dimensions  variables  '% 
que  l'on  désignait  sous  différents  noms:  iaçope;;*", 
Tapt/o'jçxspiuLia*',  xspiixiotTapt/Tiçi '-  chezles  Grecs,  salsa- 
mentariae  testas'^,  salsamentarii  cadi^',  l'Cisa  salsa- 
mentaria  '"'  à  Rome  ;  on  brisait  le  vase  pour  en  retirer  le 
poisson",  qu'on  débitait  enveloppé  dans  des  feuilles  de 
figuiers  *'.  En  Grèce,  les  fabricants  de  xapi/r,  s'appelaient 
TaptyeuTa;'*  ;  les  commerçants  qui  les  importaient,  rapt- 
yT|Yoi*';  les  marchands  au  détail,  Tapi/o'TtùiXï'.  ="  ;  ceux 
qui  vendaient  en  particulier  de  l'wcïîov,  (ipaioTtû'Aa!  ^' ; 
ceux  qui  vendaient  des  Tsaà/Y,,  Tsao/oTTàjÀit  '-  ;  ils  ap- 
partenaient tous  aux  basses  classes^'  et  ils  étaient  fort 
peu  considérés  ^'  ;  on  tournait  en  ridicule  à  Athènes 
les  fils  du  marchand  de  poisson  salé  Chaerephilos,  qui 
avaient  été  faits  citoyens  en  récompense  des  services 
rendus  par  leur  père  dans  un  moment  de  disette  °^.  Chez 
les  Romains,  les  salsamentarii^'^  elles cetarii'''  étaient 
à  la  fois  des  fabricants  et  des  marchands  de  salai- 
sons; le  nom  des  celarii  vient  du  mot  grec  xY,Tï,u.a, 
sous  lequel  on  désignait,  comme  nous  l'avons  dit 
plus  haut,  une  espèce  grossière  de  Totpi/o;  faite  avec 
de  grands  poissons. 

Le  Tap'./oç  de  qualité  commune  ne  coiitait  pas  cher  ; 
un  proverbe  grec  prétendait  qu'on  le  payait  une  obole 

nom  du  ficuve  Molocbalb  ou  Muluclia  vient  tiu  sémitique  metach  ou  malach,  sel, 
et  fait  allusion  .i  d'ancieiis  établissements  de  salaisons  fondés  à  son  emboucbure. 

—  29  Aelian.  De  nal.  an.  XIII,  6.  —  30  Galcn.  De  alim.  fac.  111,  31  ;  Poil.  VI,  48. 

—  31  Atben.  V,  p.  209  6.  A.  Syracuse  :  Ibid.  p.  206  /".  -  32  ps.  Hesiod.  ap.  Alben. 
III,  p.  116  c.  Elea  (Velia)  :  Strab.  VI,  p.  252;  Hipponium  :  Arcbeslr.  ap.  Alben. 
VII.  p.  302  a  ;  Tliurii  :  Atben.  VI,  p.  274  d.  —  33  Strab.  VIII.  p.  327  ;  Atben.  VII, 
p.  305  c;  p.  311  n;  p.  328  a.  —  34  Atben.  VII.  p.  298  b.  —  33  Cymé  :  Xenocr. 
Op.  cit.  IV,  73;  Pbasclis  :  Atben.  VII,  p.  297  c  ;  Pbrygie  :  Poil.  VI,  4S.  —  36  pjod. 
Sic.  I,  36,  1  ;  52,  0;  Xenocr.  O.  c.  V,  76-77  ;  Lucian.  Savig.  15  ;  Poli.  Loc.  cit. 

—  37  Atbcn.  111,  p.  1 18  c.  —  38  Strab.  XVII,  p.  835.  —  3»  Koebler,  0.  cit.  p.  2T9- 
iSO.  —  M)  .Vlben.  III,  p.  117  a.  —  H  Demoslb.  .4rfi-.  Lacrel.  34.  —  12  Geopon. 
XIII,  S,  12.  —  43  Plin    XXVIII,  140.  -:-  «  Ibid.  XVIII,  308.  —  43  Coinm.  II,  10,  6. 

—  *o  Synes.  Epist.  U7,  p.  2'*5.  —  *"   Aristopb.  .Acharn.  1114;  Suid.  i.  v.  Opta. 

—  48  Herod.  II,  89  ;  Dio<l.  Sic.  1,  91  (spécialement  avec  le  sens  d'embaumeur,  fabri- 
cant de  momies).—  M  Alben.  III.  p.  120  6.  —  50  Ibid.  p.  1 18  e;  p.  1 19  6  ;  p.  120  a, 
VII.  p.  339  d\  Plut.  Quaest.  conr.  II.  1,  4;  Lucian.  Vit.  auct.  11  ;  Poil.  VII,  27; 
Hesycb.  J.  f.  'Q j«.os»»i.î .  —  »'  Hesycb.  s.  r.  —  52  Antipb.  ap.  Atbcn.  III,  p.  120  o. 

—  53  Plat.  Charm.  p.  322  ;  Luciao.  Necyom.  17.  —  5V  Diog.  Laerl.  IV,  46  ;  VI,  36; 
Euslatb.  Ad  H.  VI.  511  ;  VIII,  451.  —  "^  Hyper,  et  Alei.  ap.  Atheo.  III,  p.  119  ^sq.; 
Ibid.  VII,  p.  339  d.  —  36  Auct.  ad  llcrenn.  IV,  51,  67;  Suet.  Vit.  Uorat.  p.  44; 
Macrob.  Saltim.  VIL  3.  0;  Scbol.  ad  Pcrs.  I,  43;  Corp.  inscr.  latin.  VI,  9676 
(negotians  saUamentarius  c'  rinaniri»*)  ;  cf.  Ibid.  9677  (salsarius)  et  9873  {saU.). 

—  57  Varr.  ap.  .Xon.  49,  15  ;  Tercnt.  Eunucli.  Il,  2,  26;  Cic.  De  off.  I,  42,  150; 
Colum.   VIII,   17,  12;  Plac.    Giass.  XIII,  9.  22. 


SAL 


I02ri 


SAL 


et  son  assaisonnement  deux  oboles  '.  Dans  une  comédie 
allique,  un  personnage  se  vanlail  d'avoir  eu  pour  deux 
oboles  un  poisson  salé  de  forte  taille,  capable  de  nourrir 
plusieurs  hommes  pendant  trois  jours  ^.  Il  semble,  d'a- 
près Athénée,  qu'un  plat  de  t-ipi/oç  ordinaire,  pour  une 
seule  personne,  valait  habituellement  deux  ou  trois 
oboles'';  un  morceau  d'côpaîov,  une  obole^;  un  morceau 
d'cufioTipi/oç,  cinq  yaXxoO;  (un  peu  plus  d'une  demi- 
obole)  "  ;  un  morceau  de  z'Joiov ,  trois  oboles".  Kn 
revanche,  le  prix  des  variétés  les  plus  fines  et  les  plus 
rares  était  très  élevé';  Galon  se  plaignait  que  ses 
contemporains  allassent  jusqu'à  donner  trois  cents 
drachmes  pour  un  xsfiiuitov  de  Trapi/v)  novTtxà  *.  Le 
Tïp'/o?  commun  était  en  Grèce,  comme  le  porc  salé 
en  Italie,  la  nourriture  des  petites  gens,  esclaves'', 
paysans'",  soldats  en  campagne  ".  Les  gourmets,  d'autre 
part,  appréciaient  beaucoup  certaines  sortes  tout  au 
moins  de  salaisons,  qu'ils  accommodaient  à  dillérentes 
sauces  piquantes'-.  On  servait  les  tapi/vi  comme 
entrées''',  et  on  les  mangeait,  en  général,  crus  ",  après  les 
avoir  fait  tremper  dans  de  l'eau  douce '\  pour  les  dessa- 
ler, ou  dans  de  l'eau  de  mer  ""',  pour  leur  donner  au  con- 
traire plus  de  goùl;  on  les  assaisonnait,  selon  les  cas,  de 
moutarde,  de  vinaigre,  d'huile,  de  mi'ria  ".  A  chaque 
espèce  de  poisson  convenait  une  préparation  particu- 
lière'". Le  thon  de  Byzance  était  saupoudré  de  sel, 
arrosé  d'huile  fine,  grillé,  trempé  dans  la  muria,  et 
mangé  chaud'";  l'ôipatov  était  frit  à  la  poêle  avec  des 
lierbes  odorantes  et  des  aromates,  arrosé  de  vin  blanc  et 
d'huile;  d'autres  poissons  salés  devaient  èlre  frits  dans 
la  graisse,  bouillis  ou  cuits  sous  la  cendre  '-".  Apicius 
et  Cicéron  vantent  le  lyrolnrichum  ou  turnlaricha  pa- 
tina '',  mélange  de  poisson  salé,  d'œufs  durs,  de  foies  de 
poulets  et  de  fromage,  bouilli  à  petit  feu  dans  l'huile, 
arrosé  de  vin  et  d'hydromel,  saupoudré  de  poivre  et  de 
cumin;  le  ÇwfAOTipt/oi;  était  une  soupe  au  poisson  salé^'-; 
enfin  les  anciens  connaissaient  le  caviar,  dont  parle 
Diphile  dans  un  passage  cité  par  Athénée,  mais  ils  ne 
paraissent  pas  en  avoir   fait  grand  usage '^^ 

Le  ript/oç,  par  suite  de  sa  forte  saveur  et  de  sa  caus- 
ticité, servait  aussi  en  médecine'".     Mauricf.  Biisxncn. 

SALTATIO  ('Op/T|<7tç,  /opEi'a).  —  Les  anciens  dé- 
signent par  ces  termes  une  pratique  et  un  art  assez 
étendus,  comprenant  l'exécution  sur  un  rythme  de  divers 
mouvements  gymniques,  la  danse  proprement  dite  et  la 


I  Mitliacl.  Aposl.  XIV,  n.  Cf.  Arislopli.  Vesp.  .ÏU.  —  2  Ap.  AUicn.  III,  p.  I IS  e. 

—  3Jbid.\'l,p  230  a. —  Wi.  III,  p.  117,/. —  B  76.  ||I,  p.  1I7<-.  —  û  /i.lll.p.  m  f. 
— 'Cr.  Drpliil.  cl  Alcx.ap.  Allicn.  Vl,p.  Î26eel/'.  -SCal.ap.  l'olyb.  X.XXI,  24  et 
AUien.  VI,  p.  27i/'et273a.  Cf.  l'Iut.  Q.com.  IV,  4.  —9  [-lai.  corn.  ap.  Poil.  VI,  50. 

—  11  Dcni.  Adt'.  Lacrit.  32.  —  M  Arislopli.  Acharn.  978  elscliol.  —  '2  Koehicr,  0.  c. 
p.  381-380.  —  1»  Plut  0.  conv.  IV,  4,  3  ;  Cels.  1,2;  Atlien.  III,  p.  1 16  n.  —  H  Arisloph. 
Ecoles.  1213;  Xenocr.  Op.  cit.  V,  36  et  06,  etc.  —  <5  Atlicu.  III,  p.  121  c;  p.  117  d. 

119  c:  Plaul.  Poen.  241.  —  16  Plut.  Op.  cit.  I,  9,  1.  —  17  Hippocr.  De  fliael. 
III,  24;  Arclreslr.  ap.  Atlien.  VII,  p.  303  c  ;  Xenocr.  Loc.  cil.  -  18  Voir  les  recettes 
de  sauces  donni*>es  par  Apicius,  IV,  2;  IX,  11-13.  —  19  Arislopli.  E:/uit.  353; 
Archcstr.s.  i:  ;  Seiiec.  li/iist.  XCV,  26;  Suid.  s.  i:  euwtra.  —  20  Calen.  De  alun, 
fac.   III,  31;   Athen.   III,    p.   119   c;   Vil,    p.    27S  6;   Xenocr.   0.  c.   V,  03,  etc. 

-  21    Apic.  IV.    2;    Cicer.    Ad  famil.  IX,    10,  7;  AU  Attic.  IV,  S;  XIV,   16,  I. 

-  22  Ailien.  III,  p.  123  b.  -  23  Dipl.il.  ap.  Atlien.  III,  p.  121  c.  —  21  Plio.  XXI, 
76;  XXXII,  4-.,  80,  100,  108,  119,  127;  Galen.  llp.  cil.  III,  38;  Dioscor.  De  mat. 
med.  Il,  30  el  33  ;  Xenocr.  Op.  cit.  IV,  03  ;  Aiela.>.  De  caus.  el  sign.  murh.  I,  13  ; 
Paul.  Aegin.  VII,  1.  i;f.  Kocli'er.  Op.  cit.  p.  409.410.  —  Biui.iuuraph.e.  Koeliler. 
Tij.,.o;,  /iecherches  sur  l'Iiisl.  el  les  anliquilés  des  pcdieries  de  la  /litssie 
méridionale,  dans  icsAfém.  del'Acad.  de  .S.-Pétersbourg,  0»  série,  I,  1832,  p.  347- 
488;  11.  Blumner,  Die  gewerbliche  'Ihàtigkeit  der  Vollcer  des  klass.  Altertimms, 
Lcipiig,  1869  ;  Bocckli-Krhnliel.  Slaalshnuslmllnng  der  Allicner,  3'  éd.  Berlin, 
1880,  I.  p.  129;  J.  Mari|iiardt,  Vie  prii-ée  des  Itomains,  trad.  franc.  Paris,  1893, 
II,    p.  60-03  et    p.  97  ;    Monimscn-Blaniner,    Der   Alaximaltarif  des  Diocietian, 

VIII. 


pantomime.  'OpyeîîSai,  yopeùeiv,  expriment  l'action  du 
danseur,  de  celui  qui  se  meut  en  mesure,  op/Y|(iT/iç, 
/opE'jTvîç.  Ces  mois  parfois  employés  indifféremment' 
comportent  dans  certains  cas  une  nuance-,  op/sîTOai 
s'appliquant  à  la  danse  d'un  individu  isolé,  /opeùsiv  à 
celle  d'un  ensemble  choral. 

I.  liistorif/ue.  L'opinion  îles  Grecs  sur  la  danse. 
Les  éléments  constitutifs  de  l'orchestique  grecque  et  ses 
caractères  généraux.  —  Les  Grecs  faisaient  remonter 
l'orchestique  à  la  plus  haute  antiquité  ^  Lucien  se 
borne  A  traduire  plaisamment  l'opinion  courante  en 
déclarant  que  la  danse  date  de  l'origine  même  du 
monde  et  qu'elle  est  aussi  ancienne  que  l'Amour*. 
Dès  l'époque  homérique,  on  la  voit  florissante  el 
honorée  :  elle  est  un  des  plaisirs  favoris  des  Piiéa- 
ciens  '-,  dont  Ulysse  admire  les  pas  rapides  el  élin  • 
celants';  les  frères  de  Nausicaa  \  les  pri'tendanls  de 
Pénélope'  s'y  adonnent  également.  Chez  les  Troyens, 
comme  chez  les  Grecs,  le  héros  Mérion  est  fameux 
par  son  habileté  à  la  danse ';  la  souplesse  et  l'agilité 
qu'il  doit  à  cet  exercice  le  distinguent  dans  les  com- 
bats'". Il  n'est  pas  jusqu'à  la  fabuleuse  décoration  du 
bouclier  d'Achille  qui  ne  révèle  un  goût  très  vif  pour 
l'orchestique;  trois  chœurs  y  représentent  les  plaisirs  de 
la  vie  civile  et  de  la  paix".  La  danse  ne  parait  pas  en- 
tourée d'une  moindre  faveur  dans  les  pays  de  civilisation 
dorienne  :  le  Péloponèse  el  la  Crète  ont  souvent  été 
considérés  par  les  anciens  comme  le  berceau  de  cet 
art'-.  La  Crète  dorienne  ne  faisait  d'ailleurs  que  conti- 
nuer sur  ce  point  la  tradition  de  l'âge  préhellénique  où 
l'orchestique  a,  semble-t-il,  occupé  une  grande  place 
dans  la  vie  des  peuples  crétois'^  C'est  aussi  dans  les 
pays  doriens,  el  particulièrement  à  Sparte,  qu'elle  conser- 
vera le  plus  longtemps  son  ancien  caractère  éducatif*. 
Enfin  la  danse  a  certainement  joué  un  rôle  important 
en  Attique;  rien  n'est  plus  caractéristique  à  cel  égard 
que  la  considération  où  la  tient  Platon,  el  la  place  qu'il 
lui  laisse  dans  son  système  d'institution  individuelle  el 
sociale'^.  Peul-èire  y  eut-il  même  de  bonne  heure 
dans  ce  pays  des  concours  de  danse;  l'inscription  d'un 
vase  du  Dipylon  mentionne  une  victoire  orcheslique 
remportée  par  un  défunt".  En  tout  cas,  la  danse  armée 
fut  introduite,  dès  le  vi"^  siècle,  de  Sparte  à  Athènes,  et 
l'orchestique  sous  ses  diverses  formes  s'y  montre  très  tôt 
liée  aux  fêles  et  aux  cérémonies  du  culte'''. 


Berlin,  1893,  p.  74;  A.  i\Iesf|uilo  de  Tiguereido,  Ruines  d'antiques  établissements 
li  salaisons  sur  le  littorul  sud  de  Portugal,  dans  le  Bulletin  hispanique,  1906, 
p.  109-121 

SALT.VTIO.  I  Dans  les  passages  suivants  par  exemple,  yootûnv  est  applirpié  à  un 
seul  danseur  :  Eiirip  Uarclt.  184  ;  Arist.  Pax,  325  ;  Atlienae.  Deipnosoph.  I,  20  ;  cf. 
.Nonn.  Dionysiaca,  19,  190;  19,  223;  etc.,  cf.  M.  Emmanuel,  De  saltationis  disci- 
plinaap.  Graetos.p  93.  -  2  Luc.  Deor.  bialog.  I  8, 1.  Cf.  Emmanuel,  Op.  cit.  p.  93-94. 

—  3  Krause,  Gymnastik  und  Agonistik  der  Hellenen,  II,  p.  814.  La  danse  est  une 
des  formes  initiales  de  l'art  les  plus  importantes.  Les  hommes  primitifs  y  trouvent 
ta  joie  ta  plus  inteiis'i  et  la  plus  complète  dont  ils  sont  capables  ;  oulre  des 
salisfaciioiis  gymnast(i|ucs,  la  dausc  leur  olTrc  la  satisl'aclion  de  l'instinct  d'imi- 
tation qui  est  très  développé  cliez  eux  ;  cf.  Y.  Hirn,  The  oriqins  of  art.  p.  87  ; 
E.  Grosse,  Les  Débuts  de  lart,  p.  167  sq.  —  *  Luc.  De  sait.  7.-5  Od.  VIII, 
102  ;  248.  —  6  Od.  VIII,  204;  383.  —  7  Od.  VI,  65.  —  »  Od.  XVIII,  304;  il  est 
encore  (luestion  de  danses,  tjd.  XXIII,  133  si|.  —  9  //.  XVI,  617;  Luc.  De  sait. 
7.  —  10  II.  XIII.  249-50  ;  270  ;  275  ;  528.  —  Il  Jl.  VIII,  492-493  ;  567-372  ;  590-007. 

—  '2  Alli.  V,  181  L.  Voir  plus  lo-n  les  nombreuses  danses  dont  on  plaçai!  l'ori- 
gine dans  ces  p;iys.  —  1'^   Cf.    Angelo  Mosso,  Scavi  di  Creta,   p.  259,   fig.    144. 

—  14  La  pyrrliique,  par  exemple,  deviendra  avec  le  temps  une  danse  bachique,  saufà 
Sparte.  Cf.  Atb.  XIV,  631   a.  b.  —  "^  Plat.  Leg.  VII,  796,  c;  803.  e;  813,  b,  etc. 

—  16  Helbig,  Les  vases  du  Dipylon  et  les  Aaucraries  (Mém.  de  l'Jnst.  de  France, 
1898,  p.  389)  ;  cf.  Ath.  Mitlh.  1881,  pi.  III,  p.    106  sq.,  et  1693,  pi.  x,   p.  225  sq. 

—  n  Krause,  Op.  cit.  Il,  p.  814;  Dem.   In    Mid.   530,  23  sq. 

129 


SAL 


^   1026  — 


SAL 


C'est  au  V  sii'clf  quL-  l'arl  orchesliiiue  réalise,  en 
Grèce,  sa  plus  grande  perfection  '.  Les  innovations 
postérieures  dont  il  fui  presque  partout  robjet  ^  ne 
lardent  pas  à  transformer  son  caractère.  L'élément 
mimétique,  fort  important  dès  le  début,  tend  chaque 
jour  à  y  prédominer  davantage.  La  danse  proprement 
dite  disparait  dans  les  raftinements  de  la  pantomime 
auprès  desquels,  si  nous  en  croyons  Lucien,  lorches- 
lique  qu'avait  connue  Socrate  n'était  qu'un  art  dans 
l'enfance'.  \  vrai  dire,  la  pantomime,  florissante  sur- 
tout sous  Auguste  \  est  un  art  nouveau  qui,  par  une 
évolution  naturelle,  se  dégage  de  l'art  ancien  qui  le 
contenait  en  germe.  Moins  poussé  dans  quelques  détails, 
celui-ci  était  certainement  d'un  caractère  plus  riche, 
plus  complexe,  et   d'un   efl'et  plus   harmonieux. 

Si  l'on  examine  les  idées  des  Grecs  sur  l'origine  et  la 
nature  de  l'orcheslique,  on  est  frappé  de  la  dignité,  de 
l'excellence  qu'ils  reconnaissaient  à  cet  art.  D'abord  la 
danse  est  l'expression  du  plus  beau  des  états  de  l'âme  ; 
elle  est  l'expression  du  plaisir  ou  de  l'extase  '■"  ;  le  nom  de 
chœur  (/opo;)  dérive  naturellement  du  mol  qui  signifie 
joie  (/iii)  *.  De  plus,  si  tous  les  animaux  sont  doués  de 
mouvement  el  peuvent  manifester,  avec  plus  ou  moins 
de  clarté,  ce  qu'ils  ressentent,  l'homme  seul  a  l'idée  de 
l'ordre,  de  la  mesure,  el  s'en  est  servi  pour  constituer 
l'orcliestique^  Platon  nomme  rythme  l'ordre  et  la  pro- 
portion qui  s'observent  dans  les  mouvements  du  corps  ; 
ce  même  ordre  et  celle  même  proportion  par  rapport  aux 
sons,  il  l'appelle  harmonie,  et  il  donne  le  nom  de  c/foree, 
/opsta,  à  l'union  de  l'harmonie  el  du  rythme'.  Ce  senti- 
ment de  la  mesure  et  de  l'harmonie  a  été  donné  à 
l'homme  par  la  divinité;  on  peut  donc  dire  que  la  danse 
s'est  développée  sous  la  direction  des  dieux  '.  Ainsi 
l'orcheslique  n'est  pas  seulement  le  propre  de  l'homme  ; 
le  sentiment  d'où  elle  lire  sa  forme  a  une  origine 
divine.  Souvent  même  les  Grecs  en  ont  attribué  direc- 
tement l'invention  aux  dieux.  Selon  Lucien,  c'est  Rhéa 
qui,  la  première,  charmée  par  cet  art,  l'enseigna  aux 
Coryhantes,  en  Phrygie,  et  aux  Curetés,  en  Crète  '°.  On 
disait  parfois  que  la  pyrrhique  avait  été  trouvée  par 
Atht'na  ou  par  les  Dioscures",  à  qui  l'on  attribuait  aussi 
quelques-unes  des  danses  Spartiates  les  plus  renom- 
mées'-. On  comprend  dès  lors  que  les  danses  réjouissent 
les  divinités;  elles  ne  dédaignent  pas  d'y  prendre  part 
el  d'instituer  des  chœurs  ".  Pan,  Dionysos,  Ares,  Apollon 
sont  souvent  appelés   danseurs  "  et  c'est  par  la  prédi- 

I  titirpllc,  De  la  diinse  des  anciens,  p.  Ins.  —  2  Icg,  ||,  ocll  i;  aci 
livre  VM,  -ys  e,  l'IaLoii  prescrit  d'éviter  autant  ipie  possible  tnus  les  change- 
ments dans  la  danse  et  dans  la  miisii|ue.  —  3  Luc.  De  &aU.  25.  —  ^  Luc. 
De  sait.  3i.  —  5  C.  Siltl,  Me  GeMrden  der  Criecli.  u.  Ilim.  p.  2i4  ;  Flacli,  Der 
Tanz  l/ei  d.  Griech.  p.  2,  3.  —  «  Leg.  Il,  054  a;  VII,  815  d.  —  1  Leg.  Il,  653  e. 
Los  idées  d'ordi-e,  de  mesure  sont  toujours  restées  comme  le  fondement  de  In 
conceplion  que  les  lîrecs  onl  eue  de  l'orchestiiiue  ;  c'est  ce  que  montre  très  bien 
Lucien,  disant  que  «  le  chœur  des  astres,  la  conjonction  des  planclescl  des  étoiles 
files,  leur  société  harmonieuse,  leur  admirable  concert,  sont  les  modèles  de  la 
première  danse  ».  De  la  dnuae,  7  ;  Au  livre  Vlll  de  Y  Economique,  le  premici- 
cicmpic  que  choisit  Ischomachos  pour  montrer  à  sa  femme  l'ulilité  et  la 
beauté  de  l'ordre  est  celui  du  chœur  de  danse  qui  se  meut  et  chante  avec 
ensemble;  cf.  Fiat.  Proliig.  p.  315  c.  —  »  Burette,  De  la  danse  des  anciens. 
p.  lOS.  —  •>  Le,,.  Il,  f.54  (1.  —  10  l.uc.  De  sali.  S.  —  <l  Voir  plus  loin  les  textes 
re'alifs  au»  origines  de  la  pyrrhique.  —  12  Les  danses  de  Karjai  étaient  parfois 
attribuées  aui  Dioscures;  cf.  Luc.  De  sait.  10.  —  13  M.  Lmmanucl,  IJssai  suf 
l'orcheslique  grecque,  p.  i85-i99.  —  H  Krause,  Op.  cit.  Il,  p.  SIC,  noies  14  el 
15;  V.  particulièrement  Athcn.  l,  22  4,  c.  —  15  Plat.  Crutijl.  p.  407  a. 
—  10  Bcrgk,  Fraijm.  75.  —  17  |les.  Tlicog.  i  sq.;  Luc.  De  sait.  24.  —  '«  Eurip. 
Troad.  2.  —  19  Ui/mn.  in  Art.  IS  sq.  —  20  Ath.  I,  22  c.  —  2'  Leg.  Vil,  790  c; 
803  e:  8n  d.  —  2-'  .Xcn.  Conr.  Il,  15. 17.  Athénée  rapporte  (I,  20,  f)  que  Socrate 
aimait  p.irticulicromcnl  la  danse  appelée   Memphis.   —  2J    Xcn.     itjid.  ;  Luc.    De 


lection  d'Athéna  pour  la  danse  armée  qu'est  expliquée 
la  dénomination  de  Pallns  ' '.  Pindare  montre  les 
Nymphes  dansant  au  retour  du  printemps  en  compagnie 
des  Grâces  "■'  ;  Hésiode  a  surpris  le  chœur  mené  par 
les  Muses  sur  l'IIélicon,  auprès  de  la  source  sombre, 
autour  de  l'autel  de  Zeus'''.  Les  Néréides  forment  aussi 
des  chœurs  ",  Artémis  danse  avec  ses  compagnes"  :  la 
sévère  Héra  el  Zeus  lui-même  prennent  part  ;\  ces  plai- 
sirs -".  La  danse  inventée  et  pratiquée  par  les  dieux  inter- 
viendra tout  naturellement  dans  leur  culte;  elle  est  le 
meilleur  moyen  de  leur  plaire  et  de  les  honorer-'. 

Mais  la  danse  ne  permet  pas  seulement  à  l'homme  de 
se  rendre  les  dieux  favorables;  elle  a  de  plus,  selon  les 
anciens,  une  haute  valeur  éducative.  Fondée  sur  le  mou- 
vement, elle  développe  les  forces  du  corps,  et  c'est  par 
les  avantages  qu'elle  offre  à  ce  point  de  vue  que  Socrate 
justifie  surtout  son  penchant  pour  l'orcheslique  ''-. 
Convenant  à  tous,  sans  distinction  de  sexe  ni  d'âge, 
elle  est  un  exercice  modéré  pour  l'organisme  dont  elle 
ne  laisse  pas  la  moindre  part  inactive'".  Elle  procure 
la  santé  utile  à  l'homme",  el  la  vigueur  nécessaire  au 
guerrier^'.  Les  mouvements  orchestiques étant  soumis  à 
l'ordre  et  à  l'eurythmie,  elle  développe  aussi  la  beauté'-* 
D'autre  part,  intimement  liée  à  la  musique"  el  à  la 
poésie,  elle  n'intéresse  pas  moins  l'esprit  que  le  corps ^''; 
elle  imite  la  parole  de  la  Muse  ^°,  elle  instruit  par  ce  qu'elle 
représente.  Platon  peut  dire  que  l'homme  convenable- 
ment élevé  saura  bien  chanter  et  bien  danser  "",  que 
la  chorée  prise  en  entier  embrasse  toute  l'éducation". 
A  ne  considérer  que  celte  opinion  des  anciens  sur  les 
origines  et  la  nature  de  leur  orchcstique,  celle-ci  nous 
apparaît  déjà  comme  foncièrement  différente  de  la  danse 
des  époques  postérieures.  C'est  ce  que  nous  saisirons 
mieux  encore  en  étudiant  la  danse  grecque  elle-même 
dans  ses  éléments  constitutifs  el  ses  caractères  généraux. 

L'orcheslique  grecque  se  compose  de  deux  éléments 
essentiels,  les  mouvements  {ifoç.a()  ;  les  gestes,  figures, 
attitudes  ((r/r,[xaTa)'^.  Presque  tous  les  mouvements 
gymnastiques  du  corps  sont  du  domaine  de  l'orches- 
tique^''  ;  Socrate  peut  faire  un  mérite  à  la  danse  de 
mettre  tout  le  corps  en  action,  le  cou,  les  jambes  et  les 
mains  '*.  Les  mouvements  de  l'orcheslique  ne  diffèrent 
pas  de  ceux  que  les  enfants  exécutent  au  son  de  la  (lùte 
dans  la  palestre,  les  éphèbes  el  les  athlètes  dans  les 
gymnases''.  Certains  de  ces  mouvements  qui  tendaient 
à  l'assouplissement   du  corps  se  retrouveront  au  pro- 

salt.  69  el  73.  —  2*  Xen.  Conr.  Il,  15-17  ;  l'Iul,  De  rai.  tuend.  VI,  15;  cf.  l'incl. 
Pytli.  X,  59-65  ;  après  avoir  mcnlionné  les  danses  des  Hyperboréens,  le  poète  parle  de 
leur  résistance  aui  maladies  et  à  la  vieillesse;  T'iaton  {Leg.  VU,  790  e)  insiste  sur 
la  valeur  cur,Ttive  de  ta  danse.  C'est  à  ces  divers  titres  (|ue  la  danse  était  en 
honneur  dans  la  discipline  de  F'yihngore  (Porphyr.  Pythag.  32)  ;  cf.  Burette,  Op. 
cit.  I,  p.  128.  —  25  U,j,  VU,  796  c  ;  803  e  ;  Xen.  Conr.  Il,  17  ;  Ath.  XIV,  62S  f. 
—  26  Xen.  Conv.  Il,  15.  Rien  ne  montre  mieux  combien  les  Grecs  onl  été  sensiLies 
à  la  beauté  des  mouvements  orchestiques,  (|ue  le  nombre  relativement  considérable 
des  œuvres  du  grand  art  dont  le  motif  ou  les  attiUides  étaient  empruntes  à  la  d.mse. 
V.  Emmanuel,  Essai  sur  lorcli.  p.  325-20.  —  2^  La  dausecst  régulièrement  accom- 
pagnée par  la  musique;  cf.  Luc.  De  sait.  26,  la  (lùle  et  la  cilhare  sont  déclarées 
liiçïl  -f,;  toi  dçzïijtoù  J.iipio.'a;  ;  cf.  63  ;  72.  —  28  |.uc.  De  sait.  6  ;  09  ;  72  ;  Ath.  XIV, 
628  c,  d.  —  29  Leg.  VII,  795  e,  elle  contribue  aussi  à  adoucir  les  mœurs;  cf.  Ath.  XIV, 
626  d,e;  Polyb.  Hist.  IV,  21  —^»Leg.n,  05la,  c.  —  3'  Leg.  Il,  672  rf,  c:  VII, 
817  *,  c.  —  32  La  distinction  de  ces  deux  éléments  est  faite,  dès  l'époque  classique, 
par  Platon  et  Xénopbon  ;  on  la  retrouve  chez  Plularque  ;  cf.  M.  Emmanuel,  De 
saltationis  disciplina  ap.  Graecos,  p.  3.  —  33  Emmanuel,  /liid.  p.  4.  —  3'  Xen. 
Conr.  Il,  15  et  11,  22;  Ath.  I,  21  a.  —  3.ï  Emmanuel,  Op.  cit.  p.  8.  Ou  trouvera, 
aux  pages  22-24,  la  liste  d'un  grand  nombre  de  =ojai  appartenant  à  la  gymnastiipic 
proprement  dite,  et  qui  sont  absolument  ideulif|ucs  aux  oopai  de  l'orcheslique.  Ce 
sonl  tous  ces  mouvements  que  Platon  réunit  sous  l'expression  de|u;jiva<y(«Siarovr,n«ïa 
(Z.ej.813  d). 


SAL 


1027 


SAL 


gramme  des  baleleurs  et  danseurs  de  profession  dans 
des  séances  proprement  orchesliques.  Quelques-uns 
n'allaient  pas  sans  dilticuUé,  ni  péril.  L'éphèbe  cour- 
bait son  corps  en  arrière  (xaix-itr,)  ;  il  lormait  un  cercle, 
les  pieds  louchant  les  épaules  (xûxXoç)  et  dans  cette 
position  il  imitait  la  roue  (too/ô;)'.  A  côté  de  cela  figu- 
raient des  sauts,  des  voltes  et  quelques  mouvements 
plus  calmes  des  jambes  et  des  bras,  du  buste  et  de 
la  tête-.  C'était  aussi  dans  les  palestres  que  les  enfants 
apprenaient  la  pijrrinque  enseignée  par  l'oTtX&aiyoi;  et  la 
c/iiroiiomic  que  les  épliébes  et  les  athlètes  pratiquaient 
également  dans  les  gymnases  ^  La  chironomie,  au  sens 
particulièrement  gymnique  du  mol,  était  l'exécution 
rythmique  des  mouvenienls  de  bras  et  de  mains  propres 
à  la  lutte  et  au  combat  '.  La  pyrrhique  et  la  chironomie 
sont  à  la  fois  des  exei-cices  gymniques  et  orchesliques,  et 
rien  ne  montre  mieux  le  lien  étroit  qui  unit  la  danse  à  la 
gymnastique.  En  réalité,  la  danse  n'est  pour  les  Grecs 
qu'une  partie  de  la  gymnastique  %  ou  plus  exactement 
il  y  a.  selon  eux,  deux  grandes  variétés  d'orchestique  dont 
l'une  qui  a  surtout  en  vue  le  corps  lui-même  sert  à  déve- 
lopper sa  vigueur,  sa  souplesse  et  sa  beauté".  Par  cette 
danse  gymnique,  ou  si  l'on  préfère  par  cette  gymnastique 
rythmée  et  musicale,  chaque  individu  devenait  capable 
de  régler  ses  propres  mouvements  et  de  les  coordonner 
avec  ceux  d'autrui  pour  former  un  ensemble  harmonieux. 
Ainsi  était  réalisée  une  double  beauté  plasti(|ue,  résidant 
en  chaque  danseur  pris  à  part,  et  résultant  aussi  des 
savantes  évolutions  du  chœur.  D'ailleurs,  la  beauté  de  la 
danse  ne  résulte  pas  seulement  de  l'exacte  adaptation 
des  mouvements  les  uns  aux  autres;  elle  vient  aussi 
de  leur  appropriation  parfaite  à  l'état  d'àme  du  dan- 
seur, au  sentiment,  à  l'idée  qui  le  guide  et  qu'il  veut 
traduire.  La  danse  grecque  est  foncièrement  expres- 
sive, et  c'est  des  çopaî  qu'elle  tire  ses  premiers  moyens 
d'expression  :  «  Elle  peut,  par  la  lenteur  ou  la  vitesse 
des  mouvements,  par  leur  harmonie  plus  ou  moins 
sévère,  éveiller  simplement  dans  l'àme  des  émotions 
conformes  au  caractère  général  de  ces  mouvements... 
Une  danse  grave,  noble,  imite  par  là  même  la  beauté 
morale,  la  noblesse,  la  gravité  d'une  âme  que  les 
passions  ne  troublent  pas.  Au  contraire,  des  mouve- 
ments très  variés  qui  se  succèdent  avec  vivacité  expri- 
ment l'excès  de  la  joie  ou  des  passions'  ».  Cette 
diversité  des  mouvements  constituait  de  véritables 
modes  qui  existaient  dans  la  danse  comme  dans  le 
rythme  et  la  mélodie:  «  Il  y  avait  la  danse  grave,  calme, 
religieuse;  puis  la  danse  vive  et  gaie;  enfin  la  danse 
passionnée,  rapide,  entraînante.  Dans  le  drame  ces 
trois  types  étaient  représentés  par  l'emmélie,  par  la 
cordace  et  par  la  sicinnis.  Dans  le  lyrisme  propre- 
ment dit,  ils  s'appelaient  la  gymnopédie,  l'hyporchème 
et  la  pyrrhique  "  ». 


<  Clal.  Ley.  VII.  795  e;  Xen.  Coiw 
miel,  De  sait,  diacipl  p.  16-17  —  : 
manuel,  ili-  sait,  itincipl.  p.  31-65.  - 
i-elle,  Du  Iri  danse,    p.    \±i\  Emman 


II,  i\-H\  Liban.  Pro  xalt.  ii;  cf.  Emma- 
\  oir  le  ijélail  de  ces  mouvements  diins  Ëm- 

a  Emiuaiiuel,  Ofi.  cit.  p.  18-19.  —  4  Bu- 
el,    dp.   cit.  p.    i9.    Platon    {Lei,.   830   c) 


applit|ue  le  1er 
contre  un  aJvt 
<le  là  vient. |ue 
cf.  Alh.  XIV,  631  c;  Plut.  Ce 

cr;t>f;;  Sjo  ti  {aèv  03/r,ffi;,    T^  S 


/ttoQ,o[jLtTv  aux  allilëles  (tvik^g 
liclir.  La  cliironomie  est  une  : 

sonl  souvent  étroit 

probl.  IX,  15.  — 

KT,.  —  6  Leg.  Vil, 

des  nnciena,  p.  108.  —  7  A,  Croisel,  Ln  poésie  de  Pindare, 
p.  C9;  Emmanuel,  lie  sait,  discipl.  p.  7.  —  »  A.  tJroiset,  dp.  ci',  p.  70  ,  v.  Boeckli, 
Encycl.   der  Philoloij.    W  issensch.    y.    498.    —  »   Poil.  11,  153  :  li,  t.itï /ipoiv  iv 


ûv,.;,  c'esl-a-dire  combaltaul 
■le  de  pyrrhique  sans  armes  ; 
■eut  unis  et  parfois  confondus: 
leç/.  VII,  795  U;  li  Si  jujlvc- 


Dans  certains  des  cas  nombreux  où  les  danseurs 
n'étaient  pas  des  professionnels,  la  danse  n'avait  évi- 
demment pas  d'autre  valeur  expressive  que  celle  qui  se 
dégageait  des  mouvements  orchesliques.  Mais  la  danse 
grecque  est  un  ca't  en  même  temps  qu'une  pi-a/ii/ue;  à 
ce  litre,  elle  visait  à  une  expression  plus  détaillée,  plus 
raflinée,  et  elle  était  imitalive  dans  l'acception  la  plus 
rigoureuse  du  mot.  La  chironomie  ne  consiste  pas  uni- 
quement dans  l'exécution  des  mouvements  propres  à  la 
lutte  ou  au  combat.  Au  sens  large  que  lui  donnent  souvent 
les  Grecs,  elle  comprend  tous  les  mouvements  des  bras 
et  des  mains.  X£ipovo(j.£îv,  c'est  agiter  les  mains  en 
mesure  °  ;  ces  mouvements  des  mains  et  des  doigts 
seront  le  facteur  essentiel  de  la  mimique  si  importante 
dans  l'orchestique  des  anciens.  C'est  ce  qui  explique  les 
expressions  de  danser  avec  les  mains,  xaîi;  /spuiv  ôç/EïçOai, 
de  parler  avec  les  mains.  Ta?;  /Efj't  ÀaXsïv  '",  et  les  épi- 
thètes  de  /Eip&vôjAot,  /£ido(;o-^&i,  appliquées  parfois  aux 
danseurs  ". 

La  chironomie  joue  un  rtjle  important  dans  la  con- 
stitution des  a/7;fiaT(x  '-  qui  caractérisent  la  danse  pro- 
prement dite,  dégagée  de  la  gymnastique  et  devenue 
capable  d'imiter  la  parole  de  la  Muse".  C'est  la  connais- 
sance des  îryf,ixaTa  qui  dénote  le  véritable  danseur.  Les 
lopat,  les  Yuavan-tixai  ooy-/|(;çiç  sont  connues  de  Socrate  par 
exemple  ;  Charmides  l'a  surpris  en  train  de  les  exécuter. 
Mais  il  ignore  les  c/rifiaxa  puisque,  dans  le  Banquet  de 
Xénophon,  il  déclare  au  maître  de  danse  qu'il  les  appren- 
drait voloatiers  de  lui'".  Charmides,  convaincu  par  les 
arguments  de  Socrate,  s'exerce,  lui  aussi,  à  l'orchestique  ; 
mais  en  vérité  il  ne  danse  pas,  chose  qu'il  n'a  jamais 
apprise,  il  s'adonnesimplementà  lachironomie,  entendue 
au  sens  restreint  d'exercice  gymnique  '°.  Les  c/Yip-axa  sont 
d'abord  les  gestes  qui  expriment  les  divers  sentimenls  de 
l'àme;  ils  donnent  une  traduction  imagée  des  caractères, 
des  passions  et  des  actions  '".  En  ce  sens,  ils  sonl  si  étroi- 
tement unis  aux  ipopai  qu'il  n'est  pas  toujours  possible 
d'établir  entre  ces  deux  éléments  une  ligne  de  démar- 
cation précise".  Ce  qui  les  différencie  en  général  des 
mouvements  el  des  gestes  spontanés,  c'est  d'être  dirigés 
par  une  intention  mimétique  déterminée  et  accomplis 
selon  la  formule  expressive  de  l'art.  A  ci;ité  de  ces  <r/v^p.aTa 
mobiles  qui  constituent  la  ressource  ordinaire  du  dan- 
seur grec,  nous  distinguons  des  cyr^ix'xzy.  plus  stables  qui 
imitent  la  forme,  l'aspect  d'un  être  humain,  d'Apollon, 
de  Pan,  ou  d'une  Bacchante'*.  Ces  c/VKJiaTa  eux-mêmes 
ne  sauraient  être  détachés  des  précédents,  non  plus  que 
des  simples  ^opaî;  ils  sont  le  lerme  oii  ceux-ci  abou- 
tissent" et  le  point  d'où  ils  reparlent-".  Dans  une  suite 
de  mouvements,  de  gestes,  le  danseur  arrive  peu  à  peu 
à  ébaucher  une  attitude;  puis  l'attitude  se  précise,  elle 
acquiert  une  vigueur,  une  nellelé  qui  lui  permettent 
de  rivaliser  d'expression  avec  les  œuvres  de  l'art  plas- 

iuV"  »i"l«i;"«'-  —  '"  l'Iul.  On  libid.  et  aeqritudine,  s,  5:  Luc.  Du  sait.  113;  Alli. 
IV,  134  6;  Noun.  Dionijs.  XIX,  p.  339  et  341  ;  cf.  krause,  Dp.  cit.  Il,  p.  Slil. 
u.  C  ;  Emmanuel,  De  sait,  discipl.  p.  19;  Essai  sur  forcli.  p.  94  si|.  —  "  llesych. 
yttoovoii'»;,  ôoyTi«r;  ;  Lesbonax  de  Mitylèiic  d'après  Lucian.  De  sait.  69  Sur  la  chi- 
ronomie des  anciens  ».  de  Jono.  In  Mimica  dei/li  .inticlii.  —  12  Si  les  »/>■(.«;■.  ont 
pris,  avec  le  temps,  de  plus  en  plus  d'importance  dans  l'orchesliiiue,  ils  existaient 
dès  l'époiiuc  classique  et  même  antérieurement,  La  danse  grecque  a  évolué,  mais 
les  principes  sont  demeurés  identiques:  cf.  Emmanuel,  De  sali,  discipl.  Praefat.  .\. 
-  la  Le,/.  Vil,  795  e.  —  Il  Xen.  Conr.  U,  15.  —  15  Xeu.  Coiw.  Il,  19.  —  lu  Arist. 

Poetica,  I.  [m  Ô9/,in(rt«;]  Sitt  tm.v  ir/r.iAnxtî;')-AJvw*  ^jB;*™-/  (Aift-.ùvrui  na'i  t,9t„  nat  Tïâ'lT,,  vai 

,-,a;!i;:  cf.  Emmanuel,  De  sait,  discipl.  p.  6  sq.  —  17  Emmanuel,  Op.  cit.  p. 1  -  1»  Hut. 
Coiii'.  prohl.  9.  15.  T»  <r7.ii!»a  |i,|i.|x..c;v  lit.  fiosoii:  ,«".  lSi«î...  ;  cf.  Emmanuel,  Op.  cit. 
p.  7.  _  ISFlul.  Conv.  prubl.  9,  15;  Liban, /'ro  sait.  24.—  2"  Plut.  Liban.  Ibid. 


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—  4028 


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lique  ';  elle  satlénue  ensiiile,  se  dégrade  et  se  décom- 
pose en  simples  gestes  el  en  mouvements  d"oii  elle 
renaîtra  comme  d'elle-même  sous  une  apparence  nou- 
velle-.  Mobiles  ou  stables,  gestes  ou  attitudes,  les 
<r/T|ULaTa  ont  donc  une  valeur  représentative  particu- 
lière, qui  l'ait  d'eux  le  facteur  fondamental  de  la  danse 
grecque. 

L'imitation  {a^:^L■r^'7^.i)  est,  en  ellel,  pour  les  anciens 
l'essence  même  de  l'art  orchestique  ^  «  Le  danseur  grec 
parle  avec  tout  son  corps  el  s'adresse  à  des  spectateurs 
qui  attendent  de  lui  autre  chose  qu'un  plaisir  des 
yeux'.  »  11  oIVre  le  simulacre  d'une  action,  il  repré- 
sente un  personnage;  il  vise  à  exprimer  des  sentiments 
el  des  idées,  non  seulement  par  les  jeux  de  pliysionomie, 
mais  par  ceux  du  corps  tout  enlier.  Plalon  note  dans  les 
Lois  que  l'homme  qui  chante  ou  qui  parle  ne  peut  se 
tenir  tranquille;  il  se  livre  à  une  mimique  naturelle  et 
c'est  l'imitation  des  paroles  par  les  gestes  et  les  altitudes 
qui  a  produit  toute  l'orchestique".  La  danse  est  donc 
révélatrice  de  la  pensée";  aussi  contribue-l-elle,  avec  la 
musique  el  la  poésie,  à  former  l'art  des  Muses  (u.ojci- 
xf,)  ■".  Nous  savons,  d'ailleurs,  que  la  danse  antique 
est  généralement  unie  au  chanl,  soit  que  les  danseurs 
chaulent  eux-mêmes,  soit  que  d'autres  chantent  pour 
eux*.  Ce  caractère  mimétique  de  la  danse,  qui  ira 
toujours  en  s'accenluanl,  esl  un  des  traits  originels  de 
l'orcheslique  grecque;  les  a/vjaaTa  y  apparaissent 
très  tôt  :  Phryniclios  en  avait  inventé  un  très  grand 
nombre',  Eschyle  en  enseignait  lui-même  à  ses  cho- 
reutes  "',  etl'on  rapporte  que  Téleslès.sonchorodidascale, 
était  arrivé,  dans  les  Sept  contre  Thèbes,  à  une  incroyable 
puissance  d'expression  ".On  verra,  parla  suite,  à  l'occa- 
sion des  diverses  danses,  combien  celles-ci  étaient  expres- 
sives dans  le  sens  large  ou  rigoureux  du  mot  que  nous 
avons  successivement  déterminé. 

On  peut  relever  encore  deux  traits  distinclifs  de  l'an- 
cienne orchestique  dans  le  groupement  qu'elle  fait  des 
individus  el  dans  les  rapports  qu'elle  établit  entre  les  deux 
sexes.  Préparant  à  la  guerre  ou  employée  au  culte  des 
dieux,  elle  est,  à  l'origine,  une  pratique  essentiellement 
collective,  et  c'est  sous  la  forme  chorale  qu'elle  semble 
s'être  développée  lout  d'abord.  Les  chœurs  y  conserve- 
ront, d'ailleurs,  une  place  prépondérante  jusqu'à  la  fin 
de  l'époque  classique.  Dans  ces  chœurs,  la  disposition 
des  individus  esl  variable  :  tantôt  tous  les  danseurs 
se  tiennent  par  la  main  ou  par  le  poignet;  ils  s'avan- 
cent alors  à  la   lile  en  une   sorte   de  farandole  guidée 

1  Emmanuel,  Oe  sait,  ilislipl.  p.  SO;  l.uc.  De  sali.  35;  Alli.  XIV.  C29  ft.  —  2  l.c 
danseur,  qui  peut  imiter  tous  les  élres  el  môme  «ioiiner  I  impression  des  divers  éU*- 
niculs  naturels,  est  un  ï(!iitable  l'rolée  :  of.  Luc.  Ùe  suit.  t9.  —  3  Notons  qu'il  en 
est  de  même  pour  la  dause  de  tous  les  peuples  primitifs  ;  cf.  Grosse,  Les  débuts  de 
fart,  p.  157,  le",  etc.  —  »  Emmanuel,  Jissai  sur  l'orcli.  p.  iU  ;  cf.  De  sait, 
discipl.  p.  tj  ;  Platon  a  bien  noté  le  vaste  champ  de  l'iuiilalion  dans  t'orcliesliquc 

(Leg.  ti55  d).   —    ^  Ceg.  VU,   *<|ti   rt,  |Ai(i»îfftî  tw.  âiyoi*ïvihv  air,^aai   vtvojit'v»!    Tr,v   ôpify,- 

«Ti.r.,  lUf-jàcoto  Ti/..r,,  EO;.ro»«v.  —  «  Luc.  De  sait.  36;  69;Eiliau.  P.  sait.  24. 
—  1  C'est  ce  qui  est  dit  dans  le  premier  Alcibiade  ;  cf.  Leri.  VII,  795  e.  —  8  Flacli. 
Der  Tanz  bei  d.  Criech.n,  p.  3.  —  9  l'Iut.  Conr.  probl.  9,  3.  —  iii  Atli.  I, 
il  e,  f.  —  "  Ath.  I,  ïl  f;  ii  a.  Sur  le  témoignage  de  Plularque  (C'o/n. 
probt.  9,  I"»),  on  a  parfois  admis,  outre  les  çoçat  el  les  ff/^>ota,  un  troisième  élé- 
ment conslilutif  de  rorcliestique  grecque,  les  S(i;€.;  (v.  par  ex.  Siltl,  Op.  cit. 
p.  24.1.).  La  Sfi;i{  était  uoii  pas  mimétique,  mais  indicative,  le  danseur  désignanl  de 
la  miiin  un  objet  ou  un  des  assistants,  la  mer,  le  ciel,  etc.  Scion  M.  Emmanuel  (De 
sait.  dise.  p.  »7-98),  la  <i,i,;  ne  se  serait  introduite  dms  l'orcliestique  (|u'a 
une  époque  très  postérieure,  el  elle  n'aurait  rien  à  voir  avec  la  dause  propie- 
nieut  grecque.  —  «^  IJf.  Emmanuel,  Essai,  p.  245  sq.  ;  Sitll,  Op.  cit.  p.  226;  cf.  le 
Vase  tranrois,  Furlwiiogler-Reicliliold,  Grieeh.  Vasenmal.  pi.  ini  ;  ,Uon.  rf. 
Inst.  IX,  30;  AJus.  Horbon.  Vlll,  58,  etc.  —  13  Baumeister, /Jen/tm.  des  Klas. 
Atterth.    p.  1032.  —  >*  Cette    forme  du  cliœur  ainsi  que  la  précédente  est  dé- 


par  un  chef  de  chœur  indépendant  ou  non  du  cortège'^. 
Les  danseurs  peuvent  aussi  être  disposés  en  rangée", 
ou  bien  encore  former  une  ronde".  Quelquefois,  les 
personnages  placés  à  la  file  ne  se  tiennent  que  par 
l'extrémité  de  leur  vêtement'".  Enfin,  les  danseurs  peu- 
vent présenter  les  mêmes  dispositions  par  file,  par  ran- 
gée ou  en  cercle,  tout  en  étant  complètement  séparés  les 
uns  des  autres".  Le  nombre  des  personnages  des  chœurs 
est  variable;  sur  le  Vase  François  (fig.  6059)  quatorze 
danseurs  suivent  Thésée.  Les  Grecs  ont  aussi  connu 
des  formes  plus  simples  de  danse,  mais  qui,  chez  eux, 
étaient  peut-être  moins  fréquentes,  le  pas  de  deux  cl 
la  danse  d'un  seul  personnage  isolé. 

La  danse  antique  n'est  pas  basée,  comme  une  grande 
partie  de  la  nôtre,  sur  le  rapprochement  de  personnes  de 
sexe  différent'^  Il  esl  possible  mêmeque  les  plus  anciens 
chœurs  de  danse  aient  été  exclusivement  composés 
d'hommes  ou  de  femmes'*.  On  attribuait  parfois  à  Dédale 
ou  à  Thésée  l'institution  de  la  danse  àvicut;;  où  étaient 
réunis  les  deux  sexes'-';  une  telle  opinion  iiaiplique 
peut-être,  dans  la  tradition,  le  souvenir  vague  que  cette 
sorte  de  danse  n'était  point  primitive.  Les  peintures  céra- 
miques de  style  archaïque  représentent  souvent  des 
chœurs   uni- 


opposées  l'une  à  l'autre'--  (lig.  6054).  Cependant,  chez 
Homère  déjà,  jeunes  garijons  et  jeunes  filles  dansent 
ensemble  dans  les  chœurs  en  se  tenant  par  la  main '-^ 
Les  danseurs  et  danseuses  du  Vase  François  se  sui- 
vent tous,  les  mains  unies;  ils  alternent  dans  un  ordre 
parfait,  et  il  est  certain  que  beaucoup  de  chœurs  reli- 
gieux el  populaires  devaient  être  composés  ainsi  ^'.  Par 
contre,  dans  le  pas  de  deux,  l'homme  et  la  femme  ne 
paraissent  jamais  se  toucher  ;  seuls  quelques  monuments 
d'époque  assez  tardive  nous  montrent  une  union  plus 
étroite  entre  le  danseur  el  la  danseuse".  On  a  bien  expli- 
qué  cotte   particularité  de   la   danse   grecque   par  son 

crile  dans  ry//n</e  (XVlll,  500  sq.)  ;  cf.  Longpérier,  ;1/iis.  .Va/»;.  o)i  III,  pi.  xv  ; 
Mon.  d.  Just.  XI,  41,  etc.  —  1^  Aniwti.  I8U.-),  tav.  L.  2;  Bullet.  de  corr.  Itrll.  1881, 
pi.  VII.  —  16  Pour  les  danseurs  en  file.  v.  Emmanuel,  Essai,  p.  254-256  ;  De  sait, 
discipl.  p.  86  ;  Uullet.  de  corr.  Iiell.  1893.  p.  427,  fig.  2  :  pour  les  deux  autres  dis- 
positions, V.  Emmanuel,  Essai,  p.  256-258  ;  De  sait,  discipl.  p.  86,  —  n  Flacli, 
Der  Tanz  beiil.  Grieeh.  p.  4.  —  18  On  a  reconnu  ces  mômes  caractères  aux  danses 
des  peuples  primitifs.  V.  E.  Grosse,  les  Débuts  de  l'art,  p.  167  cl  172;  K.  Groos. 
Hessische  Ulôtter  (.  Volkskunde  B.  111,  1905,  p.  105-IOC.  Toulefois,  la  séparation 
des  deux  sexes  ne  peut  èlre  afiirmée  d'une  manière  absolue  (V.  ilirn,  T/ie  origins 
of  art,  p.  230-231)  et  la  cliose  pour  les  Grecs,  cnx  aussi,  demeure  hypollirti(|ue. 
~  19  Eusialli.  Ad  Iliad.  XVIll,  590.  —  W  V.  par  ex.  Jabrb.  d.  Inst.  XIV  {1899), 
p.  84,  fig.  42.  —  21  Jahrb.  d.  Inst.  XIV  (IS''9,,  p.  86,  fig.  45;  Ath.  .Mitth.  XVlll 
(1^93),  p.  113,  fig.  10.  —  22  Oenoclioé  d'Analalos,  Jattrb.  d.  Inst.  Il  (1887).  pi.  m. 
Une  autre  peinture  de  vase  nous  monlre  le  principal  groujic  des  danseuses  encastré 
en  bloc  parmi  les  danseurs  ;  cf.  .il/on.  d.  Insl.W,  39.  —23  //.  XVlll,  594,  iUr.X.,»  is'i 
xct^-ç  -^teTçaî  i^ovte  .  —  '-*  llerod.  III,  48,  à  propos  des  Samiens,  '•.azuLav.-t  /odoù; 
icaçSivkiv  TE  «ai  r,i(l,-io'..  Il  n'est  p»s  ^ùr  pourlaut  (pie  Jeunes  gens  el  Jeunes  filles  fus- 
sent réunis  dans  les  mêmes  chœurs  ;  cf.  Folyb.  IV,  21,4:  -^oooù;  naoOivuv  ôfioù  «d 
icaîSwv.  —  -^  Emmanuel,  Essai,  p.  238-240;  v.  en  particulier  Pan  et  Jeune  fille 
dausar.t.  Mus.  Itlucas,  xxlii  Notons  de  plus  que  les  autres  couples  signalés  par 
M .  Emmanuel  ne  sont  pas,  à  |'ro|>rcmenl  parler,  des  couples  de  dauseui-s. 


SAL 


—   1029 


SAL 


caraclère  mimétique  :  le  danseur  lient  à  conserver  une 
liberté  qui  lui  permet  de  tout  imiter  à.  sa  guise  par  des 
altitudes  et  des  gestes  appropriés.  Celle  liberté,  il  ne 
"  consent  à  la  perdre  que  dans  les  ensembles  où  la  figu- 
ration chorégraphique  exigeait  que  chacun  pliât  àla  règle 
commune  dans  linlérét  de  Timilalion  en  masse.  En  tout 
autre  cas.  il  se  faisait  libre,  pour  rester  maître  de  son  im-i- 
lalion  individuelle.  Par  suite,  la  danse  a  deux,  homme 
et  femme,  aurait  paru  aux  Grecs  un  non-sens.  Elle  trans- 
forme, enelTel,  le  couple  en  un  personnage  hybrideà  qui 
tout  geste  devient  impossible  ;  l'indépendance  est  si 
chère  au  danseur  grec  que  l'homme  et  la  femme  formant  un 
couple  orchestique  paraissent  craindre  de  se  toucher  '  ». 
II.  Les  positions,  les  mouvements,  les  temps  et  les  pas 
dans  rorc/iestifjiie  cjrecque.  —  Positions.  —  Les 
danseurs  grecs  ont  connu  les  cinq  positions  fonda- 
mentales des  jambes  dans  la  danse  moderne  ainsi  que 
leurs  variélés.  Ils  savent  prendre  ces  posiLions  sur  la 
plante,  la  demi-pointe  et  la  pointe.  Mais  ils  en  usent 
avec  liberté  et  ne  s'astreignent  même  pas  toujours  à 
tenir  la  cuisse  et  le  pied  en  dehors-.  Les  posilions  des 
bras  ne  sont  pas  systématisées  comme  dans  nos  danses; 
la  tenue  des  bras  comporte  toutes  les  nuances  du  geste 
décoratif  et  expressif.  Les  danseurs  les  raidissent  ou  les 
ploient  à  leur  gré;  leur  main  demeure  active  et  libre  ^. 
Les  Grecs  ont  connu  les  cinq  posilions  fondamentales  du 
corps,  mais  ils  montrent  une  véritable  prédilection  pour 
celles  qui  sont  le  moins  employées 
dans  la  danse  moderne  :  corps  penclié 
en  avant  et  corps  cambré*.  Ils  pren- 
nent aussi  toules  les  posilions  cor- 
respondantes de  la  tète  ;  les  positions 
de  la  lèle  penchée  en  avant  ou  ren- 
versée eu  arrière,  exceptionnelles 
dans  notre  danse,  sont  très  fré- 
quentes chez  eux'".  A  la  comljinai- 
son  de  ces  positions  entre  elles,  une 
seule  loi  préside,  celle  de  {'opposi- 
tion qui  est  une  condition  essentielle 
de  la  stabilité  et  de  la  grâce  orchestiques  (fig.  (iOoj  ; 
CLPiDO,  (ig.  2187).  Cette  loi,  cependant,  ne  s'applique  pas 
aux  danses  bachiques  ". 

Mouvements.  —  Les  mouvements  de  l'orchestique 
grecque  révèlent  la  même  richesse  et  la  même  liberté. 
Nous  y  trouvons  les  diverses  formes  de  dégagés,  les  batte- 
ments, même  les  grands  ballemenls,  les  dilléren  les  espèces 
de  ronds-de-jambe.  Le  danseur  grec,  comme  le  nôtre, 
semble  éviter  avec  soin  la  pointe  relevée.  Toutefois, 
Bacchantes  et  Satyres  dans  leurs  gambades  n'observent 
nullement  cet  usage  ".  C'est  surtout  dans  les  mouvemenls 
des  bras  que  la  spontanéilé  du  dansent  grec  éclate  :  tandis 
que  dans  l'orchestique  moderne  ils  se  réduisent  toujours 
à  quelques  formules  convenues,  chez  les  Grecs  ces  mouve- 
menls, facteurs  essentiels  de  la  chironomie,  sont  infini- 
ment variés*;  il  en  est  de  même  pour  les  mouvements 

'  Eminauuel,  Essai,  p.  3Î8-3Î9.  —  2  Emmanuel,  Essai,  p.  G9,  79.  —  s  Ibid.  p.  7a- 
99.  —  t/A  p.  99-101.  —  5  Ib.  p.  I0;-I04.  —  6/6.  p.  lOt-llO.  —  '  /*.  p.  lll-liS, 
—  8/6.  p.  Ii3-li4.  —9/6.  p.  Ii5-li6.  —  10 /4.  p.  l;C-li7.-  H  On  sùil  que  les  (ct«/>s 
sont  les  mouvcnicDls  coinposanls  d'un  pas  (V.  EmniauucI,  Essai,  p.  13^).  —  I-  Ih. 
p.  131-170.  —  '3/6.  |i.  ISi.  —  H/6,  p.  183-lSt:  V.  de  plus  aux  p.  lii,  1«,  lOi  quel- 
ques exemples  de  telles  séries.  —  '^  Joli.  Mcursii  ftrcheslrasive  destittationiOus  cetn- 
rii/n  {Thésaurus  ijraec.  Antiq.  Gronovius.  t.  VIlIi  :  Sealiger. Po'-/i^ue.  c.  18.  a  aussi 
cnlalogué  de  nombreuses  danses  ;  il  eu  indique  môme  quelques-unes  qui  ont  échappé  â 
Alciirstus.  —  '"J  [I  est  jiisie  dajouter  que  p'usicurs  de-  danses  mentionnées  par  Meur- 
siiis  soDl  des  panloiuimes  de  I  époque  romaine.  —  1^  Cf.  Scalif^er,  De  comoedia  et  tra- 


:  0055.    —  Opposition 
de  mouvements. 


du  corps  et  de  la  tête;  on  doit  signaler  pourtant  le  fré- 
quent usage  des  mouvemenls  qui  aboutissent  aux  posi- 
tions penchées  ou  cambrées  du  corps  et  de  la  tête'.  \  la 
combinaison  de  ces  mouvemenls  préside  une  certaine 
eurythmie  fondée,  elle  aussi,  sur  l'opposilion.  Celle 
eurythmie  ne  se  manifeste  généralement  pas  dans  les 
danses  orgiastiques  et  bachiques'". 

Temps  et  pas".  —  Notons  seulement  que  le  danseur 
grec  se  déplace  sur  la  plante,  sur  la  demi-pointe  et  sur  la 
pointe;  il  pratique  les  glissés,  les  fouettés,  les  jetés,  les 
temps  ballonnés,  balancés,  les  assemblés,  les  change- 
ments de  pied  et,  sans  doute  aussi,  les  entrechats.  Les 
Grecs  affectionnaient  parliculièrement  les  temps  et  pas 
eiTeclués  en  tournant,  bien  qu'ils  aient  été,  sur  ce  point, 
moins  habiles  que  nos  danseurs;  ils  ne  pratiquaient 
guère  que  le  tournoiement  par  piétinement.  La  pirouette 
était,  chez  eux,  très  fréquente  '-. 

M.  Emmanuel  a  très  bien  montré  qu'il  était  possible 
de  reconstiluer,  grâce  aux  images  antiques,  un  grand 
nombre  de  temps  et  par  suite  de  pas  de  la  danse  grecque. 
Souvent,  en  effet,  les  monuments  figurés  représentent  le 
temps  essentiel  d'un  pas  qui,  dès  lors,  se  laisse  aisément 
reconnaître  et  décrire '■*;  parfois  même,  ils  nous  offrent  en 
plusieurs  motifs  toute  la  série  des  temps  qui  constituent 
un  pas  de  danse  déterminé".  Par  contre,  il  sera  beau- 
coup plus  difficile  de  préciser  quelle  était  la  suile  des  pas 
dans  l'exécution  de  telle  ou  telle  danse.  Sans  doute,  pour 
chaque  variété  orchestique,  onsebornait  à  reproduire  le 
même  pas  ou  un  nombre  restreinl  de  pas  fondamentaux  ; 
mais  il  n'y  avait  point  là  derépélilion  pure  et  simple,  ni 
de  liaison  rigide  d'éléments  toujours  repris  dans  le  même 
ordre.  Un  ou  quelques  pas  typiques  étaient  pris  comme 
le  thème  sur  lequel  on  brodait  avec  la  plus  grande 
liberté,  selon  les  dispositions  du  moment,  selon  l'inten- 
tion mimétique  du  danseur  ou  de  l'ordonnateur  de  la 
danse;  ces  pas  eux-mêmes  n'étaient  choisis  que  comme 
l'expression  la  mieux  appropriée  à  l'état  d'àme  ou  au 
dessein  des  exécutants,  .\insi  le  caraclère  des  diverses 
danses  se  détermine  beaucoup  moins  d'après  une  com- 
binaison mécanique  de  pas,  que  d'après  les  sentiments 
qui  les  inspirent  et  la  lin  où  elles  tendent. 

111.  Variété  des  danses:  leur  classification.  —  Les 
danses  des  Grecs  étaient  fort  nombreuses.  Meursius'-^  a 
pu  en  cataloguer  près  de  deux  cents,  dont  beaucoup,  il 
est  vrai,  ne  sont  guère  connues  que  de  nom  '^.  Les  danses 
sontdésignéespar  les  anciens  d'après  le  pays  où  l'on  pla- 
çait leur  origine,  d'après  leurs  prétendus  inventeurs, 
d'après  les  ressemblances  qu'elles  évoquent  avec  un  être 
ou  un  objet,  d'après  les  accessoires  portés  par  les  per- 
sonnages qui  s'y  livrent,  etc. ''.  Ces  danses  ont  naturelle- 
ment pris  naissance  en  plusieurs  points  du  monde  grec; 
à  la  diversité  des  races  correspondaient  des  variélés 
dans  l'orchestique  comme  dans  la  musique  et  le 
dialecte  ".Il  est  impossible  pourtant  de  dresser  en  détail 
une  classification  ethnique  des  danses''.  Plusieurs  ont 

i/uri(ia,  elc.(6Vonou.  7"/ie-.  t.  VIII.  col.  I5i4).  —  18  Krause,  0/).  cit.  Il,  p.  819,  n.  2 
et  3.  —  19  Les  anciens  nous  doDiieot  peu  de  renseigu"*menls  snr  ce  sujet.  Athénée 
(I,  ti  6)  mentioune  les  danses  lacoiiieiiu'  s,  Irézéniennes,  épizéphyrieuiies,  cré'oises, 
ionienius  et  manliiiécn.is  ;  Allipnée  (XIV,  lii;9  c)  cile  rti!..v',4.<i;  et  l'ofoin;;  coin-ne 
Cretoises.  On  connaît  un  grand  nomlire  de  danses  lacédèinonieiines  (iîoSi'»ja,  jaAvâSat, 
ÎB-jiiï-.î.  *i=oSla,  fîSn'FiO  s:iiis  compter  la  karyatis,  la  pyrrhiquc  et  la  danse  des  gymuo- 
pédits.  Sur  l'imporlauce  de  lorrh.  Cretoise  et  siartiate,  v.  Krause,  Op.  cit.  Il,  p.  820 
cl  n.  C  :  Flach,  Op.  cit.  p.  7,  s,  13,  etc.  l'our  les  danses  ioniennes,  v.  Arist.  Eccl.  918  ; 
I  oll.  IV,  104;  Ath.  XIV,  Gi9  e.  Ces  danses,  molles  et  voluptueuses  illor.  Curm.  III, 
6,  21),  s  opposaient  au\  danses  doricnnes,  surtout  militaires  et  gymniques. 


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1030  — 


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une  origine  obscure  ou  contestée,  et  l'on  ne  saurait, 
d'ailleurs,  toujours  saisir  entre  elles  des  diflerences  de 
caractère  correspondant  vraiment  aux  diversités  de  pays. 
Certains  textes  indiquent  simplement  qu'une  large  part 
revient  au  Péloponèse  et  à  la  Crète  doricnne  dans 
l'élalioration  et  l'expansion  des  principales  danses  des 
Grecs.  Bien  qu'Hérodote  distingue  les  (r/T,(j.iTia  'Attixci 
et  les  <;/T|UiàTia  Axxwvixi',  l'Altique  elle-même  a  subi  en 
plusieurs  points  celle  sorte  d'hégémonie  orchestique 
des  pays  doriens  '.  A  limporlanl  groupe  de  danses 
laconien  et  crélois,  on  ne  peut  guère  opposer,  en  gé- 
néral, que  le  groupe  mal  connu  des  danses  ioniennes 
et  asiatiques. 

Platon  fournit  quelques  éléments  de  la  classifica- 
tion la  plus  salisfaisanle  des  danses.  Après  avoir  séparé 
l'orclieslique  sérieuse  de  la  danse  frivole  et  boufl'onne,  il 
reconnaît  dans  la  première  deux  grands  genres  qui 
correspondent  à  ses  deux  principales  fonctions  sociales, 
la  (/anse  guerrière  et  la  danse  pacifique^.  Par  danse 
guerrière,  nous  devons  surtout  entendre  la  danse  armée; 
l'ialon  désigne  la  danse  guerrière  par  le  terme  de  pyr^ 
r/ii(/ue^,  et  l'on  peut  considérer  celle-ci  comme  le  type 
le  plus  caractéristique  de  la  première  catégorie.  Mais  il 
y  faut  aussi  comprendre  les  danses  (jymniques  qui,  bien 
qu'exécutées  sans  armes,  s'inspirent  des  mouvements  de 
la  lutte  ou  du  combat.  Toutes  ces  danses  expriment  la 
situation  d'un  corps  bien  fait,  doué  d'une  dme  généreuse 
à  la  guerre  et  dans  les  autres  occupations  pénibles. 
Quant  à  la  danse  pacifique,  elle  représente,  selon  Platon, 
l'élal  d'une  àme  sage  dans  la  prospérité  et  dans  une  joie 
modérée;  elle  embrasse  toutes  les  danses  graves  et 
mesurées  par  où  l'on  honore  les  dieux  et  les  enfants  des 
dieux  %  et  qu'on  peut  ramener  au  type  de  Vemmélie'^.  De 
la  danse  guerrière  et  de  la  danse  pacifique  qui  constituent 
les  deux  espèces  de  belles  danses\  Platon  a  séparé  avec 
soin  celles  qui  ont  un  caractère  douteux  et  contestable*. 
Ce  sont  les  danses  bachiques  et  toutes  celles  qui  tirent 
leur  nom  des  Nymphes,  des  Pans,  des  Silènes  et  des 
Satyres;  ce  sont  aussi  les  danses  secrètes  des  initiés, 
inspirées  par  l'enthousiasme  orgiaslique'.  Il  y  a  là  tout 
un  genre  qu'il  est  malaisé  de  déterminer,  qu'on  ne  peut 
définir  ni  comme  guerrier  ni  comme  pacifique,  ni  par 
quelque  caractère  que  ce  soit.  Ce  qui  le  dislingue  le 
mieux,  c'est  qu'il  n'a  rien  de  politique'";  le  législateur, 
l'Iiomme  d'État,  peut  donc  le  laisser  de  côté.  Quant  à  la 
danse  boulVonne  et  comique,  Platon  se  borne  à  en  pros- 
crire la  pratique  sinon  le  speclacle  pour  tous  les  membres 
de  la  cité  ".  En  somme,  Plalon  n'a  guère  tenu  compte 
que  des  danses  armées  ou  gymniques  et  des  danses  qui 
servent  à  honorer  les  dieux.  Bien  plus,  sous  les  termes  de 
danse  pacifique,  Plalon  n'embrasse  qu'une  catégorie,  fort 
importante  assurément,  mais  non  pas  unique  des  danses 
religieuses;  il  existe,  en  effet,  parmi  ces  dernières,  un 
grand  nombre  de  danses  plus  vives,  plus  passionnées  que 

1  llerod.  VI,  i;!i.  —  2  |.a  pyrrliic|ue,  par  tïiniple,  fui  iniporlée  de  Pparle  à 
AlhiiKSau  vi'siicle;  cf.  A.  Mommscn,  Feste  dur  Slwtt  Athen,  p.  00.  —  3  Hlat.  I.eg. 

VU,  814  e.  Tr,i  lAÎv  x«Tà  1!Ô€;iOv  *at  iv  fj.ai'ttç  I[i,iÀa.iyTu»  itÔm  ii;  (i«i;»àTwv  [tj-.  xdîlwv 
i-jjl?;  S'ivSpi»?;,  ■!*.»  Siv  lùcpaTcan  ti  oior,;  lu/i;;  (r™;povni  Iv  *,!o».r4  Ti  i;i|«itjon 
.>«..,..r,.  4.  T.?  Ail».  '«■*  ci""»  ".»  to..i„.  ;„,,,.  Vi-o..  Cf.  VU,  8li;  b.  —  l  Leq.  VII, 

814  e  ;  815  a.  —  s  U,j.  vu,  815  i/.  —  6  Leg.  VU,  «16  b.  —  ^  Leg.  VU,  816  b  : 
Si,  Si-,  -•■■.  ln'."<"  '"'  »«>.™'  «fS',...  ;  cf.  814  e.  —  »  Lev.  VII,  815  c.   —  »  Leg. 

vil,  815  c.  isr,  (liv  p«.)ri;«  x'iiTl  .«'■  i.T.v  T«ÙT«n  iii<.|«iyu.,  à;  Nùi»=a;  Tt  .a.  Diva;  «aï 
!;ii«T..oC.«  .ai  ïatifou;  Ico.oiidîo.ti;,  .i;  se.».,  |»,^(,i;.T«.  «a-:..,.i.i|iivou;.  ,!cf;  .«««piioi; 
-.:  ..-;  T.-.  -.,,  T  V.;  i,..-.a,j-r^, . ...  —  l'i  le,,.  Vil.  M 5  C.  .'.  -  Il  Ltg.  VII,  810  d.  e. 
—  1-  HIaLuu  élaLlil  lui-niôiiic  uDc  ruiatiou  culie  la  daube  ariu^c    el    les  bouucui-s 


i'emmélie,  el  même  des  danses  nettement  orgiasliques. 
Il  faudra  donc,  tout  en  gardant  le  principe  de  la  classi- 
fication platonicienne,  la  compléter  et  en  modifier  légè- 
rement les  termes,  ou  en  élargir  le  sens.  Sous  le  terme 
de  danse  guerrière,  nous  grouperons  l'ensemble  des 
danses  qui  visent  à  développer  l'organisme  en  s'inspiranl 
des  mouvements  de  la  lutte  el  du  combat,  ou  qui  du 
moins  comporlent  un  appareil  guerrier.  Ces  danses, 
notons-le  dès  mainlenant,  ont  peut-être  une  origine  reli- 
gieuse; certaines  d'entre  elles,  à  l'époque  classique,  ont 
fait  le  principal  ornement  des  fêles  des  dieux  où  elles 
furent  introduites'-  ;  quelques-unes  aussi,  par  une  dévia- 
lion  postérieure,  ont  été  parfois  exécutées  dans  les 
réjouissances  de  la  vie  privée.  Mais  leur  fonction  essen- 
tielle n'en  a  pas  moins  toujours  été  d'exercer  le  corps 
en  vue  de  la  guerre.  Quant  au  terme  de  danse  paci- 
fique, qui  était  chez  Plalon  l'équivalent  d'emmélie  reli- 
gieuse, nous  le  remplacerons  par  celui  de  danse  reli- 
gieuse, sous  lequel  nous  pourrons  grouper  les  danses 
rituelles,  appartenant  aux  difterenls  modes  orches- 
tiques.  Nous  devons  enfin  tenir  compte  des  danses 
des  fêtes  el  cérémonies  publiques  qui  ne  se  rattachent 
pas  directement  au  culle,  des  danses  de  la  vie  privée  et 
des  réjouissances  populaires  ;  nous  y  trouverons  plu- 
sieurs exemples  de  cette  orchestique  bouffonne  proscrite 
et  négligée  par  le  philosophe.  Remarquons,  d'ailleurs, 
que  ces  trois  derniers  groupes  de  danses  pourraient 
être  réunis  sous  le  terme  platonicien  de  danse  paci- 
fique, mais  pris  alors  dans  un  sens  très  différent  de 
celui  qu'il  avait  chez  Plalon.  On  le  déterminerait  par 
la  simple  opposition  de  pacifique  à  guerrier,  et  l'on  ferait 
ainsi  rentrer  dans  celle  catégorie  très  large  toutes  les 
danses  de  paix,  c'est-à-dire  ne  comporlant  ni  mimique 
ni  appareil  guerriers. 

IV.  La  danse  GUEiiRit:RE.  —  Danses  armées  et  danses 
gymniques.  —  1.  Les  danses  armées.  —  Ces  danses  que 
l'on  retrouve  chez  presque  tous  les  peuples''  sont  très 
anciennes  chez  les  tirées'*.  Une  de  leurs  formes  les  plus 
primitives  semble  être  la  danse  des  Curetés  [curetés]  ; 
elle  constitue  une  variété  typique  des  danses  armées, 
d'origine  religieuse,  dans  lesquelles  les  armes  ne  ser- 
vent qu'à  produire  un  bruiléclalant  qui  favorise  l'enthou- 
siasme délirant  des  danseurs.  Nous  sommes  mal  rensei- 
gnés sur  les  personnages  mythiques  des  Curetés.  Les 
anciens  les  rallachenl  au  culle  de  Zeus  et  de  Démêler  '^ 
Ils  exécutaient  une  danse  bruyante  en  choquant  violem- 
ment leurs  armes  elen  ébranlant  le  sol  de  leurs  bonds  "^. 
Selon  la  légende,  c'était  grâce  au  tumulte  de  cette  danse 
que  les  cris  enfantins  de  Zeus  avaient  échappé  à 
Kronos'^  Les  danses  de  Curetés  attachés  au  service 
des  dieux  étaient  certainement,  des  danses  armées 
rituelles  '*.  Il  n'en  est  pas  de  même  de  la  pyrrhique,  la 
plus  célèbre  des  danses  armées  de  la  Grèce,  qui  était 
un  véritable  exercice  guerrier.  Cependant  lapyrrhiquea 

rendus  à  la  divinité.  Leg.  VII.  706  b.  —  13  V.  E.  Grosse,  Les  débuts  de  l'art, 
p.  Hi6  ;  V.  Ilirii,  The  orig.  of  art,  p.  266-i67.  —  14  Cf.  R.  Voss,  Der  Tans 
imd  sei'ie  (lischichle,  p.  35.  —  15  SlraU.  K.  c.  466,  p.  655  ;  c.  469,  p.  650. 
—  i*»  Emmanuel,  Essai,  p.  iOI.  Noler  les  expressions  qui  caraclértsenl  les  Curâtes 
dans  leur  danse  :  r''i^<»  <i>'-><:<!:»-,  Orph.  U.  St.O:  r.o',n>.oTo,,  Or,Ai.  H.  30,2 
_  n  Sliab.  X,  468,  p  ^59  ;  Luc.  Ile  sali.  »  ;  Dionys.  Hal.  VII,  7i.  Des  monuments 
nous  moulrenl  les  Curèh  s  daiisaul  auluur  df  Zi-us  enfant.  \v.  amai.thka.  11;;.  iV.ï, 
246;  cUKtTts,  lii-  iU^S,  iCni].  —  '»  A  rôle  des  L-ureles  légendaires  el  m)lllii|ues, 
nous  trouvons  dans  le  culle  des  prêtres  appelés  du  même  nom.  Un  collège  de  Curetés 
était  allaclié  au  temple  d'Arténiis  d'ÊpIièsc.  Ce  rollè^rc  fut  composé  de  sli,  puis  de 
sept  peisouuages;  cf.  Jalireslie/le  d.  û.,ler.  .Arcli.  /us/.  Vlll  (1005),  Heibl.  p.  77. 


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été  parfois  confondue  parles  anciens  avec  la  danse  précé- 
denle.  C'est  ainsi  que  plusieurs  auteurs  rapportent  que  la 
pyrrhique  fut  d'abord  dansée  par  les  Curèles  crétois  ' 
à  qui  Rhéa  l'avait  enseignée-.  Le  plus  souvent,  on 
lui  attribuait  une  origine  divine  :  à  Sparte,  les  Dioscures 


le  Crétois  Thalétas  en  avait  composé  pour  celte  danse-'. 
On  a  pu  reconnaître,  non  sans  raison,  une  représentation 
archaïque  de  la  danse  armée  sur  un  canlhare  de  style 
du  Dipylon  orné  de  plusieurs  scènes  de  combat  si- 
mulé ^-  (fig.    6O06).  D'un   côté,    deux    adversaires   nus 


étaient  cités  comme  les  inventeurs  de  cette  danse  '; 
on  disait  parfois  qu'ils  l'avaient  exécutée  avec  un 
accompagnement  de  flûte,  joué  par  Alhéna  *•.  La  déesse 
fui,  elle  aussi,  considérée  comme  l'auteur  de  la  pyr- 
rhique qu'elle  avait  dansée  elle  même,  en  signe  de 
triomphe,  après  sa  victoire  sur  les  Titans  '.  On  en  a 
fait  encore  remonter  l'origine  à  Dionysos  ^.  Mais  de 
simples  mortels  sont  aussi  donnés  comme  les  inven- 
teurs de  cette  danse.  On  l'attribuait  à  Pyrrhus,  fils 
d'.\chille',  ou  encore  au  héros  Pyrrichos.  Ce  Pyrrichos 
était  crétois  selon  les  uns,  laconien  selon  les  autres*. 
En  fait,  la  pyrrhique  parait  bien  être  originaire  de  Crète'-'; 
de  là,  e'Ie  aurait  ensuite  passé  dans  la  Laconie'".  Nulle 
part,  d'ailleurs,  celte  danse  n'a  été  plus  en  honneur  que 
dans  ces  deux  pays  où  les  enfants  l'apprenaient  à  partir 
de  l'âge  de  cinq  ans".  On  la  considérait  à  Sparte 
comme  un  entraînement  à  la  guerre,  TrpofùfivxTfia  xoCi 
itoÀÉjio'j  '-.  Introduite  à  Athènes  dans  le  courant  du 
vi"  siècle  '^  elle  y  fut  tenue  en  grande  estime".  Platon, 
dans  les  Lois,  la  recommande  à  la  jeunesse '\  \  propos 
d'elle  surtout,  il  était  juste  de  penser  el  de  dire  que  les 
meilleurs  dans  les  chœurs  de  danse  sont  les  meilleurs 
dans  le  combat". 

La  pyrrhique  est  rangée  par  les  anciens  dans  la  caté- 
gorie des  danses  qui  dépendent  de  la  poésie  lyrique'". 
On  l'exécutait  généralement  sur  le  rythme  de  la  flûte,  et 
plusieurs  peintures  de  vase  nous  montrent  l'aulète  à 
côté  du  danseur".  Il  est  très  probable  que  la  pyrrhique 
était  aussi  accompagnée  par  la  lyre".  Elle  comportait 
de  plus  un  chant  fort  vif,  qui  pouvait  être  exécuté  par 
les  danseurs  ou  par  d'autres  personnages  ^°.  En  elfet, 
les  hyporchèmes  étaient  fréquents  avec  la  pyrrhique,  et 

1    Leg.  VII.  796  b  :  Dionys.  Hal.  VII,   Ti  :  Scliol.  Pind.  Pylh.    Od.    Il,  127,  eir. 

—  2   Luc.    Dtsall.  8.    —  3    Lerj.    \\\.   79li  (,  ;   Schol.     Piod.  />y//t    Od.    Il,    )J7. 

—  '  AUi.  IV,  164  /■;  Scbol.  l'jnd.  Pyth.  Od.  Il,  IÎ7.  -  5  Uf/.  VII,  796  *, 
Dionys.  Hal.  VII.  7î.  —  6  Euslalh.  ad  lliad.  XVI,  f.l7;  un  Silène  porlail  le  nom 
de  noçpv.oi  (t'aus.  111,  25).  —  '  F'rocl.  Clirest.  p.  3în-JI,  Bekkcr;  Luc.  //i 
sali.  9.  -  8  l'oll.  IV,  99;  Slob.  Flor.  42;  Schol.  Pind.  Pylh.  Od.  Il,  12": 
Alb.  XIV,  630  c.  Ces  attributions  proviennent  éiidemnienl  du  d6sir  deipliquei 
le  nom  de  la  pyrrlii()ue.  Les  anciens  lui  ont  donné  d'aulres  étymologies  :  'a^'. 
t«;  S.àsjjov  .;.«,   ou  iri  tiii  rupi;  de  Palroclc;  cf.  Mcursius.    Op.  cil.   col.  IJRI. 

—  9  Luc.  De  tait.  8;  Euslalh.  ad  /liai.  XVI,  C17.  Solinus,  cap.  17,  dit  de  la 
Crèle  :  prima  mari  poluit  navibus  el  sagillis.  prima  Itlleris  jura  jutixit. 
pyrrhichen  dncttil,  etc.  Voir  plus  liant  tous  les  auteurs  (jui  font  d'abord  exé- 
cuter cette  danse  par  les  Curetés  crétois.  La  pyrrbique  est  parfois  appelée  simple- 
ment la  danse  Cretoise.  —  10  Cf.  G.  Mûller,  1).  Varier,  II,  331  ;  Krause,  Gyn.n. 
und  .Agoiiislik,  II,  p.  820,  n.  C:  Flach,  Ver  Tan:  bei  d.  Griedien,  p.  7;  Albénee 
se  rattache  à  l'opinion  qui  fait  de  la  pyrrhique  une  invention  de  Sparte  {XIV,  030 
e,  f.)  —  "  Alb.  XIV,  630  d,  631  a  ;  —  12  AUi.  XIV.  631  a.  —  13  Cf.  A.  Moinmsen, 
Fale  der  Sladl  Alhen,  p.  99.  —  "  On  connaît  lanccdole  relative  à  Pbrynichos, 


sont  aux  prises;  leur  main  droite  est  armée  du  glaive 
et  ils  semblent  parer  les  coups  avec  la  main  gauche. 
Ils  se  livrent  probablement  à  un  de  ces  duels  or- 
chestiques  comme  il  s'en  pratiquait  fréquemment  chez 
les  Arcadiens  el  les  Manlinéens'-'.  L'autre  partie  de  la 
peinture  offre  deux  groupes  intéressants  :  à  droite, 
un  danseur  nu  saute;  il  est  suivi  de  deux  autres  person- 
nages également  nus  qui  s'avancent  avec  rapidité  en 
frappant  leurs  mains  l'une  contre  l'autre.  Ces  der- 
niers scandent  ainsi  la  mesure  de  la  danse  el  accompa- 
gnent un  joueur  de  lyre  qui  est  également  représenté. 
A  gauche,  deux  personnages,  recouverts  du  bouclier  et 
portant  chacun  deux  lances,  exécutent,  disposés  face  à 
face,  un  pas  de  danse  assez  vif.  .Nous  avons  là  sans 
doute  un  exemple  de  pyrrhique  hyporchéniatique  -'  :  les 
deux  personnages  du  groupe  de  droite  chantent  l'air  sur 
lequel  les  deux  personnages  armés  exécutent  leur  danse. 
Un  texte  de  Platon  permet  de  se  faire  une  idée  encore 
plus  exacte  des  mouvements  de  la  pyrrhique  :  l'auteur 
nous  la  dépeint  comme  une  mimique  guerrière  offrant 
l'image  des  diverses  passes  d'un  combat^''.  Elle  compre- 
nait d'abord  les  parades  que  l'on  exécute  soit  en  se  dé- 
tournant de  côté  (ÉxvE'jiTii;),  soit  en  reculant  (uTteiit^),  soit 
en  sautant  (£)C7rT|OT,(7tç  èv  'j|£'.'],  soit  en  se  baissant  (TaTtsi- 
voiTiç)^^  On  peut  illustrer  chacun  de  ces  termes  par  des 
monuments  figurés.  Ici,  par  exemple,  le  pyrrichiste  saute 
en  même  temps  qu'il  brandit  sa  lance -',  ailleurs  il  rampe 
pour  éviter  d'être  atteint  et  loucher  lui-même  son  adver- 
saire ^'.  La  pyrrhique  ne  comprenait  pas  moins  les 
mouvements  d'attaque  que  les  postures  de  la  défense, 
mouvements  du  guerrier  qui  décoche  une  flèche,  lance 
le  javelot  ou  porte  quelque  coup  à  l'ennemi-'.  Tout  cela 

élu  stratège  parce  qu'il    avait    bien  ilansc    la    pyrrhique;  cf.  Krause,  11,    p.    83S. 

—  !■•  Leg.  VII.  790  c;  803  e.  et  813  *  el  e.  —  l«  Alli.  XIV,  iï-i  f.  —  il  Alli.  X.IV, 
630,  d;  Pollm,  IV,  99.  -  15  Cf.  Emmanuel.  Essai,  p.  202,  fig.  531  ;  Slackclberg, 
Grâb.  d.  Hell.  pi.  xiii  :  C.  Jiendu  de  bi  Commis,  areh.  de  Sl-Pélersbourri,  \i'-\. 
pi.  VI.  —  19  Furtwiingler,  Arch.  Zeil.  I8«.'i,  p.  137-138;  Wolters,  Jultrii.  d. 
Insl.  XI  (1896),  p.  9.  —  20  A  cette  danse  se  rapportait  la  mélodie  dite  ^«fi.Krît.i  , 
Poil.  IV,  73.  —  21  Schol.  Pind.  Pylh.  Il,  127;  KurlwSngler,  Arl.  cit.  f.  138; 
Flach,  Op.  cit.  p.  7-8;  A.  Mommscn,  Fesle  der  Stadl  Alhen,  p.  99.  —  22  Cantharc  de 
style  du  Dipylon;  FurlwSngIcr,  Arch.  Zeil.  ISS.î,  p.  131  sq.  pi.  viii,  3.  Autre 
représentation  très  intéressante  de  la  danse  armée  sur  un  vase  d'argent  vraisemb'a- 
blemeat  cypriote,  trouvé  en  Etrurie,  de  date  un  peu  plus  récente;  cf.  Furtwiingler, 
Arl.  cit.  p.  138.  Keprod.  par  MQIIcr-Wieseler,  Denkmll.  d.  ait.  Kmst.  p'.  i.\. 
302  b;  Inghirami,  Mon.  Elrusch.  III,  19,  20.  —  23  Alh.  IV,  154  d.  —  2k  Furt- 
wNnglcr,  Arch,  Zeil.  1885,  p.  138.  —  i-  i«y.  VII,  813  a.  —  20  Cf.  la  métaphore 
d'Euripide,  Ajidr.  1136,  à  propos  de  Xéoplolcrae,  Sn^à;  5'àv  iliti  iriioity.a;  çpiuj-.-j- 
|jiv>j  jr^iiiv.  r.a-.Sii.  —  ^'-  Lenormaut  et  de  Witle,  Elile  céramographique.  II, 
pi.  mi.  —  28  Stackelberg,  Grâber  d.  Uellen.  pi.  xixviii,  4;  v.  cLipset,  fig.  ir.Ci. 

—  2'J  Ley.  VII,  813  o. 


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rhiqu 


enlrcmèlédenomLireiisesvolle-facesqiicron  voil  ligurées 
sur  les  vases  peints';  les  inouvenienls  êlaii'iit  accom- 
pagnés d'appels  du  pied  et  du  choc  vibrant  des  armes, 
par  où  la  danse  des  pyrrichistes  se  rapprochait  de 
celle  des  Curetés.  Ainsi  la  pyrrhique  était  un  »  exer- 
cice mimétique  très  actif,  fait  de  pas  courus,  de  pas 
sautés,  de  pas  rétrogrades,  de  pas  tourbillonnants,  d'age- 
nouillements, de  mouvements  de  bras  infiniment  variés, 
en  un    mot  de   tous  les   arlilices  de    la  lutte  et  de   la 

danse  '.  »  La  pyr- 
rhique  s'exécutait 
soit  contre  un  adver- 
saire fictif,  comme 
cela  parait  être  par- 
fois le  cas  dans  les 
exercices  de  la  pa- 
lestre '  (fig.  6037), 
soit  contre  un  ad- 
versaire réel  repré-, 
sente  par  un  autre 
danseur*.  Elle  pou- 
vait prêter  matière 
à  de  véritables  en- 
sembles orchesti- 
ques :  sur  un  bas- 
relief  en  marbre  de 
l'époque  hellénis- 
tique ^,  deux  groupes  de  pyrrhichisles  sont  aux 
prises;  les  adversaires  y  sont  opposés  deux  à  deux. 
Selon  M.  Emmanuel,  les  danseurs  tournoient  par  piéti- 
nement, tout  en  se  déplaçant  sur  une  piste  circulaire 
d'un  faible  rayon  et  en  so  maintenant  respectivement  aux 
deux  extrémités  d'un  même  diamètre  du  cercle  qu'ils 
décrivent'.  Nous  allons  trouver  à  .\thènes,  dans  la  fêle 
des  Panathénées,  le  meilleur  exemple  de  pyrrhique 
exécutée  en  masse. 

La  pyrrhique,  qui  était  la  plus  célèbre  des  danses  ar- 
mées, devait  surtout  son  renom  à  la  faveur  oii  on 
la  tenait  dans  les  deux  principales  cités  de  la  Grèce. 
Elle  figurait  à  Sparte  à  la  fête  des  Dioscures\  et  sans 
doute  aussi  à  celle  des  Gymnopédies*.  Imitant  l'usage 
Spartiate,  les  Athéniens  l'introduisirent  dans  les  grandes 
et  dans  les  petites  Panathénées'.  Des  chorèges  étaient 
chargés  de  veiller  à  l'organisation  des  chœurs  et  de 
subvenir  aux  dépenses.  Au  temps  de  l'orateur  Lysias, 
il  n'en  coûtait  pas  moins  de  sept  mines  pour  former 
un  seul  camp  d'éphèbes '".  Les  pyrrichistes  étaient 
divisés  en  trois  groupes,  hommes,  éphèbes  et  en- 
fants; chacun  de  ces  groupes  se  subdivisait  lui-même 
en  deux  camps  de  huit  personnes  qui  étaient  opposés 
l'un  à  l'autre".  Quand  il  y  avait  un  engagement  simul- 

I  Emmanuel,  Eisai,  fig.  531;  Slaclelbcrg,  Grâb.  ci.  Hellen.  pi.  xxn.  .Noler 
les  eiprrssious  fréquemment  employées  à  l'occasion  de  la  danse  armée  ;  ;;=■! 
•r>«irv  (Nonn.  Dionys.  I.\,  16k  ,  ««.lo-dio.  «'<.ii«,  le  saut  dans  lequel  le  bouclier 
Tibre  (.Non.  lOid.  III,  63|;  T«t;  J,>.,.  rt.,  i.7--«a  .foin.  (Liban.  Pro  sallalor. 
SO).  —  2  Emmanuel,  Eiaai.  p.  iiî:  cf.  AUi.  XIV,  630  rf.  —  3  Plusieurs  de  ces  vases 
où  figurenl  des  prrrliicbistcs  représentent,  en  cfTel,  des  scènes  de  palestre.  Un  des 
plus  caracléristiques  est  celui  qui  est  publié  dans  le  t".  Henitii  de  Samt-Pélersb. 
iSfti.  pi.  VI  (V.  fig.  6057).  Cn  éphêbe  casfjué,  portant  le  bouclier  et  la  lance,  esriuissc 
une  (igure  de  pyrrhique  sur  laccompagnement  de  la  double  flùle.  De  chaque  côté, 
deui  éphèbes  au  repos  semblent  alleiiilre  leur  tour  deiercice.  Le  maître  de  danse 
préside  el,  do  sa  main  levée,  règle  la  lue-surc.  On  a  peut-être  encore  un  pyrrliicliiste 
isolé,  J.  Hell.  aiiid.  18» k.  pi.  nui.  —  l  Voir  dcui  pyrrbicliistes  opposés  l"uo  à 
l'autre  dans  Tischbcin,  I,  pi.  i.x  ;  Krause,  II,  fig.  K9.  Mais  on  a  pu  douter 
de  raullienticilé  de  ce  vase  (cf.  Keinacb,  hé/jertoire  des  itue»  peints.  II, 
293).    V.    encore  Reiuach,    HépiTt.    Il,   3J7.    _  6    Visconti,   Mus.  Rio    Clenent. 


tané  des  trois  groupes,  chacun  des  partis  comprenait 
donc  vingt-quatre  danseurs,  ce  qui  constituait  un  très 
bel  ensemble  orcheslique.  Une  inscription  assigne 
comme  prix  aux  vainqueurs  de  chaque  groupe  un  bœuf 
de  la  valeur  de  cent  drachmes'^.  Les  chorèges  qui 
avaient  obtenu  la  victoire  en  consacraient  un  souvenir 
dans  les  sanctuaires.  Un  bas-relief,  trouvé  sur  l'Acro- 
pole, nous  montre  la  troupe  de  huit  pyrrichistes  victo- 
rieux, disposés  en  deux  rangs  de  quatre  qui  se  suivent 
[p.\N.\TiiE\'AiA,  fig.  5501].  Les  éphèbes  nus  s'avancent 
au  pas  de  marche  savamment  rythmé;  leur  bras  gauche, 
encore  armé  du  bouclier,  est  tendu  en  avant;  le  bras 
droit,  légèrement  soutenu,  tombe  le  long  du  corps. 
Le  chorège,  en  tunique  lalaire,  accompagne  sa  troupe 
triotnphante  ". 

Il  existait  à  côté  de  la  pyrrliicfue  d'autres  variétés  de 
la  danse  armée,  dont  les  principales  au  moins  doivent 
être  retenues;  certaines  de  ces  danses  ne  diffèrent  de  la 
pyrrhique  que  par  le  nom.  Ainsi  la  ^fOXiç,  ternie  par 
lequel  on  désignait  la  pyrrhique  dans  la  langue  des  Cy- 
priens  ",  ou  la  TsXEi'.iç,  très  en  faveur  en  Macédoine  et 
qui  avait  reçu  son  nom  de  Télésias,  qui  fut  le  premier  à 
la  danser'".  L'op(7;'Tr,ç,  V iTz<.y.zffi:'j^  étaient  peut-être  des 
danses  armées  Cretoises'*.  Quelques  danses  armées  pa- 
raissent s'être  distinguées  de  la  pyrrhique  par  leur  ca- 
ractère plus  dramatique,  sinon  plus  mimétique.  Tel  était 
le  xoXaÇot<radi;'\  danse  des  Thraces  et  des  Cariens,  qu'il 
est  possible  de  reconnaître  dans  une  description  de 
Xénophon".  I>es  Thraces, raconte-t-il,  se  mirent  à  danser 
en  armes  au  son  des  flûtes;  ils  sautaient  fort  haut,  légè- 
rement, et  s'escrimaient  avec  leur  glaive.  L'un  d'eux 
frappa  son  adversaire  de  sorte  que  tout  le  monde  crut 
qu'il  l'avait  blessé.  Celui-ci  tombe  avec  adresse,  le  vain- 
queur le  dépouille  de  ses  armes.  Les  autres  Thraces  em- 
portèrent le  vaincu  comme  s'il  eût  été  mort,  mais  il 
n'avait  soufl'erl  aucun  mal.  Xénophon  donne  aussi  quel- 
ques détails  sur  la  xapzaia",  danse  des  .Enianes  et  des 
Magnètes  :  l'un  d'eux,  déposant  ses  armes,  sème  et  fait 
avancer  des  biïufs  accouplés,  tout  en  se  retournant 
souvent  comme  s'il  avait  peur.  Un  voleur  s'approche; 
dès  que  le  laboureur  l'aperçoit,  il  saisit  ses  armes, 
s'avance  et  combat  avec  lui.  Tout  cela  au  son  de  la 
flûte.  A  la  fin,  le  voleur  lie  le  laboureur  et  enmiène 
l'attelage.  Quelquefois,  c'était  le  conducteur  de  bœufs 
qui  faisait  prisonnier  le  brigand,  el  l'entraînait  attaché 
à  son  char.  On  peut  voir  par  là  combien  le  xoXaÇftîuidç 
et  la  xapTraii.  surtout  sont  déjà  diirérents  de  la  pyrrhique. 
Ce  n'est  plus  le  noble  exercice  qui  prépare  à  la  guerre 
el  qui  n'est  pas  indigne  d'être  introduit  dans  les  fêtes 
des  dieux.  Aussi  ces  danses  armées  décrites  par  Xéno- 
phon  font-elles    partie   des   réjouissances    d'un   festin; 


IV,  9  :  Krause.  Op.  cit.  Il,  fig.  SS.  —  6  Emmanuel,  Essai,  p.  26*.  —  7  .Niisson, 
Griech.  F-ste  v.  relig.  Uedeidung.  p.  420.  —  »  Atli.  .\IV,  631  e;  cf.  Krause, 
Op.  cit.  Il,  p.  830;  Flach.  Op.  cit.  p.  S;  Wollcrs.  Jahrb.  J.  Jnst.  XI  (18%), 
p.  !>.  —  9  A.  Mommsen,  Ffste  Jer  Stadl  Atlun.  p.  98.  Remarquons  avec  Furt- 
wangler  {Arch.  Zeit.  I8S5,  p.  138)  que  dans  les  anciennes  représentations  de  la 
danse  armée,  celle-ci  parait  aussi  liée  à  des  cérémonies  religieuses.  —  *0  Lys.  XXI,  4. 

—  Il  A.  Mommsen.  Op.  cit.  p.  100-101.  —  «2  Cf.  A.  Mommsen,  Op.  cit.  p.  99, 
„.   4.  _  13  Cf.  Beulé,  L Acropole  d'Athènes,  t.  II.  p.  31V  sq.  pi.   iv.  On    lit  cette 

inscription  :  ...  i.-*iiriil-j  y_opr,^.T,-,  ,:-.*oit7i(r:ir;  vtir.aa;"  'ATasSi;  A-Jfft,-j  t.UeT,  Kr.si- 
«iSujo;  iio  t.  (ol  :  103,  3  OH  lli,  2).  —  »  Schol.  Hiud.  Pijth.  Il,  127.  Ctilimaque 
désigne  sous  ce  nom  la  danse  armée  des  Curetés  Cretois  (Bymn.  in  Jov.  -SI),  el 
celle  des  Amazones  dans  le  culte    de  l'Artémis  d  Eplièse  (Btjnm.    in  Di'in.  ÎW). 

—  IS  Ath.  XIV,  029,  d  :  Poil.  IV,  99;  Hacb,  Op.  cit.  p.  8.  —  «  Ath.  XIV,  629  rf; 
Situ,  Op.  cit.  p.  238.  —  >7  Alb.  XIV,  629  d:  Poil.  IV,  100.  —  18  Xen.  Anub.  Vl, 
1,  3-C  ;  Alb.  I,  15  e.  —  f  Xen.  .4iiai.  VI,    1,7-8;  Atli.  I,  15  f. 


SAL 


—  i(i;{;{  — 


SAL 


l'une  do  celles  dont  il  parle  encore  ressemble  fort  ;ui 
joyeux  oxXaaax,  et  telle  antre,  où  le  danseur  tient  un 
bouclier  dans  chaque  main,  comporte  des  voiles  et 
des  culbutes  étranges'.  La  danse  armée  est  souvent 
devenue  dans  runti(|uilé  une  simple  danse  de  ban- 
quet; la  pyrrhique  dégénérée  fut  même  parfois  exé- 
cutée par  des  femmes-.  Une  peinture  céramique  repré- 
sente une  jeune  pyrrliicliiste  qui  danse  en  face  de 
la  joueuse  de  llùte^  et  Xénoplion  rapporte  dans  le 
récit  de  banquet  précédemment  cité  qu'on  vit  aussi 
pour  divertissement  une  op/YiUxpîç  danser  la  pyrrhi(]Me, 
armée  d'un  léger  bouclier  \  A  peu  près  partout,  sauf 
à  Sparte,  la  pyrrliique  cliangea  complètement  de  carac- 
tère. \  l'époque  d'Atliénée,  elle  ressendjlait  à  une 
danse  bachique  '  ;  un  vase  peint  où  l'on  voit  des  pyi'rhi- 
cliistes  entremêlés  avec  des  satyres  offre  un  symliolc, 
sinon  une  image,  de  celte  transformation". 

2.  Les  danses  //ijiniiit/iies.  —  Les  danses  des  Gi/ziiiki- 
pédles  Spartiates  "  peuvent  être  considérées  comme  le 
type  des  danses  guerrières  non  armées,  ou  danses  gym- 
niques. Ainsi  que  la  pyrrhique,  ces  danses  paraissent  pro- 
venir de  Crète  *,  mais  les  anciens  ne  nous  donnent  sur 
elles  que  des  renseignements  assez  imprécis.  .\thénée 
les  assimile  à  l'ancienne  àvaitiXT,"  ;  les  danseurs  nus 
auraient  mimé  les  dill'érents  gestes  de  la  lutle  et  du 
pancrace;  quelques  textes  semblent  même  faire  allu- 
sion à  un  combat  véritable'".  En  réalité,  les  dansi's 
des  Gymnopédies  avaient  un  caractère  beaucoup  plus 
calme  que  ces  témoignages  ne  le  laisseraient  sM|)p()- 
ser.  Tout  en  s'inspirant  des  mouvements  agonisti(|ues, 
elles  ne  les  adoptaient  que  paciliés  en  quel(|ue  sorte; 
et  rendus  aptes  à  faire  valoir  par  leur  noble  harmonie 
la  beauté  robuste  des  corps.  Athénée  ne  dit-il  jias 
aussi  que  les  danses  des  Gymnopédies  correspon- 
daient à  r£[i[ji.£X£!'a  tragique  par  ce  qu'elles  avaient  de 
majestueux  et  de  grave  "  '?  Ces  danses  étaient  du  ressort 
de  la  poésie  lyrique'-;  on  les  accompagnait  du  son 
de  la  llùle  ou  delà  lyre'".  Elles  étaient  exécutées  par  des 
chœurs  d'enfants  et  d'hommes''*  qui  chantaient  les  péans 
de  fête  composés  par  Tlialètas,  Alcman,  Dionysodotos, 
Xenodamos,  Xenocrilos,  Polymnastos,  etc.  '^  Les  chnnirs 
étaient  dirigés  par  des  danseurs  couronnés  de  pal- 
mes", dont  une  statuette  de  bronze  peut  nous  donner 
une  idée  :  le  personnage,  complètement  nu,  porte  la 
couronne  de  palme  caractéristique,  et  l'on  distingue, 
dans  sa  main  gauche,  les  vestiges  d'un  instrument  à 
cordes,  probablement  une  Iyre'\  Ces  danses  avaient 
lieu  dans  une  partie  de  l'agora,  qui  avait  reçu  le 
nom  de  /ofôç  ".  Parmi   les  chœurs  Spartiates  si  renom- 

'Xcn. -tim/..  VI,  1,9-13.   —  2  Wolk-is,  ./a/iri.  </. /ns(.  XI  (1S%).  p.  1(1  et  la  noie. 

—  aSlackelbcrg,  Grnlmd.  HeUai.f\.  .imi.  -  i\i-a.  Anab.  Vi,  i,  li,  —  5  Alli.  XIV, 
631  a,  6.  Ailleurs,  Alliénée  ranj.'0  la  pyrrhique  parmi  Icsip//;,.,;  Ya^rar.  cf.  XIV.  ni'.l  f. 

—  0  Krausc,  dp.  cit.  Il,  pi.  xxiv,  fig.  9:;.  —  "  1-lacli,  Op.  cil.  p.  8.  a  ;  Krause,  Op.  cil. 
Il,  p.  Si8  SI).  — '  Flacli,  Op.  cil.  p.  ».  Selon  Hucli,  lesdauscs  ilcsli)  mnopédicsonl  pent- 
UreM  iulroduil.is,  de  Créle  à  Sparte,  par  Tlialétas.  —  â  Alli.  XIV,  Ô31  k.  —  I"  Hal. 

Lug.   I,  033  C,  a.  iT.  Si  «i./   T«ri;    Yuj.ïoiiK.S.V.î    Siiva'i    «aftipo"'.;    "«?'   5|«r./Ti'r.»vTa.,  tr, 

ToJit.,>u;  ^tijLT,  S.«i.<.//.;iiïu«,  Cl  scol.  —  "  Atli.  XIV,  630  //,  e.  llcsyclj.  au  mot 
1ui»osaiSiii.  iusiste  sur  ce  caracKrc  »*r,-ii',  Si  .,ù  Y'r""''"  "*'«  =»i)ct- S-i  /■.!.;■, 
TiTunvi«i»!viiiv.  Les  coulradicUous  s'cxplii|ucn(  peut-être  par  ce  fait  qu'il  y  avait  dans 
la  f«le  des  iiymnopédies  deux  parliis  successives  (comparer  ce  (|U0  dit  l,uc.  Ùc 
tait.  II)).  La  pyrrhii|uc  y  flail,  elle  .lussi.  exécutée  à  côté  des  danses  des 
Gymnopédies  proprement  dites  (v.  plus  haut,  p.  1032,  n.  8)  el  de  lii  provicudiait 
la  contusion.  -  >i  Atli.  XIV,  1130  rf.  -  13  Cf.  Wollers,  Jahrii.  d.  Inst.  XI  ilxoii), 
p.  7-9;  on  a  vu  plus  haut  que  les  danses  des  (iynuiopédies  avaient  poulétre  une 
origine  créloise.  Or  ,M.  Wolters  noie  avec  raison  que  la  lyre  el  la  cithare  oui  été 
communément  employées  en  Crèle  à  côlé  de  la  llùle  (Strab.  X,  iS3;  Alh.  .VII,  îlT 
a;  XIV,  OiT  b:  l'Iul.  De  mus.  i(i).  —  n  \,  Krause,  Op.  cit.  Il,  p.  Si9  ;  c'.  Xoil. 
Vill. 


mes  '",  ceux  des  Gymnopédies  étaient  puilictilièrcmenl 
célèbres.  On  veillait,  avec  le  plus  grand  soin,  à  leur 
belle  ordonnance,  et  ils  attiraient  à  Sparte  une  grande 
affluence  d'étrangers-^  [fiYJiN'OPAiDiAij.  Les  danses  des 
Gymnopédies  paraissent  d'abord  avoir  été  essentielle- 
ment gymniques-';  mais  elles  prirent  vite  une  signili- 
cation  plus  profonde;  elles  furent  accompagnées  de 
péans  en  l'honneur  des  Spartiates  morts  dans  l'allaire 
de  Thyrea '"  et  aux  Thermopyles--'.  Des  péans  étaient 
chantés  aussi  en  l'honneur  d'.\pollon  Pythien'",  qui  avait 
un  temple  sur  l'agora  de  Sparte -%  et  les  danses  des 
Gymnopédies  sont  très  souvent  intimement  reliées  par 
les  auteurs  anciens  au  culte  d'Apollon". 

Nous  devons  joindre  enlin  à  l'orchestique  guerrière 
ijuelqucs  danses  armées  qui,  à  vrai  dire,  sont  plutôt 
des  cortèges  ou  des  marches  fortement  rythmées. 
'fcllcs  sont  les  cinbatérics  Spartiates  auxquelles  est 
resté;  attaché  le  nom  de  Tyrtée  ■";  elles  étaient  exé- 
cutées sur  un  rythme  anapestique  avec  accompagne- 
meni  de  llùte.  A  ces  danses-marches,  d'un  caractère 
militaire,  s'oppose  un  type  de  danse-marche  dont 
la  nature  est  plutôt  religieuse;  tel  est,  par  exemple,  le 
priisodion  ou  enoplion,  auquel  on  se  livrait  en  agitant 
les  armes -^  On  peut  voir  par  là  combien  le  rapport 
était  étroit  entre  certaines  formes  de  la  danse  guer- 
rière et  de  la  danse  processionnelle  en  l'honneur  des 
dieux.  Le  prosodion  était  très  ancien  en  Grèce,  et  les 
poètes  les  plus  considérables,  Eumèlos,  Pindare,  Siino- 
nide ,  Bacchylide  avaient  composé  des  cliaiils  pour 
l'accompagner  -". 

Nous  allons  entrer  maintenant  dans  le  domaine  de  la 
danse  pari/ù/ne.  Comme  nous  l'avons  fait  remarquer,  on 
peut  entendre  sous  ces  termes,  pris  au  sens  large,  toutes 
les  danses  qui  ne  comportent  aucun  appareil  guerrier, 
dont  les  mouvements  et  la  mimique  ne  rappellent  pas  la 
lutte  ou  le  combat.  Ces  danses,  fort  nombreuses,  présen- 
taient un  caractère  varié  selon  les  circonstances  où  elles 
étaient  exécutées. 

V.  Les  danses  reli (lieuses.  —  La  danse  inventée  par 
les  dieux,  développée  sous  leurs  auspi<:es  et  pratiquée  par 
eux-mêmes,  s'appliquait  naturellement  à  leur  culte'". 
Si  l'on  ne  peut  ariirmer  avec  certitude  que  toutes  les 
danses  aient  une  origine  religieuse,  il  est  sûr  du  moins 
que  les  plus  anciennes  et  les  plus  importantes  sont  liées 
aux  cérémonies  rituelles.  Selon  Lucien,  on  ne  saurait 
trouver  d'antiques  mystères  qui  n'aient  eu  un  accompa- 
gnement orcliestique,  Orphée  Musée,  et  d'autres  encore 
qui  les  étalilirent,  ayant  prescrit  comme  une  chose  très 
belle  que  l'initiation  eût  lieu  avec  le  rythme  et  la  danse 

llelt.  VI.  V.  ir.  .Atliéin-e  |XV,  C7S.  ,)  uieulionue  deschœurs  dV'phèl.eseld'homnies  ; 
au  livre  .\IV,  0.1 1 ,  b.  il  ne  parle  .|ucdes  thaurs  d'enfants.  D'ailleurs  avec  le  t.nqis 
de  nombreuses  modilicalions  lurent  apportées  aux  Oyninopfdies.  (Hlul.  J  yc.  c.  il  : 
Jusl.  Lac.  II.  10;  l'oll.  IV,  104  ;cr.  Krause,  Op.  cit.  Il,  p.  831,  n.  10).  —  là  Atli. 
XV,  078,  c;  Krause,  Op.  cit.  Il,  p.  SiO.  —  '6  Ath.  XV,  678  *.  l'aus.  Il,  38,  .ï  ;  III,  J, 
7  :  X,  9,  6.  —  fi  Cf.  Wollers,  Art.  cit.  {Julirb.  rf.  Inst.  IS9I1),  lig.  p.  8.  —  i»  lie- 
sycli.  s.  V.  p]jivo;!»,S,a ;  Paus.  3,  11,9.—  l'J  Xcn.  fleip.  Lac.  VIII.  *;  X,  3  ;  l'Iut. 
Afifs  c.  21.  —  20  Sur  l'iniportance  que  les  Spartiates  allachaieul  à  ces  chœurs, 
V.  Krausc,  Op.  cit.  Il,p,  8i9-83l  et  les  noies,  —ii  Cf.  Mlssiui.  Op.  cit.  p.  HO-IH. 
—  2i  .<ur  l'air.iirc  de 'l'hjrea,  V.  Herod.  I,  8i;  relalivement  à  cel  honneur  rendu 
pal-  les  danses  aux  guerriers  morts,  v.  Suidas  au  m.  Y"i*v-)jt«iS-'«  ;  les  couroinies 
des  chefs  de  chœur  s'appelaicnl  eji.at.xol  otésocvo.  (Ath.  XV,  078  4).  —  '«  litiim. 
M.  Y":",^a,S;a.  —  2'.  l'.ti/m.  M.  ibid.  ;  Niisson,  Op.  cit.  p.  I  tl .  —  2=  Paus.  III,  11, 
9.  —  2ii  Niisson,  Op. cil.  p.  141.  --il  Flach,  Op.cit.f.i);  Alh.  XIV,  630/'.  — 2»  h'.ach. 
Op.  cit.  p.  I.'J.  —  '29  l-lach.  Op.  cit.  p.  1  0.  —  30  /,eg.  VII,  798  e  ;  799  a,  o.  Des  cliœms 
avaient  élé  inl«oduils  dans  un  grand  nombre  de  cuites  et  de  félcs  religieuses, 
selon  les  prescriptions  >lc  la^oi  ou  des  oracles.  Cf.  Dem.  /n  i\.,id.  p.  53  i,  iJ  sq.  ; 
Krause,  (Jp.  cil.  M,  p.  8i5. 

130 


SAL 


108i  — 


SAL 


De  là  viondrail  cetU-  expression  que  ceux  qui  i-évè- 
lenl  les  inyslères  aux  profanes  dansent  hors  du  clifeur 
sacré'.  Les  anciens  cultes  agraires  comprenaient  sou- 
vent, eux  aussi,  des  chœurs,  et  c'est  là  peut-être  qu'il 
faudrait  chercher  les  formes  primitives  de  l'orchestique 
reli{<ieuse  des  Grecs  -.  11  semble,  d'ailleurs,  que  sur 
ce  point  la  tirùce  ait  profondément  subi  les  iniluences 
de  l'extérieur.  En  même  temps  que  les  danses  guerrières, 
Thalélas  avait  sans  doute  introduit  à  Sparte  des  danses 
religieuses  Cretoises;  c'est  pour  les  accompagner  qu'il 
avaitcomposédespéans,  hymnes  très  anciennement  usités 
en  Crète  et  dans  quelques  lies  '.  Nous  verrons,  d'autre 
part,  que  les  danses  orgiastiques  des  Grecs  sont  tout  à 
fait  analogues  à  certaines  danses  qui  étaient  pratiquées 
en  Asie,  et  que  quelques  documents  les  caractérisent 
comme  étrangères. 

1.  Si  les  danses  guerrières  elles-mêmes  ont  été 
introduites  dans  les  fêtes  des  divinités,  les  danses 
religieuses  par  excellence  relèvent  de  la  danse  paci- 
/itjitc;  ce  sont  celles  surtout  qui,  par  leur  allure  noble 
et  mesurée,  semblaient  convenir  particulièrement  au 
culte  des  dieux.  Ces  danses,  calmes  et  graves,  que  Platon 
réunissait  sous  le  nom  d' iii.^eleia.,  sont  la  variété  la  plus 
importante  de  l'orchestique  religieuse.  C'est  sous  cet 
aspect  que  les  Grecs  concevaient  les  cortèges  des  divi- 
nités', et  les  fidèles  en  ont  reproduit  le  caractère  dans 
leurs  danses.  Se  tenant  par  la  main  et  portant  des 
palmes,  adorants  et  adorantes,  séparés  ou  réunis  dans  le 
même  chœur,  évoluaient  autour  de 
l'autel  du  dieu.  Une  peinture  de 
vase  du  Dipylon  ofl're  un  bel  exem- 
ple de  ces  processions  orchesti- 
ques  ■'^  :  quatre  femmes  sont  ran- 
gées en  file  ;  elles  se  tiennent  par  la 
main,  ou,  plus  exactement,  elles 
sont  réunies  entre  elles  par  l'inter- 
médiaire des  rameaux  qu'elles  por- 
/i  11  II)  ]  1^^  n  ''^"'■;  '•!  première  adorante  qui  con- 
yililliilil  'xZ/t^  tl'iil  le  chœur  élève  dans  sa  main 
libre  une  couronne  qu'elle  semble 
ollrir  à  la  divinité  assise  devant  elle 
sur  un  trône.  Ces  danses  ne  com- 
portaient guère  qu'une  mimique 
d'attitude;  par  leurs  mouvements 
solennels  et  leur  sévère  harmonie 
dont  quelques  œuvres  d'art  posté- 
rieures nous  donnent  une  plus 
juste  idée  (fig.  0058),  elles  n'expri- 
maient que  la  sérénité  de  l'àme  pénétrée  du  sentiment 
religieux.    Elles  étaient    accompagnées    de    clianis,  du 


1  Luc.  Jle  .««((.  15.  -  2  Krause,  Op.  cil.  Il,  p.  Sl.'i,  ,,.  G.  -  :!  Flacli.  Op.  cil. 
p.  n,  14.  —  »  On  eu  lioiiio  un  giand  nouiljje  dans  l'arl  crée.  V.  par  c«.  le  cnr- 
lègc  des   Irois  Grâces  sur  laulcl  des  douie  dieux.  (Emmanuel,  fsmi,  (ig.   5li.) 

—  s  Ath.  ililth.  XVIII  (18113).  p.  113,  (ig.  10:  voir  une  curieuse  danse  ana- 
logue sur  une  palère  didalie  Itev.  Arcli.,  I87i,  pi.  xxiv.  -  c  11  a  dfrju  ce  carac- 
lire  cliM  Homère.  //.  XXII,  3'Jl.  —  '  l'Iacli,  Op.  vit.  p.  14.  —  8  Cf.  Hijmn. 
in  Ajiul.  33li.  —  »  Xcn.  Ai/ea.  Il,  17;  le  péan  el  les  danses  riguraieul  aiu^si 
à  Delphes  à  la  féU<  du  :;,i,;t/,f,o».  V.  I>.  Koucarl,  Mém.  sur  les  raines  el  l'Iiist. 
lie  Helphet  (Archiri  des  Missions  icieiUi  .  18li5).  p.  4G  cl  180-81.  —  10  l'rncl. 
p.  Ï4..  —  Il  Find.  Fray.  37-no.  l.e  pOan  fui  aussi  chaulé  en  llionucur  de 
simples  n.orlels;  cf.  Ilul.  Lijs.  c.  18;  Alh.  XV,  600  e,  f  ;  6'J7  a.  La  chose 
devient  courante  au  temps  des  diadoi|Ucs.  Alhéute  (XIV,  031  d)  dit  que  le 
p'au  ùlait  Isiilùt  dansé.  lanUit  non  dansé.  Celle  dernière  forme  ne  se  rapporle 
sans  doute   qna  une  époipie  très    postérieure;  cf.    l'Iach,   Op.   cit.    p.  31,  ii.    4i. 

—  12  Th.  Keiuach,  Oict.  des  Antiquités  art.  nvPuiicHEiiA.  —  13  plucli.  O/i. 
Cit.  p.  15;  krause,  Op^  cit.  Il,  p.   8^3  el  n.   ï.  —  It  Alh.  IV,    13'J  e,  f;  I  laJi, 


péan  surtout,  qui  est  un  hymne  d'action  de  grâce  ', 
animé  d'une  joie  contenue'  [paean].  A  l'origine,  lepéan 
était  surtout  chanté  en  l'honneur  d'Apollon  '.  C'est 
ainsi  par  exemple  qu'il  était  exécuté  par  des  chœurs 
d'hommes  à  la  fête  des  "TaxivOia  '.  Mais  par  la  suite,  on 
l'adressa  aussi  à  Artémis,  à  Ares,  quelquefois  même  à 
Poséidon'",  et  l'on  sait  que  Pindare  avait  composé  un 
péan  célèbre  en  l'honneur  de  Zeus  Dodonien".  Les 
danses  graves  que  lepéan  accompagnait  devaient  donc 
prendre  place  dans  le  culte  de  plusieurs  dieux. 

.\  côté  du  péan,  Vliijporchèini'  jouait  un  grand  rôle 
dans  les  cérémonies  religieuses  de  la  Grèce,  [uypor- 
cuKMA  J  L'iiyporclième  est  un  <■  hymne  orchestique  où  le 
ciiœur  se  divise  en  deux  fractions  dont  l'une  chante  en 
se  tenant  immobile  ou  en  dansant  une  simple  ronde, 
tandis  que  l'autre  exécute  en  silence  une  danse  expres- 
sive, figurée,  qui  sert,  en  quelque  sorte,  d'illustration  au 
texte  de  l'hymne'-  ».  L'hyporchème  dillérait  par  là  du 
péan,  où  tout  le  chœur  chantait  en  même  temps  qu'il 
dansait.  Il  s'en  distinguait  encore  par  une  vivacité  plus 
grande"  et  par  un  caractère  mimétique  beaucoup  plus 
accentué.  Si  l'on  s'en  rapporte  à  la  description  qu'Athé- 
née donne  des  "Taxivôia",  il  est  vraisemblable  qu'une 
partie  des  danses  de  ces  fêtes  appartenaient  au  genre 
hyporcliématique.  Des  jeunes  garçons,  s'accompagnant 
de  la  lyre,  chantaient  Apollon  sur  un  rythme  fort  ra- 
pide; certains  faisaient  entendre  les  chants  du  pays 
(ÈTti/uipia  Ttoi/ijAaTa)  et  d'aulres,  qui  se  réglaient  sur  la 
tlùteetle  chant,  exécutaient  d'anciennes  danses'". 

L'hyporchème  était  surtout  un  élément  essentiel  des 
fêles  de  Délos  '°  [délia],  où  tous  les  sacrifices,  dit  Lucien, 
se  célébraient  avec  la  danse  el  la  musique  '''.  Dès  la  plus 
haute  antiquité,  des  chœurs  y  étaient  envoyés  d'Athènes 
et  de  différents  points  du  monde  ionien  '*.  Les  cérémonies 
du  culte  de  Délos  donnèrent  ainsi  naissance  à  de  vérita- 
bles concours  orchestiques  dont  les  vainqueurs  recevaient 
des  palmes  cueillies  à  l'arbre  sacré.  Selon  Lucien,  les 
cliœurs  hyporchématiques  de  Délos  étaient  composés 
d'enfants '\  l'hymne  homérique  à  Apollon  Délien  ne  fait 
allusion  qu'à  des  chœurs  déjeunes  filles  qui  ciianlaient 
en  l'honneur  d'.\pollon,  d'.Vrtémis  et  de  Latone  '■^"  ;  il 
résulte  enfin  d'un  hymne  de  Callimaquc  que  jeunes  gar- 
çons et  jeunes  filles  étaient  mêlés  dans  ces  hyporchèmes, 
les  uns  chantant,  les  autres  se  bornant  à  danser  -'.  Mais 
la  description  de  Callimaque  ne  s'applique  piîut-être  qu'à 
la  yipxyoç,  la  plus  célèbre  des  danses  détiennes,  et  où  les 
deux  sexes  étaient,  en  efVet,  étroitement  unis"''-. 

D'après  la  tradition,  la  yÉsai/oç  avait  été  instituée  par 
Thésée,  victorieux  du  Minotaure.  Il  la  dansa  pour  la 
première  fois  en  compagnie  des  jeunes  garçons  et  des 


Op.  cit.  p.  17;  ^ilssoii,  Ofl.  cil.  p.  13i;  si|.  —  li'  Notons  <|uc  les  femmes  devaient 
piendre  une  part  iiiiportaiite  a  ces  danses  des  Tavi'vâtu.  Quelipies  textes  anciens 
lonl  allusion  à  des  enlèvements  de  jeunes  filles  qui  formaient  des  chœurs  dans  ces 
fêles  (cf.  liurip.  Hel.n.  1405  s.(.  ;  llierunym.  Adv.  Joiinian.  1,  308,  Migne).  lue 
stèle  trouvée  à  Ainyclées  représ,  nlo  peul-éLre  ces  danses  de  fenmies  (cf.  llr. 
Schr.lder,  Arch.  An:.  1903,  p.  ^03),  Athénée,  d'ailleurs,  nientionue  la  présenne 
des  jeunes  lillcs  dans  le  cortège  de  ces  fêles  (IV,  139  /).  —  16  llomolle,  Bull,  de 
curr.  Iiellen.  1890,  p.  Mi  si|.  et  l'article  hf.iia,  dans  le  Dict.  -les  Antiqnilès; 
.Niisson,  Op.  cit.  p.  144.  —  "  Luc.  He  sait.  10.  —  •»  Voir  art.  ukma  dans  le  Oict. 
des  Antiq.  :  cf.  Thucyd.  111,  104;  Ui/mii.  in  Apol.  140  sq.  —  »!  Luc.  Ue  sait.  10. 
—  ioaijmn.  in  Apoll.  136  sq.  —  21  Call.  Hyiim.  IV,  304-300.  —  li  II  y  avail 
aussi  à  Délos  cerlaines  danses  rituelles  sur  lesipjelles  nous  somincs  mal  jeiisci- 
^Miés.  Telle  élail  la  danse  des  llagrilés  que  I  on  exécutait  encourant  sous  les  coups 
.iiitour  de  l'ulivier  sac.é.  Comparer  tes  praliquesdu  culle  d'Arlémis  Orthia  à  S|uirle 
l'aus.  VIII,  j3,  I);  llesychius  allrihiio  à  Thésée  l'iusliluliou  de  la  danse  des  lla- 
ijcII.'S  (cf.    .Meur»iu=,  Op.  cil.  col.  Ii4.i). 


SAL 


—  I0:io 


SAL 


jeunes  filles  qu'il  venait  de  sauver  en  Crète  '.  Les  tours 
et  les  détours  de  la  farandole  imitaient  la  marche 
errante  du  héros  dans  le  labyrinthe-;  le  nom  de  yspavo; 
fut  appliqué  par  les  Déliens  à  cette  danse  dont  les 
otidulations  et  les  reploiements  rappelaient  le  vol  d'une 
troupe  de  grues.  Dirigés  par  le  yspavoûXxoç  ',  les  jeunes 
garçons  et  les  jeunes  filles*,  qui  se  tenaient  par  la  main, 
évoluaient  autour  de  Vaiitel  fies  cornes  (xepaTwv).  La 
danse  était  surtout  exécutée  en  l'honneur  d'Aphrodite 
dont  la  statue  était  ornée  de  fraîches  couronnes.  Le 
chœur  se  déroulait  le  soir. 


aux  flambeaux,  les  jeunes 
(illes  dansant  en  silence, 
tandis  que  les  jeunes  gar- 
çons, tout  en  dansant  eux- 
mêmes,  chantaient  un 
hymne  consacré  '\  Une 
des  scènes  du  Vase  Fran- 
çois que  nous  avons  déjà 
citée  Jig.  60.j9;  est  inspi- 
rée sans  doute  par  le  sou- 
venir de  ce  chœur  mythi- 
que. En  présence  d'Ariane  •*  et  de  sa  nourrice,  Thésée, 
vêtu  d'un  beau  chilôn,  s'avance  en  jouant  de  la  lyre;  il 
est  suivi  par  une  troupe  de  quatorze  personnages  égale- 
ment revêtus  d'habits  de  fêle  ;  tous  sont  désignés 
par  leur  nom.  Régulièrement  alternés,  les  jeunes  gens 
des  deux  sexes  dansent  en  se  tenant  par  la  main;  mais 


Fig    0059.  —   Danse  de  la  gérattos. 


avaient  composé  des  Parlliénies*,  et  il  se  peut  que 
les  danses  exécutées  dans  Argos  aux  fêtes  de  liera 
.Vntheia,  par  des  jeunes  lilles  chargées  de  Heurs,  aient 
appartenu  à  ce  genre  orcheslique  '.  Les  danses  des 
Parthénies  ont  peut-être  laissé  un  reflet  de  leurs  grâces 
légères  et  chastes  sur  un  célèbre  bas-relief  du  Lou- 
vre", et  la  description  que  donne  Philostrate  de  la 
danse  des  Heures  pourrait  bien  rendre  l'impression  qui 
devait  être  procurée  par  la  vue  de  ces  chœurs  gracieux  : 
Les  Heures  dansent  les  mains  enlacées,  et  la  terre  «  pro- 
duit sous  leurs  pas  les  ri- 
cliesses  de  toutes  les  sai- 
sons. Je  ne  dirai  pas  aux 
Heures  du  printemps  :  ne 
foulez  pas  l'hyacinthe  et 
les  roses;  car,  foulées  par 
elles,  ces  fleurs  n'en  pa- 
raissent que  plus  char- 
mantes et  retiennent  je  ne 
sais  quel  parfum  émané 
des  Heures  mêmes. ..Je  ne 
dirai  point  aux  Heures  de 
l'hiver  :  ne  marchez  pas  sur  la  terre  molle  des  sil- 
lons; car  Jes  épis  naîtront  là  où  elles  auront  posé  leurs 
pas.  Celles-ci  qui  sont  blondes  marchent  sur  la  pointe 
des  épis  sans  les  briser  ni  les  courber,  tant  elles  sont 
légères,  tant  elles  pèsent  peu  sur  la  moisson  "  ».  Les 
Parthénies  sont  essentiellement  des  chœurs  de  jeunes 


Fis.  60C0.  —  I.a  f.irandolc  antiti 


le  peintre,  encore  malhabile  ou  qui  visait  simplement  à 
une  certaine  régularité  décorative,  n'a  nullement  rendu 
la  souplesse  et  la  mobilité  du  chœur. 

C'est  surtout  par  la  vivacité  que  la  vÈpavo;  se  distin- 
guait des  danses-cortèges  précédemment  étudiées.  Il 
en  est  de  même  pour  quelques  danses  religieuses  qui, 
sans  relever  nécessairement  de  l'hyporchème,  doivent 
être  distinguées  des  danses  accompagnées  du  chant  du 
péan.  Tels  étaient  les  chœurs  des  Parthénies  [^pahtiie- 
nkia]  exécutés  sans  doute  en  divers  points  du  monde 
grec  '.  Déjà,  la  poétesse  Sapho  célèbre  ces  danses 
auxquelles  se  livraient  les  jeunes  Cretoises  ;  plu- 
sieurs   poètes,    comme    Alcman,    Bacchylide ,    Pindare 


I  l'Iiil.   r/,e»     c.  il.  :  Poil.   IV,  toi  sur  limage  d  Aplirodllc,  v.  l'aus.  l\,M.  3. 

-  2II11I.  riitK.H  ;  Poil.  IV,  loi.  Oubicncfllcdcl.aloneilraversles  ilcs  cl  Iccou- 
linenl:  cf.  i.ei.ia,  llict.  des  AuliquUrs.  —  3  llesych.  ».  r.  :.p.,.ùi.«.  —  k  Tel 
.•>l  liicii  le  sens  de  ^iTi  t.;,  r/«i.,y,  chez  Plul.  Tins.  il.  —  â  Call.  t/ijm».  IV 
V.  30:t-:ilil.  —  s  Sur  le  c.iraclciedAr/anc  r|ui  ..ime  la  danse,  cf.  MIsson,  Op.  cil.  p.  :iSi. 

-  '1  Flach,  tlp.  cit.  p.  10  ;  FurUiiingler-Heicliliold  Griecli.  Vasenm.  p.  »0  cl  81  ;  cf. 
Ari«l.  An.  919  ;  Sujd.  ».  r.  ,.fi,t,!io.  —  »  Flacli.  Op.  cit.  p.  17.  —  9  .Xiisson,  Op.  cit. 
p.  4i,  Poil.  IV,  78.  —  10  Bas  rolief  des  danseuses  Borglicse,  S.  Rcinacli.  liépert.  I. 
p.  58.  Ce  lias-relier  est.  d'aillc::rs,  ,1  rpoijue  tardive  ;  Furlwiingler  voil  un  exemple  de 
Parlbénie  sur  une  curieuse  peinture  de  vase  (Griecli-  Vastnm.  p.  SO-el.  pi  xvii, 
XVIII),  —  Il  Pliilosl.  tmagines,  Irad.  Bougol,  p.  507.  Une  autre  description  de  Pbi- 
lostrale  parait  bien  convenir  aussi  au  caractère  de  ces  danses  :  »  Au  milieu  d'un 
fr«iB  hosquct  de  myrtes,  de  frafclies  jeunes  lilles  chantent  Aphrodite  Eléphanline... 
elles  ciianlent,  et,  l'une  d  elles  perdant  la  mesure,  la  maîtresse  du  chœur  la  regarde 
en  battant  de»  mains  pour  lui  faire  retrouver  le  véritable  mouvement.  Leur  cos- 


filles;  mais  il  est  probable  que  des  chœurs  religieux, 
d'un  caractère  analogue,  pouvaient  être  exécutés  par  les 
deux  sexes  réunis  '-  (fig.  t)060). 

A  ces  danses  religieuses  qui  se  présentent  géné- 
ralement sous  une  forme  chorale  ou  processionnelle, 
on  doit  joindre  une  catégorie  de  danses  surtout  indi- 
viduelles ''■',  dont  la  gravité  s'atténue  parfois  en  une 
sorte  de  vivacité  décente,  et  qui  se  caractérisent  par 
le  rôle  qu'y  joue  le  vêtement  des  exécutants.  Quel- 
ques-unes des  danseuses  voiiées,  dont  l'art  grec  a 
si  souvent  reproduit  l'image,  ne  se  livreraient-elles 
pas  à  une  danse  consacrée  aux  dieux  ""?  Certaines 
statuettes    offrent     des    analogies     avec    les    divinités 


tome,  ijui  est  des  plus  simples  et  ne  les  gi>nerail  pas  si  elles  voulaient  jouer,  leur 
cointurc  qui  serre  élroilemcnt  le  corp^,  la  tunii|iie  i(ui  ne  rouvre  pas  les  bras,  la 
façon  joyeuse  dont,  pieds  nus,  elles  loulent  l'herbe  leiulre  loul  huniiite  encore  d'une 
rosée  rafraîchissante,  leurs  vêlements  lleuris  comme  une  prairie...  tout  cela  a  été 
divinemenl  rendu.  I.a  peinture  a  représenté  aussi  quehpic  chose  dit  chanl.  Elles 
disent  qu'Aphrodite  est  sortie  de  la  mer  fécondée  par  une  pluie  céleslc  ;  eu  quelle 
île  elle  est  abordée,  elles  ne  le  disent  pas  encore,  mais  elles  uommeront  Paphos. 
Oui.  c'est  bien  la  naissance  de  la  Déesse  qu'elles  célèbrent;  leur  altitude  le  montre 
nssez;  liser  les  yeui  sur  le  ciel,  c'est  indiquer  (|u'elle  en  est  descendue;  relever 
doucenicnt  les  mains  en  tenant  la  paume  ouverle  en  haut,  c'est  moutrer  qu'elle  est 
sortie  des  (lots;  sourire  comme  elles  le  font,  c'est  rappeler  le  calme  de  ta  mer.  o  (Plii- 
losl. 'wi'ij.  Irad.  Bougot.  p.  333-54;.  —  12  ^J,.s.  Borli.  VIII.  38.  —  u  Heyde- 
mann,  Ueb.  eine  verhûlUe  Tûnzerin,  p.  16.  —  li  Heuzey.  AJoniim.  Grecs, 
1873-1874  {Rfich.  sur  les  figures  de  femmes  vO'lêes  dans  l'art  grec;  i*  article, 
p.  ij-i3). 


SAL 


1  o:^i) 


S\I- 


voilées    et  dansanlcs  r|iii    lij;ui-ent   sur  di'S  l)ns  rclit'ls 
votifs  '.  On  a  remaniui'  di'  [)his  (|iie  lo  lypcdi'  la  tlaii- 
seiise  voilée  semblait  liéri  ver,  dans  certains  cas,  d'iiiuiKes 
de  la   déesse  Koré  elle-iiiénie-.    Une  de  ces  danseuses, 
au  lieu  du  lanil)oui'in,  lient  à  la  main  un  petit  porc,  ce 
qui  rend   indéniable  le  caractère  religieux   du   sujet'. 
D'autre  part,  on  a  souvent  reconnu  Déméter  et  Koré  dans 
les  groupes  de  lerrc   ciiile  montrant  une  mère  accom- 
pagiK'e  de  sa  Mlle;  or  ces  grou- 
pes,   eux    aussi,    ont    parfois 
donné  naissance  à  des  l'epn''- 
sentati(ms     de      danseuses    '. 
M.  lleu/.ey  a  rappelé,  à  ce  pro- 
jins,  l'étroite  liaison  établie  par 
Lucien  entre  la  danse  et  les  an- 
ciens mystères,  et  la  mention 
(|ue    tail   ce  dernier   de  la  lé- 
gende  d(;    Démêler  parmi   les 
thèmes  des  danses  et  des  pan- 
tomimes. On  voit  kl  conclusion 
(|Mi  résulte    de   ce   rapproclie- 
menl  :  si  l'on  ne  peut  aflirmer 
(|Me  les  figurines  voilées  nous 
montrent  les  grandes  déesses 
donnant  elles-mêmes  l'exemple 
el  la  forme  des  danses  sacrées  ', 
il  est  possible  que  ces  danses 
voilées  aient  eu,  dans  certains  cas,  un  rapport  avec  le 
culte  de  Déméter  ou  celui  d'autres  divinités  (lig.  tiOlH)  ''. 
Nous  savons,  en  effet,  par  un  passage  de  Pliilostrate 
qu'au  mois  d'antliestèriôn,  pendant  la  fête  des  Dionysies,. 
les    hommes,    travestis   en    Bac- 
chantes, Nymphes  et  Heures,  se  li- 
vraient dans  le  théâtre  d'Athènes 
à  des  danses  oii  le   voile  jouait 
un  grand  rôle  ■.  Il  est   probable 
que  des  danses  du   même  genre 
étaient  exécutées  par  des  hommes 
pareillement  costumés,  au  début 
de  l'hiver,  à.  la  fête  des  maimak- 
TiiRi.v.  Celte  fête  était  consacrée  à 
Zeus  Mx[(AàxTY|Ç,  c'est-à-dire  Per- 
turbatear   des    éléments.    "    l^a 
forme  même  de  l'ajustement,  fait 
observer  M.  Heuzey,  la  tète  et  le 
,,„  ,ia,nt.|,s,..  corps  étroitement  enveloppes,  le 

mouvement  des  draperies  vo- 
lantes, tout,  jusqu'aux  chaussures  fermées  battant  le  sol 
(tig.  (iOti-i),  y  rai)pelait  la  saison  froide;  tout  y  était  com- 


■M.  Ilcu/oy  iiKj.,|„.-   I„,,,i,  pnr   t- 
•  ssiiiil.li-    fort   à  la  .Njiiiplio   rjui, 


iipic,  ,|ii<-  1,1  ,:ansL-nso  vniliV  .1  Ang.  Tilriu 
r  un  lias  ri-lief  \olif,  daiist-  eu  prOseuce  du 
dieu  l'on.  cf.  Ilutl.  d^  corr.  hdl.  Iis'.ii,  p.  :s  ;  cf.  Vny.  arch.  de  l.c  lias;  AJon. 
fig.  pi.  iix  ;  lleuicy.  Art.  cit.  lig.  de  la  p.  7U.  Il  exislc,  d'ailleurs,  plusieuis  lias- 
reliefs  de  ce  Ivpc  reprfsrulant  des  ilanseirses  plus  ou  nioius  analosues  ;  cf  E.  ['ol- 
lier:  Hatretief  dis  Nymphes  tromé  à  Eleusis;  Bull,  de  con:  lietl.  V  (IS8I), 
p.  345.  —  2  lleuzey,  Arl.  eil.  .1/on.  Grecs,  l8:3-IK7i,  p.  2i  23.  —  3  Ounioul- 
CliapUiii.  Céram.dcla  Grèce  propre,  ll.p.îa.ï.  —  V  Heuzey,  Art.  cit.  (Mon.  Grecs). 
p.  ii;  Dunionl-Cliajilaiu,  0/<.  cil.  p.  233.  —  ■>  Kappelons  ici  i|ue  Sluclniczlia, 
dans  son  Cnlamis,  rallaclic  le  Ivpc  de  la  danseuse  voild'C  à  la  rflôbre  Sosandrn. 
Celte  opinion,  très  disculalilc,  ailé  coud(.illue  par  lurlwfiugler.  —0  lleuzey,  iirl . 
cit.  {Muii.  Grecs),  p.  21.  Celle  opinion  a  été  coulcslée.  V.  Ileydiinanu.  VerhûtUe 
Ton:,  p.  23,  n.  3.  Elle  a  été  reprise  par  M.  Heuzey  dans  sou  élude  sur  la  Danseuse 
voili'e  d'Aui/uste  Titeux.  liutl.  de  corr.  hetl.  XVI  il'i'J2),  p.  73  si(.  pi.  iv.  —  7  Heu- 
zev,  arl.  cil.  p.  80;  cf.  A.  Momnisen,  l-'este  d.  Sladt  Allien.  p.  3!)l.  —  .1  Heuzev, 
arl.  cil.  p.  86,  87.  La  fig.  60f.2  symbolise  le  mois  .Vlaimaklcriôu  sur  uu  raleiidriêr 
lilurgiijuc  dAtliéues  fcAiESDAnliii  lig.  10.10;.  —  »  V.  le  texte  de  l'hi  oslrale  ; 
iu..»;»,C.;  ij,.c;.T«.;  cf.  l'ollux,  IV,  96,  98.  —  10  lleuzey,  ,trt.  cif.  p.  87    M.  lleuzey 


inaiidi' |)ar  elle.  Il  fiiul  ajouter  que  cet  instant  de  l'année 
est  le  point  mort  de  la  culture,  la  saison  oit  la  terre, 
dépouillée  de  ses  derniers  fruits,  attend  la  reprise  des 
travaux.  Par  là,  les  allégories  dansantes  de  l'hiver  se 
rattachaient  aussi  de  très  près  au  symbolisme  de  la  Démê- 
ler voilée  *.  n  11  est  vrai  que  ces  danses,  celles  des 
Dionysies  surtout,  n'avaient  pas  le  caractère  de  gravité 
(|ue  laisse  supposer  la  discrète  altitude  de  la  statuette 
du  Louvre";  il  est  vrai  encore  qu'elles  sont  exécu- 
tées seulement  par  des  hommes.  Mais  elles  répondent 
certainement  «  à  des  danses  de  femmes,  qui  devaient 
se  produire  dans  d'autres  circonstances  et  dans  un 
autre  milieu,  soit  à  la  suite  des  mêmes  fêtes,  soit  pour 
des  fêtes  diirérentes  dont  les  détails  nous  sont  moins 
connus  »  '".  Ces  danses  de  femmes  qui  se  rapprochaient 
les  unes  des  autres  par  l'usage  ilu  voile,  pouvaient  appar- 
tenir, quant  aux  mouvements  et  au  rythme,  à  des  modes 
différents.  Vives  parfois,  entraînantes  el  passionnées, 
elles  prenaient  souvent  un  caractère  plus  souriant  el  en 
même  temps  plus  calme  el  plus  conforme  à  la  nature  des 
personnes  qui  l'exécutiiient. 

2.  Si  riiyporchème  et  les  p;irthénies  se  rattachent  encore 
plus  ou  moi  ns  directement  à  l'e/zu/ft'Y/e,  telle  que  l'entendait 
Philon,  certaines  des  danses  voilées  s'éloignent  déjà  sen- 
siblement de  ce  type  ".Cet  écart  s'accentuera  encore  avec 
un  nouveau  genre  d'orcheslique  religieuse,  individuelle 
plutôt  que  chorale,  dont  les  danses  de  Karijai  peuvent 
être  considérées  comme  l'expression  la  plus  intéressante. 
Par  leur  vivacité  et  leur  rapidité  d'allure,  elles  forment 
une  transition  naturelle  entre  les  danses  précédenles  et 
les  danses  inspirées  par  l'enthousiasme  orgiastique  que 
nous  étudierons  ensuite. 

Les  danses  de  Karyai  jouissaient,  dans  l'antiquité,  d'une 
grande  renommée  ''.  Elles  figuraient  aux  fêtes  d'Artémis 
Karyatis'^  à  Karyai,  lieu  situé  sur  les  confins  de  la 
Laconie  el  de  l'Arcadie  et  qui  était  consacré  à  Arlémis  et 
aux  Nymphes.  Des  jeunes  filles,  appartenant  sans  doute 
aux  meilleures  familles  lacédémoniennes,  les  exé- 
cutaient chaque  année  en  l'honneur  de  la  déesse". 
L'idée  que  plusieurs  auteurs  se  sont  faites  de  ces 
danses  des  jeunes  Caryatides,  KapûatiÔE;  a  été  faussée 
par  le  souvenir  trop  immédiat  des  figures  architecturales 
appelées  du  même  nom  [caryatis]  '^  Rayet  suppose, 
par  exemple,  que  les  fêtes  d'Artémis  s'ouvraient  par 
une  procession  allant  de  Sparte  à  Karyai.  «  En  tête 
marchaient  les  magistrats,  les  prêtres,  les  victimes,  et 
leurs  conducteurs  ainsi  que  les  jeunes  filles  consacrées 
à  Artémis  et  chargées  aujourd'hui  de  porter  les  objets 
ni'cessairesà  son  culte,  demain  de  danser  en  son  honneur... 

ajoule  ;  ■<  .^aus  pouvoir  cili-r  aucun  lexlc  posiLif,  je  continue  à  croire  que  le  culle 
de  Déméter  était  un  de  ceux  (|ui  l'ournissaicnt  le  plus  naturellement  aux  femmes 
l'occasion  de  se  livrer  clles-inôme.-i  à  de  pareilles  danses  où  les  alljludes  voilées 
présentaient  d'intimes  rapports  avec  la  légende  el  avec  le  costume  même  de  la 
déesse  ..  —  Il  Hcydemann,  Ueb.  e.  Verl.id.  7im:.  p.  H,  rallaclic  les  danses  voi- 
lées au  gcui-e  de  rtti|ieXt>'«.  Cela  est  juste  pour  la  plupart  des  tianseuses  voilées;  mais 
riuclqUL's-unes  se  livi-enl  à  des  danses  btaucoup  plus  mobiles  et  rapides  (|ue  l'em- 
luélie  cl  ijui  ne  sont  pas  uéccssaiicmcnt  des  danses  profanes.  En  particulier,  le 
culte  de  l>émélei'  ijui  a  donné  lieu,  nous  te  verrons,  à  des  danses  orgiasliqucs,  com- 
portait faus  doide  aussi  r|uebpies  modes  assez  vif^  de  'a  danse  voilée.  —  '2  Selon 
Altiénéo,  IX,  S'.l2  /;  l'ratnias  avait  écr.t  une  pièce  inl  lulée  iiua„«,  ;,  K.ouàt.Si;. 
Des  Cary  (tides  dansantes  étaient  gravées  sur  l'auneau  de  Kléarclios  (Plul.  Arlax. 
18)  et  l'on  verra  (|uc  l'art  anlir|ue  s'est  complu  à  repruduiie  leur  image.  —  13  Hesycli. 
s.  V.  K«pj«7i«:  Hliol.  s.  i:  t<i,j>«Ti,«  ;  l'oll.  IV,  lot;  Arlémis  est,  par  exccMencc,  la 
dressa  de  la  danse  :  HoJ  yàp  *|  *Aç.T£ntç  oj«  ê/dpiu(Ttv,  selon  un  dicton  d'Ésope. 
—  14  Paus.  III.  to.  7.  —  Ii  La  condition  élevée  des  jeunes  fidcs  )|U'  prena.ent  parte 
ces  danses  semble  prouvée  par  l'anec  lole  que  Pausanias  rapporte  rc'ativemcnl  à 
Aristoniénes  (\,  IC.  U). 


SÂL 


I0:i7  — 


SAL 


Vêtues  de  leurs  plus  riches  liabils,  elles  s'avaneaienl 
lenlement  portant  sur  la  tête  les  corbeilles  sacrées'.  » 
Pour  concevoir  et  créer  les  Caryatides  architecturales, 
les  sculpteurs  n'auraient  eu  qu'à  s'inspirer  directement 
du  noble  maintien  des  adoratrices  d'Artéinis  ^.  Quant  à 
leur  danse,  il  était  naturel  de  lui  supposer  la  même  gra- 
vité qu'au  cortège  et  de  la  rattacher  au  type  derÈjxjxeXeia'. 
Mais  on  a  fait  valoir  là  contre  deux  objections  fort  impor- 
tantes :  tout  d'abord,  l'existence  d'une  pompe  sacrée 
allant  de  Sparte  à  Karyai  reste  purement  hypothé- 
tique'; d'autre  part,  la  danse  des  Caryatides  est  loin 
d'être  solennelle  et  calme.  Ainsi  que  l'indiquait  déjà 
0.  MOller  et  comme  on  l'a  admis  depuis*,  elle  n'est 
en  elTet  qu'une  variété  d'une  danse  dont  les  nombreuses 
représentations,  dansl'art 
antique',  attestent  la  po- 
pularité, la  danse  du  xaXa- 
Oi'(7xc/;.  Cette  danse  est  ainsi 
nommée  d'après  la  coif- 
fure ordinaire  des  jeunes 
filles  qui  l'exécutent,  le 
zàXa6oc,  sorte  de  diadème 
[CALATUUS,  (ig.  lOO.j]  qui 
n'était  sans  doute  à  l'ori- 
gine qu'une  couronne 
composée  de  feuilles  poin- 
tues dressées  vers  le  haut, 
et  se  croisant  en  diago- 
nale''. Les  danseuses  por- 
taient avec  le  xaXaOo;  un 
costume  caractéristique  : 
(fig.  6003),  quelques-unes,  le  buste  nu  ",  n'ont  qu'une  sorte 
de  jupe  courte;  mais,  en  général,  elles  sont  revêtues  d'un 
léger  chilôn  qui  ne  dépasse  pas  les  genoux''  et  retombe  en 
apoptygma'".  Toutes  ces  danseuses  de /.2/.aOi7i'.o;  procèdent 
invariablement  par  des  pas  menus,  rapides,  toujours  exé- 
cutéssurla  pointe  ou  la  demi-pointe".  Le  plus  souvent, 
elles  tournoient  rapidement  comme  l'indique  l'envol  de 
leurs  vêtements  ;  les  positions  des  bras  et  des  mains,  qui 
généralement  sont  libres,  sont  des  positions  de  pirouette. 
Par  exemple,  les  bras  sont  serrés  sur  la  poitrine,  les 
deux  mains  sous  le  menton'-;  ou  bien  une  seule  main  est 
placée  soità  la  taille,  soit  au-devant  du  corps,  tandis  que 
l'autre  est  franchement  portée  au-dessus  de  la  lête'^; 


m.  I, 


nl>lc  bil 


,  p.  5  cl  C.  —  2  Raycl,  iOiJ.  -  3  Br,t. 
r  (p.  I.Ï3)  ilit  ,|iic  CCS  danses  olaictit 
:  Ravel  ait  eu  des  danses  de  Karyai  uiie 
:  article  i|tic  les  danseuses  d'Ilcrcula- 
ides.  -  i  .\ilsson.  Op.  cil.  p.  l'.lT. 
Il,  p.  3il  ;  cf.  Meincclie,  Ad  Eiiplior. 
Bull. 


presen- 
idu.  de 
MUIIer- 


1  Raycl,  Mon.  de  VArl 
liger,  Amatlhea.  III,  p. 
analogues  à  rennn^lic.  Il 
idée  analogue  :  il  déclare   d; 
Dum    rcprèscDlcnl     pcut-ôlrc 

-  5  0.  Mûller,  D.    Varier, 

Iraq.  Xl.ll,  p.  D.l  ;  Wclcker,  Ant.  Denkm.  II.  p.  IW,  cf.  Iloi 
de  rorr.  Itelttn.  1897,  p.  G0.">  S'|.  —  •»  Voici  la  liste  des  principal 
talions  de  danseuses  de  calatliiscos  :  Anh.  Zeit.  I8i.'.i,  pi.  xni.  C 
Sl-Pélersàouri),  IS63,  pi.  nr  (v.  notre  (ig.  877)  el  18CC.  pi. 
Wiescler,  Denkm.  der  ail.  Kimsl.  Il,  17  el  ÏO  ;  Dunionl  Cliaplain,  Céramiq. 
di'  la  Grèce  propre,  pi.  \,  n"  i.  Danseuses  sculptées  de  l'Iirrôon  de  Trvsa  : 
Collijnion,  Hiiloire  rie  la  .Scnlpl.  ijrecq.  11.  p.  201,  fig.  97.  Deui  lias-reliefs 
aUi<|ucs  de  la  première  moitié  du  \«  s.  (Kurtwangicr),  Jahrb.  d.  Inst.  VIII 
(Ib93)  An:,  p.  7C  et  77.  Has-relicfs  sur  des  bases  de  candélabre,  de  l'épor|ue 
liellénislii|ue.  Clarac,  J/u«.  de  Scuïpt,  pi.  clxvu-ci.vui  ;  Winckchnann,  Mon.  ant. 
med.Vi,  49;  Visconti,  Mus  Pio  Clément.  III.  pi.  M  (cf.  Krause,  II.  fig.  R.5). 
l'n  bas-relief  d'autel,  Claiac,  Mus.  de  Sculpt.  pi.  ci.xvi.  Voir  cnc.  Xol.  d. 
Scavi,    1884,    pi.    vn  :    188»,    p.    100.    Uauscr,    Aeiialt.    /leliefs,    p.    90,    c!c. 

—  ^  Xilsson,  Op.  cil.  p.  198.  Celle  primilivc  couronne  de  feuillage,  rappelle 
la  couronne  tliyiéatique  en  usa^'C  aux  Gymnopédies  sparliales,  mais  rien  ne  nous 
dit  (|ue  cette  coill'urc  des  danseuses  fui  formée  de  feuilles  de  palmier,  t^cul- 
«tre  élail-elle  faile  de  joncs  el  de  roseaux  ;  cf.  U.  Muller,  i>.  Dor.  Il,  p.  3»1  ; 
Uumont-t^baplain.  Cèram.  de  la  Grèce  j-ropre,  I,  p.  236.  —  8  Voir  les  deux 
bas-reliefs  de  Berlin,    Arch.    Anzeig.    1893,   p.   76-77;    V.   aussi    C.    rendu    de 


parfolslesdeux  mains  sont  élevées  comme  pour  soutenir  le 
Calathos'*. Celte  danse  rapide,  tourbillonnante,  agitée,  res- 
semble par  certains  côtés  à  celles  des  Bacchantes  et  des 
Ménades'".Une  danseuseàcalathos  tient  mêmeàlamain 
des  crotales  "^,  une  autre  porte  un  tyinpanon  ' '.  Le  carac- 
tère religieux  de  ces  danses  du  xaÀaO'V/.o;  est  aujourd'hui 
nettement  établi  ;  elles  se  rapportaient  à  plusieurs  cultes, 
à  celui  de  Déméter,  d'.\tliéna  et  d'.-Vrtémis'*.  Quelques- 
unes  de  leurs  représentations  ont  été  trouvées  dans  le 
tombeau  d'une  prêtresse  '";  certaines  d'entre  telles  sont 
sculptées  sur  des  bases  d'autel  ^''.  Une  de  ces  danseuses 
semble  présenter  une  offrande  à  la 
divinité,  telle  autre  évolue  auprès 
du  feu  sacré  en  faisant  un  geste 
d'adoration  '-'.  Sur  un  bas-relief  de 
terre  cuite  d'époque  tardive,  deux 
jeunes  filles  appartenant  à  la  même 
catégorie  dansent  vivement  autour 
delà  statue  d'.\théna qu'elles  implo- 
rent en  élevant  les  mains  [minehv.^ 
fig.  oOOO^^-.  Les  fouilles  de  Delplies 
ont  apporté  un  document  d'une  va- 
leur particulière  pour  l'étude  de  cette 
danse;  on  a  découvert  un  groupe 
de  trois  danseuses -' (fig.  GOGii  coif- 
fées d'une  sorte  de  polos  évasé  à 
la  partie  supérieure  et  déconi  d'une 
garniture  de  feuilles  de  roseau  ou 
de  palmier;  leur  vêlement  consiste 
en  un  court  chiltjn  serré  à  la  taille  el 
ne  dépassant  pas  le  genou.  Le  bras  ^'^'  """''le'ijji'pf,,.!'"^''^'"'''' 
gauche  abaissé  pour  saisir  les  plis 
flottants  du  chitonisque  et  le  droit  doucement  arrondi 
au-dessus  de  la  tête,  elles  menaient  leur  danse  légère  au 
sommet  d'une  belle  hampe  végétale,  effleurant  à  peine 
l'extrémité  des  feuilles  d'acanthe  '-'•.  Bien  que  la  vivacilé 
des  mouvements  décrits  plus  haut  ait  été  atténuée  par 
le  sculpteur  en  une  sorte  de  noble  eurythmie,  le  costume 
des  jeunes  filles  ne  permet  pasde  douter  que  nous  n'ayons 
sous  les  yeux  des  danseuses  de  /.aXaOtffxoç  -^  Le  fait 
est  d'autant  plus  intéressant,  que  si  ces  danseuses  à 
calathos  ne  remplissent  pas,  à  proprement  parler,  la 
fonction  de  caryatides  architecturales,  elles  rentrent  du 
moins   dans  l'ordonnance  de   la   colonne  qu'elles   sur- 

Sl-Pétersbourg,  1866,  pi.  III.  —  9  Noter  Tanalogie  de  ce  costume  avec  celu 
des  jeunes  filles  de  S|jarte  tel  i|ue  nous  le  montre  la  statue  du  Valican.  (Cf.  cunsus, 
lig.  2233).  —  10  Les  danseuses  de  Trysa  porlenl  un  cliitôn  lout  d'une  venuedes 
éjiaulcs  aux  genoux,  marquant  à  peine  la  laiUo.  Les  cary.itidcs  de  Delplies  ont 
un  cbilôn  nna'ogue,  mais  serré  piir  une  ceinlure.  —  "  Ptepbani,  C.  rendu  de 
St-Pétershuury,  1805,  p.  00;  Emmanuel,  Essai  sur  l'orcli.  ijrccque,  p.  :iol.  Il  y 
avait  dans  le  culle  de  l'Arlémis  d'Epbèse  un  collège  des  àx^i^ûTai  dont  le  nom 
vient  peut  ôlre  de  ce  qu'ils  exécutaient  sur  les  pointes  des  danses  sacn'es  ana- 
logues k  celle  du  ,«>.o,«;«<o;.  Cf.  Insc.  du  Brilish  .Uns.  n"  4SI,  ligne  374.  II  esl 
encore   question   d'un    àsaoSàir,;   dans   l'inscription    n"  589    b  du    Brit.    Muséum. 

—  12  Ce  détail  est  très  accusé,  par  exemple,  sur  les  bas-reliels  de  Berlin  el  sur 
les  figures  de  I  llérùon  de    Trysa.  —  13  V.  krause.  Op.  cil.  Il,   pi.   xxii,    fig.   85. 

—  Il   Voir    un   des  bas-rcli.  fs  de    Berlin  cl   Clarac,  Mus.    de  ficulpl.    pi.    Cl.xviii. 

—  15  Clarac,  Op.  cit.  pi.  ci.xni.  —  IG  Cr.  0.  Mullor,  l).  Dor.  II.  p.  341.  —  n  Emma- 
nuel, Essai,  fig.  .587.  —  18  Clarac,  Op.  cit.  pi.  Cl.xvii.  —  19  Homolle,  Bull,  de 
corr.  Iirll.  1897,  p.  608;  Milsson,  Op.  cit.  p.  187.  —  20  St'-pliani,  C.  rendu 
de    Sl-Pétersbourg,  1863,   p.   21    st|.    —  21    Clarac,    Mus.    de   Scuipt.    pi.    ci.xvi. 

—  22  Welcker,  Antik.  Denkm.  Il,  pi.  vu,  12.  -  23  Jliiller-Wies-ler,  Oenkm. 
d.  ait.  Kunst.  11.  20.  —  2t  Fouilles  de  Delphes,  l.  IV.  pi.  i.x  el  i.xi.  Cf. 
Bull,  de  corr.  hell.  1897,  p.  603  sq.  M.  Homolle  indique  comme  aulcur  possible 
de  ce  groupe  de  danseuses  Paeonios  de  .Mendée.  Mais  il  reconnaît  que  le  nom  de 
Lacaenue  raltantes  par  lequel  ou  désignait  une  des  œuvres  les  plus  célèbres  de  Calli- 
roaque  leur  conviendrait  très  bien.  M.  Lecbat  \Ln  scuipt.  (/reique  araul  Phi'lias, 
p.  4911),  voit  dans  les  caryatides  de  Delplies  une  réplique  des  Lucaenat  saltuntes  de 
Callimaque.  Cf.  FurlwiiDgler,  Meisleruerke,  p.  202.  —  'i'>  Cf.  Homolle,  Loc.  cit. 


SAL 


—    1038  — 


SAL 


montonl  ;  la  posilinn  tle  li'iir  l)ias  Irvé  poul  cire  rappro- 
chée de  ralliltide  qui  sera  notée  parfois  comme  carac- 
lérislique  des  ligures  monumenlalcs  ',  el  l'on  peut  dire 
qu'en  apparence  elles  eontribuaienl  à  soutenir  par  leur 
fçesle  lex-voloqui  les  couronnait.  11  reste  donc  possible 
qu'à  l'origine,  la  sculpture  se  soit  inspirée  de  la  danse 
des  Caryatides  qui  était  une  des  plus  célèbres  variétés 
de  la  danse  du  xiXiOtdxc;.  Kn  se  répandant  et  en  s'ap- 
pliquanl  à  toute  sorte  d'édifices,  le  motif  populaire  de  la 
Caryatide  se  serait  transformé,  et  adapté  de  plus  en  plus 
étroitement,  par  les  détails  du  vêtement  el  de  l'attitude, 
aux  grands  ensembles  architecturaux  -.  Aussi  les  Carya- 
tides du  type  classique  immobilisées  et  comme  stylisées 
dans  leurs  voiles  ne  peuvent-elles  plus  nous  donner  la 
moindre  idée  des  danses,  même  si  elles  en  dérivent. 
D'autres  monuments,  parmi  lesquels  le  groupe  des 
danseuses  à  calalhos  de  Delphes  figure  en  première  place, 
nous  permettent  heureusement  de  les  retrouver. 

'.i.  La  danse  des  Caryatides  représente  pour  nous  toute 
une  série  de  danses  qui  sortent  déjà  du  domaine  de 
l'eumiélie  telle  que  l'entendait  Platon.  Elle  nous  fait 
passer  naturellement  aux  danses  d'un  caractère  orgias- 
tique  très  nombreuses  dans  la  Grèce  antique  ". 

Ces  danses  tenaient  une  grande  place  dans  les  cultes 
d'Artémis'.  Celui  d'.\rtémis  Korythalia  à  Sparte,  où  la 
déesse  apparaît  avec  un  caractère  très  net  de  déesse  de 
la  fertilité,  de  la  fécondité,  et  de  divinité  courotrophe, 
est  particulièrement  intéressant  à  cet  égard'.  Artémis 
xopyOaÀîa  était  honorée  par  les  danses  des  xop'jOaXîCTpiai  el 
des  xup'.TTot  dont  la  vivacité  allait  souvent  jusqu'à  l'indé-- 
cence*.  Une  danse  fort  analogue  est  celle  de  la  xaÀalÎ!;^ 
qui  consistait  surtout  en  des  mouvements  immodérés 
des  hanches,  parfois  suivis  des  grands  écarts.  Ces 
danses  étaient  proi)ablement  accompagnées  de  chants, 
tels  que  les  xa/.ajoj-o-.,  chantés  en  l'honneur  d',\rtémis 
Déréalis  et  qui  accompagnaient  sans  doute,  dans  le  culte 
de  cette  déesse,  l'exécution  de  la  xaXaptç^  On  doit  rap- 
procher de  cette  danse  celle  des  po-A'kiyicxxî,  exécutée 
surtout  en  Laconie  par  des  femmes  ou  par  des  hommes 
portant  des  vêtements  et  des  masques  féminins'.  Selon 
Pollux,  elle  était  dansée  non  seulement  en  l'hon- 
neur d'Artémis,  mais  encore  en  l'honneur  d'Apollon'". 
Divers  cultes  d'.Vrtémis,  nous  ofl'rent  encore  des  danses 
d'un  caractère  orgiastique;  ce  sont  par  exemple,  les 
danses  d'Elis,  en  l'honneurd'Artémis  Kordaka",  ou  celles 
qui  prenaient  place  dans  les  cultes  d'.\rtémis  Limnatis  '- 
et  d'Artémis  Alpheiaia.  .Nous  retrouverions  des  danses 
analogues  en  plusieurs  points  du  monde  grec  ' '. 

On  a  vu  que  les  danses  voilées  intervenaient  sans  doute 
dans  le  culte  de  Démêler;  or  si  la  plupart  de  ces  danses 


•  Alli.  VI,  H{  ,1.  —  2  ..  I.a  slaluairc  ainsi  incorporce  h  raicliilcc--.re  isl 
Iraitéc  dune  fa^on  viainicnl  nionumcnlalc  :  poinl  de  gesle  violent  i|iii  conliastc 
avec  l'immobiliU  d'une  consiruction  de  marbre.  -  A.  Uboisy.  Hist.  de  l'Archi- 
tecture, l.  I,  p.  3T7.  —  '  Ces  danses  inlerveiiaieul  fr^quemmi'iil  dans  les  rilcs 
des  diverses  associations  reli»ieusi-s.  Cf.  I'.  Foucarl,  Les  Assac.  relig.  chez 
les  Grecs,  p.  59,  07,  elc.  —  '  Les  danses  Ir6s  vives  el  libres  des  jeunes  filles 
lacétlénioniennes  en  l'honneur  d'Arb'-mis  étaient  fort  connues  des  anciens;  cf. 
Scliol.  Eurip.  //ec.  931:  on  a  parfois  voulu  voir  un  souvenir  de  ces  danses  cliez 
Virgile  (Ceori/.  11,  M7i:  Virijinilius  bucchnta  lacaenis  Taijgela.  —  5  Artémis 
Koryllialia  est  la  déesse  de  la  .ojuSi'af,  ou  »»}j«o)i!;.  Ces  noms,  en  Laconie  et 
dans  le»  colonies  dorienncs  d'it&lie,  désignent  la  branche  de  Mai  appelée  lîfm.i.r. 
dans  les  pays  ioui.ns  [FlllF.5lo^F.).  Cf.  Niisson,  Uj,.  cit.  p.  18.1  si|.  —  6  llesych. 
«.  r.  .^fvi.'i.Vtj...  et  .jfiTMi'.  Cf.  Niisson,  Op.  cit.  p.  IS4.  —  7  Alli.  XIV, 
«30  a.  llesych.  ».  r.  .«X.ei;  et  ...•A-.Si.u;  :  Pbolius.  .«ù.S.S.jTb  Si«S.:„ , 
*»7.'.;««~5  •«'•  <u"«»i./  -.i  !»7;«  7«r;  Jlfil».  —  '  NiIssOD,  0/1.  cit.  p.  188. 
—  9  IbU.  p.  187.  —  10  Poil.  IV,  )0i.  —  il  Pays.  6,  îî,  I  ;  Niisson,  Op.  cit.  p.  187. 


étaient  assez  proches  de  lemmélie,  quelques  unes  appar- 
tenaient certainement  à  un  tiioi/c  beaucoup  plus  vif". 
Nous  savons,  d'autre  part,  qu'aux  fêtes  de  Thesmophories. 
les  femmes  dansaient  particulièrement  l'oxy-otTu.!  '^  elles 
s'accroupissaient,  les  genoux  à  terre,  et  brusquement 
rebondissaient  avec  vigueur.  Les  danses  exécutées  en 
l'honneur  de  Déméter  se  distinguaient  généralement 
par  leur  rythme  entraînant  et  passionné;  celles  des  Cory- 
bantes,  ministres  légendaires  de  la  déesse '*,  bien  que 
distinguées  par  les  anciens  des  danses  dionysiaques  '■, 
sont  très  analogues  à  ces  dernières.  Elles  comportaient 
un  bruyant  accompagnement  de  cymbales  et  de  crotales, 
et  sur  tous  ces  points  les  rites  du  culte  de  la  Mère  des 
Dieux  sont  souvent  rapprochés  des  rites  du  culte  de 
Dionysos'*.  Il  n'y  avait  d'ailleurs  pas  entre  ces  deux 
espèces  de  danses  que  des  ressemblances  fortuites;  les 
unes  et  les  autres  nous  ramènent  toujours  vers  les  peuples 
•del'.^sie,  qui  semblent  avoir  eu  une  grande  part  dans  leur 
constitution  et  leur  expansion". 

Passons  donc  à  l'étude  des  danses  dionysiaques  qui 
sont  pour  nous  le  type  le  mieux  connu  des  danses  orgias- 
tiques-".  On  se  fera  une  idée  assez  exacte  de  ce  genre 
orchestique  en  considérant  les  danses  du  thiase  bachique 
exécutées  par  les  Bacchantes,  les  Ménades.  les  Satyres  et  les 
Silènes.  Un  grand  nombre  de  monuments  ligures  et  plu- 
sieurs passages  des  Bacchantes  d'Euripide-'  nous  les 
représentent  d'une  façon  très  vivante.  Les  danses  diony- 
siaques sont  caractérisées  beaucoup  plus  parles  positions 
du  corps  el  de  la  tête  que  par  les  pas  eux-mêmes  ;  la  cheve- 
lure di-nouée  et  couronnée delierre,  danseurs  et  danseuses 
se  penchent  ou  se  cambrent  en  jetant  violemment  la  tête 
en  arrière  ou  en  avant'-'.  Une  peinture  de  vase  nous  en 
donne  une  belle  représentation  d'ensemble.  On  y  voit 
plusieurs  Bacchantes  qui  se  livrent  à  des  mouvements 
très  vifs  ;  trois  d'entre  elles  se  tiennent  penchées,  la 
tête  baissée  et  semblent  suivre  des  yeux  le  mouvement 
du  pied  qu'elles  allongent  en  avant-'  ilig.  606.3).  Mais 
les  Bacchantes  ne  sont  pas  toujours  ployées  sous  le 
poids  de  l'ivresse  et  de  l'extase  ;  plus  fréquemment 
encore,  nous  les  voyons  danser  le  corps  cambré  el  la 
tête  renversée  en  arrière-'  (fig.  6066);  elles  exécutent 
alors  un  ensemble  de  mouvements  que  M.  Emmanuel  a 
restitué  ainsi  :  la  danseuse  s'avançait  rapidement  à 
petits  pas  courus,  ou  sautés,  sur  la  demi-pointe.  .\u  bout 
de  trois  ou  quatre  pas,  elle  prenait,  en  pliant  légèrement 
sur  la  jambe  droite,  un  élan  plus  vigoureux,  et  jetait  sur 
la  jambe  gauche,  en  retirant  fortement  la  jambe  droite, 
pendant  que  le  corps  se  cambrait  violemment  comme  si 
le  pied  et  le  dos  allaient  à  la  rencontre  l'un  de  l'autre. 
Celte  cambrure  très  forte  ue  pouvait  nalurellement  être 


—  12  Elle  avait  un  lem,  le  sur  les  confins  de  la  Laconie  el  rie  la  SIessénie  et  un  aulie 
encore  à  Patrai  ;  cf.  laus.  7,  io,  7;  .XiUson,  Op  ctl.  p.  ilO  sq.  —  u  Niisson.  Ofi 
cit.  p.  187.  —  Il  Cf.  p.  1036,  note  Iî.  V.  le  groupe  de  Jlilo.  llcuiey,  Fig.  de  terre 
cuite  du  Louvre,  pi.  xxxvii,  u"  i.  —  l-  poil.  IV,  liio.  pfuhl.  be  Aheniensum 
jiompis  stlcris,  p.  .'>7.  —  *i  Luc.  De  sait.  8  ;  Strab.  X,  c.  *ti9,  p.  G59.  —  *'  l.a 
distinction  est  bien  failc  par  le  scoliaste  de  IWJnx  de  Sophocle.  Cf.  Krause, 
0/1.  cit.  11,  p.  83i.  —  18  Strab.  ,V,  c.  4<;9,  p.  6i;o.  StraLon  't'appuie  du  témoignage  de 
Pindarc  et  d  Euripide.  Cf.  les  fig.  il9S,  il97  el  îOil.  —  '9Slrab.  X,  c.  W9.  p.  659; 
EnripiH.Z/occ/i.  v.  *8i  si;  àv!i<ojeit.  J'jSio»- ràS' ^o^.»;  lous  les  barl  arcs  célèbrent 
par  des  danses  les  mystères  de  Dionysos.  —  20  Notons,  d'ailleurs,  que  le  caractère 
orgiastique  cl.  par  suite,  les  danses  de  la  même  nature  ont  fini  par  s'étendre 
dans  la  Grèce  méu.c  au  culte  de  plusieurs  divinités.  Cf.  Strab.  X,  c.  468, 
p.  058.  —  2'  Cf.  Oaecli.  v.  183,  188,  i»0,  7i*,  913,  etc.  —  22  Emmanuel,  Essai, 
p.  101-103.  —  2!  Emmanuel,  Op.  cil.  p.  iu3  et  lig  438-439.  V.  cnc.  Hauser, 
-  Scu-att.  Ileiiefs,  pi.  u,  n"  iî.  Celle  altitude  cnractcristi.|ue  se  retrouve  iloH. 
d.  Imt.  Supplément,  pi.   xxiv-xxv.  —  2',  Slackelherg,    Grûb.  d.  tiellen.  pi.   siiv. 


SAL 


103!)  — 


SAL 


quinlermiltenle  ;  après  les  mouvements  qu'on  vient  de 
décrire,  la  jambe  droite  retombait,  la  cambrure  s'elTacail 
par  le  redressement  progressif  du  torse  ;  la  danseuse 
recommençait  alors  une  série  de  petits  pas.  bientôt  inler- 


avant  ou  un  arrière',  et  il  est  curieux  d'observer  que  la 
danse  des  Bacchantes  se  métamorphose  parfois  en  une 
sorte  de  danse  des  voiles"*.  Dans  l'agitation  de  la 
danse,  les  manches  des  danseuses,  largement  ouvertes, 


Danse  lie  Mi'nades. 


rompus  par  un  nouveau  jelé-cambré  '.  Il  est  possible  que 
dans  certains  cas  les  jetés-cambrés  aient  été  alternés  avec 
des  flexions  du  corps  en  avant-.  Ces  attitudes  et  ces  pas, 
chers  aux  Bacchantes  et  aux  Ménades,  se  retrouvent 
sur  un  grand  nombre  de  reliefs'  et  de  vases  peints. 
Scopas  avait  popularisé  leur  aspect  par  sa  célèbre  statue 
qui  représentait  une  Ménade  en  délire'.  Bien  avant 
lui  d'ailleurs,  l'art  s'était  inspiré  de  ces  danses  comme 


semblent  les  parer  de  grandes  ailes  "  i Tig.  4766)  ;  ou  bien 
les  Ménades  déploient  leur  pardalide  ou  leur  himation  ''-. 
Parfois  enfin,  les  danses  dionysiaques  sont  exécutées 
par  des  danseuses  presque  complètement  voilées,  mais 
dont  la  rapide  allure  écarte  toute  idée  d'£u.u.£ÀEia  ". 
Quand  les  danseuses  ne  sont  pas  occupées  à  déployer 
leurs  voiles,  elles  portent  souvent  leurs  attributs  ordi- 
naires, tliyrse",  lympanon'',  crotales'",  ou   torche   et 


le  prouve  la  série  de  bas-reliefs  publiés  par  M.  ^^■i^ter^ 
Les  principaux  traits  que  nous  avons  déterminés  se 
compliquaient,  d'ailleurs,  s'enriciiissaient  d'une  inlinité 
de  détails  :  c'est  ainsi  que  pendant  la  cambrure,  les  bras 
de  la  danseuse  sont  croisés  derrière  son  cou  ^  ou 
écartés  sur  les  côtés',  ou  élevés  au-dessus  de  la  tète*. 
Ailleurs,  la  danseuse  accompagne  son  mouvement  du 
déploiement  de  son  écliarpe  tenue   des  deux  mains  en 


'  Emmanuel.  Essni,   p.    I'.i7.    L'analyse  poilc   sur  les   mnuvemenls  de  la  cin- 
•[uiime    danseuse    de   la   planclie    de    Slackelherg    (Gmlj.    d.    HeVen.   pi.   xiivl, 

—  2  Ces  deux  mouvements  sont  Lien  marqués  dans  deux  figures  successives,  cf. 
Baumeisler,  Dtnkm.  p.  (i48.  —  3  Hauser,  Xeiintt.  Ueliefs.  pi.  ii,  fig.  i4  à  31.  — 
*  Cf.  G.  Treu.  Zur  MaenaUe  des  Skupas.  Mètan'ias  pL'rrut,  p.    317  s<|.  pi.  v. 

—  â  Winler,  Cet.  ein  Vorbild  nenalt.  fle/ie/V(50'  Winckclin.  Progr.  Hall.  1S90, 
p.  96-lii);  cf.  Pollieiv  .Vo...  Grecs.  1889-90.  p.  ii  s.|.  M.  Wintcr  considère  les 
bas-reliefs  qu'il  a  publii^s  comme  des  originaux  j;recs  du  vc  siècle.  —  ^  Slaekel- 
lierg,  I).  Grab.  d.  Heilm.  pi.  xxiv,  lig.  4.  —  ':  Ibid.  lig.  5.  —  »  Uuinoiil-Cliaplaiu, 


thyrse  en  même  temps''.  Avec  des  flexions  en  avant  et 
des  cambrures,  les  danses  dionysiaques  comprennent 
un  grand  nombre  de  pas  tourbillonnants,  elTeciués 
sur  les  pointes  ou  les  demi-pointes  '*.  Une  peinture 
de  vase  donne  une  juste  idée  de  la  vivacité  de  ces 
pirouettes.  Dressée  sur  les  pointes,  les  bras  levés  au- 
dessus  de  la  tète,  une  Ménade  tournoie  au  son  du  lym- 
jiunon,  tandis  (ju'une  de  ses  compagnes,  à  qui  sans  doute 


Crvnm,  dt  ta  Grèce  propre,  I,  pi.  xu.  xui. 
glcr-Rcicliliold,  Griech.  Vaseiim.  pi.  xx 
pi.  iT  ;  Heydemann,  Ueb.  e.  Verliûl.  Ta 
pi.  xxxu.  —  12  Furlw.nngler  Keichliold.  I 
Vasennml.  pi.   l.xx.    —   )t  Grîech.   l 


9  Ibid.  lig.  I  ;V.  eue.  pi.  i.u  ;  Furlwnu- 
—  10  a.  rendu  de  St-I'i'tersb.  1869, 
.  p.  G.  —  '1  Harlwig,  MeUterschalen 
iech.  Vasenm.  pi.  Mix.  —  '3  Griech. 
L  pi.  XXX.  —  '^  Griech.  VaaenmaL 


pi.  ixsx;  Mon.  d.  Inst.  IV,  pi.  xvi.  —  16  Griech.  Vasenmal.  pi.  xiiv:  Aton.  d. 
Innt.  IV,  pi.  XVI.  —  1'  C.  Ke/.rfu  de  Sl-Pétersb.  18GI,  pi.  v;  J/n».  Chiaramonli, 
I.  pi.  xxxvi-xxxix.  —  '8  Slackelberg,  0.  Grab.  d.  Uell.  pi.  xxiv,  Bg.  5;  Mon.  d. 
1„U.  IV,  10. 


SAL 


—  lOiO  — 


SAL 


elle  vieni  de  siicci-ik-r  dans  la  (iaiise,  lomhe  épuisée 
dans  les  bras  d'une  autre  Méiiado  '.  Ajoulons  que  le 
caractère  religieux  de  ces  danses  est  indi'iiiable  :  on 
les  voit  souvent  exéculées  auprès  d'un  autel  ou  en 
présence  uiénie  de  Dionysos'.  C'étaient  avant  tout  des 
danses  de  mystères,  auxquelles  se  livraient  les  initiés 
en  délire,  comme  les  Bacchantes  d'Euripide  nous  per- 
mettent de  le  supposer.  Il  est,  d'ailleurs,  possible  que 
les  danses  dionysiaques  n'aient  pas  toujours  été  con- 
sacrées à  Dionysos.  Une  belle  peinture  céramique  du 
Louvre  représente  la  danse  que  nous  avons  décrite  exé- 
cutée par  les  Nymphes  en  présence  d'Aphrodite  ^  el 
c'est  Aphrodite  encore  qu'on  y  voit  présider  sur  une 
base  sculptée  du  Musée  Chiaramonli  '. 

Les  Satyres  et  les  Silènes  praliquoiil  aussi  la  danse  à 
inflexions  du  corps  en  avant  et  à  cambrure  '-.  Mais  géné- 
ralement, leur  danse  est  plus  simple  et  plus  animale. 
Accroupis  à  terre,  ils  sautent  juste  assez  haut  pour  avoir 
le  temps,  avant  de  retomber,  d'allonger  la  jambe  qui 
était  repliée  sous  eux  et  de  replier  la  jambe  allongée  ". 
Surtout,  ils  se  livrent  à  des  sauts  et  à  des  gambades 
mêlés  de  postures  el  de  gestes  obscènes.  On  les  voit  dan- 
ser entre  eux  ou  en  compagnie  des  Ménadcs  .  Sur  toute 
une  catégorie  de  vases  peints,  qui  sont  en  général  de 
fabrication  corinlhienue  ',  Satyres  et  Silènes  sont  rem- 
placés par  des  personnages  burlesques  (fig.  385!»)  qui  exé- 
cutent une  danse  fort  animée  à  la(iuelle  assiste  parfois 
Dionysos  '.  Velus  d'une  tunique  serrée  au  corps  et 
d'une  sorte  de  caleçon  très  court,  ils  se  dépensent  en 
force  gambades,  el  font  des  contorsions  si  ellrénées  que 
leurs  déhanchements  ont  souvent  l'air  d'être  accusés 
par  des  posticlies.  Les  mouvements  accentués  el  très 
anguleux  de  leurs  bras  el  de  leurs  mains  ne  sont  pas 
moins  caractéristiques.  On  pourrait  considérer  ces 
personnages  comme  de  simples  mortels  s'adonnant  à 
des  réjouissances  bachiques,  ou  comme  des  adorants 
humains  de  Dionysos  '".  Mais  M.  Dummier,  le  premier,  a 
soulevé  la  question  de  savoir  si  ces  danseurs  n'étaient  pas 
de  véritables  démons  dionysiaques",  el  celle  opinion 
tend  à  prédominer  aujourd'hui'-.  Leur  danse  aurait 
ainsi  une  valeur  el  une  signilication  religieuses  particu- 
lières. Souvent,  d'ailleurs,  sur  les  vases  peints,  à  côté 
des  danses  exécutées  par  ces  démons  dionysiaques, 
celles  de  leurs  imitateurs  humains  peuvent  tigurer 
sans  rien    qui   les   en  distingue  ;  les   décorateurs  eux- 


1  nuinoiit-Cliaplaiii,  Ceram.  de  la  Grèce  propre,  I,  pi.  xu-xiii.  Noire  (Ig.  4772. 
Mdme  délail,  Wclckcr,  Ant.  Denkm.  H,  pi.  v,  U.  —  2  Lciiorniaiit  et  de  VVillc, 
Elite  Céramoij.  IV.  01  ;  l'anork.!,  Mus.  Ulacas,  XV;  .hiis.  liorbonieo,  Xh, 
SI;  Vorlegetittider,  l»9l,  VII.  (Jueli|iierais  ik-imés  est  adjoiril  à  Dionysos; 
cf.  Gerhard,  Ausei-l.  Vas.  285,  286.  —  3  l'ollier.  Mon.  Grecs,  Il  (1889-90), 
p.  23,  pi.  IX. X.  —  *  Mus.  Chiaramonli,  I,  pi.  xxxvi-xxxix.  —  n  Voir  par  ex. 
le  beau  caniOe  du  caliinel  des  .Méd.  liibcloii.  Calai,  pi.  x.  n.  Oi;  Emmanuel, 
Essai,  llg.  ÔT'J;  cf.  Ilauser,  Neu-alt.  Itel.  pi.  i,  (ig.  19.  —  c  Euiiiiaiiuel,  Essai, 
p.  193  ;  ï.  DOS  (ig.  332ll.J3il  ;  cf.  Mus.  Horb.  VII,  30.  —  7  Itoulcz,  Vases  de 
Leyde,  pt.  v,  2.  —  »  DumODt-Ctiaplaiii,  Céruui.  de  la  Grèce  propre,  I,  p.  240. 
n.  I  ;  on  les  trouve  aussi  dans  la  ccraiiiiiiuc  altupie,  au  temps  où  celle-ci  subit 
riuflucnce  de  Corinllie,  cf.  Kôrle,  Arcli.  aiud.  :ur  ait.  Komôdic  {  ahrb.  d. 
Iiist.  VIII  (1891),  p.  91),  [Hrsriiio,  p.  22IJ.  l'our  les  principales  peintures  de  vase 
rcprésenlaiil  ces  danseurs  Lurlusr|U<>s.  cf.  Aunnli  d.  Inst.  18s..  lav.  L)  ;  (Korlc 
art.  cit.  p.  91,  lig.  s),  l'ollier,  Vasi-s  antii/.  du  l.ourre.  p.  .W,  E.  632;  Benndorf, 
Oriech.  u.  Sicil.  Vas.  pi.  vu  ;  Dumont-Cliaplain,  Op.  cit.  I,  p.  239,  Ci'^.  50;  'Eo.  àiy_. 
I.  pi.  vil  :  ya/ir6.  rf.  Jiisl.  XIII  (1898),  Anz.  p.  131,  n»  II;  Arch.  Zeit.lflM, 
pi.  XII.  1,  et  un,  4.-9  Kôrle  (nr(.  cit.  p.  92)  lienl  pour  vraisemblable  ipie  sur 
le  plal  publié  par  Beninlorr,  c'esl  Dionysos  lui-inôuie  qui  est  r,-prèsflité  au- 
dessous  des  .laiiseurs.  —  10  hui-lwânglcr.  Annali,  1877,  p.  4i0;  Uliodcn  ap.  liaii- 
■neislcr.  JJenkm.  111,  p.  H«>2  ;  cf.  l.ocsclicle,  4(/i.  .Miich.  XIX  11S94),  p.  .is. 
—  Il  Annali,  1885.  p.  129.  —  lî  Sur  le  vase  du  Louvre  (l'olticr.  las.  anti,/. 
p.   Ï5,    E    lil2;   (iT.    Annali,    loèi,  lav.    D)    les  danseurs   soni    disig.iés    par    .les 


mêmes  ne  savaient  sans  doute  pas  toujours  exac- 
tement quelle  élail  la  nature  des  personnages  qu'ils 
représentaienl  '•".  Ouel([ues  peintures  paraissent  bien 
nous  montrer  de  simples  kômastai  s'adonnant  à  une 
danse  tout  à  fait  identique  à  la  précédente"  et  qui  est 
alors  une  danse  de  réjouissance  bachique  beaucoup  plu- 
tt'ît  qu'une  danse  religieuse.  Nous  aurons  occasion  d'y 
revenir  à  propos  des  danses  du  kômos.  Mais  ajoutons, 
dés  maintenant,  que  ces  danses  bachiques,  au  sens  le  plus 
courant  du  mot,  intervenaient  aussi  dans  les  solennités 
religieuses;  elles  accompagnaient  la  procession  des 
Lénéennes  '^  et  les  phallophories  des  Dionysies  des 
champs  et  du  Pirée"'  [iho.xysia,  p.  :233].  Des  danses 
diverses,  parmi  lesquelles  on  doit  noter  les  danses  men- 
tionnées plus  haut  qui  étaient  exéculées  par  des  hommes 
déguisés  en  Nymphes  Bacchantes  et  Heures,  figuraient 
aux  Antlieslèries  '^ 

Mentionnons  enlin,  parmi  les  danses  dionysiaques,  une 
danse  d'un  aspect  assez  particulier,  justement  nommée 
dan.^c  (/es  miiins  jointes''',  que.  plusieurs  monuments 
nous  montrent  exécutée  par  des  personnages  revêtus 
d'habits  asiatiques.  Leurs  pas  et  leurs  gestes  oll'rent 
une  grande  diversité.  Tanlôl  le  danseur  ou  la  dan- 
seuse court  sur  les  demi-pointes",  tanlôl  il  exécute  des 
dégagés  très  nets'-";  ou  bien  il  dégage  el  plie,  saute  el 
retombe  en  jetant '-'.  11  arrive  aussi  qu'un  des  genoux  du 
danseur  touche  la  terre  comme  dans  les  danses  accrou- 
pies signalées  précédemmenl--  ;  son  corps  est  souvent 
courbé  en  arc  de  cercle  à  droite  ou  à  gauche  ^^  ;  par- 
fois, au  contraire,  dressé  sur  les  pointes,  il  tournoie 
rapidement  [B.\cciirs,  lig.  Glii]  ^'.  Mais  en  général  ces 
danseurs  se  rapprochent  par  un  Irait  commun  :  tous 
élèvent  leurs  bras  tendus  et  leurs  mains  unies  au  des- 
sus de  la  tête.  Dans  quelques  cas  seulement,  ils  se 
bornent  à  porter  leurs  mains  jointes  sur  le  côté  du 
visage  ".  Un  exemple  caractéristique  de  cette  danse 
esl  offert  par  une  peinture  de  vase  représentant  deux 
Amazones  qui  évoluent  autour  du  trône  où  est  assise  leur 
reine  '^^  (lig.  0067).  «  Elles  tournent  de  chaque  côté  du 
haut  siège,  en  face  l'une  de  l'autre,  et  en  sens  inverse, 
si  l'on  s'en  rapporte  à  l'aspect  du  coup  de  vent  qui  gonlle 
leur  tunique  courte...  La  danseuse  A  n'exécute  qu'un 
tournoiement  par  piétinement  sur  la  demi-poinle;  la 
danseuse  B  semble  se  livrer,  tout  en  tournant,  à  des 
glissés  simultanés  des  deux  pieds.  De  plus,  elle  accom- 


noins.  L'un  d'eux  appelé  "O.xS^ivo;  qui  esl  un  nom  de  Dionysos  à  Ilalicainasse, 
est  évideninienl  ici  un  démon  bacliique.  Cf.  Korle,  art.  cit.  {Jahrb.  d.  Inst.  I>i93, 
p.  91);  M.  Loesclirki'.  apporte  un  nou\el  argument  en  faveur  de  crlle  Uiôse  en  pu- 
bliant un  lasc  sur  lequel  des  danseurs  analogues  foui  partie  du  cortège  d'ilépliaislos 
relournanl  dans  fOlympc  (cf.  Alh.  Mitth.  XIX  (l89Vj,  p.  .H18  el  pi.  tiii);  V.  enc. 
Arch.  Anz.  de  189s,  p.  131.  n"  1 1  ;  cratère  corinthien  décoré  de  six  j;roupes  de 
danseurs  grotesques  analogues  ;  le  nom  d'un  des  danseurs  esl  le  même  t|uc 
celui  que  porle  un  Silène  sur  une  amphore  de  Chalcis  et  le  nom  d'une  des  dan- 
seuses esl  celui  qui  désigne  une  Bacctianle  sur  une  coupe  de  Naples.  —  13  Kortc, 
art.  cit.  p.  9i.  —  1»  .1/on.  d.  Inst.  X,  32  ;  Itoiilei,  Vases  de  Leijdc,  pi.  v.  n"  2  ; 
eurlwiingler.  Coll.  Sabouroff,  pi.  m.hu  ;  IloUveida,  Jnhrb.  d.  mst.  V  (1890, 
fig.  i  la  p.  2.Ï1,  etc.  —  '•'  l'fuhl,  D.i  Mil.  pompis  sacris,  p.  «7.  —  16  Ffulil.  Op.  cil. 
p.  83,  6V.  Ou  lrou\e  une  parodie  de  ces  cortèges  dans  les  Acliainicns,  v.  241  si|. 
—  17  Cf.  H.  Foiicart,  tii/(e  de  ûiomjsos  en  Atliqiie.  p,  119  el  130.  Aux  fêles 
de  Dionysos,  on  exéculail  aussi  parfois  des  danses  en  l'honneur  des  autres 
dieux.  V.  A.  Mouiinsen.  Feste  d.  Stadt.  Allien,  p.  437  (Dionysies  Urbaines). 
Xenoph.  Uipp.  3,  2.  —  m  Emmanuel,  Essai,  p.  210.  —  19  Emmanuel, 
Esnai,  lig.  403.  —  iO  C.  rend,i  de  S.-Péterst>.  1860,  pi.  m.  —  21  V.  Emmanuel, 
Essai,  p.  212,  213  cl  les  (igures.  —  22  Antiq.  du  Uuspli.  Cimmériea,  pi.  i.xiv  el 
i.xx-,  cf.  Wiiiler,  ,ln(iyt.  lerrakotlm.  Typen,  III2,  p.  157,  n»  .ï.  —  23  Inghirami, 
Ins.  Etruscli.  Il,  18i;  Kekulé,  Terrakolten  «.  Sicil.  58;  Hcuzcy.  Fig.antiq.  du 
Mus.  du  f.oiirre,  pi.  xxxvn,  2.  —  21  Mon.  d.  Inst.  I,  50.  —  25  PoUier-Kcinacli. 
Avcr.  de  Mijrina,  XXVIII.  3.  —  26  Mon.  d.  M^l.  l\\  43. 


SÂL 


—  1041  — 


SÂL 


Fig.  6067.    —  La  daiisi 


i  joiiilos. 


pagne  ses  mouvements  de  jamlies  d'oscillations  lylhini- 
ques  du  corps  et  de  la  tête,  alternativement  de  droite  à 

j<auche,      de 

gauche  à 

droite  '.    » 

Celle    forme 

de  danse  était 

d'origine 
étrangère  ', 
mais  on  ne 
peut  douter 
de  son  carac- 
tère diony- 
siaque. Sur 
un  beau  vase 
du  IV''  siècle 
où  se  déroule 
le  cortège  de 
Dionysos, 
[baccuus, 
fig.GTGl  nous 

voyons  à  côté  des  Ménades  qui  frappent  leur  tympanon, 
des  personnages  qui  exécutent  auprès  du  dieu  la  danse 
des  mains  jointes,  telle  qu'on  vient  do  la  décrire'. 

VI.  Danses  dos  fêtes  et  cérémonies  publiques.  —  Chez 
les  Grecs  l'orcheslique  n'intervenait  pas  seulement  dans 
lescérémoniesrituelles  et  à  l'occasion  desfètes  des  dieux, 
elle  trouvait  encore  sa  place  dans  les  fêtes  publiques, 
qui,  tout  en  ayant  généralement  une  origine  religieuse 
ne  se  rattachaient  plus  directement  au  culte  d'où  elles 
étaientnées.  Nous  étudierons  spécialemenlles  f/«/i.«e.v  du 
chœur  cijclique  et  les  danses  du  théâtre. 

1.  Ladanse  du  cluear  eijclique.  —  La  danse  du  cho'ur 
cyclique  qui  exécutait  le  dithyrambe  [cyclicls  chorus; 
DiTUYRAMBUs]  est  assez  mal  connue.  Nous  savons  que  le 
chœur  cyclique  se  mouvait  en  cercle  et  formait  une 
ronde;  quanta  la  danse  dithyrambique,  Poliux  rapporte 
qu'elle  était  appelée  Tupf^-jtiria',  nom  qui  parait  indiquer 
des  mouvements  et  une  mimique  d'un  caractère  assez  vif. 
Quelques  documents  permettent  de  croire  que  la  danse 
du  dithyrambe  était  analogue  à  celle  du  drame  satyrique: 
TûpSa?  est  parfois  le  nom  d'un  satyre  ^  ;  Athénée  fait 
mention  d'une  mélodie,  la  uixiwoTÛpêyi,  qui  accompagnait 
une  danse  portant  sans  doute  le  même  nom  ".  Le  mot 
de  (j'.jtivvûTijpëTi  est  particulièrement  intéressant,  puisqu'il 
unit  le  terme  qui  désigne  la  danse  satyrique  (dixiwi;)  et 
celui  de  TÛoêv),  très  prociie  de  T'jpSïiTia ''.  Bien  que  le 
chueur  cyclique  ait  été  l'objet  de  nombreuses  transfor- 
mations, on  peut  dire  qu'il  y  avait  une  liaison  cerlaine 
entre  la  danse  propre  au  dithyrambe  et  celle  du  drame 
satyrique  à  laquelle  nous  allons  arriver.  Remarquons 
toutefois,  avant  d'entreprendre  l'examen  des  danses  de 
théâtre,  qu'en  dehors  des  divers  hymnes  religieux  et  du 


<  Emmanuel,  Essni,  p.  2I4-21Ô.  —  2  V.  Hc-uzey,  rig.  antii/.  île  terre  cuite  du 
Louvre,  p.  13  et  22  ;  PolUer-Keinacli.  /Vécrop.  de  Myr'ma.y.  394;  Emmanuel,  Essai, 
p.  2lf.-SI8,  Ole.  — 3  jl/o//,  d.  Insl.  I,  30  ;  el  FurtwSngler-Rcichhold,  Griech.  Vasenm. 

pi.  C.XXVJll.  —  V    Poil.   IV,   toi,  tjjSo.»;».  S't.iAou»    ti>   ô;/>-.|»«    S.Oufa^Sixiv  ;   llesycli. 

«  II.  tu-,8i.,;a.  —  5  i/o»,  d.  Inst.  Il,  38  —  c  Tryph.  ap.  Alh.  XIV,  018  c.  —''  \\y 
avait,  près  d'Argos,  une  fôtc  de  Dionysos  nommée  Tû&Sïi  (Paus.  2,  24,  0).  Lks  dan- 
seurs i|ui  figuraient  à  celle  ttle  liaient  vraiseniblablcnienl  des  .Satyres  (cf.  Nils- 
son,  Op.  cit.  p.  303).  —  8  Selon  Athéui-c  (XIV,  031  d)  les  plus  belles  œuvres 
lyrii|ues  étaient  celles  i|ue  la  danse  accompagnait.  —  9  A.  Croiset,  La  poésie 
de  findare,  p.  71 .  —  1»  Cf.  A.  Croisel,  Op.  cil.  p.  108-1 1 1.  —  "  V.  en  général 
Hermann-Muller,  (Iriech.  lialmenallerliimer  p.  220  sq.  ;  Iwaa  von  Miillcr, 
Handbuch.  Dus  Bûlinvnweaen  dtr  Griech.  und  Uômer.  p.  293.  —  12  La  tragédie 

Vin. 


dithyrambe,  la  plupart  des  formes  de  la  poésie  lyrique 
chorale  qui  intervenait  si  fréquemment  dans  les  fêles  et 
réjouissances  des  Grecs  étaient  également  accompagnées 
de  danses*.  C'est  ainsi  qu'à  l'exéculion  des  odes  triom- 
phales d'un  Pindare  ou  d'un  Bacchylide,  le  chant  était 
soutenu  de  figures  orchestiques  ou  de  mouvements 
rythmés.  Par  exemple,  le  début  de  la  première  Pythique 
nous  montre  la  cithare  donnant  le  signal  du  chant  et 
de  la  danse,  et  les  danseurs,  qui  semblent  être  ici  les 
mêmes  que  les  chanteurs,  attentifs  à  ce  signal  et  tout 
prêts  à  lui  obéir''.  L'ode  triomphale  faisait  l'ornement 
d'une  fête  publique  ou  d'une  fête  privée  amenées  par 
une  victoire  agonistique'".  Mais  les  danses  qui  accom- 
pagnaient le  chant,  même  exécutées  dans  une  fête  par- 
ticulière, ne  sauraient  être  considérées  comme  rele- 
vant de  la  vie  privée.  Elles  étaient  exceptionnelles  et 
d'une  somptuosité  rare  ;  au  surplus,  la  cité  entière 
s'intéressait  au  vainqueur  et  aux  réjouissances  qui  en 
célébraient  la  gloire. 

2.  Les  danses  du  théâtre  " .  —  Au  théâtre,  les  chants  du 
clia-ur  sont  étroitement  unis  à  la  danse  '-.  L'endroit  où  le 
chœur  accomplit  ses  évolutions  est,  à  proprement  parler, 
le  lieu  où  l'on  danse  opy/idTpa  ".  Les  anciens  poètes  tra- 
giques se  sont  beaucoup  occupés  de  l'orchestique  ;  selon 
Athénée,  quelques-uns  d'entre  eux  étaient  appelés  dan- 
seurs, oo/'C|'JTaî,  non  seulement  parce  qu'ils  faisaient  dan- 
ser leurs  pièces,  mais  encore  parce  qu'ils  enseignaient  la 
danse  à  ceux  qui  le  désiraient'''.  Rappelons  aussi  que 
Phrynichos  se  vantait  d'avoir  introduit  dans  les  cha'urs 
un  nombre  considérable  de  (i//,[jiaT(x '^  ;  Eschyle  aussi 
en  inventa  plusieurs  qu'il  indiquait  à  ses  choreutes,  el 
il  déterminait  lui-même  l'ordonnance  el  les  figures  de 
ses  chœurs  ""'. 

Les  théoriciens  grecs  ont  divisé  les  danses  du  théâtre 
en  trois  grands  genres,  d'après  les  trois  genres  drama- 
tiques :  ils  distinguent  Vemmeleia  propre  à  la  tragédie, 
le  kordax  propre  à  la  comédie  et  la  sikinnis,  parti- 
culière au  drame  satyrique  ''.  Ils  indiquent  le  caractère 
général  de  ces  trois  danses  dramatiques  par  compa- 
raison avec  celles  qui  sont  du  domaine  de  la  poésie 
lyrique.  Uemmeleia  est  rapprochée  de  la  danse  des 
gymnopédies,  le  hordax  de  l'hyporchème,  el  la  siAin- 
nis  de  la  pyrrhique  ". 

Les  danses  de  la  tragédie.  —  Laissant  de  côté  toutes 
les  questions  générales  relatives  à  la  disposition  des 
chœurs  [cuoRUs],  nous  ne  nous  attacherons  qu'à  déter- 
miner le  domaine  et  la  nature  de  l'orcheslique  théâtrale. 
En  ce  qui  concerne  la  tragédie,  c'était  quelquefois  par 
une  marche  orchestique,  exécutée  sur  le  rythme  des 
anapestes  avec  accompagnement  de  flûte,  que  les  cho- 
reutes faisaient  leur  entrée  dans  l'orchestra  '^  Ce  défilé, 
assez  vif,  exécuté  en  bon  ordre  ^'',  le  chœur  qui  était 
arrivé  à  sa  place  commençait  à  chanter  et  à  danser.  Les 


découle  du  dilhyrambe  (cf.  M.  Croiset,  Ùe  la  li'tralo{/ie  dans  l'hist.  de  la  trai/. 
ijrecq.  n.  Et.  grecij.  1S88)  el  l'on  a  vu  i|ue  la  danse  était  liée  à  ce  genre  lyricpic. 
—  13  MUIlcr,  Griech.  lUihnenalterl humer,  p.  221.  —  "  Atli.  I,  22  a.  —  I»  PluL  Conv. 
Probl.  VIII,  9,  3.  —  I»  Atli.  I,  21  e,  /.  —  n  Luc.  Lie  sait.  22  et  20.  Aup.  ÏC,  Lucien 
dit  que  la  comédie  admel  aussi  la  sikinnis.  -  '«  Alb.  XIV,  030  d,  e:  cf.  Flach, 
Op.  cit.  p.  l'J  ;  Boeekh,  Encycl.  iler  Philoloy.  W'issensch.,  p.  4i)8.  —  '9  Macli, 
Op.  cit.  p.  20.  Nous  possédons  treize  tragédies  dans  Icsipicllcs  le  cliœur  faisait 
son  entrée  au  son  de  la  llùle  sur  le  ryllime  des  anapestes  (v.  Masr(ueray,  Les  formes 
lyriques  de  la  Iraij.  grecq.  p.  *2).  —  20  Notons  que  dans  les  Sept  contre  Thibes,  les 
anapestes  sont  remplacés  par  des  dochmia.|ues.  Les  jeunes  lillesdu  chœur,  remplies 
d'effroi,  faisaient  séparément  leur  entrée  en  couranl  dans  l'orclieslra  (cf.  Masqucray, 
Op.  cit.  p.  27). 

i:n 


SAL 


1042  — 


SAL 


ilaiiSfS  poiivaienl,  d'ailleurs,  s'iulcrralcr  dans  le  didili; 
même,  comprenant  alors qucdques  arrêts.  Tel  semblebien 
être  le  cas  pour  la  parodos  de  VAntigone  de  Sophocle, 
où  les  anapestes  du  coryphée  sont  placés  entre  les 
strophes  des  choreules  '.  Le  chœur  délilail  pendant 
les  anapestes,  et  les  strophes  chantées  par  les  choreules 
étaient,  comme  le  texte  l'indique,  accompagnées  par  la 
danse  exécutée  sur  placée  On  avait  donc  quatre  défilés 
partiels  au  lieu  de  l'unique,  et  qui  étaient  séparés  les  uns 
des  autres  par  des  danses.  Ajoutons  que  dans  les  paro- 
doi  sans  systèmes  anapestiques,  le  chœur  se  rendait  en 
silence  à  sa  place,  sans  aucun  accompagnement  de  chant 
ou  de  llùte  à  sa  marche  orchestique;  dans  quelques 
pièces,  enfin,  il  n'y  avait  de  défilé  d'aucune  sorte,  le 
chœur  étant  censé  se  trouver  dans  l'orchestra,  dès  le 
début  de  l'action ^  Quant  aux  chants  de  l'exodos,  qui 
relevaient  du  domaine  de  la  parnkatalofjî-,  ils  ne  parais- 
sent jamais  avoir  été  accompagnés  de  danses,  au  moins 
dans  la  tragédie*. 

Les  danses  les  plus  importantes  du  chœur  étaient  celles 
qui  figuraient  dans  les  stasima^.  C'est  là  surtout  qu'on 
trouvait  la  danse  tragique  proprement  dite,  Vemmélie 
(ÉjjLjjLsXsia)'.  Les  stasima  sont,  en  général,  remarquables 
par  leur  caractère  serein  et  calme  \  et  ce  caractère  se 
reflète  sur  la  danse.  Toute  pénétrée  des  sentiments 
sérieux  et  dignes  qui  convenaient  au  rôle  moral  et  mora- 
lisateur du  chœur  *,  elle  se  distinguait  avant  tout  par  la 
noblesse  et  la  gravité  '.  Très  contenue  dans  ses  mou- 
vements, c'était  plutôt  une  suite  de  pas  et  de  gestes 
rythmés  que  ce  qu'on  appelle  une  danse'";  elle  ne 
comportait  que  des  évolutions  lentes  et  symétriques  sans 
rien  de  brusque  ni  de  saccadé".  L'emmélie  tragique 
devait  donc  être  fort  semblable  à  l'emmélie  religieuse,  et 
c'est  aux  représentations  de  cette  dernière  que  nous 
devons  demander  une  idée  de  la  danse  de  la  tragédie  '-. 
Tout  en  restant  fidèle  à  son  caractère  général,  l'emmélie 
olTrait  de  nombreuses  variétés  ou  figures '^  Parmi  les 
<jyr,u.aTa  qu'inventaient  sans  cesse  poètes  ou  chorodidas- 
cales,  plusieurs,  naturellement,  étaient  du  domaine  de 
l'emmélie.  Essentiellement  mimétique,  comme  la  plu- 
part des  danses  grecques,  sa  diversité  devait  répondre 
à  la  variété  des  sentiments  et  des  idées  qu'il  lui  fallait 
exprimer.  Telestès,  le  chorodidascale  d'Eschyle,  ima- 
gina des  (r/75[i.aTa  qui,  dit-on,  montraient  les  paroles  ". 
Dans  les  Sept  contre  T/ièbes,  ils  rendaient  visibles  par 
la  danse   les    spectacles    que    décrivait    le    poète  '=".    Il 

1  .Mas.|ucray,  p.  HO.  —  2  cf  r.  Bi  sr|.  ik  la  cleiniorc  aiilislrophe.  —  3  Dans 
VOfesiie,  par  exemple,  la  parodos  se  présente  suceessiM-inent  sous  ces  trois 
aspects.  —  *   Mûllcr,  Oriich.  Bûlmenall.  p.  iii.  Cf.  Mas(|ueiay,  Op.  cil.  p.  9. 

—  5  Oo  sait  f|iie  Texpression  de  sTacriVov  u'implique  nullement,  comme  on  l'a 
cru  parrois,  que  le  chœur  deiiieurail  immobile.  Les  stasima  sont  les  chants  accom- 
pagnés de  danse  i|ue  le  chœur  enécutait  une  fois  arrivé  ù  sa  place.  Le  texte  de 
certains  stasima  fait,  d'ailleurs,  allusion  à  ces  danses  ;  cf.  Mûllcr.  Op.  cil.  p.  2ïl. 

—  «  Alh.  XIV,  ti.li)  e  ;  Luc.  Ile  sait,  ii  et  îf,  ;  Poil.  IV,  99.  —  1  Mas- 
qucray,  i,p.  cil.  p.  11.  —  »  llor.  Art.  poet.  v.  193.  —  9  Alhe.  XIV,  030  e, 
caractérise  cette  danse  |.ar  to  J«pi  ««;  li  cir'-"',  XIV,  631  d.  f,  S'iiiiiau»  aitouSoi'a. 

—  10  Cf.  Buchholtz,  Oie  lanzkuiist  des  Euripides,  p.  9i.  —  H  A.Croiset,  Litl.yrecq. 
III,  p.  79.  Celle  lenteur  et  celle  gravité  fout  que  les  anciens  considèrent  à  peine 
l'emmélie  comme  une  danse  ;  ils  opposent  parfois  la  danse  des  aTâaiiia  à  l'iiypor- 
cliëme  en  disant  rjuc  celui-ci  est  accompagné  de  danse,  c'est-ii-dire  de  mouvements 
orclie5lii|ues  proprement  dits;  cf.  Alli.  X1V,C3I  c.  Sch.  Sopli.  Trach.  216;  Prokl. 
Cliresl.  p.  3io  6,  33  (Bekkcr).  Le  chœur  évoluait  de  gauche  à  droite  pendant  la 
strophe,  de  droite  à  gauche  pendant  l'antistraphe,  cl  revenait  à  son  point  de  départ 
pour  chanter  l'épode.  Cf.  .'^chol.  Eurip.  Hecnb.W.—  12  S).  Croiset  (/oc.  ci(.)  rappelle 
précisément,  à  propos  de  I  emroélie,  le  bas-relief  où  une  nymphe  danse  devant  le  dieu 
l'an.  (  Voyai/e  arch.  de  Le  Bas,  Mon.  fii/urés,  a'  59,  éd.  Keinacli).  —  '^  Krause,  Op. 
cit.  Il,  p.  »i8;cf.  Kirchhoir,  /Jie  orclieslische  Eurythmie  der  Hellenen,  l't  part- 
p.  5  si|.  —  UAlh.l,  i\  f.  —  15  Atli.  l,ïi  a.  —  1«  Masquetay,  Op.  cil.  p.  13;  Flacli, 


est  possible  que  celte  tlanse  du  chœur  des  Sept  ait  été 
assez  dilTérente  de  l'emmélie  ordinaire  ;  il  n'en  est 
pas  moins  vrai  que  l'emmélie  pouvait  offrir  l'expres- 
sion mesurée  de  tous  les  sentiments  de  l'âme,  y  com- 
pris les   plus  violents. 

11  n'y  avait,  d'ailleurs,  pas  uniquement  dans  la  tragédie 
des  chants  lyriques  pendant  lesquels  le  chœur  dansait 
l'emmélie.  On  y  trouve  encore  le.péan  et  ïhi/porc/ièine"', 
et  l'emprunt  de  ces  formes  au  lyrisme  est  d'autant  plus 
intéressant  pour  nous  que,  dans  l'hyporchème  au  moins, 
l'élément  orchestique,  secondaire  dans  l'emmélie,  passe 
nettement  au  premier  plan  ''.  L'hyporchème  de  la  tra- 
gédie n'était  sans  doute  pas  exécuté  d'autre  faç'on  que 
l'hyporchème  lyrique  '^  Si  parfois  le  chœur  entier  chan- 
tait, comme  dans  les  stasima,  tout  en  dansant,  le  plus 
souvent,  semble-t-il,  il  se  divisait  en  deux  parties  dont 
l'une  chantait,  tandis  que  l'autre  dansait'".  Mais  dans  les 
deux  cas,  par  son  animation  et  sa  vivacité,  la  danse 
était  très  dilTérente  de  l'emmélie  -". 

On  sait,  que  dans  les  commoi,  le  chœur  tragique 
entrait  en  relation  directe  avec  l'acteur.  Le  commos  était 
proprement  un  thrène,  c'est-à-dire  un  chant  de  deuil; 
mais  peu  à  peu  son  caractère  se  modifia  et  l'on  finit  par 
en  faire  usage  chaque  fois  qu'une  émotion  violente,  de 
quelque  nature  qu'elle  fût,  s'emparait  des  acteurs  et  des 
choreutes-'.  Comme  les  chants  des  stasima,  ces  chants 
alternés  des  acteurs  et  des  choreules  paraissent  bien 
avoir  été  liés  à  des  mouvements  orchestiques^',  mais 
il  n'est  guère  possible  de  préciser  la  nature  de  ces 
derniers". 

Nous  devons  enfin  tenir  compte  des  danses  des  acteurs 
eux-mêmes.  Chez  Eschyle  et  chez  Sophocle,  l'acteur  fai- 
sait ses  entrées  et  ses  sorties  par  une  marche  orches- 
tique, souvent  accompagnée  des  anapestes  du  chœur-'. 
Mais  il  y  a  plus,  et  nous  trouvons  chez  Euripide  de  véri- 
tables danses  exécutées  par  les  acteurs  ^^  Lorsque  Jocaste, 
dans  les  Phéniciennes,  revoitson  fils  Polynice,  elle  danse 
sous  l'action  de  lajoie'-''.  Electre  danse  aussi  dans  0/r.s?e''^", 
et  le  rôle  d'Agave  des  Bacc/ianles  est,  par  excellence,  un 
rôle  dansé-*.  .\gitée  du  délire  orgiastique.  Agave  exécutait 
la  danse  des  Bacchantes,  telle  que  nous  l'avons  décrite. 
On  a  pu  voir,  avec  quelque  raison,  dans  ces  danses- 
solos  des  acteurs  d'Euripide,  le  germe  de  la  pantomime 
du  théâtre  romain-'. 

Telles  quelles,  toutes  ces  danses,  exécutées  par  le  chœur 
ou  par  les  acteurs,  ne  contribuaient  pas  médiocrement  à 

Op.  cit.  p.  a.  Selon  M.  Masqueray  on  a  un  exemple  de  peau  dans  le  cliantdu  chœur  placé 
après  le  premier  épisode  des  Trachinienucs  (v.  205-i-24).  D'autres  y  voient  un  exemple 
d'hyporclième  (Flac.li).  Les  hyporchèmes  sont  fréquents  surtout  chez  Sopliocle.  Placés 
avant  la  catastrophe  qu'ils  précèdent  souvent  de  quelques  instants  à  peine,  ce  sont 
des  chants  et  des  danses  joyeuses  que  le  chœur  exécute  sans  pressentir  le  malheur 
imminent.  L'exemple  le  plus  typique  est  celui  de  l'.ljai  (v.  r.93-718).  Les  matelots  de 
Salamine,  trompés  par  les  paroles  d'Ajax,  croient  que  sa  colère  est  VTaiment  calmée, 
et  V.  693),  ils  invoquent,  en  dansant.  Pan  et  Apollon.  V.  encore  un  hyporchème  dans 
i'Anlii/one  de  Sophocle  (v.  113  sq  )  cl  pout-èlrc  dans  Œdipe-Roi  (v.  1086  sq.)  et 
Philoctète  (391  sq.  .507  sq.),  etc.  —  H  Mïïller,  Grieeh  Bûhnenalt.p.  2S3;  Croisel, 
LUI.  i/recq.  Il,  p.  iTi.  —  '*  Sur  l'hyporchème,  v.  Luc.  De  Sait.  30.  —  19  Flach, 
Op.  cit.  p.  -I,  ajoute  que  parfois  le  coryphée  chantait  seul,  tandis  que  le  chœur 
dansait.  —  20  Le  chant  et  la  danse  de  l'iiyporchèmc  sont  essenliellement  joyeux 
(cf.  Sch.  Ajax.  v.  693).  Leur  animation  et  leur  vivacité  expliquent  le  lien  établi  par 
les  anciens  enlre  l'hyporchème  et  le  cordax  ou  encore  la  danse  des  satyres.  Alh.  XIV, 
f.3û  e  ;  Cramer,  Aneed.  Paris.  I.  p.  20.  —  21  Masqneray,  Op.  cit.  p.  17.  —  22  Mûllcr, 
Griecli.  Bûhnenalt.p.  iij.  — 23  Le  chœur  de  l'ancienne  tragédie  se  livrait  donc  à  de 
nombreux  mouvementa  et  pratiquait  une  mimique  assez  active.  Mais,  avec  le  temps, 
l'importance  de  la  danse  du  chœur  diminua  beaucoup;  cf.  Atli.  .XIV,  628  e.  —  2V  Flach, 
Op.  cit.  p.  H.  —  '-*  Flach,  lijid.  Les  danses  s'étaient  étendues  aux  acteurs  comme  le 
chant  lui-même.  V.  Masqueray.  Op.  cit.  p.  18-20.  —  20  Phocn.  316.  —  2i  Or.  982. 
—  ^-»  Flach,  Op.  cit.  p.  ii,  v.  p    ex.  Bacch.  1166  sq.  —  29  Flach,  Op.  cit.  p.  22. 


SâL 


1043 


SÂL 


la  beauté  et  à  la  vogue  des  représentations  tragiques; 
grâce  à  leur  puissance  d'expression,  elles  soulignaient 
le  sens,  elles  renforçaient  la  voix  ;  par  l'exactitude  et  la 
belle  eurythmie  des  mouvements,  elles  réjouissaient  les 
yeux  des  spectateurs  et  constituaient  à  la  tragédie  un 
décor  vivant  et  animé. 

Les  danses  de  la  comédie.  —  Les  danses  tenaient, 
dans  la  comédie,  une  place  au  moins  aussi  importante 
que  dans  la  tragédie  '.  Comme  dans  la  tragédie,  elles 
accompagnaient  l'entrée  des  choreules,  elles  étaient  liées 
aux  divers  chants  du  chœur,  et  il  n'est  pas  rare  de  les 
voirexécutées  par  un  acteur.  Un  élément  orchestiqueassez 
important  figure  dans  une  partie  spéciale  à  la  comédie, 
dans  la  parabase-  \  ajoutons  qu'au  point  de  vue  orches- 
lique,  Ve.rodds  de  la  comédie  n'a  plus  du  tout  le  même 
caractère  que  celui  de  la  tragédie.  Presque  toujours, 
Vexodos  d'une  comédie  grecque  est  un  xw[jt&ç';  on  a 
remarqué  avec  raison  chez  Aristophane  une  tendance  à 
faire  de  l'exodos  un  spectacle  à  part,  imprévu  et 
amusant.  Aussi  les  danses  y  jouent-elles  parfois  un  grand 
nMe.  A  la  dernière  scène  des  Guêpes,  les  trois  lils 
de  Karkinos  exécutent  des  danses  échevelées  dans  l'or- 
chestra; à  la  lin  de  Lijsislrala,  des  danses  laconiennes 
sont  exécutées  par  des  chœurs  de  jeunes  gens  ;  V Assem- 
blée des  Femmes  se  termine  également  par  des  réjouis- 
sances orchestiques.  On  a  même  très  justement  indiqué 
que  les  dernières  comédies  d'Aristophane  semblent 
témoigner  de  la  faveur,  toujours  plus  grande,  où  était 
tenue  la  danse.  L'Assemb/ée  des  Femmes  et  le  l'iulus  lui 
font  une  bien  plus  grande  part  que  les  pièces  précédentes  ; 
dans  ces  deux  comédies,  en  efTet,  à  l'endroit  où  l'on 
s'attendrait  à  trouver  la  parabase  ou  au  moins  un  chant 
du  cho'ur,  les  manuscrits  portent  simplement  la  mention 
yaooù.  C'est  ce  qu'on  retrouve  dans  tout  le  reste  des  deux 
pièces  aux  passages  où  un  /osijtov  serait  de  mise.  Ces 
/optxi  absents  n'ont  probablement  jamais  été  écrits; 
on  les  remplaçait  par  des  intermèdes  musicaux  et  or- 
chestiques mieux  adaptés  au  goût  du  jour.  Il  y  eut 
ainsi  des  ballets  sans  aucun  accompagnement  de  chant, 
et  l'on  peut  interpréter  le  mot  yoç.où  par  «  ici  le  chœur 
danse  *  ».  De  la  sorte,  et  sans  compter  les  danses  de 
l'exodos,  il  y  aurait  trois  intermèdes  orchestiques  dans 
la  deuxième  partie  de  VAssemblée,  et  sept  intermèdes 
dans  le  Plutus  °. 

La  danse  comique,  par  excellence,  était  le  kordax 
qu'Aristoxène  rapprochait  de  l'hyporchème  lyrique. 
C'était  une  danse  très  animée  et  lascive,  comportant 
surtout  des  mouvements  de  hanches  immodérés  ". 
Théophraste  considère  comme  un  signe  de  véritable 
démence  de  danser  le  cordax  h  moins  que  l'on  ne  soit 


'  Dans  la  conif<die,  Icnlrce  des  choreules  ne  se  fait  fénéraicmeni,  plus  jiar  un 
dénié  orclieslù|uc.  On  trouve  une  grande  variété  de  ryllime  et  d'allure.  I.e  nièlrc 
le  plus  fréffucnitueul  entployé  est  le  trochée,  car  le  plus  souvent  le  chœur  arrive 
en  courant  ou  eu  dansant  fort  vivement  :  cf.  Mazon,  Essni  sur  la  composition 
des  comédies  H'Ariitophime,  p.  17i.  —  2  Mûller,  Oriech.  Bûhnenalt.  p.  223; 
Flacli,  Op.  cil.  p.  i3.  —  3  Maion,  Op.  cit.  p.  178.  —  V  Mazon,  Op.  cit.  p.  155  sq. 

—  5  Mazon,  Op.  cit.  p.  ICO  et  1*37.  On  trouve  aussi  riiyporchèmc  dans  la  comé- 
die, cf.  Miiller,  Op.  cit.  p.  ii't.  —  «  Alh.  XIV,  ti31  d;  llesycli.  s.  >■.  .JpS.;  ct.opSo- 
«iîouaa;  cf.  Arisloph.  Nub.  5+0  el  scli.;  l'ax  3i8  ;  \esp.  1487.  —  7  Tliooph. 
Cliar.   VI,  1.  —  8  Oem.  Ohjnth.  Il,  18.  —  'i  Xeu.  Xnab.  VI,  1,  10:  Poil.  IV,  100. 

—  in  Poil.   IV,    lOi.  llesycli.  ».  e.  ixTiaxit,;.»;.  -  "  Poil.   IV.  lOS;  Arisl.  Lijs.  lîi. 

—  12  \csp.  1487  si|.  ;  cf.  Mazon,  Op.  cit.  p.  77-70.  bans  ce  commcnlaire  orcli''s- 
tique,  nous  suivons  M.  Mazon  i|iii  a  Lien  mis  en  lumière  l'inlention  qu'avait  Aristo- 
phane de  parodier  les  exagérations  orchestiques  alors  en  vogue.  Sur  la  personne  de 
Karkinos  et  sur  ses  lils,  M.  Mazon  renvoie  à  Tarlicle  de  M.  Mcole,  dans  les  Mélnn- 
ijes  Graux,  p.  163  sq.  Il  es(  encore  question  des  danses  du  ces  personnages,  chez 


ivre  '  ;  Démosthène  l'associe  pareillement  à  l'ivresse 
et  voit  dans  l'exécution  de  cette  danse  la  marque 
d'une  vie  déréglée  **.  Le  cordax  était  accompagné,  dans 
la  comédie,  de  pirouettes,  de  gambades  et  de  sauts 
empruntés  aux  danses  populaires  telles  que  Voklasma^ , 
Vekluktisma^"  et  la  bibasis".  Rien  ne  saurait  nous 
donner  une  plus  juste  idée  de  la  folle  vivacité  de  ces 
danses  que  le  tableau  des  exploits  orchestiques  de  Philo- 
cléon  par  où  se  lerininenllcs  Ouépes'^  :  Pliilocléon  com- 
mence par  exécuter  le  kordax  ;  il  courbe  violemment  ses 
flancs,  ses  vertèbres  résonnent,  ses  narines  mugissent; 
passant  ensuite  à  l'eklaktisma,  il  lance  sa  jambe  vers  le 
ciel  par  une  véritable  ruade;  puis  il  risque  un  grand 
écart;  il  s'accroupit  et  rebondit  par  le  mouvement 
propre  à  l'oklasma;  il  tourne  vivement  sur  lui-même  " 
et,  fier  de  sa  valeur,  provoque  ses  rivaux  à  la  lutte.  Les 
trois  fils  de  Karkinos  paraissent  ;  ils  bondissent,  ils 
décrivent  de  rapides  ronds  de  jambe,  qui  se  terminent 
par  une  ruade  vers  le  ciel.  Tous  les  danseurs  se  frap- 
pent le  ventre,  lancent  encore  la  jambe  en  l'air,  et  tour- 
nent comme  des  toupies'*.  Ils  sortent  enfin  de  l'or- 
chestra, en  continuant  leurs  pirouettes  et  entraînant 
après  eux  tout  le  chœur  '\ 

Si  nous  cherchons  une  représentation  antique  des 
danses  de  la  comédie  et  particulièrement  du  kordax,  rien 
ne  nous  en  fournira  une  meilleure  que  les  peintures  de 
vase  à  scènes  bachiques'".  Les  danses  du  xwfioç,  exécu- 
tées par  des  démons  ou  par  des  hommes,  ressemblent 
beaucoup  au  kordax  et  présentent  le  même  déiianche- 
ment  caractéristique'''.  On  y  trouve  aussi  les  écarts  des 
jambes  '*  et  les  folles  gambades  ".  Dans  la  comédie  le 
caractère  grotesque  de  ces  mouvements  était  encore  accen- 
tué par  l'accoutrement  des 
acteurs  et  des  choreutes.  Cet 
alTublement  se  retrouve  en 
partie  sur  les  peintures  de 
vase  qui  représentent  des 
scènes  de  phlyaques  [pulva- 
KEs],  et  certains  personnages 
dansants  qui  y  figurent  nous 
offrent  une  image  tout  à  fait 
expressive  des  danseurs  de  la 
comédie-^»  (fig.  60G8).  Ajou- 
tons que  les  danseurs  ne  se 
présentaient     pas     toujours 

sous   cet  aspect  grotesque  '^'  ,  l-jg   i;o68.  —  Danse  de  comédie. 

pas  plus  qu'ils  n'exécutaient 

uniformément  les  danses  que  nous  avons  décrites;  il  est 
évident,  par  exemple,  qu'Aristophane  n'a  pas  fait  accom- 
pagner du  kordax  les  chants  sérieux  de  ses  chœurs  ^-. 


Arislophane,  Pa.r(775:  705;  864). 
rellemeiil  les  lils  de  Kiirknios  c\c( 
les  uns  des  autres.  Penl-étre  mém 
le  môme  temps  et  sur  la  même  n 


13  Vesp.  1487-05  —  ''>  Vesp.  1520-1530.  .\aln- 
aient  ce  pas  de  trois  complètement  séparés 
;xécutaicnt-ils  chacun  des  pas  dillérenls  dans 
ure.  Cf.    Emmanuel,    De   saU.  discipl.    p.  W. 


—  1  '  On  a  noté,  avec  raison,  qu'une  telle  exhibition  orchestique,  â  la  lin  d'une  comé- 
die, constituait  une  grande  hardiesse.  Le  poète  s'en  rendait  bien  compte,  el  c'est  ce 
qui  explique  les  trois  derniers  vers  des  Guêpes.  —  ^^  Les  acteurs  de  raiiciciiiic 
comédie  attiquc  et  les  acteurs  de  phlyaques  sont  les  véritables  successeurs  des  démons 
bachiques  qui  forment  la  suite  de  Dionysos  sur  plusieurs  vases  arcliaï(|ues  :  ils  en  nnt 
emprunté  l'aspect  extérieur  et  le  caractère  ;  cf.  Kôrle,  7a/ir4  r/. /»s; .  VIU  (1 803|.  yl  ic/i. 
Sliid.  ztir  ait.  KomSdie,  p.  92  [histiito,  p.  lîl  \.  —  "  -l/on.  (/.  Jnst.  X,  52;  Roulez, 
l'uses  de  Leyde,  V,  2.  Nous  savous,  d'ailleurs,  par  deux  passages  de  Théophraste 
que  le  cordax  était  dansé  par  les  buveurs  (Char.  0  et  12).  —  '8  Emmanuel,  Essai, 
lig.  215.  —  l'J  Emmanuel,  Essai  pi.  i  «  et  1 6.  —  20Ileydemanu,  l'hlyakendarsteU.  au/' 
licm.  Vas.  {Jahrii.  d.  Inst.  I,  1««0,  p.  200  sq.).  V.  fig.  de  la  p.  285.  —  21  Emmanuel, 
Essni,  p.  258-250.  —  22  Mullcr.  Grieclt.  UùhnenaU.  p.  225  ;  cf.  Ariet.  Nub.  5 iO. 


^-> 


SAL 


_  inii  — 


SAL 


La  danse  du  drame  sali/rifjiie.  —  Lailanse  du  drame 
satyriqiie  était  la  si/xinnis',  plus  mobile  que  la  précé- 
dente, semble-l-il,  et  que  les  anciens  rapprochaient  de  la 
pyrrhique  -.  I"!lle  comprenait  des  bonds  et  des  sauts  de 


Fig.  COl)!l.   —  Danse  du  drame  salyriquc. 

chat  (lig.  G0()9),  mais  sans  rien  qui  rappelât  les  mouve- 
monls  de  hanches  du  cordax  \  La  sikinnis  était  la 
danse  des  satyres.  Le  célèbre  vase  de  Ruvo  [chorus, 
flg.  1426]  '  nous  fournit  une  représentation  très  sûre 
de  l'alTublement  des  sikinnistes,  et  de  quelques-unes  de 
leurs  attitudes  caractéristiques.  On  y  voit  satyres  et 
silènes;  les  silènes  enveloppés,  des  pieds  jusqu'au  cou, 
d'un  manteau  à  long  poil,  les  satyres  portant  simplement 
un  caleçon  de  fourrure  qui  ceint  les  reins.  La  sikinnis 
était  accompagnée  des  chants  du  chœur  des  satyres  ;  dans 
le  Cj/r/ope  d'Euvipide,  c'est  en  dansant  la  sikinnis  que  la 
troupe  cabriolante  du  chœur  fait  irruption  dans  l'orches- 
tra. «  Leur  chant  a  l'allure  bondissante  et  saccadée  qui 
estaussi  celle  de  leur  danse  ;  desappels  gais  etmoqueurs, 
des  cris,  des  sifflements  même  ^  »  L'exécution  de  la 
sikinnis  figurait  naturellement  plusieurs  fois  dans  le 
cours  du  drame  satyrique''. 

VII.  Les  danses  de  la  vie  privée  et  les  danses  popu- 
laires. —  Les  danses  ne  se  rencontrent  pas  unique- 
ment dans  les  cérémonies  du  culte  et  dans  les  fcles 
publiques.  L'orchestique  intervenait  encore  dans  plu- 
sieurs circonstances  de  la  vie  privée,  par  exemple  à 
l'occasion  des  funérailles,  d'un  mariage,  ou  simplement 
d'un  banquet. 

1.  Danses  funèbres.  —  Déjà  dans  les  scènes  funèbres 
des  vases  du  Dipylon  nous  voyons  de  longues  files  de  per- 
sonnages qui  dénient  gravement,  les  mains  placées  au- 
dessus  de  leur  tête  [funis,  fig.  3342]  '.  De  leurs  gestes 
rythmés,  ils  accompagnent  les  lamentations,  Sp-rivoi.  Ces 
peintures  nous  offrent  une  traduction  schématique  des 
anciens  rites  de  la  protliésis  et  de  l'ekphora.  A  l'origine 

•  l.cs  anciens  ont  fait  parfois  dériver  ce  lenne  du  mol  «n'ioea.  l/it.  M.  s. 
V.  ot'xtvvi;).  D'autres  reconnaissaieul  dans  ce  nom  celui  de  l'inventeur  de 
celle  danse,  qui  était  un  Cretois  on  un  Barbare  (Atli.  1.  iO  e).  Au  livre  XIV, 
030  6,  Alliénte  dil  i|uc  c'est  Tliersippos  qui,  le  premier,  dansa  la  sikinnis. 
Cf.  A.  Gell.  iVoc(.  Att.  XX,  III,  :).  L.  Accius  poêla  appellari  «  sicinnistas  ..  ait 
ehuloso  twmine^  credo  propterea  iicbiUoso  «  i/itod  sicinnium  n  cnr  diceretur  obscu- 
rum  esset.  l'eut-ôtrc  la  sikinnis  éUit-ellc  d'abord  chez  certains  peuples  une 
danse  religieuse  (cf.  SittI,  Op.  cil.  p.  340).  Fuslallie  rapporte  qu'elle  était  exé- 
cutée par  les  f'brygicns  en  l'bonneur  de  Zeus  Sabasios,  et  il  ajoute  que 
son  nom  lui  venait  d'une  des  Nymphes,  compagnes  de  Démêler.  ~  2  Ath.  XIV, 
630  rf.  —  3  Flach,  Op.  cil.  p.  2*.  —  t  Mon.  d.  Insl.  III,  31  ;  v.  eue.  Mon.  i/recs, 
n'  3,  pi.  lu  ;  Leuormant  cl  de  Witte,  Élite  céramoy.  III.  !iu.  M.  Emmanuel 
fait  observer  que  les  trois  satyres  de  celle  peinture  oITrcnt  les  trois  positions 
caractéristiques  du  sniil  de  chat  (cf.  Essai,  p.  I»4).  V.  enc.  un  acteur  eos 
lumé  en    Silène   dansant   et  jouant   île    la   double    llùtc,    lleydemauu,   l'hli/ukfU- 


011  manifestait  sa  douleur  en  s'arrachant  les  ciieveux  ', 
en  se  frappant  violemment  la  poitrine,  et  nous  trouvons 
encore  dans  VAlceste  d'Euripide  la  mention  de  ces  pra- 
tiques '.  Avec  le  temps,  ces  manifestations  extérieures 
s'atténuèrent  et  donnèrent  naissance  à  des  attitudes 
conventionnelles '":  On  posait  simplement  les  deux  mains 
sur  la  tète,  ou  bien  on  les  élevait  au-dessus  de  la  che- 
velure. Parfois,  les  personnages  qui  prennent  part  à  la 
lamentation  funèbre  touchent  leur  tête  d'une  main,  en 
élevant  l'autre  en  un  large  geste;  ou  bien  ils  portent 
simplement  la  main  droite  en  avant  de  leur  visage 
comme  pour  accompagner  le  tiirène.  Grâce  à  l'eurythmie 
de   leurs  attitudes,   ils  constituaient  un  bel   ensemble 


orcliestique,   dont    quelques    peintures    de    vases  nous 
permettent  de  nous  faire  une  idée"  (fig.  6070). 

2.  Danses  nuptiales.  — Les  danses  nuptiales  paraissent 
fort  anciennes  en  Grèce.  Cliez  Homère  déjà,  un  gracieux 
cortège  de  jeunes  filles  accompagne  les  chants  d'hyménée, 
pendant  que  de  jeunes  garçons  exécutent  des  danses  au 
son  de  la  flûte  et  de  la  lyre  '-.  Ces  usages  se  perpétuèrent 
jusqu'à  l'époque  classique  ;  cortèges  et  chœurs  sont  l'or- 
nement naturel  des  noces;  dans  V/phiç/e'nie  d'Kuripide 
il  y  est  fait  de  nombreuses  allusions  à  propos  du 
mariage  de  la  fille  d'Agamemnon  '■'.  De  même,  Cassandre, 
dans  les  Troi/ennes,  invile  sa  mère  et  ses  jeunes  com- 
pagnes à  danser  les  danses  d'hyménée  '  '.  Les  chants  et  les 
danses  avaient  lieu  le  soir,  à  la  lueur  des  torches,  pendant 
et  après  la  reconduite  des  époux  ''.  tles  danses  étaient 
sans  doute  exécutées,  le  plus  souvent,  par  les  deux  sexes 
réunis  ou  disposés  en  deux  chœurs  distincts. 

3.  Danses  du  banquet.  —  L'art  orchestique  apparaît 
enfin  chez  les  Grecs  comme  un  élément  essentiel  des 
réjouissances   du   banquet.    Homère  parle  souvent  des 


darst.  (Jahrh.  d.  Inst.  ISSU),  lig.  à  la  p.  273;  Wieseler,  TIteateri/ebûude,   pi.  vi. 

—  •■  Croiset,  Lilt.  grecq.  III,  p.  il)''.  —  6  Cf.  Cijclop.  v.  3i6  sq.  ;  608  sq.  ;  cf. 
Flach,  Op.  cit.  p.  a.  —  ■!  Mon.  d.  Jnst.  IX,  39.  —  8  On  voit  encore  sur  une 
hydrie  corinlbienue  du  Louvre  des  pleureuses  qui  saisissent  leurs  cheveux  à  poignée. 
ËinnianucI,  Essai,  lig.  .S43.  — 9  Aîcest.  y.  8ti  :  KÂùttTt;  \  <r«v«Tfnbv  r,  /,tp"iv  xTJnov. 

—  10  Emmanuel,  lissai,  p.  -270-73;  Mon.  d.  Jnst.  VIII,  pi.  iv.  —  Il  V.  loulropliore 
du  Louvre,  Emmaouel,  Essai,  lig.  552  ;  Mon.  d.  Jnst.  III,  pl.  i.x  !  'Eç.  'Aj^.  1888, 
pi.  M.  Ces  cortèges  étaient  accompagnés  par  la  flûte  ;  cf.  funus,  (ig.  3340.  —  *2  Jt. 
XVIII,  590;  XXIU,  133;  Hes.  //ci-c.  scuj.  274  sq.  —13 /phiij.  Aul.  435  sq.  C76;  1036. 

—  It  Troj.  308  sq.;  cf.  Theocr.  XVU,  7  sq.  —  15  Procl.  p.  278  :  /l.  XVllI,  590  et 
Troj.  308.  Ou  voit  souvent  de*  lorches  dans  les  cortèges  nuptiaux  [M.»Tni>ioaiuMJ.  V. 
la  flg.  1  de  l'art,  de  Brueckucr  (.-K/i.  .Vill.  1907),  Athen.  Hoclizeilsgeschenke  :  cf. 
.Mon.  d.  insl.  X,  38,  39.  Heul-ôtrc  faut-il  rccoiuiaître  une  danse  nuptiale  dans 
celle  qu'exécutent  des  jeunes  lilles  sur  une  pyxis  du  Musée  tiritannii{ne  ;  la  scène  voi- 
sine représente  la  toilette  duue  mariée.  V.  l'ottier,  .Von.  yrecs.  Il  (1889-90),  p.  il. 


SAL 


—  1043  — 


SAL 


chanls  et  des  danses  exécutées  dans  les  festins  '. 
Cette  coutume,  que  l'on  trouve  de  bonne  heure  en  lonie, 
se  répandit  ensuite  dans  les  autres  pays  grecs  [acroamaj. 
Les  danses  du  banquet  se  divisent  en  deux  catégories: 
en  premier  lieu,  les  danses  exécutées  par  des  artistes  de 
profession  et  qui  consistaient  en  exercices  d'adresse 
rythmés  sur  la  flûte,  ou  en  véritables  pantomimes,  puis 
celles  auxquelles  se  livrent  les  convives  eux-mêmes  dans 
le  cours  et  surtout  à  la  fin  du  symposion. 

Donnons  d'abord  quelques  exemples  des  exercices 
exécutés  par  les  artistes  de  profession,  qui  étaient  le  plus 
souvent  des  femmes  :  Ployant  le  corps  en  arrière  et  le 
courbant  complètement  de  façon  que  sa  tète  vint  toucher 
ses  talons,  la  danseuse  imitait  la  roue  ^  ;  ou  bien  c'était 
une  habile  jonglerie  exécutée  au  son  de  la  flùle;  on 
passait  à  l'op/rjTTpî;  un  certain  nombre  de  petits  cer- 
ceaux; tout  en  dansant,  elle  les  lançait  en  l'air  juste  à 
la  hauteur  requise  pour  qu'elle  pût  les  recevoir  en  me- 
sure '.  Mais  l'exercice  orcheslique  le  plus  renommé  était 
celui  des  kubistélères  qu'on  trouve  déjà  mentionnés 
dans  VUiade  et  dans  VOdi/ssée  ^  L'art  du  kubistélère 
consiste  essentiellement  à  se  jeter  sur  les  mains,  la  léle 
en  avant  (x'jSî'ttïv)  '\  Le  danseur  revenait  ensuite  à  la 
position  normale,  soit  en  rabattant  ses  jambes,  soit  en 
achevant  un  tour  complet.  Il  pouvait  faire  ainsi  une 
série  d'évolutions  rapides  en  substituant  les  pieds  aux 
mains  dès  qu'ils  avaient  passé  au-dessus  de  la  tète. 
Peut-être  même  l'appui  des  mains  était-il  parfois  sup- 
primé, le  danseur  exécutant  alors  de  véritables  sauts 
périlleux  '"'.  Souvent,  la  tête  en  bas  et  les  pieds  en  l'air, 
le  kubistétère  restait  en  équilibre;  dans  cette  position 
difficile  il  se  livrait,  avec  ses  jambes  et  ses  pieds,  à  des 
exercices  variés,  comme  mimer  des  pas  de  danse  ou  les 
mouvements  de  la  chironomie'',  tirer  de  l'arc  ou  saisir 
quelques  objets*  [cehnlts,  cermator].  Ces  exercices  de 
kubistétères  se  compliquaient  parfois  d'une  façon  assez 

dangereuse. 
Au  cours  du 
Banquet  dé  - 
crit  par  Xéno- 
phon,  on  ap- 
porte à  la 
danseuse  un 
cercle  garni  de 
glaives  dres- 
sés verticale- 
ment '■' .  La 
danseuse  sau- 
tait dans  cette 
enceinte  la  tête  en  avant,  en  faisant  la  culbute  par- 
dessus les  glaives  (Èx'jÇicTi);  elle  en  sortait  en  franchis- 


—  '  Od.  I.  13i,  le  chant  it  la  dan«o  sonl  les  oincmcnls  du  fcsiiii  iy««;,;i«Ti. 
«».«;;  c'.  Od.  IV,  13;  VIII,  ÎW.  —  2  Xcn.  Coiii'.  II,  21.  Sur  les  danses  el 
les  réjouissances  du  banf|uc(.  V.  Becker,  Charikles,  l.  1,  b,  p.  Itil  sq.  ;  cf. 
ibid,  Anmerk.  p.  i8t-85,  t.  M,  Zweit.  Ej-C'tra  zur  6'  scène;  Dit  Symposien, 
p.  iTO  sq.  —  3  Xcu.  Coin:  II,  7,  8.  Comparer  le  jeu  de  balle  rythmé  auquel 
se  livrent  les  dan^^eurs  phéaciens,  Od.  VIII.  370  sq.  —  *  //.  XVIII,  (i05;  Od. 
IV,  1$  :  S,,,itiï,  S.viTy  dans  ces  deux  passages  doivent  signifier  faire  la  cnibiile  ; 
cf.  Emmanuel.  De  sait,  discipl.  p.  47.  —  5  Emmanuel,  Essai,  p.  i76;  cf. 
Plat.  Conv.  p.  190.  —  c  C'est  dans  ce  sens  que  M.  Emmanuel  (Z/e  sait,  dis- 
cipl.   p.    58)     interprète    un     Icite     de    fhiloslrate.    Vit.   Apoll.    Tyan,    i,  iS. 

—  "  Herod.  VI,  lit).  —  8  Tischbein,  I,  60,  Krause,  Op.  cil.  Il,  pi.  xïui,  Bg.  89. 
(L'authenticité  de  ce  vase  a  été  suspcctéei  :  v.  encore  Tischbein,  V,  (>3  :  Inghirami 
Vas.  eirutch.  I,  87  ;  Gerhard  (.4rcA.  /rit.  184s.  p.  iii)  signale  une  antre  peinture 
où  la  kubrstétêre  est  accompagnée  de  la  joueuse  de  llùte.  —  9  Xen.  Conv.  Il,  M  ; 
Plal.  Euthyd.  p.  i94.    —   10    Emmanuel  (De  sait,  discipl.  p.  47).  —  "  Ath.  IV, 


sant  la  redoutable  barrière  par  une  culbute  au  sens 
inverse  (I;exu6!(7ti)'°.  On  voit  encore  des  femmes  se 
livrer  à  cet  exercice  dans  le  récit  qu'Athénée  fait  du  ban- 
quet de  mariage  de  Karanos".  Une  peinture  de  vase 
nous  montre  une  kubistétère  franchissant  des  épées 
disposées  en  file  '^  (fig.  6071). 

Une  grande  place  était  faite  dans  les  festins  à  la  panto- 
mime proprement  dite.  C'est  ainsi  que  dans  le  BaiifjUPt 
de  Xénophon,  un  jeune  garçon  et  une  jeune  fille 
représentent  la  rencontre  el  les  amours  d'Ariane  et 
de  Dionysos  '^  Ariane  s'avance  parée  comme  une 
jeune  fiancée,  elle  s'assied  sur  le  siège  qu'on  a  disposé 
pour  elle.  Dionysos  reste  encore  invisible,  mais  voici 
que  le  rythme  bachique  a  retenti  sur  la  flûte,  et  toute 
l'attitude  d'.\riane  exprime  aussitôt  le  plaisir  qu'elle 
prend  à  ces  sons.  Elle  ne  va  pas  à  la  rencontre  du 
dieu,  elle  ne  se  lève  même  point,  mais  qu'il  lui  en 
coûte  de  rester  immobile  !  Dionysos  l'aperçoit  et  s'ap- 
proche en  dansant  d'une  façon  très  amoureuse  ;  il  se 
met  à  genoux  et  l'embrasse  élroitement.  Ariane,  malgré 
le  sentiment  de  pudeur  qu'elle  laisse  deviner,  n'en 
répond  pas  moins  à  ses  caresses.  Ils  échangent  les 
serments  d'un  amour  que  tous  les  assistants  jureraient, 
eux  aussi,  véritable.  Les  convives  ne  peuvent  qu'admirer 
l'habileté  du  maître  de  danse  qui  a  formé  des  artistes 
capables  de  leur  causer  la  vive  émotion  ijue  Xénophon 
note  malicieusement.  Il  est  probable  qu'un  grand  nombre 
des  pantomimes  analogues,  dont  les  anciens  nous  ont 
laissé  les  titres,  figuraient  de  même  parmi  les  réjouis- 
sances des  festins  ". 

Les  exercices  des  kubistétères  et  la  pantomime  étaient 
des  spectacles  orchcstiquesofferlsaux  invités  qui  avaient 
pris  part  au  festin.  Mais  si  l'on  ne  peut  dire  que  ces 
attractions,  même  celle  de  la  pantomime,  aient  été  excep- 
tionnelles dans  les  banquets,  il  est  évident  que  le  diver- 
tissement le  plus  courant  y  était  procuré  par  d'autres 
danses,  auxquelles  participaient  souvent  les  convives'^, 
et  qui  n'avaient  d'autre  but  que  d'aviver  l'orgie  du  sym- 
posion. Elles  étaient  exécutées  par  ces  danseuses  que 
nous  voyons  représentées  sur  bon  nombre  de  vases 
peints  avec  les  joueuses  de  flûte'".  Elles  accompagnent 
leurs  mouvements  assez  vifs  du  cliquetis  des  crotales, 
qu'elles  tiennent  parfois  des  deux  mains  rabattues  aux 
hanches'^  ou  élevées  au-dessus  de  la  tète'*.  Fréquem- 
ment, rôi/TiiTci;  lient  une  main  élevée  à  la  hauteur 
du  front  el  l'autre  abaissée  vers  la  taille  ;  le  cliquetis 
des  crotales  était  alors  alterné  plutôt  que  simultané;  la 
danseuse  l'exécutait  sans  doute  au  moment  oit  chaque 
main  s'abaissait  vers  le  côté  opposé,  soulignant  ainsi  un 
déhanchement  caractéristique'^  Les  danseuses  de  cro- 
tales  étaient    vêtues   de    tuniques  légères   et   courtes, 

IJO,  ./.    —  12  Baumeister,  Denkm.  d.  kl.  .\lt.  p.   385.  —  13  Xcn.   Coric.  IX,  3-7. 

—  u  Platon  et  Xénophon  indiquent  qu'on  représentait  ainsi  les  Charités,  les  Heures, 
ks  Nymphes,  fan,  les  Silènes,  les  Satyres.  V.  dans  Meursiu5(0p.  cit.)  les  nombreuses 
danses  ou  pantomimes  qui  représentaient  l'histoire  des  dieux  ou  des  héros  :  Kronos 
dévorant  ses  enfants,  Sémélé,  Promélhéc,  les  couches  de  l.aloue,  la  mort  de  Python, 
Dionysos  mis  en  pièces,  la  dispute  au  sujet  de  rAltif(ue,  etc.  Cf.  Luc.  De  sait,  37  à 
61.  U  se  peut  que  plusieurs  de  ces  danses  n'aient  été  exécutées  cju'à  une  époque  très 
postérieure,  mais  les  modèles  en  existaient  certainement  dès  l'époque  classique. 

—  1»  Xen.  Dier.  VI,  i  -,  Alexis  ap.  Ath.  IV,  134a.  Ce  sont  les  s.joî.-.ot  ou  «fisoTirnî 
ojX.iat.;.  Platon  proteste  contre  ces  habituiles.  Cf.  Conv.  p.    176:  Protai/.  p.  347. 

—  16  V.  les  planches  des  JUeisterschakn  de  Harlivig.  —  n  .innali  d.  Inst.  1849, 
pi.  m.  Keinach.  Uépert.  I,  p.  281.  —  '»  Coupe  de  Hiéron,  Harl«ig,  Meiilersch. 
pi.  xxM.  —  I»  [MEHETKicKs,  (ig.  4971].  Ravel.  .Von.  de  l'art  anliiiue.  H,  pi.  i.xxi» 
(avec  indication  d'autres  monuments  analogues);  cf.  Potlier-Reinach,  i\écr,  de 
Myrina,  pi.  xxsiv,  i  ;  C,  rendu  de  S,-Pétersb.  1869,  p.  173. 


SAL 


—  I0i6 


SAL 


llottantcs  itig.  G07-2V  nu  st-rri-es  autour  du  torst-  dont  elles 
moulent  les  formes';  qiieli|uefois,  elles  étaient  nues  ou 


t'ig.  607J.  -    Dan 


Je   baii<|ticl. 


presque  nues'.  Ajoutons  que  souvent  éplièbes  ou  hommes 
faits  dansent,  eux  aussi,  dans  les  banquets  en  s'accom- 
pagnant,  des  crotales  '.  Une  autre  danse  commune  aux 
danseuses  el  aux  convives  est  celle  qu'on  pourrait  appeler 
la  danse  des  vases;  ils  s'abandonnent  aux  mouvements 
les  plus  désordonnés  en  tenant  des  coupes  ou  des  plais 
en  équilibre  sur  la  léle  el  sur  les  mains".  Aussi  bien 
n'esl-celàsansdoulequ'unedesformesdu^omos  qui  élail 
la  principale  réjouissance  du  symposion.  Les  danses  du 
kômos  sont  fort  anciennes  en  Grèce,  el  on  les  trouve,  dès 
le  vil"  siècle,  sur  un  grand  nombre  de  vases  peints.  Elles 

se  rattachent 
étroitement  aux 
rites  dionysia- 
((ues,  et  les  kô- 
inastai,  à  l'ori- 
gine, exécutent 
à  peu  près  les 
mêmes  mouve- 
ments et  les 
mêmes  figures 
que  les  satyres 
ou  les  ménades 
du  thiase  bachi- 
que (fig.  6073)  ; 
[maexades, 
fig.  4760]  *  et  surtout  que  les  démons  dionysiaques  dont 
nous  avons  parlé  plus  haut.  Leur  danse  apparaît  aussi 
fort  analogue  au  kordax  de  la  comédie  ".  Mal  équi- 
librés sur  leurs  jambes  flageolantes,  ils  se  livrent,  eux 
aussi,  à  des  contorsions  effrénées  dont  l'elTel  s'augmente 


I  Kciiiach,  llpp.  des  Vas.  pcinls.  11,  p.  i.  —  2  l'ollù'i-Rchiach,  Nécr.  de 
J/yrinn,  pi.  y.xxi,,  i;  Rayel,  L.  cit.  Winler,  Ant.  Terrakoll.  U.  p.  H3,  ISO,  139, 
160.  —  3  Coupo  il'HpikWlos,  Furtn.ïnglorRcicliliold,  Griecli.  VasennmaUrei.  Il, 
pi.  i.iiiM  ;  Ibid.  IV,  pi.  xcm  (lig.  *9CC).  —  4  Ih.  pi.  lxi  ;  Hail«ig,  ifeistertch.  pi.  it 
cl  II.  —  5  C.  rendu  de  Sl.Péleisb.  1809,  p.  161  ;  0.  Jahii,  Abl,andl.  d.  Sachs. 
Gesellsch.  d.  Wissensch.  111,  1861,  pi.  m;  Gerhard.  Ans.  Vasmbilder,  pi.  cict- 
cxcvi;  llarUig.  O/j.  cit.  pi.  viii,  xi,  .x\,  xiix.  Poul-Mrc  le  jeu  <lu  kollalie  coni- 
porUil-il  aussi  certains  raouvcmcnlr.  oiciieslii|ucs  [kottauos,  fig.  i.tuii]  ;  (cf.  Erania- 
Dcul,  Essai,  p.  ili).  —  6  Le  nom  de  Kômos  csl  plusieurs  fois  alliibué  à  l'un 
dessalyres  du  Ihiasc  l)aclii.(uc  («g.  >i8i):cr.  Gerhard,  Jus.  Vasenbilder  ;  f[.  ,.v,  ; 
à  la  pi.  cci.xxxvi  des  satyres  sont  miles  à  des  kômastai.  Il  arrive  aussi  i|uo  le 
nom  de  Kômos  désigne  l'un  des  kùmaslai,  Arcli.  Zril.  185i,  37.  3.  Poitier, 
.Woiiura.  grecs,  1889-90,  p.  18.  —  7  On  a  vu  ()uelle  étoit  la  raison  de  cette  ana- 
logie, p.  inu  note  i.  —  »  Mon.  d.  Jnsl.  X,  5i  ;  Roulez,  l'ose»  de  l.eyde,  pi.  v, 
n°  î  ;  Jaltrb.   d.  Inst.  V  (1890\   fig.  à  la  p.    i51  ;  Jahrb.  d.   Inst.  X  (189.-,)  p.  i3. 


Fig.  0U73. 


baclii|u 


de  la  mimique  expressive  de  leurs  bras  et  de  leurs  mains  *. 
Leur  geste  favori  consiste  à  lever  en  avant  un  de  leurs 
bras  légèrement  plié,  la  main  tendue  la  paume  en  dehors, 
tandis  que  l'autre  bras,  dont  le  coude  est  très  accusé,  se 
trouve  abaissé  en  arrière  ;  ou  bien  nous  voyons  la  dis- 
position inverse,  le  bras  placé  en  avant  étant  abaissé, 
la  paume  de  la  main  en  dedans,  tandis  que  celui  qui  est 
en  arrière  s'élève,  la  main  portée  contre  la  tète  '.  Les 
kômastai  exécutent  aussi  parfois  la  danse  des  mains 
Join/es'";  mais  ils  alTeclionnent  surtout  les  positions 
anguleuses  des  bras  laissés  indépendants  l'un  de 
l'autre,  et  nous  les  retrouvons  dans  toute  l'époque 
classique  avec  des  combinaisons  diverses".  La  danse 
du  kômos  était  mouvementée  et  bruyante'-;  les  dan- 
seurs frappaient  leurs  mains  et  s'accompagnaient  de 
murmures  etde  chants'^.  Généralement,  tous  les  convives 
prenaient  part  à  ces  danses;  hommes  et  femmes  pou- 
vaient y  être  mêlés"  et  un  des  grands  amusements 
était  même  de  faire  des  échanges  de  vêlement'^  ou  de 
parure.  Souvent  les  kômastai  sortaient  de  la  maison  où 
ils  avaient  banqueté  ;  ils  se  répandaient  par  la  ville  en 
cortèges  tumultueux,  dont  un  souvenir  persiste  sur 
quel([ues  peintures  de  vase""'  et  dans  la  description  d'un 
tableau  donnée  par  Philoslrale''.  » 

i.  Danses  populaires.  —  Les  cérémonies  des  funé- 
railles et  du  mariage,  les  réunions  du  banquet  étaient 
des  occasions  fréquentes  mais  précises  où  intervenaient 
les  danses  dont  nous  avons  analysé  quelques  types.  Il 
existait  encore  un  grand  nombre  de  danses  populaires 
pour  lesquelles  il  n'est  pas  toujours  possible  de  déter- 
miner les  circonstances  où  elles  étaient  exécutées. 

Certaines  étaient  vraisemblablement  liées  au  retour 
d'une  saison  de  l'année,  et  inspirées  quelquefois 
par  les  travaux  qu'elle  ramenait  avec  elle.  Une  des 
plus  gracieuses,  toute  pénétrée  de  la  joie  des  beaux 
jours  renaissants,  est  l'ivÔEjjLï  ou  danse  des  Heurs".  Elle 
était  rapide  et  gaie,  et  on  l'exécutait  peut-être  en  se 
divisant  en  deux  chœurs  ".  Les  uns  chantaient  avec  les 
gestes  de  personnes  en  quête  de  Heurs  :  «  Où  sont  les 
roses".' Où  sont  les  violettes?  Oit  est  le  bel  ache"?»  et  l'autre 
chœur  répondait,  avec  les  attitudes  de  la  cueillette  ou  de 
l'offre:  »  Voici  les  roses!  Voici  les  violettes!  Voici  le  bel 
ache  !  »  C'était  une  danse  du  même  genre  sans  doute  qui 
accompagnait  la  jolie  chanson  de  l'hirondelle  que  chan- 
taient des  cortèges  déjeunes  Rhodiens-". 

L'époque  des  vendanges  était  aussi  l'occasion  d'un 
grand  nombre  de  danses  rustiques.  Les  danses  du 
kômos,  telles  que  nous  les  avons  décrites  à  propoi  du 
symposion,  devaient  tenir  une  large  place  dans  ces  ré- 
jouissances populaires.  Mais,  à  côté  de  ces  danses  à  ca- 
ractère  bachique,    il    y    en    avait  d'autres   simplement 


f.  G:  Iliill.  de  eorr,  heiien.  1893,  p.  iS7,  fig.  i,  etc.  —  9  Mon.  d.  Inst.  X,  32,  etc. 
Ces  gestes  sont  déjà  cliers  aux  Ménades  et  aux  Satyres.  V.  Emmanuel,  Essai. 
lig.  160.  —  10  Gerhard,  Ans.  Vasenbilder  IV,  280  A;  C.  rendu  de  S.  Pclersb. 
1868,  pi.  V  ;  De  Laborde,  Coll.  Lemberg.  I,  21  :  Jalirb.  d.  Inst.  IV  (1889;,  fig.  à  la 
p.  26;  FurlwâuglerReichliold,  Griech.  Vaseninalerei,  pi.  ixi.  —  «  J/o„.  a' inst.  V, 
33  ;Slackellicrg,Cr«4.(/.«e;te)i.  pi,  i:  Gerhard,  .lus.  Vasenbilder.M,  l88;Emm»- 
nuel.  Essai,  pi.  i  a  ;  1  ô  ;  etc.  Peut-être  élait-ce  celte  position  coudée  (|ui  constituait 
la  ligure  de  danse  dite  ln«j»,iv.it|ioî.  —  12  Poli.  IV,  100,  [ifznirt;;  (.d.r.vxa,  «.ix»5 
iyoua.  ;  cf.  Arch.  Zeit.  1870,  pi.  nxii.  —  13  Holwerda,  Jahrb.  d.  Inst.  IV  (1889) 
p.  27.  —  1*  Cf.  par  ex.  Mon.  d.  Inst.  X.  H2  ;  Gerhard,  Aus.  Vasenbilder,  IV,  286. 
—  15  l'hilost.  Imag,  I,  2,  -i  i^Stlltirta:,  Tb  tijXj  pii'vttv.  —  16  Arch.  Zeit.  IS8I,  pi.  m. 
n"  4;  C.  rend.  S.-Pétersb.  1868,  pi.  cv.  etc.  «Ent.TBlcKS,  fig.  4972)  ;  cf.  Alh.  XIV, 
617  d;  Eurip.  Cycl.  532  ;  Isae.  Or.  p.  39,  21.  On  se  souvient  de  l'arrivée  rf  Alcibia.le 
dans  le  Bnnguet  de  Plalon.  —  "  Philosl.  Imag.  I,  2.  —  18  Alh.  XIV,  629  e.  —  '»Flach, 
Of,.  cil.  p.  11.  —  20  Alh.  Vlll,  300  4,  e.  Flach,  i.  (. 


SAL 


—  1047  — 


SAL 


joyeuses  el  vives,  comme  celle  que  décril  Homère  '  : 
Jeunes  giirçons  et  jeunes  filles  portent  des  corbeilles 
chargées  du  fruit  de  la  vigne;  au  milieu  d'eux,  un  mu- 
sicien joue  de  la  phorminx  et  chante  un  beau  linos, 
que  les  danseurs  accompagnent  en  trépignant.  Peut- 
être  y  avait-il  là  déjà  une  imitation  des  mouvements  du 
fouleur  dans  la  cuve.  Le  travail  des  vendanges  prêtait 
aisément  à  la  mimique  orcheslique  ^,  et  nous  savons 
qu'il  existait  une  £TrtXT,vioç  of/Y|<7iç,  ou  danse  du  pressoir, 
qui  reproduisait  les  divers  épisodes  des  vendanges.  Le 
danseur  mimait  la  récolle  du  fruit,  portait  les  cor- 
beilles, foulait  les  grappes,  remplissait  les  outres  et 
buvait  le  vin  ;  tout  cela  avec  tant  de  vérité,  s'il  était 
habile,  qu'on  croyait  voir  et  les  vignes  et  le  pressoir  et 
les  outres  et  un  vrai  buveur  '.  Il  est  certain  que  beau- 
coup d'occupations  rustiques  avaient  dû  donner  nais- 
sance à  des  danses  mimétiques  analogues.  N'est-ce  pas 
ce  caractère  que  nous  devons  prêter  à  la  danse  des  bou- 
viers que  rappelle 
Athénée  *,  ou  à  la 
danse  du  moulin 
mentionnée  par  He- 
sychius"? 

11  se  perpétuait 
aussi,  dans  la  tra- 
dition popul.iire,  une 
foule  de  danses  dont 
la  plupart  étaient  exé- 
cutées en  dehors  de 
toute  occasion  et  de 
toute  époque  préci- 
ses, au  seul  gré  de  la 
fantaisie  des  dan- 
seurs. Parmi  ces  dan- 
ses, beaucoup  tou- 
chaient à  la  panto- 
mime. On  représen- 
tait Pan,  les  Titans, 
les  Corybantes,  les  Satyres,  les  Silènes,  les  Charités,  les 
Heures,  les  Nymphes  et  les  Bacchantes  (fig.  607 i)",  la 
légende  d'un  dieu  ou  de  quelque  héros  "  ;  ou  bien  on 
ligurait  le  larron  surpris  ',  ou  la  démarche  des  vieillards 
qui  s'appuient  sur  leur  bâton'.  Enfin  on  imitait  souvent 
les  animaux,  le  lion  '",  le  renard  ",  la  chouette  '•'.  Une 
de  ces  danses,  le  |j.opij.a5[i.&(;,  faisait  défiler  plaisamment 
toutes  les  espèces  d'animaux  ". 

En  dehors  de  ces  danses-pantomimes,  on  doit  men- 
tionner les  nombreuses  farandoles  où  souvent  les  deux 
sexes  se  trouvaient  réunis.  Nous  en  avons,  dans  VIliade, 
un  exemple  caractéristique  "  :  jeunes  garçons  et  jeunes 

<  //.  XVIII,  ôfiT  :  Flach.  Op.  cit.  p.  6  ;  Kliilosiralc  le  Jeune,  lma(j.  ii.  Kayser, 
p.  W»)  décril  une  danse  analogue.  —  ^  Panofka,  Terrakotten  :u  Bal.  43.  ..  Les  deux 
danscurft,  jambes  enclie\-ôlrée*;,  lournenl  rapidement  de  droite  à  gauche  ou  de  gauclie 
â  druitc,  autour  d  un  axe  de  rotation  vertical,  qui  passe  par  le  centre  de  la  couronne 
à  la(|ucllc  leurs  mains  se  retiennent.  Ils  écrasent  sous  leurs  piétinements  les  grappes 
qui  remplissent  la  cuve  circulaire.  Un  joueur  de  double  flùlc  les  accompagne.  .. 
Emmanuel,  Essai,  p.   îii;  voir  encore  deux  fouleurs,  Mus.  Borb.   VIII,  3i,    etc. 

—  3  Atli.  V,    199,  a.  Krause,  Op.    cit.  Il,    p.  83i,   n.  2.  —  '  Atlj.  XIV.   6i9  c. 

—  5  Hesjch.  S«o»;ti.o;  7ooi;.  —  C  V.  la  pi.  donnée  par  M.  U.  Marx,  Une  rénovit- 
Irice  de  la  danse.  IBM.  du  Musée,  Paris,  1907,  avec  d'intéressants  rappro- 
cliements  entre  certaines  formes  de  la  dause  antique  et  de  la  danse  contemporaine). 

—  ''  Leg.  VU,  813  c;    Luc.  De  sait.  37   i  CI   et  79.  —   8  poil.   IV,  103,   i.i|».,nxV,. 

—  »  Poil.  IV,  1114.  _  10  Poil.  IV,   104:   .^tl'.  XIV,  629  f.  —  "   Hcsych.  4,.^.:,;. 

—  <!Alh.  XlV,6i9/-;Hesycli.Ta),0;.— "Poll.lV,  103;  Alli.  XIV,  Ci!  A  Ces  danses, 
irailant  les  animaux,  qu'on  retrouve  chez  tous  les  peuples  primilifs,  doivent  être  fort 
anciennes  en  Grèce.  Cf.  Grosse,  Déituts  de  l'art,  p.  163  ;  K.  Grooss,  Art.  cit.  p.  106. 

—  '*  //.XVIII,  590.  Homèrecoinparc  cette  danse  au  chœur  iiue  Dédale  lit  pour  Ariane 


(illes  dansent  ensemble  en  se  tenant  tous  par  la  main; 
ils  tournent  ainsi  en  une  ronde  agile  comme  la  roue  sous 
la  main  du  potier' '  ;  puis  la  ronde  se  dénoue  et  les  dan- 
seurs se  disposent  en  deux  rangs  qui  s'a  vancenlrapidemeiil 
l'un  vers  l'autre  '^.  L'aède  les  accompagne  et  donne  la 
mesure  avec  sa  lyre.  Ce  type  de  danse,  décrit  par  Homère, 
s'est  maintenu  pendant  toute  l'antiquité  ;  il  est  fort  sem- 
blable à  celui  que  Lucien  appelle  op[ji.oi;'\  C'est,  dit-il,  une 
danse  commune  aux  éphèbes  et  aux  vierges  qui  dansent, 
un  par  un,  en  formant  une  sorte  de  chaîne.  Un  éphèbe 
conduit  le  chœur,  exécutant  les  mouvements  propres 
au  jeune  homme  et  dont  il  devra  plus  tard  se  servir 
à  la  guerre.  Puis  vient  une  jeune  fille, à  pas  modestes, 
et  montrant  comment  doivent  danser  les  femmes,  en 
sorte  qu'on  a  une  chaîne  tressée  de  virilité  et  de 
modestie.  Peut-être  devons-nous  ranger  ici  une  danse 
assez  analogue  à  la  traita  de  la  Grèce  contemporaine; 
elle  nous  est  représentée  par   la  peinture  d'une  tombe 


Fig.  6073.  —  La  farandole. 

de  Ruvo  '*  (fig.  G075).  Deux  files  de  danseuses,  dirigées 
par  un  homme,  s'avancent  d'un  pas  décidé.  Les  danseuses 
forment  une  véritable  chaîne  croisée,  chacune  d'elles 
donn;int  la  main  non  à  ses  voisines  immédiates  mais  à 
la  compagne  qui  précède  et  à  celle  qui  suit  ces  dernières. 
L'allure  de  la  danse  consistait  sans  doute,  comme  dans 
la  tratla,  <i  en  balancements  de  toute  la  chaîne  produits 
par  l'alternance  des  pas  en  avant  et  des  pas  en  arrière, 
exécutés  obliquement  »  ''\ 

Peut-être  avons-nous  enfin  quelque  vestige  des  danses 
populaires,  dans  certaines  figurines  de  dan.teuses  voilées. 
Nous  savons  qu'à  l'époque  classique,  les  femmes  se 
montraient  souvent  vêtues  comme  ces  statuettes-";  elles 
n'auraient  fait  que  tirer  parti,  pour  leurs  danses,  des 
ressources  offertes  par  leurs  légers  voiles  qui  prolon- 
geaient chaque  mouvement  en  lignes  souples  et  fuyantes, 
ou  qui,  moulésétroitement  sur  lecorps,  laissaient  deviner 
la  pureté  de  ses  formes.  Sans  doute  les  coroplastes  se  sont 
souvent  inspirés  des  œuvres  d'un  art  supérieur  pour  la 
confection  de  leurs  figurines-'  ;  nous  n'en  retrouvons  pas 

à  Knossos.  Le  scoliaslo  explique  ce  détail  eu  disant  que  le  célèbre  chœur  où  s'étalent 
réunis  jeunes  garçons  et  jeunes  lilles  sauvés  par  Thésée,  avait  été  formé  sous  la 
direction  de  Dédale.  Mais  Homère  parlet-il  au  juste  d'un  chœur  formé  pour  Ariane 
par  Dédale  ou  d'un  bas-relief  attribué  à  cet  artiste  et  représenlant  une  danse? 
Le  second  sens  parait  bien  préférable,  (voir  Uollignon,  Scul/it.  grecque.  I,  p.  III). 
D'autre  part,  peut-on,  avec  le  scoliasle,  assimiler  ce  cliu-ur  de  Knossus  à  celui  qui 
fut  institué  à  Dclos  par  Thésée  (.iiavo;.)  .'  Pbiloslrate  le  Jeune,  ipii  décrit  un 
chœur  semblable  à  celui  d'Hoinère  en  s'inspiranl  ilu  passage  de  V  Iliade  ou  ques- 
tion, dit  <|ue  ce  chœur  était  semblable  à  celui  que  Dédale  avait  donné  à  Ariane, 
il  y  a  là  rpielque  confusion.  On  en  peut  toutefois  conclure  ipic  ces  danses  po- 
pulaires du  type  de  l'ijiio;  n'étaient  pas  très  différentes  de  certaines  farandoles 
religieuses.  —  '"  KuxlioTtpr,:  Sfifio;  dit  le  se.  ;  cl'.  Emmanuel,  De  sait,  discipl. 
p  85.  _  16  Emmanuel,  Jl/id.  Pbiloslrate  le  Jeime  (/mni/.  p.  410,  éd.  Kayser) 
décrit  les  mômes  mouvements  el  les  mômes  ligures.  —  1'  Luc.  De  sait.  12. 
_  I»  R.  Rochelle,  Peintures  ant.  inédites,  pi.  xv.  —  Il  Emmanuel,  Essai,  p.  i60. 
_  W  Heydemann,  Ueb.  eine  Verhxlllte  Tânzerin.  p.  14.  —  2'  Heydemann  {O.  cit. 
p   17),  ramène  à  sept  types  tous  les  exemplaires  de  ce  ligurines.  Par  réaction  artistique 


S.VL 


lOiS 


SAL 


moins  en  elles  le  souvenir  vivant  des  charmantes  allitULles 
que  prenaient  les  danseuses  grecques  dans  le  libre 
épanouissement  de  leur  jeunesse  et  de  leur  beaulé'.  A 
côté  de  ces  danses  modestes  et  gracieuses,  il  y  avait  natu- 
rellement un  grand  nombre  de  danses  populaires  d  un 
caractère  assez  grossier.  Telle  était  Vapoidnox  exécutée 
par  les  femmes  et  réputée  comme  lascive  -;  ou  lahibosis 
commune  aux  jeunes  garçons  et  aux  jeunes  filles;  elle 
consistait  surtout  à  sauter  et  à  toucher  le  bas  des  reins 
avec  les  talons;  des  prix  étaient  même  décernés  aux  plus 
habiles  dans  cet  exercice'. 

Ajoutons,  en  terminant,  que  quelques-unes  de  ces 
dan.ses  étaient  peu  distinctes  des  jeux  proprement  dits 
dont  beaucoup,  comme  le  jeu  de  la  tortue  si  célèbre  chez 
les  Grecs,  admettaient  un  accompagnement  rythmé'. 
Voici,  par  exemple,  un  de  ces  jeux  orchestiques  auquel  se 
livrent  deux  jeunes  tilles  les  mains  croisées  et  dressées 
sur  les  pointes  ■  (tig.  (iOTG)  :  «  La  femme  B  tournera  sur 
elle-même,  de  gauche  à  droite,  sans  quitter  les  mains  de 
sa  compagne,  en  faisant  passer  ses  épaules  et  sa  tète  par- 
dessous  ses  bras.  Le  croisement  des  mains  des  deux 
femmes  se  ti'ouvera  alors  interverti.  La  femme  A  tournera 

sur  elle-même, 
de  droite;"!  gau 
elle,  par  le 
même  procédé 
que  sa  compa- 
gne. Le  croise- 
ment des  mains 
des  deux  fem- 
mes redevien- 
dra ce  qu'il 
était  primitive- 
ment ''.  »  Les 
jeunes  II  1 1  e  s 
peuvent  varier 
le  jeu  en  se  li- 
vrant successi- 
vement ou  si- 
multanément à 
lexercice  qu'on 
vient  de  décrire. 
VIIL  Condition  sociale  desdan.'seui'S  et  l' enseignement 
delà  danse.  —  1.  Il  faut  distinguer  ici  entre  les  danseurs 
de  profession  et  les  citoyens  qui  s'adonnent  à  la  danse 
en  des  occasions  diverses  de  la  vie  publi(jue  ou  privée. 
Ces  derniers  sont  nombreux  et  peuvent  avoir  dans  la  cité 
une  situation  plus  ou  moins  élevée  qui  n'est  nullement 
déterminée  par  leur  qualité  de  danseur.  Figurant  dans 
les  cérémonies  du  culte  et  dans  les  fêtes,  l'orchestique 
est  un  exercice  et  un  plaisir  nobles  auxquels  tout  homme 

coiid'C  les  ligures  nues,  ou  ri'viiul  au  vùlemciil.  mais  eu  garilanl,  grâce  à  sa  lOgérclé 
et  à  sa  souplesse,  lous  les  altialls  du  la  nudilé.  L'original  ou  ks  uriginauv  de  ces 
slalueUes  daLei-aient  de  l'éponuc  de  Scopas  et  de  Praxilèle.  iMais  ou  pourrait  peut- 
âlre.  selon  lleydtuiann,  rappoi-tcr  ce  changement  à  I  initiative  de  l'raxitèlc  lui- 
m6nic  ;  selon  Kurtw.ïngler,  Coll.  Sabouro/f,  i  omment.  à  la  pi.  cxxxix,  ces  liguiines 
i|ui  tirent  leur  principal  elTel  du  Jeu  du  plis  innomliraMes  révi^leraicnt  plutùl 
uire  iniluciicc  de  la  grande  peinture.  —  I  V.  Coll.  .Sabouro/f.  pi.  cxxxis;  llcyde- 
mann.  Op.  cit.  planche.  V.  encore  les  rlanscuscs  voilées  du  Musée  de  Conslanti 
nople.  Iluisli.  Greck  lerra-colla  slaluetlcs,  pi.  lxhi.  —  2  poil.  IV,  lOt  ; 
Ath.  XIV,  6i9  f.  Chez  A'ciphron,  c'est  dans  cette  danse  que  riialisenl  Mynliiua 
et  Thryalis  (cf.  Meursius,  col.  liVl).  _  3  Poil.  IV,  loi;  Arist.  Vcsp.  7%. 
—  *  riach.  Op.  cit.  p.  II.  Comparer  eliez  Homère  le  jeu  de  balle  de  iNausicaa  et 
de  ses  compagnes  \0J.  VI,  100  aj.).  —  i"  Emmanuel,  Jisstti,  lig.  565.  —  C  Em- 
manuel, lissai,  p.  iSO.  —  'i  Ath.  I,  iO  f.  —  »  Les  komastai,  par  exemple,  sont 
lies  citoyens  athéniens,  et  il  y  a  sans  doute    heaucoup  de  femmes  lilires  parmi  les 


peut  se  livrer  sans  déchoir  :  Les  Spartiates  s'honoraient 
de  prendre  part  aux  Gymnopédies  ;  les  danses  de  Karyai 
étaient  exécutées  par  les  jeunes  filles  des  meilleures 
iamilles  lacédémoniennes,  et  il  est  probable  que  les 
jeunes  gens  qui  formaient  les  chœurs  de  Délos  étaient 
d'une  condition  assez  élevée.  La  tradition  rapporte 
aussi  que  Sophocle,  après  la  victoire  de  Salamine,  dansa 
auprès  du  trophée,  au  son  de  la  lyre  '.  Même  en  des 
occasions  moins  solennelles,  les  citoyens  athéniens  ne 
dédaignaient  pas  les  danses*,  et  nous  savons  que  les 
plus  hauts  personnages  se  plaisaient  aux  passe-temps 
orchestiques  \ 

Mais  il  y  avait  aussi  en  Grèce  des  danseurs  de  profes- 
sion dont  la  condition  sociale  peut  être  assez  bien  déter- 
minée. Parmi  eux,  on  doit  compter  d'abord  de  véritables 
artistes  qui  étaient  les  maîtres  de  l'art  orchestique  ;  à 
l'origine,  ils  se  distinguaient  peu  des  poètes  "•,  etquelques- 
uns  jouirent  d'une  grande  célébrité  ;  à  toute  époque,  les 
ôp/Y,(;T&3ioi(7xaXot,qui  enseignaient  leur  art  en  même  temps 
qu'ils  le  pratiquaient,  semblent  avoir  eu  généralement 
une  place  honorable  dans  la  cité".  Certains,  comme  Té- 
lestès  le  chorodidascale  d'Eschyle,  gardèrent  une  grande 
réputation  d'habileté  ''-.  A  côté  de  ces  maîtres  de  l'orches- 
tique et  de  leurs  disciples  immédiats  '\  il  faut  mentionner 
toute  une  catégorie  de  danseurs  et  de  danseuses  d'une 
condition  inlime,  et  dont  la  principale  fonction  était  de 
relever  l'agrément  des  banquets  par  leurs  exercices 
d'adresse,  des  danses  plus  ou  moins  libres  et  peut-être 
aussi  des  pantomimes.  Certains  de  ces  artistes  étaient 
vraisemblablement  groupés  sous  la  direction  d'un  chef 
de  troupe,  qui  était  en  même  temps  le  maître  de  danse. 
Il  est  permis  de  reconnaître  une  de  ces  compagnies  dans 
celle  du  Syracusain  qui  figure  au  Bant/uel  deXénophon. 
Elle  comprend  une  joueuse  de  lltite,  une  danseuse  équi- 
libriste  et  un  enfant  habile  à  danser  et  à  jouer  de  la 
cithare.  11  est  probable  que  danseurs  et  danseuses  de  cet 
ordre  pouvaient  aussi  exercer  individuellement  leur 
métier  pour  leur  propre  compte;  mais,  dans  les  deux  cas, 
ils  appartenaient  évidemment  à  une  classe  sociale  fort 
basse:  ils  se  recrutaient  parmi  les  esclaves  ou  dans  un 
monde  assez  douteux.  En  particulier  les  joueuses  de  tlùte 
et  les  danseuses,  si  fréquemment  représentées  sur  les 
vases  peints,  se  distinguent  peu  des  courtisanes". 

2.  Les  artistes  de  profession  recevaient  naturellement 
de  maîtres  ou  de  camarades  plus  avancés  un  enseigne- 
ment approprié,  par  oii  se  transmettaient  les  principes  de 
l'art  orchestique '•■.  Mais  y  avait-il,  en  Grèce,  un  enseigne- 
ment officiel  de  la  danse  rentrant  dans  les  plans  d'édu- 
cation de  la  jeunesse  [educatioJ '" '.' Il  importe  de  distin- 
guer :  sous  la  direction  du  pédotribe,  tous  les  enfants 
apprenaient  les  ipopai   dans   la  palestre;    ils  recevaient 


danseuses  dont  l'art  grec  nous  a  laissé  limage.  Cf.  Emmanuel,  Essai,  p.  313-31». 
—  9  Cornélius  Nepos  a  noté  i|u'Epamiuondas  aimait  la  danse  ;  un  renseignement 
donné  par  Alhénée  nous  montre  que  la  téWsias  était  exécutée  dans  l'cutourage 
des  princes  de  Macédoine:  Athénée  dit  aussi  que,  selon  Déméirius  de  Scepse, 
dans  un  repas  donné  par  Antiochus  le  Grand,  les  amis  du  roi  et  Antiochus  lui-même 
dansèrent  tout  armés.  —  to  Ath.  I,  ii  a.  —  u  Ath.  I,  i2  c.  d  ;  Emmanuel,  Essai, 
p.  ii9.  —  12  Ath.  I,  ii  n  et  e;  cf.  Emmanuel,  De  sali,  discipl.f.  74,  75.  —  13  Ath.  XIV, 
6iS  f/.  —  t^  Emmanuel,  Essai,  p.  313,  dès  l'époiiuc  classique,  Jongleurs  et  jongleuses 
ne  jouissaient  pas  d'une  excelluiile  réputation  lef.  iilavélUon,  .ipotelesmatika.  11, 
270).  —  *''  V.  une  leçon  de  danse  sur  une  coupe  du  v«  siècle,  Vorleyeàtâttei;  Sér.  '.\, 
pi.  V.  l.a  Jeune  danseuse  •  rythme  au  bruit  des  crotales  les  jetés  qu'elle  exécute.  Uaitté- 
tria,  assise  sur  un  siège  somptueux,  est  une  musicienne  de  profession  ;  elle  fait  par- 
tie d'une  corporation  assez  mal  famée  ;  il  faut  admellre  que  la  scène  se  passe  dans 
une  de  ces  maisons  ot'i  joueuses  de  tlùle  et  danseuses  apprenaient  leur  métier.  - 
el,  Essai,  p.  iiO.  —  16  V.  P.  Uirard,  VEducatioii  athénienne,  p.  il3-il7. 


s  AL 


—  lOi'J  — 


SAL 


jiinsi  un  enspigm^ment  orchesLique  oli'menlairp  aïKiiipl 
font  allusion  Platon  i-t  X('noplion '.  On  leur  enseif^nait 
aussi  la  pyrrliique  et  la  cliirononiie  qui  élaienl  des 
exercices  gymniques  et  des  danses  -.  Telles  étaient, 
semble-l-il,  les  seules  leçons  régulières  et  suivies 
par  tous  les  enfants,  auxquelles  on  doit  joindre 
peut-être  un  enseignement  domestique.  Mais  il  parait 
sur  que  bon  nombre  de  Jeunes  garçons  et  de  jeunes 
filles,  désireux  de  perfectionner  leurs  connaissances, 
s'adressaient  à  rôp/YidT&SioiirxaÀoç  '  ou  à  une  maîtresse 
de  danse'*.  C'étaient  là  des  privilégiés  qui  pouvaient,  à 
leur  tour,  initier  aux  finesses  de  l'art  orcliostique  les 
camarades  et  les  compagnes  qui  partageaient  leurs 
danses  et  leurs  jeux. 

ÉTiu'RiE.  —  On  ne  saurait  dire  si  l'orchestiquc  a  eu 
exactement,  en  Étrurie,  la  même  importance  sociale 
qu'en  Grèce.  Toutefois,  il  est  probable  que  la  danse 
jouait  un  rôle  dans  le  culte  de  certains  dieux"  et  elle 
intervenait  certainement  dans  plusieurs  circonstances 
de  la  vie  privée  °.  En  particulier,  les  cérémonies 
funèbres  comportaient,  comme  en  Grèce,  une  mimique 
orcliestique  :  le  bas-relief  d'un  cippe  de  Gliiusi  nous 
montre  les  rites  de  la  prot/iésis,  les  pleureuses  qui 
accompagnent  leurs  lamentations  du  geste  des  bras 
traditionnel,  sur  le  rytlime  de  la  llùte  (voy.  iig.  3332)  \ 
Dans  une  autre  scène  analogue,  nous  voyons  à  côté  des 
pleureuses  un  personnage  nu  où  l'on  est  tenté  de  recon- 
naître un  danseur  do  profession  qui  exécute  un  véritable 
pas  de  danse  *.  Le  banquet  funèbre  oii  des  femmes  dan- 
sent au  son  de  la  llùte  est  représenté  sur  les  bas-reliefs 
d'un  sarcophage,  qui  appartiennent  au  musée  du  Louvre 
(fig.  3^o5)  '.  Enfin  le  bas-relief  d'un  deuxième  cippe 
de  Cliiusi  nous  fait  probablement  assister  aux  jeux  funè- 
bres en  l'honneur  du  défunt'"  :  on  remarque  un  joueur 
de  flûte,  une  ballerine  à  jupe  courte,  tenant  des  crotales, 
et  un  pyrrhichiste.  Sur  une  estrade  se  tiennent  les 
juges  qui  décernent  les  prix  du  jeu.  On  a  surtout  re- 
connu dans  ces  danses  des  jeux  en  l'honneur  d'un 
défimt,  parce  qu'elles  figurent  sur  un  cippe  ;  mais  par 
leur  caractère,  elles  n'ont  plus  qu'un  lointain  rapport 
avec  les  rites  des  cérémonies  funèbres.  Il  en  est  de  même 
pour  celles  qui  sont  si  souvent  représentées  sur  les  belles 
peintures  des  tombes  étrusques;  les  scènes  de  ces  pein- 
tures sont  moins  une  reproduction  des  détails  du  repas 
funèbre  qu'une  image  de  la  vie  et  de  ses  plaisirs,  dont 
on  veut  réjouir  le  mort.  Elles  nous  montrent  le  lian- 
quet  de  fête,  joyeux  et  riche,  avec  les  danses  qui  en 
faisaient  le  principal  ornement. 

l.Dès  l'antiquité,  les  Étrusques  étaient  renommés  ])our 
leur  amour  du  luxe,  et  en  particulier  pour  la  magnificence 
et  l'extrême  liberté  qui  régnaient  dans  leurs  festins". 
Cela  nous  explique  le  nombre  considérable  de  scènes  de 
banquet  et  de  danses  qu'on  trouve  dans  les  tombes  de 

1  Emmanuel,    De   snll.    UiscifU.  p.    l.i  si|.  ;   Exmi    sur   l'orcli.    i/rucq.    p.    2JX. 

—  -i  Emmanuel,  Ùe  snll.  discipt.  p.  18,  l'J.  Parfois  mime  le  pàdoirihe  pouvait 
èlre  choisi  comme  arliitre  dans  des  concours  d'orcliesli([uc.  Cf.  Plut.  Cuin\ 
nrob.  9,  lj.  Emmanuel,  De  sait,  discipl.  p.  lli.  —  a  Emmanuel,  Essai,  p.  HH  i 
De  sait,  discipl.  p.  74.  —  *  Emmanuel,  De  sait,  discipl.  p.  73,  n.  !i.  Il  est 
diriicilc  de  dire  à  quelle  sorte  de  leçon  de  danse  nous  fait  assister  la  peinture 
de  vase  publiée  par  Gerhard  Anlike  Bil-dwerke,  pi.  i.xvi,  (voy.  Er.ecATio, 
fig.   i600;.  —  £■  Dcnnis,   The  cities  and  cemeleries  of  Etruria,    I,  p.  MJ,  n.  .S. 

—  n  Les  Etrusques  scmlilent  s'(!tre  distingués  des  peuples  de  lanciemic  Italie 
par  leur  amour  pour  l'orcliestique.  C'est  de  l'Ëtrurie  ipio  les  Komains  liriiit 
d'abord  venir  leurs  histrion».  Cf.  Sitll,  Op.  cit.  p.  tU.  —  '•  Martha,  VAit  Hius- 
qite,  p.  279.  Iig.  187.  —  8  Mun.  dinsl.  Il,  pi.  ii.  —  9  Mon.  d'inst.  VIII,  pi.  n. 

—  10  Annali,  1864,  tav.  d'agg.   A  B;  cf.  Dcnnis,  Op.  cit.  Il,  p.    3lu;  Martha, 

Vin. 


l'IOlnirip  ;  toutes  ces  danses  offrent,  (l';iilli'iirs,  enlrp  elles 
des  analogies  frappantes,  et  il  sera  d'autant  plus  facile 
d'en  dégager  les  caractères  essentiels.  Les  peintures  de 
la  tombe  di-i  nifriulDri  sont  particulièrement  intéres- 
santes pour  nous'-  :  plusieurs  hommes  dansent  en  plein 
air;  la  plupart  sont  à  peu  près  nus  et  ne  portent  qu'une 
espèce  de  pagne.  Séparés  les  uns  des  autres  par  des 
arbres  ou  des  rameaux  de  feuillage,  ils  se  livrent  u  des 
mouvements  frénéti<[UPS  sur  le  rythme  entraînant 
de  la  double  flûte.  On  reconnaît  aisément  les  folles 
gambades  et  l'exagération,  dans  les  mouvements  angu- 
leux des  bras,  qui  caractérisent  en  Grèce  les  danses  bachi- 
ques ;  un  des  personnages  exécute  peut-être  une  danse 
des  mains  jointes  un  peu  analogue  à  celle  des  komasiai 
ou  des  suivants  de  Dionysos.  Dans  la  tombe  degliaiiguri^^ 
nous  voyons  une  danse  analogue  exécutée  par  quatre 
personnages  dont  trois  paraissent  complètement  nus;  le 
iiuatrième  est  vêtu  d'une  sorte  de  justaucorps  qui  s'ar- 
rête aux  hanches  et  porte  un  bonnet  pointu.  Les  pein- 
tures de  la  tombe  del  cilm-edo  montrent  la  troupe 
(les  danseuses  opposée  à  celle  des  danseurs  '''.  Les  che- 
veux épars  et  quelquefois  ornés  d'une  couronne,  les 
hommes  nus  ou  vêtus  d'une  simple  chlamyde  se  livrent 
toujours  aux  mêmes  pas  et  aux  mêmes  gestes  exagérés, 
au  son  de  la  double  flûte.  La  rangée  des  femmes  com- 
prend un  joueur  de  lyre  et  une  flûtiste.  Trois  femmes, 
dont  une  tient  des  crotales,  dansent  les  coudes  très 
accusés,  avec  une  main  souvent  portée  au-dessus  de  leur 
tête  baissée  à  terre;  comme  certaines  Bacchantes,  elles 
semblent  suivre  leurs  pas  du  regard.  Elles  sont  vêtues  de 
robes  légères  qui  laissent  transparaître  leurs  formes,  et 
dont  l'évasemenl  près  des  chevilles  indique  bien  l'allure 
vive  et  tourbillonnante  de  leurs  mouvements.  Enfin,  nous 
voyons  souvent  danseurs  et  danseuses  disposés  en  couples 
ou  du  moins  alternés.  Dans  la  tombe  dellti  leonesse,  un 
homme  nu  danse  en  face  d'une  femme  qui  n'est  guère 
vêtue  davantage''.  Une  autre  peinture  contient  deux 
couples  intéressants"  :  les  danseurs  presque  nus,  avec 
un  pagne  noué  autour  des  reins,  exécutent  la  danse 
que  nous  avons  décrite.  La  seule  danseuse  dont  l'image 
soit  suffisamment  conservée  accompagne  ses  pas  du 
cliquetis  des  crotales  qu'elle  tient  d'une  main  à  la  hau- 
teur de  sa  hanche,  et  qu'elle  élève  de  l'autre  au-dessus 
de  la  tête.  Comme  d'autre»  danseuses  étrusques,  elle 
est  coiffée  du  tutulus,  et  elle  porte,  outre  le  léger  vête- 
ment qui  moule  son  corps,  un  chàle  ou  manteau  plus 
épais  et  de  couleur  foncée  rejeté  en  arrière  '\  Ici  encore, 
c'est  la  double  flûte  qui  accompagne  les  danseurs.  Enfin 
la  tombe  del  Iriclinio  oflre  encore  une  représenta- 
tion caractéristique  de  ces  danses  '*  (fig.  6077).  Sur 
deux  parois  de  la  tombe,  se  faisant  face,  figuraient 
deux  groupes  de  cinq  danseurs,  les  iiommes  alter- 
nant avec    les  femmes.  D'un    côté,    un    des    danseurs 

O),.  cit.  p.  Ui,  llg.  323.  —  U  Ath.  IV,  153  d  ;  XII,  517  ./,  e\  Dio.l.  Sic. 
V,  411-,  cf.  lieorg.  Il,  193,  pini/uis  Ti/rrlienu^  ;  Catull.  XXXIX,  11,  obesus 
Elruscus,  etc.  ;  V.  Des  Vergers,  VÉtrurie  et  les  Étrusques.  I,  p.  145  ;  II.  p.  260. 
—  12  Mon.  dinst.  XII,  pi.  xui  ;  cf.  Dcnnis,  Op.  ci(.  I.  p.  311;  Martha,  Dp. 
cit.  p.  3S7.  —  13  Mon.  d'Inst.  XI,  pi.  xxv.  —  P»  Mun.  d'Inst.  IV,  79;  cf. 
Dcnnis,  Op.  cil.  I.  p.  377.  —  15  Aiit.  Oenkmdler,  11,  pi.  r,\u.  Là  aussi  on  cons- 
lale  la  présence  d'un  flûtiste  et  d'un  cilharède.  —  '6  Tomba  delta  dei  vusi 
dipinli;  Mon.  d.  Insl.  IX,  pi.  xui  ;  cf.  Dinnis,  Op.  cit.  I,  p.  358-362.  -  n  Com- 
parer le  costume  des  danseuses,  Mnn.  d.  Inst.  I,  pi.  jxxin;  Ant.  LenkmUler, 
II,  pi.  xi.ii.  Dans  ses  traits  essentiels,  ce  costume  est  analogue  à  celui  des  femmes 
c|ui  prennent  part  au  banquet.  V.  Mun.  d.  Insl.  IX,  pi.  xni,  n"  I.  —  1"  Mon. 
(i'/ii5M,pl.  xxxu;  cf.  Denuis,  0(j.  cit.  1.  p.  318.32U  ;  Martha,  Ojo.  cit.\i.  389-90 
et  Iig.  264. 

132 


SAL 


—   1030 


SAL 


joue  de  la  double  lli'ile  el  de  l'aulre  de  la  lyre.  Les 
hommes  sont  velus  d'une  simple  chiainyde,  les  feaimes 
portent  un  chiton  orné  de  broderies  au  tissu  transparent 
et  léfçer.  Klles  ont,  en  outre,  un  riclie  manteau  dont  les 
extrémités  passées  sur  les  épaules  retombent  à  longs 
plis  devant  la  poitrine.  Parfois  au  contraire,  le  manteau 
appliqué  sur  la  poitrine  semble  rejeté  par  derrière  en 
larges  ailes,  en  passant  sur  chaque  épaule.  Ces  combi- 
naisons ne  sont,  d'ailleurs,  pas  les  seules  dont  aient  usé 
les  habiles  danseuses  qui  connaissaient  toutes  les  res- 
sources que  leur  art  pouvait  trouver  dans  le  jeu  des  dra- 
peries. Hommes  el  femmes  se  livrent  toujours  à  la  même 
danse  vive  et  rapide  accompagnée  de  gestes  très  accusés 
des  mains  et  des  coudes;  une  des  danseuses  joue  des 
crotales;  une  autre,  le  bras  levé  sur  sa  lêle  penchée  en 


au\  Curetés",  e.xécutaienl  souvent  la  danse  armée*. 
Rome.  —  I.  Historique;  les  in/lue7ice.i  de  l'élranf/er.  La 
danse  el  la  tradition  romaine.  —  1.  En  ce  qui  concerne  la 
danse  comme  pour  la  littérature  et  les  arts,  Rome  a  reçu 
de  nombreuses  influences  extérieures.  On  y  constate 
pourtant  un  certain  fond  d'orchestique  nationale  auquel 
appartiennent  la  danse  rituelle  des  Saliens,  fort  ana- 
logue à  celle  des  Curetés',  la  danse  des  Arvales  el 
sans  doute  aussi  la  bellicrepa,  une  danse  armée  insti- 
tuée, disait-on,  par  Romulus'".  En  dehors  de  ces  danses 
guerrières  ou  sacerdotales,  il  existait  vraisemblablement 
dans  l'ancienne  tradition  romaine  des  danses  de  fêtes  et  de 
réjouissances  publiques  ou  privées  ;  elles  étaient  sans  art, 
viriles  et  graves,  assez  semblables  à  celles  que  Scipion 
exécutait  encore  parfois,  au  témoignage  deSénèqiie". 


^K       ^<^f^ 


f-'iï.  C077.  —  Danseurs  el  di 


arrière,  se  cambre  à  la  façon  des  Ménades  et  des  Bac- 
chantes '.  Ces  peintures  nous  donnent  une  idée  des 
réjouissances  des  Étrusques  et  une  image  vivante  des 
danseuses  magnifiquement  velues  qui  figuraient  à  leurs 
voluptueux  festins-. 

2.  Bien  que  les  monuments  ne  nous  aient  guère  con- 
servé que  des  représentations  de  la  catégorie  de  danses 
que  nous  venons  d'étudier,  la  prédilection  des  décora- 
teurs pour  ces  motifs  laisse  à  penser  que  les  Étrus- 
ques n'ont  pas  ignoré  les  autres  formes  d'orcliestique. 
Nous  savons  au  moins,  d'une  façon  certaine,  qu'ils  con- 
naissaient et  pratiquaient  la  pyrrhique  ou  une  danse 
armée  analogue  ;  la  présence  d'un  pyrrhichiste,  sur 
un  cippe  de  Chiusi  (voy.  fig.  185),  a  été  mentionnée 
plus  haut.  La  danse  armée  est  encore  attestée  par  des 
peintures  de  la  tombe  del  colle  Casuccini  ^  et  de  la 
tombe  délia  Scitnia'.  Dans  cette  dernière,  à  côté  de 
deux  pugilistes  nus  qui  boxent  avec  le  ceste,  on  voit  le 
pyrrhichiste  armé  du  casque,  de  la  cuirasse,  des  cné- 
mides,  de  la  lance  et  du  bouclier;  auprès  de  lui,  se 
tiennent  deux  minuscules  joueurs  de  flûte  '\  .\thé- 
née  dit  aussi  que  les  Étrusques  se  livraient,  par  jeu,  à 
des  duels  orchestiques  dont  l'usage  aurait  ensuite 
passé  à  Rome  ",  et  l'on  a  pu  émettre  l'hypothèse  que 
les  histrions   étrusques,  comparés   par    Valère-Maxime 


'  Sur  un  miroir  de  Florence  est  représenU'e  une  danse  qui,  par  le  coslunio 
el  les  alUludes  des  dau^urs,  rappelle  la  fresque  de  la  tombe  del  Iriclinio; 
cf.  Gerhard,  Elr.  Spiei/et  pi.  xciii,  99.  —  2  On  trouve  encore  des  danses 
de  ce  genre,  Grotla  Jei  Cnccialuri  (Denais,  1,  p.  311):  Caméra  del  Morto 
(Dcunis,  1,  p.  37l-7i!);  GroHa  delk  Bii/he  (I)euuis,  I,  p.  373);  Tomba  del 
colle   Casuccini    (Dennis.    Il,    p.    3i4),   etc.    —  3  Dennis,     Op.   cit.    Il,  p.  3i4. 

—  '  Dennis.  Il,  p.  332  et  la  ligure.  —  ô  Une  amphore  élrusiiuc,  qui  n'est,  il 
est  vrai.  f|ue  la  copie  de  modèles  atliques.  nous  montre  un  guerrier  armé  du 
caséine,  du  liouclier  el  de  la  lance,  e\éculanl  une  sorte  de  marche  dansée.  Il 
est  acrompai:iié    par    un  joueur  de    llùle  :  cf.  Arch.   Anz.    iS98,   p.    13k,   n"  M. 

—  6  Ath.    IV.    153  f.    —    7    Val.    «la».    Il,    V,   :i.    —    8  Millier,     j;tntsk.    IV,   17. 

—  SLucr.  Il,  lii'J.  —  iiiFestns,  Oc  verb.  sif/mr.  !..  iil,  Lindcmanu  :  Ili^niocpiiin 


C'est  sous  la  double  action  de  la  Grèce  d'abord  et  en 
partie  aussi  de  l'Élrurie,  que  la  pratique  de  la  danse 
s'étendit  à  Rome,  en  même  temps  que  l'orcheslique  s'y 
conslituait  en  un  art  proprement  dit.  Aux  Étrusques, 
par  exemple,  les  Romains  empruntèrent  la  coutume  de  se 
livrer  à  des  duels  orciiestiques  par  où  fut  relevé  l'éclat 
de  leurs  fêtes  et  de  leurs  banquets'-.  Sur  un  point  très 
dilTérent,  c'est  l'introduction  du  graecits  ritus  à  Rome 
qui  amena  la  participation  directe  des  fidèles  à  divers 
chœurs  religieux'^;  dès  lors,  les  jeunes  garçons  et  les 
jeunes  filles  des  meilleures  maisons  s'adonnèrent  beau- 
coup plus  communément  à  la  danse  sous  la  direction  des 
maîtres  grecs".  D'autre  part,  Tite-Live  mentionne 
qu'en  l'année  390  =  364,  les  jeux  scéniques  ayant  été 
inaugurés  dans  laville,  des  ludions,  histrions  et  danseurs 
furent  appelés  de  l'Élrurie'"';  ces  artistes  étrangers  exer- 
cèrent natureUement  quelque  influence  sur  le  développe- 
ment de  l'art  orchestique  à  Rome.  On  sait,  enfin,  que 
la  pantomime,  qui  représente  la  forme  la  plus  parfaite 
de  cet  art,  ne  s'est  dégagée  de  l'ancien  canticum  des 
Romains  et  ne  s'est  constituée  en  un  genre  indépen- 
dant qu'en  s'appropriant  les  éléments  essentiels  de  l'or- 
cheslique grecque"*  ;  les  véritables  origines  delà  panto- 
mime romaine  remontent,  peut-on  dire,  à  la  belle 
époque  classique  '',  et  son  épanouissement  sous  le  règne 


saltalionem  dicebatit,  quando  cnm  armis  saltabant,  gitod  a  Romulo  instituttim 
est  ne  simite  pateretiir,  quod  fecernt  ipse,  cnm  a  ludis  Sabiilorum  virifine.i  râpait. 

—  II  De  Tranq.  15  :  Scipio  Iriumphate  illud  et  militare  corpas  moi'it  ad  numéros, 
non  motliter  se  infringens  ut  mine  mos  est,  sed  ut  illi  antiqui  viri  solebant  inter 
lusum  ac  [esta  tempora  virilem  in  modum  tripudiare.  —  t-  Ath.  IV,  153  /"  el  154  a. 

—  '1  Marquardl,  Vie  privée  des   nom.  I,  p.  139;   Culte  eh.  les  Bom.   I,   p.  223. 

—  11  Marquardl.  Vie  privée,  p.  I  iO.  Friedlander.  Mœurs  Romaines  du  rèqned'An- 
r/iiste  à.  la/in  des  Antonins,  trad.  Ir.  Il,  p.  235.  —  lôT.  I.iv.  VII,  2  ;  Ludioncs,  tti 
/•Uriirin  acciti  ad  tibicinis  modos  saltantes  haud  indecoros  motus  more  Tiisco  du 
baiil.  Val.  Max  fjict.  nicmor.  H,  4,  V  ;  l'Iul.  fjnaesl.  liom.  107.  —  16  Krause,  Op. 
cit.  Il,  p.  Stti  ;  Alh.  1,  20  e.  —  t'  Ou  se  souvient  des  pantomimes  qui  figurent  au 
Banquet  de  Xéuuphou. 


SAL 


—  lOol   — 


SAL 


d'Auguste  où  Lucien  place  son  apogée',  nesL  que  Tex- 
pression  dernière  des  tendances  mimétiques  inhérentes  à 
la  danse  grecque.  A  côté  des  anciennes  danses  des 
Itomains,  simples  pratiques  rituelles  ou  guerrières,  un 
art  orcliestique  s'introduisit  donc,  qui,  de  même  que  la 
musique,  dérivaitdircctement  delà  Grèce.  Aussi  la  danse 
romaine  présenle-t-elle  des  caractères  généraux  analo- 
gues à  ceu.x  de  la  danse  des  Grecs,  ce  qui  nous  dispensera 
d'y  insister  longuement  ici.  Bornons-nous  à  rappeler  que 
pour  les  Romains,  comme  pour  les  Grecs,  l'art  orcliestique 
est  avant  tout  un  art  (F expression,  et  que  la  mimique  y 
Joue  un  rôle  capital.  C'est  pourquoi  le  mol  sa/latiu  ne  dé- 
signe pas  uniquement,  comme  on  l'a  dit  parfois-,  l'art 
de  bondir  ou  de  sauter;  il  ne  se  fut  appliqué,  pris  dans 
ce  sens,  qu'aux  danses  primitives  de  Rome.  Nous  voyons 
que  les  Romains  ont  même  essayé  parfois  de  dégager  le 
mot  d'une  étymologie  qui  en  restreignait  par  trop  la  por- 
tée'. Les  Romains  entendaient  par  ««//«//o  l'art  du  geste 
dans  son  acception  la  plus  générale';  la  cliironomie,  en 
particulier,  dont  nous  avons  vu  toute  l'importance  en 
Grèce,  fut  amenée  à  Rome  à  sa  dernière  perfection  ■. 

2.  L'orcliestique  des  Romains  étant  pour  l'essentiel 
d'importation  étrangère,  nous  comprenons  aisément 
qu'elle  n'ait  pas  eu  chez  eux  la  fonction  éducative  qu'elle 
avait  remplie  en  Grèce,  et  qu'on  ne  lui  ail  pas  reconnu  la 
même  importance  nationale.  Seul  un  art  fut  introduit, 
ayant  désormais  sa  fin  en  lui-même,  détaché  de  l'ensemble 
d'idées  et  de  coutumes  qui,  ailleurs,  en  avaient  assuré 
le  développement  et  réglé  le  juste  exercice.  On  doit 
ajouter  que  dans  la  Grèce  même,  à  l'époque  où  ce  pays 
exerça  une  réelle  action  sur  Rome,  la  danse,  comme  la 
gymnastique,  était  bien  déchue  de  l'ancien  caractère 
qui  avait  fait  sa  valeur  et  sa  fortune.  L'orcheslique 
et  la  gymnastique  des  Grecs  ne  parvinrent  à  la  connais- 
sance de  Rome  qu'au  moment  où  «  ces  nobles  arts,  sur 
la  pratique  desquels  la  sagesse  d'anlan  avait  fondé  la 
prospérité  et  le  progrès  de  l'Étal,  avaient  perdu  leur 
signification  originaire,  cessé  d'être  soutenus  par  une 
grande  pensée;  ce  n'était  plus  qu'affaire  d'habitude, 
d'amusement  el  de  parade''  ».  Aussi  la  danse  apparut- 
elle  surtout  aux  Romains  comme  un  art  d'agrément, 
sans  relation  directe  avec  l'éducation  nationale,  comme 
un  plaisir  superllu  et  souvent  peu  compatible  avec  la 
gravité  des  anciennes  mœurs.  C'est  ce  qui  explique  la 
méfiance,  l'hostilité  même  que  plusieurs  d'entre  eux 
témoignèrent  d'abord  à   l'orcheslique,  el    qui    contras- 

•  l.uc.  De  sait.  'H.  —  2  Cf.  .«illl.  Die  Geb/inlen  itér  Oriech.  ur,,l  llûm.  p.  2t3. 
—  3  V.  f)c  l'Aulnayc,  De  la  saltaiion  tliéàlrulf,  noie  I.  —  '  l.cs  mains  cl  lis 
liras  jouent  toujours  un  rôle  essentiel  dans  rorclicstir|ue.  Cf.  Ov.  Am.  t,  505: 
Si  mx  est,  caïUa.  si  mollia  brachin.  salla  ;  Ov.  Am.  Il,  30fi  :  Bracira  sat- 
tantis,  vocem  mirare  canentis.  —  ■»  L'art  du  geste  était  égalemenl  cultivé  à 
Itoine  par  les  dansuiirs  et  les  acteurs.  Kosciiis  y  excellait,  et  Cicéron  se  plai- 
sait â  rivaliser  avec  lui  en  emprunlanl  les  ninyc-ns  de  l'éloifuence  verbale;  cf. 
Macr.  .Sat.  11.20  :  El  certe  satis  constat  conlendere  eum  ciim  histrione  solUuni, 
iitrum  ilte  saepiiis  eamdem  sententiam  variis  yestibus.  efficeret,  an  ipse  per 
eIo(fuentiae  copiarn  sermone  diferso  pronuntiai'el.  L'art  du  geste  était,  d'ail- 
leurs, important  pour  l'orateur  lui-même.  Cf.  Cic.  De  orat.  111.  5G,  216;  (Juint, 
Inst.  orat.  1,  11-13;  XI,  3,  87  ;  XI,  3,  «1  ;  clc.  Il  y  avait  à  Rome  une  vérilaUe 
éloipience  de  la  danse  {manu,  puer  /ofuox,  dit  Pétrone,  éd.  buclieler,  p.  iii). 
La  chironouiie  était  l'élément  essentiel  de  la  pantomime  romaine  (V.  Fried- 
l»nder,  Mœurs  romaines,  11,  p.  223  sii.:  cf.  Juv.  .S'«(.  VI,  153.  Sur  sa  perfection, 
cf.  Luc.  De  sait.  63,  t;4,  69  ;  chez  les  Romains.  ré<|uivalent  de  ■,..,^.„fix-.  est 
gesticulari  :  cf.  .Suet.  Nera.  42;  Colum.  Praef.  1;  Val.  Jlax.  11,  e.  4.  On  ne 
trouvait  pas  la  cliironomie  qu'au  lliéàtre  ;  Juvénal  {Sat.  V,  I2U)  parle  d'une  sorte 
d'écuyer  tranchant  cliironome.  Cet  art  du  gesie,  ou  du  moins  sa  réputation,  se 
prolongea  1res  loin;  Cassiodore  (Ep.  I,  20)  l'appelle  une  musique  muette  : 
Hanc  partem  musicae  Uiscipliuae  mutarn  majores  nostri  nominaverunt ,  scilicet 
quae  ore  claaso  manibus  loqidtur  et  qnibusdam  gesticulationibus  facit  inteUiyi 


lent  vivement  avec  l'estime  où  la  tenaient  les  plus 
sages  des  Grecs.  Sans  doute,  dès  l'époque  qui  précède  la 
troisième  guerre  punique,  le  goût  public  est  assez  favo- 
rable à  la  danse  ;  des  enfants  de  naissance  libre,  des  fils 
de  sénateurs,  des  je  unes  filles  même,  fréquentent  les  écoles 
des  maîtres  grecs  [ludi  saltatorii)  '.  Mais  nous  connais- 
sons la  vive  indignation  de  Scipion  Émilien  contre  les 
danses,  un  peu  libres  parfois  il  est  vrai,  qui  y  étaient 
exécutées*.  Bien  qu'ami  de  la  Grèce,  ce  Romain  condam- 
nait le  chant  el  l'orcheslique,  et,  pendant  sa  censure,  il  fil 
fermer  tous  les  lieux  où  on  les  enseignait".  Un  peu  plus 
lard,  Cornélius  Népos  dit  en  propres  termes  que  danser 
est  considéré,  à  Rome,  comme  un  vice,  et  il  oppose  sur  ce 
point  l'opinion  de  ses  contemporains  à  celle  des  Grecs  '" 
Pour  Cicéron,  la  danse  est  minislra  voluplatis  ",  et 
lorsqu'il  défend  Muréna  contre  Caton  qui  l'avait  ac- 
cusé, entre  autres  choses,  d'être  un  danseur,  il  marque 
bien  que  la  danse  est  le  plus  souvent  un  témoi- 
gnage d'ivresse  ou  de  folie '^  Il  faudrait,  d'ailleurs,  se 
garder  d'exagérer  la  portée  de  ces  témoignages,  et  d'en 
conclurt!  que  la  danse  était  absolument  proscrite  des 
mœurs  romaines.  Sans  sortir  de  l'époque  où  nous  nous 
trouvons,  Gabinius,  l'ennemi  deCicéron,  M.  Co^lius,pour 
lequel  Cicéron  plaide,  sont  renommés  comme  habiles 
danseurs  '".  .\vec  la  politesse  croissante  des  mœurs,  et 
à  mesure  qu'on  se  relâche  davantage  de  la  sévérité 
d'autrefois,  l'antique  opinion  se  modifie  à  Rome.  Di'jà 
Salluste,  malgré  ses  affectations  de  moraliste,  reprochait 
moins  à  Sempronia  de  danser  que  de  danser  mieux  qu'il 
n'est  nécessaire  à,  une  honnête  femme  '\  En  dépit  de 
quelques  protestations  soulevées,  de  temps  à  autre, 
par  le  penchant  excessif  des  jeunes  gens  pour  la  panto- 
mime'■',  le  changement  d'idées  est  tout  à  fait  notable  à 
partir  d'.\uguste  "'.  La  danse  arrive  à  être  considérée 
comme  l'exercice  naturel  de  toute  personne  bien  élevée  ; 
elle  fait  partie  de  divertissemenls  de  la  bonne  compa- 
gnie '^  Horace,  célébrant,  sous  le  nom  de  Licymnia,  la 
femme  de  Mécène,  faitl'élogede  sa  voix, puis  ajoute  qu'il 
ne  lui  messied  pas  non  plus  de  se  mêler  aux  chœurs  de 
danse'*.  Slace  pourra  bientôt  compter  parmi  les  talents 
de  sa  fille,  qui  la  rendent  digne  du  choix  d'un  époux,  son 
habileté  à  jouer  de  la  lyre  et  à  danser  '".  Mais  notons  bien 
qu'à  cette  époque  de  culture  affinée,  la  danse  est  admise 
et  louée  au  même  litre  fju'elle  était  dénigrée  d'abord  au 
titre  d'arl  d'agrément.  On  est  toujours  fort  éloigné  delà 
pensée  de  Socrate  el  de  Platon. 

tjiiod  l'ix  narrante  linijua  aiit  srripturae  textu  possit  agiiosci;  et  IV,  51  :  //ic 
suitt  odiitae  orchistrarum  loqna.cissimae  manus,  linquosi  dif/iti,  claniosum 
silentium,  e.rpo8itio  tacila,  qunm  Musa  Polymnia  rept;rlre  narratur,  ostcndcns 
hommes  passe  sine  oris  ajfatu  suum  relie  declarare;  v.  encore  Cyp.  De  Spect. 
p.  370  :  Vir  ultra  muliebrem  mollitiem  dissolutits  cui  ars  -sit  verbu  manibus 
expediie.  Ajoutons  que  chez  les  Romains  cet  art  du  geste  ne  se  limitait  pas  aux 
inoyeus  d'expression  fournis  par  les  bras  et  par  les  mains.  V.  Apul.  {Met.  X. 
32,  12  (éd.  van  der  Vliet).  Danse  du  Jugement  de  Paris  :  Xonuunquam  saltnre  solis 
oculis.   —  6    Marquardt,     VVe  privée,  I,    p.     137.    —    ^   Macr.  Sat.    111,    14.  4- 

—  s  Macr.  Ibtd.  :  Vidi  puerum  bultalum  cuni  crotalis  sattare,  quam  saltationem 
impudicus  servulus  honeste  saltare  non  posset.  —  9  Cf.  G.  Boissier,  La  reti- 
i/ion  rom.  d'ÂuQusle  aux  Antonins,  11,  p.  245.  —  '0  Corn.  Nep.  Epam.  1,  2. 
Scimus  enim,  musieen  nostris  moripus  abesse  a  principis  persona,  saltare  vero 
etiam  in  vitiis  poni  ;  quae  omnia  apud  Graecos  et  grata  et  laude  digna.  —  tl  />e 
tl/f.  I,  42,  150.  —  ta  Pro.  Mur.  6.  13.  —  l»  Cf.  De  l'Aulnaye,  De  la  saltation  théâ- 
trale, p.  70-71.  —  14  Catil.  25  ;  cf.  Macr.  Sat.  111,  14,  4  :  Adro  et  ipse  Semproniam 
reprehendit  non  qtiod  saltare  sed  quod  optime  scierit.  —  '^  Sen.  Contr.  1.  praef. 
H.  p.  40  (Bursian)  :  Torpent  eece  ingénia  desidiosae  jurentutis...  cantandi  saltan- 
dique  obscena  studia  effeininatos  tenent.  —  ">  G.  Boissier,  t>p.  cit.  p.  251   sq. 

—  "  Ov.  Am.  i,  595;  llor.  .Sat.  I,  9.  23;  Manilius,  IV,  525.  —  I»  Od.  II,  12.  (8. 
_  19  Silv.  m,  5,  64.  La  véritable  passion  de  Caligiila  pour  la  danse  (Suet.  Calitj. 
55)  ne  fil  qu'accentuer  encore  le  goût  des  Romains  pour  l'orcliestique. 


SÂL 


—  ior)2  — 


SAL 


II.  /.('.s-  danses  des  /iomnins.  —  1.  I^cs  plus  ancionnps 
danses  des  Romains  sont  lios  danses  guerrières  el  sacer- 
dotales. La /><•// /c/Y'/w,  insliluée  par  Uouuilus,  élailvrai- 
senil)Ial)lemenl  une  danse  armée  préparant  à  la  guerre 
et  ofl'rani  peul-èlre,  dans  ses  grandes  lignes,  une  repré- 
sentation mimétique  du  eombat.  Les  Komains  ont 
aussi  connu  la  pyrrhique  des  (îrees',  mais  chez  eux, 
comme  dans  la  Grèce  de  la  même  époque,  elle  nous 
apparaît,  le  plus  souvent,  dépourvue  de  son  caractère 
guerrier  '.  Le  nom  de  pyrrhique  fui  appliqué  par  les 
Romains  ù  des  danses  de  fête  très  diverses  sur  lesquelles 
nous  aurons  occasion  de  revenir.  Il  est  possible  pourtant 
qu'une  danse  assez  analogue  à  la  jiyrrhique  de  l'Age  clas- 
sique ",  la  «  pijrrliique  mililaire  »,  ail  été  parfois  exé- 
cutée à  Rome  et  donnée  en  speclacle  public  ^  En  tout 
cas,  il  parait  certain  que  la  conception  d'une  orclieslique 
proprement  guerrière  remontait  aux  origines  de  la  tra- 
dition romaine  et  qu'elle  y  subsista 
longtemps,  en  dehors  même  de  toute 
pratique.  Celte  idée  se  traduit  bien, 
par  exemple,  dans  le  type  célèbre  de 
Mars  dansant,  connu  sous  le  nom  de 
Mars  ('/for  du  Capitole,  qui  nous  a 
été  transmis  par  un  grand  nombre  d(! 
médailles,  de  gemmes  et  par  une  cu- 
rieuse statuette  de  bronze  (fig.  (iOTS)'. 
Le  culte  de  Mars  comportait,  d'ailleurs, 
des  danses  rituelles  à  appareil  guer- 
rier, qui  sont  pour  nous  une  des  va- 
riétés les  mieux  connues  de  la  danse 
armée  chez  les  Romains. 

2.  La  danse  des  Saliens  [salii]  est 
peut-être  la  plus  antique  des  danses 
sacerdotales  qui  appartenaient  au 
vieux  culte  romain  ".  Les  Saliens  sont  avant  tout  des 
danseurs,  et  les  anciens  font  dériver  leur  nom  de  cellt; 
fonction  essentielle  '.  Aux  fêtes  de  leur  dieu,  ils  exécu- 
taient leur  danse  qui  était,  selon  Lucien,  pleine  de  no- 
blesse et  de  sainteté*.  Vêtus  d'une  tunique  de  pourpre 
brodée  (^Mn/c«  picUi),  portanl  le  casque,  la  cuirasse  et 
l'épée  ',  les  Saliens  formaient  un  cortège  précédé  des 
trompettes  ((u/)ici7ies)"^.  Ils  tenaient  d'une  main  le  bou- 
clier sacré,  de  l'autre  une  sorte  de  bâton  dont  les  extré- 
mités étaient  munies  de  deux  grosses  boules".  La  pro- 
cession s'arrêtait  dans  tous  les  lieux  sacri's  de  la  ville  ;  la 
troupe  des  Saliens  évoluait  alors  autour  de  l'autel'-  ;  ils 
se    déplaçaient    jirobablement    d'abord    de    la    gauche 

)  IJiiinl.  Jnst.  oral.  I,  11.  Lacaaiemonios  ipiidcm  cliam  saltntionem  guam- 
dam,  tnnqunm  ad  bclla  qiioqiie  utilum,  halniisse  inler  excercilalionem  acce- 
pimus.  —  i  Sur  le  Winoignasc  ilc  Sei-vius  {Ad  .Xen.  V,  Oui),  on  a  parfois  assinijll: 
la  |)yiThi(tiic  (les  Humains  airx  jeux  Iroyens.  Mais  les  jt-ux  troyens  sont  des  jeux 
essenliolIcmenL  éi|uesli'ns  que  1rs  anciens  cu\-niôincs  ont  opposé  à  la  pyrrliiijue; 
cf.  Suet.  CaifS.  cap.  30.  Cf.  Mem-sius,  Orchestra  c.  X'ih-'t  ;  Krause.  Op.  cit. 
p.  H30,  n.  17.  —  3  Marne  mililaire,  la  pyrrliiipic  est  ilc  plus  en  plus,  à  Home,  un 
simple  eiercicc  de  parade.  César  parlant  avec  mépris  des  jeunes  partisans  de 
Fompéc  les  appelle  t-ù;  t^Uii  ioOtou;  .«!  ivO^ifoCs  ,u;f.,.ia,d;  (Plut.  Pomp. 
c.  69|.  —  *  Ael.  Spart.  Hadr.  c.  19:  MiUtari's  pyrrhichas  populo  rmquenler 
exltibuii  :  Agalliias,  De  Aarset.  Il,  5,  itufpî/ïiv  tivà  îvôiîÀtftv  ;  cf.  Suet.  Cnes. 
c.  39.  —  C  (X  Bruno  .Scliroder,  t)w  Virloriit  von  /'ulruloiif,  p,  lu,  fi};.  4.  (Wiu- 
Ckelm.  Progi-.  Berlin,  19U7).  —  0  IJnint.  Jiist.  or.  I,  11.  Is  ;  i-erv.  .\d  Bnr.  V, 
73;  cf.  Seidcl,  De  saltatiomhiis  sacris  reti-riim  /lumanoi-iim.  Berol.  ISili.  l..-i 
musique  fait  aussi  partie  du  vieux  rituel  romain  ;  cf.  Marquardl,  Culte,  1,  p.  il  I, 
n.  8;  p.  Ïi3  ;  p.  t'i;  H,  p.  168;  Vie  priri'e.  11,  p.  6U8.  —  TA  satiendo  ou 
salitiindo,  Varro,  Ling.  Inl.  5,  S5;  Serv.  Ad  Aen.  Vlll,  -285,  (iiJ3  ;  V.  les 
autres  témoignai^es  des  auteurs  anciens  dans  Manjuardt,  op.  cit.  p.  I0.>,  n.  -1. 
-  8  l,uc.  De  aalt.  iO,  a,^.,,Tit,v  t<  ti|i«  »»'  Ufux.tr,-,.  —  9  T.  I.lv.  I.  :i(i,  4. 
cf.  Injîliirami,  Mon.  eirusc.hi.  VI,  lav.  B,  5,  n»  C  ;  Aunnli  d.  Inst.  ISOU,  lav. 
E.  ;  Slai(|uar.ll,  Culte  des  llom.  11,  p.    103     SAiiiJ.    —    lU   Hu  Ij-LS-reiief  de  Tihur, 


viM's  la  droite,  puis  de  la  droite  vers  la  gauche,  et 
faisaient  ensuite  un  tour  complet".  Toutes  ces  évolu- 
tions étaient  accompagnées  de  sauts  ou  plus  exacte- 
ment de  trépignemenis  analogues  à  ceux  du  foulon'*. 
Les  Saliens  frappaient  la  terre  du  pied  beaucoup 
plutôt  qu'ils  ne  dansaient'^;  au  praestil,  ou  chef  de 
la  danse,  appartenait  de  donner  le  signal  et  l'exemple 
de  ces  mouvements  (ampiriiare),  et  les  Saliens  l'imi- 
taient ensuite  {redanipti'uare)"'.  Tout  en  dansant,  les 
Saliens  faisaient  résonner  leur  bouclier  qu'ils  frap- 
paient soit  avec  le  bâton  dont  nous  avons  parlé  plus 
haut,  soit  avec  leur  glaive'^.  Ils  accompagnaient  aussi 
leur  danse  d'un  chant  exécuté  sous  la  direction  du 
iHiles  ou  chef  du  chant. 

La  danse  des  Arvales  [arvalks],  qui  est  aussi  fort 
ancienne,  nous  est  beaucoup  moins  connue.  Au  deuxième 
jour  de  leur  principale  fête,  en  l'honneur  de  la  déesse 
nommée  Dea  Din,  après  le  sacrifice,  restés  seuls  dans  le 
temple,  les  Arvales  y  exécutaient  une  danse sacréeaccom- 
pagnée  d'un   hymne   en  vers  saturnins". 

A  côté  de  ces  danses  sacerdotales,  il  y  eut  encore, 
parla  suite,  à  Rome,  comme  nous  l'avons  déjà  signalé, 
des  danses  religieuses  exécutées  par  les  fidèles.  C'est 
ainsi  que  les  jeunes  gens  des  premières  familles  pre- 
naient part  au  chant  et  à  la  danse  aux  f(?les  d'Apol- 
lon et  à  l'occasion  des  Supjilications  '".  Pour  les  Sup- 
plications, nous  savons  que,  dès  l'année  3-47  ^=  207, 
trois  chœurs,  comprenant  chacun  neuf  jeunes  filles, 
chantèrent  et  dansèrent  un  hymne  en  l'honneur  des 
dieux-".  Cet  usage  s'introduisit  fréquemment  dans  le 
culte.  Le  Carmen  saeculare  d'Horace  est  un  témoi- 
gnage curieux  de  cette  pratique  qui  se  perpétua  à 
Rome  et  que  l'on  peut  constater  encore,  par  exemple, 
sous  le  règne  de  Caligula^'. 

3.  A  Rome,  comme  en  Grèce,  la  danse  figurait  aussi  dans 
bon  nombre  de  fêles  et  de  cérémonies  publiques-^  en 
relation  plus  ou  moins  directe  avec  le  culte.  La  plupart 
des  grands  jeux  de  Rome  étaient  accompagnés  d'un  cor- 
tège, pompa  ;  il  avait  lieu  aux  Liidi  Matjni,  au  Ludi  Apnl- 
(inares,  aux  Ludi  Megalenses  et  Aiiijasta/es-'.  Or  ces 
cortèges  étaient  l'occasion  de  réjouissances  orchestiques, 
si  nous  en  jugeons  par  la  description  que  fait  Denys 
d'Halicarnasse  des  Ludi  Magni-''  :  Après  le  défilé  de  la 
jeunesse  romaine,  celui  des  chars  et  des  cavaliers  qui 
devaient  prendre  part  aux  jeux,  on  voyait  s'avancer 
d'abord  trois  groupes  de  danseurs  armés,  celui  des 
hommes,  des  jeunes  gens  et  des  enfants.  Ils  étaient  suivis 

aujourd'hui  perdu,  représentait  cette  procession.  V.  iMarf[uardt,  Culte  chez  tes 
nom.  Il,  p.  IS3,  u.  4  [Cf.  sAui).  —  "  Annali  d.  Inst.  1SC9,  p.  70,  Uv.  li.  —  12  Serv. 
AdAen.  Vlll, 1163:  ctica  aras  saliunt  et  tripudiant;  Vlll,iS5:  Tun,  Snlii  nd  cantus 
iuceuas  nllaria  circum,  Populeis  adsunt  eitincti  tempora  ramis.  —  '3  Cf.  Meur- 
sius,  Orchestra  co\.  1207.  —  'V  Senec.  Kp.  XV,  4;  /i7  sntlus,  vet  itle  qui  corpus  in 
allum  levai,  vel  ille  qui  in  longum  miltit,  vel  ille  ut  ita  dicajn  saliaris,  aul,  ut 
contumeliosus  dicam,  fullonius.  —  IS  Hor.  Od.  IV,  1,  i8,  pede  candido,  in  morem 
.Saiium,  1er  quatient  Immum;  cf.  Plularrli.  Nunm  13;  l'eslus,  Ï70  b,  3i.  —  16  cf. 
Meursius,  Orchestra  col.  1297.  texte  de  Keslus  :  fledamptrunre  d-citurin  Salioruiu 
exsultalionilius,  cuin  praesul  amptruavit,  quod  est  motus  edidU  ;  et  referuntur 
invicem  iidem  motus.  —  "  T.  I.iv.  I,  20,  4;  Plnlarcli.  Numa,  13;  Uionys.  Hal.  Il,  70. 
—  I»  Marquar  ,t.  Culte  chez  l.  llom.  Il,  p.  loi.  Il  exislail  nalurcllementdHuties  danses 
sacerdotales  ou  religieuses  dans  les  cultes  proprement  romains  ou  iniporiés  en  Italie. 
Mais  nous  les  connaissons  mal.  Une  peinture  irllerculanum,  aujourd'hui  au  Musée  de 
Naples,  représente  peut-être  nue  danse  sacrée  du  culte  d'isis.  V.  Gusman,  Pompvi, 
p.  92-03.  —  f'JMarquarill,  Cu/Zec/ie:  (.  Hum.  1,  p.  223;  Viepriv.  desltom.  I,  p.  1 39;  lier. 
Oli.  IV,C,3I,  Virginum primae, puerique  Claris  patribus  orti;  Carm.  Saec.  5:  Vir- 
gines  lectns.  elc.  —  '■ÎO T.  Liv.  XXVII.  37,  (»T  novenac  virgines...per  manus  reste  dita 
souum  vocispulsupedum  modulantes  incesserunt.  — ^'  Suet.  Calig.  16.  —  2'^  Cf.  De 
l'Aulnaye.  De  lu  saltulion  thihltrale.  p.  50.  —  i3  Marquardt.  Vie  i-ric.  d.  llom.  II. 
p.  ;ius;  Culte  des  llom.  U,  p.  ÏTO.  -  21  Ujoiiys.  liai.  Vil.  72. 


SAL 


—  1053  — 


SAL 


de  danseurs  comiques  revêlus  de  Uiniqiies  grossières  en 
peau  de  mouton  ou  de  bouc  (sruteae  ou  chortei)  au- 
dessus  desquelles  élait  passé  un  léger  manteau  tissu  de 
fleurs'.  Ces  danseurs  burlesques  exécutaient  la  xiLinnh 
grecque  ou  danse  des  satyres-. 

A  l'époque  impériale,  la  danse  est  un  élément  essentiel 
des  fêtes  et  spectales  de  la  ville  et  de  la  cour.  On  y  voit 
exécuter  notamment  plusieurs  danses,  désignées  sous  le 
nom  général  de  pijrrhlque,  mais  assez  difl'érentes  les  unes 
des  autres \  Une  des  formes  les  plus  célèbres  de  cette 
pyrrhique  élait  celle  qui  était  dansée  en  lonieetdans  les 
provinces  d'Asie  Mineure,  aux  fêtes  solennelles,  par  les 
jeunes  gens  des  plus  nobles  familles  '.  On  rapporte  que 
plusieurs  fois  ces  danseurs  furent  appelés  à  Rome  par  les 
empereurs,  et  que  le  droit  de  cité  leur  fut  souvent  octroyé 
en  récompense  de  Tliabilelé  qu'ils  avaient  montrée  '. 
Nous  savons,  d'ailleurs,  que  dans  la  maison  impériale,  des 
esclaves  des  deux  sexes  étaient  entraînés  à  ces  danses. 
Il  semble  bien  que  la  pyrrhique  dégénérée  pouvait  être 
dansée  soil  par  des  jeunes  garçons  seuls,  soit  par  des 
jeunes  garçons  et  des  jeunes  filles;  le  plus  souvent,  ces 
exécutants  étaient  des  esclaves  ou  des  artistes  de  profes- 
sion". .\pulée  nous  donne  un  exemple  intéressant  d'une 
pyrrhique  exécutée  par  des  danseurs  des  deux  sexes,  lors 
d'une  fête  donnée  dans  la  colonie  romaine  deCorintlie  ". 
Des  jeunes  garçons  et  des  jeunes  filles  d'un  âge  floris- 
sant se  livrent  à  des  évolutions  savantes  et  mesurées  ; 
ils  forment  d'abord  une  ronde  souple  et  mouvante,  se 
déroulent  en  chaîne,  puis  se  disposent  en  coin,  el  enfin 
se  séparent  en  deux  troupes*.  Comme  on  le  voit,  il  n'y 
a  dans  une  telle  danse  ni  mimique,  ni  appareil  spéciale- 
ment guerrier.  Quelquefois  pourtant,  danseurs  et  dan- 
seuses se  livraient  à  des  combats  simulés',  mais  tout 
à  fait  dépourvus  de  caractère  d'exacte  réalité  quofirait 
l'ancienne  pyrrhique  grec(iue.  Le  plus  souvent,  les 
pyrrhiques  romaines  n'étaient  que  des  danses  joyeuses, 
erotiques'"  ou  bachiques";  dans  certains  cas,  elles 
se  compliquaient  d'un  argument  mythologique  qui 
les  rapprochait  alors  tout  à  fait  de  la  pantomime  pro- 
prement dite  '-. 

La  pantomime  figurait  surtout  dans  les  spectacles  du 
théâtre.  .Nous  n'avons  pas  à  insister  ici  sur  cet  art  qui 
représente  la  forme  la  plus  parfaite  de  l'orchestique  à 
Rome"  ^i'A.\T0Mi.Mis\  Rappelons  seulement  que  ce  furent 
Pylade  et  Batliylle  qui,  sous  le  règne  d'Augusle,  firent 
de  la  pantomime  un  genre  à  part  dont  ils  empruntèrent 
les  principaux  éléments  à  l'orcheslique  de  la  Grèce  ".  La 


'  De  TAulDaye,  Op.  cit.  noie  il .  —  2  Dionys.  Haï.  îoc.  cit.  La  (Jausc  ne  ligurail  pas 
moins  dans  les  nouveaux  jeux  qu'aux  anciens.  C'est  dans  les  Juvennles  instihn^s  par 
Néron,  qu'on  vil  danser  .\clia  Calella,  femme  très  riche  el  de  liaule  naissance,  alors 
ig^dequalrc-vingls  ans  ;cf.  De  l'AuInaye,  Op.  cit.  p.  59.  —  3  Friedliindcr,  Mœurs 
de>  llomaim  II,  p.  2^0.  -  »  Suel.  Caes.  39.  —  S  Dio  Cas.  60,  7  el  i3.  —  6  hricd- 
Under,  U/,.  cit.  Il,  p.  i:iO.  -  ''  Apul.  Mctam.  X,  i9,  18  :  Pelli  puellaeque  vireiili 
florcnles  aelatata,  forma  conspicuiy  vitte  nitiili^  incessu  gestiiosi  ffraecanicnm 
nattaturi  pyrrhichtm  liisposttis  ordinationtims  decoros  ambitus  inerrattaut,  elc. 

—  >>  Apul.  lôid.  Nous  a^ous  vu,  d'ailleurs,  ctiez  les  Grecs  eux-mômes  l'origine  de 
ces  IransFornialious ;  cf.  Xen.  Anafi,  VI,  I,  lï.  —  9  Friedlandcr,  Op.  cit.  II. 
p.  i30  :  Antli.  lat.  éd.  Meyer,  859  ;  lit  spatio  Vencris  simulantur  protliu  ilar- 
/i«,  elc,  —  10  Elles  étaionl  parfois  exéculécs  dans  les  festins  (Sucl.  Ncru,  12)  oii 
on  se  livrail  aussi  à  des  duels  orclieslii|ues,  selon  la  coulunie  des  Hlrnsques  (Alli. 
IV,  153 /-el  154  a).  —  H  Alli.  XIV,  031  a.  flinc  (//.  jV.  VIII,  2,  1)  dil  qu'on 
apprenait  aux  élépliants  à  exécuter  la  )iyrrln((ue.  —  >^  Friedlandcr,  Op.  cit.  Il, 
p.  231.  —  1*  V.  partie.  Krause,  Gijmnastik  tind  AtfOnistik  d.  Helten.  It,  p.  846  sq.; 
Ue  l'Auluaye,  De  la  sattatiun  théntrate,  p.  62  S().  ;  Friedl.iiider,  .\t(Kurs  des 
/tumains.  Il,  liv.  6,  p.  2l2  sq.  ;  Siltl,  Ùie  Gelnirdcn  dcr  Uriecli.  und  Itûm.  p.  246  si|. 

-  I»  Ktausc,  Op.  cit.  Il,  p.  816.—  15  Alli.  I,  20  e.  —  16  Mut.  t'ono.  l^robl.  Vil. 
S;  Atb.  I,  20  e;  Scnec.  Hhtit.   /tecl.  111,  proeui.  Pytadcs  in  comoedia,  iiathyllus 


danse  de  l'Italie  (ixaXixvî)  fut  constituée  par  eux  de  l'union 
des  trois  danses  du  théAtre  grec,  l'emmélii;,  le  kordax 
et  la  sikinnis'".  La  danse  de  Batliylle,  di-coulant  de  ces 
deux  dernières  variétés  orchestiqiies,  élait  vive  et  gaie 
el  difiérait  profondément  de  celle  de  Pylade".  Celui- 
ci,  qui  avait  écrit  un  ouvrage  sur  son  art,  fut  le 
fondateur  de  la  pantomime  tragique,  majestueuse  et 
grave''.  La  pantomime  était  dansée  soit  par  un  seul 
acteur  qui  remplissait  alternativement  ou  successive- 
ment plusieurs  rôles,  soil  par  plusieurs  qui  jouaient 
simultanément.  Pylade  inlroduisit,  pour  la  pantomime, 
un  accompagnement  à  grand  orcheslre  avec  flùle,  fifre, 
lyre  et  cymbales '^ 

4.  Chez  les  Romains,  de  même  que  clie'/.  les  Crées,  la 
danse  se  retrouvait  encore  dans  quelques  circonstances 
de  la  vie  privée,  comme  les  cérémonies  de  funérailles, 
les  réjouissances  du  mariage  ou  simplement  du  banquet. 
Danseurs  et  mimes  apparaissaient  dans  le  cortège  funè- 
bre". Nous  savons,  par  Denys  d'IIalicarnasse  qu'aux 
funérailles  des  grands  personnages,  des  ciiœurs  de  saty- 
risles  exécutaient  la  siLinnis;  ils  bouil'onnaienl  à  l'envi 
comme  dans  les  cortèges  triomphaux,  et  imitaient,  de 
façon  burlesque,  les  danses  sérieuses  '-".  Il  est  probable 
aussi  que  la  naenia  qui,  jusqu'à  l'époque  des  guerres 
puniques  au  moins,  était  chantée  par  des  pleureuses 
(l)raepc(ie),  était  accompagnée  de  mouvements  orches- 
tiques.  Il  en  était  de  même  sans  doute  pour  les  chants 
({u'enlonnait  le  cortège  nuptial  qui  s'avançait  à  la 
tombée  de  la  nuit,  sur  le  rythme  de  la  Hùte,  dans  la 
cérémonie  de  la  deductio'^K 

La  danse  élait,  surtout  à  Rome,  un  élément  imporlant 
des  réjouissances  du  banquet.  Dès  la  fin  de  la  Répu- 
blique, il  y  avait  dans  les  riches  maisons  des  troupes 
d'esclaves  mimes  et  danseurs  qui  servaient  à  ces  spectacles 
domestiques"--.  On  y  employait  aussi  des  mimes  ou  des 
danseuses  de  profession  qu'on  faisait  venir  pour  l'occa- 
sion. Les  danseuses  de  Syrie  -^  et  de  Gadès-''  étaient  parti- 
culièrement célèbres  à  Rome;  elles  se  livraient  à  une 
orchestique  voluptueuse  et  lascive  consistant  surtout  en 
d(''tianchemenls  scandés  du  cliquetis  alterné  des  cro- 
tales-'. On  se  souvient  que  lorsque  Properce  s'efiorcait 
d'oublier  Cynlhia,  c'était  la  joueuse  de  crotales  Pliyllis 
qu'il  fai.sait  venir  de  l'Aventin -".  Une  peinture  du  musée 
de  .\aples  représente  une  de  ces  danses  de  banquet;  on 
y  voit  une  femme  entièrement  nue  qui  danse  sur  un 
accompagnement  de  flùle  devant  les  convives  assem- 
blés-'. 11  est  probable  que  c'élait  aussi  dans  les  festins 


in  tragoedin,  multum  a  se  nberant.  l'erse  dans  la  Sat.  V.  appelle  Balhyllc  un 
satyre;  il  veut  signifier  par  là  qu'il  dansait  la  sikinnis  (Meursius).  —  ft  Alli. 
1,  20  e;  etc.  —  '*  Cf.  FriedISnder,  Op.  cit.  H,  p.  219-220;  SiUI,  Op.  cit.  p.  250. 
Sur  l'incroyalile  passion  des  Romains  pour  la  paiiloniimc,  v.  Friedl.inder,  II,  p.  223  ; 
Siltl,  p.  250  251,  elc.  -  19  Marquardl.  Vie  prœéedes  Rom.  1,  p.  412.  —2"  Dionys, 
liai.  VII,  72;  Suel.  Caes.  84;  De  l'AuInaye,  Op.  cil.  noie  41.  Un  de  ces  raimes 
représeulail  sans  doute  le  défunt  et  ses  actions  (.Sud.    Vesp.  19i.  —  21  Marquardl, 

Vie  privée  des  liont.  I,  p.  64.  Les  cliatits  d'Iiyménée  tels  que  ceux  que  nous  trou- 
vons chez  Catulle  étaient  prohablement  accompagnés  de  mouvements  orcliestiqnes. 
—  22  Marquardt,  Vie  privée  des  Jlom.  I,  p.  I7S  cl  n.  I.  Sur  ces  speclacles  orclics- 
liques  privés,  V.  Becker-Ciôll,  Galtus,  III,  p.  373.  —  2J  Virg.  Copa,  1,-2'  Mari.  V, 
78,  26;  VI,  71,  12  ;  Juv.  XI,  162.  —  25  Virg.  Copa  1  sq.  :  Copa  Syrisca,  capul  (irnia 
redimita  mitella^  Crispurn  sut/  crolalo  docta  movere  talus  Ebria  fumosa  saltut 
lasciva  taberna^  Ad  cubitum  rancos  excutiens  calamos.  Juv.  XI,  162  :  Fovsilan 
expectes  ut  Gaditanu  canoro  Incipial  jiriirire  citoro, ptausut/ue probato  Adlerram 
tremulo  descendant  dune  puellae  ;  Mari.  V,  78  :  Aec  de  Gadihus  improbis  puetlue 

Vibrubunt  sine  fine  prurientes  Lascivos  dociti  tremore  lumbos.  —  2ti  l'rop.  V,  8, 
29.  —  *7  (jusman.  Pompei,  lig.  p.  351.  Il  y  avail  aussi  dans  les  fesUiiS  des  acro- 
bales  el  danseurs  de  corde.  V.  funambules  de  Pompéi.  .Vus.  /Jurbouico,  \ll,  pi.  l. 


S\L 


io:;i  — 


SAL 


(lut'laiiMil  e\('cul('('s.  l'iitre  aulros  Ofcasions  de  fiHcs  ou 
spectacles  privés,  certaines  des  (linisi's  roi/r'rs  d'où  les 
peintres  de  Pompéi  ont  tiré  un  motif  si  fré(|iienl  de  dé- 
coration intérieure  '.C'est  A  tort  qu'on  cherclierail,  pour 
la  plupart  des  ligures  dansantes  qu'il  ont  tracées,  une 
interprétation  mythologique'-;  le  plus  souvent,  au  moins, 
ce  sont  des  mortelles  que  nous  avons  sous  les  yeux,  se 
livrant  aux  danses  mimétiques  si  chères  aux  Homains,  ou 
simplement  à  la  danse  du  voile  admirée  pour  sa  propre 


Fig.  0070.  —  Danseuses  voilccs. 

beauté.  Velues  de  légères  étoffes  de  Cos,  leur  corps  libre 
transparaissant  à  travers  la  trame  aérienne  etfrémissanle, 
elles  dessinent  quelques  gestes  qu'amplifie  et  idéalise 
l'envol  niagnilique  des  voiles^;  ou  bien,  groupées  deux 
à  deux,  elles  unissent  leurs  bras  dans  une  courbe  gra- 
cieuse qui  participe  au  rythme  enveloppant  de  leur 
danse*  (,lig.  61)7!)).  N'oublions  pas,  d'autre  part,  que  les 
convives  s'adonnaient  eux-mêmes  aux  passe-temps 
orchestiques  et  exécutaient  des  danses  parfois  très 
libres^;  ils  représentaient  aussi  des  combats  singu- 
liers* ou  diverses  sortes  de  pantomime.  On  rapporte 
que  le  consulaire  Plancus,  teint  en  bleu  de  mer, 
affublé  d'une  queue  de  poisson  et  la  tète  ceinte  de 
roseaux,  exécuta  la  danse  du  dieu  marin  Glaucus  dans 
un  festin  de  Cléopàtre\ 

'  Ovcrbccli.f'ompei,  p.  381  :  (Jiisnian,  Pompei,p.  354-335.—  8  Oveibeck,  Loc.  cit. 

—  ^Atiis.  Borbniiico,\'H.  M;  Hcibig,  Wandgemiîhle. eic.  n"  l'Hit;  Oveibeck.  Op.  cit. 
fig.  304.  —  »J/iis.  «orionico,  VII,  33;  Cusman, /"ompei,  lig.  p.  198  ;  Eimiiaiiuel,  iFs- 
stii  sur  t'Orche^tique,  p.  S37  ;  voir  d'aulres  danseuses  voilées:  Mus.  Bovbo  nico,  VU, 
•SS  (Gusman,  lig.  p.  403)  ;  Mus.  llorbonico,  VII,  37  et  VM,34(cr.  Gusman,  lig.  p.  401), 
elc.  —^Cic.Pr.  Oej.  9:  bejotamm  vino  se  ûttniisw  in  convivioffue  nudum  salta- 
visse.  In  Pis.  10,  î±:  Cum  collegae  tui  domus  cantu  et  cymbalis  pcrsonarat, 
cumque  ipse  iiurfiis  in  conoirio  saltarel  :  cf.  Oie.  Cat.  Il,  10,  i!,  elc.  —  6  .Mh.  IV, 
l'.3/-el  154  il.  —  7  Vell.  Pal.  Il,  83.  —  8  Apiil.  Met.  .\,  S9,  ii.  —  9  IIU. 
lil,  0,  il  :  Motus  doceri  gaudet  lonicos  tnnturn  virrjo.  —  ")  Sut.  I,  5,  03  ; 
Virg.  Hcl.  v.  73,  .Snltantes  .fatyros  imitabitur  Mphesibrrus.  —  "  T.ic. 
Ann.    XI.   31,    10.   —    12    Jlari|uardt.    Vie  privi^e   des    /(oiiiniiis,  I,  p.   139.  u.  3. 

—  13  l>lin.  H.  liai.  VII,  48,  159;  Suel.  Aug.  15.—  U  V.  Manpiardl,  Viepiiiée 
des  Homains,  I.  p.  140.  —  Bu.i  iocbaI'hii:.  Origines  et  nature  de  la  danse  : 
aénrrnlités.  Hini.  llie  origiiis  of  art,  l.ond.  1900;  E.  Grosse,  Les  débuts  de 
rarl,  Irad.  fr.  Paris,  190i.  _  Histoire  de  la  danse:  R.  Voss,  Der  Tan:  uiid  s. 
fleschichte,  Kifiirl,  1879;  F.  de  Meiiil.  Uist.  de  la  danse  à  travers  les  âges. 
Paris,  1905;   ail   Irouiera    dans  ces  ouvrages    <pieli|ues  indicalions   giiiiérales   sur 

orcheslique  des  anciens.  —  /.n  danse  ries  Grecs  et  des  Jiomains  :  I.  Bieckli,  h\i- 
ryetop.  und  Metliodol.  d.  pliilolog.  Wissensch.  I.eipz.  1877,  p.  498  ;  Culil  el 
Knhner,  La  rie  antique,  Irad.  fr.  Paris,  1884,  p.  391;  S.  Reiii.ncli,  Manuel  de 
pliilolog.  î-  fd.  Paris,  1904,  I.  I,  p.  190-93  ;  Paulv.  /leal  F.ncyclop.  d.  clas. 
sisch.  Alterlimsvitsensch.  SluUg.  I83Î,  arl.  Hattatio.  —  Oiirr.  spi'ciaux  : 
1.  Meursii,  firriiestra  sir.  de  sait,  teleriim,  dans  le  Tbessaur.  graec  autiq. 
deGrouovius.  1018,  t.  VIII  :  réunion  des  principaux  levles  anciens  :  Burclle.  Z>e /a 
danse    des  anciens,    deux  disserl.  dans   les  Mém.  de  lAcad.  d.  Inscript,  el  U.- 


n'un  grand  nombre  de  danses  de  réjouissances  privées 
et  de  danses  populaires  inspirées  surtout  par  la  tradition 
grecque,  le  souvenir  vague  est  seul  parvenu  jusqu'à 
nous.  C'étaient  des  farandoles  du  type  de  V/iormos, 
analogues  à  l'une  des  figures  de  la /)y;v7//(/M(' décrite  par 
Apulée  *,  ou  les  molles  danses  ioniennes  qui  char- 
maient la  jeunesse  de  Rome^;  des  danses  rustiques  enfin 
commme  colles  qui  imitaient  les  pas  des  Cyclopes  et  des 
Satyres'",  ou  comme  la  danse  baciiique  des  vendanges 
qu'on  voit  exécuter  avec  des  raftinements  d'orgie  par 
Messaline  et  son  entourage  ". 

Nous  avons  peu  à  ajouter  sur  la  condition  sociale  des 
danseurs  el  l'enseignement  de  l'orcliestique.  A  côté  des 
amateurs  de  danse,  nombreux  surtout  à  partir  de  l'époque 
impériale,  on  trouve,  à  Rome  ainsi  qu'en  Grèce,  des  dan- 
seurs de  profession.  Ce  sont  à  l'origine  des  professeurs 
grecs  auxquels  s'ajoutèrent  ensuite  des  maîtres  ro- 
mafns".  Quelques-uns  de  ces  artistes  étaient  fort  con- 
nus, comme  ce  Sléphanion  que  Pline  mentionne  pour 
avoir  dansé  aux  Jeu.r  séculaires  célébrés  par  Auguste 
el  par  Claude'-^;  les  pantomimes  en  particulier,  tels  que 
Balhylle,  Pylade  ou  Piiris  jouirent  d'une  incroyable 
faveur  [pantomimis].  il  y  avait  aussi,  comme  on  l'a  noté 
plus  haut,  des  danseurs  et  des  danseuses  esclaves  ou 
appartenant  à  une  classe  fort  humble.  Nous  savons, 
d'au  Ire  part,  qu'on  ne  trouverait  rien  à  Rome  qui  ressem- 
blât à  cet  enseignement  de  la  danse  gymnique  que  les 
enfants  chez  les  Grecs  recevaient  dans  les  palestres.  Si 
la  musique  finit  par  entrer  dans  rèvxiJxÀî&i;  TtaiSeia  des 
Romains,  la  danse  demeura  toujours  à  leurs  yeux  un 
art  de  luxe  et  ne  fut  jamais  un  élément  véritable  et  con- 
stant de  l'éducation  nationale".       Loeis  Sëch.^n. 

SALTUS.  "AXu.%.  Le  saut.  —  I.  Il  a  été  parlé  déjà  de  cet 
exercice;  nous  compléterons  ici  ce  qui  en  a  été  dit  aux 
articles  iialtfr  et  oii-xoiertiim.  Durant  la  période  clas- 
sique, le  saut  ne  donnait  plus  lieu  chez  les  Grecs  à  des 
concours  spéciaux  ;  il  faisait  partie  du  penlathle  [oiiN- 
ulehtum].  Voici  comment  on  le  pratiquait. 

C'était  un  saut  en  longueur'.  Les  sauteurs  s'élançaient 
du  PaTr,p  -,  que  nous  trouvons  délini  comme  il  suit  :  r, 

Ïp/Tj   T05   TO)V    TTEVTiOXtOV   <Jxâf/U.aTOÇ  ^,    el  TÔ  ïxS&V  TOÙ   TÔlV    TTEV- 

TaÉOÀiov  <7xiajji.aToç  *.  Le  rapprochement  de  ces  deux  défi- 
nitions prouve  bien  (jne  le  |3ïT;-p  n'iHait  pas,  comme  on 


lettres,  Paris  1717  ;  II.  Krause,  Oymnastik  und  Agonistik  der  ffellenen,  Leipz. 
ISH,  I.  Il,  ch.  3;  C.  Situ,  Die  Gebilrden  d.  Griech.  und  /làmer,  I.eipz.  1890. 
cil.  XIII.  I.a  danse  romaine  passe  an  premier  plan  dans  De  ï'.Aulnayc,  De  ta  Saltalion 
théâtrale,  ou  recli.  sur  l'origine,  tes  progrrs  et  les  effets  de  ta  pantomime  ch.  les 
anc.  Paris,  1790.  Les  ouvrages  suiv.  sont  exclusivement  consacrés  à  la  Grèce  :  Flacli, 
Der  Tanz  bei  d.  Griech.  Berl.  1880;  Heydemanu.  Vb.  eine  rerhùllte  Tùnzerin,  Win- 
ckelinanns,  Progr.  Halle,  1879  ;  M.  Emmanuel,  De  Saltationis  discipl.  ap.  Graecos. 
Id.  £ssai  sur  l'orch.  grecque,  Paris.  1895.  A  consulter  encore  pour  les  danses  drania- 
liiiues  :  Hermann-Miiller,  Lehrb.  d.  Griech.  ttùhnenalterti'imer,  Fribonrg,  1886, 
p.  iîa  se)  ;  I «an  von  Millier,  llandlmch  ;  das  Bfihnenuesen d.  Griech.  und  Borner. 
JInnicli,  1890,  p.  iOi  sq.;  C.  Kii-cliholT.  IHe  orchestische  eurythmie  d.  Griech. 
Alloua,  1873;  H.  Bucholtz,  Die  Tan:l,iinst  des  L'uripides.  Lei|.z.  1871;  Masipie- 
ray.  Théorie  des  formes  lyriques  delà  traff.  grecque,  Paris,  1893;  Mazon,  Jîssai 
sur  la  composition  des  coméd.  d'Aristophane,  Paris,  1904.  Pour  les  danses  lyriipies, 
A.  Croisel,  la  l*oésie  de  l'indare  et  les  lois  du  lyrisme  grec,  Paris,  1880.  Les 
renseigneinenls  i|uc  donnent  les  ouvrages  précédents  sur  le  rôle  de  rorrliestii|ue, 
dans  la  vie  publi([ue  et  privée  des  anciens,  sont  complétés  par  d'autres  travaux 
i|u'(ui  trouvera  cités   dans    les  notes. 

SAl.TL'S.  I  Aucun  document  écrit  n'atteste  <|iie  les  Grecs  aient  cultivé  le  saut 
en  hanleur.  ni  le  saut  en  profomleur;  les  monuments  ligures  (|ue  l'on  a  rapportés 
(iueli|ucrois  à  ces  deux  genres  irexercices  •'Ont  d'une  interprétation  contest.'tbie 
icf.  Journal  o/  bellenic  Studies.  1904,  p.  180-181  ;  187;  193194).  En  tout  cas. 
ni  le  saul  en  hauteur  ni  le  saut  en  profondeur  ne  furent  admis  au  programme 
des  concours.  —  3  Poil.  Ononi.  III,  151  :  ,«\  s«,v  ïUovt»..  ?«rr.!..  —  3  Suid.  s. 
,..  j„,;p.  _  4  lles;cb.  s.  e.;  Anon.  ap.  Bekker,  .Anecd.  l.  ii4(tirédu  codex  Coislin. 
345,  Lej-ic.  Sei/utr.l,  d'après  le  grammairien  Séleukos  d'Alexandrie. 


SAL 


—  10.":;  _ 


SAL 


Fig.  0080.  —  Alhlcle  atlendaiil  le 


l'a  souvent  prétciulu  ',  uni'  uslrade  surélt'vét'-;  xo  axpov, 
dans  la  seconde,  équivaut  à  /■,  àp/vi  dans  la  première; 
le  fiaTY|p  était  tout  simplement  le  point  de  départ,  le  seuil, 
pour  ainsi  dire  ',  de  la 
carrière  des  sauteurs.  En 
arrière  de  lui,  ceux-ci 
prenaient  leur  élan,  non 
pas  sans  doute  en  cou- 
rant, mais  en  exécutant 
quelques  bonds '*.  Ils  sau- 
taient les  mains  chargées 
d'haltères  ' ,  masses  de 
matière  et  de  forme  di- 
verse '■  qui,  habilement 
maniées,  accroissaient 
leur  force  de  propulsion  et  les  aidaient  à  retomber 
d'aplomb  sur  le  sol  '.  Leurs  exercices  s'accomplissaient 

au  son  de  la  flûte  ". 
La  llg.  COSO  "  re- 
présente un  flûtiste 
et  un  athlète  qui 
attend  le  signal. 
La  llg.  «081  ">.  un 
allilètc  qui  prend 
son  élan.  Sur  la 
lig.  (;08i>",  l'athlète 
est  au  moment  de 
commencer  le  saut  : 
arrivé  près  du  paTY|p, 
il  s'est  arrêté  brus- 
(]uement,  h;  corps 
rejeté  en  arrière,  les 
bras  lancés  d'abord 
en  avant  et  en  haut  (personnage  de  gauche),  puis  ramenés 
en  bas  (personnage  de  droite).  La  fig.()()83  '-  nous  le  mon- 
tre sautant,  jambes  et 
bras  en  avant,  presque 
horizontaux  et  paral- 
lèles entre  eux.  Sur  la 
fig.  0084'-'  il  va  repren- 
dre pied;  de  nouveau, 
les  haltères  sont  repor- 
tés en  arrière.  On  obser- 
vera que,  sur  ces  deux 
figures,  le  sauteur  a  les 
jambes  rapprochées,  ce 
qui  était  de  règle  ''.  En- 
fin, les  deux  athlètes  de  la  fig.()085'^'  viennent,  semble-lil, 
de  retomber  à  terre,  et  leur  élan  les  emporte  en  avant"'. 

'  CeUi.  idéofaii-se  est  encore  cxpriiiiée  dans  la  4'  édilion  des  Gi-kchischc  Allcr- 
tiimer  de  Sclifirnanii,  Il  (lUOli),  p.  (ii.  —  2  Encore  moins  un  tremplin.  Le  tremplin 
(nixa-pivjD'a  pas  Hi  inconnu  des  Grecs,  el  leurs  acrobates  s'en  seivaieut  (Cf.  Krausc, 
Ui/mtmslik  rier  f/cllenen,  p. 'iiô.n.  3;  Injliirami,  A/iis.  Chius.  f.ii.)  Mais  riei'ni'invitc 
h  croire  qu'il  ait  6lé  utilisé  par  les  athlètes.  —  3  Le  mot  paxiip  signifie  souv  nt  seuil  : 
cf.  Poil.  Onom.  Il,  200  ;  Anou.  ap.  Bekkcr,  Anecd.  l.  l.  ;  etc.  —  t  Cf.  Journ.  of 
hell.  Stiid.,  1901,  p.  IS7-I89.  —  '■'>  Dans  les  gymnases,  les  athlètes  s'exerçaient  à 
Muter  sans  l'aide  d'haltères,  et  parfois  de  pied  forme:  cf.  Joimi.  of  hell. 
aiud.,  1901,  p.  193-194.  —  6  Cf.  Fcddc,  Ueber  den  Funfkampf  der  HMeneti, 
p.  14-15,  el  l'article  h.m.tkb.  —  ^  Arist.  Hijl  ^lopt.'-x;  W"-"<  3  ;  1U,S'',  V, 
8;  Philoslr.  /lymn.  55.  —  »  l'hiloslr.  L.  l.  ;  Paus.  V,  7,  10;  17,  10;  VI, 
14.  10;  PInt.  De  musica,  io.  _  9  D'Hancarville,  Antiq.  etr.  qr.  el  rom..  III, 
pi.  cx»iv  =Joiirn.  of  liellen.  Slud..  190i,  p.  185,  lig.  0.  -  10  Klein,  Euphru- 
nio»,  p.  300  =  y.  of  hell.  .St.,  1904,  p.  188.  —  U  Annali,  1846,  tav.  d'agg. 
M  =  Journ.  ofhell.  Slud.,  PJOi,  p.  183,  lig.  7.  —  12  Arch.  Zeilimri.  1884.  pi.  xvi. 
=  Klein,  Êii,ilironios,  'ie  é.l.,  p.  iSO.  —  13  Jahrlmch  des  arch.  Jnsl.,  V.  p.  243. 
-'*Lauoticesurlepcnlathlcpulilii'oparl'iuder(/'e6errfer  Fûnfk.  der  Hell.,\>.ii), 
d'après  un  manuscrit  de  la  Laureulienne  (plut.  LX.VIV,  cod.  13,  p.  308  b),  contient 


'ig.  0081. 


Alhlèl 


i'our  amortir  le  chue,  le  sol,  dans  la  ri'gion  oit  le  saut 
devait  se  terminer,  était  ameubli  à  la  pioche;  d'où  le 
nom  de  Ta  È(jxa[jt[Jt£va'''.  Plusieurs  textes  nous  apprennent 


Athlète  sauUmt. 


que  l'extrémité  de  cette  région  ameublie  était  ordinaire- 
ment à  50  pieds  du  pax/ip  ".  Phaylios  de  Crotone  '",  à  ce 
qu'on  raconte,  aurait  dépassé  cette  mesure  ^",  sautant 


oô  pieds  -'  ;  auparavant  '\  le  Laconien  Chionis  en  aurait 
sauté  o2  -'\  11  est  inadmissible  que  de  pareilles  distances 
aient  été  franchies  d'un 
seul  bond  ^■.  Nous  de- 
vons donc  admettre,  ou 
bien  (|ue  ce  qu'on  a  ra- 
conté sur  Chionis  et 
Phaylios  est  inexact,  ou 
bien  que  les  sauleurs 
de  l'ancienne  Grèce  s'y 
reprenaient  à  plusieurs 
fois.  La  première  opi- 
nion est  celle  de  M.  Gar- 
diner".  D'après  lui,  l'é- 
pigramme  célèbre  où  il  est  question  du  saut  de  Phaylios, 
épigramme    qui,    peut-être,    est    antérieure   de    pou   à 

Antike  Tumgeridhe,  10  =  Journ.  ofhell.  Sliul.  I90i,  p.  180,  fig.  8.  —  I»  On  a 
aussi  supposé  qu'ils  se  préparaient  à  un  saut  en  profondeur,  ou  bien  rfu'ils  se  livraient 
k  un  exercice  d'assouplissement.  — ■  t"  Poil.  Onom.  III,  151  :  ...o  SâSpo;,  Ti  £ff'«(n*£va. 

lit.«».  Cf.  Plat.  Crutijï.  413A;  Lucian.  Somn.tt;  Zenob.  Proi).  VI, 33;  Paroe- 
miogr.  Or.  Gaisford,  p.  115  et  384;  Suid.  a.  v.  'jni^  -cà  ëuxaiiné/a  ;  blustalh.  ad 
<)d.,  p.  1391  ;  Phol.  Lexic.  Il,  p.  243  N.  —  l»  Schol.  Plat.  L.  l.  ;  Schol.  Lucian. 
L.  L  ;  Zenob.,  Suid.,  Kustalh.,  Pliot.  —  l'>  Sur  Phaylios  de  Crotone,  cf.  liei^ue 
des    Ktudea   t/rccques,  1899,  p.  9  sc|.  ;  Journ.  of  hell.  Slud.,   1904,   p.    77    sr], 

—  '20  Zenob.  L.  i.  :  ûnip  t-.ùç  t(TXK|A)JLïvou;   nEvT<i»ovTa  roSa;    tU  xô    OTep îô/  r.XaTO  ;  Schol. 

I.ucian.,  Suid.,  Euslath.  —  21  Paroem.  Gr.  Gaisf.  L.  l.  ;  epigr.  ap.  Schol.  Aristopb. 
.4c/i.  214,  Schol.  Plat.  L.  /.,  Suid.  L.  t.,  Pliot.  (..  t.,  etc.  (Congny,  Suppl.  Antli. 
Ptiltit.,  III,  28;  Preger,  Inscr.  gr.  metrieae.  n»  142).  —  '22  llaus  la  29«  Olympiade, 

—  'a  Kuseh.,  Xoo/.  I,  p.  40  Scalig.),  d'après  .Iulius  Africaiins.  Le  même  auteur 
attribue  également  cette  longueur  de  32  pieds  au  saut  de  Phaylios  CUtoj.  aj.«T., 
p.  330  Scalig.),  probablement  par  suite  d'une  confusion.  —  2i  Kedde,  Ueher  den 
fùnfk.  der  Hell.,  p.  18-22.  —  «•  Journ.  of  hell.  Slud.,  1904,  p.  79-80. 


SAL 


l'i-pociue  de  Zi'nol)ius,si'niit  li-  U'\toK>  plus  aiioirn  où  on 
lui  ail  atlribiié  celte  prouesse;  or,  dans  ce  texlc,  il  y  a 
une  recherche  évident(?  de  symétrie  :  Phayllos,  dit  lépi- 
grauuiiatiste,  a  franchi  ."iOpieds  plus  3.  il  a  jeté  son  disque 


—  1056  —  SAL 

de  ces  mari|n('S  qui  sont  représentées  sur  la  figure  0083, 
au-dessous  du  sauteur.  On  mesurait  aussi,  au  moyen 
d'un   xaviûv,   les   distances    franchies'";  la   fig.    GO!SC  " 


FIg.  60S.1.  —  Athlùlcs  rolomliés 


aune  distance  de  100  pieds  moins  5;  M.  Gardiner  conclut 
de  là  (lue  les  chillres  sont  de  pure  fantaisie.  Four  ce  qui 
est  de  Chionis,  il  observe  que,  dans  la  traduction  armé- 
nienne d"Eusèbe,  la  longueur  du  saut  est  fixée  à  2"2  cou- 
dées ;  le  texte  original,  pense  M.  Gardiner,  devait  porter 
2:2  pieds.  M.  Fedde  est  moins  sceptique.  .\  ses  yeux,  les 
mots  TÔ  TtpwTov,  qui  figurent  dans  une  des  délinilions  du 
PatTv-p,  citées  plus  haut,  prouvent  ijue  les  pentathlèles  sau- 
taient plusieurs  fois  de  suite.  El  la  même  hypothèse  esl 
suggérée,  dil-il,  par  ce  qu'ajoute  l'anonyme  de  Bekker: 
^ùinLiyoç  5k  TÔ  iaÉgov  (toO  Tùiv  TcevT.  i7xiu.u.aToç\  àï."  ou  àXXi- 
[isvoi  Tiï/.iv  £;o(À),ovTai);  Symmachos  se  trompait  cerlaine- 
ment  en  plaçanl  le  PaTT,s  au  milieu  de  la  carrière  de  saut; 
mais  cet  Alexandrin,  qui  lire  souvent  sa  science  des  ou- 
vrages de  Didyine,  n'a  sans  doute  pas  employé  au  hasard 
l'expression  iriXiv  êîàXXovTai.  Le  saut  des  penlathlètes 
aurait  donc  été  un  saut  multiple',  le  triple  saut  (deux 
enjambées  et  un  saut  à  pieds  joints)  qui  est  encore  pra- 
tiqué dans  certains  pays  de  la  Grèce  -,  le  «  hop,  slip  and 
jump  »  des  Anglais  et  des  Américains. 

On  peut  se  demander  si  l'espace  entier  de  nO  pieds  que 
comprenait  la  carrière  était  ameubli  à  la  pioche.  Les 
termes  en  lesquels  Poil ux  parle  des  È<;xa[j[A£va,  — o  3  à  opoç 
TkÈi7xaa(i.£va,  — semblentsignilier  (ju'il  ne  s'agit  qued'une 
zone  extrême;  et,  sans  doule,  si  nous  admettons  la 
théorie  du  triple  saut,  nous  ne  saurions  méconnaître 
qu'un  sauteur  rebondit  mieux  sur  un  sol  ferme  que  sur 
un  sol  défoncé'.  Mais,  d'aulre  part,  l'ensemble  de  la 
carrière  est  souvent  appelé  cxàu-aa  ou  c-xâ(ji.[jLaTa  '  ;  ces 
mots,  dans  les  textes  relatifs  à  Phayllos,  alternent,  sans 
distinclion  de  sens  apparente,  avec  xi  è(7xau.|jL£va  =  ;  et 
plusieurs  de  ces  textes  contiennent  des  expressions  telles 
que  ÛTcàp  TO'j;  è<rxajjL[Ji.£v</'ji;  TisvTriXovra  Tïooaç',  Tojv  Ttpô  aÙTOu 
cxaitTÔvTwv  v'  TcoSaç';  ce  qui  parait  décisif. 

Le  saul  devait  laisser  dans  la  terre  remuée  des  âdxaji.- 
(jL£va  une  empreinle  manifeste*.  Par  les  points  (ju'indi- 
quaient  les  dillérenles  empreintes,  des  raies  parallèles 
étaient  tracées  sur  le  sol  à  l'aide  d'un  bâton,  et  servaient 
à    classer    les    concurrents  ';    peut-être    sont-ce     trois 

1  Fedde,   O.  (.,  (>.  2i-i4;   3.5,  ii.  5i.  —  2  Eulli.    Kaslorcliis  ap.    Fedde,  O.  l., 

p.    2S-23  ;    G.    Loukas,    4>âoX»|i>ù  Umij'li;    tûv    iv   TuT  fiat    tùv    veutéçuv     Kus^i'uv 

i...ii«!i'«v  tSï  «j/«;-v  (Athènes,  1874),  p.  106.  —  3  M.  Fedde  pensait  que  deui 
rubaus  carrelés  dans  la  palestre  d'Olynipie  (cf.  Frazer,  Pausanias,  IV,  p.  >9)  re- 
présentaient la  partie  antérieure  de  deux  carrières  de  saul,  celle  où  s'accomplis- 
saieut  les  premiers  bonds  (0.  /.,  p.  23  si|.).  Cela  esl  bien  peu  vraisemblable  (Journ. 
uf  htll.  Sl„d.,  1904,  p.  75).  —  »  Suidas,  IKsych.  s.  v.  p.TVif  ;  Suid.  s.  r.  S.i;  ta 
i,n>ajA;it«tt;  Eustalli.  ad  Od.  p.  1591  ;  Bekker.  Anecd.,  I,  iii  ;  Liban.  Hts'i  ôg^r,<rTp., 
•173  KeisWe.  —  '-  Journ.  of    hcll.  Stud.,  l'.lu»,  p.  73.  —  e  Zenob.  Pnv.  VI,  i3  ; 


nous  montre   un  paidotribe  occupé  à  cette  opération. 

II.  Tel  était  le  saul  pratiqué  régulièrement  dans  les 
gymnases  et  dans  les  concours  publics.  Nous  n'avons  pas 
à  parler  ici  d'autres  genres  de  saut,  dont  on  rencontre 
l'image  sur  les  monuments,  ou  qui  sont  nommés  par  les 
auteurs:  mouvements  de  danse  ^saltatioJ  ;  jeux  d'enfants, 
comme  celui  que  nous  appelons  saute-mouton,  comme 
le  saut  à  la  corde  ou  du  cerceau  [li'di,  trochisI;  quel- 
quefois d'hommes  faits,  comme  I'askoliasmos;  tours  de 
force  et  d'adresse  auxquels  s'amusaient  parfois  les  con- 
vives dans  les  banquets,  le  plus  souvent  abandonnés  à  des 
saltimbanques  ou  baladins  qui  se  donnaient  en  spectacle 
[acroama,  t:ERNHS,  peïaurista,  saltatio,  etc'.  A  l'une  de 
ces  catégories  appartienne  saut,  exécuté,  à  ce  qu'il  semble, 
à  l'aide  d'un  trem- 
plin, d'un  homme 
par-dessus  un  au- 
tre homme  debout 
lig.  G087),  repré- 
senté sur  une  pierre 
gravée  '-,  à  l'expli- 
cation de  laquelle 
ou  ne  peut  rappor- 
ter aucun  texte. 

Le  saul  d'obsta-  

cle  ou  de  rivière  à  Fig.  6o87. 

l'aide  d'une  perche, 

servant  de  point  d'appui,  était  pratiqué  chez  les  Grecs 
dans  les  gymnases  '%  comme  il  le  fut  chez  les  Romains 
dans  l'amphithéâtre  [contomoxobolon]  ;  mais  il  n'esl  pas 
sur  que  l'on  doive  reconnaître  cette  perche  dans  le  bàton 
tenu  par  des  éphèbes  sur  les  vases  (fig.  (3082)  où  sont  pein  Is 
des  sujets  de  ce  genre  '';  il  esl  certain  que  sur  la  plupart, 
c'est  un  javelot  qui  esl  tîguré  [jacclum'.     Pn.-E.  Lecrano. 

SALTUS.  —  Bois  et  pâturages  [latifundia,  p.  958  sq.  ; 
silva]. 

SALUS.  —  Cette  divinité  romaine  et  latine,  dont  le 
culte  a  laissé  des  traces  dans  les  plus  anciennes  tradi- 
tions nationales,  appartient  au  groupe  très  nombreux  de 


oem.  (ir.  Gaisf.  p.  381.  —  7  Schol.  Luci; 
I  Schol.  Piod.  Aem.  V,  19;  IJuinl.  Smyn 


in.  SoiiiH.  6.-8  Philostr.  Gymn.  53. 

1.  IV,  466.  —  10  Poil.  Onom.  III,  151  : 
Ta  Si  nÉT&ov  Toû  «nS^ji^-oî,  »«vwv.  —  1'  ArchatoL  Zeitung^  1878,  taf.  H. 
—  12  Caylus,  liecueil  d'anliq.  V,  pi.  i.xxxvi,  m.  —  13  Lucian,  Anach.  27.  —  14  Jaltn, 
Vasensammt.  su  Mùnchen,  n*  408  el  515  a.  —  Bibi.iu<;haphie.  Fr.  Fedde,  Cebcr 
dm  fùnfkampf  der  Hellenen,  l..cipzig,  1889;  E.  Norman  Gardiner,  Phayllns 
and  fiis  record  Jump  {Juuni.  of  hcUenic  Studies^  190V,  p.  TO-Mi) /'«WA*.'r  noUs 
on  the  grevkjwnp  {Ibid,  p.  179-194).  Ou  trouvera  dans  ces  travaui  récents  l'in- 
dication des  travaux  plus  anciens. 


SAL 


—  ior;7 


s  AL 


colles  qui,  représenlaiiLune  idée  ahslraile,  sont  devenues 
un  objet  do  vénération  parce  qu'elles  sont  une  tnfluoirc 
personnifiée^  Au  sens  le  plus  ancien  du  mot,  elle  n'a 
aucun  rapport  direct  avec  la  santé  des  individus.  Salua 
Puhlica,  qui  parait  avoir  été  invoquée  dans  les  chants 
des  Salions,  à  côté  de  Pa.r,  et  de  Concordia,  et  à  qui  on 
offrait  un  sacrifice  public  dans  le  sanctuaire  qu'elle  pos- 
sédait au  QuirinaP,  a  une  signidcation  politique,  on 
pourrait  même  dire  sociale  :  elle  procure  le  bien-olrc  de 
l'État  en  paix  et  en  guerre,  ce  qui  la  fait  associer  à  Janus 
dans  une  vénération  commune.  Si  elle  veille  sur  celui 
des  individus,  c'est  que  l'État  ne  peut  cire  heureux  que 
par  le  bonheur  des  citoyens  ;  et  dans  la  langue  populaire 
les  appels  à  la  Salus  personnelle  gardent  toujours  leui' 
signification  collective  ^  C'est  ainsi  qu'il  faut  interpréter 
les  passages  assez  fréquents  où  les  anciens  comiques 
usent  de  son  intervention.  Quand  un  parasite,  chez  Piaule, 
s'écrie,  pour  attendrir  son  interlocuteur  :  «  Dans  ma  per- 
sonne, je  réunis  à  la  fois  Salus,  Fortuna,  la  Joie,  la 
Lumière clVA  Uégresse »  ;  quand,  ailleurs,  Salus  est  oppo- 
sée soit  à  Spes,  soit  à  Fortuna  Obsequens;  quand  nous 
entendons  des  réilexions  comme  celle-ci  ou  d'autres  sem- 
blables :  «  Salus  même  ne  saurait  procurer  notre  salut, 
si  elle  le  voulait'*  »,  nous  avons  l'idée  d'un  pouvoir  divin 
qui  vient  en  aide  à  l'homme,  alors  que  sa  vie,  ses  inté- 
rêts, son  bonheur  sont  en  danger.  Salus  n'est  donc,  on 
définitive,  qu'un  aspect  de  Fortuna  limitée  aux  circon- 
stances critiques  de  la  vie. 

Une  cérémonie  qui  remonte  aux  époques  les  plus  loin- 
taines et  qui  dut  avoir  longtemps  une  importance  excep- 
tionnelle, puisqu'elle  suppose  la  coopération  des  grandes 
magistratures  et  du  collège  des  Augures,  s'inspirait  au 
regard  de  l'État  tout  entier  des  sentiments  que  mani- 
festaient ainsi  à  l'occasion  les  individus  en  péril  :  c'est 
celle  qu'on  nommait  l'.l^^/Mrfwwi  Salutis'\  En  principe, 
elle  se  célébrait  chaque  année  et  débutait  par  une  con- 
sultation des  dieux,  dans  le  but  de  savoir  s'ils  jugeaient 
à  propos  de  solliciter  Salus  en  faveur  du  peuple".  Il 
n'était  procédé  à  ces  prières  que  si  la  permission  en  était 
formellement  accordée  par  les  auspices  ;  et  pour  les 
oll'rir,  on  était  tenu  de  choisir  un  temps  où  toute  opéra- 
lion  de  guerre,  tout  trouble  domestique  étaient  sus- 
pendus'. La  foule  s'associait  aux  sacrifices,  aux  prières 
et  aux  vœux  officiels  pour  le  bonheur  de  l'État,  en  échan- 
geant des  vœux  et  aussi  en  se  livrant  à  des  plaisanteries 
satiriques  sur  le  compte  des  fonctionnaires,  qui  les  pre- 
naient avec  philosophie*.  A  l'origine,  les  productions  de 


SALCS.  I  NUzscli,  Anmerlcmgen  :ur  (Mijss.  Pracfal.  p.  xv  ;  I'itII.i- .lonlaii, 
Hocm.  Mythologie,  I,  p.  130.  Ce  sont  les  divinités  que  TerLulli™  [Ad  mil.  II.  Il) 
a  appcll^us  :  umbrae  incorporâtes  et  noniina  de  rehiis.  —  2  Con-sen,  Orifjini'fj 
poesis  romanue,  p.  23,  H:  cf.  Ov.  Fast.  880  sq.  ;  Dio  Cass.  1,1V,  35  et  les  Calen- 
driers au  30  mars;  pour  le  tciuptc  pid.  infr.  Mart.  C.ip.  I,  IG,  dans  la  division 
augurate  du  ciel  en  seize  régions,  attribue  la  première  à  Jupiter,  aux  OU  Consentes, 
aux  Pénates,  à  Sains  et  aux  Lares.  —  3  n  y  a  dans  les  formules  latines  de  salutation  : 
salutem,  satve,  satutem  Uicere,  satvere  jubere,  salvum  sospitetnque  servari,  etc., 
une  nuance  religieuse.  V.  Plant.  Cist.  IV,  2,  7(1,  etc.,  plus  encore  dans  la  coutume 
romaine  de  porter,  en  buvant,  la  santé  d'un  convive.  V.  Apnl.  .1/^/.  10  :  Satin 
yenialiter  grandissimum  iltnm  calicem  perhausi.  Clamor  exsurgit  consona  voce 
cunctoriim  saiute  me  prosequentiwn.  I.e  sai.utès  pocoi.om  [Corp.  inscr.  lut.  I,  W), 
trouvé  à  Hortanum  en  Étrurie  a  rapporta  cette  coutume  et,  peut-être,  aux  pralir(ues 
des  iir.niTuiNAUA  (111,  i,  p.  1700);  cf.  Kest.  lipit.  p.  123.—  i  Plaut.  Capt.  866  s.|. 
516  ;  Asin.  713  sq.  ;  Pseud.  709  ;  Poen.  prol.  128,  etc.  ;  cf.  Ter.  Adelph.  761  ;  et 
Cicer.  Pro  Font.  G  :  Salus  ipstt  virorum  fortium  innocentiam  tiieri  non  potest. 
-~  5  Fesl  p.  Itîl  ;  Suet,  Oct.  3t  ;  Festus  nous  apprend  que  dans  cette  cérémonie 
liguraienl  les  préteurs,  majores  el  minores.  —  <>  Dio.  Cass.  XXXVU,  21  et  25. 
—  1  Dio.  /,oc.  cit.  et  Cic.  Divin.  1,47  ;  cf.  Jb.  IG,  29  et  58,  133.  —  »  liyd.  De  mens. 
IV,  10.  -  a  Macrob.  .fiif.  I,  15,  init.  Cf.  Cic.  De  lerj.  Il,  8,  21  :    Vineta  eirgetaqiie 

VIll. 


la  terre  élaient  comprises  dans  colle  supplication,  et  il 
semble  qu'on  l'eiit  fait  concorder  de  préférence  avec 
l'époque  des  semailles'-'.  VerriusFIaccus  remarque  expres- 
sément qu'elle  avait  pour  objet,  non  le  bien-être  dos  per- 
sonnes, mais  la  force  même  de  l'empire  :  non  ad  aetalem 
scd  ad  vim  imper ii  pertinere'"  ;  c'est-à-dire  que  la  divi- 
nité invoquée  était  ^S'«/i<.s-PMi/(t«,  Salus  Populi  Romani, 
non  une  personnification  de  la  Santé". 

Les  conditions  prescrites  par  le  rituel  eurent  pour  effet 
de  rendre  la  célébration  de  l'yl  ufjurium  très  intermittente 
et  de  la  réserver  pour  des  circonstances  spéciales.  Les 
historiens  en  parlent,  pour  la  première  fois,  à  propos  de 
la  conclusion  de  la  guerre  contre  Mithridate,  en  l'an  63  '^; 
puis  il  n'en  est  plus  question  jusqu'au  lendemain  delà 
victoire  d'Aclium,  en  l'an  29  ;  mais  Cicéron  mentionne  la 
consultation  préalable  des  auspices  par  .\ppius  Claudius 
Pulcher,  consul  en  54.  Les  présages  étant  contraires 
puisqu'ils  laissaient  entrevoir  une  année  féconde  en  évé- 
nements fâcheux,  VAurjurium  ne  dut  pas  avoir  lieu". 
C'est  l'empereur  Auguste  qui  le  remit  en  honneur  avec 
beaucoup  d'autres  cultes  et  cérémonies,  et  Claude,  qui 
continua  la  politique  religieuse  de  son  prédécesseur,  y 
procéda  en  l'an  49  '''.  Tacite  fait  observer  à  ce  sujet  qu'il 
y  avait  eu  une  interruption  de  soixante-quinze  ans;  tou- 
tefois, un  passage  d'Ovide,  d'ailleurs  fort  peu  précis  mais 
corroboré  par  d'autres  témoignages,  mentionne,  à  la  date 
du  30  mars,  une  cérémonie  commune  à  Salus,  à  Janus,  à 
Concordia  et  à  Fax,  qui  fut  l'occasion  de  générosités 
spéciales  de  la  part  du  Sénat  et  du  peuple.  Ils  votèrent 
ou  fournirent  une  somme  pour  qu'on  élevât  des  statues  à 
l'empereur,  en  même  temps  qu'aux  divinités  qui  étaient 
l'objet  de  la  fêtc'°. 

Salus,  chez  les  Romains  mêmes,  était  considérée 
comme  une  divinité  sabellique  ;  mais  ni  son  nom,  ni  ses 
rapports  avec  deux  autres  personnifications  de  la  Santé  et 
de  la  Vigueur,  Slrenia  eliUedilrina,  ne  confirment  cette 
opinion'*.  A  Rome  même,  elle  est  invoquée  de  concert 
avec  .lanus  et  avec  la  Triade  Capitoline;  son  culte  était 
pratiqué  en  divers  lieux  de  l'Italie,  particulièrement  dans 
les  villes  du  Latium".  Ce  qui  lui  valut  d'être  rattachée 
à  la  religion  Sabine,  c'est  qu'elle  avait  un  temple,  le  plus 
ancien  et  le  plus  vénérable  de  ceux  qui  lui  furent  érig(%, 
sur  la  colline  du  Quirinal,  laquelle  lui  fut  redevable  d'être 
appelée,  dans  sa  partie  nord,  la  Collina  Salutaris;  une 
des  portes  de  la  ville,  celle  qui  débouchait  sur  les  Jar- 
dins, s'appelait  6'«/«<<a?-iA' ".  Ce  temple  a  une  histoire: 
en  l'an  317  av.    J  -C,  Junius  Bubulcus  consul  le  voua 


el  Snliitcm  Poputi  auguranlo.  —  10  Clic/.  Fcst.  p.  101.  —  U  T.  Liv.  IX,  43;  31  et 
X,  1.  A  celle  époque,  c'est  toujours  en  temps  de  guerre  que  les  liomains  recourent 
à  Snliis:  plus  tard  en  temps . l'épidémie;  vid.  infr.  —  12  Dio.  Cass.  Ll,  20:  cf. 
Suct.  Oct.  31.  -  13  Cic.  IHein.  I,  t7.  —  l^Tae.  Ami.  XII,  23.  —  15  Ov.  Fast.  III, 
880:  Dio.  Cass.  UV,  35.  —  1»  Slrenia  est  à  expliquer  par  slrenmis  (V.  Preller- 
Jordan,  Op.  cil.  II,  p.  234)  cl  Meditrina  par  mederi  ;  cf.  Gilbert,  Geschichte  und 
Topographie,  I,  p.  279;  0.  Jahn,  J)ie  aeilgoeltèr  (dans  les  Annales  des  Vereins 
fur  Nassau.  Allerlhiimer,  1859) —  ^T  Act.  fratr.  an.  I,  23,  41  ;  32,  1,  8  ;  cf.  Marini, 
p,  98.  Pour  le  culte  ancien  de  Salus  en  Italie.  Corp.  inscr.  lai.  I,  49  {Hortanum 
en  ÉIrurie);  179  (f'ianiiriim  eu  Ombrie)  ;  Orelli,  1827  et  1829  (Signa  et  Feren- 
tinum  dans  le  Utium).  —  '»  Varr.  Ling.  lat.  V,  ti  ;  Ab  Salulis  aede;  V,  51  ; 
les  cinq  collines  de  la  troisième  Région  ont  toutes  reçu  leur  nom  d'une  divinité  ; 
cf.  P.  Vict.  Deg.  urb.  VI.  Fest.  p.  327;  et  pour  la  topographie,  Becker,  De  Ro- 
mae  vêler,  mûris  algue  portis,  p.  Cl  sq.;  Topographie,  \i.  132  et  578;  Prellcr, 
[legionen,  134;  Laneiani,  Uullett.  Munie.  1,  228,  qui  croient  en  retrouver 
renTphacement  sur  une  hauteur  à  proximité  de  la  place  Barberini  ;  Bunsen, 
Beschreibung,  etc.  I,  120,  et  Uriichs,  111,  2,  377,  l'identifient  avec  les  ruines 
exhumées  prés  de  Santa  Suzanna.  Atticus  habilait  au  voisinage,  Cic.  Ep.  Alt. 
IV,  I,  4  :  luae  vicinae Salulis.  Lib.  Pout.  231,  mentionne  un  clivus  salutaris  au 
même  lieu. 

133 


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10o8 


SAL 


dans  une  guerre  parliculièreiuenl  lieuroiise  contre  les 
Samniles;  il  en  adjugea  les  travaux,  l'année  d'après, 
comme  censeur  et  il  en  lit  la  dédicace  en  303  comme  dic- 
tateur, le  5  du  mois  d'août,  date  à  laquelle  tous  les  ans 
on  oH'rait,  un  sacrifice  public  à  Salus^.  C'est  ce  temple 
que  Fabius  Pictor  décora  de  fresques  qu'il  signa  de 
son  nom.  Celles-ci  subsistaient  encore  sous  Vispasien 
où  Pline  l'Ancien  les  vil-,  ce  qui  prouve  que  l'incendie 
dont  le  sanctuaire  avait  eu  à  souffrir  sous  Claude  les 
avait  épargnées  :  le  temple  élevé  en  317  avait  remplacé 
un  ancien  sacellum''. 

Tous  ces  éléments  du  culte  de  Sains  sont  nationaux  ; 
il  n'en  est  pas  de  même  de  ceux  dont  il  nous  resie  à 
parler.  Lorsqu'en  293  av.  J.-C.  fut  introduite  à  Rome, 
sous  l'influence  des  livres  sibyllins,  la  religion  d'Escu- 
lape  [aescul.\pius,  hygieia]  importée  d'Épidaure  ',  on 
comprend  sans  peine  combien  il  fut  aisé  d'identifler 
l'antique  Saliis  latine  avec  la  figure  expressive  d'Hygieia. 
Dans  la  triade  hellénique  des  divinités  qui  procurent  la 
santé,  entre  Apollon  et  .\sclépios,  la  piété  romaine  rem- 
plaça Hygieia  par  Sains,  ce  qui  eu  t  pour  effet  de  dépouiller 
celle-ci  de  son  caractère  propre,  tout  au  moins  de  faire 
prédominer  dans  son  être  la  notion  de  la  santé,  en  obli- 
térant celle  plus  générale  et  plus  vague  du  bien-être 
public.  La  fusion,  opérée  plus  encore  à  la  faveur  des 
représentations  plastiques  que  de  la  mythologie,  fut 
bientôt  si  complète  que  les  modernes,  après  les  Romains 
eux-mêmes  %  ont  pu  prendre  la  Saliis  du  Quirinal  comme 
une  doublure  d'Hygieia.  Dans  la  littérature  de  la  pre- 
mière période,  les  exemples  ne  manquent  pas  de  Salus 
traduisant  simplement  Hygieia;  et  il  va  de  soi  que  les  écri- 
vains grecs  qui  ont  traité  des  choses  romaines  ont  inter- 
prété toujours  Salus  par  Hygieia''  :  mais  les  archéologues 
ont  gardé  le  sens  de  la  différence.  L'opinion  des  classes 
éclairées  a  même  cherché, 
pour  traduire  Hygieia,  un 
mot  distinct  de  celui  de 
Salus,  quoique  souvent  as- 
socié à  lui,  le  mot  de  Va- 
letudo  ''.  Un  denier  de  la 
gens  Acilia  (fig.  6088)  nous 
offre  au  droit  une  tète  de 
Salus,  divinité  romaine,  au  revers  la  figure  en  pied  de 
Valetudo  avec  les  attributs  d'Hygieia  '.  Lorsque  Pompée 
tomba  malade  à  Naples,  au  début  de  la  guerre  civile,  le 
Sénat  pompéien  ordonna  des  prières  publiques  pour  sa 
guérison.Cicéron  parle  du  fait  sans  nommer  Salus  ;  Dion 
Cassius  dit  que  les  prières  s'adressaient  à  Hygieia'. 
iNous  possédons,  de  celte  façon  de  concevoir  Salus,  un 

'  T.  I,iï.  IX,  13;  X,  I.  l'J;  pour  la  fôlc  du  3  août.  v.  les  Calendriers;  Vall.  Capr. 
Amil.  Anliat.  ;  cf.  Babelon,  Monn.  -ie  In  République,  II.  p.  107  el  les  monnaies  de  la 
gens  Junia,  p.  lOC  el  lOU,  n"  17  cl  18  i  l'effigie  de  Saiu$.  —  2  Val.  Mai.  VIII,  i,  6  ; 
l'iin.  Uisl.  nnl.  XXXV,  7,  I.  —3  [Min.  Ibi.l.  XXXV,  +  el  IG;  Uenzcn,  Actn  An: 
p.  91.  Cf.  Jordan,  Topographie,  I,  1,  p.  489,  noie  8.  Il  avail  élé  frappe  de  la  foudre 
en  807  (T.  Lir.  XXVIII,  10)  ;  Orosc,  IV,  4,  dit  qu'il  fui  détruit  en  277  ap.  J.-C.  les 
Régionuaires  le  nommant  plus  tard,  il  fut  certainement  réëdilié  aprf>s.  —  *  T.  1,  1, 
p.  li.î  et  III,  1,  p.  331  el  les  leites,  T.  Uv.  X,  I  et  43,  Id.  epil.  XI;  Dion.  Hal.  V. 
13  ;  l'Iin.  Uist.  n.  V,  29,  16.  —  ^  Gerhard,  Griech.  ilythol.  I,  §  313.  V.  la  dis- 
tinction oetlemeot établie,  chez  Rosclier,  Auif.  Leiikon,  I,  p.  2786,  I  cl  626,  2 
(uYiiiKU,  ASKi-Kpios).  —  6  Clicz  Tércuce  notamment  ;  liecyr.  III,  2,  3  el  ailleurs  ; 
cf.  Tliraemer,  chez  Kosclier,  Op.  cit.  p.  27S5  s.|.  Dion  Cassius,  Loc.  cil.,  traduit 
r.4uf/i.riumSn/u/ispar  oîùvioi..  Tii; 'rri.;.;  Si.irr.f;«;;  cf.  Id.  XXXVll,  il.  —  7  Galon 
l'Ancien,  De  re  rust.  141,  dans  la  prière  à-Mars,  demande  :  Honam  salutcm  valc- 
tudinemqne.  En  172  av.  J.-C.,  sur  la  proposition  du  censeur  Postumus,  cul  lieu  une 
consultation  des  livres  sibyllins  :  Pro  caleludine  coUeqae.  Fesl.  p.  234,  Cf.  Corp. 
inscr.  A.  III,  ICI  d  :  i..  Airiiiies  bassis...  aescclapio  et  ïji.eti  disi  :  T.  Live, 
XL,  37,  à  propos  du  temple  élevé  à  la  triade  hellénique  des  dieux  de  la  Santé,  tra- 


Fig.  6088.  —  Salus  el  Valetudo. 


témoignage  pittoresque  dans  un  plat  en  argent,  trouvé  près 
de  Santander'",  souvenir  ou  offrande  pieuse  commandée 
par  un  malade  qui  devait  la  guérison  à.  Salus  l'mevitana, 
c'est-à-dire  à  la  divinité  cjui  personnifiait  l'action  bien- 
faisante des  eaux d'f '///(';■/,  localité,  d'ailleurs,  inconnue. 
On  y  voit  6'r//«,';  sous  les  traits  d'une  jeune  femme  couchée, 
tenant  une  urne;  elle  épanche  l'eau  salutaire  dans  un 
réservoir  maçonné,  des  ouvriers  en  remplissent  une 
cruche,  un  tonneau.  C'est  l'expédition  à  dislance  de  l'eau 
pour  ceux  qui  ne  la  peuvent  boire  à  la  source.  Un  per- 
sonnage en  toge  fait  une  libation  à  Salus  sur  un  autel 
allumé;  sur  un  second  autel,  un  autre  d'humble  condi- 


Fig.  6089.  —  Es-volo  à  Salus. 

lion,  en  tunique,  répand  des  grains  de  blé.  Enfin,  un  jeune 
serviteur  apporte  à  un  malade  l'eau  qui  doit  lui  rendre 
la  santé  (fig.  6089). 

Plus  lard,  les  divinités  grecques  personnifiant  la  santé 
furent  appelées  Salutares,  et  même  ce  vocable  fut  accolé 
aux  Dioscures,  protecteurs  des  marins  en  péril".  Néron 
voulant,  apfès  la  conjuration  de  Pison,  rendre  grâces 
aux  dieux  qui  lui  avaient  sauvé  la  vie,  prescrivit 
d'élever  à  l'endroit  même  où  les  assassins  devaient  le 
frapper,  c'est-à-dire  auprès  du  Grand  Cirque,  un  temple 
à  Salus'-.  La  politique  impériale  avait,  d'ailleurs,  rendu 
facile  la  confusion  de  Salus  Publica,  incarnation  du 
bien  universel,  avec  Salus  personnifiant  leur  bien-être 

duil  Hygie  par  Salus;  v.  encore  Corp.  inscr.  Int.  I,  49  ;  VI,  17  à  20,  le  denier  de 
de  la  gens  Acilia  ci-conlre  et  Mueller-Wieseler,  .-Intike  Denkmaeler,  li,  p.  779. 
—  f  Cohen,  Médailles  coiisulaires.  p.  5,  n*  1 1  ;  Allas,  pi.  I,  n»  3;  Babelon, 
-l/onn.  de  la  Ilép.  t.  I,  p.  105  et  106,  n"  8.  —  9  Cic.  Tusc.  I,  33,  86  ;  Dio 
Cass.  XLI,  6.  Le  sens  du  mot  salus  se  modifie  dans  la  Lingue  commune  sous 
l'inflencc  de  ces  faits  religieux.  V.  les  Lexiques  ;  une  expression  particulière- 
ment curieuse  à  relever  chez  Tacite,  Bisl.  Il,  93  ;  Ne  salutis  quidem  cura, 
sans  se  soucier  même  de  la  santé.  —  10  Arcli.  Zeitung,  n.  série,  1873,  p.  116 
et  Tab.  11  (Hûbner) .  Le  plat  semble  appartenir  à  l'art  des  orfè\Tes  dn 
II"  siècle  ap.  J.-C.  Il  porte  gravé  le  nom  de  son  propriétaire  (L.  Forapeius 
Coruelianus),  avec  l'indication  du  poids  de  métal.  Pour  le  transport  à  dislance 
des  eaux  thermales,  v.  Plin.  Uist.  n.  XXXI,  68  ;  83;  S7;  94;  113.  —  "  Orelli, 
Inscr.  158U;  Schol.  German.  Aral.  p.  68,  127  cl  29.  Jupiter  porU-ût  probable- 
ment dans  les  livres  sibyllins  le  vocable  de  Salutaris;  Trcbell.  Poli.  Gall.  B  ; 
el  l'inscription  citée  par  M.  Toulain,  les  cultes  Païens,  dans  le  t.  XX  de  la 
Bibliothèque  de  l'École  des  Hautes  Etudes,  p.  447  ;  cf.  Klau.sen,  Acneas  und 
die  Penatcn,  p.  260,  noie  409.  —  13  Tac.  Ann.  XV,  74;  cf.  53;  Dio.  Cass. 
LXl,  21. 


SAL 


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SAL 


particulier  :  d'oi!i  les  inscriptions  votives  en  l'honneur 
de  Sa/ us  Auijusln,  Commodi,  Caracal/ne,  Aiiyns/o- 
rum,  etc.  '.  Concurremment  avec  elles  et  gardant  la 
signification  traditionnelle,  nous 
trouvons  sur  les  monnaies  et  sur 
les  monuments  épigraphiques 
les  dédicaces  à  Salus  Publica, 
Populi  Romani,  Ilumani  Gene- 
ris  -  ;  cependant  Salus  est  le 
plus  souvent  représentée  sur  les 
premières  sous  les  traits  d"Hy- 
gieia  avec  l'attribut  du  serpent 
(fig.  6090)  '.  Les  Régionnaires 
continuant  de  mentionner,  pour  le  Quirinal,  le  templum 
Salulis,  on  peut  en  inférer  que  le  culte  s'est  maintenu 
jusqu'à  l'aurore  du  moyen  âge*.        J.-A.  IIild. 

SALUTAÏIO.  —  Les  mots  salulatio,  sa/ulan\  -npore- 
aYÔoeud'.ç,  a(j7ta<7|ji.ôç,  T:po(7a-|'op£Û£cv,  àcTCai^EcOai,  signifient 
l'acte  de  saluer  quelqu'un,  n'importe  oii  et  n'importe 
quand,  par  paroles  ou  par  écrit.  Les  formules  ordinaires 
de  lasalutation  orale  sont,  au  début  de  la  journée  ou  de 
l'entretien,  /aipEj  salve  (ou  ave);  à  la  fin,  ùyi'xïws  (ou 
'Éppaxjo),  vale  '.  La  personne  saluée  répond  au  salut 
initial,  xœ't  au  yjnçie,  salve  et  tu  ;  au  salut  final,  xai  cù 
OyiacvE,  vale  et  tu.  Le  plus  souvent  on  ajoute  à  la  for- 
mule soit  le  nom,  soit  le  titre  de  l'interlocuteur^.  Pour 
la  salutation  écrite,  les  formules  initiales  sont  du  type  : 


OÛToç  Èxêivio  yai'psiv  CkifEi),  hic  llli  salutem  (dicit),   les 
formules  finales  étant  les  mêmes  que  pour  le  salut  parlé. 

I /user.  Orelli,  089;  H71  ;  i:i77  ;  2193  ;  6121.  Cf.  Corp.  mscr.  M(.  III,  U:i7  ;  4102  ; 
V,  «8;  Vin,  830b.  —2  \.Cohen-fm&tdQal,Dr.scriptionhistorique,ei<:.,  1. 1,  p.  300, 
n»'  313,  319  (Néron).  Id.  t.  111,  p.  07  sq.  n«  679,  680  et  souveul  ailleurs  ;cf.  ]bid. 
avec  l'exei'iîue  :  Saluti  Augusti,  p.  56,  ii"'  513  sq.  ;  553  :  Saluti  Angustornm,  Ole. 
i'our  le  type  monétaire  de  Sutus,  sous  la  Uépublique,  v.  Babelon,  Op.  cit.  Introd. 
p.  XVU  ;  11,  107  à  109.  —  3  Monnaie  dAclius  Verus,  du  Cabinet  de  France  ;  Colieu, 
Atonn.  de  l'Empire,  II,  pi.  ix,  51.  —  4  V.  sujn-a  et  l.ib.  Pont.  221. 

SALUT ATIO.  1  Textes  importants  :  Dio  Cass.  LXIX,  18;  Lucian.  Pto  lapsu, 
1,  3,  6  et  10;  Kustath.  Ad  Hom.  lliad.  IX,  197,  p.  746,  28;  l'iaul.  Mcn. 
I07G  ;  Cic.  Ad  AU.  V,  2,  "2;  Cael.  in  Cic.  ad  fam.  VIII,  16,  4;  Mart.  I,  55,  0  :  11, 
67,  2;  Suel.  Aug.  53;  Tib.  72;  Galb.  4,  etc.  I'our  le  surplus,  voir  Estienne-Din- 
dorf,  2'hes.  ling.  gr.  et  Forcollitii-De  Vit,  Lex.  totius  Int.  aux  mots  cités. 
—  2  Aristoph.  Eccles.  477;  Plut.  l'omp.  8;  Caes.  Dell.  civ.  III.  71  ;  Cic.  Phil.  Il, 
a,  58;  T.  Liv.  III,  26;  Mari.  II,  68,  1  ;  V,  21  ;  V,  51,  7;  Plin.  Pau.  23;  Tac.  Ann. 
XII,  41  ;  Uist.  II,  80;  III,  86  ;  Suet.  Aug.  53  et  58,  etc.  —3  Suet.  Cl.  21  ;  Dio  Cass. 
LX,  33.  En  Grèce,  du  moins  au  temps  de  Lucien,  on  saluait  les  malades  par  la  for- 
mule :  xaA.r,(é,t  (f>e  sait.  70).  Il  va  sans  dire  que  la  fantaisie  individuelle,  la  mode 
locale  ou  momentanée,  les  circonstances  spéciales  jouèrent  un  grand  rôle  dans 
l'invention  et  l'adaptation  des  formules.  —  iSittl,  llie  Gelifirden.  p.  36  sq.;  102  Sc|. 
Stepljani,  C.  rendus  de  ta  Commiss.  firc/i.  de  S.  Pèlersh.  1867,  p.  09  sq.  La  lig.  6091 


Un  cas  particulièrement  intéressant  est  le  salut  des  gla- 
diateurs à  l'empereur,  avant  le  combat  :  Ave,  imperator, 
moriluri  te  salutant'. 

On  a  déjà  énuinéré,  à  propos  de  l'adoration  envers  les 
dieux  ou  les  rois  [adoratioI,  un  certain  nombre  de  gestes 
et  d'attitudes  qui  soulignent  la  salutation  orale  et  parfois 
la  remplacent.  Comme  gestes  de  salutation,  l'embrasse- 
ment  (à(r7carr(j.ôç,  complexus)  le  baiser  (cpfX-fijAoi,  osculum) 
donné  ou  envoyé  de  la  main  (fig.  H091),  dont  le  mode  varie 
avec  la  condition  respective  des  personnes,  la  nature  de 
leurs  relations  et  les  époques*,  apparaissent  dès  l'âge 
homérique  S  concurremment  avec  la  poignée  de  main  '• 
(oe;'.o0(70ai,  S£;i'av  Sioovit  ;  dextranx  dare,  tendere,  porri- 
f/ere).  La  poignée  de  main  (fig.  G092)  fut  de  tout  temps  en 


6092.  —  La  poignée  de  main. 


usage  chez  les  Grecs  et  chez  les  Romains  ^  En  Grèce, 
le  baiser  courtois  ne  devint  usuel,  semble-t-il,  qu'après 
la  conquête  macédonienne,  sous  l'influence  des  mœurs 
asiatiques*.  A  Rome,  cette  habitude,  importée  de  Grèce 
et  d'Orient,  ne  s'acclimata  guère  avant  la  fin  de  la  Répu- 
blique ^  Lorsque  Caton  d'Utique  quitta  l'Asie,  ses  sol- 
dats lui  baisèrent  les  mains,  honneur  encore  peu  usité, 
dit  Plutarque'"  ;  on  voit  cet  honneur  rendu  à  l'empereur 
sur  un  bas-relief  de  la  colonne  Trajane  (fig.  6093)".  Le 
baiser  aux  mains,  au  visage,  à  la  poitrine,  aux  genoux 
fut  très  répandu  aux  premiers  siècles  de  l'Empire,  dans 
les  relations  des  citoyens,  soil  entre  eux,  soit  avec  l'em- 
pereur'^. A  partir  de  Dioclélien,  le  baiser  impérial  de- 
vint très  rare  et  fut  réglé  strictement,  comme  tout  le 
cérémonial  aulique'^ 

On  saluait  aussi  (fig.  116  et  s.)  d'un  geste  de  la  main'* 

reproduit  un  miroir  gréco-étrusque  (Gerbard,  Etrusk.  Spieyel,  pi.  xxin),  où  l'on  voit 
Castor  (castvd)  prenant  dans  ses  bras  son  frère,  qui  lui  adresse  un  baiser  de  la 
main.  Le  même  geste  est  fait  par  une  des  femmes  présentes  à  cette  scène.  —  5  Od. 
XVII,  35,  XXI,  224;  XXII,  499.  —  G//.  X,  542.  —  7  Xen.  Cyr.  IV,  2,  9  ;  VII,  3,  8; 
Aristopb.  NuO.  81  ;  Plut.  753;  Acscliin.  85,  40  ;  Lys.  194,  11;  Plut.  Cic.  36;  Ant. 
s(l  ;  Brut.  43  ;  De  amie.  vmlt.  3  ;  Diod.  XVI,  43  ;  Lucian.  De  sait.  S  ;  Zeux.  1  ;  Hcro- 
ilian.  I,  16,  17;  II,  13,6;  Diog.  L.  III,  98:  Mart.  Il,  21,  1  ;  Tac.  Ann.  XV,  28  ;  Amm. 
Marc.  XXI,  5,  12  ;  Serv.  Ad  Aen.  l,  412  ;  VIII,  467,  etc.  La  fig.  0093,  d'après  le  vase 
de  la  collection  de  Luynes  (De  Luynes,  Descript.  pi.  xxi  ;  Monum.  de  l'Inst.  I, 
pi.  i.i)  représente  Poséidon  et  Thésée.  Sur  un  vase  de  la  collection  du  Vatican 
[Mus.  Gregor.  Il,  pi.  r.iv,  1)  à  côté  d'Atliènô  et  d'Hercule  se  donnant  la  main,  on  lit 
le  mot  XAH'K.  La  poignée  de  main  est  surtout  très  fréquente  sur  les  bas-reliefs  funé- 
raires de  l'Alliquc  ;  voy.  Conze,  Attische  Grabreliefs;  ColligDOn,  Sculpt.  grecq.  Il, 
p.  1.50.— «Situ,  p.  78  sq.  —^CicAdAtl.  XII,  1,  1;  XVI,  5,  2.—  10  l'iut.  fa/.  Ut. 
12  (18).  —  11  l'roebner.  Col.  TraJ.  pi.  ni.xx.  —  12  Sen.  De  ira,  II.  24  ;  Quintil.  IJerl. 
V,  18:  Mart.l  I,  10,  1;  12,  I  ;  21,  1  ;  VU,  9,=;;  XI,  08;  XII,  59;  Plin.  Pan.  23  et  71; 
Tac.  Ann.  XIII,  4;  XV,  28;  Aff.  40;  SueU  Tib.  34:  Cal.  55;  Ner.  37;  (M.  0  et  10; 
\pu\.Apol.  7;  llieronym.  i?p.  22,  16;  Dio  Cass.  LIX,  27;LXII,  14,  etc.  V.  Sitll,  yiirf. 
—  '3  Cad.  Theod.  VI,  24,  4  ;  XXI,  1,  109;  Pacat.  Pan.  Theod.  20,  2.  —  u  Mari. 
VIII,  65,  6;  Suet.  Ct.  12. 


SAL 


—   llKiO  — 


SAL 


6093.  —    Eaiso 


Ou  d'un  signe  de  l'index  qui,  pour  celle  raison,  s'appelait 
diffitiis  sntiilaris' .  Saluer  d'une  inclinaison  de  lèle  ne 
semMa  jamais  di- 
gne d'un  lioninie 
lilu-e-.  l'ouï-  les  ri- 
tes de  In  salutation 
aux  dieux  et  les 
houiinages  seuiMa- 
bles  que  l'adula- 
tion l'endit  aux 
rois,  empereurs  l't 
autres  grands  per- 
sonnages, nous 
renvoyons   à    Mn>- 

IIATIO  '. 

Le  salut  militaire 

romain  est  figuré, 

seml)le-t-il,  sur  une 

lampe  ',     par    un 

geste   de    la   main 

droite  portée  vers 

la  tète  (H g   6094). 

Quand  deux  flot- 
tes ou  vaisseaux  se 

rencontraient,    les 

marins  se  saluaient  de  la  rame".  Au  cirque  le  cocher 

saluait  le  président  des  jeux  en  abaissant  son   fouet  ''. 

La  coutume  grer- 
que  et  romaine  veut 
que  le  simple  ci- 
toyen se  lève  (ÛTtaviT- 
xaT^st! ,  asxiirf/rrr' 
devant  le  magistral, 
le  roi  ou  l'empereur, 
l'inférieur  devant  le 
supérieur,  le  jeun(? 
Iiomme  devant  le 
vieillard  ".  Ainsi,  à 
Rome,  les  sénateurs 
se  lèvent  quand 
l'empereur  ou  un 
magistrat  entre  dans 
la  curie  ou  en  sort*. 
La  coutume  romaine 
veut  qu'on  se  décou- 
vre et  qu'on  se  range 
pour  saluer  un  ma- 
gistrat ou  une  personne  que  l'on  désire  exceptionnelle- 
ment honorer,  et  que  l'on  mette  pied  à  terre,  si  on  est 
en  voiture  ou  à  cheval,  à  moins  qu'on  ne  soit  accompa- 

<  Suel.  Auy.  SO;  Marlian.  Cap.  I,  30  ;  Isi.l.  .'^cv.  Or.  XI,  I,  70.  Voir  li^ 
geste  liHciculc  [hebcui.es,  fig.  377SJ.  —  2  Lucian.  Nigr.  il;  Vila  AIct. 
Sev.  18;  Joli.  Clirys.  Hom.  80,  4.-3  Voir  aussi  Silll,  p.  1S6  sq.  ;  liiS  sq. 
—  '  Besnier  el  liiaiiclicl,  CoUect.  Forges,  pi.  in,  n.  6  ;  La  lilanclièrc  cl  Gauc- 
kler.  J/ir<.  Alaoui,  p.  171,  ii.  2i3.  Conip.  le  gesle  de  Gcrmailicus  sur  le  graud 
camée  de  France  [ckmmae,  lig.  3518J.  —  s  p|„t.  AnI.  76.  —  6  Dio  Cass.  LXXVII, 

10.  —  "  llerodol.  Il,  SU:  Xcn.  Lac.  15,  Mem.  Il,  3,  16:  Arislopli.  Aiib.  991  ; 
Pl.ll.  C.  Grarch.  i;  Pcr.  *;  Paus.  VIII,  .'iO,  3  ;  l.ucian.  C>,m:  7;  Dio  Cass. 
XXXVI,  24  cl  36;  Cic.  /'M.  li,  iO;  Pclroii.  65;  Sen.  Ep.  Oi,  10;  Pliii.  E/i. 
I,  i3,  2;  .Suel.  Auy.  36;  Veip.  13;  Vila  AJarim.  iim.  i,  olc.  Eo  particulier,  le 
même  honneur  esl  rendu  chci  les  Homains  aui  lilulaires  de  la  couronne  civique; 
Plin.  Uist.  uat.  XVI,  13.  —  «  Plul.  Dr.  17  ;  Suet.  Aiig.  53.  Sur  les  applaudisse- 
meuls,  cris  cl  chants  qui  accueillaient  Tenipereur,  el  parrois  d'autres  personnages, 
à  leur  cnlri^c  dans  les  licui  de  spectacle,  voir  acci  abatui.  —  9  Val.  Max.  Il,  2,  4  ; 

11,  3,  9:  VIII.  .5,  0:  S<n.  Ep.  61,  10;  Tac.  Aun.  XV,  27;  Apul.  Elor.  IV,  21;' 
Arnoh.  VII,  13;  Keslus,  p.  154  (0.  Miillcr)  ;  Plut.  Eab.  .Uni.  il;  l'omp.  S;  Dio 
(Jss.   XXVI,  3/.;  XLV,    16,  etc.  —   10  Son.  Exe.  Conlr.  6,  S;    Plul.   Pvmr.  19  : 


Fig.  6094.  —  Salut  mililair 


gné  de  sa  femme;  s'il  s'agit  d'un  magistrat,   on  y  est 
même  invité  par  le  licteur".  D'après  cette  coutume,  les 

magistrats  en  fonc- 
tions ne  doivent  le 
salut  qu'aux  ma- 
gistrats supérieurs 
et  aux  Vestales  ; 
devant  ceux-là  et 
celles-ci  ils  font 
abaisser  leurs  fais- 
ceau X  '"  (  fa.<<ces 
.iiihi/iitfere).  S'ils 
sont  assis,  la  poli- 
tesse les  oblige  à 
se  lever  pour  ré- 
pondre au  salut 
des  citoyens  ou  des 
magistrats  infé- 
rieurs ;  de  même 
l'empereur  se  lève 
pour  répondre  au 
salut  des  séna- 
teurs "'. 

Il  peut  arriver 
que  le  salut  soit 
beaucoup  plus  qu'un  témoignage  de  déférence  ou  de  cour- 
toisie. Donner  à  quelqu'un  pour  la  première  fois,  en  le 
saluant,  le  titre  de  roi,  d'imperalor,  etc.,  c'est  souvent  le 
proclamer  roi,  impcra/or,  etc..  kGT.i^Etshai  pot<;!).ia,  aÙToxpi- 
-'jyj.;s<ilutare  regem,  iiiiperalorem^elc.'^.  Bien  qu'à  Rome 
le  titre  à'imperalor  appartint  en  droit  à  tous  les  géné- 
raux investis  de  Vimprrhim  '■',  en  fait  ils  ne  le  prenaient 
qu'après  l'avoir  reçu  du  Sénat  par  un  décret,  à  la  suite  d'une 
victoire,  ou  après  en  avoir  été  salués  sur  le  champ  de 
bataille  par  leurs  soldats  '*.  A  partir  du  règne  de  Tibère, 
cette  sorte  de  salutation  fut  réservée  à  r.\uguste  et  aux 
Césars'^.  Il  en  faut  distinguer  celle  par  laquelle  l'armée 
ou  une  partie  de  l'armée  conférait,  non  plus  simplement 
le  litre  dlmperalor  à  la  personne  qui  en  possédait  déjà 
les  droits  el  pouvoirs,  mais,  autant  que  cela  dépendait 
d'elle,  à  une  personne  quelconque  la  qualité  d'empereur". 
Lorsque  le  prétendant  ainsi  proclamé  réussissait  à  faire 
légaliser  son  élection  par  le  Sénat,  il  datait  son  avène- 
ment du  jour  de  la  salutation  '  ^ 

Enfin,  très  souvent,  salutare  et  snlutatio  désignent 
spécialement  la  visite  matinale  qu'il  était  d'usage  de 
faire,  chez  les  Romains,  aux  personnes  que  l'on  devait 
ou  voulait  honorer.  Parce  que  le  grand  nombre  de  visi- 
teurs quotidiens'*  attestait  la  considération  ou  l'in- 
fluence, tout  citoyen  en  vue  tenait  beaucoup  à  la  sahttatio, 

Cic.  Br.  6,  22  (emploi  figure;.  —  "  T.  I.iv.  E^il.  116;  IMron.  6;  5  ,^uel.  Cacs. 
7S;  Tib.  31;  Ct.  12;  Dio  Cass.  XI.IV,  8;  I.VII,  H.  —  15  T.  Liv.  I,  7;  111,  26; 
XXXVI,  14;  Tac.  .\nn.  11,56;  Hisl.  III,  «6;  Suel.  Aug.  58;  Dion.  Ilalic.  Ânt. 
rom.  IV,  39  ;  Dio  Cass.  XLV,  32,  etc.  On  dit  aussi  sposavcptùctv  g,  appellare  r. 
—  13  Voir  iMpcRAToii,  III,  p.  423  sq.;  Mommsen  el  llarijuardl,  iinn.desanl.  gr. 
et  rom.  trad.  h:  1,  144.  —  I»  Cic.  Ad  Alt.  V,  20.  3;  Cacs.  Bell.  fie.  Il,  26  ;  III.  71  ; 
Bell.  hhp.  19:  Plin.  J'an.  12;  T.ic.  -4nn.  III.  74  ;  Appian.  /?»'/.  cio.  II.  44; 
Plul.  Apophl.  Pomp.  4;  Dio  Ciss.  XLIll,  44;  LU,  41,  cic.  —  13  Plin.  Pan.  56; 
Tac.  .4i,n.  Il,  1.-^;  III,  7t;  Xlll.  41  ;  Suet.  Tit.  5:  Dio  Cass.  LIV,  33  ;  I.V,  6;  LX, 
21.  _  16  Tac.  Ann.  XII,  69;  HIst.  I.  27  cl  37;  II,  80;  Suel.  Cl.  10;  Ner.  »: 
Galb.  10;  Olh.  6;  \'i7.  S;  Vila  Uadr.  0;  Flav.  Jos.  BM.  Jud.  IV,  10,  4;  Plul. 
r,alb.  25  ;  Dio  Cass.  LX.  l  ;  Herodian.  H.  i,9,  etc.  Voir  Mommsen  el  Marqiiardl, 
V.  53  si|.  —  1^  Tac.  aist.  Il,  79;  voir  Momniscn  et  Marquardt,  V,  61  sq. 
—  18  Cic.  Ad  AU.  I,  18,  I  ;  Ad  Br.  II.  4.  1  ;  Virg.  Georg.  11.  401  sq.  ;  Senec.  De 
iea.  VI,  33,  4;  31,  4;  Ad  Marc.  X.  1  ;  Epist.  19.  H  :  S4.  12  ;  Mari.  IX,  22,  10; 
Tac.  llint.  II.  92;  Aim.  XIV,  56;  Diul.  oral.  0  ct  11  ;  A.  Cil.  XVI,  5;  Plul.  Ue 
midi.  amie.  3;  Epict.  Diss.  IV,  4,  :I7. 


s  AL 


—  1061 


SAM 


bien  qu'elle  fùl  un  hommage  moindre  que  la  dcdurtio  el 
que  Vasseclatio,  qui  consistaient,  l'une  à  lui  faire  cortège 
hors  de  sa  maison,  l'autre  à  ne  le  point  quitter  de  la 
Journée'.  Parmi  les  sa/iitalores,  les  uns,  ses  amis,  ses 
égaux,  ou  même  ses  supérieurs  en  dignité  -,  venaient 
chez  lui  volontairement:  leur  visite  était  soit  un  témoi- 
gnage d'aU'ection,  soit  une  démarche  de  politesse  plus 
ou  moins  désintéressée.  Elle  était  une  obligation  stricte 
pour  les  autres,  pour  les  clients.  Comme,  dans  la  vieille 
coutume  romaine,  le  père  de  famille  recevait  chaque 
matin  le  salut  de  ses  enfants,  de  ses  esclaves  et  de  ses 
affranchis  ',  le  patron  eut  droit  de  tout  temps  à  celui  de 
ses  clients  [^cliexs,  pathoms].  .\près  que  la  primitive 
clientèle  familiale,  de  plus  en  plus  rare,  se  fut  ell'acée, 
dès  l'époque  républicaine,  devant  la  clientèle  politique 
et  celle-ci,  sous  l'Empire,  devant  la  clientèle  mondaine, 
l'obligation  ne  fit  que  changer  de  nature  :  ce  qui  était 
d'abord  un  devoir  de  piété  devint  une  lîiche  payée.  Les 
hommes  qui,  sous  la  République,  jouaient  ou  aspiraient 
à  jouer  un  rôle  dans  l'État,  se  faisaient  saluer  chez  eux, 
chaque  matin,  par  la  coterie  de  leurs  agents  et  de  leurs 
créatures  qu'ils  rémunéraient  soit  en  espèces,  soit  en 
services  de  toute  sorte.  Aussi  exigeanteque  leur  ambition, 
la  vanité  des  riches  imposa  la  même  corvée  quotidienne 
aux  clients  de  l'époque  impériale,  aisément  recrutés 
dans  la  multitude  des  besogneux,  nés  pauvres  ou  déclas- 
sés, que  la  paresse  détournait  d'un  gagne-pain  plus 
honorable*.  Levés  de  très  bonne  heure,  quelque  temps 
qu'il  fit,  en  toge^  vêlement  coûteux  et  incommode,  ils 
se  liàtaient,  craignant  de  manquer  l'audience  ^  et  la 
distribution  de  leur  maigre  salaire  en  vivres  ou  en 
argent  ^  la  simihtila.  Mais  les  jours  de  chômage  étaiimt 
fréquents,  soit  que  le  maître  fût  absent  ou  malade,  soit 
qu'il  leur  fermât  sa  porte  sous  un  prétexte  i|uelcon(iue*, 
et  le  métier  était  si  peu  lucratif,  en  somme,  que,  pour 
arriver  à  gagner  leur  vie,  beaucoup  de  clients  s'atta- 
chaient à  plusieurs  patrons,  allaient  olfrir.  toute  la 
matinée,  d'un  bout  à  l'autre  de  la  ville",  leur  hommage 
mercenaire  '".  L'accueil  fait  aux  saliilatores  variait 
naturellement  selon  leur  condition  et  selon  le  caractère 
dupersonnage  visité.  Dès  la  porte  on  les  rangeait  en  deux 
classes  :  ils  étaient  jtrimae  ou  secundac  admissionis" . 
Les  uns,  amis  intimes  et  gens  de  qualité,  pouvaient  être 
reçus  individuellement  ou  par  petits  groupes  dans  une 
pièce  close,  parfois  dans  la  chambre  à  coucher  '-.  Le 
vulgaire,  massé  dans  Vatrium,  défilait  simplement 
devant  le  maître  ".  Tel  personnage  prodiguait  la  poignée 

I  Q-  Cic.  Depelti.  !>,  31  sq.  —  2  cic.  Ad  fam.  VII,  :;>s,  i,  I.V.  iO,  3  ;  Slal.  Silr. 
r,  S,  i3i:  Mart,  X,  10;  XII,  i6  :  Juv.  I,9'Jsi|.;  111,  ISTsq.;  i3'>si|.  ;  VU, 'JO  S(|.  ;  l'Iin. 
t'aneg.lM  ;  Epicl.  Uias.  IV,  IO,,ili.  —  3  Fioul.  Ad  M.  Cais.  IV,  6;  Sud.  OiMa,  +. 
■  — 'Manil.  V,  Cl  sq.  :  Juv.  III,  liii;  V,  I3U  s.).  ;  Tac.  Ann.  XIII,  il.  —  5  Sali.  Cul.iS: 
Slal.  Sifc.  IV,  9,  i»;  Mari.  I,  108,7;  lll,3CeU6;  V,  i!i,  1 1  ;  IX,  100;  9i,  5;X,70,  5; 
7k.  i;  82,  2sq.:  96,  1 1  ;  XII,  18,5;  i6;  08;  Juv.  I,  96;  III,  Ii7,  U9,  S17;  V,  19  sq.  ; 
76  sq.  ;  l'Iin.  Epist.  III,  12;  Galen.  VI,  738;  Lucian.  Ni.jr.  il  sq.  —  6  Juv.  V,iO  sq. 

—  '•  Colum.l, /jrac/'.  9cl  li;Marl.  111.30;  Juv.  I,  9j  sq.  ;  118  sq.  ;  V,  108  sq.  ;  l.uciaii. 
Mgr.  ii.  —  S  lloral.  Episl.  I,ii,  31  ;  Stuec.  De  brev.  vil.  t  i,  V  ;  Mail.  V,  Si,  10  :  IX,  7, 
3  ;  Juv.  I,  132  sq.  —  9  Sclicc.  fit-  /'ici',  vil.  H,  3  ;  Mari.  1,  108  ;  V,  22  ;  VII,  39,  I  ; 
VIII,    U,  i;   IX,  22,   5;  X,    10;  70,   5;  XII,    18,  5;   20,  3;    Lucian.  Nigr.   21  sq. 

—  lOColum.l,  j,ra<:f.  9  :  mercenarii  saiiitatoris:  St^acc.  De  brev.  vit.  i*,3:»(cT(- 
torinm  salutationem.  —   H  Sencc.    De  ben.   VI,  33,   4;  3*,   2.   Voir  aiiuissio. 

—  12  Sencc.  De  ben.  VI,  3t,  2;  l'Iin.  Uist.  ual.  XV,  38  :  salutaloriis  cuhilihus; 
Dio  Cass.  I.XXVI,  .■>.  —  13  lloral.  Epist.  I,  .ï,  31  ;  Scncc.  De  ben.  VI,  3i,  3  ;  Mail. 
III,  31*,  Il  ;  IX,  100,  2;  Juv.  Vil,  91.  -  I*  Mari.  VIII,  W,  5;  XII,  26,  +;  cf.  Sud. 
lib.  n.  —  ii  Scncc.  De  ben.  VI,  31,  3:  Mari.  I,  .M,  0  ;  I,  108,  iO;  IX,  7,  4  cl 
10,  etc.  —  IC  .Mari.  Il,  08  ;  VI,  88  ;  IX,  92,  5  ;  X,  10,  3.  —  n  Scncc.  De  lircv.  vit. 
It,  *;  Lucian.  Sigr.  21  sq.  —  '«  Colum.  I,  prarf.  9;  Sen«?c.  Ad  Rer.  I i.  3  sr(.  : 
Ut  ira,  III,  37,2;  Kpist.  84,  12;  Juv.  III,  184  sq.;  Lucian.  Sigr.  21  sq.  ;  Kpicl. 
J/an.  33.   13;    Diss.  I,  30,  7.  —  H  Sud.  Galba,  17;  A.  Ccll.  IV,    II;   XIX,  3,  I; 


(le  main  et  même  le  l)aiser  ''  ;  tel  autre  ne  répondait  pas 
au  salut  obséquieux  des  clients  («ly'' ',  domine  ou  rcx  '"), 
ou  bien  répondait  à  peine,  répétant  mal  les  noms  que 
lui  soufflait  un  à  un  le  nomenclatoh ''.  Encoreles  malheu- 
reux, avant  d'être  admis,  avaient-ils  fréquemment  dû 
subir  les  insultes  et  les  exactions  de  la  valetaille". 

La  foule  des  snlutatores  était  plus  grande  que  partout 
ailleurs  chez  l'empereur",  et  plus  nombreux  le  person- 
nel domestique  chargé  de  régler  la  réception  {ofpcium 
admissioni.^,  adini'^sionales)-".  Outre  la  visite  de  ses 
amis,  pour  qui  cette  démarche  quotidienne  était  un  de- 
voir dont  ils  ne  se  dispensaient  pas  sans  motif  grave'-', 
l'empereur,  prince  du  Sénat,  recevait  souvent  celle  des 
sénateurs,  qui  se  présentaient  individuellement  les  jours 
ordinaires,  en  corps  dans  les  occasions  solennelles". 
Parfois  leurs  femmes  etleurs  enfantsles  accompagnaient, 
semble-t-il -^  Des  chevaliers  et  même  de  simples  plé- 
béiens pouvaient  être  admis  à  la  salutation -*.  La  récep- 
tion ouverte,  ptiblica  ou  pj-omiscua  salulalio,  parait 
avoir  été  de  règle  à  certains  jours  de  fête,  par  exemple, 
l'anniversaire  de  l'avènement  et  les  calendes  de  janvier". 
Les  jours  de  spectacles,  la  représentation  commençant 
de  bonne  heure,  ou  bien  la  saluUilio  était  supprimée,  ou 
bien  l'empereur  passait  la  nuit  et  donnait  son  audience 
matinale  dans  une  maison  à  proximité'-^  La  facilité  de 
l'accès-^  variait  avec  le  caractère  de  l'empereur,  comme 
l'affabilité  de  l'accueil  -*.  Claude  institua  et  Vespasien 
abolit  l'usage  de  fouiller  les  visiteurs  avant  de  les  admet- 
tre-'. Normalement,  le  prince  répondait  par  un  baiser  au 
salut  de  ses  amis,  des  sénateurs  et  des  hauts  fonction- 
naires équestres  ;  il  tendait  la  main  aux  autres  cheva- 
liers'". Le  baise-main  et  d'autres  formes  d'hommage  plus 
humbles,  déjà  acceptées  ou  provoquées  par  Caligula, 
Commode,  Élagabale,  devinrent  ensuite  de  plus  en  plus 
fréquents^'.  Les  audiences  privées  étaient  rares;  presque 
tous  les  visiteurs  dédiaient  devant  l'empereur  dans  l'ordre 
de  leur  dignité'-.  Ils  étaient  en  toge;  l'empereur  aussi, 
sauf  exceptions,  du  moins  jusqu'au  iV  siècle^'.  Les 
femmes  et  les  mères  des  empereurs  ne  recevaient  pas,  en 
généraFS  les  visites  de  corps  ;  mais  les  personnages  consi- 
dérables se  firent  de  tout  temps  un  devoir  d'aller  leur  pré- 
senter fréquemmentdes  hommages  individuels'^  L'usage 
de  la  salufatio  se  maintint,  à  la  ville  comme  à  la  cour, 
jusqu'à  la  fin  de  l'antiquité  romaine'".     Philippe  Fabia. 

SAMBUC.\  (Sd;u.Sùxv-|).  —  L  Instrument  à  cordes  [lyra, 
p.  14491.  —  IL  Machine  de  siège,  pont  volant  [oppignatio, 
p.  2117],  rappelant  l'instrument  précédent  par  sa  forme 

XX,  I,  ».  —  20  Voir  ADMissjo.  —  21  I  lin.  Lpist.  3,  3,  9  ;  Fronl.  Ail  .M.  Caes.  I,  3  ; 
V,  48,  03;  Dio  Cass.  LXVI,  10;  Aurcl.  Vicl.  IX,  15.  —  -22  Tac.  Ann.  XV,  23; 
SucL  Aug.  53;  Dio  Cass.  LVI,  20;  LVII,  11.  —  23  Sud.  Galba,  4;  Claud. 
35.  —  2t  Tac.  Ann.  IV,  41  ;  SucL  Aug.  53;  Nero,  10;  Dio  Cass.  LVI,  20;  LXVI, 
10.  —  25  Sud.  Aug.  57  ;  Calig.  42;  Vesp.  4  ;  hronl.  Ad  Ant.  Pium.  3  ;  Dio  Cass. 
LIV,   33;  LVI,  41;  LVII,  8.   Voir  sriiENAE.  —  26  Dio  Cass.  LVII,    11;  LXIX,  7. 

—  27  plin.  Paneg.  47  sq.  ;  Dio  Cass.  LXVI,  10  ;  Yil.  Alex.Sev.  4.  —  2»  Plin.  Puneg. 
48;  Sud.  Tié.  29;  Dio  Cass.  LVII,  11:  LXXVII,  17;  VU.  Alex.  Scv.  18;  Vil. 
PirliK.  U.  —  29  Tac.  Ann.  XI,  22;  Sud.  Claud.  35  ;  Vesp.  12  ;  Dio  Cass.  I.X.  3. 

—  30  Tac.  Agric,  40;  Plin.  Paneg.  23;  Sud.  Nero,  37  ;  'itlio.  6;  Dio  Cass.  LXXII, 
14  ;  Vila  M.  Anton.  3.  —  31  Philo,  Leg.  ad  Gaium,  p.  502  (Mangey)  ;  Scncc.  De 
ben.  Il,  12;  Plin.  Paneg.  24;  Sud.  Vitell.  2;  EpicL  Diss.  IV,  1,  17:  Vil.  Alex. 
.SVti.l8;  Vil.  Maxim.  Jun.i;  Vil.Aurel.  14,  de.  — 32  ï'!/...|(ct.  SVi'.  31;  Ï'i7.  .1/. 
Anton.  3.  —  33  Dio  i:ass.  I.XIII,  13  ;  LXII,    17  ;    Vil.  Hndr.  3  :   Vil.  Gallien.  10. 

—  31  Exceplions  :  Liviesous  Tilicic  (Dio  C.iss.  LVII,  12);  Agiippinc  sous  ClauJc  et 
.Ni'ron  (Dio  Cass.  LX,  .33  ;  Tac.  .4n)i.  XIII,  8  el  18)  :  Julia  Domna  sous  Caracslla  (Dio 
Cass.  LXXVII,  18).  — 35  Tac.  .\nn.  XIII,  8  ;  Vila  .Mex.  Sa:  23:  llicronjui.  Episl.  22, 
6.  —  30  Hicronyni.  Epist.  4  :,  2  ;  Syinniacli.  Episl.  8,  41  ;  Sidon.  Apoll.  Episl.  I,  9. 

—  Hcm.ior.nAPHiE.  L.  FricHlanilcr,  Dnrslell.  aus  der.'iiltengeich.  Itonis,  IV.  140-137, 
338-371,  420-427  ;  C.  Silll.  /Ile  Helmrden  der  Gnerhcn  mid  ll;m,-r,  l.cip/ig,  1890. 

SAMBCCA.  I  Polyh.  VIII,  3  ;  Vill-uv.  X,  22  ;  Vcgd.  II.  milit.  IV,  ïl  ;  Icslus,  ».  v. 


SAM 


—  10G2  — 


SAP 


et  par  la  manière  de  placer  les  cordes  au  moyen  des- 
quelles on  le  mellail  en  mouvement. 

SA.MI.V  (VASA).  —  Lesauleurs  latins,  comme  Plante  et 
Lucilius,  désignent  sous  ce  nom  une  catégorie  de  vases 
dont  le  caractère  n'est  pas  encore  nettement  déterminé. 
On  sait  seulement  qu'ils  étaient  d'usage  populaire  ',  faits 
d'argile-,  faciles  à  brisera  Or  la  poterie  la  plus  répandue, 
à  l'époque  de  Plante  et  de  Lucilius  (fin  du  m"  et  ii"  siècles 
av.  J.-C),  est  celle  des  vases  ;Y  reliefs  de  terre  noire  et 
grise*,  puis  de  terre  rouge  lustrée",  dont  nous  avons 
conservé  de  très  nombreux  spécimens  [cymbè,  fig.  2:iG8  ; 
p.\rELLA,  fig.  5521].  On  a  donc  pensé  que  l'ile  de  Samos 
avait  pu  être  la  patrie  d'origine  de  cette  fabrication;  de 
là,  le  nom  de  Samia  vasa^.  Mais,  comme  l'a  remarqué 
M.  Cari  Robert',  il  ne  s'en  suit  pas  que  tous  les  A'ases 
à  reliefs  d'époque  gréco-romaine  soient  des  Samia  vasa. 
Plus  tard,  différentes  fabriques  locales  ont  dû  se  grefl'er 
sur  la  première  et  répandre  en  tous  lieux  des  vases  à 
reliefs  de  toutes  formes  et  de  sujets  infiniment  variés  '  ; 
de  là,  les  noms  de  Campana  supellcx,  Cumani  calices, 
Arretina  casa,  que  l'on  rencontre  aussi  dans  les  textes  ou 
les  inscriptions  et  qui  désigneraient  des  variétés  ou  des 
descendances  de  la  même  industrie'  [vasa].     E.  Pottier. 

SAMIATOR,  SAMFARIUS  (  Sajjitipto;)  •  —  L'emploi 
qu'on  faisait  de  la  pierre  de  Samos,  pour  polir  des  objets 
fabriqués  en  métal,  a  fait  appeler  assez  lard,  au  temps 
des  Romains,.v««H'«/o?'el  «a//u'a?'n<s  les  fourbisseurs  qui 
s'en  servaient'.  C'étaitsurlout  pour  donner  del'éclat  aux 
armes^.  et  aussi  pour  les  aiguiser  \  que  l'on  en  faisait 
usage;  les  soldats  devaient  savoir  les  tenir  brillantes', 
et  il  y  avait  des  samia/ores  dans  toutes  les  légions  '.  On 
polissait  aussi  l'or  avec  la  terre  de  Samos.     E.  Saglio. 

SAXCT10[lex,  p.  1123]. 

SAlXCUS  [SEMO  SANCUS]. 

SAKDALIUM  [solea]. 

SANDAPILA.  —  Civière  munie  d'un  colTre',  bière 
grossière  sur  laquelle  on  portait  le  corps  des  plus 
pauvres  gens  [fun'us,  p.  1390],  des  gladiateurs  tombés 
dans  l'arène,  des  condamnés  à  mort  -.  Les  porteurs  de 
cercueils  étaient  appelés  6-a/ir/«yj(7a/'/P.      E.  S. 

SAXXACRA  (i^avvixpal.  —  Vase  à  boire,  d'origine 
perse,  ce  qui  explique  l'aspect  étrange  du  mot,  dont 
l'auteur  comique  Philémon  s'amusait  en  l'accouplant  à 
d'autres  noms  de  vases  baroques'.         E.  P. 

SAKIVIO.  —   L'origine  du  mol  saniiio  parait   être  le 


SAMIA  (VASA).  1  Lucil.  Sut.  XIII,  3S2,  Wit.  I.achni.  ;  Plaul.  Sticli.  V,  4,  12  (C9i)  ; 
Ciiplip.  Il,  2,  Il  (i'il).  —  2Tilmll.  Il,  3,47;  Isiilor.  Ûrig.  XX,  4,  3:  cf.  l'Iiii.  Oisl.  nal. 
XXXV,  100.  —  3  Plaul.  niicch.  11,2,  2i(202|;  Meiuiecltm.  I,  2,  05(17U).  —  S  licnndoif, 
Grieck.  und  Sicil.  Vus.  Il,  p.  117,  pi.  i.ix  s(|.  ;  Uumoiil  cl  Chaplain,  Cih-amiq. 
Grèce  propre,  I,  p.  3'J2  3'Ji  ;  E.  Pollicr,  dans  les  Mon.  pubt.  par  l'Assoc.  élud. 
yri-c'/.  11.  I8SS-SS,  p.  48;  WallcrsBircli,  Hist.  of  une.  po/lcnj,  1,  p.  4911;  G.  Ko- 
biTl,  f/amerisclic  Ileclier,  18'jn.  —  !.  UragcndorlT,  Ile  vnscntis  Romanorum  rubris, 
1894;  TiTra  sii/illala  dms  \es  Jionncr  JahrOùcher,  isil.ï,p.  18-155;  Di!cliclellc,  Les 
rases  céramir/iics  ornés  lie  la  Gaule  romaine,  1904;  Wallcrs-Birch,  Hislorij  of  anc. 
polterij.  II,  p.  474  S(|.  —  6  Isidor.  /,.  c.  J''ictilia  vnsa  in  Samo  insula  pritis  inventa 
traduniur,  fada  ex  crela  et  indiiraln  iffne,  vnde  et  Samia  rasa  ;  cf.  0.  Jalin, 
/lericlite  d.  sàclis.  Gescll.d.  Wiss.  1854,  p.  33;  Mai'(|uardl,  Vie  privée  des  Romains, 
Irad.  Ilcnry,  II,  p.  315;  Wallers,  Op.  l.  Il,  p.  473;  Blûmiier,  Tccimol.  und  Ter- 
min.  der  Oeuterlir,  11,  p.  09  ;  C.  Koljcrl,  //oînerisc/ic /ïec/ier(Winckclraanns  Progr. 
IS'.Hi),  p.  3.  — '  Uobcrl,  Riil.  _ 8  Voy.  surloul  les  ouviagos  cilOs  dcj.  D(5clielclte 
cl  de  ll.-B.  Wallers.  —  3  C.  Robert,  /,.  c.  p.  4;  Wallers,  p.  478-479. 

SAMIATOR,  SAMIARIUS.  I  Non.  Marc.  p.  398  ;  Vopisc.  Aurel.  76  ;  Kdict. 
Oiocl.  VII,  33  sq,  ;  ct.Journ.  of  liellen.  slud.  1904,  p.  198.  —  2  Vegel.  De  milit. 
Il,  M;  Ed.  Oiocl.  yi.  —  3  5,imiaioresl  Ir.idiiil  par  ixovy.T^;,  Oioss.  Labh.  -- 4  Veg. 
i.  r.  —  5  J.  l.yd.  De  magist.  I,  40.  —  0  plin.  //.  n„(.  XXXVI,  40;  Dioscorid.  V, 
171;   Isid.  Or.  XVI,  4. 

SAXDAPII.A.  I  Cf.  Moral.  Sut.  I,  8,  9  :  ril,  i„  „rra  ■  Djo  Cass.  I.XV,  18,  2; 
LXXII,  52  :  idp.a;.  —  2Sucl.  /hmil.  17  ;  .Mari.  Il,  M  ;   VIII,  75.  li  ;  Scliol.  Juvcn. 


grec  divvot;  ',  synonyme  peu  usité  de  ixojooç,  sot,  fou-.  Le 
nom  propre  Sawtcjv  est,  du  reste,  fréquent  dans  l'ono- 
mastique athénienne'  ;  et  il  est  porté,  en  outre,  par  deux 
personnages  du  théâtre  de  Térence,  un  esclave  '  et  un 
feno  '.  En  latin,  ce  mot  désigne  une  sorte  de  mime,  qui, 
par  des  grimaces,  des  contorsions  de  tout  le  corps,  des 
imitations  grotesques,  excitait  l'hilarité  du  public'^.  Il 
est  à  présumer,  bien  qu'aucun  texte  ne  le  dise  expressé- 
ment, que  le  sannio  s'exhibait,  comme  nos  paillasses  et 
nos  clowns,  dans  des  théâtres  et  des  cirques.  Eustalhe 
dit  que,  de  son  temps  (xii"  siècle),  on  nommait  ces  bouf- 
fons xi^àvoi  ;  et  il  est  vraisemblable  que  ce  sont  les  ancê- 
tres des  zanni  italiens  modernes.        0.  N.w.^rre. 

SAPO.  —  Ce  mot  se  rencontre,  pour  la  première 
fois,  chez  Pline  l'Ancien,  mais  avec  un  autre  sens  que 
celui  qu'il  a  pris  plus  tard  :  on  désigne  sous  ce  nom, 
nous  dit  Pline,  une  invention  des  Gaulois  pour  colorer 
les  cheveux  en  rouge;  c'est  un  mélange,  tantôt  liquide  et 
tantôt  solide,  de  suif  et  de  cendre,  particulièrement  de 
suif  de  chèvre  et  de  cendre  de  hêtre  ;  les  Germains  en 
font  une  plus  grande  consommation  que  leurs  femmes'. 
Une  épigramme  de  Martial  est  intitulée  Sapo  ;  le  poète  y 
parle  de  la  mousse  caustique,  caustica  spuma,  à  l'aide 
de  laquelle  les  Teutons  avivaient  la  couleur  de  leurs 
cheveux'-;  une  autre  pièce  fait  allusion  aux  mattiacae 
pilae,  boules  de  savon  de  Maltiacum,  en  Germanie,  qui 
remplissaient  le  même  office^  ;  un  troisième  passage  du 
même  auteur  nous  apprend  que  les  Latins  avaientrecours 
à  la  mousse  batave,  bataca  spuiiia,  pour  changer  l'as- 
pect de  leur  chevelure*.  II  résulte  de  ces  difî'érents  textes 
d'abord  que  le  sapo,  au  i'"'  siècle  ap.  J.-C,  était  une 
teinture  capillaire,  et  ensuite  qu'il  provenait  de  Gaule ^  ou 
de  Germanie  ^  Les  Romains  l'ont  adopté  avec  empresse- 
ment ;  on  sait  qu'ils  eurent  de  tout  temps  une  grande 
admiration  pour  les  chevelures  blondes  ou  rousses  des 
peuples  du  Nord  [coma,  p.  13G9]  et  qu'ils  s'efl'orcaient,  à 
l'aide  de  préparations  artificielles,  de  donner  aux  leurs 
les  mêmes  nuances'.  Les  femmes  étaient  les  plus  ar- 
dentes à  suivre  cette  mode  ;  Caton,  dans  ses  Origines, 
rapporte  déjà  qu'elles  se  frictionnaient  la  tête  avec  des 
onguents  dans  la  composition  desquels  entraient  des 
cendres';  Valère  Maxime'  et  Serenus  Sammonicus '" 
confirment  son  témoignage.  D'après  Ovide,  elles  se  tei- 
gnaient avec  des  herbes  de  Germanie",  c'est-à-dire  soit 
avec  le  suc  extrait  de  ces  plantes,  soit  avec  les  cendres 


VIII,  175;  Fulgcnt.  Erp.  serm.  p.  55S.  -  3  Sid.  Apoll.    Bp.  Il,  8;  voir  vkspim.o. 
SANNACHA.  1  Alhcu.  XI,  '.is,  p.  497.   Lu  vers  cilé  de  Plillénion  esl  emprunté  à 

SAIMNIO.  1  Employa  par  le  poi-lc  dv  raucieuile  comiSdic  Cralinos.  Pliot.  p.  499,  21  : 
Eustalli.  Ad  11.  p.  777,  lil;  .4(/  Od.  1009,  45;  1701,  20.  —  J  Élymologics  moins  iTai- 
senjblables  :  de  «xaivM  Itptod  et  caudam  movere  atque  hinc  blandiri  et  adnlari  siyni- 
ftcat,  et  terrere,  quod  et  saumonés  faciunt  ergo  plieros.  Forccllini,  Lexic.  s.  v. 
sanna)  ;  ou  d'un  pcrsonn.igc  de  ce  nom,  célèbre  pour  sa  sollisc  (Ëusl.  Ad  Od. 
p.  1009,  45)  ;  ou  du  peuple  asialiipic  des  Sanni  (llwpSajtxoù;  ôvt«;  xaî  .iî  ttxô;  tùf.Stt; 
s;  iisa.Stuota..  Eusl.  .4d  Od.  1701,  20.)  Cf.  Eorcellini,  Lexic.  s.  ».  SA^.^A 
H.  EsUenne-Dindorf,  Tlies.  s.  v.  (rùvva^.  —  3  Pape,  Vi'ôrterb.  der  gr.  Eigennamen, 
s.  V.  Savv'wv.  Ùo  trouve  aussi  le  diminutif  Zawupiwv,  el  Tàv-zo;  Sa^vioç.  —  *  Eunuch. 
4,  7,  10.  — »  Adelph.  1,  2,  2.  — 0  l,cs  procédés  comiques  du  sannio  sont  dé- 
crits, par  Cicéron,  De  orat.  01  cxtr.  :  Ore,  vultu,  imitandis  moribus,  voce, 
dcnique  cnrpore  ridetur  ipso  ;  cf.  Ad  famil.  IX,  16  ;  Juven.  Sat.  6,  306;  Pers.  1, 
61;  3,  91.  —  1  Cicérou  {De  orat.  61),  compare  le  sannio  à  un  mimus.  —  »  Ad  Od 
1701.  20. 

SAPO.  I  Plin.  Nat.  Iiist.  XXVIII,  191.  —  2  M.irlial.  XIV,  20.  —  3  Jbid.  27. 
—  *  Jbid.  VIII,  33,  19.  —  o  Voir  encore  en  ce  sens  Arel.  Cappad.  De 
diulurn.  morb.  Il,  13;  Tlicod.  Priscian.  I,  3.  —  c  Voir  encore  en  ce  sens  Oribas. 
p.  69  éd.  Mai.  —  7  Ovid.  Amor.  I,  14  ;  Properl.  Il,  IS,  20  ;  Terlull.  De  cuUu  femin. 
2,  olc.  —  »  Cal.  ap.  Serv.  jlrf /len.  IV,  698.  —  9  Val.  Mai.  Il,  1,  extr.  3.  —  logercn. 
S;immon.  IV,  35.  —  "  Ovide.  Ars.  amat.  III,  103. 


SAR 


—  1063 


SAR 


produites  par  leur  combustion.  Dioscoride,  sans  pronon- 
cer le  mol  sapo,  donne  la  formule  de  plusieurs  mélanges 
de  cendres  et  de  graisse  ou  d'huile,  qui  rappellent  celui 
dont  parle  Pline  et  qui  doivent  en  être  rapprocliés;  Tun 
d"eux  avait  la  propriété  de  colorer  les  cheveux  en  jaune  ' . 

En  même  temps  que  de  teinture,  le  sapo  servait  aussi 
de  remède.  Au  ni""  siècle,  Serenus  Sammonicus  conseille 
des  frictions  de  sapo  pour  faire  disparaître  la  pâleur 
des  joues  et  effacer  les  cicatrices^.  A  la  même  époque, 
.\rétée  de  Cappadoce  signale,  entre  autres  remèdes  des 
Gaulois  contre  Félépliantiasis,  des  boulettes  de  nilre  ou 
semblables  aux  boulettes  de  nitre  (le  mot  viTpoJôet;  est 
équivoque)  avec  lesquelles  on  frottait  les  vêtements  et 
qu'on  nommait  «ji-wv  '.  Moschus  donne  les  mots  vtTpov 
et  caTToiviov  comme  synonymes. 

Pour  les  soins  de  la  toilette  et  le  nettoyage  des  vête- 
ments ou  du  linge  [lavatio],  les  Grecs  et  les  Romains 
employaient  un  certain  nombre  de  substances  minérales 
ou  végétales,  poudres  ou  pommades,  que  l'on  réunissait 
parfois  sous  les  noms  génériques  de  p'J|xu.aTa,  siJTiTtxi, 
(iu.-riY|xaTa,  et  dont  les  principales  étaient  la  racine  de 
saponaire  ou  struthium,  la  terre  à  foulons,  creta  fullo- 
nica  [creta;  fullo.mca,  p.  1380',  le  nitrlm,  la  lessive  de 
cendres  ou  zovîa,  le  lomemlm.  C'est  seulement  à  partir 
du  iV  siècle  de  notre  ère  que  le  savon,  xnpo  ou  ciTtcov, 
fut  rangé  couramment  parmi  les  bùixu.x-%^ .  Il  ne  semble 
pas  que  jusqu'à  cette  époque  les  anciens  l'aient  jamais 
fait  servir  aux  mêmes  usages  domestiques  que  les  mo- 
dernes. On  a  retrouvé  à  Pompéi,  sur  l'emplacement  de 
deux  ateliers  de  foulons,  une  matière  grasse,  de  cou- 
leur grise,  donnant  une  mousse  légère  au  contact  de 
l'eau  ;  on  crut  qu'il  fallait  y  reconnaître  une  sorte  de 
savon";  mais  l'analyse  chimique  a  montré  que  cette 
matière  ne  renfermait  aucune  trace  de  corps  gras  d'ori- 
gine organique,  et  que  c'était  tout  simplement  un  résidu 
d'argile  à  foulons'^.         Mairice  Besmer. 

SARAPIEIA  (SapaTTsEia).  —  Fêtes  en  l'honneur  du  dieu 
égyptien  [serapis].  Nous  en  trouvons  la  mention  à  Mé- 
thymna,  dans  l'île  de  Lesbos',  et  à  Tanagra^,  en  Béotie, 
où,  dès  le  m'  siècle  av.  J.-C,  s'étaient  répandus  les 
cultes  alexandrins  ^  D'après  l'inscription  de  Tanagra, 
les  Sai'apieia  comportaient  les  nombreux  concours 
«  musicaux  »  qu'on  retrouve  dans  beaucoup  d'autres 
fêtes  grecques  :  concours  de  hérauts,  de  rhapsodes, 
d'aulètes  et  d'aulodes,  de  citharistes  et  de  citharodes,  de 
poètes  satyriques  et  comiques,  etc.         En.  Caoex. 

SARAPIS  [SEHAl'ISj. 

SARCliXA  ou    S.ARCIXAE,  au   pluriel  (ilzeCioç,   crxs'Jr.). 

I.  —  Le  bagage,  les  paquets  que  l'on  porte  soi-même, 
particulièrement  en  voyage  et  à  la  guerre',  ou  que  porte 
un  serviteur  dont  on  se  fait  suivre  ou  un  valet  d'armée 
(ixEuo^&po;  à/.dXouOoç)'-  [cALO.XEs] '.  La  fig.  6005  reproduit 

1  Dioscor.  De  mat.  med.  V,  131  ;  voir  aussi  Ibid.  Mi  et  131.  —  2  Sercn.  Sam- 
niOD.  XI,  157.  —  3  Arcl.  Cappad.  Loc.  cit.  —  »  Oribas.  I.oc.  cit.  ;  Schol.  Lucian. 
Lexiphr.  i  ;  Zonar.  p.  1660;Tlicod.  Priscian.  1,3;  Cass.  Fcl.  IG;  Paul.  Acgin. 
On  Irouve  dans  Theod.  Priscian.  I,  IG,  le  mot  saponatum,  qui  désigne  une  solu- 
tion de  sapo  fondu  dans  de  IVau.  Plin.  Valerian.  III,  13  et  S.  Gregor.  Episl.  8, 
20,  mentionnent  des  saponarii,  fabricants  ou  marchands  de  savon.  —  5  Bliimncr, 
Ttc/inot.  uud  Terminal.  I,  p.  17V;  E.  Presuhn,  Pompci,  Leipzig.  1875,  1881,  IV, 
p.  3.  —  6  Hoiïmann,  dans  les  Wiener  Sliidicn,  I88i,  p.  iC3-i7l).  —  Biiiuocha- 
piMK.  Beckniann,  flei(r.  .-«r  Ge»c/i.  der  h'rfindunijen,  Leipzig,  1T86-IS05,  IV, 
p.  1-35  ;  H.  BISmner.  Technol.  und  Terminal,  der  Gewerbe  und  Kûnsle  bei  Grie- 
chen  mdittrnern.  Leipzig,  1874-1887,  I,  p.  lOi;  Becter-GôU,  Gallm,  HP,  p.  117: 
K.-B.  Hoffmann,  Ueber  VermeintUche  antike  Seife,  dans  les  Wiener  Studien, 
IV,  1882,  p.  2(i:i-î70. 

SARAPIEIA.   I  hi$cr.  gr.   Lesbi,   Nesi....  511.   —   2  Inscr.   yr.   Mvgur.  Orop. 


un  fragment  de  terre  cuite  du  Musée  du  Louvre,  où  l'on 
voit  le  (Txsuocpopo;,  coill'é  d'un  TtîXoç  de  cuir,  à  côté  de  son 
maître,  que  dislingue  le  cas- 
que dit  corinthien  [galea, 
piLECsl.  Les  suivants  étaient 
en  grand  nombre,  surtout  à 
partir  du  iv'^  siècle,  indépen- 
damment des  chariots  et  des 
bêtes  de  somme,  dans  les 
armées  grecques  [exercitus, 
p.  90i  ;  MERCE.NARII,  p.  1792^, 
dont  les  soldats  traînaient 
avec  eux  toutes  sortes  de 
meubles,  d'ustensiles,  de  cou- 
vertures et  de  vêtements. 
Ces  derniers  ((irptôftaTa,  stra- 

gulae  vestes)  étaient  enfermés  dans  un  sac  [saccus, 
fig.  5987]  ou  une  enveloppe  ((jTp(o[ji.aTÔo£0[Aov,  (jTpo)u.aTEÙ;)* 
de  cuir  ou  de  toute  autre  étoffe,  liée  en  ballot',  que 
l'on  chargeait  sur  son  épaule  ou  que  l'on  plaçait,  pour 
plus  de  facilité,  au  bout  d'un  bâton  (àviiopov,  (Txsuoçop'.ûv)^. 


kN^r- 


Valet  d'armée. 


Fig.  60%.  —  Hercule  et 


leur  chargé  du  bagage. 


Dans  la  fig.  6096  ',  le  porteur  qui  accompagne  un 
voyageur  est  monté  sur  un  une,  comme  Xanthias  dans 
les  Grenouilles  d'.\ristophane'.  Il  ne  parait  pas  qu'en 
Grèce,  ou  au  moins  à  Athènes,  on  trouvât  convenable 
d'avoir  plus  d'une  personne  pour  cet  office  '.  Le  fardeau 
était  lourd  quelquefois  pour  celui  qui  en  était  chargé  '°. 
La  fig.  6097  est  tirée  d'une  fresque,  d'art  et  de  sujet  pure- 
ment grecs,  retrouvée  dans  une  maison  du  Transtévère, 
à  Rome  ".Le  personnage  qui  y  est  représenté  n'a  pas 
recours  à  la  perche  ou  au  bâton  fourchu  [furcilla, 
aerumnulae)  dont  il  sera  question  plus  bas  à  propos 
des  soldats  romains  ;  il  lient  suspendu,  au  moyen  d'une 
courroie,  un  coffret  devant  lui  et  un  lourd  paquet  der- 
rière son  dos.         E.  Saglio. 

II.  —  On  a  dit  ailleurs  [impedimentim]  que  les  bagages, 
particulièrement  les  bagages  militaires,  chargés  sur  des 

/yoeo(.  340.  Cf.  fiuH.  decorr.Ae/f.  1878,p.5O0;  1881,  p.  S6I.  —  3  Cf.  Lafaye,  Uist. 
du  culte  des  divinités  alexandrines,  p.  33. 

SARCIiSA  ou  SARCINAE.  >  Xenoph.  Hl,  3,  38  ;  Mem.  Hl,  13,  6:  Arisloph.  Aan. 
li;  Pollui,  X,  14.  —2  Xen.  Mem.  L.  c.  :  Cyr.  III.  1,  4»;  Arisloph.  ttan.  509; 
Aeschin.  l-ah.     Leg.    Il,  09,  p.    59;    Theophr.   Char.    ïxx,  7;    Poil.   VU,  130. 

—  3  Gloss.  Cyrill.  lotaoçifo;,  bajulus.  -  4  Plat.  Theaet.  p.  173;  Xen.  Mem. 
L.  l.  ;  Aeschin.  i.  /.  ;  Plul.  .ipapht.  p.  189  B;  Poil.  VII,  19.  —  ■>  Ou  dans  des 
coH'res  comme  dans  la  hg.  ltU97.  On  trouve,  mais  tardivement,  le  mot  (r;pw|iaT«.6>ixii  ; 
II.  Estieune  cile  Niccl.  Ann.  10,  6,  p.  189  D.  —  «  Arisloph.  Itan.  S  et  Schol. 
ad  l.  ;  Poil.  X,  17;  Phol.  ».  v.  muoçif.ov.  —  7  Arch.  Zeilung,  1849,  pL  m; 
lleydemann,  Jahrb.  d.  K.  Inalit.  1886,  p.  203,  se  refuse  à  y  reconnaître 
la    première    scène     des   Grenouilles.  —  8  [)e    même   chez    Lucien    {Asin.    I). 

—  »  Aeschin.  et  Theophr.  L.  l.  —  10  Theophr.  L.  c.  cl  Casanbon.  Ad  h.  l.; 
Arisloph.  L.  c.  —  H  Mon.  d.  Jnst.  XII,  pi.  x.\xiv  ;  cf.  PKHSOiNA,  fig.  593. 


SAH 


—  lOfii  — 


SÂR 


cliariols  ou   à  ilos   d'animaux,  se   nommaiont   impedi- 
menta \  cç\\\  (]ui  élaionl  porlôs  par  les  voyageurs  eux- 
mêmes  ou  les  soldais  élaien  l 
appelés  snrcinae. 

Les  légionnaires  romains 
en  avaient  beaucoup;  car 
ils  devaient  garder  avec  eux 
tout  ce  qui  leur  était  néces- 
saire pour  les  marches  et 
les  expéditions  '.  Outre 
leur  équipement  et  leurs 
armes,  une  provision  de 
vivres-,  blé  ou,  plus  tard, 
biscuiL^pour  quinze  jours 
au  moins  S  parfois  pour 
dix-sepi  ■'  et  mémo  pour 
vingt-deux  jours";  de  la 
boisson,  des  outils,  des 
ustensiles  de  cuisine,  des 
jiieux  \  Tout  cela  était  fort 

F,.-  iiiiM-  —  i;,.-.v  1,- 1  ,vi"iur         lourd:    pour    habituer   les 
recrues   à   semblable   fati- 
gue, on  les  dressait  à  marelier  au  pas  militaire,  chargés 
d'un  poids  de  soixante  livres  *. 

Une  autre  difficulté  était  d'arranger  commodément  ces 
dilVérenls  objets.  Les 
voyageurs  avaient  ap- 
pris de  bonne  heure, 
par  expérience,  à  se 
tirer  d'atraire  :  il  les 
fixaient  à  des  bâtons 
fourchus  nommés 
(lerumnulae  qu'ils  ap- 
pu  y  aient  sur  leur 
épauIe'MVlaiscet  usage 
ne  fut  introduit  dans 
l'armée  qu'à  l'époque 
de  Marius,  ce  qui  fit 
plaisamment  donner  à 
ses  soldats  le  sobri- 
quet de  midi  Ma- 
riani  '".  Depuis  lors, 
les  fantassins  com- 
posaient des  cho- 
ses qu'ils  avaient  à 
transporter  une  série 
de  paquets  qu'ils  atta- 
chaient ensemble  au 
sommet  d'un  long 
pieu  ".  Nous  en  avons  un  exemple  bien  connu  dans  les 
représentations  de  la  colonne  Trajanc.  On  y  voit  (lig.  0098) 
des  légionnaires  eu  marche  :  ils  tiennent  de  la  main 
gauche,  reposant  sur  leur  épaule,  une  perche  que  ter- 
mine, à  sa  partie  supérieure,  une  traverse;  h  celle  Ira- 

I  Vegcl,  I,  19:  VilaScv.  /Ura.  47,  —2ll,id.  —  3  Vila  Pcsceim.  lu  ;  Aniiuian. 
XVII,  8,  2.  —  *  Cic.  7u3c.  Il,  10,  :)7.  —  5  Vita  Sei:  Alex.  47.  —  6  Cacs.  Bel.  civ 
1,78;  l.iv.  X1.IV,  ï.  —  1  Joseph.  Ilel.  Jud.  m,  5,  5;  Kionlin.  Siral.  VI,  I,  7. 
—  8  Vegcl.  I,  19.  —  9  Fcst.  /ipit.  p.  i\  :  AerumnHl,ts  J'Inulus  referl  furcUlas 
qnibu»  religatas  snrmtas  viatores  ijercliant.  —  l'i  Fusl.  Ibid.  ;  cf.  p.  148  ;  Fi'ontin. 
Strat.  IV,  ),  7.  -  Il  Fronlin.  Ibid.:  Vasn  et  cilmria  militum  in  fasciciilos 
ttpta'a  farcit  imposait  ;  Fcsl.  Epil.  p.  148  :  In  furcu  inlcr/iosila  tabella.  —  '2  Col. 
Traj.  III  (M.  Krnlinc.',  in-8,  p.  70).  —  13  Fronlin.  Slrat.  IV  1,7. 

SARCIIVATOn,  SAIICINATRIX,  SAItTOIl,  SAKTIUX.  ILucil.  ap.  Non.  p.  17.; 
Viirr.  Linij.  lai. W,  lit;  Froulo,  De  di/fer.  roc.  il.  iV.)î  l'ulsch;  (Jaiiis,  111,  I4;i; 
Xc-n.  Cyr.  I,  6,  16  ;  Ulym.  m.  p.  42,  .14  cl  les  aulrc*  kïicographcs.  Voir  les  Icitcs 


verse  pendent  différents  objets  (|ue  des  liens  retiennent 
les  uns  aux  autres  :  une  outre  pleine  d'eau,  en  haut;  un 
havre-sac  suspendu  au  moyen  de  cordes  croisées,  un 
Miel  contenant  de  la  viande,  une  marmite  et  une  cuiller 
[trnlln)  '-;  sitb  t/iii/iii.^,  dit  Frontin,  et  Itahile  onus  et 
farilix   re<]uivs  e.'iset  '^.         R.  Cognât. 

SARCIXATOB,  SARCIIVATRIX,  SARTOR,  SARTRIX. 
'AxEUTrî?,  àxÉuTcia,  r^-K-q-cr^ç ,  •/jTr/|Tp;a.  —  Ouvrier  qui  coud 
et  répare  en  se  servant  de  l'aiguille  '.  Dans  cette  ac- 
ception, savciniilor  vient  de  sarcio.  Il  paraît  avoir  été 
employé  aussi  dans  le  sens  de  portefaix,  dérivant  alors 
de  sarcina'-.         E.  S. 

SARCOPHAGUS  [Zo^^iç,  raûxocpàyo;).  —  Cet  article  est 
consacré  à  l'étude  des  sarcophages  de  bois,  de  terre 
cuite,  de  métal,  de  pierre  ou  de  marbre,  destinés  à  rece- 
voir les  corps  inhumés.  Ce  qui  a  trait  à  l'inhumation  et 
à  ses  rites  a  été  traité  à  l'article  funus;  ce  qui  concerne 
l'aménagement  des  sarcophages  dans  les  chambres  funé- 
raires, aux  ensembles  architecturaux  dont  ils  pouvaient 
faire  partie,  se  trouvera  à  l'article  sepulcui'm. 

I.  Pkhiode  PRÉUELLÉNiorE.  —  Le  mode  de  sépulture 
exclusivement  pratiqué  à  l'époque  mycénienne  ou 
égéenne  est  l'inhumation  [funis].  Mais  elle  n'entraîne 
pas  alors  l'usage  commun  du  sarcophage  de  pierre,  de 
bois  ou  de  terre  cuite.  En  règle  générale,  dans  les  tom- 
beaux de  Mycènes, 
comme  dans  tous  ceux 
i|ui  appartiennent  à  la 
même  civilisalion,  les 
corps  sontsimplement 
déposés  sur  le  sol  de  la 
chambre  funéraire,  et 
non  renfermés  dans  un 
cercueil  '.  Cependant, 
c'est  à  la  fin  de  la  pé- 
riode dite  minoenne 
(aux  environs  du 
XV''  siècle  avant  notre 
ère)  que  se  rapportent 
les  réceptacles  funé- 
raires dont  il  a  été  dé- 
couvert en  Crète  —  et 
nulle  part  ailleurs  — 
un  certain  nombre 
d'exemplaires  ^.  A 
cause  de  leurs  dimen- 
sions restreintes, 
M.  Orsi  y  voyait  de 
simples  ossuaires,  oii 
l'on  aurait  rassemblé  les  ossements  dont  on  débarras- 
sait les  caveaux  funéraires,  pour  y  faire  de  la  placée 
Mais  de  nouvelles  observations  ont  montré  qu'il  s'agis- 
sait de  sarcophages  où  les  corps  étaient  enfermés  avec 
les  jambes  repliées''.  Quoi  qu'il  en  soit  de  leur  destina- 

pl  inscriptions  indiqnis  par  II.  Hiiinnicr,  Teehiiol.  ».  Teniiinoloijie  der  Gcmcrb. 
I,  p.  202.  —  2  Gloss.  Cyrill.  E.iuo.ojos  bajuhis. 

SAncOl'IlAGUS.  1  En  Crèle,  M.  Evans  a  conslalé  que,  dans  la  même  chambre 
funi^Taire,  les  corps  ëlaienl  déposés  sur  le  soi  ou  placi^s  dans  des  larnakes  ;  les  deux 
usages  onl  cocxisié  (The preliistoric  lombs  of  Knossos,  p.  7  ci  32,  lig.  29  ;  =  Archeo- 
loijia,  t.  L1X|.  Cf.  Tsonnlas  el  Manall,  The  mijcenaean  uye.  p.  130.  —  2  Evans,  Op. 
I.  p.  133.  Cf.  Orsi,  dans  Mon.  dei  Lincei.  I,  p.  201  scj.;  Joubin,  Bull,  de  corr.  hell. 
p.  295  s(|.;  t'errol,  Bist.  de  l'Art,  t.  VI,  p.  930.  —  a  Cf.  Orsi,  Ibid.  p.  219  s(|.; 
Joubin,  Jbid.  p.  298.-4  Evans,  Op.  l.  p.  10,  fig.  3  el  88.  On  remarque  aussi  (|uc  dans 
CCS  sarcophages  des  trous  sonl  souvcnl  pralirpifs  au  fond  de  la  cuve,  sans  doute 
pour  facililcr  lYcoulemeiil  des  liquides  ri^^suHanl  de  la  dcîconiposition  des  corps. 


Lcgionnaircs  portant  Icu 


SAR 


1065 


SAR 


lion  primitive,  les  urnes  créloises  sont  les  prototypes 
des  sarcophages  de  l'âge  suivant.  La  forme  la  plus  fri-- 
quente  '   est  celle  d'une  cuve  prismatique,  portée  ])ar 


Fis.  C09D.  —  Sarcophage  crùlois. 

quatre  pieds  et  munie  d'un  couvercle  à  quatre  pentes 
I  fig.  6099).  L'arête  supérieure  se  termine  des  deux  côtés  en 
forme  d'éperon.  La  base  du  couvercle  est  percée  de  trous 
auxquels  correspondent,  à  la  partie  supérieure  de  la  cuve, 
d'autres  trous  ou  ansettes;  par  ces  trous  et  ces  ansettes 
passait  sans  doute  un  fil  métallique  servant  k  fixer  le 
couvercle  sur  la  cuve.  Les  faces  de  la  cuve  et  celles  du 
couvercle  sont  décorées  d'ornements  mycéniens.  L'autre 
forme  est  toute  différente-  ;  c'est  celle  d'une  baignoire 
à  cuve  arrondie,  à  rebord  proéminent,  munie  de  quatre 
poignées.  On  a  rappelé  à  l'article  pyelos  le  rite  très 
ancien  du  bain  du  mort  ;  c'est  la  baignoire  même  où  il 
était  plongé  que  rappelle  l'urne  funéraire  de  Milalos.  La 
forme  des  autres  est  identique  à  celle  soit  du  meuble 
où  l'on  renfermait  les  objets  familiers,  le  )>oipva;  ou 
xiêioTÔ;  [arca],  soit  de  la  maison  primitive  [domus,  voir 
aussi  SEPULCRDM  pour  les  tombeaux-cabanes  des  Étrus- 
ques'] avec  le  toit  à  double  pente  et  à  fronton  et  la  poutre 
maîtresse  qui  sépare  les  deux  versants'.  C'est  ainsi 
comme  une  copie  religieuse  de  la  vie  terrestre  qui  se 
retrouve  dans  la  vie  d'outre-tombe. 

En  somme,  à  l'époque  mycéno-crétoise  ou  égéenne, 
l'emploi  du  sarcophage,  sans  être  exceptionnel,  n'est 
pas  très  répandu.  C'est  à  l'âge  suivant  qu'il  devient 
commun,  sans  doute  sous  l'influence  du  nouveau  pro- 
cédé de  sépulture  qui  conquiert  alors  le  monde  grec, 
l'incinération^.  Tandis,  en  elTet,  qu'avec  l'inhumation,  le 
réceptacle  funéraire  n'apparaissait  pas  comme  indispen- 
sable, il  devient  nécessaire  avec  l'incinération  :  d'où  les 
urnes  cinéraires  en  pierre,  qu'on  trouve  dans  les  nécro- 
poles à  incinération  de  l'époque  hellénique  la  plus 
ancienne,  par  exemple  à  Théra'.  Elles  ont  la  forme  d'une 
caisse  rectangulaire  à  couvercle.  Quand  reparait,  à 
l'époque  archaïque  et  classique,  le  rite  de  l'inhumation, 
employée  concurremment  avec  l'incinération,  la  caisse 
rectangulaire,  appropriée  par  simple  agrandissement  à 
son  nouvel  usage,  devient  le  sarcophage  proprement  dit, 
qui  renferme  le  corps  du  défunt.  Le  sarcophage  est  donc. 


'  Cf.  Orsi,  Ibid.  pi.  i;  Evans,  fig.  3,  li'..  —  ±  l  irio  de  Paloio-Kaslro  cii  Crclc; 
Annual  Brit.  school  Alhens,  VIII,  pi.  xii ,  cf.  Orsi,  Itiitl.  pi.  ii.  —  3  Cf. 
aussi  PoUier,  Vases  du  Louvre,  pi.  xxix  D,  'ii,  —  *  M.  Evans  n'admet  pas 
pour  les  larnakcs  l'inleulion  de  copier  les  formes  d'une  maison:  il  y  voit  une 
imitation  du  colTre  de  bois,  en  usage  dans  tes  maisons  pour  dcposer  les  vête- 
ments, qui  figure  aussi  parmi  les  offrandes  fun/'raires  dans  l'Egypte  contem- 
poraine {Op.  I.  p.  9)., —  5  Sur  ce  point,  cf.  Dragcndorff,  Therâisclw  Graeber, 
p.   90.   —  0   Cf.    UragendorlT,    Ibid.  p.   2S  et   p.   5G.    —  'i  Ibid.  p.    90.  —  «  Ibid. 

vni. 


de  par  son  origine,  purement  grec,  non  pas  oriental  ou 
égyptien  ''.  Ossuaire  en  forme  de  coHret'  ou  d'habi- 
tation, accessoirement  en  forme  de  baignoire,  de 
ri''pof[ue  mycéno-crétoise,  caisse  cinéraire  rectangulaire 
de  l'époque  homérique  et  géométrique,  ce  sont  là  les 
prototypes  et  les  tètes  de  série  de  tous  les  sarcophages 
de  l'époque  classique,  qu'ils  soient  de  forme  simple  et 
géométrique,  ou  architecturale  et  compliquée,  qu'ils 
soient  sans  décoration,  ou  ornementés  et  historiés. 

II.  Grèce.  — ■  Nous  prenons  ici  le  mot  de  sarcophage 
dans  l'acception  la  plus  large;  il  convient  cependant  d'en 
préciser  le  sens  particulier  et  originel.  Le  mot,  avec  la 
signification  générale  de  réceptacle  funéraire,  n'apparait 
qu'à  l'époque  romaine;  sarcophagus  se  trouve,  avec  ce 
sens,  chez  Juvénal  '.  A  l'époque  grecque,  on  ne  trouve 
pas  d'autre  mol  que  ceux  qui  désignent  le  «  cercueil  ». 
O/jx-ri'",  Xâpva;  ",  surtout  copôç  ''.  Quant  à  capxoaotYoç, 
«  mange-chair  >>,  ce  n'est  que  l'épithète  habituelle  des 
animaux  carnivores '^  Cependant,  à  en  croire  une  cita- 
tion de  Pollux  '.*,  dès  le  temps  de  Platon,  l'épithète 
(70fpxo(j/âYoç  pouvait  s'appliquer  aussi  à  un  cercueil  en 
pierre.  Quel  était  alors  le  sens  exact  du  mot'?  D'après 
un  texte  de  Pline  l'Ancien  '°,  l'épithète  désignait  une 
espèce  de  pierre  calcaire,  extraite  des  carrières  d'Assos 
en  Troade,  qui  avait  la  propriété  de  consumer  les  corps 
en  un  court  espace  de  temps.  Il  faudrait  donc  admettre 
que  le  nom  de  «  sarcophage  »  aurait  été  réservé  d'abord 
aux  réceptacles  funéraires  faits  de  cette  matière  spéciale, 
et  se  serait  étendu  ensuite  à  tous  les  autres.  L'explica- 
tion, même  au  point  de  vue  scientifique  et  technique, 
parait  assez  douteuse"^.  M.  Dieterich  en  propose  une 
toute  difl'ércnte  '^  Pour  lui  le  texte  de  Pline  n'est  que 
l'écho  d'une  historiette  faite  à  plaisir.  11  faudrait  chercher 
le  sens  vrai  de  l'épithète  «  sarcophage  »,  dans  de  très 
vieilles  croyances  populaires,  d'après  lesquelles  certaines 
divinités  infernales  se  repaissaient  matériellement  de  la 
chair  et  du  sang  des  morts.  En  fait,  dans  des  hymnes 
orphiques,  il  est  dit  d'Hécate  qu'elle  «  a  son  repas  dans 
les  tombeaux  »  et  l'épithète  même  de  capxosi-c'Jî  lui  est 
souvent  décernée  '".  Elle  aurait  ensuite  passé  au  tombeau 
lui-même,  où  le  mort  est  la  proie  des  divinités  «  sarco- 
phages ».  On  comprendrait  bien  dès  lors  comment  un  seul 
mot  a  pu  désigner  toute  espèce  de  réceptacles  funéraires, 
quelle  qu'en  soit  la  matière  ou  la  forme. 

Nous  venons  de  voir,  par  les  exemples  de  la  période 
préhellénique,  que  le  type  primordial  dont  dérivent  tous 
les  autres,  est  la  caisse  rectangulaire,  munie  d'un  cou- 
vercle droit  ou  bombé  en  dos  d'âne.  Ce  type  simple  se 
retrouve  sur  tous  les  points  du  monde  grec  ;  la  matière 
seule  varie  et  aussi  la  plus  ou  moins  grande  exactitude 
dans  le  profil  et  la  plus  ou  moins  grande  perfection 
dans  le  travail.  11  faut  mentionner  ce  type  simple  avant 
d'en  venir  aux  types  ornementés. 

Ce  sont,  en  majorité,  des  sarcophages  en  pierre  ou 
en  marbre  que  les  fouilles  ont  ramenés  à  la  lumière. 
Les   plus  beaux  exemplaires   des  monuments  de  cette 

(sur  le  'Aàçva^  emplojé  comme  réceptacle  funéraire).  —  ^  Juv.  X,  1-tJ.  —  "^  Plat. 
Leg.  p.  947  B.  —  H  Hom.  //.  XXIV,  795;  Tliuc.  Il,  35.  —  12  Déjà  .dans  llora. 
II.  XXIII,  91.  Les  fabricants  de  sarcopliages  sont  les  «ro^oicotQ^  Poil.  VU,  160, 
ou  oojoisiiYoi  ;  Poil.  Ibid.,  Ar.  Nub.  846.  —  13  Cf.  Bonitz,  /nd.  Arislot.  s.  v. 
.«j.o.iyo;.  —  "  Poil.  X.  150.  —  1=  Cf.  Plia.  XX.Wl,  131  ;  II,  ill.  Cf.  aussi 
Tlieopbr.  De  iyne,  4G,  avec  la  correction  de  cv  xûxlb.  en  iv  "Aovw.  —  16  Cf.  Bliimoer, 
Ocw.  u.  Kùnsl.  III,  p.  CO,  n.  2.  —  "  Cf.  Dietcricli,  Ifekyia,  p.  53.  —  <8  Cf.  Die- 
terich, Jbid. 

134 


SAU 


lUOI) 


SAU 


série,  auxquels  on  peul  donner,  avec  Itenan,  le  nom  de 
t/iécas,  proviennent  non  de  la  (irèce  propre,  mais  de 
rOrienl  fîrec  el  f^rrco  phénicien  ;  il  en  a  élé  Irouvc- un 
grand  nombre  dans  les  hypogées  de  Chypre  ou  de  Tlié- 
nicie  '  ;  plusieurs  ont 
été  extraits  de  la  né- 
cropole de  Sidon  -. 
Les  uns  sont  en  mar- 
bre blanc,  les  autres 
en  calcaire  ;  le  cou- 
vercle s'adapte  à  la 
cuve  par  une  saillie 
épousant  une  dépres- 
sion correspondante  ; 
quatre  poignées  sont 
placées  sur  les  petits 
côtés'.  Parmi  les  t/té- 
cas  rapportées  par  Re- 
nan au  Louvre,  plu- 
sieurs sont  en  marbre 

de  Paros  et,  bien  que  dépourvues  de  toute  ornementa- 
tion, décèlent,  par  la  seule  perfection  de  la  matière  et 
le  lini  du  travail,  qui  en  font  dt'jà  des  œuvres  d'art,  la 
main  d'artistes  grecs.  Ces  Ihécas  atteignent  quelquefois 
de  grandes  dimensions;  l'une  d'elles,  trouvée  à  Sidon, 
en  pierre  noire,  et  qui  se  distingue  par  la  forme  anthro- 
poïde de  la  cavité  intérieure,  mesure  2",G0  de  longueur, 
l^.aO  de  largeur  et  l^.SG  de  hauteur'. 

Ces  thécas  de  pierre  ou  de  marbre,  sans  ornement, 
type  universel  et  comme  international,  se  retrouvent  en 
Asie  Mineure  comme  à  Chypre  ou  en  Phénicie;  et  on  les 
rencontre  dans  les  iles  de  la  mer  Egée  comme  dans  la 
Grèce  propre,  où  l'inhumation  a  été,  dès  l'époque  ar- 
chaïque, pratiquée  en  même  temps  que  la  crémation  et 
plus  qu'elle  [fixus^  Ainsi  les  fouilles  opérées  par 
M.  bœhlau  dans  les  nécropoles  de  Samos-'  ont  ramené 
au  jour  un  très  grand  nombre  de  sarcophages  en  pierre 
calcaire,  souvent  monolithes;  le  couvercle  est  soit  plat, 
soit  voûté  en  dos  d'àne,  soit  même  déjà  en  forme  de 
fronton.  Dans  un  exemplaire,  la  cavité  intérieure  est  de 
forme  anthropoïde  ;  dans  d'autres,  elle  est  de  forme  tra- 
pézoïdale, comme  dans  les  grands  sarcophages  de  terre 
cuite  de  Clazomènes,  ou  encore  arrondie  à  la  place  de  la 
tète^  Dans  l'Ile  de  Rhénée  ont  été  trouvés  un  grand 
nombre  de  sarcophages  du  même  type,  en  poros,  prove- 
nant sans  doute  de  Délos '.  Pour  l'Altique,  M.M.  Rrue- 
ckner  etPernice  en  ont  décritplusieurs,  enpierre  poreuse 
ou  en  marbre,  trouvés  dans  le  cimetière  qui  s'étendait  au 
nord-est  de  la  région  du  Dipylon  «.  Ils  datent  du  v'^  et 
surtout  du  iv=  siècle.  Le  corps  y  reposait  sur  le  dos, 
couché  sur  un  lit  de  feuillage. 

A  côté  de  la  pierre  ou  du  marbre,  le  bois  et  la  terre 
cuite  ont  été  les  matériaux  le  plus  fréquemment  em- 
ployés dans  la  confection  des  sarcophages  de  type  simple. 
Il  semble  qu'il  y  ail  eu  aussi  des  sarcophages  en  plomb''. 

1  Par  cierapic,  Renan,  Misa,  de  PMn.  pi.  l.  =  Perrot,  Hist.  de  [art, 
l.  III,  (ig.  liu;  Ccsnola,  Cyprus,  p.  i7i,  S8i.  -  2  Péjà  par  Renan  ;  cf.  Hiss. 
p.  «7.  =  Porrol,  tbid.  fig.  135.  -  3  Hanidy  Be»  ol  Rcinacli,  Nécr.  de 
Sidon.  p.  30,  fig.  10.  -  *  ibid.  p.  3i,  ng.  11.  -  5  cr.  Boclilau,  Aus  •oniseli. 
1.  ital.  .\eJiTop.  p.  14  s<|.  -  6  //„,/.  ng.  9-11.  —  7  Cf.  Ath.  JJilth.  189S 
p.  301.  -»Cf.  AU,.  Mitth.  1893,  p.  165;  179  5.|.  -  9  Nonihreui  en  Plicni- 
eie;  cf.  ferrol,  f>p.  cit.  III,  p.  177;  sarcopl.at-f .  'le  plomb  pliénico-gpecs  au 
Mus/fc  de  Uoston;  cf.  Areh.  Anz.  1897,  p.  73.  Fragment  .le  «rcopliagc  en 
plomb,  provenant  de  Mynna;  cf.  Arrli.  Anz.  1900,  p.  160.  -  10  Dans  le  e<51èl>r« 
fragiDCut  de  Slraonidc   sur  la  mort  di'   Daiia^^,   le  Ido.»;   «..Siisoc  csl    en    même 


Fig.  6100.  —  Sarcophage  eu  bois  peint 


Les  sarcophages  en  bois  se  rencontrent  dans  toutes  les 
parties  du  monde  grec  et  oriental.  C'est,  comme  nous 
l'avons  dit  plus  haut,  le  Xipva;  ou  coffret  transféré  de 
l'usage  domestique  à  l'usage  funéraire  '"  ;  mais  le  plus 

souvent,  ces  sarcopha- 
ges de  bois  ont  mal 
résisté  à  l'injure  du 
temps;  on  en  a  trouvé 
un  grand  nombre  de 
débris  dans  les  fouil- 
les du  tumulus  de 
Koul-Oba,  près  de 
Kertch,  en  Crimée  " 
(fig.  6100  et  GlOl).  A 
côté  de  ceux  qui  por- 
taient une  riche  dé- 
coration ou  reprodui- 
saient un  type  archi- 
tectural, et  dont  il 
sera  parlé  plus  loin, 
d'autres  ont  la  forme  simple  d'une  caisse  en  bois  de 
genévrier,  de  cyprès  ou  d'if,  dont  on  connaît  la  signi- 
fication funé- 
raire'^ ;  le  corps 
y  reposait  quel- 
quefois sur  des 
feuilles  de  lau- 
rier. Des  trou- 
vailles analo- 
gues ont  été 
faites  dans  des 
lieu.x  très  diffé- 
rents du  monde 
gréco- oriental , 
en  Asie  Mineure, 
à  Gordion-de- 
P  h  r  y  g  i  e " ;  en 
Egypte,  à  .\bu- 
sir,  près  de  Sakharah  ".  Pourl'Attique,  Thucydide  men- 
tionne l'usage  des  cercueils  en  bois  de  cyprès'^;  un  de 
ces  sarcophages  en  bois,  munis  de  pieds,  parait  sur  un 
loutrophore  à  figures  noires  [finis,  fig  3346]  ''.  Les 
fouilles  en  ont  fait  découvrir  beaucoup  de  débris  '". 
Quelquefois,  la  caisse  en  bois  était  renfermée  dans  un 
sarcophage  plus  grand  en  marbre  '*.  Les  sarcophages  en 
terre  cuite,  de  petites  dimensions  et  non  ornementés, 
se  trouvent  dans  les  nécropoles  grecques  à  côté  des  sar- 
cophages en  pierre,  mais  souvent  en  beaucoup  moins 
grand  nombre;  dans  une  des  nécropoles  de  Samos, 
M.  Do'hlau  compte  6  sarcophages  en  terre  cuite  à  côté 
de  128  sarcophages  en  marbre".  On  en  a  trouvé  éga- 
lement à  Myrina  -";  pour  la  Grèce  propre,  à  Tanagra-', 
à  Érétrie,  à  Sparte,  en  .\ttique'--.  Ce  sont  souvent  des 
sarcophages  de  petites  dimensions,  en  forme  de  cuves 
ovales,  destinés  à  des  corps  d'enfants'-'  ;  ici  encore,  le  sou- 

lemps  coffret  cl  cercueil.  —  **  Notre  ligure  reproduit  un  sarcopliage  de  Kertch, 
eu  bois,  souvent  publié;  cf.  Keinacli,  Antig.  du  Bosph.  Cimm.  p.  lâtî,  pi.  lxxxi, 
avec    la   bibliographie;   voy.   aussi.    Antiquit.   de   la  Russie  mtfrid.    fig.  W,  W. 

—  12  Cf.  Plin.  Bisl.  nat.  .XVI,  33:  Virg.  Aea.  IV,  506;  Ov.  Trist.  III,  13, 
il.   —   13  Cf.   Arclt.    An:.    1901.    p.    6.  —    l*    Cf.    Arch.    Anz.     1903.    p.  78. 

—  r,  Thuc.  II.  35.  —  16  Mon.  Jnst.  VIII,  pi.  iv,  v.  —  17  Cf.  Ath.  Mitth.  1893. 
p.  183  H].  —  <»/*id.  —19  Boehlau,  Op.  cil.  p.  13.—  20  Cf.  PoUier-Reinach, 
Nécr.  de  Myrina,  p.  70,  Hg.  1*.  —  -il  Cl.  liull.  de  corr.  hell.  1888,  p.  508;  Arch. 
Zeit.  1876,  p.  1«.  —  23  Cf.  Ath.  Mitth.  1893,  p.  163.  —  23  Cf.  Slackclbcrs, 
Gnïb.  d.  IJell.  pi.  vu  cl  vni. 


Fig.  6101.  —  Côté  du  sarcophage  eu  bois. 


SAR 


—  1007  — 


S  AH 


Fig.  6102.     —     Sarco 
phage  anlliropoïde. 


J 


venir  de  la  baignoire  parait  avoir  sul)sislé  par  tradilidii. 
Sarcopluif/es  antliropo'ides.  —  Après  le  Lype  simple 
et  commun  du  sarcophage  sans  ornementation,  il 
faut  étudier  les  sarcophages  décorés.  Il  convient  tout 
d'abord  de  mettre  à  part  les  sarcophages  «  anthropoïdes  » 
phénico-grecs,  parce  que  le  type  en  est  isolé  et  qu'il 
dérive  d'une  tradition  non  hellénique.  La  série  des 
monuments  désignés,  depuis  Renan  ',  par  ce  nom  tiré 
d'un  texte  d'Hérodote  "  a  été  étudiée  en  détail  par 
M.  Th.  Reinach,  à  propos  des  deux- 
sarcophages  de  ce  type  trouvés  dans 
la  nécropole  d'Ayâa  '.  Nous  n'avons 
qu'à  résumer  en  quelques  lignes  les 
résultats  de  cette  étude.  Les  sarco- 
phages anthropoïdes,  dont  les  Phéni- 
ciens ont  emprunté  le  type  à  l'Kgypte, 
reproduisent,  de  plus  ou  moins  loin, 
par  la  forme  de  leur  couvercle  et  de  la 
cuve  à  laquelle  il  s'adapte,  la  confor- 
mation même  du  corps  humain.  Seule 
la  tête  se  détache  nettement  de  l'ensem- 
ble et  est  sculptée  dans  tout  son  détail. 
Pour  tout  le  reste  du  corps  emmaillotii' 
dans  son  linceul,  les  indications  sont 
très  sommaires  (fig.  6102)  \  Quelque- 
fois cependant,  dans  les  plus  vieux 
exemplaires,  les  bras  et  les  mains  se 
détachent  en  demi-relief  °.  D'une  ma- 
nière générale,  il  semble  que  l'évolution  du  type  du 
sarcophage  anthropoïde  ait  consisté  à  effacer  toujours 
davantage  la  silhouette  anthropoïde,  d'abord  sur  la 
cuve,  où  elle  est  particulièrement  choquante  pour  l'oeil, 
ensuite  sur  le  couvercle  lui-même;  il  n'y  a  plus  que  la 
tête  sculptée  et  détachée  en  médaillon  pour  en  garder  le 
souvenir.  Tous  ces  sarcophages,  sans  exception,  pro- 
viennent des  territoires  habités  ou  colonisés  par  les  Phé- 
niciens. Ils  sont  donc,  même  à  l'époque  grecque,  des 
produits  de  la  civilisation  phénicienne.  Mais  ils  doivent 
figurer  dans  une  histoire  des  types  de  sarcophages  dans 
l'antiquité  grecque.  La  matière  d'abord,  dont  ils  sont  fa- 
briqués, qui  est  le  marbre  de  Paros,  et  qui  les  distingue 
très  nettement  des  anthropoïdes  égyptiens,  dénote  un 
travail  grec,  el,  plus  encore,  le  style  des  têtes'. 

Aussi  bien  il  seraitexagéré  de  dire  que  le  type  anthro- 
poïde est  resté  complètement  étranger  à  la  nécropole 
grecque;  on  a  mentionné  plus  haut,  à  Samos,  en  terre 
grecque,  un  sarcophage  à  cavité  intérieure  anthropoïde  "  ; 
el  il  y  a,  en  somme,  dans  le  type  des  sarcophages  de 
Clazomènes  quelque  chose  de  l'adaptation  du  réceptacle 
funéraire  à  la  forme  du  corps  humain  '. 

Depuis  les  fouilles  de  Sidon,  une  nouvelle  série  de 
découvertes  a  fait  connaître  une  autre  classe  de  ces  mo- 
numents'. Les  fouilles  du  P.  Delaltre  dans  les  vieilles 
nécropoles  puniques  de  Carlhage  ont  ramené  au  jour, 
avec  des  sarcophages  purement  grecs,  quatre  sarcophages 
anthropoïdes.  Le  premier  porte  sur  son  couvercle 
l'image  sculptée,  en  haut-relief,  d'une  jeune  femme  vêtue 
d'un  long  vêtement    plissé    et    d'un    voile   ramené   en 

'  Cf.  Kcnan,  Op.  cit.  p.  Ui.  —  i  llurocl.  Il,  .SC.  —  :<  llaïudy  licy  cl  lieiiulcli. 
Nécr.  rf«  Sillon,  p.  I3t  sq.  i'niir  voire  ligure,  ïoy.  pi.  xxxxil,  a»  3.-4  Ibid. 
p.  ICC.  —  S  Ainsi  pour  les  n-  3,  is  cl  44  du  Calahgiœ  de  M.  Reinach.  —  G  [{ci- 
Dacli,  Mécrop.  p.  170.  —  1  liochlau,  Op.  cil.  lif;.  8.  —  »  Cf.  Winler,  Arch. 
Anz.  1838,  p.  173.  —  9  Cf.  Comptes  rendus  Acatl.  inscr.  1902  ;  Mon.  Piot.  1005, 
p.  Tl  5r|.  Us  deux  premiers  sarcophages  sont   aujourd'hui  au  .Musée    du   Louvtc. 


avant  par  la  main  gauche.  Le  type  de  la  statue  est 
analogue  à  celui  des  statues  funéraires  attiques  du 
iv  siècle.  Le  second  offre  l'image  d'un  homme,  un  prê- 
tre sans  doute,  en  costume  d'appa- 
rat, étendu  de  son  long  sur  l'arête 
faîtière,  la  main  droite  levée  à  hau- 
teur de  l'épaule,  la  main  gauche  ou- 
verte. Le  couvercle  du  troisième 
sarcophage  porte  une  image  ana- 
logue, mais  d'un  type  différent.  Le 
quatrième  est  le  plus  curieux  de 
tous  ces  monuments  (fig.  6103)  :  la 
statue  de  prêtresse  qui  le  décore, 
toute  phénicienne  de  costume  et 
d'altitude,  était  encore  parée,  au  mo- 
ment de  la  découverte,  d'une  écla- 
tante et  admirable  polychromie  "'. 

On  pourrait  dire"  que  dans  ce 
groupe  s'exprime  le  mieux  le  type 
anthropoïde,  puisque  la  personne 
humaine  y  est  représentée  toul  en- 
tière, dans  tout  son  détail.  Mais, 
d'autre  part,  il  semble  que  les  sar- 
cophages de  Carlhage  montrent  la 
désorganisation  de  ce  même  type, 
puisque  la  figure  humaine  y  est  sculptée  pour  elle-même 
el  entièrement  détachée  du  couvercle,  dont  la  forme  est, 
au  contraire,  toute  géométrique  el  hellénique  :  la  figure 
se  trouve  assez  singulièrement  placée,  toul  le  long  de 
l'arête  faîtière.  D'ailleurs,  on  a  trouvé  dans  la  nécropole 
de  Sainte-Monique,  à  côté  de  ces  sarcophages  anthro- 
poïdes, de  beaux  sarcophages  en  marbre  du  lype  archi- 
tectonique  grec  ordinaire'-.  Il  n'est  pas  douteux  que 
dès  l'époque  où  nous  reportent  tous  ces  monuments, 
iV  el  111=  siècles  av.  J.-C,  le  type  grec  ne  prit  peu  à  peu 
la  première  place;  la  forme  anthropoïde  dut -disparaître 
bientôt  pour  ne  renaître  qu'aux  temps  chrétiens. 

Sarcophages  de  forme  architecturale,  à  décor  peint 
ou  sculpté.  —  Tous  les  autres  types  de  sarcophages  à 
caractère  monumental  sont  des  variantes  du  lype  pri- 
mitif de  la  caisse  rectangulaire  en  bois  ou  en  pierre.  Les 
formes  particulières,  trop  nettement  distinguées  dans  le 
travail  d'Altmann  sur  les  sarcophages'^  (sarcophages- 
temples,  sarcophages-maisons,  sarcophages-autels,  sar- 
cophages-lits) se  ramènent  à  cette  forme  originelle.  Elle 
est  compliquée  et'  diversifiée  de  deux  manières  ".  En 
premier  lieu,  il  y  a  un  développement  arcliitectonique. 
La  caisse  rectangulaire  est  pourvue  de  supports  et  d'un 
toit  à  double  pente.  On  peut  expliquer  le  fait  par  l'imita- 
tion voulue,  comme  en  Egypte,  de  la  maison  ou  du 
temple,  le  sarcophage  étant  conçu  comme  la  demeure 
du  mort  ;  on  peut  l'expliquer  aussi  comme  un  emprunt  à 
l'architecture  du  sarcophage  en  bois,  où  le  toit  à  double 
pente  et  à  fronton  pouvait  être  nécessaire  comme  résis- 
tance à  la  poussée  des  terres  ;  celte  disposition  se  trouve, 
d'ailleurs,  même  sur  les  coffrets  de  bois,  Xàpvaxsç,  qui 
font  partie  du  mobilier  grec  [ahca]  '  '.  Ce  premier  déve- 
loppement appelle  naturellement  les    autres  additions 

—  l'i  Mon.  Piot,  lOO.i,  pi.  vm.  —  H  Cf.  Th.  Reinach,  AVer.  p.  liiC.  —  12  Cf.  Mon. 
l'iol.  toc.  cit.  lig.  3.  —  lï  Allinaun,  Architektur  u.  Ornumenlik  il.  anli/ccn  Sar- 
koplmije,  Berlin,  1002.—  •'  Cf.  les  inléressaulcs  ohsenalions  de  Bulle,  dans  une 
criU<|ue  du  livre  d'Allmann  :  Uerl.  pldl.  Woch.  1894,  p.  UOO.  —  !■•  Sur  le  rappro- 
chement à  élablir  enlrc  le  IdçvaE,  collret,  el  le  '*.«jva;,  récepUclc  funéraire,  cf. 
lioehlau,  Op.  cit.  p.  14. 


SAR 


—  lOtiS 


SAR 


quicoinplètenl  la  forme  architecturale  :  piliers,  colonnes, 
moulures  ;  et  ainsi  se  trouve  réalisé  le  sarcopliage  en 
forme  de  naos,  qui  est  la  forme  achevée  du  sarcophage 
grec.  D'autre  part,  il  y  a  développemenl  décoratif;  on 
orne  la  caisse  du  sarcophage  el  souvent  aussi  son  cou- 
vercle de  peintures  (Cla/.oniènes),  d'appliques  (Crimée) 
ou  de  reliefs  (sarcophages  hellénistiques  el  gréco- 
romains).  L'histoire  du  sarcophage  grec  et  gréco-romain 
est  l'histoire  de  ces  deux  développements  parallèles. 
Il  n'y  a  pas  lieu  de  distinguer,  comme  fait  Altmann, 
entre  les  sarcophages  «  architecturaux  »  elles  sarcophages 
"  ornementés  »  ;  la  plupart  des  sarcophages  participent 
à  la  fois  des  deux  caractères.  L'union  en  est  parfaite  dans 
des  monuments  comme  ceux  de  Sidon.  A  l'époque  hellé- 
nique et  gréco-romaine,  l'équilibre  commence  à  se 
rompre  en  faveur  du  caractère  ornemental  el  ligure;  il 
sera  tout  à  fait  rompu  à  l'époque  romaine. 

Dès  le  Vet  le  vi«  siècles,  les  artistes  grecsont  construit 
et  décoré  des  sarcophages  monumentaux.  Mais  il  reste 
vrai  qu'ils  n'ont  pas  travaillé  pour  la  Grèce  propre,  où  on 
n'a  connu,  à  l'époque  classique,  que  les  sarcophages  à 
dimensions  modestes  et  sans  ornementation,  les  simples 
t/iécas  dont  il  a  été  parlé  plus  haut.  Tout  le  luxe  funéraire 
se  portait  alors  sur  l'extérieur  de  la  tombe  souterraine  ', 
sur  les  c/j^iaToi,  qui  marquaient  l'emplacement  de  la 
sépulture,  luxe  considérable,  d'ailleurs,  et  dont  l'excessif 
développemenl  amena  la  législation  restrictive  de  Démé- 
trius  de  Phalère  [sepulcbum].  Au  contraire,  dans  l'Orient 
grec,  Asie  Mineure  et  les  îles,  c'est  la  demeure  immé- 
diate du  mort,  le  coffre,  qui  contient  ses  membres,  qui 
de  bonne  heure  a  été  embelli  el  décoré.  On  avait  vu  les 
artistes  grecs  accommoder  à  leur  génie  national  le 
type  étranger  du  sarcophage  anthropoïde  ;  ce  fui  le 
type  hellénique  lui-même  que  les  Grecs  d'Ionie  déve- 
loppèrent, imposèrent  au  monde  phénicien  el  liront  pé- 
nétrer jusqu'en  Élrurie. 

Les  deux  sarcophages  chypriotes  d'Amathonte  el 
d'Athiénau  (Golgos)  montrent  déjà,  au  moins  par  leur 
forme,  le  type  classique  du  sarcophage  grec  :  cuve  rec- 
tangulaire sur  supports,  moulures  netles  au  haut  et  au 
bas  de  la  cuve,  couvercle  bâti  comme  un  toit  à  double 
pente,  avec  fronton  el  acrotères.  Le  sarcophage  d'Ama- 
thonte-,  avec  ses  bas-reliefs  encadrés  dans  une  orne- 
mentation compliquée!  et  lourde,  où  se  mêlent  les  motifs 
orientaux  el  les  motifs  iiellénii[ucs,  a,  d'ailleurs,  encore 
un  aspect  quelque  peu  barbare.  Le  sarcophage  d'Athié- 
nau ',  plus  sobre  de  lignes,  est  plus  rapproché  du  goût 
hellénique;  les  bas-reliefs  des  longs  côtés  représentent 
une  scène  de  chasse  et  un  banquet  funèbre;  sur  un  des 
petits  cotés,  ligure  une  légende  purement  grecque,  la 
déca[)ilation  de  Méduse  ])ar  l'ersée  ;  sur  l'autre,  une 
scène  symbolique:  le  défunt,  sur  un  char,  accomplissant 
le  dernier  voyage  au  terme  duquel  l'attend  la  vie  dont  les 
scènes  sont  retracées  sur  les  grands  côtés  du  monument. 

Les  grands  sarcophages   peints  de  Cla/.oniènes,   pro- 

I  Cr.  Itcinach,  Nècrop.  p.  183.  -  2  Ccsnola,  Cy/irus,  p.  256  cl  pi.  xiv,  xv 
=  Pcrrol,  O/t.  cil.  p.  COB  sq.  ;  lig.  415  s<|.  —  3  Ccsnola,  Cyprus.  p.  110  el 
pi.  I  =  l'crrol,  Ihid.  p.  615  sq.;  fig.  41'J  sq.  —  4  l'our  la  figure  vov.  Bull, 
corr,  lietl.  1895,  p.  71.  Cf.  Jouhiii,  JJe  sareoph.  (.'tazom.  p.  1  sij,  ;  Keinacli, 
Jlcv.  (let  et.  gr.  Vlll,  p.  101  sq.;  Kjellberg,  Arch.  Jahrh.  1904.  p.  151;  1905, 
p.  188  sq.  ;  cf.  Arcli.  An:.  1903,  p.  210.  —  S  l'as  mime  dans  la  région  dn 
golfe  de  Smyrne,  en  dehors  du  pays  clazoïnéiiicn  ;  cf.  Kjellberg,  Arclt.  Jahrb. 
1905,  p.  201.  —  G  Sur  la  dislinclion  de  ces  deux  séries,  cf.  surtoul  Winlcr, 
dans  Ant.  fleiikm.  Il,  p.  1.  —  1  Sur  ce  point,  cf.  Mturcr,  Arch.  Jalirb. 
I90i,    p.    55.   —    »   li'aprds   Murrav,    Tevriic.    mi-cu/il,.    p.    lu,    la  cavil,'-    mlc;.- 


ijltit.    —    Sarcopliaj 
cuite  peinle. 


duils  directs  de  l'art  ionien,  sont  plus  anciens  peut-être 
que  ceux  de  Chypre'.  11  .semble  qu'il  y  ait  eu  là  une 
fabrication  toute  locale;  du  moins,  aucun  monument  de 
ce  genre,  de  grandes  dimensions,  n'a  été  trouvé  sur  un 
autre  point  do  l'Asie  Mineure 
(lig.  0104)''.  Les  sarcophages 
de  Clazomènes  se  compo- 
sent d'un  réceptacle  en  lerre 
cuite,  long  de  plus  de  2  mè- 
tres, où  était  déposé  le  corps; 
la  paroi  supérieure  forme 
marge,  plus  large  en  haut  el 
en  bas  que  sur  les  côtés  el 
en  haut  plus  qu'en  bas.  Dans 
une  première  série  de  ces 
sarcophages  ",  qui  comprend 
de  beaucoup  le  plus  grand 
nombre  de  monuments,  la 
largeur  du  réceptacle  est  sen- 
siblement plus  grande  du 
côté  de  la  tête  que  du  côté 
opposé;  il  y  a  là  comme  un 
dernii-r  souvenir  de  la  forme 
anthropoïde  des  sarcopha- 
ges orientaux.  De  la  struc- 
ture particulière  de  la  cuve 
M.  Meurer  a  tiré  l'ingénieuse 
conclusion  ''  que  ces  sarco- 
phages étaient  faits  pour  être  dressés  verlicalement  sur 
la  face  antérieure  servant  de  base,  ainsi  que  le  corps  lui- 
même,  lors  de  la  cérémonie  de  la  prot/iésîs  '.  Aussi  bien, 
c'est  seulement  dans  celte  position  que  les  peintures  qui 
remplissent  les  quatre  marges  de  la  cuve  prennent  leur 
valeur  ".  Dans  l'autre  série  '"  des  sarcophages,  plus 
purement  helléniques,  la  cuve  forme  un  rectangle  exact, 
et  c'est  le  développement  régulier,  en  terre  cuite,  du 
typeprimilif  eu  bois  ou  en  pierre.  Le  sarcopliage  du  Bri- 
tish  Muséum,  le  plus  richement  orné  de  tous,  a  conservé 
son  couvercle  en  forme  de  toiture  à  fronton  ".  Le  décor 
peint,  réparti  tout  autour  de  la  cuve,  parfois  même  dans 
l'intérieur  et  sur  le  couvercle,  comprend  des  animaux 
du  style  rhodien,  mêlés  à  des  ornements  en  torsades  et 
en  palmettes,  de  nombreuses  scènes  de  combats,  ou  de 
chasses,  des  jeux  el  des  courses  de  chars. 

Un  sarcophage,  comme  celui  du  Brilish  Muséum, 
montre  déjà  presque  réalisé,  dans  la  première  partie  du 
VI'' siècle,  le  type  du  sarcophage  hellénique,  avec  sa  belle 
construction  architecturale  et  sa  riche  décoration.  Plus 
récent,  mais  du  vr  siècle  encore,  est  un  sarcophage  en 
marbre  dr  l'ilede  Sainos,  connu  depuis  assez  longtemps 
(h'jà'-,  et  dont  M.  Wiegand  '•'  a  donné  récemment  une 
deseiipliiiii  délaillée  ;  c'est  lepremier  exemple  parlait  du 
sarcophage  en  forme  de  naos  à  fronton.  Haut  et  large  de 
1  mètre  environ,  long  de  plus'  de  2  mètres,  c'est  un  vrai 
temple  ioniijue  en  miniature,  avec  dix  colonnes  engagées, 

ricure   du    sarcopliage   ainsi    dresse    aurail     figuré    la    porle  même   de    l'Hadèe. 

—  9  Sans  cela,  la  disposilion  des  pciuliires  sur  la  ti-auclic  supérieure  de  la 
cuve  eùl  été  chose  «  singulière  »,  comme  dit  M.  Tli.    Heinacli,  Nécrop.  p.  1S4. 

—  10  Représentée  par  les  n»*  24  et  25  du  Corpus  de  M.  Joubin.  —  u  Cf.  Joii- 
bin.  Op.  cit.  p.  02  sq.  ;  Murray,  .\Jon.  Piot.  IV,  p.  27  sq.  el  lig.  I.  La  Iranclic 
inférieure  même  du  couvercle  est  ornée  do  peintures  ;  il  faut  donc  croire  que 
lors  de  ia  prot/trsis,  il  était  exposé  à  côté  du  sarcopliage.  — 12  Signalé  par  Wol- 
Icrs,  Atli.  Mittlt.  p.  224.  —  13  Alh.  JUiltli.  1000,  p.  209.  Wiegand,  Loc.  cit.. 
signale  rexislencc,  au  Musée  de  Girgeuti,  de  sarcophages  analogues,  mais  du 
slyle  dorique. 


SÂR 


—  1069  — 


SAR 


trois  sur  les  grands  côtés,  deux  sur  les  petits,  à  base  en 
forme  de  trapèze  ;  la  corniche  est  ornée  d'un  dt-cor  folié  ; 
les  frontons  ont  leurs  acrotères  en  volutes  ;  les  détails 
architecturaux  rappellent  ceux  des  édifices  archaïques 
d'Athènes;  lacornicheet  les  acrotères  montrent  des  restes 
de  couleur;  peut-être  des  peintures  remplissaient-elles 


-  Sarcopl, 


de  Icmpic 


autrefois  les  panneaux  d'entrecolonnement  (fîg.  6105). 

On  retrouve  la  même  union  heureuse  de  la  composition 
arcliilecturale  avec  rornemenlalion  peinte  ou  sculptée 
dans  un  curieux  monument  qui  semble  contemporain 
des  sarcophages  de  Sidon  :  c'est  un  cercueil  de  bois, 
trouvé  en  1874  à  Kertch',  en  forme  de  cella  ionique  à 
antes,  ornée  de  sept  colonnettes  sur  les  grands  cotés, 
trois  sur  les  petits,  élevée  sur  un  socle  à  trois  degrés  et 
couronnée  d'un  entablement  architrave;  sur  les  pan- 
neaux, en  arrière  des  colonnettes,  étaient  fixées  des  figu- 
rines des  Niobides,  en  plâtre  colorié.  De  la  même  région 
\lumulus  de  Koul-Oba,  à  Kertcli)  proviennent  des  restes 
de  sarcophages  en  bois,  décorés  d'appliques  ou  de  pein- 
tures sur  fond  blanc-  ;  un  cercueil  en  bois  de  cyprès  et 
d'if,  avec  des  panneaux  à  figures  peintes  et  dorées',  est 
tout  particulièrement  intéressant  pour  l'étude  de  la 
menuiserie  et  de  la  marqueterie  dans  la  Grèce  antique  '. 

Les  plus  beaux  de  tous  les  sarcophages  de  type  grec 
sont  les  grands  sarcophages  à  reliefs  sculptés  et  poly- 
chromes, découverts  à  Sidon  et  transportés  au  Musée  de 
Constantinople  ;  nous  renvoyons  à  l'étude  très  complète 
que  leur  ont  consacrée  Hamdy-bey  et  Th.  Reinach ''. 
Outre  ces  merveilles  de  sculpture,  les  deux  hypogées 
contenaient  un  assez  grand  nombre  de  simples  t/iccas  et 
de  cuves  antliropoïdes  qui  attestent  la  prolongation,  à 
travers  les  âges,  de  ces  formes  anciennes.  Les  quatre 
grands  monuments  sont  le  sarcophage  du  Satrape, 
placé  vers  450  av.  J.-C.  (départ  sur  un  char,  scène  de 
chasse,  banquet  funèbre)  ;  le  tombeau  lycien,  de  la  fin 
du  \'  siècle,  dont  le  type  rappelle  la  structure  des  sépul- 
tures monumentales  de  la  Lycic  (animaux  orientaux, 
chasse  d'.\niazones  en  quadriges,  chasse  au  sanglier  par 
des  épiièbes  cavaliers),  le  sarcophage  des  Pleureuses, 
datant  de  la  première  moitié  du  iv"  siècle,  où  la  cons- 
truction architecturale  est  réalisée  avec  le  plus  de  goût 
et  d'Iiarmonie    dans    les    entrecolonnemenls,    grandes 

<  Cf.  lUinach,  Antii/.  de  la  liiissie  mérid.  flg.  4G;  Th.  Rcinacli,  Nécro/}. 
p.  Î49.  —  2  Cercueil  avec  des  peintures  représeutant  renlèvemenl  des  Leucij»- 
pides  ;  cf.  Reinach.  Aiitig.  du  Bospk.  p.  M',  el  pi.  i,xx.\ii[.  —  3  Jfjid.  p.  liti: 
pi.  I.XX11.  —  V  Sur  la  leclmique  de  ce  mouumeDt,  cf.  liliimner,  Tccittiol.  u.  Ter- 
mi»i.  II,  p.  335.  —  5  Une  Xêcropole  royale  à  Sidon,  lexte  et  planches,  1S0J 
—  fiCollignon,  Sculpt.  grecq.  Il,  d^.  il4.  — 7  Deux  (|Ucslions  sont  coutroversées  : 
1«  les  sarcophages  de  Sidoo  étaient-ils  destinés  à  ta  nécropote  où  ils  ont  été  trou- 
vés ?;2«  pour  quels  personnages  avaient-ils  été  fabriqués  ?  M.  Studniezka  soutient 
que  c'est  la  nécropole  des  rois  de  Sidon  et  que  le  sarcophage  dit  A' A  teiandre  a  été 
(ait  pour  le  roi  Abdalouvme,  allie  des  Macédoniens  (Jahrbuch  des  deiitsch.  Inst. 


figures  de  femmes  traduisant  toutes,  dans  des  attitudes 
diverses,  leurs  sentiments  de  tristesse  et  de  deuil  ;  sur  la 
cuve  et  sur  le  couvercle,  petites  frises  décorées  de  scènes 
d'enterrement,  épisodes  de  chasse)  ;  le  sarcophage  dit  ■ 
d'Alexandre  le  Grand  {i\g.  6106)  ',  le  plus  considérable 
parses  dimensions  (3  m.  18  sur  1  m.  61),  le  plus  richement 
décoré  et  le  plus  remarquable  par  la  conservation  des 
couleurs  dont  il  était  peint;  combats  entre  Macédoniens 
el  Perses,  scène  de  chasse  au  lion,  où  le  héros  macédonien 
est  représenté  trois  fois  (fig.  3968).  Ce  qu'il  faut  noter, 
c'est  que  déjà  sur  le  sarcophage  d'Alexandre  la  richesse 
de  l'ornemenlation  sculptée  fait  quelque  tort  au  dessin 


Fig.  6I0G.  —  Sarcopliage  dit  dAl 


architectural  de  l'ensemble  ;  par  là  s'annonce  déjà  l'im- 
portance toujours  plus  grande  que  prendra,  dans  la  suite, 
la  décoration  plastique,  au  détriment  du  «  bâtiment  ». 

Que  sont  enfin  les  sujets  représentés  sur  les  reliefs 
des  sarcophages  de  Sidon,  dans  leur  rapport  avec  la  des- 
tination funéraire  du  monument'  ?  Sur  le  sarcophage 
d'Alexandre  règne  sans  conteste  ce  qu'on  peut  appeler  la 
décoration  biograpliique,  empruntée  aux  faits  et  gestes 
du  défunt;  sur  les  autres,  domine  la  décoration  réaliste, 
où  les  scènes  figurées  sont  de  la  vie  réelle,  quelquefois 
avec  une  signification  symbolique  plus  ou  moins  préci- 
sée. La  décoration  mijthologi<jHe,  plus  employée  qu'au- 
cune autre  sur  les  sarcophages  de  l'époque  postérieure, 
apparaît  à  peine  ici*. 

Le  type  du  sarcophage  grec,  au  profil  architectural 
nettement  accusé,  persiste  à  travers  toute  l'époque 
romaine,  à  côté  du  type  proprement  «  romain  »  (voir 
plus  loin,  section  VI).  Ici  trouve  place  un  monument 
qui  était  autrefois  considéré  comme  le  plus  ancien  de 
tous  les  sarcophages  à  reliefs:  c'est  le  sarcophage  des 
Amazones  de  Vienne  '  (fig.  6107).  La  forme  architectu- 
rale y  est  encore  bien  marquée,  mais  très  simplifiée, 
cependant,  el  réduite.  La  composition  mythologique, 
sans  rapport  précis  avec  la  destination  funéraire  du 
monument,  a  tout   envahi  :   sur  les  quatre   côtés    est 

tSitV.  p.  i04).  M.  Th.  Reinach  pense,  au  contraire,  que  ces  magnifiques  sépultures, 
primitivement  destinées  à  un  satrape  perse  et  à  sa  famille,  ensevelis  dans  uu 
hérùon  funéraire,  ont  été  enlevées,  pillées  et  déposées  plus  lard  dans  les  souter- 
rains de  rhypogée  sidonien  {Nécropole  royale,  p.  36S).  Le  premier  occupant  du 
sarcophage  d'Alexandre  pourrait  avoir  été  Mazaios,  gouverneur  de  Bahylone,  mort 
en  3-28,  et  le  sculpteur  serait  un  contemporain  de  Scopas  et  d'Eutliycratès,  peut- 
être  Euthycratcs  lui-même  (/*.  p.  3tl).  —  8  Dans  le  sarcophage  «  lycien  .. 
sur  les  petites  faces  de  la  cuve  (combat  de  Centaures).  —  '  Robert,  sarkopk.  11. 
pi.  \xvir  Wolters,  Oipsaby.  I82i;  cf.  Altniann,  Arch.  u.  Ornant,  d.  ont.  Sark. 
p.  15. 


SAR 


1070  — 


SAR 


Fig.   610 


i'cj)i-i'scn(ée  la  même  Imlaille  d'Ama/.onO!;.  Par  le  Ptyli' 
dos  sculpluros,  le  sarcophage  de  Vienne  peut  être  à  peu 
près  conlcmporain  du  sarcophage  <l'Alexandro' .  Mais 
c'est  en  même  temps  la  tèle  de  série  de  tous  les  sarco- 
phages "  grecs  »  d'époque 
romaine. 

Nous  n'avons  pas  ren- 
contré, à  l'époque  grec- 
que, le  type  du  sarco- 
phage en  forme  de  lit 
funéraire,  de  xXîvtj.  On 
en  peut  noter  cependant 
quelques  exemples  isolés 
en  pays  grec  -.  Il  en  a  été 
trouvé    en   Macédoine,  à 

Palatitza'.  et  tout  récemment  dans  une  chambre  fu- 
néraire à  Érétrie  '.  Nous  allons  le  trouver  très  fréquent 
en  ÉIrurie  ''. 

III.  ÉTiuRiE.  —  Comme  les  Grecs  et  comme  les  Latins, 
les  Étrusques  semblent  avoir  toujours  pratiqué  concur- 
remment l'incinération  et  l'inhumation  ^iMs],  sauf 
pendant  la  première  période  de  leur  histoire,  celle  des 
tombes  a  posso''.  On  trouve  donc,  dans  toutes  les  né- 
cropoles étrusques,  à  côté  des  sarcophages,  des  urnes 
linéraires.  Nous  ne  traitons  ici  que  des  premiers.  Les 
urues  cinéraires  sont,  d'ailleurs,  souvent,  par  leurforme, 
comme  des  sarcophages  en  réduction. 

Les  tombes  a  /'ossa  ",  intermédiaires  entre  les  tombes 
à  puits  et  les  caveaux  funéraires,  contiennent  déjà  des 
sarcophages.  Tantôt,  dans  les  fosses,  le  corps  est  déposé 
à  même  la  terre,  tantôt  il  est  placé  dans  un  réceptacle  en 
pierre.  Mais  c'est  surtout  des  tombes  a  camere  qu'on  a 
retiré  un  grand  nombre  de  sarcophages.  On  trouvera 
à  l'article  etrisci  et  à  l'article  sepulcrlm  des  renseigne- 
ments sur  la  disposition  de  ces  tombeaux  *.  Tantôt 
les  corps  étaient  déposés  à  nu,  tantôt  ils  étaient  ren- 
fermés dans  des  sarcophages  placés  soit  dans  des 
niches,  comme  celles  de  la  tombe  dei  Tarquinii  ^, 
à  Cervetri,  soit  sur  une  banquette  à  fer  à  cheval  fai- 
sant le  tour  de  la  chambre  funéraire,  soit  sur  le  sol 
même  de  la  chambre.  La  matière  des  sarcophages  étrus- 
ques est,  comme  pour  les  sarcophages  grecs,  la  terre 
cuite,  le  bois,  la  pierre  et  le  marbre,  .^ucun  sarcophage 
en  bois  n'a  été  conservé,  mais  on  a  retrouvé  des  fer- 
rements et  des  clous  "'.  Les  sarcophages  de  pierre  ou 
de  marbre  sont  très  nombreux;  on  y  employait  toutes 
les  pierres  du  pays". 

Le  type  le  plus  simple  est  la  cuve  rectangulaire  munie 
d'un  couvercle  plat.  Le  premier  développement  est  le 
sarcophage  en  forme  de  maison  ou  de  temple,  avec  toit 
à  deux  pentes,  muni  ou  non  d'accessoires  décoratifs, 
acrolères  et  antéfixes.  Mais  ce  type,  si  fréquent  en  Grèce, 
n'est  pas  représenté  en  Étrurie  par  un  très  grand  nombre 
d'exemplaires.  Les  plus  intéressants  sont  le  sarcophage 
de  Bomarzo  au  Brilish  Muséum  '^,  qui  porte  sur  la  crête 

'  cr.  Keiuach,  Op.  cit.  p.  335  :  nombreux  rapprochemenls  de  détail.  —  2  Cf. 
AllmaoD,  Op.  cit.  p.  39.  —  8  Cf.  Heuzejr,  Gn:.  des  Beaux-Arts,  1873,  p.  305-3li  ; 
50|.."iU.  —  'Cf.  Eç.  4?;.  1899,  p.  Î2I  cl  pi.  XI.  —  ô  Seul  un  curieux  sarco- 
phage Je  Cnossos,  public  dans  le  livre  d'AIlnianu  (p.  W  cl  pi.  il,  reproduit  très 
ciaclcincnl  la  forme  et  les  détails  de  la  «x;>^,  avec  un  grand  drap  funéraire  ca- 
eliaiil  tout  le  fond  de  la  paroi  antérieure  de  la  cuve;  devant  ce  drap,  postés  sur 
la  pliutlie  eu  relief,  sont  livrés  i|uatre  personnages  ;  le  mort,  sous  l'apparence 
d'un  s<|ueletle,  et  un  serviteur,  de  part  cl  d'autre  d'une  table  de  bau<|uel  ; 
puis  un  bomme  <|ui  semble  déclamer  cl  un  joueur  de  llùte.  Ce  roonumeut,  unique 
en  son  genre,  esl   cerlainemeni   postérieur  à  répo<|ue  grecuue  classique.   —  G  Cf. 


du  toit  une  paire  de  serpents  entrelacés,  un  sphinx  à 
chaque  pignon,  et,  aux  extrémités  des  tuiles  de  couver- 
ture, des  masques  de  femme  en  antéfixes;  et  un  sarco- 
phage du  musée  de  Florence  ",  en  marbre  ou  en  albâtre  : 
à  chaque  coin  de  la  toi- 
ture est  une  tète  de 
femme;  dans  chaque  tym- 
pan, un  groupe  repré- 
sentant un  homme  atta- 
qué par  des  chiens;  sur 
les  quatre  faces  est  peinte 
en  couleur  à  la  détrempe 
une  bataille  de  Grecs  et 
d'.Vmazones. 

Le  type  de  sarcophage 
le  plus  fréquent  en  Étrurie  est  le  sarcophage  en  forme 
de  xÀivT|,  rare  dans  la  Grèce  archaïque  et  classique.  Sur 
le  couvercle  est  figuré  le  défunt  ou  le  couple  défunt,  en- 
dormi ou  étendu  au  lit  de  banquet.  On  peut  bien  ad- 
mettre '*  que  le  sarcophage-lit  n'est,  en  somme,  qu'une 
variante  du  type  ordinaire  :  on  a  eu  d'abord  l'idée  de 
placer  sur  le  couvercle  de  la  cuve  l'image  du  mort 
endormi".  De  là,  on  a  tiré  ensuite  l'idée  de  donner  à 
tout  l'ensemble  du  sarcophage  la  forme  d'un  lit;  il 
n'y  aurait,  en  somme,  là  qu'une  conception  tardive  et 
secondaire  ;  ce  qui  le  prouverait,  c'est  que  le  nombre 
des  exemplaires  oîi  cette  forme  est  poussée  dans  tout 
son  détail  est  très  restreint.  Mais  on  peut  penser  aussi  "^ 
que  le  sarcophage-lit  est  fait  à  l'image  de  la  couche 
funéraire  elle-même,  niche  ou  banquette,  des  caveaux 
étrusques.  Ce  qui  vient  à  l'appui  de  cette  hypothèse, 
c'est  que  souvent,  sous  chaque  niche,  des  traits  de 
couleur  dessinent  le  bois  d'un  lit  ''.  Dans  la  tombe  dei 
Rillevi.  à  Cervetri  (fig.  2802),  la  niche  qui  fait  face  à  la 
porte  d'entrée,  au  fond  de  la  salle,  est  garnie  d'un  lit 


Sarcopbage  étrusque  en  forme  de  lit. 


richement  décoré,  à  montants  sculptés;  sur  la  paroi,  au- 
dessous  de  la  niche,  sont  peintes  les  figures  de  Cerbère 
et  de  Charon.  Les  plus  anciens  et  les  plus  curieux  des 
sarcophages-lits  étrusques  sont  ceux  trouvés  à  Cervetri, 

Martlia,  Art  (Irusque,  p.  32  si|.  —  "  Ibid.  p.  98  sq.  —  8  Jdid.  p.  IS5  sq. 
—  9  /bid.  p.  191  ;  Dennis,  Citiej  and  cemet  of  Etr.  I,  p.  2*î.  —  '<•  Cf. 
Dcnnis.  Ibid.  11,  p.  li,  î«,  518.  —  u  Cf.  Martha,  Op.  cit.f.  134,  30i.  —  12  llar- 
llia.  Iliid.  p.  198  ;  Dennis,  Op.  cit.  1,  p.  170.  —  13  Cf.  Dcnnis.  Ibid.  U,  p.  96  Si\.  ; 
Aiiiclung,  Fùlirer  durch.  d.  ant.  in  Flori:n:.p.  187;  Martba,  Op.  cit.  p.  ÎHi 
(pour  les  peintures).  Les  peintures  sont  décrites  et  reproduites  dans  Jour»,  of 
hcll.  stwl.  1883,  p.  3î4  5<i.  et  pi.  xxxvi-x\iïu.  —  1'  Bulle,  dans  Oerl.phil.  WocA. 
189»,  p.  130i.  —  15  Cf.  l'urne  de  Cornelo,  Martha,  Op.  cit.  lig.  i38.  —  "  Cf. 
Allmann,  Op.  cit.  p.  31.  —  '^  Ainsi  dans  la  tombe  dei  ÎTar^uinii  à  Cervelri  ;*cf 
.Martha,  Op.  cil.  p.  291. 


SAR 


1071 


SAR 


l'ancienne  Caeré  ifig.  G108)  '.  L'homme  et  la  femme,  sur 
lous  ces  sarcophages,  sont  figurés  côleàcôle,  les  jambes 
allongées  et  le  buste  droit  ;  tous  deux  ont  le  coude  gauche 
appuyé  sur  un  coussin.  (Pour  la  forme  du  lit  et  de  sa 
<■  fourniture  »,  matelas,  couverture,  coussin,  voir  l'ar- 
ticle LECTis.)  Quant  au  type  des  visages,  au  caractère 
de  l'accoutrement  et  de  la  chevelure,  tout  rappelle,  sur 
les  sarcophages  de  Cervetri,  l'archaïsme  gréco-ionien.  11 
est  vrai  pourtant  que  l'Ionie  archaïque  ne  semble  pas 
avoir  connu  ce  type  du  sarcophage-lit;  mais  elle  a  traité 
en  bas-relief  le  sujet  du  banquet,  qu'on  trouve  par 
exemple  sur  les  bas-reliefs  d'Assos,  où  les  physionomies 
et  les  attitudes  ne  sont  pas  sans  ressemblance  avec  celles 
des  sarcophages  de  Caere.  11  faudrait  en  conclure  que 
ces  monuments  sont  grecs  de  facture,  et  sont  l'œuvre 
d'artistes  ioniens  établis  en  Étrurie^.  C'est  l'opinion 
aujourd'hui  assez  communément  adoptée  '. 

Le  lit  funéraire  ou  de  banquet  est  représenté  de  façon 
beaucoup  moins  complète  dans  les  sarcophages  de 
l'époque  postérieure.  A  côté  de  la  représentation  du 
banquet  (fig.  2810),  on  trouve  aussi  celle  du  sommeil; 
ainsi  le  couvercle  d'un  sarcophage  de  Cornelo  porte 
un  couple  embrassé  (fig.  2811)  ';  ou  bien  le  défunt, 
complètement  enveloppé 
de  son  linceul,  est  cou- 
ché et  comme  endormi 
(fig.  6109)  ^.  Souvent 
aussi,  à  côté  du  défunt, 
sont  figurés  d'autres  per- 
sonnages, serviteurs  ou 
génies  de  la  mort,  comme 
sur  un  cinéraire  deChiusi 
du  Musée  du  Louvre'. 
Un  type  plus  récent  en- 
core est  représenté  par 
deux  monuments  qu'on 

peut  dater,  avec  sûreté,  delà  fin  du  m'  siècle  \  La  morte 
estétendue  sur  le  couvercle,  relevant  son  voile  de  la  main 
droite,  tenant  un  miroir  de  la  main  gauche  (fig.  124G). 
La  caisse  du  sarcophage  est  de  la  forme  d'un  autel  plutôt 
que  d'un  lit;  elle  est  ornée,  comme  une  frise  dorique, 
de  piliers  triglyphes  séparés  par  des  métopes,  dans  le 
champ  desquelles  sont  des  rosettes  ou  des  patères. 

Il  n'y  a  plus  ici,  à  proprement  parler,  de  x)a'vf,,  mais 
seulement,  sur  le  couvercle,  une  statue  couchée.  C'est, 
avec  la  cuve  ornée  de  bas-reliefs,  le  type  des  nombreux 
sarcophages  ou  urnes  cinéraires  du  iv"  et  du  iir  siè- 
cles*. Ces  statues-couvercles  ont  souvent  un  carac- 
tère individuel  assez  marqué  ;  on  peut  croire  qu'elles 
étaient  faites  à  part  de  la  cuve,  qui  souvent  même  n'est 


'  .M,irllia.  <Jp.  cil.  p.  330,  ii.  I;  Mun.  dtll  lus!.  VI,  pi.  i.ix  ;  Dciinis,  dp. 
ni.  I,  p.  279-,  Longpcricr,  Musée  SapoU-on.  pi.  i.sxx.  L'exemplaire  du  Brilisli 
Musoiim  est  suspiîcl  par  certains  délails,  siirlotit  des  has-reiicfs  de  la  cuve;  on 
doit  admettre  tout  au  moins  qu'il  a  sulji  de  profondes  retourhes.  L'exemplaire 
du  Louvre  est  le  cùlèbre  sarcophage  Campana  ((ig.  2SI2).  M.  Savignoni  {Mon. 
liai  Lincei,  IS98,  p.  5il,  pl.  xin-xiv)  a  publié  récemnieut  un  autre  monument 
du  même  type,  pur  de  toute  restauration  et  d'une  grande  Onesse  de  travail,  i[ui 
fst  à  Home.  —  2  Cf.  Savignoni,  Loc.  cit.  p.  530  sq.;  l'ollier,  Calai,  des  vases 
du  Loutire,  II,  p.  414.  —  3  Mon.  Piot.  IV.  p.  20.  —  4  Cf.  Martlia,  Op.  cil. 
p.  3tC.  —  5  Mon.  d.  Inst.  VIII,  pl.  xvrii.  —  0  md.  340;  Mon.  d.  Insl. 
VI,  pl.  i.x.  —  7  Cf.  y*oem.  Milth.  I,  p.  217  ;  Ant.  Denkm.  I,  pl.  xx  ;  Mon.  d.  Jnst. 
XI,  pl.  1  :  Altmann,   Op.  cit.  p.  35  et  fig.  11  ;  Amclung,   Fûhrer,  p.  189,  v"  212. 

—  »  Cf.  Martha,    Op.    cil.    p.  344   s.].    —   9    Cf.    Dcnnis,  Op.    cit.    I,  p.   4»0. 

—  10  Cf.  Mon.  VIII,  pl.  XIX.  —  »  Martlia,  Art.  Ur.  p.  333.  —  >2  Ainsi  Micali. 
Mon.  ined.  pl.  xi.viii,  1;  .Mon.  per  serv.  alla  stor.  d.  nnt,  pop.  ital.  pl.  i.x  en 
Martlu,  Art.  étr.  (ig.   24s.   —  1.3  Cf.   Mon.  d.  Inst.  IV,   pl.   xxxii  ;   Deuiiis.  Op. 


Fig.  6109. 


pas  de  la  même  pierre,  ou  que  le  travail  n'en  était 
qu'ébauché  dans  l'atelier  du  marbrier,  pour  être  ensuite 
parfait  à  la  ri'ssemhlancc  du  mort  '.  Les  bas-reliels  se 
déroulent  surl'une  des  faces  longitudinales  etsur  les  deux 
faces  latérales.  On  peut,  avec  M.  MarLha,  distinguer  trois 
séries  de  ces  reliefs.  La  première  comprend  les  représen- 
tations réalistes,  tirées  de  la  vie  quotidienne  :  mariage 
(fig.  28ii) '",  cortège  de  magistrat  ",  déjuge.  La  seconde 
est  celle  des  représentations  symboliques,  qui  se  ratta- 
chent directement  à  l'idée  de  la  mort  et  des  funérailles 
(fig.  3359),  et  où  la  sombre  imagination  des  Étrusques 
se  donne  libre  carrière  ;  la  jeune  fille  ou  la  jeune  femme 
arrachée  à  ses  parents  ou  à  son  mari  par  les  démons  de 
la  mort'-,  le  voyage  vers  le  monde  infernal  ou  la  proces- 
sion funèbre'''.  La  troisième  série  comprend  les  représen- 
tations mythologiques  :  ce  sont  les  plus  nombreuses. 
Comme  sur  les  sarcophages  romains,  les  sujets  sont 
empruntés  aux  traditions  héroïques  de  la  Grèce,  popula- 
risées en  Étrurie,  dès  l'époque  archaïque,  par  les  vases 
peints  '*.  La  question  se  pose  du  rapport  entre  les  mythes 
représentés  et  la  destination  funéraire  des  monuments.  Il 
n'est  pas  niable  que  les  marbriers  étrusques  choisissaient 
de  préférence  ceux  qui,  par  leur  caractère  tragique,  com- 
bats, morts  de  héros, 
rendaient  le  mieux  l'idée 
de  la  fragilité  terrestre 
et  du  risque  perpétuel 
où  vit  l'humanité.  Et  la 
présence,  souvent  inat- 
tendue, des  démons  et 
des  génies  de  la  mytho- 
logie étrusque  dans  ces 
scènes  grecques,  montre 
que  les  Étrusques  en 
avaient  pénétré  et  se  plai- 
saient même  à  en  accen- 
tuer le  sens  religieux.  Les  sarcophages  étrusques  à 
sujets  mytiiologiques  sont  de  la  période  la  plus  récente 
de  l'art  étrusque  ;  ils  en  marquent  la  décadence  et  en 
annoncent  la  disparition   devant  l'art   romain. 

IV.  lloME.  —  L'inhumation  semble  avoir  été  le  mode 
de  sépulture  pratiqué  à  Home  aux  temps  les  plus  anciens 
'fu.\'us].  Mais  la  pratique  commune  de  la  Rome  républi- 
caine était  l'incinération;  il  n'y  eut  sans  doute  (jue 
quelques  grandes  familles  pour  conserver  plus  longtemps 
que  les  autres  le  rite  primitif;  nous  trouvons  par  exemple 
i[ue,  dans  la  gens  Cornelia,  Sylla  fut  le  premier  qu'on 
brûla  au  lieu  de  l'enterrer'-'.  Le  cercueil,  urca  ou  ca- 
pulus,  de  bois,  de  pierre  ou  de  plomb,  était  donc  rare- 
ment employé  comme  réceptacle  définitif  du  corps.  On  a 


cil.  Il,  p.  «2,  inlerpii''lo  le  lias-relief  comme  lepriî-sr-ntant  le  retour  d'une  expé- 
dition guerrière,  avec  les  cajitifs  encliaînâs.  —  't  Voir  la  liste  dressée  par 
M.  Martlia.Op.  cit.  p.  362,  note  1.  Enlèvement  d'Hélène,  .Sacrifice  d'Ipliigénic, 
l'Iiiloctôto  à  Lemnos,  Télèplie  au  camp  des  Grecs,  Funérailles  d'Antiloclios.  Mort 
de  Tro'ilos,  Paris  menacé  de  mort  par  ses  frères,  Hector  traîné  derrière  le  char 
d'Achille,  Combat  autour  du  cadavre  d'Achille, 'Cheval  de  Troie,  Prise  de  Troie, 
Mort  d'Astyanax,  Ulysse  et  le  Cyclope,  Ulysse  et  les  sirènes,  Ulysse  et  Scylla, 
Ulysse  et  Circé,  Jlassacre  des  prétendants;  Mort  d'Agamemnon,  Orestc  et  Electre 
au  tombeau  d'Agamemnon,  Oreslc  et  Pylade  eu  Taiiridc,  .Mort  de  Néoplolème, 
Mort  de  Clytcmnestro  et  d'Égisthe,  Orcste  et  les  Furies,  Mort  de  l.a'ius.  Supplice 
d'Oedipe,  Sept  dev.int  Thèbes,  Mort  d'Amphiaralis,  Etéocle  et  l'olynicc,  Centaures 
et  Lapitlies,  Grecs  et  Amazones,  Thésée  elle  Minolaure,  Morl  d'Ilippolyte,  Alccslc 
et  Admèl«.  Morl  d'Oenomaos,  Sanglier  de  Calydon,  Le  héros  (i;adinos  ou  Jason) 
combattant  avec  un  soc  de  charrue,  Actéon  dévoré  par  ses  chiens,  Massacre 
des  Niobides,  Hercule  cl  Glaiicos,  l'ollux  et  Amycos.  —  15  l'iin.  Hist.  nnt. 
VII,    1«7. 


SAR 


—  1072  — 


SAR 


Iroiivé  dans  dos  fouilles  à  Romo,  sur  lemplaccmenl  d"une 
nôcropolo  archaïque  ',  des  cercueils  de  pierre,  faits  de 
pièces  rapporlées,  et  nuinis  d'un  couvercle  plat.  D'autres 
fosses  à  cercueils  ont  été  dégagées  sur  le  mont  Esquilin'-. 
C'était  encore  dans  un  capulus  du  même  genre  que  le 
corps  était  placé,  dans  le  cas  de  l'incinération,  lors  du 
transport  au  lieu  où  elle  était  pratiquée^  [r:m's].  Le 
seul  grand  sarcophage,  à  caractère  monumental  de  l'é- 
poque républicaine,    est   le  sarcophage   en  péperin   de 


V^R/VE1.|  [ 


cw- F- SCI  no. 


iiiHiBiiiiBiPiai 


"-'-''  .11!        l:.C)RNELIVS-LVClvrjCirî!S-0ÂR.B:*.TVJC^4ivoO-PXTR.Ë 
PQr\r\ik'rv^*  rr)fiTi«-viD.UPlE  .V$  OVE— OVplVJ-FCr.Vi/,  VlftTVTTI-PASlJV>»A 

LlAwOOriT-TSVBICITOMJïE'LOVCAKyorSIOiSiJVI'  ABOOVCIT 


i, 


Fig.  01 10.  —  Sarcophage  de  Scipio  Barbatup. 

Cornélius  Scipio  Barbalus,  consul  en  ^98  (tig.  tJllO)  '. 
Les  volutes  ioniques  qui  ornent  le  couvercle,  à  ses  deux 
extrémités,  donnent  à  tout  l'ensemble  la  ressemblance 
d'un  autel,  avec  son  soubassement  où  est  gravée  l'ins- 
cription en  vers  saturniens.  Ce  type  semblé  emprunté 
à  des  monuments  de  la  Grande-Grèce  ;  il  se  retrouverait 
sur  deux  sarcophages  du  Musée  de  Girgenti,  signalés 
par  Wiegand  ^ 

Avec  l'Empire,  l'inhumation  prit  de  nouveau  place,  à 
côté  de  l'incinération,  dans  l'usage  normal.  Aussi,  à 
pai-tir  de  cette  époque,  les  sarcophages  se  multiplient. 
Un  texte  do  Macrobo  dit  que,  de  son  temps,  l'incinération 
n'était  plus  en  pratique  ^.  Les  progrès  du  christianisme 
en  amenèrent  la  disparition  complète.  La  foule  des  sar- 
cophages à  reliefs  qu'on  trouve  dans  les  collections  est 
donc  contemporaine  de  répot[ue  impériale,  particulière- 
ment de  l'époque  des  .\ntonins  '. 

Il  faut  mettre  à  part  des  autres  sarcophages  de  l'époque 
impi-riale  un  type  qui  se  trouve  reproduit  à  de  nombreux 
exemplaires,  mais  qui  ne  dérive  pas  de  la  forme  rectan- 
gulaire commune  à  la  plupart  des  sarcophages  antiques. 
C'est  le  type  des  sarcophages  «  striés  »  ou  à  <>  strigiles  »  *, 
ainsi  désignés  parce  que  toute  leur  surface  est  décorée 
de  sillons  parallèles  creusés  dans  le  marbre,  en  forme 
d'S  distendus  et  allongés  ^  Leur  forme  est  celle  du 
bassin  ovale  à  presser  le  raisin,  ÀYiVÔç  ;  à  l'époque  grecque 
déjà,  ce  mol  se  trouve  comme  synonyme  de  (jopoç'".  La 
décoration  comporte  ordinairement,  en  plus  des  stries 
parallèles,  deux  létes  de  lions  qui  représentent  les  bou- 
ches par  où  s'évacue  le  moût  dans  le  pressoir".  Quel- 
quefois, à  la  place  des  létes  de  lion,  on  voit  deux  lions 

<  Cf.  Laiiciaili,  Uull.  d.  coiiim.  arch.  munie.  Ul,  p.  VM.  —  2  Cf.  Dtdt.  d. 
eoinm.  )»85,  p.  39.  —  i  Ainsi,  pour  les  funérailles  d'Augusle.  Cf.  Dio  Cass.  56, 
31.  —  t  Voir  tutiuii,  p.  58+.  Cf.  llelkig,  f'ùhrer,  |2,  p.  73  ;  AUmann,  Op.  cil.  p.  44. 
—  ■'  Cf.  Wie-anil,  Alh.  .Millh.  l'.iOO,  p  3011,  el  les  ileui  s.ircopliagcs  île  Sciaulicilés 
plus  liaul,  uolc  14,  p.  11170.  —  K  Macr.  Sal.  Vil,  7,  5.  —  7  U  publication  iluu 
Corpiuilcces  monuments  a  £16  entreprise  par  M.  larl  Robert  ;  ce  n'est  ipi'aprés  son 
achèvcnieul  qu'on  pourra  «luilier  en  ilcHail  toulesles  questions  relatives  à  l'évolution 
lies  formes,  au  choit  des  sujets,  au  caractère  artistique  des  reliefs.  Oui  paru  :  le 
tome  II,  contenant  les  «  cycles  >  ;  deui  parties  du  tome  III,  contenant  les  légendes 
particulières  {Einzelmjlhen);  le  tome  I  comprendra  les  reliefs  à  sujets  empruntés 
à  la  vie  r/clle  ;  les  autres  loines,  les  reliefs  décoratifs  ou  relatifs  à  Dionysos 
et  à  ^on  lliiise.  —  »  Cf.  Allmann,  Oji.  cil.  p.  Wi.  —  »  Clarac  (Mut.  de  scul/il.  Il, 
p.  990),  pense  ,pic  ces  cannelures,  ipii  ont  assez  de  rap,,ort  avec  la  forme  des  slri- 


lotirnanl  de  ciiaque  côté  sur  l'ovale  de  la  cuve,  et  atta- 
quant un  agneau  ou  un  bélier'-;  ou  bien  le  milieu  d'une 
des  grandes  faces  est  occupé  par  un  groupe  plastique 
ou,  plus  simplement,  par  un  médaillon  reproduisant  les 
Iraits  du  défunt.  Sur  quelques  exemplaires  enfin,  c'est 
l'ornemenlalion  striée  qui  disparaît,  remplacée  par  la 
décoration  ordinaire  à  sujets  mythologiques;  il  ne  reste 
du  type  du  sarcophage  XT,vd;  que  la  forme  ovale  et  les  létes 
de  lions".  Beaucoup  de  sarcophages  à  strigiles  appar- 
tiennent à  l'époque  chrétienne  el  sont  décorés  d'emblèmes 
chrétiens".  L'n  curieux  bas-reliefreprésente  la  fabrication 
d'un  sarcophage  à  strigiles'':  le  sarcophage  est  suré- 
levé sur  deux 
blocs;  un  ou- 
vrier, assis  sur 
un  siège  à 
plusieurs  gra- 
dins, tient  en 
main  deux 
longues  liges 
munies  à  leur 
extrémité  de 
pointes  de  fer, 
qu'avec  l'aide 
d'un  autre  tra- 
vailleur il  dirige  le  long  de  la  cuve  pour  y  creuser  les 
stries  parallèles  i^fig.  61H). 

Depuis  Matz,  on  divise  les  sarcophages  de  l'époque  ro- 
maine en  deux  classes'".  Les  sarcophages  «  grecs  »  qui 
sont  les  moins  nombreux,  produits  de  l'art  des  pays 
grecs  à  l'époque  impériale,  conservent  les  particularités 
du  sarcophage  grec  classique.  Le  profil  architectural  est 
nettement  dessiné;  de  fortes  moulures  encadrent  la  cuve. 
Le  couvercle  est  généralement  en  forme  de  loit  à  double 
pente  el  à  fronton,  avec  décoration  «  écaillée  ».  Les  bas- 
reliefs  s'étendent  sur  les  quatre  côtés  du  monument, 
destiné,  au  moins  en  principe,  à  l'exposition  en  plein 
air,  le  petit  ctjté  gauche  étant  associé  pour  la  représen- 
tation avec  le  grand  côté  antérieur,  le  petit  cijté  droit 
avec  le  long  côté  postérieur  ".  Quelquefois  deux  côtés 
sont  occupés  par  une  représentation  mythologique,  deux 
autres  par  des  motifs  ornementaux'*.  Sur  un  certain 
nombre  de  monuments  qui  semblent  former  groupe, 
ainsi  sur  un  sarcophage  du  Musée  de  Constantinople  " 
(histoire  d'HippoIUe),  qui  est  un  des  beaux  exemples  du 
sarcophage  «  grec  »,  la  représentation  figurée  est  enca- 
drée, aux  deux  extrémités  de  la  face  principale,  par  des 
caryatides  ou  par  des  personnages  qui  jouent  un  rôle 
analogue-".  Enfin,  sur  le  sarcophage  grec,  le  relief  même, 
par  le  petit  nombre  des  figures  bien  isolées,  leur  dispo- 
sition classique  sur  un  même  plan,  rappelle  directement 
la  tradition  grecque.  Les  sarcophages  «  romains  »  pré- 
sentent des  caractères  opposés-'.  Le  profil  architectural 


giies^  pourraient  bieu  avoir  u 
—  10  l'oU.  X,  130.  —  Il  Ainsi  s 
pi.  cxxxvi=  Uciuach.  Hrp. l.it. 
Slud.  1900.  p.  97  ;  un  exemplail 
=  Keinach.  /tt'-p.   l.  p.  l-i 


Cla 


■  symbolique  et  désigner  la  pureté  de  l'âme, 
bas-relief  du  Louvtc.  Clarac,  A/us.  de  seulpt. 
—  12  Cf.  sur  ce  type  Robert,  Jottrn.  of  hall. 
-ouvre,  dans  Clarac,  Uns.  de  scutpl.  pl.cctvi 
(Ib.    Il,  p.  9'Jl)  que  c'étaient 


pei 


des 


emblèmes  1res  expressifs  de   la  mort  et  de  l'abus  de  la  force  sur  la  faiblesse!  > 

—  13  Ainsi  sur  un  sarcophage  avec  la  représentation  du  mythe  d'tindymion,  Kobert, 
Sark.  rel.  IIM,  83.  —  H  Exemple  sur  la  pi.  cclvi  de  Clarac  =  Rcinach,  Rép,  I,  p.  lii'. 

—  15  Cf.  Jahn,  Ber.  d.  Sâchs.  Gesells.  d.  Wiss.  ISCi,  p.  î9.->  sq.  pi.  vu.  Repro.luit 
dans  U.  BHimucr,  Techn.  u.  Termin.  d.  Kunsl.  III.  p.  SiO.  —  16  Matz,  Arch.  Zeil. 
lS7i.  p.  1 1  sq.  Cf.  Altmami,  Op.  cit.  p.  S6  sq.  —  '7  Robert,  Sark.  Il,  SO.  -  1»  l'ar 
exemple,  le  sarcophage  de  Constantinople  avec  la  légende  d'Mippolyte,  Robert. 
Sar*.  1112,  n.  1 J4.  —  '>  Ibid. —^D  Jl,id.  III '2,  13i,  15».  — 21  Cf.  Koberl,  .SarA.  passim. 


SÂR 


—  1073  — 


SAR 


est  presque  entièrement  efTacé;  il' n'y  a  ni  plinthe  ni 
corniche;  on  pourrait  dire  que  la  cuve  se  compose  sim- 
plement de  quatre  plaques  ouvragées,  adaptées  en  rec- 
tangle. Le  couvercle  plat,  peu  élevé,  orné  de  masques 
aux  extrémités,  ofTre  une  composition  décorative  sur  la 
paroi  antérieure  très  rarement  en  rapport  avec  celle  qui 
figure  sui'  la  cuve.  Les  bas-reliefs  de  celle-ci  ne  s'étendent 
que  sur  le  long  côté  antérieur  et  les  deux  côtés  latéraux, 
qui  complètent  la  représentation  principale,  ou  r|ui  tous 
deux  lui  restent  étrangers.  Le  long  côté  postérieur  reste 
fruste,  le  sarcopliage  étant  destiné  à  être  appliqué  contre 
le  mur  de  la  chambre  funéraire.  Un  certain  nombre  de 
sarcophages  romains  ont,  au  lieu  du  couvercle  plat,  le 
couvercle-statue  imité  de  la  xXi'v-ri  étrusque  (lig.  tjil2)  ', 
mais  il  est  plus  rare  qu'en  Ktrurie  de  voir  le  motif  du 
personnage  couché  comme  sur  un  lit(hg,  230:2).  lilnlin. 


Fig.  01 12.  —  Sarcophaf^e 


vec  couvercle  à  pcrsonnag 


les  reliefs  s'écartent  de  la  tradition  grecque  par  la  com- 
plication des  groupes,  la  multiplicité  des  plans  qu'ils 
forment,  et  qui  donne  à  la  représentation,  dans  un  cer- 
tain nombre  de  sarcophages  -,  l'apparence  d'être  à 
plusieurs  étages:  emprunt  fait,  selon  Robert,  à  l'art  de 
la  mosaïque'. 

L'ornementation  sculpturale  des  sarcophages  de 
l'époque  romaine  estdécorative  ou  figurée.  Le  type  essen- 
tiel des  sarcophages  à  relief  décoratif  est  le  type  des 
sarcophages  à  guirlandes  '*.  La  forme  la  plus  simple  est 
la  guirlande  unique,  soutenue  aux  deux  extrémités  par 
des  bucrânes,  ou  redoublée  ^  ou  même  triplée  ".  Mais 
cette  forme  élémentaire  est  rare.  Elle  se  complique  de 
telle  manière  que  la  guirlande  n'est  plus  que  le  moins 
important  dans  la  décoration,  oii  l'attention  est  attirée 
surtout  par  les  figures,  traitées  comme  de  petites  statues 
en  haut-relief  qui,  au  lieu  des  bucrânes,  soutiennent  les 
guirlandes;  ces  figures  sont  des  Amours,  des  Victoires, 
lies  Satyres.  Quelquefois  un  groupe  apparaît  au  milieu 
du  relief;  le  caractère  purement  ornemental  de  la  déco- 
ration s'efl'ace.  De  ce  développement  dérivent  les  sarco- 


1  Cr.   AUina 

on,  Op.   cit.    p. 

41.    Noire   figure  d'api 

es  Lluruy 

[HM.   A 

es    no- 

moin»,  VI,   p. 

329  =  d'Escampcs.  Diiscr.  tl 

■5    marbre 

î   AJusce 

Campana 

CVlll). 

—  2  Exemples 

:    sarcophage 

d'Endymioo, 

(Roherl, 

lin     83) 

sarcopl 

âge   de 

Mars  et    Rlica 

(Robert,    U12, 

S8,    190).    - 

3   Cf.    Robert,  Ar 

/,.    Jakrb 

1890, 

p.  2ai  sc|.  Dan 

le  premier  vol 

jmc  publié  di 

Corpus  d 

s  sarcopl 

âges,  M. 

Robert 

formait  une  s 

rie  spéciale  rie 

sarcophages 

"  greco-ro 

mains  ..  ( 

ui,  conser 

vaut  la 

construclion   a 

rcliitccturale  (les  sarcophages 

"  grecs  » 

se    rapp 

rocliaieiiL 

par  la 

composition  et  la  technique  de 

s  reliefs  des 

sarcophage 

s  «  romai 

ns  ».  M.  Altmann 

(t.  c.  p.  88)  a 

uoniré  que  ces  s 

ircopliages  ne  sont  qu'u 

ne  subdiv 

Lsion  de  1 

1    série 

"  grerriue  ».   h 

xemple   .le   ces 

sarcophages 

de    type 

lixie   dai 

s    le   sarc 

ophagc 

pliages  à  guirlandes  avec  sujets  figurés  dans  les  deux  ou 
trois  compartiments  que  la  courbure  des  guirlandes 
laisse  libres.  Ces  reliefs  minuscules  sont  d'un  style  ana- 
logue à  celui  des  bas-reliefs  dits  hellénistiques,  avec  leur 
observation  réaliste  du  monde  champêtre,  des  animaux 
et  des  plantes  '.  Ce  type  forme  la  transition  entre  les 
sarcophages  à  décoration  ornementale,  qui  remplissent 
le  i'''  siècle  ap.  J.-C,  elles  sarcophages  à  décoration 
figurée,  qui  se  multiplient  à  l'époque  des  Antonins. 
Parmi  ces  derniers,  les  uns  sont  décorés  de  scènes 
de  la  vie  réelle,  les  autres  de  scènes  mythologiques.  Les 


Vlll. 


Fig.  6113.  —  Sarcophage  romain. 

scènes  de  la  vie  réelle  sont  très  variées  ;  scènes  des 
diverses  professions,  scènes  de  chasse  ou  de  guerre 
(fig.  6113)  ',  scènes  de  la  palestre,  scènes  de  la  vie 
littéraire.  Sans  doute,  les  reliefs  de  ce  genre  étaient 
choisis  parmi  les  modèles  existants,  en  accord  avec  la 
personnalilé  du  défunt;  ainsi  Trimalcion,  dans  le  Saty- 
ricoii  ",  demande  qu'on  sculpte  pour  lui  «  des  nefs 
voguant  à  pleines  voiles  •>,  et  qu'on  le  représente  «sié- 
geant au  Iribunal,  vêtu  de  la  prétexte,  avec,  aux  doigts, 
cinq  anneaux  d'or,  et  versant  au  populaire  un  sac 
d'écus  »...  Il  est  vrai  qu'il  s'agit  ici  expressément  d'un 
mausolée  funéraire  et  non  d'un  sarcophage  ;  mais  on 
peut  conclure  de  l'un  à  l'autre.  Certains  reliefs  figurent, 
en  succession  idéale,  une  série  de  scènes  de  la  vie  :  épi- 
sodes de  la  vie  enfantine'",  allaitement,  première  en- 
fance, jeux,  instruction  (fig.  2608,  260y,  2611),  mariage 
(fig.  4871,  4872),  chronique  de  la  vie  d'un  Romain  de 
haute  condition,  à  l'armée  et  dans  la  vie  civile  et  fami- 
liale ".  Sans  doute,  tous  ces  types  existaient  dans  l'atelier 
du  marbrier;  il  suffisait  de  donner  aux  têtes,  laissées 
frustes,  la  physionomie  convenable  pour  approprier 
exactement  tout  l'ensemble  à  sa  destination.  Il  faut  si- 
gnaler ici,  comme  intermédiaires  entre  les  représenta- 
tions de  vie  réelle  et  les  représentations  mythologi- 
ques, tous  les  reliefs  de  sarcophages  où  l'on  voit  des 
amours  se  livrer  aux  diverses  pratiques  de  la  vie  hu- 
maine; Amours  chasseurs.  Amours  ouvriers  (lig.  6112), 
Amours  luttant  dans  le  cirque,  combattant,  banque- 
tant''-;  etc..  [cupiuo,  p.  1600].  Us  figurent  très  souvent 
aussi  sur  les  reliefs  du  couvercle  '^ 

d'Ilippolylc   il    Arles    (Robert,    ll|2,     100).    —   i    Altmann,    Op.    cit.   p.    S9   sq. 

—  ^  Ainsi  sur  un  sarcophage  de  Berlin,  d'un  beau  style.  Cf.  Ileaclir.  d.  ant. 
.Sctiipt  n.  843  (d'aucuns  y  voient  un  travail  de  la  Renaissance).  —  6  Forme 
fréquente  en  Orient;  cf.  Bissing,  Arc/t.  Jahrh.  1901,  p.  -J07  scj.  —  1  Clarac, 
Mus.  de  sculpt.  pi.  r.am;  Kcinach,  Jlép.  1,  p.  3;  Robert,  Sur/c.  Il,  1,  1112,  190. 

—  »    Musée  lin    Capitole.    Moji.   d.    Inut.  pi.  xix  ;  llelbig.   nlirer    \\i,    n.  430. 

—  'J  l'etr.  Satijr.  09.  —  10  Arcli.  Zeit.  1885,  pi.  .\iv.  —  n  Amelung,  Fulirtr, 
p.  18  ;  A.  Rossbach,  Jlôm.  lihedenkmàler,  Lena.  1871.  —  12  Cf.  un  sarcophage 
(le  .'^parle,  Arch.  Zeit.  1880,  pi.  xiv.  —  '3  Cf.  Allmann,  Op.  cil.  p.  90  et 
lig.  30;  E.  Sirong.  /lom.  .scidpl.  ]i.  iOi. 

135 


s.\n 


—  1074 


SAR 


Les  reliefs  il  sujets  inytliologknies,  empruntés  soil  aux 
grands  cycles  liéroï(|ues,  soil  aux  légeudos  particulières 
des  liéros  grecs,  sont  les  plus  nombreux  de  tous,  (tn  les 
trouvera  classés  dans  le  Corpus  de  M.  Hobert  ;  les  reliefs 
se  rapportant  à  Dionysos  et  il  son  tliiase  (fig.  691,  0li2, 
ti'J3^  doivent  former  une  division  à  part.  Ce  n'est  pas  ici 
le  lieu  d'indiquer  d'après  quels  souvenirs  d'reuvres  d'art, 
suivant  quels  types  et  quelles  variantes,  les  artistes  ou  les 
artisans  ont  exécuté  leurs  compositions.  On  trouvera, 
d'ailleurs,  des  indications  sur  ce  sujet  dans  les  articles  de 
mytiiologie  de  ce  Dictionnaire,  où  les  sarcophages  sont 
mis  il  contribution  pour  l'étude  des  représentations  figu- 
rées des  mythes  grecs'.  Les  représentations  les  plus 
nombreuses  se  rattachent  ii  l'idée  de  la  fragilité  des 
choses  d'ici-bas  :  mythes  d'TIippolyte,  d'Alcesle,  d'Adonis 
(fig.  Ho),  de  Méléagre,  de  Proserpine  (fig.  1300),  où  l'on 
voit  la  vie  humaine  tranchée  il  la  fleur  même  de  l'âge; 
d'autres  mytiies  très  populaires,  comme  celui  d'Hercule 
(fig.  Gllo)  -,  sont  cependant  moins  souvent  traités.  Il  est 
donc  certain  queco-n'esl  pas  au  hasard  que  les  fabricants 
de  sarcophages  puisaient  dans  le  trésor  de  la  mytholo- 
gie grecque,  sûrs  que  leurs  clients  cherchaient  dans  ces 
représentations  plastiques  des  suggestions  religieuses  ou 
philosophiques.  Il  importe  seulement  d'être  prudent 
dans  ce  système  d'interprétation,  et  de  ne  pas  oublier 
qu'f'i  côté  de  scènes  significatives,  un  grand  nombre  d'au- 
tres ne  le  sont  ;i  aucun  degré.  Quel  rapport,  par  exemple, 
établir  entre  la  légende  de  Dionysos,  si  fréquemment 
représentée,  et  la  destination  des  sarcophages'?  Appli- 
quera-t-on  à  cette  série  d'ouvrages  le  mode  d'interpréta- 
tion symbolique  qu'on  a  depuis  longtemps  rejeté  pour 
les  vases  peints  et  les  terres  cuites'?  Voudra-t-on  y  voir 
l'espérance  des  joies  élyséennes  ou  le  souvenir  du  Dio- 
nysos infernal?  Nous  admettons  que  si,  dans  certains 
cas.  le  sujet  des  reliefs  a  fait  l'objet  d'un  choix  raisonné 
chez  le  fabricant  comme  chez  l'acheteur,  souvent  aussi 
on  s'est  plus  soucié  de  son  r(Me  décoratif  que  de  sa 
signification  religieuse. 

Sur  quelques  exemplaires  les  physionomies  sonlpous- 


■  Sarcopli 


io  pori, 


sées  à  la  ressemblance  du  défunt'  ;  du  moins  ont-elles  une 
expression  réaliste  et  individuelle  très  marquée.  Souvent 
aussi,  ces  intentions  biographiques  se  résument  dans  un 
médaillon  qui  reproduit  les  traits  du  mort  (lig.  GH  i  •  ; 

'  Voici  une  lislc,  cmprunlc'c  à  la  llirsc  laliiie  de  Marllia,  Quid  significa- 
lerint  sqjulcrales  IVercitlum  figurai:,  p.  III.  HisLoire  d'Acliille,  Acléon  dévoré 
par  SCS  cliicus,  Mort  d'Adonis,  LuUe  d'Ajai  et  d'Ulysse  pour  les  armes 
d'Achille,  Alceslc,  Combats  d'Amazone,  Ariane  enlevée  par  Bacclius,  Castor  et 
l*olIux,  Diane  et  Endymion,  Enlèvement  d'Europe,  Ganyméde,  Travaux  d'Hercule, 
Mort  d'Ilipimlylc,  Enic'vemcnl  des  l.cucippidcs,  Jason  cl  Médée,  Chasse  de  Mc-- 
léaj-re,  Massacre  .le  Niohides,  Oreslc  pou^^uivi  par  lis  Furies,  Fuilc  d'Ilellé  et  de 
l'hryxos,  Orphée  et  Eurydice,  Fuite  d  Hélène,  Hippodamie  et  Pélops,  Peuthéc  et  Us 
Méuades,  Mort  de  l'haétoii,  Priam  aux  pieds  d'Achille,  Prométhée,  liapl  de  Proser- 
pine. Psyché  et  l'Amour,  les  Sirènes.  —  '.!  Les  représenUtions  des  Travaux  sont 
très  peu  nombreuses;  la  plus  connue  est  celle  du  sarcophage  Torlonia  (Robert, 
IIP.  Ii6),  oii  les  exploits  du  héro»  sont  figurés  dans  des  arceaux  formés  par  des 
colonnes,  peut-être  souvenir  tardif  de  l'ancien  sarcophage  naos  à  colonnes. 
—  5  Exemple  :  sarcophage  de  C.  Junius  Euhodus,  avec  la  représentation  de  l'his- 


cf.  1873);  quelquefois,  ellesseretrouvenlsur  les  reliefsdu 
couvercle,  où  sont  sculptées  des  scènes  sans  rapport  avec 
les  scènes  retracées  sur  la  cuve\  et  qui  doivent  faire 
allusion  k  la  profession  ou  aux  goûts  du  défunt  ". 
Souvent  enfin,  à  partir  du  ir  siècle,  le  couvercle 
porte,  en  son  milieu,  unt;  plaque  où  est  inscrit  le  nom 
du  personnage  inhumé,  et  qu'encadrent  des  emblèmes 
appropriés  à  sa  condition  \  Sur  quelques  couvercles, 
où  la  paroi  antérieure  est  divisée  en  une  série  d'ar- 
ceaux juxtaposés,  l'un  des  arceaux  est  occupé  par  un 
portrait  du  mort  ". 

Il  faut  mentionner  ici  un  type  très  particulier  dont  les 
exemplaires  semblent  s'échelonner  du  ii"  siècle  ap.  J.-C. 
jusqu'au  IV  ou  au  V^  :  c'est  le  sarcophage  monumental  ii 
niches  et  Èi  colonnettes  (fig.  0115)".  Un  sarcophage  de  la 


Fij;.  6115.  —  Sarcophage  romain  à  niches. 

collection  Torlonia,  sans  appartenir  précisément  à  ce 
type,  l'annonce  déjà  '"  :  en  forme  de  xXîvr,,  il  porte  sur 
son  couvercle  les  statues  couchées  des  deux  époux;  aux 
angles  sont  sculptés  des  amours.  Trois  des  faces  de  la 
cuve  sont  divisées  en  compartiments  par  des  colonnes 
corinthiennes  ii  spirales,  surmontées  d'arceaux  dont  les 
retombées  portent  directement  sur  les  chapiteaux;  dans 
chaque  entrecolonnement  est  représenté  un  des  travaux 
d'Hercule.  Les  exemplaires  principaux  du  type  <à  niches 
et  à  colonnettes  sont  :  un  sarcophage  de  Séleucie",  un 
sarcophage  de  Melli'^  un  sarcophage  du  palais  Riccardi 
à  Florence"*  et  le  grand  sarcophage  de  Sidamaria".  On 
trouvera  dans  l'article  de  M.  Th.  Ueinach,  avec  la  descrip- 
tion complète  du  sarcophage  de  Sidamaria,  la  liste  de 
tous  les  autres  monuments  ou  fragments  connus  du 
même  type.  Rappelons  seulement  ici,  d'après  MM.  Slrzy- 
gowski  '^  et  Reinacii,  les  caractères  communs  ;i  tous  ces 
monuments  :  1"  surface  à  décorer  (sur  un  ou  deux  côtés) 
divisée  en  une  série  de  «  tabernacles  »  à  coquille  sup- 
portés  par    des   colonnes    et    surmontés    d'un  fronton 

loirc   dAlcesIc  (Pvobcrt,   III,    t,   2fi).  —  i  MalTei.    Miism    Veron.   p.    cr.ccxx,    2. 

—  ^  Cf.  Altmann,  Op.  cit.  p.  96.  —  6  Ainsi  sur  le  couvercle  d'un  sarcophage  de 
Berlin  [Bcschr.  d.  ant.  Sculpt.  a.  844)  sont  représentées  des  scènes  ilc  la  vie 
littéraire.   —   "'  Exemple  ;   le   sarcophage    d'Alcesle   mentionné  ci-dessus,   n.  88. 

—  8  Exemple  :   le  sarcophage   d'Endymion    déjà   mentionné    (Robert,    III',    83). 

—  «  Cf.  Altmann,  Op.  cit.  p.  52.  Notre  lig.  6115  d'après  un  sarcophage  de  la  villa 
Uorghèse  ;  Duruy,  Uist.  des  Ilomains,  VI,  p.  5S0.  —  lO  Cf.  Robert,  Sark. 
111.  I,  n.  liS;  Uuruy,  Op.  I.  V,  p.  419.  —  n  Cf.  Joubin,  Cal.  des  mon.  funi!r. 
p.  3'.l,  et  Mon.  Piol.  IX,  p.  215,  fig.  4.  —  li  Cf.  ,4,<;/i.  Zeit.  185";  An;,  p.  6 
et  Mon.  Piot.  IX,  p.  209,  fig.  2.  —  n  Cf.  Diitschke,  AnI.  Bildw.  II,  105  et 
Mon  Piol.  IX.  p.  215  et  fig.  5.  —  "  a.  Th.  Reinach,  dans  Mon.  Piot.  IX, 
p.  189  sq.  et  pt.  xvn-xix;  et  X,  p.  91  sq.  Cf.  aussi  un  important  arlicle  de 
M.  Mendel,  dansle  Sull.  coi-r.  hcll.  1902,  p.  232  sq.  —  i.ï  Cf.  SIrzygowski,  Orient 
oder  Itom. 


SAR 


1075 


SAR 


triangulaire  ou  cintré  '  :  les  personnages  sont  placés 
alternativement  en  avant  des  niches  et  entre  les  niches-; 
2°  colonne  cannelée  en  spirale,  et  chapiteau  à  volutes 
dédoublées  ;  3°  entre  le  ciiapiteau  et  le  fronton  est 
une  imposte  à  prolil  convexe,  divisée  en  deux  registres, 
l'ornementation  de  l'imposte  se  continuant  sur  le  nu  du 
mur;  4°  feuillages  du  chapiteau  et  de  l'entablement 
exécutés  à  la  virole,  non  au  ciseau.  On  retrouve,  en 
somme,  dans  ces  sarcophages  le  principe  tout  hellénique 
de  l'union  de  la  construction  architecturale  et  de  l'orne- 
mentation sculptée  (sarcophage  des  Pleureuses  à  Sidon); 
mais  l'application  est  loin  d'en  être  heureuse  dans  le 
détail.  La  provenance  géographique  et  artistique  de  ce 
groupe  de  monuments  fait  débat  entre  les  archéologues  : 
pour  M.  Strzygowski  ',  tout  le  groupe  est  d'origine 
gréco-asiatique;  pour  d'autres,  il  est  italique  *.  M.  Tii. 
Reinach  aboutit  à  des  conclusions  éclectiques.  S'il  est 
indéniable  que  l'idée  du  type  est  hellénique  et  constitue 
une  réaction  «  contre  la  tendance  qui  avait  prévalu  dans 
le  sarcophage  purement  romain  du  iV  siècle,  à  sacrifier 
complètement  l'élément  architectural  de  ce  genre  de 
monuments  funéraires,  à  n'en  faire  qu'un  prétexte  à  bas- 
reliefs  »,  par  contre,  la  forme  précise  qu'elle  revêt  est 
romaine  :  les  «  tabernacles  »  du  sarcophage  de  Sida- 
maria  et  de  ses  congénères  seraient  une  imitation  des 
niches  abritant  des  statues,  employées  par  les  archi- 
tectes romains  pour  la  décoration  intérieure  et  extérieure 
des  édifices.  Ainsi  ces  monuments  funéraires,  plus  frap- 
pants pour  l'œil  que  satisfaisants  pour  l'esprit,  seraient 
des  exemples  d'une  espèce  de  contamination  artistique^. 
L'étude  artistique  des  reliefs  de  sarcophages  ne  rentre 
pas  dans  notre  cadre '^.  Pour  être  souvent  désœuvrés 
médiocres,  ces  reliefs  n'en  forment  pas  moins  une 
imposante  série,  fort  utile  pour  l'élude  chronologique 
du  style  décoratif  et  plastique  dans  l'Empire  romain. 
Beaucoup  d'entre  eux  témoignent  de  l'elTort  des  artistes 
pour  <c  romaniser  »  les  légendes  grecques  et  y  introduire 
ce  réalisme  très  prononcé  qui  est  un  des  caractères  sail- 
lants et  vraiment  originaux  de  l'art  latin.  Ce  qui  fait 
aussi  l'intérêt  de  ces  monuments,  c'est  qu'ils  sont  une 
des  voies  par  oii  l'antiquité  païenne  s'est  le  mieux  per- 
pétuée au  sein  môme  du  christianisme.  Les  sarcopliages 
chrétiens  '',  que  nous  n'éludions  pas  ici,  continuent  les 
sarcophages  romains  que  nous  venons  de  passer  en  revue. 
Kl  aux  jours  de  la  Renaissance,  les  moins  imparfaits  de 


Ml  y  a  souvent  sur  la  face  principale  Irois  de  ces  tabernacles,  celui  du  milieu  i^'tanL 
à  fi-onlon  li-iaiigulaire,  les  deux  autres  à  fi-onlun  cintré  (ainsi  à  Sidamaria).  —  ^  Sur 
le  sarcophage  Hiccardi,  charpie  personnage  ou  groupe  de  personnages  repose  sur  un 
socle  particulier  et  fornie  ainsi  roumie  un  tout  indi^pnndant.  —  3  cf.  Strzygowski, 
')!).  cit.  p.  51  si|.  —  *  Ainsi  pour  M.  Graef;  cf.  AJun.  Plot.  X,  p.  92;  M.  Graof 
lire  argument  liu  couvercle  eu  forme  de  xâc.t]  éirusipic  qui  app.irait  dans  heaucovip 
lie  ces  monuments.  —  t;  Cf,  Mendel,  Loc.  cit.  p.  iii5,  —  G  \J.  Altmann,  (Jp.  cit. 
p.  0  sq  :  Riegl,  Oie  SpRlrôm.  Kunst-indastrie.  Vienne,  1901  ;  WickholT,  in  Jalirl,. 
il.  kunstsninml.  de  Kaiaurhaiis,  Vienne,  1895  =  Irad.  angl.  Ilom.nnI.  1900. 
—  "i  Cf.  surtout  Grousset,  Etude  sur  l'iiist.  des  sarc.  chrétiens,  l'aris,  1885,  et  Le 
Ulant.  Ces  sarcophages  chrétiens  de  la  Gaule,  l'aris,  IS86.  —  **  Nous  avons  sur  ce 
piint  le  témoignage  de  Vasari,  Vies  p.  130  de  la  traduct.  Weiss,  parlant  de  Niccola 
t'isauo  ; 
l'isans  pi 
ville.. Sur  l'u 
i-)alydon,  dan 
parfait  et  d'ui 
i:.  Hoherl  ;  il 


trouva  parmi  une  multitude  de  marbres  amenés  parla  flotte  de 
sarcophages  antiques  qui  sont  aujourd'hui  un  Campo  Santo  de  cetti 
d'eux,  extrêmement  beati,  était  sculptée  la  chasse  du  f 
un  style  admirable,  car  les  uus  et  les  draperies  étaient  d'un  dessii 
exécution  merveilleuse....  [C'est  le  n*»  toi  du  tome  III  du  Corpus  di 
^présente  la  légende  d'Hippolyle  et  non  celle  de  la  chasse  de  Caly 
don)....  Niccola.  considérant  la  beauté  do  ce  monument  qui  lui  plaisait  fort,  l'étudii 
avec  tant  de  soin,  pour  en  imiter  la  manière,  ainsi  que  celle  de  belles  sculpture: 
ornant  d'antres  sarcophages,  qu'il  fut  bientôt  regardé  comme  le  plus  habile  sculpleui 
lie  son  temps.  »  —  Biiu.iochapuie.  Le  seul  travail  récent  sur  l'ensemble  de  la  qnes 
ion  est  celui  irAllmai.n,  Arehitektur  uiid  Oniainenlik  der  nntiken  .'iarkopliuiie 


de 


ces  monuments  contribuèrent  à  révéler  aux  premiers 
sculpleiirs  ilaliens  la  beauté  antique*.         Smile  Cmien. 

S.VUCULlJiVI.  —  Sarcloir.  Instrument  d'agriculture' 
servant  à  couper,  entre  deux  terres,  les  mauvaises  herbes 
des  champs  et  des  jardins-,  les  racines  de  poireau  \  les 
racines  superficielles  des  oliviers',  etc.;  à  nettoyer  les 
prairies  et  à  curer  les  fossés  pour  faciliter  l'écoulement 
des  eaux  pluviales  ■'. 

Le  sarculum  se  compose  d'un  manche  en  bois  et  d'un 
large  fer  plein,  tranchant  et  quadrangulaire  comme  celui 
de  nos  bêches;  mais  le  manche,  au  lieu  d'être  dans 
l'axe  du  fer,  forme  avec  celui-ci  un  angle  plus  ou  moins 
aigu:  l'Antinous  Richelieu'*  tient  un  sarculum  dont  le 
tenon  du  manche  pénètre,  presque  à  angle  droit,  dans 
la  mortaise  forée  dans  une  languette  pyramidale 
qui  surmonte  la  lame 
(fig.  G1I6)';  l'angle  est 
plus  aigu  dans  les 
sarcloirs  de  Pompéi 
(fig.  5452),  parce  que 
la  languette  de  la  mor- 
taise est  légèrement  tor- 
due sur  l'axe  ;  enfin,  un 

troisième  type  (fig.  U117)  est  muni  d'une  douille  re- 
courbée en  tiers  ou  en  quart  de  cercle',  comme  celle 
de  nos  sarcloirs. 

Les    montagnards,    cultivant  f"^^ 

v.ntlim 


des  terrains  graveleux  où  les  bêches  et  les  socs  s'émous- 
sent  facilement,  employaient  un  sarculum'^  à  fer  plein 
et  triangulaire  {fig.  6118)'",  semblable  à  celui  de  l'outil 
que  les  paysans  des  îles  rocheuses  de  l'Archipel  nom- 
ment encore  uxaTràw,  ". 

Pour  planter,  décliausser  et  nettoyer  les  vignes,  on  se 


Berlin,  1902.  Cf.  aussi  Fredrich,  Sarkophugstudien  (Nnclir.  d.  k.  Gesells.  d 
Wiss.  zu  Gôttingen,  Phil.  kist.  Klasse,  1S95).  —  Pour  la  Grèce,  v.  liecker-Gidl, 
Charikies,  III,  p.  I  39  sq.  :  II.  Bliimner,  Griech.  Privatalt.  p.  370  ;  et  pour  chacune 
des  divisions  du  sujet  (sarc.  de  Claiomcncs,  de  Sidon,  etc.),  les  ouvrages  et  articles 
signalés  dans  les  uotes.  —  Pour  l'Ktrurie,  Slartha,  L'art,  étrusque;  Dennis,  The 
cities  nnd  cemeleries  of  Elruria,  2'  éd.  Londres,  1878.  —  Pour  Rome,  en  atten- 
dant l'achèvement  du  Corpus  de  G.  Kobert,  cf.  les  catalogues  des  diverses  collec- 
tions d  Italie,  de  Benndorfet  Schocne,  Heibig,  Malz-Duhn,  Diitschkc.  etc.;  Espé- 
randicu,  Jiec.  général  des  bas-reliefs  de  la  Gaule  romaine,  t.  I.  1907;  cf.  aussi 
Springer-Michaelis,  Bandb.d.  Kuvslijesch.  I,  p.  362;  Overbeck.  Cesch.  d.  griech. 
Plastik  m-,  E.  Strong,  Rom.  Sculpture,  1907,  c.  ii. 
SAKCUUUM.    1    Horal.  Carm.   I,    111;  Ovid.    Melam.   XI,   30;  Fast.  II,  927. 

—  sColum.  Der.rust.  II.  11;  X,91;  Plin.  H.  nat.  XVII,  41;  XVIII,  65,2;  Pallad. 
Il,  li.  -  3  Plin.  H.  nat.  XIX,  33,  2.  —  *  Cat.  De  ag.  cuit.  61  ;  cf.  Jb.  10.  -  5  Co- 
luni.  11,17  ;  Cat  105.  —  6  Au  Louvre,  BonalTé,  llcch  sur  les  coll.  des  Richelieu, 
1883,  p.  111  et  130;  Uoiigez,  Mém .  de  l'Institut.  Uist.etlitt.  III,  ISI2,  p.  13,  pi.  ir. 

—  7  Mongez,  L.  l.—*  Exemple  découvert  en  Espagne  ;  II.  Sandars,  The  Linares  bas- 
relief  {Arcluteologia.  London.  1905,  vol.  59,  pi.  i.xx,  fig.  2);  autre  en  Suisse,  Mit- 
Iheil.  d.  Aniiq.  Heseltsch.  in  Zurich  XV,  pi.  XII,  n- 38.  —9  Plin.  fj.  nat.  XVIIl,  4»,  4. 
_  10  II.  Sandars,  O.  c.  pi.  lxx.  flg.  4.  —  "  Ce  mot  désigne  indistinctement  aujour- 
dhui  dis  outils  tranchants  ou  piquants  iRanghabé,  dans  sa  traduction  du  Wrt.  d'.inli- 
gmlés  de  Hich,  a  rendu  dolabra  fossoria  par  «.«niivTi  (.1.  v.  Ojinni!  =  fossor)  ;  le  sa- 
n.'ur,  dans  l'armée  grecque,  se  nomme  «..i.viù;  ;  cf.  Ch.  Byzantins,  Dicl.  Fr.-Grec. 


SAR 


1076  — 


SAR 


servait  d'un  bidcus  ',  oixsXÀa,  (fi;».  854  i-l  859)  à  dents 
rondes  Pt  pointues,  ou  d'un  sfirrii/iis  biroj'iiis-,  cy-iw-r^  ■*, 
à  dénis  larges  et  plaies  '  ;lii<.S55),  comme  celles  du  (rxi).i; 
des  vignerons  de  la  Grèce  uioderne.     Soulin  Duhigny. 

SAUISSA  (ilapicca)'.  —  La  sarisse  est  larme  caracté- 
ristique de  la  phalange  maci^donienne'.  Comme  cette 
phalange  a  été  rattachée  à  la  phalange  homérique  %  la 
sarisse  parait  descendre  des  grandes  piques  de  ÏJliade, 
elle  lËYZ^'î  ÉvS£xx:rT|/u  (5  mètres  d'Hector  '  ;  elle  ressemble 
à  celles  des  Chalybes"',  Sarmates  et  autres  riverains 
barbares  du  l'ont'.  Peut-être  Philippe  n'en  apprit-il 
l'usage,  comme  celui  du  contis,  la  pique  de  la  cava- 
lerie macédonienne  un  peu  plus  courte  que  la  sarisse', 
qu'à  la  suite  de  ses  guerres  contre  les  Thraces  ;  c'est  à 
ceux-ci  qu'il  aiiraitempruntélesforinations  en  coin  qu'ils 
avaient  eux-mêmes  reçues  des  Scythes  *.  Toujours  est-il, 
que  c'est  dans  la  campagne  de  Philippe  contre  les  Scythes, 
en  ;j:]!),  que  la  sarisse  est  mentionnée  pour  la  première 
fois'^  ;  l'année  suivanle,  les  sarissophores  jouent  un  rôle 
important  à  Chéronée  '".  Alexandre,  qui  maniait  lui- 
même  la  sarisse",  compléta  leur  instruction'-.  Leur 
phalange,  qui  lui  rendit  de  si  grands  services",  ne  dis- 
parut pas  avec  lui.  Eumène  de  Ivardia,  ",  Pyrrlius 
d'Épire  '^  en  font  usage  ;  les  Lagides  et  les  Séleucides 
heurtent  leurs  phalanges  de  sarissophores"' à  Raphia; 
en  Macédoine,  les  sarisses  forment  un  mur  hérissé  de 
fer  à  Sellasie",  à  Cynocéphales",  à  Pydna  ".  Dans 
cette  dernière  journée,  on  ne  les  voit  pas  seulement  entre 
les  mains  des  plialangiles,  mais  aussi  des  troupes  plus 
légèrement  armées'-".  Kn  même  temps,  les  trois  autres 
nations  militaires  de  la  Grèce  ont  adopté  ces  piques 
macédoniennes,  les  Spartiates  sur  les  conseils  de  Cléo- 
niène'-',  les  .^chécns  sur  ceux  de  Philopoemen --,  les 
Êtoliens  sans  doute  à  l'instar  des  Aehéens  -\  Bien  que 
les  sarisses  ne  figurent  plus  dans  aucune  bataille  après 
Pydna.le  souvenir  de  cette  arme  s'est  perpétué  chez  les 
tacticiens  romains  et  byzantins-'. 

1  Virg.  Geory.  Il,  335  el  400.  —  2  Palla.i.  I,  43,  3.-3  Aiistopli.  jV«4.  i486 
cl  1500;  Av.  6oi:  Pac.  oie.  —  icr.  II.  ik'  Villifossi-,  La  mosa'iq.  des  quatre 
saisons  I^Gaz.  Arch.  1879,  pi.  xkii)  ;  Artaud,  Hisl.  de  taptint.  en  mosaïq.  pi.  i.v(i. 

SARISSA.  1  Zà^iaaa  serait  une  glose  macédonienne  à  la  façon  tic  .Vâstoov,  dont 
le  rapproche  VElifmol.  Gudiamtm,  p.  364  (une  ville  de  GordyêDC  s'appelle  Daçsiva, 
Strali.  XVI,  1,  21),  ou  bien  uu  adjectif  de  forme  homérique,  tra^i-Eotra  (^ôrz^,) 
comme  «t^raÎLÔEsira  (Â<7=i;).  le  radical  devant  être  rapproché  Je  aa'.^in,  balayer.  Cf. 
(lolTmann,  Oie  A/akedonen,  I9cl6.  p.  87.  D'autre  part,  on  mentionne  en  Etolic 
une  plante  de  ce  nom,  rà>ira  îi«tï5  ««foiioio;  (Slobae.  Floril.  100.  1.5;  l'seudo- 
Arist.  Hirnli.  171  ;  l'seudo-Plut.  de  Flur.  8).  —  i  Cic.  .!■/  Herenn.  IV,  43  ;  Serv. 
Ad.  .Un.  VII,  ii04  :  Arrian.  Tact.  3  ;  Liv.  I.X,  19  ;  Lucan.  Phars.  VIII,  J9S  ;  X,  47  ; 
Fesl.  Ilosych.  Etym.  mag.  s.  v.  —  3  Polyb.  XVIII,  i9  ;  Diodor.  XVI,  3.  —  <•  11. 
VI,  3|y.  Le  Xijston  d'Ajax  a  ti  coudées  (W,  fi7S);  il  est  intéressant  de  remar- 
quer   que    les     l'éoniens     sont    prci-isémcnt    quatiHés  de  SoÀi/ETx^a;   (X.\l,15>). 

—  5  Xeooph.  Anab.  IV,  7,  15  ;  lance  de  15  coudées.  Le  Mèdc  Arsace  a  une  lance  de 
ÏO  coudées,  Lucian.  Dial.  mort.  XXII,  3.-6  Les  pii|ues  des  cavaliers  Sarmates 
ligurées  dans  S.  lieinacli.  .\ntiq.  de  la  Russie  Méridionale, passim,  oui  au  moins 
13  coudées.  Ou  peut  rappeler  les  caç.:!;»;  i^o'^o^  des  Pouliiiues  à  Chéronée  (Plut. 
Sijlla,  19,  6)  el  les  £i«('<nias  «an'ssns  d  Ovide,  J'unt.  I,  3,  5S,  _  '  Vcgcl.  III,  2i  : 
sarisas,  hoc  est  lom/issimos  conlos.  Il  semble  résulter  ilc  Lucien,  loc.  cit.  qu'on 
donnait  aussi  le  nom  de  saribse  à  la  pique  île  la  cavalerie  macédonienne.  Cf.  note  2 
de  la  p.  1077,  la  mosaïque  d'Issus  —  «  Aniau.  Tact.  XVI,  6.-9  Didynic  (/il  Pliilipp. 
col.  III,  I.  7j,  d'après  Mars^tas,  •'onne  au.\  com|iagnons  de  Philippe  la  sarisse  qui 
aurait  blessé  le  roi  ;  Justin,  L\,  3,  d'après  Trogne- Pompée,  attribue  la  blessure 
aux  Scythes.  —  mplul.  /'elop.  18,7.—  "  Plut.  AI,t.  us.  3;  Arrian.  .lii.i*.  IV. 
8.  —  lîArrian.  Jnai.  I,  fl,  S.  —  13  Arr.  .4iiiiA.  I,  13.6;  III.  14;  polyb.  XII, 
19  el  SU;  Uiodor.  XVII,  88  el  100;  Curt.  III,  i,  10;  VIII,  14,  16.  Alexandre 
donne  aux  l>arbares  qu'il  reçoit  dans  son  armée  3é^a;a  .MavcSovcsà.  .Arr.  .4f)a6. 111,6 
."î;  VII,  6,  1.  —  't  Plut.  /ium.  14,  6.  —  15  plut.  P,jrr/i.  il.  S;  Polyaen.  U,  S9,  i. 

—  16  Polyb.  V.  85,  9.  U  phalange  syrienne  est  de  M  Ouo  hommes  à  Raphia:  de 
161)00  à  Magnésie;  de  20  000  dans  la  revue  de  Ilaphnè  ;  la  phalange  égyptienne 
est  de  25  01)0  hommes  en  moyenne  (cf.  P.  M.  llcyer,  Hieriresen  dcr  J'iolemâer, 
p.  5).  —  17  Polyb.  Il,  69,  9;  Plut.  l'Iiilop.  6,  2  ;  Cleom.  28,  4.  —  I»  l.iv.  XXXI,  3U. 
12;  Plut,  riamin.  14,  1  ;  Polyb.  XVIII,  24.  — '9  Plut.  Aemil.  19,  20  el  32.  U  pha- 
lange de  Pcrséc  roinptait   20000  hommes  (Liv.   XLII,   51).  —  2"  Liv.   .'^LIV,  40  : 


Théophraste,  qui  écrit  à  l'époque  des  Diadoques,  nous 
apprend  que  les  plus  belles  branchesdti  cornouilliermîïle, 
longues  uu  plus  de  douze  coudées  (i8  pieds,  5  m. -40), 
atteindraient  la  hauteur  des  plus  gnindes  sarisses-". 
Polybe-' et,  d'après  lui,  Ëlien -^  afiirment,  par  contre, 
que  la  sarisse,  qui  aurait  mesuré  d'abord  seize  coudées 
(7  m.  25),  aurait  été  réduite  en  pratique  à  quatorze 
coudées  (G  m.  10).  Polyen-*  et  Arrien  ^''  lui  donnent  éga- 
lement seize  coudées.  Tenues  droites, la poinleenl'air^", 
les  sarisses  étaient  abaissées  d'un  seul  coup,  au  moment 
d'entrer  en  ligne,  probablement  à  la  façon  des  piques 
des  lansquenets  qui  mesuraient  pareillement  de  o  à 
7  mètres.  Aussilùl  l'extrémité  inférieure,  garnie  d'un 
talon,  appuyée  en  terre  de  manière  à  ce  que  les  mains 
pussent  saisir  la  hampe  à  la  quatrième  coudée"'  les 
sarisses  du  premier  rang  le  dépassaient  de  12  coudées; 
celles  du  deuxième  rang  arrivaient  à  10  coudées  de  la 
première  ligne  ;  celles  du  troisième  à  8  coudées  ;  celles  du 
quatrième  à  4 coudées;  celles  du  cinquième  à  2  coudées. 
Seul,  .\rrien  mentionne  l'abaissement  des  sarisses  du 
sixième  rang  en  ajoutant  qu'on  allongeait  parfois  celles 
des  rangs  postérieurs  pour  leur  permettre  d'atteindre 
le  front.  D'après  Polybe  et  Êlien,  du  sixième  rang 
inclusivement  au  dix-huitième,  les  sarisses  étaient 
seulement  appuyées  sur  l'épaule  du  phalangile  de  la 
même  lile  au  rang  précédent.  Ce  véritable  hérisson  de 
fer,  i/ta  velut  ferreu  xaepes,  devenait  plus  redoutable 
encore  quand  on  serrait  les  rangs,  ne  gardant  que 
trois  pieds  d'intervalle  dans  la  tuûxvoxjiç,  qu'un  pied  et 
demi  dans  le  n^jtxn-'.'j^i:,. 

On  a  calculé  qu'une  sarisse  en  frêne  de  11  coudées, 
ayant  inférieurement  5  cm.  el  supérieurement  U  cir..  de 
diamètre,  pèserait  5  kg.  631  ^-.  En  cornouillier,  le  poids 
serait  beaucoup  plus  considérable,  le  poids  spécifique  de 
ce  bois  étant  de  0,81  contre  0.59  pour  le  frêne.  Aussi, 
le  fer  même  ne  devait-il  pas  être  très  développé.  C'est  ce 
qui  engage  à  rapporter  à  la  sarisse  des  pointes  à  douille 

caelrali  Aîacedones  et  ipsi  sarissas  qrrentes.  —  21  Plut.  Cleom,  1 1  et  23.  Les 
Spartiates  ont  la  sarisse  à  Sellasie  (Po!}b.  Il,  6'.),  9)  et  à  Mantinée  iPolyb.  .\l,  15,  6). 
—  22  Plut.  Philop.  9,  2.  Les  Achi-ens  Vonl  à  Manlince  (Polyb.  XI,  15,6).  —  M  On 
la  voit  cuire  leurs  mains  en  189,  Polyb.  XXI,  28.  —  2* En  dehors  des  auteurs  cités 
note  2,  voir  tes  anonymes  byzantins  publiés  par  Koeclily,  Griech.  Krietjs- 
schriftsteller.  II,  254,  237,323;  111,215,  223.  La  sarisse  y  est  qualifiée  de  Sos» 
«Eoiji^iKcirtioi»^.  Voir  encore  Schotia  ad  Liicianum,  éd.  Habe,  p.  263,  7  el  283,  26. 
Dans  ce  dernier  passage,  la  sarisse  est  qualifiée  de  (lÉvaulov.  Cclapnx.  formé  sur  le 
modèle  de  [iivat/ttr,;  (uvÉ'r/.i;;,  signifie  probablement  ;  à  la  douille,  à  la  pointe  ioé- 
branlablc.  —  ^  Hist.  plant.  III,  12,  2.  L'absence  de  moelle  de  ce  cornouillier,  abon- 
daiiL  en  Macédoine,  qui  lui  donnait  la  i-êsistancc  el  la  solidité  de  la  corne,  selon 
Théophraste,  devait  augmenter  encore  son  poids;  on  pourrait  invoquer  cette  i-aison 
pour  expliquer  les  12  coudées;  mais.  Théophraste  parlant  de  xiv  çafiff-nv  f,  i*e-jéffTii, 
il  est  vraisemblable  qu'une  erreur  de  copiste  a  donné  12  à  la  place  de  16  cou- 
dées. —  '2B  Polyb.  XVIII,  29  (12).  —  21  Aelian.  Tact.  XIV,  2.  —  2»  Polyaen.  Il, 
29,  2.  ^  2y  Arrian.  Tact.  XII,  7.  —  3U  c'est  par  le  coinmandemeul   Hiacédonien 

à;7,«sti9v    (â-.a    ;^a-.tia>,   pointe    en    l'air)  qu'on  obtenait    bçOà;    Ta;    ouoÎQTa;   (Polyb. 

XVIII,  26.  9).  Leur  abaissement  s'exprime  par  T«Tf  saçtTcai;  x'AttEiaai;  (Plut.  .4e-ii. 
19,  1).  inclinalisqne  i.lio  sarissis  (Liv.  XLI V,  40).  —  31  La  tenue  de  la  sarisse  avec 
les  deux  mains  résulte  du  texte  de  Polyaen,  il,  29,  2,  et  du  fait  que  les  bourliers  des 
sarissophores  étaient  attachés  au  col  par  un  baudrier  (Liv.  XLIV.  40).  L'existence 
d'un  lalon  est  mentionnée  daus  des  .\Hecdula  byzantins, Kœclily,  Gr.  Kriegssclirifst. 
III,  215.  La  description  ci-dcssnsest  tirée  des  textes  cités  de  Polybe,  Êlien  cl  Arrien 
qui  soûl  très  clairs  dés  qu'on  ne  modifie  pas  eu  s. ù;  certains  v^^u;  des  textes, 
comme  l'ont  fait  Hiistow  el  Kœcltly,  Geseh.  dex  yriech  Kriegswesens  (Aarau, 
1852),  p.  238.  L:i  plupart  des  auleiirs  o:it  compliqué  la  (|ucstion  p.ir  des  niodili- 
calions  pareillemeut  arbitraires  ;  Droyseii,  iJerrwe^en  der  Gritch.  p.  159;  bauer. 
Griech.  Krieysalterth.  p.  425;  Delbriick,  Oesch.  der  Ariegskitnst.  l,  p.  37-{- 
Itiessing,  Fteckeisens  Jahrbùchcr,  1SS9,  p.  141;  Ed.  Lanimert,  /'o/yiios  und 
die  rôm.  Taktik  (Leipzig,  1889),  p.  19;  Kud.  Schneider,  Leyion  inid  Phatanr, 
Bi^rlin,  1893.  p.  89.  Je  ne  pense  pas  qu'on  doive  se  fonder  sur  un  texte  imprécis 
de  Strabou  (X,  1,  12)  pour  admettre  l'cxislencc  d'une  sarisse  -rédutle  qu'on 
pouvait  lancer  comme  le  pilum.  —  32  Lainmcrt,  O.  cit.  Il,  aurait  pu  s'autoriser 
pour  cette  recherche  du  vers  où  Stace  parle  des  fraxineas  Macetum  snrissas 
{Theb.  VII,  269). 


À 


SAR 


—   1077  — 


SAT 


longues  de  0  m.  38  (fig.  G119),  dont  les  tranchants  sont 
distants  au  plus  d'une  dizaine  de  centimètres,  qui  ont  été 
trouvées  dans   le  tombeau  des   Macédoniens   lombes  à 


Pointe  de  sarisse. 


Cliéronée',  et  qui  rappellent  les  proportions  des  lames 
des  piques  données  aux  cavaliers  macédoniens  figurées 
sur  la  mosaïque  de  la  bataille  d'Issus^.         A.-J.  UEiNAcn. 

SAROMA  (ïasùJvia).  —  Les  fètes  des  Saronia  étaient  cé- 
lébrées annuellementau  temple  d'Artémis  Saronia,  situé 
au  bord  de  lamer,prèsde  Trézcne  '.  Nous  ne  savons,  d'ail- 
leurs, rien  sur  les  rites  de  cette  fêle,  qui  pourraient  nous 
éclairer  sur  le  sens  primitif  du  mythe  du  chasseur  ïâpwv  - 
et  d'Artémis  Sxpwvia''  ;  cette  légende  semble  apparentée  à 
cellede  l'Artémis  Diclynna  de  Crète  [diana],  en  l'honneur 
de  qui  on  célébrait  également,  dans  un  temple  situé  sur 
un  promontoire  laconicn,  une  fête  annuelle*.    Em.  Caiif.n. 

SAUUACUM. —  Mot  populaire',  par  lequel  on  désignait 
une  sorte  de  chariot  lourd,  de  la  même  catégorie  que  le 
PLAi'STRUM,  servant  surtout  au  transport  des  récolles,  des 
matériaux  de  construction,  elc.^  Juvénal  se  plaignait 
qu'on  vit  trop  sou  vent  passer  dans  les  rues  de  Rome,  qu'il 
encombrait,  ce  véhicule  «  chargé  d'un  long  sapin'  ».  D'où 
l'on  peut  conclure  que  le  sarracum  didérait  du  pluus- 
trum  par  sa  forme  ;  comme  notre  baquet,  il  devait,  par 
l'allongement  du  train,  se  prêter  spécialement  au  trans- 
port des  poutres,  des  troncs  d'arbres,  etc.  Comme  beau- 
coup d'autres  véhicules  lourds  et  grossiers,  il  pouvait, 
à  l'occasion, être  utilisépourletransporldes  personnes  '. 

L'Édit  de  Dioclétien''  fait  mention  d'un  chariot  qu'il 
appelle  capàyaDov;  ce  mol  a  vraisemblablement  le  même 
sens  que  sarracum  ou  son  diminutif  aarracu/uiii,  sar- 
racliim''.  Le  tarif  vise  d'abord  le  bois  du  chariot  ouvré, 
sans  pièces  de  fer  (/,a)fi;  Tto-/|p&u),  notamment  sans  les 
bandes  qui  protègent  le  cercle  des  roues  [currus,  rota]. 
Kn  second  lieu,  les  prix  varient  suivant  que  le  cercle  est 
fait  d'un  seul  morceau  de  bois  courbé  au  feu  [lhIus, 
ÎTuç  et  P'Toçj'',  ou  qu'il  se  compose  de  plusieurs  jantes 
(â'^ïoEç)*  assemblées  par  des  tenons  ;  dans  le  premier  cas, 
la  roue  est  dite  piTojtdi;  ou  àirb  pirou;  dans  le  second, 
i'|ioa)TÔ;  ;  le  prix  du  chariot  est  beaucoup  plus  élevé  si 

I  Sôliriadis,  Atlien.  Mitliil.  1903,  pi.  xi  i,  7.  I.a  Ji'.signation  de  cis  poinics 
comme  provenant  de  sansses  a  reçu  l'assentinienL  de  Kroinayer,  Wiener  Sttidifn, 
190"»,  p.  10.  l'eut-ôlro  esl-ce  la  môme  arme  que  porle  la  Mace  hnia  des  mon- 
naies du  Koinon  macédonien  (Gaehlcr,  Atitikf-.iJûnzen  Nord-Oriechenlanffs, 
pi.  IV,  22).  Selon  Kœclily,  Op.  cit.  III,  il5,  la  sarisse  était  T:ooixTi«e;  zh  ct-.Syjçov;  il 
faut  supposer  le  fer  en  toi-mc  de  lame  plate  à  double  Iranclnnl  pour  expliquer  le 
ffitàOr,  p«f6apix/i  (le  la  glose  d'Ilesyctiius.  —  2  A  Pompéi,  souvent  reproduile,  il/»5. 
Dorbon.  VIII,  pi.  xxxvi  :  Muller-Wicselcr,  [Imkm.  d.  nll  .Kunst.  pi.  lv,  i::)  etc. 
Voir  «u^ivuM,  p.  il03,  noie  I. 

SAnuNIA.  1  l'aus.  Il,  3Î,  10,  —  2  l'aiis.  Il,  :10,  7,  ci.  l'n-llcr-l!ol.orl,  final,. 
Myth.  p.  613.  —  3  On  a  trouvé  à  Kpidaurc  d.Mu  dédiraces  à  Arlémis  !;<«fuv.V  : 
Inscr.  (jr.  Aeg...  Argol...  1083,  ll'JS.  —  '•  l'aiis.  111,  21,  '.l.  Sur  les  Saronia,  cf. 
.Niisson,  Grieclt.  Feste,  p.  iiîll. 

SARRACUM.  I  Sordidiim  noniCTi  ;  (Juintil.  Vlll,  3,  21.  —  2  Sisenn.  ap.  ."«on.  III, 
p.  I'J5;  Vilr.  X,  I  :  Capilolin.  .1/.  Aiirel.  13;  Sidon.  lip.  IV.  18;  Amm.  Marcoll. 
X.VX1,  2.  IK  ;  (orp.  filoss.  111,  178,  53.  —  3  Juv.  III,  ï.iV;  cf.  V,  22.  —  4  Cic.  In 
l'isnn.  fiagm.  ap.  (Juiutil.  L.  c.  Tout  ce  ipie  (iiiizrot  et  Rich,  Dirl.  des  Anl.,  s.  v., 
ajoutent  à  cette  définition  no  ressort  pas  directement  des  textes.  On  ne  voit  pas 
pourquoi  le  sarracum  aurait  eu  nécessairement  des  ridelles  sur  les  côtés;  le  con- 
triire  est  plus  probable.  Les  roues  pleines  [tympana)^  dont  il  n'est  question  nulle 
part  à  propos  du  sarracum,  n'en  sont  pas  davantage  un  élément  essenlicl  :  elles 
conviennent  lout  aussi  bien  au  i-mustiium.  —  ï  J!dict.  Dioclct.  XV,  31  a,  32,  311, 
éd.  Bliimner  el  Corp.  inscr.  Int.  111,  Suppt.  (iWi),  p.  2208.  —  0  Mss.  d'Amm. 
Maroell.  ;,.  c.  —  7  Hom.  11.  IV,  485  ;  Tbuc.  25,  247;  Plut.  De  lit,,  educ.  4,  p.  2  D  ; 
l'iob.  hisl.  art.  p.  1111,  22  K.il  ;  Mar.  Victoiin.  Ars  ijr.  l,  l.j,  p.  30,  17  ;  Cur/i.  ijluss. 


les  roues  en  sont  Pitojtoi',  parce  qu'elles  durent  davan- 
tage. Le  tarif  est  donc  établi  comme  suit  :  1°  baquet  du 
plus  beau  travail,  avec  cercles  des  roues  d'une  seule 
pièce,  sans  fer,  (jOOO  deniers  ^21!l  francs):  "i"  littquet  avec 
jantes  assemblées,  sans  fer,  3  500  deniers  (127  francs). 

Enfin,  viennent  les  véhicules  pourvus  débandes  (xav6oî, 
cantld)''  sur  les  cercles  des  roues,  et  autres  pièces  de 
fer.  Les  baquets  avec  cercles  de  roues  d'une  seule  pièce, 
et  autres  chariots  avec  bandes  et  fer,  doiventse  vendre, 
fer    compris,    7  000  deniers  (253  francs).     G.  Lafave. 

SARTAGO.  Tv-yavov.  —  Poêlon',  poêle  à  frire,  ordinai- 
rement enmétal,  cuivre,  fer-,  argent'.  On  conserve  dans 
les  musées*  des  poêles  de  bronze  semblables  à  celles  qui 
sont  encore  en  usage,  rondes  ou  allongées,  avec  un 
-rebord  pourvu  d'un  bec  pour  l'écoulement  des  liquides  et 
une  queue  fixe.  L'exemplaire  qu'on  voit  ici,  en  bronze, 
trouvé  en  France,  à  Reims-',  estpourvu  d'une  queue  mo- 
bile qui  peut  se  rabattre  sur  le  bassin  (fig.  G120).  Cette 
queue  joue,  comme  sur  une  charnière,  autour  d'une 
goupille  qui  tra- 
verse l'appendice 
placé  à  l'une  des 
extrémités;  on  peut 
la  fixer,  quand  on 
veut  s'en  servir,  au 
moyen  d'un  cou- 
lant qui  glisse  le 
long  de  la  lame. 

E.  S.VGLI... 

s  A  T I  s  D  A  r  I  O 

,  ACTIO]. 

SATRAPA.    — 

I .  Kh  H  h  a  t  rap  a  ni  n 
«  lemaitredupays», 

dont  les   Grecs  ont  fait  i;aTpiTrY,ç ',  TarpiTtY,;   OU  (jaopà7rY|Ç'^, 

était  le  nom  donné  par  Cyrus  aux  gouverneurs  des  vastes 
provinces  qu'il  créa  dans  son  nouvel  empire.  Presque 
aussitôt  après  l'avènement  de  Darius,  le  nombre  des 
satrapies  fut  porté  à  vingts  mais  il  varia  souvent  sous  les 
successeurs  de  ce  principal  organisateur  de  l'État  perse. 
Les  satrapes,  représentants  du  Grand  Roi,  avaient  une 
cour  princière  elune  puissance  presque  absolue.  Ils  réu- 
nissaient entre  leurs  mains  tous lespouvoirs  administra- 
tifs et  judiciaires.  Ils  devaient,  en  particulier,  veiller  au 

II,  l'.l.l,  34;  334,  2;  338,  27;  Ps.  Augiisliu.  De  princ.  diul.  éd.  Wauriii,  1,  p.015  F; 
Momrosen,  lier.  d.  .S'rïcAt.  Akad.  d.  Wiss.  ls:il,  p.  75;  Waddiiiglon  iMldict. 
L.  c.  et  Marquardt,  Privatleb.  d.  linm.  p.  732,  ont  donné  une  autre  explica- 
tion, qui  se  trouve  aujourd'hui  condamnée  par  un  meilleur  déchiffrement  du 
texte.  V.  Loring,  Joarn.  of  liell.  studies.  XI,  p.  309  et  Bliimner.  Ad  h.  L 
—  »  Plut.  Consrd.  nd.  Apoll.  5,  p.  103  F:  Scliol.  ad  llom.  //.  V,  724;  liée.  Ofj. 
et  d.  420;  Eur.  Hipp.  1232;  fragra.  770,  2  (Nauck);  Poil.  I,  144;  Archcslr. 
ap.  Ath.  vu,  320  B.  —  3  Pcrs.  V,  71  ;  M.art.  XIV,  108,  2;  Pr.,b.  ad  Virg.  Geo. 
l,  103;  Corp.  f/loss.  Il,  338,  27;  Cf.  Hesych.  5.  v.  ii^ivisj;  Hom.  //.  V,  723  et 
Schol.  Ad  h.  l.\  Suid.  Hesych.  s.  v.  i>t.'a«.,rfa  ;  Poil.  I,  144  :  Corp.  gloss.  111, 
103,  37:  202,  45;  Quint.  I,  5,  8.  —  BiBl.ior.liAPinK.  Scheffer,  Oe  re  vehiculari 
veterum  (1C54),  p.  60  ;  Ginzrol,  W'ac/en  und  Fa:.rwerl;e  d.  G.  u.  II.  (1817).  1,  eap. 
XXX,  fias  .Sarracum,  p.  248  et  pi.  xv,  3  irccoustitulions  de  l'uuteur  d'ajiris  des 
exemples  modernes). 

SARTAGO.  i  Sid.  Apoll.  Jlii.  IX,  14  :  friclmi  in  sarlin,ine:  Isrd.  (Jr.  XX,  S, 
')  :  .Sartago  al-  strepitn  soni  vocula  i/iiando  ardcat  in  eu  oleiim  ;  cf.  Plin.  I/.nal. 
XVI,  22.  Pour  le  grec  -.rn«L^n,  vnir  Pollux,  X,  08  el  les  comment.  —  2  Aleiand.  ad 
Aristol.  .\Jeteor.  IV,  3,  p.  129.  — 3  Digest.  XXXIV,  2,  19,  §  12.  -  *  Notamment  à 
Naples  ;  Mus.  Borbon.  V,  pi.  S8,  595  ;  Ceci,  Piccoli  bronzi  del  AIiis.  di  Napoli,  pi.  i, 
20,  27.  —SI  Huit,  de  la  Soc.  des  Antiq.  de  France,  1813,  p.  294. 

SATRAPA.  1  Tlieopomp.  ap.  Phot.  Dihl.  cod.  177,  p.  120  a  24;  Lcbas-Wad- 
dington,  388.2;  cf.  377  ss.,  1631  ;  Slicliel, /(cci(ci(,  471  ;  804  =  Uiltenhergcr,  A'y/- 
loge',  93  ;  573.  —  i  n«f  xSv  <T«Sfin«v  :  Michel,  Recueil,  303,  19  =  Ilitlcnbcrger, 
Orienlis  inscr.  4  et  iiole  9.  Tôt;  (r«Sfoii>i<7[v  :  Comptes  rendus  Acud.  Jnscr.  1005, 
p.  00.  —3  Herod.  111,89. 


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1078  — 


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mainlien  de  l'ordre  et  assurer  la  sécurité  publique,  et  ils 
jugeaient  au  civil  et  au  criminel.  Ils  levaient  les  impôts, 
dont  ils  versaient  le  montant  au  trésor  royal.  Us  com- 
mandaient aussi  les  troupes  deleur  province  etexcrçaicnt 
leur  autorité  non  seulement  sur  les  sous-gouverneurs, 
qui  leur  étaient  subordonnés,  mais  sur  les  dynastes 
locaux  et  les  villes  de  leur  territoire.  Généralement,  ces 
hautes  charges  étaient  réservées  à  des  nobles  perses,  bien 
que  le  souverain  y  admit  exceptionnellement  des  fonc- 
tionnaires de  toute  race  et  de  toute  origine.  Nous  n'avons 
pas  à  insister  ici  sur  les  détails  du  système  de  gouver- 
nement des  .Xcliéménides '. 

La  division  en  satrapies  se  perpétua  dans  l'empire  des 
Séleucides,  mais  leur  étendue  fut  fortement  réduite. 
Séleucus  en  établit  soixante-douze-,  triplant  ainsi  leur 
nombre  etdiminuant,  en  proportion,  lapuissancededigni- 
laires  qui  auraient  pu  devenir  dangereux  pour  sa  Mai- 
son'. Toutefois,  ce  morcellement  ne  paraît  avoir  alfecté 
que  le  centre  de  l'Empire,  le  pays  où  furent  fondées  les 
villes  nouvelles  *  :  la  satrapie  ne  comprend  souvent  plus 
ici  que  le  territoire  d'une  cité  ^  Seulement,  le  gouverneur 
ne  porte  plus  le  titre  officiel  de  ffarpàzY,!;,  qui  n'apparait 
pas,  comme  (TaTfaTtc'a,  dans  les  textes  épigraphiques^  ; 
mais,  semble-t-il,  celui  de  arpaT-z^yôç  [strategos].  Le 
stratège,  au  moins  dans  les  grandes  provinces,  a  sous  ses 
ordres  des  uTiap/o;,  chefs  d'une  ÛTrap/t'a'. 

Si  dans  les  pays  hellénisés,  le  vieux  nom  oriental  dis- 
parut, il  se  mainlint,  au  contraire,  dans  l'est  de  l'Asie 
Mineure,  qui  était  au  pouvoir  de  dynasties  et  d'une 
noblesse  d'origine  iranienne  *.  Des  satrapes  héréditaires 
y  gouvernaient  les  cantons  où  s'étendaient  leurs  domaines 
et  qui  formaient  do  véritables  fiefs.  Tandis  que  l'ancien 
titre  des  grands  officiers  des  Achéménides  n'est  plus  guère 
usité  chez  les  Partlies'  et  qu'il  est  remplacé  dans  l'Em- 
pire sassanide  par  celui  de  nuir:b(ln'",  il  subsiste  en 
Arménie"  et  dans  les  régions  voisines  jusqu'àlaconquèle 
musulmane.  On  voit  les  uaTpixai  xa't  ^aGiXs?;  de  la  fron- 
tière apporter  des  présents  à  Trajan'^;  une  loi  de  387, 
adressée  au  satrape  de  Sophène,  parle  de  l'or  coronaire 
que  paient  secundum  consuetudinem  moris  antiqui 
oiniics  satrajiae  pro  dei-otione  quae  Roviano  debetur 
iinj)erio".  Ln  effet,  cinq  satrapes,  héréditaires  jusqu'au 
règne  de  Zenon,  plus  tard  viagers,  recevaient  l'investi- 
ture des  empereurs  romains",  et  quand  Justinien 
constitua  la  province  d'Arménie  quatrième,  il  enleva  leur 
pouvoir  aux  «  satrapes  »  indigènes  qui  gouvernaient 
encore  les  tribus  du  territoire  annexé '^  Au  delà  de  la 

'  Je  me  borne  à  renvoyer  à  Maspero,  fJist.  des  Peuples  de  l'Orient.  III  (IS!i',l|, 
p.  688  cl  à  Ed.  Mcycr,  Geschichle  des  Allertums,  l.  III,  l'JOI,  p.  50  si|.  Ou  Iroii- 
ïera  la  (p.  li)  la  bililiograpliic  anliîriourc  (Knimbholz,  JJe  Asiae  Minoris  sntrn- 
piis  pcrsicis,  Leipzig,  I8S3  ;  liuchliolt,  IJe  t'ei-sarum  salrii/jiis.  Leipzig. 
189*.  clc.l  Mcyer  prouve  |p.  71  sq.)  (pic  le  salrape  iSlait  un  cliel  militaire  aussi 
bien  i|uc  civil.  —  2  Appian.  Sijriac.  Oï.  —  3  Krihler,  SU:iingsb.  Akad.  Ber- 
lin, 1891,  p.  4:iu;  Ilaussoullicr.  f/istoire  de  Milet  et  du  Didijmeion,  1902, 
p  92  sr|.  -.4  Niese,  Geach.  der  i/ricch.  Slaalcn  seil  der  ScUlac/it  von  C/iaeronea, 
l.  Il  (1899),  p.  93  s.|.  —  5  Slrab.  XVI,  S,  4,  p.  749  C;  cl'.  DiUeribelger,  Orieutis 
inscr.  p.  204,  7  :  Ti;?  T.,f\  'A.aH"'»»  ««(«^i.»?.  Ki'.liler,  i.  c.  :  ï.r„  t£  Eol,;^,.  ,«; 
o«Tf ««[«u  loJ  ?]  «ùt;»!».  Cr.  Iliibscliniann,  Armcnisclie  Elymolor/ie,  p.  208,  n"  461. 
—  »  On  Irouve  dans  les  inscriplions  des  SiMeucidcs  onTfajiiioi  :  Michel,  Recueil,  33 
I.  29  =  UiUenberger.  Or.  inscr.  :Tr;.  U'  'EViltjiivtu  «atja,:i;«  ;  cf.  Michel,  40,  I.  4 
=  DiUcnbcrger,  224,  4.  SiiT;à,i,|(  n'apparail  que  dans  les  textes  littéraires:  Poljli. 
V,  40,  7,  etc.  —  1  llaussoullier,  L.  c.  p.  90  sc|.  —  *  C.  rendus  Acnd. 
Inscr.  1905,  p.  102  s<|.  —  8  Je  trouve  seulenicnl  la  mention  d'un  o«Tfà;iti5  „;„ 
5atj«.;.  (Dittcubcrger,  Orient,  inscr.  431,  3),  mais  on  ne  voit  pas  i  rpioi  riîpond 
celle  dignitii.  —  ^0  Hi'Mekc,  Zeilschr.  d.  ilorijenlnml  Gesellsch.  XXXIX,  |i.  ici, 
et  7'o6an,p.  440.  —H  11  y  a  enarradnien  deui  niotsdiMivfsdu  perse  A/Lî/iu/m/wiod  : 
l'un  directement,  sahap;  l'autre,  par  rinlcrmédiaire  du  grec,  satrajr,  cf.  Iliihsch- 
raann,   Armen.  Ktijm.  p.  208,  n»  41(1.  Les  principaux  satrapes  d'Arménie  so((i  iau- 


frontière,  l'Arménie  indépendante  garda  sa  constitution 
féodale  et  l'assemblée  des  satrapes  continua  à  y  exercer 
sur  les  affaires  poliliques  une  influence  souvent  décisive  '". 

II.  On  ne  voit  pas  clairement  quel  est  le  rapport  du 
titre  perse  de  satrape  avec  le  nom  du  dieu  Sarprâ-riç, 
assimilé  à  Poséidon,  dont  Pausanias''' vit  à  Élis  une 
statue  qui  passait  pour  avoir  été  apportée  de  Samos".  On 
a  rapproché  ce  dieu  grec  d'une  divinité  sémitique,  Sha- 
drapha,  adorée  en  Phénicie",  àCarthage-"et  àPalmyre-'  ; 
mais  dont  la  nature  et  l'hisloire  sont  encore  fort  olis- 
cures.       Fr.  Cumon't. 

SATURA'.  Le  féminin  de  l'adjectif  saliii'  (plein,  ras- 
sasié, saturé)  a  fini  par  s'employer  substantivement  et 
est  resté  comme  substantif  dans  certains  cas. 

I.  Satura  lanx  [lanx],  plat  chargé  des  prémices  de  la 
terre,  qu'il  était  d'usage  d'offrir  aux  dieux  dans  l'an- 
cienne Rome  ;  c'était,  en  même  temps  qu'un  tribut  de 
reconnaissance,  un  symbole  d'abondance  et  de  fertilité-. 

II.  Satura,  sorte  de  farce  {farcimen),  fabriquée  avec 
des  raisins  secs,  de  la  polenta,  des  pignons  et  qu'on 
imbibait  de  vin  miellé;  certaines  personnes  y  ajoutaient 
des  grains  de  grenade.  On  en  bourrait  la  volaille  au 
moment  de  la  faire  cuire.  Le  nom  de  satura  donnait 
l'idée  de  la  variété  des  ingrédients ^ 

III.  Satura  lex,  loi  qui  portait  sur  plusieurs  objets 
différents.  En  l'an  98  av  J.-C,  sur  la  proposition  des 
consuls  Caecilius  et  Didius,  il  fut  interdit  de  faire 
voter  des  textes,  où  des  prescriptions  disparates  auraient 
été  réunies  pêle-mêle,  per  saturam.  On  a  prétendu  que 
l'expression  le.x  satura  était  une  invention  des  gram- 
mairiens de  l'époque  impériale.  Mais  cette  conclusion 
parait  hasardée,  quoique,  en  effet,  on  ne  rencontre, 
avant  eux,  que  la  locution  adverbiale  per  saturam  ^. 

\N .  Satura,  satire,  genre  poétique  dont  les  origines 
sont,  pour  nous,  enveloppées  d'obscurité  ;  nous  aurions 
moins  de  peine  à  la  dissiper,  si  nous  pouvions  détermi- 
ner par  quelle  dérivation  le  mot  a  pris  ce  sens  particu- 
lier ;  mais  les  anciens  eux-mêmes  ne  s'accordaient  pas 
sur  ce  sujet.  Les  explications  qu'ils  nous  ont  laissées 
sont  lessuivantes  :  1°  la  satura  aurait  été,  àl'origine,  une 
poésie  plaisante  et  grossière,  rappelant  lesquolibets  que 
peuvent  échanger  entre  eux,  à  la  fin  de  rustiques  orgies, 
des  convives  repus,  saturi  °  ;  2°  ce  nom  aurait  été  choisi 
par  comparaison  avec  la  satura  lanx;  il  évoquerait 
ainsi  une  idée  de  libre  production,  de  fécondité; 
3°  comme  la  farce  des  cuisiniers,  la  satura  serait  un 
mélange  d'éléments  divers  ;  -4°  d'autres  ont  pensé  que  la 

n(en:-spar  Fa((slc  de    liyzancc,  111,  12    llrad.  Lallglois,    flist.   arrn.    t.    I,   p.   221). 

—  1-'  1)(0  Cass.  LWIII,  13  (III.  p.  2ui;,  Bo:s>cvai(i).  —  '■>  Cod.  Thcodos.  XII,  13, 
((  ;  cl'  Annuian.  ftlacc.  XVII,  12,2:  optimales  et  sntrapas.  —  1*  l'rocop.  De  .\edif. 
m,  1  (p.  247,  Honn).  —  1-  Novell.  XX.\I,  1,  §  3.  —  16  Voyez  p.  ev.  Stcphanos  von 
Taion,  lr,id.  (ieizer,  1908,  p.  53,  55.  01,  etc.  —  "  Pausanias,  VI,  25,  5.  —  'S  Cler- 
mont-Ganneau,   Le  dieu  Satrape  et    les   Phéniciens   dans  le  Péloponèse,   1878. 

—  19  Renan,  Mission  de  I  lubiicie,  p.  241  =  Inscr.  res  Dom.  pcrt.  111,  1059  :  De.» 
St<Tfà«f,.  Cf.  CIcrmout-Ganneau,  Hec.  archéol.  Orient.  IV,  334.  —  20  C.-H.  Acad. 
Inscr.  1906,  p.  122.  —  21   Wiener  Zeitschr.  Kunde  Morgenl.  VIII,  Il  sq. 

SATURA.  I  La  graphie  salira  n'est  probable(nent  pas  anti(|ue;  satyra,  qu'on 
rencontre  (jnehiueîois  dans  les  mss.,  peut  être  consid(^r6  comme  un  équivalent  de  la 
l(0((iie  forme  latine.  Tous  les  textes  ancie((s  relatifs  aux  origines  de  la  satire  ont 
été  rassen(blés  par  Fr.  Marx  (voir  la  bibhographie),  p.  cxx  ;  sur  l'orthographe,  v. 
p.  IX.  —  s  Diom.  dans  les  Gramm.  lat.  éd.  Kcil,  1,  p.  485,  34  ;  Porpliyrio  ad 
Ilorat.  Epist.l,  11, 12;lsid.  Orig .  VIII,  7,  7,  etc..  (Miirx,  p.  cxx).  —  3  Verr.  Flaccus, 
ap.  Fest.  p.314;  Varr.  Plautin.quaest .  ll.ap.  Diom.  Z.c,  âpropos  dePlaul.  Am;)/li/r. 
0(17.  —i  Per  saturam,  Lucil,  1.  48  ;  Sali.  yj/j.  29,  5  ;  Annius  et  Laelius  in  Oral.  ro7n. 
fnujm.  M.  Il,  p.  104  Meyer  ;  Corp.  inscr.  !at.  I,  198,  72:  Lex  satura:  Verr.  Flacc. 
ap.  Fest. p.  314;  Paul,  ex  Fest. p.  315;  Isid.  Orig.  V,  16;  Diom.  L.  c.  ;  Marx,  p.  xi. 

—  ■"■  l)(0(n.  e(  Poi-phyrion,  A.  c.  Dans  res  textes  on  doit  lire  sa^irris  et  non  A'afi/r)«, 
coiU[i(c  (111  l'a  reeoni(((  depuis    ongtemps;  IVloranisen,  Jlfim.  Gesch.l^t  P-  28. 


SAT 


1079 


SÂT 


comparaison  avait  dû  se  faire  pliiliM  avec  la  Satura  lex'  ; 
3°  enfin  la  satire  aurait  eu,  à  l'origine,  un  rapport  avec  le 
drame  satyrique  des  Grecs,  d'où  elle  serait  dérivée-. 
Entre  toutes  ces  hypothèses,  on  peut  grouper  celles  qui 
tendent  à  faire  de  la  satura  un  mélange  (n"'  2,  3  et  4)  ; 
ce  sont  de  beaucoup  les  plus  vraisemblables^.  Elles  se 
réduisent  à  une  seule  et  même  hypothèse  :  c'est  que  la 
satura  a  été,  avant  tout,  une  farce,  un  pot  pourri'.  Mais 
un  pot  pourri  de  quoi'?  Tite-Live  raconte  qu'en  l'an  364 
av.  J.-C,  pour  conjurer  une  peste  qui  désolait  la  ville 
de  Rome,  on  célébra  des  fêles,  où.  pour  la  première  fois, 
trouvèrent  place  des  jeux  scéniques.  De  perfectionne- 
ment en  perfectionnement  on  en  vint,  quelques  années 
avaut  Livius  Andronicus,  à  substituer  dans  ces  diver- 
tissements publics  aux  vers  fescennins  rudes  et  primi- 
tifs des  satires  en  vers  d'une  mesure  régulière  [inpletas 
modis  saturas),  qui  se  chantaient  avec  un  accompagne- 
ment de  flûte  et  une  pantomime  appropriée.  Nouveau 
progrès  quand  parut  Livius  Andronicus  ;  le  premier, 
laissant  là  les  satires,  il  osa  nouer  une  action  sous  forme 
de  pièce  {ab  saturis  ausus  est  primus  argumento  fabu- 
lam screre)^ .  Si  l'on  accepte  la  tradition  qui  a  inspiré  ce 
passage,  on  doit  admettre  qu'il  y  a  eu  à  Rome,  antérieu- 
rement à  toute  littérature,  une  satura  dramatique  et  que 
son  existence  a  été  très  courte,  puisqu'elle  aurait  com- 
mencé vers  la  fin  du  iv'  siècle  avant  notre  ère  et  cessé 
brusquement  lorsque  fut  jouée  la  première  pièce  de 
Livius  Andronicus  (an  240).  En  ce  cas,  on  aurait  appelé 
sutura  cette  association  spontanée  de  plusieurs  arts,  la 
poésie,  la  musique  et  la  danse,  qui  précéda  la  première 
pièce  imitée  des  Grecs.  Mais  le  témoignage  de  Tite-Live 
ne  suffit  peut-être  pas  pour  que  l'on  admette  l'existence 
éphémère  d'une  satura  dramatique  ".  Il  est  fort  pos- 
sible, en  effet,  que  Tite-Live,  par  un  anachronisme  d'ex- 
pression, ail  voulu  désigner  des  railleries  versifiées,  des 
morceaux  d'un  tour  satirique  analogues  à  ceux  que  l'on 
écrivait  de  son  temps.  Ils  n'auraient  fait  que  remplacer 
les  vers  fescennins,  dans  l'ensemble  du  spectacle,  sans 
constituer  à  proprement  parler  un  genre. 

En  réalité,  l'iiistoire  de  lasatura  romaine  ne  commence 
pour  nous  qu'avec  Ennius.  En  quoi  la  satura  (poesis)  esl- 
elle,  à  partir  de  cet  écrivain,  une  poésie  mêlée?  Varron 
avait  publié,  à  l'imitation  du  philosophe  grec  Ménippe, 
des  satires  Ménippées,  où  les  vers  étaient  mélangés  à 
la  prose  ;  nous  avons  encore  des  spécimens  de  ce  genre 
de  composition  dans  le  roman  de  Pétrone  et  dans  VApo- 
colokijntose  de  Sénèque.  .Mais  ce  n'est  là  qu'une  variété 
de  la  satire  et  ce  n'est  même  pas  la  plus  ancienne.  Si 
nous  considérons  la  satire  chez  Ennius  et  chez  Lucilius, 
qui  en  ont  donné  les  premiers  modèles,  il  semble  bien 
que  les  saturae  ne  furent,  à  l'origine,  rien  de  plus  que 
des  recueils  de  Mélanges  en  vers,  de   pièces  détachées 

*  Diom.,  Porphyrion,  Isid.,  elc.  L.  r,  —  2  Evanlliius,  De  comoedia,  p.  16, 
WessDcr.  H}']ioU)j;sc  fondée  surtout  sur  la  fausse  leçon  Satyris,  mais  de  nou- 
veau défendue  par  Ribbeck,  Gesch.  d.  rôm.  Dichtung.  12,  p.  9  ;  0.  Kcller,  Lat. 
Volkselijmotog.  p.  395;  Philoloijus,  XIV  (1886),  p.  3»1.  —  3  Dietericli,  Putci- 
neila,  p.  75,  professe  une  opinion  moyenne;  c'est  que  la  «  farce  »  populaire  élait 
tout  aussi  bien  en  usage  chez  les  Grecs  de  l'Ilalic  Méridionale.  —  4  Bréal,  ùiel. 
étijmol.  lat.  s.  v.  ;  TeulTcl,  Gesch.  d.  rôm.  LUI.  ô'  éd.  I,  §  6  ;  Munk,  Maguiu, 
Mari,  ;.  c.,  elc.  —  '-  T.  Liv.  VII,  2,  6-s.  —  6  Val.  Maï.  Il,  t,  4,  n'a  fait  que 
copier  Tite  Live;  0.  Jalin,  Uermcs,  il,  Ï25;  Valilen,  Ennianae poesis  reliq.  2'  éd. 
(19031.  pi.  ccxiv;  Mari  pi.  %.  —  ^  Valilon  el  Mari,  (.  c.  ;  Kicssiing,  i'  éd.  des 
Satire»  d'Horace;  Proley.pl.xix.  —8  Marx,  L.  c.  pi.  xvu.  —  9  Vahicn,  pl.ccviv; 
c'est  aussi  ce  que  disent  plus  confusément  les  anciens  :  Diom.  A.  c.  ;  Scliol.  Ilor. 
Hraef.  Ad.  Sermon.  I.  —  10  Hor.  Snt.  I,  7,  32;  Epist.  II,  1,  139,  155;  T.  I,iv.  L.c. 
Sur  les  Tcrs  fescennins  en  particulier,  v.  Tculfcl,  Op.  cit.  §  5.  —  Il  Lie.  Jlep.  IV, 


sur  toute  espèce  de  sujets,  présentées  sans  suite  el  sans 
ordre,  comme  les  "ATaxTz  et  les  Sù[ji[ji£!x-a  des  Grecs". 
Qu'une  seule  de  ces  pièces,  considérée  isolément,  ait 
fait  l'efl'et  d'un  mélange,  d'un  pot  pourri,  on  le  com- 
prend même  assez  bien,  quand  on  songe  aux  éléments 
multiples  dont  se  compose  la  satire.  Il  faut  aussi  ne  pas 
perdre  de  vue  que  chez  Ennius  la  satire  était  écrite  en 
1  mètres  variés;  chez  Lucilius  lui-même,  sur  trente  livres 
de  satires,  le  dernier  seul  ne  comprenait  que  des  hexamè- 
tres dactyliques  '.  Une  telle  diversité  n'a  pas  été  sans 
influer,  à  l'origine,  sur  le  nom  assigné  à  ce  genre  de 
poésie  '.  Il  est  remarquable,  au  contraire,  que  les  attaques 
personnelles,  qui  en  sont  pour  nous  l'élément  essentiel, 
ne  semblent  pas  y  avoir  été  introduites  du  premier  coup. 
Ce  fut  Lucilius  qui  fixa  une  fois  pour  toutes  le  type  de  la 
satire  ;  il  en  fit  ce  qu'elle  est  restée  depuis,  une  disserta- 
tion familière  en  vers,  sur  des  sujets  de  littérature  et  de 
morale,  comportant  des  railleries  contre  certaines  per- 
sonnes désignées  par  leur  nom. 

La  satire  a  toujours  été  dans  les  goûts  et  dans  les 
mœurs  des  peuples  italiques.  Le  vinaigre  italique,  Ilalum 
acetum,  aurait  pu  aisément  s'épancher  dans  la  comédie, 
et  il  semble  bien  que  pendant  assez  longtemps  il  eut  un 
libre  cours  en  effet  dans  les  divertissements  populaires  '". 
Mais,  dès  l'an  451  avant  notre  ère,  la  loi  des  Douze  Tables 
contint,  dans  de  justes  limites,  cette  verve  moqueuse.  Elle 
n'établissait  rien  de  moins  que  la  peine  des  verges  contre 
les  auteurs  de  vers  injurieux  [in.jiri.4j  ".  Aussi  lorsque 
Rome  commença  à  avoir  une  littérature,  il  ne  fallut  pas 
songer  à  imiter  sur  la  scène  la  licence  de  l'.-Vncienne 
comédie  atlique.  Le  poète  Naevius,  pour  l'avoir  essayé 
(an  206  av.  J.-C),  fut  jeté  dans  une  prison '-.Cet  exemple 
rendit  prudents  Enniusetson  neveu  Pacuvius,  lorsqu'un 
peu  plus  tard  ils  s'essayèrent  à  la  satire  '■'.  Ce  fut  Luci- 
lius qui  le  premier",  dans  des  compositions  du  même 
genre,  publiées  entre  l'an  131  et  l'an  103  av.  J.-C,  osa, 
malgré  les  menaces  de  la  loi,  bafouer  sous  leurs  noms 
réels  des  contemporains  vivants,  et  même,  parmi  eux, 
les  personnages  les  plus  considérables  de  l'État,  tels 
que  Q.Mucius  Scaevola  l'augure,  ou  L.  Cornélius  Lenlu- 
lus  Lupus  el  C.  Caecilius  Metellus,  ces  deux  derniers 
honorés  du  consulat.  Bref,  nous  savons  qu'  «  il  s'attaqua 
aux  premiers  du  peuple  et  au  peuple  lui-même,  tribu 
par  tribu  »,  prenant  en  cela  modèle  pour  la  première 
fois  sur  la  comédie  Ancienne,  «  dont  il  dépendait  tout 
entier'-'  ».  On  s'est  demandé  comment  Lucilius  avait  pu 
jouir  d'une  pareille  immunité  et  pendant  si  longtemps  '". 
Mais  il  ne  faut  pas  oublier  que  la  satire  personnelle  a 
survécu  à  Lucilius;  il  est  probable  que  les  commotions 
profondes,  qui  agitent  la  société  romaine  au  temps  des 
Gracques  et  qui  vont  se  perpétuer  pendant  un  siècle  jus- 
qu'à l'établissement  de  l'Empire,    ont  été  la   véritable 

10,  12;  Augustin.  Civ.  iiei.  II,  9  =  Bruns,  Fontes  juris  rom.  0«  éd.  p.  28.  La 
peine  capitale  {caput)^  d-.ut  il  est  question  là,  n'est  pas  nécessairement  la  peine  de 
moil.  Cf.,  d'ailleurs,  Cic.  Titsc.  IV,  2,  4;  Hor.  Epist.  II,  1,  152;  Sa!.  Il,  I,  82  el 
Porphyr.  Ad.  h.  l.  ;  Fest.  181;  Arnob.  Adv.  gent.  IV,  34;  Paul.  Sent.  5,  4,  6  ; 
Cornul.  in  Pcrs.  I,  137  ;  Mommscn,  Strafrecht,  p.  794  et  800;  Cuq,  Inslil.  juri- 
diques des  Homains,  l'Ancien  droit,  1891,  p.  340,  note  2.  —  12  Plaul.  Mil.  221  ; 
A.  (Jell.  III,  3,  15;  l's.  Ascon.  aii  Cic.  Verr.  I.  29.  —  "Enn.,  éd.  Valilcn,  pi.  ccm» 
el  2l>4.2il  ;  Pacuvius,  TculTel,  L.  c.  §  105,  5.  Il  n'y  a  pas  trace  de  persotinalitrs 
dans  les  fragments  d'Ënnius.  La  loi  atteignait  aussi  la  satire,  car  elle  disait  uon 
seulement  si  guis  occentavissel,  mais  encore  siée  carinen  condidisset,  quod  infa- 
miam  faceret  flagiliumve  alleri.  —  1^  C'csl  seulement  ainsi  que  peut  s'expliquer 
Hor.  Sat.  II,  1,  62  ;  Lucilius  ausus  Primus  in  hune  operis  coniponere  carminu 
morem.  —  lô  Hor.  Sat.  Il,  1,  68.  I,  4,  1  ;  Hinc  omnis  pendet  Lucilius.  —  16  Voir 
les  explicatious  de  Marx,  L.  c. 


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cause  du  celle  audace  loule  nouvelle.  Kn  elVel,  on  voit 
alors  la  même  liberU;  s'introduire  dans  les  mimes, ce  qui 
amena,  enlan  ll.j,rexpulsioudesacleursqui  lesjouaienl 
[miju's]'.  Que  la  vieille  loi  ne  fui  pas  appliquée  dans 
loule  sa  rigueur,  malgré  ces  mesures  de  repression  pas- 
sagères, c'esl  ce  que  prouvenl,  entre  autres  exemples, 
cerlaines  épigrammes  de  Catulle  -.  Horace,  à  son  tour, 
s'esl  aulorisé  de  l'exemple  de  Lucilius  pour  justifier  les 
railleries  très  mordanles  dont  il  a  poursuivi  ses  contem- 
porains' ;  mais  il  est  évident  qu'il  aurait  été  obligé  de  se 
les  interdire  s'il  n'avait  eu  pour  complices  l'opinion 
publique  el  les  mœurs  '".  Lui-même  cependant  il  a  peu 
à  peu  adouci  sa  manière  ;  il  y  a  moins  d'attaques  per- 
sonnelles dans  le  second  livre  de  ses  Satires  que  dans  le 
premier,  et  aucun  de  ces  poèmes  n'esl  postérieur  à 
l'an  il  av.  J.-C.=  ;  d'où  l'on  peut  conclure,  avec  vrai- 
semblance, que  l'Empire,  en  rétablissant  l'ordre  dans 
l'État,  a  rendu  à  l'ancienne  loi  la  force  que  lui  avaient 
fait  perdre,  à  la  fin  de  la  République,  les  passions  dé- 
chaînées par  les  guerres  civiles  ^.  C'est  peul-èlre  à 
Auguste  lui-même  qu'il  faut  rapporter  une  loi  Julia,  qui 
défendait  <<  de  s'en  prendre  aux  vices  de  personnes 
vivantes  '  ».  Martial  a  eu  recours  à  des  pseudonymes  '. 
Juvénal  n'a  exercé  °  sa  verve  que  contre  les  morts  '". 
11  esl  donc  très  probable  que  les  prescriptions  de  la  loi 
des  Douze  Tables,  tombées  en  désuétude  depuis  Lucilius, 
furenl  remises  en  honneur  au  début  de  l'Empire,  mais 
atténuées  par  des  dispositions  plus  clémentes".  El  ainsi 
la  satire  directe  el  personnelle,  dont  Lucilius  el  Horace 
ont  donné  le  type,  n'a  eu,  dans  l'histoire  des  lettres 
latines,  qu'une  existence  assez  courte;  peut-être  même 
n'aurail-elle  jamais  été  tolérée  sans  les  troubles  profonds 
qui  ont  transformé  la  société  romaine  entre  le  temps  des 
Gracques  el  celui  d'Auguste.       G.  Lafaye. 

SATURXALIA.  —  Fêle  romaine  en  l'honneur  de  Sa- 
turne'. Les  antiquaires  de  la  fin  de  la  République  lui 
onl  consacré  des  monographies  dont  les  résultats  les 
plus  intéressants  sont  venus  jusqu'à  nous-;  le  gram- 
mairien-Macrobe,  au  V  siècle,  dans  les  premiers  chapitres 
des  Salurnaliorum  libri,  en  discute  l'histoire  el  en 
raconte  les  pratiques  essentielles'. 

Il  esl  assez  malaisé  de  distinguer  celles  qui  remon- 
Icnl  aux  temps  anciens  de  celles  qui  furenl  innovées 
plus  tard  ■•;  l'origine  même  en   esl  diversement  expli- 

I  Procès  d'Accius  cl  de  Lucilius  lui-njdrae  ;  lihet.  ad  Her.  I,  U,  H;  II,  13, 
19;  Mari,  pi.  xivii.  —  2  Satire  violente  de  Lcnaeus  coutrc  Sallustc  (an  33/3i)  ; 
TcufTcl,  §  îll,  .1.  Sylla,  cependant,  avait  dû  viser  ce  cas  dans  la  Lex  Cor- 
nelia  de-  injuriis  (an  81)  :  Cic.  Episl.  Ill,  11,  i.  Cf.  ixjcr[a.  —  3  Cartault, 
Étude  sur  tes  satires  d'Horace  (1839).  cliap.  Vil;  TEmploi  des  noms  pro- 
pres,   notamment,    p.   3i2.    —   l    Hor.   Sut.    Il,    I,  SO-SO.    —   ~>    Cailaull,    L.  t. 

—  6  V.  l'anecdote  significative  racootie  par  Macrob.  Salurn.  Il,  4,  i{ ■:  Schol. 

Jiivcn.  I,  ici  ;  cf.  isjuHU,  p.  5i4.  —  »  TeufTel,  §  30i,  4.-9  /bid.  §  3i2,  6  ;  Car- 
tault dans  les  ilélanijes  Boissier  (1903],  p.  103.  —  10  Juv.  1.  170. U  La  rt-Ié»^- 

tion  et  la  déportation  ;  Mommsen,  Strafrecht,  l.  c.  —  Bidi.iocrapuie.  Oacier,  Dis- 
cours sur  la  Satire,  A/ém.  de  lAcad.  des  /nscr.,  t.  Il  (1717),  p.  l'ii);  MunV, 
Ùe  fabulis  Atcllariis  (1840),  p.  13;  W.  Corsscn,  Origines  poesis  romanne  (184C). 
p.  146-150;  Uagnin,  Les  O'^'yi^cs  du  r/icd(re (1868),  p.  304;  Lezins,  Wochenschr. 
fur  klass.philol.{'  ocl.  18'Jl);  Heudrickson.Amenc. >ournai  o/pAi/o;.  XV  (1894), 
n.  57;  Dieterich,  Pulcinelta  (1897),  p.  74;  de  la  Ville  de  Mirmont,  Études  sur 
l'anc.  poésie  latine  (1903),  p.  349  ;  Fr.  Marx,  Lucilii  carminum  reliquiae,  1  (1904), 
Prolegomena. 

SATURA'ALIA.  I  Varr.  Liny.  lai.  VI,  2;  :  Saturnalia  dicta  ab  Saturno,  quod 
eo  die  feriae  ejus.  Cf.  T.  Liv.  Il,  il.  1.  Les  Latins  employaient  indilTérerament 
deux  formes  pour  désigner  la  fiite  :  Haturnalia-Saturiiatioruni.  Saturnales-Satur- 
nalium.  V.  Macr.  I,  4,  1.  —  2  Les  calcnd.  onl  Saturnalia,  Feriae  Saturno,  Sa- 
turno ad  Forum  et  Feriae  servorum.  Le  premier  qui  traita  des  Saturnales  au  point 
de  vue  historique  fut  Luc.  Mallius,  Maulius  ou  Uanilius,  un  des  rares  patriciens 
qui,  au  temps  de  Sylla,  firent  de  la  littérature  :  viennent  ensuite  par  ordre  de  date 
Verrius  Flaccus,  Julius  Modcstus,  dans  uu  traité  :  Dr  feriis  :  le  jurisconsulte  Masu- 


quée.  Les  fables  qui  la  rattachent  soil  à  Janus  roi,  en 
compagnie  de  Saturne,  du  Lalium  primitif,  soil  à  Ro- 
mulus  qui,  en  instituant  la  fête,  aurait  entendu  commé- 
morer ses  propres  débuts  ';  celles  aussi  qui  en  font  une 
imitation  des  kro.ma  aliiéniennes,  sont  d'invention  assez 
récente''.  Les  ressemblances  avec  les  A>on/n  sont  réelles: 
elles  s'expliquent,  moins  par  une  transmission  formelle 
de  la  Grèce  à  l'Italie,  que  par  la  coexistence,  au  sein  de 
deux  races  apparentées,  de  fails  identiques  qui  menaient 
à  des  usages  analogues  ;  plus  encore,  pour  la  période  re- 
lativement récente  des  guerres  puniques,  par  une  trans- 
formation de  la  fête  sous  l'influence  des  livres  sibyllins''. 
Ce  qui  parait  véritablement  latin  dans  l'histoire  de  ses 
débuts,  c'esl  la  tradition  qui  la  met  en  rapport  avec  le 
roi  Tullus  Hoslilius  el  avec  Tarquin  le  Superbe.  Le  pre- 
mier aurait  institué  la  fête  pour  la  dédicace  d'un  sanc- 
tuaire voué  à  Saturne,  au  cours  d'une  guerre  glorieuse 
contre  les  Albains  el  les  Sabins.  Le  second  aurait  songé, 
dans  les  derniers  mois  de  son  règne,  à  remplacer  ce 
sanctuaire,  fort  modeste,  par  un  véritable  temple  dont  il 
choisit  l'emplacement  sur  le  forum  ^  Mais  l'honneur  de 
le  construire,  de  le  dédier  et,  à  cette  occasion,  d'orga- 
niser la  fête  avec  plus  de  solennité,  fut  réservé  à  la  Ré- 
publique, deux  ou  quatre  années  après  la  chute  du  tyran'. 
Durant  les  trois  siècles  qui  suivirent,  les  Saturnales  ne 
furent,  selon  toute  vraisemblance,  qu'un  épisode  des 
fêtes  agricoles  qui,  ommencées  en  aulomne,  au  moment 
des  semailles,  se  prolongeaient  jusqu'au  solstice  d'hiver'". 
Elles  succédaient  aux  semextivae  feriae  el  aux  coxsualia, 
et  elles  avaient  pour  conclusion  les  larentalia  el  les 
paga.nalia  ;  fixée  au  17  décembre,  la  fêle  religieuse  ne 
durait  qu'un  jour".  A  l'interpréter  par  la  nature  même 
du  dieu  dont  elle  commémorait  les  bienfaits,  elle  était 
la  fête  du  génie  caché  des  profondeurs,  incarnation  de 
la  force  qui  envoyait  d'en  bas  la  prospérité  aux  semailles 
déposées  dans  la  terre'-.  Elle  fut  donc  une  cérémonie, 
comme  toutes  les  autres  du  même  groupe,  de  caractère 
nettement  romain  el  latin,  et  inspirée  surtout  par  des 
préoccupations  champêtres  ". 

Les  Saturnales  reçurent  leur  organisation  définitive 
en  217  av.  .I.-C,  l'année  même  de  la  défaite  de  Trasi- 
mène,  sur  l'intervention  des  livres  sibyllins,  consultés 
pour  remédier  à  une  série  de  désastres  el  de  prodiges 
qui  avaient  surexcité  le  sentiment  religieux  ''.  C'esl  à 

rius,  elc.  V.  Macr.  I,  10,  4  sq.  —  3  Ces  chapitres  (de  7  à  ti),  très  riches  en  docu- 
ments de  toute  sorte,  sont  écrits  dans  l'esprit  de  la  religion  d'EvIiémère.  L'ouvrage 
entier  reproduit  des  propos  de  table,  tenus  entre  hommes  instruits,  pendant  la 
fôtc  des  Saturnales  :  3'empus  solemniler  feriatum  députant  colloqtiio  libvrali,  1, 
I,  init.  —  4  Cf.  MarquardI -.Mommsen,  Bandbuch,  VI,  p.  586,  17  décembre.  —  ^  Macr. 
I.  7,  8  ;  Aram  cum  sncris  (Janus)  tamquam  deo  condidit  qune  Saturnalia  nomi- 
navit.  Voy.  chez  le  raôme  les  légendes  <iui  mêlent  Hercule  à  l'institution  de  la  fôtc. 
Pour  Komulus,  v.  les  fasti  Sic.  et  Coelius  Khod.  XXVM.  24.  —  6  V.  l'art,  krosta. 
111,  p.  871  et  les  textes  cités,  note  2.  —  '>  V.  clici  Macr.  1,  7,  in  fin  ;  (cf.  I,  10),  les 
vers  tirés  d'une  œuvre  d'Accius  où  ta  filiation  des  deux  fêtes  est  établie  sur  leurs 
ressemblances  extérieures.  Pour  les  livres  sibyllins,  v.  infra  el  T.  Liv.  XXII,  1  :  et 
siBVLLisi  I.IBHI.  —  8  Macr.  I,  S.  Varr.  Lib.  VI,  Antiq.  {qui  est  de  aedibus  sacrisj; 
T.  Liv.  Il,  21  ctsATiusus,  II.  ~  9  Pour  ces  dates  différentes,  v.  Marquardt-Mommsen, 
Op.  ci»,  p.  SS6;  elles  varient  entre  301  et  497  av.  J.-C  — «OMacr.  I,  2  en  appelle  au 
Sotstitialis  dies  qui  Salurnaliorum  [esta  consecutus  est  :  cf.  Mannbart,  Mytholoi/. 
Forschungen,  p.  161,  et  Gvimm,  Deutscïte  dJythol.  1,  p.  321  (4«  éd.).  —  1*  Fest. 
p.  254,  34  et  la  discussion  chei  Macr.  1,  10,  2.  Pour  la  succession  de  ces  fêtes, 
toutes  inspirées  par  une  piété  de  même  nature,  cf.  Prellcr,  Itoem,  Alt/tb.  Il, 
p.  .5  sq.  p.  13,  etc.  Pour  le  jour  uuii|ue,  le  témoignage  de  Masurius  chez  Macr. 
Loc.  cit.  3.  —  l'2  Beç  -sç  ^aflôvTi,  Hcrodian.  1,  16,  2  et  l'inlerprétatiou  par  latere 
de  Latium,  Virg.  Aen.  Vlll,  322,  avec  les  commentateurs.  —  '^i  Le  caractère  rus- 
tique de  la  fétc  se  retrouve  dans  une  tradition  conservée  par  Porcins  Latro,  in 
Catilin.  17,  qui  dit  que,  au  jour  des  Saturnales,  toute  la  ville,  mise  en  liesse  par  un 
édit  du  Sénat,  se  portait  sur  le  mont  Avenlin  pour  y  goûter  une  sorte  de  villégia- 
ture champêtre  Irusticari).  —  U  l'.  Liv.  XX!1,  I. 


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—  1081  — 


SAT 


Cfitle  occasion  que  la  croyance  hellénique  dans  un  âge 
d'or,  auquel  Kronos  avait  présidé  chez  les  Grecs,  se 
transforma  au  contact  des  choses  romaines  ;  alors  se 
vulgarisa  la  fable  de  Saturne,  roi  du  Latium  primilif, 
qui  lui  aurait  été  redevable  d'une  période  de  paix,  de 
bonheur  et  de  prospérité'.  La  fête  traditionnelle  deve- 
nait l'image  idéalisée  de  ce  règne,  embellie  de  tous  les 
bienfaits  dont  les  malheurs  présents  faisaient  désirer  le 
retour-.  Cette  fête  comportait  un  sacrifice  au  temple 
de  Saturne,  un  lectialernium  organisé  par  les  sénateurs 
en  personne,  un  repas  public  suivi  de  réjouissances  popu- 
laires ^  Et  l'on  s'avisa  que  la  religion  de  Saturne  était 
en  harmonie  avec  celle  d'Ops  dont  la  fête  tombait  deux 
jours  plus  tard  [ops],  ce  qui  eut  pour  résultat  de  faire 
identifier  cette  divinité  avec  RheaCybèle,  puis  de  réunir 
les  deux  cérémonies  en  une  seule  :  d'où  une  première 
prolongation  des  Saturnales*.  Elles  allaient  en  recevoir 
d'autres  encore:  ou  plutôt,  après  la  chute  de  la  Répu- 
blique, on  régularisa  les  prolongations  successives  qui 
étaient  antérieurement  déjà  passées  en  coutume. 

Lorsque  César  réforma  le  calendrier,  il  fit  bénéficier 
les  Saturnales  des  deux  jours  qu'il  fallut  ajouter  au  mois 
de  décembre,  lequel  n'en  avait  jusque-là  compté  que 
vingt-neuf".  Caligula  en  ajouta  deux  autres  aux  vacances 
des  tribunaux,  disposition  qui  fut  confirmée  par  un 
édit  de  Claude  ;  et  c'est  sous  Domitien  que  la  durée  totale 
fut  fixée  officiellement  à  sept  jours.  Comme  aux  temps 
anciens,  elle  commençait  le  xiV  jour  avant  les  Calendes 
de  janvier  ^17  décembre],  englobait  les  Oym^/a  qui  tom- 
baient le  \i\'  jour,  et  se  terminait  aux  Larenlalut, 
le  ■23  décembre.  Ces  additions  successives  qui  eurent  leur 
raison  dans  la  popularité  de  la  fête,  semblent  être  deve- 
nues proverbiales  :  du  moins  est-ce  par  un  proverbe  que 
s'explique  le  mieux  l'expression  de  extendere  Salur- 
nalia,  dont  Pline  fait  un  emploi  plaisant  dans  une  lettre 
à  Tacite'.  Seul  le  premier  jour,  pendant  lequel  on  ollrail 
à  Saturne  et  au  Genius  individuel  le  sacrifice  d'un 
porc\  avait  un  caractère  religieux;  les  autres  n'étaient 
pas  f est i,  suivant  la  distinction  formulée  par  Macrobe, 
mais  feriuti*.  Le  sacrifice  était  ofTert  fjraeco  rilii,  le 
prêtre  y  procédant  la  tête  découverte'.  Aussitôt  après,  la 
foule  se  précipitait  par  les  rues  en  poussant  le  cri  joyeux  : 
lo  Saturnalia  !  bona  Saliwnaliat  dont  nos  souhaits 
d'heureuse  année  continuent  la  tradition  '°.  El  ce  cri 
retentissait  non  pas  seulement  sur  le  sol  de  la  patrie, 
mais  à  l'étranger,  où  il  était  comme  le  mot  de  ralliement 


<  Cato  Cens.  ap.  l'risc.  VUl,  3, 12;  Dion.  liai.  I,  38;  Welcker,  Griech.  Goetterlehr,; 
I,  p.  156  ;  Prellcr,  Griech  ilylhol.  I,  p.  i4,  nol.  3.-2  BuUmann,  AJtjtholoi/.  Il,  p.  :ii; 
cl  31  ;  Schwenl,  ilythol.  der  Boemer,  p.  )8I.  —  3  T.  Liv.  Loc.  cit.  H  ne  s'agit  loii- 
joups  <|ue  d'un  seul  jour  de  fôtc  :  populus...  eum  diem  festum  haber'e  ac  servure  in 
perpetnum  est  Jussus.  C'est  à  celte  occasion  (lue  nous  rencontrons  pour  lapremit'-re 
fois  la  coutume  de  crïer(c/rt  mare)  les  Saturnales  par  la  ville  nuil  et  jour.  Vov.  noie  lu. 

—  t  V.  0P5.  IV,  I,  p.  Hi;  Macr.  I,  10,  9;  Fesl.  p.  185;  Merkel.  Àd  Oit.  fast. 
p.  XX.  Dans  la  pratt()uc,  chacune  des  Tôles  a  dû  être  portée  à  doux  jours.  —  ^  Macr. 
I,  10,  1  s(|.;  Suet.  Caliy.  17;  Dio  Ciss.  LIX,  6;  LX,  iJ.  L'un  des  jours  ajoutés  à 
la  fêle  parCalijfulasappi'Iail/ui'cnafù.  Ce  n'est,  d'ailleurs, qu'à  partir'de  la  réroriiie 
du  Calendrier  que  le  17  déccmbri'  correspond  au  XIV  a.  Kal.  Jaii.  Pour  les  diver- 
gences V.  .Macr.  loc.  cit.  el  Marquardl,  Op.  cit.  p.  5S7.  —  f-  £p.  VIII,  7  :  ï'k 
rnaf/ister^  eyo  contra;  atque  adeo  tu  in  sc/iolam  revocas,  eqn  adhuc  Snturunlia 
ex/eric/o.  Auguste,  en  réorganisant  la  justice,  obligeait  les  magistrats  à  siéger  assi- 
dûment, ne  leur  concédant  que  tout  juste  :  ut  solitac  ayi  novembri  ac  ducemliri 
tnente  rcs  omitlerentiir  ;  Suet.  Auy.  ii;  Macr.  I,  10,  3.  —  '  Hor.  Od.  III,  17,  H  ; 
Dion.  Hal.  VI,  1  ;  Mari.  XIV,  70;  Lucian.  Sal.  14.  —  »  Macr.  I,  10,  24.  —  9  Fesl. 
p.  322;  Fesl.  tipit.p.  ll!l;  llacr.  I,  S,  2  ;  Dion.  liai.  1,3  tel  VI,  1  ;  cf.  mtos.  p.  871. 

—  '0  Mari.  XI,  2,  5;  XIV,  70;  Arr.  Epict.  diisert.  IV,  1,  58  :  ici  ce  sont  les 
enfants  qui  parcourent  les  rues  en  criant  :  E/.n.jov  Eaiouj.àlia  iy-iU.  Cf.  Cal.  XIV, 
15  :  Saturiialilnts,  oplimo  dierum  ;  T.  Liv.  XXII,  1  ;  l'elr.  Sut.  58  ;  Macr.  I,  10, 
H.  —  "   Dio.  Cass.  LX.  l!i.  —  12  L'eïpression  de  Seplnn   S-nl„r„„li„  était  coo- 

VIII. 


auquel  se  reconnaissaient  les  Romains.  Les  soldats  en 
campagne  le  faisaient  entendre  parmi  les  barbares,  en 
revendiquant  le  droit  de  fêter  le  dieu  dans  les  mêmes 
conditions  que  les  citoyens  et  les  esclaves  de  Rome". 

Partout  ces  sept  jours  des  Saturnales ''^étaient  le  temps 
de  liesse  par  excellence.  .\  Rome  on  prenait  son  bain  dès 
le  matin,  afin  d'avoir  toute  liberté  de  banqueter  jusque 
dans  la  nuit'^  L'on  s'invitait  les  uns  les  autres  à  deplan- 
tureux  repas  qui  étaient  l'occasion  de  cadeaux  échangés 
entre  amis  et  connaissances  ".  Il  est  vrai  que  les  hommes 
seuls  y  participaient,  mais  les  femmes  avaient  leur  tour 
aux  Malroiialia.  où  elles  s'en  faisaient  offrir  surtout  par 
leurs  maris  '".  Sous  la  République,  ces  présents  avaient 
un  caractère  fort  simple  :  ils  consistaient  en  chandelles 
de  cire  (cerei)  et  en  poupées  d'argile  ou  de  pâte, 
nommées  sigillaria  ;  les  uns  et  les  autres  avaient  une 
signification  symbolique  qui  a  exercé  la  subtilité  des 
antiquaires.  Les  cerei  qui,  allumés  en  grand  nombre, 
égayaient  la  salle  du  festin,  n'étaient  sans  doute  qu'une 
sorte  de  protestation  contre  les  longues  nuits,  un  appel 
au  retour  du  soleil  obscurci  par  les  brumes,  dans  la 
période  du  solstice  d'hiver  "^.  Les  sigillaria,  qu'il  faut 
rapprocher  des  oscilla  et  des  maniae,  celles-ci  vouées  à 
Mania,  la  mère  des  Lares,  pendant  la  fête  des  Compila  lia, 
pour  la  conservation  des  membres  de  chaque  famille, 
sont  une  des  formes  du  sacrifice  simulé  qui,  à  la  place 
de  victimes  humaines,  en  ofi'raitaux  dieuxdes équivalents 
pacifiques,  afin  d'adoucir  leur  colère  et  d'obtenir  leur 
bienveillance.  Un  mauvais  jeu  de  mot  sur  '^wç,  qui  en 
grec  signifie  lumière,  mais  à  qui  la  poésie  épique  a  donné 
aussi  le  sens  d'homme,  a  fait  entrer  les  cerei  dans  la 
même  catégorie  ".  D'autres,  plus  simplement,  racontaient 
que  pour  remédier  à  l'abus  des  cadeaux  onéreux,  un 
tribun  du  peuple  du  nom  de  Publicius  avait  fait  voter 
une  loi  (dont  il  n'est,  d'ailleurs,  resté  aucune  autre  trace) 
obligeant  tout  le  monde  à  n'échanger  aux  Saturnales  que 
les  cerei  traditionnels  avec  les  sigillaria^*  [sigillum]. 

Ces  derniers  donnaient  lieu,  durant  les  sept  jours,  à 
un  commerce  assez  actif;  el  même  on  raconte  que  la  pro- 
longation des  Saturnalia  se  justifiait  dans  une  certaine 
mesure  par  le  désir  de  le  favoriser  :  une  rue  à  Rome, 
celle  où  se  dressaient  les  tentes  des  marchands,  lui  était 
redevable  de  son  nom  ".  On  y  débitait  d  autres  objets, 
généralement  de  prix  modique,  destinés  également  à 
être  ofTerls  en  cadeaux.  Nous  en  trouvons  la  preuve  dans 
les    deux    livres    entiers    d'épigrammes   que   le  poète 

ranic:  elle  clonnail  son  litre  à  un  mime  de  Laljcrius.  Aul.  (iell.  XVI,  7,  1  l  ;  cf. 
Slacr.  I,  m  sq.  qui  cile  une  Alellane  de  Novius  :  Cnim  expi'ctala  vimiunt  se/i- 
tcjn  Saturnalia  ;  et  une  d.-  Mumniius  (du  temps  de  Caligula),  célébrant  la  sagesse 
dr-s  anciens  qui  :  nptime  a  friyore  fecere  snmmo  septem  Saturnalia.  —  13  Tert. 
.1/30/.  42.  —  1*  Ilin.  Hist.  n.  XIII,  3  :  Mari.  XI,  C  ;  XIV,  1,  9,  etc.;  Stal.  Sitv.  1, 
6,  5;  Scn.  Ep.  18  ;  le  môme  (Apokot.  12)  a  le  proverbe  :  non  semper  ertmt  Satur- 
nalia ;  ne  n'est  pas  tous  les  jours  fôtc.  —  '^  Pour  les  cadeaiis,  v.  Mart.  IV,  4(1,  8s  : 
V,  IX:  VII.  33;  VIII,  41;  X,  17;  Suel.  Vesp.  19, el  plus  bas;  les  deux  livres  XIII  et 
XIV  de  Martial  en  entier.  Pour  les  jVainom/in,  v.  junu.  III,  2.  p.  024.  —  h'.  Macr.  1,7, 
2S  sq.;  H,  39  ;  Varr.  Ling.lat.  V,  04:  Dion.  Hal.  I,  10;Kesl.  A>(.  p.  .i4;  Mari.  V, 
18,  2;  Lacl.  I,  21,  0.  Celle  coulume  encoreadouué  lieu  à  une  expression  populaire: 
Liiccm  facere  Saturne  (citée  par  Feslus).  Cf.  Marquardl,  Op.  cit.  p.  387  et  Prellcr, 
lloem.  Mytiiol.  Il,  p.  17.  —  n  Macr.  I,  7.  28.  Sur  ces  substitutions  en  maliére  de 
sacrilices,  v.  msmîs,  III,  2,  p.  1370  et  .iscu.i.A,  p.  257;  cf.  Bull,  de  In  Faculté 
des  Lettres  de  foitiers,  1880,  p.  118  s(|.  —  18  Macr.  /Oid.  Ce  Pidilicius  nous  mène 
à  l'an  209  av.  J.-C.  où  il  exerça  ses  fonctions  île  tribun.  Pour  les  siyillaria  dont 
le  nom  s'appliqua  colleclivement  à  tous  les  cadeaux  échangés  aux  Saturnales, 
v.  Sen.  Ep.  12;  Mari,  vil,  53;  Sucl.  Claud.  5;  Spart.  Hadr.  17;  Cnrac.  l. 
—  19  Macrob.  I,  10,  in  fin.  ;  11,  I  cl  24.  Ces  lîgurincs  étaient  aussi  des  jouets  pour 
les  enfants,  il  en  est  resté  des  échantillons  assez  nombreux.  V.  Marquardl,  Bas 
Priratleben  der  lîoemer,  p.  041  ;  et  sigii-lum.  Pour  le  marché  où  elles  se  débitaient, 
V.  Aul.  Gell.  Il,  3,  5;  v,  4,  1  ;  Suel.  Claud.  10  :  Ner.  28;  rHyest.  XXXII,  102, 1. 

13G 


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1082  — 


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Martial  composa  sous  le  lilre  de  Xrnin  cl  iVApop/wreta  '. 
Au  temps  de  noinili(Mi,l'('poque de laplus grande  voguedes 
Saturnales,  ils  sont  en  forme  de  distiques,  le  plus  souvent 
dans  les  deux  langues,  grecque  et  latine,  au  nombre 
de  trois  centcin-quanle,  et  donnent  l'impression  d'une 
œuvre  faite  sur  commande,  à  l'intenlion  de  quelque  dona- 
teur, peut-être  même  d'un  marchand  qui  voulait  relever 
la  valeur  de  sa  marchandise  par  une  épigraphe  littéraire  -. 
11  est  à  peine  besoin  de  faire  remarquer  que  nous  aurions 
là  le  plus  ancien  spécimen  de  nos  devises  pour  objets 
de  bazar  et  de  confiserie.  Les  cerei  et  sigillaria  n'y  figu- 
rent pas,  étant  d'usage  vulgaire,  mais  on  y  trouve  une 
variété  invraisemblable,  dans  les  A'enia,  de  denrées 
alimentaires,  de  parfums,  d'encens,  de  combustible,  etc.  ; 
dans  les  Apop/wreta,  d'objets  fabriqués,  meubles, 
livres,  ustensiles,  bibelots,  etc.  Le  titre  même  des  deux 
livres  en  souligne  l'intention;  il  implique  que  les  con- 
vives les  emportaient  chez  eux  au  sortir  des  festins  et 
réunions  de  famille. 

Les  empereurs  se  conformaient  à  la  coutume  géné- 
rale, distribuant  et  se  faisant  envoyer  par  leurs  intimes 
les  menus  cadeaux  qui  entretiennent  l'amitié.  Auguste 
y  mettait  une  fantaisie  d'où  la  gaieté  n'était  pas  absente  ^ 
C'étaient  tantôt  des  envois  de  tapis,  d'étoffes,  d'or  et  d'ar- 
gent en  lingots,  des  monnaies  curieuses  par  leur  an- 
cienneté ou  leur  provenance  exotique;  tantôt,  au  con- 
traire, de  défroques  grotesques,  d'épongés,  de  pelles  et 
pincettes,  le  tout  accompagné  de  désignations  obscures 
ou  équivoques  qui  éveillaient  les  appétits  et  procuraient 
des  surprises  amusantes.  Au  palais  même,  la  distribu- 
tion s'en  faisait  par  le  tirage  d'une  loterie  dont,  sans 
doute,  on  payait  les  numéros;  les  résultats  imprévus 
égayaient  les  participants  '*. 

Pour  mieux  vaquer  à  ces  festins  et  à  ces  distractions, 
la  consigne  était  de  se  mettre  à  l'aise  °.  Porter  la  toge 
en  période  de  Saturnales  était  le  fait  d'un  sot;  le  vêtement 
préféré  était  la  synt/iesis  [ïi.mca]  qui  laissait  les  mou- 
vements libres  et  prêtait  à  un  aimable  abandon  ^  Pour 
rapprocher  les  distances,  tout  le  monde  coiiïail  le  jii  le  us'' 
et  les  esclaves,  ijui  avaient  été  admis  au  sacrifice  du  pre- 
mier jour,  vivaient  sur  un  pied  d'égalité  parfaite  avec  leurs 
maîtres*.  Saturne  n'élait-il  pas  le  dieu  de  Tàge  d'or  où 
il  n'existait  pas  de  distinction  de  classes,  où  il  n'y  avait 
pas  d'esclaves  et  où  même  la  propriété  individuelle  était 
inconnue?  Pour  mieux  rappeler  ces  temps,  on  allait 
jusqu'à  renverser  les  rôles,  les  maîtres  servant  leurs 
esclaves  à  table  et  ceux-ci  se  permettant  vis-à-vis  d'eux 
une  franchise  de  langage  qui  allait  jusqu'à  la  critique 
de  leurs  travers  ou  de  leurs  vices  ;  c'était  la  liberté  de 
Décembre,  pour  parler  comme  Horace  '.  D'autres  licences 


'  V.  l-'riedlaciKlcr,  M.  Vrt/trii  A/artiulis  trpiyrammaton  tibri,  l.  Il,  p.  269;  si|. 
cl  les  noies  desconimcnlateurs,  en  parliculierdeTuniùbc,  lib.  IX.cliap.  23.  Lcsdisli- 
«pies  oui  éU-  composes  pour  les  Saturnales  des  années  84  et  85.  —  2  Us  furont  pu- 
bli^-s  par  le  libraire  Tryplion,  le  môme  qui  édita  les  u'uvres  de  Quinlilien,  dt'  Mar- 
liai.  etc.  V.  Epig.  Xllï,  3.  4;  cf.  IV,  7i.  —  3  Suet.  Aug.  75;  cf.  Spart.  Uadr.  17  ; 
SUl.  Sih.  I,  6;  Hlin.  Ep.  IV,  9,  7;  Lucian.  Cmnosol.  14-16.  —  4  Le  fait  ressort 
du  passage  de  Suétone,  Aug.  75.  —  5  Mart.  XIV,  i.  Cf.  J.  l.ipse,  Safurnal.  I,  1. 
—  «  Mart.  IV,  44,  où  il  est  dit  d'un  personnage  groles<|ue  :  A'iZ  lasck'ius  est  Clia- 
risiaiio  :  Satiirnalibus  amhutat  togatus.  ï'our  la  synikesis,  v.  Id.  V,  79  et  XIV, 
141  :  les  prères  Arvales  la  revotaient  également  pour  leurs  festins.  —  7  L'Empe- 
reur donne  l'exemple  ;  Mart.  XIV*,  I.  2;  cf.  VI,  3  :  Pit''ata  Jioma.  Cf.  Turnèbc 
VllI.  4  :  Satui-natium  tempore  serci  relut  domini  pileati  incedebnnt.  —  »  Macr. 
1,  i4,  Ï3;  Just.  43,  1,  3;  le  fragment  d'Accius  chez  .Macr.  1,  7,37  et  Uaehrens, 
Fragment,  poet.  rom.  3.  p.  2G7.  —  5  Sat.  II,  7,  4.  La  part  des  esclaves  était  si 
grande  dans  la  fétc  (|u'elle  est  désignée  dans  certains  calendriers  (Kal.  Polem.  Silv.) 
par  Feriae  seroorum.  —  il  Mart.  V,  30,  8  ;  Macr.  I,  7,  io-37  ;  8,  Il  ;  Atlien.  XIV, 


encore  étaient  permises  aux  esclaves,  celles  notamment 
de  pratiquer  les  jeux  de  hasard,  qui  en  tout  autre  temps 
leur  étaient  interdits  '".  Au  palais  de  l'Empereur,  et  sans 
doute  ailleurs  aussi,  on  jouait  de  l'argent  et  les  mises 
étaient  fortes.  Auguste,  qui  ne  détestait  pas  le  jeu,  distri- 
buait à  ses  hôtes,  pour  la  partie  qui  succédait  au  repas, 
leur  première  mise  de  fonds,  250  deniers  par  tête,  et  il 
en  envoyait  l'équivalent  à  sa  fille  qui  n'avait  pas  assisté 
à  la  fête  ".  Ces  sommes,  on  les  jouait  aux  dés  qui  étaient 
la  grande  distraction  des  Saturnales,  à  pair  ou  impair 
[par  imparj,  à  pile  ou  face  [capita  aut  navia]  '-.  L'enjeu 
des  esclaves  et  des  petites  gens  était  fourni  par  des  noi.x, 
saturnaliciae  nuces,  aussi  indispensables  à  la  fête  que 
les  cerei  et  les  sifjillaria  ". 

Pour  que  la  joie  de  cette  semaine  fût  complète,  l'auto- 
rité publique  en  écartait  toute  préoccupation  de  labeur, 
de  tristesse,  de  guerre.  Les  écoliers  elles  maîtres  avaient 
congé  ;  on  interrompait  les  opérations  militaires  au  dehors, 
le  cours  de  la  justice  au  dedans  ".  Des  amnisties  libéraient 
les  prisonniers  qui  vouaient  leurs  chaînes  à  Saturne;  on 
choisissait  de  préférence  l'approche  des  Saturnales  pour 
afTranchir  les  esclaves  [libertus,  servis]  qui,  en  recon- 
naissance, offraient  au  dieu  des  anneaux  de  bronze'". 
La  fêle  était  si  nettement  de  caractère  pacifique,  aimable 
et  joyeux,  que  les  premiers  apologèles  du  christia- 
nisme eurent  peine  à  y  trouver  ce  qui,  à  leurs  yeux, 
était  la  tare  propre  du  paganisme,  la  cruauté  associée 
à  la  débauche.  Ils  l'y  ont  trouvée,  cependant,  sous  la 
forme  des  combats  de  gladiateurs  qui  finirent  par  se 
mêler,  sous  l'Empire,  à  toutes  les  réjouissances  popu- 
laires'^. La  première  mention  qui  en  est  faite,  à  l'oc- 
casion des  Saturnales,  l'est  par  le  poète  Ausone  qui 
explique  ces  tueries  comme  étant  destinées  à  apaiser  le 
dieu  parce  que,  avec  la  harpe,  il  avait  mutilé  son  père 
Ouranos.  Laclance  renchérit  en  attribuant  à  Saturne 
l'invention  des  chasses  dans  le  cirque  et  des  combats  de 
gladiateurs  ;  plus  lard.  Juste  Lipse,  dans  sa  monographie 
des  Saturnales,  a  eu  le  tort  de  faire  sienne  celle  affir- 
mation ".  La  religion  de  Saturne  ne  fut  pour  rien  dans 
la  coïncidence  de  sa  fêle  annuelle  avec  des  spectacles 
sanglants;  cette  coïncidence  est  purement  fortuite  et 
sans  doute  exceptionnelle.  Macrobe,  qui  écrit  sous  Théo- 
dose, n'en  fait  aucune  mention  ;  dans  les  provinces,  où 
l'influence  de  Rome  s'est  exercée  le  mieux,  la  fête  a  gardé 
son  caractère  clément  et  humanitaire,  là  même  où 
l'esprit  local  aurait  pu  favoriser  des  instincts  tout  oppo- 
sés. C'est  ainsi  que  l'on  a  démontré,  par  des  faits  sans 
réplique,  qu'en  .\frique  même,  où  l'idenlilicalion  de 
Saturne  avec  Baal-\loloch  devait  acheminer  à  mettre  dans 
son  culte  des  pratiques  sanguinaires,  le  dieu  n'a  jamais 


p.  039  B;  Arr.  Epict.  dissert.  IV,  I,  5S.  Celle  parlicipalion  des  esclaves  aux 
réjouissances  des  Saturnales  ne  date  probablemenl  (|ue  de  la  seconde  guerre  puiiii|ue. 
V.  Macr.  I.  G,  13;  Sen.  Apokol.  S,  où  l'empereur  Claude  est  appelé  Saturnaliciits 
princeps  parce  que,  lout  le  temps  de  son  règne,  il  fut  à  la  discrétion  de  ses  affran- 
chis :  Saturne  n'a  rien  à  lui  refuser.  —  1'  Suet.  Aug.  71.  Saint  Jérôme,  Ad  Ephes. 
6,  4,  parle  d'une  Suturnalicia  sportula,  laquelle,  pour  les  enfants,  était  représentée 
par  un  lot  de  friandises.  —  12  Mart.  IV.  14,7  ;  XI,  6  ;  XIV,  l,  4  ;  Tac.  Ann.  XIII, 
15  ;  Arr.  Op.  cil.  I,  25;  Lucian.  Snlurit.  3,  4;  Macr.  I,  5,  11.  7.  Chez  Tacite,  nous 
voyons  la  royauié  du  festin  jouée  aux  dés  dans  l'entourage  de  .Néron,  à  l'occasion  des 
Saturnales.  —  '3  Mart.  V,  84,  9  sq.  ;  XIV,  i,  3  et  passiin .  Les  noix  étaient  un  sym- 
bole de  fécondité  el  d'abondance:  v.  Preller.  floem.  Mylhol.l\,p.  I7.0n  interpréUil 
de  môme  la  faucille  de  Saturne  ;  Vitae  melioris  auctorem  simulacrum  ejus  indicio 
est,  cui  falcein  \nsigw  messis  adjecit  (Macr.  Loc.  cit.).  —  "  Mart.  VIII,  84,  I  ; 
Plin.  Ep.XlW.I,  1  ;Suet.  .4My.3i;Macr.  1,10,  I.  —  l=Marl.  V,85, 1  ;  Lucian.  .ÇoM 3  ; 
Macr.  I,  m,  16.  —  10  Auson.  De  feriis  rom.  33  ;  Laclanl.  VI,  20,  35.  —  1^  Sntarn.  I, 
5,  et  après  lui  Zimmermann,  De  grnccor.  veteribus  dis.  I,  De  Saturno,  Halle,  1834. 


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1083 


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tiU'objet,  sous  la  domination  romaine  pendanl  lEmpire, 
que  d'hommages  simples  et  rustiques'.      J.-A.  IIii.u. 

SATURXL'S  (Kpovôç).  —  I.  Le  dieu  Kronos  des  Grecs, 
qui  devait,  peu  s'en  faut,  perdre  sa  personnalité  dans  le 
Saturne  des  Komains,  occupe  dans  l'histoire  des  religions 
anciennes  une  place  à  part.  Les  plus  vieilles  légendes  de 
THellade,  celles  qu'a  chantées  Hésiode  et  dont  les  poèmes 
homériques  ont  recueilli  l'écho,  le  présentent  comme  la 
divinité  suprême  d'une  génération  qui  a  précédé  celle 
des  Olympiens  et  dont  celle-ci  est  issue'.  Ce  point  de 
vue  généalogique  suffit  à  concilier  à  Kronos  quelque 
vénération,  à  lui  faire  une  certaine  part  dans  les  céré- 
monies du  culte  et  dans  les  manifestations  de  l'art.  Mais 
comme  il  est  un  roi  détrôné  et  déchu,  forcé  de  s'effacer 
devant  les  enfants  qui  ont  pris  sa  place,  il  est  relégué 
avec  les  Géants  et  les  Titans,  avec  Ouranos,  Gaïa,  Hélios, 
Okéanos,  personnifications  comme  lui  des  forces  de  la 
nature  primitive,  tantôt  dans  l'Empire  du  Tartare  parmi 
les  révoltés,  tantôt  aux  extrémités  fabuleuses  du  monde. 
dans  une  région  fantastique  où  il  jouit  d'un  bonheur  et 
d'une  considération  dont  Zeus  et  les  Olympiens  ne 
sauraientêtre  jaloux.  Chez  Homère,  sa  légende  est  réduite 
à  ces  conceptions  très  simples  et  dont  le  sens  religieux 
des  foules  n'a  jamais  cherché  à  discuter  l'incohérence; 
chez  Hésiode  et  ses  continuateurs,  il  a  une  histoire  plus 
complexe.  On  raconte  ses  démêlés  avec  sa  lignée  et  avec 
Ouranos,  son  père.  11  a  mutilé  ce  dernier;  il  a  tenté,  en 
les  dévorant,  de  supprimer  les  enfants  qui  devaient  lui 
ravir  le  pouvoir.  Rhéa,  son  épouse,  l'abuse  en  substi- 
tuant au  plus  éminent  d'entre  eux  une  pierre  enveloppée 
de  langes-.  Du  sang  d'Ouranos  tombé  dans  la  mer  naît 
Aphrodite,  principe  de  la  fécondité  universelle^;  et  la 
ruse  de  Rhéa  assure  à  Zeus.  contre  son  père,  désormais 
rejeté  du  monde  dont  il  troublait  l'harmimie,  la  supré- 
matie sur  les  dieux  et  les  hommes ^  Sous  ces  images, 
d'une  barbarie  naïve,  on  voit  des  concepts  théogoni- 
ques  et  cosmologiques  qui,  à  défaut  de  la  vénération 
des  foules,  assurent  dès  lors  à  Kronos  une  place  privi- 
légiée dans  les  spéculations  de  la  philosophie  religieuse  : 
de  sorte  qu'il  sera  dans  la  destinée  du  dieu  d'être  d'autant 
plus  en  faveur  auprès  des  penseurs  qui  cherchent  à 
interpréter  l'anthropomorphisme  par  des  systèmes  ralio- 
nels,  qu'il  est  plus  négligé  par  la  piété  des  masses  et  par 
l'art  religieux,  son  interprètes 

H  y  a  cependant  dans  la  fable  de  Kronos  un  trait  qui 
fait  de  lui  une  figure  populaire,  c'est  celui  de  sa  royauté 


ciillii,  Paris,  1891,  p.  lOi;  s.|. 


1  V.  Toulain,  De  Satumi  dei  in  Afn 
surtoul  p.  113. 

SATURNCS.  1  Hom.  II.  XIV,  204,  274,  279  ;  XV,  223  ;  VIII,  478  s<|.  :  13  ;  V,  898. 
Pour  les  divers  systèmes  d'inlerprélatioD,  v.  enlre  autres  Nacgeisbach.  Homt- 
rische  Théologie,  p.  75  sq.  (2*  <!-(lil.):  Scliocmanu,  Opxtsc.  Il,  p.  114  s(|.;  Wcicker, 
Griech.  Goettertthre,  I,  262  sq.  ;  Mayer,  Kronos,  cIiez'Roscber,  A  usf.  Lviikon,  etc. 
Il,  1452  sq.  ;  Preller,  Griech.  Myttioi.  I,  p.  43  sq.  Hn  réalité,  Hésiode  esl  la  source 
unique  pour  la  mylhologie  de  Kronos  ;  la  Bibiiothèque  d'ApoHodore  en  esl  un  tra- 
vcslisscmenL  (M.  .Mayer,  Ib,  p.  1430  el,  du  même  Giganten  undTilanen,  p.  22'J  sq.). 
Le  passa<:e  capital  d'Hésiode  esl  dans  la  l'héogonie,  439-309.  Cf.  /b.  173,  188  :  619; 
pour  le  mythe  des  âges.  Op.  et  d.  106  sq.  ;  et.  Plut.  Plac.  Phil.  1,  0,  et  Naegels- 
bach.  Atuhhom.  Théologie,  p.  9S,  4.-2  Hes.  Theog.  424  sq.  ;  Aesch.  Prom.  219  ; 
l'Iul.  Ùef.  or.  21  ;  Macr.  Hal.  I,  8,  3  sq.  —  3  Pour  Aphrodite,  v.  Joli.  I.yd.  Pe 
ment.  78,  13.  —  4  Pour  la  lignée  des  Kronides,  v.  //.  II,  203;  IV,  75;  IX,  36; 
XVI.  431  ;  XVIII,  293;  Od.  XXI,  415;  cf.  Jl.  V.  721;  Î^IV,  194.  On  y  surprend  le 
mélange  de  ileux  traditions  ditl'éreates  mal  aisées  à  rapporter  à  leurs  origines, 
plus  encore  à  concilier,  mais  qui  prouveui  la  vieille  popularité  du  dieu.  tï.  Wel- 
cker,  'Ip.  cit.  I,  p.  140  et  Mai.  Mayer,  Loc.  cit.  14G1  sq.  —  5  C'est  au  temps  de 
Pindarc  el  de  Phérécyde  que  Krouos  grandit  dans  la  poésie  orphique  el  la  philo- 
sophie; Rumpel.  Lexikon  pindaricum,  s.  v.  L'Odyssée  avait  Tait  la  Iransilion 
(IV,  563),  par  l'invention  d'un  séjour  de  délices  dans  un  Elysée  silué  aux  contins  du 
monde  sur  lequel  règne  Kadamantbe  :  Kronos  y  prend  plus  tard  sa  place.  Pind. 


idéale,  dans  un  monde  de  délices,  qui  l'a  dédommagé 
du  pouvoir  suprême  confisqué  par  Zeus.  La  fête  des 
KRONiAdII,  l,p.870  sq.)  n'est  pas  autre  chose  que  l'image, 
transportée  parmi  les  cérémonies  du  culte,  d'un  âge  d'or 
qui  met  aux  origines  de  l'humanité  l'état  de  perfection  et 
de  félicité  dont  l'avènement  des  Olympiens  a  marqué  la 
fin.  Les  caractères  mêmes  de  cette  fête  démontrent  que 
Kronos  fut  peut-être,  aux  temps  primitifs,  le  dieu  en  qui 
se  personnifiait,  d'une  part  la  croyance  universelle  à  une 
déchéance  graduelle  de  l'homme  et  d'autre  part  la  force 
latente  qui  doit  ramener  au  bonheur  originel ^  Ces  ima- 
ginations, Hésiode  les  a  chantées  dans  le  mythe  des 
âges;  et  la  preuve  qu'elles  agirent  fortement  sur  les 
âmes,  c'est,  avec  la  popularité  des  A>on/«,  qui  eurent  leur 
pendant  en  Italie  dans  les  Saturnales,  ce  fait  que  les 
comiques  grecs,  durant  la  période  où  l'art  dramatique, 
sous  ses  diverses  formes,  exploita  les  légendes  anciennes 
dans  touslessens.  en  firent  plusd'une  fois  la  caricature". 
Cependant,  la  qualité  de  Kronos,  roi  de  l'âge  d'or,  n'est 
jamais  comparable  à  la  suprématie  nettement  divine  et 
universelle  de  Zeus.  Kronos  reste  un  roi  terrestre,  dont 
le  domaine  s'étend  sur  les  lieux  lointains  que  les  Grecs 
entrevoyaient  à  travers  les  brumes  du  mystère;  il  va  de 
la  Libye  à  Gadès,  en  passant  par  la  Sicile,  la  Sardaigne, 
l'Italie,  c'est-à-dire  par  cette  Hespérie  qui,  avant  d'être 
bien  connue  d'eux,  leur  apparaissait  comme  une  sorte  de 
terre  ou  comme  un  groupe  d'iles  fortunées*.  Kronos  n'a 
vraiment  régné  que  sur  des  hommes,  et  Pindare  déjà 
l'installe  dans  un  château  fort,  rûpotç',  tandis  que  les 
Olympiens  régnent  dans  le  ciel,  au  sein  des  nuages 
d'où  jaillissent  la  lumière  et  l'éclair.  Lorsque  Evhémère 
rabaisse  toutes  les  divinités  de  l'anthropomorphisme 
hellénique  au  rang  de  rois,  de  chefs  d'armée,  de  légis- 
lateurs, Kronos  devient  un  dieu  à  la  fai-On  des  héros 
qui  s'appellent  Minos,  Codrus,  Cadmus.etc.  '"  :  un  ancêtre 
reculé  de  quelque  dynastie  humaine.  C'est  en  marchant 
sur  ses  traces  que  les  poètes  alexandrins  ont  acclimaté 
à  leur  manière  cette  conception  de  sa  personnalité,  que 
les  annalistes  el  les  poètes  romains  ont  fait  de  Saturne  le 
premier  roi  du  Latium,  en  compagnie  de  Faunus,  de 
Picus,  de  Lalinus;  et  c'est  sous  l'influence  des  mêmes 
idées  qu'ils  l'ont  associé  à  Hercule  dompteur  des  monstres 
et  civilisateur  des  régions  de  l'Occident  ". 

La  forme  de  religion  hellénique  qu'on  a  appelée  l'or- 
phisme  et  dont  les  conceptions  sont  pénétrées  de  philo- 
sophie   mystique,  s'est   attachée,  en    ce    qui    concerne 

Pylh.  IV,  291:  Aesch.  Eiim.  632.  Cf.  Preller,  Op.  cit.  I,  671.  Levers  111  des 
Œuvres  et  des  Jours,  où  la  génération  de  l'âge  d'or  esl  appelée  :  o',  ;iiv  i;;'.  Kfivoj, 
est  considéré  comme  interpolé,  de  même  que  le  vers  169  cjui  fait  allusion  a  celle 
croyance.  Cf.  E.  Hoffmann,  Mythen  aus  der  Wanderzeit,  etc.  Kronos  iinrf  Zeus, 
1870.  —«Danscettc  conceplion  nouvelle  de  la  légende  de  Kronos,  sa  physonomic 
s'idéalise  ;  il  est  jeune,  vigoureux,  beau  ;  au  lieu  d'être  vaincu  par  les  Titans,  c'est 
lui  r|ui  les  dompte  et  qui  est  couronne  avant  Zeus  ;  l'iat.  Phil.  270  rf;  les  Orpln- 
uues,  chei  I.obeck,  Aglao,,hamus,  p.  311  ;  Tertull.  De  cor.  7  ;  f>rph.  fragm.  43  ; 
Pind.  01.  Il,  124;  Py(/i.  IV,  291  ;  Aesch.  l'ragm.  190  (Nauck)  ;  plus  lard  les  Aleian- 
.Irius  s'inspirèrent  de  ces  idées.  V.  Aral.  Phaen.  16,  100  sq.  :  Apoll.  Kliod.  Argon. 
11,  13.  Cf.  Plat.  Leg.  269  a  et  270  a;  Uraf,  Ad  aureae  aelatis  fabulam  symb. 
p.  02.  (Leipziger  Sludieu,  Vlll);  kkosia,  111,  I,  p.  S70.  —  7  Pour  les  comiques, 
ï.  Aristoph.  Plut.  381  ;  Alhen.  111,  113  a,  etc.  ;  cf.  Mayer,  Loc.  cit.  p.  1456  sq. 
avec  les  textes  cités.  —  »  Iles.  Tlœog.  1011,  avec  les  notes  de  l'édition  Goeltling; 
Cic.  i\at.  d.  111,  17,44;  cf.  Ilild,  La  légende dÈnée,  p.  I8s.|.  -»  Pind.  Olymp.  Il, 
124  et  les  commentateurs;  cf.  Dion.  Hat.  I.  36;  Charai,  fragm.  10  el  17  (chel 
Mueller,  /-nigm.  hist.  gr.  III)  el  Diod.  III,  61  ;  Orph.  fragm.  243  (édil.  Ahel). 
Un  écho  chez  llor.  Epod.  XVI,  63;  Varr.  P.;  r.  rusl.  III,  1,  3.  -  '0  V.  l'exposé 
el  le  commentaire  chez  Max.  Mayer,  Loc.  cit.  p.  1407  s.i- ;  pour  les  leilcs, 
surtout  Virg.  Aen.  VIII,  320,  Georg.  II,  536,  avec  les  commentateurs:  Aurel. 
Vicl.  Origin.  I,  I,  3;  Jul.  Firm.  p.  27.  -  "  Vid.  infra  II,  notes,  el  Macr.  I,  7, 
27,  etc. 


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Ki'Oiios,;ï  J('i-liari^Of  la  dyiiaslif  des  Olympiens  de  l'iidieux 
que  la  relégation  de  l'ancèlro  dans  le  Tarlare  a  jelé  sur 
eux.  Chez  Pindare,  /eus  en  personne  délivre  les  Tilans, 
comme,  eliez  Eseli.yle.  Promélliée  esl  détaché  de  son  rocher 
et  réconcilié  avec  les  nouveaux  dieux;  le  sens  de  la 
royauté  idéale  accordée  à  Kronos  est  le  même.  Mais 
comme  sa  ligure  garde  néanmoins  un  je  ne  sais  (|uoi  de 
mystérieux  et  de  lointain,  on  s'avise  déjouer  sur  le  mot 
même  qui  le  désigne'  ;  on  identifie  l'idée  de  Kronos,  (jui 
n'a  jamais  été  déterminée  d'une  façon  précise  ni  chez  les 
anciens  ni  chez  les  modernes,  avec  celle  de  Chi-onott  ;  pour 
les  esprits  grossiers,  il  est  le  dieu  vieillard  par  excellence, 
pareil  au  vieux  des  jours,  El  Olam,  de  la  kabbale-.  Pour 
les  philosophes,  interprètes  des  fables  religieuses,  il  est 
la  personnilication  de  la  notion  de  temps,  ce  facteur 
obscur  de  l'ordre  universel  :  «  Dans  la  haute  antiquité, 
a  dit  fort  bien  un  des  historiens  les  plus  subtils  de  ces 
manifestations  de  l'esprit  hellénique,  il  est  le  maître  de 
l'ordre  des  choses  devant  l'imagination  naïve  des  foules  ; 
il  en  règle  l'arrangement  successif  et  la  disposition  dans 
le  temps;  il  les  répartit  en  séries  régulières  et  fixe  l'heure 
de  leur  naissance  et  de  leur  mort^  »  AVwv,  qui  incarne 
l'idée  de  la  durée  indéfinie  [draco,  fig.  2584],  est  un  fils  de 
Kronos-Chronos  et  de  la  dryade  Fhilyra,  c'est-à-dire  du 
tilleul,  arbre  plusieurs  fois  séculaire;  et  la  légende  d'Ar- 
cadie  fait  de  Pan,  dieu  suprême  et  d'antiquité  véné- 
rable, un  de  ses  rejetons  ''. 

Pour  revenir  au  Kronos  plastique  des  poètes,  bien 
différent  de  celui  des  philosophes,  nousaurons  achevé  de 
le  caractériser  en  constatant  qu'Homère  le  désigne  par  les 
deux  seules  épithètes  de  grand  et  de  7'usé  ([iéyaç,  àyxuXo- 
|j.T)TY,;)  ^,  et  qu'Hésiode  lui  donne  comme  attribut  la 
haî'jji',  faucille  ou  serpette  qui,  dans  la  Théogonie,  n'a 
rien  d'agreste.  Le  poète  dit  qu'elle  est  terrible  et  den- 
telée comme  une  scie.  Elle  fut,  en  effet,  dans  la  légende 
cosmogonique,  l'instrument  de  la  mutilation  que  Kronos 
fit  subir  à  son  père  Ouranos'''.  Sous  l'influence  des 
mêmes  sentiments  de  convenance  religieuse  que  nous 
avons  définis,  elle  devient  l'emblème  des  fonctions  agri- 
coles dévolues  au  dieu  représentant  l'âge  d'or;  elle  n'est 
que  l'insigne  du  divin  moissonneur',  .\illeurs,  celte 
signification  se  complique  d'allusions  à  la  configuration 
de  certaines  localités,  telles  que  Zanclé  et  Drépane  en 
Sicile,  Drépane  de  Bithynie  et  de  Corcyre.  Des  mytholo- 
gues y  ont  vu  le  symbole  de  l'éclair  déchirant  les  nuages  *. 

1  La  lingiiislii|iie  iiioiicnic  it'admcL  pas  celle  usiiniilaliou,  quoi(|uc  le  dialecte 
crclois  n'ail  pas  connu  les  aspirines.  V.  Curlius,  Grundzûge,  p.  189  :  les  mjlliologues 
ysoul  plulôl  lavorables.  W  Welckep,  Op.  cif.  p.  140.  Ovcrbeck  la  rombal»  Abliamil, 
(ter  saechs.  Oesellsh.  i8G5,  p.  Gi  sq.  Kllc  date  de  Findare  cl  des  pyllia^urictcns. 
V.  Ot.  Il,  n  et  fragm.  135  ;  le  philosophe  Scylhiiios,  chez  Mullach,  Fraf,m.  phil. 
gr.  Il,  li:i.  Kllc  Mail  connue  des  Lalins  :  V.  Dion.  liai.  1,  31,  p.  1:2.  Cr.  Hlul. 
()„msl.  romAÎ;  Ariiob.  Ml,  29  ;  Cic.  Nnl.  d.  Il,  25  ;  Aug.  Civ.  d.  IV,  10,  clc.  -  «  El 
Olam,  au  livre  de  Daniel,  7,  13  ;  9,  Si  ;  cf.  Welcker,  Up.  cit.  I,  p.  Ui.  l'Iiérccyde 
commençait  son  iruvre  par  ce  vers  :  iiiùî  nsv  «al  Xfi/o;  tlç  4«'i  xaî  XSûv  iiv  (Diog. 
Laerl.  119).  —  ^  A.  Ritaud,  Le  prol/tème  du  devenir  et  la  notion  de  la  matière. 
F'aris,  1906,  p.  7V,  g  55.  —  *  Eurip.  Hère.  900  ;  cf.  pour  Kronos  lui-même  iden- 
tique à  C/ironos,  Suppl.  788  ;  Délier,  fragm.  26.  Cf.  .Mayer,  Loc.  rit.  p.  1*02  6,  c. 
Oulrc  l'interpri'lation  de  Kronos  par  la  notion  de  temps,  les  interprèles  anciens 
et  les  linguistes  modernes  ont  lait  dériver  ce  nom  de  xçÉac;,  de  xpouvd;,  de  xo^o;,  de 
Tpaivitv.  Celle  dernière  èlymologic  seule  a  joui  de  quel<iue  faveur  ;  le  dieu  serait 
celui  r|ui  fait  raùrir,  aboutir  :  Herniann  a  traduit  pdrperficus,  (|ui  se  trouve  dans  les 
Indifjitamenta.  m^is  pour  tout  antre  chose.  V.  les  textes  cl  la  discussion  chez  Mayer, 
p.  15*6  sq.  Pour  l'hilyra,  v.  Iles.  Tlieoi/.  1002;  llyg.  /•'««.  13S  cl  ApoU.  Rhod.  11, 
1231  ;  pour  Han,  Kurip.  illies.  30.  —  6  Jl.  IV,  59;  pas  ailleurs;  sur  le  sens  Oc 
celte  épilhôte,  v.  Welcker,  Op.  cit.  I,  p.  265;  elle  est  puisée  dans  l'idée  générale  de 
rouerie,  d'astuce  perfide  (ju'on  retrouve  souvent  quand  il  s'agit  des  Tilans  ;  Sisyphe, 
l'romélhée,  Atlas,  Chiron.  —  «  Tlieqg.  175  ;  180  ;  le  commentaire  de  celle  légende 
chez  Alayer,  Luc.  cit.  p.  1*70  sq.  —  "  Virg.  Oeorg.  Il,  406;  vid.  infra,  pour  le 
Salurnc.les  Latins,  l'our  les  inlerprélalions  diverses  dont  cet  atlribut  a  été  l'objcl. 


Quelque  sens  qu'on  doive  lui  donner,  cet  attribut  ne  suffit 
pas  pour  que  nous  reconnaissions  toujours  Kronos  dans 
les  personnages  qui  en  sont  munis;  il  appartient  encore 
à,  Zeus  en  lutte  avec  les  Géants,  à  Hercule  combattant 
l'hydre,  à  Hermès  tuant  Argus,  à  Persée  surtout,  coupant 
la  tète  à  Méduse^  Le  sens  qui  domine,  particulièrement 
aux  temps  romains,  est  celui  d'un  instrument  rustique 
qui  est  tantôt  la  faucille  servant  aux  moissons,  tantôt  la 
serpette,  l'outil  des  vignerons.  Quant  à  la  mutilation 
d'Ouranos,  elle  signifie  que  Kronos  met  fin,  pour  le 
bonheur  de  l'humanité,  à  la  fertilité  funeste  par  ses 
excès  et  qu'il  inaugure  la  période  normale  d'épanouis- 
sement des  forces  fécondantes'".  H  y  a  un  fonds  mythique 
et  une  croyance  plongeant  ses  racines  jusque  dans  les 
plus  lointaines  traditions,  dans  cette  idée  que  Kronos  est 
au  point  de  départ  de  toutes  les  semences  utiles  à 
l'homme.  Les  orphiques  encore  ont  poussé  celte  idée  à 
l'abstraction  en  faisant  du  dieu  le  générateur,  tour  à 
tour,  et  le  dévoi'Utcur  universel  et,  si  l'on  veut  nous 
passer  une  expression  empruntée  à  la  science  moderne, 
le  principe  du  tourbillon  vital". 

Tel  esl,  d'ailleurs,  le  sens  de  l'oracle  qui  nomme  Kronos 
un  compagnon  (TcapsBpbç)  de  Ilélios,  le  Soleil  titanique  : 
Tilania  astru^';  de  l'autel  aussi,  qui  à  Elis  lui  est 
commun  avec  ce  dieu";  des  vers  d'un  poète  alexandrin 
qui  dépeigilent  Zeus  le  Kronide  s'avançanl  sur  le  char 
de  son  père  substitué  à  celui  d'Hélios  lui-même  "^.  Les 
représentations  diverses  qui,  en  Afrique,  sous  l'inHuence 
des  religions  phéniciennes,  l'identifient  avec  Baal,  nous 
le  donnent  sous  la  figure  d'un  lion  à  la  tète  couronnée 
de  rayons '^  Par  là  même,  cet  art  na'if  a  ouvert  la  voie 
aux  assimilations  de  Melkarl  et  de  Baal  avec  le  Kronos 
des  Grecs,  lui-même,  absorbé  parle  Saturne  des  Romains. 
Dans  ce  cas,  il  arrive  que  souvent  Saturne  se  rajeunit; 
il  prend  l'air  d'un  héros  dans  la  vigueur  de  l'âge,  ainsi 
qu'il  convient  à  celui  qui  préside  à  la  vie  heureuse  dans 
une  région  privilégiée"^. 

Il  ne  reste  du  culte  de  Kronos  en  Grèce  que  des  vestiges 
plutôt  rares  et  qui  ne  mènent  jamais  ni  à  des  temples 
célèbres  ni  à  des  cérémonies  imposantes.  Dans  Athènes 
il  est  vénéré  à  l'ombre  de  l'Olympiéion,  avec  Rhéa  plus 
populaire  que  lui'''.  On  y  montrait  une  fenle  du  sol  à 
laquelle  se  rattachait  le  souvenir  du  déluge  de  Deucalion, 
et  deux  statues  en  airain  représentant  Kronos  et  son 
épouse.  Ils  y  étaient  vénérés  le  15  du  mois  Elaphébolion, 


8    Macroh.    I,    8,    12;   Scrv.    Aen.  IW,     707; 
Sleph.  Byz.  y.  ûpi,tàv>).  La  Bithynie  est  appelée 
le  de  la  T'Atfovo/iîV  d'Hésiode,  485,  place 
c  de  Rhéa.  —  3  pejiskds,  p.  405  et  fai.x, 


cholii 


le  1. 


légende  populaif 


v.  Mayer,  Ofi.  cit.  p.  15H  sq.  ■ 
Lykophr.  701  ;  cf.  Paus.  Vil,  23,  4 
Kronia  :  Plin.  U.  nat.  V.  143  ;  et  1 
dans  une  île  de  la  côte  la  scène  ■ 

p.  970.  —  10  V.  Proller,  Griecli.  Myth.  I,  p.  45,  qui  cil 
identique  chez  les  Néo-Zélandais.  —  U  Orph.  hymn.  13,  5;  Aug.  Civ.  d.  7,  3; 
Lyd.  De  estent.  22,  l'appelle  t^ç  Ttvtffïwç  afTtoç.  Pour  Kronos,  en  rapport  avec  les 
divinités  de  la  naissance,  Cic.  Nat.  d.  V,  20.  —  ta  Oracle  chaldéen  cité  par 
Welcker,  d'après  Stanley,  Op.  cit.  I,  p.  145.  Cf.  Virg.  Aen.  VI,  725,  et  les  commen- 
tateurs. —  '3  Etym.  magn.  p.  426,  18  ;  cf.  Visconti,  Jconogr.  rom.  I,  p.  269. 
Sous  l'inllueuce  orientale,  celle  ideulificalion  avec  Hélios  va  se  faire  tout  naturel- 
lement en  Afriijue  par  l'intermédiaire  de  Baal.  V.  plus  bas,  il,  in  fin.  cl  Expédit. 
scienlif.  en  Afrique,  90,  1.  —  i*  Nonn.  Dion.  11,  422;  XXXVl,  422  ;  Jul.  Or.  4, 
p.  156.  Chez  Euripide  déjà,  les  deux  pcrsonnaUlés  de  Kronos  et  d'Hélios  sont  asso- 
ciées. V.  chez  Macr.  I,  22,  8,  comment  l'idée  est  exploitée  dans  le  sens  abstrait  et 
rattachée  à  la  notion  plus  générale  de  temps.  —  ISA  un  point  de  vue  tout  opposé, 
Kronos  est  un  dieu  de  l'humidité,  du  froid  et  de  la  morl.  V.  Ma\er,  Op.  cit. 
p.  1471  se).  L'astrologie  s'en  empare  et,  par  l'éloilc  (]ui  porte  son  nom,  l'associe  aux 
horoscopes;  Anth.  pat.  XI,  114,  et  adleurs.  —  *6  V.  plus  bas  ta  légende  de 
Salurne,  roi  du  Latium,  11;  Welcker,  Op.  cit.  I,  p.  155  sq.  —  lî  Paus.  I,  18.  7; 
Philarch.chezLyd.  fleo4«en(.  p.  276;Macr.  Sn/ur.  I,  10  ;  Paus.  IX,  39,  3,  soit  avec 
Rhéa,  soit  sans  elle.  Cf.  kiio.ma,  III,  1,  p.  870,  pour  Athènes  et  Olympie,  où  cette 
félc  était  également  en  honneur  ;  Demoslh.  Adv.  Tim.  708,  13  ;  Accius  chez  Macr. 
(v.  SATIIOAI.IA):  l'iul.  Adr.  Epie.    10. 


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—  1083  — 


SAT 


par  roffrande  d'un  gâteau  à  douze  tranches  qui  signifiait 
la  division  de  l'année  '.  A  Olyinpie,  les  sacrifices  étaient 
accomplis  par  un  collège  de  prêtresses  nommées  pâu-Xai, 
vocable  sous  lequel  Rhéa elle-même  était  désignée.  Parmi 
les  six  autels  dédiés  aux  douze  dieux  dans  le  temple  très 
ancien  appelé  le  Métroon,  Kronos  avait  le  sien,  toujours 
en  compagnie  de  Rhéa  ;  cet  autel  était,  par  la  fable  locale, 
mis  en  rapport  avec  la  légende  de  la  naissance  de  Zeus. 
Il  était  situé  sur  une  hauteur,  Kronos  étant  en  Grèce, 
comme  Saturne  le  sera  en  Italie,  une  divinité  des  hauts 
sommets  et  des  phénomènes  qui  s'accomplissaient  dans 
le  ciel^. 

En  dehors  de  ces  deux  centres  religieux  du  continent 
hellénique  ^  c'est  la  Sicile  qui  fut  par  excellence  le  pays 
de  la  religion  de  Kronos  :  sa  religion  y  subit,  au  cours  des 
âges,  outre  l'influence  des  fables  et  des  pratiques  hellé- 
niques, celle  des  traditions  phéniciennes  qui  le  confondent 
avec  Melkart  et  Baal-Moloch,  et  bientôt  aussi  celle  des 
fables  italiques  par  le  Saturne  des  Latins  ^  iVon  seule- 
ment on  y  localisait  le  châtiment  des  Géants  emprisonnés 
dans  le  cratère  de  l'Etna  [GIgantes],  mais  aussi  la  muti- 
lation d'Ouranos  dont  le  sang  aurait  fécondé  l'ile'.  Nous 
avons  dit  que  Kronos  régnait  sur  la  Libye,  sur  les  îles  de 
la  mer  Tyrrhénienne,  comme  il  régnait  sur  la  Sicile  elle- 
même  et  sur  l'antique  Hespérie.  Des  hauteurs  y  avaient 
reçu  le  nom  de  Kronos,  et  l'on  vénérait  des  tertres  qui 
passaient  pour  son  tombeau.  Ce  fut  la  cause  qui  le  fit 
vénérer  cà  et  là  comme  divinité  chthonienne,  et  cela 
jusqu'en  Illyrie,  en  Bretagne  et  même  dans  l'île  de 
Thulé^  Une  ile  de  l'Adriatique  s'appelait  Kronia,  et  la 
mer  du  Nord  envahie  par  les  glaces  est  désignée  par  le 
nom  de  wier  de  Kronos  :  Kiov.ov  TtéXavo;.  Dans  Thulé,  on 
se  représentait  le  dieu  plongé  dans  un  sommeil  mysté- 
rieux et  rendant  des  oracles  aux  pèlerins  qui  s'endor- 
maient dans  son  sanctuaire  '. 

En  Sicile  même',  le  culte  du  dieu  n'avait  rien  de  cet 
appareil  sombre;  la  fertilité  de  File  invitait  surtout  à 
faire  de  lui  un  génie  rustique,  le  protecteur  des  céréales 
et  de  la  moisson  :  ainsi  naquit  l'interprétation  de  Zanclé 
et  de  Drépane  par  la  faucille.  Une  légende  racontait 
qu'IIephaistos  avait  fait  don  de  cet  instrument  àDéméter 
qui  en  aurait  enseigné  l'emploi  aux  Titans  réconciliés 
avec  Zeus  et  devenus  les  premiers  moissonneurs''.  Une 
monnaie  d'Himère,  datant  du  v*  siècle,  représente  une  tête 
d'âge  mur,  à  la  chevelure  abondante,  retenue  par  un 
diadème  ou  une  bandelette,  à  la  barbe  toufl'ue,  à  l'aspect 
grave  et  majestueux,  qui  pourrait  faire  pensera  Zeus  ou 
à  Poséidon  ;  mais  si  on  la  compare  avec  une  autre 
monnaie,  à  peine  plus  récente  et  en  tout  seiiibkible,  qui 

I  Corp.  imscr.  atl.  n'  5i3,  VA.  —  2  .\cnoph.  Bell.  VII,  4,  tt;  D.0.1.  XV, 
77;  m,  57;  Paus.  VI,  20,  I  ;  V,  20;  Dion.  liai.  I,  ii;  Schol.  Pind.  01.  V,  8, 
I**.  —  3  A  Delphes,  on  vénérail  la  pierre  sacrée  f|Uc  Kronos  avait  reçue  «les 
mains  de  Rhéa  et  avalée  à  la  place  de  Zeus.  <•  C'est  une  pierre  1res  grosse,  dit 
Pausanias,  et  les  Dclpliieiis  l'arrosaient  d'Iiuilc,  l'cnveloppanl  de  laine  brûle  au\ 
jours  de  fôte;  cette  pierre  s'appelle  tiétyle.  a  [v,  iiaf.tyi.us,  I,  p.  6i5,  et  la  repro- 
duction d'une  scène  de  vénération  d'après  un  vase  peint,  lig.  74Jj.  —  i  Diod. 
III,  61  ;  V,  r.6.  I.vd.  De  mena.  IV,  4S  et  116;  c'est  près  d'un  lieu  dit  K|><;..oy  i|ue 
DeDvs  de  Syracuse  livra  bataille  aui  Carthaginois;  Diod.  XV,  16;  Polyaen. 
V,  10,  5.  —  S  Arnob.  Adv.  f/ent.  IV,  25  ;  Clem.  Alei.  Cohort.  ad  genl.  p.  t», 
citant  l'historien  Philochore.  Cf.  Lobeck,  Aglaoph.  II,  1180,  et  Mayer,  Op.  cit. 
p.  IWO.  —  6  Plut.  Dç  fac.  lun.  26:  Uefect.  orac.  18;  cf.  Mayer,  p.  118.'. 
—  7  Ëuslh.  Perlpl.  Dion.  32  :  Aesch.  From.  838;  Scliol.  Apoll.  Khod.  IV,  .327  : 
Plin.  H.  nal.  IV,  94,  104.  Sur  ces  oracles,  v.  Tcrl.  De  anim.  46;  cf.  E.  Khodi-, 
Rhein.  Alua.  1S80.  p.  ICO  et  Wcicker,  Kleine  Schririen,  11,  p.  24.  —  8  V.  Max. 
Mayer,  Op.  cil.  p.  1484  sq.  ;  et  les  textes  de  Diodore  cités  plus  haut.  —  9  Lykophr. 
761  et  Tietzès  à  ce  passdge,  citant  les  ArT,«,  de  Callioiaque.  —  '0  Imhoof-Bluracr. 
BloKller  fur  MfiHzkundt,  1870,  p.  46,  u°  5,  et  .Monnaies  greciiues,  pi.  b,  4  ;  Tor- 


porte  en  exergue  le  nom  de  Kronos,  la  tète  doit  être  inter- 
prétée par  Saturne'".  L'une  et  l'autre  peuvent  servira 
déterminer  le  statère  de  Mallos  en  Cilicie  sur  lequel  on  a 
voulu  reconnaître  de  préférence  ou  Zeus,  ou  Poséidon, 
Héraklès  aussi  et  Dionysos". 

Il  n'est  pas  douteux  que  la  légende  etle  culte  hellénique 
de  Kronos  aient  été  fortement  influencés  par  les  religions 
sémitiques,  comme  ils  le  furent  plus  tard  par  celle  de 
l'Italie'-.  Mais  Kronos  n'est  pas  plus  d'origine  phéni- 
cienne ou  égyptienne,  qu'il  n'est  de  provenance  latine; 
seulement  il  y  avait,  grâce  au  mystère  des  légendes 
cosmogoniques,  de  telles  ressemblances  entre  l'être  de 
El,  dieu  des  Sémites,  de  Baal-.Moloch,  dieu  des  Phéniciens, 
et  du  Kronos  grec,  que  le  mélange  des  races  devait  forcé- 
ment s'exercer  sur  les  pratiques  et  les  croyances,  par  une 
action,  d'ailleurs,  réciproque.  Dès  le  iv"  siècle,  les  Grecs 
s'en  rendaient  assez  compte  eux-mêmes,  pour  que  les 
esprits  éclairés  s'eflForcassent  de  réagir  et  d'empêcher  que 
la  religion  n'en  fût  corrompue  par  des  éléments  étran- 
gers''. Sophocle  flétrit  la  coutume  qui  existe  chez  les  Bar- 
bares de  sacrifiera  Kronos  des  victimeshumaines;  dans  le 
même  temps,  Platon  oppose  cette  pratique  cruelle  à  la 
pieuse  et  clémente  piété  des  Grecs.  Plus  tard,  on  parle  de 
la  fin  de  ces  immolations  sous  l'influence  de  Gélon  de 
Syracuse.  Il  est,  toutefois,  certain  que  les  sacrifices 
d'enfants  à  Moloch,  identifié  avec  Kronos,  continuaient 
encore  aux  premières  années  du  christianisme.  En  Crète 
et  en  Sardaigne,  les  victimes  étaient  des  prisonniers  de 
guerre  et  aussi  des  vieillards;  chez  les  Carthaginois, 
c'étaient  toujours  des  enfants,  le  plus  souvent  jetés  dans 
le  ventre  d'une  idole  d'airain  chaufTée  à  blanc.  Une 
expression  proverbiale,  venue  de  Sardaigne  (iraiodv.o; 
ysÂwç),  désignait  l'affreux  rictus  de  ces  victimes,  immo- 
lées en  temps  de  peste,  de  sécheresse,  de  désastres  mili- 
taires, pour  conjurer  la  colère  du  dieu".  Ce  sont  les 
empereurs  qui  mirent  fin,  à  partir  du  règne  de  Tibère,  à 
ces  sacrifices  inhumains;  et  r.\frique,  où  ils  avaient  si 
longtemps  sévi,  ne  devait  plus  honorer  Kronos-Saturne 
confondu  avec  Baal,  que  par  des  offrandes  rustiques  et 
des  pratiques  inofTensives '°.  Quant  à  l'Egypte  dont  la 
religion  a,  de  tout  temps,  eu  horreur  du  sang,  elle  s'était 
bornée  à  reconnaître  dans  Kronos-Saturne  son  Sérapis  "^. 
Macrobe,  qui  a  longuement  disserté  sur  l'être  du  dieu  et 
sur  ses  fêtes  chez  les  Romains  et  les  Grecs,  s'inscrit  en 
faux  contre  toute  assimilation  de  ce  genre  :  <•  Le  culte  de 
Saturne,  que  vous  nommez  le  roi  des  dieux,  diffère  de 
ceux  de  la  religion  d'Egypte.  Les  Égyptiens  eux-mêmes 
se  sont  abstenus  d'accueillir  dans  le  secret  de  leurs 
temples  non  seulement  Saturne,  mais  Sérapis  lui-même, 

rcranzza,  11,  3,  8  ;  M.  Mayer,  Lnc.  cit.  p.  1.503,  n»  5.  —  "  Chez  Mayer,  Ibid. 
n°  4  et  p.  1572  avec  les  discussions  citées  :  Zeitschrif!  fur  Numis.  XII,  333,  2, 
Tab.  13,  13;  14,  13,  Tab.  1,  6.  —  *2  Sur  celte  importante  rjuestion  à  laquelle  les 
découvertes  archéologiques  faites  eu  Afri<iuc  (voir  les  deux  ouvrages  de  M.  Ton- 
tain,  cités  plus  bas,  II)  ont  apporté  une  précieuse  contribution,  v.  Jlayor,  Op.  cit. 
der  Orientalische  Kronos,  p.  1498  sq.  —13  Soph.  Androm.  fragm.  122;  l'Ial. 
Alin.  315  c;  Theophr.  chez  le  schol.  Pind.  Il,  3.  Cf.  Enn.  Ann.  278,  8  ;  Dion.  liai. 
1,  38  :  Au^».  Cil',  d.  VII,  19  ;  Tert.  Apol.  9  ;  Minuc.  Fel.  Oclao.  30  ;  Sext.  Empir. 
Hijpol.  III,  208,  221;  Plut.  De  superst.  12.  —  it  Porph.  Il,  56;  Schol.  Plat.  /lep. 
337  A;IJ.  Curtius,  4,  14;  Dracont.  Carm.  V;  148.  Pour  le  aaoSiv»;  yi-u;,  Paraem. 
gr.  I,  l-')4;  Pliot.  Lexikon,  s.  v.  ;  pour  la  description  du  supplice,  Diod.  XX,  14. 
—  I''  Voir  SATUiiMALiA,  m  fin  ;  et  infra.  11.  Cf.  le  taureau  de  Plialaris.  Juv.  VIII,  81, 
avec  les  coninientatcurs.  —  "^  Cf.  Mayer,  Op.  cit.  1508,  1516,  1526  sti.;  .Minut. 
Fcl.  27;  Corp.  inscr.  graec.  addit.  3.  p.  1232,  double  invocation  à  Isis  protectrice 
de  Philae  et  de  Sérapis,  pour  qu'ils  fassent  aborder  lieurcnscmenl  les  dédicanis  ; 
t;  Koo/ou  t;iKÔoiov,  ce  ijui  pcut  désigner  Alexandrie.  Si,  comme  Mayer  le  conjecture, 
on  lisait  Tj'f.jff-.o.,  nous  aurions  là  un  sens  mystique  fort  séduisant,  uisqu'il  nous 
ramènerait  à  Rronos  léguant  sur  les  iles  Fortunées  ou  sur  l'Elysée  des  héros. 


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coliii-ci  just]u"aux  temps  d'Alexandre  le  Grand.  C'esl 
que  Saturne  s'odrait  à  eux  comme  une  divinité  cruelle  et 
sanguinaire,  et  leur  religion  propre  n'admettait  comme 
hommages  (jne  la  prière  et  l'encens,  l^orsqu'ils  accueil- 
lirent enfin  la  diviniti'  éiiuivoquc  de  Sérapis  confondue 
avec  Saturne,  ils  en  reléguèrent  les  temples  et  les  pra- 
tiques hors  de  l'enceinte  de  leurs  villes'.  » 

H.  Le  Saturne  des  Romains,  sous  les  traits,  d'ailleurs, 
assez  peu  nets  dont  l'ont  marqué  les  plus  anciennes 
traditions  nationales,  est  une  ligure  plus  simple,  plus 
humaine  que  celui  des  Grecs  avec  lequel  il  allait  peu  à 
peu  se  confondre,  et  son  culte  se  présente  à  nous  avec 
une  réalité  plus  vivante,  plus  populaire.  Sa  divinité  est, 
chez  les  Latins,  sur  le  même  rang  que  celles  de  Janus,  de 
Jupiter,  de  Faunus,  de  Picus,  de  Silvanus,  c'est-à-dire 
qu'il  est  comme  eux  de  la  lignée  des  esprits  qui  président 
à  la  vie  agricole  dans  la  maison  et  dans  les  champs^. 
Son  nom  a  été  interprété  tantôt  par  le  mot  salur,  tantôt 
par  celui  de  sator  ;  il  est  le  dieu  qui  exprime  l'abondance 
de  tous  les  biens,  celui  qui  est  plein  de  toutes  les  forces 
d'où  jaillit  la  joie,  comme  sa  compagne  Ops  est  une  per- 
sonnification des  richesses  de  la  terrée  L'explication 
que  donne  de  son  être  Cicéron  :  quod  saturarelur  (uinis, 
est  une  adaptation  prise  à  la  légende  hellénique  qui  a  fait 
do  Kronos  le  dieu-vieillard,  et  elle  ne  correspond  à 
aucune  idée  qui  soit  purement  latine.  Les  archéologues 
de  la  lin  de  la  République  ramenaient  Saturîiiis  à  l'idée 
des  semailles  :  a  satu  dictum.La  forme  la  plus  ancienne  du 
nom  parait  avoir  été  Saetuimus;  c'est  celle  que  nous 
donne  le  Saetur/ti  Pocolom, coupa  d'argile  qui  date  du 
temps  des  guerres  contre  Pyrrhus,  roi  d'Épire*.  De 
toute  manière,  Saturnus  est  une  figure  d'origine  latine 
et  romaine;  le  lexique  de  Festus  fait  de  lui  le  laboureur 
divin  qui  a  reçu  son  nom  des  semailles  et  comme  attribut 
la  faucille,  instrument  des  moissonneurs,  ce  qui  contri- 
buera à  l'assimiler  au  Kronos  dos  Grecs.  Varron,  faisant 
allusion  aux  générations  d'agriculteurs  qui  ont  colonisé 
l'Italie  primitive  et  fait  succéder  l'exploitation  sédentaire 
du  sol  à  la  vie  nomade  des  bergers,  dit  que  les  culti- 
vateurs sont  de  la  race  du  vieux  roi  Saturnus  ^  Ici  encore, 
sinon  pour  le  fond  des  choses,  du  moins  pour  la  forme, 
cette  caractéristique  du  dieu  se  sent  de  l'intluence 
grecque.  Mais  si  Saturne  devient  ainsi,  même  dans  le 
Latium,  le  représentant  d'un  âge  d'or  où  l'agriculture  fut 
en  honneur,  c'est  la  piété  des  anciens  âges,  incarnant  en 
lui  etdans  sa  compagne  la  prospérité  des  céréales  confiées 
à  la  terre,  qui,  indépendamment  delà  tradition  grecque, 
l'avait  conçu  ainsi.  La  faucille,  qui  est  aussi  la  serpette, 
convient,  d'ailleurs,  aussi  bien  au  vigneron  qu'au  labou- 
reur; et  Saturne  est,  à  l'occasion,  un  vigneron  :  vitisator. 

'  Macr.  1,  7.  15  ;  Allicu.  III,  110  B.  -  2  Van-.  Ling.  lat.  V,37  cl  Gi;  Aug. 
Cw.  d.  VI,  8;  VII,  13;  Macr.  .SV,(.  I,  10  (l-cst.  p.  ISO  cl  Zii  :  Saturnm  aij'rorum 
cultor  hnl.elur,  nominalus  a  salu  tencnsqm  falcem  cffini/ilur  r/une  est  insigne 
agricolae).  Cf.  l'iul.  Quaeat.  rom.  32;  Tcrl.  Ad  liaL.  Il,  12;  Isid.  VIII,  11,  30 
-  3  Cic.  l\at.  deor.  Il,  23,  64;  iV.  62  cl  Lact.  1,  12.  Voir  ops,  p.  211  sq.  ;  pour 
Scliwcglcr.  Hoem.  Gesch.  p.  223,  Saluruus  tIcdI  ilc  salur  =  ,)i,,p<^,i;5  ,i,„;  ijs«,- 
lM-.;.ç!  la  source  de  toute  abondance  heureuse.  Daus  Dion.  Hal.  I,  3«,  il  faut  corriger 
Ksi.o,  en  K6,o,  =:  satietatem  ;  et  c'est  pour  cela  .(u'il  est  en  rapport  avec  Pluton- 
Dis,  dieu  chtlionien  qui  donne  la  richesse;  cf.  Macr.  I,  11,  48;  T,  31.  —  4  Corp. 
iuscr.  lai.  I,  48  ;  cl  le  commentaire  de  Rilschl,  De  fictiliàas  lilteral.  latin,  ant. 
Berlin,  1853.  Aaed.niu»  comme  Caecua,  Caeculus  pour  Cacia.  La  question  proso- 
dique esl  (.cartée  par  Kitsclil,  Ibid.  ol  Optiac.  IV,  p.  270  sq.  Cf.  l'inscriptiou  de  la 
môme  tpoquc:  joVKi  sATunso  i.eiv,,,.  etc.  Annali  deltlml.  1880,  p.  158  sq.  ;  et 
Jordan.  Hermès,  1881,  p.  22,,  qui  a  démontré  (|uil  faut  lire  Saeturnn.  Voir  encore 
l'inscription  S'nturno,  trouvée  dans  une  lorabc  sur  l'Esquilin:  Annali,  1880  p  305 
et  Jordan,  £oc.  cit.  p.  241.-5  De  r.  rmt.  III,  I,  5  ;i|'lut.  Quaest.  rom  lî  et  34- 
Macr.  I,  7,  23;  Isid.  XVII,  1,3;  Aug.  Cii:  d.  XVIII,  15. -6  En  plus  de  la  serpette,' 


Il  fut  même  le  dieu  qui  préside  à  la  fumure  des  champs: 
Slercutius;  et  celte  vague  divinité  des  Indigitameiila 
peut  fort  bien  ètri^  sortie  d'un  vocable  donné  tout  d'abord 
à  Saturne". 

On  comprend  aisément  ainsi  comment  chez  les  anna- 
listes et,  bien  avant  toute  littérature,  chez  les  esprits  peu 
initiés  aux  subtilités  des  fables  grecques,  celle  divinité 
latine  de  Saturne  se  soit  transformée,  sans  d'ailleurs 
perdre  sa  nature  propre,  au  contact  du  Kronos  importé 
des  Grecs.  La  ressemblance  de  la  fête  des  kronia  avec 
celle  des  saturnalia  acheva  de  l'identifier  avec  lui''. 
Alors  l'âge  d'or,  chanté  par  Hésiode,  fut  transplanté  en 
Italie,  et  Saturne  en  futconstitué  le  roi  ;  exilé  par  Jupiter, 
il  se  cacha  [latuit]  dans  le  pays  qui  lui  fut  redevable  de 
son  nom  [Latium].,  et  il  y  inaugura  une  période  de  félicité 
parfaite,  par  le  culte  d'une  vie  simple,  facile  et  ver- 
tueuse*. Le  poète  Ennius  fui  probablement  le  premier 
qui  donna  à  cette  conception  son  expression  littéraire; 
les  poètes  du  siècle  d'Auguste  l'exploitèrent  en  l'illustrant 
de  tous  les  traits  que  leur  fournissaient  Hésiode  et  les 
Alexandrins  qui  avaient  rajeuni  à  leur  façon  les  mythes 
augustes  de  la  vieille  épopée". 

C'est  sans  doute  à  ces  sources  où  avaient  puisé  les 
annalistes  qu'il  faut  ramener  la  tradition  recueillie  par 
Varron,  en  vertu  de  laquelle  Rome  aurait  été,  à  son  point 
de  départ,  la  ville  même  de  Saturne  '°.  On  plaçait  le  centre 
de  cette  cité  primitive  non  loin  du  Forum,  h  la  montée  du 
Capitule,  là  même  où  s'éleva  plus  tard,  sur  l'initiative 
des  Tarquins  et  dans  les  premières  années  de  la  Répu- 
blique, le  plus  ancien  sanctuaire  du  dieu.  On  racontait 
que  la  légère  élévation  du  sol  à  l'angle  nord-ouest  du 
Forum  et  même  que  la  hauteur  du  Capilole  dont  elle 
formait  l'accès,  étaient  le  Mons  Satuimiiis  ;  tous  les  abords 
furent  nommés  Saturnia  teî'î'o,  expression  qui  s'étendit 
à  la  région  Romaine  tout  entière,  plus  tard  à  l'Italie. 
Outre  le  très  vieux  sanctuaire  de  Saturne  qui  subsista, 
contigu  au  temple  projeté  par  L.  Tarquin,  on  citait, 
comme  vestiges  de  cette  royauté,  une  Porta  Saturnia, 
qui  menait  à  la  cité  du  Palatin  (on  la  nommaitaussiPo/'^a 
Paiidana),  dont  le  nom  resta  visible  sur  un  vieux  mur 
conservé  derrière  le  temple".  Ennius  qui  sut  mélanger, 
non  sans  habileté,  les  éléments  de  la  fable  grecque  aux 
antiquités  du  sol  romain  et  latin,  invoque  Jupiter  sous 
le  vocable  de  Saturniu.'i,  et  Junon  sous  celui  de  Satur- 
nia, ce  qui  correspondait  à  la  notion  des  Kronides, 
patronymiijuesous  lequel  les  poètes  grecs,  dès  les  temps 
épiques,  désignaient  les  grands  dieux  Olympiens.  On 
rencontre  chez  les  annalistes  des  assimilations  plus 
précises  encore  ou  plus  étranges,  mais  qui  témoignent 
de  l'importance   de   Saturne,  au    regard  de  la  légende 

le  dieu  lient  sur  un  moniimenl  un  sarment  de  vigne  ou  rejeton  d'arhre  que  broute 
un  bouc  ;  une  iuscripliou  du  pays  des  Pclignéi-ns  lui  donne  répithéle  de  àuTti'AoowTTt;, 
Iraduclionde  vitisator.  Voir  Serv.  Aen.  VIII,  319;  Arnob.  III,  117.  Corp.  inscr. 
graec.  III,  5877  ;  cl  les  inscriptions  latines  où  il  est  appelé  fruciff-h  ;  Corp.  inscr. 
tat.  VIII,  2806;  4581,  etc.  Pour  .Slercutius,  les  leïtcs  d'Isidore,  de  Macrobc  cl  de 
saint  Augustin.  —  7  Khonia,  III,  1,  p.  870  sq.  cl  satliisalia.  —  8  Dion.  Hal.  I, 
38;  Diod.  III,  31;  V.  66.  Cf.  Schwenck,  Mythol.  der  Rocmer,  p.  181  et  Voss, 
Landbau,  II,  173.  p.  342.  —  3  Ennius,  Varr.  Ling.  lat.  V.  74  et  42  ;  Pliiut.  Cistell. 
II,  I,  39  ;0v.  Fast.  VI,  279;  Virg.  Aen.  VIII.  357.  319.  Cf.  Terl.  ,(rfr.  nat.  II, 
12  ;  l.act.  I,  13  ;  Minuc.  tel.  Octav.  21.  Les  vers  des  .Annales  où  il  est  fait  allusion 
à  CL'lle  fable,  sont  I,  51,  32,  207;  cf.  \' Erhémére  du  même,  chez  Lacl.  Loc.  cit.  ;  et 
Baehrcns,  Fraijm.poet.  rom.  p.  126  S(|.  —  10  Dion.  liai.  I,  34;  Varr.  Ling.  lat. 
V.  42;  Virg.  Aen.  VIII,  355  sq.;  et  Serv.  Jbid.  319;  Macr.  I,  7,24;  Fest.  p.  322. 
Pour  les  débris  d'antiques  constructions  trouvées  à  cette  place,  v.  Notizie,  1899, 
p.  49.  Cf.  Prcller,  fioem.  Myth.  II.  p.  14  et  Thédenat,  Le  Forum  romain, 
p.  113  SCI.  3'  éd.  —  tl  V.  Gilbert,  Geschichtc  und  Topogr.  I,  p.  246  sq.  ;  et  III, 
p.  40J  sq. 


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primitive  du  Latium'.  Oreste  n"a  pas  seulement  émigré 
à  Aricia  près  du  lac  de  Nemi  ;  on  fixait  à  Rome  même,  sur 
l'emplacement  du  plus  ancien  sanctuaire  de  Saturne,  le 
tombeau  où  auraient  été  transportés  ses  ossements'. 

Une  autre  forme  de  la  légende  est  celle  qui  conduit 
Hercule  dans  la  région  du  Palatin  et  lui  fait  ériger  au  pied 
du  Capilole,  par  une  colonie  de  Pélasges,  un  autel  à  Sa- 
turne, pour  consacrer  le  souvenir  de  sa  royauté  déjà  dis- 
parue ^  Cet  autel  est  sans  doute  à  identifier  avec  celui  qui 
se  trouvait  placé  aux  temps  histori(|ues  devant  le  Senacu- 
lum,  et  sur  lequel  on  sacrifiait,  graeco  ritu,  c'est-à-dire  la 
tète  découverte  rsACniFiciuM,  fîg.  6009];  il  subsistait  encore 
sous  le  règne  d'Auguste'.  Dans  le  sanctuaire  très  ancien 
qui  fut  remplacé  par  le  temple  dont  les  Tarquins  devaient 
fixer  l'emplacement,  se  dressait  une  image  du  dieu  que 
l'on  enchaînait  par  des  bandelettes  de  laine,  comme  pour 
l'empêcher  de  quitter  les  lieux  qui  s'étaient  mis  sous  son 
patronage  :  une  fois  l'an  seulement  on  déliait  ces  liens, 
durant  la  fête  des  Saturnales  °.  Les  antiquaires  les 
expliquaient  par  les  chaînes  dont  Jupiter  avait  chargé 
son  père,  lorsqu'il  l'eut  détrôné;  mais  la  pratique  a  une 
signification  toute  populaire  etelle  survit,  en  pleinmoyen 
âge,  dans  le  culte  de  certains  saints,  retenus  de  force 
parmi  les  fidèles  qui  leur  rendaient  hommage". 

Nous  avons,  à  l'article  satvrnalia,  raconté  les  circon- 
stances dans  lesquelles  fut  projeté,  puis  bâti  et  dédié,  à  la 
montée  du  Capitole,  le  temple  qui  resta,  jusqu'au  déclin 
du  paganisme,  le  centre  par  excellence  du  culte  de 
Saturne  à  Rome  ''.  Il  est  représenté  aujourd'hui  par 
l'imposante  ruine  des  huit  colonnes  ioniennes,  dont  six 
sur  la  façade,  qui  se  dresse  entre  le  temple  de  la  Con- 
corde et  l'arc  de  Septime-Sévère,  et  qui  touche  d'autre 
part  aux  restes,  entièrement  exhumés,  de  la  basilique 
Julienne.  Les  vicissitudes  de  cet  édifice  à  travers  les 
âges  sont  inconnues;  il  est  probable  seulement  que  la 
ruine  actuelle  est  à  rattacher  à  une  reconstruction,  qui 
peut  n'avoir  été  qu'une  restauration,  sous  Auguste,  et 
dont  Munalius  Plancus  fut  chargé  par  l'Empereur  *.  Le 
temple  figure  sur  le  bas-relief,  datant  du  temps  de  Domi- 
tien,  qui  représente  la  destruction  par  les  flammes  des 
registres  de  délation  '■'.  On  sait  qu'il  fut  incendié  en 
partie  et  restauré  sans  doute  au  début  du  m'  siècle 
par  l'empereur  Carinus'"  ;  les  caractères  de,  l'ornemen- 
tation qui  subsiste  mènent  à  cette  époque.  On  sait, 
d'ailleurs,  qu'au  moyen  âge  une  église  en  l'honneur  des 
saints  Serge  et  Bacchus  devait  avoir  empiété  sur  l'édifice 
païen,  et  qu'en  lo3G,  pour  l'entrée  de  l'empereurCiiarles- 
Quint  à  Rome,  on  démolit  les  marches  de  la  façade. 

Le  temple  fut,  de  bonne  heure,  destiné  à  recevoir  le 
trésor  de  l'État  dont  le  numéraire  était  déposé  dans  ses 

1  Varr.  Ling.  lai.  V.  ii;  Dion.  Hal.  X,  14;  Soi.  I,  i:i,  cl  Gilbeil,  loc.  cil. 
I,  p.  258  et  330.  —  2  Hyg.  Fab.  p.  261  ;  cf.  Tbédeual,  Op.  cil.  p.  Ilf.  fl  pour 
la  légende,  Mai.  Mayer,  chez  Hoscher,  Kronos,  p.  153*.  —  3  Dion.  Hal.  I,  38, 
VI,  1  ;  Macr.  I.  8,  2  ;  Plut.  Quaest.  rom.  32;  Ucl.  1,  21.  Cf.  Ancsi,  saujinam.»  ;  cf. 
Koscher.  irai  Aon,  I,  p.  224«ct  1182.  —  *  Feslus,  p.  322;  Epit.  119;  cf.  Marquardl- 
Mommscn,  UanMucli,  VI,  p.  18a.  —  5  Macr.  I,  8,  5;  Lucian.  Kron.  10;  Stiluni. 
7  ;  Oe  tiiUat.  37  ;  Flul.  IJanesl.  rom.  61  ;  LoIjocW,  Aglaopham.  p.  275.  —  6  V.  Mar- 
qaardt-Mommscn,  Jbid.  p.  252,  avec  les  auteurs  cilés  et  ScheifTeté,  /lealencyclop. 
VI,  1.  p.  nu,  note.  —  ''  Four  ce  Icmplc,  v.  Tliédcnat,  Le  Forum  romain,  p.  227 
»(|.  ;  Rcbcr,  Die  Jtuinen  der  ^taJt  liom,  p.  91-98.  —  »  Iles  gest.  IV,  12,  13.  Cf. 
Varr.  Ling.  lat.  V.  42  ;  Dion.  Hal.  I,  34  ;  Hlio.  H.  nat.  III,  66  ;  Tac.  Hist.  I,  67; 
Fcstus,  p.  322;  Serv.  Aen.  Il,  116;  VIII,  319;  Hyg.  Fab.  261,  in  fin.  Cf.  Jordan, 
Epllem.  epigr.  III,  67  sq.  elF.-M.  Nicliols,  The  roman  Forum,  p.  23  sq.  —  9  V. 
P0K0y,p.  1298,  fig.  32C1.  —  1U  Corp.  inscr.  lat.  VI,  937.  Cf.  1316;  X,  6087  et  Sucl. 
Aug.  29.  —  Il  Varr.  Ling.  lat.  V.  183;  Fesl.  p.  2;  Scrv.  Aen.  VIII,  322;  ('lut. 
Popt.  12;  Sol.  I,  12,  elMacrob.  I,  8,  3  ;  Til.  Liv.  XXII,  1.  Cf.  Gilhcrt.  Geschiehle 
vnd  Tupagr.  n\,  [t.   100  sq.  Cf.  akiiahiom    1,1,  p.    1 10  ;  1 12.  —  12  T.  I.iv.  III,  69  ; 


caves".  S'il  en  faut  croire  Pliilarque,  c'u.st  Yalerius 
Publicola  qui  le  premier  l'adapta  à  cet  usage;  on  y 
déposait  aussi  les  enseignes  des  légions  dans  l'intervalle 
des  campagnes'^.  La  raison  qui  fit  choisir  ce  sanctuaire 
comme  aerarium  n'a  pas  été  donnée  par  les  historiens; 
mais  il  est  probable  qu'on  l'y  trouva  plus  approprii- 
qu'un  autre  par  sa  situation;  il  était,  en  effet,  voisin  du 
Sénat  qui  avait  la  gestion  des  finances  publiques,  et  la 
forteresse  du  Capitole  constituait  pour  lui  une  sécurité". 

L'importance  du  culte  de  Saturne  à  Rome  est  affirmée 
surtout  par  la  fête  des  saturnalia.  Pour  le  surplus,  il  ne 
semble  pas  que  le  dieu  en  personne  ait  été  jamais  l'objet 
d'hommages  très  fervents,  après  la  première  période  où 
il  était  redevable  de  sa  popularité  à  son  caractère  agricole. 
Si  Denys  dit  que  ses  sanctuaires  furent  fréquents  en 
Italie,  l'affirmation  semble  quelque  peu  téméraire".  On 
a  remarqué,  en  effet,  que,  sauf  en  Afrique,  les  inscriptions 
en  son  honneur  sont  des  plus  rares;  à  Rome  même,  à 
part  celles  qui  sont  relatives  au  temple  plus  qu'à  la 
personne  du  dieu,  elles  font  jusqu'ici  entièrement 
défaut'^.  En  réalité,  les  témoignages  littéraires  qui  le 
concernent,  comme  on  peut  voir  par  la  place  que  lui  fait 
Ovide  dans  ses /as/cs'",  s'inspirent  presque  uniquement 
de  la  fable  hellénique  et  sont  sans  liens  avec  la  tradition 
nationale.  Ceux-là  mêmes  qui  le  mêlent  à  la  pratique 
des  Arr/ei,  à  celle  des  Maniae  et  qui  représentent  le  dieu 
comme  ayant  introduit  en  Italie  la  pratique  des  sacrifices 
humains,  ensuite  abolie  par  Hercule,  sont  des  fantaisies 
d'archéologues  et  non  des  manifestations  de  religion 
populaire".  En  y  regardant  de  près,  on  s'avise  que  les 
rapports  des  Romains  avec  Carthage  ont  du  modifier,  à 
l'époque  des  guerres  puniques  et  pendant  la  lutte  contre 
Jugurtha,  leurs  idées  sur  la  personnalité  de  Saturne, 
comme  les  avait  modifiées  déjà,  dans  un  autre  sens,  la 
pratique  des  lettres  grecques.  De  là  l'incohérence  des 
points  de  vue,  relativement  à  la  nature  du  dieu,  qui 
apparaît  tantôt  comme  le  souverain,  père  d'une  humanité 
pacifique  et  clémente,  tantôt  comme  le  premier  auteur, 
en  Italie,  des  sacrifices  humains.  On  sait  comment  les 
premiers apologètes  du  christianisme  tentèrent  d'exploiter 
contre  la  religion  païenne  en  général  ce  dernier  point  de 
vue  [saturnalia]. 

Ce  qui  est  démontré,  c'est  que  le  culte  de  Saturne  ne 
se  répandit,  dans  celles  des  provinces  romaines  où  ne 
s'était  exercée  ni  l'influence  phénicienne  '*,  ni  celle  de  la 
littérature  grecque,  que  dans  la  mesure  même  où  ce  culte 
était  en  honneur  à  Rome,  c'est-à-dire  en  y  laissant  des 
traces  rares  et  peu  profondes.  L'.Xfrique,  naturellement, 
où  il  trouvait  un  terrain  tout  préparé,  échappe  à  cette 
remarque;  c'est  là,  en  efl'et,  que  nous  rencontrons  les 

IV,  22;  VII,  23.  —  13  V.  Cilhcrt,  Op.  cit.  III,  160  sq.;  il  était  de  plus  voisin  du 
temple  de  la  Concorde  qui  servit  souvent  de  lieu  de  réunion  au  Sénat  ;  Cic.  Verr.  I, 
49,  129.  —  U  Dion.  Hal.  I,  34  ;  cf.  Prcller,  Itoem.  JUythol.  Il,  p.  10,  3«  édit.  la  noie 
de  Jordan.  —  'à  Les  principales  inscriptions  jusqu'à  présent  connues,  en  dehors  de 
l'Afrique,  ont  été  trouvées  dans  le  Treutin,  Corp.  inscr.  lat.  V,  p.  1180;  dans  le 
Tyrol,  /6.  V,  50  sq.  :  à  Ferrarc,  Itiid.  2382  ;  à  Vérone,  3291.  Cf.  Momnisen,  Her- 
mès, IV,  101.  Cf.  l'autel  |de  la  Uaule  romaine  avec  le  Saturne  à  léte  de  tau- 
reau. Ch.    Robert,  Epigr.    de    ta  Moselle,  pi.  ri,   m  et  Dits,  p.   172,  fig.   2i03. 

—  16  Ov.  Fast.  V,  62  sq.  ;  VI,  29  sq.  ;  avec  les  commentateurs  Merckel,  if'ro- 
leg.    civ   et  ci.xx:    Peter,   Ad   loc;  Jordan,  Topographie,    II,  p.   2n2,  et  Anctri. 

—  17  Tert.  Apol.  9;  Ad  nat.  II,  12;  Aug.  Cm.  d.  VII,  19;  Jlinuc.  Fel.  Octav. 
.57;  Lact.  I,  13.  Déjà  dans  l'Evliémére  d'Ennius.  fragm.  10,  p.  169,  é.lit.  Valilen  : 
Salurnum  et  Optm  cetero&que.  tune  homines  liumanam  carnem  solitos  vorare. 
Cf.  Max.  Mayer,  Op.  cit.  p.  1466  sq.  —  !•*  Sur  celle  iniluenrc  que  nous  ne  pou- 
vous  loucber  ici  qu'en  passant,  v.  Max  Mayer,  Oer  Orientatische  Kronos,  chez 
Koscber,  Op.  cit.  p.  1498-1507;  cf.  liaal.  Itiid.  I,  p.  2867  sq.  ;  et  plus  liant,  I, 
m  fin. 


SAT 


—  1088 


SÂT 


(('■moignagos  les  plus  iiomhriMix  cl  les  ])1ms  drcisifs  (Tiiiu' 
religion  de  Salurneavec  Ions  les  caraclères  qui  doinon- 
Irent  la  populariti' '.  On  n'y  compte  plus  les  has-relicls 
votifs  el  les  inscriptions,  datant  des  temps  romains,  oi'i 
ligure  le  nom  de  Saturne,  sur  les(|nels  le  dieu  est  repr('- 
senlé,  le  plus  souvent  en  busle,  la  tête  voilée,  el  ù  ses 
côtés  les  images  des  principales  divinités  indigènes. 

Le  Saturne  africain  n'est  pas  le  même  que  le  Kronos 
des  Grecs  ni  que  le  Saturne  des  Latins;  d'autre  pari,  il 
diffère,  sur  beaucoup  de  points,  du  Baal-Moloch  vénéré  à 
Cartilage  chez  les  Phéniciens.  Il  esl  une  adaptation  loule 
spéciale  à  un  état  moral  el  religieux  qui  a  été  déterminé, 
pour  une  large  pari,  par  l'intluence  combinée  de  la 
Grèce,  de  Home  et  de  la  religion  phénicienne.  Appelé 
Doiiiiiiiis,  Aii!/ii.i/iis,  Saricltis,  Magniis,  Invirtus,  ce 
Saturne  est  la  divinité  suprême,  universelle,  très  sem- 
blable à  Zeus  et  à  .lupitcr  Capitolin  -.  Il  est  en  même 
temps,  sous  un  aspect  dilTérenl  et  qui  se  rapproche  du 
Saturne  priinilif  des  Latins,  le  dieu  qui  procure  la  fertilité 
champêtre  :  Frugifer".  Mais  les  monuments  ('^igés  en 
son  honneur  ne  lui  conservent  pas  moins  une  physio- 
nomie spéciale  et  franchement  indigène.  Les  fidèles 
adjoignent  à  sa  figure,  empruntée  le  plus  souvent  au 
type  gréco-romain,  des  symboles  tels  que  le  disque,  la 
lune,  l'éloile  qui  rappellent  Baal*.  Un  même  bas-relief  le 
représentera  même  sous  trois  aspects  dillerents,  l'un  qui 

a  été  importé  d'Ila- 
^  \^,-^^<^<li    rS^'**'  ir  i     lie  nous  donnant  le 

dieu  barbu,  chevelu, 
à  la  face  de  vieil- 
lard morose,  avec 
l'attribut  de  la  fau- 
cille el  de  la  palère, 
puis  l'encadrant 
comme  dans  une 
niche,  d'un  côté  par 
un  dieu  solaire  cou- 
ronné de  rayons  et 
uauni  d'un  fouet,  de 
l'autre  par  une  divinité  féminine  dont  la  tète  est  sur- 
montée du  croissant  (fig.  6121)^  Pour  les  Gréco-Ro- 
mains, celle  triade  est  celle  de  Saturne,  d'Ilélios-Sol  el 
de  Séléné-Luna;  pour  les  indigènes,  si  Saturne  se  borne 
à  rappeler  Baal,  dont  il  a  pris  la  place,  Ilélios  suggère 
Baal  lui-même  et  Séléné,  la  déesse  Tanit  ou  Isis.  Nous 
avons  dit  ailleurs  quelle  est  la  nature  du  culte  que  les 
Africains  rendaient  à  Saturne  et  aux  dieux  qui  lui  font 

I  Pour  cctloiiiirusion  du  Saturne  romain  identifié  à  Baal-Moloch,  nous  ri'nvoyojis 
àJ.Toulain,ifs  Cités  romaines  de  la  Tunisie,  l'aris,  1805  :  v.  surtout,  p.  2(3sq,  où 
le  culte  de  Saturne  en  Afrique  est  caracli'risé  de  la  façon  la  plus  sûje  et  la  plus  corn- 
pU-le  ;  du  niônio:  Ùe  Salurni  ttei  in  Africa  romana  cultu,  l'aris,  1894.  —  2  Tonlain, 
Op.  cil.  p.  27s(|.;cr.  Corp.  inscr.  lut.  VIII,  suppl.  2070  ;  12136  ; /A;rf.  4512.  etc.  ! 
«4i'J,  etc.;  iCG7;  auppl.  12Ui.  -^Ibid.  p.  30  sq.  ;  Corp.  inscr.  (oi.  VUI,  20C6 ' 
«81  ;  SSiC.  _  1  V.  chez  le  mime  la  Tab.  I,  p.  U  avec  le  commentaire,  p.  33  s(i.; 
cr.  .Mélanges  trarchéol.  rom.  18'JS,  p.  \03,  pi.  i  à  iv.  -  ô  lti,1.  p.  38,  tab.  Il, 
fig.  2;  cf.  les  fig.  I  et  3  ;  sur  ce  dernier  bas-relief,  les  personnages  sont  plus 
africanisi's  :  le  Saturne  esl  imberbe,  despression  prest|ue  féminine  et  voilé  il  la 
façon  .les  vieux  xoan,,  d'AUiéna  ou  dU.'w.  Cf.  Max-Mayer,  Op.  cit.  p  ISOO  el 
letudesur  Baal,  cbc7.  Hosober,  Op.  cil.  I,  2.  p.  287S  ;  cf.  /IM.  1226.  I,e  Kronos 
dans  le  sanehiaire  duquel  llannon  a  écrit  de  sou  vo>'age  (/'«■!;;(.  I)cst  un  Baal 
hellénisé.  -  C  Liician.  AVan.  10;  V.  le  lexle  de  l.ac'tance  avec  les,  autres  plus 
haut.  —  7  Cf.  l'reller-Jordan,  Jloem.  Mytii.  Il,  p.  (3;  1,  p.  3st;  y.  sai.u;  Enii 
Annnl.  (fr.ign>.;,  iil  el  V.irr.  Un,,.  Int.  VII,  30;  Test.  p.  321  ;  Co'rssen,  Origines 
poesis  romon.p<M»i/«.  —  »  l'ourlliisloriqucdu  culte  de  Saturne  et  cebri  des  supers- 
titions populaires  <|ui  en  sont  issues,  rien  de  plus  intéressant  r|ue  la  caracléristique 
de  celui  des  Juifs  qui  auraient  fêlé  le  7-  jour  en  son  bonueur.  V.  Tac.  //isl.  V,  i, 
avec  le.  conmientateurs  et  notre  étu.lc,  Les  Juifs  à  Home  demnt  fnpinion  el 
dant  In  lillcrature,  /leviie  des  éludes  Juives,  t.  XI,  n"  22,  p.  175  s,,.  I.a  rélébra- 


corlège;  comment  aussi,  par  une  caricature  poussée  au 
noir,  Laclance  fait  du  Saturne  romain  un  dieu  mangeur 
lie  chair  humaine.  La  contre-partie  nous  en  est  fournie 
par  le  portrait  iiu'a  tracé  dt;  lui  Lucien,  quand  il  le  décrit 
comme  un  rui  bonhomme  qui  abdique  sa  royauté  lors- 
qu'il se  sent  trop  vieux  el  fêle  sa  libération  dans  la  bom- 
bance des  Snturnalia  ''. 

Cet  exposé  des  pratiques  et  des  croyances  relatives  au 
culte  du  Saturne  romain  serait  incomplet  si  nous  ne 
rappelions,  d'une  part,  que  la  plus  ancienne  forme  de  ver- 
sification latine  lui  esl  redevable  de  son  nom  el  que  le  vers 
Saturnien  a  été  considéré  par  les  Romains  eux-mêmes 
comme  le  rythme  barbare  dans  lequel  chantaienl  les 
Faunes  et  les  devins ';  d'autre  part,  que  dans  la  dénomi- 
nation par  les  divinités  des  jours  de  la  semaine  [dies,  II, 
p.  171  sq.]'  il  obtint  tout  d'abord  le  premier  Jour  et  plus 
tard,  sous  l'influence  judaïque,  le  septième,  le  premier 
étant  attribué  au  dieu  Soleil.  Nous  renvoyons  aux  monu- 
ments reproduits  elcommenlésà  l'article  DiEs,  pour  l'ico- 
nographie spéciale  du  dieu  à  ce  point  de  vue.  11  y  figure 
avec  ses  traits  traditionnels,  ici  muni  de  la  faucille, 
aillcuirs  portant  la  faucille  d'une  main  et  de  l'autre  une 
tète  de  taureau  »  (fig.  2402,  2103). 

111.  L'histoire  des  représentations  figurées  de  Kronos- 
Saturne  est  à  la  fois  pauvre  en  documents  et  encombrée 
d'interprétations  difficiles.  Comme  l'a  fort  bien  remarqué 
Overbeck  '",  elle  manque  à  son  point  de  départ,  aussi  bien 
dans  la  légende  que  dans  les  premiers  essais  de  l'art 
religieux,  d'un  type  précis  qui  l'oriente;  les  seuls  traits 
qui  y  peuvent  mettre  une  individualité  distincte,  c'est 
d'une  part  la  vieillesse,  de  l'autre  le  caractère  soupt-'on- 
neux,  sournois  et  morose  qu'Homère  a  exprimé  par 
l'épithèle  de  àYxuXoixviTïjç  " .  L'attribut  de  la  harpe,  ser- 
pette ou  faucille,  lui  est  commun  avec  d'autres  person- 
nalités divines  ou  héroïques;  la  barbe  fournie  et  la 
chevelure  abondante  se  retrouvent  chez  Jupiter,  Neptune 
et  Pluton,  ses  fils  ;  le  pan  de  manteau  ramené  par  l'occiput 
vers  le  front,  qu'il  laisse  à  découvert,  convient  aux  sacri- 
ficateurs suivant  le  rite  romain.  En  réalité,  une  repré- 
sentation de  Saturne  n'est  franchement  certaine  que  si 
l'un  ou  l'autre  de  ces  traits  et  môme  tous  ensemble  sont 
éclairés  par  quelque  détail  emprunté  à  la  légende  ou  mis 
en  relief  par  les  circonstances  de  l'acte  représenté. 

De  même  que  les  représentations  de  la  Grande  Mère 
des  dieux  sont  parties  de  l'aérolithe,  celles  de  Kronos- 
Saturne  ont  eu  pour  point  de  départ  le  bèiyle  [baetylia, 
I,  p.  G12  sq.]'-.  La  pierre  que  Rhéa  substitue  à  l'enfant 

lion  du  -•"  jour  esl  un  sujet  do  plaisanteries  dès  le  temps  d'Auguste  ;  v.  Tib.  I,  3, 
18  ;  Hor.  Sal.  \,  9,  09  ;  Ov.  Ars  am.  I,  415;  Ilem.  am.  219;  el  elle  défraie  les 
satiriques  de  lâge  suivant;  Pers.  V,  184;  Juv.  XIV,  96.  —  9  Sur  le  vase  de  Wel- 
lingen  (Gnz.  arcliéol.  1879,  1),  Saturne  lient  d'une  main  la  faucille,  de  l'autre  des 
épis.  Ajoutons  une  rnosa'ique  afi  icaine  conservée  à  Tunis,  où  le  busle  de  Saturne, 
placé  au  centre,  est  entouré  do  six  autres  divinités  de  la  semaine,  Cataî.  du  musée 
.Maoui,  mosaïques,  pi.  n,  10.  —  10  II  semble  qu'au  moyen  âge,  sans  doute  comme 
un  écho  des  superstitions  clialdéennes  et  judaïques  [(Saturne  a.  d'ailleurs,  joué  un 
l'Ole,  non  seulement  diins  la  pratique  des  horoscopes,  mais  dans  les  opérations  de 
magie),  le  jour  de  .Saturne  aitcouservé  la  répnlaliou  d'un  jour  néfaste.  Grimm  cite 
un  poème  du  ix"  siècle  sur  la  bataille  de  Fontenay  livrée  un  ."-amcdi  el  où  il  est  dit 
(jup-  ce  jour  ne  fut  pas  celui  du  Sabbatum,  qui  signifie  repos,  mais  d'un  dolium 
■'ialunii,  expression  qui  équivaut  à  celle  de  4am  du  diable  ;  (irimm,  Deutsche 
mythol.  1,  p.  105,  ba  citation  d'après  Dom  Bouquet,  VII,  304  :  SiMatum  non 
illnd  futt  dse  dolium  Satnrni.  Cf.  /Sid.  p.  20't;lll,  p.  83.  On  peut  rapprocher 
l'èpigramme  d'un  poète  belléuisant.  Anlhol.  pnlat.  XI,  114;  cf.  257,  sur  l'aveulure 
d'un  certain  lléliodoio  à  qui  l'horoscope  dévoile  l'inimitié  de  la  planète  Saturne 
el  qui  arrache  du  temple  la  statue  du  dieu  afin  de  le  rendre  inoffensif.  —  "  Kimst- 
mytholofiie.  I,  p.  252;  cf.  Max.  Maycr,  Op.  cit.  p.  1544  el  1549.  —12  Hom.  //.  V, 
59  ;  cf.  supr.  I.  V.  encore  Mayor,  Op.  cit.  p.  1522  el  Ed.  Meyer,  chez  Roschrr, 
I,   p.  2875. 


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Zeusalin  de  Iroinpor  son  père,  n'estpasautre  chose  qu'un 
bi'/ijte,  et  elle  fut  la  première  idole  suggérant  l'idée  du 
dieu  par  l'acte  le  plus  frappant  de  sa  légende.  Puis  elle 
figura,  de  concert  avec  le  dieu,  dans  la  scène  qui  repro- 
duisait cet  acte.  Une  peinture  de  vases  à  figures  rouges 
de  style  attique  ',  mais  dont  la  partie  antérieure  parait 
seule  à  l'abri  de  toute  contestation,  représente  trois 
personnages  féminins  dans  des  attitudes  diverses  avec 
une  figure  de  vieillard  vêtu  d'un  long  manteau  et 
appuyé  sur  un  sceptre.  La  figure  féminine,  qui  lui  fait 
face,  lui  présente  à  la  hauteur  de  sa  tète  un  objet  caché 
dans  les  plis  où  elle  se  drape,  objet  qui  peut  bien  corres- 
pondre à  la  pierre  sacrée.  Mais  rien  n'est  moins  certain 
que  l'explication  de  la  scène  par  la  ruse  de  Rhéa,  et  le 
vieillard  au  sceptre,  tout  barbu  qu'il  soit,  n'est  pas  mani- 
festement Kronos.  Il  en  est  de  même  de  la  figure  de 
vieillard  pensif  qui  est  assis  derrière  le  char  d'Oenomaiis 
parmi  les  personnages  qui  composent  le  fronton  oriental 
du  temple  de  Zeus  à  Olympie  -.  Des  arguments  exposés 
par  M.  Ma.x.  Mayer  en  faveur  de  l'identification  avec 
Kronos,  un  seul  a  quelque  valeur,  c'est  celui  qu'il  lire  de 
la  place  occupée  par  le  dieu  et  sa  compagne  Rhéa  dans 
les  cultes  de  ce  sanctuaire  ^ 

Pour  en  revenir  à  l'épisode  de  la  pierre,  il  nous  reste 
le  bas-relief  de  l'autel  du  Capilole,  manifestement  inspiré 
par  une  œuvre  grecque,  peut-être  par  un  relief  de  Praxi- 
tèle, qui  l'avait  sculpté  pour  le  temple  d'Hérn  à  Platées*. 
Kronos,  assis  sur  un  trône,  dans  une  attitude  et  avec  une 
expression  qui  font  penser  à  certaines  représentations 


Fig.  6lîi.  —  Ivi-unos  et  Kliia. 

classiques  de  Zeus,  reçoit  des  mains  de  Rhéa  debout 
devant  lui  la  pierre  enveloppée  de  langes  (fig.  G122).  Pau- 
sanias  a  décrit  la  scène  dans  des  termes  qui  suffisent  à  l'i- 
dentifier avec  le  bas-relief  romain".  M.  Mayer,  qui  a 
consacré  à  Kronos  la  seule  étude  complète  que  nous  possé- 
dions, en  a  rapproché,  pour  ce  qui  concerne  le  personnage 

l  Au  Louvre;  PoUier,  Catuiog.  p.  1092,  G  36;;  De  Wille!  Ca:.  archéol. 
lS-.'>,  pi.  IX  ;  Éliti:  céramogr.  I,  p.  iilfi;  Annali  delflnst.  1875,  404;  1877, 
pi.  xviii  el  Icite,  p.  117.  Cf.  Mai.  .Mayer.  p.  1351  sq.  —  2  V.  Collignon, 
/Hat.  de  la  Sculpl.  gr.  I,  p.  434  sq.  :;surlout  ill,  fig.  228  cl  229;  avec  la  biblio- 
^rapliie  de  l'inlcrprClation,  p.  437.  Ce  vieillard  est  le  plus  souveul  idenlifié  avec 
.MyrLilos.  V.  Lopsclicke,  Ùorpnter  Programm,  1885,  p.  8,  qui  conclut  à  une  divi-' 
nilè  locale.   —  3  Schol.  Pind.   01.  VI,  p.   116  et  le  poète  lui-mèrac,  Ul.   ill,  51. 

—  '  Helbig,  Fûhrer,  n»  311;  reproduit  par  Ovcrbeck,  Kunstmythol.  Atlas, 
Zeus,  III,  24  el  souvent  ailleurs.  V.  Max.  Mayer,  p.  1564,  fig.  14 cl  l'inlcrprétation. 
Overbeck,  Ibid.  I.  p.   32tl  ;  cf-  M.  .Vaycr.  Loc.  cil.  p.   1366.  —  5  pans.  l\,  2,   3, 

—  ^  Trouvd-e  en  Macédoine,  original  perdu  et  dessiné  avec  plus  ou  moins  d'exacli- 
lude  chez  Max.  Mayer,  p.  1537,  lig.  3;  cf.  Gaz.  archéol  1870,  le  va^c  de  Wcllingcn 
(f.  aiipr.)  el  Maver,  p.  1569,  qui  rapproche  de  plus  un  Saturne  figiu-anl  sur  un  bra- 

vm. 


du  dieu,  une  coupe  en  argent,  originaire  do  Macédoine, 
dont  l'original  est,  d'ailleurs,  perdu,  et  qui  montre  Kronos 
assis,  nu,  tenant  la  harpe  dans  la  main  droite  el  étendant 
la  gauche  vers  la  pierre  placée  à  coté  de  lui  pour  rappeler 
la  ruse  de  Riiéa".  Des  historiens  de  l'art  grec  mentionnent 
encore,  comme  ayant  défrayé  la  sculpture  à  certaines 
époques,  la  participation  de  Kronos  à  la  lutte  des  Géants 
contre  l'Olympe,  sur  les  frises  du  temple  d'Héraà  Argos, 
où  figuraient  également  la  naissance  de  Zeus  avec  Rhéa 
couchée,  la  pierre  présentée  à  Kronos.  la  danse  des  Curetés 
et  Zeus  nourri  par  .\malthée  [amaltiiaea,  curetés]  \  A 
cette  énumération,  qui  nous  fournit,  d'ailleurs,  pour 
l'iconographie  de  Kronos,  des  documents  sans  portée,  il 
faut  ajouter  une  statue  de  Tebessa,  sur  laquelle  se  lit 
une  dédicace  à  Saturne.  L'attitude  et  le  geste  sont  sem- 
blables à  ceux  de  Saturne  en  tête  à  tête  avec  Rhéa  sur 
l'autel  du  Capitole,  ainsi  qu'avec  le  bronze  du  musée 
Grégorien  dontil  estquestion  plus  loin'. 

La  seule  œuvre  représentant  Saturne  suivant  les  pro- 
cédés de  la  statuaire  grecque  est  le  fragment  en  calcaire 
du  Musée  du  Vatican  (tête 
et  buste  jusqu'au  ventre, 
la  tête  légèrement  incli- 
née à  gauche  et  soutenue 
par  le  bras  en  partie  con- 
servé) (fig.  6123)^;  la  che- 
velure el  la  barbe,  forte- 
ment ondulées,  sont  d'un 
homme  dans  la  force  de 
l'âge  ;  l'e.xpression  est 
pensive  et  mélancolique. 
Le  torse  est  nu,  mais  les 
plis  du  manteau  remon- 
tent dans  le  dos  et  sont 
ramenés  sur  la  tête  de  fa- 
çon à  l'encadrer  de  lignes 
harmonieusement      dra-  f'?-  '''-3-  —  siaïuc  de  Kronos. 

pées.  De  celte  œuvre  on 

peut  rapprocher  un  certain  nombre  de  bustes  qui  tous  sont 
d'attribution  conjecturale,  puisqu'ils  peuvent  également 
convenir  aux  rois  Kronides,  particulièrement  à  Neptune, 
à  Pluton  et  même  à  Sérapis.  C'est  ainsi  qu'Overbeck  a 
mis  parmi  les  représentations  de  Jupiter  le  buste  voilé 
du  musée  Grégorien,  que  M.  Mayer  revendique  avec 
conviction  pour  Saturne,  sans  qu'il  soit  possible  de 
décider  entre  les  deux'".  Une  petite  tête  en  marbre,  de 
la  collection  Xelidow,  nous  laisse  dans  la  même  incer- 
titude" ;  mais  il  y  a  quelque  probabilité  pour  qu'une  tête 
en  calcaire  exhumée  à  Clés,  en  Tyrol,  tête  barbue,  chevelue 
et  voilée  comme  les  précédentes,  doive  être  identifiée 
avec  Saturne  :  elle  a,  en  efTet,  été  découverte  parmi  des 
fragments  d'inscriptions  relatives  à  ce  dieu'-.  Citons 
encore   la  statuette   en   bronze   du    musée    Grégorien 

celet  de  Syrie  (Gaz.  archéol.  IK77,  8,  3),  en  compagnie  de  Tyché,  d'Iléhos  el 
de  Séléné.  Cf.  les  divers  Saturnes  reproduits  à  l'article  Dies,  II,  2,  p.  172  et  173; 
cl  la  statuette  de  marbre.  Malz-Duhn,  Antik.  Bildtrerke,  1,  n«  48.  —  ^  Over- 
beck, Kumtmylhol.  Zens.  p.  328,  331  sq.  ;  333-337.  Cf.  l'relier,  Gricch. 
.Vylhol.  1,  p.  lût,  3"  édil.  —  »  Aoliees  et  Mémoires  de  la  Société  de  Cons- 
lantine,  1879-80,  pi.  xivm.  —  9  Braun,  Yorachule  der  Kunstmythol.  pi.  ixxv  ; 
Helbig,  Fùhrer,  i.'  éd.  1899,  n=  138  cl  Max.  Mayer.  p.  1501,  (ig.  12.  —  lo  Over- 
beck. Kunttmyihologie,  Zeus,  Allas,  III,  2  ;  Brnnn  Bruckmann,  Sali  de  busti, 
iiô ( ùenkmaetcr  der  griech.  und  rneni.  Skulptur).  Cf.  M.  Mayer,  Op.  cit.  p.  1301 
et  Helbig,  Die  oeffeatlichen  Sammlimgen,  I,  p.  237.  —  I'  Chez  Mayer,  p.  1361, 
fig.  11.  —  12  Reproduite  pour  la  première  fois  par  .Max.  Mayer.  p.  156"),  fig.  d  après 
Archaeol.  epigr.  ilittheil.  aus  Oesterreich,  16,  p.  74.  Les  iuscriplious  au  Corp. 
i:iscr.  lat.  V,  3C67  sq. 

137 


S\T 

qui  a  celle  pai-lii-ulariU-  inléressanle  d'èli-o  à  peu  près 
inlaele  et  de  nous  représenter  le  dieu  assis,  le  torse  nu, 
le  bas  du  corps  enveloppé  dans  une  ample  draperie  qui 
est  ramenée  par  derrière,  sur  la  tète,  en  forme  de  voile  et 
soutenue  à  la  hauteur  des  yeux  par  le  bras  levé  dans  le 
geste  même  qui  caractérise  le  Saturne  de  lautel  du 
Capitule '.Toutes  ces  représentations  ont  ceci  de  commun 
qiH'  Saturne  n'y  a  rien  de  l'air  décrépit  (a'jyu.o'j:tX£w;)  qui, 
suivant  Lucien,  aurait  été  sa  caractéristique  chez  les 
peintres-, mais. au  contraire,  une  expression  de  vigueur 
et  de  virile  majesté.  Il  est  le  senex  ohvohilo  capite  dont 
parle  I(>  commentateur  de  Virgile,  expression  qu'il  con- 
vienl  de  corriger  parce  vers  de  Virgile  lui-même,  pei- 
gnant Charon,  le  nocher  des  enfers  :  cnida  dco  viridisque 
senectitx  '.  Une  peinture  de  Pompéi,  de  toutes  les  représen- 
lalions  de  Saturne  la  plus  connue  et  la  plus  expressive, 
nous  en  a  légué  le  type  idéalisé 
ilig.  61:2i;.  Le  dieu  est  représenté 
debout,  suggérant  l'idée  des  sta- 
tues-portraits si  fort  en  faveurdans 
l'art  gréco-romain;  son  altitude 
est  noble;  il  est  drapé  dans  un 
manteau  donl  les  plis  rappellent 
la  loge  romaine;  une  partie  de  la 
poitrine  est  à  découvert;  la  main 
droite,  qui  tient  la  serpette,  est  en- 
veloppée jusqu'au  poignet  par  la 
draperie  qui  contourne  le  cou,  de 
droite  à  gauciie,  et  retombe,  large- 
ment traitée,  sur  l'autre  bras,  la 
main  soutenant  l'extrémité  de 
l'étoffe  '. 

Il  y  a  peu  de  chose  à  tirer,  en 
mettant  à  pari  les  monnaies  de 
.Mallos  et  d'Himère  que  nous  avons  citées  pfus  haut, 
des  diverses  reproductions  de  Saturne  sur  des  monnaies, 
soit  grecques  soit  romaines.  Pour  les  premières,  les 
attributions  sont  toujours  fort  incertaines.  Mention- 
nons toutefois  la  monnaie  de  Tarsos  qui  date  du  règne 
de  Valérien  r.\ncien  et  où  la  draperie,  la  tète  et  la  fau- 
cille désignent  suflisamment  Saturne^  ;  une  monnaie  de 
Flaviopolis,  du  règne  de  Domitien,  qui  le  représente  en 
buste,  la  tète  voilée  et  avec  la  faucille;  une  monnaie 
dlladrumète  où,  voilé  également,  il  tient  deux  épis  dans 
lu  main.  .\  Rome  même,  il  figure,  sur  les  monnaies  des 
familles  Apuleia,  Calpurnia,  Cornelia,  Marcia.  Memmia, 
.Neria  el  Nonia,  au  déclin  de  la  République;  puis,  sous 

I  Cbei  liai.  Mayer,  p.  IbOi,  fig.  1.1;  cf.  la  Ogurc  demi-grandeur  nalnrclle  chez 
Clarac.  p.  .193,  Hg.  660.  —  î  Kron.  10.  —  i  Serv.  Aen.  III,  41 7  ;  Mylhogr.  Val.  II,  I  ; 
Aiig.  Consol.  tnaiu).  I,  23,  U;  Virg.  Aen.  VI,  30t.  —  i  Helbig,  Wamigemaelde, 
n-  96;  et.  Ibid.  1003;  Muellcr-Wjcselcr,  II,  6»;  800:  cf.  M.  Maycr,  Loc.  cit. 
p.  1558.  L'élC-gaule  staluetlc  en  brome  du  .Musée  de  Florence,  reprOsenlaiil  un 
liéros  nu.  dans  une  allilu.le  n.édiUlivc,  coilTédu  pileusel  tenant  une  «crpeltedans 
la  main  gaucUe  (Mucller-Wiescler,  11.  Ci.  SOI  ;  cf.  iiutlieilunnen,  clc.  IS92,  p.  166). 
ne~l  pas  un  Salunie  ;  la  ser|ieUe  oii  reslituée  et  le  piteus  ne  convient  pas  au  dieu; 
i\  faut  y  voir  un  Ulysse;  cf.  la  ligure  de  gauche  du  bas-relief  en  stuc,  Monumenti, 
VI,  51  I',  i|ui  représeulc  le  rapt  du  Palladium  ;  le  corps,  la  tête,  la  coilTure  sont 
ideuli.|ue9  ;  seules  leipression  et  le  geste  dilTéreut.  -  â  Celle  monnaie,  très  rare  et 
que  Mayer  a  le  premier  fait  connailrc,  se  trouve  au  Cabinet  des  médailles  à  Athènes  : 
irproduilc  chci  Mayer.  p.  I33S.  lig.  f.  Celle  de  t-laviopolis,  Zeitichrifl  fur  Au- 
"ii,m.  .\ll.  33i,  Tab.  li,  I  ;  celle  d'Iladruméle,  .Mueller,  Numism.  de  Vanc. 
Afrique,  II,  5i,  29.  —  6  V.  pour  les  monnaies  de  l'tmpire,  Eckhel,  Doctr. 
num.  VII.  p.  381  ;  pour  les  monnaio  de  la  Uépnbli(|ue,  les  traités  de  Cohen 
et  de  balielon,  pnttim.  —  '>  Froelmer,  MediiUtom  de  VEmp.  rom.  p.  191. 
—  BiHi.ior.iiAi.KiE.  ISultniaim,  dans  sa  Mythologie,  11,  36  sq.  :  AVonos  oder 
SiUurnut,  ISU;  Gerhard,  Grilch.  Mijikoloyie.  I85i.  106  sq.  passim;  G.  Hcr- 
mann,  ùe  theologia  Graecorum,  p.  176  si|.  ;  E.  Ilofmaun,  Alythen  nu»  der 
Wandeneit  dcr  graeko-italUchen  Staemme,  1"  partie  :  Krunos  und  Zeus,  1875- 


Fig.  Clit.   —  Salnn 


lOltO  —  SAT 

riùnpire,  sur  quelques  monnaies  de  Valérien,  de  Gai- 
lien  et  d'.\lbinus  (fig.  Gl-2o)''.  Le  médaillon  reproduit 
ci-contre",  el  qui  date  du 
règne  de  ce  prince,  rend 
à  Saturne  sa  significa- 
tion primitive  de  divi- 
nité agricole,  mais  sous 
les  traits  pompeux  d'un  roi 
qui  ramène  la  prospérité  de 
l'âge   d'or.      J.-A.  Hild. 

SATYRI,  SILEM  (Situ- 
foi,  'S,^\r^■^<jC).  —  I.  Origines 
el  caractères  du  type.  — 
Les  Satyres  sont  des  per- 
sonnalités   mythologiques 

qui  furent  associées,  de  bonne  heure,  au  thiase  de  Dio- 
nysos. L'étymologie  du  mot  Satijrus  nous  est  incon- 
nue. Les  tentatives  des  grammairiens  '  pour  expliquer 
ce  vocable,  qui  n'est  probablement  pas  d'origine  hel- 
lénique, n'ont  donné  aucun  résultat  satisfaisant.  On 
a  proposé  d'identifier  les  Satyres  avec  les  Satrae  de 
Thrace  -,  dévols  de  Dionysos  mentionnés  par  Héro- 
dote'; mais  il  faut  écarter  cette  hypothèse  évhémériste 
qui  se  fonde  sur  une  confusion  initiale  des  Satyres  avec 
les  Silènes.  D'autres  croient  plus  juste  de  rapprocher 
Satyrus  du  latin  Satura.  L'idée  de  plénitude  et  d'abon- 
dance caractériserait  bien  des  démons  protecteurs  de  la 
richesse  agricole  '.  Mais,  dès  leur  apparition  dans  la  reli- 
gion et  dans  l'art,  c'est  leur  caractère  agreste  et  libre 
qui  domine.  Hésiode  ^  y  voit  une  race  fainéante  el  tournée 
au  mal  :  ils  sont  à  la  fois  pétulants  et  poltrons.  Euripide 
les  appelle  Otioeç^  ;  leur  nom  dorien  de  xirupo!  '  est  syno- 
nyme de  boucs.  On  pourra  donc  faire  rentrer  les  Satyres 
dans  la  grande  famille  des  génies  thériomorphes,  décrite 
par  Mannhardt*.  Pour  tous  les  peuples  indo-germa- 
niques, les  énergies  naturelles  des  eaux,  des  vents,  des 
forêts  el  des  montagnes  apparurent  sous  la  forme  de 
génies-animaux,  dont  la  mythologie  préhellénique.  Cre- 
toise el  mycénienne,  nous  ofTre  aujourd'hui  tant  d'exem- 
ples. Ces  croyances,  légèrement  modifiées  à  la  vérité, 
survivent  chez  les  montagnards  de  la  .Macédoine. 

Le  Péloponèse  el,  en  particulier,  r.\rcadie  paraissent 
être  la  patrie  d'origine  des  Satyres'.  Les  cantons  pas- 
toraux de  l'Arcadie  ont  très  anciennement  adoré  Pan, 
le  divin  chèvre-rpieds  [pax].  On  lui  emprunta  ses  cor- 
nes, sa  queue  et  ses  ongles  fourchus,  pour  les  donner 
à  la  troupe  des  Satyres,  êtres  mutins  et  lascifs  qui  ont 

Naegelsbach,  Uomerische  Théologie,  î'  éd.  p.  75  s*!-  ;  yachhomerisehe  Théo- 
logie, p.  98  sq.  ;  Overbcck,  Abhandlimgen  der  Saechs.  GcselUchaft  der  H"i»- 
$ensch.  1863,  p.  *7  sq.  :  6*  sq.  ;  Preller-I'lcw,  Griech.  Mythologie,  I,  W  sq.  cl 
passim;  Scliwegler,  Jioâin.  Geschichte,  I,  p.  233;  Sippel,  Ùe  cullu  Salumi, 
disscri.  ioaug.  IStS;  Roschcr,  Ausfuerliches  Lexikon  der  grieeh.  uiid  Itoem. 
Mylhol.:  Kronns,  art.  de  .Mai.  Mayor,  III.  p.  U52-  1573;  J.  Toutain,  /.es  Cilét 
romaines  de  la  Tunisie,  1895,  p.  207  sq.  ;  213,  passim.;  Id.  De  Saturni  deiin 
Africa  romana  cullu,  1894,  particuliéremfnt  p.  27  sq.:  Wah,  De  religionibus 
romanis  antiquissimis,  1845,  p.  12  sq.  ;  Wcicker,  Griech.  Gnetterlehre,  I,  155  sq. 
el  passim. 

SATTBI.  iSchol.  Theocr.i.6î-.  ciir„  synonyme  desito;;  Loeschckc,  Ath.  Mit- 
Iheilung.  1894,  523,  se  fonde  sur  le  latin  satur;  Scliol.  Platon,  Conrie.  215  b; 
»e9r,3^vat,  montrer  les  dents.  —  2  Head,  Hist.  jKum.  p.  176;  Harrison,  Protogo- 
mena  to  the  studij  of  greek  religion,  p.  380.  —  3  Hcrod.  VII,  3.-4  Voir  lartirle 
de  Loeschcke,  Ath.  .Villheilung.  .\IX,  1894,  p.  523.  WilamoniU,  cité  par  le  même 
(p.  522),  pense  que  le  mol  désignait  à  l'origine  un  bouc,  Tçâro;,  el  repousse  las* 
siniilalion  entre  «jàTujoi  el  satur.  —  5  Ap.  Strab.  X,  471.  —  ^  Cyelop.  624; 
cf.  Hesychius,  s.  v.  <ri-»f^t.  La  glose  sur  l'herbe  appelée  aa-vfi^v  dérive  évidera- 
mcnl  du  caractère  lascif  prêté  aux  Satyres.  —  ~*  Hesychius,  x.  r.  TÏTufot;  Schol. 
Tbeocrit.  III,  2;  cf.  Lœsclicke,  /.  c.  p.  521.  —S  Anlike  Wald-und  Feldkulle, 
136   sq.  —  9  La'schckr.  L.  c.  p.  52  4. 


SAT 


1091 


SAT 


toujours  conservé  quelque  chose  delà  nature  caprirKî. 
Nous  reconnaissons  encore  ces  démons  péloponésienssur 
une  série  de  vases  à  figures  rouges  du  v"  siècle,  qui  les 
représentent  avec  des  cornes  de  bouc,  des  sabots  et 
une    queue 


esprits  des  solitudes  rocheuses,  tenaient  de  la  chèvre 
leurs  principaux  traits  ;  les  Silènes  sont  des  démons 
chevalins,  étroitement  apparentés  aux  Centaures.  Ils  ont 
les  oreilles  velues,  la  queue  fournie,  et  le  sabot  des 
solipèdes.  Satyres  et  Silènes  sont  traités  de  Ô-rjOEç;  mais 
les  auteurs  di'nomment  les  Silènes  «  chevaux  »,Ï7r7toi\ 
tout  comme  ils  appellent  «  boucs  »  les  Satyres  (Tpàyoi)  '. 

Esprits  des  sources  et  des  landes  marécageuses,  les 
Silènes  sont  les  parèdres  masculins  des  Nymphes  [mae- 
NADEs]  auxquelles  ils  s'unissent  «  dans  la  fraîcheur  des 
cavernes»,  dit  l'hymne  homérique". 

C'est  à  Athènes  que  les  démons-boucs  du  Pélopo- 
nèse  (les  Satyres)  furent  assimilés  aux  démons-che- 
vaux de  FAnatolie  (les  Silènes),  et  cette  confusion 
voulue  eut  une  portée  panhellénique.  Nous  verrons  plus 
bas  que  les  artistes  attiques  donnèrent  aux  Satyres 
introduits  dans  la  tragédie  le  type  exact  des  Silènes 
avec  leurs  oreilles  et  leurs  queues  de  cheval.  Pour 
les  écrivains  aussi,  Satyres  et  Silènes  devinrent  syno- 
nymes". L'usage  courant  de  la  langue  ne  distingua 
plus  des  êtres  que  l'art  avait  étroitement  mêlés.  Le 
plus  célèbre  de  la  troupe,  Marsyas,  est  appelé  tantôt 
Satyre  et  tantôt  Silène,  et  l'on  dit  quelquefois  drame 
silénique  '  au  lieu  de  drame  satyrique  '  [satyricl'm 
dramaJ,  pour  cette  forme  particulière  du  drame  consacré 
à  l'essaim  pétulant  des  Satyres.  L'essai  de  démarcation 
tenté  par  Pausanias  '■*  est  un  témoignage  de  la  confusion 
générale  des  deux  conceptions  mythologiques. 

Si  l'on  confond  communément  Satyres  et  Silènes,  il 
arrive  aussi  qu'on  les  dislingue.  A  côté  des  innombra- 
bles Silènes,  on  fait  une  place  spéciale  au  vieux  Silène,  le 
père  nourricier  de  Dionysos.  Une  légende  d'Argos 
raconte  le  combat  d'un  Satyre  arcadien,  sorte  de  monstre 
analogue  à  Nessus,  contre  Héraclès  '".  Une  fois  le  pré- 

1  Uoscher,  I.exik.  lier  gr.  imd.  rùm.  Mi,th.  an.  pan,  p.  1410.  .Noire  figure 
d'apris  un  cralire  ilu  Musée  brilaniii(|iic.  Journal  of.  hell.  stuil.  .\I.  ISOIi, 
pi.  XI.  Cf.  Cataloi/iie  Durand,  i4î  ;  Calaloijiie  Puurlalé!,  3'J'J  ;  Jalill,  Vasen- 
tamml.  08i  ;  Hôm.  ilitlli.  tS'J",  p.  91,  'J2,  93  ;  liristish  Miisciim,  Catalogue 
E.  735;  Noël  (les  Vergers,  Etruri^,  pi.  x  ;  Annali  d.  I.  1»84,  lav.  d'agg.  M;  Mon. 
d.  I.  IV,  pi.  iiiiv;  Arch.  Zeilg.  IS53,  70  ;  Belhc,  Prolegomena,  fig.  p.  339. 
—  2  M.  p,  de  Saussure  me  fait  rcniartjucr  que  E[/.»ivo(  rappelle  élroitcmeiil  par  la 
lerniinaison  ijvoi  les  noms  cUiniiiues  lliraco-phrygiens  ;  on  retrouve  celle  dési- 
nence dans  Tuoor.voî,  ce  qui  indifiue  l'origine  analolicnne  des  litrusques.  —  ^  Dit- 
tonhergcr.  Syllog.  inscr.  grave. ^  11,  w  737,  n.  77;  Bgm.  Urpinc.  XLVUI, 
♦,  XLIX,  1  ;  cf.  Maas,  Orpheus,  p.  18  sq.  ;  C.  I.  G.  4,  7400;  Wide,  Alh.  Milthei- 
lung.  1894,  p.  281  ;  Lœsclickc,  Ibid.  p.  521.  —4  Etijmol.  îlagn.  s.  v.  Toar..,S;.  ; 
cf.  Acscli.  Fragm.  iu7,  n.  S  ;  llesjch.  s.  ».  «i^ou;;  cf.  Pollul,  'Efiitnaùnaia, 
Notice  des  manuscrits  de  la  UiUiothéque  nationale,  XXllI,  i'  parlie,  1S72, 
p.  55  :  AÎ^Erj-o;.    seniicaper,  satyre.  —  û   l/ym.  ad   Veuer.  i-d'i.  —  C  Hesycli.  s.  r. 


cepteur  de  Dionysos  devenu  un  vieillard,  on  rajeunit 
d'autanl  les  Satyres  qui  passent  pour  ses  enfants  dans 
le  (Ujclope  d'Iùiripido.  C'était  dans  la  tragédie  que 
s'était  faite  la  confusion  des  Silènes  et  des  Satyres". 

C'est  aussi 
au  drame 
satyrique 
athénien  et 
à  des  con- 
venances 
s  c  é  n  i  q  u  es 
que  M.  Ro- 
bert fait  re- 
monter le 
personnage 
mytholo- 
gique   du 

vieux  Silène '^  Pour  introduire  Silène  au  nombre  des 
acteurs,  on  l'aurait  chargé  d'années  en  l'opposant  ainsi 
aux  jeunes  Satyres-Silènes. 

Quoi  qu'il  en  soit,  il  se  créa  une  légende  du  vieux 
Silène  ^Y^f">'''%  TtaTCTrôç'*).  Fils  d'une  Nymphe '»  et  de 
Pan  '^  il  est  élevé  à  Nysa,  dont  il  devient  roi".  Les  Nym- 
phes lui  contient  l'éducation  du  jeune  Dionysos  qui  avait 
échappé  à  leur  surveillance '^  Il  accompagne  son  élève 
en  Attique  et,  laissant  le  dieu  visiter  les  bourgs  favorisés 
de  Sémachidai  et  d'Icaria,  il  va  goûter  sur  l'Acropole 
l'hospitalité  de  Pandion'^.  La  sagesse  de  Silène  est  pro- 
verbiale :  il  a  le  don  prophétique  et  on  lui  arrache  ses 
oracles  par  ruse'",  carl'ébriété  est  lacondition  essentielle 
de  ces  révélations.  L'imbécile  Midas  capture  Silène  dans 
son  jardin  de  roses  du  Bermios,  l'enivre  et  apprend  de 
lui  la  vanité  de    l'existence  humaine-'. 

Le  vieux  Silène  fatidique,  ainsi  que  les  Satyres-Silènes 
des  chœurs  tragiques,  sont  déjà  étroitement  associés  à 
Dionysos.  Mais,  à  l'origine,  ceux-ci  étaient  tout  à  fait 
indépendants  du  dieu.  Silène  lui-même  a  comme  proto- 
types, certains  démons  archaïques,  bienfaisantset  nour- 
riciers, qui  n'ont  rien  de  commun  avec  le  dieu  du  vin^^. 
L'alliance  des  Satyres-Silènes  avec  Dionysos  n'est 
donc  point  primitive.  Elle  s'explique  par  l'irrésistible 
attrait  de  la  religion  dionysiaque,  qui  adopta  peu  à  peu 
les  génies  secondaires  des  eaux ,  des  forêts  et  des 
sources  ".  Selon  les  vues  intéressantes  de  Wilamovitz  2*, 
les  Satyres  reprirent  pour  Dionysos  les  danses  rituelles 
qu'ils  avaient  exécutées  autrefois  pour  Cybèle-^  Les 
cérémonies  de  ce  culte  extatique  produisaient  chez  les 
lidèles  des  crises  d'enthousiasme  :  ils  se  croyaient  pos- 
sédés par  la'  divinité  et  métamorphosés  en  animaux 
sacrés,  boucs  ou  chevaux  (Satyres  ou  Silènes). 

Quand  les  premières   ferveurs    du   culte  nouveau  se 


SiiiivoJEàtufoi.  —  1  Mat.  Conviv.  215  *.  —  8  Allicn.  Il,  55c.  ;  Diou.  Hal.  /l/,et.  3,  C  ; 
Arist.  Poet.  4,  18.  —  9  Paus.  I,  23,  5  ;  cf.  Elymol. Magnum  s.  v.  E„J,,voî,  p.  710  ; 
Servius  ad  Virg.  JS'jiri.  VI,  14.  —10  Wilamowilz,  Oriechise/ie  Tragordien,  111.  Pré- 
face du  Cycloye  d'Kuripide,  p.  7.  —  Il  Welcker,  Aachtrag  der  Aeschgl.  Trilogie. 

—  12  Der  MUde  Silen,  23»  tiallisches  n'inckelm.  J'rogr.  p.  18.  —  13  Nonnusf,  17, 
27  ;I9,  27!.  —  n  Pollux,  4,  142.—  16  Aelian,  Var.  Iiist.  3,  18;  Xenopli.  Conv.  5, 
7.  —  11-  Scrv.  Virgit.  Eel.  0, 1 3.  —  n  Diod.  Sic.  3, 72  ;  Catul.  Eleg.  64,  253.  —  i»  Eurip. 
Cyclop.  4.-19  fausau.  I,  23,  2, 27.  Virg.  Egl.  VI.  -  20  Pausan.  I,  4,  5.  La  légende 
est  étudiée  par  Bulle,  Ath.  Mitth.  1897,  389.  —  21  Cf.  liliode,  Griech.  Jloman, 
204  sq.  —  22  KurtwSngIcr,  Arcliiv.  fur  licligionswissencliaft,  19U7,  p.  331;  Bulle, 
Die  Silène  in  der  archaisclien  Aunst,  p.  71.  —  23  M.  Lci-schcke  a  très  bien  mon- 
tré comment   l'association   s'est  faite,  par  l'entremise  de  la  religion  de  Uionysos, 

entre  les  démons  péloponésicns  (Satyres)  et  le  lliiaso  venue  d'Ionic  (Silènes); 
Ath.   Mittheil.  1894,  p.  518  si(.  Cf.  Milclihnfcr,  Anfange  der  Kunst,13  noie  I. 

-  ■•!'»  Griech.    Tiagiidien,  III.  p.  9  sip  —  2û  Strali.  X,  4Cû;Hurip.  Oacch.  130. 


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furonl  atliédics,  les  Satyres-Silènes  continiiérenl  leurs 
danses  aux  reprt^sentations  symboliques  de  la  mort  de 
Dionysos  ;  mais  ils  n'élaient  plus  Iransligurés  par  Tex- 
lase;  on  ne  voyait  plus  en  eux  que  des  hommes  tra- 
vestis'. C'est  dé  ces  danses  des  Satyres-Silènes  que  sont 
nés  le  dithyrambe,  la  tragédie  et  le  drame  salyrique  des 
Athéniens  [ciioius,  dithyhamiU'S,  cyclici?  chorus,  saty- 
RicrM  DRAMAj.  La  comédie  dorienne  tire  son  otigine  des 
ébats  plus  débridés  d'une  autre  catégorie  de  démons, 
analogues  aux  phlyakes  de  la  Grande-Grèce-.  Ainsi, 
les  Satyres-Silènes,  libres  habitants  des  forêts,  à  l'ori- 
gine, sont  définitivement  enrôlés  à  Athènes  dans  le  thiase 
bachique.  Jusqu'à  la  fin  de  l'antiquité,  ils  demeureront 
attachés  au  dieu,  dont  ils  constituent  les  servants  atti- 
trés, la  maison  et  la  suite. 

Nous  n'entrerons  pas  dans  le  détail  des  mythes 
secondaires  où  les  Satyres  jouent  un  rôle.  La  légende  en 
fait  les  (ils  d'Hermès  et  de  la  Nymphe  Iphthimé^;  elle 
les  associe  aux  Curetés  de  Crète  ',  auprès  de  Zeus, 
et  plus  tard  leur  attribue  comme  patrie  des  terres  loin- 
taines, les  Iles  des  Satyres  ',  où  les  navigateurs  les 
entrevoient.  Certains  savants  modernes  ont  ajouté  foi  à 
ces  fables  et  en  ont  donné  des  explications  rationalistes; 
les  explorateurs  anciens  auraient  pris  pour  des  Satyres 
les  gorilles  de  la  côte  africaine  ou  les  sauvages  de  l'Inde  °. 
Il  sera  bon  de  compléter  par  les  monuments  figurés  le 
témoignage  des  écrivains  :  la  prodigieuse  richesse  de 
l'imagerie  nous  fait  comprendre  beaucoup  de  conceptions 
que  les  textes  littéraires  passent  sous  silence  ou  laissent 
seulement  entrevoir.  Le  diable  des  chrétiens  garde, 
d'ailleurs,  plus  d'un  trait  du  satyre  antique,  auxquels  les 
artistes  de  la  Renaissance  et  des  temps  modernes  res- 
tèrent souvent  fidèles  par  humanisme'. 

II.  Représentation  dans 
l'art.  —  Nous  avons  distin- 
gué plus  haut  les  démons- 
chevaux  anatoliens  (Silènes) 

t''  -MÉl^MÊBBi  ^^  '"^^  démons-boucs  pélopo- 
f  /  \'^^pÊ^SUB^M  nésiens  (Satyres).  Ce  sont 
\/ J }  r--^^^^^^  les  Silènes  que  nous  ren- 
controns les  premiers  dans 
les  monuments.  Ils  ont  un 
visage  large,  complètement 
entouré  par  la  barbe  et  les 
cheveux,  un  nez  camus,  une 
queue  et  des  oreilles  de  cheval  (fig.  6127;  *;  des  sabots 
non  fendus  indiquent  clairement  leur  nature  bestiale 
(fig.  ei-iSj'.  On  appelle  généralement  ionien  cet  ancien 
type  du  Silène  parce  que  l'origine  en  est  bien  établie 
par  des  monuments  ioniens  :  monnaies  de  la  Grèce  du 

1  Sur  les  origines  de  la  tragédie  allique,  cf.  Hermès,  XXXII,  p.  290;  Xeue  Jahr- 
bùcher,  1906,  p.  ICI  sq.;  Archh.  fur  Helii/ionswiss.  190S,  p.  ir.i  et  105.  Sur 
les  prSlres de  Oionysosel les  loliaclioi.  df nommas  .itnot,  cf.  Herwerdeu.  Lexicon  graec. 
tuppl.  t.  V.  \,T.„i  :  DiUenbergcr,  SijUoije  i,  n.  739,  10;  743.29  :  717  n.  7.  —  2  Voir 
larlicle  cité  de  I.oe'clicke.  —  3  Nonnus,  14,  105.  —  4  Inimiscli.  dans  Lerikon 
ilytholog.  de  Rosclier,  art.  Kurelen,  p.  159»;  Wide,  Alh.  Milth.  1894,  p.  2*1. 
—  6  SIrab.  X,  ieit.  —  6  On  se  fonde  sur  deux  Icxles  :  l'un.  Periplus-Hannon, 
§  18,  cilé  par  Perrol,  JJisl.  de  l'Art.  111.  p.  SOB,  el  par  Clernionl-C.inncau. 
Jmaijerie  phénicienne,  p.  31  et  noies;  laulrc.  l'aussan.  I,  i3,  5,  invoqué  par 
Schubarl,  Fleckeisen  Jahrbùc/.er,  1S75,  p.  415  sq.  ;  cf.  Lalîleau,  .Vo'iirs  rf.s  sau- 
raqet  américains,  Paris  172V,  1,  p.  31  ;  de  Rosnj-,  Les  Antilles,  188G.  p.  24. 
Dans  la  coupe  de  l'réncslc.  Fcrrol,  0.  c.  III.  fig.  543,  qui  dale  du  vu"  siècle,  le 
siii^i'  anlhropoïdc  a  des  allures  de  Silène;  sur  Tobélisque  de  Saimanasar  11,  du 
Uriislè  .Muséum  (Nimroud  Cenljal  Saloon,  n.  98).  donl  la  date  esl  800  à  833, 
on  voil  dis  Iribulaircs  ameuer  des  singes  de  grande  taille;  ces  animaux  auraient 
pu  conlnl.uer  àla  rornialiou  du  Silène  ionien.  —  7  liev.  de  l'Art  anc.  et  muderne, 
19U7,  II.    p.    117  (l'crdriwl-.    -   «l{;l,ou.  Aus  ioniscli.  A'ekrop.  pi.  xui,  n'    0. 


Fig.    6127.   —  Siléue  du  type 


àÂ^ 


.6128.  —  Silène  à  [[ueuo 
et  sabot  de  cheval. 


Nord'",  vases  de  Rhodes"  et  deTanis'-,  sarcophages 
de  Clazomène  '\ 

A.  Période  archaïque.  —  Le  Si- 
lène ionien  à  sabot  do  cheval'''  est 
très  proche  parent  du  Centaure,  qui 
n'est  autre  chose  qu'un  Silène  pro- 
longé par  une  croupe  chevaline  '\ 
Certaines  monnaies  archaïques  de 
la  Thrace  '"  portent  à  l'avers  une 
Nymphe  enlevée,  tantôt  par  un  Si- 
lène, tantôt  parunCentaure.  Quand 
le  sabot  de  cheval  du  Silène  est 
remplacé  par  un  pied  humain,  le 
Centaure  adopte  aussi  le  membre 
antérieur  de  l'homme.  Mais  géné- 
ralement, le  progrès  de  l'art  ar- 
chaïque fait  ressortir  la  nature  ani- 
male du  Centaure  tandis  que  le 
Silène  s'humanise.  Ce  sont  là  deux  solutions  différentes 
d'un  même  problème  artistique  :  la  fusion  harmonieuse 
des  formes  de  l'homme  et  du  cheval,  qui  avaient  été  plutôt 
juxtaposées  que  liées  par  les  premiers  imagiers.  On 
observe  la  même  évolution  dans  les  types  du  sphinx,  de 
la  sirène,  etc.,  êtres  tout  à  fait  hybrides  àl'origine,  mais 
auxquelslesartistessurent,  peu  àpeu,  donner  des  formes 
plastiques.  Les  Silènes  du  Vase  François  ^''  ont  non  seule- 
ment des  sabots,  mais  aussi  des  hanches  de  cheval;  cette 
innovation  de  Clitias  n'a  pas  eu  de  succès. 

A  côté  du  Silène  à  sabot  de  cheval,  il  faut  mentionner 
un  autre  type  complètement  velu  "  que  l'on  considère,  à 
bon  droit,  comme  l'ancêtre  du  Papposilène  du  drame 
attique  (fig.  3849,  ."iSoo,  oo9i);  chez  ce  dernier,  les  par- 
ties pileuses  sont  remplacées  par  un  maillot  spécial,  le 
/ooTaîoç  /iTcûv,  sorte  de  chiton  où  l'on  collait  du  foin.  Une 
célèbre  coupe  ionienne  de  Wurzbourg'^  (fig.  4759), 
d'autres  vases ■^°,  un  casque  de  bronze  chalcido-ionien  ^' 
nous  offrent  de  bons  exemples  de  Silènes  hirsutes,  au 
corps  complètement  piqueté  de  points.  L'art  archaïque 
attique  ne  les  connaît  pas.  Sansdoute,  lesartisteschalcido- 
ioniens  auront  voulu  caractériser,  par  cette  villosité 
excessive,  la  sauvagerie  des  Silènes,  en  les  dépeignant 
comme  devrais  habitants  des  forêts.  On  peut  supposer 
aussi  un  parti-pris  décoratif  de  peintres  ou  de  graveurs. 
Comme  les  Silènes  sont  souvent  placés  deux  à  deux, 
les  corps  velus,  tachetés  ou  piquetés  se  détachent  en 
vigueur  sur  les  surfaces  lisses  de  leurs  voisins^'-. 

Nous  avons  dit  que,  chez  les  Silènes,  des  jambes 
humaines  se  substituent  aux  sabots  de  cheval.  L'art 
archaïque  attique,  sauf  sur  le  Vase  François,  donne  aux 
Silènes  la  tournure  d'hommes  affublés  d'une  queue  et 

—  9  Carapanos,  Dodone,f\.  i.x,  p.  171  ;  De  Wilt-,  Gaz.  archéol.  1877,  p.  124, 
pi.  XX  :  Micali,  Mon.  inéd.  nnl.  popoli  ilal.  IS44,  pi.  ivn.  —  lO  Gardner,  Tijpes  of 
qrek  coins,  pi.  m,  1 .  —  n  Journ.  .  hell.  stud.  IV,  p.  188.  —  12  Jahrb.  des  K.  tnstit. 
1893,   43.   fig  .5  —  "  Journ.  of  hell.  stud.  IV,  p.   21  ;  Anlike  Denmâl.  I,  46,3. 

—  14  Bulle,  Die  Silène  in  der  archa'ischcn  fùinst  der  Griechen,  p.  2  st].  ;  Furl- 
wângler.  Die  ant.  Gemmen.  lli,  102  sq.  ;  pi.  viii,  4;  cf.  Brûckner,  Anakaly/tteria, 
p.  16.  qui  établit  un  rapport  entre  ces  groupes  et  l'usage  sparlialc  décrit  par  Plu- 
laripie,  /.ijcurij.  13.  —  '5  Bulle,  O.  c  p.  2;  Jlihlibhfor.  Anfihuje  der  Kunst.  172. 

—  10  Gardnei',  Types  of  i/r.  coins,  III,  9  :  llcad,  Uist.  num.  171.  Môme  niolif  sur 
des  pierres  gravées  :  FurlwSngler,  Ant.  Gemmen,  p\.  xv,  17,  VII,  57  et  p.  102, 
note  2.  Pour  ic  lypede  la  Nymphe  enlevée  par  un  ('cataure,  cf.  G.  .Nicole,  A/cidiat 
et  le  style  fleuri,  (ig.  2  et  3.  —  "  l'urlwSnglerUeichhold,  Griechische  Vasen- 
mat.  pi.  xi-xuE.  —  IS  Bulle.  Die  Silène,  p.  I.i  sq.  —  l'J  Furlwiingler-Reichhold, 
Griech.  Vasenmnl.  pl.xi.i.  —  2»  Wuriburg,  1,'rliclis.  III,  n»  331  ;  Munich,  Jahn,  n«  605 
et  6S5  ;  Pi'lersbourg,  Stephani,  216  ;  Hcydemanu.  III'  Winckelmonns  proyr.pt.  ii, 
3;  Briiio.  Vnsi  del  museo  di  Uoioijna.  1.4.  —21  GerUanl,  AnlUe /lildw.  pl.i.vi.2, 
=  Ha-.imcisler,  Dcn  '.mrïlcr,  n"  S  des  l'iauclu  s  supplénioulaires.  —  22  Bulle,  O.  r.  p.  23. 


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d'oreilles  de  ciieval.  Ils  ontune  clievelure  en  désordre, 
une  longue  barbe  pointue,  le  nez  camus  et  Tair  bestial. 
Ces  traits,  rendus  familiers  par  les  monuments  attiques. 
sculptures',  gemmes-  el  vases  à  figures  noires,  doivent 
sansdoute  une  grande  partie  de  leur  popularité  aux  fêtes 
baciiiques.  Aux  grandes  Dionysies,  des  processions 
bruyantes  d'hommes  costumés  en  Silènes  parcouraient 
les  rues  d'Atliènes.  Nous  avons  quelque  chose  de  ces 
mascarades  dans  les  tableaux  figurés  sur  les  vases'. 

Le  type  ionien  courant  se  modifie  sensiblement,  dès 
l'origine,  dans  les  terres  cuites.  L'n  masque  du  Musée 
Britannique  '  donne  au  Silène  un  front  chauve  sillonné 
de  rides,  et  le  faciès  des  négroïdes.  .\  l'époque  archaïque, 
le  Satyre,  c'est  le  suivant  de  Dionysos,  gros,  ventru, 
danseur  jovial,  que  l'on  voit  figurer  surtout  sur  les  vases 
de  Corinthe,  de  Cyrène  et  de  Samos",  véritable  ancêtre 
des  histrions  de  la  comédie  attique  et  du  Silène  ventri- 
potent adopté  par  l'îige  classique'^. 

B.  Période  classique.  —  Le  type  du  Silène  arcliaïque 
s'adoucit  au  v  siècle  dans  les  vases  à  figures  rouges  où 
foisonnent  les  sujets  ba- 
chiques. Dans  ces  scènes 
^MAENADESj,  Ics  Silènes, 
très  nombreux,  sont  en 
général  chauves  ;  leur 
barbe  encore  fournie  n'a 
plus  la  forme  triangulaire 
d'autrefois  (fig.  (3129': 
elle  est  traitée  indépen- 
damment de  la  chevelure. 
D'ailleurs,  la  calvitie  ne 
sévit  pas  chez  tous;  plu- 
sieurs gardent  les  che- 
veux relevés  sur  le  front. 
Leur  visage  laid  et  expres- 
sif, n'a  plus  un  caractère  aussi  bestial;  il  revêt  même 
parfois  une  certaine  noblesse*.  La  statuaire  a  fixé  dans 
un  chef-d'œuvre  le  type  du  Silène  barbu  :  le  Marsyas  de 
Myron  '  tombé  en  arrêt,  paralysé  d'étonnement  devant  les 
(lûtes  d'Athéna,  offre  des  formes  élancées  et  nerveuses, 
qui  se  dessinent  déjà  dans  les  Silènes  du  Vase  Fran- 
çois. Le  Silène  barbu,  aux  cheveux  redressés  sur  le  front, 
restera  en  faveur  jusqu'à  l'époque  liellénistique  et  ro- 
maine'".  C'est  le  plus  fréquent  et  le  plus  familier.  Héritier 
direct  de  l'art  archaïque,  il  se  maintient  sans  grand  chan- 
gement jusqu'à  la  fin  de  l'antiquité.  Toutefois,  M.  Furt- 
wàngler  a  établi  "  (jue  de  ce  type  du  Satyre-Silène  barbu 

l  Relief  de  luf,  Âth.  Mitlh.  1SSC,  |>1.  ii.  78  (Sludniczka).  —  2  Furlnanglcr,  Die 
aniik.  Gvmmen,  pi.  vu,  CO  :  VIII,  ÏO  ;  VI,  53.  elc.  —  »  Le  li'nioijnagc  le  p'iisdirecl 
est  donné  par  un  col\le  où  l'on  voit  des  Satyres  assistant  ù  la  fôte  des  I>  onysics 
célébrées  par  des  jeunes  filles  nobles  d'Atliènes,  Amer.Journ.  of  Arch.  1907.  p.  4i:i, 
lig.  5:  cf.  aussi  ['ottier,  Catalogne,  p.  905.  —  *  Boclilau.  Aus  ionischeii  uiid  ital.  .Vecr. 
fig.  -i;cl  pi.  \ni.  I  et  6;  Loeschckc.  Alli.A/iUli.  1894  , pi.  vin,  p.  510.  —  ôCorintlic: 
Loesrlicke,  L.c.  Duiuont  el  Cliaplain,  Céramiques  de  tu  Grixe.  p.  239;  cf.  Wilisch, 
Die  Attk-rinttiiseh.  Tlioniiulitstrie,  p.  48  ;  Cyrénc  :  Arch.  Zeitg.liii\,  pi.  Jii.  1  ; 
)3, 1  et  4  :  Sanios  :  Loelilau,  Aus  iontsc/ten  Aecrop.  fig.  2G-28,  p.  71 .  —  c  M.  Heii- 
zey  a  rappioclié  le  Silène  ionien  du  dieu  Bês  des  Égyptiens,  Catalogue  des 
fiijurmes  de  t.  c.  du  Lnuvre,  p.  77  cl  /Jull.  corr.  hell.  1SS4,  ICI  si).;  cf.  Furt- 
wângler,  Ârchiv.  fur  Itelhjionswistienchaft^  1907,  p.  325,  et  Antik.  Cemiiten, 
III,  40  sq.  SI.  Kf.ite.  Jairbucit.  d.  arch.  Inst.  IS93,  p.  89  si| ,  voit  dans  uns 
dénions  le  proloUpe  l'es  PIilyaLcs  ilaliotes  [phlyakes].  —  7  Frœliner,  âJusées  de 
/■'rance  pi.  vin.  — »  Potlicr.  Catalogue  des  ras.  du  Louvre,  p.  1099,  li  401. 
Vatiran,  Musi-c  Elrus<|iic,  ci-atèi-c  cainpanicn,  n**  MO,  ï'apposilcne,  endoi-mi  au 
prcmiiT    plan  d'un    banquet  d'acleurs.    Cr.  aussi,   n"    161,    f'apposilène    dansiint. 

—  9  BruOD-Bruckinann.  Deiikmûler,  pi,  ccviii  :  statue  du  Latran,  Helbig,  /'uhrtr, 
n-  68Î.  —  10  Ami.  (/.  Jnst.  1877,  p.  îii  sq.  —  U  .inn.  dell.  Inst.   1877,  p.  i77  s.) 

—  '-  i'ausan.  I,  20.  1.  —  13  Louvre,  Brunn-Bruckoianii.  DenAmûler,  n*'  120,  ii'  ■_ 
Itonic,  I  apil.,li-,  !hid.  p'.  lictixxvii  :  llcibig,  /-o/.rcr.n-  539;  Vatican,  //ml.  n"  S'i, 


Fig.     —    6129,     Silèl 


se  détachent,  par  une  évolution  facile  à  suivre,  deux 
nouveaux  types  appelés  également  à  jouir  d'une  grande 
vogue:  le  Satyre  juvénile,  imberbe,  el  le  vieux  Silène 
ventripotent.  Créés  tous  deux  au  iv"^ siècle,  ils  n'otent  rien 
de  sa  vigueur  au  type  fondamental  du  Satyre-Silène  barbu. 

C'est  à  l'image  du  Pan  juvénile  [pa.\^  que  Praxitèle 
fil  ses  statues  si  vantées  de  Satyres  qui,  si  l'on  ajoute 
créance  à  un  passage  malheureuse- 
ment suspect  de  Pausanias'-,  or- 
naient à  Athènes  la  rue  des  Tn''- 
pieds.  Il  y  avait  alors  dans  l'art 
une  tendance  à  rajeunir  les  divi- 
nités masculines  :  Hermès,  Diony- 
sos, Fan,  et  les  Satyres  sont  entraî- 
nés dans  ce  courant  général.  C'est  à 
un  original  de  Praxitèle  que  l'on  rat- 
tache les  nombreuses  figures  de  Sa- 
tyres accoudés  en  une  pose  alanguie, 
dits  Satyres  au  repos  '^  (fig.  G130). 
La  belle  statue  de  Satyre  échanson 
de  l'Albertinum  de  Dresde  est 
peut-être  une  réplique  du  Satyre 
periboetos  du  même  sculpteur,  L 
connu  par  une  anecdote  célèbre  de  "^'s  *'^''-  ~  ■'™'"'  ^^'i'"' 
Pline'*.  Dès  lors,  le  type  du  Satyre 
juvi'nile  est  bien  établi;  il  est  imberbe  et  porte  les  che- 
veux relevés  sur  le  front  '»;  ses  oreilles  pointues  et  quel- 
quefois des  protubérances  peu  ac- 
centuées sur  le  front  '%  tenant  lieu 
de  cornes '\  sont  les  seules  sur- 
vivances de  la  nature  animale,  plus 
clairement  exprimée  aussi  dans  cer- 
tains cas  par  des  cornes,  des  glan- 
des caprines  [fjullae]  et  une  queue 
de  chèvre'*. 

C'est  au  w"  siècle  que  se  précise 
le  type  attique  du  vieux  Silène,  per- 
sonnage au  masque  socratique,  à  la 
fois  laid  et  jovial,  àface  chauve,  aux 
oreilles  de  porc",  aux  membres 
gras,  au  ventre  replet.  Les  sta- 
tuettes de  terre  cuite  montrent 
bien  les  rapports  étroits  de  ce  nou- 
veau type  avec  l'ancien  Papposilène  Fig.  6111.  —  r.ippcilèoe. 
archaïque  (fig.  6131)  -".  D'abord 
exclusivement  théâtral,  le  Silène  est  devenu  une  figure 
populaire,  comme  père  nourricier  de  Dionysos  (voir  plus 

p.  .M;  Michaelis,  Aucient  Marbles.  Petnortli,u>  8,  p.  601.  —  U  Furlnanglcr,  J/eis- 
terwerke.  fie.  p.  333  ;  et  J/on.  ined.  ,\I,  pi.  vu,  fig,  2  ;  cf,  Micliaelis,  Ancient  Mac- 
lues,  Orent  Britain,  p.  CiOO,  n»  6;  à  Itoinc,  Musée  des  Thermes,  Helbig.  fûhrer, 
n°926  =  Brunn-Bi-uckinano,  Ilenkmâler,  n'  376.  Voir  Plin.  Nat.  hist.  IV,  31,  69. 

—  Ib  Keinacli.  Itépertoire  de  hi  statuaire.  11,  p.  134,  1-7  ;  133,  3,  3-7.  —  «S  Sa- 
tyre   piaiitélien   de    l.ainia,    Arndt   et    Anielung,     Ein:eherliauf,   247,    041-042. 

—  1^  Sur  lus  corne  des  Satyres,  cf.  Stcpliani,  Comptes  liendus  de  Saint- Pétera. 
1ÏS74.    66-81.  Sur  un   Palyre  â  trois  cornes,    Zoega,    liassiritievi,    II,  pi.  nxxii. 

—  18  Brunn-Bruckinann,  DenkmMer.  11,  59V  ;  liueseli,  Uuula  il'ustrala  det  museo 
di  .\apoli  (1907),  n>  84;  Furtwangler,  Satyr  aus  Pcryarnon.  t.  111;  cf.  le  Satyre 
appuyé  de  Berlin,  Beschreibung  dcr  antik.  Sculpturrn,  n'  260  ;  /lô'ii.  Mitt.i. 
1903,  p.  1  Kl  (Anieliing)  ;  cf.  deux  Satyres  en  marbre  rouge,  l'un  au  Vatican, 
l'aulrc  au  Capilolc;  Helbig,  fûhrer^.  a'  259  et  33i.  Voir  encore  llcibig,  Fillirer, 
319  et  Anielung.  Moderne  Cicérone,  llom,  1,  p.  l9s.  Pour  les  .'^atyros  lysippéens, 
cf.  Pline  =  Overbeck,  Schriftguellen.  a'  1402.  —  ''J  Brunn-Biuckniann,  Denkinû- 
ler,  n°  433;  Furlwiînglcr,  Annafi  d.  I.  1877,  p.  199:  noter  un  musqué  double,  du 
Silène  ortlinairc  et  du  type  arcbai'quc  ;  Helbig,  Fùhrer,  n"  77,  où  sont  réunis  les 
deux  types.  —  20  .4,c/iie.  fur  Beliijionswissens.  1907,  pi.  ii  cl  p.  331  ;  cf.  Hcuzcy. 
Bull.  corr.  hell.  1883,  pi.  is:  Wintcr,  Vie  Anliken  Tcrrakutten,  II,  398  sq. 
Dans  notre  figure  le  mas  |uc  siléni<|uc  a  des  cornes  d'Ainmon  qui  se  rclrouvenl 
sur  un   ti'ssoii  arréUii  di-  ma  colledioii  parliciilière. 


s  AT  —   101)1 

haut).  Un  groupe  du  Muséo  dAllièncs  éclaire  l'origine 
scénique  de  celle  création,  en  inellant  dans  la  main  de 
Dionysos  un  niasi|ue  Iragique  ' .  Dans  le  vase  de  Prononios, 
qui  est  du  début  du  iv'  siècle-,  Silène,  placé  parmi  les 
acteurs  d'un  drame  (iig.  1426),  ne  dill'ère  des  autres 
Satyres-Silènes  que  par  son  cliiton  depaille  et  son  masque 
à  barbe  blanche.  Un  autre  vase  du  iV  siècle  ne  distin- 
gue Silène  des  autres  Satyres-Silènes  barbus  que  par 
l'absence  de  la  queue  '. 

L'époque  hellénistique  a  usé  avec  abondance  de  tous 
les  types  créés  par  les  âges  précédents,  mais  en  diversi- 
fiant, à  l'infini,  les  motifs.  La  campagne  triomphale 
d'.Mexandre  aux  Indes  fut  transposée  en  voyage  de 
Dionysos  en  Orient  ',  et  la  merveilleuse  procession  de 
Ptolémée  Philadelphe,  décrite  avec  tant  de  précision  par 

Callistliènes  ' ,  dé- 
roula dans  les  rues 
d'.\lexandrie  le  cor- 
tège imposant  du 
dieu  accompagné  des 
Ménades  et  des  Sa- 
tyres ;  ces  derniers 
avaient  des  vête- 
ments rouges  ou 
bien  le  corps  enduit 
de  vermillon  ;  ils 
portaient  sur  la  tête 
des  couronnes  de 
lierre  ;  on  voyait 
aussi  de  vieux  Si- 
lènes vêtus  de  pour- 
pre et  chaussés  de 
brodequins  blancs. 
Si  beaucoup  de  mo- 
numents conservent 

Fig.  6132.  -  Satyre  jouanl  avec  m,  chien.  le    SOUVeuir    de    CCtte 

glorieuse  apothéose, 
il  en  est  aussi  du  genre  plus  familier  et  comme  idyllique, 
mis  à  la  mode  par  les  poètes  alexandrins.  Un  bas-relief 
du  Louvre,  représentant  un  chasseur  Satyre  jouant  avec 
un  chien,  est  pénélré  de  cet  esprit  bucolique  (fig.  (3132)  ^. 
A  Pergame,  se  révèlent  des  tendances  très  marquées 
au  naturalisme  :  les  Satyres  deviennent  de  jeunes  rustres 
chez  qui  l'on  exagère  la  vulgarité  campagnarde.  Plus 
rien   de  la   rêverie    des   Satyres   de    Praxitèle.  Tels  la 


<  .\rndt   el    Amcluiig,  Ein:eherhauf,  n«  C«  =   Wollers,    Gipsabijùsse,    1303 

—  ï  J/on.  itell.  Intt.  III,  pi.  iiii  ;  G.  Nicole,  .l/eWioï  et  le  slijle  fleuri  (1908),  fig.  29. 

—  3  Alon.  delt.  Inst.  IV.  10.  —  t  (îraer.  Oe  Bacchi  erpeditione.  — S  Overbeck, 
Schrifiquellen  n»  1990.  —  e Schreilier.  We  Hillrnislischen  HeUefbHiler.  pi.  xxii; 
Seite  JahrbOcher  fur  daa  Klasu.  Altert.  1905,  p.  120  (Wascrj;  Knrliner,  Notice 
Heulpt.  aitt.  n*  281  ;  cf.  dans  le  même  genre,  Schreiber,  O.  c.  pi.  xvit,  xxi  et  xxiv. 

—  1  Furlwângler,  /ler  Saltjr  nus  Perijamon,  \0'    Winckelmamis   l'rogr.  pi.   i. 

—  «  Amclun;:,  Fùhrtr  durtli  /■'loren:,  n'  «5.  —  9  ISruunbruckmann,  Denk- 
viâler,  pi.  IV  ;  l'urlMiiugler.  lieschreibuny  der  Giyptvtfwk.  p.  205,  II»  218  ;  cf.  uu 
salyre  de  liasallc  vert,  pcrgaiiiénirn,  à  la  (iljpotlii''i|ue  de  Munich,  ilùnehener 
Jahrbueh,  1907,  p.  130,  o.  1  ;  el  le   lorsc  de  Florence,  Kruun-Bruckmann.  pi.  xxix; 

AmeluDg,  f'ùhrer,  m    153.    —    lo  Paul     Milliet,     Mélanges    Nicole,    p.  361. 

—  1'  Puchslci»,  Ueschreibiing  der  Oigantomachie,  p.  14.  —  12  Hclliig,  /'ùhrer, 
n»  616,  p.  4li;  l'ctersen.  Vont  alten  Rom,  fig.  cl  p.  170-3.  —  <3  FurtwSnglcr, 
Annali  d.  I.  1877.  211. —  **  Brunn-Bruckmann,  Ilenkmâler,  pi.  ctjxxxv  ;  Helbig, 
/■'filirer,  W  987.  Hcibig,  Colleciion  llnrracca,  pi.  i  xv.  —  IS  S.ityrc  de  iVapIcs. 
Mau-kelsey,  l'ompei,  Iig.  2*8.—  l<i  Hicliaëlis.  Ancienl  ilarbles  in  Great  llrilain, 
llolkhara.  o"  15  cl  Ifi,  p.  30*  el  305;  Clarac,  IV,  708  U  -,  Frfihncr,  .Vo(i«  Sculpt. 
ant.  u.  263  ;  Sotice  sommaire,  a'  595  ;  Helbig,  Fùltrer,  n"  19  et  4H  =  Clarac, 
p.  710  B.  —  17  Cr.  Silll,  Die  Gebûrden  bei  der  Griechen,  p.  227  ;  l'olluv, 
Onomast.  4,  105;  Fnrlwiiugler,  Jter  Salyr  aus  Pergam.  pi.  n  ;  el  JUaster- 
pieeet,  330,  noie  4;  Collection  Sabourof,  pi.  Lxxrn-txxix.  —  I»  Anielung, 
f'ùhrer  durcb    die    antik.    in  t'iorenz,    ».    58;    Fiirluiiu^ler,    Der   Salyr  aus 


<X1 

statuette  du  Musée  de  Berlin  représentant  un  Satyre 
eflfravé '.  le  Satyre  au  scabi'l/um  de  la  Tribune  de  Flo- 
rence ',  ou  le  prétendu  Faune  Barberini  de  la  Glyplo- 
thèque  de  .Munich,  '  vautré  dans  une  attitude  qui  manque 
totalement  de  bienséance'".  Ce  même  goût  réaliste  des 
artistes  fixés  à  la  cour  des  .\ttalides  se  retrouve  dans  les 
figures  de  Satyres  de  la  frise  de  l'autel  de  Zeus",  dans 
une  lête  de  Satyre  en  or  récemment  découverte  et  dans 
le  groupe  de  deux  Satyres  combattant  contre  un  Géant,  au 
palais  des  Conservateurs  '^ 

Beaucoup  d'œuvres  charmantes  de  celte  époque  ne 
peuvent  être  rattachées  avec  certitude  aune  école  déter- 
minée. Elles  forment  le  trait  d'union  entre  les  œuvres  du 
ix"  siècle  et  les  peintures  de  Pompéi,  oii  l'on  ne  trouve 
presque  plus  que  des  Satyres  juvéniles  et  de  vieux 
Silènes '^  Parmi  les  plus  célèbres,  citons  le  Satyre  dan- 
sant de  la  villa  Borghèse'*  et  le  bronze  du  Musée  de 
.Naples  ''.  Au  ii=  siècle,  ce  type  disparaît  presque  complè- 
tement et  fait  place  aux  Satyres  juvéniles  qui  acca- 
parent la  faveur  des  artistes;  on  donne  plus  de  sou- 
plesse aux  motifs  de  Satyres  accoudés  "^  ;  on  croise  leurs 
jambes  etl'on  glisse  une  ttùle  entre  leurs  doigts;  on  a  une 
prédilection  marquée  pour  les  Satyres  dansant  les  jambes 
croisées  ''',  ou  qui  se  liissentsur  la  pointe  des  pieds,  les 
mains  tendues  vers  une  grappe  de  raisins  dans  un  geste 
de  maraudeur'*.  L^ne  des  inventions  les  plus  amusantes 
est  celle  du  jeune  Satyre  virant  sur  les  hanches  pour  voir 
sa  petite  queue".  La  plupart  de  ces  figures  prêtent  aux 
Satyres  une  grande  jeunesse,  une  expression  enfantine'" 
et  naïve,  etl'on  voit  souventdes  images  de  Satyres  enfants 
ou  Satyrisques,  ainsi  que  des  Satyres  féminins  analogues 
auxPanines  et  aux  Centauresses  (voir  plus  bas,  p.  1100). 
C'est  l'elTet  de  cette  même  mode  poétique  qui,  dans 
les  peintures  de  Pompéi,  multiplie  les  figures  de  Psyché 
aux  côtés  d'Éros  (psycué,  p.  749]. 

Les  représentations  de  Silène  sont  aussi  extrêmement 
fréquentes;  on  les  emploie  volontiers  comme  figures  de 
fontaines-'  [fû.ns,  fig.  3138],  comme  supports  dans  l'archi- 
tecture el  le  mobilier  (fig.  608,  609,  1097],  etc.  -^  Platon 
parle  de  cofTres-forts  en  forme  de  Silène,  qui  servaient  à 
serrer  des  statuettes  de  prix-'.  La  tête  seule  est  constam- 
ment mise  à  réquisition  pour  des  mascarons'-',  des 
vases -%  des  hermès '-'',  des  réchauds-",  etc.  .\  Rome,  la 
vogue  de  ce  motif  décoratif  est  plus  grande  que  partout 
ailleurs;   Satyres   el    Silènes   abondent    sur   les   sarco- 


Pergamon,  pi.  m,  a"  2  et  3.  —  19  Helbig,  Fùhrer^,  W  377  (Vatican):  Jlicliaelis, 
Ancient  Marbles,  lVilton-House,n°  151;  bronze  de  la  Bibliolli^quc  nationale. 
Ileydemann,  Pariser  Antiken,  p.  71,  u.  20;  Mariani  c  Vaglieri,  Guida  del  Afuseo 
naz.  délie  Terme,  n'  362.  —  20  Amelung,  Fùhrcr  durcli  die  Sammlumj.  n»  38  A  : 
type  des  monnaies  de  lu  ville  de  Césaréc,  Arch.  Zeit.  1869,  pi.  xxiii,  n**  2-3  et 
p.  97.  —  21  Hcibig,  Fùhrer,  201,  357,  619,  679,  783,  Silène:  0verl)eck-5Iau.  Pom- 
peji,  4'  éd.  Kg.  285;  Fni'liner,  NoticeSculpt.  Ant.  n°*  272  el  275.  t'ne  statuelle 
de  Silène  du  Uiisée  de  Naples,  n"  120362,  dans  la  position  du  JUankenpiess  de 
Bruiellcs;  cf.  Furtniinglcr.  die  Antiken  Gemmen,  pi.  xxvii,  2023;  )lalz-Duhn. 
Antike  liil'lloerke,  III,    n»   3iil7;  Catalogue  A/usée  Alaoui  suppt.  pi.  xi-,  n"  4. 

—  22  Reliefs  de  la  scène  dn  tliéùtre  à  Athènes,  von  Sybcl,  Catalogue,  n"  962  et 
notice,  Hg.  609;  Helbig,  Fahrer,  U,  n»  1334,  1504;  cf.  I.  n°  139;  Frûhner, 
Notice  Sculpt.  ont.  n'  259.  —  23  p|at.  Coni'in.  §215  b;  cf.  Plin.  Nal.  hist.  35. 
10;  3(i,  4,  5.  —  21  Helbig,  Fùhrer,  1,  533;  11,  n"  863  et  924  ;  Mieliaclis,  An- 
cient marbles  in  Gr.  Brit.  Wiltôn  U.  n'  9,  p.  60;  Ibid.  Ovford,  n"  109  el  220, 
p.  591.  Dans  les  vases  plaslifpies  archaTrjues.  Treu,  31*  Winckelinannsprog.  pi.  n, 
I  et  3.  —  2S  Fneliner,  Notice  Sculpt.  Ant.  n"  316  cl  235;  Jbid.  el  Catalogue 
sommaire,  n"  86.  Iig.  Vase  Borghèse;  Micbaelis.  Ancient  Marbles  in  Gr. 
Brit.     Wolium  Abbey,   n«  1 47,  p.    741  ;  Helbig.    Collection   Uarraco.  pi.    xxxiii. 

—  20  .Michaelis,  Ancient  marbles,  p.  221  et  258;  Helbig.  FCihrer,  I,  n'  570: 
Wandgemiïlde,  n"  371,  386.  413,  414,  442.  —  27  Jahrbueh.   des   Arch.  Inst.  V. 

pi.  el  p.  122  ;  cf.  Ibid.  VI,  p.  120  ;  Bull,  de  corr.  Iiell.  1905,  p.  400  el  fig.  20  sq. 
(Majence). 


SAT 


—  1095 


SAT 


pliages  ',  les  mosaïques  -,  les  lampes^,  les  candélahres * 
(fig.  1097,  1098),  les  boucliers  ou  disques  d'ornement 
(fig.  (1133)  ",  les  cachets  %  les  monnaies  ",  etc. 

Nous  n'avons  étudié  jusqu'ici  que   les   varialions  du 


Fig.  0133.  —  Salyre  cl  paullx 


type  des  Satyres-Silènes.  11  nous  reste  à  examiner  leurs 
rapports  avec  les  autres  dieux,  et  les  composilions  où  ils 
se  mêlent  à  d'autres  personnages. 

A.  Satijres-Silihies  et  Silène  dans  le  tliiase  bachique. 
—  Un  très  grand  nombre  de  représentations  ont  élé  énu- 
mérées  dans  les  articles  BACCDUs'et  jiaenades,  auxquels 
on  devra  se  référer  On  peut,  toutefois,  en  classer  de 
nouvelles  sous  les  chefs  suivants. 

Dans  l'éducation  de  Dionysos,  c'est  surtout  Silène,  le 
père  nourricier  et  le  précepteur  du  jeune  dieu,  qui  est 
ligure  ;  Heydemann  a  classé  les  monuments  où  on  le 
voit*:  mais  les  Satyres  assistent  aussi  parfois  à  la  nais- 
sance et  aux  jeux  enfanlins  du  dieu  (fig.  081),  ou  ils 
balancent  le  van  qui  lui  sert  de  berceau  (fig.  207)'. 


I  Ilclliig,  ruUrer,  I,  n"  lOD  et  704  ;  Micliaelis,  Ancient  marbles  in  Gr.  Hi-it. 
Ince  Blundell,  no  228;  /bid.  Willon-Uoiise,  n»  153;  Ibid.  Oxford,  n"  109,  p.  366; 
Furlwanglcr,  Besclireibung  der  Giyplolhek,  223,  pi.  lxi.  —  2  HoUiig,  Fùhrer, 
n»  MOI;  Sclimidt,  Recueil  d' Antiquités  suisses,  pi.  xyii  ;  Gauckler  cl  Gouvet,  Musée 
de  Souase,  pi.  ixxi,  n.  6;  pi.  lx;  Kotiz.  degl.  scavi  1901,  pi.  xxv;  Gauckler. 
Mutée  Alaoui,  Supplément,  1907,  n»  193,  p.  8-9;  et  n»  180,  p.  6.  —  3  Wal- 
lers,  Histonj  of  ancient  Pottery,  II,  p.  4ii  ;  British  Muséum,  n"  181  ;  satyres 
itansaiit  ou  jouant  de  la  double  flûte,  d^*  102,  180,  579;  Kcnner,  34:  portant  des 
outres  ou  des  coupes,  Ibid.  102,  182;  masques  de  Silènes  sur  des  lampes,  Brii. 
mus.  184,  S74,  275,  320,  462,  300.  —  4  C.  1.  Lat.  VI.  18  =  Dcssau,  Uclectus 
inscr.  lat.  n»  SS-Sl.  Silènes  ailés  sur  une  base  de  candélabre  de  Dresde,  l^olli- 
pion,  Bist.  de  la  seulpl.  ijr.  Il,  fig.  341  ;  Friederichs-Wolters,  Gipsabcpisse, 
n"  420  ;  palais  des  Conservateurs  à  Rome,  cour  d'entrée  no  28  ;  Vatican,  galerie 
lies  Candélabres,  n°'  241,  243;  Kieserilsky,  Catalogue  sculpt.  Hrmitage,  297, 
298.  —  5  Cf.  ciU'Eus,  p  1259  si).  —  C  Grenfcll  et  Hunt,  Oxyrinch.  papijri,  111, 
n»491,  ligne  20;  FurtwSngler,  Die  antik.  Gemmen.  pi.  iwi,  3;  iivii,  xxnn,  4- 
18;  Musée  de  Florence,  n**  72,  17.  —  7  Acs  grave  d'Hatria,  au  musée  de  Flo- 
rence. Cf.  Mîscetlanea  Satinas  (Gabroci)  ;  Grecclii,  2ï/n'  monetarii  di  Homa  impe' 
riale,  p.  31.  —  »  Heydemann,  Dionisos  Geburl  und  Kindheit,  10'  Winckel- 
mannsprogr.  ;  cf.  Helbig,  Fùhrer,  II.  801;  Wandgemàlde,  374  sq.  ;  un  Salyre 
enfilant  une  bolline  à  Dionysos  enfant:  Helbig,  Fiihrer,  n»  431.  —  9  Waltcrs-Bir.h, 
Uistorg  of  ancient  pottery,  II,  pi.  i.xi,  2.  —  fO  Stepijani,  C.  rendus  de  la  cam- 
iniss.  nrch.  1867,  p.  173  ;  Frœlmer,  Musées  de  France,  pi.  vi  el  vui.  —  n  FrSIincr, 
Ibid.  pi.  VIII.  —  12  Dionysos  découvrant  Ariane,  Frœlmer,  Notice,  242;  Gardiier, 
Vases  of  Ihe  Fitzu-illiam  Mus.  pi.  x,  n"  48  A  ;  Vases  of  Bril.  Mus.  III,  E.  i'i .  ; 
F.  272  =  Mon.  d.  Inst.  1854.  pi.  xvi  ;  Sarcophage  Casali,  Mûller-Wicscler,  Deiik- 
mrïler,  11,  pi.  xxxvii,  432;  Michaelis,  .Ane.  marbles,  p.  382,  n»  249;  533.  n"  3'i: 
Helbig, /■fi/ircp,  n»  196;  Frôhner,  .Sculpt.  antig.  n"  240-241;  Pellcgriui,  Vus, 
ilA  musfo  cie.  di  llologna,  fig,  64:  Palroni,  Ceramica  ant.  p.  120  et  fig.  84. 
—  '3  Helbig,   Filtrer-,  II,  u»  1224,  p.  305;  Furtwaugler,    Deschreib.  der  Glijpto- 


itien  de  plus  fréquent  que  les  Satyres  .iccompagnant 
Dionysos.  Ils  l'aident  à  s'équiper  pour  aller  comballre 
les  géants  (iig.  01r>9),  et  eux-mêmes  n'hésitent  pas  à  se 
lancer  dans  la  bataille  '".  Ils  luttent  avec  lui  contre  les 
pirates  Tyrrhéniens  (Iig.  088).  Ils  figurent  dans  les  scènes 
d'omophagie  [omopiiagia]  "  ;  dans  le  mariage  de  Dionysos 
et  d'Ariane  (fig.  510)  '-,  la  fête  nuptiale  affecte  souvent 
la  forme  d'une  pompe  grandiose  où  les  Satyres  ont  leur 
part(fig  511,  't375)".  Très  souvent  le  cortège  revientdes 
Indes,  avec  des  panthères  et  des  éléphants  (fig.  093)  ". 
Les  àncs  de  Silène'^  constituent  aussi  l'attelage  du 
dieu  ;  mais  ils  sont  parfois  remplacés  par  des  Satyres 
et  des  Ménades  dociles  "*  (fig.  083). 

Nombreux  sont  les  Satyres  soutenant  Dionysos  (fig.  084). 
L'n  passage  de  Pline  '^  nous  fait  connaître  un  groupe  de 
Praxitèle  représentant  Dionysos  légèrement  pris  de  vin 
et  s'appuyant  sur  une  figure  de  l'Ivresse  etsur  un  Satyre; 
on  peut  se  faire  une  idée  de  ce  groupe  par  une  fresque 
de  l'ancienne  collection  Barone".  Dans  un  groupe  de 
Thymilos",  de  la  rue  des  Trépieds,  un  Satyre  tendait 
une  coupe  au  dieu  que  soutenait  Éros.  Quelquefois,  Éros 
est  remplacé  par  Pan-"  ;  mais  le  Satyre  reste  un  élément 
fixe  de  la  composition;  si  le  dieu  n'a  besoin  que  d'une 
seule  de  ses  béquilles  vivantes,  on  voit  l'autre  person- 
nage le  charmer  d'un  pas  de  danse  ou  du  jeu  de  la 
syrinx;  tantôt  c'est  le  Satyre  qui  sert  d'appui  el  Pan  qui 
joue'-',  tantôt  c'est  le  Satyre  qui  danse  et  Pan  qui  prend 
la  relève '-^  D'autres  monuments  n'offrent  plus  que  le 
seul  groupe  de  Dionysos  et  du  Satyre -^  Les  groupes  de 
marbre  représentant  Dionysos  soutenu  par  un  Papposi- 
lène  ont  été  dénommés  abusivement  «  Socrate  el  Alci- 
biade  »  par  les  anciens  antiquaires  ^'. 

La  présence  de  Dionysos-"  n'est  pas  toujours  nécessaire 
pour  constituer  le  thiase  bachi(jue.  Les  jeux  des  Satyres- 
Silènes  et  de  leurs  compagnons  on  tété  largemenlexploi  lés 
par  l'art  de  toutes  les  époques.  Beaucoup  de  monuments 
ont  élé  déjà  mentionnés  dans  un  autre  article  [maenades], 
et  le  sujet  relève,  à  proprement  parler,  d'un  sujet  à  traiter 
ailleurs  [tuiasos].  Le  commerce  des  Satyres-Silènes  avec 
les  Ménades   est  tantôt  enjoué  et  paisible  (fig.  4772)-", 


Ihck.  n"  223  ;  Friibner,  i\olicc  de  la  sculpt.  n°  232  ;  Micliaëlis,  .inc.  marbl.  Fitzw 
.l/«s.  p.  252,  n"  31;  Lansdownu,  n»  23,  p.  442  :  Newby  Hnll,  n°  34,  p.  533. 
Woburn  Abbey,  n»  144,  p.  739;  Ballet,  comun.  1377.  PI.  xir,  xiii  ;  Dutschkc. 
Antike  Bildw.  im  Oberilal.  I,  26  (Fisc..  — '4  Cf.  Graef,  fle  Bacchi  expedi- 
tione.  Le   tbiase    combattant    contre   des    Indiens,    Helbig,    Fùhrer,  II,  n°  1137. 

-  lu  (Anes  de  Silène)  Gerhard,  .Ant.  Biidu-erke,  112,  I  ;  Diiischke,  Ant.  Bildw. 
1,  23  (Pise).  —  '6  (Silènes  lormant  le  cortège)  Millier  Wieseler,  llenk.  II,  48, 
005;  Jahn,  Vasenmmml.  1119;  Friihner,  Choix  de  vases  grecs,  pl.  v;  Musées  de 
France,  pi.  vi  et  p.  24.  —  "  Plin.  Hist.  nat.  34,  49.  —  1»  Minervini,  Monum.  di 
Barone,  pl.  xiv.  Voir  aussi  Mûller-Wieseler,  Deuk.  Il,  44.  348.  —  m  Pausan.  I, 
20,  2  :  Roseher,  Lexik.  der  Mith.  p.  1449  [pan].  Camée  du  .Musée  de  Florence, 
„.  17.  _  20  Mon.  d.  Inst.  IV,  35;  Michaelis,  Ane.  marbles,  p.  203,  n»  77; 
Ath.  Mith.  1877,  p.  333  ;  Ann.  d.  Inst.  1840,  pl.  xii.  — 21  Irahoof-BIumer,  Griech. 
Mùnzen,  pl.  vi,  IS.  —  22  Gerhard,  Nenpels  antik.  Bildw.  n»  189.  —  23  Ann. 
d.  I.  1877,  211;  Amelung,  Fùhrer  dnrch  die  Antik.  n»  140  et  Milani,  Museo 
italinno,  III,  788  ;  Frôhner,  Notice  de  la  sculpt.  n'  204,  Dionysos  s'appuie 
sur  un  satyrisque  ;  Millier- Wieseler,  Dcnkmâler,  II,  50.  n"  024;  Michaelis,  Ane. 
marbles    in    Gr.  Br.    Ince   Blundell,  n»   200,  p.    388;  Helbig,  Fiihrer,   n«   697. 

—  2t  Michaelis,  Aucieut  Marbles  in  Gr.  Br.  p.  624,  n"  6  =  Journ.  of  hell.  Stud. 
1908,  p.  Il  et  pl.  IX,  12  (Stning);  Cf.  An.lreas  Fulvius,  Antiguitates  Urbis,  1327, 
XXXV.  —  -22  Dionysos  avec  des  Silènes,  Klein,  Vasen  mit  Meisti-rsign.  Pam- 
phaios,  18;  Epictétos,  5,  22;  2i;0ltos.  p.  134;  Hieroii,  II:  Andokidès,  1: 
Assteas,  2  ;  Klein,  Vasen  mit  Lieblingsinseh.  Sostralos,  1  ;  Erasippns,  Mcninon, 
15,  28;  Lcagros.  22;  Diogenes,  3;  Dionokles,  4;  Lykos.  Louvre  G,  114.  Dio- 
nysos avec  des  Silènes  el  des  Monades  :  Klein,  Meistersignal.  Nicosthèncs. 
3,  23.  26,  61,  70;  Cachrylion,  6;  Leagros,  3;  Ollos,  2;  Phiutias,  2;  Her- 
nioiia\.  G;  Astcas,  1,  3,  4;  Python,  p.  210.  Klein,  Lieblingi.  Stcsileos,  1: 
llippocralès,  2;  Lykis  ;  Aiscliis,  2;  Memnon,  22;  Lysis,  9;  Polyphrasmou. 
Euaion,  8;  Alkimachos,  4.  —  2C  Helbig,  Fiihrer,  SCI;  cf.  Michaelis,  Ancient 
marbles,  p.  479,  n"  27. 


s  AT 


—   109G 


SAT 


parfois  plus  ajîiU',  mais  cncoro  paciliquc  :  les  Satyres- 
Silènes  accompagnent  sur  leurs  instruments  les  danses 
(les  Ménadcs  ',  ou  se  lancent  avec  elles  dans  des  entre- 
chats d'une  verve  tout  à  fait  débridée'-  (fig  47tJO  et 
i7661.  Ils 
procèdent 
ensemble] 
aux  tra- 
vaux de  la 
vendange 

(ng.6i;u? 

et  c'est 
l'occasion 
de  toutes 
sortes  de 
jeux  et  de 

poursui- 
tes, repré- 

sentes 
dans  tou- 
tes   leurs 

phases, 
depuis  la 
surprise 
des  lym- 
phes (lig.  'i7o9/  jusqu'au  succès  tinal  ';  les  Satyres- 
Silènes  embrassent  leurs  compagnes'',  les  enlacent',  les 
saisissent  pour  les  porter  sur  leurs  épaules  ou  leur  tête  *; 
ils  les  prennent  en  croupe  dans  leurs  chevauchées  "  ;  le 
plus  souvent  vainqueurs'",  quelquefois  ils  sont  repous- 
sés à  coups  de  thyrse".  Sur  les  peintures  de  Pompéi, 
on  voit  de  nombreux  groupes  de  Ménades  et  de  Satyres 
planant  dans  les  airs  et  purement  décoratifs'-. 

Dans  le  thiase,  les  Satyres  sont  souvent  groupés  avec 
Pan'^  [cf.  PANj.  Un  groupe  du  Vatican''  montre  Pan 
tirant  une  épine  du  pied  à  un  Satyre  '». 

D'autres  motifs  interviennent  également,  banquets  ou 
bachanales,  pour  lesquels  nous  renvoyons  à  un  autre 
article  [tuiasos].  Les  Satyres-Silènes  sont  très  souvent 
associés  à  Ampélos'"  ou  au  vieux  Silène,  qu'ils  sou- 
tiennent dans  son  ivresse''',  poursuivent  de  leurs  espiè- 
gleries,non  sans  en  être  souvent  châtiés  '*. 

'  Klein,  Mtisters'ijnat.  l'aropliaios,  U;  Hievon,  i0-:3;  Soladss,  p.  187;  Polygnolos, 
p.  199  ;  F'aoailios,  n.  0  ;  Ueiliard.  Ans.  Vasciib.  pi.  i.jm,  n»  2.  —  2  Klein,  O.  c.  K\- 
coslliéncs,  17,  19-i4;  Camphaios,  18;  Meninon,  13;  2C  :  Oltos,4;  Cutal.  of  vases  in 
the  Br.  mm.  E.  HT,  «7,  439  ;  F.  49  ;  Klein,  LiehUnijsinschr.  Timoilieos,  1  ;  Prosa- 
goreuo,  3;  Lcagros,  ii  ;  Epidromos.  9;  Euaion.  9;  Cliarmides,  7  el  8:  Cleinias,  3; 
Hclbig,  Fûhnr  11,  794;  Wandgemillde,  n  '  538-540.  —  3  Voir  m.\enai)f.5,  lîg.  47i)2, 

—  4Cf.  Annali,  «878,  p.  92  sq.  (Furlwanglei),  p.  88  ;  Berlin,  n«  22H  ;  .Ndpics,  S.  A. 
313-,  de  Ridder,  \as.  Ililil.  nation.  852  ;  Louvre,  G.  200  cl  251  ;  origine  du  type  scul- 
ptural de  l'Ariane  du  Vatican;  Reinach,  Jlépert.  ili-s  vases,  I,  340:  Jour.  of.  hell. 
tlud.  1905,  pi.  E,  lig.  534,  lig.  4702.  —  R.  Nicole,  Aleidias  et  le  style  fleuri  ;  (1908), 
lig.  3ii,  renochoc-  d'Oiford.  11  ne  faut  cliercliei-  aucun  symljolisme  dans  le  nom  de  la 
.Nymphe  endormie,  TPAraiilA.  Hcibig,  n'andjemnWe,  n»  542,  p.  123  n"  546, 
p.    Ii3.    —    <•  Furlwiingler.Reieliliold,    Griech.    Vasenmalerei,   p.    210-217  (fig). 

—  6  Klein,  0.  <r.  Epilylos.  1  ;  Clielis,  3  ;  lliéron,  12  et  13  ;  /.ici/injs.  Panailios,  4; 
Lcagros,  22  ;  Vases  of  Brit.  Mus.  I'.  192;  Kurlwiingler-Rcioliliold.  Griech.  Vasen- 
mater.  pi  xlvi  ;  Adamck,  Vasen  von  Amasis,  pi.  ji  ;  llelbig,  Wandgemà'lde, 
n'.iai:  Catal.  of  vas.  in  tlie  Br.  Mus.  B.  2i.5;  F.  308;  [)c  Ridder,  Vases  de  la 
Bibl.  nat.  539;  Elite  ceram.  I,  45  ;  Winler,  Tijiienkalal.  I,  p.'  217,  5.  —  1  Helbig, 
WandjemrtWe,  547-551.  —  8  Vente  Drouot,  1903,  n"  62  :  Louvre,  Calai.  F.  101 
=  Vases  ant.  du  Louvre,  pi.  i,ixvi  ;  Mouum.  aulichi  dei  Lincei,  1907,  pi.  .sxxvn  et 
fig.  348,  p.  482.  Vase  à  f.  n.  au  Mus^e  municipal  d'Arezzo;  ficrliard,  Aus.  Vasenb. 
172  ;  Panofla,  t'arodien,  pi.  u,  4;  Jahu,  Vasens.  540,  051.  134s  ;  Schôuc,  iluseo 
Uocchi,  93  ;  de  Wille,  Catal.  Durand,  95  ;  Millingen,  Vases  Coyhill,  41.  —  9  Win- 
Ut,  Typenkalalog.  il,  398,  n'  9.  —  m  lleydcmann,  Pariw  Antiken,  p.  25,  n"  42. 

—  11  Ballet,  dell.  comm.  mun.  1889,  p.  400  ;  llelbig,  Fuhrer,  n'  7i0.  —  12  Furt- 
wângler-Reiclihold,  Griech.  Vasenmalerei,  pi.  n  ;  Gerhard,  .inlik.  Bildiv.  46,  3. 

—  IJ  Helbig,  WandgemUlde,  n'  513-51  :  532-537.  —  U  Cf.  Roscher,  lexikon  der 
Mylhol.  III,  p.  1440  el  s.|.  (Werniclc).  —  16  Ibid.  lig.  19  el  Viscouli,  àlus.  Pio- 


B.  Satijres  avec  /es  dieux.  —  Les  Satyres-Silènes  sont 
parfois  groupés  avec  d'autres  divinités;  avec  Hermès 
(fig.  49W;",  avec  llépiiaistos  (fig.  313:ii,  dont  ils  accom- 
pagnent le  retour  triomphal  dans  l'Olympe  ^'^.  Des  tètes  de 


feu  et  les  Satyres-Silènes.  Il  vaut  mieux  invoquer  la 
vertu  prophylactique  que  l'on  attribuait  aux  Silènes, 
comme  à  Pan  :  ils  inspirentaussi  la  terreur  «  panique  »-- 
et  sont  employés  comme  amulettes.  Ce  ne  sont  point  des 
mascarons  de  Cyclopes-^  comme  on  l'a  prétendu. 

C'est  à  Héraclès,  après  Dionysos,  que  les  Satyres- 
Silènes  sont  le  plus  souventassociés;  ils  l'accompagnent 
dans  ses  travaux^'",  le  secondent  dans  ses  actes  de  dévo- 
tion -",  lui  font  un  cortège  triomphal  "  :  c'est  au  milieu 
de  leur  turbulent  essaim  qu'Héraclès  goûte  les  joies 
du  repos  -'.  Héraclès,  le  héros  boulTon  par  excellence, 
est  le  personnage  principal  de  nombreux  drames  sa- 
tyriques '-*  [satyricim  dramaj.  Dans  maintes  peintures 
de  vases,  où  Silène  et  Héraclès  sont  réunis^',  les  Silènes 
sont  de  mauvais  génies  poursuivant  le  héros  de  leurs 
espiègleries  '"  ;  ils  lui  volent  ses  armes  pendant  son 
sommeil^',  ou  tandis  qu'il  supporte  le  poids  du  ciel,  à 

Clementino,  I,  48.  Un  groupe  analogue  au  Louvre,  Frùlincr,  Notice  de  la  Sculpl. 
n"20l,  p.  272,  omis  par  Wernicke.  0.  c. —  1  fi  Terres  cuiles  archiicclurales.  Brilish 
Muséum,  D  n«  526,  534-52.  —  17  Journ.  of  hell.  stud.  1908,  pi.  \r,  31  el 
p.  21  (Strong).  —  18    Helbig.  fâhrer,  n»  569.  Bisellium    de  bronze  du   Capilole. 

—  19  SlackelLerg,  Grâber  der  Bellenen,  pi.  xl;  Mon.  del  Jnst.  Suppl.  XXIV; 
Antike  Denkmâler  1,  pi.  xxi.  Musi^c  d'AUi6nes,  n"  11703.  —  2"  Amelung,  Fùhrer 
durch  die  Ant.  in  Florenz,  n-  220,  p.  197;  Bulle,  Dit  Silenen,  p.  50;  Pol- 
lier,  Catalogue  Vases,  G.  135  iLysis).  —  21  Conze,  JalirOuch  des  K.  ïnst.  V, 
134:  Furtwaogler.  Ibid.  VI,  110.  —22  Bull.   corr.  /icH.  190.Î,  p.  3.Î7  iMavence). 

—  23  Locsclicke,  -Ans  der  Cnteru'elt,  p.  12;  Jalin,  Vasensaml.  u''731:  tcle  de 
Silène  sur  un  four  de  potier,  Antike  Oenkmfit.  pi.  xi.iv  el  xi.vi,  2.  Silènes  sur  des 
boucliers  :  cf.  Apollon.  Il,  12  el  Preller,  Griech.  Mylhol.  I.  000  ;  Aachricht.  der 
Gesell.  Gottimjen,  1897,75  :  Ibid.  1834,  49.  —  2'>  Gerhard,  Etrusk.  Vas.  VIII, 
p.  10;  Journal  of.  hell.  stud.  1901,  pi.  i;  Pottier,  Catalogue,  p.  1018,  G. 
185;  De  Rid.!er,  Vases  île  la  Bibl.  nat.  220;  Jahres.  SMcn.  1900,  pi.  xu,  iv  ; 
Hcydcmann,  Millheilung.  n"  M ,  p.  60;  Heydemann,  Vasensaml.  w"  H'Z  ;  Helbig, 
Wandgemùlde,  1141,  Iralioof-Blumer,    Griech.   Mùuzen,   p.  624.  —  25  Jahrbuch 

des  Inst.  1893,  pi.  n.  16  el  107.  noie  U  ;  Ibid.  p.  163  ;  Furtwângler,  Vasensam. 
n"  2523;  Collection  lan  Branteg'em.  n»  65.  —  26  Michai-lis.  Ancient  marbles  in 
Gr.  Br.  Woburn  Abbey,  n»  144,  p.  739  el  1331.—  27  Aroelung,  Fùhrer  durch  die 
Antik.  in  Florenz,  n»  242,  p.  237  ;  Helbig.  Fùhrer,  II,  789.  —  28  Welckcr,  Aachirag 
zu  Aeschyl.  rri/o^lf.  p.  318  si].:  Heydemann,  Va-ù  Caputi  mit  Theaterdarstellun- 
gen,  p.  12.  —  29  Furlniingler-Reiehhold,  Griech.  Vasenmal.  pi.  xlvii,  2  cl 
p.  243;  Arch.  Anzeig,  1893  (Harlnig)  ;  Pollier,  Cal.  III,  p.  833,  G.  11.  —Pour  les 
scènes  de  Busiris,  cf.  Heydemann,  Terracotten  aus  dem  Museo  nazionale,  pi.  n, 
2  el  p.  8,  noie  20.  —  30  Schreiber,  Die  hellenist.  Jteliefbilder,  pi.  xxx,  I  ; 
.\eue  Jarb.  f.  dus.  kl.  Alt.  1905,  pi.  iv,  3.  —  31  Millingen,  Peintures  de 
Vases,  pi.  sxsv  ;  PoUier,  Catal.  Louvre,  III,  G.  558. 


SAT 


—   1U97 


SAT 


la  place  d'Alias'.  Sur  un  bas-relief  iiellénislique -,  un 
Salyrisque,  juché  sur  une  échelle,  boit  dans  la  coupe 
du  héros  assoupi.  Quelquefois,  le  liéros  a  un  terrible 
réveil  et  fait  fuir  devant  lui  la  troupe  efl'rontée  ^ 
qui  s'amusait  à  le  faire  berner  par  des  hélaires,  à  parodier 
ses  grands  travaux*,  à  le  charger  de  liens  '■'. 

C.  Sati/res  dans  le  drame  satyriquc.  —  Il  est  certain 
que  le  drame  satyrique  i^moKis,  s.\tyricim  iir.\m.\],  en 
général,  a  eu  une  grande  inlluence  sur  les  peintures  de 
vases  '.  «  Comment  ne  pas  songer,  dit  M.  Poltier  ',  à 
Pratinas  et  au  grand  succès  de  ses  Silènes  bouffons  en 
présence  d'Hercule  couché  au  milieu  des  Silènes  et  des 
Ménades  dansant,  ou  de  l'épisode  d'Héra  et  d'Iris  assaillies 
par  la  troupe  pétulante  des  Satyres*  ». 

Le  chœur  rustique  des  Satyres,  dans  son  décor  idyl- 
lique de  campagne  et  de  bois,  est  associé  à  des  épisodes 
mythologiques;  les  héros  et  les  dieux  se  mêlent  à  lui,  se 
dérident  à  son  contact,  se  mettent  à  l'unisson  de  sa  verve 
bouffonne.  Nous  avons  sans  doute  le  souvenir  du  S/j/iinx, 
drame  satyrique  d'Eschyle,  dans  une  peinture  de  vase, 
où  Papposilène  est  debout  devant  le  sphinx  perché  sur 
un  rocher'.  Sur  un  cratère  de  Florence'"  sont  figurés 
deux  Silènes  détruisant  à  coups  de  pic  le  rocher  mau- 
dit. Le  supplice  de  Lamia",  le  châtiment  infligé  par 
Dionysos  à  des  Satyres  '^,  la  parodie  grotesque  des 
exploits  de  Thésée'^  de  Jason  en  Colchide'^,  les  aven- 
tures d'Héra  et  d'Iris '°  sont  autant  de  scènes  inspirées 
aux  potiers  par  le  drame  satyrique. 

Enfin,  les  nombreuses  représentations  du  Papposilène  "^ 
avec  son  maillot  hérissé  de  paille,  sa  perruque  blanche 
souvent  en  désordre''',  montrent  aussi  la  popularité 
dont  a  joui  le  costume  théâtral  du  Silène  adulte  ".  Un 
cratère  célèbre  du  Musée  de  .Naples  [cuorls,  fig.  1426] 
nous  offre  Silène  et  les  acteurs  d'un  drame  mêlés  au 
chœur  des  jeunes  Satyres. 

D.  Satyres-Silènes avecd'autres  personnalités  myllio- 
loyiques.  —  Les  Satyres  se  rencontrent  avec  des  divinités 
moins  ordinairement  rattachées  au  thiase:  avec  Apol- 
lon", avec  Coré-°,  dont  ils  contemplent  l'anodos 
(fig.  5826),  avec  Poséidon-'  avec  Éros-^:  ils  luttent 
dans  les  Gigantomachies'";  un  groupe  du  palais  des 
Conservateurs    les  met  aux    prises   avec    un    Géant-'. 

1  Hcydeiuaiin,  Vasi  Caputimit  Theaterdarstetlungen.  p\.  ii.  — 2  Ciirlius,  H'ï/j 
ketmanns  proyr.,  Héraclès,  der  S'attjr  und  Dretfiissraùber.  —  3  Schreiber.  Bildcr 
Atlas,  f\.\s.  —iJoum.oflwll.stud.  1 887,  pi.  i.xiiii  ;  Hclbig,  i^ïiArer,  U,  n«  1268  ; 
Cambridge,  Vases  of  Fit zwiliam  Muséum,  n"  83.  —  "  Coltignoo  et  Couve,  V'dse* 
d'Athènes,  a"  STO.  —  «  Festschrift  fur  Gomperz,  p.  439  ;  Dûmmler,  Kleine  Schrif- 
ten,[l,  29-30;  FurUâDglerReicbhoId,  CriVc/i.  Vasenmal.  iiu  sq. —''  Catalogue 
des  vases  du  Louvre,  III,  p.  833.  —  8  Ravel  et  Collignon,  Histoire  de  la  céram. 
grecque,  fig.  77  ;  FurtwânglerReichhold,  Griech.  Vasenmaler.  pi.  xivri  ;  Polliei-. 
Douris,  p.  77.  —  9  Cf.  VVilamowilz.  Griechische  Tragédien.   III,    p.   1).  iioli-  I. 

—  ïO  Heydemaun,  Yasensammlung,  2846  ;  voir  aussi  Furlwangler,  Die  antiken  Gem- 
men,  pi.  uni,  I  el  fig.  69,  p.  102:  Jahn,  Archaeolog.  Beitrâge.  pi.  vet  vi  ;  Helbig, 
Fthrer,  II,  n»  1274.  —  11  Milani,  Studi  et  materiali,  I,  p.  71  s<|.  —  '2  Collignon  cl 
Couve,  Vases  d'Athènes,  n<>  961.  —  13  Reiuach,  Répertoire  des  vases,  I,  416  ; 
J/onum.  antich.  dei  Lincei,  -WIl,  1907,  pi.  xmv,  p.  511  :  cf.  Wilaraowilz,  Littcrar. 
Centrait.  1907,   p.     150".   —    i*  Heydemann,    Vasensammlg.    in    .\eapel,   2749. 

—  15  Zannoni,  Certosa  di  Bologna,  pi.  cxxii,  3  el  4  ;  Heydemaun,  Jason  in 
Kolchis,  pi.  I,  lig.  4.  —  16  Voir  p.  1091.  —  17  Reinach,  Répert.  des  vases,  I.  144  ; 
11,  301,  3;  Collignon  et  Couve,  Vases  d' Athènes,  n'  1614;  Musée  dAlliènes.  n°  12251. 
12255.  —  Heydeniaon,  Vasemamml.  3249,  B;  Musée  de  la  Société  d'Odessa,  III. 
pi.  V,  n"  32  ;  Heydemaun,  Terracotlen  ans  dem  Mus.  naz.  pi.  i  ;  Museo  Gregoriano, 
11,  pi.  xivi.  —  18  Hcuzey,  Bull.  corr.  hell.  1884,  161  :  Harlwig,  Meisteschalen, 
pl.  xxxviu  et  xxxcx  ;  Pollier,  Catal.  III,  1118.  —  19  Heydemann,  Vascnsammlunii, 
n<  3222.  Frôliner,  .Vod'ce  sculpt.  ant.  n"  88,  p,  110.  —  20  Heydemann,  Ibid.  690. 

—  21  Musée  d'Athènes,  n-  12196,  12252  cl  12546.  —  22  Collignon  et  Couve. 
Catalogue.  1917;  Helbig,  Wandgemglde,  n'  420,  p.  104;  Helbig,  Fùhrer,  11, 
n"  847.  p.  53.  Cf.  Plin.  Bist.  A'al.  XXXVI,  29  ;  groupes  de  Satyres  el  Corc.  Wic- 
seler,  Denkmnler,  11,42.  Ï16;  Helbig, /"ii/irer,  11,  n«  873.  p.  08  ;  /Wrf.  n»  649- 
650;  Hauscr.  Die  neuattischen  Reliefs,  p.  43,  p.  10-;  Helbig,  Fùhrer,  II,  n"  810, 

VIII. 


Leur  présence  ne  s'explique  guère  dans  certaines 
scènes,  comme  la  di'collalion  de  la  Méduse  par  Per- 
sée-'.  l'enlèvement  d'.\rnyinone'-*  ou  le  supplice  d'Ac- 
léon  '-'.  Orphée  aussi  est  représenté  entouré  de  Satyres  -*. 
.\illeurs.  les  Satyres-Silènes  assistent  avec  surprise  au 
lever  d'Hélios  -'.  D'autres  vases  nous  offrent  Silène  con- 
duit prisonnier  devant  le  roi  .Midas'".  Dans  un  de  ses 
tableautins,  le  peintre  athénien  Timantheifin  du  v' siècle) 
avait  montré  des  Satyres  nains  occupés  à  mesurer  de 
leur  thyrse  "  le  pouce  du  Cyclope  endormi. 

Nous  avons  louché  plus  haut  la  question  des  rapports 
des  Satyres-Silènes  avec  les  Centaures^'.  .\  l'époque 
hellénistique  aussi,  les  Centaures  ont  un  type  (fig.  4776i 
tout  à  fait  satyresque  ".  Les  groupes  de  Satyres  et 
d'Hermaphrodite^*  remontent  à  cette  même  époque  et 
sont  d'une  inspiration  sensuelle. 

E.  Jeux  et  occupations  des  Satyres-Silènes  —  .Nous 
venons  de  voir  le  rôle  que  jouent  les  Satyres-Silènes 
dans  le  thiase  bachique.  Livrés  à  eux-mêmes,  ils  mon- 
trent une  très 
grande  ferti- 
lité d'inven- 
tion dans 
leurs  jeux  et 
leurs  occupa- 
tions. Tout 
naturelle- 
ment, la  ven- 
dange et  la 
préparation 
du  vin  cons- 
tituent une 
de  leurs  fonc- 
tions princi- 
pales; ils  cueillent  les  grappes,  juchés  dans  les  treilles 
comme  des  singes'^  (tig.  1432  et  6134)  ;  ils  entassent  le 
raisin  ''^  ou  le  foulent  dans  des  cuves  ^^  (fig.  3860  et 
6135),  et  l'écrasent  sous  le  pressoir  '".  Le  vin  est  leur 
constant  mobile,  et  l'ivresse,  la  source  de  leur  verve 
intarissable.  Les  ébats  des  Satyres  ivres  sont  un  des 
sujets  favoris  des  peintres  de  vases  attiques  '^  ;  le 
psycter  de  Douris '"  ofire  une  scène  tout  à  fait  surpre- 

p.  31.  Terres  cuiles  arcbilccluralcs  :  Walltr-Birch,  llistorg  of  iincient  poltery, 
II,  369.  —  23  FrMiner,  .Vusées  de  France,  pl.  m.  —  '''  Helbig,  Fùhrer,  11,  u»  618, 
p.  414  ;  Bull.  comm.  XVlll,  1889,  t.  1,  II,  p.  17-23  ;  Reinach,  Répert.  11,  1,  p.  146, 
n"  3  :  Petersen,  l'on  alten  Rom,  p.  170,  171,  173.  —  2ô  Heydemann,  Vasensaml. 
:ulfeapel,  I,  767,2562.  —28  Heydemann,  O.c.  1980.  A.  —  2Î  Heydemann.  .ftie  V'a- 
sensamm.  zn  Neapel,  S.  A,  31  A.  —  2»  Annali  de  ïnst.  1845,  pl.  m;  .Michaelis, 
Ancient  Marbles  in  G.  B.  Ince  Blundell.n»  290,  p.  394,  5;  .Archaeot.  Zrit.  1877, 
pl.  XXII,  2.  —  29  Roscher,  Lexicon  Mythol.  I,  p.  19sS.  —  30  Mon.  d.  I,  IV,  pl.  x. 
cf.  Pollier,  Catalogue,  F  166;  Vases  of  British  Muséum,  E  447;  cf.  Bulle,  Athen. 
Mith.  1897,  389.  —  31  plin.  A'a/.  hist.  33,  743  ;  Brunn.  Kûnsllergesch.^, 
î,  82.  —  32  Voir  p.  1092.  —  33  Cf.  Furlwangler,  Beschreibg.  der  Glyptothek, 
p.  214  sq.  La  prétendue  télé  de  Faune  (Brunn-Bruckmann,  Denkmûler,  pl.  v  a)  est 
une  réplique  du  jeune  Centaure  du  Capilole.  —  3;  Michaelis,  Ancient  marbles  in 
G.  B.  n»  30,  p.  343  ;  Annali,  1877,  p.  234  ;  P.  Cauckler,  Musée  de  Cherchell,  pl.  x, 
n»  3:  Berlin,  Beschreibung,  n»  195;  Museo  Torlonia,  pl.  xxxviii,  n»  131  et  pl.  xi, 
n"  157.  —  35  Cf.  Pottier,  Vases  antiq.  Louvre,  F  3.14;  Helbig,  Fùhrer,  H,  808, 
p.  30;  III,  26;  Gerhard,  AA-ad.  Abhdl.  pl.  Lxvni  ;  yoiirn.  hell.  stud.  1899,  pl.  v. 
Noire  figure  =  fig.  4762  [waenaoesJ.  —  3»i  Gerhard,  Ans.  \asenb.  pl.  xv.  2  ;  Inglii- 
rami.  Vasi  fittili,  III,  262.  —  37  Notre  fig.  6135  d'après  Mus.  Gregor.  II,  24.  1, 
He'big,  Wandiiemûlde,  n°  435,  p.  106  ;  FrSbner,  n»  306  ;  Helbig,  Fùhrer,  I,  n»  297 . 
Disques  d'argeut  au  Musée  de  Naples,  n»  75435  el  36.  Terres  cuites  architecturales. 
WallersBirch,  Uistonj  of  ancient  pottenj.  11,  p.  369.  Silène  seul  écrasant  du 
raisin  dans  une  coupe,  fragment  de  poterie  an  Musée  municipal  d'Arczzo,  fabrique 
de  Perennius.  —  38  Helbig,  Wandgemâlde,  w  439,  p.  107.  —  36  Klein,  ileis- 
tersign.,  Anakles,  4;  Cachrylion;  3,  Sosias  :  1,  Epiclelos;  10;  Klein,  Lie- 
blingsns.  Krales;  1,  Lcagros;  12,  Paiiailios;  3.  Aphrodisia;  2;  Gerhard,  Aus. 
Vasmb.  94-96.  —  M)  Furlw.ingler-Beiclihold,  Gr.  Vasenmal.  pl.  xi.tiii,  p.  246; 
Poltier,  Douris,  p.  73. 

138 


jj.  61vl5.  —  Satyres  fabriquant  le  i 


SAT 


—   lOOS  — 


SAT 


nanlc,  où  les  Silènes  déploient  d'étranges  qualités  d'é- 
qiiilibristes.  Une  fresque  de  Pompéi  olFre  tout  un  réper- 
toire  de  Satyres 

funambules    sai-         !:•  .\^  - 

sis  dans  les  ino- 
menlsles  plus  va- 
riés 11?.  Oiati)  '. 
Ailleurs,  sur  des 
vases,  on  voit  les 
Satyres  jongler 
avec  des  cou- 
pes-, des  outres, 
ou  des  jarres  ' 
ou  même  des  tor- 
ches *  :  faire  des 
libations  •' ,  ver- 
ser du  vin  dans 
un  vase  '  ou  le 
puiser  dans  un 
cratère''.  Si  l'ou- 
tre est  le  récipient  favori  des  Satyres  *  et  surtout  de  Si- 
lène ',  ils  usent  également  et  très  volontiers  de  l'am- 
phore'", du  cratère"  (tig.  6135),  du  canthare'-,  du  cotyle  '\ 
du  rhyton  '  ',  de  la  situle  '=,  etc.  Un  vase  de  N'aples  '*  et  un 
cratère  d'Atliènes'^  nous  montrent,  détail  inattendu,  des 
Satyres  puisant  de  l'eau  à  la  fontaine  :  c'est  que  les  ar- 
tistes aiment  à  montrer  les  Satyres  sous  tous  les  aspects 
variés  delà  vie  humaine;  l'intention  boufl'onne  perce 
dans  beaucoup  de  ces  tableaux.  11  y  a,  parmi  les  Satyres, 
des  athlètes"  et  dès  guerriers"  qui  goûtent  les  servi- 
tudes et  les  grandeurs  du  métier  militaire -".Tel  exerce 
aussi  la  profession  de  pêcheur-',  ou  de  portefaix--,  tel 
autre  est  un  potier  tisonnant  un  four-^;  on  voit  des  Si- 
lènes mercenaires  astreints  aux  travaux  domestiques, 
lavant  du  linge'',  entassant  des  matelas-%  portant  des 
chaises-*,  ou  tenant  l'ombrelle  d'une  jeune  maîtresse  -''. 
Kn  qualité  de  suivants  de  Bacchus,  les  Satyres-Silènes 
aiment  fort  la  danse  et  la  musique-'  :  flûtes  (fîg.  4375, 
■i7«6,  6137;  •-',  lyre  (fig.  6136)'»,  cithare",  tambou- 
rin ■•'-,  croupézion,  crotales  "  :  aucun  instrument  ne 
leur  est  étranger. 

Mais  ce   sont    leurs  jeux  qu'on   figure    le    plus   fré- 

*  Notre  ligtiro  d'après  un  ijcssiu  fail  devanl  l'ori^'inal  ;  cf.  Future  WEi-cotano, 
III,  |>l.  iixii.  sixiii;  Kuesch,  Guida  Mustrala  det  miisio  i^'az.  a"  9iiS,  9ii9,9l±i  ; 
cf.  fîg.  33^0  cl  il  du  Diction,  [fu.n.mibcll's].  —  ^  tlartwig,  Meisterschalen,  pt.  ii, 
I  :  Klein,  .Vehiersign.  Duris,  i3.  —  3  Cases  of.  Dr.  Mus.  E.  35:  E.  330  ;  E.  76S  ; 
Heydcniauu,  Vascnsammt.  îiOl.  —  ^  Berlin,  Vasensainmt.  a* -578.  — 5  Heyde- 
mana.  Va-^enstimml.  3051.  —  6Tiselibein,  Vases  of  Hamitton,  II,  pI.xLviii.  — '  Cat. 
de  renie  Duurijuignon,   57;  Louvre,  U.  91  :   Pollier,   Cat.  9H;  Naples,  no  2907. 

—  **  Vases  of.  /Jr.  il/us.E.  24;  E.  261  ;  Hartwig.  Meisterchat,  pi.  ilv;  Mon.  ant.  dei 
Lincei,  XVII,  fig.  272  et  pi.  ivi  el  xlv.  —  'J  t'urtwiingler,  Cotlect.  Sabouroff,  pi.  cxiviii  ; 
Hichaëlis,  Ane.  marbtes,  p.  623,  n«  I  ;  ituseo  Torlonia,  no  27i.  —  10  Furtwân- 
glcr,  Beschreib.  der  Vas.  2240.  —  il  Wiener  Vorlegebl.  série  G,  pi.  vti,  1  ;  Hiibner, 
Ant.  Bildir.   in  Madrid,  n-  289.  Notre  fig.  reproduit  la  fig.  63  [acratophoro»]. 

—  12  Mead,  fJist.  num.  p.  452.  Terre  cuite  de  la  collection  de  Cumes,  n"  84.915,  au 
Uusi'e  de  Naples  ;  le  Silène  porte  un  pilos  macMonien  ;  Coltigiion  el  Couve,  Vases 
iC Athènes,  1265.  —  «3  Jbid.  1600.  —  1*  Harlwig,  Meislersch.  pi.  xiv  et  p.  28. 
Smith,  Forman.  coll.  Calai,  a-  331  :  Helbig.  Wandgemâlde,  n»  433.  —  ta  Vases 
of.  Br.  Mua.  f.  365;  lleydeniaan,  VnsensamI.  1901,  A;  SA,  20  A.  —  <6Ucrdeniann, 
n'  ÎO  W,  parodie  dune  course  de  char;  Burlington  Club.  1904,  pi.  icvi.  —  I"  CollignOD 
et  Couve,  1317.  —  <>  Silène  pugiliste  de  la  cisto  t'icoroni  (fig.  305);  Helbig,  Fûhrer, 
II.  n*  1504,  p.  431  ;  Siltl,  Oie  Gebârden,  p.  299.  —  13  Jahn,  Vasensamml.  .Munich, 
348  et  542  ;  Stackelberg,  Die  Grûber  der  Uellenen.  pi.  xxiv  ;  C(i(a/ojue  Durand, 
n'  194;  Burlington  Club,  1904, pi.  xcv,  H.  54.—  2U .Sonnant  de  la  trompette  :  Pottier. 
Calai.  6,  73,  89.  93  ;  Frôhner,  Musées  de  Frnnte,  pi.  vi-va  ;  combattant  et  cas(|uê, 
Monum.  d'Inst.  IX,  pi.  vi.  Avec  la  pelta  macédonienne;  Vases  of.  Br.  Mus.  E.  3  ; 
Pottier,  Cat.  0.  89  ;  Collignoo  et  Couve,  Calai.  1165.  Avec  une  double  hache, 
Berlin,  Vasensamlg,  1928  ;  Gerhard,  Akadem  Abhandlg,  pi.  lxiv.  2.  —  21  Vases  of 
llrit.  Mus.  E.  108.  —  î«  FrShner,  iVofire  fteulpt.  ant.  2.')8  ;  p.  270  ;  Sitll,  Die  GebiTr- 
den,  267,3.-23  Waltcrs-birch.  Ancient  h'ottery,  fig.  C8  =  Vente  Drouot,  p.  903; 


quemment:  ils  balancent  l'escarpolette  (fig.  6137),  ou  se 
balancent  eux-mêmes'',  jouent  au  cheval  fondu'»,  lan- 
cent la  paume'*, 
grimpent  sur  des 
arbres''  ou  des 
tables  ",  sautent 
du  haut  de  stè- 
les ",  marchent 
sur  des  outres 
[askoliasmos 
fig.  5721,  ou 
bien,  récréation 
moins  innocente, 
font  la  maraude 
dans  les  ver- 
gers *°. 

Parmi  les  mo- 
tifs rares  signa- 
lons un  Satyre 
contrefaisant  un 
invalide  qui  s'appuie  sur  une  jambe  de  bois";  un 
Satyre  affligé  d'une  gibbosité  '*-  ;  un  Pappositène  aveu- 
gle, des  Si- 
lènes dressant 
un  tronc  d'ar- 
bre pour  y 
suspendre  un 
trophée  ", 
destiné  sans 
doute  à  per- 
pétuer le  sou- 
venir des  vic- 
toires de  Dio- 
n  y  s  0  s,  des 
Silènes  assis 
sur  une  grève 

marine  ".  Les  représentations  de  Silènes  ou  Satyres 
ailés  peuvent  être  citées  aussi  comme  exceptions;  elles 
sont  sans  doute  à  rapprocher  du  Dionysos  ailé  et  des 
génies  bachiques  ailés,  symbolisant  l'ivresse  légère  '^. 
Quelquefois,  les  Satyres  ou  Silènes  sont  associés  aux 
phallophories'*  et  à  la  célébration  de  mystères  bachiques" 

cf.  un  Satyre  soufllant  le  reu:  Helbig,  Fùhreri,  I,  n»  697.  —  2Slni;hirami,  J/^i/s.  Chiu- 
siu.  208.—  a-''  Vases  of.  Br.  Mus.  E.  487.  —  26|Dghirao)i,  Vasi  filtUi,  II,  pi.  cxcix    . 

—  27  Berlin,  2599;  Baumeister,  Denkmàler,  p.  1684.  —  2»  Klein,  J/eis(ersijna/. 
Nicoslhènes,  6,  19,  20,  21,  23,  33;  Epictetos,  2:  Lieblings.  Charmides,  10;  Lyandros, 
1.-29  Pellegrini,  Vasidi  Bolof/na,  fig.  38,  39;  Reinach,iî«7).  (te  lases,  II,  301,  n"  5; 
Gardner,  Vases  of  Fitzwilliam  Muséum,  pi.  xxxn  ;  Michaelis,  Ane.  marbles, 
Fitztc.  Mus.  —  30  Gerhard,  Auserl.  Vasenb.  pi.  ui;  Klein,  Meislersign.  Epictetos,  17. 
Frôhner,  Notice,  u*  262,  263  ;  no  33,  p.  255  ;  Panofka,  Vasi  di  premio,  pi.  ni. 

—  31  Helbig,  Fûhrer.  H,  no  1219.  —  32  Vases  of.  Br.  Mus.  F.  623.  —  33  Amelung, 
Ffthrer  durch  die  Antik.  in  Florenz,  no  65  ;  une  réplique,  Journ.  hell.  stud.  1908, 
pi.  VI  et  p.  lO(Stroug).— 3*  l'oses o/'^riti»/.  Mus.  E.  387.  La  fig.  61 37  d'après  Gerhard, 
Trinkschal.  u.  Gefâssof,  pi.  xivn,  voir  encore  fig.  3440.  —  Jbid.  E.  467.  —  35  Musée 
d'Atliènes,nM2l39.— 36  Frôhner,  .Vo(icescu<p(.  an/,  n»  31 2:  Bouillon,  t.  III,  candéla- 
bres, pi.  I.  —  37  Jatta.  Ca(a(.  pi.  x  ;  Bull.  d.  Insl.  1878,  p.  64.  —  3S  Heydemann,  Pariser 
Antiken,  p.  41.  n»  4  ;  —  3'  Lenorniant  cl  de  Wilte,  Elite  céramogr.  IV,  pi.  ixxi. 

—  40  Heydemann,  Vasensammlg,  2462.  —  41  Rev.  Arch.  1866,  p.  151  ;  vase  italo- 
grec  du  Louvre,  cf.  i:HmuBr;iA  I,  p.  1114.  note  46.  —  42  Satyre  bossu,  Heydeaiaun, 

Vasensammli/  a'  926.  Voir  plus  bas  note  14,  p.  1100.  —  43  Helbig,  Fûhrer,  H, 
no  859.  —  "  Pollier,  Culal.  G.  92.  -  ^^  Voy.  l'étude  de  A.  de  Ceuleneer,  Les 
télés  ailées  de  Sali/re  trouvées  à  Angleur  (Bruxelles,  1882,  Bull.  Acad.  royale), 
Collignon,  Hist.  de  la  sculpt.  gr.  Il,  fig.  341.  —  i6  Coupe  de  Floi-eucc  ;  Hey- 
demann, 3'  Unit.  Winckeltnanns  progr.  pi.  «,  3;  cf.  Bulle,  Die  Silenen,  p.  66; 
Milani,    Studi   e  materiali.    II,  78;   Nillson.    Griechische   Fcsie  (1906),  p.  261. 

—  47  Frôhner,  .Xotice  sculpt.  antiq.  D*  249,  p.  254;  Michaëlis,  Ancien/  marbles 
in  Great  Brit.  Broadiands,  n"  11,  p.  220  :  Wilton  House,  no  76,  p.  6S8  ;  Helbig, 
Fûhrer,  H,  n"  1 107  et  1 121,  p.  237  ;  Amelung,  Fûhrer  durch  die  .\nt.  in  Florenz, 
n"  243  p.  240.  Fragment  de  poterie  sigillée,  au  Musée  municipal  d'Arezzo,avec  timbre 
de  Tigranus. 


Jeu  de  lescarpolelle. 


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1099   - 


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(lig.  700.  708),  à  (les  scènes  d'initiation  ',  etc.  Ils  célèhrent 
des  sacrifices  sur  les  autels  sacrés  -,  et  apportent  des 
gâteaux  aux  Hermès,  ou  les  décorent  ;  ils  ne  sont  pas 
exclus  des  représentations  de  la  vie  d'outre-tombe,  mais 
ils  portent  des  eidnla',  séjournent  dans  les  Champs- 
Elysées'  ou  hantent  les  cimetières  ^ 

Malgré  leur  caractère  pétulant,  les  Satyres-Silènes  sont 
souvent  figurés  dans  des  poses  calmes  :  debout  %  à  cali- 
fourchon sur  des  outres',  étendus*,  souvent  endormis', 
assis'",  agenouillés",  accroupis'-,  ou  tombés  à  terre  "; 
maison  les  voit  aussi  marcher  à  quatre  pattes  ",  courir'% 
s'enfuir'";  leurs  danses  et  gambades  sont  le  motif  le 
plus  fréquent  ''.  D'autres  sujets  sont  plus  rares:  le  Satyre 
apoxkopeuon  '*  regarde  au  loin  en  protégeant  ses  yeux  ", 
d'autres  Satyres  élèvent  les  bras  dans  le  geste  de  la 
prière  ^°,  tournent  sur  leurs  talons  pourvoir  leur  queue  ^\ 
ou  se  font  traîner  en  voiture  par  d'autres  Silènes -^ 

Quant  au  gros  Silène  ventripotent,  nous  le  trouvons 
souvent  muni  de  son  outre,  debout -^  la  jambe  appuyée 
sur  une  hauteur'-*,  assis '^»  ou  accroupi-*;  il  est  figuré 
buvant'-'',  ou  bien  étendu  et  dormant  du  lourd  sommeil  de 
l'ivresse-'.  Parfois,  cependant,  les  effets  du  vin  com- 
mencent seulement  à  se  faire  sentir  :  Silène,  qui  ne  peut 
guère  se  fier  à  ses  jambes,  chancelle'-',  s'appuie  sur  un 
cippe'",  s'affaisse  sur  son  àne  favori^',  ou  sur  les  jeunes 
Satyres'^,  compagnons  de  ses  débauches. 

Silène  a  sa  place  marquée  dans  le  thiase  bachique:  il 
accompagne  d'un  pas  mal  assuré  le  retour  triomphant  de 

*  Hevdemann,  Vasensammlg  NeapeU  n"  1774:  Jahrb.  d.  K.  Jnst.  1803,  pi.  i,  cl 
Frôliiier,  Notice  sculpl.  anl.  n"256,p.  265;  Helbig,  Fûlirer,  II,  n»  1112,  p.  167,  noie; 
cf.  p.  163;  Monuments  Piot,  II,  pi.  viii  ;  Frôliner,  Collection  Ùutttit.  pi.  clxxii,  n"  230. 

—  2  Collignon  et  Couve,  Calai,  vases  d'Athènes,  n»  130J:  Helbig,  Fùlirer,  n'  1*43; 
Pollier.   Cat.   G.  2i7  ;  cf.  pi.   i,xin-c.xvi  ;  Slephani,  Compte  rendu,  1868,  p.  147. 

—  3  MilliD-Reinacli,  Peintures  de  vases,  I,  2s.  —  i  Pellegriui,  Vasi  del  .\fuseo 
civico  di  Bol'jtjna,  iil  et  428.  —  à  Heydemann,  Vasensamly  zu  Xeapel,  n°  7">2: 
Jattreshefte  Wien,  Vlll,  p.  143.  —  6  Klein.  Meistersignat.  Nicoslliènes,  41  ; 
l'amphaios,  20;  Epiclelos.  2,  p.  3  et  113:Cl]elis,  2;  Pliillias,  1;  Lieblingsinschr. 
Hipparchos,  8  et  fig.  7;  Craies.  1  ;  Panallios,  4;  Leagros,  12;  Helbig,  ^'andge 
mâlde,  n"  428  ;  Brunn-Bruckmann,  Denkmâler,  377;  Michaclis,  Ancient  Mitrbles, 
p.  306. n»  19.  —  7  Frôhner.  Xotice  sculpt.  anl.  n»  310,  p.  301.  —  8  Klein, 
/.ieblingsinschr.  Leagros.  26;  Heydemann,  Vasensamm.  28ïl  ;  Helbig.  Fiihrer, 
1 129  :  Mon.  d.  Inst.  XII,  20  ;  FrShncr,  Notice  sculpt.  n»  308  ;  Helbig,  Wandgemâlde. 
n»  436.  -  3  Salyrc  endormi  du  Mus6c  de  .Napics,  bronze,  Gargiulo,  Hecueil.  11, 
pi.  VII;  une  répli(|uc  à  Madrid,   Catalogo  del  Museo  arqueologico  I,   n"   2714. 

—  10  Bull.  corr.  hell.  XIX,  1895,  pi.  xii  ;  Welckcr,  Antik.  Denkm.  Il,  p.  129; 
Helbig,  Wandgemâlde,  434;  Head,  Historia  numor.  p.  452;  Aluseo  Gregoriano,  I, 
pi.  Vlll,  4.  —  ^1  Benndorf.  Grieck,  und.  Sicil.  Yasenb.  pi.  xlv,  26;  Head, 
ffist.  num.  p.  452;  Heydcmaun,  AJittfteil.  aus  Oberital.  n"  22,  p.  41;  Helbig, 
Wandgemâlde,  n"  435  ;  Ruescli,  Guida  del  museo  nazionale  di  Napoli,  no  6334 
(Papposilène).  — '2  Klein,  Meistersign.  Epiclelos,  1,  2;  Slarlcelberg,  Grûber  der 
Helleuen.  pi.  sxv;  Winlcr,  Typenkr.tal.  I,  p.  217  ;  II,  392,  n»  5.  —  13  Heydemann, 
Vasensamml.  2324,  3273;  Silll.  Die  Gebûrden,  p.  298.  —  U  Heydemann,  Na- 
ples,     Vasensamm.    R.    C.    47;    Monumenti    antichi,    1907,    pi.    (Papposilène). 

—  15  Klein,  J/e!s(ersijn.  Memnon,  I  (1);  Hiéron,  22  (1);  Epiclelos.  17  (1);  Cbélis, 
2  (1);  Paraphaios,  1,  9;  Epiclelos,  7;  Heydemann,  iN'apIes.  Vasensamm.  732; 
Welckcr,  Ant.  I/enkm.  Il,  p.    122.  —  «6  Furl\v;inglcr,  Anl.  Gemmen,  pi.  vm,  33. 

—  1-,  Cf.  MjENADEs,  p.  1488,  2"  col.;  de  Wille,  Uotel  Lambert,  pi.  xxviii  ;  Bi-.  llus. 
Catnl.  E.  736;  Bull.  corr.  hellen.  1803,  423  ;  Gardner,  Vases  fitzwill.  pi.  x,  48  B.  ; 
Klein.  Meistersign.  Nicosibènes,  6,  19,  23  ;  Pampliaios,  89  ;  Klein,  Lteblingsinsck. 
Slcphanos:  Bologne,  Pellegrini,  Calai.  294  ;  Furlwânglcr,  Berlin  Vasensamm.  22i3  ; 
Clame.  Mus.  sculp.  pi.  cxi ,  n"  146  ;  pi.  clixix.  n»  170  ;  Athènes,  Satyre  de  Lamia  ; 
Berlin,  Beschreib.  n°  262  ;  Mon.  del.  Inst.  m.  59;  Overbeck,  Gr.  Plast.  4»  éd.  II. 
383;  Brunn-Bruckmann,  Denkmûler,  p.  433;  Michaëlis,  .4  iicien?  morifes,  n"  39, 
p.  514;  Overbeck-Mau,  Pompei,  IV,  !•  éd.,  1884,  p.  530,  lig.  287  ;  Rome,  l.alran, 
Helbig,  Fùhreri,  I.  n°  662,  p.  446;  Hauser,  Die  neu  atlisch.  Beliefs,  p.  61,  n.  68; 
Ann.  del  Inst.  1877,  p.  213,n.  I  ;  Helbig.  Wandgem.,n' iiî.  —  18  Tableau  d'Anliplii- 
los,  Plin.  Kal.  Iiisl.  xxxvi,  1 38  ;  cf.  Furlwacngler,  Satgr  aus  Pergamon.  —  19  llevde- 
mann,  Vasensamm.  1759  ;  CollignonCouve,  Catul.  1295;  Wcrnickc,  Hoscher,  Lexi- 
*on,  p.  1472,  19  et  art.  /"an  ;  Overbeck,  /"om/je;,  IV,  1884,  p.  319;  Pollier-Rcinacb, 
Xécropole  de  Myrina,p.  381.  —20  Annali,  1807,  pi.  e.  —21  Voir  plus  haut.  p.  1094, 
n.  i9.  —  -^i  hosion,  Beporl.  1900, 14.  —  23  Rei„acli,./?(iper(.  de  la  statuaire,  U.ji.  lii 
sq.;  Helbig,  Wandgemâlde,  n"  415;  Winler,  Typenkalal,  11,  403,  34  ;  403,  6,  elc. 

—  24Hichaêlis,  Ancient  marliles  in  Gr.  Rr.  n"  I,  p.  523.  —  2->  Helbig,  Fûhrer'^, 
n«  456,  p.  297:  Micliaelis,  Ibid.  w  19,  p.  28C-2S7  ;  Helbig,  Wandgemiildf, 
n"  418.  -  26  Slicliaelis,  Ancient   marhles  in  G.  Br.  n»  02,  p.  086.  —  2'   Helbig, 


Dionysos"  et  s'associe  aux  bacchanales*'.  Il  participe  aux 
cérémonies  mystiques  '''\ 

F.  Satyres-Silènes  avec  des  nniiiuiux.  —  Ce  que  nous 
avons  dit  de  la  nature  animale  des  Satyres  et  des  Silènes 
justifie  les  groupes  fréquents  de  Satyres  et  de  chèvres'*, 
de  Silène  avec  un  àne^''  ou  un  porc-",  des  biches^';  on 
les  voit  encore  avec  des  mules  '",  des  chevaux  ",  des 
taureaux'^,  des  panthères",  des  lions",  des  lièvres  ", 
des  oiseaux'",  des  souris'",  des  serpents'*  et,  dans  le 
thiase,  avec  des  éléphants  ". 

G.  Le  costume  des  Satyres-Silènes  et  de  Silène.  —  La 
nudité  est  la  règle,  surtout  à  l'époque  archaïque;  signa- 
lons comme  exceptionnel  un  bronze  archaïque  représen- 
tant un  Satyre-Silène  ceint  de  la  mitra"";  sur  les  vases 
et  dans  les  peintures  de  Pompéi,  nos  démons  sont  volon- 
tiers munis  d'une  nébris^',  ou  d'une  pa^dalis^^  qui  con- 
viennent bien  à  des  êtres  rustiques.  Le  vêtement  est  jeté 
sur  l'épaule  comme  une  chlamyde",  ou  bien  il  barre 
transversalement  la  poitrine  ^'.  On  voit  aussi  des  Satyres- 
Silènes  drapés  dans  un  manteau"  ou  une  chlamyde''". 
Us  corinaissent  l'usage  des  chaussures  et  notamment 
des  cothurnes"".  Silène,  le  plus  souvent  nu,  porte  aussi 
la  peau  de  panthère^*  ou  l'himalion"';  dans  le  drame 
satyrique,  il  revêt  le  chiton  de  paille  (/opxaîoç  /itoîv),  aux 
mailles  serrées,  qui  lui  est  particulier*".  Comme  mem- 
bres du  thiase  bachique.  Satyres  et  Silène  sont  couron- 
nés de  lierre*'  ou  de  pin*^.  Leurs  attributs  ordinaires 
sont  la  syrinx  *'  et  le  pediim  *',  qu'ils  partagent  avec 

Fûhrer'^,  20436,  p.  297;  Micbaolis,  0.  c.  n"  62,  p.  686.  —  28  Winter,  Tijpen- 
kalog.  H,  391,  n"  2;  Friihner,  Notice  sculpt.  ant.  n»  253,  p.  254;  n»  255, 
p.  269.  —23  Ibid.  n«  252.  p.  268.  —  30  Frrthner.  Ibid.  n»  232,  p.  268.  —31  Mi- 
chaclis, Ancient  marhles  in  G.  Br.  n»  61,  p.  724-725.  —  32  Michaclis,  O.  e. 
n"  31,  p.  252-254;  a'  288,  p.  394;  n»  202;  p.  747;  Joum.  of.  hell.  slud.  1908, 
pi.  XV,  n'  31  (Slrong).  —  33  Frôhner.  Notice  sculp.  ant.  n»  251.  p.  267  ;  Helbig, 
FiVirerï,    no    702-471.    —    31    Helbig,     Wandgemâlde.    n»    395-398,    404,     408. 

—  35  Helbig,  Fûhrer  II,  n»  1107,  p.  226;  Amelung,    Fùhrer  in  Florenz,  fig.  43. 

—  3ii  Mon.  del  Inst.  X,  pi.  xuv.  tav.  dagg.  M.;  cf.  Annali,  1877,222;  cf. 
Slephani,  Compte  rendu,  1869,  p.  67,  5  ;  Clarac,  Mus,  de  sculp.  n"  731.  1759; 
733,  1768;  Ad.  Michaclis,  Ancient  marbles  in  G.  Br.  n»  33,  p.  348:  Clarac, 
Ibid.  IV,  n.  709,  1670  A  ;  Helbig,  Wandgemâlde,  no  440,  p.  \01;Mus.  Borb. 
V.  5C;  Lampe,  Brilish  Muséum,  n»  518.  —  37  Michaèlis,  0.  c.  n"  36,  p.  723; 
et  U,  p.  505,  506;  Clarac.  Mus.  scalp,  n"  696,  1610  A;  Mon.  Matth.  I, 
pi.  xiii  ;  Heydemann,  Mittheilungen  (!•  Winckelmanns  Progr.  Halle,  1879); 
Neapel  Vasensamm.  t.  III,  n»  172  ;  Catalogue  British.  Mus.  E,  102,  B. 
168;  Collignon-Couve,  Catalogue,  1008:  Ibid.  796;  Millingen-Reioach.  Peint. 
39;  Gauckler,  Mus.  Alaoui  Suppl.  1907,  no  Î87,  p.  23,  pi.  xi  ;  cf.  Roberl, 
Der  mùde  Silen.  -  38  Winler,  Typenkatal.  Il,  391  ;  Compte  rendu  de  Sl-Pétersb. 
1S63,  pi.  vi,  1  et  2  :  sur  la  nature  porcine  de  Silène,  cf.  Schumacher,  Pracnesti- 
nisctie  Ciste  im  Rarlruke,  pi.  m;  Gerhard,  Etruskisctte  Spiegel,  V,  pi.  cxx  ; 
Vases  British  Mus.  E.  139.  —  39  Klein,  Meistenignat  ;  Hipparchos,  9  ;  Epiclelos. 
24  B;  et  Milcbh'ifer,  Anfânge  der  Kunst,  p.  73,  note  1  ;  Berlin,  Beschreibung  der 
.Sculpluren.  n"  831,  p.  338  ;  Michaclis,  Ancient  marbles  in  G.  B.  Woburn  Abbey, 
n"  144,  p.  7393:  Catalogue  Durand,  150  et  151  ;  Gerhard,  Etrusk.  Camp.  Vas. 
pi.   Vlll  :  Miiller-Wieseler,  Denkm.  Il,  pi.  xi.i.  —  W    Vases    Bril.    Mus.    E    338. 

—  'I  Collignon-Couvc.  Catalogue,  660.  —  42  Furlwiingler,  Anl.  Gemmen,  pi.  vni,  42. 

—  43  Klein,  Meistersignat.;  .Nicosthènes,  22,  31  ;  Heydemann,  iVea/)f/  Vasensamm. 
1979  ;  Br.  Mus.  168.  —  44  Helbig,  Fûhrer,  I,  n"  636.  —  'ô  Heydemann,  Vasensamm. 
zu  Nea/.el,  1541  :  l'aies  British  Mus.  B,  1,  46.  —  16  Collignon-Couve,  Catalogue, 
1118,  no-  739  et  1268;  Heydemann,  Millheilungen,  57,  p.  97.  —  47  S.  Reinacli, 
Bépert.   des  vases,  I,    300.  —  48  Berlin,  Beschreibung  der  Sculpturen,  n°  I04i, 

—  "  Michaëlis,  Ancient  marbles    in    Gr.    Brit.  p.  333,   Newhy   Hall,    n'     34. 

—  JO  Stron»,  Catalogue  of  the  Burlington  Club,  1904,  pi.  L,  B.  32.  —  '-l  Scllône, 
.Museo  Bocchi,  pi.  xv,  3,  n.  1 13  ;  Helbig,  Wandgemâlde,  n°  538-540.  —  ô2  Schône, 
O.  c.  no  171;  Hartwig,  Meisterschalen,  pi.  vi;  xxxi-xxxiii;  lxxvi.  —  53  Hart- 
wig,  0.  c.  pi.  VI.  —  J4  Frôhner,  Notice,  n»  260.  —  55  Heydemann,  Vasensamml. 
1739,  2494  ;  S.  A.  240  ;  Jatta,  Calai.  1442.  ;  Matz-Duhn,  Aniike  Bildwerke.  III, 
n»  3722.  —  56  Helbig,  Wandgemâlde,  n"  548.  —  il  Heydemann,  Vasensamml. 
n"  1772;  Furtw;ingler-Reichhold,  Gr.  Vasenmaler.  pi.  xi.viii;  Monum.  d.  Ins.  V,  3;i; 
Gerhard,  Aus.  Vas.  V.  57;  cf.  A.  Kôrle,  Fesischrift  zur  49  Versammlung  der 
tieutsch.  Philolog.  1907,  p.  204.  -  »8  Roberl,  Der  mùde  Silen,  23  Hall.  Winc- 
ketmannsprogr.  p.  19,  2.  —  59  Helbig,  Wandgemâlde,  W  416,  p.  103;  ii"421, 
p.  104.  —  60  Voir  plus  haut,  p.  1097,  noie  18.  —  61  Helbig,  Wandgemâlde.  w  430, 
p.  105.  —  62  Itiid.  no  437,  p.  105  el  437,  p.  106.  —  «3  Ann.  dell.  Insl.  1877, 
p.  214.  —  "  Ibid.  p.  208,  par  ex.  Helbig,  Fùhrer,  I,  300-307  ;  Michaclis,  ancien* 
marbles  in  Greal  Britain,  n"  308,  p.  402. 


SAT 


—  HOO 


SAT 


Pan  [pan  '.  L'inllhulalion.  n"esl  pas  iirgligùo  par  los 
Salyres  '. 

11.  SnUjres  féminins.  —  Les  artistes  donniM-piit  aux 
Salyri's  dos  parèdres  fi-niiiiines  analogues  aux  Centau- 
resses  et  aux  Panines;  la  liste  de  ces  représentations  a 
été  dressée  par  Wieseler^. 

I.  Satijris(/ucs. —  La  même  mode  multiplia  les  figures 
de  Satyres  enfants  ou  Satyrisques.  Ils  sont  associés  à 
Dionysos  dans  le  lliiase*;  mais  s'y  retrouvent  aussi 
sans  lui";  Silène  les  prend  dans  ses  bras  "  ou  sur  ses 
épaules';  les  Ménades  leur  donnent  à  boire';  ils  se 
livrent  aux  jeux  habituels  des  enfants,  tels  que  le  cer- 
ceau', portent  des  outres  avec  une  gravité  comique'"  ou 
se  reposent  en  s'adossant  à  un  tronc  d'arbre".  Quelque- 
fois, Éros  est  assimilé  à  un  Salyrisque  '-. 

K.  Satyrex  vieillards.  —  D'autres  satyres  jouissent 


tout  d'abord  mise  au  service  de  Cybèle  [c.ybele],  [AT,Tp<pov 
auXT|[Aa  ".  Les  exégèles  montraient  son  tombeau  à  Pes- 
sinonle,  sanctuaire  par  excellence  du  culte  de  Rhéa'^ 
Une  autre  localité  de  Phrygie,  Kelainai,  servit  de  théâtre 
à  la  célèbre  joute  musicale  entre  Marsyas  et  Apollon'-". 
Les  arbitres  sont  le  mont  Tmolus-',  qui  juge  en  faveur  du 
dieu,  et  Midas,  qui  est  afTublé  d'une  paire  d'oreilles 
d'ànes  pour  avoir  donné  à  Marsyas  son  suffrage  de  roi 
barbare--.  Selon  certains  récits,  les  Muses-',  Cybèle^* 
ou  Mhéna^%  constituent  aussi  le  tribunal.  Toute  la 
légende  symbolise  la  victoire  de  la  cithare  sur  la  flûte 
phrygienne.  La  provocation  est  venue  de  Marsyas,  enivré 
d'un  sol  orgueil.  Les  circonstances  du  concours  et  de 
l'expiation  sont  racontées  diversement.  Selon  une  ver- 
sion, Apollon  aurait  usé  de  subterfuge,  en  exigeant  de 
Marsyas  qu'il  jouât,  comme  lui  un  même  air  sur  l'ins- 


Fig.  CiSS.  —  Liillo  dApoIlon  et  do  Ma 


d'une  vraie  longévité  :  les  artistes  leur  donnent  une  barbe 
blanche  et  une  tête  chenue '',  parfois  ils  sont  aveugles '^ 

L.  Noms  (les  Sat  y /•es-Silènes.  —  Les  documents  céra- 
miques et  les  textes  littéraires  nous  ont  conservé  les  noms 
que  les  Grecs  donnaient  aux  Satyres-Silènes.  La  liste  qui 
en  a  été  dressée  '°  peut  être  encore  allongée  '".  Il  faut  rele- 
ver, vu  leur  importance,  les  noms  de  Marsyas  et  d'Olympos. 

Marsyas,  en  véritable  Silène,  a  sa  patrie  d'origine  en 
Asie  Mineure;  un  torrent  qui  vient  confluer  avec  le 
Méandre  près  de  Kelainai,  porte  son  nom  '''.  La  légende 
anatolienne  faisait  de  Marsyas  l'inventeur  de  la  flûte, 

I  Voir  cel  article.  —  2  Compte  rendu  de  SntJit-P^lersb.  1801,  p.  140  Sf|. 
—  3  Voir  cotte  liste  dans  Xticlirichten  Guseîtsch.  d'ir  Wissench.  zu  Cuettinfjen, 
1890.  Sur  des  vases.  Etile  des  mon.  ciram.  IV,  p.  300  cl  368.  I,  pi.  xr.v.i 
(avec  rcprod.).  p.  3>6  s(|.  Monnaie  d'or  do  Lanipsaipie  :  Barclay  Head,  Uist.  niim. 
|i.  450,  n.  iSî.  Pierre  gravd'e  d  •  Florence  :  MûUcr-Wicseler.  Denkm.  d.  ait.  Kiiul. 
II,  45,  563.  Brome  (hustc).  lins,  britannique  :  Specim.  of  ane.  sculpt.  V,  II, 
pi.  lïui.  Bas-reliefs  marbre  :  Uûlsclickc,  Ant.  /tildtcerke  in  Oberilal.  II,  l.ï3.  IV, 
SGO;  Beundorr-Scliôno,  Ant.  llildw.  d.  Later.  Mus.  m  373,  40S  ;  Stephani, 
Parerrja  archeol.  26.  Peintures  murales  :  Helbig,  WandyemCddc.  n'  4Vi.  Candi!- 
labres:  Vûthaer,  Notice  de  Ittsculp.  ant.  n°  Mi,  p.  304,  note.  Double  Iicmiès  : 
Overbeck'Mau,  Pompei.  IV.  p.  S9i  ;  Benndorf-Scli.ine.  Antike  Bililwerke,  p.  Sti, 
n"  140.  TiSlcs:  Mûller-Wieseler.  O.  l.  Il,  pi.  \LV.3Ci  ;  Benndorf-Scbône,  O.  c.  n-  86, 
174,  Î73et  594.  n.  110,  pi.  m.  fig.  î.  etfig.  l  et  i  ;  Jlalz-Dubn,  Ant.  Bildw,  in 
Itom.  !)•  160,  Musée  Kirchcr.  —  '  Heydomann,  Xascrisnmm.  n»  6SS;  W.  Frœliner, 
Notice,  n'  iii:  Uerhard,  Ant.  Billwerke,  pi.  i.xxxvni,  5;  Helliig,  Wundyem. 
400,  p.  100.  —  5  Klein,  Lieblinysinscll .  (ig.  36.  —  »  Furtwiing'er,  Beschrb.  d. 
Vatentamm.n'  4830.  —7  Helbig,  Fùlirer,  no«403cl837;  Reinacb,  lUpeit.  Stat. 
Il,  p.  130.  —  8  Helbig.  Ib.  Il,  n"  39k  cl  6V8  ;  Scbrciber,  Hellenist.  Delief- 
bilder,  pi.  jxviii  et  \\t.  —  9  Gerhard,  Auserles.  Vas.  61,  î;  Journ.  nf  liet. 
stad.  1890,  pi.  XVI.  —  10  furlwnngler,  Beschr.  der  Glijpt.  Ï32  ;  Hundevt  Tafein, 
4«,  i.—  Il  Krôbner,  Notice,  n"  iii4,î78;   Sliebaëlis.  Ane.   marblcs  in  G.  Br.n.  3, 


trument,  debout  puis  renversé  -".Selon  d'autres,  le  dieu 
dut  sa  victoire  au  chant  dont  il  accompagna  la  musique 
des  cordes  -\  Après  la  défaite  de  Marsyas,  Apollon  l'at- 
tacha à  un  pin-'  et  l'écorcha  do  sa  main;  selon  une 
tradition  plus  répandue  il  abandonna  celte  basse  be- 
sogne à  un  Scythe  -'.  On  croyait  à  Athènes  que  la  peau 
du  Silène  avait  été  suspendue  dans  une  grotte  de  l'Acro- 
pole au-dessus  de  l'agora  ''".  Élien  rapporte  que  la  dé- 
pouille de  Marsyas  était  agitée  de  soubresauts  chaque 
fois  que  les  vibrations  de  la  flûte  phrygienne  ébranlaient 
l'air^'.  Enfin,  le  fleuve  Marsyas  passait  pour  être  issu  ou 

p.  .ÏI7.  -  12  Helbig,  y^û/irer,  n»  810;  Sclireiber,  0.  /.,  pi.  xxv,  Pauly-Wissowa, 
Beal  Encyclop.  t.  V,  p.  514.  —  '3  Klein,  Va&en  mit  Lieblingsinsch.  Cbainiides, 
n"  9  ;  Boston,  n»  424:  Stem,  Musée  de  ta  ■'ioc.  arch.  d'Odessa,  III,  pi.   v,   n»    32. 

—  14  Cratère  à  f.  r.  dn  Musée  dAlbènos,  n»  12255.  —  "»  Heydemann,  Salyrund 
Ilachkcnnamen,  5*  HalUsches  Winckelinannsproyram.  —  18  Simades,  proche  de 
Simos,  allusion  au  profil  camus  des  Silènes  ;  .\mphore  de  Cornolo.  Furlwjingler- 
Beichold,  Griecti.  Vase7imat.  II,  p.  169,  n.  91.  Voici,  d'après  Xonnus,  Dionys.  14, 
105  sq.  les  noms  des  .Satyres  nés  du  commerce  d'Hermès  avec  Iphthimé  :  Poimenios, 
Thasios,  Hypsitreros,  Orestes,  Phlegraios,  Napaios,  Gemon,  Lykon,  Petraios, 
Pbereus,     Lainis.     Lenobios,    Skrlos,     Oistros,     Pbcrespondos,    Lakos,    Pronoos. 

—  17    Xen.     Anabas.  I.  -2,  8    ;  Slrab.  XII,  577;  Plin.  H.    n.  V,   100:   XXXI,    19. 

—  is  Pausan.  X,  30,  9.  —  19  Steph,  Byz.  s.  v.  —  io  Heiod.  VU,  20:  Xcn.  Anab. 
I,  2,  8.  —  21   Myth.   Vat.  I,   90;    II,    110;    III,    10,  7.  —   '22  Ovid.    Metam.    VI. 

—  23  Weslerman,  Mytiiour.  Graec.  Appond.  XLVII,  I  ;  Lucian.  Diai.  deor. 
XVI,  2;  Schol.  Plat.  7}cp.  399  E:  .Vin.  318  B;  Apul.  riorid.  I.  3.  —  2i  Uiod.  Il, 
SS,  3;    cf.  Furlwiingler,    Coll.    Sabnuroff;  II,  pi.   xxxvn.    —  ïî  Apul.  Florid.    I. 

—  26  Voy.  par  exemple,  Ilygin.  Fnb.  165.  —  27  plut.  Qu.  conv.  VII  8,  11  ;  Myth. 
Vat.  Il,  113.  —  2»  Nicand,  Atexipb.  301;  Anthol.  Pal.  VU,  696;  Philostr.  Jma- 
gin.  II;  Lucian.  Tragodopud.iM  ;  ^oaa.  Dionys.  VI',  106.  —  29piin.  H.n.  V,  106. 

—  30Herod.  VII,  26  ;  Anthol.  Pal.  VII,  20  ;  Claudian.  X,  278.  —31  Aciian.  Var.hisl. 
XIII,  91. 


SÂT 


1101  — 


SÂT 


du  sang  de  la  victime  ',  ou  des  larmes  répandues  par  les 
Nymphes  et  les  Satyres  sur  leur  chef  d'orchestre-. 

Les  représentations  du  mythe  d'Apollon  et  de  Mar- 
syas  ofTrent  souvent  le  combat,  sans  en  bien  dé- 
terminer le  moments  Mais,  sur  plusieurs  monuments, 
les  phases  de  la  lutte  sont  représentées.  Sur  un  vase  de 
Berlin  '  et  un  cratère  du  Louvre  '•  nous  voyons  le  défi  et  les 
préparatifs  du  concours; les  célèbres  dalles  sculptées,  re- 
trouvées à  Mantinée  (lig.  5208)",  montrent  la  lutte  elle- 
même.  Les  Muses  sont  les  juges;  Apollon,  déjà  vainqueur, 
est  assis,  les  traits  empreints  d'une  sévérité  olympienne; 
un  esclave  scythe,  personnifie  la  fin  cruelle  réservée  au 
vaincu.  Marsyas  a  la  même  attitude  sur  un  beau  sarco- 
phage du  Louvre  (fig.  6138) '.Apollon  estdeboutcouronné 
par  la  Victoire  ;  une  Muse  ou  une  Nymphe  est  le  juge  du 
concours,  auquel  assistent  Athéna,  le  Tmolus,  le  fleuve 
Marsvas.  Plus  loin,  le  Silène  est  attaché  à  un  pin  par  un 
Phrygien  ;  un  esclave  accroupi  aiguise  sur  une  pierre  son 
couteau.  On  peut  en  rapprocher  du  sarcophage  du  Louvre 
une  coupe  d'argent  trouvée  à  Bizerte  ",  où  la  même 
lutte  à  pour  témoins  Olympos  et  Cybèle,  ainsi  qu'une 
Muse,  juge  impartiale;  .\pollon  et  Athéna  sont  en  face 
de  Marsyas  soufflant  à  grand  elTort  dans  sa  flûte'.  Les 
peintres  deva- 
seschoisissent 
de  préférence 
le  moment  où 
Apollon  est 
l'exécutant  '"  ; 
souvent  une 
Niké  lui  dé- 
cerne la  cou- 
ronne en  pré- 
sence des  Mu- 
ses. Dans  un 
seul  tableau, 
on  a  figuré  un 
autre  mode  de 
concours,  qui 
contraint  Mar- 
syas à  prome- 
ner son  plectre 
hésitant  sur 
les  cordes  de 
la  cithare  ". 

La  procla- 
mation du  vainqueur  est  faite,  tantôt  par  Apollon  lui- 
niême'%  tantôt  par  Athéna'^  ou  l'une  des  Muses'*.  On  ne 
voit  jamais  que  les  préparatifs  du  supplice  '*  ;  l'écorche- 
menl  n'est  jamais  représenté  Une  statue  célèbre  de  Flo- 


<  Scol.  t'Ial.  Symp.  J14B:  Itep.  399  E;  Min.  318  B;  Hygin.  Fnb.  105.  —  2  OviJ. 
llel.  VI,  3S3  sq.  —  3  Helbig,  WaiidjtnmWe,  n«>  ISi,  ii*,  i31;  llcad,  Hist. 
ni/ni.  45.Ï.  —4  Vusensamml.  n°  2G38;  Overbeck,  Kunslmylhol.  pi.   xxiv,   n»  ill. 

—  - Elite  céram.  Il,  70.—  ^  Huit.  corr.  hell.  XII,  pi.  i-iii. —  ' Froliner,  A'odce  </e /a 
te.  a.  85.  Voir  aussi,  83  el  Sk  —  »  Uauckler,  ilonuments  Piot,  II,  pi.  viii  cl  p.  SC. 

—  9  Autres  rcprésentalions  de  celle  phase  du  comhai:  Elite  des  mon.  cérimi.  II,  TU, 
ce.  67,69;  jyon.d.  /ml.  VIII,  iï,i;  Epfiém.  arch.  1886,  pi.  i  el  n;  Froelnier,  ilusées 
lie  France,  pi.  m;  Duruy,  Hisl.  des  Grecs,  I,  p.  610  ;  .Mon.  d.  Inst.  VI,  pi.  xvn;  = 
Koberl,  Die  anliken  Sarcophar/reliefs,  III,  pi.  i  ir,  1.  —  10  Elite  cér.  Il,  63,  65  ;  sar- 
copliage  d"Hcrmogén£'S,  tîev.  arch.  1888,  pi.  vu.  Pour  un  groupe  de  Marsyas  avec 
une  Muse,  Jahreshe/t  des  ôsler.  Inst.  1907,  I,  3li  ;  l,a  Blaiiclicrc,  Musée  d'Oran, 
pi.  IV  et  p.  03;  Antiq.  du  liosph.  Cimm.  pi.  lvu  ;  C.  rendu  de  S.-Pétersb.  1862, 
pi.  \i,  î.  —  "  Mon.  d.  Inst.  VIII,  42, 1.  —  1^  UichieVis,  Anaglyphi  Valic.explicalio, 
pi.  1  _  13  Malz,  Monatsber.  der  Berlin.  Akad.  1871,  p.  486,  ii»  186  ;  Robert,  Jalirb. 
des  Inst.  V.  p.  iiè. —  Michaelis,  Verurteilung  des  Marsyas^  pi.  ii:  Arch.  Zeit. 
1809.  pi.  xvu.  —  It  Elite  céram.  Il,  04,  74;  Gerhard,  Etrusk.  Spiegel.W.  pi.  cci.xcvi. 


rence,  celle  qu'on  appelle  communément  le  Re'mou/eiir"^, 
appartenait  à  un  groupe  figurant  le  supplice  de  Marsyas. 
Le  même  musée  possède  deux  statues  de  Marsyas  écor- 
ché  el  pendant  à  rjuluc  '',  dont  en  connaît  bien  d'autres 
répliques  '*; 


trouvant  la  flijte  d'Atht^na. 

place  d'honneur  dans  les  cortèges  bachiques  "  (fig.  43"5'i. 
Les  légendes  grecques  mettent  aussi  en  rapport 
Marsyas  avec  Athéna  '".  La  déesse  a  trouvé  la  fiùte 
et  s'essaie  à  en  jouer.  Puis,  ses  yeux  étant  tombés 
sur  son  image  reflétée  dans  le  Méandre,  elle  s'offusque 

d'être  défigu- 
rée par  ses 
joues  gonflées; 
d'un  mouve- 
ment de  dépit 
elle  précipite 
la  flûte  dans 
le  fleuve,  où 
Marsyas  la  re- 
trouve. 

L'n  célèbre 
groupe  de  My- 
ron  '*  avait  po- 
pularisé la 
rencontre  de 
Marsyas  et 
d' Athéna. 
Athéna  vient 
de  jeter  son 
instrument  et 
levisagedu  Si- 
lène exprime 
l'étonnement 

et  la  convoitise.  La  statue  du  Latran  ^'  et  une  tête  de 
la  collection  Barracco  ^^  sont  les  meilleures  répliques 
de  l'œuvre  de  Myron.  Trois  monuments  attiques  " 
nous  en  ont  conservé  des  copies  anciennes  (fig.  6139). 


—  i:.  Brunn-Bruckmanu,  DenknuU.  pi.  4i5  ;  llolbig,  Fûhrer,  I,  p.  400;  cf.  i.vha, 
lig.  47i4.  —  lu  Amelung,  Fuhrer  in  Florenz,  86  et  87.  —  n  Helbig, /"û/i'-er,  I, 
5!>3  :  II,  890  ;  Frohner,  Notice  Sculpt.  ant.  86  ;  FurlwâDgler,  Beschreib.  der 
Glyploth.  n'î»0;  Monuments  Piot,  VI.  pi.  xiu  ;  cf.  Hevdeniaun,  Vasensamml. 
Il"  i99l.  I,e  Silène  esl  allaclié  au  pied  d'un  palmier  ;  Helbig.  Wandi/ermilde,  231 
6el  c;  Minervini,  Ifoniim.  di  Uarone,  p.  75  el  pi.  xvi  ;  Helbig,  Fûhrer,  I,  274, 
351,  352;  II,  1113;  Duruy,  Uist.  des  Grecs,  I,  fig.  610;  Bull.  eomm.  municip. 
XIX.  pi.  \i.  —  '»  C.  rend,  de  St-Pélersbourg,  1603,  pi.  v,  3,  4:  Slephani,  Vo5«i- 
saiiiml.  n'  >Sôô;  Elite,  céram.  I,  41.  —  19  PIul.  Alcibiad.2;  AuluGcll.  XV,  17; 
Alhen.  Ùeipnos.  XIV,  010  c.  —  20  Plin.  H.  n.  XXXIV,  57.  —  21  Rayct,  Monuments 
de  l'art  antique,  I,  pi.  xxxui  ;  cf.  Brunu,  Annali  1858,  p.  374  fi|.  —  22  Helbig, 
Collection  Barracco,  pi.  xxxvu  el  p.  30;  cf.  un  bronze  de  Fatras,  Gaz.  arch. 
1979,  pi.  xxxiv.  —  2»  a.  Vase  à  f.  r.  Notre  figure  0138  d'après  Beaumeister,  Denk- 
mal.  Cg.  1209,  b.  Vase  de  marbre,  Bull.  dell.  Inst.  1«73,  169;  c.  Monnaie,  Helbig, 
Fûhrer,  I,  p.  455,  lig.  37.  Pour  la  figure  d'Alhéna,  cf.  Sauer,  Woehenschrift  fur 
kl.  phil.    1907,  p.   1240-1246. 


as  el  d'OIympos 


SAT 


M  02 


SAT 


D'après  un  travail  récent  ',  le  famoux  torse  du  Belvé- 
dère- serait  un  Marsyas  assis,  en  joute  avec  Apollon. 
Marsyas  est  aussi  figuré  comme  simple  auditeur  des 
essais  musicaux  de  la  déesse'. 

.\  Rome,  outre  un  tableau  de  Zeuxis,  représentant  le 
châtiment  de  Marsyas  et  dédié  au  temple  de  la  Concorde*, 
une  statue  de  Marsyas  était  placée  sur  le  Forum  cl  jouis- 
sait d'une  grande  popularité  '' ;  on  en  érigea  des  copies 
sur  les  places  des  villes  de  province  qui  avaient  le  droit 
italique''  [coloma,  fig.  17-2G;  forlm,  fig.  32(51,  3263\ 

Olympos  est  l'élève  favori  de  Marsyas  '  (fig.  6140). 
Comme  les  disciples  de  Socrate,  il  assiste  à  la  mort  de  son 
maître  *.  Il  intercède  et  supplie  Apollon  d'adoucir  la 
sentence  '.  Polygnote  l'avait  placé  auprès  de  Marsyas 
dans  son  tableau  de  la  A'eki/ia^îx  Delphes  '".  Les  fresques 
de  Pompéi  s'en  sont  inspirées  plus  d'une  fois  ".  On 
nommait  autrefois  «  Olympos  et  Pan  »  ces  groupes  de 
marbre  qui  représentent  le  dieu  chèvre-pieds  lutinant 
un  Satyre  adolescent'-.  C'est  une  confusion  dont  Pline 
semble  s'être  rendu  coupable  le  premier".  Georges  Nicole. 

S.\TYRICITM  DRAMA  (Saruptxov  Sp ïaa ,  caTucixov, 
cirupot  ').  —  On  a  dit  à  l'article  dithyrambis  comment  la 
tragédie  grecque  était  issue  du  dithyrambe.  C'est  de  la 
tragédie  primitive  que  s'est,  à  son  tour,  dégagé  le  drame 
satyrique  [tragoedia].  Les  érudits  de  l'antiquité  ratta- 
chaient la  naissance  de  ce  genre  à  une  circonstance 
précise.  On  racontait  que,  se  trouvant  à  l'étroit  dans  le 
cycle  légendaire  de  Dionysos,  les  poètes  tragiques  des  pre- 
miers temps  s'étaient  permis  de  prendre  pour  sujets  des 
fables  empruntées  à  d'autres  cycles.  Dans  de  telles  pièces, 
il  va  de  soi  que  le  chœur  traditionnel  des  Satyres  dionysia- 
ques n'avait  plus  de  raison  d'être  et  devait  faire  place  à 
un  chœur  approprié  ^soldats,  serviteurs,  vieillards,  etc.). 
Mais  cette  innovation  ne  fut  pas  accueillie  sans  protesta- 
lions.  «  Cela  n"a  point  de  rapport  avec  Dionysos  ■>  (oùoèv 
Ttpô;  -ôv  Aiôv'j(7ov)  -,  murmuraient  les  dévots  :  par  là,  ils 
entendaient  qu'on  frustrait  le  dieu  d'un  hommage  rituel, 
auquel  ilavait  droit.  Pour  donner  satisfaction  à  ce  pieux 
scrupule,  il  fut  entendu  que  désormais,  dans  toute  re- 
présentation tragique,  on  verrait  paraître,  à  la  suite 
des  chœurs  héroïques  nouveaux,  le  chœur  antique  des 
Satyres.  Ainsi  serait  né  le  drame  satyrique.  De  cette 
anecdote  qui,  manifestement,  simplifie,  outre  mesure, 
une  évolution  longue  et  complexe,  ce  qu'il  faut  sans 
doute  retenir,  c'est  que  la  constitution   du  drame  satv- 


I  Jahresheft  det  ôiter.  Inst.  1907,  p.  31  sq.  (H;i.iaciek)  ;  cf.  Saucr,  Torso  im 
Beltedere.  —  2  Brunn-BruckniaDU.  Denkâml.  n»  2iO.  Cf.  des  vases  rcpréscnlanl  Mar- 
sjas  assis  dans  sa  joule,  avec  Apollon,  0verbeck,A((airfcrÀ'un5l»ijf(to/ojl>,  pi.  xiiv. 
fig.  18-ii,  i4-J6;  pi.  ixv,  fig.  1-3;  Villa  du  t'apo  Jules,  n"  6473  610476.—  3  Ann. 
d.  Imt.  1879.  pi.  D.  -  l  Plio.  B.  n.  XXXV,  36.  -  5  Thcdenal,  Forum  romain, 
p.  134.  —  6  Bœswiswald  el  Gagnât,  Timgad,  p.  63.  —  'i  Plul.  ûe  musiea  7  ;  Roscber, 
Lexikon  der  Mythologie,  III,  p.  860  s<|.  Noire  figurc6139,  dappès  J/on.  d.  inst.  11, 
pi.  n«ï.i,  cf.  Roscber,  0.  c.  Gg.  p.  862.  —  8  Ovid.  ilétam.  VI,  393.  —  9  MuIIer- 
Wiescler,/)^iiAm<!(.  Il,  XLI,  491;  Helbig,  /«/»■«■,  II,  n-  11 15  ;  Dupuy,  fljs/.  dej 
Grtcs,  \,  p.  610.  —  10  l'ausan.  X,  30,  9.  —  Il  Helbig,  WandgemiMde.  2i6-i29. 
—  12  Clarac.  Mus.  de  sculpt.  716  B,  726  B  cl  C.  —  "  l'Un.  H.  n.  XXXVI,  29  ;  cf. 
Slephani,  Compte  rendu,  1862,  p.  97  sq.  —  Bibliocbapbik.  IJuaranla,  La  mytkologia 
di  Silène,  .Naples,  1828  ;  Olfr.  Mûller.i/anrfJucA  der  Arehaeologie,  1835,  §  383  sq.; 
Wie^eler,  bat  Salijrtpiet.tms  =  Gôttinger  Studien,  1847;  V,' elckcr, Aachlrag sur 
Aesehyleit^hen  Trilogie,  t^H  :  Slephani,  Rompre  rendu,  1869,  p  20 et  1874,  66  sq.  ; 
Wieseler,  Commentatio.  de  Pane  et  Paniscia  algue  Satyriscornutis,  Progr.  Gôt- 
lingue,  1875  ;  Uannhardl,  .\ntike  Waldund  h'eldkulte,  1877,  136  sq.  ;  Annali  delV 
Initituto,  1877,  184  sq.  (Furlwângler)  ;  Furlwângler,  Der  Satyr  aux  Pergamon,  40 
Berliner  W'inekelmanns  progr.  1880  ;  Heydeinann,  Dionysos  Geburt  und  Sin- 
dheil,  10«  Hallischea  Winckelmannsprogramm,  1885,  40  sq.  ;  Wieseler  W'eibliche 
Satyni  und  Pane  in  der  KunsI,  Nachriehten  des  Gesell.  der  \ViM..Côtlinger, 
IS90  ;  Balle.  Die  Silène  in  der  archaischen  KunsI,  1893;  Reiscli,  Festsehrift 
fur  Gomper=.  1893,  458  sq.  ;  Loeschcke,  Athen.  Mitth.   1894,  518  sq.:  Bull,  cur- 


rique  en  genre  distinct  fut  le  résultat  d'un  compromis 
entre  le  développement  naturel  de  la  tragédie  et  le  con- 
servatisme religieux  du  public  grec. 

Quoi  qu'il  en  soit,  c'est  du  dithyrambe  que  le  drame 
des  satyres  lient  son  caractère  essentiel,  le  mélange  de 
l'héroïque  el  du  comique.  Dans  le  dithyrambe,  en  effet, 
les  deux  éléments  déjà  existaient  côte  à  côte.  Rien  de 
plus  pathétique  que  les  chants  exaltés  du  chœur,  évo- 
quant à  larges  traits  les  épreuves  el  la  passion  de  Diony- 
sos. Mais  quoi  de  plus  incongru,  à  l'occasion,  que  les 
faits  et  dits  des  Satyres,  ou  hommes-boucs 'satyrT  ?  La 
tragédie  commençante  hérita  de  cette  double  nature.  On 
en  trouverait,  au  besoin,  la  preuve  dans  plusieurs  frag- 
ments tragiques  d'Eschyle,  dont  le  contenu  très  réaliste 
nous  étonne  '.  Mais  le  goût  des  Hellènes  était  trop  épris 
des  distinctions  précises  et  tranchées  pour  ne  point 
tendre,  de  très  bonne  heure,  à  une  forme  épurée  de  la 
tragédie  d'où  l'élément  bouffon  serait  banni.  Du  jour  où 
le  drame  satyrique  se  fut  constitué  en  un  genre  indépen- 
dant, la  tragédie  put  enfin  réaliser  librement  cet  idéal  *. 
Mais  il  était  naturel,  en  revanche,  que  le  drame  saty- 
rique conservât  l'exubérante  gaieté,  qui  n'était  pas  seule- 
ment un  rite  dionysiaque,  mais  qui,  en  face  de  la  tra- 
gédie épurée,  constituait  son  individualité  propre  et  son 
droit  à  l'existence.  C'est  ainsi  que,  par  l'évolution  natu- 
relle du  genre,  non  par  la  volonté  des  poètes,  qui,  au 
contraire,  ont,  de  plus  d'une  façon,  tenté  de  se  soustraire 
à  celte  obligation  gênante,  le  mélange  de  l'héroïque  el 
du  bouffon  est  devenu  la  loi  du  drame  satyrique.  On  ne 
sait  rien  de  précis  sur  l'histoire  du  drame  satyrique 
avant  l'institution  des  concours  de  tragédies  à  .Mhènes. 
Ce  que  l'on  peut  conjecturer,  c'est  que  ceux-ci,  à 
l'origine,  ne  firent  que  codifier  et  ériger  en  règlement 
l'usage  antérieur.  Or,  aussi  haut  que  nous  puissions 
remonter  dans  l'histoire  des  concours  athéniens,  nous 
trouvons  que  le  nombre  des  poètes  concurrents  y  est 
fixé  à  trois,  chacun  d'eux  présentant  une  tétralogie, 
c'est-à-dire  un  groupe  formé  de  trois  tragédies,  plus  un 
drame  satyrique  qui  termine  le  spectacle  ^.  Mais  le  lien 
de  ce  divertissement  satyrique  avec  les  drames  précédents 
s'est  de  plus  en  plus  relâché.  Rappelons,  en  effet,  que,  dès 
le  v"=  siècle,  on  dislingue  deux  sortes  de  tétralogie  ^.  La 
plus  ancienne  est  la.  lélralor/ie  liée,  où  les  quatre  drames 
sont  le  développement  d'une  même  légende.  Tels  sont 
les  groupes  suivants  d'Eschyle  :   une  Oedipodie,  jouée 


resp.  hell.  1895,  229,  Le  SatjTC  buveur  (Pollier);  Belbe,  Prolegomena  zur  Ges- 
chichtedes  Theaters,  1896,  339  sq.  :  Harlwig,  Rom.  Mitth.  1887,  290  sq.;  Robert, 
Der  mùde  Silen,  23  Hallisches  Winckelmanns  pr.  IS99;  Amelung,  Satyr's  Bilt 
durch  die  ^'ellen(Strena  Helbigiana,  1898)  ;  Furlwângler,  Die  antiken  Gemmen, 
1900,  voir  l'indei  ;  Dielerich,  Pulcinella,  1897,  p.  56  sq.  :  Rosclicr,  Lexikon  derilgth. 
III,  1407  sq.  (p.ïN.  Wernictc)  ;  Hermès,  1897,  302  sq.  ;  Wilamoniti,  Griechische  Tra- 
p/k^i'en,  m,  1906  ;  Préface  du  Cyc/o/x;  d'Euripide;  Gruppe,  Griech.  Mythologie  und 
Beligionsiciss.  1906.  1387  sq.  ;  Klein,  Geschichte  der  yriecliischen  Kunst,  III  (1908), 
Die  Satyrbildangen  der  neuen  Zeit .  Pour  Marsyas  :  La  bibliographie  ancicnue  dans 
Mioerviai,  Monum.  di  Barone,  p.  75  sq.  ;  Annali  delV  Jnst.  1858,  p.  298  sq.  ;  Jabn. 
Berichte  der  Sâchs.  Gesell.  1869,  p.  15;  Arch.  Zeit.  1809,  p.  41.  pi.  -xvn  el  sviu; 
Micbaelis,  ,itnua/t  d.  Inst.  XXX,  p.  323  sq.,  340  sq.;  Kosclier,  Zexiiton '/«<  .l/y(/ia/. 
s.  r.  Marsyas  et  Olympos  ;  Overbcck,  Griechische  Kunstmythol.  3"  partie,  5«  livre, 
p.  420-4^2;  Gauckler,  Monuments  Piot,  II,  p.  81  sq.  ;  Kerbaker,  Marsia.  Xa- 
ples,  189S  ;  Jahreshefte  des.  ester.  Instituts,  1907,  p.  312  sq.  Je  dois  des  remercie- 
ments très  vifs  à  M.  G.  Darier  qui  a  bien  voulu  réunir  pour  moi  un  grand  nombre 
de  références. 

S.^TVHICCM  DRAMA.  I  Dion.  liai.  Bliet.  3,  6:  Xcn.  Conv.  4,  19;  Arisloph. 
Thesm.  157.  —  2  Suidas,  s.  v.  ;  Zenob.  V,  40.  —  3  Voir  par  ex.  \auck,  Tragic.  graec. 
fragm.  2«  édit.  frag.  275;  cf.  Choeph.  7.".2  sq.  —  «  Arislol.  Poelic.  4,  p.  l«9  a. 
—  »Suid.».i*.  npoT!v«;  ;  Argum.  Aeschyl.  *>/>;.,  Ayam.  ;  Argum.  Eurip.  Med.,  Nip- 
pât.; Schol.  Arisloph.  Tlifsm.  135.  — <>  Maurice  Croisel,  De  la  tétralogie  dans 
l'hist.  de  ta  trag.  gr.  t^Bev.  des  et.  grecq.  I,  p.  369). 


I 


SÂT 


—  1103 


SAT 


en  467  {Laios,  Oedipe,  les  Sept  contre  Thèbcs.  le  Sphinx), 
VOrestie,  représentée  en  458  {Agamemnon,  les  Choé- 
phores,  les  Euménides,  Proteus),  une  Lycurgie  [les 
Edons,  les  Bassarides,  les  Jeunes  Gens,  Lyeurgue),  et 
enfin,  une  Prométhéide  (Prométhée  enclininé,  Promè- 
thée  délivré,  Prométhée  porteur  du  feu,  drame  saty- 
rique  inconnu)  '.  Dans  deux  de  ces  groupes,  ÏOrestie 
et  la  Prométhéide,  le  rapport  du  drame  satyrique  avec 
la  tétralogie  tragique  ne  saurait  être  exactement  déter- 
miné K  Mais,  pour  les  deux  autres,  on  remarquera  que, 
si  le  sujet  satyrique  est  tiré  de  la  même  légende  que  les 
trois  tragédies,  il  ne  leur  fait  pas  suite,  cependant,  chro- 
nologiquement. C'est  un  divertissement  final,  pris  libre- 
ment à  un  moment  quelconque  de  la  légende  ^  Dans  la 
tétralogie  libre,  qui  n'est  qu'un  assemblage  arbitraire  de 
quatre  drames,  sans  lien,  l'indépendance  absolue  du 
drame  satyrique  devient,  naturellement,  ipso  facto,  la 
règle.  Nous  en  avons  un  exemple,  dès  472,  dans  la  tétra- 
logie présentée  par  Eschyle:  Phineus,  les  Perses,  Glau- 
cos,  Prométhée  ^  Et  il  est  bien  probable  même  qu'an- 
térieurement déjà,  la  P7'ise  de  Milet  (494?)  et  les 
Phéniciennes  (476),  de  Phrynichos,  pièces  historiques  et 
d'actualité,  faisaient  partie  de  deux  groupes  libres.  Cette 
manière  de  faire  est  la  seule  qu'aient  pratiquée  les  poètes 
de  la  génération  de  Sophocle  et  d'Euripide  ".  Aussi  bien 
il  apparaît,  dès  ce  temps,  à  plusieurs  indices,  que  le 
drame  satyrique  perd  de  plus  en  plus  la  faveur  du  pu- 
blic. C'est  ainsi  qu'en  438  nous  voyons  Euripide  ter- 
miner sa  tétralogie  (les  Cretoises,  Alcmaeon  à  Psophis, 
Télèphe,  Âlcesle),  non  par  un  drame  satyrique,  mais 
par  YAlceste,  tragédie  héroï-comique  destinée  à  en 
tenir  lieu  '.  Et  il  n'est  guère  douteux  que,  non  seule- 
ment Euripide,  mais  aussi  Sophocle  et  les  tragiques 
contemporains,  n'aient  eu  maintes  fois  recours  à  ce 
subterfuge  \  Une  autre  preuve,  plus  évidente  encore, 
du  discrédit  oîi  est  tombé  le  drame  satyrique  nous  est 
fournie  par  les  inscriptions  didascaliques.  L'une  de  ces 
inscriptions,  qui  se  rapporte,  semble-t-il,aux  Lénéennes, 
nous  a  conservé  le  programme  du  concours  tragique  des 
années  419  et  418  :  le  drame  satyrique  n'y  tient  aucune 
place  '.  L'autre  inscription,  qui  date  des  années  341  et 
340,  se  rattache  aux  Grandes  Dionysies  :  le  genre  saty- 
rique y  figure  encore,  mais  il  n'est  plus  représenté  que 
par  une  pièce  unique,  jouée,  en  guise  de  prélude,  au 
début  de  la  représentation  '.  S'il  était  permis  de  géné- 


'  Arçum.  \c8chy\.  Sept.,  4^ani.;  Schol.  Arisloph.T'/iesm.  135.  —  2  Qn  a  conjecturé 
que  dans  VOrestie  le  sujetdu  Proteus  était  l'aventure  de  Jlénélas  et  de  Protée  (Od. 
IV,  3oi  S([.).  Mais,  cela  mùme  admis,  il  convient  de  remarquer,  avec  M.  Groiset,  que 
l'événcraent  mis  en  scène,  bien  qu  étant  postérieur  à  l'ensemble  de  la  trilogie,  n'en 
formait  pas  la  suite  immédiate  (^is(.  de  lalitt.  gr.  III,  p.  396).  IJuant  à  la  Pronu'- 
Ihéide,  il  existait  bien  un  Prométhée  satyrique  d'Eschyle,  mais  ce  drame,  comme  on 
le  verra  plus  bas,  terminait  un  groupe  libre,  joué  en  472.  —  3  Dans  VOedipodic,  le 
sujet  du  Sphinx  se  plaçait  avant  la  troisième  tragédie,  peut-être  même  avant  la  se- 
conde. Dans  la  Lycurgie,  on  ne  peut  déterminer  avec  certitude  à  quel  moment  de  la 
légende  se  plaçait  le  sujet  du  Lyciirgue;  il  venait  probablement  avant  la  seconde 
tragédie.  —  4  Argum.  Pers.  Les  contemporains  d'Eschyle  ont  cultivé,  comme  lui,  les 
dent  sortes  de  tétralogie.  En  '.67,  c'est-à-dire  l'année  môme  où  Eschyle  fut  vainqueur 
a\ecYlledipodie,  Aristias  fut  second  avec  un  groupe  libre  iVerseus,  Tantale,  \mc 
tragédie  inconnue,  et  les  Lutteurs),  Polyphrasmon  troisième  avec  une  Lycurgie 
(Argum.  Sept.).  —  5  On  sait,  par  exemple,  qu'Euripide,  en  438,  eut  le  second  rang 
avec  les  Femmes  de  Cri:te,  AIcméon  à  Psopliis,  Télèphe,  Alceste  ;  qu'en  431,  il  fut 
lvoisii'men\tiC  AI édée,PIiHoctète,  Dictys,  ]c%  Moissonneurs;  (lu'en  415,  il  fut  second 
avec  Alexandre,  Palaméde,  les  Troyennes,  Sisyphe.  Eu  celle  même  année,  Xénoclès 
remporta  le  prix  avec  Oedipe,  Lycaon,  les  Bacchantes,  Athamas  (Argum.  Alcest. 
Med.  ;  Aelian.  Var.  hist.  Il,  8).  Les  trois  tragédies  présentées  en  415  par  Euripide 
semblent,  cependant,  avoir  formé  une  sorte  de  trilogie  liée.  —  6  Maur.  Croisel, 
Bist.  de  la  litt.  gr.  III,  p.  394.  —  1  Voir  plus  bas  ce  qui  est  dit  de  la  dispropor- 
tion entre  le  nombre  des  drames  satyrii|ucs  el  celui  des  tragédies  chez  Sophocle  cl 


raliser  d'après  des  documents  si  fragmentaires,  il  faudrait 
donc  conclure  que  dès  la  fin  du  V  siècle,  le  genre  saty- 
rique avait  disparu  du  concours  des  Lénéennes  '",  et 
qu'aux  Grandes  Dionysies  mêmes  il  avait  été  réduit  au 
strict  minimum.  A  partir  de  cette  époque,  tout  rensei- 
gnement nous  fait  défaut  sur  le  programme  des  concours 
tragiques  d'Athènes  ".  Il  y  a  lieu  de  croire,  néanmoins, 
que  le  drame  satyrique  n'en  fut  jamais  complètement 
banni,  car  nous  connaissons  ailleurs,  dans  le  monde 
grec,  maintes  fêtes  où  il  conserve  sa  place  à  ctjté  de  la 
tragédie  et  de  la  comédie.  C'est  ainsi  que,  sur  les  listes 
de  vainqueurs  aux  cuaritesia  d'Orchomène  (début  du 
II'  siècle  av.  J.-C),  un  certain  Aminias,  Thébain,  est 
qualifié  de  itoiriTriç  (jaTÛpwv  '-.  Vers  le  même  temps,  l'an- 
tique concours  des  MorsEiA  de  Thespies  est  transformé  et 
s'enrichit  de  représentations  dramatiques,  oti  l'on  cou- 
ronne chaque  année,  outre  un  poète  tragique  et  un  poète 
comique,  un  (raTupo-cpâs/oç  '^  Au  i"  siècle  av.  J.-C,  les 
ROMAEA  de  Magnésie  du  Méandre  comprenaient  également 
dans  leur  programme  un  concours  de  o-otTupoi  ".  Enfin, 
à  peu  près  à  la  même  époque,  une  inscription  nous 
montre  l'acteur  ou  chef  de  troupe,  Alkimachos  d'Athènes, 
donnant  à  Rhodes  une  reprise  d'une  tétralogie  de 
Sophocle,  terminée  par  un  drame  satyrique  (Péleus, 
Ulysse  furieux,  les  Ibères,  Télèphe)  '\  A  Rome  même, 
les  satyres  Hmveni,  à  la  suite  des  autres  genres  drama- 
tiques grecs,  par  se  faire  place  sur  le  théâtre,  à  côté  de 
l'atellane  indigène.  Le  premier  qui  les  y  introduisit  fut, 
dit-on,  Pomponius  de  Bologne,  auteur  d'une  Atulante, 
d'un  Sisyphe,  d'nne  Ariane  ^^.  Et  c'est  ce  qui  explique 
qu'Horace,  dans  son  Art  poétique,  ait  cru  devoir  donner 
la  théorie  et  les  préceptes  détaillés  du  drame  satyrique  ". 
Tous  les  tragiques  grecs  ont  été,  par  là  même,  poètes 
satyriques.  Au  vi°  siècle,  Chœrilos  était  déjà  renommé  en 
cet  art  '*.  Mais  sa  réputation  fut  bien  dépassée  par  son 
contemporain  Pratinas,  de  Phlionte,  que  les  critiques 
anciens  reconnaissaient,  sinon  comme  le  créateur,  du 
moins  comme  le  véritable  initiateur  du  genre  nouveau  ". 
Chose  curieuse,  Pratinas  avait  écrit  près  de  deux  fois 
plus  de  drames  satyriques  que  de  tragédies  (32  con- 
tre 18)  -".  Étant  donnée  l'organisation  des  concours,  telle 
que  nous  venons  de  l'exposer,  cette  disproportion  ne 
peut  guère  s'expliquer  que  si  l'on  admet  que  ce  poète, 
maître  incontesté  du  genre,  fournissait  de  drames  saty- 
riques ses  confrères  ^'.  Ce  qui  autorise  cette  hypothèse. 


Euripide.  —  8  Corp.  inscr.  att.  II,  972,  col.  dr.  Dans  ce  concours  le  nombre  des 
compétiteurs  était  de  deux,  et  chacun  présenta  trois  tragédies.  —  ^  C.  i.  att.  Il, 
073  ;  cf.  Ad.  Wilhelm,  Vrkunden  dramat.  Au/fuhrung.  in  Athen  {Sonderschr.  des 
oesterr.  arch.  Instit.  in  Wien.  Bd  VI,  1906),  p.  39.  En  341,  les  trois  rivaux  firent 
jouer   chacun  une   trilogie  ;  en   340,  ils  ne  présentèrent  plus   que  deux  drames. 

—  lOMais  on  pourrait  également  supposer  que  le  drame  satyrique  n'a  jamais  figuré 
à  ce  concours.  —  "  0.  Navarre,  Dionysos,  p.  34-35.  —  l'2  C.  i.  Gniec.  sept.  3197 
(=  C.  i.  graec.  I,  1584).  Outre  le  poète,  est  cité  également  son  acteur,  Dorothéos 
de  Tarente.  —  13  C.  inser.  Graec.  sept.  I,  1760,1.  26-27,  I,  1773,1.  29-30  (=  C. 
in.  gr.  I,  1585);  Bull,  de  corr.  hell.  1895,  p.  336,  n°  10, 1.  13  (Jamot)  ;  cf.  1  art. 
MCSELiM.  — l4A/i«Aei(.  des  deutsch.  Arch.  Instit.  in  Athen,  1894,  p.  99  sq.  Tous 
les  drames  représentés  dans  ce  concours,  tragédies,  comédies,  pièces  satyri- 
ques, sont  expressément  désignés  comme  nouveaux.  —  'iJ  Jnsc.  gr.  insut.  maris 
Aegei,  I,  125.  1.  7-10.  J'adopte  ici  l'interprétation  de  P.  Foucart,  Journ.  des 
sai:  1907,  p.  601.  Mais  cf.  Bcthe,  Prolcg.  ;ur  Gesch.  des  Theal .  im  Attcrth. 
p.  215,  n.  21  :  il  s'agirait,  d'après  Bethe,  d'un  Sophocle  beaucoup  plus  récent,  qui 
vivait  au  i"  siècle  av.  J.-C.  (C.  in  Graec.  seplentr.  3197,  1.  29).  —  16  Acron  ad 
llor.  Ep.  ad  Pis.  221.  —  "  Horat.  Zip.  ad  Pis.  220-250.  U.  Boissier  {/lei:  de 
philolog.  XXII,  1898,  p.  14  sq.)  croit  à  un  simple  projet  d'introduire  à  Rome  le 
drame  satyrique.   Mais  voyez  Acron,  l.  e.  —  <*  PJotius,  De  metris,  p.   507  Keil. 

—  l'J  Suidas,  s.  v.  nçaiiv»;  dit  :  >ii.,r,T0î  l-jf^it  ir«tijouî,  ce  qui  no  doit  pas  être 
pris  au  pied  de  la  lettre  ;  Pausan.  H,  13,5.—  20  Suid.  s.  v.  —  21  Maur.  Croisel, 
/Jisl.  de  la  lilt.  gr.  111,  p.  394. 


SAÏ 


—  11  Oi 


SAT 


c'est  que  nous  savons  qu'en  '»07,  Aristitis,  lils  de  Pralinas, 
présenta  au  coneours  une  tétralogie,  dont  le  drame 
satyrique,  Les  Lui  leurs,  était  l'anivre  de  son  père  '. 
Eschyle  ne  brilla  pas  moins  dans  les  (rixupoi  que  dans  la 
tragédie  ;  il  y  éclipsa  même  le  vieux  poète  de  Plilionte  -. 
Nous  connaissons  de  lui  huit  titres  satyriques'',  auxquels 
les  modernes  en  ajoutent,  avec  plus  ou  moins  de  probabi- 
lité, une  demi-douzaine  d'autres*.  Sophocle  lui-même  ne 
dédaigna  nullement  le  drame  satyrique.  Douze  titres 
certains''  et  cinq  autres  très  vraisemblables*  témoignent 
de  son  activité  en  ce  genre.  Toutefois,  ce  nombre  n'est  pas 
en  proportion  de  celui  de  ses  tragédies  connues  (dl3)  : 
ce  qui  a  fait  supposer  que  Sophocle  avait  dû  maintes 
fois,  comme  Euripide  avec  Alceste,  substituer  au  drame 
satyrique  proprement  dit  une  tragédie  d'un  ton  spécial'. 
Le  même  fait  explique  sans  doute  que  nous  ne  connaissions 
d'Euripide  que  sept  titres  satyriques,  y  compris  le 
Cijclope^.  Du  reste,  le  poète  le  plus  réputé  de  ce  temps 
dans  le  drame  satyrique,  ce  n'est  ni  Sophocle  ni  Euripide; 
c'est  Achaeos  d'Erétrie  (8  titres)  %  au-dessus  duquel  on 
ne  mettait  qu'Esciiyle.  Citons,  enfin,  Ion  de  Chios,  auteur 
d'une  (hnphale  '"  et  vers  la  fin  du  V  siècle,  lophon  {les 
Aulèdes)  "  et  Xénoclès  (^//mwas) '■^.  Nous  avons  dit 
le  peu  qu'on  sait  du  drame  satyrique  à  partir  de  cette 
date,  .\joutons  un  détail  intéressant,  qui  nous  est  révélé 
par  les  listes  de  vainqueurs  aux  romaea.  Même  au  T'' siècle 
av.  J.-C,  tout  lien  entre  la  tragédie  et  le  drame  satyrique 
n'est  pas  rompu,  en  ce  sens  que  les  poètes  tragiques  con- 
tinuent à  cultiver  à  la  fois  les  deux  genres". 

De  cette  production  satyrique,  si  prolongée  et  si  riche, 
il  ne  nous  reste,  exception  faite  de  quelques  fragments 
peu  étendus  ",  qu'un  exemplaire  complet,  le  Cyclope 
d'Euripide.  C'est  assez  pour  porter  sur  ce  genre  un  juge- 
ment d'ensemble,  non  pour  suivre  avec  précision  son 
évolution.  Le  trait  essentiel  du  drame  satyrique,  c'est, 
nous  l'avons  dit,  l'intrusion  du  burlesque  dans  l'hé- 
roïque. Et,  à  cet  égard,  il  n'y  a  nulle  distinction  à 
faire  entre  les  auteurs.  Le  délicat  et  noble  artiste  qu'est 
Sophocle  ne  s'interdit  pas  plus  qu'Eschyle  ou  qu'Eu- 
ripide, dans  le  drame  satyrique,  les  incidents  vulgaires, 
les  jeux  de  scène  indécents,  les  plaisanteries  scato- 
logiques'".  Il  est  manifeste  que  c'est  là  une  loi  du 
genre,  à  laquelle  aucun  poète  ne  saurait  se  soustraire. 
Toutefois, 

la  réparti-  T        ^     fi      -       .J^ft 
tion    des 
éléments 
héroïque 
et  bouiTon 

n'était  pas  entièrement  livrée  à  l'arbitraire  personnel  ; 
elle  était  soumise,  sinon  à  des  règles  précises,  du  moins 
à  une  tradition.  A  ce  point  de  vue,  les  personnages 
du  drame  satyrique  peuvent  se  diviser  en  trois  caté- 
gories. Les  uns   sont  purement    héroïques  et  presque 

I  Argum.  Acscliyl.  5e;)(.  —  a  Paiisan.  L.  c.  ;  Diog.  Laerl.  Il,  133.  —  3  lycur- 
gue,  Prométhét  allumeur  du  feu  (ny^ieati;).  le  Sphinx,  i'rolcus,  Circè,  les 
Héraut»,  Cercion,  l.éon  ou  le  Lion.  —  *  Glaucos  marin,  .S'isy/j/ie  fugitif, 
Amymone  el,  avec  plus  de  doiile,  les  Aourrices  de  Diojiysos,  les  Tkéores 
ou  les  Fêtes  de  l'iUhme,  les  'Ocro/.ôvot  (ceux  qui  recueillent  les  os  dans  les  cen- 
dres du  bûcher).  Cf.  M.  Croisel,  O.  t.  p.  39G.  —  «  Amycos,  Amphiaraos  le 
Ùrame  dionysiaque,  \c  Maria'/c  d' fféléne,  Héraclès  au  Tênare,  hs  Chercheurs 
de  piste  [l/>i:.:a.:),/iédalion,  le  Jui/ement  (de  Paris?),  les  Sourds-muets  (Kujoi), 
Alômos,  Salmoneus.  YOutrage  ("rSfn).  —  !■  Le  Bassemblement  des  Grecs,  les 
.kmants  d'.ichille,  Inachos,  Pandora,  les  Bergers  ;  cf.  M.  Croisel,  U.  l.  p.  397. 
—  '  M.  Croisct,  O.  t.  p.  398.  —  »  .Xutolijcos,  Busiris,  les  Moissonneurs,  .Sisyphe, 


exempts  de  tout  méhmge  comique  ;  ce  sont  les  iiéios  et 
les  dieux.  Tel  est  le  cas,  par  exemple,  d'Ulysse  dans  le 
Cijiiope.  A  travers  les  aventures  burlesques  qu'il  tra- 
verse, non  seulement  sa  dignité  reste  sauve,  mais  encore, 
par  son  courage,  son  sang-froid,  son  esprit  avisé,  il 
excite,  autant  que  dans  n'importe  quelle  tragédie,  notre 
sympathique  admiration"'.  Exclusivement  comiques, 
au  contraire,  sont  les  Satyres,  qui  forment  ordinairement 
le  cineur.  Au  pliysique,  ce  sont  de  jeunes  animaux, 
débridés,  ivres  de  mouvement  et  de  bruit,  sans  cesse 
gambadant,  sifllant  et  chantant;  au  moral,  de  mau- 
vais drôles,  ciiez  qui  tous  les  vices  s'épanouissent  à 
l'aise,  poltronnerie,  gourmandise,  mensonge,  impudeur. 
Et  pourtant,  avec  ces  défauts,  ils  ne  laissent  pas  d'être 
sympathiques  :  d'abord,  parce  que,  dans  leurs  pires 
incongruités,  ils  gardent  la  tranquille  inconscience  de 
l'animalité  ;  ensuite,  parce  qu'ils  ne  manquent  pas  d'une 
certaine  grâce  spontanée  d'êtres  jeunes  et  ingénus  ;  enfin, 
parce  qu'ils  sont  espiègles,  malicieux,  et,  à  l'occasion, 
pleins  d'esprit.  A  côté  d'eux,  il  faut  citer  leur  père,  Silène 
ou  Papposilène  [satyri,  p.  1097],  comme  on  disait  au 
théâtre".  Chez  ce  Satyre,  épaissi  et  alourdi  par  l'âge, 
tous  les  vices  de  jeunesse  ont  subsisté  et  se  sont  aggravés, 
mais  la  grâce  a  disparu.  Menteur  autant  que  lâche, 
ivrogne,  lubrique,  ignorant  de  tout  principe  moral.  Silène 
serait  le  plus  abominable  coquin,  s'il  n'était,  de  toute 
évidence,  un  fantoche,  que  son  irréalité  même  sauve  de 
l'odieux.  Outre  ces  types  consacrés,  l'élément  comique 
est  représenté  encore  par  toute  la  tribu  des  monstres, 
géants  etbrigandsmythologiques,  que  le  drame  satyrique 
mettait  volontiers  en  scène  :  le  Sphinx,  Proteus,  Circé, 
Cercyon,  Glaucos,  Sisyphe,  Amycos,  Salmoneus,  Âuto- 
lycos,  Busiris,  Sciron,  Syleus,  le  Cyclope,  etc.  Par  le 
Cyclope  d'Euripide,  on  peut  juger  la  façon  dont  les  poètes 
satyriques  représentaient  ces  êtres  fantastiques.  On  ne  se 
mettait  guère  en  peine,  semble-l-il,  de  leur  prêter  des 
sentiments  humains.  Leur  âme  était  aussi  exceptionnelle 
et  monstrueuse  que  leur  figure  :  c'étaient  des  croque- 
mitaines  et  des  ogres,  très  horrifiques  et  très  invrai- 
semblables. Enfin,  à  côté  de  ces  rôles  tranchés,  tout 
héroïques  ou  tout  boutTons,  il  nous  faut  ranger  à  part 
les  personnages  dans  lesquels  le  boull'on  et  l'héroïque 
se  mêlent.    De  ces   personnages,  qui   n'ont  jamais  dû 

>!??.         ^i:^^^^c^^   nombreux, 

un     seul 

'^^^^f^  \  ■—:>  .y:^    C\  nous   est 

bien    con- 

le  cliœur  des  Salyres. 

nu,   C  est 

Héraclès.  Ce  liéros  était  un  des  types  favoris  du  drame 
satyrique,  comme  de  la  comédie.  Quelques  peintures 
de  vases  nous  ont  conservé  le  souvenir  de  pièces  oii, 
près  de  lui,  le  chceur  des  Satyres  jouait  un  rôle 
bouffon  (fig.(>14I"l,  épiant  son  sommeil,  lui  dérobant  ses 

Sciron,  Syleus,  le  Cyclope.  —  9  Ethon,  Alcméon,  Bêphaistos,  Iris,  Linos, 
les  Parques,  Afômos,  Omphale.  —  •<*  Naunk,  Trag.  graec.  fragm.  p.  735  sq. 
—  11  Cleni.  Aie».  Sirom.  1.  p.  329.  —  IJ  Aelian.  Var.  hist.  Il,  8.  —  "  Mitlheil. 
desdeutscli.  arch.  Jnstit.  in  Athen,  IH'JV,  p.  96  A,  I  el  p.  97  B,  1-3  :  la  Iragédie  et 
le  drame  satyrique  couronnés  sont,  sur  le  premier  fragment,  du  poète  Théodoros, 
sur  le  second  du  poêle  Folémaéos.  —  I*  Les  plus  importants  sont  tradtiils  dans 
r<^tude  de  J.  Denis,  Drame  salyriq.  {.Ann.  de  la  Fac.  des  lettres  de  Caen, 
1889,  n.  2,  p.  152  sq.).  —  'o  Voir  par  exemple  dans  Nauck,  Trag.  graec. 
fragm.  Aescli.  frag.  180:  Sopli.  frag.  140,  295,  388,  390,  444  :  cf.  Eurip.  Cyctop. 
327  sq.  439-440,  328.  —  16  Cf.  Maur.  Croiset,  0.  c.  111,  p.  41 1.  —  11  l'ollux,  Onom. 
IV,  142. 


SAT 


—  1105 


SAT 


armes,  etc.  '.  Mais,  par  le  rôle  qu'il  jouait  dans  VÀIceste 
et  dans  le  Si/leus  (autre  pièce  perdue  d'Euripide,  dont  une 
analyse  anonyme  nous  a  été  conservée-,  nous  voyons 
clairement  que  l'Héraclès  satyrique  n'était  point  le  benêt 
et  le  pleutre,  perpétuellement  esclave  de  son  ventre,  dont 
s'égayaient  les  comiques.  Sans  doute,  il  y  gardait  en  partie 
la  physionomie  traditionnelle  et  populaire,  sans  lai|uelle 
il  n'eût  pas  été  lui-même.  Goinfre,  mal  appris,  brutal, 
voilà  les  traits  sous  lesquels,  d'abord,  il  faisait  rire  ^. 
Mais,  daas  l'une  et  l'autre  pièce,  un  incident  soudain  sur- 
venait, à  l'occasion  duquel  se  révélait  brusquement  sa 
nature  héroïque  :  alors  il  apparaissait  généreux,  magna- 
nime, admirable  de  force  morale  autant  que  physique  *. 
Il  est  impossible  de  retracer,  même  à  grands  traits,  les 
transformations  qu'a  subies  le  genre  satyrique  dans  le 
cours  de  sa  longue  histoire.  Tout  au  plus  y  distingue- 
t-on  quelques  tendances  générales.  Le  premier  fait  à 
signaler,  c'est  qu'en  dépit  de  ses  origines,  le  drame 
satyrique,  à  son  tour,  s'aventura,  de  bonne  heure,  hors  du 
cycle  dionysiaque.  Il  y  avait  nombre  de  sujets  tragi- 
comiques  qui  tentaient  la  verve  des  poètes,  mais  où  les 
Satyres  n'avaient  véritablement  rien  à  faire.  On  rem- 
plaça, dans  ces  sujets,  les  Satyres  par  un  chœur,  à  peu 
près  équivalent,  de  personnages  vulgaires  et  boufTons. 
Ainsi  avait  fait,  par  exemple,  Sophocle  dans  son  lleraclcs 
au  Ténare  et  dans  ses  Bergers,  dont  les  chœurs  étaient 
respectivement  composés  d'hilotes  et  de  pâtres  troyens°. 
Dans  le  drame  satyrique,  ainsi  entendu,  la  proportion  du 
sérieux  et  du  comique  n'était  point,  malgré  tout,  sensi- 
blement modifiée.  Mais  il  n'en  est  plus  de  même  dans 
d'autres  drames,  dont  r.4/ces^e  d'Euripide  peut  être  prise 
comme  type.  Le  chœur  de  cette  pièce  est  composé  des 
vieillards  de  Phères;  et,  par  suite,  l'élément  bouffon, 
relégué  exclusivement  dans  le  rôle  d'Héraclès,  s'y  réduit 
au  strict  minimum  *'.  Nul  doute  qu'il  ne  faille  recon- 
naître là  l'influence  de  la  tragédie.  .\  l'imitation  de  celle- 
ci,  le  drame  des  Satyres  tendait  lui-même  à  se  hausser  à 
une  forme  ennoblie.  Tentative  condamnée  d'avance, 
puisque,  sous  peine  de  perdre  son  originalité  et  sa 
raison  d'être,  le  drame  satyrique  ne  pouvait  la  pousser 
jusqu'au  bout.  L'imitation  de  la  tragédie  se  marque 
encore  d'une  autre  façon.  On  pourrait  déjà  a  priori  sup- 
poser que  l'art  des  péripéties,  des  reconnaissances,  des 
coups  de  théâtre,  qui  alla  toujours  se  développant  dans  la 
tragédie,  eut  son  contre-coup  sur  le  drame  satyrique.  El, 
de  fait,  nous  trouvons  dans  le  Cyclope  une  reconnais- 
sance, dans  YAlceste  l'explication  d'un  malentendu  ;  et 
maintes  pièces  perdues  (en  particulier,  le  Si/leus)  ' 
laissent  deviner,  par  le  titre  ou  par  les  fragments  con- 
servés, d'autres  effets  dramatiques  du  même  genre  *. 
Mais  là  encore  la  limite  où  devait  s'arrêter  le  drame  saty- 
rique était  d'avance  fixée.   Il  lui  était  permis,   certes, 

I  riauclie  II  de  la  dissertation  d'O.  Jahn.,  Salyni  und  Salyrdrama  nuf 
\aten  (dans  le  Philologut,  t.  X.\  VU,  p.  26).  Sur  les  souvenirs  que  le  drame 
satyrique  a  laissés  dans  la  peinture  céramique  du  v»  siècle,  cf.  Hotlier,  Catalogue 
des  Va»ct  rfu  LoMi-re,  p.  S33,  105i  à  I05S.  —  2  Cramer,  Xnecd.  paris.  I,  p.  7; 
.N'auck,  0.  c.  p.  575  sq.  —  3  Selon  EusUUie  (Ad  lliad.  p.  987,  +7)  on  donnait  à 
Héraclès,  dans  le  drame  satyrique,  le  nom  Tamilicr  d"H;i/.ioî,  un  peu,  sans  doute, 
comme  l,a  FonUine  appelle  Jupilcr,  Jupin.  —  *['liil.  Alet.  Il,  p.  461  Slaogey  ;  cf. 
Maur.  Croiiet,  O.  c.  III,  p.  411  sq.  ;  J.  Denis,  O.  c.  p.  170  sq.  Sur  la  reprcscnlation 
d'Héraclès  satyrique  sur  les  vases  peinls  et  aussi  sur  celle  de  Persée,  etc.,  voir 
0.  Jalin,  dans  Pltilolot/us,  XK\ll.  1868.—  ô  Euslath.  Ad  lliad.  p.  »'.I7,  37; 
iNauck,  O.  c.  p.  U\  ;  Hermann,  Philolog.  II,  p.  135.  —  »  Il  en  était  apparemment 
de  même  dans  VOmphale  d'Ion  de  Cliios.  Les  Satyres  y  étaient  remplacés  par 
un  chœur  de  joueuses  de  luth  lydiennes,  i«i.Tç;«i  (Nauct.  O.  c.  fr.  ii  :  Athen.  .\1V, 
634  F).  —  '  Philo  Alex.   L.  c.  —  8  Dans  le  Susiris  d'Euripide,  par  exemple,  «  on 

VIII. 


d'émouvoir  à  l'occasion,  mais  à  condition  que  ce  pathé- 
tique ne  fùl  ni  trop  profond  ni  trop  durable.  Une  double 
loi  du  genre  satyrique,  en  effet,  c'était  premièrement 
d'être  un  spectacle  gai  (■^z.xyMoU  naiÇoysa) ',  et,  en  second 
lieu,  de  se  terminer  par  un  dénouement  heureux'".  On 
voit  par  là  combien  il  fallait,  pour  y  réussir,  de  dexté- 
rité et  de  tact  délicat".  C'est  que,  par  sa  constitution  ori- 
ginelle, le  drame  satyrique  était  un  genre  équivoque,  où 
deux  tendances  contradictoires  se  combattaient,  sans  que 
l'une  ni  l'autre  put  franciiement  triompher.  Enfin,  il 
suffira  de  mentionner  d'un  mol  certaines  innovations  qui 
n'ont  été,  semblet-il,  que  des  tentatives  isolées,  ou  même 
des  fantaisies  individuelles.  Citons  en  ce  genre  VAgen 
du  poète  Python,  joué  en  Asie  (probablement  en  327) 
devant  Alexandre  le  Grand,  aux  Dionysies  célébrées 
sur  les  bords  de  l'Hydaspe  '-.  La  pièce  abondait  en 
allusions  au  trésorier  infidèle  du  roi,  Harpale,  à  ses 
maîtresses,  à  sa  fuite  vers  Athènes.  Le  drame  satyrique 
«  devenait  ainsi  satirique,  au  sens  moderne  du  mot, 
c'est-à-dire  agressif  et  moqueur  »  ".  Le  caractère  opposé 
se  montrait  dans  le  Ménédème  de  l'Alexandrin  Lyco- 
phron,  qui  était  un  éloge  du  philosophe  de  ce  nom  ". 
Enfin  Dioscoride,  dans  une  épigramme,  proclamait  son 
contemporain  Sosithéos  comme  le  restaurateur  du  genre'". 
Les  conditions  matérielles  d'une  représentation  saty- 
rique étaient  à  peu  près  les  mêmes  que  celles  d'une  repré- 
sentation tragique.  Disons  quelques  mots  seulement  du 
décor.  A  la  place  du  palais  ou  du  temple,  qui  servait  tra- 
ditionnellement de  cadre  à  la  tragédie,  on  voyait  en 
général  dans  le  drame  satyrique  un  paysage  «  formé,  dit 
Vitruve,  d'arbres,  de  grottes,  de  montagnes  et  de  tous 
les  autres  objets  naturels  »  "^.  Ailleurs  encore,  le  même 
écrivain  détaille,  avec  plus  de  précision,  les  éléments 
essentiels  d'un  paysage  satyrique  :  <(  ports,  promon- 
toires, rivages,  fleuves,  sources,  ruisseaux,  sanctuaires, 
bois,  collines,  troupeaux  et  bergers  »  ''.Tel  est,  en  effet, 
le  décor  que  réclame  le  Cyclope  :  l'action  s'y  passe  sur  le 
bord  de  la  mer,  au  pied  du  mont  Etna,  devant  l'antre  à 
deux  ouvertures  habité  par  Polypiième".  Et  c'est  aussi 
un  cadre  champêtre  de  ce  genre  que  la  plupart  des  titres 
conservés  nous  autorisent  à  reslituer.  Sur  les  machines 
employées  dans  le  drame  satyrique  aussi  bien  que  dans 
la  tragédie,  voyez  l'article  machina.  On  trouvera  aux  arti- 
cles uisTRio  ^III,  p.  217  et  219j  et  perso.va  IV,  p.  410]  les 
renseignements  utiles  sur  les  costumes  et  masques  des 
acteurs  et  du  chœur.  Il  est  probable  que  le  nombre  des 
acteurs,  dans  le  drame  satyrique,  a  suivi  les  mêmes  varia- 
tions que  dans  la  tragédie  [tragoedia]  ;  c'est-à-dire  que, 
porté  à  deux  par  Eschyle,  il  fut  définitivement  fixé  à  trois 
par  Sophocle  ".  Ce  qui  est  sur,  c'est  que  trois  interprètes 
sont  nécessaires  ■"  et  suffisants  pour  jouer  le  Cyclope  :  le 
protagoniste    représentait    Ulysse,     le    deuléragoniste 

peut  être  à  peu  près  certain  qu'Héraclès,  d'abord  inconnu,  se  révélait  brusque- 
ment, au  moment  où  Busiris  et  ses  sacrificateurs  s'apprêtaient  à  l'immoler  ". 
(M.  Croiset,  U.c.  III,  p.  418).  —  9  Celle  définition  est  de  Démélrius,  De  elocut. 
169.  —  10  Argum.  Eurip.  Alcest.  :  to  il  Sfi^i  icrr.  5aTi,pi»,iTt9oï  îti  iïî  /«fd  »«; 
T,Savf,v  xaTainséçE;.  —  1'  .ilceste  même  laisse,  en  dépit  de  la  virtuosité  de  l'auteur, 
une  impression  équivoque.  — •  '2  Athen.  Mil,  p.  593  F.  —  '3  M.  Croiset,  O.  c.  HI, 
p.  403.  —  1'  Diog.  Lacrl.  II,  140,  Athen.  X,  p.  4S0  B.  Lycopliron  avait  trouvé 
cepL-udanl  le  moyen  de  faire  paraître  di 
tionnel  des  Satyres.  —  t5  .\nCh.  pal.  Vil 
que,  même  au  l*f  siècle  av.  J.-C,  le  dra 
sujets  qu'à  répof)ue  classique.  Les  piêci 
IIji.,Te5;'.«o;,  un  n«l«ii»,S,iî.  —  16  V,  7 
—  19  Diog.  Laert.  111,  36,  Arist.  Poet. 
V.  197  sq.,  scène  qui  met  eu  présence  les  trois  personnages. 

139 


cette  pièce  d'actualité  le  chœur  tradi- 
07.  Le  catalogue  des   Ilomaea  prouve 


2  satyri(|ue  r 

?S5assait  encore  les  mêmes 

couronnées 

ont  un  euTT,;,  un  .ifn-,,  un 

-  17  VU,  3. 

_  1»  V.  20,  83,    100,    707. 

p.  1449  A. 

—  20  Voir,  en  particulier. 

SCÂ 


1106 


SCÂ 


Silène,  le  Iritagonisle  Polyplième.  Le  vase  de  Ruvo,  qui 
tigure  lesapprèls  d'une  représenlalionsalyrique  [chorus, 
lig.  1426J,  semble  aussi  témoigner  dans  le  même  sens  : 
car,  outre  les  Satyres,  on  y  voit  trois  acteurs,  Héraclès, 
Silène  el  un  héros  inconnu'.  Rappelons,  du  reste,  que 
le  drame  salyrique  n'eut  jamais  d'interprètes  spéciaux: 
tout  tragédien  (en  raison  de  l'union  primitive  des  deux 
genres)  était,  à  l'occasion,  acteur  satyrique  -.  Quant  au 
nombre  des  choreutes,  il  parait  certain  que,  comme  dans 
la  tragédie,  il  fut  successivement  de  douze,  puis  de 
quinze  '.  La  danse  ordinaire  du  chœur  salyrique  était  la 
«ri'xivviç  ou  (nV.tvi;  *  ;  c'était  une  agitation  violente  et  ra- 
pide, qui,  sous  une  forme  sans  doute  plus  réglée, 
reproduisait  le  cj/zios  bacliique^  [saltatio]. 

La  structure  technique  du  drame  satyrique  n'a  rien 
d'originale  Calquée  trait  pour  Irait  sur  celle  de  la  tra- 
gédie, elle  comprend  des  parties  dialoguées  [prologos, 
cpeisodiii,  exodos)  eldes  parties  chantées  (parodos,  sta- 
simu,  etc.).  Le  Cijc/ope,  comme  la  plupart  des  tragédies 
grecques,  a  cinq  actes.  Mais  tous  les  éléments  de  ce 
drame,  si  on  les  compare  aux  éléments  correspondants 
d'une  tragédie,  apparaissent  singulièrement  rétrécis.  Les 
parties  lyriques  surtout  (à  l'exception  de  ]a.  parodos  qui 
comprend  une  quarantaine  de  vers)  s'y  réduisent  presque 
à  rien.  Du  reste  le  Cyclope  n'a,  au  total,  que  sept  cents 
vers,  ce  qui  est  environ  la  moitié  de  l'étendue  normale 
d'une  tragédie.  Cette  brièveté  s'explique  d'elle-même 
dans  un  genre  qui  ne  servit  jamais  que  de  divertisse- 
ment final  ou  de  lever  de  rideau.     0.  Navarre. 

SAUROTER(  SaupwT-zjp).  —  Nom  grec  du  talon  de  la 
lance'  [uasta,  p.  311,  38,  40]. 

SCABELLUM,  escabeau  [scamni'm]. 

S<:ABELLUIVJ,  SCABILLUM  ('KpouTiÉ^ia,  xpouTtÉ^iov).  — 
Instrument  servant  à  donner  la  mesure  aux  pantomimes 
et  aux  danseurs'.  11  consistait  en  timbres  placés  entre 
deux  planchettes 
que  faisait  agir  le  ^  "^~^^^  >  ~ 
pied  auquel  il  était  "' 
attaché  comme 
une  chaussure  (fig. 

était  fixé  au  sol,  et      '  '""-■- 

la     personne     qui  "" 

marquait  la  mesure 

appuyait  fortement  surlaplanchette  supérieure  (fig.  194)^ 

Le  scabellitm  annonçait  aussi  la  fin  du  spectacle'.  On 

*  Alceste,  li-agédic  jouée  en  guise  de  drame  salyrique,  ne  comporte  toulefois  que 
deux  acteurs.  —  2 Dans  Icsdidascalics  de  34l-3iO,  l'aclcur  qui  a  inlcrpiété  le  drame 
sat;  riqne  n'est  pas  meutionné  ;  mais  il  est  à  peine  douteux  que,  comme  pour  le  drame 
ancien,  c'est  l'un  des  acteurs  tragiques  nommés  ensuite. —  3  Si  Pollux,  Onom.lV,  109, 
se  tait  sur  le  chœur  satyrique,  c'est  qu'cvidemmcut  il  ne  le  distingue  pas  du  cliœur 
tragique.  C'est  par  une  double  erreur  i|ue  Tzetzés  {Proleg.  ad  Lyc.  p.  234  M  et 
Proleg.  ad  Arhtoph.  p.  XXIV,  v.  109  Didot)  attribue  au  drame  satyrique  comme  à 
la  tragédie  seiie  clioreutes.  —  *  Etymol.magn.  s.  u.  a.'xiwi;,  Atlicn.  XIV,  p.  630  c; 
cf.  Alb.  Mûller,  Griech.  BùhnenaUerth.  p.  2i4,  n.  2  et  5.  —  S>  Foucart,  Le  culte 
de  Dionysos  en  Attiq.  p.  184-193.  Parfois  aussi,  les  satyres,  Taisant  trcvc  à  leurs 
cabrioles,  parodiaient  la  gravité  de  Ptixiiiac;»  tragique  (Dion.  Hal.  Antiq.  rom.  Vil, 
72).  —  6  Maur.  Croiset,  O.  c.  III,  p.  415  sq.  —  Bibiiocraphle.  Casaubon,  I)e  poesi 
satyriea,  1603;  Brumoy,  Théâtre  des  Grecs,  Disc,  sur  le  Cyclope  d'Euripide  el 
sur  le  spectacle  satyr.  1730  ;  Buhie,  /te  fabula  salyr.  Graecorum,  1788  ;  Pinzger, 
/h  dramatis  Graee.  salyr.  origine,  1822;  G.  llerniann,  Epist.  de  dram.  corn, 
sat.  Comment,  societ.  l'kilohg.  t,  I.  1881  ;  Id.  0/iusc.  t.  I,  1827;  Rossignol,  Dis- 
sertât, sur  le  drame  que  les  Grecs  nppclnienl  satyrique,  IS30;  Welcker,  Griech. 
Tragôdien,  p.  1361  sq.  1841  ;  Wicseler,  Das  Snlyrspiel,  1848;  Patin,  Études  sur 
les  trayiq.  grecs  (III,  p.  I  sq.  et  442  sq.).  1841-43;  Piu\y,  Healencyclop/idie, 
VI.  art.  sATïjir.r.ïMi  (Witzscbel)  1832  ;  0.  Jalin,  Satyrdruma  auf  Vasen,  in  Phi- 
lolnyus,  XXVII,  1  ;  Eggcr,  Observations  sur  te  genre  de  drame  appelé  satyrique 
(Anu.de  l. Association  des  études  grecq.  1873);  Maur.  Cioiset,  De  la  tétralogie 


connaît  un  certain  nombre  de  monuments  figurés  repré- 
sentant le  scabellum  ~\  La  figure  6L42  reproduit  une 
mosaïque  conservée  à  la  bibliothèque  du  Vatican. 


Fig.  6142 


de  llùte  s'accompagnant  du 


Fig.  6143.  —  Escaliers  de  l'hacstos, 


Les  joueurs  de  scabillum  ou  scabillarii  étaient  orga- 
nisés en  collèges*.     H.  Thédenat. 
SCAEIVA  [tueatrum]. 
SCAEIVICI  ARTIFICES  [uiSTiuo,  Mi.Mi's,  pehsona,  mo- 

NYS1ACI  artifices]. 

SCALAE.  KXrixa;  '.  Escalier,  degrés,  échelle.  —  I.  Du- 
rant toute  l'antiquité  classique,  les  architectes  ont 
attaché  peu  d'importance  aux  escaliers  des  habitations 
particulières  ;  mais  les  édifices  publics  offrent,  de  bonne 
heure,  des  rampes  monumentales  et  une  disposition 
majestueuse  des  marches.  On  admire  à  Phaestos  de 
larges  gradins  se  coupant  à  angle  droit,  où  venaient  s'as- 
seoir les  spectateurs  des  taurobolies  sacrées  (fig.  6143)  -. 
Dans  le  même  palais,  on  accède  au  mégaron  par  des 
degrés  monumentaux.  Pour  l'époque  classique  on  peut 
citer  les  rampes  monumentales  de  Préneste'  et  l'escalier 

menant  d'une  rue 
dans  l'autre  à  As- 
sos*. 

Pour  les  mai- 
sons, les  passages 
les  plus  récents 
d'Homère  mention- 
nent un  premier 
étage  (ÛTcepioov),  ac- 
cessible par  des  degrés'';  mais,  primitivement,  l'habita- 
tion grecque  ne  devait  comporter  qu'un  rez-de-chaussée; 

dans  l'hist.  de  la  tragédie  grecq.  {Bévue  des  étud.  grecq.  I,  1888,  p.  369)  ;  Id. 
Hist.  de  la  littérat.  grecque,  II|2,  p.  34  sq.  389  sq.  ;  J.  Denis,  Le  drame  salyr. 
(.inn.  de  la  Fae.  des  lettres  de  Caen,  V.  1889,  n»  2,  p.  132  sq.). 

SAVROTEH.  1  Pollux,  i,  136;  x,  143  ;  Hesych.,  .Suid.,  Phot.  s.  r.  Eust.  Ad.  11. 
s,  183;  Polyb.  vi,  23,  6. 

SCABELLUM,  SCABIIXDM.  1    Pollux,  VII,  87  ;    ittiioti|»tvo,  its  ivSi^.nov  yopoî. 

—  2  0.  Jalio,  Abliandl.  d.  Bayr  Akad.  VIII,  2,  p.  232.  Pour  la  description  et  l'em- 
ploi de  cet  instrument,  cf.  pastomimus,  p.  317.  —  3  S.Augustin,  10  ;  De  musj'cfl,  III, 
1  ;  cf.  PANTOMIMUS,  fig.  9S04.  —  4  Cic.  Pro  Coel.  XXVII.  —  5  Cf.  des  représentations 
de  scabellarii  dans  Monlfaucon,  Antiq.  fig.  I,  pi.  ci.sxvi,  9  {p.  272)  ;  Caylus,  Bec. 
d'antiq.  t.  III,  pi.  i.xxiv,  p.  271  ;  Museo  Pio-Clem.  t.  V,  pi.  c;  Mus.  Capitolin. 
t.  III,  pi.  XXXVI.  —  6  Wallzing,  Etude  sur  les  corpor.  professionnelles,  l.  IV,  pi.  xir, 
cxix.  —  BiBLiucRAPHiE.  Sdumaisc,  Ad  script,  hist.  Aug.  Paris,  1620,  p.  501  sq.;  Dom 
Martin,  Explic.  de  divers  monu7n.  singuliers,  p.  47,  F'aris,  1739;  Boctligcr,  Opus- 
cula,  Dresde,  IS3S;  p.  303  ;  Id.  Kteine  Hchriften,  I,  p.  325  sq. 

SCAI.AE.  1  Le  mot  est  presque  toujours  employé  au  pluriel.  Il  est  pour  scandla, 
Bréal,  Dict.  étymologique  latin,  p.  323.  —  2  Maragliianuis,  .\ntiq.  Cretoises,  l^\.  i. 

—  3  Canina,  Gli  ediflzi  ttntichi,  VI,  pi.  cm;  cf.  Mélanges  École  de  Borne,  \[, 
1R82,  pi,  m,  IV,  p.  168  (Blondel).  —  *  Bacon.  Insvestigat.  al  Assos,  p.  31,  fig.  2. 

—  sorfyss.  1,330;  X,  538  ;  XI,  63;  XXI,  b;  cf.  Koîcii,  Bomerische  Palcïste,  p.  67sq. 
Aujourd'hui  encore,  les  Athéniens  logent  pour  la  plupart  au  rez-dc  chaussée  ou  môme 
dans  des  sotis-sols. 


SCA 


i  1 07 


SCA 


l'escalier,  1res  simple,  n'est  généralement  qu'une  suite  de 
marches  soutenues  par  deux  murs  d'écliiffre;  il  n'y  a  ni 
palier,  ni  changement  de  direction.  Toutefois,  on  observe 
à  Cnossos  '  déjà,  pour  l'antiquité  préhellénique,  et  dans 


louraaiit,  dans  une  maison  de  Délos 


les  maisons  hellénistiques  de  Délos  (fîg.  6144)-,  des  esca- 
liers à  quatre  volées,  avec  ou  sans  palier.  Dans  les  mai- 
sons athéniennes  à  deux  étages  (ôiiTEv^'a)  la  yJJ.a^l  menait 
à  l'appartement  des  femmes,  installé  à  l'étage  supérieur  '. 
A  Athènes  comme  à  Rome,  les  locaux  indépendants 
du  reste  de  l'étage  et  les  boutiques  étaient  ordinaire- 
ment accessibles  par  des  degrés  extérieurs  (àva6a6[j.o0  ', 
qu'on  retrouve  à  Pompéi,  où  prédomine  cependant,  pour 
l'escalier  intérieur,  le  simple  emmarchemenl  appuyé  h 
deux  murs  parallèles''. 

Certains  auteurs"  donnent  le  nom  de  scalae  rjraecae 
à  des  escaliers  dont  les  marches  étaient  entourées  d'ais 
pleins,  de  manière  à  dérober  à  la  vue,  au  moins  en  partie, 
les  personnes  qui  y  montaient.  Les  cages  des  escaliers 
intérieurs  étaient  étroites  et  sombres;  c'était,  à  Rome, 
avec  les  cenacula  auxquels  ils  menaient,  la  cachette 
favorite  des  esclaves  fugitifs''. 

La  matière  de  l'escalier  était  le  plus  souvent  le  bois  ; 
la  pierre  ou  la  brique  étaient  plus  rarement  employées  ; 
à  Délos,  on  trouve  communément  de  larges  dalles  de 
schiste  superposées  ;  mais  plus  d'une  maison  de  File 
possédait  un  ou  deux  escaliers  de  bois. 

Les  temples  et  sanctuaires  grecs  ont  rarement  des  esca- 
liers d'apparat.  A  l'Acropole  d'Athènes,  une  chaussée  en 
lacets  serpentait  jusqu'à  l'entrée  des  Propylées;  elle  fut 
remplacée  au  premier  siècle  de  notre  ère  par  une  rampe 
monumentale  en  marbre.  L'autel  de  Zeus,  à  Pergame, 
avaitaussi  des  gradins  d'une  somptueuse  ordonnance*. .\u 
temple  d'Héra  à  Agrigenle',  on  avait  multiplié  lespaliers  : 
il  y  en  avait  un  toutes  les  trois  marches.  Dans  plus  d'un 
temple  grec,  des  escaliers  étaient  ménagés  aux  angles  de 
l'édifice  et  conduisaient  sous  les  combles  ou  dans  les  ga- 
leries qui  régnaient  au-dessus  des  bas-côtés  de  la  salle  '". 

I  Evias,  Annual  of  britU/t  School..  VII,  p.  111  ;  VIll,  p.  32.  —  2  tlaison  de  Dio- 
nysos, Bulletin  de  corr.  hell.  1906,  p.  îU  (Jardi);  cf.  1907,  p.  *9J,  498  (Bigard). 

—  3  Pour  les  SioTîTi».  Wieseler,  NacUriclU  der  Gesell.  in  Gotting.  1890,  406  ;  SiUI, 
Handhuch  der  Arclt.,  p.  345,  5  ;  la  x)ir|ia;  est  mentionnée  par  I.vsias,  Aih.  Eriil. 
éd.  Thalheim  §  9  ;  cf.  Bocker-Gôll,  Charikles,  II,  140  sq.  ;  Wiegaud.  Schrader, 
Prient,  p.  291  ;  Nicole,  Meidiaa,  (1908),  p.  148,  n.  2;  cf.  aussi  G.  Lefebvrc, 
frag.  d'un  manuscrit  de  ilénandre,  Sumienne,  vers  17,  p.  147  ;  »«Tif«.vt 
«t'  Cueftôou  TU  -ju-ïi  ôÎvuSev.  —  *  Arislot.  Oeconom,  II,  5,  p.  1347  a;  Baumeisler, 
Dcnkmâler,  p.  152  sq.  —  ^  Weiss,  Kostamkunde,  p.  1177  ;  Nisson,  Pom- 
peian.  Slud.  p.  4fli  ;  Mau-Kciscy,  iig.  tlî,  Pompeii.  —  6  A.  Gell.  K,  15;  Sorv. 
Ad  Aen.  IV,  64fi.  —  1  Cic.  Pro  Mil.  15;  Phil.  11,  9;  Horat.  Epist.  Il,  2,  15. 
I.iv.    XXXIX-14:  pour  les  cenacula,    cf.   Fcstus.   P.    Diacon.  M.   Miiller,  p.   51. 

—  »  Ponlrcmoli  et  Collignon,  Pergame,  pi.  ni,  3.-9  Durm.  Die  Baukunsl 
der  Griecheu,  fig.  30i.  —  10  Au  Paillii-nou  ;   au  Icmpk- ,Je  Pacslum.  Puchsliin  el 


L'invention  de  la  voûte  permit  aux  architectes  romains 
des  constructions  savantes.  On  put  faire  porter  les 
emmarchements  par  des  arcs  et  couvrir  l'escalier.  Au 
Colisée",  on  observe  un  escalier  voûté  à  triple  rampe 
sur  segment  de  voûte  :  les  deux  premières  rampes  sont 
affrontées  el,  au  premier  palier,  une  troisième  rampe 
perpendiculaire  conduit  au  deuxième  palier;  le  départ 
de  l'escalier  marque  la  naissance  de  la  voûte.  Le  premier 
exemple  d'escalier  voûté  se  trouve  au  gymnase  des  éphè- 


I 1. 

Fig.  6145.  —  Escalier  voûté  de  Pergame. 

bes  de  Pergame(fig.  6145)'-;  la  voûte  sert  à  supporter 
une  rampe  supérieure,  de  même  qu'à  la  basilique  de  Per- 
game et  aux  Thermes  de  Caracalla'^  Un  des  plus  beaux 
escaliers  couverts  de  Rome  était  celui  du  Tabularium,  au 
Capitole'*;  les  deux  rampes  n'avaient  pas  moins  de 
soixante-six  marches:  la  couverture  était  constituée, 
pour  la  rampe  inférieure,  par  six  courtes  voûtes  en  ber- 
ceau, horizontales  et  étagées,  et  par  une  seule  voûte 
continue  pour  la  rampe  supérieure. 

Les  anciens  ont  construit  des  escaliers  suspendus. 
Callixènos  signale  un  escalier  à  vis  dans  la  luxueuse 
galère  de  Ptolémée  IV '^.  La  colonne  Trajane  renferme 
aussi  un  escalier  à  vis  [cochlka  et  colu.mna,  fig.  1789], 
qui  lui  a  fait  donner  par  les  auteurs  le  nom  de  columna 
cochlis  '".  C'est  la  même  image  que  dans  l'expression 
française  :  l'escalier  en  colimaçon.  A  Byzance,  les  archi- 
tectes ont  également  connu  la  courbe  sisso'ide  des  esca- 
liers suspendus  ;  on  trouve  un  escalier  à  vis,  au  pont  du 
Sangarius,  bâti  par  Juslinien'''.  Dans  les  théâtres  et  les 
amphithéâtres,  la  circulation  était  assurée  par  des  esca- 
liers rayonnant  en  éventail,  entre  les  cunei .  Vilruve 
dénomme  ces  gradins  scalaria  '*  [the.atrlm' . 

Koldcwcy,  Die  Tempel  im  Unteritalien,  p.  28,  pi.  xv,  xxiv,  xxv.  —  il  Durm, 
Bauknnst  der  Elrusker  und  Borner  (1905),  fig.  394.  —  12  Alhen.  Mithl.  1904. 
pi.  II.  —  13  Durm.  O.  c.  fig.  391  6.  —H  Delbriick ,  Bellenist.  Baatrn  im  Latium, 
1907,  pi.  VI  et  p.  31.  —  lô  Atlienae.  V.  p.  29.  —  16  Tliédenat,  Forum  romain,  4-  éd.. 
p.  201,  380.  Rappelons  encore  les  colonnes  de  ilarc-Aurèle,  de  Tliéodose;  Jahràuch, 
1893,  [I.  230  ;  Monum.  Piot,  II,  99  ;  Cliapol,  La  colonne  torse  et  le  décor  eu  Ulxce, 
p.  145-147.  —  17  Texier.  Descript.  de  l'Asie  Min.,  pi.  iv.  Voy.  encore  pour  ce 
lype  d'escalier  :  Koldcweyet  Puehstèm.,  op.  l.,  p.  114,  pi.  xv  ;  Clioisy,.4W  de  bâtir 
chez  les  Byzantins,  fig.  51  et  51  bis;  Isabelle,  Édifices  circulaires,  pi.  xxxiii  ; 
Hûltscli,  Bie  altchristlich.  Kirchen,  pi.  vu,  1 .  —  18  Vitruv.  V,  6  ;  IX,  ï  ;  cf.  DBrp- 
feld.  Das  griech.  Theater,  p.  43  sq.;  Defra^se  et  Lecliat,  Epidaure,  |il.  xiii  el 
p.  195,  197;  Pontremoli  et  Collignon,  Pergame,  pi.  iv  ;  VViegand  et  Schrader, 
Priene.  p.  240,  fig.  230:  Boissonnas-Baud-Nicole,  En  Grèce,  figure  de  la  biblio- 
giapliie. 


SCA  -  1108 

Les  degrés  ou  perrons  sont  le  plus  souvent  de  simples 
marches  superposées  :  loulefois,  dans  les  maisons  de 
Délos,   on  observe  des  perrons  ornés   à  profil  courbe. 


SCA 


Fig.  01411.  —  Escalier  de  boi; 


Quelques  temples  ronds  ont  des  degrés  circulaires:  tels 
le   temple  de  Marmaria,    à  Delphes',  dont  les  marches 


sont  rehaussées  de  listels  d'une  admirable  netteté,  la 
Tholos  d'Épidaure,  etc.  ^.  On  gravissait  la  tribune  des 
^  harangues,   à  Rome, 

par  quelques  degrés 
circulaires  ^ 

II.  Scalae  signifie 
aussi  échelle.  A  vrai 
dire,  ce  sont  de  véri- 
tables échelles  qui  ont 
précédé,  dans  les  ha- 
bitations, les  esca- 
liers soutenus  par  de 
la  maçonnerie,  échel- 
les de  bois  à  marches 
suffisamment  larges 
et  unies,  appuyées  au 
mur  et,  au  besoin, 
étayées.  Nous  pou- 
vons nous  en  faire 
uneidée  par  une  pein- 
ture (fig.  lil  40)  où  Ton 
voit  une  échelle  semblable  placée  à  l'entrée  de  la  mai- 
son'; on  s'en  servait  aussi  dans  les  théâtres  [ïheatrum]. 

1  llmie  de  farl  nncieu  et  modenii:,  1901,  p.  36i  (Honiolle).  —  2  Anlike  Den- 
kmâleTt  II,  pi.  ii-v.  —  3  iluc-tsen.  Forum  romairtt  lîg.  76.  —  Noire  figure  d'après 
Elite  céramot/r.  Il,  pi.  i.xnv,  scëoe  de  comédie;  cf.  Wieselcr,  Theatergeàtinde 
pi.  IX,  ta  ;  cf.  IJôrpfcld,  Griech.  7healer,  p.  3S;  Scllieiber,  Uilderallas,  pi.  v,  11  ; 
cf.  ibid.  pi.  V,  a'  C0«.  —  S  Monunienl  des  Néréides,  Mon.  d.  1ml.  X,  pi.  xv  (noire 
fig.  6146):  Beuiidosf  et  Niemaiiii.  Das  Heroon  von  GolbacUi^  p).  xxiv,  4:  Micali, 
Mon.  ined.  (IS33),  2  ;  Ingliirarni,  Mus.  Chiiisinos,  89  ;  cf.  Tliucyd.  IV,  135  ;  Arislopli. 
Aies,  m,  1160:  Plut.  Aiat.  07;  l'olvaen,  IV,  2,  11;  Polyb.  IX,  10;  Robert, 
Die  antiken  Sarcophai/reliefa,  III,  pi.  lx\  Allien.  ap.  Thévcnot,  Vit.  Mathem. 
Paris,  1U43,  p.  8.    —   li  .Ni-trc  fig.  6147,  d  après  le   vase   de    Talos,   Fin  Iwiingler- 


Fig.  614N.  —  iLchelle  d'embar((iiemenl. 


Fig.    6149. 
Échelle  de  miue. 


Fig.  6150.  —  Échelle  de  jardinier. 

Signalons  seu- 


Telles  devaient  être  aussi,  assez  fortes  toutefois  pour 
soutenir  le  poids  de  nombreux  combattants,  les  échelles 
employées  à  l'assaut  des  places  fortes 
(fig.  6147)°. 

Des  échelles  faisaient  aussi  l'office  de  pas- 
serelles pour  l'embarquement  et  le  débar- 
quement des  passagers  sur  les  navires 
(fig.  6i48)«. 

Il  y  en  avait  dans  les  mines  pour  la 
descente  et  la  montée  des  ouvriers  [me- 
TALLA,  p.  1833].  On  a  retrouvé  récemment, 
encore  en  place  dans  celles  d'Aljustrel,  en 
Portugal,  des  poteaux  de  chêne  (fig.  61  W) 
à  encoches,  dont  la  partie  inférieure  est 
fourchue  et  s'appuie  sur  une  sorte  de  pa- 
lier qu'on  a  ménagé  en  creusant  le  puits  '. 

11  parait  inutile  de  passer  en  revue  toutes  les  échelles 
pareilles  à  celles  qui  sont  encore  en  usage,  dont  on 
trouve  la  mention 
chez  les  auteurs  et 
des  exemples  sur  les 
monuments,  servant 
à  l'agriculture,  à  la 
cueillette  des  fruits 
(fig.  6130),  à  la  ven- 
dange ",  à  la  construc- 
tion (fig.  466),  à  toutes 
sortes  d'arts  et  de 
métiers  ;  ou  ayant 
dans  la  vie  domes- 
tique son  emploi  journalier  (fig.  113 
leinent  encore  une  peinture  de 
Pompéi,  où  est  figuré  Dédale  as- 
sis au  sommet  d'une  échelle  ou 
escabeau  à  quatre  étages,  qui 
montre  (fig.  6131)'"  que  ce  genre 
de  meuble  était  déjà  connu 
des  artistes  anciens  [cf.  scammim, 
p.  1112]. 

III.  On  voit  sur  plusieurs  pein- 
tures de  la  grande  Grèce  un  instru- 
ment de  musique  qui  semble  fait  de 

pipeaux  ou  de  cordes  espacées  ré-  Fig.eisi.-Escabeanàdegrés. 
gulièrement  entre  deux  baguettes 

parallèles;  on  en  a  fait  surtout,  en  l'appelant  .scala,  un 
attribut  d'Éros 
ou  d'Aphrodite; 
Wieseler  "  y 
voyait  un  sym- 
bolisme qui  sem- 
ble aujourd'hui 
chimérique.  Une 
seule  fois  '-,  la 
srala  mélodieuse  est  figurée  en  face  d'un  oiseau  pris  au 
piège  i^fig.  6152);  le  décorateur  aura  voulu  indiquer  que 

Reichliold,  Griech,  Vasenmal.  pi.  xxxviii  ;  cf.  fig.  1344  ;  Helbig,  Waiulge- 
mtilde,  no  1308;  Mitseo  Borbon.  Il,  37;  Ruescli,  Gnida  illtistr.  del  Museo 
Naz.  n»  9108  et  119  690.  —  1  Daubrée,  Étude  sur  l'exploitation  des  mines 
de   la  Gaule,  p.   206;    Bull,   des   Antiquaires   de   France,    1907,  p.  59  iCuq). 

—  8  Peintures  du    cimetière   de    Houlianus  ;    Bosio,    Borna    sotteranea,   p.  139. 

—  9  Digest.  XXXUI,  7,  iî,  22;  G.  Nicole,  Meidias  et  le  st'jle  fleuri,  pi.  vin, 
3,  4  et  5,  et  pi.  IX,  lig.  42  ;  p.  p.  148;  Alhen.  Mitlh.  1907,  p.  97  sq.  ;  Chapot,  La 
colonne  torse,  p.  14.î.  —  10  Millheil.   d.   arcli.  Inst.  .'îez.  roni.  VI,  1890,  p.  260. 

—  "  Descala  symtiolo  apud  Graecos,  Proyr.  Gôtting.  1873.  —  12  Hcydemann, 
Pariser  Antiken,  Malle,  1887,  p.  64. 


Fig.  6152.  —  Inst 


SCA 


—  1109  — 


SCA 


les  sons  de  l'instrumenl  avaient  suppléé  au  chant  de 
quelque  oiseleur.     G.  Nicole. 

SCALPRUM  >CALPTLRA  ir. 

SCALPTITRA.  AaxT'jXi&Y'-uf'î'- La  gravure  sur  gemmes'. 

I.  Le  nomdecetart  chez  les  Grecs,  2axTuX!OYÀ'J9{ot,dési- 
goe  plus  spécialement  la  gravure  en  intaille,  c'est-à-dire 
celle  des  cachets  de  pierre  dure((7cppaY;ç)^  qui  formaient  la 
plupart  du  temps  le  chaton  des  bagues  (oaxTÛXioç)  '.  Les 
Latins  appelaient  scalptiira  '  non  seulement  l'art  de  la 
gravure  sur  gemmes,  mais  encore  les  gemmes  gravées 
elles-mêmes  et  jusqu'aux  sujets  qui  y  sont  figurés  ; 
l'expression  de  scalpturae  ectypae  '  s'appliquait  aux 
gemmes  gravées  en  relief  que  nous  appelons  camées  et 
les  distinguait  ainsi  des  gemmes  gravées  en  intaille 
auxquelles  était  réservé  le  terme  de  scalptura  ;  nous 
ignorons  si,  chez  les  Grecs,  un  terme  propre  s'appliquait 
aux  camées,  l'expression  tûttoi  èyyeyÀuu.u.£voi  qu'on  a 
parfois  traduit  par  ce  mot  s'appliquanl  à  tous  les  reliefs 
gravés  et  sculptés,  quelle  qu'en  fût  la  matière  ". 

L'étude  des  monuments  nous  montre  que  la  technique 
de  la  gravure  sur  gemmes  'gemmae"  n'a  guère  varié  dans 
l'antiquité,  et  l'origine  en  est  trop  ancienne  pour  qu'on 
en  sache  préciser  la  date.  Cette  technique  dérive  naturel- 
lement de  celle  des  travaux  de  la  pierre  polie  et  n'en  est 
que  le  perfectionnement,  et  l'avance  qu'on  voit  partout  à 
la  scalptura  sur  la  gravure  des  métaux  n'est  que  l'avance 
habituelle  des  arts  de  la  pierre  sur  les  arts  du  feu  et  du 
métal.  En  Egypte,  des  scarabées  de  cristal  de  roche, 
prototypes  à  la  fois  du  camée  et  de  l'intaille,  attribués 
par  M.  Maspero  ''  à  la  sixième  dynastie,  et  des  cylindres 
chaldéens  datant  de  plus  de  3500  ans  avant  notre  ère  *, 
supposent  l'emploi  des  instruments  et  des  matières  dont 
nous  savons,  par  Pline,  que  les  lithoglyphes  de  l'époque 
classique  se  servaient,  à  savoir  le  foret  de  fer  mousse, 
imbibé  de  poudre  d'émeri,  et  peut-être  la  pointe  de 
diamant  ou  d'ostracite.  L'émeri(i7ft'jpii;)"est  une  altération 
granulaire  de  corindon  qu'on  trouve  à  Naxos  '"  (va;îx 
/ïOoç,  naxhim),  en  Asie  Mineure  et  en  Espagne  ;  pulvé- 
risé et  mêlé  d'huile,  il  servait  aux  lapidaires  à  tailler  et  à 
polir  les  gemmes  :  sans  doute  aussi  employaient-ils  dans 
leur  travail  la  meule  et  la  lime"  .  Une  fois  sortie  des 
mains  du  lapidaire  qui  lui  donnait  sa  forme  (cylindre, 
scarabée,  scarabéoïde,  cône,  etc.),  la  pierre  devait  être 
gravée  par  le  lithoglyphe  :  pour  ce  travail,  les  modernes  '- 
emploient  outre  la  pointe  de  diamant,  maniée  à  la  main, 
des  forets  d'acier,  terminés  par  un  boulon  plus  ou  moins 

SCALPTURA.  f  Pliu.  XXXVIl.  —  2  I.e  mot  jjjcj,-;  a  Aisigoé  non  seulement 
les  caeliels.  mais  encore,  p-ir  extension,  leur  empreinte  et  même  la  pierre 
précieuse  gravée.  Cf.  Herod.  I,  195,  Vil,  69;  Arisloph.  Aiei.  560:  Plat.  Uipp. 
maj.  368  c  ;  Arislol.  Meleor.  IV,  9,  30  ;  Pollui,  XXIV,  4,  10  ;  Tbeoplir.  Lap.  4i. 
— 'Ilerod,  III,  tl  ;  Diog.  I.aerl.  1.57.  —  '*  Malgré  la  confusion  constante  que  font 
les  manuscrits  entre  les  mots  scatfitiira  et  sculptura,  scatptor  et  scttlptor,  scalpere 
et  scu/pere,  il  est  certain  que  les  Latins  distinguaient  très  nettement  par  ce<  ternus 
la  gravure  de  la  sculpture  :  Horace  {<M.  XI,  51)  oppose  larl  de  graver,  scalpere,  à 
celui  de  modeler, /înjov.  La  lecture  scalptura,  scalpere,  scalplor,  n'est  pas  dou- 
teuse dans  tous  les  textes  qui  out  trait  à  la  gravure  sur  gemmes  ou  glyptique,  cf. 
Plin.  XXXVIl,  60,  63,  101,  17*;  Suel.  Aarj.  50;  Id.  A'er.  46;  Id.  Galba,  10. 
V.  aussi  B.  Crusius,  Claris  Sncton.,  v.  scalpere;  Ernesti  ad  Suclon.  Aug.  50  et 
Ner.  46  ;  Oudendorp,  Ad  Sueton.  lialb.  10  ;  Bremi  ad  Siœton.  Aug.  50;  Heindorf, 
AdHor.  Sat.  Il,  3,  ii.  —  5  pli„.  XXXVIl,  174;  Scnec.  De  benef.  III,  i6,  1.  V.  E. 
Babelon,  Catalor/ue  des  camées  aniir/ue  et  modernes  de  la  Uibliothèqite  yatio- 
nale,  p.  III.  Vu  le  peu  de  telles  où  celle  eipression.  scalpturae  ectypae,  parait,  il 
rest*  douteux  qu'elle  fut  d'un  usage  courant.  —  6  Ilerod.  il,  1*4;  E.  Balclon, 
Jbid.  p.  II.  —  7  Maspero,  Archéoloijie  égypt.  p.  237.  —  »  Menant,  Catal.  de  la 
coll.  L.  de  ClercQ.  I.  I,  p.  49,  pl.  V,  40.  —  9  Uioscor.  V,  165,  166  ;  Calen.  XII, 
205  *;  Isidor.  Orig.  XVI,  4,  î' .  —  10  Pind.  Isthm.  V,  70;  Dioscor.  V,  167,  I6S; 
riin.  XXXVI,  164.  -  II  Plin.  XXXVl.  54  ;  Id.  XXXVIl,  109.  -  12  Cf.  Mariette, 
Traiti    des  pierres  gracéet,  t.    I,  p.   195   et  sq.  —  13    .Marielle,  L.  l.  :   Natter, 


gros,  qui  creusent  des  trous  hémi-sphériques  (ce  sont  les 
bouterolles),  et  de  fines  rondelles  d'acier  plein  montées 
sur  un  axe  et  dont  la  tranche  creuse,  en  tournant,  des 
sillons  plus  ou  moins  profonds  (ce  sont  les  scies)  :  la  tige 
des  bouterolles  et  l'axe  des  sr/essont  fixés  àl'essieu  d'une 
sorte  de  roue  appelée  touret,  mise  en  mouvement  par  une 
pédale;  les  bouterolles  et  les  scies  tournent  ainsi  dans  le 
même  plan  avec  une  grande  rapidité,  et  il  suffit  de  les 
imbiber  de  poudre  d'émeri  ou  de  poudre  de  diamant 
(dite  égrisée)  et  de  les  mettre  en  contact  avec  les  gemmes 
destinées  à  être  gravées  pour  qu'elles  y  creusent  des 
trous  et  des  sillons.  On  a  supposé  '^  que  les  anciens  avaient 
connu  ces  divers  instruments;  en  réalité,  les  textes  ne 
mentionnent  comme  outils  du  lithoglyphe  que  la  pointe 
de  diamant,  les  forets  de  fer  émoussé  et,  peut-être,  le 
touret,  outils  qui  suffisaient  sans  doute  aux  artistes, 
patients,  de  l'antiquité.  Nous  savons  par  le  témoignage 
des  monuments  figurés  [gemmae,  fi  g.  3483,  terebr  a],  qu'ils 
ont  beaucoup  employé  l'archet '%  qui  seul  peut  suppléer 
au  tour  pour  l'emploi  des  forets  ;  seulement,  il  est  pro- 
bable que  dans  la  gravure  des  gemmes  ils  imaginèrent  d'y 
substituer  le  touret,  dès  une  antiquité  très  reculée,  car 
le  touret  est  un  instrument  aussi  simple  que  la  meule  et 
le  tour,  connus  depuis  une  date  immémoriale.  Tel  est 
l'avis  de  Soldi,  '%  de  François  Lenormant  "^  et  de 
Bliimner  '%  qui  ont  discuté  la  question.  C'est  au  touret 
sans  doute  que  Pline  "  fait  allusion  lorsqu'il  écrit  que  la 
plupart  des  gemmes  qui  ne  peuvent  être  entamées  qu'avec 
un  fer  émoussé,  ferrum  retusum,  le  sont  surtout  à  l'aide 
de  ce  qu'il  appelle  lerebrarum  fervor.  Il  n'est  pas,  du 
reste,  nécessaire  de  supposer  que  ce  touret  ail  tourné  au 
moyen  de  la  pédale  ",  car  la  main-d'œuvre  humaine  -^ 
était  chez  les  anciens  à  un  prix  assez  bas  pour  rendre 
inutile  l'invention  d'un  perfectionnement  semblable. 
Des  tours  à  poteries  étaient  mis  en  mouvement  à  la  main 
ViGLiNUM  opus,  p.  1121  et  fig.  3034\ 

Nombre  d'inlailles  orientales  -^  portent  la  trace  très 
nette  du  ferrum  retusum,  c'est-à-dire  du  foret  composé 
d'une  tige  de  fer  émoussé  qu'on  imbibait  d'émeri  coagulé 
avec  de  l'huile  :  ce  foret  creuse  les  trous  par  lesquels 
sont  représentés,  dans  beaucoup  de  cylindres  ou  cônes 
chaldéens  et  surtout  perses,  les  jointures  des  membres  et 
les  parties  les  plus  saillantes  du  modelé  ;  ces  trous  sont 
parfois  d'un  travail  irrégulier  et  mou,  comme  on  le 
voit  dans  cette  intaille  orientale  (fig.  6152) --,  ébauche 
composée  uniquement  d'une  suite  de  ces  coups  de  forets  : 

Traité,  p.    8  et    9:     King,    Antique  gems    and   rings,   Londres,    1872,    p.     33. 

—  I*  Murray  et  Smith,  Catal.  of  engraved  gems  in  the  British  Jluseum,  n-  305. 
Blûmner,  Technologie,  t.  Il,  p.  344,  fig.  58  e.  —  «5  Soldi,  Itei:  archéol.  1874, 
t.  XXVIII.  p.  147  et  sq.  —  16  F.  Lenormant,  /tev.  archéol.  1874,  t.    XXVIII,  p.  1-3. 

—  17  Blûmner,  Op.  l.  t.  III,  p.  293.  Cf.  Furlwaengler,  Antike  Gemmen,  t.  III, 
p.  4,  n.  3.  —  18  Plin.  XXXVIl,  200:  .  Jam  tanta  (gemmarum)  differentia  est,  ut 
aliae  ferro  scaipi  non  possint,  aliae  non  nisi  retuso,  omnes  autcm  adamante  ;  plu- 
rumum  vero  in  is  lerebrarum  proficit  fenor.  ..  —  '9  Blûmner  {Op.  l.  t.  III,  p.  294) 
croit  cependant  â  l'emploi  de  la  pédale  par  les  lithoglyphes.  Il  est  possible  que  ce 
perfectionnement  ait  été  imaginé  â  une  assez  basse  époque.  Sur  l'adaptation  des 
pédales  aux  tours,  cf.  Blûmner,  Op.  t.  t.  Il,  p.  333-335  et  Pernice,  l'ntersuehungen 
zur  antiken  Toreutik  {Jahreshefte  des  ôsterreichischen  arclt'ïologischen  Insti- 
tûtes  in  Vien,  t.  VIII,  1905,  p.  51-60).  —  20  Un  exemple  de  cette  division  du 
travail  nous  est  fourni  par  un  relief  de  sarcophage  chrétien  où  est  ligure  le  travail 
même  du  marbrier  (S.  d'Agiucourt.  Hec.  de  sculpt.  VllI,  19;  Grivaud  de  la  Vin- 
ccllc,  Arts  et  métiers,  22V,  130):  on  y  voit  le  marbrier  appli<|uanl  sur  le  sarcophage 
fiu'il  décore  un  foret  qu'un  autre  ouvrier  fait  tourner  au  moyen  d'uue  couiToie  dont 
il  tient  un  bout  de  chaque  main.  On  peut  imaginer  par  analogie  comnicnl  un  aide 
faisait  tourner  le  touret  du  lithoglyphe.  —  21  on  en  verra  des  exemples  dans  Babe- 
lon, Lagrarnre  en  pierres  fines,  fig.  2,  14,  23,  28,  cl  Furtwaengicr,  Antike  Gem- 
men, t.  I,  pl.  i,  6,  pl.  Il,  3,  8,  12,  18,  20,  pl.  xil,  15,  etc.  —  22  Bibl.  Nation., 
n>  M  0674. 


SCA 


—  IHO  — 


SCA 


Fig.  6153.  —  Ti 
rail  au  Torel  s 
un  oacliel  orit 


le  l'orel  a  dû,  dans  ce  cas,  cire  manie  à  l'archet.  Dans 
d'autres  pierres,  d'un  travail  moins  barbare,  les  trous  du 
foret  apparaissent,  au  contraire,  d'une 
netteté  parfaite,  comme  dans  la  plupart 
(les  cylindres  perses,  et  il  semble  impos- 
sible que  le  foret,  pour  un  tel  travail,  n'ait 
pas  été  fixé  à  l'axe  d'un  tourel.  Peut-être 
dans  ces  cas,  les  forets  se  terminaient-ils 
déjà  par  un  bouton  ',  comme  la  boute- 
rolle  moderne  :  mais,  à  vrai  dire,  des  tiges 
rondes  de  fer  émoussé  peuvent  suffire  à 
creuser  les  mêmes  cavités  hémisphériques. 

Le  même  instrument,  très  simple,  creusait  aussi  sans 
doute  les  sillons  qui  dans  la  gravure  des  inlailles 
(igurent  le  modelé,  et  il  n'y  a  pas  lieu  de  supposer  que 
les  lithoglyphes  de  l'antiquité  aient  imaginé  et  employé 
la  scie  ^  des  graveurs  modernes.  Le  fevrum  rvtusum 
manié  par  un  artiste  patient  suffisait  à  ce  travail,  et,  en 
fait,  toutes  les  intailles  chaldéenncs,  mycéniennes  et 
perses,  d'une  matière  très  dure,  comme  la  calcédoine, 
sont  uniquement  gravées  en  trous  hémi-sphériques  et 
en  lignes  grasses   qui  ne    supposent  que  l'emploi  de 

ces  forets  de  fer 
^ f'-J  ^ '  :^'^'"^^"f  V  •'^  émoussé,  les- 
y\\  'C^Vki-Wfe^ ,  ''5^1'  >      quels,  imprégnés 

d'émeri,    usaient 
peuàpeulapierre 
plutôt   qu'ils    ne 
la     gravaient. 
Seuls  certains 
cylindres      chal- 
déens  ou  perses, 
d'un  travail  som- 
maire ^   sont  en 
outre  gravés  de  sillons  larges,  et  d'une  régularité  sans 
souplesse,  qui  ont  pu  être   exécutés  avec  la  meule  du 
lapidaire  (fig.  6153i. 

Toutefois  les  cylindres  hittites  ',  puis,  à  une  date 
moins  ancienne,  toutes  les  pierres,  même  les  plus  dures, 
perses,  phéniciennes  ^  ou  grecques,  portent  la  trace 
d'outils  coupants  ou  pointus,  généralement  très  fins  : 
c'est  la  pointe  du  graveur  qui,  pour  entamer  les  stéatites, 
les  hématites,  les  serpentines,  pierres  peu  rebelles  à 
l'outil,  devait  être  d'une  sorte  d'acier  ou  de  bronze 
trempé  [ferrim,  p.  1077]  et,  pour  graver  les  corindons, 
devait  être  de  diamant.  C'est  elle  qui  dans  les  inlailles 
creuse  ces  traits  extrêmement  déliés,  qui  deviennent  sur- 
tout fréquents  dans  les  inlailles  grecques.  L'emploi  de  la 
pointe  de  diamant  par  les  graveurs  antiques  nous  est 
attesté  par  Pline  ^  [gemmae,  p.  1461]  :  les  éclats  de 
diamant,  dit-il,  sont  enchâssés,  sertis,  au  bout  d'une 
lige  de  fer,  induduntur  ferro  '',  et,  maniés  ainsi  par  le 

1  On  trouvera  dans  Mariette,  Traité  des  pierres  gravi^es^  t.  I,  p.  208,  fig.  iù, 
parmi  les  rcpr^cnlations  des  outils  du  graveur  de  gemmes  au  xvui"  siècle, 
celle  d'une  bouteroltc,  et  m^rac  page,  fig.  iO,  la  repr^'sentalioii  d'un  »  outil 
appelé  charnière,  propre  à  faire  des  Irons  ou  à  enlever  de  grandes  parties  »,  et 
i|ui  n'est  autre  que  le  ferrum  retimim  dont  pnrle  Pline.  —  2  MaricUe,  Jbid. 
fig.  i*  et  25.  —  3  Cf.  Chabouillct,  Catat.  des  camées  et  pierres  yrarées  de  lit 
mbt.  Impériale,  n"  823  et  950;  Bibl.  Nat.  n"  950  iis.  Cf.  Kurtwaengler,  Aniil.e 
Gemmen,  t.  IM,  p.  4.  —  *  Les  entrelacs  1res  déliés  qui  caractérisent  les  intaillcs 
hittites  n'ont  pu  être  gravés  qu'avec  une  pointe  très  acérée  et  d'une  résistance  à 
toute  épreuie.  Cf.  Babelon,  Guide  illustré  ou  Cal.  des  Médailles,  fig.  16  et  18  et 
Id.,  la  gravure  en  pierres  fines,  p.  61,  fig.  31.  —  5  liabxlon.  La  gravure  en 
pierres  fines,  p.  70,  fig.  W.  -  6  Plin.  XXXVII,  60  :  cf.  aussi  J.  Solin,  XXXI,  163, 
et  MarbO'l.  Lap.  c.  1  et  1 1.  —  '  l.e  mot  includrre  veul  dire  ici  proprcnienl  sertir 
(blûmner.  Op.  l.  1.   III,  p.    312);  on  se  rendra  compte  liu  scriissago  de  l'éclat  de 


6 loi.  —  Travail  à  I 


r.  6135.  — Travail 
i  la  pointe  sur  une 
niaille  Cretoise. 


graveur,  ils  entament  les  matières  les  plus  dures. 
Bltimner'  suppose  que  les  anciens  ont  pu  utiliser 
souvent,  ;i  la  place  des  éclats  de  diamant,  des  fragments 
d'oslracite,  que  certains  auteurs  "  citent  à  côté  du 
naxium  et  de  l'émeri,  et  dont  la  dureté  est  extrême. 
Avec  cette  pointe  qui  entame  directement  la  matière 
à  graver,  sans  l'aide  du  tour  ni  du  marteau,  l'outillage 
du  lithoglyphe  (1res  simple,   on  le  voit"}  est  complet '". 

Les  graveurs  de  l'époque  mycénienne  "  ont  emprunté 
leur  technique  aux  graveurs  chaldéens  :  comme  ceux-ci, 
ils  gravent  volontiers  des  pierres  assez  molles;  lorsqu'ils 
gravent  des  pierres  dures,  ils  se  servent  surtout  du 
ferrum  reliiftiiin  ;  trèsexceplionnellement, quelques-unes 
de  leurs  inlailles  semblent  terminées  à  l'aide  de  pointes 
très  dures,  éclats  de  diamant  ou  d'oslracite.  Dans  la 
période  qui  suit  l'invasion  dorienne, 
toutes  les  intailles  —  qui  forment  la  sé- 
rie dite  des  pierres  des  fies  —  sont  en 
stéatite,  pierre  très  molle,  et  gravées  ou 
plutôt  écorchées  à  la  main  avec  une 
pointe  de  fer ''^  (fig.  6155).  Toutes  les  in- 
tailles du  vi=  siècle  sont  des  scarabées, 
où  la  technique  égyptienne  est  visible- 
ment imitée  '■'  :  l'emploi  du  ferrum  re- 
tusum  et  de  la  pointe  de  diamant  y  sont  flagrants.  Une 
foule  de  scarabées  italioles  "  (fig.  6loo\  imités  des  sca- 
rabées archaïques  grecs,  ne  sont  gravés 
qu'avec  le  ferrum  relusum,  comme  beaucoup 
de  cylindres  et  de  cônes  chaldéens,  et  la  plu- 
part ne  sont  que  des  ébauches  composées 
de  trous  hémisphériques  creusés  avec  cette 
boulerolle  primitive.  Enfin  au  y"  siècle,  la 
technique  grecque  devient  trop  souple  pour 
que  la  trace  des  outils  reste  visible  sur  les 
intailles  et  les  camées  ;  gravés,  à  l'aide  du  tourel,  avec  le 
ferrum  retusum  et  la  pointe  de  diamant,  ils  étaient 
ensuite  polis  '-^  avec  soin  à  l'aide  du  naxium  ou  de  la 
pierre  à  aiguiser  '%  que  les  Grecs  appelaient  àxovT,,  et  les 
Latins  COS.  Les  chefs-d'œuvre  de  la  glyptique  antique  nous 
prouvent,  d'ailleurs,  qu'avec  un  instrument  aussi  simple 
que  le  ferrum  retusum,  imprégné  d'émeri  et  fixé  au 
iQuret,  les  graveurs  de  gemmes  savaient  atteindre  à 
d'extraordinaires  souplesses  de  modelé. 

IL  Sc.\LPRUM.  SjAiX-»!.  —  Il  semble  que  l'outil  essentiel  de 
la  scalptura  '"  doive  être  le  scalprum  dont  l'exact  équi- 
valent en  grec  est  caîXvi  ".  Mais  nous  ignorons  si  les 
lithoglyphes  désignaient  par  ces  termes  leur  pointe  de 
diamant,  et  nous  savons,  au  contraire,  que  les  noms  de 
(7(x.!Àf|  et  de  sffl //;?■(/ //(étaient  don  nés  à  d'autres  instruments 
très  ditTérents,  appartenant  à  des  arts  absolument 
étrangers  à  la  sca/ptura.  Le  ciseau  des  graveurs  d'ins- 
criptions sur  marbre  est  quelquefois  nommé  (J[L(lr^  ",  et 

diamant  à  l'extrémité  d'une  tige  de  métal  par  la  figure  de  Mariette,  Op.  l.  p.  208. 
1,.  il.  _  8  Blûmner,  Op.  (.t.  III,  p.  296.  —  9  Plin.  XXXVll,  177;  Dioscor.  V, 
164;  Galen.  .XII.  266.  —  10  11  faudrait  ajouter  à  ces  outils  lous  les  procédés,  parfois 
très  simples,  que  chaque  arlisle  imaginait  pour  son  compte:  c'est  souvent  avec  des 
instruments  très  primitifs  que  les  meilleurs  artistes  ont  accusé  leurs  plus  person- 
nelles inlcntions.  —  "  Kurtwaengler,  Anlike  Gemmen,  t.  III,  p.  28.  —  12  Furl- 
waenglcr,  Jbid.  p.  61  et  p.  71,  et  I.  I,  pi.  iv,  n"  21-54.  —  13  Jbid.  t.  III,  p.  78, 
Babelon,  La  grav.  en  pierres  fines,  p.  92-104,  et  Journal  des  Savants,  1900. 
p.  657-639.  —  '»  Furtwacngler,  Op.  l.  t.  1,  pi.  %ix,  el  t.  II,  p.  92.  —  15  Blûmner, 
Op.    l.    t.    m,    p.    284-288.     —    16    Tlieophr.    Lapid.    44  ;    Pliu.    XXXVll,    109. 

-  n  Fronton  iEpist.  IV.  3)  attribue  comme  outils  au  lilhoglvphc  le  caetum  el  le 
marculus  :  mais  ce  n't-sl  que  dans  un  passage  métaphorique,  où  il  esl  f.icilcde  voir 
qu'il  a  confondu  par  ignorance  les  outils  de  la  loreutique  avec  ceux  de  la  glyptique. 

—  18  Cf.  aloss.    lut.   gr.  Scalpiuni    (pour  Scalprum'.  —   l'J  Anlliul.    VII,    429. 


SCA 


11  li 


SCA 


des  textes  latins  appellent  ces  graxeurs  scalptores  inur- 
tnorum  '  ;  Tite-Live  ^  parle  d'un  scalprum  fubrile  qui, 
manié  au  maillet,  servait  aux  cornacs  àtuerles  éléphants 
de  guerre  devenus  furieux  :  ce  peut  être  le  poinçon  des 
tailleurs  de  pierre,  mais  aussi  bien  la  tarière  des  charpen- 
tiers ou  le  foret  des  forgerons^  [terebra].  La  lancette  des 
chirurgiens  [cuirurgia,  p.  1109]  est  appelée  tantôt  (tij.O.ti* 
et  tantôt  tpÀeêoTÔiAov  ^.  Celse  ^,qui  emploie  scalprum  dans 
le  même  sens,  l'emploie  aussi  comme  équivalent  de 
scalpel/uni  \  qui  est  notre  scalpel.  Le  tranchet  des  cor- 
donniers, qui  sert  à  couper  le  cuir  [sitor],  est  habi- 
tuellement appelé  uaiXi)  *  et  scalprum  '  ;  les  mêmes 
mots  désignent  aussi  le  canif  "•  avec  lequel  les  scribes 
taillaient  le  calamus,  ainsi  que  la  serpe"  des  arbori- 
culteurs et  des  vignerons;  toutefois,  Columelle '-  ré- 
serve le  nom  de  scalprum  à  la  partie  tranchante  de  la 
faix  viniloria  [falx]. 

ScALPTOR  MONETAE   est  dans  une  inscription   latine  " 
le  nom    d'un  graveur   de    coins    monétaires.  L'art  mo- 
nétaire  est,  d'ailleurs,    issu    tout    naturellement  de  la 
scalplura  :  les   premières  monnaies  frappées    en   Asie 
Mineure  sont   identiques   de   style  ''   aux  scarabéoïdes 
gravés  dans  le  même  temps  en  cette  région, 
et  la  trace  ronde  et  grasse  du  ferrum  re- 
tnsum  y  est  très   visible,  comme  dans  le 
statère  d'électrum  '^  figure  6157  ;  c'est  tout 
_  à  fait  exceptionnellement  qu'on  a  signalé 
sutère  dYkc-   parmi  les  premières  émissions  monétaires 
irpomir*^    "  ^^  ^'^  Sicile  des  pièces   dont  les  coins  ont 
été    gravés  au   ciseau  '"  à  l'imitation   des 
reliefs  xylograpliiques.  La  seule  différence  entre  la  gra- 
vure des  cachets   de   pierres  dures   et   celle  des  coins 
monétaires  provient  de  la  différence  de  la  matière  :  il 
n'était  besoin  ni  de  diamant  ni  d'émeri  pour  graver  le 
métal,  mais  seulement,  en  dehors  du  ferrum  relusum, 
d'une  simple  pointe  d'acier  maniée  soit  à  la  main,  soit 
au  maillet'';  le  travail  était  donc  exactement  le  même 
que  celui  du  graveur  d'intailles  sur  chatons  de  bagues 
en  métal  [moneta,  p.  1970  ;  monetarii,  p.  1982].  On  sait, 
du  reste,   que  souvent  le   même  artiste  était  à  la  fois 
graveur  de  gemmes  et  graveur  de  coins  monétaires", 
comme  ce  Phrygillos  '"  dont  nous  possédons  à  la  fois  un 
cachet  de  cornaline,  signé  de  son  nom  en  toutes  lettres, 
et  de  belles  monnaies,  également  signées,  émises  à  Syra- 
cuse à  la  fin  du  v"^ siècle  [gemmae,  p.  1474].    J.  he  Fovili.e. 
SCAMMA  [gymnasium,  p.  1691;  saltcs,  p.  1054]. 
SCAMIXUM,    SCABELLUM.    TtiotioBiov,   pi6pov,  Opivoç. 


I  Hlin.  XXXVI,  4i  (ou  scnlptores)  ;  Mariiii,  Fralr.  Arval.  Inscr.  n.  43.  Ccrlahis 
inanuscrils  de  Pline  {XXXVI,  185)  nomment  pavimentum  scalpturatum  le  pave- 
ment r|uc  les  meilleurs  manuscrits  appellent  scntulatum,  c'est-à-dire  orné  de 
dessins  incrustés  (^?*a/yi7i)-  Gf.  Bliimnor,  Op.  l.  I.  III,  p.  3o9.  Quant  à  l'expression 
de  Vitruve,  zopliori  scalpturis  ornati,  {Vilr.  IV,  1),  il  n'est  pas  douteux  qu'il 
Taille  y  rélalilir  sculpliiris.  —  2  Liv.  XXVIl,  49.  —  3  Blumncr,  Op.  l.  t.  Il, 
p.  173,  n.  I,  p.  175  et  176,  213  et  214.  —  *  Lucian.  Adv.  indoc.  29.  —  5  Lucian. 
IbiJ.;  Orib  180  Mai.  —  6  Gels.  VIII,  3  et  4;  Jul.  Poil.  IV,  181;  X,  141.  Voy. 
les  exemples  réunis  par  J,  Slewart-Milne,  Greefc-rojnnn  surgical  instruments, 
Oxford  1907.  —  7  Gic.  .Sexl.  C3  ;  Golumell.  VI,  32;  Plin.  XXVIII,  110;  Gels.  Il, 
10.  —  »  Plat.  Pr.   Alcib.   129  c.  —  9  Horat.  Sut.  Il,  3,  106;  Jul.  Poil.  VII,  83. 

—  10  Aristopli.  Thesmopk.  779;  .ln//,o/.  VI,  07,  VI,  295;  Tacit.  Ann.  V,  8; 
Suet.    \'ilM.  II.  —  Il  Geoponic.  V,  33,  1  ;  Plin.  XVII,  119.  —  IS  Golumell.  IV,  25. 

—  '3  Uarini,  Jicriz.  Alb.  139.  —  14  Babelon,  Traité  des  monnaies  (jrecq.  et 
ram.,  1"  partie,  t.  I,  916.  —  13  Babelon,  Ibid.  2c  partie,  t.  I,  pi.  v,  20.  Cf.  aussi, 
Ibid.  pi.  m,  9,  pi.  IV,  28,  31,  pi.  v,  5,  7.  —  16  Ilev.  numisjn.  1906,  p.  432  et  sr|i|. 

—  17  Lemaire,  flen.  belge  denumism.  1802,  p.  101  ;  Babelon,  Traité  des  monnaies 
ijr.  et  rom.  i"  partie,  t.  I,  p.  917-919.  —  1»  Babelon,  La  gravure  en  pierres 
fines,  p.  96.  —  19  Ibid.  p.  123;  Slreber,  Die  syrahusanischen  .Stempeischneider 
Phrygillos,  Sosion  imdËumelos,  Miinicb,  1863;  Furtwaengler,  .lii(.  Gcmmen.  t.  I, 


I.  —  i,es  sièges  et  les  lits  avaient  pour  accessoire,  c\\vl 
les  anciens,  un  marchepied  qui  aidait  à  y  monter  quand 
ils  étaient  hauts,  ou  sur 
lequel,  étant  assis,  on 
pouvait  poser  les  pieds. 
Cet  accessoire,  dans  les 
monuments  de  tout 
genre  où  il  est  repré- 
senté, tantôt  est  indé- 
pendant du  meuble 
principal  (fig.  6158)'  et 
tantôt  fait  corps  avec 
lui  ^  ;  souvent  même 
ce  n'est  qu'un  prolon- 
gement de  la  base 
(fig.6159)^  une  marclii; 
à  un  ou  plusieurs  de- 
grés, et  les  noms  de 
pàQpov  ou  de  fiadtç  s'y 
appliquent  exacte- 
ment '. 

Déjà  chez  Homère,  ceux  qui  s'asseoient  sur  le  ôpdvoi;  ou 
sur  les  sièges  moins  élevés  appelés,  xXtciJ.dç,  y-XiaÎT,,  xXivx'/ip, 
ont  devant  eux  un  appui  pour  les 
pieds,  auquel  le  poète  donne  les 
noms  de  9pf,vui;  et  de  ccpÉXaç,  sans 
indiquer  ce  qui  fait  entre  les  deux 
la  différence.  Dans  rOr///.ç.fef,  les  pré- 
tendants en  ontà  table  ;  celui  qu'An- 
tinoos  saisit  pour  frapper  Ulysse  est 
appelé  Op-fivuç'^;  (îçdXaç",  celui  qu'Eu- 
rymachos  lance  à  la  tête  du  men- 
diant. Un  Opï|vuç  est  fixé  à  la  xXktîyi 
d'Hélène  et  de  Pénélope  ^  Par  la 
suite,  la  forme  du  nom  change,  on 
ne  trouve  plus  que  Opiv^:,  Ôpavi'ov, 
Opotvtotov,  signifiant  un  banc  ou  un 
tabouret  fait  pour  s'asseoir,  aussi 
bien  que  pour  mettre  les  pieds  '. 
D'autres    noms,    ÛTtoTidSiov,    ÛTtoôpô- 

viov  ',  indiquent  plus  précisément  celte  dernière  destina- 
lion.  On  rencontre  aussi  le  mol  Gx&Aùôptov,  qui  désigne 
un  escabeau  bas  '".  Il  faut  enfin  signaler,  d'après  les 
vases  peints,  des  meubles  non  point  aussi  bas  que  ceux 
(|ui  sont  figurés  auprès  de  la  plupart  des  sièges,  mais,  au 
contraire,  construits  de  façon  qu'il  était  nécessaire  pour 
s'en  servir  de  hausser  la  jambe,  comme  on  le  voit  faire. 


pi.  XIV.  6;  t.  II,  p.  07,  6;  Id.,  Gemjnen  mit  Kimsllerinschriften  (Jahrb.  d.K.  deut- 
sclien  arcluiohg.  Instituts,  t.  III.  1888,  p.  1971.  —  Bibliographie.  Natter,  Traité 
df  ta  méthode  antique  de  graver  en  pierres  fines  comparée  avec  la  moderne; 
Kluge,  Handbuch  d.  Edelsteinkunde  ;  Leipzig,  1860  ;  Si^hrauf,  Uandbuch  d.  Edels- 
teinkunde.  Vienne,  1869;  Soldi,  Les  Arts  méconnus,  2'  éd,  Paris,  1881  ;  Bliimncr, 
Technologie  imd  Terminologie  der  Gewerbe  und  Kûnste  bel  Griecliern  und 
^fimern,  t.  III,  p.  289  et  sc|.;  Babelon,  La  gravure  en  pierres  fines,  p.  26  et  suiv. 

SCAMNUM,  SCABELLUM.  1  ;i/on.  d.  Inst.  IV,  pi.  .xxni  ;  voy.  les  fig.  126 
1233,  1319,  2822,  3822,  3780,  3789,  3936,  4388,  4390,  5040,  .'5042,  etc.,  du  Dict 
—  2  V.  fig.  4217,  voir  aussi  runoNus.  —  3  Jahn-Micliaelis,  Arx  Athen.  pi.  xxxvi 
Winter,  Antik.  Terrakotten,  I,  pi.  xlvjii;  i.xx  ;  i.xxxinsq.  ;  i.xx\ix  s(|.  cxx,  cxxii  sq 
Gomp.  les  statues  de  la  voie  des  Branchides,  Newton,  ùiscoveries  at  Halicar 
nassus,  pi.  i,xxiv,  i,xxv  ;  Cerbard,  Anl.  Bildmerke,  pi.  xcv,  xcviii.  —  4  De  paîvu 
V.  Elicnne.  Thésaurus,  s.  h.  v.  et  faOfo.iSr.î.  —  5  Hom.  Od.  XVII.  409.  —  6  Od 
XVIII,  394;  Apoll.  Mod.  III,  1159.  —7  Od.  XIX,  57  ;  IV,  130;  de  même,  Jliad. 
XVIII,  390.  — 8  pollux,  X,  47et48;  Ilesych.  Sja.îov  ;  Schol.  Aristoph.  Han.  121 
cf.  87.  C'est  le  banc  des  rameurs  «ja.tTai.  —  »  Gliarés.  ap.  Albon.  XII,  p.  514 
Schol.  Aristoph.  Plut.  543  ;  Eguit.  368  ;  Hesych.  L.  l.  et  s.  v.  yilmT,  ;  Etym.  M. 
p.  718,  40.  —  lO  Taiiî..ïd./,  Plat.  Kuthyd.  p.  278  :  Scbol.  ap.  Rubnken,  Ad  Timae 
p.  96;  Poil.  X,  48;  Hesycb.  s.  v.;  Etym.  m.  s.  r. 


Fig.  6159.  —  Rase  prolongée 


SCÂ  —  1112 

dans  la  ligurc>  (ilM!) ',  à  une  femme  assise  auprès  d'une 
corbeille  d'où  elle  lire  une  bandelelle  ou  un  écheveau  de 

laine.  Le  meu- 
ble consiste 
en  une  la- 
bletle  munie 
d'un  rebord 
l'I  posant  sur 
des  pieds  lé- 
gers. Il  res- 
semble à  la 
sellette  des 
sculpteurs  et 
au  chevalet 
des  peintres, 
appelés  xiXki- 
6o«;  et  oxpiêa;^. 
On  donnait 
le  même  nom 
au  support 
qui  soutenait  le  bouclier  quand  on  cessait  de  s'en  ser- 
vir^ et  peut-être  ce  nom  convient-il  aussi  à  l'escabeau 
ici  ligure. 

Comme  auprès  des  sièges,  on  voit  auprès  des  lits,  quelle 
que  soit  leur  destination,  lits  faits  pour  dormir,  lits 
funèbres,  lits  où  l'on  se  couchait  pendant  le  repas,  des 
marciiepieds   de  hauteur  et  de  longueur  variées.    Aux 


Fig.  lîlGO.  —  Haut  escabeau. 


exemples  qu'on  a  pu  voir  ailleurs  (lig.  Go,  3780,  4388, 
4390),  nous  en  ajoutons  un  (fig.  6161)*  remarquable 
par  le  soin  avec  lequel  sont  rendus  tous  les  détails  de 
la  forme  et  de  l'ornementation  de  la  table  et  du  lit  aussi 
bien  que  de  l'escabeau,  sur  lequel  sont  déposées  les 
chaussures  de  l'un  des  personnages.     E.  Saglio. 

H. —  Le  même  meuble  existait  chez  les  Étrusques  et  chez 
les  Romains,  peu  différent  de  ce  qu'il  était  chez  les  Grecs, 

I  Gerhard,  Trmkschal.  und  Gefàsse,  pi.  xiv,  I.  —  2  l'oll.  Vil,  129;  X,  163; 
riiot.  el  Sui.l.  ».  i:  ««p.'e«i;  voir  0.  Jalin,  Ber.  d.  Sâchs.  Gesellsch.  d.  Wis- 
seiiach.  1861,  p.  i'j3,  note  17.  —  3  Arisloph.  Acharn.  Hiî  et  Scliol.  ;  cf.  caela- 
TUHA,  fig.  9jt;  Jahreshtfte  de  Vienne,  ISOi,  p.  170.  lig.  43  iHarlwig),  cl  ib.  1905, 
p.  Hl  (llauser).  —  ^  Gazette  arclwol.  1887,  pi.  xcv,  1.  -  s  Scrradifalco,  Antich. 
delta  Sicilia,  V.  33.  Voir  les  fig.  65,  105,  716,  lil9,  1319,  3356,  3789,  3822, 
55*3, clc.  Varr.  Ling.  tut.  168  ;lsid.  Orig.  XX,  18,8.  —  «Ed.  Mai,  ISÏD.pl.  xxxviii  ; 


SCA 

ou  plutôt  il  en  était  l'imitation.  Les  formes  et  les  dimen- 
sions en  étaient  variées  :  bloc  tout  uni  ou  construc- 
tion élégante  artistement  sculp- 
tée (fig.  6162)  =.  Il  y  en  avait 
à  plusieurs  marches  (gradus, 
scansilia)  ;  un  véritable  esca- 
lier est  adapté  au  lit,  où  Didon 
va  se  donner  la  mort  (fig.  6163), 
représenté  dans  une  miniature 
du  Virgile  du  Vatican  ^.  Ordi- 
nairement le  scamninn  ''  ou  sca- 
bellum  ',  destiné  à  être  mis  sous 
les  pieds  et,  à  cause  de  cela, 
nommé  aussi  auppednneum  '\ 
hijpopodium  '",  était  léger  et 
mobile. 

C'est  une  question  de  savoir  si 
le  mot  scamntim  a  été  employé 
comme  synonyme  de  subuellium, 
qui  signifie  proprement  un  siège 

bas     ou     un     banc      [srnSELLlUM].     Fig  eiei.  — Tal.ouiclde  Irùno, 

Comme   l'on    s'asseyait   souvent 

sur  des  bancs  ou  des  gradins  de  peu  de  hauteur,  les 

deux  noms,  dans  l'usage,  ont  été  pris  facilement  l'un 


pour  l'autre".  Ovide '^  appelle  scamna  des  bancs  sur 
lesquels  les  vieux  Romains  se  rangaient  pour  le  repas 
autour  du  foyer  (cf.  fig.  1691).  Martial  donne  ce  nom" 
aux  gradins  des  chevaliers  au  théâtre;  une  inscription 
fait  mention  de  scamna  en  marbre  '*  ;  des  scamna  avec 
leurs  hijpopodia  figurent  dans  l'énumération  du  mobi- 
lier des  bains '^ 

III. —  En  agriculture,  on  appelait  scamnum  la  ban- 
quette ou  bande  de  terre  que  laisse  non  retournée  entre 
deux  sillons  la  charrue  ou  la  houe";  et  aussi  l'espace 
de  terrain  non  remué  entre  les  pieds  de  vigne  '''. 

Les  branches  d'arbres  naturellement  ou  artificiellement 
étendues  pour  servir  soit  de  banc'*,  soit  de  support 
pour  la  vigne  ",  s'appelaient  aussi  scamna. 

IV.  —  Dans  les  terres  afTermées  par  l'État  et,  par  là 
même  soumises  à  la  mensuration  [ager  vectigaus],  les 
agrimensores&'^'peXaÀ&nV scamnum  une  portion  de  terrain 

cf.  Serv.  Aen.  IV,  625.-7  Varr.  L.L;  Uvid.  A.  am.  I,  16i,  II,  211  ;  Isid.  L.  l. 

—  3  Varr.  L.  l;  Quinlil.  Jnst.  or.  I,  4,  12  ;  Isid.  L.  l.  :  Cato,  R.  rust.  X,  4;  Isid. 
X.  i.  —  9  Is.  Ib.  ;   Laclant.  Jnst.  du:   IV,   12.  —  i«  Ib.  ;   Paul.    Sent.  III,  6,  45. 

—  Il  Cod.  Tlicod.  III,  1,  2  ;  Subsellia  vel,  ut  vulgo  dicunt,  scamna.  —  '2  Fast. 
VI,    305.  —    13  Mart.   V,  41,  7.  —  i*  Corp.    ins.  lat.    VI,   1066.  —  IS  Paul.  L.  l. 

—  16  Plin.  Bist.  nat.  XVIII,  49,  4;  Colura.  Il,  2,  25  ;  III,  13,  10.  —  n  Colum. 
III,  13,  2.  —  l«  Plin.  a.  nat.  XII,  5,  2.  —  '9  Jb.  XVII,  35,  38,  44. 


SCA 


1H3  — 


SCA 


tracée  en  largeur  de  l'est  à  l'ouest,  par  opposition  à  la 
slrif/a  tracée  en  hauteur  du  nord  au  sud  [coLOMA,fig.  1722]' . 

V.  —  Dans  les  camps,  la  partie  réservée  aux  officiers 
supérieurs,  légats,  tribuns''.  Elle  était  située  en  face  du 
pruetorium,  de  l'autre  côté  de  \a.  via  princi palis  [castra, 
fig.  1220,  p.  9o3j.  Ces  officiers  se  trouvaient  ainsi  dans  le 
voisinage  du  commandant  en  chef.  Près  de  là,  on  déposait 
l'aigle  et  les  enseignes^.      H.  Tiiédenat. 

SCAXDULA.  —  Bardeau,  latte  d'un  toit  ltectim]. 

SCAXSORIA  MACHIXA  (  'AxioÇaTizov).  —  Échafaudage 
fait  de  poutres  verticales  et  horizontales  sur  lequel  les 
ouvriers  peuvent  travailler  à  toute  hauteur  '  [machina, 
p.  1479]. 

SCAPHA  (SxâçY,,  cxai.!?,  ffxâio;).  Esquif  {skiff',  en 
anglais).  Canot  léger,  sans  mât,  se  maniant  à  l'aviron 
[voy.  CARABis,  EPUOLKiox].  Au  sens  technique  du  mot, 
scapha  désigne  une  chaloupe  assurant  les  communica- 
tions avec  la  C(Me  de  tout  navire  de  guerre  '  ou  de  com- 
merce^ qu'un  trop  fort  tirant  d'eau  empêche  d'aborder. 
Elle  est  indispensable  aux  vaisseaux  de  haut  bord  et  fait 
partie  intégrante  de  leur  matérieP.  Lorsque  le  bâtiment 
est  à  l'ancre,  la  scaplia,  accostée  à  la  poupe  (fig.  5294, 
5293)'  au  pied  de  l'échelle  de  descente,  permet  à  l'équi- 
page d'aller  et  venir  entre  le  rivage  et  le  bord.  En  cas 
de  ressac,  le  marin  de  garde  empêche  la  nacelle  de  se 
briser  contre  la  coque  voisine,  en  la  maintenant  à  di.s- 
lance  au  moyen  d'une  perche^.  Lorsque  le  navire  est 
en  marche,  la  scapha  le  suit  dans  le  sillage,  remorquée 
par  un  cable  qui  est  attaché  au  bordage  de  la  poupe"  ou 
au  mal  d'artimon,  et  constamment  montée  elle-même 
par  un  marin  de  l'équipage,  chargé  de  la  surveiller",  de 
vider  l'eau  et  de  repêcher,  au  besoin,  tout  homme  ou  tout 


objet  qui  pourrait  tombera  la  mer*.  En  cas  de  naufrage,  la 
chaloupe  offre  u  n  refuge  aux  marins  et  aux  passagers,  qui 
abandonnent,  en  coupant  le  câble,  le  navire  en  train  de 

•  Hygin.  De  lim.  const.  p.  îOC-308,  pi.  ixv,  fig.  199,  éd.  Lachmann.  —2  Hygin. 
De  mun.  catlr.  XV.  —  S  Ibid.  XX  ;  cf.  Cagnal,  Les  deux  campa  de  ta  légion  /II' 
Auçuita  à  Lamijése,  p.  47-50  iilihn.  de  l'Acad.  des  inscr.  XXXVI,  i'  pari.  I90S). 

SCAMSOBIA  MACIII.\A.  I  Vilruv.  X,  I,  I. 

SCAPHA.  I  Caes.  ùe  bell.  gall.  IV,  20;  De  Ml.  ch\  II,  43  :  III,  Jt,  Ci,  loi  ; 
Aul.  Hirl.  De  bell.  Alex.  4C.  —  2  ['lin.  Episl.  VIII,  20,7.  —  3  l.abco,  l'amlect. 
XXXIII,  7,  29;  cf.  XXI,  2,  U  et  VI,  ),  3;  Cecil  Torr,  AncienI  aliips,  p.  103  cl 
noie  iîC.  —  »  xAvis(fig.  5;9i  el  5295)  ;  cf.  un  fragmenl  de  bas-rclicf  Irouvi?  à 
UUque  el  ci.nsiTvé  au  Brilish  Muséum,  qu'a  publié  Cecil  Torr,  Ancienls  sliîps, 
pi.  VI,  fig.  33.  C'est  sans  doule  une  perche  qui  est  placée  en  travers  du  kàliinent 
représenté  au  mot  l•o^TO,  fig.  3759,  et  auquel  est  allarliée  une  embarcation  plus 
petite,  qui  peut  être  une  scapha.  —  »  La  Blanchère  et  (Jauckler,  Calai,  du  musée 
Alaoui,  1897,  p.  3i,  n»  106  iGauckler,  C.  r.  de  l  Acad.  des  Insc.  1898,  p.  042,  et 
Mtmum.  el  Mim.  Piot,  1905,  p.  139  et  fig.  22).  —  6  Voir  lig.  5294.  —  7  Petroo. 
Sat.   102;  Greg.    Magn.  Dial.  IV,  57;  Basil'C.  LUI.  8,  40  ;  cf.  tJecil    lorr,  Ancient 

Vin. 


^ 


6165.  —  Scapha. 


sombrer'.  Dans  la  marine  marchande,  les  bâtiments  peu 
vent,  suivant  leur  importance,  être  munis  d'une,  deux  ou 
trois  scaphae  '".  On  voit  (fig.  6164)  dans  les  bas-reliefs  des 
colonnes, Trajane  et  Antonine  des  scaphae  mettant  en  com- 
munication les  rives 


d'un  fleuve.  Despein- 
tures el  des  sculptu- 
res en  montrent  em- 
ployées à  la  naviga- 
tion du  Tibre  ".  La 
fig.  6165,  d'après  une 
peinture  d'Hercula- 
num  '-,  représente,  chargée  d'amphores,  une  de  ces 
scaphae,  qui  faisaient  en  Italie  le  service  des  ports  [xa- 

VICULARIl]. 

Scapha,  cxiioç,  (rxiiiv],  désigne  d'autres  genres  d'em- 
barcations légères,  mais  le  mot  est  alors  accompagné 
d'une  épithète  :  en  grec  ;  Û7rr,pÉTix&v  dxi'ioç  ;  en  latin  :  sca- 
phae piscatoriae,  canots  dépêche  ;  scaphaespeculatoriae, 
barques  jouant  le  rôle  d'éclaireur  auprès  des  grandes 
liburnes  de  guerre  :  dans  ce  dernier  cas,  la  scapha  pou- 
vait compter  jusqu'à  vingt  rameurs  '^     P.  Gauckler. 

SCAPHÉ  (:ixii.T|).  —  L  Le  mot  latin,  employé  par 
Vitruve'  pour  désigner  la  cavité  hémisphérique  d'un 
cadran  solaire  [iiorologum,  p.  257,  fig.  3884  à  3886],  est 
une  transcription  littérale  du  mot  grec  qui,  en  dehors  du 
sens  particulier  de  barque  [scapua],  s'applique  le  plus 
souvent  à  un  ustensile  domestique,  à  un  récipient  de 
métal  en  forme  de  large  bassin,  analogue  à  I'alveis 
(fig.  241),  au  CATixiM  (fig.  1256)  el  à  ses  variétés  [discus, 
LAXX,  .MAZONO.MO.x].  Nous  pourrions  être  renseignés  sur  la 
structure  de  la  scaphè  par  un  groupe  de  la  frise  du  Par- 
thénon,  où  l'on  voit  trois  personnages  prendre  part  à  la 
procession  des  Panathénées  en  qualité 
de  cxaifiTiÇÔpoi  (fig.  6166^.  La  uxasv/iopta 
constituait  une  liturgie  et  un  privilège 
des  métèques  athéniens  [.METOiKOi,  p.  1878; 
PANATiiEXAiA,  p.  307].  Malheureusement, 
la  figure  qui  nous  a  été  conservée  est  mu- 
tilée; les  deux  autres  ne  sont  connues 
que  par  des  dessins  anciens  qui  sont  sans 
doute  peu  exacts.  Néanmoins,  on  peut  se 
rendre  compte  des  dimensions  el  de  la 
forme  générale  de  cet  accessoire,  sem- 
blable à  un  grand  et  lourd  plateau  que 
l'on  portait  avec  les  deux  mains.  M.  Mi- 
ctiaelis  remarque  que  la  partie  antérieure 
parait  être  relevée  el  recourbée,  ce  qui 
lui  donnerait  une  ressemblance  avec  un 
bateau,  (jxiï.o;,  el  expliquerait  le  nom  du  récipient'.  Ces 
bassins  étaient  en  argent  et  en  bronze;  on  y  mettait  les 
gâteaux  et  les  cierges  destinés  aux  rites  des  sacrifices  '. 


ships,  p.  104,  noie  228, —  *  Demoslli.  In  Zenothem.  6.  — 9  Plaut.  Itudens, 
prol.  75  ;  Act.  aposl.  XXVII,  16,  30,  32  ;  Paul.  Noian.  Episl.  49,  1  ;  Petron.  Sal. 
llii.  —10  StraLo,  11,  3,  4;  Hor.  Od.  II.  29,  62;  Allicn.  V,43  ;  cf.  Cecil  Torr, 
Ibid.  p.  103.  —  Il  Clarac,  Mus.  de  sculpt.  pi.  clïsvi.  —  12  Pill.  d'Krcol.  V.  ii7. 
—  13  llcliod.  Ae/Aio/1.  V.  U  ;  Strabo,  V.  3;  Justin.  Il,  13;  Veget,  V.  7. 

SCAHHÈ.  —  1  Vilruv.  IX,  9.-2  La  figure  est  faite  d'après  une  pliotogapbie  du 
relief  du  Musée  Britannique  ;  voy.  les  autres,  d'après  les  dessins  de  Stuart,  ap.  Mi- 
chaclis,  Der  Pa' Ihenon,  pi.  xu,  u",  14,  15.  Cf.  Smith,  Calaloij.  of  sculpt.  Uril. 
.Mus.  I,p.  166,  n°325  ill).  — 3  Michaclis,  O/). /.  telle,  p.  242.  Furtwaengler  a  prisa 
tort  pour  des  oxàsa-  remontant  à  l'époque  mycénienne  {Gemmen,  III,  p.  46)  l'autel  à 
cornes  que  l'on  connaît  maintenant  par  beaucoup  de  représentations  Cretoises  et  pré- 
helléniques.  —  4  Photius.  s.  V.  E.à5«;,  Tçifo-  o!  |.iTo.«o.  i,  tl  -«iisij  T.-.V  na.««r..aro.., 
o't  ^l-t  7aAvâ;,  ot  ii  i^^uçâ;,  yr,p^uy  xat  «oitûvMv  :;'A/,çei;.  Cf.  Harpocrat.  S.  V.  ;  Aelian. 

Vav.  hist.  VI,  I  ;  Suidas,  s.  u.  SuaToiiiteçov  ©xôst.;  ;  Hesych.  *.  v.  wàsot  et  w»«o»ie(>- 
0.,;  Polluv.lll,  4,  55.  Vo.r  aussi  Arisloph.£cc/   :12;  Atlicn.  VIII,  12,  p.  335  8. 

140 


SCA 


—    111: 


-st^' 


skaphii 


Des  (Txidï'.  /aXxaï  sont  énumérécs  dans  les  inventaires 
de  l'Acropole  dWlIiènes'.  Les  lexicographes  s'accordent 
aussi  à  assimiler  la  «jxîot,  à  une  large  bassine-  dont  on 
se  servait  pour  les  usages  de  lu  cuisine  et  de  la  boulan- 
gerie\  ou  encore  employée  comme  bain  de  pied  *,  cuve  et 
cuvette^récipientà  petites  marchandises%etc. On  trouve 
également  ce  mot  avec  le  sens  dauge,  de  sarcophage'. 
H.  Berceau  d'enfant  [cinae,  cinabila.  E.  Pottier. 
SCAPIlIUMi'lxas'Ov,  ixaçeTov,  oxasi';).  —  I.  CommepOur 
scap/iè,  le  nom  semble  indiquer  une  parenté  de  forme  avec 
le  ffxitpoçou  (7xioT,,  barque.  Nous  avons  déjà  cité  à  l'article 
ACATis  (fig.  30  à  3-2)  des  vases  en  forme  de  petites  bar- 
ques. En  latin,  le  mot  est  employé  par  Juvénal  et  par  Mar- 
tial' avec  un  sens  bas,  comme  synonyme  de  matila, 
vase  à  uriner,  I'amis  des  Grecs  [matila,  p.  166'2],  mais 
c'est  un  exemple,  entre  tant  d'autres,  d'un  terme  avili, 
car  d'autres  auteurs  lui  donnent  la  signification  de 
vase  de  table  -,  ou ,  par  dérivation  et  par  allusion  à  sa  forme 
sphérique,  de  creuset',  de  cavité,  de  cadran  solaire'. 
Il  est  vrai  que  les  Grecs 
ne  se  sont  pas  privés  de 
donner  l'exemple  aux  Ro- 
mains et  qu'ils  ont  fait 
servir  eux-mêmes  le 
(ïxasiov,  comme  d'autres 
vases  de  table  %  à  de  vils 
usages"^.  C'est  pourquoi 
on  a  voulu  reconnaître 
dans  certains  vases  de  forme  allongée,  pareils  à  de 
petits  esquifs,  apportés  par  des  servants  ou  des  Éros, 
la  représentation  de  cet  ustensile  intime"  (lig.6167). 

Mais  la  destination  ordinaire  du  ïxacpiov  est  celle  de 
vase  à  boire  ou  à  verser;  il  prend  place  parmi  la  riche 
vaisselle  que  les  pèlerins  déposaient  dans  les  sanctuaires 
et  offraient  aux  divinités*.  C'est  un  ^roTr^ftcv  d'usage 
courant,  parfois  enrichi  de  sujets  en  relief,  ou  muni  d'une 
inscription  dédicatoire'.  Les  prêtres  vendaient  les  pré- 
sents en  nature  faits  au  temple,  animaux  ou  fruits,  et 
avec  le  produit  ils  consacraient  au  dieu  un  (7xa(t.:ov  '".  Dans 
les  inventaires  de  Délos,  il  y  a  quatre  genres  de  cxnoiov  : 
le  5Ty|<7i),£tov,  le  (AixûQsiov,  le  çiXwvioeî&v,  rà5xAY,Tt'.axdv.  Ce 
dernier  nom  indique  un  vase  consacré  à  Esculape  ;  les 
trois  autres  sont  dus  à  des  fondations  pieuses  de  parti- 
culiers, qui  laissaient  une  certaine  somme  pour  offrir  cha- 
que année  un  i7xiç,;ov  ou  un  Trotyjp-.ov  au  temple.  Stésiléos, 
Mikythos  et  une  femme  Philônis  s'étaient  ainsi  recom- 

1  Corp.  intcr.  grec.  )50,  1.  45  (=  Ditlcnbergcr,  Syllog.  366,  1.  46  ;  cf.  16. 
131,  I.  26);  Corp.  inser.  altic.  Il,  2,  836.  —  2  Polluï,  VI.  19,  1111:  ,,«0,1.  «o.'î.r,. 
Tiva  x«t  ^tfi9tf9;  %txa>tSa.  Le  mot  tjtayi  parai l  dans  certains  t  xtes  se  coofoudre 
avec  »«i=r„  dans  le  sens  de  large  riîcipienl  (Polluï,  X,  24,  lOi  ;  Suidas,  s.  i: 
B'jtia  ;  iilymol.  ma/jn.  s.  r.);  pourtant  nous  croyons  avoir  plus  de  raisons  de  le 
rapprocher  du  scAPHicii  ;  voir  plus  loin  et  note  24.  —  3  polluï,  I,  245;  VI,  64  et 
110;  Vil,  22:  X,  lOi,  iOi,  104,  114;  llesych.  s.  i..  „«„  ;  Alhen.  III,  74,  p.  109  C; 
IV,  72.  p.  172  C.  — «  Polluï,  X,  77.  Cr.  Cels.  III,  12;  llippocrat.  p.  6S4  (bains  de 
siège).  —  5  Polluï,  X,  76;  lleplia-sl.  p.  158;  Hcsvcli.  s.  i:  »0,io;.  —  6  Scliol. 
Ari,lopli.  Eçuil.  1315.  —  7  Corp.  imcr.  grec.  3757  ;  .ilheiiisch.  .Villheilunij. 
XVIII,  p.  30. 

SCAHIIIUH.  I  Juvcnal.  VI,  264  (on  a  voulu  interpréter  dilTéreromont  ce  passa^, 
mais  à  lort,  croyons-nous;  cf.  Lexicon  Liitinilatis  de  Forcelliui,  j.  u);  .Martial. 
XI,  11,  6:  cf.  Ulpian.  Ùiyeat.  XXXIV,  2,  27,  §3.  —  2  Plaul.  Slich.  V,  4,  11; 
Bacch.  I,  1,  36;  Pert.  1,  3,  U;  Cic.  Verr.  Il,  4,  17.  —  3  Lucret.  M,  lo4;i  ;  Vi- 
Iruv.  VIII,  1  ;  cf.  IX,  9  (avec  scapham  au  lieu  de  scapliium).  —  i  Mart.  Capell. 
VI,  194.  —  i  Pottier,  Vase»  anligufs  du  Louvre,  pi.  i.ixiii,  G  5.  —  6  Aristopli. 
Thesmoph.  639.  —  '•  Heydemann,  Pariser  Aniiken,  p.  33  ;  Bruno,  dans  XXXV  •  : 
Philoloij.  Versamml.  in  Stellin.  p.  109.  pi.  1  el  11.  Voir  dans  le  Dict.  acatos, 
fig.  32.  —  8  Imcript.  graec.  1570  (=  Jnscnpl.  gr.  sept.  1,  303  ;  cf.  Jil.  2424  el 
3*98);  Bull.  corr.  hetl.  1878,  p.  431,  432,  43U  ;  1882,  p.  32,  33.  34,39,  47. 
—  »  Inseript.  Graec.  tept.  I,  3498;  cf.  Cic.  !..  c.  ;  Bull,  cor,  .  hell.  1S7S,  p.  431. 


t    —  SCA 

mandés  à  la  bienveillance  d'.\pollon  '  ' .  Malheureusement, 
ces  textes,  fort  intéressants  pour  la  valeur  el  l'usage  de 
vase,  ne  nous  donnent  pas  de  renseignements  sur  la 
structure  de  l'objet.  Nous  voyons  seulement  que  le 
dxait'ov  se  confond  avec  le  terme  général  de  TtoT-r,ptov  et 
que  ce  7toTT,pt<iv  peut  être  muni  d'un  bec  (liiêoÀiov)  '-. 
Les  poids  mentionnés  sont  de  45,  60,  87  drachmes,  ce 
qui  s'applique  à  un  récipient  d'assez  petite  taille". 

Des  auteurs  grecs  on  a  pu  tirer  d'autres  indications. 
Homère  cite  parmi  les  terrines  à  lait  duCyclopePolyphème 
des  ffxaoï'ÔE;  ",  et  .athénée  décrit  la  axante  comme  un  vase 
rond,  en  bois'%  sans  doute  analogue  à  nos  sébiles.  La 
scaphis  semblerait  donc  s'éloigner  de  la  forme  particu- 
lière prêtée  à  la  scap/iè  et  au  scaphium.  Nous  avons 
étudié  sous  les  noms  de  cymbé,  cymbicm,  mastos,  d'autres 
vases  façonnés  comme  des  bols  ronds,  et  on  remarquera 
que  cy/«6e' désigne  également  un  vase  et  un  navire,  de 
même  que  cx.a.vk  est  à  rapprocher  de  exâ!.-/!,  esquif.  La 
forme  toute  ronde  et  sphérique  n'exclut  donc  pas  la  com- 
paraison avec  un  bateau  \.ymbé,  p.  16991.  D'autre  part. 
Suidas  assimile  xOjxêri  à  xsoaVi- "  ;  et  Pollux,  citant  une 
plaisanterie  d'Aristophane,  compare  la  calotte  du  crâne 
à  un  (Txaçiiov  "  ;  dans  Plaute  un  personnage  parle  de  se 
coiffer  du  scap/iiuin  en  guise  de  casque".  Tous  ces  rap- 
prochements tendraient  donc  à  nous  faire  concevoir  <jxa- 
(pi;  et  (Txaçitov  sous  l'aspect  d'un  bol  rond,  analogue  à  la 
cymbè.  Rappelons  encore  qu'on  donnait  le  nom  de  cxa^piov 
à  une  certaine  façon  de  se  couper  les  cheveux,  que  l'on 
trouvait  servile,  sans  doute  tout  en  rond".  Enfin  la  <rxa^!ç 
étant  assimilée  au  xaSicxo;'-",  c'est  encore  à  une  forme 
hémisphérique  et  sans  anses  que  nous  sommes  ramenés 
par  cette  comparaison  [cadus,  fig.  920  et  921].  L'usage 
même  de  la  cxaç.;;,  dans  laquelle  on  mettait  du  lait,  qui 
était  un  ustensile  familier  des  pâtres, '-'rend  vraisemblable 
d'y  voir  une  espèce  de  bol  ou  de  terrine.  Athénée  nous 
renseigne  sur  la  taille  et  la  capacité  de  ces  vases,  en  par- 
la'nt  d'un  uxistov  d'argent  qui  contenait  deux  cotyles, 
soit  un  demi-lilre  environ,  ce  qui  convient  bien  à  un 
vase  de  table  de  dimension  ordinaire-'-. 

Ainsi,  d'une  part,  le  scaphiiim  nous  apparaît  comme  un 
dérivé  et  un  diminutif  de  sraphê-\  avec  une  structure 
qui  pourrait  rappeler  celle  d'une  nacelle  ;  d'autre  part,  il 
semble  avoii^  admis  une  forme  plus  ordinaire  et  plus 
usuelle,  celle  d'un  bol  rond,  et  dans  ce  cas  on  l'appelle 
assez  souvent  cxasi;'-'. 

Enfin  Plutarquc  donne  le  nom  de  cxto^eïx  à  des  vases 

—  10  M.    1882,  p     95.  —  Il    /4irf.  p.   15,     112.    1 14,   1 15  ;  190S.  p.  122-125.  p.  487. 

—  liJbid.  p.  115;  cf.  40,1.  99.—  " //<irf.  p.  113.  —  Il  Odyis.  IX,  223.  —  15X1, 
101,  p.  499  E;  cf.  IV,  67,  p.  169  B.  —  16  5.  v.  «isaîir..  —  "  II,  4,  39.  —  18  Bacch. 
1,1,  36.  —  <9  Poilus,  II,  29;  Scliol.  Aristopli.  ^c.  807  et  Thetm.  S3i  ;  Harpocrat.i. 
V.  ff»«5Îov  ;  Etymot.  magn.  s.  v.  <r«as';:  Bokker,  Anecdot.  p.  301.  —  20  Etymol. 
magn.  s.  v.  —  21  Homer.  /,.  c.  :  TUeocriU  V,  .59  ;  Atlien.  XI.  p.  499  E  ;  Hesych.  *.  r. 
i,aç.S.;,  .o..i.!v..à  i-TTiTi.  —  2-  IV,  21,  p.  112  D.  —  23  Voir  Panofka,  Recherches 
sur  les  noms  des  vases  grecs,  p.  28  ;  Letronûe,  Sur  les  noms  des  vases,  dans  Œuvres, 
3'  série,  I,  p.  359  el360;  Krause,  Angeiotogie,  p.  223  ;  Wallors-Bircli,  Hisl.  of  anc. 
poCtery,  I,  p-  176.  Il  est  difficile  d'aboutir  à  une  détiuilion  plus  fausse  que  celle  de 
Panofka  i|ui  regarde  le  scaphion  comme  •<  principalement  destiné  à  la  toilette  des 
dames  qui  versaient  du  calftiou  ilans  la  petite  soucoupe  appelée  scaphion  autant  de 
fard  r|u'il  leur  en  fallait  pour  la  toilette  de  la  journée  ,>  [Hecherch.  p.  28).  C'est  un 
eiemple  typique  des  interprétations  fantaisistes  de  Panofka,  si  vigoureusement 
critiquées  el  réfutées  par  Letronne.  —  2V  ]i  pgt  vrai  que  Polluï  (X,  24,  102)  assi- 
mile la  vxast;  à  la  itàt-fa,  qui  est  une  sorte  de  pétrin  ou  d'auge  [^iactba^  ;  ailleurs 
(VI,  10,  64),  c'est  la  ««ùar.  qu'il  compare  à  la  ^àkt^k.  Mais  ces  confusions  de  mois 
sont  fréqueutes  chez  les  leiicographes.  Quand  Suidas  (s.  v.  tuita)  parle  d'une 
nasi;  pour  recevoir  les  viandes,  il  faut  entendre  aussi  une  sorte  de  nisr,.  D'autre 
part,  quand  Athénée  (XI,  101,  p.  499  El  délinit  la  na:i;  uu  \ase  rond  pour  le  lail, 
en  le  r<ipprochant  du  tntûso;,  il  semble  bienqu'on  doit  entendre  un^ase  en  forme  de 
bol  ou  de  tcrriue.  Le  terme  «xaaU  reste   donc  assez  mal  déHui. 


SCA 


IH5  — 


SCE 


d'airain  concaves  et  taillés  en  triangles,  qu'on  disposait, 
disait-on,  sous  le  soleil  ardent  de  façon  à  en  concentrer 
la  chaleur  sur  des  matières  sèches  et  légères,  qui  s'en- 
flammaient alors  d'elles-mêmes  :  c'est  ainsi  que  l'on 
devait  rallumer  les  feux  sacrés  des  temples,  quand  ils 
s'étaient  éteints  accidentellement  '. 

II.  Dans  une  tout  autre  acception,  le  mot  (jxa'^i&v  ou 
(Txaçeiov  prend  le  sens  de  bêche  ou  de  houe  (ixâitro))  -  ; 
[voir  skapueion'.     E.  Potiier. 

SCAPHULA  (i^xa^t'ov).  —  Petite  chaloupe,  ne  différant 
de  la  scAPUA  que  par  ses  dimensions  plus  restreintes,  qui 
permettaient  de  la  hisser  à  bord  du  navire  en  marche, 
au  lieu  de  la  traîner  à  la  remorque  '.       P.  (jauckler. 

SCEPTRUM  (Sx-TiTnpov).  Sceptre,  l'un  des  insignes  de 
la  royauté  '.  —  Grèce.  —  L'usage  et  le  nom  même  de  cet 
emblème  semblent  originaires  d'Egypte.  Différentes  na- 
tions de  l'Asie  antérieure  -  l'adoptèrent  ensuite  et  le  firent 
connaître  aux  Grecs  de  l'âge  héroïque.  Le  fameux  sceptre 
d'or  d'Agamemnon  était  un  don  d'Hermès  à  l'Asiatique 
Pélops^  bien  que  la  croyance  générale,  celle  de  Diomède* 
et  celle  de  Nestor  %  fût  que  ce  -kx-zou'hov  (jx?,7tTfov  avait  été 
confié  par  Zeus  aux  Atrides  pour  élever  les  monarques 
de  cette  famille  au-dessus  des  autres  rois^.  Cependant, 
tous  les  chefs  achéensont  leur  sceptre  [regnum,  p.  823]  \ 
aussi  bien  que  Priam  et  qu'Hector,  qui  lève  le  sien  pour 
faire  le  serment*  que  Dolon  lui  défère.  Le  sceptre  était 
alors,  comme  plus  tard  le  SixavCxiov,  ou  sceptrumjudicialc 
des  Byzantins '\  un  emblème  de  la  justice  souveraine; 
jamais  il  ne  symbolise  la  puissance  militaire  des  rois'"; 
c'est  la  marque  du  pouvoir  juridique:  Zeus  le  donne  en 
même  temps  que  les  lois".  On  ne  voit  jamais  le  sceptre 
achéen  pendant  les  combats  ;  les  rois  le  prennent  en  mains 
pour  convoquer  l'assemblée'-,  parler  dans  les  conseils", 
rendre  la  justice"  ou  visiter  les  autres  monarques '^ 
Vulcain  prend  son  sceptre  pesant  pour  recevoir  Thétis  "'  ; 
Chrysès  a  son  sceptre  d'or  pour  se  présenter  au  camp  des 
Grecs '^  Cet  emblème  conserve  toute  sa  vertu  quand  il 
passe  en  d'autres  mains  :  Agamemnon  confie  le  sceptre 
d'or  des  Atrides  à  Ulysse  pour  rassembler  les  Grecs  "; 
chacun  des  membres  d'un  conseil  "  ou  d'un  tribu- 
nal" prend  tour  à  tour  le  sceptre  pour  émettre  un  avis. 
C'est  le  héraut  qui  en  est  le  dépositaire  et  doit  le  re- 
mettre à  l'opinant^'.  Quand  les  hérauts  portent  un  mes- 
sage ^-,  vont  en  ambassade  ou  s'élancent  pour  arrêter 
les  combattants  de  leur  nation '^^  ils  tiennent  le  sceptre 
en  main  [praeco]. 

On  connaît  la  forme  traditionnelle  du  sceptre  de  Tal- 

I  iVumn,  9.  —  2  Suidas,  s.  i).  ,«(„ivi,  ;  Pollux,  X,  )29  ;  Bekkor,  Xnecdat. 
s.  V.  <r««çiïov,  p.  62  cl  p.  301  ;  Moeris,  p.  3i5  ;  Lucian.  Philops.  31,  p.  58;  Plu- 
tarch.  Ariit.  3;  Moral,  p.  r.29  B,  p.  963  C.  Cf.  Hesycii.  s.  v.  naXi;,  5xȍ.(ov. 
Quand  Hésycliius  diU.  n.  rj«S».-,  i«a!s;(,v,  fHfn,  il  prend  le  mol  <r««.io.  dans  le  sens 
de  creux,  fos56;  c  esl  un  synonyme  de  »x«ii..(i  (f,),  foasa  ;  cf.  Corp.  inscr.  ijr.  5594. 

SCAPHULA.  1  Paul.  NoI.  Epist.  49,  1  ;  v.  aussi  Veget,  /(.  rnUit.  III,  7,  où  il 
est  parlé  At  icajikulaf ,  porlées  dans  le  bagage  de  l'armée  et  sur  lesquelles  on  établis- 
sait des  ponis  pour  le    passage  des  lleuves  ;  voir  au  mol  impeoimentu»,  fig.   3983. 

SCUPTIIUM.  _  1  C.  F.  Herniaun,  De  sceptri  regii  anliquil.  et  orir/.,  Golling, 
I8.Î1  (JVcue  Jahrb.  f.  Philol.  XV,  p.  539).  —2  Je  ne  crois  pas  qu'il  soit  parlé  du 
sceptre  dans  les  inscriplions  cunéiformes  a>aiit  la  conquête  de  la  Syrie  septentrio- 
nale; cependant,  comme  emblème  religieux,  on  le  trouve  aux  mains  du  dieu  Miu- 
Gliirsou  sur  un  bas-relief  de  l'époque  de  Goudéa  (I,.  Heuzey,  Catal.  des  aiitiq. 
chald.  du  Louvre,  1902,  p.  138,  n"  24).  Sur  la  Slôle  des  Lois  d'Haramourabi  (vers 
2000  av.  J.-C.)  le  dieu  est  assis,  tenant  le  sceptre  et  l'anneau  (V.  Scheil,  La  loi  de 
Bammourabi,  pi.  i).  —  3  //.  ||^  toi;  cf.  Pausan.  IX,  40.  —  t  Jl.  IX,  38.  —  3  /b.  99. 
—  iJb.  —  -'  Jl.  IX,  156  cl  298.  où  il  est  parlé  des  villes  qui  seront  soumises  au  sceptre 
d'Achille,  u,i  5«,i,!Tfv.  Même  expression,  //.  VI,  159  pour  les  Argicns  soumis  à 
Proilos.  -  »Jl.  X,321  et.328.  —  SCodin.  Z)co/f.  \',n.  -  iO  G.  Michaul,  La /loyauté 
dam  l'Iliade  /irimilioe,  1898,  p.  )0  sq.  —  U  //.  Il,  206  ;  IX,  99.  —  12  //.  Il,  46  et 
180.  -  13 /Ml,  101,279;  XXIII,  568.  Cf.  Odyss.  Il,  37,  —  14 /;.  IX,99  ;  XVIII,  505; 


thybios  (fig.  171,  5770)^';  c'est  celle  du  kérijkéion  ou 
caducée  d'Hermès;  cet  emblème  du  divin  messager" 
n'est  autre  que  le  sceptre  d'or  d'Agamemnon,  qui  avait 
été  fabriqué  par  Héphaistos  spécialement  pour  Zeus". 

L'Iliade  donne  fort  peu  de  détails  sur  la  forme  et 
l'ornementation  des  sceptres  ;  celui  sur  lequel  jure 
.\ciiille  est  fait  d'une  lige  d'arbre  dégarnie  de  ses 
branches  et  ornée  de  clous  d'or  '■'''  ;  le  sceptre  de  Chrysès 
est  en  or-',  comme  celui  des  Atrides-'.  Il  se  peut  que  la 
hampe  fût  en  bois''"  :  c'était  l'opinion  des  habitants  de 
Chéronée  qui  rendaient  un  culte  à  une  vieille  hampe  de 
bois,  Sopu,  trouvée  dans  une  tombe  d'époque  probable- 
ment mycénienne^'.  Schliemann  considérait  comme  les 
ornements  de  deux  manches  de  sceptres  homériques 
trois  boules  en  cristal  de  roche,  un  clou  et  une  fusaïole 
d'or  ainsi  que  deux  tiges  de  30  centimètres  en  argent 
plaqué  d'or  qu'il  découvrit  dans  le  m'  tombeau  de 
Mycènes^-.  Ces  objets,  recueillis  parmi  les  ossements  de 
trois  femmes,  peuvent  n'être  que  des  restes  de  quenouille 
d'or'^  de  fuseaux  (cf.  fig.  3383  ou  de  bobines  à  dévi- 
der (cf.  fig.  3391)  ". 

Dans  VOdi/ssée,  les  rois  Sont  encore  qualifiés  de  ax-r^-K- 
Toû/oi  ' ',  mais  ■7x-?|TTTf,ov  y  a  un  sens  plus  général  que  dans 
V Iliade  :  il  désigne  bien  l'emblème  tenu  en  mains  par 
les  rois  rendant  la  justice  '"  et  par  les  orateurs  parlant 
dans  les  conseils";  mais  il  désigne  également  le  bâton 
noueux  des  voyageurs  et  des  mendiants  ''*,  le  poTcaXov 
[lîACUU'M,  p.  6.19].  Hésiode,  qui  vivait  à  une  époque  où  la 
justice  élaitencore  renduepar  les  rois,  qualifie  desceptre 
le  vert  rameau  de  laurier  qu'il  reçut  des  Muses  sur 
l'Hélicon^'.  Hérodote'"  nomme  sceptres  les  cannes  dont 
se  servaient  les  habitants  de  Babylone  et  qui,  toutes, 
étaient  ornées  à  leurextrémité  supérieure  «  d'une  pomme 
ou  d'une  rose,  d'un  lis  ou  d'une  aigle,  etc.  ». 

Bien  que  beaucoup  d'emblèmes  royaux  aient  été  con- 
servés dans  certaines  familles,  jusqu'à  la  conquête  ro- 
maine", nous  ne  connaissons  aucun  reste  de  sceptre 
royal  qui  puisse  passer  pour  authentique,  et  c'est  sur  les 
monuments  figurés,  principalement  sur  les  vases  peints, 
que  nous  devons  en  chercher  l'image.  On  pense  en  retrou- 
ver le  typeen  comparant  les  sceptres  qui  y  sont  attribués 
à  différents  rois  :  ceux  de  l'un  des  Arcésilas  de  Cyrène 
(fig.  44()."))  *"-  ;  d'Inachus,  sur  un  fragment  conservéà  Saint- 
Pétersbourg  (fig.  6168)  ■•^  de  Crésus  (fig.  6169)  sur  un 
vase  du  Louvre'*,  sur  le  vase  dit  de  Darius  les  sceptres 
pareils  que  tiennent  le  Grand  roi  et  l'Asie  personnifiée 
(fig.   368  et  792)  '%  celui  qui  esl  dans   la  main    d'Aélès 

cf.  (M.  III,  412.  -  IS  /(.  m,  218.  -  15  Jl.  XVIll,  416.  -  n    Jl.  1,  15,  28    et  374. 

—  18  //.  Il,  186.    —  19  Odyss.  Il,  37.  —  20  //.     XVIll,  505.  —  21   //.    XXIII,  568. 

—  22  Les  divinités  messagères,  Hermès  [mebcubics],  Iris  ifig.  4090)  sont  représcatées 
avec  le  sceptre  en  forme  de  caducée  ;  cf^  Gaz.  archéol.  1875,  pi.  xv.  —  23  //.  Vil, 
277.  —21  t)e  Clarac,7l/us.  de  sculpl.  pi.  cxv..  —  25  Jl.  II.   104.  -  26  Jb.    101. 

—  ■2^  Jl.  I,  234,  239  cl  245  ;  cf.  Virg.  Aen.  XII,  206-21 1.  —  2S  /(.  |,  13,  374.  Les 
textes  égyptiens  parlent  de  bâtons  en  or  (Lecmans,  Cat.  du  musée  de  J^eyde.  III, 
K,  24)  et  de  bâtons  à  pommeau  incrusté  d'or  {Papyr.  Anast.  IV,  pl.xvji,  3).  —  '2!i  //. 
Il,  208,  où  Ulysse  porle  le  sceptre  d'or  d'Agamemnon.  —  30  Bucbbolz,  Jlie  homer^ 
Iteal.  Il,  p.  8,  par  analogie  avec  /(.  1,  233-239.  —  31  Pausan.  IX,  41.  —  32  Catni. 
des  trésors  de  AJycènes  au  Miiséo  d'Athènes,  1882,  n"  148  et  149;  A/ycènes, 
1879,  p.  280  et  lig.  307-310.  —  33  Odyss.  IV,  12.5,  132.  —  3i  ffist.  de  l'art, 
1894,  VI,  p.  978.  M.  Pcrrot  admet  l'attribution  de  Sclileimann.  Cf.  Helbig,  Ùas 
homer.    Epos,     1887,    p.  378.  —   3'.    Od.  Il,  231  ;    III,    64;     V,  9;    VII,  41  et  47. 

—  36  Odyss.  111,412.  —  37  Od.  H,  37.  -  38  Od.  XéII,  437  ;  XIV,  31  ;  XVII,  193, 
199  et  236.  —  39  Theog.  30.  —  «  I,  195.  —  «'  SIrab.  IV,  p.  171  ;  XIII,  p.  Ii08, 
XIV,  p.  032  ;  cf.  Kuslcl  de  Coulanges,  La  cité  anliq.  1876,  p.  212  et  plus  haut, 
l'art.  HEGSL'M,  p.  824.  —  42  A.  de  fiidder,  Catal.  des  rases  peints  delà  Bihl. 
Nat.  p.  98,  n"  189.  -  M  H/im.  Mittheil,  XXI,  1906.  pi.  ni.  —  41  .Vonum.  d. 
Inst.  1833,  pi.  i.iv;  V.  Duruy,  Hisl.  des  Grecs.  I,  pi.  à  la  page  680.  —  ^  Monum. 
d.  riust.  IX,  pi.  LCt  I.  :  Uuruy,  ibid,  t.  I,  p.  10. 


SCE 


—  1116 


SCE 


Fig.  6I6S. 


sur  une  amphore  do  Canosa  (fig.  iSTTi',  celui  de 
Cécrops(fig.oOoi;suruiiehydrieà  reliefsde  Kertch'', elc.  : 
l'ornement  terminal  est  formé  par 
deux  volutes  dont  les  enroule- 
ments ,  souvenir  peut-être  du 
keryheion,  supportent  ou  enca- 
-jm^ll  "'H"        drent  un   fleuron,   une  palmette, 

(r^T^  ',  ""*"  houle.  Si  Ton  met  à  part  ces 

sceptres  à  ornementation  spéciale, 
tous   les    autres,   sur  les    monu- 
ments classiques,  répondent  à  la 
description   qu'Hérodote    nous    a 
laissée  de   la  canne  des   Babylo- 
niens, et  il  semble   que  jusqu'au 
m"  siècle   les  artistes  grecs  aient 
pris  pour  modèles  ces  bâtons  exo- 
tiques en  représentant  les  sceptres 
de  leurs   divinités   ou    de   leurs    héros    mythiques  :  la 
pomme  (ou  un  pommeau)  décore  sur  des  vases  les  scep- 
tres de  Zeus  (fig.  5041)  ^    d'Hadès  (fig.  4190)  \  d'Héra, 
sur  un  bas-relief  du    Louvre*.  On  voit 

éla  rose,  la   fleur    de    lis  ou    celle    de 
A  lotus,  plus  ou  moins   épanouie,   mais 

—  "^ ^       toujours  stylisée  à  l'orientale  (fig.  6170 

et  0171),  sur  le  sceptre    de  Kronos  ^ 
de  Zeus  (fig.  3956  et   3161)  \  d'Héra 
(fig.  3736*,  3780'  et  4093)'»,  d'Aphro- 
N  dite  ",  de  Lalone '-,  de  Déméter'^  de 

Koré  (lig.    2145)  '\  de  l'un  des  Dios- 
^  cures'',  de  Triplolème  '^,  de  Jason  ", 

M  d'Oineus '*,    de    Polydectès",    de   Cé- 

Fig.6170.  Fig.  tiiTi.  crops 'fig.  1:280)-",  de  Phinée-',  d'Âétès 
(fig.  506)  '--,  de  Créon  ^3,  de  Paris  -\ 
d'.\nchise'-\  et  enfin  sur  le  sceptre  que  lient  la  person- 
nification du  Collège  des  Trésoriers  d'.\théna  sur  un  bas- 
relief  de  l'an  399  av.  J.-C.  ^'\  La  palmette  seule  se  trouve 
sur  le  sceptre  d'Héra  (fig.  6172)-'.  Le  fruit,  qui  pouvait 
être  quelquefois  une  capsule  de  pavot,  une  grenade  ou  le 

I  Millin,  Duscr.  des  tomb.   de  Canosa,  ISIC,  pi.  vu.  —  2  C.  rendude  In  Comm. 
nrcli.  d.  Félersbourg,    1806,  1 1.  v;    IHTS,    pi.  i  :  Ciciliard,  Ant.    Bildv.  pi.  l.\i. 

—  3  Mon.  d.  Jnst.  III,  U;  Gerhard,  Etr.  Spiegel.  y\.  cclïixi.  —  *J.  de  Willc, 
Go:,  archi'ol.  1877,  pi.  vi.  —  ô  De  Clarac,  O.  c.  pi.  ccxiv,  ii°  i3.ï.  —  6  Calai,  de 
la  collecl.    Potirlalés,    1865,  n»  133;   J.    de  WiUe,  Ga;.  archèol.   1873,    pi.    ix. 

—  '  Ceiliard,<4nt.  Bildir,  pi.  iiv  ;  Élit  céram.  l,pl.  xxv,  c\i,  Mon.d.  Inst.  pl.xi; 
Annali,  1803,  pi.  ik  ;  cf.  Arch.  Zeitiiwj,  1873,  pi.  x,  i  ;  Mus.  Gregorian.  Il,  pi.  xx  ; 
E.  l'olllcr,  C(i(n/.  drs  rases  du  Lourre,  189i),  11,  p.  308,  E.  8ji  :  Vases  anliq. 
du  Lourre,  l'JOI.  Il,  p.  78,  E  83i.  a.  le  sccplre  de  Zeus  Aélopliorc  sur  les 
U'iradraclinies  d'Aleiandre,  de  Séleukos  iBabcon.  Calai,  des  monn.  gr.  de  la 
Bilil.  A'al.  (/loi»  de  Syrie)  pi.  i,  n»  4  et  7)  ;  de  Zeus  Niképlioïc  siu-  les  (élradia- 
chines  dAutiochosI,  dAnlioclios  IV  (/A.  XII,  1 1),  dAlexandie  Bala  [Ib.  XVII, 
10),  dAnlioclios  VI  (ib.  XX,  6),  etc.  de  Baaltars  |(ig.  liai)  sur  les  staléres  frap- 
pées en  Cilicie  par  Mazaios  eiilre  301  el  333  av.  J.-  C.  (Babelou,  Calai.  (Perses) 
p.  31,  n'  ils  el  pi.  v,  n"  10).  Il  se  peut  cependant  que  l'ornemenlalion  dequeli|ues- 
uns  de  ces  sceptres  de  Zeus  ne  soil  i|u'uiie  imilalion  de  la  fleur  de  silpliium  qui 
«urniontc  le  C'plre  de  Jupiter  Animon  sur  quelques  stalèrcs  d  or  de  Cvrénaïque. 
(L.  lluller,  Numism.  deVanc.  Afriq.  I8C0,  I,  n"  180  el  191;  F.  Bompois,  Atédail. 
ijr.  frappées  dans  la  Ctjréna'iq.  1869,  p.  73  el  pi.  u.  n°  o).  —  8  L.  Stepliani. 
C.  r.  de  ta  corn,  archéol.  de  Pétersbourg,  1861,  pi.  m;  Gerhard,  AnI.  Bildir. 
pi.  ixxii,  ixxiu;  .\pul.  Vas.  pi.  VI  ;  Trinkslcha.  u.  Gefnsse.  I,  pi.  xi.  —  9  Gerliaid, 
Apul.  Vatertb.  pi.  xt.  —  10  Ann.  d.  /nsl.  1876,  tav.  d'ag.  G.  —  Il  Gcrliard, 
.lpu(.  Vu»,  pi.  VI.  —  12  De  Witte  et  I.cnormanl,  Éliledes  mon.  céram.  11,  pi.  xxxvi. 

—  "  Gerbard,  Eirusk.  Vas.  pi.  c;  C.  rend,  de  Sl-Pétersbourg,  I86i,  pi.  iv  ; 
.Von.  de  llnst.  I,  pi.  vi.  —  u  Mon.  ined.  IV,  39.  —  15  Babelon  et  Blanchct,  Calai, 
des  bronzes  de  la  Bibl.  nat.  1895,n»  1319.  —  16  Millin,  l'einl.  de  vas.  Il 
pi.  xiiii;  C.  rend.  Pilerib.  186»,  pi.  iv.  —  17  Slillingen,  Vases  de  die.  coll. 
pi.  u.  —  1»  Ib.  pi.  xxxv.u.  —  19  Millin,  O.  c.  Il,  xxiv.  —  20  o.  Jabn,  Se»c/ir.  d. 
Va-tensamml.  zu  Milncli.  p.   121   sq.  370.  —  21    J/on.   d.    Insl.    III,    pi.    xi,x. 

—  22  Dubois-Maisonueuve,  Inirod.  à  tél.  des  rases,  pi.  xiiv.  —  23  Bull. 
Napolet.  Il,  7.  —  2v  Gerbard.  Ant.  Bildw.  pi.  xxiii,  xjxiu.  —  25  Tischbein,  Ane. 
vas.  IV.  67.  -  26  C.  i.  ait.  Il,  .6*3;  Scliône,  Gr.  Heliefs,  pi.  i,  31;  V.  Du- 
ruy,  iïi»(.  rfe»  Gr.  Il,  p.  189  —  27  Gerbard,  .!«(.  Bildw.  pi.  xxn  ;  Id.  Tiinksclml 


Fig.  61 7i. 


fruit  du  lotus  blanc,  se  trouve  sur  le  sceptre  de  Latone 
dans  la  plupart  des  ex-voto  choragiques  (lig.  2364),  sur 
le  sceptre  de  Ju- 
piter -*,  de  Dio- 
nysos^' (7967),  de 
Turan,  la  Vénus 
étrusque(fig.3789), 
des  trois  Parques 
de  l'autel  des  douze 
dieux  au  Louvre^"; 
une  figure  ailée, 
sur  le  sceptre  d".\l- 
las  (fig.  611)  ;  une 
aigle,  sur  celui  de 
Zeus  (fig.  4093  el 
6173  1  3'  ,  d'Hadès 
(fig.  405!  et  4052', 

d'.\rlémis  (fig.  6174;-'-  de  Tantale  (fig.  4052),  de  Créon 
(fig.  1477  el  4877!;  le  coucou,  sur  le  sceptre  d'Héra". 
Quel  que  soit  l'ornement  placé  au  sommet  du  sceptre, 
les  artistes  ont  toujours  pris  soin  de  bien  marquer 
l'aplanissement  de  la  hampe  par  deux 
droites  parallèles  qui  en  dessinent  le 
contour  el  empêchent  de  confondre 
le  symbole  royal  avec  les  bâtons  dont 
tout  le  monde  pouvait  faire  usage 
[bacilumI  ;  le  bâton  du  mendiant 
ifig.  4898),  ou  la  canne  du  citadin 
(fig.  727  et  suiv.)  ;  celui  qui  servait 
d'insigne  à  quelques  fonctions  comme 
la  baguette  du  pédagogue  (fig.  2598- 
2600  [pAEDAGOGis  p.  272]  "),  la  verge  des  riiabdopuuroi 
ou  celle  des  agonothètes  (fig.  4619,  4620  et  5861); 
l'arme  des  bergers  et  des  chasseurs  [pedim  venatio]  ^"•. 
le  gourdin,  poTra/.ov,  d'Hercule  (fig.  4650),  d'Orion^''  eldes 
voleurs  nocturnes".  Parfois,  pour  mieux  accentuer  la 
différence'*,  les  graveurs  en  médailles  représentent  la 
hampe  par  une   ligne   verticale  de   grenetis  (fig.   1231, 

u.  Ge/Vîsse,  pi.  ii-xM  ;  Apul.  l'n».  pi.  vi;  0.  Ravel  et  M.  Colllguon,  Hisl.  de  la 
céram.  gr.  fig.  81.  Cf.  un  ornement  semblable  sur  le  sceptre  de  Triplolème,  LUI. 
eéram.  III,  pi.  iix .  —  2«Gerliard,  Elr.  Spiegel,  pi.  iSl  el  37i.  —  29  Gerbard,  .Ant. 
Bildrerke,  pl.  xi.v.  —  30  W.  Frôhner  (O.  c.  p.  6)  en  fait  des  Euménidis  et  a 
vu   une    Heur   de  -grcnalier   sur  les  sceptres  ;    Millingen,    Vas.    de   Coghill,  46. 

—  31  Mon  d.  Jnsl.  11.  pl  xxxi  ;  Ann.  d.  /nslit.  IS7S,  tav.  dag.  G,  el  sur  un 
grand  nombre  de  monuments.  La  fig.  0173  est  tirée  de  Gerbard,  .Auserl.  Vas.  pl.  vu. 
Four  tes  exemptes  qui  sui\enl.qui  pourraient  être  aussi  multipliés,  dous  nous  con- 
tenterons de  citer  des  figures  déjà  publiées  dans  le  Dictionnaire.  Cf.  Pausan.  V, 
11,  pour  le  sceptre  de  Jupiter  et  celui  des  rois;  Aristoph.  Av.  50i-  513;  Pindar. 
Pijlli.  1,  9.  —32  Rollin  et  Feuardcnl,  Coll.  de  méd.  gr.  n"  3310,  p.  218;  H. 
Hoffmann,   Le  Numismate  (méd.  gr.),  n"  1344;  V.  Duruy,  U.  des  Grecs,  I,  p.  17. 

—  33  pausan,  ÏX,  17  ;  Aristot.  ap.  ScUol.  Tbeocrit.  V.  v.  04.  Pour  le  sceptre  de 
la  Junou  d'Argos  de  Polycléte,  cf.  Quatremcre  de  Ouiucy,  Jupit.  Olymp. 
pl.  XX.  —  3t  Sur  les  vases  de  Douris,  les  pédagogues  tiennent,  d'ordinaire, 
une  canue  à  poignée  recourbée,  xajxirJXii  Itig.  2598  et  i399).  Cf.  A. -S.  Murray, 
Designs  fr.  gr.  vases  in  Bril.  Mus.  1894,  pl.  vm,  n«  30;  0.  Rayet  el  M.  Colli- 
guon,  O.  c  fig.  7i.  —  3J  Parfois,  cependant,  Esculape  est  représenté  avec  le 
sceptre  comme  dans  la  statue  cbryséléphautiue  de  Sicyone  (f'ausan.  Il,  10),  sur 
les  moyens  bronzes  de  Trikla  (Barclay  Hcad,  Coins  noir,  in  llie  Bril.  Mus. 
(Gr.  aulon.)  pl.  n,  9)  el  les  di<lracbmcs  de  Cierium  (H.F.  Bompois,  Didr. 
de  Cier.  1870,  pl.  i).  —  36  Qdyss.  XI,  375.  Orion  esl  représenté  avec  le  sceplre 
diiin  sur  le  tombeau  du  pbaraon  Séli  l"  cl  sur  le  zodiaipie  reclangiilaire 
de  Deuderah  (G.  Maspero,  Hisl.  anc.  de  l'Orient,  I,  p.  93  el  97).  —  37  Aris- 
topli.  Av.  496.  —  38  Pourquoi  le  troisième  juge  infernal  de  la  -Nécyie  de  Mu- 
nicb  (fig.  Ii6)  a-t-il  UD  bâton  noueux,  comme  l'a  reconnu  Millin  {Tomb,  de 
Canosa.  p.  ii),  alors  que  les  deux  autres  juges  ont  le  sceptre  '?  Tous  trois 
soûl  5!o;eveT;.  Si  le  vase  de  Copenhague  n'était  repeint  el  refait,  nous  aurions 
une  indication  utile,  car  il  représente,  près  d'un  autel  sur  lequel  la  Victoire 
fait  une  liljalion,  le  Sénat,  B^jXf,,  el  le  peuple,  i*;:io;,  personnifiés;  le  pre- 
mier sous  la  forme  d'une  femme  richement  vêtue,  tenant  un  scepl/e;  le  second, 
sous  la  forme  d'un  personnage  barbu,  armé  d'un  làton.  {Elite  des  mon.  céram. 
Il,  p.    140.) 


SCE 


—  m? 


SCE 


2565-2567,  4203  et  6174)'  et  les  peintres  de  vases,  par 
une  suite  de  clous  à  large  tête  dont  la  couleur  tranche 
avec  celle  de  la  hampe  -,  ou  par  une  série  de  bagues 
régulièrement  espacées^,  ou  bien  encore  par  une  feuille 
métallique  s'enroulant  dans  toute  la  hauteur  (lig.  6168), 
motif  qu'on  retrouve  dans  la  sculpture  ^,  les  miroirs 
gravés'',  et  qui  décore  déjà  la  belle  canne  égyptienne  en 
bois  noir  de  la  reine  Ahhoptou"  (xvii°  dynastie).  Le  seul 
objet,  avec  lequel  les  artistes  semblent  confondre  le  scep- 
tre, est  la  baguette  d'or  homérique,  /pûcEiT,  pâêSo;,  d'Athé- 
na  '  et  de  Circé  ',  de  même  qu'ils  confondent  la  baguette, 
le  pâ(55o;',  d'Hermès  avec  son  caducée  [mercurusI.  Mais 
comme  on  l'a  dit,  le  mot  gxYiiiTpov,  dans  le  langage  ordi- 
naire, désigne  un  simple  bâton  :  c'est  ainsi  que  Pausanias 
nomme  (Tx-rinTcov"',  et  la  plupart  des  archéologues  appel- 
lent sceptre  à  béquille,  les  longues  cannes  lisses  et  polies", 
terminées  par  une  petite  traverse  horizonlale,  qui  étaient 
d'un  usage  général  chez  les  Grecs  [baculum,  p.  6iU]. 

Cependant,  le  sceptre  avait  conservé  en  Egypte  toute 
sa  signification  symbolique.  Pour  le  porter,  nul  besoin 
d'avoir  des  ancéires  plus  anciens  que  la  Terre,  àp/aioTEpoi 
TtpoTepoi  T€  Kpovoj  xa'i  V-ffi  '-,  il  suffisait  d'avoir  été  reconnu 
comme  pharaon  légitime  :  l'eunuque  Bagoas,sur  les  qua- 
druples sicles  qu'il  fit  frapper  en  Egypte,  de3ijà  343,  pour 
solder  les  mercenaires  dans  sa  campagne  contre  Necta- 
nebo  II '',  se  fit  représenter  à  l'égyptienne,  vêtu  du  pagne 
royal,  coiffé  du  bonnet  osirien  et  portant  le  sceptre  divin 
à  tète  de  quadrupède'*;  c'est  le  petit  personnage  qui 
suit  à  pied  le  char  d'Arlaxercès  III  '■'.  Bagoas,  on  cela,  ne 
fit  qu'imiter  les  rois  de  Cilicie  '°  et  que  copier  le  mon- 
nayage des  rois  de  Sidon  ".  Il  n'en  résulte  pas  moins 
qu'en  Egypte  et  dans  les  monarchies  voisines,  le  sceptre 
était  encore,  au  iv'  siècle,  le  symbole  de  la  royauté. 
Les  Lagides  ne  pouvaient  que  l'adopter,  lorsqu'on  305, 
ils  prirent  le  titre  de  paccAeiJ;.  Ne  trouvant  plus  d'appui 
en  Grèce,  forcés  de  se  concilier  leurs  sujets  indigènes", 
les  Ptolémées  cherchent  à  imiter  les  monarques  des 
anciennes  dynasties  et  admettent  qu'on    les   considère 

1  Ce  détail  csl  Irès  visible  sm-  les  tclradiaclimes  il'Alexanilic  à  nmir  de  coin, 
p.  ei.  Calai,  des  mnl.  (jt.  de  la  coll.  Gn-au,  1807,  pi.  m,  n»  1178.  Les  mo- 
nétaires romains  l'onl  encore  exagéré  sur  les  deniers  des  familles  Vibia  (lig.  4235) 
(Babelon,  Monn.  de  la  Képubl.  rom.  1886,  11,  p.  .'ii6,  n»  18)  et  Hostilia 
Ub.  1,  p.  553,  n"  4)  frapp  s  vers  40-43  av.  J.-C.  —  2  Hampe  rouge  il  opinls 
blancs  du  sceptre  de  (Jréon  (lig.  1477),  de  ceux  de  l'Asie  et  Darius  (lig.  568 
et  793;  (Millin,  Tomh.  de    Canom,   pi.  vu.   d'Uadcs   et  de  Tantale  {Ib.  pi.  m). 

—  3  Scepirc  de  liera,  OcrhAri,  Trinkschal.  I,  11;  Wien.  Vorlegefl.  iiria  A, 
pi.  v,  de  Héra,  d'Atbéna,  d'Aphrodite  ;  (ierliard,  Apul.  Vas.  pi.  vu  de  Latone 
{Elite  des  mon.  cér.  II,  pi.  xxxvi);  de  Créon.  Mon.  d.  Inst.  X.  tl.  De  Zeus, 
Poséidon,  Eumolpos,  fig.  26Î9  ;  d'Aphrodite,  fig.  2474;  pour  la  lig.  6169,  voy.  la 
note  7.  V.  encore,  Gaz.  anhiol.  1875,  pi.  ix  ;  sceptres  de  Zeus  et  de  Déméter, 
Uonim.  grecs,  1875,  pi.  i  et  ii  ;  de  Plulon  et  de  Déméter,  Mon.  il.  Inst.  1. 
pi.  IV,  etc.  Voy.  aussi  note  2.  fig.  5954,  où  le  sceptre  de  Rome  parait  être  une 
restauration  moderne.  —  <  Aulel  des  douze  dieux  et  ex-voto  choragiqucs  du 
Louvre;  les  planches  cxx,  cxxu  et  cr.xxiv  de  Clarac  no  reproduisent  point  ces  détail*. 

—  »  Sceptre  de  Corinlhos  sur  un  miroir  publié  par  Alb.  Dumonl,  Monum.  grecs, 
(1873,  pi.  III).  —  6  E.  Virey,  fatal,  du  musée 'te  Gizeit,  1892,  p.  217,  u«  968; 
Aug.  Mariette,  IJescri/il.  du  parc  égxjpt.  île  l'Eip.  1872,  p.  ;55,  n.  22.  «  Bâton 
do  bois  noir,  recourbé  à  son  extrémité  et  entouré  d'une  large^feuille  en  spirale. 
On  le  trouve  aujourd'hui,  exactement  sous  la  mémo  forme,  entre  les  mains  de  la 
pb  part  des  Nubiens  et  des  Soudaniens,  pour  lesquels  il  n'a  plus  aucune  significa- 
tion symbolique.  „  —  1  Odyss.  XIII,  429;  XVI,  172  et  450.  Pausanias  nomme 
fiSSo;  le  sceptre  d'Agamcmuon  (X,  30).  —  »  Odyss.  X,  238,  293,  319,  389. 
Cf.  Gualtani,  .\Jonum.  aniicli.  per  Van.  1788,  Februar.  tl.  —  i  Odyss.  V,  43  ;  X, 
377  ;  XXIV,  t  sr|.  Cf.  Virg.  Aen.  IV,  234.  —  10  X,  30,  I.  —  "  Peut-être  le  même 
bâton  qu'Aristophane  nomme  p»xxiif;<(£'cces/!a;.  passim).  comme  semblent  l'indi- 
quer les  vers  60  et  150.    —  a  Aristoph.   ^1  ces,  468  -  13  liiod.  Sic.  XVI,  47-4'>. 

—  I»  Revillout,  Annal,  de  la  soc.  de  numism.  1885,  p.  I4S.  —  15  E.  Babelon, 
Catal.  de  la  Bib.  Nul.  {l'crses),  1893,  p.  53,  n«  351,  pi.  rx,  fig.  I.  —  16  llynaste 
cilicieu  tenant  un  long  sceptre  et  debout  devant;  Artaxcrxcs  II  Jlnr^mon  assis 
sur  un  trône  dans  sa  Sublime  Porte  et  tenant  la  javeline  pommeltée  (E.  Babelon, 
ilélang.  de  numism.    1893,  II,  p.  118;  Mazaios,  sceptre  en  main,  suivant  à  pied 


comme  des  émanations  divines".  Ils  portent  le  sceptre 
divin  dans  les  scènes  religieuses  où  ils  figurent  en 
costume  de  pharaon  avec  tous  les  symboles  de  la 
royauté  égyptienne'".  Ptolémée  I"  avait  pris  le  titre  de 
fftoTrip,  qui  l'assimilait  aux  dieux'^',  et  sa  femme  Bérénice 
s'était  fait  représenter,  sur  la  monnaie'^,  avec  la  coiffure 
emblématique  d'Isis,  «  la  plus  ancienne  déesse  qui  ait 
porté  le  sceptre  dans  l'Olympe-^  ».  Ptolémée  II  épouse 
sa  sœur  Arsinoé,  à  la  laçon  des  pharaons,  et  se  fait 
représenter  avec  celle-ci  sur  des  pièces  d'or  portant  la 
légende  Qewv  àS£Xa.(Ôv  '".  La  même  Arsinoé,  après  avoir  fait 
placer  une  fleur  de  lotus  au-dessus  de  sa  tête",  finit 
par  prendre  sur  la  monnaie"  le  sceptre  à  palmelle, 
uxTiTtTpov  TuaTTupoEtSàç.  SoH  fils,  oubcau-fils,  PtoléiTiéelll 
agit  de  même  et  nous  le  voyons  avec  un  sceptre,  en  forme 
de  trident,  sur  l'épaule-''  ;  pour  les  Grecs  ce  n'était  qu'un 
symbole  de  la  victoire  dAndros.  L'égyptienne  Cléopàtre, 
épouse  de  trois  rois  Séleucides,  prend,  sur  les  tétra- 
drachmes  syriens,  l'épithète  Qex  EÙ£T-f,p'ta^*  et  son  fils 
Antiochos  VIII  (123-96  av.  J.-C),  copiant  les  types  moné- 
taires égyptiens,  place  le  sceptre  sur  ses  bronzes  ".  De 
Syrie,  la  coutume  se  répand  rapidement  chez  les  dynastes 
de  l'Asie;  elle  se  maintient  chez  les  anciens  tributaires 
des  Arsacides^"  et  leurs  arrière-vassaux,  les  chefs  Sar- 
mates,  sont  appelés  sceptuchi  parles  Romains'". 

Rome.  —  On  ignore  si  l'on  doit  attribuer  quelque 
valeur  symbolique  aux  cannes  de  certains  personnages 
des  peintures  de  Cervetri  (fig.  5-476)  ^-  et  d'un  bas-relief  de 
Velletri  '^  On  a  déjà  vu  (fig.  3789)  la  déesse  Turan  ou 
Vénus  représentée  sur  un  miroir  gréco-étrusque  avec  un 
sceptre  orné  d'une  fleur;  sur  un  autre  miroir'"  Jupiter, 
Tinia,  tient  un  sceptre  surmonté  de  l'aigle.  En  général,  sur 
les  monuments  étrusques,  le  sceptre  ne  diffère  pas  de  ce 
qu'il  est  dans  les  œuvres  grecques  (voy.  encore  fig.  4234). 
Les  chefs  étrusques  avaient,  dit-on,  pour  insigne  le 
sceptre  portant  une  aigle,  que  Tarquin  l'Ancien  adopta''. 

Les  premiers  rois  de  Rome  avaienl-ils  le  sceptre  ?Ces 
chefs  latins  des  vin"  et  vu'  siècles  sont  électifs  ;  on  ne  peut 

le  chard'Arlaxerxcs  III  Ochos  (E.  Babelon,  Ta/a;.  (Perses),  n»  260,  pi.  ii,  15. 
—  17  Double  siclc  sidonien  (V.  Duruy,  Uist.  des  Grecs,  II,  p.  5).  Darius  Uo- 
domau  sur  sou  char  suivi  par  le  roi  Stralon  coiiïé  de  la  tiare  conique  et  portant  le 
sceptre  ;  B.lbelon,  Mém.  sur  les  monn.  et  la  chronol.  des  rois  de  Sidon  (Acadêm. 
des  inscr.  5  et  12  décembre  1890).  —  t»  Diod.  Sic.  XVIU,  14.  --  19  A.  Bouelié- 
Leclercq,  Hist.  des  Lagides,  I,  p.  233.  Cette  théorie,  difficile  à  admettre,  n'est 
pas  le  résultat  de  l'adulation  et  ne  se  retrouve  nullement  chez  les  Perses  Akhé- 
ménides,  comme  le  dit  l'abbé  Beurlicr  (ie  culte  impérial  depuis  César,  cli.  I)  ;  clic 
n'est  que  l'application  logique  de  :a  «  réelle  et  transitive  émanation  >.  des  Pau- 
théistes  et  elle  forme  encore  le  fond  de  la  doctrine  professée  par  les  licrviclics 
égyptiens.  —  20  Cf.  les  bas-reliefs  des  temples  d'Edfou  et  de  Philae  dans  Creuzer- 
Guignant,  Hetig.  de  fa  .tiq.  IV,  fig.  135  sq.  ainsi  que  dans  les  tomes  X,  XI,  XIll  et 
XIV  des  Mémoires  de  la  mission  archéol.  au  Caire.  —  21  A.  de  I.ongpéricr, 
Œuvres,  II,  p.  81.  -  22  Rollin  et  Feuardent,  Collecl.  de  méd.  gr.  p.  508, 
n"  8359  sq.  —23  Inscr.  gr.  du  Louvre,  ligne  9  ;  Clarae,  Mus.  de  sculpl.  II,  p  813, 
n°  425  ;  pi.  i.i,  n"  070.  —  21  Reg.  Stuart  Poole,  Guide  to  the  sélect  gr.  coins  exi- 
bit.  in  Ihe  Br.  Mus.  1872,  p.  40,  n»  199.—  '.iô  H.  Cohen,  Ùescript.  des  méd.  grecq. 
de  la  coll.  Gréau,  1867,  p.  240,  n»  2835.  —  26 /Jescr.  des  méd.  grecq.  de  Pr. 
Dupré,  1867,  p.  65,  n»  348.  —  27  V.  Duruy,  H.  des  Rom.  1,  p.  492.  -  28  Mion- 
net,  Sup.  VIII,  n"  321  et  322.  —  29  Babelon,  Catal.  des  monn.  gr.  [Ilois  de  Syrie), 
n"  t!-ll4,  pi.  xxv,  I  ;  n-  1406;  cf.  pi.  ci.x,  n°>  177  à  HS.  —  30  V.  Langlois,  Kumism, 
de  l'Arménie  dans  l'antiq.  pi.  iv,  n»'  5,  6,  9,  10,  11  et  12;  V,  n°  2;  cf.  Babelou. 
Mélang.  numism.  II,  pi.  v.  n°  1-6.  —  31  Tacit.  Ann.  VI,  33.  On  conserve  à  Saint- 
Pétersbourg  les  m  -rceaux  Hc  deux  sceptres  ou  bâtons  de  commandement,  décou- 
verts dans  une  tombe  de  Koul-Oba;  ce  sont  des  cylindres  creux  en  argent 
d'une  longueur  totale  d'environ  1  mètre;  l'un  est  terminé  par  une  pomme  de 
pin  dorée,  l'autre  par  une  léte  de  lion;  Antiq.  du  Bosph.  Cimmérien,  18, 
I,  p.  177  et  pi.  xxviii,  n»'  1  et-  2.  —  32  Monum.  d.  Inst.  VI,  pi.  jxx  ;  A.  de 
Longpérier,  Musée  Napoléon  lll,  pi.  xui.  —  33  Milani,  Studi  e  materiali,  I, 
p,  105,  fig.  12.  (Helbig.  Itbein.  mus.  f.  Philol.  N.  F.  i.vui,  p.  50"  et  suiv.) 
y  voit  un  roi  tenant  le  sceptre.  —  3V  Gerhard,  Etrusk.  Spieyel,  i.xxxu.  —  3b  Dion. 
Hal.  III.  61  ;  62  ;  IV,  74;  Virgil.  Aen.  VIII,  506  ;  Silius,  X,4I  :  sceptris  celebratum 
nomen  etruscis. 


SCE 


1118  — 


SCE 


ilonc  les  ("onsidériT  comme  ôioYevsiî,  ni  les  comparer  aux 
Pa5i).el;  acliéeiis  du  xiu'' siècle  ;  même  le  dernier  roi  de 
Home,  Tarquin  le  Superbe,  a  moins  souci  d'imiler  A^a- 
memnon  que  de  se  modeler  sur  Arislodème,  le  puissant 
tyran  de  Cumes.  Inutile  de  cherciicr  si  ce  fut  comme 
descendant  d"un   iueumon  ou  comme  héritier  des  Bac- 
chiades  ()u"il  adopta  le  cxt,t:tiov  ÈXecpâvxtvov,  car  le  sceptre 
était  à  la  fois  pour  eux   un  emblème  de  la  royauté  et  un 
symbole   religieux'.   Si,  plus  tard,    les  auteurs  en  ont 
surtout  parlé  comme  d'un  ancien  symbole  royal,  ce  fut 
parce  rjue,  oublieux  des  anciennes  pratiques  inhérentes 
au  slolisme,  ils  ne  songeaient  qu'aux    poèmes  horaéri- 
<|ues    dont  l'étude     avait   été  remise   en  honneur.   En 
établissant  le  culte  de  Jupiter  Optimus  Maximus,  Tar- 
([uin  plaça  au  Capitole  une  statue  de  ce   dieu,  l'habilla 
de  vêlements  de  pourpre  et  la  décora  d'un  diadème,  d'un 
foudre  et  d'un  sceptre'-;  en  même  temps,  il  institua  des 
■jeux  c|ui  étaient  précédés  d'une  procession  dans  laquelle 
on  promenait,  sur  des  chars,  les  vêlements  de  Jupiter  et 
ses  ornements.  On  promenait  de  même  les  cxuciae  de 
Junon  et  de  Minerve  [ciRcis,  p.  liOoj.  Ce  n'était  pas  une 
coutume  purement  locale;  elle  existait  dans  l'ancienne 
Egypte'  ;  Fr.  Lenormant  l'a  signalée  dans  le  culte assyro- 
chaldéen,  disant  fort  justement  que  o  le  plus  mémorable 
exemple  qu'on  en  trouve  chez  les  Grecs  est  celui  qu'ott're 
la  fête  des  Grandes   Panathénées'  ».   En  Egypte,  c'est 
le  pharaon  qui  officie  dans  le  stolisme;en  Grèce,  ce  sont 
des  magistrats,    des  prêtres  ou   des   femmes;  à  Rome, 
dans  le  culte  de  Jupiter  Capilolin,  ce  furent  les  Tarquin. 
La  fêle   terminée,  les    rois    n'avaient  aucun    motif   de 
se  parer  d'ornements  qui  étaient  purement  religieux  ■, 
et  ce  n'est  même  point  en  tant  que  chefs  de  l'État  qu'ils 
portaient,   dans  la   procession,  le   sceptre   de    Jupiter, 
comme  vainqueurs  célébrant  un   triomphe".  Ce  l'ut  à  la 
suite  d'une  victoire  que  Tarquin  institua  ce  culte  ainsi 
que  la  procession,    qui    dans    le   principe    n'était  pas 
annuelle  ;  elle  ne  le  devint  que  vers  le  milieu  du  iv'  siècle 
[uDi,  p.  1378].  Devait-elle  être  périodique  ou  n'avoir 
lieu    qu'après    de    nouvelles   victoires   et  de   nouvelles 
conquêtes?  Quoi  qu'il  en  soit,  on  la  renouvelait  à  chaque 
triomphe,  et  c'est  le  triomphateur  qui  portait  les  vête- 
ments  de  Jupiter  ainsi  que  son  sceptre  [triimpuis].  Ce 
privilège  est  purement  militaire  ;  il  n'appartient  ni  au  rex 
sacrorum  ou  à  l'interroi,  ni  aux  prêtres  ou  aux  consuls,  ni 
aux  magistrats  politiques  ou  judiciaires.  Durant  toute  la 


1  Jusliii.  xi.lM,  3  ;  Heges  haslas  pro  diadanate  habebnnt  ijuas  Crnci  sci-ptra 
dixiire,  iî3.  -  2  Scrv.  ad.  Ed.  X,  27  ;  T.-Liv.  X,  7 .  —  3  flulaich.  h.  et  Osir.  3  el  3  ; 
\»%.i\in<:lU:.  Abydos.  Descript.  des  fouilles,  p.  17-19  et  3i-56.  —  i  Essai  de  com- 
ment, de  Dérose,  p.  4*1.  —  s  Ce  scepircdc  Jiipilcr  0.  M.  u'cslpas  le  iti^nie  que  celui 
<lc  Jupiter  l'cretius  sur  lequel  on  proférait  les  serments  el  dont  le  prololype  romonlait, 
croyait-on,  à  Roinulus  (Fest.  p.  l'i);  Scrv.  Ad  Afii.Xll,  iOC  :  C.  biillicher,  Ttktonik 
d.Uellen.ii'èM.)  Il,  p.  421.  —  «Tli.  Moinmsen  a  modiné  plusieurs  fois  ses  idées  à 
ce  sujet.  U'ahord,  il  repri-sclile  les  roisdc  Home  dans  un  costume  pareil  à  celui  du  plus 
grand  des  dieux,  parcourant  la  ville  en  cljar  et  tenant  un  sceptre  d'ivoire  surmonté 
de  laigle  [Uisl.  rom.  Paris,  lSti3,  I,  p.  90);  ailleurs  il  dit  :  ..  le  sceptre  esl  aussi 
refusé  au  roi  par  la  tradition,  peut-être  ét/alement  à  tort  »  [Le  droit  publ.  rom. 
l'aris,  11493,  III,  p.  5);  cnlin  dans  une  noie  [Ih.  l'aris,  1892.  63)  :  ..  En  dehors  des 
documents  qui  construisent  le  costume  des  rois  de  Rome  à  l'image  de  celui  des 
triomphateurs,  le  sceptre  n'est  jamais  attribué  ani  rois  par  les  relations  les  meil- 
leures el  les  plus  anciennes.  .  —  'i  Scrv.  Ad  Aen.xi,  238  ;  mais  voy.  Mommsen, 
/>roi(  public.  II,  I89Î,  63,  n.  2.  —  »  Jb,  p.  64  ;  récit  contesté  fait  par  Tile-I.iic,  (V) 
de  la  mort  après  la  prise  de  Rome  par  1rs  Gaulois  de  Papirius  cl  des  soixante  vieil- 
lards en  costume  triomphal.  Mommsen,  1, /./.;  Schneglcr.flôm.  Cesc/i  IV  p  "5 
-  9  T.  I.iv.  XLII,  14.  -  10  Ib.  XXX,  ISet  XXXI,  11.  _  il  E.  Babelon,  WnH.'de 
(<i  /tépubl.  rom.  I,  p.  21-23.  Le  fait  i|ue  ce  type  monétaire  se  retrouve  sur  les  auto- 
nomes de  tjipoue  (Friediaender,  Osk.  Mùnzen,  p.  10,  n"  8),  d'Atella  (Ib.  p.  15, 
n»  l)clde  Calatia  (;*  .p.  20,  u°  2),  coulirmerait  1  hypollitse  de  Jordan  (Topoi/r.  \, 
i,  275,  294)  sur  l'origine  grcc(|uc  ou  campanienne  du  triomphe  et  de  la  procession! 


Fig.  617 


République,  on  ne  l'accorde  qu'aux  commandants  d'ar- 
mée [ducesy.  Mommsen  dit  que  le  triomphateur  ne 
pouvait  jamais  reprendre  en  mains  le  scipio  eburneus 
«  ni  de  son  vivant,  ni  même  après  sa  mort  »,  à  la  difi'é- 
rcnce  de  ce  qui  avait  lieu  pour  les  autres  insignes  triom- 
phaux*. Il  se  peut  qu'après  la  cérémonie,  les  ornements 
en  métal  et  en  ivoire  fissent  retour  au  trésor  du  temple 
et  qu'on  ne  donnât  au  magistrat  que  les  vêtements  d'é- 
toffe, comme  cela  a  encore  lieu  dans  certaines  pratiques 
du  stolisme.  Cependant,  Eumène' et  Masinissa'"  reçurent 
le  sceptre  et  les  insignes  triomphaux,  cuni  sella  curuli 
alf/ite  ebttnieo  sripione,  pour  en  jouir  leur  vie  durant. 

La  plus  ancienne  représentation  que  nous  ayons  de  ce 
sceptre  capitolin  se  trouve  sur  les  monnaies  romaines, 
frappées  àCapoue,  pondant  la  guerre 
latine,  vers  340-338(lig.  6173)  ".  C'est 
une  aigle  éployée'^,  posée  sur  une 
iiampe  d'une  coudée  environ  à  la- 
quelle convient  le  nom  de  scipio'^ 
qu'on  lui  donnait,  le  mot  hasta  '*, 
analogue  au  Sdpu  de  Pausanias  '%  dé- 
signant ces  longs  sceptres,  aussi 
grands  que  la  taille  humaine,  ([u'on 
voit  ailleurs  aux  mains  du  Jupiter  du  Capitole  (fig.  4237, 
4238,  4242);  de  celui  d'Anxur"^  (fig.  4233),  de  Diane '%  de 
Vénus",  de  l'Italie  el  de  Rome  personnifiées  (fig. 4111)" 
et  aussi  des  empereurs  (fig.  392,  4110). 

Bien  queMasinissa  eût  reçu  le  scipio  eburneus,  ce  n'est 
point  cet  insigne  qu'il  place  sur  ses  monnaies,  mais  le 
sceptre  à  fleur  de  lis-",  car,  alors,  ce  sont  les  idées 
égyptiennes  qui  dominent  dans  toutes  les  cours  orientales. 
Bientôt  même,  ces  idées  pénétreront  en  Italie  avec  la 
poésie  des  Alexandrins  :  Lycophron  avait  employé  le 
mot  (Tx-riTT-rpa,  non  comme  synonyme  de  cxr^-KTouyîa.  ou  de 
^aTiXeï'a,  ainsi  que  l'avait  fait  Hérodote,  mais  dans  un 
sens  beaucoup  plus  étendu:  yt|Ç  xai  6aXi<i- 
<j7i;  cAr^-K-zadi.  ^'.  Cette  figure  de  la  rhéto- 
rique alexandrine  fut  mise  en  image  par 
Varron,  le  célèbre  polygraphe  qui,  vers 
49  av.  J.-C,  étant  proquesteur  de  l'ar- 
jnée  pompéienne  en  Espagne,  fit  graver 
sur    les    deniers    un    sceptre    entre    un  Fig.  6i7c. 

aigle   et   un^  dauphin  (fig.  6176),  comme 
emblème  de  la  domination  sur  terre  et  sur  mer  de  Pom- 
pée -^.  Celui-ci  n'ambitionnait  point  le  titre  de  roi,  mais 


—  12  Cf.  Val.  Mai.  IV  4,  D;  Juven,  X,  43;  Lyd.  de  Mag.  I,  7.  -  «3  Ce  mot 
appartient  à  la  raérac  famille  c|ue  <rxr,itdvioï  employé  dans  Vlliade  avec  le  sens 
de  bàlou  dont  on  frappe  les  chevaux  (XIII,  59)  ou  la  foule  iXXIV,  249)  et  que 
<r<r,i!»v  (Arisloph.  Ves/i.  727;  Eurip.  £/ec.  65;  Hcrodot.  IV,  172).  quia  la  mémo 
signification.  Th.  Mommsen  le  fail  dériver  «  de  la  forme  dorique  oxàsTov,  cf.  tnr,i:- 
ToJ/o;.  .'  v.  Élienae  Thés.  s.  h.  v.  et  oxi;-tf',v  et  <ix«iii.ï.  —  '4  Sur  le  synopsis  de 
Cirta  conservé  au  Louvre  :  lovis  Victor  argenteus  kabens...  in  manu  sinistra 
haslam  argenteam.  (Clarac,  O.  c.  Il,  1209  ;  Inscr.  pi.  lssu,  13).  La  remarque  fort 
juste  de  Borghesi  {Œuvres.  I,  p.  120)  ne  concerne  que  la  hasta  purael  Vasta  giter- 
riera.  —  15  IX,  41.  —  i«  Babelon.  .Vonn.  de  la  Rép.  rom.  1886,  II,  p.  546,  ViLia, 
18.  —  n  tb.  I,  p.  553,  Hostilia,  4.  —  1»  Jb.  Il,  p.  20  sq.  Iulia,  o»  32-36,  46,  48-50. 

—  19  Jb.  I,  Vibia,  19.  —  20  Babelon,  Mélanges  numism.  1892,  pi.  vi,  n-  I  ;  cf.  les 
monnaies  de  Juba  I,(Ranius,  Cat.  mus.  r.  de  Danemark,  pi.  vin,  lig.  16)  ;  celles 
de  l'toléince,  fils  de  Juba  II,  représentant  un  sceplre  appuyé  sur  un  troue  (Muller, 
JVum.  de  lanc.  Afr.  III,  p.  129,  n"  186)  ou  sur  un  autel  (Catal.  dEnnery,  p.  256, 
n°614).  —  21  Alexandra,  1229;  rf.  Niebuhr,  Jihein.  Mus.  1827,  I,  p.  108  sq.  Ce 
pluriel  5»);itT;a,  imité  toujours  par  Virgile  (.4cti.  I,  178  et  257  ;  I.X,  9  ;  X,  S52)  n'est 
pas  une  forme  puremenl  poétique;   Hérodote  l'emploie  (VII,  52);  mf^r.x'^a  t4  tj**. 

—  22  Babelon,  .Moiin.  de  la  Hép.  Il  p.  480,  n»  15.  Sur  les  monnaies  à  Heur  decoin, 
on  voit  que  la  hampe  esl  formée  par  une  ligne  de  grénelis  et  on  dislingue  très  clai- 
rement l'ornement  ijui  la  surmonte.  .Nous  ne  parlerons  pas  ici  de  l"associalioo  de 
l'aigle,  et  du  dauphin  avec  le  sceptre  déjà  représentée  comme  insigne  triomphal  sur 
une  ciste  préncstine  Annal,  rf,  Inst.  p.  101  [triumphcs  in  mostk  ai.bano]. 


SGE 


1119  — 


SCH 


il  avait  adopté  Neptune  pour  père  '.  César  refuse  le  dia- 
dème-, véritai)le  insigne  royal  qu'aucun  empereur  ne 
prendra,  au  moins  à  Rome,  jusqu'à  Constantin  \  mais,  se 
considérant  comme  descendant  de  Vénus,  il  fait  graver  des 
médailles  représentant  celte  déesse  avec  le  sceptre'. 
Antoine  se  donne  comme  une  incarnation  de  Bacclius 
et  se  fait  représenter  avec  sa  femme  Cléopàtre  portant 
le  sceptre"^  et  se  qualifiant  de  ôéa  vewTepa*.  Après  la 
chute  de  l'Egypte,  tous  les  Césars  divinisés  tiennent  le 
sceptre  \  qu'il  ne  faut  nullement  considérer  comme 
un  emblème  de  la  royauté.  Pour  les  Égyptiens  d'alors, 
le  sceptre  était  moins  un  insigne  royal  qu'un  symljole 
divin,  figurant  toute  une  suite  d'idées  philosophiques 
que  nous  avons  peine  à  saisir,  qu'on  révélait  aux 
étrangers  dans  les  mystères  d'Isis*  et  que  les  Alexan- 
drins exprimaient  par  le  mot  ànobÉuia'.;  [apotueosis]. 
C'est  pour  cela  qu'Homère,  dans  le  bas-relief  d'Archélaos 
de  Priène,  est  représenté  sceptre  en  mains  (fig.  5209) 
et  que  les  prêtres  égyptiens  décernèrent  un  sceptre 
à  fleur  de  lotus  à  la  petite  Bérénice  qui  mourut  avant 
de  régner  °. 

C'est  le  scipio  eburnetts  que  les  empe-  2o«.13( 
reurs  prennent  encore  pour  célébrer  un 
triomphe  :  on  le  rencontre  fréquemment 
sur  les  médailles 
(fig.  6177)  '"  et 
sur  les  monu- 
ments. Mais  il  va 
faire  régulière- 
ment partie  du 
costume  de  céré- 
monie des  consu- 
laires (fig.  1900 
et  suiv.)  "  ;  on 
ledonneramême 
à  des  particu- 
liers '^.  Alors,  il  ne  rehaussera  plus  la 
pompe  triomphale,  mais  contribuera  à 
l'éclat  des  jeux  publics.  A  la  fin  de  l'Em-  \  h  ,çj 

pire,  la  plupart  des  personnages  repré- 
sentés sur  les  diptyques  "tiennent  d'une 
main  le  bâton  d'ivoire  surmonté  d'une 
aigle  et  de  l'autre  la  mappa  (fig.  C178)  qui 
sert  à  donner  le  signal  du  départ  aux  cochers  du  cirque. 
Quand  les  premiers  empereurs  d'Orient  décerneront  les 

1  l'Iin.  H.  Mal.  IX,  22.-—  2  [lio.  Cass.  XLIV,  11.  —  3  Mommscn,  Uroit  pul,l. 
rom.  I,  p.  68.  —  4  Baljclou,  Monn.  de  la  Uép.  II,  p.  12,  n»  Il  ;  p.  20  sr|.  n"  32,  elc. 

—  â  Bronze  de  Tripoli,  Mionncl,  Descr.  des  méd.  gi\  V,  n"  2G4;  grand  bronze^ 
Boulkowski,  Ùicl.  numism.  n"  465.  —  »  F.  Feuardeiit,  Coll.  Demelrion  ;  Éijuple  aiic. 
monn.  dfs  rois,  p.  133.  —  ^  Les  exemples  les  plus  remarquables,  avec  les  médailles, 
se  trouvent  sur  les  camées  de  Paris  (fig.  3.512)  (Cbabouillel,  CVa(.  ijfn.  W  1S8) 
cl  de  Vienne  (F.  de  Mély,  Gaz.  arclt.  1886,  pi.  xxxr;.  Tous  les  sceptres  divins 
ressemblent  à  ceux  que  liennenl  Jupiter,  Junon  et  Minerve  sur  le  fronton  du  lemplc 
de  Jupiter  Capilolin,  tel  que  le  représente  un  bas  relief  [capitolium,  fig,  ll.~,o] 
{Ann.  de  Vlnsl.  arch.  1851,  p.  28U  sq.).  Un  bronze  de  Livie,  frappé  à  l'hana- 
goria  el  conservé  au  Cabinet  de  France  (anc.  coll.  Couris),  porte  au  revers  l'image 
de    ce    sccplre    divin    avec    la   légende    Ki..aafio-v  (Boutkowski,  O.  c.  n"    277'J). 

—  8  l'our  saisir  toute  la  portée  de  ces  initiations  aux  croyances  égyptiennes,  on 
ne  doit  pas  seulement  considérer  les  restes  du  culte  disis  en  Europe,  il  faut  étu- 
dier les  nombreux  bas-reliefs  de  Philae,  où  les  Césars  sont  en  costume  égyplicn, 
les  monuments  similaires  comme  celui  du  musée  Guimet  sur  lequel  Auguste  est 
figuré  en  pharaon  faisant  ses  dévotions.  —  9  Décret  de  Canopc,  fig.  53  de  l'exem- 
plaire édité  par  Miller  {Journ.  des  Hav.  1883,  p.  211).  —  10  |,a  fig.  6177.  d'après 
Frœhner,  Méd.  de  r Empire  rom.  p.  251  ;  cf.  262,  274,  283,  etc,  Voy.  aussi  fig.  3980. 
Déjà  sur  un  denier  de  L.  Aquillius  Florus,  frappé  20  ans  av.  J.-C.  et  représentant 
Auguste   (Babelon,   Monn.  de    la  Jtép.    I,    p.  218,    n"   12  et  11,    p.  71,    u-    192.) 

—  "  Serv.  Arf  ^en.  XI,  238;  Prudenl.  C.  Si/mot,  1,349;  Perisleph.X.  146;Cassiod. 
Vcir.  VI,  Voy.  Tli.  Mommscn.  Dr.  publ.  rom.  1892,  11,  p.  50  et  suiv.  -  «2  Mommsen, 
ib.  Il,    p.  110   cl  s.;   Manjuardl.    .S;,,  milil.    p.  44  et  s.  ,    C.  i.   I.    X,  1709:    fui 


6177.     —    Sceptre 
d'empereur. 


Fig.  617 


titres  de  patrice  etde  consul  aux  rois  barbares,  ilsleuren- 
verront  le  sceptre  capitol  in  et  ceux-ci  en  feront  un  insigne 
héréditaire  de  leur  pouvoir  monarchique.    Sorlim  Dorigny. 

SCHOEXUS  (S/oîvoç).  —  I.  Terme  génériquedésignant 
toutes  les  espèces  de  joncs  etde  plantes  junciforrnes  qui 
croissent  à  l'embouchure  des  rivières',  dans  les  marais-, 
et  les  bois^  Les  Grecs  et  les  Romains  employaient 
plusieurs  de  ces  plantes  comme  parfum*  ou  pour  aro- 
matiser le  vin^ . 

II.  Les  joncs  servaient  plus  spécialement  pour  faire 
des  nattes,  des  corbeilles  et  autres  ouvrages  de  van- 
nerie [scirpea],  des  cordes  [restis,  restiarius,  p.  846], 
que  l'on  nommait  «t/oîvoç,  c/oivîov,  c/oiviç.  M.  Bréal  croit 
que  funis  ainsi  que  /?«/.s  dérivent  de  ayoïvdç  '^. 

m.  Instrument  d'arpentage;  cordeau  pour  le  lotisse- 
ment des  terres  conquises  ^  et  la  délimitation  de  chaque 
<r/oivt5[jLa  attribué  aux  clérouques,  aux  colons,  etc.*. 

IV.  Ancienne  mesure  agraire  dont  se  servaient, 
encore  au  iV^  siècle,  les  Héracléotes  de  Lucanie".  En 
vérifiant  les  calculs  indiqués  par  deux  inscriptions,  on 
trouve  que  le  (t/oîvo;,  ou  schène  lucanien,  se  compose 
de  30  pas,  opeyiAï,  chaque  pas  étant  de  4  pieds'".  Ce 
schène  aurait  donc  l'20  pieds,  mais  on  ignore  la  longueur 
du  pied  héracléotiqiie  "  ;  on  sait  seulement  que  les  fer- 
miers devaient  planter  quatre  oliviers  par  schène '^ 

V.  Corde  employée  pour  le  halage  sur  le  Nil,  d'où, 
poste  de  halage,  relais  de  halage,  distance  entre  deux 
relais".  Les  relais  étant  plus  ou  moins  éloignés  selon  la 
force  du  courant  et  la  disposition  des  berges,  il  en  résulta 
que  ces  schènes  étaient  de  longueurs  variables  au  gré 
des  accidents  locaux,  ainsi  que  Strabon  le  constata  en 
remontant  le  Nil'*. 

VI.  L'habitude  d'évaluer  les  distances  en  comptant  les 
relais  de  halage  fit  que  le  schène  devint  l'unité  des 
mesures  itinéraires  égyptiennes"  sans  qu'on  sache 
encore  le  nom  indigène  que  traduit  ce  vocable  grec". 

La  longueur  du  schène  variait  selon  les  provinces'": 
d'après  Artémidore,  elle  était  de  .'iO stades  dans  le  Delta; 
de  120  stades,  de  Memphis  à  laTliébaïde;  de  60  stades, 
de  la  Thébaïde  à  Syène'*;  la  longueur  du  schène  varia 
également  selon  les  époques  :  celui  d'Hérodote  est  de 
60  stades  ou  2  parasanges  "  ;  dans  le  système  philétairien, 
on  essaya  de  fixer  la  valeur  du  schène  à  i  milles^",  soit, 
environ,  6  kilomètres-';  le  schène  d'Erastolhène  est  de 
40  stades^-. 

maximus  princcps  consulalus  cuncta  hnbere  tnsignia  permisit^  sellam  curttlem, 
scipionem  etc.  —  '3  Voy.  circus,  p.  1195,  I,  cuNsur,,  p.  1475  sq.,  DiPTïCHus  et  la 
fig.  4832.  La  figure  6177  est  prise  du  diptyi|ue  d'Anastasc,  consul  en  517  =  fig.  1910. 
SCHOENUS.  1  Odyss.  V.  403,  Lenz  (ISolanik  der  ait.  Gritcli.  p.  280),  Euch- 
liolz  (Flor.  homer.  p  7)  ;  Buchholz  {//amer.  Real.  I,  p.  228-230)  ont  essayé  d'iden-' 
tifier  ces  joncs  sur  lesijuels  Ulysse  vint  échouer.  —  2  Batrach.  255.  —  3  pind. 
01.  VI,  54.  —  i  Plin.  H.  nal.  XXI,  73,  l.  —  5  Cat.  De  ag.  cuit.  105  et  113; 
Calvin.  Xll,  53,  2.-6  C.  rendu.  Acad.  des  Inscr.,  1906,  p.  24.  —  ^  flerod. 
I,  66.  —8  Suidas,  J.  l>.  j/<.i„jaa;  PluUrch.  Mor.  t.  602.  éd.  Didot.  —  9  C.  i. 
gr.  n"»  5774  et  5775  ;  Dareste-llaussoullier,  Inscript.  Juridiques  (1891),  n"  XII. 

—  10  133  schénes,  26  pas,  1  pied  plus  4  schènes,  1 1  pas  et  3  pieds  font  138  schéoes, 
8  pas  (/n«.  jur.  p.  214),  60  1/2  schènes  plus?  schénes  et  17  pas  font  74  schénes  el 
2  pas  l/é.  p.  217).  -  tt  Ilullsch  estime  ce  phtd  à  0'»,2777  ;  M.  Dareste,  à  0«',33 
(I).  c.  p.  227,  noie).  —  '2  Darcsie-Haussoullier,  O.  c.  p.  203.  —  13  Hicronym, 
Comment,   in  Joël.    III,    18   (Palroi.   Migne,   XXV,    col.  980).  —  n   XI,   II,  5. 

—  là  Isid.  Hispal.  Orig.  XVII,  9,  11.  —  '6  Uumichen  a  cru  que  i^orvo;  dérivait 
de  l'égyptien  khennuk  (Oescli.  Aegypt.  p.  39),  mais  cette  étymologic  n'est  pas 
admise.  —  "  Strab.  XI,  11,5;  XVII,  1,  24  et  41  ;  Plin.  fl.  na;.  V,  11,  4;  Xll,  30,2. 

—  18  Slrab.  XVII,  1,24;  Pline  elle  des  schènes  égyptiens  de  30  stades  {U.  nat.  V, 
11,4)  et  d'autres,  de  32  stades  (Ib.  Xll,  30,  2.  —  '»  H,  6.  —  20  Ueron.  lab. 
(Hultsch.  Metrol.  script.  I,  184).  —21  Hultscb  l'estime  à  0  30J  mètres  {Métro- 
logie, p.  613)  ;  Doerpfeld,  à  0  kilom.  {lieilr.  :ur  antilc.  Metrol.  Mittli.  d.  arch. 
Instit.  zu  Athen,  VIII,  p.  358).  —  «2  plin.  H.  nal.  Xll,  '30,  2.  Sur  celte  ques- 
tion, cf.  d'Anville,  Sur  la  mesure  de  la  terre  pur  Erallwslh.  (Mém.  de  l'A  Cad. 


SCH 


1120  — 


SCH 


VII.  Les  Grecs  de  Tompire  des  S»''leiicides  donnèrent 
le  nom  de  scliène  au  parasange  perse;  en  Arménie,  il 
valait  -40  stades  d'après  Théophane  '.      Sorlin  Dorigny. 

SCIIOIXOPIIYLIXDA'  (ïl/o.voœuXt'vSa).  —  Jeu  décrit 
par  Polliix.  Les  joueurs  formaient  un  cercle.  L'un  d'eux, 
cachant  une  corde  (n/oii.iov'),  chercliail  à  la  placer.  Celui 
près  de  qui  elle  était  déposée,  s'il  ne  s'en  apercevait  pas, 
devait  faire  le  lour  du  cercle  en  recevant  des  coups;  s'il 
s'en  apercevait,  c'est  lui  qui  poursuivait,  en  le  frappant, 
le  joueur  qui  avait  placé  la  corde.        E.  S. 

SCIIOLA.  —  (I  a  été  expliqué  au  mot  LUDt'S  que  le  terme 
srfiola,  transcription  latine  du  grec  (t/ôXy,  «  repos,  délas- 
sement »,  avait  été  usité  à  Rome,  à  partir  du  milieu  de 
l'époque  républicaine,  alors  que  les  ciioses  helléniques 
devenait'iit  à  la  mode,  pour  désigner  les  hautes  études 
littéraires  et,  par  suite,  l'endroit  où  l'on  s'y  livrait '..Nous 
n'avons  pas  à  revenir  ici  sur  ce  sujet. 

Le  mot  prit  bientôt  plus  d'extension  et  servit  à  désigner 
des  endroits  où  l'on  se  réunissait,  comme  dans  les  schofa 
littéraires,  pour  causer  et  discuter.  Ainsi  l'on  donnait  ce 
nom  à  des  constructions  isolées,  mises  sur  des  places  publi- 
ques, à  la  disposition  des  promeneurs  désireux  de  con- 
verser des  choses  du  jour  :  on  en  a  trouvé  de  telles  sur 
le  forum  triangulaire  de  Pompéi  ^  et  sur  celui  de  Simittus 
(Chemtou)  en  Afrique'.  D'après  Pline,  on  appliquait  la 
même  dénomination  à  une  grande  salle  construite  dans 
l'enceinte  des  portiques  d'Octavie,  assez  vaste  pour  avoir 
pu  servir  plus  d'une  fois  aux  séances  du  sénat  '  et  sur 
laquelle  on  n'a,  d'ailleurs,  aucun  renseignement  précis''. 
Dans  les  thermes,  au  dire  de  Vitruve*,  le  mot  sclioln 
caractérisait  des  parties  du  caldnrium  et  du  laconirum, 
espaces  laissés  libres  autour  des  bassins,  où  les  baigneurs 
attendaient  leur  tour  avant  d'entrer  dans  les  baignoires 
ou  de  s'approcher  des  cuves  d'eau  bouillante  [cf.  b.^l- 
NEL'M,  p.  656J. 

Dans  le  langage  des  camps  on  qualifiait  ainsi'  une 
petite  enceinte  sise  en  face  l'endroit  où  étaient  déposés 
l'aigle  et  les  enseignes,  près  du  lieu  de  campement  du 
légat;  on  venait  y  cher(;her les  ordres  de  service. 

Mais  le  terme  était  surtout  en  usage  dans  les  collèges  : 
il  caractérisait  le  lieu  de  réunion  de  la  compagnie, 
la  salle  réservée  aux  assemblées  profanes  et  religieuses, 
aux  fêtes,  aux  sacrifices,  au  repas  de  corps*. 

On  a  découvert  dans  différentes  parties  de  l'Empire 
romain  un  certain  nombre  deschola  nettement  identifiées 
par  des  inscriptions,  et  l'on  peut  se  rendre  compte  des 
formes  qu'elles  affectaient  et  des  détails  qui  les  distin- 
guaient des  autres  constructions.  Leur  comparaison 
permet  défaire  une  distinction  très  nette  entre  les  sc/iola, 
sièges  decollèges,  qui,  elles,  étaient  de  véritables  pièces, 
plus  ou  moins  spacieuses,  et  les  autres  simples  édicules, 

lies  Insc.  i:39),  XXVI,  p.  9i  si(.  J/cm.  sur  la  mesure  du  schène  égypt.  (Ih. 
p.  88i  sq.);  Kelronnc.  Recherch.  sur  les  fragm.  d  Héron  d'Alexandrie,  p.  119 
cl  200;  M.  Mailiii.  Examen  dun  mém.  de  Cit.  Lelronne,  Heiue  archrol.  XI, 
p.  U5  ;  Lcpsius,  Oas  Slndium  und  die  Gradmess.  des  Eralhosth.  auf  Grundl. 
der  Aegypt.  Masse  {Ziscli/l.  fur.  aegypt.  Sprache  (l37T),  p.  7  sq.)  ;  Auris,  /raité 
demétrol.  ass<,r.  1891,  p.  Vi  ;  Is.  I.évy,  L'alour  et  le  schène  (/?ec.  des  Irai: 
pliilol.  et  arch  éyyp.  et  assyr.  vol.  XV,  p.  165  sq);  Wilh.  Scluvan,  Der  .SWioinos 
bei  d.  Aegypt.  Griech.  und  Bom.  Birlin,  1894.  —  l  SIrab.  XI,  U,  11  ;  Flin.  H. 
mit.  V,  iO,  2  ;  cf.  /6.  VI.  30,  7  :  guum  Persae  quoque  schoenos  et  parasangas 
alia  mensura  déterminent. 

SCHUINOPHVI.I.VDA.  I  l'oll.   IX,  115. 

sr.lIOLA.  1  Fcslus,  p.  347  :  Scliolae  diclae  sunl  guod,  céleris  rébus  oniissis, 
racare  liberalibua  studiis  pueri  dehent.  —  î  C.  /.  L.  X,  831  :  scol.  et  horol.  ;  cf. 
1 453.  à  HerctiUnuin  :  pondéra  et  chalcidicum  et  scholam.  —  3  Toulain,  fouilles 
ù  Chemtou  (Mrm.  présentés  à  l'Àcad.  des  inscr.  par  divers  savants,    X,  p.  466  : 


.ipéi. 


disposées  en  plein  air  ou  à  l'abri,  dans  des  lieux  publics 
pour  faciliter  la  conversation  :  celles  ci  nous  sont  surtout 
connues  par  deux  spécimens  déjà  cités  plus  haut  et 
découverts  l'un  à  Pompéi,  l'autre  à  Chemtou. 

La  sc/iola  du  forum  triangulaire  de  Pompéi  est  demi- 
circulaire.  C'est  proprement  un  banc  disposé  à  l'extré- 
mité ouest  du  tem- 
ple, faisant  face  à 
la  campagne  ;  on  y 
jouissait  autrefois, 
comme  on  y  jouit 
encore  aujourd'hui, 
d'une  vue  merveil- 
leuse sur  la  vallée 
du  Sarno  et  sur  la 
mer  (fig.  6179)'. 

M.  Toutain  a  décrit  ainsi  la  sclwla  qu'il  a  découverte 
sur  le  forum  de  Simittus  '".  »  La  face  sud-ouest  du  forum 
est  occupée  par  une  sorte  d'exèdre  monumental.  La 
forme  générale  est  celle  d'un  demi-cercle  dont  le  dia- 
mètre se  prolongerait  à  droite  et  à  gauche  au  delà  de  la 
circonférence....  ;  au  sommet  du  demi-cercle,  le  mur  est 
comme  interrompu;  une  niche  profonde  d'environ  .3 mètres 
a  été  ménagée  en  cet  endroit  ;  elle  s'ouvre  du  côté  opposé 
au  forum;  le  mur  du  fond  est  courbe.  Le  mur  de  façade 
a  une  hauteur  de  1  m.  50  au-dessus  des  dalles  du  forum, 
et  il  ne  reste  aucune  trace  d'un  escalier  en  pierre  en 
avant  de  ce  mur;  devant  l'exèdre  se  trouve  un  trottoir 
large  de  2  m.  80.  La  décoration  architecturale  du  monu- 
ment peut  être  reconstituée  sans  trop  de  difficulté.  Les 
substruclions  en  pierres  de  taille  étaient  décorées  d'un 
revêtement  en  marbre,  comme  le  prouvent  les  trous 
creusés  dans  les  blocs,  dans  lesquels  s'engageaient  des 
crampons  en  fer.  Au-dessus  de  ces  substructions  existait 
un  mur  formé  de  briques  plates  et  de  petits  matériaux 
en  marbre;  il  était,  lui  aussi,  demi-circulaire  :   la  face 


Fig.  6180.  —  i^eholn  du  forum  de  Simillus. 

interne  en  était  ornée  d'une  colonnade  (fig.  6)80)  ».  La 
largeur  de  cette  schola  à  la  partie  antérieure  est  environ 
de  20  mètres.  Là  encore  nous  retrouvons  donc  la  forme 
demi-circulaire  adoptée  pour  la  schola  de  Pompéi.  Les 
schola  de  celle  sorte  auraient  aussi  bien  pu  recevoir  et 

...schola  ...[Au\(i\g].  Anto[<iin...\.)  Cf.  f.  /.  L.  VIII, 978  à  Kourba  : ...  pluteum  per- 
petutjun],  scholas  II  ll;orologiu\m..  —  4  Plin.  Hist.  nat.  XXXV,  114;  XXXVI,  2i, 
28.  On  sail  qu'elle  était  ornée  à  l'intérieur  de  peintures  et  de  slalues  célèbres,  et 
l'on  s'rsl  même  ileniandé  si  ello  n'élail  pas  identique  à  la  bibliothèque  d'Octavie, 
connue  par  ailleurs.  En  ce  cas,  le  sens  du  mol  scola  applii|ué  a.  celle  consiruclion  se 
rapproche  de  celui  que  donne  Fcslus  (cf.  noie  1,.  —  b  Cf.  Homo.  Lex.  de  topogr. 
rom.  p.  515  ;  Jordan-llûiscn.  Top.  der  .iladt  Hom,  I  (3'  partie),  p.  541.  —  6  Vitruv. 
V,  10.  Cf.  Overbcck,  Pompéi  (5»  éd.)  p.  209  cl  213.  —  7  Hygin.  De  mun.  caatr.  20  : 
scholae  cohorlibus  primis  uùi  munera  legionum  dicunlur  in  scamno  legato- 
rum  contra  aquilam  dari  debent.  —  8  Cf.  à  ce  sujet  VValtzing,  Corporations 
professionnelles,  I,  p.  211  sq.  et  les  inscriptions  rassemblées  par  lui;  ibid  IV, 
p.  437  cl  suiï.  —9  Mazois.  Pompéi.  lV,'p\.  m,  lig,  1  et  2  ;  Ovcrbeck,  Pompeji, 
(4'  éd.)  p.  79;  Mau,  Pompeii,  p.  130;  Thédenat,  Pompéi,  1906,  Vie  publique, 
p.  87.  —  10  Mémoires  présentés  à  l'Acad.  des  Inscr.  par  divers  savants,  X, 
p.  463  s((. 


se  H 


1121  — 


SCH 


ont  sans  doute  reçu  plus  d'une  fois  le  nom  d'exèdre  ; 
l'un  a  pu  être  pris  pour  l'autre'. 

C'est  aussi  la  forme  demi-circulaire  qui  paraît  avoir 
été  usitée  pour  les  sc/iola  militaires  dont  il  a  été  question 
plus  haut.  Du  moins  est-ce  celle  que  nous  constatons 
dans  les  deux  seuls  exemples  que  nous  en  connaissions  - 
et  dans  une  édicule  du  camp  de  Lambèse  qui  pourrait  être 
rapproché  des  précédents^. 

Il  n'en  est  pas  de  même  des  schola,  salles  de  réunion 
de  collèges.  On  y  remarque  une  grande  variété  de  plans. 
Il  faut  malheureusement  laisser  de  côté  la  schola 
Xant/ia  des  scribes  attachés  aux  édiles  curules,  quia  été 
découverte  au  xvi'  siècle  sur  la  voie  Sacrée,  près  des 
rostres'.  On  ne  possède  pas  de  détails  sur  la  disposition 
du  monument;  un  des  auteurs  qui  en  ont  parlé  semble 
dire  qu'elle  se  composait  de  trois  pièces  disposées  sous 
un  portique'.  La  seule  chose  certaine  c'est  que  l'édifice 
était  construit  tout  en  marbre  et  décoré  somptueusement. 
iMais  il  est  d'autres  spécimens,  en  assez  grand  nombre, 
dont  l'étude  a  été  faite  avec  soin.  La  schola  des  sodales 
Serrenses,  collège  funéraire,  était  située  à  Rome  près  de 
^^^^  ^^^^         la    Voie    Nomentane  '■. 

^^^*  ^^^^         C'étailunesallecarréede 

H  I  ^  mètres   de   côté  à  la- 

^M  TEMPL'VM  ^^         quelle  on    accédait  par 
f^m  HH         une  marche;  tout  autour 

H       ^^       H  régnait  un  banc  peint  en 

JhB|^HB|^^^  rotige;  au  milieu  était  un 
^TlT^T^TH  autel  également  revêtu 
de  couleur  rouge;  une 
plaque  de  marbre,  fixée 
contre  l'autel,  indiquait 
le  nom  du  donateur  ;  à 
la  partie  supérieure  re- 
posaient deux  vases  de 
bronze,  mesures  de  li- 
quides, ofl'erts  à  ses  col- 
lègues par  un  membre 
nommé  C.  Cirrius  Zosi- 
mus''.  Les  dendrophoresd'Ostie  se  réunissaient  dans  une 
salle  trapézoïdale  attenante  au  temple  deCybèleetd'Attis, 
mais  à  un  niveau  inférieur.  Le 
tour  en  était  garni  d'un  banc,  qui 
n'était  interrompu  qu'à  l'endroit 
de  la  porte.  Au  centre  existaient 
deux  autels.  Mur,  banc  et  autels 
étaient  là  encore  peints  en  rouge 
(lig.  6181).  Une  inscription  re- 
cueillie dans  la  salle  indique  que 
la  pièce  était  la  schola  du  col- 
lège. Par  contre,  la  schola  d'une 
association  funéraire  de  Rome, 
siégeant  sur  la  voie  Appienneet  consacrée  à  Silvain,  était 
circulaire  (fig.  6182).  Fea  en  a  conservé  le  plan  *. 
Au  centre  s'élevait  un  autel  au  milieu  d'un  espace 
carré  dallé;  autour  régnait  un  terre-plein.  Le  long 
du    mur,    intérieurement    et    à    distances     régulières 

•  Les  ciemplcs  cilés  par  M.  Wallziiig,  Corporations  professionnelles,  I,  p.  2ii, 
note  I,  ne  meseniblcDl  pas  Ic-cs  probants.  —  2  Von  Domaszewski,  Xeue  Heidelberg 
Jtthrbûch.r,  l\,  p.  lij,  pi.  ,  et  p.  i;;;,  pi.  M.  -  3  K.  Cagnat,  JUém.  de  lAcad. 
des  Ihm:  XXXVUI,  p.  47  et  48.  —  *  Hïïlsen,  Ràm.  AlUlli^it.  188S,  p,  29S  sq. 
—  5  liaison,  Loc.  cit.,  p.  210  s(|.  :  porticiim  rel  apothecas  très.  —  «  Bull,  di 
arch.  cri>l.  H64,  p.  37  sq.  ;  Annali.  1808,  p.  ZiT.  — 'i  Anuali,  1808.  p.  38; 
Atonum.  Ueli'Jmtil.  tav.  I.X,   I;  ù,.llett.  comiin.,  187-1,  p.  37.    —   «  Vnrielà  di 

VUl. 


Fig.  6181.  —  Schola  des  dendropli 


Fig.  6182.  —  .Schola 
Appieone. 


étaient  disposés  des  sièges  dont  on  a  noté  des  vestiges. 
On  a  retrouvé,  à  Lambèse,  toutes  les  salles  de  réunion 
des  collèges  militaires  de  la  légion  m"  Auguste  grou- 
péesauprae-  ^^ 

torium   (fig.  „  „   ,:.    i^illi*^i^i°i 

61 83)  autour 
de  la  cha- 
pelle des  en- 
seignes ". 
Toutes  sont 
rectangulai  • 
res;  quel- 
ques-unes seulement  se  terminent  par  de  petites  absides. 
Dans  l'intérieur,  appuyées  contre  le  mur  du  fond,  étaient 
disposées  des  pierres  affectant  une  forme  circulaire  ou 
simplement  incurvée  où  se  lisait  la  dédicace  de  l'édifice  sui- 
vie du  règlement  de  l'association.  On  n'a  pas  trouvé  trace 
de  bancs  le  long  des  murs  ;  mais  le  droit  d'entrée  dans  ces 
associations  portant  le  nom  de  scamnarium  '",  Il  est  pro- 


d'ailleurs  été  établies  après  coup  sous  le  portique  orien- 
tal ;  on  avait  relié  les  colonnes  au  mur  d'enceinte  par  des 
cloisons,  et  obtenu  ainsi  une  série  de  compartiments  rec- 
tangulaires: devant  l'entrée  de  chacun  d'eux,  un  cartel  de 
mosaïque  contenait  le  nom  d'une  des  corporations  de  la 
ville.  De  la  comparaison  de  ces  différents  plans,  il  résulte 
évidemment  que  les  schola  n'avaient  point  de  forme 
propre  et  qu'on  suivait,  pour  les  établir,  celle  du  terrain 
dont  on  disposait.  On  voitaussiquece  qui  les  caractérise, 
en  général,  c'est  un  banc  ou  des  sièges  pourles  confrères  '^ 
et  un  ou  plusieurs  autels  à  sacrifices '';  cela  marque 
très  nettement  la  destination  à  la  fois  pratique  et  reli- 
gieuse de  ces  sortes  de  salles  de  réunion. 

Les  inscriptions  signalent  les  embellissements  de  toute 
sorte  que  la  générosité  des  membres  du  collège  ou  des 
bienfaiteurs  y  apportaient.  Les  murs  étaient  revêtus  de 
peintures  ",  on  y  élevait  des  statues  aux  dieux  '»  ou  aux 

Notizie.  p.  175  et  pi.  n.  —  9  Cf.  Gsell,  Bull.  arch.  du  Comilr,  1901,  p.  ivi; 
R.  Cagnat,  Mém.  de  l'Acad.  des  Jnscr.  XXXVIII,  p.  233  ;  cf.  249  sq.  ;  V.  plus  liaiil, 
s.  1'.  l'HAETORii.M.  —  10  C.\  l.  L.  Vlll,  2557;  Klio,  1907,  p.  184.  —  ^-^  Notizie 
dei/li  .Scat-i,  1881,  p.  199  8(|.  ;  Mél.  de  Borne,  1891,  p.  501.  —  I2  Cf.  C.  J.  L.  VI, 
103  :  sedes  aeneas  ;  8117  :  scamna.  —  '3  Cf.  ibid.  V,  7904;  VI,  835,  1038;  Vlll, 
2601,  2602,  etc.  —  I'  Jbid.  VI,  5346.  —  «5  Jbid.  III,  543,  3580  ;  VI,  103,  471,  543, 
3570,8086,10  234;  VIII,  1936,  2554,2555;  IX,  5177;  .\1,2702;  XIV,  5,  36,  ll8,ete. 

141 


SCI 


—  1122 


palrons'  prolocleurs  de  la  eorporalion;  on  y  plaçait  dos 
iiU'iibk's  et  des  ustensiles  nécessaires  aux  festins,  des 
tables  -,  des  buflols  ^  des  cratères  *,  des  vases  pour 
mesurer  les  rations  ^  des  balances  pour  les  peser  ',  des 
cadrans  solaires  ^  des  candélabres  de  bronze  ',  etc. 

Abusivement,  le  mol  sc/to/a  a  été  employé  parfois,  sur- 
tout lorsqu'il  est  question  de  collèges  militaires  ou  assi- 
milés, comme  synonyme  de  collegium.  C'est  ainsi  que 
dans  un  texte  trouvé  près  de  Drobeta',  un  personnage 
porte  le  titre  de  dec[urio)  scol{ae)fab{ru»i)  i{le>ii)  imag[i- 
nifer),  son  Mis  à'hninag[inifer)  scol{a('  fab[riitn),  un 
troisième  de  vexil{larius)  scol{ae)  fab[r>im),  alors  que 
dans  des  textes  analogues'"  on  trouve  les  expressions 
rcxillarius  collegi  /'abrum;  qu'à  Misène  nous  rencon- 
trons parmi  les  marins  de  la  flotte  la  mention  d'une  schola 
«/•;««///;•(«/■«/«)";  ailleurs  une  schola  lubiciniim'-,  une 
sc/iola  clfcuriuniim^^,  une  schola  vexiUariorum^'',  etc. 

H  est  aisé,  dès  lors,  de  comprendre  pourquoi,  à  l'épo- 
que post-constantinienne  on  donna  le  nom  de  schola  à 
certains  groupements  de  militaires  ou  de  fonctionnaires 
militarisés,  ainsi  que  cela  avait  lieu  à  cette  époque  '^  Ces 
corps  étaient  ceux  qui,  n'ayant  pas  de  garnison  tixe  dans 
les  différentes  provinces  de  l'Empire,  étaient  plus  spé- 
cialement attachés  à  la  personne  du  souverain.  La  Notice 
des  Dignités  et,  le  Code  Tliéodosien  nous  les  font  con- 
naître :  ils  cilentles  scM<a/'/(  "'',  lea  ge7ililes'\  les  arma- 
lurae'^,  les  notarii  ",  les  domestici  elprotectores-",  les 
agentes  in  rebus'^'.  Il  se  pourrait  aussi  que  le  terme 
schola  leur  ait  été  plus  particulièrement  appliqué  parce 
qu'ils  avaient,  comme  salle  de  garde,  une  pièce  spéciale 
du  palais  impérial  -^  L'institution  remonte  à  Cons- 
tantin'' et  dura  jusqu'à  l'époque  l>yzantine.  Chaque  corps 
était  composé  de  cinq  cents  hommes.       R.  Cagnat. 

SCIMPODIUII  (Sx;ij.7rouç,  (rxii^iTtoSiov).  — Synonyme  de 
xpotêaTo;  et  àTx-xvTTiç,  signifiant  un  lit  étroit  et  de  pauvre 
apparence',  ou  une  civière-, ou  un  simple  banc  ^  Mais 
il  y  avait  aussi  des  meubles  de  ce  nom  à  l'usage  des 
gens  riches,  servant  de  chaise-longue  et  de  lit  de  repos 
pour  une  seule  personne;  et  c'est  ainsi  qu'ils  furent 
connusà Rome,  comme  une  invention  grecque'. E.  Saglio. 

SCII'IO  [sceptrl'm]. 

SCIRPEA  ou  SIBPEA  dim.  SCIRPICULA.  —  Manne, 
corbeille  de  jonc  (scirpus),  dont  il  est  fait  mention  fré- 
quemment pour  les  travaux  de  la  campagne  '.  Il  en  est 
parlé  aussi  comme  d'un  panier  de  pèche  -.  Le  panier  d'o- 
sier placé  comme  caisse  sur  le  train  de  chariots  légers 
[PLAISTRIM,  flg. 3702, 3703]  estaussinommés/r/j?ff  '.  E.S. 

SCOBIXA.   —  Lime  pour  travailler  le  bois  [scobina 

1  Ibid.  XI,  270S.  —  s  Ibid.  V,  815;  VI,  10237,10253.  —3  fbid.V,  3312,  10  237. 
—  l  lUd.  VI,  327,  CI2.  —  6  Jbid.  V,  022i;  VI,  839  ;  X,  386i  ;  XI,  3018.  —  6  Jbid. 
VI,  832,  10  23".  —  7  Jbid.  11,4316;  VI,  10237.  -8  Uid.  VI,  9254.  —9  Jbid.  lU, 
8018. —10 /6irf. 7900,8837.  — Il  Ibid.X,  3344.  —HC.  I.  L.  III,  10997.—  18 /4,rf. 
7C26.  —  I'  Ibid.  V,  5272.  —  li  Sur  ces  scliolae,  cf.  Godcfroid,  Cad.  Theod.  Ap- 
pendix.  p.  2UC,  col.  1.  Mommscn,  Hermès,  XXIV,  p.  2S1  sq.  —  1^  Aot.  Bign. 
Oc.  XI,  4  :  tcolaprima  ;  5  :  scola  secunda;  7  :  scoltt  scutariorum  saijittariorum  ;  S  : 
scola  scutarioium  clibanariorum  ;  Or.  IX,  4  -.scola  prima;  5  :  scola  secunda  ;  9  : 
scola  lertia.  —  "  Jiid.  Oc.  XI,  6  :  scola  gentilium  seniorum;  10  :  scola  genli- 
lium  junionim  ;  Or.  IX,  7  :  tcola  gentilium  teniorum.  —  u  Ibid.  Or.  XI.  9  :  scola 
armaturarumjuniorum  ;  Oc.  IX,  6  :  scola  armalurarum  seniorum.  —  19  Ibid.  Oc. 
XVlll,  5,  0.  -  2l>Cod.  Iheod.  VI,  24,  1,  3,  10;  C.  /.  L.  III,  371;  Anin.ian. 
XIV,  7,  9.  -  21  Not.  Dùjn.  Oc.  XI,  1 1  ;  Oc.  IX,  9.  -  2î  Cf.  Godefioid  cl  Momnisen, 
foc.  cit.  —  ■■'5  Suivant  .Momnisen,  lue.  cil.  \i.  224,  riolc  I.  —  BiuLioGnAi-HiF..  K.  Lange, 
ilaus  und  Halle,  p.  290  sq.  ;  de  Rossi,  JJull.  di  arcli.  crist.,  1884,  p.  57  sq.  ;  Vis- 
coiili,  Annali,  188S,  p.  387  s(|.  ;  Traugoll  Scliicss.  Oie  rôm.  collegia  funeraticia, 
p.  73  sq.  ;  l.iclicnain,  Zur  Geschichte  und  Organisalitiu  des  rôm.  Vereinswesens, 
p.  273  «i.  ;  Wallzing,  Elude  historique  sur  les  corporations  professionnelles  chez 
les  liomains,  I,  p.  211  sq. 

SCIMPODIIJ.M.  1    Arjstopli.    Nub.  7091  et  Scliol  ;  cf.    633;    Pollux,    X,  35,30- 


Fig.  I 


—  Balai  do  feuilli 


SCO 

fabrilis),  opposée   à   la   lime  [lima]  '  des    ouvriers   en 
métaux.  On  l'appelait  aussi  lima  llgnaria  ^ 

SCOPAE.  KàXXuvTçov,  xôpr,6pov,  (riptoôpcv ,  tripoç  '. 
—  Balai,  épous- 
sette.  On  en  fai- 
sait avec  de  me- 
nuesbranchesde 
bois  ou  des  feuil- 
lages liés  ensem- 
ble 2  (fig.  6185), 
tels  que  l'orme', 
le  myrte  ou  le 
houx  '  ;  le  pal- 
mier nain,  qui 
abonde  en  Afri- 
que, en  Sicile  et 
dans  l'Italie  mé- 
ridionale,   parait   avoir    été   employé   de   préférence 

Il  y  avait  dans  les  maisons  ro- 
maines des  esclaves  chargés  du 
nettoyage,  appelés  scoparii^.  Mais 
ces  fonctions  n'étaient  pas  tou- 
jours serviles,  il  suffit  de  rappe- 
ler les  néoccores,  dont  le  nom  si- 
gnifie balayeur  du  temple  (fig.  (5186) 
[neocorus]  '. 

On  se  servait  aussi  de  crins  flot- 
tants implantés  dans  un  manche 
{cauda,  peniculiis,  miscarium)*;  la 
figure  6187,  reproduit  une  cauda  à 
manche  de  bronze,  conservée  au 
musée  de  Naples  ;  ou  bien  les  crins  p,    _  ^i^g 

étaient    retenus,    comme  dans  la 
figure  6188,   par    une    tige  en   spirale,  qui    leur   lais- 


Fig.  6187  et  6IS8 


Épousscttes. 


sait  du   jeu   tout   en  les  tenant  assemblés.     E.  Saglio. 

SCORDISCUS.  Housse  de   cheval  en  cuir.  —  Ce  mot 

n'apparaît  pas  avant  le  m''  siècle  de  notre  ère  '  ;  il  est 

donc  très    hasardeux  de  chercher  sur  des  monuments 

Hcsych.  Suid.  Etyincl.  M.  s.  r.  d^xàvirq;  Prynicli,  Ed.  p.  30  et  Lobeck  ad  Phryn. 
Noeris.  p.  354;  l'ierson,  Thoni.  M.  p.  799;  Eusteli  ad  Od.  XXIII,  184,  p.  1944,  18. 

—  2Gahen.X,  p.  245.  —3  Liban.  I,  p.  96,  2;  Suid.  Phot.  s.  ii.  —  4  Gcll.  XIX.  11; 
Dio  Cass.  LVll,  15  :  cf.  AUien.  XII,  p.  5390  F. 

SCIRPEA.  I  Calo,  B.  riist.  10  et  11  ;  Varro,  Ling.  lai.  V.  13;  cf.  Schneider, 
ad  h.  l.  Lucil.  ap.  Non.  p.  490,  20,  Propert.  IV,  2,  40.   —  2  Plaul.    IV,    2,   36. 

—  3  Oïid.  Fast.  VI,  674(680). 

SCOBINA.  1  Varro,  Ling.  lat.  VII,  68;  Plin.  B.  nat.  XI,  180  (68)  ;  Scobina  fabri 
Isid.  Orig.  XIX,  13.  —  2  Scribon,  Comp.  141. 

SCOPAE.  iPolluï,  VI,  94;  X,  28  et  29;  Lucian.  Philops.  33;  Ensl.  ad  Od. 
p.  1887,  33.  —  i  Jahrb.  d.  arch.  Inst.  X  (1890  ,  p.  186;  M.  Hauser  y  %oit  un 
éventail  servant  à  aviver  le  feu;  cf.  [flabeulum]  ;  cf.  Mari.  XIV,  C.  —  3  Cal.  R. 
rust.  132.  —  4  Plin.  Hisl.  nat.  XXIIl.SS.  —  5  Marlial.  XIV,  82;  Hor.  Sat.  Il,  4, 
81  et  83  et  Schol;  Lnitic.  XXIII,  20.  —6  Atrienses  scoparii,  dans  une  villa,  Ulp. 
Dig.  XXXIII,  7,  8;  cf.  Peiron.  Sat.  34:  «  siippelkct  icarius  inler  purgamenla 
scopis  coepit  evererre  ».  Poil,  VI,  94.  —  "t  Voy.  la  base  sculptée  du  Musée  de  Dresde, 
Beckcr,  Augustenm,  pl.  vi  ;  Arcb.  Zeitung,  1838.  pi.  rxi.  D'autres  voient  une  torche 
dans    l'objet    que  le  prêtre    tient    à    la  main.     iMar'.     XIV,    71  :    Plant.    Men.  I. 

—  8  Caylus,  lîec.  d.  anliq.  V,  pl.  iciv,  4. 
SCORDISCUS.  I  Curii.  inscr.  lat.  4508. 


SCO 


—   1123  — 


SCR 


plus  anciens  l'image  de  l'objet  qu'il  désigne  '  ;  on  a  même 
de  la  peine  à  en  définir  le  sens  avec  précision.  Saumaise 
y  voyait  un  dérivé  de  scortum,  cuir-.  Plus  récemment,  on 
l'a  rapproché  du  nom  des  Scordisci,  peuplade  de  la  Fan- 
nonie,  qui  formait  de  bons  cavaliers  ^.  Il  n'est  pas  douteux 
que  sroriliacus  s'entendait  de  la  matière  même  avec 
laquelle  on  fabriquait  les  housses  de  cheval;  il  se  ren- 
contre pour  la  première  fois  sous  la  forme  neutre,  scor- 
discum,  dans  un  article  de  tarif  douanier  où  il  est  ques- 
tion de  peaux  et  de  cuirs  (an  202  ap.  .I.-C.)  et  les  droits  à 
payer  pour  cette  marchandise  sont  établis  d'après  le 
poids  ;  le  document  fait  une  distinction  entre  le  scordi- 
sctim  souple  [malacum]  et  le  scordiscum  rude,  c'est-à- 
dire  brut,  non  apprêté,  par  suite  plus  épais  et  plus  dur  *. 
Quand  une  tumeur  se  produit  sur  le  dos  d'un  cheval 
blessé  par  le  contact  du  cavalier,  Végèce  veut  qu'on  la 
couvre  d'un  emplâtre  et  qu'on  mette  un  scordiscum  par 
dessus,  pour  maintenir  et  proléger  l'emplâtre".  Il  est 
évident  qu'il  ne  s'agit  pas  là  d'une  selle.  D'autre  part, 
les  glossateurs  traduisent  scordiscus  et  son  dérivé  scor- 
discale  par  è^ iirutov  °  ;  l'Édit  de  Dioclélien  range  le  scor- 
dixcus  de  la  troupe  [s.  mi/ilaris)  parmi  les  articles  de 
sellerie  confectionnés  (/o/'ffwipn/a)^.  Ce  qu'il  faut  con- 
clure de  ces  divers  témoignages,  c'est  que  le  sco?-dis- 
cus  était  une  variété  de  l'EPUippifM,  une  housse  dont  on 
couvrait  le  dos  du  cheval  monté,  beaucoup  moins  pour 
assurer  l'assiette  du  cavalier  que  pour  garantir  l'animal. 
Uephippium  pouvait  être  en  étofle;  le  scordiscus,  au 
contraire,  devait  être  en  cuir,  mais  sans  avoir,  à  propre- 
ment parler,  la  forme  d'une  selle  ;  il  est  donc  possible 
que  certains  monuments  de  l'époque  impériale  nous  en 
offrent  l'image.  On  conçoit  comment  celte  housse  decuir, 
plus  facilement  encore  que  Vepliippium,  a  pu,  par  des 
modifications  successives,  devenir  une  selle  dans  les 
derniers  temps  de  l'antiquité  [^sella  eoi'estris  epuippiimI. 
La  fabrication  en  était  confiée  à  des  ouvriers  spéciaux 
appelés  scordiscarii'.      Georges  Lafaye. 

SCOKPIO  [tûrme.nta]. 

SCRIB.\.  —  Ce  mot,  qui  implique  l'idée  de  rédaction, 
de  travail  intelligent',  ne  signifie  pas  le  simple  copiste 
[librarilsJ-,  mais  plutôt  le  secrétaire  ;  il  peut  avoir  pour 
synonymes  les  mots  a  coinmentar  ii  s, abepistulis  elcorres- 
pond  à  un  des  sens  du  mot  grec  YpaajxaTeû;  ^grammateis]. 

Des  scribae  étaient  employés  comme  secrétaires  par 
des  particuliers,  souvent  leurs  esclaves  ou  leurs  affran- 
chis ^  Mais  nous  connaissons  surtout  les  secrétaires 
des  magistrats  et  fonctionnaires,  soit  romains,  soit 
municipaux. 

Parmi  les  appariteurs  des  magistrats  romains,  la  cor- 

<  Comme  Ta  fail    Rich,  Bict.  des  ant.  s.  v.  —  2  Saliiias.  ad  CapUolin.  Ver.  G. 

—  S  l'Iin.  Bùl.  nal.  III,  1*8  ;  FrODtin.  Slraleg.  III.  10,  7  ;  Blûmmer  ad  EJicl.  Oio- 
cM.  X,  2.  —  i  C.  i.  1. 1.  c.  —  â  Vcgcl,  Vel.  III,  un.  —  6  Corp.  gloss.  Il,  180,  io  ; 
3il,  7  ;  III,  194,  iS  ;  327,  4.  —  'i  Eilict.  Dioclel.  L.c.  -  *  Ilicronyro.  Ep.  51,  3. 

SCniBA.  1  D'après  Keslus.p.  333,  Jlullcr,  le  nom  de  colletjium  scribarum  désigne 
le  collège  des  poêles  el  des  librarii  (Val.  Mai.  3,  7,11).  Cf.  .id.  Theod.  U,  1,1.  Voy. 
0.  Jahll  UericHe.  il.  Sûchs.  Gesellsch.  d.  Wiss.  ISSC,  p.  294.  —  2  Cic.  Pro  Sy».  15, 42, 
46,  1.0  seriptor  est  l'ouvrier  (|iii  écrit  des  arnciics  électorales  (C.  ins.  lai.  4,  1904, 
iV!<7;  Hcnzen,  6y75-7(i).  L'appellation  sc/-t6a  /i6r«rf us  est  moins  relevée  ([uc scn'ôa. 

—  3  Cornc'.iuç,  scribe  de  Sylla,  H.  TuUius  de  Cicéron  (Sali.  Bisl.  1,  41,  17;  Cic. 
.trf  .Ut.  S,  4,  I  ;  Ad  fam.  5,  20);  un  cornes  et  scritia  de  Tibère,  à  Rhodes  (Horat. 
Ep.  I,  8,  î):  un  scribe  d'Oclavie.  sœur  d'Auguste  (Henzcn,  2950i.  —  »Cic.  De 
deor.  nal.  3,  30  ;  Vatic.  fr.  124;  (C.  in.  tat.  6,  1820.  1S22,  1825,  2IC3  ;  10,  C676; 
3,  12  690:  6,  4,  2,32  265,  32  268,  32  269,  32171-73;  12,  524;  14,2839,  3548,  4250, 
3699;  9,  1193,  2675,  2454;  Suet.  Vesp.  3;  Dom.9.  —  5  /iirf.  H,  172;  6,  1805; 
Plut.  Cal.  min.  16.  Fra;;ment  probable  des  fastes  des  sexprimi  à  C.  i.  t.  6,  4, 
i.  32270a.  —  «Doii  leur  nom  de  scr.  q.  ah  aerario  {C.  i.  l.  C,  1816,  1819, 
32  273)  ;  t'eslus,  p.  33J;  Cic.  ilerfow.  iS  74;  /;i  Yen:  3,  TJ,  itl3. —' Cic.  fro  Clu. 


poralion  la  plus  considérée  est  celle  des  secrétaires  des 
questeurs,  {scribae  ou  scribae  librarii  f/uaestorii,  trium 
decuriurum),  répartis  en  trois  décuries,  dirigés  par  les 
sex  primi  et  qui  ont  été  au  nombre  total  peut-être  de  27 
avant  Sylla,  plus  tard  de  36'.  La  charge  de  sex  primus 
est  annuelle,  mais  renouvelable;  un  des  se.r/)r!«u' s'ap- 
pelle princeps'.  Ces  secrétaires  sont  employés  surtout 
à  l'administration  de  Vaerarium  et  à  la  comptabilité 
publique";  ils  sont  sous  l'autorité  immédiate  des  deux 
questeurs  urbains,  mais  relèvent  aussi,  dans  une  certaine 
mesure,  des  censeurs  et  dos  autres  grands  magistrats 
qui  peuvent  peut-être  contrôler  leur  choix';  ils  dirigent 
sans  doute  les  archives  qui  sont  à  Vaerarium,  ils  y  trans- 
crivent les  sénatus-consultes',  communiquent  les  pièces 
dont  on  demande  des  copies';  deux  d'entre  eux  sont 
adjoints  à  chaque  gouverneur  de  province,  outre  ses 
scribes  particuliers,  pris  parmi  ses  affranchis",  pour  la 
tenue  de  sa  comptabilité  et  de  ses  archives".  Les  édiles 
curulesont  aussi,  pour  les  assister  à  Vaey'aritim  et  comme 
greffiers  pour  leur  juridiction,  une  décurie  de  scribae 
librarii  avec  dix  directeurs'-.  Ces  deux  groupes  de 
scribes,  instruits  dans  le  droit  et  permanents,  ont  dû  jouir 
d'une  grande  influence  auprès  des  édiles  et  des  questeurs, 
passagers,  souvent  ignorants,  et  être  les  vrais  administra- 
teurs de  Vaerarium'^.  On  y  trouve  desaffrancliis"  mais 
surtout  des  ingénus;  beaucoup  ont  été  de  l'ordre  équestre 
ou  ont  eu  la  prétention  d'en  faire  partie,  ou  ont  obtenu 
l'anneau  d'or'^;  plusieurs  ont  eu  des  charges  munici- 
pales "^;Cn.  Flavius  a  même  été  édile  à  Rome;  deux  autres 
scribes  préteur  et  dictateur  '".  La  corporation  figure  dans 
différentes  cérémonies;  dans  la  suite  du  gouverneur,  les 
scribes  viennent  après  les  officiers  de  rang  équestre'*. 
Au  Bas-Empire,  Vaerarium  étant  devenu  simplement 
Varca,  la  caisse  municipale  de  Rome,  il  est  probable  que 
les  décuries  de  scribes  questoriens  sont  devenues  les 
decuriae  f'rbis  Romae,  à  la  fois  bureau  municipal  et 
chancellerie  du  sénat.  Ces  décuries  comprennent  trois 
divisions  :  les  scribae  librarii,  les  fiscales,  les  censuales, 
et  ont  comme  chef  un  judex  qu'il  faut  probablement 
identifier  avec  le  magister  census'^.  D'après  une  loi  de 
Valentinien-",  chaque  grande  ville  doit  fournir  deux 
decuriales.  Cette  corporation  tient  à  Rome  les  regis- 
tres de  l'état  civil,  enregistre  les  donations,  reçoit  et 
garde  les  testaments,  en  un  mot  tient  la  place  de  bureau 
municipal^'.  Les  censuales  ont  les  fonctions  les  plus 
importantes  ;  ils  rédigent,  enregistrent  et  conservent  les 
sénatus-consultes,  tiennent  les  archives  du  sénat,  sont 
chargés  de  la  répartition  des  prétures,  reçoivent  l'argent 
pourlesjeux  donnés  par  les  sénateurs,  dressent  le  tableau 

45,  126;  Liv.  4,  8.  —  S  J'explique  ainsi  la  présence  de  deux  scribes  comme  signa- 
tores  au  s.  e.  de  nundinis  saltus  Beguensis  (C.  i.  i.  8,  1 1  451).  —  9  Cic.  Be  leg. 
3,  21',  46  ;  Plut.  Cat.  min.  16.  —  10  Cic.  Ad  Alt.  5,  4,  1.  —  Il  C.  i.  l.  10,  7952; 
Liv.  38,  55,  5;Cic.  Verr.  3,  78  ; /n  Pis.  23,  61  ;  Plin.  Ep.  4,  12;  Hist.nat.  26,  1, 
3.  _  12  Liv.  30,  39,  7;  Cic.  Pro  Clu.  45,  126;  C.  i.  l.  6,  1839,  1840,  1853;  8, 
8936;  6,  4,  2,  32267,  32  276-80;  14,954,  2108,  2839,  2940,  3625,  2263.  Un 
d'entre  eux  s'appelle  princeps  et  ({uesteur  du  collège.  Inscription  de  leur  local,  la 
schola  Xanlha,  6,  103  ;  Itûm.  Mitth.  1888.  p.  208-222.  —  13  Plut.  Cat.  min.  16; 
Suel.  Claud.  38  ;  C.  i.  l.  6,  1819,  IS53  ;  Nepos,  Eunwn.  1 .  —  U  C.  i.  /.  6,  1815, 
1847.  —  1'^  Plin.  Hist.  nat.  26,  1,  3  ;  Suet.  Vi(.  «or.  p.  44  ;  Cic.  Ad  fam.  10,  32; 
Verr.  3,  79,  80,  84,  183;  C.  i.  t.  3,  12  690.  —  16  t'.  i.  /.  6,  32  275  (curateur); 
Bull.  dell.  inst.  1849,  p.  90,  praefectus  fabnim;  Moral.  Sat.  I.  5.  35.  —H  Gell. 
6,  9  ;  Liv.  9,  46  ;  Val.  Slai.  2,  5,  2  ;  4,  5,  3  ;  Cic.  De  ofi .  2,  S  ;  Fasli  Cap.  (M.  Clau- 
diusGlicia  dictateur!.  —  '8  Cic.  De  dom.  2S,  73;  Pro  Hab.  ad  jud.  6,  13;  V.rr. 
2,  10,27;  Sali.  Hisl.  3,4.  —  I»  C.  Th.  14,  1  ;  8,  9,  1  ;  Cassiodor.  Var.  5,  i;Aûtit. 
dign.  Occ.  4;Sidon,  Êp.  8,  6;  >ï^  Gord.  12.  3  (par  anachronisme).  V.  Godcfioy, 
ndC.  Th.  14,  I.  Le'scn6nsc)ia(us(l)enossi,  Bu».  rWsM 870,  p.  18)  est  saus  doute  un 
ilrairialis.  —  -^O  C.  Th.  14,  1,  3.  — 21  C.  T/i.  8,  12,  S;  4,4,  I  ; 8, 2,1  ;Cassiod.i.  c. 


SCR 


—  1124  — 


SCR 


des  forlunes  scnalorialcs,  sous  la  direclinn  du  magiater 
ceiisiis  et  en  outre  surveillent  les  étudiants'  "senati's]. 

Il  existait  d'autres  corporations  de  scribes,  moins  im- 
porlanles  auprès  des  tribuns,  des  édiles  de  la  plèbe,  des 
édiles  Cerinles'-;  onconnaitégaleincntdes  scribes  auprès 
des  préteurs,  des  présidents  de  (/iiaestionp.'s  pour  lire  les 
pièces,  rédiger  les  notes  d'audience';  auprès  des  cen- 
seurs qui  ont  dû  se  servir  aussi  de  leurs  serviteurs  per- 
sonnels et  des  scribes  des  questeurs'  ;  des  pontifes,  sous 
le  nom  postérieur  de  ponlipces  minores^;  des  curatore.t 
frumenti,  des  rin'afoi'es  ai}iiarum  ^  ;  des  décemvirs 
créés  par  la  loi  de  UuUus';  du  préteur  de  Constan- 
linople  et  du  préfet  de  l'annona  au  Bas-Empire  *.  Nous 
ignorons  la  destination  de  la  décurie  des  scribae  arma- 
mentarii  connus  à  Rome  au  u"  siècle  ap.  J.-C°.  Le 
préfet  de  Rome  a  dû  avoir  ses  scribes'".  Pour  la  partie 
matérielle  des  écritures,  il  a  dû  y  avoir  dans  beaucoup  de 
services  des  esclaves  publics". 

Sous  l'Empire,  toutes  les  administrations  ont  eu  des 
scribes  dans  leurs  offices;  mais  le  mot  scriba  est  le  plus 
souvent  alors  remplacé  par  son  équivalent  librainus  ou 
par  des  termes  nouveaux  et  analogues,  chartuhn-ius,  a 
coinmenlariis,  exceptai',  rtotarius,  sc?'hiiarius,  [tabula- 
rius,  [oFFiCRiM,  NOTARiis,  scRiNiARius].  Citons  les  decu- 
riones  scribae  dans  le  service  du  cens''',  des  librarii 
dans  les  services  des  mines,  du  cens,  des  héritages 
laissés  aux  empereurs,  auprès  de  procurateurs,  gouver- 
neurs de  petites  provinces,  dans  les  scrinia  impériaux  ". 
Les  empereurs  ont  eu,  outre  les  secrétaires  officiels,  ab 
epislulis,  des  secrétaires  particuliers'*  qui  s'appellent 
quelquefois  «  manu"'  ou  amamensis. 

Il  y  a  eu  également  dans  les  villes,  au  service  des 
magistrats,  pour  la  rédaction  des  actes  officiels  et  du 
sénat,  des  scribes  greffiers,  dont  la  fonction,  quoique 
payée,  est  souvent  un  munus  personnel  et  qui  com- 
prennent souvent  deux  groupes,  les  ncribae  cerarii  et 
\çi  srr.  librarii  [kcix].  Danslaloi  de  Genetiva,  sontmen- 
tionnés  deux  scribes  et  un  librarius  pour  les  duovirs,  un 
scribe  pour  les  édiles'";  les  scribes  sont  assermentés  ;  à 
Oslie  la  décurie  desacribae  cerarii  ci  librarii^'.  Le  nom 
générique  des  scribes  est  scriba  publicus,  rei  publicae, 
coloniae,  mnnicipii^',  quelquefois  «e;-»/-//'^  ;  ingénus 
ou  affranchis,  ils  ont  souvent,  en  même  temps,  d'autres 
dignités-".  Au  Bas-Empire,  les  villes  ont  encore  des  col- 
lèges de  scribes  (ou  logographi,  diurnarii),  et  de  tabu- 
larii  qui,  comme  comptables,  peuvent  être  soumis  à  la 
question  et  doivent  rester  au  moins  cinq  ans  dans  leur 
charge  avant  d'aspirer  à  d'autres  fondions^'  [tabularii]. 

1  C.  Theod.  6,  4,  13-SO;  0,  2.  H,  IM5  ;  Symmacli.  Ep.  10,  +:).  —  2  Liv.  38, 
51.  12;  Ascoil,.  /n  Corn.  p.  58:  C.  I.  (.  6,  1808,  1810,  18*7,  1850,  iSii,  1835, 
1905  ol  add.  p.  844.  —  3  Cic.  Pro  Ctu.  53,  147;    Verr.  3,  10,  26;  Dionys.  5,  S,  9. 

—  '  l.iv.  4,  8,  4  ;  Val.  Max.  4,  ),  10  ;  Varr.  De  l.  lat.  0,  87.  —  3  Liv.  2i,  51  ; 
Vit.  Slatr.  7,  2.  —   6  Froiitin.  De  aq.  100.  —  1  Cic.  De  leg.  agr.  2,   13,  32. 

—  s  Xov.  94  lin.  ;  C.  Just.  5,  75,  6:  C.  th.  14,  17,  6.-9  C.  i.  (.  6,  999;  5, 
IS33;  10.  4832.  —  10  peul-fire  indiquas  à  Vit.  Prob.  î.  1;  regestis  scribariim 
portions  Purphr/relirae;  lluebner.  De  senaliis  aclis,  p.  13  identifie  ce  portique 
avec  Irs  Purpuretica  in  foro  Traiani  de  C.  i.  l.  15,  7191.  -  11  Mommstii  regarde 
comme  lois  les/iuA/ifi  n  censibus  populi  fiomani  (C.  i.  /.  6,  2331-35).  _  '2  c.  i.  t. 
6,  8512  ;  cf  3.  (i077,  les  deciriones  du  tabiilmium  dEphèse.  —  13  Ibid.  6,  8435, 
3878  ;  3,  13li;  13,  I8Î3;  Cagnat,  /nacr.  gr.  ad  rem  Jlom.  pert.  I,  023;  Vit.  Alex. 
31,  I.  —  IlSucl.  Vit.  //or.  p.  45:  Aiiij.  loi  ;  C.  i.  /.  0,  1025  —  13  Suet.  Aiig. 
67.  -  16  C.  i.  t.  2,  5»!i,  c.  02,  81.  -^  n  Ibid.  H,  409.  -  I»  Suel.  Claud.  1  i 
Ci.  (.  II.  1421,3614;  10,  140,  1480,  1494,  3737,  390lj,  4G2.1,  490.'i,  6326.  6670;  3^ 
2019,  3974,  1512.  7914,  7917,  12580;  5,  &314,  7033,  7130;  9,  1103,  2675,  iUiî, 
5190;  14,  2108,  3711;  Cassiod.  \ar.  12,  21.  -  10  C.  i.  l.  12.  2212.  A  Potnpfî 
(10,  1074  c)  un  scrihc  de  magiater  pagi.  —  io  Ibid.  5,  5311  (ornenienls  du  décu- 
rionall,  5866  (ponlife  et  curateur  de  l'oerurium)  ;  10,  1489  (dcJcurion).  —  21  C.  Th. 
8,  2,  1-3,8.  Il,  8,  3;    Diy.ôO,  4,  18  §  10.  —  22  C.  i.  l.    14,  3*7,   418.  419;   2112, 


Fig.  6189.  —  Scri 
d'une  corporalii 


Les  collèges  el  corporations  ont  également  des  scribes''^ 
qui  rédigent  les  procès-verbaux,  les  inscriptions,  font 
graver  l'album,  les  fastes,  gardent  les  archives  ;  ils  sont 
généralement  élus  à  vie  -'  :  quelquefois  c'est  le  président, 
le  magister,  qui  est  scribe-'. 

Dans  l'armée  impériale  et  sur  la  flotte  se  trouvent  dans 
les  grades  inférieurs  plusieurs  catégories  de  scribes  :  les 
actarii  on  acluarii;  les  no(arii,  les  librarii  en  général, 
qui  inscrivent  probablement  les  fournitures  d'argent,  de 
denrées  et  les  librarii  spéciaux  pour  les  greniers,  les 
dépôts  des  soldats,  les  caduca;  les  commentarienses,  qui 
rédigent  le  bulletin  quotidien^\     Ch.  Lecrivain. 

SCRIXIARIUS,  SCRIXIUM.  —  A  l'origine,  le  mot  scri- 
nium     signifie    proprement    une 
boite    [cAPSAj,    ou    une    armoire    ,-,■.■,>     - 
[armariumJ  qui  contient  les  objets    "f'Y'^/fS'P 
précieux   et  surtout    les    papiers, 
les    documents'.  C'est  ainsi    que 
sur  le  scRiNUM  et  sur  les  rouleaux 
déposés  au  pied   de  la  statue  du 
patron  ou  secrétaire  d'une'  corpo- 
ration ifig.  6189,  6190)  on  peut  lire 
l'inscription  constitutiones  corpo- 
ris    munimenla,    qui  désigne  les 
statuts  ou   privilèges. 

Par  une  extension  naturelle,  il  a 
désigné  rapidement  un  local  d'ar- 
chives   [archivum,    tabularium), 
les  archives  elles-mêmes  de  l'Empereur,  un  bureau,  un 
office,  une  administration 
impériale^. 

Les  quatre  bureaux  de 
la  chancellerie  impé- 
riale, désignés  sous  le 
Haut-Empire,  ab  epislulis, 
a  libellis,  a  cognitioni- 
bus,  a  memoria,  au  Bas- 
Empire  epistolarum,  me- 
moriae,  libellorum  et  pro- 
bablement dispositionum, 
constituent  des  scrinia 
dont  les  ctiefs  s'appellent, 
au  iV  siècle,  les  inagistri 
scriniorum  [pRl^•CEPS,  prin- 
cipatus,  p.  657,  col.  1]. 
Au    début,     les     scrinia- 

1      ,,  .      Fig.  6100 

ni  ne  sont   probablement 

que  les   employés   attachés  aux   archives   impériales  '. 

il,  19;  2299;  8,  9052;  12.  2252;  0,  868,  lOfin.  Voir  Wallzing,  Les  Corporations 
professionnelles  chez  les  Homains,  I.ouvain,  1895,  I,  p.  415.  —  23  C.  i.  l.  1*. 
2112,  —  21  /bid.  14,  418,  419,  2200.  —  25  Vegcl.  2,  7;  Oig.  50,  6,  7  ,  C.  i.  l.  S. 
9379;  et  les  textes  dans  Cauer,  De  numeribtis  militnribtis  {Ephem.  epigr.  4,  p. 
424-429).  —  B[i)LioGR»PHiiî.  Sigonius,  De  jure  ciriiim  Domanorumi;  Krause,  de 
scribis  pubticis  Boman.  Magdebourg,  1852;  Momnis  n.  Droit  public,  Irad.  fr.  I, 
p.  392-402.  410-421  ;  Lielienam,  ■'ilndlerertratlKng  im  rnm.  Kttiserreiche, 
Leipzig,   1900,  p.  278. 

SCBIMAltlVS,  SCUIMUM.  I  Plin.  Hist.  nat.  16,  84,  1  ;  7,  26,  1  ;  Sali.  Cat. 
47;  Sencc.  Z^e  irn  2,  23;  Juv.  il.  276;  Hor.  Sal.  1,  I,  120.  Trouvaille  des  restes 
d'un  scrinium  dune  légion  à  Crémone  iXoliz.  de.  scari  1  887,  p.  209).  Reproduc- 
lion  de  cet  objet  sur  la  tomlie  li'un  scrinarius  (C.  i.  l.  6.  9885;  el  sur  deux  bas- 
l'cliers  de  Rome  où  il  parait  contenir  les  statuts  et  privilèges  d'une  corporation  de 
Rome  :  constititti'ines,  corporis  munnmenta  (Mommsen,  .VisceUeii  Zeits.  d.  Sa- 
eigny-Stift.,  Itôm.  Abt.  12,  18,  01,  p-  140-149).  —  2Suet.  .Ver.  47;  Plin.  Ad  Trai. 
10,  65;  Dig.  32,  52,  3  ;  Vil.  Aur.  9,  I;  C.  Th.  I,  16,  3  ;  C.Jnst.  1,31.5  §2:  6,  23, 
19  ;  7,  37,  2  §  1.  Los  locaux  d'arcbives  impcîriales  se  sont  appelés  aussi  plus  lard 
saiicluarium  (Gromat.  vet.  154,  14  :  C.  i.  /.  10,  78521,  sacraria  {Dig.  50,  4,  78,  12; 
C.  Th.  12,  12,  8,  16  ;  16,  5,  16;  16,  5,  49;  Alison.  Grat.  acl.  I,  3).  —  3  C.  i.  lat. 
10,  527  {scriniarins  ab  episluli':  do  l'épo^pio  de  Claude)  ;  0,  8617,  8404  { l"  siècle). 


SCR 


1125  — 


SCR 


An  Bas-Empire,  les  affaires  des  principaux  fonction- 
naires sont  réparties  en  un  certain  nombre  de  scrinia  ([u'i 
ont  généralement  à  leur  tête  le  priiniscrinius  ou  le  /iri- 
micerius  de  tout  l'ofllce  ou  un  priniisrriîiius  pour  cha- 
cun d'eux.  Outre  les  quatre  bureaux  de  la  chancellerie,  les 
saci'a  scrinia  par  excellence,  on  trouve  des  scrinia 
auprès  :  des  maîtres  de  la  milice  à  la  cour  de  Constanti- 
nople,  d'Orient,  de  Thrace  et  d'Illyrie,  du  maître  de  la 
cavalerie  à  la  cour  de  Rome,  des  comités  t/iesaurorum, 
des  ducs,  du  cas/rensis  d'Orient  et  d'Occident,  des  pro- 
consuls d'Asie  et  d'Afrique'  ;  auprès  du  cornes  sacrarum 
largilionum  en  Orient  et  en  Occident,  au  nombre  de 
neuf  :  cauonum,  tabulariorum,  numerariorum,  aureue 
massae,  auri  ad  7'esponsum,  vestiarii  sacri,  argenti,  a 
miliarensibus,  a  pecuniis-;  auprès  du  cornes  rei  pri- 
valae  en  Orient  et  en  Occident  au  nombre  de  quatre: 
bene/iciorum,  canonum,  securitatum,  largilionum  pri- 
valorum'.  Auprès  des  préfectures  du  prétoire  il  y  a  pro- 
bablement autant  de  scrinia  que  de  diocèses  et  en  outre 
des  bureaux  accessoires;  ainsi  la  préfecture  d'Illyrie  a 
deux  bureaux  pour  la  Macédoine  et  la  Dacie,  un  scriniiim 
operarum  et  un  scrinium  auri'';  Justinien  établit  dans 
la  préfecture  d'Afrique  six  bureaux,  dont  un  pour  les 
opéra  et  pour  Varca";  et  il  est  question  de  scriniarii 
pour  toutes  les  préfectures^.  Celle  d'Orient  a  quatre 
bureaux  pour  les  diocèses  d'Asie,  de  Pont,  de  Thrace  et 
d'Orient  et,  en  outre,  le  scrinium  urbis  pour  Constanli- 
nople,  le  scrinium  operutn  et  le  scrinium  ai-morum''. 
On  connaît  d'autres  bureaux  auprès  du  préfet  et  du  vicaire 
de  Rome,  et  il  y  en  a  vraisemblablement  dans  la  plupart 
des  autres  services*.  Chaque  scrinium  parait  avoir  à  sa 
tète  soit  un  primicerius'^  ou  primiscrinius,  soit  un 
numerarius";  et  il  comprend  différents  employés  parmi 
lesquels  sont  les  scriniarii.  Ceux-ci  constituent  dans  la 
plupart  des  services  une  schola  spéciale  qui  fournit,  selon 
les  besoins,  aux  chefs  des  bureaux  soit  de  simples 
employés,  soit  des  aides  {adjutores)  ou  des  chàrlularii  '  ' . 
Les  scriniarii  sont  à  la  fois  scribes  et  comptables  '-  ;  au- 
près des  préfets  du  prétoire  en  toutes  matières,  mais  sur- 
toulen  matière  d'impôts '•'.  Pour  prévenir  leurs  fraudes  et 
leurs  concussions,  une  loi  de  41 5  ne  les  laisse  que  trois  ans 
dans  cette  fonction"  [officiales,  officilm].  Ch.  Lécrivain. 

SCRIPTURA.  Tpact/,.  Écriture,  art  d'écrire. — L'écriture 
en  Grèce  remonte  vraisemblablement  à  une  très  haute 
antiquité  et  l'on  peut  conjecturer,  avec  une  probabilité 
bien  voisine  de  la  certitude  qui;,  dès  que  les  Grecs  eurent 
adopté  un  alphabet,  ils  se  servirent  de  l'écriture  non 
seulement  pour  les  actes  ofliciels  et  les  inscriptions  des- 
tinées ù  les  conserver,  mais  aussi  pour  les  relations 
journalières,  et  cela  bien  antérieurement  au  vr  siècle 
avant  notre  ère.  On  écrivit  sur  toutes  sortes  de  matières, 
feuilles  d'arbres,  écorce,  bois  nu  ou  enduit  de  cire 
[taiil'lae  cf.ratae]  ;  sur  les  métaux,   notamment  sur  le 


<  iVo/l<,  or.    8-9,    17,     80;    (Jcc.    6,    13,    18;    C.    Th.  8,  7,  14-16;  8,   2,  15,  16. 

—  »6'.  Th.  6,  30,  5,  7  ;  10,  iO,  13,  18;  H,  28,  13;  Notit.  or.  13;  Occ.  H.  A  C.  Th. 

6,  30,  7,  il  y  a  le  nombre  de  dix  par  l'adjonrlion  de  la  schola  exceplorum  et  de  11 
à  C.  Jimt.  [if  83,  7  par  la  sépaiation  des  mittendarii.  Chaque  scrinium  a  son 
primiceriiis.  —3  !Vo(.  or.  U;  Occ.  12.  A  C.  Th.  6,  30,  S  figure  en  oulre  le  scr. 
exceplorum.  —  l  C.  Just.  18,  50,   12.  —  '"  lIAd.  I,  27,  1  |  8.  —  6///iJ.  18,  50,  2,  8, 

10,  12;  12,  53,  3;  C.  Th.  Il,  5,  3.  I.ydus,  iJc  maij.  3,  35-36,  Lydus  (3,8;  8,  1U| 
cite   encore  le  scr.   tlti  subadjuva   pour  la  préfecture  d'Orient.  —  T  Lydus  3,  5. 

-  *  C.  th.  14,  4,   10;  6,  28,   1  ;  l.yd.  3,   13,  4C.    —  9  V.    note  5  ;    Cassiodor.    Var. 

11,  20,  21.  —  10  Dans  les  préfectures  du  prétoire  (C.  Jnst.  I,  80,  1  §  8  ;  12,  50,  10, 
18)  et  prolalikinent  auprès  des  maîtres  de  la  milica.  —  <•  C.  Th  8,  1,  8,  15,  IG  ;  S, 

7,  14;  11,  5,  3;  C.  Just.  12,  3t;,  6;  12,  50,  10-12;  l.yd,  3,  35-36;  Cassiod.  Var.  Il, 


plomb,  sur  des  fragments  de  poteries,  puis  sur  le  papy- 
rus qui  fut,  pen(i;int  plusieurs  siècles,  la  matière  à  écrire 
la  plus  répandue  dans  le  monde  grec  et  dans  le  monde 
romain,  enfin  sur  le  parchemin  qui,  vers  le  W  siècle  de 
notre  ère,  commença  à  se  substituer  au  papyrus  [liber]. 

Dans  l'état  actuel  de  nos  connaissances,  pour  ne  parler 
que  d'après  les  documents  existants,  en  dehors  des 
inscriptions,  pour  le  paléographe  l'histoire  de  l'écriture 
grecque  ne  commence  qu'à  la  fin  du  iv"  siècle  avant 
J.-C,  où  nous  trouvons,  en  310,  un  contrat  de  mariage', 
en  double  expédition  sur  papyrus,  fort  bien  écrit.  On 
peut  suivre  l'évolution  de  l'écriture  sur  cette  matière, 
depuis  celte  date  jusqu'au  viii°  siècle  de  notre  ère,  et  on  la 
voit  prendre  différents  caractères,  non  seulement  selon 
les  époques,  mais  encore  selon  les  ouvrages  ou  les  docu- 
ments qu'elle  sert  à  transmettre;  car  l'écriture  en  usage 
pour  la  transmission  des  œuvres  littéraires  n'est  pas  la 
même  que  celle  qui  est  employée  pour  la  correspondance 
et  les  besoins  journaliers^ 

11  y  a  donc,  dès  le  principe,  deux  grandes  divisions  qui 
subsistent  jusqu'aux  environs  du  ix' siècle  :  les  écritures 
des  œuvres  littéraires  et  des  actes  importants  et  celles 
des  documents  journaliers  et  familiers.  Mais  dans  le 
cours  du  temps,  l'idéal  et  les  règles  se  modifient  sous 
l'inlluence  de  causes  qu'il  n'est  pas  toujours  possible  de 
déterminer  et,  à  ce  point  de  vue,  on  reconnaît  dans 
l'histoire  de  l'écriture  grecque  trois  périodes:  la  pre- 
mière s'étend'de  la  fin  du  iv"  siècle  aux  environs  de  l'ère 
chrétienne,  c'est  la  période  plolémaïque;  la  seconde, 
appelée  période  romaine,  comprend  les  trois  premiers 
siècles  de  notre  ère  ;  la  troisième  est  la  période  byzan- 
tine qui  va  jusqu'au  i.x'  siècle.  Chacune  de  ces  périodes 
a  son  type  ou  ses  types  d'écritures  préférés. 

Écriture  ondule.  —  On  appelle  ainsi  une  écriture  dont 
les  lettres,  d'après  l'étymologie  [uncia),  devaient  avoir 
un  pouce  de  hauteur.  En  réalité,  ce  lerme  désigne  un 
ensemble  de  caractères  dont  la  forme  et  l'aspect,  sur  les 
plus  anciens  documents,  rappellent  beaucoup  ceux  des 
inscriptions'.  Les  lettres  sont  tracées  indépendamment 
les  unes  des  autres  et  maintenues  séparées.  Leur  tracé 
est  extrêmement  morcelé  et  laborieux;  à  l'exception 
de  I  toutes  sont  faites  en  deux,  trois  et  même  quatre 
traits'.  On  comprend  facilement  qu'un  pareil  système 

poAYI^OT^N^TtAAlNAN 

Fig.   0191. 

d'écriture  ne  pouvait  convenir  à  ce  qui  demandait  une 
expédition  rapide.  Aussi  fut-il  réservé  à  la  transcription 


22,  2*.  —  12  Lyd.  3,  2,  3-3  ;  Suid.  s.  v.  <t»fin4f  105  ;  et  les  gloses  citées  par  Gode- 
froyà  C.th.  8,1,  15. —«C.  Th.  11.28,  13;  11,5,  3.  —  H /6,rf.  8,  1,  13.  —  B.. 
BT.ioGiiAPBiE.  Godefroy,  Comm.  ad  C.  Th.  8,  1,  15  ;  Memels.lorf,  De  archiiùs  Impe- 
ratorum  Romanorum,  Halle,  1890. 

SCRIPTUHA.  1  0.  Kubensohn.  Elephnnline  Pnpi/ri,  pi.  m,  dans  .Eqyplische 
Urkunden  ans  der  Krjl.  Mus.  in  «er(i/i(  1907).  —  2  lidw.  M.  Thompson,  ffand- 
book  o/'greek  and  latin  Paiaeography,  p.  117.  l'r.  G.  Kenyon,  The  PaliKoi/raphij 
of  greek  papyri,  p.  9.  -  3  Monlfaucon.  l'nlaeographia  graeca,  p.  185  ;  Wattcn- 
hach,  Auteitung  ztir  griechischen  Palacngrapliie,  p.  5  si|,  ;  (iardllcausen,  Grie- 
chisc'te  Palaeogrnphie,  p.  138;  Thompson,  Op.  cit.  p.  119;  Kenyon,  Op.  cit. 
p,  10.  —  4  Alf.  Jacoh,  Le  tracé  de  la  plus  ancienne  écriture  onciate,  dans 
Annuaire  de    l'École  prat.  des  Hautes  Études,   1906. 


SCR 


—  1126  — 


SCR 


des  ouvrages  de  Tespril  et  des  dociimeiils  auxquels  on 
allacliail  de  l'iinportance.  Les  plus  anciennes  écritures 
oncialcs  connues  ont  ceci  de  commun  qu'elles  repro- 
duisent d'assez  près  les  types  épigraphiques,  comme  on 
peut  l'observer  sur  lepapyrusde  Timolhée  (fig.  6191)  '  et, 
sauf  en  quelques  passagesdu  contrat  de  3 10  (fig.  6192),  on 

Fig.  6192. 

n'y  remarque,  en  général,  ni  pleins  ni  déliés,  tous  les 
traits  sont  sensiblement  d'égale  force.  Mais  de  bonne 
heure,  la  loi  du  moindre  efl'ort  fit  modifier  el  simplifier 
le  tracé  de  certaines  lettres,  le  M  se  traça  en  trois  traits 
au  lieu  de  quatre  et  l'fi  prit  une  forme  de  transition 
(ww)  faite  d'un  trait. 

Dans  le  cours  du  m'  siècle,  les  lettres  perdent  de  leur 
liauteur  et  gagnent  un  peu  de  largeur;  l'A  prend  la  forme 
^  ,  l'E  est  réduit  fi  trois  éléments  et  reste  d'abord  angu- 
leux (ifc),  puis  il  s'arrondit^.  Un  document  peut  nous 
donner  une  idée  appro.ximalive  de  ce  que  fut,  à  la  fin  du 
m"  siècle   et  au    commencement  du  ir,   l'écriture    des 

papyrus   litté- 
^>!».C>:^NoyjC(f'^-AA-t)-îN"AXvln     raires.Ceslun 

'  lec tique    ou 

-ro/c«^.U^  ^^n-^-^*^^  sont     conser- 

Fig.  6193.  vées  des  cita- 

lions  de  poètes 
(fig.  6193)  ^  Aucune  lettre,  ici,  n'attire  le  regard  par 
un  développement  excessif  ou  par  une  petitesse  exagérée. 
C'est  ce  qui  se  remarque  aussi  sur  les  papyrus  d'iiercu- 
lanum'  qui,  sans  remonter  aussi  haut  que  celui-ci,  ont 
conservé  assez  fidèlement  le  type  de  l'écriture  plolé- 
maïque  et  peuvent  être  regardés  comme  datant  du  siècle 
qui  précède  l'ère  chrétienne ^ 

A  l'époque  romaine,  les  calligrapiies  ciiangent  d'idéal. 
Ils  tracent  avec  un  calaine  très  lin  des  traits  grêles,  sans 

1  Wilamowilz-Môllendorf,  der  TimotheoaPapyrusavecfac.iim.  il903'-Traiiscr.  : 

(u^o)?;wii  liiva  II  TotiSi  oSu;o|iEvoi  «iiT(iSa«;uov)  iiolu^oiuv  «aityiv  et  Rg.  6192: 
u>t;avS9Q-j     T«-j     tt).t;alvSpou)     {zi4sa1^i)TratSt*(tt<ui    |ir,vo;    Siou.   On     pcut      rapproclici' 

de  ce  papyrus  et  de  celui  de  -10  :  1"  le  papyrus  de  Vienne,  connu  sous  le  nom 
de  papyrus  W Artèmisia,  fac.-sim.  dans  Palneoyraphical  Society,  2*  sér. 
pi.  ir.i  ;  2"  le  papyrus  du  Phédon  de  f'Iaton,  publié  avec  fac-sim,  par  MahalTy, 
On  the  Fiinders  Pétrie  Papyri,  dans  Royal  Irisch  Academy,  Cunninyham 
JUemoirs,  t.  Vlll-X.  Voy.  sur  son  écriture  Kenyon,  Op.  cit.  p.  Ci,  A.  Jacob, 
Op.  cit.  passini  ;  3**  un  fac-sim.  d'un  fragiii.  de  r^»i/?ope  d'Euripide  clicz 
Maliaiïy.  pi.  I  et  u.  Le  type  d'écriture  de  ces  di-ux  derniers  est  un  peu  moins 
ancien  et  offre  des  formes  de  transilion.  —  "i  Cf.  Maliaffy.  Op.  cit.  p!.  xxiv,  lu, 
pap.  de  l'an  268  av.  J.-C.  et  pi.  xix,  pap.  de  225  ;  Kenyon,  Greek  papyri  in  the 
Ifritish  Muséum  II,  pi.  l,  h.  — 3 Transcr.  :  8«<niEv  oux  f  =  «;*»iv  a/.'t.r.  il  i  7_o"/w(rEiv 
«Jii.liov  r,  Il  tof  uSi  ii«"»«  initaYl";.  iVodcM  ct  Extraits  drs  mss  île  la  biblioth.  impêr. 
t.  XVIIl,  pi.  XI  et  fac.-sini.  pliotog.  de  trois  col.  dans  Palaeoyr.  Soc.  II.  pi.  clxxx. 
Cf.  Thompson  ,0p.  cit.  p.  121  ;  Kenyon,  Pal.  of  Gr.  pap.  p.  66.  —  *  Herculanean 
papyri  pliotoi/raphed  at  the  cxpcnse  of  the  philologie.  Society,  Oxford  IS89  ;  cf. 
/'al.  Soc.  I,  pl.  CM  et  cul  ;  Thompson,  Op.  cit.  p.  124  ct  328  ;  Kenyon,  Op.  cit. 
p.  70.  —  Fi  Ce  souci  de  faire  des  lettres  autant  ipie  possible  égales  se  retrouve  à 
un  moindre  degré  sur  un  papyrus  du  Louvre,  (|ui  nous  a  conservé  iin  discours 
d'Ilypéride,  cf.  E.  Revillout,  /.e  plai'ioyer  d  Hypériile  contre  Athénoyin-,  avec 
fac-sim.  Au  contraire  sur  d'aulrvs  monuments,  comme  le  papyrus  de  bacchylide, 
altribué  au  i"  siècle,  avant  J.-C.  (Au  sujet  de  la  claie  de  ce  papyrus  cf.  Grenfell 
ct  ilunt,  The  Oxyrhynchus  papyri  i,  53,  Kenyon.  Op.  cil.  p.  70)  et  l'ilomére 
il'llarris  (maintenant  au  /Irit.  I/IK.  I  ap.  CVll.  il  conti'  nt  une  partie  du  ch.  xviii 
de  l/liadet,  on  peut  remarijuer  enlre  les  lettres  une  grande  inégalité,  (|ui  frappe 
surtout  dans  l'écriture  du  Bacchylide.  M.  Thompson  plaçait  d'abord  l'Honiére  au 
1"  9.  av.  J.-C.  ;  il  pense  niaiuteiiant,  avec  M.  Kenyon,  iju'il  est  plutôt  du  i"  s.  de 
notre  ère.  Il  semble  que  ce  soit  l'écrilure  d'un  copislc  de  la  niéine  école  i|ue  celui 


pleins  ni  déliés,  el  arrondissent  les  lettres  le  plus  pos- 
sible. Un  document  daté  approximativement  de  l'an  10 

fig.  i;i9i. 

avant  J.C.,  nullement  littt'raire,  mais  dû  à  la  plume 
d'un  calligraphe ',  nous  montre  ce  qu'était  l'onciale  dans 
les  premières  années  de  notre  ère  (fig.  6194). 

Vers  la  fin  du  i"  siècle,  un  nouveau  ciiangemenl  se 
manifeste.  C'est  encore  sur  un  papyrus  non  littéraire  que 
nous  le  surprenons  en  88;un  baiP  d'une  apparence  fort 
soignée,  bien  que  le  calligraphe,  qui  s'essaie  à  cette  nou- 
velle écriture,  ail  laissé  éciiapper  quelques  formes  cursi- 
ves  d'G  et  d'Y,  nous  offre  une  assez  grosse  onciale  très 


Fig.    6105. 

régulière  d'environ  3  millimètres  de  hauteur  (fig.  6195), 
qui  fait  songer  à  l'écriture  en  usage  sur  les  parchemins 
aux  v"  el  vi=  siècles,  écriture  à  laquelle  ressemble  encore 
davantage  celle  d'un  fragment  du  second  chant  de  V  Iliade 
trouvé  à  Ilawara  el  qui  peut,  avec  une  grande  pro- 
babilité, être  regardée  comme  du  ii"^  siècle'.  Je  rap- 
procherai encore  volontiers  de  ces  documents  V/liade 
dite  de  Bankes'.  Il  y  a  des  diflérences  de  détail  entre 
ces  écritures,  mais  toutes  trois  ont  un  caractère  commun, 
c'est  le  contraste  entre  les  traits  verticaux,  qui  sont 
assez  forts,  et  les  traits  horizontaux,  qui  sont  très  fins; 
le  même  contraste  se  remarque  dans  les  lettres  rondes 
comme  e   o   c  . 

Nous  ignorons  si  l'usage  de  celle  grosse  onciale  prit 
une  grande  extension  au  iii°  siècle;  en  tout  cas,  nous 
n'avons  de  ce  temps  que  des  monuments  en  écriture  plus 
petite,  comme  celle  du  papyrus  de  Julius  Africanus,  où 
l'opposition  des  pleins  el  des  déliés  est  très  sensible'". 

Nous  nous  bornerons  à  signaler,  en  passant,  un  genre 
d'écriture  plus  basse,  mêlé  d'onciale  el  de  cursive,  qui 

de  Bacchylide  qiii  aurait  subi  rinlluence  des  cursives  officielles  des  premiers  lemps 
de  l'ère  chrétienne.  Voy.  The  Poems  of  BacchyMes,  fac.  sim.  of  pap.  DCCXXXlll 
in  the  Brit.  Mus.  Kenyon,  palaeogr.  p.  75  et  84.  Thompson,  Op.  cit.  p,  124  ct 
328  ;  Calai,  of  anc.  mss  in  the  Br.  il/,  p.  1  ;  Pal.  Soc.  Il,  pl.  lxiv.  Une  écriture 
onciale  aussi  régulière  tiue  la  matière  le  permet  se  voit  sur  un  ostrakon  où  l'on  a 
transcrit  un  opuscule  poélitjue,  cf.  Théod,  Ucinach,  Papyrus  gr.  et  dèmoligues, 
pl.  1.  —  6  Transcriplion  :  Tu/u|iiv  un.;  y»?  »»'  "ti?  «ii»oTijoi  (i9apin)<ra-.  sc.Sovtu 
.ojSuTi».  .»:i(ructTr,aiv(i.)  Kenyon,  Palaeogr. p.SOsq.;  Greek Papyriin  the  Brit.  Mus. 
t.  II,  pap.  CCCLIV;  fac-sim,  dans  l'allas.  De  celle  écriture  ilest  inléresant  de  rappro- 
cher la  plus  ancienne  copie  de  VOdyssée  {Brit.  Mus.  Pap.  CCLXXIJ  et  le  papyrus 
d'Hypéride  qui  contient  les  plaidoyers  pour  Ljcopliron  el  Euxénippe,  Cf.  Kenyon, 
p.  83  ct  65,  pl.  XV  et  xvi;  Pal.  Soc.  Il,  pl.  ci.xxxii;  Thompson,  p.  123;  Thompson 
ct  Warner,  Catalog.  of  Aiicient  mss  in  the  Brit.  Mus.  pl.  ii  et  ni.  Pal.  Soc.  I. 
pl.  cxxvi  ;  Blass,  Handbuch  der  Klassisehen  Alterlhums-  Wissensch.  2"  éd.  p.  31^, 
Cependant  il  ne  serait  pas  étonnant  que  quel(|ues  maîtres  d'écriture  fussent  restés 
ndèles  aux  formes  anguleuses.  —  7  Transcr.  iîTo'fctt*aiSi  eue?YE(xt5,)  xat  »]  to-jtou  7uv»it. 
Brit.  Mus.  Pap.  CXLI.  Pat.  Soc.  Il,  pl.  cxi.vi;  Atlas  des  Greek  Papyri  in  the 
B.  M.  t.  II.  Kenyon,  Palaeogr.  p.  89,  Thompson,  p.  126.  —  8  Ce  papyrus  trouvé 
par  M.  Flinders  l'elrie  contient  le  t'  ch.  de  V/liade  ;  il  est  aujourd'hui  à  la 
Bodléienne,  il  Oxforil.Cf.  Flindeis  l'elrie,  //awara,  Biahmu  and  Arsinoe;  Kenyon, 
Palaeogr.  p.  loi.  Le  papyrus  IH'.CXLII  du  Bnt,  Slus.  trouvé  à  Oiyrliynchos  (cf. 
The  Oxyrhynchus  Pap.  t.  I,  n'  26,  pl.  v  (contient  un  fragment  du  même  chant 
dans  le  même  caractère;  cf.  Thompson,  p,  329.  Pal.  Soc  III,  pl.  lili.  —  "Brit. 
Mus.  Pap.CXl^  ;  il  contient  le  dernier  chant;  fac-sim.  dans  Watteubach,  .'^cripturae 
yraecae  specimina,  pl.  iv  ;  Catalog.  of  uncient  viss.  pl.  vi  ;  Pal.  Soe.  I,  153.  Une 
écriture  avec  des  tendances  semblables  est  celle  du  commentaire  au  Th^étète  de 
Platon,  publié  par  Dicis  el  Schubart,  Berliner  Klassikertexte,  fasc.  II.  cf.  Pat. 
Soc.  m,  pl.  cm.  —  m  Grenfell  et  Hunl,  The  Oxyrh.  Pap.  III,  p.  3('.;  Pal.  Soc. 
!ll,pl.  C.V. 


SCR 


11: 


SCU 


se  voit  sur  des  papyrus  el  des  parclieiiiiiis  el  (|iii  servit 
pour  transcrire  des  scliolies  el  faire  des  éditions  d'un  prix 
modeste',  ou  encore  de  petits  livres  qu'on  donnait  en 


présent  aux  convives  [Ar-opuoRETAj.  La  figure  GI9G  est 
tirée  d'un  coniaienlaire  de  Didyine  à  Démosthène,  écrit 
sur  papyrus  '. 

L'écriture  calligraphique  était  d'abord  bien  verticale; 
on  évitait  même  avec  tant  de  soin  de  l'incliner  à  droite 
que  certains  scribes,  comme  celui  de  \' Iliade  de  Harris' 
allaient  jusqu'à  la  renverser  légèrement  à  gauche.  L'ne 
plus  grande  rapidité  dans  l'exécution  de  leur  travail 
amena  les  copistes  à  produire  une  onciale  penchée  dont 
on  voit  des  exemples  notamment  sur  un  papyrus  d'Ho- 
mère, à  Londres  ',  et  sur  un  autre,   à  Genève,  d'après 

lequel   ont   été 

zJ£^nr^ 2iJiJ }J à.rr B J u^/ /^t'-;     publiés  les 
>  1      \>  fij  s.       Lv^  fragments     du 

Fj„  0(97.  Ménandre.     Ce 

dernier  est 
opistographe,  et  son  écriture  a  fortement  subi  l'influence 
de  la  cursive'  (fig.  G197). 

Aux  environs  du  iV  siècle,  c  est  le  parchemin  qui 
devient  la  matière  préférée  pour  copier  les  écrits  sacrés 
et  les  ouvrages  littéraires.  On  sait  que  Constantin  fit  exé- 
cuter sur  parchemin  des  copies  des  Évangiles  à  l'usage 
des  églises  de  Constantinople  et  que,  vers  la  fin  du 
iv=  siècle,  on  remplaçait  par  des  copies  sur  celle  matière 
les  livres  endommagés  de  la  bibliothèque  de  Pamphile, 
évèque  de  Césarée  ''.  Lonciale  usitée  sur  quelques-uns 
des  plus  anciens  manuscrits  de  parchemin  descend  de 

roTciNXYTONZN  ::':Lrers8 

lOl  AnH>GOHTlN«*-     fig.6l9o)comrae 
TCUNCYNHMINC         on  peut  s  en  as 
niTOHW  HH10Nt$l         surer  en  compa- 
rant avec  celle-ci 

Fig.  Cl'Ji.  ,.  .      ..  j, 

1  écriture  a  un 
manuscrit  de  la  Bible,  le  Codex  Sinniticus  (fig.  6198), 
qui  parait  être  du  commencement  du  v'  siècle''. 

La  matière  étant  plus  résistante,  on  filles  traits  beau- 
coup plus  gros  pour  marquer  davantage  le  contraste  des 

'  KfUïOn,  Pnlaeogr.  p.  113.  —  s  Transcr.  :  S^oxi-.iis.oj;  «V.oiov.r.iimv'St  II  toji 
nsv  lnSaiou;  ■!■>t^i  Se  ■»a.t5a.iio(vioi,;).  Diels  et  Schubarl,  Didymos,  Kommenlar 
su  Demuslh,  dans  Berliner  Klassikert.  fasc.  I.  On  peut  lui  comparer  un  par- 
cheniiD  tris  mutilé  qui  contient  un  fiognicul  Je  Dcmostliëac,  De  faha  kga- 
tione{Bril.  Mus.  addit.  ms  31  473);  cf.  Pal.  Soc.  III,  pi.  u  ;  Kenyon,  L.  l.  Les 
deui  mss  sont  attribués  au  a*  siècle.  On  possède  aussi  des  fragments  de  parchemin 
très  fin  couverts  dune  petite  écriture  onciale  très  soignée  que  l'on  peut  regarder 
comme  les  restes  de  r|uel(|ue  édition  de  luxe  ;  cf.  Berliner  Klassikertexte,  fasc. 
V,  pi.  IV  et  Kenyon,  Classic.  Textes  from  papyri,  pi.  vu.  —  3  Pal.  Soc.  Il, 
6t;cf.  p.  IIÎ6,  n.  3.  —  i  Bril.  .\Im.  pap.  CXXVI.  Thompson,  p.  129:  Kenyon, 
Pat.  p.  105,  Greek  classical  Textes  in  tlie  Brit.  Mus.  pi.  vi.  —  5  Transcr.  : 
e>»{u>  axiivLi»!  Il  -ouT'aut'  czu;  Su  Siasu;(tLv).  J.  Nicole,  Le  laboureur  de  Ménan- 
dre, Genève,  1897  ;  cf.  lai.  Soc.  III,  pi.  usxiv,  txjLv.  L'écriture  d'un  autre 
pipyrus  de  Ménandre,  découvert  en  1905  par  M.  Gust.  Lefèvrc,  se  rap- 
proche de  celle-ci.  Voy.  Lefèvre,  Fragments  d'un  manuscrit  de  Mt^nandre,  Le 
Caire,  1907  ;  Pal.  Soc.  III,  pi.  cxxvii.  Ces  deux  derniers  mss  sont  regardés  comme 
du  \'  s.  —  OEuseh.  Vita  Constant.  IV,  3ii  ;  S.  Jérôme,  Lettr.  141.  Watlcnl.ach, 
Dos  Schriftuesen  im  Mitlelalter,  2"  éd.  p.  95.  Ciardlhauscn.  Griechische  Puliieo- 
graphie,  p.  42.  —  7  Transcr.  ;  (XE)rouTtv  u^z-,-,  ;r,v  ||  ïai  as^i^eoM  TivEffjj-twv 
ffu»  ir,iAtv  (  II  Ti  T-v  ti^r.itiov  xcxL.  Tischendorf,  Bit/ior.  corf.  Sinaiticus,  cf.  Pat.  Soc.  I, 
pi.  cv;  Thompson,  p.  150  sq.  L'écriture  du  Codex  .Mexandriuvs  est  très  semblable 


pleins  el  des  déliés.  Ces  écritures,  d'abord  simples 
comme  celle  du  Sinniticu.s,  furent  ensuite  agrémentées 
de  points  aux  extrémités  des  traits  horizontaux  et  d'un 
petit  renflement  aux  courbes  extrêmes  des  lettres  6  el 
C*.  Ensuite  on  porta  ces  grandes  el  fortes  écritures  sur 
le  papyrus,  matière  moins  coûteuse,  où  nous  les  trou- 
vons aux  vi'=  el  vir  siècles,  mais  avec  un  contraste,  en 
général,  beaucoup  moindre  entre  les  pleins  et  les  déliés. 
La  figure  6199,  tirée  d'une  lettre  festale  d'un  patriarche 


d.Vlexandrie',  nous  en  montre  un  exemple.  Un  autre  du 
même  genre  se  voit  sur  un  papyrus  opistographe  des 
œuvres  de  saint  Cyrille,  dont  une  partie  est  à  Dublin'" 
el  l'autre  à  Paris,  au  Louvre  ". 

11  y  eul  des  écritures  encore  plus  fortes  que  celles-ci, 
mais  sans  contraste  de  pleins  el  de  déliés,  dont  on  con- 
naît des  exemples  sur  parchemin  el  sur  papyrus.  L'un 
des  plus  remarquables  fut  le  manuscrit,  sur  parchemin, 
aujourd'hui  bien    mutilé  des    Épitres  de    sainl  Paul'- 


(fig.  6200)  auquel  ressemble  beaucoup  le  papyrus  de  la 
Bible  de.s  septante,  à  Heidelberg,  pour  lequel  on  hésite 
entre  le  vi'^  et  le  vu'  siècle". 

Par  une  modification  semblable  à  celle  qu'avait  subie 
récriture  sur  papyrus  au  iir  siècle,  l'onciale  des  parche- 
mins, à  son  tour,  se  rétrécit  et  s'inclina  à  droite,  les 
lettres  rondes  devinrent  ovales  el  même  pointues  ;  telle 
est  l'onciale  penchée  du  fragment  mathématique  de 
Bobbio  "  (vii^  s.).  Cette  onciale  penchée,  une  fois 
adoptée  comme  écriture  calligraphique,  fut  ornée  de 
points  aux  extrémités  de  ses  traits  iiorizontaux,  comme 
on  peut  le  voir  dans  un  manuscrit  de  V Ancien  Testa- 
ment, à  Venise '%  et  surtout  dans  le  psautier  d'Us- 
pensky'",  évèque  de  Kiev. 

Cursive.  —  Parallèlement  à  cette  onciale  dont  nous 
venons  de  passer  rapidement  en  revue  les   principaux 

à  celle-ci,  mais  un  peu  moins  simple  (cf.  fac-sim.  of  tlie  Cort.  Aleiand.  Londres, 
1879-81  fol.  et  Pal.  soc.  I.  pi.  cvi).  On  peut  rapprocher  du  premier  le  Codex  Sarra- 
vianus  (Omont,  fac-similés  des  plus  une.  mss.  gr.  en  onc.  pi.  ii;  el  du  second  le 
palimpseste,  connu  sous  le  vocable  de  Codex  Ephraemi  Syri  rescriptus,  édi'é  par 
Tischendorf  en  1845,  4°  (Oraont,  ibid.  pi.  m).  -  8  Ce  qui  n'était  qu'une  tendance 
assez  modérée  dans  le  Cod.  Alexandrinus  fit  des  progrès  et  le  Dioscoride  de 
Vienne,  écrit  au  vi'  s.,  offre  une  écriture  où  la  plupart  des  traits  déliés  sont  munis 
de  points  assez  forts  i  leurs  extrémités.  Cf.  Thompson,  p.  153;  Pal.  Soc.  I, 
pi.  cLxiïu;  ou  peut  lui  comparer  un  palimpseste  d'Hom.  re,  au  Brit.  Mus  Pal.  Soc. 
U,  pi.  lu.  —  9  Transcr.:  -h.î  ?a,i>.i^<ri.  S.a  II  .ai,  ,:.«;  i.«'«.r,irt«.  Pal.  Soc.  m, 
pi.  XLXxvTu;  Crenfell  et  Hunt,  Greek  papyri.  Il,  p.  103.  A  cis  écritures  ressemble 
encore  celle  du  cod.  Marchalianus  des  Septante  publié  par  Ceriani,  1891,  cf. 
Kenyon,  Palaeogr,  p.  118.  —  10  U  a  été  publié  avec  fac-sim.  par  J.-H.  Bernard 
duns  Transactions  of  tlie  Roy.  Irish  AcTdemy,  t.  XXI.X.  —  "  Papyr.  R.  1. 
—  12  Tianscr.  ;  Wf.ixi;  iSt'/i=(.;v).  Omont,  Xotice  sur  un  tris  ancien  ms  ijr.  en 
onciales  des  Epitres  de  S.  Paul,  dans  Notices  et  exlr.  des  mss  t.  XXXlll,  1"  p.  et 
fac-similés  des  plus  ane.  mss  pi.  iv.  —  '3  Ad.  Oeissmann,  Die  Septuaginta 
Papyri,  Heidelberg,  1903.  —  i'  Il  est  conservé  dans  un  palimpseste  qui  est 
aujourd'hui  i  la  bibliolb.  anibrosienne  à  Milan,  Watlenbath,  Scriplnr.  gr.  Spec. 
pi.  ïiu.  Thompson,  p.  133.  —  'S  Wattenbach,  Script,  gr.  Spec.  pi.  ix.  Thomp- 
son, p.  156.  —  !«  Wattenbach,  ibid.pi.  i.  Thompson,  p.  156.  Il  est  daté  de  862. 


SCR 


1128  — 


SCR 


types,  se  développa  une  écriture  plus  appropriée  ;iux 
besoins  de  la  vie  courante,  qui,  par  des  iiiodilicalions 
successives,  aboutit  au  ix' siècle  à  la  minuscule  des  par- 
chemins '. 

Au  m'  siècle  avant  .l.-C.  pour  la  correspondance  et  les 
actes  tels  que  testaments,  contrais,  etc.,  nous  voyons  des 
écritures  plus  ou  moins  soignées  qui  toutes  ollrent  des 
formes  onciales  assez  altérées,  au  tracé  toujours  mor- 
celé, mais  ferme  et  sans  gaucherie,  souvent  unies  entre 
elles  parce  que  le  dernier  élément  d'une  lettre  est 
fait  d'un  Irait  avec  le  premier  de  la  lettre  suivante,  et 
aussi  parce  que  des  traits  adventifs  ont  été  introduits 
pour  opérer  celle  liaison.  La  plupart  des  lettres  prennent 
une  plus  grande  largeur.  Sous  la  plume  de  certains 
scribes,  les  angles  ont  tendance  à  s'arrondir,  chez  d'au- 
tres ils  se  resserrent  ou  ils  disparaissent,  témoin  l'A,  qui 
prend  les  formes  A  A  X  ;  le  M  qui  devient  f-\  ;  des  traits 
sont  supprimés  (T  devient  l)  ou  simplement  diminués 
(Il  devient  h  el  avec  trait  de  liaison  1t);  d'autres  se 
déplacent  (:\  devient  <-S)  ou  repassent  l'un  sur  l'autre  de 
façon  à  se  confondre  et  ii  n'en  former  qu'un  seul,  comme 
on  vient  de  le  voir  pour  l'A,  qui  oll're  aussi  les  formes 
l^  r  a;  certaines  portions  des  lettres  se  développent, 
tandis  que  d'autres  perdent  de  leur  importance,  c'est 
ainsi  que  l'fl  épigraphique  devient  successivement 
»/A/  Uy  w  t/-  cy .  Ces  déformations  que  nous  offrent 
des  écritures  officielles  du  m'  siècle,  par  exemple  en  237 


f 


^►r-  0/7| 


cYTc^*4>fYN^:^'^- 


Flg.  6201. 


(fig.  6201)^,  s'étaient  certainement  produites  longtemps 
auparavant,  étant  donné  l'état  dans  lequel  nous  voyons 
la  cursive   sur  certains  documents ^  Cependant,  parmi 

Fig.  620». 

les  écritures  de  ce  temps  il  y  en  a  qui  ne  manquent  ni  de 
régularité,  ni  d'une  certaine  élégance <  (fig.  (i202). 

Au  II'  siècle  avant  J.-C,  si  quelques-unes  des  plus  mau- 
vaises formes  de  la  cursive  se  voient  même  dans  des 
écritures  qui  paraissent  soignées,  si  l'A  ressemble  trop 
souvent  au  A,  on  remarque  cependant  une  amélioration 
pour  certaines  lettres,  le  M  est  mieux  fait,  la  forme  ,- — ' 
(iN)  se  fait  plus  rare  et  vers  la  fin  du  siècle  l'io  (w,  ou-) 
avec  ou  sans  trait  de  liaison  est  presque  seul  employé 


1  Sur  l'origine  de  celle  niiiiuscitle  cf.  Wilcken,  Tafeln  :>ir  alleren  Griech. 
palaengraphie,  inlroduclion  ;  Kciiyon,  Palueorjr.  p.  51.  Tliompson,  p.  117. 
—  2  UahalTy.  Flindcrs  Pétrie  pap.  pi.  xtv.  Transrr.  :  («)»,  «fi„,pov  SioSotiç  aupa 
(xo„Oî)  ||(.V),p,u/o;»;  .i..y  «  Pj,i„s  |i,{i.,),fou;)  ||  *a,.,t  ux.p  o=j„v  Sa.a(v).  —  3  Par 
exemple  ilaiis  un  billel  dalêdc  2ï4av.  J.C.  liacé  sur  une  tahleticdebois  Irouvée  on 
Kgvplc,  /'«(.  Soc.  Il,  Ui.  —  l  Pal.  Soc.  11,  143.  Transcription  :  itou;  (repré- 
sent- pari,).,  ,u?,  S  «xr»..,  t..  Il  ,.iv..,ov  ,.u  .,.«>..,„  ,=  oj  II  PM.X..  «.f. 
toTiut«;  T»u  !,eiii.(.v.o;)  («)t.j«.a,;  ataviovo;.  —  5  (irenrell  el  liuut,  The  Am- 
hersl  papyri  II,  pi.  ix  (an  157)  ;   cf.  pi.  i  (au    I3i).  Transcri|>tioii  :  fanùiuf  ,îtoai- 

li..o;  «i;,V/,u„»i||tu,  u«ori.f7,i»|»i,uv  aay,j«p(».)  |Ueo,o5..aî  .fioi,,  ,aTa?>.iitT  (•>,«(). 


comme  on  peut  le  constater  dès  157  (fig.  6203)  \  A  la  lin 
de  ce  siècle  et  au  suivant  il  n'y  a  pas  de  changement  con- 

Fig.  6203. 

sidérable  ;  l'écriture  reste  verticale  ou  peu  s'en  faut,  le 
tracé  est  généralement  très  morcelé  el  les  traits  souvent 

Fig.  620i. 

bien  appuyés"  (fig.620i).  Mais  au  r'siècle  de  notre  ère, 
il  en  va  tout  autrement,  on  écrit  rapidement  et  on  appuie 

A  M  rf  -[/^ûM  En/  O-^  -  •<  ^ 


^oïToo^YC-fî^^ 


-cuixr- 


peu,  les  traits  deviennent  grêles  et,  dès  l'an  13  (lig.  0203)" 
à  côté  de  formes  arrondies,  on  en  trace  d'anguleuses  qui 
débordent  dans  les  marges,  cependant  ce  sont  les  pre- 
mières qui  dominent;  on  voit  presque  partout  l'C  lunaire, 
le  y  (=T)!  rfc(=Y;etversle  milieu  du  siècle,  la  partie 
supérieure  du  sigma  (c")  s'arrondit  et  s'infléchit  vers  le 
bas  de  la  lettre  (c  c).  Dans  la  deuxième  moitié  du  siècle, 

Fig.  6206. 

vers  72-78,  on  trouve  des  cursives  très  élégantes,  dont  la 

liaison  desletlres  rend  la  leclureassezdifficile  (flg.  6206)'; 

le     sigma 

est  devenu  j^i  r-"  t^vV>/ "^'*>''^''^^^^^'^'*'^ 
9  et  une  c^i^J^-^Tr^^T^H^*^  tXnoYcrtè-yyl'^rKp 
nouvelle     ^lt^<y.y^^.,,.ouKÙU^'c<^mr<^iCrxYr^U' 

T[^)  fail  /V^^ ^  ^  ° ^"^^^^<V'^<^xA»^ y «>*^ 

son  appa-    .^^^7<V'*^V>*'^n/'^r-^>>^«' 

ri  L'on-  Fig.  6207. 

C'est  vers 
la  fin  de  ce  siècle  ou  au  commencement  du  suivant  que 


—    6  Amherst  pap.    1,  pi.   xii    (an   88).    Thompson,    p.   130   et    137  ;    Kenyon, 

Palaeog.     p.     40     sq.      Transcripl.    I     ajitSoTO    7:iTir,<Ti5    7.«(ir,ToO   II  .uSufiy     o^r.     u. 

oopui.  Conirae  spécimen  d'une  écriture  très  morcelée,  cf.  un  papyrus  du  Louvre 
de    Pan    120,  lia,    /-al.    Soc.   Il   fl.    cixxxi.    —    1    Pal.    Soc.    11,    pi.    CLixini  : 

«vTiyfaoov    chictcoXtiî   ||   ou     tiï9tr,iTa|iiiv     ffuvxf t[jia(TOî)  ||  (ff«T«)3ouTo5    Tou     ep!tw;>   dont 

on  peut  rapprocher  un  papyrus  de  l'an  45.  Ibid.  pi.  cxlv.  —  8  Pat.  Soc.  Il, 

pi.  cxt.iv,  2:  Tou  «utoxpaTopo;  x«i-apoç  outffrcaffiavou  ||  (r,)çaic'^ïiSou  (ieçlSo;  tou  aoffi- 
voitTo-j  vo^ou  II  ...toçw;  cTtttv  V  fax.);  (iri>w-  Siitut.  On  peut  comparer  à  cette  cursive 
celle  d'un  projet  de  bail  de  7S,  Amitersl  l'a/yri,  11,  pi.  xui  el  Kenyon,  Pa- 
laeog. pi.  V,  p.  43. 


SGR 


—  1129 


SCR 


l'on  a  transcrit  en  cursive,  au  verso  d'anciens  comptes, 
un  document  littéraire  d'une  haute  importance  :  la 
Conslilulion  t/'Al/irnes  d'Arislote(fig.  0^07).  Ceci  est  un 
exemple  assez  remarquable  d'une  copie  littéraire  exécutée 
pour  l'usage  privé  ' . 

Nous  trouvons,  d'ailleurs,  à  la  fin  du  i"  siècle  et  au 
II"  une  grande  variété  de  cursives  :  les  unes,  oix  les 
formes  onciales  sont  en  grand  nombre,  grossières  et 
informes,  comme  sur  les  ostraka^,  d'autres  assez  lisi- 
bles, mais  sans  élégance,  d'autres  enfin  qui  sont  fines 
et  légères.  Ces  dernières  sont  penchées  et  ofTrent  quel- 
quefois des  a  à  panse  allongée  (*?«-)  issus  de  ceux  que  l'on 
a  vus  plus  haut  (fig.  6205)  et  des  lettres  un  peu  déve- 
loppées au  commencement  des  lignes  \ 

Au  m"  siècle,  en  238  et  246,  à  côté  de  types  d'écritures 
penchées  qui  sont  issues  directement  des  précédentes  *, 
nous  trouvons  en  261  un  acte'  dont  les  types  rappellent 


ceux  des  années  15  et  45  (fig.  6208).  Ce  genre  d'écriture 
continuait  donc  d'être  enseigné.  Du  reste,  un  document 
de  221,  qu'on  peut,  malgré  ses  défauts,  qualifier  de  calli- 

Fig.  6209. 

graphique  (fig.  6209),  montre  une  prc'dili'clion  marquée 
pour  certaines  formes  de  l'onciale''. 

Pour  trouver  un  nouvel  idéal,  il  faut  arriver  au  milieu 
du  iv"  siècle  oi!i  un  groupe  de  papyrus  qui  contient  toute 
la  correspondance  d'un  fonctionnaire  de  ce  temps,  nous 
offre  des  écritures  très  hautes,  les  unes  verticales  les 
autres  penchées,  oii  les  lettres,  généralement  étroites  et 
constituées  par  des  déliés,  sont,  chaque  fois  que  leur 
forme  s'y  prête,  prolongées  au-dessus  et  au-dessous  des 
lignes  en  traits  verticaux  ou  obliques  d'une  longueur 
exagérée''. 

C'est  l<à  le  début  de  l'écriture  officielle  byzantine  quial- 
leinlson  point  deperfectionauxv'et  vi'siècles  (fig.6210j'. 
Sa  durée  se  prolonge  avec  des  altérations  et  des  défor- 
mations jusqu'au  vin"  siècle.  Après  avoir  été  verticale, 
elle  s'incline  à  droite,  puis  les  traits  projetés  dans  les 


I  Le  fac-similc  complcl  a  él6  publié  par  1p8  Trust  c 
(1891).  Cr.  Pal.  Soc.  Il,  pi.  cxxii.  Kenyon ,  Pulueu// 
p.  140.  Cette  copie  est  «le  plusieurs  niaius  ;  r|uelf|ues 
écrilea  en  ODciale  un  peu  grossière.   Transcr.  :  a^cffrov  xV 

»»t«iicf  ||(»i:fs6i«T»;    lypaiiv    xoi     tmi    TtiiTSiouî      m(lLm; 
oavtt(    Ttai     TouTiuv  II  napa,i^r,aiav     o-j0a->    tïjv     x'^Ei^rdevciu; 
vayxt;    itvai    Tou;     itç-jTttvEtq.    —    2    Wilcken,     Grieck. 
II,  le  n"  !Û27  est  de    l'époque  ptolémaïquc. 
été    publié  par    Pal.     Soc.    II,    pi.   i    et    n 


s  du    Bi'itish    Muséum 

r.    p.    91  ;    Tliompson, 

es   colonnes    niénie    ^onl 

.a.Tu«v||i.rp«)-:«v  .,«  || 
OstTaka  nus  JEgyplen, 
lie  série  d'Ostralia  de  39 
—  3  Amherst  l'ap.  11, 
pi.  XVI  (an  139}.  —  4  Voy.  \\ essely y  Papyri  Erzfierzolj  Itaincr,  Fûltrer  darch 
die  Auilellung  n.  203,  pi.  xi  (an  238)  ;  Aniherst  P^pyri,  pi.  xviu  (an  Ï4CI. 
—  5  JUittbeilunfjen  aus  tier  Sammlung  der  Papyri  Jirzhevzog  /iainerpl.  i\  (an 

261)  ;    transi-ript.    :   ix:   /oivov    ttii    xoia    «no  tou   l-titrzU-zti)  tou    EToy;  çofou    Tiu  'l'f.ivi- 
...vo,.  -6/.,,/.  .Soc.  ll.pl.  Cl.xxx^.;  (T»„),f,|,....,i.„„ov.,x.,.;|lT(=  ,(.,..»)„,,,.. 

VIII. 


Il,  pi. 


interlignes  prennent  une  longueur  tout  à  fait  démesurée 
qui  atteint  jusqu'à  six,  sept  et  même  huit  fois  la  hauteur 


de  rO  normal'.  Cependant,  la  chancellerie  impériale  con- 
serva l'écriture  droite  que  l'on  peut  voir  dans  la  lettre 
sur  papyrus  adressée  à  un  roi  de  France,  qui  est  con- 
servée aux  Archives  Nationales'".  Les  formes  des  lettres  y 
sont  à  peu  de  chose  près  celles  qu'a  empruntées  la  minus- 
cule des  parchemins  pour  la  transcription  aussi  bien  des 
œuvres  sacrées  que  des  œuvres  profanes.  Mais  assez 
longtemps  encore  après  l'apparition  du  style  byzantin, 
jusqu'à  la  fin  du  vr'  siècle  et  peut-être  plus  tard,  dans 
lusage  privé,  persistèrent  des  cursives  où  dominaient  les 
formes  onciales  AGKANC  ;  ces  lettres,  à  première  vue,  les 
feraient  attribuer  à  une  époque  antérieure,  si  la  présence 
de  quelques  formes  plus  modernes  ne  trahissait  leur 
âge  récent". 

Ecriture  latine.  —  L'histoire  de  l'écriture  latine  ne 
commence  pour  nous  qu'au  siècle  qui  précède  l'ère  chré- 
tienne. Là  aussi  nous  trouvons  consacrées  aux  œuvres 
littéraires  et  plus  tard  aux  livres  sacrés  des  écritures 
d'un  tracé  compliqué,  qui  ne  pouvaient  pratiquement 
servir  aux  usages  journaliers  ;  pourceux-ci  on  employait 
une  cursive.  Si  du  premier  genre  d'écriture,  nous  avons 
un  assez  grand  nombre  d'ex(>mples,  nous  n'en  possédons, 
au  contraire,  qu'un  nombre  restreint  de  la  cursive 
latine  antique. 

Capitale.  —  Les  types  de  l'écriture  la  plus  ancienne 
se  rapprochentbeaucoup  de  ceux  des  inscriptions.  Toutes 
les  lettres  y  sont  d'égale  hauteur,  sauf  F  et  L  qui 
dépassent  un  peu  le  niveau  supérieur  des  autres;  les 
traits  horizontaux  de  ces  lettres  et  ceux  d'R,  sont  munis 
quelquefois  d'appendices  terminaux,  comme  les  majus- 
cules romaines    de    nos  impressions;   les   hastes   sont 

PlNGVLSOLyM 

ToRitsiNVtru 


fortes  et  épaisses  et  l'on  peut  remarquer  une  assez  grande 
opposition  entre  les  pleins  et  les  déliés'-.  Les  feuillets 


0  II 


Kenyu 


à  (=  T.xaf,,,)  ,.i,i  .a,  .r.,,,(T 
Palaeogr.  p.  47;  Thompson  p.  14:2.  Voyez  Pal.  Soc.  II.  pi.  ci.xxxvii,  ci.xxxviu  et 
cr.xxxix  (V.  350),  cr.  Ludw.  Milleis  :  Griecfiiscfi.  Urkundtn  dtv  Papyrus  Sammlung 
zu  Leipzig,  pi.  i  (an  39u).  —  8  W.  v.  Ilartcl,  £in  griechischer  Papyrus 
ans  d.  Jahr,  487  n.  Chr.  dans  Wiener  Studien,  t.  V.  Transcr.  :  7i^v«;  s.;  avaTc/r.f^.- 
fftvll  (3)Xa6r.çti  î;r,*-a;  toutou.—  9  Cf.  Pnl.  Soc.  111,  pi.  Lxxvi  (an  710].  —  lOMontfau- 
con,  Palaeogr.  yr.  p.  200;  Waltcnbacli,  Script,  gr.  Specim.  pi.  xiv-xv;  Omoiif, 
Fac.  siin.  des  plus  anc.  mss  en  onc.  pi.  x\v\-\\y\i  ci  /ievue  Archéolog.  I89:i; 
Tliompson,  p.  J  i-3.  Ce  document  est  dalé  par  ([UL-lfiucs-uns  «le  756;  M.  Onionl 
incline  à  lui  donner  la  date  de  839,  —  H  Voyez  Amherst  pap.  Il,  pi.  xi\ 
(an  502).  —  12  Thompson,  Op.  cit.  p.  18i;  lîeuscns.  Éléments  de  paléographie, 
p.  0.  On  trouve  une  liste^des  manuscrils  eu  écriture  capitale  dans  W.  (iray  de 
liircli,  The  Histonj  of  the  Utrvchl  psaUer;  cf.  M.  Prou,  Manuel  de  paléographie 
{['  ùd.)  p.  18. 


SCR 


de  deux  manuscrits  de  Virgile,  les  uns  au  Valican  [Dio- 
nysianus)' [(ig.G±ll);  les  autres  iYSaint-Gall-  {Schedae 

FEMPORADINV 
aVASECOTETE 


s.  Galli)  (fig.  &±i±)  sont  ce  que  nous  possédons  de  plus 
ancien  dans  ce  genre  d'écriture. 

A  coté  de  celte  capitale  on  en  trouve  une  autre,  quia 
reçu  le  nom  de  capitale  rustique,  dont  les  lettres  sont  un 
peu  plus  étroites  et  les  traits  verticaux,  hasles  et  jam- 
bages, parfois  plus  grêles.  Celle-ci  se  voit  sur  des  inscrip- 
tions du  1"  et  du  m'  siècle  de  notre  ère  ^  sur  un  papy- 
rus d'Herculanum,  qui  contient  des  fragments  d'un 
poème  sur  la  bataille  dActium',  et  sur  un  papyrus  mili- 
taire de  1j6  après  J.-C,  trouvé  en  Egypte".  C'est  en  cette 
variété  de  la  capitale  qui,  lorsqu'elle  est  soignée,  est  élé- 
gante et  de  bel  aspect  que  sont  écrits  plusieurs  manu- 
scrits célèbres  de  Virgile,  le  Vatkanus\\c  Romanus\  le 

XSIlllM-DlU î  NSXlUî  11^ p liJ.nOI^A 

Fig.  i;dl3. 

Palatinus  »  leMediceus^  (Qg.  6213)  qui  est  probablement 
antérieur  à  4it4,  puis  le  Bembiniis^"  de  Térence.  L'usage 
de  cette  écriture  se  prolongea  jusqu'au  iK'  siècle".  Mais 
dès  le  VI'  ou  avait  cessé  de  l'employer  seule  pour  tran- 
scrire les  textes  littéraires  ou  religieux. 

Écriture  onriale.  —  Parallèlement  à  la  capitale  se 
développa  une  autre  écriture,  l'onciale,  qui  n'en  est 
qu'une  modification'-  :  des  angles  se  sont  arrondis,  des 
traits  verticaux  se  sont  courbés;  les  lettres  A,  D,E,  H,  M,  V, 
sont  devenues  a^  h  €.  V)  Ofï  U  et  F,  P,  Q,  R, 
désormais  f  T  1  F"  ^e  prolongent  au-dessous  du 
niveau  inférieur  des  autres  lettres.  Des  inscriptions 
du  IV'  siècle  en  oflfrenl  des  exemples".  C'est  en  onciale 
qu'avait  été  copié,  en  ce  siècle,  le  de  Republica  de 
Cicéron  retrouvé  par  k.  Mai  sous  un  texte  de  saint  Au- 
gustin ".  Du  même  temps,  date  peut-être  un  évangile  de 

'  Kibbeck,  Proh-gomena  ad  Xergilium,  p.  HI  el  205.  Zaugeineistet-  et  WaUcn- 
bach,  Exempla  cod  cum  taliiior.  ltt(eris  majusculis  scriptorum,  pi,  xiv.  E.  Châte- 
lain, Paléographie  deselassiijues  latins,  p\.  uti.  Prou,  0;j.  ci7.  p. 16.  Trausct-iption  : 
pingue  solum  ||  fortes  incertiaiit).  —  2  C.  G.  Jliiller,  Anecdota  Bernensia  pars.  III. 
pi.  i-iii  :  Exempla  codic.  lat.  pi.  xiv  a;  E.  ClialelaÎD,  Op.  cit.  pi.  lxii,  cf.  De  Bas- 
lard,  f'eintures  et  ornements  des  maïjHScri/s. Transcription:  tempora  dinu{merans) 
quas  ego  te  teirras).  —  3  Une  écriture  iutfrui^iiiaire  eulre  la  capiUilc  et  la  capitale 
rustique  se  voit  sur  desdiplomcs  militaires  gravés  sur  bronze;  ils  sont  de  103  et  de  :i4G 
ap.  J.-C,  ce  dernier  est  eu  capitale  ruslii|ue.  cf.  Pal.  Soc.  III,  pi.  cxxn.  —  t  Exem- 
pla codic.  (a/,  pi.  i-u;  W.  Scott,  l-'ra'/menta  Uercntanensia  ;   Tliuuipson,  p.   186. 

—  3  Mommsen,  dans  Ephemeris  epigraphica,  t.  VU  {t89ij;  Pal.  .Soc.  Il,  pi.  clxv. 

—  6  Le  Vatic.  3ii5  est  appelé  aussi  schedae  Vaticana^.  bollari,  Antiquissimi 
Yirgiliani  codicis  fragm.  cf.  .Mél.  de  l'Ecole  franc,  de  Rome,  i!>S4  ;  Exempta  cod. 
lat.  pi.  jui  ;  Pal.  Hoc.  1,  pi.  civi-cxvu  ;  Châtelain,  pi.  uiu.  I'.  de  IS'oiliac,  Les 
peintures  des  manuscrits  de  Virgile.  —  ï  Ribbcck,  Op.  cil.  p.  i26  et  i85  :  Exempta 
cod.  lat.  pi.  XI.  Pal.  Soc.  1,  pi.  cini-cjiv  ;  Châtelain,  pi.  lxv  ;  cf.  Noiliac,  Op.  cit. 
pi.  11  et  iiu  —»  Exempla  cod.  lai.  pi.  lu  ;  Pal.  .Soc.  I,  pi.  cxv  :  (Châtelain, 
pi.  uiv.  —  1  Exempt,  cod.  lat.  pi.  x  :  Pal.  Soc.  I,  pi.  lxxxvi;  Châtelain,  pi.  nvi, 
transcription  :  ast  illae  dirersa  metu  per  litora  ||  diffugiunt  silmsque  el  sicuhi 
conciaia).  —  lu  Exempla  cod.  lat.  pi.  vui  et  ii  ;  Pal.  Soc.  1,  pi.  cxxxv.  Châtelain, 
pi.  11.  —il  Thompson,  p.  100;  Keusens,  Op.  cit.  p.  9.  —  12  Thompson,  p.  190  sq. 
Reuseus,  p.  10;  l'rou,  p.  19;  E.  Châtelain,  L'îtcialisscriptura  codicum  lalinorum, 
p.  I,  ik,  10,  "i.  —  13  Voï.  un  édildc  DioclélicD  de  301  reproduit  dans  Pal.  Soc. 
M,  pi.  cxivii-cxxviii  :  cf.  l'inscription  dite  du  .Moissonneur,  au  Louito,  Pal.  Soc. 
U,  pi.  iin.  —  IV    Maï,  .1/.   Tullit  Ciceronis  de  liepublica  r/uae  supersunt  (ISii). 


—  1130  -  SCR 

Vercelli  qui,  d'après  une  tradition,  serait  dit  à  la  main 
de  saint  Eusèbe,  mort  en  371  '°.  Parmi  les  plus  célèbres 
monuments  de  l'écriture  onciale,  on  cite  le  Tite-Live  de 
Paris,  du  v°  siècle'"  auquel  est  empruntée  la  figure  6214. 

Fig.  6214. 

L'onciale  se  modifia  dans  le  cours  du  temps.  Les  plus 
anciens  manuscrits  montrent  des  lettres  très  simples;  les 
panses  du  D  du  P  et  de  l'R  sont  petites,  celle  du  P  mal 
fermée  par  le  bas  ;  les  traits  transversaux  de  F  et  de  T 
sonts  courts;  L  n'est  souvent  qu'une  simple  hampe  à 
peine  recourbée  à  sa  partie  inférieure  \,).  Au  vi'  siècle, 
auquel  on  doit  de  fort  beaux  manuscrits''',  les  traits 
transversaux  de  ces  lettres  se  sont  allongés  el  souvent 
ont  été  pourvus  d'un  petit  point  terminal,  d'autre  part,  les 

rcineoDC^eiN^epenôn-i 

çnepis 
seçNjiSBLrBuLccis^elx 

Fig.  6J)5. 

panses  de  P  et  de  R  ont  pris  de  l'ampleur  (fig.  6215)  et 
celle  de  P  est  assez  souvent  fermée.  Tout  ceci  s'exagère 
aux  deux  siècles  suivants'*,  .^près  le  viii' siècle,  l'onciale 
ne  se  voit  plus  guère  que  dans  les  en-tête  et  les  titres  ". 
Semi-onciale.  —  Le  besoin  de  faire  vile  el  la  négli- 
gence firent  introduire  d'abord  dans  les  copies  que  l'on 
ne  faisait  pas  pour  la  vente,  dans  les  notes  que  les 
lecteurs  inscrivaient  sur  \c%  marges  de  leurs  livres,  des 
formes  de  lettres  plus  commodes  à  tracer.  Ces  types  nou- 
veaux se  glissèrent  peu  à  peu  dans  l'écriture  calligra- 
phique el  finirent  par  y  prendre  pied.  On  peut  sur- 
prendre sur  un  papyrus-",  attribué  au  ni'  siècle,  qui 
conlienl  un  abrégé  de  quelques  livres  de  Tite-Live, 
mêlées  aux  lettres  onciales,  des  formes  minuscules,  le 
[j,  le  d  à  haste  droite,  l'iD  dont  le  premier  jambage 
cesse  d'être  arrondi  el  rr>.(r).  Au  V  siècle  apparais- 
sent l'rf- ,  le  g  (  5  )>  In  (  m)  et  l'r  (s).  C'est  ainsi  que  du 

Cf.  Thompson,  p.  19i.  Exempla  cod.  Int.  pi.  xvu  ;  Pol.  Soc.  I,  pi.  clx.  Le  manuscrit 
lat.  S907  de  la  Bibl.  rVat.  renferme  un  texte  des  actes  du  concile  d'Aquilêe.  en  3SI, 
reproduit  d.ins  Exempla  cod.  lat.  pt.  xxii  ;  cf.  Prou,  Op.  cit.  p.  iO.  —  1^  Thompson, 
p.  193.  —  11^  Moinmseii  et  Studomund,  .inalerta  /.iviana  ;  ChampollionFigeac, 
Paléographie  des  Class.  latins.  III,  8.  Exempla  cod.  lat.  pi.  xis  ;  Pal.  Soc.  I, 
pi.  ixxi,  xxxii.  Trauscriplioa  :  Bene  juvantibus  bellum\\i»gentis  gloriae  prae 
{dae).k  côté  du  Tite-Live  de  Paris  on  cite  celui  de  Vienne,  dont  l'écriture  est  un  peu 
plus  petite;  cf.  Exempla  cod.  lat.  pi.  xviii;  Pal.  Soc.  I,  183.  —  i~*  Parmi  lesquels 
il  faut  citer  le  manuscrit  des  Evangiles  de  Fulda,  revisé  pir  Vie  or,  évéque  de 
Capoue,  en  546  ou  547  (Thompson,  p.  193)  ;  un  fragment  du  code  Théodosien  à  la 
Bibl.  Nat.  (Lat.  9643)  :  cf.  Silveslre,  Paléogr.uniterselle,  pi.  cii.  L.  Delislc,  Cabinet 
des  manuscrits  pi.  vu,  l  :  Exempla  cod.  lat.  pi.  xxri;  le  Pentatcuque  de  Lyon,  cf. 
Ul.  Robert,  Pentateuchi  versio  latina  antiquissima.  Pour  des  fac-sim.  des  manus- 
crits du  VI',  voy.  Chalelain,  Cneiat.  seriptura.  pi.  xiv-iix.  —  11»  La  fig.  6215  est 
empruntée  à  la  pi.  xvii  de  E.  Châtelain,  L'nc.  script,  qui  reproduit  une  page  d'un 
codex  Ambrosianus  i\c  Prudence.  Pourvoir  le  progrès  signalé,  ou  peut  en  rappro- 
cher le  cod.  Amiatiniis  de  la  Bible,  mainleiiantà  Florence;  fac-sim.  dans  Exempta 
cod.  lat.  pi.  iixv.  el  Pal.  Soc.  II.  pi.  i  iv  et  i.xvi.  cf.  Thompso.i,  p.  194.  Transcrip- 
tion -.furent  deinde  perditi  [passus)\\iiregis\\segnis  bubutcns  tela  [et  ipsa  per\\ 
didit).  —  19  A  la  fin  du  vii«  siècle  ou  au  commencement  du  vin*  remonte  un 
recueil  de  la  bibliolli.  roy.  de  Bruxelles  in"^  9850  et  9832),  i|ui  renferme  des  Vies 
des  Pères  el  des  huinélies  de  saint  Césaire;  fac-sim.  dans  Notic.  et  Extraits  des 
manuscrits  t.  XXXI,  cf.  Prou,  p.  22.  — 20  Grenfell  el  Hunt,  Oxyrhynchus  papyri, 
pars.  IV,  p.  90;  cf.  Kornemann,  Beitrûge  zur  .Mten  Geschichte.  Fac-sim.  dans  l'ai. 
Soc.  III,  pi.  iiii. 


SCR  —  1131   _ 

III"  siècle  au  vi"  siècle  se  forme  un  genre  d'écriture 
qui    «  lient  le    milieu   entre  l'onciale  et  la  minuscule 

p  c\.î^cUJ  I  Vb.oi  U  eLMci  O  CO 

clu^x  vxrY^  p  rMX6\:  Crrvxrm 

Fig.  C2I6. 

mérovingienne  >>  '  ;  c'est  la  semi-onciale,  dont  un 
spécimen  des  plus  purs  nous  est  offert  par  un  ma- 
nuscrit d'Orléans  (fig.  62l6j,  du'  v"  siècle,  qui  contient 
deux  lettres  de  saint  Augustin  -.  C'est  en  semi-onciale 
qu'ont  été  écrites  les  deux  séries  de  fastes  consulaires 
du  palimpseste  de  Vérone  ',  l'une  allant  de  439  à 
486  et  la  seconde,  d'une  autre  main,  de  487  à  494. 
Parmi  les  spécimens  les  plus  remarquables  de  cette 
écriture,  il  faut  citer  un  manuscrit  des  Évangiles  de  saint 
Gall  dont  deux  feuillets  sont  au  monastère  des  Bénédic- 
tins de  Saint-Paul,  en  Carinthie,  et  qui  semble  être  le 
plus  ancien  des  manuscrits  auxquels  on  doit  la  version 
de  saint  Jérôme  *;  le  manuscrit  du  de  Trinitale  de 
saint  Hilaire,àRome,  corrigé  eno09ouol0^  ;  un  papyrus 
de  Vienne  où  se  trouve  le  même  traité  ".  On  peut 
suivre  cette  écriture  jusqu'au  ix'siècle.  Mais  pasplus  que 
l'onciale,  elle  n'est  restée  sans  cliangement.  Au  vr  siècle, 
elle  reprend  à  côté  de  g  et  n  minuscules  les  formes  G 
et  N  de  l'onciale  ;  à  la  fin  des  lignes,  les  lettres  m  et  n 
sont  remplacées  par  un  petit  trait  au-dessus  delà  voyelle 
qui  les  précède.  Ceci  devientplus  fréquent  aux  siècles  sui- 
vants où  l'on  se  meta  munir  d'appendices  les  hampes  de 
b,  d,  h,  1,  et  les  queues  de  p  et  q  ^ 

Cursive.  — De  lacursive  romaine  primitive  on  ne  con- 
naît rien.  Les  documents  les  plus  anciens  sont  ceux  qui 
proviennent  de  Pompéi  et  d'Herculanum  et  qui  datent 
du  I""  siècle  de  notre  ère.  Ils  consistent  en  inscriptions 
murales  (r/raf/Ui)  tracées  au  pinceau,  au  charbon,  ou 
grossièrement  gravées  au  moyen  de  quelque  objet 
pointu  *  ;  en  tablettes  de  cire  où  quelquefois  on  a 
écrit  à  l'encre  sur  les  parties  du  bois  qui  n'étaient  pas 
enduites  '.  L'écriture  des  tablettes,  tracée  au  poinçon, 
est  naturellement  plus  fine  et  plus  délicate  que  celle  des 
graffiti.  D'autres  inscriptions  ont  été  trouvées  dans  les 
catacombes  romaines  '"  ;  d'autres  tablettes  aussi  dans 

5^>  à  rA>,  fa  f  / 
OOc      cr       a   A        jsx        f  j      Vf 


Fig.  Oil7 


1/ 


des  mines  en  Transylvanie"  ;  celles-ci  datent  du  ii'  siècle 
de  l'ère  chrétienne;  des  tuiles  même  portent  des  carac- 


'  yroa.  Op.  cit.  p.  a.  —  2  Châtelain,  Une.  script,  p.  114,  pi,  jmv,  i. 
Transcription  :  pnrafliso  ([uando  co{ntraj  \\  datum  praeceptum  {satis).  —  3  l'i-ou, 
p.  J3.  Exempt,  cod.  lat.  pi.  iviii  et  ixx.  —  *  Châtelain,  Une.  script,  p.  Ils, 
pt.  Lxvi.  Deux  autres  feuillets  de  ce  manuscrit  se  trouvent  dans  la  biblintlièiiue 
de  la  Société  .les  Antiquaires  de  Zurich.  —  5  A  la  liihliothèque  du  chapitre  de 
sainl  Pierre;  Thompson,  p.  201.  —<i  Pal.  Soc.  Il,  pi.  xxxi  ;  le  saint  Augustin  de 
Corbic  (li.  N.  lat.  U  2U),  cf.  Dclisie  Cab.  des 
manuscrits  en  semi-onciale,  d.  Thompson,  p. 
pi.  Lxi-c.  —  1  Châtelain,  Jbid.  p.  120,  139,  162 
Pompeianae  Berculanenses,  etc.  Corp.  insc, 
p.  203;  Keusens,  p.  lli  9i[.  —  10  De  Ro 
tiones    ehristianae    urbis   Bomae.   —  n  .Ma 


nanuscrils  pi.  vi.   l'our  d'autres 

200-201;    Châtelain,    Une.    scr. 

--  8  Inscriptiones  parietariae 

:r.    lat.    t.    IV.   —    9    Thompson, 

,   Borna   Sotteranea,   et    Inscrip. 

nann,    Libdhis  aurnriits    siée  tu- 


SGK 

tères  cursifs  gravés  avant  la  cuisson'-.  Les  lettres  de  ce 
genre  d'écriture  sont  composées  de  traits  extrêmement 
menus,  notamment  sur  les  tablettes  ,  on  y  reconnaît  des 
formes  très  altérées  de  la  capitale,  comme  on  peut  s'en 
rendre  compte  d'après  l'alphabet  ci-cc-nlre  'fig.  6217}  où 
nous  donnons  les  principales  formes  qui  ont  été  recueillies 
sur  les  tablettes  de  Pompéi  '^  Quelques  lignes  de  cursive 
se  lisent  aussi  sur  le  papyrus  militaire  de  156,  où  nous 
avons  signalé  l'emploi  de  la  capitale  rustique";  et  un 
acte  de  vente  d'esclave,  de  166,  est  entièrement  écrit  de 

Fig.  6218. 

cette  manière;  mais,  ici,  les  caractères  sont  gros  et 
parfaitement  lisibles'- (fig.  6218;. 

On  ne  possède  plus  rien  en  écriture  cursive  jusqu'au 
v"  siècle,  époque  où  l'on  voit  une  grande  écriture  de  chan- 
cellerie  (fig. 
6219)  sur  un 
papyrus  trouvé 
en  Egypte  et 
partagé     entre 

les  bibliothèques  de  Leyde  et  de  Paris  '".Ce  document 
(c'est  un  rescrit  impérial  adressé  à  un  fonctionnaire), 
demeuré      longtemps      indéchiffrable,    est    attribué    à 


Fig.  6220. 


l'an  413".  Les  lettres  y  sont  d'une  grande  régularité  et  en- 
tièrement liées  les  unes  aux  autres  ;  celles  qui  sont  basses 
comme  E  M  ont  de  12  à  1.5  millimètres  de  hauteur,  tandis 
que  les  lettres  à  hastes  atteignent  jusqu  à  34  millimètres. 
C'est  le  seul  exemple  connu  de  cette  écriture.  Mais  du 
v°  siècle  et  des  suivants  il  nous  reste  un  grand  nombre 
d'actes  sur  papyrus  en  grande  et  belle  cursive  dont  les 
lettres  à  longue  haste  bouclée  ont  jusqu'à  2  centimètres 
de  haut,  et  les  lettres  basses  de  3  à  4  millimètres.  L'un 
des  plus  connus  est  un  acte  de  vente  rédigé  à  Ravenne'*, 
en  572  (tig.  6220). 


bellae  antiquissimae,  1841  ;  Nat.  de  Waiily,  Joitrn.  des  Sav.  !841,  p.  55.  Corp. 
inscr.  lat.  III, i;  p.  026;  Arndt,  Schriftafeln  zitr  /Crltïuteruni/en  der  latein. 
palaeofjraphiey  pi.  i.  —  12  Thompson,  p.  211  ;  Heuseii-,  p.  21.  —  '3  Wattenbacli, 
Anleitung  zur  latein.  palaeog.  (4"  éd.)  p,  15;  Thompson,  p.  205  et  216  et  un 
tableau  dans  Pal.  Soc.  11.  t.  I.  —  li  Pal.  Soc.  II,  pi.  ci.xv.  —  l^  JUd.  Il, 
pi.  CLXG  :  traiiscriplion  :  {/'abul)lius  macer  spopon{dU)  \  et  auclorilate  esse. 
~  16  Thompson,  p.  211-212;  Reusens,  p.  24.  Paf.  Soc.  Il,  30.  Fac-similé  réduil  ; 
transcription  d'après  Thompson  :  pro  ntemorata  narratione.  —  ï"*  Cf.  Mommst-n 
et  JalTé  dans  Jahrbuch  des  gem.  deut.  Rvchts.  l.  VI,  p.  ."îOS  ;  Nat.  de  Wailly, 
Mém.  de  L'Acad.  des  Inscr.  t.  XV,  I"  partie.  —  '»  Thompson,  p.  214;  Pal. 
Soc.  I.  2  et  28.  Pac  similé  e.xacl  ;  transcription;  suprascriptum  guinque\\et 
successoribus. 


SCR 


—  1132  — 


SCR 


Il  y  a  (11-  luiinbrcux  exemples  do  l'emploi  de  la  ciirsive 
]>i)iir  les  annolalions  marginales  dans  les  manuscrils  en 
capitale  et  en  onciale.  11  y  a  même  quelques  lexles  enliè- 
remenl  transi-rils  en  celte  écriture,  par  exemple  les 
homélies  de  saint  Avil  à  Paris  ',  celles  de  saint  Maxime  à 


Turin  eli'i  Milan  -  (llg.  0221),  dans  cette  dernière  ville 
encore  le  papyrus  de  la  traduction  latine  de  Josèphe". 
Disposition  de  l'écriture.  —  La  disposition  la  plus 
fr('quenle  sur  les  papyrus  littéraires  est  la  disposition  en 
colonnes  perpendiculaires  aux  côtés  longs  du  rouleau, 
l'écriture  courant  dans  le  sens  des  libres  horizontales 
[liber].  Ces  colonnes  sont  souvent  étroites;  mais,  à  cet 
égard,  il  semble  qu'il  n'y  eut  pas  de  règle  générale  ;  un 
des  plus  anciens  monuments  littéraires,  le  papyrus  de 
Timoihée',  est  écrit  en  longues  lignes  irréguliôres  de 
16  ;\  23  centimètres.  La  longueur  des  lignes  peut  varier 
avec  celle  des  vers  dans  les  œuvres  poétiques,  lorsque 
toutefois  la  division  a  été  observée,  ce  qui  ne  se  fait 
pas  toujours.  Certains  papyrus  de  prosateurs  ont  des 
colonnes  assez  étroites,  comme  celui  d'IIypéride,  au 
British  Muséum  %  dont  les  lignes  n'ont  guère  que 
0  centimètres;  au  contraire  dans  celui  du  Louvre  ^  elles 
en  ont  9,  et  dans  l'Isocrate  de  Marseille  elles  vont  jus- 
qu'à 13''.  Les  plus  anciens  manuscrits  de  parchemin  mon- 
trent des  colonnes  étroites,  il  y  en  avait  trois  et  même 
quatre  à  la  page,  comme  dans  le  codex  Sinaiticus  '. 
Mais  après  le  vi'  siècle,  ce  nombre  fut  réduit  à  deux. 

Sépnralion  des  mots.  —  Çà  et  là  dans  les  papyrus 
non  littéraires,  actes,  lettres,  etc.,  on  peut  remarquer  un 
petit  intervalle  entre  deux  mots,  mais  ceci  est  tellement 
irrégulier  qu'il  faut  y  voir  un  effet  du  hasard  et  non  une 
intention.  11  n'en  est  pas  de  même  dans  le  papyrus  du 
Louvre,  connu  sous  le  vocable  d'EûSô^ou  té/vy],  qui 
semble  être  antérieur  à  154  avant  J.-C.  '  ;  dans  l'écriture 
onciale  assez  grossière  de  cet  extrait  les  mots  sont  bien 
séparés  les  uns  des  autres.  Mais  tel  n'était  pas  l'usage 
des  calligraphes.  L'idéal  de  ceux-ci,  qu'ils  fussent  grecs 
ou  latins,  était  d'écrire  les  lettres  à  égale  distance  les 
unes  des  autres,  qu'elles  appartinssent  au  même  mot  ou 
à  des  mots  différents.  C'est  la  méthode  constante  dans 
ous  les  manuscrits  soignés,  qu'ils  soient  en  papyrus  ou 
en  parchemin.  On  a  bien  remarqué  que,  dans  certains 
manuscrils,  comme  le  papyrus  Massiliensis  d'isocrate, 
il  y  a  quelquefois  un  petit  point  au-dessus  de  la  ligne 
pour  indiquer  la  division  des  mots  ;  une  virgule  ou 
hjpodiaslole,  joue  le  même  rôle  dans  le  papyrus  de 
Baccliylide'";  mais  ces  signes  sont-ils  toujours  de  pre- 
mière main?  Nous  savons  par  un  passage  d'/Vrislole  " 

I  Pal.  .Soc.  :,  pi.  i.xviii.  —  2  /Ml.  .Soc.  Il,  pl.\xjiii,  Iraiiscriplioii  :  (!na)gistcr  cxsUlit 
ut  mérita  ||  »iint  qiiam  lermonibiia.  —  3  IMil.  I,  i.js.  _  4  Pnl.  .Soc.  111,  pi.  xx[i.  I,cs 
vers  De  soiilpas  sépariîs.  —  ô  Wallenbacli.  .Script,  gr.  spec.  pi.  ii.  —  C  Revillout 
Le  plaidoyer, IflijpMde  contre  Athénoyène  nve.-  fac.-.-iiii.  Kciiyon,  Palacoy.  pi  xi'i 
cl  dans  son  Milion. —■!  A.  ^^chocne.  De  laucrntis pupyro  m<asiliensi,ia.ns  .\lé lan- 
ge» Grauj-,  p.  4SI.  -  »  Wall»nl,acli,  Sceipi.  gr.  spec.  pi.  vi.  I.c  Codcv  Valicanus 
i-n  a  trois  dans  la  parlic  i|ui  conlienl  l'Ancien  Tcslamcnl.  11  en  fui  ,1e  môme  en  latin  : 
c  F'enlalcu.|ue  de  Ljon  et  le  codex  Vaticoniis  dis  fragments  de  Salluslc  ont  trois 
colonnes  à  la  page.  —  9  VVallcnbacli,  Script,  gr.  specim.  pi.  i,  Tliompson,  p.  07. 
—  IK  Keuyon,  l'aUieogr.  p.  «7  :  .    Un  Cicnipic  do  si'paralioii  de  mois,  peut-«trc 


que  des  lecteurs  ajoutaient  des  points  dans  les  textes 
pour  leur  commodité  personnelle.  D'autre  part,  on  a 
constaté  que  ceux  qui  séparent  les  mots,  dans  les  manus- 
crils en  capitale  de  Virgile,  sont  des  additions  posté- 
rieures'-. 

Ponctuation.  —  Les  signes  de  ponctuation  manquent 
totalement  dans  les  papyrus  non  littéraires  ;  les  autres 
n'offrent  aucun  système  régulier'^  Les  Perses  de 
Timothée  sont  divisés  en  longs  paragraphes  à  la  suite 
desquels  le  copiste  laisse  le  reste  de  la  ligne  en  blanc, 
puis  il  trace  au-dessous  du  commencement  de  celle  ligne 
lepelilliretappelé  TrapotYpatpoç  (fig.fi  191).  D'autres  laissent 
un  petit  intervalle  libre  entre  le  dernier  mol  de  la  phrase 
qui  finit  et  le  premier  de  celle  qui  commence  el  ajou- 
tent la  Ttapâ-cpaçoi;  au-dessous  du  premier  mot  de  laligne  ; 
c'est  ainsi  que  dans  le  fragment  de  l'.l  ?U/o/je  d'Euripide" 
on  marque  la  fin  de  la  réplique  de  chaque  personnage. 
En  outre  de  la  irapotYpaa-o;,  le  copiste  des  fragments  du 
Phédon  "*  trace  un  tiret  dans  la  ligne  pour  indiquer  le 
changement  d'interlocuteur;  quand  un  des  personnages 
du  dialogue  n'a  qu'un  mot  à  dire,  il  met  deux  forts 
points  (:)  avant  el  après  ce  mot.  Ces  deux  points,  dans 
le  papyrus  d'Arleinisia,  servent  aussi  à  marquer  la  fin 
d'une  phrase.  Dans  le  Bacchylide  la  Trapiypacpoç  se  met  à 
la  lin  de  chaque  strophe,  anlistrophe  ou  épode.  Plus  tard, 
on  fil  d'abord  légèrement  saillir,  puis  on  mit  tout  à  fait 
en  vedette  dans  la  marge  la  première  lettre  de  la  ligne 
qui  suivait  celle  où  le  sens  s'était  interrompu  en  la 
faisant  un  peu  plus  grande  que  les  autres,  ceci  se  voit, 
dès  le  v°  siècle,  dans  le  codex  Ale.xa.ndrinus .  Quant  au 
système  dont  on  attribue  l'invention  à  Aristophane  de 
Byzance,  qui  consistait  à  marquer  la  ponctuation  au 
moyen  d'un  seul  point  dont  la  valeur  variait  avec  la  place 
qu'on  lui  faisait  occuper,  il  ne  paraît  guère  avoir  été  mis 
en  pratique  '".  On  trouve  cependant  le  point  en  haut  et 
le  point  au  milieu  dans  le  codex  A/exandrinus;  on  les 
voit  même  dans  le  papyrus  d'isocrate,  mais  sans  qu'on 
puisse  se  rendre  compte  de  la  méthode  suivie  par  le 
copiste '\  Le  simple  point  un  peu  au-dessus  de  la  ligne 
est  assez  fréquent  dans  celui  de  Bacchylide  el  sert  à  mar- 
quer la  ponctuation  forte  aussi  bien  que  la  faible. 

Bien  que  les  grammairiens  affirment  l'existence,  en 
Occident,  du  système  d'Aristophane  de  Byzance,  la  ponc- 
tuation de  première  main  fait  défaut  dans  les  plus 
anciens  manuscrits  latins  en  capitale,  où  la  division  du 
discours  est  seulement  marquée  par  un  petit  intervalle. 
On  voit  aussi  quelquefois,  dans  des  manuscrits  des  pre- 
miers siècles  de  notre  ère,  une  sorte  de  P  devant  le  pre- 
mier mot  d'une  ligne  qui  commence  un  paragraphe'*. 
Maisle  point  au  milieu  est  le  plus  communément  employé 
dans  les  manuscrils  en  onciale,  où  les  lettres  en  vedettes 
à  la  marge  sont  d'un  usage  constant. 

Accents,  esprits  et  autres  signes.  —  On  ne  voit  que 
très  rarement  des  esprits  sur  les  papyrus  non  littéraires  : 
quant  aux   accents,   ils  n'en  portent  jamais.  Parmi  les 

nni(|iie,  se  voit  dans  un  pelit  traiti^  grammatical  qui  porle  le  nom  de  Tryplion  el 
qui  fut  écrit,  probablement  au  iv"  siècle,  sur  quelques  feuillets  lai8S(^s  vacants  à 
la  suite  d'un  chant  d'Homère  da-. s  le  papyrus  cxxvi  du  BritisK  Muséum. ..  —  H  Aristot. 
Ilhetor.  m,  S  :  cf.  Wilamonilz-Mollendorf.  Héraklès,  I,  127.  Blass,  Griechisclie 
PaUit'ogr.  dans  Handbitcli  der  Klass.  Altertlntms-  Wissensclt.  p.  311.  —  ^2  Thomp- 
son, p.  70.  —  13  On  ne  saurait  considérer  comme  ponctuation  des  points  qui  séparent 
les  mots  dans  le  fragment  du  poème  sur  laba'aille  d'Aclium  (voy.  p.  1130,  note  4); 
c'est  une  imitation  des  anciennes  inscriptions  Cf.  Thompson,  p.  67.—  »  Mahaffy, 
The  Flinders  Pelrie pup.  pi.  i  et  ii.  —  1»  Ibid.  pi.  v-vui.  —  '6  Tbonipson,  p.  07. 
—  17  A.  Schoeuc,  Op.  cit.  p.  4fei.  —  13  Thompson,  p.  70:  Reusens,  p.  154  sq. 


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autres,  les  plus  anciens  n'offrent  en  général  ni  esprits,  ni 
accents.  Mais  dans  des  manuscrits  de  poètes,  comme  le 
fragment  d'Alcman  et  le  papyrus  de  Baccliylide,  on 
trouve  des  accents  principalement  sur  les  mots  un  peu 
longs'.  Les  premiers  manuscrits  de  parchemin  ne  sont 
pas  accentués,  non  plus  que  les  manuscrits  latins  '-.  Les 
esprits  aussi  sont  en  petit  nombre  et  leur  usage  très 
intermittent. 

Parmi  les  autres  signes,  il  faut  citer  l'apostrophe  assez 
fréquente  dans  leBacchylide  pour  marquer  l'élision'  ;  on 
peut  la  voir  dans  des  manuscrits  anciens  placée  en  avant 
et  en  arrière  de  certains  noms  étrangers,  comme  les 
noms  de  patriarches  et  les  noms  de  villes  ^  L'emploi 
du  signe  de  diérèse,  simple  point  ou  tréma,  n'est  pas 
rare  dans  les  papyrus  sur  ï  et  u  initiaux.  Signalons  encore 
çà  et  là  riiyphen,  petit  trait  courbe  {^),  au-dessous  des 
mots  composés  et,  dans  les  manuscrits  homériques,  la 
présence  des  signes  d'Aristarque  la  diple  (>-)  et  l'asté- 
risque. 

Sur  les  papyrus  anciens  les  citations  ne  sont  pas 
indiquées;  ce  n'est  que  postérieurement  à  l'ère  chré- 
tienne, vers  le  vi"  siècle,  que  l'on  trouve  dans  les  manus- 
crits des  guillemets  (»,  »,  »,  »),  placés  dans  les  marges; 
un  autre  procédé  en  usage  dans  les  manuscrits  grecs  et 
latins  fut  celui  de  l'indenlalion,  qui  consiste  à  mettre 
le  texte  cité  un  peu  en  retrait  '. 

Les  corrections  sont  exécutées  de  diverses  manières  : 
tantôt  la  lettre  écrite  par  erreur  est  biffée  d'un  petit  trait 
oblique,  tantôt  elle  est  surmontée  d'un  point;  quand  il 
s'agit  d'un  mot  entier  à  corriger,  celui  qui  doit  lui  être 
substitué  est  écrit  au-dessus  dans  l'interligne  Les  parties 
omises  un  peu  considérables  sont  inscrites  dans  les 
marges  supérieure  ou  inférieure,  et  un  signe  de  renvoi 
indique  où  elles  doivent  prendre  place*. 

Lorsqu'il  s'agissait  de  réparer  une  erreur  un  peu  impor- 
tante commise  sur  un  papyrus,  on  collait,  à  l'occasion, 
sur  la  partie  à  remplacer,  en  ayant  soin  d'en  placer  les 
libres  exactement  dans  le  même  sens,  une  petite  bande  de 
papyrus  sur  laquelle  on  écrivait  le  texte  à  substituer  '. 

Procédés  et  signes  abréviatifs.  —  Un  passage  mal 
interprété  de  Diogène  Laerce  avait  fait  attribuer  à  Xéno- 
phon  l'invention  d'un  système  de  sténographie';  mais 
cette  idée  est  aujourd'hui  abandonnée,  et  il  paraît  certain 
que  les  anciens  Grecs  n'ont  employé  que  quelques 
signes  et  un  certain  nombre  de  procédés  abréviatifs.  Ce 
n'est  pas  qu'on  ne  se  soit  préoccupé  d'abréger  l'écriture 
et  de  substituer  à  l'alphabet  ordinaire  des  signes  plus 
faciles  à  tracer.  Nous  savons  assurément  qu'on  l'a  fait 
dès  la  fin  du  v*  siècle.  Une  inscription  trouvée  sur  l'acro- 
pole d'Athènes  nous  a  conservé  des  vestiges  d'une  tenta- 

1  Kenjron,  p.  30,  Sur  le  pap\rus  de  X'itiarle  de  Bankcs,  sur  celui  de  Harris, 
(cf.  p.  IliG,  noie  3)  et  aussi  iur  celui  de  Bacchylide,  on  <oil  à  l'occasion  des 
mois  oxytons  portant  l'accent  grave  sur  la  pénultième.  Cf.  Thompson,  p.  'i. 
—  2  Tliompson,  p.  74.  On  signale,  et  encore  très  rarement,  des  cvemples  d'ac- 
cpnt  sur  des  monosyllabes,  comme  o  exclamatif,  ou  des  prépositions.  D'autre  part, 
dans  le  fiagm  de  poème  sur  la  bataille  d'Actium  (cf.  p.  )t  10,  n.  i)  un  accent  sert 
à  marquer  des  voyelles  longues.  Tbompson.  p.  187.  —  i  Voyez  The  Poetm  of 
Uncclii/lidfs  /'ac-simile.  c>\.  7.-4  Thompson,  p.  73.  Wattenbach,  Scri/ft. 
yr.  tper.  Introd  p.  3,  col.  1,  si^ale  dans  le  Sinaitkus  l'apostrophe  à  la 
suite  du  mol  ■,t;,u»aX./,|i'.  -  5  Thompson,  p.  74  sq.  Kenyon,  p.  iO  si).  Cf.  Cha- 
Iclain,  Uncial.  script,  pi.  un,  1  et  pi.  63.  —  6  Kenyon,  p.  31.  Thompson, 
p.  74.  Cf.  The  Poèmes  of  Bacchylides,  col.  5,  ii,  14,  îî  —  'i  Ceci  se  voit 
sur  le  papyrus  du  Louvre  R  I,  qui  contient  des  œuvres  de  saint  Cyrille.  —  »  Diog. 
I.a.  Il,  48;  GiUbauer,  Die  drei  Système  der  griechisck.  Tacttyyraphie  dans 
Denkschriflen  der  Wiener  Akadem.  phil.-hisl.  Kl.  1894  ;  Idem,  ^ur  alleslen 
Tachygraphie  der  Griechen,  p.  49,  dans  Festbuch  sur  hundertj.  Jubelfeier  d. 
deutsch.  Kurzschrift  (1896);  (iardthausen,  Geschichle  der  yriechisch.  Tachijyra- 


live  de  ce  genre'.  Une  autre  eut  lieu  un  siècle  et  demi 
plus  lard,  dont  l'auteur,  inconnu  tout  comme  le  premier, 
proposait  une  sorte  de  système  sténographique,  car  il 
réunissait  en  un  seul  signe  deux  et  même  quelquefois 
trois  lettres"*.  Mais  ce  ne  sont  là  que  des  souvenirs,  car 
l'état  des  inscriptions  ne  permet  pas  de  reconstituer  ces 
systèmes  avec  sûreté,  et  nous  ne  savons  pas  si  l'un  d'eux 
a  jamais  été  en  usage.  Nous  n'avons  rien  d'écrit  au 
moyen  de  ces  signes;  car  les  papyrus  littéraires  calli- 
graphiques n'offrent  que  très  peu  d'abréviations.  On  a 
trouvé  dans  Vllijpéride  du  Louvre  le  v  final  remplacé 
par  un  trait  horizontal  suscrit.  Dans  les  papyrus  d'Her- 
culanum.  qui  renferment  les  écrits  de  Philodème,  les 
conjonctions  xat  et  vâp  et  l'article  twv  sont  représentés 
par  leur  consonne  initiale  surmontée  d'un  accent  grave 

(k  r  t)'  ''^  préposition  --Jjz  s'écrit  parfois  jfr;  les 
sigles   >t;  et  -P-  signifient  /povoç  et  -poTtoç  à  tous  les  cas, 

il  y  a  aussi  les  deux  signes  /  et  \  pour  ka-zi  et  sTvat.  On 
signale  encore  quelques  abréviations  dans  les  scholies 
du  papyrus  d'Alcman  et  dans  une  colleclion  d'exercices  de 
rhétorique  ".  Postérieurement  à  l'ère  chrétienne,  le  Com- 
mentaire au  Théélèle  de  Plalon  n'offre  que  le  v  final 
représenté  par  un  petit  trait  suscrit  AOrO(^'''Y0'')''- Un 
peu  plus  tard,  au  viir  siècle,  le  copiste  du  fragment 
mathématique  de  Bobbio  emploie  un  certain  nombre  de 
signes  abréviatifs  dont  il  parait  quelquefois  ignorer  la 
signification  exacte  '^ 

Dans  les  papyrus  non  littéraires  ou  dans  ceux  qui, 
comme  celui  de  la  Constilution  d'Athènes,  ont  été  écrits 
pour  l'usage  privé,  on  peut, au  contraire,  constater  l'em- 
ploi fréquent  de  signes  conventionnels  pour  représenter 
les  termes  les  plus  usuels  et  de  procédés  abréviatifs,  qui 
consistent  à  supprimer  certaines  portions  des  mots, 
comme  les  finales  sur  lesquelles  il  n'est  guère  possible 
de  se  tromper.  Ainsi  dans  les  reçus,  les  baux,  les  comptes, 
les  lettres,  les  signes  L  et  H  signifient  respectivement 
Itoç  et  ooa;^iL-f,  à  tous  les  cas  ;  /^  et  At  représentent 
[lETpTiTTqç,  on  écrit  Ttpo  poursignifierTtoôxetTai,  et  aussi  pour 
Tpox£i|xivou  dans  la  formule  toO  7rpox£'.u.Évou'éT&u;;  ■jôj"  pour 
TtdXiç,  To  pour  TOTiap/ia,  etc.  ".  Le  papjTus  de  la  Consti- 
tution d'Athènes  ifig.  6207)  nous  prouve  que  les  procédés 
abréviatifs  étaient  très  usités  dans  récriture  courante, 
lorsque  la  copie  exécutée  n'était  pas  destinée  à  la  vente. 
On  y  trouve  couramment  deux  procédés:  l'un  consiste  à 
écrire  seulement  la  première  lettre  du  mot  que  l'on  veut 
abréger,  en  distinguant  les  uns  des  autres,  au  moyen 
d'une  sorte  d'accent  ou  d'un  autre  signe,  ceux  qui  com- 
mencent par  la  même  lettre  ;  ce  procédé  s'emploie  pour 

phie,  p.  3.  dans  Archiv.  fur  Sténographie  (I9ut»):  Arthur  Mentz,  Geschichle  tind 
Système  der  griech.  Tachygraphie,  p.  .'>  ;  Thompson,  Bandbook,  p.  83.  —  9  Com- 
perz,  Ceber  ein  bisher  unbekanntes  griech.  Schriftsystem^  dans  Sitzungsber.  d. 
Wiener  Akad.  pbil.  hist.  Kl.  (1884;,  p.  33'.»  ;  et  ibid.  (1893)  .Veuc  Bemerkungen  ; 
Gardthausen,  Tachygraphie  oder  Brachygraphie  der  Akropolissteines,  dans 
Archiv  f.  Stenogr.  1906,  p.  81;  Mitzschke,  Eine  griech.  Kurzschrift  an  d. 
IV  vorchr.  Jahrhundert,  dans  ArcMv.  f.  Stenogr.  1885.  A.  Menir,  Op.  cit.  p.  29. 

—  f'Tanuery.  deux  fragments  concernant  des  systèmes  d'écriture  abrégée,  dAm 
Ballet,  de  Correspond,  hellén.  (1896);  Johnen,  Eine  allgriech.  Konsonanten- 
verbindungstafel,    dans     Schriftwarl  (1898);    A.    Menti,    Op.  cit.   p.   9   et  39. 

—  Il  Thompson,  p.  83  ;  Kenyon,  Palaeogr.  p.  32.  Ces  eierciccs  sont  dans  le  pa- 
pyius  du  Brit.  .\lus.  n'  23li.  —  12  Pal.  Soc.  III,  pi.  cm.  —  13  Watteubach,  Script. 
^r.  «pec.  pi.  vui  et  introduction  ;  Wessely,  £*!»  System  aitgriech.  Tachygraphie 
dans  Abhandlungen  der  Akad.  d.  Wissensch.  Vienne,  1896,  pi.  n;  Mentz,  Op.  cit. 
p.  S6.  —  1*  Kenyon,  p.  3i  ;  Rubcnsohn,  Elephanline  pnpyri,  pi.  m;  Pat.  .Soc.  Il, 
pi.  csLiii  ;  Grenfell  and  MahalTy,  2  he  Jleienue  lave  of  Ptolemy  Philadelplius  ;  Greek 
pap.  in  the  Brit.  Xus.  pap.  038  (a.  103  av.  J.-C). 


SCR 

1(S  pn-posi lions  (sauf  àizo  ol  â-i  qui  ne  s'alirègonl  pas;, 
li's  particules  et  los  conjonctions.  Ainsi  fxiv  et  oé  s'écri- 
vent fi'  et  A  ',  jiEToi  et  8ii,  (i"  et  À  ;  l'article  s'abrège  aussi, 
on  trouve  t',  t",  t'  pour  ti^i;,  ti^v,  twv.  Dans  les  finales  en 
-ai,  at  se  représente  par  une  sorte  de  trait  sinueux  (  *)) 
allaclié  ;\  l'extrémité  du  trait  horizontal  du  t.  A  côté  de 
ceci  on  voit  nombre  de  mois  dont  la  terminaison  n'est  pas 
écrite  en  entier  ;  on  en  a  seulement  inscrit  la  dernière  ou 
l'avant-dernière  voyelle,  par  exemple  çoXwv  pour  iloXwv&ç, 
tîiTtïpy  pour  'nraip/ou;,  xXektOev  pour  KXekiOévï,;.  Quelque- 
fois on  a  négligé  d'écrire  cette  voyelle  et  pour  àTTix/,v  on 
s'est  contenté  de  mettre  arxi ,  pour  àXesOai,  e/ei,  pour 
(i,iyY|V,  u.(x',  etc.  ' . 

on  rencontre  un  système  analogue  avec  de  petites  diffé- 
rences dans  le  papyrus  qui  contient  le  commentaire  de 
Didyme  sur  les P/iilippir/ues  de  Démosthène  -.  (tig.  619G). 

Dans  ce  que  nous  venons  de  voir,  la  suscription  d'une 

lettre    prévenait    le   lecteur  que   le    mol  était  abrégé; 

ce  procédé  est  usité  çà  et  là  dans  d'autres  papyrus  ;  mais 

la  lettre  suscrite  n'est  pas  toujours  distincte;   elle  est 

même  souvent  remplacée  par  un  trait  semblable  à  une 

sorte  d'S  renversée  (  S)  '•  Parfois,  c'est  une  assez  grande 

portion    de  mot  que    le  lecteur   doit  suppléer  lorsque, 

.1  '■il 

par  exemple,  £S(Ji.o7:oXiTT,;  est  cent eûfjLOTTo  ou  £S[xo-7r  *.   Les 

noms  propres  se  traitent  de  la  même  manière,  AùpViXtoç 
s'écrit  auçf,  ou  aup».  Au  iv°  siècle,  l'abréviation  est  indi- 
quée par  un  trait  horizontal  suscrit  :  epioT-rift  signifie 
Èp<oTT|9£vT£;  ".  On  trouve  aussi,  et  cela  dès  le  m'  siècle 
de  notre  ère,  un  trait  oblique  apposé  à  la  dernière  lettre 
écrite  de  façon  à  couper  son  extrémité  inférieure,  ^^  re- 
présente otxatii)'.  D'autres  fois,  un  simple  point  suffit  à 
signaler  l'abréviation,  par  exemple  sitixp-  pour  ènÎTpoTto;'. 

A  ces  procédés  il  faut  joindre  celui  de  l'abréviation  par 
contraction,  qui  se  rencontre  fréquemment  dans  les 
manuscrits  de  contenu  ecclésiastique.  Il  consiste  à  sup- 
primer la  portion  moyenne  du  mot  et  à.  n'écrire  que  la 
première  et  la  dernière  lettre,  ou  bien  une  ou  deux  lettres 
du  commencement  et  deux,  trois  ou  quatre  de  la  fin,  selon 
le  cas;  ces  lettres  se  surmontent  d'un  trait  horizontal, 
par  exemple  wC  signifie  Oeôç,  WN  Seov,  KY  xupi'ou,  IIHP 
TiaT^p,  IIFOC  Ttaxpôç,  lAHM  'kpoudaXvîpi  ;  OYNOIC  oûpa- 
voTç'.  Ce  procédé  est  employé  dans  un  papyrus  du  m"  ou 
plulôtduiv"  siècle,  qui  contient  V  Épi'lre  aux  Hébreux^" . 

Les  manuscrits  latins  de  la  période  qui  nous  occupe 
ne  connaissent  que  peu  d'abréviations;  elles  sont  rares 
jusqu'au  vur-  siècle",  mais  elles  se  multiplient  consi- 
dérablement après  le  x«.  Un  des  plus  anciens  papyrus 
latins,    écrit    en   semi-onciale,   offre   cos   pour  consu- 


H3i  —  SCR 

/ihus,  l'K  pour  prnclurein,  un  pour  liber,  Tnin.  pl 
pour  tribunus  p/ebis,  k.  pour  bus.  Le  prénom  y  est 
indiqué  par  une  lettre  unique  (siffle),  l'initiale  suivie 
d'un  point;  L-  P-  signifient  Lucius  el  Publius,  etc.  '-. 
Outre  ces  abréviations-ci  on  voit  ailleurs  Q  pour  que, 
OM  ou  ONM  pour  (juoniam  et  le  remplacement  de  m  et  n  à 
la  fin  des  lignes  par  un  petit  trait  horizontal  suscrit. 
Dans  les  manuscrits  de  contenu  religieux  se  montre  le 
système  de  l'abréviation  par  contraction  :  dms  ou  dns  pour 
cioininus,  dno  pour  domino,  \>s  pour  deus,  sps  pour  spi- 
rilus,  EPS  pour  episcopus.  Dans  le  palimpseste  de  Gains, 
à  Vérone,  une  finale  supprimée  se  représente  par  un 
trait  vertical  traversant  la  dernière  lettre  écrite,  t^  s'" 
gnifie  nisi,  Efjg  eîiini  '^ 

Tachijç/raphie.  —  Dans  cet  ensemble  de  procédés,  on 
ne  saurait  voir  un  système  de  tachygrapliie,  ni  rien  qui 
ressemble  à  notre  sténographie  moderne.  Cependant,  à 
partir  du  i'"''  siècle  de  notre  ère,  il  y  eut  dans  le  monde 
grec  des  tachygraphes  ou  sténographes  ((jT,[jL£ioi'pi;fO!, 
xa/uvpàçpoi) ''.  Mais  il  semble  bien  qu'ils  se  servaient 
d'une  invention  romaine  que  les  Grecs  n'avaient  fait 
qu'imiter'". 

La  plus  ancienne  mention  de  la  tachygraphie  se  lit  sur 
un  papyrus  égyptien  de  l'an  loo  après  J.-C;  c'est  une 
convention  avec  un  professeur,  dans  laquelle  le  recueil 
de  signes  que  doit  apprendre  l'élève  est  désigné  par  le 
mot  xû(jLevTâptov  ;  ce  terme  paraît  un  indice  assez  sûr  que 
l'invention  n'était  pas  grecque '^  Nous  savons  que  la 
tachygraphie  a  été  très  en  usage  du  iii°  au  iv"  siècle, 
qu'elle  se  répandit  en  Orient'''  puis  en  Sicile"  et  en 
Illyrie  où  a  été  trouvée  une  inscription  en  caractères 
tachygraphiques  dont  la  signification  n'a  pas  encore  été 
découverte  '^  Beaucoup  de  papyrus,  répartis  entre  les 
diverses  collections  d'Europe,  sont  ou  entièrement  ou 
partiellement  écrits  en  tachygraphie;  un  petit  nombre 
seulement  a  pu  être  déchiffré,  car  nous  n'avons  qu'une 
connaissance  incomplète  de  leur  système  d'écriture^". 

Celui  des  notes  (notae)  tironiennes,  qui  servit  peut- 
être  de  modèle  à  la  tachygraphie  égyptienne,  est  mieux 
connu.  Ce  système  d'écriture  abrégée  dont  on  fait 
remonter  l'invention  à  TuUius  Tiron,  affranchi  de 
Cicéron,  qui  s'était  occupé  seulement  des  prépositions'-', 
se  compose  non  pas  de  signes  conventionnels,  mais  de 
lettres  réduites  à  leur  plus  simple  élément,  c'est-à-dire 
quelquefois  à  un  trait  droit,  courbe,  ondulé  ou  formant 
une  ligne  brisée.  Une  note  pouvait  être  employée  seule 
pour  figurer  soit  un  mot  indéclinable,  comme  une  pré- 
position, soit  un  substantif  ou  un  adjectif  très  usuels, 
ou  un  verbe  à  la  3'  personne  du  singulier  de  l'indi- 
catif présent  ;  elle  faisait  alors  fonction  de  sigle.  Mais, 


I  Kfiijon,  Arhtotle  on  the    Constitution  o,    Atliens,   fac  similés  passim.  Cf. 
Pal.  .Soc.  W,   pl.    cxxii.  —  2  Cf.    p.  Ili7,  n.   i.  —  3  Pal.  Soc.  Il,  pl.  ci.xxsiii. 

—  *  Amha-st  Papyr.  Il,  pl.  xiii  et  xviic.  —  5  Wesscly,  Pap.  Erzherzog 
Itainer,  Fûhrer  durch  die  Ausstellung,  pl.  xi.  —  6  Amhcrst  pap.   II,  pi.  xx. 

—  1  ilillkeilung    aus   rfer  .Sammi.   d.  Pa/.yr.  ICrzherzog  Rainer  II,   pl.   xsiiii. 

—  «  Pal.  Soc.  Il,  pl.  ci.ixxviii.  —  9  Thompson,  p.  88  sq.  —  10  Pal.  Soc.  III, 
pl.  xi.vii.  —  "  Reuscus,  JSIém.  de  paléogr.  p.  94  —  12  Pal.  Soc.  111,  pi.  lui; 
cesl  celui  qui  conlienl  une  épiloni6  de  Tite-Live, cf.  p.  1130,  n.  20.  —  lit  Beusens 
Op.  cit.  p.    9t  sq.  ;  Blass,  Uandbuch  d.  Kiass.    Alterthumswisiensch.    p.  33S. 

—  "  Plularch.  Calo  min.  cb.  xxiii;  F.useb.  Hist.  eccles.  VI,  23,  30.  —  15  Meniz, 
Geichichie  u.  Système,  f.  13  el  18.  —  l»  On  appelait  commentarii  les  lexiques 
<lc  noies  lironiennes,  cf.  Mcolz,  /,.  /.  cf.  Wesselv,  Ein  System  allrjriech.  Ta- 
cliygiapliie,  p.  18  et  Der  Verlrag  eines  Tacliyr/raphielehrers  aus  .Egyplen, 
dans  Archie.  f.  Stenogr.  (1905).  -  "  Caidtliausen,  Geschich.  d.  Gr.  Tachygr. 
p.  5:  Mcnli,  Op.  c.  p.  21.  Il  est  fait  allusion  aux  teclij-iaplics  clans  Philos- 
traie,    VitaApoUonii   1,19,  4  (l'a.  Kay»iT,  p.  H),  dans  Galien,  sif',  ,.:»  !Jlio«  J.Smuv, 


XIX,  (éd.  Kiibn),  cf.  S.  Basil.  Epist.  333  (éd.  Mignc,  Palrol.  gr.  1.  ixxul. 
—  18  Jnscr.  graec.  Sicit.  1549  ;  Gardthausen,  Geschicht.  p.  5.  —  19  Wessely,  Ein 
epigraphischer  Denkmal  altgr.  Tachygr.  dans  Archiv.  f.  Sten.  (1901);  Gitibauer, 
Die  tachygraphische  Grabinschrift  von  .Salona  dans  Sludien  zur  griech.  Tachy- 
graphie, p.  3.  —  20  Wesscly,  Studien  zur  Palaeogra/'hie  u.  Papyruskund^,  fasc. 
3  et  4.  Dewiscbeit,  Gritch.  Tachygraphie  in  aegyptisch,  Pnpyrusurkutidcn,  dms 
Scbriflwarl  (1000)  p.  9;  \V.  Scbubart,  Die  tachygr.  papyri  in  der  L'rkunden 
sammlung  d.  Kônigt.  Mus.  zu  Berlin  dans  Archiv.  f.  Sten.  (1902).  Un  autre  système 
est  mieux  connu,  c'est  celui  qui  se  trouve  dans  quelrjues  manuscrils  du  moyen  âge: 
cf.  Gillbauer,  die  Vàerreste  ijriech.  Tachygraphie,  1878  el  1886;  Gardthausen, 
Griech.  Palaeog.  p.  210;  Idem,  Geschicht.  der  Griechisch.  Tachygr.  p.  Il 
A.  Menlz,  Geschiclite  und  Système,  p.  4.ï.  —  si  Suelonii  lîeliquiae  (éd.  RcilVer- 
scbeid)p.  135.  Isidor.  Orig.  1,21  ;  cf.  VVeiuberger,  Zur  Geschichted.  rômisch.  Kurz- 
schrift  dans  Arc/tir.  f.  Sten.  (1903);  Morgenstern,  Cicer.  u.  die  Sténographie, 
ibid.  (1905);  A.  Slein,  Die  Sténographie  in  rômisch.  Senal.  ibid.  (1905); 
Gardhauscn,  Geschichte,  p.  5. 


SCR 


—  1135  — 


SCR 


ordinairement,  pour  représenter  un  mol  on  se  servait 
du  doux  signes  dont  Tua  exprimait  le  radical,  l'autre 
la  terminaison  ;  ce  dernier  était  un  peu  plus  petit  que 
l'autre.  Le  radical  s'exprimait  soit  par  sa  seule  lettre  ini- 
tiale, soit  par  sa  première  syllabe,  soit  par  plusieurs 
lettres  faisant  partie  du  mot,  dont  la  portion  moyenne 
était  supprimée  comme  dans  le  procédé  d'abrévijlion 
par  contraction.  Presque  toutes  les  lettres  de  l'alphabet 
tironien  avaient  deux  formes  :  l'une,  tirée  de  l'écriture 
capitale,  était  employée  pour  représenter  les  radicaux; 
l'autre,  empruntée  à  l'écriture  courante,  servait  à  la  fois 
pour  les  terminaisons  et  les  radicaux.  On  usait  aussi  du 
point  diacritique  qui,  selon  la  place  qu'il  occupait  auprès 
d'une  note,  lui  donnait  des  significations  différentes  '. 

Ces  notes  furent  d'un  usage  assez  fréquent  jusqu'au 
xi'  siècle  ^,  les  notarii  devaient  les  connaître,  aussi  en 
enseignait-on  la  pratique  dans  les  écoles,  et,  àcet  effet,  on 
avait  composé  des  espèces  de  lexiques  où  elles  étaient 
disposées  en  colonnes  verticales  avec  leur  signification 
en  face  d'elles^  Elles  servirent,  comme  les  signes  de  la 
tachygraphie  grecque  ',  à  recueillir  des  discours,  des 
sermons,  des  déclarations  dont  on  tenait  à  posséder  la 
forme  authentique  •■.  Les  annotateurs  de  manuscrits  en 
usèrent  dans  leurs  scholies  marginales.  Elles  furent  aussi 
employées,  mais  exceptionnellement,  à  transcrire  des 
ouvrages  entiers '.  Les  manuscrits  où  se  lisent  des  notes 
de  ce  genre  appartiennent  tous  au  moyen  âge.  Alf.  Jacmk. 

SCRIPTIIRA.  —  Taxe   perçue  à  Rome  sur   les  Irou- 

1  Kopp, /*a/«eor/rapAirt  critica  t.  I  et  11.  Reusens,  Eléments,  p.  27;  E.  Cha- 
lelaiu  Introduction  à  la  lecture  des  notes  tironiennes^  p.  I.  —  *-  E.  Clialc- 
laiD,  i'ne  messe  en  notes  tironiennes  {1901)  p.  9.  —  3  Reusens,  Op.  cit. 
p.  i9.  —  t  Tli.  Sickel,  Acta  regum  et  iniperalor.  Carolinor.  t.  I,  p.  :J30. 
H.  Brcslau,  Handbuch  der  Urkundenlehre  fur  Deutscliland  u.  Italien,  I, 
p.  921  :  Wessclv,  Htudien,  fasc.  lit  et  IV.  Keuscns,  Op.  cit.  p.  29.  —  5  J.J.  Si- 
moiiet,  die  SteHOf/raphie  tieim  katolischen  Klerus.  J.  GelTckeu,  Die  Steno- 
(jraphie  in  den  Akten  der  Alartijrer,  dans  Archiv.  f.  Sien.  I90ti.  —  6  Wal- 
tciiliacli,  Anleitunij^  p.  10.  kopp,  Palacogr.  critic.  I,  310,  cf.  Paul  Legeudre. 
Etudes  tironiennes.  Commentaire  de  la  VJ'  éylogue  de  Viri/ile. —  Bibr.ioGRAi-HiE. 
l'Ii.  Berger,  Histoire  de  l'Écriture  dans  l'Antiquité  (1891);  Wallonbach,  Dus 
Schriftwesen  im  Mittelaller  (1896,  3«éd.);  T.  AsUe,  The  oriyin  and  Proyress 
ofwritinq,  Loo-lres  (180:1);  Westwood,  Palaeograpftia  sacra  pictoria,  Londres 
(l«43-43);  Tliompson,  Bnndbook  of  yr.  a.  lat.  palaeogr.  Londres  (1906.  3'  éd.)  ; 
Silvcstre, /'a(eosi-ap/iie  imirerse«e  (1839-41 1;  H.  A.  Bond,  E.  M.  Tliompson  and 
(î.  F.  Warner,  Pa!aeograplticat  Society,  fac-sim.  of  manuscripts  a.  inscriptions, 
I»  ser.  (1873-83);  II-  ser.  (1884-94);  Thompson,  Warner  a.  Kenyon.  The  neir 
palueographical  .Society  (1903j;  Tliompson  and  Warner,  Catalogue  of  ancienl 
manuscripts  in  the  Brit.  Mus.  1881,  1884;  F. -G.  Kenyon,  Fuc-similes  of  bMical 
manuscriptsin  the  Brit.  .Mus.  Londre5(l900)  ;  Vilelli  et  Paoli,  Collezione  Fiorentina 
di  fac-simili  paleografici  Greci  e  latini,  Florence  (1884-97).  Paléographie 
grecque  :  MonUaucon,  Palaeogra/diia  graeca  (1708)  ;  Gardtliausen,  Griech.  Palaeo- 
yraphie,  Leipzig  (  1879)  ;  W,  Walteubacli,  Anleitung  zur  Griech.  Patueoyraphie, 
Leipzig  (1895,  3«éd);  Fr.  Blass,  Palaeugraphie,  Buchuesen  u.  Handschriftcn- 
kuAde.  éins  Bundhuch  der  Klassischen  Attert/i-Wissensch.i.  I.  Vorlesungen  und 
Abhandtungen  von  Ludw.  Ti-aube.  Iicrausg.  von  Fr.  Boll.  Erster  îîand  zur 
Palaeographie  u.  Uandschriftenkunde,  Munich  (1809)  l'apyrus  :  C.  llaeLerlin. 
Griech.  Papyri  (catalogue  des  papyrus  littéraires)  dans  Centratb.atl  fur  Biblio- 
thektwesen  (1897);  Kenyon,  Gra-co-Hotnan  Egypt,  dans  Archaeoloyicai  Jteports 
of  the  Egypt  Exftluration  Eund  (189is<i.)  ;  Brunelde  Presles,  A'o/jrcse/  textes  des 
papyrus  grecs  du  .Vusée  du  Louvre  et  de  la  Bibl.  impér.  dans  Sotices  et  extraits 
des  manuscrits  de  la  Bibl.  impér.  t.  .X\'III,  2'  partit;  (1865)  a\ec  allas  ;  Karabacek, 
Afittheitungen  aus  der  Sammlung  der  Papyrus  Erzherzog  Haiuer,  Vienne 
(1886  S4|.);  Wessely,  Corpus  Papyrorum  Ituineri,  griechische  texte.  Vienne  (1895)  ; 
Wilckcn,  Tnfeln  zur  alteren  Griech.  Palaeographie  (1891);  Urenfell  et  HunI, 
Greek  Papyri,  i  vol.  Ozford  (1896  et  1897)  ;  Idem,  The  Oxyrhynchus papyri,»  vol. 
looilres  (1898-1908);  Grcnfell,  Hunl  et  Ho«aith,/-ayi!m,  Towns  and  their  papyri, 
■.ondres  (1900)  ;  Grenfcll,  Hunt  and  Smyly,  The  Tebt unis  papyri,  Londres  {i'JOir, 
Wessely. /*rtpyrorum  scripturae  grnecae  spccimina,  Leipzig  (1900).  Tachygraphie  ; 
Ruess,  Ceber  griechisclœ  Tachygraphie,  Neuhourg  (I88i);  Lehmanu.  /Jie  tachy- 
graphischen  Abkùrzungen,  Leipzig  (1880)  ;  T.  W.  Allen,  Notes  on  the  abbrena- 
lions  in  the  greek  manuscripts,  Oiford  (1889)  ;  G.  Zereleli,  Abréviations  des  ma- 
nuscrits grecs  (en  Russe)  Saint-Pétersbourg  (1904)  ;  Foal,  On  old  greek  Tachy- 
yraphy  dans  Journal  of  hellenic  «/urfie»  (1901)  ;  K.Hartmann,  Etarianiis  Arriauus 
und  die  Tachygraphie,  dans  Archiv.  f.  .Slenif/r.  {\905).  Paléographie  laline  :  Ma- 
billon,  Oe  re  diplomatica  (1709);  Tassin  et  Toustain,  Nouveau  Traité  de  diplo- 
l>la(iyue  (1750-65);    MalTei,    htoria   diplomalica,   con    raccolla   dé  ducumeuti   in 


peaux  qui  allaient  pailre  dans  les  pâturages'  publics 
{publica  pasciia)  ou  dans  les  aestivi  vel  Itiberni  saUux 
de  l'Italie.  Delàvientle  nom  de  scriplunrius  a ger  ilonné 
aux  terres  du  domaine  public  [ager  piblicis'  soumises 
à  ce  mode  d'exploitation'-.  Cet  impôt  sur  les  poscua  fut 
le  seul  perçu  dès  l'origine  par  les  agents  du  trésor  ; 
aussi  cette  dénomination,  d'après  Pline^  demeura  long- 
temps appliquée  à  tous  revenus  publics.  Plus  tard,  la 
ferme  de  cet  impôt  fut  adjugée,  sous  la  République,  aux 
enchères  à  des  compagnies  de  publicains  [publicani], 
d'après  un  cahier  des  charges  [censoria  locatio]  dressé 
par  les  censeurs.  Au  moment  où  les  troupeaux  quittaient 
les  vallées  pour  aller  passer  l'été  sur  les  monts,  ils 
devaient  être  soumis  à  l'inspection  des  agents  des  publi- 
cains. qui  en  prenaient  noie  {scrip(ura)  et  percevaient 
le  droit  de  pâturage  ou  de  transit  ^  en  raison  du  nombre 
et  de  l'espèce  des  bestiaux.  Cet  impôt  était  d'autant  plus 
facile  à  recouvrer  que  le  climat  de  l'Italie  rendait  alors, 
comme  aujourd'hui  dans  la  Capitanate,  la  transhumance 
nécessaire  ^.  Le  trésor  public  afl'ermait  même  des  pacages 
en  province,  et  jusqu'en  Cyrénaïque  où  ce  système  lit 
disparaître  cerlaincsplanles  tels  que  le  laser  ou  sllpliium'. 
On  consacrait  au  pâturage  non  seulement  des  collines  ou 
vallées,  mais  des  saussaies  et  des  bois',  et  lors  de  la 
formation  des  latifundia,  ce  système  contribua  beaucoup 
à  déboiser  l'Italie.  Il  y  avait  des  étendues  considérables 
d'ar/er  scriptuarius,  non  seulement  en  Apulie  et  en  Cam- 
panie,  mais  encore  en  Sicile',  en  Afrique'",  en  Asie", 

papiro,  ManU>uc  (17-7);  Kopp,  Palaeographica  critica,  Mannheim  (1817-29); 
Sch5nemann,  Versuch  einer  vollstândigen  Systems  der  allgemeinen  besonders 
alteren  Diplomatik,  Leipzig  (1818);  .N.  de  Wailly,  iVémwifs  rfe  Paléographie 
(1838);  L.  Delisle,  Mélanges  de  Paléographie  et  de  Bibliographie  (1880;  avec 
allas.  Idem,  Le  Cabinet  des  manuscrits  de  la  Biblioth.  iVa(io/ia/e  (1808-81)  avec 
album.  Idem,  Etudes  paléograpbiques  et  histor.  sur  un  papyrus  du  W*  s.  ren- 
fermant des  homélies  de  saint  Avit  et  des  écrits  de  saint  Augustin,  Genève  (ISOt-)  ; 
Wallenbach,  Anleitung  zur  lateinischen  Palaeographie,  Leipzig  (1886,  4*=  éd.)  ; 
Gloria,  Compendio  délie  lezioni  di  paleografia  latina  e  diplomatica,  Flo- 
rence (1888-1900);  A.  Giry,  Manuel  de  diplomatique  (18941;  Ihm,  Lateinische 
Papyri  (catalogue)  dans  Centralblalt  f  Bibliothekswesen  (1899);  Arndl,  Schrift- 
tnfeln  zur  Erlernung  der  Uiteinisch.  Palaeographie,  Berlin  (1887-88);  Wessely, 
Schrittafeln  zur  ûtteren  lateinisch.  Palaeographie,  Leipzig  (1898)  ;  F.  Steffens. 
Lateinische  Pa/ocojrnp/iie,  Fribourg  (1903-06)  ;  i°  édil.  Trêves,  1907;  édition 
française,  tr.  Collon,  Paris,  1908  et  suiv.  E.  Monaci  et  C.  Paoli,  Archivio  paleo- 
grafico  italiano.  1882  et  suiv.  A.  Chrousl  et  H.  Schnorr,  M onumenta  palaeo- 
graphica, Miînchen,  1900  et  suiv.;  Zangemeister,  Jnscriptiones  parietariue 
Pompeianae  dans  Corp.  inscr.  lat.  t.  IV;  Idem,  Tabulae  ceratae  Pompeis 
repertue  annis  1875  et  1887  dans  Corp.  insc.  lat.  t.  IV  suppl.  ;  G.  de  Pelra,  Le 
Tavolete  cerate  di  Pompei  dans  Atti  dell.  R.  Accadcmia  dei  Lincei,  11=  s.  t.  III, 
3e  parlie.  1876.  Abréviations  :  C.  Mommsen,  Nolarum  Laterculi  dans  Grammatici 
latini  de  Keil,  1 1 V  :  J.  L.  Walther,  Lexicon  diplomaticum  abbreviationes  syllabar. 
et  vocum....  exponens,  Gôtiingen  (1747);  Dom  P.  Garpenlier,  Alphubetum  tiro- 
niunum  seu  notas  Tironis  explicandi  meihodus,  Paris,  1747  ;  Alb.  Lion,  Tironiana 
et  Maecenatiana  sive  M.  Tullii  Tironis  et  C.  Cilnii  Maecenatis  operum  frag- 
nie»ifo,Gi)tlingeD(1846);  J.  Tardil,  Mémoire  sur  les  notes  dVonienn-s  (18541  dans 
Mém.  présentés  par  divers  savants  à  rAcad.  des  Inscr.  ;  C.  Krause,  Grammatica 
Tironiana,  Dresde  (1853)  ;  0.  Lehmann,  Quaestioncs  de  nolis  Tironis  et  Senecae, 
Leipzig  (1869);  Idem,  Bas  Tironische  Psalterium  der  Wolfenbùtteler  Bi- 
bliothek,  Leipsig  (1885;  A.  P.  Kiilmelt,  Uber  die  Geschu-indschrift  der  Allen, 
Vienne  (1872)  ;  Jul.  Havet,  Notes  tironiennes  dans  les  diplômes  mérovingiens 
dans  Biblioth.  de  f  Ecole  des  Chartes.  1885  ;  W.  Sclimilz,  Studien  zur  lateinischen 
Sténographie,  Leipzig  (1869-74)  ;  Idem,  Commentarii  notarum  tironiauar.,  Leipzig 
(1893)  ;  E.  Châtelain,  Notes  tironiennes  d'un  manuscrit  de  Genève,  dans  Mélanges 
Julien  Havet  (1895);  Idem,  Paléographie  des  Classiques  latins,  pi.  i.xvii, 
i.vjiii  et  x.jiv,  cf.  Pal.  Soc.  Il,  pi.  xii. 

SCRIPTURA.  —  I  Tit.  Liv.  XXXI.X,  29;  Vario,  Jlust.  11,1  ;  13-20,  II,  pracl. 
I  et  5.  —  â  Varr.  Jlust.  I,  16.  —  3  Hisl.  nat  XVlll.  3  ;  T.  Liv.  Il,  9.;  —  l  T.  Liv. 
IV.  8;  XL,  51;  XXXII,  7  ;  XXXIX,  44;  Polyb.  VI,  17;Zou«r.  VII,  19  Cic. />r. 
ley.  Man.  6:  Jn  Verr.  11,3;  in  Bull.  Il,  14.Cf.  [Rostovlsew,  Gesch.  der,  Staats 
pacht  in  der  rôm.  haiserzeit.Philoloyus,  Erganzungsband,  IX,  p.  4I0J.  —  3  Fes- 
tus,  s.  V.  Scriptuarius  ager.  6  [Cf.  Grenier,  La  transhumance  des  trou- 
peaux en  Italie  {Mélanges  de  Rome,  1905,  p.  293  sq.].  —7  Plin.  Hisl.  nul.  XIX. 
15  et  Sanmaise,  Exercit  ad  Plin.  p.  262.  —  »  Cic.  /n  Bull.  I,  I  ;  III,  4  ;  II,  14;  Bu- 
reau de  la  Malle,  ficon.  po(.  des  Bom.  p.  413.  —  9  Cic.  Verr.  Il,  70,  169;  111,  71, 
1C,7.  _  10  .App.  Bell.  civ.  24  ;  Sallust.  Jug.  20  ;  I,  Loi  agraire  de  643,  39,  40,  42. 
—  11  Cic.  l'ov.  lege  Man.  0,  15. 


sci; 


1136  — 


scu 


en  Cilicie  ',  et  vraisemblablement  dans  toutes  les  pro- 
vinces-. Le  directeur  placé  sur  les  lieux  pour  surveiller 
la  perception  de  Timpolau  profit  de  la  société  vei'lif/alis 
des  publicains,  se  nonnnaii  jiro  inagisler'. 

Sous  l'Empire,  les  jiàlurages  du  domaine  public  et  des 
biens  de  TKaipereur  ^  (pascua  pitblica  vel  reiprivatae), 
ne  furent  pas  exploités  de  la  même  manière.  On  en  loua 
rexploitationù  des  particuliers  moyennant  uneredevance, 
pensio,  perçue  par  les  procuratores  Caesaris;  il  n'est 
plus  question  ile  publirnnus^,  de  scripturavl  de  scri- 
ptiiarii.  Souvent  aussi  l'Empereur  a  des  troupeaux  que 
ses  agents  font  paître  sur  ses  domaines  [patrimonium 
PRixcii'isj.  Le  Code  Justinien  consacre  un  litre  aux  fundi 
rei  privatae  et  saltus  divinae  domiis  ^  Mais  la  transhu- 
mance était  toujours  réglée  comme  elle  le  demeura 
depuis;  une  inscription  que  Mommsen  '  rapporte  au 
temps  des  rois  Goths,  rappelle  la  règle  sur  le  mode  de 
déclaration  des  troupeaux, /jro/'e'ss«  pecua?-ia  et  les  lieux 
de  station,  en  punissant  les  fraudes  pratiquées  contre  le 
trésor.  Depuis  le  vi'  siècle  de  Rome,  le  pâturage  et  le  jar- 
dinage tendaient  à  devenir  le  mode  unique  d'exploitation 
des  terres  en  Italie,  et  malgré  les  limitations  portées  par 
les  lois  Liciniennes  [ac.rariae  leges],  la  grande  propriété 
envahissait  tout,  et  la  classe  moyenne  des  laboureurs 
disparaissait.  En  revanche,  les  troupeaux  conduits  par 
des  esclaves  occupaient  d'immenses  espaces  de  terrain 
[latifundia].  Les  édiles,  qui  avaient  la  surveillance  des 
pâturages  publics  et  le  droit  d'infliger  des  amendes  aux 
contrevenants  *[aedius],  ne  purent  empêcher  la  violation 
des  lois  Liciniennes  sur  l'étendue  des  terres  du  domaine 
que  pouvait  affermer  un  particulier,  ni  l'usurpation  de  ces 
terres  par  les  fermiers  ou  tenanciers.  Les  tentatives  de 
réforme  des  Gracques  et  de  Livius  Drusus  n'aboutirent 
pas.  Une  loi  du  tribun  SporiusThorius  restreignit  l'usage 
de  la  pâture  sur  le  domaine  public  ";  on  possède  des 
fragments  d'une  autre  loi  rendue  en  6i3  de  Itome,  qui 
permit  sur  les  restes  de  Vagerpuùlictisle  pacage  gratuit 
pour  un  certain  nombre  de  têtes  de  bétail",  sans  doute 
afin  de  favoriser  les  petits  agriculteurs,  ce  qui  dut  ré- 
duire à  peu  de  chose  la  scriptura  et  préparer  sa  dispa- 
rition sous  l'Empire.  Les  employés  se  nommaient  pecuii- 
rii  ou  scriptiiarii.     G.  Hu.mbkrt. 

SCRIPt'LUM,  ou  SCRIPÏULUM.—  Petite  unité  pondé- 
rale, monnaie  de  compte  et  mesure  de  superficie  des 
Romains.  Par  rapport  à  l'as  ou  la  livre  évaluée  à 
3:27  gr.  43,  le  scripulum  en  était  le  1/288';  il  est  évalué 
à  i  gr.  137;  il  était  le  1,  24=  de  l'once  (27  gr.  288)  et  le 
double  de  l'obole  (0  gr.  5C8,  qu'on  appelait  aussi  parfois 
diinidiutn  scripulum.  Le  denier  romain  d'argent  créé  en 
2tjy  av.  J.-C,  était  la  1/72'  partie  de  la  livre  et  pesait 
4  scripula  (4  gr.  348)  ;  le  quinaire  pesait  2  scripula  et 
le  sesterce,  1  scripulum.  Ces  poids  de  monnaie  furent 

1  Cic.  Ad  Allie.  V,  II.  —  2  iM.miiiaïUt,  Orijunit.  finanr.  p.  ,{i:.]  —  3  Cic. 
Verr.  Il,  70.  —  ^  C.  I  cl  2  Cod.  Tlieoil.  VII,  7  ;  Cod.  Justin.  XI,  CO.  —  6  Ccpcn- 
daiil,  du  lemps  de  Pline,  dans  la  Cyréiiaï(|iie  province  du  peuple,  il  y  avait  encore 
une  fei-nie  de  la  scriptitra.  Plin.  I/h!.  nat.  XIX,  3039.  —  6  [|,.  65.  —  7  C.  1. 
L  IX,  iitSO.  —  s  Ovid,  Fasi.  V,  283.  —  9  Cic.  De  oral.  II,  70.  Une  loi  d'un 
Iribun  inconnu,  pcul-dtre  le  même,  dispense  ces  usurpateurs  de  terre  de  pa\ei- 
leur  redevance  au  Irésor.  —  <0  [Loi  agraire  de  G+3  (C.  /.  L.  V,  2u0)  c.  10; 
Waller,  Gesch.  n.  2331.  Biui.iuobaphik.  Becker-llarquardl,  Organisation  finan- 
cière, p.  317,  SU;  Waller,  Gescliiditc  der  Zùmisclien  Ilichlz,  3"  Wit.  Bonn, 
ISGO,  n"  |S,  37,  18i,  198;  bureau  de  la  Malle.  Economie  poruii/ue  des  Ro- 
mains, Paris.  1810,  11,  «3.  iH,  iih  cl  U6;  (Roslovisew,  P/iilotoi/us,  Ergan- 
2uugsband,  \\,  p.  ilO  s<|.]. 

SCRIPULUM  ou  SCKIl>TULUM.  —  I  V.  Ilullseh,  Gr.  tuvi  rfim.  .Velroloi/ie. 

Sr,l'l,l'0.\KAi;.  1  ['au-,  ap.  Enslalh     p    «ii7,    i'I  ;   .jou^i.Ç.^  elici   llesycllius    el 


changés  dans  la  suite  des  temps  [denarius].  En  épigra- 
pliie,  la  notation  pondérale  du  scripulum  est  3,  .">-, 
■=^  ou  "2^  .  Comme  mesure  de  superficie  le  scripulum 
est  le  1  288"^  liujugeruin.  équivalant  à  100  pieds  carrés 
romains  ou  8  mètres  carrés  744  [.iugerum]'.     E.  Babelon. 

SCULPOiVEAE.  —  Variété  de  chaussures  dont  les  phi- 
lologues rattachent  le  nom  à  sculpo  :  il  s'agirait  de 
grossiers  sabots  creusés  dans  une  pièce  de  bois,  analo- 
gues aux  xpoÛTTs^ai  de  Béotie'.  Chaussures  rustiques  en 
tout  cas  :  Caton  recommande^  d'en  fournir  tous  les 
deux  ans  aux  esclaves  qui  travaillent  aux  champs,  et 
Varron  décerne  l'épithète  de  sculponeatus  à  Tripto- 
lème,  l'inventeur  de  l'agriculture ^  Le  même  Fulgence 
commet,  du  reste,  une  erreur  grossière  dans  cette 
glose  {sculponens  dici  vo/uerunt  ces/us  plumboligatos)* 
sur  deux  passages  d'auteurs  comiques ^  où  il  est  ques- 
tion de  frapper  quelqu'un  à  coups  de  sculponea;  nous 
connaissons  des  exemples  de  correction  à  coups  de  san- 
dale [solea,  EDUCATio,  p.  474]".  De  son  temps,  l'expression 
n'avait  sans  doute  plus  cours;  peut-être  même  n'a-t-elle 
jamais  été  très  employée,  et  il  serait  vain  de  l'appliquer 
à  une  représentation  figurée.  Victor  Chapot. 

SCULPTURA.  —  A.  Les  procédés  tecuniques  de  la 
SCULPTURE.  —  L  Définition  '.  —  Les  expressions  latines 
correspondant  à  nos  mots  français  sculpture,  scul- 
pteur, sculpter,  se  présentent  sous  deux  formes  : 
sculplura,  sculplor,  sculpere,  et  scalptura,  scalptor, 
scdlpere.  Ni  les  unes  ni  les  autres  ne  traduisent  exacte- 
ment le  français;  la  signification  en  est  à  la  fois  plus 
restreinte  et  plus  étendue.  Elles  indiquent  le  fait  de 
tailler  une  matière  quelconque  :  bois,  calcaire,  marbre, 
ou  toute  autre  substance.  D'oi!i  il  résulte  que,  d'une  part, 
ces  expressions  s'appliquent  parfaitement  à  la  taille  des 
pierres  précieuses,  c'est-à-dire  à  la  gravure-,  mais  que, 
d'autrepart,  elles  ne  peuvent  désigner  la  fonte  du  bronze'. 
A  ce  dernier  travail  Pline  donne  constamment  le  nom  de 
STATU  ARIA  ARS*.  La  gravure  du  métal  et  des  gemmes  est 
étudiée  aux  articles  caelatura  et  scalptura;  nous  nous 
occuperons  donc  uniquement  de  la  taille  el  de  la  confec- 
tion des  statues  que  les  Latins  désignaient  à  la  fois 
sous  les  noms  de  sculptura  ou  de  sculplura  [voir  pour  la 
statuaire  en  terre  cuile  figlinum  opus;  pour  la  statuaire 
chryséléphanline  ebur]. 

On  a  cherché"  une  dillerence  de  sens  entre  les  deux 
expressions,  scalpere  et  ses  dérivés  s'appliquant  plutôt  à 
la  gravure  des  gemmes,  sculpere  et  ses  dérivés  à  la 
sculpture  proprement  dite'^.  Cette  distinction  ne  semble 
pas  justifiée;  mais,  autant  que  permettent  d'en  juger  les 
textesqui,  sur  une  question  aussi  minutieuse,  ne  peuvent 
guère  donner  une  réponse  paléographiquement  certaine, 
la  forme  scalp  —  paraît  la  plus  usitée  dans  les  deux 
sens.  La  forme  sculp  —  ne  se  trouve  guère,  appliquée  à 

l'ollux  (Ouom.  Vil,  ii);  Fulgenl.  .SVrm.  uni.  21  l\c\a\  :  Qiiiil  stinl  isculponeas 
(lie  insculpo!}.  —^  De  re  riist.  R9;  cf.  13S.  —  3  Ap.  Non.  Marcel!,  p.  104 
19-20.  Merc.  =  2iO  Muctier. — ^  Loc.  cit.  —  »  Nevius  in  Philemphro,  cité  par 
lui,  et  Plaul.  Casin.  493-496  Gœzl.  —  li  Le  jeu  de  mot  de  Piaule  sur  soleas 
Ipolssous  ou  sandales)  est  1res  clair. 

SCULPTUHA.  1  Cf.  Bliininer,  Technologie  und  Terminologie  der  Gewerbe  und 
Kfinste  bei  Griechen  und  Romern,  I.  Il,  p.  164-180.  —  2  Plin.  Nat.  hist.  XXIX, 
132,  XXXVll,  8,  60,  177,  etc.  —  3  Cf.  pourtant  Quint.  Insl.  or.  Il,  21,  8  :  caela- 
tura, quae  auro,  argenio,  acre,  ferru  opéra  efjiçit.  Nam  scalptura  etiam  lignum, 
ebur,  marmor,  vitrum,  gemmas,  praeter  ea  quae  supra  dixi,  complectitur.  — 
4  Nat.  hist.  XXXIV,  3.i,  03,  97,  XXXV,  13C,  XXXVI,  15.  Cf.  Quinl.  Jnst.  or.  Il, 
21,  10:  nani  si  guaeram,  quae  luateria  sit  slatuariae,  dicelur  aes.  —  ^  Cf. 
Bliimner,  0.  c.  t.  II,  p.  172-17G.  —  6  Lfs  upinious  des  critiques  anciens  et  mo- 
dernes sont  rapporliVs  dans  Bluinner,  t.  Il,  p.  17:1,  n.  I. 


J 


scu 


—  li:{7 


SCU 


la  laille  du  bois  ou  de  la  pierre,  que  pour  le  verbe'.  Du 
sul)slanlil',scM/y*/«/'rt  avec  le  sens  de  sculpture  on  ne  cile 
que  deux  exemples'-,  et  BUimner  di'clarc^  n'avoir  ren- 
contré nulle  part  le  substantif  j>v-w//v/o/' avec  le  sens  de 
sculpteur.  Les  formes  sca/pere,  sca/jilitra,  sca/jitor  sont 
au  contraire  fréquemment  employées,  en  particulier  par 
Vitruve'  et  Pline  ».  —  \  scalpere  correspond  yàiJï.£'.v; 
comme  l'expression  latine,  l'expression  5^rec(|iie  di'sij^ne 
aussi  le  travail  du  graveur,  mais  non  la  fonte  du  bronze. 
r?\uTtT!xr| '"'  et  Y"'Jtt-ri;^  sont  rares  ;  on  dit  plutôt  àvopiav- 
TOTtorr'i  8  ei  àvopiotvToxo'.ôç  "  quî,  couime  le  verbe  àvîstav- 
TOTtciiEîv  '",  indiquent  simplement  la  confection  d'une 
statue  et  s'appliquent  aussi  bien  au  travail  du  marbre 
et  au  marljrier  qu'à  la  fonte  du  bronze  et  au  bronzier. 
1(.  LAsr.rLi'TiHiî  n.^Ns  LA  Ghèce  PRÉiiiSTORinrE.  — 11  nous 
reste  un  assez  grand 

nombre  d'œuvres 
plastiques  antérieu- 
res à  l'invasion  do- 
rienne  et  trouvées 
surtouten  Argolide", 
dans  les  iles  '-  et  en 
Crète  '\  Très  diffé 
rentes    de   valeur   et 

s'écbelonnant  sans 
doute  sur  un  long 
espace  de  temps,  les 
unes,  telles  que  les 
idoles  des  Cyclades 
(tig.  6222),  sont  d'in- 
formes représenta- 
tions, d'autres, 
comme  les  sculptures 
Cretoises,  sont  des 
iruvres  d'un  modelé 
aclievé  et  puissant.  11 
serait  intéressant  de 
,  CycUiJis.  savoir   comment   les 

unes  et  les  autres  ont 
été;  obtenues,  mais,  sur  les  procédés  techniques  de  cette 
époque,  nous  ne  pouvons  guère  présenter  que  des  obser- 
vations très  générales  ou  des  conjectures. 

La  matière.  —  Les  matières  usitées"  sont  très 
diverses  :  on  trouve  le  marbre,  le  Irachyte,  l'albâtre,  la 
stéalite,  le  calcaire,  l'argile,  l'os,  l'ivoire.  Les  idoles  des 
iles  sont  le  plus  souvent  en  marbre;  la  porte  des  Lions  à 
Mycènes  est  en  calcaire,  la  tète  de  lionne  de  Cnossos 

<  l'arcx.  Vitr.  ile  Arch.  I,  i,  6  (ilouleux)  ;  Manil.  Aslr.  V.  i80;Cic.  Acad.  11,31. 
101  ;   le  composé  ersctilpere  :  Cic.  Ad  Att.  XIII,  iS,  2  ;  (Juint.  /nst.  or.  Il,  m,  3. 

—  2  Vilr.  Ùe  arch.  Il,  !1,  9-,  Klin.  Aal.  Iiisl.  XVI,  iOO.  —  10.  cl.  Il,  p.  17i,  n.  .ï. 

—  i  Uearch.  11^  7,  4;  111,5,  15;  IV,  1,2,  elc.  —  ^Nat.  Hsl.  XXXV,  128;  XXXVI, 
M,  li,  clc.  ;  cf.  Cic.  Nat.  deor.  Il,  60,  150;  l'Iin.  Jip.  I,  10,  i;  etc.  —  »  Euscl.. 
Prarp.  et'.  I,  S,  13,  p.  iOb.—'i  Anlh.  pal.  IX,  774,  I.  —  »  X(!ii.  iJem.  I,  i,  3  ; 
rial.  Gorg.i,  p.  430  C  ;  elc  — 9  Pind.  Nem.  V,  I  ;  Xeii.  AJem.  II.  6,(1,  elc.  ;  l'Ial. 
//t'p.VII,p,  540  C  ;  clc. —  10  Xeii.  .1/em.  Ilf,  I,  2;  on  trouve  aussi,  surtout  clicz  Lu- 
cien, par  ex.  5omn.  2,7,  et  T'iuianiuc,  par  ex.  iJe  lye».  Sncr.\0.  p.  580  E,  les  expressions 
lpit4y'Auf(-j;,  UnoTf>.yoixr„  Ép(ioY*ù3»iç  ;'cf.  aussi  ÉpiJioTÂuo'.rov,  atelier  de  sculpture.  Plat. 
Conr.  32,  p.  2)3  B.  —  H  Cf.  l'errot  cl  Cliipiez,  t.  VI,  p.  702;  Collignon,  //isl. 
de  la  sciilpt.  ijr.  t.  I,  p.  32.  —  '2  cf.  l'errot  cl  Clii|  iez,  t.  VI,  p.  735;  l'crdrizet, 
FouUlfS  de  Delphes^  l.  V,  p.  3  ;  Blinkenber;;,  A  ni ifjiiiti^i  prrmt/ct'niennes,  AJém,  de 
la  Soc.  des  ail 1 1(1  liai res  du  Aord,  l««i  ;ïsouMlasrt  Miinatl,  .Mi/cenaeaii  aije.ji.i'M. 

—  13  Cf.  surtoulles  rapports  d'iiiaus  'lans  Anniialof  Ihe  BrilisliScliuol  in  Allient, 
depuis  1899  ;  cf.  aussi  S.  lieinacli.  L'anl/irnpoliiyie,  I9n2.  p.  32  ;  1904,  p.  279;  Augclo 
Slosso,  Tke  jialaces  of  Crète  and  t/ioir  buildeis,  p.  247.  —  H  l'errot  et  Chipiez, 
t.  VI,  p.  733.  —  !:•  Evans,  AnHiiiil  of  llie  Jlrilish  Schuol  in  Alliens,  I8'J!1-I9Û", 
p.  31;  l'errot  et  Chipiez,  t.  VIII,  p.  loi,  lig.  87  ;  Jean  de  Mot,  /Icr.  orc/irà/.  1904, 
t.  Il,  p.  213;  cf.  le  fragnienl  .lune  liSle  semblable  eji  calcaire  dur  Irouvé  à  Del- 
phes: l'er.lrizel,  Foinll.-s  il,-  /i,.I,,/ip.i.  I.  V.  p.  3,  /iï.  13  et  13  a:  l->an',  ./onnin/ 

Mil. 


(fig.  022.3)  '■'  en  marbre'".  Il  faut  noter  l'emploi  fré(|uent 
en  Crète,  pour  les  reliefs,  d'une  sorte  de  plâtre,  exception- 


nellement dur,  dénommé  en  italien  f/esso-duro''.  C'est 
en  cette  matière  que  sont  faites  deux  des  plus  belles 
o'uvres  de  la  plastique  Cretoise,  la  tête  de  taureau  '"et  le 
torse  d'un  personnage  portant  un  collier  de  fleurs  de  lis'\ 

La  taille.  —  Sur  les  procédés  de  taille  nous  n'avons 
aucun  renseignement  positif.  On  [icut  [tenser  que,  pour 
les  œuvres  assez  grossières  telles  que  les  idoles  des  iles 
ou  même  les  stèles  en  calcaire  de  Mycènes,  un  outillage 
très  simple,  par  exemple  un  ciseau  et  un  maillet,  suffisait. 
Peut-être  les  artistes  mycéniens  employaient-ils  le  foret, 
si  c'est  ajuste  titre  que  Benndorf-"  a  cru  en  retrouver 
les  traces  sur  la  porte  des  Lions.  Quant  aux  produits 
achevés  que  nous  a  livrés  la  Crète,  ils  ont  dû  être 
travaillés  suivant  les  procédés  des  sculpteurs  égyp- 
tiens-', qui  avaient  acquis  dans  le  traitement  des  pierres 
dures  une  grande  virtuosité.  L'existence  certaine  de 
relations  suivies  entre  la  Crète  et  l'Egypte--  donne 
toute  vraisemblance  à  cette  hypothèse. 

L'ajustarjc.  —  Le  procédé  du  rapiéçage  que  nous 
étudierons  plus  loin  en  détail  est  déjà  en  usage  aux 
temps  mycéniens.  Les  tètes  des  lions  de  Mycènes,  pro- 
bablement en  ronde-bosse,  étaient  rapportées  et  fi.xées 
par  des  tenons-'.  On  a  retrouvé  en  Crète  les  pièces  d'un 
grand  taureau"  taillées  dans  une  pierre  schisteuse  de 
couleur  sombre,  peut-être  une  sorte  de  stéatite:  cette 
matière  ne  s'obtenant  qu'en  petits  morceaux,  les  divers 
fragments  devaient  être  rajustés  li'S  uns  aux  autres  pour 
construire  le  corps  du  taureau. 

La  polychromie.  —  De  même  qu'en  Egypte -%  les 
œuvres  de  cette  époque  semblent  avoir  été  entièrement 
peintes,  sauf  celles  où  l'aspect  de  la  matière  constituait 
déjà  une  polychromie  naturelle.  On  relève  des  traces  de 

of  llie  n.  Instiliite  of  bril.  arcliilecls,  111»  série,  XI,  n»  2,  p.  41.  —  tr.  Cf.  nue 
main  en  marbre  de  style  développé  trouvée  à  Cnossos:  Ëvaus,  O.  c.  1899-19110, 
p.  31.—  n  Evans.  O.  c.  1899-l'JOO,  p.  31  ;  1900-1,  p.  13;  1901-2,  p.  31  et  lig.  26, 
p.  32,  p.  66;  1903-4.  p.  2;  cf.  Perrol  et  Chipiez,  I.  VIII,  p.  741  ;  Th.  Fyfe,  f'ain- 
ted  plaster  décoration  al  Cnossos,  Journal  of  Ihe  H.  Inslitute  of  brit.  arc/'i- 
tecls,  III'  série,  X,  n"  4,  p.  107;  Burrows,  ùiscoixr.  in  Crète,  p.  19.  Sur  I  emploi 
du  gypse  dans  la  sculpture  de  la  Grèce  classi(|ue,  cf.  BUimner,  G.  c.  t.  Il,  p.  114, 
U5.  —  I»  Evans,  Ann.  of  Ihe  Orilish  School,  1899-1900,  p.  31  ;  Reinach,  Lan- 
thropoloijie,  1902,  p.  33,  hg.  24.  —  19  Evans,  Ann.  of  the  ûrllish  School,  1900-1, 
p.  16  et  lig.  8,  p.  17;  1903-1,  p.  2  ;  Reinach,  L' anthropologie,  1904,  p.  277,  fig.  92 
(cf.  aussi  p.  279,  lig.  30).  —  20  Die  .Vetopen  ion  Selinimt,  p.  41 ,  n.  1  ;  cf.  Tsounlas 
et  Mauatt.  Mycenacan  aijc,  p.  218.  —  21  Cf.  l'errot  et  Chipiez,  t.  I,  p.  753  ;  M,ispero, 
L'archéol.  éijijptieune,  p.  188;  Sohii,  La  sculpt.  éyijiilicnne,  p.  23.  Cf.  Burrows, 
II.  c.  p.  00.  —  22  Cf.  Evans,  'the  palace  of  liiiossiis  in  ils  efij/plian  relations  ;  les 
principaux  faits  sont  rappelés  dans  i'oucarl.  Le  culte  de  Oiumjsosen  Attit/ue,  Mém. 
de  lAcad.  des  inscr.el  b.-leltrçs,i.  .\XXVII,  1.  p.  11.  — 2;i  l'errot  cl  Chipiez,  t.  VI, 
p.  805  ;  cf.  aussi  les  naseaux  de  la  lionne  de  Delphes,  l'enlrizcl,  (J.  c.  I.  V,  p.  3,  chez 
laipiclle  la  pièce  rapportée  était  peut-être  en  or  ;  il  semble  ((u'il  y  ail  ici  un  emprunt 
à  la  technique  du  métal,  la  vache  d'argent  de  Jlycènes,  l'errot  et  Chipiez,  t.  VI. p.  82u. 
avant  de  même  la  pulpe  ilu  naseau  figurée  par  une  feuille  ilor.  —  21  Evans,  A  iinual 
„f  Ihe  lirilishSchon    in  A  th..  lOnO-l.p.  II»..  -  2.,  i:i.  l'errot  el  Chipiez,  I.  l,p.  775. 

li.t 


SCL' 


—   1138  — 


SCI' 


roiigc  sur  la  lètc  do  lionne  de  Cnossos'.  Les  sculptures 
en  t/esso-diiro  ont  conservé  leurs  couleurs;  comme  sur 
les  peintures  égyptiennes,  la  peau  des  figures  viriles  y  est 
toujours  brun-rougeàtre  -.  Les  yeux  sont  peints  de 
teintes  vives ^ 

m.  La  S(U  LI'TlREnANSLA  GrÈCE  OLASSIOI  E. —  La  MATIÈRE. 

—  Les  matières  usitées  dans  la  Grèce  classique  '  pour  la 
sculpture  sont  :  le  bois,  le  calcaire  li'ndre,  le  marbre. 
L'usage  des  roches  dures,  telles  que  le  Ira- 
cliyle  employé  pour  les  sculptures  du  temple 
d'Assos,  est  tout  à  fait  exceptionnel  °.  Les 
premières  statues,  celles  auxquelles  les  Grecs 
donnaient  le  nom  de  ;davov',  étaient  en  bois. 
Les  plus  anciennes  œuvres  en  pierre  parais- 
sent être  les  idoles  en  calcaire  de  Théra 
(lig.(]224i  qui  remontent  à  la  première  moi- 
tié du  vir  siècle  ".  L'emploi  du  marbre,  qui 
commence  dans  les  iles  à  la  lin  du  même 
siècle  ',  devient  général  dans  le  courant 
du  VI'.  Mais  bois,  calcaire,  marbre  n'ont  pas 
succédé  l'un  à  l'autre  en  se  remplaçant.  De 
même  qu'en  céramique,  la  technique  des 
ligures  noires  ne  disparait  pas  après  le  triom- 
phe des  figures  rouges',  on  a  continué  à 
travailler  le  bois  et  la  pierre  tendre  longtemps 
Fis.  6in.  ap''ès  s'être  rendu  maître  du  marbre.  Le  bois 
Idole  lie  Théra.  fut  couservé  en  particulier  pour  certains  mo- 
numents à  caractère  religieux  :  c'est  ainsi 
qu'au  vi"  siècle,  Kanakhos  sculpte  pour  Thèbes  un  .\pol- 
lon  de  cèdre  '",  et  qu'en  plein  m'  siècle,  à  Délos,  on  com- 
mande pour  la  fête  de  Dionysos  une  statue  du  dieu  en 
bois  de  cornouiller".  11  n'eût  guère  été  possible  de  faire 
figurer  dans  les  grandes  processions  les  images  des  dieux 
si  elles  n'avaient  été  en  bois  ''.  Les  divinités  modestes  des 
champs  et  des  jardins  durent  sans  doute  se  contenter 
souvent  d'images  en  bois  [^iiehmae,  tig.  3813  .  D'autre 
part,  après  que  l'usage  du  marbre  se  fut  répandu,  l'em- 
ploi de  la  pierre  tendre  subsista  pour  la  sculpture  à 
bon  marché.  Éloignée  du  foyer  de  la  civilisation  grec- 
que, possédant  en  outre  une  matière  de  qualité  supé- 
rieure, l'ile  de  Cypre"  resta  même  exclusivement  fidèle 
jusqu'au  V  siècle  au  travail  du  calcaire  ". 

Les  principaux  bois  employés''  étaient:  l'érable,  le 
poirier  sauvage,  le  buis,  le  cèdre,  le  lotus,  le  cyprès, 
l'ébène,  lit',  le  chêne,  le  figuier,  le  thuia,  le  tilleul, 
l'agnus-castus,  le  myrte,  l'olivier  .-îauvage  ou  cultivé,  la 
persea,  le  sapin,  l'orme,  le  genévrier,  la  vigne,  l'encens, 
le  palmier,  le  peuplier  ligna,  .materiics].  On  les  choisis- 
sait soit  pour  leurs  qualités  propres  :  dureté  ou  résis- 
tance à  l'humidité,  soit  pour  des  motifs   religieux,  le 

<  Evans,  .Inn.  o/"  Bril.  Scliool  in  Atlt.,  ig'Ji9-i9m,  p.  ii.  —  i  Evans,  lliiU.  1900- 1. 
p.  16,  8».  —  3  Evans,  /biit.  1899-1000.  p.  51  ;  cf.  e.iOl-2,  p.  51,  les  plumes  d'un 
oiseau  colorées  eu  rouge,  Iileu,  jaune,  lilauc,  noir  ;  cf.  aussi  une  161c  nncénrcnnc, 
Ts,iunl.is,  Esiiij.  i,,,  lUOJ,  p.  1  5<|.  (Tel  8  eu  parliculier).  pi.  i.  —  (  l'crrol  el  Chi- 
pie/, I.  VIII,  p.  141.  -  «  Ibiil.  p.  1611.  —6  .Sur  les  noms  donnés  aui  slalnrs  par  les 
anciens  cf.  Schukarl, /Vie  Hor/cr  «y«"«|i«,  «î»  ™v.  -iivo.,  i-,i  ,iii,  Phîlologus, 
I.  X.VIV,  p.  56I-S87  ;  Blûmncr,  (I.  e.  t.  Il,  p.  1^0  ;  sur  le  sens  particulier  de  iiu.ov 
cf.  E.  Gardner,  Joiirn.  of  hcU.  si.  IS'JO,  p.  133;  Leclial,  Au  mus^e  rie  r Acropole 
iTAthne»,  p.  9.  n.  I  :  Collignon,  <l.c.  I.  I,  p.  UlU,  n.  I  ;  fenot  el  Chipiez,  t.  VIII. 
p.  U4.  n.  t;  Léchai,  J.n  smlpl.  alti,,i,r  niiinl  l'Iii.lias.  p.  S,  n.  3  ;  l'i.uiscn, 
Arch.  Jahrb.  :9n6.  p.  18».  Lue  inscriplion  dAsic-Mineurc.  dépo.|ue  romaine^ 
prouve  i|uon  a  1res  tardivenieni  faliriipié  des  ;-.«.,  ;  cf.  Conlolcon.  A/A.  Mitth. 
\<-*V.  p  91.  .-  T  Miller  von  Garlringen,  Thern.  t.  II.  p.  304;  cf.  l'oulsen,  Arc'i. 
Jahih.  IWi,  p.  ISS.  8  Cf.  Colligiion,  ".  c.  I.  I,  p.  lis.  _  »  tt.  Pollier.  Catat. 
•ki  i<i.«»  Un  Loiiere.  l.  III,  p.  6i7.  —  lu  Collignon.  (J.  c.  I.  I,  p.  3H;  cf.  à  Egine 
la  sUluc  eu  c>prés  de  la  ilécsse  Mnia  i|ue  nous  fail  couiiailrc  I  inscriplion  publiée 
par  EurlnJingler.  Ilrrlinir  l'hitolnij.  W'nclieiischrifl,  1901,  p.  l.i'lT,  |.  r,  :  i,„-Ai««  ic! 


dieu  lui-même  désignant  parfois  l'essence  qu'il  préfé- 
rait". —  Ce  que  nous  appelons  tuf  et  que  les  Grecs 
nommaient  Tôipo;'",  est  une  sorte  de  calcaire  poreux, 
blanchâtre  ou  jaunâtre,  qui  se  rencontre,  en  Grèce,  un 
peu  partout;  cerlainesqualitês, pétries  de  coijuilles  et  de 
sables,  sont  extrêmement  fragiles  et  tendres  ;  d'autres, 
sans  coquilles,  sont  plus  dures  et  de  grain  assez  serré. 
—  Les  dilTéreiiles  espèces  de  marbre  ont  été  étudiées  à 
l'article  mak-moh;  il  suffit  de  rappeler  que  les  Grecs  de 
l'époque  classique  n'ont  guère  eu  recours  qu'aux  marbres 
blancs  ;  quelques  œuvres  archaïques  seulement,  entre 
autres  la  statue  du  Moschoi)liore  en  Attique'*  et  les 
stèles  de  Chrysapha  en  Laconie  '■',  ont  été  exi'cutées  dans 
un  marbre  gris  bleu. 

IV.  Les  OUTILS.  —  On  trouvera  à  chaque  nom  une 
élude  détaillée  sur  la  forme  de  cliaque  outil.  Nous 
n'avons  donc  qu'à  indi- 
quer rapidement  quels 
instruments  comprenait 
le  matériel  d'un  sculpteur 
ancien  -".  Ce  sont,  du 
reste,  sensiblement  les 
mêmes  que  ceux  du  scul- 
pteur moderne  :  1°  la 
hache,  surtout  la  hache 
appelée  holakka  voir 
aussi  ascia]  pour  l'équa- 
rissagedubois(fig.(îii.'));  pi^.  n^js.  _  Travail  di 
2°  la  scie,  dont  les  deux 

formes  essentielles  sont  :  la  grande  scie  pour  établir  les 
principaux  contours  des  blocs,  el  la  petite  scie  à  main 
pour  tracer  de  fines  rainures  dans  certaines  parties 
telles  que  la  chevelure  sera]  ;  3°  la  pointe,  dont  il 
existait  des  types  de  dimensions  très  diverses  ;  -4"  le 
marteau,  qui  devait  se  présenter  sous  deux  formes  : 
le  marteau  à  une  ou  deux  pointes  pour  dégrossir  les 
blocs,  et  le  marteau  à  extréinilé  plane  pour  frapper  sur 
la  pointe  [.malleis  ;  5°  les  ciseaux,  de  tailles  el  de  for- 
mes variées  :  ciseau  carré,  rond,  à  lame  concave  ou 
gouyf,  à  dents  ou  i/radine  caelim,  scalphum  ;  li"  une 
lame  de  fer  tranchante  el  pointue  pour  tracer  de  fines 
lignes  incisées-'  ;  7"  le  foret,  en  particulier  le  foret  appelé 
violon  qui  tourne  sousTaction  d'un  archet  ^terebra]  ;  S" la 
râpe  [lima  .  .\  celte  liste  il  faut  ajouter  quelques  autres 
outils  dont  un  sculpteur  ne  pouvait  guère  se  passer  tels 
que;  9°  le  compas,  y  compris  le  compas  à  branches  recour- 
bées el  le  compas  de  proportions  [cikci.msj  ;  10"  le  cordeau 
"lixea  ;  11"  la  règle  [régula];  1:2°  le  fil  à  plomb  [i'eri-e.s- 
DicuLUM  ;  13°  le  niveau  [libella];  14"  l'équerre  [.norma]. 
V.  La  conkectio.x  de  la  statue.  —  La  maquette.  —  De 

i;  Tfa-irsi  .uç«;;a,.o.  a;,.  —  "  llomolle,  /.'"//.  corr.  hiU.  IS'.Ul,  p.  bOi.  —  l'^Cf. 
Girard,  L'Asrl''ph-ioH  (r.i/AcncA,  p.  41  ;  Leclial.  An  musêt:  de  t'Acrop.  p.  9,  n.  -. 

—  IJ  Cf.  l'crrol  el  Chipici,  l.  VIII,  p.  159.  —  H  11  parait,  d'ailleurs,  ipie  ce  (|uc 
les  archéologues  appellenl  calcaire  esl  en  réalilé  du  grès.  —  '^  Cf.  Oualremére  de 
Ouincy,  Jupiter  Olijuipitn,  p.  ii»  ;  Clar.ic.  JJusi'e  rie  sculpt.,  l.  I,  p.  41  ;  surloul 
Bliîmncr,  O.  c.  1.  Il,  p,  i45-i96.  où  soûl  réunis  les  Iciles  anciens  conrernanl 
chaque  espèce.  —  ^i*  Cf.  les  stalucs  de  Uaniia  el  .Auxesia  à  Epidaure,  llérod.  V, 
si;  la  slatuc  d'Alhéna  l'olias  dans  rErcchlhéion,  Schol.  ad  Uemoslh.  X.Yil.  13, 
p.  597;  Alhenagoras,  Siipplienliu  pro  cliristianis,  17;  cf.  .S;hômauu,  AuliifuHèa 
firecques  (llad.  Ga'uski,  l.  II.  p.  i34;  S.  Reiuaih.  Ifer.  tl-s  IlI.  yr.  1906, 
p.  35i,  n.  I.  —  <■   Cf.  Lecbal.  Au  musée,  p.  5:  Hcrrol  el  Chipiez.  I.  VIII,  p.  159. 

—  18  Collignon,  Hist.  dt  la  sculpt.  gr.  I.  I,  p.  il5  ;  lerrol  el  Chipiez,  l.  VIII. 
p.  155:  Winler.  J(.'i..l/il(/i.  I8S8,  p.  116.—  "  Collignon,  O.  c.  I.  I.  p.  i3i  :  Perrol 
el  Chipiez,  l.  VIII,  p.  43s.  —  20  cf.  Clarac,  AJusée  rie  sculpt.  l.  I.  p.  iO  et  pl.  i: 
Bliimncr,  O.  c.  1.  Il,  p.  I'.U.  t.  III,  p.  192;  E.  Gardner,  yoiirn.  of.  hell.  st.  1890, 
p.  137.  lig.  3.   Cf.  les  outils  du  menuisier,  An/A.  ;..i;..(.    VI.  .'114.    .'n-.    —21    Cf. 


Léchai 


scu 


—   1139  — 


SCU 


nos  jours',  lorsqu'un  arlistc  veut  fabriquer  une  statue, 
il  commence  par  façonner  un  modèle  en  argile  que  l'on 
moule  ensuite  en  ph\tre  pour  on  assurer  la  conservation  ; 
puis  ilestprocédé  ;ila  mise  aux  points  :  un  certain  nombre 
de  points  essentiels  [punli'lli]  destinés  à  délimiter  exac- 
tement le  contour  de  la  statue  sont  reportés  du  plâtre  sur 
le  bloc  de  marbre  ;  des  tarières  creusent  la  matière  à  la 
profondeur  voulue,  et  le  praticien  n"a  plus  qu'à  abattre 
le  marbre  compris  entre  les  trous.  L'artiste  n'intervient 
que  pour  donner  un  dernier  coup  de  ciseau.  Il  est  diffi- 
cile de  déterminera  quelle  époque  les  sculpteurs  grecs 
ont  commencé  à  faire  usage  de  la  maquette'.  Pline 
loue,  d'après  Varron.  Pasitélès,  sculpteur  du  i"  siècle 
avant  l'ère  clirétienne,  de  n'avoir  sculpté  aucune  œuvre 
sans  façonner  auparavant  un  modèle  ^  et,  toujours  d'après 
Varron,  parle  des  prix  élevés  atteints  par  les  modèles 
en  plâtre  d'Arcésilas'.  Il  est  pourtant  probable  qu'avant 
Arcésilaset  Pasitélès,  on  avait  employé  des  modèles^;  on 
ne  conçoit  guère,  en  effet,  comment  des  groupes  d'artistes 
tels  que  ceux  de  l'Erechthéion  auraient  pu  travailler  sans 
un  modèle  œuvre  du  directeur  et  inspirateur  des  travaux, 
mais  ce  ne  devait  guère  èlre,  aux  vi'  et  y'  siècles',  qu'une 
ébauche  assez  grossière  ne  donnant  que  la  forme  générale 
de  l'œuvre,  peut-être  même  un  simple  dessin  ''.  .\u 
IV''  siècle  les  progrès  d'une  part  du  raffinement,  de  l'autre 
du  réalisme,  ont  dû  faire  aux  sculpteurs  une  néces- 
sité de  chercher  et  de  fixer  dans  une  matière  sans 
valeur  et  facilement  malléable  le  type  qu'ils  voulaient 
figurer;  l'inscription  d'Epidaure*  (commencement  du 
iv"  siècle)  parle  de  tùtio'. payés  9U0drachmes  àTimothéos; 
on  entend  généralement  par  là  des  maquettes  de  cire'. 
L'invention  de  Lysistratos  de  Sicyone,  frère  de  Lysippe, 
qui  trouva  le  moulage  sur  nature'",  dutaussi  contribuer 
à  répandre  l'habitude  de  modeler  avant  de  sculpter.  Mais 
suivre  avec  certitude  cette  évolution  dans  l'usage  de  la 
maquette  nous  est  impossible.  — Quant  à  la  pratique  de 
la  mise  aux  points,  on  n'en  rencontre  de  traces  qu'à 
l'époque  hellénistique".  Il  se  pourrait,  comme  le  conjec- 
turent Kekule'-et  Kurtwiingler'^,  que  les  éloges  de 
Varron  à  Pasitélès  signifient  qu'il  fil  le  premier  un 
modèle  pouvant  être  reporté  tel  quel  sur  le  marbre. 
VI.  La  taille.  —  Nous  sommes assezbienrenseignéssiir 

1  Cf.   Bcrtaux,  art.    Sculpture  dans   la    Grande    encyclopédie^   t.   i9.   p,   S35. 

—  2  Cf.  Blûraaer,  O.  c.  l.  III,  p.  190;  E.  Uardner,  Journ  o(  hell.  st.  1S90, 
p.  i'ih  :  Uandbook  of  greek  sculpt.  p.  33  ;  WickliofT,  Vi'iener  Gene&is,  p.  25 
cl  4!;  Perrot  ol  Chipiez,  l.  VIII,  p.  isrt;  Deonna,  Les  statues  de  terre  cuite  en 
Grècet  p.  iO,  n.  3,  p.  46,  61,67.  Sur  la  façon  dont  les  sculpteurs  égyptiens  ont  sup- 
pléé l'usage  de  la  maquette,  cf.  Perrot  et  Chipiez,  t.  I,  p.  lli.  — 3  iVa(.  hist.  XXXV, 
156  ;  laudat  (  Varron  et  Pasitelen  qui plasticen  matrem  caelaturae  et  slatuariae 
scalptnraeque  dixit  et,  cum  esset  in  omnibus  his  stimmus,  nihil  umquam  fecit 
untequam  finxil.  —  4  i\al.  hist.  XXXV,  155  :  i.lem  (  Varro)  magnificat  Arcesitniim. 
L.  Luculli  familiarem,  cujus  proplasmata  pluris  venire  solita  artificibus  ipsis 
qiium  aliorum  opéra...  156.  Octavio  equiti  Romano  cratera  /acere  volenli  exein- 
ptar  e  gypfo  factum  talento.  Cf.  Oie.  Ad  Att.  XII,  41,  4  :  H irtii  epistulam  si  le- 
geris^  quae  milti  fua«i  iisùnAatTiia  videtur  ejiis  vituperationis,  quam  Caesar  scripsit 
de  Catone....  —  »  Sur  la  mai|ueUe  à  Olympie.  cf.  Treu,  Arch.Jahrb.  1895,  p.  lict 
17. — 6  La  découverte  à  Dionysos  (cf.  G.  Nicole, /ïcu.  arcA.  1908,  t.  I,  p.  40),  à  côté 
d'un  Apollon  archa'ù|ue  en  marhrc  pcntélique,  d'une  statuette  de  même  matière  et 
de  même  type,  peut  faire  supposer  qu'on  envoyait  dans  les  carrières,  pour  faciliter 
aui  simp'es  ouvriers  le  dé'jrossissement  des  hlocs.  des  modèles  de  dimensions  très 
réduites,  elle  ne  nous  apprend  rien  sur  l'usage  que  pouvait  faire  de  la  nia<|uellf  le 
sculpteur  dans  son  atelier.  —  t  Cf.    Koucart,    /Jutl.   de  corr.  hell.    tS9U,  p.    iTO. 

—  8  IGl'el  (=  IG  IV),  n°  I4«4,  I.  36-37,  p.  SU  =  Ch.  Michel,  Ilec.  dinscript. 
J/r.     n«    584.    p.     ^l\<\,     1.    37-38  :   Tlair.S     [,;   ï*t,«     lùsoj;    ifYi,7a[o]9«.    ..;    -«fi/.i« 

BBBBBBBBB  '>■">!  n^d,,.--.);;  ;  cf.  Cawadias.  Fouilles  d'Epidaure,  t.  I, 
p.  iT  :  iiuiliu.  .4,l/i.  epigr.  .Vittheit.  ans  Osterr.  XIV,  p.  126;  Treu,  Arch. 
Jfihrtt.  1K95,  p.  17.  —  9  Defrasse  et  Lcchat,  Kpidaure,  p.  62;  pour  une  interpré- 
tation difTôrentc,  cf.  Svoronos,  Das  Athener  Nationalmuseum,  p.  152.  —  to  Plin. 
Nat.  hist.  XXXV.  153:  hominis  autem  imaginem  gyj/so  e  facie  ipsa  prijnus 
omnium  eipresait.  Cf.  Jex-Blake  and  Scllers,  The  elder  Pliny's  chapters  on  the 


la  façon  de  tailler  les  statues  de  pierre  ou  de  marbre  par  les 
monuments  eux-mêmes  ;  quant  ;iux  œuvres  primilivesen 
bois  "  nous  devons,  pour  en  reconstituer  la  teclinii|ue,  i;n 
rechercher  les  survivances  dans  les  o'tivres  postérieures. 
Comme  ouvrages  grecs  en  bois  sculpté,  il  ne  nous  reste 
guère  que  les  reliefs  des  sarcophages  de  la  Itussie  Méri- 
dionale (fig.  6100)'=;  mais  ces  reliefs  étant  du  ur  ou 
IV' siècle,  c'est  surtout  dans  les  premières  œuvres  en  mar- 
breetles  sculpteurs  archaïques  en  calcaire  qu'on  découvre 
les  traces  des  procédés  primitifs  delà  taille  du  bois. 

Le  bois"  est,  comparé  à  la  pierre,  une  matière  tendre 
et  qu'il  est  possible  de  couper  ;  il  n'est  donc  pas 
nécessaire  d'avoir  recours,  pour  le  travailler,  au  ciseau 
actionné  par  le  maillet;  un  ciseau  pénétrant  par  simple 
pression  suffit.  Les  œuvres  attiques  en  calcaire  nous 
montrent  surtout  l'emploi  du  ciseau  à  lame  concave 
nommé  gouge;  c'était  probablement  là  l'outil  essentiel  du 
sculpteur  sur  bois.  Pour  dégrossir  la  statue  on  employait 
soit  la  scie,  soit  cette  hache  à  long  manche,  au  fer  large  et 
mince  d'un  côté,  long  etpointu  de  l'autre,  que  les  Latins 
appelaient  rfo/rtôra  ifig.  6-2-25;  cf.  fig.  2i8o  etsq.)''.  La 
nature  du  bois  dont  les  fibres  dirigeaient  la  lame  suivant 
des  plans  rigides,  son  manque  de  dureté  qui  incitait  la 
gouge  à  aller  droit  devant  elle,  sans  souci  du  dét;iil, 
suivant  de  longues  surfaces  planes,  le  fait  que  l'outil  ne 
pénétrait  pas  perpendiculairement  et  franchement  dans 
la  matière,  mais  était  poussé  suivant  un  plan  très 
incliné  et  presque  parallèle  à  la  surface  du  bois  de  façon 
à  enlever  couche  après  couche,  devaient  sans  doute  avoir 
pour  conséquences  cet  aspect  carré,  cette  facture  super- 
ficielle et  cette  absence  de  modelé'"  si  frappants  sur  les 
premières  œuvres  en  pierre. 

Grâce  aux  découvertes  de  l'Acropole  d'Athènes  '',  il 
nous  est  facile  d'étudier  de  près  la  technique  du 
calcaire'".  Les  outils  employés-'  sont  :  la  scie,  les 
ciseaux  et,  en  particulier,  les  gouges  de  diverses  dimen- 
sions, une  lame  de  fer  fine  et  pointue  servant  à  tracer 
des  incisions.  On  établissait  probablement  d'abord -- 
avec  la  scie  les  plans  rectangulaires  qui  devaient 
contenir  la  statue;  ensuite,  avec  des  gouges  diflérenles 
et  de  plus  en  plus  délicates,  on  abattait  les  arêtes,  on 
enlevait  les  saillies  que  laisse  la  gouge  de  chaque  côté 

hislory  ofart,f.  176;  Brunn,  Gesch.  der  gr.  Kûnslleri,  t.  I,  p.  282;  Collignon, 

0.  e.  t.  II,  p.  178  et  427,  Jiev.  arch.  1903,  t.  I,  p.  6  ;  S.  Reinacli,  Hev.  arch.  1902. 

1.  Il,  p.  11.  — Il  Par  CI.  'Es,  n.  à;/.,  16SS;pl.  1  :  cf .  E.  Gardner,  yourn.o/'/ie;/.  s(. 
1890.  p.  142.  n.  1.  —  12  Die  Grappe  des  Kûnstlers  .Menelaos,  p.  I».  —  '3  Vebcr 
Stauienkopieen  im  Allerthum,  Abhand.  d.  llayer.  Akademie,  t.  XX,  3-  partie, 
p.  545.—  Il  Blumner,  Technologie  tmd  Terminologie,  t.  Il,  p.  334-335;  Col- 
lignon, Hist.  de  In  sculpt.  gr.  t.  I,  p.  104:  E.  liardncr,  Handbook  of  greek 
sculpture,  p.  15.  —  '=  S.  Keinach.  .Antiquités  du  Bosphore  Cimmérien,  p.  126, 
pi.  ixxxi  et  t.xxxn:  Stépliani,  Compte  rendu  de  la  commission  impériale  archéo- 
logique de  Saint-Pétersbourg,  1809,  p.  177.  Cf.  un  petit  poisson  en  bois  d'éporjue 
mycénienne.  Schlicniunn,  Mycénes  itrad.  fr.).  p.  205,  fig.  211.  —  ">  Lechat,  Au 
musée,  p.  18-21  ;  La  sculpt.  attique  avant  Phidias,  p.  29.  —  "  Cf.  surtout  un 
fond  de  coupe  attique,  H.  Blûmner,  Techn.  u.  Terminal.  Il,  p.  340,  fig.  53.  —  is  Les 
statues  égyptiennes  en  bois  (cf.  Perrot  et  tlliipiez,  t.  1,  p.  640  et  648;  Bénédile, 
.l/on.  Piot.l.  Il,  p.  29.pl.  u-iT;Capart,  ies  (/(^iufs  rff  l'art  en  Egypte,  p.  6)sout. 
il  est  vrai,  comme  le  rappelle  Poulsen  {Arch.  Jahrb.  1906,  p.  190),  d'un  modelé 
achevé  :  et,  si  l'art  grec  avait  conservé  l'usage  du  bois  pour  la  grande  sculpture, 
ses  leuvres  en  cette  matière  n'auraient  sans  doute  pas  été  inférieures  i»  ci'lles  de 
l'art  égyptien  ;  mais  il  délaissa  le  bois  pour  des  substances  plus  dures  avant  que  fût 
dépassée  l'étape  du  travail  facile  auquel  poussait  singulièrement  la  nature  île  cette 
matière. —  19  Pour  ks  très  rares  œuvres  archaïques  attiques  eu  pierre  lendre  autres 
que  celles  de  l'Acropole,  cf.  Léchai,  Sculpt.  att.  p,  22,  n.  1.  —  20  Cf.  Lechat,  Au 
musée,  f.  3146.  etA'cu/pr.a/^.  p.21-163;  Collignon.  O.c.  t.  I,p.  206-218;  E.  Gardncr, 
Handbook  of  greek  sculpt.  p.  18  ;  Perrot  et  Chipiez,  t.  Vlll,  p.  531-343.  —  2'  Le- 
chat, Au  musée,  p.  20,  el  Sculpt.  atl.  p.  29;  cL  Wiegand,  Poros-Archifektur 
p.  231.  —  22  Lechat,  Au  musée,  p.  17.  M.  Orsi  retrouve  même  les  traces  de  la 
dolabra  dans  l'exécution  d'une  très  ancienne  statue  de  Mégara  Hyblaca:  Bull,  coït 
hell.  1895,  p.  314  a. 


scu 


HiO  — 


SGU 


dos  sillons  qu'elli;  Irace  ;  enfin,  avi'c  la  lame  Iranchanto, 
on  indiquait  les  détails  lois  que  contour  des  yeux  el  de 
la  Itarlie,  commissures  des  lèvres,  etc.  Tel  était  dans 
l'ensemble  le  rôle  de  cliacun 
des  trois  instruments  essen- 
tiels; «lans  le  détail  il  faut  re- 
marquer que,  sur  les  leuvres 
loul  à  fait  primitives,  les  sur- 
faces sciées  n'ont  pas  tou- 
jours été  reprises  à  la  gouge 
(fig.  ():2ii()j'  et  forment  parfois, 
en  se  rencontrant,  des  angles 
absolument  droits.  Même  avec 
l'aide  de  la  gouge,  le  sculpteur 
ne  réalise  pas  du  premier  coup 
un  modelé;  ainsi,  dans  le  fron- 
ton de  l'Hydre-,  l'artiste  qui 
a  traité  le  ventre  du  cheval  a 
abattu  successivement  les  arê- 
tes, obtenant  ainsi  des  angles 
«le  plus  en  plus  doux  reliant 
de  petits  plans  intermédiaires. 
Le  résultat  est,  au  lieu  de  deux 
plans,  cinq  plans  juxtaposés, 
mais  pas  de  courbe,  pas  de 
modelé.  —  A  part  la  scie,  pro- 
bablement de  grandes  dimen- 
sions, qui  a  servi  pour  dégros- 
sir le  bloc,  on  a  employé  une  petite  scie  à  main,  très 
liue,  pour  creuser  les  rainures  un  peu  profondes,  par 
exemple  les  sillons  entre  les  mèches  de  cheveux'. 
—  Lors([u'il  a  voulu  creuser  dans  la  pierre  une  cavité, 
ainsi  les  écailles  de  la  partie  postérieure  du  corps  de 
Triton',  l'artiste  a  recouru  à  un  procédé  analogue  fi  celui 
du  menuisierpour  pratiquer  une  mortaise  dans  une  pièce 
de  bois  :  il  a  d(''limilé  le  contour  des  alvéoles  avec  un 
compas,  puis  gratté  et  creusé  avec  un  instrument  tran- 
chant l'alvéole  ainsi  circonscrite.  —  Enfin  %  pour  effacer 
couiplètementles  inégalités  laissées  par  les  gouges  labou- 
rant de  leurs  sillons  la  surface  du  corps,  on  sVst  proba- 
blement servi  d'une  râpe  ou  d'une  pierre  dure  à  grain  lin. 
.\  la  sculpture  du  calcaire  semblent  donc  s'appliquer 
sensiblement  les  mêmes  procédés  qu'à  celle  du  bois.  Les 
«euvres  en  bois  du  vi^'  siècle  devaient  rappeler  les  œuvres 
en  calcaire  que  nous  avons  la  possibilité  d'étudier  ;  on  se 
plaît  à  leur  supposer  les  mêmes  types  robustes  et  solides, 
la  même  massive  structure,  la  même  ignorance  ou  le 
même  <lédain  des  fragiles  minuties,  car  de  la  t(H-hnique, 
dominée  elle  même  par  la  qualité  de  la  matière  et  la 
nature  de  l'outillage,  dépendait  alors  le  style;  pour  le 
modifier  et  y  introduire  plus  de  souplesse  et  de  variété,  il 

*  l'ar  ex.  dans  la  sUtiic  de  lAcropolc  n"  ni,  i.cchat.  Au  mitsi'e^  fig.  1,  p.  19. 
Noire  (ipurc  est  une  nVluclion  do  la  mâmc  vignette,  d'après  l'errot,  /iisl,  île 
fart.  VIII,  p.   l.'iS,  fig.  R5.  —  2  l.ecliat,  Au  musée,  p.    S8,  et    .Sculpl.  ail.  p.   .10. 

—  3  l.echat.  Au  masée,  p.  I.O,  97.  —  *  Lcchat,  JOid.  p.  61.  —  5  Lecliat, 
/l,id.  p.  es.  —  o  Lechat,  Ibid.  p.  100,  cl  .Scul/il.  ait.  p.  lût.  -  1  l'.ir  ex.,  à 
l'angle  externe  des  paupières,  la  saillie  à  vive  ariile  produite  de  la  façon  la  pluh 
naturelle,  lorf^qu'on  se  servait  de  gouges,  par  la  rencontre  des  deux  sillons,  celui 
d'eu  dessus  el  celui  d'eu  dessous,  mais  qui,  lorsqu'on  a  employé  le  ciseau,  a  perdu 
sa  raison  il'Otre.  Cf.  Lcclnt.  Au  rnusi'e,  p.  lOfi,  cl  Sculpt.  ait.  p.  i3. — 8  Cf. 
Collignon,  O.  c.  l.  I,  p.  li»  et  1Î9.  —  9  Ihid.  t.  I,  p.  îîi;  l'errot  cl  Cliipiei. 
I.  VIII.  p.M9.  —  10  Cf.  Wi.gaild,  Porus-Archil.  p.  lOi.  -  il  Journ.  ofhM.  st.  1890. 
p.  I3i.  —  '2  Oin  Naturwiederijabe  in  tler  alleveu  ijriechischvu    Kunsl^  p.  3;j, 

—  '3  A'eiic  Jalirhaclier,    l.  XIII,  I90i,  p.    737.   —1»    Arcfi.   Jalirli.    1900,  p.    190- 

—  '  '  Mil.  Mitlli.   190(1,  p.  IC"  ;  cf.  encore  Dcoiina,  Apollona  arckulques,  p.  33. 

—  l»Cf.  Lcclial.  ylii   miisik,  p.  103;  E.  liarduer,  Handbuok  of  ijrcek  sculpture. 


fjillait    Ift  modifier  et  trouver  la  technique  prii])re  de  la 
pierre  dure. 

A  vrai  dire  on  n'y  arriva  pas  au  premier  essai  :  les 
ipuvres  atliques  en  marbre'',  telles  que  le  Moschopliore 
ou  l'Hermès  à  la  syrinx,  conservent  bien  <les  survivances 
de  la  technique  du  calcaire'  ;  dans  les  îles,  des  statues 
telles  que  celle  de  Nicandra(fig.  (1227)  semblent  la  simple 


Fie. 


Bas-relief  de  I..- 


copie  de;oava*  ;  en  Laconio  les  pans  droits  se  rencontrant 
à  angle  vif  des  bas-reliefs  de  Chrysapha  (fig.  (>22S)'  parais- 
sent découpés  dans  du  bois.  Cette  iniluence  de  la  tech- 
nique du  bois  sur  celle  du  calcaire  '"et  celle  du  marbre 
a  été  contestée,  mais  si  les  arguments  présentés  par 
MM.  E.  Gardner",  Lôwy'-,  Amelung'^  Poulsen  ", 
L.  Curtius",  valent  peut-être  contre  l'inlluence  des 
anciens  çoava  sur  la  formation  des  types  plastiques  en 
pierre,  il  est  difficile  de  nier  que  le  bois  ait  légué  à  la 
pierre  son  matériel  et  ses  procédés,  et  de  méconnailre 
sur  les  œuvres  en  marbre  les  conséquences  de  cet  outil- 
lage et  le  souvenir  des  traditions  antérieures. 

Ce  qui  caractérise  la  technique  du  marbre '^  c'est  que 
l'outil  essentiel  n'est  plus  la  gouge  manœuvrée  par 
simple  pression  et  qui  coupe  la  matière,  mais  le  ciseau 
ou  plutôt  les  différentes  formes  du  ciseau  sur  lequel  on 
frappe  avec  un  maillet  et  ([ui  fait  éclater  la  pierre.  GrAce  à 
diverses  statues  inachevées  (fig.  6229)  '',  il  nous  est  pos- 
sible d'exposer  avec  assez  d'exactitude  par  quellesétapes 
passe  l'exécution  d'une  œuvre  en  marbre.  Le  bloc  sorti 
de  la  carrière,  un  premier  travail  de  dégrossissement 
est  fait  surplace,  probablement  par  de  simples  ouvriers  ", 
avant  le  transport  dans  l'atelier  du  sculpteur.  L'ouvrier 

p.  19.  —  <■'  Cf.  l'ottier,  Relief  funéraire  pour  un  atltléte  victorieux.  Dut. 
corr.  hell.  1881,  p.  65,  pl.  lu,  p.  67,  n.  1;  E.  Gardner,  The  proeesscs  nf 
greek  scutpt.  as  shoion  by  some  unfinished  statues  in  Alliens.  Journ.  af  hell 
st.  1890,  p.  Ii9:  (irorges  Nicole,  Remarques  sur  une  statue  inachevée  de 
marbre  penlélique.  Mélamies  Nicole,  p.  401.  Cf.  nour  d'autres  statues  inaclie. 
vécs,  C-ivvadias.  Catul.  n»  380  (cf.  Kxpédilion  de  iloréc,  t.  III,  pl.  xxu,  1  . 
.Miclhlmfcr,  Alh  Mitth.  1879,  p.  tJV,  n.  1):  MilchliSfcr,  Ath.  ilitth.  1879. 
p.  66,  n.  1  :  Le  Bas  et  Reinacli,  Voijaije  arch.  en  Knre  et  en  Asie  Mineure, 
p.  89  et  90  cl  pl.  i.xixix  ;  i  et  3  (cf.  pour  ce  dernier  Cavv,idias.  Catal.  u"  779  : 
E.  Gardner.  Journ.  hell.  st.  1908.  p.  I  W)  ;  Saucr,  Ath.  ililtli.  I89i,  p.  4V,  n"  iS, 
p.  iO,  n"  i7  et  VS  (ce  derniei-.  n"  Il  du  Musée  National  d'Alliéncs,  reproduit 
K.  Garilner,  Journ.  of  hell.  st.  1»90,  p.  130,  lig.  Il;  Furt»Snglcr,  Iteschreih.  der 
niyptothek  Kôniq  l.udwii/s  I.  tu  Mùnchen,  a'  +n,  p.  :''>l;  Mayencc  et  Leroux, 
/luit.  corr.  hell.  1907,  p.  iSi.  n'  0:  lleonna,  Apolluns  archaïques.  \t.  io.  —  '»i;f 
G.  .'Sicole.  Bee.  arch.  I90S.  t.  1.  p.  4i. 


scu 


im  —  * 


scu 


iliUiiiiilc  d'uliord,  sans  douU'  avec  la  scie,  ii 
roclariiçulairu  ayaiU  à  peu  près  les  dimensions 
statue  projetée;    puis, 


n  bloe 
;  de  la 
sur  la 
face  et  le  coté  du  bloc,  il  des- 
sine la  forme  de  la  statue  vue 
de  face  et  de  côté,  et  enlève  la 
matière  en  deliors  des  contours 
en  allant  de  la  face  parallèle- 
ment aux  côtés  et  des  côtés 
parallèlement  à  la  face.  Les  bras 
et  les  jambes  sont  délimités  et 
travaillés  de  môme.  L'outil  em- 
ployé pour  cette  opération  est 
la  pointe  actionnée  par  le  mar- 
teau, ou  le  marteau  pointu  ;  sur 
a  statue  inachevée  de  Dionyso, 
dont  le  travail  n'apas  ôlépoussé 
plus  loin,  on  reconnaît  les  tra- 
ces du  marteau  à  deux  pointes. 
C'était  sans  doute  alors  que  la 
statue  était  transportée  dans 
l'atelier  de  l'artiste. 

Une  œuvre  duiv'  siècle  trou- 
vée à  Rhénée  '  et  dans  laquelle 
les  différentes  portions  du  corps  sont  amenées  à  des 
degrés  divers  d'achèvement  permet  de  suivre  les  étapes 
successives  de  l'exécution.  L'artiste,  sur  le  bloc  grossiè- 
rement taillé,  se  préoccupe  d'abord  de  marquer  un  cer- 
tain nombre  de  points  de  repère;  il  perce  avec  un  foret 
des  trous  sur  la  surface  supérieure  de  la  base  et  dans 
une  saillie  de  marbre  qu'illaisse  provisoirement  à  l'extré- 
mité supérieure  du  bloc,  et  ajuste  verticalement  une 
règle  au-devant  de  la  statue.  Grâce  à  cette  règle  et  à  la 
connaissance  qu'il  a  des  proportions  soutenues  entre  elles 
par  les  parties  du  corps^  il  détermine  les  points  essen- 
tiels lois  que  saillie  des  genoux,  jonction  des  jambes  et 
du  corps,  hauteur  des  épaules:  1"  le  sculpteur  laisse 
brut  le  derrière  du  bloc  pour  ne  s'occuper  que  de  la  face 
et  des  côtés;  :2°  au  moyen  d'un  ciseau  ou  d'une  pointe  et 
d'un  maillet,  il  fait  sauter  rapidement  de  larges  éclats 
de  marbre  ;  c'est  à  cette  étape  qu'en  est  restée  la  partie 
inférieure  de  la  statue,  des  pieds  au  milieu  du  tibia  ; 
'.i"  il  procède  de  la  même  façon,  mais  pénètre  plus  pro- 
fondément de  12  à  25  millimètres;  la  pointe  usitée  est 
plus  peliteet  plus  pointue,  les  trous  sont  plus  rapprochés; 
c'est  à  ce  degré  d'achèvement  que  semble  en  être  resté 
tout  entier  l'Apollon  de  Naxos  '■'  ;  4°  à  l'aide  d'une  gouge 
l'artiste  pratique  des  trous  profonds  de  12  à  20  milli- 
mètres, et  de  25  millimètres  au  moins  de  diamètre; 
5°  il  enlève  la  matière  comprise  entre  les  trous  avec  une 
pointe  de  même  forme  qu'au  début,  mais  plus  fine  et 
maniée  avec  plus  de  soin.  L'assise  atteinte  se  trouve 
ainsi  à  12  millimètres  plus  bas  qu'à  la  troisième  étape  ; 
la  forme  générale  du  corps  est  dessinée,  mais  aucun 
détail  n'est  indiqué;  6°  enfin  les  parties  où  le  travail  est 
le  plus  achevé  gardent  les  traces  d'un  fin  ciseau  denté 

'  E.  (iaiiInCT,  Jonrn.  o/'  hell.  St.  IS'.IO,  p.  136,  lif;.  i.  —  i  l'arfois  aussi,  pciil-f-lii', 
â  r.-iiilc  de  pclils  modales  en  marbre  lels  que  relui-ci  de  Uioiiyso.  0.  Nicole,  /iev. 
itrch.  r.tO.*t,  l.  I,  p.  -VO.  —  SA  moins  que  la  surface  toute  piquetée  ne  déuole  l'emploi 
du  marteau  à  deux  pointes.  Cf.  sur  l'Apollon  de  Naxos  :  E.  Gardner,  Joiirn.  ofhell. 
si.  IS'.IO,  p.  liO  et  p.  130,  liK.  I  ;  Saucr,  Atlh.  MMh.  1RU2,  p.  W,  u'  M  ;  Cavvadi.is, 
Cntnl.  n"  1 1.  p.  ti;  Collignon.  O.  c.  l.  I,  p.  1 15,  IIr.  57  ;  Georges  Nicole,  MiHuiujcs 
Nicole,  p.  Ml.  pi.  11.  —  i  CI.  encore,  pour  les  divers  outils  employés  au  fron- 
ton d Olvnqiie,  'lieu.  AnI,    Jiilirlj.   isli.î,  p.  ;(.  Sur  les  représentations  de  scul- 


passé  très  librement  dans  toutes  les  direetions  ;  la  pro- 
fondeur atteinte  dépasse  de  (i  millimètres  celle  qui  a  été 
réalisée  dans  la  cinquième  étape  ;  les  derniers  détails  ne 
sont  pas  marquas.  Quanta  lailrapcrie,  elle  aété  grossiè- 
rement façonnée  au  ciseau,  puis  les  plis  en  ont  été  creusés 
au  foret.  —  Cette  statut?  nous  montre  donc  successivement 
l'usage  delà  pointe  et  du  maillel(ou  du  marteau  pointu), 
de  la  gouge  et,  à  nouveau,  de  la  pointe  et  du  maillet,  du 
ciseau  denté  et,  pour  la  draperie,  du  foret*.  Elle  nous 
renseigne  de  plus  sur  le  procédé  d'approximations  pro- 
gressives employé  par  les  artistes  ;  après  avoir  dégrossi 
l'ensemble  de  leur  statue,  ils  ne  poussaient  leur  travail 
que  dans  la  partie  supérieure,  et  ne  l'achevaient  d'abord 
que  pour  la  tète.  Comme  c'était  la  partie  la  plus  délicate, 
on  voulait  sans  doute  être  sûr  de  son  exécution  avant  de 
s'attaquer  au  reste  du  corps  pour  lequel  les  risques 
d'accident  étaient  moindres.  Le  traitement  de  la  partie 
postérieure  était  réservé  tout  à  fait  pour  la  fin.  —  L'étape 
du  ciseau  denté  n'était  pourtant  pas  la  dernière  ;  un  buste 
du  Musée  National  d'Athènes'  nous  permet  de  suivre 
l'exécution  jusqu'au  bout.  Après  le  ciseau  denté,  dont  les 
traces  se  reconnaissent  sur  la  draperie  et  les  cheveux, 
on  a  employé  sur  la  face  un  ciseau  arrondi  ;  cet  instru- 
ment a  l'avantage  de  ne  pas  faire  de  coins,  mais  laisse 
des  sillons  superficiels  qu'il  faut  enlever  avec  le  ciseau 
carré.  Après  avoir  passé  le  ciseau  carré  il  reste  encore 
à  polir  avec  la  pierre  tendre.  —  L'ordre  des  procédés  n'a, 
d'ailleurs,  rien  de  rigoureux;  ainsi,  sur  un  torse  du  Musée 
National  d'Athènes',  on  ne  trouve  pas  trace  du  ciseau 
(ienté,  mais,  après  la  pointe,  on  a  eu  directement  recours 
au  ciseau  arrondi  auquel  doit  faire  suite  le  ciseau  carré. 

—  Un  soin  particulier  est  donné  au  rendu  des  mus- 
cles', spécialement  dans  l'école  de  Lysippe,  célèbre 
pour  ses  types  athlétiques.  Une  fois  la  surface  travaillée 
au  ciseau  denté,  le  contour  des  muscles  est  dessiné  et 
taillé  avec  le  ciseau  rond,  puis  modelé  de  façon  à  sub- 
stituer aux  contours  durs  des  transitions  insensibles. 
La  technique  que  nous  venons  de  décrire  semble  avoir 
été  généralement  usitée  en  Grèce  à  l'époque  classique  ; 
mais  il  ne  faudrait  pas  croire  qu'aucun  changement  n'ait 
été  introduit  dans  la  fabrication  des  œuvres  plastiques 
de  la  fin  du  v" siècle  à  l'âge  hellénistique.  Si  l'ensemble 
des  procédés  est  resté  le  même,  certains  détails  ont 
varié  :  c'est  maintenant  à  la  technique,  dont  l'artiste  s'est 
rendu  maître,  après  avoir  influé  sur  la  formation  des 
types  archaïques,  de  se  plier,  au  contraire,  à  l'évolution 
du  style  et  de  s'adapter  aux  conditions  artistiques.  On 
peut  suivre  très  nettement  cette  influence  dans  la  re- 
présentation de  certains  détails  tels  que  la  chevelure,  ou 
encore  dans  l'emploi  de  certains  outils. 

Nous  verrons  plus  loin  que  l'art  grec  ne  cessa  jamais 
de  peindre  la  chevelure  et  la  barbe,  mais  la  couleur 
devait-elle  être  appliquée  sur  un  fond  lisse,  ou  le  ciseau 
devait-il  collaborer  à  la  représentation  dans  la  même 
mesure  que  le  pinceau  ?  C'est  le  premier  système  (|ue 
l'art  attique  primitif%  soit  par  goût  de  la  simplicité,  soit 

pleurs  maniant  leurs    outils,   cf.  Blumner,    Z'etA".  unU   Tenn.    III,  p.  H'  et  sq . 

—  :>  .N»  1S6;  c:.  E.  Gardner,  Journ.  of  hell.  st.  1890,  p.  I3'J;  U  Bas  el  Rci- 
uaeh.  Voyage  arc/i.  en  Urèce.  et  en  Asie  .Mineure,  pi.  i.mix,  i.  —  »  Gardner, 
Jonrn.  of  hell.  st.  1890,  p.  130  cl  p.  HO,  t\g.  l.  —  T  Id.  Ibid.  p.  140,  lig.  Ti,  et 
p.  lil,  lig.  6.  —  »  Cf.  Lechat.  U  scnl/it.  ail.  p-  Uil  (cf.  pourtant  le  Zeus  en 
calcaire,  Lccliat,  .-lu  ynusi'e,  fig.  4,  p.  91)  ;  Hofniann,  l.'ntersneh.  ûber  die  Darslell. 
des  Haares,  ./ahrbucher  fur  klassischc  Pltitolo,/ie,  Hupiilemenlband  iXVI.p.  Mi 
Dcouua,  fj.  c.  p.  lO'J. 


scu 


—  Ili2  — 


SCU 


par  li'ndancoà  fncilitorlo  travail,  a  ^énèralpiiKMit  prali- 
iiué;  le  Mnsriiopliorf,  (|iii  a  con- 
servé tant  do  Irnils  de  la  sculpture 
eu  tuf,  a  la  calotte  du  er.ine  el 
la  harlie  ahsoluinenl  lisses  ;  ipiel- 
ques  houcles  seulement  sont  scul- 
plees  au-dessus  du  front.  Mais 
les  artistes  des  îles  '  adoplèrenl 
le  deuxième  système  qui  satis- 
faisait mieux  leur  goùl  pour  les 
minuties  et  les  jolis  détails,  et  il 
s'introduisit  à  Athènes  avec  l'in- 
lliience  ionienne.  La  lèle  Rampin 
(lif;.  tW30)-  dans  laquelle  les  clie- 
choï.Luro  arch.,,.iuc.         ^^^^  ^^  ^^  ^^^^_^^^  ^^^^  Iraités  plas- 

tiquement\  mais  la  moustache  indiquée  par  un  simple 


iPlil 


trait  au  pinceau,  symbolise  le  passage  d'une  méthode  à 
l'autre.  Au  triomphe  de  l'in- 
fluence  ionienne  se  ratta- 
chent ces  chevelures  fémi- 
nines (fig.  6^231,  G23-2)'  où 
chaque  mèche  est  repré- 
sentée par  une  ligne  en 
saillie  délicatement  scul- 
ptée. A  cette  technique  suc- 
cède un  type  intermédiaire 
qui  se  répandit  peu  sans 
doute  puisqu'on  en  connaît 
seulement  deux  exemples 
(fig.  G233)°;  la  barbe  et  les 
cheveux  y  sont  rapidement 
travaillés  à  la  pointe  [brel- 
tclni/e)  ;  ce  procédé  donne 

Kie  ti  ri   —   ira  1  I  e        su  .     ,  *         ,       ,  .  ,  , 

\3\       \e  ce  •'  '■*  polychromie    plus   de 

vigueur  tout  en  lui  laissant 

le   premier  rôle.    Au    V   siècle,  dans  certaines    statues 


J  l.eclial.  La  srulpl.  att.  p.  1«0.  —  2  cf.  Diiiiioiit,  Monuments  ijrpcs,  t.  i, 
ls:s,  p.  I,  pi.  i;  Kavct,  M'inumenls  de  l'art  antique,  I.  I,  ii»  IS  ;  Collignon, 
O.  c.  l.  I,  p.  360;  l.echat.  Monuments  Piot,  l.  VII,  p.  H.i,  pi.  xiv,  el  Sculpt. 
ait.  p.  195  :  Perrol  et  Chipiez,  l.  VIII.  p.  036  ;  liiinacli,  /lecneil  de  tètes,  pi.  m 
,.|  ,v.  —  3  Le  di^lail  esl  ligur*  par  des  séries  de  petits  cuhes  aiiv  angles  soigneii- 
sotnent  alialtus.  —  *  D'une  façon  gùnfrale  les  corès  de  l'Acropole.  Cf.  Leclial, 
Au  musée,  p.  197;  l'crrol  et  Chipiez,  t.  VIII,  p.  583.  —  Le  mime  procMé  est  em- 
ploie pour  les  I6les  viriles  (ef.  Collignon.  U.  c.  l.  I,  p.  361,  lig.  I«3,  p.  3Ci, 
lig.  ISV;  Pcrrot  el  Chipiez,  t.  VIII,  p.  613,  (ig.  339, pi.  xiv),  mais  la  facture  est  beau- 
coup plus  simple;  un  traitement  souple,  mais  naturel  des  mèches  remplace  les 
zigzags  coquets,  mais  artificiels  des  chevelures  f^rminines.  Il  y  a  emprunt  évident, 
pour  les    télés  viriles,  h    la  leclinif|ue  des   hronzes.   —  '■•  Collignon.    Monuments 


d'dlynipie.  les  deux  techni(]ue.i  sont  en  usage;  au  Tlit'- 

selon,  la  couleur  a  été  posée  sur 

des  dessous  lisses";  ailleurs,  par 

exemple,   dans    d'autres    marbres 

d'Olympie  \  lig.  0"23  V,  au  Parthénon 

et,  d'une   façon  générale,  à  la  lin 

du  V  el  au    iv  siècle  (lig.  6235, 

()23G),  la  chevelure  a  été  traitée  au 

ciseau   ou    même  au    foret,   mais 

l'exécution,  à  l'ordinaire  large  et 

simple,  esl  i-arement  poussée  dans 

le  détail  ',  ciimme  si  le  sculpteur 

avait   craint    d'empiéti'r    sur    le    domaine    du   peinli 


Fig.   023-..    -   Tôle    de    l'Eiréné 
de  C.-phiso.iol,-, 


36.  —  Tête  de  111 
de  Praxitèle. 


Les  successeurs  de  Praxitèle  et  les  sculpteurs  hellénis- 
tiques, sentant  que,  par  le  traite- 
ment plastique  de  la  chevelure,  ils 
pourraient  la  faire  concourir  à 
l'expression  pathétique  de  leurs 
œuvres,  invenlèrent  ces  formes  de 
coill'ure  compliquées",  aux  om- 
bres profondes  el  aux  vives  lu- 
mières, œuvres  exclusives  du  ci- 
seau et  surtout  du  foret,  à  l'efTel 
desquelles  la  couleur  ne  pouvait 
guère  ajouter. 

La  façon  de  traiter  les  surfaces 
lisses  révèle  une  évolution  loul 
aussi  significative.  La  râpe  '  appa- 
raît très  tôt,  par  exemple  sur  les 
figures  de  Délos  ou  l'Apollon  de 
Théra  (fig.  G237),  mais  les  grands 
sculpteurs  du  v°  siècle,  ainsi  Phi- 
dias au  Parlhénon,  en  ont  fait  un 
usage  très  limité.  Les  artistes  de 
large  inspiration  dédaignaient  de 
dissimuler  sous  le  poli  de  la  râpe 
ratla(|ue  franche  du  ciseau  '".  Au  iv'  siècle,  l'tMiiploi  de 


(4 


I 


i 


.  Apollon  di  Th. 


yrscs,  t.  Il,  iSS9-IS90,  p.  3.i,  cl  Furlwanglcr,  Coll.  Sabouroff,  pi.  m  el  iv  ;  li . 
Museen  zu  Berlin.  Beschreib.  der  antik.  .Skulpturen.  n»  30S;  Ueinaeli,  ïtecueit 
lie  tètes,  pi.  vil  el  viii.  Cf.  Pcnol  el  Chipiez,  t.  VIII.  p.  Ii4i  el  lig.  330,  p.  643  ; 
l.echat.  La  sculpt.  ait.  p.  375  et  470.  —  »  Cf.  Collignon,  J/oniimen(s  i;recs.  l.  11. 
)SS9-I8!l(l,  p.  42.  —1  Cf.  pour  les  frontons  dOlympie:  Tien,  Olympia,  t.  III, 
p.  433,  et  Ar'\l'.  Jahrh.  1895,  p.  3;  l'Hermès  de  Praxitèle.  Furlwlingler.  Meis. 
leneerlie  der  i/riech.  Pl.istik,  p.  53i  ;  cf.  encore  Poltier,  Vull.  corr.  hell. 
ISM,  p.  453.  Cf.  sur  l'emploi  du  foret  pour  la  chevelure  :  Furlwângler,  O.  c. 
p.  53i,  666,  641.  —  »  Cf.  Collignon,  Hi.«(.  de  la  sculpt.  gr.  t.  Il,  p.  4;ii-45(;. 
—  9Bliimner,  O.c.  t.  III,  p.  197  ;  Coelcr  von  Uaveiisburg,  Venus  von  Milo,  p.  1 17 
Situ,  Archâol.  der  Kuusl .  p.  3av.  —  lu  Sur  la  râpe  à  Olvnipie,  cf.  Treu,  Arc/:. 
Jalirb.  1893,  p.  3. 


scu 


—  IliM 


scr 


1.1  ràpp  prend  plus  d'i'xlcnsion  ;  on  n'en  use  pniirlaiil 
d'aliord  que  pour  les  surfaces  d'une  certaine  étendue 
el  qui  doivent  èlre  recouvcrles  de  couleur,  comme  les 
vêlements;  on  se  plail  ainsi  à  obtenir  des  ell'els  d'op 
position  entre  le  traitement  rlii  cdrps  au  ciseau  et  celui 
de  la  draperie  à  la  r;ii)e  '.  Puis,  la  scul|)tiire  aban- 
donnant de  j)lus  en  plus  la  haute  inspiration  religieuse 
pour  les  sujets  familiers  et  les  représentations  réa- 
listes, la  ràjte  est  éf^alement  employée  pour  le  corps  ". 
Knfin  on  voit  prendre  une  grande  extension  au  procéd(' 
dé'jà  usit('  au|)ai-avant  du  polissage  '  ;  on  employait 
[Miur  cela  le  sable,  en  ]iarliculier  le  sable  égyptien,  le 
calcaire  tendre  en  poudre,  la  pierre  ponce  '",  ou  encore 
la  pierre  dilede  Naxosdonlon  neconnait  pas  exactement 
l'origine,  vu  le  désaccord  des  textes  qui  la  font  venir  les 
uns  lie  Cypre  -,  d'autres  de  Crète  ''. 

le  foret  ''  a  eu  une  destinée  analogue  à  celle  de  la 
râpe.  On  en  trouve  les  traces  sur  les  frontons  d'Égine  et 
d'Ulympie,  mais  l'usage  n'en  est  probablement  d(!venu 
général  i|ue  plus  lard.  Fausanias  en  attribue  l'invention 
au  sculpteur  Kallimakiios  ',  contemporain  de  Phidias, 
ce  dont  il  faut  sans  doute 
conclure  que  Kallimakiios 
le  premier  sut  en  tirer  des 
c'Ilets  particuliers.  On  n'eu 
constate  que  quelques 
traces  au  Parlliénon  ''. 
L'art  de  Phidias  el  de  ses 
prédécesseurs  ne  ressen- 
tait pas,  en  ell'el,  un  be- 
soin absolu  du  foret;  à 
l'agencement  assez  sim- 
ple des  draperies,  au  trai- 
tement large  des  détails,  le 
ciseau  suffisait  (fig.  (J:2.'}S). 
Il  n'en  est  plus  de  même 
Fis.  oj;s.  —  ^■n^,l■  du  l'aiiii.noii.  lors(iue    l'art    cherche    à 

tirer  un  ell'et  dramatique 
des  plis  jirofonds  du  vêlement  ou  se  plail  au  refouille- 
menl minutieux  des  détails;  le  foret  devient  alors  un  ins- 
trument indispensable,  el  les  artistes  grecs  y  acqtfiérenl 
une  telle  virtuosité  que  certains  creux  très  profonds  et 
d'accès  très  étroit  paraissent  irréalisables  aux  sculpteurs 
d'aujourd'hui  '". 

VII.  L'aJI  STAGE  DE  LA  STATIE.  —  LeS  PIÈCES  KAfPUKTÉlCS. 

—  Les  ACCESSOiiîES.  —  Dans  le  Sonr/e  Lucien   dit  que  le 

I    l'ai'   ex.  lUlis    nU'niit'5  de    l'iaxilùli',   dans  des   ^li-lis   alUqucs,  ainsi    Conzi', 
ACiisclw  Crahrelkfs,  ii°  300,  p.  «>,    pi.  i.xxiii.  U.   BliiiiiiiiT,  O.  c.  I.  III,  p.  \W. 

—  2|'arex.  Colligiioii,  Tète  dalhlHe  Iroum'c  en  Hiji/ple,  Itcc.  de  nwiii.  inihlié 
par  la  SocU'lc  des  ArUiffuairvs  de  Fiatice  à  l'occasion  de  son  centenaire^  p.  Si. 

—  s  l'Iiil.  iJiscr.  adni.  el  amie.  37,  p.  74  E  :  oî  ÂtfoEôot  -rà  rAr.ïtv-ra  xaî  lîtpixoKi.Ta 

T.:..    4,./|.iT™.    ;..isa;vovTt;    »«\    ,«„.-.,.;.    —  t  flill.    Nat.    Iiist.    XXXVI,  Si    : 

nirsiis  7'hebaica  {hnrena)  polituris  accommodatur  et  qitae  fit  e  poro  lapide  aiit 
e  puntice.  — ^  Pli».  Nat.  Itist.  XX.WI,  .54;  Sitjms  e  marmore  poUendis  fjeiit- 
misqite  etiani  sratpendis  atqiie  limandis  Naxitim  diu  placutt  anle  nlia.  Itn 
roeantiir  cotes  in    Cypro  insitta   genitae,    Vicere  postea  ex   Annenia   inrrcl'ie. 

—  «  Schol.  ad  Pili.l.  Jsthm.  V,  1D7  ;  SU'pIl.  Byl.  v"  Nil-.;:  Suid.  v  .N«;,«  i-S-,;  : 
NaH-:*     Ât^o;     T,     K^TiTtv^     «xo-zr,.     Kà;'.;      T/p     no'.i;    Kpijir,;.    Cf.      lîliimilcr,    O.    c. 

1  III,  p.  PIS.  —  7  Cf.  BICiiiiici-,  l.  III.  p.  193;  SiUl.  Arch.  d.  Kunst.  p.  3'J8; 
Fiiilniin^-lcr,  A/eiateneerke  der  yriech.  Plastik,  p.  iSi,  560,  341.  —  »  I,  il),7  : 
xa'  AtO^u;  cçMT.>;  GTsÛKr.ijc.  Il  faut  Kriler  ipie  cc  Kalliniakhos  est  considéré  par 
Pausanias  lui-même  connue  nu  lialiile  praticien,  mais  un  arlisie  inférieur  : 
4-i><ÉMv  T~.y  îTj^Twv  i;  «ùtr.v  rv,»  T£>;vr,v.  Cf.  Brunn,  Gesch.  der  yriech.  Ki'instter'^, 
l.  I.  p.  177  ;  CollisnoD,  //.»f.  de  la  sciilpt.  ijr.  l.  Il,  p.  |:il.  —  J  Cf.  Puclisleiri, 
Wochenschrift  fur  klass.  Philoloi/ie,  1U90,  p.  I»i;  Arcli.  Jnhrij.  IS'JO,  p.  lin, 
el  Arch.  Anzeiijer,  IS'.lO,  p.  IIU;  S.  Kcinacll,  Chroni(/iies  d'firient,  l.  I. 
p.  007  ;  ColMunon,  //isl.  de  /.i  »C"//.(.  f/r.  L  II,  p.  i,\.  u.  1.  Cf.  ciicori-  piiur  l'iiiiploi 
.In  foret  an  v  si.VIe  ;  Tivn.    '>li,,ep,„.    I.    III.  p.  k,I.   ri    .l,r/,.  ./„/,,/,.    |v!i:,.   p.  :i  ; 


sculpteur  ne  doit  pas  seulement  savoir  tailler,  mais  aussi 
savoir  ajuster  ";  de  nos  jours  les  statues  sont  géni'ra- 
lement  travaillées  dans  un  seul  bloc  de  marbre;  les 
anciens  vantent,  au  contraire,  ce  fait  comme  le  résultat 
d'une  habileté  rare  '-.  Dans  l'histoire  de  la  technique  des 
pièces  rapportées  ''  il  faut  prendre  comme  jioinl  de 
départ  la  sculpture  du  bois.  Les  statues  en  bois  étaient 
faites  de  difl'érentes  pièces  ajustées  el,  [)our  éviter  une 
disjonction  qu'auraient  nécessairement  amenées  les  varia- 
lions  de  température,  on  faisait  couler  du  nard  dans  les 
interstices  ".  Les  artistes  qui  ont  travaillé  le  calcaire 
tendre  '"'ont  recouru  au  même  procédé  d'ajustage;  ili'lail, 
d'ailleurs,  imposé  par  la  nature  de  la  matière  ;  le  tuf  n'est 
pas  assez  ferme  [lour  qu'on  puisse,  sans  danger  de  li; 
briser,  y  tailler  de  grandes  pièces. Celte  technique  léguée 
par  le  bois  au  calcaire,  le  calcaire  la  légua  au  marbre  ; 
saisie  ainsi  dans  ses  origines,  elle  ne  peut  nous  étonner, 
et  nous  comprenons  qu'elle  fût  appliquée  même  à  des 
leuvres  de  très  petites  dimensions  "'.  Elle  avait,  en  oiilre. 
un  double  avantage  :  elle  présentait  beaucoup  plus  de 
commoditi!  pour  le  transport  des  blocs",  et  elle  facilitait 
la  réparation  des  statues  "  ;  arrivait-il  un  accidenta  une 
partie  ou  remarquait-on,  au  cours  de  l'exéculion,  un 
défaut  du  marbre  '■',  on  remplaçait  le  morceau  endom- 
magé ou  défectueux. 

Les  statues  archaïques  de  l'Acropole  ont  presque 
toutes  des  pièces  rapportées  '"  ;  la  statue  d'.\nténor  est 
la  seule  d'un  bloc.  Les  parties  le  plus  généralement 
rajustées  sont  les  bras,  les  extrémités  flottantes  des  vêle- 
ments, el  les  boucles  de  cheveux.  Lorsque  l'avanl-i^ras  est 
tendu,  il  est  toujours  rapporté (lig.  &2'.id).  «  Pour  adapter 
le  bras  à  sa  place,  dit  M.  Léchai,  les  sculpteurs  creusaient 
dans  le  coude  une  profonde  mortaise,  parfois  carrée,  le 
plus  souvent  circulaire  ;  on  prolongeait  lavant-bras  par 
un  solide  tenon,  de  forme  circulaire,  s'emboilant  dans 
la  mortaise;  l'on  forait  un  trou,  d'environ  1  cenlimêlre, 
à  travers  toute  l'épaisseur  du  marbre,  jjar  le  milieu  du 
tenon,  et  dans  ce  trou  l'on  coulait  du  plmnb  en  dissi- 
mulant les  extrémités  de  la  cheville.  Parfois  l'on  se 
contente  de  coller  le  tenon  dans  la  mortaise  avec  une 
matière  blanche,  réduite  en  liiie  poudre,  pareilh'  à  du 
plâtre,  mais  qui  est,  parait-il  -',  de  la  chaux.  »  Ouelque- 
fois  la  tête  et  le  cou  sont  rapportés:  ainsi,  dans  la 
statue  67i  du  Musée  de  l'.Vcropole,  «  ils  sont  prolongés  par 
un  fort  tenon  rectangulaire  s'emboilant  dans  unemortaise 
de  même  forme  creusée  dans  le  ironc  el  scellée  avec  de  la 


Potlier,  IJiill.  corr.  Iiell.  IK'J'l,  p.  4>3.  —  m  On  est  allé  juscpj  à  conjecturer 
l'usai  des  acides  «|ue  rien  ne  nous  autorise  à  adnieltre  :cf.  llliiiiiner.  Technologie 
itnd  Tenninotoyie,  t.  III,  p.  l'JG.  —  O  2:  îojt(.v...  ii^v.<tiit  ii«pa>.«?^.v  JitOwv  Ufà-sr,-, 
4r«0i«  îTv.i  .ol  auvoLfi»,»!*,.  .«'■  :j|ioïJu!=ît..  -  '2  Cf.  Fliu.^  al.  hisl.  XXXVI,  :)l  el 
37.  -  13  Cf  Gliimner.  O.  c.  1.  III,  p.  212  :  Gocler  von  Kavcnsburg,  Venns  eon  .Vilu, 
p.  ii  ;  Situ.  Arrh.  d.  Kiinst.  p.  3!)9  ;  Furtivanglcr,  Meisteruerke  der  yriech. 
l'iastik,  p.  OOi.  —  ''•  Pliii.  Aat.  kist.  XVI,  214  :  adjicil  {ilucianus)  multis  lora.i  i- 
iiibas  nardo  riynri  {siniutacrnrn)^  ut  medicatiis  uinor  alat  teneatfjHe  juttcturas. 
Cl.  Bliimucr,  O.  c.  I.  Il,  p.  330.  —  "à  Lccliat,  Ati  Jyi/sée,  p.  23li  (cf.  pourlaut  le 
/.eus  en  pierre  lelldre,  lii,'.  4,  p  91).  —  1»  Cf.  I.eclial,  Au  musée,  p.  228,  <|ui 
cite  les  statues  de  l'Acropole  ii"*  007  et  008  (cf.  pour  celle  dernière  'Esïiji.  -ij/. 
IS83,  pi.  vni,  à  droite).  Cf.  pour  rép0(|uc  licllénistitpic  Wiegand  et  Sclirader, 
l'riene,  p.  307,  (ig.  401,  p.  371,  lig.  407,  p.  372,  lig.  470.  I,a  pièce  rapportée  y 
est  lanlùt  fixée  par  une  cliexille,  lanlét  simplement  collée.  —  <>  I  jivv.idiiis,  'F^r,^. 
•i;,..  IKSO,  p.  7.1;  E.  Uardner.  Jouru.  of  hell.  si.  IK87,  p.  178.  —  I*  l,a  fréipience 
de  telles  réparations  est  attestée  par  les  signatures  d'artistes  iniixies  du  vei-bc 
înt<n!ey««v  ;  elles  n'etaieut  doue  pas  considérées  comme  diminuant  la  valeur  d'une 
reuvre,  puis<pic  les  arlisics  ne  ilédaignaicnl  pas  de  s'en  afliriner  les  auteurs,  el  les 
possesseurs,  d'eu  conserver  le  souvenir  gravé  sur  la  base.  Cf.  Colliguon,  liée,  de 
mém.  puldiè  par  la  Société  des  Anliyuaires.  p.  83.  —  i'.i  Comme  sur  la  télé 
d'allllclc,  Colli^nou,  llnd.  \i.  "i;  pi.  iv.  -  ;!"  K.  Cardncr,  Jomn.  of  liell.  st. 
1887,  p.    17:  ;  l.er-liat.   .4.1  mu.ve,  p.  JiT.    -  :^l  I  ::in  .i.li.i-,    K:r.;».  -Vs,.   ISsO,  p.  71.. 


scr  —  Il  il  — 

chaux.  Les  deux  surfaces  eu  coulacl  du  Ironc  cl  du  cou, 
pri-alahlcnicul  polies,  adhéraient  exacteiuenl.  Pour  con- 
sidider  cel  ajusiaiçe  on  avait  foré  sur  c liai] ne  épaule  un  trou 
carré  descendant  oliliiiuennnl  Jusqu'à  la  mortaise  :   ces 

<leux  trous  sont  oc- 
cupés par  une  clu'- 
ville  de  niarlire  scel- 
lée à  la  chaux,  et  les 
deux  chevilles  s'i'Ui- 
liolli'nl  lie  cliai|ue 
ci'it('  dans  le  teuoii 
d('j;ï  scelh-  i)Our  le 
luainleniren  place.  » 
'^  Sont  encore  rappor- 
I  lés,  mais  plus  rare- 
/  menl,  la  calotte  ilu 
crâne,  toute  la  partie 
su[)érieure  de  la  tète, 
le  ha.s  des  jambes  cl 
les  pieds.  Plus  fré- 
<|uemmenlon  trouve 
rajustée  l'exlrémité 
llollanfe  des  pans  de 
riiiinalion,  non  col- 
lés contre  la  jambe 
pour  plus  do  légè- 
reté. <>  Là  où  rétolle 
va  se  détacher  de  la 
Jambe,  le  pan  esl 
.^  tranché  net  et  poli 
avec  soin.  Le  moi'- 
ceau  rajouli',  muni  d'un  tenon  carré,  s'appliquait  dans 
une?  mortaise  creusée  dans  la  Jambe  et  scellée  avec  de 
la  chaux.  Des  coulées  de  plomb  complétaient  l'ajustage  •>. 
Ivn  un  cas'  on  ne  trouve  ni  mortaise  ni  tenon,  mais  seu- 
lement un  Irou  foré  pour  la  cheville  de  plomb.  Les  bou- 
cles de  cheveux  sont  souventrapporlées  lorsqu'elles  vien- 
nenl  tomber  sur  les  épaules  ;  elles  étaient  alors  lixées 
sur  la  poitrine  au  moyen  de  tenons  s'cnfoncant  dans  des 
mortaises  el  n'adhéraient  à  la  statue  que  sur  une  lon- 
gueur de  quelqui'S  centimètres.  Sur  une  statue  -  lar- 
lisle  a  ajusté  entre  l'oreille  el  l'épaule  des  boucles  qui. 
lixées  par  un  tenon  au  dessous  de  roreille  el  sur  la  poi- 
trine, Joignaient  la  chevelure  à  l'extrémité  des  boucles 
sculptées  à  même  sur  la  poitrine. 

Ce  procédé  du  rapportage  n'est  spécial  ni  aux 
.Mliques  ^  ni  à  l'époque  archaïque  :  il  apparaît  durant 
toute  la  [)ériode  classique  '.  Dans  les  sculptures 
d'Iîgine  ■  il  n'y  a  guère  de  rajustées  que  les  parties 
saillantes,  mais  les  statues  du  Parlhénon  sont  composées 


I  SUliic  l'iKi;  I.i'clial,    Alt  mm 
.inalo^iio  (ajiislagc  au   moyen    ij 
lïc'iiiHJorf,  /fie  M<ftopen  von  Selinuiit,  p.  4; 
Ac  la  pi.  1.  —  2  Slaluc  Oui  ;  Lfclial,  An  i 
une  slalnc  de  l)«lo$,  Cavvailias,  Ciital    \ 


30;   cf.    pour  la  ilesciiplion  .l'un    procédé 

ions  de   bronze   cl.  de  coulées  de  plomli)  : 

Uvaenglcr,  Coll.  Siilmiiro//',  nolicc 

,  p.   iSt.  —  •■>  On   le  rciruuve  sur 

l'aris,   /liill.  de  corr.  tiell.   I8ti'.l, 


p.  il7,  pi.  vn.  Cf.  Uchal,  Au  musée,  p.  2i7,  n.  i  ;  Dconna,  Apolhns  ar 
P-  ii.  —  '  M.  Leclial  reniaripic  JusIcnienI,  Au  musée,  p.  2m,  n.  I,  ipie 
slalnaire  eliiysélépliaiiUne,  ipii  ne  ponvail  procéder  (|ue  par  coniparl 
pièces  de  rapport,  a  dû  inlluer,  à  ce  poinl  de  vue,  sur  la  statuaire  eu   inarl.re 

—  ••  Kurtniiiigler, //l'e  Aeijiiiritii,  p.  tli:  .Icjmn,  p.  i'Jl).  —  0  lîavaisson.  /.«  Viin: 
rfc  .I/i/u,  p.  li.  —  '  t;ollignun.  /leciieil  de  mém.  piiM.  pav  la  Suc.  des  Anliij.  p.  x:, 

—  »  Ouve,  flull.  de  corr.  Iicll.  IStl.H,  p.  +8(1,  (i».  11.  —  9  Hcnzey,  Monum.-iil. 
fines,  t.  I.  tii7;i,  p.  «;  S.  Kein.icli,  llull.  corr.  Iiell.  ISSi,  p.  M",  pi.  i,  cl  tss.l 
p.  S7I,  n.  I,  p.  4ii5  (rajustaiîc  à  l'aide  d'un  crampon).  |..  iO«  ;  liée,  de  tètes  niili 
i/ues,  p.  liWIOI,  pi.  ce  ;  el  /ler.  arch.  I(i'.)l,  l.  11,  p.  >x-:,  pi.  wii.ivin  ;  Trcu,  Arcli 
Jahrii.  \mi,  \<.  i  et  4  ;  VoUier,  JJull.  corr.  hcll.  \KK,  ]t.  VM:  r.mm;  /In/l.  corr 
hell.  lH'.ir,,  p.  KU,  4-Si.  4«4;  el  /ler.  nrcli.   |K!i7,  I.    11.  p.  i:.  :  Ilén.ii  de  Vdlerossc 


■randc 
uls  et 


SCll 

de  jdusieurs  ])ièces.  La  Vénus  de  Milo  esl  formée  de  deux 
blocs  principaux  réunis  autrefois  par  deux  forls 
tenons  "  ;  les  surfaces  des  deux  blocs  ont  clé  taillées  à 
la  gradine  et  au  ciseau  ;  les  parties  centrales  à  la  gradine 
et  un  peu  en  creux  relalivement  aux  bords;  les  bords 
plus  linement  el  au  ciseau  alin  que  les  surfaces  s'appli- 
quassent juste.  Il  y  ailes  traci'S  certaines  de  rapiéçage 
dans  la  draperie  de  la  Victoire  de  Samolhrace  ''.  Les 
exeiiijtles  de  rapportage  sont  surtout  fréquents,  au 
V  siècle  el  à  r('|)oque  hellénistique,  pour  la  léte  ou  des 
parties  de  la  tète,  en  particulier  pour  la  calotte  du 
crâne.  Lorsque  le  raccord  ne  se  fait  pas  exactement,  les 
vides  sont  comblés  avec  du  ciment  ".  Souvent  les 
morceaux  rajustés  ne  sont  pas  fixés  avec  une  cheville, 
mais  simplement,  collés  ^ 

Les  artistes  grecs  tenaient  si  peu  à  dissimuler  ce 
rapi(''cage  qu'ils  ne  craignaient  pas  de  sculpter  les  divers 
morceaux  dans  des  matières  difï'érentes.  On  connaît  les 
àxpoXtOot  [ACiiOLnuus]  que  les  sculpteurs  ne  cessèrent 
Jamais  de  fabri<(uer,  témoin  au  is"  siècle  l'Apollon  de 
Dapliné  de  lîryaxis'"  el,  plus  lard,  les  acrolilhes  de  Da- 
moplion  de  Messène  ".  l'n  procédi-  frétiuenl  était  de 
tailler  la  tèle  dans  une  pierre  de  ijiialilé  supérieure  et  le 
reste  du  corps  dans  une  matière  plus  commune.  Dans 
les  métopes  de  l'Héraion  de  Sélinonte  '^  la  tête,  les 
mains  et  les  pieds  des  ligures  féminines  sont  en  marbre 
blanc,  l(!  reste  du  corps  en  calcaire.  Le  plus  souvent  la 
qualité  seule  du  marbre  dill'ère,  la  partie  supérieure  de 
la  statue  étant  d'un  grain  plus  fin,  par  exemple  dans  la 
Vénus  de  Milo  '^  ou  la  Démêler  du  Cnide  ".  La  scul- 
pture gréco-égyplienne  de  l'époque  plolémaïque  a  rap- 
porté des  chevelures  de  plâtre  peint  sur  des  lèles  en  cal- 
caire ou  en  iharbre  '°. 

l'ne  fois  achevés  la  taille  el  l'assemblage  de  la  statue, 
il  reste  au  sculpteur  à  ajouter  un  certain  nombre  d'ac- 
cessoires de  matière  différente.  Les  yeux'"  sont  le  plus 
souvent  peints,  mais  (juelquefois,  par  un  procédé  em- 
prunté à  la  technique  des 
bronzes  el  courant  dans  la 


statuaire  égyptienne  '',  ils  sont  ligur(''s  par  une  matière 
étrangère  (llg.  ()2î()  et(>4U)  iocuLAïuis,  lig.  "i37j]  :  ainsi 

Aloniun.  l'iul,  1.  I,  p.  71  el  u.  I  ;  rurl«hngler,  .Vrisleruvrke  dcr  ijciccli.  Plnstiti, 
p.  Wi,  n.  l,liV7,  n.  i  ;  IJollignon,  .l/on.  IHot,  l.  X.  p.  14  (Icnon  de  marbre),  et  /Icc. 
de  mém.  pub.  par  ta  ,S"oc.  des  Aut.  p.  81,  pi.  iv;  U.  l'errol,  A/on.  Piot,  t.  Xlll, 
p.  117,  pi.  x;  Mayenccel  l.croux,  /liitt.  cor.  Iiell.  1307,  p.  390.  Tètes  s'adaplanl  a 
un  luislc  Iravaillé  â  pari:  Colliglion,  Mélnnijes  /*errot,  p.  53,  pi.  i.  et  lier,  arcfi. 
I!I03,  l.  1,  p.  t ,  |il.  Il  a  :  HiUer  von  Giirlrin.;cn,  Tliera,  t.  1,  p.  ti'  cl  228  (ces  der- 
niers de  lépoip.e  des  Antonins).  —  m  Eggcr,  /ler.  des  él.  gr.  I8s;l,p.  104  iCollisnoo, 
//ii(.  detasciilpt.  yr.  t.  Il,p  :I08  ;  S.  lieinacli,  /ler.  arcli.  1902,  l.  Il,  p.  IS;  Ame- 
Inng,  /Irr.  iircli.  1003,  l.  Il,  p.  187.  —  U  Collisuon,  I).  r.  L  11.  p.  nsG  ;  llickins,  .4ii- 
niiat  o/tlie  tiril.  scimol.  1900-7,  p.  WU.  —  13  Uenndurr,  II.  c.  p,  il.  —  IJ  liavaisson, 
/.Il  IcHiM  .fe^i/o,  p.  07.— Il  Collignon.  O.  c.  l.  Il,  p.  362.  —  1=  Von  Hissing,  ArcA. 
.\ii:eiiier,  tOOt,  p.  iOi.n"  23,  tig.  8  ;  Kubensolin,  Ari/i.  .lu;.  UI02,  p.  47  :  cf.  Ame- 
liiug,  lien.  arch.  1003,  l.  Il,  p.  182,  n.  2.  —  10  Cf.  sur  la  rcpruduclion  des  yeux  : 
Conze,  Veber  /Jarsteliunt/  des  nienscli.  Aitrj.  in  der  ant.  Sknlp.,  Sitz.  der 
Uerl.  Akad.del-  Wisa.  ISO»,  l.  1,  p.  47  ;  S.  Ilciiiacli.  Gaz.  des  II.- Arts,  1002,  I.  Il, 
p.  4:13;  Deonna,  O.  c.  p.  98; cf.  l'ollicr,  Calnt.  des  rases  du  f.oiirre.  I.  111,  p.  037. 
—  I"  i;r.   l'errol  l'I  lliipu'Z,    t.  1     p.  1,17,  048  ;   l'r.ihner.  .i/u.sres  de  /■relier,  p.  5. 


scu 


1 1  io 


SCU 


Fig.  fiiVi.  —  Boucli'  de 


les  yeux  du  Moscliophore  '  ont  été  préparés  pour  une 
ineruslalion  ;  sur  la  statue  de  l'Acropole  (182-  les  parties 
rajout('es  ont  disparu,  mais,  :\  l'angle  des  paupières,  on 
remarque  un  i)elit  Irou  où  s'enfoneail  une  cheville  desli- 
née  à  maintenir  une  pièce  de  rapport  ;  dans  la  slalue 
d'Anlf'-nor  le  ^iolie  des  yeux,  serti  entre  <\m\\  feuilles  de 
bronze  denleh'es  pour  imiter  les  cils,  est  formé  d'une  |iàte 
vitreuse  colorée.  Ailleurs,  des  marhres  de  diverses  cou- 
leurs^ on  des  pierres  précieuses'  enchâssés  dans  l'or- 
bite figurent  les  yeux.  Les  cils  sont  souvent  représrntés 
par  de  petites  lames  de  bronze.  Les  boucles  de  cheveux 
sont  parfois  aussi  en  bronze  (ou  en  cuivre  rouge)  ■  ou 
en  plomb  ''. 

Egalement  en  bronze,  surtout  en  bronze  doré,  sont 
certains  objets  de  parure  ou  d'armement.  Les  colliers 
des  corès  de  l'Acropole  '  qui  sont  quelquefois  taillés 
dans  le  marbre,  mais  le  plus  souvent  peints,  sont  dans 

de  rares  cas  rappor- 
tés en  bronze  ;  leur 
présence  primitive  se 
reconnaît  aux  trous 
de  scellement.  Les 
pendants  d'oreilles 
qui  sont, eux  aussi, le 
plus  souvent  en  mar- 
bre et  peints  de  vives 
couleurs  (iig.  024i), 
sont  parfois  en 
bronze  '.  Dans  la 
grande  figure  d'.Mliéna  de  la  Gigantomacliie  ainsi  que 
dans  la  Mké  archaïque  de  Délos  (fig.  t)!23l)  le  pendant 
d'oreille  est  fait  d'une  rondelle  de  marbre  percée  au 
milieu  d'un  trou  qui  fixait  une  rondelle  supplémentaire. 
Les  stéphanès  de  marbre'',  par  exemple  celle  de. la  statue 
d'Anténor,  porlent  parfois,  régulièrement  espacés,  des 
trous  d'où  sortaient  de  longs  et  fins  boutons  de  lotus  en 
bronze;  ailleurs,  des  fleurons  d'or  sont  insérés  sur  la 
tranche;  dans  un  cas  '"  la  couronne  elle-même  était  en 
bronze  doré.  Rnlin,  pendant  toute  la  duré-e  de  la  scul- 
pture grecque,  les  accessoires  tels  que  armes",  rênes  de 
chevaux,  sceptres  '-,  même  cuirasses  '',ont  dû  très  sou- 
vent être  en  bronze  probablement  doré. 


'  Lcchal,  Au  miiséi;  p.    107,  n.    1.  CI.    l'oUicr,   llitll.  corr.  hell.  IKIW,  p.  «.t. 

—  2  r.i.clial,  Au  musée,  f.  ±\i  et  fig.  ïi,  p.  ini  ;  SluJniczka,  Arch.  Jiihrh.  tssT. 
|>.  139.  —  >  TeHc  de  Uionisos  de  la  collociioii  Jacolisen  ;  Ariidl,  (lli/jilulh.  Ai/- 
Cnrhhenj,  pi.  xi  ;  Joiibin,  La  sculpt.  fjrecquc  entre  1rs  t/ticrres  inédiques  et  l'éjiot/iie 
de  Périili.1,  p.  107  :  cf.  Caiapanos,  Ùoduue,  p.  113,  îls,  pi.  i.x,  n'  0.  —  ^  L  Apollon 
de  Dapliii^',  de  Bryatis  (Bibl.  p.  Il4i  ii.  lu)  ;  cf.  Beulé,  JournnI  des  Savant  s',  IKII6, 
p.   673.  —  5  l.cclial,  Au  musée,  p.  i'id,  n,  ï  :  llvoinia.  A/iolions  arcliaiiiues,  p.  43. 

—  c  Fuilwiiiiglci-,  Die  Âeijineten,  p.  40  ;  Aeijiiia,  p.  i'.i'J.  —  ■;  l.echal.  An  musée. 
p.  ili  ;  l'criol  cl  Clii|iic',  l.  VIII,  p.  dm.  —  s  Cf.  en  dehors  des  corcs  une  Itlo  de 
IJélos,  Caviadias,  Cntal.  a'  23  ;  Huit.  curr.  hell.  1S79,  pi.  mi,  I  ;  pour 
répoijiie  gK'CO-romaine,  Collignun,  Itev.  arch.  i90.3,  l.  I,  p.  2,  pi.  ii  a.  —  '■»  l.e- 
chal,  Au  musée,    p.   2li9.   —   10  Slalue  «70  ;   Lccliat,  Au  musée,  Iig.   31,  p.  3i5. 

—  "  t'uHnimgkr.  //ic  Aegitteten,  p.  il;  Aegiua.  p.  2'J7  :  Ilull.  corr.  hell.  in'jn, 
p.  535  (lifsnr  de  Guide);  Conze,  Attische  Crabreliefs,  n'  1151,  pi.  ccm.ï;  11.18, 
pl.  c.;i.VMi  ,  Trou,  Arch.  Jnhrb.  IS95,  p.  31  (Ohmpie).  ^  12  Micliaclis,  Der  l'ur- 
thenon.f.ilâ;  Xcwlon,  Guide  to  Ihe  Maiisuleum  lluom,  p.  8;  Sinitli,  Calul.  o( 
sculpt.  of  llrit.  Mus.  l.  Il,  p.  89.  —  U  l.aloux  el  Moiiccairx,  llcslmir.  dOluni/ne. 
p.  7»,  pi.  il  p.  74;  Colliguou,  /Jist.  de  la  se.  i/r.  I.  I,  p.  437,  pl.  vu  vmi  [uù  l'on 
di^lîuguu  li-ès  bien  les  Irons  où  s'euroneateul  les  chevilles  d'allache).  —  c»  Lé- 
chât, Au  musée,  p.  Iu7.  —  1^  Furlniiugler,  Meisterwerke,  p.  5*9  ;  Ausij'uh.  von 
(llijmiiin,  t.  V,  p.  9.  —  lii  Cf.  [ar  ex.  la  base  ilOlynipie  eu  forme  d'ossclel,  Colli- 
gno»,  llist.  de  tu  se.  ijr.  t.  I,  p.  500.  —  <7  Collignou,  Ibid.  l.  I,  p.  131  cl  n.  4, 
p.  349;  KurUviingler,  Meislerwerke,  p.  35  ;  Lccliat,  Sculpt.  ait.  p.  3i9.  el 
Alonuments  l'iol.  1.  III,  p.  14.  —  I»  Homolle,  Fouilles  de  Delphes.  1.  Il,  pl.  xiv  ; 
Perrol  cl  Chipiez,  l.  VIII,  (ig.  185,  p.  393  (rapprocher  la  coupe  Winuer  Vorleye- 
lilnller,  IK89,  pl.  vui,  Iig.  C,  el  l'crrol  el  Chip  cz,  1.  VIII,  fig.  Isfi,  p.  397  :  cf.  encore 
le  vase  :  S.  lieiuach,  Itev.  des  él.  gr.  l'.io7.  p.  409,  les  auiphorcs  panallifTiaiiiucs,  etc. 

Vin. 


A  ce  moment  de  l'exécution,  le  sculpteur  fixe  sur  une 
base  la  plinthe  généralement  ménagée  à  la  partie  infi'-- 
rieiire  de  la  statue  (fig.  iViH).  La  base  est  fréquemment 
tailli'e  dans  une  matière  plus  commune,  ainsi  la  base  du 
MoscliO|>hfire  est  en  calcaire,  alors  qiit'  l'ieiivre  esten  ni.ir- 
bre";  quelquefois,  les  blocs  qui  la  composent  nesonliias 
lie  même  nature  :  l'Hermès  de  Praxitèle  a  une  base  donlla 
partie  intérieure  esten  calcaire  bleu  noir,  la  partie  siipé- 
rieureen  calcaire  blanc''  La  base  peut  affecter  tles  formes 
très  diverses  "  ;  le  plus  souvent,  c'est  un  simple  rec- 
tangle ou  un  tambour  circulaire  sur  lequel  la  statue 
est  soit  fixée  avec  des  tenons,  soit  simplement  posée  ; 
parfois,  en  particulier  pour  les  ex-voto,  tels  que  les  corès 
de  l'Acropole''  ou  le  Spiiinx  des  Naxiens,  à  Delphes  '", 
c'est  un  pilier  carré  ou  une  colonne  dont  la  polychromie 
s'accorde  avec  celle  de  la  statue  ''■"  ;  la  Victoire  de  Paio- 
nios  deMendé,  à  OIympie,se  dressait  sur  une  haute  base 
triangulaire-".  —  La  base  était  elle-même  souvent  ornée 
de  sculptures  en  relief  ;  la  base  d'Ipikartidès  trouvée  à 
Délos  ^'  témoigne  de  l'ancienneté  de  cet  usage;  celles 
du  Taureau  Farnèse  "  ou  du  Nil  -',  de  sa  durée  jusqu'à 
l'époque  hellénistique.  Ces  sculptures  figurent  parfois 
des  objets  rappelant  la  profession  du  personnage 
représenté  :  c'est  ainsi  qu'on  trouve  des  instruments  de 
chirurgie  sur  la  base  dune  statue  probablement  di-diéu 
à  un  chirurgien  ^'. 

Mais  la  base  servait  surtout  à  recevoir  l'inscription 
faisant  connaître  l'auteur  de  la  statue  ou  les  motifs  de 
son  érticlion  (fig.  3!»38,  40S-2)  ''%  inscription  parfois 
assez  longue,  en  certains  cas  rédigée  en  vers  ^^  La 
siguiiture  prenait  généralement  place  -■  (fig.  2528)  sur 
la  face  antérieure  de  la  base,  mais  on  la  trouve  aussi 
sur  le  côté,  sur  la  surface  horizontale  (à  (tlymiiie  avant 
le  iv«  siècle),  entre  les  cannelures  de  la  colonne  servant 
de  support  (usage  archaïque),  sur  la  plinthe  (usage 
tardif)^  ou  même  sur  des  parties  de  la  statue  ■'*'. 

Quant  aux  statues  de  fronton  -■',  elles  étaient  souvent 
fixées  au  tympan  par  derrière^"  ;  en  tout  cas,  la  plinthe 
à  laquelle  elles  étaient  généralement  adhérentes  ^'  était 
adaptée  à  la  corniche  par  des  chevilles  de  plomb  et 
des  crampons  de  bronze  '-.  Les  grandes  compositions, 
frises  ou  frontons,  ne  sont  généralement   pas  signées  ; 


—  la  Léchai,  Au  musée,  p.  S37.  —  20  Collignou,  //ist.  de  la  se.  gr.  l.  I,  p.  45ri, 
Iig.  239. —  21  Ibid.l.  1,  fig.  65,  p.  131.— 22  /4i(/.  l.ll.ng.  277,p.  534.  —23  Ibid. 
I.  II,  fig.  287,  p.  503;  Helliig,  Guide  dans  les  musées  d'arch.  cluss.  de  Itome, 
n"  47,  l.  I,  p.  28  (trail.  Toulain)  :  Amelung,  llie  Skutpt.  des  Vatican.  Muséums. 
n-  109,  t.  I,  pl.  iviii.  —  2'.  Anagnoslakis,  Hall.  corr.  hell.  1877,  p.  212,  pl.  n  ; 
cf.  Girard,  LAsclépieian  d' Athènes,  p.  17.  —  2b  Statues  dEvcînor,  d'Euthydikos, 
dAutéuor,  etc.  -  20  l/jwy,  Inschr.  gr.  Itildh.  p.  XII.  comptait  18  inscriptions  mé- 
Iriipies  contre  387  en  prose  ;  cf.  par  eï.  la  base  ilArkhermos  :  Lr,wy,  Inschr.  gr. 
Uildli.  a"  1  ;  Colliguou,  Uist.  de  ta  se.  gr.  t.  I,  Iig.  OS,  p.  130  cl  n.  2  ;  inscription 
gravide  sur  la  base  de  l'Eros  de  l'ra«iléle(iuscription  attribuée  à  l'raiitèlc  lui  môme)  : 
Ath(--n.  XIII,  59,  p.  5'Jl  A;  Ovcrbcck.  ,»n(.  .';<-/,n//-/)i/c»(n,  u°  1255;  elc— 27  l.iiwy, 
Inschr.  gr.  Uitdli.  p.  VII;  S.  lîeinacb,  Traité  d'épigr.  gr.  p.  440.  —  2S  Slainc  de 
Kbarès,  Héradc  Samos,  etc.  —  29  Les  statues  de  fronton  (cf.  Treu,  Arch.  Juhrh. 
1895,  p.  19)  étaient  nalurcllcment  terminées  dans  l'atelier  (cf.  sur  \'^^a.^n,.^i':,  des 
sculpteurs  :  Defrassc  et  l.echal,  Epidamc,  p.  01  ;  l.aloux  el  Sluuceaux,  /testaur. 
dOlijmpie,\i.  I  H)avanld'ôlre  mises  eu  place.  La  leclini(|uo  en  esl  la  même  i|ue  celles 
des  autres  statues  sauf  ipie  le  revers  des  figures,  caché  aux  regards,  est  parfois  assez 
grossièrement  travaillé  ;  le  sculpteur  va  même  jusipi'à  ne  pas  donner  d'épaisseur  aux 
parties  de  figures  recouvertes  par  d'autres  ;  l'exemple  des  chevaux  dans  les  frontons 
il'Olympic  est  très  caractéristique:  l.aloux  et  Monceaux,  Ileataur.  d'Oltjmpie,  p.  70 
et  78  ;  Collignon,  llist.  de  la  se.  gr.  t.  I,  p.  4i0,  fig.  220  el  227.  Sur  les  corrections 
aux  statues  qu'amenait  la  mise  en  place  ilans  l'esp-aco  Iriangulairc,  cf.  Ireu,  Arch. 
./ahrb.  1895,  p.  20.  —  M  Cf.  Treu,  Arch.  Juhrb.  1895,  p.  222.  —  »'  Cf.  Treu,  Arch. 
Jahrb.  1895.  p.  14;  cf.  pour  des  sliltues  de  fronton  sans  plinthes  fixées  direclement 
sur  la  corniche  les  sculptures  d'Epidaure;  l'urtnangler,  Sit:umjsber-der  philos.- 
philolog.und  d.  bislur.  Klasse  der  Akad.  der  Wissensch.  :u  MBnchen,  1903, 
,,    u-<    —  32  Furt»angler,  Oie  Aeijineten.  p.  40  ;   Aegina,  p    203,  290. 

144 


scr 


—  iii(i 


SGU 


on  reli'vo  pourtant  quelques  exceptions  :  ainsi  l'auteur 
ou  un  des  auteurs  tie  la  frise  du  tn-sor  de  C.uideà  Del- 
phes a  peint  sa  signature  sur  le  Iwiuelier  d'un  des 
géants  '  ;  on  a  «•gaiement  décliill'n'  quelques  signatures 
d'artistes  sur  la  moulure  sMp('i-ieiire  de  la  Irise  du  grand 
autel  de  l'ergame  -'. 

11  ne  reste  plus  ensuite  au  sculpteur  qu'à  ajouter  siu- 
la  lèle  de  certaines  statues  l'accessoire  appelé  |AT,vi(7KC/; 
(lig.  A'.K)i)  [mkmskos]  cl  à  passer  son  leuvre  au  peintre. 

Vin.  La  Pot.YC.UKOMiE.  —  Personne  nesonge]>liismainle- 
nanl  à  conteslerque  lesstalues  antiques  fussent  peintes^ 
[l'iCTiUA,  p.  -iliGJ.  .\  défaut  des  monuments,  les  textes 
seuls  seraient  assez  probants  ;  Pline  rapporte  ^  un  mol  <le 
Praxitèle  toucliant  sa  collaboration  avec  le  peintre 
iNicias  ;  l'ialon  parle  "  de  la  coloration  des  yeux  ;  Plu- 
tarque  fait  allusion'  aux  peintres  el  doreurs  de  statues  ; 
Kuripide  ''  el  VAntholot/ie  palatine  *  mentionnent  des 
bas-reliefs  peints.  Mais  à  ceux  que  li.'s  textes,  si  nombreux 
et  si  décisifs  fussent-ils, ne  réussissaienlpasùpersuader, 
des  découvertes  récentes  ont  apporté  un  témoignage 
irrécusable.  Les  sculptures  archaïques  de  l'Acropole  qui, 
au  moment  où  elles  sont  sorties  de  terre,  avaient  e(ui- 
servé  toute  leur  vive  polychromie,  nous  permettent  d'en 
étudier  le  caractère  et  la  disposition. 

On  peut,  sans  risque,  assurer  que  les  premières  statues 
en  bois  étaient  coloriées;  non  seulement  les  (jirecs  j)ri- 
mitifs  ont  dû,  comme  tous  les  peuples  enfants,  aimer 
les  vives  couleurs,  mais  encore  il  importait  d'assurer,  par 
un  enduit  extérieur,  la  conservation  d'une  matière  aussi 
sensible  que  le  bois  aux  influences  almosphérii|ues.  f>es 
inscriptions  de  D(''los'  nous  apprennent,  d'ailleurs,  qu'au 
Hi"  siècle  la  statue  de  b(us  oll'erte  annuellement  à  Dio- 
nysos était  peinte. 

Nous  sommes  parfaitement  renseignés  sur  le  système 
de  coloration  du  tuf".  Les  couleurs  employées  dans  les 
grands  groupes  de  l'Acropole  sont  avant  tout  le  rouge  el 
le  bleu  ;  ils  ne  se  pénètrent  pas,  mais  sont  étendus  par 
larges  pla(|ues  nettement  séparées.  On  trouve  aussi,  mais 
rarement,  le  jaune,  un  brun  indéterminé,  le  noir,  le 
blanc.  11  arrive  souvent"  que  les  parties  nues  des  per- 
sonnages sont  rouges,  les  barbes,  cheveux,  sourcils, 
bords  des  paupières  el  pupilles,  noirs  ;  le  globe  de  l'œil 
est  blanchâtre,  jaunâtre  ou  couleur  de  la  pierre;  dans  un 
cas,  l'iris  est  vert'-.  Le  corps  du  taureau,  dansle  groupe 
du  taureau  el  des  lions,  est  bleu,  alors  que  les  lions  sont 


iDull.  ciHi-.lwU.  1895,  p.  337.  —  2Fl'li.ikcl,  /nsc/i;-.  roii  Piri/nmon,  n"  7s-s.i  ; 
Colligiion,  /lisl.  de  la  si:  ijr.  l.  H,  p.  521.  —  3  liliiniiiiiT,  O.  c.  l.  III.  p.  iû3;  Silll, 
Arch.  d.  Kiinst.  p.  »I3  ;  Trcu,  Hollai  wir  uiiscrc  ^latuen  bemaleii  i'  Colligiioii,  /m 
pulycliromie  dans  ta  scal/ 1.  grecque,  Ilci'.  des  ÛLUX-Mondes,  IS'JB,  l.  I,p.  82:i(ii'.irn- 
primé  clici  Leroux.  IS9S);  Diniier,  llev.arch.  IK95,  l.  I,  p.  3i7  ;  I'.  Ciirard,  La 
peinture  nnlique.  p.  i77  ;  l'errol  cl  Cliipici,  Uisl.  lie  l'art,  l.  Vlll,  p.  2 1 1  ;  Gros  ol 
Henry,  L'encaustique,  p.  ai;  Léchai,  A'o/e  sur  la  pulychromie  des  statues  rjrecqais, 
Bev.  des  litudes  anciennes,  190S,    p.  IGl  :   Ueoin.a,  ApoUons  nrchuiques,  p.  47. 

—  ^  Nat.  Iiist.  XXXV,  i:n  :  liic  est  Niciasde  quudirebal  Praxitelcs  interroijntus 
quae  maximeoperasuaprobarel  in  marmorihus  :  quibus  Nicmsmanum  udmovissel, 
tantum  circumlilioni  ejus  tribuebal.  —  5  Hé/,,  |V,  p.  420  C  :  i»«tj  oî,  a,,  e!  i|nà; 
îvSfiivta;  ipoçovio;  »fO(is««,iv  tij  Wiyi  It'juv    Su  où  toIiKaiîli'TToi;  toù  Ç.;.ou  Ta  «iXkiata 

liilovi,  |iiT(f<ii(  iv  iSe>où{iEv  itjô;  «ùrtv  it^oXoYitaOai  a/y»»"*'  "  (l«u|»iaii,  |Aii  oTou  SiV, 
t.fii  «ît~  ««ioù«  o>«aV«0;  Tf«ç«..,  ioit  |.,Si  b=Oa»|.oO;  ..rvtoOa.,  ,.,«•«;  TiU»  ,.<},, 
4V»'  âtfei  i!  T«  ifo<7^.ovT«  rxiitoij  4i!oSiSo-.,,;  ti,  ÎÀov  .«Ji'o,  soioO,»,,.  _  6  Oliir. 
Attten.  G,  p.  348  F:  &Ya>|iùtuvtYxaU(Tt«î  «aï  /^jawTuîiKit  paaeT;.  Cf.  L'twy,  O.  c.  11°  3"i  1  ■ 
àvai|iai-,i.siH  4Y»«''"'i«  ;  "' '''""'■•es  k'vlc!,  dans  Bluinmcr,  O.  c.   l.  III,  p.  205,  n.  J. 

—  7    Frag.   7GU  (NaucUS)  ;    Yf«>i"'lî...tiitou;.   —    »     VII,    730,2  ;    Yt«"rt;...ti«o!. 

—  0  lioinolle,  Huit.  cuir.  hell.  I^'J0,  p.  39Ù  cl  497.  —  10  Leclial,  Au  musée 
p.  24t.  cl  Sculpl.  ail.  p.  79;  Uolliunoii,  Uisl.  de  la  se.  qr.  l.  I,  p.  210  ;  Fini- 
«aiiglcr,  Aeqma,  p.  3»4  -  <1  Fioilinn  (Je  llly.lre,  fioi.loi.  ioui..e,  fioi.loii 
nccideiilal  lie  rllécaliiiii|]e.l<)ii.    —    'iTôleMie/UiibelIlruc:    l.cilial,    .4,,   musée 


rouges.  Le  tympan  des  frontons  gardait  la  teinte  natu- 
relle de  la  pierre  ou  revêtait  une  couleur  jaune  peu 
did'é'renle.  La  piilyclu'diiiii'  du  tuf  l'iait  donc'-'  :  1"  une 
polycliniioie  liiliilc,  piiisi|Me  iiième  les  uns  t'taienl 
])eiuls,  ce  (lu'exigeait,  d'ailleurs,  la  mauvaise  «|ualité 
de  la  matière  dont  les  trous  et  les  tissures  avaient 
besoin  d'être  dissimulés";  2°  une  polychromie  conven- 
lionnolh',  puisque  le  rouge  et  le  bleu  étaient  les  cou- 
leurs essentielles,  ce  qui  s'explique  par  la  nécessité 
d'accorder  les  teintes  des  statues  avec  celles  de  l'archi- 
lecture  environnante. 

En  passant  au  marbre'',  l'artiste  grec  modifia  son 
système  de  polychromie.  Le  marbre  est  une  matière  assez 
belle  pour  ne  pas  être  cachée  sous  une  couverte;  on 
peut  aussi  supposer  que  le  goùl  public,  s'aflinant,  deve- 
nait plus  sensible  à  la  beauté  des  formes  et  à  l'harmonie 
des  teintes  qu'à  la  vivacité  des  couleurs.  Dans  la  colora- 
tion des  frises  il  se  produit  un  phénomène  analogue  à  la 
substitution  des  ligures  rouges  aux  ligures  noires  dans  la 
peinture  de  vases  '^  ;  les  «  valeurs  soutenues  >>  sont  réser- 
vées au  fond  qui,  dans  le  trésor  des  Cnidiens,  est  bleu  '^; 
les  chairs  sont  sans  couleur,  seuls  les  armes  el  les  vête- 
ments sont  légèrement  coloriés.  Sur  les  statues  archaï- 
ques de  l'Acropole  un  cinquièmeseulementde  la  surface 
est  peint'*;  on  ne  trouve  plus  de  grandes  couches  uni- 
formes: la  couleur  se  réfugie  dans  les  détails  de  la  tête 
et  sur  les  bandes  brodées  des  vêtements.  Pour  la  tête,  les 
lèvres  sont  rouges,  les  sourcils  noirs,  les  paupières  bor- 
dées d'un  trait  noir  imitant  l'aspectdescils,  l'iris  de  l'œil, 
forméd'iin  cerclerouge  ayant  pourcentre  lapupille  noire, 
est  limité  extérieurement  par  un  lin  traitnoir  ;  les  boucles 
d'oreilles  et  la  Stéphane  portent  des  dessins  rouges  et 
plus  souvent  bleus  ;  la  chevelure  est  rouge  sauf  en  deux 
cas,  dont  l'un  ilouteiix,  où  elle  serait  jaune  d'ocre'". 
Les  couleurs  principales  sont  donc  toujours  le  rouge  el 
le  bleu;  le  jaune  et  l'or  sont  exceptionnels  ;  le  noir  est 
limité  à  l'œil  elaux  sourcils.  Sur  le  vêtement,  la  couleur 
se  restreint  aux  bandes  brodées;  dansle  corps  del'étoH'e, 
il  n'y  a  que  de  rares  et  petites  taches  rouges  et  bleues, 
mais  les  bordures  inférieure  et  supérieure  et  la  Ttapuctv) 
du  chiton  sont  ornées  de  méandres,  points,  rubans,  tou- 
jours en  rouge  et  en  bleu  (fig.  6239).  Pour  (|ue  les  couleurs 
ne  risquent  pas  de  s'étendre,  le  dessin  des  ornements 
était  gravé  au  burin  avant  l'application  de  la  couleur^". 
Ce  détail  de  technique  n'est  pas  particulier  aux  marbriers 


p.  2«,  cl  Sciilpt.  ail.  p.  SI  ;  cl.  .4»/.  Deilkut.  1,  ISSU,  pi.  xxx;  Collifïnoii,  Hist. 
de  la  se.  (jr.  l.  I,  pi.  n;  l'enol  el  Cliipicz.  t.  Vlll.  pi.  [ii.  —  1:1  Collignon,  /iVu.  des 
lieux-Mondes,  I89S,  t.  1,  p.  828.  CI',  aussi  à  Delphes  les  nicMopes  en  fut  du  trésor 
lies  Sicyonicns  :  Bull.  corr.  hell.  1894,  p.  188.  —  Il  M.  Hurgold  a  supposé 
(E.>||i.  4f/..  1885,  p.  249;  cf.  I.echal.  Au  musée,  p.  33,  n.  I)  saits  raison,  sem- 
blc-t-il.  (|ironapplii|niiil  un  enduit  au-ilcssous  des  couleurs;  les  trous  de  la  pierre 
devaielll  être  siniplenienl  bouchés  avec  un  mastic.  —  'S  Léchai,  Au  musée,  p.  25:?, 
cl  Scii(/>/.  ai/,  p.  31(i  ;  Collignon,  //.  de  la  se.  i/r,  t.  I,  p.  317;  Furtwitngler, 
Aegina,  f.  3ul.  —  'C  Collignon,  Jler.  des  Deux- Mondes,  1895,  t.  1,  p.  828: 
Lcchal,  Hculpt.  ait.  p.  323.  Sur  les  rappoils  avec  la  peinture  de  vases,  cf.  brown- 
son,  American  Journal  of  archaeologij,  1893,  p.  28;  Pollicr,  Calai,  des  vases 
du  Lomn-e,  t.  111,  p.  ti3l  ;  Furtwiinglor,  Aegina,  p.  341.  —  n  /tull.  c07'r.  hell. 
1894,  p.  194;  1895,  p.  533;  1896,  p.  589;  Fouilles  de  Delphes,  t.  IV,  pi.  xxi- 
xxin;  FurtwHnglcr,  Aeqina  p.  300.  De  même  au  iv  siècle  la  fri^c  du  Mausolée;  cf. 
.Newton,  Guide  lu  Ihe  Mausulcum  Iluoni.  p.  S  ;  Sinilh.  Calai,  of  sculpl.  of  Ilrit. 
Aîus.\.i\,  p.  97;  Collignon,  Ilist.  de  lase.gr.  t.  11,  p.  332,  n.  l;  cf.  encore 
Laloux  et  Monceaux,  Itestaur.  d'Olijmpie,  p.  92  ;  Conze,  Altiscbe  Orabreliefs, 
n"  1,  pt.  I  :  2,  pi  n  ;  15,  pi.  ix,  2.  —  18  Lechat,  Au  musée,  p.  255  ;  cf.  Furlwangler, 
Aeyina,  p.  303.  —  "  Slaluc  n"  087;  Lcchal,  Au  tnusée,  (ig.  12,  p.  ICI,  p.  205, 
p.  254  cl  n.  1.  Télc  déphèbe,  n»  089  :  Lcchal,  Jb.  flg.  39,  p.  375,  p.  20ti,  n.  2: 
Collignon,  Hist.  delà  sculpl.  gr.  t.  1,  fig.  184,  p.  302;  F'errol  et  Chipiez,  t.  Vlll, 
pi.  xiv.  Piiur  «luelqucs  létes  viriles  bleues,  cf.  Lcchal,  Au  musée,  p.  20ii, 
11.    2.  —  i'i   .^»"   Mi   et    682   de   rAcro|iole  ;   cf.    Lcchal,  .lu    musée,  p.  2,i2,  u.   I. 


scr 


—  lli- 


SGU 


atli(|ups,  on  le  relrouvo  sur  la  Niko  diloil  Arklici-inos  '  elki 
slaliii'  lie  Kliarùs  -.  Nous  connaissons  beaucoup  moins  bien 
le  système  polychromique  des  siècles  suivants  ^.  Nous  re- 
levons surbeaucoiip  de  statues  des  traces  de  couleur,  mais 
aucune  o'uvre  en  ronde  bosse  ne  nous  est  parvenue  avec 
sa  polycliroinie  complète.  C'est  ainsi  qu'on  retrouve  des 
restes  de  coloris  sur  les  marbres  d'Égine  ',  la  draperie  de 
l'Apollon  du  fronton  occidental  du  lem|)le  d'Olympie  ■, 
les  vêtements  des  statues  du  Mausolée  d'IIalicarnasse '', 
la  chevelure  et  les  sandales  de  l'Hermès  de  Praxitèle'. 
Par  contre,  quebjues  stèles  atliques  "ont  gardé  leurs  cou- 
leurs, et,  grâce  au  sarcophage  dit  d'Alexandre",  conservé 
au  musée  de  Constantinople  (fig.  (ilOG),  nous  pouvons 
nous  représenter  une  statue  peinte  du  iV  siècle.  Les 
teintes  sont  très  variées,  ce  sont  :  le  violet,  le  pourpre, 
le  bleu,  le  jaune,  le  rouge  carminé,  le  rouge  brun, 
le  bistre  ("?).  La  couleur,  largement  étalée  sur  les  vête- 
ments, n'est  employée  sur  le  corps  que  pour  la  chevelure 
brun  rouge  et  les  yeux  à  iris  bleu  ou  brun.  Sur  les 
statuettes  de  terre  cuite  [kiclimm  opus],  dont  la  poly- 
chromie'" imite  probablement  celle  de  la  grande  scul- 
|)ture,  on  retrouve  les  mêmes  couleurs  et  la  mèrne 
disposition  ;  le  rouge  et  le  bleu"  sont  les  teintes  de  beau- 
coup les  plus  fréquentes,  et  ils  sont  toujours  employés 
en  tons  unis;  on  a  également  recours  à  la  dorure'-.  On 
peut  donc  penser  que  la  statuaire  sur  marbre  réserva, 
d'ordinaire,  la  couleur  aux  vêtements  et  h  quelques  rares 
parties  du  corps  :  cheveux,  barbe,  yeux,  lèvres. 

Quant  aux  nus"  l'on  étendait  probablement  sur  eux 
un  glacis  très  léger  et  transparent,  de  teinte  uniforme, 
sans  tons  rompus  ni  essai  de  moflelage,  ayant  pour  but 
de  réchaulTer  le  ton  du  marbre,  non  de  donner  l'illusion 
de  la  réalité  ''*.  La  nature  délicate  de  ce  frottis  fait  qu'il 
s'est  rarement  conservé  jusqu'à  nous  ;  on  ne  le  reconnaît 
guère  avec  certitude,  parmi  les  œuvres  purement  grec- 
ques, que  sur  le  sarcophage  d'.Mexandre  ' '. 

Certaines  parties,  par  l'application  d'un  proc(''dé  fré- 
quent pour  les  statues  de  bron/e,  élaienl  dorées"'.  La 
dorure  devait  être  souvent  refaite;  des  âmes  jpieuses  se 

<  bollji>  (jrai-r,  Atli.  .]'iltli  IS8!I,  p.  3I'J  :  rf.  uni'  sUluc  aicljaii|iiL'  clL'toisc  :  Culli- 
giion,  /tt;i\  areli.  iy08,  l.  I,  p.  150;  des  sti'lcs  alli(|ucs,  p.-ii-  ux.  Cuiize,  Attiscliv 
Gmbreliefs.  n»  I,  pi.  i  ;  des  oiiicnicnls  ai-clilli-clui-aux  ;  Laloux  cl  Monccau.v, 
/testaur.  d'Otympie,  p.  Ti.  Kapprorlior  le  pi'OC<ïdc  de  rescpiissc  dans  la  peiiituie 
de  vases:  l'cleisen,  Areli.  Zeilij.  1870,  p.  0  ;  liavcl  cl  Collignoii,  Uist.  (le  ta  ci'-ra- 
miqtte  t/r.  p.  X  ;  Pollicp,  Calai,  des  rases  du  Louvre^  l.  III,  p.  GOi.  —  -  Ncwloii, 
/Jist,  of  discoveries  ai  /Jalicarnassiis,  Cnidus  and  Branc/iidae,  l.  II,  p.  -i'-^-  ; 
Smith,  Caiat.  of  sculpl.  of  Urit.  Mus.  n»  14,  t.  I.  p.  il.  —  3  lirunu,  Gesdi.  dir 
ijr.  Kûnslier  2,  t.  1,  p.  301.  —  l  Furlwaiigler,  Aei/ina,  p.  300.  —  5  Curlius  cl 
Adkr,  Oli/mpia,l.  III,  p.  09;  Tieu,  Arch.  JaJirli.  18!)3,  p.  23.  —  ONcwlon,  O. 
r.  l.  I,  p.  loi,  m.  —  'I  Colli^iioii,  Uial.  de  la  se.  r/r.  1.  Il,  p.  'JUt.  Cf.  aussi 
Wiulcr,  Areli.  Anieiijer,  l«!>i,  p.  I3S;  Oiuvc,  Uiili.  con:  heil.  is'.lii, 
p.  k«l  el  183;  Colliguoil,  HeK.  arch.  1903,  I.  I,  p.  i:  Wiegaud  el  Scliradur, 
l'runc,  p.  372.  —  »  Par  ex.  Coiiic.  Aiiiselie  Oraljreiie/s,  ii"  1151,  pi.  ccm.v  (slHe 
d  ArisloiiauU'Sl.  —  »  !lamdy-Bey  et  Th.  Iteiiiach,  Une  nécropole  rnijaie  à  .Siduii, 
p.  3i5,  pi.  \xxiv-xxxvii;  cf.  Colligllun,  Hisi.  de  la  se.  ijr.  t.  I,  p.  404,  pi.  viii  ; 
l'ui-lwiiuglcr,  Aegina,  p.  307.  —  10  Potlici',  Le.i  siiUwiies  de  terre  cidte  dans 
t'ttntit/uité,  p.  259  ;  J.  Martlia,  Caial.  des  fif/iirines  en  teiTe  caiie  du  Musée  de  la 
S„riél';  archéoloijique  d'Athènes,  p.  XXVI;  l'olticr  et  Kciiiach,  An  nécropole  dr 
.Mi/rina,  p.    137,  302,    pi.    xxiii  ;    (liiish,    Gree/c   Icrracoia  tiaiueties,  p.    231. 

—  Il    Cf.  Lucian,  Lexiph.    22  :  vu»  ^l   Ut^Dii;  asUTov  toT;  uni  tIï    >9(OIl)làOviv  i!;  -.r,; 

n  ««•>  !;Sfj«î.>î  .'v.  Cf.  Uarllia,  Calai,  des  fii/urines.  p.  XXV,  n.  8.  —  12  pol 
lier.  Les  statideierre  cuite,  p.  200;  Potliercl  Hcin.ich,  la  nécropoie.de  Mijrina, 
p.  139.  —  13  Trcu,  Arch.  Jahrb.  1S89,  p.  18;  1893,  p.  27;  llauidyBev  cl  Th.  I!.  i- 
iiach,  f.'ne  nécro/mle  roynli,  p.  328;  liirard,  La  peinture  antique,  p.  282  :  Çolli- 
gnon,  Ilecue  des  Deux-Mondes,  1893,  t.  I,  p.  815,  847;  Hist.  de  la  se.  ijr.  I.  Il, 
p.  H 1  ;  llomolle,  Onii.  corr.  Ad/.  1890,  p.  497elsc|.;  cf.  Mnnumculs  el  .Mé- 
moires l-tot.  VI,  p.  135.  —  Il  Cf.  poiiilaiil  Ticii,  Arch.  Jahrij.  IK^9,  p.  18,  pour 
qui    la  coloration  des    nus   se  [>roposc   de  reprothiiru  le    ton    même  de   la  chair. 

—  Sur  les  statuettes  ilc  terre  cnilc  les  nus  ^oiil  lecnuverls  d'un  ton  hruji  rouge  ou 
jaune   fonr^.,    parfois  nii^nic    rosé,   iniUaul    la   nliair     il.   l'ollier    cl    M.iiiacli,   La 


chargeaient,     en   échange    d'un  vieu   exaucé,    de  faire 
redorer  des  statues  ou  des  parties  de  statues'". 

IX.  Le  p.ati.nac.e.  —  La  statue  peinte,  restait  à  lui  faire 
subir  l'opération  appelée  vivojdtç  ou,  quelquefois,  xot- 
aY,iTt;'*.  Cette  opération,  qui  devait  se  renouveler  ets'appli- 
quait  aussi  bien  aux  statues  de  bois  ou  de  pierre  qu'aux 
marbres,  aussi  bien  aux  parties  nues  qu'aux  parties 
vêtues,  avait  pour  but  de  préserver  la  fraîcheur  des  cou- 
leurs, l'iine  '"  et  Vilruve-"  nous  ont  décrit  le  procédé:  on 
prenait  de  la  cire  punique-',  recommandée  comme  la 
plus  blanche  el  la  plus  pure;  on  la  faisait  fondre  et  on 
la  mélangeait  avec  un  peu  d'Iiuili-,  également  épurée  et 
décolorée;  on  faisait  chaull'er  le  mélange  sur  des  char- 
bons, on  retendait,  puis  on  frottait  avec  une  chandelle, 
afin  que  la  dernière  opération,  le  cliaufl'agt!  à  sec  à  l'aide 
de  linges  blancs,  n'enlijvàt  pas  la  cire  encore  liquide.  Des 
comptes  de  Délos,  datant  du  m"  siècle,  font  allusion  à 
ce  procédé,  et  nous  le  représentent  d'une  façon  analogue, 
mais  non  exactement  semblable.  Voici,  tels  que  nous  les 
fournissent  les  inscriptions,  ces  comptes  pour  les  années 
'lld,  269,  ^.50  et  201  --  : 


!i 

7!) 

;;i 

KjiMngcs  .. . 

2dr 

Iih. 

Nitru 

4ol). 

:,i) 

,.121  i 

Huile     tipu- 

3dr 

■ioh. 

:m.-.  Il 

!,. 

rOe-'  .... 

(lcliousl;2l 

Lingeetcire 

4ol). 

l'.iifum  -'•  . 

5dr 

lidr 

Tulal 

II. Il 

5  oh. 

lldl.  1 

i'l,iob. 

4ob.  \,i 

Idi-. 

i  (Jr. 

1  .lr.;;oi.. 

(o  rllnusl 

lir.f^Lldi-. 
oirc     Soi.. 

2oli. 

fidr.   toli.  1/2 

:.di-. 

(1  colylc) 

Les  comptes  mentionnent  des  éponges,  du  niire,  de 
l'essence  de  rose  ;  il  est  donc  probable  que  l'on  cominen- 
çait  par  un  lavage  à  l'eau  avec  des  éponges  ri  (pie, 
l'huile  étant  substituée  à  la  cire,  il  était  inutile  de  faire 
fondre.  On  ajoutait  de  plus  un  parfum. 

La  viv(o(7t;  ou  /'.o'7(AY|<;ti;  était  coudée  à  des  ouvriers 
a|)pelés  xoTjAïiTaî.  On  peutse  faire  une  idée  de  leur  impor- 
tance si  l'on  [>enseque,  pour  l'image  de  Dionysos  à  iJi'los, 
lexo7[jLï,Tr,;  est  plus  [payi' que  le  sculjileur  ou  le  [leiiilre-". 

nécropole  de  Mijrina,  p.  138  et  n.  3  ;  p.  353,  u°  2.55.  —  i-  Cf.  aussi,  Trcu,  .1/c'i. 
Jahrb.  18S9,  p.  22,  u.  5;  Pollier,  Arch.  Anzeir/er,  1889,  p.  03  ;  Siltl,  Arch.  der 
Knnst,  p.  414,  n.  5,  llaindy-Bey  et  Th.  Ucinach.  l/ne  nécropole  roijale.  p.  328, 
n.  2.  Signalons  encore,  comme  exemple  d'un  procéilé  gréco-égyptien  à  l'épotpie 
ptolémaïquc,  une  lôtc  en  calcaire  coniplèlement  recouverte  d'un  enduit  de  sine 
coloré  ;  von  Bissing,  Arch.  Anzeii/er,  1901,  p.  203,  n"  23,  (ig.  8  (cf.  Amclung,  Her. 
arch.  1903,  t.  Il,  p.  182,  n.  2).  —  16  Blumncr,  O.  c.  t.  III,  p.  209;  Amclung, 
dans  Wicnor  Jabresheft.  XI,  1908,  p.  IS'i;  cf.  Plutar<|ue  cilé  p.  1 1 4B  n.  0;  cl 
comme  ex.  Icsparlies  en  bois  de  l'Apollon  de  Daphnc,  de  Bryaxis  (hihi.  p.  I  UV 
n.  10).  —  n  Cf.  Jahn  l'ers.  Il,  57,  p.  134.  —  18  Blûmner,  O.c.  t.  III,  p.  200;  Colli 
gnon,  fier,  des  Deux  Mondes,  ['''Ji,  l.  I,  p.  846;  Girard,  La  peinture  antii/ur, 
p.  281  ;  cf.  pour  l'époque  archaïc|uc  :  Léchai,  Au  musée,  p.  253;  La  sculpt.  ail. 
p.  327,  n.  I.  On  relève  des  traces  du  palinage  à  la  cire  sur  la  télé  du  (irislish  Mu- 
séum, rreu,  Arch.  Jahrb.  1889.  p.  20  ;  surdeux  léiesde  Diesde  :  Treu,  Arch.  Jahrb. 

1889,  p.  20,  n.  2,  et  Arch.  Anzeiger,  1889,  p.  98.  —  l'J  Xat.  hist.  XXXIII,  122: 
Jtemedium  ut  paricte  siccato  cera  Punica  cum  oleo  lit/uefacta  candens  saclis 
inducatur  iterumque  odmotis  ijalea  carbonibus  inurnlur  ad  sudorem  usque,  postea 
candclis  subir/atur  ac  deinde  linteis  puris,  sicut  et  mnrmora  nitescunt.  —  20  Oc 
arch.  vu,  9,  3  :  A  sil  qui  subtitior  fueril  et  volueril  expolilionem  miniaceam  suum 
colorera  retinere,  cum  paries  expolitns  et  artdus  fuerit,  ceram.  Punicam  iqni 
liquefaclam  paulo  oleo  temperatam  saeta  inducat,  deinde  postea  carbonibus  m 
ferreo  vase  composais  eam  ceram  a proxime  cum  paricte  calfaciundo  sudare  coiptl, 
itaque  ut  peraequeiur,  deinde  tune  candela  linteisque  puris  subii/at,  uti  siyua 
marmorea  nuda  euranlur.  llaecaulem  vivo,».;  Graecedicilur.  —  H  Plin.  A'al.  hist. 
XXI.  83  ;  cf.  Treu,  Arch.  Jahrb.  1889,  p.  23.  —22  Homolle.  Bull.  corr.  hell.  1890, 
|,.   4<js.  _  23  ;/„,,,  ,,„,;,.  _  2t  ^-iç,,  ji8,.o-/.    —  25  llomolle,    Bull.   corr.  hell. 

1890,  p.  502.  Il  est  vrai  que,  dans  le  prix  de  la  xi  |ir,»tî,  ou  faisait  peul-élre  ren- 
trer la  fourniluredu  costume  de  la  statue;  Homolle.  /.  c.  1890,  p.  503,  n.  2  Cf. 
sur  les  •«.iSîv-xa;,  qui  renipliss.iicnt  le  même  orficc,  iOlvmpie;  Paus.  V,  14,5  ;  La- 
loux el  Monceaux,  Itcstaur.  d'Ulympie,  p.  98  ;  à  Eleusis  ;  Koucarl,  Les  ijrands  mijs- 
lèret  dKleusis,  Mém.  de  VAcad.  des  inscr.  et  b.-leltres,  t.  XXXVII,  1,  p.  59,  7ii, 
73,  loi:  il  Athènes:  l-'oucarl.  Ibid.  p.  39.  n.  3. 


scr 


—  iii8  — 


scr 


X.  I,K  HKUF.K.  —  1,'art  (lu  ri'lii'fa  suivi  la  inèiiii'  (■volu- 
tion  que  la  sculplun'  l'ii  ronde  bosse;  aussi  n'avons-nous 
pas  eu  besoin  de  les  distinguer  dans  la  plupart  des  para- 
graphes précédents.  Il  noussul'litdonc  de  relever  quelques 
parlieularités  techniques.  La  difTérencc  essentielle  entre 
la  technique  ancienne  du  bas-relief  et  la  technique 
moderne'  t'sl  que,  dans  la  seconde,  le  fond  forme  une 
surface  unie,  les  saillies  variant  de  hauteur;  dans  la  pre- 
mière, au  contraire,  par  un  héritage  de  l'art  oriental  cl 
égyptien,  les  saillies  sont  au  même  niveau  et  la  profon- 
deur du  fond  est  inégale.  On  commençait  par  reporter 
sur  la  pierre,  probablement  d'après  un  modèle  dessiné  ^, 
le  motif  à  repré.senter  ;  on  fixait  les  contours  par  des 
trous  de  foret  plus  ou  moins  rapprochés  les  uns  des 
autres,  et  on  les  réunissait  à  l'aide  du  ciseau  ;  Benndorf  ■' 
a  retrouvé  ces  trous  de  foret  sur  les  métopes  de  Séli- 
nonte  et  certaines  parties  de  la  frise  du  Parthénon.  On 
creusait  le  fond  suivant  les  besoins  du  modelage.  Parfois, 
dans  les  œuvres  de  prix  modeste,  les  contours  ne  sont 
qu'incisés  '';  ailleurs  %  et  même  dans  des  œuvres  archi- 
tecturales", une  partie  de  la  représentation  est  sculptée, 
le  reste  est  peint. 

Les  artistes  grecs  ont  naturellement  commeneé  par  un 
très  bas  relief  ^fig.  382(1,  3S27),  mais  assez  vile  ils  se  sont 
risques  à  faire  saillir  les  ligures  et  ont  appris  à  faire 
tourner  le  modelé  (lig.  3X28).  Le  relief  du  plus  ancien 
fronlon  altique,  celui  de  l'Hydre,  dépasse  rarement  3  cen- 
timètres ;  celui  du  Fronlon  Rouge  atteint  21  centimè- 
tres ''.  Au  fronlon  occidental  de  l'ilécutompédon,  le 
sculpteur  sait  déjà  détacher  les  ligures  et  unir  dans  le 
Triton  le  haut-relief  à  la  ronde  bosse  (maximum  du  re- 
lief :  42  centimètres  *).  Cette  association  du  relief  et  de 
la  ronde  bosse  se  retrouve  fréquemment  dans  la  sculpture 
en  marbre,  par  exemple  au  fronlon  du  trésor  des  ("ni- 
dicns'',dans  des  stèles  attiques '",  dans  la  frise  du  grand 
autel  de  Pergame(lig.  37  io)  ". 

Une  sorte  assez  rare  de  relief  est  le  relief  applique, 
adaptation  au  marbre  d'une  teeiinique  fréquente  pour 
l'argile.  Nous  n'en  connaissons  d'exemple  que  la  frise 
de  riireclitliéion  ;  les  ligures  en  marbre  y  étaient  fixées 
sur  un  fond  en  calcaire  sombre  éleusinien'-  par  des 
tenons  les  retenant  en  arrière  et  en  dessous.  En  outre, 
là  où  s'appliquaient  les  figures,  on  retrouve  sur  la  pierre 
éleusinienne  une  mince  couche  de  stuc  ou  de  ciment  qui 
devait  servir  à  préserver  de  l'air  la  jointure '^ 

Les  reliefs  portent  quelquefois,  comme  les  vases  peints, 
des  inscriptions  désignant  les  personnages.  Dans  certains 


I  Blûnincr,  O.  c.  I.  III,  p.  J13;  Scliôno,  Orirch.  tteliefs.  p.  21  ;  Coiizc.  Uekr  flifs 
Itelicf  hci  tien  Grieclien^SitznnijslKriMctttr  Berlin.  Akad.  dcr  VCissemch.  Iss.', 
{.  I,p.  5(i3  ;  Hciimloif,  MeloïKn  von  Sclimtnl,yi.  +1  ;  Silll,  Arc/i.  ilerKimsl,  p.  400. 
l'our  i|uclqucs  pai'licul.in(<'9  U:clinii|iics  distiriors  à  faire  niicm  saillir  le  relief,  cf. 
Klicliaelis,  Der  J'artlienon,  p.  204;  iioloiis  sp<'?cialemeiit  le  procêdù  ((ui  consiste  ù 
douiicr  i  la  partie  supérieure  d'une  frise  un  plus  liaul  relief  ipià  la  partie  inférieure  ; 
eesl  ainsi  que  dans  la  frise  du  l'artdénou  (ef.  Jlichaelis,  O.  c.  p.  203)  le  relief,  dont  la 
hauteur  est  de  4  I  ;2àS  ccntiniéires  dans  la  partie  inférieure,  alleint  5  centiniéires  I  2 
dans  la  partie  supérieure.  —  *  Kckule,  IJie  (iriippe  îles  Hûnstlers  .Veiielaos,  p.  l'J; 
Conze.  SitziinyiiOer.  der  Uertin.  Alcad.  ISS2,  t.  I,  p.  57C  ;  Micliiielis,  Der  Parllie- 
non,  p.  205,  —  3  Met.  ion  .Sc/iJi.  p  41  et  n.  I.  —  '  Conze,  Ail.  Grabreliefs,  ir  22, 
pi.  >ni,  —  '  Par  ex.  Cunze,  O.  c.  n'  32.  pi.  xvn,  21,  mix,  70»,  cixxviu,  etc.  —  '■  .'<ui- 
la  frise  du  Insor  des  Cniiliens.  Unll.  coie.  Inll.  Is'jli,  p.  5»!l.  reilains  détails  sont 
SMupIcnienl  indiqués  au  pnic.au.  —  1  l.ecliat,  Seiilpl.  ail.  p.  35.  —  S  ijîchal.  Hciilpl. 
nit.  p.  4').  —  9  l'errot  et  Chipiez,  I,  VIII,  p.  3ii6  :  la  partie  inférieure  de< 
ligures  est  en  bas-relief,  les  torses  en  roinle  Iiosse.  —  '0  (xiuze,  AU.  Grahreliefs^ 
n'  1151,  pi.  cciif.  —  Il  Collignon,  llisl.  de  In  se.  gr.  t.  Il,  lig.  265,  p.  518;  cf. 
encore  Schreilicr,  IJelten.  IleliefMder,  pi.  i.ixi.  —  la  CIA  i  (=IG  i),  n"  322,  col. 
I,  I.  41  ;ô  KXtuaivtuxci;  >i6o;  njô;  wi  t«  ^.«la  =  Clioisy,  Etudes  épiifraphit/ia's  sur 
(archilecl.  ijr.  p.  '.lo.  Cf.  liliiuimer,  fl.  c.  I.  III.  p.  213  ;  .Scliône,  Gr.  Ilelirfs,  p.  I, 


reliefs  archaïques,  tels  ([ue  les  métopes  en  tuf  du  trésor 
des  Sicyoniens"  à  Delphes,  ces  inscriptions  sont  peintes 
en  lettres  noires.  A  la  belle  époque  on  trouve  des  inscrip- 
tions gravées  soit  à  ctité  de  ligures  allégoriques,  telles 
que  la  Boulé"'  (fig.  872)  ou  la  ville  de  Kios  '"  pour  en 
faciliter  l'intcrprélalion,  soit  à  côté  de  représentations 
de  personnages  réels  afin  de  conserver  nominalement 
leur  souvenir  ''. 

XI.  La  scrLi'Ti'iiF,  f-.x  Éthirie.  —  Comme  spécimens  de 
la  plastitjue  étrusque  "  [eïrisciJ  nous  possédons  surtout 
des  œuvres  en  terre  cuite  [ficlinum  oris]  et  des  bronzes 
[sTATUARiA  ARs].  Lcs  statucs  CH  pieiTc  nc  devaient  pas 
être  moins  nombreuses,  mais  presque  toutes  ont  péri  ; 
nous  sommes  plus  riches  en  reliefs. 

La  matière.  —  Les  Étrusques  ont  emiiloyé  toutes 
sortes  de  matières  :  bois'%  pierres  à  petits  ou  gros  grains, 
tufs  calcaires  jaunes  ou  gris,  marbres,  albâtres,  pierres 
volcaniques.  Ils  semblent  pourtant  avoir  recherché  de 
préférence  les  pierres  les  plus  tendres. 

La  taille.  —  Elle  se  pratiquait  probablement  de  la 
même  façon  qu'en  Grèce.  Laseulpture  est,  en  Étrurie,  un 
art  d'importation-",  et  les  artistes  grecs  y  oui  sans  doute 
introduit  avec  eux  leurs  procédés  el  leur  outillage. 

L'ajustage.  —  Le  rapportage  des  pièces  est  constant,  en 
particulier  pour  les  pierres  très  tendres,  telles  que  le  rispo 
de  Chiiisi.  Les  morceaux  rapportés  s'emboîtent  dans  des 
trous  ménagés  à  dessein  où  ils  sont  maintenus  par  des 
crochets  (lig.  280ît) -';  l'ouvrier  ne  prend  inéme  pas  le 
soin  de  dissimuler  l'assemblage 

La  polychromie. —  Les  statues  de  pierre  ne  nous  sont 
pas  parvenues,  comme  les  œuvres  en  terre  cuite,  avec 
leur  polychromie  complète.  Il  nous  est  pourtant  possible 
d'en  relever  sur  elles  des  traces  qui  permettent  d'assurer 
l'existence  d'un  enduit  coloré  déposé  tantôt  sur  la  sur- 
face de  la  pierre,  tantôt  sur  une  couche  de  stuc  plus  ou 
moins  épaisse-'-. 

XII.  La  scFLPTiRE  A  Home.  —  On  peut  à  peine  parler  de 
sctilpltire  romaine  ;  dans  ce  domaine  ",  les  seules  teuvres 
originales  ont  été  les  imuijines  [imagines]  de  cire  mou- 
lées par  des  artistes  indigènes'-''  el  conservées  dans 
l'atrium,  mais  qui  n'avaient  pas  toujours  une  valeur  artis- 
tique [cERA,  lig.  12!tl].  La  statuaire  proprement  dite  est 
grecque;  et  si  l'art  romain  sut,  dans  le  portrait  ou  le  bas- 
relief  historique,  trouver  les  motifs  d'une  inspiration 
originale,  la  technique  romaine  de  la  sculpture  diffère 
peu  de  la  technique  grecque.  Il  suffit  donc  de  noter 
quelques  particularités. 


pl.  i-iv;  Collignon,  llisl.  de  la  se.  t,r.  I,  II,  p.  11.  —  13  Schiine,  Gr.  Iteliefs, 
p.  I.  —  I»  (lollignon.  Ilev.  des  l)cuj:-.yondes,  IS'.i,"»,  t.  I,  p.  S28  ;  l'errot  et  Chipiez, 
t.  VIII,  p.  45S;  Uull.  corr.  Iiell.  IS'J4,  p.  IS7  ;  ISM,  p.  C58.  Cf.  aussi  le  trésor 
de  Cnide  ;  Uull.  corr.  hc'.l.  1S!)4,  p.  194;  18%,  p.  5«(i,  n.  i  ;  fouilles  de  Delphes, 
l.  IV,  pl.  xxi-xxni;  l'errot  el  Chipiez,  l.  VllI,  p.  573.  —  15  Siliime,  Gr.  Heliefs, 
n"  94.  pi.  xxu.  -  lii  Sch.me,  Gr.  Heliefs.  n"  53,  pl.  ix.  Cf.  n-  48,  pl.  vu,  f.3,  xni. 
Duinont,  lîull.  corr.  Iietl.  1^78,  p.  562  ;  cf.  les  inscriptions  à  côté  de  ligures  nllé- 
^■oriques  dans  les  vases,  l'oltier,  Mon.  i/recs,  t.  II,  ISS'JUO,  p.  15.  —  "  Girard,  /lull. 
corr.  hell.  IS77,  p.  161, n"  22;  162,  n»  30;  IS78,  p.  73,  pi.  vni  ;  Von  Uuhn.  Alli. 
Mitth.  1877,  p.  221,  pl.  xvi  ;  Girard,  LAsciépieion  dAlliénes,  p.  45.  —  I»  Cf. 
J.  Marlha,  Litrl  élrusciue,  p.  2!)8  ;  Kiirle,  dans  l'aulv  et  Wissowa,  Real-linrijrlo- 
pmlie.  t.  VI,  1,  p.  7(13.  Sur  l'anliquilé  de  la  slaluaire  élrusipie  :  l'Iin.  Xal.  hisl. 
.VXXIV,  :i:i.  ^  il  IMiu.  .\al.  hisl.  XIV,  v  ;  XVI,  216.  -  i"  Cf.  la  légende  .les 
Corinthiens  Ek|ilmntos,  Eukheii  et  Eugrauinins,  vinus  en  ËIrurie  avec  Uémaraios 
vers  655  (ol.  XXXI,  2):  l'Iin.  Xnl.  hisl.  XXXV,  16  et  152.  Cl.  J.  IMartha,  Z.'«if 
étrusque,  p.  308;  Kfirte.  dans  Pauly  el  Wissowa,  Iteal-Encyclop.  t.  VI,  1,  p.  759. 

—  21  Cf.  par  ex.  la  sUtuc  de  Cliiusi  :  Micali,  Monnm.  inedili,  pl.  x.xvi.  2  ;  .Marlha. 
.\rl  étrusque,  lig.  203,  p.  301.  —  '-"-  Conestabile,  Sepolcro  dci  Votunni,  p.  68,  69. 

—  21  Cf.  Mar.|uardt,  La  vie  privée  des  llomains,  l.  II,  p.  262  (tr.  fr).  —  2t  pli,,. 
^^nl.  hisl.  XXXV,  6  :  Xoti  ,si'/nrt  e.vternoriim  uvlificmu. 


scu 


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SCU 


l.a  mtilière.  —  Les  Rninains  n'ont  pas  usé  des  mêmes 
malièrcs  que  les  Grecs  '.  Aux  niarl)res  gre<s  ils  onl 
subsliliié  le  marbre  de  Luna  (Carrare),  et  ont  également 
recouru  aux  marbres  de  couleur  [lapides,  marmor"  - 
et  à  Talbàlre.  Comme  les  anciens  Égyptiens  ',  ils  ont 
travaillé  les  pierres  dures  :  porplixre,  basalte,  granit, 
rouge  anti(|ue'. 

La  taille.  —  Le  foret  'continue  à  jouer  un  rôle 
toujours  plus  grand  ;  dans  les  derniers  siècles  de  la 
sculpture  romaine  il  remplace  presque  complètement 
le  ciseau,  en  particulier  dans  ces  bas-reliefs  à  bon 
niarcbé  que  l'on  sculptait  à  la  hâte  sur  les  faces  des 
sarcophages.  La  part  du  ciseau  se  trouve  aussi  res- 
reinte  dans  le  traitement  des  surfaces  planes;  le  polis- 
sage acquiert  de  plus  en  plus  d'importance  et  tend  à 
donner  au  marbre  un  lustre  qui  lui  enlève  tout  carac- 
tère, mais  le  fait  briller  comme  de  la  belle  porcelaine  *. 
Des  traces  de  mise  aux  points  se  rencontrant  sur 
diverses  statues  '\  on  peut  penser  que  l'usage  de  la 
maquette  devient  général  et  que  l'on  emploie  sensible- 
ment les  mêmes  procédés  iiu'aujourd'hui.  Dans  le  détail 
mie  façon  nouvelle  de  représenter  l'ieil  en  creusant 
hi  pu|>ille  apparaît  sur  les  bas-reliefs  dès  l'époque 
d'Auguste,  et  dans  la  sculpture  en  ronde  bosse  au  temj)s 
dlladrien  (fig.  184'J)«. 

L'ajuxlftge.  —  Les  Romains  ont  beaucoup  prali(|ué 
ime  technique  analogue  à  l'ancienne  technique  des 
acrolilhes,  et  ont  aimé  associer  des  matières  de  couleurs 
différentes  [acrolituls,  fig.  68,  69]  ■' :  ainsi  l'.Xpollon 
assis  du  Musée  National  de  Naples,  en  porphyre  rouge, 
a  la  tète  elles  extrémités  en  marbre  blanc  '". 

La  polychromie.  —  L'usage  de  la  polychromie  s'est 
conservé  durant  toute  l'époque  romaine".  On  peut  même 
conclure  d'une  tête  du  Bristisli  Muséum  que  la  colora- 
lion  des  nus  devient  de  plus  en  plus  réaliste  '-.  La 
slulue  de  Faustine,  femme  d'Anlonin  le  Pieux,  morte 
en  1-41  '^  laisse  encore  voir  des  traces  de  dorure  "  sur  la 
chevelure,  et  des  rehauts  de  couleur  sur  la  draperie.  P  our- 
lant la  technique  des  yeux  notée  plus  haut  semble 
indiquer  dans  le  courant  du  ii"  siècle  un  recul  de  la 
polychromie 

Le  relief.  —  La  teciini([ue  du  relief  ne  dilTère  pas  de 

1  Bliimiinr,  0,c.l.lll,p.  189;  Com-I  ami,  if  bai-r-tUcf  romain  à  repri^senltttions 
historiques,  p.  43.  —  2  Cf.  par  ex .  .1/its^c  'In  Louvre.  Catalogne  sommaire  des  mar- 
Are»on<lV/u<.s,  p. '"J,  no"  135V,  1358,  1361.  1301,  clc.  —  3  PcrrolclCIlipicz,  l.  I.p.  UTi. 
—  ^  Par  KX.  Musée  dn  Louvre.  Calai,  jo/nm-itre,  p.  79,  n"'  135  >,  1 335  ;  p.  sn,  u"»  1 37i, 
1381,  1383,  lie).  —  5  lilûmocr,  O.  e.  l.  III,  p.  lOii.  —  6  Jliid.  1.  III.  p.  l'.W;  cf. 
par  ex.  le  biislc  de  Commode  au  Palais  dos  ennservalcurs  :  Bi-uiin-Krtickmann, 
ttenkm.  ijriech.  und  rnm.  .Skulptttr,  n»  i70  ;  llcibig,  Guide,  n°  558,  l.  I,  p.  UT  ; 
Slrong,  lloman  Sculpture, p.  315,  374,  pi.  exii.  —  '  Clarar,  A/usée  de  sculpl.  I.  1, 
p.  U4;  Blûmncr,  O.  e.  t.  III,  p.  I9Î  ;  Braun,  Bull,  delf  tusl.  ti*\,  p.  liS  ; 
Beiindorf  cl  Sclueiic,  llildwerke  des  Laternn.  Muséums,  n'  492,  p  350  ;  Scliredicr, 
Ani.  midu:  der  Villa  Ludovisi,  n'  l,  ji.  4i  ;  n»  71,  p.  93  :  surtout  n"  2n9,  p.  ioii; 
Klileliell,  //ist.  of  une.  sculpture,  p.  G8i.  Pour  des  aU:licrs  avec  oulils  cl  «euvrcs 
inacliciées.  cf.  Pellegriui,  Uull.  deW  Inst.  IS59,  p.  6S  —  "Oonzc,  Sitzuntjsbcr  dcr 
Berlin.  Aka't.  189i,  l.  I,  p.|49;  Colliguon,  Rer.  des  Deux-Moudes,  ISJ5,  I.  I, 
p.  843;  Slrong,  Bom.  sculpt.  p.  57-58,  105,  374-375.  —  '  Blûmncr,  O.  c.  1.  III, 
p.  210.  —  I»  Guida  del  Museo  Xazionale  di  Xapoli.  n'  707,  p.  188:  Ueiuach. 
Itépert.  de  la  statuaire,  t.  I,  p.  254,1  ;  cf.  encore  les  prètrcsfcs  disis  (marbre  noir 
et  eilrémiU'S  eu  marbre  blanc).  Guida  del  Museo  yazionatedi  Napoli,  n*»  7(18  el 
710,  p.  189  ;  Bcinarli,  t.  I,  p.  012. i  ftépcrt.  ;  Anliuotjs  Braschi  (partie  nue  du  corp^ 
en  marbre,  rétemeul  en  bronze),  Iteinacli,  Brpert.  l.  i,  p.  584,  I,  el  Apollo. 
(Ig.  1 37  ;  llcibig.  Guide,  n"  295,  l.  I,  p.  21 1  ;  Slrong.  Bom.  sculpt.  p.  250  ;  la  lèli'  : 
Brunn-Bruckmann,  Deukm.  </r.  und  riim.  Skulplur,  a'  501  (Icvie  de  ISulle)  ;  les 
slalues;  Musée  du  Louvre.  C'utul.  somiuuire  des  marbre:t  ant.,  p.  78,  n"  1345  p.  79, 
n"  1354,  (301  ;  p.  80,  n"  I3S),  1383.  etc.  —  "  Collignon,  Bev.  des  Deux-Mondes, 
1893,  t.  I,  p.  8io.  Cf.  sur  II  peinture  au  niiiiiuni  de  la  statue  de  Jupiter  Capilolin 
el  l'iniporlancc  religieuse  donoéc  à  c  lie  opération  :  Plin.  Nul.  Inst.  X.WIII,  III 
l'cf.  Lcchal,  Sculpt.  ail.  p.  90,  n.  2);  sur  la  ^àvw^t;  du  la  même  statue  :  Plut. 
Qunest.  Bom.  98,  p.    287  H.  —    12  Trcu,   Arcli.  Jalirh.  1SS9,  p|.  i.  _  13   Annali, 


la  lechnii|iie  grecque'',  mais  l'usage  particulier  qu'en 
onl  fait  les  Komains  mérite  d'être  signalé  :  ils  l'onl  sur- 
tout appliqué  à  la  décoration  des  arcs  de  triomphe  et  des 
colonnes  triomphales  ifig.  179,  488,  -1418,  4692);  or,  si 
tous  les  éléments  de  l'arc  et  de  la  colonne  se  retrouvent 
dans  l'art  grec,  les  Romains  ont  les  premiers"  imaginé 
de  les  faire  servir  à  la  glorification  d'empereurs  en  les 
couvrant  de  bas  reliefs  comméiiioraiil  et  re|>résenlaiit 
leurs  exploits. 

Ces  modifications  sont,  on  le  voit,  peu  importantes. 
Klles  suffisent  cependant  pour  marinier,  en  même  temps 
qu'une  décadence  du  goût  dans  le  choix  des  matières, 
une  tendance  i'i  diminuer,  de  plus  en  plus,  l'importance 
artistique  de  l'exécution  technique.  C'est  qu'indillérents 
à  tout  ce  que  les  maîtres  hellénii|ues  surent  y  mettre 
de  personnalité,  plus  soucieux  du  sens  historique  ou 
moral  que  de  la  beauté  plastique  des  œuvres,  les  Ro- 
mains ne  trouvaient  plus  que  la  part  du  métier  là  où  les 
Grecs  avaient  vu  une  partie  intégrante  de  l'art. 

B.  La  comutign  di  sculpteur.  —  I.  La  Grèi;e  préiiis- 
TORIOUE.  —  Par  une  rencontre  assez  curieuse,  nous 
ne  sommes  pas  complètement  di'poiirvus  de  rensei- 
gnements sur  la  conililion  des  sculpteurs  tlans  la  Grèce 
('géenne.  On  a  retrouvé  à  Cnossos  un  atelier  de  lapi- 
daire '"  et  un  atelier  de  sculpteur  "*  ;  dans  ce  dernier 
était  une  amphore  en  pierre  simplement  dégrossie. 
.Nous  avons  là  la  preuve  que  des  groupes  de  praticiens 
el  d'artistes  vivaient  el  travaillaient  dans  l'enceinte 
même  du  palais  " 

IL  LaGrèi:e  classique.  —  Les  souri:es.  —  Nos  sourci's 
sur  l'histoire  des  sculpteurs  et  des  artistes  grecs,  en 
général,  sont  fort  pauvres,  non  que  l'antiquité  se  fïit 
désintéressée  d'eux,  mais  les  ouvrages  que  Xénocralès 
de  Sicyone,  Anligonos  de  Karystos,  Douris  de  Samos, 
Iléliodore  d'Athènes,  Pasitélès  de  Naples-",  avaient  com- 
posés soit  sur  l'histoire  de  l'art  sculptural,  soit  sur  les 
vies  des  artistes,  ne  nous  sont  accessibles  qu'à  travers 
les  compilateurs  tels  que  Pline-'  chez  qui  il  est  souvent 
difficile  de  distinguer  avec  certitude  la  légende  du  fait 
historique.  Pourtant,  en  réunissant  ces  indications,  les 
renseignements  épars  dans  les  divers  écrivains'--  et  le 
témoignage  plus  sur  des  inscriptions,  on  arrive  à  se  faire 

1863,  p.  450  :  Mon.  ined.  Vl-VII.  pl.  i.jxxiv,  2  ;  cf.  aussi  une  slaluellc  d'Apbrodilc 
Irouvéc  à  Pompéi:  Dilllicr,  Arch.  Zeiti/.  ISSl,  p.  131,  pl.vu;  une  statue  d'Auguste 
au  Vatican:  Helbig,  Guide,  n'  5,  l.  1,  p.  5.  Cf.  la  [winlurc  de  Pom|)*i  représentant 
une  femme  probatilement  cil  Iraio  de  peindre  un  Hermès  :  Helbig,  Campan.  Wand- 
ycmiïlde,  p.  34) ,  n°  1 143  ;  Jalui,  Abhandl.  der  Sâchs.  Gesellsch.  [pictura,  lig.  5053  , 
Philol.-hislor.  Klnsse,  l.  V,  1870,  p.  298,  pl.  v,  5;  Blûmncr,  0.  c.  t.  III,  p.  225  cl 
220,  fig.  37.  —  '4  Lacbcvelure  de  la  Vénus  de  Médicis  portait  des  traces  de  dorure 
lors  de  sa  découverle  :  Bliimnei.  O.  c.  l.  III,  p.  209,  m.  2.  Cf.  rErosdcTIiespics  doui 
Néron  fit  dorer  les  ailes  de  marbre:  Collignon,  Hisl.  de  la  se.  i/r.  t.  II.  p.  200  ; 
une  statue  de  lépoc|uc  d  Hadrien  :  Helbig,  Guide,  n»  700,  t.  I,  p.  522.  —  15  ,«igua- 
loos  seulement  sur  les  bas-reliefs  d'Orange  el  de  Saiiit-Réniy  l'Iiabilude,  probable- 
ment spéciale  aux  sculpteurs  gaulois,  de  faire  ressortir  les  figures  en  les  cernant 
d'un  profond  sillon  :  S.  Reinacli,  Bronzes  fir/urés  de  la  Gaule  romaine,  p.  20  ; 
Courbaud,  Le  bas-relief  rom.im,  p.  343.  —  1»  Courbaud,  p.  O.  c.  734.  —  '7  Evans, 
Annual  of  llte  British  Sclioot  in  Alliens,  1900-1,  p.  20.—  "»  Evans,  tbid.  1900-1, 
p.  92;  cf.  Burro«s,  Uiscorer.  in  Crète,  p.  90.  —  Il  Cf.  aussi  Uuiraud,  /.«  mai>i 
dœurre  industrielle  dans  fane.  Grèce,  p.  3.  —  20  Cf.  Jex-Blake  el  .Sellers,  T/„:  e 
er  Plinij's  chaptcrs  on  tlie  history  of  art,  p.  XVI;  Perrol  et  Clpipiez,  t.  VIII. 
p.  2  40.  Douris  de  Samos,  né  vers  3i0,  avait  écrit  un  ouvrage  sur  les  peiulrrs,  .tj': 
!;«.I3iç«.,  et  très  probablcnicul  aussi  un  sur  les  scnipleui-s.  Il  send.le  s'élre 
intéresse  surtout  à  la  biographie  des  artistes  el  aux  aiu-cdiites  persoinielles.  Cicé- 
xoniAdAlt.  VI,  I.  18,  le  juge  assez  ravorablenienl.  Plular.|ue  (/ViiW.  28.1)  avec 
sévérité.  —  2'  Pline  lui-même  na  souveni  connu  ces  historiens  qu'à  travers  Var- 
ron.  Pour  les  sources  de  Pline  ajoulcr  aux  uondireus  ouvrages  cl  ilissertalions 
cités  dans  l'iulroduclion  ilc  Scllcrs  :  Kalkmaun,  Die  Quellen  der  Kunsigeschiehte 
,lesl'linius.—ii  Réunis  en  1808  par  Ovcrbcck  dans  ses  Antike  Sc/irifli/uellen  zur 
GeschiclUe  der  hildeudvn  Kunst  bei  den  Griechen.  Cf.  encore  Sluart  Jones,  Seteet 
passages  from  unrieul  u-riter.'i  tllustralire  of  Ih,  liiilani  of  f/reek  sculpture. 


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mil'  itli'i'  ;ii>pro\iin;Uiv('  de  la  coiiililinii  (l'un  sriil|il('ur 
ilaiis  la  société  grecque'. 

lli.  L'api'uentissacic.  —  l'ii  Grec  pimvail  iliUmler  de 
ililTérenIcs  façons  dans  la  carrière  arlisliqiie;  le  plus 
souvenl  il  était  hii-mèiue  fils  d'un  artiste,  et  c'était  en 
l'cgardant  son  père  travailler  dans  son  atelier  qu'il  ]ire- 
nait  le  gtu'it  des  choses  de  l'art.  Les  familles  où  l'art  se 
transmet  de  père  en  lils  par  tradition  sont  très  n<iui- 
Itreuses  dans  l'antiquité  grec(iue  depuis  les  temps  les 
plus  anciens  Jusqu'à  l'époque  gréco-romaine-.  Ainsi,  à 
Cliios,  à  la  lin  du  vu'"  et  au  début  du  vi°  siècle,  nous 
connaissiMisqualregr'ru'ral  ions  succ(!ssives  de  sculpteurs  : 
M('las,  i)ère  di'  MikNiadès,  grand-père  d'ArkIieruios, 
;irrière-grand-pèi-e  de  Donpalos  et  Atliènis^;  à  Sauios, 
un  peu  plus  lard,  Kiioekos  et  Tliéodoros  sont  les  lils  de 
deux  artistes,  Pliiléas  et  Téléidès'.  Aristoklès  de  Kydonia 
est  père  de  kléietas,  lui-nièinc  père  d'Aristoklèsde  Sicyone 
et  du  célèbre  Kanakhos'.  .\u  iv  siècle,  iVaxitèle  est  le 
père',  probablement  le  lils'  cl  pi'ul-étre  le  pelit-lils'* 
de  sculpliuirs  renommés,  l'ius  lard  encore,  au  ii'  siècle, 
l'olyklès  d'Athènes  est  père,  grand-père,  arrière-grand- 
j)ère  de  sculitteurs". 

Lorsqu'un  jeune  liomuu',  sans  a|)i)arlenir  lui-même  à 
une  famille  d'artistes,  avait  le  goùl  d(;  la  sculpture,  il 
entrait  dans  un  atelier.  Les  grands  artistes  avaient  tou- 
jours autour  d'eux  un  certain  nombre  d'élèves  qu'ils 
initiaient  aux  diflicultés  du  métier  et  sur  lesquels  ils  se 
dt'chargeaient  sans  doute  des  travaux  les  moins  délicats. 
Pour  devenir  l'i'lève  d'un  grand  artiste  il  devait  falloir 
une  certaine  fortune;  nous  n'avons  aucun  renseignement 
sur  ce  qiui  pouvait  coûter  un  ai)prenlissage  de  sculpteur, 
mais  Pline  nous  dit '''  que  li'  peintre  Pamphilos'de  Sicyone 
exigeait  un  talentpour  l'éducation  complète,  soiloOO  de- 
niers par  an  (ce  qui  fait  durer  l'apprentissage  environ 
dix  ans).  C'était  là  une  grosse  somme"  ;  aussi  les  jeunes 
gens  i)auvres  étaient-ils  forcés  de  débuter  comme  simples 
ouvriers;  ainsi  lit,  dit-on,  Lysijjpe  '-. 

Quelle  était  l'éducation  du  jeune  homme  admis  dans 
un  atelier  de  scul[)lure?  J)ans  l'atelica-  même  il  est  |u-o- 
bal>le  (jue  le  mailre  lui  donnait  surtout  une  éducation  de 
praticien,  lui  apprenant  à  choisir  les  marbres,  à  manier 
le  ciseau,  à  ajuster  délicatement  les  diverses  parties'^. 


I  a.  lianii,  /If  ht  conililiiiti  des  arlisics  iluiis  t'untirjiiilr  tjrecqiie;  Hliimiier, 
teOcns-iind  llitdunymianii  dues  griccli.  Kiinsllcrs,  Oe/I'iiilliclie  VorlrSi/e 
gehallen  in  dcr  Scliwci:,  t.  IX,  cahier  8.  —  i  Cf.  Guiraud,  la  main-d'ifuvn 
iiiduslr.  p.  tjj;    KraiicoUe,  L'industrie    dans   ta  (îrêce  ancienne,    l.  I,   p.  29fi. 

—  3  Cf.  l'Iiil,  Aal.  hist.  XXXVI,  Il  ;  Hrumi,  desch.  der  gr.  Knnsllcr-^,  l.  I, 
p.  Î'J;  Jex-Ulake  and  Scllurs,  U.  c.  p.  ISf.,  note  au  §  II,  3;  Robert,  Arcli.  Mnr- 
clicn,  p.  115  ;  Lony,  Insclii:  ijriccli.  Hitdliaiier,  n"  1  ;  Colligjioii,  //.  de  la  se.  ijr. 
l.l,  p.  I3t;  l'errol  cl  Chipiez,  1.  VIII,  p.  iU'J  ;  Uclial,  Sculpt.  utl.  p.  llill.ii.  i, 
p.  171,  n.  C.  —  ter.  bruuii,  O.  c.  l.  I,  p.  l'i  ;  Colligiioii,  U.  de  la  se.  ijr.  I,  J, 
p.  I  M.  —  û  Collifîuou,  <).  c.  t.  I,  p.  309  ;  cf.  pour  une  généalogie  din'érentc  :  liriinii, 
".  r.  I.  1,  |i.  ;.s.  —  li  Sur  Képhisodolc  le  Jeune  et  Tini.irkhos,  cf.  lîrunn,  '/.  c. 
1.  I,  p.  y.i:  Collignon,  //.  de  la  se.  ijr.  t.  Il,  p.  418.  -  ">  Sur  Képhisodolc  lAii 
eien.cf.  l'Iiu.  l\at.  hisl.  XXXIV,  87  ;  lirunn,  ().  e.  t.  I,  p.  189;  l'urt» angler,  Meis- 
lerwerkc,  p.  513  ;  Collign O.  c.  t.  Il,  p,  I7S,  il.ïi,  et  Heapas  et  Piaxitéte,  p,  li. 

—  *  Sur  rranitèlc  l'Ancien,  cf.  Kurlwiingler,  Meislerwerke,  p.  137;  Colli- 
guon,  U.  de  la  se.   ijr.    I.  Il,    p.   I7S  cl  n.  1  ;  cl  .Sco/ias  el    l'raxiléle,  p.    13. 

—  !)  lirunn,  O.  c.  l.  I,  p.  377;  GurliU  tielier  Pnusan.  p.  303;  Collignon,  U.  c. 
t.  Il,  p.  r.ii  cl  a.  ».  ;  Jex-lilake  cl  Sclkrs,  11.  e.  pi.  :i  p.  208  A.  Cf.  les  auleuis  du 
Laocoou  :  II.  vun  Uiirlringen,,  ylrc/i.  ,/n//ii.  IStU,  p.  37;  Çollignou.  II.  c.  I.  Il, 
p.  555  élu.  r>:  Jei-Blakcel  Sellers,  O.  c  pi.  à  p.  208  li  ;  lAIhéuien  iiiklicii,  lils 
el  père  dun  Uulioulidi-s  ;    iSruini,  U.  e.  1.  I,  p.  38".  ;  Collignon.   O.  c.  I.  Il,  p.   lil'.l. 

—  l'I  Xal.hist.  XXXV,  7li  :  duei.il  Watiiiiliilna)iirmiiiemtalenlu  minuris  —  annnis 
.)f  D—  (/unm  mercedem  el  .X/ielles  el  Melanlhius  dedere  ei.  Cf.  l'Iut,  Aral.  13,1. 

—  u  L'urgenl  avait  alors  itcpl  ou  huit  fuis  plus  de  valeur  ({u'aujourd'hui  :  Foucarl, 
/Inll.  eorr.  Iiell.  1890,  p.  593,  n.  1  (cf.  Sehiiuiann,  Anli<i<iités  gree,/nes  (Ir.nd.  tla- 
luski).  I.  I,  p.  i'Ji)  ;  au  v"  siôclc  le  salaire  normal  d'un  ouvrier  est  de  I  drachme, 
il  csl  sensihh'uieul  pln>  éh'vé  au  n'.  Cf.  (iuiiaud,  /.u  „„iin-d;,;,i-n-  indiislr.  p.  183;' 


OiiaiiL  à  la  coiimiissance  de  la  nature,  ce  iiélait  pas 
dans  l'atelier  (juil  l'acquérait,  mais  au  dehors.  L'étude 
de  l'être  vivant  et  l'application  à  le  reproduire  aussi 
exactement  que  possible  ne  se  développèrent  que  peu  à 
peu  dans  l'art  grec  ;  les  naïvetés  et  les  erreurs  des 
o'uvres  primitives  et  archaïques  inontri-nt  assez  quelle 
part  tenaient,  dans  la  conception  du  corps  humain,  d'an- 
ciennes traditions  transmises  et  acceptées  au  même  titre 
que  les  procédés  lechniipies.  Cr.  fut,  on  l'a  bien  souvent 
ri'iiiar(|ué  ''',  grâce  au  développement  des  grands  jeux  et 
des  exercices  gyinniiiues  (jue  les  sculpteurs  grecs,  ayant 
souvent  l'occasion  de  voir  des  corps  nus,  prirent  l'habi- 
tude d'en  observer  le  détail  et  acquirent  une  certaine 
science  de  l'anatomie  humaine.  U  faut  donc  se  repré- 
senter l'apprenti  sculpteur  allant  souvent  à  la  palestre 
contempler  les  exercices  des  jeunes  gens,  se  rendant 
même  parfois  à  Olympie  ou  à  Delphes  pour  étudier  en 
leur  plein  déploiement  le  jeu  dcsforcesathlétiques.  Quant 
à  l'usage  d'un  modèle  vivant  posant  devant  l'artiste  "',  il 
ne  semble  pas  avoir  existé  pour  les  corps  d'hommes"; 
on  a  seulemeni  relevé  dans  les  textes  littéraires  quelques 
allusions  à  des  hétaïres  posant  comme  modèles".  Mais, 
à  mesure  que  les  chefs-d'œuvre  s'accumulèrent  et  que, 
d'autre  part,  le  goût  de  l'observation  minutieuse  et  pré- 
cise se  développa,  une  pareille  méthode  devint  impos- 
sible. Les  artistes  archaïques  avaient  sans  doute  une 
sorte  de  canon,  i)uis((u'à  distance  ïhéodoros  et  Téléklès 
purent  fondre  les  deux  moitiés  d'une  statue  et  les 
rapporter  ensuite  exactement'*,  mais  ce  canon  n'avait 
pas  de  rigueur  absolue.  Lorsqu'il  exista  des  chefs- 
d'd'uvre  classiques,  l'i'lude  s'en  imposa  sans  doute  dans 
les  ateliers,  et  les  jeunes  sculpteurs  durent  étudier 
tlu'oriquement  les  œuvres  des  grands  maîtres  et,  à 
l'occasion,  leurs  écrits  pour  acquérir  une  connaissance 
exacte  du  canon  de  Polydète''^  ou,  plus  tard,  du  canon 
de  Ijysippe-".  Cette  étude  des  chefs-d'œuvre  fut,  au 
iV  siècle,  rendue  plus  aisée  dans  toutes  les  parties  du 
monde  grec,  lorsque  Lysistralos  de  Sicyone,  frère  de 
Lysip|ie,  inventa  le  moulage  des  statues-'.  L'art  grec, 
d'ailleurs,  n'en  poursuivit  pas  moins  l'étude  précise  de 
la  nature  ;  une  autre  découverte  de  Lysistralos,  celle  du 
moulage  sur  le  vif,  dut  même  introduire  dans  Féduca- 


Krancolle,  l.'i,i,li,sh-ie  dans  la  Gréée  nne.  t.  1,  p.  3i0;  llomullc,  ûull.  corr.  hrll. 
18911,  p.  477;  l'oucarl,  /Inll.  corr.  kell.  Is'.lO,  p.  590,  n.  2,  591,  n.  1.  —  12  l'Iiu. 
Nal.  Iiisl.  XXXIV,  1)1.  Cf.  parmi  les  peintres  les  déliuls  de  frologèuc  (l'Ini.  KnI. 
hisl.  XXXV,  loi)  el  d'Erigonos  (Plin.  iVa(.  hisl.  XXXV,  145).-  13  Cf.  léducalii.n 
diuuicc  par  son  oncle  au  jeune  Lucien.  Somn.,  3;  il  commence  par  lui  mettre  un 
ui:irlcau  entre  les  mains.  —  14  Cf.  eu  dernier  lieu  Deoiina,  Apollons  arc/taiqne^, 
p.  29  el  n.  7.  —  ^•>  l'errol.  De  l'élude  et  de  l'usage  du  modèle  vivant,  /ter.  Arclt. 
18611,  l.  1.  p.  55  el  Mémoires  d'arehéotugie,  d'épigra/jli.  et  d'/tistoire,  p.  3. 
~  Iti  l'as  plus  pour  les  peintres  que  pour  les  sculpteurs;  l'histoire  de  l'arrliasios 
(Sin.  Controv.  X,  5)  torturant  nu  vieillard  d'Illyulhe,  modèle  de  l'rométhcc  supplicié, 
liarail  hicn  invraisenililable.  —  "  Xcn.  JUénwr.  III,  11,  t  et  2;  Athen.  XIII,  5», 
p.  ■>88  e;  Cic.  De  invent.  II,  2.  Les  passages  en  (pieslion  font,  il  est  vrai,  allusion 
a  des  peintres,  mais  on  peut  supposer  f|u'il  eu  était  de  mémo  pour  les  sculpteurs. 
—  18  Diod.  1,  98,  5-C  ;  liruun,  Cesch.  deryr.  Aims(^r2,  t.  I,  p.  27  ;  Collignon,  //. 
de  la  se.  gr.  fl,  p.  100  ;  l'errol  et  Chipiez,  I.  VIII,  p. 711.  Sur  le  canon  altic(uc 
avaul  l'hidias,  cf.  Winter,  Arcli.  Jalirb.  1887,  p.  223.  —  19  Calen.  /)e  /dacil. 
t/ippocr.  et  /'lat.  V.  449;  Brunn,  O.  c.  t.  I.  p.  154;  Guilliiuine,  art.  Canon, 
tiaus  le  /lict.  de  l'Acnd.  des  beaux-arts,  el  /Uon.  de  l'tirt  uni.  t.  I,  n"  29  ; 
Collignon,  O.  c.  l.  I,  p.  492.  —  20  l'Iiu.  A«(.  hist.  XXXIV,  65;  Brunn,  O.  c. 
t.  I,  p.  202;  Winter,  Arch.  Jahrii.  1892,  p.  170  ;  l^ollignon,  /lisl.  de  In  se.  gr. 
t.  Il,  p.  417.  — '^'  liliimner,  '/'echnulogie  nnd  Terminologie, l.H,\>.  142;  Kurlwâugler, 
Uelier  Slatuenimitieen  im  Allcrilwni,  Ahhandl.  dcr  A.  Ilagcr.  Akad.  der  VTis- 
sensch.  I  CI.  l.  XX,  3»  partie  (189ti),  p.  527  ;  surtout  S,  Ueinach.  Lemoulagedes 
statues  et  le  Scrnpis  de  Bryaxis,  /lee.  arch.  1902,  t.  Il,  p.  5.  Les  textes  anciens 
faisant  allusion  au  moulage  des  statues  sont:  l'Iiu.  Nat.  hist.  XXXV,  153:  idem 
{L}fsistratus)  et  de  signis  effigies  cxprimere  invenit  ;  Lucian.  Jup.  trag,  33  (niou- 
lajre  en  pniv);  l'Iut.  Ile  sulert.  nnim  '.iC.  p   9SV  B. 


scu 


ll.il 


S(JU 


lion  artistique  riiabiliide  de  recourii-  souvent  aux  em- 
preintes réalistes  olileiiues  par  ce  pi-oc«''(lé.  lùilln  au 
leiiijis  des  premiers  l'Ioiémées,  les  médeeiiis  lléritpliiliis 
et  Erasistratos  pralii|uenl  la  dissection  '  ;  on  peut  sup- 
poser (jue  l'anatomie  ]>ril  alors  place  dans  l'emploi  du 
temps  des  apprentis  scul()teurs.  Le  goût  pour  l'observa- 
tion minutieuse  de  la  réalité  devint  même  si  vif  que 
Fasitelès  risqua  sa  vie,  si  l'on  en  croit  une  anecdote  -, 
à  examiner  de  trop  près  un  lion. 

Mais  au  futur  artiste  ne  suffisait  souvent  pas  l'ensei- 
gnement donné  par  un  seul  maître:  parfois  il  voulait,  en 
même  temps  que  sculpteur,  devenir  peintre'  ou  archi- 
tecte, et  avait  à  mener  de  front,  dans  des  ateliers  didé- 
rents,  ces  diverses  éludes.  C'est  ainsi  que  Callimaque*  et 
Eupliranor^  furent  peintres  et  sculpteurs;  Polyclète'"' le 
Jeune  et  Scopas',  sculpteurs  et  architectes  ;Eut\kliidèsde 
Sicyone,à  la  fois  peintre,  statuaire  (c'est-à-dire  bronzierj 
et  sculpteur';  d'autres,  comme  Pylhagoras  de  Hliégion' 
et  Phidias'",  s'adonnèrent  successivement  à  lii  peinture  el 
à  la  sculpture.  D'autre  part,  les  études  générales  ne 
devaient  pas  être  ni'gligées,  aussi  bien  le  dessin  ",  l'ari- 
thmétique et  la  géométrie  dont  le  rapport  à  l'art  scul- 
ptural s'aperçoit  immédiatement,  que  les  lettres;  les 
poètes,  Homère  surtout,  chez  (jui  les  artistes  allaient  si 
souvent  chercher  les  motifs  de  leurs  créations,  devaient 
être  l'objet  d'une  affection  particulière.  Il  faut  ajouter 
comme  complément  de  l'éducation  les  voyages'^;  lors- 
qu'un sculpteur  était  appelé  à  l'étranger,  il  partait  avec 
tout  son  atelier,  etc"('tait  là  pour  les  élèves  non  seulement 
une  occasion  de  faire  connaissance  avec  les  ceuvres  et  les 
procédés  des  autres  écoles,  mais  encore  de  se  familiariser 
avec  toutes  les  formes  de  la  vie  grecque  et  d'aequ(''rir 
ainsi  la  notion  el  le  sentiment  du  panhellénisme. 

IV.  La  co.nditio.n  politiqle.  —  L'apprentissage  du  scul- 
pteur est  tini  ;  lui-même  est  devenu  le  collaborateur 
attitré  de  son  père  dans  l'atelier  familial,  ou  en  a  fondé 
un  nouveau,  parfois  avec  l'aide  d'un  associé '^  Quelle 
place  lient-il  dans  la  cité  el  la  société  grecques? 

Pour  se  représenter  exactement  la  condition  politique 
du  sculpteur,  il  faut  :  1°  se  rappeler  que  les  anciens  n'ont 
pas  nettement  distingué,  à  la  façon  moderne,  entre  l'art 
el  le  métier;  pour  eux  tout  sculpteur  fait  partie  de  la 

<  Cr.  sur  Hérophilos:  Paulv,  Hml-Encijcl.  1.  III,  p.  123C  ;  surErasislialos  :  VVcll- 
niaiin  dans  l'aulyel  Wissowa,  Real-ËncyclopA.  VI,  l.p.  333.  — 2  iYa(./iis/.  XXXVI. 
M.  —  3  cr.  GuirauiJ,  La  mamd  œuvre  induslr.  p.  Cl  ;  sur  la  placi-  «le  la  piinlur.- 
daus  l'éducalion  libérale,  cf.   Slob.  Florileg.    'JS,  ~,i  léd.  Jleineke.  l.  III,  p.  i:)  >). 

—  tl'lin.  \at.hM.\X\\\  ,'M.  —■>  Ih.  XXXV,  lis.  — «Paus.  Il,  27,  3  :  cf.  M.  llilzlu- 
Il  lilûniuor,  I.  |2,  p.  IGi.  -  7  l'aus.  VIII,  45,  4—  »  l'Iin.  Aa/.  hial.  XXXIV,  31,  7s, 
XXXV,  141,  XXXVI,  3t:  cf.  \ivatm,Gesch.dKr  ;,r.Kunuteri,  1.  I,  p.  iSfl  ;  Collignon, 
U.delmc.t/r.  t.  II.  p.  485.  Cf.  cucorcAlcaniiuesUluaireclsculpIcur:  l'Iin.  :Vii/.  Iiisl . 
XXXIV,  7J.  —  9  l'Iin.  Nul.  Iiist.  XXXIV,  Un  :  l-ylliuyoraa  Samiiis,  initiu  pictur.  Cf. 
Uchat,  l'ylhaijora»  de  llhéijion,  p.  i.  —  lu  l'Iin.  A'a(.  hist.  XXXV,  34  :  cuin  et  /'Ai 
dian  ifiium  initio piclorem  fuisse  Iradalur  clipeumi/ue  Allienis  iib  ^o  iiiclum  :  el. 
Jex-Blakc  elSellers,  The  eliler  PHmjs  cliaplers,  p.  I.l  ;  Colliïuon,  Wis/.  île  lu  se. 
ijr.l.  I,  p.  519.  —  il  .Sur  reoseignemenl du  dessin,  inlroduit  dans  ri'ducilion  ld»érjli- 
par  l-aniphilos  dL-  Sicyonc  au  iV  siècle:  l'Iiu.  An/.  Hisl.  XXXV,  77:  cf.  Girard, 
L'ediieulion  athihtifine,  p.  îi\  ;  Kciuielli  J.  l'reenian.    Schools  of  Ilellas,  p.  Hl. 

—  '^  Cf.  pourlaut  ce  (pic  dit  la  Sculplure  au  jeune  Lucien,  Somn.  7  :  Juioîs  ùth  u; 
Tr.»  AÀAojttxr.y,  Tr.v  suT&iSu  *«i  T'>i;  ftfisîouî  xvTaAis.ùy.  Celle  promcssc  parait 
étrange  si  l'on  réllécliil  que  tous  les  sculpteurs  ^rccs,  depuis  Uédale,  ont  t\i  de 
grands  voyageurs  ;  il  est  vrai  que  l'ouclc  de  Lucien  est  un  liundde  praticien  el  i|ue 
nous  so.iiines  au  H' siècle  ap.J.-C.  ;  cL  aussi  dans  l'épitaplie  de  Zenon  dAplirodi 
sias  :  ,o-,.i«  Sa  iiT(«  =..7[io;<?/)  ii««r,.  Ti/.a.o.  «>t«(.;.,  Lôwy,  Inschr.  ijr.  Uildli. 
u-  54»;  Brunn,  O.  c.  t.  I.p.  401.  —  13  Sur  les  collaborations,  cf.  Lri»y,  II.  c.  p.  XV; 
Krancotle,  L  induslr.  dans  la  Gr.  anc.  t.  I,  p,  i'.l'.l  ;  sur  la  nature  artistir|uede  ces 
associations,  cf.  Iloniolle,  Slonumenls  Piot,  I.  IV,  p.  194;  Joubin,  La  sculpl.  gr. 
11.  30.  -  14  llcrod.  Il,  107  ;  cL  liuiraud,  La  maiiida-uvre  induslr.  p.  40  ;  Kraii- 
cotte,  L'industr.  dans  la  Gr.  anc.  t.  I,  p.  234.  —  lu  llerod.  Il,  Ici7  ;  Slr.ib.  VIII,  li, 
SJ.  -l-i  C'est  le  vi.».,;4f,;a;  établi  par  Selon  d'après  llerod.  11,177,  cl  lliod.  1,77.3  ; 
iircojontail  peul-dlie  à  Uracon  :  Uiog.  L.  I,  53  ;  (cf.  VII,  llis);  flut.  .S'o/.   17,1;  l'ol- 


classe  des  artisans,  Tsyyïxai,  /E-.soTé/va!,  pâvauiroi,  (fui 
gagnent  leur  vie  avec  le  travail  de  leurs  mains  ;  •!■■  ne  pas 
confondre  les  époques  et  les  régions.  Primitivement,  l'ou- 
vrier manuel  semble  avoir  été  1res  méprisé  dans  toute 
la  (jrèce'',  excepté  pourtant  à  Corinthe  et  à  Sicyone  '  •; 
mais  de  bonne  heure  la  plupart  des  citi'-s  s'atrrancliirent 
de  ce  préjugé  :  de  ce  nombre  fut  .Athènes,  témoin  la  loi 
contre  l'oisiveté,  attribuée  à  Solon  "',  qui  forçait  tout  Athé- 
nien à  indiquer  ses  moyens  de  subsistance;  il  n'y  avait 
donc  là  aucun  empêchement  h-gal  à  ce  qu'un  sculpteur 
fût  citoyen  et  occupât  des  fonctions  politiques.  Dans 
quelques  cités''',  au  contraire,  en  particulier  à  Sparte"*, 
il  resta  sévèrement  interdit  à  toul  citoven  de  gagner  de 
l'argent  par  un  métier  manuel;  la  pratique  de  la  scul- 
plure y  fut  donc  nécessairement  réservée  aux  p('riè(|ues 
et  aux  étrangers. 

Si,  en  fait,  on  recherche  à  quelle  classe  sociale  ont 
appartenu  les  sculpteurs  sur  la  personne  de  qui  nous 
avons  des  renseignements,  on  constate  que  les  scul- 
pteurs illustres  semblent  presque  toujours  avoir  été 
citoyens,  soit  que  leur  famille  fi'it  originaire  de  la  ville 
oîi  ils  exerçaient  leur  art,  soit  qu'étrangers  ils  fussent 
venus  s'y  établir  el  que  le  droit  de  cité  leur  eût  été 
accordé  en  récompense  de  leurs  travaux'-'.  Quant  aux 
artistes  plus  obscurs,  ils  paraissent  s'être  répartis 
presque  également  entre  les  métèques  el  les  citoyens; 
si  l'on  admet  qu'à  .Mhènes  l'inscription  de  l'Éreclitheion  '-" 
indique  une  proportion  exacte  pour  l'irnsemble  de  la 
cité,  on  constate  que,  sur  huit  sculpteurs,  cin(|  sont  mé- 
lèques  et  trois  citoyens-'.  On  peut  en  conclure  que, 
sauf  à  Sparte  et  dans  quelques  autres  villes,  l'état  de  scul- 
pteur fut  un  des  plus  considérés  el  de  ceux  que  les 
citoyens  abandonnaient  le  moins  volontiers  aux  étran- 
gers--. —  Au  m"  el  au  ii"^  siècle  des  inscriptions  de 
Rhodes-'  nous  montrenir£3ttoa[jita  ^ei'idamia,  accordée  à 
un  grand  nombre  de  .sculpteurs  pour  la  plupart  peu 
connus;  celte  faveur  les  mettait  probablement  au-des- 
sus des  simples  métèques  et  facilitaità  leurs  descendants 
l'assimilation  complète  aux  citoyens-'. 

V.  La  FOR-ru.NE  dl  sclli'TElm.  —  Les  sculpteurs  étaient 
généralement  assez  riches;  c'est,  du  moins,  ce  qu'on  peut 
conclure  d'un  passage  d'Arislote  :  les  artisans  ne  pour- 

luv,  VIII,  42  ;  Tbèopbraste  (Plul.  Sol.  31,2)  lallribueà  Pisistrale.  Cf.  Deniosib.  LVII, 
30  ;  l'iul.  Sol.  22,1.  -  17  .Xen.  Oecon.  IV,  3;  Arist.  Pol.  III,  3,  7,  p.  127s  A  : 
Frarjm.  (Rose),  p.  38«.  -  i»  Xen.  Lac.  res/j.  VII,  1-2;  Aelian.  l  ar.  I.ist.  VI,  0. 
Cf.  (iuiraud,  La  main-d'trurre  induslr.  p.  3S,  li;4.  —  ■«  Ce  fui  sans  doulc  le 
cas  pour  Alcanicne  né  à  Lcmnios,  établi  à  Athènis:  l'Iin.  Nul.  hist.  XXXVI.  lli  ; 
Suidas,  Lexikon,  s.  V;  Robert,  Arch.  Mihchen,  p.  ilJ,  n.  I  :  Kroker,  Oleichna- 
miije  i/r.  Kùnsller.  p.  fi  ;  Collignnn,  //.  de  In  se.  gr.  t.  Il,  p.  1 1 4  ;  l'\ thagoias  né 
à  Sanios,  établi  à  RliégioM  :  l'Iiii.  iVat.  hist.  XXXIV,  5U  60  ;  Li'.wy,  Inschr.  qr. 
Hilidh.  n"  23-24;  Colliirnon,  //.  île  la  se.  i/r.  t.  I,  p.  40!)  et  n.  I  ;  Léchai,  l'y- 
Ihufjoras  de  Hliéijion,  p.  2;  l'oiyclète  né  à  Sicyone,  établi  à  Argos:  Plat.  Pro- 
tuij.  3,1  p.  311  C;  Plin.  N.  hisl.XWlV,  53;  Li)»y,  Inschr.  gr.  Uildh.  n»  IPI; 
l.isclike,  Arch.  Zeitg.  IS7S,  p.  M,  n.  Il  ;  Rolwrl,  Arch.  Mnrchcn,  p  loi  ;  Col- 
ligiion,  H.  de  la  se.  gr.  t.  I,  p.  485  ipnur  une  interprétation  diirérenlo  des  lénini- 
gnages,  cf.  FurlwSngIcr,  Meistvrwerke,  p.  413  ;  Je»-l!laU  et  .-^ellers.  The  eljer 
Plint/s  ehnpters,  p.  43,  note  à  S  55,  »).  Cf.  Polygnole  né  à  Tliasos,  élal.li.=i  Athènes, 
llar|iacrat  s.  v.  Kn  403,  le  titre  de  citoyen  fui  accordé  à  un  statuaire  pour 
avoir  aidé  au  rélablisscnieiil  de  la  démocratie  :  Alh.  Mith.  IS98.  p.  28.29;  Guiraud. 
La  main-d'œuvre  induslr.  p.  103.  -  20  clAi  (  =  IGij,  n"  324,  2o  el  3-  fragm.  I"  col.  ; 
Clioisy,  El.  èpigrajih.  sur  l'architect.  gr.  p.  121;  lirunil,  Gesch.  der  ijr.  Kùnsl- 
ler 3,  l.  I,  p.  174;  Clerc,  Les  mélèi/ues  alliéuiens,  p.  3'Jl  ;  Collignon,  //.  de  la 
se.  gr.  l.  Il,  p.  93.  -  21  On  reconnaît  les  métè<|ucs  à  la  formule  o!.5v  !v  pri-cédanl 
le  nom  du  dénie  qu'ils  habitent.  CL  S.  Reinach,  Traité  d'é/iigr.  gr.  p.  512.  — 22  Sur 
la  liste  de  107  ciloycus  dressée  par  ScherUng,  Quilius  rettus  singuluntm  Allicae 
pagorum  incolae  operain  dederuit,  Leip::.  Studien  znr  Iclass.  Philologie. 
I.  XVIII,  1898,  figurent  32  sculpteurs.  CL  une  liste  de  métèques  sculpteurs  hors 
d'Athènes  :  Guiraud.  La  main-d'œuvre  induslr.  p.  1C2.  —  23  Lô«y.  Inschr. 
!/r.  Uildh.  n"  185-189,  191-192.  —  2'  La  formule  est  :  nu  Ici  i  .;  i-i««[i;«  8iSoT«,. 
i.r.  Clerc,  Ilevue  des  i'niversilés  du  A/idi,  tSOS.  p.  li»7. 


scr  —  I 

raient  l'Iro  citoyens,  dit  le  pliilosoplu'.  i|ui'  (lai)>  uni- 
ilémocralin  on  une  olii;ar(liio  qui  pn-ntl  pour  luiso  la  for- 
lune,  car  licaucoui)  d'entre  eux  sont  riches',  l'n  décret 
de3-2(î  :>-  nous  nionlre  le  scidpleur  Képliisodolos,  fils 
de  Pra\it»-le,  remplissant  les  ioncllous  de  Iriérarque,  ce 
qui  supposait  une  certaine  l'or! une.  Ui't'h"^'"  documenls 
qui  nous  rensei,;;nenl  exactement  sur  le  prix  des  oeuvres 
plastiques,  nous  le  montrent,  en  efl'et,  assez  élevée  L'in- 
scription de  iT-reclitlieion  iudiqnecouime  valeur  moyenne 
d'une  (if^ure  d'homme  ou  de  cheval  (10  drachmes;  mais 
il  s'agit  ici  de  reliefs  et  les  auteurs  sont  prohahlement  de 
simples  praticiens.  L'inscription  d'Épidaure,  au  début 
du  IV  siècle,  donne  des  cliiin-cs  plus  considérables*  : 
acrolères  de  l'un  des  frontons,  c'est-à-dire  trois  ligures: 
±'1\0  drachmes;  acrotères  de  l'autre  fronton  :  également 
-22iO  drachmes;  statues  de  l'un  '  des  frontons  : 
;10I0  drachmes.  On  oblienl  ainsi  pour  un  acrotère  environ 
7-iO  drachmes,  et  pour  chaque  ligure  de  fronton,  si  l'on 
en  admet  neuf  suivant  la  restauration  de  M.M.  Defrasse  et 
Léchais  environ  33i  drachmes.  Cette  dilTérence  n'éton- 
nera pas  si  Ion  songe  que  les  acrotères  étaient  .souvent 
des  figures  ailées  montées  sur  un  cheval  ou  un  char  et 
que  le  prix  indiqué  pour  eux  comprend  probablement 
aussi  celui  des  tOtioi  (dessins  ou  maquettes)  '  ;  car  il 
s'agit,  pour  les  figures  de  frontons,  de  praticiens,  et,  au 
prix  de  ces  dernières,  il  faut  ajouter  les  9œ  drachmes 
données  à  Timolhéos,  un  véritable  artiste  ',  pour  les 
TÙTtoi.  A  une  époque  un  peu  postérieure,  un  mot  de  Dio- 
gène  le  Cynique,  rapporté  par  Diogène  Laerce',  nous 
apprend  qu'une  statue    se  payait  3000  drachmes. 

Des  inscriptions  de  Délos  (m'  siècle)  nous  rensei- 
gnent sur  la  somme  que  touchaient  des  artistes  intini- 
nienl  plus  humbles,  de  modestes  sculpteurs  sur  bois. 
Une  statue  de  Dionysos  est  payée  23  drachmes  à  l'artiste 
Sarpédon'";  ailleurs,  le  prix  est  encore  moins  élevé;  la 
matière  première  est  évaluée  bien  plus  cher  que  le  travail 
du  sculpteur,  lui-même  moins  rétribué  que  le  peintre  ou 
le  xoTjiïiTv^;.  Voici,  par  exemple,  les  cliitl'res  recueillis 
dans  diverses  inscriptions  du  ui''  siècle"  : 

Boi.s 24  .Ir.  ."i;;  (Ir.  i  jfi  ,1,.       ) 

Sculpteur J  (Ir.  li  dr.  I  -  (  "  '  :,0  dr. 

l'eiiilre 5  ilr.  7  dr.  7  dr.      l 

KouiiTiiiç fi  dr.  l  12  dr.  li;  ilr.  3 

Tian.sij<)it  de  la  statue..       1  ilr.  :n  2  i  il  dr.    1     20  dr. 

Mais  il  s'agit  là  d'ceuvrcs.  sans  aucime  prétention 
artistique,  destinées  à  ligurer  un  jour  dans  une  pro- 
cession. 

VI.  L.\  CONIUTIO.X  SÛCI.\I.E  Dr  SCLLI'ÏEIR.  —  L'.ATKLIEH.  — 

'  Pol.   III.  5,  fi,    p.    liTS  A  :  i»  Si  5.t;  OV.Y.f,;.,;  8,t«  ^iv  ..à.  i.iijtTa.    tî.a.    T.r.V.sr,-. 

«i  xoVao:  t£v  îs7vit.:>.  —  -  Liiwy,  /nsc/ir.  ijr.  Ditdh.  n*  55.'».  —  3  Sur  la  laleiir  de  lar- 
geiil,  cf. p.  1150,  n.  M.  — »  ltjl'H(=IGiv).p.  3i|.3îi,  «•  I4.S*,  B  I,  I.  89,97,  III  (= 
C.li.  Michel,  llic.  dCmsrr.  ijr.  a-  5s*,  p.  iTO  4:i).  Cf.  rolh^oioil,  llist.  de  la  se. 
ijr.  l.  Il,  p.  197;  Uefrasst' *'t  l.eclial,  Epidaurf,  p.  62.  — 5  Nous  ne  Icnniis  pas 
compto  des  pri\  indi<|ui-s  pour  l'aiilre  fi-onloii  à  cause  de  la  iliflicullê  introduite  par 
la  inciilion  de  la  .ii.,;.  —  «  /T/yiViiuri-,  pi.  m.  —  ''  Cf.  A.  §  V.  —  8  i'Iin.  Ani./iisf. 
XXXIV,  91;  XXXVI,  3±:  l'aus.  Il,  .ii.  4:  (Jollijrnoii,  Hhl.  de  la  se.  ijr.  l.  Il, 
p.  196.  —  »  VI,  35.  —  I»  llnniollo,  lliill.  emr.  Iiell.  ISSt,  p.  468.  —  H  Ho- 
niolle,  /*.  1S90,  p.  5lli.  —  li  l'Iul.  l'cricl.  13,  l  cl  9.  —  13  l.i'.wv,  liischr.  ijr. 
IlildU.  Il"  5ti-5M.  —  Il  l'aus.  III,  IS,  II.  —  <■".  Slraton  et  Xi^uopliilc,  à  Argos, 
dms  le  leniple  d'AsIilopios  (l'aus.  Il,  ii,  i).  Cliirisophc,  à  Tégéc,  dans  celui  d'Apollon 
(l'aus.  VIII,  53.8),  aiaient  leurs  statues  prés  des  ilieui  i|u'ils  avaieul  sculptas.  Cf. 
Phidias  s«!  rcpr^-senlanl  lui-intnie  su'  le  kouclierd'AIhéna  :  l'Iul.  l'nicl.  3l,4;Cic. 
Tuf  cul.  I,  34.  Olle  csfièce  de  signature  ligur(>c  se  retrouve  au  moyen  âge  ;  c'est 
ainsi  iprKrHin  sculple  sou  portrait  à  In  calhéilrale  de  Strasbourg  (portail  central 
de  la  farale.  et  chapelle  Saint-Jean).  Itapprorker  :iussi  le  pnrirail  de  Gott  celli  dans 
son  Adoration  d«>s  Ma.L'es,  à  Florence.  Les  dieiiv  grecs  furent,  d'ailleurs,  luiijniirs 
pteinsdi;  bienveillance  |H>iir  les  artistes,  cl.  par  ei.  l'Iut.  é'cricl.  13,  s.  —  1'"'  Clin.  ,V(if. 


I  .'i2 


scr 


Les  sculpteurs  semblent  donc,  à  l'époque  classique  et 
dans  la  majorité  des  cités,  avoir  pris  part  à  la  vie  poli- 
ti<|iin  el  sociale  dans  la  même  mesure  f[ue  les  autres 
citoyens.  Nous  avons  vu,  au  iv''  siècle,  Képhisodolos  Irié- 
rar(|ue;  au  V  Phidias  est  directeur  des  travaux  de  l'.Xcro- 
polc'-;  au  II'"  iMiboiilidès,  fils  d'HukIieir,  est  proxène 
desDelphions  et  épimélèle  à  .Mliènes  ''.  On  a  même  pour 
les  artistes  des  indulgences  particulières:  c'est  ainsi  qu'à 
l'exempledeBatliyclès  de  Magnésie  figurant  le /o:o;  de  ses 
ouvriers  sur  le  trt'tne  d'Apollon  Amycléen",  plusieurs 
artistes  furent  autorisés  à  consacrer  leur  propre  image  à 
côté  des  statues  divines  exécutées  par  eux  pour  des  tem- 
ples ''■.  Les  étrangers  n'iHaient  pas  moins  bien  traités  que 
les  indigènes;  les  cités,  soucieuses  de  s'embellir  grâce  à 
l'aide  d'artistes  illustres,  les  attiraient  par  l'institution 
de  concours"'  et  l'octroi  de  certains  avantages '%  el  les 
retenaient  par  des  honneurs  divers  dont  le  principal  était 
l'attribution  du  titre  de  citoyen.  La  réception  de  Phidias 
par  lesÊléens,  l'installation  de  son  atelier  dans  la  salle 
d'apparat  des  théocoies'*,  peuvent  donner  une  idée  de 
l'aecueil  fait  par  les  cités  aux  artistes  étrangers.  Il  arri- 
vait même  parfois  qu'on  leur  laissât  prendre  une  grande 
influence  :  témoin  l'ascendant  exercé  à  Sicyone  par 
Dipoinos  et  Skyllis"ou  à  Pliigalie  par  Ouatas  d'Égine'-". 
D'autre  part,  les  familles  les  plus  illustres  d'.Vthènes  ne 
craignent  pas  de  s'alliera  des  familles  d'arlisles  ;  c'est 
ainsi  que  Phocion,  élu  quarante-cinq  fois  stratège, 
épouse  la  so-ur  de  Képhisodolos-'. 

L'n  coup  d'œil  jeté  dans  l'atelier --  permet  de  pénétrer 
dans  la  vie  quotidienne  du  sculpteur  grec.  Quelques  mo- 
numents, en  particulier  des  pierres  gravées,  nous  mon- 
trent l'artiste  à  l'œuvre'-^  :  il  est  généralement  assis  sur  un 
escabeau  placé  devant  l'objet  à  sculpter  i  lig.  3813,  (J22o): 
pour  manier  plus  librement  le  ciseau,  il  ne  garde  que 
sa  tunique;  ou  bien,  n'ayanti]  ne  son  vêtement  de  dessus,  il 
le  laisse  glisser  jusqu'à  lataillede  façon  àdégager  la  partie 
supérieure  du  corps.  Mais  l'atelier  de  l'artiste  n'est  pas 
seulement  le  lieu  où  il  travaille;  il  y  reçoit  des  visites 
(lig.  ij-li'S)  et,  encertainsjours,yconvie  toute  la  cilé.  Dans 
les  Mémornbles-^  de  Xénophon,  Socrale  vient  s'entretenir 
dans  son  atelier  avec  le  sculpteur  Clilon  ;  on  peut  donc 
penser  que  les  portes  s'en  ouvrent  volontiers  aux  causeurs 
el  aux  curieux  -'.  C'est  là  aussi  que  l'artiste  expose  au 
public  ses  teuvres  une  fois  terminées:  ces  expositions 
étaient  sans  doute  très  fréquentées  et,  lorsqu'il  s'agissait 
d'un  grand  artiste  comme  Phidias,  elles  entraînaient 
jusqu'aux  femmes  libres  hors  du  gynécée-"'.  Générale- 
ment, l'exposition  était  gratuite,  témoin  le  surnom  injii- 

hist.  XXXIV,53  (cf.Collignon,  Uisl.  delase.  i/r.  t.  I,  p.  503),  XXXVI,  17.  —  i"  Cf. 
Ciiiraud,  La  main-diruere  induslr.  p.  79,  —  •»  Pans.  V,  15, 1  ;  Laloiiii  et  Monccain, 
/tesl.  dOlympie,  p.  141  ;  Krazer.  Pausanias,  t.  III,  p.  565.  —  l»  Plin.  A'al.  liUl. 
XXVI,  X9.I0.  —  ^  l'aus.  VU!,  4i.7.—  2'  l'Iut.  l'hoc.  19,1  ;  Cololès,  contemporain 
de  Phidias,  passait  pour  descendre  d'Ili^raklès  :  l'aus.  V,  *ft,  i.  —  22  l'n  atelier 
de  sciilpleur  a  été  retrouvé  à  Délos  ;  c'est  la  ni:iison  dile  île  Kerilon  ;  Jardé,  Bnlt. 
corr.  hetl.  190.'>.  p.  47.  Sur  les  démes  liabiti's  de  préférence  par  les  sciilpleurs,  cf. 
Scherling  :  Quiùus  rébus  sinijulorum  .Atticite iiatforum  iucolae  operam  dedcrînt. 
Leipziger  Slud.  zur  klass.  l'hilol.  l.  XVIII.  ls9S,  p.  lîl  ;  il'aprf's  l'anteur  on  ne 
coniiait  |>as,  avant  la  fin  du  v^  siècle,  de  sculpteurs  avant  habité  la  partie  méridio- 
nale de  rAltiipie,  d'où  l'on  peut  conduire  que,  jusipi'alors,  ils  ont  plutôt  résidé 
soit  dans  la  ville,  soit  près  des  ateliers  des  lapicides  (cf.  Scherling,  p.  56),  c'est-à- 
dire  du  côté  du  l'cntélii|ue  et  du  territoire  Ihrasieu.  Cf.  aussi  Plut,  ùe  t/en.  Soci\ 
10, p.  580  E.    ipii    nieuliouiie  une  rue  (ou  un  ijuarlier}  des  Kabricants-d'Hermès. 

—  23  Jahn,  lier,  der  Sûchs.  Geselhch.  der  Wiss..  l'hilol. -Iiisl.  /Classe,  1861, 
p,  29r;  ;  Blûinner,  Technoloyie  und  Tcniiinoloyie,  l.  III,  p.  217  el  si|.  lue  des 
plus  anciennes  représentations,  si  le  monument  est  bien  interprété,  est  la  pla- 
ipii'lle  corinllileiiiie  du  Musée  de  Rerliu  (^ii/iA-e />filA'»iuc/er,  I,  pi.  viii,  n*  20)  où 
l'on    voit    un  sculpteur   travaillant   k  une   fi^'ure   de  caiaber.  —  '^t   III.   lu.   i'.-8. 

—  2^  Cf.  pour  d  autres  inéliers  :  Ijiiiraud,  O.  c.  p    lï».  —  '.il'  Plul.  Ptncl.  13,  9. 


scu 


1 1  r;3 


scu 


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lanée  du  public 
en  face  de  son 
œuvre  et  de  pou- 
voir, à  l'occa- 
sion, y  a])port(M' 
li's  corrections 
qui  lui  étaient 
s  u  g  géré  es. 
Beaucoup,  sans 
doute,  faisaient 
comme  Phi- 
dias^ et  se  ca- 
chaient derrière 
la  porte  pour 
saisir  le  juge- 
ment des  visi- 
teurs dans  toute 
sa  sincérité. 
VII.  L'opinion 

PUBI.IOl'E.  —  Ll« 
IMlILOSOr'HES.    — 

Celte  adoption 
des  artistes  par  lu  société  grecque  ne  fut  pas  sans 
soulever  des  protestations.  Platon,  dans  les  Lois  \ 
relègue  l'artiste,  qu'il  ne  dislingue  pas  de  l'artisan,  au 
bas  de  l'édifice  social:  si  un  citoyen,  déclare-l-il,  veut 
sortir  de  son  cadre  et  devenir  artisan,  que  les  aslynomes 
le  réprimandent  ;  car  l'occupation  essentielle  d'un  citoyen 
est  de  s'occuper  de  la  vertu  et  de  l'Étal.  Quant  à  l'.irt,  il 
ne  doit  pas  être  supprimé,  mais  réglementé  comme  un 
travail  manuel'.  Pour  Aristote  une  cité  bien  gouvernée 
ne  peut  admettre  les  travailleurs  manuels,  par  suite  les 
artistes,  comme  citoyens,  car  le  citoyen  ne  doit  s'adonner 
qu'à  la  vertu,  toute  autre  préoccupation  le  dégrade  en  lui 
enlevant  le  loisir  nécessaire  à  l'acquisition  de  la  vertu  et 
à  la  pratique  de  la  politique^.  Mais  ce  sont  là  opinions  de 
pliilosopiies  préoccupésd'assurer  l'unité  de  leur  système; 
ce  qui  dégrade  l'artiste  aux  yeux  de  Platon  et  d'Aristote, 
c'est  qu'ils  y  voient  un  homme  :  1°  chez  qui  l'élaboration 
passionnées  de  l'oeuvre  trouble  l'harmonie  intérieure  de 
lYime;  2"  et  surtout,  suivant  l'idée  Spartiate,  qui  fait  un 
travail  manuel  en  vue  d'un  salaire.  De  plus,  le  résultat  de 
l'fpuvre  d'art  est  souvent  d'exciter  les  passions  de  ceux 
qui  la  contemplent  ;  pourtant,  Platon"  lui-même  ne  peut 

I  Aolian.  Vnr./iist.  IV,  12.  —  ^  lue.  J'ro  imag.  U:  cr.  les  iIimjk  slaliio?  dp 
Polyclitc:  Aelian.  Vnr.  hi.sl.  XIV,  s  ;  Apcllo  el  le  conl.  iinicr  :  l'Iiii.  Xul.  lusl. 
XXXV,  85.  —  3  VIII,  p.  840  I),  cf.  Jl,j,.  VI,  p.  495  I);  cf.  Giiiiaiid,  H.  c.  p.  lii; 
FiaiicoUe,  0.  c.   l.  I,  p.  iHi.  —  4  liep.  III,  p.  4ul  B.  —  :■  l'ol.   III,  S,  p.  IJTS 

A  :  f.  Si  pi).T:Vtri  «'/lu  ij  noi^^t.  p»..au«,v  ^Mx,,-.:  cf.  IV,  'J,  3,  p.  1328  B;  cf.  Uiiiiaiiil, 
0.  c.  p.  4;i;  Fiaiicollc,  O.  c.  I.  I,  p.  2i7.  Parmi  les  philosoplics  grecs,  Anlistlièiiu 
lu  Cyi)jr(iic  est  à  peu  prt'S  le  seul  à  pr(''Couîser  le  travail  pliysi(|iic:  Oiog.  L.  VI,  I,  2. 
Isocralc,  VII,  2li,  p.  1 15  a,  iléclarc  loisivelé  iitccssaire  à  cpii  veut  s'occuper  dos 
affaires  puliliipies.  —  i:  /(,-/).  III,  p.  401.  —  7  Pol.  V,  5,21  p.  13i0  A  ;  cf.  /'jél. 
C,  p.  1450  A.  —  «  XV,  2,  p.  ;iM  1,.  .-  9  Slral).  VIII,  30.  p.  334;  «lacr.  Snturii.  V, 
11.  23  ;  cf.  Collignoii,  H.  de  In  se.  yr.  l.  I,  p.  531.  —  tO  plin.  Nul.  Iiist.  XXXV,  77  ; 
cf.  Slob.  Florilnj.  08,  72  (M.  Mciiieke.  t.  III,  p.  235).  —  Il  Plin.  Nal.  Mat.  XXXIV, 
83;  cf.  Jex-B'akecl  Scllers,  Tlie  Mer  /'liny  s  chapwn,  p.  XVI.  —  12  (Jalien,  De 
placit.  Uipp.  ci  Plat.  V,  4W.  —  13  Plin.  A',  h.  XXXV,  129  :  volmnina  quoque  eom- 
posuit  de  sijmmetria  et  colorlbiis.  —  Il  Plin.  Nat.  h.  XXXIV,  8i:  Àntigoniis  (pn 
voluminii  condidll  Je  sua  nrle:  cf.  Von  Wilamowilï-Mûllendorir,  Anligmws  ron 
Knryslos,  l'hilol.  Uniersneh.  IV  ;  Jc»-Blakc  el  Scllers,  The  elJer  ITmi/s 
cliaplers,  p.  XXXVII.  —  15  p|i„.  Aal.  h.  XXXVI.  39  :  adniimlor  (  Varro)  et  Pasi 
telia  qui  el  t/uinque  t'olim  iiiii  scri;  ait  nobilum  opeium  in  loto  orbe.  —  '«Les 
inscriptions  relatives  aux  sculpteurs  ont  61é  réunies  en  1885  par  l.iJHy  dans  ses 
Imchriften  gnechisclier  Itildlianer.  (In  en  a  trouvé  depuis  un  grand  nombre 
d'autres  dispersées  dans  les  différents  recueils  archéologiques.  —  li  Cf.  Hirsclil'cld, 

VIII. 


nier  la  vertu  éduc-ilrii'p  et  le  r('ile  iiolitiqiie  dr  certaines 
o'uvres,  et  xXristote  ■,  qui  interdit  les  peintures  de  Pau- 
son,  autorise  celles  de  Polygnote. 

Quant  à  l'opinion  publique,  elle  refusa  de  sanctionne:- 
cette  condamnation  siivère  et  tint  à  en  excepter  au  moins 
les  grands  artistes  :  la  preuve  en  est  le  .jugement  plus 
mesuré  d'Isocrate  décliu-ant  qu'on  ne  peut  comparer 
Piiidias  à  un  coroplaste,  ni  Zeuxis  ou  Parrhasios  à  des 
peintres  d'ex-volo  *. 

VIII.  Le  CARAcrÉnE  des  scrLPTEins.  —  Rien,  d'ailleurs, 
dans  la  personnalité  des  artistes,  n'eût  justifié  leur 
exclusion  de  la  cité.  Ni  leur  culture  ni  leur  caractère  ne 
les  mettaienl  au-dessous  des  autres  citoyens.  Les  scul- 
pteurs, qui  allaient  chercher  les  sujets  de  leurs  leuvres 
dans  des  légendes  parfois  peu  connues,  devaient  être 
i'amiliers  avec  la  littérature  nationale,  Lout  au  moins  avec 
les  grands  chefs-d'œuvre  poétiques;  une  tradition',  fort 
suspecte  il  est  vrai,  rapporte  que  Phidias  s'était  inspiré 
de  trois  vers  de  V Iliade  pour  concevoir  son  Zeus  Olym- 
pien. Les  artistes  eux-mêmes  se  faisaient  parfois,  de 
praticiens,  théoriciens;  dans  les  villes  où  l'étude  du  des- 
sin ou  de  la  peinture  faisaitpartie  de  l'éducation  libérale, 
il  est  probable  qu'ils  devenaient  souvent  professeurs 
d'éphèbes'";  le  sculpteur  Xénocratès  de  Sicyone"  avait 
fait  l'histoire  technique  de  la  statuaire;  Polyclète'- écrivit 
sur  les  proportions  du  corps  humain  ;  Euphranor,  peintre 
et  sculpteur,  composa  des  volumes  sur  la  symétrie  et  les 
couleurs  "  ;  au  m''  siècle,  le  sculpteur  Anligonos  de  Kary- 
stos''*  possédaune  culture  très  variée  :  non  seulement,  il 
semble  avoir  écrit  sur  son  art,  mais  encore  il  composa  une 
'\m:où'.Siv  Trapaod^iov  auv^ytuyr^  Cl  des  biographies  de  philo- 
sophes. Même  à  Rome  la  tradition  ne  se  perdit  pas,  et 
Varron  louait  fort,  parait-il,  les  cinq  volumes  écrits  par 
Pasitélès  sur  les  chefs-d'œuvre  du  monde  entier '^ 

Les  inscriptions,  en  particulier  les  signatures  d'ar- 
tistes*", nous  apportent  sur  le  caractère  des  sculpteurs 
des  renseignements  d'une  aulhenlicité  certaine'''.  La 
signature  d'un  sculpteur  comprend  d'ordinaire  son  nom, 
indiqué  d'une  façon  plus  ou  moins  complète  '",  etun  mot, 
verbe  ou,  plus  rarement,  substantif ''\  indiquant  que  le 
monumenLestlreuvredusculpteuren  question  (fig.  4082). 
Ce  qu'on  remarqueavanttoul  dans  les  signatures,  c'estle 
souci  qu'a  l'auteur  de  se  rattacher  à  une  tradition  artis- 
tique; il  éclate  naïvement  dans  la  signature  de  deux 
Argiens  du  vi"  siècle,  Eutélidas  el  Khrysothémis,  qui 
déclarent  tenir  leur  art  de  leurs   devanciers^";   on    le 


Titiili  atatitariorum  scnlptoriimque  graeeontm;  l.iiwy,  Inschr.  or.  Hihlh.  p.  Vil  ; 
.S.  Hcinacli,  Traité  d'èpigr.  grecque,  p.  43i.  —  '**  Cf.  Lftwy.  insvhr.  gr.  bildb. 
p.  X-XII  ;  l'indication  complète  du  nom  ne  se  rencontre  qu'isolément  en  Attique  : 
au  v  siècle,  I  fois  :  au  iv%  1  ;  aux  iV-ni".  4  ;  aux  iir«-ri',  I  ;  aux  u'i",  8  ;  à  l'époque 
impériale,  5.  --  l'JU  formule  type  serait  :  un  tel  (ils  d'un  tel  de  telle  ville  Uo.'ooi  ; 
l'expression  enotr.Gc  est  ((iielqucfois  remplacée  par  un  autre  verbe  î'teuïe,  îlpY«aff«To, 
rlc,  ou  un  substantif  :  ê'fYiv,  yî^uçÂ,  etc.  ;  l.iiwy,  p.  XIII,  compte  347  sig:ualuresavee 
7.o-=ïv  contre  19  (dont  9  niélriques)  avec  un  autre  verbe  ou  un  substantif  (cf.  aussi 
llirsclifcld,  Tituli,  p.  21).  —  L'^ioriste  .l,io.'r,oe  est  souvent  remplacé  ,i  partir  du 
ii-^  siècle  par  l'imparfait  iroUi  ;  Pline,  Nnt.  hist.  préf.  21»,  prétend  iiue  les  sciilpleurs 
ont  voulu  iudii|uer  ainsi  tpie  leur  (euvre  restait  inacbevée  cl  imparfaite,  lumqiiatn 
inchoata  sem/ier  arte  et  imperfecla  ;  l'erreur  qu'il  fait  en  disant  f|u'on  ne  pourrait 
citer  plus  de  3  signatures  avec  l'aoriste  preuve  qu'à  son  épocpie  l'emploi  de  l'im- 
parfait était  courant;  Kirschfeld,  Tiliili,  p.  23,  y  voit,  sans  raison  semble-til,  un 
ai-rlia'isMK*.  \'oici  la  statistique  él;tblie  par  l.i'iwy,  p.  XIII,  pour  cbatpie  époque  : 


4  iii'-ii'  siècles. 

"  Kpoque  impériale 

Total 

l'aus.  VI,  lu,  5. 


iiô 


scu 


—   {Uy't 


SCU 


ri'Iroiivt'  surloiit  dans  la  coiiluiiK^  des  sciilploiirs  ilc  n'in- 
diquer leur  palronyiniquc  que  s'ils  oui  été  les  élèves  de 
leur  père' ;  deux  arlistes  de  l'école  de  Pasilélès  -  rem- 
lil.irenl  niénic  le  nom  do  li'ur  père  par  eelui  de  leur 
maille.  La  laisou  decelusage  esl  sans  doule  uu  sentiment 
de  reconnaissance  envers  ceux  qui  les  ont  guidés  au  début 
de  leur  carrière;  e'csl  probahlement  aussi  un  moyen  de 
se  recommander  au  public  en  rappelant  rancicnnclé  et 
l'excellence  de  l'atelier  auquel  on  appartient'.  Un  motif 
analogue  ex])lique  l'habitude  d'indiquer  Tetlinique  seu- 
lement si  l'on  travaille  à  l'étranger';  c'est,  en  même 
temps  qu'une  expression  de  la  fierté  patriotique,  une 
façon  de  se  réclamer  de  villes  célèbres  i)ar  le  génie  de 
leurs  artistes  ou  l'habileté  de  leurs  praticiens  :  témoin, 
;\  l'époque  impériale,  la  fréquence  particulière  des  eth- 
niques de  sculpteurs  d'Athènes  et  d'Aphrodisias'''. 

Mais  celle  sorte  d'hommage  rendu  aux  prédécesseurs 
n'exclut  pas  un  sentiment  de  (iorlé  personnelle  en  face 
de  r(euvre  accomplie;  l'arlisle  ajoute  souvent  quelques 
mots  à  la  formule  de  signature  soil  pour  faire  son  propre 
éloge  comme  dans  cette  inscription  duv"  siècle  :  «  Eu- 
phron  de  Paros  qui  n'est  pas  inhabile"  a  exécuté  »,  soil 
pour  exprimer  l'admiration  qu'il  éprouve  à  l'égard  de  son 
ouvrage, ainsi  sur  la  stèle  d'Alxénor  :  «  Alxénor  le  Naxien 
a  fait,  mais  regardez  donc'  ».  L'usage  de  la  signature* 
parait  surtout  fréquent  aux  époques  archaïque  el  bellé- 
nislique  ;  à  l'époque  classique  les  grands  arlistes  semblent 
avoir  souvent  négligé  de  signer  leurs  œuvres,  non  que  le 
senlimenl  de  leur  valeur  personnelle  fût  moins  vif  cliez 
eux,  mais,  d'une  part,  l'auteur  de  grandes  ceuvres  exé- 
cutées pour  la  cité  pouvait,  sans  graver  son  nom  sur  la 
base",  compter  que  le  peuple  conserverail  son  souvenir; 
d'autre  pari,  l'artiste,  devenu  plus  difficile  pour  lui- 
même  et  soucieux  de  sa  réputation,  tient  à  ne  signer 
que  les  oeuvres  dont  il  est  complèlemonl  satisfait  el 
qui  lui  paraissent  dignes  de  lui  "". 

En  résumé,  un  praticien  grec  ne  semble  pas  avoir  élé 
moins  estimé  que  n'importe  quel  autre  citoyen,  el  la  vie 
d'un  grand  sculpteur  paraît  s'èlre  déroulée  au  milieu  des 
honneurs  el  de  la  considération  publique  ;  parfois,  sans 
doule,  ces  honneurs  avaient  leur  rançon;  Phidias  lui- 
même,    d'abord  le  favori  du  peuple   athénien,  fut    la 

I  Cf.  Uirsclifcld,  Tituli,  p.  3U  ;  Roberl,  Der  Bildhnuer  l'ubjkles  und  seine  flippe. 
Hennés,  i.  XIX,  1884,  p.  300;  l.owy,  Inschi:  t/r.  Uildh.  p.  XVI;  Keinach,  Traiti' 
d'épigr.  ijr.  p.  430  ;  coUe règle  esl  pourlanl  loin  J'itre  absolue,  lémoiil  la  stalislupie  de 
Lôwy.  p.  XV'I;  elle  esl  1res  difficile  à  vérilier,  la  plupart  des  lionis  indiqués  par  Us 
patronymiques  nous  èlaut  inconnus.  Cf.  pour  une  comparaison  avec  les  céramistes  : 
lii-inacli,  TraiU  d'fpigr.  gr.  p.  430;  l'otlior,  Calai,  des  'lases  du  Lmwre,  t.  111, 
p.  695;  avec  les  coroplasies  de  Myrina:  lintl.  corr.  hell.  1S83,  p.  iiC  ;  iSSO,  p.  478. 
—  2  l.iiwy,  Jnsehr.  gr.  Bitdh.  n"  374,  373.  —  3  Cf.  Vilr.  III,  préf.  1  :  Jpsique  urii- 
fires...  si  non  pecunia  sinl  cnpiosi  seu  velustate  officiiiitrum  hahuerint  notitinm... 
pro  indiislrin  studiorum  aiielorilales  non  po.isiint  linbeir.  —  t  Cf.  HirsclTfeld,  Tiluli, 
p.  4i;  l.i'.wy,/iiit«;/<>-.  ifi-.  liildh.f.  XI;  Keinacli,  O.  c.  p.  437.  C'est  ainsi  i|ue  l'raxilèle 
signe  simplement  son  nom  à  Alliiues,  mai^  inili(pie  son  ctlniirpic  dans  une  inscri- 
ption de  Tliespies,  (|ue  ceux  do  Képliisodole  et  di-  sou  frire  se  trouvent  sur  une  pierre 
de  Mégare,  mais  non  à  Athènes  ;  I.Oivy,  p.  X,  cilc  soulcnieiit  cinq  cas  où  l'ethnique 
'A«r,vaTo;  se  lise  Sur  de»  bases  trouvées  en  Alliqne  CI.  ]iourlant,  à  l'époque  hellé- 
nisti(|uc,  à  Khodcs,  les  signatures d'arlisles  rhodiens  :  lieiuaeh,  O.  c.  p.  348  et  n.  3. 
11  faut  remarquer,  dans  les  signatures  de  sculpteurs  al  tiques,  la  raictc'  du  démotiiiue  : 
Liiwy,  p.  XU,  relève  2  exemples  au  V  s  èclc,  f.  aux  iv  el  ui»,  4  aux  n»  el  l'r, 
I  à  l'èporpie  impériale;  cf.  lieinach,  O.  c.  p.  437.  Sur  l'arcLaïsme  qui  consiste  à' 
placer  l'elhnique  après  le  verbe,  cf.  Hirscbfehl,  Tiluli,  p.  42;  l.im\ ,  lusch.  gr. 
Dildh.  p.  XV.  —  "i  Lôwy,  Inschr.  gr.  liildli.  p.  XI.  —  0  Lijwy,  O.  c.  n'  40. 
E;sji..vU<ito;7|<i'où»  iSiii;;  lliipiof.  Cf.,  à  l'époque  hollénistique,  l'iuscription  funéraire 
d'Eutychidès:  Lôwy,  O.  c.  n»550  :  nfaïiti'koui  v-O'uv  !i«o5d«5  oJn  /iftluv.  —  7  Lihvy, 
O.  c.  n»7  :  'Aljr.vuf  ;.=;,.,.  i  Nd;,o;  a'/.'iaîS.»!..  —  8  Iliischfeld.  hluli,  p,  02  ;  Rei- 
nach.  Traité  d'épigr.  gr.  p.  438.  —  9  Cf.  pourtant  la  signature  de  l'Ilidias  sur  la 
base  du  Zeus  d'Olympie  :  l'aus.  V,  III,  î  :  .).„«;,.  Si  ,>,^  io;«ointvov  -ci  Sjalua 
lîv.i  .«',  li!;rp«i.i.«  Ut.v  Is  |««pt;,f;«y  ;  sur  la  coloinielle  de  rnlhéna  cbrvséléplian- 
liue  d'Athènes  :    l'Iul.  /Vr/c/.    13,    9.-    10    l.uci.iu.   //«nj.  4  :  tî  ,  ArJv.'av    ;  ««î 


vicliiiii'  d'une  injuste  accusation  et  linit  peut-èlre  sa  vie 
dans  l'exil".  Mais,  (juclque  peu  renseignés  que  nous 
soyons,  d'une  façon  générale,  sur  la  vie  des  scul|iteurs,  il 
esl  permis  de  supposer  (|ue,  le  plus  souvent,  laret^onnais- 
sance  et  l'adiniration  de  la  cité  les  accompagnèrent  jus- 
qu'à la  lin,  et  que  le  ])i'iiitre  Nicias'-  ne  fui  pas  le  seul 
artiste  honoré  par  Athènes  de  la  sépulture  publique  sur 
la  route  de  l'Académie 

IX.  L'Étiuirie  Er  Rome.  —  Sur  la  condition  sociale  des 
sculpteurs  en  Élrurie,  nous  ne  savons  rien  "  ;  mais  il  esl 
probable,  d'après  la  nature  des  œuvres  qui  nous  restent, 
que  l'artiste  ne  s'y  dislingiiail  pas  de  l'artisan  et  était 
traité  comme  lui. 

Il  esl  plus  facile  de  se  représenter  la  condition  des  scul- 
pteurs à  Rome  à  l'époque  classique.  Jusqu'il  la  fin  du 
m''  siècleel  au  début  du  n"  on  peut  penser  que  les  auteurs 
des  statues  nombreuses  "  élevées  sur  le  Forum  furent  de 
simples  praticiens,  mais,  vers  cette  époque  '%  les  progrès 
de  la  conquête  romaine  en  Orient  ouvrirent  la  Ville  non 
seulement  aux  œuvres  helléniques,  mais  encore  aux 
artistes  grecs.  C'est  à  partir  de  ce  moment  qu'on  peut  se 
demander  quelle  était  la  condition  des  sciilpleiirs  à  Rome, 
el  quelle  opinion  l'on  avait  d'eux. 

/m  rondilinn  politique.  —  Un  premier  point  fra])pe 
d'abord  :  à  Home  bien  peu  d'arlisles  el  en  particulier 
bien  pim  de  sculpteurs"'  sont  Romains  ;  Rriinn  "  ne  peut 
guère  citer  comme  noms  purement  romains  que  Copo- 
nius  et  Décius.  L'art  esl  donc  presque  entièrement  aux 
mains  des  étrangers";  el  si  certains,  comme  Arcésilas, 
familier  de  L.  Lucullus''',  ou  Pasilélès,  fait  citoyen 
romain-",  jouirent  de  quelque  considération,  les  artistes 
rentraient  le  plus  souvent  dans  la  catégorie  méprisée  des 
Graeculi  ;  c'étaient  fréquemment  de  simples  afTranchis-', 
parfois  même  des  esclaves  à  qui  ont  faisait  apprendre 
les  rudiments  de  l'art  pour  les  rendre  capables  de  décorer 
la  maison  ;  lorsqu'on  les  afTrauchissail,  on  slipulail  avec 
soin  qu'ils  continueraient  à  servir  chez  limrs  anciens 
maîtres'-.  —  Conformément  à  l'habitude  générale  des 
ouvriers  romains,  les  sculpteurs  étaient  sans  doule  grou- 
pés en  collèges;  nous  ne  connaissons,  il  esl  vrai,  aucun 
collège  de  sculptores,  mais  nous  rencontrons  plu- 
sieurs fois  mentionnés  dans  les  inscriptions'-'  des  col- 

liEi^pâtlfat  TouvniJia  ô  4>ii5îa;  filiiait.  Il  semble  qu'on  ait  parfois  interdit  aux  scul- 
pteurs de  signer  leurs  œuvres;  ils  recouraient  alors  à  des  subterfuges  tels  tpie 
celui  de  Balrachos  elSauros;  cf.  Plin.  Nat.  hist.  XXXVI,  43  (cf.  PIul.  Oe  l'yth. 
oruc.  12,  p.  39'J  F).  —  Il  Arisloph.  Fax,  v.  005  el  Schol.  ;  l'iut.  Péric/. 
31  ;  Diod.  Sic.  XII,  3'J,I  ;  cf.  Collignon,  ff.  de  la  se.  gr.  t.  I,  p.  550.  —  IsPaus.  I, 
29,  15.  —  13  Cf.  Mitchell,  Hislorij  of  anc.  sculpture,p.  030;  l'erkins.  Les  snilp- 
leurs  ilaliens.  l.  I,  p.  C  (Irad.  Ilaussoullier).  —  1'  Cf.  Deiobry,  Jtome  au  siècle 
d'Auguste,    t.   111,   p.    49;    Mar([uardt,    l'ie  prinêe  des   liowains,  t.    Il,  p.  202. 

—  15  Tile-Live,  XXV,  40,2,  dale  linlroduclion  de  l'arl  grec  à  Home  de  la  prise  de 
Syracuse  par  Marccllns  :  Inde  pvimum  inilium  mirandi  Graecarum  artium  opéra 
liceniitteque  huic  sacra  profanngue  omnia  vulgo  spoliandi  factum  est.  Cf.  l'Iul. 
Alarcell.  21  ;  Marquardl,  O.  c.  t.  Il,  p.  2:111.  —  l«  I.a  peinture,  eu  effcl,  semble 
avoir  élé  plus  en  faveur  :  Plin.  XXXV,  19  23;  Friedlander,  Cieilisalion  el  mœurs 
romaines  t.  111,  p.  321  (Irad.  Vo^el);  M,iri|uardl,  O.c.  t.  11.  p.  2C4;  Courbaud,Z,e6«s- 
relief  romain,  p.  314,  u.  2.  —  '7  Geseh.  der  gr.  Kùnstleri,  l.  I,  p.  420,  430;  cf. 
Hirschfeld,  'J'iluli,  p.  02.  —  l«  Hrunn.  (t.  c.  t.  1,  p.  425,  431  ;  Friedlander,  Cir. 
et  mœurs  rom.  I.  111,  p.  321  ;  Courbaud,  Ac  bas-relief  romain,  p.  314.  Les  arlistes 
cités  par  Pline,  XXXVl,  3S,  comme  ayant  rempli  de  statues  très  estimées,  proba- 
lissimis  signii.  le  palais  des  Césars  sur  le  Palatin,  ont  Ions  des  noms  grecs  ;  le 
sculpteur  Uiogène,quidécoi-ale  Panthéon  d' Agrippa,  esl  un  Athénien:  Plin.  XXXVI, 
38.  _  19  Plin.  XXXV,  135  :  Arcesilaum  L.  Luculli  familiarem  ;  cf.  Urlichs, 
Arkesilaos,  p.  4.  -  20  plhi.  XXXVI,  40  :  Nalus  hic  {Pasiteles)  in  Graera 
llaiiae  ora  el  civilale  llonana  donalus  cum  his  oppidis.  —'^1  Par  ex.  C.A\ia- 
nins  Ëuander  ;  Brunn,  Gesch.  der  gr.  Kunstler-,  l.  1,  p.  382;  M.  Cossutius  Cerdn. 
P.  Cincius  Salvius  :  Brunn,  O.  c.  t.  I,  p.  425.  —  22  Di,,.  XII,  0,  20,  §  IS;  cf. 
Mitchell,   Hist.    of  anc.    sculpl.    p.    050;    Friedlander,   O.  c.    t.    III,    p.    300. 

—  23  Cf.  Waltzing,  Et.  hislor.  sur  les  corporations  professionnelles  che::  tes 
Jlumaius.  l.  IV,  p.  20  el  9S. 


scu 


—  m; 


srif 


It'Kes  (le  itiiiriiiorfirit  [marmoharus"  el,  praliqueiiicnl, 
il  ne  devait  guère  y  avoir  grande  dillérence,  à  Rome, 
entre  la  condition  du  marbrier  et  celle  du  sculpteur. 
La  fortune.  —  De  même  que  le  prestige  attaché  au 
litre  de  citoyen  romain,  manquait  aux  artistes  celui 
que  donne  la  fortune.  Que  demandait-on,  en  efTet,  à  un 
sculpteur?  Avant  tout  les  statues  dressées  pour  des 
motifs  politiques  soit  à  Rome,  soit  en  province';  or 
cette  habitude  d'élever  des  statues  à  un  très  grand 
nombre  de  magistrats  et  de  fonctionnaires  entraînait  la 
nécessité  d'une  fabrication  plus  rapide  que  soignée-. 
Le  goût  des  empereurs  romains  pour  les  grandes  con- 
structions triompliales,  arcs  et  colonnes,  dans  l'exécu- 
tion desquelles  ne  pouvait  se  faire  jour  la  personnalité 
des  noudjreux  ouvriers  employés,  aboutissait  au  même 
résultat.  Quant  aux  amateurs,  lorsqu'ils  étaient  riches, 
ijs  achetaient  des  œuvres  grecques  authentiques;  lors- 
qu'ils ne  le  pouvaient  pas,  ils  se  contentaient  de  répli- 
(|iies;  mais,  sauf  lorsqu'il  leur  fallait  un  portrait,  ils 
ne  recherchaient  guère  les  o'uvres  d'une  inspiration 
originale  '.  .\  l'artiste  créateur  succédèrent  donc  le 
praticien  et  le  copiste.  La  conséquence  économique  fut 
que  les  sculpteurs  ne  purent  se  faire  rétribuer  comme 
de  véritables  artistes.  Us  avaient,  en  outre,  à  lutter  contre 
un(!  très  forte  concurrence,  el  le  travail  servile,  en  parti- 
culier, nuisait  beaucoup  au  travail  libre.  Si  Arcésilas 
exigea  lOOUOOO  de  sesterces  pour  une  statue  de  la  Féli- 
cité el  1  talent  pour  le  modèle  d'un  cratère  en  gypse', 
ces  prix  extraordinaires  sont  dus  à  un  engouement 
passager  pour  l'artiste  grec.  Mais  le  prix  courant  d'une 
statue  sendjie  avoir  baissé,  surtout  si  l'on  songe  aux  habi- 
tudes de  la  prodigalité  romaine  ;  de  3UU0  drachmes  sous 
.Mexandre,  il  tombe  sous  Hadrien  à  oOtJ  ou  1000'';  le 
cliiirre  de  8000  sesterces  indiqué  par  une  inscription  du 
midi  de  l'Espagne  *  comprend  toute  une  parure  de 
bijoux;  la  somme  la  plus  forte-  relevée;  par  Friediander 
est  10000  sesterces^.  Aussi,  certains  ne  se  contentaient- 
ils  pas  d'être  scul|)teurs,  et  ajoutaient-ils  à  ce  métier 
celui,  peut-être!  plus  lucratif,  de  restaurateurs  de  sta- 
tues el  de  courtiers  en  o-uvres  d'art  :  tel  ce  G.  Avanius 
Fuander,  (jrec  d'Athènes,  ancien  esclave,  qui  refit  une 
lêle  pour  l'Artémis  de  Tiiuolhéos  et  vendit  des  slalues 


I  a.  coi.i 

lue»,  â  purl 


,iiii,  a.  c. 

Ilcsdcslji 


2  D'à 


(aiil  plus  c|uc  la  |ilu|iarl  ite  sla- 
paj's  gi'ccs,  semlflenl  avuir  été  fa))rif|uôes  à  lîotiic  : 
rriedlhnilcr,  (J.  c.  l.  III,  p.  iSli.  La  iii^cesr-i lé  Hc  faire  vite  dut  prubahlenicnt  doiiiicr 
lieu  k  celle  division  du  travail  dont  lémoigne  la  mcnlioii  de  fat/fi  ociitnrii  :  CLI  vi, 
i.  9t»î  (cf.  Cil,  ïi  i,  9*0i),  ouvriers  chargés  uniquement  de  la  fabrication  cl  de  la 
mise  des  yeux  aui  statues.  Cf.  Marquardl,  Vie  privée, l.  !l,p.346-,  Friediander,  O.  c. 
t.  m,  p  305.  —  3  Cf.  FricdlHndcr,  U.  c.  t.  III,  p.  299;  Courbaud,  O.  c.  p.  47, 
;ilk.  —  ll'lin.  XXXV,  150  :  eiiiem  {Arcesilao)  a  Lvcullo  US.  X  signimi  Feli. 
ciliilis  localum...  Oclavio  eqititi  Ilomano  cratera  facere  lulenti  exemplar 
i:  niiiiio  facliim  laleiito.  —  S  Dio  Clirysosl.  Ad  /Ihodiun.  XXXI,  l.  I,  p.  3liô 
(Dindorf);  cf.  Kriedl.ïnder,  O.  c.  t.  III,  p.  308,  315.  —  6  cil,  u,  Ï060.  —  "  l(e- 
nier,  luscr.  de  l'Alijérie.  15fi6  (Tlianiugasi.  —  «  Cic.  Ad  fam.  VII,  23  ;  XIII,  il 
el  il  ;  Hor.  Snl.  I,  3,  91,  el  Schol.  ;  l'Iin.  Aa(.  Imt.  XXXVI,  3i  ;  cf.  Bruun,  Gesch. 
der  f/r,  Kûmtlvri,  t.  I,  p.  38i  ;  koruecque,  Ùe  sif/nis,  p.  io  ;  Ccdlignon,  Hist. 
de  la  «c.  gr.  t.  Il,  p.  611.  —  'J  l.u.ullus  il'l.it.  Luc.  3»,  2)  el  C.sar  (Suel.  Caa. 
17)  amassent  des  slalues  et  des  tableaux  < 


Intl. 


fn  vole  :  t^l 
isolation  :  l'I: 
r.  XII,  10,7, 
Jeune,  Ep.  III,  6, 
l'erlins.  Lfa  scuipt 
f/itt.  de  l'a  se.  gr 
Ueher  den  Kiinslt 
iî3.  —  Il  Hp.  ad  i 
artium  piclorea 
celcros  h'xiiriae 


Sal.   11,3,  Ci;  Hp.  II.  2,    I80|; 


relie  que 
en  donne  t 


l'.ic.  r,isc.  I,  i;  cf.    Ilizolny,  lion. 


concitoyens  ne  eiierclient  pas  dans  l'art 
place  importante  aux  artistes  ;  (Juintilien, 
',  résume  rafiidemenl  lliisloiredc  la  sculplure  grecque  ;  l'Iine  le 
i,  avoue,  avec  ngrel  sendile-lil,  n'ilre  pas  connaisseur.  Cf. 
If.  ilal.  I.  I,  p.  19;  liornecquc,  IJe  iignis,  p.  17  el  19;  Ollignon, 
ir.  t.  Il,  p.  1111  ;  E-Vie.lliinder,  O.  c.  l.  III,  p.  327;  llcrniann. 
tiinn  de-  IlAmer.  —  l'I  Aen.  VI,  847;  cf.  Hor.  De  nrle  pvet. 
'  l.iicil.  88,  18  :  Aon  cnim  adducnr,  ul  in  numerutm  libernlium 
recipiam,  non  magis  qiiam  slulmirioa  aut  miirmorarios  aut 
miniatros;  cf.  Vcllcius  l'ateiculus,  I,    13;  Val.  Max.  VIII,  14,  C; 


cfc  dAug::sl'',  l.  III,   p. 


<rll;.lHlei 


a  Cicéron  *.  Ainsi  ne  s'attachaient  aux  artistes  ni  le 
mérite  de  la  beauté  réalist'e  ni  celui  de  la  fortune  ac- 
quise; c'étaient  de  simples  industriels  le  plus  souvent 
fort  modestes,  presque  toujours  des  étrangers  ou  des 
esclaves  récemment  alTrancliis. 

L'opinion.  —  Ces  circonstances  expliquent  la  dureté 
des  jugements  émis  sur  eux  par  les  écrivains  latins  alors 
même  que  se  fut  développé  le  goût  de  l'art  et  de  la  critique 
d'art'.  La  pensée  romaine  resta  toujours  celle  qui  est  ex- 
primée dans  les  fameux  vers  de  Virgile  '".  "  On  ne  me  déci- 
dera jamais,  dit  Sénèque  ",  à  placer  au  nombre  des  arls 
libéraux  ni  la  peinture,  ni  la  statuaire,  ni  lasculpture,  ni 
tous  ces  métiers  qui  se  mellent  au  service  du  luxe  »;  el 
ailleurs  '-  :  «  Tout  en  adorant  les  idoles  on  méprise  ceux 
qui  les  façonnent  ».  Cette  idée  se  répand  si  bien  qu'elle 
modifie  la  conception  grecque  chez  les  Grecs  eux-mêmes. 
Au  IV  siècle,  lejeune  Mippocrate  de  Platon  '^  rougissait  de 
devenir  sophiste  à  l'école  de  Protagoras,  mais  acceptait 
de  devenir  statuaire  à  celle  de  Phidias  ou  de  Polyclète; 
Plittarque  déclare  qu'après  avoir  contemplé  le  ZeusOlym- 
pien  ou  la  liera  d'Argos  aucun  jeune  homme  bien  né  ne 
(h'sirera  devenir  ni  Phidias  ni  Polyclète,  car  une  œuvre 
peut  être  agréable  sans  que  l'ouvrier  soit  digne  d'estime". 
Ce  préjugé  contre  l'artiste  s'exprime  mieux  encore  dans 
le  Songe  de  Lucien  :  «  Suppose  même  que  tu  sois  Phidias 
ou  Polyclète  et  que  tu  fasses  de  nombreux  chefs-d'œuvre, 
dit  l'Éducation  libérale  (notiost'a)  au  jeune  homme,  tous 
admireront  ton  art,  mais  personne  de  sensé  ne  souhaitera 
te  ressembler  ;  car  lu  seras  toujours  considéré  comme  un 
artisan  et  un  ouvrier  manuel,  et  l'on  dira  que  tu  gagnes  ta 
vie  avec  tes  mains''.  »  Quelques  lignes  plus  haut,  il  est 
vrai,  la  Sculpture  (  'Eç,J.o^f/.'Jz,^>!.■r^  té/vï,)  a  déclaré  que  Phi- 
dias, Polyclète,  Myron,  sontadorés  coiimie  des  dieux  "',  et 
Galien'\àla  même  époque,  partageait  les  arts  elles  mé- 
liersen  deuxclasses:  d'unepart  ceuxqui  fatiguenllecorps 
el  qu'on  appelle  manuels  ;  de  l'autre  les  professions  au- 
gustes et  inlellectui'lles:  médecine,  rhiHorique,  musique, 
géométrie,  auxquelles  il  ajoute  la  peinture  et  la  scul- 
pture qui  occupent  les  mains  sans  demander  un  grand 
emploi  de  la  force  physique.  Chez  certains  esprits,  les 
idées  romaines  n'avaic-nt  donc  pas  complètemeiil  ('limiiié 
l'ancienne  conception  grecque;  il  n'en  est  pas  moins  vrai 


';.  c.  t.  m,  p.  319;  iMar.|u.  rdl,  \i.;  pr,n-c,  l.  Il,  p.  2o.ï.  —  <^  Dans  Ucl.nec,  /n.sl. 
dii:  II,  2,  14;  cf.  Scn.  Ep.  ad  Luc.  113,  8.  —  '3  Prolag.  p.  311  C-312  A.  —  <'•  Pe- 
rict.  2,1  ;  Kat  où5t\;  tûsuin  wto;  îî  TÔv  iv  tliffï;  6Eaoâ(iEva;  ûto  ^f,ïoOot  «frtiSîa;  iictbj^i.- 
r.çev  ,;  Tijv  'Hpav  TÎjv  'l*  'Açytt  floXiix^EtTOÇ,  oi4  'Avaxpiwv  r,  «ttXilTà;  T,  *Ap;t('Vo/_oç  r.^flti; 
aùïùlv  x-ï(5  ito{'ii|Jut9iy.  Oj  Tàp  àvavxaTov,  ei  -céçiïei  to  Tp^ov  w;  /,âptEv,  iÇiov  uiîouSîi;  EÎvwt 
l%ï  Eiç^aaiiévoï.  —  15  9  :  E!  Si    »«'i  *Ee!.'«î  ij  noW»ltiTo;  fiiito    »«'i  lnuitaTtd  isoJXft 

îjfoi,  iJEaiT  i»  Ofioio;  ooi  ïev£|fî«i.  'Oio;  jio  «v  ^î,  pàvnj^o;  ««'.  /EÎfSvitS  »a'i  àco/Eif of  ^uio; 
.,'l.,.»ii»Ti.—  16  8  :  n-,oi7»u.o-7/T..  r«7.  -Ixo.  |»Eti  t.ôv  >,:.,.  —  "  Prolrept.  14,39  ;  cf. 
Chilostr.  Apollon.  Tyan.  VIII,  7,  p.  135.  —  Bibuocraphik.  Nous  rappelons  seu- 
lement ici  les  ouvrages  principaux:  A.  Technique  de  ta  sculplure  :  Bliinnner, 
Technologie  ;inrf  Terminologie  der  Oeircibe  :  und  Kùnste  bei  Griechen 
und  liùmern,  t.  II,  p.  Iii4-29f.,  334347,  t.  III,  p.  187-220;  Siltl,  Archtïologie 
der  Kunst,  t.  VI  du  HanUbuch  der  klaxsischen  Altertuma-  Wissenschaft, 
dlwan  Millier,  p.  304-403;  E.  Gardncr,  The  processes  o{  greek  iculpture, 
aa  shoirn  bij  some  unfiniihtd  alatuea  in  Alhens,  Journal  of  Iwllenic  sludies, 
18'JO,  p.  129-142,  el  llandbouk  of  greek  sculpture,  p.  13;  I.cchat,  Au  musée 
de  l'Acropole  d'Athènes.  Annales  de  l'Université  de  Lyon,  Nouvelle  série: 
II,  Droit,  Lettres,  fascicule  10,  p.  3-23,  227-204  ;  Colliguon,  La  polychromie 
ditits  ta  sculpture  grecque,  Itevue  des  Deux-Mondea,  1893,  L  I,  p.  823-848, 
el  Leroux,  1898;  l'errol  et  Chipiez,  Histoire  de  l'art  dana  l'antiquité,  t.  VIII, 
p.  141-230.  —  B.  Condition  sociale  des  sculpteurs:  lirunu,  Geschichle  der 
qriechischen  Kûnstler,  2»  éd.,  1889  ;  Bazin,  De  la  condition  des  artistes 
dans  l'antiquité  grecque,  18«li  ;  Blûmner,  Lebens-und  DilUungsgang  unes 
grievhischen  Kûnstlcrs,  Oe/fcnlhiche  Vortrûge  gehallen  in  der  Schuei:,  t.  IX. 
cahier  8;  KrieilLïmler,  Civilisation  et  mrrurs  romaines,  trad.  Vogel,  t.  III, 
p.   2S2,  313,   318. 


SCI' 


iirui 


SCY 


que  les  paroles  île  iRiliicalion  liboi-alo  concordiMil  Irop 
bien  avec  le  jugement  de  l'lular([ue  et  des  (écrivains  latins 
pour  ne  pas  exprimer  une  opinion  courante  alors  en 
Grèce  et,  ;\  plus  forte  raison,  en  Italie.     Charles  ])ui;as. 

SClTItKA.  I.  L'étymolo.uie  du  mot  est  incertaine'. 
C'est  chez  Plante  que  nous  apparaît  sa  signilication  la 
plus  ancienne.  Il  y  désigne,  d'une  façon  générale,  les 
beaux  messieurs  de  la  ville,  les  citadins.  En  un  endroit 
le  poète  qualifie  ainsi  un  citadin,  habitué  à  ses  aises  et  à 
la  mollesse,  par  o|)posilion  à  un  homn  mili/nris'-;  ail- 
leurs, un  homme  de  nuinières  élégantes  et  distinguées, 
par  opposition  à  un  paysan  malappris^;  ailleurs  encore, 
un  oisif  qui  est  au  courant  de  toutes  les  nouvelles  et  de 
tous  les  bruits  de  la  ville,  un  «  nouvelliste  »  '.  Mais  ce 
sens  s'était  déjà,  semble-t-il,  complètement  éteint  dès  le 
temps  de  Cicéron.  Par  une  dérivation  toute  naturelle,  ce 
terme  désigne,  à  cette  époque,  un  homme  d'esprit  (m/'Ôo- 
niis),  un  facétieux  ou  même  unboufTon^  C'est  en  ce 
sens  que  Cicéron,  traduisant  un  mot  de  Zenon,  appelle 
Socrate  scurra  atlicus,  par  allusion  sans  doule  à  V ironie 
perpétuelle  dont  usait  ce  philosophe''.  Puis,  comme 
c'était  l'habitude  des  grands  dans  la  Rome  de  la  déca- 
dence, d'avoir  à  leur  table  un  bouiïon,  chargé  de  diver- 
tir les  convives,  le  mot.sc«/v«  finit  par  désigner  un  l)ouf- 
fon  de  métier,  un  ))arasite  ''.  C'est  ainsi  également  (|u'en 
grec  YeXwTOTr&toç  est  synonyme  de  Trapàciroç  [p.vrasitus]. 
Mais,  l'esprit  n'étant  pas  à  la  portée  de  tous,  les  parasites 
y  suppléaient  souvent  par  la  llatlerie;  d'où  le  sens  nou- 
veau di'  /ïa/leu)\  /lar/orneiir.  Horace  nous  montre  un  de 
ces  scurrac,  qui,  relégué  au  bas  bout  de  la  table,  paie  son 
écot,  en  relevant  les  paroles  les  plus  insignifiantes  du 
maître  pour  les  faire  admirer*.  Enfin,  d'autres  scitrrae 
remplaçaient  l'esprit  par  des  grimaces  et  des  tours  de 
charlatan'.  Scurra  devint  un  synonyme  de  mimts. 

11.  Dans  les  derniers  teiui)s  de  l'Empire,  nous  trouvons 
le  mot  scurra  avec  une  toute  autre  signification:  il 
désigne  les  gardes  du  corps  de  l'Empereur,  les  soldats  de 
la  garde'".  0.  Navarre. 

SCIJT.VLE.  Lanière  [haheiia,  xwÀa).  —  Courroie  de  la 
fronde,  ou,  ]ihis  pari iculièreincnt,  l'endroit  01^1  elle  s'élargit 
pour  former  la  jiociie  où  est  disposé  le  projectile  [riNDA]  '. 

SCURIIA.  I  VemusHaccus(l-'esUis,  s.  r. scurrae,  f.i'ii,6i.  Mûller)  faisait  venir 
ncuira  du  verbe  Siqui,  «  qnod  et  teniiioris  fortuime  hommes,  et  céleri  niiogui, 
qui  honoris  yratia  persequerentiir  qiwiiipiam,  non  antecedere  sed  seqtiî  SHiil 
sotiti.  ..  M6111C  (•limologie  clicï  Isiil.  Ori,,.  10,  253.  D'après  Ril.l,ek,  Aijroiltos, 
p.  65,  ce  mol  laUii  viciidrail  du  dorieu  o.ùejci.  —  2  Ei>id.  I,  I  ,  13.  —  3  .1/os- 
iclt.  I,  I,  I*.  -  *  Trin.  I,  2,  165  ;  Truc.  2,  6,  10.  Cf.  loen.  i,  3,  35;  5,  5,  i. 
Cure.  3,  î,  17.  —  5  Cic.  Verr.  2,  3,  62;  llor.  Sttt.  I,  5,  52  ;  Plin.  Ep.  9,  17,  1. 
—  6  De  mit.  deor.  3*  ;  Laclant.  3,  19.  —  1  Hor.  Sut.  i,  8,  1 1  ;  £/)  I,  15,  27  ;  I, 
IS,  2i:  Cic.  0""i'-  3.  11.  -  8  Ep.  I,  18,  10  S(|.  -9Juv.  13.  110;  Capilol.  Ver. 
8  s.  r.  Pour  plus  de  dd'lail,  vor.  paiias  Tis.  —  m  l.amprid.  Alex.  Ser.  Cl,  62, 
Eloq.  33;  cf.  Ili.  Sluralori.  Thcs.  vêler,  inscr.  843,  2.  La  filialion  eulrc  ce  srns 
cl  les  précédeiils  reslc  oliscurc.  Saumaisc,  ad  Lamprid.  L.  l.  pensait  ipic  ces 
soldats  avaient  Hé  ainsi  appcli's  •  guod  non  maijis  ait  lalere  domini  discederent 
quam  scurrae  et  parusili  ab  iis  quorum  mensas  seclal/anlur  ■..  —  Uibi.ki- 
..iiAPiiiE.  Forcellini,  Lexic.  ».  v.  ;  Uurange,  Glossar.  i.  o.  .•  Oito  Hihrck,  Agroikos, 
eine  ethuloyische  SluJie,  Abkhandt.  d.  phitol.  hiat.  Cl.  d.  Sachs.  GesbeUsch. 
*/.    W'issench.  \,  p.  55,  («ii. 

SCUTALK.  ITil.  I.iv.  XX.WIII,  .••I.  Von  J.  l.ips.  l'ol,urc.  IV,  3  ;  Saumaisc  ad 
Pi-sc.  Nig.  10. 

!><:i]TAIIIl.'S.  I  l'iaut.  lipid.  I,  I,  35.  -  J  Corp.  insc.  lui.  III,  IUSS.  —  3  C'était 
i> iiltiiiment  la  ipialiiicatioii  donnée  aux  konniics  des  cohortes  dites  scutala. 
-i.\ot.  Dign.  Or  XXXI,  23,  21.  -  oQr.XXXlX,  12.  - 1.  Ur.  XL,  11,13.  Ii;  ;  XI.IL 
15.  -  7  Or.  XLII.  lô.  —  »  Oc.  XXXII,  22.  —  3  Oc.  VI,  38  ;  VII,  197.  —  10  Oc.  VII, 
;nl.  -  Il  Or.  XXXII,  18.  -  IS  Or.  XXXIII.  16.  -  13  Or.  XXXIV,  20.  -  H  Or' 
XXXVI,  19.  _  y-  Or.  XXXVII,  14.  -  16  Or.  V,  38;  VI.  38,  39  ;  VII,  28  ;  Oc.  VL 
20,38;  VII,  195,  201.- 1- Or.  XI,  4,  5,  7;  Oc.  IX,  1,5,8;  Cor;,,  ins.  ia(.  V,  43C9.' 
Ainni.  Jlarocl.  XIV,  10,  8  ;  1 1,  1 1,  24  ;  XX,  2,  5  ;  XXI,  S.  I  ;  XXX,  1,  H;  XXXI, 
j,   9.  Monunven.  Ihrmes,  XXIV  (ISS9  ,  p.  222  si|.;  Cod.  Theod.  XIV,  17,  9. 

SCUritA.  1  Cdl.  /(.  rjsl.  137,  Il  ;    Maul.  J'en.  1,  3,  ^.  Caccil.  ap.  .\ou    p.   I3i, 


SCnT.\lllliS.  —  Le  mot  désigne:  1°  un  fabricant  de 
.■^culuin  '.  C'est  le  nom  que  port;iient  au  Has  Empire  les 
ouvriers  de  tout  grade  attachés  aux  j'ahricae  sculuriae  -  ; 
"2°  un  soldat  armé  du  .•<cu(uiii. 

Le  mot  ne  se  rencontre  guère  avant  Constantin,  dans 
les  textes  techniques'';  mais  ensuite,  on  trouve  de  nom- 
breux exemples  de  scu/nrii;  ce  sont  toujours  des  cava- 
liers. Les  uns  sont  groupés  en  citnei  et  répartis  dans  les 
difTérentes  provinces  iTliébaïde^  Scylhie',  Mésie'^, 
Dacie'',  Pannonie ',  .M'rique',  Bretagne'",  Phénicie", 
Syrie'-,  Palestine''',  Mésopotamie 'S  Arabie '")  ;  d'autres 
sont  attachés  à  la  personne  de  l'Empereur  et  à  la  garde 
impériale  soit  comme  coniila/cnses"\  soit  comme  sc/io- 
lares'''.     R.  Cacxat. 

SCUTICA.  —  Foiiel  de  cuir  ;  PLAUianMl. 

SCUTRA.  —  Vase  à  faire  cuire  des  aliments'. 

SCUTllLA,  SCUTELLA  (IIxoutéUiov).  —  Nom  donné  à 
difFérenls  objets  dont  la  forme  rhombo'idale  rappellerait 
celle  du  bouclier  romain,  sculum,  en  quadrilatère  allongé 
[cLiPEi's,  p.l^o't]  '.  Il  désigne,  en  particulier,  un  plat  long, 
un  plateau,  analogue  au  catinus,  nisirs,  lanx,  iMazono- 
MON,  etc.,  dont  on  se  servait  pour  apporter  des  mets  ou 
surletjuelon  groupait  un  service  de  table  -,  Certains  textes 
le  représentent  comme  un  ustensile  léger  et  de  médio- 
cres dimensions'.  Mais  à  l'époque  byzantine,  au  con- 
traire, les  dxouTÉÀXta  apparaissent  dans  le  mobilier  des 
empereurs  comme  des  plateaux  magnifiques  et  richement 
ornés,  sur  lesquels  on  apporte  le  dessert  dans  les  repas, 
eloù  l'on  dispose  les  cadeaux  en  argent  monnayé  '. 

Le  même  nom  s'applique  à  des  carreaux  de  pavement 
[PAViMENTi'M,  p.  3t)ll  ;  à  des  morceaux  de  marbre  ou 
d'autres  matières,  découpés  en  losanges  dans  une  mo- 
sa'ique  [mlsivl'ji,  p.  20'Jij  ^;  à  des  ornements  de  même 
forme  placés  sur  des  vêtements  [segmenti'Mj'''.     E.  P. 

SCYLL.\(ï;xOX)va).  —  Écueildu  détroit  deMessine',  per- 
sonnifié par  la  fable  en  un  monstre  féroce.  11  fait  pendaiil 
à  Charybde,  autre  écueil  redoutable,  mais  ([ui  a  l'aspect 
d'un  goufl're  oit  la  mer  s'engloutit  avec  fracas,  en  alisor- 
bant  fous  les  objets  et  les  êtres  placés  à  sa  portée,  puis  les 
rendant  plus  tard  dans  un  remous  en  sens  contraire-. 

Scylla  est  probablement  d'origine  sémitique  ',  et  sa 

15.  Ouel(|ues-ûns  rassiniilcnl  à  la  chvtka  ;  Kiause,  Anyeiolofj.,  p.  445,  noie  2. 
SCliTULA,  SCUTlil.l.A.  I  Isidor.  Ilisp.  Elymoloij.  XX,  4  ;  sculeUa  a  sculo,  fer 
diminutionem  ;  cf.  Cledonius^  De  partib.oration.,  dans  les  tirammatie.  latin,  atiet. 
ddit.  Luiscli,  1005,  p.  ISUli;  Couseul.  ibid.  p.  2027;  Cf.  Consorin  fr.  p.  24,  11, 
Jailli  :  scutula  id est  rhombos  quod  tatera  pariu  habet  nec  anijulos  rectos.  Sl'Ioii 
d'aulres,  le  mol  scutula  ne  pourrait  pas  venir  de  sculum,  In  première  syllalie 
élant  brève  dans  5cit/'-/a  et  longue  daus  sculum  ;  il  serait  à  rapprocher  de  sc^'d/e. 
d'où  scutula  et  scululalaveslis,  ornement  en  bande  longue  cl  èlroile  ;  voy.  ci.avis. 
Dans  le  même  sens  el  avec  la  même  origine.  César  emploie  le  mot  scutula  pour 
désigner  les  rouleaux  de  bois  avec  les<|uels  on  dt'plarail  de  lourdes  charges  {tJell. 
civ.  III,  40  :  voy.  ihai,am;a.  —  'i  Cic.  Tuscul.  III.  19,  46  ;  L'Ip.  /Jigest.  XXXIV,  11', 
B,  10.  Cf.    Krause.    Anijeioloijie,  p.  413,  450;    Becker-Gôll,    Gallus,  III,    p.   395. 

—  3  iMarlial.    VIII,    71,    7    [bessulem    scutulam);   XI,    31,    18    {levés    scululas). 

—  4  Conslanl.  l'orphyrogen.  ûe  cercfuon.  aul.  byzant.  Il,  15,  ad  (p.  585,  I"  éd. 
Hciske).  Il  est  question  aussi  {iind.  p.  382,  17}  des  ixtwoûp  a  «at  |ie(r''ox'.ûTE'A'Aa 
ào^uDÙ  [lÊ^â)»  àvàT'Au3«,  (|iii  ornent  la  salle  à  manger.  Cf.  A.  Odobesco,  Le 
Trésor  de  Pi'trossa,  p.  179  el  noie  2  ;  Du  C.iuge,  Glossar.  s.  r.  scutella.  —  5  Vilruv. 
VII,  1  ;  Paliad.  I.  9,  3.  —  »  Saimiaise  ad  Vopisc.  Aurel.  46.  Cf.  Juven.  Il,  97  ;  Cod. 
Theodos.  XV,  ',  11.  On  dit  aussi  scututatus  de  la  robe  tacitetéc  d'un  cheval; 
Paliad.  IV,  U. 

SCÏI.I.*.  1  Nom.  (Jdyss.  \ll,  85  m|..  cf.  430  cl  sq.  ;  cf.  Dérard,  Lis  Phéu.- 
ciens  et  l'Odyssée,  l.  U,  p.  349  sq.;  Hoiui,  Gescliichte  Siciliens  itn  Alterthum 
(1870),  l.  I",  p.  33,  54.  Les  iiid"clioiis  fondées  sur  la  lopographie  du  détroil  ne 
sont  plus  conlrôlables  aujourd'hui,  le  récent  caiaclysmc  ay.tnl  modifié  l'élal  des 
lieux.  —  -  Hoin.  Odyss.  XII.  loi  sq.  ;  cf.  Bérard,  p.  35T  sq  ;  Sloll.  dans  Lexi- 
kon  der  .Mythologie  de  Roscber,  arl.  Churybdis.  I.  p.  887.  —  3  Sejlla  viendrait 
de  «»  scol  ",  danger  de  mort,  selon  Bocliardt,  Phaley  et  Canaan,  p.  576,  ou,  d'apri-s 
II.  Lewy,  dériverait  de  l'hébreu  sakhal  ou  sakbula  signiliaiit  cire  enlevé  ;  Jahr.  /iir 
Phil.   1<92,   p.    ISV(l.e«y)   el   .Vytiwi.   .\achtrnije  et    \Vochcnschn/l  fiir  l'hiL 


SCY 


\[r]l  — 


sriY 


gi'iK'alogie  est  fort  confuse.  Dans  VOi/i/ssrc,  Circé  con- 
seille il  Ulysse  d'invoquer  la  mère  de  Scylla,  Craléis'. 
Selon  d'auLres  niylliograplies,  ce  n'est,  pas  Craléis  qui 
est  lanière  de  Scylla,  mais  Ilécalc -,  Kcliidna^  ou  Lamia'". 
Un  donne  comme  père  à  Scylla,  Pliorbas-Pliorkys'',  Tri- 
Ion'',  Typhon',  ou  même  un  mortel,  Tyrrliénos  *. 

Nous  trouvons  dans  VOdijgxée'  la  première  descri- 
ption de  Scylla.  C'est  un  monstre  épouvantable  qui  aboie 
comme  un  cliien;  il  est  muni  de  douze  pieds  et  de 
six  cous  démesurés  portant  chacun  une  lèle  horrible 
garnie  de  trois  rangées  de  dents.  Il  émerge  d'une  sombre 
caverne.  I.e  monstre  est  anthropophage  et  dévore  six 
des  compagnons  d'Ulysse'".  Les  poètes  dramatiques 
grecs"  elles  poètes  latins '^  reprennent  ces  traits  essen- 
tiels, mais  on  observe  chez  eux  une  lendancc  à  donner 
à  Scylla  une  forme  plus  humaine.  D'après  Virgile",  on 
voyait  sortir  de  l'antre  de  Scylla  le  buste  d'une  belle 
Jeune  lille,  dont  le  corps  se  terminait  par  une  queue  de 
dauphin,  el  dont  la  ceinture  était  garnie  de  tètes  de 
chien.  Lucrèce'*  et  Juvénal '- prennent  Scylla  comme 
exemple  des  exagérations  de  la  légende  el  des  égare- 
ments de  la  superstition. 

Il  ne  manqua  pas  non  plus  d'e\|)liralions  raliunalisles. 
Selon  Falaiphalos,  Scylla  serait  simplement  un  vaisseau 
corsaire  lyrrhénien  qui  infestait  les  ci'jtes  de  Sicile  "'  ; 
selon  Ih'raelile  "  el  saint  .lérùme'",  Scylla  serait  une 
hétaïre  qui  dépouillait  ses  hôtes.  On  trouve  encore  l'écho 
de  cette  explication  chez  Isidore  d'Espagne  '".  Slra- 
bon''"  voit  dans  Scylla  elCharybde  des  repaires  de  pirates, 
et  il  explique  les  aboiements  des  chiens  de  Scylla  parles 
hurlements  des  chiens  de  mer  à  la  chasse  des  galéoles 
dans  le  détroit  de  Messine''.  D'autres  écrivains  ne  voient 
dans  Scylla  qu'un  simple  écueil  particulièrement  dange- 
reux ".  Scylla  joue  aussi  un  rôle  dans  la  légende  d'IIéru- 
dès.  Klle  est  chàliée  el  mise  à  mort  par  le  héros  dorien 
pour  avoir  volé  quelques  pièces  de  bétail  du  troupeau 
des  (iéanls-'.  Son  père  Phorkys  la  ressuscite  avec  des 
torches -'".  Les  savants  modernes  voient  volontiers  dans 
Scylla  la  personnilication  d'un  écueil  ou  d'un  ci'plialopode 
gigantesque-''. 

A  l'époque  alexandrine  -'\  la  légende  de  Scylla  se 
fondit  avec  des  légendes  voisines  d'origine  sicilienne,  ou 
italienne,  comme  le  mythe  de  Glaucus.  Le  dieu  marin 
[glaucusj  ^''j  amoureux  dédaigné  de  Scylla,  s'adresse  à 

1S'J3,  p.  18  cl  \i-lk:  0.  Wascr,  Skylla  und  Charijhdis  tm  Uer  lia.  unil  KunsC 
tier  Gru'clieit  und  Itoini-r,  p.  l  sq.  Pour  Bérard,  Us  P/ii'niciens  et  l'Odyssée,  l.  11, 
p.  3jU,  l'i-lymologic  ilc  Scylla,  loujoui-s  de  môme  origine,  scrail  tout  autre  el  déri- 
vcrail  de  skoula,  de  la  racine  ski  =  la  pierre.  Chez  ilomèrc.  Scylla  est  uumtnéc 
«  E.O,.lr,v  i,itf«.:.r,v.  ■.Odijss.  XII,  V.  â3l  ;  cf.  Hcnning,  Homers  Odyssée  Kristicher 
Commentar.  i'JOS,  p.  301.  —  I  Odyss.  XII,  lii,  5;  llygiu.  Fab.  I'J8;  Kosciier, 
Uxik.  d.  Uijlhul.  11,  p.  1408-!i.  —  2  Iles.  frac.  (I)idot),  p.  Si,  n»  I13  ;  Scitul. 
in  Apollon.  Wiod.  IV,  8i8  ;  Hoschcr,  Lrxik.  d.  Myth.ol.  |i,  |).  1899.  —  3  llygin. 
Pab.  Ii3  el  ISl  ;  cf.  Wascr,  Skylla  und  Clmrybdis,  p.  i5.  —  4  Schol.  Odyss. 
XII,  12*;  Kuslatli.  p.  1714;  3i.  —  5  Kosciier.  Lca:ik.  d.  Mythol.  III,  p.  2ii4 
et    2*31;   Schol.    Aiiolhn.    Mod.    IV,  8i8.    —   6   Sehol.    in   Odyss.    XII,    124. 

—  ''  Hygin.  Fab.  123  el  141;  cf.  fini,  v.  07.  —  8  Apollod.  Episl.  7,  20;  Wietn. 
Mus.    1891,    p.   178.  —   9    Odyss.    XII,  v.   85  sq.    —   10  Odyss.   XII,    v.    243-250. 

—  n  Eschyle,  Ayamttm.  v.  1240  sq.,  la  traite  de  chienne  odieuse  el  de  serpent  a 
deux  létes.  —  12  Virg.  Aeneid.  111,  v.  420-433;  Ovid.  MeUim.  Xlll,  v.  729-740; 
Tihull.  l'Aey.  III  et  IV,  v.  89.  —  13  Virg.  Aeneid.  III,  420  sq.  —  H  Lucrcl.  V.  888, 
IV,  V.  734  sq.  —  l^'  Juvcn.  Sal.  XV,  17,  19.  —  10  l'alaiidialos,  mp',  iit:,™.,  21  : 
Waser,  O.  c.  p.  17;  Miillcr-Deeke,  Etrusker,  I.  p.  I8i.  —  n  Hcracleilos,  itit': 
ii.%™-,,  c.  2.  -  ISIIieronynius  Euseb.  CkruH.  H,  p.  34  (Schrtuc).  —  l'J  Migne, 
Palrol.  82,  132.  -  20  Slrab.  1,  II,  U.  —  Jl  Slrah.  I,  15  ;  Polyh.    XXIV,  2;    12,  3;  9. 

—  22  Flin.  Wisl.  na(.  IV,  74;  l'onqi.  Mcl.  11.7;  Scn.  Epist.  ad.  Llicil.  W  45.  79; 
III,  92.  —  23  Schol.  Tzeizes  ad.  Lycophr.  Alex.  44  à  49.  —  2t  /bid.  i  ■.  Cf. 
Lcxikon,  liosclier,  ait.  Phuikys,  p.  2433.  —  2b  Kin-ucr,  /Jie  homcrische  Tieneelt. 
(1880),  p.  80;  cf.  I.cnz,  Zouhyie  dei-  alten  Urieclien  und  Hrirner,  p.  012  sq  ;  IK-n- 
uiug,  Uomei-'s  Odyssée,  Kritischer  Commentar,  p.    301  sq.  —  20  Waser,  O.  c. 


la  magicienne  Ciici',  qui,  [lar  ses  drogues,  uuOiiiuiir- 
pliose  la  jeune  (ille  en  un  monstre  aIVrcux,  mi-femme  et 
mi-poisson.  Scylla  se  venge  de  Circé  en  faisant  périr 
six  des  compagnons  d'Ulysse;  elle  allait  faire  subir 
le  même  sort  aux  compagnons  d'Knée  quand  elle  se  vit 
changée  en  rocher.  Selon  une  autre  version,  Scylla  au- 
rait été  métamorphosée  par  Ampiiilrile,  jalouse  de 
l'amour  que  lui  témoignait  Neptune-". 

Dans  une  légende  mégarienne,  ou  Cretoise,  Scyllaest  la 
lille  du  roi  de  Mégare,  Nisus.  lîprise  du  chef  des  envahis- 
seurs Cretois,  Minos,  la  jeune  (ille  trahit  son  père  et  sa 
patrie.  Elleestchangéeen  un  oiseau  fabuleux,  leCi/'/.s^'. 

Représentations  /it/urée.s.  —  Les  monuments  mycé- 
niens connaissent  un  monstre  semblable  à  Scylla"'; 
mais  les  artistes  grecs  ont  surtout  emprunté  à  VOdijasée 
les  traits  principaux  de  Scylla,  en  éliminant  ce  qu'ils  con- 
tenaient de  trop  sauvage  pour  convenir  à  une  création 
artistique  ". 

Une  pierre  gravée  du  Cabinet  des  médailles'-,  des 
bas-reliefs  de  Mélos  ^%  des  monnaies  de  Cumes"  et  de 
Cyzique  ^''  nous  oiïrenl  le  type  le  plus  ancien.  C'est 
un  buste  de  femme  vu  de  prolil,  vêtu  du  chilon  à 
longues  manches;  elle  porte,  en  outre,  à  droite  et  à 
gauche,  sur  ses  épaules,  une  tète  de  chien.  Le  corps 
se  termine,  à  partir  de  la  ceinture,  enune(|ueue  de  dau- 
phin ou  de  poisson.  Ses  mains  ont  la  forme  de  nageoires. 
Sur  les  monnaies  d'Allibanon^",  elle  est  représenli'^e 
nue  jusqu'à  laceinture.  Lllea  encore  sur  les  épaules  les 
tètes  de  chien,  mais  ses  mains  sont  humaines.  Les  mon- 
naies de  Curnes",  d'époque  plus  récente,  nous  oflrent 
une  curieuse  évo- 
lution du  type  de 
Scylla  (fig.  6^44)  :  sa 
ceinture  est  garnie 
de  protomesde  chien. 
C'est  l'image  tradi- 
tionnelle qu'on  ob- 
serve ensuite  sur  les 

vases  peints,  les  bas-reliefs,  etc.  Sur  une  monnaie  de 
Lipara"  on  voit  une  Scylla  dt'ja  complètement  humaine, 
assise  sur  un  chien  de  mer. 

Scylla  décore  lecasque  d'Alluïna  surceilaities  monnaies 
grec([ues  de  l'Italie  méridionale.  Cette  innovation  pro- 
vient de  Tliurium  (fig.  (J245)-''-'.  On  associa  à  la   ligure 

p,  39.  —  -n  Ilygin.  Fab.  198;  Ovid.  Metam.  Xlll,  v.  898-9138:  XIV,  v.  1  ;i 
74;  AnnuU,  1843,  p.  144  sq  ;  rf.  Uxilcon  der  Mylti.  de  Hos.  lier,  arl. 
Gtaukos,  p.  1684.  —  2»  OvkLiJel.  XIII,  v.  733  ;  Tzelz.  ad  Lycophr.  648.  —  29  ['ans. 
1,195;  \irg.  Ciris  ;  Servius,  .<)((.  ^entirf.  VI,  74;  cf.  Uoscher,  Lexikon  der 
.Uyth.  arl-  Nisos,  I.  III,  I,  p.  420.  —  30  Atli.  Mittli.  1906,  p.  30.  —  31  Wa- 
scr, 0.  c.  p.  78,  79  sq.  —  32  pcrrol  cl  Chipiez,  Histoire  fie  l'art,  III. 
442.  —  33  Schiinc,  Griceb.  Reliefs,  pi.  xx.xv,  134  T.  —  34  llcad,  Uisl. 
num.  p.  31  ;  Imhoof  Blumer  cl*  Ollo  Kcller,  'J'ier-mid  P/lanzenbilder  auf 
Alûnzen  und.  Gemmen,  pi.  xni.  2  ;  Urit.  Mus.  Cal.  Ital.  p.  87,  n°  27,  p.  90, 
„o30.  —  36  Head,  0.  c.  p.  452;  Gn-nwell,  Numism.  C/iron.  (1887),  VII,  73,  49, 
pi.  II,  28.  Sur  une  gemme  contemporaine,  on  voit  aussi  Siylla  vêtue  du  chilon:  et. 
Fnrlwângler,  Aniiken  Gemmen,  pi.  xiii,  n«  32.  —  30  Irahoof-Bluinnr  el  0.  Kellcr, 
O.  c.  pi.  XII),  n"  1,  s.;  Brit.  .\Jus.  Cat.  Italy.  p.  73,  7i;  cf  sur  des  gemmes,  Furl- 
wiingler,  Aniiken  Gemmen,  pi.  xxxin,  n»  51  ;  pi.  xxxiii,  n»  44-43.  —  37  Head,  [Jisl. 
Num.  p.  31  ;  Brit.  Mus.  Cal.  Jtaly,p.9(l,  n»' 30  à  38.  Noire  lig.  d'après  Uiiniy, //i4(. 
des  Humains,  1,  p.  Cl.  —  3»  Scsliui,  Oescr.  il'alc.  med.  gr.  del  princip.  Crist.  Fed. 
di  Danimarca,  p.  21,  pi.  i,  n»  13.  Scylla  est  aussi  rcpr^'senlée  sur  les  léli,idijchiiies 
de  Syracuse  eï  d'AgrigcnIc,  Urit.  Mus.  Cal.  Hieily,  p.  9,  u"'  53,  54  ;  Imhoof  Blum- 
mer  el  0.  Keller,  O.  c.  pi.  xiii,  uo  3  el  p.  74;  C.  K.  Hill,  Coins  of  aiici.nt  Sicily, 
pi.  Xlll,  n"  Il  ;  Urit.  Mus.  Cat.  Hicily,  p.  107,  n-  132,  153;  Inihoof  lilunier  el 
O.  Kellcr,  pi.  Xlll,  n°  3;  C.  F.  Hill.  Coins  of  uneienl  Sieily,  pi.  vu,  u"  17. 
—  39  Voir  GAl.EA,  lig.  3474.  D.  Garucci,  Le  Monele  del  llaliii  Anticit,  pi.  100; 
lilanchel.  Les  Monnaies  grecyues,  pi.  vu,  u"  4;  Cah.  des  médailles,  /nu.  de  Luyues. 
u"  598.  003,  8,  9,  11,  12,  13,  14  et  Mon.  dell.  Inst.  III,  52,  2.  Cf.  un  cas.|Uiaiec 
garde-joues  portant  Scylla,  Ueiuach,  .In^  du  llosphor.  Cimmer.  pi.  xxviii  et  p.  77. 


Scyll, 


SCY 


11  oS 


SCY 


Sui 


l'Alliéiia  cello  de  Scylla,  pour  rai>pok'r  qiR-  ce  inonslrc 
rodoulable  se  plaisait  à  errer  sur  le  rivage  de  lanlique 
Sybaris'.  Comme  motif  décoratif,  Scylla 
apparaît  sur  des  monuments  de  genre 
divers,  miroirs-,  casques',  appliques*, 
et  sur  la  cuirasse  sculptée  dune  slaluo 
d'Alhènes  '".  Les  vases  peints  d'époque 
plutôt  tardivi!  nous  olfrent  d'assez  nom- 
l)reuses  représentations  de  Scylla  seule 
ou  accompagné'C  d'aulres  personnages 
mythologiques,  semblable  au  type  des 
un  fond  de  coupe  atlique  à  figures 
rouges",  Scylla  apparaît  de  face,  la  main  droite  sur 
sa  lète;  son  busie  se  prolonge  en  une  double  queue  de 
poisson;  de  sa  main  gauche,  elle  lient  une  rame.  Elle 
figure  aussi  sur  un  vasi'  d'AssIéas'  entre  un  Irilon  et 
un  dragon.  Sur  un  vase  apulien*,  Scylla  élève  les  deux 
bras  d'un  geste  violent;  de  la  main  droite,  elle  tient  une 
rame  et  de  la  gauche  un  poulpe;  on  la  voit  aussi,  sur  une 
autre  peinture,  entre  Persée  et  une  Néréide". 

Signalons  encore  un  beau  rhyton  plastique  "'  et    un 
médaillon  de   terre  cuite.  Scylla  est  aussi  fréqueumient 

figurée  sur  des 
vases  à  r  e- 
liefs  ".  Kniin, 
deuxaskossup- 
portenl  des 
statuettes  de 
Scylla '^ 

On  voyait  à 
Rome,  dans  le 
temple  de  la 
Paix,  le  tableau 
d'un  pei  nlre 
grec,  Nicoma- 
chos,  repré- 
sentant Scylla. 
On  a  voulu,  sansiaison  su  f  lisante,  en  retrou  ver  l'imitât  ion 
dans  certaines  peintures  pompéiennes'^.  Androkydés  de 
Cy/.ique   avait  également  peint   une  Scylla  ".   C'est  de 

I  Lei.onimnl,  Monnaies  et  ilédaitles,  p.  1411,  lig.  +3.  On  retrouve  ce  lypc 
He  Scylla  rcprêscii léc  sur  le  casrtiie  d'AUiéna,  sur  les  monnaies  des  villes  sui- 
vanles  ;  Garucci,  (I.  c.  pi.  cxcix.  Tahente  :  llcid,  Bist.  num.  p.  .^4.  MtTi- 
POSTK  :  Brit.  Mus.  Cttt.  Itttl.  p.  238,  s.;  Cali.  des  Médailles,  Inv.  de  Lujnes. 
n»5i».  Heuaclee  :  lluad,  Hist.  num.  1  p.  5'J  ;  CaiellinoCavadenius,  Mem.  liai, 
ret.  p.  l-'il'.,  137.  Cab.  des  Méilaillcs,  liiv.  de  Luynes  ;  n"  449,  448,  447.  467. 
Hipponion  ;  Util.  .Vus.  dit.  Hnly,  p.  iM.  W  9.-2  C.  I>.  St.-félersb.  1880, 
pi.  m,  n»  13.  p.  S5,  11.  I  ;  Gcvliard  Kiirle,  Jilnisk.  .N>iVff.  pi.  in.  —  '■>  Antiquités 
Bos/ih.  Cimm.  pi.  xMiii.  —  '  Gaz.  nrclirol.  1880,  p.  48  ;  cf.  le  dccor  d'un  poàlon 
de  brome,  Munumenti  antichi  Lincei.  XII.  1897,  p.  514,  lig.  73.  —  5.4M.  Mitll. 
1889,  p.  16i.  —  fi  Ad  Furlwîinglcr,  Uesrhreili.  der  \'a£ensamm.  im  Antif/uar. 
(1885),  n"  Î694.  —  7  Bull,  arcli.  \eap.  n.  s.  III,  3,  14  :  llcydcmann,  AVnpe(  Vo- 
sensamm.  n"  3412;  Kayct-Collignoii,  Hist.  de  ta  Céram.  gr.,  p.  31  i;  Klein, 
Meistcrsiijn.  im,  3.  —  »  De  Willc,  Cab.  Durand,  a'  210  ;  Cat.  of.  Vases,  II, 
70,  u»  I37i  (Ncwlon);  Lenorniant  el  de  Wille,  /ilite  des  MoR.  Céramogr.  t.  111- 
IV,  pi.  sxjvi  et  p.  87  à  89  du  telle  ;  Mon.  /nsl.  IX,  1872,  pi.  xxxvin.  —  9  Ciov. 
Jalla,  Collect.  Jatta  (1809),  n"  1500;  llcydeniann.  Gratut.  Schrift  der  rom. 
Jnstit.  (1879),  t.  III  el  IV  ;  Mon.  d.  Inst.  IX,  1S72.  pi.  xvxviii.  —  10  Jlevue  arcliéol. 
1843,  pi  xxxvi  (Vinet).  Cf.  une  liguriue  du  Brilisli  Muséum  ;  Wallers,  Cataloi/ue  of 
terracoltas  of  Ihe  llr.  Mus.  D.  201,  lig.  09;  l-rilliner,  J/njrts  rfe /'rance,  p.  Cï, 
II»  18.  —  "  Lagijna  apulieiine  :  h'urlwariglcr,  Beschreib.  Vasensnmm.  im  Anti- 
,/uar.  (1885),  w  3592  ;  Wallers,  Brit.  Mus.  cal.  Vases,  vol.  IV  p.  206  ;  G.  179  ; 
Bull,  del  Inst.  184;,  50;  KurlwSngler,  Vnseusumm.  im  Aidiquur.  n"  3882.  De 
Wille,  f«*.  Durand,  n»  I38U;  Overlicck,  Gai.  Iiiraisch.  Bildw.  I,  793.  n"  03; 
liauineisler,  Denhm.  I.  III,  lig.  1075.  Sur  un  askos  do  face,  eu  relief;  De  Ridder, 
r.if.  Vases  peints  de  la  [Idjt.  .Val.  l.  Il,  p.  530.  n"  V.19  ;  Milliel-Uiniudon,  Vases 
antiijues  de  la  Bibl.  A"r.<.  111,  pi.  cmiv.  —  H  Bal  .  urch.  Neap.  III,  3.S  ;  Ann.  del 
Inst.  XXIX,  220.32,  coll.  Avcllino  ;  Bull.  1842,  3.i;  Ann.  1843,  199.  a.  3  ;  /bid. 
1857,  222-24;  Krôhiicr,  Gr.  Vasen  und  Terraculten  des  groszherz.  Sammlung 
(18601,  W  658.  —  13  Cf.  Ovcrbcck,  Sckriftqucllen.  n»  1771  ;  l'iin.  //isl.  Sat. 
XXXV.   108;    llcllu?,    Wangdem.    Comp.  n'    -tOS.    Voir   plus   loin   noire  lig.    0247. 


Fig.  6240.  —  Scylla  et  les  compagnons  U'UIyi 


Scylla   lu 


l'i'poqiie  hell<''iiisti(|ue  aussi  que  datent  lus  fragments 
d'un  groupe  colossal  de  Scylla  en  lutte  contre  les  com- 
pagnons d'Ulysse  ' '.  On  le  rattache  communément 
aux  écoles  de  Pergame  ou  de  Khodes.  Scylla  était 
figurée  sous  les  traits  d'une  femme  nue,  aux  formes 
opulentes,  dont  le  corps  se  terminait,  à  partir  des 
hanches,  en  une 
queue  de  poisson. 
Des  feuilles  enve- 
loppaient la  cein- 
ture d'où  surgis- 
saient trois  proto- 
mes de  chien  en- 
gloutissant chacun 
une  proie  humaine; 
une  quatrième  vic- 
time était  saisie 
par  la  main  gauche 
de  Scylla  qui  bran- 
dissait le  gouver- 
nail de  la  main 
droite.  Nous  n'a- 
vons conservé  de  ce 
groupe  que  des 
torses"''  et  des  tètes 
isolées".    Le   style 

de  ces  fragments  oflre  de  l'analogie  avec  le  Laocoon,  la 
tète  du  Géant  mourant  de  Naples  et  le  prétendu  Sé- 
nèque.  Des  pierres  gravées  nous  présentent  lemème  motif 
dans  son  intégrité  "';  il  n'est  pas  rare  dans  les  bas-reliefs 
décoratifs  (fig.  6:246)  '■', 
et  une  belle  fresque  /^f&f 
de  Stables  (fig.  6247) 
en  reproduit  probable- 
ment l'allure  générale, 
pleinede  fougueetd'in- 
vention  pittoresque  -". 

Scylla    est    associée 
aux   Centaures    sur    un 

A  Home,  les  monnaies  de  la  Répulilique  (fig.  62i8j^- 

—  Il  Ovcrbcck,  G.  c.  n»  1732;  AUien.  VIII,  p.  341  A.  —  li  Scliiinc,  Areh. 
Zeit.    1800,    p.    loi   si|.  ;   Armll,    Einzelunfnahmcn,    n"  .î.iO    el     1080    (Icilei. 

—  '6  7orse  de  Païenne,  in  Arch.  Zeit-  1870,  pi.  xxxiv,  s.  p.  57,8;  Heinaeli, 
Itépert.  de  la  statuaire,  t.  II.  vol.  I.  p.  410;  Journ.  Iiell.  slud.  XII,  p.  52,  lig.  3  ; 
Arndl,  Einzetauf,  n"  555.  Torse  2'orlonia,  in  Abb.  Torlonia,  167,  ,4rcAaeo/.  Zeil. 
1870,  pi.  xxxiv,  p.  57,8;  Keinacli,  Ilép.  p.  411.  Torse  dOlford;  Mieliaclis,  an- 
cien/ Marbles  in  G.  Brit.  n»  33  ;  yoiini.  of  hell.  .Stud.  Xll,  1891 ,  (ig.  4  et  5,  p.  34. 
Torses  du  Musée  Britannique,  De  Bargylic  :  Cat.  Brit.  Mus.  .V/n^.n"  1542  ;  Arcli. 
Anzeiger.  1800,  203  ;  Kcinacli,  /lépert.  t.  III,  p.  123,  I.  De  Civila  Lavinia  :  Brit. 
Mus.  Cat.  n"  1513;  Keinach,  Répert.  t.  III,  p.  123,  n"  5.  Une  ri!pli<|ue  à  Conslan- 
lioople;  Arndl,  Einzelauf.  n»  355;  cf.  NaclUrûge  :u  Série,  III.  —  "  Tète 
Chiaramonli  (Valican).  Helbig,  Fûhrer,  I,  n"  68.  p.  39  ;  Arch.  Zeit.  XXIV,  1800, 
t.  208,  p  154-9  ;  ibid.  1S70,  p.  57  ;  Jalabuch  des  arch.  Inst.  X  (1895),  Archol. 
Anz.  p.  217.  Tête  de  Paterme  :  Aritdt  cl  Amclung,  Einzelnufnahmen,  n"  556. 
I,a  liïlc  de  Hanovre,  jlMen.  Mittheil.  ISS9,  p.  103.  esl  considérée  par  Uiaeven 
(Arndl  cl  Amelung,  Einzelaufunhmen,  n"  1080)  comme  faisant  partie  d'un  groupe 
de  hitleurs.  —  18  Knrlwangler,  Antiken  Gemmeii,  pi.  xxiiii,  qo  344-45,  51  ;  .1/on. 
d.  Inst.  II.  pi.  Ml,  n"  5;  cf.  Annali,  1843,  201.  —  1»  Ingliirarai,  Gall.  Orner. 
pi.  eu;  Ovcrbcck,  fig.  2646,  Gai.  her.  Bildw.  I.  797,  n»  79:  Winckclmann's  Mon 
ined.  I,  43,  u"  37;  aVus.  Borbon.  I,  t.  48  ;  Geriiard  et  Panofka,  Neapcls  Antik. 
Bildwerke,  p.  OS-9  ;  .Von.  del.  Inst.  III,  pi.  i.ii,  n»  5  (d'où  est  tirée  la  ligure  6246)  ; 
Atlien.  Mitth.  1889,  p.  100-9;  Sybel,  Calai.  Sculpt.  Alhenisches  Muséum,  1881  ; 
Ephemer-  Aicheol.  1892,  p.  241-7.  —  20  Notre  figure  6247  est  lirée  de  iffist. 
</.i /fom.  de  Durny.V.  Il,  p.  699  ;  voy.  Il.lliig.  Waudyem  Campan.  n"  1003;  lloui. 
Herculanum  et  Pompéi,  IV,  p.   147.  pi.  i.xxii.   —  21  Mon.  del.  Inst.  III.  pi.  lu.  3. 

—  22  Notre  n»  0248  d'après  Babelon,  Monnaies  de  la  Itépuhl.  mm.  Il,  p.  332. 
denier  de  Scxlus  Pompée;  Dobcn,  ilrd.  Cous.l.  XXXIII, il»  7;  Mominsca-Blacas,  La 
.Monnaie  romaine.  IV,  XXXII,  14  ;  Baumeisicr,  Denkm.  lig.  1 180  ;  Imlioof-Blumer  cl 
0.  Kellcr,  0.  c.  pi.  xni,  n"3  el  p.  75  ;G.  K.  Ilill,  O.  c .  pi.  xv,7.  Monnaie  d  Agrippa, 
Baliclon,  .Monnaies  de  la  Rép.  Rom.  p.  550  ;  S^batier,  Descript .  générale  des  Mé- 
J«i«o)isCon(oniin(es,p.  80,pl.xni,n«l  ;  ImlioofBliiineret  0.  Keller,  O.c.  pi.  Mil,  6. 


pied    de    table    de    Naples  "-' 


SCY 


—  llo9  — 


SCY 


Scylla  cl  le  ■ 


et  de  l'Rmpire  '  représentent  très  souvent  Scylla. 
Klle  fait  partie  du  répertoire  des  mosaïstes  -,  et  elle 
apparaît  aussi  sur  les  médail- 
lons eonlorniales  '  (lig.  (Widi. 
I  ne  niosaïijue  du  Valican 
montre  la  lutte  de  Scylla  et  des 
compagnons  d'Ulysse  '.  Une 
autre  mosaïque,  récemment 
exhumée  à  Sila  en  Algérie,  re- 
présente Scylla  en  compagnie 
des  iNéréides  '. 

Les  artistes  étrusques  ont 
souvent  représenté  un  monstre 
féminin  ailé  qui  offre  de  grandes 
analogies  avec  la  Scylla  grecque.  Toutefois,  il  est  proba- 
blement le  résultat  de  la  fusion  d'un  démon  marin  des 
Étrusques  avec  noire  déesse  °.  Ces  figures  ornent  une 
stèle'',  des  cistes*,  des  miroirs 'et  des  vases  peints'".  Le 
type  de  Scylla  aboutit  enfin  à  des  représentations  de  jeu  nés 
guerriers   marins  sur  le  monument  di'  Sainl-Rémy  ". 

Four  le  mythe  de  Scylla  el  Glaucos  voy.  glaucis  et 
fig.  3630'-.  Quant  à  la  fille  de  Nisus,  elle  a  une  place 
parmi  les  grandes  amoureuses  figurées  sur  une  fresque 
de  la  [bibliothèque  valicane  ".      Gaston  Darieb. 

SCYPIIITS  (}Cxûcpoi;,  (7xiJita.oi;)  ' .  —  On  donne  couram- 
ment, en  archéologie,  le  nom  de  skijplios  à  un  vase 
à  boire,  en  forme  de  tronc  de  cône  renversé,  à  base  plate 
et  solidement  établie,  à  large  embouchure,  muni  de  deux 
courtes  anses  horizontales  et  attachées  près  du  rebord 
(lig.  6:250) '^  On  le  distingue  ainsi  d'autres  vases  à  boire 
usuels  comme  le  catil/iarus,  \ecurchesium,  le  ciboriimi, 
lacoty/i'  ifig.  1128,  1185, 1460,  2035),  caractérisés  par  un 
pied  mince  ou  par  des  anses  longues  et  verticales.  Mais, 
comme  nous  l'avons  fait  remarquer  bien  des  fois  en  étu- 
diant les  noms  de  vases  ■■,  les  descriptions  antiques  n'ont 
pas  la  même  précision,  ni  la  même  fixité  que  nos  déno- 
minations modernes,  qui  restent  le  plus  souvent  conven- 
tionnelles '. 

Dans  Homère.  Eumée  prépare  pour  son  hôte  Ulysse  un 
ci/ssibium  rempli  de  vin  que    le  héros  boit  pendant  le 

I  Duruy,  fiisl.  des  Grecs,  1,  p.  130.  —  2  Duruy,  Hist.  des  Romains,  II,  p.  099. 

—  3  Coiilorniale  d'Hadrien  (CoriiMie).  Brit.  Mus.  Cat.  Coins,  t.  p.  86,  n"  855  el 
t.  XXI,  17;  Duruy, /?■;«/.  des  Grecs,  1,  p.  1 36  (doii  est  Urée  la  ligure  0ii9)  ;  Sabalier, 
').  c.  p.  80.  (Monnaies  .le  Néron,  Trajan,  Alesaudrc-llercule,  Mon.  (M  Jnst.  III, 
pi.  i.iii,  n"  14;  Inilioof-lilunicr  et  Ollo  Koller,  0.  c.  pi.  xui,  n»  7  et  p.  7S.  Scylla  sur 
monnaie  de  (Septinie-Sévcre)  (Uorinlhe)  ;  (Scylla  figure  de  fontaine  :  Ileviie  suisse 
de  Xuniism.  tcïte  p.  i75  (Imlioof-Blumer),  tome  XIV  (I90S),  pi.  s,n'  14.  — 4Hclbig, 
Fûltrer,  1,  p.  1  ;  Fistolcsi,  Jl  Valicano  dcscritlo  IV,  I  ;  Braml,  Iluinen  und 
Museen,p.  258,  n.  ii;  Overbeck,  Galerie  lier.  Bildwerke,  p.  7S6,  n.  6,  p.  798;  p.  794 
n.  09,  n.  8J.  —  5  Itecneil  de  Notices  et  Mémoires  de  la  soc.  arcliéol.  de  Cons- 
tanline,   1905,    t.  XXXIX    (Gsell),     pi.   n»  I.   —    0    Waser,    O.  c.  p.   90    à    9s. 

—  ^  Nolizie  dei  Scavi,  1890,  p.  140,  pi.  i.  _  8  Gerhard,  Hyperbor.  rômische 
Sludien,  I,  lii.  -  9  Gerhard,  Etruskische  S/neyel,  pi.  ccciu,  1.  IV,  70;  V, 
pi.    ui;  Mon.  del    Inst.    VII,  29,   s.   1  :   Annali,  1859,    i:t5  f;  Uidl.   IsOÛ,  i04. 

—  10  W.  Friiliner,  Collert.  Gréait,  pi.  n.  n»  87;  Jahrli.  des  arc/i.  Inslit.  1892, 
p.  103.  Sur  l'ensemble  des    représentations  étrusr|ues,  v.  Wa.^er,  O.  c.  p.  90-98. 

—  11  .\nlike  UenkmtVer,  I,  pi.  xv.  —  12  Penna,  Viagijio  delta  Villa  Adriuim.W, 
pi.  cMi:  Mon.  del  /iis(.  III,  pi.  i.u,  C  ;  Michaelis,  Arcli.  Zeit.  1873,  13;  Ancieiit 
Alarbtes  in  Gr.  ttrit.  (1882),  p.  232,  3,  n"  30.  -  13  Raoul-Kochetlc,  l'eiiit. 
aiitiq.  inédit.  1830,  pi.  nr,  p.  399;  llcibig,  Fûlirer,  II,  189,  n»  950;  Areli.  Zeit. 
XXIV,  1806,  p.  198.  —  Bim.iofuiAi'uiE  :  Vinet,  Annali  det'  Institiito,  lsl3, 
p.  144  à 203  ;  Baumeisier,  Denknuder  des  klass.  Alterlh.  art.  Scylla,  p.  1082,  33; 
Uaedekens,  Gtauiis  der  Merijott.  GûLIingen,  ISCO;  Furlniinglcr,  Gold/iind  ton 
Vetterafeld,  ISK'j,  p.  23  si|.  ;  E.  Siecke,  de  Niso  et  Scijlla  in  ares  mulatis,  Pro- 
gramme de  Berlin  (1884);  Ollo  Waser,  Skylla  und  Charybdis  in  der  Litleruliir 
und  Kunsl  der  Oriechen  und  lliimer  (Dissertation  de  Zurich,  1894)  ;  Leusclikc,  De 
Meinmorplioseon  in  Xcliolis  Veryilianis  /'abulis  iDisseitation  de  .Marburg,  l»9j)  ; 
Wahl,  Quomodo  moiistra  miirmn  artifices  graeci  fixeriiU  (Disscrialiou  de  lionn, 
1890). 

SCYI'IIIJS.  1  Le  mol  est  le  plus  souvent  m.sculin,  quebiuefois  neutre;  Alli.n. 
XI,  p.  498  A  ;  cf.   l'icriun,  tdiliou  d  lloiuére,   Udijss.  XIV,  112,  utrte  de  la  page  4u. 


repas  et,  quand  il  s'est  rassasié,  Eumée  lui  oll're  le  vase 
ilont  il  se  sert  lui-même,    son  <jx'jï.o;  ",  on  peut  ]>enser 


Fig.  0230.  —  Skyphos  d'i5po.|ue  grec.|ue. 

qu'il  s'agit  d'une  simple  écuelle  de  berger.  De  même, 
dans  le  Cijclope  d'Euripide  ",  Ulysse  fait  boire  Poly- 
plième  dans  un  irxûtpc/i;  ^  .\ussi  quelques  archéologues  ont 
assimilé  ce  shijplios  à  une  écuelle,  à  un  bol  rond,  le 
[laiTÔç  [mastos,  CYiMiii-;]  '.  Mais,  d'autre  part,  Homère 
di'crit  sous  le  nom  de  oÉTtaç  àjjuiixiJTtsÀXov  un  vase  à  boire 
célèbre,  que  Nestor  avait  rapporté  de  Pylos'  et  que,  ])lus- 
lard,  les  auteurs  désignent  sous  le  nom  de  Txûtpoç  Necto- 
DEtoç,  NÉuTopoç  7toT/|pi6v  OU  Ne'iTopiç"'.  De  l'étudc  détaillée 
que  M.  Helbig  a  consacrée  à  ce  vase  [dépas,  p.  103],  il 
résulte  qu'il  avait  la  forme  de  ce  que  nous  appellerions 
plutôt  un  cantliare  ou  une  cotylè,  ayant  un  pied  élevé  et  de 
longues  anses  verticales  ".  Stésicliore  dit  aussi  «ïxûiKpeiov 
SÉTtaç  '-,  en  parlant  du  vase  à  boire  d'Hercule,  ce  qui  lie 
encore  le  terme  (jxûcpo;  à  celui  de  Séna;,  applicable  à 
toute  sorte  de  vases  à  deux  anses.  Polliix  l'assimile  au 

xàooç  [caDUS]  '^. 

Les  renseignements  plus  détaillés  que  nous  devons 
à  Athénée  ne  sont  pas  beaucoup  plus  clairs  pour  la  déter- 
mination delà  forme  "*.  Ildécritleskypiioscommeun  vase 
;'t  boire  le  vin,  muni  d'anses  (oùatoEtç),  en  bois  (ôoupàxeo;) 
ou  en  argile  (xEpâjxeoi;),  en  matière  précieuse,  argent, 
or,  ou  même  onyx.  Ce  vase  peut  être  grand,  large  {[j.axpc;, 

l.a  forme  crxûnoo;  esl  employée  par  les  poètes,  Hésiode,  Anacréon,  Stésicliore,  etc.  ; 
cf.  Alhen.  XI,  p.  498  B  et  G.  Eschyle  dit  irtusùfo-ra  {ibid.  p.  499  A).  Les 
Epiroles  disaient  Iuçto;   et  les   habitants  de  Méthynnic  ctkûQoç    {ibid.  p.   500    B). 

—  ■-  Letronne,  Œuvres,  3*  série,  I,  p.  445,  n**  24  de  la  p'anche)  ;  Gerhard.  Annali 
deir  Instit.  1830,  p.  134.  pL  c,  n"  2ô  ;  Dennis,  Cili^'S  and  Cemetries,  I,  pi.  cxviu, 
lig.  40;  Birch,  Ane.  Pattery,  édit.  1873,  p.  305,  fig.  143;  cL  (ig.  110;  Polticr, 
Catalogue  des  rases  du  Louere,  pi.  ui,  n»  24,  etc.  Noire  figure  esl  faite  d'après 
un  skyphos  du  Louvre,  G.  136,  attribué  à  la  fabrii|ue  de  Brygos  (cL  Pollier. 
Ctilatogiie,   p.     lOOGj.  —  3    Voir   on    particulier   notre  article    hydiiia,    p.    319, 

—  i  Krause,  dans  la  préface  de  l'Angeioloi/ie,  p.  8,  a  esï,ayé  de  réagir 
contre  le  scepticisme  criliipie  de  Lelronnc,  mais  le  mémoire  de  ce  dernier 
{Observations  sur  les  noms  des  vases  grecs,  dans  le  Journal  des  Savants, 
1833,  réimprimées  dans  ses  Œuvres  choisies,  3'  série,  l.  I,  p.  331)  reste,  à  noire 
avis,  ce  qu'on  a  écrit  de  plus  scientifique  sur  la  matière.  —  ''  Odyss.  XIV,  78,  109, 
112.  —  6  Cyclop.  250,  411,  556.  Polyphème  possède  aussi  un  9»ûsoç  en  bois  de 
lierre  (..<riiou),  large  de  trois  coudées  et  profond  de  quatre  {ibid.  390).  —  ''  CL  la 
slatuetle  d'Ulysse  oiïraut  à  boire  au  Gyclope  ;  Annali  delf  Inst.  1803.  = 
Baumeisier,  Denknii'iler ,  fig.  I2.'tl.  Mais  sur  ta  coupe  cyréuéenuedu  t^bineldes  Mé- 
dailles (Duruy,  llist.  des  Grecs,  I,  p.  303),  le  vase  que  tient  Ulysse  a  pinlol  l'as- 
pect d'uncanlharc.  — ,»  C.  Robert,  Uomerischc  /lécher,  (50«  Wiiickelii.ainms  Pio- 
ijramm),  p.  4  et  note  10;  Koumanoudis,  dans  EplieTn.  arch.  d'Athènes,  1884, 
p.  59  et  pi.  V.  —  'J  lliad.  XI,  032.  —  lO  I.ucian.  Ilermol.  12;  Alheu.  XI,  10, 
p.  781  D;  XI,  70  et  77,  p.  4S7  à  489.  Panofka  a  voulu  reconuailre  la  vio-îof.'î  dans 
une  forme  d'amphore  tucanienne  {liechcrclies  sur  tes  noms  des  vases,  p.  37 
pi.  H,  n"  104  et  105),  qui  ne  me  parait  nuMemcnt  répoudre  aux  textes  cilés. 
M.  Walters  {llril.  Muséum  Vases,  IV,  p. 0,  (ig.  3,  p.  88  sq.)  a  cru  pi>uvoir  adopter 
celle  dénominaliuu,  mais  je  n'en  vois  aucune  raison  solide.  —  •'  llelbig,  V ICpopée 
homérigiie,  trad.  française,  p.  477  sr].  ;  voir  la  ligure  18S  (coupe  d'or  de  Mycènes). 

—  12  Athen.  XI,  p.  499  B.  —  13  Poil.  X,  100.  —  1'  Voir  le  chapilre  spécial  au 
^«ijo;,  XI,  99  à  102,  p.  498  à  500.  H  fait  dériver  l<  nom  de  cjxao.'s,  mais  nous 
n'avous  pas  pu  accepter  ce  rapproclienienl  ^scaphilmJ. 


SGY 


—  H  (Kl 


SCY 


5o^ 


l'iL'.  Oeai.    —  Slyplios  do  slylo  holli^ni^liciiu-. 


E'Jo'jç).  Les  ôvû/ivot  cxOttci  atlfisnaii'iil  uni-  capacili'  dp 
deux  colyles,  el  le  skyphos  d'Hercule  contenait  jusqu'à 
trois  bouteilles  de  vin  (Tpt)>ï.Yuvo,-1.  C'est  sans  doute  en 
raison  de  leur  grande  capacité  que  certains  skyphoi 
étaient  nommés  Y^a.x.leMTv/.oi  '  ;  mais  d'autres  y  voient 
un  ethnique  désignant  une  ville  d'Ilérai'Ié'c  -.  Athénée 
ajoute  pourtant  f|ne  ces  vases  se  dislinguml  drs  autres 
par  la  présence  d'un  ornement,  en  forme  de  nœud,  placé 

sur  les  anses,  dans 

lequel  il  reconnaît 
le  fameux  oia^oç 
YipixXsioç,  sorte 
d'amulette  contre 
les  maléfices  [nû- 
nrs,  fi  g.  5324] 
et  nous  avons,  en 
cfTel,  gardé  d'assez 
nombreux  vases, 
pourvus  d'anses 
de  ce  genre  (iig. 
C251)  \  Certaines 
fabriques,  en  Béo- 
lie,  à  Hhodes  à 
Syracuse,  ('■taient  renommées  pour  ce  genre  de  fabrica- 
tion'. Le  même  auteur  mentionne  encore  des  skyphoi 
de  métal  ornés  de  reliefs  ;  l'habile  orfèvre  Mys  avait  exé- 
cuté un  iTxùcpoi;  "IIxf/iXswTixo;  d'après  un  dessin  de  Parrlia- 
sios  représentant  la  Prise  de  Troie  ^  Ce  sont  des  vases  du 
même  genre  que  les  agents  de  Verres  pourchassèrent 
plus  tard  chez  les  l'iches  particuliers  de  Sicile,  pour  enri- 
chir la  collection  du  peu  scrupuleux  préteur".  Les 
sri//)/ii  homeriri  de  Néron  appartenaient  à  la  même 
catégorie,  el  certains  vases  d'argile,  à  reliefs,  peuvent 
nous  en  donner  une  idée  (fig.  2268);  mais,  d'après  Pline, 
ces  pièces  précieuses  étaient  en  cristal  ^  Les  inscri- 
ptions grecques  mentionnent  aussi  parmi  les  skyphoi 
dédiés  dans  les  temples  desonivres  de  grand  prix, ornées 
de  ciselures  et  d'ornements  en  relief*. 

Quelques  auteurs  modernes  ont  étudié  et  décrit  une 
forme  de  skyphos  appelé  7ravafir|vatxoç,  mais  nous  croyons 
que  cette  opinion  rei)ose  sur  une  fausse  interpri'lation 
du  texte  d'Athénée». 

Kn  latin,  le  mot  .sryy;////.?  di'signait,  par  métaphore,  les 
plaisirs  de  la  table;  on  disait  inler  scijpltos  comme  iiUer 

<  Allicn.  XI,  p.  500  B,  cf.  ranofka,  Dp.  c.  p.  27.  —  2  l.a  remarque  csl  dXssing  :  De 
nom.  ras.  gnerr.  p.  130.  Krause  [Angeioloyic,  p.  3tO,  noie  1)  la  coniLal  ;  mais  t.e- 
li-oune  (Op.  c.  p.  425,  noie  2)  fail  observer  ipie  i,^%AM-.t,ii  a  une  forme  ircllinique.  cl 
f|ue  l'arljeclif  se  rapporlanl  à  Hercule  csl  j.ji.Xno;  ;  cf.  aussi  Wallers.liircli,  Ane. 
Potlenj.  I,  p.  184.  Ccpoudanl  la  mcnlion  faite  par  Virgile  du  snjphus  hirculuneus 
(AeneiU.  VII,  278  et  .«orviMS  rtrf.  /i.  I.)  nous  autorise  à  croire  i|u'Alli(!ii<.e  a  raison 
de  rapporter  ces  vases  à  Hercule.  —  3  La  ligure  esl  faile  d'.iprc^s  Uay.t-Collijînon, 
Cirnmii/.  greq.  pl.  xni,  n"  2;  cf.  Bircli,  Ane.  Polln-g,  ls7:i,  p.  379; 
Sicpliani,  C.remliis  SlPelersIi.  p.  1880.  p.  39  si|.  —  4  Allicn.  XI,  Sfl,  p.  495 
A.  —  ô  Allien.  XI,  19,  p.  782  B.  Cf.  dans  Slak  7Ac6.  VI,  535.  la  de-criplion 
du  sryplius  d-llercnlc.  —  «  Cic.  /n  Veir.  Il,  lil,.  IV,  14  (32);  jubel  me  seijphos 
siijillttlos  ad  praelorem  slalim  adferre.  —  't  Suct.  Nero,  47  ;  l'iin.  Ilisl.  nul. 
XXV VII,  2(I0|.  Cf.  lc,7«i.o;  ^utii;  >.;eou,  sorle  de  verre,  dont  parle  Atliiinée,  X, 
M,  p.  432  C.  —  S  Corp.  iiiter.  grée.  28.12  (=  Diltcnliergcr,  Syltoge,  170,  Iig.  54)  ; 
cf.  IIM.  corr.  hellénique,  VI,  1882,  p.  32  ;  VII,  p.  1 15.  —  S  Gerhard,  .'iulle  forme 
(lei  io»i,  dans  Annali,  1830,  p.  155,  pl.  ,:,  »»  47;  Krause,  Angeiotogie,  p.  340; 
Bircli,  Ane.  Poli.  p.  379,403.  Alhi'nic  (XI,  89.  p.  494  V),  dans  le  paragraphe  con- 
sacré au  va.se  II«,«l),,a„i-,,  cilc  un  p.issagc  du  philosophe  l'osidonios  où  il  csl 
<|uesliou  d';,ù,ivii  i7.ùs')i  ayant  uuc  capacitif  de  dcuï  colyles  et  de  i«vao,iva(yd.  très 
grands,  dont  les  uns  conliennent  denv  ehous  el  les  autres  davantage.  Mais  rien 
naulorisc  ici  à  lier  le  ,.;;o;  au  „.„1,v...>;v.  li.rcli  ajoute  une  m«prise''plns  étrange 
eneoie.  .piand  il  conclut  ipie  ce  vase  portait  le  nom  d'onychios  (pour  ovJ/ivo;,  v.ise 
d  onyn.  il  cause  de  la  forme  des  anses!  Voyez  aussi  sur  la  préleudue  hydrie  pau- 
athénaï.|ue  noire  article  hïi.ria,  p.  319.  —  10  Cic.  ,\d.  famil.  VII,  22.  Cf  llorat 
Od.  I,  27,  l:Epo.l.  IX.  33  ;  Scnec.  Ep  83  :  intempemnli,,  hih^ndi  el  l,erevla„«,. 


skjpho. 


p<iri//(i"'.  Virgile  (Ml  fail  un  vase  iciigitMix,  destiné  aux 
libations,  en  souvenir  i]u  .•<r!/ji/iiis  /lercu/oneii.'i,  apporté 
])ar  le  héros  en  Italie  el  dont  on  se  servait  dans  les 
sacrifices".  On  mentionne  des  sci/phi  en  bois  de  hêtre, 
en  argent'-,  des  sci/p/ii  i/nia/e.s  '',  c'est  à-dire  ayant  la 
capacité  d'une  iir?iri,  une  demi-amphore. 

De  tous  ces  renseignements,  on  le  voit,  aucun  ne  con- 
cerne la  structure  particulière  du  vase,  et  c'est  pourquoi 
la  désignation  du  skyphos  comme  forme  spéciale  resie 
conventionnelle  '*.  Il  est  probable  que,  dans  l'antiquité, 
desvasesdiUérenls  pouvaient  porter  ce  nom  et  que,  d'une 
façon  générale,  le  skyphos  est  apparenté  au  bromias, 
CAiNTiiAKis,  t;Aiu'.iiESiiM,cissYniiM,  coTVLÈ,  DEi'AS  '''.  Mais  on 
peut  dire  aussi  que  le  vase,  auquel  nous  réservons  le  nom 
de  skyphos,  rentre 
bien  dans  celle  série 
el  qu'il  correspond 
aux  général! Lés  con- 
tenues dans  le  texte 
des  auteurs.  On  le 
voit  très  fréquem- 
ment en  Ire  les  mains 
des  buveurs  sur  les 
peintures  de  vases  '" 
(  fig.  6252  ;voy.  aussi 
Iig.  -i30i,  4768)  ;  il 
est  employé  dans  les 
libations  religieuses 

(fig.  2237);  il  est  d'ordinaire  de  taille  moyenne  el  1res 
maniable,  mais  il  peut  être  grand  et  atteindre  une  capa- 
cité considérable  "  ;  enfin  le  uodtis  lu-rrulnneiis  esl  par- 
fois appliqué  à  la  décoration  des  anses  (fig.  6251)'".  C'est 
aussi  un  attribut  usité  d'Hercule  "  (fig.  972,  3786),  comme 
le  canthare  est  celui  de  Racchus.  Macrobe  dit  :  sri/phu.^ 
ffercii/is  poruliim  ctt,  iil  Liberi PatriscanI liants-". 

Dans  l'histoire  céramique,  le  skyphos  a  des  origines 
très  anciennes.  Depuis  les  gobelets  d'Hissarlik  et  les 
écuelles  mycéniennes  jusqu'à  la  fin  de  la  fabrication  des 
vases  grecs,  on  suit  révolution  de  ses  formes.  C'est  le 
vase  à  boire  par  excellence,  le  pot  à  deux  anses  le  plus 
simple  el  le  plus  maniable.  A  l'époque  préhellénique,  il 
oscille  entre  des  formes  basses  el  ramassées  el  une 
structure  élancée  ;  les  anses  sont  lanttH  verticales  el 
tantôt  horizontales  ^'.  Dans  la  céramique  chypriote,  il 

ne  falalis  seyiiliiis.  —  tl  Aetieiil.  Vlll,  278,  et  Scrv.  n<l  U.  loe.  ;  Val.  Place,  .irgo». 
11,272.  Cf.  Slal.  riieh.  VI,  S3I.—  12  Tibull.  1,  1 1 .  S  ;  Aul.  Coll.  III.  U.  —  13  l'e- 
Iron.  Frttgm.  52,  édil.  Burmann.  Cf.  C.  Robert,  Homerische  lleeher,  p.  5,  noie  Ir.. 
—  IV  Celle  qu'indicpie  l'anolka  (Iteeherehes,  p.  17,  pl.  iv,  n"  G3I  ne  repose  sur 
aucune  base  scienlilique,  comme  l'a  montré  Letronne  (Op.  I.  p.  423,  noie  2).  Nous 
avons  inrlii|ué  plus  haut  (note  2,  p.  1159)  les  auteurs  qui  ont  attribue  au  skyphos 
la  forme  r|ue  nous  lui  supposons.  Mais  C.  .-'milh,  E.  (iar  'ner,  Walteis,  Rohinsou, 
daus  leurs  catalogues  (Bi-i(.  Mus.  Vas.  Il,  p.  4,  Mg.  2  ;  III.  p.  14,  Mg.  8;  Cambridge 
Muséum  Vos.  pl.  \xivi,  n"  239;  /loslon  Vas.  p.  nii.n»  372)  rappellent  cotijti  ci 
plusieurs  réservent  le  nom  de  skyphos  à  un  vase  de  forme  similaire  dont  les  anses 
sont  dirigées  vers  le  haut, au  lieu  d'é're  horizontales.  Tous  ces  choix  de  noms  sont 
arbitraires.  —  15  Voy.  ce  que  dit  l.elronne  sur  la  synonunie  de  noms  grecs 
(Op.  l.  p.  343).  —  10  Noire  figure  est  faite  daprès  un  origin  il  du  Louvre,  coupe  G 
133,  portant  le  nom  de  Lysis  (Pollicr,  Calalog.  des  vas.  p.  '.170).  l'our  d'autres 
exemples,  voy.  Jahrbueh  Insl.  1880,  pl.  xu;  Klein,  Euphroiiios,  p.  105,  110, 
313;  Harhvig,  /l/eis/o-Sf/in/eu,  pl.  viu,  xu,  xx,  xxsiv,  xxxv,  xi.viu,  i.Mx  l  Furlwaen- 
gler-Reicbbold,  Griecb.  Vusenmnlerei,  pl.  ni,  i.xil,  i.xiu,  lxxi,  cui.  —  n  Par  ex. 
au  Louvre,  les  skyphoi  C  425,  420  atteignent  30  el  33  ccnl.  de  hauteur  sur  30  et  3s  de 
diamètre.  —  '*  Rayel  Colligiion,  Céramiq.  grecq.  pl.  x  n,  n"  2.  —  10  Voy.  0.  Jahu. 
/lild.rehronihen,  p.  40,  pl.  v  :Stcphani.  Der  ausruhende  Hcra*/('s,p.  151  sq.,p.  19S 
sq.  _  20  .Çaf.  V,  21,  10.  Il  n'y  a  cependaut  pas  de  régie  fixe,  et  Ton  voit  aussi 
Hercule  avec  le  canlliarc  :  Furlwaengler-Beichhold,  pl.  .vmv  ;  cf.  0.  Jahu,  Vas.  .l/Oii- 
ehen.  p.  xcu  el  uule  717.  —  21  Furtvvaeiigler  el  l.œschckc,  Mykeniselie  Vasen,  pl.  i, 
n»>4,  5;  m,  18:  vi.  31;  »vi.  150;  Srhiiemanu.  //ios,  Irad.  frauç.  Iig.  327,  332,  353, 
355,  30r.,  etc. 


se  Y 


Il  CI 


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donne  lieu  aussi  à  des  essais  divers  i(iii  annoncent  la 
forme  classique  '.  Endn  les  Corinlliiens  -,  les  Phéni- 
ciens et  les  Ioniens,  el  avec  eux  hnirs  imitateurs  d'Étru- 
rie,  lui  donnent,  dans  le  courant  du  vii"^  siècle,  une 
structure  bien  équilibrée  et  stable  (fig.  278i.  2S27). 
Les  Alliques  l'adoplenl,  le  perfeclionnenl  cl  le  décorent, 
tantôt  en  figures  noires  ',  tantôt  en  figures  rouges 
(fig.  «230;  cf.  fig.  302S)  ',  puis  ils  le  transmettent  aux 
fabriques  de  l'Italie  méridionale  ".  Avec  quelques  modi- 
fications de  détail,  surtout  dans  les  anses,  il  arrive  à  la 
période  impériale;  de  très  beaux  scijpkiée  métal  ciselé, 
ornés  de  reliefs,  font  partie  des  trésors  d'argenterie 
romaine  trouvés  à  Bernay,  à  Hildesheim,  à  Bosco 
Reale  ".  On  les  a  imités  en  terre  cuite  \        E.  Pottier. 

SCYTALE  (ïx'jTiXv,).  —  Il  a  été  parlé,  ailleurs,  de  la 
scylale  prise  dans  une  première  acception  de  ce  mot, 
c'est-à-dire  dans  le  sens  de  bâton  [baculum]  '.  Nous  ne 
nous  occuperons  ici  que  de  la  scytale  employée  comme 
moyen  de  correspondance  secrète. 

«  S/curiX-fi,  llagnun,  loreum  s.  coriaceum  »,  dit  le 
Thésaurus,  donnant  ainsi  très  probablement  l'étymolo- 
gie  du  mot.  A  Sparte,  la  i7X'jT7.Àf|  a  un  emploi  et  un  sens 
particuliers;  elle  sert  officiellement  à  transmettre  des 
dépêches  secrètes.  Les  explications  que  les  anciens  nous 
en  ont  données  sont  nombreuses  ;  les  plus  complètes 
appartiennent  à  Plutarque- et  à  Aulu-Gellc'.  Les  épliores 
font  l'aire  deux  bâtons  ayant  même  grosseur  et  même 
longueur,  raclés  el  préparés  de  la  même  manière';  l'un 
de  ces  bâtons  est  remis  au  général  qui  part  pour  la 
guerre;  l'autre  reste  entre  les  mains  des  épliores '. 
Lorsque  les  épliores  veulent  adresser  au  général  un 
secret  important,  ils  roulent  autour  du  bâton  une  cour- 
roie assez  mince  *  ;  ils  ont  bien  soin  de  ne  laisser  aucun 
intervalle  entre  les  bords  de  la  courroie,  de  façon  que 
celle-ci  couvre  toute  la  surface  du  bâton;  ils  écrivent 
ensuite  transversalement  aux  bords  de  la  courroie',  les 
lignes  allant  d'un  bout  à  l'autre  ;  ils  déroulent  alors  la 
courroie  empreinte  de  caractères  et  l'envoient  au  géné- 
ral, qui  est  au  courant  du  procédé.  Ainsi  déroulée,  la 
courroie  n'offre  plus  que  des  lettres  tronquées  el  muti- 
lées, des  tètes  et  des  queues  de  lettres  ;  elle  peut  tomber 
entre  les  mains  de  l'ennemi;  il  n'y  pourrait  rien  entendre. 
Au  contraire,  le  général  à  qui  elle  est  envoyée,  la  roule 
autour  de  son  bâton,  de  la  façon  (ju'on  lui  a  indiquée"; 
les  caractères,  en  tournant,  reviennent  dans  l'ordre  où  ils 
ont  été  tracés,  et  forment  une  lettre  complète,  facileàlire. 

Les  autres  explications  qui  nous  sont  parvenues  sont 
plus  abrégées,  et  moins  claires^.  Elles  reproduisent 
toutes  cette  idée  simple  :  si  Ton  écrit  sur  une  bande  assez 

I  Itobinsoii,  .Vus.  Boston  Vus.  p.  ni.  n'~  IT'J  à  ISi.  —  2  Masiicr,  SamMl. 
anlik.  Vas.  Oealerr.  Mus.  p.  0,  (ig.  C.  —  3  liobiuson,  Boston  Vas.  p.  13ii. 
n**  37i  s*].;  PoUicr,  Vases  anliq.  Loxtvrc,  pi.  i.xix,  F  70;  pi.  i,x.\vi,  (■'  77. 
—  >  jMasncr,  Op.  t.  p.  W.  fij;.  2ii  ;  Uobhisoii,  (Jp.  t.  p.  ItS,  n»>  41.3  si(.  ;  Genick  d 
KmUv.ieiigIcr,  Cricch.  Ki:ramilc,  pi.  xvir,  ii»>  1  ol  3  ;  Miirr.ny,  llandbook  of  nrcli. 
pi.  VII,  lig.  I.  Notre ngurcr.aïOcsIfailt  d'après  le  vase  du  Louiic,  Ci  156,  alli-ilmf  à 
I  .atelier  de  Brygos  (l'oUicr,  Cntaloi/ue  ras.  p.  lOOli).  -  »  Koliinsoii,  p.  173,  n°'  ihi 
sq.  ;  p.  185,  n"-  508  si|.  ;  Wallers,  Uni.  Mus.  Vas.  IV,  p.  118,  K  2.)3  si|.  ;  p.  198, 
h  419  si|  ;  Genick  et  Fuilwaeiiglcr,  pi.  xiv,  n"  i  el  3:  Ingliirami,  Mus.  Klnisc. 
t'/iius.  pi.  i.xxviii.  —  fi  Balieloii,  Le  l^'ahinet  tins  antiques,  pi.  xiv  cl  i.i  ;  cf. 
pi.  ixiv  cl  xxxviii  (formes  r|uc  nous  nommerions  plulol  colylé  on  caiilliaici  i  VViiiler, 
Jahrhudi  deul.  Inst.  189",  Anzeiijpr,  p.  118  si|.,  (ig.  3.  »,  9.  Il,  18  ;  II.  de  Ville- 
fosse,  Méni  et  Mon.  Piot,  V,  18  ".I,  p.  Si,  SS,  79  à  si;,  l:u  s.|.  :  pi.  v,  vi,  xv,  xvi, 
XVII.  ix\i  à  xxxvi.  —  1  ftevue  arch  1903,  I,  p.  12.  Pour  l.i  peinliirc,  voir  noire 
lig.  1U8  (Pompéi). 

SCÏTALK.  1  Voir  aussi  pour  les  rouleaux  dont  on  se  servait  dans  les  chanlier^, 
pour  faire  mouvoir  de  lourds  fardeaux,  iiuiasc.a  el  machiba,  p.  Uti3  ;  daii'^  les 
sièges,  pour  avancer  les  machines  .le  guerre,  oi.i'ui.natco,  fig.  I  H9  el  r.niiiKsiA.  I.a 

VIII. 


iiiiiici',  de  cuir  ou  d'iHolIe,  roulée  auluiir  iriiii  objet 
cylindrique  de  faible  grosseur,  et  qii'ensuilc  on  di'roiile 
cette  bande,  l'écriture  tracée  devient  absoliimeiU  illisible 
à  moinsque  denouveauon  ne  roule  avec  soin  labandesur 
Il  ncorps  cylindrique  complètement  semblable  au  premier. 
Il  peut,  en  effet,  en  être  ainsi.  L'écrit ure,  tracée  de 
cette  façon,  peut  être  à  peu  près  illisible  ;  mais  deux 
conditions  sont  nécessaires  :  1°  la  bande  doit  être  très 
l'iroile;  2°  les  lettres  ne  doivent  pas  être  écrites  sur  une 
seule  ligne.  De  ces  deux  conditions,  l'une  est  indi- 
quée comme  remplie.  Plutarque  dit  que  la  bande  est 
wTTtep  îjAotvTa  [xaxpov  xat  'ttsvov'".  Cette  bande,  enroulée 
autour  d'un  bâton,  y  fera  des  circuits  d'autant  plus  nom- 
breux, d'autant  plus  étroits  qu'elle  sera  elle-même  plus 
étroite.  Il  s'en  suivra  que  sur  chaque  circuit,  le  nombre 
des  lettres  sera  très  faible.  L'idéal  serait  que  chaque  cir- 
cuit ne  portât  qu'une  lettre,  qu'un  fragment  de  lettre; 
c'est  précisément  ce  que  dit  Aulu-Gelle".  La  superposi 
tion  des  lignes  n'est  pas  moins  nécessaire  ;  elle  a  du  cer- 
tainement être  pratiquée.  En  effet,  si  la  dépêche  n'est 
écrite  que  sur  une  seule  ligne,  on  constate  que,  lorsqu'on 
déroule  la  bande  et  qu'on  la  tient  verticaliimenl,  l'écri- 
ture se  lit  très  facilement,  en  ayant  soin  de  com- 
mencer par  le  bas.  La  superposition  crée  une  difficulté 
nouvelle  des  plus  graves.  La  dépêche  ne  p(!iitselire  que 
si  l'on  connaît  le  nombre  de  circuits  que  décrit  la  bande: 
c'est  le  problème  qui  consiste,  en  géométrie,  à  calculer 
le  pas  de  l'hélice,  problème  qui  est  compliqué  sans 
doute,  mais  qui  est  loin  d'être  insoluble.  Il  est  à  croire 
qu'avec  des  adversaires  possiklant  des  mathématiciens 
exercés,  le  système  de  correspondance  secrète,  adopté 
par  les  Lacédémoniens,  n'aurait  pas  présenté  toutes  les 
garanties  désiral)les  '-. 

Nous  devons  supposer  que,  pour  être  portéeaii  destina- 
taire, la  scytale  était  confiée  à  des  hommes  en  (|iii  on  avait 
pleine  confiance.  C'est  h;  cas  pour  Cinadon.  Il  n'a|i|)arte- 
nait  pas  à  la  classe  des  iioMOioi  :  mais  il  se  distinguait 
par  ses  qualités  physiques  et  morales'''.  Aussi  avait-il 
été  chargé,  plus  d'une  fois,  de  missions  semblables". 

Cette  façon  d'envoyer  des  ordres  secrets  à  des  gens 
éloignés  avait  vivement  frappé  les  anciens.  Arehi- 
loque,  le  premier,  fait  allusion  à  la  scylale''.  ,\  son 
tour,  cette  mention  de  la  scytale  par  Archiloque  avait 
éveillé  l'attention  des  érudits;  Aristophane  de  Byzanci; 
avait  même  écrit  un  livre  sur  [''j./w^iv-r,  tx'jtv./y,  "'.  Piii- 
dare,  lui  aussi,  a  parlé  de  la  scytale.  Dans  la  \'I'  (tlijni- 
pique  il  dit  à  Énée,  son  élève,  sans  doute  :  <■  Tu  es  le 
messager  droit,  la  scytale  des  Muses  à  la  belle  cheve- 
lure '■"  ».    Cette    ode,    que    Pindare   avait   eoiiqiosée    à 

règle  avec  laquelle  ou  faisait  londjer  le  trop  plein  d'une  mesure  esl  aus^i  appelée 
TxuTokr,  f'ollux,  l*',  170  ;  cf.  MKSsoii  et  iiuTKi.i.uM.  —  2  Lijsandr.   19.  —3  XVII,  9. 

—  i  Derasi  atijue  ornnti  consimilUer.  Aul.  Gell.  —  5  Oull.  Alterum  dowi 
mat/istratus  cuni  jure  atque  cum  siyno  habe/jant.  —  i»  //>.  Lorum  modicae 
tenuilatis,  tongum  autem,  quantum  rei  satis  erat.  —  '<  Ib.  Littcrus  deinde 
i'i  eo  loco  per  transversas  Juuctnruui  orns. ..  inscribetiant.  —  »  //;.  Proinde  ut 
debere  fieri  sciebat.  —  ^  .Scli.  Arislopli.  Ares,  lini;  Hch.  Tliucyd.  1,131,1: 
l'hotius,  Lexic.  p.  250ctSuid.  /rxuti'iMi  ;  Tzctzés,  Chitiad.W,  Ul  ;  Auson.  Kpist. 
XXIII,  23;  A'c/i.  Pindar.  (II.  VI,  15  I.  —  lO /y.,.  1.1.  —  il  Loc.  cit.  Litleras 
truncus  atque  mutilas  rcddefjal,  nteiubrnque  eurum  et  apices  in  partes  dircr- 
sis.^inuis  s/targe/jat.  — *iîLes  dépêclics  des  Lacèdéiuoniens  étaient  1res  brèves.  Nous 
connaissons  celle  qui  esl  relative  a  la  mort  de  Miiidaros,  .Xeii.  Hell.  I,  t,  ïi. 
l-'.lle  n  a  pas  été  écrite  sur  une  scylale  ;  on  peut  très  bien  brouiller  les  lettre? 
de  cette   dépéclie  au    moyen    du   procédé    indique.    —    '^   Xen.    //etl.   III,    3.   .0, 

—  '■►  Jbid,  III,  3,  9.  —  15  Fr.  >••)  ;  Uemctr.  De  elocut.  5;  l'iut.  Srpt.  Snp.  Conr. 
8  ;  Sch.  Pind.  Olymp.  VI,  15i.  -  1»  Alliénéc,  III,  85  E  :  i»  tO  mol  tijs  4/..o|»év.is 
9«uTà>.v);  utfctfv.v.\i.a.zi.  Apollonius  de  Rhodes  avait  aussi  parlé  de  cette  scytale  dans 
son  liirc  sur    Arcliiloqno  (Alliénée,  X,  151  1)1.    —  I',    v.    rM)-l55  (édil.  ChrisI). 

lit; 


S(^.Y 


Thèbes,  fiiloxi'CuU-o  e'hc/.  If  vainqueur,  Agésias  de  Syra- 
cuse. Celte  exécuUon  exigeait  la  présence  d'un  envoyé 
du  poète,  chargé  de  ses  instructions.  Pour  la  17'  Olipn- 
piijue,  ce  fut  cet  Énée  ;  Pindare  le  compare  à  la  scylale. 
En  effet,  sans  lui,  l'exécution  chorale  et  instrumentale 
aurait  été  impossible  ;  il  connaît  l'œuvre  entière  du 
poète,  non  seulement  la  poésie,  mais  les  airs  de  musique, 
les  figures  de  danse;  il  apporte  ainsi  un  message  dont  lui 
seul  a  le  secret  :  il  fait  fonction  de  scytale  '. 

CerUines  allusions,  qui  nous  sont  fournies  à  propos 
d'événements  politiques,  marquent  aussi  l'impression 
que  la  scylale  avait  produite  sur  les  peuples  amis  ou 
rivaux  de  Sparte.  «  Avec  une  petite  scytale,  vous  pourrez 
maintenant  gouverner  Tlièbes  »,  disait  Léonliadc  aux 
Spartiates,  après  qu'il  leur  eut  livré  sa  patrie  -.  On 
retrouvait  dans  le  secret  de  ces  correspondances  (juelque 
chose  de  ce  mystère,  qui  était  un  des  moyens  de  gouver- 
nement les  plus  usités  à  Sparte'.  On  a  parfois  cherché, 
mais  sans  raison  suffisante,  à  retrouver  la  scytale  sur  des 
peintures  de  vases'. 

.\u  point  de  vue  paléographique,  il  faut  noter  cet 
emploi  de  la  courroie,  du  cuir,  comme  matière  propre  à 
recevoir  l'écriture.  Déjà,  longtemps  avant  l'invention  du 
parcliemin,  les  ot^Géfat  sont  mentionnées  pour  ce  même 
emploi  [iiii'iniiKHA,  mumhuana]  \  A  l'époque  classique,  en 
effet,  les  membramic  sont  très  usitées  ;  ces  peaux  prépa- 
rées servent  pour  les  brouillons.  Plularque,  dans  la 
description  de  la  scytale,  dit  que  la  bande  roulée  autour 
du  bâton  était  du  papyrus  "  ;  il  se  trompe  ;  le  papyrus 
aurait  été  trop  fragile  pour  un  tel  service  ;  c'est  une 
courroie,  une  sorte  de  parchemin  dont  usaient  les 
Spartiates.  Nous  avons  là-dessus  le  témoignage  d'un 
poète  comique  contemporain  d'Aristophane,  Nicophron, 
qui  avait  pu  voir  lui-même  des  scylales^ 

Certains  auteurs,  entre  autres  Aristote  *,  auraient  parlé 
d'autres  façons  d'employer  la  scytale. On  ditqu'on  fendait 
le  bâton  en  deux,  et  qu'on  écrivaitla  dépèche  au  milieu  ; 
ou  bien  qu'on  envoyait  la  courroie  par  un  messager,  le 
bàlon  par  un  autre'';  il  est  (juestion  aussi  de  la  scytale 
comme  moyen   de  prouver  une  dette '^      Albert  MiiniN. 

SCYTIIAE  [oliMOSIOI,    SAGlTTAimi. 

SEBACIAIIIA,  SEBACIAKIIIS.  —  Ces  deux  mois  ne 
sont  connus  que  depuis  une  quarantaine  d'années.  En 
1866,  on  a  découvert  à  Home,  auprès  de  l'église  Sainl- 
Chrvsogone,  un  corps  de  garde  [li.vcuiUTOiiiiM]  de  la  sep- 
tième cohorte  des  viGiLiis;  sur  les  murs  de  ce  petit  édifice 
se  lisaient  une  centaine  d'inscriptions  grafhtes  tracées 
par  les  soldats  eux-mêmes  ;  les  mots  sebaciaria  et  seba- 
ciarius  s'y  rencontrent  soixante-trois  fois,  diversement 
orthographiés  (variantes  :  ccbaciuria,  sebbaciarin,  siba- 


I  Bocckh,  PiiiU.  inrm.  1.  III,  p.  Mil;  Disscu,  Pind.  airm.  :'  M.  scct.  Il,  p.  85. 

—  2  Xcii.  Helt.  V,  i,  3i.  Autres  iiicnliolis  de  l,i  scjlalc,  Xcii.  lùiil.  III,  3,  S  ;  V,  i, 
a7;Plul.  A/ci6.  38;  Agesil.  10, 15  ;  .Irlor.  0; 'Jorii.  Nep.  Ptti«.  3  ;  Diudor.  XIII,  106; 
Arislopli.  Lijsisti:  'J'JI.  —  3  Tf|î  ,toXnila:  -i  .fu-tbï.  Tliuc.  V,  C8,  I.  —  i  Cli.  U- 
nonnant,  dans  la  Ovacr.  du    r.abinet   Durand,  par   J.  de  Wille,   p.    70,   ii.    iiO. 

—  5  Heiod.  V,  58;  Diod.  Il,  3i  ;  Caidlliauscn,  Oricch.  l'alaeoçi .  i9 .  —6  /.ymnd. 
19  :  fiSiîov  iïitif  îiiina.  l'Ius  loin,  t»i  p,tixh,.  —  1  Fr.  2  de  Kocli,  Corn.  ail. 
fr.  I,  p.  775  :  Aro  toC  «yux««!ou  .a",  xil;  Sii«if«;.  Aiij.Jv  Si;,t«,  Sch.  Arislopll. 
AveSf  1283  ;  Aulu-Oelle  emploie  exclusivement  le  mol  forum.  —  8  pp.  4fiG,  éd. 
de  Berlin.  —  ^  Voir  ces  diverses  explicalions  dans  le  Sch.  dp  Pind.  01.  VI,  154. 

—  Il)  Dioscoriil.  Hliol.  LfTic.  a»uxai<i  ;  »oir  oncoïc  llesycliius,  s.  r.  —  Bmi.io<:uAPH>K. 
Meursius,  A/iaceltan.  tacon.  111,4,  p.  i\i;  Nilzcli,  Uist.  Homrri,  I,  75;  Raoul- 
Uocliellc,  ilcm.  de  lAcad.  des  Inscr.  t.  XIV,  p.  410  ;  Scliocniann-I.ipsius,  llriech- 
Altcrt.  1,  251  ;  K.  F.  Ilcrniann  :  V.  Tliumscr,  Lclirli.  dcr  Griccli.  .\iiti,i.  I,  Staat- 
sallerl.  248  ;  livan  Hliillor,  l/iindbuch  —  Husoll,  Griech.  Staats  u.  Jlrehlsull,  i'  M. 
p.   2117;  Tli.  Itirl,  '/«•  Ih'rhrollc  in   dfr  Kmisl.   V.wl ,  p.  ;73.  2711,   280. 


T 


—  llf.2  —  SEB 

cii/riiis,  sft/xirinriiis,  etc.)'.  Plusieurs  explications  ont 
été  proposées  pour  eu  rendre  compte.  Il  n'est  pas  douteux 
que  le  féminin  singulier  ou  plutôt  le  neutre  pluriel  seba- 
ciaria désigne  le  service  confié  au  sebaciarim,  et  que  les 
deux  termes  doivent  être  rattaches  au  substantif  skiîI'm  et 
aux  adjectifs  .seba/is  et  sebacetis;  ils  se  rapportent  évi- 
demment à  l'emploi  de  torches  ou  de  chandelles 
de  suif  par  les  soldats  des  vigiles  comme  moyen       ^J^ 
d'éclairage.  On  a  recueilli  aux  environs  de  Vexcu- 
bilorium  de  la  septième  cohorte,  piazza  Monte 
di  Fiore,  un  grand  tlambeaii  de  bronze  qui  ser- 
vait à  tenir  à  la  main  de  pareilles  torches;  il  est 
déposé  mainlenant  au  Palais  des  Conservateurs; 
il  mesure  1™,30  de  haut  et  se  compose  de  trois 
tubes  entrant  l'un  dans  l'autre;   sa  partie  supé- 
rieure  s'évase  en  forme  de  fiamme;  des  ouver- 
tures  latérales  permettaient  a;i    suif  fondu  de 
s'écouler  (fig.    (iio3)  -.    Le    si-baciurius    serait, 
d'après  Henzen,  le  soldat  chargé  de  pourvoir  à 
l'entretien  des   torches  de  suif  à  l'intérieur  de 
Vfxcubitorluiif^;  d'après  Desjardins,  le  porteur 
de  falot  accompagnant  les  rondes  de  nuit  des 
vigiles*  ;  d'après  Visconli  %Capannari^  Nocella  \ 
le  fonctionnaire   préposé  à  l'éclairage   nocturne 
d'un  ou  de  plusieurs  ([uarlicrs  de  la  cité,  en  par- 
ticulier aux  jours  de  lëte.  Peut-être  ces  hypo- 
thèses se  complètent-elles   plutôt  qu'elles  ne  se   ^^.'^l'^^j!^^' 
contredisent,  el  le  sebaciarius  devait-il  pourvoir 
à  tous  ces  offices,  pour  lesquels  l'usage   de  torches  de 
suif  s'imposait.  En  laveur  de  la   lliéorie   de  Visconli  on 
peut  remarquer  d'abord  qu'il  est  fait  mention  très  sou- 
vent, sur  les   inscriptions    graffites,   d'événements  im- 
portants  de   la   vie    romaine   (proclamations,    anniver- 
saires  et  adoptions   d'empereurs,    vota  decennalia   ou 
ricennalia,  etc.),   dans  lesquels  le  sebacinriua  a  joué 
un  rôle",  et  ensuite  que  ces  textes  sont  tous  des  années 
215-245  ap.  J.-C,  c'est-à-dire  jioslérieurs  à  laréorgani- 
salion  des  vigiles  par  Caracalla  et  à  la  création  du  service 
public  d'éclairag<!  nocturne  de  Itome  que  cet  empereur 
paraît  avoir  institué". 

Quarante-trois  fois  à  l'expression  aebuciariu  fecil  ou 
sebaciarius  fccil  (celle-ci  moins  fréquente  que  l'autre) 
est  jointe  une  formule  qui  nous  fait  savoir  dans  quel 
mois  le  sebaciarius  a  exercé  sa  charge  ;  il  faut  en  con- 
clure que  celle  charge  était  occupée  à  lourde  rôle  et  pen- 
dant la  durée  d'un  mois.  Lorsque  le  sebaciarius  désigné 
a  dû  interrompre  le  mois  qu'il  avait  commencé  et  le 
laisser  achever  par  un  autre  soldat'"  ou  quand,  désigné 
liour  un  mois,  il  n'a  pu  s'aciiuitter  que  le  mois  suivant  ", 
il  prend  soin  de  le  rappeler.  Parfois  il  se  faisait  adjoindre 


SKBACIARIA,  SlillACl AlllUS.  I  liiscnplious  publias  cl  cludiùi'S  par  Ivllc- 
grini,  dans  le  Diillelt.  delllnstit.  di  corrisp.  arclieol.  l.'iûT,  p.  8-12,  el  p.ir  licn/en, 
Ibid.  p.  12-30,  cl  .\nnali  ddVlnslil.  1874,  p.  1 1 1103  ;  repioduilcs  au  Cori,.  inscr. 
lalin.  n"  2'J98-3091  cl  32751.  —  2  l'ublic  par  A.  Capaunari,  dans  le  IhiUelt. 
comun.  di  lioma,  1880,  p.  202.  —  3|lcnzeii,  toc.  cit.  —  4  Desjardins,  dans  les 
Mém.  de  fAciid.  dos  inscr.  XXVIII,  2"  parlic,  1876,  p.  205-285;  cf.  Pclron. 
Salir.  78  :  palrouilie  faisant  irruption  cliez  Trimalcion.  —  5  1'.  E.  Visconli,  La 
stazione  delta  coorle  VII  dci  ri-jili,  Itonro,  1807.  -  «  A.  C.apannari,  toc.  eil. 
p.  251-209.  —^  G.  Nocella,  Seliariarins,  Kmitutarius.  Rome,  1880;  Le  i^cri:. 
graffUe  nelC  escubitorio  delta  Vil  coorle  dei  vigili,  Rome,  1887.  —  »  Visconli, 
Up.  cil.,  sest  appuyé  sur  ces  graflitcs  pour  essayer  de  préciser  la  date  esaclc 
des  événements  liisloriqucs  dont  ils  parlent  (adoption  d'Alexandre  Scvcre, 
avéucmcnl  de  Gordien  III,  cU.).  — '■>  Hisl.  Ang.  Sev.  Alex.  24:  allusion  à  ers 
illuminations.  —  10  Corp.  inscr.  lalin.  VI,  3040;  cf.  ibid.  3000  ;  un  vigile  noie 
pi'il  a  élé  sebaciai-ii(S  à  la  place  d'un  camarade,  in  loco  snc(.c)essi.  —  "  /bid. 
3056. 


SEI{ 


—  1 1  li.'i 


SEB 


lin  cani.Tr.iiii'  pour  le  seconder  '.  Le  service  était  assez 
iliir:  il  exposait  à  des  fatigues  -,  à  des  dangers  ';  sou- 
vent le  sehfiriarhis  se  félicite  d'avoir  pu  accomplir  lieu- 
leusement  sa  tàclie,  omit  in  lula  *,  féliciter  ^,  à  son 
avantage,  boiiosiio  ",  sans  dommage  pour  ses  camarades, 
sa/vis  comiiKinipiiUs' ,  sans  qu'aucune  plainte  ait  été 
portée  contre  lui,  sine  r/uerela  *  ;  il  avait  un  réel  mérite 
à  remplir  seul  toute  sa  charge  pendant  tout  un  mois  '. 
En  récompense  il  louchait  \c  friimentum  jnililiriiui"'.  On 
sait  que  chacune  des  sept  cohortes  de  vigiles  avait  sous 
sa  surveillance  deux  des  quatorze  régions  de  Home;  c'est 
pour  cela  qu'un  se/iariariiifs  de  la  septième  cohorte  note 
qu'il  a  élé  de  service,  non  seulement  dans  la  quatorzième 
région  (Transtévère),  mais  aussi  dans  la  huitième, 
regione  Atexaiulriano  ".  Un  autre  nous  fait  savoir  qu'il 
a  fourni,  outre  les  se/iririaria,  de  l'huile  pour  les  chaus- 
sures, u/eiiin  in  cfi/ir/ns'- ;  un  troisième  éniimère  tous 
les  objets  qu'il  a  dû  procurer  :  sebacia,  les  chandelles  de 
suif;  /iiriiiiiim,  les  fanaux  ;  liirernas,  les  lampes  à  huile 
pour  éclairer  les  portes  de  la  ville  [ml  por/ns)  et  le 
magasin  du  matériel  des  processions  (atl  pompas)'^.  Sur 
une  inscription  on  lit  ces  mots  :  Secunt/inus  seburiarin 
fecil...  Fysi/o  siio  fe/icissime;  Henzen  les  traduisait 
ainsi  :  «  Secundinus  a  fait  les  sebaciaria  à  ses 
frais,  très  heureusement  »  ;  mais  le  mot  pxrua  ne  peut 
s'orthographier  de  cette  façon  et  ne  désigne  jamais  la 
fortune  privée  d'un  simple  particulier;  Fi/syn  doit  être 
un  nom  propre,  4>iJ(txo;,  désignant  un  camarade  et  un 
adjoint  du  sebaciariits'^. 

En  même  temps  que  du  sebficiarius,  il  est  question, 
dans  les  graffites  de  Vexcubi/orium,  du  tesnerarius'-'  et 
de  Vemilu/arius"^.  Le/enseiviriits  est  le  soldat  qui  devait 
donner  et  rendre  le  mot  d'ordre  ;  il  avait  sa  place  marquée 
dans  les  rondes  de  nuit  des  vigiles.  La  signification  du  mot 
emilularius,  jusqu'ici  inconnu  lui  aussi,  est  douteuse. 
Henzen,  Desjfirdins,  Cantarelli  voient  dans  Vemi/ulariun 
l'assistant  du  sebaciarius,  celui  qui  partage  de  moitié' 
(hemi-)  sa  lourde  corvée  mensuelle '^  Des  explications 
quiontétéproposées'*,  nouspréféronscellede  M.  Mowat, 
qui  rapproche  emitulariiis  de  evio,  emeye,  empliits,  emliis 
(d'où  viendrait  le  diminutif  pw(//m/î<s;  "  ;  l'emilularius 
est  le  personnage  chargé  des  menus  achats  pour  le 
compte  du  sebariarius  ;  on  s'explique  ainsi  très  bien 
que  celui-ci,  quand  il  parle  de  Veinituinrius,  lui  adresse 
des  remerciements-";  tout  absorbé  par  les  occupations 
de  sa  charge,  il  s'en  remettait  aux  bons  soins  d'un 
camarade  pour  l'achat  des  fournitures  d'éclairage  et  pour 
ses  emplettes  personnelles.  Maurice  Bksmkr. 

SEBASTA.  —  (Ssêacti,   SeSacTsla,  SeSacTot   aYcoveç,   o! 


1  C.i.t  VI.30CI1.  —l/biil.  3072  :  Ifixsus  sum,  succesaore^mflate]. —3  Ibid-WIO 
Mil  seUiciarius  ren-l  grâces  au  iji-nic  de  Vexcubitorium^  qui  l'a  prolég^.  —  *  Ihùt. 
IWi,  et  douie  autres  lois.   —    ~-  Ibiil.  3001  et  t|uatrc  autres  fois.  —  '•  Jbitl.  302« 

-  '  Ibid.  30i9,  3033.  etc.  —  8  Ibiil.  3053.  —  "  Ibid.  3067  :  intègre.  —  10  Ibid.  3001 , 
'I I.  On  lit  au  no30iiî  :sebaciai-ius  eques  factiis.  Mommsen  rejette  cette  leçon  iuad- 

M.-sible  et  propose  :  i7«(i)  est)  factiis.  -  "  Ibid.  30i».  —  12  Ihid.  3033.  —  13  Ibid. 
■•■?.  L'expression  ad  pompas  est  interprélt'îe  par  Capannari,  lue.  cit.  comme  une 
-ifrnation  lopogr;ipliiiiue.  Ilcnze  i  et  Dcsjarilins  croyaient  iiu'cllc  se  rapportait  aux 
arouilles,    aussi  lentes  i|ue  les  processions.  —  It  Jbid.  'Mil.  —  là  lUd.    3033. 

—  ">  Jbid.  30.i7,  307fi.  —  17  ilenzcn  et  Desjardins,  loc.  cil  ;  L.  Cantarelli,  dans 
le  Ballell.  corn.  1889,  p.  77-89.  —  1»  Nocella,  loc.  cit.  el  Ossrrva:.  suif  emi- 
lulario  di  L.  Cantarelli,  Rome,  tS87.  —  1»  K.  Mowat,  dans  le  Onll.  des  Antiq.  de 
France,  I89fi,  p.  1113168.  —  il  Corp.  inscr.  latin.  VI,  3057  :  aijo  gratias  emilulario. 

SEBASTA.  1  Corp.  inscr.  atl.  I.l,  1,  457,  fil  3.  -  2  Inscr.  gr.  Aegin...  Argol...  S8C, 
,s7,59ll,  etc.—  3  Ibid.  TJS. —i  Ci.  ait.  \\\.  1J9.  —  »Cf.  le  commentaire  de  lins- 
.liption  C.  i.  a(/.lll,  1.  —  ■!  ynelquefois  les  jeux  sont  rapportés  directement  à  tel  ou 
l.-l  empereur  :  ainsi  C.  i.  ait.  III.  437, 1,13.  Sur  la  signilication  exacte  de  la  ilC^sigua- 
liou  »;  ïiS.rtoi,  cf.  Uittenlierger,  Si/H.i  3<,i,  a.î.—'i  Inscr.  gr.  Sicil.  Ital...  748. 


Tojv  Ssêa'jTôjv  i.yù)Vîi).  .leux  célébrés,  SOUS  l'Empire,  dans 
un  grand  nombre  de  cités  grecques  :  ainsi  à  .\tliènes', 
.\rgos -,  Trézène^  Byzance'.  Leur  institution  date  peut- 
être,  à  Athènes  au  moins,  du  début  même  de  l'Empire". 
Plus  lard,  ils  semblent  consacrés  tout  à  la  fois  aux  empe- 
reurs défunts  et  A  l'empereur  régnant,  désignés  tous 
ensemble"  sous  le  nom  de  ot  lefiafixo!  [aucistalia].  Sans 
doute  étaient-ils  isnlijmpif/ues  et  célébrés  tous  les  quatre 
ans,  comme  les  jeux  dont  on  trouve  la  mention  à  Naples'', 

'IriÀiy-i  'Pojfjia?a  crïSairi  (.roÀiJjATcia,  et  qui  paraissent 
identiques  aux  Srbasfa  des  villes  grecques.  Emile  Caiien. 
SKBASTEIOIV,  AUCrSTEUM.  —  Noms  donnés  parfois 
aux  temples  dédiés  à  un  empereur;  c'est  uniquement  de 
ces  qualifications  que  nous  devons  ici  nous  occuper'. 
Elles  se  présentent  rarement  dans  nos  sources.  La  pre- 
mière est  employée  par  Philon  -,  pour  le  temple  d'Au- 
guste à  Alexandrie,  et,  en  éphigraphie,  sous  des  formes 
diverses  :  àTii  toO  Seoa'iTsio'j  vïoû  dans  une  inscription 
d'Aphrodisias  '  ;  le  célèbre  temple  provincial  d'Ancyre, 
achevé  en  l'an  10  ap.  J.-G.  ',  est  dit  xi  SsÇocttïiOv';  même 
variante  dans  le  texte  de  .Néoclaudiopolis  qui  commémore 
le  serment  de  fidélité  à  Auguste''  et  atteste  que  l'expres- 
sion s'appliquait  et  au  temple  de  cette  ville  et  aux  autres 
sanctuaires  d'.\uguste,  dédiés  dans  les  divers  districts  de 
Paphlagonie  ^  ;  elle  convenait  aussi  bien  aux  temples  mu- 
nicipaux et  aux  temples  provinciaux.  On  lit  XsSktttiOv  et 
Augusieum  dans  un  texte  bilingue  d'Ephèse,  de  l'an  o  av. 
J.-C.  *.  En  latin,  deux  autres  exemples  :  dansledécret  des 
décurions  de  la  colonie  de  Pise  sur  les  honneurs  à  rendre 
à  L.  César  défunt  (2  3  apr.  J.-C.)'  et  dans  une  inscri- 
ption de  Catina  (Sicile)'",  contemporaine  sans  doute 
d'Auguste,  sous  le  règne  de  qui  la  ville  devint  colonie, 
probablement  en  733".  ^Ss^ajcTeîo-/  parait  plus  tardive- 
ment dans  un  décret  du  koinon  de  Lycie,  de  149'-, 
mais  vise  un  temple  municipal.  L'un  ou  l'autre  des  deux 
termes  a  dû  couramment  servir  pour  le  temple  d\in 
.\uguste,  d'un  empereur  quelconque  ".  Mais,  en  général, 
on  use  plutôt  d'une  périphrase,  comme  vaôçTùlvSeÇaîTùJv  ", 
ou  aedes  liomae  et  Augusti  '%  templum  Aiigu.iti^^. 
Passé  le  W  siècle,  le  terme  de  Sebasteion  ne  laisse  plus 
de  traces,  mais  au  iv'  siècle  Aùyotjczt'iov''  désigne  une 
grande  place  de  Constantinople,  dans  la  III'  région,  où 
se  dressait  la  statue  d'Hélène.     Victor  Chapot. 

SEBUM.  —  Le  suif  était  appelé  cTÉap  en  grec  '  et  sébum 
en  latin  -.  Dioscoride  et  Pline  nous  ont  laissé  la  recette  de 
sa  préparation  :  la  graisse  des  ruminants  était  d'abord 
débarrassée  des  fibres  nerveuses  qui  s'y  mêlent, 
lavée  dans  de  l'eau  de  mer  ou  de  l'eau  salée,  et  pilée  dans 
un  mortier;  puis  on  la  faisait  fondre  plusieurs  fois  jus- 


SERASTEION,  AUCDSTEUM.  <  Pour  le  sujet  m«me,  v 
Aii.;uiF.BEUS,  etc.  —2  Lfg.  ad  Uainm.  Mangey,   II,  p.  5ti7,  1.   46   Si|. 
Eîô.oTiTov,  iiiôaxiio.'ou   K«,Vajo;   ...i;.  Cf.   Dio  Cass.   I.VII,  10,  J:  Tibèn 

construction  nouvelle,  i'»r..  x»;  Alj^usn.'ou.  —  3t.  i.  gr.  Î839.  I.  î.  —'Cf.  Ed. 
Uuillaume.  ilei>.  arch.  1870-1,  p.  347  sc|.  —  »  f.  i.  gr.  4039,1.  31,  cl  Add.p.  1109. 

—  0  Fr.  Cumont,  Her.   des  étud.   gr.  XIV   (1901),  p.  26-45.  —  7  Voir  I.  38  et  41. 

—  8  C.  i.  lai.  III,  0070.  —  9  Ibid.  XI,  14i0.  I.  I.  -  1»  lOid.  X,  70J4,  fragm.  Il, 
I.  8  :  [Aug]iisteum  opiis.  —  O  Dio  Cass.  LIV,  7.  —  *2  Lœwy.  ap.  Petersen  et  von 
Lusclian,  Heisen  in  Lykien,  p.  76  sq.  XIX,  I.  33.  —  13  I.ydus  {Oe  mens.  IV,  138 
Wuensch)  rapporte  (|u'on  appelait  Aûiou^tiTov  l'endroit  du  marché  aux  vivres  où 
Ion  dansait  en  octobre,  en  Ihonoeur  de  Tibère.  —  i»  Ane.  gr.  inscr.  in  llie  Br. 
Mas.  498.  —  «S  C.  i.  lat.  XIV,  333.  —  16  Suet.  Tib.  47.  —  >7  Ou  AJi^u«T»T»v, 
A;roujTi«iv,  Augusieum  (Sot.  urb.  Const.  5,  7),  suivant  les  textes,  cités  par 
Obcrhummer  (Pauly-Wissowa,  II,  p.  23i9). 

SKItUM.  1  Ilom.  Od.  XXI,  178-1831  Arislot.  Hist.  anim.  III,  17,  3;  Départ, 
aninl.  Il,  5,  2;  Tlieopbr.  Ile  caut.  plant.  V,  15,  C  i  Diod.  V,  17  ;  (ieopon.  V,  30,  1  sq.; 
Poil.  II.  233;  VI,  33;  X,  130.  —  2  Plaut.  Capt.  Il,  2,  31  et  les  lexles  latins  cités 
dans  les  notes  suivantes. 


SEC 


iKii 


S  KG 


qu'à  ce  qu'i'lli'  eùl  perdu  loutc  otlour,  et  liiiMlcini'iil  <in  la 
laissiiil  blancliir  au  soloil  '.  On  employail  à  cel  cITi'l  la 
graisse  du  Ixeuf  el  du  veau,  de  la  chèvre  et  du  bouc,  par- 
fois iiièine  celle  aussi  d'aniinau\  sauvages,  tels  que  le  lion, 
la  panthère,  le  chameau,  elc''.  I,e  suif  jouait  un  grand 
rôle  dans  la  médecine  humaine  el  vétt'rinaire  des 
anciens  ';  le  plus  souvent,  on  prenait  soin  de  l'aromaliser 
en  l'arrosant,  après  fusion,  d'un  liquide  parfumé'.  Il 
entrait  dans  la  composition  du  sapo''.  On  enduisait  le 
ciment  hydraulique  des  thermes  avec  du  suif  fondu 
mélangé  de  cendres  passées  au  crible  ^  luilin  les  Homains 
se  servaient  pour  s'éclairer  de  torches  et  de  chandelles  de 
suif  ',  .wbaceae  canilehte  ';  ou  sehales  faces^  [fax],  en 
même  temps  que  de  lampes  à  huile  [licerna],  de  torches 
de  bois  résineux  et  do  chandelles  de  cire  [cANniCLA/,  ils 
les  fichaient,  comme  ces  dernières,  dans  des  flambeaux 
ou  des  candélabres  de  bronze  dont  nous  connaissons, 
par  quelques  documents  archéologiques,  la  forme  et  la 
disposition  'Candelabrum,  fig.  1086,  1083  ;  sebacia- 
RiA,  fig.  6:2o3).  Columelle  range  la  fabrication  des  chan- 
delles de  suif,  candeltts  seùare,  parmi  les  occupations 
auxquelles  la  religion  permet  de  se  livrer  les  jours  de 
fête  '".     Maubick  Bksmer. 

SECESPITA.  — Couteau  de  sacrilice.  —  La  scrcspi/a  ' 
n'est  connue  que  par  deux  textes,  mutilés  l'un  et  l'autre, 
de  Festus  et  de  Servius,  extraits  du  traité  De  jui-e  Pon- 
li/irif)  de  M.  Antistius  Labeo -.  Dès  l'époque  de  Labeo, 
contemporain  d'Auguste, ce  couteau  n'était  jjIus  employé 
que  pour  des  usages  religieux.  Il  était  ré.servé  aux  vieux 
cultes  ofliciels  que  desservaient  les  Flamines,  les  Flami- 
niques,  les  Vestales  ^  les  Pontifes'  ;  c'est  à  la  chapelle 
d'Ops  Consiva  %  dans  la  Ih'fjin,  que  les  exemplaires 
sacrés  parais.^enl  avoir  été  déposés  avec  les  trompettes  et 
le  iirdi'l'ericuhim  de  bronze.  Le  même  métal  sacré  a  dû 
servir,  à  l'origine,  à  la  fabrication  de  la  seceapita;  au 
temps  de  Labeo,  il  avait  été  remplacé  par  le  fer,  mais  les 
clous  de  bronze  (acre  Cyprin^  qui  fixaient  le  manche 
sont,  sans  doute,  un  souvenir  du  métal  primitif.  Suivant 
le  passage  de  Labeo,  il  semble  que  lalame  de  fer,  allongée, 
n'avait  qu'un  seul  tranchant;  la  majeure  partie  de  la 
face  opposée  s'encastrait  dans  un  manche  en  ivoire, 
rond  et  plein,  (jui  formait  poignée;  des  lils  d'argent  et 

<  Diofoor.  De  mal.  vieil.  Il,  S!l  ;  l'Ini.  Aal.  hisl.  XXVllI,  143.  —  2  tljoscor. 
Op.  cil.  Il,  811.94;  l'Iin.  Op.  cil.  XXVllI,  160,  107,  174-,  185,  1112,  illG,  214, 
2îi,  i34  (suif  d,.  bicif);  XX,  l(ii;  XXVllI,  150,  101,  105,  109,  175,  ISS,  200, 
215,  210,  223,  254;  XXXI.  99  (suif  .k  VMu);  XXII,  124  (suif  de  chtvre);  XXII, 
59;  XXIV,a3;  XXVllI,  188,  20S,  2195.|.;  XXX,  30,  IH  (suif  de  bouc)  ;  XXVllI, 
144  (lion,  panlli^rc,  chameau).  —  3  l)ios.or.  /,.  c.  ;  l'Un.  XXVllI,  205;  XXX,  120,  cl 
les  texles  cilés  à  la  noie  pp^cédenlo.  —  4  Oioscor.  Op.  cit.  Il,  91  el  02;  IMin. 
XXVllI,  144.-  SHin.  XXVllI,  191.  -  o  l'allad.  1,  41,  3.  -  7  H.  Bliimmer,  Tecli- 
HOl.  uiiii  Terminal,  lier  Gewerbe  mil  Kilnste  bel  Clrieclien  uni!  Ilûmeni,  II, 
Loiiiii;;,  1879,  |i.  IOi-103.  Colnniclle  (  V.  3,  13)  rocoininande  d'arroser  les  plaies  des 
lirebisavec  du  suif  fondu  di^goullant  d'une  lorclic  enllamuiéc.  —  »  Apul.  Melam. 
V,  19,11.281.  —  Il  Amni.  Marcell.  XVIll,  10,  15.  —  lo Colum.  11,21,  3. 

SKCESPI'I'A.  —  l.abeo  relrouio  déjà  la  lacine  sec  de  seeui-e,  sccuris  dans 
secespilii  (tecespiln  iisecnwlo,  l'aul.  Diac.  r.r  Feslo.)  Maison  ne  «ail  s'il  faul  rap- 
proclicr  la  seconde  parlic  ilu  loinic  de  rwi-.ï/iis  ou  de  spat  ui.  Voir  Walde,  Lalei- 
nischeti  etijmol.  Worterbiich,  19uC  s.  v.  —  'i  Pour  le  leile  de  Servius  Ad  Acii.  IV 
202,  voir  l.  1,  p.  513  lie  l'éd.  TIjilo;  pour  celui  do  Peslus,  voir  p.  348,  éd.  Mill- 
ier ;  p.  .>22,  M.  de  l'ouor.  l'arnii  les  essais  de  reslilulion,  il  faiil  cilor  llusclike, 
Jiiriaprud.  Anlejuat.  p.  120  el  Jordan,  TupogriipUie  Un-  Slnill  llom.  Il,  p.  275. 
Voici  commenl  je  lis  la  descriplion  :  secespiliim  este  Antistius  Labeo  ail  callnim 
ferreum  obloni/iim,  mamibriu  elmrueo,  rolimilu,  solido,  vincto  wl  capiilum  urijento 
uiiroiiiie  filiim,  clavis  iieneis  aère  cijprio.  i/uo  Flamines.  /laminicae,  \irgines 
Puali/icesi/iie  ad  siicrificia  iiluntiir.  I)eu\  gloses  de  l'aul  Diacre,  l'une  simpleuicnl 
eiliaile  du  le»le  précédent  ip.  528  P),  l'aulre  léinoignanl  de  l'incerliludc  des 
grammairiens  :  seeespitiim,  iilii  seciirim,  iilii  dolabram  aeneam,  alii  cullelliim 
esse  piilanUp.  330  M,  .500  I'),  enfin,  le  passajc  où  Suélonc  (Tib.  ;i5).  montre 
Til>iire,  sacrilianl  avec  les  ponlifes,  suljsliluaul  à  l.i  secespila  de  l.il.o.  donl  il 
redoute  les  desseins,  un  coulcan  de  plomb.   —  3  La  scie  donl  les   Vestales  se  ser- 


d'or,  lies  clous  de  bronze  retenaient  la  lame  dans  cette 
poignée.  Il  faul  rapprocher  de  cette  descriplion  le  cou- 
peret qui  figure  fré(|uemment  parmi  les  ustensiles  reli- 
giiHix,  sur  des  temples'',  îles  autels'',  des  monnaies  con- 
sulaires' (tig.  2111))  ou  impériales  ".  Des  différents  types 
ri'prodiiitsà  l'art iclec.i'LTEii  '", 
aiiciin  ne  saurait  être  désigné 
avec  certitude  comme  étant 
la  .^ccespi/fi.  On  croit  pou- 
voir la  reconnaître  (tig.  0254) 
parmi    les    instruments    du 

culte  représentés  sur  la  frise  du  temple  de  Vesta  ". 
C'est  certainement  le  couperet  donl  les  Vestales  étaient 
tenues  de  se  servir.     A.  J.-Reinacii. 

SECESSIO  PLEBIS.  —  On  appelle  ainsi  dans  la  lutte 
des  patriciens  et  des  plébéiens  les  retraites  en  masse  que 
faisait  la  plèbe  en  deiiors  de  Rome  pour  obtenir  des  con- 
cessions politiques.  La  tradition  en  mentionne  trois,  dont 
deux  n'appartiennent  vraisemblablement  qu'à  la  légende. 
Dans  la  première,  provoquée  par  les  dettes,  en  494 
av.  J.-C,  après  la  tentative  infructueuse  de  conciliation 
du  dictateur  Valerius,  la  plèbe  se  retira,  selon  des  textes, 
près  deCrustumina,  sur  une  colline  appelée  depuis  tuons 
sacer',  selon  d'autres  sur  le  mont  Aventin-,  etobtint  la 
création  du  tribunat  de  la  plèbe  [tribunis  plebis].  La 
deuxième  retraite,  provoquée  par  les  abus  de  pouvoir 
des  seconds  décemvirs,  et  dirigée  par  Virginius  et  Icilius, 
eut  lieu  d'abord  sur  l'Aventin,  puis  sur  le  mont  Sacré  et 
aboutit  aux  lois  Valeria-IIoratia  de  443i  patricii,  p.  348]  ^ 
La  troisième  retraite,  probablement  la  seule  historique, 
placée  entre  289  et  :2St3,  sur  le  Janicule,  aboutit  à  la  loi 
Hortensia  qui  établit  la  validité  complète  des  plébiscites''. 
[patricii,  p.  348;  cumitia].     Cn.  Lécrivain. 

SECRETAUll  .U  ou  SECRETl'M,  SECRETARIUS.  — 
On  appelait  sccrelai'htm  ou  secreluin  ((réxpsT&v)  sous  le 
Bas-Empire,  la  partie  retirée  du  tribunal  où  le  magistrat 
siégeait,  séparé  du  public  par  des  barrières  [ca.ncellij 
ou  des  rideaux  [velim].  [Pour  \v.  seci'i'tarium  sena/ii.s, 
voy.  FORUM,  p.  1293.  Pour  celui  de  la  ])réfecture  urbaine, 
praefecti's  urbi,  p.  620] . 

A  la  même  ùpoqne,  .^ecrelari us  devint  le  nom  des  huis- 
siers et  greffiers  qui  faisaient  le  service  du  secrelariiun  '. 

valent  pour  broyer  le  sel  sacré  était  pareillcmenl  en  for,  serra  ferrea  (Varro,  ap. 
Non.  223,  10;  cf.  Feslus,  3  44  M).  —  '  Ceux  qui  considéraient  la  secespila  coninic 
une  baclic  faisaient  apparemment  confusion  avec  la  scena  sioe  sacena,  dntabra 
pontificatisiVcslus,  3IS  M)  ;  cf.  skcuuis.  —  ï  Cf.  Jordan, /oc.  ci7.  C'est  probableaienl 
avec  ces  secespilae  i|ue  les  chefs  des  génies  s'ensanglantaient  le  front  eu  arrivant 
à  la  Itegia  après  la  course  des  Lupercales  (PInt.  /loin.  21).  —  1  Voir  nolam- 
ment  la  frise  de  l'arcits  iirgenlarius  élevé  par  Seplime  Sévère  sur  le  forum  boa- 
riiim,  reprotluite  par  t^larac  =  Reiuacit,  Iléperloire,  pi.  ccxx,  cci'vn,  et  Baumeis- 
tcr,  fli'ii*m«/t'r,  art.  Opfer,  fig.  1300.  Un  fragment  de  frise  swublable,  provcnani 
du  temple  de  Vcspasien,  esl  consi>rvé  au  Tubularinm,  cf.  Rebor,  Ilie  lluineu  /tuins, 
lS'i3,  p.  82  ;  Tliédcnal,  Le  Forum.  2'  éil.  p.  159.  —  7  Voir  unlammeul.  Iliibner, 
Wesldeutsrlie  Zrilsclirift.  III.  p.  120;  Espéraiulicu,  Hiis-reliefs  delà  Gaule.  I, 
314;  Culalof/ue  du  A/usée  d'Upinal,  n.  96;  fiberijermanisc/ies  Limes,  Kaslell 
Niedcrberg,  pi.  vue.  —  »  C'est  une  monnaie  de  la  geus  Sulpicia,  Kabelon,  .1/im- 
naies  de  la  /tépubligue,  II,  p.  473.  Dans  cet  ouvrage  de  Rabeinn  el  dans  Colien, 
Médailles  consulaires,  on  l'elrouve  le  même  coiileau  sur  les  rn-iiniaies  des  genUs 
Julia,  Junia,  Marcia,  Maria,  fllpia,  etc.  —  «  tloben.  Monnaies  impériales,  il, 
jil.  XV  (MarcAurcle)  ;  III,  pi.  x  (Caracalla)  ;  IV,  pi.  iv  (Mavimi').  —  10  Aux  exem- 
plaires signalés  dans  cet  article,  on  peut  ajouter  un  beau  ronloau  en  fer  donl  la 
poignée  de  bronze  se  termine  en  léle  de  lion.  Musée  de  Langres,  n<»  231,0. 
—  Il  Jordan,  Ùer  Tempel  eon  Vesta,  1880,  pi.  vu  li. 

.SKCESSIU  IM.KBIS.  1  Liv.  2,  23-32;  Dionys.  0,  22-71  ;  Varr.  Lin,;,  lat.  5,  61; 
Plul.  Cor.  0  ;  Dio,  fr.  13.  —  2  Cic.  De  rep.  2,  33.  —  3  Liv.  3.  50-55  ;  7,  41  ;  Cic. 
De  rep.  2,  37  ;  Dionys.  H,  43-49.  —  4  Liv.  Kp.  Il  ;  Plin.  ffisl.  nul.  10,  10,  37; 
Uio,  fr.  42  ;  Oeil.  15,  27,  4.  —  Bunioc^HAi-Hif.  Voir  la  bibl.  de  cexs. 

SECHE'rAlllUM,  SECnBTUM,  SECItETAIlIUS.  I  Glossar.  nnmicum.  s.  r. 
ï:!«?îtv,  ;  Zonar.  Concil.  larlhag.  eau.  loS  ;  Vod.  Tlieod.  i,  7.  1  avec  le  coin  - 
mentaire    de  Godefroy;   Valois,   tid  Aniin.  Marc.  XV,  7. 


SI]C 


—   1165 


SEC 


Ci's  fonclionnaires  ne  se  confoniii'nl  pas  avec  les  servi- 
teurs ol  employés  dont  les  allribulions  réponilaient  à 
celles  d'un  secrétaire,  tant  dans  la  vie  puldique  que  dans 
la  vie  jirivée.  Ceux-ci  sont  désignés  par  des  noms  très 
variés,  auxquels  nous  renvoyons  (actis  (ab),  actuahu  s, 

AMAM  ENSIS,   COM.MENTAKIIS    (A!,      EI'ISTUI.IS    (ar),      NOTAHUS, 

SCRiBA,  STiniis  (a),  etc.  Voy  aussi  skkvi.  Four  les  grecs, 

CRAMMATEIS.  E.   S. 

SEr/rio  ito.voKr.M  'uoxûrim  seotio]. 

SECTOR.  Celui  qui  coupe.  —  C'est  le  nom  donné,  à 
raison  de  leur  emploi,  aux  ouvriers  de  divers  métiers. 
Columelle  '  appelle  un  faucheur  secli»- /'oeni.  Maleriariux 
est  l'ouvrier  qui  débite  le  bois  soit  pour  ceux  qui  doivent 
le  travailler  [serra",  soit  pour  le  marchand  qui  le  met  en 
vente  [materiariuSî.  Les  scieurs  de  pierre  [secloreu  ser- 
7'rt/'(/)'^  étaient,  à  Rome,  organisés  en  collège.  Une  inscrip- 
tion', où  le  mot  sector  n'est  suivi  d'aucune  autre  déter- 
mination, parait  se  rapporter  à  l'œuvre  de  Voptis  sectile, 
c'est-à-dire  au  découpage  des  marbres  ou  pierres  des- 
tinées à  ce  genre  de  mosaïque  [musivum  opis]. 

Le  même  nom,  sec/or,  désigne,  dans  la  langue  du  droit 
romain,  l'acquéreur  de  biens  vendus  publiquement  au 
nom  de  l'État  [bo.norim  emptio,  bonùhim  sectioj.     E.  S. 

SECrniS  (icéXexu;,  à;i'vY,)  '.  —  Les  formes  les  plus  spé- 
cialisées de  la  hache  ayant  été  étudiées  dans  les  articles 
ASCiA,  BiPEX.MS,  DOLABRA,  MALLEi;s,  OH  sc  bornera  ici  à 
montrer  comment  ces  types  divers  se  sont  successive- 
ment dilTérenciés.  Après  avoir  retracé  ainsi  l'évolution 
de  la  hache  d'après  les  exemples  fournis  par  la  Grèce  et 
par  l'Italie,  on  en  indiquera  les  principaux  usages,  reli- 
gieux, militaires  et  industriels. 

Les  types,  —  A  la  lin  de  r('poque  néolilliique,  au 
moment  où  l'apparition  du  cuivre  va  activer  si  puissam- 
ment l'évolution  de  la  civilisation  dans  le  bassin  oriental 
de  la  .Méditerranée,  la  hache,  premier  instrument  du  tra- 
vail humain,  s'y  présente  déjà  sous  plusieurs  formes. 
Ces  formes  peuvent  se  répartir,  selon  l'einmanchure,  en 
deux  catégories  : 

1°  Les  haches  qui  s'emmanchent  par  leur  base  (le  cùlé 
opposé  à  celui  qui  doit  frapper)  dans  un  morceau  de 
bois  ou  de  corne  de  cerf  évidé,  emboîté  lui-même  dans 
une  tige  droite  C(judée.  Pour  mieux  sencaslier,  la  base 


ic-    statio  serrarioium   à 
Insc.  Aeapul.  r,7(lt;  cf. 


iranien  de  la  liaclif 


SFXTOB.  1  XI,  1,  \i.  —  2  C.  ins.  lai.  I,  11"'* 
llalica,  en  Espagne,  /*.  Il,  1131,  1135.  —  3  Moni 
Promis,   Vocab.   d.  itrchitetl.  p.  ia'"'. 

SECDRIS.  1  Le  mol  sccuris,  i|u  il  faul  lapproclii 
iûijaris,  se  rapporte  certainenieiil  à  la  racine  sec,  necare.  Par  conire,  ,:=>.txw;  ne  se 
rapproche  d'aucune  racine  indo-européenne;  on  a  supposé  «juc  ce  mol  dérivait  du 
nom  assyrien  de  la  liaclie  i|ui  serait  arrivé  en  Grèce  par  Chypre  (P.  Meyer,  liricch. 
Elym.  I,  p.  3)  ;  prelUvilz,  Oriecli.  Elym.  Wàrlerbuch,  s.  r.).  Pcul-éire  vaut-il 
mieux  penser  au  carien  :  c'esl  apparemment  à  celte  nationalité  qu'appartient  le 
Pélékus  Oudamou  i|ui  a  inscrit  son  nom  surlecoh.ssed'Ahou-Simbel.  La  =î'X.»^;  parait 
désigner  originairement  ta  hache  doulile.  C'esl  de  cel  idéogramme,  ipii  se  rencontre 
sur  les  inscriptions  protoélamites  et  sur  les  tablettes  de  la  Crète  minoenne,  ipie  déi-ive 
le  znyin  sémilitpie  qui  signilie  armes,  d'où  le  zêta  grec.  *A  v'vr,,  ipii,  dans  les  parties 
les  plus  aucienncç  de  VJlittde,  parait  désigner  la  lête  de  ta  hache  par  opposition  au 
manche  (7;É)icx>ov|  ou  la  hache  simple  par  opposition  îi  la  hache  double  (ï:rAE»u;i 
doit  être  rapproché  de  ascia  iaxt  en  allemand  ;  ce  qui  est  aigu,  à;»;).  —  *^  Hache 
de  néphrite,  Schliemann,  /lias,  lig.  103  (=  Perrol,  /Jisl.  de  lArl,  VI,  fig.  Il;  c'est 
notre  lig.  GâSS)  ;  d'autres  en  Jadéite,  II'  à  la  V«  vide;  4  haches  en  pierre  polie 
à  Chypre,  Dussaud,  /iei\  Ec.  Anthrop.  1907,  p.  15i  (la  plus  grande,  long.  y3  mm. 
ép.  m  mm.);  I  à  Mégalopolis,  °K;.  à^,.  1903,  pi.  v,  p.  S4.  Ue  nombreuses  haches 
de  ce  I\pe  ont  é!é  trouvées  par  Tsounlas,  Les  acropoles  de  llimini  et  Seslctn 
(Athènes,  190K)  pi.  xixiii,  p.  310;  elles  sont  en  jadéile,  ophile,  jaspe,  granit  et 
mesurent  depuis  40  sur  39  nnn.  à  93  sur  43  mm.  Je  compte  reproduire  les  princi- 
pales ainsi  que  celles  du  Musée  de  St-Ciennain  dans  tAnlliropologie,  if)09.  Kinlay  a 
possédé  un  certain  nombre  de  pièces  semblables,  i  en  serpentine  trouvées  à  Athènes 
(=  Perrot,  VI,  lig.  li);  1  en  gr.inil  noir  du  Pirée  et  1  semblable  d'Orchomène  : 
1  en  jaspe  rouge  de  la  Grèce  du  ÎSord  (Perrot,  VI,  Hp.  7  ;  =^  lig.  fi^fiO)  :  1  en  serpen- 
tine d'Eubée.  Elles  ont  été  versées  au  Musée  de  l'Université  d'.Mhcnes  où  Dumunl 


tend  à  s'aitiiniir,  tandis  que,  pour  mieux  frapper,  le 
taillant  .se  développe  (_lig.  G-235  et  (>2.S() 

2°  Les  haches  qui  ne  s'en- 
castrent  p;is  dans  le  man- 
che, mais  qui  sont  forées 
en  leur  centre  de  faeiin 
i(ue  le  manclie  j)iiisse  y 
pénétrer.  Pour  que  ce  trou 
centriil  ne  diminuât  pas  la 
solidité  de  l'arme,  il  falltil 
l'élargir  dans  la  partie  mé- 
diant!.  Du  milieu,  où  la 
hache  atteignait  ainsi  sa 
plus  grande  épaisseur,  les  """'  '^ '"''"■ 

faces  opposées  allaient  en  se  rapprochant  vers  les  extré- 
mités. Au  lieu  de  la  forme  plus  ou  moins  triangulaire 
de  la  hache  simple,  qui  frappe  par  un  seul  tranchant 
légèrement  convexe,  on  se  trouve  donc  en  présence  d'une 
hache    double,   de    plan    losangique,  qui    peut    frapper 


g.  (ii53  et  616G. 


i57  i  Ciôa.  —  Haches  perforées. 

alternativement  par  les  deux  extrémités,  généralement 
moins  larges  que  le  centre  et  plutôt  alTutées  qu'arron- 
dies (lig.  0257  à  62o\))\ 

Tels  sont  les  deux  types  principaux  ((uont  imités  les 
premiers  fondeurs.  Le  cuivre  fut,  pendant  longtemps, 
assez  rare  pour  que  les  haches  aient  continué,  bien 
après  la  découverte  de  ce  métal,  à  être  taillées  en  pierre. 
Quand  la  transformation  du  cuivre  en  bronze  eut  permis 
de  perfectionner  les  armes  de  métal,  ce  sont  les  haches 
du  sud  de  l'Europe  qui  paraissent  avoir  bénéficié  les  pre- 

a  vu  en  outre  une  dizaine  de  haches,  ayant  en  moyenne  iO  cm.  de  long,  et  5  cro.  de 
larg.  provenant  de  Koumi  en  Eiibée.  Cf.  Rev.  arcli.  18C7, 1,  3.iS  ;  1809,  I,  p.  39S. 
D'autres  sont  signalées  ibid.  !sr.7,  1,  147  et  iOO  (Kamiros,  Orchoniéne,  Cylhium, 
Mégalopolis).  Dans  la  collection  Ravel,  Cataloijiie,  tK79.  n.  4-9.  on  relèvedes  haches 
de  pierre  polie  de  Kéros  près  .\aios  ;  3  autres  d'imbros  sont  publiées  par  C.  Frc- 
drich,  Ath.  Alilt.  1908,  102  ipii  en  signale  quelques  autr.s  de  Naxos  et  de  Mégare 
conservées  à  lleidelberg  ;  enlin  Chr.  Blinkenberg,  Arclteol.  Sliidien  (Copenhague. 
190i)  p.  ni,  étudie  quelques  spécimens,  ï  en  néphrite  (.«amos,  Épidaure),  I  en  ba- 
salte (Corinihe),  1  en  diorite  (Phénéos),  I  en  Irachyle  (Cléoues).  En  Italie,  citons  celles 
de  Brabbia  (près  Cônie),  Hontelius,  CiiHisation  primitive  de  ritulie,  pi.  iv  ;  Renie- 
dello  (près  Brescia)  ibid.  pi.  ixwi,  2;  Vclleia,  Pigorini,  Itei'.  airli.  1874,  11,  298 
(amphil)Olile);  grottes  de  Sarzanael  Pollera  (LiguricI,  liull.  di  Paletn.  III,  129  ;  .\l.\, 
.'.8,  173;  Issel,  Li^uria  Pretslor.  pi.  xxvu;  grottes  de  iMoutc-Asperauo  (Labour  , 
Huit,  di  l'ateln.  i,  91  ;  Val  de  Susc,  ïaramelli,  IJuH  di  faleln.  1903,  pi.  i,  4  (ja- 
déile, long.  143  mm.,  larg.  43nini.,ép.  21  mm.)  S  (chloromélanite,  long.  125  mm., 
larg.  37  mm.,  ép.  28  mm.).  Nombreux  spécimens  en  Egypte,  cf.  de  Morgan,  Oriijines 
de  l'Egypte,  p.  98;  Pétrie,  Abydos,  1902,  pi.  xx.  —  3  Schliemann,  Ilius,  lig.  li'9 
(=  Perrot,  VI,  fig.  9,  10  et  1 1  )  (ce  sont  nos  fig.  C237  à  C2ô9)  p.  30li.  Haches  semblables 
à  Dimini  et  à  Sesklo,  Tsonntas,  Op.  ci/,  pi.  xi.i,  p.  318  (gi>auit,  diorite,  ophite,  por- 
phyre) ;  à  Sicyone,  Blinkenberg,  Op.  cit.  p.  93  (serpentine);  à  Thyalein  en  Lydie, 
Perrot  VI,  fig.  8  ;  en  Serbie,  Vinca,  Memnon,  1907,  p.  178.  On  les  trouve  en  grand 
nombre  en  Egypte  et  en  Italie  où  leur  centre  de  diirusioti  p.ira)t  être  dans  les  pala- 
iilles  «le  l.ai'eno,  Bodio,  Castellazzo,  Arqua  Petrarca,  se  répandant  au  S.  jus(|u'à 
Aneône  et  Forli,  Cumarola  et  Sgurgola  (Lalium^,  au  iN.  en  Savoie,  Suisse,  Bavière. 
Uohùine.  Cf.  Colini,  Bull,  di  r'aleln.  1S92,  p.  233,  24»;  1901,  p.  12;  1903.  p.  150. 
Les  spécimens  (|ui  ne  présentent  qu'une  cavité  circulaire  sont  apparenmient  des 
pièces  où  lii  perforation  n'a  pas  été  achevée  ;  elle  s'ubli-nait  sans  doute  eu  faisant 
tourner  du  sable  humide  à  l'atdc  de  bâtonnets  dans  la  première  dépression. 


SEC 


—  lllifi 


niièros  de  ce  progrès;  de  la  région  qui  sY-lend  dos  pé- 
ninsules grecque,  italienne  el  ibérique  aux  vallées  du 
Klione  el  du  Oanulie,  les  liaclies  de  bron/e  allèrent  ser- 
vir (le  inoilèle  aux  haches  île  pierrCdans  les  pays  septen- 
tiionaux'.  Aussi,  tandis  qut;  ces  modèles 
perauHtent  aux  haches  de  pierre  d'allcin- 
dre  dans  le  Nord  la  plus  grande  perfec- 
tion, le  développement  de  la  métallurgie 
arrêta  de  bonne  heure,  dans  le  Sud.  celui 
du  travail  de  la  pierre.  C'est  au  milieu  de 
pièces  néolithiques  qu'on  y  rencontre  les 
premières  haches  de  cuivre.  Ces  /lar/ien 
/>/(ites  (liai  cclls,  fUirhcrlte)-  peuvent  se 
distinguer  suivant  que  leurs  cotés  longs 
sont  presque  parallèles'  (lig.  (J:20())  ou 
qu'ils  se  rapprochent  d'un  côté,  tandis 
que  le  côté  opposé  s'évase  on  demi-cer- 
cle'. Ce  dernier  type  est  celui  que  la  Ba- 
bylonie  avait  adopté,  le  côté  du  tranchant 
étant  largement  développé,  le  côté  de  l'emmancliement 
étant  réduit  à  une  courte  saillie  =*.  Parfois,  le  côté  destiné 
à  s'emmancher  s'évase  à  son  tour;  les  côtés  longs  pren- 
nent alors  une  forme  légèrement  concave,  et  la  hache  est 
directement  introduite  dans  le  manche  fendu  à  cet  elTet. 
La  hache  votive  de  Thoutmès  III  (xyi"  siècle  av.  ,1.-C.)  peut 
donner  une  idée  du  lacis  de  lanières  nécessaires  en  ce  cas 


pour  maintenir  la  lame  dans  le  manche  (fig.  G:2Gi)".  Ce 
tvpe  de  hache  el  celui  où,  supprimant  les  côtés  longs,  la 
lame  s'arrondit  au  sortir  même  du  manche,  se  dégagent 

1  Voir  Monlclius,  Die  Chronologie  der  Bronzezeit,  p.  1 14.  —2  Je  crois  ulilc  li'in- 
.li(|ucr  les  il/-signatioils  i|u'criiploicul  les  savants  allemands  cl  anglais.  Ce  nom  de  cett, 
souvent  usil<5  en  France,  est  un  mot  de  bas  lalin,  celtes  ou  ecllis  (rallaclir''  parfois 
à  caehire.  ciseler),  qu'un  trouve  employé  par  saint  Jérùme  dans  la  traduction  du 
livre  <le  Job,  XXIX,  ik,  au  sens  de  gouge  plutôt  que  de  liaclie.  Beger,  dans  son 
Thésaurus  lirandenburuicus  (lG9ii)  111,  p.  418,  aurait  Ht  le  premier  à  s'en  servir 
pour  désigner  une  hache  de  bronze.  Sur  le  caractère  el  la  répartition  des  cells. 
cf.  J.  Evans,  L'âge  de  bronze,  p.  S9-I78.  —  3  Une  dizaine  à  llion  (3<  et  5'  ville), 
Schliemaim,  Jlios.  Og.  800-10;  S  à  Mycènes  :  nne  dizaine  en  Chypre.  Perrot,  III. 
lis.  t'.3.T  (long.  150  mm.  Idalion;  c'est  notre  lig.  6i00)  ;  Dussaud,  Jiev.  F.c.  At>- 
Ihrop.  1907,  p.  103  (le  n»  10  a  97  mm.  de  long,  Il  mm.  d'ép.  et  pèse  203  gr.). 
Voir  encore,  Ki.lgeway,  Earhj  aije  of  Greece,  I,  fig.  22  a  (Kythnos),  58  (Mélos)  ; 
Furl»acnglcr-l.oesclike,  AJyken.  Vasen,  p.  3î  (Chios);  Brilish  School  Aniiual,  IX, 
p.  333  ;  Antiiiuiiry.  1905,  p.  3i3  ;  Mosso,  Le  armi  piii  aniiche  tli  rame  c  di  hrnnzo 
iAccad.  dei  Lincei,  I90SI,  p.  33  iCréle).  four  l'Ilalie,  cf.  Bull,  di  Paleln.  XXXII, 
pi.  V.  5-fi  (Remedello);  XXIV,  pi.  xiv.  3  ( Villa  Chiozza,  F.milie)  ;  Verlmnd.  d. 
Derl.  Anthrop.  Oks.  1900,  p.  547  (Onibrie)  ;  Mortillel,  Musée  préhisloiigue, 
pi.  ïcvni,  I31C  (Sienne)  ;  en  t'alesline,  Moulelius,  Die  Cliionologie  der  /lron:ezeit, 
p.  UO.  On  a  consiiléré  Chypre  comme  le  centre  de  dilTusion  de  ce  type  de  hache, 
cf.  Modeslov.  /nlrod.  «  Ihisl.  romaine.  I90S,  p.  92.  —  *  l'our  la  Grèce,  oulre 
plusieurs  des  haches  citées  d'ilion,  voir  Tsountas,  •£..  àj/.  189s,  pi.  su.  7  (Ainor- 
gos)  ;  Wallers.  Journ.  hell.  .>.'(iirfif.!,XVIl,  p.  C4  (Nisyros);  Mosso,  Op.  cil.  p.  32 
(Crète).  Pour  l'Italie.  Monlclius,  Op.  cit.  IV,  7;  XIV, 2  (tervaniare  de  Rralibia  el 
de  Caslione)  ;  Mosso,  Op.  cil.  p.  31  (Pouilles),  p.  33  (Sicile);  Bull,  di  Paletn.  1904, 
159  (Sicile);  1905,  p.  149  (Vilerbe).  Pour  l'Espagne,  Siret,  Premiers  tiges  du 
métal  en  li^pagne,  pi.  xii  ;  Atla^.  pi.  x-xi.  xvi.  Pour  la  Syrie,  Myres,  Jour».  An- 
throp. /ml.  XXVII.  p.  tl2;  Antiguary,  1903,  p.  193;  Arch.  Jahrb.  1908, 
/'eihi.  14  (Tell  Hesy).  Pour  la  Itussie  méridionale,  E.  v.  Stern,  Die  pracmy- 
kenische  Kultur  in  Sudrussiaud  (Moscou,  1905),  p.  1,8.  Pour  l'Asie-Mineure, 
Winckler,  ilill.  d.  Orient  fies.  1907,  n°  35,  p.  9  (BoghazKeuil;  —  û  Longpéricr, 
Œuvres,  t.  I,  p-  170  ;  de  Clercq,  Catalogue  de  la  Collection,  I,  pi.  xxxiu, 
n*  360  —  *"•  I>'après  Maspero,  Histoire  ancienne,  t.  I,  p.  OU.  Des  huches  d'apparat 
de  ce  type  nous  sont  restées  d'Aahmés  (Uarcssy,  Bull,  de  l'Insl.  ég.  1899,  110) 
el  d'Aahholep  (Mariette,  Album  du  A/usée  de  Bonlaq,  1871,  pi.  xxil  ;  Maspero, 
Ouide  au  Musée  du  Caire,  éd.  anglaise  de  1908,  p.  350.  Cf.  encore  de  Morgan, 


SEC 

en  Egypte,  dès  les  premières  dynasties,  du  lingot  de 
cuivre  primitif. 

Ces  premiers  lingots  de  cuivre  sont  souvent  si  petits 
ou  si  informes  qu'on  a  pu  croire  qu'on  ne  se  trouvait 
pas  en  présence  d'armes  ou  d'instruments,  surtout  quand 
ces  lingots  sont  pourvus  de  trous  de  suspension.  Los 
haches  seraient  alors,  ou  bien  des  amulettes^  dont 
l'usage  s'expliquerait  par  ce  culte  de  la  hache  qui 
remonte  aux  origines  de  l'humanité,  ou  bien  de  véri- 
tables lingots  dont  la  rareté  du  lironze  aurait  fait  l.i  va- 
leur nioni'laire,  et  dont  les  monnaies  dites  péléAris  et  /ii-- 
mipëlckka,  en  Chypre  el  en  Crète,  conserveraient  le 
souvenir*. 

Sur  l'emploi  comme  haches  de  ces  lingtils,  toute  hési- 
tation disparait  quand  le  rehaussement  des  côtés  longs 
donne  naissance  au  type  dit  des  haclies  à  bords  re- 
lifiustica  {Ihinf/ed  i-ellit,  /,ra genre/ le).  Les  deux  bords  com- 
mencent par  subir,  dans  toute  leur  longueur,  un  léger 
relèvement  uniforme  "  ;  puis  le  relèvement  s'accentue 
dans  la  partie  centrale  oit  il  tend  à  se  limiter;  plus  les 
ailettes  que  forment  les  bords  ainsi  repliés  se  rappro- 
chent du  manche  qu'elles  tlnissent  par  enserrer,  plus  se 
dégage  la  lame  dont  le  rebord  s'évase  en  demi-cercle. 
Dès  lors,  on  peut  distinguer  dans  la  hache  une  face  in- 
férieure et  une  face  supérieure,  un  tranchant  arrondi 
terminant  une  lame  aux  côtés  légèrement  concaves  et  une 
base  qui  sert  à  l'emmanchure  avec  ailettes  maintenant 
la  hampe.  A  l'exlrémité  opposée  au  tranchant  se  déve- 
loppe un  évidemenl  plus  ou  moins  prononcé  recevant  le 
coude  même  de  la  hampe  '°.  Bientôt,  pour  empêcher  la 
hampe  de  se  déboîter,  on  ménage,  à  la  naissance  des 
ailettes,  une  sorte  de  cran  d'arrêt".  Mais  celle  hache  à 
talon  {slop-riflge  ce//,  /eistence/t),  avec  ou  sans  un  ou 
deux  anneaux  destinés  apparemment  à  recevoir  des  la- 
nières, ne  parait  pas  s'être  développée  en  Crèce  et  en 
Italie  comme  dans  les  pays  plus  septentrionaux  où  elle 
a  reçu  le  nom  de  pa/slab  '^ 

Origines,  I,  p.  203-7;  Pétrie,  NagaJa,  pi.  iïv,  6;  Aliydos,  1903,  pi.  xv  ; 
Uarstang,  Bêt-Khallnf,  1902,  pi.  xvi.  Ce  type  de  liache  de  bronze  élaul  devenu 
sacré,  on  le  retrouve  dans  tes  dépôts  de  fondation  de  temples  ploléma'iques,  p.  ex. 
Pétrie,  Naukratis.  I,  pi.  xvv,  1.  (Juant  au  manche,  il  peut  être  entièrement  lecou- 
vert  de  lanières  de  cuir,  cf.  .Arch.  Surcey  o/Wuhia.  1908,  pi.  xxxviii.  —  7  Sur  la 
hache  amulette,  voir  p.  1108,  n.  11.  —  8  Déjà  émise  par  Morlillcl,  celte  théorie 
a  été  repris"  par  Ridgeway.  Origin  of  metallic  currency  (1899),  et  par 
Svoronos,  Journ.  international  d'arch.  num.  19oC,  p.  147-237,  qui  oui  voulu 
expliquer  ainsi  la  présence  de  bipennis  sur  les  monnaies  de  Téuédus.  Maroneia,  etc. 
Si  leur  valeur  sur  ces  monnaies  reste  bien  plutôt  religieuse,  il  n'en  esl  pas  moins 
vraisemblable  ipi'un  certain  uomt>re  des  instruments  considérés  jusqu'ici  comme 
des  haches  de  enivre  iloivent  élre  rapprochés  des  saumons  de  cuivre  à  côtés  légère- 
ment inlléchis  que  les  Kefli  (Cretois  ou  Chypriotes)  apportent  en  tribut  sur  le  tom- 
beau de  Kekhmara.  vizir  île  Thonlmès  III  et  d  Améuophis  II  (v.  I43M),  qui  repa- 
raissent, 250  ans  plus  tard,  dans  l'hypogée  de  Ranisès  111  et  dont  on  a  retrouvé  des 
spécimens  certains  à  Serra-llixi  eu  Sanlaigne,  Enkomi  à  i;liypre,  Hagia  Triada  en 
Crète,  Chalcis,  Mycènes,  Athènes  (cf.  Forrer,  Jalirbuch.  il.  Ges.  f.  I.olhringische 
Alterlumskuude,  190C  et  Mosso,  lip.  cit.  p.  49).  Comme  c'est  encore  la  forme 
qu'affectent  les  lingots  romains  de  Uierslor  (Willers,  Bronzeeimer  aus  Hemmoor, 
pl.  XI),  Lissauer  a  cru  pouvoir  leur  assimiler  toutes  les  bipennes  en  cuivre, 
prëscntant  au  centre  lui  oriiice  trop  faible  pour  avoir  servi  a  assiijcUir  le  manche, 
qu'on  trouve  en  Allemagne,  Suisse  et  France.  Elles  auraieni  été  exportées  de  Chypre 
comme  lingots  à  valeur  monélairc.  [Z.  f.  Ht/mol.  t'-'OS.  p.  519  et  1007  ;  C.-B.  du 
Congrès  archéol.  a' Athènes,  1905,  p.  205  ;  cf.  Dussaud,  Bev.  lie.  Antlir.  1907,  p.  193). 
—  9  Pour  nialie,  voir  notamment, /(«//.  <(iP«/e/n.  I,  1875  (Biisilicale;  cf.  ibid.  1900, 
213);  XIII,  pl.  V  (Bergame);  XIV,  p.  135  (Aquiléc.  cf.  1903,  p.  84);  XIX,  p.  227 
(Sgurgola):  XVI,  p.  105  (Farnè)  :  XXIV,  p.  103  (Valle  délia  Vibrala),  pl.  vni  (Reme- 
dello);  XXVI,  p.  141  (Arezzo,  ;  XXXII,  pl.  v  (Lomellina  près  Pavie)  ;  Ao/iric,  1908, 
p.  1 15  (dépôt  lie  7  haches  à  Vestini  dans  le  Samnium).  —  ">  l.e  type  est  commun  en 
l.igurie.  Montelius,  Die  aelleren  Kulturp.riodcn  im  Orient  und  Buroim  ltW>3, 
Slockliolui).  p.  23-21  ;  en  Ombrie,  ibid.  p.  22  ;  eu  Étrurie,  Milani,  Sludi  e  Maleriali, 
II.  p.  219.  Morlillet,  Op.  cit.  pl.  i.xii,  805,  en  signale  un  spécimen  trouvé  près  de 
Rome.  —  "  Montelius,  La  Cirilisation  primitire,  pl.  xv,  2.—  li  Voir  Mortillel. 
Op.  cit.  pl.  i.xxii;  Leissauer,  /!.  [.  Ethnol.  1905,  793.  Pourtant,  ou  en  peut  citer 
en  Sardaigne.  Aotizie,  1882,  p.  310  cl  en  Rhétique  lObcrziner,  /  Beti,  pl.  mi). 


SEC 


A  la  lin  df  l'àgc  du  hron/A-,  dans  le  domaine  de  l'anli- 
qiiilé  classique,  on  voit  les  ailellos,  en  se  limilanl  au 
tiers  postérieur  de  la  lame,   donner  naissance  au   type 
dit  de  la  liache  à  ailerons  [wiiifjed  ceti,  lappencelt),  qui 
parait  avoir    été   en   usage  vers  le  viii-vii'^  siècle,  tant 
en  Grèce  '   qu'en  Italie,  où  il 
est  un   produit  caractéristique 
de  la  civilisation  dite  de  Villa- 
nova.    Dans  les  tombes  et  les 
Fig.  6i6j.  —  iiaciK' à  ailerons.      dépôts  des  environs  de  Bolo- 
gne- (lig   6-262),  à  Este^  et  en 
Étrurie  '',   on  retrotive    cette    mémo    arme    longue    de 
15  à  20  centimètres,  comprenant  une  lame  massive   de 
7  à  10  centimètres   et    un  talon    plus  mince  séparé  de 
la  lame   par   une  sorte  de  ressaut;  contre  ce  ressaut, 
la  tète   fendue    d'une    hampe    de    bois   coudée    venait 
buter,  maintenue  par  les  ailerons",  au-dessus  de   l'aile- 
ron  supérieur,   un    anneau    servait   à  faire   passer  les 
liens   qui    consolidaient   l'assemblage.   Pour    le  rendre 
plus   solide  encore,  on    fut  amené    à   faire  joindre  les 
ailettes  qu'on  finit  par  souder  ensemble,  .\insi  se  cons- 
titua   la    hache    à     douilli'     (socheledcell,    hohlcelt), 
liaclie  pourvue  latéralement  d'un  ou    deux  anneaux  ou 
croclicis  et   où   des    aile 
rons  simulés  ornent  par- 
fois les  cotés  de  la  douille 
(lig.  6263}  ■.  Avec  la  lame 
Fis-  fi-;'':!   -  Hache  à  Houille.  li'ùs    dévcloppéc    aux  dé- 

pens du  talon  et  ornée 
dune  décoration  linéaire'',  on  atteint  le  dernier  terme, 
en  Italie  du  moins,  de  l'évolution  du  type  des  haches 
de  bronze  où  c'est  le  manche  qui  s'engage  dans  la  tête 
de  l'arme. 

Pour  éviter  les  inconvcMiients  du  manche  coudé  et  pour 
alléger  le  poids  de  la  haclie,  on  parait  avoir,  en  Egypte, 
dès  le  début  du  Moyen-Empire  (vers  2  000]  \  prali(|ué 
un  double  évidernent  dans  la  partie  de  la  lame  qui  s'en- 
castrait dans  le  manche  (lig.  626i).  Quand  ces  évidemenls 
se  prolongeaient  jusqu'à  la  face  opposée  au  tranchant,  la 
hache  prenait  ainsi  une  forme  semi)lable  à  celle  de  la 
/K'Ilé  amazonienne,  forme  si  ordinaire  dans  les  haches 
de  bronze  égyptiennes  que  c'est  d'elle  que  dérive  le 
signe   déterminatif   du   métal.    La    triple    languette   de 

I  Ilritislt  Miisciim  Bron:i:s,  p.  3.i.ï,  n.  i!liG-'.l  (Olyinpiu,  Grande-Grèce).  —  2  Mon- 
Iclius,  Cifilisalion  primitive  en  Italie,  |)1.  xxïv,  2-3,  i.xvu,  .■);  A.  Grenier,  Rev.  urch. 
rj07.  I,  p.  1 1  (=  (ig.  I'2l>2).  Une  carie  de  réparlilion  de  ta  liaclic  â  ailerons  a  élé 
dressée  par  Lissauer,  2". /.  Intimai.  .\X,\VI1I,  817.  —  3  Carlailhac  elChanlre, -UaW- 
riaux,  ISSi.  —  '-Morliliel,  pi.  M.viii,  i:iil7-0  (Uiniiiii);  Oslioriic,  Op.  cil.  XIII,  S 
(Vulci);  Falclii,  Velulonia,  XVUl,  ill  ;  Ao(ici>,  la07,p.  31S(Grosscto).— s  A.  Grenier, 
loc.  cit.  lire  la  lig.  Gi(13  dn  déjiùl  de  la  Fonilericà  Bologne  où  il  y  aurait  400  liacliesà 
douille  pour  I7D0  liaclies  k  ailerons.  On  en  signale  encore  à  llcrculanum  (Babclon, 
Bronzes  de  la  Uibl.  nul.  p.  iJ07),  à  Dodoiie  (Garapanos.  Doilune,  pi.  i.iv,  4),  en  Tos- 
cane (Morlillct,  '>i;i.  ei(.pl.  ii.viii,l3n.5|elenVcnMic(A'o(ir;c,  1906,  4S9).  Les  deux 
types  apparaissent  dans  les  deux  dernières  des  «ptalre  périodes  de  l'âge  de  bronze 
ilaliou,  cf.  «u(i.  'il /'afcdi.  1S73,  p.  4i  ;  lS7(i,  p.  iVi;  188J,  p.  118;  ISS6,  p.  57. 
—  ti  Moutelins,  pi.  i.xxxii,  liî;  i.xxMi,  3  et  4  (nécropoles  bolonaises).  Le  type  de  la 
liaclic  à  douille  nian()UC  en  Grèce  (pourtant  on  connaît  nn  exemplaire  eu  bronze  à 
Naukratis,  l'etrie,  Nau/iratis,  I,  pi.  xi,  ^i)  et  en  Asic-Miueurc,  mais  apparaît  d^ins 
le  Caucase  et  en  Hongrie.  —  "'  C'est  à  celle  é'po(|uc  (pie  se  rapportent  les  soldais  des 
fic5c|ue5  de  Beni-Hassan,  Hosellini,  Moniimi-nli  tlelf  Jiijilla,  II,  pi.  xix  ;  Areelin,  ,I/fi- 
tériaux.  18l>!>,  pi.  xix;  Wilkiusou-Bircli,  ;)/o)iiitrs  an-lCustoms,  1,  p.  215  ;  Jlaspero, 
Histoire  ancienne,  I.  p.  4.53  ;  II,  p.  ::I3;  W.  M.  Millier.  Asjen  utid  Earopa,  p.  ». 
Une  liaclie  semblable  est  maniée  par  le  eliarpeiilicr,  de  la  lig.  0204  (=  l'errol,  I, 
p.  842)  bien  i|ue  sescoul'réies  se  servent  d'ordinaire  d'une  baclicdonl  la  lame  i'oimc 
demi-cercle.  Ucs  la  première  dynastie  on  voit  qu'on  perçait  celle-ci  d'un  trou  pour  y 
passer  une  lanière  la  maintenant  contre  le  maiiehe  ;cr.  Morgan,  Oriijines,  II. p.  2jU  ; 
l'etrie,  The  Itoi/ul  lomlis,  II,  pi.  xi.v,  70.  —  »  A  K.-idcscli  el  à  Bciroutb,  ef.  Déelie- 
letle,  L'.inlhropoloijie,  l'J03,  p.  060.  Les  sculpteurs  égyptiens  ont  représenté  celle 
même  liaclii'  h  Kariiak  entre  les  mains  <les  Syriens  <ine  Tonllimés  III  .issomme  cl  entre 


_  MG7  -  SEC 

bronze,  qui  sulisislait  seule  ainsi  sur  la  face  opposée  au 
tranchant,  était  ou  bien  hxée  par  des  rivets  dans  les  fen- 
tes du  manche,  ou  bien 
repliée  de  façon  à  for- 
mer une  douille  où 
s'engageait  le  man- 
che. La  hache  de  ce 
type,  répandue  à  l'épo- 
que mycénienne,  en 
Syrie',  en  Lydie  %  à 
Vaphio'"  (fig.    62C.;i;, 


à  Mycènes",  paraît  ne  s'être  maintenue,  à  l'époque  cla.s- 
sique,  qu'à  Cartilage'-  où  elle  est  l'attribut  d'un  dieu. 

Tous  les  typtîs  que  l'on  vient  de  passer  en  revue  présen- 
tent le  même  système  d'emmanchure  :  c'est  la  hampe 
coudée  qui  vient  s'engager  dans  la  partie  métallique. 
Pourtant,  l'époque  néolithique  avait  légué  aux  âges  sui- 
vants un  autre  type  de  iiache,  qui  devait  jiuissamment 
contribuer  au  progrès  de  l'arme.  Lorsqu'on  sut,  en  cou- 
lant le  bronze,  réserver  au  contre  un  évidement  circu 
lairc,  on  put  produire  des  haches  à  deux  tranchants.  Par 
réduction  de  la  largeur  de  la  partie  centrale  et  par  déve- 
loppement des  tranchants  en  demi-cercle,  ces  haches  don- 
nèrent, de  bonne  heure,  le  type  classi'iue  de  la  bipenne. 
Parmi  les  exemplaires  de  bronze  qui  présentent  encore 
la  forme  losangique  des  haches  de  pierre,  le  plus  beau, 
qui  provient  de  Phaestos  en  Crète,  mesure  22  centi- 
mètres de  long  et  6  de 
large  ;  l'épaisseur  ai 
centre  est  de  24  milli 

mètres.     S'éployant   sur  Fig.   Oir.O.  -  lladie  à  deux  tiaucbanls. 

la   partie  centrale,   un 

papillon  (ou  une  abeille)  se  délaclie  en  si  tin  relief  iiu'il 

faut  supposer  que  la  lame  a  été  fondue  à  la  cire  perdue 

(lig.  6266) '^ 

celles  des  Cinauéens  ciuécrasc  Séllios  1.  Si  même  celle  hache  c,t  d'origine  syrienne, 
elle  parait  dès  le  Moyeu-Einpire  aux  mains  de  soldats  égypiienscf-  Newberry,  /leni 
Hassan,  1,  pi.  xixii;  fi'(«crs/ie/i.pl.  xiii  ctixix.  -■Jl'er.ot,  IV,  074lEuiuk)  V.  p.  297 
(Tralles);dc  liidder.  Bronzes  de  la  Hoc.  archèot.  d-Atliéncs,  p.  lui  (l'ergamc), 
p.  101  ;  Bron:es  de  Clercij,  111,  p.  31-1  ;  l'orrer,  licalcncyclopndie,  p.  07  (Sniyrue). 
—  10  TsounUs,  'E».  -iç/..  1»8'J,  pi.  vui,  p.  tiO  :  (d'où  Pcrrot,  VI,  p.  97.S,  (ig.  3.i3  el 
noire  lig.  0205)  ;  cL  S.  Reinach,  r.intliropoloi/ie.  IS'.IO.p.  53 i.  Même  hache  sur  une 
sardoine  de  Vaphio,  l'eirol,  VI,  p.  847.  —  "  Schliemaun,  JJychies,  p.  177,  lig.  102. 
Elle  semble  portée  par  un  prêtre  sur  un  sceau  de  Knossos,  Brilisli  School  Anniinl, 
vil,  p.  20.  —  '2  Cf.  Déchcletle,  Loc.  cil.  —  "  Mosso,  Op.  cit.  pi.  u.  II,  p.  2». 
Outre  les  pièces  Cretoises  que  reproduit  Mosso,  pi.  ii-iv,  voir  l'éiiumération  que  j  en 
donne,  Arcliircs  des  Missions,  l'J09,  s.  t'.  Khetymno.  Les  plus  anciennes  sonl 
contemporaines  de  la  Xll-  dyn.,  époque  il  laquelle  la  bipenne  ne  parait  pas  avoir 
été  connue  en  Egypte  (les  2  bipennes  de  bronze  du  Musée  du  Caire,  Cal.  of  i/ree/c 
bronzes,  p.  03,  sont  probablement  de  fabrication  grecque).  Mais  on  les  Irouve  eu 
Hongrie  dune  part,  en  Assyrie  de  laulre  et  en  Syrie  (nolaniment  entre  les  mains 
des  chefs  qui  abattent  les  cèdres  du  Liban  pour  Séthos  1,  v.  1300,  Koselliui,  Mon. 
H,  pi.  xi.vi).  Pour  le  monde  gréco-laliu,  Schliemann,  Ttrijntlie,  hg.  100  llong. 
205  mm.,  larg.  45);  Mycenes,  lig.  173;  llios.  n.  142'.l-30  [C  ville);  Dussaud, 
Hee.  Ec.  Antlirop.  1907,  p.  194  (Idalion  el  Eukomi  de  Chyprel;  Xanlhoudidis, 
E».  4f/..  1900,  133  (Sileia  en  Grêle,  lin  du  Cycladique;  long.  170  ou  130  mm., 
larg.  50  mm.);  Carapanos,  Z^orfonc,  pi.  i.vii,  0;  Bosauqucl,  Plnjlnkopi  of  Melos, 
-,  191  ;  Ridgeway,  far/y  ai/e  of  Greecc.  I,  f.  27  (Chios)  ;  Moutelins,  Die  Chrono- 
lo,,ie,  lig.  4S-9  (Olympie);  lig.  46  (Gividalc)  ;  Montelius,  Archie.  f.  Antlirop.  XXI, 
p.  36  (Sardaigne).  Vers  370O,  Naram-Sin  d'Agaih-  porte  déjà  une  hache  d'armes 
perforée  (cL  Liiull,  Cyriis,  hg.  s). 


SEC 


—  IKhS  — 


SEC 


Ce  type  do  haclu'  alMiulil.  d'iiiu'  jiarl,  à  la  hipunne  aiiia- 
^jj.^  /.oiiieniic    [amazones]  qui    parait 

avoir  servi  de  haclie  de  guerre  aux 
peuples  scyllio-perses  '  ;    d'autre 
part,  il  suffit  de  ne  donner  à  l'une 
des  ailes  ou  branches  de  la  liaclie 
<|ue  la  moitié   de  l'épaisseur    de 
l'autre  et  d'en  aplatir  l'extrémité 
jxMir  obtenir  un  instrument  dans 
le  ;<enre  du  pic,  avec  un  tranclianl 
parallèle  et  une  pointe  perpendi- 
culaire à  la  direction  du  manche; 
comme  arm(^  on  trouve  cette  ha- 
che-pic également  en  usage  chez 
les  peuples  italiques  et  scytliiques 
(cf.  lig.  4"27o)  où  le  tranchant  est 
parfois    droit,     parfois    convexe 
(Hg.    6267)  -.   Si,    de  l'extrémité 
parallèle  à  l'extrémité   perpendi- 
H-  I.'',;  -  iiaciK^nic        culaire,   on    ménage  une   courbe 
continue,  si  la  largeur  de  la  liaclie 
va  donc  en  décroissant  à  mesure  qu'augmente  la  hau- 
teur, on  obtient  un  instrument 
très  pratique,  puisque  les  deux 
tranchants  sont  dirigés  en  sens 
opposé  (lig.  6:268)  ^  Kn  modi- 
liant  les  dispositions  respectives 
des  ailes,  on  donne  naissance  à  toutes  les  variétés  de  la 

hache  double  :  une 
massue,  en  adaptant 
une  sorte  de  cha- 
peau de  bronze  plein 
au-dessus    du     trou 

d'emmanchement 
(tig.  6269)  '  :  une 
hache- marteau  en 
aplatissant  l'une  des 
extrémité's  en  une 
surface  parfois  circu- 
laire"; une  haclie-pic 
en  recourbant  vers  le  manche  la  pointe  qui  lui  est  per- 


'Voirp.  1170, uoLc  I.  Un  liuiiit  (uifois  des  Amazones  ou  ik=  Si)  llicspoiUiil  <ics 
liaclics  qui  ne  sont  évasées  en  pelle  i|uc  d  un  côliS,  l'aulrc  se  teinihianl  en  pointe 
{Attmm  des  vases  du  LoiiiTCt  pi.  lui,  cl  AJon.  d.  /n$t.  I,  pi.  iv;  c'csl  noire 
lig.  6i)i7)  :  àSéliiioule.ceUe  pointe  cslrccourhé'c,  fig.  OiTO  el  noie  7.  —  ■-  l'our  l'Iiaeslos 
Mosso,  Op.  cil.  pi.  11,  10  (long,  l»i  mm.  ép.  30  mm.,  laig.  du  tranchant,  ii  mm.), 
pour  Vapliio.Tsounlai!,  Eç.  i-.,  18S9.  pi.  vin,  i  ;  pour  llion,  Monlclius,  .iicliii:  f. 
Anihrop.  XXI,  p.  iO  ;  pour  Delphes,  l'crdrizcl,  Fouilles  de  D.  liron:es,  V.  p.  5; 
pour  la  Thracc,  .l/K/A.  fins  //osnic»,  I,  3IG  :  III, 3la;  IV,  IKO;  VI,  147;  X,4;pour  la 
.Snnlaigne,  Monlelius,  Uie  Chroiioluijie.  p.  100.  —  i  Xaiilhoudidis.  Kç.  4j/.  1000, 
p.  13V  (Sileia,  ép.  eycladii|uc):  J/un.  Aniichi.  XV.  407  (Phaeslos)  ;  Docrpfeld.  7rnjn 
und  llios^  p.  401  (7«  ville),  tes  paysans  crélois  nommcnl  encore  loioi  (axinarion) 
celle  sorte  (le  ci'gUL'e.  —  '  Perrot,  III,  p.  S07,  lig.  634.  Idalion  de  Chypre  a  fourni  une 
seconde  hache  de  ce  genre  oii  la  Itoule  est  remplacée  par  une  lèle  de  grifTon,  ce  (jui 
laisse  croire  nue  la  lioule  jouail  pluUjl  un  rôle  décoratif  (Bro«.-ts  </e  Clircq,  III, 
p.  3i:£).  L'hahiliide  d'orner  de  lèles  d'animaux  sauvages  les  haches  parail  d'origine 
scyliio-perse  (S.  Iteinacli,  Anliquités  de  la  llussie  méridionale,  Rg.  369;  Canon 
Grcenwell,  Journ.  Anihrop.  Soc.  1907,  p.  ÎOO;  Much,  Z^i'e  Kupferzeil  in  liuropa. 
1890,  lig.  70).  Dans  Wilkinson-Birch,  Alanners  and  Cusioms  of  anctent  Egijptiuns. 
l.  I,  p.  :ÎI5,  dcus  exemplaires  en  lironzc  avec  lame  en  forme  de  pelle  se  terminant  en 
l«le  de  lion  soni  cités  comme  trouvés  à  Tliébes  el  a  Beiii  Hassan.  —  ô  Plusieurs  ins- 
Iriinienls  de  ce  ly|i)B  provenant  d'Ilion  dans  Sclimidt.  SclUiemanns  Sammlung, 
p.  iki-S,  i7i  3.  et  lioelic,  Ilie  Aleini/ertile  iiifs  .Uelall,  p.  373;  c'est  à  ce  type 
<|u  appartient  l'ctemplaire  de  la  nécropole  de  Jorlan  en  Jly-ie  (Collignon,  C.-W.  Ac. 
Jnscr  I9ÛI,  p.  8141.  On  peut  comparer  celui  publié  dans  Pétrie,  Xaukralis,  I. 
pi.  VI,  95.  —  ej.-L.  Myies,  yoiirii.  Anihrop.  /iisl.  Is97.  p.  tTU  (Pliigaliel.  On 
peut  rapprocher  cette  hache  de  la  hache  en  Ijron/c  de  (îlasinalz  et  de  celle  eu  fer 
des  environs  de  Milan,  dans  une  lombcde  Trezzo  (cf.  Uuntelius,  Lacivilis.  primitive, 
pi.  XI.V1,  !>>).  —  7  Uue  hache  de  ee.type  est  leiiiie  par  une  Amazone  sur  une  des  mé- 
topes de  SélinoDte  du  vi'  siècle  et  il  s'en  serait  trouvé  trois  semblables  dans  une  tombe 


Fig. 


peiidiiiilaire  ",  ou  en  la  ramenant  contre  le  manche  en 
demi-cercle  ''  (lig.  l)27o).  etc.  lin  supprimant  l'une  ou 
l'autre  des  ailes,  on  obtient  une  nou- 
velle série  de  hachettes  ".  Ce  sont 
ces  formes  diverses  qu'il  a  suffi  de 
reproduire  en  fer  (ce  qui  se  faisait 
sans  doute  en  Grèce  dès  la  lin  de  la 
période  mycénienne  et  dans  l'Italie 
desterramares,  xii'-xi''  siècle")  '  pour 
obtenir  les  variétés  qu'on  a  étudiées 
sous  les    rubriques  ascia,  iupknnis, 

DOLAHIÎA,   MALLEIS  '". 

Les  Csuges.  —  L'siifjes  relit/ ieux. 
—    Instrument    des    premiers   pro- 
grès de  l'homme,  la  hache   n'a  pas 
tardé  à  recevoir  un  caractère  divin. 
Les  pierres  qui  présentent  naturel- 
lement une  forme  de  hache  ont  été, 
de  tout  temps,  regardées  comme  des  pierres  à  foudre, 
des  Aéraitnies,  et  vénérées  comme  les  éclats  de  l'arme 
dont   les  coups   sur   l'enclume  du 
ciel      produisaient      le      tonnerre 
((ig.  6271)".  Dans  la  région  de  la 
Mésopotamie,  le  culte  de  la  hache, 
dressée   sur   une  base  ou  sur  un 
autel  comme   emblème   religieux, 
nous  est  connu  par  des  représen- 
tations gravées  sur  des  cylindres  '  '. 
Dans  le  bassin  méditerranéen  c'e>i 
surtout   la  hache   double  qui,  ru 
Grèce  et   en    .\sie-Mineure,  parail 
avoir  été  considérée  d'abord  comme 
celle  des  dieux.  Sur  nombre  d'ob- 
jets religieux  qui   remontent  à  la 
civilisation  égéenne,  la  hache  pré- 
sente même,   de   part    et    d'autre 

du  manche,  deux  tranchants  convexes  parallèles.  Il 
semble  que  deux  haches,  semblables  mais  de  dimen- 
sions dill'érentes,  aient  été  associées,  sans  qu'on  [misse 
préciser  le  sens  de  ce  symbole.  Quand  quatre  haches 
de  ce  type  sont  groupées  autour  d'une  rosace,  on  doit 

d'Orvielodu  v  siècle  illelbi:;,  llipupée  lioiiirriiiiic,  li.45i,  noire  lig.  1:1701.  —  »  I.ili- 
denschmil,A/(/iei(/(Kmer,ll,  2,  pi.  ii,  17  (Italie);  Orsi.  ««//.  (/i /»rt/e(n.  XIV.  p  104. 
XVi,p.  49;  XXllI,  p.  119;  XXVI.  p.  1117;  XXIX.  p.  14,  119;  XXX,  p.  55;  XXXI. 
p.  iiS  (Sicile)  ;  Cesnola,  ii/prus,  pi.  v  (Alambia  de  Chypre)  ;  .Monlclius,  Aie  Chro- 
nologie, p.  153  (Cli\prc).  —  '.>  Ainsi  nue  hache  double  en  fer  a  été  trouvée  dans 
une  lombe  à  tholos  de  Crète,  Journ.  hell.  Stud.  1897,  p.  3Î0.  Il  est  diflictle  de 
se  prononcer  sur  l'âge  de  la  bipenne  en  fer  du  tumulus  de  Loggio  i'epe  et  de  quel- 
ques monuments  similaires  trouvés  en  Elrurie,  Mosso,  Alem.  H.  Ace.  Lincei,  XII. 
p.  511  ;  Milani,  Sludi  e  malcrinli,  IV,  1909.  Huit  haches  à  douille  en  fer  ont  été 
trouvées  à  Lovcrc  (Transp-idane)  en  mcinc  temps  qu'une  épée  du  type  Lalène  III. 
Solizie,  190S,  p.  \t.  —  *0  Voy.  aussi  lig.  3373,  et  pour  la  liacbe  ou  pic  des  car- 
riers el  mineurs,  mkt.^i.i.a,  p.  Iî>.5i,  n.  5.  1807.  —  u  Celte  pierre  à  foudre  d'Argo- 
lide,  avec  symboles  mystiques  mitliriar{ues,  esl  reprotUiile  d'après  Perrot,  Op.  cit. 
VI,  p.  tl9.  Sur  les  traditions  relatives  à  ces  pierres,  appelées  kèraunia  par  les 
Grecs  anciens  el  uslropèlêkiu  par  les  Grecs  modernes,  voir  pour  l'Italie,  Bcllucci, 
OU  amuteli  (i'érousc,  1907)  el,  en  général  Cartailliac,  L'âge  de  pierrj  dans  les 
souvenirs  et  superslitions  popu'aires  (Paris,  1877).  Pour  la  Gaule,  voy.  Déclieletle, 
jUanuel  d'arch.  préhislorig.  I,  p.  610.  Les  cerauniae,  similct  sec  n-ibus,  élaienl 
dislinguécs  en  noires  el  en  rouges:  «  pa»*  leur  moyen  on  prend  les  villes  cl  les 
Hottes  ■>  affirme  Solacus,  np.  IMin.  XXXVll,  51.  On  sait  ipie  Galba  ayant  vu  la 
foudre  tomber  dans  un  lac  des  Canlabres,  le  lit  fouiller;  reperlue  sunl  duo- 
decim  serures,  haud  anthiguuni  su-nmi  iniptrii  signum  (Siiel.  Galba.  S).  Ces 
hticlies  se  trouvaient  sans  douli'  iLiiis  le  Itic,  par  suite  de  la  iiu^nie  superstition  qui 
en  a  fa'l  découvrir  ii  Thonnc  cons.-icrées  aux  Maires  du  lac  el  ilans  le  lit  de  l'Aar 
dédiées  A  Jupiter(Jloniinsen,  Inscr.  Helv.  ii"  1\  t  ;  Corp.  inscr.  lai.  XIII.  5l5s;  5t7i|. 
Sur  les  pierres  '&  foudre  el  sur  le  culte  de  la  tiaclic  dans  I  antiquité  classif|ue.  voir 
A.  i.-Kmac\i,Iteewt  de  l'IJist.  des  Ileligions,  1909,  p.  4O0.  el  Archiv.  fur  «eli- 
gionstt^issenschaft.  —  Ï2  Longpérier,  Œuvres,  i.  I,  p.  170  ;  Heuzey,  Les  origines 
orientales   de    l'art,  p.    194. 


SEC 


—   l  I  Ii9  — 


SEC 


sans    (Iniilc    les    considc'Ter    cnmnio    des    symboles    du 
liiiiniTi-c    assdcii's   à   cpliii    du    snicil  '.    Des  ornemenis 
liiH'airi's     iiii    de    polils    cer- 
cles -  sont  souvent  gravf's  sur 
les  ailes  de  l'arme  sacrée.  Sur 
fragment  de  vase  de  style 
Hi'ométriquereproduit  lig.  G27-i 
on  voit  la  bipenne  suspendue 
par  un  anneau,  comme  un  objet 
volif'.  Tel  était  probablement  le 
riile  des  minuscides  bipennes 
de  bronze  ou  d'or   trouvées  à 
fiî  cm.  -  MaïK-iieiiu  i.arhc  avec   Knossos  et  à  Mycèncs,  à  Sparte 
^""''^"'  et    à   Delphes  '.    Bipenne    ou 

quadripenne  ^,  la  présence  de  cette  arme  auprès  d'une 
tète  de  bœuf  "  (fig.  6273),  au-dessus  d'une  chèvre  ', 
d'une  colombe  *  ou  d'un  poisson  ",  sur 
une  urne  funéraire'"  ou  sur  une  lame 
d'épée".  suffit  à  donner  à  ces  objets  un 
caractère  religieux.  Comme  le  labyrintlip 
peut  s'i-xpliquer  par  le  nom  carien  de  la 
Double  Hache,  /nbri/s'-,  et  que  des  raj)- 
porls  nombreux  paraissent  exister  entre  la 
lôe  en  or  Crelc  prmiilivc  et  la  Larie,  on  a  propose  de 
voir,  dans  les  bi[)ennes  gravées  sur  les 
murs  de  Knossos  et  dans  celles  qui  faisaient  partie  de 
son  sacrnritim,  la  preuve  que  ce  palais  était  celui  du 
dieu  de  la  Douijle  Hache  et  des  rois-prêlres  issus  de  lui  '\ 
Le  taureau  était  l'animal  sacré  de  ces  rois.  Ses  cornes 
présentant  une  certaine  analogie  avec  la  forme  des  ha- 
ches doubles,  on  peut  expliquer  ainsi  l'association  fri-- 
qiienle  de  la  bipenne  et  du  bucràne  et  imaginer  le  grand 

1  Voir  Ips  ^cmiiirs  reprodnilcs  Hans  Sclitii-niann,  Afycèncs.  p.  218  el  362  ;  Tinjutlic, 
p.  Ii;s;  Tsouiilas, //iD.  arch.  1900,  1,8:  Puilwacngler,  Wj/inpia.  pi.  lïvi  ;  Antike 
Gemmen,  pi.  ii.  42:  Brilisli  Sclioot  Annnni,  VIII,  p.  53,  fig.  61  ;IX,p.  lU.  —  2  Sur 
1111  vase  ili!  Knossos,  liritish  Scliool.  Animal,  Vil,  p  53,  fig.  15  a  :  les  li.nclies  du 
niémeUpeonl  (-U-  trouvées  dans  la  grollc  du  Diklù,  lV<i//.  VI.  p.  109;  Vil,  p.  53;  IX. 
p.  335.  Les  plus  giaudes  mesiireiil  28  cm.  de  .long.  :  les  unes  sont  en  bronze  d'une 
seule  pièce,  avec  Irou  pour  le  nianclie  (p.  109.  lig.  W,  3  cl  .î)  ;  d'anlrcs  soni  faites  île 
deux  pifjees  ipi'une  pièce  centrale  réunit  de  part  el  d'antre  avec  4  rivcls  (fig.  40,  2). 
i-es  plus  licUes  liaclics  de  ce  genre  sont  celles  de  Tralles  en  Lydie  (l)nruy,  fJisU 
des  Orers,  1.  p.  34;  l'errol,  V,  p.  296,  fig.  2UI.),  celle  de  llallslall  en  liasse  Aniriclie 
(Sacken,  //nlhlall.  p.  41)  el  celle  d'Italie  publiée  dans  Mortillet,  pi.  ï.viii,  1307 
cl  dans  les  Itronzen  du  Musée  de  k'arlsrnlje.  p.  28.  Lignes  géauiélrii|ues  et  pclits 
cercles  contrés  se  reueontrent  sur  les  bipennes  rjue  représente  la  lablctte  de  Siteia, 
Milani,.S'fi/./ie  »i«((<'iii/i,  I,  p.  176,  198  et  sur  celles  du  Irésorde  Traies.  —  3  Blin- 
Icenbcrg,  Ai-chûohij.  Sludirn,  1904.  p.  46.  lig.  28.  — »  On  signale  une  bipenne  en 
or  dans  les  coucbes  pinfondes  du  temple  d'Arlémis  0rlliia.i  Sparte,  Memnon,  I9U7, 
p.  24i;  d'autres  à  Mycénes,  Sclilieniann,  Mycines.  fig.  368  et  à  Knossos,  Lvans, 
llrUish  Scfiool  Annmil,  1902,  p.  101  ;  les  bipennes  de  Traites  sont  du  même  métal, 
l'prrot,  V,  p.  295.  Celles  rpii  ont  été  recueillies  à  lïelplies  sont  en  bronze,  l'erdrizet. 
/■■ouill^s  lie  lldiilifs.  V,  p.  M  el  120.  Avec  le  nom  du  héros  Labys,  elles  send.l.-iil 
allesterà  llelpbes  uncnlt.'primrlifde  la  double  bacbe.  l.ccullede  la  Maijiia  Miiln- 
eueiriêre  e\|ili<|ue  les  bipennes  d'ivoire  niinusciiles  trouvées  an  temple  d'Hpbése.  et. 
II.  67.  t'oiir  la  fig.  6273,  ïoir  note  6.  —  ^  La  présence  de  quadripennes  esl  très 
nelle  sur  des  clialons  de  bagne  publiés  par  Sclilicmann,  ^fycêm•s,  p.  437  ;  l'errol, 
Vl,  p.  ï>^1  (notre  fig.  6273).  —  c  Voir  la  (piinzaine  île  bradé,  s  en  or  représeiilant  un 
bucràne  surmonlé  d'une  bipenne  provenant  de  la  ipiatrièmc  tombe  de  l'Acropo'i-, 
.Scliliemann,  Mycènes,  p.  320;  l'errol,  VI,  p.  823;  Karo,  .liWiii-.  f.  Helii/iuiiswiss. 
1904,  p.  131  ;  cf.  nn  vase  du  DiUë,  Aiinual,  VI,  108:  des  entailles  de  Knossos,  La- 
grange,  La  Crète  anrienne,  p.  83;  une  gemme  de  l'Heracuni,  Fnrtwaengler,  Aiit. 
Gemmen,  pi.  ii,  42.  —  7  Lagrange,  La  Crète  ancienne,  p.  50  (Diktè)  ;  ,l/i7iim/,  VI. 
p.  102  et  toi.  Sur  nne  amphore  de  Kuliuni  en  Chypre,  l'errol,  III,  fig.  5l4;(Kuriiim 
n'est  pas  loin  de  Kitiiini  où  on  adore  précisément  nn  couple  noiniiié  Kcrauiiwn  et 
Jû-raunia,  cf.  /(eu.  arch.  I(i76,  p.  381).  C'est  plutol  .-iir  uucheval  c|uc  la  bipenne  est 
suspendue  comme  dans  blinkeiibcrg,  .Archaeul.  Stndien,  1904.  p,  46  (notre  fig.  6272), 

—  »  1  a  colombe  juchée  sur  le  pilier  terminé  en  (jiiadripeiinc  du  sai-co|)hage  de  Hagia 
Triada,  l'aribeni,  J/o;i.  AnI..  1908,  p.  31  ;  A.  J.lieinaeb,  flee.  aic/i.   1908,  II,  p,  2k5. 

—  'J  Sur  des  objets  de  culte  Cretois,  Drilisli  Scliool  annual,  VIII,  p.  197,|f.  64;  IX, 
p.  ll-H.  —  '»  Sur  un  pilhos  de  t'aleokastro,  Brilish  Scliool  annual,  IX.   p.   3Ui. 

—  Il  Sur  une  rapière  en  bronze  de  Théra,  Tsounlas-Manatt,  Mycenean  Ai/e,  p.  23'). 
Cisl  une  hache  simple.  —  '^  Sur  cette  hypothèse  soutenue  par  Kretschmer."  livaii^. 
S.  lieinarh  ILAnlIiio/inloyic,  1902,  p.  26).  cL  en  dernier  lieu,  Vollgralf,  /Ihein. 
Mus,  1UI16  cl  Coiniay,  apud  l!ulrov»s,  Discoiertjs  in  Crtte,  appendice  IJ.  —  13  Cf. 

Mil. 


dieu  de  la  Crèle  rniiioenne  "  sur  le  modélr^  du  Zoiis 
LabrandeiisdeCarie  ou  du  .liipiler  Dolichenus  de  Coma- 
gène,  monté  sur  un  taureau  et  brandissant  une  bipenne 
(lig.  2W»,  2490) '^  On  rappr.iche  également  la  grande 
<ir'esse  guerrière  de  la  Cappadoce  Ma,  Cybèle  ou  Bel- 
lone'\  dont  la  hache  est  un  des  altribtils  (dg.  815),  de 
la  divinité  Cretoise  que  la  tablette  de  Siteia  montre 
exaltant,  une  bipenne  dans  cha{|iie  main  '\Si  ce  n'est  pas 
là  une  dée.sse,  c'est  du  moins  la  prêtresse  portant  la  hache 
ilivine,  et  l'on  a  supposé  que  les  Amazones,  dont  la 
bipenne  est  l'attribut  caractéristique,  n'étaient  que  des 
suivantes  ou  des  lidèles  de  la  dt-esse  asiatique  à  la  double 
hache".  De  la  Scythie,  leur  patrie,  jusqu'au  Noriqiie  où 
Latobios  "  est  armé  de  la  hache  comme  ses  frères  du 
Nord-Ouest  Sucellus,  Tarann  et  Odin,  des  divinités  à  la 
bipenne  sont  disséminées  chez  les  Thraccs,  les  Illyriens 
et  les  Celtes. 

Sans  qu'on  puisse  faire  encore  la  part  des  influences 
de  Thrace,  de  Crète  ou  d'.\sie,  et  bien  que,  en  raison  de 
son  antiquité  même,  la  hache  se  soit  effacée  dans  le  culte 
devant  des  attributs  plus  nouveaux,  la  religion  de  la 
Grèce  classique  en  conserve  encore  le  souvenir.  Dionysos 
reste  le  dieu  de  la  bipenne  comme  du  taureau,  et  il  est 
adoré  à  Pagasessoiis  le  vocable  de  Péléhiis-".  Ares,  venu 
lie  Thrace  comme  Dionysos,  aurait  tué  Halirrholios  d'un 
coup  de  hache-'  ;  lléphaislos,  qui  possède  à  Lemnos  un 
des  premiers  sièges  de  son  culte  (fig.  860),  est  armé  de  la 
hache  à  titre  de  forgeron  divin.  Non  loin  de  Lemnos, 
Ténédos  (fig.  861)  grave  la  bipenne  sur  ses  monnaies  et 
associe  cette  arme  au  souvenir  de  son  héros  éponyme 
Tenues^-.  Parmi  les  divinités  déchues  au  rang  de  héros 
dont  la  bipenne  est  l'attribut,  il  faut  rappeler  Hercule 

A.  J.Heinach,  Jteviie  des  Études  yrecques,  1903,  p.  78;  Dussaud,  Ilmie  hist.  des 
Heliijions,  1905,  p.  20  ;  Buriows,  Discorerics  in  Crète  (Londres,  1907),  p.  25, 1 10, 
15S  ;  Lagrange,  La  Crète  ancienne  (Paris,  1908),  p.  10,  69,  79.SI.  —  u  Le  person- 
nage qui  porle  une  bipenne  sur  la  gemme  de  Knossoa,  /Iritish  fcltool  Annual, 
VII,  p.  20,  esl  plutôt  un  prêtre  qu'un  dieu.  Le  sraiid  nombre  de  haches  votives  de 
la  grotte  du  Diktè,  qui  aurait  abrité  l'enfance  du  Zens  crélois,  implique  que  la 
bipenne  élail  son  attribut.  Cesl  un  des  Daklyles  Idéens,  prêtres  de  ce  Zeus,  qui 
aurait  purifié  Hythagore  xij  .sj^j,',;  V.»u.  (l'oiphyr.  Vit.  Pi,th.  17).  —  13  Le 
plus  connu  des  dieux  du  type  du  Zens  carien,  très  infiuencé  sans  doule  par  le 
liamman  babylonien  et  leTeclioiip  hittite,  esl  celui  de  llolichè  en  ComniagèDe(cr.  ci- 
dcs-us,  l.  11.  329).  En  dehors  de  Jupiter  Dolichenus,  la  bipenne  se  voit  entre  les 
mains  du  lladad  Haiiiman  de  Damas,  du  dieu  cavalier  de  Lydie  cl  de  Phrvie  el 
lie  la  déesse  sa  parèdre.  Outre  le  relief  publié  Journ.  Ilell.  Stud.  I8SS,  p.  235  et 
/luit.  Corr.  Uell.  1880,  pi.  .v,  voir  les  monnaies  d'Eiiméneia,  Thyaleira,  Ancyrc, 
lilaiindos,  Mostcne,  Dionysopol-s,  Uiérapolis,  etc.,  dans  le  Catalmjiie  of  Greek  coins 
in  tlie  Brilisli  Muséum,  Lyilia  et  fltryi/ia;  pour  la  bipenne  du  Zeus  de  Mylasa, 
ihidem.  Caria  et  l'arl,  Lamàraundos  du  Lexikon  de  liosclier.  —  16  Voir  surtout 
l'boliiisct  Et.  .Mai/n.  :  .uS,X,,,a,-  nui»,-,»,;  Tzetzes  ad  Lycophr.  v.  1169;  Antli. 
l'ai.  VI,  94;  TibnII.  I,  6,  47;  Apul,  Met.  p.  260.  D'après  les  monnaies  alléguées  à 
la  11.  préc.  la  plupart  des  Maires  phrygiennes  porteraient  aussi  la  bipenne. 
—  '7  Lagrange,  Op.  cit.  p.  69;  llilani,  Stiidi  e  materiiUi,  1,  2,  176.  Cf.  une 
■jemmo  de  Knossos,  Annual,  IX,  p.  k,  {.Et.  Mui/n.  707,  18  rapproche  sng.ins  de 
Sangarios.  On  peut  égrilemenl alléguer  un  vase  du  Musée  do  Naples,  d'importation 
ou  il'imitalion  Cretoise,  où  une  série  de  danseuses  porlenl  allernalivemenl  une 
bipenne  et  une  flèche  (S.  lieiiiach,  L'Anthropoloyie,  1896.  p.  5391.  —  I»  Voir  les 
articles  Amatonef  de  notre  Dictionnaire,  du  LeiiLon  de  Roscher,  de  la  Heal- 
encycloimdie  de  l'auly-Wissowa.  —  19  Sur  Lalobios,  une  des  formes  du  Dis- 
pater  celtique,  Horal.  IV,  4,  18  ;  C.  i.  I.  111,  2,  4SI3  et  lloldcr,  Jiell.  .Spruc/isehal:, 
s.  V.— -20 Sur  Dionysos  J;  U«V.,-„  né'A.xu; (.Vc/io^  ad  II.  XXIV,  428  ;  Fragm.  hist.  rjr. 
I,  p.  332)  voir  Slephani.  C.  rendus  St-Petersb.  1863,  p.  128  et  Wrolh,  Classicnl 
Jlei'iew,  1892,  p.  472,  1893,  p.  82  qui  allèguent  la  bipenne  des  monnaies  des  rois 
O.lryses  et  d'Aleiaiidre  de  l'Itères,  adorateurs  de  Dionysos.  Bien  i|ue  Maas,  Hermès, 
1888,  p.  70,  veuille  corriger  en  ,i.>.«y">;  le  vocable  du  Dionysos  de  Pagases,  de  iioni- 
brciix  inonumenls  mettent  la  bipenne  entre  les  mains  de  Dionysos  (voir  ei-dcssus 
bslig.  059.702,  876,  2020).- 21  £■<.  Maijn.  p.  590,  43.  -  22  Monnaies  de  Ténédos 
dans  MionncI,  11,  671, 264;  Sunpl.  V,  584  (cf.  à  Slaroneia,  Mionnel ,  Suppt.  Il,  338).  On 
sait  par  Plutarque  (lie  fijth.  Or.  12)  ipic  Ténédos  avait  dédié  à  Delphes  une 
bipenne.  Comme  explication  de  ce  cnlle,  les  anciens  ont  proposé  :  1»  l'existence  à 
Ténédos  dune  race  de  crabes  portant  une  bipenne  empreinte  sur  leur  carapare; 
2"  le  châtiment  par  la  hache  qu'un  roi  ileTénédos  aurai!  institué  conire  les  adnllèris  ; 
3°  Pennés  coupant  d'un  coup  de  hache  l'amarre  ilii  bale.iu  de  son  père  Kvknos,  fils 
d'Arcs.  Voir  le  comm.  de  Frazer  ad  l'ai.s.  X,  I  U. 

147 


SEC 


—   1170  — 


SEC 


627».  —  Ilaclie  e 
He  sacrilice. 


([iii  riiiirail  comiiiisc  sur  les  Amazones'  fl  qui  l'aurait 
laissée,  coinim;  insigne  de  leur  pouvoir,  aux  llérakliiles 
(le  l,y<lie;  Thésée  qui,  suivani  un  autre  réeil,  l'aurai!  reçue 
tl'llereule-;  les  Lapillies,  alliés  de  Thésée';  lACurgiie. 
une  des  hyposlases  du  Dionysos  [liAcciius,  p.  007  sq.  ]  ou 
de  TArès  thraec,  dont  la  houpli'x  reste  légendaire  '. 
Celle  liouph'.c  est  la  liaelie  qui  serl  à  assommer  les 
breufs^  à  ce  titre,  la  hache  est  rcsléo  en  usage  en 
(irèce  parmi  les  ustensiles  de  sacrifice  [sacrii'icuim, 
p.  908,  n.  4;  nii'OLEiA,  (ig.  2433].  Les  exemplaires  retrou- 
vés dans  les  temples  de  Dodone'',  de  Delphes''  ou  d'Olym- 
pie"  sont  en  bronze;  il  y  a  lieu  de  croire  qu'il  en  était 
de  même  des  luiches  qui  servaient  au  sacrilice. 

L'Italie  primitive,  aussi  bien  que  laGrère,  ne  parait  pas 
avoir  ignoré  le  culte  de  la  pierre  à  foudre,  divinisée  à 
Kome  sous  le  nom  de  Jupiter  Lapis,  tandis  que  des 
kéraunies  figurent  dans  le  diadème  de  la  Junon  du  Capi- 
lole'.  La  hache  de  pierre  de  la  forme  la  plus  ancienne 
se  trouve  imitée  en  bronze  dans 
ces  pendants  qu'on  nomme  Hn- 
tini^abula,  sans  doute  amulettes 
destinées  à  protégerde  lafoudre  '". 
Cette  hache  simple  (fig.  G27  4)  "  ; 
ou  la  hache  à  double  tranchant  [bi- 
pennis)*"^  apparaît  tour  à  tour  sur 
les  monnaies  des  villes  étrusques 
uifau  une  sorte  de  maillet  à  double 
face  est  rattribut  du  dieu  chlho- 
nien  que  les  Etrusques  ont  assimilé  àDispater  ou  à  Cha- 
ron  (fig.  1358-1  ;H)0).  La.sacena^^  des  pontifes,  ]a.scciiris 
des  licteurs  avaient  été  sans  doute  à  l'origine  la  marque 
du  caractère  sacré  de  leur  office.  Cette  hache  ne  fut  par  la 
suite,  entre  les  mains  des  licteurs,  qu'un  instrument  de 
justice  militaire  [lictor],  entre  celles  des  prêtres,  qu'un 
ustensile  du  sacrifice.  Les  popae  en  sont  pourvus  dans 
toutes  les   scènes  où  l'on  sacrifie  des  taureaux   ou  des 

1  Plulai-ch.  Quaest.  ijr.  45.  Cf.  Ifadel,  La  Lydie,  f.  87  ;  Willamowilz,  Herakles.  I, 
315.  _  ?  paus.  I,  iT,  7;  Stcphani,   Vases  tie  ÏErm.  lOii  ;  Musco  ilal.  III,  p.  2(îl. 

—  3  cr.  entre  autres  monumenls,  AjiHd/i,  )H()0,pl.  i  ;  Conestabile,  il/oïi.  di  î'enii/iu, 
pi.  i.«n.  —  '  Sur  Lycuri/us  ùipenni/'er  |0v.  Met.  IV,  22)  voir  l'art.  Lijkourijos  cm 
Lexilton  lie  lîosclier.  D'autres  héros  (lioiiysiaiiucs,  T6ri''e,  Atlianias,  Polytcclmos  s'.nr- 
nienlde  la  hipenne  dans  leur  Tureur.  Peut-(Mre  Oriou.  le  dieu  chasseur  de  lu  béotie, 
portait-il  également  une  bipenne  en  outre  du  pédant,  d'où  sou  surnom  de  «rxtnapvéu; 
{Efym.  Magji.  A,  581,  A).  Pour  la  bipenne  employée  à  fenilrc  le  crâne  de  Zens  ou 
l'u'uf  de  Léda,  cf.  Komagnoli,  Ausonia,  1908,  p.  259.  —  à  Des  monuments  et  des 
Icïles  postérieurs,  il  ressort  i|ue  la  pou«),-,J  (/(.  VI,  135)  doit  s'interpréter  comme 
une  hache  double  de  sacrifice  du  type  dont  on  trouve  un  ex.  Tiôm.  AJUII:.  t.s90.  p.  lis, 

—  »  Carapanos,  Uodone,  pi.  i.iv.  —  1  l'erdrizct,  Fouilles  rie  Delphes,  V  (UIU6), 
p.  5,  12U.  Iles  réductions  de  bipennes  en  ivoire  ont  été  trouvées  au  Temple  d'Kphése. 
Ilogarlh,  The  archaic  Aitemision,  1908,  p.  170,  337.  —  »  Furtwaeugler,  Olym- 
pia, pi.  xxvi.  Peut-être  faut-il  également  considérer  conmie  objets  de  colle 
la  bipenne  de  bronze  publiée  par  Osnola,  Satamiitia  of  Ctjprus,  pi.  m,  H,  en  la 
rapprochant  de  celle  ijui  figure  sur  les  monnaies  d'un  roi  de  Marium  (Rabelon, 
Perses  Arhhnénides,  p.  cxi.vu)  ;  les  4  bipennes  eu  fer  de  la  grotte  du  Dillé, 
Maseo  ital.  Il,  p.  112;  celle  enlin  qui  porte  un  dédicice  à  liera  de  Crotone, 
Koehl,  Inscr.  Gr.  AnliQuiss.  HVi.  —  'i  Mart.  Cap.  I,  i;7  et  75.  Bien  i|u  ou 
retrouve  des  fith-annies  dans  le  diadème  d'isis,  ce  rite  est  probablement  à  Home 
originaire  d'Iîtrurie  oii  cette  Junon  était  la  compagne  d'un  Dispater,  armé  de  la 
hache  ou  du  maillet  i  cf.  Mûllcr-Deecke,  liie  Elrusker,  11,  p.  80,  lliS  —  10  Mon- 
Iclius,  La  Cieilis.  primitiee  en  Italie,  p.  392;  Notizie,  1800,  p.  229.  Les 
mêmes  amulettes-pendelo(|ues  se  retrouvent  ii  Chypre  (Ohnefaisch-Uichler,  Hihel, 
Kypriis  iind  Humer,  pi.  ir.ii,  8;  U.  von  l.ichlcnherg,  lleitr.  z.  ait.  Gesch. 
Kypros,  pi.  III,  2i)  et  l'on  doit  sans  doute  leur  assimiler  les  hachettes  rasoirs 
cari hagiiioises  dont  un  côté  s'évase  en  Irancliant  et  dont  l'autre  s'amiucil  en  tête 
d'oiseau;  l'une  d'elle  montre  le  dieu  phénicien  solaire  lîesef  lenaut  d'une  main  une 
hache  double  (lisell,  Mélanges  de  Home,  lUOI,  p.  100;  Déelielette,  L'Anlhro- 
pnlni/ie,  1903,  p.  609).  —  H  Hall,  di  corr.  urcli.  1839;  p  122;  (iarrucci,  Monde 
dltalia,  ;  1,1V  (l.uni  .')  I.XXIV,  10  (Vetulonia-Populonia).  Ces  monnaies  impliiiuejit 
appaiemmeiit  l'eiislcnce  d'un  dieu  de  la  foudre  comme  le  Kèraunios  des  monnaies 
de  Pelilia  (Stepbani,  C.rendu,  1872,  p.  80).  —  12  liarrucci,  (.  c.  LX,4  (Firmum)  ; 
LU  (iuccrUin).  —  l:iOuintil.  I,  4,42  ;  Isid.  Oriij.  XIX,  10  ;  h'eslus,  p.  3IS  M  :  scen'n 
sire  sacenu,  dolabru  ponlificalis.  Sur  lu  pinua  (pour  pic-na,  de  la  racine  pilt,  d  où 


hieiil's  [sAc.iiii'icn'M,  p.  l'^rjO;  puntii'u^es,  p.  "idS,  limis, 
lig.  44WÎ)]  ".  Une  hache  de  forints  particulière  est  repré- 
sentée à  l'époque  impériale  sur  les  tombes,  souvent  ac- 
compagnée de  la  formule  snli  (n^cia  [ascia];  on  a  proposé 
l'i'ci'iiiment  d'y  reconnaiire  la  dernière  survivance  du 
culte  de  la  hache  '^ 

l'xrifies  milil(iii'Vi<.  —  La  hache  (Hait  une  des  armes 
ordinaires  du  soldat  égyptien:  le  plus  souvent  sa  lame 
s'allonge  jusqu'à  un  tranchant  arrondi  avec  les  deux 
côtés  longs  droits  ou  légèrement  concaves;  parfois,  elle 
est  formée  d'une  lame  qui,  dès  sa  sortie  du  manche,  se 
recourbe  en  deini-cercle  ;  parfois,  au  lieu  d'être  pleine, 
cette  lame  est  évidée,  à  la  jonction  avec  le  manche,  de 
deux  ouvertures  en  croissant  "■'.  Jamais  on  ne  voit  la 
bipenne  entre  les  mains  de  troupes  égyptiennes;  c'est 
donc  par  erreur  qu'Hérodote  la  leur  attribue'\  à  moins 
qu'elle  n'ait  été  adoptée  à  l'imitation  des  mercenaires 
cariens  des  Psammétique.  En  Asie-Mineure,  en  effet,  s'il 
n'est  pas  certain  que  les  Hittites  aient  porté  à  la  guerre 
ladoubli!  hache  qu'ils  donnaient  à  l'un  de  leurs  dieux,  les 
Cariens  et  les  Phrygiens  '*  en  étaient  armés.  C'est  à  eux 
que  paraissent  empruntés  les  noms  de /je7e7>'z/.«  et  de /«i;'!<s, 
sans  qu'on  puisse  décider  s'ils  doivent  celte  arme  à  l'in- 
fluence des  populations  égéennes,  des  Clialdéo-assyriens 
ou  des  tribus  scyllio-perses.  Parmi  celles-ci,  celle 
arme  des  Amazones  paraît  avoir  porté  le  nom  de  sagnris 
chez  les  Massagètes",  les  Scythes-",  les  Saces'-'  les  Hyrca- 
niens'--,  les  Perses-'.  Peut-être  est-ce  sous  l'inlluence  de 
ces  peuples  que  les  Thraces  ont  donné  la  double  hache  à 
leurs  dieux;  les  Thraces  ont  pu  en  répandre  l'usage  dans 
la  Grèce  primitive.  Les  deux  mentions  qui  en  subsistent 
seules  dans  Vlliadi'  suffisent  à  indiquer  que  le  guerrier 
homérique  portait  fixée  à  l'intérieur  de  son  bouclier  une 
hache  qui,  depuis  le  triomphe  de  la  javeline  et  de  la  ra- 
pière, ne  lui  servait  plus  comme  arme  qu'à  la  dernière 
extrémité.   Auprès    des  vaisseaux,  le  combat  se  pour- 

pini/o  et  Picumnus),  rf.  A.  J.  Iteinach,  ttcme  de  Hiist.  des  Beligions.  1907, 
p.  225.  —  H  Voir  notamment  Mélanges  Rome,  1884,  pi.  vi  ;  1889,  pi.  u;  1891, 
p.  432  ;  1903,  pi.  iv  ;  1907,  pi.  v;  Helbig,  Guide  de  Jtome  I,  n.  060;  Pelersen, 
.\ra  Pacis,  pi.  vil,  p.  90,  Thédenat,  Le  Forum,  p.  159;  Mau,  Pompéi,  lig.  47. 
La  si-curis  est  parfois  remplacée  par  la  doi.auiia  (lig.  24S8  et  4*93  ;  voir  la  frise 
du  temple  de  Vesta,  Joidan  Tempel  u.  Vesta.  pi.  vu,  et  .Mus.  liurli.  XV,  34,  ou 
par  le  maillet  mm. i. eus  (fig.  4803).  La  seciiris  est  poi'tée  par  un  sacrilicaleur  sur 
une  urne  étrusque,  Conestabile,  Mon.  di  Perugia,  pi.  xi.v,  1.  —  IS  Voir 
les  monuments  étrusques  allégués  par  Milaui,  Museo  topoyrafico  dell'Eturia, 
p.  30.  Pour  des  haches-amulettes  dans  des  tombes,  cf.  Mon.  antichi,  19O0,  p.  860. 
—  ii>  L'évolution  do  la  liaclie  en  Egypte  est  indic|uée  par  l'elrie,  Methods  in 
archaeology,  p.  14.  Dans  Gizeh  and  Itifeh,  1907,  pi.  xirxiii  il  a  publié  ce  qui  est 
sans  doute  le  plus  ancien  spécimen  delà  hache  allongée  à  côlés  concaves  (X'-Xl'  dyu.). 
A  la  même  époque  des  soldats  se  servent  aussi  de  la  haclie  à  lame  en  demi-cercle 
pleine  (cf.  Naville,  The  XI  dyn.  temple  at  Veir  el  Bahri,  1007,  pi.  mv  h)  qui  se 
voit  encore  dans  les  peintures  de  la  Xll'dyn.à  Reni-llassau  et  El  lieisheh  où  appa- 
raît la  lame  à  écbancrure.  —  n  Herod.  vil,  89.—  <«  Voir  p.  1109,  n  15-10.  Pour 
pélékus  et  labrus  voir  p.  1 105,  n.  1  et  1 100  n.  12.  Pour  la  bipenne  dans  la  Clialdée 
primitive,  voir  Ed.  Meyer,  Sumerier  and  .Semiten.  1900,  V,  p.  200.  Il  est  difficile 
de  savoir  si  ce  sont  des  ilivinités  ou  ties  guen-iers  que  rcprésentciil  les  bas-reliefs 
comme  celui  du  cavalier  à  la  bipenne  sur  l'épaule  de  Karamanly  (confins  de  la  Pbry- 
gie  et  de  la  Pisidie),  Huit.  corr.  helt.  18K0,  pi.  x  ;  Alh.  Mitth.  1885,  p.  12  ;  Revue 
des  Études  anciennes,  1000,  p.  ISS.  Pour  les  Thraces,  outre  l'analogie  avec  leurs 
frères  de  Phrypie  ot  les  indications  tirées  aux  n.  3  et  4  d.'  leurs  cultes  et  de  leurs 
légendes,  on  doit  rappeler  que,  dans  les  nécropoles  Ihr.ico-illyriennes  de  l'âge  du 
1er,  la  bipenne  apparaît  lucorc  comme  l'insigne  du  chef,  cf.  Serb.  Arch.  Ges.  IX, 
p.  V  ;  Mitth.  ans  llosnien,  I,  p.  77,  |05.  —  19  llerod.  I,  215.  Leurs  haches  seraient  de 
broii/e.  —  20  llerod.  IV,  5  et  10;  Pollux,  I,  10,  138.  Entre  autres  monuments,  voir 
Maspero,  Uist.  ancienne,  III,  p.  475;  S.  Ueinach,  Anliiiitités  de  la  Russie  méri- 
dionale, lig.  151,  158  ;  Répertoire  des  rases  peints,  1,  p.  100,  182.  —  21  llerod. 
Vil,  04.  l.c  nom  des  Saces,  comme  celui  des  Sagaitiens  de  la  région  d'Aibéle,  est 
probablement  en  rapp.nt  avec  sagaris.  —  '22  Cu.t.  Il,  2,  4  ;  Vegct.  IV,  40. 
_  23  Xenoph.  Anab.  IV,  4,  17;  Strabo.  XV,  734;  Joseph.  Anl.  Jud.  XI,  0,  3.  Cf. 
Oesl.  Juhresh.  (899.  p.  13.  Les  Assyriins  la  porlaient  iléjà,  cf.  Bawlinson,  7'Ae 
/lie  great  monarchies,  I,  (1873),  p.  459;  mais  plus  généralement  la  hache  simple, 
Maspero,  Histoire  ancienne,  I,  p.  662;  111,  60. 


SEC 


—  1171 


SEC 


suit"  avL'c  les  liaclies doubles  (H  les  liaclictles  acérées  >>  ', 
et,  Ménélas  ayant  Itondi  le  glaive  en  main  sur  Peisandros, 
"  celui-ci,  sous  son  bouclier,  saisit  sa  bonne  liaclie  (à;iv/-|) 
d'un  beau  bronze,  empoignant  le  long  manche  (tcsàexxov) 
d'olivier  bien  taillé  »  ^.  C'est  aussi  avec  «  une  grande 
hache  (Tté/sxij;)  de  bronze  à  double  tranchant,  à  manche 
d'olivier  »  ^  qu'Ulysse  travaille  à  son  navire.  A  celte 
exception  près,  c'est  en  fer  que  sont  les  haches  que 
l'Épopée  mentionne  entre  les  mains  des  charrons', 
forgerons  ^,  bûcherons  ou  charpentiers  ".  Bien  qu'on  sùl 
Iretnper  le  fer  \  la  description  des  douze  haches  qui  ser- 
vent à  l'épreuve  à  l'arc  dans  VUdyssée  ne  permet  guère 
de  reconnaître  ni  le  métal  dont  elles  étaient  faites,  ni 
le  type  auquel  elles  appartenaient.  On  a  pensé  tour  à 
tour  à  une  bipenne  amazonienne  du  type  classique  (la 
tlèche  passant  par  l'écrancrure  supérieure),  à  la  bipenne 
que  p(jrte  une  Amazone  sur  un  relief  archaïque  de  Séli- 
nonle  (lig.  G:J7U;  la  tlèche  traverserait  l'ouverture  for- 
mée par  la  courbure  d'une  des  ailes),  à  une  bipenne  de 
forme  primitive  suspendue  par  un  anneau(lig.  irlli;  c'est 
par  cet  anneau  que  passerait  la  llèche)  ;  on  peut  enfin 
imaginer  Ulysse  visant  par  le  trou  d'emmanchure  d'une 
l)ipenne  de  plan  losangique.  En  tout  cas,  le  nom  du  pélé- 
/itis,  donné  aux  armes  ([ui  ont  servi  à  son  exploit,  s'ap- 
plique proprementà  la  bipenne.  VIliade  nous  la  montre 
emportée  par  les  pionniers  pour  aller  couper  du  bois  *. 
C'est,  de  même,  à  abattre  des  arbres  aux  abords  d'une 
place  assiégée  que  des  haches  doubles  sont  employées 
sur  la  palèrc  d'Amathonle  (lig.  9^7)  et,  dans  les  cam- 
pagnes d'Alexandre,  on  voit  des  doloires  servira  briser  la 
glace  ou  à  renverser  des  murs  ".  Pour  l'emploi  de  la 
hache  simple  ou  double  dans  la  chasse  aux  fauves,  conln; 
les  sangliers  et  les  élépiiants  n<jlamment,  voy.  venatki, 

VE.\AIULrM  '". 

Si  l'on  ne  peut  affirmer  que  la  hache  ail  servi  en  Grèce 
d'arme  de  guerre  depuis  l'invasion  dorienne,  il  n'en  est 
pas  de  même  dans  l'Italie  antérieure  à  la  prépondérance 
romaine  On  coniiait  des  cavaliers"  et  des  fantassins '- 
étrusques  portanlla  hache  simple  ou  double  perforée 
pour  recevoir  la  hampi-  (lig.  (j27.j)  ";  d'autres  guerriers 
Étrusques",  Picenlins'',  Lucaniens  "',  Sardes",  sont 
armés  de  la  hache  à  ailerons  ou    à   douille.  Ce  dernier 


'  //.  XV,  711,  ,;;t„  «y,  «sU.i,^,  «il  à;;v,„.  Ce  .|iii  atioslc  ciiic  les  p.-lrkr,s 
soiil  dcB  liaclics  doulfles,  c'csl  que,  dans  les  jcuv  eu  l'Iiouncui'  de  l'alruclc, 
dix  pèléheis  cl    dix    liemijufïeltkn  de  fer    ligureut    parmi  les   prix   (XXlll,    h'^\). 

—  2  //.  XIII,  Cli.  —  3  0,1.  I,  »:u.  -  i  IL  IV,  *8;i.  —  o  rid.  IX.  .-i'.ll  [ttmu  «, 
p.    109.-!].   —  "  /(.  III.  60-i;  XIII,  391  ;  XXlll,  114;  Od.  V,  iW.    -''   (Jd.   IX,    V^. 

—  8  11,  XXIV,  lU  ;  Moîon^uî  ,!,■»(«!«;.  I.c  mime  UM-me  est  employé  dans  lous  les 
parsagcs  concernaiil  l'épi-cuve  de  l'arc.  Od,  XIX,  .=j78,  8.-i7  ;  XXI,  .3,  75,  81,  97, 
lU,  îil,  Mf.,  XXIV,  lli»,  177.  Ilelbig,  L'Épopi-e  homéri,/ue,  p.  483,  liésile  cuire 
la  liipeuue  ordinaire  proposée  par  Uoclicl  \JaUrbuek  Kl.  Philul.  l.  CXIII,  p.  171), 
cl  la  haclte-pie  de  Sélinoiile  proposée  par  Murray  («/i.  I.ang  cl  Bulclier,  The 
Odyssey,  p.  410).  Après  un  nouvel  examen  de  la  ipiesUon,  Blinkenberg,  Archiiohij. 
Sliidien,  19«4  ,  p.  40,  a  proposé  une  liaclic  du  lype  de  celle  reproduite  d'après 
lui  dans  noire  fig.  6i^i.  —  !)  Curl.  Vlll,  4,  Il  ;  IX,  5,  19.  —  10  Voir  les  divers 
monuments  rclaliTs  à  la  chasse  de  Calydon,  nolammeiil  Coneslaltile,  iVon.  tti 
f'fnigla,  pi.  i.xv-i.xvi  et  la  cliassc  au  lion  d'Alexandre  ap.  Collignon.  fJist.  'A'  In 
Sculptim  r,rec</ii,i.  Il,  3!3.  —  Il  Diodor.  III,  211.  Cf.  Loesclicte,  y«Arti/Wi,  III, 
p.  183.  -  12  Milani,  Sludi  c  maleriali,  I,  p.  104  (relief  de  Vellelri).  Des  liipeuiies 
en  bronze  scmlilaldes  à  celle  de  ces  cavaliers  eut  été  trouvées  en  Éirurie  [Atirutii, 
1874,  p.  J53;  180:1,  p.  339;  l'asc|iii,  .\otizie  I!i07.  317;  Grenier,  MrlanijLS  de 
lÉc.  Franc.  1907,  p.  411  ;  voir  p.  1170,  n.  11-4.).  —  '3  Micali,  .Monmn  ,m-d. 
I8i4,  pi.  xxv  (cippe  de  (Jliiusi)  ;  pi.  xxxvm,  5  (Imccliero  iiero)  ;  Marllia. 
I.Art  Etrusque,  p.  Ht  (frcsiiue  de  Veïes)  ;  Xotizie,  189  i,  p.  2i(sléledi. 
Vetulonia);  pi.  xxv,  2  (relief  du  vo  s.).  Des  liaclics  simples  ou  doubles  soiil 
représcnlces  sur  des  fresques  de  Caere  (Nocl  des  Vergers,  L'Étrurie  et  les 
/Ctrim/iies,  pi.  m).  Une  bipenne  sur  la  slèle  d'un  fantassin  de  Vetulonia,  Milani. 
.Monmn.  scelli,  1909,  pi.  ix.  —   e.  l'ottier,  .4///i(//i  des  rases  tin  Luurre,  pi.  xxv. 

.  oGl.  (Imccliero  nero);  Milani,  .Moninn.  acelti,  1909,  pi,  ix  ;  voy.  aussi   ci-dessus 


■  étrusque. 


ty()e  a  pu  être  perfectionni",  sinon  iin|)orté  en  Italie,  par 
les  cavaliers  et  les  fantassins  qui  portent  une  arme  sein- 
lilable  sur  la  situle  de 
la  Cerlosa"  ou  sur  le 
ceinturon  de  Watsch" 
(lig.  6276).  C'est  sans 
doute  la  caleia,  qui  ser- 
vait de  jet  comme  d'es- 
toc, et  qui  semble  avoir 
été    l'arme   caractéris- 
tique    des     Celtes    de 
Uhétique  et  de  iNorique 
lCateia].     La    Liffuris 
seciiris  ^"  dont  parie  Ca- 
tulle était-elle  sembla- 
ble  à  cette    arme,  ou 
était-ce    une    bipenne 
comme  celle  qui  figure 
sur    des    trophées    du 
sud  de  la  Gaule  '■"  ?  Tou- 
jours est-il  que  les  Germains  paraissent  avoir  employé 
une  hachette  de  jet  analogue--,  et  c'est  une  arme  toute 
semblable  à   la  ca/.eia    qu'on 
retrouve,  à  l'époque  des  inva-  ^      y 

sions,  sous  les  noms  de  (ru-  J 

loua  et  dit  francisca'-' . 

Si  Virgile  mentionne  des 
scrures  parmi  les  armes  avec 
lesquelles  les  Latins  combat- 
tent les  Troyens  -',  la  hache  ne 
paraît  jamais  avoir  été  une 
arme  régulière  des  Romains, 
et  les  pélékop/iores  qu'Arrien 
nomme  parmi  les  corps  de  ca- 
valerie de  l'expédition  contre 
les  Alains  ^'  à  la  fin  du  règne 
il'lladrien  ont  sans  doute  été 
constitués  à  l'imitation  de  ca- 
valiers barbares,  probable- 
ment Parthes  ou  Perses  -''.  C'est 

seulement  dans  des  cas  exceptionnels  que  les  légion- 
naires se  servent  de  haches  dans  la  bataille  :  contre  les 


lies  chasseurs,  fig.  S78  (cf.  Springer-Michai-lis,  Ccsc/i.  ''.  lùuisl,  I.  «g.  820). 
A  côté  des  haches  de  ce  type  (outre  les  références  données  ;  ef.  Springcr- 
iMichaëlis,  Op.  cit.  lig.  743.  Milani,  Sludi  e  Maleriali,  II,  p.  221  ;  Korrer,  Uei- 
iraei/e  zur  praelfst.  Arch.  1892,  pi.  vu,  4),  llitrurie  a  encore  livré  une  curieuse 
hache  de  fer  d'un  seul  tenaiil  avec  le  manche  trouvée  prés  de  Trasinicne  ;  Forrcr 
{Op.  cit.  pi.  un,  2)  pense  qu'elle  pourrait  être  carthaginoise.  C'est  précisément  à 
Trasiménc  que  Silius  Italiens,  Pun.  V,  498,  montre  Sycliaeus  arme  d'une 
bipenne.  —  15  On  peut  alléguer  les  monnaies  de  Kermum  Picenum  ((iarrucci, 
pi.  IX,  4|,  celles  des  Veslins  (LXI.  0)  et  une  slatuctic  trouvée  dans  le  l'iccnum 
(liahelon.  Bronzes  de  la  llihl.  nnt.  p.  401).  —  1»  S.  lieinach,  //.7/cWoire  rfes 
viises  peints.  II,  p.  532.  —  17  Les  Sardes  ont  des  haches  a  simple  cl  â  double 
Iranchanl,  l'a'is,  Ùulteltino  Sardo,  1884,  p.  I  iO.  —  I»  Slontelins,  Cimlisaliun  pri- 
mitive, I,  pi.  cv,  î.  —  19  Outre  l'art,  cateia,  voir  Bertrand  et  S.  lîcinach.  Les 
Celtes  dans  la  vallée  dit  fit,  appendice  C  ;  A.  Grenier  Jler.  arch.  1907,  I.  p.   10. 

—  -21  Cat.  Ciirm.  XVII,  19.  l'ourla  hache  des  Liburnes,  Flor.  I,  SI.  Dans  une  série 
de  stèles  ligures  l'une  rcpréseiile  un  guerrier  armé  de  deux  javelots  et  d'une  eiiteia, 
Mazzini,  Glorn.  di  slnria  ilelln.  Lirj.  1908,  pi.  1,  2.  —  21  Espérandieu,  llecucil  des 
bns-rcUefs  de  la  Gaule,  p.  181  (Carpeiilras)  ;  p.  443  (Narhonnc).  Kxvoto  de  2  haches 
au  dieu  Mars  dans  le  Vaucluse  (lier,  épiijr.  du  .Midi  II,  p.  283).  —  22  Liiideo- 
schmit,  AUerthiimer,  I,  VII,  pl.  v.  U  hache  des  Uaccs  est  du  même  type.  Cf.  proch- 
iier.  Col.   Trnjane,  pl.   vu;    Bienkovvski.   Ile  snnlilim-is  harharomm    1890,  p.  3(1. 

—  -iiGf.  S.  Reinach,  Op.  cit.  p.  194,  198:  I.indens.  hmit,'//anrf«ii<c'',  p.  188,  Sonner 
Jahrliùcller.  1900,  p.  137.  -  2'.  Virg.  AcH.  VII,  627.  —  25  Arrian.  t'oH(r.  Alan,  il 
et  30  ;  ThcI.  IV,  9.  I.a  principale  arme  des  Alains  éUiit  une  sorte  de  lasso,  on 
comprend  qu'il  ait  fallu  de,  haches  pour  les  trancher.  -  2'''  I.a  bipenne  ligure  sur  les 
trophées  perses  des  monnaies  frappées  en  242  par  Alexandre  Sévère,  Dresscl, 
Altliandl.  d.  Berl  Al.nd.  1900,  II.  pl.  1. 


—  Figure   du  ceinturon 
le  Watsch. 


SEl) 


—   1172 


Fig.  Gi77.  —  Solilat    romain 
la  liaclie. 


crupelldrii  hardos  île  fer  de  Sacrovir,  ils  s'ouvri'iil  un 
passn{;e  correptis  seairihus  <•/  tlolabris  '  ;  à  Bédriac, 
la  fiirciir  des  Otlionieiis 
est  telle  que  oui  issu  /li- 
lorum  jdclu,  glmUis  cl 
scniribiis  (jaleas  i-(  lori- 
ras  pernniijiere  '-.  Ces 
hnclies  qui  font  partie 
de  la  charge  du  soldat 
romain,  sont  employées 
d'iirdinaire,  sur  les  co- 
lonnes Trajane  et  Anlo- 
nine,  à  forcer  les  portes 
des  villes  ',  à  abattre  les 
ariires  nécessaires  au  re- 
tranchement (h g.  6277, 
cf.  iiolaura)  *,  aux  travaux 
■/Àw'-^    *^J^    ■  4  '"^  depionnierseldesapeurs 

"^^  -,:^iiil^_  ,  ^^*^  py  jY  (^Qyg  autres  usages 
de  la  vie  de  campagne  ou 
de  garnison;  c'est  ce  qui 
exj)lique  leur  abondance 
dans  les  (■(ablissemenls  militaires  de  la  région  rhénane '. 
i'sayes  industrich.  —  l'our  ces  usages,  nous  ne  pou- 
vons que  renvoyer  aux  noms  des  métiers  dont  la  liache 
est  Tinslrument,  ou  aux  noms  spéciaux  que  lui  fnnt 
donner  une  forme  ou  un  emploi  déterminés,  ,s-«m/7.s  étant 
le  terme  général  sous  lequel,  quels  que  soient  celte  forme 
ou  cet  emploi,  toutes  les  variétés  de  la  hache  peuvent 
être  comprises  [ascia,  bipennis,  dolabka,  malleusJ.  Rap- 
pelons seulement  que  la  hache  servait  aux  ouvriers  de 
la  ville  ou  de  la  campagne  '',  non  seulement  pour  la 
coupe  ou  le  travail  du  bois',  mais  encore  pour  la  fabri- 
cation des  objets  de  métal  *  ;  qu'elle  était  employée 
pour  les  terrassements,  les  travaux  de  sape  '\  la  taille 
des  pierres'";  qu'elle  iigurait  dans  l'outillage  des  pom- 
piers de  Home  [vigilesJ.  Toutes  les  formes  connues 
aujourd'hui,  hache  proprement  dite,  cognée,  hermi- 
netle,  doloire,  bisaiguë,  pic,  marteau,  se  trouvent  repré- 
sentées sur  les  monuments  de  l'antiquité  grecque  et 
romaine.      A.  J.-Hein.u;ii. 

SLiMTIO  lMa.u:stas,  p.  1538,  visj. 

Sli(;.MEI\TlIAI.  —  On  peut  désigner,  sousce  terme  gc'ué- 
ral,  des  ornements  rapportés  sur  une  étoile,  cousus  |iar- 

•Tac.  Ann.  W.  Vk  -  2  Tac.  llm.  W,  M.  —  0  l'olyl..  .K  (siùgc  .le  llaïUia- 
gèuc);  Liv.  XXI,  II,  8;  Virg.  Aen.  Il,  47',i;  Tac.  Auii.  III,  lli,  13;  Uisl.  III, 
aO,  It;  29,  S.  Josoplic  {Dell.  Jud.  III,  115)  i-niploie  le  Icinie  de  «ftt.u;  pour 
désigner  la  liaclie  réglcraciilairc  du  légionnaire.  —  '»  Ve^ot.  Il,  i5.  C'esl  ce 
•|U*on  voit  sur  la  colonne  Trujane,  pi.  .vx\ix-\li,  lxiv-vhi.  \c,  xcui.  c,  cxiv  et 
csvi;  sur  la  colonne  Aiilonine,  pi.  xxix,  cv,  civi.  Lucain,  Wiars.  Ut,  4  jll,  la  donne 
aux  soldats  aliattunt  une  forêt  ;  ils  s'en  servent  encore  pour  détruire  xm  pont 
(Kroehucr,  Medmlhiis  vumums.  p.  III  i,  pour  élargir  des  chemins,  Vegct.  111,11; 
l-'tontin.  Stral.  IV,  7,  i.  —  5  Voir,  entre  autres,  0.  Ilauser,  Mndonissa  ;Zuricli, 
ItinV),  pi.  XXI  et  XXV  ;  I,.  Jacobi,  StmWunj,  p.  ioil,  pi.  xxxui,  lig.  i7  ;  WcshiiiUschc 
/ciUchrifl,  11107,  pi.  m  (Saailiurgi  ;  iMem,  l'J07,  p.  490  (lliddernlieim);  Uoniur 
Julirbticlitr.  mm.  p.  I7i  (Kirn);  IS7!i.  p.  isl  iKrelz);  ISS'J.  p.  17  (Coljern  (ion- 
dorf)  ;  Dbcri/erm.-f.imcs,  VUI,  »  ;  XIII,  p  10  (long.  0,38)  ;  XIV,  pi.  xvi,  37  ;  NX, 
p  .  V,  l'.i,  il,J3;  XXV,  pl.  lu;  XXVI.  pi.  x.  _  r.  Cf.  le  texte  alexandrin  pul.lié  par 
II.  Weil,  /Icv.  des  et.  i/reci/nea,  IS'JS,  iH,  où  \ipi'Ulcus  <pii  sert  au  travail  des 
champs  es)  dite  sa/j;.  Les  paysans  africains  révoltés  se  servent  de  haches,  Hero- 
diau.  VIII,  10,  i3;  de  même  ceux  île  Sicile,  cent  .-ins  auparavant,  Uiod.  XXXIV, 
18.  —  •:  Virg.  (leori).  IV  331  ;  Am.  Il,  Ci7  ;  Moral.  Cunii  IV,  *,  57  ;  Ov.  ,l/c(. 
VIII,  706;  l'haedr.  Ah*.  IV,  7,1;  \al.  l'Iacc.  .Icv.  I,  \ii;  Sil.  II.  l'un.  \,ôl'.l. 
Hache  sur  la  stèle  d'un  conslrucleur  de  i aisseaux.  Huit.  Corr.  Util,  euii,  p.  330. 
—  »  Vo)-.  FcnnuM.  i.APUi»rms,  p.  lo'il.  mftai  i  a,  p.  (  Sb2.  Je  nie  borne  à  rappeler  les 
exemplaires  ligures  sur  la  siélc  d'un  forgeron,  Allmauu,  Itnmisclie  Crnbaltàre. 
iyoa,  lig.  13'*  et  ceux  trouvés  dans  une  forge  romaine  a  Kieindiach,  l.indenschinil, 
Allcrt.  I,  pl.  mvi.  —  9  Liv.  IX,  37  ;  Juv.  VIII,  iis  ;  Colum.  IV,  2*,  i  ;  l'allad.  Il, 
,  2  ;  III,  SI.  Ou  se  servait  pour  ameublir  le  sol  dans  le  gymnase  du  ahiphcion 


SEG 

dessus,  ou,  par  exleiision,  insérés  après  coup  ilans  la 
trame.  Saumaise  en  donne  une  délinilion  incomplète'  ; 
en  réalité,  il  y  a  deux  sortes  de  segments  :  les  bandes, 
en  nombre  variable,  lixi'-es  au  bord  du  vêtement,  et  des 
ornements,  de  petites  dimensions  d'ordinaire  et  de  forme 
gt'omélrique,  qui  y  sont  apposés  presque  toujours  aux 
mêmes  endroits,  en  haut  aux  épaules  et  en  bas  plus  ou 
moins  à  la  hauteur  des  genoux.  L'explication  d'Isidore - 
donne  place  aux  deux  catégories  :  setjmentafa  -zonis  <jiii- 
biisdam  et  quasi  praecisanientis  ornala  :  nain  et partiru- 
lascuicumtjue  maleriae  abscissas  praesaf/ininu  cocuiit. 

La  racine  du  mot  (seco)  indique,  de  prime  abord,  la 
diH'érence  entre  le  scfjmentuin,  pris  strictement,  et  le 
CLAvL's,  dont  on  ne  l'a  pas  toujours  distingué':  c'est  un 
morceau  coupé  dans  une  étoffe  et  appliqué  sur  une  autre. 
Rien  de  commun  donc  avec  le  laliclave  [clavus]  ;  quant 
à  l'angusticlave,  qui  n'était  réservé  à  aucune  classe,  il  a 
pu  se  confondre  pratiquement  avec  le  segment-bordure, 
pour  lequel  la  couleur  rouge  n'était  pas  plus  interdite 
qu'une  autre;  en  ed'et,  formé  de  lils  de  pourpre  tissés 
avec  l'étoile,  le  clavus  pouvait  être  exceptionnellement 
cousu.  Ce  ne  sont  naturellemenlpas  les  monuments  ligu- 
res qui  font  remarquer  cette  diH'érence;  certains  tissus  de 
basse  épotitie,  exhumés  dans  les  fouilles,  la  facilitent  au 
contraire;  mais  les  éditeurs  ont  souvent  omis  de  la  signa- 
ler*. Nous  aurons  du  moins  des  exemples  pour  la  seconde 
des  variétés  de  segments  indiquées  plus  haut. 

La  décoration  par  segments  ne  resta  peut-être  pas 
ignorée  de  la  Grèce  classii[uc  =  ;  à  Rome,  elle  n'apparail 
dans  les  textes  que  vers  le  commencement  de  l'Kmpire  ''. 
Le  premier  témoignage  certain  est  celui  d'Ovide  \  et  il 
semble  indiquer,  par  une  opposition  aux  vêtements  de 
pourpre,  des  segments  d'or.  Vu  la  somptuosité  de  cette 
ornementation,  qui  la  fit  apprécier  aux  derniers  siècles 
de  l'antiquité,  on  serait  tenté  d'en  chercher  l'origine  du 
côté  de  l'Orient.  C'est  bien  un  usage  oriental  que  celui 
des  bractées  en  or  îiiratïeaj,  qui  ne  dillèrent  des  s(v/- 
meiifa  que  par  la  matière  et  étaient  comme  eux  fixées 
après  coup  sur  le  vêtement,  ainsi  que  des  médailles.  Les 
découvertes  d'Achmim-l'anopolis,  d'Antinoé,  qui  ont 
renouvelé  la  question,  et  les  nombreux  exemplaires  ties 
collections  provenant  des  fouilles  montrent  (jue  dans 
l'Egypte  romaine  ou  a,  sinon  imaginé,  du  moins  employé 
à  profusion  le  seymcntttiii.  .Vu  i"' siècle  de  l'Empire,  à 

[sKAPHBUiN  et  GVMNAsTicA.  p.  I7VJ.  —  10  tlEXExETv  sc  dit  cu  grcc  pour  tailler  des  ■ 
pierres,  'Ei.  4p/.  l'-'OO,  p.  lit,  I.  50  et  les  haches  em|iloyées  à  cet  elTet  sont  diles 
itflext.oi  (Dillenberger,  Sijttoije-,  .510,  I.  171.  Une  hache  gallo-romaine  en  fer 
(long.  0,1,5),  Irancfianle  d'un  côté.  oH'ranl  de  l'auti-e  une  surf.icc  ronde  aplanie 
011  on  lit  C*.  \ib{iits)  Poti{tus)  serv.-iit  probablement  à  manprer  les  arbres  au 
nom  de  ce  propriétaire  {liov.  arc/i.  18G3,  I,  71).  l'cul-élre  VAtticits  ipi'on  si- 
gnale gravé  sur  une  des  faces  d'une  hache  pic  en  bronze  liouvée  dans  la  slaliou 
romaine  de  Newstead  avait-il  même  destination.  A'oc,  of  Aniiq.  uf  ScotlanJ,  l'.iOO, 
p.  11.5. 

SEGMi;.\TUIII.  —  I  Sauinaise,  nd  Script.  Iiisl.  .I117.  Il,  p.  M:)  si|.  :  Lalini  liiic 
voce  inteiliylint  tara  aiirata  l'et  fascuts  aitratas  re-'tilnis  et  iirurcipitt;  muticbribits 
jtritetexi  coiisuetas^  tl  eas  masime  ijuibtis  suuuiia  ora  vesti.^  iiraetexebatttr. 
—  -  (Irii/.  XIX.  22,  IS  ;  ventes  sctjtiietUatae  ;  add.  Synnn.  Epist.  IV,  42  ;  segmen- 
tiiti  atnicttis.  —  3  Confusion  faite  par  Mongcz,  Jli'cliKrclies  sur  tes  Ijabiltements 
des  anciens  {.Vém.  de  /Vus/.,  Letl.  et  li.-A.,  IV  (1818),  p.  272  s(|.)  ;  Waddinglou, 
lidit  de  Dioctétien,  XVI,  40  (Paris,  18U4,  p.  33)  ;  et  plus  récemment  par  Korrer, 
Iteallexikun  der  Alterliimer.  Berlin.  1907,  art.  rluvus.  —  i  Forrer  s'en  abstient 
liabiluellemenl,  mais  il  spécilie  que  bien  des  fois  les  vélemi  nls  sont  de  lin,  et  1rs 
bordures  ou  tabutae  eu  laine.  Ces  piéoeciipalioiis  se  lonl  jour  dans  l'inventaire  de 
J.  Baillet,  Tupisseries  d'Anlmw  nu  wua-e  dOrInms,  p,  103  sq.  —  '•>  Pouilaiilce 
n'est  pour  les  segmeiils  en  forme  de  galons  ou  de  bandes-lisières  rpriiiie  pro- 
b,ibilitc  :  v.  .  1  avus.  —  «  D'.iprés  Val.  Max.  V,  2,  I,  dés  le  temps  de  Coriolan,  les 
dames  romaines  furent  nAnns^'S  purpuren  reste  et  aureis  uti  sef/un:ntis.  mais  ce 
médiocre  compilateur  a  dû  commettre  un  anachronisme.  —  '  Ars.  om.  III, 
109;  rapprocher  l'allusion  d'ilor.  Ars.  poet.  15. 


a|ipli<|i 


l'iiicertiliiiie  qui 
Inlinuiii,  s    i\), 
HSsitebatm:  Pou 
di   Storia  dvl  Vestiario, 
late  qui  splendeat  unus 
pannus  s'applique  à  des  ' 
culas  dilores  duas;  cf.   f 


;  cil  celle  mal ièrc  esl  celle  i'enian|ue  "te  CoiTadiiii  {tejïcon 
rien  ne  jusWiic  :  paragauda  intexebatiir,  »on,  ut  iu.stit'i. 
lensiou  de  la  signilication  de  loriim,  v.  Wilpcrl,  In  cn/titoto 
rio,  hoiiia,  IS9S,  p.  m.  —  y  Hor.  Ars  poet.  15  :  Ptirpitrvns 
nus  et  aller  a'fsuitnr  pannus.  Mais  dans  Ter.  Ueaut.  il'*, 
enieiiLs  rapiécéa.  —  *U  V.  lîoiios.  l-l,  8  l'eler:  intei- 
I.  Uiac.   IV,  li.    —  Il  0.  M.  Dalloii,  Calai,  of  mrly 


Christian  anliquities  of  the  lirit.   Mus.  Loudou.   lUOI,  p.   lG>>-9,   n"  951.  Autre 


SEC.  —  ||7:{ 

Sakkarali,   on  t'iiveloppi-  des   momies  dans  de  grandes 
étofl'es  à  liandes  eUi  disques  de  pourpre  '  ;  il  sesl  aussi 
retrouvé  à  pari  des  fragments  d'étoiles,  carres  ou  rectan- 
gulaires ou  lancéolés,  de  couleurs  varic-es,  dont  la  sur- 
face moyenne  est  de  10  à  30  centimètres  carrés-.  Dans 
le  nombre,  beaucoup  sont  encore  fixés  aux  vètemcnls,  et 
les  ré'perloires  négligent  à   tort  d'indiquer,  pour  la  plu- 
part, si  ces  ornements  sont  cou- 
sus sur  le  fond,  tissés  avec  lui 
ou  pos('S  en  broderie  [piirygiOj. 
J«Yl    D'Egypte     nous     n'avons     du 
reste  aucun  spécimen  antérieur 
à  Auguste,  sous   le  règne  du- 
quel cette  mode  s'implanta  en 
Italie.   Dans    une  peinture    de 
Porapéi,  aujourd'hui  au  Musée 
du  Louvre  ',  on  voit  (fig.  6:278) 
la    Muse     Tlialie    vêtue    d'un 
manteau  sur  lequel  esl  fixé,  au- 
dessus  du  genou,  un  segment 
de  la  forme   d'un  carré  long. 
Dans   le  principe,   les    fem- 
mes seules  portaient  des  seg- 
ments';    une    parure    très    eu 
faveur    consistait    en    bandes 
dorées   disposées  autour  de  la 
gorge  et  faisant  comme  ■'  un  collier  [i'aïagu.m,  lig.  ."«."ilil, 
35:20].  Le  luxe  progressant,  cette  mode  s'étendit  aux  vêle- 
ments d'hommes  ;  il  y  eut  des  tuniques  dorées  {(luralac)  ", 
c'est-à-dire   pourvues  de  bandes  brodées  à  fds  d'or,  ou 
de  soie  et  or  cousues  sur  les  pans.    Kt  cette   élégance 
fut  démocratisée    dès    le  iii"  siècle,  s'il   en   faut  croire 
Vopiscus,  au  point  qu'Aurélien  ne  la  jugea  pas  exces- 
sive pour  ceux  de  ses  soldats  qu'il  voulait   récompen- 
ser :    il  leur  donna   des  tuniques  à  deux,    trois,  même 
cinq  segments  \  Loritin  n'est  d'abord  qu'une  des  très 
nombreuses   désignations   employées  pour  ces  ban<les 
d('coratives,   dont  Saumaise  a  laborieusement  relevé  la 
nomenclature:    piÇoo;,  Tcapu-iai,  pi[j.fji.aTa    ou    Tres'.pifjLjjixTa, 
■/.ç,'j'JG'j( ,  àxotvOot,  XiôjjiaTa,  xy.\oi\i.oi, parat/audL's  [i'AiiAGAi:iJ.\], 
cirrjdi',  insliUie,  mit  rg  te  la  ou  margelld,  /i/nOi,  jj/niiii  ; 
termes    peut-être  équivalents,    dont  les  dillérences    du 
moins  nous  échappent  ^.    A  vrai  dire,  cette  multiplicité 
des  rayures,  au  bord  du  costume,  parait  une  exception, 
à  en  juger  par  les  monuments.  Une  seule  suffit  d'Iiabi- 
tude,  surtout  dans  les  premiers  temps;  une  seconde  s'y 
ajoute  tout  au  plus  '.   Plus  tard,  on  en  orne  même  les 
vêtements  de   dessous'",   dont  celui   de  dessus,  relevé 
par  un  bout,  laisse  apercevoir  la  garniture.  On  variait 

I  FoniT,  '/;:.  Cl/,  liï.  U7.  —  if  Oui.  |il.  xii,  lig.  1  ;  Al.  I{ivg\. /Jif  ae,,ij/,t.  ler- 
tilfimilc  im  k.  I.:  ueslen:  AJiiseum,  \Mcii,  ISSU,  p.  VIII;  pi.  i,  i;  iv,  37i  ;  s, 
08!)  ;  .\i,  ti03  ;  A.  Gaycl,  Ann.  du  Musée  Guhntt,  XXVIll  (1908),  pp.  %,  lilli,  1115, 
107,  un;  cf.  Karaliacck,  Die  Tlicod.  Gnifschen  /■'uMc/c  in  Aif/ijplen.  —  3  ;■,(- 
Inre  dErcolnno.  11.  3;  Uclhig,  Wandijemiilde,  878  ;  Mullcr-Wicsdcr,  Denkm.  d. 
nlt.  Kimsl,  il,  735.  _  i  J.iv.  Il,  lii  ;  Ovid.  L.  cil.  —  5  tfcivius,  ad  Aen.  I,  054: 
colloque  moniL\  ornamcnlum  gutluris^  quod  et  segmenlum  dicunt  —  "J  Cf. 
Saumaise,  ihid.  pp.  iU  cl  37U  ;  f'ollio,  Gallieni  duo,  16, i.  Peler.  —  ''  Vit. 
Aureliani,  4tî,G  ;  /tarai/audes  vestes  ipse  primas  militihus  dédit  eli/uidem 
itliis    dilores,   trilores  atiis.   et  utque   ad  pentalo'-es.   —    **    Une     iiiari|ue    de 


SEG 


les  couleurs  d'une  Ijamle  ;i  lautri'.  or,  juimi  |iir',  etc. 
.Mais,  d'autre  part,  nous  lavons  dit,  on  donnait  le  nom 
lie  segments  à  de  petites  pièces  décoratives  fixées  dans 
le  vêtement  aux  épaules  et  à  la  hauteur  des  genoux  11 
n'en  faut  pas  ciiercher  de  représentalion  dans  les  monu- 
ments de  la  sculpture,  car  les  artistes  ont  omis  de  les 
indiquer,  en  raison  du  défaut  de  relief;  mais  les  pein- 
tures, murales  ou  sur  parchemins,  les  mosaï(|ues  et  verres 
dorés  y  suppléent  largement,  l'ourtant,  en  général,  ces 
représentations  ne  donnent  qu'une  iiiée  imparfaite  des 
segmenta;  elles  en  indiiiiienl  les  dimensions  cl  la  forme, 
mais  rarement  le  détail  du  dé- 
cor. Souvent,  du  reste,  ils  ne 
consistent  qu'en  pièces  décou- 
pées dans  une  étoile  unie;  tel  est 
le  cas  pour  une  tunique  de  lin 
du  firitish  Muséum",  qui  pré- 
sente les  divers  éléments  indi- 
iiui's  par  Isidore  :  le  ruban  du 
pourtour  [conao)  et  les  pelil'^ 
fragments  {particnfae),  deux  à 
la  naissance  des  bras,  un  sur 
chaque  épaule  '-,  une  p.iire  aux 
angles  inférieurs  des  pans  de 
(levant  ''  ;  |)arfois  encore  on 
trouve  une  autre  paire  par 
derrière,  au-dessus  des  talons  ''. 
Parexc(!ption,on  voit  une  femme 
avec  deux  segments  sur  l;i  |)oi- 

trine' ■,  un  hommeavec  deuxbandesau  dessusdii  coude'". 
Sur  l'exemplaire  du  Musée  Britannique,  les  segments  sont 
circulaires  et  appartiennent  à  la  variété  des  orbirufi'', 
comme  ceux  qui  ornent  les  vêtements  déjeunes  esclaves 
dansdesfresquesdéj;iciléesailleurs(lîg  .(i27n,  2300, 2301  ; 
cf.  1084.  3077),  découvertes  à  Rome  au  xviii"  siècle '\ 
Les  recueils  d'art  chrétien  (Perret,  Garrucci,  etc.)  dési- 
gnent d'habitude  ces  pièces  de  décor  du  nom  de  cnUiiii- 
lac,  se  fondant  sans  doute  "  sur  deux  passages,  uniques, 
je  crois,  de  la  Passion  de  Perpétue  et  Félicité,  où  il  est 
(luestion  d'un  costume  liabens  multiplires  cal/iciilas  ou 
'f/lliculus  multiformes  ex  auro  et  argeitto  f'actas^". 
Mais  ce  mot  barbare,  corruption  dugallicula  (xpo/àç),  ne 
pouvait  convenir  qu'à  des  pièces  d'ornementation  mo- 
biles, faisant  comme  un  bruit  u  de  galoches  »,  et  non  à 
des  fragments  d'élolTes-'. 

Une  fresque  du  cimetière  de  Sainte-Agnès  montre 
(fig.  6280)  un  ornement  avec  deux  o/'6/c(</«'  bleus  et  blancs 
aux  épaules,  sur  une  tunique  jaune--;  une  ligure  <lu 
cimetière   de  Sainte-Priscille  a  quatre  segments  bleus. 


GJ7'J.  —  Tiriii.|u 
iiU'Mls.le   cou 


(S.  lie  luiii.|uc  coui|ililu  ilau! 
suiit    dissimulés  dans    lûen 

—  13  Garrucci,  Utoria  de 
i.ïi,  4  ;  IV  (1877),  p(.  ucsi 
Achmim-Vanopolis,  Slraslio 

—  I-J  Garrucci,  II,  pi.  .w,  i 
prolialilemeul    l'cxpi'ession 

—  IS   Cassiui,  Vitt.    ont.   r 

—  '^  C'est  ce  que  fait  c 
alcuni  frammenti  di  vasi 
clerer],  Manuel  d'nrchêot. 
oriicmciils  d'éloll'c  ou  de  u 
luae  et  Fclicilnlis,  III,  Il 
elle  des  interprétations  riluî 
de  lart,  VI,  ad  pi.  ix,  fig. 
intérieur  de  la  tunique,  éta 
/en  et  des  d 
pi.  vu. 


5  lîailli'l,  np.  cit.  ().  l-i'.l,  U''  10  :  pi.  X.  s.(.  —  12  Ceux-ci 
des  cas  par  le  nuinleau  ifut  recouvre  la  luiii()ue. 
H'  arte  cristinnu,  l'ralo.  Il  (1873),  pi.  xxin,  1  ; 
11.  —  li  Forrer,  Die  Graeher  und  Jejlitfunde  von 
urg,  IS'll;  pi.  vm,  10-15  et  17;  p.  t4si|.;  pi.  xiii,  I. 
.  —  10  Id.  III(IS73),  pi.  ci.xi,  1.  —  "  A  cux8applii|ue 
de  Tertull.  de  pud.  S  ;  restes  purpura  oculare. 
■ilrorate  net  scaro  aperlo  1780,  Itonia,  1783.  pi.  iv. 
'xpressément  F.  Buonarruolli,  Osserrazioni  sojtra 
antichi  di  rétro,  Fircuze.  17 IC,  p.  33;  cf.  11.  l.e- 
chrétienne,  l'aris,  m07,  1,  p.  87  :  «  Catticulae, 
lélal  pour  la  tunique  ■■-  —  -0  Passio  SS.  Perpe- 
{Act.  Sancl.  va  Marlii,  p.  635).  —  21  On  a  elier- 
distes  de  ces  accessoires  ;  Séreux  d'Agincourt  [f/ist. 
7)  supposait  que  les  ornemeuts  circulaires,  au  hord 
ienl,  dans  les  premiers  siècles,  les  iusignes  des  dupi- 
--  L.  Perret,  Catacontbes  de  Home,   Paris,  1851,  11, 


SEC. 


1174 


SEG 


éjçalemont   sur  liinii|ui' Jaune '.  Mais  les  reproduclioiis 
au  trait  simple  des  |uiiicipaux  répertoires  ne  laissent  pas 
voir  celte  polvclironiie. 

Au    Has-Kinpire,    une    autre 
dénoniination  qui  semble  pré- 
valoir pour  les  segments  ronds, 
plumniid  ou  Tt/.oujxpiia  -,  parait 
se  rapporter  à  leur  exécution 
en    broderie      i-iiincuM    OPi'S, 
p.  iii);.  Les  scittulae  sont  pro- 
bablement   des     segments   en 
forme  de  carré  long,  analogues 
aux    carreaux    qu'on    obtenait 
par  le  croisement  des  rayures 
dans  le  dessin  des  élofles  lis- 
sées '  [textriaa\   Les   tabulae 
ou  tabliae,  txmXIo.:   ou  TaêXw, 
TiSÀia  ',  TtTu/ii  '  sont  les  pan- 
Fig.  liiMi.  -  Tuinr|iic  i  vrbicuii.    neaux  Carrés  largement  étalés 
sur  le  bord  du   manteau   dont 
les  exemples  abondent  surtout  dans  les  cblamydes  liy- 
zantines"    (lig.  triSl  ;  cf.  lig.  I'r20).  D'autres,  bien  plus 
rares,    sont   en  forme   de  feuilles" 
ou  triangulaires  *. 

Les  femmes,  les  premières,  por- 
tèrent des  segments  ;  elles  ont  con- 
tinué à  pratiquer  celle  mode,  comme 
le  montrent,  outre  les  fresques,  les 
miniatures  de  la  Gcnhe  de  Vienne  ': 
puis  les  hommes  de  toute  condition 
(lig.  6282) '",  les  enfants  aussi",  cl 
indifféremment  sur  des  vêlements 
longs  ou  courts'-. 

11  arriva  également  que,  parmi  les 
cliréliens,  on  choisit  pour  segment 
un  découpage  d'étoffe  formant  une 
lettre  de  l'alpliabel,  L,  Z,  X,  1.  T, 
r,  H.  N.  A,  CO,  R,  C,  O,  etc."',  pra- 
tique i)Oiir  laquelle  on  a  cherclîé  di- 
verses interpriHalions. 

Il  n'y  a  pas  lieu  de  sanèler  au  passage  où  Jean  le 
Lydien  "  fait  remonter  au  temps  d'Auguste  ce  qu'il 
voyait  au  vi'  siècle.  Le  segment  d'or  (/pucodTifxov),  alors 
réservé  à  l'empereur  et  à  sa  cour  (ty|Ç  aùX-fi?),  est  la  tabula 
ou  riSXiç,  unique  par  personnage,  très  grande,  d'une 
coudée  carrée  environ,  prenant  invariablement  du  côté 
droit,  et  un  peu  inclinée  du  milieu  du  corps  vers  les 
jambes;  c'est  celui  que  nionlre  la  fîg.  1>2S1  et  qui  apjia- 
rail  en  (ilusieurs  exemplaires  sur  la  mosaïque  de  Saint- 
Vilal,  à  Uaveniie'^,  porté  par  les  minisleriules  du  Ixisi- 

1  Pcrrcl.  III.  pi.  1.  —  2  Chron.  Mes.  I,  p.  613  ;  Procop.  .Ud.  111,  1  ;  t.  III. 
p.  2W,  Uoiiii.  — 3  Scaligcr,  Conject.  p.  os  ;  Salinas.  ad  Voptsc.  p.  n/l,  SOI; 
cf.  ['lin.  H.  liai.  .XXXV,  II,  li;  Ccnsoriii.  fr.  7,  p.  H.  14,  Jaliii.  —  '  Chron. 
Pascli.  p.  m  Uintl.  :  ïsSaîu  ^<'-Joaia.../.uoà...  3:<içBij^â;  Collât.  Porpii.  Oe  caerim. 
Bonn.    p.     4M,    17;    379,    14:    Tarifa,    p.    H,    18;   S74,    9  :    i;i,oo:ciô'/ia    <lis.IS>a. 

—  â  LïJ.  Oe  mai/.  Il,  1.1  :  p.  09,  I.  3-4  Wuinsch  :  w.  J'iv  t.iaTv  l.)ciM,«v  -.aSU:,: 
âv-r:  -iS  «Tvjrîwv.  —  6  La  figure  tiiSl  esl  tirée  du  disque  d'arifcnt  conservé  à  Madriil, 
où  Tliéodoso  esl  représenté  entre  ses  deu\  lils  ;  c'est  linnorius  ipic  l'on  voit  ici  ; 
Uelgado,  A'/  yrun  dise*  de  flieodos.  ;  cf.  (iarriicci,  Stori».  IV,  ccxvn,  3-4  ;  i:<:xix,  3  ; 
ccix,  i;  ccixi.  l-i;c.:xiiï,  3:  . ,  si  v,  l-i  ;  c.:i.il,  i  :  III,  cil.viii,  i.  -  7  KîegI,  llp. 
cil.  :cr.  ci-dessus  oolei.  p.  1173  :IJaillcl.0.c.  pl.xiv,  4;  xvii,3-4.  —  8  Carnicci,  O  I. 
III,  pi  .xcxiv,  3.-9  Cf.  ï.  Harlcl-F.  Wicklioff,  Wteiier  6'f ncsis,  Wien,  ll^9^95, 
p'.ix,  x\i,  XXVI.  —  I"  /hid.  fi\.  xxu,xsxi,\xiv,  XXXVI,  xMi,  ii.v.  La  fig.  fi28i  représen- 
tant un  tailleur  de  pierre  est  tirée  d'une  iniuiaUirc  ilc  Ylliaile  de  .Uilan  (ve  siècle) 
éd.  Slai,  pi.  xim.  —  "  Wien.  Gin.  pi.  xxx;  voir  le  [lelit  Isaiic  du  sacrifice 
d'Abraham    sur  une   niosa'ûpie  de   Rome    ((jarrucci,   Storin,   IV,    pi.    <  ci.xii,    ±). 

—  li    Wien.    Gcn.    pi.    xvi,   xxvii,  xxviii.    —  13  Mais  la  coutume  de  coudre  des 


ôisl.    —    Maiil.- 
Inliuta. 


/riis\  il  se  détache  en  rouge  avec  tili  d'or  sur  des  clila- 
mydes  blanches. 

Le  roi  de  Lazitjue  avait  reçu  de  Justin  la  couronne;  il 


piil  la  iliiain\ilf  de  soie  iilanclie  et  ('changea  le  TioX'.ç  de 
pourpre  contre  le  xiÇÀiç  d'or  impérial,  encadrant  le  por- 
trait de  son  suzerain  ;  sa  para.gaude  blanclie  était  encore 
couverte  de  tJ.o'j^ilIz  d'or,  portant  de  même  des  portraits 
de  l'empereur"'.  Parla,  il  se  déclarait  roi,  mais  vassal. 
L'habitude  s'était  prise  depuis  longtemps  de  multiplier  les 
portraits  sur  les  vêlements  d'apparat  imaiio,  p.  406'  ;  mais 
auparavant,  la  décoration  des  segments  avait  subi  toute 
une  évolution  que  l'on  peut  suivre  dans  les  collections. 

Les  échantillons  égyptiens  les  moins  récents  présentent 
d'abord  des  ornements  linéaires,  géométriques,  méan- 
dres et  entrelacs '^  ;  passé  le  début  de  l'Empire  appa- 
raissent de  grandes  feuilles  à  demi  stylisées  ;  les  repré- 
senlalions  mythologiques'*  sont  fréquentes  encore,  la 
chasse  el  les  exercices  du  cirque  ;  on  imagine  les  rehauts 
de  blanc,  pour  obtenir  des  fonds  sur  lesquels  se  détaciient 
les  ligures.  La  polychromie  se  généralise  vers  le  temps 
de  Constantin;  la  pourpre  se  combine  avec  le  verl,  le 
jaune,  de  nuances  variées;  après  les  cavaliers  el  les 
ligures  bachiques  prédominantes",  les  symboles  chré- 
tiens se  répandent,  le  monogramme  du  Christ  avec  A  Cl'"! 
la  baleine,  la  colombe ,  aux  iv"-v"^  siècles,  la  mythologie 
cède  la  place  aux  représentations  purement  chrétiennes  : 
.\nnonciation -',  figures  de  saints,  scènes  de  la  vie  du 
Christ-'-.  Vn  des  plus  curieux  spécimens,  du  iV  siècle,  a 
pour  sujet  un  guerrier  et  une  danseuse  nue-';  tout 
autour,  en  bordure,  une  rangée  de  médaillons  enfermant 
(les  animaux,  lions,  lièvres,  ou  des  corbeilles  de  fruits". 

Ces  ligures  de  personnes  ou  d'animaux  étaient  appelées 

lettres  sur  les  vêtements  ne  date  pas  d'eux;  cf.  .Vpid.  J/t7.  VI,  4.î.  Surtout  dans 
les  niosa'i'iiics;  Garriicci,  iàid.  IV,  pi.  ccvii  ;  ccxi,  2  ;  r.cxii  ;  ccxv,  3;  ccixivi  ; 
txxxxix,  2;  ccxi.  ;  ccxi.i,  2-3  ;  cc\i.in.  Ou  liieii  la  letti-e  esl  inscrite  dans  un  fragment 
carré  :  ibid.  pi.  ccxviii,  2.  Simple  svastika  sur  l'épaule  et  les  genoux  d'un  fossor; 
voy.  rossoH,  fig.  3281.  Autres  svasiikasap.  Baillel.  O.  c.  pi.  i,5;  Calirol,  Uictionii. 
d'arch.  clirét.  I,  2,  p.  223-J,  fig-  78i.  —  n  Z)c  mag.  II.  1;  p.  58  ;  I.  IS  sq.  Wueusch  ; 
add.  Il,  13  ;  p.  69, 1.  i  sq.  —  <»  Bin:  arclicol.  XIII  |18  lU),  pi.  r.si.v-vi  ;  Garrucci, 
.s'/oritt,  IV,  264;  3  ;  add.  p.  21.  fig.  12.  C(.  encore  Colieu,  SJédailles  impériales. 
l'aris,  VI  (1862),  pi.  xiv.  —  16  Chron.   Pasch.  p.  613-4,  Dind.   Cf.  iuaco,  p.  40i;. 

—  17    Kuirer,   /leallcTikoii,  pi.    xii.  li.g.  2;    pi.    xiii,  fig.  2:    Baillel,  p.    H9  s.|. 

—  18  //»«/.  pi.  XI III.  lig.  I  (Wris  et  Hélène,  lu'  siéclej  :  fig.  i  (adoration  de  Bac- 
clius)  :  pi.  xiiv,  fig.  2  (llépliaistos  Iravaillanlau  bouclier  d' Achille).  —  ''J  /*iif.  pL  xi.iii. 
lig.  2;  pi.  XMV,  fig.  1  ;  pi.  xi.v,  fig.  I.  —  »  /liid.  fii;.  143-145.  —21  l'I.  xi.vi,  fig.  i. 

—  S2  ri.  xi.ï,  lig.  2  (iv  siècle)  ;  pi.  xi  vi,  lig.  3.  —  23  CI.  xi.v,  fig.  1.  —  21  Kappro- 
rher,  dans  la  collection  de  Vienne  iHiegI,  Op.  cit.),  l'enfant  ailé  tenant  devant  lui  un 
canard  ;  des  animaux  inscrits  dans  des  cercles  ;  deux  cavaliers  imberbes,  au-dessus 
il'nn  lion  cl  d'une  panthère  (pi.  iii,  n''624;  pi.  xiii,  n«628);  Baillct,  p.  58  sq. 


SEC. 


11 7:;  — 


SEI 


siffi//{f,  L'I  sii//7/fit<i  rcs/inipntri  l(!s  cosluini'S  où  elles 
iHaiiMil  lisst'C's,  brodées  ou  cousues.  C'étaient  comme  des 
tableaux  ambulants  '  ;  de  là  encore  les  noms  do  Scjoito; 

ou  i^ioOKOTÔç  ytziov-. 

Un  dernier  terme,  aurjuel  il  faut  nous  arrêter,  est  celui 
de  tvv/i/r/.  On  a  pensé  qu'il  ([('signait  un  ornement  en  relief, 
obtenu  par  des  segments  épais,  en  bandes  ou  en  petites 
pièces  rondes  ou  carrées  ;  telles  les  bractées  en  somme, 
telle  une  plaque  d'or  circulaire,  provenant  encore  d'Egypte 
et  destinée  à  être  cousue,  comme  rindi(iuenl  les  trous  de 
la  péiipliéric'.  On  ornait  ainsi  les  murs  d'appartements 
et  les  fonds  de  coupes  [emb/cmula,  crusiae).  Malheureu- 
sement, celle  explication,  qui  est  celle  de  Du  Gange  *  et 
de  GodefroyS  est  déduite  d'une  constitution  °  de  Théo- 
dose, Arcadius  elHonorius  (393),  où  il  est  dit  des  acteurs 
de  Ihéàlre  :  His  quoque  ves/ibus  noverint  abslinenduni , 
qunsGraeco  nomine  a  l.atlno  crus/as  voccui/,  in  /juibus 
nlto  fiflmixlus  co/ori  puri  robur  muricis  inardexrit.  Or 
l'ancienne  lecture  :  a  Lnlino  cruslas  \  parait  écartée 
délinilivemenl  par  la  dernière  variante  admise:  alethino- 
cruslns*,  plus  conciliable  avec  l'ensemble  du  texte. 
Celui-ci  interdit  aux  mimes  l'usage  des  pierres  précieuses 
et  des  vêtements  d'or  ou  de  soie  à  figures  [aii/illalh)  ;  il 
défendrait  en  même  temps  celui  de  la  pourpre,  permettant 
sous  celte  réserve  les  couleurs  variées,  et  même  l'or  sans 
gemmes,  collo,  brachiis,  chif/ulo,  et  tout  ceci  parait 
comprendre,  à  la  fois,  les  ornements  tissés  et  ceux 
d'applique'.  Parmi  ces  derniers  nous  pouvons  précisé- 
ment compter  les  ca/liculae,  sortes  de  boutons  d'or  ou 
dorés,  que  définirait  très  bien  l'expression,  un  peu 
postérieure,  crepilanfiasegmen/a"'.  Les  segments  n'au- 
raient donc  pas  été  maintenus  toujours  aux  mêmes 
places  exclusivement"  ;  les  ceinturons  (Haient  IVéquem- 
ments  garnis  de  plaques-  d'or  ou  d'argent;  cet  usage  est 
attesté  dès  le  i"''  siècle'-,  et  l'inventaire  des  objets  pré- 
cieux donnés  à  un  temple  de  Nemi  mentionne  une  cona 
cum  sefjmeniis  argenteis'^  ;  au  m"  siècle  s'ajoutent  les 
perles  et  pierreries  interdites  aux  acteurs". 

Au  vr,  Ennodius'"  emploie  les  mots  in  ser/menlis 
ponere  k  propos  delà  nomination  d'un  consul;  or  la 
toge  consulaire  de  ce  temps  est  représentée  sur  les  dipty- 
ques décorée  de  cercles  et  de  carrés,  sans  intervalles  et,  en 
général,  tous  pareils  (fig.  lOOtià  1913).  Segmenta  ne  doit 
pas  désigner  ces  ornements,  sans  doute  tissés  ou  appli- 
qués en  broderies'";  ou  bien  il  faudrait  croire  à  un  abus  de 
langage,  compréhensible  vu  la  portée  très  large  et  très 
vague  de  ce  mot.  On  reconnaîtra,  d'ailleurs,  si  peu  qu'on 
creuse  le  sujet,  combien  il  présente  encore  d'obscurit('S. 


1  ■;);  To;,o.  vtYfa'iiiJ.oi  {Asle.iiis,  in  Iwinil.  I  île  Dirile  ri  Imzkvo,  p.  3  Ku- 
hcn.).  —  2  l'ollui,  VU,  13,  fr.  ;i5;  cf.  Amni.  M,irc.  .VIV,  (i,  il.  —  3  I'oiilm, 
Die  friih-  chrisll.  AUerlhûmer  ans  ilem  Graebci-felde  vim  AcImimPnnoiMlis, 
Slrashouig,   1»9:),  p.  18,  fig.   14,  el  sur   la  feuille  de  tilre.  —  *  Gloss.  Int.  s.  i: 

—  ô  Cod.  Iheud.  cd.  nov.  V,  p.  4-i5.  —  C  Ihid.  XV,  7,  M.  —  1  Ou  dau- 
tres  proposées  jadis  ;  ne  Lnlino,  ou  Latini  ;  v.  Godefroy,  L.  cit.  —  **  C.  Tfieod. 
éd.  Mommsen-Kruger  ;  àAriOivô;  = /*i/r/><(reiM- (dans  le  grec  médiéval)  et  xî'"'!*"  = 
cofur.  —  'J  Voir  à  I'Aiiacauoa  les  niesiires  k'gislalivcs  concernant  les  segments  de 
bordure;  rien  n'autorise  à  les  étendre  aux  autres  variétés.  —  II*  Sidon.  Apoll. 
Eiiist.  S,  9{lindu  v  siècle).  —  H  Los  satr.ipes  d'Ai-ménic  i-ecevaientde  l'empereur- 
Ijyi^antin  leurs  iiisi^nies  :  une  robe  de  soie  décorée  de  toutes  parts  (iia-/Tu/,ô(iEu)  de 
ces  ornements  d'or  "  qu'on  appelle  n'Aounixia  •>  (Procop.  ned.  III.  I  ;  t.  111,  p.  -*i", 
l;„„„,.  _  12  Pliu.    H.    n.  XXXIII,    lli.     —   13    C.   i.   lai.    XIV,  â2l-S,  1.  14-13. 

—  It  (lullien.  duo,  10,  4;  Cnrin.  17,  1  ;  llerodian.  V.  2,  4.  A  un  objet  de  ce  genre 
appartient  vraisembbiblenient  la  plaipie  d  or  incrustée  dn  musée  de  l'eslli  (Ues- 
jardius,  Musée  nutioual  hongrois,  Buda-l'esth,  1873,  pi.  xi.viu,  n"  i37  a),  l'our  les 
éléments  du  collier,  v.  Buonarruotti,  Vetri  cimit.  p.  157  ;  Perret,  liesc'c.  des  jd. 
p.  45.  —  '^  l'aneij.  in  Tlieoduric.  IV,  p.  260,  1  llartel.  —  <(i  ci 
uoNscL,  p.    14»0.    —  17   Juv.    VI,   80;  Kl  seijmentatis  dui niisset  panula 


Ajoutons  enlin  i|iie  les  costumes  ne  recevaient  pas 
seuls  des  segments;  on  avait  recours  au  même  procédé 
pour  les  pièces  d'ameublement  :  lits  et  couvertures  ' ", 
coussins  liturgiques  {/onilin)  '*,  rideaux'-';  les  portières 
servant  de  fond  de  tableau  sur  la  mosaïque  cit(''e  de  Saint- 
Vital,  à  Uavenne,  sont  embelli(^s  de  lobii/ae,  coiiiiiu'  les 
riches  habits  des  personnages-^".     Virron  Ciimmit. 

SEISACllTIIEIA.  —  Avant  les  réformes  sociales  intro- 
duites par  Solon,  il  existait  à  Athènes  une  classe  d'indi- 
vidus nommés  TteÀctTai  [pelataij,  ÉxTï,|jLopoi  [uekticmohoiJ 
ou  0-?|Teç,  au  profit  de  qui  le  grand  réformateur  accomplit 
ce  que  ses  contemporains  ont  nommi;  la  çeim/iid'-j.,  expres- 
sion signifiant  qu'il  les  a  débarrassés  du  lourd  fardeau 
qui  pesait  sur  eux.  Mais  quel  était  ce  fardeau  et  en  (juoi 
a  consisté  prt'cisément  la  seisachtliie?  C'est  là  une 
question  très  délicate  et  très  discutée  et  sur  laquelle  les 
auteurs  anciens  eux-mêmes  n'étaient  pas  d'accord. 

Dans  une  première  opinion,  qui  a  rencontré  des  par- 
tisans surtout  en  Allemagne',  les  £XT-r||xop&i  sont  des  pro- 
priétaires libres,  mais  endettés,  qui  n'ont  pu  remplir 
leurs  engagements  le  jour  de  l'écht-ance,  soit  de  la  dette, 
soit  même  des  intérêts,  et  qui,  en  vertu  de  la  loi  rigou- 
reuse sur  les  dettes,  sont  obligi'S,  comme  les  lots  étaient 
inalii-nables,  d'abandonner-  les  cin(i  sixièmes  de  leur 
récolte  à  leurs  créanciers.  La  réforme  de  Solon  aurait 
alors  consisté  à  abolir  les  dettes  de  ces  ixT-r^iiô^oi  et  aussi 
la  redevance  dont  ils  étaient  tenus,  ainsi  qu'à  ôter  aux 
créanciers  le  droit  d'asservir  leurs  débiteurs.  Un  certain 
nombre  de  textes  semblent  bien,  en  effet,  borner  la 
réforme  de  Solon  à  une  abolition  de  dettes.  Telle  est  la 
signification  que  lui  donne  Plutarque-.  C'est  également 
en  ce  sens  que  s'exprime  Aristote  dans  sa  Conslilulion 
des  Athéniens,  oi'i  il  dit  que  "  devenu  maître  des  affaires, 
Solon  délivra  le  peuple  dans  le  prissent  et  dans  l'avenir, 
en  défendant  d'engager  son  corps  pour  dettes,  et  il  abolit 
les  dettes  privées  et  publiques,  ce  que  l'on  nomme  aeica/- 
dsict  »  '.  Tel  est  aussi  l'avis  de  Denys  d'IIalicarnasse,  Iléra- 
clide,  Dion  Chrysostome  et  Diogène  Laërce  ''.  Prétendre, 
comme  on  le  fait  dans  une  autre  opinion,  que  la  réforme 
de  Solon  aurait  consisté  dans  l'abolition  de  la  clientèle, 
c'est  perdre  de  vue  que  la  clientèle  n'est  guère  qu'une 
conséquence  de  la  conquête  et  que  les  clients  ne  sont  que 
les  anciens  habitants  réduits  en  servage  par  des  étrangers 
victorieux.  Or,  dans  l'Attique,  ainsi  que  l'attestent  tous 
les  témoignages  qui  nous  .sonj,  parvenus,  les  Ioniens  qui 
y  sont  établis  ne  s'y  sont  point  présentés  en  conquérants  ; 
un  accord  s'est  établi  entre  eux  et  les  indigènes,  qui  a 
rendu  possible  la  fusion  entre  l'ancienne  et  la  nouvelle 


—    1»  AcI.  An-. 
VI,  io;c,  1.    H) 


I  117  :  disnimheules  Inyniilnis  nl/.is  sriimrnlnl is  (C.  i.  I. 
ai  IS3  (iU'J'J,  11,  1.  Ili-I7);  il  mai  ills  (iloi,  I.  13);  -lit: 
lt;ll4,i.  l'.').  —  rj  Au  musée  d'Orléans  est  une  pièce  de  ten- 
ture d'Antinoé  (Baillet,  n"  45,  pi.  u),  où  sont  cousues  îles  bandes  alternativement 
monochromes  et  multicolores.  —  M  (Jan-ncci,  .S(orin,IV,  pi.  ci;r  iiv,  i  ;  cf.  .:i:javu,  1. 

—  BiBiiocnAPHiE.  Saumaise,  Uo.lefroy,  Loc.  cit.  ;  l-'r.  Wieseler,  lias  Uipti/clion  (Jui- 
rininnum  :u  Brescia.  (;i-iltingen,  l«68,  pp.  37  sr|.,  44,  note  38  ;  Manpiaidt,  Vie p^- 
m'H  des  Ilomains,  Ir.  fr.  Il,  p.  188-100  ;  C.  Jullian,  Alélanij.  de  Hume,  U  (I88Ï), 
p.  12  sq.  ;  Forrer.  ouvr.  cités;  Jules  Baillet,  les  Tapisseries  d'Antinoé  an  musée 
dOrtéans  I^AJém.  de  la  soc.  urchéol.  et  liht.  d«  l'Orléanais.  XXXI  (1007),  p.  !l5-t6-'0. 

SiilSACIITIIKIA.  1  Scliœiuaun,  Antiquités  r/reci/ues  (trad.  Galuski),  t.  I,p.  37ti  ; 
llermann-Tliumser,  lleclitsallerliimer,  p.  375  ;  Bôckh,  Oie  Slaalshaushaltunlj  der 
Alhem-r.  t.  I,  p.  578,  note  a;  (Jrote,  Hist.de  la  Grèce,  II,  p.  77  sq.  ;  Curtins,  Hisl. 
,1e  In  Grèce,  t.  1.  p.  405  sip;  Miiller-Busolt,  Handhuch  der  klassisclien  Alter- 
tumswissensclmft,  t.  iV,  I,  p.  145  ;  Gilbert,  Hundbuch  der  i/riechischen  Stnatsalter- 
tumer,  t.  I,  p.  141;  Martin,  Carniiers  athéniens,  p.  40;  Guiraud,  La  propriété 
foncière  en  Grèce,  p.  4-il.  -  --!  l'Iutarcli.  -Solo,  lil7.  —  3  Arist.  .l(/ic».  resp.  o.  li. 

—  4  Dion,  lialic.  5,  l'.ô  ;  lleracbd.  1,  3  ;  Uio  Clu-ysost.  31,  00;  Uiog.  I.aerl. 
I,  2,  1. 


SRI 


lITti  — 


SEK 


liii|nil.iliiiii.   I.iii>^tiliiliiin  lie  la   clicnU'li'  on  du   snrvago 
n'y  aurait  donc  aucun  fondcnicnl  liisloriquc. 

Voici  alors  (piclli'  aurait  i-lc,  dans  ce  |ircinicr  syslouic, 
la  cause  de  la  rcroriiii' opérée  par  Solon.  Les  Eu|iatriiles. 
les  nohles,  possi-danl  des  richesses  mobilières  considé- 
rables, ainsi  que  les  meilleures  lerros  situées  autour 
d'Alhènes,  avaient  refoulé  vers  le  nord,  dans  la  partie  la 
moins  fertile,  nommée  Diacrie,  les  petits  propriétaires. 
La  situation  de  ces  derniers  élail  devenue  de  plus  en 
plus  misérable.  Peu  à  peu.  appauvris  et  ruinés,  ils  ont  dû 
enn)runter  aux  riches,  au\  nobles,  et  comme  la  terre  est 
inaliénable  el  insaisissable,  le  créancier  a  le  droit,  s'il 
n'est  pas  payé  à  Téchéance,  de  saisir  tous  les  ans  les 
cinij  sixièmes  de  la  récolte,  ce  qui  entraîne,  à  brève 
(■•cliéance,  la  ruine  complète  el,  en  outre,  Tesclavage  de  la 
dette.  Mais  les  opprimés  devenant  tous  les  jours  plus 
nondjreuxel  plus  redoutables,  la  guerre  sociale  menaçant 
à  l'intérieur,  alors  qu'à  l'extérieur  Athènes  était  impuis- 
sante et  humiliée,  on  se  décida  à  confier  à  Solon  la 
mission  de  résoudre  ce  grave  problème  social,  et  la  solu- 
tion qu'il  y  donna  en  .'jit't  consista  dans  l'abolition  des 
dettes  et  de  la  redevance  des  cinq  sixièmes.  Ce  fut  la 
seisachtiiie.  La  terre  est  délivrée  et  cette  délivrance  se 
manifeste  par  l'enlèvement  des  bornes  hypothécaires, 
desopoi.  Cette  délivrance  est,  d'ailleurs,  accompagnée  de 
celle  des  citoyens  vendus  comme  esclaves. 

Dans  une  autre  théorie,  proposée  par  Fustel  de  Cou- 
langes',  les  £XTf,[iûDoi  délivrés  par  Solon  étaient  les  clients 
(|ui  cultivaient  les  terres  des  Eupatrides  ;  ils  finirent 
par  obtenir,  non  pas  la  propriété,  mais  la  possession 
de  leurs  lots,  moyennant  le  paiement  d'une  redevance 
fixée,  à  l'époque  de  Solon,  au  sixième  de  la  récolte. 
La  réforme  de  Solon  aurait  alors  consisté  dans  l'abo- 
lition de  la  clientèle  et  de  la  redevance  el  dans  la  recon- 
naissance du  droit  de  propriété  personnelle  conféré  à 
ceux  qui  n'étaient  auparavant  que  les  clients  ou,  en 
quelque  sorte,  des  serfs. 

D'après  Fustel  de  Coulanges,  l'instilutiiui  île  la  clien- 
tèle ou  du  servage,  si  elle  ne  peut,  à  .Mliènes,  comme 
dans  d'antres  cités  grecipies,  être  le  résultat  de  la  con- 
quête, y  est  la  conséquence  naturelle  de  la  constitution 
du  -[évoq.  La  famille  attique  aurait  compris,  en  eflet,  sous 
l'autorité  d'un  chef  unique,  deux  classes  de  rang  inégal  : 
d'une  part,  les  individus  naturellement  libres;  d'autre 
part,  les  serviteurs  ou  clients,  inférieurs  par  la  naissance 
mais  rapprochés  du  chef  par  leur  culte  domestique.  A 
l'origine,  quand  les  familles  vivaient  isolées,  les  clients 
demeuraient  avec  la  famille.  Mais  quand  la  cité  lui 
l'ondée,  ils  cherchèrent  ;\  sortir  de  la  famille.  Le  mailrc 
leur  assigna  un  lot  de  terre  i]u'ils  linircnl  par  culliver 
non  plus  pour  lui,  mais  pour  leur  propre  compte,  moyen- 
nant paiement  d'une  certaine  redevance.  Les  Diacriens, 
qui  labouraient  ])éniblement  les  flancs  de  la  montagne 
où  on  les  avait  reli-gués,  linirenl  par  devenir  si  menaçants, 
(|ue  l'on  dut,  i)ar  l'inlermédiaire  de  Solon,  leur  donner 

I  l-iisl.-i  ,U.  ConlaiiK'S  '  ,/,•  „„/,,,„■,  In.  IV,  11-.,  20^  Nourcllcs  reci-erches, 
p.  50  cl  supra,  Voir  attica  hisimuih  a,  p.  3!  i.  V.  Haiis  le  im>me  sens  Clore,  Mè- 
Irqiiet  alliénient,  p.  3M  si|.  :  Beauchcl,  l/isl.  Ju  droit  /irivi-  de  la  République 
alhinienne,  I.  Il,  p.  529  sc|.  —  2  l'iularcli.  .S'o/o  ;  M.  —  :i  Ibid.  15.  —  t  Arisl. 
Allien.  Ileap.  c.  10.  —  ^  Cf.  Scliii'cnaiin  OaliisLi,  l.  I,  p.  377  ;  Marliii.  p.  57  ;  lijl- 
Lcrl,  p.  Hi  :  (ii-olc, //»iV.  l.  I,  p.  IX;  ll.riiianu-Tliumser,  p.  375.  V.  toutefois 
Hullsih,  liriech.  n.  rôill.  Melrol.  p.  iOO  sq. ,  Curlius,  l.  I.  p.  3lii;  Waclismulli, 
Hrll.  allerl.  I.  I,  p.  472;  Droyscii,  Zum  Atûuztnsin  Mliins,  m  lier,  der 
Uerl.  Ahid.  I«S2,  p.  1195. 

StKOMA.  —  1  Sur  les  mesures  lîUlons  clicz  U'saiioiius,  v.iv.  li.i-i;kli.  .]/elor  ijol. 


snlisfarlinn  en  abolissant  la  clienlèle  et  imi  ilonnanl  eu 
pleine  propri(''ti''  aux  clients  la  leiie  diinl  ils  n'avaient  que 
la  diMiMilion  ]iri'caire.  (Jiiaiil  à  la  reilrvaiire  ilu  sixième, 
Siilnn  la  siipininia  ou  peut-être  la  ri'iliiisil  à  un  laiix  tel 

i|iir    le  ralliai    en     devint   facile.    La    riinsi'i|ii -e   de   la 

ri'foriiie  fut  aussi  renlèvement  des  0:01,  mais  considé'rés 
comme  des  bornes  saintes  et  attestant  que  b;  champ,  uni 
à  la  famille  de  l'Knpalride  par  un  lien  sacri'.  ne  pourrait 
Jamais  élre  alii'iii''. 

Ce  système  de  la  clientèle  a  pour  lui  de  nombreuses 
analogies.  Il  se  concilie  parfaitement,  d'autre  part,  avec  ce 
que  raconte  Plutarqiie'-  de  la  situation  des  thètes  libérés 
par  Solon,  qui,  dit-il,  labouraient  pour  les  riches  en  leur 
payant  une  redevance  de  la  sixième  partie  du  produit. 
Sans  doute,  certains  auteurs  anciens  font  consister  la  sei- 
sachtiiie dans  l'abolition  des  dettes.  Mais  la  raison  en  est 
que,  faute  de  documents,  qui  ne  pouvaient,  d'ailleurs, 
exister,  ils  n'ont  pu  comprendre  quelle  était  la  servitude 
dont  Solon  a  libéré  une  partie  de  la  population,  surtout 
que  le  régime  de  la  (jenu  avait  disparu  après  Solon,  au 
point  qu'on  en  avait  perdu  même  la  notiim. 

Une  dernière  explication  de  la  seisaclithie  a  été  donnée 
par  certains  auteurs  anciens,  au  nombre  desquels  se 
trouve  Androtion^  Cette  réforme,  d'après  eux,  aurait 
simplement  consisté  dans  un  changement  apporté  au 
titre  des  monnaies,  par  suite  duquel  100  drachmes  nou- 
velles équivalaient  à  75  drachmes  et  demie.  Solon  aurait, 
en  même  temps,  réduit  le  taux  des  intérêts  pour  alléger 
le  fardeau  des  di'biteurs.  Mais  cette  explication  est  géné- 
ralement rejelée  par  les  partisans  du  système  de  la  rede- 
vance, comme  par  ceux  de  la  théorie  de  la  clientèle.  On 
ne  comprend  pas,  en  eflet,  comment  la  seisachtiiie, 
réduite  à  cette  simple  signification,  aurait  été  un  sou- 
lagement suffisant,  soit  pour  de  malheureux  proprié- 
taires à  qui  on  n'aurait  continué  de  laisser  que  le 
sixième  de  leur  récolte,  soit  pour  des  clients  endettés  à 
qui  on  aurait  toujours  refusé  le  droit  d'être  proprié- 
taiies  du  sol  qu'ils  cultivaient.  La  réforme  attribuée  à 
Solon,  en  ce  qui  concerne  le  changement  dans  le  titre 
des  monnaies,  est  vraie,  sans  doute.  Mais  Aristot.e'  l'at- 
teste formellement,  elle  est  bien  distincte  de  la  seisacli- 
thie. Elle  l'a  suivie  et  complétée  dans  un  sens  favorable 
aux  débiteurs  '.      L.  Beauciiet. 

SEHOMA  (i^YiXioui-/).  —  Ce  mot  di'signanl  des  mesures 
étalons'  figure  sur  un  marbre  de  Di'los  qui  porte  la 
dédicace  d'un  épimélète  à  .\pollon-.  Une  inscription  de 
l'ouzzoles  semble  employer  de  même  l'adjectif  saco- 
iiiiiriiis  :  deux  défunts  y  sont  qualifiés  de  inenxor  idem 
l'I  sfiroiiKiriits  'K  Sannna,  toutefois,  qui  se  rencontre  deux 
l'ois  chez  V'itruve,  y  a,  au  contraire,  la  signification  de 
peson  d(!  balance,  contrepoids'.  Le  substantif  au  moins 
n'a  donc  pas  été  latinisé  dans  le  sens  du  grec. 

Nous  ne  connaissons  pas,  d'autre  part,  d'équivalent 
proprement  latin.  Seuls  les  imHrologistes  modernes  ont 
créé  à  cet  effet  l'appellation  de  «(c/(.s'rt  jioiu/erarid,  ou  celle 

rn<ei-si/f/iiiil!/.  p.  l2eUS8-HI0,el  .V(rtua/iniis/.n//.  l.  111,  p.  itâC.  l.a  source  fomla- 
nienlalcesl  pour  A  llitnes  l'inscription  Corp.  iuscr.  y  mec.  I,  153.=  Corp.  inscr.altic. 
Il,  +70.  Ilullsch  {Griecli.  und  rùnt.  Melrol.  i'  i-d.  p.  100),  daprts  les  lignes  9-10 
de  cette  inscription  :  aî  Sî  4p/.«i  «ï;  olvôfioi  ^laooToiTTojTtv  to-ï;  xat£.înrjaI-Ti4ESa]  aù^pr>'i.tt 
»i»i».i;i«Tar«i[n]idiAEvttiiï-û;  zt  -à  yifoà  xu\  Tô  Ir.ç't,  distinguerait  des  mesures  iMalons  au 
sens  strict,  ipialifires  de  oiufoia,  les  mesures  simplement  coulrôlées  auxquelles 
s'appliquait  la  désignation  de  «.-..«iioia.  —  2  Uull.  cvrr.  /lellén  t.  II.  IS78,  p.  10, 
n"  3  ;  t.  III,  IS79,  p.  374,  n"  15...  r,[|.]o;  i.oSixou  Maf(.».;v.<.;  iK.^ù^vIf,  iT;>.<.u  ■,,^i- 
nt.o;  „r,^ur.«.  <rit>|ooî  *,i»!S;|»vou  'AiA),oi.,.  —  3  Corp.  inscr.  lai.  I.  X,  1930.  Cf.  un 
passade  ol.scur  de  saint  Jiîrùme,  In  Ion.  t,   li.  —  *  Vilruv.  IX,  3  et  9. 


SEK 


—  1177  — 


SEK 


lie  pondéra  ri  iiin  ' ,  i|ui,  on  Va  vu  [pùmierarum],  dans 
ranliquitt',  désignait  en  réalité  tout  autre  chose,  l'édi- 
lice  où  étaient  conservés  les  poids  et  mesures  étalons'-. 
11  est  donc  difficile  de  dire  quel  était  le  nom  vrai,  sans 
doute  simplement  iiiensurae,  mcnsurae  e.rucqitatae^  ou 
inrtra  '%  des  mesures  étalons  qui  ont  été  découvertes  dans 
le  monde  romain  d'Occident.  Nous  ne  pouvons  pourtant, 
dans  cette  notice  d'ensemble,  les  passer  sous  silence. 

Il  n'est,  d'ailleurs,  question  dans  ce  qui  suit  que  des 
mesures  étalons  établies  à  poste  fixe,  non  des  mesures 
contrôlées  mais  maniables  tit  transportables  comme  par 
exemple  le  célèbre  congius  Farnèse  ■  ou  tel  vase  cylin- 
drique en  terre  rouge  très  fine,  porlanl  l'inscription 
ofjjji.d'T'.ov  et  deux  timbres,  l'un  avec  une  double  chouette 
et  les  lettres  A0,  l'autre  avec  la  léle  casquée  d'Athéna, 
que  M.  Dumont  a  publié  comme  étant  une  choinix 
atlique  '. 

La  première  en  date  des  mesures  étalons  romaines  et 


Via.  Ci»3.  —  Musi 


iu  l'oiiii»: 


la  plus  remarquable  par  sa  forme  exceptionnelle  est  celle 
qui  a  été  recueillie  en  1S16  au  forum  de  Pompéi  '  et 
qui  est  conservée  au  Musée  de  iNaples  (fig.  6283j.  Le  bloc 


± 


-^hsm^ 


-w^- 


Fig.  «284.  —  Cou|ie  sur  la  ligm-  des  cavités. 

de  tuf  oii  elle  a  été  creusée  présente  deux  tables  sur 
chambranles  superposées  %  creusées,  la  table  du  bas  de 

1  Sur  le  mot  pomlerarium,  voy.  Promis,  Voc.  tal.  di  architct.  poster,  a  VUrtnio 
(eitr.  des  Meni.  d.  Ace.  d.  Se.  di  Torino,  se.  nior.  stor.  e  fdol.  scr.  Il,  t.  .XXVlll, 
p.  S07-ii;i),  p.  1G7-1C8.  —  2  Voy.  t.  IV,  1"  pari,  p  dV7-d48.  _  3  Exemplaires  do 
i'ompci,  de  Timgad,  de  Klianiissa,  de  Kossovo  cités  ci-dessuus,  inscriptions  de 
Krescia  (Cotp.  insci:  ht.  t.  V,4468),  de  Lambèse  {/bid.  t.  VIII.  3i9i  ellS177),  de 
Tcnès  (lùid.  t.  VIII,  96CC),  dAlbacina  (/6/rf.  t.  XI,  369".).  —  4  Exemplaire  de  .Min- 
tuincs.  —  5  Voy.  t.  I,  !2«  part.,  p.  1444,  fig.  1898.  —  s  Dumont,  C.  r.  ik- 
VAc.  des  Imcr.  ISC7,  p.  Jôd-S  0,  lier.  arch.  1872,  t.  Il,  p.  297-:i03,  insir. 
céram.  p.  417  s^.  =  Alél.  darcli.  et  d'épii/r.  XVII,  p.  I26-IS3  ;  Hultsji,  p.  Iiiy. 
note  4.  Voy.  encore  Vasi|uez-yneipo,  Essai  sur  les  sijst.  métr.  et  monét.  des 
itnc.  peuples,  t.  I,  p.  525;  île  Wilte.  /ler.  arch.  1862,  t.  I.  p.  333-333,  C.  r.  de  l'Ac. 
d'-s  Jnscr.  1863,  p.  71-74  et  186B,  p.  383-36'i.  —  7  Mazuis,  Iliiines  de  Pompéi, 
t.   111,    p.    54.  pi.  XI.;  Manciai,  Giorn.   d.  scari,  iiuov.  ser.    t.   Il,  p.   144   si|.  ; 

Vin. 


—   riaqn 


cinq  cavitt's  de  grandeur  décroissante  de  dmile  à  gauche 
{fig.  0:28't)  et  en  outre  sur  les  ctjlés  de  cavités  plus  petites 
dont  l'une  est  à  demi-couverte  par  un  chambranle,  la 
table  supérieure  de  deux  cavités  seulement.  Un  trou,  que 
pouvait  fermer  une  plaque  de  bronze 
mobile  (lig.  ()283),  de  même    qu'une  '■"■■  --^^^jt* 

autre  plaque  de  métal  servait  de  cou- 
vercle, est   percé  au  fond  de   quatre      XÂfeÉB^=' 
des  cavités   principales   et  procurait 
l'écoulement  des  matières  jaugées.  11 
reste,  près  des  différentes  cavités,  des 
traces  de  caractères  d'où  l'on  peut  conclure  que  le  monu- 
ment, dans  son  état  premier,  remontait  jusqu'à  l'époque 
préromaine.  Sur  la  tranche  supérieure  se  lit  en  outre 
l'inscription  suivante  qui  parait  pouvoir  être  datée  de 
l'époque  d'Auguste  :  A{ulus)  Clodius  A[uH)  faihis)  Fluc- 
riis  N{uine  rius)  Arcneus  I\\umerii)  f{ilhis)  Arellia{nus) 
Caledus  \  d(uum]v(iri)  J{ure)  dykunduj  mensuras  cxae- 
quandas  e.r  dec  itrioniim)  dec)'(cto)''. 

.Naples  possède  encore  une  autre  mesure,  trouvée  à 
Minturnes  en  ISil'",  établie  à  leurs  propres  frais  par  les 
soins  de  deux  autres  duumvirs,  L.  Gellius  Poblicola  et 
C.  Caedicius,  qu'un  sénalusconsulte  avait  chargés  de  pro- 
céder à  la  vérification  des  poids  et  mesures,  pondéra  et 
melra  exaeqtturunt"  :  elle  consiste  en  une  pierre  rec- 
tangulaire portant  cinq  cavités  dont  trois  sont  munies 
d'un  trou  d'écoulement. 

Telle  est  aussi,  et  c'est  la  forme  d'un  usage  constant, 
une  mesure  récemment  exhumée  à  Timgad  et  que  la 
libéralité  d'un  édile  du  nom  de  Celeriniis  avait  fuit  exi-- 
ctiler  pour  ses  concitoyens'-.  Trois  grandes  cavités, 
percées  par  le  bas,  sont  disposées  dans  la  longueur  : 
elles  mesurent  respectivement  0  m.  39  de  diamètre  sur 
0  m.  20  de  profondeur,  0  m.  35  sur  0  m.  20,  0  m.  26  sur 
0  m.  15,  et  correspondraient  à  l'amphore,  au  modius  et 
au  demi-modius;  dans  les  intervalles  laissés  libres  ont 
pris  place  deux  cavités  plus  petites,  non  percées,  de 
0  m.  14  etO  m.  10  de  diamètre.  Les  fouilles  poursuivies 
sur  un  autre  point  de  l'Algérie,  à  Khamissa,  ont  en  outre 
lait  découvrir,  reposant  encore  sur  des  supports  dans 
un  angle  du  forum,  deux  autres  tables  anépigraphes, 
dont  l'une  porte,  comme  les  exemplaires  précédents,  des 
cavités  hémisphériques  au  nombre  de  quatre,  et  l'autre, 
au  contraire,  présente  la  particularité  que  les  cavités, 
également  au  nombre  de  quatre,  y  sont  à  ouverture 
carrée  et  en  forme  de  parallélipipèdes  légèrement 
arrondis  à  la  base,  les  cavités  les  plus  grandes  ici  encore 
('■tant  percées  d'un  trou  qui  communique  avec  la  surface 
inférieure  de  la  pierre '^ 

Les  deux  prétendues  mesures  signalées  en  Gaule,  l'une 
à  .\gen",  l'autre  à  Maule'%  sont  trop  douteuses  pour 
qu'on  s'y  arrête.  De  la  première,  en  admettant  que  ce  soit 
bien  une  mesure,  le  caractère  antique  n'est  pas  certain. 

Brctou,  Pompeia,  p.  117;  Overbeck,  Pompeii,  p.  53,  50;  Ibid.  4«  éd.  rcv.  par 
Mail,  p.  63-64,  lig.  23  ;  Vasquez-Uueipo,  t.ll,  p.  375;  Eggcr,  Mém.  de  lu  .Suc.  nul. 
des  Aiit.  de  Fr.  t.  XXV,  1838,  p.  87-90,  fig.  I  =  Métli.  d'hist.  une.  p.  197  s.|.  ; 
Mau,  Pompéi,  p.  92  ;  P/id.  trad.  Kclsey,  p.  92-93,  lig.  34;  Uusroan,  Pompéi,  lig. 
p.  156  et  p.  203-200;  Tlicdeual,  Pompéi,  Vie  publique,  p.  .50-51,  (ig.  31;  .Msscii, 
Pomp.  .'Slud.  p.  71.  Il  semble  qu'un  ait  encore  découvert  au  forum  de  i'ompéi  un 
autre  exemplaire  formé  de  «  deux  petites  tables  posées  de  même  l'une  sur  l'autre  et 
contenant  aussi  des  mesures  »  (brclon.  Pompeia,  p.  118),  —  »  La  lable  supé 
rieurc  est  aujourd'hui  détruite;  une  copie  moderne  se  voit  à  Honipéi.  —9  Corp. 
iiLscr.  lai.  t.  X,  793.  —  m  Kuesch,  lliwia  d.  Mus.  di  Napoli,  n'  1234  ;  Bull.  d.  Inslit. 
1841,  p.  180;  Egger,  p.  103  et  lig.  V.  —  "  Corp.  inscr.  lut.  t.  X,  0018.  —  12  lla- 
piiat,  C.  r.  de  lAc.  des  Inscr.  1903,  p.  490-495.  —  '3  lliid.  p.  493-497.  —  il  Huit, 
delà  Soc.  .\nt.  de  fr.  1906,  p.  162-160.  —  I5yéirf.  1903,  p.  ISI-183. 

148 


si::k 


II7S 


SEK 


Moins  élahli  encore  est  lusage  de  la  pierre  de  Manie,  «jui 
dlll'èrerail  complèlemenl  des  exemples  connus:  l'opinion 
la  plus  aulorisée  y  voit  une  sorte  d'appareil  à  lillre  ou  à 
lavage  qui  ne  serait  pas  antérieur  au  xii''  siècle  '. 

Il  faut,  en  revanche,  rattacher  entin  aux  exemplaires 
qui  peuvent  être  qualiliês  de  romains  une  intéressante 
mesure  étalon  de  Kossovo  en  Bulgarie  -,  dont  non  seu- 
lement la  dédicace,  qui  émane  d'un  ;/i/mna^i\urr/ia 
L'/iipori  Pùrtensiiun  '\  est  rédigée  en  latin,  mais  dont 
les  mesures  paraissent  appartenir  à  un  système  romano- 
oriental.  Tn  peu  plus  seulement  de  la  moitié  de  la  pierre 
a  été  conservé.  Le  milieu  en  étaitoccupé  par  deux  cavités 
àorilices rectangulaires,  comme  sur  l'un  des  exemplaires 
de  Khamissa,  désignées  par  les  légendes  a-r,y.6ôi(o)v  et 
(xo[o!o.:].  Sur  le  côté  sont  quatre  cavités  à  orilice  circu- 
laire, superposées  deux  àdeux,  deux  semblant  destinées 

à  l'huile,  -JijjLeiva,  li'7T-r^ç  il-r,ç,{i;),  deux  au  vin,  V||XEiv7, 
îédTirj;  o''v(ou). 

Venons  maintenant  aux  mesures  étalons  trouvées  dans 
le  monde  grec  '  et  auxquelles  convient  à  coup  sur  le 
terme  de  cT|Xa)ixa  -•.  L'un  des  plus  anciennement  connus 
est  un  bloc  de  marbre  blanc  trouvé  à  Ouchak  en  Plirygie 
el  dont  la  surface  est  percée  de  sept  cavités  circulaires 
de  grandeur  inégale,  désignées  comme  correspondant  à 
des  mesures  définies,  telles,  pour  ne  citer  que  les  plus 
connues,  que  le  fxoîio;,  la  /oïvi;,  le  SixotuXov  *■  :  la  face 
antérieure  porte,  au-dessus  d'une  guirlande,  la  mention 
'AXé;avopo;  Aoxijxsù;  ÈTiotei,  soit  Alexandre  de  Dokimeion, 
ainsi  que  l'a  compris  le  premier  éditeur  M.  Wagener,  soit 
Alexandre  le  3o>.;|A£Ù;,  équivalent  de  ooxi^i.'xtjTrfi,  le  vérifica- 
teur, exuctor  ou  iiequator,  comme  le  préfère  M.  Egger  '. 

Les  trois  ou  quatre  autres  monuments  mélrologiiiues 
de  provenance  athénienne  qu'a  signalés,  en  même  temps, 
ce  dernier,  une  sorte  de  vase  cylindrique  avec  une  rigole 
d'écoulement  au  fond  *,  un  autre  analogue  '',  un  troi- 
sième encore,  qui  ne  fait  peut-être  qu'un  avec  un 
des  précédents'",  et  un  dernier  de  forme  assez  voisine, 
mais  plus  petit  ",  ne  sont,  M.  Egger  lui-môme  le  recon- 
naît, ni  d'une  antiquité  certaine  quant  à  leur  emploi,  ni 
d'une  destination  indiscutable.  Le  Musée  d'Athènes, 
ci'pendant,  possède  au  moins  trois  exemplaires  en  marbre 
de  véritables  aT|Xw(jiaTa  attiques  à  plusieurs  cavités, 
deux  à  cinq  mesures  '-,  sur  l'un  desi|uels  se  voit  en  outre 
une  rigole  courant  sur  deux  des  bords  et  aboutissant  à 
une  sixième  cavité  latérale  placée  en  dehors  de  l'aligne- 
ment des  premières'%  et  un  à  quatre  mesures".  D'un 
(juatrièine  il  ne  reste  plus  que  la  face  portant  la  dédicace 
EÙTtuptoTi?  a-copxvojjio;  YSvofAevoi;  tôv  Îu^ôv  xai  xi  [AÉxpx 
yv£Or,/.cv  '■'.  Un  cinquième  se  trouve  au  Musée  du  Pirée  "'. 

Trois  autres  (jY,/.o)ji.a.Ta  ont  été  découverts  en  Thrace. 

'  Chu  aulic  mesure  éUlon  a  élu  découïcrle  à  Bicgeim  sur  le  lac  île  i^oiislaiice 
(C.  r.  de  VAc.  des  Jiiscr.  l'JOÔ,  p.  l;i:i,  noie  i).  —  2  Sbornik,  I.  VIII,  p.  S4  ; 
von  Uoraasiewski,  Arcli.  epiijr.  MMlinl.  ans  (listcrr.-Unyani,  I.  XV,  IS9i, 
p.  Ut-150;  C.  r.  lit:  VAc.  <lt!s  Inscr.  |y05,  p.  lyti-i'JT.  —  'i  (Jorp.  inscr.  lui. 
I.  III,  liilï.  —  l  11  ne  sera  pas  parlé  ci-pendaiit  d'un  oi^tta-^a  Irouvé  à  Sèlinonlc 
(.Mati-Kclsey,  l'ompci,  p.  113)  sur  le<iuel  toute  inilicatioil  fait  dél'aul.  —  **  M.  Cler- 
niont-Ganncau  a  pulilié.  dapiés  le  I'.  Gerniei -Durand  {Echos  d'Orient,  \w\, 
1.  V,  p.  TV),  une  pln<]ue  de  marlire  trouvée  eu  l'alesline,  percée  d'ouvertures 
rcclangnlaires  ipii  la  traversent  de  part  en  part,  en  indiquant,  mais  à  titre  très 
liypoliiétii|uc,  qu'on  pourrait  pi-nser  à  un  ar,i<.>|x«  {liée,  d'arclt.  or.  t.  Vlll,  §  :!7, 
p.  i(tH--i\i.  —  <•  L'un  des  aiif^lrs  porle  en  outre  une  mesure  de  longueur  d  un  sys- 
tème indéterminé.  —  ~'  Wagener,  Not.  sur  un  mon.  mi'trol.  drcuurert  en  l'Itrytjie, 
citr.  dos  Mém.  des  sav.  étrang.  de  lAc.  de  llruretles,  t.  XXVIl  ;  Kirckli,  Klein. 
Schrift.  t.  VI,  p.  -.'Cl  ;  Eggep.  p.  9I1-9S  et  (ig.  1  ;  llnlt^cli.  p.  :i7J,  noie  .1.  —  8  Eg- 
ger, p.  ton,  (ig.  3.-9  Ihid.  p.  100-101.  —  "I  Ibid.  p.  lOl-lUi.  —  H  Ibld.  p.  lUi, 
lig.  IV.  —  la  Syliel,  Katal.  d.  Scnlpt.  :u  Mlien.  n"  9i.î  el  iiis.  _  13  /d/rf. 
W  tiH;  Koumanoudis,    Kz.ifi.  t8l'>j,p.  :!'<,  pi,  ix,  1.  —  <i  SylicI,  n"  11^7  ;  Kekule 


L'un  à  (iaims,  au  iionl  de  Galli|)oli,  taillé  avec  soin  et 
portant  la  mention  iepo;,  a  quatre  mesures,  savoir  un 
'^u.î(extov,  une  Tpi(xoTÙXri),  une  xo(TÛX-fj)  et  une  /-(([aixo- 
tùXt,)  ".  Deux  autres,  à  Panidon,  sont  :  l'un,  un  fragment 
ne  comportant  plus  qu'une  petite  mesure  marquée  y,(- 
[X!xoviJXïi),avec  un  monogramme  el  le  mol  àYOfa[vd|xo;]  '*; 
l'autre  un  <7f^x.io^a.  qui  comprenait  originairement  au 
moins  cinq  cavités,  mais  dont  trois  seulement  sont 
aujourd'hui  enlières  :  nulle  indication  de  valeur,  mais 
sur  la  tranche  antérieure  la  mention  ÈTt't  àyopivoiAou  «Paivi'it- 
TTou  suivie  d'un  caducée'''. 

Du  Péloponnèse  vient  le  (r/^xtofia  de  (îytiiion  ;lig.  (1:286), 
qui  est  plus  qu'une  simple  dalle,   une  sorte  de  meuble 


Fig.  6JS6,  —  Sékoma  de  (jylliion. 

porté  par  deux  chambranles  lali'raux  el  excavé  en  avant, 
el  dont  les  cinq  cavités  disposées  en  quinconce  sont 
désignées  comme  un  /oC;,  un  (xootoç,  un  7;u.i£xtov,  une 
xotOXti  et  peut-être  une  -r^^îvct-''  ;  la  dédicace  nous  ap- 
prend qu'il  fut  consacré  aux  dieux  Augustes,  sans  doute 
Marc-Aurèle  et  L.  Verus,  par  un  agoranome  du  nom  de 

KarpOS,  Weotç  JUs.j^xiyxoU  xal  ty,  TtoÀsi  KipTto;  [ àlyopavou-t^v 

•zvsOtjXev  xi  [jLÉxpa-'.  Un  autre  (T/ixtojjia  consistant  en  un 
bloc  de  marbre  façonné  en  forme  de  cuvetle  a  été  décou- 
vert à  Trézène^-. 

Naxos  el  Délos,  enfin,  ont  IVnirni  loiili,'  une  série 
de  (7T,x<û[jiaxa.  Le  (7r|X(ij|jia  de  Naxos  élail  fait  pour  six 
mesures,  dont  cinq  sont  des  mesures  très  petites  et  sont 
réunies  dans  un  même  rectangle  où  le  Irop  plein  répandu 
s'écoulail  dans  une  cuvette  ménagée  à  cel  elTel  :  il  a 
encore  ceci  de  particulier  qu'il  porte  dans  deux  angles 
deux  matrices  rectangulaires  qui  recevaient  évidemment 
des  poids  étalons  el  que  l'une  de  ses  extrémités  est  occu- 
pée par  une  ligne  de  signes  numériques  constituant  un 
abaque  ou  table  à  compter-'.  La  riche  collection  des 
(7T|Xttiu.aTa  de  Délos,  réunie  au  Musée  de  Myconos,  n'a  pas 

Oie  ant.  OUdu:  im  Theseioii.  n»  3lil.  —  >■■  Koumanoudis,  Et.i-,o.  U)ir,v.  ISOC. 
p.  ::0  ;  Curtius,  Pliilol.  t.  i!>,  p.  7t'l  ;  Corp.  iiiscr.  nlt.  t.  111,  9*i.  —  16  llaussoullier, 
.ititenes  et  ses  cnrir.  (guide  Joanne),  p.  170;  l'ougèrcs,  Athènes  et  ses  envir. 
(guide  JoiÉinic),  p.  ICi.  —  O  Uumont,  JRer.  nrch.  tSCli,  t.  Il,  p.  i06,  où  il  le  donne 
comme  vu  à  tiliora,  Arcli.  UtS  Miss,  i'  sér.  t.  V|,  p.  401!,  3e  sér.  I.  III.  p.  160  = 
.ViH.  p.  118,  l:i3,  i07,  4i9-iJ0,  n"  88  ;  Cappadopoulos  Keranicus,  •()  t,  Ko.ï  no,  v- 
f.ouBdX.  l).>.r,..  st■>.^,■k^>^.  SiiX,.-,-,  t.  XVlll,  ts6U,  p  loi.  —1»  Uumont,  Arch. 
des  Miss.  2»  sér.  t.  VI,  p.  «S,  3«  sér.  t.  III,  p.  159  =  Mél.  p.  118,  JOS,  407,  h»  «3. 

—  19  Musée  d'Atliènes  :  Pybel,  n»  9:a  ;  Uumont,  Arch.  des  Miss,  i*  sér.  t.  VI, 
p.  407,  3' sér,  t.  111,  p.  159;  /Icr.  arch.  1S«9,  t.  Il,  p.  203,  IS^i,  t.  Il,  p.  2i9.-23l  = 
Met.  XV,  p.  116-119.  13t-13>.  i07-:!O8,  407,  n»  82.  —  20  Musée  d'Alliéncs  :  Sybcl, 
n"  9i4:  Eustraliadis,  Es.  dp/..  1870,  n"  416;  Curtius,  PMtot.  t.  29,  p.  700; 
Arch.  Zeit.  t.  28,  p.  17;  Le  Bas  l'oucarl,  /user,  du  Péloponnèse,  p.  117-118, 
n"  241.  —  21  Le  supplément  Htoî;  est  confirmé  par  un  poids  en  lironze  d'iléracli'e 
conservé  au  Kritisli  Jluseuni  (Wallcr.<,  Cat.  of  the  lir.  in  the  Urit.  Mus.  n"  997 1. 

—  23  Bull.  corr.  hellrn.  t.  XXIX,  1903,  p.  298-300.  —  2.)  Musée  d'Athènes: 
Sybcl,  n"  926;  Uumont,  lier.  arch.  11*73,  t.  Il,  p.  43-17  =  Mél.  XVI,  p.  120-125. 


SEL  —  1179 

oncorr  ('II'  |iulili(''i'  '  :  signalons,  oiilri'  un  Ty,z<.>[xa  iiilncl 
cl  ili'iix  fragmcnls  sur  lesquels  nous  n'avons  pas 
(II'  renseif^ncnicnls  -,  un  r:r/.i<tu.ai  irun  dcnii-niédimno 
déjà  mentionné  en  lèle  de  cri  article  pour  le  mot  de 
(7-f|X(ou.a  qui  y  est  inscrit'',  trois  autres  i7y|X(ji_u.a-a  égale- 
ment d'une  seule  mesure,  l'un  portant  une  dédicace  de 
C(aius)  .Iulius  Ciaii)  f'ilius)  Caesar,  père  du  dictateur, 
les  deux  autres  consacrés  à  Apollon  par  Ariaralliès  liTtiji' 
e).y,[tY|;]  £[i7:op![c,u]  ',  un  fragment  d'un  (7/-y.oju.ï  à  deux 
cavités  "'    et    deux  <7T,x.ô|AaTa    à   quatre    mesures,     dont 


Fig.  6387.  —  Srkomade  Délos. 

l'un  (^flg.  ()287)  montre  bien  comment  les  quatre  mesures, 
munies  chacune  d'un  trou  d'écoulement,  sont  elles- 
mêmes  placées  dans  une  dépression  où  le  liquide,  qui 
avait  pu  déborder  lors  du  jaugeage,  était  recueilli  '^. 

Le  caraclèi'e  sacré  des  cfixiôixara  résulte  expressément. 
au  moins  pour  celui  de  Ganos,  celui  de  Oytliion  et  trois 
de  ceux  de  Dc'Ios,  de  la  mention  Upoç  ou  Heo?(;  i^E^acTor:  ou 
'AitoÀXiovt.     Etiennk  Miciion. 

SELEI'KEIA  (Se),£u)c£!7.).  —  Fête  célébrée  à  Erylbrées, 
en  loiiie,  en  l'honneur  d'un  Séleucide;  elle  est  men- 
tionnée, concurremment  avec  des  Dionysia,  dans  deux 
inscriptions  de  Delphes'  et  une  de  Rhodes^,  toutes  trois 
gravées  par  les  soins  du  peuple  d'Érylhrées.  Em.  Cauf.n. 

.SELIQIJA.STRIIM.  —  Variété  de  siège.  Les  auteurs  qui 
le  nomment  n'en  ont  pas  déterminé  la  forme  '. 

SELLA.  —  Ce  mot,  contraction  de  sedu/o,  tirée  desei/eo, 
comme  seclile,  xp/la,  désigne,  en  général,  un  siège  et 
comporte  autant  de  variétés  de  sens  que  le  grec  l'opa.  La 
plupart  des  types  de  sièges  en  Grèce  ont  déjà  été  décrits 
à  CATHEDRA,  ainsi  que  divers  types  romains;  d'autres 
seront  étudiés  àsoLii'M;  restent  à  voir  ici  ceux  que  dési- 
gnait plus  spécialement  le  terme  sel/a,  seul  ou  précisé 
par  une  épithète. 

Le  tlij'oniis  était  un  xolium  habituellement  à  dossier 
et  bras  ;  la  cathedra  avait  un  dossier  sans  bras;  la  sella 
n'avait  ni  dossier  ni  bras.  C'était  la  forme  de  siège  la 
plus  commune,  employée,  dans  toutes  les  classes,  par 
liommes  et  femmes'.  .Nue  ou  ornementée,  mais  jamais 
tapissée,  on  la  couvrait  d'un  coussin  [pulvims  avant 
d'y  prendre  place.  La  sella  (jeslatoria  ou  chaise  à  por- 
teurs, dans  laquelle  on  se  tenait  assis,  s'oppose  à  la 
LECTiCA,  oii  l'on  s'étendait,  et  il  a  été  traité  des  deux  à  la 
fois.  Pour  la  sella  fa/iiiliarica  oa  pertusa,  voir  i.athina. 
p.  988;  pour  les  sièges  de  bain,  balneim,  fig.  708. 

On  appelait  parfois  sel/a  le  siège  du  cocher  dans  son 


1  Jlull.  cor,:  helh-n.  l.  XMX,  1903,  p.  18.  —  2  lliiiiioiil,  mi.  p.  Il 
noie  3.-3  BiiU.  eorr.  hellén.  l.  Il,  I8T8,  p.   10,  n»  3;   l.  ill,  I8T!1,  p.  374.  u-   I 

—  V  Bull.   coït,  helén.  l.  XXl.V,  1905,  p.    IS-19.  —  5  /Md.  t.    VIII,    Is84,p.  lii 

—  6  Bull.  corr.  hellén.  1.  XXX,  I90C,  p.  BoS,  lig.  40  et  iiolc  I. 
SEI.KL'KKIA.    1   Cf.    tmienbirgpr,  SytI.ï  i'M.    251    =  Michel,  Itee.  300,    3ii 

—  2  Intcr.  Ilhodi...  0;  cf.  Foucarl,  liev.  arcliml.  ISCï,  p.  Sud. 
SKI.IQUASTItUM.  1   Vair.   Un,/,   lai.    V.   liS;   Fesl.  p.    iCi  :   ll).;in.  Ailr.   I 

10:111,9. 

.SKM.A.  1  Cic.  Cat.  IV.  8,  17;  Verr.  IV,  25,  30.  _2  l'Iiaeilr.  III,  0.  —  3  A 
Gill.  A'.  II».  III,  18:  Fcïlus,  /;■/,*/.  p.  49,  v  Curules.  —  i  Cf.  les  formes  l-\tisr 
phiquts:  cuiiillis  (C.  i.  lat.  X.  531);  «ouooilU.oi  (C.  i.  rjr.  1133).  —  ■  Doù  I 
formes  ;  tk  loco  iu/ieiiore  (CIc.   Verr.  Il,  ii,  lOi)  ;  de  sella  ac  de  loco  superio 


SRI. 

char-  [ciHHis  ;  mais,  en  pratique,  le  mot  s'appliquait  le 
plus  fréquemment  au  siège  officiel  de  plusieurs  magis- 
trats romains,  sous  le  nom  de  srlln  niriilis. 

De  ce  dernier  mot,  l'étymologie  la  plus  vraisemljlable 
est  celle  queGavius  Hassus^  tire  précisément  de  ciirrus^. 
La  disposition  des  villes  anciennes  ne  permettait  pas  à 
tous  de  circuler  librement  en  voiture  dans  les  rues;  les 
magistrats  en  avaient  le  droit  dans  certaines  cérémonies  ; 
à  l'origine  ils  jouissaient  probablement  sans  restriction 
de  cette  prérogative.  Entre  toutes  les  attributions  du 
pouvoir,  la  plus  essentielle  était  la  fonction  de  justice. 
Or  elle  restait  attachée  à  la  personne,  non  à  un  lieu 
déterminé;  d'autre  part,  le  magistrat  agissant  comme 
juge  se  plaçait  toujours  dans  un  endroit  élevé  sur  une 
estrade  "suggestis,  tribunal",  et  il  officiait  assis^.  Sur 
l'estrade  on  posait  la  sella'' \  tribunal  et  sella,  d'après 
les  textes,  paraissent  aller  nécessairement  ensemble; 
cela  fait  antithèse  à  la  formule  de  piano.  Le  magistral  a 
le  droit  de  procéder  assis  à  toutes  les  affaires  qui  le  com- 
portent, telles  que  l'administration  de  la  justice,  la  levée 
des  troupes',  la  prise  des  auspices;  peut-être  même  était- 
ce  une  obligation,  à  peine  de  nullité. 

Le  caractère  symbolique  de  la  sella  du  magistrat  tient 
à  celui  de  la  position  assise:  on  est  en  devoirde  la  quitter 
et  de  se  lever  en  présence  d'un  homme  plus  âgé  ou 
honoré*.  Le  public  agissait  ainsi  quand  le  magistrat 
faisait  son  entrée  dans  l'amphithéâtre,  pendant  les 
jeux'.  A  César  dictateur  fut  conféré  en  708  le  droit  de 
s'asseoir  sur  la  sella  nirulisàa.n<.  la  curie,  à  côté  des  con- 
suls"*; en  710  celui  de  s'en  servir  en  tous  lieux".  On 
l'accusa  d'ailleurs  de  prétendre  au  pouvoir  royal,  quand  il 
refusa  de  se  lever  devant  le  Sénat  '-.  Les  empereurs  témoi- 
gnaient de  leur  autorité  en  s'asseyant  entre  les  consuls. 

Ainsi  le  magistrat  avait  toute  liberté  pour  le  choix  du 
lieu  où  il  rendrait  la  justice,  et  son  siège  lui  était  néces- 
saire, d'où  la  forme  de  la  sella,  siège  pliant,  facile  à 
emporter  et  pouvant  suivre  le  dignitaire,  comme  la  hache 
et  les  verges  ;  et  il  n'est  pas  besoin  de  faire  fond  sur  la 
tradition  "  d'après  laquelle  ces  altae  curules  auraient 
été  introduites,  pour  la  première  fois,  à  Vétulonie  par 
Tarquin  r.\ncien,  qui  les  emprunta  aux  Étrusques.  Les 
rois  ont  dû  se  servir  du  soliim  (Opovo;)  à  dossier  '*  ;  on 
relira  le  trône  et  le  char  aux  magistrats  de  la  République, 
héritiers  de  leurs  attributions;  mais  le  nom  de  ctirulis 
resta  au  siège  du  magistrat  le  plus  élevé,  en  tant  que 
juge;  puis,  même  après  avoir  perdu  toute  juridiction 
sur  la  capitale,  les  consuls  gardèrent  et  le  tribunal  et  la 
sella  ;  tous  deux  se  rencontrent  plus  lard,  à  titre  isolé  de 
simple  distinction,  en  dehors  de  toute  idée  de  juridiction. 

La  se/la  curulis  était  toujours  carrée  ''',  probablement 
en  ivoire  '"  et  d'habitude  soutenue  par  des  pieds  recour- 
bés'', de  hauteur  sans  doute  variable.  La  forme  en  a 
pu  être  plus  simple  quand  ce  siège  servait  liors  de  Rome 


(l7,îi/.  IV,  40.  S3j  ;  de  sella  ac  liilwnati  {Md.  Il,  38.  9i;  III,  59,  135).  —  6  Uioii. 
liai.  VIII.  45;  Tac.  Aun.  I,  75.  V.  un  nrfdailloii  de  Sidère  Aleiandre  (11.  A.  Gruebii- 
et  R.  S  l'oole.  Roman  MedalUons  in  the  Brit.  Mus.  Londoii,  1874,  pi.  xxnnil,  5  : 
p.  3>)  el  un  autre  de  Valérien  et  Gallien  (pi.  xlvii,  3,  p.  61).  —  7  l.iv.  III,  II,  1  ; 
con.fitles  in  conspecttt  eortim  positis  sellis  delectnm  huliebant.  —  8  Cic.  de  Sen.  18, 
03;  Juven.  XIII.  35.  —  9  Suet.  Claiid.  13.  —  10  Dio  Cass.  Xl.lll,  14.  —  "  Eiceplé 
i,  -.aT,  .a.r„if.5,.  (Id.  XLIV,  41.  —  '2  Id.  XI.IV,  S;  l.iv.  Epit.  CXV;  Suel.  Caes. 
78.  _  13  Sil.  VIII,  487  SI).  —  14  Mais  l'anci.-nm-  histoire  aura  reprisonlt  la  a.  curulis 
coinine  ayant  remplacé  le  solium,  mùmo  pour  les  rois  (l.iv.  I,  30,  3  :  ciirii/i  reQia 
sella).  —  15  La  sella  des  particuliers  fréi|uenimeiil  ronde.  —  "  Sil.  Loc.  cit. 
—  17  Plut.  Mar.  5  ;  Si'.oo;  ii.uidsouv  Dion  Cassius  emploie  partout  pour  la  désigner 
les  mots  m  «çjjticoy  Sissou. 


SEL 


llSd  — 


SEL 


l'I  dans  li's  camps.   Les  inoniiinoiits  nous  monlront,  en 
l'dt'l.  deux  types:  InnhM  cliai(ne  paire  île  pieds  est  en  deux 

branches     incurvées 
comme  des  tenailles, 
suivant     le     modèle 
!<ravé  au    revers    de 
nombreuses  m  o  n- 
naies ,       notamment 
d'une     monnaie     de 
C  y  rêne  (i"'  siècle 
av.-J.-C),    au     nom 
de  L.  Lollius  '  ;  on 
a  retrouvé  un  spéci- 
men de  celte  variété 
((ig.  0288)    dans    les 
fouilles  de  Fompéi  -; 
tantôt  le    pliant    est 
constitué  de  deux  sé- 
ries de  bàlons  paral- 
lèles et  tout  droits, 
reliées  l'une  à  l'autre,  de  façon  à  basculer  librement,  au 
milieu  de  la  longueur  des  bâtons,  à  la  façon  des  ciseaux. 
Tel    est    le  type   d'une 
autre    monnaie    de    la 
même  province,  un  peu 
plus  tardive    d'après  le 
style  '  ;    il    est    exacte- 
ment reproduit(rig.6289) 
sur  une  pierre  tombale 
du   musée  d".\vignon   ', 
qui  laisse  voir  le  coussin 
supérieur  maintenu  par 
des  courroies  ;    le   fond 
était  d'ordinaire  tressé, 
donc   à    jour  '\  C'est   à 
celte    variété    de    sella 
cia-ulis   qu'il   convient, 
selon     toute     vraisem- 
blance,   de  rattacher  la 
sella  caslrensis  qui  était 
placée  pour  le  général 
en  chef  '  sur  le  tribu- 
])rononcait  ordinairenienl   toutes   ses  ha- 


rGoTÂciLîO-CF-VOl: 
OPPIANO  lui  VIR, 


/       m 


litre  les  faisceau 


nal,   d'où 
rangues  ". 

La  possession  de  ce  siège  entraînait  les  qualiilcalifs 
de  ma(jislruliis  carulis  *,  lionor  curiilis^;  elle  allait 
de  pair  avec  celle  des  faisceaux  et  se  trouvait  dévolue  à 
lous  ceux  qu'accompagnaient  des  licteurs  :  le  roi  (indé- 
pendamment du  soliiini),  l'interroi  "",  tous  les  magis- 
trats jMjurvus  de  Vi/ii/ierhnii  consulaire  ou  priHorien, 
consuls",   préteurs'-,   décemvirs    et    tribuns    de    celte 

•  0.  Uac<l0Dal<l,  Calai.  u(  f/reek  coms  in  the  Huii'eriaii  Collectiun,  Glas- 
gow, III  (l'JOS),  pi.  i.:ii,  iti;  p.  576,  n*  6\t;  cf.  66.  —  î  B.  Quaranta,  Mut. 
Horb.  VI,  Uv.  38.  —  3  MacdonaM,  D.  I.  pi.  xcii,  Ï4;p.  577,  n"  75.  —  «Cahier 
cl  Marlin,  Uélang.  darchéol.  I.  p.  I6r,.  —  i  Festus,  Epit.  p.  316.  —  6  Suel. 
Galli.  18.  —  7  Cf.  II.  de  l.ongp^ricr.  lier,  urch'ol.  1868,  p.  106  sq.  —  8  Cic. 
Ep.  ad  Alt.  XII,  3i,  3  ;  l.iv.  IX,  31,  3  ;  XXllI,  Î3,  5.-9  l.iv.  XXXIV,  M,  4; 
XXXVIII,  2H,  1  ;  cf.  XXIX,  37,  I  :  curiili  sella  scdisse.  —  m  Ascon.  In  Mil.  p.  34  : 
magistratus  carulis.  —  'I  Babeloii,  Monn.  de  ta  fti^ii.  rom.  l'aria,  I  (18S5),  p.  414, 
II*  49,  pièce  frappi!'e  parO.  f'ompeiiis  Itiifus,  consul,  en  I  honneur  <le  Svlla.  ancien 
consul  (droit  :  s.  c.  entre  lituus  cl  couronne  :  rov.  :  s.  c.  entre  (lèche  et  brandie 
,\<-  laurier)  ;  cf.  Il  (18'<6  ,  p.  338-9  :  p.  I4,S,  n-  I  ;  p.  514,  l|o  13.  —  *i  ILid.  l,p.  3*0, 
II"  I  ;  11,  p.  360  :  un  casipie  sur  la  chaise.  —  1^  l.iv.  IV,  7,  7  :  carulis  viatjistratus, 
alJ.  III,  4t.  9.  Dans  Kabclon,  I,  p. 331,  n*  8,  une  piiVe  encore  in>'\plii|iiéc  :  temple 
de  Vesta.  j  l'intér.  chaise  curule  :  tj,  Cassius,  <|ui  esl  Domniè,  devait  être  alors 
tribun  du  peuple.  —  1^  Cf.  les  monnaies  des  quaestores  pro  praetore  de  Cyréiiaïiiue, 


Fig.  6i90. 


espèce'^,  proconsuls,  propréteurs  '',  dictateur:  Veloij'nnn 
de  M.  Valeriiis  mentionne  qu'il  eut  dans  le  cirque  une 
cliaise  curule  d'honneur '';  de  son  vivant  Jules  César  reçut 
une  sella  aurea  et  une  couronne  '*;  elles  sont  gravées 
sur  une  monnaie  à  la  légende  :  Caesar  die.  per^\  .\jou- 
tons  encore  le  magisler  eijiiitiim  ",  enfin  les  édiles  cu- 
rules  [aeeules,  p.  96]  ".  Pour  le  praef'eilus  Urbi,  qui  n'est 
qu'un  représentant,  nous  n'avons  pas  de  renseignement 
positif:  il  semble  pourtant  qu'on  puisse,  dans  l'aftirma- 
live,  se  prévaloir  d'une  monnaie-''.  Dépourvu  de  licteurs 
et  de  pouvoirs  judiciaires,  le  censeur  avait  toutefois,  au 
moins  à  partir  d'une  certaine  époque,  le  siège  curule-'  ; 
mais  il  faut  exclure  de  la  série  tous  les  magistrats  infé- 
rieurs. On  y  ajoutera,  en  revanche,  les  magistrats  muni- 
cipaux, parce  qu'ils  ont  les  faisceaux  :  tel  le  quatuorvir 
d',\vignon--  et  un  duumrir  jure  diciimlo  de  Nuceria  '-'. 
Parmi  les  prêtres,  seul  le  /lainen  Dialisa.  la  .<;ella  curulis, 
parce  qu'il  est  investi  de  tous  les  hon- 
neurs de  la  plus  haute  magistrature.  Les 
présidents  de  jeux,  en  principe,  ne  jouis- 
saient pas  de  cette  prérogative-*  ;  c'est 
à  un  autre  titre  qu'on  la  conféra,  pour 
les  jeux  de  714,  au  triumvir  Antoine  et 
à  son  collègue  Octave  (fig.  6290)  -'.  Il  y 
a  là  peut-être  un  de  ces  exemples  de 
faveurs  exceptionnelles,  qui  font  qu'on  voit,  en  37-8  apr. 
J.-C,  Plolémée,  roi  de  Maurétanie,  assis  sur  une  sella 
c(/?'«//s",  comme  la  République  en  avait  accordé  une  à 
Eumène  de  Pergame 

De  par  les  nombreuses  magistratures  accumulées  sur 
leur  tête,  les  empereurs  ont  du  avoir  de  tout  temps  le 
droit  de  paraître  en  tous  lieux  assis 
sur  un  siège  '"  ;  mais  bientôt  ils 
n'usent  plus  de  faisceaux  et  négli- 
gent de  venir  au  Sénat.  Ils  prenaient 
place  aussi,  dans  les  solennités,  sur 
le  siège  spécial  appelé  sella  aurea 
[iMPERATOR,  p.  426^,  qui  ne  dilTérait 
pas  par  sa  construction  de  la  sella 
carulis  (fig.  6-291)  ^^ 

A  défaut  de  la  curulis,  d'autres 
magistrats  avaient  du  moins  une  sella.  Le  questeur,  en 
particulier,  remplissait  à  Vaerarium  des  fonctions  pour 
lesquelles  il  devait  être  assis;  mais  elles  étaient  atta- 
chées au  temple  de  Saturne;  il  n'avait  donc  pas  besoin 
de  siège  portatif;  aussi  sa  sella,  également  sans  dos- 
sier, reposait  sur  quatre  pieds  droits  non  échancrés  et 
ne  se  repliant  pas  ^quaestor^^'.  Tous  les  questeurs,  ur- 
bains et  provinciaux,  étaient  à  ce  point  de  vue  sur  le 
même  rang,  et  aussi  les  proquesteurs  ^";  de  même  tous 
les  présidents  de  tribunaux,  civils  et  criminels,  n'ayant 

suprâ,  note  1;  add.  EaMoii,  1.  p.  379.  u"  4S-*9:  11,  p.  135,  ii'  19.  Pièce  de 
.Malle  :  S.  Head,  Hisl.  uum.  Oxford,  1887,  p  743;  Macdonald,  Hunier.  Coll.  III, 
pi.  xcv,  6  ;  p.  606,  n»  30.  —  15  C.  i.  lai.  I,  p.  384;  cf  .Feslus,  Epil.  p.  344.  —  16  Dio 
Cass.  XLV,  6  ;  en  "13,  Octave  les  eiposa  devant  la  foule.  —  '7  Babelon,  II,  p.  44, 
n»  S9  ;  cf.  p.  45.  —  •<  Dio  Cass.  Xl.lll.  4S.  —  i»  l'iso  ap.  Gell.  Vil  (VI),  9,  6  :  Cic. 
Verr.  V,  14,  36  ;  Liv.  Vil,  I,  5  ;  IX,  46,  9;  Bal.elon.  1,  p.  xi.ix  ;  p.  536,  n'  19  :  11, 
p.  313,  n«  3.  -  20  Babelon,  II,  p  1 13,  n"  8  :  /leyulus  f{ilias)  praef.  {'.-(ti).  chaise 
curule  entre  des  faisceaux  ;  cf.  p.  143-4,  n"  9-10.  —  21  Liv.  XI.,  45,  8  ;  Polyb.  VI, 
53,  9.  —  22  V.  si.prn,  noie  4.  —  2^  C.  i.  lat.  X,  1081.  —  "  Malgré  un  leite,  sans 
doute  inexact,  de  Dion.  Hal.  VI.  93.  -  25  Dio  Cass.  XLVIll,  31  :  {Kg.  6310)  on 
voit  0cla>e  assis  sur  la  s.  c,  tenant  la  Victoire  (Babelon,  11,  p.  63,  n»  153) 
—  2«  .Macdonald,  Hanlercoll.  p.  6H1,  n»  5.  —  27  Dio  Cass.  I..  3;  LIV,  10;  LIX,  13: 
LX.  IC  ;  Suet.  Tib.  17.  —  28  Bronze  de  Trajau,  qui  commémore  l'instilution  des 
A1.1VESTAKU  PLuii.  —  29  Eckhel,  /Jucir.  miin.,  V.  317.  —  30  Ainsi  celui  de  Brulus,  L. 
Seslius  ;  Babelon,  11,  p.  457,  u"  4,  voit  par  erreur  une  s.  carulis  sur  ses  monnaies. 


Fig.  iii\)\.— Sella  aur 


SEL 


—   1181 


SEL 


pas  tiroil  ;ï  la  ri(rii/is.    lùiiiii   les   iiiagislrals  pli'ln'iens 
ont  le  .•iiil'!i('//iiim,  siègp   plus   lias,  si'ivanl  à  iilusii'iirs 

à  la   fois'    [si'liSELLIl'M]. 

L'ornementation  des  xcllae  est  allée  se  développant, 
s'exagéranl  ;  on  en  a  l'indication  par  les  diptyques  du 
Bas-Empire  dont  il  a  été  donné  ailleurs  des  exemples 
[coNSiL,  p.  1476  els.]  '-.  Les  griffes  et  lêles  de  lions  ont 
été  introduites  dans  ce  mobilier  sous  l'intluence  d'id(''es 
clirétiennes.     Vhtor  Ciiai'ht. 

SKLLA  EyiJESTRIS'.  —  Selle  de  cheval.  Le  mol 
xella  dans  ce  sens  particulier  n'apparaît  pas  avant  le 
milieu  du  w"  siècle  de  notre  ère,  et  la  raison  en  est 
simple.  A  l'origine,  les  cavaliers  montaient  à  poil;  la 
housse  plus  ou  moins  rembourrée  qu'on  appelait  ephii'- 
pii  M  fut  ensuite  considérée  pendant  longtemps,  même 
quand  elle  fut  devenue  très  usuelle,  comme  une  commo- 
dité dont  un  homme  aguerri  devait  se  passer,  d'autant 
plus  que  les  anciens  n'ont  ja  nais  connu  les  étriers.  Ce 
fut  seulement  sous  l'Empire  que  la  housse,  par  des  per- 
fectionnements successifs,  dont  gémissaient  les  gens 
attachés  à  la  tradition,  se  transforma  en  un  véritable 
«  siège  ».  Nous  avons  conservé  intégralement,  dans  sa 
forme  latine,  le  chapitre  de  VJùlit  de  DinrhUiei},  qui 
concerne  la  sellerie  :  sella,  désignant  la  selle  de  cheval, 
ne  s'y  rencontre  pas  encore;  la  selle  en  usage  dans  l'ar- 
mée y  est  appelée  scoHDiscrs".  C'est  sous  Constantin  que  le 
mot  semble  avoir  été  introduit  dans  la  langue^,  parce 
qu'fi  cette  époque  la  selle  devient,  en  effet,  plus  lourde  et 
plus  épaisse  ;  et  surtout  on  donne  aux  deux  arçons  plus 
d'élévation  et  de  consistance  qu'ils  n'en  avaient  eu  jus- 
que-là, de  manière  à  augmenter  la  solidité  de  l'assiette  ; 
ils  offrent  véritablement  au  cavalier  un  appui  {fnlcriiiny, 
qui  l'empêche  d'être  déplacé  dans  les  allures  vives. 

Le  bat  des  bêtes  de  somme  [sagma]  avec  son  armature 
en  bois,  ses  appuis  relevés  quelquefois  très  haut  en  avant 
et  en  arrière,  et  cou- 
vert de  bois  et  de  lapis, 
réunissait  déjà  les  élé- 
ments d'une  selle  com- 
mode et  offrant  un  sou- 
tien solide  (lig.  6'29'2)°. 
D'autre  part,  cependant, 
malgré  le  silence  des 
textes,  on  ne  peut  mé- 
connaître, si  on  étudie 
de  près  les  monuments, 
que  la  selle  a  des  ori- 
gines beaucoup  plus  anciennes.  Il  faut  sans  doute 
en  chercher  les  origines  en  dehors  des  peuples  clas- 
siques, dans  les  pays  étrangers  avec  lesquels  ils  sont 
entrés  peu  à  peu  en  relations.  Sur  une  plaquette  en 
ivoire  gravée  de  la  Kussie  méridionale,  œuvre  grecque 
d'une  très  belle  exécution,  qui  ne  peut  pas  être  de  beau- 
coup postérieure  au  v'  siècle  av.-J.-C,  on  voit,  à  cot(' 

I  Ue  même  les  aliji;stali:s  (C.  i.  lut.  V,  lU'iJ).  —  3  C.h.  I.onorniaiU,  np.  iialiiiT 
cl  Marlio,  AJélamjes  tl'anlwotogk,  1,  p.  I57-I!I0,  il  pi.  x\i\.  —  liiiM  iMi.KAiiiit . 
ïli.  Momnisen,  Uroil  pM.  rorn.  Ir.  fr.  Il,  p   2ti-4«. 

»iKI.LA  EVUEii'rillS.  I  Sillon.  Apollin.  Kpisl.  III,  3.  —  2  Edicl.  Uiock-1.,  i-.l. 
ijlumner,  X  {fie  lofamentis),  t.  —  3  Setliie  dans  Nazar.  l'anef/.  Constant.  iPnnei/. 
iWctts,  Baeliivns)  X,  3i.  Mais  cf.  Vegel.  Velerin.  III,  59  ;  VI,  6,  4;  Sidou.  Apollin. 
/.  c.  :  Venant.  Fortnnal.,  Vila  S.  Germani,  fi;  ïtucan^e,  Glofisar.  med.  et.  inf. 
lutin.,  Settd  et  .Sel/iiris.  —  '♦  Sidon.  Apollin.  L.  c.  Fulcrum  dans  ce  passage  pour- 
rail  ôlre  un  (Miuivalenl  oraloirc;  arçon  vienl  en  elTet  de  arcns.  —  '-  irapr6s 
une  pcinlure  d'Herculanum.  Hit.  aErcol.  IV,  44:  cf.  III,  4:1  el  II,  ii.  —  «  Musée 
de  l'Errailage  à  Saiul-Pétersbourg.   S.  Rciuach,  Ant.  du   Bosphore  Cimna'rien, 


d'un  cavalier  scythc  tlésarconm'',  un  cheval  cou  vert  d'une 
iiousse  sur  laquelle  est  posi-e  une  selle  très  nettement 
figurée  '■.Desselles  semblables,  en  usage  chez  les  Scythes, 


J^^^^- 


Fifr.  CiOi.  —  Bit  de 


sont  représentées  (lig.  6293)  sur  un  beau  vase  en  argent 
du  Musée  de  l'Ermitage,  exécuté  pour  un  roi  du  Pont  par 
un  artiste  grec  du  iV  siècle  ^  Les  bas-reliefs  qui  déco- 
rent, à  Saint-Ftemy  de  Provence,  le  mausolée  des  Julii 
nous  offrent  l'image  d'un  cheval  aball  II,  portant  sur  son  dos 
une  selle  avec 
deux  arçons 
proéminents 
(lig.62!)4  ;  au- 
près de  lui  est 
étendu  son  ca- 
valier, untjau- 
lois  frappé  à 
mort  par  un 
Itomain  ;  ce 
tombeau,  d'a- 
près   une    Opi-  Fig.  Oi'Ji.  -  Selle  ganlo.se. 

nion  généra- 
lement acceptée  aujourd'hui,  date  de  la  fin  du  i"'  siècle 
avant  notre  ère*.  Deux  chevaux  sellés  sont  représen- 
tés aussi  sur  les  bas-reliefs  de  la  colonne  Antonine,  au 
milieu  d'une  troupe  barbare  qui  a  joué  un  rôle  dans 
la  guerre  entre  Marc-Aurèle  et  les  Sarmates".  D'après 
ces  exemples,  il  apparaît  clairement  que  la  selle  a  été  en 
usage  dès  l'époque  classique  chez  des  nations  barbares 
de  races  différentes  et  sans  rapports  entre  elles'",  llest 
naturel  de  conclure  que  les  Romains  leur  ont  emprunté 
la  selle,  comme  ils  leur  ont  emprunté  certains  véhicules  "  . 
Celle  opinion  se  confirme,  si  l'on  passe  en  revue  les 
monuments  de  l'époque  impériale  repréisentanl  des 
cavaliers  qui  ont  servi  dans  les  corps  auxiliaires  de 
l'armée  romaine.  Trois  d'entre  eux  ont  été  reproduits  à 
l'article  EOUiïEs  (fig.  2738,  2739,  2740).  Nous  y  ajoutons 
(lig.  6295)  un  bas-relief  sculpté  sur  la  tombe  d'un  cava- 
lier au.viliuire,  qui  a  fait  partie  de  la  garnison  de  Cologne 
au  II'"  siècle  de  notre  ère,  peut-être  à  la  fin  du  1°'  ''^  Ce 
qui  frappe  dans  ces  monuments,  mais  particulièrement 
dans  le  dernier,  c'est  la  saillie  très  accusée  des  deux 
arçons  ;  tantôt  le  pommeau  est  plus  élevé  que  le  troiisse- 
quin,  tantôt  il  lest  moins;  mais  ils  encadrent  très  élroi- 

p,  I  Jl,  pi.  i.xxix,  '.)  =  ,\nlignit(!s  de  la  Jlussie  méridionale,  (ig.  il  I.  — ''  Compte 
rend,  de  lacommiss.  arcti.  de  .S\-/V/ws4.  pour  l.sf,4,pl.  i>  (cf.  OAm.ATUliA,  lig.  975). 
V.  aussi  l'arl.  Eyuts,  lig.  i759.  Vase  peint  de  Sicile  :  Judica,  Antichità  di 
Acre,  pi.  x.x.  Monumcnl  des  Nérùides  à  Xanllios  (slylc  oriculal)  :  JUonnm.  delf 
fstil.  di  Itoma,  X,  pi.  xvi,  —  «  lliilmer,  Jalirij.  d.  arch.  Inst.  III  (ISSS)  p.  13 
el  i'J;  Antike  Denkm.  I  (I8S8)  pi.  xvi,  I  iNordseile).  Moulage  au  Musée  de 
Sainl  Germain.  -  9  l'elersen  el  Doniaszewski,  Marcnssaùl',  pi.  i.xvi:.  —  I»  A  lar- 
licle  EouiTATU.  esl  repréfenlfc  (lig.  37lfi)  une  selle  i|ui  afTccle  la  forme  d'un  i/ri- 
lable    fauUuil;  mais  c'esl    une   selle  de    femme  et  le  monument  est   asialir|ue. 

—    Il  ESSEDUM,  BABMAMAXA,  PETUBIllTI.M.  Clc.    —  '-  Musi-cdc  Boon,  Jalirb.   f-  Altcrlll. 

in  Rfieinlanden,l\X\\  (ISSOjpl.  ni,  I. 


SEL 


1182 


SEM 


lemenl  le  ravalier,    ol   (|U('l(im'rois  iiiènn',  rommo  dans 
la  fig.  (>-2i>5.  ils  se  lapiiroclicnl  l'un  ili'  l'aiitE-i'  par  une 

niurhure  si 
ji  rip  n  o  n  f  éc 
i|iiils  scni- 
blrnt  avoir 
été  faits  pour 
livrer  tout 
jusU'  passage 
au  corps  de 
r  h  o  m  m  e . 
Parfois  ils 
sont  ornés, 
sur  le  côlé, 
de  liridcs  ou 
de  lanières. 
Mais  il  im- 
porte de  re- 
marquer sur- 
tout que  la  housse  est  généralement  jetée  par-dessus  la 
selle,  de  manière  à  la  dissimuler  complètemenl  aux  re- 
gards ;  il  est  probable  que  la  selle  de  ces  cavaliers  se 
composait  essentiellement  dnne  carcasse  rigide  en  bois 
ou  en  cuir,  plus  ou  moins  rembourrée  de  crin  ou  de 
laine,  sur  laquelle  la  housse  était  cousue,  en  sorte  que 
les  deux  pièces  faisaient  corps  l'une  avec  l'autre  '. 

Far  là  on  se  représente  assez  bien  comment  Vep/ii/J- 
piuin  gréco-romain  s'est  peu  à  peu  modifié  sous  l'in- 
fluence des  modèles  étrangers.  Nous  voyons  parfois  celte 
housse  relevée  en  avant  ou  en  arrière  par  un  nœud  ou 
un  froncement  de  l'élotre  [ei'iiii'prm,  fig.  2(i!)ll,  qui  lui 
donne  plus  d'élégance  -.  En  substituant  à  ces  ornements 
des  bourrelets  et  des  coussinets  adhérents  à  la  housse', 


on  est  arrivé  insensiblement  ti  faire  de  Vephippium  une 
véritable  selle,  quoiqu'on  ait  continué  à  cacher  la  selle 


V.  cncon?,  daiiscuUe  série  do  moiiumcnls.  A.  de  l.ahoi-de.  ilon.  de  la  France. 
I,  |iL  xcx;  A.  .Millier,  Ihe  (iraltsteinv  der  équités  sinf/ulares,  Philologiis,  t.  XXXV  ; 
Arch.  epigr.  Mitlhed.  aus  (Ester.  V  (ISxl-Si),  p.  iOT,  pi.  v.  -  2  Très  appareul 
dans  bruiiil,  Hiiitvi  ileitt  urne  etrusrhe.  pi.  lvi,  18.  — 3  Coin|-arez  «Ai-po,  lig.  liîiS: 
i^gtiTus,  lig.  2735,  i736.  2737,  les  colonnes  Trajano  et  Anlonine,  pnssim....  0"and 
le  catalier  n'csl  pas  sur  sa  moulure,  il  n'est  pas  luujonrs  Tacile  de  distinguer  la 
ï.elle  du  bât.  V.  sAr.u.v  et  de  plus  de  Vogiié.  .Syrie  centrale,  pi.  ii.  4;  S.  Reiiiach, 
AnI.  du  Bosphore,  pi.  irxi,  0;  Heydemanii,  .S'u/j/i-  u.  /Uccliennamen,  s.  v. 
ioTfâôr..  —  ^  Autres  exemples  d'arçons  :  [.abus,  Museo  di  Mnnioea,  t.  I,  pi.  x\xu  ; 
Lyson,  /teliff.  Britann.  rom.  I.  —  »  D'après  les  dessins  conservés  au  Musée  du 
Loutres  Menesirier,  Columna  Theodos.  (I7u2):  Ginzrol,  pi.  i.xxi,  3;  Rich,  Dict. 
des  ant.  s.  o.  —  <*  Ijrainmat.  in  Eiaclim.  Anecd.  Il,  p.  361 .  fi  :  <•  'EoUxt^j^  ra\  ÉeEtrt^U 
xai  &<rTptt6i]  TaûTov  il  xoiyù;  «iWv.  ».  Scliol.  Lucîan.,  A'aei'f/.  30  :  ■>  Tr,v  àorpaôiiv  çr,e:v 
^tii  tV  isicco.'S.,  -^ivvuvo^iil-iia.  >al-.;c<  >.  —7  Cod.  Tlieodos.  VIII,  5,  47  et 
Gotliofred.  ad  h.  1.;  Cod.  Justin.  Xlll,  3i,  12.  —  Biiu.i.M.i<Ai'Hir.  (iinirot,  Wayen 
uwl  l-uliru-erke  d.  Or.  H  .«.  (ISI7),  l.  Il,  p.  446. 

SEMIIEI.I.A.  <  Varro,  /Je  liny.  lal.iX,  3  ;  Momnisen.Klac.is,  ^oiin.  romaine, 
t.  I.  p.  2kOsi|.;  K.  liabelon.  Traité  des  monn.  gr.  et  rom.  eremière  partie,  t.  I, 
p.  5'j4  et  T.'iT. 

SEHEKTIVAE  FERIAE.  I  Fesl.  Semenlinae  s.  v.  et  6'euien(inae  s.  i:  concep- 


SOUS  la  housse,  peut-être  pour  ménageries  susceptibilités 
des  gens  attachés  à  l'antique  tradition*.  La  lig.  (i"2tU). 
empruntée  à  la  colonne  de  ïhéodose  '",  nous  montre  ce 
([lie  la  selle  était  devi'nue  dans  les  derniers  temps  de 
ri-lmpire,  lorsque  personne  ne  songeait  plus  à  lui  refuser 
le  nom  de  sdin  ni  à  s'indigner  qu'il  lui  convînt  tout  à 
fait  '^.  Une  constitution  de  Tliéodoseï  17  juin  de  l'an  .'{Sri) 
défend  d'employer  les  selles  trop  lourdes  sur  les  chevaux 
alfectés  au  service  de  la  poste  d'Etat  [crnsis  prBLir.is]  ; 
leur  poids  ne  doit  pas  excéder  soixante  livres,  la  bride 
comprise",  en  cas  de  contravention,  la  selle  doit  être  dé- 
truite ".  Ce  texte  dit  assez  quel  développement  la  selle 
avait  pris,  particulièrement  en  Orient,  où  on  a  toujours 
eu  du  goût  pour  les  hauts  Iroussequins  et  les  harnais 
surchargés  il'ornements.     GEonr.Es  Lakaye. 

SELl.lSTEHXir.M  'lectistehmi'm'. 

SK.MBEI.L.X.  —  Nom  par  lequel  on  désignait  à  Home, 
entre  l'an  2t)!l  et  l'an  lilT  av.  J.-C,  une  petite  monnaie  de 
compte  d'argent  évaluée  au  vingtième  du  poids  du  ses- 
terce. Elle  équivalait  à  un  semis  de  bronze  ou  demi-as 
libral  et  on  l'exprimait  dans  les  comptes  par  la  sigle 
IIS  S  [denarius]. 

Seinbella  est  une  contraction  pour  i^emililiella.  On 
disait  aussi  .<!iiif/it/(i,  par  une  corruption  plus  forte 
encore'.     F.  Lemii\mant. 

SE.\IEXTIVAE  ou  SE.\IEM  IXAE'  FEBIAE.  —  Fête 
romaine,  annuelle-  et  mobile'  que  l'on  célébrait  après 
les  semailles  pour  obtenir  une  bonne  récolle'.  Les 
semailles  ne  se  terminant  qu'en  décembre",  les  Semen- 
linae avaient  lieu  dans  le  courant  de  janvier^,  mais  pas 
à  date  fixe,  parce  que,  comme  le  remarque  Lydus,  la  lin 
des  semailles  pouvait  dépendre  des  circonstances  clima- 
lériques'.  Elles  appartenaient  donc  à  la  catégorie  des 
ferifie  conceplivae,  dont  les  pontifes  fixaient  eux-mêmes 
la  date  chaque  année.  C'est  pourquoi,  comme  le  fait 
observer  Ovide,  on  les  chercherait  vainement  dans  les 
Fastes*.  Elles  ne  duraient  qu'un  seuljour',  ou,  s'il  faut  en 
croire  Lydus'",  deux  jours  de  Nundines",  séparés  par 
un  intervalle  de  sept  jours.  On  sacrifiait  une  truie  pleine '- 
à  Cérès  et  à  Tellus'',  à  la  jiremière  parce  qu'elle  fait 
croître  la  moisson,  à  la  seconde  parce  qu'elle  en  abrite  la 
semence".  On  purifiait  le  par/u.t  par  des  lustrations  '"', 
et  l'on  répandait  des  libations  sur  l'autel  commun  "•.  On 
couronnait  les  bceufs  de  fleurs'". 

Essentiellement  rustiques,  on  les  a  souvent,  et  volon- 
tairement, assimilées  aux  paganirne  feriae  ou  puf/ti- 
nalia  ",  qui,  elles-mêmes,  sont  quelque  chose  comme  les 


tirae  feriae;  Varr.  Ling.  lai.  VI,  20,  Semenlinae;  Ov.  J'asl.  I,  «58  et  Macrob. 
t;  Ifi,  .Semenlinae  :  Lydus.  tte  Mens.  3,  fi,  or.jiwTiSat.  —  2  Fesl.j.  e.  Couci ptirae 
feriae:  Macrob.  l,  16,  6;  Ov.  FasI.  1,  672,  nniiii.i  /.ta.  —  3  Fest.  i.nc.  cit.; 
Macrob.  Loc.  cit.  ;  Ov.  Fast.  I,  CiS  Si|.  —  »  Fesl.  s.  v.  .Semenlinae;  Varr.  L.  I. 
VI,  26  :  Ov.  Loc.  cil.  —  ^  On  semait  le  Tronient  et  l'orge  en  novembre,  les  fèves  *  n 
décembre.  Varr.  />.  rusl.  I,  3»;  Flin.  U.  n.  18,  iU4  ;  f.'eo/joiiic.  3,  12;  3,  13.  S;  î, 
14,  3.  Menol.  rusiic.  Corp.  inscr.  lai.  I,  p.  35'.l.  —  6  Ov.  l-ast.  1,  057.  —  '  Lydus,  De 
meus.  3,  fi.  —  »  Ov.  Fast.  1,  637.  —  '  Varr.  L.  1.  il,  26,  .Semenlinae  ferme 
dies  is  qui  a  ponlificibus  dictus.  —  t^  Ljdus,  de  A/ens.  3,  6,  r.vovTt  Se  êki  Sûa 
ttkiia.i,'>'jx  isjîf,;,  «Vni  |i£ao.  v,>o^£vu  «ri.  —  tl  Huscilke,  Uas  rôm.  Jahr,  p.  35». 
—  12  Ov.  FasI.  1,  672.  —  '3  Ov.  /'iis(.  I.  673.  C  est  dans  le  tempe  de  Tellus 
au  jour  des  Semenlicae  *|ue  Varron  a  placé-  son  dialogue  sur  l'Agriculture'; 
Varr.  R.  r.  I,  2.  Il  semblerait  ipie  de  sou  temps  les  Senientivae  fussent  moins 
fêlées  ijue  précédemment  :  Quid  vis  hic.  inqnam^  num  feriae  Semer.lieae  oliosns 
hue  adduxerunl,  ut  patres  et  aees  solebant  uostros? — A'os  vero,  inquil  Agrius. 
ul  opinor  eadem  causa  quae  te,  rogatio  aeditimi.  Varr.  Loc.  cit.  —  **  Ov.  L^ast. 
I,  673.  —  f"  Ov.  Fast.  I,  671.  —  16  Ov.  Fast.  I,  672.  —  17  Ov.  Fast.  I,  664  : 
Tibul.  II.  1,  8.  —  18  V.  vERiAE,  pAi.ANAijA  ;  Boiiclié-Leclerci|.  S/an.  des  insl.  rom. 
p.  499.  mais  cL  p.  526;  Momnisen  et  Mari|iiardt,  Alan,  antiq.  Le  Culte,  t.  I, 
p.  241),  trad.  fr. :  Preller,  Jlôm.  Myth.  II.  p.  3  distingue  les  deux  fêtes. 


SEM 


—  1183 


SE.M 


fétfs  palronalcs  des  l'ogi.  11  l'sl  inconti'staljle  en  l'IVcl, 
l'ii  raison  des  ccTÔnionies  qu'elles  compurlent,  «jul'  k-s 
Sementivuc  dont  Ovide  certainement  '  et  Tibulle  peiiL- 
étre,  nous  ont  laissé  la  description,  présentent  les  carac- 
tères d'une  fête  des  jidf/i.  Néanmoins,  nous  ne  pensons 
pasqu'elles  doivent  être  confondues.  En  effet,  Varron  'et 
Macroiie  '  les  distinguent  nettement  Tune  de  l'autre.  Le 
texte  du  premier,  en  particulier,  nous  semble  ne  laisser 
subsister  aucun  doute  à  cet  égard:  «  Seinenlinae  feriac 
ilit's  is  ijiii  a  ponti/icibus  dic/iis:  appellatus  a  seinentc, 
ijiiod  x<itioiiixcoiisii  susceptae.  l'aganicac  ejusdem  n<iri- 
culturae  causa  .susceplac,  etc  ».  .\insi  donc  les  Semcn- 
tivae  et  les  J'aganicae,  étant  également  consacrées  à 
Tagriculture,  comportent  des  lustrations  analogues,  mais 
ne  se  confondent  pas. 

Peu  t-étre  serai  t-ilpossil)le  de  concilier  les  deux  opinions. 
Nous  avons  remarqué  que  Varron  semble  n'attribuer 
qu'un  jour  aux  Sèment icae,  tandis  que  Lydus  en  men- 
tionne deux.  La  contradiction  ne  serait  qu'apparente  si 
Scmenlicae  et  Paganicae  n'avaient  formé  qu'un  seul 
groupe  de  fêtes  dont  une  partie  aurait  été  plus  particu- 
lièrement la  fête  des  semailles,  et  la  seconde  celle  des 
pagi,  une  Journée  distincte  étant  consacrée  à  chacune. 
Ce  n'est  là  qu'une  liypollièse,  mais  elle  a  l'avantage  de 
laisser  subsister  la  distinction  nécessaire  entre  les  Seiiicn- 
tivue  et  les  l'ayanicae,  tout  en  expliquant  l'extrême  ana- 
logie qui  existe  entre  ces  deux  fêtes.  Andrk  Bauduii.i.akt. 
SE.MIS.  —  l'iêce  de  bronze  romaine  valant  la  moitié  de 
l'as.  Sous  la  Ké[>ublique,  le  seiiiix  avait  pour  marque 
_  distincte  de  sa  valeur,  la  lettre  S,  et 

pour  types  au  droit  la  tète  de  Jupi- 
ter (lig.  G-2'J7),  au  revers  une  proue 
de  navire  [au]. 

La  taille  du  semis  de  bronze  cessa 
sous  Caracalla. 

A  partir  de  Sévère  .\lexandre,  le 
quinaire  d'or  prit  le  nom  de  semis  ou 
Fig.  ci'jT.  —  Semis.  semissis  [aikei  s,  p.  oGo]  et  l'on  créa, 
en  même  temps,  le  Iriens  d'or  ou  Ire- 
missis'.  I>e  semis  fut  aussi  une  division  du  sofiitiis  d'or 
à  partir  de  Constantin  ;  son  poids  théorique  fut  alors  de 
2  gr.  il  ;  le  semis  d'or  persista  sous  les  Mérovingiens  et 
les  Byzantins,  mais  il  fut  moins  souvent  frappé  que  le 
solidiis  et  le  Iriens   [airei"S  -.     F.  Le.normant. 

SEMIVICTORIAÏUS.—  .Nom  d'une  monnaie  d'argent 
romaine  en  usage  depuis 
:2:29av.J.-C.,  jusqu'à  la  dicta- 
ture de  César  et  formant  la 
moitié  du  viclorialus.  Klle  a 
pour  types  au  droit  la  tôle 
d'Apollon  et  au  revers  une 
Victoire  élevant  un  trophée  (fig.  6:2!»S),  quelquefois  avec 
la  marque  S.   Taillé    d'abord  sur  le  poids  du  triobole 

I  Ov.  Fntl,  I,  li.ïK    8.1.;    Tihul.  Il,   I.  —  2  Varr.  VI,  i6.  —  3  Macroli.  1,  lil.  6. 

SCMIS.  I  Lamprid.  Ser.  Alex.  V).  -  2  E.  Babilon,  Truite  îles  monn.  ijr.  et  rom. 
1"  partie,  I.  l.p.  3i6,  334  sr). 

SEMO  SAKCUS.  2  Varr.  Ung.  ht.  V,  M;  Dion.  liai.  Il,  l'i  ;  ûv.  /Vu/. 
VI,  21.3  s.|.:  l'rop.  IV  (V),  9,  73;  Sil.  liai.  Pm.  VIII,  «0  ;  cf.  LacUlil.  I,  15. 
R  ;  Terl.  mt  .V,i(.  II.  9;  Aiig.  Civ.  D.  XVIII,  I».  On  avail  foigé  celle  faille  i|ue 
Saillis,  le  lil'To-s  époiiymc  des  .Saliins,  élail  lils  Hc  .Saiicns,  i|iii  lui-même  sérail 
leur  Hercule  ayant  régné  comme  roi  et  pins  lai-d  élevé  an  rang  rie  tlien  ;  cf.  Klansen, 
Aeneas  iinrf  die  l'enaten.  p.  803.  —  1  Varr.  /,.  cit.  et  V,  32  ;  cf.  Varr.  ap.  Non.  p.  591  ; 
/(i(iii.s;  lest.  p.  2H,  l'iadiia  :  l'Iin.  Hist.  nal.  VIII,  I  m  ;  Dion.  liai.  IV,  ..«  ;  l.\. 
en  :  Tanin,  p.  107,  liSel  1*7  ;  Terl.  Idol.  i»;  Lyd.  iJe  m,ns.  IV.  38  ;cr.  Ernoul. /.ts 
l'-ti-int-nts  dialectaux  du  vocabulaire  latin,  p.  iili.  —  1  Sûr  celle  ideulilïcalton  v. 
siirlonl  Srhwepler,  ttoem.  Gescl'iclite,  I.  p.  Mi  sii.  :  el  nniiiiKs  III,  I,  p.   |2..,  2: 


;isiatique  de  Dyiraeliium  d'Iilyiic,  \e  semiriclorialiis  va- 
lait à  l'origine  3/8  du  denier,  mais  en  lOi  la  loi  Clodia 
lui  donna  le  poids  et  la  valeur  du  sesterce,  c'esl-à-dire 
du  quart  du  denier  [denarrSi.     F.  Lexormant. 

SE.MO  SAXCUS.  —  Pour  Varron,  Denys  d'Ilalicariiasse 
et  les  poètes  qui  ont  suivi  leurs  enseignements,  Senio 
Sancus  est  un  dieu  venu  à  Home  avec  T.  Tatius  le  Sabin, 
aux  débuts  de  la  royauté,  el  installé  par  lui  dans  un 
sanctuaire  sur  le  Quirinal,  en  face  de  celui  qui  avait  reçu 
le  dieu  Quirinus,  leur  Mars  national'-.  Il  serait  de  même 
identique  an  nus  eidus  (II,  i,  p.  291),  personnification 
de  la  bonne  foi  et  garant  des  serments  prêtés  sous  la 
voùle  claire  du  cieP.  Les  mythologues  modernes  ont 
pris  texte  de  cette  identité  pour  le  moins  contestable, 
en  remarquant  que  Dius  Fidius  est  d'une  part  semblable 
à  l'Hercule  romain,  que  d'autre  part,  il  se  confond  avec 
l'Héraklés  des  Grecs  qui  a  absorbé  dans  son  être  un 
héros  de  la  primitive  religion  des  Romains  ;  el  ils  croient 
apercevoir  enfin  ce  héros  dans  le  Semo  Saneus  des  Sa- 
bins  '.  Pour  mettre  quelque  clarté  au  milieu  de  celle 
confusion,  le  meilleur  moyen  est  encore  d'étudier  Setno 
Sancus  en  lui-même,  à  laide  des  témoignages  (jui  lui 
sont  personnels. 

Le  mol  Semo  nous  est  connu  par  le  Chaut  des  Frères 
.Vrvales,  où,  pris  au  pluriel,  il  sert  à  désigner  une  caté- 
gorie de  génies  apparentés  aux  Lares  cl  invoqués  de 
concert  avec  eux  ".  Les  Semones,  ainsi  que  leur  nom  l'in- 
dique (le  catalogue  des  lvoicitamenta  mentionne  parmi 
les  divinités  agricoles  une  Semonia  *)  peuvent  être 
classés  à  côté  des  Lares,  des  Pénates  el  des  Mânes, 
comme  un  groupe  de  forces  divines  qui  président  à  la 
germination  des  graines  el  à  la  prospérité  des  semailles. 
L'importance  de  cette  notion  dans  la  primitive  religion 
des  Romains  nous  est  attestée  par  les  vocables  de  Consi- 
viu.i,  Consivia,  donnés  à  Janus  et  à  Ops,  par  les  noms 
de  Saturnus,  de  Consus,  etc.  ;  Semo  est  xwecserere,  semi- 
nare  dans  le  même  rapport  que  r/enius  avec  f/erere  =^  r/i- 
f/nere,  generare'.  Les  Semones  du  Chant  des  Frères 
,\rvales  se  retrouvent  dans  une  inscription  votive  de 
Corfinium  sous  la  forme  de  Semunu";  plus  tard,  leur 
nom  survit  dans  l'œuvre  de  Martianus  Capelia  qui  l'in- 
terprète, d'ailleurs,  en  se  référant  au  grec  r^ii.ifls.oi  et  au 
radical  latin  semis,  par  demi-dieux  :  c'est  une  erreur 
évidente  ''. 

Pour  la  désignation  du  dieu  Semo,  le  vocable  Sancus 
a  une  valeur  limitative;  il  exprime  la  fonction  spéciale 
d'un  génie  de  la  classe  des  Semones.  Sancus  est  en 
rapport  avec  les  mots  latins  sancio  el  sanctus,  ce  dernier 
le  remplaçant  même  dans  divers  textes;  dès  l'époque 
classique,  on  le  trouve  sous  la  forme  Sancius  el  même, 
dans  les  manuscrits  de  Tile-Live,  sous  celle,  qui  parait 
erronée,  de  San/jus'".  Sancus  sera  donc  légitimement 
interprété  par  :  fjui  sanct/,  celui  qui  confirme,  garantit  (le 

Uosclier,  LexikoH.  s.  v.  Hercules.  I,  2Î56  si|.  cl  noire  article  joso\ks,  III.  1.  p.  6'JI. 

—  î  AiivAi.ts,  I,  l,p.  452,  I  ;  skmums  at.tkiiski  AnvocAPiTCONCTus  =  .SemoMis  J«eri.i 
advocabite  cnnclos.  Ilarlung,  lleliijion  der  Boemer,  I,  +2,  soutient  à  lorl  que  les 
Semones  sont  l'oljjet  du  clianl  des  Salicns;  v.  Jordan,  Krit.  lieilraeue.  p.  294.  Cf. 
LAiits,  III,  2,  p.  938.  —  »  III,  1,  p.  t7l,  1.  —  ■;  l'reller-Jordan,  Jioem.  Myth.  I,  p.  i9 
cl  91.  Cf.  Ilarlung,  Op.  cit.  I,  p.  42  el  l'inscriplion  ombrienne  d'Agnone  où  Hercule 
porte    le   vocable   de  genialis  ;  Mommsen.    Cnlerilalische  Vialekte,    p.   128   si|. 

—  8Buecliclcr./(/ieiH.  J/«sei<«',XXXlll,p.  281  ;  cf.  Wissona,  fle/iS(ioii  und  KuUus 
der  Itoemir,  p.  120.  — 'J  Mari.  Cap.  Il,  130  cl  Fulgent.  De  abstr.  serin,  p.  361; 
cf.  chet  PrcMer,  Op.  cit.  la  noie  cril"iue  de  Jord.m,  I,  p.  9ii,  noie  2.  —  «>  Aussi 
iivec  s.\i.>n\A,  V.  IV,  p.  1007.  U  charge  des  Eéliaux  ellenr  aclion  sociale  :  ifna  fidii 
pulAicae  praeerant,  soiil  en  rapport  avec  la  religion  du  Dius  Kidius  ;  Varr.  /.i"</. 
/..(.   V,  là.  Cf.   T s.  II.  2,   p.   1113  el  ..iîMi>.  ib.  p.  1400. 


SEM 


—  IlSi 


SEN 


serment;  '.  l'jir  cetti'  loncliiui.  Scinn  Smiciis:  .ippnrait 
eoinine  semblaMe  an  Dius  l'idius  que  les  Unibriens 
nominaiont  Sanrius  Fishis  ou  Fisoriii.'^  et  qu'ils  iden- 
liliaient  avec  Jupiter  -  :  les  tables  Euguhiiies  nominenl 
un  Jupiter  Saiiciiix,  identique  au  Zsj;  tciotioî  des  Grecs, 
que  nous  rend  une  inseriplion  plus  récente  sous  le  nom 
(\e  Jupi/t'r  Jurarius  \  Si  nous  remarciuons  que  dans  la 
religion  romaine,  la  sainteté  du  serinent  est,  en  principe, 
sous  la  garde  du  dieu  suprême,  Dius  Fi(/ius  équivalant 
à.  Jupi/er  Lnvis,  et  que  THercule  Romain,  tel  qu'on  le 
vénère  à  l'Ara  Maxima  sur  le  Marché  aux  Bn-ufs,  est  lui 
aussi  une  divinité  de  la  bonne  foi,  prise  à  témoin  dans 
les  contrats  *,  on  voit  comment  chez  les  Latins,  les 
Sabins  et  les  Ombriens,  ^SVwo  Suncus  a  pu  se  confondre 
tantôt  avec  .lupiter,  tantôt  avec  Hercule,  et  aussi  former 
un  être  à  part  ayant  une  fonction  semblable. 

Des  témoignages  que  nous  venons  de  citer,  il  résulte 
que  le  dieu  n'appartient  pas  en  propre  aux  Sabins  qui 
l'auraient  introduit  à  Rome,  qu'il  a  rayonné  chez  les 
divers  peuples  de  l'Italie  centrale  et  même  que  son  ori- 
gine est  très  probablement  latine  '".  Outre  Rome,  où  il  a 
eu  un  sanctuaire  que  l'on  attribuait  à  T.  Tatius,  mais 
qui  voué  par  Tarquin  le  Tyran  fut  dédié  par  Sp.  Pos- 
lumiiis  en  4(jtt,  après  l'établissement  de  la  Républi(|U(', 
nous  le  trouvons  installé  à  Velilrae  et  à  Casirimoenium, 
toutes  deux  localités  du  Latium  ''  ;  sa  présence  parmi 
les  Semones  à  côté  des  Lares  est  de  même  à  elle  seule 
une  preuve  de  son  caractère  latin.  C'est  à  Tite  Live  que 
nous  sommes  redevables  de  la  mention  d'un  culte  en 
riionneur  de  Sancus  à  Velitrae;  le  même  auteur,  à 
propos  de  la  trahison,  en  31H)  av.  J.-C,  d'un  certain 
Vitruvius  Vaccus,  du  pays  des  Aurunces,  dont  les  biens 
furent  confisqués  au  profit  du  dieu,  dit  que  l'airain  qu'on 
en  retira  servit  à  confectionner  des  disques  qui  furent 
déposés  dans  son  sanctuaire  du  Quiriual  ''.  Les  tables 
Kugubines  mentionnent  des  disques  du  même  genre 
(qu'elles  nomment  ur/'c/n  =  orbita).  Elles  nous  appren- 
nent de  plus  qu'en  sacrifiant  à  Jupiter  Srincius,  il  était 
d'usage  d'en  tenir  un  dans  sa  main;  leur  image  figure 
sui'  des  monnaies  ombriennes  *.  Preller  y  voit  un  sym- 
bole d'éternité,  ce  qui  parait  bien  étrange:  on  les 
rapprocherait  plutôt  des  (inci/ia  [salii,  p.  lt):20j,  en  leur 
donnant  une  signification  à  la  fois  astronomique  et  mo- 
rale. Images  du  disque  solaire,  ils  rappellent  que  JJius 
Fidius  ou  Seino  Sancus  est  le  dieu  du  serment  parce 
qu'il  est  celui  du  ciel  lumineux". 

Dans  ce  sanctuaire  étaient  déposés  aussi  certains 
traités;  ainsi  celui  (|ue  le  dernier  des  Tarquins  conclut 
avec  la  ville  de  Gabies  '".  On  y  ollrait  des  sacrifices  lors- 
qu'on  partait  pour   un  lointain  voyage.    Semo  Sancus 


t  lin-al  el  Bailly,  Diclionn.  Elymol.  p.  :!iO  si|.  Cf.  Jordan  (clici  eicllci)  l:p.  cit.  Il, 
p.  i71,  iiolc  I;  Ov,  l'rop.  Loc.  cit.;  v.  ci-aprùs  l'iiiscripliou  eu  riioiiiieitr  do  Semo  tiens 
sancliis;  Saugus  a  parfois  k-  giiiil.  en  us,  comme  Jauus.  T.  Liv.  /oc.  cil.  cl  Fesl. 
p.  in.  SaiicM  esl  TorUiograplic  vérilalilc;  il  a  formé  sani/ualis.  Vid.  infra 
—  2  V.  Aiifreclil  uiid  KircliliolT,  VmOrische  Spraeiidcnkmaeler,  11,  I:t7,  cl 
IS6  sq.  ;  cl  Wissowa,  flp.  cil.  p.  liO  ;  Buecliclcr,  Umbrica,  p.  1*8.  —  '  Dion.  Mal. 
IX.  60,  Iraduil  Dius  Kidius  par  ZiO;  rl^i;.);;  pour  J.  Jimnius.  v.  Orclli-llonzcu, 
Inscr.  Suppl.  36;«;  cf.  Scliwcgier,  (Jp.  cit.  p.  3(i0.  —  *  i;f.  i.ris  nmiis,  11,  1, 
p  i9l  sq.  ;  JUPITER,  III,  I,  p.  711;  Htiitii.t.s,  ibid.  p.  Hô.  —  «  hcller-Jordan, 
Op.  cit.  Il,  p.  i7i,  noie  i:  cf.  Wissowa,  Op.  cil.  p.  121.  —  6  Liv.  VIII,  20.  S; 
X.VXII,  1;  cf.  Fesl.  p.  iH:  Corp.  inscr.  lai.  XIV,  i45s.  -  7  VIII.  io,  8:  Bue- 
chcler,  Umbrica,  loc.  cit.  —  »  Monimseu,  fioem.  .Uitnztresen,  p.  ±ii  sq.  Cf. 
Wissowa,  loc.  cit.  —  »  V.sjlu,  IV,  I,  p.  loi.'i  ;cf.  Paul.  D;  p.  Ii7  ;  TcrI.  ttlol.  in. 
Au  sanctuaire  du  Quirinal,  le  toitétail  découvert  en  partie  :  Varr.  /,inij.  toi.  v.  iiii; 
Non.  Marc.  p.  :£9i  ;  quand  des  jeunes  gens  juraient  ou  les  faisait  sortir  des  Iocaii\ 
couverts  el  jurer  sons  la  voûte  du  ciel;  fini.  IJuaesl.  llom.  in.  —  10  Dion.  Hal.  IV, 


partageant  avec  l'Hercule  la  i>i(p|ectii>n  des  voyageurs  et 
assurantla  sécurité  des  routes  ".  Lue  tradition  populaire 
racontait  que  du  chanvre,  une  quenouille  et  des  san- 
dales qu'on  voyait  au  même  lieu  étaient  ceux  de  Gaia 
Caecilia,  autrement  dit  Tana(|uil,  l'épouse  de  Tarquin 
l'.Xncien  que  la  légende  considi'rait  comme  la  personni- 
fication la  plus  éininenle  de  la  fidélité  conjugale  et  des 
qualités  qui  font  prospérer  une  maison:  on  y  montrait 
même  une  statue  qui  la  représentait'-.  Dans  l'ile  du  Ti- 
bre, il  existait  une  autre  ciiapelle  où  Semo  ^V/«c«.v  parait 
avoir  été  vénéré  en  compagnie  de  Veioris  et  de  Jupiter 
Jurarius  dont  les  inscriptions  signalent  le  culte  '^. 

Une  divinité  aussi  complexe  et  de  provenance  aussi 
ancienne  devait  être  méconnue  plus  que  d'autres, 
lorsque  le  sens  de  la  primitive  religion  s'oblitéra  dans 
les  esprits.  Ainsi  s'expliquent  les  identifications  multi- 
ples dont  elle  fut  l'objet  jusqu'aux  temps  où  elle  prit 
place  dans  la  littérature.  11  lui  était  réservé  d'être 
interprétée  d'une  façon  particulièrement  étrange  par  les 
premiers  chrétiens". 

En  IHaî),  on  découvrit  à  Rome  dans  le  voisinage 
de  la  Piazza  di  Monte  Cainillo  sur  le  Quirinal,  c'est- 
à-dire  sur  l'emplacement  de  l'an- 
cien temple  de  Semo  Sancus 
Dius  Fidius.  une  statue  dont  une 
inscription  exhumée  en  même 
temps  garantissait  l'attribution  à 
ce  dieu  '\  Elle  n'a  rien  de  com- 
mun avec  les  types  connus  d'Her- 
cule, ce  qui  contribue  à  infii-- 
iner  l'opinion  de  Schwegler,  déjà 
cadui|ue  pour  d'autres  raisons  ; 
mais  elle  rappelle  Apollon  ar- 
chaïque. Le  dieu  est  d'allure 
jeune,  nu  ;  son  bras  gauciie, 
étendu,  dont  l'extrémité  est  bri- 
sée, tenait  peut-être  un  attribut 
qu'il  esl  impossible  de  conjec- 
turer (lig.  Gi'J'J);  les  yeux  sont  Fig.  oiiio.  —  .Scmo  .snncns. 
largement  ouverts.  C'est  la  seule 

repri'senlation  connue  de  Semo  Sancus;  elle  est  aujour- 
d'hui au  iMust'e  ilu  Vatican.     J.-.\.  IIilm. 

SI':.\Il'.\<;iA.  —  Pièce  de  bronze  d'une  demi-once 
monétaire  ou  du  "l'i'  de  l'as,  qui  n'a  jamais  été  frappée  à 
Rome,  mais  dans  quelques  cités  italiotes;  sa  marque  était 
S  [as],     F.  Lknorma.nt. 

SEIVACIJLUM  [l-ORlJl,  p.  12<)'ij. 

SKXATL'S.  Le  Sénatromain  jiour  la  Grèce,  voy.  iioiLi-;'. 

Éi'ooi'iî  RoYALK.  — Toutes  les  traditions  placent  à  côté 
des  rois  comme  conseil  choisi  par  eux'  un  sénat  de  pa- 


.iS  ;  llor.  A'/i.  Il,  1,  iî  et  les  conimenlaleurs.  —  "  Terl.  ,lrf  nn^  II,  9.  Fesl. 
p.  -i'J  :  propt'ir  viani  /il  sacrificiutn  quO't  esl  proficiscendi  ijratia  Hcrcidi  ont 
Sanco,  /jui  silicet  idem  est  deus\cf.  ib.  p.  :il7,  oii  il  est  r{vicstiou  d'oiseaux  appelés 
sniiifitalcs  cl  qui  donnaient  des  présages  sans  doute  en  rapport  avec  celle  cérémonie. 
A  proximité  du  temple  était  la  l'orta  sanqiuilis.  —  '2  Plut.  (M.  /(oi)i.3(i  ;  Paul.  U. 
p.  30  :  (laia  Caecilia;  Fesl.  p.  Hf.  —  '3  Caniua.  lliill.  d.  insl.  arch.  lS5i,  p.  .\sxvn 
et  linscriplion  citée  plus  liant,  Orelli-IIei.zin,  .ïi.33.  —  U  Ils  rassimilèrcnl  à  Simon 
le  Magicien.  Jusl.  Apoloi).  I,  i<',  .îii;  ïcrl.  .kpol.  13  ;  Euscli.  Hisl.  eccl.  Il,  13.  Cf. 
Preller-Jordan,  Op.  cil.  II.  p.  n\,  note  3  cl  Lanciani,  UiiU.  Vom.  ISSI,  p.  5;  ainsi 
que  de  liossi,  Bull.  d.  Isl.  1881,  li.î.  —  1"  V.  Viscouti,  Slud.  e  docum.  di  storia 
e  dirillo,  I,  1S8I,  p.  105;  OuU.  d.  Inslit.  ISSI,  3S  sq.  ;  UuU.  arch  cumiin.  1881, 
4  sq.  :  .l/j«n/i  d.  Insl.  1885;  lav.  d  agg.  A.  Cf.  Wissowa,  Neue  Jahrb.  fOr  das 
Klass.Ml.  I,  IS'.iS,  p.  168.  Une  coïncidence  à  relever  ;  Tile  Live  (.VXXII,  I,  10) 
parle  d'un  sanctuaire  commun  ii  Apollon  cl  à  Sancus. 

SI:MII,NCIA.  I   Varr.  L.  lai.  V,  171  ;   Corp.  ins.  lat.  1,377;  IV,  Uil,  S029,  elc. 

SK.VATUS.  —  I  Liv.  1,  W  ;  Dionvs.  1,  ii;  Zonar,  7,  10;  Feslus.  p.  iH'.. 


SEN 


—  H  s:;  — 


SEN 


triciens  :  mais  sur  le  iioinlire  des  siMinleiits,  peut-être  égal 
priiiiilivemi'iil  à  celui  dus  f/cié/cs,  i'cpr('sentées  chaciini' 
par  leur  chef,  il  y  a  les  comliinaisons  les  plus  diverses. 
Dans  une  tradition  appuyée  sur  Texistence  postérieure 
des  10  di'curies  sénatoriales  et  des  sénats  municipaux 
de  lOOdécurions.  Homidus  aurait  créé,  au  début,  100  sé- 
nateurs liainnes  ;  mais  les  30  curies  de  Komulus  suppo- 
sent, d'autre  part,  ."{00  sénateurs;  une  légende  ajoute 
donc  aux  lOOpremiers  100  sénateurs,  soitsahins  (Ti/irs), 
créés  après  la  fédération  des  Rainnes  et  des  Tities,  soil 
albains,  introduits  par  Tullius  Hostilius  '  ;  et  à  ces 
200  jiatrps  mrijorum  f/enlium,  Tarquin  l'Ancien  aurait 
ajouté  100  paires  minorinn  f/enliian,  de  familles  plé- 
béiennes'-. Une  autre  tradition  fait  ajouter  par  Tarquin 
à  150  sénateurs  mnjoniin  f/entium  dont  lOO  Hamnes  et 
30  Tities,  150  sénateurs  minnriim  f/entiiim  ^  On  oublie 
le  contingent  des  Lucereit.  La  seule  conclusion  vraisem- 
blable, c'est  que  les  trois  tribus  des  Ramnes,  des  Tities, 
des  Luceres,  considérées  non  comme  trois  races,  mais 
comme  les  subdivisions  d'une  même  race,  ont  dû  avoir 
au  d(''but  et  pendant  toute  la  royauté  comme  représenta- 
tion politique  un  sénat  purement  patricien  de  300  mem- 
bres [geins,  p.  lol3-li].  On  peut  attribuer  à  ce  sénat, 
sans  doute  consultatif,  sûrement  dépourvu  de  juridiction, 
le  maintien  du  mo.-i  mnjoruin  et  I'auctoritas  patrum. 

Rioi'UBiJQi'K.  —  I.  Dénominations.  —  Les  trois  termes 
qui  désignent  le  conseil,  senaliis,  le  conseiller,  senalor, 
le  local,  scnarulum,  impliquent  l'idée  dliommes  âgés, 
comme  en  grec  Yspovreç  et  yssouci'a'.  Les  Grecs  ont  traduit 
immédiatement^  le  xnoi  senatus  parle  terme  /)  aûyxXviToç 
(pouÀ'/ji,  employé  pour  des  sénats  grecs  à  Naples  et  en 
Sicile''.  Il  n'y  a  pas  d'autre  expression  que  la  périphrase 
lociis  senalorius  pour  la  qualité  sénatoriale  ;  le  mot 
senalor  n'est  pas  employé  comme  titre  officiel,  n'a  pas 
d'abréviation  légale,  pas  de  synonyme  avant  l'apparition 
du  mot  ('/;■  f/rt;v'«s//««.ç  sous  l'Empire''. 

IL  Nombre.  —  LecliiH're  de  300  sénateurs  reste  normal 
au  moins  jusqu'aux  Gracques*  :  les  tentatives  de  Gains 
Gracchus  et  de  Livius  Drusiis  pour  y  introduire  GOO  et 
300  chevaliers  ne  réussirent  pas";  l'introduction  au 
sénat  de  300  des  meilleurs  citoyens  par  Sylla  en  HS 
fut  cassée  en  87,  mais  il  maintint  définitivement 
le  chitl're  de  GOO  sénateurs  en  81  par  l'adjonction  au 
sénat,  sans  doute  préalablement  complété,  de  300  nou- 
veaux membres,  recrutés  dans  l'ordre  équestre  et  dans 
d'autres  classes,  même  parmi  de  simples  soldats'".  Mais 
il  y  a  toujours  une  certaine  différence  entre  le  nombre 
elTeclifet  le  nombre  normal.  Avant  Sylla,  indépendam- 
ment des  vides  produits  par  les  guerres  civiles,  par  des 
catastrophes,  telle  que  la  défaite  de  Cannes  qui  nécessita 
la  création  de  177  nouveaux  sénateurs",  le  nombre  des 
vacances  paraît  excéder  celui  des  candidats  ;  à  partir  de 
Sylla  la  liaison  entre  le  siège  sénatorial  et  la  questure  et 


«l.iv.  l,8,a8,30;Dion)s.2,  IS,47;  Plul.  Hom.  13  ;  Zoiiar.  7,  3 -,  Fostiis,  p.'>l7,  s.  i'. 
paires,  330  aetialores  ;  l.yil.  Ile  mag.  I,  IG.  —  2  Liv.  1,  33  ;  Dionys.  3,  07.  —  3  llio- 
iiys.  2,  47  ;  l'Iul.  llom.  2(1;  Cic.  ilcrep.  2,  20,  35.  —  iCnrliiis,  Gr.  Eli/iii.  3'  l'-.l. 
p.  311;  Feslus,  p.  339;Ovid.  Fast.  5,  f.3  ;  Justin.  43,  3  ;  l-lor.  l,l3;Scrv.  Ad  Aen. 
I,  420;  3,  738  :  «,  105;  l'Iul.  An  sen.  10.  —  5  i)ts  lOli  et  l'J3  (Polyli.  18,  40  ;  C. 
i.  gr.  3045).  —  C  C.  i.gr.  5799,5491.  5732.  Plus  tard  on  trouve  y,o„„„«  (l)io  Cass), 
fou/.(i,  ou.iSjioy  iPolyb.  1,  11,  1:  3,  0,  4;  HevoiUin.)  —1  Pater  conscriplus  ay. 
Cic.  P/iil.  13,  13,  2»  est  inipiopic.  —  »  l,iv.  2,  1,  10  ;  Dionys,  3,  13  ;  7,  53  ;  Plut. 
J'opl.  \\;  Oe  garni.  H  ;  Feslus,  p.  234;  Maccliab.  R.  15  (avec  IViplicalion  de 
Momniseu  du  cliifl'ie  320).  —  9  Plut.  C.  Oracch.  3  ;  l.ir.  Ep.  60  ;  Appian.  Uell.  c.  I, 
35  ;  Diod.  37,  10,  3  ;  Sencc.  Ail  Mure,  m,  4.  —  l"  Appian.  I.  c.  1,  loo  ;  Liv.  /i>. 
89  ;Sall.  Cat.  37;  Hiat.  1,  24;  Dionys.  5,  77.  —  n  Liv.  23,  23.  — 1-2  Dio,  37,  40. 

VIII. 


rr'h'valioii  du  nombre  des  questeurs  à  20  amèiienl  le 
r(''siiltal  inverse  ''-,  Sous  César,  après  les  revisions 
de  i7,  46,  io  av.  ,I.-C.,  et  l'éh'vation  du  nombre  des 
questeurs  à  -40,  on  a  jusqu'à  itOO  sénateurs  pris  dans 
toutes  les  classes,  même  des  centurions,  des  soldais,  des 
aIVranchis  et  des  lils  d'alfranchis '^  ;  sous  le  triumvirat 
on  en  a  jusqu'à  1000,  dont  les  orcini,  nommés  par  An- 
toine d'après  les  papiers  de  César".  Auguste  puritie  le 
sénat  après  les  guerres  civiles,  expulsant  140  sénateurs, 
olitenant  la  démission  de  50;  en  18  av.  J.-C,  il  fixe  le 
cliilTre  de  GOO  qu'il  maintient  dans  les  revisions  qu'il  fait 
à  peu  près  tous  les  dix  ans  '  '  ;  mais  le  nombre  effectif  a 
dû  ensuite  être  un  peu  élevé  par  suite  de  l'abaissement 
de  la  limite  d'âge  à  vingt-cinq  ans  et  des  adlections  impé- 
riales. Il  n'y  a  pasde  divisions  dans  le  sénat  :  les  decuriae 
ne  fonctionnent  que  pour  l'interrègne  et  la  formation 
des  jurys  criminels  [interreoîvum,  judicia  publica]. 

III.  Conditions  requises  et  durée  des  fonctions.  — 
Les  conditions  sont  :  —  1°  Le  droit  de  cité  complet  avec  le 
Jus  lionorum.  Les  Latins  '"  et  les  citoyens  des  municipes 
sine  su/J'rar/io  sont  exclus.  Les  citoyens  des  municipes 
de  droit  complet  et  des  colonies  romaines,  qui  continuent 
à  habiter  dans  leur  ville,  quoique  éligibles  en  droit,  ne 
peuvent  entrer  au  sénat,  faute  de  domicile  à  Home''.  La 
nomination  de  provinciaux  par  César  excite  encore  une 
vive  opposition".  La  capitis  deminiitio  maxima  ou 
média  entraine  l'incapacité  ;  mais  le  rappel  ou  la 
restitutio  in  integrum  d'un  exilé  lui  rend  le  siège  séna- 
torial '".  — 2°  L'ingénuité.  Les  affranchis  sont  exclus  en 
principe  [libertus,  p.  1202\  Kn  outre,  on  n'admet  guère 
que  par  exception  et  surtout  à  la  fin  de  la  Ilépublique  les 
citoyens  qui  ont  été  ouvriers  à  gages,  simples  soldats, 
qui  ont  exercé  des  métiers  dits  sordidi'-".  —  3°  L'ûge 
légal.  Il  paraît  avoir  été  d'abord  de  quarante-six  ans  ^'. 
Lca  j un iores,  devenus  magistrats  avant  quarante-six  ans, 
n'ont  jusqu'à  cet  âge  que  le  jus  senlenliae  dicendae  au 
sénat  sans  y  être  inscrits  définitivement--.  La  loi  'Vilia  a 
probablement  abaissé  la  limite  à  vingt-sept  ans  ;  Sylla  la 
relève  à  trente  ans,  comme  pour  les  magistratures, 
jusqu'à  Auguste  qui  l'abaisse  définitivement  à  vingt- 
cinq  ans.  —  4°  L'honorabilité.  On  peutd'abordappliquer 
au  sénat  les  six  causes  principales  d'indignité  que  ren- 
ferme la  loi  dite  probablement  à  tort  Ju/ia  municipalis  -^ 
sur  le  décurionat,  c'est-à-dire  l'exclusion  des  individus 
condamnés  pour  vol  ou  pour  complicité  de  vol  dans 
des  judiria  privata,  par  des  actions  /iduciae,  pro 
socio,  tutelae,  mandati,  injuriarum,  de  dolo  malo;  en 
vertu  de  la  loi  Plaetoria  pour  lésion  des  intérêts  de 
mineurs  de  vingt-cinq  ans  -*;pour  calomnie  ou  prae- 
vnriratio;  exclusion  des  débiteurs  insolvables  ou  qui  se 
sont  parjurés  en  matière  de  dettes^'  ;  des  anciens  sol- 
dats frappés  de  renvoi  ignominieux  ou  de  dégradation 
militaire  ;    des   délateurs  qui  ont  à  prix   d'argent  dé- 


—  "Cic.  Ad  fam.  C,  18,  I  ;  Phil.  8,9,26  ;  De  div.  2,9,23  ;  Scncc.  Conlror.S,  18; 
Ep.  10,3,   13;   Dio,  42,   51;  43,  47;  Sali.  De  rep.    ord.    2,    1 1  ;  Macioli.  2,  3,10. 

—  li  Suct.  Aug.  33  ;  Plut.  Anl.  13  ;  Cic.  PMI.  13,  13,  28  ;  Sali.  Jug.  4;  Appian. 
;.  c.  3,  5.  —  15Sui>l.  Aug.  35  ;  Dio,  52,  42;  34,  13.  —  l«  Liv.  23,  22.  —  '7 Cic.  Pro 
.Vts(.  45,  97.  —  18  Suct.  Caes.  76  ,  Cic.  Pliil.i\,5,  12;  13,13,27.—  13  Cic.  De 
off.  3,  27,  100;  De  dom.  31,  82;  .4d  AU.  3,  23.  —  20  Dio,  52,  25;  78,  13,  14. 
_  -21  Théorie  de  Monimson,  Droit  public,  trad,  fr.,  VII,  47,  contre  colle  de  Willenis, 
Le  .Sénat  de  la  IlépulUigue  romaine.  —  22  Fcstus,  p.  339.  —  23  C'.  ins.  lai.  I, 
122,  I.  108-122.  Voir  l.cgr.is.  La  Table  latine  d'Héraclee  {In  prétendue  «  lex  JuUa 
municipalis  »),  Paris,  1907.  Laloi  parait  plulûl  être  de  l'épo.pic  do  Sylla enlre  90  cl 
83  r|ue  de  celle  de  César.  —  21  Cic.  Pro  Clu.  42, 1 19.  —  25  La  loi  Sulpicia  de  88  in- 
Ivrdisail  déjà  aux  sénateurs  d'avoir  plus  deSOnu  sesterces  de  dcl  les  (Plut.  Sgit.  f). 

149 


SE.\ 


—  1186  — 


SEN 


nonce  ou  livré  un  ciloycn  romain  '  ;  des  individus 
condamnés  dans  certains  judicia  piihlica.  Ces  der- 
nières condamnations  n'excluent,  en  ertel,  du  sénat 
qu'aux  termes  exprès  de  la  loi  qui  réi^il  la  (jiiaeslio^  ; 
ainsi  pour  la  brigue  il  y  a  expulsion  pendant  dix  ans 
d'après  la  loi  de  Sylla,  jusqu'à  la  réiiabilitation  d'après 
la  loi  Acilia';  elle  a  lieu  également  pour  les  repe- 
lundae^  et  seulement  à  temps  pour  le  faux  etla  violence 
légère  ^  ;  dans  la  législation  de  Sylla  pour  toute  con- 
damnation à  Yinterdictio  ai/une  et  i(/ni  *.  La  loi  Cassia 
chassait,  en  outre,  du  sénat  tout  citoyen  condaumé  ou 
dépouillé  de  son  imperium  par  les  comices".  En  second 
lieu,  la  législation  de  Sylla  enleva  Xn  jus  ftonorum  et  le 
siège  sénatorial  aux  proscrits  et  à  tous  leurs  descendants 
jusqu'à  leur  réhabilitation,  par  César*.  Quelques  lois 
ont  imposé  aux  sénateurs,  sous  peine  d'expulsion, 
l'obligation  de  jurer  de  les  observer'.  Certaines  profes- 
sions lionteuses  qui  excluent  du  décurionat'"  excluent 
certainement  aussi  du  sénat:  celles  de  gladiateurs,  de 
prostitués,  de  comédiens,  de  tenanciers  de  gymnases 
pour  gladiateurs  ou  de  mauvais  lieux".  —  o"  Fortune. 
Il  n'y  a  pas  encore  de  cens  sénatorial,  quoiqu'on  tienne 
grand  compte  de  la  fortune  et  que  la  plupart  des  séna- 
teurs possèdent  au  moins  le  cens  équestre. 

Le  sénateur,  nommé  à  vie,  ne  perd  son  siège  que  si  le 
magistrat  le  raye  de  la  liste  à  la  suite  de  la  perte  d'une  des 
conditions  requises  ou  pour  une  des  raisons  qu'on  va 
voir.  La  demande  de  retraite  paraît  avoir  été  très  rare  '-. 

IV.  Droits  et  deroirs  particuliers.  —  1°  Costume.  Les 
sénateurs  portent  la  toge  à  la  curie  ;  ils  ont  continué  à  la 
porter  plus  tard  que  les  autres  citoyens"  [tog.aJ.  —  Les 
bandes  de  pourpre  (c/acus)  sur  la  tunique  de  dessous  ont 
peut-être  été,  à  l'origine,  réservées  aux  sénateurs,  puis 
usurpées  par  les  chevaliers  ;  après  la  séparation  des 
deux  ordres,  les  sénateurs  les  portèrent  plus  larges 
(fatus  clavus,  tunica  laticlavia),  les  chevaliers  plus 
étroits  [clavus  latus,  angistus]  ".  — Il  y  a  deux  sortes  de 
souliers  sénatoriaux  '^  :  le  calceus  senatorius  des 
sénateurs  plébéiens  qui  n'a  pas  le  croissant  (luna, 
l unula),  el\e  calceus  pat ricius,  orné  dacToissanl,  réservé, 
dans  une  théorie,  aux  sénateurs  curules'^,  dans  une 
autre  beaucoup  plus  vraisemblable,  aux  sénateurs  pa- 
triciens" l^CALCEis]. —  L'anneau  d'or,  donné  au  début 
aux  sénateurs  ambassadeurs,  a  été  porté  ensuite  par 
tous  les  sénateurs"  et  aussi,  depuis  les  Gracques,  par 
les  chevaliers  dont  il  est  devenu  l'insigne  "  [anulus 
AiRELs,  LiBERTLs].  — 2°  Places  spéciales  aux  fêles  et  aux 


1  Clause  provisoire.  —  2  Cic.  Pro  Clti.  33,  91  ;  43,    liO.  —  3  Cic.  Pro  Syll.  31, 

88  ;  Schul.  Bob.  p.  361  ;  Dio.  36,  3s.  —  4  Ithet.  ad  Ucr.  I,  11,  ÏO  ;  Ùii:-  1,  9,  2  ; 
Tac.  .4nn.  H,  48  ;  Suel.  Oth.  i;  Pljii.  Ep.  2,  11,20.  —  ''Dit,.  4S,  10.  13,  1;  48,7, 
1  pr.  —  6  Cic.  Oe  Jom.  31,  82.  —  'i  Ascon.  p.    78.  —  8  Dioiiys.  S,  SU  ;    Liv.    Ep. 

89  ;  Dio,  37,  23  ;  41,  3  ;  Hlul.  Syll.  31  ;  Cnes.  37  ;  Siiel.  Cnes.  41  ;  Senec.  De  ira.  2, 
3»,  3.-9  Loi  de  Bantia  (C.  ii>s.  lai.  1,  45,  L  la-ÎU)  ;  plébiscite  Apuléieii  de  100 
(Appiaii.  tiel.  cii:  I,  29-31  ;  Flor.  3.  16;  expulsion  il  amende  de  20  laleuts).  —  1»  C. 
i.   lai.    I,   122,  I.   108-122.   —  Il  Cf.   Dig.  3,  2,  2,  33.  4  §  2  :  Terlull.   De  spec.    2Ï. 

—  12 Tac.  Ann.  Il,  25.  -13  Vil.  Etui,.  20;  Clauit.  4;  on  a  des  reprèscnlalions  de 
sénateurs  sur  des  bas-reliers  de  l'flra.AiCi'*,  du  Porum,  de  l'arc  de  Constantin,  (Pe- 
lersen.  Ara  pacis  Aiig.  pi.  iv.p.  80;  Uiihn,  Aimai,  d.  ht.  1881,  p.  308  ;  J/onum.  d. 
Ut.  XI,  lav.  34  33  ;  Uelhig,  Fàhrer,  I,  n"  562.  —  u  Hlin.  Hiat.  nnt.  33,  I,  S7  ;  9, 
39,  63  ;  Liv.  9,  7,  8  (en  321);  30,  17,  13;  Diod.  86,  7,  4  (en  102);  plus  tard,  Ovid. 
Trial.  4,  10,35;  Suet.  Aug.  73;  Vell.  2,  88  ;  yuintil.  11,  3.  138;  Vit.  Alex.  17; 
C.  i.  gr.  1133,  3990,  4023.  En  grec  iwtO^.hoî  et  <rtt.<l»T,i.oî  (Diod.  l.  c.  ;  Arrian. 
Ùi3!.  E/iicl.  2*  24,  12).  —  ti   Edicl.  Diod.  de  preliis   (C.  in»,  lai.  3,   IX,  6-8). 

—  16  V.  Willeras,  I,  p.  111131.  —  "  Moinnisen,  /.  c.  p.  63-65. d'après  C.  i.  gr. 
6185  ;  Plut.  Quaett.  rom.  76  ;  Zonar.  7,  9  ;  Isidor.  19,  34,  4  ;  l'iiiloslr.  Vil.  soph.  2, 
I,  8.  Monmiseu,  Elog.  .l/arii(t'.  i/ii.  lat.  I,  p.  290,  n"  33),  explique  par  ce  fait  c|ue 
le  triomphateur  mime  plébéien  aurait  eu  droit  au  soulier  patricien  et  rcconnail  (|ue 


jeux,  d'abord  au  théâtre,  à  l'orchestre  selon  l'usage  et 
officiellement  dès  194  -°,  puis  en  3  ap.  J.-C.  au  cirque-'. 
—  3°  Droit  d'assister  aux  banquets  publics  (jus  epulimdi 
publiée)  donnés  par  les  soins  des  ei'ilo.nes  au  Capitole.le 
13  septembre  et  le  13  novembre.  —  4"  Jusqu'aux  Gracques 
droit  de  vote  privilégié,  tant  que  les  sénateurs  possèdent 
Vcquus  publicus  et  par  suite  le  droit  de  suffrage  dans  les 
centuries  équestres  ;  les  fils  des  sénateurs  servent,  en 
outre,  généralement  parmi  les  chevaliers  [eoi'ItesI.  — 
5"  Privilèges  spéciaux  :  le  sénat  fournit  les  /ei/ft//,  chargés 
de  missions,  ou  adjoints  aux  généraux  ;  les  sénateurs 
jouissent  de  la  legatio  libéra  [leiîatio,  p.  1032-33]  ;  ils 
figurent  dans  le  conseil,  à  Rome,  des  principaux  ma- 
gistrats, en  province,  du  gouverneur-'  '[CONsilium],  et 
leurs  causes  privées  sont  renvoyées  de  la  province  à 
Rome;  ils  fournissent,  d'abord  exclusivement  jusqu'aux 
Gracques,  ensuite  concurremment  avec  les  chevaliers, 
les  jurés  civils  et  criminels  "jidicia  piblica,  jidiciariae 
legeSj.  —  6°  Mesures  d'ordre  économique  et  judiciaire. 
Pendant  longtemps,  les  sénateurs  se  sont  adonnés  libre- 
ment au  grand  commerce,  à  l'industrie,  à  l'usure,  aux 
spéculations  de  tout  genre,  sur  les  terrains,  sur  l'éduca- 
tion et  la  vente  des  esclaves'^';  mais  après  l'organisation 
de  la  Sicile  et  de  la  Sardaigne,  sans  doute  pour  proléger 
les  provinciaux,  la  loi  Claudia  interdit  aux  sénateurs  de 
posséder  des  navires  contenant  plus  de  300 amphores -'  ; 
cette  loi,  souvent  violée,  tournée  ^^,  plus  tard  confirmée 
par  César,  reste  en  vigueur  sous  le  principal-'  [mer- 
cator,  p.  1772].  11  est  également  interdit  aux  sénateurs 
d'alTermeraucuneenlreprisede  travauxou  de  fournitures 
publiques,  aucune  perception  d'impôts,  sauf  la  four- 
niture des  quadriges  pour  quelques  jeux-'.  Les  séna- 
teurs et  leurs  fils  sont  spécialement  visés  parles  lois  sur 
les  REPETiNDAE,  et  la  pression  exercée  par  un  magistral 
ou  un  sénateur  sur  un  jury  pour  obtenir  une  condam- 
nation est  assimilée  au  meurtre-*. 

\. Composition.  —  Sur  l'époque  de  rintroduction  des 
plébéiens  au  sénat  il  y  a  en  présence  deux  théories 
principales.  Pour  Mommsen-%  la  tradition  qui  les  fait 
entrer  au  sénat  dès  le  début  de  la  République  a  pour  elle 
toutes  les  vraisemblances  et  les  principaux  textes  clas- 
siques^" ;  les  plébéiens,  nommés  alors  simplement  par 
les  consuls,  puis  par  les  censeurs,  sans  avoir  été 
magistrats^  n'ont  encore  que  le  droit  de  vole,  sans  le  jus 
sententiaedicendae:  ils  forment  la  catégorie  des  simples 
votants,  des  pedarii  Ipedibus  in  sentent iam  ire)^'  ;  la 
disparition   postérieure   des  pedarii  s'explique   par  la 


beaucoup  de  textes  méconnaissent  la  distinction  (.^ener*.  De  tranq.  an.  11.  9  ;  Stat. 
3,  2,  28  ;  .Martial.  1.49,  31  ;  lu».  7,  192;  Plut.  De  Iranq.  10).—  ISLiv.  9,7.  8  (en 
321);  9,  46,  12;  Plin.  Uisl.  iiat.  33,  1,  18.  —  1S  Dio,  48,  45;  Horat.  Sa<.  2,  7,  33  ; 
Tac.  UiHt.  I,  13;  2,  37;  4,  3;  Plut.  «rt/t.  7  ;  Suet.  ISaes.  33;  Ualb.  14;  Vil.  M  : 
C.  i.  l.  6,  1847.  —  ai  Val.  Max.  4,  3,  1  ;  2,  4,  3;  Cic.  De  liar.  resp.  12,  21  ;  Pro 
eu.  47,  132;  Ascon.  p.  6S-69  ;  Liv.  34.  44  ;  Plut.  Cat.  maj.  17  ;  Flam.  19  ;  Dio,  54. 
14;  39,  28;  Tac.  .4nn.  13,  54  :  Vilruv.  5.  6,2.  —  21  Liv.  1,  33,  8;  Dio,  53,  22.  Pla- 
ces fixes  à  partir  de  Claude  (Dio,  60,  7;  Suct.  Ctaiid.  21).  Les  sénateurs  assistent  du 
aenaculumvix  fêtes  du  Forum.  —22  cic.  l'en-.  2,  28-30;  Apul.  Aput.  2:  Uomnisen, 
Hermès,  20,  p.  278.  A  Rome  on  prend  surtout  des  consulaires.  V.  Moinmseu.  ilaiiuel, 
I,  p.  338.-23  Plut.  Cal.  maj.  21  ;  Cat.  D.  rast.  proera.  —  21  Liv.  21,  03.  —  2S  Cic. 
Verr.  2,  5,  18,  45  ;  Plut.  Cat.  maj.  31  (Catou  s'associe  sous  le  nom  d'uu  alTranchi  et 
prête  de  l'argent  à  des  sociétés  de  publicains). — ^Dig.  50,  3,  3.  — 2:  Ascon.  p.  94; 
Dio.  55,  10;  69,  16.  — 'iS  Cic.  Pro  Clu.  54,  148  ;  57,  137.  —  29  Manuel,  Vil,  43-46. 
—  30  Festus,  p.  234,  s.  v.  qui  paires  qui  conscripli  ;  p.  7,  allecii  :  p.  41,  con- 
scripli;  Liv.  2,  I.  10-11  ;  Plut.  Qliuest.  rom.  5s  ;  Zunar.  7,  9  ;  Serv.  Ad  Aen.  1,  426 
(où  les  plébéiens  remontent  à  Servius  Tullius).  Tradition  absurde  dans  Dionys.  5, 
13  et  Tac.  .\nn.  11,  23.  où  ces  plébéiens  ont  été  naturalisés  patriciens.  ^31  Jlommsen 
s'appuie  aussi  sur  l'analogie  du  droit  municipal,  car  dans  l'album  de  Clauusium  le 
decurio  pedarius,  parait  être  le  décurion  non  ancien  magistrat  (C.  t.  /.  9,  338). 


s  EN 


1187  — 


S  EN 


restriction  croissante  des  droits  du  censeur,  surtout 
depuis  la  réforme  de  Sylla,  qui  donne  assez  d'anciens 
questeurs  pour  remplir  tous  les  vides  ;  mais  à  l'époque  de 
Cicéron  pedariux  a  pris  un  sens  nouveau  ;  les  pedarii 
sont  les  derniers  sénateurs  de  la  liste,  les  anciens  tribuns 
et  questeurs  qu'on  ne  prend  pas  la  peine  d'interroger, 
par  opposition  aux  consulaires  et  aux  prétoriens'.  Au 
début,  dans  la  formule  de  convocation  du  sénat  «  qui 
patres,  qui  conscripli  estis  »,  le  mot  yyrt//r.s- désigne  donc 
les  sénateurs  patriciens  ;  les  consrripti,  appelés  aussi 
(tdlerti,  sont  les  plébéiens  qui  ne  sont  qu'inscrits.  Dans 
la  tliéorie  opposée",  les  traditions  sur  la  lutte  des  deux 
ordres  ne  s'expliquent  que  par  le  maintien  d'un  sénat 
exclusivement  patricien,  encore  longtemps  après  la  fon- 
dation de  la  République  :  les  plébéiens  n'ont  pu  être 
depuis  .jIO  au  sénat,  alors  que  les  tribuns  créés  plus  tard 
ont  été  privés  pendant  longtemps  du  droit  d'y  entrer  ; 
l'introduction  de  16't  sénateurs  plébéiens  au  sénat^  leur 
aurait  donné,  dès  le  début,  la  majorité.  Le  mot  coiiscriji/i 
désigne  donc  tous  les  sénateurs  dès  la  période  royale  ; 
la  réforme  de  310  a  simplement  aboli  la  condition  d'âge 
et  ouvert  le  sénat  à  des  patriciens  Juniorc.t;  l'entrée  des 
plébéiens  au  sénat  n'a  été  que  la  conséquence  très  posté- 
rieure de  leur  admission  aux  magistratures  curules*  ; 
les  pedarii  n'ont  été,  à  toutes  les  époques,  que  les 
sénateurs  non  curules  des  rangs  inférieurs. 

Sans  espérer  suraucun  pointia  certitude,  on  peut  con- 
sidérer l'iiypotlièse  de  Mommsen  comme  la  plus  vrai- 
semblable. Klle  a  pour  corollaire  l'existence  dans  le 
sénat,  jusqu'à  la  lin  de  la  l{épul)li(iue,  d'une  partie  pa- 
tricienne, des  patreamii  ont  comme  attributions  spé- 
ciales l'exercice  de  l'interrègne  [i.nterbegm'm]  et  de 
r.\rr.T0RiTAS  PAïRiM,  comme  distinctions  spéciales  le  sou- 
lier patricien  et  le  droit  de  fournir  le  prinreps  senulus. 
VI.  Recrutement.  —  Il  n'y  a  pas  de  tradition  sur  les 
origines  ;  mais  le  sénat  se  recrute  sans  doute  par  la 
gestion  des  liautes  magistratures  curules  et  le  choix 
libre  des  magistrats  parmi  les  simples  particuliers. 
L'exercice  d'une  magistrature  curule  '"  a  probablement, 
dès  le  début,  donné  au  magistrat  en  exercice  le  droit 
d'entrer  au  sénat  et  ensuite  l'exercice  des  droits  séna- 
toriaux jusqu'à  la  prochaine  revision  de  la  liste  [magis- 
TRATis,  p.  1530".  C'est  ce  qu'indique  la  formule  de  l'édit 
de  convocation  :  senatores  quibusque  in  senalu  sen- 
tent iam  dicere  licef^  ;  les  premiers  sont  les  sénateurs 
elfeclifs,  les  seconds  les  aspirants  avec  voix  délibéralive, 
pourvus  déjà  des  mêmes  droits  politiques  et  honori- 
fiques que  les  autres.  Dans  une  première  période,  le 
nombre  des  magistrats  étant  encore  très  restreint,  les 
censeurs  ont  une  grande  latitude  dans  leur  choix  ;  la  loi 
leur  donne,  d'ailleurs,  le  droit  de  choisir  dans  chaque 
catégorie   les  meilleurs  citoyens  ''  ;  ils  ne  paraissent  pas 

1  Ainsi  s'expliquent  Tac.  Ann.  3,  6j  ;  Front.  De  aq.  W,  CIc.  Ad  Ait.  i, 
19,  9;  Ep.  30,  4;  Cell.  3,  in,  I;  .-i,  18,  5-10  (avec  la  correction  maijislratibns 
functi  si  nondnm,  pour  magistratibus  functis  nondtim)  ;  Festus,  p.  310.  Formes 
dérivées  pedanius,  pedanits,  pedanvus.  Le  judex  pedaneus  est  un  juge  infiv 
rieur  du  Bas-Empire.  —  «  Willcms,  I,  89-145.  —  3  Festus,  p.  354  ;  Plut.  Popl. 
Il  .  I.iv.  3,  I,  10.  —  t  Willcms  eK|>lique  ainsi  le  mol  deinde  dans  le  texte  de 
Festus,  p.  34C  sur  1  élection  des  sénateurs  par  les  premiers  consuls  :  d'abord, 
les  patriciens  et  plus  tard  les  plébéiens.  L'explication  plus  vraisemblable  de 
Mommsen  indique  d»ns  ce  mot  la  priorité  de  rang  accordée  sur  la  liste  aux  séna- 
teurs patriciens.  —  j  Y  compris  l'édililé  curule  (Liv.  2:1,  33).  —  6  Festus, 
p  :iJ9,  s.  V.  senalons  :  Liv.  23,  M  :  30,  3  ;  Cic.  Prn  C  u.  37.  1.56.  —  1  Festus,  s.  l). 
prat;lerUi  senatores.  —  »  Val.  Max,  2,  3,  I.  —  9  Voir  les  tableaux  dressés  par 
Willcms.  De  VOO  à  313  av.  J.C.  il  trouve  environ  39  génies  patrccicinics  représen- 
tées par  110  à  111  sénateurs  curules,  et  38   yenles   plébéiennes  représentées  par  4.1 


èlre    absolument  obligés  '    de  prendre   les   magistrats 
inférieurs  (anciens    édiles   plébéiens,   anciens   tribuns, 
anciens  questeurs)  qui  n'ont  pas  encore  ley^s  sententiae 
direndae,  quoiqu'en  fait  ils  les  acceptent  habituellement. 
L'importance  des  plébéiens  dans  le  sénat  grandit  avec 
leur  admission  successive  aux  magistrature^  curules'. 
Les  modifications  au  nombre  des  magistratures  et  des 
membres  de  chaque  collège,  surtout  des  questeurs  et  des 
préteurs,  influent  sur  la  composition  du  sénat  en  aug- 
mentant le  nombre  des  candidats  obligatoires  ;  on  voit  se 
former  Vordo  praetorius,  la  classe  la  plus  nombreuse  ; 
la  disparition  des   deux  classes  des   dictateurs  et  des 
maîtres  de  la  cavalerie  n'a  pas  d'importance,  puisque  ces 
personnages  étaient  déjà  sénateurs  avant  de  gérer  ces 
fonctions  ;  en  20!),  \t^/!ainen  Dialis  revendique  son  droit, 
sans   doute  ancien,  de  siéger  au  sénat'".  L'assemblée, 
d'autre  part,  change  peu  à  peu  de  caractère  et  devient  en 
fait  l'assemblée  des  représentants  de  l'Italie  centrale". 
Une  réforme  importante  fut  l'extension  (\w  jus  sententiae 
direndae  aux  anciens  édiles  de  la  plèbe,  au  moins  dès 
l'époque    des  Gracques  '-,  aux  anciens  tribuns   par  le 
plébiscite  Atinien  compris  entre  cette  époque  et  102  '%  et 
aux  anciens  titiesteurs  par  Sylla '^  [oi'aesïor].  L'acqui- 
sition du  siège  sénatorial  parles  vingt  questeurs  suffit  dès 
lors  à  remplir  tous  les  vides  ;  les  censeurs  n'ont  donc, 
pour  ainsi  dire,  plus   d'action '^  La  questure  ouvre  le 
sénat  ;  mais  il  y  a  encore,  jusque  sous  l'Empire,  une  dis- 
tinction entre  les  sénateurs  efl'ectifs  et  ceux,  non  encore 
inscrits,  qui  n'onlqucAç  jus  sentent  iae  '".  lîn  somme,  une 
lente  évolution  a  restreint  peu  à  peu  les  droits  des  ma- 
gistrats recruteurs  au  profit  du  peuple,  (|ui  finit  par  nom- 
mer indirectement  les  sénateurs  :  le  sénat  devient  pres- 
que exclusivement  une  assemblée  d'anciens  magistrats. 
VII.  .Magistrats  recruteurs.  —  Le  recrutement  exprimé 
par  les  termes  tectio,  légère,  sublegere'\  ad/egere  '^  a 
passé  d'abord  du  roi  aux  consulsetaux  magistrats  quiles 
remplacent,  tribuns  consulaires  et  dictateurs  [dictatorJ, 
probablement  avec  le  droit  d'élimination,  du  reste  rare- 
ment employé  à  l'égard  de  séaateurs  que  la  gestion  des 
hautes  magistratures  curules  a  éprouvés.  A  une  date  incer- 
taine, peut-être  entre  318  et  312,  le  plébiscite   Ovinien 
transfère  ]a.lectio  sénatoriale  des  consuls  aux  censeurs''-' 
I^CENSOR,  p.  99ôl.  Il  limite  considérablement  le  pouvoir 
des  magistrats,  puisque  le  droit  d'exclusion  est  suspendu 
pendant  les  intervalles  d'exercice  de  la  censure  et  que 
les  censeurs  sont  maintenant  obligés  de  motiver  leurs 
conclusions  par  écrit,  tout  en  ne  relevant,  d'ailleurs,  que 
de  leur  conscience  et  sans  doute  après  avoir  prêté  un 
serment  spécial-".  Ledroildes  censeurs  fonctionne  régu- 
lièrement jusqu'à  Sylla  -'.  On  a  vu  le  doublement  du 
sénat  par  Sylla  dictateur.  De  81  à  70,  la  censure  ne  fonc- 
tionne pas  ;  elle  reparait  de  70  à  50,  mais  il  y  a  un  inter- 

ou  43  sénateurs  ;  de  313  à  3IG  environ,  148  sénateurs  ctu'ulcs,  dont  73  patriciens 
de  \s  tjentes  et  75  plébéiens  de  'iùgentes;  vers  180,  304  sénateurs  dont  8$  patri- 
ciens, de  17  gentes  et  316  plébéiens;  vers  55,  415  sénateurs,  dont  43  patriciens 
ot    73   plébéiens    (1,    p.    9010«,     267-283,    303-373,    423-560).    —    10   Liv.    37,    8. 

—  Il  Willems,  I.  p.  179-183.  —  12  f.  i. /.  198,  c.  16.— HGell.  14,  «.  2  ;  Zonar.  7, 
15  :  Appian.  l.  c.  1,  38.  —  H  Cela  résulte  de  quantité  de  faits  plutôt  que  de  teitis 
(sauf  Tac.    Ann.  Il,  23).  —   15  Cic.  Leg.  3.  3,    10;    3,    12,  27.  —  le  Gell.  3,  18. 

—  n  Au  sens  propre,  attribution  d'une  place  isolée  {Dig.  50,  3,  2  pr.  ;  Liv.  23,  23). 

—  18  Au  sens  propre,  complément  anormal  ou  plus  lard  nominalion  par  l'Empereur. 
L'expression  cooptare  tn  senalnm  est  employée  improprement  pour  tous  les  cas 
(Cic.  Leg.  3,  13,37;  De  dio.  2,  ?,  23;  Liv.  4,  4,  7).  —  l'J  Festus.  s.  l:  praeterili 
senatores:  ut  censores  ex  omni  ordirte  oittimuni  (jttenigne  jwati  {curiatim)  in 
senatmn  tegerent.  —  '^0  En  adoptant  la  lecture  jitrati  pour  citrialim.  —  2i  Sauf 
la  nominalion  du  dictateur  legendi  senattis  causa,  après  Cannes  (Liv.  23,  23). 


SEN 


1188  — 


SEN 


valle de  neiilans  sans  n-vision  entre  celles  de  70  el  de  lil. 
C'est  par  la  lectio  du  sénat  que  les  censeurs  cum- 
inencent  leurs  fonctions  '.  Elle  est  faite  soit  par  les  deux 
censeurs  à  la  fois,  soit  par  un  seul  désigné  à  l'amiable 
ou  au  sort'-.   Us   prennent  comme  base  la  liste  précé- 
dente  en  y  ajoutant  d'abord  ceux  qui  ont  le  jus  sen- 
lentiae  el  en  rayant  les  morts',  les  sénateurs  frappés 
d'une  des  déchéances  indiquées  et  ceux  qu'ils  jugent 
indignes  ;  ils  remplissent  ensuite  les  vides  de  façon  à 
atteindre  ou   à  dépasser  légèrement  le  chitl're  normal. 
Les  termes  qui  désignent  la  radiation  ou  le  refus  d'ins- 
cription sont  mocere,  ejicere,  eniployés  surtout  pour 
l'exclusion  d'un  sénateur  elTectif  el  le  refus  d'inscription 
de  ceux  qui  ont  le  Jus  sentent  iae^,  praeterire  pour  tous 
les   cas  '.   II    faut    l'accord    des    deux   censeurs    pour 
l'inscription  et  l'exclusion;  mais  l'exclusion  est  annulée 
par  l'opposition  du  collègue,  tandis  que  cette  opposition 
empêche  l'inscription  ;  les  magistrats  mineurs  ont  donc 
eu  besoin  de  l'accord  des  deux  censeurs  pour  entrer  au 
sénat,  tant  qu'ils  n'ont  pas  eu  Xa  jus  senlenliae'^.  Pour 
les  motifs  d'exclusion,  les  censeurs  ont  pleine   liberté 
d'appréciation.  Ce  sont  surtout  les  infractions  au  mos 
inajuruin,  libertinage,  manquement  à  la  parole,  lâcheté, 
prodigalité,  vénalité  du  juge,  actes  politiques  nuisibles 
du  magistrat,  concussions,  exactions  et  cruautés  sur  les 
sujets  el  les  alliés'  ;  quelquefois  interviennent  les  con- 
sidérations  politiques,    par    exemple    contre    les     fils 
d'all'ranchis  [lihehtls].  La  loi  Ovinia  ne  prescrit  aucune 
forme  de  procédure;  généralement,  le  motif  d'exclusion 
{nota,su/jscrij)liocensoria)es\.  inscrit  sur  l'ancien  ne  liste, 
quelquefois  i)ublié  dans    le   discours  des   censeurs   au 
l-'orum  ou  au  sénat'.  En  58,  la  loi   Clodia  exige   une 
accusation  formelle  et  une  condamnation  par  les  deux 
censeurs    sous    la  forme    ordinaire    d'un    jugement  ; 
mais  elle  est  abolie  en  5:2'.  Il  n'y  a  trace  ni  d'appel,  ni 
d'intercession  d'autres  magistrats.  Le  sénateur  rayé  peut 
recouvrer  son  droit  par  l'inscription  à  la  lectio  suivante 
ou   par   l'élection  à   une  magistrature   donnant  le  jus 
sentent iae  '".  La  liste  une  fois  dressée  {album  senaloruin 
sous  l'Empire),  les  censeurs  la  lisent  du  haut  des  Rostres; 
déposée  aux  archives,  et  aussi,  sous  l'Empire,  affichée  en 
public",   elle   reste    en  vigueur  jusqu'à  la   prochaine 
lectio.  Elle  comprend  dans  l'ordre  suivant,  certainement 
de  date  très  ancienne'-  :  les  anciens  censeurs,  catégorie 
probablement  supprimée  par  Sylla;  les  consulaires;  les 
prétoriens;  les  anciens  édiles  curules  ;   puis  les  anciens 
édiles  de  la  plèbe;    les    anciens    tribuns;   les  anciens 
questeurs",  el  enfin  ceux  qui  n'ont  pas  été  magistrats. 
On  ne  sait  si  les  anciens  dictateurs  ont  formé  une  classe 
spéciale".  Dans  chaque  classe,  jusqu'à  la  fin  de  la  Ré- 
publique, les  patriciens  précèdent  les  plébéiens '^etl'ordre 
est  fixé  par  la  date  des  magistratures  et,  entre  magistrats 
de  la  même  année,  par  l'ordre  de  la  rcnuntiulio.   Ce 

I  l,iv.  n.  ti;  W,  M,  51  ;  H,  il.  -  2  /(,,-,<.  2:1,  23  ;  i7.  Il  :  32,  7.  —  3  Daprcs 
Willcnis  M  â  50  ca  moyenne  _  t  Cic.  Pro  Clu.  M,  122  ;  Is,  I3"i;  Lir.  40,  51  ; 
41,  i7;  «,  15;  fp.  6i  ;  Uionys.  l'J,  IS;  Uio,  30,  3S  ;  40,  63;  44,  10.  —5  Liv.  27, 
11:31,  4V  :  38,  28  ;  40,  .ïl  :  Cic.  Df  dom.  32,  84.  —  6  Cic.  Pro  Clu.  k3,  122  ;  Dio, 
/■r.7G;  40,  03;  Liv.  40,  51  ;  Appian.  (.  c  I,  28.  —  1  Cic.  Ad  AU.  1,  10,  3:  Pro 
6V11.  47,  130;  fini.  Ca<.  m<y.  10  ;  l,iv.39,42;  24,  18;  41,  27  ;  £p.  IScl94;  Dio, 
40,  03.  —  »  Li».  39,  42;  Cic.  Pro  Cln.  42.  Ils  ;  47,  131  ;  V3,  120.  —  9  Ascon. 
p  9;  A<r/io(.  Bob.  p.  300  :  Cic.  /n  Pit.  4.  9  ;  Pro  Setl.  23,  55;  Oe  proe.  eont.  19, 
40  ;  De  dom.  51,  130  ;  Uio,  3i),  13  ;  37,  40.  —  lOCic.  Pro  Clu.  42,  1 19  ;  43,  120-22. 
—  Il  Liv.  23,  23  ;  Cic.  de  dom.  32,  84;  Dio,  fr.  109,  14;  /.ex  Julia  mun.  I.  83; 
Tac.  Aim.  4,  42.  —  '2  Liv,  3,  40;  Uionys.  0,  OS.  —  I3  Liv.  27.  1 1  ;  cic.  Pliit.  13, 
13,  14  ;  Pro  Sgll.  29,  82.  —  U  Willcnis  les  mcl  en  Wlc,  mais  sans  preuve.  —  '5  V. 
.Mommscn,  /lôm.  /■•„r«c/i.  I,  2î9;  Xnniiel,  VII,  p.  151,  noie  2;    Willcms,   I,  259; 


classement  est  modifié  :  1°  par  la  prime  qui  donne  au 
sénateur  accusateur  dans  une  quueslio  la  place  du 
sénateur  condamné  '*;  2°  en  faveur  du  princeps  senatus  ; 
jusqu'en  209  c'est  le  plus  ancien  des  ccnsorii  patriciens, 
depuis  :20y  un  ancien  censeur  patricien  choisi  par  le 
censeur";  ce  litre  paraît  avoir  disparu  sous  Sylla'*  el 
c'est  à  tort  qu'on  a  prétendu  le  retrouver  après  Sylla,  el 
accessible  aux  plébéiens'''  ;  le  premier  de  la  liste  est 
alors  le  plus  ancien  consulaire. 

VIII.  Séances.  —  \o Généralités.  —  Réunir  le  sénat  se 
dit  senatum  liabere,  improprement  arjeve  cum  senatu  *°. 
La  procédure  parlementaire  ne  repose  encore  que  sur  le 
tiios  majorum;  en  71,  Varron  rédigea  des  instructions 
pour  Pompée-'  ;  c'est  seulement  sous  l'Empire  qu'un 
règlement  d'Auguste,  peut-être  commenté  par  Aleius 
Capito,  établit  une  procédure  qui  fut  ensuite  fixée  soit 
par  des  lois,  soit  par  des  traités  de  jurisconsultes--. 

2°  Droit  de  convocation.  —  Le  sénalus-consulte 
implique  une  action  commune  du  magistrat  et  du  sénat. 
Ont  seuls  le  droit  de  convoquer  le  sénat,  les  magistrats 
suivants,  extraordinaires:  décemvirs  législatifs,  tribuns 
militaires  consulari  potestule,  dictateurs,  maîtres  de  la 
cavalerie-^,  inlerrois,  préfets  de  la  Ville  ;  ordinaires  : 
consuls,  préteurs.  Les  tribuns  du  peuple,  assis  d'abord 
à  la  porte,  selon  la  légende,  ont  obtenu  ensuite,  à  des 
dates  inconnues,  le  droit  d'assister  aux  séances,  d'y  parler 
et  peut-être,  en  vertu  de  la  loi  liortensienne,  le  jus 
re/'erendi'-'  [tribims].  Les  conllits  de  convocation  sont 
tranchés  selon  les  règles  habituelles  ■'.  Le  magistrat 
supérieur  peut  interdire  la  convocation  au  magistrat 
inférieur  qui  lui  demande  généralement  son  assentiment. 
Un  attend,  du  reste,  généralement  pour  les  affaires  im- 
portantes le  retour  des  consuls,  quand  ils  sont  absents, 
ou  la  nomination  de  nouveaux  consuls -''.De  bonne  heure, 
les  consuls  convoquent  en  commun  par  relatio  com- 
munis  -''  ;  mais  pour  la  présidence  effective,  il  n'y  a  pas  de 
règle  fixe;  ils  s'entendent  à  l'amiable  pour  faire  chacun 
les  relationes  qui  les  intéressent  ;  un  consul  ne  peut 
empêcher  son  collègue  ni  de  convoquer  le  sénat,  ni  de 
faire  un  rapport,  mais  il  peut  intercéder  contre  le 
sénatus-consulte '--\  Jusqu'à  Sylla,  les  consuls,  générale- 
ment absents,  cèdent  la  convocation  du  sénat  aux 
préleurs,  mais  redeviennent  depuis  Sylla  les  présidents 
ordinaires  ;  dans  les  troubles  de  la  lin  de  la  République, 
le  consul  le  plus  faible  abandonne  le  plus  souvent  la 
présidence  à  l'autre".  Tous  les  préleurs  ont  \e  jus  refe- 
rendi,  mais  il  n'y  a  guère  que  le  préteur  urbain  qui  en 
use,  sauf  empêchement  ^"^  el  il  a  probablement  le  droit 
d'interdiction  contre  ses  collègues.  La  relatiodea  tribuns 
a  lieu  au  nom  soit  d'un  seul,  soit  de  plusieurs  ;  dans  ce 
dernier  cas,  un  d'eux  préside;  ils  ne  peuvent  être 
empêchés  par  les  autres  magistrats,  et  ils  les  empêchent 
tous,  sauf  le  dictateur^'  ;  jusqu'à  l'époque  desGracques, 

Cichonus,  SUzimgsbcr.  d.  Berl.  Akad.  lss9.  p.  96T.  —  lO  Dio,  30,  40  ;  Cic.  Pro  Bal. 
25,57;  dans  Icilroil  municipal  Lejc.  col.  ,(/eni/,c.  1 21.  —  Il  V.  .Moramsen./Jôm.  Forsch. 
I,  9,  2;  Willcms,  /.  c.  i,  p.  112.  Le  dernier  connu  esl  L.  Vaterius  Flaccns  eu  84 
(Liv.  Ep.  83).  —  18  Vanon  ne  le  cilc  plus  (Uell.  li,  7,  9).  —  13  Les  levlcs  allégués 
par  Willcms  en  faveur  de  Calulus  (Vell.  2,  43)  el  de  Cicéron  (Scncc.  Suas.  0,  19;, 
nin.lii|ueul  ipinu  principal  moral  (cf.  Cic.  Pliil.  14,  7,  17).  —  20  Suel.  Tib.  54. 
—  21  Gell.  14,  7,  S.  —  22  Dio,  53.  3;  (iell.  1,  10;  l'Iin.  /Cp.  5,  13,  5;  8,  14,  19-20. 
Feslus,  p.  3  17,  *.  V.  senacula,  cile  un  Irailé  de  Nicoslralus,  d'épo'jue  inconnue,  p^ul- 
être  de  l"cpoi|uedAugusle.  —  i^Cic. /.ej/.  3,  4,  10;  Joseph.  A)il.j;d.  14,  10,  6;  Liv. 
8,30;  23,  24;  Dio,  42,27.  -  21  Zooar,  7,  15.  •  55  Gell.  U.  7,  4.  —  26  Liv.  2,  22; 
30,  23  ;  31,2.  —  2^  f.  i.  /.  1,  196.  —  28  |,iv.  28,  39  ;  38,  43  ;  42,  I»  ;  44,  19  ; 
Sali.  Jug.  28.  —  20  Suel.  Caes.  20.  —  30  Liv.  22,  7,  35.  —  31  l'olyb.  0,  16  ;  Plul.  Ti. 
Cracch.  10;  Cic.  Pro  Sesl.  32,  70. 


SEN 


1I>S9 


SEN 


ils  ont  peu  usé  de  leur  droit,  faisant  faire  la  relatio. 
même  pour  des  plébiscites,  par  un  préleur  ou  un  consul  ; 
mais  depuis  les  Gracques,  ils  empiètent  sur  lous  les 
autres  magistrats  et  dans  toutes  les  matières  '  ;  cepen- 
dant, même  alors,  ils  utilisent  généralement  des  séances 
convoquées  par  des  magistrats  supérieurs.  Quand,  en 
efl"et,le  président  a  épuisé  son  ordre  du  jour,  il  peut  céder 
la  présidence  et  le  droit  de  faire  un  rapport  à  un  ou 
plusieurs  des  autres  magistrats  présents  -.  Les 
magistrats  qui  s'adressent  au  sénat  sont  donc  surtout 
les  consuls,  les  préteurs  et  les  tribuns  ;  aussi  c'est 
à  eux  que  sont  adressées  les  lettres  envoyées  au 
sénat  etque  le  Sénat  fait  appel  dans  les  crises  politiques  '. 
Les  magistrats  qui  n'ont  pas  le  Jus  referendi  doivent 
prier  un  magistrat  compétent  de  leur  donner  une 
audience  du  sénat  {dnre  senatuin)  et  de  se  charger  du 
rapport  '  ;  on  suit  la  même  procédure  pour  les  collèges 
sacerdotaux,  les  sénateurs  non  magistrats,  les  simples 
citoyens,  les  députés  provinciaux  ;  le  président  peut 
accorder  la  parole  au  postulant  non  sénateur'. 

3°  Formes  de  lu  convocation.  —  Les  sénateurs  doivent 
avoir  leur  domicile  habituel  à  Rome  ou  dans  les 
cent  milles  de  Kome'^,  où  ils  ont,  en  outre,  sous  l'Empire 
leur  domicile  judiciaire.  Dans  les  circonstances  graves 
ils  sont  obligés  de  rester  à  Home\  et  pour  quitter 
l'Italie  ils  ont  besoin,  dès  la  République,  d'une  permission 
du  sénat,  sous  forme  de  leya/io  liheru  *,  sous  l'Empire 
pour  sortir  de  l'Italie,  de  la  Sicile,  et  depuis  Claude,  de 
la  IVarbonaise,  d'une  permission  d'abord  du  sénat, 
ensuite  de  l'Empereur  '.  Le  magistrat  peut  donc  les 
convoquer  facilement  [cogère,  vocare,  convocare)  par 
proclamation  de  héraut  au  romltiuni  et  au  Forum,  ou 
plus  tard  généralement  par  un  édit,  quelquefois,  en  cas 
d'urgence,  individuellement  '".  La  convocation  est 
prescrite  à  peine  de  nullité.  Le  magistrat  a  comme 
moyens  de  coercition  la  prise  de  gage  et  l'amende,  cette 
dernière  appliquée  aussi  contre  le  retard  et  l'absence 
sans  excuse  légale  telle  que  fonction  judiciaire, maladie, 
mission"  ;  mais  ces  mesures  n'ont  été  appliquées  sé- 
rieusement que  sous  .\uguste  et  Claude  et  ensuite  on  a 
dû  abaisser  graduellement  le  nombre  des  sénateurs 
nécessaire  pour  la  validitéd'un  vote  ;  l'Empire  dispensera 
de  la  présence  les  vieillards  de  soixante  ou  de  soixante- 
cinq  ans  '-.  La  convocation  ne  porte  pas  d'ordre  du  jour, 
sauf  pour  la  discussion  rfe  re  publica  '■'.  11  n'y  a  pas  d'in- 

I  l'iul.  f.  Gracch.  6;  Cacs.  liel.  gai.  8,  Si;  Cic.  Ùt:  oral,  a,  I,  i;  J'ro  Scsi. 
Il,  i6;  31,  68;  3i,  70;  Pro  ret/.  in  KH.  2,3;  ll.i'J;  De  dom.  iO,  il  :  Phil.  i, 
ô,  13  ;  7,  I,  I;  Ad  fam.  1,  I,  3  ;  I,  ï,  2  ;  10,  16,  1  ;  .4rf  (juint.  2,  1,  i.  —  2  de. 
Phil.  7,  I,  I  ;  .\d  fam.  Il),  H,  1  ;  Appian.  Bel.  cil:  î,  30.  -  3  Cic.  .Irf  AU.  I(i, 
4,  I  ;  Pro  Rah.  /ler.  7,  in  ;  Lacs.  Bel.  ciiil.  1,  1  et  5.  —  »  l,iv.  26,  21  ,  28,  38  ;  3s, 
H;  41,  6  ;  42,  21  ;  Dio,  41,  15.  —  3  Liv.  3,  38,  10;  5,  7,  5;  S2,  39;  2.ï,  19;  42, 
3.S  ;  Dio,  ii,  lo.  —  6  |»ad  de  texte  Tormcl,  sauf  pour  le  droit  muuicipal  dans 
les  lois  de  Tarcnte  et  de  Geuetiva.  —  ^  Liv.  27,  .ïo  ;  36,  3  ;  k3,  11.  —  »  Eilen- 
sioii  sous  César  aui  lils  des  sénateurs  {Suel.  Caes.  42).  —  9  Ditj.  50,  I,  22  î:  6; 
Uio,  31,  42;  60,  23;  Suel.  Gai.  20;  Claiid.  22.  —  10  Cic.  ùe  fin.  3,  2,  7;  .\d 
fam.  5,  2,  3;  14,  6,  2  ;  ^e  rfomo,  5,  Il  ;  24,  02;  Cat.  î,  12,  26  ;  Ad  fjuinl.  2, 
10,  \;Phil.  1,2,  6,  38,99;  Liv.  3,  38  ;  Val.  Mai.  8,  13,  4;  l)io,  59,  24;  Gcll.  3,  18, 
7;  Suet.  Claud.  36.  —  Il  Dio,  55,  3;  Gell.  14,  7,  10;  Liv.  3,  38;  Cic.  Phil.  I,  5, 
Il  :  Ad  fnm.  8,  8,  li  ;  Plut.  tic.  43.  Moinmsen  (Vil,  p.  20)  donne  la  liste  »ppio%i- 
malive  des  présents  au  sénat:  en  Cl,  413;  en  37,  417  et  200  ;  en  4'J,  392  ;  en  23, 
305;  en  44-46  ap.  J.-C,  3S3  (Cic.  Ad  Atl.  I,  14,  3;  Cum  *en.  grat.  10,  26;  .4i; 
Qniiit.  2,  I,  1  ;  C.  i.  l.  10,  1401  ;  Bull.  corn,  di  Borna,  1883,  p.  228;  Appian.  /.  c. 
2,30).—  12  Dio,  5K  18;  35,  3;  60,  Il  ;  77,  20;  Tac.  .Win.  10,  27;  Scncc.  Ile  hrcr. 
vit.  20;  Conlroii.  18,  4;  (Juinlil.  Decl.  300.  —  <3Suet.  Caes  28;  Cic.  l'Iiil.  .!, 
9,  2i.  —  14  Trois  d'après  Mommsen  dont  deux  au  Koruin  et  au  Capilolc,  un  en 
dehors  du  pomerium;  un  seul  d'après  Wijlems  (Val.  Max,  2,  2,  6:  Varr.  L.  L  5. 
156  ;  Festus.  p.  337,  347  ;  Liv.  41,  27).  —  li  On  conleste  la  légalilé  de  s.  c.  fails 
plus  lard,  la  nuit  (Cic.  Phil.  3,  10,  24)  et  ou  ne  soumet  plus  de  proposition  nou- 
velle après  la  dixième  heure  (Senec.  Ue  Iranq.  an.  17).   —  Ifi  tiell.   14,  7,  8;   Liv. 


tervalle  légal  entre  la  convocation  et  la  séance.  Les 
sénateurs  se  tiennent  souvent  dans  des  lieux  d'attente, 
senacula,  en  nombre  inconnu  ". 

4°  Durée,  Jours,  lieux,  police  des  séances.  —  Elles  ont 
lieu  régulièrement  '°  entre  le  lever  et  le  coucher  du 
soleil,  commencent  généralement  de  grand  malin, 
durent  souvent  toute  la  journée,  avec  changemenl  de 
président  '*;  la  discussion  peut  se  continuer,  quoique 
irrégulièrement,  dans  la  séance  suivante  '''.  On  peut 
utiliser  tous  les  jours,  fastes  ou  néfastes,  même  mal- 
heureux, sauf  les  jours  comitiaux,  seulement  depuis 
une  loi  Pupia  de  date  inconnue  '*  ;  et  même,  dans  la 
pratique,  un  jour  comitial  perd  ce  caractère  s'il  est  jour 
de  marché  ou  de  fêle,  ou  si  le  sénat,  depuis  Sylla,  le 
prend  en  interdisant  la  tenue  des  coniices  '■'.  11  n'y  a  pas 
encore  de  séances  à  date  fixe,  sauf  le  1"'  janvier.  Le 
sénat  ne  se  réunit  qu'à  Rome  ou  dans  le  premier  mille, 
dans  un  lieu  public  ou  sacré,  fermé,  constituant  pour 
l'auspication  un  lemplum  '-".  Il  y  a  eu  deux  anciens 
locaux,  la  curia  Culubra  au  Capitule  -',  et  la  curin 
lloslilia.  Cette  dernière,  située  sur  le  coinitium  et  restée 
seule  en  usage,  restaurée  par  Sylla,  briilée  en  52,  rebâtie 
par  Faustus  Sylla,  fut  remplacée  presque  au  même 
endroit  sous  César  par  la  curia  Julia,  dédiée  en  -19  par 
Auguste  qui  y  plaça  un  autel  et  une  statue  de  la  Victoire, 
provenant  de  Tarente  ;  elle  avait  deux  salles  annexes  :  le 
secretarium  senalus  et  le  Clialcidicum,  appelé  aussi 
depuis  Domitien,  qui  y  bâtit  sans  doute  une  chapelle  à 
Minerve,  atrium  Minercae'--.  Mais  on  emploie  aussi  les 
cellae  de  divers  temples,  disposées  pour  l'auspication,  de 
ceux  de  Jupiter  Capilolin,  oit  se  tient  en  particulier  la 
première  séance  de  l'année,  de  Castor  au  Forum -^  de  la 
Concorde  depuis  Sylla -\  de  la  Fides,  de  VHonor  et 
Virtus,de  Jupiter  Slator.de  Tellus-\  Valrium  Vestae; 
sous  l'Empire,  le  temple  de  Mars  l'ilor  pour  les  séances 
motivées  par  des  victoires,  la  bibliothèque  du  palais, 
VAthenaeumA'\\;iAr\en-'\  Pour  recevoir  les  promagislrals 
ou  les  députés  de  pays  étrangers,  le  sénat  se  réunit  en 
dehors  du  pomerium,  d'abord  près  de  la  porte  de  Capoiie 
[ad  portant  Cajienani]  ou  au  pré  Flaminien,  ou  au 
Ciiamp  de  Mars,  devant  la  porte  Carinentale,  plus  lard 
dans  les  temples  d'.\pollon  et  de  Bellone -\  ou  dans  le 
théâtre  de  Pompée  [curia  PompeiaY'^,  dans  la  biblio- 
thèque du  portique  d'Octavie'-^.  Dans  les  locaux  ordi- 
naires, les  portes  restent  ouvertes  pendant  la  séance,  sauf 

44,  20;  22,  7;  30,  21  :  Dionjs.  12,  2;  ['lui.  C.  Gracch.  li;  Cic.  IJ,  19;  Unit. 
19;  Appian  l.  c.  3,  30;  Dio,  38,  9;  Cic.  De  or.  3,  I,  2;  Ad  fam.  Il,  6,  3;  AU 
Alt.  1,  17,  9  ;  Ad  Quint.  2,  1,  I  ;  Oe  amie.  3,  12;  Sencc.  De  prou.  3,  4;  Dio,  58 
21.  —  '7  Cic.  Ad  fam.  I,  I,  2,  4;  Ad  Quint  2,2.  —  I»  Citée  pour  b  première  fois 
en  30  (Cic.  Ad  fam.  I,  4,  I)  ;  preniière  menliuu  d'iucompaliijililè  entre  un  jour  c<)- 
mitialctune  séance  du  sénat  en  57  (l'ro  Sesl.  3t,  7V).  Bardt  [Hermès,  7,  14-27) 
met  la  loi  entre  94  cl  03  ;  Willcms  il,  p.  147,  1301  entre  01  et  30;  Mommsen  vers 
134.  —  '9 Cic.  Ad  fam.  S,  S,  5;  Pro  Mur.  25,  51.  —  20  Cell.  U,  7,7;  Scrv.  Ad 
Aen.  I,  446  ;  7,  133  :  Cic.  De  dom.  51,  131  ;  Pro  Mil.  33,  90.  Une  seule  fois  en 
pleinair,  pour  un  prodige  (Plin.//isf.n(i«.  8,  43,  IS3|.  — 21  Macroli.  1,  15,  9;Kcslns, 
p.  249.  —  22  Gell.  U,  7,  7  ;  Liv.  1,  30  ;  3,  21  ;  8,  5  ;  Cic.  Pro  Mil.  24.  66;  33,  9(1  ; 
De  dom.  3,  7;  Phil.  2,  36,  91;  Ad  fam.  10,  12,  4  ;  Appian  (.  c.  1.  25  ;  2,  21  ;  Dio, 
39,  9;  31,  22;  Plin.  Uist.  nul.  35,  4,  27;  Suet.  Coi.  00;  Herodiau.  7,  lU;  C.  i. 
l.  8,  11451.  Appelée  aussi  sous  l'Empire  curia  Pom/.iliana  (Vit.  Aur.  41;  Tac. 
3).  La  curia  Julia  est  représentée  en  forme  de  temple  sur  une  mounaic  d'AugusIc 
el  l'aDaglvphe  de  Trajan  au  Korum.  Sur  son  emplacement  il  y  a  aujourd'hui  l'église 
Sanl'  Adriano  cl  sur  celui  du  secretarium  senatiis  l'église  Santa  .Marlina  (v.  Ilucl- 
seu,  le  Forum  romain,  Irail.)  Caicopino,  p.  103,  1 1  i-121  el  uolie  art.  F,.i.r».  —  23  Cic. 
Verr.  I,  49,  129  ;  C.  i.  (.  I,  201.  —  2'>  Cîc.  /«  t'<i(  3,  9,  31;  De  dom.  5,  11;  Pro 
Sest.  Il,  26;  Dio,  46,  28;  Joseph.  Ant.  jiid.  1  i,  8,  5;   14,   10,  10  ;  Vit.  Alex.  C. 

—  •25  Val.  Max.  3,  2,  17;  Cic.  Pro  Sest.  id,  120  ;  Cat.  1.  5,  Il  ;  2,6,  12  ;  Dio,  40,49. 

—  2r.  Sud.  Aug.  29;  Gai.  44;  Tac.  .Inn.  2,  37;  Dio,  5.-.,  10;  58,  9;  73,  17;  Scrv. 
Ad  Aen.  11,  235.  —  '27  Feslus,  p.  347  ;  Liv.  3,  63  ;  10,  19  ;  23,  32.  —  2»  Abaudoniic 
depuis  le  meurtre  de  César.  —  29  Gcll.  14,  7,  7;  Dio,  44, 16;  55,  S;  Suet.  fae».  88. 


SEN 


—  1190  — 


SEN 


si  elle  est  socrèle  ',  mais  le  public  ne  doit  ni  stationner 
ni  se  livrer  à  aucune  manifestation-  ;  seuls  les  fils  et 
petils-lils  de  sénateurs,  pourvus  de  la  robe  virile, 
peuvent  ainsi  assister  aux  séances'.  Les  sénateurs  sont 
assis  sans  ordre  hiérarchique  ni  places  fixes  sur  des 
tabourets  |.s7//AV('///fl)  et  ne  selèvent qu'exceptionnellement 
pour  entendre  un  discours,  se  rapprocher  du  président, 
honorer  un  arrivant  *.  Les  consuls  et  les  préteurs  ont 
leurs  chaises  curules,  les  tribuns  leur  banc,  les  autres 
magistrats  paraissent  s'asseoir  au  milieu  des  sénateurs  ■; 
sous  l'Empire  il  y  a  une  chaise  curule  pour  l'F.nipereur 
à  côté  de  celles  des  consuls,  et  des  bancs  spéciaux  pour  les 
préteurs  et  les  trii)uns".  La  salle  est  divisée  en  deux 
parties  par  un  passage  ;  on  entre  et  sort  à  volonté  '.  Le 
président  exerce  la  police,  sans  doute  au  moyen  d'appa- 
riteurs, de  licteurs;  il  peut  théoriciuemenl  prononcer 
contre  les  sénateurs  désobéissants  la  prise  de  gages, 
l'expulsion,  l'emprisonnement  ;  en  fait,  il  n'a  guère  usé 
de  ces  droits*.  L'Empereur  se  fera  accompagner  "d'af- 
franchis et  généralement,  après  Tibère,  du  préfet  du  pré- 
toire et  de  tribuns  prétoriens  '.  La  séance  commence 
par  l'auspicalion,  au  début  par  le  vol  des  oiseaux,  à 
l'époque  historique  par  un  sacrifice  et  l'examen  de  l'ani- 
mal, au  besoin  avec  l'avis  des  augures  '". 

o°  Ordre  des  dvlibérations;  pouvoirx  des  magistrats. 
—  Les  questions  religieuses  passent  les  premières  et 
c'est  i)ar  elles  que  les  magistrats  commencent  leur 
année".  Ils  reçoivent  aussi  les  ambassadeurs  au  début 
de  l'année.  La  loi  Sempronia  a  mis  la  fixation  des  pro- 
vinces consulaires  avant  l'élection  des  consuls.  Pour  le 
reste,  c'est  le  président  qui  fixe  l'ordre  du  jour  à  sa  guise, 
en  tenant  compte  cependant,  en  général,  des  vonix  expri- 
més par  le  sénat  sous  la  forme  soit  d'une  décision  '-,  soit 
d'une  simple  acclamation,  pour  nç  point  s'exposer  à  son 
refus  de  voter  sur  les  questions  qui  lui  sont  soumises '^ 
Il  a  le  droit,  ainsi  cjue  tous  les  autres  magistrats,  géné- 
ralement présents  aux  séances,  et,  le  cas  échéant,  les  pro- 
iiiagistrats,  de  prendre  la  parole  quand  et  aussi  souvent 
qu'il  lui  plaît";  ce  droit  des  magistrats  peut  amener  des 
discussions  entre  eux,  une  altercalin^-'.  Mais  ils  ne 
peuvent  ni  formuler  une  senlentia  régulière,  ni  voler  et 
il  en  est  encore  ainsi  sous  l'Empire,  sauf  quand  c'est 
l'Empereur  qui  préside".  Avant  les  débals,  le  président 
peut  faire  toutes  sortes  de  communications,  faire  lire  des 
documents,  des  lettres,  poser  des  questions  à  des  séna- 


I  Cic.  Phil.  i,  H,  lli;  3,  .7,  18  ;  A./  Att.  15,  3  :  Heroiliaii.  7,  10  ;  Liv.  ili,  tiO  ; 
4i,  U;  Val. Mai.  i,  i,  I  ;  Vit.  Gord.  li.  Oblisation  de  garder  le  sccreMGell.  1,23; 
Appian.  /.yb.  69).  -  2  Cic.  Ad  AU.  4,  1,0;  OU.  I,  8,  iO;  2,  3,  51.  Des  soldais 
gardent  (|ueI(|uerois  les  abords  (Cic.  .\d  fum.  10,  2^,  1;  Dio,  40,  50  ;  42,  23  en  52, 
4S  ;  Sali.  Cm.  4,  50;  Suct.  Caes.  14.  —  3  Liv.  2.  4,  10;  22,  59,  10;  Val,  Max.  2, 
1,9;  Cic.  Co(.4,  2,3  ;  I'oIvIj.  3,  20.  Auguste  essaie  de  rèlablir  celle  coulumc  (Sud. 
Aug.  38;  l'Iiii.  £■;).  8,  H,  8;Tac,  Ami.  i,  37).  —  '  Cic.  Cal.  I,  7,  16;  2,  C,  12; 
Phil.i,  S,  l»;5,  7,  18;  AU  Att.  I,  14,  3;  Ad  fam.  t,  4,  3  ;  Gell.  4,  10,  8  ;  Plut, 
Cat.  min.  23;  Appian.  (.  c.  2,  21  ;  Suct.  Caes.  14;  Dio,  40,  -19  ;  Plin.  £p.  2,  II, 
22;  Liv.  ï,  28,  9.  —  ■>  Liv.  2,  28,  9;  Appian.  /.  c.  2,  21  ;  Fini,  Mme.  23;  Dio, 
43,  14:  44,  17.   Il  ne  semble  pas    y    avoir  d'estrade.  —    fi  Dio,    .îû.    31  ;   58,  10. 

—  ''   Vit.  Carac.  2  ;  Cic.  Dedom.  7,  15;  Suct,  Aiig.  94.  —   8  Liv.  3,  41  ;  Appian. 

1.  c.  1,31;  Cic.  De  or.  3,  1 ,  2  ;  Dio,  00,  12  :  Plin.  Ep.  3,  20.  —  'J  Suel.  Tib.  23  ; 
Claiid.  12  ;  Tac.  Ann.  0,  l.ï  ;  llerodian.  4,;i;llio,  59,  6  ;  CO,  10,  23  ;  73,  8,  12; 
Vi7.  Perl.  5.  —  lOtjell.  14,  7,  9;  Appian,  /.  c.  2,  MO;  Suel.  Caes.  81;  Nicol. 
bamasc,  fr.  24;  Dio,  44,  )7;  73,  13;  llerodian,  4,  3.  —  Il  Gell.  14,  7,  9  :  Liv.  0,  ), 
ti  ;  37,  1  ;  22,  Il  ;  Cic.  Cum  pop.  grat.  5,  11,  Aussi  dans  le  droit  municipal  {Lex. 
Genêt.  64),-  12  Cic.  Adfam.  1,9,  8;  8,  8,  î,;  Phil.i,  II,  3  ;  11,  12,  31  ;  /«  dom. 
0.  II.  —  "3  Liv.  42,  21  ;  Cic.    In   Pis.    13,   29;   Pro  Sest.  31,  08;   Plut.  Cic.  33. 

—  H  Caes.  Bel.  ciii.  I,  i  ;  Cic.  Cal.  4,  4,  17  :  Ad  Al'..  4,  3,  3  ;  I,  14,  5;  Ad  Quint. 

2,  I  ;  Plut.  Cat.  maj.  3  ;  Cat.  min.  18.  —  15  Liv.  28,  45  ;  32,  22  ;  38,  44;  Suel. 
Cnes.  23;  Cic.Adfam.  1,  2,  1.  — 16  Cic.  Pro  Sest.  33,  34;  32,69;  Ad  Quint.  2,  I, 
I  ;  Cum  «en.  grnl.  10.  20  ;  Tac.  Hisl.  4,  41  ;  Ann.  3,  17.  —  n  Caes.  Bel.  cii\  1,1; 


leurs,  à  des  citoyens,  recevoir  des  communications''', 
exposer  ses  vues  sur  une  question".  A  ce  moment,  les 
acclamations,  plus  ou  moins  anonymes,  manifestent 
l'approbation  ou  le  mécontentement  des  sénateurs, 
servent,  à  défaut  d'initiative  en  matière  parlementaire,  à 
provoquer  des  relut iones  des  magistrats"'.  Sous  l'Em- 
pire, celle  procédure  va  prendre  plus  d'importance,  sur- 
tout par  les  communicationsde  l'Empereur;  elle  empiète 
swvXmrelatin-^  et  provoque  des  acclamations  qui  tiennent 
souvent  lieu  de  vole  soit  avant,  soit  après  la  re/atio,  et 
dont  on  note  probablement  le  nombre  dès  le  iir  siècle  -'. 

tj"  Relatiu.  —  Demander  au  sénat  la  ratification  d'un 
vole  populaire  se  dit  re ferre  ad  senaliiin;  de  la  propo- 
sition d'un  magistrat,  senalum  consulere'-',  et  aussi  de 
préférence  et  abusivement,  dès  l'époque  de  Cicéron, 
referre  ad  senalum,  relatio.  Le  droit  de  relation  appar- 
tient au  président,  aux  magistrats  qui  lui  sont  supérieurs, 
aux  tribuns  et  aux  magistrats  qu'il  autorise;  des  magis- 
trats de  rang  inégal  peuvent  faire  votera  la  fois  sur  leurs 
propositions,  dans  la  même  afTaire-';  cnlre  collègues,  il 
y  a  souvent  relation  commune.  La  relation  est  illimitée 
ou  déterminée;  dans  le  premier  cas  c'est  le  débat  général 
de  re  piih/ica,  dans  les  crises,  au  début  de  l'année,  pour 
la  formation  de  l'armée-';  dans  le  second  cas  elle  déli- 
mite la  question  et  le  vote,  avec  plus  de  précision  sous 
l'Empire  que  sous  la  République^'';  elle  peut  rassembler 
plusieurs  objets  divers,  le  sénat  ayant  cependant  le  droit 
d'interdire  ce  groupement  ou  de  le  repousser  par  son 
vote'-".  Dans  aucun  cas,  théoriquement,  le  président  ne 
doit  proposer  la  solution;  après  avoir  commencé  par  la 
formule  «  quod  Ixtnum  feli.V(/ue  sit  populo  romaiio  qui- 
ritum  referimus  ad  vos,  patres  conscripti  »,  et  énoncé 
l'objet  de  la  relatio.,  il  demande  l'avis  du  sénat  «  de  ea  re 
quid  fieri  placeat  »-'';  mais  il  peut  et  doit  éclairer  les 
sénateurs  par  un  exposé  suffisant  {verba  faccrej'-*  qui  en 
fait  devient  plus  ou  moins  une  proposition  formelle'-''.  Il 
fait  lire  les  pièces  par  un  appariteur,  doit  dans  certains 
cas  donner  à  faire  l'exposé  à  d'autres  personnes,  en 
matière  religieuse  aux  prêtres,  à  des  députés  de  villes, 
de  groupes  tels  que  chevaliers,  publicains,  aux  ambassa- 
deurs étrangers  assistés  d'interprètes,  et  que  le  sénat 
questionne^". 

7°  Interrogation.  —  Elle  a  lieu  dans  l'ordre  de  la  liste; 
le  magistrat  classe,  depuis  Sylla,  les  consulaires  à  sa 
guise;  il  excepte  de  l'interrogation  les  magistrats,  mais 


Cic.  Ali  fum.  10,  12,  3  ;  Cut.  1,  s,  2(1;  PIM.  10,  t,  t  ;  Brut.  I,  2  ,  Plut,  Si/U.  31  ; 
Crass.  13  ;  Cic.  13;  Liv.  35,  8  ;  28,  45.  —  1»  Cic.  Ad  Quint.  2,  1,  1,  —  <»  Sali, 
Cat.  48,53  ;  Liv.  23,22;  29,  16  ;  30,  21  ;  42,  3  ;  Cic.  Ad  fam.  lu,  10,  —  20  Tac, 
Ann.  13,  26;  11,5;  Plin,  Ep.  9,  13.  —2'  Suel.  Aug.  58;  Plin.  Pan.  73,  D-ins  Vit. 
J'ert.  19,  il  ya  :  lettre  de  Pertinax,  acclamations,  relation  et  soit  vote,  soit  accla- 
mations ;  dans  Vit.  Comm.  20,  acclanialious,  relation  du  pontife  et  saris  doute  vote  ; 
ddus  Vit.  Max.  16,  une  relation  entre  deux  séries  d'acclamations  ;  ailleurs,  une  rela- 
lion,  une  acclamation,  une  senlentia  cl  une  seconde  acclamation  (V'i^  Max.  26; 
Tac.  3  ;  Proh.  11,  12;.  An  Bas-Empire  les  acclamations  ripcMées  jusqu'à  vingt-huit 
fois,  comme  des  litanies,  et  t\\\\  u'inditjuent  nullement,  comme  on  l'a  cru,  le  nombre 
des  sénateurs  présents,  suivent  la  lecture  de  la  letlre  impériale  (Corf.  Ttieod.  proem). 
Voir  L#crivain,  £'(urfC5  sic-  l'Histoire  Auguste,  p.  73, 'J'J.  —  22  Des  186,  puis 
161,  159  (C.  i.  t.  1,  190,  201  ;  Suel.  /(/ie(.  1  ;  (iell.  14,  7,  2-4;  Cic.  Cat.  3,  7,  13; 
Ad  Alt.  12,  21,  2).  En  grec  iiu;i6oi,XiOi<fS«i  t>î  «uv.Xï^.t.,  (Le  Bas,  Voy.  arch.  2, 
852;  Bruns,  Fontes,  0"  éd.  n"  30,  39;  Bull,  de  corr.  helt.  1882,  p.  350,  1885, 
p.  437  ;  Joseph.  Anl.  jml.  14,  8,  5.  —  23  Cic.  Ad  fam.  I,  1,  2,  4  ;  Appian.  /.  c.  i, 
30;  Plul.  Pomp.  58.  —24  Liv.  21.  0;  22,  11;  20,  10  ;  Cic.  Phil.  8,  4,  14  ;  Caf.  3,  0, 
13  ;  I,  4,  19  ;  t:ool.  Ad  fam.  8,  8,  0,  —  25  Tac.  Ann.  3,  34  ;  15,  22,  —  26  Coel.  Ad 
fam.  8,  8,  S;  Cic.  Leg.  3,  4,  Il  ;  Liv,  8,  14.  —  27  Suel.  Gai.  15;  Liv.  2,  31  ;  8,  20; 
42,  30  ;  39,  39  ;  Cic.  Cal.  3,  0,  13;  Sali.  Cat.  50.  —  2»  Aussi  menlionem  facere 
(Cic.  Vcri-.  2,  39,  95).  En  grec  Xijou;  >:o,tri.»a..  —  2'J  t:ic.  Phil.  1,  1.4;  10,  s,  17. 
—  30  Gell.  4,  8,  2  ;  Liv.  5,  7  ;  29,  l.i  ;  22,  59  ;  30,  23  ;  40,  33  ;  Dio,  3S,  10  ;  Sali, 
Jug.  15. 


SEN 


—  iini 


SEN 


il  interroge  les  magistrats  désignés  les  premiers  dans 
leur  classe  ';  depuis  Sylia  jusqu'à  l'époque  de  Trajan,  ce 
sont  donc  les  consuls  désignés  qui  parlent  les  premiers; 
après  cette  époque,  un  consulaire  choisi  par  le  président  -. 
Tous  les  membres  sans  exception  sont  appelés  nomina- 
tivement'. Il  n'y  a  pas  de  tribune  ;  la  réponse  impro- 
visée ou  écrite*  faite  par  chaque  sénateur,  généralement 
debout  à  sa  place  %  est  une  sententia'' .  L'orateur  est 
absolument  libre,  n'encourt  aucune  responsabilité,  ne 
doit  être  ni  interrompu,  ni  rappelé  à  la  question,  peut 
parler  sur  n'importe  quel  sujet  {egredi  relationem),  sur 
la  situation  générale  de  la  République  {de  summa  re 
pitblica  dicere),  tant  qu'il  lui  plaît,  jusqu'à  la  fin  de  la 
séance  {diem  (ollere,  consumere),  recommander  certains 
sujets  au  sénat  ou  aux  magistrats.  Ce  droit  qui  remplace, 
dans  une  certaine  mesure,  les droitsd'iniliativeetd'inler- 
pellation  n'est  limité  en  fait  que  par  l'opposition,  les  cris 
des  autres  sénateurs^  ;  Auguste  limitera  le  temps  donné 
à  chaque  orateur  et  l'habitude  de  parler  en  deliors  du 
sujet  disparaîtra  peu  à  peu  *.  En  tout  cas,  l'orateur  doit 
finalement  ou  demander  l'ajournement  (rejicerei,  sou- 
vent en  indiquant  la  date  d'une  autre  délibération,  ou  le 
renvoi  devant  une  autre  autorité  (pontifes,  comices)^, 
ou  qu'on  ne  prenne  aucune  résolution'",  ou  faire  une 
proposition  formelle,  sur  laquelle  on  puisse  voter,  et  sou- 
vent pour  cette  raison  rédigée  par  écrit  :  censeo,  milii 
placel,  décerna,  decernendum  censeo".  Les  sénateurs 
interrogés  ensuite  peuvent  formuler  une  proposition 
nouvelle  ou  se  rallier  soit  purement  et  simplement,  soit 
avec  des  additions  et  des  amendements  à  une  proposition 
déjà  faite  [adseritiri'^-).  Naturellement,  les  premiers  avis 
ont  une  importance  prépondérante;  cependant  ceux  qui 
parlent  les  derniers  jouent  encore  un  certain  r(Me,  car  on 
ne  parle  qu'une  fois,  sauf,  avec  l'autorisation  du  prési- 
dent pour  combattre,  interroger  un  nouvel  orateur, 
changer  d'avis,  se  rallier  à  un  autre '^  Dans  les  cas  peu 
importants,  le  président  peut  négliger  l'interrogation 
générale,  toujours  très  longue,  et  faire  voter  immédiate- 
ment après  l'exposé,  pei'  discessionem'^,  s'il  n'y  a  pas 
d'opposition  exprimée  par  le  mot  coîisule'^.  Le  président 
proclame  ensuite  les  avis  [pronunliatio  sentent iaruni) 
et  les  classe  à  sa  guise,  selon  qu'ils  sont  conciliables, 
se  complètent  ou  s'excluent,  et,  le  cas  échéant,  dans 
l'ordre  de  prééminence  des  magistrats  aux  propositions 
desquels  ils  se  réfèrent"*.  Le  sénat  peut  les  repousser 
tous,  demander  la  division  du  projet  [divide],  le  vote  suc- 
cessif des  articles  ''. 

<  (Jcll.  14,  7,  9;  i,  10,  5  ;  Cic.  In  p{s.  S,  1 1  :  Pltil.  5.  13,  35;  C,  3,  8;  13,  12, 
i    ;  Appian.  /.  c.  2,  5  ;  Tac.  Ann.   3,  22;  Uio,  59,  8;  Suel.    Claud.  9;  Ciies.  il. 

—  2  Vil.  trig.  tyr.  21  ;  Tac.  *;  Aur.  19,  41  ;  l'rob.  12.  -  3  Dio,  79,  I  ;  3'.l,  2s  ; 
Liv.  22,  CO;  Dionys.  0,  57;  l.iv.  I,  32;  9.8;  Cic.  Vcrr.  4,  04,  142;  Ad  Att.1,  1,  4. 

—  «Cic.  Ad  fam.  10,  H,  1  ;  10,  13,  1  ;  Ad  Ail.  1,  IC.  S;  4,  3,  3;  Pio  Plane.  30, 
74.  —  S  D"où  les  termes  slarc,  surijere,  conaiti-gere  ou  inversement  sedere,  adsi- 
dere  (Cic.  Pro  Scsi.  34,  74;  l'ro  Marc.  11,  33;  Clin.  Ep.  4,9, 18).—  ô  Stcnlcnliam 
royare,  dicere  {Cic.  Verr.  1,  15,  44  ;  Cal.  1,  4,  9);  l'auteur  d'une  proposition  est 
auclor  senlenliae  (Cic.  In  Pis.  15,  35;  De  dont.  5,  10).  Texte  dune  seiilenlia  C.  i. 

1.  2,0278.  —  7  Tac.  Ann.  2,  33,  38;  Gell.  4,  10,  8;   Cic.  Leg.  3,   I»,  iO  ;  Ad  AU. 

4,  2,  4;  3,  15,  0  ;  Ad  fam.  4,  4,  3  ;  8,  4,  4;  10,  28,  2;  10,  10,  1  ;  Ad  Qninl.ï,  1,  3; 
De  dom.  20,  70  ;  Pro  Sest.  1 1,  2S  ;  Sali.  Cal.  48  ;  Jag.  27  ;  Liv.  30,  21  ;  42,  3  ;  Ca.s. 
Bel.  civ.  1,  32;  Val.  Max.  2,  10,  7;  l'Iut.  Cal.  min.  31,  43;  Caes.  13;  Appian.  /.  c. 

2,  8.  —  sGeil.  4,  18,  8  ;  Tac.  Ann.  13,  18  ;  Plin.  Hial.  nat.  0,  lu,  3.-9  Cic.  Ad 
l'am.  1,  4,  1  ;  Pro  Plane.  13,  33;  Liv.  2,  22,  5;  2,  27,  5  ;  5,  36.  —  10  Cic.  Ad  fam.  S, 

5,  5;  Ad  Ali.  1,  5,  5;  Tac.  Ann.  1,  79.—  "  Sali.  Ca(.  51  ;  Cic.  Pliil.  10,  11,  25; 
14,  12,  31;  9,0,  13;  Liv.  3,40.  —  ''2  Cic.  Ad  tam.  1,  1,  i;  Ad  Quint.  2.  7,  3;  .>^eMcc. 
De  vit.  beat.  3,  3.  Sous  l'Empire,  l'adhésion  se  transforme  souvent  en  acclamation 
(l;(.  .Vax.  20:  Prob.\i:  Tac.  5,  7;  Val.  5).  —  13  Sali.  Cal.  30;  Suel.  Caes.  14  ; 
Cic.  Ad  AU.  1,  10,9  ;Tac. //is/.  4,  7.  —  H  Cic.  Phil.  1,  1,  3;  3,9,  24;  Suct.  Titi. 
31  ;  Dio,  41,  2  ;  Gell.  14,  7,  9  (où  Uommsea  corrige  per  lationem  en  perlattone  ou 


8°  ]'ote.  —  llensere,  decer7ie)'e'^.  Le  mot  .sentent in  ne 
signifie  vote  que  sous  l'Empire.  Il  a  fallu  probablement, 
dès  le  début,  un  nombre  minimum  de  votants'",  mais 
nous  ne  connaissons  que  les  chilTres  fixés  pour  certains 
cas-";  Cé.sar  fixe  peut-être  le  nombre  minimum  à  400; 
Auguste  le  réduit  en  général  et  en  particulier  pour  les 
mois  de  septembre  et  d'octobre  ^'  ;  mais  sous  la  Répu- 
blique on  ne  vérifie  le  nombre  des  présents  que  sur  la 
demande  d'un  membre.  Aucun  sénateur  n'est  lié  pour 
son  vole  par  sa  sententia  --.  Le  vote  a  lieu  par  oui  et  par 
non,  au  moyen  d'un  ciiangement  de  place  {discessio) 
souvent  opéré  avant  la  fin  des  débats".  Selon  la  formule 
prononcée  par  le  président  :  «  qui  hoc  censetis  illuc 
trtinsite,  qui  alia  omnia  in  hanc  partem  »^',  les 
approuvants  vont  s'asseoir  d'un  côté,  généralement  du 
côté  où  se  trouve  l'auteur  de  la  proposition  [pedibua  ire 
in  sententiam  nfiquam;  aliquemowaliquain  sentent iani 
seqiii),  les  autres  de  l'autre  (/n  alia  omnia  ire,  aliquem 
relinqaere)-'^.  Il  n'y  aura  de  vote  secret  que  sous  l'Em- 
pire, par  exception,  avec  l'autorisation  du  prince  pour 
les  élections  et  les  jugements-''.  Le  président  constate  de 
quel  côté  est  la  majorité  ou  l'unanimité;  l'égalité  de  voix 
équivaut  au  rejet'''.  Le  résultat  du  vote  est  soit  I'aucto- 
RiTAS  PATRUM  soit  le  SENATi'S  CONSULTUM.  Le  droit  d'inter- 
cession n'a  lieu  que  contre  le  sénatus-consulte  et  encore 
quand  il  n'a  pas  été  exclu  formellement  par  une  loi  spé- 
ciale [iNTERCESSio,  p.  549].  Après  épuisement  des  ques- 
tions, le  président  congédie  le  st'mat  [miltere,  dimittere): 
niliil  vos  teneo  ou  teneintis-*. 

IX.  Commissions.  —  Désireux  de  maintenir  l'égalité 
entre  ses  membres,  le  sénat  ne  nomme  de  commissions 
que  dans  certains  cas.  Il  confie  certains  actes,  l'organi- 
sation de  villes,  de  provinces,  à  des  commissions  [lega- 
Tis]  ;  il  charge  d'arbitrages  entre  villes,  de  procès  admi- 
nistratifs des  commissions,  tirées  au  sort  ou  choisies 
par  le  président,  présidées  par  les  consuls  qui  prennent 
la  décision  et  la  font  ratifier  par  le  sénat-*";  enfin  il  fait 
examiner  des  affaires  par  des  commissaires  qui  émettent 
leur  avis  dans  la  discussion^". 

X.  Compétence  (jénérule.  —  Elle  repose  sur  deux  élé- 
ments essentiels,  la  ratification  ou  la  préparation  des 
dt'cisions  populaires,  la  discussion  préalable  des  décrets 
des  magistrats.  C'est  surtout  du  second  élément  qu'est 
sortie  la  puissance  du  sénat.  A  l'origine,  simple  conseil 
des  magistrats  [consilum],  dépourvu  d'action  propre, 
d'initiative,  sans  caisse  particulière,  sans  bureau,  sans 
président  électif,  il  a  profité  des  afl'aiblissements  succes- 

perrogationc)  ;  Lex  regia,  c.  \:perrelationem  discessionemgue.  —  '5  Festus.  p.  170; 
Cic.  Ad  Alt.â,  4,2;  Vit.  Irig.  tijr.  21.  —  16  1'olyb.  33,  1;  Caes.  Bel.  civ.  1,2;  Cic. 
Phil.  14,  8,  22  ;  Tac.  .^nn.  15,  22  ;  l'Un.  Ep.  19,  21.  —  '7  Festus,  p.  170;  Cic.  Pro 
Mil.  0,  14;  Ad  fam.  1,  2,  2;  Ascon.  p.  44.  —  I»  En  grec  So.irv.  —  ODio,  39,  30; 
Cic.  Ad  fam.  1,  9,  «;  Liv.  35,  7,  1.  —  aoioo  (C.  i.  l.  1,  590;  Liv.  39,  18);  150 
(Liv.  42,  28,  9);  200  (Ascon.  p.  58).  Autres  cas  (Cic.  Ad  fam.  8,  9,  2;  8,  11,  2). 
—  21  Uio,  54,  35  :  55,  3  ;  Suet.  Aug.  35.  50  membres  dans  Vit.  Alex.  10,  et  au  Bas- 
Empire  pour  la  d^'signalion  des  pr^-teurs  (f.  Th.  0,  4,  9).  —  22  Sali.  Cal.  5n  ;  Cic. 
P/.il.  Il,  0,  15;  Plin.  Ep.  2,  12,  22;  8,  14,  24.  — '23  Cic.  Ad  (Juinl.  2,1,  3;  Suel. 
Caes.  14.  —  21Fcstus.  p.  201  ;  Gell.  14,  7,  12;  Plin.  Ep.  8,  14,  19.  —  ^îcic.  Pro 
Sest.  34,  74;  Phil.  6,  1,3  ;  14,  7,  21  ;  II,  7,  15;  Ad  fam.  1,  2,  2;  10,  12,  3;  Ad 
Alt.  I,  20,  4;  Sali.  Cat.  50  ;  Liv.  9,  8,  13;  22,50,  I;  27,  34,  7  ;  23,  10,4;  Gell.  3, 
18,  0  ;  Caes.  Bel.  gai.  8,53;  Tac.  Ann.  14,  49.  —  26  Plin.  Ep.  3,  20;  4,  5;  cf.  Sali. 
De  re  pub.  ord.i,  11.  —  27  Senec.  De  vit.  beat.  2;  Cic.  Cal.  3,  6.  13.  — 28Cic.  Ad 
Ouinl.  2,2,  l;Bnit.  BO,  218;  Ad  fam.  1,  2,3;  Ascon.  p.  36;  Liv.  2,24,  4;  38,50; 
Macrolj.  1,  4,  'lU.  —  29  Hermès,  20.  268  (affaire  d'Oropos);  Cic.  Ad  Ait.  4,  15,  5; 
Pro  Se.  27  (procès' entre  Intcramna  et  Roalcl  ;  Eph.  e/iigr.  4,  213;  Bull,  de  corr. 
hell.  4,  370  (adaire  d'Adramyttion)  ;  Tac.  Ann.  3,  On  (revision  du  droit  d'asile)  ; 
14,  17  (alTairc  de  Nuceria  et  de  Poinpcii)  ;  Dio,  44,  53  ;  Cic.  PliU.  2  36,  91  (dis- 
crets laissés  parCésar).  —  30  Diod.  28,  15  ;  Liv.  34,  57  ;  Polyb.  23,  4  ;  Bruns.  /.  c. 
no  36.  ' 


SEN 


—  ll!)2  — 


SEN 


sifs  de  la  ningislraturp  pour  se  l'assujetlir,  pour  devenir 
peu  à  peu  entre  les  mains  de  la  noiulitas  la  plus  haute 
autorité  gouvernemenlale  et  administrative  de  Rome.  Sa 
puissance  est  exprimée  par  le  mot  vague  auc/orilas'. 
Les  magisirals,  indépendants  pour  les  actes  ordinaires 
de  leur  gestion,  doivent  le  consulter  pour  tous  les  actes 
extraordinaires,  prévus  ou  non  prévus  par  les  inslilu- 
lions,  sous  peine  d'encourir  une  grave  responsabilité",  de 
s'exposer  à  des  poursuites  ultérieures,  aux  représailles 
du  sénat,  dispensateur  des  gouvernements,  des  proma- 
gislralures.  Théoi-iquement,  les  magistrats  supérieurs 
n'encourent  qu'un  blâme  public,  quand  ils  refusent 
d'exéculer  un  sénalus-consulle,  sauf  s'il  a  é-té  fait  sur 
ordre  du  peuple;  ils  peuvent  en  did'érer  ou  en  remettre 
indétinimenll'exécution  et  le  rendre  ainsi  caduc, puisque, 
s'il  n'est  pas  renouvelé,  il  tombe  avec  l'année  du  magis- 
trat'; mais  en  fait,  jusqu'aux  crises  des  Gracques  à  la 
fin  de  la  République,  ces  conflits  entre  le  pouvoir  exé- 
cutif et  le  sénat  ont  été  fort  rares'.  Nous  ne  pouvons  dis- 
tinguer exactement  les  attributions  respectives  du  sénat, 
du  peuple  et  des  magistrats  :  la  limite,  indiquée  par 
la  coutume,  s'est  constamment  déplacée,  en  général,  au 
profit  du  sénat. 

XI.  «  Auclnri/fix  paln/t»  »  pI  e.rnwen  préalable  des 
lois.  —  L'ancienne  ArcïORiT.*sPATFiiM,  exercée  par  le  sénat 
patricien  et  ramenée,  d'après  la  tradition  par  les  lois 
Piiblilia,  Maeuia  et  d'autres,  à  une  ratilication  anticipée 
sans  importance',  a  ét(''  remplacée  par  un  examen  préa- 
lable des  lois,  plus  important  et  exercé  par  tout  le  sénat. 
Depuis  la  loi  Hortensia,  les  plébiscites  n'ont  pas  besoin 
de  Vaucloritax  aeiuilus,  mais  en  fait  beaucoup  ont  été 
volés  après  examen  par  le  sénat"  [PLEuisciTrM,PLEBs].  Pour 
les  autres  lois,  la  consultation  du  sénat,  indiquée  parla 
formule  ex  seiiadis  constillo  ou  ex  palriim  aiictorilnle, 
est  sinon  obligatoire'"',  au  moins  habituelle  et  régulière, 
surtout  pour  la  politique  extérieure.  Jusqu'aux  Gracques. 

XII.  Itelifjiim.  —  Le  si-nat  fixe  la  date  des  feriae 
latinac;  il  peut,  après  un  malheur  public  et  sur  l'avis  des 
augures  et  des  pontifes,  transformer  un  jour  ordinaire 
en  jour  relitjin.tus,  aler^;  à  l'occasion  de  périls,  de 
désastres,  d'épidémies,  de  prodiges,  il  peut,  sur  l'infor- 
mation des  magistrats,  le  rapport  des  collèges  religieux 
compétents  et  la  consultation  des  livres  sybillins  ou  des 
aruspices,  ordonner  différentes  mesures*;  prières 
publiques,  sacrifices  et  supplications  aux  dieux',  lustra- 
lio  de  la  ville,  reprise  de  fêles  mal  célébrées,  fêtes  nou- 
velles (Ludi  Capitolini,  Ajxilirnares,  Floralia),  en 
laissant  aux  magistrats  désigni-s  par  le  peuple  la  fixation 
des  jours  et  la  construction  des  temples  et  en  approuvant 
les  dépenses'";  il  peut,  très  tôt  de  sa  propre  autorité", 
avoir  recours  à  des  cultes  étrangers  (consultation  de  Del- 
phes, sacrifices  à  Gérés  d'Knna,  translation  i\  Rome  de  la 
Magna  Mater);  décréter  aux  dieux  avant  une  guerre  des 


I  Cic.  De  le<i.  3,  M,  3s  ;  Ue  ilom.  Vi,  I  li;  l'hit.  10,  8,  18  ;  In  Pis.  »,  5;  Ci-  rep. 
2,  8,  \k;Pro  lialjir.  ad  prt.p.  I,  4;  l.iv.  3,  »  ;  4,  iG  ;  5,  9.  —  2  l.iv.  ii.  33:  Cic. /,1e 
leg.  uj/c.  S,  14,  36  ;  l'ro  Chi.  49,  137  ;  Sali.  Cal.  51.  —  3  Ejcmples  :  llionys,  17,  4: 
Dio,  /T.  30,  3i:  l.iv.  21.  03  ;  42,8,  —  »  Liv.  I,  17;  6,  42,  H;  Lie.  Pro  Plane.  3,8; 
De  dam.  14,  37,38  ; /><T<-p.2, 13,  25.  —  o  Liv.  7,  15, 12;  30,  27,41  :31,50;39,  19;  45, 
35.  — C|,iv,  4,5,  21;  Jip.  103;  Val.  Max.  9,  5,  1  ;  Appian.  /Jel.  ein.  4,  92;  l'olyb.  2, 
21.  S  (loi  de  Klamtiiius  sur  Ir  part.ige  du  Hicenuni).  —  '•  (icll.  5,  17  ;  C.  i.  /.  I, 
p.373.— »  «011,4.  0;  22,1,  14;  Cic,  ^e  rfiï',  2,  54, 1 12  ; /(c  i/for,  nat.  2,4,10;  Liv. 32, 
I  :Macral<.  1,  10,22.  —3  Encore  sous  l'Empire  {  Vil.  Hadr.  12:  Alex.  50).— 10  Liv. 
25,  12:20,23;  27,  Il  ;41,  10;  Cic,  Pllil.  14,  14,  37.-  Il  Liv,  30,  30  ;  5,  50;  10,  37  ; 
Uacrob.  I,  8,  1  ;  C.  i.  /,  9,  202!',  —  13  l'our  le  ver  sacrum  i)  faul,  en  oulre,  une  loi, 
—  13  Liv.  23,  1,  AITalre  des  Bacchanales  (Liv,   3»,  8-18;   C.   iris.  lat.   1,  n»  196J. 


prières,  des  promesses'^;  après  une  victoire,  des  actions 
de  grâces,  des  jeux.  Il  a  la  police  du  culle,  peut  interdire 
des  pratiques  étrangères". 

XIII.  Justice.  —  Le  sénat  n'est  pas  une  cour  dejustice; 
son  rôle  est  ici  peu  considérable.  Il  prononce  sur  l'invi- 
tation du  magistrat  le  jrsriTUM  ou  le  simple  recul  des 
termes  de  comparution  (dif/'erre  l'adimotiia)'^;  il  par- 
tage les  compé'tences  entre  les  préteurs  ;  avant  l'établis- 
sement de  la  (/tiaes/io  repelundarum,  il  accorde  ou  refuse 
aux  députés  des  provinces  l'aulorisation  de  poursuivre 
les  gouverneurs  [repetindaej.  Au  criminel,  dans  certaines 
aflTaires  graves,  il  se  charge  quelquefois  de  l'enquête, 
promet  des  primes  aux  dénonciateurs,  accorde  des  sauf- 
conduits  (Jtdes  publica)  '^,  provoque  la  création  de  tjitaes- 
//'o/ies  extraordinaires  [judicia  piblica,  p.  GoOJ;  il  concourt 
à  l'exercice  de  la  coercition  capitale  contre  des  citoyens 
qui  ont  perdu  le  droit  de  cité,  prisonniers,  rebelles"''. 

XIV.  Léf/islalioii.  —  Les  dérogations  aux  lois,  surtout 
en  matière  électorale,  sont  accordées  avant  Sylla  par  le 
peuple,  sauf  en  cas  d'urgence'';  après  Sylla,  qui  a  proba- 
blement établi  cette  réforme,  par  le  sénat,  jusqu'à  la  loi 
Corneliade  07  qui  rétablit  le  droit  du  peuple,  sur  l'initia- 
tive du  sénat,  avec  la  présence  de  200  sénateurs,  et  sans 
intercession  de  magistrats'*;  mais  on  trouve  encore,  après 
cette  date,  des  dérogations  accordées  par  le  sénat".  Il 
n'a  pas  le  pouvoir  législatif;  avant  et  après  Sylla,  plu- 
sieurs sénatus-consultes  en  matière  administrative,  sur 
les  dettes,  le  taux  de  l'intérêt,  la  détermination  des  actes 
de  brigue,  les  associations,  les  affranchissements  ont 
presque  la  portée  de  lois-",  mais  ils  ont  été  le  plus  sou- 
vent confirmés  par  le  peuple;  autrement,  leur  validité 
eût  été  contestable-'.  Une  loi  peut  annuler  un  sénatus- 
consulte  ou  y  déroger-'.  Pour  l'annulation  de  la  loi  nous 
renvoyons  à  lex  (p.  1125). 

XV.  A'nmination  des  maf/islrals. —  Le  sénat  n'est  pas 
un  corps  électoral,  mais  en  fait  il  a  une  iniluence  consi- 
dérable sur  l'élection  des  magisirals  ordinaires.  Il  décide 
s'il  faul  nommer  des  dictateurs  et  des  tribuns  consulari 
poteslate  [dictator,  tribvms].  Avant  Sylla  il  ne  fait  que 
proposer  au  peuple  la  création  des  magistrats  extraordi- 
naires ;  après  Sylla  c'est  souvent  lui  qui  les  crée  [.magis- 
traïis  extra  ordi.nem  creati,  p.  13581.  Il  confère  les  pro- 
rogations. 11  prend  les  mesures  nécessaires  en  cas  de 
vacance  d'une  magistrature  par  mort  ou  abdication.  Sur 
la  déposition  des  magistrats,  voir  abacti  magistratus, 
magistratus,  p.  io3i. 

XVI.  Finances  et  travaux  publics.  —  Le  sénat  s'est 
complètement  emparé  de  la  direction  des  finances". 
1°  Propriétés  immobilières.  —  Il  a  réglementé  l'exploi- 
tation des  mines,  carrières,  salines  [metalla,  portorum, 
salinae];  il  invite  souvent  les  autorités  compétentes  à 
faire  la  délimitation  et  le  bornage  des  propriétés  publi- 
ques-'; il  décrète  seul,  de  concert  avec  les  magistrats,  les 


—  H  Une  fois,  la  suspension  des  proci-s  sur  les  prôts  (l.iv.  G,  31,  4),  —  15  Cic.  Pro 
nalb.  0,28;  Pro  Itabir.  10,  28;  Cat.  .1,4,8  ;  Liv.  8.  18,5;  Sali.  Cal.  30;  Appian. 
t.  c.  I,  54.  —  10  Plut.  Pj/rrh.  20;  Val.  Max.  C,  3,  3  :  l.iv.  8,  20;  Ep.  15;  Poljl..  1, 
7.  _  n  Liv.  10,  13;^;).  50;  31,  50  ;  Cic.  Bru(.  02,  224. —  1»  Cic.  Ad  fam.  8,  S,  5  ; 
Caes.  Bel.  civ.  1,  9,  32  ;  Liv.  Ep.  107  :  DioCass.  40,  51  ;  Appian.  /.  c.  2,  21  ;  Asi-on. 
p.  57.  _  13  Cic.  Ad  Alt.  5,  21  :  0.  2  —  20  Cic.  Ad  AU.  5,  21,13;  1.  10.  12  ; 
Ad  O"'"'-  2.  3.  5;  '.  !'.  3  ;  Liv.  31,  7;  41,9;  Ascon,  p.  7.  —  21  Liv.  33,  7;  3, 
21  ;  Cic.  Pro  Mur.  32,  07  ;  In  Pis.  4,  8.  Une  loi  sompluaire  sénatoriale  n'allcint 
que  les  sénalcurs  (llell.  2,  24).  -  22  Sali.  Jiig.  7V,  Cic.  Ile  dom.  9,  21;  Plin. 
Hisl.  nat.  N  17,  Cl,  -  2i  Polyl,.  0,  13,  _  21  Bruns,  /,  c.  n»  12:  C.  i.  I.  1, 
583;  0,  1234-n  rives  du  Tibri-l.  Pour  le  |ionicriuni  il  isl  nomm*-  avec  Uadrieu 
(6,   1233). 


s  EN 


\\m  — 


SEN 


aclials  et  los  locations  temporaires  du  domaine  public, 
sans  la  participation  du  peuple,  au  moins  jusqu'aux 
Gracques',  sauf  pour  les  lieux  publics  de  Rome'-;  il 
peut  faire  de  petites  donations  individuelles  pour  récom- 
penser des  services^  ;  mais  pour  les  assignations  et  fon- 
dations de  colonies,  le  sénatus-consulte  doit  régulière- 
ment*, sauf  pour  les  colonies  latines,  être  confirmé  par 
une  loi  °  ;  et  depuis  les  Gracques  ce  sont  des  plébiscites 
qui  règlent  seuls  cette  matière  [agrariae  leges]  ;  c'est 
seulement  pendant  les  crises  de  la  fin  de  la  République 
que  le  sénat  réclame  le  droit  de  disposer  des  terres  pu- 
bliques ®.  2°  Propriétés  immohiUfircs.  —  Il  en  dispose 
absolument,  ainsi  que  des  esclaves  publics,  mais  en  laisse 
la  gestion  aux  magistrats'.  C'est  lui  qui  accepte  ou  refuse 
les  dons,  legs  faits  au  peuple  romain,  à  ses  dieux*. 
3"  Butin  I  I'kaeija]  ;  contriijutions  de  guerre.  —  Le  sénat 
veille  aux  versements,  accorde  les  délais,  les  remises 
partielles  ou  totales'''.  4°  Tribut  [rRiKiria];  impôts  et 
perception  des  impôts.  —  Ils  sont  établis  par  voie  légis- 
lative, mais  le  sénat  a  dû  collaborer  à  la  formation  des 
sociétés  fermières;  il  exerce  un  droitétendu  de  contrôle 
et  de  surveillance,  peulcasserdes  adjudications,  modifier 
les  cahiers  des  charges,  accorder  des  remises,  des  délais 
aux  adjudicataires,  réclamer  des  sujets  des  versements 
anticipés  '".  3°  Dépenses.  —  Il  fixe  en  gros  le  budget  des 
censeurs  [censorj  et  le  budget  de  clia(|ue  province  [pro- 
viNCiA,  ouAESTon]  ;  il  vote,  lecas  échéant,  les  crédits  supplé- 
mentaires pour  les  gouverneurs;  c'est  seulement  à  la  fin 
de  la  République  que  le  peuple  empiète  sur  le  droit  du 
sénat,  par  exemple  par  les  plébiscites  Gabinien  pour 
Pompée,  Vatinien  pour  César.  Pendant  les  vacances  de  la 
censure,  il  peut  décréter  d'urgence  des  travaux  publics, 
fixer  le  crédit  et  indiquer  les  magistrats,  soit  ordinaires, 
soit  extraordinaires,  chargés  de  l'exécution"  [magis- 
TRATUS  EXTRA  ORDiNEM  CREATi].  Il  vole  les  primes  auxdénon- 
ciateurs,  les  dons  individuels  et,  jusqu'aux  Gracques, 
les  distributions  de  blé  [fhumentariae  leges].  6°  Adini- 
nislrnlion  du  trésor  [aerarium],  monnaies  [moneïa, 
p.  1983].  —  Le  cas  échéant,  il  vote  les  expédients  finan- 
ciers, la  réduction  du  poids  des  monnaies,  l'emploi  de  la 
réserve  dite  aerarium  sancdus'-,  la  vente  des  biens 
publics",  les  achats  à  crédit '\  les  emprunts  publics, 
forcés  ou  volontaires  ''^(volunlarin  co/Zw^/Vy)  [tribltim  ; 
AGER  l'uiiLicus,  p.  137],  soit  à  Rome,  soit  dans  les  pro- 
vinces"^. 7°  Contrôle  financier.  —  Il  appartient  théori- 
quement au  sénat  qui  pourrait  vérifier  les  comptes,  sinon 
des  censeurs,  au  moins  des  autres  magistrats  et  des 
gouverneurs,  les  faire  poursuivre,  le  cas  échéant,  pour 
péculat,  mais  qui  n'a  presque  jamais  usé  sérieusement 
de  son  droit. 

XVII.  A/f'aires  étrangères.  —  C'est  le  peuple  ([ui  a 
jusqu'à  Sylla  le  droit  de  déclarer  la  guerre,  de  conclure 
les  traités  de  paix  et  d'alliance,  mais  toutes  les  négocia- 

I  Cic.  De  eij.  aijr.  2,  1 1,  33  ;  î,  30,  82  ;  Liv.  28,  46  ;  Licinianus,  p.  13  ;  Appiaii. 
MilUr.  22;  Uisp.  4i  ;  Gros.  5,  18;  C.  i.  (.1,  n"  200.  —  2  t.  î.  (.  I ,  n"  206,  I.   CS. 

—  i  Liv.  44,  10;  Dionys.  5,  35;  De  vir.  illusl.  18,  3;  Cic.  De  deor.  nat.  2,  2,  0; 
3,  s,  13.  —   V  .«auf  cas  peu    imporlanis  (f.  ins.  Int.    I,  200,  1.  93;  Liv.    43,   3). 

-  5  Cic.  De  dont.  49,  127;  Liv.  5,  30;  C,  22  ;  8,  II;  '.i,  20;  32,1;  42,  4;  Val.  Max. 
6,  3,  5:  5,  4,  5;  Fronlin.  Slmt.  4,  3,  12.  —  6  Cic.  Phil.  5,  7,  3  :  3,  19,  33;  Ad 
fnin.  11,20,  3.  —  7  Val.  Max.  7,  0,  4;  Liv.  24,  14,5;  Plut.  Cat.min.'i<}.  —  8  l.iv. 
22,  32,  3C  ;  30,  21  ;  22,  37;  31,  19  ;  38,  39  ;  .32,  27.  —  9  Liv.  3,  27  ;  10,  37  ;  22,  33; 
32,  2  ;  Ucll.  C,  14,  8  ;  Appiao.  Syr.  23.  —  10  Liv.  43,  18;  39,  44;  41,  17  ;  3il,  2  ;  :17, 
2;  Cic.  Yerr.  3,  15,  42;  3,  72,  178;  Ad  AU.  I,  17,  9;  2,  10,4;  Polyb.  0,  17;  Rio. 
38,  7;  Plul.  Cat.  min.  18.  -  Il  Liv.  i/j.  46  ;  Cic.  Dediv.  I,  i,  i  ;  Ad  Ait.  4,  1,7; 
4,2,  3;  Plin.  Hist.  nat.  35,  3,  13;  36,  15,  121  ;  Fionti».  De  aq.  7;  C.  i.  l.  0, 
cl;)2.   11".  192,   IJ75,  1313-14.  —  12  Liv.  27,  10;  l^ic.  Ad  Ail.  7,  21.  2.  —  13  Liv.  28, 

VIII. 


tions  préparatoires  appartiennent  au  sénat  qui  repré- 
sente la  puissance  romaine  en  face  de  l'étranger '■".  Pour 
la  déclaration  de  guerre  il  décide  les  essais  de  conciliation 
et  l'envoi  des  fétiaux,  après  Ja  déclaration  de  guerre 
l'exécution  par  les  fétiaux  des  formalités  légales  [keïia- 
LE.s]  ;  plus  tard,  il  fait  porter  les  déclarations  de  guerre  en 
dehors  de  l'Italie  par  des  délégations  sénatoriales'*.  Il 
reçoit  les  députations  étrangères,  qui  demandent  des 
réparations  et  décide  sur  leurs  réclamations ''•". 

Il  s'est  complètement  approprié  l'action  diplomatique, 
l'envoi  de  députés  et  la  réception  des  ambassadeurs 
étrangers  [legatis,  p.  1030-33;  laiitia].  Pour  les  traités, 
le  général  n'est  compétent  que  pour  les  arrangements 
provisoires,  les  armistices  d'une  années //u/m^/wc)'";  pour 
les  arrangements  de  plus  longue  durée  ou  définitifs,  le 
sénat  a  pris  la  haute  main  dès  le  début.  L'organisation 
d'un  pays  conquis,  la  signature  d'un  traité  par  un  géné- 
ral, ses  acta  ne  sont  valables  qu'après  la  ratification  du 
sénat  qui  peut  les  modifier,  les  casser-'  et  dégager  la 
responsabilité  du  gouvernement  romain  en  livrant  le 
général  à  l'ennemi  [fetiales].  Il  peut,  sans  consulter  le 
peuple,  renouveler  une  alliance,  étendre  le  protectorat 
romain  à  un  peuple  et  même  accorder  le  droit  latin;  il 
est  consulté  par  les  magistrats  sur  toutes  les  questions 
importantes,  ofl'res  et  demandes  de  secours,  propositions 
de  soumission,  d'arbitrage;  il  reçoit  les  griefs  des  étran- 
gers contre  les  généraux--;  il  fait  régler  tous  ces  points 
soit  par  les  généraux  et  gouverneurs,  soit  par  des  dé- 
putations sénatoriales  [legatl'S,  p.  10ii2].  Au  dernier 
siècle  de  la  République,  il  y  a  des  empiétements  réci- 
proques du  sénat,  du  peuple  et  des  généraux  sur  le  ter- 
rain diplomatique;  le  sénat  conclut  souvent  seul  des 
traités  et  se  fait  assimiler  sur  ce  point  au  peuple'-^; 
inversement,  Tiberius  Gracchus  fait  régler  par  les  seuls 
comices  la  situation  du  royaume  de  Pergame  -',  et  des 
plébiscites  investissent  Pompée,  César,  Crassus  de  pou- 
voirs absolus-^. 

XVIII.  Commandements  militaires.  —  Le  rôle  du 
sénat,  d'abord  faible  en  face  des  deux  seuls  consuls, 
grandit  de  plus  en  plus  avec  la  création  et  la  multiplica- 
tion des  provinces.  Jus<|ue  vers  32G,  il  n'a(iu'à  fixer  les 
deux  provinciae  consulaires;  depuis  cette  époque,  il 
accorde  les  prorogations  [magistratus,  p.  1335];  chaque 
année,  généralement  au  début,  sur  le  rapport  des  consuls 
(/('  re  publica,  de  provinciis  cxercitibusque,  il  arrête  le 
nombre  des  provinces  ordinaires  et  extraordinaires,  les 
répartit  entre  les  consuls,  les  préleurs  et  les  promagis- 
trats, en  choisissant  les  provinces  consulaires  parmi  les 
plus  importantes  (Italie  et  Gaule  cisalpine,  direction  d'une 
armée,  province  extra-italique  pourvue  de  forces  mili- 
taires importantes)  ;  dans  les  circonstances  imprévues,  il 
opère  les  permutations  nécessaires.  La  loi  Sempronia  de 
123  l'oblige  à  désigner  les  provinces  consulaires  avant 

10.  —  li  Diod.  2),  14;  Liv.  23,  i8.  —  lùpolyb.  1,.H9;  Liv.  20,  36;  31,  3;  Florus,  2, 
0,  24. —  16  Lacs.  Bel.  ciu.  3,  32.  —  17  l'olyb.  C,  13;  Cic.  Dcoff:  2,8,  2ii;  Pro  Balb. 
IV,  33;  C.  i.  (.  I,  204;  C.  i.  gr.  2737.  —  18  Polyb.  6,  13  ;  Liv.j  21,  |s.  —  lOLiv. 
2,  26;  4,7.  —  20  Liv.  9.  3,  41  ;  10,  46  ;  Sali.  Jiij.  39.  —  21  Polyb.  1,  17,  02;  21, 
17,  30;  Liv.  21,  18;  29,  12;  7,  20  ;  9,  5  ;  37,  43,  55;  Dionys.  S,  30.  Exemples  de 
coulirmalious  :  Zonar.  S,  17;  Diod.  28,13;  39,  22;  Liv.  34,  43,2;  Plul.  Cut.  maj. 
Il  ;  de  cassations  do  liailcs  (Cic.  De  ini<.  2,  30,  91  ;  Appian.  Uisp.  79;  Liv.  53; 
Sali.  Jit'i.  30).  -  22  Dionys.  S,  15  ;  Polyb.  8,  22  ;  33,  7  ;  Justin.  18,  2;  Val.  Mas.  3, 
7,  10;  Liv.  5.  35;  6,  3  ;  2,  29;  32,  2.  8;  33,  39;  39,  22;  40,  13;  43,  34;  44,  14;  C.  i. 
!„:  3043;  Bruns.  L.  c.  no36;  Gai.  I.  96.—  23  Sali.  Jug.  39;  Liv.  28,  18;  32,  36. 
Voir  la  comparaison  failc  par  Mommsen  (Vil,  p.  392)  nnlrc  Polyb.  I,  1 1,  02  ;  21,  10, 
17,  32  cl  Liv.  /Sp.  16;  21,  18;  34,  33;  37.  19,  45;  38,  II.  —  2Vplul.  Ti.  Uracc.  14. 
—  25  Appian.  JUitlir.  97  ;  Diod.  39,  33  ;  38,  8  ;  l'Iul.  Crass.  15  ;  Suet.  Caes.  22. 

150 


s  EN 


—  H94  — 


S  EN 


réleclion  des  consuls,  sans  inlcTcession  des  tril)uns'. 
Pour  les  changemenls  uUérieurs  apportés  à  la  r('partilion 
el  au  coniinandeinent  des  provinces  jusqu'à  Auguste, 
nous  renvoyons  aux  articles  praetor,  proi'Raetou,  inio- 
viNciA,  pour  les  questures  pi'ovincialesà  l'article  giAiiSTuR. 
Pour  les  armées,  les  consuls  ont  eu  au  début  le  droit  el 
le  devoir  de  lever  l'année  consulaire:  l'autorisation  du 
sénat  est  de  pure  forme  '-  ;  mais  son  pouvoir  grandit  par 
l'extension  du  service  militaire  aux  alliés,  la  création  des 
provinces  el  des  llotles;  c'est  alors  lui  qui  lixe  les  effec- 
tifs lolaux,  la  composition  des  armées,  la  répartition 
entre  les  chefs,  qui  autorise  les  licenciements',  le  recru- 
tement de  volontaires,  d'auxiliaires,  de  contingents  étran- 
gers*, qui  pare  à  tous  les  besoins,  vole  les  levées  en 
masse  '.  11  donne  des  conseils  aux  magistrats  sur  l'âge,  le 
recrutementdessoldals,  accorde  lesexemplions  de  service 
[vucatio  mllitiae)  ''.  Après  Marius,  la  transformation  de 
l'armée  civique  en  armée  permanente  diminue  le  rôle 
du  sénat  qui  n'a  plus,  en  général,  qu'à  assigner  à  chaque 
gouverneur,  en  la  modifiant  plus  ou  moins,  l'armée  can- 
tonnée dans  sa  province',  et  à  prendre,  le  cas  échéant, 
des  mesures  extraordinaires,  par  exemple  contre  Spar- 
tacus,  Calilina,  dans  les  guerres  entre  César  et  Pompée*  ; 
les  plébiscistes  Gabinien,  Manilien,  Valinien,  Trébonien 
investissent,  d'ailleurs,  Pompée,  César,  Crassus  de  pou- 
voirs militaires  illimités".  Le  sénat  contrôle  el  surveille 
les  opérations  militaires,  reçoit  les  courriers,  les  dépèches, 
envoie  des  députalions  quelquefois  accompagnées  de 
magistrats,  édiles,  tribuns,  pour  conférer  avec  les  géné- 
raux, les  réprimander;  il  a  sur  eux,  comme  moyens 
d'action  et  de  contrainte  directs  et  indirects,  le  refus  de 
fonds  publics,  de  renforts,  de  prorogation,  de  triomphe 
et  d'ovation  [triumpiiusj,  le  rappel,  le  vole  de  sacrifices, 
de  supplicaliones,  du  titre  d'iMPERATOU  ;  il  peut  récom- 
penser les  soldats  en  accordant  des  congés,  des  exemp- 
tions de  service,  des  paies  extraordinaires,  des  terres. 

XIX.  Administration  i/eHoineet  du  peuple.  —  Il  inter- 
vient par  ses  instructions  aux  magistrats  dans  la  plupart 
des  questions  administratives;  il  fait  des  sénalus-con- 
sulles  sur  la  police  de  la  voirie,  des  théâtres,  expulse  des 
étrangers,  ordonne  ou  lève  des  emprisonnements'"; 
exerce,  avec  l'aide  des  augures,  le  contrôle  religieux  des 
actes  publics;  surveille  l'exercice  des  cultes,  protège  la 
religion  nationale,  expulse  par  exemple  les  philosophes 
grecs,  fait  brûler  des  livres  de  Numa,  interdit  le  culte 
d'Isis"  ;  surveille  les  réunions  du  peuple,  intervienldans 
la  fixation  des  dates  pour  les  comices  électoraux'-; 
restreint  quelquefois  le  droit  d'association  "*,  dissout  en 
04  les  sodufiria  électoraux  '•  [colleciim]  ;  il  fait  des 
règlements  d'ordre  économique  el  social,  par  exemple 


'  Sali.  Juij.  il;  Cic.  Du  prui:  cuiix.  i,  3  ;  7,  17;  fro  llnlli.  11.  (il.  —  ■i\,iv. 
31.  K;  m,  I.  —  3  1,iv.  il\,i>i;  .ji,  3;  «i,  17;  43,  ±.  -  '<■  LIv.  31,  Il  ;  36,  I  :  37,  J; 
M,  35;  25,  5  :  i«,  K:  Sali.  Jmj.  M;  Diod.  3e,  3.  —  »  l.iv.  27,  U;  i3,  il  ;  31,  26; 
33,  36;  3t,5C;40,  26,  28.—  6  l.iv.  23,  40;  26,  28;  31,  8;  3i,  50;  42,33.  —  7  Cic. 
Ad  fam.  3,  3,  2;  15,  4,  3  ;  /',o  Mnr.  20,  43.  —  »ShII.  Cat.  36;  Ascon.  p.  35; 
Cacs.  Bel.  cii:  1,  16,  54;  Uio,  40,  63;  Appiau.  i.  c.  I,  116;  2,  29.  —  »  Dio,  30, 
37  ;  38,  8  ;  3'.l,  33  ;  l'idl.  fomp.  23  ;  Crass.  15  ;  Suul.  Caes.  22  ;  Ap|iiaii.  /,.  c.  i, 
13;  Liv.  Zip.  01).  —  I"  C.  i.  l.  I,  206,  I.  1.0-52;  6,  3823;  Val.  Max.  I,  4,  2;  2, 
42;  Liv.  2,  37;5,23;  l'hil.  C.Gracch.  12;  Appian.  L.  c.  1,  23  ;  Sali.  Cal.  47.  48; 
Cic.  Ad  Ait.  ï,  24,  3.  —  n  Sud.  iJe  rhel.  I  ;  Val.  Max.  I,  1,  3  ;  Liv.  40,  2'J  ;  l'Im. 
l/ist  nat.  13,  12,  84;  Uio,  40,  47  ;  Augusliii.  Civ.  Diii,  7,  34.  —  12  Liv.  23,  41  ; 
41,  H.  —    13  S.,  c.   sur    lis    Baccliuiialcs   [C.  i.  l.   1,    n»   IU6;    Liv.  39,  810). 

—  '4  Ascou.  p.  05;  Cic.  In  l'is.  4,  8.  —  16  Liv.  22,  56;  23,  25;  Appiau.  /..  c.  1,  43. 

—  Iii  Cic.  Jn  Val.  5,  12  ;  Pio  Flacc.  28,  67  ;  Liv.  43,  5,  0  ;  Coluin.  I,  1 ,  13  ;  Hiu. 
Hisl.  nat.  18,  3,  22.  —  17  l'Iiu.  L.  c.  34,  6,  30.  —  18  Liv.  8,  20  ;  Val.  Max,  0,  3,  1  ; 
Cic.ùedom.  38,  lui  ;  43,  114.—  1»  l'olyk  6,  13.  — 20Liv.  26,  33;(:ic.  Pro  Halb. 


limite  la  durée  du  deuil  après  les  défaites  graves'% 
interdit  l'exploitation  des  mines  en  Italie,  l'exporlalion 
de  l'or,  de  l'argent  el  des  chevaux,  fait  traduire  le  Irailé 
d'agriculture  de  Magon  "*  ;  il  accorde  les  distinctions  ho- 
norifiques, les  statues",  les  honneurs  funèbres  [funl's, 
p.  1  i()6]  ;  il  peut  faire  raser  la  maison  d'un  criminel, 
défendre  de  porter  le  deuil  d'un  mauvais  citoyen '\ 

\X.  Administration  de  C  Italie  et  de  la  Cisalpine'''.  — 
Il  a  quelquefois  par  délégation  du  peuple  le  droit  de  con- 
férer ou  de  retirer  la  cité-".  11  règle  les  conflits  el  litiges 
entre  les  villes  soit  par  un  arbitre,  soit  par  une  commis- 
sion de  sénateurs,  généralement  leurs  patrons  [i'atro- 
Nus]  '-'  ;  réprime  les  désordres,  les  insurrections  serviles''-; 
blâme,  punit  les  villes  en  cas  de  refus  de  contingent,  de 
violation  des  obligations,  des  traités,  en  cas  de  défection, 
au  moyen  soit  des  magistrats,  soit  de  commissaires  spé- 
ciaux'^'; fournit  des  secours  contre  les  ennemis,  les 
fléaux  naturels,  inondations,  incendies,  sauterelles'^*; 
repeuple  des  localités  désertes,  en  renforce  d'autres  par 
des  envois  de  garnisons,  de  colons  -^  ;  il  règle  les  droits  et 
privilèges  des  villes,  les  oblige  quelquefois  à  garder  des 
prisonniers  de  guerre  ;  reçoit  leurs  plaintes  contre  les 
magistrats  romains-*^;  confie  à  des  commissions  spé- 
ciales le  jugement  des  crimes  graves  qui  compromellent 
la  sûreté  publique  [judicia  I'UBLICa,  p.  653]. 

X.XI.  Administration  des  provinces.  —  Sur  l'organi- 
sation des  provinces  nous  renvoyons  aux  articles  lugaïcs, 
p.  1032;  provincia,  p.  717.  Tout  changement  essentiel 
exige  l'inlervention  du  sénat-'.  Il  accorde  les  faveurs 
spéciales,  l'immunité  d'impôts,  la  relatio  in  amicoruin 
formulam  [socii]".  S'il  laisse  une  grande  indépendance 
aux  gouverneurs  qui  lui  envoient  naturellement  des  rap- 
ports sur  leurs  opérations  militaires -%  il  garde  cepen- 
dant le  contrôle  général,  autorise  les  villes  à  lui  envoyer, 
vraisemblablement  en  en  informant  leur  gouverneur,  des 
dépulés  cliargés  de  leurs  doléances  pour  surcharge 
d'impôts,  exactions,  concussions,  sévices,  abus  de  toutes 
sortes  [legatus,  p.  1036;  repetundae]  ;  à  la  fin  de  la  Répu- 
blique, le  mois  de  février  est  consacré  à  ces  audiences'". 
Il  intervient  peu  dans  la  justice  du  gouverneur",  sauf 
pour  servir  d'arbitre  entre  des  villes  voisines'-,  surtout 
des  villes  libres  et  autonomes  dont  il  est  le  défenseur". 

XXII.  Mesures  de  salut  public  el  Sénat us-consultum 
ultimuni  [.luuiciAPi'iiLiCA,  p.  Go!2-6o3J. 

Haut-Empire.  —  I.  Généralités,  rôle  du  sénat  dans 
la  dtjarchie  établie  par  Auguste  et  dans  la  constitution 
impériale  [principatus,  p.  648].  —  Ajoutons  ici  que  le 
sénat  remplace  el  représente  officiellement  le  peuple. 
Sous  la  République,  la  loi  est  mise  généralement  avant 
le  sénalus-consulle  et  le  pojiulus  avant  le  senulus,  sauf 


10,  23.  —  21  Uionvs.  2,  1 1  ;  C.  i.  I.  I,  100  ;  3,  24'll|.91  ;  l.iv.  13,  13;  Cic.  De  o/f. 
I,  12,  33  ;  Val.  Max.  7,  3,4.  Sous  l'Empire,  T.nc.  Anii.  I.<,  »8  ;  II,  17.  —  22  Liv.  32, 
26;  33,  36  ;  41,  27.  —  2:)  l:.  i.  l.  1,  201  ;  Liv.  S,  14,  20;  10,  1  ;  25,  71  ;  26,  34; 
27,  21,  25  ;  28,  10;  20,  S.  15,  21  ;  30,  24,  26;  32,  1.  —  2V  Liv.  42,  10.  —  2b  Liv.  40, 
38;  30,  3.  —  20 /iirf.  26,  34;  28,  46  ;  30,  45  ;  45,  43;  30,  3.  —  21  Cic.  Verr.  2,  2, 
60,  147;  2,  3,  7,  12;  De  uff.  3,  2i,  87  ;  De  dum.  0,  ii;  Ad  (lltint.  1,  1,  1 1  ;  2,  2,  2; 
l'ro  Ji'ont.  1,  2.  —  2»  C.  i.  (.  1,  111  ;  Liv.  5,  28;  31,  11  ;  44,  16;  45,  9;  Caes. 
Del.cii'.l,   6;  Jlcl.  Alex.  61  ;  Cic.  ,lrf /Vtîn.  2,  17,   7;9,15,   4;    l'ei  r.  2,  31,  76. 

—  29  Cic.  Jn  Pis.  16,  38;  Ad  fam.  2,  7,  3;  2,  11,  7  ;  3,  3,  2  ;  15,  I,  2  ;  Suct.  Caes. 
36;Plut.  Luc.  26;  Appian.  .Uilhr.  17.  Sous  P  Empire,  Sud.  Tib.  32;  Dio,  34,  II. 

—  30  Liv.  43,2;  Plul.  C.  Grâce.  2;  Ascou.  p.  206;  Cic.  Ad  IJiiint.  I,  1,  11. 
33;  Verr.  2,  00,  147  ;  1,  33,  90;  Slrab.  13,  1,  00.  -  31  Cic.  Ad  Alt.  5,  21,  Il  ; 
Verr.  2,  39,  42,  00,  147  ;  2,  1,  33,  84.  —  32  C.  i.  gr.  2,  2561  b;  UiUtnliergcr, 
Sylloç/e,  '!•  éd.  314;  Liv.  34,  02  ;  40,  17  ;  Tac.  Ann.  i.  43.  —  33  Cic.  Pro  Ftacc.  il, 
79;  Liv.  32,  1  ;  39,  3  ;  JJermes,l(\  268  ;  Ejih.  c/iiV/r.  4,  213  cl  Huit,  dccorr.  Iiell. 
4,  370. 


SEN 


—  1193  — 


SEX 


quand  li-  sénatus-consulte  précède  chronologiquement 
ou  amène  la  loi  '  ;  mais  à  parlir  de  Sylla  dans  les  Irou- 
blesdu  dernier  siècle  av.  J.-C,  la  formule  sonfilits  popit- 
liis/jin'  roman  us  commence  à  désigner  soil  le  si-nal  seul 
soit  TÉlal  toul  entier -,  et  elle  devient  oflicielle  dès 
Auguste.  Le  sénat  a  sa  représentation  figurée  sur  les 
monnaies  provinciales  et  sur  d'autres  monuments ^ 

II.  Rapportît  /ér/au.cet  (jénéraitx  du  sénat  et  de  f  Em- 
pereur  PRiNciPATis.  p.  053-633]. 

III.  KecrutemenI .  —  Outre  les  anciennes  conditions 
d'éligibilité  il  y  a,  dès  Auguste,  le  cens  d'un  million  de 
sesterces;  en  outre,  depuis  Trajan  et  Marc-Aurèle,  une 
partie  de  ce  cens,  le  tiers  ou  le  quart,  doit  consister  en 
immeubles  italiens;  mais  l'Empereur  donne  souvent  le 
capital  ou  la  rente  suffisante;  le  sénateur  ruiné  peut 
demander  sa  radiation  *.  Toute  condamnation  dans  un 
jndirium  pHljlicutn  entraîne  l'expulsion  '.  Le  sénat  peut 
exclure  des  membres  par  une  sentence  judiciaire  ^.  Dès 
Auguste,  il  y  a  en  outre  l'obligation  du  serment  à  l'Em- 
pereur ''.  L'entrée  au  sénat  se  fait  de  deux  manières.  En 
premier  lieu  la  questure  continue  à  ouvrir  le  sénat;  éli- 
sant depuis  Tibère  aux  magistratures,  il  exerce  donc 
maintenant  une  sorte  de  cooptation  ;  mais  la  gestion  de 
la  questure  suppose  le  passage  par  le  viginlivirat  et  le 
tribunat  militaire;  c'est  l'Empereur  qui  nomme  les  tri- 
buns militaires;  c'est  le  sénat  qui  confère  les  postes  du 
vigintivirat  ;  mais  s'ils  sont  maintenant  presque  hérédi- 
taires et  obligatoires  pour  les  jeunes  gens  de  famille 
sénatoriale,  les  membres  de  l'ordre  équestre  doivent, 
pour  les  acquérir,  obtenir  de  l'Empereur  le  laticlave 
[macistratus,  p.  1530%  L'Empereur  ne  laisse  donc  passer, 
en  réalité,  que  les  candidats  qui  lui  plaisent,  toul  en 
étant  lié  par  les  règles  d'âge,  de  rang,  et  par  les  mœurs. 
En  second  lieu ,  la  lectio  des  censeurs  est  devenue  Vallectio 
impériale.  Elle  introduit  directement  dans  une  des  classes 
du  sénat  un  membre  de  l'ordre  sénatorial,  ou  bien  dans 
l'ordre  sénatorial  un  personnage  de  rang  équestre  parla 
concession  du  laticlave,  soil  ordinaire,  avec  l'obligation 
de  passer  par  le  viginlivirat,  soit  privilégiée  avec  le  droit 
de  briguer  de  suite  la  questure  [allectio;  magistratis, 
p.  do3()  .  L'ordre  de  la  liste  peut  être  modifié  par  la  con- 
cession des  ornamenta  qui  appartient  au  sénat  orna- 
menta]  et  par  le  droit  qu'a  l'Empereur  de  faire  monter  un 
sénateur,  surtout  un  prince  de  la  maison  impériale,  à 
une  classe  supérieure,  en  passant  pardessus  le  tribunal, 
l'édililé  ou  la  prélure  *,  et,  seulement  '  depuis  Macrin 
par  dessus  le  consulat '".  Les  princes  héritiers  paraissent 


1  l'olyb.  21,  10,8  ;  Cic.  Verr.  î.  ï,  U;  Pro  Plane.  17,  42;  De  lei/.  agr.  1,  i, 
IS:  C.  ins.  lat.  2,  ôOtl  ;  C,  |3I!I.  —  2  C.  i.  I.  1,203,  I.  10;  B,  873;  ^,21128; 
Cic.  Phil.  i,  9,  72  ;  5, 13,  3G  ;  Pro  Sj/U.  9,  26  ;  Pro  ttalb.  4.  10  ;  De  Ug.  agr.  2,  33, 
90;  Verr.  4,  31,  69.—  3  llio.  08,  5;  KcHicl.  4,  221;  Mioiinet,  2,  170.  170;  (Jolieii.  li. 
1"  éd.  28  (mcdaillun  dor  de  Onsianliri).  Voir  Mommsiii,  VU,  p.  493-194;  (Jard- 
lliaiiscn,  Auguslus.  2,  2,  p.  308  (liste  des  iiioniiaies  avec  la  iHe  du  Sénat).  —  i  Ijio, 
54,  17,  2'i;  Suet.  ,4u(/.  41,  ri*.  35;  ler.  10,  VVjp.  17  ;  Win.  i?/).  10,  4;  6,  l'J  ;  Va. 
Bndr.l;  .Marc.  11  ;Tac.4nn.  13,34;  2,48;  1,  75;  i,  37,  38;l'lin.  Hisl.  nat.  Il, 
1.5;  Ovid.  Amor.  3,  8,  55;  A/onmn.  Annjr.  fi,  42.  Du  cens  sénatorial  sont  venues 
l'habitude  de  donner  cette  somme  en  doL  aux  tilles  nobles  et  l'autorisation  lé-rale 
donnée  ù  la  Tenime  de  faire  une  donation  an  mari  pour  t'aci|uisition  du  rau;;  séna- 
torial (Tac    Aun.  î,  86  :  Senec.  Ad  Helv,  12,  6  ;  Martial,  2,  00,  5  ;  Dig.  22,  1,6;  24, 

1,  40;  LIp.  fteg.  7,  1  ;  C.  Juxl.5,  17,  21).  —  5  Tac.  Ann.  1,  75;  2,  48;  4,31  ;0,48; 
Uio,  60,  II.  29;  Suet.  Tib.  35  ;  Dig.  3,  1,  C;  3.  2. —  6  p|in.  Ep.  î,  12,  2;  Tac.  Ann. 

2,  32:4,  31;  12,  59;  13,  11  ;  14,  59.  —  1  Tac.  Ann.  4,  42;  16,  22.  —  «  Dio,  51,  4; 
62,  23;  70.  S;  Plin.  Pan.  69;  C.  t.  /.  3,  0025;  2,  3333,  1426:  C,  1450;  14, 
-925,  301 1  ;  12,  3104;  8,  2.582.  7I'62.  —  0  Sauf  pour  les  préfets  du  prétoire  à  leur 
retraite  (l'i7.  Hadr.  S  ;  Alex.  21  ;  Comm.  4;  [)io,  73,  5).  —  1"  Dio.  78,  13.  —  Il  l'our 
les  petits-fils  d'Aususte,  Gaius  et  i.ucius,  pour  Drusus  le  Jeune  (3/on»m.  Ancyr.  3. 
3  :  Dio,  50.   17);    Vit.    Ver.  3.  —  '2  Dio,  52,  42;  33,  I;  34,   13-14;    55,  13  ;  07,  4; 


en  outre  avoir  eu  le  droit  de  sii-ger  au  sénat  dès  leur 
sortie  de  l'enfance".  Auguste  parait  avoir  fait  des  revi- 
sions du  sénat  en  i>9,  18,  8  av.  .J.-C.  et  .3,  12  ap.  J.-C. 
avec  la.  polesf as  rensoria  ou  comme  censeur  ;  ses  succes- 
seurs prennent  également  ce  litre  pour  faire  la  même 
opération  '-;  mais  Domilien  prend  la  censure  à  vie  et  ses 
successeurs  en  gardent  les  pouvoirs  sans  le  nom'-';  la 
revision  censoriale  se  confond  dès  lors  avec  la  revision 
annuelle  établie  également  par  .\uguste.  Le  tableau  des 
sénateurs,  Valbum  senatorium,  est  affiché  tous  les  ans 
en  public".  Auguste  avait  pris  plusieurs  fois  comme 
auxiliaires  pour  la  revision  du  sénat  trois  sénateurs  tirés 
au  sort  sur  une  liste  de  dix  '°  ;  dans  la  suite,  la  vérification 
de  la  fortune  des  sénateurs  a  passé  au  bureau  a  censi- 
6«.9"^>.E.\siBis  (a)].  Dès  Tibère  et  Caligula,  lajus  /lonorum 
s'étendà  toute  l'Italie,  y  compris  la  Transpadane,  et  à  la 
.Narbonaise;  Claude  l'obtient  du  sénat  pour  les  Éduens'', 
Vespasien  l'ouvre  largement  à  toutes  les  provinces"  et 
constitue  ainsi  un  sénat  plus  provincial,  de  familles  nou- 
velles, de  tenue  et  de  moeurs  meilleures. 

IV.  Nouvelle  nobililas  et  onlre sénatorial.  —  .\ugusle 
constitue  définitivement  et  officiellement  un  ordre  séna- 
torial, une  sorte  de  pairie  héréditaire,  ouverte  seule- 
ment par  la  concession  du  laticlave  ou  Vallectio.,  qui  a  le 
monopole  des  anciennes  magistratures,  et  aussi  l'obliga- 
tion de  les  occuper  successivement  des  plus  basses  aux 
plus  hautes",  sauf  dispense  de  l'Empereur'"  ou  abandon 
de  la  dignité  sénatoriale  avec  l'agrément  du  prince-'.  La 
nouvelle  nobilitas  acquiert  un  nom  spécial  probablement 
dès  le  milieu  du  i"  siècle,  en  tout  cas  officiellement  à 
l'époque  de  Marc-.\urèle  et  de  Vérus,  le  nom  de  clarissi- 
mus  [vir  clarissimiis^-,  i\  c.),  appliqué  aux  hommes, 
femmes  et  enfants.  Elle  comprend  les  sénateurs,  leurs 
femmes  et  leurs  descendants  agnats  jusqu'au  troisième 
degré '^  Elle  comporte  :  1°  le  droit  de  porter  les  insignes 
sénatoriaux,  le  soulier  rouge  dès  la  naissance,  le  lati- 
clave dès  la  prise  du  costume  viril'*  ;  2"  pour  les  personnes 
lion  sénateurs  effectifs  les  droits,  sans  le  titre  officiel  de 
chevaliers  et  la  permission  d'assister  aux  séances  du 
sénat^^;  3°  une  place  spéciale  dans  les  jeux  publics  pro- 
vinciaux à  côté  des  magistrats  municipaux-';  4"  proba- 
blement l'exclusion  des  distributions  faites  à  Rome  à  la 
plèbe,  remplacées  pour  les  sénateurs  et  les  chevaliers 
par  des  repas"  ;  3°  la  dispense  des  munera  personnels, 
et,  si  on  le  veut,  des  honores,  dans  la  ville  d'origine-'; 
6°  l'interdiction  du  mariage  légal  avec  des  alTranchis  ou 
affranchies ^LiiiERTis,  p.  J21 1-12"  ;  7"  l'interdiction  du  ju-él 


Suct.  Am/.  35,  37;  Claud  10  ;  Vesp.  S;  TU.  6;  Dio,  67.  4.  —  "  Suet.  Dom.  S  ; 
Dio,  67,  13;  .53,  17:  IJuinlil.  //isf .  4,  prooem.  3.  Alexandre  Sévère  consulte  le  sénat 
pour  les  adieclions  {Vit.  Alex.  19).  —  n  Dio,  55,  3;  Tac.  Ami.  4,  42.  —  !"•  Dio, 
55,  13;  Suel.  Aug.  37.  —  "»  V.  Ilirschfeld,  Die  kaiserlichen  Verwalttingsbeamteil, 
p.  65-08.  —  17  Tac.  Ann.  11,  23-25;  C.  i.  l.  13,  1,  I,  1068.  —  18  Suet.  Vesp.  9; 
Victor,  Caes.  9;  Tac.  Ann.  3,  55.  L'Egypte  ne  fournil  de  sénateurs  r|ue  sous  Cara- 
calla.  —  19  Dio.  54,  20;  53,  24;  Suet,  Claud.  H.  —  20  Excusalio  (C.  i.  /.  12. 
1783;  9,  .3333  ;  14,  3010;  l'Iin.  Ep.  1,  14,  5;  Tac.  .4nn.  3.  35:  Agric.  42;  Dio,  78, 
22).  -  21  Tac.  Uiat.  2,  S6;  Ann.  16,  17.  —  22  C.  i.  (.  10,  1401  (en  50);  7832,  13 
(en  69);  3,  7080;  6,  1492  (en  101)  ;  8,  2532,  332  (sous  Hadrien  et  Antonin).  Depuis 
Jlarc-Aurèlc,  C.  Jmt.  9,  41,  11;  C.  i.  l.  9,  2438;  6,  8420;  2,  4125,  6278.  En 
grec  Uiiifoxaso;,  (ijT«i>lTi>o;.  —  23  Dig.  23,  2,  42,  91,  44  pr.;  30,  1,  22  §  5.  La 
femme  sort  de  l'ordre  par  un  mariage  avec  un  lionime  de  rang  inférieur,  sauf  pri- 
vilège spécial  {Dig.  1,  9,  8  ;  Dio,  78,  30).  —  2S  Stal.  Silv.  5,  2,  27  ;  Suet.  Aug.  38; 
Dio,  59,  9.-  2.'>Suct.  Ai'.f/.  38;  Zonar.  10,  33;  Plin.  £■/>.  8,  14,  5.  —  26  iea:  ro(.  Ge- 
netic.  c.  127  (pour  les  sénateurs  el  leurs  fils).  —  21  Lex.  Jul.  mun.  I.  133;  Suel. 
Cai.  17;  Dom.  4:  Aug.  3j  ;  Dio,  34,  14;  55,8;  57,  12:59,  11  ;  60,  7  ;  76,  1:79,2; 
Vit.Aiir.  12;  Gall.  10.  Ajoutons  ici  l'interdiclinn  faile  sous  Claude  aux  soldats  de 
la  garnison  de  Rome  d'entrer  dans  les  maisons  des  sénateurs  (Suet.  Claud.  25). 
—  28  Dig.  30,  1,  22  §  3,  23. 


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lllKJ  — 


S  EN 


à  inliTèt,  en  loiit  ou  [larlio  aux  sônalciirs '.  Elle  no  paie 
pas  encore  diinpôls  spéciaux'-.  Au  poinl  de  vue  social, 
elle  forme  la  classe  des  grands  propriétaires  et  des 
jtolenles  dont  les  lois  combattent  déjà  les  abus  de  pou- 
voir '.  KUe  représente  l'aristocratie  el,  surtout  au 
iii"  siècle,  en  face  des  chefs  militaires,  la  société  civile. 

V.  Séfinres.  —  Il  y  a  maintenant  des  séances  régu- 
lières (.s«iff/«.9  le;/itimus)  deux  fois  par  mois,  au  début, 
soit  le  jour  des  calendes  ou  deux  jours  après,  elau  milieu, 
la  veille  ou  le  jour  des  ides  ou  le  second  jour  après,  sauf 
les  jours  de  grandes  fêtes  et  rarement  les  jours  de  jeux. 
On  tient  aussi  des  séances  extraordinaires'.  Quand 
l'Empereur  veut  tenir  séance,  il  n'y  a  pas  besoin  de  con- 
vocation pendant  les  mois  de  vacances,  septembre  et 
octobre,  la  présence  de  quelques  sénateurs,  tirés  au  sort, 
est  suflisanle  ■'.  Pour  le  rôle  de  l'Empereur  au  sénat,  son 
droit  de  présider,  de  voter,  de  faire  des  propositions 
orales  ou  écrites,  d'intercéder  contre  les  sénatus-consultes 
et  pour  les  procès-verbaux  des  séances,  nous  renvoyons 
aux  articles  oratio  principis  ad  senatim,  priimcipati  s.  p.  653, 
OiAESTOR,  p.  800,  sENATi'S-coNSi'LTL'M.  L'EuipereuF,  quoi- 
que président,  a  le  droit  de  voter,  soit  le  premier,  soit  le 
dernier  ''. 

VI.  Allributinnit.  —  Le  sénat  a  perdu  son  ancienne 
prépondérance;  cependant,  le  partage  officiel  des  pou- 
voirs établi  par  Auguste  entre  le  prince  et  le  sénat  a 
laissé  à  ce  dernier  quelques-unes  de  ses  anciennes  attri- 
butions et  lui  en  a  donné  quelques  nouvelles  : 

1"  RéreptioJiiles  coin i/iiinicdl ions  de V Empereur  [prin- 
CIPATLS,  p.  Co3j. 

-1"  Commissions  sénatoriales   oupi'ès  de  /'Empereur 

[CONSILILM  PRI,\CIPIS]. 

3°  Concessioîi  des  pouvoirs  impériaux;  déposition, 
jugement  posthume,  apothéose  de  l'Empereur  [princi- 
PATUS,  p.  049;  iMPERATOR,  p.  433-434;  apotheosis]. 

4"  Depuis  Tibère,  élection  des  tnar/istrats  [magistratus, 
p.  1536J  et  des  membres  des  grands  collèges  sacerdotaux 
[augures,  p.  553;  dvi'mviri  sacris  faciundis,  p.  428-429; 

EPULONES,   p.  739\ 

o°  Juridiction.  —  Auguste  a  donné  au  sénat  la  juri- 
diction criminelle,  concurremment  avec  celle  du  prince 
et  celle  des  quaestiones  [judicia  publica,  p.  055].  Le  sénat 
reçoit  en  outre  les  appels  des  provinces  sénatoriales  et 
de  l'Italie  qu'il  renvoie  aux  consuls  [judex,  p.  (i36].  Enfin 
il  peut  encore  mettre  des  individus  liors  la  loi  et  les  pro- 
clamer ennemis  publics  '. 

(i°  Administration  de  Rome,  de  l' Italie,  des  provinces 
sénatoriales  el  de  Vaerarium.  —  Nous  renvoyons  sur  ce 
poinl  el  pour  l'histoire  des  empiétements  successifs  de 
l'administralion  impériale  sur  l'administration  séna- 
toriale aux  articles  aerahium,  aniNO.na,  imperator,  p.  430, 
PRAKFECTUS  URRi,  PROvixciA,  p.  719,  VIGILES.  Ajoutons  ici 
que,  dès  le  début,  les  empereurs  ont  le  droit,  comme  le 
sénat,  d'envoyer  des  instructions  aux  proconsuls  séna- 
toriaux, de  faire  des  règlements  pour  leurs  provinces  *, 


*  \it.  Alex.  Ti.  Au  bas-Ënipire  d'ahord  inlerdiclion,  puis  permission  jus- 
ipià  0  p.  lOU  (forf.  Th.  i,  33,  3-»:  Cod.  Just.  i,  3i,  26).  —  2  Sauf,  sous  Com- 
mode, 50  dviiiers  comme  présent  di;  nouvel  an  (Dio,  li,  IG).  —  3  I)i,j,  i,  is, 
0;  C.  Jusl.  i,  19,  (!.  -  i  C.  i.  l.  I,  p.  37i  (calcnd.  Phila-ml.]  ■  Suel. 
ug.  3S;  Cae$.  88;  Vil.  IJadr.  8;  Ftrt.i;  Dio,  55,  3;  58,  21  :  Tac.  Ann.  3, 
23;  Vit.  Gord.  Il  ;  Uadr.i;  OiU.  2;  Plin.  Ep.  i,  II,  IG.  —  5  Suel.  Àug.  33. 
-  6  Tac.  Ann.  1,  74.  —  '  Suel.  Coi.  7;  Vit.  Comm.  6;  Atb.  12.  —  8  Diij.  I, 
lli,  »  ;  l)io,  53,  15  ;  C.  in»,  lat.  3  suppl.  725;  Hlin.  Ad  Trai.  10,  7',l,  80.  —  9  Suel. 
ï'ift.   I  ;  C.  I.  /.2,  U23,  1167;  3  suppl.  7o86  ;  Tac.  Jnn.  3,  60  ;  12,  61,  62  ;    13,  4. 


d'y  Iranclier  toutes  les  afTaires  qu'il  leur  plail  d'exa- 
miner '  ;  que  dès  Nerva  et  Trajan,  ils  contient  dans  beau- 
coup de  villes  libres  le  contrôle  des  finances  à  des  cura- 
teurs, à  des  logistes,  à  des  légats  particuliers  [curator, 
correctur]. 

7"  Monnaijaije  du  cuivre  [moneta,  p.  1978-1979]. 

8"  Droit  d'accorder  des  honneurs  of/iciels.  —  Il  vote 
par  exemple  les  statues,  avec  l'agrément  de  l'Empereur  '", 
les  surnoms  honorifiques  aux  membres  de  la  famille 
impériale  et  aux  légions"  [principatus,  p  050],  le  triom- 
phe [triumpuus],  les  ornamenta. 

9°  Pouvoir  législatif.  —  Dès  la  fin  de  la  République, 
les  sénatus-consultes  commencent  à  être  classés  parmi 
les  sources  du  droit'-  ;  à  partir  de  Tibère,  les  empereurs 
laissent  en  fait  le  pouvoir  législatif  au  sénat,  sauf  sur 
quelques  points  particuliers  [principatus,  p  052]  et  après 
quelques  hésitations,  les  jurisconsultes  le  lui  recon- 
naissent également '^  Il  l'exerce  soit  spontanément,  soit 
il  la  suite  d'oRATioNES  principis  Les  sénatus-consultes 
portent  sur  toutes  les  matières  du  droit  civil,  criminel  et 
administratif  [senatus-consultum]  ;  et  en  outre  comme 
applications  particulières  on  peut  signaler:  les  dispenses 
des  conditions  nécessaires  pour  les  magistratures  jusque 
vers  l'époque  de  Domitien  ;  le  droit  de  grâce  et  les 
amnisties  [abolitio,  inuulgentia]  ;  la  concession  du  patri- 
ciat  aux  empereurs  plébéiens  [patricii,  p.  349]  ;  du  droit 
de  marché  en  Italie  et  dans  les  provinces  sénatoriales 
[nundinae,  p.  122];  les  dispenses  des  règlements  sur  les 
jeux  de  gladiateurs  en  faveur  des  villes,  concurremment 
avec  l'Empereur"  et  jusque  vers  l'époque  de  Vespasien, 
des  déchéances  légales  qui  frappent  les  célibataires  et  les 
gens  sans  enfants''';  l'établissement  de  fêtes  régulières 
et  les  modifications  au  calendrier'";  les  autorisations 
aux  associations  dans  l'Italie  et  les  provinces  sénatoriales 

[COLLEGIUM,   SODALITAS]  ". 

Bas-Empire.  —  I.  Généralités.  —  Le  régime  de  Dio- 
clétien  et  de  Constantin  qui  supprime  définitivement 
la  dyarcliie  d'Auguste  et  transporte  la  capitale  de  Rome 
à  Milan,  puis  à  Ravenne  et  dans  d'autres  villes  en  Occi- 
dent, à  Conslantinople  en  Orient,  enlève  prescjue  toute 
influence  politique  au  sénat  en  tant  qu'assemblée,  mais 
augmente  encore  l'importance  de  l'aristocratie  sénato- 
riale dans  les  fonctions  publiques  et  dans  la  société '^ 

II.  Recrutement  et  séances.  —  La  plupart  des  anciennes 
conditions  subsistent  ;  il  parait  y  avoir  toujours  un  cens, 
mais  nous  en  ignorons  le  chiffre  ;  l'examen  des  fortunes 
appartient  aux  censuales;  la  condition  sénatoriale  est 
héréditaire,  et  les  jeunes  clarissimes  doivent  déclarer  leur 
fortune  à  l'âge  de  dix-huit  ans".  Le  mode  principal 
d'entrée  au  sénat  est  toujours  la  gestion,  maintenant 
obligatoire,  par  les  jeunes  clarissimes  de  la  questure  et 
surtout  de  la  préture  qui  ne  représentent  plus  guère  que 
l'obligation  de  donner  des  jeux  coûteux  [praetor,  p.  031- 
032;  0UAESTOR,  p.  800].  Maison  entre  dans  la  classe  séna- 
toriale de  quatre  manières  principales  :  1°  par  l'obten- 


—  H'  Sud.  Ctaud.  9;  Olh.  I  ;  ri*.  65  ;  Coi.  34  ;  Tac.  .Xiln.  3,  72  ;  4,  2.  2,  3;  15, 
172;  .igric.  40;  Dio,  71,  3;  09,  25;  Plin.  Ep.  2,  7,  1  ;  Vil.  Mare.  2;  Alner.  6,  S; 
C.  i.  1.  6,  1377.  —  Il  Dio,  00,  15.  —  12  Cic.  Top.  5,  28  ;  Verr.  3,  78,  181  ;  Bruns, 
l.  c.  n»  17  (Ici  d'EsIc),  I.  II.—  13  Gai.  1,4;  Jnalit.  I,  2,  5.  —  Il  Tac.  Aiin.  13,49; 
Plin./'«n.  51;  Dio,  fi'.l,  14;  Suct.  liù.  34;  C.  i.  l.  2,  6278.  —  13  Dio,  55,  2;  Tac. 
Ann.  3,  25.  —  "i  Tac.  .Ann.  2,  32;  la  lucnlion  feriae  ex  S.  C.  sur    les  calendriers. 

—  11  />!!/.  48,  22,  3  §  1  ;  Plin.  Pan.  54;  6'.  i.  /.  3,  7000;  G,  1416.—  18  Voir  écri- 
vain, Le  sénat  romain  depuis  Dioclêlien  à  Honte  et  à  Constantinople.  —  '9  Cod. 
Theod.   6,  4,  4;  6,  5,  32  ;  0,  2,  8  ;   Symraacli.  Ep.    10,  67;  Cassiod.   Var.  3,  6. 


SEN 


1197 


SEN 


lion  des  rot/iri/ti  c/arissinialus  '  ;  i"  par  la  cooptation 
du  sénat,  sur  la  recommandation  de  patrons  sénateurs 
et  avec  la  confirmation  de  TKaipereur-;  3"  par  l'élévation 
à  une  diarge  d'illustre  I^illistresJ,  de  respectable  {sppclo- 
hilis)  ou  de  clarissime  qui  comporte  tacitement  Tintro- 
diidion  dans  l'ordre  sénatorial;  4"  parles  déci-ets  j^éné- 
raux  qui  confèrent  le  clarissimat  à  des  catégories  diverses 
de  fonctionnaires  soit   au  bout  d'un  certain   temps  de 
service,  soit  comme  retraite^.  De  ces  nouveaux  claris- 
simes  la  plupart  n'entrent  au  sénat  que  dans  la  dernière 
classe,  avec  le  titre,  probablement  créé  par  Constantin,  de 
la  consularilas' \  mais  ils  reçoivent  le  plus  souvent  en 
même  temps  de   l'Kmpereur  la  dispense  de  la    lourde 
charge  de  la  préture,  sous  le  nom  d'adtectio  et  s'appellent 
adiecti  et  iminunes  '.  Or  dans  le  courant  du  iV  siècle 
presque  tous   les   litres   s'amplilient;  par  exemple,  les 
préfets  du  prétoire,  de  l'annone,  des  vigiles,  les  vicaires, 
le  comte  des  domestiques,  les  maîtres  de  la  milice,  les 
deux  comtes  des  finances,  les  comtes  de  première  classe, 
tous  les  gouverneurs  deviennent  au  moins  clarissimes''; 
le  grand  nombre  des  fonctions  soit  anciennes,  soit  nou- 
velles qui  donnent  ce  rang  a  donc  pour  résultat  d'aug- 
menter considérablement  l'ordre  sénatorial  et  le  cliitfre 
des  sénateurs  ell'ectifs.  Ils  proviennent  soit  des  anciennes 
familles,    soit  des    classes   inférieures   qui    fournissent 
maintenant  un   très  grand  nombre  de  fonctionnaires', 
soit  aussi  des  curiales  qui,  malgré  les  prohibitions  de 
plus  en  plus  rigoureuses  des  empereurs,  emploient  tous 
les  moyens,  fraudes,  achats  de  brevets  d'anciens  fonction- 
naires, de  clarissimat,  entrée  dans  les  services  publics, 
pour  fuir  la  curie  et  arriver    à  l'ordre  sénatorial"  [ue- 
ciRio,  SENATCS  MixiciPALis].  Au  sénat,  l'ancien  classement 
d'après  les  magistratures  est  remplacé  par  le  classement 
général  en  clarissimes,   respectables  et   illustres,  dans 
chaque  groupe  d'après  le  rang  des  fonctions  réelles  ou 
codicillaires';  il    y  a  toujours  une   sorte  de    prinreps 
sena/iix,  le  sénateur  interrogé  le  premier,  le  plus  impor- 
tant des  illustres'".  Le  préfet  de  Rome  dresse  tous  les 
ans  l'album".  Dès  l'époque  de   Dioclétien,   une  bonne 
partie  des  sénateurs,  soit  fonctionnaires  ou  en  retraite, 
les  honointi*''  ou  en  exercice,  soit  propriétaires  fonciers, 
ne  viennent  plus  au  sénat '^;  des  lois  de  443  à  4o(t  dis- 
pensent ensuite  de  la  résidence  dans  les  deux  capitales 
les  deux  classes  des  clarissimes  et  des  respectables"; 
dès  lors,  il  n'y  a  plus  guère  que  les  illustres  qui  siègent 
réellement  au  sénat  et  y  aient  le  droit  de  sufTrage  ;  il  en 
est  encore  ainsi  en  Occident  sous  les  Ostrogoths,  et  en 
Orient  sous  Justinien '\   11  y  a  deux  séances  par  mois, 
trois  en  janvier"'. 

111.  Carrière  sénatoriale.  —  Pour  les  jeunes  claris- 
simes la  carrière  est  beaucoup  plus  large  et  plus  variée 

I  Cad.  TU.  12,  1,  42,74.  -3  C.  Th.  Il,,  4,  V;Symniaeli.  Or.  6,  7,  c.  7-8; 
Ep.  10,  25.  —  3  Symmach.  Ep.  3,  87.  —  i  Euseb.  Vit.  Consl.  i,  2; 
C.  Th.  C,  2,  8  ;  C,  24,  8-0;  C,  27,  5  ;  12,  1,  74.  —  i  C.  Th.  6,  2.1,  I,  4;  2,  10  ; 
Symmach.  Ep.  7,  Sli,  96;  10,  25.  —  6  C.  Th.  14,  3,  15;  14,  4,  9;  12,  1,  38  ;  H, 
18,  I  ;  C,  7,  1  ;  6,  9,  1,  2;  12,  1,  133;  6,  13.  1  ;  G,  20,  1  ;  Xolil.  Or.  24-43.  Occ. 
22-44.  Voir  Hirsclifelii,  Die  Jianylilel  der  rùm.  Kaiaerzeit  {.titzber.  der  Berl.  A  kad . 
1901,  1,  p.  579-610).  —  7  C.  Th.  6,  4,  13  ;  12,  6,  122  ;  C.  Just.  12,  1,  9.  —  «  f.  Th. 
12,  I,  26,  29,  41-44,  48,  50-34,37,  74-75,  130,  133,  159,  100;  Sav.  Theod.  Il,  lit. 
14;  C.  Juat.  10,  32,  67;  Ammian.  22,  9,  12.  —  »  C.  Th.  6,  4.  12;   Isidor.  Etym. 

9,  4,  12.  —  10  Laclanl.  Inat.  1,  10,  8  ;  C.  ina.  litl.  6,  1098;  C.  Th.  6,  6,  I.  Il  ciisie 
encore  sous  les  Oslrogollis,  >|cioi<|u'alors  le  préfet  de  Kome  ail  aussi  la  prcniiùic 
place  (Anonym.   Vales.  53:  Cassioil.  Viir.  1,  15;  G,  4,  9,  21).  -   "  Symmacli.  Ep. 

10,  57,  62  ;  C.  Th.  12,  1,  4S.  —  12  C.  Th.  6.  25.  7  ;  12,  22,  5;  6,  HK  1  ;  9,  30,  I  : 
C.  Juat.  10,  30,  3;  Ammian.  29,  1,  9.  —  13  C.  Th.  6,  4,  Il  ;  1 1 ,  16,  14-13.  —  14  f. 
Jast.  12,  2,  1;  1,  39,  2.  —  l'o  Ihid.  3,  24,  3  ;  12,  16,  3  ;  9,  3S,  11;  /Jig.  I,  9,  12  J  2; 


(\na  sous  le  Haut-Empire,  puisqu'il  n'y  a  plus  qu'une 
seule  adminisiralion.  Ils  sont  d'abord  en  général  iiolurii 
du  consistoire,  avocats,  assesseurs  de  magistrats,  doine.s- 
tiri  et  jtrolerlores,  comtes  du  consistoire,  puis,  après  la 
jirélure,  arrivent  rapidement  aux  charges  supérieures. 
Constantin  leur  a  ouvert  de  nouveau  la  carrière  militaire 

[l'HOTECTOKES]. 

IV.  Rapports  avec  les  empereurs  et  avec  le  préfet  de 
Hnme  [pri.ncipatis,  p.  657;  praefectls  irbi.  p.  Q^il], 

V.  Attributions. —  1°  Aomination,  avec  confirmation 
impériale,  des  consuls  suffects,  des  questeurs  et  des  pré- 
teurs''.  2°  Discussion  et  néf/ocialions  auprès  de  l'admi- 
nistration impériale  sur  les  impôts  et  les  autres  charges 
des  sénateurs'*,  "i"  Législation.  Le  sénatus-consulte  est 
toujours  théoriquement  une  source  du  droit";  en  fait,  il 
n'intervient  que  comme  base  et  avant-projet  d'une  consti- 
tution impériale  qui  s'en  approprie  l'esprit  et  le  contenu, 
sur  le  rapport  du  préfet  de  Rome-".  Le  sénat  reçoit  aussi 
des  édits,  des  lois,  des  oraliones  des  empereurs,  avec 
l'adresse adsenatum owconsulibus.praetoribus,  tribunis 
plebis  senatui  suo.  Ces  documents  sont  lus  par  un  fonc- 
tionnaire, maître  des  offices,  primicier  des  notaires,  pré- 
fet de  Rome  ou  par  un  sénateur-'.  En  445,  d'après  une 
nouvelle  de  Théodose  II  et  de  Valenlinien  III,  les  lois 
doivent  être  discutées  à  Constanlinople  entre  le  consis- 
toire et  le  sénat,  et  ce  système  appliqué  en  Orient  et 
même  en  Occident  prépare  la  réforme  de  Justinien". 
4"  Juridiction.  Il  continue  à  juger  des  crimes  de  haute 
trahison,  de  lèse-majesté-',  -ô"  Administration  de  Home. 
Le  sénat  est  devenu  une  sorte  de  conseil  municipal  de 
Rome;  il  assiste  le  préfet  de  Rome  dans  la  direction  de 
la  caisse  romaine  [arca],  de  l'Université  de  Rome,  fixe  le 
traitement  des  professeurs,  collabore  sans  doute  par  une 
commission  à  leur  examen  -',  fournil  de  l'argent  pour  les 
monuments  publics,  la  nourriture  du  peuple,  pour  la 
caisse^"',  élève  des  statues  soit  aux  empereurs,  soit,  avec 
l'autorisation  impériale,  aux  grands  hommes-";  il  a 
comme  chancellerie  le  bureau  municipal,  les  decuriae, 
composées  de  quatre  divisions  :  scribae,  librarii,  cen- 
suales,  fiscales,  qui  ont  chacune  un  Judex,  et  comme 
chef  commun  le  magis/er  census,  qui  rédigent  les  actes 
du  sénat,  tiennent  à  Rome  les  registres  de  l'état  civil, 
enregistrent  les  donations,  reçoivent  les  testaments, 
dressent  le  tableau  des  fortunes  sénatoriales  pour  la 
répartition  des  prétures  ^deccrulis]-\  Dix  sénateurs 
assistent  le  préfet  de  Rome  et  le  préteur  spécial  pour  la 
nomination  des  tuteurs  à  Rome  ^*. 

VI.  Histoire  religieuse.  —  Le  sénat  intervient  natu- 
rellement à  Rome  dans  les  affaires  religieuses.  Sous 
Constance  il  parait  se  prononcer  pour  l'antipape  Félix 
contre  le  pape  Libère-".  Sous  Gralicn,  Valenlinien  II  et 


Sidon.  1,  II;  Cassiod.  Var.  6,  15;  7,  37-38.  —  16  C.  i  l.  1,  p.  383.  —  n  //jùl, 
Symmach.  Ep.  10,  66  ;  C.  Th.  6,  4.  —  l»  Symmach.  Ep.  2,  57  ;  (0,  28,  33  ;  6,  62  ; 
f.  Th.  6,  13,  13  ;  6,  2,  10  ;  6,  4  ;  I,  2,  21,  23,  Ï7.  —  19  C.  Jusl.  1,  16,  I  ;  l„st.  1, 
2,  3.  —20  en.  6,  24,  Il  ;  C.  Jual.  1,  14,  3;  Symmach.  i'p.  IO,-28;  i\oi:  Théo- 
dos.  H,  lil.  15,  1  ;  Aov.  Valentin.  lll,  lit.  13,  1.  —  21  Symmach.  Ep.  10,  2; 
C.  Th.  1,  4,  3;  praef.  iréceplioil  du  code  Tliéodosien;.  Voir  C.  Th.  hi.  Hatniel, 
p.  82  ;  éd.  Mommsen,  I,  1,  p.  CLXV-CCCVl.  —  22  C.  Jusl.  1,  14,  8;  Aor.  â/arl. 

5,  l  ;  Nov.  Major.  1,  1.  _  23  Ammian.  28,  1,  22;  Symmach.  4.  4  ;  Zos.  3,  10; 
Sidon.  I,  7.  —  24  Symmach.  I,  79;  C.  Jusl.  12,  15,  /.  un:  C.  Th.  13,  3,  11. 
—  25  Symmach.  Ep.  2.  7;  6,    14,  26;  C.   i.  l.  6,   1750;  C.  Jusl.  12,  3,    2;  C.  Th. 

6,  4,  13  §  2,  4.  —  26  C.  ins.  lat.  G,  1139,  1141,  1187-90,  1083,  1698,  1710, 
1713,  1721,  1723,  IT35,  1743,  17S3,  1789.  —  27  C.  Th.  14,  0.  4,  13-26;  6,  2,  11, 
12,  13;  6,  28,  5;  8,  9,  1  ;  8,  12,  8  ;  4,  4,  4  ;  Symmach.  Ep.  10,  43  ;  Cassiod. 
Var.  5,  21-22.  —  28  C.  Th.  3,  17,  3  ;  C.  Jusl.  5,  33.  —  -'9  Tlieodorct.  2.  13;  Fausl 
elAlarcclI.  Lib.  prtc.  i. 


SEN 


1198  — 


SEN 


Théodose,  pour  obtenir  le  rétablissement  dans  la  curie 
de  l'autel  de  la  Victoire,  supprimé  en  382  ',  le  parti 
païen  du  sénat  soutient  une  longue  lutte  qui,  malgré  la 
renaissance  épliénièi'e  du  paganisme  sous  Eugène  et  Ar- 
bof;ast  -,  se  termine  par  sa  chute  déliuilive.  Sous  llono- 
rius,  le  sénat,  entièrement  clirétien,  contribue  à  la  défaite 
de  l'antipape  Eulalius  et  au  succès  du  pape  Boniface  '. 
Sous  Valenlinien  III,  une  partie  du  sénat  assiste  au 
synode  qui  condamne  les  manichéens'. 

VII.  Situation  du  s<'nat  et  de  l'aristocratie  séna- 
toriale. —  A.  Droits  et  dei^oirs  légaux.  —  Outre  les 
anciens  signalons  parmi  les  nouveaux  :  la  défense  de 
donner  aux  fils  des  sénateurs  des  curiales  pour  tuteurs  ■'; 
la  défense  aux  sénateurs  d'épouser  une  esclave,  aflran- 
cliie,  fille  d'all'ranchie,  cabaretière,  actrice  ou  autre  per- 
sonne de  basse  condition  "  ;  l'obligation  pour  le  gouver- 
neur de  consulter  les  nobles  de  la  province  pour  marier 
les  veuves  et  filles  de  sénateurs  ';  le  droit  de  recueillir 
certaines  libéralités  testamentaires,  attribuées  ordinai- 
rement au  fisc  *;  la  dispense  de  la  question,  sauf  pour  la 
lèse-majeslé  '■';  le  renvoi  de  leurs  procès  civils,  quand  ils 
sont  défendeurs,  devant  le  préfet  de  Rome  jusqu'à  Gra- 
lien,  qui  lesrend  justiciables,  quand  ils  résident  en  Italie, 
des  préfets  de  Rome,  du  prétoire  ou  du  maître  des  offices, 
en  province,  des  gouverneurs'";  une  juridiction  privi- 
légiée, au  criminel,  après  Constantin,  d'abord  devant 
les  préfets  de  Rome  et  du  prétoire,  puis,  depuis  Gratien, 
devant  le  seul  préfet  de  Rome  assisté  de  cinq  sénateurs 
ou  devant  l'Empereur";  le  droit  et  pour  les  illustres 
l'obligation  de  se  faire  représenter  au  civil  et  même 
quelquefois  au  criminel  par  des  procureurs'-;  des  privi- 
lèges judiciaires  spéciaux  pour  les  illustres,  le  droit  de 
pénétrer  et  de  s'asseoir  dans  le  secrctarium  des  gouver- 
neurs et  de  les  saluer  les  premiers'". 

B.  Impôts.  —  Les  fortunes  sénatoriales  supportent  : 
1°  les  frais  des  prélures  ;  2°  Yaurum  oblatitium.  versé  au 
début  de  chaque  règne,  aux  Quinquennalia,  aux  Decen- 
nalia,  quelquefois  aussi  au  troisième  lustre'*  ;  3°  depuis 
Constantin  jusqu'à  450'  ■,  le  follis  (aurum  glebale,  gle- 
balis  collatio,  descriptio  senaloria),  impôt  des  terres 
sénatoriales,  et  qui  s'élève  selon  les  fortunes  à  2,  4  ou 
8  folles"^'  ;  eri  393  il  est  abaissé  pour  les  plus  pauvres  à 
7  solidi  par  an,  au  moins  en  Orient'';  il  frappe  même 
l'Empereur  considéré  comme  sénateur,  les  femmes  et  les 
enfants'*;  il  comporte  beaucoup  de  dispenses,  surtout 
pour  les  anciens  fonctionnaires,  déjà  dispensés  de  la 
préture"  [collatio  clebalis].  Les  sénateurs  paient, 
comme  tous  les  propriétaires,  l'impôt  foncier,  et  subissent 


1  Ambras.  Ep.  I,  10;  l(i,  17,  is,  m,  57;  De  o/iit.  Val.  lH,  Svniinacli,  Ep.  10. 
*l,  61:  3,  5S.  03;  I,  .-,7,  3;  /W.  ;i7,  43,  51,  51,  55;  l'rmlenl.  //,  S,,,„mncli.  1. 
S55.  —  2  Paulin.  Vil.  .Ambras.  M:  Cnrmen  Pnrisiaaim,  »6;  Symrnach.  Ep. 
*,  19;  10,  I.  —  3  Syniinacli.  lu.  Tl-SO.  —  »  Léo.  Ep.  7,  8,  15.  —  5  (,'. 
Jasl.  S,  33.    2.   —  C   C.    Th.   4,  li,  3;   Ao«.   .Marlian.   4.    _   7   C.    Th.  3,  6,    1. 

-  »  A'oi'.  .Uajorian.  10.  —  9  C.  Th.  9,  35,  1-3.  —  1"  C.  Jusl.  3,  ii,  3  ;  3,  24, 
i.  —  Il  C.  Th.  2,  I,  12;  9,  1,  13;  9,  Iti.  10;  9,  40,  10;  Symniacll.  Ep  2,  33;  9, 
51.  —  12C.  Jmt.  i.  12,  23  ;  9,  35,  11  ;  9,  2.  15.  —  13  C.  Th.  C,  20,  10;  6,  24,  4; 
C.  i.  /.  «  siippl.  17896.  —  li  Symniacll.  Ep.  2,  57;  10,  33.  —  Ib  Zos.  2,  38; 
C.  Jusl.  12,  2,  2.  —  10  Lilian.  Ep.  254,  253  ;  C.  Th.  0,  2,  8,  10,  10,  17,  19,  21  ;  6, 
4,  21  §0:  6,  23,  1;  11,  28,  4;  C.  Jusl.  12,  2;  Symniacll.  Ep.  4,  61;  Boet.  De 
ton».  3,3  ;  Virteres  glossae  (Ollo.  T'Acjnur.  >r.  rom.),  III,  p.  817.  D'ajirès  ce  dernier 

elle  le  follis  aurait  valu  une  livre  d'or  ou  72  solidi.  d'après  l'opinion  plus  pro- 
bable de  Seeck  (Cauly-Wissowa. //tfl/.JÏnryc/op.  s.  v.coi/a/iu  j(e6o/is),  seulcmciil  9 
sod'rfi.    —  "  C.    Th.  e,  i,    10,    18.  —  18  C.    Th.  9,  2,  1  ;    6,  2,   7,    17  ;  9,    14,  3. 

—  19  Symmach.  Ep.  4.  61  j  C.  27i.  0,  2,  18,  21  ;  6,  23,  1,  2;  6,  24,  7  ;  6.  26,  7  ;  0, 
28,  22.  -  20  c.  Th.  15,  3,  3,  4,  6  ;  7,  8,  3,  10;  7,  13,  12-14;  Aoi).  Valentin.  III, 
6  I  3.  -  21  C.  Th.  Il,  26  ;  13,  1 1  ;  C.  Jusl.  10,  .10  ;  Aramian.  18,  1,  1  ;  Salvian. 
De  gub.  Dei,  5,  7,  8;  7,21.  —  22  C.   i.    /.  10,  3732,  .3846;     9,    1561.  —  53  C.  Th. 


en  principe  la  plupart  des  charges  patrimoniales,  des 
munera palrimonii-",  sauf  les  charges  mixtes  et  la  levée 
des  impôts;  mais  ils  sont  dispensés,  en  général,  des 
munera  personnels,  des  munera  sordida  [munis,  p.  2041- 
204.5]  et  deVadJrctio  [tkiiii'tvm].  En  outre,  probablement 
de  3()1  à  377,  les  terres  sénatoriales  sont  soumises  à  un 
mode  particulier  de  perception  de  l'impôt  foncier  pro- 
tostasia]  et  environ  de  361  à  39tj  les  intérêts  des  séna- 
teurs sont  défendus  dans  les  provinces  par  les  defen- 
SORES  SEiVATi's.  filnfin,  la  répartition,  la  péréquation  de 
l'impôt  sont  faites  pav  dos perner/uatores,  des  discussores, 
généralement  fonctionnaires  ou  anciens  fonctionnaires 
de  la  classe  sénatoriale,  qui  favorisent  les  sénateurs, 
grands  propriétaires,  au  détriment  des  autres  classes-'. 

C.  Itôfe  dans  la  prorince  et  In  cité.  —  Le  sénateur  y 
est  tout  puissant  par  ses  privilèges  légaux,  généralement 
par  sa  qualité  de  fonctionnaire  ou  d'ancien  fonctionnaire 
et  par  sa  fortune  foncière  II  est  en  dehors  des  curies  ;  il 
ne  gère  plus  que  par  exception  la  charge  de  curalor  civi- 
tatis-'  [cuRATOREs]  ;  dès  387,  il  cesse  de  gérer  celle  de 
DEFENSOR  civiTATis-%  mais  il  continue  à  jouer  un  grand 
rôle  dans  les  affaires  de  la  cité  ;  il  intervient  dans  la  nomi- 
nation des  tuteurs  et  des  professeurs-',  dans  l'établisse- 
ment des  impôts;  il  est  encore  souvent  le  patron  muni- 
cipal -•'  [PATROM'S  COLONIAE,  p.  358]  ;  il  assiste  de  droit  aux 
assemblées  provinciales  et  il  en  est  souvent  le  député 
auprès  de  l'Empereur-'"' [concilu'm]  ;  ce  sont  les  familles 
sénatoriales  qui  fournissent  la  plupart  des  évèques'^".  Il 
ne  faut  donc  pas  s'étonner  de  la  puissance,  des  usur- 
pations de  la  noblesse  sénatoriale,  de  la  tyrannie  exercée 
par  les  sénateurs,  les  patentes  [latifundia,  p.  965-966]. 

VllI.  l.e  sénat  de  (^.onstantinople-*.  —  Créé  par  Con- 
stantin'-' qui  y  amène  plusieurs  nobles  romains'",  pourvu 
de  droits  d'abord  inférieurs,  puis,  sans  doute  dès  Con- 
stance, égaux  à  ceux  du  sénat  de  Rome'^',  dirigé  par  le 
préfet  de  Constantinople'- qui  remplace  en  359  le  pro- 
consul", il  a  la  même  organisation,  le  même  rôle  muni- 
cipal '*,  la  même  évolution  que  celui  de  Rome.  En  outre, 
il  est  adjoint  quelquefois  dès  Arcadius.  régulièrement 
depuis  Justinien,  au  consistoire  pour  former  le  tribunal 
impérial'".  Son  rôle  politique  et  religieux  est  beaucoup 
plus  important  qu'à  Rome.  11  intervient  très  activement 
dans  l'élection  des  empereurs  jusqu'à  .lustinien'"  ;  lutte 
contre  les  usurpateurs,  contre  la  tyrannie  d'Eutrope  et 
de  Gainas''  ;  négocie,  jure  les  traités  avec  les  barbares'". 
Il  envoie  souvent  une  délégation  aux  conciles,  prend 
part  à  toutes  les  querelles  religieuses'''. 

Le  sénat  de  Rome,   comme  celui  d'Athènes  [boulé]  a 


)_  29,  c.  —  2i  r.  .Th.  3,  .30,  C;  13,  3,  5.  - 
60S3,  7345;  9,  1.508,  29."i0,  1589;  0,  10»l-91.  - 
12  §  1,  13  ;  12,  1,  186  ;  Cassiod.  Var.  8,  12  ;  .Sid( 
2  ;  4,  4,  17,  21  ;  7,  5,  4;  Forlunal.  Carm.  4,  15, 


23  C.  i.  I.  10,  1702,  3857,  3600, 
2.-.  C.  'Jh.  0,  20,  ;.  un.;  12,  12, 
m.  Ep.  1,  3,  5,  —  'i^Sidon.  Ep.  2, 
17;  (iiegor.  Tur.  Hisl.  Eranc.  I. 


29,  39;  2,  2.  1 1  ;  6,  39.—  28  Voir  Lécrivain  l.i:  p.  217-226;  Ellissen,  Der  Senal 
im  oslrnm.  Iliich.  Giiltingen,  1883.  —  '^  Soznin.  i,  3;  Pliiloslorg.  2,  9: 
Tbemisl.  0/'ii(.  4,  CO,  4;  Chron.  pasch.  p.  529;  Anonijm.  Villes.  0,  30;  Euseb. 
Vit.  Consl.  4,  07;  Ammian.  23,  2,  4;  Mamerlin.  l'nn.  Jttl.  2».  —  3»  Zosiiii. 
p.  97,  19.  Voirdu  Fresne,  Conslanl.  christ,  p.  165.  —  SI  Tbemisl.  Or.  3;  C.  Th. 
6.  t.  5-10;  7,  a,  1  ;  11,  1,7  ;  11,  i5.  1  :  15,  1.  7  ;  12.  I,  48:  13,  1,  3.  —  32  Socral. 
2,  41  ;  Soiom.  4,  22;  C.  Th.  1,  0,  I  ;  C,  4,  10;  Chron.  Paseh.  p.  543.  —  33  Soil 
spécial,  soil  celui  de  la  provinced'Europe  (Socr.  2,  42;  C.  7'/i.0,4.  8,  9).  —  34  |,i. 
ban.    Vit.  p.    27;     C.  Th.    6,  4.     13;    6,  21;    14,  16,    1;   Aor.  Marlian,  2,    1-5. 

—  3:.  Lyd.  Ùe  mat/.  3,  10.  27  ;  i\oi:  62,  1  ;  124,1  ;  Procop.  Hist.  arc.  1  4.  —  36Tlie- 
inist.  Or.  13.  18;  Priscus,  fr.  1,  5;  Zonar.  13,  24;  14,  3;  Ccdren.  p.  344,  357. 
Evagr.  2,    I;    l.con.   Ep.  73   (Miglie,  p.   I,   t.    54):  Porpbyrog.  417,  92;  426,  93. 

—  31  Zosim.  4,  43;  3,  13,  20.  -  38  Zosim.  4,  20  ;  Malclius,  fr.  11,  15.  — J'Evagr. 

2,  18  ;  Zonar.  14,  I,  2  ;  Cedrcnus.  p.  357,  632  ;  Tlieuplian.  Ad  ann.  467.  506  ;  Evagr. 

3,  32;  Anonym.    Vales.  9,  43-44;  l,eo  gramm.   116,  18. 


s  EN 


1109  — 


S  EN 


Fig.  03011.  _  Le  S.-Mi 

lions    BOYVH 


élé  personnilié  par  Tari.   Ce  ne  sont  pas  seulement   les 
villes  d'Asie  qui  onl  consacré  son  image,    comme  elles 

lui  ont  élevé  des 
temples  '  à  l'épo- 
que impériale  :  on 
le  voit  sur  les  mon- 
naies- ligure  sous 
des  traits  mascu- 
lins ou  féminins 
n,.,iw.-Fis.o«u.  (fig-  G300  et  03OI), 
avec  les  désigna- 
lEPA  BOTVH,  ZYNKATOI  ou 
lEPVZIYNKVHTOZ  0EO2  ou  0EA  YNKAHTOZ-  On 
le  reconnaît  encore  représenté  par  la  sculpture  à  Home 
même,  dès  le  temps  d'Auguste  dans  la  frise  de  l'Jra  l'ucis  ■" 
sous  l'apparence  d'un  personnage  d'une  majestueuse 
beauté,  à  demi-couvert  par  une  toge  relevée  sur  la  tête 
pour  le  sacrilice  ;  sous  des  traits  à  peu  près  semblables, 
placé  derrière  l'Empereur,  sa  toge  et  la  tète  découverte, 
sur  un  bas-relief  du  temps  d'Hadrien  '.  Cn.  Lécrivain. 
SEXATLIS-COXSULTUM  —\.  Le  vote  du  sénat  romain , 
ratifiant  un  vote  du  peuple,  est  une  patrcm  avctoritas, 
dans  les  autres  cas  un  senatus-consultum^.  —  Ce  mot 
impropre  n'indique  pas  les  rôles  respectifs  du  magistrat 
président  et  du  sénat;  le  mol  décret  um,  plus  exact,  peut- 
être  officiel  au  début,  ne  s'est  maintenu  plus  lard  que 
dans  le  langage  courant-;  le  mol  sentent ia  a  été  aussi 
employé  '  ;  jusqu'à  la  fin  de  la  Répui)lique,  la  formule  de 
senatus  sententia  apparaît  concurremment  avec  la  for- 
mule ex  senatus  consulto  (ex.  s.  c.)^-  L'emploi  du  nom 
de  l'auteur  pour  désigner  le  sénatus-consulte  (par  exemple 
s.  c.  Hosidianuin)  est  une  innovation  de  l'Empire'.  Le 
vote  du  sénat,  contre  lequel  s'est  exercée  une  interces- 
sion, est  conservé  par  écrit,  mais  ne  vaut  que  comme  une 
simple  senatus  auctoritas,  sans  force  légale*.  Sur  les 
objets,  la  discussion  et  le  vole  des  s.  c.  nous  renvoyons 
à  l'article  senatus,  sur  la  rédaction  des  procès-verbaux 
des  séances  aux  articles  acïa  se.natus,  ab  actis  senatis. 
La  rédaction  officielle  des  sénatus-consulles  [scHUiEiiE, 
I'ERSckibeke]  ^  a  lieu  dans  le  local  du  sénat,  immédia- 
lemenl  après  le  vote,  ou  après  la  séance',  soit  de  mémoire, 

I  Cr.  Tac.  Ann.  IV,  15;  tb.  j3  n.  I.  —  2  V.  p.  101)5,  n.  3  el  de  Wille,  /(f. 
nnmism.  ISfiî,  p.  106.  Les  fig.  6300  cl  0301  leproduiscul  uu  bronze  de  Blaundus 
cn  Lydie  cl  un  aulrc  d'Aplirodisias  cn  Carie,  (Duruy,  Hist.  des  Grecs,  l.  lil, 
p  473  cl  4K6).  —  J  ra5<(ui,  Holhie  J.  .Scaii,  1873,  p.  1(3;  SIrong,  Iloiiuin  sciitpl. 
\t{.  Mv,  fragment  au  Jlusie  des  Tllcrincs.  —  1  Au  Uapiloie,  palais  des  Couser- 
valeurs,  llelbig,  Fiihra-  >,  p.  5(>i  ;  Barloli,  Admlr.  /loman.  VI  ;  Brunn  cl  Bruck- 
nunn,  Oenkituder,  Ï6S  a.  —  Bibi,éi,uh,m.hie  :  Kubino,  Von  dem  Seiiate  imd 
dem  Patricmle  {f'nlersiiclningen,  p.  1  H-i3il,  Cassel,  1839  ;  Hofmann,  />er  rôm. 
Sénat  zm-  Zeit  der  Jlepublik,  Ru\\m,  1847;  Alhreclil,  Der  riim.  Senal,  Vienne, 
185i;  Kulin.  Die  sli'idt.  imd  bûrij.  Verfassunij,  \,  p.  174-iili,  Leipiig,  ISOi  : 
Bardt,  Hermès,  VII,  p.  l4-i7;  IX.  p.  303-318;  Lange,  De  plebiscUis  Ovinio  et 
Atinio,  Leipzig,  1878;  Willcms,  Le  sénat  de  la  /lépubliçiie  romaine;  Le  séniit 
romain  en  l'an  03  a».  J.-C.  Paris-Louvain,  1878-1902:  Blocli,  Les  oriijines  du 
sénat  romain,  l'aris,  1883;  Bouché-Leclcrcij.  Manuel  des  Institutions  rmnames, 
Faris,  1886.  p.  13-iO,  93-108  ;  Li-crivain,  Le  sénat  romain  depuis  Dioctétien  a  Home 
et  il  Conslantinopte,  Paris,  1888;  Uomniscn,  Hom.  Forschungen.  1,  p.  Ii9-28t; 
Manuel  des  antiquités  romaines,  lrad.fr.  l'aris,  18'J0  OS,  l.  V,  p.  173-183;  ii2- 
m,  tOK-m,  416-447  ;  VII,  Strafrcchl.  Leipzig,  1x90,  p.  iôl-iOO,  Î87  ;  Mispoulel, 
La  vie  parlementaire  à  Home  sous  la  Hé  publique,  l'aris,  1899;  tiroebe.  Die  Obs- 
truklion  in  riim.  Sénat  (Ueitrûge  zur  al'en  Geschichte,  5,  2,  p.  229-Ï35);  Hirscli- 
MA,  Die  rôm.  Staatszeitunij  und  die  Acelamationen  im  Sénat  (Sitz.  bericlit. 
der  Uerl.Akad.  1905,  p.  U30-948|  ;  Huelsen,  Curia,  p.  18i2-18Jli  (Pauly-Wissowa, 
Real-Encyclopodie);  Parlscb,  Die  Schriftformel  im  rôm.  PrSvinzialprozesse, 
Breslau,  1503. 

SKIMATlîS-CO;>iSULTDM.  Eu  grec  Sôrjjia.  On  Iruuvc  aussi  l'expression  impropre 
auctoritas  (Cic.  Ad  fam.  1,  7,  4;  15,  i,  i  ;  De  dom.  53,  13G;  De  leg.  2,  15,  37  ;  De 
kg.  agr.  2,  10,  41  ;  Liv.  4,  49,  0  ;  26,  31  ;  7,  19  ;  8,  21  ;  23,  5  ;  30,  44).  —  2  Cic. 
De  leg.  i,  4,  10;  /n  Cal.  i,  10,  20  ;  ProSetl.  14,32;  Pro  Mil.  32,87;  Pliil.  3,  12, 
32;  Fcslus,  p.  290,  s  v.  statua.—  3  C.  ins.  lat.  1,  19li.  —  t  Jbid.  1,  100,  114,  200, 


soit  d'après  des  notes  manuscrites''.  Elle  incombe  au 
magistrat  relalor,  assisté  d'une  sorte  de  comité  de  rédac- 
tion oii  entrent,  surtout  par  son  choix,  le  ou  les  auteurs 
de  la  sententia  adoptée,  ceux  qui  l'ont  appuyée,  les  amis 
du  sénateur  honoré  par  le  décret,  en  nombre  variable, 
d'abord  deux  ou  trois,  puis  jusqu'à  sept,  huit  et  douze'", 
sous  l'Empire  cinq,  outre  les  deux  questeurs".  L'assis- 
tance {auctorita.s)  de  ces  témoins  se  dit  scribendo  adesse 
(ypasouLÉvco  itxpeïva'.) '■-.  La  rédaction  a  lieu  en  latin,  mais, 
de  très  bonne  heure,  il  y  a  eu  pour  des  décisions  relatives 
à  des  Grecs  ou  à  des  étrangers  une  traduction  authen- 
tique, avec  une  terminologie  fixe,  généralement  assez 
exacte'^;  le  cas  échéant,  on  affiche  à  Home  les  deux 
textes,  le  latin  le  premier,  en  Grèce  et  en  Orient  le  grec 
seul  au  moins  jusqu'à  l'époque  de  Trajan  ".  Le  s.  c.  peut 
aussi  être  remis  à  des  ambassadeurs  [legatls,  p.  1034]. 
IL  Les  principau.i;  éléments  d'un  senatu s-consull um 
sont  :  1°  le  préambule  qui  mentionne  :  les  noms  et  la 
dignité  du  ou  des  magistrats  qui  ont  fait  la  relatio  [ille... 
senatum  consuluit)  ;  le  jour  et  le  mois  de  la  séance, 
le  local  (h.  octob.  upud  aedem  Duelonai);  les  noms  des 
sénateurs  assistants  [scr.  ad/,  illi...)''^  ;  2°  l'énoncé  de  la 
relatio,  amené  par  la  formule  :  quod  illi...  verba  fecit  de 
ou  ut;  tanlôt  très  court,  ainsi,  de  provinciis  consula- 
ribus"^,  tantôt  accompagné  d'un  résumé  des  dévelop- 
pements faits  par  le  relit tor  ou  les  députés  ou  les  pontifes, 
d'un  exposé  des  motifs'";  3"  la  décision,  amenée  par  la 
formule  de  ea  re  ita  censuere  {d.  e.  r.  i.  c.)";  elle  est 
précédée  en  outre,  quand  le  sénat  s'adresse  à  un  magistral, 
de  formules  qui  rappellent  son  rôle  consultatif  :  si ei  [eis) 
ridebitur;  ou  ita  uti  ei  (eis)  e  republica  lîileve  sua  indea- 
tur'''  ;  elle  est  exprimée  sous  la  forme  d'un  avis,  parfois 
motivé-",  placere,  senatum  exislimare,  avec  l'infinitif 
ou  la  conjonction  ut;  quelquefois,  s'y  joint  une  clause 
ordonnant  aux  magistrats  de  soumettre  l'affaire  au  peuple 
quand  sa  ratification  est  nécessaire-'  ;  -i°  la  mention 
du  vote  :  censuere,  souvent  exprimée  par  la  lettre  c  (en 
grec  "Éoo^ev),  quelquefois  répétée  après  chaque  article-^; 
et  sous  l'Empire  le  nombre  des  votants.  Sous  l'Empire 
on  ajoute,  en  outre,  à  la  proposition  adoptée  le  nom  de  son 
auteur  (sententia  dicta  tib. ..)'",  la  mention  du  simple 

1.  12,  93,  199,  347-3»9,  300,  392,  591,  600,  008,  638,  891  ;  llacrob.  3.  17,  2;  <:ic. 
/Je ■tir.  1,2,4;  Pro  Sest.  22,50;  fro  ilalb.fi,  19;  24,  53;  Pliit.  1,  3,  12;  Liv.  23, 
7-  5  :  Bruns,  Fontes,  6'  éd.  u*  42.  —  5  On  ne  sait  le  sens  du  s.  c.  .Sempronianum 
(Cic.  .id  fam.  12,  29,  2).  —  6  cic.  Adfam.  8,  8,  6  ;  I,  2,  4  ;  I,  7,  4  ;  .\d  Alt.  5,  2, 
3  ;  De  or.  3,  2,  3  ;  De  leg.  3,  3,  10  ;  Dio,  41,  3;  42,  33  ;  Liv.  4,  57,  5.  —  7  Cic.  Ad 
fam.  1,  7,  5;  8,  S,  4;  10,  13,  I  ;  d(i  AU.  12,  21,  1;  Cal.  3,  C,  13  ;  Phil.  13,  21,30; 
Caes.  «e/.  cil'.  1,5,  6.  —  8  Plut.  }/ar.i;Oc.  Adfam.  10,  13,  1.  —  9  Valor.  Prob 
Dejar.  noi.  I  ;  Dio,  44,  16.—  10  Cic.  Adfam.  8,  9,5  ;  15,  6,  2;  De  prov.  cons.  Il, 
28  ;  .\d  AU.  i,  18,  2  ;  7,  I,  7  ;  12,  29,  2  ;  De  har.  resp.  7,  13  ;  Pro  red.  in  sen.  4, 
s  ;  lie  or.:i,  2,  5;  C.  ins.  lat.  1,  196,  201,  203;  Joseph.  Anl.  jud.  13,9,  2  ;  11,  10, 
10;  Le  Bas.  \oij.  arch.  iWi;  C.  ins.  gr.  2737.  Iluebncr,  Ile  senatus  pupuliqiie 
romani  actis ',  Foucart,  .Sénatus-consulte  inédit  de  Vannée  170,  Paris,  1872; 
l'ick,  /te  senatus  consuUis  /toman  •rum.-bçiUu,  I88L  —  '*  C.  i.  l.  8,  11451,; 
3,7000.  —  12  V.  noie  10.  —  '3  Voir  Viereck,  Srrmo  graecus,  p.  70-89.  —  14  Les 
s.    c.  de    Pergamc    cl  de   Cyzique  sont  cn   latin  (f.   i.   l.  3   suppl.  7086,  700O. 

—  15  Plusieurs  sénatus-consulles  ("C.  i.  l.  1,  203;  10,  1410;  Sucl.  Z»e  c/nr.  r/ie(. 
1  ;  C.  i.  gr.  2,  2737  ont  en  tète  les  indications  du  .join*,  du  mois,  des  consuls  qui 
proviennent  sans  doute  des  registres  annuels.  —  "»  Cic.  Ad  fam.  8,  8,  3.  Autres 
eïcraples  :  Cic.  Phil.  3,  13,  37;  Joseph.  Anl.  jud.  14,  10,  10.  —  "  6'.  i.  /.  I, 
201,  203  ;  Le  Bas.  L.  c.  2903  ;  Joseph.  L.  c.  13,  9,  2  ;  14,  8,  5  ;  Gcll.  4,  6,  2  ;  Bruns, 
L.  c.  n°  40.  —  1»  Les  dem  s.  c.  de  17  et  de  H  av.  J.-C.  (Frontin,  De  aq.  127; 
Bruns,  L.  c.  n»  44)  ont  en  outre  la  formule  inutile  quid  de  ea  re  fieri  placerel . 

—  19  Bruns,  L.  c.  n"  36,  40  ;  Cic.  Ad  fam.  s,  8,  3  ;  Phil.  3,  13.  39  ;  Suel.  De  cl. 
rhel.   1.  —  20    C.    ins.    lat.   1,  203;  Frontin,  De    aq.    127;  Macrob.    I,  12,  33. 

—  21  Valcr.  Probus,  i.  c.  3;  Cie.  Ad  fam.  8,8,  5;  l'ro  Clu.  49,  137;  Ascon.  p.  37. 

—  22  Bruns,  L.  c.  a"  35-36.  Il  ne  semble  donc  pas  «lUC  ce  mol  indique,  comme  le 
veut  Mommsen,  l'absence  d'intercession.  —  23  C.  i.  l.  3,  7060.  A  13,  I,  1, 
1668  el  2,  0278  les  discours  de  Claude  et  du  sénateur  sont  des  sententiac  insérées 
dans  les  s.  c.  Voir  aussi  pour  les   décrets  municipaux,  3,  832. 


s  EN 


1200 


S  EN 


vole  per  disresniuncm.  ot  le  recueil  des  s.  c.  s'appelle 
liber  xenleiitiarinii  in  scnalii  (iirlurum'.  Le  inaj^islrat 
quia  rédigé  le  s.  c.  doit  le  déposer  cL  le  faire  enregistrer 
soit  après  la  rédaction,  soit  plus  tard,  mais  en  tout  cas 
avant  sa  sortie  de  charge;  le  dépôt  est  obligatoire  pour 
la  validité  du  ,?.  c.  -.  L'enregistrement  (in  tabulas 
/iiibliras  rpfrre)  est  fait  ù  Varrariiim  Saturni,  par  les 
scribae,  sous  la  surveillance  des  questeurs  urbains^;  à 
partirde  440,  les  édiles  de  la  plèbe  enregistrèrent  pendant 
quelque  temps  probablement  les  s.  c.  importants  pour 
les  droits  de  la  plèbe  au  temple  de  Cérès*,  mais  ce 
régime  ne  fut  que  provisoire  ;  cependant,  jusqu'en  H  av. 
J.-C,  les  tribuns  et  les  édiles  soit  plébéiens,  soit  cu- 
rules  ont  joué  dans  l'enregistrement  des  s.  c.  à  Vaora- 
riuin  un  rôle  inconnu  ■'.  Les  questeurs  peuvent  de- 
mander les  preuves  justificatives  ou  les  témoins  du 
titre,  mais  néanmoins  les  fraudes  ont  été  très  nom- 
breuses soit  dans  le  dépôt  de  litres  qui  n'ont  pas  été 
votés,  soit  dans  l'altération  d'anciens  procès-verbaux 
ou  s.  c.  ".  Les  s.  c.  ont  formé,  de  bonne  heure,  des  re- 
cueils divisés  par  année;  les  questeurs  en  délivrent  des 
copies,  signées  de  témoins  privés'  et  qui  indiquent, 
par  les  noms  des  questeurs  et  des  consuls,  le  registre 
d'où  elles  viennent,  la  tablette  et  le  chapitre*.  On  ne 
les  grave  et  on  ne  les  expose  qu'exceptionnellement  % 
sauf  ceu,\  (jui  sont  relatifs  au  droit  international  et 
dont  un  exemplaire  est  déposé  au  Capitole,  un  autre 
remis  à  l'État  contractant  '". 

in.  Outre  les  nombreux  senatus-consulta  dont  on  na 
pas  le  texte,  on  peut  citer  :  1°  les  s.  c.  dont  le  texte  a 
été  conservé  en  entier  ou  en  partie  par  des  auteurs 
anciens,  sous  la  République,  les  s.  c.  de  philosophis 
et  de  rhetoribus  de  101  ",  de  liastis  Martiis  de  99'-,  de 
provinciis  consularibus  de  51 '^  de  Judaeis  de  139,  133, 
44"  ;  sous  l'Empire,  les  s.  c.  sur  les  aqueducs''  de 
M  av.  J.-C."'',  sur  le  nom  Aur/ustus  du  mois  Sextilis, 
de  8  av.  J.-C.  ;  sur  les  associations"  [collegiumI  ;  2°  les 
s.  c.  dont  le  texte  ofticiel  a  été  conservé  en  entier  ou  en 
partie  par  des  inscriptions  :  sous  la  Képublique,  les  .s-,  c. 
sur  les  Bacchanales  en  186  [bacchanalia,  p.  590]", 
sur  Delphes  en  189  ou  en  18(5  (grec),  sur  les  Thishaei 
(grec)  en  170",  sur  les  Tiburtes  en  159-",  sur  Nartliakion 
entre  J50  et  146  (grec)-'  ;  sur  Priène  en  155,  vers  136  et 
en  135"  (grec);  sur  Pergame  et  les  publicains  proba- 
blement entre  98  et  94  (grec)  -';  sur  la  Phrygie  en  116  et 
sur  Astypalée  en  108  (grec)-';  sur  Stratonicée  en  81 
(grec)*";  sur  les  trois  alliés  Asclépiade,  Polystrate  et 
Meniscus  en  78^'  (grec  et  latin)  ;  sur  Oropos  et  les  publi- 
cains en  73  (grec  et  latin)  ^"  ;  sur  Mytilène  en  62  et  en  47 

I  V.  i.  I.  K,  lli:il.  —  2  1.iv.3'.l,  4;  Cic.  l'Idl.  li,6,M:  13,3,  19;  Cat.  1,  3,4;  Jo- 
seph. An(.,/i«/.  H,  10,  10;  Suct.  CVits.  OV.  Depuis  21  av.  J.-C.  il  y  a  un  iiilcrvallc  de 
tO  jours  pour  les  condamnations  prononcées  par  le  sénat  (Tac.  Ann.  3,  ."il  ;  Dio,  57, 
in).  -  3  Joseph.  Ant.  jud.  I  i,  10,  10;  l'iul.  Cal.  min.  17.  On  a  employé  des  tables 
do  hois,  plus  lard  du  papyrus.  —  '  l.iv.  3,  55,  13.  —  5  l)io,  54,  3C.  —  e  l'Iul.  Cat. 
min.  17;  l.ic.  De  kf/.  aijr.  i,  14,  37;  Ad  Alt.  4,  1S,2;  15,  20,  1;  Ad  fam.  12, 'J9,  S; 
y,  lï,  4  ;  l^hil.  5,  4,  12  ;  12,  ô,  12.  I.c  sénat  lait  souvent  enlever  du  registre  un  s. 
c.  abrogé  et  remplacé  par  un  autre  (Liv.  42,  9,  4;  Tac.  Ann.  0,  2).  —  7  Sept  dont 
les  deux  scribes  à  C.  i.  l.  8,  11451.  —  »  Joseph.  Ant.  jud.  14,  10,  10  ;  C.  i. 
I.    S,    114.Ï1;  C.    i.  ijr.  2737;   (^ic.    Ad  Alt.    23,  33,    3.   —    3    C.    i.    /.     1,    190. 

-  10  Suet.  Vesp.  K;  Liv.  24.  20;  Appian.  Sijr.  39;  C.  i.  gr.  3879,  2485  ;  Joseph. 
/..  c.  12,  10,0;  14,  10,  I,  10,  20;  Cic.  Pl,il.  .S,  4,  10;  l'olyb.  3,  20.  -"  Suel.  /le 
clav.   rliet.  1  ;    liell.    15,  11,  1.  —  12  Gell.   4.  0,  2.  —  13  Cic.  Ad  fam.   S,  8,  5. 

—  I'  Joseph.  L.  c.  14,  S,  5;  13,  9,  2;  14,  10,  10.  —  i:.  Fronliu.  De  ai).  127. 
-   I«  Macrob.  1,  12,  35.    -  17  C.    i.  /.    14,  2112.  —  I»  llml.  1,    190.  —  13  Bruns, 

!..  c.  30;  Jnscr.  gr.  tepl.  2225;  Viercck,  i.  c.  n"  10.  —  20  C.  i.  t.  1,  201  ; 
I  4,  3j84.  —  21  Viercck,  /..  c.  n«  12.  —  «  /bid.  n"  28,  13,  1  4.  —  i3  /bid.  n»  13.  On 
ne  sait  si  les  32  noms  de  sénateurs  qui  s'y  trouvent,  désignent  un  nombre  exception- 


(grec) -"  ;  sur  .Aphrodisias  en  42  (grec  et  latin)-";  sur 
Stratonicée  (grec)  "'  ;  sur  le  pagus  Montanus  de  Rome^'  ; 
sous  l'Empire  les  s.  c.  sur  les  Jeux  séculaires  de  17  av. 
J.-C.^-,  sur  la  défense  de  démolir  les  édifices  entre  44  et 
46,  et  en  56"  ;  sur  le  jus  honoruni  des  Gaulois  (discours 
de  Claude)  en  48'';  sur  la  concession  des  pouvoirs  à 
Vespasien  [principatis,  p.  649]";  sur  les  foires  du  sa/lus 
Ber/uensis  de  138"';  sur  une  corporation  de  Cyzique"; 
sur  la  diminution  des  frais  des  jeux  de  gladiateurs  (avis 
d'un  sénateur)'*. 

Enfin,  sous  l'Empire,  les  principaux  s.  c.  législatifs  qui 
portent  un  nom  certain  sont  les  suivants  :  le  s.  r.  Apro- 
nianuin,  sous  Trajan  ou  sous  Hadrien,  qui  accorde  aux 
villes  le  droit  de  recueillir  des  legs  et  des  lidéicommis  "  ; 
les  s.  c.  Articuleianum,  Dasumianum,  Juncianum, 
Jiubrianum,  Vitrasianuin.  Larrjianum  sur  les  affran- 
chis et  les  Latins  Juniens  [libertus,  p.  1210-1211];  le 
s.  c.  Colvisianuni  sur  le  mariage  impar  entre  un  homme 
de  plus  de  soixante  ans  et  une  femme  âgée  de  moins  de 
cinquante  ans'";  le  s.  c.  Claudiamun  sur  l'union  d'une 
citoyenne  et  d'un  esclave  [sERvrsl;  le  s.  c.  Claudintium 
sur  les  honoraires  des  avocats  [PATRO^'l;s,  p.  357]  ;  le 
s.  c.  Claudinnuin  sur  la  tutelle  des  femmes  nubiles"; 
le  .S',  c.  Jurenlinnum  de  129  sur  l'action  en  pétition 
d'hi'rédité'- ;  le  .s'.  c.  Lilwnianiim  de  16  sur  la  rédaction 
des  testaments  [testamentvm];  le  s.  c.  Licinianum  sur 
le  faux  témoignage";  le  s.  c.  Macedonianuni  interdisant 
les  prêts  d'argent  aux  fils  de  famille'*;  le  s.  c.  Messa- 
lianum  de  20  sur  les  faux '"  ;  le  s.  c.  Neronianum  sur 
les  legs'";  les  autres  s.  c.  Neroniat\a,  le  Pisonianum 
complément  du  Silanianum,  le  Memmianttm  contre  les 
adoptions  simulées";  less.  c.Or/itianuin,  Tertultianuin 
iiiERES,  p.  129;  iMATRiMONii'M,  p.  1661];  les  s.  c.  Plan- 
cianum,  Pegasianum,  TreheUianum  [fideicommissi'm, 
p.  1114];  un  autre  .s',  c.  Plancianuin  [divortr'm];  le  s.  c. 
Sabiiiianum[A\wvnQ]\  les.  c.  Silanianum,  complété  par 
le  s.  c.  Aemi/ianum  et  un  s.  c.  A'eronianum  sur  la 
torture  des  esclaves  et  atTranchis  après  l'assassinat  du 
maître  [ouaestio  per  tohmenta]"*;  le  s.  c.  Turpilianum 
[calumnia];  le  s.  c.  Velleianum  [intercessio,  p.  555];  le 
s.  c.  Volusianum  |^vis]  ".      Cii.  Lécrivain. 

SEiXATUS  MliXICIPALIS.  —  RÉPUBLIQIE  ET  Hai'T- 
Empire.  —  Dans  le  droit  municipal  romain,  dont  l'origine 
et  le  développement  ont  été  exposés  aux  articles  macis- 
TRATi's  MUNICIPALES  et  MUNiciPiL'M,  il  y  a,  comme  à  Rome, 
trois  pouvoirs  essentiels  :  le  peuple,  les  magistrats  et  le 
sénat.  Toutes  les  localités,  pourvues  du  droit  urbain,  c'est- 
à-dire  miinicipes,  colonies,  préfectures,  fora,  concilia- 
bula,    quelquefois    les    canabae',    les    anciens   saltus 

nel  de  témoins  ou  les  sénateurs  présents  à  la  séance.  —  24  Jbid.  n"  29,  21.  —  25  J/jjd. 
uo  10.  —  2Cf.  ms./(iM,203.— 27  Viercck,  n»  IS;  /.  j/i-.sp;)<.  413.  —  2*  Viereck,  n°23, 
39  ;  Uittcnberger,  Sylloge,  349.  —  29  c.  i.  gr.  2737  ;  Bruns,  i.  c.  41.  —  30  Viercck, 
n"  20.  —  31  C.  ins.  lai.  C,  3823.  —  32  Bruns,  L.  e.  n'  44.  —  33  C.  i.  l.  10,  1401. 

—  34/4irf.  13,  1,  1,1008.— 35/4.  0,930. —  36  76.  8,  11451.  — 37  M.  3,  7000.  —  38  76. 
2,  0278.  —  39  Ulp.  Jteg.  24-28  ;  Dig.  30,  1 ,  20  ;  3,  5,  20.  —  W  Ulp.  Jleg.  10,  3  ;  Suet. 
Claud.  23;  C.Jtiat.  5,4,  27.  —  tl  «ai.  I,  157  ;  Ulp.fle.».  11,  8.— «2 />isr.  5,3,  20 §0. 

—  43  Dig.  48,  10,  9  §  3  ;  Coll.  leg.  A/os.  8,  7,  I.  —  44  Dig.  14.  0  :  C.  Jitst.  4,  28. 

—  45  Dig,  48,  10,  1  §  1  ;  Coll.  leg.  Mos.  8,  7,  2.  —  46  Gai.  2,  197,  212.  —  47  Paul. 
Sent.  3,5,5;  Tac.  Ann.  13,  22;  15,  19;  Dig.  31,2,  51  §  I.  -  iSDig.iV,  5;  C.  Jiist. 
0,  33  ;  Paul.  Sent.  3,  5;  Tac.  Ann.  14,  42.  —  *9  Dig.  48,  7,  0.  —  Biiic.ionnAPHiE. 
Itudorf,  /^oHi. //trcA/5(7esc/i(cA/e,  Leipzig,  1857,  g  45;  Karlowa,  Hom.  /techtsgesch. 
Leipzig,  1883,  I,  p.  517-526,  641-044  ;  Hiibncr,  De  senatui:  poputique  romnni  nclis, 
Leipzig,  1800,  p.  10-31  ;  Willenis,  Le  sénat  de  la  République  romaine,  Paris-Lou- 
vain,  1S83,  II,  p.  199-223;  Mommsen,  Le  droit  public,  trad.  fr.  Paris,  IS91,  t.  Vil, 
p.  185-219;  Viercck,  Sermo  graecus,  Giillin!;.  1888  ;  l'ick,  fle  senalus  consullis 
Jiomanorum,  Berlin,  1884,  et  la  bibliographie  de  l'ailicle  stsATUs. 

SENAÏDS  MUNICIPALLS.  1  C.  ius.  lat.   3,   1093,  1100,   1214,   4298. 


SEN 


—  1201 


SEN 


dt'vcfliis  villes  ' ,  sauf  les  riri  et  les  rastrlla  -,  ont  un  sénal  : 
on  le  trouve  aussi  dans  (|uel([ues  payi  d'M'rique  ^ 

I.  Auin.  —  A  l'origine,  en  Italie  comme  à  Itome,  on 
trouve  les  mots  xt'niitiis,  senatorps  '  ;  on  ne  les  reneontre 
dans  la  Cisalpine  qu'à  A(|uilée  et  que  tlaus  plusieurs 
provinces  :  Afrique,  Sardai}<ne,  Corse,  Kspagne,  Narljo- 
naise,  Moesie ''.  On  a  aussi  employé  le  mot  coiisrri/ili  '^, 
exceptionnellement  les  termes  ceutumviri' ,  judirex*, 
ilcriiriales  ''.  Mais  de  bonne  heure,  les  termes  ofdciels 
sont  pour  le  sénat  ordo,  pour  le  sénateur  decurio,  prolia- 
l)lemenl  le  repr(''sentanl  primitif  de  la  décurie  dans  la 
colonie  de  1  OOU  individus'";  le  corps  social  s'appelle, 
par  consé(| ueni ,  ordo  et  jio/ni/us,  ordo  et  plehs  ou  et  cires, 
deciiriones  et  popu/us  ou  et  muiiicipes  ou  et  p/ebs,  res- 
pu/jfica  et  ordo,  senatiis pnpuhtsrjiie'^. 

II.  Nombre  et  recrutement.  —  Le  nombre  primitif  el 
normal  des  sénateurs  est  de  100'^;  quelquefois  par 
exception  de  50,  30";  fixé  légalement,  il  ne  peut  être 
dépassé".  .Vu  début,  le  recruteaienl  paraît  avoir  eu  lieu 
par  cooptation  dans  quelques  villes  de  l'Italie  '^  ;  dès 
la  guerre  sociale  règne  partout  le  choix,  par  les  magis- 
trats [légère,  adleyere,  siiô/e;/ere,  cooptare,  recitandos 
curare),  quelquefois  avec  l'inlervenlion  des  gouverneurs, 
plus  tard  de  l'empereur,  surtout  en  faveur  des  vétérans  ". 
Le  choix  est  fait  tous  les  cinq  ans  par  les  duumvirs 
quinquennaux  [duu.mviri,  magisïh.atls  municipales,  censok 
MLXicii'ALiSj.  Ils  remplissent  les  vides  en  prenant,  comme 
à  Rome,  d'abord  les  anciens  magistrats,  y  compris  les 
questeurs,  qui  ont  déjà  le  Jus  senlentiae  dieendae'',  à 
moins  qu'ils  n'aient  déjà  été  introduits  exceptionnel- 
lement au  sénal  [sublecti]  el  ensuite  les  personnes  les 
plus  qualiliées.  La  liste  (album)  doit  èlre  exposée  publi- 
quement ;  elle  est  souvent  gravée  sur  bronze".  L'ordre 
habituel,  sauf  règlements  spéciaux,  est  le  suivant  :  les 
anciens  duumvirs  quinquennaux,  les  allecti  inter  quin- 
fjuennulicios,  les  anciens  duumvirs,  les  anciens  édiles, 
les  anciens  questeurs,  en  mettant  au  premier  rang  ceux 
qui  ont  géré  des  fonctions  impériales,  puis  les  citoyens 
qui  n'ont  pas  été  magistrats  nmnicipaux,  les  pedaiii  ou 
pedarii.  Dans  une  même  catégorie  on  met  en  tête  celui 
(jui  a  eu  le  plus  de  voix  pour  la  magistrature,  et  on  tient 
compte  aussi,  depuis  Auguste,  du  nombre  des  enfants; 
le  décurion  qui  en  a  fait  condamner  un  autre  pour  usur- 
pation de  ce  titre  peut  aussi  prendre  sa  place  '■'.  L'album 
de  Canusium  de  223  après  J.-C.  "  comprend  :  39  patrons 

<  Ml/.  13,  i,  I,  63C3,  638*.  —  2  Erreurs  de  Voigl,  Dixi  epiijr.  Constit.  :  à  C.  i.  l. 
Il,  419,  les  décurions  du  victis  Germains  sont  ccul  d'Ariminum  ;  à  8, 1 I0U8  les  cu- 
ries ne  sont  pas  un  sénal.  Voir  Scliullcn,  fhilol.  53,  6+3.  —  3  C.  i.  l.  8,  08,  1494, 
1548,  88iS  ;  Ejih.  epiyr.  7,  803.  —  i  L.  Jul.  mun.  1.  86.  105,  109,  138,  131,  I3S  ; 
Lex.  Tarent.  Voir  les  laides  du  C.  ins.  lut.  i,  p.  llCi;  3,  p.  118i;  5,  p.  llaC;  8, 
p.  linO;  9,  p.  788;  10,  p.  Il 50;  li,  p.  93'J  ;  14,  p.  579.  Os  mois  «onl  aussi  sur  les 
inscriplions  osi|ues  el  falisi|iics  (I I,  3081).  —  s  8,68,  4'JiO,  49ii,  I0.ii3;  I», 
T3I3.  8038;  li,  l.îOO,  1691.  6038:  i.  3346,  3695,  1343;  3,  765  add.  .Senalus  esl 
aussi  employé  impropremenl  pour  des  villes  pépégrines  de  droil  grec  (Cir.  Verr. 
S.  Iii-i3,  Ii3;  AU  AU.  6,  I,  6;  l'Iin.  Ad  Irai.  79).  —  0  A.  Jul.  mun.  I.  liO.  lis, 
133;  L.  Sal/i.  il;  Maine.  34,  6i.  68  ;  C.  i.  /.  I,  OiO  ;  01)1,  0.  I49i;  Moral.  Ars 
poet.  314.  —  7  A  Cures  el  Veii  if.  l.  /.  9,  p.  47i:  11,  p.  557.  -  «  A  Canusium 
(C.  1. 1.  9,  339).  —  9  A  Tarraco  (i,  4ii7).  —  10  Lei.  Tarent.  Dig.  50,  10,  i39.  5. 
Erreur  d'Isidore  Or.  9.  4.  ii.  JJecurio  a  donné  decurionatus,  coniteeurto.  En  grec. 
9Û7xVr,To;,  ^ouAi;,  <n>vESd«av,  ^ouAcu-r,;,  JEsuçiwv.  On  ignore  le  sens  du  </L'Curio  Septi- 
mianm  llnse.  ijr.  Jtal.  i53i).  Commodianus  {Ci.  l.  14.3449).—  U  V.  les  labiés 
du  C.  i.  lai.  ;  8,  3387  ;  6,  ISll  ;  9,  3303,  3833,  5899  ;  10,  3733,  3078.  5001,  5933. 
3917:  11,  3110,  3307  ;  14,  3165.  —  12  Cic.  De  leg.  agr.  î.  96;  C.  l.  /.  9,  338  ;  10, 
1783  (93  préscnis);  9,  p.  473  ;  1 1.  p.  537  (cenlumviri)  ;  Ilio  Clirys.  ftr.  2,  p.  306  K. 
—  13  C,  i.  '.3.  0806  ;  14.  3360,  34SS.  —  U  L.  Jul.  mun.  I.  83  ;  Uig.  50,  2,  2  ; 
l'Iin.  Ad  Trai.  113.  —  15  Cic.  Pro  Coet.  3,  5;  Liv.  33,  3.  5.  Plus  lard  à  Concordia 
(Kronl.  p.  193).  Elle  enislc  aussi  dans  des  villes  de  conslilulioii  grec(|ue  en  Sicile. 
(Cic.  Vei-r.  2,  2.  49-50.  1:0  1),  —  lo  Cic.  Yen-.  2,  120;  Pli».  Ad  Trai.  79,  lli  : 
Dig.  49,  4,  1,3;  Dio,  49.  14,  3;  C.  i.  /.  9.  1459.  —  f!  Lex  Tarent.  :  l.  Jul.  mun. 

VIIL 


dont  31  sénateurs  clarissimes  et  8  chevaliers  perfectis- 
simes,  qui  ne  sont  pas  décurions;  100  déciirions,  à 
savoir  :  7  quinquennalicii,  A  allerfi  inter  i/iiinquen- 
iiales,  29  duoviralirii,  19  aedilicii,  9  quuestoririi, 
■il  pedaiii  ;  puis  2-i  jirnete.rtnti,  c'est-à-dire  des  fils  de 
di''ciirions  qui  ont  le  droit  d'assister  aux  séances''. 
L'album  incomplet  de  Thamiigadi,  du  iV  siècle-', 
a  des  particularités  spéciales  à  l'Afrique:  il  renferme 
14  patrons  dont  12  clarissimes  el  2  perfeclissimes, 
2  sacerdotales,  1  rurator,  2  duovirs,  32  /lamhies  per- 
petui,  4  pontifes,  -i  augures,  2  édiles,  1  questeur, 
12  anciens  duumvirs  et  d'anciens  édiles  el  questeurs 
FLAMEN,  p.  1184;  SACERDOs]  ;  le  mot  e.rcusatus  y  indique 
quels  décurions  sont  dispensés  des  charges  habituelles, 
des  munera.  La  fonction  qui  ouvre  le  sénat  est  généra- 
lement la  questure,  quelquefois  l'édililé-^  surtout  dans 
les  villes  où  elle  est  la  magistrature  supérieure-';  on  y 
a  quelquefois  admis  le  secrétaire  municipaP\  Les  con- 
ditions exigées  sont  exactement  les  mêmes  que  pour  les 
magistratures  [magistratis  municipales,  p.  lo43-44].  En 
outre,  on  admet  les  .</*;/?■// à  défaut  d'enfants  légitimes  ^°, 
d'après  la  législation  de  Septime  Sévère  les  lils  d'esclaves 
et  de  mères  libres  el  les  Juifs ■-\  les  petits  marchands 
à  défaut  d'autres  honesti^^,  d'assez  bonne  heure  les 
simples  incolae"-'' .  Pour  le  cens,  la  loi  de  Tarente  exige 
la  possession  d'une  maison  d'au  moins  I  TiOO  tuiles  dans 
le  territoire  de  la  cité;  à  Corne,  le  cens  esl  de  100000  ses- 
terces, chilTre  qu'on  trouve  aussi  dans  la  loi  de  Pompée 
pour  la  Bilhynieeldans  d'autres  textes  '°;  dans  le  Digeste, 
il  n'y  a  pas  de  chiffres  précis".  Dans  la  loi  de  Geneliva, 
les  décurions  doivent  habiter  dans  la  ville  ou  dans  le 
premier  mille  ^-.  Les  enfants  de  tout  âge,  au-dessous  de 
vingt-cinq  ans,  qui  sont  adlecti  dans  la  curie,  sont  sans 
doute  simplement  admis  aux  séances  et  touchent  des 
sporlules,  comme  les  praetcrtati"'.  Au-dessus  de  cin- 
quante-cinq ans  on  est  dispensé  du  décurional".  On 
peut  être  décurion  de  plusieurs  villes^".  Il  y  a  presque 
partout  un  droit  d'entrée,  variable  selon  les  villes,  et 
dont  on  obtient  quelquefois  remise,  la  summa  uono- 
RARiA  ''.  Le  décurion  est  nommé  à  vie,  mais  il  peut  être 
exclu  au  moment  de  la  revision  de  l'album,  soit  pour 
la  perte  d'une  des  conditions  légales  d'aptitude,  soit  pour 
une  des  condamnations  qui  entraînent  l'infamie*'  [ma- 
GiSTRATUS  MUNICIPALES,  p.  I.')43- 1 544j,  soit,  SOUS  l'Kmpire, 
pour  d'autres  condamnations  en  matière  d'injure  grave, 

1.  96,  108  ;  Dig.  50,  3.  6,  5  :  Apul.  De  mund.  35  ;  Plin.  Ad  Trai.  79.  —  is  C.  i.  /. 
8.  3403.  0948  ;9,  338,  2998  ;  Diq.  50,  ï.  10  ;  Julian.  ilisnp.  p.  367.  —  19  Dig.  50 
3,  l-J  ;  30,  2,  6,  5  ;  Lex  col.  Genêt.  134.  —  20  C.  i.  l.  9,  338.  —  2i  Apul.  Apol. 
24  ;  à  C  i.  /.  10,  3853  ces  enfanls  sonl  dils  euriae  incrementu  par  opposilion  au\ 
plébéiens  —  22  C.  i.  /.  S,  2403,  17824.  17903  ;  v.  Mommsen,  Ep/i.  epigr.  3,  p.  77; 
Schmidt.  lih.  Mus.  1892.  p.  114.  Les  sacerdoles  Toul  aussi  partie  de  la  curie  à 
.Narbonne(C.  I.  /.  13,  6038).    —  23  A  Tergcslc,  Anagnia  (5,  532;  10,   5914,  5916). 

—  21   A    Fopmiac.    Fundi,    Arpinum   (f.  i.  /.    10,  p.    556).  —  25  Fronl.  p.   193. 

—  2«  Dig.  50,  3,  0  ;  30.  3,  3  ;  C.  i.  l.  5,  4098.  —  ^  Dig.  50,  2.  9  pr.  ;  50,  3.  3,  3. 
-2»  Wj.  .50.  2,13.—  iifUn.Ad  Trai.Hi.  —  30  f.  i.  /.  5,  533  ;  Plin.  Kp.  1.  19; 
Pelron.  Sat.  44;  Calull.  33.  30.  —  31  .50,  4,  6  |.r.  14  §  3,  15;  50,  1,  21  §  4.  Les 
décurions  (|ui  se  sont  ruinés  pour  la  ville  peuvent  obtenir  des  secours  (50,  2.  8). 

—  32  c.  91.  -  33  C.  i.  l.  3.  649.  0.59  ;  .<,  5373.  5376;  9,  1116,  1038,  3843.  3356;  10. 
8  46,  1804.  3079  ;  14.  376.  2987.  —  34  Dig.  50,  2,  i  5  8,  1 1 .  —  3i;  C.  I.  (.  5,  3036, 
6955;  3,  1100.  1141  ;  14,  341.  Encore  au  lias-Empire  (C.  Tli.  12,  I,  13.  53;  Ausou. 
Ordo  noliil,  Uurdig.).  —  36  »,  3232;  3,  4;  10,  1081,  1132,  4760;  14.  375,  363, 
363;  13,  303;  8,  4<;79  ;  Isidor.  Or.  9,  4,  43.  Ccsl  1200  sislerccs  i  Iguviimi, 
30000  k  Cirlaet  Rusicade  (  C.  i.  l.  8,7983  :  VVilmanns,  718);  en  liilliinic  1000  el 
2000  deniers  pour  les  décurions  inscrils  suppléiuenUirement  avec  la  perntission  de 
l'Empereur  (Plin.  Ad  Trai.  113).  Voir  l.iebenara,  Stâdleverwaltung ,  p.  54-05.  Pour 
rAfri(|ue,  les  tournures  tffn/«/ia/a  laxatione,  multiplicatis  sunimia  ttonorariis  indi- 
queraient,  d'après  Moiimsen,   Oile  proportion  entre  le  droit  d'entrée  et  la  fortune. 

—  31  Ou  a  perdu  dans  la  loi  de  Geneliva  la  liste  des  cas  d'ekpulsion  ;  il  dcvail  y 
avoir  en  première  ligne  les  complota  (c.   1061. 

loi 


SEN 


1202 


SEX 


de  vis  privata,  d'abigeat,  de  faux,  de  stellional,  d'aban- 
don illi'gal  d'une  ambassade  {lef/alin),  de  deslruclion 
d'arl)r('s  fruitiers  pendant  la  nnil  '.  I/exi-hision  peut 
être  perpr-tuclle  ou  tenipiu-aire;  elle  est  temporaire  pour 
le  stellional,  le  faux  et  à  la  suite  d'une  relégalion  à 
lernps;  dans  re  dernier  cas,  il  faut  pour  rentrer  au  sénat 
une  nouvelle  nomination  et  l'autorisation  de  l'Empereur^. 
D'après  la  loi  de  Geneliva  ',  tout  décurion  pouvait  en 
accuser  un  autre  pour  indignité  devant  le  duumvir  qui 
jugeait  sans  doute  alors  comme  censeur  ou  comme  pré- 
sident d'un  jury. 

m.  Droits  et  pricilt-f/es.  —  Vor<lo,  les  décurions, 
souvent  distingués  par  les  épithètes  splendidissiinus, 
sanclissimtis,  hoiiestissi/nus,  amplissimus  ',  forment 
la  première  classe  de  la  cité,  par  opposition  aux 
plebeii  '  ;  ils  ont,  comme  les  sénateurs  de  Rome,  des 
souliers  spéciaux,  la  prétexte  et  probablement  la  bande 
de  pourpre  *  ;  ils  représentent  la  ville  dans  les  fêtes  et 
les  cérémonies  '  ;  ils  ont  des  places  d'honneur  aux  repas 
publics,  aux  jeux,  en  particulier,  pour  les  jeux  scéniques, 
à  l'orchestre";  dans  les  distributions  de  sportules  ils 
reçoivent  davantage  que  le  peuple  et  les  Augustales  et 
obtiennent  souvent  une  part  pour  leurs  femmes  et  leurs 
enfants'.  Appartenant  à  la  classe  des  honestiores,  ils 
sont,  en  matière  pénale,  exemptés  des  peines  corpo- 
relles, des  peines  de  la  croix,  de  la  livraison  aux  bêtes, 
des  travaux  forcés  ;  Hadrien  les  exempte  de  la  peine 
de  mort,  sauf  pour  le  parricide;  dans  la  suite,  ils  ne 
peuvent  être  condamnés  à  mort  qu'avec  une  autorisation 
de  l'Empereur'".  Le  droit  municipal  comporte  la  con- 
cession des  ornamenta  decurionalia,  analogues  aux 
ornamenta  du  sénat  de  Rome  [^ornamexta,  p.  239). 

IV.  Séances  et  procédure.  —  On  trouve  ici  l'imitation 
parfaite  du  sénat  de  Rome.  Les  séances  ont  lieu  soit 
dans  la  curie  qui  porte  différents  surnoms,  soit  dans  un 
temple",  à  des  jours  indéterminés,  en  dehors  de  toute 
indication  du  calendrier'-.  La  convocation  se  dit:  co7i- 
sifiuin,  decuriones  cogère,  corrogare,  considère;  ad 
deciiriones  referre,  quel(|uefois,  quand  il  s'agit  de  con- 
firmer un  vote  du  peuple,  ad  senntum  referre''  ;  elle 
appartient  au  plus  haut  magistrat,  généralement  un  des 
duumvirs,  quelquefois  un  préteur",  un  proefeclus'', 
un  édile  '".  Le  président  établit  l'ordre  du  jour,  fait  les 
propositions  [verba  facere),  donne  la  parole,  dirige  les 
débats''^;  mais,  par  exception,  de  simples  décurions 
peuvent  aussi  provoquer  des  propositions".  Il  doit  y 
avoir  un  certain  nombre  de  présents,  variable  selon 
l'objet  du  débat  :  20  à  Oenetiva  pour  le  paiement  des 


1  Oig.  47,  U,  I,  §  3  ;  47,  »0,  3  S,  3  ;  4*,  7,  I  ;  48,  tO,  13,  §  1  ;  50,  7,  1  ;  Paul. 
Sent.  5,  15,  5;  h,  ÎO,  6;C.JmI.  •).  ii,  il.  —  2  Dig.  50,  S,  3  §  I,  5,  13;  48,  ii, 
7  §  il);  Front  Adamic.  i,  7,  p.  I!la.  190  ;  C  Jusl.  i,  11,3.  —  3C.  lui,  1113,  IJ3, 
m.  —  *  Ci.  I.i.p.  Ilfii:  5.  p.  1190:  8,  p.  lUlO;  9,  p.  788  ;  10,  p.  1 156  ;  II,  il  4: 
10.  410  ;  3,  ISI.ÎI  :  S,  7Mli.  Eu  grec  .fii  t^,;,  ;.e»Tato,-.ianI..ot«t05,  ç.iiosiS.TTo;  {Bull. 

de  eorr.  hell.  4,  154  :  10,  4u7  ;  1 1,  loi  ;  19.  553  ;  Ath.  Millh.  \«,  18  ;  Arch.  epii/r. 
Alillh.  10,  HZ  ;  15,  ill).  -  '■  Plin.  A'I.  rrni.'l  :  C.  i.  I.  5.  53i  ;  11,  I9i4  ;  Dig. 
îî.  5,  3  ;  48,  10.  13.   1  ;  50,  i.  7,  2;  C.   Th.  H.  1,  133.  —  6  Horal.   Sut.  |,  5.  3fi. 

—  7  Suel.  Auy.  100:  Dio,  55.  i.  —  »  L.  Jul.  mim.  133,  138;  L.  Oenet.  66.  1*5, 
liT;  Front,  p.  I'J3;  C".  i.  /.  10,  4700;  II,  3805  ;  I»,  6038.  —  »  C.  i.  /.  8,  4iC3, 
I5W,  1495,  ISiS;  9,  3610;  10,  416.  53.  4043,  5917-18,  5796;  11,  3811.  —  10  48.  19, 
15,  i7.  §  I  ;  4«,  4,  I  pr.  :  4s,  8,  10  ;  4s,  il.  S,  §  1  ;  i8,  3,  6,  7  ;  f.  Jusl.  9,  47,  3. 
\(,ir  Mommsen,  Slnifrechl,  p.  1034.  —  «1  C.  i.  /.  5,  i850  ;  9,  34i9;  10,  4643, 
369»  ;  11,  14i0,  3014  ;  14,  J795.  —  «2  Voir  Kûtlcr.  Deeurio,  p.  «331.  —  13  £.  Genel. 
64,  69,  Vi,  96,  97,  99,  100.  130,  131,  134;  C.  i.  /.  5,  875,  Î836,  8139  ;  9,  Î59  ;  10, 
3098,  I78i  ;  II,  3614;   14,  «793  ;  L.  Jul.  muii.  130.  —  H  C.  i.  t.  10,  3698  (Cumcs). 

—  15  5,  i856  (Fadoue).  —  16  9,  3449:  II,  3614  (Pcltuinum.  Caeri').  —  "  L.  Jul. 
mun.  liO,  Ii7,  130.  —  18  L.  Uenet.  96  ;  C.  i.  /.  0.  I4'ji;  9,  34iu.  —  19  /,.  Oenel. 
105  ;  C.  i.  /.  I.  âi7.  —  20i.  Cène/.  73,92,  98,  97,  100  ;  L.  Malac.  ùi.  —  2i  Jbid. 


entrepreneurs  pour  fournitures  sacrées  et  à  Puteoli  pour 
la  réception  des  travaux  d'un  temple";  40  à  Oenetiva 
pour  les  concessions  d'eaux;  M(t  à  Genetiva  et  proba- 
blement à  Malaca  pour  l'autorisation  de  démolir  des 
bâtiments  ;  30  à  Genetiva  pour  l'envoi  d'ainltassades, 
les  discussions  sur  les  amendes,  les  places  et  les  monu- 
ments publics-";  les  trois  quarts  à  Genetiva  pour  le 
choix  d'un  patron  et  la  moitié  pour  la  concession  de 
places  de  décurions  aux  jeux  ;  les  deux  tiers  à  Genetiva 
pour  la  construction  d'aqueducs  et  la  fixation  des  fêtes, 
à  Venafrum  pour  les  règlements  sur  les  aqueducs'-', 
à  Salpensa  et  à  Malaca  pour  la  nomination  de  tuteurs, 
la  vente  des  cautions  {praedes  praediaque),  les  reddi- 
tions de  comptes,  le  choix  de  patrons  et  d'avocats,  peut- 
être  l'approbation  des  alïranchissements  faits  par  des 
mineurs--.  Le  chiffre  des  deux  tiers  est  donc  le  plus 
usuel  et  a  peut-être  été  établi  par  .\uguste  ".  Les 
décrets  faits  sans  le  nombre  légal  sont  nuls.  Le  vole  a 
lieu,  en  général,  à  la  majorité  absolue,  à  Malaca  à  lamajo- 
rité  relative  pour  le  choix  des  avocats  et  les  redditions 
de  comptes-';  il  est  généralement  secret,  écrit  sur  une 
tabella"-',  rarement  public,  per  discessionem-^.  Il  est 
précédé,  comme  à  Rome,  de  l'interrogation  de  tous  les 
décurions  qui,  sauf  les  pedani,  ont  le  droit  de  dire  leur 
avis  (sententiam  dicere).  Le  résultat  du  vote,  sauf  quand 
pour  une  raison  quelconque  il  n'est  pas  valable  et  ne 
constitue  qu'une  auctoritas-'',  s'appelle  senatiis  con- 
sulttini  ou  décret  u»i  ou  sentent  in-".  Il  est  rédigé  {scri- 
bere,  conscribei'e)  par  le  président,  assisté  de  décurions 
{scribendo  adfiterunf),  quelquefois  tirés  au  sort,  de 
2  à  12,  quelquefois  pour  des  décrets  honorifiques,  de 
tout  le  sénat  -^  Il  comprend  à  peu  près  les  mêmes 
parties  essentielles  que  le  se.natis  co-nsiltim  de  Rome  : 
date  par  les  noms  des  consuls  ;  nom  du  président  ;  indi- 
cation des  mois,  jour,  lieu  du  débat,  des  témoins  de  la 
rédaction,  proposition  {quod  ille,  verba  ferit);  intro- 
duction de  la  décision  [quid  de  ea  re  fieri  placeret,  de 
ea  re  ita  censuerc)^" \  motif  {cum  res  ita  se  habeat); 
décret  {placere  ut  ...j"  ;  vote  icensuere)^'-.  Il  est  enre- 
gistré par  le  secrétaire  public  sur  les  tabulae  pub/icae 
qui  forment  une  sorte  de  journal",  quelquefois  gravé 
sur  cuivre  pour  l'affichage  en  public*'.  On  peut  en 
obtenir  des  copies.  Les  magistrats  et  les  décurions 
doivent  exécuter  le  décret,  à  Genetiva  sous  peine  d'une 
amende  de  10000  sesterces,  provoquée  par  l'action  popu- 
laire'^. Sous  l'Empire,  les  décrets  importants  ont  sans 
doute  besoin  de  la  confirmation  du  gouverneur;  Trajan 
se   réserve   l'approbation   des  grosses    dépenses*';    les 


98,  123.  lîG,  64,  99  ;  C.  i.  l.  10,  4842.  —  22  i.   Salp.  28,  29  :  .\falac.  61,  G7,  68. 

—  -23  Dig.  50,  9,  3  :  cf.  3,  4,  3.  4:  C.  Th.  12,  I,  142.  A  Geneliva  (c.  103)  une 
majorité  (|uelcou(|ue  suffit  pour  décréter  la  levée  civique.  —  2*  L.  (îenet.  64,   92, 

96.  99,  100,  103,  131  :  ilaltie.  61,  68.  —  2.Ï  C.  i.  I.  2,  130.3  :  10.  4618-9  ;  i.  Genêt. 

97.  A  Nartionne,  la  tablette  est  scellée  (Cf.  /.  12,  0038).  A  Malaca  dans  (|uei(|ues 
cas  il  y  a  eu  outre  un  serment  (A.  Malac.  61).  (jicéron  signale  une  loi  tabetlaria  à 
Arpinum  {De  leg.  3,  10,  36).  —   56  Gcll.  14.  7.  9  ;  3,  S,  i.  —  2"  C.  i.  LU,  3803. 

—  2»  V.  les  labiés  du  Ci.  t.  ;  Lex  Tarent,  de  senaliis  sententia.  —  *'  C.  i.  /.  6, 
1492;  tl,  1420-21,  3805  ;  14,  2793.   —  30 Abréviation  :  (/.  d.e.  r.  f.p.,  il.  e.  r.  i.c. 

—  31  .Aussi  placere  àuic  ordini  ou  universis  atque  e  re  publica  videri.  —  32  Aussi  : 
con$entibus  cunctis  ;  ab  ordine  dictum  est  ptacet  ptaret  ;  ordo  dixit  omnes  omnes. 
V.  Dig.  50,  2.  6,  §  5  :  50,  3,  I,  §  1  :  C.  i.  l.  5,  532,  875.  961,  3418  ;  6,  1492,  1085  ;  S, 
782,  15880;  9,  10,  259,  3429;  10.  476,  1208,  1132,  1453,  1782-84,  178S,  369S,  404Î  ; 
11,  U2,  1420,  1924,  3014,  3803;  12,3413;  14,  2466,  2793,  3609;  /tôm.  illtih.  1891, 
p.  339  ;  Eph.  epigr.  8,  372.  Le  décret  nomme  (|nel(|uerois  l'auteur  de  la  pro- 
position (''.  i.  /.  5,  961).  —  33  L.  Genêt.  130-131  ;  C.  i.  l.  Il,  1420-21.  A  Caere 
(11,  3014)  ce  commentnriiis  est  divisé  en  piiqinite  et  eu  kapita.  —  3V  c.  i.  a.  10, 
4643  ;  14,  2795.  —  3;  i.  Cenel.  129.  —  36  l'Iiu.  Ep.  6.  43.  17  ;  Ad.  Trui.  90. 
109,  110. 


s  EN 


—   12(13  — 


SEN 


curateurs  ont  le  droit  de  casser  les  dOcrels  préJudiciaMes 
aux  finances  municipales  ';  aussi  le  sénat,  s'assure 
quelquefois  à  l'avance  l'approbation  du  curateur;  il 
peut  dans  certains  cas  rescinder  ses  décrets'-. 

V.  Comjtéteitce.  —  Klle  est  double  comme  à  Rome  ;  le 
sénat  confirme  les  votes  du  peuple  et  il  est  le  conseil  des 
magistrats  ;  mais,  comme  à  Rome,  il  s'est  de  bonne 
heure  complètement  subordonné  le  peuple  et  les  magis- 
trats, en  subissant,  d'autre  part,  le  contrôle  de  plus  en 
plus  étroit  et  oppressif  du  pouvoir  central. 

1°  Rapports  arec  le  peuple.  —  On  ne  sait  presque  rien 
sur  le  vote  des  lois  et  règlements,  d'ailleurs  peu  impor- 
tants. La  nomination  des  magistrats  passe  au  ir  siècle 
du  peuple  à  la  curie.  Dans  les  autres  affaires,  en  parti- 
culier l'octroi  de  distinctions,  de  statues,  de  monuments, 
les  formules  de  style  qui  figurent  sur  des  milliers 
d'inscriiilions  poslulalu  populi,  posluhmte  populo  ou 
plèbe,  ex  coluntate  ou  ex  consensu  et  postula/ ione 
populi,  populi  su/fraffio  ',  n'indiquent  pas  un  rôle 
ellectif  du  peuple,  mais  simplement  le  caractère  public 
de  l'acte,  de  la  di'pcnse. 

2°  Rapports  avec  les  inayistrats.  —  La  curie  no  peut, 
pas  plus  que  le  sénat  de  Rome,  faire  de  décret  sans  la 
coopération  du  magistrat,  mais  les  magistrats  doivent 
la  consulter  et  suivre  son  avis  sur  toutes  les  all'aires 
essentielles  [magistratis  mumcipales,  p.  15-47-lo48].  Elle 
a,  en  outre,  les  attributions  suivantes  :  fixation  des  sacri- 
fices publics  et  des  jours  de  célébration'  ;  surveillance 
incessante  de  l'administration  financière  des  magis- 
trats ^  ;  acceptation  et  emploi  des  dons  faits  ou  promis 
à  la  cité**;  décisions  sur  les  constructions  d'aqueducs, 
de  monuments  publics,  sur  les  concessions  d'eaux,  sur 
les  démolitions  de  bâtiments,  surveillance  de  toutes  les 
possessions  publiques  ''  ;  concessions  de  terres,  de 
parties  du  domaine  public  '  ;  soin  de  l'approvision- 
nement de  la  cité;  établissement  des  poids  et  mesures 
officiels';  concessions  du  droit  de  cité  local,  de 
Vadlectio  dans  la  curie  et  des  ornamenta  decurio- 
ualia'".  Comme  tribunal,  la  curie  .juge  à  Genetiva  les 
cas  d'indignité  des  décurions  et  de  désobéissance  des 
décurions  et  des  magistrats  ;  à  Malaca,  les  appels  contre 
les  amendes  inlligées  par  les  magistrats"  et  elle  nomme 
dans  certains  cas  des  tuteurs,  autorise  les  mineurs  de 
vingt  ans  à  alTrancliir  leurs  esclaves,  les  duumvirs  à 
vendre  les  cautions  et  les  gages'-.  Les  municipes  pos- 
sèdent encore,  à  la  fin  de  la  République,  une  juridiction 
criminelle  qu'ils  perdent  sous  l'Empire  '^  ;  on  ne  sait  si 
Cil  Judiciuin  puljlicum  appartient  directement  à  la  curie 
ou  si  elle  n'autorise  pas  simplement  les  magistrats  à 
constituer   des    récupérateurs   comme   on  en    trouve    à 

'  Diy.  50,  9,  4;  C.  i.  l.  4.  43G8.  —  2  C.  i.  l.  Il,  361i;  I  i,  2793;  Dig.  50,  9, 
a.—i  C.i.i.  3.  68il;  3,  70i0  ;  8,  14,  II0S4;  9,  330,  3:U,  3W  ;  10,735»,  8il5  ; 
12,  1583;  U,  2991.  V.  Liebenam,  L.  c.  p.  248.  Au  Bas-Erapiie,  en  Afrique,  le 
peuple  joue  encore  un  certain  rôle  obscur  (C.  Th.  li,  5.  1  ;  11,  7,  20).  —  '  C.  i.  I. 
H,  liil  :  i.  Genêt.  04.  —  i  L.  Genêt.  Vd.  —  o  Dig.  50,  12,  14;  33,  2,  17;  (jai. 
2,  195;  Plin.  fip.  3,  7.  —  I  L.  Genêt.  HO,  99,  75.  100;  £..  Mnlac.  02  :  i.  Tartut. 
32;  C.  I.  (.  1.  1178,  1192;  10.0233,  140.5,  4034,  4760,  4842;  12,  3413;  14,  30i:i. 
Sur  la  surveillance  rigoureuse  r{u'eicrce  l'Élal  sur  les  conslrucUons  publii|ues  el 
privées,  il  y  a  loute  une  législation  :  C.  i.  l.  19,  1401  (s.  c.  de  44  et  5lVi  ;  lluU.  de 
corr.  Ml.  Il,  III  (règlement  d'Hadrien)  ;  Vit.  Haitr.  18  ;  C.  Just.  8,  10.  20  ;  m,,. 
30,41,  5,0;  1,  IS,  7  ;  1.  Ili,  7,1!  1  ;  l'Iin.  Ad  Trai.  70,  90,  98,  99;  C.  Th.  15,  1.  V. 
I.icbeuaui,  L.  c.  p.  391-100.  —  8  f  l.  (.  12,  3189,  3237;  v.  les  tables  du  C.  i.  I. 
— 'J  Oii/.    3,  5.  29;  4s,   12,  3  pr.  .;•  1  ;  58,  s,   7   pr.  ;    50.   1,  8  ;    C.  i.    l.    1",    1153. 

—  10  C.Jiist.  10,  7,  39;  C.  i.  /.  2,  2026.  -  "  L.  Genêt.  103,  129  ;  L.  Maine.  00. 

—  12  L.  Malae.  Cl  ;    L.  Salp.   28,  29  ;  ùig.    27,  S,  I,  pr.  :    Ulp.    Ileg.   1,    13   «. 

—  13  Cic.  Pro  Clu.  14,  41  ;  44,  125  ;  L.  Jul.  I.  1 17-119  ;  Scuec.  Ant.  7.  4,  7  ;  Dig. 
i,  1,  12;  W,  10,  13,  §39.  —  n  L.  Tarent.  4;  v.  Moramsen,  Strafrecht,  p,  227. 


Tareiite"  pour  le  péculat.  La  curie  n'a  pas  de  juridiction 
civile'^;  mais  elle  a  pu  fournir  des  juges  jurés,  plus 
tard  des  juges  pedanei  '*  ;  cela  expliquerait  l'adjonction 
par  Auguste  de  juges  plébéiens  aux  juges  décurions  de 
Narbonne  ". 

VL  Décadence.  —  L'époque  des  Antonins  marque  la 
période  la  plus  florissante  de  la  vie  municipale  et,  en 
même  temps,  le  commencement  de  la  décadence.  Les 
principales  raisons  en  sont  les  empiétements  de  l'admi- 
nistration impériale,  la  difficulté  d'administrer  le  terri- 
toire souvent  immense  d'une  cité,  le  dépeuplement  de 
l'Empire,  le  poids  des  impôts,  la  gestion  obligatoire  des 
mimera  qui,  à  partir  du  m''  siècle,  pèse  de  plus  en  plus 
exclusivement  sur  les  décurions  et  finit  par  les  écraser 
[muneha].  Les  premiers  symptômes  en  sont  l'aversion  à 
l'égard  des  fonctions  de  décurion  "  et  le  changement 
profond  constaté  au  moins,  dès  le  milieu  du  ii"  siècle,  dans 
le  recrutement  des  curies:  les  décurions  ne  sont  plus  les 
magistrats  sortis  de  charge,  mais  les  futurs  magistrats  ''•'  ; 
la  dignité  de  décurion  est  déjà  obligatoire  et  héréditaire  -". 

Bas-Empire.  —  L  Recrulement.  —  La  curie,  ap- 
pelée maintenant  officiellement  curia  (les  membres 
curiak's)-' ,  se  recrute:  1°  Par  la  naissance.  Les  fils  et 
petits-fils  de  curiales  forment  avec  leurs  pères  une  caste 
héréditaire,  les  obnoxii,  subjecti  curiae,  les  curiales  au 
sens  large,  et  sont  tenus,  pour  remplir  les  vides  de  la 
curie,  d'y  entrer,  le  cas  échéant,  dès  l'âge  de  dix-huit 
ans.  La  même  obligation  pèse  sur  le  gendre  d'un  décurion 
qui  devenu  veuf,  sans  enfants,  a  gardé  l'héritage  de  sa 
femme  et,  à  partir  de  413,  contrairement  à  l'ancien  droit, 
sur  les  enfants  d'une  mère,  libre,  d'origine  curiale  et 
d'un  père  esclave.  Des  trois  fils  d'un  curiale,  un  peut 
échapper  à  la  curie  en  entrant  au  sénat  d'Empire--. 
2^  Par  l'adjonction  de  plébéiens,  soit  citoyens  de  la  ville, 
soit  simples  incolae,  possesseurs  d'une  fortune  suffi- 
sante, de  marchands  qui  paient  le  clirysargyre,  mais 
sont  en  même  temps  propriétaires  fonciers,  au  besoin 
de  membres  de  corporations  et  d'offices  de  fonction- 
naires ^^  La  fortune  suffisante  est  fixée^  par  une  loi  de 
342,  qui  parait  seulement  de  circonstance  et  propre  à 
Anlioche,  à  25  arpents  de  terres  particulières  ou  à  la  fois 
de  terres  particulières  et  de  terres  impériales  pour 
l'individu  qui  est  en  même  temps  colon  de  la  res  privata 
et  par  une  loi  de  439,  en  Occident,  aussi  pour  un  cas 
particulier,  à  300  sous  d'or-''.  3"  Par  des  entrées 
volontaires,  assez  rares  -'.  4"  Par  Voblatio  curiac,  la 
faculté  donnée  au  père,  par  une  loi  de  4i3,  de  légitimer 
un  ou  plusieurs  enfants  naturels,  à  défaut  d'enfant 
légitime,  en  les  odrant  à  la  curie  el  en  les  instituant  ses 
héritiers  ■■"'.  5°  Par  l'effet  d'une  condamnation  qui  astreint 

—  1^  Dig.  50,9,  0  s'applic|ue  à  une  ville  grecque.  —  '6  Dig.  48,  19,  38  §  10.  Cela 
eK]jli(iui-rail  le  mo\.  judices  de  l'album  de  Canusium.  —  17  C.  i.  l.  12,  i'i'iZ:  judicia 
plebis  decurionibus  coniunrit.  V.  Mommscn  ad  h.  l.  ;  Cuq,  Mélanges  de  l'Ecole 
de  Home,  1881,  p.  297-31 1 .  —  18  Pliu.  Ad  Trai.  1 13  :  qui  invili  fiunt  deeuriones. 

—  19  Dig.  50,  4,  6  pr.  (MarcAurcle  et  Vcrus)  ;  30.  2,  7,  2  (Paul)  —  20  U*jà  dis- 
pense du  décurionat  sous  Antonin  ((.'.  i.  l.  2,  4227)  ;  déjà  sous  Trajan  on  préfère 
les  fils  des  honesti  aux  plébéiens  (Plin.  Ad  Trai.  83).  —  21 1,es  mots  senalus,  sena- 
tor  deviennent  rares  (C.  Th.  12.  1,83;  Auson.  JUos.  402;  i\oi:  Major.  7).  Les 
curiales  sont  souvent  appelés  municipes  [C.  Th.  12,  1,  89.  105,  154;  I,  15,  12;  7, 
2,  2).  —  22  c.  Th.  12,  1,  7,  19,  22,  20,  31,  37,  H,  51,  53,  58,  80,  89,  93,  101,  113, 
122,  123,  132,  137,  147,  I7S,  179.  L'opinion  qui  donne  à  la  classe  des  curiales  une 
plus  gcantleexteusioa  est  fausse.  Ou  ne  sait  au  juste  le  sens  des  naT^ô^Q-jXot  de  tex- 
tes grecs  (Voir  Lévy,  Hev.  de  l'hil.  1902,  p.  273).  —  2.i  c'.  Th.  12,  1,  3,  13,  46,  53, 
72,  90,  102,  119,  133,  105.  137,  179;  Ammian.  21,  12,  33  ;  Basil,  lip.  S4.  —21  C. 
Th.  12,  I,  33  ;  A'oi-.  Valeiitin.  lit,  lit.  3,  .5  4.  —  2=  f.  Th.  12,  1,  51,  172,  177.  179; 
C.  Just.  10,  13,  1-4.  —  2S  C.  Just.  5,  27,  3.  On  légitime  de  même  des  Olles  natu- 
relles, liériliércs,  en  les  mariant  à  des  curiales. 


s  EN 


I20i 


Sl<i\ 


au  ilrcm-idnal  dos  soldais  cliass('S  ilo  rariiK'e.  dus  tils 
de  véli'i-ans  impropres  ou  réfractai res  au  service  uiili- 
laire,  des  prèlres  chassés  de  l'Kglise,  des  iiéréliques '. 
Le  choix  des  nouveaux  curiales  (nominntio)  csl  fait  par 
la  curie  elle-même,  s^énêralemcnt  le  l"'  mars,  avec 
possibilité  d'appel  dans  les  deux  mois  devant  les  gou- 
verneurs'-. Les  disiieiises  du  décurionat  sont  à  peu  près 
les  mêmes  ([ue  celles  des  miunkka.  Sont  dispensés,  en 
général,  les  inendjres  des  autres  classes  héréditaires, 
quand  ils  ne  sont  pas  curiales  d'origine,  à  savoir  :  les 
sénateurs  d'Empire,  les  membres  des  grandes  corpo- 
rations, ([ui  assurent  les  services  de  Home  et  des  petites 
corporations  municipales,  les  avocats,  les  col/rfjiuti  et 
les  agents  munici|)aux  qui  assistent  les  décurions;  les 
médecins  et  les  professeurs  publics  ;  les  citoyens  qui 
exercent  im  certain  nombre  de  professions  libérales  ou 
d'industries  d'art;  les  colons  particuliers  ou  impériaux 
sauf  quand  ils  ont  une  fortune  suffisante'  ;  les  soldats 
en  service  actif  et  les  vétérans  ;  les  fonctionnaires 
impériaux  qui  ont  le  clarissimat  et  au  moins  au  début 
simplement  le  perfectissimat,  en  charge  ou  à  leur 
retraite';  les  membres  des  offices  impériaux  [Mi'NEFiA, 
p.  !2040-204oJ;  les  Juifs  jusqu'à  une  certaine  époque 
[.iiDAEi,  p.  631];  le  clergé  chrétien. 

IL  l'ririli'fjes.  —  Les  curiales  ne  doivent  être  con- 
damnés à  une  peine  grave  qu'avec  l'agrément  de  l'Empe- 
reur ;  ils  sont  exempts  des  peines  corporelles,  de  la 
torture,  sauf  pour  le  crime  do  lèse-majesté,  peuvent 
cependant  subir  les  plianbatae,  sauf  s'ils  sont  parmi  les 
decem  primi,  pour  vols  et  concussions''.  Ils  peuvent 
obtenir,  après  avoir  satisfait  à  toutes  leurs  obligations, 
des  titres  honorifiques  d'ex-comtes,  de  perfeclissimes 
qui  les  font  quehiuefois  sortir  personnellement  de  la 
curie  ou  des  fonctions  de  gouverneurs.  Ils  touchent  une 
petite  indemnité  pour  la  levée  des  impôts''. 

III.  Atlribulioiis  et  condition  générale.  —  La  curie 
continue  à  administrer  la  cité,  soit  en  corps,  soit  par 
ses  premiers  membres,  les  principales  [iMagistratus 
Mi'iNicii'ALics,  p.  loi'J].  ou  les  DEcicMPRiMi,  de  concert 
avec  les  magistrats,  soit  anciens,  soit  nouveaux,  tel 
que  le  DEKENSOR  civiTATis.  Elle  fournit  trois  décurions 
pour  aider  à  l'enregistrement  des  acta.  Elle  choisit  les 
magistrats  parmi  les  plus  riches,  sur  la  présentation  du 
gouverneur'.  Mais  sa  fonction  princi|)ale  est  la  gestion 
de  plus  en  [)lus  lourde  des  miunera.  Ce  sont  les  di'curions, 
assist(''s,  à  partir  de  Justinien',  en  Orient,  des  principaux 
citoyens  et  des  évèfjues,  qui  se  les  répartissent,  du 
moins  les  principaux,  dans  un  ordre  déterminé'-'.  Cette 
gestion  des  tnunera  et,  en  particulier,  lalevéedes  impôts 
d'Etat  sont  les  principales  causes  de  la  ruine  et  de  la 
désertion  des  curies  Les  codes  de  Tliéodose  et  de  Justi- 
nien  racontent  la  longue  lutte  engagée  entre  les  curiales 
qui  veulent  échapper  à  la  curie  et  le  pouvoir  central  qui 

1  C.  Jutt.  10,  57.  I.  un.  ;  Nov.  3s  ;  C.  Th.  7,  ii,  \-i  ;  16,  1,  :w  ;  12,  1,  13,  3i, 
35,  60,  83,  89.  Iles  chrétiens  sous  Maxciicc  (liuscb.  Vit.  Consl,  i,  30).  On  trans- 
fère aussi  des  décurioDs  dans  des  villes  épuisées  ou  nouvelles  (Hasil.  Ep.  74, 
75).  —  2  C.  Th.  lï,  I,  a,  28,  lis;  H.  30,  10,  19.  (Jn  peul  invoquer  comme 
excuses  la  pauvreté,  le  nombre  (renfauls,  l'âge,  la  makidie  (l^,   1,  il,  55,  07,  73). 

—  3/)iV;.50,i!,  5,5»,  10-11  ;  50,  1.38,  §  1;  50,  5,  8,  §  1  ;  50.  fl,  C.  §  3-9:50,2,  9,§  1. 

—  !■  C.  Th.  li,  1,  5.  —  S  Ditj.  4s,  19,  28,  §  5  :  C.  Th.  12,  1,  +7,  SO,  83,  117.  120, 
153,  190  ;  9.  35.  2;  LacLini.  De  mort.  21.  —  '  C.  Th.  12,  1,  5.  77,  109,  189  (où  le 
primua  curùie  d'Alexandrie  est  comte  de  première  classe  au  bout  de  cini|  ans)  ;  A'oc. 
il/n/or.  7,  §    IC.  —  1   C.   JitsI.  10,  3!,  45-40.    —   *  lbi<l.  1,  4.  20;  .Vo,..    128,  10. 

—  9  C.  TU.  8,  4.  1  ;  13,  13.  2,  10  ;  12,  I,  8,  21  ;  C.  Jmt.  11,9,  0  :  Julian.  Ep.  20  : 
Liban.  Jip.  635,  824.  —  10  C.  Th.  10,  3,  2;  12,  1,  9,  92.  97  ;  12,  3  ;  Uxg.  50,  2,  4, 
0,  §  2;  C.  y«»/.  S  05,  30;  Kov.  Major.l,  9.  —  ti  C.  Th.  5,  2,  1  ;  12,  I,  123,  §  C;  9, 


veut  les  y  retiMiir  .\  l'iinilalion  du  système  égyptien, 
les  biens  des  curies  sont  en  quelque  sorte  hypothéqués  à 
l'Etat.  Le  curiale  ne  petitalTermer  ni  terres  municipales, 
ni  levée  de  vectignliu;  ne  peut  ni  louer,  ni  administrer 
les  biens  d'aiitrui  ;  ni  vendre,  ni  aliéner  ses  biens  sans 
l'autorisation  du  gouverneur"'.  Les  biens  des  curiales 
morts  sans  enfants  et  ab  intestni,  (ni  <[ui  ont  été  con- 
damnés à  la  peine  de  mort  ou  de  la  dt'portation 
reviennent  à  la  curie  "  ;  ceux  qui  passent  d'une  manière 
quelconque  à  une  personne  étrangère  à  l'ordre  sup- 
portent, en  Orient,  au  iirolit  de  la  curie,  au  inoins 
depuis  384,  peut-être  auparavant,  une  taxe,  appelée 
denarismus,  uncine'-,  dont  la  quotité,  d'abord  inconnue, 
est  fixée,  en  428,  à  quatre  siliques  par  an  et  par  jugiun  ; 
en  outre,  depuis  la  même  date,  un  quart  des  biens 
meubles  est  prélevé  pour  la  curie'''.  Quiconque  acquiert 
des  biens  de  curiales  en  supporte  les  charges'*;  les 
biens  de  ceux  qui  se  sont  enfuis  sont  confisqués  au  bout 
d'abord  de  cinq  ans,  puis  d'un  an  '\  La  vie  des  curiales 
est  un  long  esclavage.  Il  leur  est  interdit  de  demeurer 
à  la  campagne,  de  se  présenter  à  la  cour  sans  l'autori- 
sation du  gouverneur;  ils  n'obtiennent  de  congé  qne  de 
l'Empereur '^  Depuis  Dioclélien,  l'âge  de  cinquante  ans 
et  la  maladie  ne  sont  plus  des  causes  de  libération'''. 
Aussi  n'y  a-t-il  pas  de  moyen,  de  subterfuge  que  n'em- 
ploient les  curiales  pour  sortir  de  cette  condition, 
devenue  strictemenl  héréditaire'*,  et  contre  lequel  ne 
luttent  les  lois  impéritiles,  les  fonctionnaires  impériaux, 
surtout  les  gouverneurs  et  les  préfets  du  prétoire.  Us  se 
réfugient  dans  les  monastères  de  l'Egypte,  sur  les  terres 
des  grands  où  ils  épousent  des  femmes  colones  et  même 
des  esclaves  ''''  ;  ils  pénètrent  dans  le  clergé  chrétien  -", 
dans  l'armée,  les  corporations'-',  les  offices,  les  fonctions 
publiques,  au  palais,  au  sénat  d'Empire.  Les  lois  les 
poursuivent,  les  arrachent  à  ces  abris,  leur  ferment 
toutes  les  issues,  suppriment  toute  prescription  contre 
les  réclamations  des  villes'^  Depuis  Constance,  sauf 
quelques  adoucissements  temporaires  ^\  les  curiales  ne 
sont  admis  dans  le  clergé  chrétien,  (|u'en  laissant  à  la 
curie,  avec  un  remplaçant,  d'abord  les  deux  tiers,  plus 
tard  l'ensemble  de  leur  fortune;  on  n'excepte  au  moins 
pendant  qu(d(|tie  temps  que  ceux  qui  sont  arrivés  à 
l'épiscopat  ou  ont  obtenu  le  consentement  de  la  curie  -''. 
Le  mariage  avec  une  esclave  entraine  la  déportation  et 
la  confiscation  des  l)iens  ;  l'admission  sur  les  terres  d'un 
grand,  une  amende  d'une,  puis  cinq  livres  d'or  par 
curiale--'.  On  refoule  de  l'armée  les  curiales  d'abord  en 
tout  temps,  puis,  par  ailoucissemenl,  s'ils  n'y  sont  pas 
depuis  dix  ans  d'abord,  puis  cinq,  enfin  à  tout  âge-''. 
L'exemption  de  la  curie,  conférée  d'abord  par  vingt, 
puis  cinq  ans  de  séjour  dans  un  service  public,  par  cinq, 
puis  trente  ans  dans  un  service  du  palais,  finit  par  être 
entièrement  supprimée -''.  De  nombreuses  lois  annulent 

42,  2t;    c.    Jmt.    0,    OJ,    l;    l'i-ocop.  Ilisl.    iifc.    p.   iln.Edicl.    TheoU.i'.   113. 

—  l21niproprcnicni;ucra(im  i/esori/i/io.  —  1)  C.  Th.  12,  4,  1.  un  ;  0,  27,  10;  12, 

1,  107,  123.  173;  C.  Just.  10,34,  12;  10,  35;  jVor.  Thcodos.  Il,  lit.  22,  §  5-10.  Il  y 
a  d'antres  dispositions  dans  te  droit  de  Justinien,  le  |  relèvement  des  trois  quarts  à 
,Vor.  3-i,  1,  2;  l'rocop.  Hisi.  an.  29.  —  H  C.  Th.  12.  I.  I3i.  —  I'  Jbi<l.  12,  I, 
143,  li4.    —  11!    Oiy.    '.0,    2,    1  ;    50,  5.  I,  S2;  C.   Th.  12.   18,  2;     12.   1.   M,    135. 

—  tlC.Jiisl.  10,32,  13.  —  isr.  Th.  12,  1.58,  04,  82,  101.  113,  Ils.  Un,  122, 
134.  1  i7,  172.  181,  181.  —  19  JOiil.  12,  1,  0.  Oi  ;  Noi:  Major.  7,  I.  —  2"  C.  Th. 
10,  2,  0,  19  ;  Gelas.  £•/).  l'i  (éd.  Tliiel).  — '.il  Ihid.  12, 1,  02,  81,  149,162.—  •2iC.J«sl. 
7,  39,  5.  —  23  Sous  Théodoso  (f.  Th.  12,  1 ,  121  :  Amiiros.  Ep.  40).  —  2'.  C.  Th.  10. 

2,  3,  0,  17  ;  12,  1,  49.  50,  59,  99,  104,  115,  121.  123,  103,  172;  Basil.  Ep.  104,  284: 
Innocent.  I,  Ep.  2,  4,  23.  —  25  12,  I,  6,  .50,  140,  179.  —  26  12,  I,  31,  38,  45,  5fi, 
88,  147.  —  27  12,  I,  13,  22,  31,  37,  38.  82.  87,  88,  147,  159,  168,  175,  177,  179. 


SEN 


—  120:;  — 


SEP 


les  aclials  de  diplômes  de  fonctionnaires  par  lus 
curiales  '.  Toléi-és  d'abord  au  sénat  par  Conslanlin  ^ 
ils  en  sont  expulsés,  sauf  quand  ils  ont  déjà  rempli  la 
préture,  par  Conslani-e,  cl  plus  rigoureusement  par 
Julien  '  ;  jusqu'en  ;i7l  ils  y  restent,  quand  ils  ont 
satisfait  à  toutes  leurs  obligations  municipales;  mais 
depuis  371,  ils  perdent  ce  droit,  sauf  rares  excejjtions, 
à  moins  de  laisser  à  la  curie  un  enfant  ou  un  remplaçant 
cautionné  sur  leurs  biens;  ce  dernier  privilège  n'est 
plus  maintenu  en  43G  que  pour  les  Kespectables  et  les 
Illustres,  et  en  i't't  pour  les  Illustres,  auxquels  Justinien 
adjoint  quelt|ues  Clarissimes  et  quelques  Respcclables '. 
Ces  mesures  n'arrêtent  point  l'agonie  des  curies'.  Léon 
le  Sage  les  supprime  en  Orient". 

IV.  ]'il/es  et  ixnjs  de  eonstilution  non  romaine.  — 
L'évolution  qui  transforme  le  sénat  des  cités  grecques 
autonomes,  annuel,  choisi  dans  les  tribus  ou  le  peuple, 
en  curie  romaine  ne  s'accomplit  que  très  lentement  et  ne 
s'achève  qu'au  Bas-Empire  '.  .auparavant,  il  y  a  "ne 
période  de  transition.  Pour  .Vthènes,  Marseille,  Sparte, 
la  Sicile,  voir    les  articles   atueniensum,  massiliexsum, 

Sr.\RTA\0Rl'M  RESPIBLICA,MAC1STRATLS  MUNICIPALES,  p.  1o.'j2, 

PUYLÈ.  Dans  les  autres  pays  grecs,  Rome  a  modifié  la 
constitution  dans  le  sens  aristocratique  :  les  sénats, 
recrutés  surtout  dans  la  noblesse  riche*,  ne  sont  plus 
choisis  par  le  peuple'.  La  loi  de  Pompée,  en  Bithynie, 
avait  déjà  établi  le  choix  par  des  censeurs  et  parmi  les 
magistrats  sortants'";  ailleurs  s'établit  peu  à  peu  un 
système  analogue,  une  sorte  de  cooptation  avec  droit  de 
présentation  des  magistrats  ".  Le  sénat,  appelé  pouÀ/,, 
(TuvÉôpiov  Po'jXt,i;  '-,  reçoit  beaucoup  de  donations,  de 
distributions,  soit  collectives,  soit  individuelles  "  ;  il 
a  sa  caisse  alimentée  par  diverses  ressources,  dont  le 
droit  d'entrée  et  les  amendes  sépulcrales,  beaucoup  de 
fonctionnaires,  épistates,  boulograpbes,  héraut,  lé- 
giste,secrétaire,  économe,  employés  du  culte  "■.  Il  est 
présidé  par  les  magistrats  soit  isolés,  soit  groupés  en 
ouvapy-'oc  et  plus  tard,  en  beaucoup  d'endroits,  par  un 
magistrat  spécial,  le  poùXap/oç  '^.  Les  assemblées  du 
peuple  existent  encore  au  moins  jusqu'au  m' siècle  "*, 
mais  dirigées  par  les  magistrats  et  les   riches  et  sur- 

1  11,  I.  16,  41,  M.  —  2  11,  1.  IS  ;  Xaiav.  J'un.  3j  ;  Zf.siiii.  -,  i».  —  3  f.  Tli. 
IJ,  I.  »K.  50-54  :  l.il.an.  Oral.  inJul.  «.•«m,  p.  i'Jli  :  Amniiaii.  ii, '.1,  12;  Zos.  5,  5: 
l'Iiiloslorg.  7,  V;  Jiilian.  £>•  1 1 .  —  '>  C.  Th.  \ï.  37,  S8,  7i,  75.  82,  90,  03.  \±!. 
130,  155.  15il,  100,  180,  ISi,  183,  IS7;  Nov.  Thtoiloa.  Il,  lil.  15;  f.  Just.  10,  32, 
6*.  fi6.  Voir  Lécrivaiii,  Le  st'mat  romain  depuis  Pioclvlten.  p.  57-13.  —  '>  C.  Th. 
\i,  2,  186.  — ^  Nov.  Lo-.n.  40.  —  "^  Le  régime  grec  encore  à  Paimyre  en  137,  à 
Mylasa  à  l'époipie  de  Si-vcrc  {Hermès,  188t.  p.  180;  ISuU.  de  curr.  Iicl'.  IS'JC, 
p.  5i3-518|;  les  sénals  île  1200,  puis  OOu  mcnilires  à  Antioche  (au  Ras-Empiie  i:0. 
puis  200:  Liban.  1,  182  ;  2.  328,  540.  575),  de  450  à  ÉpJicse,  piobalilcmcnl  de  200 
à  Aphrodisia-i,  de  500  à  Oenoanda  sont  des  s^-nats  grecs  {Inscltr.  Brit.  Mus.  3, 
487  ;  Bull,  de  corr.  hell.  6,  73  ;  Ileberdcy-Kalinka,  Itvise  in  Kilikien,  n»  CI  1.  Toiui 
n'esl  municipc  qu'à  la  fin  du  ui'  siècle  [C,  i.  l.  3  suppl.  1351).  —  8  llio  Clirys.  1. 
p  323;  Pliilosir.  lï(.  soph.  2,  23;  Pausan.  7,  10,  C;  Plin.  Àd  Trai.  7'J  ;  Suid. 
s.  f.  Elti..»,-;  C.  i.  ijr.  3288.  —  9  Arisli.l.  1  p.  328  (éd.  DindorO  ;  Inscl.r.  llrit. 
Mus.  l.  c.  Par  exceplion  sous  Trajan,  rccoDslilution  du  sénat  de  100  memlircs  par 
vole  écrit  du  peu|  le  (Dio.  Chrys.  2,  p.  74).  —  «0  plin.  Ad  Trai.  79,  80,  llî;  Cic. 
/Vo  Flac.  18,  43.  -  Il  Inschr.  Brit.  Mus.  487.  —  12  C.  i.  l.  3,  0070  a  ;  C.  i.  ijr. 
1025,  2025,  21  Hi,  2261p.;  Bull,  de  corr.  hell.  10,  305;  14,  CIO;  18,  10;  20,  ll'J. 
—  13  C.  i.  l.  14,  2703  ;  C.  i.  gr.  2774,  2883  d,  2930  A,  3422.  3493  ;  Bull,  de  corr. 
hell.  14.234;  10.425;  A/A.  .I/i«A.  8,  321,  328;  18,299  ;fl<;l>.</e*.'<.jr.  4,  175;  Arch. 
epii/r.  .Villh.  10,  183.  —  !'•  C.  i.  gr.  281 1,  3493.  3532,  3831  a,  2204  p  :  C.  i.  I.  10, 
50.37;  3.  282  ;  Le  lias-Wa.ldipglo»,  Voy.  arch.  51'J.  1677;  Bull,  de  corr.  hell.  7, 
10;  19.  113  ;  Newton.  Ilalic.l,  p.  763,  49  ;  705,  50:  Plin.  L.c.  112-3.  —  I-  C.  i.ijr. 
3iS3,  3494,  2811,  2997.  3831  a.  2881,  2882.  3419.  3121,  3421,  3430,  2930  *,  2'J2<  ; 
.W/i.  Mitth.  20,  3U«;  Le  Bas-Waddinglon,  'I.  c.  OU.  047;  Bull,  de  corr.  hell.  17. 
204;  18.  53;  19,  389;  4,  153;  14.  232.  Analogue  au  boulari|ue  est  l-isîT!/,»  de 
Cnide  (Newton,  llalic.  702,  n»  1^1)  et  l'irtif/u.  ?oy/.i!î  de  Tlijalira  {Bull,  de  corr. 
hell.  Il,  100).  Voir  Swoboda,  Die  yriech.  Volkshescldùsse,  p.  170-212.  —  16  Allicn. 
3,  p.  213  d;  Joscpb.  .In/,  jud.   \\,  8,    5;    Pausan.  3.    12,  S  (Albéues  et  Sparte); 


veillées  de  près  par  les  gouverneurs'';  le  pouvoir  elfec- 
lif  appartient  au  sénat  '*.  La  rédaction  des  sénatus- 
consultes  subit  l'innuence  romaine  ;  la  formule  du 
vote  cen.Huere  est  traduite  par  ISohv''^;  on  met  à  la 
fin,  en  suscriplion,  les  noms  des  témoins  de  la  rédac- 
tion (jui  sont  soit  des  sénateurs  lin-s  au  sort  dit 
ooYixaTOYpiipot -°,  soil  les  principaux  magistrats-';  on 
indique  quelquefois  les  volants  -^  et  les  acclama- 
lions -',  et,  le  cas  échéant,  la  confirmation  par  le 
gouverneur-'.  Le  rôle  principal  du  sénat  est  déjà  la 
gestion  des  mimera,  pour  laquelle  il  emploie  les 
commissions  de  decaprotoi. 

En  Egypte,  le  déirurionat  a  probablement  été  introduit 
par  Septime  Sévère,  en  iO:2,  dans  toutes  les  métropoles 
des  toparchies,  en  même  temps  qu'à  .Mexandrie-'.  Pré- 
sidé par  un  prytane,  chaque  sénat  a  pour  fonction  prin- 
cipale la  surveillance  et  la  responsabilité  de  la  levée  des 
impôts  essentiels,  au  moyen  de  commissions  de  deca- 
protoi. Mais  on  ne  voit  pas  nettement  comment  il  se 
superpose  aux  anciens  organes,  fermiers  des  impôts, 
stratèges,  nomarques,  practores.     Ch.  Lécrivain. 

SE.XTE.XTIA.  —  I.  Sentence  en  matière  criminelle 
[jUDiciA  PUBLiCAj,  OU  en  matière  civile  [.iude.v,  jidiciim]. 

IL  Avis  émis  par  les  sénateurs  romains  ou  municipaux 

[SENATIS,  SENATIS  MINICIPALIS]. 

SENTIRA.  —  On  appelait  ainsi  le  fond  de  cale  d'un 
bateau.  C'était  comme  un  égout  où  affluaient  les  im- 
mondices et  les  eaux  '  ;  les  poissons,  si  l'on  en  croit 
Pline,  fuyaient  l'odeur  de  la  cale  des  bâtiments'-.  Des 
matelots  de  condition  inférieure',  sentinalores^,  étaient 
chargés  de  l'épuisement  delà  sentine  '•  ;  ils  se  servaient, 
pour  ce  travail,  d'un  instrument  appelé  sentinacu/um'^, 
qui  ressemblait  sans  doule  à  nos  pompes  ou,  tout  au 
moins,  était  employé  au  môme  usage.  Ce  service,  senti- 
nain  exhaurire'',  sentinare*,  était  d'une  grande  impor- 
tance, car  peu  à  peu  l'eau  de  mer  s'infiltrait  dans  la 
cale.  Par  extension,  le  mot  sentina  signifiait  voie  d'eau; 
et  d'un  vaisseau  qui  faisait  eau  on  disait  :  senlinam 
trahit''.     IIkmiy  Thédenat. 

SEPL.\SL\RIL'S.  —  Les  seplasiarii  ou  droguistes 
liraient  leur  nom  d'une  des  deux  principales  places  de 

f.  I.  ijr.  2770;  «11//.  ,U  corr.  lull.  I",  .iO  ;  11,  lll'J  (Délos,  Stratonicée)  ;  Dillcu- 
berger  540  (Olbia)  ;  C.  i.  l.  3,  708ii,  7000  (Pergame,  Cyziiiue)  ;  Inschr.  Brit.  Mus 
3,  181  :  Aristid.  I,  541  (Epbésc)  :  Plio.  Ad  Trai.  110  (Amisusi;  .UA.  Mitlh.  14, 
317  (Magnésie)  ;  Le  B.15,  Voij.  arch.  391  iMylasa);  .W/i.  MittU.  1,  387,  n"  13  (Ai- 
^ialé,  en  242).  -  "  Dio  Cbrys.  I,  p.  321  ;  2,  p.  75;  .4c/.  Aposl.  19,  40  ;  Cic.  l^r> 
Flac.  8.  18  ;  Verr.  i,  I,  27  ;  C.  i.  gr.  3822  b  :  Bail,  de  corr.  hell.  9,  127  ;  Lalys- 
cbev,  Inscr.  Pont.  22,  24,  27.  V.  Swoboda,  L.  c.  —  '8  Octroi  rrétpient  du  nom  de 
sénateur,  ?ouitu>r,.-,  surtout  aux  »aini|uiurs  dis  jeu»  (C.  i.  ijr.  320C,  3123,  312», 
3913).  A  Mylasa  juridiction  du  sénat  qui  reçoit  cl  juge  avec  les  magistrats  une 
sorte  d'cisaogélie  {Bull,  de  corr.  hell.  20,  p.  523-5481.  —  19  C.  i.  gr.  2349  *;  Alh. 
Mitlh.  0.  167;  Sit:ungsber.  Berl.  Akad.  I S80,  p.  C46.  —  20  Wood,  b'phesus,  app.  Vl, 
1  col.  6,  I.  54  ;  C.  i.  j.  3838  j  ;  Hermès,  7,  407.  —  21  Le  Bas,  Vog.  arch.  372,  1633. 
En  outre  à  Tyras  quinze  témoins  cl  le  secrétaire  (Latyscbev,  L.  c.  n"  i).  —  ^iC.i.gr. 
J362.  —  23  A  Mylasa  {Bull,  de  corr.  hell.  20,  p.  523-548),  Clialcis  \Ath.  Mitth.  0, 
107),  ïyr  {Inwr.  Sic.  830)  —  2'  Benudorf-.Niemann,  Beiscn,  1,  71,  a'  50  (Sidyraa). 

—  2i  Vit.  Sev.   17,  2.  Voir  Wilckco,   Griechisclie   Uslraka,   1,  p.  430,  623-030. 

—  BiuMtxinAi'HtB.  Voir  celle  des  art.  magisthatus  municii-ales,  ml-neha  ;  puis  Mena- 
dicr,  Qua  condicionc  Ephesii  usisint  inde  ab  Asia  in  formam  provinciae  rcdacta, 
Diss.  Berl.  1830;  Swoboda,  Die  griech.  Votksbeschlûsse,  Leipzig,  1890;  I^vy, 
Études  sur  la  viemnnicipale  de  l'Asie  Mineure  sous  les  .intonins  {Bev.  d.  Études 
gr.  8,  p.  203-287  ;  12,  235289);  Mommwn,  Strafrecht,  Leipzig,  1899,  p.  226-228, 
1034;  Tuutain,  Les  cités  romaines  de  la  Tunisie,  Paris,  1895;  Kubler,  Decurio 
(Pauly-Wissowa.  Real-Enc'jcl.  p.  2319-2352);  lleclarciiil,  Quelgues  problèmes 
d'histoire  des  institutions  municipales,  Nouceile  rev.  liist.  de  droit;  1902,  p.  223- 
207,  U7-W8, 554-603;  190»,  p.  300-338,  47  4-500.  578-003;  1907,  p.  401  490  ;  Legras, 
La  table  latine  d' Uéraclée  {la  prétendue  lexJulia  muuicipalis),  Paris.  1907. 

SENTINA.  I  Sallust.  Catilin.  37.  —  2  pliu.  l/ist.  nat.  X,  99,  I.  —  3  Cic. 
lauid,  IX,  15.  —4  Paulin.  NoI.  Epist.  VL  3.  —  ■>  Cic.  Desenect.  VI.  —  6  Paului. 
NoI.  L.  l.  —  '!  Cic.  L.  l.  —  »Gell.  XIX,  I.  —  «  Soucc.  Epist.  30. 


SRP 


120(1  — 


SEP 


Cii|)(iuo,  VAIIiinui  cl  la  S('j)/(ixi(i  '  ;  on  ignoro  Irur  posi- 
tion lopograpliique^  La  première  est  celle  de  la  Maison- 
lilaiielie.  aedes  allia  ^  qui  servait  d'Iiotel  de  ville  à  la 
municipalité:  c'était  le  Forum'  de  la  cité.  L'étymologie 
du  mol  Seplasia  est  incertaine;  peut-être  dérive-t-il  des 
deux  mots  se-,  qui  indique  une  idée  de  séparation,  et 
plnlea,  place  ;  la  scplagia  serait  la  place  réservée  spécia- 
lement au  marché,  le  Maccllum,  par  opposition  au  Fo- 
rum. File  nous  est  donnée  dans  les  textes  comme  le  lieu 
de  vente  des  produits  de  la  parfumerie  et  de  la  pharma- 
cie campaniennes  ;  là  se  trouvaient  les  boutiques  nom- 
breuses des  uiiijiientarii  '".  Les  habitants  de  Capoue 
excellaient  dans  la  fabrication  des  parfums  et  des  on- 
guents de  toutes  sortes"  [inuientim],  ils  y  employaient 
les  roses  qu'ils  récoltaient  en  abondance  dans  les  plai- 
nes environnantes^  et  les  essences  précieuses  impor- 
tées d'Orient*;  plusieurs  épitaphes  d'uni/uenlarii  ont 
été  recueillies  dans  les  ruines  de  la  ville'.  Varron 
citait  la  place  de  Seplasia  parmi  les  marchés  les  plus 
llorissanis  et  les  plus  riches  du  monde  antique,  à  côté 
de  l'ile  de  Chrysè,  du  territoire  de  Cécube  et  du  iitacel- 
liiin  de  Home  '". 

A  l'usage,  le  sens  des  deux  mois  unt/ticnturii  elsepla- 
siarii,  tout  d'abord  synonymes,  s'est  précisé  et  spécia- 
lisé. La  Sejilasia  de  Capoue  était  la  place  des  untjuenla- 
rii;  plus  tard,  à  Rome  et  dans  les  provinces,  on  entend 
généralement  par  unguentarii  les  marchands  de  par- 
fums et  par  seplasiarii  les  marchands  de  remèdes.  Le 
nom  propre  de  seplasia  n'a  pas  tardé  à  être  employé 
comme  nom  commun  :  on  appelle  seplasia  tout  endroit 
où  l'on  vend  des  drogues",  puis  la  droguerie  elle-même, 
en  tant  qu'industrie  et  commerce'',  enhn  les  droguistes, 
l'ensemble  des  gens  qui  fabriquent  et  (jui  vendent  des 
drogues  *'.  Quelquefois,  cependant,  le  mol  seplasia, 
dans  l'une  ou  l'autre  de  ces  acceptions  dérivées,  parait 
encore  s'appliquer  plutôt  à  des  parfums  ".  Sep/asiuin 
signifie  remède'"  ou  lieu  de  vente  des  remèdes"',  et 
seplasiarium  droguerie  '^  Le  substantif  seplasia- 
rius  ne  se  rencontre  qu'une  seule  fois  dans  un  texte 
littéraire,  la  Vie  d'IIeliof/ubale  de  l'Histoire  Auguste'*, 
et  cinq  fois  dans  des  inscriptions  funi'raires  de  Co- 
logne ",  Narbonne-",  Arupium  en  Dalmalie  -',  Grazzano 
dans  le  Montferral'--,  de  Florence-';  celle  dernière  est 
l'épitaphe  d'un  esclave,  qui  était  institok  d'un  seplu- 
siarius  negolians. 

Le  métier  des  sey>/rt.>>/rt/7'/,  comme  ceux  dvs  ji/ianiia- 
copolae,  des  lUGMiiNïAHU,  des  tihkakii,  etc.,  était  lié  à  la 
pratique  de  l'art  médical  [medicus,  p.  ItiSO).  Il  n'était 
guère  considéré".  Cependant,  au  besoin,  les  seplasiarii 
de  Home  savaient  défendre  leurs  intérêts  :  un  certain 
Demetrius,  qui  avait  accaparé  le  commerce  du  caeruleum 


SEPLASIAItlUS.  1  lie.  Dekgemjr.  Il,  9i;  Val.  5Iax.  I.X,  I,  extr.  1.  —  2J.  Bc- 
locli,  6'amponien,  Breslau,  isao,  p.  3W:  tl.  iNissen,  /lai.  Landeskunile,  II,  Berlin, 
lOOi,  p.  708.  —  3  l.iv.  XXXIX,  i;  XL,  45.  —  *  Val.  Mai.  IX,  5,  cxlr.  4.  -  5  Cic. 
Pro  Sest.  19;  Jii  /'ison.  U  ;  Ascoii.  I'c<l.  p.  10  (ad  oral.  Ue  ler/e  agr.  toc.  cit.)  ; 
Fcsl.  p.  317  cl  3M.  —  6  Plia.  H.  nat.  XVlll,  lit.  Cf.  J.  Bcloih,  Op.  cit.  p.  338  ; 
II.  Nisseo,  Op.  cit.  II.  p.  70i.  —  7  Atlien.   XV,  p.  688  e.  —  s   l'Iaul.  Jlud.  631. 

—  9  Corp.  inacr.  lat.  X,  3968,  3974,  397.Ï,  3979  3982.  —  m  VaiT.  Sat.  iten.  éd. 
Ricse.  p.   103,  0.  —  Il    l'ompou.  ap.  Kcst.  p.  317;  Glo-s.   ici.  5.   Ucnov.  Parlic. 

—  12  Plin.  XVl,  40;  XXXIV,  108.  —  13  Ibid.  XXXIll,  IU4.  —  I»  Varr.  Sat.  lien. 
éd.  Kicse,  p.  2il,  10  ;  Marcell.  De  meitic.  liC  ;  Aiison.  b'pii/ramm.  li).  —  iô  Pclroii. 
Htttir.  76,  G.  —  16  l-est.  p.  317.  —  "  Gloss.  lai.  gr.  —  is  l,am|>il.l.  /felior/ab.  30,  I. 

—  <»  C.  i.  I.  XIII,  8J3i.  —  ii>  Ibid.  XII,  5971.  —  il  /bid.  111,  I.IDKS.  —  22  Ibid. 
V,:454.  —  i3/l,id.  XI,  I6il.  —  2*  Umprld.  /.  c.  nicl  le  sc/ilasiarius  sur  la  uu-mu- 
H^e  i|uc  le  cupedinarins,  le   popinarius   el    le  leno.    —    2«    plin.    XXXIll.   1(1  i. 

—  26  Id.  XVl,  *«.  —  "  Id.  XXXIV,  108. 


cl  (lu  sil,  fut  accusé  devant  les  consuls  par  tons  les  dro- 
guistes coalisés,  a  tota  seplasia  -^  L'expression  fraus 
seplasiae  revient  deux  fois  dans  l'Histoire  A'alurelle  de 
Pline  :  les  droguistes  mêlent  aux  grains  d'encens  les 
petites  boules  blanches  que  forme  la  résine  des  pins  en 
se  solidifiant-'^  ;  l'ignorance  des  médecins,  incapables  de 
pri'parer  eux-mêmes  les  remèdes  qu'ils  ordonnent  et  de 
suvyeUlor  les  seplasiarii,  permet  à  ceux-ci  d'écouler  faci- 
leinenl  leurs  marchandises  frelatées  -''.    Maiirice  Bksmer. 

SliPTElUOIV  el  STEPTEIUON  (S£itT/,oiov,  )ÙT:eT:T/,oio^). 
—  On  a  vu  à  l'article  pytuia  qu'à  l'origine  l'agôn  del- 
phique  se  composait  d'un  hymne  musical,  d'un  nome 
citharédique,  destiné  à  céU'brer  les  exploits  du  dieu  et 
que  la  fête  avait  lieu  seulement  tous  les  huit  ans,  pour 
eoiumémorerl'exil  de  huit  années  que,  d'après  lalégende, 
Apollon  s'était  imposé  pour  se  purifier  du  meurtre  du 
serpent  Python  [apollo,  p.  311].  Ce  concours  musical  était 
accompagné  d'une  cérémonie  particulière,  d'une  sorte 
de  drame  sacré,  appelé  Seplerion,  ou  mieux  Slepterion  ' . 
Plus  tard,  les  Pylliies  étant  devenues  une  fêle  penlaélé- 
rique,  le  concours  musical  revint  tous  les  quatre  ans, 
mais  la  représentation  mimique  du  Seplerion  continua  à 
se  célébrer  tous  les  huit  ans  seulement  [pvtiiia,  p.  785J. 

En  quoi  consistait  cette  cérémonie'i"  Plularque  nous 
a  conservé  deux  versions  assez  contradictoires  sur  ce 
sujet.  Dans  la  première  -,  il  représente  le  Seplerion 
comme  une  représentation  mimique  du  combat  d'.\pollon 
contre  Python,  puis  de  la  fuiti^  jusqu'à  Tempe;  d'après 
les  uns,  c'est  le  dieu  qui  se  serait  exilé  à  Tempe  pour  s'y 
purifier  du  meurtre  accompli  ;  suivant  les  autres,  il 
aurait  poursuivi,  sur  la  voie  qui  est  aujourd'hui  la  voie 
sacrée,  Python  blessé  et  fuyant  ;  il  l'aurait  rejoint  sur  la 
roule,  au  moment  où  il  venait  d'expirer  et  où  le  fils  de 
Python,  nommé  Aïx,  procédait  à  l'ensevelissement  de  la 
dépouille  du  mort.  Mais,  dans  un  autre  texte',  à  propos 
de  la  même  fêle,  l'auteur  grec  décrit  des  rites  d'un 
caractère  étrange  et  énigmatique.  Sur  un  emplacement 
déterminé  du  sanctuaire,  sur  une  aire  aplanie,  on 
construisait  un  bâtiment  de  bois  (xocXiiç),  non  pas  en 
forme  de  caverne,  mais  ressemblant  plutôt  à  une  habi- 
tation riche  et  princière  (jj.ru.T|(ji.a  Tuç.avvtxY|Ç  v^  paai/.izr,ç 
&!xvi(7£ioç).  Par  un  chemin  nommé  AoXojvt'a,  la  procession 
des  fidèles  conduisait,  en  silence  (\i.s.zk  a'-yr^:;),  un  jeune 
garçon,  ayant  encore  ses  parents  vivants,  tenant  des 
torches  enfiaminées.  Arrivés  devant  la  maison,  les  assis- 
tants y  mettaient  le  feu,  renversaient  une  table,  puis  se 
sauvaient  précipitammeni,  sans  se  retourner,  par  les 
portes  de  l'enceinte  sacrée.  Cette  cérémonie  était  suivie 
d'une  autre,  que  Plularque  semble  liera  la  précédente, 
sans  que  nous  en  voyions  bien  la  relation  :  c'était  la 
SxœvTioooia,   la   théorie   des   enfants   allant    cueillir    des 


SKPTEHI«t\.  1  l.a  seconde  orlliogr.iphc  csl  donnée  par  les  meilleurs  Icxios,  mais 
lelymologie  reslc  obscure.  Kosclier  y  voit  une  allusion  aux  guirlandes  de  laurier 
que  l'on  tressait  dans  la  vallée  de  Tempe  (iWue  Jahrbùcher  fur  clnss.  Philotoq. 
1879,  p.  734  si(.;  cf.  le  texle  d'Aelian.  Var.  hist.  III,  1).  Miss  J.  liarrison  coniLal 
celle  explicalion  [Journ,  Itell.  slud.  XIX,  1899,  p.  2i3  ;  Prolegomeua  to  Ihe 
study  of  gr.  Heligion,  p.  113);  c'est  la  purification,  la  xàSaocri;  qui  est  Péléineal 
essentiel  delà  cêrcnionie,  et  il  faut  rapprocher  cTeTitiripiov  de  (rtlor,  et  infoEiv  (|ui  ont 
le  sens  de  puriliealion  (Arscliyl.  Choeph.  94  ;  Sopliocl.  Antiy.  431  ;  Electr.  52, 
458  ;  cf.  aussi  llesycli.  'jir.zr^o-.a,  *aOai[»o;,  exDudt;).  Voy.  encore  sur  la  forme  ilu  mol 
Nilsson,  Griechiscbe  Feste,  p.  1.'>1,  n.  I  :  A.  Mommscn.  Detphika,  p.  ;;io, 
note  t.  —  2  plutarcli.  tjitaest.  t/rat-c.  p.  293  C.  —  3  /Je  defeet.  orac.  2,  p.  418  A. 
Voy.  sur  ces  deux  textes,  P.  Foucart,  Mémoire  sur  ftelphes,  p.  ISO  ;  A.  Monnusen. 
Op.  l.f.  206;  J.  liarrison.  Op.  I.  p.  113;  Nilsson,  Op.  I.  p.  1  m  ;  Tiirk,  article 
Pijtlioii  dans  le  Lexikon  der  Mytholoijie  Ae  Rosclier,  p.  34iic'i  ;  Hiifcr,  arlic'e 
Pijthio^,  ibid.  p.  3380. 


SEP 


1 207 


SEP 


rnmoaiix  de  laurier  à  Tempe  el  les  rapporlant  à  Delplies 
en  icraiule  poinpe  [dapunéimioria].  Là  se  placent,  d'après 
PIiitarc|iie,  les  icXivai,  c'est-à-dire  les  circuits  assez  longs 
i|uo  faisait  la  procession,  et  la  Xarpsia  t&ù  iraiSoç,  la 
fonction  religieuse  conliée  au  jeune  garçon  qui  con- 
duisait la  troupe  et  qui  avait  à  remplir  certains  devoirs 
rituels'.  L'importance  qu'on  attribue  à  Tempe  dans  la 
fêle  delphique  donne  à  penser  que  cette  localité  fut  le 
vrai  point  de  départ  du  culte  d'Apollon,  plus  tard  installé 
à  Delphes-.  Le  drame  sacré,  appelé  Septerion,  passait 
donc  pour  mettre  sous  les  yeux  des  spectateurs  les  péri- 
péties de  la  lutte  d'Apollon  el  de  Pyl-'ion.  Mais  dans 
celle  sorte  de  pantomime  que  de  détails  étranges,  sans 
relation  apparente  avec  l'histoire  classique  du  serpent 
tué  par  le  dieu  !  C'est  évidemment  ce  qui  incline  Plu- 
tarque  vers  la  recherche  d'une  autre  explication  et  c'est 
pourquoi,  dans  ce  passage,  il  discute  contre  les  théolo- 
giens et  les  poêles  qui  parlent  d'un  combat  avec  un 
dragon;  car  il  lui  semble  résulter  des  rites  eux-mêmes 
qu'il  y  avait  là  autre  chose.  Et  cette  explication  nous  est 
fournie  par  Strabon,  citant  l'historien  Ephoros,  qui 
soutient  la  thèse  évhémériste  de  l'existence  d'un  certain 
Python,  bandit  installé  dans  la  gorge  montagneuse  de 
Delphes,  analogue  aux  Sinis  et  aux  Kerkyon  vaincus 
par  Thésée.  On  l'avait  surnommé  Açixojv  à  cause  de 
ses  excès  redoutables,  et  c'est  lui  dont  Apollon  délivra 
le  pays  à  la  grande  joie  des  habitants  qui  entonnèrent 
le  U  iraiiv  et  mirent  le  feu  h  l'habitation  de  leur  tyran. 
Du  surnom  Apiy.djv  naquit  la  légende  du  serpent  tué  à 
coups  de  llèches  par  le  dieu  enfant'.  Mais  les  détails  du 
rituel  rétablissent  la  vraie  signilication  du  mythe. 

Ainsi  raisonnait-on  aux  temps  de  Plutarque  et  de  Slra- 
bon.  Aujourd'hui,  les  mythologues  sont  entrés  dans  une 
voie  nouvelle  et  ils  ont  posé  en  principe  que  les  rites 
religieux  n'ont  pas  été  créés  d'après  les  mythes,  mais 
qu'au  contraire  on  a  souvent  créé  les  légendes  pour 
expliquer  des  rites  très  anciens  que  l'on  ne  comprenait 
plus  *.  Le  Septerion  en  serait  un  exemple.  Il  représentait 
la  partie  la  plus  ancienne  de  la  religion  delphique,  anté- 
rieure même  au  culte  d'Apollon,  car  il  offre  beaucoup  de 
détails  qu'on  retrouve  dans  les  religions  primitives  de 
régions  différentes.  Le  silence  observé  sur  la  route,  la 
hutte  incendiée,  la  table  renversée,  la  fuite  précipitée  à 
travers  les  portes,  la  défense  de  se  retourner  et  de  regar- 
der derrière  soi,  tous  ces  actes,  incompréhensibles  quand 
il  s'agitde  les  mettre  en  rapportavec  l'hisloire  d'Apollon, 
deviennent  clairs,  si  on  les  rapproche  de  superstitions 
et  de  fêles  populaires  dont  quelques-unes  se  sont  con- 
servées jusqu'à  nos  jours^.  L'incendie  des  objets,  la  fuite 
précipitée  sont  des  rites  que  nous  retrouvons  aussi  dans 
d'autres  fêles  de  l'antiquité  grecque  ou  romaine,  el  à 
Delphes  même  [chahila,  dipoi.eia,  jlxo,  p.  685,  popli- 
FUGiA,   RECiiai.iiM].   Or  nous  avons  vu  [i'ythia,  p.  754] 


ï  .Niisson,  p.  157.  pense  que  !e  uaTç  devait  jeûner  el  ne  man^e-iit  qu'une  fois 
arrivé  à  un  petit  liourg  appeK'  Aeisvtâ;,  où  Apollon  pour  la  première  fois  avait 
pris  lie  la  uonrrilure,  après  le  ineurli'e  (le  Python;  cf.  Stcpli.  liyz,  s.  v.  At^r.vii;. 
—  2  0.  Millier,  Doriei;  I,  p.  20i  ;  Niissoo,  p.  I.S3.  —  3  Eplior.  ap.  Strah.  p.  4iJ  ; 
ef.  Pausan.  X,  6,  0.  —  i  S.  Ueinacll,  Cullcs,  Mythes  et  Helif,wns.  111,  p.  IH  s.|., 
p.  25:l;  Oipheus,  p.  lii).  —  ^  Niisson,  Op.  t.  p.  154-156;  Fraier,  Puusanias, 
l.  III,  p.  53;  J.  Harrison,  Proleijomena,  p.  113.  —  0  P.  Perdrizet,  rouilles 
lie  Delphes,  t.  V,  p.  4.  —  1  Voir  pvihia,  p.  78i;  Perdrizet,  /bid.  p.  5.  —  s  Cf. 
Ilofer,  article  fi/thios  dans  le  Lexikon  lier  Mythol.  de  liosclicr,  p.  3370  ; 
Hillcr  von  tiaertrinson,  art.  Delplioi.  dans  Pauly-Wissovva,  Ileal-EticyclopûHie, 
p.  2539.  —  9  Qiiacsl.  i/rec.  p.  293  C.  —  i"  Cf.  P.  Toucart,  Op.  l.  p.  I8U  ;  L-nor- 
mant  et  de  Witte,    Elite  des  mon.  céramographiq.  M,  p.  293.  M.  Niisson  a  eu 


(|ii'à  Delphes  l'établissement  du  culle  (rA|)olliiii  parait 
être  de  date  relativement  récente;  il  est  importé  de 
Crète,  et  les  découvertes  de  l'Ecole  française  ont  sur  ce 
point  confirmé  pleinement  la  tradition  homérique".  Le 
dieu  de  Delphes  a  dépossi'dé  de  plus  anciennes  divinités, 
comme  Gè  et  Poséidon',  et  l'omphalos lui-même,  devenu 
le  centre  du  culte  apoUinien,  considéré  comme  le  TOfiSoç 
du  dragon  Python",  est  un  bétyle,  un  fétiche  de  pierre, 
vestige  de  la  religion  aniconique  la  plus  ancienne 
^baetyua,  ompualos].  Le  Septerion,  comme  d'autres  fêtes 
delphiques  qui  revenaient  aussi  tous  les  huit  ans  seule- 
ment '^ciiARiLA,  HEROis],  appartient  à  la  religion  qui  avait 
précédé  l'établissemenl  du  culte  d'Apollon. 

Si  cette  vue  est  juste,  on  comprend  que  les  anciens 
aient  cherché  en  vain  à  mettre  en  harmonie  la  légende 
sacrée  de  Delphes,  le  combat  contre  Python,  la  fuite  vers 
Tempe,  etc.,  avec  les  détails  étranges  du  Septerion.  C'est 
pourquoi,  Plutarque  ajoute  prudemment  :  le  Septerion 
est  la  reproduction  de  ces  faits  «  ou  de  quelques  autres  de 

ce  genre  (t&'Jtojv  Tj  toiciÛtiov  Ttvùiv  aito[Ji.!(JtY|ii';  Igtiv  ÉtÉoujv)  '  ». 

Les  historiens  modernes  sont  eux-mêmes  tombés  dans 
l'erreur  quand  ils  ont  voulu  identifier  les  rites  du  Septe- 
rion avec  la  légende  d'Apollon  ou  même  suppléer  au 
texte  de  Plutarque  par  d'autres  détails  qui  rappelleraient 
la  lutte  du  dieu  contre  le  serpent'".  Il  n'y  a  pas  à  se 
demander  si  l'enfant  que  conduit  la  procession  lance 
une  flèche  contre  la  maison  de  bois,  ni  si  un  serpent 
véritable  était  placé  dans  l'intérieur  et  consumé  par 
l'incendie.  Des  détails  aussi  importants  pouvaient-ils 
être  passés  sous  silence  par  Plutarque,  qui  cherche 
précisément  la  relation  à  établir  entre  le  rituel  et  la 
légende?  S'il  n'en  parle  pas,  c'est  qu'ils  n'existaient 
point.  Parmi  les  éléments  de  ce  rituel  très  ancien,  il 
y  en  a,  d'ailleurs,  qui  résistent  encore  aux  explications, 
comme  le  nom  de  AoXwvt'a  appliqué  au  chemin  qui  con- 
duisait à  la  maison  de  bois.  On  en  a  proposé  des  in- 
terprétations qui  sont  peu  satisfaisantes  et  qui  fondent 
arbitrairement  sur  ce  nom  un  rapprochement  avec  la 
AoXiivEta  de  V Iliade  ^^ . 

Ce  qui  dans  la  fête  du  Septerion  consacrait  spécia- 
lement le  souvenir  d'Apollon,  c'était  le  nome  citharé- 
dique,  la  cantate  musicale  que  déclamait  en  s'accom- 
pagnant  de  la  cithare  un  chanteur  revêtu  d'un  costume 
d'apparat  [crniAROEDus].  Ce  chant,  composé  d'après  un 
plan  obligatoire  el  invariable,  devait  retracer  les 
péripéties  de  la  lutte  contre  le  serpent  Pylhon.  Nous 
en  trouvons  une  représentation  très  transparente,  quoi- 
que sous  une  forme  mythique,  dans  une  belle  peinture 
de  la  maison  des  Veltii  à  Pompéi,  où  l'on  voit  Apollon 
lui-même,  célébrant  sa  victoire  en  s'accompagnant  de  la 
cithare,  en  présence  d'Artémis,  tandis  que  le  serpent 
Python  expirant  à  ses  pieds  s'enroule  autour  de  l'om- 
phalos el  ((u'un  prêtre  assisté  d'une  femme  s'apprêle  à 


tout  à  fait  raison  de  camhaltre  sur  ce  point  les  raisonnements  de  Moinmsen,  l'razcr, 
J.  Harrison,  qui  veulent  faire  du  meurtre  du  sei'pent  l'élément  essentiel  de  la  céré- 
monie du  Septerion;  il  n'en  est  pas  question  dans  Plularquc  {Oeiech.  Feste, 
p.  I5;i).  _  Il  lisener  ap.  Arch.  fur  Heligionswissensch.  Vil,  I9(li,  p.  317;  cf. 
Hôfer,  Op.  l.  p.  3370.  Lîsener  met  la  fête  du  Septerion  dans  le  mois  lÂar-.;,  prolia- 
Itlement  le  23,  qui  correspond  au  23  Tliargélion  attiijuc,  claie  à  laquelle  ou  plaçait 
l'anniversaire  de  la  clmte  de  Troie.  La  Ao>.^v£ia  de  Uelplics  ferait  allusion  à  l'espion 
Uolon,  allant  dans  la  nuit  revêtu  d'uuc  peau  de  loup  (comme  Apollon  Aùnctoç); 
l'inceudie  de  l'èdilice  en  bois  comméntorerait  la  ruine  du  palais  de  Priam  ;  Pyr- 
rlios  destructeur  de  Troie  serait  un  doublet  d'Apollon  destructeur  de  Python,  etc. 
Il  vaut  peut-être  mieux  dire  que    nous    ignorons  pourquoi    le  sentier  s'appelait 


SEP 


120S  — 


SEP 


■;!  r'viilcinmcnl  celui  qui,  ilrs  le     |     /nui'',    liimlis   que  les  pni/fnii' 


sai'l'iliiT  lin  liuircaii   en   I'Ikiiiiiimii-  du    dii'ii   i  M;;.  (i.W'ii)  '. 
C/iHail  l'af^i'in  parcxci-liiMiccdi;!;!  IV'lc  (lAiiuiliiii,  ((duiciui, 
à  l'origine,  avail  composé  à  Ini  seul  \o  progianiine  du  con- 
roiirs  j'YTiiiA,  p.  7!K)].  C" 
déhul,  se  lia  eL  se  sii- 
per|)0.sa  à  la  fêle  lorale 
pins  ancienne  '-.   Mais, 
comme    il    commérno- 
rail  spécialement  la  lé- 
s^ende     d'Apollon,    on 
ne  manqua  pas,  quand 
la   fêle    devint    penla- 
éléritiiie  el  qu'elle  re- 
vint   tous    les    qualre 
ans.  de   le    placer   au 

dé'liut  lie  ciiaque  celé-  Im^.  iv.hh.  —  i-iiymnc  d'Apoii 

bralion,  tandis  que  le 

drame  primitif  el  mystérieux  du  Seplerion  n'avait  lieu 
que  tous  les  huilans.  On  doubla  même,  au  vi'  siècle,  le 
concours  de  cithare  d'un  concours  de  flûte  qui  repro- 
duisait, lui  aussi,  les  phases  de  la  lutte  entre  le  dieu  et 
le  serpent  [i'Ytuia,  p.  701].  Ainsi,  de  plus  en  plus,  la 
légende  apollinienne  tendait  à  recouvrir  el  à  cacher 
les  couches  plus  anciennes  de  la  fêle  locale,  si  bien 
que  peu  à  peu  les  spectateurs  s'habituèrent  à  chercher 
dans  le  mime  du  Seplerion  une  image  du  dieu  enfant 
combattant  Python. 

Le  Seplerion  avait  certainement  lieu  dans  les  premiers 
jours  de  la  fête.  A.  Mommsen  le  place  dans  l;i  soirée 
du  vil  Boukatios,  avant  la  grande  procession  el  les  jeux  ; 
mais  celte  date  n'est  pas  certaine  ^     E.  Potiiku. 

SEPTI.\IO.\TIUM.  —  Fêle  romaine  qui  se  célél)rait  le 
11  décembre,  d'après  le  calendrier  Philocalien'.  Festus' 
semble  la  confondre  avec  les  Agonia  du  même  mois,  et 
Mommsen,  acceptant  la  correction  de  Scaliger  à  Feslus, 
adopte  celle  manière  de  voir  ^ 

Celle  fête  était  particulière  aux  habitants  des  sept 
collines  et  plus  exaclement  des  sept  régions  qui  consti- 
tuaient la  ville  de  Home  au  temps  de  Nuuia  :  Palatin, 
Velia,  Fagulal,  Subura,  Cermalus,  Oppius,  Cispius'.  On 
croyait  que  cette  fêle  avail  été  instituée  pour  célébrer  la 
clôture  des  sept  collines  dans  les  murs  de  la  cilé^.  Très 
ancienne,  comme  on  le  voit,  elle  était  encore  célébrée 
sous  l'Euipire''  et  même  au  V'  siècle  '' . 

C'était  une  fête  fixe.  A  l'origine,  elle  se  rangeait  parmi 
les  sacra  popularia  ou  publica.  parce  que  les  sept  col- 
lines énumérées  par  Feslus  représentaient  toute  la  ville; 
plus  lard,  elle  fut  considérée  comme  une  des  feriae  pri- 

*  l.a  figure  osl  faile  (l'aiir*''s  llcrrmann,  Deiikmâler  der  Malerci  dfis  AUcrlums^ 
ni,  pi.  «  =  Rosclier,  l-rxikon  drr  Myth.  III,  |i.  3407,  lis.  i.  La  piiuUnc  Hc  vase 
doiiiirc  par  l.ctinrmant  cL  dr  WjUl>  connue  une  allusion  ati  Seplerion  de  Delphes 
{Ktit.  Mon.  Cthtimotjr.  Il,  pi.  xxnix)  repri^sente  simplement  la  fête  des  Choes  à 
Allii'nes;  cf.  ciini  s,  p.  Il::7.  —  i  Cet  .igùn  musical  ne  pouiail  pas  avoir  lieu  au 
tlif'>Htre,  à  IV'poquc  ancienne  où  le  tliéàtre  n'existait  pas  enrore.  M.  l'omlow  a  sup- 
poséipic  la  Uiolof  areliaïipie  des  Sicjoniens,  l'-lcvéc  dans  le  sanrluaiie  de  Ilelplies, 
avait  dû  seriir  aux  plus  aneiens  cournurs  uuisicaux  el  que  le  fi^jAa  sur  leipiel  mou- 
laient les  musiciens  ^lail  alors  la  laide  des  sacrilices,  une  table  en  bois,  origine 
de  la  llfymrté  <licrl.  phiMog.  Woclunschrift,  l:l  mars  1911!').  —  3  Ùelpliika, 
p.  ii:i  ;  on  a  vu  ci-dessus,  p.  1507.  noie  Il.ipie  M.  Useuer  a  opt(^  pour  une  autre 
date.  Cf.  le  tableau  des  lètes  .le  llilplii'S,  a^e(■  leurs  mois,  diuiii.'  par  II.  von  (iaer- 
Iringcn,  (Jp.  t.  p.  253i. 

SKPTlMONrlfM.  1  l.e  li,  suivant  le  calendrier  de  l'olemius  Silvius,  mais  c'est 
iH»e  erreur,  d'après  Monunscn,  Corp.  iiise.  lai.  I.  p.  3:ir.,  2*  C-d.  Ajoutons  (pic  les  fûtes 
romaines  londicnt  pour  ainsi  dire  toules  à  des  jours  impairs.  —  2  S.  r.  Agonium. 

—  3  l'eslus  p.  3H1  11,  mais  cf.  lelcilc  reslitiié  par  .Scaliger  et  l.ydus,  />e  mens.  p.  I  ts 
éd.   lieUer.  V.  Mouimsrn,  loc.  cit.    -  '  l'cstus,  p.  348  6;  Varr.  Litii/.  Itil.  VI.  Jl 

—  5  dut.  ijioinl.  rom.  80.  —  6  Sucl.  Domit.  4;  ferlul.  /Je  Idol.  tii.—  ''  fo\.  Silv. 


fatdc"  parce  ijiie,  Home  s'i'laiil  étendue,  elle  n'intéressait 
pas  toute  la  ptipiilaticui,  mais  setilemenl  les  Itabilauts 
des  monts,  qui  formaient  autant  de  confréries  de  ?«oh- 


de  l'as 


(icciip.'tieiit  les  piirlies 
li.'isses  (le  la  ville.  C'est 
pnib.'iblemeul  le  même 
jiitir  que  le  flamcn  pa  ■ 
hiliKilh  offrait  sur  le 
Palatin  un  sacrilice  ap- 
pi'h'  juildlunr  ". 

Andri.  Bai  nmi.LART. 

SEI>TI'i\l  |sAKr'i'rnf|. 

SKPriMMIlI  EPU- 
LOXES  [i-;i'i'L(i\ESi. 

SEIȕll,>X.  Monnaie 

1,011.  de    compte     romaine, 

valant  7  onces  ou  7/12 

sa    marque   dans   les   comptes  était  S — . 

F.    LlîMinMAXT. 

SEPULCai  VIOLATIO.  —  A  Home,  le  tombeau  qui 
comprend  légalement  la  tombe,  le  monument  et  le 
terrain  carré  ou  rectangulaire  qui  l'entoure,  est  consacré 
aux  dieux  Mânes  el  garanti  par  la  reliyio.  Il  ne  peut  être 
ni  vendu,  ni  donné,  ni  légué'  ;  la  loi  des  Douze  Tables 
en  interdit  dt'jà  l'usucapion  ^  En  laissant  de  côté  les 
tombeaux  fort  rares  réservés  à  une  seule  personne  ', 
el  ceux  des  socii  el  des  collèges  [fi;nus,  p.  1402-Oi],  on 
peut  distinguer  avec  les  jurisconsultes*  les  sepulcra 
l'amiliaria  et  les  sepulcra  lieredllaria;  les  premiers  ré- 
servés d'abord  aux  membres  de  la  (/e/is,puis  ouverts  aux 
personnes  émancipées,  aux  agnats,  aux  alVranchis  el  à 
leur  descendance  du  même  nom  ;  les  seconds,  propriétés 
des  héritiers.  La  violation  de  sépulture  [sepulcri  vio- 
latio)  '  comprend  les  actes  suivants  :  la  destruction  d'un 
monument  ;  l'enlèvement  de  tout  ou  partie  des  maté- 
riaux pour  un  autre  emploi,  des  inscriptions,  des 
statues,  une  mise  hors  d'usage  ou  une  détérioration 
quelconque,  par  exemple  le  dépôt  d'ordures  "  ;  la 
transformation  en  propriété  privée  ou  en  habitation \ 
soit  par  usurpation,  soit  par  vente,  achat  ou  tout  acte 
analogue";  l'introduction  dans  le  tombeau  des  corps  de 
personnes  qui  n'y  ont  pas  droit  ^  ;  puis  les  atteintes 
portées  aux  morts  eux-mêmes,  à  savoir  toute  exhumation 
des  cadavres  sans  l'autorisation  du  grand  pontife  ou  de 
l'Empereur'",  le  fait  de  les  enlever,  de  les  dépouiller  de 
leurs  vêtements  et  ornements  et  même  de  mettri»  obstacle 
aux  funérailles  ".  Nous  ne  savonsquelle  fut  la  l'épression 
primitive  de  ce  délit'-.  De  bonne  heure,  l'édit  du  préteur 

—  s  Ainsi  peut  s'expli(|ucr  la  contradiction  entre  les  teïles  de  Feslus  245  a  el  de 
Varron,  L.  l.  VI,  i4.  Cf.  Bouclu;-l,ecler((i,  Miinuct  instil.  rom.  p.  4'Jti.  —  '  l.afayc, 
Iteo.  Iiist.  d.  relii/.  t.  .Wlll,  tStS,  p.  7i,  commente  une  inscription  Irouvi'e  ii 
Houu'  la  même  année  el  qui  se  rapporte  aux  nwnttnii  du  mont  Oppius  et  à  leur 
chapelle;  cf.  Manpiardl,  Cullc  clic:  i-s  llom.,  I,  p.  i:"'.!,  tr.  fr.  — n'Ciccr.  De  domo, 
»8_  74.  _ll  Kestus,  p.  34,s  A.   V.  lesarl.  i  kkiak,  agox.m  n. 

Slirei.CRI  VKII.AI'IO.  l  .Sauf  pour  la  partie  du  leiia-u  qui  cnuslilue  mauifesle- 
nicnl  une  extension  excessive  Ifliff.  IS,  I,  2i,  73,  §  I  ;  1 1,  7.  0,  §  1  ;  C.  Jiist.  3,  44, 
9).  —2  lu.  Il  ;  Cic.  Itc  leg.  3,  24,  lll.  —  3  f'.  ins.  lal.ii,  2loli7.   -  '/>/(/.  11,7.  5; 

47,  12,  3,  3  ;  Vod.  Jiist.  3,  44,  13.  Voir  Mo isen,  /Tura  rôm.  Gra'irccht  (Zeilsch. 

d.  Sariiiiiy-Slifliiuii.  rôm.  Ablh.  IS'.iS,  p.  203-220).  —»  Voir  Wamser,  We  jure 
sipidcnUi  /lomunorum,  p.  3,  21.  —  0  l'aul.  Sent.  I.  21,  5,  8,  12;  Vin.  47. 
12,  417  ;  43,  24,    13,  §  2,  22,  §  4  ;    C.  Jusl.    9,    19,    1-5;    C.    Theod.   9,   17;   C.    i. 

I.  G.  24799  ;  10,  3314.  —  7  Ùii/.  47,  li,  3  pr.,  S  C,  Il  ;  II,  7,  12,  §  I  ;  Paul. 
Sent,  t,  21.  12.  —  8  Cas  prévu  surtout  par  les  ameiules  funéraires.  — '-'  l'aul. 
.Sent.  I,  il,  0.  9;  Diij.  47,  12,  3,  3;  C.  Jusl.  9,  19,  S,  13.  -  m  lliij  47,  12.  3. 
Il  ;  l'aul.  .Seul.  I,  21.  1  :  l'Iin.  Kp.  10,  73,  7t.  —  Il  l'aul.  Sent.  I,  il,  4;  /^(y. 
(T.    li,  .1,   S7:    11, s,    Aiiiiuiau,   IC.  v  i:,,ssi,i.l.    Vnr.  l.   Is.  —  I-' Krreur  de  r.   Th. 

II,  IT,    '. 


SEP 


—   1200  — 


SI^P 


iloiina  une  aclion  privi'i',  i/iiasi  r.r  i/i'lir/o,  U'iiilaiil  à 
ohlenir  clos  tlomiiuiges  iiiléréls  cl  qui  devint  publique  au 
Bas  iùnpii-e  '  ;  plus  lai-d,  le  préteur  donna  au  premier 
venu  une  action  i)0|>ulaire  infamante  comporlanl  une 
amende  de  lOOOO,  qu.'l.iuelois  de  20  000  sesterces  ;  dans 
certains  cas  il  y  avait  lieu  à  l'interdit  t/iiod  vi  (iiil  cluiii, 
dans  d'autres  à  un(!  action  d'injure  -.  Sons  l'Empire 
apparaisseu  t  les  amendes  fuuéraires^MiLTA,  p.20l!(-2U-2(_)  •, 
dés  le  ir  siècle  on  fit  tomber  le  délit  sous  le  coup 
de  la  vis^;  et  la  jurisprudence  impériale  le  classa  parmi 
les  crimes  extraordinaires,  punis,  selon  les  cas,  de  la 
déportation  pourles  /lonesliorcs,  des  travaux  publics  pour 
les  liumiliorcs,  quelquefois  même  de  la  mort  *.  Dans  la 
Grèce  et  l'Orient  la  scpnlcri  violalio  s'appelle  TUfifliisu- 
•/(t.  ",  le  délinquant  T'jupojpu/oi;  ".  Ce  crime,  de  plus  en 
plus  fréquent  au  Bas-Empire,  est  de  ceux  qui  autorisent 
le  divorce  de  la  femme.  Sous  Constantin  reparutl'amende 
fixe,  allant  de  une  à  vingt  livres  d'or.  Valentinien  III 
frappa  d'une  amende  de  oO  livres  d'or  '  le  trouble  ap- 
porté par  les  créanciers  aux  funérailles  des  débiteurs  *. 

Cn.  LtcniVAi.v. 

SEPTEMVIRI    EPtLOXES  iElULONEs]. 

SEPULCRUM.  T-i-ioç,  TÛp-^oç,  pvY,|Aa».  —  Tout  ce  qui 
regarde  les  rites  des  funérailles,  l'inhumation  et  l'inciné- 
ration, la  situation  des  sépultures,  le  mobilier  funéraire 
l'entretien  des  tombes  a  été  exposé  à  l'article  fums. 
Pour  ce  qui  concerne  les  réceptacles  oùétaientdéposésles 
corps  ou  réunis  les  ossements  et  les  cendres,  cercueils, 
sarcophages,  urnes  ou  simples  A'ases,  on  se  reportera 
aux  articles  collmiiaiuim,  sarcoimiagus,  olla  el  irna.  Dans 
le  présent  article  on  traitera  exclusivement  de  la  forme 
intérieure  des  tombeaux,  de  leur  apparence  extérieure 
el  de  leur  ornementation  en  Grèce,  en  Asie  Mineure  et 
dans  les  Iles,  en  Étruric  el  à  Home.  Les  textes  sur  ce 
sujet  sont  très  peu  nombreux  :  les  anciens  n'ont  guère 
décrit  leurs  sépultures;  tous  les  renseignements  doivent 
élre  tirés  du  témoignage  des  monuments  révélés  en 
grande  quantité  par  les  explorations  et  les  fouilles.  Les 
constructions  funéraires  de  l'antiquité  varient,  d'ail- 
leurs, à  l'infini  dans  leurs  détails  de  construction  cl  d'or- 
nementation ;  il  ne  peut  s'agir  ici  que  de  marquer  les 
types  généraux  el  leur  évolution,  et  de  mentionner  les 
monimients  les  plus  caraclérisli([ues. 

GitÈi;i;.  —  Période  prclieUènique.  —  La  fosse  creusée 
dans  la  terre  d'une  part,  et  d'autre  part  la  chambre 
taillée  dans  le  roc  comme  la  grotte  naturelle,  ou  bâtie  en 
pierres  à  l'imitation  de  la  maison  des  vivants,  tels  sont 
les  deux  types  essentiels  qu'on  peut  saisir  dans  l'histoire 
de  l'archileclure  funéraire  des  anciens.  On  les  trouve 
très  développés  dès  l'époque  mycénienne  ou  égéenne, 
en  Crète  et  sur  le  continent  grec.  Mais  on  les  saisit  déjà, 
sous  une  forme  simple,  dans  les  tombeaux  récemment 
explorés  des  Cyclades,  qui  forment  tête  de  série 
pour  les  monuments  que  nous  étudions.  Le  type 
primitif  de  la  tombe-fosse  est  représenté  à  Amorgos, 
Paros,  Autiparos  (explorations  et  fouilles  de  Diimmler-, 
Betit',  Tsountas'")  ;  ce  sont  des  tombeaux  tant('it  isiilé's, 
taiil<)l    groupés    par    iM-cropolcs     iciiiipiiMiafil      |iisi|ii  ;i 

1  C.  Th.  !».  17  ;  C.  Just.  'i.  l'J.  —  i  Diç).  47,  li.  1  1  pr..  0.  s,  (li  :  t:i,  H,  I-,,  S  i  : 
17.  10.  il.  —  3  Oifi.  «,  li,  V-'i.  —  t  l'aul.  SiiHt.  i,  i{,  t.  li;  Ouj.  i7,  lï.  7-li  ; 
C.  Just.  9.  IS,  I  :  C.  Th.  9,  17,  i-4  ;  A'oi'.  Valnriliii.  III,  2i,  3.-5  C.  i.  ijr.  iSil. 
3i66,3i;9i;  lliill.  île  corr.  hell.  5,  3lt  (iSé\il  frappé  par  la  loi  romaine  cl  la  loi  imli- 
gène).  V.  Milleis,  /tt'iclisrecht  und  Volksrecht,  p.  100-lUI.  —  »j  Syooiivmcs  iii^r.;, 
iipiojjo;  (f.  ins.  i/r.  )C39,  4i07,  IMS).—  '  C.  Th. 3,  Kl,  1  ;  9,  17, i.  —  »C.Jiut.  9, 

VIII. 


Ijilli    —  fomlii   I  [ 
<l  Smor(,o- 


(iiiquanlc  ou  soixante  lniiibcaux,  simples  ou  doubles. 
Ils  sont  creusés  dans  la  terre \  à  peu  de  dislance  de  la 
surface  du  sol,  de  forme 
queW|uefois  rectangulaire, 
plus  souvent  trapi-zoïdale, 
avec  un  ou  deux  angles 
droits  ;  (jualre  plaques  de 
pierre  enserrent  l'espac-e 
de  la  fosse,  une  autre 
jilaque  servant  ordinairo 
inent  de  couverture  ;  une 
autre  encore  recouvre  gé- 
néralement le  sol  de  la  fosse,  quelquefois  sur  sa  moitié 
seulement,  le  long  du  plus  grand  coté.  Ces  lombes  sont 
de  petites  dimensions,  la  plus  grande  de  celles  ex[>lorées 
parM.Tsounlas  n'ayant  pas,  en  longueur,  plus  de  I  m.  73 
pour  les  grands  côtés,  1  m.  20  pour  les  petits  ;  la  largeur 
ne  dépasse  guère  1  mètre,  la  profondeur  variant  autour 
d'une  moyenne  deOm.  50:  il  faut  donc  admettre  que  les 
corps  étaient  déposés  dans  ces  fosses  les  membres  repliés 
el  tassés,  le  long  du  grand  côté  du  trapèze  qu'elles  dessi- 
nent souvent,  sur  la  partie  du  sol  recouverte  par  la  plaque 
inférieure.  Les  tombes  doubles  (fig.  6303)'=  ont  une  dis- 
position analogue;  mais,  plus  profondes,  elles  sont  divi- 
sées endeux  (A  el  Bjpar  unepbique  qui  fait  à  la  fois  plan- 
cher et  plafond,  et  repose  de  part  et  d'autre  sur  d'autres 
petites  plaques  disposées  en  piles,  qui  diminuent  d'autant 
la  largeur  de  lafosseinférieure(B);  quelquefois,  souscelle- 
ci,  s'ouvre  encore  une  fosse  de  dimension  plus  restreinte. 
.Nous  ne  nous  occupons  pas,  nous  l'avons  dit,  du  mobi- 
lier funéraire  que  renferment  ces  tombes,  ni  des  rites 
funéraires  qu'elles  supposent.  Il  ne  semble  pas  qu'aucun 
signe  extérieur  en  ail  marqué  l'emplacement. 

A  Chalandriani,  dans  l'ile  de  Syros,  ont  été  dégagés 
par  M.  ïsountas  des  tombeaux  de  l'autre  type  '.  Ils  sont 
disposés  à  une  faible  profondeur  el  faits  de  petites 
pierres  non  cimentées.  Ils  se  composent  d'une  chambre 
tantôt  rectangulaire    ou    trapézoïdale,    tantôt    arrondie 


.  0301.    —  Toinl.c  pi 


Syros;  plan  cl  cicvalion. 


(cercle,  demi-cercle,  ellipse)  (lig.  6304),  ces  doux  formes 
étant,  à  ce  qu'il  semble,  réparties  en  groupes  répondant 
peut-être  à  des  divisions  en  z<S|jiat.  Les  deux  particularités 
essentielles  de  ces  tombes  sont  :  1°  la  disposition  en 
encorbellement  des  assises  formant  les  murs,  qui  vont 
aiii.-^i  (liniiiiuaiil  <le  diamètre  jusqu'à  l'assise  supérieure, 

19,  1.;  Nw.  un,  1  :   Kij,    i.  —  BiHi.io..!  AiMii.  lluin,  Dax  Criminalrwhl  dcr  /lOma; 
U-'ip/.ig.  l«Vi,  p.  897-9UI;  MoniniK'ii.  .Strnfncht,  U-ipz.,  I»99,  p.  Kli-Sil. 
SKI'UI-CBDM."  Lucien,  C/..ir.i2, se siTl.pourdcsigncr  les  lonilicaiii,rlf5lroi.,!iinl* 

fiji...-,  t0|x3,»;  ..\,«=o»;.  -  2 Cf.  A/A.  SJillh.  IsSf.p.  15s<|.  -  3 Cf.  Journ.  ofhell. 
8C.rf.l»8V,p.48sf|.-'u:f.  ■E..AetlS9S,p.l37sq.--t0(;.<:<7.p.l«.-«i<lp.l», 
JoùcsÙirécnotrer.gurc.-7a.E..Af,..l899,p.77sq.;nolrcfigiiPc  =  p.80,ng.  10. 

152 


SEP 


1210 


SEP 


formée  d'une  seule  plaque  ;  l'ensemble  réalise  un  type  pii- 
milifde  Iholos  ;  2"  l'existence  dune  porte,  pourvue  de  deux 
antes  eld'un  linteau  {hauteur  Om.  50  àOm.tiO),  quelque- 
fois, avec  un  rudiment  de  dromos  d'accès.  Ces  entrées 
sont  généralement  barrées  par  un  mur  de  pierres  brutes. 
De  la  disposition  de  ces  entrées  et  de  leur  petitesse  on  peut 
conclure  qu'elles  ne  servaient  pas  à  un  usage  pratique,  le 
corps  étant  introduit  danslatombepar  en  liant.  11  faudrait 
donc  voir  là  limitalionde  la  maison  primitive  ;  et  le  plan 
létragonal  ou  circulaire  répondraità  deux  types  d'habita- 
tion, le  type  arrondi  étant  le  plus  ancien,  et  le  type  rectan- 
gulaire s'étant  introduit  plus  tard,  peut-être  sous  une 
inlUience  égéo-orientale'.  Ce  qui  est  sur,  c'est  que  ces 
tombeaux  de  Syros  annoncent  déjà  le  type  de  la  grande 
tôïftbe  à  chambre  et  à  iholos  de  l'époque  mycénienne, 
avec'son  dromox  et  sa  couverture  en  encorbellement  -. 
'  Les  deux  types  de  la  tombe  à  fosse  et  de  la  tombe  à 
chand)rese  retrouventen  Crète,  dèsledeuxièmemillénaire 
avant  ,1.-C.,  à  Cnossos'  (nécropole  de  Zafer  Papoura)  et 
sur  beaucoup  d'autres 
points.  A  Zafer  Papoura, 
trente-trois  tombes  sur 
Cfnt  sont  du  premier 
type  '  ;  la  fosse,  après 
t  mètres  ou  3  mètres  de 
profondeur,  se  rétrécit  en 
une  cellule  sépulcrale, 
contenant  le  corps  et  le 
mobilier  funéraire";  la 
cellule  est  séparée  de  l'es- 
pace principal  par  des 
blocs  de  pierre  reposant 
sur  les  degrés  que  forme 
le  rétrécissement  de  la 
fosse  ;  souvent  aussi  un 
autre  degré  facilite  la  descente  (fig.  G303).  Il  y  a  à 
Cnossos  une  forme  intermédiaire  entre  la  tombe  à  fosse  et 
la  tombe  à  chambre:  c'est  la  tombe  à  puits,  étroite  et  assez 
profonde  —  2  m.  30  à  i  m.  30  —  pourvue  de  degrés  ^  ; 
au  fond  et  sur  h;  cùté  s'ouvre  une  petite  cavité  sépul- 
crale, un  loculus  protégé  par  une  double  rangée  de 
pierres  Le  puits  joue  ici  en  quelque  sorte  le  rôle  d'un 
dromos  d'accès  à  la  chambre.  Le  type  se  retrouve  à 
Chypre  ''  et  en  Sicile. 

Les  lombes  à  chambre,  sous  leur  forme  la  plus  simple, 
sont  creusées  à  même  dans  la  roche,  à  l'imitation  de  la 
grotte  naturelle,  et  se  composent  dune  chambre  et  d'un 
couloir  d'accès  ou  dromos.  K  Cnossos  *,  les  chambres 
sont  sur  plan  carré,  quelquefois  légèrement  arrondies 
aux  angles  (fig.  G30Gj  ;  peut-être  y  a-t-il  là  un  souvenir 
de  la  forme  ronde  plus  ancienne  ;  même  forme  à 
Phaeslos',  à  Milalos '",  à  Artsa  ".  Ailleurs,  la  forme 
ronde,  ovale  ou  en  fer-à-cheval  est  dominante  ;  à 
Phaeslos'S  une  chambre  est  en  ellipse  tronquée  du  côté 
de  l'entrée.  Le  haut  de  la  chambre  forme  une  coupole 


I  Cf.  sur  ce  poiiil,  iiilii.-  auirts,  liulli-,  Orchomcnos:  rfulil.  Alh.  Mittli.  I'.H13 
p.  331  6i|.;  OragendorlT,  TherAische  Giàber,  p.  98.  l'ourlaiil  Jl.  Noack  .laiis  un 
travail  rfct^iil,  Oralhaus  unit  l'alast  m  Kreta,  1908,  soffoicc  ilc  inoiilicr  le  plan 
recUnguiairc  se  d<-vclappant  de  lui-niime  ni  sponlaiiFincnt  dans  llialiilalion  ronde. 
—  2  Cf.  llragcndorlT,  ibid.  —  ■>  Cf.  Evans,  /Vie  prehisl.  tombs  of  Knossos 
(Àreluologin,  l.  I.IX).  —  *  Evans,  ibid.  p.  Ml.  —  :•  On  voil  aussi  le  mobilier 
funiVairc  placf  sur  le  bloc  même  (|ni  surnioiilc  la  cellule  funéraire  (Evans,  p.  *0*. 
lig.  10),  d'où  csl  prise  noire  figure.  —  «  /Ai  /.  p.  405.  —  l  Pcrrol  et  Chipiez, 
llisl.  de  VArl,  VI,    p.  64'.'.  —  8   Evaus,    ibid.  p.  393.  Cf.  Pfulil,    Ath.  Mitth. 


Fig.  6303.  —  Tombe  Cretois 


' 

;"  . 

1 

ï 

i^»,'o^.|^^ 


S^^ 


630'i.  —  Tombe  crélo 


basse  '^;  à  Phaestos  la  paroi  du  côté  de  l'entrée  est  droite, 
tandis  que  les  autres  forment  voûte".  La  porte  de  la 
chambre  était,  quand  le  tombeau  avait  rempli  son  oflice, 
bloquée  par  une  double  ou  triple  assise  de  pierres  bru- 
tes'^ (fig.  fiSOtJi.    - - 

Le  dromos  est 
souvent  cons- 
truit en  pente 
plus  ou  moins 
forte,  avec  des 
degrés, etvas'é- 
largissant  jus- 
qu'à l'entrée  du 
caveau  '^  plus 
étroite  elle- 
même  que  le 
dromos  ;  quel- 
quefois, la  pur- 
lie  voisine  de 
l'entrée  de  la 
tombe  forme 
tunnel.  A  Cnos- 
sos, les  corps 
sont      déposés 

sur  le  sol  de  la  cliambre  funéraire  dans  des  lurnnkes 
[s.^RcopnAGl•s]  ;  dans  la  principale  des  tombes  de  Phaestos 
ils  sont  placés  sur  des  banquettes  surélevées,  de  chaque 
côté  de  la  chambre,  ou  dans  des  fosses  creusées  dans  le 
sol  même  de  la  tombe  '". 

Il  n'y  a  pas  de  dilTérence  essentielle  entre  ces  tombes 
à  cliambre  et  le  type  plus  complet  qu'on  désigne  sous  le 
nom  de  tombes  à  tliolos  ou  à  coupole  ;  seulement  ces 
dernières  sont  bâties  dans  le  sol  au  lieu  d'être  taillées  à 
même  la  roche'*.  On  les  trouve  partout  en  Crète,  depuis 
la  forme  rudimentaire  jusqu'à  la  plus  achevée.  Les 
tombes  découvertes  à  Kumasa  semblent  remonter  à 
l'époque  minoenne  primitive'^  ;  c'étaient,  comme  les 
monuments  contemporains  d'Orchomène  dans  la  Grèce 
continentale  ^''.  des  ronds  de  pierre  surmontés  de  cou- 
polos  basses  en  terre  glaise.  Une  tombe  de  Muliana,  près 
de  Sitia-',  présente  le  même  type  avec  une  forme  plus 
avancée  ;  le  plan  est  tétragonal,  et  les  assises  inférieures 
de  la  chambre  sont  verticales;  plus  haut  les  assises  de 
pierre  sont  en  encorbellement,  une  seule  grande  plaque 
formant  le  sommet.  La  porte  d'entrée  est  très  étroite,  et 
le  dromos  manque.  A  llirgia  Triada  apparaît  le  type 
complet  de  la  tombe  à  coupole  parabolique -'-;  mais  les 
assises  inférieures  sont  simplement  posées  sur  la  roche, 
sans  fondation  :  le  sol  de  la  chambre  est  irrégulier.  Deux 
tombes  de  Praesos  offrent  le  type  achevé  de  ce  genre  de 
construction  :  l'une  est  circulaire'^;  elle  présente,  avant 
l'étranglement  de  la  porte,  une  sorte  de  vestibule  ;  le 
diamètre  de  la  chambre  est  de  4  mètres  environ  ;  l'autre 
est  de  forme  carrée  à  la  base-',  les  assises  supérieures, 
dont  quelques-unes  sont  encore  en  place,  étant  très  nelte- 


I9U.Î,  p.  31*.  —  »  or.  Savignoui,  Mon.  dei  Liiicti,  .\IV.  p.  :.i7,  fig.  17. 
— 10  Evans,  il!>i</.  p.  1S3.  —H  Cf.  B;.  Aj;..  1904,  pp.  I  si|.  —  '2  Cf.  Savignoni, 
Ibiil.  p|i.  501  sq.  el  lig.  4.   —  13  Evans,  p.  41!',  fig.  251).  —  llSavignoni,  ibid.  lig.  4. 

—  l-'  Evans,  p.  39"',  fig.  I,  d'oir  usi  tirée  notre  ligure  ;  Savignoni,  ibid.  p.  510. 
r,„_  3.  _I6  Par  es.  Evans,  p.  4IR,  fig.  iV.  —  n  Savignoni.  ibid.  p.  5l5si|.  lig.  6  et 7. 

—  1»  Cf.  Savignoni,  ibid.  p.  603,  n.  i.  —  19  Cf.  Jalirbucli,  Arclt.  Anz.  1907. 
p.  107;  1908,  p.  lii.  —  '-"  Cf.  Bulle,  Orchomenos.  —  21  Cf.  Eç.  'Aa;.  11104, 
p.  il  sq.  —  22  Cf.  Mon.  Limei,  XIV,  p.  678  si).  —  2J  Cf.  Bosanqucl,  Ai.n.  of  Ihe 
Br.  Sehool,  VIH.  p.  i40.  —  2*  Ibid.  p.  i45. 


SEP 


1211   — 


SEP 


mcnl  disposc'osen  enc'Orl)eIlomenl.  Knfin,  la  ^raïKlr  tninhi' 
<<  royale  »  di'coiiverlc  à  Isopala  pcul  rivaliser  avec  les 
fçrands  tombeaux  à  coii|)oIe  de  Mvcèiies  '  :  un  droinos 
de  'li  mètres  de  long  sur  :2  mètres  de  large  se  termine  en 
une  antichambre  de  (im.  73  sur  om.58  avec,  sur  les  deux 
e(')lés,  une  niclie  funéraire  voûtée  ;  les  parois  «le  la 
chambre  funéraire  (7m.  SM  sur  4  m.  07)  convergent  |)our 
former  une  coupole  liante  de  8  mètres.  Cette  tombe, 
prototype  des  monuments  de  Mycènes  et  d'Orchomène, 
remonterait,  d'après  M.  Evans,  jusqu'à  20U0  av.  J.-C. 

Les  découvertes  récentes  tendent  à  faire  considérer  l'ar- 
chilecture  et 
l'art  «  mycé- 
nien »  de  la 
(irèce  conti- 
nentale com- 
me un  dérivé 
provincial  de 
l'arl  crélo- 
égéen  -  ;  mais 
pour  les  cons- 
tructions funé'- 
raii-es.  c'est 
sous  un(^  l'or- 
me plus  par- 
faite que  nous 
retrouvons,  à 
Mycènes  et  sur 
d'autres  points 
d  u  m  onde 
grec,  les  types 
que  nous  ve- 
nons de  dé- 
cri  r  e  .      Les 

fouilles      de  Fig.  0307.  -  Enclos  funi 

Schliemann 

ont  dégagé  à  Mycènes  des  tombes  à  fosse  et  des  lombes  i\ 
ciiambre.  Les  six  lombes  de  l'Acropole',  toutes  pareilles, 
sonl  des  cuvelles  de  3  mètres  à  0  mètres  de  profondeur, 
formées  par  l'évidemenl  du  roc;  les  dimensions  en  lon- 
gueur sonl  de  3  mètres  à  7  mètres  sur  3  mètres  à  3  mètres 
de  largeur.  Des  murs  en  petits  moellons  étaient  appliqués 
contre  les  parois  el  rétrécissaient  le  vide  ;  sur  ces  murs 
reposait,  par  ses  extrémilés,  une  poutre  supportant 
elle-même  des  dalles  de  schiste  ;  par-dessus  la  fosse  la 
terre  était  raballue  et  foulée.  Nous  n'avons  pas  à  nous 
occuper  ici  du  mobilier  funéraire  qui  remplissait  ces 
lombes,  pas  plus  que  de  l'histoire  de  l'enclos  funéraire 
qu'elles  formaient  par  leur  réunion  ;  mentionnons 
seulement  le  double  cercle  de  dalles  posées  de  champ, 
réunies  par  d'autres  dalles  posées  à  plal,  qui  le  limite, 
el  où  il  faut  sans  doute  voir  la  clôture  de  celle  espèce  de 
léménus^  (lig.()307).  La  théorie  de  M.  Tsounlas,  pour  qui 
ce  cercle  de  dalles  serait  la  base  du  mur  de  soulènemenl, 
de  laxpv,-n:tç  d'un  lumulus  élevé  au  dessus  des  lombes  de 
l'Acropole  %  semble  avoir  été  victorieusement  réfutée 
par  M.  Clir.  Belger  '^  ;  c'est  simplement  un  Opty^oç  Xi'Owv, 

1  E\aus,  Loc.  cit.  p.  oîù  si\.  —  2  Cf.  par  ox.  Collij^'iion,  L'arcli.  grecque^  p.  23. 
_  3  Cf.  IVrrol  cl  Cliipicz,  HM.  ih  l'An,  l.  VI,  p.  3Ï3  sq.  ;  Tsounlas  cl  M.anall,  The 
Myceiiean  at/e^  p.  8i  sij.  Nous  renvoyons  iino  fois  pour  loti  les  à  ces  deux  ou  vi'a;;cs  pour 
loiil  ce  qui  coucci-ne  les  nionumenls  fiut^raii'cs  deMycùnes.  —  *  Cf.  CeiTol,  Op.  cit. 
p.  5SI  sc|.;  noire  (ig.  =  /Wrf.  (ig.  234.  — s  Cf.  Tsounlas,  Op.  ci(.  p.  lue.  —  «Cf.  Belger, 
Mch.Jahfb.  ls»6,p.  lil  :  cl  Tsounlas,  i/iirf.  p.  148.  — 1  Pans.  Il,  15,  4.  Ladistinclion 
cuire  le  efi^xà;  Xiftwv,  clôture  d'un  Léménos,  ellex-î-i^a  ^î;;,  amas  de  terre,  lumulus,  se 


pareil  à  celui  que  signale  Pausanias  au  lond)enii  du 
héros  Opholtès'.  Aussi  bien,  il  semble  que  le  lumulus 
ne  se  rencontre  pas  à  l'époque  myci'iiienne  ".  Le  i-^ii.-j. 
des  lombes  de  Mycènes,  c'est  la  stèle  ;  on  a  retiduM'  m 
fragments  cinq  de  ces  monuinenis,  décori's  de  sml- 
pliires  ou  de  moulures '•' ;  le  sujet  le  plus  fréquent  est  la 
représenlalion  du  chef  sur  son  char  de  guerre  ou  de  chasse. 
Tout  récomment,  ont  été  découvertes,  près  d'un  petit  vil- 
lage de  l'Ile  de  Céphallénie,  plusieurs  centaines  delomlies 
à  fosse  de  l'époque  préhellénique'».  La  nécropole  se 
divise   en  plusieurs    groupes  de  fosses  qu'abritenl  des 

cavernes.  Les 
fosses,  de  pro- 
fondeur iné- 
gale, rece- 
vaient pour  la 
])lupart  plu- 
sieurs corps. 
Vraisembla- 
lilemenl  les 
liiinlirs  iluii 
iiiènic  groiipi' 
appaiieiuiic  ii  I 
à  la  même 
I  r  i  II  u  ,  les 
corps  (léposi''S 
d  a  n  s  u  n  e 
inê  me  l'oss  e 
à.  la  iiii''me  l'a- 


l'armi  les 
l  0  111  1)  e  s  à 
chambre,  les 
lombes  rupes- 
Ires  creusées 
dans   le    tlanc 


■  des  lombes  ilc  Mycèu 


d'une  colline  se  retrouvent  .sur  plusieurs  points  du 
monde  grec,  par  exemple  en  Argolide  à  Mycènes  ", 
iN'auplie'-  el  Argos  '\  en  Alliqtie  à  Spata  ''*.  La  chambre 
est  tantôt  rectangulaire,  lanlôl  en  quadrilatère  irré- 
gulier, tantôt  circulaire  ;  il  semble  qu'on  retrouve 
encore  là  l'opposition  de  deux  types  primitifs  d'habi- 
tation '".  La  surface  sépulcrale  disponible  est  sou- 
vent agrandie  par  divers  procédés  ;  par  ext'riiple  des 
niches  sonl  creusées  dans  la  paroi  de  la  chambre  à 
Argos  ;  à  Nauplic  dans  celle  du  dromos  ;  à  Spata,  de 
petites  chambres  sonl  creusées  à  la  suite  de  la  grande. 
On  trouve  enfin  à  Argos,  à  Nauplie,  à  Mycènes,  des  fosses 
creusées  dans  le  sol  de  la  chambre  funéraire  el  recou- 
vertes de  dalles  :  il  y  a  là  comme  une  contamination  des 
deux  types  primordiaux  :  tombe  à  fosse  el  tombe  à 
chambre.  Les  portes  sonl  généralement  creusées  à  même 
le  roc,  l'embrasure  se  rétrécissant  vers  le  haut,  el  se 
terminant  tantôt  en  un  triangle,  tantôt  en  un  linteau 
droit.  Le  mur  de  fermeture  barre  la  porte  jusqu'à  peu  de 
distance  du  sommet,  laissant  ainsi  une  ouverture  bouchée 
par  un    amas  de  pierres'".  Le  dromos   est   souvent  de 

marque  nellemcnl  dans  ic  passage.  — 8  Cf.  Dragcadorff,  Ther.  Grâli.f.  102.-  'J  Cf. 
Herrol,  iliiU.  p.  703  sq.  ;  Tsounlas,  ibid.  p.  91  ;  et  Rcichcl,  Oie  myken.  Grulistel.  dans 
Eraiios  Vimloùonensis.  —  '«  Cf.  Ùull.  de  l'Art  ancien  el  moderne,  1908,  p.  271. 

—  Il  Cf.  l'crrot,  iOid.  p.  370  sq.  ;  Tsounlas,  ibid.  p.  Ui  sq.  ;  'Bi.  'A-y/.  1888, 
p.   119-,  1891.   p.    1-44.    —12  ecrrol,    ibid.   p.   398;    Ath.   Mitlh.    V,  p.  143-1113. 

—  13  Cf.  Bull,  de  corr.  hell.  (VollgralT)  1904,  p    3C3  si).  —  »  l'errol,  iiirf.  p.  41:'. 

—  is  Cf.  Bull,  de  corr.  hell,  loc.  cit.  p.  37i.  —  m  Jbid.  p  370. 


SEP 


Fig.  6308.  —  Plan  dune 
tombe    mvcènii 


grandes  dimensions  :  19  mètres  de  longueur  à  Argos,  à 
Spala  2:2  mètres.  Une  fois  mené.jiis(]u'à  son  terme  l'usage 
de  la  sépulture,  il  élail  rempli  île  terre  el  raecès  du 
eaveau  S(>  trouvait  interdit  '. 

I.e  plan  est  le  même  dans  les  grandes  lombes  à  enu- 
pide  ;  seules  dillt-renl  la  dimension,  la  leelini([ue  el  l'nr- 
ni>menlation  de  la  laeade  et  de  l'iiilé- 
rieur  de  la  coupole  (lig.  G308).  Il  s'en 
trouve  sur  beaucoup  de  points  du 
continent  grec,  à  Mycènes  et  à  rili'- 
raion-  en  Argolide,  à  Vapliio  eu  l.a- 
conie',  à  Kakovato  sur  l'emplaceiuenl 
supposé  de  la  Pylos  homérique',  en 
.Mlique  à  Eleusis  ^  à  Thoricos  '',  à 
.Ménidi',  en  Béolie  à  Orchomène",  en 
Tliessalie  à  Dimini'el  à  Volo'",  etc. 
Les  quelques  lignes  qui  suivent,  em- 
pruntées à  MM.  Perrot  et  Chipiez", 
résument  clairement  la  technique  de  la 
tombe  à  coupole.  «  On  commençait  à 
choisir  l'emplacement  de  la  tombe 
future,  soit  en  plaine,  soit  plus  souvent 
dans  un  renflement  de  terrain,  dans  la 
masse  d'une  colline  de  médiocre  hau- 
teur. On  y  creusait  une  fosse  circulaire 
dont  le  diamètre  était  un  peu  supérieur 
à  celui  que  devait  avoir,  augmenté  de 
toute  l'épaisseur  du  mur,  la  rotonde  en 
projet;  quant  au  fond  de  ce  trou,  on  le 
tenait  à  un  niveau  tel  que,  la  construction  une  fois  ter- 
minée, la  plus  grande  partie  du  dôme  fût  en  contre-bas  du 
sol  et  complètement  enterrée.  Sur  un  des  poinlsde  la  cir- 
conférence on  pratiquait  unecoupure...  Ce  corridor  à  ciel 
ouvert  servait  à  l'enlèvement  des  terres  pendant  l'exécu- 
tion des  travaux  ;  ceux-ci  terminés,  ce  seraitlui  qui  forme- 
rait l'entrée  du  caveau.  Partout,  dans  l'intérieur  du  cercle, 
le  sol  était  nivelé  avec  soin.  Sur  le  champ  ainsi  dressé,  on 
posait  la  première  assise...  au-dessus  de  ce  premier  lit, 
on  en  montait  un  autre,  puis  un  autre  encore,  et  ainsi 
de  suite  Jusqu'au  sommet  ;  les  anneaux  allaient  toujours 
se  rétrécissant  et  les  assises  diminuant  de  hauteur...  On 
arrivait  ainsi  jusqu'à  l'assise  extrême,  qui  n'était  plus 
faite  que  d'une  dalle,  posée  à  plat  sur  la  dernière  bague 
de  maçonnerie.  »  Donnons  ici  quelques  indications  de 
dimensions.  Le  «  trésor  d'Atrée  »  a  15  mètres  de  dia- 
mètre,unehauteurégale(fig.G309)  ;  ledroiiios  a3omèlres 
de  long;  à  Vaphio,  le  diamètre  de  la  chambre  est  de 
10  mètres  et  le  dromos  a  30  mètres  de  long.  De  même  que 
dans  les  tombes  rupeslres,  on  agrandissait  l'esitace  dis- 
ponible pour  les  sé|>ultures  de  deux  manières  :  en  ad- 
joignant à  la  salle  principale  une  chambre  rectangulaire 
taillée  dans  le  roc  (Mycènes,  Orcliomène),  ou  en  creusant 
des  fosses  recouvertes  de  dalles  dans  le  sol  delà  chambre 
funéraire  :  il  en  est  ainsi  à  Vaphio  (où  on  trouve  en  plus, 
creusée  dans  le  sol  du  drojuos,  une  fosse  à  oIVrandes),  à 
riléraion,  à  Mi'iiidi,  à  Dirniui,  à  Kakovato.  Peut-être  un 
signe  extérieur,  image  symboli(|ue  ou  stèle,  marquait-il 
le  sommet  delà  coupole.  .Nous  renvoyons  à  la  description 

1  Cf.  l'crrol,  md.  p.  .'i76.  —  2  Itiid.  p.  393.  —  3  /(,,,;.  p.  4o5.  —  l  Cf.  DocrpreM, 
Alh.  Millh.  19(18,  p.  295  s<|.  —5  Hirrot,  ibill.  p.  417.  —Clhill.  p  418.  —  ^  Cf. 
Lulliu?,  /''!«  Kuppftyr.  6.  Menvli;  Perrol,  ibid.  p.  415.  —  *  thid,  p.  440. 
—  «  Ibid  p.  44,1.  —  10  Cf.  'Eç,  'A-,/.  1900,  p.  îll  si|.  —  "  Cf.  l'errol,  ibil. 
p.  594.  —  «a  Ibid.  p.  Cil»  sq.  —  "  Cf.  ibid.  p.  415.  Cf.  .niissi,  sur  la  lu.Iiiii(|ue 
des    loinlies   à  coupole,    Clir.    Belger,    Ueitrûge    :,  Kenntniss    d.    Kitfipelf;r>ïb. 


—  i'2\2  —  SEP 

et  à  la  reconstitution  l'aile  par  MM.  Perrot  et  Chipiez'-  de 
deux  grandes  liimlies  de  Mycènes,  pour  l'étude  de  l'orne- 
mentation sculpturale  ou  métallique  de  la  façade  el  de  la 
rotonde  de  ces  monuments.  Notons,  d'ailleurs,  que  la 
technique  achevée  et  la  riche  ornementation  d'une  tombe 
comme  le  »  Trésor  d'Atrée  »  apparaît,  en  smnme.  comme 
quelque  chosed'exceplionnel  ;  même  dans  des  monumenis 
de  dimensions    assez   considérables,    comme    celui    de 


Fig.  0309.  —  Entrée  d'une  tombe  mycénienne. 

Ménidi,  l'appareil  esl  souvent  grossier,  la  technique 
imparfaite  '^,   el  la  décoration  manque. 

Nous  devons  aussi  laisser  de  côté,  dans  celte  étude 
toute  descriptive,  tout  le  détail  de  la  question  contro- 
versée de  l'origine  de  la  tombe  à  ciiambre  et  à,  coupole. 
Ce  type  esl-il  un  emprunt  à  l'architecture  funéraire  de 
l'Asie  Mineure,  particulièrement  de  la  Plirygie  (Adier  ", 
Perrot'-)  ou  à  celle  de  l'Egypte  (Savignoni")  ?  Est-il  le 
développement  d'un  type  né  dans  la  Grèce  égéenne, 
imité  lui-même  de  l'architecture  de  la  maison  primitive 
(Tsountas'\  Dragendorff '*,  Bulle'^  Paribeni '-")?  La 
seconde  de  ces  théories  tend  à  prévaloir.  En  tout  cas,  on 
ne  saurait  plus,  après  les  récentes  découvertes  faites  en 
Crète  el  à  Orcliomène,  invoquer  en  faveur  de  la  première 
ce  fait  que  «  parmi  les  nombreux  édifices  de  ce  genre, 
il  n'en  esl  point  qui  offrent  le  caractère  d'essais  et 
débauches'-'  ».  Tout  au  contraire,  on  suit  à  la  trace  le 
lenl  développement  du  type,  depuis  les  tombes  de  Syros 
et  les  constructions  très  primitives  d'Orchomène  jus- 
qu'aux «  trésors  »  d'.Mrée  el  de  Minyas,  en  passant  par 
les  monuments  de  Crète  et  de  Théra.  La  grande  tombe  à 
coupole  sur  plan  arrondi  esl  le  terme  d'une  longue  évo- 
lution, au  début  de  laquelle  on  entrevoit  riiabitatio.n 
primitive  de  même  forme;  ce  serait,  d'un  type  rivil  pri- 
mitif, la  survivance  funéraire  el  religieuse,  qu'on 
surprend  encore  dans  des  monumenis  de  même  ordre  de 
l'époque  hellénistique  et  romaine. 

l'rcmii'i'  ài/p  /wt/riiii/iie.  —  La  solution  de  continuité 
entre  la  (irèce  mycénienne  et  la  tjrèce  archaïque  est,  au 
moins  dans  l'état  actuel  de  nos  connaissances,  plus 
ajiparenle  dans  le  domaine  des  rites  et  des  constructions 
funéraires   <[ue   dans  tous    les   autres    domaines   de   la 


—  fi  Cf.  Adler,  Pr,face  à  Tiryitlhe,  p.   37  sq.  —  1^   I' 
d'ailleurs    beaucoup    de  réserves  sur   celle   tliéorie).    — 
XIV,  p.  ces  sc|.  —  »  Cf.  Tsouiilas.  ï'/te  .Uj/Cf<i.i<-.i<i  aye 
dorlT,    rher.     drûh.    p     9'.l.    —    '''  l'.f.    Uulle.   Dicl, 
Lincd,   XIV.  p.    TO.i;  cf.    au-«i    l'uiia.   ibid.    XV,    p 
p.  1^03. 


rro(,  Ibid.  p.  603  (il  fait 
t6  Cf.  Mon.  dei  l.incei, 
p.  iVS.  —  t»  a.  Ilragrii- 
*•  Cf.  J/on.  dii 
21    l'errol,    Jbid. 


SEP 


1213  — 


SEP 


vie   et   de   l'arl,  où  Ion  tend  maintenant  à  la   réduire. 

L'allaiblissemenl  de  l'animisme  primitif,  si  tenace, 
<raill(Mirs,  qu'en  reste  la  croyance,  l'introduclion  de 
l'incinération  à  côté  et  à  la  place  de  l'inliumalion  [riNisj 
modifient  l'ich'e  des  conditions  de  l'exislence  postliume '. 
On  ne  conçoit  [ilus  aussi  nettement  le  tombeau  comme  la 
demeure  de  riiomme  après  la  mort,  bâtie  à  l'image  de  la 
demeure  terrestre  et  pourvue  comme  il  le  faut  pour  cette 
existence  nouvelle  Les  {grandes  constructions  funé- 
raires souterraines  disparaissent  complètement,  au  moins 
dans  la  Grèce  continentale;  la  rupture  entre  les  deux 
époques  ne  parait  pas  là  douteuse.  Ce  qui  remplace  la 
conception  primitive,  c'est,  par  un  compromis  entre 
l'animisme  grossier  et  l'idée  de  survie  purement  spiri- 
tuelle, celle  de  r£';Sa>X&v  du  mort,  vivant  et  vaguant  sur  la 
terre,  en  dehors  du  tombeau.  Dès  lors,  il  faut  fixer  ce 
fantôme  du  défunt.  Comme  la  divinité  se  fixe  dans 
l'image  qu'on  lui  dédie,  dans  son  'éSoç,  l'dme  du  mort  se 
fixera  dans  le 'TTiuia  qu'on  lui  aura  élevé  -  — qui  sera  quel- 
quefois sa  statue  même  — pour  y  recevoir  les  hommages 
et  les  sacrifices  des  vivants.  En  même  temps,  le  ririaa 
signalera  pour  ceux-ci  la  place  du  tombeau  et  perpétuera 
la  mémoire  du  mort;  il  sera  monument,  (Jivf,ficn.  Cette 
seconde  conception  est  la  plus  claire  pour  la  raison,  et  les 
textes,  depuis  ceux  de  l'épopée,  y  font  les  plus  fréquentes 
allusions;  la  première  peut  être  l'idée  primordiale. 

11  suit  de  là  une  révolution  complète  dans  l'architec- 
ture funéraire.  Tout  l'intérêt  et  tout  l'efiort  se  portent  de 
l'intérieur  du  tombeau  à  l'extérieur;  l'histoire  et  la 
description  des  monuments  funéraires  seront  surtout 
l'histoire  et  la  description  des  (7/||xaTa. 

Un  de  ces  (j-/-(j.aTa  joue  un  rôle  important  à  l'époque 
archaïque  et  classique  :  c'est  le  tumulus,  tÛ[jl6oç,  /w[j.ot, 
l'amas  de  terre  élevé  au-dessus  de  l'emplacement  du 
tombeau.  Il  semble  qu'il  soit  d'origine  gréco-orientale ^ 
Nous  avons  vu  qu'il  n'avait  pas  sa  place  dans  l'archi- 
tecture funéraire  du  monde  égéen  et  mycénien.  Au 
contraire,  il  apparaît  dans  tout  le  domaine  ionien-asia- 
tique, particulièrement  dans  tous  les  pays  de  culture 
phrygienne*  ;  et  il  se  montre  dans  la  Grèce  continentale, 
en  Attique  par  exemple,  à  partir  du  viii'  siècle  %  à 
l'époque  même  de  la  grande  iniluence  de  la  civilisation 
et  de  l'artioniens  sur  les  pays  de  la  Méditerranée  centrale 
et  occidentale. 

TiJ|aSo;  et  T?,;j.a,  OU,  plus  précisément,  le  tumulus  lui- 
même  étant  un  T'c^Y-t  à  côté  d'autres,  TÛ|j.êoi;  et  <jT/|Xr|,  tel 
est,  d'abord,  le  tombeau  homérique  ''.  C'est  là  le  droit  du 
mort  :  tô  y'^?  vépa;  ètti  OavovTiov  ''.  La  construction  en  est 
retracée  en  quelques  mots  très  précis,  dans  les  derniers 
vers  de  VIlidde  :  il  s'agit  des  funérailles  d'ileclor  *.  On 
réunit  les  ossements  dans  une  urne,  X«'pva^;  on  dépose 
l'urne  dans  une  fosse,  ai']/a  o'âp'èv  xoiX-r^v  jciTtsTov  Oéiav. 
Au-dessus  de  l'emplacement  de  la  tombe  on  dispose  une 
assise  de  grands  blocs  qui  serviront  de  soutènement  au 
luinil/us  :  auTap  ûiispOE  TtuKvcicciv  Xàenac  xarecTODScav  [xey*' 
ÀotTiv.  Knfin  on  amoncelle  la  terre  du  tumulus,  f.i[jni.a  Sa 
5-?i[ji'  'É;^£uav.  Telle  est  la  tombe  homérique  ;  c'est  déjà  la 
tombe  attique  de    Vélanidezza  ou   de   Marathon  ;  il  n'y 


1  Sur  ces  queslioiis,  voireulre  autres  Rolide,  Psyché  ;  DragendorlT,  Tlier.  Gnïh. 
p.8Js(|.;Perrol,  tfis^rfl.•('oW.  Vll.p.  3'J;Poulseii,/>ietfipy/oHj/r<i6ec,  p.  I  si|.— J  Sur 
ccpoiiil,  cf.  UiagcmliirIT,  Op.  cil.  p.  Ï'JU.  —  3  Cf,  biagcnilorir,  ibid.  p.  101.  —  ilhid. 
p.  toi;  cf.  Kôrlo,  Ath.  A/illIi.  XXIV, p.  38sc|.  —  6CI.  Bruerkiicr,  7«/i.«.  Arch.  Anz. 
18D2,  p.  22.  —  6  Cf.  IJucUholz,  Die  Homer.  Iteal.  l.  !,  i  Aljl.  p.  297.  -  1  Honi.  II.  10, 


manque  que  la  •7t/,àt,,  que  signalent  d'autres  passages 
des  poèmes  homériques.  Le  tombeau  proprement  dit  n'est 
plus  qu'une  simple  fosse  :  toute  la  piété  des  survivants  se 
dépense  à  l'extérieur  de  la  sépulture. 

Avanld'en  venir  aux  détails  de  cette  forme,  tels  qu'eu 
les  rencontre  à  l'époquearchaKiue  etclassii|ue,  ilconvient 
de  signaler,  à  l'âge  homérique  et  «  géométrique  », 
d'autres  formes  qui  sont  des  variétés  ou  des  survivances 
des  types  antérieurs.  F,n  Asie  Mineure  on  constate  l'union 
du  tumulus  asiatique  avec  la  chambre  funéraire  de  la 
Crète  ou  de  Mycènes.  Le  caveau  que  les  Mycéniens  creu- 
saient au  flanc  d'une  colline,  les  Asiatif|ues  le  dissimulent 
sous  l'amas  d(ï  terres  amoncelées  '.  Nous  n'avons  pas  à 
étudier  dans  le  détail  un  tel  type,  qui  s'est  développé 
dans  les  pays  non  grecs  de  l'Asie  Mineure  :  Phrygie, 
Lydie,  Carie'".  Nous  en  mentionnerons  les  étapes  prin- 
cipales. La  première  est  représentée  par  les  tumuli  de  la 
Phrygie  du  Sangarios,  comme  ceux  fouillés  à  Gordion  "  ; 
l'un  d'eux,  par  exemple,  masse  de  terre  de  23  mètres  de 
haut,  contient,  au-dessus  du  niveau  du  sol  vrai,  une 
chambre  funéraire  dont  les  parois  sont  faites  de  foi'Ies 
poutres  de  bois,  chambre  sans  ouverture,  donc  terminée 
après  l'introduction  du  sarcophage  et  du  mobilier  funé- 
raire'^. La  chambre  est  souvent,  dans  d'autres  tumuli, 
construite  non  pas  sur  l'axe  médian  de  la  butte,  mais 
d'un  côté  ou  de  l'autre  de  cet  axe,  sans  doute  pour  éviter 
une  trop  grande  poussée  des  terres  '^  Une  seconde  étape 
du  type  est  marquée  par  les  tombeaux  lydiens  à  tumulus, 
dont  l'exemple  le  plus  complet  est  le  tombeau  d'Alyatte". 
Le  caveau  funéraire,  bâti  en  blocs  de  marbre  et  précédé 
d'un  couloir,  est  à  50  mètres  au  sud-ouesl  du  centre.  Le 
tertre  lui-même  se  compose  d'une  xpY|it!<;  de  soutènement 
en  forme  de  tronc  de  cône  et,  aii-de.^sus,  d'un  cône  formé 
par  l'entasse-  ,;'^ 

m  e  n  t      d  e  s  /  ' 

terres  jetées  / 

à  l'intérieur 
du  cercle. 
Une  termi- 
naison phal- 
loïde mar- 
quait le  som-- 
met  du  tu- 
mu/us.  En- 
fin, dans  le 
tombeau  de 
Tantale,    au 

Sipyle,       le     ^'ig•   6-<10.  —   Tombe  ,lu    Sipylo,   clile   loinbeau  de   Ta.ilale. 

typemycéno- 

asiatique  est  au  terme  de  son  développement'''.  Ici 
encore  la  forme  est  celle  d'un  tumulus  avec  xpY|-7iîç 
de  pierre  et  caveau  funéraire  caclié  au  centre  du  monu- 
ment (fig.  6310)  ;  mais  la  nouveauté  est  que  le  tumulus 
de  terre,  au-dessus  du  socle  vertical,  est  devenu  lui-même 
un  cône  de  pierre,  surmonté  d'une  boule  terminale. 
Cette  forme  se  retrouvera  beaucoup  plus  lard,  en  Italie, 
à  l'époque  classique  et  impériale"'  (v.  plus  loin). 

Un  remarquera,  d'ailleurs,  ([uedans  les  pays  d'Orient 


450.  —  »  Hom.  /;.  U.  V.  795  si|.  Mêmes  détails  :  i/.id.  21,  v.  2d5  S(|.  -  'J  f  f.  Ilra-en- 
dolir, o;;. ci;,  p.  101.  —  lOCf.  l'erroletCliipicz.  tf/i7.  delurl.l.\\  /,(tssi/«.  —  H  li.  cl 
A.  Kôrlc,  Uordioii,  Berlin,  1904.  —  12  Cf.  Ihid.  p.  3S  si|.  —  "  Ibid.  \t.  99.  —  I*  Cf. 
l'errol,  Hisl.  de  l'Art,  t.  V,  p.  2«5si|.  — '5  Jbid.  p.  4»  s.|.  -  '»  Ainsi  leniausol™ 
d'Auguste,  le  monument  de  Caccilia  Metclla.  etc.  Cf.  Urageudorlf,  dp.  cit.  |i.  103. 


\ 


.y 


L 


SEP 


—  121 i  — 


SEP 


oti  avoisinanl  l'Orienl  la  l'ormo  du  tuiiiulus  reste  clas- 
si<|ii('  jusqu'à  l'époque  du  plein  développement  hellé- 
nique. Dans  les  colonies  grecques  de  la  Cliersonèse  Taii- 
rique,  eu  particulier,  dans  la  Crimée  actuelle,  on  couuail 
une  longue  série  de  liiuniins  qui  on!  fourni  ilr  in.igiii- 
li(|ues  objets  grecs  du  \'  el  du  i\'  siècle  avani  rmlri'  ère. 
Un  caveau,  parfuis  précédé  de  couloris,  se  trouve  à  l'inté- 
rieur du  tertre:  il  all'ecte  souvent  une  forme  de  coupole, 
comme  les  tholoi  de  l'âge  mycénien,  ou  bien  la  chambre 
est  carrée,  avec  des  murs  verticau.x,  el  le  plafond  formé 
par  une  série  de  dalles  disposées  en  encorbellement, 
laissant  au  sommet  une  petite  ouverture  que  peut  bou- 
cher une  simple  pierre.  Le  sarcophage,  à  l'intérieur  de  la 
chambre,  est  posé  sur  un  soc!e  de  pierre.  Les  murs  cou- 
verts de  stuc  peuvent  être  décorés  de  peintures.  A  l'exté- 
rieur du  tertre  on  trouve  des  stèles  sculptées  représen- 
tant le  mort  en  guerrier,  en  cavalier,  couché  sur  un  lit 
de  banquet,  etc.  ' . 

Mais  revenons  aux  tombes  de  l'époque  primitive.  Dans 
la  mer  Egée,  la  nécropole  de  Théra-,  où  l'incinération 
domine,  ofTre,  à  l'époque  géométrique,  à  côté  de  formes 
tout  à  fait  rudimenlaires,  comme  le  trou  creusé  irrégu- 
lièrement dans  la  terre  pour  recevoir  Je  vase  funéraire  ', 
la  survivance  exacte  des  chambres  primitives  de  Syros, 
avec  voûte  en  encorbellement.  Postérieures  aux  tombes  à 
chambre  de  l'époque  mycénienne,  ces  sépultures  de  Théra 
représentent  logiquement  un  stade  moins  avancé  de  déve- 
loppement." Ce  qui  dans  les  tombes  à  coupole  de  Mycènes 
a  été  exécuté  à  grande  échelle,  avec  une  façon  artistique  et 
une  technique  accomplie,  se  trouve  là  pratiqué  de  façon 
primitive  '.  »  La  plupart  des  chaudiresfunérairesdeTliéra 
sont  sur  plan  quadrangulaire;  quelques-unes  sont  en  fer 
achevai;  la  forme  ronde  est  exceptionnelle.  Les  portes, 
de  petites  dimensions,  sont  gén('ralement  placées  à  l'un 
quelconque  des  angles;  elles  sont  faites,  comme  les  murs 
eux-mêmes,  de  pierres  brutes  ou  travaillées  et  égalisées; 
le  sol  est  recouvert  d'un  pavage  ou  de  plaques  de  pierre  ; 
il  n'y  a  pas  de  dromos,  mais  seulement  une  fosse  d'accès. 
Quant  aux  (rr|[xata,  stèles  ou  tables  d'offrande,  qui  mar- 
quaient l'emplacement  des  lombes,  nous  les  retrouverons 
dans  notre  élude  générale  des  c/iy.aTa  funéraires. 

Celte  forme  écourlée  de  la  tombe  à  coupole  se  retrouve 
aussi  en  Crète,  dans  des  nécropoles  comme  celles  d'Lrga- 
nos,  de  l'anagiaetde  Kurtes  °,  que  leur  mobilier  funéraire 
rallache  non  à  i'àge  mycénien,  mais  à  l'âge  géométrique  ; 
il  y  a  là  comme  une  dégénérescence  des  types  de  l'époque 
précédente;  la  forme  des  chambres  d'Lrganos  el  de  Kurtes 
est  semblable  à  celle  que  nous  avons  rencontrée  par 
exemple  à  Mouliana. 

Les  lombes  de  la  même  époque  on  Attique,  dites  du 
Dipijlon  °  (on  en  a  trouvé  aussi  au  pied  de  l'Acropole  ''  el 
à  Kieusis'),  représentent  une  forme  de  transition  entre 
la  fosse  de  Mycènes  el  la  tombe  à  <7?,u.'x  de  l'époque  clas- 
sique ;  le  <;T|iAa  y  est,  d'ailleurs,  d'un  type  toutspécial.  I>es 
lombes  du  Dipylon  sont  des  sépultures  individui'lles.  La 
longueur  de  la  fosse  est,  en  moyenne,  de  :2  mètres,  la 
largeur  de  1  mètre  à  1  m.  .'jf),  la  profondeur  de  1  mètre; 
le  mode  de  sépidture  à  iuliuinalion  :cest  le  cas  de  beau- 


*  Voj.  Komlai^of,  TohliH,  [{cinach.  Antiquités  tie la  liussie  mériifionnieylt.  H 
à  30.  —  2  Uragcndniir,  Th-rûitclit-  Giiïljir,  Berlin,  1903  ;  el  les  reclicrclics ulldrieures 
«IcITulil.  A//i.il/i7//i.  I'.'03,p.  I  s<|.  :  surtoulp.  2H  si|.  —  3  OrageniloilT,  Mirf.  p.  ai: 
t|ueli|uefots,  le  Irouest  proU'gé  par  uiicceiiiliiretlepierres.  — ^  Jbitt.p  lUSsq.  —  ii  Cf. 
Ilalblieir^  Thire  fret,  nccfop.,  dans  Aint:r.  Journ.  of  urchaeoluij.  l'JUl,  p.  i59  s<|. 


coup  le  plus  fréquent)  ou  à  incinération  ne  semble  pas 
iiilhier  sur  les  dimensions  de  la  tombe.  Ix's  dispositions 
intérieures  de  la  fosse  varient  :  à  Eleusis  les  quatre  parois 
ont  un  revêtement  de  pierre  el  un  ]iavage  de  calcaire. 
D'autres  fois  la  couverture  et  le  sol  sont  revêtus  de  pierre, 
non  les  parois  Au  Dipylon,  un  plafond  fait  de  poutres  de 
bois  divisaitla  tombeen  une  cavité  sépulcrale  conlenanlle 
squeletleou  l'urne  el  une  fosse  supérieure  :  on  voit  encore 
les  rainures  où  s'encastrait  cette  couverture  (fig.  6311)'. 
Nous  ne  nous  occupons  pas  ici  du  mode  de  déposition 
des  corps  ou  de  conservation  des  cendres,  ni  du  mobilier 


Vig.  6311.  —  Tombe  du  Dipylou  .lUiiiuc. 

funéraire  [funus].  Mais  il  faut  nieutioniier  à  cette  place 
les  grands  (jTjU.aTa  céramiques.  Le  vase  était  placé  dans 
la  partie  supérieure  de  la  fosse,  reposant  sur  les  poutres 
qui  la  séparaient  de  la  cavité  sépulcrale,  et  dépassant  la 
surface  du  sol.  Toute  celle  partie  de  la  sépulture  était 
l'équivalent  delà  fosse  à  libations  de  l'époque  mycénienne, 
el  le  vase  lui-même,  primitivemenl,  jouait  l'office  d'un 
autel  creux,  par  où  le  lait  el  le  miel,  l'huile  el  le  vin, 
peut-être  même  le  sang  des  victimes  parvenaient  jusqu'au 
défunt.  Le  fait,  méconnu  d'abord,  apparaît  hors  de  doute, 
après  la  découverte,  en  1891,  d'un  exemplaire  encore  en 
place,  dont  le  pied  était  creux  el  rempli  de  terre  '".  Avant 
d'être  des  vases  de  luxe,  des  monuments  servant  essen- 
liellemenl  à  la  décoration  extérieure  de  la  tombe,  les 
vases  du  type  du  Dipylon  se  sont  dressés  au-dessus  des 
sépultures  pour  servir  à  un  usage  pratique  :  c'est 
pourquoi  les  grands  vases  richement  ornés  manquent 
dans  les  nécropoles  alliques  de  l'Acropole  et  d'Eleusis, 
plus  anciennes  que  celle  du  Dipylou  iiroprement  dit", 
D'autel  le  vase  était  devenu  monument;  il  semble,  avec 
le  développement  ultérieur  des  autres  (7/,u.ï-ï  funéraires, 
s'être  changé  en  un  pur  symbole  parmi  d'autres.  Pour  cette 
raison  il  est  peut-être  plus  exact  de  faire  dériver  les  vases 
à  prof/n'sis  el  les  <<  loulrophores  »  de  l'époque  classique 
des  grands  vases  qui  se  dressaient  sur  les  tombes  duDipy- 


—  s  Cf.  Periot.  Hist.de  lArt.  VII,  p.  51  si|.  ;  Biuecknercl  l'crnice,  Ein  allischer 
Fiiedhof,  dans  Alli.  AJillh.  lsa3.  p.  73  si|.:  l'oulseii,  Hie  Dipylonyiâher  und  die 
Mpylonumen,  1905.  —  '•  Cf.  Il^rl.  ]ilM.  Hoc/i.  IS98,  p.  3)8.  —  »  Cf.  fliilios,  E», 
'Aç/..  1S89,  p.  171  sq.  ;  Skias,  ibiU.  IS'.IS,  p.  i'.l  s).  —  '■>  Notre  figure  =  ferrol, 
L.  c.  (ig.  4.  — 10  Cf.  Poulsen,  Op.  cit  .p.  IS.  -  n  Jiid.  p.  Jo.  Cf.  Poulsen,  Ibid.  p.  10, 


SEP 


—  !2i:; 


SEP 


ion,  (juc  des  liyilrics  qu'on  trouve  ri'uri'rnK't's  ilans  ces 
inêmos  lombes  '.  tin  trouve  enfin,  comme  autres  (jyjiAaTa 
lies  lombes  dipyliennes,  soit  des  ciolures  de  petites 
pierres'-,  soit  des  stèles,  très  simples  et  non  sculptées'. 
/'érior/e  arc/iaïr/ue  et  classique.  —  On  a  vu  plus  haut 
quel  est  le  caractère  général  de  la  tombe  grecque  à 
l'époque  areliaïque  et  classique.  Il  convient  maintenant 
d'étudier  séparément  la  tombe  proprement  dite,  caveau 
souterrain  et  lumulus,  et  les  (7-/;[xaTa  architecturaux  ou 
sculpturaux. 

Lu  tombe.  —  A  l'épofiue  classique,  il  y  a  beaucoup  de 
variété  dans  le  réceptacle  funéraire  proprement  dit,  qui 
reçoit  les  cendres  ou  le  S(|uelette,  toutes  les  fois  que 
celui-ci  n'est  pas  simplement  déposé  an  fond  du  caveau  : 
vases  de  toute  forme,  sarcophages  de  pierre,,  d'argile,  de 
tuiles,  etc.,  se  trouvent  concurremment  employés  [klms, 
SARCOPHAGiSj.  Mais  la  tombe  elle-même,  plus  ou  moins 
spacieuse  ou  soigneusement  construite,  n'est  plus  que  la 
fosse,  xocTteToi;,  que  nous  avons  trouvée  chez  Homère. 
Souvent  même  la  fosse  est  absente  ou  très  réduite.  I.e 
squelette  est  alors  simplement  inliumi;  dans  la  terre,  à 
une  certaine  profondeur,  sans 
que  rien  le  recouvre  :  quelque- 
fois une  simple  luile,  bombée 
en  arc  de  cercle,  le  protège.  De 
même,  le  vase  cinéraire  ou  le 
cercueil  de  tuiles  disposées  en 
triangle  sont  enterrés  dans  le 

ils.  ti3l2.   —  Vase  ciiiùrairc    po*é  ,       ,  f,  /mir*-, 

c„  lenc  ^*^'    (''K-   b312),   sans    aucune 

construction  creusée  ou  ma- 
çonnée ';  toules  ces  sépultures  se  trouvent  quelquefois 
en  stratifications  superposées.  La  nécropole  de  Gela  en 
Sicile^  offre  de  très  nets  exemples  de  cette  disposition. 


Fig.  6313.  —  St)(ielelU>5  iiilium^s  dans  la  lerre  ou  recouverts  «le  luik-s. 

que  la  fig.  G313  ''  fera  bien  comprendre.  .\  Théra,  dans 
des  sépultures  analogues,  qui  sont  d'une  époque  tardive, 
il  y  a  bien  une  fosse,  mais  la  construction  en  est  très 
rudimentaire  :  quatre  petits  murs  bas,  faits  de  pierres 
disposées  en  couches  sui-perposées  ;  le  squelette  repose 
sur  la  terre  ou  le  sable  nu  \ 

I  TliL-oiic  lie  Ijriieckner,  t.o,-.  cit.  p.  UV  ;  cl  Wolleis,  \rcli.  Juhrl,.  \IV.  p.  Us  ...|. 

—  2  Ainsi  Skias,  loc.  cit.  p.  SU.  _  3  Ainsi  Pliilios.  loc.  cit.  p.  175,  I7'.P  ;  Skias,  iliiil. 

—  '•  Eicmpics  lie  celle  disposition  à  ALliéncs.  au  Oipylon  :  M/i.  AJitllt.  p.  l.i'J; 
à  Samos  :  lioeblau,  .4iM.  /on.  Nekrop.  p.  13  ;  à  liC-la  en  Sicile,  .Von.  dei  Lincei, 
XVII,  p.  il,  fig.  Il,  d'où  esl  tirée  nolie  figure  ;  à  Slyrina  Pollier-Reinacli,  .Vecr.  de 
Myrian  I,  p.  09,  elc.  —  •  Cf.  Mon.  ant.  Line.  XVII,  p.  134.135.  —  6  /A,rf.  fig.  au  bis. 


11  y  a  t]ii  iuleiiiiédiaire  entre  ces  si'pultiires  à  même  la 
terre  et  la  fosse  creusée  ou  maçonnée  :  c'est  la  fosse  de  la 
dimension  même  du  réceptacle  funéraire,  creusée  à  la 
surface  du  sol,  dans  le  roc  vif.  L'ensemble  des  tombes  de 
ce  genre  trouvées  dans  l'Ile  de  Théra  forme  une  véritable 
nécropole  '.  En  plusieurs  f[uarliers  de  l'ile,  le  versant  des 
luiuteurs  rocheuses  est  tout  entier  taillé  en  sépultures  qui 
se  pressent  en  étage  ;  le  roc  eslévidé  soit,  pour  l'inhuma- 
lion,  en  fosses  offrant  l'apparence  d'un  sarcophage,  sou- 


vent anthropoïde,  soit,  pourl'incinération,  en  réceptacles 
cinéraires,  quadrangulaires  ou  arrondis  (fig.  031  ij  '■>.  Des 
plai|ues  de  calcaire  servaient  de  fermeture,  posées  sur 
l'ouverture  de  la  fosse  ou  s'encastranl  dans  une  rainure. 
Quelquefois  enfin,  encore  à  Théra,  ces  sépultures  prati- 
quées dans  le  roc  sont  comprises  elles-mêmes  dans  un 
ensemble  architectural  plus  considérable,  tailh'  lui  aussi 
dans  leroc  :  grandes  niches  iiuadrangiilaires  couronnées 
d'un  fronton  ou  d'un  arc  de  cercle'". 

La  forme  la  plus  commune  de  la  tombe  dans  les  pays 
grecs,  à  l'époque  archaïque  et  aux  époques  qui  suivent, 
esl  le  simple  caveau,  creusé  ou  maçonné  dans  la  terre  ou 
dans  le  tuf,  et  surmonté  très  souvent,  au-dessus  de  la 
surface  du  sol,  d'un  amas  de  terre,  /wua  ir^ç.  Nous 
retrouvons  celte  forme  sur  tous  les  points  du  monde 
hellénique,  et  d'abord  en  Attique.  Nous  connaissons 
assez  bien,  par  quelques  exemples  très  nets,  la  tombe 
attique  de  l'époque  archaïque",  fosse  et  lumulus.  Les 
luinuli  funéraires  sont  nombreux  dans  toute  l'étendue 
de  la  plaine  attique  '-.  Mais  tandis  que  le  tuinulus  ionien, 
modèle  du  lumulus  attique,  apparaît,  chez  Homère, 
comme  un  o\u.x  individuel,  il  semble,  au  contraire, 
qu'il  soit  à  Athènes,  dans  la  réalité,  un  ?r7,[Ax  collectif, 
élevé  au-dessus  de  tout  un  ensemble  de  tombes  d'un 
seul  et  même  y^voç.  Un  mur  d'enceinte  servait  de  clôture 
à  ce  cimetière  familial".  Peut-être  y  a-t-il,  dans  l'union 
du  lumulus  et  du  Téiicvo;,  une  contamination  de  l'usage 
ionien  et  d'antiques  traditions  de  la  Grèce  continentale: 
qu'on  se  rappelle  l'enclos  funéraire  de  Mycènes 
(fig.  6307).  Ainsi,  à  Vélanidezza"  — même  disposition 
à  peu  près  à  Vourva'"  et  à  Marathon  —  le  tertre,  haut 
de3  m.60àson  point  central,  construit  sur  une  y.or^-KkAc 
pierre,  etenlouré  dune  ceinture  dedalles  de  tuf,  abritait 
di.x-neuf  sépultures  (fig.  6315)'*.  Les  unes  sont  au 
centre  <le  la  bulle,  les  autres  à  sa  périphérie,  celles-là 
sans  doute  les  plus  anciennes,  anlt-rieiires  à  l'érection 

—  ''  UragiiHlorir,   Ther.    Un'd,.  p.  251  s.|.  —  »  IH,  p.  iST  w|.  —  9  lil.    (ig.  i5J45*. 

—  I"  Id.  p.  iT6  si|.  —  Il  Cf.  Perrol,  Hist.  de  IWrl.  I.  VIII,  p.  7J  sq.  -  12  Curiius  el 
Kauperi,  Knrten  von  Âttika.  —  13  OéinostliL-ne  parle  d'enclos  de  ce  genre  dans 
deux  de  SCS  discours  :  cf.  C.  Macart.  79;  C.  Euhi'l.  28.  —  1*  it'Ai.  âtï.--"'- 
1890,  p.  IG  sq.;  pi.  A,  B,  T.  —  '5  Cf.  Ath.  .Vitlh.  XV,  p.  318  s<|.  —  16  Perrol, 
t.  Vlll,  p.  8i  sq.,  fig.  45. 


SEP 


—   121(> 


SEP 


morne  du  tiiinuliis.  i|iii  lui  le  cdurouncuicnl  ilrlimlil' de 
l'enclos  funéraire.  Les  fosses  creusées  dans  le  luf  sont 
de  profondeur  assi'Z  dJIférenLe  :  celles  de  la  ]iériphérie 
n'ont  pas  plus  de  i  nièlre  à  I  ni. 50  dans  celle  dimension  ; 
celles  du  ceiilre,  pour  le(|uel  le  Iravail  avail  été  ])lus 
facile,   le   luniuhis   n'exislanl  pas   encore,    se  creusent 


Hg.  Min.  —  Enclos  funérailT  il'uuc  famille. 

jn.squ'à  plus  de  3  mèlres;  deux  d'entre  elles  se  rétrécis- 
sent, à  la  partie  inférieure,  en  une  cuvette  qui  contenait 
le  cercueil.  Il  faut  restituer  à  cet  ensemble,  pour  com- 
pléter l'idée  (|u'on  doit  se  faire  de  la  grande  tombe  attique 
du  vu"  el  du  VI"  siècles,  les  (7*-[xaTa  d'apparence 
diverse  —  labiés  d'ollrande,  stèles,  statues  (v.  plus  loin) 
—  qui  se  dressaient  au-dessus  de  certaines  des  tombes, 
quand,  à  l'origine,  la  butle  de  terre  ne  recouvrait  pas 
le  lout,  ou  qui  s'étageaienl  sur  les  pentes  gazonnées  du 
tertre,  racontant  à  tout  venant  l'histoire  même  du  yâvoç. 
La  disposition  est  analogue  à  Athènes  même,  au  Dipylon, 
où,  à  coté  des  sépultures  de  l'époque  géométrique,  ont 
été  dégagées  beaucoup  de  tombes  du  v"  et  du  iv"  siècle'. 
Les  unes  étaient  deslinées  à  l'incinération  dans  la  tombe 
même;  elles  sont  creusée»  dans  le  sol  sur  une  longueur 
de  i2  mèlres  environ,  une  largeur  deO  m.  80  à  1  mètre  el 
une  profondeur  de  '.i  mètres;  une  rainure  large  de  0  m.  10 
servait  à  activer  l'incinéralion  par  l'apport  d'air.  Les 
autres  contiennent  seulement  les  restes  du  corps  incinéré 
en  dehors  du  tombeau  ;  souvent,  dans  ce  cas,  les  vases  ou 
cofTrets  cinéraires  sont  simplement  posés  dans  la  terre. 
Les  fosses  à  inhumation  ont  une  longueur  de  2  m.  20 
environ,  une  largeur  de  1  m.  30,  et  une  profondeur  de 
plus  de  2  mètres;  le  squelette  reposait  sur  la  terre  nue, 
quelquefois  sur  un  pavage;  les  parois  sont  aussi  parfois 
recouvertes  d'une  couche  de  stuc.  Les  remaniements 
postérieurs  qu'a  subis  le  cimetière  du  Dipylon  rendent, 
d'ailleurs,  ces  dispositions  assez  difficiles  à  discerner; 
dans  presque  tous  les  cas,  les  liimnli  qui  surmonlaient 
les  lombes  on!  dispai'ii  aussi  bien  que  les  li^ij.xxx  qui  les 

<  Uf.  BrupcLmi  tl  l'.i mtc'.  Ibul.  p.  |jt;  m,.  Il  ne  »iiiiiait  élre  .|iii-slioii,  ilaiis 
ccli?  hiiiluîrc  d  rusemlilc  des  sépuUurcs  greci|iies.  d'tludicr  avec  un  dclail  iiailicu- 
licr  les  cimc-li6re8  d'AUiiiics  el  leurs  monuincnls  fuiiii  ailes.  Cf.  sur  ce  siij»l,  Judeicli, 
Tnpngr.  r.  A  ihen,  p.  3r,f,  s,|.  Cf.  aussi  les  rfcenles  oliscrvations  de  Jl.  Brucckner  A  lit 
MUlh.  IllOS,  ,,.  vn  s,|.  -ÎL.c.  p.  8f,  s.,.  -  3  Voy.  les  recherches  faites  au'  lo.n- 
beau  de  Koroihos  le  prcmiar  Olynipianike,  eu   Elide;  Jahrbuch  Insl.   V    p.    1 J5 


ornnieiil.  lùiilenx  emplacements  pourtant  MM.  Hrueekuer 
et  i'eriiice  ont  pu  dégager  les  restes  d'un  de  ces  liimuli  -  : 
l'un  d'eux,  sur  un  diamètre  de  10  à  12  mètres,  s'élevait 
jusqu'à  1  m.  30,  appuyé  sur  une  xo-r^K{q  de  briques.  Au 
reste,  si,  d'une  manière  générale,  les  lombes  greocjnes, 
aussi  bien  en  Atlique  que  dans  le  reste  du  monde  hellé- 
nique ',  ne  présentent  plus  de  tuinuli  visibles,  c'est 
que  ces  élévations  de  terrain  ont  disparu  très  vite  avec  les 
déformations  qu'ont  subies  les  terrains-  des  nécropoles. 
Kn  fait,  ces  /ojfAaxa  étaient  de  pratique  courante.  Lucien, 
dans  le  Charon  ',  les  cite  sans  distinction  à  coté  des 
monuments  funéraires  les  plus  connus;  d'un  texte  de 
Platon  "  on  peut  également  inférer  (ju'ils  étaient  fort 
communs.  D'ailleurs,  en  Attique,  les  vases  peints  en 
oITrent  souvent  l'image.  Aux  exemples  connus  depuis 
longtemps  déjà  "  il  faut  ajouter  quelques  autres:  un 
lécythe  d'une  collection  privée  d'Athènes',  une  amphore 
de  la  collection  Bourguignon  ^  une  amphore  du  British 
Muséum  ',ces  deux  derniers  représentant  le  sacrifice  de 
Polyxène  sur  le 
Tijfji6&;  d'Achille, 
et  le  curieux 
cratère  Vagnon- 
ville,  à  ligures 
rouges,  dont 
les  détails  sont 
encore  discu- 
tés '".  Sur  les 
vases,  le  tumn- 
lus  figure  soit 
seul,  soit  au- 
près de  la  stèle  ; 
quelquefois  , 
un  (Tr|iJ.a,  une 
lou  Irophore, 
[lar  exemple, 
le  c o  u  r  0  n  n  e 
(fig.  6316").  Il 
est  générale- 
ment représenté 
en  blanc,  ce  qui 
apu  faire  croire  «lu'il  était  de  marbre  ;  maison  ne  s'expli- 
querait pas  alors  la  disparition  à  peu  près  complète  de  ces 
monuments.  La  couleur  blanche  indique  seulement  la 
présence  d'une  couche  de  stuc  qui  couvrait  tout  l'extérieur 
du  tertre,  rempli  de  terre  à  l'intérieur  ;  c'est  l'apparence 
qu'ofl'rait  un  monument  de  ce  genre  dont  les  débris  ont 
été  trouvés  à  Athènes  en  1891 '^  Celte  couche  de  stuc  est 
le  X£Ùx6)[Xïdont  parle  un  texte  de  Cicéron'^ 

Le  même  type  de  tombe  creusée  dans  le  tuf  ou  ma- 
çonnée en  terre,  suivantles  dispositions  locales  du  terrain, 
se  retrouve  partout,  de  l'Orient  à  l'Occident  du  monde 
grec  et  à  toutes  les  époques  de  la  période  classique  ;  il 
serait  fastidieux  de  l'y  suivre  en  tous  lieux.  Nous  pren- 
drons quelques  exemples,  là  où  les  nécropoles  ont  été 
fouillées  avec  le  plus  de  soin.  En  Asie  Mineure,  à  Myrina, 
les  tombeaux  de  ri'|)oque  hell('nisli(jiie  sont  généralement 
tailh's  à  coup  de  ]iii'  dans  une  cduclie  de  luf,  à  moins  de 

Anzcu/iT.  -  i  Uc.  Char. ii.  —■■  Wnl.  l-ri/i,.  XI.  p. '.'.>».  — '-rar  ex.  (.crliard,  .l.«,W. 
InseH*.  l!IS-l<l!l=  Keinaeh.  «^>.  Il,  p.  99-100  ;  il/on.  VIM,  pi.  v.  Cf.  Collier,  Ht.  sur 
leilécijlhcs  4/ancs,  p.  53,  et  les  noies.  —  '  Cf.  .4i-(;A. /a/iri.  1891,  p.  tun,  I97s.|.  el 
pi.  IV.  —  8  Cf.  Arch.  Jtthrb.  189.1,  p.  93  cl  pi.  i.  —  »  Saciuuciim,  lig.  600i, 
—  MWirner  Jahreslicftr,  VUl,  p.  IM  ;  X,  p.  1 18  ;  XI,  p.  107  Anzcigcr.  —  O  Voir 
fuNus,  (ig.  3343.  —  '-  i;f.  Arch.  Jahrb.  1891,  p.  197.  —  13  Cic.  Di:  icy.  Il,  26. 


uluscnduil  .le  slu 
d'une  loulropln 


SEP 


—   1217    - 


SEP 


1  inùlrf  lie  la  surface  ilu  sol';  ce  sont  le  plus  souvent 
fies  fosses  (luadraniîiilaires,  rondes  dans  quelques  cas, 
longues  de  2  inèlres,  larges  de  0  m.  (>(>,  profondes  de 
0  m.  50  environ.  Quelquefois,  de  larges  caisses  de  tuf 
conliennenl  deux  ou  trois  tombeaux  juxtaposés  ou  su- 
perposés: dans  ce  dernier  cas,  la  couverture  du  plus  l>as 
sert  di^  fond  à  raulrc.  La  couverture  esl  faite  de  jtlaques 
de  tuf  [)lates  ou  honiln-es,  dont  les  extrémités  s'appuient 
sur  un  rebord  qui  court  sur  les  quatre  parois;  dans  les 
sépultures  où  elle  manque,  elle  était  sans  doute  rem- 
placée, et  le  corps  protégé  par  un  tumulus  analogue  à 
ceux  dont  nous  venons  de  parler-.  Les  tombes  construites 
dans  la  terre  sont  plus  rares  ;  semblables  au  type  ordi- 
naire par  les  dimensions  et  les  formes,  elles  sont  faites 
do  pierres  calcaires  ou  de  plaques  de  tuf  posées  de  champ 
et  Jointes  sans  ciment.  Enfin,  des  caisses  de  tuf,  ('gaie- 
ment maçonnées  en  terre,  contiennent  des  sarcophages 
qui  s'y  emboîtent  exactement.  —  A  la  même  époque,  à 
Aegae,  enÉolide,les  tombeaux,  construits  en  pierres,  sont 
des  caisses  rectangulaires  de  1  m.  90  pour  la  longueur, 
0  m.  60  pour  la  largeur  et  0  m.  00  pour  la  profondeur  ; 
les  parois  sont  formées  d'une  ou  de  deux  plaques,  ou 
de  pierres  juxtaposées  sur  deux  rangées,  la  couverture 
d'une  pierre  ou  de  deux  ;  le  fond  est  formé  généralement 
d'une  autre  grande  pierre'.  —  A  Samos*  une  fosse 
creusée  dans  la  terre,  profonde  de  0  m. 00  à  1  m.  00, 
reçoit  le  sarcophage  de  pierre  ou  d'argile  qui  est  le  récep- 
l;»cle  funéraire  le  plus  fréquent  :  il  en  était  de  même  à 
Clazomènes  dès  le  vi''  siècle  [sARCopiiAfiis]. 

Les  mêmes  formes  sont  en  usage  sur  le  continent  grec, 
en  dehors  de  l'Ail ique.  La  nécropole  de  Tanagre  en 
Béolic  a  été  bien  étudiée  à  ce  point  de  vue.  Là  encore  les 
lombes  sont  creusées  dans  le  tuf'',  ou  elles  sont  façonnées 
dans  la  lerre  en  plaques  de  tuf,  formant  paroi  cl  fond; 
les  grands  côtés  sont  souvent  formés  de  deux  plaques  ; 
la  couverture  esl  d'une  ou  de  plusieurs  plaques  de  luf. 
Les  plaques  de  paroi  sont  quelquefois  couvertes  d'orne- 
ments coloriés.  —  Mêmes  types  de  sépultures  dans  les 
nécropoles  des  cités  grecques  de  l'Occident,  en  Sicile^  : 
Syracuse^  Mégara  Hyblaea',  Gela',  Camarina'".  La 
nature  des  réceptacles  funéraires,  amphores,  pithoi, 
sarcophages  de  pierre  ou  d'argile,  y  est  très  variée".  On 
a  vu  qu'ils  sont  souvent  enfouis  dans  la  terre  sans  pro- 
tection aucune;  d'autres  fois,  les  sarcophages  sont  sim- 
plement posés  sur  la  roche  même,  au-dessous  de  la  couche 
de  lerre  '-.  En  tout  cas,  la  disposition  des  emplacements 
destinés;'!  les  recevoir  esl  presque  toujours  très  simple. 
Ce  sont  de  simples  creux  de  la  roche,  presque  non 
travaillée,  où  les  sarcophages  el  les  vases  cinéraires 
s'encastrent;  un  grand  nombre  de  ces  cavités,  formant 
autant  de  lombes,  se  trouvent  parfois  juxtaposées '\ 
Très  souvent  aussi  ce  sont  de  vraies  fosses  quadrangu- 
laires,  closes  ou  non  par  des  dalles;  les  parois  peuvent 
recevoir  un  enduit.  Li's  fosses  sont  çà  et  là  doubles,  se 
rétrécissant  à  leur  partie  inf(''i-ieure  en  une  seconde 
cavité.  Elles  sont  Innlnl  île  grandes  ilimeiisions,  larges 


'  PoUier-Krinach,  Nécr.  de  ilijrina,  p.  r>7  sq.  —  2  Ihid.  p.  IÎ3.  —  3  CI. 
Clerc,  Uidl.  de  corr.  Itell.  1801,  p.  i\i.  —i  lialilaii,  op  cil.  p  30.  —  s  llaus 
soiillicr,  Quom.  ae/i.  Tanaijt:  décorai:  p.  n:î  sq.  —  «  Cf.   l'errol,  Op.  cit.  p.  •)?  9i|. 

—  '•  Cf.   Orsi,  ilans  Not.  daji.  Scan.  18115.  —  »  Cf.  Orsi,  dans  Mon.    Lincei,  I. 

—  ■!  a.  Orsi,  Jl.id.  XVII.  —  10  Cf.  Orsi,  JOid.  X|V,  p.  757  s.|.  -  "  M.  Orsi,  en 
caufoiiilaut  les  formes  Je  Innilieaiit  ot  les  formes  dn  rf-ceplacles  fuuéraires,  arrive 
à  6mmièrer,  à  Gela,  pour  la  pi-riodc  arcliaï(|ii(<,  plus  de  vinpl  types  d'enscvelisse- 
mcnl.  Cf.  Jbid.  XVII,   p.  i3S.  —    12  Cf.    /Oid.  XVII.    p.  Ii:i,  lif...  "si.  _  13 //„rf 


Vlll. 


l't  profondes",  tantôt  étroites  et  présentant  l'aspect 
d'un  |)uils''\  Plus  rarement  on  trouve,  construit  dans  la 
lerre,  un  caveau  rectangulaire  en  pierre;  il  y  en  a  un 
exemple  à  Mégara  Hyblaea  "•,  un  autre  à  Gela  ''',  où  deux 
caveaux  sont  contigus  ;  les  parois  sont  formées  de  plu- 
sieurs assises  de  blocs  de  pierre,  l'une  de  ces  parois 
l'ianl  commune  aux  deux  c;iveaii\;  même  disposition 
dans  des  loml>eaiix  de  Camarina'*;  dans  l'un  d'eux,  la 
chambre  mesure  2  m.  37  de  long  sur  1  m.  11  do  largo;  sur 
un  dos  petits  côtés  s'ouvre  une  porte.  L'ensemble  dune 
tombe  de  ce  genre  forme  une  véritablecliambre  funéraire. 

.\ussi  bien,  si  la  chambre  funéraire  n'est  plus  de  pra- 
tique courante  à  l'époque  classique,  il  s'en  trouve  cepen- 
dant des  exemples  isolés  dans  toutes  les  nécropoles 
grecques,  surtout  celles  de  l'Orient.  A  Chypre  ",  la 
chambre  esl  bâtie  en  grosldocs  à  l'intérieur  du  vidi;  créé 
par  la  taille  du  roc,  ou  construite  dans  une  large  fosse 
où  l'on  descendait  par  plusieurs  marches;  de  même 
à  Camiros,  où  l'on  descend  à  la  chambre  funéraire  par  un 
couloir  en  penteA.Samos,  lachambre  funéraire,  à  laquelle 
on  parvient  par  un  escalier  de  cinq  degrés  et  une  porte 
précédée  d'une  plate-forme,  est  partagée  en  trois  emplace- 
ments formant  les  lits  funéraires,  comme  il  s'en  voit  dans 
les  caveaux  étrusques  ^''.  \  Myrina-'  une  première  fosse 
de  luf,  remplie  de  terre,  donnait  accès  dans  un  second 
tombeau  en  forme  de  chambre. 

En  Macédoine,  à  Palatilza^%  Pydna'-',  Salonique-', 
Amphipolis^",  et  en  Eiibée,  à  firétrie  -'',  ont  été  dégagés 
des  tombeaux  à  voùto  d'un  type  particulier.  La  chambre 
funéraire  est  cachée  sous  un  lumuliis,  comme  dans  les 
loinboaiix  archaïques  d'.\sie  Mineure  et  ceux  de  Crimée; 
à  Érélrie,  au  sommet  du  tumulus,  une  construction  en 
forme  de  tour  joue  le  rôle  de  t?,(xi  terminal.  A  la  baie 
d'ouverture  fait  suite  un  dromns  dallé  ou  sluqué  qui 
donne  accès  à  la  chambre.  Celle  chambre,  de  proportions 
à  peu  près  carrées  à  Amphipolis  et  Érélrie  (3  mètres 
environ  de  côlé)  est  voûtée  en  berceau  ;  à  Amphipolis 
treize  voussoirs  sont  posés  sans  ciment.  Elle  esl  toujours 
meublée  de  lits  funéraires,  généralement  au  nombre  de 
deux  [lecti's\  Celle  du  tombeau  d'Érétrie  l'est  plus  riche- 
ment, de  trois  trônes  et  deux  hiinai,  et  elle  a  conservé 
ton  te  une  ornementation  peinte  sur  fond  de  stuc.  La  décou- 
verte d'Érétrie  montre  que  ce  type  de  construction  funé- 
raire a  émigré  assez  loin  du  domaine  thraco-macédonien. 

On  vient  de  voir  que  la  fosse  funéraire  est  tantôt 
creusée  dans  le  sol  même,  tantôt  ménagée  dans  le  roc. 
Chaque  fois  que  l'occasion  s'en  présentait,  il  esl  certain 
que  les  anciens  ont  recherché  la  matière  dure  el  solide 
pour  y  cacher  leurs  morts.  Aussi  l'habitude  de  creuser 
des  tombeaux  dans  le  roc  a  été  très  ré|)anilue  en  Orient, 
chez  les  Phéniciens,  les  Hébreux,  les  lléthéens,  les  Phry- 
giens, Lyciens  et  Carions ^\  Les  populations  grecques 
de  l'.Vsie  Mineure  ne  pouvaient  manquer  de  s'y  con- 
former. L'idée  primitive  a  été,  comme  en  Egypte,  d'as- 
surer au  mort  une  demeure  sûre  et  inviolable,  en  le  met- 
tant à  l'abri  derrière  l'épais  rempart  d'une  masse  rocheuse 


p.  09-100,  lis.  6i.  —  li  Ibid.  p.  3^1.  —  1  •  ['.  ex.  f'crrol,  Op.  cil.  p.  101,  lig.  68 
;S6liiionle).  —  lo/iid.  p.  09.  —  f  Mon.  Liiic.  XVII,  p.  7S.  —  1«  Ibid.  XIV,  p.  80*  si|. 

—  li'Cf.  Oliiicfaiscli-Ricliler,  Ky/iros,  pi.  ci.xixix.  lig.  i-î;  l'errol,  ibid.  p.  88-89. 

—  20  Cf.  Bocidau,  op.  cit.  p.  10.  —  21  FoUior-Rcinacli.  Op.  cii.  p.  67.-2!  Hciizcy, 
Miss,  de  JUact'd.  p.  iSO  sq.  —  23  Ibid.  p.  H3  sq.  —  21  ExacUracnt  à  .Niausla  Cf. 
Bull,  de  corr.  hell.  1S9I,  p.  3:iii.  —  25  Cf.  l'crdrizrl,  Itull.  il-  corr.  Iiell.  1801, 
p.  3:r>  sq.  —  2li  Cf.  .Mil.  Mitih.  1901,  p.  330  sq.  —  21  Voy.  les  lomes  III,  IV,  V, 
.le  lUist.  de  lAit   de  l'errol  el  Chipiez. 

153 


SEP 


—    1218 


SEP 


cl  t'ii  ilissiinulanl  snij^nciisomi'iil  l'iMili-i'c.  Au  lonil  (l'un 
puits,  donl  roiiverliire  à  la  surface  du  sol  olail  facite- 
iiienl  cai-hoe,  on  crousail  un  caveau,  (ui  iiicuH'  plusieurs 
ciiamlires  pour  y  réunir  îles  si'|)ullurps  île  fainillf'.  (ypsi 
de  celle  manière  que  fui  enseveli  leroi  piiiMiicien  Kslimou- 
nazar-,  et  c'est  encore  ainsi  «[u'à  répoque  d'Alexandre 
et  de  ses  successeurs  on  disposa  la  sépulture  des 
hauts  personnages,  satrapes  perses  ou  gouverneurs  ma- 
cédoniens, qui  furent  déposés  dans  les  célèbres  sarco- 
phages de  Sidon,  aujourd'hui  à  Conslanlinople  [sarco- 
iMiAC.i's,  fig.  fiKK)]^  lîien  que  le  mol  de  cnliimmlie  s'ap- 
plique spécialcnicnl.  aux  cimetières  chrétiens  et  au 
prodigieux  réseau  creusé  sous  terre  par  les  fossores  de 
rUmpire',  on  peut  dire  que  la  chose  n'élail  pas  nou- 
velle, surtout  en  Orient,  et  que  les  architectes  chrétiens 
n'ont  fait  que    développer  et    amplilier  une   méthode 


Pig.  6317.  —  Tombeau  asiatique  taill6  dans  te  roc. 

païenne.  Les  caveaux  auxquels  on  accède  par  un  escalier, 
les  couloirs  et  corridors,  les  Inruli  et  les  niciies  pratiqués 
dans  les  parois  où  l'on  dépose  les  morts,  tout  ce  système 
existait  antérieurement,  sur  un  mode  plus  restreint,  dans 
les  nécropoles  phéniciennes,  et  plus  tard,  soit  dans  les 
colonies  grecques  de  Crimée",  soitdans  la  Grèce  alexan- 
drine  d'Egypte  (voir  plus  loin,  p.  227)  *. 

Mais  dans  ces  nécropoles  invisibles  aux  regards,  la 
vanité  des  morts,  soucieux  de  leur  renonmiée,  ne  trouvait 
pas  toujours  son  compte  et  l'on  chercha  de  bonne 
heure  le  moyen  de  désigner  à  l'attention  la  tombe  prin- 
cièresanscomprometlre  la  sécurité  du  défunt.  Une  façade 
SDinitlueusement  sculptée  dans  le  rocher  révélait  la  de- 
meure funéraire,  maison  cherchait  à  dépister  les  voleurs 
en  laissant  le  rocher  derrière  celte  fausse  entrée  el  en 
I>lacanl  ailleurs  la  véritable  ouverture  du  caveau  :  tels 
sont  en  Phrygie  le  fameux  tombeau  de  Midas  et  celui  de 
Delikli-Tach  ".  l'ourlant,  celle  disposition  génail  inévita- 
blement le  v'xUwA  des  funérailhîs  el  les  visites  des  survi- 
vants ;  peul-èlre  aussi  en  avait-on  reconnu  l'inefticacilé. 

1  IVrroUl  Chipiez,  III,  fi-.  lOJ  à  ili,  loiiil.i'»  de  Sillon.  —2 //„•,/.  p.  ir.il.  _  3  ||aiu,iy 
hcy  el  Th.  lieinacll,  Une  nccro/iolt  royale  ii  Sidon.  ISOi,  cl  Allas,  pi.  ni.  —  4  Vo) . 
i^ur  les caUconihcs  clirâlicnncs  cl  Icnrii  disposilions  le  réi;uinè  ilc  lloiu  il.  Lcc]crci|. 
Manuel  ilarcit.  chrétienne,  I,  p.  il7si|.  —  5  kondatof,  loIsloV,  lirinacli,  Anliq. 
(le  la  Itiissie  méridionale,  p.  30  sq.  —  <"•  SicgIinSchrciher,  Die  Aïkropole  ron 
A'ûiitesch-Scliufnka,  cliap.  iv,  p.  ir.osq.  —  ï  l'errol  cl  Chipiez,  o/).  c.  V,  p.  8Î-I07. 
—  »/*/•/.  III, fig. 64, 75, 77,8.1,8*, 90,91.  9i,  115.  l:lli  139,  IM,  I49,cl.:. —«Cf.  Renan, 


.\iissi  plus  nombreuses  encore  sont  les  lombes  donl  la 
chamiire  creusée  dans  le  roc  s'ouvre  directement  sur  le 
dehors  ;  on  se  fiait  alors  à  la  solidité  des  lourds  ballants 
de  porte,  munis  de  gonds  solides  en  métal  el  de  serrures 
(lig.  4i)  *.  Le  Louvre  possède  des  portes  ainsi  construites 
jJA.MiA,  fig.  4132]''.  ,\iilour  de  la  porte  on  réunis.sail 
souvent  tons  les  éléments  reproduisanl  l'arcliileclure 
complète  d'un  palais  ou  d'un  temple,  colonnes,  architrave, 
fronton  sculpté,  portique '"(lig.  G317).  A  mesure  que 
l'inlkiencehelh'niquc  devintplus  forle  en  Asie,  les  formes 
architecturales  tendirent  de  plus  en  plus  à  rappeler  la 
structure  classique  des  édifices  grecs.  (In  peut  déter- 
miner par  ce  moyen  diirérenls  groupes  de  sépultures 
rupeslres,  s'espacanl depuis  le  vu"  ou  le  vi'siède  av.  .I.-C. 
jusqu'à  l'époque  gréco-romaine  et  môme  jusqu'à  l'Km- 
pire".  LanécropoledeCyrène,  presque  toutentière  taillée 
dans  le  roc,  avec  des  perspectives  de  colonnades,  de  fron- 
tons et  d'entablements,  ofl're  aux  yeux  un  ensemble  d'un 
remarquable  pittoresque '-.  Les  élégants  monuments 
de  Pelra,  en  Arabie,  représentent  le  dernier  stade  de 
celte  architecture  funéraire  dans  les  pays  soumis  à  la 
domination  romaine,  el  ils  conservent  encore  un  carac- 
tère nettement  asiatique  '\ 

Dans  le  même  groupe  il  convient  de  mettre  à  part  es 
tombeaux  lyciens  dont  la  structure,  calquée  sur  la  maison 
indigène  en  bois,  reproduit  les  poutres  saillantes,  les 
pièces  courbées,  les  rondins,  les  combles  en  ogives, 
sculptés  dans  le  roc  avec  une  précision  exacte  el  pillo- 


.-  .■«»r''-,«iViî*/>.?5Cy- 


/[C  ^r  t\ 


Fig.  liSlS.  —  Toiiilieau  lycien  taillé  ilans  le  roc. 

resque  qui  donne  à  ces  monuments  un  aspect  très  ori- 
ginal (lig.  li^lS,  '•.  .\illeiirs,  le  rocher,  isolé  et  séparé  du 
resle,  a  élé  entaillé  el  aplani  de  façon  à  former  un  mono- 
lithe auquel  on  prêtait  la  forme  d'une  maison,  d'un 
pilier,  etc.  '".  Le  plus  célèbre  monument  de  ce  genre  est 
la  tombe  des  llarpyes,  à  Xanlhos,  ornée  de  bas-reliefs  qui 

Miss,  de  Pliihiicir,  pi.  \iir.—  1"  Voir  noie  8.  Noire  ligure  d  après  /llst.  de  l.\rl,  V, 
p.  I3«,  fig.  90.  —Il  Cf.  l'otliel-,  llull.corr.lwll.  1880,  p.  W7-505.—  liVov.  (Icihl  cl 
Koner,  Vie  antique,  lrad.fr.  I,p.  I28sq.,  fig.  Ii7à  129.— »3  De  I.uynes,  itxiilorni. 
à  la  mer  Morte,  pi.  xi.iv,  xi.vu,  xi.vin  ;  Uuniy,  ffisl.  des  Jlomains,  II,  p  SI3;  V, 
p.  se.  Voy.  surloul  Doniaszewski  cl  I!riiinio«,  Die  Provincia  Arabia,  190V  5. 
—  liPerrol  el  Chipiez,  Hist.  de  l'Arl,  V.  p.  3fii  384.  Cf.  l'clersen  cl  to«  Luschan, 
/leisen  in  Lykien,  Vienne,  ISC9.  —  15//.  de  lArl.  v.  lig.  ifl4.  fig.  39. 


SEP 


121!)  — 


SEP 


rcpi'éscnlent  des  offrandes  ;ui\  dr'l'unls  liéroïsi'S  et  les 
âmes  des  morts  emporlées  par  les  oiseaux  funèljres  :  il 
date  du  vr  siècle  '. 

Les  monumenlx  fimêraires.  —  La  tombe  grecque, 
depuis  l'époque  archaï(|ue  jusqu'à  l'époque  posl-clas- 
si(jue,  est,  en  somme,  d'un  type  simple  (jui  n'a  guère 
évolué.  Au  contraire,  les  monuments  funéraires  (jui  se 
dressaient  au-dessus  du  sol  et  signalaient  (uvipiaTa)  le 
tombeau,  sont  très  variés  et  ont  donné  lieu  à  toute  une 
évolution  artistique.  11  en  est  ainsi  surtoutpour  Athènes  ; 
nulle  pai'l  les  Altiques  n'ont  miiîux  montré,  dès  l'époque 
ancienne,  la  ricliesse  de  leur  imagination  et  la  fécondité 
de  leur  art.  I^irtoul  ailleurs,  le  a~c^\i.a.  funéraire  sendjle 
avoir  joué  un  rôle  plus  modeste;  c'est  ainsi  que  des 
fouilles  très  complètes  faites  dans  deux  grandes  nécro- 
poles, l'une  d'Orient,  Myrina^,  l'autre  d'Occident,  Gela, 
ont  donné,  à  ce  point  de  vue  particulier,  très  peu  de 
résultats;  il  n'a  été  rien  trouvé  à  Gela',  et  Myrina  n'a 
fourni  qu'un  petit  nombre  de  stèles  très  ordinaires. 

Lucien,  dans  un  de  ses  Dialogues,  esquissant  l'aspect 
d'ensemble  d'une  nécropole  grecque,  énumère  quel- 
<[ues-uns  des  (jrj[AaTa  qui  frappaient  l'œil  du  visiteur'  : 
«  Vois-tu  à  l'entrée  des  villes  ces  amas  de  terre,  ces 
colonnes,  ces  pyramides...  »  Il  faut  noter  que  de  cette 
indication  rapide  est  absente  la  forme  du  <;-7i;jLa  funéraire 
que  les  textes,  les  peintures  de  vases  et  surtout  les  monu- 
ments subsistants  vont  nous  présenter  comme  la  plus 
fréquente  et  presque  exclusive  de  toutes  les  autres  :  la 
stèle.  La  stèle  n'est  donc  qu'un  type  de  monument 
parmi  plusieurs  autres;  c'est  à  des  raisons  d'ordre  pra- 
tique et  technique  qu'il  doit  d'avoir  beaucoup  mieux  que 
les  autres  duré  jusqu'à  nous;  il  y  avait,  dans  toute; 
nécropole  grecque,  autant  de  tables  d'offrande,  de 
piliers,  de  colonnes  ou  de  stalu(;s  tombales  que  de 
stèles. 

Tous  ces  monumcints  ne  sont  pas  l'i'xpression  de 
croyances  semblables.  Les  uns  semblent  se  rapporter  aux 
idées  primitives  sur  la  survie  du  mort  dans  le  tombeau 
et  la  nécessité  de  satisfaire  à  ses  besoins  ;  les  autres  sont 
nés  de  conceptions  différentes  :  lieu  de  séjour  pour 
l'e'iowXov  du  mort  (v.  plus  haut,  p.  1213)  ;  rappel  du 
défunt  à  la  mémoire  des  survivants.  11  convient,  laissant 
de  côté  tout  ce  qui  n'intéresse  que  l'archéologie  figurée, 
de  préciser  d'après  ces  données  la  nature  et  la  signifi- 
cation des  principaux  a-/,_a(XTa  funéraires. 

Nous  avons  vu,  à  propos  des  vases  du  Dipylon,  ce  qui 
sera  plus  tard  le  «  monument  »,  \sm'î\^'x,  servir  à  un  usage 
praliciue,  à  l'entretien  de  l'existence  posthume  du  défunt. 
Le  mort  a  besoin  d'oll'randes  et  de  libations.  De  telles 
idées  n'ont  nullement  disparu  avec  le  progrès  des 
conceptions  sur  la  vie  de  l'au-delà  ;  les  croyances  animistes 
ont  pu  s'effacer,  mais  non  pas  les  prati(|ues  de  l'ani- 
misme''; un  texte  comme  celui  du  traité  de  Lucien  sur 
leDcuU  montre  combien  elles  étaienlvivaces  encore,  bien 
après  l'époque  classique".  Le  (j-?|[Aa  funéraire  qui  a  bicni 
pu  par  la  suite  perdre  son  sens  vrai,  mais  qui  à  l'origine 
correspond  à  ces  idées  et  à  ces  pratiques,  c'est  la  table 

—  ICoUigiiun.  Sc„li,l.  ,/n'ci/iie,  p.  2GI-iiii;  ;  Iv-irol,  VIII,  li^.  ;u  Wv  -  ï  CI. 
PollitT  liciiiacli,  Op.  cit.  |i.  111  s,,._a(;f.  iIisI.^I/mi.  Lmc.  \\U.  |i.  ..l'J;  »  ibus 
mes  lojigues  fouilles  je  liai  pas  U'Oiivë  un  seul  rragmelll  île  inonurneiits  exicrieiiis 
au   lomlicau.  »  —  4  l.uc.  Char.  2i.  —  5  Cf.  Pouiscn,    Ùipi/loni/rrtber,  p.   8  sq. 

—  0  Luc.    De  litctu,    11,   12,    l'J.  —  ^  Cf.  Lipsclicke,  Arch.  Zeil.  1884.  p.  93  sq. 

—  8  Cf.  Bcckcr-GOll.  Cliarikks,  111,  p.  H7  ;  Brucckncr,  Ornam.  u.  Form.  (1. 
nll.    Grabstel.   p.    1    sq.  ;    Dragenclorfr,    Jlicr.  Grâb.  p.  lOC.  —  ■'  l's.  l'iul.  l'jV. 


il'olTrande,  Tpiirei^a.  On  a  longli'm[is  iikiI  inlerpri-té  le  mol, 
voulant  y  reconnaître  la  stèle  architecturale  à  piliers,  pîir 
npposition  à  la  stèle  simple^;  cette  explication  ne 
s'accorde  pas  avec  les  textes  et  les  monuments.  LaToxTte!;^ 
est  la  dalle  de  pierre  quadrangulaire,  primitivement 
portée  par  quatre  ou  trois  pieds  [mensa],  posée  à  plat  au- 
dessus  de  l'emplacement  du  tombeau  et  faisant  office  di; 
labh;  d'olTrande*.  C'est  une  TpâicsÇa  de  ce  genre,  ornéi; 
sur  ses  quatre  faces  de  leliels,  (|ui  '.e  lioin.iil  sui  la 
tiindie  d'isocrate^,  peut-»  lie  .iii-^si  siu  «ille  de  IIkiuis 
tocle'".  De  nombreux  vast  >>,  mu  IhmI  ih  -,  h  (  s  lin  s  bl  mk  s, 
la  figurent  à  côté  de  la 
stèle"  ;  de  même  des 
vases  de  la  Grande- 
Grèce  '-.  Il  est  naturel 
(]ue  les  Toârei^ai  ne  se 
soient  pas  conservées 
nombreuses  :  leur  forme 
et  leurs  dimensions  en 

„    .       .  ,  .    .  Fi".  G3I'J.  -  Table  funérairo. 

faisaient  des  matériaux 
d'usage  commode  pour 

toutes  sortes  de  constructions.  De  celles  trouvées  à 
Théra'^  faites  de  tuf  volcanique  (0  m.  10  de  long  environ 
sur  une  largeur  de  0  m.  25  et  une  épaisseur  deO  m.  00) 
quelques-unes  ont  exactement  l'aspect  d'une  table  à  trois 
pieds  (fig.  0319);  d'autres  ne  sont  que  des  dalles  plates, 
inscrites  ou  non  ;  l'exemplaire  le  plus  complet  porte  sur 
sa  face  principale  le  nom  de  l'arcliégète  Khexanor,  sur 
les  autres  côtés  les  noms  des  personnages  de  son  clan  ". 
En  Attique,  depuis  l'époque  archaïque,  la  TpâTrei^ï  est  une 
construction  massive,  en  pierres  ou  en  briques,  sur  plan 
quadrangulaire;  ainsi,  à  Vourva'',  sur  l'une  des  tombes 
se  dressait  une  espèce  de  coffre  divisé  en  trois  compar- 
timents par  deux  cloisons  intérieures,  le  tout  en  bri(iues 
crues;  le  remplissage  était  fait  de  terre  et  de  petits  cail- 
loux, le  couvercle  formé  de  couches  d'argile  superposées, 
le  bord  dessinant  une  corniche  au-dessus  des  parois, 
servant  à  protéger  tout  le  monument  contre  l'action  des 
eaux;  dans  les  parois  étaient  encastrées  des  m'vaxsi;  d'ar- 
gile ornés  de  peintures.  M.  Delbruck"'  a  pu  restituer  à 
Athènes  même,  à  HaghiaTriada,  des»  tables»  du  même 
type  ;  mais  tandis  que  dans  les  nécropoles  archaïques  ces 
monuments  surmontaient  des  tombes  d'un  certain  luxe, 
ce  sont  ici  surtout  les  7/,u.aTa  des  ton>beaux  du  commun  : 
un  massif  quadrangulaire  de  briques  crues  est  recouvert 
à  l'aide  de  tuiles  de  corniche,  dont  le  larmier  écarte,  sur 
un  côté  tout  au  moins,  les  eaux  de  pluie;  l'autre  côte 
restait  sans  protection,  ce  qui  devait,  tôt  ou  tard,  amener 
la  ruine  de  l'ensemble.  Une  construction  de  ce  genre  ne 
réclamait  que  peu  de  temps  et  peu  d'argent,  et  pouvait 
être  l'ouvrage  rapide  des  parents  mêmes  du  défunt.  Le 
corps  du  massif  pouvait  être  en  pierre  au  lieu  de  briques 
crues,  et  recouvert  d'une  couche  de  stuc,  sur  laquelle  des 
ornements  sont  dessinés.  Ceux  de  ces  monuments  ((ui 
sont  d'époque  tardive  offrent  ces  caractères  et  sont  d'une 
grande  dimension;  quelquefois,  sur  un  des  côtés,  uw. 
niche  sert  de  logement  à  un  relief  portant  l'image  du 

hoc:  p.  s:i8.  — 1"  l'IiM.  Thrmisl.  ilJ.  —  1 1   II  laul  sans  doLile  rcmuuailre  la  Impéza 

,l.ius    la  ..   loriihe  ,lo    foinie   ,,ua.l.anK.,iaii iu„ii  r.'niarque  sur  ces   lécyllics; 

cl.  PolUcr,  lit.  sur  les  lécyllus.  appeml.  n"i.3-31  ;  78.  —  la  Waliinger,  Sitid.  :. 
unterilal.  Vasenmal.  p.  5  sq.  —  "  Cf.  Diascndorll',  Op.  l.  p.  lus.  .Nolie  ligure 
i-ipvt-s  la  (ig.  13.  -  14  Inscr.  qr.  ins.  III,  70i.  —  1^  Cf.  f'crrot,  (/,).  ci(.  VIII,  p.  70. 
Dans  des  coffres  de  ce  genre  élaient  sans  doule  encastrés  les  ,.;y«»î;  dargdc  (.einle  du 
nuiste  de  Berlin  (i)enftm«(.  Inst.  II,  p .  ix  à  x.)-  -  '«  Cf.  Ath.  Mitth.  l'jno,  p.  2112  sq. 


SEP 


1220 


SEP 


dt'fiinl'.  Knfiii,  de  moine  que  la  Iropccu  était  souvent 
adjointe  à  la  slèle  (v.  plus  loin,  p.  i±±;i},  à  la  tmpésn 
pouvait  s'adjoindre  le  vase  funéraire.  Au  Céramique,  les 
trois  Impé-zai  de  Philoxénos  de  Messène  et  de  ses  lils 
Dion  et  Parlliénios-,  qui  sont,  d'ailleurs,  les  exemplaires 
les  plus  parfaitement,  conservés  de  ce  type  de  monu- 
ments, portaient  chacune  en  leur  milieu  un  lécyllie  de 
marbre,  dont  lattache  du  pied  subsiste  encore.  La  Ira- 
jjc:a  funéraire  s'est  conservée  en  Asie  Mineure  jusqu'à 
l'époque  hellénistique  '. 

L'autre  (7r,[Aa  qui,  à  côté  de  h\/ râpera,  répond  à  la  con- 
ception animiste  de  la  vie  d'outre  tombe  est,  en  effet,  le 
vase  funéraire.  S'il  n'a  plus  guère,  à  l'époque  classique, 
que  le  sens  vague  de  «  monument  ",  il  faut  admettre  qu'il 
en  a  eu  un  plus  précis  à  l'origine.  De  même  les  grands 
vases  en  terre  cuite  de  l'époque  géométrique  d'Athènes, 
d'abord  instruments  pratiques  du  culte,  étaient,  dès  cette 
époque  même,  devenus  monuments  symboliques.  El 
l'emploi  funéraire  de  ces  grands  lyqii.xTix  céramiques  s'est 
perpétué  en  Attique  au  delà  de  l'âge  du  Dipylon;  la  des- 
tination était  analogue,  semble-t-il,  des  vases  «  proto- 
altiques  »  tels  que  le  vase  de  Nessos  ou  l'amphore  du  Pi- 
rée'.  Par  l'intermédiaire  de  ces  vases  et  des  vases  «  à 
prothésis  »  on  passe  des  (7Yj[i,aTa  céramiques  du  Dipylon 
aux  (r/iaaTa  en  pieri-e  et  en  marbre  de  répo(|ue  clas- 
sique, comme  on  passe  des  Irapésai  ile  briques  crues  de 
Vourva  et  de  Vélanidezza  aux  Irapécai  de  marbre  des 
trois  Messéniens,  au  Dipylon  d'.\tliènes.  Certains  vases 
archaïques  montrent  encore  un  vase  funéraire  de  terre 
cuite  dressé  au  sommet  du  TiJ(/ê<>"ç  (lig.  (i3lti)  ■. 

Les  vases  funéraires  placés  au-dessus  de  la  tombe, 
sur  la  trapéca  ou  même  sur  la  base  de  la  slèle  (v.  plus 
loin)  sont  de  deux  types  :  le  lécythe  et  la  loutrophore. 
On  trouvera  aux  articles  Lfxviui's  (;t  loithoi'mokos  toutes 
indications  sur  la  nature,  l'usage  et  l'iiistoire  de  ces  vases. 
Le  syud)olisme  du  lécythe  est  clair:  c'était  le  vase  des- 
tiné à  contenir  les  parfums  qu'on  répandait  sur  la  pierre 
tond)ale  ;  ona  passé  tout  naturellement  à  l'idc'e  d'élever  en 
marbre  le  lécythe  lui-même  au  milieu  de  la  Irapcca  "  ; 
c'était  perpétuer  la  pieuse  offrande,  comme  la  statue  du 
sacriliant  peut  perpétuer  aussi  la  vertu  du  sacrifice.  Puis  le 
sens  primitif  du  monument  s'est  efl'acé,  et  il  n'en  a  plus 
eu  d'autre  (jue  celui  delà  stèle  ordinaire;  aussi,  le  plus 
souvent,  les  lécytlies  de  marbre  sont  décorés  des  mêmes 
scènes  que  les  stèles,  avant  tout  celle  de  la  réunion  de 
famille  et  de  la  poignée  de  mains.  Souvent  deux  lécythes 
appariés  étaient  placés  soit  sur  deux  Irapczui  voisines, 
soit  sur  la  même  trapé:a\  Dans  ce  cas,  les  mêmes 
personnages,  désignés  par  les  mêmes  inscriptions, 
dans  des  altitudes  identiques,  sont  figurés  sur  le  corps 
du  vase";  morts  et  vivants  sont  ainsi  rassemblés  sur 
chaque  relief,  et  seule  l'inscription  qui  se  trouvait  à  la 
base  de  chaque  Irapéca  renseignait  sur  celui  des  per- 
sonnages pour  qui  chaque  aT,;Ax  avait  été  sculpté.  On  a  pu 
réunir  un  certain  nombre  de  ces  couples  de  lécythes'. 

La  signification  de  la  loutrophore  est  moins  claire.  (»ti 
verra  à  l'article  i.olthu1'Iiouos  commerit  M.  AVoltersa  cru 
pouvoir  établir  avec  certitude  que  les  loutrophores  en 

I  llHl.rûck,  Mil.  Millh.  l'.iuo,  p  .îiil,  lig.  7.  _2  i:r.  IJiutckiHT,  V\iV,i.  Sil- 
zuwjslKr.  I8!>S,  |).  5 1 3  ;  Conic,  Mlisclie  (Jruhrclicfs,  p.  37ll.  ~  3  l'Uilil,  Jalirbiicli 
•Imt.    Insl.  l'JOS,  p.  ai.   —  t  Anl.  IJenkin.  1,  pi.  i.yii;  'Kç.  if/.  I»'.I7,  pi.  v  il  vi. 

—  6  Cf.   Mon.  VIII,  pi.  V  [funus,  fig.  3345].  —  6  Cf.  Bruocknor,  loc.   cit.  p.  5e2. 

—  1  Ibiil.  p.  935.  —  *  Eicniplc  :  les  deux  KcyUics  de  eiiilourgos  cl  de  sa  raniille  ; 
Xtt.  Graàrel.  n"  710  cl  758.  —  3  Cf.  Brucckner,  Op.  cil.  p.  SOI  5(|.  —  lo  Cf. 


marbre  décoraient  à  .Mhènes  les  tombes  des  jeunes  gens 
non  mariés,  et  uniquement  celles-là  '".  M.  Milchhoefer 
met  la  règle  en  doute".  Défait,  sur  quelques  loutro- 
phores sont  figurés  des  personnages  dont  l'âge  et  l'ap- 
parence s'accordent  mal  avecla  condition  qu'on  leursup- 
pose(lig.G328) '-;  dansunou  deux  cas,  il  semble  même 
qu'on  ait  affaire  à  des  couples  ".  Ce  serait  donc  l'usage 
le  plus  courant,  non  une  règle  de  principe,  qui  aurait 
réservé  ce  (r?i(Aa  aux  jeunes  gens  morts  avant  mariage. 
Aussi  bien  c'est  M.  Wolters  lui-même  "  qui  a  montré  que 
le  bain  du  morl  est  une  coutume  très  ancienne  [i'YÉlos, 
s.\Kcoi'UAGrs],  et  on  a  retrouvé  à  Ménidi  '"  des  XouT/jpia  de 
terre  cuite  qui  ont  dû  servir  à  cette  pratique  du  culte 
funéraire.  La  loutrophore,  vase  de  bain,  serait  donc  un 
instrument  de  ce  culte,  comme  le  vase-autel  du  Dipylon 
ou  la  table-autel  de  Théra  ou  d'Athènes,  et  plus  tard, 
comme  eux  aussi,  un  monument  purement  symbolique. 
Mais  c'est  un  fait  constaté  que  les  traditions  funéraires 
se  sont  conservées  plus  religieusement  à  propos  des 
morts  enfants  ou  jeunes  gens'";  on  sait  quelle  place 
tiennent  dans  les  monuments,  dans  les  textes  poétiques 
ou  épigraphiques,  cette  idée  et  ce  sentiment  vif  de  la 
mort  prématurée.  Or,  dans  le  cas  de  la  mort  d'un  jeune 
homme,  il  ne  se  pouvait  pas  que  l'idée  générale  du  bain 
du  mort  n'entrainàt  avec  elle  aussi  l'idée  particulière  du 
bain  nuptial.  La  confusion  entre  les  deux  prati(iues  expli- 
querait bien  que  la  loutrophore,  originairement  vase  de 
bain  pour  Ioiik  lex  iiiorl.<;,  fût  devenue  ixvf|iAa  symbolique 
pour  les  morts  avant  mariage. 

Peut-être  même  y  a-t-il  eu  des  (iY,[jLaTa  funéraires  ayant 
la  forme  de  la  baignoire  elle-même.  Un  texte  de  Cicé- 
ron  '■  semble  eu  témoigner,  d'après  lequel  Démétrius 
de  Phalère,  voulant  arrêter  l'excès  du  luxe  dans  les 
constructions  funéraires,  autorisa  seulement  trois  formes 
de  ces  monuments,  les  plus  simples  de  toiiti^s  :  la 
colonnette,  co/iiiiicl/d ,  la  table,  iiwn.'ia,  la  baignoire, 
liibcllum.  Nous  avons  vu  ce  qu'était  la  ineiisa  ;  nous 
trouverons  plus  loin  la  colonne  ;  qu'est-ce  que  le 
liibt'lliiin  "?  Précisément,  M.  Brueckner  cite  deux  monu- 
ments "  à  peu  près  contemporains  de  l'époque  de 
Démétrius  qui,  autant  qu'il  en  reste,  semblent  avoir 
eu  la  forme  d'une  vasque  avec  son  pied  et  sa  coupe 
évasée  [l.abuum].  Ce  seraient  là  des  exemples  nets  de 
lahella  et  comme  les  traductions  tardives  en  marbre  des 
)vO'jT(îaia  de  Ménidi.  Si  l'on  n'admettait  ])as  cette  inter- 
prétation, il  n'y  aurait  qu'à  reconnaître  dans  les  loutro- 
phores eux-mêmes  les  lahella  de  Démétrius. 

Nous  formons  une  seconde  classe  de  monuments  funé- 
raires —  la  stèle  en  est  le  type  essentiel  —  avec  ceux 
qui  se  rapportent,  non  plus  à  l'idée  de  l'entretien  du  mort 
dans  le  tombeau,  mais  à  celle  du  lieu  -"  de  séjour,  du 
point  d'appui  nécessaire  pour  son  t'ifSwÀov.  Là  encore  le 
monument  est,  en  principe,  un  yspa;  pour  le  morl  ;  il  est 
sa  chose  à  lui,  non  un  simple  moyen  matériel  d'entre- 
tenir le  souvenir  ijiie  lui  gardent  les  vivants.  Mais  avec 
ralVaibiissemi'iil  <lrs  vieilles  croyances,  avec  le  déve- 
luppemriil  des  siiiliiiients  de  famille  et  d'hiimanili', 
le    sens    migincl    s'ellaee  ;   jiiliers  et  stèles   aussi  bien 

WulliM>,  Mh.  Muih.  \VI,  p.  oTs.  -  Il  IF.  iMilililiodir.  Ii'-^  thàbei-kuust  rfer 
UMcimi,  Kiel,  l«i'J.  —  la  Coiize,  .\tt.  Omhrcl.  pi.  .«vu  (ii.  M):  pi.  »c.iv  :  suitoul 
pi.  ccc.  —  "  thid.  11.  iUS.  —  '*  .lic/i.  Jahrh.  IS'J'J,  p.  133.  —  lii  Ibitl.  p.  liS. 
—  11  Cf.  l'oulsen,  /Ji/iyloniirillier.  p.  40  s(|.  —  >''  Cic.  Dft  lei/.  Il,  00.  —  18  Cf.  Wol- 
Icrs,  loc.  cit.  p.  131.  -  l'icr.  Uniickmr,  Arch.  Anz.  Is9i,  p.  iî.  -  au  Cf.  Dra- 
gcudorlT,  Op.  cit.  p.  i'.Hi. 


SEP 


_   1221  — 


SEP 


i|iir  lahli's  (ripiïraiiile  on  vnses  de  fjulle  uv  sont  plus  que 
des  ^y-fi^LQLTx  sans  signilicalion  précise. 

Les  monumenls  figurés  forment  la  série  la  plus  inli'- 
ressanle  des  c^Y||AaTa  que  nous  étudions.  Mais  avant  eux 
il  faut  signaler  les  (Tvî|j.aTa  aniconiques,  qui  n'étaient  pas 
moins  nombreux  dans  les  nécropoles  grecques  :  stèle 
primitive,  pilier,  colonne.  De  tels  monumenls  sont  aux 
stèles  sculptées  ou  aux  statues  tombales  ce  que  les 
symboles  aniconiques  de  la  divinité  sont  aux  statues  de 
culte.  —  La  stèle  primitive  est  très  éloignée  de  la  forme 
achevée  que  l'ionisme  propagera  sur  le  continent  grec  et 
principalement  à  Athènes  :  c'est  la  borne,  la  pierre 
grossière  et  non  taillée,  allongée  et  sans  épaisseur, 
enfoncée  dans  la  terre  à  côté  de  la  tombe  ;  c'est  encore  la 
<TT-/|X-ri  homérique,  prise  souvent  comme  image  de  la  fixité 
et  de  la  solidité  '.  Les  monuments  de  ce  genre  ont  très 
facilement  disparu,  ou  n'ont  point  été  reconnus:  rien  ne 
les  signale  à  l'attention.  On  en  a  retrouvé  pourtant  à 
Néandria  '',  à  Amorgos  ',  dans  la  Grèce  continentale  à 
Athènes',  Eleusis  '\  Sur  les  stèles  de  Théra  ^  le  nom  du 
défunt  est  gravé  sur  la  partie  qui  s'élève  au-dessus  du 
sol.  On  constate  aussi  que  l'idée  de  dresser  sur  \f 
tumulus  une  pierre  en  forme  de  cône,  peut-être  à  l'ori- 
gine avec  un  sens  phalli(iue,  est  fort  ancienne;  dans  la 
suite  des  temps,  elle  donne  naissance  à'des  variantes,  où 
l'omphalos  [ûjumialos],  le  cône,  la  pouune  d(!  pin  même,  se 
perpétuent  pendant  toute  la  période  classique  et  se 
confondent  jusque  sous  l'Empire  romain  \  —  Le  pilier 
ou  cippe  quadrangulaire,  sans  décoration  figurée,  consti- 
tuant par  lui  seul  on  par  l'adjonction  d'un  épitlième  le 
monument  funéraire,  est  un  type  gréco-oriental,  qui 
semble  venir  lui-même  d'une  ancienne  forme  asia- 
tique, et  plus  particulièrement  du  tombeau-pilier  qu'on 
rencontre  en  Lycie".  De  cette  forme  dérivent,  d'une 
part,  le  simple  pilier  carré,  séina  rudimentaire  et  ap- 
proprié aux  besoins  du  commun,  et  d'autre  part  les 
grands  monuments  élevés  sur  degrés  de  l'époque 
hellénistique,  Mausolée  ou  loiubeau  des  Néréides.  Pas 
j)lus  que  les  stèles  brutes,  et  pour  les  mêmes  raisons, 
les  piliers  funéraires  ne  se  sont  retrouvés  en  grand 
nombre.  On  en  peut  signaler  pourtant  plusieurs  à 
Samos,  de  ré|>oque  archaï(iu(!  ;  d'autres,  d'une  date 
postérieure,  en  plusieurs  points  de  l'Orient  grec''.  Dans 
la  Grèce  continentale,  à  Tanagre,  le  cippe  en  tuf  ou  en 
pierre  noire  es!  le  monument  funéraire  le  ])lus  commun  '"  : 
tandis  que  les  uns  ont  la  forme  d'un  autel  avec  une 
marge  sur  trois  côtés,  et  se  rattachent  plutôt  au  type 
de  la  irapecu,  et  d'autres  à  la  forme  de  Vhérôon ,  d'autres 
enfin  sont  en  forme  de  piliers  quadrangulaires.  A  Athènes 
le  pilier  semble  avoir  été  assez  rare  dans  les  nécropoles  : 
il  ligure  cependant,  surmonté  d'un  vase,  sur  un  fragment 
de  relief  funéraire  ".  Mais  à  défaut  d'exemplaires  origi- 
naux deces  monuments,  nous  en  trouvons  lareprésenta- 
tion  très  fréquente  sur  les  bas-reliefs  funéraires  d'.Vsie 
Mineure  :  le  pilier  porte  alors  des  épithèmes  variés:  la 
sirène,  lesphinx,  le  coflret,  la  corbeille,  le  lécylhe,  ect.  '-. 


I  M. .m.  //.  Mil,  Y.  l.iT  ;  XVn,  Y.  i.U.  —  2  i.r.  Kol.k-«.-y,  XrniHlri.i,  |i.  17 
l'fiTuI,  I.  VU.  |j.  :>.  ~  1  i;r.  Mil.  Mtll/i.  XI,  |i.  '.l'.l.  ~  '.  CI.  Ml,.  M, III,. 
l.s'JJ,  (I.  l.>:i.  ~  •'  Cf.  Ej.  if,,.  IS'.KS,  p.  SU;  l»»!l,  |i.  17b,  i;'.!.  li  —  Cf. 
Drasendorfr,  O;,.  cil.  p.  10».  —  7  Cf.  l'fulil  dai)S  -li-c/;.  Juhrbuch,  1UU5,  p.  ss  b,|. 
—  K  Cf.  l'fiilil,  /bid.  p.  72  s((.  Sur  te  culLc  du  pilier  à  Tépoque  Cretoise  el 
mycénienne,  voir  livans  dans  Journal  of  helL  .Slitdicn,  1901,  p.  1)9-204.  Four 
la  poi-U'e  mylliologi<|ucde  ce  culle,  voir  l'article  de  l'.  Uirard  snr  .^yaxdans  lietme 
Élud.  i/reci/.  l'.iO'i.   —  ^  Iliid.   p.    70.    —   m  llaussouUicr,    Op.  cil.    p.    17    si(. 


i-''^«'i>;** 


Des  terres  cuites  de  Myriua  '•'  et  d'autres  teries  cuites 
d'Asie  Mineure  '  '  représentent  des  monuments  analogues, 
le  mort  étant  ou  non  figuré  à  côté  du  <i-?|[Aa  funéraire, 
lùilin  le  pilier  tombal  est  très  fréquent  sur  les  vases  de 
la  Grande-Grèce,  de  ïarente  et  d'Apulie  :  il  est  posé  sur 
une  base  d'un  ou  de  plusieurs  degrés,  qui  prend  souvent 
toute  l'apparence  de 
\a  trajiéza^^.  Au  pilier 
se  rattachent  encore 
h's  termes,  les  hermès 
fuKiijiAn:  ;  cf.  plus  loin 
tig.  ti."J29]  qu'on  voit 
s'élever  parfois  auprès 
des  tombeaux  '".  — 
Une  colonne  dorique 
l'ait  fonction  du  stèle 
dans  la  nécropole  d'As- 
sos  ;  elle  était  scellée 
au  centre  d'une  base 
ronde  taillée  à  même 
dans  le  roc  '''.  Cepen- 
dant, la  colonne  n'ap- 
parait  guère  sur  les  re- 
liefs funéraires  d'Asie 
Mineure.  Mais  elle  est 
un  des  monuments  les 
plus  fréquents  à  Athè- 
nes, après  Démétrius 
d(!  Phalère  ;    c'est  un 

de    ceux    que     ses    lois  hg.  ojin.  —  Colouui-  lun^iane. 

somptuaires  autori- 
saient". Une  de  ces  colonnes  dori(|ues,  de  graiule  dimen- 
sion (2  m.  30  avec  la  base),  est  encore  en  place,  près 
d'IIaghia  Triada  ;  elle  porte  les  noms  de  Bion  el  d'Ar- 
chiclès  ;  un  vase  était  scellé  à  la  partie  supérieure 
du  chapiteau  ''•'  (11,^.  Ki-H)].  ]>a  colonne  ioni(|iie  est 
souvent  ligur(';e  sur  les  vases  de  la  Grande-Grèce  à  côté 
du  pilier  et  sur  la  Irapéca'-".  Il  faut  signaler  enfin  les 
colonneltes  ioniques  et  corinlhienniîs  en  terre  cuite 
trouvées  dans  des  tombeaux  de  Myrina'-'. 

Les  îYÎfxara  figurés  sont  la  statue  el  la  stèle  sciil|>tée. 
La  statue  tombale  est  vraiment  un  double,  au  sens  de  la 
statuaire  égyptienne,  et  l'appui  matériel  le  plus  immédiat 
pour  ïeiooilov  du  mort  ;  il  ne  s'agit  pas.  au  moins  à  l'ori- 
gine, de  rappeler  aux  survivants  l'apparence  et  les  traits 
du  défunt  ;  c'est  là  une  conception  dérivée.  La  statuaire 
funéraire  a  eu  en  Grèce  un  long  développement  depuis 
le  VI''  siècle  jusqu'à  l'époque  classique  et  post-classique  -- 
[statua].  Son  rôle  s'est  trouvé  limité  seulement  par  ce 
fait  que  la  commande  d'une  statue  de  ce  genre  était 
alïaire  d'importance,  et  ne  pouvait  convenir  àlamoyenn(! 
du  pnidic  ;  la  stèle  était,  dans  la  plupai-t  des  cas,  d'un 
travail  beaucoup  plus  médiocre  et  moins  coûteux.  Le 
nombre  des  statues  funéraires  connues  est  cependant 
assez  considérable.  Certaines  au  moins  des  statues 
désignées  sous  le  nom  d'Aiiollons  archaïques  [sculi'TUIsa, 


—  IICiiuzc.  AU.  Grahrel.  pi.  cci.xxxvi,  n.  \W:,.  —  12  l'fulil  /.or.  cl.  \,.  '.«  -i 
--  11  Cf.  l'oUier-Ueinacli,  Mijriim,  I,  p.  ii-l  s.].;  I,  n.  3'Ji.  —  ''•  V.  i\.  Winl.i. 
Dic  Il/Il.  d.  Tcrrak.  ï'  partie  p.  ÏS7,  n.3,  —  1"  Cf.  Watzingcr,  Op.  cd.  \,.  1.  s.|. 

—  10  Voy.  l'fulil,  /.  c.  p.  70  si|.  —  n  Americ.  Joiirn.  of  arch.  ISS(i,  p.  i'w  s.|., 
Perrol,    VU,  p.  4H,    Dg.   220.  —  <s  Cf.  Brueckner,  Arcli.   An:.    1SU2,    p.    2:i- 

—  I«  Conie.  AU.  Grabret.  p.  370,  d'où  wt  tirée  notre  ligure.  —  ^l)  Watzinger, 
Op.  cil.  p.  14—  21  Cf.  Pollier-Ucinacli,  Myrina,  1,  p.  242-243.  —22  Cf.  Gardner, 
Sculpl.  lumbs  of  HelUis,  cil.  IX;  Furlwaugler,  Coll.  Sabouroff,  inlrod.p.  5ist|. 


Sl-I' 


—   1222 


SEP 


lig.  6237]  pcuvcnl  (■lie  en  ri'^aliU- lies  sl.atues  tombales  '  : 
il  doit  en  èlre  ainsi,  de  ]iar  les  cireonstances  mêmes  de 
sa  déeoiiverle,  lii'  r.\])ull(in  de  Tliéra  '  ;  funéraire  aussi 
esl  la  statue  de  xoOpo;  trou- 
vée en  iW2,  en  Attique, 
à  Kalyvia-Kourvara  ^  D'au- 
tres statues  funéraires  de 
l'archaïsme  attique  il  ne 
subsiste  que  les  bases  et  le 
scellement  des  pieds  ;  l'une 
de  ces  statues  au  moins 
(■'taitconsacréeà  une  femme. 
Il  suffira  de  citer,  en  fait  de 
monuments  du  même  type 
qui  apparliennentà  l'époque 
classique,  la  prétendue 
u  Pénélope  »  du  Vati- 
can (fig.  6321  *),  les  statues 
de  femme  de  Ménidi  au 
musée  de  Berlin',  et 
r  «  Hermès  »  d'Andros  avec 
la  statue  f('minine  ([ui  lui  faisait  pendant".  La  statuaire 
tombale  s'écarte  là  de  la  conception  qui  lui  avait 
donné  nais.sance  et  devient  comme  une  statuaire  de 
genre  qui  admet  le   groupe  et  la  «  scène  de  famille  »  ; 

^ ■" '""n " " '" "" 


.  0321.  —  Slaliic  fuiii 


ainsi,  sur  un  lécyllie  polychrome  d'Érétrie ',  un  groupe 
funéraire  (lig.  t)322),  composé  d'une  femme  tendant  une 
grappe  de  raisin  à  un  enfant,  est  dressé  au  haut  d'un 
large  pilier,  surélevé  lui-même  sur  trois  degrés. 

Ce  qui  prouve  bien  que  la  statue  tombale  est  un  yiçia; 
pour  le  mortplutôt((iriin  monument  pour  les  survivants, 
c'est  qu(î  l'image  humaine  est  souvent  remplacée  par  une 
image  synibolitjue  :  le  sphinx  d'abord  [spuinx],  dont 
plusieurs  ligures  ou  fragments  du  ligures  ont  été  retrouvés 


f  Voir  lu  livre  Je  M.  Oconna,  Les  A/wUuns  urcfiiiifjiies,  l'Jl'S.  —  2  l'en-ol, 
/litt.  df  VArt.  l.  V,  p.  :il!l,  lig.  133.  —  3  Eç.  'Apy.  1902,  p.  I,  s<|.  ;  l'cn-ot,  Up. 
cit.  p.  ioî,  lig.  IR9.  —  '  Collignon,  Hist.  de  ta  sculpl.  gr.  l.  1,  p.  407,  lig.  210. 

—  &  Fiirlwanglcr,  Coll.  Saùouroff,  pi.  xt-xvm  =^  Beschreiù.  d.  ant.  Seul/, t. 
(Berlin)   498-i!>9.  —    C   Colligiiun,   Ihid.  Il,  p.  382;  Covvadias.    riuitii,  218,   2I'J. 

—  1  Cf.  Eç.  'As/.  I88G,  pi.  IV  Lis;  Reiimcli,  /lép.  I,  p  512.  —  »  higuies  les  plus 
coDuues:  spliiiù  ,1e  Marioii  (Clijpie),  IVnol,  0,..  cil.  p.  32S  cl  lig.  142;  spliiiix 
.te  Spala  en  Allicpie:  iliid.  p.  Cb8  el  lig.  337.  Voir  le  cralcre  Vagnonvillo, 
sphiui  assis  sur  le  lumulus;  WiVner  Jalircshefte,  V'ill,  p.  1  Hi  ;  X,  p.  118. 
_  9  Cf.  Weicker,  Der  Seelenioi/el;  (:avva<li.is,  riusio,  n.  775.—  m  Cf.  liînu- 
nièralioii  tics  niuiiuincnis  les  plus  connus,  dans  GarJucr,  Op.  cit.  p.  130-131* 
Le   nom  ini^me  du  défun',  comme  dans   l'exemple  ici  reproduit  (Duruy,  ffist.  des 


eulpléc 


dans  les  nécropoles  grecques*;  la  Sirène  ensuite,  qui  est 
proprement  V  «  oiseau  de  l'Ame  »  [sirenae]  et  comme  un 
symbole  de  l'à'àtoXov'.  Beaucoup  plus  éloignées  de  ce 
symbolisme  et  plus  proches  du  «  genre  »  sont  les  statues 
d'animaux,  lions,  taureaux,  etc.,  dont  nous  connaissons 
par  les  monuments  ou  les  textes  la  destination  funéraire'" 
(lig.  0323).  La  statuaire  funéraire  n'était  pas  toujours 
réservée  aux  praticiens  de  second  ordre  ;  nous  savons  que 
les  grands  sculpteurs  s'y  étaient  adonnés  ;  on  voyait 
par  exemple,  près  du  Dipylon,  le  groupe  d'un  cavalier 
et  de  son  cheval,  œuMe  d(  Piavilèle" 

Toutes  les  stèles  n'itannl  pas  dt(oii(.>5  b.ipu-^  (ti- 
taines  peintures  de 
vases,  on  peut  se 
représenter  un  bon 
nombre  de  ces 
<7r|(AZTa  sous  forme 
d'une  dalle  dressée 
tout  unie,  sans  au- 
tre addition  que 
celle  du  nom  du 
défunt  '■-. 

Mais  la  sièle  or- 
nementée et  ligurée, 
création  de  l'ionis- 
me  popularisée  par 
l'atticisme,  tient  le 
premier  rang  tant 
par  le  nombre  (jue 
par  l'inli'rêt  artis- 
tique des  exem- 
plaires qui  nous  en 

sont  parvenus.  Aucun  inventaire  d'ensemble  n'en  a 
encore  été  dressé  '•'.  Mais  nous  connaissons  bien  la  série 
attique,  de  beaucoup  la  plus  importante  ".  Dans  ce  sujet, 
qui  esl  surtout  du  domaine  de  l'archéologie  figurée,  nous 
ne  nous  occuperons,  après  de  rapides  indications  sur  la 
forme  et  l'ornementalion  de  la  stèle,  surtout  de  la  stèle 
attique,  que  de  la  nature  des  sujets  qui  y  sont  figurés  et 
de    l'interprétation  qu'il  convient  d'en  donner. 

La  stèle  figurée  a  deux  formes  nettement  distinctes  : 
celle  de  la  stèle  proprement  dite  et  celle  du  naïskos  ''. 
La  stèle  proprement  dite,  ([ui  a  pris  naissance  en  lonie  " 
cl  s'est  développée  en  .\tlique,  est  une  dalle  de  pierre 
calcaire  ou  de  marbre,  de  faible  épaisseur,  plus  haute 
que  large,  souvent  plus  étroite  à  son  sommet  qu'à  sa 
base.  Le  type  le  plus  ancien  esl  celui  de  la  haute  stèle, 
le  [xéya  dïiaa '^  d'Homèr(>,  couronnée  d'une  palmelledonl 
lesbordsaflleurent  les  deux  côtés  de  la  stèle.  Plus  lard,  la 
palmetle  ne  limite  pas  elle-même  le  champ  de  la  stèle, 
mais  elle  esl  appliquée  en  relief  ou  en  peinture  sur  une 
acrolère  arrondie  qui  la  déborde  '*.  Les  monuments  les 
plus  anciens  n'ont  pas  de  profil  architeclonique  ;  les  plus 

Grecs,  l,p.  4.ïS),jusliRc  d'ordinaire  le  symbole  choisi .  — H  Caus.  1,  3,  3.—  12  Voy. 
Tarbell,  dans  Amcricati  Journal  o/  arcli.  190s,  p.  .428.  lig.  I.  —  13  Elude  desreliefs 
gréco-a.sialii|ues  ;  ffulil,  Arch.Ja!.rb.  1905;  des  reliefs  alexandrins:  Wiuler,  AtU. 
.Wittli.  lUOI,  p.  25S  sq.  —  !'•  Le  recueil  des  reliefs  funéraires  altii|nes,  sWes  el 
\ases,  a  Hù  entrepris  par  l'Académie  de  Vienne  (Conze,  Attisc/t.  Grabreliefs)  ; 
les  deux  piirlies  publiées  contiennent  tous  les  monuments  jusi|n'à  Dèmélrius  de 
l'Iialère  (1740  numéros).  L'achèvement  de  l'ieuvrc  permettra  île  faire  l'iiisloire 
complète  du  relief  funéraire  en  Attique.  —  >■"'  Cf.  Brueckncr,  Ornamenl  u.  Form, 
p.  I  sq.  —  "■  Cf.  Lôsehckc,  Ath.  Millk.  IV.  p.  297  sr|.  Stèles  ioniennes,  avec  la 
représentation  de  l'homme  dcLout  :  stèle  de  Symé,  l'errol,  Op.  cit.  fig.  143;  stèle 
d'Apollonic,  /4irf.  lig  151  :  stèle  d'Orchoméne,  lijid.  lif;.  I:is. 
V.  340.  —  I»  Bruockncr,   Op.  cit.  p.  7. 


n  Ho 


//.  IV, 


SEP 


1223  — 


SEP 


—  Slèlc  à  pain 
bas-rclipf. 


rôconls  en  ont  un  soil  sur  la  face  antérieure  seule,  soit 
aussi  sur  les  deux  cotés'.  Au-dessous  de  la  palmelle  le 
champ  de  la  stèle  porte  soit 
siinpleuienl ,  au-dessus  de 
deux  rosettes,  l'indication  du 
noni  du  défunt,  soit  une  repré- 
sentation llgurée  peinte  ou  en 
faible  relief  (fig.  G324  ■').  Au 
V  siècle  s'introduit  une  forme 
dill'érente  '.  La  stèle  d'oblon- 
gue  devient  à  peu  près  carrée, 
et  n'est  plus  surmontée  d'une 
palmette,  mais  limitée  en 
haut  par  une  surface  droite  : 
un  fronton  est  généralement 
figuré  en  relief  dans  la  partie 
supérieure.  Dans  un  très 
grand  nombre  d'exemplaires 
l'/^s^\''vAi:J--^^  I  la  terminaison  supérieure 
Tit^r^  K(     '^J  même  est  un  fronton  :  c  est  un 

-  -  '-^  1  .■  îLÎ  I  t,^pg  ^,,f,s  commun  (fig.  tJ325  '). 
Cette  forme,  en  se  développant, 
a  donné  naissance,  dès  le  v«  siè- 
cle, à  un  second  type  essentiel, 
le  naïskos  '  :  comme  son  nom 
l'indique,  c'est  un  temple  en 
miniature,  avec  fronton,  épi- 
slyle  et  antes  ;  entre  lésantes 
se  détachent,  en  très  fort  relief, 
les  personnages  figurés,  quand 
la  stèle  est  sculptée  (fig.  0320).  Quel  est  le  sens  et  la 
raison  d'être  de  celte  forme?  On  a  voulu  y  voir  l'intention 
arrêtée  de  présenter  le  mort  comme  un  héros  dans  le 

temple,  l'rjpùiov  *, 
où  on  lui  rend  un 
culte.  L'interpré- 
tation ne  saurait 
valoir,  car  les 
scènes  représen- 
tées dans  les  naïs- 
koi  sont  des  scè- 
nes familières  où 
les  morts  se  mê- 
lent aux  vivants; 
de  plus,  il  n'y  a 
pas  de  naïskoi,  à 
l'époque  archaï- 
que, c'est-à-dire  à 
l'époque  précisé- 
ment où  le  culte 
des  héros  à  été  le 
plus  vivace.  L'on 
pourrait  y  voir 
tout  aussi  bien 
l'intention  de  re- 
produire l'appa- 
rence intérieure  de  la  maison,  où  les  scènes  seraient  alors 
censées  se  passer.  En  fait,  de  telles  idées  onlpu  se  fairejour 


1  /tid.  |>.  30  S(|.  —  2  Ml.  Grahrct.  pi.  xcv.  —  3  Eruccknor,  Il,„l.  p.  Cl.  TrOs 
nombreux  Cïcmpics  de  ces  foimtssur  les  planches  des  Alt.  C-abrcl.  —  '  Slclc  de 
1-l.ingon  ;  Duru)-,  Hist.  îles  (ir^cs.  II,  p.  475  -  i.  Cf.  liruecliner,  (l/t.  cit.  p.  72  s.{. 
Vue  de  lalli^e  des  lonibeaui,  au  Céranii(|uc  dAlliéncs,  llciruy,  Hiit.  de» 
Orecs,  II.  p.    4oJ.    .\nonilopou!os,    Ejihrm.    nrcli.    I'J08.    —    c  Cf.    Sinoliboefer, 


Sléle  à  froninn. 


à  tel  oulelmomenlde  l'évolution  du  type;  mais  le  ?(«/.vAy/.ç 
est  sorti  tout  naturellement  de  la  stèle  à  fronton',  à  mesure 
que  les  figures  se  présentaient  en  plus  haut  relief  et  de- 
mandaient par  là  même  un  cadre  architectonique  plus  net. 
A  mesure  aussi  que  le  fronton  prenait  un  relief  f)lus  res- 
senti, la  nécessité  technique  apparaissait  de  l'appuyer  sui- 
des anles  ;  et  ainsi  se  complétait  l'architecture  du  niiïs/.ti.'i. 


A  E  î  I  AE  A  1  AY^AKHGLOOPIKIOI 
ETE  NE  TOETITEli  ANAP  \0APX0NT0S 
AT  EOANEETEY  B  O  A  I AJO  — "-""^--^ 

EEKoPiNon  iTriNrENT'MirrEriN 


Fig.  C3i6.  —  Slèlc  de  Dcvilcos. 

On  peut  suivre  tout  ce  développement  ;  le  monument  de 
Dexiléos  (fig.  0320'),  malgré  ses  dimensions,  est  encore 
une  simple  stèle  à  fronton  non  soutenu  ;  d'autres  reliefs 
ont  le  fronton  et  ks  antes,  mais  sans  épistyle'\  enfin 
l'épistyle,  portant  l'inscription  funéraire,  s'insère  entre  le 
chapiteau  et  le  fronton  '".  Nous  n'avons  pas  à  traiter  ici 
du  détail  des  formes  et  des  profils  architectoniques,  et  des 
comparaisons  instructives  qu'on  en  peut  faire  avec  les 
formes  parallèles  de  la  grande  architecture.  —  La  stèle 
est  quelquefois  sans  base  ;  la  partie  inférieure  de  la  dalle 
est  alors  laissée  rude  et  enfoncée  dans  la  terre".  Le 
plus  souvent  elle  se  dresse  sur  une  base  de  calcaire  ou  de 
poros'-  ou  sur  un  soubassement  à  trois  degrés,  comme  il 
apparaît  presque  toujours  sur  les  peintures  de  vases 
I  fig.  0322).  Quelquefoisà  la  surface  de  la  base  sont  creusés 
des  li'ous  qui  étaient  destinés  à  recevoir  des  Iccythes  ou 
autres  vases  funéraires.  La  base  est  alors  vraiment  une 
(rapc:a  unie  à  la  stèle;  deux  monuments  voisins  entre 
autres,  une  stèle  et  un  nn'ixkos,  appartenant  à  un  même 
ensemble,  offrent  cette  disposition  ".  Les  formes  géné- 
rales de  la  stèle  et  du  naiskoa  ne  sont  pas  différentes  en 
.Vttique  et  en  dehors  de  l'Atlique;  mais  il  y  a  des  variantes 
importantes  :  ainsi  les  vases  de  la  Grande-tirèce  nous 
montrent  des  mtUkoi  à.  colonnes  non  pas  doriques, 
comme  en  Grèce  propre,  mais  ioniques  ''  (fig.  0327). 
Pour   la  décoration    des   stèles,    il    faut    distinguer 


Atli.  Mitth.  1881).  p.  2il .  —  7  Cf.  Brncckncr,  /.ne.  cit.  —  "Ait.  Grabr.  pi.  ctu.vni 
[f.quiies,  fig.  i7ii|.  —  a  Ihid.  pi.  J.iix.  —  '»  Ibid.  pi.  ixvii,  l.xviil,  i.sxi,  xcvn. 
xcvui,  etc.  —  1 1  nid.  pi.  xv.  — 12  Ibid.  pi.  cccxix.  —  '•!  l'i.  xcvni,  pi.  cccsix  )Agallion- 
Korallion).  —  "  Cf.  Walzingcr,  fJp.  Cl/,  p.  2.8;  l'aCroni,  r.n  cemmira  neir  Unlia 
méridionales,  p.  Hi,  143.  Noire  ligure  =  Iteiuach.  fléperl.  rases  peints,  II,  p.  3f,\. 


SEP 


I22i  — 


SEP 


il';il>ord  les  sièlis  sculpU'cs  et  les  stries  jicinlcs.  Celles-ci 
élaienl  fort  noinlireiises,  soil  sièli's  proprement  dites, 
suit   ntnsl.iii.   Plusieurs  stèles  ntliiiiies  peintes  [l'ir.Ti'RA, 


p.  4o9j  ont  été  conservées  jusqu'à  nous  '  ;  sur  d'autres 
monuments  les  peintures  se  sont  efTacées  :  il  en  est  ainsi 
sur  le  nnïskos  de  ralliénien  Agalhon  -.  Sur  beaucoup  de 
stèles  sculptées  le  relief  était  complété  par  la  peinture, 
soit  pour  les  accessoires  de  l'ornementalion  ^  soil  même 
pour  des  personnaji;es  entiers.  D'autre  part,  un  grand 
nombre  de  textes  signalent  des  œuvres  de  peintres  grecs 
qui  ne  peuvent  être  que  des  peintures  funéraires'. 
Enlin.  il  a  été  découvcrl  tout  récemnieiil  à  Pagasai,  en 
Tliessalie,  un  nombre  très  considérable  de  stèles  ou 
fragments  de  stèles  peintes;  leur  publication  définitive 
pourra  renouveler  riiistoirc  du  genre  °.  Il  apparaît,  dès 
à  présent,  que  les  sujets  représentés  n'y  sont  pas  diffé- 
rents de  ceu.K  qu'on  voit  sur  les  stèles  à  reliefs  :  la  pein- 
ture la  mieux  conservée  de  Paga.sai  montre  la  scène 
même  de  la  mort  de  la  femme,  peut-être  <à  son  lit  d'ac- 
couchée*. 

La  décoration  des  stèles  sculptées  se  répartit  sur 
l'acrotère  et  sur  le  champ  de  la  stèle.  L'acrolère  des 
hautes  stèles  est  décoré  de  la  palmette  surmontant  deux 
volutes  (fig.  63-24).  Toute  schématique  à  l'époque  ar- 
chaïque, cette  décoration  se  rapproche  de  la  nature,  à  par- 
tir du  v'siècle,  par  l'adjonction  de  la  feuille  d'acanthe  [cf. 
DAEMON,  (ig.2:>87  , empruntée  peut-éircà  la  végétation  na- 
turelle des  nécropoles  '.  Dans  une  première  classe  de 
monuments  on  peut  donc  ranger,  avec  MM.  Brueckuer  et 
Conzc,  les  palmettes  sans  acanthes,  en  deux  séries, 
suivant  que  la  palmette  est"  ou  non'-*  divisée  en  deux 
masses  ;  dans  une  seconde  cla.sse,  les  palmettes  avec 
feuilles  d'acanthe,  en  plusieurs  séries:  1"  la  décoration 
se  compose  de  l'acanllie,  des  volutes  et  de  la  palmette'"; 
2"  ilya  en  plus  une  rosette  de  chaque  côlé  (!<■  l'acanthe"  ; 
3°  des  volutes  retournées     remplacent  les    rosettes'-; 

•  et.  I.c-hicliclc,  Àlh.  Mittli.  IKT'J.  p.  3i;  s,,.  iSl)  s.|.  ;  Att.  Grnhrcl.  pi.  i  (l.ysfcis)  ; 
;  (Arislioii)  ;  i:i  Antiplimii'>s,  clc.  —  2  Urnljnl.  n'  3H3.  —  '  Il  faiil  .loiic  dire  rpio 
loHtra  les  sK'Ics  «Uienl  pcinl».  Cf.  [jrucckncr,  Dp.  cil.  l'ap  cieinpl,-,  i|iiaiid  une 
loulropliore  est  repr^scnli''C  sur  la  sIMc.  les  anses  le  plus  souvcnl  i-laii-nt  iudiqui^cs 
au  moyen  île  la  peinture;  AU.  Grabrd  pi.  tciv.  —i  Réunis  ilau«  IVIuile  il'Arvani- 
lopoulos,  'E«.  'Af/.  l'JUS,  p.  t  SI).  —  "  /Air/,  cl  pi.  vi.  —Cil  faut  ilouc  l.ieu  se  faire  à 
celle  iJée  iiue  tiaiis  les  ni'cropolcs  grecques  les  sièlcs  peiiiles  liaient  aussi  noni- 
hreuscs  ou  niôtiie  plus  iionilirciises  que  les  sU-les  sriilpU.cs.  Cf.  J.cchal,  /(ci',  des 
/Cl.  anc.  llHis,  p.  li;4.  _  1  (jf.  llriiecLner,  Oii.  cil.  p.  +  sq.  ;  Furlwnuglcr,  loll. 
Saliourog.     iulr.  p.     s.    _     »    mi.    Orabrel.   pi.    cccsvi,  ,:,:cxvu.    —    9    Ihid. 


i"les  volutes  des  ci'ités  sortent  elles-mêmes  de  la  palmette 
centrale  et  portent  d'autres  palmettes  ";  .j"  le  motif 
central  disparaît,  et  tout  l'espace  décoré  est  rempli  parles 
palmettes  des  côtés".  Les  acrotères  sont  décorés  quel- 
quefois de  motifs  non  plus  végétaux,  mais  figurés  ;  c'est 
la  sirèui',  se  fi'appant  la  poitrine  '^;  c'est  le  sphinx  "' ;  ce 
sont  deux  boucs  aH'ronli's  au-dessus  d'un  canthare,  etc.  ''. 
Le  fronton  des  stèles  oblongnes  ou  carrées  ri'ste  gi'ni'ra- 
lement  sans  décoration  sculptée  ((ig.  GS^ri). 

Le  corps  de  la  stèle  ne  porte  dans  beaucoup  de  cas 
d'autre  décoration  que  les  deux 
rosettes  f|ui  garnissent  le 
champ  au-dessus  de  l'inscrip- 
tion funéraire.  D'autres  fois,  la 
décoration  est  constituée  non 
par  des  figures  humaines, 
mais  par  les  <T/îu.aTa  mêmes  du 
tombeau,  sculptés  en  relief, 
loulrophores  et  lécylhes,  sou- 
vent décorés  eux-mêmes  de 
scènes  familières  ou  d'offrande 
(lig.63-28  ").  Enfin,  le  plus  fré- 
quemment, ce  sont  des  repré- 
sentations humaines  qui  rem- 
plissent tantôt  un  champ  ré- 
servé sur  le  plat  de  la  stèle, 
tantôt  la  stèle  tout  entière, 
tantôt  toute  l'ouverture  du 
iiaïitkox  (fig.  r.324  à  6330). 

On  peut  ranger  les  sujels 
représentés  sur  les  stèles  atti- 
ques  —  et  le  classement  vaut, 
en  somme,  pour  les  monu- 
ments non  altiques  —  plus  sommairi'menl  qu'il  n'est 
fait  dans  le  recueil  de  l'académie  de  Vienne,  sous  quatre 
chefs  principaux  :  1°  personnages  représentés  seuls. 
L'homme  ou  la  femme  sont  d'abord  Jreprésentés  assis, 
dans  un  siège  à  haut  dossier  droit ''■'  ou  sur  une  chaise 
à  dossier  et  <à  pieds  recourbés,  dans  une  attitude  hiéra- 
tique'-", ou  familière-'  pour  les  femmes,  simple  et  grave 
pour  les  hommes^'-.  Ils  sont  aussi  représentés  debout. 
Les  hommes  sont  souvent  figurés  dans  une  attitude  ou 
avec  des  attributs  qui  rappellent  leur  profession-' ;  les 
jeunes  garçons  et  les  jeunes  filles  avec  leur  oiseau  ou 
leur  animal  familier'-'  ;  2°  groupe  de  deux  personnages 
avec,  quelquefois,  un  personnage  accessoire.  Les  prio- 
cipaux  types  sont:  groupe  simple  de  l'homme  et  de  la 
femme  avec,  ou  non,  le  geste  de  la  poignée  de  main-'\ 
femme  à  la  toilette,  homme  ou  servante  présentant  le  cof- 
fret ouïe  miroir ■•='^,  groupe  d'homme  et  de  femme,  ou  de 
femme  etservante,  avec  présentation  de  renfanl-\  homme 
ou  femme  et  jeunes  enfants  -'*,  vieillard  contemplant 
tristement  son  fils  adulte  [imaco,  lig.  3!I()7J-'';  3°  groupes 
de  famille  à  |)lusieurs  personnages  (fig.  (j32y'  ''")  ; 
4"  repri'sentalions  particulières  :  guerriers  combattant '', 

pi.  «CUV.  —  10  /Ai<;.  pi.  cccxxi,  cccxsiii.  —  M  //,!<(.  pi.  ,;ccoix  uccxxx.  —  12 /Aid. 
pi.  ccuxxxiu,  cccxxsiv.  —  U  Ibid.  pi.  cccxxxviu,  cœxxxix.  —  I»  /Ai,/,  pi.  cccxivi. 
cccsi.vii.   —   <!•  Ibid.  n"    I66i  s.|.    —  »6  Ibid.  n"  1680   sq.  —  1^    Ibid.  n»   lf.S5. 

Ibid.  pi.  ci.xxvin  ;  noire  figure  =  LouThoenoiios,  p.  I3i0.  —  '9  /AiV.  pi.  xv. 

Ibid.  —  21   Jl,id.  pi.  xvn,  xviii,  XIX.   —  22  /Ai/,  pi.  cxvui,  cxix.   —  23  n,id. 

ux,  Cl.xxxui.  —  21  Ibid.  pi.  crvi  ci.viu  c[.xi.  —  25  Ibid.  pi.  xi.lv,  xi.v.  xi  vin, 
—  l<î  Ibid.  pi.  XXX,  xsxi,  xxxii,  clc.   Kxceplionuclleiuent.  poignée  de  main 

deux  cnfanis.  pi.  ccixvi.  —  21    Ibid.  pi.   i.iiv,  i.xv,  i.xvii.  clc.  —  2S  Ibid. 

ixiu,  i.c«xxiv,  ci.xx,  CLXXV.  —  21  /Ai(/.  pi     ccx,  c.:xi,  .xxu,  ccxxi.  —  30  Ibid. 

XVIII,  ixxiï,  i.xxx,    xcvii,  pi.   xnviii,  etc.  —  31    Ibid.  pi.  CCXLV,  ccxi-viu. 


"is:.  ft3:î8.  —  La  Loulrophore 
fiiui^raire. 


_  18 
_  20 
pi.  Cl 
1,,  clc. 

pi.  ex 

pi.  I.> 


SEP 


122? 


SEP 


naufragés  ',   foinines  di-faillantes  (fig.  0325  -),  liommes 
couchés  devant  une  lalile  de  banquet'. 

Ici,  à  propos  de  ce  dernier  sujet,  nous  devons  l'aire  une 
importante  remarque.  Nous  n'avons  pas  à  nous  occuper 
des  repésentalionssi  nombreuses  du  "  banquet  funèlire  » 
dont  le  sens  exact  a  fail  l'objet  de  tant  de  discussions  '" 
[héros].  La  forme  même  de  ces  reliefs  —  plaques  rectan- 
gulaires beaucoup  plus  larges  que  hautes  —  suflit  à  mon- 
trer qu'ils  ne  sont  point  des  monuments  /'iniéraircs, 
faits  pour  trouver  leur  place  au-dessus  du  louib''au,  mais 
bien  des  monuments  votifs  destinés  au  culte,  en  dehors 


\].m  "u 


même  de  la  nécropole,  des  morts  héroTsés'';  de  n)ème 
les  inscriptions  qu'ils  portent  ont  toujours  un  caractère 
de  dédicace,  et  non,  comme  celles  des  reliefs  funéraires, 
de  simple  indication  de  la  personnalité  du  défunt.  Seules 
doivent  rentrer  dans  la  catégorie  des  reliefs  funéraires, 
au  moins  à  l'époque  classique,  les  représentations  de  ce 
type  qui  sont  sculptées  sur  des  stèles  oblongues  de  la 
forme  habituelle.  Il  y  en  a  quelques  exemples  parmi  les 
stèles  attiques*;  le  »  banquet  »  y  est,  d'ailleurs,  très 
simplilié;  on  n'y  voit  pas  les  attributs  et  accessoires 
spéciaux  qui  figurent  sur  les  banquets  funèbres.  Mais  il 
figure  sous  sa  forme  complèt(>  et  avec  im  grand  luxe 
décoratif  d'accessoires  sur  certains  reliefs  hellénistiques 
d'\sie  Mineure'^.  Pour  les  mêmes  raisons,  nous  laissons 
en  dehors  de  noire  étude  des  ni^'jj.i.-z'j.  funéraires,  les  reliefs 
laconiens  représentant,  soit  des  divinités,  soit  des  morts 
héroïsés,    et  tous  les  reliefs    où  est  figuré   le   type    du 


1  AU.  Gnibrel.  pi.  cxxii.  — 2/Ai</.,  pi.  \i.vr,  i.ixv.  — 3  /4,U,  pi.  cci.l,  cci.vii.  —  '.  On 
truiivera  la  bibliographie  à  l'article  heeios.  —  î>  Cf.  Urueckncr,  op.cit.,  p.  îj^i  ;  Gardiicr, 
Sc'ilpt.  Tomlis,  p.  S7  s.|.  —  0  Cf.  Ali.  Graliixl.  p.  tsl,  noie.  —^  l'fulil,  Arch. 
Jrihrbucli,  l'.lli.,.  p.  13(1  5i(.  —  »  l.a  bibliographie  sur  lune  ou  l'aulre  de  ces  Ih.'wies 
i>l  cuusiiléralile;  citons  seuleiiieni,  pour  la  pretiiière,  iîriieekn*  r,  SUzuiiijah.  W'icti. 
\hW,  p.  51  i  si|.;  pour  la  seconde,  Furtwilugler,  Cuil.  Habouru/f,  intr.  p.  U  sq.  ; 
Milclihoefer,  (trntjtrkunst  d.  Ucllentn.  Nous  signalerons  ici  seulement  la  théorie 
paradoxale  d'IIolwcrda,  Die  attisch.  Grâber  U.  Blùtezeit^  Leyde,  IS'J'J, 
d'après    <(ui    il   n'y  aurait    pas  de  rapport  entre  tes  Inscriptions  et  les    pcrson- 

VIII. 


cavalier.  Pour  tous  ces  montimeiits,  on  se  reportera  à 
l'article  iihhos. 

On  a  beauciuip  disciili'  sur  le  sons  précis  à  atliibiier 
aux  représentations  que  nous  venons  d'énumérer,  parti- 
culièrement à  la  «  poigui'e  de  main  >>  et  aux  «  groupes  de 
famille  »  (fig.  0324).  —  l.a  scène  se  passe-t-elle  sur  la  terre 
ou  au  séjour  des  morts?  Les  personnages  se  disent-ils 
adieu  dans  ce  monde,  ou  se  retrouvent-ils  dans  l'autre'.' 
Les  reliefs  sont-ils  un  souvenir  de  la  vie  dudéfuni,  ou  une 
allusion  à  son  existenci^  d'au-delà  la  tombe"?  Il  y  a  pour 
et  contre  l'une  et  l'autre  de  ces  opinions  des  raisons  très 
spécieuses  '.  Il  est  d'une  part  certain  que  beaucoup  de 
reliefs  se  rapportent  à  la  vie  passée  du  défunt.  11  en  est 
ainsi  qui  rappellent  sa  profession:  nous  avons  le  cor- 
donnier Xanthippos  '',  le  fondeur  Sosinos  '",  le  marchand 
de  vin  (?)  Tokkès",  le  pancratiasle  Agaklès '-,  l'archer 
Gétas'^  D'autres  monuments  rappellent,  d'une  manière 
générale,  la  bravoure  guerrière  du  défunt(Aristonautès)", 
ou  même,  de  façon  plus  précise,  un  de  ses  hauts  faits 
(Dexiléos,  fig.  0320)  '^.  Quelques  l'oliefs  mettent  sous 
les  yeux  la  scène  même  de  la  mort  :  stèle  de  Théo- 
phanté  "',  stèle  de  Plangon  "  (fig.  0325),  stèle  de  Mal- 
tliaké'",  stèle  peinte  trouvée  à  Pagasai ''■'.  On  y  voit 
une  femme  défaillant  sur  une  chaise,  ou,  avec  plus  de 
réalisme  encore,  sur  un  lit.  Même  scène  sur  un  relief 
mutilé  du  Louvre-",  où,  très  illogiquement,  la  scène  de 
la  présentation  du  collret  est  associée  à  celle  de  la 
défaillance.  Nous  sommes,  on  le  voit,  bien  loin  de  l'exis- 
tence héroïque  d'outre-tombe.  N'est-il  pas  naturel  d'ex- 
pli(|uer  de  même  les  scènes  de  toilette,  qui  elles  aussi  ne 
[XHivent  se  rapi)orter  qu'à  la  vie,  et  enfin  la  «  poignée 
(le  main  »  et  les  groupes  de  famille?  C'est  le  souvenir  de 
la  tendre  union  i|ui  régnait  entre  le  mort  ou  la  morte  et 
les  survivants,  non  leur  rencontre  dans  l'Hadès,  que 
l'artiste  a  voulu  exprimer  ;  c'est  dans  l'intimité  tle  la 
maison  athénienne  qu'il  nous  introduit;  rien  (jui  s'accorde 
mieux  avec  le  caractère  d'humanité  et  de  familiarité  de 
l'art  grec.  Les  inscriptions  et  les  épigrammes  funéraires 
rappellent  toujours  la  vie  du  défunt;  c'est  aussi  ce  (lue 
l'ont  les  reliefs.  Telles  sont  les  raisons  qu'on  petit  faire 
valoir  en  faveur  de  la  première  théorie. 

Mais  on  peut  demander  comment  il  se  fait  que  dans  ces 
scènes  «  d'adieu  »  ce  soit  précisément  le  mort,  celui  qui 
prend  congé  des  survivants,  qui  soit  représenté  assis, 
tandis  que  les  autres  sont  debout '-'.  Puis  il  y  a  des  stèles 
archaïques  où  le  mort  ou  la  morte  sont  représentés  dans 
une  attitude  solennelle  qui  semble  montrer  qu'ils  sont 
figurés  en  tant  que  morts ^'^  Un  relief  montre  même, 
coumie  les  lécythes  blancs,  le  mort  à  son  tombeau'-'.  La 
représentation  dti  banquet  funèbre  est  rare  sur  les  stèles 
attiques,  parce  qu'elle  ne  s'applique  au  juste  qu'aux 
héros,  et  que,  au  moins  à  l'époque  classique,  les  morts 
ne  sont  pas  généralement  considérés  comme  tels;  mais, 
le  fait  qu'elle  existe  suffit  à  prouver  que  c'est  bien  l'exis- 
tence d'outre-lombe  (lui  est  visée.  Des  textes  sur  la  vie 


nages  ligures;  ceux-ci  seraient  simplement  des  amis  du  mort  ou  des  passaids. 
CI',  la  crilinue  de  Bulle,  lierl.  l'hil.  Wochensclir.  1900,  p.  1W3.  —  ''  Atl. 
Grabicl.\t\.  cxix.    —  iOlbiil.  eotl.  toc.  —   n  Ibid.,   pi.    cxx.  —   ilJbid.,    pi. 

.:l.xsxui.  —KIbid.,  pi.  ecixvvn.  —  (^  Ihid.,  pi.  c.M.v.  —  '-ï  Ihid.,  pi.  CCXI  Vlil. 
—  II.  Ibid.,  pi.  ixxv.  —  "  Non  aUic)ue,  Ibid.,  à  propos  de  la  pi.  i.xxv.  —  I»  Ibid., 
pi.  X1.VI.  —  '9  'Es.  Aj/..    l'JOS,  pi.  1.  —  2"  Clarae,  pi.  ciAi  B,  u.  21 1   A  =  Kcinach, 

HépcrI.dela  stat.  I,p.  ii;;,  n.  4.  —'i'  l'our  U.ules  eus  observations,  cf.  Miluldioerer, 
Op.  cit.  —  22  Ait.  Urabr.  xv.  xv  ;  ,.f.  1//;.  iinth.  Vlll,  pi.  xli.  —  ii  .1». 
Grabrd. 

154 


SEP 


1220  — 


SEP 


(les  onfers  parliMil  de  la  o£;ûo!7i?',  <le  1'  «  accueil  ->,  ijui 
pourrait  bien  iHre  la  scène  ngurée  sur  les  stèles.  Enlin  et 
surtout,  s'il  est  vrai,  comme  nous  l'avons  admis,  que  la 
stèle,  comme  tous  les  autres  ç/ifixia,  est  essentiellement 
un  fi^a;  pour  le  mort  et  qu'elle  est  faite  à  son  usaj^e,  il 
faut  bien  en  conclure  que,  en  principe,  les  scènes  qui  y 
sont  sculptées  doivent  intéresser  le  mort  en  tant  ([ue 
mort.  Toutes  ces  raisons  nous  inclineraient  donc  vers  la 
seconde  tliéoi'ie,  moins  attirante  pour  noire  tour  d'esju-il 
moderne,  moins  en  liarmonii?  avec  l'idée  que  nous  nous 
faisons  de  l'art  grec,  et  surtout  de  l'art  altique. 

Mais  la  vérité  est  qu'il  ne  faut  pas  vouloir  exprimer  en 
uue  formule  une  réalité  très  nuancée  et  très  complexe.  Il 
faut  d'abord  tenir  compte  de  l'évolution  des  idées  et  de 
l'art;  elle  permet  d'autoriser  des  opinions  contradictoires. 
Il  peut  être  vrai  qu'à  l'origine  les  reliefs  funéraires  aient 
présenté  le  mort  dans  son  existence  solennelle  d'outre- 
tombe,  et  vrai  en  mém»  temps  qu'ils  aient  plus  tard 
figuré  de  préférence  sa  vie  passée;  l'idée  qu'au  mort 
seraient  un  jour  réunis  les  vivants  permettait  de 
passer  sans  heurt  d'une  conception  à  l'autre.  Le  fait  que 
le  mort  est  souvent  représenté  assis,  avec  les  vivants 
debout  autour  de  lui,  ne  s'expliquerait-il  pas  comme  une 
survivance  du  temps  où  le  mort,  considéré  comme  un 
héros,  trônait  en  face  de  ses  adorateurs?  Et  il  se  peut 
bien  aussi  que  les  scènes  sculptées  sur  les  reliefs  ne 
soient,  strictement,  ni  des  scènes  d'adieu  sur  la  terre,  ni 
des  scènes  d'accueil  dans  les  Champs  Klysées;  il  se  peut 
que  le  mort  y  soit  représenté  réellement  comme  mort,  et 
les  vivants  qui  sont  à  coté  de  lui  réellement  comme 
vivants.  11  y  a  là  un  mélange  très  particulier  de  réalisme 
et  d'idéalisme,  qu'on  retrouve  dans  les  «  banquets 
funèbres  »  et  dans  les  scènes  de  Ihéoxénie,  et  où  l'esprit 
grec  se  mouvait  avec  facilité.  Il  en  serait  des  reliefs  funé- 
raires exactement  comme  des  reliefs  votifs,  où  des 
personnages  humains  sont  représentés  à  côté  des  dieux  ; 
mais  comme  le  mort  n'est  pas  proprement  une  divinité, 
il  n'est  pas  (iguré  avec  une  taille  supérieure  à  celle  des 
vivants.  Dans  cette  conception,  les  reliefs  funéraires 
seraient,  suivant  une  ingénieuse  comparaison  de  M.  Mil- 
chhœfer\  tout  à  fait  analogues  aux  saule  conversa- 
sioni  des  peintres  italiens.  La  majesté  de  la  mort  et  la 
grâce  de  la  vie  s'y  fondraient  en  une  teinte  unique. 

Stèles  inscrites,  peintes  ou  sculptées,  édicules,  statues 
funéraires,  pierres  tombales,  piliers  ou  colonnes,  l'assem- 
blage de  toutes  ces  formes  monumentales  devait  donner 
aux  nécropoles  grecques  un  aspect  pittoresque  et  varié  ; 
les  arbres  et  la  verdure  le  complétaient  heureusement'. 
Cette  diversité  se  retrouve  dans  les  ensembles  formés  par 
les  monuments  d'une  même  famille,  ensembles  dont  la 
limite  était  marquée,  semble-l-il,  par  des  ocoi '.  Si  quel- 
quefois l(!s  'jf^ii.x-x  en  sont  identiques  —  les  trois  trapé- 
:ni  des  Messôniens  —  d'autres  fois  ils  diffèrent  tous. 
Ainsi,  à  Athènes,  la  stèle  portant  les  noms  d'.Agathon  et  de 
Sosicratès,  haute  de  4  mètres,  se  dressait  entre  les  deux 
naîscoi  moins  élevés,  l'un  consacré  à  Agatiion  lui-même 
et  décoré  d'une  peinture,  l'autre  à  sa  femme  Korallion 
et  portant  en  relief  la  scène  de  famille  du  type  ordinaire. 


'  Cf.  FiirlwSnglcr,  Coll.  Sahouroff,  iiilroJ.  p.  iC,  où  les  IcïUs  sonl  cilfs, 
p.irliciilij.r(>m«nl  Hyper.  Epitaph.  13.  —  2  Milcliliocrcr,  Op.  cil.  —  3  Sur  co  point, 
cf.  f'ollicr,  El.  snr  U-t  li-cytha,  p.  SO.  —  lEicmpIc  il  un  cli-  ci's  Jj.»  :  U'cylhc  («»(■- 
faire  avec  l'inscripUon  Jjo;  jt>i^|uiio;  :  Journ.  of  htll.  slud.  l'JOG,  p.  i33.  —  0  (;jc. 
De  leg.  Il,  2li.  —    «  Vov.   Waljingcr,    Sltiditn    :.    imterilnl.    V,vicnmal.  :  il  faul 


Il  faut  restituer  beaucoup  d'ensembles  analogues  pour 
avoir  une  idée  complète  de  ce  qu'était  une  nécropole 
comme  le  Céramique  d'.\tliènes,  avec  les  luxueux  monu- 
ments que  Cicéron  désigne  par  l'expression  ff/7i7j///«f//;!e.s 
scpiilcroruin*.  Les  nécropoles  des  autres  cités  grecques 
devaient  rester  très  au-dessous  de  celles  d'Athènes  pour 
la  richesse  et  la  variété  des  monuments  funéraires.  Pour 
la  Grande  Grèce,  pour  les  villes  comme  Tarente,  Noia, 
Capoue,  nous  sommes  bien  renseignés,  à  di'faut  de 
monuments  encore  existants,  par  les  peintures  de  vases 
apuliens  et  campaniens.  On  y  voit  dominer,  à  côté  de  la 
stèle  simple  ou  de  pilier  funéraire,  la  forme  du  nais/tos 
qui  contient,  en  général,  l'image  du  mort,  debout  ou 
assis, parfois  accompagné  de  son  cheval; c'est  souvent  un 
édicule  élégant  avec  fronton  supporté  par  deux  ou  quatre 
colonnes  ioniques,  autour  duquel  les  suivants  se  grou- 
pent elapportent  leurs  oITrandes  '  (fig.  63:27').  La  primauté 
d'Athènes,  en  ce  domaine,  dure  jusqu'à  l'époque  de  Dé- 
métrius  de  Phalère,  de  qui  la  législation  somptnaire  porte 
un  coup  très  grave  à  l'arcliileclure  et  à  la  sculpture  funé- 
raires "■;  la  situation  pécuniaire  delà  bourgeoisie  athé- 
nienne ne  devait  plus,  d'ailleurs,  lui  periuetlre  ces  coû- 
teuses constructions.  Les  grands  monuments  de  la 
période  suivante  ne  sont  plus  atliques  ni  proprement 
grecs,  mais  gréco-orientaux. 

Il  n'y  a  pas  lieu  de  faire  uneétu<le  d'eusemble  spéciale 
de  l'époque  hellénistique.  Pour  la  moyenne  de  la  société 
grecque,  ni  la 
tombe  ni  les 
m  o  n  u  m  e  n  t  s 
quilasurmon- 
tenl  n'ont  du 
changer  de  na- 
ture ;  l'étude 
de  l'extension 
dans  le  monde 
grec  et  aussi 
de  la  déca- 
dence de  la 
sculpture  fu- 
néraire alti(iue 
n'  i  n  téressent 
que  l'histoire 
de  l'art.  Mais 
il  faut  tenir 
compte  de  l'as- 
pect pittores- 
que et  compli- 
qué que  pren- 
nent les  repré- 
sentations fu- 
néraires dans 
les  cités  grec- 
ques      d'.'Vsie 

Mineure.  Tout  en  si  nspirant  des  stèles  attiques,  elles  intro- 
duisent dans  la  composition  des  accessoires  de  toutes 
sortes,  piliers  surmontés  de  statuettes,  tables  et  meubles, 
ustensiles  de  travail,  arbres  et  autels,  indications  de  murs 


consulter  tous  les  grands  recueils  de  peintures  de  vases  et  les  ealaloïucs  des  dilTé- 
renls  mu56es  ci'rainiques,  en  particulier  celui  du  ftlnséc  de  ^aplc.;  par  Heydemann. 
l'our  11'»  ronherclics  densoinlilc  voir  S.  Itcinacli,  nfjiertoirc  île  rases  iieints  ; 
h'urlwaen^'Ur  et  lieicldiolil,  Criech.  Vascnnmicrei.  —  ■■  Cf.  les  observations  de 
Hrucckncr.  Arch.  An::.  IS'Ji,  p.  i3. 


SEP 


—  1227  — 


SEP 


et  d'i'diliccs,  ([iii  <lonni'nt  uni'  fouleur  pjirtirulirrc  aux 
sujets  rappiilanl  la  vie  du  di'funl  et  prèlcnl  un  earacU'ri' 
gréco-asialique  au  slyli'  de  eus  œuvres (ligG330)  '.  Si  Ton 
pousse  plus  loin  dans  le  monde  grec  oriental,  on  trouve 
naturellement  des  variantes  qui  s'éloignent  davantage  de 
la  règle  attique  et  qui  nionlrent  l'esprit  grec  en  lutte  avec 
l'élément  étranger,  tantôt  s'imposantà  lui,  tantotabsorbé 
ou  incorporé.  Rien  n'est  plus  instructif  à  cet  égard  que 
l'étude  des  nécropoles  gréco-égyptiennes.  Celle  de  Kôm- 
escli-Scliukafaen  particuliera  fourni  pourlapériode  hellé- 
nistique et  romaine  les  plus  précieux  renseignements -. 
Dans  la  période  ptolémaïque,  les  habitudes  grecques  résis- 
tent victorieusement;  on  distingue  nettement  les  formes 
funéraires  connues,  le  lit,  la  banquette,  le  sarcophage, 
l'urne  cinéraire.  Le  Grec  alexandrin  aime  à  reproduire 
dans  son  tombeau  la  disposition  de  sa  maison  ou  de  son 
palais,  avec  escaliers,  couloirs,  antichambres  et  cham- 
bres, piliers  etcolonnes.  Quand  un  même  tombeau  réunit 
une  famille  grecque  avec  une  domesticité  indigène,  la 
séparation  se  marque  dans  les  modes  d'ensevelissement, 
comme  dans  l'architecture  ou  le  plan  des  caveaux  ■'. 
Mais  peu  à  peu  les  formes  décoratives  tendent  à  se  rap- 
procher et  à  se  confondre.  De  petits  naoi,  oii  le  buste 
du  mort  habillé  à  la  grecque  apparaît  dans  une  sorte 
de  niche,  prennent  l'aspect  d'un  temple  grec,  mais  avec 
des  détails  égyptiens,  des  corniches  ornées  d'uraeus 
dressés,  des  colonnetles  lotiformes  *.  Certaines  grandes 
constructions  offrent  dans  les  chapiteaux  de  leurs 
colonnes  un  style  étrange  et  composite,  audacieux  mé- 
lange de  grec  cl  d'égyptien  ^  Les  autels  ù  offrandes 
surtout  permettent  de  suivre  avec  précision  l'évolution 
chronologique  ;  d'abord  rigoureusement  grecs  de  struc- 
ture, ils  deviennentplus  tard  des  pelilsédiiices  à  pylônes, 
décorés  d'uraeus.  L'élément  hellénique  a  été  peu  à  peu 
recouvert  par  la  couche  égyptienne  ''. 

Revenons  aux  pays  grecs.  Dans  la  grande  architeclure 
funéraire,  une  tendance  nouvelle  introduit  un  type  nou- 
veau. Cette  tendance  consiste  à  donner  de  plus  en  plus 
d'importance  à  l'idée  de  Vhéro'isaliun  des  morts,  du  culte 
et  des  honneurs  presque  divins  que  leur  doivent  ceux  qui 
sont  restés  sur  terre.  C'est  un  renouveau  d'un  sentiment 
très  antique''.  De  nombreuses  inscriptions  mentionnent 
des  fondations  pécuniaires  destinées  à  assurer  des  hon- 
neurs permanents  aux  morts  héroïsés.  Un  document 
célèbre,  trouvé  dans  File  de  Théra,  le  testament  d'Epic- 
tèta*,est  un  témoignage  très  frappant  de  ces  idées  nou- 
velles, de  ce  regain  du  vieux  culte  des  morts. 

Vhérôon  est  le  type  de  construction  funéraire  qui  le 
traduit  matériellement;  c'est  l'union  en  un  seul  monu- 
ment de  la  sépulture  et  du  temple  où  l'on  rend  un  culte 
aux  défunts.  Les  herùa  sont  souvent  des  monuments 
considérables,  tant  par  leur  architecture  compliquée  que 
par  leur  riche  orncmenlation  scidpturale,  et  les  détails 
varient  beaucoup  :  ce  sont  des  constructions  où  la  part 
d'invention  de  l'architecture  peut  être  considérable. 
Par  là  même,  il  est  hors  de  notre  sujet  de  les  décrire; 
nous  renvoyons,  pour  des  monuments  comme  le  tom- 
beau des  Néréides  et  le  Mausolée,  et  à  l'époque  romaine, 

'  Voy.  lus  doux  arliclos  do  Pfulil,  Arcli.  Jahrb.  1005,  p.  47  el  p.  130.  Noire 
figure  =  liirf  pi.  v  (Mu. ce  du  Louvre).  — 2  Sicgjin-Sclu'eibcr,  Die  IVecro/iole  von 
Kom-esch-Schiikiifa,  1908.  —  3  Jbid.  p.  lf,5  sq.  —  *  fljid.  p.  174,  fig.  109,  110. 
—  5/4i(/.clmp.XlX,p.  27:i  sq.  pl.vii.  —  0  y/;irf.  p.  241  sq.  - 7  Cf .  UragcndorlT,  ÏVicr. 
Grâh.  p.  2.18  ;  Itohde,  Psyché,  II.  p.  CIIO  sq  '  Insce.  ijr.  ma.  III,  330.  —  9  Pour  le 
uionumeiil  des  Nén*ides  elle  Mausoti^e,  voir  Col  ligunii,  lïi&l.  scul/jt.  ipx-cqiie.  II,  p.  JIri 


comme  le  monument  de  l'Iiilopappos  à  .Mliènes,  aux 
reconstitutions  qui  en  ont  élé  tentées  et  aux  histoires 
générales  de  l'architeclurc  et  de  la  sculpture  ".  Nous 
n'avons  ici  qu'à  définir  un  type  général  et  à  le  montrer 
sous  sa  forme  la  plus  simple  et  la  plus  claire.  A  remar- 
quer que  ces  monuments  ne  se  rencontrent  guère  sur  le 
territoire  de  la  Grèce  propre,  au  moins  à  l'époque  alexan- 
drine;  encore  que  des  fragments  d'une  frise  ornée  de 
figures  de  pleureuses  semblent  provenir  d'une  grandi; 
construction  funéraire  attique  en  forme  de  temple'",  qui 
même  ne  serait  pas  postérieure  au  iv"  siècle. 

Distinguons  deux  types  l'/ieVoon-temple  et  V/iérônn- 
téménos.  L'hérôon-temple  est  un  édifice  élevé  sur  un 
soubassement  qui  constitue  comme  un  étage  inférieur. 
La  cella  du  temple  est  partagée  en  un  certain  nombre 
de  chambres;  le  même  plan  se  retrouve  à  l'étage  infé- 
rieur, les  sépultures  se  plaçant  dans  les  chambres  du 
haut  comme  dans  celles  du  bas.  Un  exemple  très  net  est 
le  petit hérôon découvert  à  Milet",au  lieu  ditxxMâpjAafa. 
C'est  une  construction  dorique  carrée,  de  il  mètres  de 
côté,  en  calcaire  recouvert  d'une  couche  de  stuc  peint. 
Trois  côtés  de  l'édifice  sont  entourés  chacun  de  six 
colonnes  appuyées  contre  la  paroi.  Sur  le  quatrième  côté 
est  l'entrée,  entre  deux  demi-colonnes.  L'intérieur  de 
l'édifice  est  partagé  en  deux  chambres.  A  ces  deux 
chamlires  correspondent,  dans  le  soubassement,  sur 
lequel  s'ouvre  une  petite  porte,  deux  chambres  de  même 
dimension,  où  ont  été  retrouvées  six  sépultures.  Des 
édifices  analogues  '^  de  dimensions  modestes  et  d'archi- 
tecture élégante,  devaient  se  rencontrer  aux  abords  de 
toutes  les  villes  hellénistiques.  Beaucoup  de  reliefs 
funéraires  gréco-orientaux  montrent,  semble-t-il,  très 
sommairement,  l'intérieur  même  de  ces  /lérùa,  avec  les 
statues,  ici  véritablement  statues  de  culte,  qui  les 
ornaient,  elles  ofl'randes  habituelles  aux  morts  disposées 
sur  une  corniche  régnant  tout  autour  des  chambres 
intérieures'^.  Les  grands  monuments  funéraires  de  l'Asie 
Mineure,  tombeau  des  Néréides  ",  tombeau  de  Cnide'% 
mausolée  d'Halicarnasse  '",  sont  des  hérna  du  même  type 
porté  à  un  très  haut  degré  de  magnificence.  Quel([ue 
incertitude  qu'offre,  en  effet,  leur  restauration  complète, 
il  n'est  pas  douteux  que  c'étaient  des  temples  à  péristyle, 
dressés  sur  un  soubassement  très  élevé  renfermant  la 
chambre  funéraire.  Il  semble,  d'ailleurs,  qu'il  y  ait  là  un 
souvenir  de  l'antique  architecture  funéraire  de  l'Asie.  Le 
caveau  est  dissimulé  sous  une  masse  épaisse  de  maçon- 
nerie, comme  il  l'était  dans  les  monuments  archaïques 
sous  la  masse  du  tumulus,  et  le  haut  souliassement  qun- 
drangiilaire  qui  porte  le  temple  rappelle  l'ancien  tombeau- 
pilier  de  la  Syrie. 

L'hérôon-téménos,  tel  que  monuments  et  textes  nous 
permettent  de  l'imaginer,  est  constitué  par  une  enceinte 
consacrée,  un  vaste  péribole  qui  abrite  le  tombeau  lui- 
même,  souvent  en  forme  de  temple  funéraire,  el  avec  lui 
un  ensemble  de  conslruclions  et  d'emplacements  néces- 
sités par  la  pratique  compliqiu'e  du  culte  des  héros  :  abris 
pour  les  gardiens  ou  les  prêtres,  chambres  de  culle, 
espaces  couverts   pour    les    repas   d'anniversaires,  jar- 

el  sq.  p.  321  et  st[.  Pour  le  monuuientde  Pliilopappos,  voir  Th.  Ueluacli,  Histoire 
par  les  monnaies,  1902, p.  233  sq.  —  10  (X  Wollers.  Atli.  MiUi.  1893,  p.  1  sq.  ctpl  l. 
—  "  CI'.  Arrli.  An:.  1902,  p.  SO.  —  12  Sur  un  ^'dilice  de  Tliéra,  cf.  UragendorlV,  Oyi. 
eit.  p,  240  sq.  —  13  Cf.  Pfuld,  Areh.  Jalirb.  l'JO.î,  p.  125  sq.  —  H  Cf.  Calai,  nf 
sciilpt.  in  Dr.  Mus.  II,  p.  1  sq.  avec  la  liiWiograpliie.  —  KlMil.  p.  214  (bihliogra- 
phie).  —  IG  Cf.  /tid.,  p.  ijl  sq.  avec  toute  la   liildiograpliie  el  les  restaurations. 


SRI' 


—  1228  — 


SEP 


«iiji,  etc.  Il  liu;iin'  d'aliord,  (•«iiinif  rh('rôon-U'in]>k',  sur 
les  reliefs  funéraires  {^réco-asialiques  '  ;  on  y  voit  quel- 
quefois un  simple  rideau  qui  protège  les  célébrants  du 
culte  funéraire,  les  convives  du  «  banqucl  funèbri'  ■■ 
contre  l'ardeur  du  soleil,  en  même  temps  qu'il  les  isole 
dans  une  espèce  de  léménos  artificiel;  mais  on  y  voil 
souvent  aussi  un  mur  avec  une  porte,  ou  un  mur  au- 
dessus  duquel  apparaissent,  à  côté  des  symboles  funé- 
raires ordinaires,  une  colonnade,  des  arbres;  la  scène  se 
passe  évidemment,  dans  le  premier  cas,  devanlle  mur  du 
péribole  et  en  dedans  de  lui  ',  dans  le  second  cas  à  l'iu- 


Fig.  6331,  —  Ili-riiou  l.-mi'-nos  .1c  Tiysa. 

li-rii'ur  d'un  porliqu(>  enclos  lui-inèmc  diins  le  péribole. 
On  trouve  un  ensemble  du  mémo  genre  grossièrement 
figuré  sur  des  tables  iliaques ^  Le  tombeau  d'Hector  y 
apparaît  comme  une  conslrucUon  qiiadrangulaire  élevée 
sur  un  soubassement  à  degrés,  au  centre  d'un  péribole 
clos  d'un  mur  (lig.  0331).  L'bérôon-téménos  le  mieux 
conservé  est  celui  de  Gjolbasclii-ïrysa,  en  Lyeie  '  ; 
c'est  un  quadrilatère  do  20  mètres  sur  les  petits  côtés, 
de  25  mètres  sur  les  grands;  les  murs,  intérieur  et 
extérieur,  portent  une  longue  frise  sculptée;  on  peut 
restituer  avec  sûreté,  contre  l'angle  du  mur  sud,  des 
chambres  qui  devaient  servir  non  seulement  à  l'habita- 
tion des  gardiens  du  sanctuaire,  mais  aussi  aux  cérémo- 
nies du  culte.  Des  textes  °  et  des  inscriptions,  surtout 
d'Asie  Mineure,  font  connaître  des  monuments  plus 
considérables  encore  et  mieux  pourvus  que  l'hérôon  de 
Trysa.  A  Théra,  la  fondation  d'Epictéta  comporte  à  la 
fois  UQ  [Aoufreïov  et  un  TÉjAEvo;  t(ôv  Vipcoitov  comprenant 
lui-même  les  Tipiôia  de  cliacun  des  défunts  héroïsés  ;  de 
même  une  inscription  de  Smyrne  *  énumère  un  grand 
nombre  de  constructions  formant  un  vaste  ensemble 
funéraire.  Enfin,  le  téménos  d'Antigone  Oonatas''  con- 
tenait, à  côté  des  constructions  funéraires,  de  véritables 
installations  publiques:  stade,  portique  et  bains. 

Nous  sommes  très  loin,  avec  ces  immenses  et  fas" 
tueuses  constructions,  du  goût  cl  de  la  simplicité 
grecques.  Aussi  bien,  c'est  en  Asie  qu'on  les  rencontre  et 
elles  se  ressentent  à  coup  sûr  du  voisinage  barbare.  Mais 
ce  n'est  p,is  à  dire  que  dans  leur  principe  même  elles 
soient  non  grecques.  Il  y  a  eu  en  Grèce,  bien  avant 
l'époque    liellénisliijue,   de    grands    léménr    funéraires. 

1  Cf.  l'fuhl,  toc.  cit.t  p.  13V  sq.  —  -  Non  comme  le  pense  Wiegand,  à  l'in- 
Wriciir  de  la  maison  :  Mh.  Mitth.  1900,  p.  182.  —  3  Arch.  Jahrb.  18!U, 
p.  IC3.  —  i  Cf.  liciiiidorf  cl  Niemann,  Herànn  mn  Gjàllinschi  Trysn  (Jahrb.  il. 
Xiimlhisl.  Snmml.  l.  IX).  —  ■'■  Arrian.  VI.  i'J.  —  6  c.  inscr.  ijr.  3i78  ;  nicnlions 
scmhlaliles,  n"  3ir,s,  3'SI.  —  ^  Cf.  ItheU.  Mus.  X.tlX,  p.  i'J.  Sur  Ions  ces 
grands  liernn,  fVnndnrf,  Ojt.  cit..  p.  M  s*].  —  **  Voir  le  r^sutn(^-  des  Iravanx 
r.'cenls  dans   I;.  Modcslov,   liilroii.  ii  t'iusi.  mm.  la.l.    Ir,   l'jn;.  —  9  A.  S^urgoia 


Nous  en  avons  trouvé  à  Mycènes  et  aussi  dans  l'Attique 
archaïque.  A  l'époque  classique,  l'atTaibli.ssement  de  la 
religion  drs  aïeux  fait  le  terrain  peu  favorable  à  ces 
grands  aménagements.  Au  contraire,  la  renaissance,  à 
l'âge  qui  suit,  du  sentiment  religieux  et  mystique,  mar- 
chant de  pair  avec  un  développement  du  luxe  inconnu 
jusque  là,  explique  qu'on  les  ait  vus  i-é'apparaître,  mais 
hors  du  continent  grec  appauvri.  Les  i)ieux  fondateurs 
des  témenè  héroïques  ne  faisaient  que  remettre  en  œuvre 
des  traditions  très  anciennes. 

Italie  phéromaine.  Étrurie.  Rome.  —  L'élude  du  pr(''- 
liistorique  italien,  très  en  faveur  aujourd'hui*,  s'appuie 
avant  tout  sur  la  connaissance  des  sépultures  de  l'Italie 
la  plus  ancienne.  Mais  c'est,  plus  encore  que  le  type 
même  des  tombes,  les  rites  funéraires  dont  on  y  retrouve 
la  trace  et  le  mobilier  qui  les  garnissait,  qui  attirent 
surtout  l'attention  des  archéologues  et  palet hnologues. 
Or,  rites  funéraires  et  mobilier  funéraire  sont  questions 
qui  restent  en  dehors  de  notre  étude  [voir  fcnus].  11  ne 
conviendrait  pas  davantage  d'entrer  ici  dans  le  détail  des 
discussions  sur  l'attribution  des  divers  types  de  sépul- 
tures aux  divers  peuples  qui  se  sont  succédé  dans  la 
péninsule,  et  sur  les  conclusions  qu'il  y  a  lieu  d'en  tirer 
pour  son  histoire  primitive;  nous  renvoyons,  d'ailleurs, 
i'i  l'article  ETRi'sci.  On  se  bornera  à  quelques  indications 
générales,  rendues  nécessaires  par  la  publication  des 
nombreux  travaux  postérieurs  à  l'article  cili'. 

Les  jdus  anciennes  tombes  italiques  sont  des  grolles 
natuielles  ou  des  cavernes  artificielles  creusées  dans  le 
roc  ou  le  sol  montagneux  ',  rondes  ou  carrées,  qui  repro- 
duisent peut-être  deux  types  d'habitation  primitive 
[noMUs]  ;  un  puits  cylindrique  donne  accès  à  la  chambre 
ou  quciqui'fois,  en  Sicile  par  exemple,  c'est  un  i/ro)ni>.t  ou 
une  anlichambre  avec  ouverture  n  finno'".  La  chambre 
elle-même  est  de  petites  dimensions;  les  squelettes  y  sont 
déposés  sur  le  côté  gauche,  avec  les  jambes  repliées". 
Dans  une  autre  nécropole  de  la  même  époque  '^  les  tombes 
sont  des  fosses  à  ciel  ouvert,  sur  deux  rangs  réguliers  et 
parallèles;  le  fond  des  tombes  est  concave,  et  les  sque- 
lettes sont  étendus,  couchés  sur  le  côte  droit  ou  gauche, 
les  jambes  ramenées  contre  le  ventre. 

La  période  suivante  de  la  préhistoire  italique  est  la 
période  dite  des  terramares,  du  nom  des  amas  de  terre, 
restes  d'antiques  habitations  surpilolis, retrouvés  surles 
deux  rives  du  Pô,  dans  les  provinces  de  Parme,  de  Heggio, 
de  Modène'^  Elle  est  caractérisée  par  l'incinération,  qui 
remplace  l'inhumation  des  temps  néolithiques;  c'est  une 
des  fortes  raisons  de  voir  dans  la  civilisation  des  terra- 
mares  non  pas  la  suite  de  la  civilisation  de  l'âge  de 
]>ierre'*,  mais  l'apport  de  populations  nouvelles,  venues 
du  Nord'^  Le  mode  de  sépulture  qui  s'accorde  avec  le 
rite  de  l'incinération,  c'est  le  puits  élroitcontenant  l'urne 
ou  l'ossuaire  ;  c'est,  en  elVet,  le  type  dominant  en  Italie 
jusqu'au  développement  de  la  civilisation  étrusque.  Dans 
les  terramares  il  n'y  a  pas  de  puits  creusé  pour  chaque 
ossuaire  ou  cinéraire,  mais  tous  s'enlretouchent,  disposés 
en  un  même  dépôt  funéraire,  sans  cloisons  intermédiaires. 

et  Canialupo;  cf.  Aiimili,  18(17.  p.  -25  si|.  :  Modcsluv,  0,i.  cil.  p.  iO  s.|.  —  '»  Cf. 
Oisi,  «II//,  ili  palflnol.  ilal.  1890- 1894;  Mon.  ant.l.  VI,  —  u  Snr  celle  alliluile, 
Dfcl'ielclle,  MnnncI  iVnrch.  pn-hisl.  19(i8,  I,  p.  471  sq.  —  12  Nécropole  de  Remc- 
dello,  province  de  Hrescia:  cf.  Colini,  Unll.  di  inilcln.  i7n/.  Isns-I9n0;  Modeslov. 
p.  73.  _  13  Colleclion  dn  Uuu.  d'  "nlelttol.  Uni.  el  llolbig.  Pic  Ilnliker  in  d,r 
Pm-lien-;  Mon.  AnI.  I  (terramare  cie  Caslcll!UïO),  elc.  —  '^  Tlu^nric  île  MM.  l'.ri- 
ïioul  Ser;;ii  cf.  Modeslov.  O/,.  ci/,  p.  ISIl  scj,  — 'â  CJ.  Modcslov,  p,  183  »|. 


SEP 


—  122!» 


SEP 


On  romarqiic  que  les  nécropolos  sonl  quelquefois  con- 
slruites  à  part  des  centres  (rhai)ilalion,  sur  le  même 
modèle,  comme  des  colonies  isolées'. 

La  lombe  à  piiils  proprement  dite  et.  aceessoireinent  la 
tombe  à  fosse  sont  caraclcrisliques  en  Italie  de  la  période 
dite  de  Villanova^,  du  nom  de  la  nécropole  de  ce  nom,  à 
S  kilomètres  do  Hologno.  Comme  il  ari-ive  toujours,  ladèsi- 
Kualion  primitive  s'est  montrée  inexacte:  des  tombes  du 
môme  type,  avec  le  même  ossuaire  très  spécial  en  forme 
de  deux  cônes  tronqués  réunis  par  leur  base  [etrusci, 
fig.  2785],  ont  été  trouvées  sur  tout  le  territoire  entre  le 
Pô,  le  Panaro,  les  Apennins  et  l'Adriatique,  également 
sur  celui  de  l'ancienne  Étrurie,  entre  l'Arno  et  le  Tibre, 
à  Orvielo,  Cervetri,  Corneto,  Vulci,  Vetulonia,  Voltorra, 
Cliiusi,  etc.,  et  même  dans  l'Italie  Méridionale,  jusqu'à 
Cumes  et  à  Capoue^ 

La  tombe  villanovienne  est  un  puits  rond,  de  dimen- 
sions varia- 


rieur,  de  moins  grand  diamètre,  ferm(' 
de  travertin,  contient  l'urne  et  le  mobilier  funéraire 
(fig.  C332  ;  voy.  fig.  278.5)  ^  ;  on  a  retrouvé  quelque- 
fois des  pierres  grossièrement  taillées  qui  servaient 
de  cippes.  L'urne,  en 
forme  de  deux  troncs 
de  cône  (fig.  2780), 
était  déposée  au  fond 
du  puits  ou  renfermée 
avec  les  autres  vases, 
dans  un  tonneau  de 
nenfrn  ou  d'argile 
[dolio)\  par  la  suite  le 
dolio  devient  le  vase 
cinéraire  lui-même  ". 
Leslombesà  fosse  (fig.  ()33;{)"qui  se  rattaclientà  la  mémo 
civilisation  se  distinguent  des  tombes  à  puits  par  leurs 
dimensions  jilus  considérables:  ellosont  jus(|u'à  3  métros 
de  profondeur  et  leur  forme  (\st  quadrangiilaire.  Les 
parois  sont  constituées  par  des  dalles  de  tuf  posées  de 
cliainp.  Le  plus  souvent,  ces  fosses  ont  un  couvercle  formé 
par  des  dalles  de  tuf  ou  de  travertin  reposant  sur  un 
rebord  ;    quelquefois  même,   au-dessus    du    couvercle, 

<  Cf.  Pigorini,  Dull.  de  paleln.  ilal.  1890,  p.  21  se).  ;  Mon.  AnI,  I.  —  3  Cf.  Mar- 
Uia.  Art  étrusque,  p.  33  sij.  ;  Moilcslov,  Op.  cit.  p.  287  sf|.  —  3  Cf.  sur  ce  point 
(Jsiîll.  Nécr.  de  Vulci,  p.  315  sr|.  —  4  Cf.  Gscll,  Ibid.  p.  iu  si|.  ;  Marllia,  toc  cit.; 
Modeslov,  Lnc.  cit.  —  5  Cf.  tlscll,  p.  iSO.  La  figuie  csl  lir(?c  de  Mo.k-slov,  p.  .i-in, 
pl.  xxMV,  11"  ;;.  —6  Cf.  Urmiicr,  Mrl.  durchrol.  et  d'hisl.  19i)7.  p.  ;tbi.  —  ^  Cf. 
Gsell,  '/;,.  cit.  p.  3t3  sq.;  Marllia.  p.  !)8  s.|.  I.a  ligure  esl  liréc  de  iModc»lnv,  ibid. 


.  0333.—  Toiiil.0  ilalii|u 


d'autres  dalles  de  travertin  dressées  verticalement  l'ont 
une  enceinte  qiiadrangulaire.  l.,e  rite  observé  est  tantôt 
I  incinération,  l'ossuaire  étant  d'un  type  dérivé  de  celui 
<[u'on  trouve  dans  les  tombes  à  puits,  tantôt  l'inliumalion. 

Tel  est  le  type  de  sépulture  qui  domine  dans  toute 
l'Italie  avant  le  grand  développement  de  la  civilisation 
étrusque,  et  surtout  dans  la  région  circumpadaiie  et  ajien- 
nine.  Oiiolle  en  est  la  signification,  au  point  de  vue  do 
la  préhistoire  italienne?  La  question  se  pose  d'abord  de 
ses  rapports  avec  les  nécropoles  des  terramares.  Pour 
certains  savants  (MM.  Helbig  *,  Pigorini  "),  la  civili- 
sation de  Villanova,  dans  son  ensemble,  est  originaire 
des  terramares.  Pour  plusieurs  raisons'"  —  absence  tie 
nécropoles  villanoviennes  dans  le  pays  des  terramares, 
ililférence  absolue  des  deux  céramiques,  etc.  —  l'hypo- 
thèse ne  semble  pas  plausible.  L'une  de  ces  raisons,  qui 
nous  intéresse  ici,  est  que  la  disposition  des  ossuaires 
villanoviens,  dans  une  fosse  profonde,  creusée  tout 
exprès,  ne  ressemble  aucunement  à  celle  des  ossuaires 
des  terramares,  placés  à  fieur  de  terre,  sur  une  vaste 
étendue  commune  et  très  rapprochés  l'un  de  l'autre.  Seul 
le  rite  de  l'incinération  se  retrouve  ici  et  là;  c'est  assez 
pour  penser  que  les  «  Villanoviens  »  ne  sont  pas  d'une 
race  essentiellement  dilTérente  de  celle  des  habitants  des 
terramares,  mais  non  pas  pour  identifier  les  deux  civi- 
lisations. 

La  question  est  beaucoup  plus  considérable  du  rapport 
de  la  civilisation  de  Villanova  à  l'étrusque;  sa  solution 
implique  celle  de  la  ([ueslion  même  de  l'origine  des 
Étrusques  [etiîvsciJ.  Pour  n'en  retenir  que  ce  qui  louche 
à  notre  étude,  quel  est  le  lien  entre  les  tombes  à  puits  et  à 
fosse  du  type  de  Villanova  et  les  tombeaux  à  chambre  (h; 
l'Ktrurie  (lig.  G33i,  (1335)?  Tour  les  uns,  les  tombes  à 
chambre  s'enchaînent  aux  tombes  à  fosse  comme  ci^Iles-ci 
aux  tombes  à  puits;  on  passe  graduellement  d'un  type  à 
l'autre;  c'est  la  suite  ininterrompue  d'une  même  civilisa- 
tion, et  cette  civilisation  est  celle  des  Étrusques.  Telle  est 
la  théorie  exposée  par  MM.  Helbig"  etUndset'^  en  France 
par  MM.  Martha'^  et  Gsell'*.  La  grande  objection  qu'on 
peut  tout  de  suite  faire,  c'est  qu'il  semble  bien,  d'après 
les  textes  anciens,  que  les  Étrusques  soient  arrivés  en 
Italie  par  mer  ;  et  cependant,  dans  l'hypothèse  de  l'iden- 
tité de  la  civilisation  villanovienne  et  de  la  civilisation 
étrusque,  la  forme  la  plus  récente  de  cette  civilisation, 
représentée  par  les  tombes  à  chambre,  se  trouve  dans 
l'Étrurie  actuelle,  c'est-à-dire  au  pointmème  de  l'arrivée 
des  Étrusques.  Il  n'y  a  que  deux  manières  de  réfuter  cette 
objection  :  c'est,  ou  de  prétendre,  comme  le  fait  M.  Helbig'", 
contrairement  au  témoignage  des  textes  etdes  fouilles,  que 
les  Étrusques  sont  arrivés  non  point  du  tout  par  mer,  mais 
par  terre  et  parle  nord;  ou,  suivant  l'ingénieuse  hypothèse 
de  M.  Pottier  '",  d'admettre  que  les  Étrusques  sont  bien 
arrivés  par  la  mer,  mais  par  la  mer  Adriatique  et  non  par 
la  mer  ïyrrhéniennc.  Leur  civilisation,  établie  aux  x'  et 
IX"  siècles  au  nord  de  l'Apennin,  se  serait  aux  viu''  et  vu" 
transplantée  entre  l'Arno  et  le  Tibre,  dans  YElriirid  des 
Komains.  Mais,  à  vrai  dire,  la  théorie  do  l'identité  entre 
les  deux  civilisations,  villanovienne  et  étrusque,  n'a  pas 

„•  3.  —  8  Cf.  Helbig,  Die  Italiker.  p.  101  ;  Annali,  1.S8*,  p.  131.—  »  Cf.  Bull, 
de  pnletn.  1887,  p.  75  sq.  :  1890,  p.  21  ;  Gscll,  Vulci,  p.  33t.  —  fo  Cf.  lirizio,  La 
proienienzadtgli Etruschi:  Modeslov, Op.  cil.  p. 29S  sq.—  '1  Cf.  Anna/i, 188*.  p.  .'isi|. 
—  12  Cf.  Annali,  IsSi,  p.  lOSsq.  —  "  Marllia, 4rt  «nm/iii'.  p.  37  sq.  —  H  Gscll, 
Vitlci,  p.  31.Ï  sq.  —  15  Cf.  Ilelliig,  lluliker  iii  d.  Pocbene  ;  Annali,  ISSV,  p.  lOS  : 
Marllia,  Op.  cit.  p.  iti.  —  ic  Cf.  l'ollier,  Cul.  des  mses  ant.  du  Lomrc,  p.  297  sq. 


SKI' 


—  \2m 


SEP 


gagni' (lo  U'rrain  tlaiis  1rs  liMvaiix  i('C('iils  cl  ]iarail  ninins 
cil  laveur  aujourd'hui  '.  Il  sfinlilc  hicii  fine,  lanl  pour  le 
lilc  riiniMairt"  que  pour  la  rorinc  des  louibes  cl  leurniobi- 
lier,  il  y  ait  eiilre  los  lombes  villanoviennes elles  lombes 
élrusques  un  hiatus  qu'on  ne  peul  combler  que  par  ral'fir- 
inalitui,  dénuée  de  preuves,  qu'on  passe  f^raduellemenl 
des  unes  aux  autres.  Lii,  l'incinération  est  le  rile  observé; 
ici,  c'est  l'inhumalion;  les  exceptions  constatées  -  s'ex- 
pliquent très  l)ien  par  des  influences;  et  le  désaccord  des 
deux  civilisations  sur  ce  point  essentiel  ne  saurait  êlre 
nié.  Là,  des  puils  ou  des  fosses;  ici  des  caveaux  à  corri- 
dors d'accès,  ;\  chambres  multiples,  richement  décorés, 
quel(|uefois  surmonlés  de  liiiniili  de  pierre.  M.  Pallier 
constate  «  dans  les  usaijcs  religieux  et  dans  rarchitecliire 
funéraire  une  modification  dont  la  cause  nous  échappe  '  ». 
Admettons  donc  quecesmonumenls  el  ces  rites  nouveaux 
sont  l'expression  d'une  civilisation  nouvelle,  différente 
do  celle  qui  l'a  précédée  ?  C'est  en  vain  qu'on  a  cherché  la 
Irace  de  nécropoles  de  transition  entre  les  villanoviennes 
et  les  élrusques.  Les  recherches  faites  à  Bologne  même, 
où  on  a  retrouvé  voisins,  mais  avec  une  séparation  nette, 
cimetière  villanovien  et  cimetière  étrusque,  n'ont  pas 
donné  de  résullals  dans  ce  sens*.  Nous  conclurons  qu'il 
faul  sans  doute  rapporter  les  lombes  à  puits  et  à  fosse  du 
Bolonais  el  de  l'Élrurie  à  une  civilisation  italique,  que 
l'immigration  étrusque,  venue  de  l'Orienl,  aurait  peu  à 
peu  réduite  el  supprimée  °.  A  quel  peuple  convienl-il  de 
rapporter  celle  première  civilisation""?  Probablement  à 
C(!lledes  Ombriens,  venus  du  Nord,  qui,aprèsavoiroccu|ii'' 
toute  la  région  bolonaise,  auront  passé  les  Apennins  ^'i 
peuplé  la  future  KIrurie,  d'fu'i  les 
auront  eiiassi's  les  immigrants 
orientaux  '. 

L'archi  Lecture  funéraire  propre- 
ment élrus(iue  nous  est  connue, 
])ar  un  grand  nombre  de  monu- 
ments*. Elle  est  représentée  par 
la  tombe  à  chambre  [etrusci].  Le 
plus  simple  est  constitué  par  une 
chambre  unique,  à  laquelle  on 
accède  par  un  couloir  (lig.  6334)". 
Le  long  d'une  ou  de  plusieurs 
parois  de  la  chambre  règne  une 
banquette  destinée  à  recevoir  le 
squelette  et  le  mobilier  funéraire. 
Quelquefois  les  murs  du  caveau, 
au  lieu  d'être  simplement  creusés 
dans  le  tuf,  sont  en  maçonnerie.  Les  plafonds  sont  en 
voûte  ])lus  ou  moins  cinlr('e  ou  en  échine,  avec  une 
imitation  des  pièces  de  charpente,  dans  la  niasse  du 
tuf.  Le  plan  est  généralemcnl  quadrangulaire.  Quelque- 
fois, en  face  de  la  porte  d'entrée,  se  détache  de  la  paroi 
du  fond  un  pilastre  formant  cloison  '"  ;  ou  bien  d'autres 


I  Cf.  CM  ilOTiicr  lien  «mjii'i-,  Mrl.  irm-cli.  el  irhisl.  inn7,  p.  i5i  ;  cl  Milaiil, 
Ilnlici  cd  /Cliusci  (.m  Congrts  .ii-cli.  ilo  lioiiic),  100!).  —  2  Sur  co  |ii)iiil, 
cf.  (iscll,  hc.  cil.  :  Marllia,  lue.  cil.  —  3  l'oUicr,  JtiiU.  p.  3(17.  —  '.  CI 
(Jrciiifr,  (oc.  cil.  p.  337.  —  â  Cf.  Modvslov,  p.  ,100  S(|.  —  0  Cf.  Maik'!<loi. 
p.  Mi  S(|.  —  1  Colle  llicorie  suppose  coninio  un  fail  acquis  que  la  civilisalion  a 
iiiarclié  ihi  nord  au  sud  de  l'Apennin.  f)r,  si  le  fail  esl  vrai  quand  on  considère 
I  ensrmtjlc  des  deux  civilisations,  villanovicnne  el  élrusque,  il  n'est  rien  moins  ipic 
prouvé  par  rapport  a  la  seule  civilisalion  ^  illnuovicunc  ;  il  semble  iui>mc  (cf.  Gre- 
nier, Inc.  cil.  p.  35S]  rpie  le  mobilier  funérai<-e  des  lomlics  villanoviennes  soit  d'une 
(laie  plus  reculée  que  celui  des  londics  dn  Bolonais.  Comment  accorder  celle  eonsl.1- 
l;ilion  avic  la  marche  des  -  Ombriens  ..  dn  Holouais  vers  l'i'îtrurie  ?—  8  cf.  Marlh.i, 
Arléliutgucp.  IS3sq.  — 'JCI.  i6irf.  p.  ISG;  Micili,  J/oJl.  iwei/.  l'Ior.  I8U,  pl.Kv  si|.: 


Fig.  0331.  —  Tombe    illn 


^ 


// 


ii~tL 


FifT.  033.1 


eiiaïuhres  ont  leurs  eniré'es  sur  les  côti's  du  couloir".  La 
fcrineliirc  se  cf)mposc  ou  d'une  grande  dalle  de  liif  ou 
de  travertin  posée  de  champ  devant  la  porte,  ou  de  blocs 
i(uadrangulaires  superposés  entre  les  montants'-.  Ce 
type  général  peul  être  varié  dans  ses  dispositions  parti- 
culières. La  formela  plus  achevéedu  lombeau  élrusque  esl 
le  lombeau  à  caveaux  multiples.  Un  type  particulier  aux 
monuinenls  de  Vulci  est  le  lype  a  cassone'^.  \.c  ca.isoîic 
esl  un  vestibule  carré  ou  rectangulaire,  à  ciel  ouvert, 
dans  lequel  débouche  le  couloir,  généralement  vers  le 
milieu  d'un  des  longs  côtés.  En  face  du  débouché  du 
couloir  s'ouvrent  dans  la  paroi  du  cassone  une  ou  plu- 
sieurs chambres  (fig.   ()33l)  '"'.  Qucliiuefois,  il  se  trouve 

aussi    des   chambres  ^ ^ 

sur  les  petits  côtés  il  u 
rassoie,  ou  sur  le 
côté  même  où  débou- 
che le  couloir,  ou 
enfin  sur  le  couloir 
lui-mêine.  Ce  lype  « 
rnsso}io,  1res  ancien, 
disparaît  à  partir  du 
v'  siècle;  il  esl  diffi- 
cile d'en  indiquer 
l'origine;  en  tout  cas, 
l'explication  qui  y 
voit  une  survivance 
delafosse  '»,  devenue 
ainsi,  dans  la  tombe 
à  chambre,  une  es- 
pèce de  vestibule,  ne 
paraît  pas  fondée.  Le 

plus  habituellement,  les  chambres  funéraires  sont  grou- 
pées autour  d'une  chambre  centrale  :  le  nombre  en  esl 
souvent  considérable"'.  On  trouvera  ailleurs  des  rensei- 
gnements el  des  illustrations  sur  la  disposition  intérieure 
des  chambres  (etrusci,  p.  836,  domt'S,  fig.  2512),  avec 
leurs  banquettes  ii  un  ou  deux  degrés,  les  corps  étant 
déposés  soit  sur  ces  banquettes,  parallèlement  ou  perpen- 
diculairement au  mur,  soit  dans  des  niches  creusées 
dans  la  paroi  tout  autour  de  la  chambre  à  la  ressemblance 
d'un  lit,  soit,  dans  le  même  caveau,  sur  les  banquettes 
et  dans  les  niches.  Les  lombes  de  Cervelri,  tombe  des 
Tarijuini'',  tombe  dei  lii/ievi'*  (fig.  2802),  sont  les 
exemples  les  plus  complets  de  ces  sépultures. 

Un  grand  nombre  de  caveaux,  à  Cornelo'",  Cliiusi -", 
Cervelri-',  Vulci",  Orvieto'",  etc.,  sont  ornés  de  pein- 
tures, disposées  sur  les  quatre  parois  de  la  chambre 
rectangulaire,  et  sur  les  deux  tympans  du  plafond  simulé; 
elles  se  déroulent  tantôt  sur  une  seule  bande,  tantôt  sur 
deux,  séparées  par  des  bandes  parallèles  peintes.  Les 
tympans  sont  décorés  de  ligures  d'animaux  ou  de  mons- 
tres marins,  les  parois  de  grandes  scènes  réparties  dilTé- 


Canin,i,  Ktruria  Maril  il'oii  esl  lirée  la  fis;.  0333  ;  (Jsell,  Dp.  cil.  p.  131  sq.  —  10  Cf. 
/iulltlliiio,    1874,    p.    230;  Hennis,    CilitfS  attd   cniichr.  o/'  Klruria,  1,  p.    271. 

—  11  Cf.  Gscll,  loc.cit.  —  '2  ll,id.  p.  437.  —  13  Ibid.  p.  431.  —  14  La  ligure  esl 
piisc  lie  Gscll,  Krcrop.  de  Viilci,  p.  150,  fig.  4».  —  li  Cf.  Dull.  d.  1ml.  ISS4,  p.  ICC. 

—  ir>  Huit  cb.imbres  dans  la  tombe  Franeois  ii  Vulci  (flg.  iM\)\  dix  chambres 
dans  la  tombe  des  Volnnmii  à  P6rouse  ;  cf.  pour  la  première,  Des  Vergers, 
VÉtrurie  el  les  Élr.  III,  pi.  xxx  ;  pour  la  seconde,  Didl.  d.  Insl.  1840,  p.  17  sq.  ; 
1841,  p.  12  SI].;  Annali,  1842,  p.  55  sq.  —  n  Cf.  Dcnnis,  Op.  cit.  I,  p.  240  sq. 
Dnruy,  Hist.  des  Itnm.  I,  p.  8"..  —  18  Ibid.  I,  p.  250  si\.  —  '9  Cf.  Dcnnis,  Op.  cit.  I, 
p.  305.  —i»a.  Annali,  1820,  p.  110;  1850,  p. 251;  AJonum.  V,pl.  xxxn-xxxiv,  pi.  xiv- 
jvi.  —  21  Cf.  /lullell.  1.S34,  p.  97  ;  Annnli.  1854,  p.  38.  —  22  Cf.  Des  Vergers,  O.  c. 
III.  p.  18:  Bidletl.  1833,  p.  77  ;   1838,  p.  240.  —  21  (ï.    Bull.    1863,    p.   41  :  p.   50. 


SEP 


—  lâ.'îl 


SEP 


rcmmont  suivant  les  cas  (fig.  2802).  four  les  sujets  re- 
présentés, banquets  de  fêtes  en  plein  air,  danses,  jeux, 
lulles,  combats  de  cirque,  exposition  du  mort,  banquet 
funéraire,  défilés  de  morts  conduits  par  les  génies  funè- 
bres, myllies  grecs  ou  italiques  (lig.  2821  et  suiv.l 
[voy.  ETRisa  et  aussi  hctuka]. 

l/aspecL  extérieur  d'un  certain  nombre  de  tombeaux 
étrusques  démontre  la  parenté  de  ces  constructions  avec 
les  grandes  tombes  archaïques  de  l'Asie  Mineure';  c'est 
là,  avec  les  textes  des  anciens,  l'appui  essentiel  de  la 
tliéorie  qui  fait  venir  les  étrusques  del'Asie  Mineure -.On 
a  vu  plus  haut  comment  l'union  de  la  chambre  funéraire 
et  du  tumulus  parait  être  le  fait  des  populations  gréco- 
asiatiques  de  l'Asie  Mineure  archaïque.  Or,  ce  type, 
tumulus  dressé  sur  une  xpr^KÎ;  avec,  à  l'intérieur,  la 
cliambre  funéraire,  se  retrouve  très  exactement  à  Tar- 
quinies  iflg.  2803),  Corneto  ',  Cervelri  \  Vulci  %  etc.  La 
Cucumella  de  Vulci  "^  est  un  cône  de  terre  de  70  m.  de 
diamètre,  haut  encore  à  présent  de  20  m.,  reposant  sur 
un  soubassement  en  maçonnerie  ;  deux  tours  sont  enga- 
gées dans  l'épaisseur  de  la  butte;  elles  servaient  sans 
doute  de  support  à  un  monument  qui  couronnait  l'édilice. 
Et  de  même  que  nous  avons  vu  en  Asie  Mineure  le  tu- 
mulus de  terre  se  transformer  en  un  cône  de  pierre  (tom- 
beau de  Tantale),  en  Étrurie,  à  côté  du  mausolée  di; 
Corneto  ou  du  tertre  de  la  Cucumella,  nous  trouvons  la 
tour  conique  de  Caslel  d'Asso',  creusée  dans  le  roc;  le 
célèbre  tombeau  de  Porsenna",  le  tombeau  dit  des  IIo- 
races,  dont  les  restes  subsistent  encore',  étaient  des 
constructions  du  même  genre'".  Même  ressemblance 
entre  certaines  façades  de  tombeaux  étrusques  taillées 
dans  le  roc  ",  avec  des  encadrements  simulant  des  portes, 
des  corniches,  des  temples'-,  des  arcades  [ktklsci, 
fig.  2804]  et  les  façades  des  grands  tombeaux  phrygiens, 
lydiens,  lyciens  (v.  p.  1218). 

Soit  à  l'iMilréc  des  tombes,  soit  au  sommet  de  la  con- 
struction funéraire,  des  «  monuments  »  analogues  aux 
(7ï,aaTa  des  Grecs  marquaient  l'empla- 
y'''^^^*^-.         cément   de  la   sépulture'''.    Un  type 
,*-"*""  """•  •_  ^     fréquent  est  celui  de  la  pierre  sphé- 
rique  ou    ovale,   unie    ou    ornée  de 
feuillages,     quelquefois    taillée     en 
pomme  de  pin,    couronnant  une  co- 
lunnelte  ou  un  socle  carré  (lig.(j33G)'''; 
le  socle  est  parfois  orné  de  tètes  de 
béliers    et    de   guirlandes.  Celui    de 
Pérouse  que  l'on  voit  (tig.  0337)  est 
orné  de  bas-reliefs  représentant   les 
funérailles''.  Les  stèles  plusou  moin» 
analogues  à  la  stèle  grecque  se  trou- 
vent également    en   Étrurie,   portant 
des  représentations,  guerriers,  scènes  de  banquet,  sur 
des  registres    superposés  "^    [coma,   lig.  1834;    etrlsci, 
fig.  2813].  Des  stèles  découvertes  à  laCertosade  Bologne  '  ' 

1  Cf.  Modeslor,  Op.  cit.  p.  35i  s(|.  —  2  Cf.  Modestov,  loc.  cil.  ■  Brizio,  la 
Provenienza  il.  Elruich.;  l'otli.  r,  Op.  cil.  p.  Î97  s<|.  —  3  Cf.  UiageniJorlI, 
Tlier.  Griiber,  p.  103;  Ucnois,  I,  p.  367.  —  l  Cf.  Ucnais,  Op.  cil.  I, 
p.  m.  —  5  JOid.  p.  +55.  Voy.  rrncsci  .  —  «  Ilnd.  p.  i5i,  Hicaldi,0;/.  l.  pi.  iv  ; 
Duruj-,  ffist.  des  Itom.  I,  p.  i.xivr;  cf.  p.  iJ,  :iSO.  —  i  Mon.  I,  pi.  xi  i, 
Iti;  Martlia,  Art  Kir.  p.  15s  cl  fig.  liii.  —  h  pu,,.  /y,j/.  „„,.  XX.WI,  i)l. 
—  'J  AiMali,  ISi'J,  p.  3oi>;  I837,p.  57  ;  Duruy,  H.  des  llom.  I,  p.  i3.  —  lo  En  Afri- 
que on  troine  aussi  le  (umulus  comme  type  de  sépulture  indigène  1res  ancienne  avec 
des  v.iriaulc5i|ni  rouduiscnlà  la  forme  de  lour  romle  ;  Osell,  Les  moHumvnls  anliq. 
dcl'Alijmr,  p.  0  si|.  —  I' Cf.  Marlha,  Op.  cit.  p.  îUK  st\.  —  '2  Kaçailcs  de 
Norchia  ;   cf.  Ucnais,  Loc.  cit.   I,  p.   200.  —  "  Cf.   Marlha,  p.  in  «i|    —  It  Jlar- 


V 


Fig.  033i».  —  Tombe 
étrusque  de  Bologne. 


ont  la  forme  de  dalles  ovales  rétrécies  à  leur  base,  hniiles 

<le  1  m.  à  2  mètres,  cernées  d'une  bordure  ornemenlale, 

et  couvertes  de  représentations  figurées,  divisé  en  plu 

sieurs  zones  horizontales 

séparées  par  des  chevrons 

[etiusci,  fig.  2814,  2815]. 

Les    sujets,     départ     du 

mort  sur  le  char  funèbre, 

scènes  de    ban([uel,  etc., 

sont   semblables  à    ceux 

ligur(''s  sur    les   urnes   et 

sarcophages    étrusques 

[sAiîcoiMiAGUsl  ;  l'exécution 

en  est  très    médiocre.    Il 

faut    signaler    enfin    les 

sphinx    et    les  lions   qui 

étaient  placés   devant  les 

lombes  ou  dressés  sur  leur 

sommet'*;    c'est    encore 

un  trait  de  ressemblance 

avec     les      constructions 

funéraires  archaïques   de 

r.\sie  .Mineure. 

Les  fouilles  et  les  dé- 
couvertes récentes  sur  le 
territoire  du  Latium  ont 
permis  d'étudier  les  sé- 
pultures archaïques  de  Uomc  et  leur  rapport  avec  le  plus 
ancien  passé  de  l'Italie  ''■'. Ces  sépultures  sont,  d'unepart, 
celles  des  monts  Albains,  d'autre  part,  celles  de  l'Ksquilin 
et  du  Forum.  Dans  les  nécropoles  des  monts  .albains-"  le 
rite  de  beaucoup  le  plus  fréquent  est  l'incinération  ;  la 
fosse,  peu  profonde,  ayant  la  forme  d'un  puits,  est  revêtue 
ou  non  en  pierres  et  recouverte  d'une  dalle  ;  dans  la  fosse 


hg.  6337 


Tondje  élrusquc  de 


Fig.  6338.  —  Puits  à  crémation  cl  tomlie  à  iuliumalioo. 

on  trouve  le  rZci//o  d'argile,  contenant  l'urne  (très  souvent 
de  la  forme  de  l'urne  cabane  ;  voir  domis,  fig.  2508  à 
ïolO,  elles  autres  vases  du  mobilier  funéraire.  Les  né- 
cropoles romaines  proprement  dites  offrent  concurrem- 
ment les  deux  riles.  Les  puits  à  crémation  et  les  fosses  à 
inhumation  s'avoisinent.  Voici,  par  exemple,  un  de  ces 
groupes,  emprunté  aux  fouilles  de  rEsquilin(  fig.  0338)-'. 
La  fosse  esta  plan  rectangulaire  (I  m.  20  sur  2  m.  50); 
tout  autour  du  fond  court  une  banquette,  sur  laquelle 
prennent  appui  des  pierres  disposées  en  voùle,  protégeant 

llia,  p.  ÎI3;  Milani,  .Slwl.  e  maler.  Il,  p.  i30;  fl'o(i;ie,  1903,  p.  353:  1908, 
p.  310.  Cf.  Dennis,  II,  p.  42,  5i.  Sur  ces  .  pommes  de  pin  .,  leur  caraclêrc 
décoralif  ou  syralioli.pie  ;  cf.  Miss  Harison.  Jour»,  hell.  st.  I.'i99,  iiS;  Sclirilder, 
.Slml.  :.  d.  arabdenl.ni.  d.  rôni.  Kaiserz.  liioî,  p.  25  s.|.  ;  il  n'y  faudrait  voir 
qu'une  déformaliou  d'uue  représeulaliou  originelle  de  l'ompA<i/os  cl  du  tiimvhis,  cl. 
Jtfm.  Milili.  XVIII,  p.  40  sq.,  p.  185  et  31  i.  —  '»  Ingliirami  J/o«.  Elr.  VI, 
p_  a,  _  16  Marlha,  Ibid.  p.  21  i,  307.  —17  Zannoui,  Scari  delta  Certosa  ; 
cf.  Marlha,  p.  3G8  sci.  —  18  Sphini  :  Ammli,  183i.  p.  273;  Dennis.  Il,  p.  300. 
Lions  :  Hennis,  I.  p.  33  ;  p.  250  ;  Martha,  p.  1  H!.  —  "  Cf.  Modcslov.  O.  f.  p.  229  sq.  ; 
l'iuza,  .1/0".  Ant.  t.  XV.  -  -iOCf.  en  dernier  lieu,  iVot.  d.  .Scar.  1905,  p.  135  sq. 
—  21    Cf.    Piuîa,   p.  51   el   lig.   121. 


/ 


SEP 


—   1232 


SEP 


Kig.  0339.  —  Tombe  arcliaVii 


lo  (li'itrit  fiiiK'iMirr  coiiliM'  II'  |i(ii(ls  des  Icim'i's;  le  cadavre 
ri'pDse  sur  k-sol  un.  A  1  m.  'M  de  celle  fosse  est  un  puils, 
profond  de  1  aii-lre,  donl  la  cavilc  est  occupée  par  une 
urne  ovoïde  coucliée  sur  le  côté  —  Mêmes  groupcuu'uls 
dans  la  nécropole  arcliaï(|ue  du  Forum  découverleen  i'.)&l 
près  du  leiuplede  l'"ausline  '  ;  une  quarantaine  de  lombes 
(Mil  (■II'  dégagées,  les  unes  à  incinération,  les  autres  ;\ 
iiiliuiualion  ;  les  premières  sont  souvent  coupées  par  les 
secondes,  par  là  niéiur  |)iiis  léceutes.  Les  lombes  à  inhu- 
mation sont  des  fosses 
rectangulaires  longues  de 
1  mèlre  à  2  mètres,  larges 
de  0  m.  75  à.  1  mètre  ; 
ijuelquel'ois  l'un  des  petits 
ci')tés  est  cui'viligne -;  des 
pia(|ues  de  tuf  forment 
une  voûte  protégeant  le 
squelette, quelquefois  ren- 
fermé dans  un  sarcophage 
taillé  dans  un  Ironc  d'ar- 
bre, et  les  vases  funérai- 
res; dans  d'auti-es  fosses,  le  fond  est  creusé  d'un  côté  du 
rectangle,  pour  recevoir  le  sarcophage  (lig.  (j33î)),  et  de 
l'autre,  au-dessus  de  cet  étage  inférieur,  une  espèce  de 
niche  fermée  par  des  plaques  de  tuf  renferme  le  mobilier 
funèbre'*.  Nous  laissons  de  côté  la  question  relative  au 
fameux  «  tombeau  de  Uoniulus  »  ou  «  de-Faustulus  », 
découvert  en  18!)9  dans  le  Forum  et  devenu  l'objet 
de  tant  de  controverses  savantes.  Même  si  c'est  un  tom- 
beau ancien,  il  est  surtout  un  monimKmt  religieux,  un 
sanctuaire  consacré  à  des  reliques  nationales,  et  par  là 
même  il  est  en  dehors  de  la  série  régulière  '. 

L'aspect  d'ensemble  de  cette  nécropole  dii  Forum,  qui 
remonte  sans  doute,  au  delà  de  l'influence  étrusque,  à 
l'époque  même  de  la  fondation  légendaire  de  Rome,  avec 
ses  fosses  oblongues  et  ses  puils  cylindriques,  associés 
et  enchevêtrés,  fait  saisir  sur  le  vif  re\istenc(!  parallèle, 
dans  la  Home  des  origines,  de  deu.x  traditions  funéraires 
diirérentes,  appelant  avec  elles  deux  formes  distinctes  de 
sépultures.  iNous  lai.ssonsdecôté  la  question  de  la  source 
mémo  de  ces  deux  traditions^  ;  disons  seulement  qu'il 
n'est  guère  douteux  qu'il  n'y  ait  eu,  sur  le  sol  latin,  jux- 
laposition  d'une  civilisation  d'aborigènes,  où  le  rite 
observé  était  l'inhumation,  et  d'une  civilisation  d'immi- 
grants du  iNord,  qui  pratiquaient  l'incinération.  D'après 
beaucoup  de  savanls»  ces  immigrants  seraient  les  habi- 
tants des  terramares.  En  tout  cas,  leurs  rites  et  leurs 
construclions  funéraires  auraient  en  partie  supplanté 
ceux  et  celles  des  premiers  habitants  du  Latium.  En 
partie  seulement;  car  les  uns  et  les  autres  subsistent, 
nous  venons  de  le  voir,  mêmeàrépoque  laplusancienne, 
et  n'ont  pas  cessé  de  se  perpétuer  dans  la  Home  histo- 
rique. On  y  a  toujours  pratiqué  l'inhumation  à  côté  de 
l'incinération  [ruMsJ,  beaucoiipplus  réiiandue  d'ailleurs, 
au  moins  justju'au  u"  siècle  ap.  ,1.  C. 

L'architecturr  funéraire  de  la  Home  classii|ue,  ri'pn- 
blicaine  et  impi'riale,  apparaît  très  disparate.  Chambres 
funéraires,  construclions  monumentales,  tombeaux- 
autels,  simples  dépôts  en    terre,  tous  les   types  y  sont 

ICt.  Cnza,  /W.  p.  -73  s,,.;  I|„d>i„,  L,:  l-vr.  ,„,,,„..Ml,a,l.  i:areu|nuu) 
p.  m  si|.  ;  ïliéikual,  Lu  Forum  romain,  ^'  edil.  p.  331.  —  2  CI',  l'mia, 
0.1.  lig.  108.  -  3  Ibid.  fig.  115.  U  figure  ust  prise  ibid.  p.  185,  lig.  7?! 
—  t  Voy.    la  bil.liograpliip  à  larlicli-  uekkih,  ntr,.   note   I  ;  pour    l'cssi-uliel  voir 


représeiili's.  Il  faut,  pour  y  mellre  quelque  ordre,  faire  la 
part  des  diverses  inlluences  qui  les  ont  constitués  et 
juxtaposés.  C'est  celle  d'abord  des  traditions  primitives, 
telles  que  nous  venons  de  les  voir  pratiquées  dans  les 
nécropoh^s  arcliaïques.  Le  sim[)lc  caveau  creusé  dans  la 
terre  en  forme  de  puits  ou  de  fosse,  pour  contenir  l'urne 
cinéraire;  un  «  monument  <•  {iituniunenluui)  au-dessus 
du  sol  pour  marifuer  la  jjlace  de  la  sépulture,  tel  est  le 
type  de  construction  funéraire  avec  lequel  ces  traditions 
semblent  s'accorder.  Mais  l'inlUience  étrusque,  considé- 
rable aux  premiers  siècles  delà  liome  historique,  devait 
dominer  son  architecture  funéraire  comme,  au  moins  au 
début,  son  architecture  religieuse  [templum]  et  la  mener 
dans  une  tout  autre  voie.  Les  vastes  hypogées  funéraires 
de  l'Étrurie,  faits  pour  rinhumalion  des  corps  sur  des 
banquettes  ou  dans  des  sarcophages,  furent  adaptés  au 
rite  de  la  crémation  qui  semble,  logiquement,  u'avoirque 
faire  d'espaces  aussi  considérables.  Plus  tard,  enlin, 
l'intluence  grecque  introduisit  à  Rome,  en  même  temps 
que  l'idée  de  l'héroisation  du  mort,  très  répandue,  on  l'a 
vu,  dans  l'Iiellénisme  decette  époque,  des  types  nouveaux 
d'architecture  funéraire,  celui  surtout  du  temple-héi'ôon, 
à  la  fois  réceptacle  des  corps  ou  des  cendres,  et  monu- 
ment de  la  piété  des  survivants. 

De  là  résulte  une  grande  diversité  de  formes  sépul- 
crales. Très  dill'érenles,  d'ailleurs,  par  leur  luxe  et  la  dé- 
pense qu'elles  entraînent,  elles  trouvent  leur  emploi  na- 
turel chez  les  diverses  classes  de  la  population  romaine, 
riches  ou  pauvres,  aristocratiques  ou  populaires.  D'un 
côté,  les  sépultures  les  plus  humbles,  à  la  mode  arcliaïi|ue, 
liuits  ou  simples  dépôts  en  tei're  ;  tout  à  l'opposé,  pour 
les  grandes  familles,  les  constructions  à  l'étrusque,  ca- 
veaux souterrains  ou  vastes  monuments  de  type  asia- 
tique, mausolées;  enlin  la  grande  masse  des  monuments 
funéraires  moyens,  souvent  décorés  à  l'hellénique,  et 
dont  une  caractéristique  est  l'union  en  une  seule  con- 
struction de  l'emplacement  pour  le  dépôt  funéraire  et 
«  du  monument  »;  le  type  le  plus  répandu,  et  le  plus 
vraiment  romain,  en  est  le  tombeau-autel,  le  cippe. 
U  nous  reste,  après  ces  indications  générales,  à  décrire 
brièvement  chacune  de  ces  catégories  de  monuments. 

Les  puits  de  l'époque  primitive  semblent  s'être  perpé- 
tués, à  l'usage  de  la  classe  pauvre,  dans  les  puticoH 
de  l'époque  classique.  On  les  a  retrouvés  à  Rome,  sur 
l'Es([uilin^  là  où  les  témoignages  antiques  signalaient 
leur  présence  *.  Les  commentateurs  rattachent  le  mot 
même  de  puticuU  au  nom  des  puits,  putei.  Ce  sont  en 
effet  des  fosses  rectangulaires  de  4  mètres  sur  o;  les 
parois  sont  en  pierres  taillées;  ciiacune  des  fosses  est 
indépendante  de  ses  voisines.  On  y  jetait  les  corps, 
brûlés  ou  non,  comme  dans  une  fosse  commune. 

A  côté  de  cette  sépulture  du  bas  peuple,  la  plus  simple 
qu'on  trouve  à  Rome  et  dans  l'Ilalie  est  le  dépôt  de 
l'urne  on  terre,  la  place  du  dé|)ôl  étant  marquée  à  l'cxlé- 
rieur  par  unt;  pierre  tomiiale,  eu  forme  de  stèle,  sur 
la(|ui'lle  est  inscrit  le  nom  du  d(''fiinl.  Cette  dis[iosition 
apparaît  très  clairement  à  l'ompéi,  à  côté  des  monuments 
beaucoup  plus  considérables  que  nous  signalerons  tout 
à  riieure.  La  pit'rre  tombale  y  est  très  souvent  travaillée 

■riic.l.iKil,  l'uruiiivimni  11.   le   .■.lil.,  l'.His.p.  77  el  lil. CI'.  Moilr.'slov,   llp.  cil. 

p.  i-H  Sf|.  —  «Surloul  l'igoriiii;  cf.  JhdUi.  d.  Jnsl.  l.vS5,  f.  75;  Jienilic.  Ac. 
Lincci,  iS'JO,  p.  449  si|.  —  7  Cf.  Bulkt.  comimiile,  l«74,  p.  42  sq.  ;  1875,  p.  41  si|. 
—  »  Uor.  Hal.   I,    8,  s   s(|.  ft  Comm.  Cruq.  ad   toc.  :  Varr.  De  linij.  lut.  V.  iô. 


J 


i\>'OXl         : 

tJCHES  IVLL-VÈ 
.WIA'iïAE  VES'ER 


tombale  avec  inscriplioD- 


SEP 

d'une  manière  toule  particulière  ffig.  ():{iO)  '  :  le  iinut  de 
la  partie  postérieure  est  taillé  en  un  busle  humain,  avec 
les  tresses  de  cheveux  retombant  sur  les  épaules;  l'in- 
scription esl  gra- 
vée sur  la  partie 
antérieur  e.  Un 
exemple  très  net 
de  ce  genre  de 
sépulture  est  le 
tombeau  des  trois 
airranchis  de  la 
famille  des  hla- 
cidii  -  :  un  enclos 
ceint  de  murs, 
sans  porte,  avec 
trois  de  ces  pierres 
tombales.  La  dis- 
position est  la  même  dans  d'autres  cimetières  pom- 
péiens''. Dans  la  plupart  des  cas  un  ingénieux  artifice 
supplée  à  la  chambre  funéraire  et  permet  aux  survivants 
de  témoigner  leur  piété  envers  le  mort.  Le  dépôt  funé- 
raire est  en  effet  relié  à  la  surface  du  sol  par  un  conduit 
d'argile  qui  aboutit,  en  un  orifice  caché  par  une  dalle, 
au  pied  de  la  pierre  tombale,  et  par  où  les  libations  pou- 
vaient parvenir  jusqu'à  l'urne  elle-même  '.  A  côté  de  ces 
pierres  tombales  simples,  il  faut  placer  ici  celles,  très 
nombreuses,  qui  portent  des  représentations  figurées". 
Leur  aspect  est  dilférent  de  celui  des  stèles  funéraires 
grecques  ;  par  leur  masse,  leurs  dimensions,  leur  forme 
carrée,  la  place  qu'y  occupe  l'inscription,  elles  sont  tout 
à  fait  analogues  aux  autels  funéraires  que  nous  étudie- 
rons plus  loin;  les  sujets  représentés  sont  les  mêmes. 
La  seule  distinction  à  faire  est  que  la  pierre  tombale 
n'est  jamais  que  «  monument  »  commémoratif,  tandis 
que  l'autel  funéraire  peut  servir  au  culte  et  même  con- 
tenir l'urne.  On  retrouvera  donc  les  pierres  tombales 
dans  la  suite  de  cette  étude. 

De  la  grande  architecture  fiméraire  à  forme  étrusque 
il  y  a,  à  Rome  surtout,  des  exemples  nombreux.  Ce  n'est 
pas  ici  le  lieu  de  décrire  dans  le  détail  les  monuments 
de  ce  type;  une  telle  description  ne  serait  à  sa  place  que 
dans  une  étude  spéciale  des  monuments  de  Rome". 
Marquons  seulement  les  deux  formes  essenlirlles  :  le 
tombeau-hypogée,  creusé  dans  le  roc,  et  le  mausolée  ou 
tombeau-rotonde,  sur  le  type  des  grands  monuments 
archaïques  de  l'Asie  Mineure  v.  plus  haul,  p.  12ia  , 
transmis  à  la  Rome  classique  par  l'intermédiaire  de 
l'Élrurie.  A  la  première  forme  se  rattachent  d'aboid  les 
grands  tombeaux  collectifs  ou  columbaria.  Il  en  a  été 
trouvé  un  très  grand  nombre,  certains  richement  décorés, 
sur  toutes  les  voies  sortant  de  Rome;  c'est  une  création 
toute  romaine,  heureuse  adaptation  du  caveau  étrusque 
à  la  sépulture  par  incinération.  Nous  renvoyons  pour  la 
description  de  ces  monuments  àl'article  colimisahum.  Kn 
i\{i\\OTs  i\e9,  columbaria,  un  grand  nombre  de  sépultures 
de  famille  sont  du  type  de  l'hypogée:  une  porte  cintrée 
conduit  au  caveau  funéraire  voùlé,  souvent  subdivisé  en 

1  Cf.  Ma»,  Pompei  -,  p.  437;  Overbcck,  Pompfji,  \'  édit,  p.  Ml  (notre 
fig.  63»)  ;  Gusnian,  Pompéi,  p.  CO.  —  2  Jlau,  O.  c.  p.  iiî,  n,  21  ;  Overbcck, 
p.  416  :  cf.  p.  40S.  _  3  Mau,  iti-l.  p.  418,  449.  —  4  /Iti.i.  —  5  Cf.  Scliiôder, 
Sliid.  îii  rfer  Grubdenkm.  lOOi.  —  r.  On  trouvera  les  principauï  monuments 
funéraires  r-numOrés  dans  ttichter,  Tojtotjt-,  d.  Sladt  Hont,  pasyim,  surtout  p.  :{",0 
5,|._7  Cf.  C.nnina.  lin  Appia,  I,  p.  46;  11,  pi.  m.  —  8  Uull.  cnmun.  I»«5. 
p.    101   i<\.  —  'J  Cf.  Rull.  comun.  IS76,  p.  lie,  pi.  m.  —  10  Cf.  l'iraïusi,  Aulicli. 

MM. 


1233  — 


SEP 


iliambres  et  en  couloirs.  De  ce  type  est  le  loml^eau  des 
Scipions\  sur  la  voie  Appienne,  retrouvé  en  1780;  il  était 
composé  de  deux  parties  superposi-es,  dont  seule  la 
seconde  subsiste;  à  l'intérieurdu  tombeau  étaient  placés 
un  grand  nombrede  sarcophages,  parmi  lesquels  celui  de 
Cornélius  Scipio  Rarbatus  [s.4RC0i'ini;i  s,  lig.  6110].  Le 
tombeau  des  Calpurnii*,  près  de  la  porte  Salaria,  est 
de  même  un  caveau  de  3  m.  60 de  long  sur  1  m.  30  de  large, 
à  6  mètres  au-dessous  du  niveau  du  sol;  celui  des  Sein- 
prnnii^,  datant  des  dernierslemps  de  la  République,  esl 
d'apparence  semblable  à  celui  des  Scipions,  avec  une 
voiite  d'entrée  en  arc  de  cercle,  au-dessus  de  laquelle 
court  une  frise  élégamment  travaillée  Comme  les  tom- 
beaux étrusques,  ces  hypogées,  columbaria,  tombeaux 
de  famille,  étaient  décorés  de  peintures  ou  de  stucs. 
Ainsi,  dans  le  tombeau  de  L  .\rruntius '"  sont  figurés  des 
génies,  des  sphinx,  et  la  légende  du  rapt  des  Leucippides. 
La  chambre  funéraire  des  Pancralii"  est  décorée  de 
paysages,  de  figures  empruntées  aux  légendes  Iroyennes, 
de  centaures,  de  griffons,  etc.;  celle  des  Valerii'-,  de 
sujets  du  même  genre  ;  on  y  voit  aussi  une  (igure 
humaine  voilée,  emportée  sur  un  griffon  ailé.  Dans  un 
tombeau  découvert  à  Cumes'\  les  parois  présentent  des 
reliefs  en  stuc  qui  figurent  diverses  scènes  où  revient 
le  même  personnage  central,  une  danseuse.  Des  pein- 
tures murales  provenant  de  deux  tombeaux  d'Ostie" 
représentent  la  légende  d'Orphi-e  et  d'Eurydice''',  celle 
du  rapt  de  Proserpine  et  une  scène  de  tragédie.  Ces 
exemples  suffiront  pour  donner  une  idée  de  la  déco- 
ration des  grands  tombeaux  romains.  On  voit  assez  que 
les  sujets  de  celte  décoration  sont  assez  analogues,  dans 
leur  mélange  de  symbolisme,  de  mylhologie,  de  repré- 
sentations fami- 
lières, aux  sujets 
sculptés  sur  les  sar- 
cophages de  l'épo- 
que impériale,  et 
doivent  sans  doule 
être  expliqués  de 
même  sorte  [sarco- 

PIIAGUS]. 

A  la  seconde  for- 
me, celle  du  tom- 
beau-lumulus,  donl 
on  a  vu  la  lointaine 
origine,  se  ratta- 
chent des  monu- 
ments funéraires 
très  connus.  C'est 
d'abord  celui  de 
Caecilia  Metella,  le 
plus  considérable 
des  monuments  de 

la  voie  .\ppienne,  datant  de  l'époqtn'  ri'piililii:iiiie 
(fig.  6341)  '"  :  un  tiimultis  de  pierre  sur  soubassement  qiia- 
drangulaire:  le  diamètre  de  la  rotonde  est  de  20  m.  30;  au 
centre  du  lumulus  est  une  chambre  funéraire  avec  haut 

/lom.  Il,  I  I  xu.  —  Il  Cf.  i/on.  ISGI.  pi.  xux-Lur.  —  12  Cf.  Mon.  VI,  pi.  xi.iu-ii.iv. 
—  13  Cf.  sur  ce  "  tombeau  de  la  danseuse  »,  connu  et  étudié  par  Gœtlic 
(ISli),  Sianto,  .tans  Wien.  Jaliresh.  18'.'8,  p.  n;  si{.  —  "Cf.  llcibig,  /a/irrrî, 
p.  m  S(|.  —  10  Cf.  Mon.  Vlil,  pi.  xxvin.  —  16  Cf.  Canina,  lia  yX/jpia  ; 
les  plans  donnés  sont  inesacis.  I.e  premier  relevé  offiant  un  caraclèro 
seicnlifiipie  esl  celui  des  Mon.  </.  LiniKi.  XV,  p.  71  k,  fig.  «Il,  d'où  esl  Urée  notre 
ligure. 

135 


.    —    Coupe    du    tombi 
Caecilia    Metella. 


SEl' 


—  1234  — 


SEP 


plafond  voùir-,  à  laqiirlli'  on  accrdo  [lar  un  couloir.  La  voie 
Ajipii'nnc.  ainsi  iiordro  de  conslniclions  fastueuses  donl 
les  veslij;es  subsistent  encore',  constituait  aux  aliurds 
de  la  Ville  une  avenue  de  lombeaux  dont  Taspect  moiui- 
nienlal  caractérisait  liien  l'esprit  romain,  en  opposition 
avec  l'élégante  petitesse  et  la  linessedes  sépultures  grec- 
ques dans  la  voie  du  Céramique  athénien.  Les  mausolées 
impériaux  sont  plus  considérables  encore,  mais  du  même 
type.  Le  mausolée  des  Cé.sars  sur  le  Champ  de  Mars, 
élevé  eu  28  av.  J.-C-,  était  une  construction  ronde  de 
38  mètres  de  diamètre,  couronnée  de  terrasses  de  forme 
pyramidale^;  l'entrée,  du  cote  sud,  conduisait  dans  la 
chambre  sépulcrale.  Le  mausolée  d'Hadrien  '•,  devenu 
le  Château  Saint-Ange,  était  de  même  un  monument 
cylindrique  de  64  mètres  de  diamètre,  sur  un  soubasse- 
ment carré,  de  84  mètres  de  côté;  une  base  portant  une 
statue  colossale  couronnait  l'édifice,  à  l'intérieur  duquel 
s'ouvrait  la  chambre  funéraire^.  Toutes  ces  constructions 
imposantes,  si  variées  soient-elles  dans  leurs  détails,  se 
réduisent  à  un  plan  architectural  identique  :  le  cône  ou 
la  tour  de  pierre  sur  soubassement,  la  chambre  à  l'inté- 
rieur; c'est  la  traduction  élrusco-romaine  de  l'ancien 
type  asiatique.  Une  variante  exceptionnelle  de  la  même 
forme  est  la  pyramide  de  Cestius",  sur  la  vin  Ostiensis, 
de  l'époque  d'Auguste;  elle  est  large  de  UO  mètres  à  la 
base,  haute  de  37  mètres;  la  chambre  funéraire  voûtée, 
de  petites  dimensions,  communiquant  avec  l'extérieur 
par  un  soupirail  incliné,  à  mi-hauteur  du  côté  nord,  était 
décorée  de  peintures  aujourd'hui  efTacées. 

En  dehors  même  de  l'Italie,  dans  toutes  les  provinces 
de  l'Kmpire,  l'influence  des  architectes  romains  a  ré- 
pandu fort  loin  le  type  du  mausolée,  sous  forme  de  tour 
ronde  ou  carrée,  de  temple  et  de  grande  chambre  funé- 
raire. Rappelons  dans  cette  catégorie  les  types  les  mieux 
connus,  comme  ceux  du  Tombeau  des  Jules  à  Sainl- 
Rémj  ',  celui  des  Secundinii,  à  Igel,  près  de  Trêves  ', 
d'autres  encore  en  Allemagne,  en  Espagne  et  jusqu'en 
Afrique'. 

Il  faut  faire  une  place  à  la  colonne  qui  devient  excep- 
tionnellement un  monument  funéraire,  comme  la  colonne 
Trajane,  ayant  à  sa  base  le  tombeau  de  l'Empereur 
[coLiMNA,  p.  1852'.  N'oublions  pas  pourtant  qu'en  Orient 
et  en  Grèce  le  haut  pitier  et  la  colonne  ont  été  des  (7/|[ji.aTa 
funéraires  très  usités. 

Dans  ces  grandes  constructions  c'est,  on  le  voit,  une 
tradition  étrangère,  venue  de  loin  dans  le  temps  ou  dans 
l'espace,  qui  revit  sur  le  sol  romain.  Mais  la  grande 
masse  des  monuments  funéraires  qui  garnissaient  les 
..  voies  des  tombeaux  »  des  villes  de  l'Italie  est  d'inven- 
tion et  d'exécution  plus  proprement  romaines.  Ils  sont  à 
la  fois  dépôt  funéraire  et  <.  monument  »,  au  sens  étymo- 
logique du  mot.  Par  là,  celte  tombe  romaine  moyenne  se 
distingue  de  la  tombe  grecque,  au  moins  de  la  tombe 
grecque  classique  —  car  il  y  a  dans  Vliérôon  hellénistique 
la  même  fusion  des  deux  éléments  —  où  la  sépulture  et 
If  TYiaïqui  la  surmonte  sont  ni'llement  séparés  et  doivent 

1  Pour  raspccl  aciuci  ou  la  reslihilion  îles  monumcnU  de  la  Voie  Appicnnc  vov 
oulrc  louvragecilé  de  Canin»,  Duruy,  HUt.  des  Itomains,  I,  p.  289-  II,  p.  330  3S^ 
406  «1  ;  III,  p.  607;  IV,  p.  »07,  3«.  V,  p.  .-.  *,7  ;  VII,  p.  S4.  _  ,  Sue.  An.,',  m. 
-  3  Cf.  Richtcr,  Op.  cit.  p.  iïo.  -  i  cr.  Kicliler,  p.  i71)  ;  Baumeisler,  DenkmUer 
p.  608,  pi.  I.  ;  Spnngcr-M.chaelis,  Handbuch  Kunslyt-sch.  1,  p.  4i| ,  fig  743  ■  Duruy 
«../.  df.  llonmim,  V,  p.  101.  -b  Cf.  Borgalli,  Ca>MS.  A,.,,,:lo,  Rome,  1890  i.à 
rcslauralion  de  Canina  ilM  Ivts  diWronle  ;  Hodocanael».  /,•  C/uileaa  Sainl-Ange 
190!..  _  6  cr.  R.chler,  O.  I.  p.  3  ..i.  Sur  celle  forme  en  p,,»,,.;,!.  ;  Raoul-liochelle.' 


être  étudiés  à  part.  Ici.  ce  n'est  que  par  exception  que 
l'urne  fiini'i'airi'  est  déposée  en  pleine  terre  auprès  du 
<'  monument  ■>  ;  elle  a  sa  place  habituelle  dans  une 
chambre  étroite,  ouverte  à  l'intérieur  même  de  l'édicule. 
La  forme  la  plus  simple  des  monuments  funéraires, 
qui  ne  comporte  pas,  à  proprement  parler,  de  i.  chambre  ", 
est  l'autel  funéraire.  Les  exemplaires  de  ce  type,  com- 
munément désignés  sous  le  nom  de  cippes,  sont  très 
nombreux  dans  tous  les  musées  et  collections  d'Europe. 
Rassemblés  et  étudiés  comme  monuments  épigraphiques, 
ils  ne  l'ont  pas  été  encore  dans  leur  ensemble  comme 
monuments  d'art'";  ils  sont  cependant  très  précieux  au 
point  de  vue  de  l'histoire  de  l'art  romain,  constituant 
une  série  considérable  de  monuments,  qui  souvent 
peuvent  se  dater  assez  exactement.  Nous  n'avons  à  retenir 
ici  que  ce  qui  concerne  leur  forme  et  leur  aspect  exté- 
rieur, et  les  sujets  qu'on  y  trouve  figurés. 

Les  autels  funéraires  romains  reproduisent  le  type 
ordinaire  de  l'autel  à  coussinets  et  à  volutes  [ara],  de 
forme  quadrangulaire  ;  les  exceptions  sont  très  rares". 
La  hauteur  moyenne  de  ces  monuments  est  de  1  mètre  à 
i  m.  20.  Les  pierres  tombales,  que  nous  étudions,  en 
raison  de  l'analogie  de  leurs  représentations  figurées,  en 
"même  temps  que  ces  cippes,  sont  de  même  forme  paral- 
lélipipédique  et  de  dimensions  semblables;  mais  ce  sont 
uniquement  des  plaques  carrées  à  terminaison  droite. 
Les  autels  funéraires  étaient  destinés  soit  à  être  exposés 
en  plein  air,  soit  à  être  renfermés  dans  les  coltimbaria 
ou  les  tombeaux  de  famille.  Comme  ils  font  ainsi  très 
souvent  partie  d'un  ensemble  architectural  plus  consi- 
dérable, leur  face  postérieure  reste  sans  ornements  et 
porte  des  appendices  servant  à  fixer  l'édicule  à  la  muraille 
où  il  s'appuie.  Ces  cippes  non  seulement  pouvaient  servir 
d'autels  à  libations,  mais  aussi  pouvaient  elVectivement 
contenir  le  dépôt  funéraire  ;  dans  ce  cas,  sur  la  face  supé- 
rieure une  ouverture  ronde  conduit  par  un  canal  jusqu'à 
l'urne'-;  on  a  vu  plus  liaut,  à  Pompéi,  des  dispositions 
analogues  pour  des  dépôts  funéraires  en  pleine  terre.  Les 
cippes  sont  à  la  fois  inscrits  et  décorés.  L'inscription  est 
gravée  sur  une  plaque  rectangulaire  creusée  dans  la 
pierre,  entre  les  guirlandes  dans  les  autels  à  guirlandes, 
remplissant  toute  la  face  antérieure  quand  celle-ci  est 
simplement  bordée  d'une  frise,  au-dessous  des  bustes 
dans  les  cippes  à  portraits,  etc.  Elle  est  généralement 
très  soigneusement  gravée,  nettement  encadrée,  soignée, 
en  un  mot,  dans  son  exécution  matérielle  comme  dans  sa 
rédaction  précise  et  détaillée'-'.  C'est  un  des  points  par 
où  le  cippe  romain,  à  la  fois  «  monument  »  et  édiciile 
funéraire  à  destination  pratique,  se  dislingue  de  la  stèle 
grecque,  pur  <7-iiu.a  à  signification  toute  idéale. 

La  décoration  des  cippes  est  double,  ornementale  et 
figurée.  II  n'y  a  pas  lieu  d'établir  deux  séries  absolument 
distinctes  :  les  cippes  ornementaux  comportent  en  ellet 
presque  toujours  quelque  représentation  figurée,  le  ]>lus 
petit  nombre  seulement  n'ayant  que  l'ornement  et  l'ins- 
cription. Mais  il  reste  que  dans  une  première  classe  de 


Acad.  des  Iitarr.  l.  Xlll  et  append. ;  cf.  bustdarius,  fig.  898.  —  7  Duruy, 
/Jist.  des  /loin.  III,  p.  IsS,  400  ;  Springer-Micliaelis,  Op.  /.  (ig.  698;  Jahrbuch 
Jnsl.  1888,  p.  I  :  Denkm.  /nsl.  I,  pi.  xin-iv  ;  S.  Ueinacli,  /téperl.  de  reliefs, 
I,  p.  384.  —  8  Springer-Michaclis,  llg.  7113  ;  Reliiacli,  Uid.  p.  If.7.  —  9  Duruy, 
Jlom.  I.  p.  6H  ;  IV,  p.  759  ;  V,  p.  331  ;  VI,  p.  3i3.  —  10  Première  dludc  d'ensemble 
pur  Allmann,  Die  rôiit.  Grabaltwe  d.  Kaiserz.  1905.  V.  aussi  Slroog,  Iloman 
sculpliire.  p.  6i  s<\.  ;  148  sq.  —  n  Cf.  Allmann,  Crabalt.  p.  i7.  —  «2  Ainsi  Corp. 
inscr.  Int.  VI,  S8il,  15479  ;  VII,  75iV.  —  U  Cf.  Allmann,  passim. 


SEP 


—  1235  — 


SEP 


ces  monumenls  on  iloil  ranger  ceux  où  la  composition 
ornementale  est  dominante,  et  dans  une  autre  ceux  où 
la  composition  ligurée  lient  la  plus  grande  place.  Ornc- 
menlsetreprésenlationsfiguréesserépartissenlsurla  face 
antérieure  et  accessoirement  sur  les  deux  faces  latérales. 
Le  développement  de  rarcliilcclure  funéraire  des  cippes 
remplit  les  deux  premiers  siècles  de  l'Empire;  dés  le 
milieu  du  second  siècle  de  l'ère  chrétienne,  enell'et,  les 
sarcophages  [sahcopuagl'sJ  supplantent  les  cippes.  D'une 
manière  très  générale,  on  peut  dire  que  la  décoration 
ornementale  lient  la  première  place  surtout  à  l'époque 
august(''enne,  et  la  décoration  figurée  à  l'époque  llavienne 
et  antonine  '.  Dans  l'une  comme  dans  l'autre,  l'art 
romain  s'esl  montré  vraiment  original. 

Le  premier  type  des  cippes  ornemenlau.x  est  l'autel 
décoré  de  bucrànes  aux  angles,  reliés  par  des  guir- 
landes -.  La  présence  des  Inicrànes,  en  marquant  forte- 
ment pour  le  regard  les  coins  du  cippe  el  en  altiranl  par 
là  même  l'atlenlion  sur  les  faces  latérales,  donnent  à 
l'ensemble  un  caractère  archileclonique  très  net;  on  a 
souvent  relevé  ce  caractère  de  l'art  romain  impérial,  à 
l'opposé  de  l'art  grec  classique,  de  compter  etTeclivemenl 
avec  les  Irois  dimensions  spatiales.  Le  procédé  qui  con- 
siste à  marquer  ainsi  par  des  figures  humaines  ou  ani- 
males les  angles  d'une  base  ou  d'un  aulel  remonte, 
d'ailleurs,  très  hauL;  on  le  trouve  déjà,  en  Grèce,  sur  un 
monument  comme  la  base  d'iphicartidès  à  Délos  ■',  el 
sur  des  monuments  étrusques;  mais  il  trouve  son  appli- 
cation la  plus  développée  sur  les  cippes  de  l'époque 
d'Auguste  et  de  Claude.  L'inscription  est  généralement 
gravée  au-dessus  de  la  guirlande,  dans  le  demi  cercle 
qu'elle  enserre.  Quant  aux  guirlandes  elles-mêmes,  aussi 
bien  dans  le  type  d'autel  que  nous  étudions  en  ce  mo- 
ment que  dans  ses  variations  que  nous  mentionnerons 
plus  loin,  leur  représenlalion  va  du  dessin  sévère  et  de 
l'aspect  presque  schématique  qu'elles  ont  sur  certains 
monumenls,  comme  sur  le  «  tombeau  des  guirlandes  » 
il  Pompéi ',  jusqu'à  l'aspect  tout  dill'érenl,  très  accentué 
comme  relief,  très  «  naturaliste  »,  très  «  illusionisle  »  ", 
qu'elles  ont  sur  les  plus  beaux  monuments  de  l'époque 
augustéenne. 

Dans  d'autres  monumenls,  fort  nombreux,  les  bu- 
crânes  sont  remplacés  par  des  léles  de  bélier^.  Là  aussi 
c'est  un  type  antérieur  que  l'art  romain  a  développé, 
l'empruntant  à  la  fois  à  l'art  grec  et  à  l'art  étrusque  ; 
plusieurs  des  «  pommes  de  pin  »  qui  surmontaient  les 
tombeaux  étrusques  reposaient  sur  un  socle  orné  de 
têtes  de  bélier  el  de  guirlandes  ^  Les  autels  à  têtes  de 
bélier,  postérieurs  dans  leur  ensemble  aux  aulels  à  bu- 
crânes,  sont  souvent  d'une  grande  richesse  d'ornemen- 
tation; l'espace  entre  la  plaque  inscrite  el  la  guirlande 
est  rempli  ])ar  une  lèle  de  Gorgone  *,  im  aigle ''(flg.  63W), 
un  hippocampe'»,  elc.  ;  les  angles  inférieurs  du  cippe 
portent  un  aigle",  un  sphinx '-,  un  griffon'-'';  enfin  la 
partie  inférieure  de  l'aulel,  au-dessous  de  la  guirlande,  a 
souvent,  elle  aussi,  sa  décoration  figurée.  Un  très  bel 
exemplaire  de  celte  série  est  le  cippe  de  P.  Fundanius 

I  i:f.  Ailmaun.  p.  27:  Slrong,  f/,).  fit.  y.  i\l:  p.  lis  s.|.  —  2  a.  Allm.inii, 
p.  5'.l  si|.;  Slrong.  p.  Oi).  —  i  Cf.  lluU.  de  corr.  hell.  I8S8,  pi.  xm  ;  cf. 
Slrong,  /lom.  Sciilpl.  p.  ils.  —  4  Cf.  Allmanù,  p.  00,  (ig.  S2  ;  Mail,  Pompeii. 
p.  434.  —  •'•  Sur  ce  caraclire  de  l'.irl  auguslccn,  cf.  WickolT,  Iloman  Art. 
passim;  Slrong,  Oji.  cit.  p.  Ml.  —  6  cf.  Allni.inn,  p.  G8  s.|.  ^.1U5  suivons  l'ou- 
iTagc  il'AHniaun  pour  Icuuniéraliou  des  principaux  Ijpcs  (k-  cippes  funéraires. 
—  ^  Ainsi  iMarllia,  Art    étrusque,  p.   il3,  fig.   163.   _  »  Altmann,  n.  il.  — «  Al- 


n 


Fig.   Oiii. 


-  Cippe  funéraire  à  guirlandes  et 
ornements  sculptés. 


Velinus,  au  Louvre  '';  il  est  de  proportions  plus  élancées 
que  la  moyenne  des  monuments,  el  il  n'y  a  pas  de  plaque 
inscrite;  l'ensemble  gagne  ainsi  beaucoup  en  légèreté; 
au-dessus  de  la  guirlande  de  fruits,  très  riche  et  d'un 
fort  relief,  est  une 
(iorgone;  à  la  base,  un 
aigle  tenant  la  foudre 
el  des  sphinx  ;  sur  les 
fîices  latérales,  des 
oiseaux.  Quelquefois, 
la  décoration  est  plus 
comi)li({uée  encore  : 
sur  un  cippe  du  Vali- 
i-an,  on  voit  au-dessus 
de  la  guirlande  une 
(rorgone  entre  deux 
cygnes  ;  au-dessous, 
une  Néréide  sur  un 
hippocampe  ;  sur  les 
faces  latérales,  au- 
dessus  delà  guirlande, 
deux  oiseaux  dévo- 
rant une  sauterelle, 
une  coupe,  un  nid  ;  au- 
dessous,  la  louve  el  les  jumeaux  d'un  côté  (cf.  notre 
fig.  (5342),  et  de  l'autre  la  légende  de  Télèphe.  Sur  un 
autre  monument'^  est  figurée,  entre  l'inscription  el  la 
guirlande,  lalégende  de  Lelo  ;  au-dessous  delà  guirlande 
un  troupeau  paissant.  Ces  quelques  exemples  suffiront  à 
donner  idée  de  la  richesse  presque  exubérante  de  la  déco- 
ration. Même  système  d'ornementation  sur  d'autres  mo- 
numents où  les  têtes  d'animaux  sont  remplacées  par  des 
tètes  d'Ammon'".  Un  aulel  de  ce  type,  au  Louvre  '',  sans 
inscription, esldécoré,  au-dessus  de  laguirlandedofruils 
et  de  fleurs,  d'une  tête  de  Gorgone  entre  deux  cygnes, 
au-dessous,  d'une  Néréide  chevauchant  un  liippocampe, 
entoiiri'e  d'Amours;  aux  angles  sont  des  aigles  reposant 
par  leurs  pattes  sur  des  supports  ornés  de  masques.  Les 
cygnes,  qui  sont  dans  certains  des  monuments  que  nous 
venons  de  passer  en  revue,  un  fréquent  élément  de  la 
décoration,  en  forment  l'essentiel  dans  un  très  bel  autel 
d'Arles  ",  où  ils  occupent  les  angles  du  cippe,  les  ailes 
éployées,  tenant  dans  leur  bec  l'extrémité  de  la  guir- 
lande, el  débordant  largement  sur  la  face  latérale. 

Dans  un  dernier  type  d'autel  à  guirlandes,  les  arêtes 
du  monument  sont  marquées  non  plus  par  des  bucrànes 
ou  des  tètes  d'animaux,  mais  par  des  éléments  décoratifs 
en  hauteur",  torches,  candélabres,  tiges  de  palmier, 
baluslres,  etc.,  peut-être  empruntés  à  l'architecture 
temporaire  du  bûcher  funèbre.  Le  cippe  de  l'afl'ranchi 
Amemptus,  au  Louvre,  est  un  bel  exemple  de  ce 
type'-",  et  en  même  temps  une  élégante  création  de 
l'art  augusléen.  Des  torches  enflammées  marquent  les 
arêtes  du  monument:  entre  la  guirlande  el  l'inscription, 
un  aigle  aux  ailes  éployées  ;  au-dessous  de  la  guirlande, 
une  scène  idyllique,  centaure  et  centauresse  jouant  de  la 
cithare  et  de   la  double   flùle,  et  portant  sur  leur  dos 

imanii,  n"  i»,  p.  51,  lig  Ki,  d'où  esl  lin''e  noire  figure.  —  '"  Allmanu,  n.  :«  (l.ouvrc.) 
—  Il  Altmann,  n.  40.  —  12  Allraann,  n.  3';.  —  <3  Altmann,  n.  3».  —  14  Allmann, 
n.  42  ;  Clarac.  n.  339,  pi.  ccui  ;  Corp.  inscr.  lai.  VI,  IS72li.  —  15  Luccia  Tclesina  ; 
Allmann,  n.  Wi\  Cor/i.  inscr. /a!.  VI,  il.>û3.  —  10  Allmann,  p.  ?8  sr|.  —  H  Altmann, 
n.  77  ;  lilarac,  n.  303,  pi.  cu.ni.  —  I»  Cf.  Uonse,  Chefs-d'œuvre  des  Mnxécs,  p.  CS  ; 
Altmann, p.  'iî  ;  Strong,  Op.cit.p.di;  Espérandicu,  lias  ret.  de  la  Gaule  romaine, 
I,  n.  IVO.  —  19  Allmann,  p.  IlSsq.  —  2C  Altmann,  n   lll.Clarac,  pi.  ci.xmï-ci.xxivi. 


SEP 


123G 


SEP 


l'Aiiioiir  cl  Psyché,  à  leurs  pieds  une  corne  d'abondance 
el  un  canlhare  ;  sur  la  face  postérieure  est  figurée  une 
lablc  ;i  ofTrande,  avec  le  vase  el  la  palère;  sur  les  pelils 
colés  la  guirlande  esl  supportée  par  des  lèlcs  de  cerf; 
au-dessus  d'elle  esl  un  canliiare  où  becquèlenl  des 
oiseaux. 

L'aulel  à  guirlandes  esl  le  lype  le  plus  iniporlanl,  par 
le  nombre  des  uionuuienls  comme  parleur  beaulé,  parmi 
les  aulels  de  slyle  décoratif.  Mais  il  y  en  a  d'autres  :  d'abord 
l'autel  à  décoration  par  la  frise  encadrante  ',  inspirée 
des  modèles  de  la  grande  décoration  augustéenne,  telle 
qu'on  la  trouve  sur  les  reliefs  de  VArn  Pacis^.  L'or- 
nementation de  ces  cippes  ou  de  ces  pierres  tombales 
consiste  simplement  en  une  frise  qui  court  sur  les  quatre 
colés  de  la  face  antérieure  du  monument,  encadrant 
l'inscription,  en  grands  caractères,  qui  remplit  loul  le 
champ;  l'ornement  qui  apparaît  le  plus  souvent  esl 
l'ornement  végétal  en  vrille  ondulée  '  ;  plus  rarement,  on 
rencontre  la  palmelle  *  ou  le  méandre  '".  Très  fine  sur 
les  pierres  lombales  des  premiers  temps  de  l'Empire,  sur 
celle,  par  exemple,  d'Atimetus  Pamphilus,  afTranchi  de 
Tibère  *,  la  décoration  s'alourdit  par  la  suite  el  devient 
lâche,  moins  sobre  en  même  temps;  ainsi  sur  un  monu- 
ment anonyme  du  Latran  ',  la  décoration  en  frise  de  tous 
les  éléments  delà  base  el  de  la  corniche  esl  d'une  compli- 
cation et  d'un  luxe  excessifs,  qui  ne  subordonne  pas  les 
parties  les  unes  aux  autres,  mais  les  juxtapose  sans 
marquer  leur  importance  réciproque. 

Une  autre  série  de  cippes  comprend  les  autels  à  co- 
lonnes *.   Les   colonnes  sont  cannelées,  les  cannelures 

étant  souvent  dispo- 


sées  en  spirale;  les 
chapiteaux  sont  co- 
rinthiens ou  compo- 
sites. L'espace  entre 
les  colonnes  est  rem- 
pli, quelquefois  com- 
plètement, par  l'in- 
scription funéraire  ; 
quand  il  en  eslautre- 
ment,  une  scène 
figurée  est  sculptée 
au-dessous  de  l'in- 
scription ;  c'est,  entre 
autres  repi'ésen  ta- 
lions, celle  du  mort 
surlelilde  banquet', 
la  dextrarum  Junc- 
tio,  etc.'".  Une 
représentation  cu- 
rieuse, qui  .se  retrouve,  d'ailleurs,  sur  des  autels 
d'autre  lype,  est  celle  d'une  porte  figurant  la  porte  de 
rHadès  ou  celle  du  caveau  lui-même;  il  y  en  a  des 
exemples  sur  des  reliefs  grecs,  où  la  porte  esl  tout  à  fait 
analogue  aux  portes  réelles  des  caveaux  macédoniens"  ; 
il  y  en  a  au.ssi  sur  beaucoup  de  monuments  étrusques '% 
cinéraires,  cippes,  etc.  [j.ania,  fig.  USA].  La  porte  esl 
fermée   ou  enlr'ouverle  '(ig.    '.i;{7i,   ou   même  ouverte; 

I  Allmann,  p.  liS  sq  -2  Cf.  Pi-Utsch,  Ara  JWis  Auguslac  ;  Slioug,  0,,.  cit. p.  5!) 
s.|.  -.  S.  licinach,  JiépiTiyc  Relief»,  p.  43i.  —  3  Cosl  lejlïpc  .te  r.4ra  /'«cis:  cf. 
Slroiig,  ibid.-ia.  Allinaiiii.n.  140.-  =  Alhuanu,  ii.  1 15.  -fi  Alln.aim,  ii.  131  ;  Corp. 
imcr.  lai.  VI,  I  .«5i.  _  7  Allmann,  n.  l.M  ;  Siroiig,  ibid.  p.  131.  _  8  Allniaiin,  p.  136 
sq.  —  'J  Allmauu,  u.  182.  -  10  AUniauii.  u.  158.  —  U  Cf.  Allinauu,  p.  13.  —  a  Urucs 


I  ig    C3I3    —  Cippc   fiinéiair 
rcpr  «;     lai  o    I 


TVRPIUAEl^E  CACVTIO 
ÎERTIAE         C  F 

MATRI  PATRf 


dans  ce  dernier  cas,  les  époux  sonlquelquefois  représentés 

sur  le  seuil,  se  donnant  la  main  (lig.  63i3)  '■'.  L'autel 
de  C.  Julius  Hermès,  trouvé  dans  le  columbarium  de  la 
Vigna  Codini,  esl  un  élégant  exemple  de  ce  type'*  :  des 
pilastres  ioniens,  revêtus  d'ornements  en  écailles,  eldont 
les  chapiteaux  sont  reliés  par  une  guirlande,  encadrent 
la  face  antérieure  du  monument,  divisée  en  deux  regis- 
tres :  en  haut,  l'inscription,  eu  bas,  la  façade  du  tombeau, 
à  colonnes  cannelées,  surmontée  d'un  fronton  ;  sur  le 
seuil  les  deux  époux,  lesmaius  unies.  Les  faces  latérales 
sont  ornées  de  rameaux  de  laurier. 

Dans  l'autre  grande  classe  des  cippes  funéraires  el 
pierres  lombales,  la  re- 
présentation figurée  do- 
mine la  composition  or- 
nementale. L'originalité 
de  l'esprit  et  de  l'art 
romains  s'y  marque  net- 
tement On  a  vu  plus 
haut  qu'à  côté  de  quel- 
ques sujets  empruntés 
à  la  vie  réelle,  ce  qui 
apparaît  avant  tout  sur 
les  stèles  grecques,  ce 
sonl  des  représentations 
tout  idéales  du  défunt, 
ou  des  scènes  où  se 
marient  le  réel  de  la  terre 
el  l'irréel  de  l'au-delà. 
Les  pierres  romaines 
mettent  avant  tout  sous 
nos  yeux  la  figuration 
du  défunt  el  des  scènes 
précises  de  la  vie  terres- 
tre. Les  sujets  symbo- 
liques eux-mêmes,  que 
les  marbriers  romains 
ont  empruntés  aux 
Grecs,  ont  pris  sous  leur 

main  un  sens  plus  réaliste.  Au  premier  rang  des 
monuments  de  cette  série  sont  les  cippes  ou  les  pierres 
tombales  montrant  le  buste  ou  l'image  complète  du  ou 
des  défunts.  La  pratique  des  imai/ines,  que  les  grandes 
familles  exposaient  dans  V atrium  de  leur  demeure,  a 
donné  un  granil  développement  à  ce  genre  de  représenta- 
tions ".  Le  plus  souvent,  comme  dans  les  niches  du 
columbarium,  les  bustes  se  détachent  dans  une  niche 
creusée  à  la  partie  supérieure  de  la  face  de  l'aulel  ou  de 
la  pierre  tombale  (fig.  G344)"^;  d'autres  fois,  c'est  le 
registre  supérieur  loul  entier,  au-dessus  de  celui  où  esl 
gravée  l'inscription,  qui  esl  disposé  pour  recevoir  les 
figures  ";  quelquefois  aussi,  elles  émergent  d'une  espèce 
de  coquille  [^fig.  0344;  cf.  coma,  fig.  1273,  imago, 
fig.  3977]  '*.  Tels  sonl  les  types  généraux,  très  variés  dans 
le  détail  suivant  les  régions.  Dans  quelle  mesure  ces  por- 
traits sonl-ils  vraiment  réalistes,  et  faits,  au  moins  dans 
l'intention  de  l'ouvrier,  à  ta  ressemblance  des  défunts?  11 
ne  peut  y  avoir  à  ce  sujet  de  règle  tout  ;'i  fail  précise.  Les 

(le  Chiusi,  liigbù-anii.  .1/o;i.  Elr.  I,  pi.  Mil  ;  autres  ap.  Ârch.Zcit.  1845,  pi.  jlxv  = 
Deilin,  Bcsclir.d.  Slailiil.  1307:  MaïUia.  Op.  cil.  p.  211.  —  13  U  fiyure  dapivs 
Allmann,  p.  loi,  lig.  215.  —  H  Alliiiaim,  u.  184;  C.  i.  l.  V],5326.  —  13  Cf.  Allmaun, 
p  196  5i|.  —  'fi  Allmann,  n.  270,  271,  274,  clc.  Noire  figure  esl  colle  de  la  p.  Soi;, 
fig.  103  —  17  Altmana,  u.  270,  277,   279,  etc.  —  '8  Allmaun,  n.  272,  284.  clc. 


porlr; 


SEP 


12H7  — 


SEP 


cippcsou  pierres  loinbales  élanl  le  plus  souvent,  comme 
les  stèles  grecques,  des  monuments  de  fabrication  cou- 
rante, qu'on  devait  trouver  tout  achevés  chez  les  mar- 
briers, il  ne  pouvait  y  avoir,  dans  la  plupart  des  cas,  de 
ressemblance  véritable;  aussi  bien  y  a-l-il  souvent  inco- 
hérence évidente  entre  l'apparence  de  ces  portraits  scul- 
ptés el  l'âge  de  ceux  dont  ils  rap|)elaienl  le  souvenir',  tel 
que  l'indique  l'inscription  funéraire.  Mais  dans  d'autres 
cas  la  présence  des  inia;/ines  de  cire  Tceha,  iig.  1:^91], 
moulées  sur  le  visage  des  défunts,  pouvait  i)ermeltre  d'at- 
teindre à  la  ressemblance  réelle.  Kn  toutcas,  au  moins  par 
ses  plus  beaux  exemplaires.  Fart  des  bustes  funéraires 
est  un  chapitre  imporlanl  de  l'histoire  de  l'arl  romain,  et 
le  témoignage  le  plus  net  de  son  caractère  réaliste '-. 

Il  faut  mentionner  à  présent  tous  les  cippes  ou  pierres 
funéraires  où,  à  la  représentation  du  défunt,  s'ajoute  celle 
des  accessoires  ou  des  scènes  de  sa  vie  terrestre.  Tout 
d'abord,  à  la  ressemblance  des  stèles  grecques,  les  ani- 
maux familiers  sont  souvent  figurés  avec  lui.  L'enfant 
ou  l'homme  fait  jouant,  avec  son  chien  est^ep^éseuté  plu- 
sieurs fois  sur  des  pierres  tombales  [bestiae,  fig.  843,'; 
d'autres  fois,  le  chien  apparaît  comme  le  gardien  du 
tombeau  '.  Le  singe,  animal  de  luxe  des  riches  Romains, 
est  aussi  figuré  '*  ;  de  même,  le  lièvre  accompagne 
des  figures  d'enfants  S  sans  qu'il  y  ait  lieu  de  Caire  inter- 
venir làaucun  symbolisme  funéraire  ;  d'aulresfoisl'enfanl 
tient  à  la  main  son  oiseau  favori  [bestiae,  Iig.  849;  deliciae, 
fig.  2:0:2j'.  Une  représentation  exceptionnelle  est  celle 
de  l'éléphant,  qui  décore  les  faces  latérales  d'une  pierre 
tombale  du  Lalran.  La  figure  animale  est  parfois  la  tra- 
duction plastique  d'un  jeu  de  mots:  sur  la  pierre  de 
l'architecle  Aper*  on  voit  un  sanglier  mort. 

Les  reliefs  les  plus  intéressants  montrent  le  défunt 
dans  sa  vie  sociale  et  familiale,  dans  sa  profession,  dans 
sa  dignité,  dans  sa  place  de  chef  de  famille.  On  rencontre 
sur  quelques  stèles  grecijues  la  représentation  du  métier 
(v.  p.  12î.j);  mais  elle  est  en  somme  exceptionnelle;  sur 
les  monuments  romains,  par  voie  plus  ou  moins  nette 
d'allusion  plastique,  elle  est  beaucoup  plus  fréquente. 
Voici  quelques  exemples  :  surla  pierre  déjà  mentionnée  de 
l'architecte  Aper,  ligure  un  coll'rel  à  instruments;  sur  les 
faces  latérales  quelques-uns  de  ces  instruments  mêmes 
sont  représentés  ;  on  trouve  des  détails  analogues  sur 
lesmonuments  deC.  VedenniusModeratus,  ingénieurmili- 
laire%  de  M.  Cosseius  Cladius,  charpentier  '",  de  C.  Clo- 
dius  .\ntiochus,  marbrier  ",  de  A.  Antestius'^,  fabricant 
d'objets  de  ménage,  de  l'orfèvre  Hilarus(fig.  660),  etc.  '^ 
La  pierre  tombale  du  cordonnier  C.  .lulius  Helius" 
porte  sur  sa  face  principale  le  buste,  d'expression 
curieusement  réaliste,  du  défunt  ;  dans  le  fronton  sont 
sculptés  deux  pieds  humains,  l'un  chaussé  d'une  san- 
dale (fig.  3198).  Quelquefois,  c'est  tout  un  trafic  commer- 
cial qui  est  pilloresquement  représenté  sur  la  pierre: 
ainsi  du  monument  du  boucher  Tiberius  Julius  Vita- 
lis'^  (cf.    fig.  43.'J.'i),  de    celui    de    l'apiculteur  T.   l'aco- 

I  l'ar  exemple  Uateria  Superbia,  Alln.anii,  u.  In'.i.  —  2  Cf.  par  pxcinple,  I.-  husle  .le 
C.  Julius  llelius;  SUoDg,  O.  l.  p.  303.  Vo; .  la  collcclion  rassemblée  par  Arndl- 
Kiuckmann,  dans  Griecli.  und  lOim.  Portraits.  —  3  Eiemplcs  :  C.  Julius  l'Iiilclus, 
C.  i.  t.  VI,  idlHO  ;  Aiilhus,  V.  i.   I.  VI,   Il  8r,i,  cic.  —  *  Diilscklie,  Anl.  ItihUi-. 

IV,  388.  —  i  Allmanu,  n.  Mi.  -  0   C.   i.    l.  III.  2030.  —  ■  Dûlscklie,  470  :  C.  i.  l. 

V,  2417,  Cr,  Schrodep,  Grabdenkm.  d.  rnm.  Kaiserz.  p.  14.  Signalons  ici  la  rcprt'^- 
sculalion   a^scz  IMi|uenle  du  coiubal  de  coqs  (Iig.  214;  Allmanu,  n.  112  et  p  ..364. 

—  «Musécdu  Dapilolc,  Foggini,  IV,  'J  ;  KiglicUi,  I,  123  :  C.  i.  l.  Vi,  1070,  —  9  C.  i.  /. 

VI,  2725.  -  10  Ci.   t.  VI,  IG  534.  — <1  f.  l,  /,XI,  001.— 12  Cl.  lat.  VI,  Il  8'JC. 

—  13  C.  i.l.  VI.  0149,  -   li  C.  i.  L  VI,  33014,  cf.  Buttât,  comm.  1887,  pi,  m; 


nius  Caledus"';  de  celui  surtout  i\u  coutelier  L.  Corné- 
lius .\timetus '':  la  face  principale,  encadrée  de  piliers 
corintiiiens,  est  occupée  tout  entière  par  l'inscription: 
les  faces  latérales  représentent  l'une  l'atelier  même  du 
coutelier,  l'autre  sa  boutique  de  vente;  personnages  et 
instruments  sont  représentés  avec  un  détail  très  vivant 
[ciLTEli,  fig.  2112,  2113;  cf.  fig.  2117J.  Quelquefois,  la 
représentation  ilu  métier  est  plus  écourlée  ou  faite  par  voie 
de  symbole  :  ainsi  un  vaisseau  voguant  (fig.  ."1293),  avec 
ou  sans  ses  rameurs",  mar(]ue  la  sépulture  d'un  comiiier- 
(  ant  ou  d'un  armateur  '"'  ;  sur  le  fronton  de  la  pierre  tom- 
bale du  marchand  de  vin  C.  Clodius  Euphemus'^'  on  voit 
Dionysos  versant  du  vin  d'un  canthare.  La  profession  de 
la  femme,  maîtresse  ou  servante,  consiste  dans  son  rôle 
ménager:  aussi  la  corbeille,  le  miroir,  le  peigne,  l'aiguille 
figurent  communément  (Iig.  992,  5  428)  sur  ses  monu- 
ments funéraires  -'  ;  sur  celui  d'une  poétesse  sont 
sculptées  la  lyre  et  la  cithare'--. 

Les  reliefs  funéraires  font  allusion,  comme  au  métier 
du  défunt,  à  sa  situation  sociale  et  aux  dignités  et 
charges  dont  il  a  été  revêtu.  Sur  l'autel  funéraire  d'un 
adjoint  à  l'annone  est  figurée  la  déesse  Annona-'';  un 
masque  d'où  sort  une  eau  courante  parait  sur  la  pierre 
tombale  d'un  ingénieur  des  eaux  de  l'Aqua  Claudia-'; 
sur  celle  d'un  orateur,  L.  Preciliiis,  on  voit  une  proue  de 
vaisseau  rappelant  les  rostres";  le  biscllium,  insigne 
de  leur  dignité,  est  sculpté  sur  les  cippes  des  secii'i 
(lufjuxtalex  ou  des  décHirions  [hiselliim]. 

La  représentation  de  la  dexlrarum  junclio  (Iig.  6344) 
rappelle  l'union  qu'a  contractée  le  défunt.  On  y  voit  bien 
comment  un  sujet  grec  est  transformé  par  l'esprit  ro- 
main. La  scène  est  analogue  à  celle  de  la  poignée  de  main 
des  stèles  grecques.  Mais  ce  n'est  plus  l'idée  sentimen- 
tale de  la  séparation  ou  de  la  réunion  qui  trouve  Va  son 
expression;  les  deux  personnages  sont  représentés  en 
tant  qu'unis  par  un  lien  solennel  et  légal,  l'homme  tenant 
à  1  a  main  le  rouleau  des  lahtdae  nnp/iules  [co.ma, 
fig.  1847,  1873]^"  ;  les  époux  sont  souvent  debout  devant 
un  autel;  même  quand  ces  détails  manquent-',  leur  alti- 
tude n'est  pas  simple  et  familière  comme  celle  des  person- 
nages des  stèles  grecques  [matrimomum,  fig.  4871,  4872]. 
Le  citoyen  romain,  surtout  celui  qui  arempli  de  son  vivant 
des  fonctions  sacrées,  est  enfin  figuré  souvent  dans  l'atti- 
tude du  sacrifiant  [sacrificrm,  fig.  6009]  ou  dans  celle  du 
prêtre  d'une  divinité  ;  la  représentation  des  prêtres-*  ou 
prêtresses-'  [flamen,  fig.  3106],  des  servants  d'Isis  [isis, 
fig.  4104,  410oj'",  avec  les  accessoires  du  culte,  est  fré- 
quente. 

Notons  enfin  une  dernière  classe  de  représentations 
funéraires  :  celles  qui  sont  empruntées  au  mythe  el 
au  symbolisme  religieux.  Le  sujet  du  banquet  fu- 
nèbre" esl  directement  emprunté  aux  monuments  grecs 
el  conçu  de  manière  analogue.  Le  défunt  esl  assis  sur  un 
lit,  devant  le<[uelse  trouve  une  table  à  trois  pieds;  un 
autre  personnage  est  souvent  debout  à  côté  de  lui^-  ; 

Helbig,  FùAre;- 2,  I,  eo.'i.  -  15  Cf.  Helbig,  O.  o.    Il,  773    -  !«  (  .  i.    ;.  VI,  i3  6!,7. 

—  17  C.  i.  I.  VI,  16    106;    Amelung,  Die  S/,ulpt.  d.    Vali/c.  Mus.  p.  27.1,  n.  147. 

—  18  C.  i,  t.  XII,  3707,  5327,  8390  (liic  miiltos  annos  l'elificaL'ill.  —  '1  11  pcul  y 
a\oir  lieu  aussi  devoir  daus  le  vaissoau  le  symbole  du  voyage  vers  le  pays  d  au  di  la 
la  loinlc;  cf.  Sclirôdcr,  Op.  cit.  p.  21.  —  20  C.  i.  t  VI,  9071.  —  2f  l'ar  enm|de. 
C.  1.  I.  IX,  3952,  3971,  4026.  —  2S  C.  I.  l.  VI,  24  042  ;  Allmann,  n.  273.  —  2:1  C.  i.  I. 
VI,  84711,  —  2K,'.  i. /,  VI,  8493.  —  2,;  r,  i.l.  VI,  1321.— 26  Cf.  Allmann,  u.  T.S. 
_  27  Allmann,  p.  205,  Iig.  162.  —  28  C.  i.  /.  VI,  2204,  2230.-3  C.  i.  I.  VI,  427  ; 
Allmann,  p.238,  Og.  101.  —  30  f.  i. /,  34  776.  —31  Uf.  Allmann,  p,  188  si|.  ;  Sclirûdcr, 
Op.  cit.  p,  2  sq.  —  32  Allmann,  n.  200,  201,  elc. 


SEP 


—  1238  — 


SEP 


quel(juofois,la  préscnci'de  figures  iicccssoiros  transforme 
la  scène  de  banquet  en  une  scène  de  famille.  Quant  aux 
représontalions  symboliques  qu'on  trouve  sur  les  reliefs 
grecs  du  même  type,  consacrés,  on  l'a  vu,  au  culte  des 
héros  plutôt -que  des  morts,  une  seule,  celle  du  cheval, 
apparaît  sur  les  reliefs  romains;  mais  elle  y  perd  son 
caractère  religieux  '  ;  le  cheval  sert  de  monture  à  un 
cavalier,  le  mort  étant  etrectivement  tiguré  comme  tel, 
dans  une  scène  de  chasse  -  ou  de  guerre  lixniTiis, 
lig.  '2737.  :273s,  '2739,  :2741,  '27431  '.  Souvent,  le  champ 
du  relief  est  partagé  en  deux  parties:  lune  représentant 
le  repas  funèbre,  l'autre  le  cavalier.  Ainsi  scènes  de 
famille,  scènes  de  guerre,  banquet  funèbre,  tous  ces 
sujets  nettement  distingués  dans  la  sculpture  funéraire 
grecque  sont  confondus  et  rapprocliés  par  le  marbrier 
romain.  Il  en  est  ainsi,  par  exemple,  surlescippes  ou 
pierres  funéraires  des  équités  singulares,  corps  de  cava- 
lerie créé  au  début  du  W  siècle  par  Trajan  *  ;  ces  cippes 
sont  le  plus  souvent  partagés,  sur  leur  face  principale, 
en  trois  registres  :  celui  du  milieu  occupé  par  l'inscription, 
le  registre  supérieur  par  le  banquet  funèbre,  l'inférieur 
par  la  scène  du  cheval  mené  à  la  bride,  ou  du  cavalier 
chasseur  [eovites,  fig.  2740  ;  euiitks  singl'lares, 
lig.  27 46]  \ 

Les  mythes  religieux  dont  on  retrouve  la  trace  sur  les 
monuments  funéraires  sont  ceux  naturellement  qui  se 
rapportent  de  plus  près  aux  croyances  populaires  sur 
l'au-delà,  par  exemple  les  mythes  dionysiaques  "  :  per- 
sonnages portant  le  tiiyrse,  la  grappe*,  le  vase  à  boire, 
génies  du  thiase  de  Dionysos,  satyres  et  ménadcs  sont 
des  représentations  très  communes.  Un  mytiie  particulier, 
celui  de  l'union  de  Dionysos  et  d'Ariane,  est  tiguré  sur 
plusieurs  cippes,  par  exemple  sur  celui  de  T.  Claudius 
Philetus',  au  Vatican,  où  le  couple  apparaît  en  un  enca- 
drement de  plant  de  vigne,  dans  l'attitude  de  la  dextra- 
ruin  junctio.  Un  autre  culte,  celui  d'.\pollon,  marque  sa 
trace  sur  les  pierres  tombales  non  par  des  scènes  figurées, 
mais  par  l'emploi  de  symboles  comme  le  laurier  ou  le 
trépied.  Quant  aux  histoires  mythiques  proprement  dites, 
répertoire  habituel  des  fabricants  de  sarcopliages  [sarco- 
piJAGL's],  elles  sont  beaucoup  moins  communes  sur  les 
édicules  funéraires,  qui  ne  donnaient  pas  assez  d'espace 
pour  les  développer  librement.  Le  rapt  de  Proserpine  est 
le  sujet  le  plus  souvent  représenté  *  :  on  trouve  aussi 
l'histoire  d'Arcliémoros  ',  celle  de  Ganymôde  '",  le  groupe 
d'Amour  et  Psyché";  toutes  figures,  on  le  voit,  en  rela- 
tion avec  les  idées  philosophiques  et  religieuses  sur  la 
vie  et  la  mort.  On  sait  enfin  l'importance  prise,  à  l'époque 
impériale,  par  l'idée  de  l'héroïsation,  empruntée  à  la 
Grèce  alexandrine  et  développée  par  le  culte  des  empe- 
reurs [apotuéosis]''.  De  nombreuses  inscriptions  funé- 
raires, où  le  défunt  ou  la  défunte  sont  assimilés  à  la 
divinité  en  général  ou  à  des  personnes  divines  particu- 
lières, montrent  que  cette  conception,  jusqu'à  ses  der- 
nières limites,  avait  pénétré  dans  les  masses  populaires. 
Il  est  naturel  qu'elle  ait  trouvé  aussi  son  expression 
plastique.  Une  inscription  d'un  columbarinia  de  la  voie 


<  (^L'pondaiil,  il  apparail 
\'.   Vilcllius    Successus  ;   AU 


dans  les  slt'lcs  grecques  sur  Ir? 
I,  11.    15y.  —  2  Corn. 


lit    .k- 


lai.   V,  3lu3;    IX, 
3100.   —    i    Corp.    imcr.   lat.    VII,   06  sq.    —    t    Corp.  iiiscr.    Int.    VI,   3173  si|. 

—  5  l'ar  CI.  Corp.  intcr.  lai.  VI,  3177  ;  cf.  Allniann,  n.  iOT.  —  C  cf.  Rcliiiidcr, 
Op.  cit.  p.  10  s<|.  —  l  Corp.  inscr.  lat.  VI,  15  314.  —  8  Cf.  FBrslcr,  Haub  d. 
Persept).  p.  123  si).  — s  Cf.  Allniann,  n.  84.  —  <0  Corp.  inscr.   lat.  VI,  20  802. 

—  1'  Corp.  imcr.  lat.   VI,    Il   440,   23  621.  Cf.  Collignon,    .Vythe  de  Psyché, 


^ 


.\ppienne  mentionne  des  effigies  d'une  certaine  C.lainlia 
Seinne  iii  /'nriiiam  ileoruin'^.  Et  de  fait,  des  reliefs  de 
cippes  représentent  la  divinisation  même  ou  des  person- 
nages divinisés;  sur  les  faces  latérales  d'un  autel  funé- 
raire du  Vatican  on  voit  les  bustes  de  Q.  Pomponius 
Eudaemon  et  de  sa  femme  Pomponia  Ilelpis  '  '  enlevés  vers 
les  hauteurs,  ici  par  un  paon,  là  par  un  aigle.  Sur  d'autn^s 
uKinuments,  les  défunts  et  défuntes  sont  représentés  en 
la  forme  de  Vénus'',  de  Diane"',  de  l'Espérance'',  de  la 
Fortune '%  de  Mercure  '"',  etc. 

Les  monuments  funéraires  qui  nous  restent  à  signaler 
sont  ceux  qui,  plus  considérables  par  leurs  dimensions 
que  ceux  qu'on  vient  d'étudier,  et  destinés  à  l'exposition 
en  plein  air,  occupaient  le  bord  des  routes,  au  sortir  des 
villes,  constituant  ainsi  par  leur  rassemblement  autant 
de  «  voies  des  tombeaux  »;  nous  avons  cité  plus  haut 
celle  de  la  voie  Appienne  à  Rome;  l'une  de  celles  de 
Pompéi  est  encore  presque  intacte'".  Mises  à  part  toutes 
différences  de  dimensions,  il  n'y  a  pas  entre  les  uns  et 
les  autres  de  distinction  essentielle.  Ils  répondent,  ceux- 
ci  comme  ceux-là,  au  même  principe  :  union  en  une  seule 
construction,  surélevée  au-dessus  du  sol,  de  l'empla- 
cement du  dépôt  funéraire  et  du  «  monument  »  ;  l'en- 
semble est  aménagé  de  manière  que  la  piété  des  survi- 
vants puisse 
efTectivemen  t 
s'exercer  à 
portée  des  ur- 
nes même  qui 
co  ni  ien  ne  ni 
les  c(!ndre> 
des  défunts. 
Il  arrive  aussi 
que  l'urnesoii 
déposée  en 
pleine  terreau 
pied  du  mo- 
nument ou 
derrière  lui, 
dans  l'en- 
ceinte funéraire  ;  il  n'y  a  pas,  dans  ce  cas,  de  chambre 
funéraire  à  l'intérieur  du  tombeau,  dont  l'apparence  et  la 
construction  extérieures  restent  pourtant  les  mêmes  ;  il 
y  a  sépulture  réelle  en  terre,  et  sépulture  apparente, 
cénotaphe,  au-dessus  du  sol.  L'urne  elle-même,  renfer- 
mant les  cendres,  prend  quelquefois  l'aspect  et  la  structure 
d'un  véritable  édifice;  elle  est  le  temple  réduit,  le  sanc- 
tuaire où  le  mort  réside  (fig.  6345)'-'. 

Les  deux  formes  les  plus  fréquentes,  pour  les  grandes 
constructions  funéraires,  sont  celles  du  tombeau-autel  et 
du  toinlipau-édilice  ou  temple;  il  y  en  a  d'autres,  et  le 
caprice  individuel  se  donnait  là  carrière.  Dans  les  nécro- 
poles romaines  comme  dans  nos  cimetières,  à  côté  des 
formes  classiques,  il  y  en  avait  de  fantaisistes,  expres- 
sions d'un  goût  arbitraire  et  mauvais.  Nous  avons 
d'un  tel  genre  de  construction  au  inoins  un  exemple 
curieux  :  c'est  le  tombeau  du  boulanger  Vergilius  Eury- 

|i.  iiHl,  1 10  :  Wr..  131.  —  12  i;r.  Scl.r  di-r.  Op.  cil.  \i.  I6sci.  —  '^  Corp.  iuscr.  h:. 
VI.  l"^5'.li  si|.  —  li  Curp.  insrr.  lat.  VI,  54C13;  cl'.  Allniaun,  p  278.  —  1=  Corp. 
iiLtcr.  lut.  VI,  Il  «0.  —  16  Corp.  inscr.  lut.  VI,  10958,  12892.  —  17  Corp.  inscr. 
Int.  VI,  I53'.i2  si|.  —  'S  Itid.  —  19  Repii'senlalion  asseï  (ri:'(nidUe,  Corp.  inscr. 
lat.  VI,  13893,21502,  23032,  clc;  peut-iHrc  Hermès  Psyclioponipc.  —  2"  Over- 
bcck,  Pompeji,  4«  Mil.,  p  396;  Gusnian,  Pompei,  p.  54,  36,  58,  61,  63. 
—  21  Allniann,  p.  20,  lîg.  13. 


IcmpK' 


SEP 


—  1239  — 


SEP 


sacès',  à  Rome,  liant  cliIjc  de  maçonnciie,  de  l'aspecl 
exact  d'un  four  de  boulanger,  où  sont  encastrées  trois 
rangées  de  bas-reliefs  montrant  la  fabrication  et  la  vente 
du  pain  [pistor,  fîg.  o6i97j.  A  côté  d'un  monument  aussi 
exceptionnel,  le  tombeau  de  C.  Publicius  Bibulus,  au 
pied  du  (.".apitoie-  est  un  exemple  régulier  du  tombeau- 
édilice  avec  ses  pilastres  et  sa  corniche,  la  chambre  funi'- 
raire  à  l'intérieur.  Mais  c'est  à  Pompéi  qu'on  trouve  le 
mieux  conservés  tous  les  types  de  tombes  de  la  fin  de  la 
République  et  du  début  de  l'Empire.  11  y  avait  à  Pompéi 
plusieurs  voies  des  tombeaux;  celle  qui  se  trouve  devant 
la  porte  d'Herculanum  a  été  complètement  dégagée  \  Les 
lombes  sont  disposées  de  part  et  d'autre  de  la  route  ;  la 
bande  du  terrain  sur  laquelle  ils  sont  construits  était 
cédée  par  la  ville  à  ceux  qui  édifiaient  le  monument,  ou 
quelquefois  donnée  par  elle  en  considération  de  services 
rendus'.  Nous  n'avons  pas  à  décrire  ici  tous  ces  monu- 
ments funéraires;  nous  en  signalerons  quelques-uns 
seulement,  comme  exemple  des  types  qu'on  peut  distin- 
guer :  tombeaux  en  forme  d'autel,  d'édilice-temple,  de 
niche,  de  siège  circulaire. 

Le  monument  de  Vaugualalis  Calventius  Quietus  ' 
reproduit  fidèlement  le  type  de  l'autel  funéraire  étudié 
plus  haut.  Sur  la  face  antérieure,  encadrée  d'une  frise, 
est  gravée  l'inscription;  au-dessous  d'elle  est  sculpté  un 
biseltium,  insigne  de  dignité  décerné  au  défunt  par  le 
conseil  des  décuribns.  Les  faces  latérales  sont  décorées 
de  la  corona  civica,  qui  se  retrouve  sur  d'autres  monu- 
ments'',  et  n'est  là  que  comme  un  pur  motif  orne- 
mental. L'autel  est  un  cénotaphe  ;  il  n'y  a  pas  de  chambre 
funéraire,  l'urne  étant  sans  doute  enterrée  au  pied  du 
monument.  Le  monument  de  Naevoleia  Tyche'  est  du 
même  type,  plus  orné  et  d'un  goût  moins  sévère.  Sur 
la  face  principale,  qui  porte  l'inscription  et  le  buste 
de  la  défunte,  est  représenté  le  sacrifice  aux  morts; 
les  faces  latérales  sont  décorées,  d'un  coté,  du  bisellium 
de  Munatius  Faustus,  époux  de  Tyché,  de  l'autre  d'un 
navire  (fig.  5993 ,i  monté  par  son  équipage  et  rentrant  au 
port.  La  chambre  funéraire,  ouverte  dans  le  soubassement 
de  l'autel,  est  étroite  et  sombre  ;  une  banquette  court  Je 
long  des  parois  ;  une  grande  niche  en  face  de  l'entrée 
contient  l'urne  de  Faustus  et  de  Tyché;  d'autres  urnes 
sont  dans  des  niches  sur  les  côtés  et  sur  la  bantiuette. 
Des  lampes  d'argile  servaient  à  éclairer  la  chambre  pour 
les  jours  de  fête  des  morts. 

Le  tombeau  d'Arria'  avait  la  forme  d'un  édifice  à 
pilastres,  sur  un  soubassement  élevé;  une  ouverture 
conduisait  dans  la  chambre  funéraire  voûtée.  Le  «  tom- 
beau des  guirlandes  »'^  est  en  forme  de  temple,  avec 
quatre  pilastres  de  face,  et  trois  de  côté,  réunis  par 
des  guirlandes.  L'édifice  est  massif  et  sans  chambre 
funéraire.  Le  monument  des  Istacidii'"  était  également 
en  forme  de  temple,  avec  quatre  demi-colonnes  de  chafiui' 
côté;  une  porte  au  milieu  d'un  des  côtés  donne  accès  à 
la  chambre  funéraire,  dont  la  voûte  est  soutenue  par 
un  pilier  :  des  niches  sont  creusé'es  dans  la  muraille;  en 
face  de  l'entrée,  la  plus  grande  contient  l'urne  du  chef  de 
la  iamille  et  de  sa  femme,  .\u-dessus  de  l'édifice  s'élevait 

1  Corp.  inscr.  lai.  VI,  1958;  Mon.  d  Insl.  Il,  pi.  iii;  Guhl  u.  Kouer.  Ubm 
(1.  Griech.  u.  liôm.^,  p.  770;  Spriiigcr  Micliaclls,  Hanilbuch  der  Kunslgescli. 
I,  fig.  70i.  —  2  Corp.  inscr.  lai.  I,  ti:i3  ;  cf.  liicliler,  Topoi/r.  v.  Jlom.  p.  iOti  ; 
Itaumcislcr,  Doikmâler,  fig.  GGi.  —  3  cr.  Mau,  J^ompH-,  p.  4i5  sq.  et,  ci-d. 
p.  liSS,  iioUi  iO.  —  *  Par  exemple,  le  loiiiiicau  ilc  .M.  Poicius  (Mail,  /bid.  p.  ii'Ji, 
cl  celui  de    la  priliesse    Mainla,  ihiU.     p.   430.    —  5    Cf.     .Mau,    Jbid.    p.    iH. 


une  construction  ronde,  ornée  des  statues  des  défunts 
lîappelons  encore  un  des  plus  célèbres  tombeaux 
de  Pompéi,  le  monument  de  Scaurus  avec  sa  vaste 
chambre,  son  entrée  ornée  de  pilastres  et  ses  bas-reliefs 


Fig.  6346.  —  Tonihe    .le  Scaurus  à  l'omp.-i. 

représentant  les  jeux  des  gladiateurs  dans  l'amphi- 
théâtre (fig.  G346)". 

Le  type  du  tombeau-niche  est  le  suivant  :  une  niche 
arrondie  etvoùtéc,  avec  une  banquette  maçonnée  courant 
tout  autour  du  demi-cercle;  les  murs  sont  décorés  de 
reliefs  sluqués  ou  de  peintures  ;  l'urne  est  en  terre,  reliée 
à  la  surface  du  sol  par  un  conduit  d'argile'-.  Dans  les 
constructions  de  ce  genre  se  montre  l'idée  de  faire  de  la 
sépulture  un  lieu  de  repos  agréable  pour  les  passants, 
et  de  mettre  ainsi  le  mort  en  relation  avec  les  survivants, 
idée  qui  s'exprime  très  souvent  dans  les  inscriptions 
funéraires.  Il  en  est  de  même  du  monument  en  forme 
de  simple  banc  demi-circulaire,  ouvert  du  côté  de  la 
route";  contre  le  dossier,  au  fond  du  demi-cercle,  est 
gravée  l'inscription  ou  appuyée  une  statue  du  défunt; 
l'urne  est  enterrée  dans  le  sol  derrière  le  monument. 

Il  faut  enfin  signaler  à  Pompéi  deux  monuments  de 
forme  particulière  :  l'un  est  une  tour  ronde  sur  soubas- 
sement quadrangulaire,  à  l'intérieur  d'une  enceinte  de 
quatre  petites  tours".  Un  tel  type  est  la  reproduction  en 
miniature  deceluides  grands  mausolées  de  Rome.  L'autre 
est  un  enclos  ceint  de  murs  décorés  àl'intérieur  de  pein- 
tures dans  le  style  pompéien  '■^■,  trois  lits  de  banquet  en- 
cadrent la  table  et  l'autid  à  libations  [lig.  1700,  c(ii-;na[: 
c'est  le  tombeau  lieu  de  réunion  ])Our  ceux  qui  fêtent  le 
mort  dans  les  banquets  d'anniversaire.  L'idée  enfin  qu'il 
convient  de  se  faire  d'une  voie  des  tombeaux  comme 
celle  de  Pompéi  doit  être  complétée  en  restituant  la  végé- 
tation qui  entourait  ces  monuments  si  variés  de  forme 
et  d'aspect.  Les  guirlandes,  plants  de  lauriers  ou  d'oli- 

—  li  NomlireuK  exemples  :  Allmanii,  n.  247,  248,  etc.  -  ''  Mau,  p.  442  ;  Uusraan, 
fompéi,  p.  5S.  —  8  Mau,  p.  443.  —  9  Ibid.  p.  43».  —  10  Ibid.  p.  430.  —  "  Ovcr- 
Lcck,  fompeji,  4'  édil.  p.  420,  fig.  222.  —  '2  Eicmplcs  :  grand  monument 
anonyme  ap.  au,  p.  43i  tomhca'jx  de  Vclasius  Gratus  et  de  Salvius,  ibid.  p.  445. 

—  13  Exemples  :   lomLcaui   de  Vejns,  Ibid,  p.  47s,  cl  de  Mamia,   ibid.  p.  43fl. 

—  Il   Ibid.  p.  440.  —  !•  Ibid.  p.  444;   Gusmaii,   p.  5K. 


SEP 


1240  — 


SEQ 


viors,  qui  ornont  U"<  oippos  fiin(''raires,  ne  sont  pas  purs 
motifs  (le  di'coration,  sans  rappoi-l  à  la  réalili''  :  les 
arbri'S  de  toute  espèce  froissaient  autour  des  tombeaux  ', 
sans  parler  des  Heurs  (|u'à  certaines  époques  de  l'année 
des  mains  pieuses  y  déposaient  [kinls,  rosalia]. 

Toutes  ces  formes,  ]iour  la  plupart  empruntées  à  la 
(îrèee  ou  à  TOrienl,  mais  reprises  et  transformées  par  le 
génie  latin,  ont  été  r('pan<lues  par  la  domination  impé- 
riale dans  toutes  les  parties  du  inonde  antique.  Il  n'est 
guère  de  pays  soumis  à  l'administration  romaine  où  l'on 
ne  trouve  des  spécimens  de  cell-e  architecture  funéraire. 

On  peut  prendre  la  province  d'.-\frique,  sur  laquelle 
nous  possédons  des  renseignements  assez  détaillés-, 
comme  exemple  de  la  dilTusion  des  types  venus  d'Italie 
et  comme  document  sur  la  façon  dont  les  formes  imposées 
par  l'influence  romaine  se  combinaient  avec  les  habitudes 
locales.  Les  fosses  creusées   dans  le  roc,  à  l'ancienne 


Fig.  6.117.  —  M.-iiisolpo  Mo  IAfii.|uo  romaine. 

manière  punique,  se  trouvent  par  centaines  dans 
l'Afrique  romaine,  de  même  que  les  fosses  construites  en 
terre  avec  des  dalles  ou  avec  de  grandes  tuiles'.  Un 
mode  de  sépulture  bien  local,  peut-être  d'origine  phéni- 
cienne, est  l'emboutissement  du  corps  non  incinéré 
dans  une  jarre,  ou,  quand  le  corps  est  trop  grand,  dans 
deux  jarres  dont  on  brisait  la  pointe  et  qu'on  réunissait 
en  les  emboilanl  l'une  ilansl  autre  '.  Les  sarcophages,  les 
auges,  les  cercueils  en  baignoire  servent  aussi  de  réci- 
pients. Les  ossements  incinérés  sont  placés  dans  des 
trous  en  terre,  ou  dans  des  vases,  des  collrets  de  pierre. 

H;r.  Trinialcion  dans  lcSn(j/i-.  de  Pciron.  71.  —  2  Gscll,  J/omiBicnî»  antiques  de 
I  Algérie, i\o\.lvn\.— 3  Ibid.U,  ji.W.  —  4 //,»(.  p.  M. —5 /4„/.  p.  44  sq.  -^  Ibid. 
p.  48.  —  7  IIM.  |..  M.  —  8  Ibid.  |..  34  à  59,  où  fisell  émimoro  oldfcril  plus  dp 
soiiantc  île  ces  mausolées  en  AlpZ-ric.  I,a  (ifruro  isl  prise  de  la  p.  94,  fig.  100.  —  bi- 
rii.i<un«lMi>E.  Toule  la  biLliographii-  de  l'article  hm,s  est  à  reprendre  ici.  On  y  ajou- 
tera en  deliors  des  noniLreui  arlicles  de  revues  ou  de  grandis  publications  comme 
les  Mon.  dei  Lincei,  cités  dans  les  noies  :  pour  la  Grèce  :  Bulle,  Orchumenus. 
1907;  lainage,  La  Crète  ancienne,  I9il7  ;  Evans,  Ttie  prehisloric  tombsofCnossos. 
l.oui!rc9.  l9>7;TsouDlasand  UaaatI,  Tlie  Mycenaenn  aije,  189s  :  Bncliliolz,  Die  Ho- 
mer.  /lealien,  i'  éd.  1881  ;  l'oulscn.  Die  Ùipylongniber,  1903  ;  DragendoriT,  Ther. 
Orùlier,  1907  ;  Judeicli,  Topogr.  v.  Allie»,  1903  Icollecl.  des  manuels  d'Ivan  Millier)  : 
(<ardnc-,  Sc-lpturcd  lombt  of  Uellng,  IS9i:  lîmcclner.  Omnmrnl  u.  Form.  d. 
allischcn  Gnibslelen,  l>sil;  Watiin^cr,  Stud.z.  unterital.  Vusenmal  :  ScIneiber, 


Au  dehors,  le  (ritii-rt.  se  compose  de  cippes,  en  g(''ni''i;il  à 
soimnel  pointu  ou  arrondi,  quelquefois  atteignant  une 
hauteur  de  .'}  mètres,  avec  une  inscription  accompagni-e 
de  l'image  du  défunt,  parfois  d'un  croissant  ou  d'une 
étoile;  de  cippes  en  pyramide  tronquée,  de  colonnes; 
d'autels  à  guirlandes  de  forme  quadrangulaire  ;  de  tables 
placées  en  avant  de  la  stèle  ou  au-dessus  de  la  tombe". 
Dans  quelques  tombes  à  incinération,  un  tuyau  en  argile 
permet  de  faire  parvenir  la  libation  Jusqu'au  mort  '.  Les 
caveaux  funéraires,  à  une  ou  plusieurs  chambres, 
rappellent  ceux  de  la  Phénicie  et  de  l'Elrurie^  Les 
grands  mausolées  en  pierre  de  taille,  élevés  par  de  riches 
propriétaires,  ne  sont  pas  rares.  Tes  uns  en  forme  de 
pyramide  élevée  sur  un  soubassement,  d'autres  en  tour 
carrée  ou  en  lanterne  de  forme  hexagonale  (lig.  C347), 
plusieurs  avec  un  étage  couvert  en  berceau  ou  en  fron- 
ton, d'autres  ronds  à  la  façon  du  tombeau  de  Caecilia 
Metella  de  Rome*. 

On  trouvera  à  l'article  sarcopiiagis  la  description  des 
monuments  funéraires  qui,  à  partir  du  u'  siècle  de  l'ère 
chrétienne,  supplantent,  dans  les  nécropoles  romaines, 
les  types  qu'on  vient  d'éludicr  au  cours  de  cette  revue 
sommaire.  Il  faut  les  ajouter  pour  parfaire  l'histoire 
des  types  de  l'architecture  et  de  la  sculpture  funéraires 
à  Rome.  Cette  histoire  est  de  celles  qui  sont  le  mieux 
faites  pour  écarter  certains  préjugés  et  montrer,  à  travers 
toutes  les  influences  et  tous  les  emprunts,  la  force  de 
création,  l'originalité  de  l'esprit  et  de  l'art  romains. 

EsiII.E  C.MIEN. 

SEQUESTER.  —  Droit  rjvcr.  —  Le  séquestre,  dans  le 
droit  grec,  a  le  même  caractère  que  dans  le  droit  romain 
(v.  infra).  Il  est  désigni-,  dans  le  droit  attique,  sous  le 
nom  de  u.s(7£Yi"JY||jLa,  et  le  mot  [ji£<7Éyyu&ç  désigne  le  dépo- 
sitaire, le  serjiiesler  des  Romains. 

Le  séquestre  a  généralement  son  origine  dans  une 
contestation  relative  à  la  ciiose  déposée,  et  c'est  à  ce  point 
de  vue  que  se  placent  les  lexicographes  dans  leur  défi- 
nition'. Il  y  a  ainsi  séquestre  conventionnel  lorsque  les 
deux  adversaires  remettent  la  chose  litigieuse  à  un  tiers 
avec  mission  de  la  garder  et  de  la  rendre,  une  fois  la 
contestation  vidée,  à  la  partie  qui  aura  triomphé.  Il  est 
probable  aussi,  comme  on  peut  l'induire  du  Traili'  den 
Lois  de  Platon-,  que  la  législation  allique  admettait  le 
séquestre  judiciaire,  ordonné  par  le  juge,  à  côté  du 
séquestre  conventionneP. 

Abstraction  faite  de  tout  litige,  le  contrat  de  séquestre 
peut  encore  avoir  lieu  à  Athènes  lorsqu'une  certaine 
somme  d'argent,  affectée  à  la  rémunération  d'un  service 
non  encore  rendu,  est  déposée  entre  les  mains  d'un 
tiers'.  On  peut  conjecturer  que  cette  espèce  de  séquestre 
présentait  sa  principale  utilité  dans  le  cas  où  le  service  à 
rendre  était  contraire  à  l'ordre  public  et  oit  une  action  en 
justice  aurait  été  impossible  pour  en  obtenir  le  prix". 

Exped.Ernsl  Sieglin.  1. 1,  I90S  ;  Kicseritzkrct  Watiinger,  Griech.  Grabreliefs aui 
Sud  /liissland,  1909.  —  Ponr  r/<(WiepriiniO>e:  B.  Modcstov,  Mr.  à  l'hist.  rom.  Irad. 
rr.  1907  ;  Abekon.  Àliltetitalien  1S13;  C.anina.  Descru:.  di  C'erc  anlica,  18  18  :  Id. 
Klriiria  mari(.  18  V8-49.  —  Pour  /îomeel  Pompéi.  Barloli,  Ant.  sepolcr.  1708  ;  Caniaa, 
Vin  Appia;  {eilr.  de  Jtomn  anlica);  liicblcr,  l;pogr.  v.  tlom.  IS^O  (des  manuels 
d'Iï.  MUIIer)  ;  Scbrrxler,  A/iirf.  :.  den  Grabdenkm.  d.  rnni.  Kaiser:.  1902  ;K.  Slrong. 
/lom.sculpl.  1907;  Allmann.  Dierôm.  Graballûre,  l90.ï  :  Mau,  Pompei  in  Lebenu. 
Klinxt,  i'éd.  190i.  —  Pour  \  Afrique  et  la  Giule.  GseP,  .Von.  aniiq.  de  t Algérie. 
1901  ;  Espérandieu,  liée.  gén.  ds  lias-reliefs  de  la  Gaule  romaine,  1907-1908,  etc. 
SKQUESTER.  1  Bekker.  Anecd.  1,  p.  191,  14.  —  2  Plat.  Leges,  314  d. 
—  3  Beaiichct,  Hist.  du  droit  prive  de  la  llèpubt.  allién.  l.  IV,  p.  33«.  —  *  llarpo- 
er.-.tion.  v«  i««£Tlill"«:  Suidas,  eod.  i«  Bekker.  Anecd.  I,  Î79,  3:  Lysias,  C.  P/.i- 
locr.  §  0.  —  *•  Beaucliet,  Loc.  cit. 


SEP, 


—   1:211 


SER 


(JiKiiiL  aux  ac'lions  dérivaiil  du  sù(]uc'.slre,  on  jiouL 
adineltrL',  dans  le  silence  des  textes,  que  si  le  tiers,  étaijli 
gardien  delà  chose,  refusait  de  la  restituer,  lorsque  la 
condition  prévue  parles  parties  s'était  réalisée,  il  pouvait 
être  actionné  par  la  SixT,  Trap7.xxTxO/|XY|Ç  [dki'ositim].  Si  la 
liiriiculté  survenait  enlre  les  déposants  eux-nièuies,  qui 
ne  pouvaient  s'accorder  sur  le  point  de  savoir  si  la  con- 
dition ;i  laquelle  était  subordonnée  la  restitution  de  la 
chose  séquestrée  s'élail  ou  non  réalisée,  la  contestation 
était  vraisemldablemenl  tranchée  au  moyen  de  l'action 
ordinaire  !7jvOY|Xo>v  TtapaêiiTEioç  '. 

I)ri)il  romain.  —  Le  séquestre  (scr/urstrc,  sequcs/raiii 
ou  serjiie.ff ratio)  est  le  dépôt  fait  par  deux  ou  plusieurs 
personnes  entre  les  mains  d'un  tiers  (srquvider)  d'un 
objet,  à  la  charge  de  le  conserver  et  de  le  rendre  à  l'une 
d'elles  sous  une  condition  déterminée^.  Le  séquestre  a 
presque  toujours  une  origine  dans  une  contestation  rela- 
tive à  la  chose  déposée,  et  c'est  alors  au  gagnant  que  la 
chose  litigieuse  doit  être  restituée;  mais  il  suffit  d'une 
simple  opposition  d'intérêts  entre  deux  personnes  pour 
motiver  un  séquestre.  Le  séquestre  peut  résulter  d'une 
convention  des  parties;  parfois  aussi  il  est  ordonné  soit 
par  le  juge,  soit  par  le  préteur^ 

Le  sé(iueslre  est  soumis,  en  g(''nérai,  aux  règles  du 
dépôt  [depositum];  il  s'en  distingue  cependant  aux  points 
de  vue  suivants  :  1°  le  séquestre  peut  avoir  pour  objet 
non  seulement  des  meubles,  comme  le  dépôt,  mais  aussi 
des  immeubles  et  même  des  personnes  ^  ;  2°  la  restitution 
de  la  chose  mise  sous  séquestre  ne  peut  élre  demantlée 
(jue  par  un  seul  des  déposants  el  sous  une  condition 
déterminée  ;  3"  le  ser/iiesfer  peut  avoir  la  possession  de  la 
chose  déposée,  tandis  (jne,  dans  le  dépôt,  la  possession 
reste  au  déposant.  Mais  le  b(hiéfice  de  cette  possession, 
par  exemple  l'usucapion  qui  peut  en  résulter,  est  acquis, 
en  définitive,  à  celle  des  deux  parties  à  qui  la  chose  est 
restituée  -'  ;  i"  l'action  par  laquelle  le  séquestre  peut  être 
actionné  en  restitution  est  une  action  spéciale,  set/iies- 
Iraria  dcpositi  '•. 

Le  seqiiPxler  peut,  pour  des  motifs  graves,  se  faire 
décharger  des  obligations  qu'il  a  assumées  en  acceptant 
le  dépôt,  et  alors  la  chose  est  déposée  dans  un  temple  en 
attendant  l'arrivée  de  la  condition". 

Le  séquestre  peut,  par  suite  de  conventions  particu- 
lières, revêtir  la  nature  d'un  autre  contrat.  11  prend 
ainsi  le  caractère  du  mandai  [manoatlim],  lorsque  le  dépo- 
sitaire accepte  l'administration  de  la  chose  déposée  ou  la 
mission  de  vendre  l'objet  el  d'en  verser  le  prix  aux 
mains  de  celui  des  déposants  qui  triomphera  dans 
l'instance,  ou  bien  le  caractère  du  louage  [locatio  ope- 
harum],  lorsque  le  xequester  reçoit  un  salaire  poui'  l(;s 
services  qu'il  rend".  L.  Bkai'chet. 

SERA.  —  Sous  ce  nom  dont  le  sens  propre  esl,  en 
latin,  barre  de  clôture,  verrou,  nous  réunissons  ici  ce  qui 


1  V.  4.11-  le  sc.|Mcslrc  en  liruit  ^-rcc  :  Cailluim..',  Conlral  de  dv/M  dans  le 
•II-  l'Àcarlcmie  de  Cavii,  IS7G,  ji.  oiTsq. ,  Mcicr,  Sclii'iinauil  cl  Lipsius,  lias  i. 
Process,  ji.  111;  Beauchet,  t.  IV,  p.  337  S(|.  —  2  L.  MO  Dig.  Dererb.  siijni' 
I.  6,  n,-Ui(i.  Depos.  XVI,  3.  —3  L.  a.  §s,  D.  Soi.  mot,-.  XXIV,  3;  I.  3§C 
;//;.  exhih.  Xl.lll,  30.  —  4  h.  3  §  6,  D.  De  lia.  exIiiO.  —  3  L.  31,  D.  Jh 
mmilt.  poss.  XII,  i  ;  1.  IT,  ;■  I  1).  Dejios.  —  6  I,.  12.  §  2,  I).  Uepos.  — 
§  i,  D.  Vepos.  —  s  L.  '.),  S  :*■  D-  iJe  dolo  molo,  IV,  3  ;  cf.  sur  le  féqueslrc 
romain  :  Ciii|,  Les  Institulionx juridiques  des  /tumains,  l.  Il,  p.  300  ;  l'elil, 
Jr.  rom.  i\°  3i;i  ;  Maynz,  Cours  de  dr.  rom..  4»  (5.1.  l.  Il,  p.  3ii;  Aci  arias, 
dr.  Itomain,  l.  H,  u"  59»  ;  Oirar.1,  ilan.  de  dr.  Itomaiu.  i'  éd.  p.  518. 

SKIIA.   1  lliad.  XII,  121  cl  t<n  i    XIII,  I2i.   —  2  Iliad.   XXIV,  433.   — 
XXIV,  455.  —  4  lliad.  XXIV,  5117.  —  à  A  Troie,  pelilc  porte  du  n.ur  dcnceii 

Vin. 


ttisclie 
.  L.  16; 


adg.  , 
^  L. 


Tr.  de 
Tr.  dr 


coMcerue  les  serrures,  les  clés,  el,  en  général,  tout  iné'ca- 
iiisme  inventé  pour  assujellir  les  ballants  de  portes, 
armoires,  coffres  el  autres  meubles  qui  doivent  être  soi- 
gneusement fermés. 

I.  Grèce.  —  Le  moyen  le  plus  sim|)le  el  sans  doute  h; 
plus  ancien  dont  les  Grecs  aient  usé  pour  fixer  les 
battants  d'une  porte  nous  esl  indiqué  dans  Vlliailt'. 
Plusieurs  portes  du  camp  des  Achéens  se  fermaienl  par 
un  verrou  long,  [jiïxpbç  ô/sùç',  analogue  à  l'èTttpX/,;  de 
sapin  qui  barrait  celle  du  campement  d'.\chille  -  el  que  le 
poète  appelle  indiH'éremmeul  xXyjiç^  ou  ô/eû;'.  On  peut 
rapprocher  de  ce  verrou  colossal,  à  la  manœuvre  duquel 
trois  hommes  étaient  nécessaires,  ceux  qui  étaient  en 
usage  à  Troie  el  à  Tirynlhe.  Une  poutrelle  ronde  glissait 
dans  deux  trous  cylindriques  pratiqués  dans  les  jam- 
bages à  mi-hauteur  de  la  porte.  Pour  ouvrir  on  faisait 
rentrer  cette  poutrelle  dans  le  mur  d'enceinte  à  travers 
un  des  jambages  percé  à  jour^  Au  trésor  d'Alrée,  en 
arrièredela  porleelàun  tiers  environde  sahauteur  totale, 
deux  cavités  ovales  ménagées  dans  le  mur  en  face  l'une 
de  l'autre  recevaient  un  verrou  horizontal".  Chacun  des 
montants  de  laPorte  des  Lions  présente  aussi,  àunecer- 
laine  distance  de  lafeuillure,  deux  cavités  rectangulaires, 
situées  l'une  au-dessus  de  l'autre  et  où  s'encastraient  des 
verrous'.  Une  disposition  analogue  se  rencontre  dans 
riléroon  deGjolbaschi-Trysa.  Deux  cavités  rectangulaires 
de  0  m.  07  de  côté  se  font  vis-à-vis  sur  la  face  intérieure 
des  montants,  à  1  m.  33  du  seuil.  Leur  profondeur  n'est 
que  de  4  à  o  centimètres.  Il  n'y  a  pas  d'entrées  permet- 
tant d'y  introduire  les  deux  extrémités  d'une  barre  d'un 
seul  tenant.  C'est  pourquoi  MM,  Benndorf  et  Niemann 
supposent  que  ce  verrou  était  composé  de  deux  pièces 
qu'on  engageait  séparément  dans  les  gâches  et  qui  se 
réunissaient  vers  le  milieu  de  la  porte  par  un  assemblage 
à  mi-bois  consolidé  au  moyen  d'une  clavette*.  A  l'appui 
di!  leur  reconstruction,  ils  citent  un  passage  de  Ylliade 
où  est  décrite  la  porte  principale  du  camp'.  Le  système 
qu'ils  proposentetqui  a  reçu  l'approbation  deM.  Diels  '", 
était  certainement  connu  des  Grecs,  car  plusieurs  dis 
commentateurs  anciens  d'Homère  entendent  le  mol 
«  £7:Y||ji.oiPoi  I)  de  la  même  façon  ".  Mais  il  a  l'inconvénient 
d'être  moins  résistant  qu'une  poutre  d'une  seule  pièce. 
En  fait,  la  porte  par  où  entre  Hector,  plus  grande  que 
les  autres,  devait  avoir  deux  verrous.  On  les  tirait  sans 
doute  en  sens  inverse,  et  une  cheville  verticale  les 
rendait  solidaires  '-. 

Ce  premier  système  très  simple  de  fermeture  au  moyen 
d'une  poutre  horizontale,  pénétrant  de  part  et  d'autre 
dans  les  montants  de  la  porte,  fut  en  usage  depuis  les 
temps  mycéniens  jusqu'à  L'époque  classique.  Sa  solidité 
le  recommande  pour  les  clôtures  d'enceintes.  Quelquefois 
pourtant  on  l'a  jugé  insuffisant  et  on  lui  a  adjoint  un 
verrou   vertical  se    fixant  dans   le  seuil.    Une  gâche  de 


i'  piTiode;  cf.  l'crrol,  Hisl.  de  VArt,  VI,  p.  158;  D.'.rprelJ,  Trojn  und  Jlion,  I, 
p.  (iti,  fig.  17.  ïiryiiUio  :  v.  Sclilieninuu,  Tirijnthe  (Irad.  Ir.),  p.  180.  Il  existe  pcuU 
èlpc  dès  cette  époque  des  verrous  en  mêlai.  Sclilicniann  croit  avoir  retrouvé  ceux 
de  la  double  porte  de  la  ville  Ijrùlée:  llios,  p.  42,  fig.  11.  12,  el  p.  54(1.  Ils  sont  en 
enivre.  I-'n  autre  verrou  (?)  de  cuivre  a  été  trouvé  dans  une  maisnn  de  la  inéuie 
coucli.-.p.530,  lisr.  yio.  —  6  l'errot,  Hist.de  l'Art,  VI,  p.  611,  lig.  261.  — 'Schlie- 
manu,  Mycènes,  p.  80,  fig.  22  a.  —  8  Benndorf  el  Niemann,  Das  Heroon  von  Gjnl- 
biischi,  p.  7V,  lig.  21    cl   22;  cf.    Diels,  Parmenides  lehnjedichl,   p.  IIS,   lig.    I. 

—  y  lliad.    XII,  455  S(|.,  "  îotoi  S'EviorrOiv  ô/^ijtq  ït/*»'  ïiTilHOt^'ji,   (it'«  Se  xir.'s  iitaç^ptiv  ». 

—  1"  Op.  cit.  p.  118.  —  U  Aristonic.  ï\  éxutÉpa^  3>,â;  ÏV1,  litalXaoaojjiÉvou;  xaTà 
m'oîv  xa'i  es',  t'-tî  îicfoi;  Ui«liio(isv<.i.5  Si«  tv  ^ufiSoXvJy  ni*  xAtiSi.  Cf.   Fink,  p.  9,  n.  I. 

—  lî  Suidas,  1, 2,  SSS.iu^UaYUiv»,  «tt.  t».  |aJ.  r.O.v,  Toï  «i  i"v9<.  i,;»«(Te«i, 

156 


SER 


—  \-2l2  — 


SER 


(I  m.  37j  de  long  sur  0  m.  30  de  largo  csl  creiisôo  au  mi- 
lii'u  lie  celui  de  la  l'ni-tc  des  Lions  '.  Le  verrou  vertical 
se  trouve  déjà  dans  les  palais  crétois.  A  Cnossos,  on  voit 
dans  le  sol,  en  arrière  de  la  grande  porte  de  l'ouest  qui 
donne  accès  au  palais  par  le  «  Corridor  de  la  Procession  », 
une  gâche  de  0  m.  059  xO,03-4  -.  A  Phaeslos,  le  seuil  d'une 
grande  porte  qui  séparai!  la  grande  cour  du  quartier  privé 
présente  toute  une  série  de  trous  rectangulaires  où 
devaient  s'engager  des  verrous  '.  La  porte  du  nord,  dans 
le  »  sanctuaire  des  doubles liaches  »,  à  Cnossos,  avait  deux 
ballants.  La  gâche  unique  est  située  dans  la  partie  gauche 
du  seuil.  Le  verrou  était  fixé  sur  le  vantail  de  droite  qui 
était  plus  large  que  celui  de  gauche  et  se  rabattait  sur 
lui  '.  Dans  une  porte  de  la  «  Villa  royale  «,  au  contraire,  le 
ballant  de  droite,  ?i\é  par  runi(]ue  verrou,  joue  le  rôle  de 
dormant.  L'autre  se  fermait,  sans  doute,  au  moyen  d'un 
verrou  horizontal.  Ce  verrou  horizontal  devait  être  d'un 
usage  très  fréquent  en  Crète,  puisque  les  portes  à  un  seul 
battant  *■,  et  beaucoup  de  celles  à  deux  vantaux  '"',  n'ont 
point  de  gâches  dans  le  seuil. 

Les  lourdes  poutres  de  bois  qui  fermaient  les  portes  et 
les  polernes  des  enceintes  fortifiées  ne  pouvaient  guère 
être  nianœuvrées  que  de  l'intérieur.  Dans  les  édifices  et 
les  maisons  il  n'en  était  pas  de  même.  Les  portes  du 
temple  d'Athéna  à  Troie  s'ouvrent  du  dehors  au  moyen 
d'un  instrument  appelé  x).Y|!ç  ".  Ce  mot,  qui  désigne 
généralement  le  verrou  dans  les  poèmes  homériques 
(il  y  est  synonyme  de  o/sOç  "j,  prend  ici  un  autre  sens, 
celui  de  clé,  et  nous  voyons  se  constituer  par  l'adapta- 
tion de  la  clé  au  verrou  un  rudiment  d(;  serrure.  Les 
éléments  en  sont  indiqués  dans  VOdyssik'.  Euryclée  sort 
du  Ihalamos.  Elle  tire  le  verrou  en  travers  de  la  porte  au 
moyen  d'une  courroie'.  Cette  courroie,  atta(;liée  au  ver- 
rou, traversait  donc  le  vantail  et  pendait  ;i  l'extérieur. 
Elle  servait  à  fermer  la  porte  du  dehors,  mais  non  à 
l'ouvrir,  sans  quoi  cette  fermeture  n'eût  plus  eu  de  sens'". 
Dans  un  autre  passage",  la  manœuvre  nécessaire  pour 
ouvrir  une  porte  est  minutieusement  décrite.  Pénélope 
veut  entrer  dans  le  thalamos  où  sont  les  armes  d'Ulysse: 
elle  détache  pour  cela  la  courroie  de  la  poignée  (xoocôvt,), 
qui  servait  à  tirer  la  porte '^  Cette  courroie,  tendue, 
maintenait  le  verrou  dans  sa  gâche.  Elle  était  certaine- 
ment nouée  à  la  poignée  par  un  nœud  à  secret  ".  Péné- 
lope introduitensuitelaclédansla  porte,  et  «ellerepousse 
les  verrous  en  les  frappant  juste  au  point  voulu  »  (euiécov 
àvéxoTTTev  o/fjaç,  avra  titu(Jxo[ji.£vY|). 

On  a  proposé  de  cette  serrure  diverses  reconstruc- 
tions ".  Nous  reviendrons  sur  plusieurs  d'entre  elles  qui 
ont  été  réellement  en  usage  chez  les  Grecs.  Mais  il  n'y 
en  a  aucune  qui  réponde  aussi  exactement  à  la  description 
homérique  que  celle  de  M.  Diels.  Elle  s'appuie  sur  deux- 
séries  de  monuments.  Ce  sont  d'abord  les  représentations 
de  la  clé  (ju'on  a  appelée  «  clé  de  temple  »  parce  que, 
comme  une  survivance  hiératique,  elle  s'est  conservée 
entre  les  mains  des  prêtresses  dans  un  temps  où  d'autres 


•  Scliliemanii,  AJyeéneu,  p.  193.  —  îAnn.  of  brit.  School,  IX  (l'JOi-1903),  p.  14, 
ii'G.lig.  0.  —  3J/on«»i.an(icAi,  XlV.p.  362-363,lig.  i9.  —  ^  Ann.of  brit.  Sclioal,i\, 
p.  U,  lig.  G,  V  i.  —  5  Jbid.  n»  3.  —  6  iJon.  ant.  XII,  p.  52  el  79  ;  XIV,  p.  358, 
lig.  17.  —  '•  Jliad.  VI,  89.  —  8  JUad.  XIV,  108  ;  XXIV,  318,  +55  el  les  scliolies  ; 
Odyss.  I,  *H  ;  XXI,  U«.  —  9  Odyts.  I,  «2.  —  11)  Diels,  Lenrgedieht,  p.  IÎ7. 
—  u  Udyss.  XXI,  46  si|.  —  12  Cf.  Odyss.  I,  441  :  «ifr.v  Jîisipu^-Tt  ...j™.»..  —  "  Diels, 
p.  1Î8;  cf.  Odyss,  VIII,  443  si|.  Celle  clé  esl  en  inélal  avoc  une  poignC-e 
■l'ivoire.  —  "  Diels,  p.  129-135.  —  15  Diels,  p.  123.  —  16  llull.  corr.  Ml.  XV, 
p.  3i,  o.  12=  Diols,  lig.  4.  —  n  Conzc,  Grabreliefs,  n"  6 1 2  =  Classical  Jierieu; 


6:us,  —  Clé  d. 


types  plus  prati(iues,  comme  la  clé  laconienne,  s'étaient 
introduits  dans  l'usage  courant'^   >>.   Une  statuette    de 
terre  cuile  archaïque  provenant  de  Corcyre  représenteune 
femme  tenant  de 
la  main  droite  un 
oiseau   et   de    la 
main    gauche    la 
clé  en  question"'. 
On  relrouv*  celle- 
ci  portée  par  des 
prèlresses,  géné- 
ralement sur  l'é- 
paule,    dans    un 
bas-relief     funé- 
raire attique'^  et  S 
dans    des    pein-            o° 
tures     de     vases         ng.  6319. 
de      style      libre 
(lig.    63-4S,    G3-49;    cf.    fig.  5989,  5990)'»,   puis  à  l'élat 
isolé,  comme  symbole,  sur   des  pierres  funéraires  alti- 
ques  de   l'époque    romaine  '°.  Ces  clés 
étaient  formées  d'une  barre  de  métal, 
courbée  deux  fois  à  angle  droit  comme 
on  le  voit  sur  nos  figures.    Les    tiges 
parallèles  sont  inégales.  La  plus  courte 
est  quelquefois  arrondie  en  haste  ou  ter- 
minée par  une  boule  (tig.  6349.  6350). 
La  plus  longue,  au  contraire,  s'élargit 
vers  l'extrémité,  où  est   ordinairement 
attachée  la  bandelette,  signe  de  consé- 
cration'-". En  outre,  dans  un  bel  exemple, 
gravé  sur  la  pierre  funéraire  d'Habryl- 
lis,  prêtresse  d'Athéna  Polias  lu'  siècle 
av.   J.-C.)  -',  une  courroie  est  nouée  à        ^.^  ^^.^  _ciéde 

Icniple  avec  courroie. 


l'angle  de  lahasie 
longue  (lig.  6349". 
Ce  ne  peut  être, 
comme  l'a  vu 
Diels,  que  la  cour- 
roie qui  servait  à 
fermer  la  porte  du 
temple.  Le  musée 
de  Boston  possède 
une  clé  en  bronze 
de  cette  forme, 
d'unelongueurde 
0  m.  405,  trouvée 
dans  le  sanctuaire 
d'.\rtémis  Héméra 
à  Lousoi  -'-.  D'a- 
près la  forme  de 
l'inscription  -^,  ce  serait  la  copie  assez  exacte  d'un  ori- 
ginal remontant  au  y'  siècle.  Voilà  «  la  clé  d'airain  bien 


II,  5'Jll  =  Diels.  fig.  5.  —  1»  Cumpt.  rend.  Sainl-Pclersb.  I>-G3,  p.  213  el  pi.  vi  ; 
Diels,  p.  123-124,  fig.  li  à  13;  /tôm.  Mitt..  1906,  p.  100.  Voy.  aussi  la  dissertation 
tic  J.-L.  Ussing  sur  VÂtlipna  Kleidouchos  de  Phidias  (J/e'm.  de  t'Acad.  de 
Dunemarll,  Copenhague,  l.  IV,  n»  5,  1898,  p.  332  sq.)  Cette  clé  est  encore 
portée  par  les  prétresses  à  ré|'Oi|iie  romaine;  voy.  la  fresque  «ruiie  maison  du 
Transtévére  (.1/on.  de   lln-.t.  XII,  pi.  xsxiv).  —  la   Diels.p.  125-126,   lig.    14  à  17. 

—  -20  Ibid.    p.    liO.    —   21    Kûhicr.    Alh.    ilitt.    IX,   p.   301   =   Diels,    fig.    17. 

—  22  Diels,  Silz.  ber.  d.    Berl.  Akad.  1908,   l,   p.  27,    pi.  1.-23  ïi;  Apîdmt,; 


Kig.  6351.  —  Clé  de  maison. 


SER 


—  1243  — 


SER 


courbée  à  la  poignée  garnie  d'ivoire»,  quedécril  Homère  '. 

Plusieurs  peintures  de  vases  nous  oflrenl  l'image  de 
la  porle  du  llialanios  -.  Dans  l'une  d'elles  une  servante 
ouvre  cette  porte  à  l'aide  de  la  grande  clé  de  temple 
(tig.  6351)  '.  On  remarquera  sur  le  ballant  de  droite 
l'entrée  garnie  de  métal,  sur  celui  de  gauche,  en  bas, 
la  boucle  pendante  de  la  courroie. 

Voici  comment  il  faut,  d'après  ces  divers  documents. 


Us.  6352  cl  G353.  —  RL-slilulion  ilc  la 


lioméii'iue  (intérieur  cl  extér 


se  représenter  la  serrure  homérique  (fig.  li3o2  et  635."{;. 
A  l'intérieur  de  la  porte  un  verrou  de  bois  glisse  dans 
deux  embrasses  fixées  au  vantail  de  gauclie  et  pénètre 
dans  une  gàclie  disposée  sur  celui  de  droite.  Ce  verrou 
porte  sur  sa  face  supérieure  une  barbe,  sans  doute  de 
métal,  d'une  assez  forte  saillie  *.  La  tète  de  la  clé,  en 
frappant  sur  cette  barbe,  poussait  le  verrou  hors  de  sa 
gâche.  Il  fallait  une  certaine  adresse  pour  l'atteindre  du 
premier  coup;  le  poète  n'a  pas  négligé  ce  détail  tout  à 
l'honneur  de  Pénélope  '.  La  clé,  on  l'a  constaté  sur  les 
monuments,  s'élargissait  souvent  vers  l'extrémité  ;  la 
manœuvre  en  était  ainsi  plus  aisée.  Enfin  le  choc  violenl 
de  la  tige  de  métal  sur  la  plaque  de  bronze  qui  garnit  le 
verrou  et  le  glissement  à  force  de  celui-ci  dans  ses 
embrasses  de  bois,  produisaient  un  bruit,  qui,  amplifié 
et  prolongé  par  la  résonnance  des  lourds  vantaux,  pou- 
vait être  comparé  au  mugissement  d'un  taureau  paissant 
dans  la  prairie  ^.  La  clé,  on  le  voit,  servait  unique- 
ment à  ouvrir  la  porte,  la  courroie,  uniquement  à  la 
fermer. 

L'entrée  de  serrure  figurée  sur  les  vases  [.iania, 
fig.  4128,  4129;  fig.  6351]  est  très  étroite.  Elle  ne  per- 
mettait donc  qu'un  déplacement  fort  court  de  la  clé  en 
ligne  droite,  l'iulùt  que  d'admettre  qu'on  ail  imprimé  à 
celle-ci  un  léger  mouvement  de  rotation  autour  de  la 
branche  transversale  prise  comme  axe,  (on  pourrait  pen- 
ser en  efl'el  que  c'est  à  ce  mouvement  de  bas  en  haut  que 
le  mol  àvExoTtxcv  fait  allusion»,  M.  Diels  croit  que  le  verrou 
portait  jilusieurs  barbes  que  l'on  frappai tsuccessivemeni, 
ce  qui  doublait  ou  triplait  la  longueur  de  sa  course  \ 

.  La  serrure  du  Ihalamos  d'Ulysse  avait  deux  verrous. 

1  OJyss.  XXI,  6.  —  2  Cf.  Dicis,  p.  133,  139,  It?  sq.  —  3  Hy.lrie  du  Miis(:c.li- 
licrlin.  O'  iMi  (Gerhard,  T-inkiCh.  pi.  xiviii)  =  Diels,  (ig.  2i.  —  ''  DicIs,  p.  136 
—  5ivt.  t.Tui.o|.c.r,.  —  6  Odyss.  XXI,  48.  —  'I  Arch.  Zeil.  Anzeiyer,  XIV.  ln'.W, 
p.  13.  —  »  DicIs,  p.  138,  ng.  i7,  48.  -  »  Cf.  Wilkinsoil,  Manners  and  Customs,  I,  353 
(Is78),  lig.  lil  =  DicIs,  fig.  iô,  cl  relief  eu  hois  du  Mus<-c  égyptien  de  licrliu  = 
DicIs,  fig.  iC.  —  fojliad.  XII,  455.  —  Il  Coliauscn.  Die  SchUsscr  uud  SMûssel 
der  Hômer,  p.  I3S-I33.  —  13  C'csl  ce  que  n'a  pas  vu  AutCDricUi,  qui  a  comliiiié  à 


Fig  G354.  —  Cliî  grecque  arcliaïi|u 


Peut-éli-e  élaient-ils  solidaires.  Dans  celle  hypothèse,  la 
reconstruction  proposée  par  M.  Diels  *,  suivant  laquelle 
ils  auraient  été  fixés  chacun  à  un  vantjiil  dillérent  et  se 
seraient  déplacés  en  sens  contraire,  n'est  pas  sans  vrai- 
semblance. Elle  a  été  suggérée  par  un  système  de  ferme- 
ture en  usage  dans  l'Egypte  ancienne  ''.  Elle  s'accorde, 
d'autre  part,  avec  la  mention  que  nous  avons  rencontrée 
dans  r/Z/ffr/t"'",  d'o/jr^eç  iiir^\io:oo( .  Un  autre  système  de 
fermi'ture,  1res  simple,  en  usage  dans  certaines  régions 
de  l'Europe",  se  compose  comme  la  serrure  homérique 
d'un  verrou  de  bois  muni  d'encoches  ou  d'ailettes.  Une 
tige  de  métal  courbée  à 
angle  dj-oit  et  dont  la 
haste  la  plus  longue  se 
termine  par  une  poignée 
en  anneau,  pénètre  dans 
le  vantail  et  par  un  mou- 
vement de  rotation  fait 
avancer  ou  reculer  le  ver- 
rou. La  courroie  homéri- 
que n'est  plus  ici  d'aucun 
usage'-.  On  a  découvert 
une  clé  de  cette  forme, 
sur  le    Lycée,    avec   des 

figurines  archaïques  (fig.  0354)  ".  La  poignée  se  ter- 
mine par  l'anneau  caractéristique.  Une  autre  plus 
petite  s'est  rencontri'e  en  Élrurie  dans  le  sacellum 
dj  Bolsena,  en  compagnie  d'objets  sacrés;  elle  daterait 
de  l'époque  républicaine '\  Ce  type  avait  aussi  bien  en 
Grèce  qu'en  Italie  sa  place  dans  les  sanctuaires  à  côté  de 
la  «  clé  de  temple  ».  On  l'employait  aussi  dans  les  appar- 
tements. En  effet,  sur  les  vases  peints  plusieurs  portes  di» 
thalainos  ne  présentent  pas  trace  de  courroie''^  [.iaxia, 
fig.  4i3r. 

Jusqu'ici  nous  n'avons  pas  trouvé  de  serrure  véritable. 
Dans  les  deux  variélés  que  nous  venons  de  décrire,  il 
n'y  a  pas  de  secret.  La  clé  est  d'une  l'orme  trop  commune 
pour  être  une  garantie  contre  la  fraude.  Un  nœud  com- 
pliqué paraissait  plus  sûr.  Nous  avons  vu  Pénélope 
dénouer  la  courroie  de  la  poignée  de  la  porte  '".  Plus  tard, 
Philoitios,  sur  l'ordre  d'Ulysse,  après  avoir  fermé  au  ver- 
rou les  portes  de  la  cour,  les  liera  avec  un  cable  de 
Byblos  ''.  Ulysse  entoure  d'une  corde  le  coffre  à  cou- 
vercle qui  contient  les  présents  d'Arété,  et  il  y  fait  un 
nœud  savant  que  lui  enseigna  Circé'*.  Les  sceaux  étaient 
encore  un  moyen  de  contrôle  plus  efficace.  Dans  le  palais 
de  Cnossos  on  en  a  rencontré  un  grand  nombre  qui 
avaient  été  apposés  sur  des  coffres  contenant  des  archives 
de  terre  cuite  [sigmm  L  Quelques-uns  conservent  la  trace 
des  cordes  qui  liaient  ces  coffres".  Les  Grecs  s'en  servaient 
aussi  bien  pour  s'assurer  d'une  porte,  et,  en  particulier, 
parait-il,  pour  enfermer  les  femmes  dans  le  gynae- 
conitis  -".  La  serrure  ne  fut  vraiment  créée  que  par 
l'ailaplation  au  verrou  de  la  bdlatioit.  C'était  une  cheville 
de  bois  de  forini^  variable  que  l'on  plaçait  dans  une  Ixiite, 
appelée  pa),ïvo5oxf,,  fixée  sur  la  porte  au-dessus  du  verrou. 
Quand  on  poussait  celui-ci  dans  sa  gâche,  un  trou  creusé 

lorl  ce  syslcMuc  avec  la  dcscriplion  de  l'Odyssée  ;  Aulcnrielli,  WiiHerljuch  zu  </.  hom. 
Ged.  •  \i.  3.5,  pi.  vin.  Cf.  Diels,  p.  130.  —  "  Kç.  Ao/.  1904,  p.  IC5  cl  ITi.  fig.  i. 
—  H  Mon.  .\nt.  XVI,  p.  190,  fig.  17.  —  15  Cf.  Diels,  fig.  4i,  43.  47,  4«.  —  16  Odyss. 
XXI,  ili.  —  17  Odj/ss.  XX.  240-241,  389-391.  —  18  Odyss.  Vlll,  443  sq.  ;  cf.  Diels. 
p.  128-129.  Cf.  Herodol.  III,  123.  -  <"  Ann.  of  brit.  Sch.  VI,  p.  29l  cf.  Iliid.  VU, 
p.  28.  —  20  Arisloph.  Thesmo/di.  v.  41 4  s(|.  ;  Eurip.  Dnnac.  v.  .58  ;  Mciianrt.  ,ip.  Slob. 
.Serm.  LXXIV,  27  ;  l.uciau.  Timon,  13  cl  14  ;  cf.  BecUer-Uôll,  Chniikies.  III,  p.  332. 


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—  1244  — 


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sur  sa  face  supérieure  (xfù-K-r^^ti.)  venait,  se  plaeer  sous 
l'ouverture  inférieure  de  ha  paXavoSoxri.  I^a  pxXavo;  y  des- 
cendait alors  par  son  propre  poids  et  immobilisait  le 
verrou  '.  La  serrure  à  une  seule  ^iltfio;  était  en  Grèce 
d'un  usage  fort  ancien.  Suidas  la  considère  comme 
archaïque'-.  Kustathe  croit  à  tort  que  c'est  elle  qu'Homère 
a  voulu  décrire  dans  le  chant  XXI  de  VOdi/ssée  '.  Peul- 
étre  l'auteur  de  la  Aïoç  àTtocTYi  y  fait-il  allusion,  quand  il 
parle  du  verrou  secret  qui  fermait  les  portes  du  Ihalamos 
d'Uéra,  et  que  nul  autre  dieu  ne  pouvait  ouvrir'.  Mais  il 
le  donne  encore  comme  une  création  merveilleuse  d'IIé- 
phaistos.  Au  v"  siècle,  celte  serrure  simple  est  en  usage 
aussi  bien  aux  portes  des  maisons  ^  qu'à  cçlles  des 
villes  ".  Elle  s'est  conservée  jusqu'à  l'époque  hellénis- 
tique, car  on  a  retrouvé  dans  des  maisons  du  Fayoum, 
contemporaines  des  Plolémées,  un  verrou  de  bois  percé 
du  ToÙTiTipa  ''  et  une  glissière  qui  peut  être  un  fragment 
de  paÀavoàoxï)  *.  Elle  est  même  employée  encore  aujour- 
d'hui dans  certains  cantons  de  la  Grèce.  M.  Dav^'kins  la 
signale  à  Karpathos,  où  elle  porte  le  nom  de  (xavràXa  '. 
Pour  l'ouvrir  du  dehors,  il  faut  deux  clés,  une  qu'on 
introduit  dans  une  fente  pratiquée  le  long  de  la  j3aXavo5dx-/i 
et  avec  laquelle  on  soulève  la  pâXavo;,  l'autre,  analogue 
à  la  clé  arclia'i'que  à  anneau,  décrite  plus  haut,  qui 
déplace  le  verrou.  La  première  était  également  connue 
des  anciens.  Euslatliedit qu'elleressemblaitàune  faux'". 
On  en  a  retrouvé  quelques  exemplaires  à  Dodone"  et 
en  Ëtrurie'-. 

Nous  sommes,  d'ailleurs,  mal  informés  sur  les  instru- 
ments (]ui  servaient  à  extraire  la  piXavoç  du  TpiJity,[Aa  et 
aussi  de  la  paXavoSoxv),  car  elle  était  primitivement  amo- 
vible ''.  On  les  appelait  paXavïYpat''.  Le  passage  où  Aeneas 
le  Tacticien  raconte  la  construction  d'une  fiaXav^Ypa  de 
fortune  par  les  ennemis  d'une  certaine  ville,  est  resté 
jusqu'ici  inintelligible''.  Du  moins,  le  chapitre  que  cet 
auteur  a  consacré  à  la  fermeture  des  portes  d'enceintes 
fortifiées  nous  permet-il  de  suivre  les  perfectionnements 
de  la  serrure  à  pîXxvoç.  La  pâXavo;  était  primitivement  en 
bois  et  sortait  à  volonté  de  sa  boite.  On  pouvait  la  couper, 
l'entailler,  la  lier  à  un  fil  que  l'on  relirait  plus  lard,  la 
soulever  petit  à  petit  en  versant  du  sable  fin  dans  la 
paXavoooxr,.  On  en  prenait  des  moulages,  même  quand 
elle  était  en  place,  avec  de  la  glaise.  On  l'arrachait  avec 
des  pinces.  Aussi  Aeneas  conseille-l-il  de  la  garnir  de 
fer  ainsi  que  le  verrou  '".  On  prit  bientôt  l'habitude  delà 
faire  en  métal".  11  vaut  mieux,  dit-il  encore,  qu'elle  ne 
puisse  s'enlever'*.  On  Penlourera  donc  d'une  chemise  de 
fer;  et  on  la  soulèvera  (tel  du  moins  parait  être  le  sens 
de  la  phrase)  au  moyen  d'un  crochet  passant  sous  le 
verrou.  Aeneas  recommande  au.ssi  d'insérer  dans  le  verrou 
trois  piXavot  de  forme  différente''.  Qu'on  put  les  soulever 

•  Cf.  Acn.  T,ict.  18  (cl.  llcrscliLT,  p.  ii).  —  2  Siiiil.  s.  v.  A«»,.,„„;  ,XiI5<;... 
itipipd>iT'>'  *<  •!<"■'  aût«i...  T>  Y»? ''P/.«f<<  |<')»o?i).«vi  ««tiv  [Î.«i.  —  3  Kuslalll.  190(1, 
fif.  —  l  Jl.  XIV,  If.S  ;  cf.  llicls,  p.  U3.  -  5  Arislopli.  V,;.ip.  155,  200; 
Eccl.  3fil  ;  Xciioph.  Oecon.  !>,  :>  (niaisonsl.  —  »  Tliucjd.  Il,  4-,  3;  Acn.  Tacl  18; 
Arislopli.  Av.  1100  (porU's  de  villes).  —  1  /lull.  con:  licll.  XXV  (1901),  p.  306, 
fi?.  11,  11°  3.    —  «  Ihid.  n"  2.  —  'J  Ann.  of  bri(.  Scli.  IX,  p.  102  sq.  fig.    8  cl  9. 

—  10  Euslalli.  1900,  CO;  cr.  (i.  finli,  p.  18.  —  u  Carapniios,  Doitoiie,  pi.  un,  25. 

—  <2  A  MarzaIjoUo  prés  liologiio.  Mon.  Ant.  I,  p.  311-312,  pi.  x,  no  22-23.  —  13  Aon. 
Tact.  18,  2  sq.;  Thucyii.  Il,  ♦,  3;  Arislopli.  Vesp.  y.  200.  —  tl  Acn.  Tact.  18; 
HcioJ.  III,  153;  Xcnoph.  H,:ll.  V,  2,29;  l'olyaun.  Stral.  \,  3ii,  1;  II,  36.  fcmpicii 
f|nc  l'olylœ  (Z.  16,  5)  fait  du  mot  pour  diSsigncr,  scmtilc-t-il,  les  glissières  de  la 
?«iiav<.«,  est  tout  à  fait  eiceplionncl.  Cf.  Fiuli,  p.  30.  —  15  C.  1«,  9  à  II.  —  1»  C. 
20,  2.  -  n  Scliol.  ad.  Tliucyd.  Il,  4,  3,  Si>.«,i;  Ux.  x4  paii««,i,v««  .Ij  t'.v  pio/X,. 
..*y,f.o-.  -  I»  Aon.  Tact.  20,  3.  —  la  //„,/.  20,  2.  -  20  A»n.  of  bril.  Seti.  IX. 
sp.  190  q.  Iig.7.  —  ïl  Olinefalscli  Iticlilcr,  Kijpros,  die  Uibel  imd  IJotner,  p.  490, 


en  même  temps  avec  une  seule  clé  et  voilà  constitué  le 
type  de  serrure  qu'on  trouve  encore  aujourd'hui  eu  usage 
à  Karpathos'-",  àCiiypre^',  en  Galicie^',  et  jusque  dans 
les  îles  Féroë-^  Dans  ce  système,  les  paXavoi  (appelés 
fixXiviaà  Karpathos)  sont  percées  de  fenêtres  disposées  en 
ligne,  et  formant  une  sorte  de  couloir  où  l'on  introduit 
la  clé.  Gelle-ci  est  en  bois.  Elle  a  des  dents  qui  s'ajustent 
exactement  au  bord  supérieur  de  cluuiiic  fenêtre.  En  la 
soulevant,  on  soulève  du  même  coup  toutes  les  SoiXavot; 
le  verrou  est  afl'ranchi,  et  on  le  tire  à  la  main'-'.  Quel- 
quefois il  est  creusé  en  longueur.  On  y  enfonce  la  clé  et 
c'est  elle  qui,  après  en  avoir  chassé  les  fiâXavoi,  le  ramène 
en  arrière.  Des  clés  semblables  en  bois  ou  en  métal 
existaient  dans  l'antiquité.  On  en  a  trouvé  en  Egypte'-". 
Saint  Augustin  y  fait  allusion-".  Dans  les  «  tombeaux  dos 
princes  »,  à  Tamassos  (Chypre),  on  voit  sculptées  à 
l'intérieur  des  portes  des  serrures  du  type  que  nous 
venons  de  décrire'-''.  On  ne  pouvait  les  ouvrir,  comme 
celles  qui  existent  de  nos  jours  à  Karpathos'-",  qu'en 
passant  le  bras  par  un  trou  pratiqué  dans  la  porte  ou 
dans  le  mur.  Enfin  les  xXtiïSeç  àjA&iêoîque  Parménide  met 
aux  mains  de  Diké^'  sont  peut-être  des  clés  de  bois. 

Mais  M.  Diels  ^''  y  reconnaît  la  clé  laconienne.  Celle-ci, 
fondée  sur  le  même  principe  que  la  précédente,  est 
formée  d'une  lige  de  fer  ou  de  bronze,  courbée  ;\  angle 
droit,  sur  la  partie  transversale  de  laquelle  s'élèvent  trois 
dents  (yopLipoi).  On  applique  cette  clé  sous  le  verrou,  de 
façon  à  enfoncer  les  dents  dans  les  trous  à  piXavot  ;  elle 
sert  à  l'all'ranchir,  puisa  le  tirer  hors  de  sa  gAche.  Elle  a 
l'avantage  sur  la  précédente  que  sa  poignée  reste  tou- 
jours perpendiculaire  à  la  surface  de  la  porte,  et  qu'on 
peut  l'employer  aussi  bien  de  l'extérieur 
que  de  l'intérieur.  Les  Grecs  la  connais- 
saient déjà  au  commencement  du  V  siècle. 
A  l'épotiue  d'Aristophane  on  commença 
sans  doute  à  construire  en  métal  le  pêne 
et  les  piXavot.  Cela  permit  de  réduire  le 
volume  de  la  clé.  Les  femmes  dans  les 
Tliesmophoriazousne  se  plaignent  de  ne 
plus  pouvoir  pénétrer  dans  lachambre  aux 
provisions,  parce  que  «  les  hommes  main- 
tenant portent  sur  eux  de  vilaines  clés 
secrètes,  de  l'espèce  laconienne,  avec  trois  petites 
dents-"  ».  Une  clé  laconienne  à  quatre  dents,  longue  de 
14  centimètres  (fig.  G35o),  a  été  trouvée  à  Mycènes^-. 
i'iusieurs  viennent  d'Egypte;  une  en  particulier,  d'un 
tombeau  de  Tlièbes  fort  ancien  ^^  11  est  donc  vraisem- 
blable ([ue  la  clé  laconienne  est  une  invention  partie 
d'iîgypte,  importée  en  lonie,  puis  de  là  dans  la  Grèce 
continentale".  Pline  en  fait  honneur  à  Tiiéodoros  de 
Samos''%  dont  on  connaît  les  relations   avec   Sparte'". 

fi;;.  207.  —  aCohunscn,  o/i./.,  p.  13(1-137,  fig.  1-3.— 21  l>ill-Hivers,  (lit  tkv  Uet'elo/i- 
mml  of  Iodes  ami  kei/s,  fig.  io  A.  —  21  Cf.  Dicls,  fig.  31,  32.  —  i"  J/ivl.  (ig.  36,  37. 
I.C  système  avec  ?tt«voi  et  clèdemi^lal  est  encore  employé  en  Egypte  cldansl'Afi-iipie 
(In  Nord  ;  llenoii,  Vi.yiu/e  dniis  la  llassi:  et  la  Hante  litjijpli;  l'aris,  1802,  p.  269: 
Allas,  pi.  ('.'cix(s,n"  13  cl  Ifi  ;  K.  W.l.ane,  SiUni  imdGiilir/liiclie  derheiitiq.  /Ci/ypler, 
lr;i(l.  ZcKker,  Lc(pzig,  18S2,  I,  p.  1 1-,  pi.  vni  ;  Mar(|ua((ll,  Vie  privée,  I,  p.  27is(|. 
_  26  ijoclr.  ch-ist.  IX,  1 1  (2(1).  —  27' Ohne  falscli-Riclilcr.  ().  l.  p.  490.  —  28  Dawkins, 
Ann.  of  bril.  Seh.  IX.  p.  190-191,  fig.  7  (.M  «vt»!»;).  -  29  lelirydn-lil,  I,  v.  U. 
—  30  0.  l.  p.  145.  —  31  V.  421  S(|.  I,a  xltl;  i.à^aiotoç  {Corp.  inscr.  ait.  IV,  .■^uppl.  II, 
11"  682  c)  doit  être  du  lypn  laconien.  —  32  Selilicmann,  A/ycènes,  p.  1 42,  fig.  1 20.  Autre 
(iOlympic,  ISronzen  Illymp.,  Allas,  pi.  i.xvii.  —  M  Uicis,  p.  14V,  lig.  38.  —  31  Le 
sclioliastc  ad.  Aral.  Pho''ii.  192,  rap|iroclic  la  clé  laconienne  de  la  clé  éfTyplieime 
ancienne.  —  35   l'Iin.   //.  nal.  VII,  I9S.  Il  s'agit  évidemment  de  la  c\p  de  mêlai  : 

Théodoros  était  céléhre  coniinc  r.>iid.-((r  el  efi le  oi-revrc.  —  '"'■  Il  y  .ivail  cniistcuil 

la   Ski. s,   l'ausan,  III.   12,  87. 


Fig.  f.3.%5.   —  Clé 
laconienne. 


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—  12i5  — 


SER 


C'est,  par  la  l^aconie,  où  florissaiont  li's  iiidiisliMi'S  du 
mêlai  ',  qu'i'lk'  so  répandit  dans  le  reste  du  monde  hel- 
lénique; puis  (îlle  passa  dans  le  monde  romain  où  elle 
eut  une  brillante  fortune. 

Les  diirérenls  appareils  servant  à  fermer  les  portes  et 
les  fenêtres  portaient  le  nom  générique  de  xÀeiOpa  -. 
Voici  ceux  dont  on  relève  rcmidoi  à  l'époque  classique 
et  à  l'époque  hellénistique.  IJ 'abord  des  verrous  verticaux 
'xaTaxXeioe;)^,  qui  péniitrent  dans  le  seuil  et  assujettissent 
tantôt  le  seul  dormant  \  tantôt  les  deux  vantaux  '. 
Leur  gâche  est  quelquefois  formée  d'une  douille  de  métal 
fixée  dans  la  pierre  au  moyen  de  chevilles  de  bois  ".  On 
en  munissait  aussi  les  volets  de  fenêtres  '.  Le  verrou 
vertical  supérieur  pénétrant  dans  le  linteau  paraît  inusité 
en  Grèce  '.  Les  barres  horizontales  ((ao/Xo;)  s'engageant 
dans  les  montants,  héritage  de  l'époque  mycénienne,  y 
suppléaient  dans  une  certaine  mesure  '.  Elles  servaient 
aussi  à  fermer  les  fenêtres  '".  Une  forme  un  peu  diffé- 
rente de  verrou  s'est  rencontrée  dans  une  maison  du 
Fayoum.  «  Une  grosse  cheville  de  bois  traversait  une 
pièce  de  bois  fixée  sur  le  battant  de  la  porte  et  venait 
s'enclaver  dans  un  trou  préparé  à  cet  efTet  dans  le 
montant  "  ».  Enfin  nous  avons  vu  que  les  Grecs  em- 
ployaient des  serrures  de  différentes  espèces  en  bois  ou 
en  métal.  Leur  aspect  sans  douleleur  avait  fait  donner  le 
nom  de  /sXwvi&v'-.  Les  monuments,  peintures  de  vases, 
portes  de  tombeaux,  ne  nous  en  montrent  guère  que 
l'entrée (fig.  6351)  (xX£iOpt'a')".Ces  serrures  ne  s'ouvraient 
primitivement  que  d'un  seul  côté.  La  clé  restait  pendue 
à  rintérieur '■.  Quand  on  sortait,  on  l'enlevait  en  passant 
le  bras  par  un  judas  (ôtî/,)  ménagé  dans  le  vantail  lig.  4l2*i, 
il28,  ili9,  iL'Jij'  '.Souvent  il  y  avaitdeux  serrures  iiidi'- 
pendantes,  se  maneuvrant  l'une  du  dedans,  l'autre  du 
deliors.  Pour  plus  de  sûreté,  on  fermait  la  première  soi- 
même  et  on  faisait  fermer  la  seconde  par  un  serviteur 
qui  jetait  ensuite  la  clé  par  I'ok/,'".  La  nuit  et  dans  les 
circonstances  graves,  on  étayait  les  battants  de  la  porte 
d'entrée  avec  une  poutre  oblique  engagée  dans  le  sol, 
et  calée,  au  besoin,  par  une  grosse  pierre'^. 

IL  Home.  —  Les  systèmes  de  fermiUure  en  usage  chez 
les  llomains  resseniident  beaucoup  à  ceux  de  la  Grèce 
hellénistique.  Parmi  les  plus  anciens  il  faut  certai- 
nement compter  la  grande  barre,  seivi,  qui  se  fixait  dans 
les  deux  montants  de  la  porte  et  n'était  pas  solidaire 
des  battants '*.  On  désignait  aussi,  semble-t-il,  par  le  mot 
sera  les  verrous  ordinaires  glissant  dans  des  embrasses 
clouées  au  vantail  et   s'insérant  dans  les  montants  ou 

I  Mûllcr,  ÛoriT,  II,  -23  ;  Bliininer,  Gewrr/j.  TImlirj/ceil,  p.  79  sq.  —  2  V. 
en  p:irliciilier,  Ouït.  corr.  Itell.  VI,  p.  5i,  I.  219  (DiWos)  x«i  t!:t.i.Ejà.javTi 
ti  «IttOfo/  Tij;  Sito7.api;«So;.  —  î  Arisl.  Vesp.  155.  —  *  Maison  de  Dionysos 
(porlc  il'cnlric)  à  l)(!los,  Bull.  corr.  hell.  limo,  p.  495.  Maisons  do  la  rue 
du  Théairc  :  Ibid.  p.  50*.  —  3  Tliersiliou  à  Mégalopolis,  v.  Excav.  al  Mi-i/al. 
1890-1891,  p.  i3,  fig.  8;  à  l'riène,  Wiegand,  /Yicn»,  p.  30*,  fig.  :)2:l.  Temple 
d'Arlémis    à  Terniessos,    l.anckoronsky,    Fttmph.    et   J'isid.    Il,    p.    9G,    (ig.    49. 

—  '•  Maison  liellfnislii|ue  de  l'aesos,  Ann.  of  Urit.  .Scli.  VIII,  p.  203.  —  1  Mai. 
son  de  l'oekislc  à  Tenncssos,  Lanekoroiisky,  0.  t.  II.  p.  106,  fig.  65.  —  »  Le 
linleau  d'un  temple  d'Apollon  l'alroos,  Irouvt^  à  Assar  Tinnissini,  porte  deux  trous 
pour  les  gonds  ;  il  n'y  en  a  pas  pour  un  verrou  ;  Kcniidorr-I'elcrscn,  Ileiseii  in 
Lykim,  II,  p.  54,  lig.  44.  —  'i  Maison  d'istlada  (l.yeie),  Bcnndorf,  n.  l.  I,  p.  30, 
fig.  23;  de  Sura.  Ibid.  Il,  p.  43,  fig.  33.  —  lO  Lauckoronsky,  ().  l.  I,  p.  84,  86, 
fig.   60,  63.    —Il  Uutl  corr.    hell.    XXV,   1901,   p.  388  et  p.    396,  lig.  11,   n°  1. 

—  tirjult. corr.  luit.  XXVII.  p.  69  (Uilos, comptes  de 250),  1.  45,. /tïî  x«\  ,t>i.i»v  ir'i 
Ti.  -Iv».;,.,  hl-lll  ;  (Jxyrrhynchos  Pap.  113-4  et  ««/.oi.  ad  Ud.  XXi  147,  ,ù,  ,4- 
'ÀEYOïAi'va;  p«>.âv-iu;  tô;  êv  -ïÇ  Aj^ojiévu  yt\,a-/uf  xat'à'/Tixçù  tiiç  »'A£iS(J5,ttî'  nt^càrovTai  *aî 
iyo;;o>T«i.  — 13  Pour  le  terme,  cf.  I.ucian,  Necyom.  X,  22.  —  i»  Schol.  ad  Aral. 
Pliaen.  v.  192.  —  I5  l.ysias.  De  caede.  Erath.  13.  —  10  Acliill.  Tat.  Il,  19.  —  "  Aris 
lopli.  Veap.  201-2n2  et  Schot.  :  inîaiitv  «iXtit,  ty.ï  So.i-,  xoît'  iit.  xJv  ivi.pàTr.v 
«p'oî  -riiv  Oû^aw,  air»!  Si  Tti  Soxw  wjiç  tùv  ïajiov.  —  '*  Petron.  -S'a/,   llî,  2  ;  sera  sua 


dans  le  seuil  '".  On  appelait  encore!  ces  verrons  /)«- 
.fuli-".  Le  mot  parait  s'appliquer  surtout  aux  verrous 
verticaux  fixés  au  bas  des  portes.  Ouidiiiicfois,  le  dormant 
seul  en  était  pourvu  ;  le  plus  souvent  cliaque  battant  en 
possédait  un''"  ou  même  plusieurs  ■''^  Il  arrive  qu'un 
seul  pessuliis  suffise  à  fermer  entièrement  la  porte'^  ; 
c'est  peut-être  alors  un  verrou  fiorizontai,  mai>,  plus  pelil 
que  la  sera.  Enfin  on  voit  dans  Apulée  des  pcxsiili 
manœuvres  avec  une  clé  ".  Fink  pense  qu'il  s'agit  ici 
des  P'iXavot  qui  arrêtent  le  verrou  ^\  On  pourrait  appuyer 
cettecon.jectured'unautre passage  :  «  nd clnualra  pes.sii/i 
reciir/'unt-'^  »  :  dauslrum  a  quelquefois  le  sens  de 
verrou".  Il  n'est  pas  impossible,  toutefois,  qu'on  ail 
mano?uvré  deux  verrous,  l'un  fiorizonlal,  l'autre  vertical, 
avec  la  même  clé.  C'est  le  système  qui  s'est  conservé 
aux  portes  de  l'église  des  Saints  Cosme  et  Damien 
à  Home.  Une  roue  dentée,  qu'on  faisait  tourner  avec 
une  clé  (fig.  6336)  mettait 
du  même  coup  en  mouve- 
ment un  pêne  et  une 
crémone  ■^''. 

On  a  parfois  confondu 
avec  la  sera  et  les  pes.^iiH 
le  repagufum.  Le  sens  de 
ce    mot  a  été  l'objet   de 

longues  discussions  ^'.  Les  uns  y  voient  un  long  crochet 
fixé  au  chambranle  et  pouvant  mordre  dans  un  anin'au 
attaclio  à  la  partie  intérieure  de  cha([iie  ballant  '"  ;  les 
autres,  un  simple  verrou^'  ;  d'autres  enfin,  une  traverse  de 
bois  unie  par  un  crampon  à  l'un  des  montants  et  venant  si; 
fixer  sur  l'autre  par  un  crochet  ■'-.  Malgré  la  glose  citée 
plus  haut,  les  rcparjuln  n'avaient  certainement  rien  de 
commun  avec  les  crochets  dont  parle  Apulée'',  et  dont 
on  voit  la  disposition  exacte  à  Pompéi^'.  C'étaient,  comme 
le  dit  Fink  ",  des  barres  de  bois  obliques  engagées 
d'une  part  dans  le  vantail  et  de  l'autre  dans  le  sol.  Déjà 
Aristophane  fait  allusion  à  une  poutre  ainsi  employée'"''. 
On  voit  encore  dans  beaucoup  de  maisons  de  Pompéi 
le  dé  de  pierre  un  peu  évidé,  enfoncé  dans  le  sol  à 
1  m.  50  environ  en  arrière  de  la  porte,  sur  lequel  elle 
reposait".  Le  texte  de  Festus  ■■*  devient  parfaitement 
intelligible  quand  on  songe  aux  pieux  plantés  en  terre 
oltliqiiement,  qui  maintiennent  alternativement  ouvertes 
ou  fermées  les  portes  à  claire  voie  des  cours  de 
fermes.  A  Rome  aussi,  ces  poutres  obliques  paraissent 
avoir  été  un  mode  de  fermeture  très  ancien,  d'origine 
rustique,   conservé  par  tradition   dans  les  édilices  reli- 

sponle  delapsa  cecidit  :  OviJ.  /'asl.  I,  206  :  Jam  conligcrat  portant  Satumia 
cujusdetitpscrat  opposilas  insidiusa  seras  ;  cf.  V,  6  ;  Varr.  L.  L.  VII,  108.  reserarc^ 
aperire,  a  sera  dictiim,  qua  remota  ratvae  imtefiiiiil.  Cf.  l'iorelli,  Giornale.  1861, 
I,  p.  13;  Avellino,  /Jescri zione  (i\ap.  1840),  p.  S.  —  l'J  Ovid.  Amor.  I,  27,  ca-- 
minihus  cessrre  fores  :  insertaque  posti  quamvis  rolnir  erat  cnrnnite  vida  sera 
est  ;  Festus,  Ep.  s.  v.  a-sserere,  p  25  M.:  ttnde  ctiam  seras  ap/ictlanlitr.  quia  fort- 
bus  adinotae  o/iponuntttr  defirae  postions,  quetnadmodtim  en  qitae  lerrae  inse- 
ruitiiir.  — 20  Marc.  Einp.  27.  /m  vo  luco  vrl  foramine  in  qtto  jantiae  pesstili  des- 
ceHrfim/...  — 21  HIaut.  Aulul.  \,i,Ï7i,  obcltide sis  fores  amlmhns  peisulis.  —  ^iM;ir. 
Emp.  17;  eiaut.  III,  13  obcludite  aettes  pessiilis.  repagiilis. —  •i'Tcr.  Heatil.  Il,  :i, 
37  (278);  l'iaut.  Ettn.  III.  S,  5  (003'.  —  24  Apul.  Met.,  I,  Il  :  .S'iiWi(a  clari  pcs- 
sutos  reduco  ;  IX,  190  :  Ctare  pessittis  sutijecta.  —  i"'  Fink,  p.  40.  —  20  i/ef.  I,  lo. 

—  2Î  Met.  IV,  10.  Qua  clavi  immitendae  foramen  palehat  sensim  immissa  manu 
claustrum  eoeltere  gestiebat.  —  28  Annaii,  1859,  p.  105  sq.  tav.  F.;  Uurm,  Vaut,-. 
d.  Etr.  u.  llômer,  p.  228,  fig.  20U  ;  Marquardt,  Vie  privée,  I,  p.  277.  —  î)  lijid. 
p.  271.  —  30  Ihid.  n.  2;  cf.  la  elose:  Itepaqulum  .éf«5  „ir,f;7-  o:»,;,  wtcinu.i, 
repaijulum.  —  31   Becker-IJ.iII.  Galltis,  p.    324.  —  32  Jlarquardl,  p.  271,  u.  2  fig. 

—  33  J/e/.  IM,  59,  Uneino  ftrmiter  immisso.  —  34  Moulages  de  porte  au  Musée 
local,  n'  1.  —  35  O.  l.  p.  11.  —  3B  Vc.»7>.  20t.  —  37  Overboek,  Pompeji,  4,  p.  253  ; 
Ann.ili,  18.9,  p.  100.  —  M  Itepagyla  sunt.  ut  l'nrTiiis  ail,  qtiue  pa/efuciuiil 
grutia   ita  figuntur,  ni    eu  contrario  quae  oppanyiintnr,  p.  281. 


SEH 


—  1246  — 


SER 


gicux  '.  11  y  en  avait  au  moins  deux,  une  pour  chaque 
liallanl  '.  On  ne  pouvait  les  arracher  sans  eiïort  cl  sans 
hruil  '.  Les  chevaux  impatients  de  l'rancliir  la  harrière 
les  rencontraient  d'abord  sous  leur  sabot'. 

Mais  dans  les  villes,  à  Fouipéi,  les  rcpaijuln  ne  sont 
plus  qu'une  garantie  complémenlairo  contre  toute  ten- 
tative d'ell'raclion.  La  fermeture  des  portes  y  est  assurée 
par  des  moyens  d'une  complication  et  d'une  ingéniosité 
que  laissent  mal  entrevoir  les 
textes.  L'examen  des  seuils, 
des  montants,  est  déjà  fort  ins- 
tructif. On  voit  souvent  dans 
les  montants  des  entrées  prin- 
cipales des  cavités  rectangu- 
laires, quelquefois  garnies  de 
plaques  de  terre  cuite  °,  desti- 
nées à  recevoir  les  extrémités 
de  la  sera  ".  Sur  les  seuils,  les 
gâches  à  verrous,  quelquefois 
absentes  ',  se  présentent  le 
plus  souvent  soit  par  paires*, 
une  gâche  pour  chaque  ballant, 
et  même  eu  plus  grand  nombre. 
Dans  une  maison  de  la  111°  ré- 
gion '■',  le  vantail  de  droite  de  la 
porte  d'entrée,  beaucoup  plus 
large  que  l'autre,  était  fixé  par  un  verrou  dont  la  gâche 
a  0  m.  06  de  coté.  Sous  l'autre  vantail  il  s'en  trouve 
trois,  plus  petites,  creusées  l'une  au  ras 
de  la  feuillure,  les  deux  autres  à  0  m.  Ori 
en  arrière.  Un  autre  seuil  laisse  voir  d'un 
coté  une  gâche  de  0  m.  09  x  0  m.  03  près 
d'une  de  0  m.  03  X  0  m.  0-2,  de  l'autre  une 
petite  gâche  entre  deux  grandes.  Il  est  évi- 
dent que  les  petites  gâches  recevaient  des 
verrous  de  métal  ;  les  grandes,  des  verrous 
ii^SÇK  de  bois.  Ceux-ci  étaient  garnis  de  lames  de 
SI/aMtB  fer  ou  de  bronze  et  ressemblaient  plutôt  à 
des  crémones  '".  Ils  glissaient  à  l'intérieur 
du  vantail.  Ils  étaient  munis,  à  leur  partie 
supérieure,  d'une  poignée  en  forme  d'étrier  '  ' . 
L'une  d'elles,  provenant  de  Boscoreale,  a 
été  étudiée  par  M.  Pernice'-  (lîg.  6357).  Elle 
est  fixée  sur  une  première  plaque  de  bronze 
par  deux  tiges  plates  de  même  métal.  Celles- 
ci  glissent  dans  des  coulisses,  pratiquées 
dans  une  seconde  plaque  plus  longue  placée 
sous  la  première;  puis  elles  traversent  un 
Fig.6358.-      vprrou  en  forme  d'U,  dont  les  deux  branches 

Verrou. 

horizontales,  qu'on  levait  ou  baissait  au 
moyen  de  la  poignée,  venaient  sans  doute  s'engager  dans 
des  menlonnets  fixés  sur  le  dormant  ou  sur  le  cham- 
branle (lig.  635S).  Les  deux  tiges  ne  sont  pas  rivées  sur  le 
verrou.  M.  l'ernice  pense  qu'elles  traversaient  le  vantail 
et    s'attachaient    par   des    tètes    larges    à   une   seconde 


1  Cicer.  liiv,  1,  ;t4:  in  tentplu  flerculis  ntlviie  clatisae  re/jat/ttlis  stibitn  seipsae 
aperuerunt.  -  2  Ov.  Met.  V,  120  —  3  Cic.  V'err.   IV,  +3,  9i;  Sil.  liai.  XVI,  .117. 

40v.  Met.  11,155;  Lucian.  I,  i'Jô.  —  5  Overbcck,  A.  c.  — 6  Avcllino, /'escrjrioïie, 

1S37,  p.  8  cl9;  1840,  p.  13.  —  ^  Rûm.  Mitt.  I  (ISSU),  p.  149.  —  »  Mon.  Ant.  VIII. 
p.404(viila  (le  Trisco).—  9 /(«m  Mitt.  111  (lliSS),  p.  195.  —  \o  Mon.  Ant.  VII, 
p.  506,  (ig.  "I  Sri.!  poignées  de  verrous,  etc.,  provenant  <le  la  villa  delta  Tisanetia, 
pri-s  liosoreale.  —  ' '  Jlaiois,  Pompei,  I,  i"  pallie,  p.  4i,  pi.  vu,  (ig.  i  el  3 ;  Ligcr,  La 
frrr.  anc,  I.  fi?.  145,  14'):  Ceci,  l'iccoti  /lionzi,  pi.  ix.  lig.  îv.  —  '2  Jahrliuch, 


XIX  (1904),  p.    15-i 


13  Musée  de  l'ompéi. 


ulag 


1.   —  Il  V. 


le 


coulisse  placée  sur  la  face  externe  de  celui-ci.  Il  avoue 
que,  même  dans  ces  conditions,  l'ensemble  ne  devait 
pas  très  solidement  tenir  à  la  porte.  Nous  admettrons 
donc  que  la  poignée  était  reliée  par  les  deux  tiges  non 
seulement  au  verrou  à  deu.x  branches,  mais  encore 
à  une  crémone  de  bois  glissant  dans  l'épaisseur  du 
vantail  el  s'enfoncant  dans  le  seuil.  On  obtii'ut  ainsi 
un  système  complet  de  fermeture,  absolument  solidaire 
du  ballant  et  dépendant  d'une  seule  poignée,  qui  n'est 
pas  sans  analogie  avec  celui  de  l'église  Saint-Cosme  et 
Saint-Damien  (flg.  6356).  Il  a  dû  être  fréquemment 
employé  à  Tinlérieur  des  maisons. 

Quanta  l'appareil  en  usage  pour  les  portes  d'entrée,  on 
peut  encore  le  voir  en  place  et  dans  toute  sa  coniplexiU' 
sur  un  moulage  du  musée  de  Pompéi.  C'est  d'abord  à 
Om.  50  du  sol  environ  une  barre  de  bois  fixée  par  un 
pivot  sur  le  vantail  de  droite  et  qui  devait  jouer  le  rôle 
de  loquet.  Un  peu  au-dessus,  un  crochet  court  relie  les 
deux  battants.  A  1  mètre  du  sol,  à  droite,  une  grosse 
serrure  de  métal  s'ouvrait  de  l'intérieur.  Un  peu  au- 
dessus,  à  gauche,  une  autre  serrure  qui  ne  s'ouvrait  que 
i\i\  l'extérieur  commande  un  long  verrou  transversal. 
Plus  haut,  un  second  loquet  de  bois  ;  enfin,  un  crochet 
de  métal  semblable  au  premier,  mais  dirigé  en  sens 
contraire,  domine  le  tout'^  Sur  un  autre  moulage  on 
voit  en  place  une  serrure  intérieure  bien  conservée.  Le 
pêne  n'y  remplit  point  comme  d'habitude  l'office  de 
verrou.  C'est  une  tige  de  métal  fixée  sur  le  vantail  de 
gauche  par  une  sorte  de  manivelle  et  s'insérant  à  volonté 
dans  la  serrure,  qui  unit  les  deux  battants". 

Ces  serrures  sont  du  type  laconien  en  métal.  C'est 
celui  qu'on  rencontre  le  plus  souvent  à  Pompéi  el  dans 
les  autres  établissements  romains.  Pourtant,  à  Pompéi 
même  il  y  eut  des 
serrures  de  bois, 
comme  le  prouve 
une  clé  de  grande 
taille,  en  forme 
de  gril,  conservée 
au  musée  de  Na- 
ples'^  Des  ser- 
rures de  métal  il 
reste  des  boites 
dont  la  plaque  de 
front  est  percée 
d'une     entrée  '°  ; 

des  pênes  traversés  dans  leur  partie  moyenne  par  des 
trous  ordonnés  en  un  dessin  géométrique  plus  ou  moins 
compliqué  "  ;  des  clés  présentant  en  relief  des  dessins 
correspondants  '*  (tig.  6359i  ;  quelques  chevilles  encore  en 
place  dans  les  cavités  du  pêne.  L'intérieur  était  garni  de 
planchelles  entre  lesquelles  glissait  le  pêne,  el  qui  main- 
tenaient en  place  les  chevilles  mobiles.  Celles-ci  descen- 
daient ilans  les  cavités  du  pêne  par  leur  propre  poids.  Il 
fallait    qu'elk-s   fussent    inih'peiidanles,    sans   quoi    un 


mouhi?c  de  porle;  Overbcvck,  Pompeji,  p.  î:.*,  fig.  137.  -  15  Cf.  C.  Oci.  Piccoli 
Bronzi,  n'  14,  pi-  i"  ;  Clé  de  même  forme  sur  une  médaille  de  la  famille  Papia. 
Liger  Ô.  t.  1,  P-  2«l  ■  fig-  208-  —  '^  Ceci,  ibid.,  fig.  1  à  5  :  Fink,  O.  l,  p.  3i,  fig.  If.. 
Le  dis(|ue  saillant  avec  entrée  do  serrure  est  parfois  figuré  sur  des  lias-reliefs 
funéraires  dAsie  Mineure,  figuran'.  la  porle  du  ton.beau  ou  celle  de  1  Hadcs  (Michon, 
Stèles  phryoiennes.àaas  .V.m.  des  Antiquaires  de  France,  t.  LWI,  1907,  fig.  11. 
—  n  Fiuk,  p.  36,  Dg.  9  à  12.  —  1»  Fiuk.  fig.  13,  1 1,  19:  la  fig.  d  après  Niccolini, 
Ca-'ie  emoniim.  d.  Pom/iéi.  pi.  i  vi  di'  la  /Jrscrip.  générale  ;  cf.  .l/iis.o  llorhon, 
XVI,  pi.  xxui. 


—  Clé  à  révolution. 


SER 


—  1247 


SER 


'M-^zJ 


simple    rroclu'l  aurait  eu  raison  des   seiTurcs  les   pins 
compliquées.    Dans    quelques-unes  pourlanl  on  a  cru 
retrouver  les  traces  d'un   ressort  '.   Celles    des    objets 
mobiles,  des  coffres,  devaient  en  être  munies.  Aulrement 
il   eût  suffit   de    les    retourner  pour   faire   tomber  les 
clievilles  liors  de  leurs  gâches.  C'est  ce  qui  devait  arriver 
aux  serrures  mobiles  ou  cadenas  suspendus  par  ime  tige 
ou  par  une  chaîne.  11  existe 
un  assez  grand  nombre  de 
ces   objets;  les  serrures  res- 
semblent  tout    à    fait    aux 
serrures    de    portes,    sinon 
qu'elles  sont  du   type  dit  à 
moraUlon    -.  La   plaque  de 
l'entrée,  quelquefois  rectan- 
gulaire,    le    plus     souvent 
ronde,  est  percée  d'une  ou 
deux  ouvertures    longitudi- 
na  es,   pour  le    ou   les   mo- 
raillons.  Le  musée  de  Naples 
en    possède  une  de   grande 
Fig.  i-,3„o.  — r.a.i.nas  ;i  M,oi ailloli,      diiiienslon  iTig.  G3G0)  '.   Les 
deux  moraillons  sont  encore 
en  place  et  Ion  [jeut  voir  ;ï  coté  le  pêne  à  double  crochet 
qui   les   fixait  du   même  coup;   d'autres,  au   lieu  d'être 
aplatis,  sont  allongés  plus  ou  moins,  souvent 
en  forme  de  barillets  (tig.  6361). 

On  a  trouvé  à  Pompéi,  à  côté  des  clés  laco- 
niennes,  des  clés  à  révolution,  composées 
comme  les  clés  modernes  d'une  tige  avec 
anneau  et  d'un  panneton  (fig.  6357).  Quelques- 
unes  sont  d'un  joli  travail'  (lig.  6362).  Cohau  • 

Fig.  630S.  —  Clé  à  paoQelOEi. 

sen  donne  le  dessin  d'une  serrure  dans  laquelle  la  cheville 
qui  maintient  en  place  le  pêne  est  fixée  sur  un  ressort '. 
C'est  le  principe  du  système  à  récolulion.  Le  panneton  de 
la  dedans  son  mouvement  circulaire  soulève  le  ressort, 
puis  rencontrant  les  barbes  du  pêne  ainsi  libéré,  l'en- 
traîne. Quelquefois,  la  tige  de  la  clé  se  termine  par  une 
pointe  qui  pénétrait  dans  un  trou  de  la  palastre  (boîtier 
de  la  serrure) .  Le  plus  souvent  elle  est  forée  de  manière 
à  recevoir  une  broche  fixée  sur  celle-ci.  Le  panneton  est 
ajouré  suivant  la  forme  des  gardes  disposées  à  l'intérieur 
de  la  serrure  ". 

Celle  serrure  à  révolution  est-elle  une  invention 
romaine  ?  On  ne  sait.  M.  Diels  a  essayé  de  montrerqu'elle 
était  connue  en  Grèce  dès  la  fin  du  V  siècle'.  11  signale 
quelques  clés    figurées   sur    des  vases    peinls    de   cette 

•  Avcllino,  Descriz.  1K37,  p.  70,  pi.  x,  fig.  17;  Coliausen,  O.  t.  p.  lU,  lif;. 
ii;  cf.  Fink,  p.  3S  el  Ligcr,  I,  p.  28i.  Dans  une  serrure  de  colTre  ipii  provknt 
de  Boscorealc  on  cODslatc  la  présence  d'un  ressort;  mais  il  seriail  à  ramoner 
le  verrou  à  sa  position  initiale  :  ArcU.  Jahrb.  Anz.  XV,  p.  190,  n°  41.  —  2  Liger, 
II,  p.  213,  pi.  x«v,  jxxvi,  (îg.  *iS,  «3;  Avellino,  Descriz.  IS37,  p.  70,  75, 
pi.  X,  lig.  )6  et  17.  —  S  Notre  figure  d'après  une  photogrupliic.  —  4  Musée 
Urilauuic|ue,  liuid.  tu  the  exhibition  1!»08,  p.  104.  fig.  173.  —  6  Liger,  I, 
pi.  vu;  Mazois,  I  i,  pi.  vit,  fig.  4;  l)mra,IJaiikunsl  d.  Etr.  ii.  /(ôm.  p.î59,  fig.  i07; 
l'oliauscn,  p.  140.  Clé  de  Tarare,  tige  terminée  par  nu  Silène,  Lij;er,  11, 
p.  îtlili,  pi.  si,i.  —  r.  O.  l.  p.  144,  lig.  23,  d'après  Uorow,  bmkmûUr,  pi.  xxi. 
fig.  \i;  cf.   Finli,  O.  /.  p.  44.-7  Kink,  O.  l.   p.  43  sq.  —  »  0.  t.  p.  143  .si|. 

—  'J  Kink,  p.  51,  lig.  21  a  23.  —  10  Clés  à  platine.  BaMon-lilaucliel,  Cal. 
llronzesBiôl.  nat.,  p.  C4i,  W  1898.  La  figure  d'après  un  modèle  du  Brilisli  Muséum 

—  "  Mazois,  L.  l.  fig.  H;  Fink,  fig.  I3el  19;  là.  et  n»  I'JOd.  —  u  Cf.  Schwarz, 


époque  et  qui  ressemblent  assez,  à  la  cléà  panneton,  mais 
elles  n'ont  pas  d'anneau.  Quant  aux  entrées  de  serrures 
représentées  sur  les  vases  et  les  tombeaux,  elles  n'ap- 
portent qu'un  témoignage  bien  incertain. 

Signalons  encore  certains  cadenas  en  usage  dans 
l'empire  romain  "  (lig.  6.'Jfi3à63(M).  La  tige  mobile  (c)  ter- 
minée i)ar  une  lète  large,  est  maintenue  par  trois  ressorts 
recourbes  («).  On  l'atlrauchit  au  moyen  d'une  clé  qu'on 
enfonce  suivant  la  fente  tranversale 
de  l'entrée.  En  glissant  le  long  de  la 
fente    longitudinale,  elle  écarte    les 


Fig.  6304.  —  Inléri 
de  cadenas. 


Fig.  6365. 


ressorts.  Des  gardes  disposées  à  riiiti-rieiir  du  cadenas 
correspondent  à  l'ajour  de  la  clé.  On  trouve  aussi  des 
combinaisons  de  clé  laconienne  avec  platine  (fig.  6366)". 
Ces  clés  à  platine  sont  souvent  montées  sur  une  bague 
[.\M'Lis,  fig.  349]  ;  il  en  est  de  même  des  petites  clés  à 
dents  ou  à  panneton  '".  Ces  clés,  pourvues 
d'un  anneau  et  pouvant  se  porter  comme 
une  bague,  étaient  quelquefois  léunies  en 
trousseau  ". 

m.  Le  SYMiiOLiî  DE  L.\  (XI-;.  —  La  clé 
avait  chez  les  Grecs  et  les  Itomaius  une 
signification  symbolique  '-.  Comme  telle  on 
la  trouve  tantôt  dans  les  mains  des  simples 
mortels,  tantôt  dans  celles  de  dieux.  Dans 
le  premier  cas  elle  est  portée  par  des  femmes 
(exclusivement),  le  plus  souvent  sur 
l'épaule,  quand  c'est  la  grande  cléde  temple  (lig.  634S)  '^ 
C'est  l'insigne  des  prétresses  ".  A  ce  titre  lo  est  appelée 
zÀYiOoj/o;  "llpa;  par  Eschyle'';  Ipiiigénie  est  xÀvi^ciù/oi; 
d'.\rtémis  '^.  Cassandre  porte  les  clés  divines'^;  la 
prêtresse  est,  en  effet,  gardienne  du  sanctuaire  '".  C'est 
comme  gardienne  du  Ihalamos  divin  qu'Athéna  en 
porte  la  clé  ".  A  Athènes  elle  est  xXy|Ooù/oç  de  la  ville-". 
Eros   est  xlrfiouyo:;  d'Aplirodite ^'. 

La  clé  peut  exprimerla  puissance  des  dieux,  el  d'abord 
d'une  manière  tout  à  fait  définie.  Les  puissances  souter- 
raines, Plulon  ",  Ëaque  -',  l'erséphone  -',  Anubis  ^', 
Hécate^'',  ont  les  clés  de  l'Hadês.  \  Lagina,  en  Carie,  avait 
lieu,  tous  les  <(uatre  ans,  en  l'honneur  d'IIécale,  une 
procession  de  la  clé  (x).ei5oç  tîoixtctî  ou  àYujy'ï)-  Celte 
cérémonie,  célébrée  d'abord  dans  l'enceinte  sacrée,  puis 

De  diis  cliivigeris  (Altdorf  1728);  Hoscher,  Lex.  Il,  I,  1J14  sq.  {,%>.rfi..!Ji:i)  \ 
W.  Kfthlei-,  flic  Schlûssel  des  Petrus  {Arcli.  f.  Jteliyions-Wissenscliaft,  VIII 
(1905),  p.  213-Î13).  —  13  Callini.  l/ymn.  in  Cer.  53,  »«Tufia5;«v  ST^i  .).aî!«.  La  clé 
se  porte  aussi  sur  l'épaule  chez  les  Juifs;  cf.  Is.  22,  22  —  'i-  Aux  monuments 
réunis  par  Uicis.  0.  l.  p.  123  sq.  p.  140,  ajoulcr  «ôm.  Mitt.  VIII,  IS93.  p.  338; 
Harmrd  Slud.  in  class.  phit.  XII,  p.  335;  Foucart,  Bull.  corr.  Ildl.  IX  (1885), 
p.  406.  —  lô  Suppl.  299.  —  16  Eur.  Iph.  in  Taur.  131.  —  "  S|janlieim  ad 
Callim.  /..  /.  vol.  II,  p.  782  (Ernesli).  —  m  Eur.  Troad.  :  256-257.  —  19  Aescbyl. 
Eum.  791.  -  ■'■»  Aristoph.  Thesm.  1 139  sq.  —  'il  Eurip.  Uippol.  v.  53S-3H.  V.  Eros 
porlour  d'un  trousseau  de  clés  ap.  Winckelmaun.  J/on.  Ined.  I,  pi.  xxxii,  p.  39-40. 
—  22  l'aus.  V,  20,  1 .  nu"Aio/oî  ;  l'iut.  De  Is.  et  Os.  c.  35.  —  s3  Wessely,  Griech.  Zau- 
berpap.  v.  l'aris  u.  Londun,  p.  57,  1404  sq.  —  -"•  Wessely,  L.  L  30,  1403;  Apul. 
Metam.  XI,  2;  Orph.  Hymn.  29,  4.  —  iS  Wessely,  O.  l.  29,  340.  —  i''  WUnscli. 
Defixion.  tab.  XVUI  li.  33;  cf.  XX  b. 


si]i; 


—   l2i,S 


SER 


dans  la  ville  voisine  de  Slralonicée,  durait  iilusieurs 
jours  [iiKCATE,  p.  4'Jj  '. 

Pour  d'autres  divinités  le  synihole  s'épure  et  se  géné- 
ralise -.  Diké  porte  les  clés  des  portes  du  jour  et  de  la 
nuit  '.  .lanus,  gardien  des  portes  célestes,  devient 
«  nmiiiiim  cl  /loiiaridit  cuslas  e/  reclor  riaruin  '.  »  Le 
Krciiios  de  la  religion  niitliriaque  lient  régulièrement 
une  clé  dans  sa  main  droite,  ou  deux  clés,  une  dans 
chaque  main;  c'est  aussi  un  portier  céleste,  un  dieu  de 
la  lumière  ^.  Hécate  est  appelée  ■jravxi;  xin^.o'j  xlrfitj'jyo^ 
âvadcav  '.  Pluton,  dispensateur  des  biens  de  la  terre,  en 
possède  les  clés  '.  La  même  interprétation  mystique 
s'api)lique  à  la  toute  puissante  Cybèle  '.  Dans  une  autre 
religion,  Sérapis  est  yt|s  xa\  ôaXâccri;  x),Y|ôaç  "s/oiv'.  Ce  syn- 
crétisme aboutit  et  s'achève  en  saint  Pierre:  les  clés  sont 
symboliques:  1°  de  son  rôle  de  portier  de  l'au-delà  ;  2°  de 
sapuissancecommevicaireduChrist '".     René  Vallois. 

SERAPIS  (SÉpamç)  '.  —  Dieu  égypto-grec,  dont  le  culte, 
institué  peu  de  temps  après  la  fondation  d'Alexandrie 
(332  av.  J.-C. ),  se  répandit  dans  tout  le  monde  gréco- 
romain  avec  ceux  d'isis,  d'uARPOCUATKS  et  d'ANUBis. 

Il  n'y  a  aucun  fond  à  faire  sur  une  tradition  d'après 
laquelle  Sésoslris  aurait  élevé  en  Egypte  une  statue  à 
Sérapis  ;  comme  on  l'a  observé  dans  l'antiquité  même, 
celte  tradition  avait  été  inspirée  uniquement  par  le  désir 
de  «  vieillir  »  le  nouveau  dieu  -.  On  ne  peut  douter  que 
sa  première  apparition  coïncide  avec  la  conquête  macé- 
donienne. Mais  d'où  venait-il  '?  Que  signihe  son  nom  ? 
Dans  quel  intérêt,  sous  l'inOuence  de  quels  événements 
son  culte  fut  il  introduit  à  Alexandrie?  Autant  de  pro- 
blèmes sur  lesquels  la  critique,  après  de  longues  et 
multiples  recherches,  n'est  point  parvenue  à  faire  la 
lumière;  déjà,  au  temps  d'Auguste,  on  ne  s'entendait  plus 
sur  ce  sujet,  el  les  témoignages  qui  s'y  rapportent  dans 
les  écrits  des  anciens  ne  suffisent  pas  à  nous  tirer 
d'embarras.  Au  premier  plan  de  la  discussion  il  faut 
mettre  un  récit  de  Tacite',  qui  concorde  assez  bien  avec 
deux  textes  de  Plutarque.  «  Pendant  que  Plolémée,  le 
premier  des  Macédoniens  qui  afl'ermit  la  puissance 
égyptienne  (Ptoléiiiée  P'Soter,  323-283  av.  J.-C),  donnait 
à  la  ville  d'Alexandrie,  récemment  fondée,  des  murailles, 
des  temples  et  un  culte,  il  vit  pendant  son  sommeil  un 
jeune  homme  ''  d'une  rare  beauté  et  d'une  taille  sur- 
humaine, qui  l'avertit  d'envoyer  dans  le  Pont  ses  amis  les 
plus  fidèles  pour  y  chercher  sa  statue  :  elle  apporterait  la 
pro.spérité  à  son  royaumeellademeurequi  la  recevraiten 
deviendrait  grande  el  glorieuse.  Au  même  instant,  le  jeune 
homme  s'éleva  vers  le  ciel  dans  une  auréole  de  feu.  Plo- 


1  Newton,  ffalicamassu-:,  Cnidos  and  Brancltidtte^  cli.  XXIV,  App.  Il,  9G-97  ; 
nuH.  cor,:  hell.  XI  (1887),  p.  37  ;  XII,  p.  102-103  ;  XV,  p.  I'J6.  —  2  Cf. 
Kftlilcr,  0.  i.  p.  2J5  sq.  —  3  PariiR'niJcs,  Lehrged.  I,  14.  Cf.  Diels,  p. 
153.  —  '  Macrob.  I,  »,  7,  cum  clavi  ac  virga  fimr/iCur  ;  Ovid.  FasI.  1, 
iîH,  I,    117  8i|.   —  5  Cunioul,   Textes  et    Mon.  I,  p.    S3-S4.   —0  Or/ih.    Hipnn. 

I,  7.  —  1  Orph.  Bj/mn.  18,  4  sq.  —  »  Sc-rv.  Ad  Aen.  X,  iôj  :  lerram  autem 
constat  es9e  matrem  deum.  Unde  et  iimulaerttm  ejtts  cum  ciavi  fùnifitnr, 
Nam  terra  uperitur  vernu.  hiemali  ctttuditur  iempore.  'X  une  sUiliieUe  coll. 
Uréau,  Kriihner,  Cat.  GrMu,  n»  707  ;  'terres  cuites  d'Asie,  pi.  iv.  inniiilciiaiil  à 
l'aill.  de  Berlin,  Arch.  Jalirb.  An;.  18'Ji,  p.  106,  n"  U.  —  »  KôliU-r,  O.  I.  p.  i±'J  ; 
Sclinan.  18  sq.  —  10  Knliler,  O.  /.  p.  SI*,  305,  p.  i3t  s<|.  —  Biiu.iochai-bie.  Fink, 
Oer  Verscfdtiss  ici  de»  Griechen  und  lt,im''.ru,  2  pi.  (Uegeusbiirg,  1800),  donne 
la  liililiograpliie  antérieure,  p.  V  8f|.  Ajouter  Uiels,  l'armenides  Lelirgedichl ^ 
Berlin,  1807,  p.  117-151  [Veber  allijriech.  Tliùrea  un't  Schlôsser)  ;  fernice.  Tùr- 
f/riff^iiiit  Verscklussrorrichtung  aus  Doscoreale  (Jalirb.  d.  Arch.  tnst.  XlX(IOOi), 
p.  I.i-il.  V.  aussi  Liger,  La  ferronnerie  une.  et  moderne^  Piiris,  1885  ;  l'itt  Hivers, 
fin  tlie  devetopment  of  tucka  and  ttetjs.  Cf.  Baunieister,  lienkmùler,  p.  1800  sq.  ; 
Marquardl,  Vie  privée  des  Itoinains  (Irad.  fr.),  p.  270  S4|.  ;  Becker.(iolI,  Charikles, 

II,  p.  1*7  ;  Gallus,  II,  p.  .<i0sq. 


léniée,  Iroulilé  ]iar  ce  présage  iniiaculeuN,  s'adresse  aux 
prêtres  égyptiens,  interprètes  ordinaires  de  ces  prodiges, 
et  leur  raconte  sa  vision  nocturne.  Comme  ceux-ci  con- 
naissent peu  le  Pont  et  les  pays  étrangers,  le  roi  fait 
venir  l'Alliénien  Timolliée,  de  la  famille  des  Eumolpidt^s, 
(lu'il  avait  appelé  d'Eleusis  pour  présider  aux  cérémo- 
nies sacrées  ",  el  lui  demande  quel  est  ce  culte,  quelle  est 
celle  divinité.  Timolliée  s'enquil  auprès  de  voyageurs  ([ui 
avaient  visité  le  Pont''  et  ai)i)ril  qu'il  y  avait  là  une  ville 
nommée  Sinope  el,  à  peu  de  dislance,  un  temple,  depuis 
longtemps  fameux  parmi  les  habitants,  où  l'on  adorait 
Jupiter-Pluton  ;  à  coté  de  l'image  du  dieu  était  aussi  une 
ligure  de  femme  assise,  que  l'on  appelait  communément 
Proserpine.  »  Ptolémée  oublia  peu  à  peu  l'oracle,  <i  jus- 
qu'à ce  que  celte  même  apparition,  plus  terrible  celle 
fois  et  plus  pressante,  vinl  lui  annoncer  qu'il  périrait  lui 
el  son  royaume,  si  ses  ordres  n'étaient  pas  exécutés. 
Alors  il  envoie  au  roi  Scydrolhémis,  qui  gouvernait  en  ce 
temps-là  Sinope'',  des  ambassadeurs*  et  des  présents  et 
leur  prescrit,  avant  qu'ils  s'embarquent,  de  consulter 
Apollon  Pylhien.  Ils  eurent  une  mer  favorable"  et  la 
réponse  de  l'oracle  ne  fut  pas  équivoque;  le  dieu  leur 
dit  d'aller,  de  rapporter  la  statue  de  son  père  '",  de  laisser 
celle  de  sa  sœur.  .Vrrivés  à  Sinope,  ils  portent  à  Scydro- 
lhémis les  présents,  les  prières  et  les  instructions  de 
leur  roi.  »  Trois  ans  cependant  se  passèrent  en  pourpar- 
lers. «  EnTin  une  ligure  menaçante  apparut  fi  Scydrothé- 
mis  et  lui  ordonne  de  ne  pas  s'opposer  plus  longtemps 
aux  volontés  du  dieu.  Comme  il  tardait  encore,  dill'érents 
(léaux,  des  maladies,  des  signes  manifestes  de  la  colère 
céleste  lui  causèrent  des  tourments  chaque  jour  plus 
cruels  II  convoque  une  assemblée,  expose  les  ordres  du 
dieu,  sa  vision,  celles  de  Ptolémée  el  les  maux  qui 
s'abattent  sur  la  ville.  »  Le  peuple  m;  veut  rien  entendre 
el  une  émeute  se  déchaine.  Mais  «  le  dieu  monta  de  lui- 
même  "  sur  un  des  navire  ancrés  le  long  du  rivage.  Par 
une  autre  merveille,  le  troisième  jour,  malgré  la  longueur 
du  trajet,  la  flotte  aborde  à  Alexandrie.  Un  temple  pro- 
portionné à  la  grandeur  de  la  ville  fui  construit  au  lieu 
nommé  lUiacolis;  il  y  avait  eu  là  un  petit  sanctuaire 
consacré  anciennement  à  Sérapis  et  à  Isis.  Voilà  sur 
l'origine  et  l'introduction  de  ce  dieu  la  tradition  la  plus 
répandue  '•'^.  Je  n'ignore  pas  que  quelques-uns  le  fonl 
venir  de  Séleucie,  ville  de  Syrie,  sous  le  règne  de 
Ptolémée,  troisième  du  nom  (Ptolémée  Évergète,  247- 
222  av.  J.-C. )'^  «Même  si  l'on  dégage  ce  récit  de  ses 
éléments  merveilleux,  il  contient  encore  lanl  d'invrai- 
semblances qu'il   a  paru  suspect  à  la  plupart  des  cri- 


SERAPIS.  1  Sarapis  est  plus  commun  dans  les  textes  grecs.  .Sernpis  dans  les 
textes  latins.  Pour  déterminer  la  véritable  ortbographc  il  faudrait  connaître  l'ori- 
gine et  le  sens  du  mot.  —  2  Atlienodor.  ap,  Clem.  Alex.  Protrcpt.  p.  U  Sylb.  = 
Fragm.  Iiistor.  gr.  III  p.  1.88  ;  EusUith.  ad  Dion.  Periegct.  255  =  Stepb.  Byi. 
p.  571  Mencke.  Cf.  Tac.  Hisl.  IV,  8V;  l's.  Callislh.  I,  3t-33  (Script,  .{lex.  JJai/ni. 
p.  30,  Uidot);  Uicbaelis  ap.  Journ.  hell.  stud.  VI,  p.  290.  -  3  Tac.  Uist.  IV,  83, 
81;  Plut  Is.et  Usir.  28;  Solert.  anim.  30.  Cf.  Partliey  ad  h.  l.  —  »  Sérapis  ua 
jamais  été  reprcsenlé  connue  un  jeune  lionnne  ijuveuis),  mais  comme  nu  homme 
dàgo  miir.  -  ■'•Cf.  l'Iul.  /s.  ri  l)>^ir.  cil.  i8  p.  31,2  A  ;  Lafaye.  /Iiiinil''s  d'Mejan- 
drie,p.  21.  — 6  t'u  nommé  Sosibios  cbez  Plut.  L,  c.  —  7  Personnage  inconnu,  mais 
peut-être  authentique;  son  nom,  sous  une  forme  hellénisée,  semble  cacher  un  nom 
persan:  Krall,  p.  28.02.  —  »  Solélés  cl  Dionysios  ;  l'Iularcb.  /,.  c.  —  ''  Plut.  /,.  c, 
dit  une  tempête,  à  laquelle  ils  échappèrent  par  miracle.  —  te  Apollon  {Ilorus)  est  le 
lits  de  Sérapis  (Osiris),  qui  est  lui-même  Jupiter  aussi  bien  ((u'il  est  Plutou.  C'est  ce 
que  les  commcnlaleurs  de  Tacite  n'ont  pas  compris,  i|uand  ils  ont  propesé  patrui 
pour  corrij;er  patrts.  —  •'  «  Kidevé  par  les  ambassadeurs  »  l'iut.  L.  c. 
—  12  lieproiluite  aussi  par  Isustadi.  ad  Dion.  Periegel.  255.  d'après  Slepli.  Byi. 
p.  S7I  Meiueke  —  1^  De  iiiCnie  Ckiii.  Alex.  /..  c,  d'après  Isidore  de  i:hara\, 
cuulemporain  tie  SIrabon. 


st:r. 


1:21'.)  — 


SEI! 


liijui's  '  v[  (111(111  ne  l'acceple  giR're  i|u'eii  riiiU'i'piélant, 
siirloiil  à  l'aide  de  la  linguistique.  Deux  syslènies  sont 
aujourd'liui  en  présence:  1"  D'après  une  version  que  Ta- 
cite n'a  pas  connue,  tandisqu'Alexandre  était  surlepoinl 
de  mourir  à  BabyIone(323  av.  J.-C),  ses  amis  consultèrent 
pour  lui  Sérapisen  son  temple,  dans  la  ville  même.  Cette 
tradition  se  recommande  surtout  par  son  ancienneté;  elle 
vient  des  Éphci/uh-if/es  royales,  journal  ofliciel  du  règne 
d'.Vle.xandre  '  ;  aussi  a-t-elle  réuni  un  assez  grand  nombre 
de  sufl"rag(;s,  notamment  parmi  les  orientalistes.  Si  elle 
était  l'ondée,  l'origine  de  Sérupis'  devrait  être  cherchée, 
non  point  à  Sinope,  mais  à  Babylone  et  il  aurait  été 
connu,  même  des  Grecs,  avant  sa  prétendue  révélation  à 
IHoléinée.  Ce  serait  un  Baal  chaldéen,  dont  le  nom  aurait 
été  plus  ou  moins  déformé  en  passant  dans  la  langue 
grecque.  Les  partisans  de  cette  opinion,  du  reste,  ne  la 
jugent  point  inconciliable  avec  le  témoignage  de  Tacite: 
ils  admettent  que  le  di(;u  de  Babylone  avait  été  transporté 
très  anciennement  à  Sinope,  où  des  documents,  en  ell'et 
dignes  de  foi,  attestent  l'existence  d'un  établissement 
assyro-chaldéen,  antérieur  à  la  colonisation  du  pays  par 
les  Grecs  '*  ;  Sérapis  serait  donc  venu  de  Babylone  à 
Alexandrie  en  passant  par  Sinope.  Cette  combinaison  est 
ingénieuse;  mais  ce  que  l'on  ne  voit  pas  du  tout  c'est 
l'intérêt  qu'aurait  eu  Ptoléinée,  fondateur  d'un  nouveau 
culte,  il  introduire  dans  ses  Étals,  pour  rapprocher  les 
Grecs  et  les  Égyptiens,  un  dieu  assyrien,  auquel  ils 
n'étaient  attachés  ni  les  uns  ni  les  autres  ";  2°  Certains 
savants,  plus  radicaux  et  plus  logiques,  ne  retiennent 
de  l'historiette  de  Tacite  que  le  nom  de  Sinope,  qu'ils 
croient  y  avoir  été  mêlé  avant  lui  par  suite  d'une  con- 
fusion. 11  y  avait  à  Memphis  une  colline  sur  laquelle  on 
entretenait  le  bœuf  Apis  ;  on  l'appelait  la  demeure  d'Apis, 
en  égyptien  Sen  Ilapi,  nom  qui  avait  pris  dans  la 
bouche  des  Grecs  la  forme  i^ivci-ntov  '^  ;  on  y  adorait 
Sérapis  sous  le  vocable  particulier  de  Zeù;  ^ivw-k'.o^  ' .  11 
est  bien  tentant  de  supposer  que  nous  avons  là  la  clef 
de  l'énigme  En  ce  cas,  la  Sinope  du  Pont  n'aurait  ét(!' 
introduite  dansl'avenlure,  soit  par  des  lettrés  ingénieux, 
soit  par  l'Iolémée  lui-même,  que  pour  attribuer  plus 
l'acikMnent  au  grand  dieu  d'Alexandrie  une  origine  mira- 
culeuse. Kn  réalité,  son  culte,  destiné  à  favoriser  la  fusion 
du  peuple  conquérant  avec  le  peuple  conquis,  aurait  été 
emi)runté  à  Memphis.  Dès  l'antiquité  cette  version  avait 
cours;  Tacite  lui-même  l'a  enregistrée  brièvement  à 
la  suite  de  la  première*.  On  est  ainsi  conduit  à  penser 
([ue  Sérapis  est  Osiris  infernal,  identitié  avec  Apis  mort 
el  appelé  pour  cette  raison  'OuipotTriç,  o  i^ofaTtiç,  i^àpaTtc;  '^ 


1  II  étail  nouveau  pour  les  Romains  au  temps  (ie  Tacite  :0ri(70  (i«  nondum  nostris 
nucîoribtis  celchrala  \L.  c.  83).  D'après  liouclié-LecIerc  |,  p.  22,  il  vicmhait  des 
Al-jvK-taxà.  du  grammairien  Apiuu,  dont  !<•  charlatanisme  fut  c(-lùljrc  sous  Tibère. 

—  2  l'iut.  Al(/x.  70  ;  Arriau.  Aîiab.  Vil,  30.  —  3  Zirpou  :  Hawlinson,  llerodotnx, 
1,  p.  5i6;  Slumapon  :  Wilcken,  l'hilulof/us,  LUI  (18'JV),  p.  ll'J,  i  :  Sar-apsi, 
I.clmiann,  Zeitschf.  f.  Ansyriol.  XII  {I8'J7),  p.  112,  cl  auU-cs  arlicles  résunitîs  par  ce 
savani  dans  les  Dcitr,ïr/c....  de  i'JOt,  p.  300.  Cf.  l'Iew,  Krall.  —  »  Soutenu  en 
dernier    lieu  par   Lclimaun    licitmi/c,    L.  c,  à  l'aide    de  ilucunienls  nouveaux. 

—  '•'  Ajoutez  ipie  le  Sur-upai  de  l.einnann,  «  roi  de  l'Océan  »,  a  un  caractère 
maritime,  ((ni  u'cst  pas  ce  (|ui  frappe  dans  le  Sérapis  helléuiiiue.  —  i»  l's. 
C.diisl.  i,  3  {Script.  Alex.  lHaijni.  p.  3,  Didot)  ;  Dionys.  l'erieg.  255  =  SIcpli.  Ryï. 
p.  571  Mein(!ke.  —  ,7  Slcpli.  liyz.  L.  c.  -  »  Tac.  Uist.  IV,  Si.  —  '  Formes  indi- 
quées par  Atlienod.  ap.  CIcm.  Alex.  Protrept.  p.  14  Sylb.  ;  Plul.  /s.  et  Osir.  20. 
Autres  élymologies  ri^'sumées  dans  Bouclié-Leclercq,  /tei.\  de  i'hist.  des  relig.,  /-.  c. 
p.  I».  note  1.  —  l()  Ils  otijcetcnl  surtout  que  Sen-fiapi  n'a  pas  pu  donner 
>:...,„-...>.  et  que  le  SUupîum  de  Mempins  est  une  iuvenliun  cliiiiiérique  des  gram- 
mairiens anciens.  V.  Leiimann,  p.  308,  —  n  11  est  approuvé  par  Jablonski,  tiuii- 
^uiaul,  Urugscli  {deoyr.  Jnschriftcn,  I,  Uns  aile  Aeijijpten,  p.  2W),  Lctronue 
(HccliercUes  sur  les  fragments  d'Héron  d'Alex,  p.   210,  3),  Luutljroso,  Uouché- 

Vlll. 


Ce  système  a  rencontré  des  adversaires  résolus'";  on 
peut  (lire  cependant  qu'il  ollre,  au  milieu  de  toutes  les 
hypothèses  entre  lesquelles  on  peut  faire  un  choix,  la 
plus  séduisante  et  la  mieux  coordonnée  ". 

Quoi  qu'il  en  soit,  il  résulte  de  ce  qui  précède 
([u'Alexandrie  possédait,  depuisles  premiers  Lagides,  une 
statue  de  Sérapis  de  type  hellénique.  De  très  fortes  pré- 
somptions nous  portent  à  croire  qu'elle  était  l'œuvre  de 
Bryaxis,  célèbre  sculpteur  de  l'école  de  Scopas,  qui 
a  pu  travailler  encore  à  la  fin  du  iv°  siècle  avant  notre 
ère  '-  ;  ou  bien  il  l'avait  exécutée  à  Alexandrie  même  par 
ordre  de  Ptolémée  l"  Soter  ;  ou  bien,  cet  ouvrage,  fait 
primitivement  pour  représenter  un  Jupiter,  un  Esculape, 
ou  un  Pluton,  fut  acquis  de  quelque  cité  grecque  '^, 
après  la  mort  de  l'artiste,  soit  par  ce  prince,  soit  par  son 
lils  ou  son  petit-fils.  Pour  ce  qui  est  du  culte  lui-même, 
à  peine  institué,  il  jouit  tout  de  suite  d'une  grande  vogue; 
on  raconte  que  Démétrius  de  Phalôre,  qui  passa  les 
dernières  années  de  sa  vie  en  Egypte  et  mourut  en  283, 
très  peu  de  temps  après  T^tolémée  Soter,  composa  en 
l'honneur  de  Sérapis  des  liymmes  qui  se  chantaient 
encore  au  m"  siècle  ap.  J.-C.  ''.  Le  Sérapéum  d'Alexandrie 
fut  un  des  monuments  les  plus  considérables  et  les  plus 
somptueux  du  monde  ancien  '■'.  De  là  le  culte  du  nouveau 
dieu  se  répandit  très  rapidement,  comme  l'attestent  les 
monnaies  et  les  inscriptions,  dans  tout  l'Orient  grec; 
vers  l'an  250,  il  était  célébré  au  Pirée  par  une  association 
de  Sarapiaxlai^''  el  Athènes  possédait  un  Sérapéum,  qui 
datait  peut-être  mêmt!  de  Ptolémée  Soter  '''.  Au  ii"  siècle, 
on  constate  la  présence  de  Sérapis  dans  l'Italie  méri- 
dionale et  même  à  Rome  ".  Avec  quelle  peine  il  s'y 
maintint,  comment  ses  destinées  subirent  les  vicissi- 
tudes de  la  monarchie  des  Lagides,  comment  enfin  il 
triompha  définitivement  en  Occident  sousClaude  et  sous 
Néron,  quels  temples  lui  furent  élevés  dans  la  capitale  de 
riùopire,  c'est  ce  que  nous  n'avons  pas  à  exposer  ici  ; 
son  histoire,  dès  le  premier  Ptolémée,  se  confond  avec 
celle  d'Isis,  qu'on  lui  avait  donnée  pour  épouse  et  pour 
parèdre  [isis,  osiris]. 

Identifié  avec  Osiris ''\  époux  d'Isis,  Sérapis  est,  par 
conséquent,  le  principal  persimnage  d'un  mythe  solaire, 
dont  tous  les  actes  syinbolitiues  figurent  les  révoliilioiis 
de  l'astre  du  Jour  et  en  même  temps  les  transformations 
régulières  qui  s'accomplissent  dans  la  nature  et  dans  la 
destinée  humaine.  Quoique  immortel,  il  naît  et  il  meurt  ; 
il  est  à  la  fois  la  vie  et  la  mort;  il  a  une  Passion  et  une 
Résurrection,  que  l'on  célèbre  à  dates  fixes  avec  solen- 
nité^". Delà,  dans  ses  attributions,  un  double  caractère. 


Lecicrcq,  S.  Rcinacli,  Amclung.  V.  le  dépouillement  de  Drcvlcr,  L.  c.  —  '2  C'est 
ce  r|u'on  peut  légitimement  conclure  de  l'histoire  absurde  d'Athcnodore  [ap.  (ilem. 
Ale«.  Protrept.  IV,  4S,  p.  42  l'otl.)  sur  un  Bryaïis  contemporain  de  Sésostris. 
Ameluug,  L.  c.  ;  S.  Reinach,  L.  c.  —  13  Sinope,  Séleucie  ou  toute  autre.  Bouché- 
Leclercc(.  qui  discute  la  question  (//eu.  de  l'h.  d.  relig.  L.  c.  p.  24-28)  pense  aussi 
à  Cos.  —  IV  Diog.  Laerl.  V,  70.  Au  contraire  Uiog.  Laert.  VI,  03  sur  Uiogèue  le 
Cvniqucesl  peut-être  un  anachronisme  comme  Macrob.  Sat.  1.  20,  16-17  sur  Nico- 
créon  roi  de  Chypre.  Bouché-Leclercii,  /.  c.  p.  19,  note  I  et  p.  23,  note  :  l'ick, 
.trr/i.  Jahrb.  XIII  (isilsi,  p.  Kii;.  —  'S  Julian.  Kput.  SI  ;  Avian.  Uescr.  orb.  a:.'.; 
Dion.  lerieg.  255;  Amm.  Slarccll.  XXII.  10;  Rulin.  Hist.  eccl.  Il,  23;  Eunap.  VU. 
Aedes.  p.  77  ;  Descr.  de  f/ir/ij/de,  t.  V,  p.  307;  Lafaye,  /lifin.  d'Alex,  p.  174;  Botti, 
Americ.  journ.  of  arcbcol.  XI  (1800),  p.  07;  Amclung,  (.  c.  —  16  Corp.  iiiscr.  nit. 
II.  I,  017.  —  I7pausan.  I,  18,  4.  Ou  de  l'toléraée  Phi'adelphe.  V.  la  bibliographie 
donnée  par  Drexlcr,  art.  Jsis.  ap.  Rosclier,  Lexih.  d.  G.  u.  II.  Mythologie,  col.  384. 
2K.  _  18  En  138  à  Rome,  Ufaye,  fier,  de  I'hist.  des  relig.  XI  (ISS5),  1.  p.  327.  En  101 
un  rr/iure  le  Séiapéimi  de  poiizzolcs,  Corp.  inscr.  lut.  X,  1781,  I.  .i-O.  —  >■'  Diod. 
1,  25  ;  l'Iul.  /s.  et  Os  28,  01  ;  Tac.  /lisl.  IV,  si  ;  Lact.  1,  21  ;  Joimi.  u/hellen. 
sltid.  XXII  (t002l,  p.  377  ;  l'Iew,  p.  2U.  —  2"  .Xous  ne  pouvons  cpie  résumer  ici  les 
dées  coutenues  en  particulier  dans  l'Iul.  Js.  et   fh, 

157 


SEK 


—   1250   — 


SER 


que  l'un  a  clitTclio  ;i  rendre  sensible  ii  lespril  des  Grecs 
en  Tidenlilianl  d'une  pari  avec  ceux  de  leurs  dieux  qui 
représeutaienl  la  joie,  la  lumière,  la  sérénité,  l'intensilé 
de  la  vie,  d'aulre  pari  avec  ceux  qui  représenlaienl  le 
deuil,  les.lénèbres,  lu  puissance  fatale  et  nécessaire  de  la 
mort.  Ce  travail  s'est  fait  d'autant  plus  facilement  qu'un 
de  leurs  dieux,  Dionysos,  réunissait  déjà  en  lui  ces  deux 
aspects  [iiACCiiis]'.  L'attribut  essentiel  qui  distingue  les 
images  de  Sérapis  enlre  celles  de  tous  les  dieux  simi- 
laires, c'est  le  CAi-Arui  s,  la  corbeille  sacrée  des  m.yslères, 
symbole  d'abondance;  posée  sur  sa  lète,  elle  le  classe 
parmi  les  divinités  clitlioniennes,  en  qui  les  initiés  ado- 
rent la  fécondité  inépuisable  de  la  terre  [cekuSj  -  ;  le 
boisseau  [mouiisJ,  que  l'on  reconnaît  souvent  dans  cette 
coill'urc,  exprime  la  même  idée';  il  n'esl  pas  rare  de  le 
voir  orné  extérieurement  de  branches  d'olivier  et  d'épis 
de  blé'.  Comme  divinité  chtlionienne,  Sérapis  rappelle 
d'abord  Hadès-Pluton,  et  il  résulte  de  la  légende  même 
de  son  inslallation  à  Alexandrie  que  c'est  avant  tout 
sous  la  forme  de  ce  dieu  qu'on  a  entendu  le  représenter. 
Il  a  les  traits  d'un  homme  dans  la  maturité  de  l'âge,  dont 
le  visage,  encadré  par  une  longue  chevelure  et  une  barbe 
toull'ue,  est  empreinl  d'une  expression  grave,  parfois 
même  menaçante.  Il  est  vêtu  d'un  ample  manteau,  qui  ne 
laisse  que  les  bras  à  découvert;  à  ses  pieds  se  dresse  un 
Cerbère  tricéphale,  àla  fois  chien,  lion  et  loup-'.  La  statue 
d'Alexandrie,  en  boissculpté,  était  recouverte  d'un  enduit 
bleu  sombre,  qui  ajoutait  encore  à  l'impression  de  tris- 
tesse et  d'effroi  produite  sur  les  âmes  par  ce  souverain 
du  ténébreux  royaume";  plusieurs  bustes  de  nos  collec- 
tions, issus  du  même  type,  ont  été,  en  vue  do  cet  cfïel, 
taillés  dans  du  marbre  noir,  du  basalte  ou  d'autres 
roches  de  couleur  foncée  ^ 

Mais,  d'autre  part,  Sérapis,  maitre  de  l'empyrée,  a  liérilé 
aussi  de  toutes  les  attributions  de  Zeus*;  certaines  de 
ses  images,  oùdomine  une  expression  de  majesté  sereine, 
semblent  plutôt  le  représenter  dans  ce  rôle''.  En  outre, 
comme  Osiris  ressuscité  et  triomphant,  il  est  le  dieu  du 
soleil;  il  se  confond  avec  llélios  [sol],  si  bien  iju'on 
rapp(^lle  "liXioç  SÉpairi;,  et  même  'lIXiodésaTitç  ;  dans  cer- 
taines de  ses  images  la  têle  est  ceinte  d'un  diadème  et 
entourée  d'une  auréole  de  rayons  ;  ses  adorateurs  résu- 
ment celle  double  conception  en  l'invoquant  sous  le  nom 
de  Zelti  "HXioî  [jLÉYa;  Xéçxtccs '"•  Mais  il  joue  dans  ses  rap- 
ports avec  l'humanité  un  rôle  qui  a  dû  contribuer  bien 
plus  encore  à  lui  attirer  les  hommages  des  peuples  :  c'est 
un  dieu  guérisseur  ;  comme  tel  il  se  confond  avec  liscu- 
lape,  inventeur  de  la  médi'cine  et  patron  de  ceux  qiii 
l'exercent  [Aiisi;uLAi>ius]  ".  Il  délivre  les  hommes  de  leurs 
infirmités  surtout  par  ses  oracles  ;  les  malades  vont  passer 


1  Dionj'SOS-UsirU.  Ilcrud.  Il,  IH:  l.afavo. //iii;i.  d'Alex,  p.  6-9  cl  l'.l;  liissiiig, 
Areliâol.  Anzeiycr,  l'JOl.  p.  iVo.  —  2  Maci-ob.  Hal.  1,  ii),  13.  —  3  Kurin. 
Uist.  eccl.  II,  i3.  —  •  Lafavc,  Oiv.  d.Mei.  p.  249-250;  Catal.  a"  1»  i 
33.  Aniclung,  flet).  arclwol.  1903,  II,  p.  l'JI,  n"  8,  9,  10  sc|.  —  i»  Sur  cet  allri- 
but  i|ui  lui  csl  iiailicul.cr,  v.  Homo,  MiHimijes  de  iÙc.  de  Rome,  XVllI  (1898), 
|).  291-314;  Aniclung,  L.  c.  p.  iiii  ;  Macrob.  L.  c.  —  ^  AUicuod.  ap.  CIcm.  Atfîx., 
S.  Rcinacli,  Aniclung,  L.  c.  —  "î  Lafavc.  L.  c,  Catal.  n"»  21,  24,  25  et  sans  doulc 
aussi  d'autres  exemples  dans  le  catalogue  d'Ameluiig,  p.  189  S(].  — 8  Tac.  I/ist. 
IV,  Si.  Ilion.  l'ericg.  203;  Achill.  Tat.  V,  I,  2;  Nonn.  XL,  399;  Ztù;  Eioaaiî 
sur  les  monnaies  d'Alexandrie  (Ilcad,  iJoniim.  hisl.  720)  et  autres  (570).  C. 
i.  gr.  IV,  7041...,  clc.  l'Icw,  p.  27.  —  9  Overbcck,  Kmstmylhologie  (1871), 
1,  p.  SO-^i,  cliap.  15,  Sarapis;  Lafaye,  p.  250;  Amelung,  L.  c.  —  10  c  i.  gr. 
271(i;  4042;  4262:  KiS3c  ;  49C2  ;  5S98  ;  3990  ;  3999  ;  GUUO  :  S52.Ï  4  ;  7041;  7042; 
Kunu.  Eccl.  Iiisl.  Il,  23:  Urayc.  Dh:  d'Alex.,  Calai,  n.  19,  2s,  131,  132,  133: 
197  ;  ricM.  p.  ;i<-:il  :  Urixlcr,  Uelioserapis  ap.  Ko.sclicr,  Leuik.  clc.  —  il  Callini. 
Jipigr.  Se  ;  Amm.  Marc.  XXU,    14.  —  «  Tac.    Uitl.  IV,  SI,  S2  ;  Suet.   Vesp.  7  ; 


la  nuit  auprès  tle  ses  autels  et  il  leur  dicte  pendant  leur 
sommeil  des  ordonnances,  qu'interprètent  les  ministres 
du  culte  [iNCi'BATioJ.  Sous  l'Empire,  Sérapis  est  passé  tout 
à  l'ail  au  premier  rang  parmi  les  divinités  iatromanliques 
el  ses  sanctuaires  sont  devenus,  comme  ceux  d'Esculape, 
de  véritables  hôpitaux,  où  l'on  croyait  obtenir  la  guérison 
de  toute  espèce  de  maux  parties  pratiques  qui  associaient 
l'art  médical  à  la  superstition  la  plus  exaltée'-.  Einlin, 
quand  le  paganisme  décline,  Sérapis,  sous  l'influence  du 
syncrétisme,  absorbe  en  lui  les  attributions  de  tous  les 
dieux  mâles,  en  même  temps  qu'Isis  se  transforme  en 
une  divinité  féminine  univer- 
selle [isis]  ;  il  est  Sérapis  Panthée, 
ou,  comme  le  proclament  ses 
adorateurs,  un  «  Zens  unique  », 
maitre  non  seulement  du  ciel, 
mais  encore  de  la  mer  et  de  la 
terre,  en  un  mot  de  toute  la  na- 
ture ".Dès  lors,  nousrencontrons 
souvent  son  nom  et  son  image 
sur  les  amulettes,  les  abraxas  el 
autres  monuments  de  la  magie, 
au  milieu  de  symboles  ou  de 
lettres  cabalistiques,  que  nous 
ne  sommes  pas  toujours  en 
mesure  d'interpréter:  on  sait 
quel  lien  étroit  la  magie  et  l'as- 
trologie ont  eu  de  tout  temps  en  pig.  03G7.  —  Sciapis  Hadt^s. 
Egypte  avec  la  religion.  [m.\gia'']. 

Parmi  les  monuments  figurés  du  culte  de  Sérapis, 
une  première  classe  comprend 
tous  ceux  qui  le  rcpn'^senlenl 
assis,  comme  on  le  voit  dans  la 
fig.  G3G~.  La  main  droite  est 
ai)aissée  vers  un  Cerbère  tricé- 
phale; la  gauche  tient  un  sceptre, 
symbole  île  l'empire  que  le  dieu 
exerce  sur  les  vivants  et  sur  les 
morls'^  C'était  évidemment  là  le 
type  classique,  celui  qui  le  rap- 
proche le  plus  des  images  de  Zeus 
[.JUPITER],  de  Pluton  [pLi'To]  et  d'Es- 
culape [AEScuLAPirs],  dont  il  est 
dérivé.  11  est  très  probable  que 
les  répliques  de  ce  type  conservées 
dans  nos  musées  reproduisent, 
plus  ou  moins  fidèlenient,  lastatue 

en  bois,  oi'uvre  de  Bryaxis,  (lui  ornait  le  Sérapéum 
d'Alexandrie  "'•.  Dans  les  premiers  temps  de  l'Empire  appa- 
raît un  nouveau  type,  le  Sérapis  debout  (lig.  6368)";  ce 


Dion.  C.l.rys.  Or.  3.;  Fiimic.  Maleru.  De  en:  pnfan.  relig.  13,  4;  Slrab. 
XVII  1  17  ;  Lcironne,  l'apyr.  gr.  n"  50,  31  ;  Amiu.  Marc.  XXII,  14;  Acl.  Arist.d. 
Or.  sacr.  111;  Arlemid.  Oni.ocr.  11,  37,  39,  44;  IV,  80;  V,  20,  61,  89,  92,  93, 
94  ;  Aciian.  Uisl.  anim.  XI,  31-33  ;  Bouch6-Leclercci,  f/ist.  de  la  divin  dans  l'ant. 
III,  p.  377.  Plcw,  p.  31-40;  Lafaye,  L.  c.  Calai,  n»  90,128.  —  n  Corp.  inscr. 
lat.  11,  46;  III,  3037;  VIII,  1002;  Ad.  Arist.  Or.  VIIl,  p.  91,  90;  Macrob.  Sal.  1, 
20,  17  ;  Niimcn.  ap.  Orig.  Cels.  V,  38  :  Tac.  Hist.  IV,  83  ;  Lafaye,  L.  c.  n.  138, 
139,  143.  213,  214;  Micliaëlis,  L.  c.  p.  301.  -  H  Sur  S.'Tapis  el  lao  v.  Lebmaun, 
Uerl.  arch.  Ces.  uov.  1897;  Berl.  philol.  Wochcnschr.  XVlll  |1S98),  p.  126; 
Corp.  inscr.  gr.  7043,  7043  b,  7044,  8313  ;  Lafaye,  L.  C.  n.  203,  208,  209,  210,  213, 
m.  _  15  Statue  trouvée  à  Pouzzoles.  MusiV  de  Napics,  Clarac,  .Uns.  de  srnlpt. 
pi.  737,  n.  1831  ;  Lafaye,  !..  e.  n"  31.  -  "i  Amelung  a  cberché  ii  reconsliluor  l'œuvre 
de  liryaxis  daprcs  ces  répliques,  dont  il  a  calalogué  les  principales.  Ajoutez  par  ex. 
Ufayc.  L.  c.  n-  32  el  33;  Hausor,  BcrI. philol.  V.'uclicnschr.  XXIV  (I90t),  p.  114t. 
—  n  Slatuelte  de  bronze.  Musée  de  Florence,  MicliaPlis,  L.  c.  p.  297  =  Lafaye, 
L.  c.  a.  31  (les  bras  soûl   restitués,  mais  d'après  des  indications  sûres). 


0308.  —  Sérapis. 


X 


SER 


12ol 


SER 


ronir    ir.-ilionil.ini 
Plulim,  iiiaili'i'  (Ir 


hi 


l,oliq„ 


soiil  Inujmirs  les  mêmes  traits  el  le  iiiomc  cdstiime;  le 
dieu  tient  dans  Tune  de  ses  mains  le  seeplre  et  fait  de 
l'auti'e  un  geste  de  hénédiclion;  mais  souvent  aussi  on 
lui  a  dunni''  |ioui'  alli'iliut  une  jiMtére,  ou  bien  uni' 
■iviaholr  sans  doule  emprunte'  à 
erre,  qui  renouvelle  et  féconde  les 
germes  des  plantes  nourricières  '. 
Nous  possédons  un  grand  nombre 
de  bustes  et  de  têtes  détachées, 
provenant  soit  do  l'un,  soit  de 
l'autre  type-.  Il  faut  mentionner 
encore  une  série  de  bustes  qui  ont 
pour  base  un  pied  humain;  c'est 
évidemment  là  une  représentation 
symbolique;  maison  n'en  a  pas  jus- 
qu'ici percé  le  mystère  (fig.  63G9)^ 
Enfin,  comme  le  serpent  est  un 
attribut  d'Esculape,  il  est  aussi 
celui  de  Sérapis  ;  quelquefois,  il 
enlace  le  cou  de  son  Cerbère  (fig.  G367)  ;  quelquefois 
même  Sérapis  a  été  représenté  sous  la  forme  d'un 
serpent  à  tète  humaine  [isis,  fig.  4100],  peut-être 
par  une  autre  association  d'idées  symboliques.  Lors- 
que, en  397,  les  chrétiens  saccagèrent  et  démolirent 
le  Sérapéum  d'Alexandrie,  il  n'y  avait  pas  une  maison, 
nous  dit  un  auteur,  qui  ne  fût  décorée  de  bustes  repré- 
sentant le  grand  patron  de  la  cité  ;  on  en  voyait  sur  les 
murs,  dans  les  vestibules,  sur  les  portes  el  sur  les 
fenêtres  '.       Georues  Lafaye. 

SERI/V.  — La  séria  est  un  grand  vase  d'argile,  ana- 
logue au  pithos  et  au  doliiiin  [doluîm]  ',  mais  proba- 
blement plus  maniable  et  de  dimensions  plus  restreintes. 
Columelle  mentionne  des  aeriae  dont  la  capacité  m» 
dépassait  pas  sept  amphores  ^.  L'empereur  Héliogabalo, 
ayant  résolu  de  s'emparer  des  objets  sacrés  contenus 
dans  le  temple  de  Vesta,  mil  la  main  sur  une  aerin 
(ju'il  croyait  renfermer  ces  objets  ;  mais,  la  trouvant 
vide,  il  la  jeta  à  terre  el  la  brisa  ".  C'est  donc  une 
sorte  d'OLLA.  Dans  les  maisons  et  dans  les  fermes 
on  conservait  dans  ces  récipients  du  vin,  di;  l'huile, 
après  les  avoir  enduits  de  poix,  ou  bien  on  y  mettait 
des   matières  sèches,   du    froment,    des    salaisons,    des 


1  Classement  clironolngu(uc  ('■laljli  d'après  les  monnaies,  catalogue  des  mon,i- 
nients  du  mtme  lype  dressé  par  iMichaëlis,  L.  c.  V,  pi.  E;  S.  Heinncli,  /li'pert. 
ih  la  slalimre,  t.  II,  p.  IS-20;  Arcli.  An:eiger,  iSO.ï,  h.  54.  —  2  Liste 
Copieuse  dans  An^eUing,  L.  c,  (pli  met  en  première  ligne,  avec  raison,  les 
exemplaires  trouvé»  en  Egypte.  —  3  Marlirc,  Musée  de  Florence,  Zaunoni, 
Gallena  di  Firenzc,  ser.  IV,  t.  I,  pi.  xxxviii  =  Ufaye,  n.  27  ;  S.  Heinach, 
ll/pcrt.  Il,  p.  ÏO,  n.  (i;  Amelung,  n.  iii.  V.  encore  S.  Heinach,  n.  4;  Ainc- 
liiiig.  n.  tj.  Fréqucnl  sur  les  monnaies  et  les  gemmes.  V.  aussi  le  lias-relicf  du 
'■.  i.  lat.  VI,  .Ï72,  cl  surtout  Unckoronski,  SliUle  l'amplujlkns  (IS'Ji),  II,  p.  2ili. 
n.  17S.  1,0  sujet  vaudrait  une  étude  particulière.  —  *  Kulin.  Hist.  ceci.  II.  iO. 
KiniiacnAPiiii!.  Voyez  celle  de  l'article  isis  et  de  plus  ;  Jalilonski,  Panthéon  Acijijii- 
(io™mil7S0-l7.ïi),  I,  cap.  5  ;  II,  cap.  .1;  Creuzer,  Dionysus  (1809),  comm.  IV,  Dr 
■S'prapii/f  et  Jlncelio  Pelasgio,  p.  I7:i-;)0S  :  Ouigiiiaiit,  Smipis  et  son  origine,  (t.  V 
du  Tacilc  de  Durnouf,  p.  33 1-538).  ISi8  ;  l'Iew.  de  Sarnpiile  (1808);  Ueber  de,, 
Vispriini/  dis  Snrapis,  Jalirb.  [.  Pliilol.  CIX,  1S74,  p.  93-96;  Ovcrlieck,  Cr. 
Kmstmijllinlmjie,  IS71,  11,  p.  3115,  cap.  XV  Snrapis;  0.  I.uniliroso.  fiiccrrlie 
ales.inndi-ine,  Mem.  dclf  .\ecad.  Ji  Torino,  XXVll  (1873),  p.  189  ;  Krall,  Taciliis 
iind  der  Orient,  \,  Die  Herkunft  des  Srnpis,  1880;  nouclié-l.eclcrcrj.  Hist.  de 
In  dirinalion,  lU  (1880),  p.  377-394;  MicliaPlis,  Sn,'np:s  .Slandinrj,  Journ.  of  l,el. 
sledies,  VI  (18851,  p.  287;  VV.  Drcxicr,  N,„nis,n.  ZeitscUr.  XXI  |  ISS'J),  p.  1; 
Dietericli,  Ueber  den  Ursprung  des  Sarapis,  PUiloloijcnversammlu'ii/  m  n,'esden, 
Leipzig,  1897,  p.  31-33;  Bouclié-I.cclercri,  La  politique  Teliijieitse  de  Plolihaèe 
Soler  et  le  culte  de  Séi-apis,  /Ic't.  de  l'hisl.  d.  relii/ions,  XlA'l  (1902).  p.  I  : 
Wissowa,  Iteliijion.  u.  CuUus  d.  Ilimer,  1902,  p.292;  S.  Rcinacli,  Le  moulage  des 
statues  et  le  Sérapis  de  Hri/arii,  /lev.  arc/,.  Xt.l,  1902.  p.  5-21  ;  Amelung,  Le 
Snrapis  de  /triia-ris,  /lev.  arehéol.  1903,  II,  p.  177;  Lelimaun,  Sara/ms  coniru 
Ossrapis,  Heitriiije  ziir  alten  Geschichte.  IV  (190i),  p.   390;    Otto,  l'riester   a. 


fiiiils  *.    Ces  vases    clos    étaient    placés   sous   terre   ou 
dans  les  caves  ■'.       E.  Ponirii. 

SKRICIJM,  la  soie.  —  La  séricieulluri'  ne  l'iil  iiilrn- 
iluile  en  Europe  qu'au  milii'ii  du  vr' siècle  de  notre  ère: 
en  l'anni'e  ."'>;'>2  des  moines  persans,  sur  l'ordre  de  l'em- 
pereur .lustinien,  allèrent  cliercher  des  ceufs  de  ver  à 
soie  du  mûrier  (bombyx  mort)  h  cocons  blancs  dans  une 
région  que  Procope  appelle  la  Sérinde  elqui  correspond, 
semble-t-il,  au  Kliotan  des  modernes;  ils  les  rappor- 
tèrent à  Conslantinople,  les  firent  éclore,  élevèrent  h^s 
chenilles  en  les  nourrissant  de  feuilles  de  mûrier  el 
montrèrent  aux  Byzantins  à  dévider  les  cocons'.  Jusli- 
nien  réglementa  sévèrement  l'industrie  et  le  commerce 
de  la  soie,  organisés  désormais  en  monopole  d'État, 
sous  la  surveillance  du  préfet  des  Thesauri  ^ 

Bien  avant  cette  date,  les  peuples  du  bassin  de  la  Médi- 
terranée avaient  appris  à  connaître  et  à  utiliser  la  soie, 
mais  ils  la  faisaient  venir  de  la  Chine,  d'où  elle  est 
originaire.  C'est  le  commerce  de  ce  produit  de  luxe  qui 
donna  naissance  aux  premières  relations  entre  l'Extrême- 
Orient  et  l'Occident^  Le  nom  qu'il  portait  dans  l'anti- 
quité, TTjpixov*,  nericuin^,  indique  sa  provenance  ;  on  sait 
en  eiret  que  le  ver  ù,  soie  est  dit  en  chinois  suc  ou  .icr/i, 
en  japonais  .<>chi,  en  coréen  sir,  en  mongol  sirkek^;  le 
même  mol,  avec  le  même  sens,  réparait  en  grec,  sous  la 
forme  cvjp,  au  u'  siècle  ap.  J.-C,  dans  un  passage  de 
Pausanias  \  La  Serica  des  anciens  n'est  autre  que  la 
Chine,  le  pays  qui  produit  la  soie";  les  Scres  sont  les 
Chinois,  le  peuple  qui  la  fabrique  et  l'exporte'. 

Les  documents  de  source  chinoise  font  mention  de  la 
soie  dès  les  temps  légendaires  de  l'empereur  Fou-hi,  vers 
l'année  3000  avant  notre  ère;  ils  attribuent  à  l'impéra- 
trice Si-ling-chi,  en  '2G98,  l'invention  de  l'art  d'élever  les 
vers  cl  de  dévider  les  cocons  ;  depuis  lors,  à  toutes  les 
époques,  il  est  question  d'étoffes  de  soie  dans  l'histoire 
des  dynasties  indigènes,  mais  jusqu'au  viii"  siècle 
av.  J.-C,  la  fabrication  resta  étroitement  localisée  el  ne 
dépassa  pas  les  limites  de  la  province  du  Chan-toung,  au 
nord  du  fieuve  .laune'"  ;  dans  la  suite,  elle  s'est  propagée 
peu  à  peu  el  très  lentement  vers  le  nord-ouest  ^Chan-si  et 
Clien-si),  vers  l'ouest  et  le  sud;  elle  ne  devait;,'implanter 
dans  l'.Asie  centrale  et  la  Perse  qu'au  \'  siècle  ap.  J.-C.  ". 


Trmpcl  im  hellenist.  Àeijijptcn.  1903;  Uruppe,  G,-iech.  ifijlliol.  1900.  p.  15C3; 
Cumonl,  Les  relig,  orientales  dans  le  pai/an.  rom.  1907,  cliap.  i. 

SlilHA.  i  Tcrcnt.  Heautontim.  III,  l,  31  (460);  Colum.  XII,  18.  Voy.  Bccker- 
Giill,  Gallits,  III,  p.  419.  —  2  Coliim.  XII,  28.  —  3  l.amprid.  Elagab.  6.  Cf.  l'ers. 
Sut.  II,  U  (argent  caché  dans  une  séria  enfouie  sous  lerre),  —  *  Varr.  Iles  rnst.  III, 
2  ;  Colum.  XII,  18,28  et  53;  Digest.  \,,  lii.  200;  Pallad.  Iles  rasl.  IV,  10. 
—  5  T.  I.iv.  XXIV,  10. 

SKIIICUM.  I  ProcO|i.  (lell.  goth.  IV,  17;  Theophan.  ap.  Hhol.  Itihlintl,.  M. 
Bekkcr,  p.  20  a  et  37,  Zonar.  éd.  de  Paris.  XIV,  p.  69;  (ilycas,  Ann.  éd.  de 
Bonn,  IV,  p.  Soi.  Cf.  K.  Parisel,  Hist.  de  la  soie,  I,  p.  IS2-18.Ï;  C.  Voshida, 
ISntwickeUng  des  SeideuUaiulels,  p.  47-49.  —  '-  Procop.  Hist.  arc.  25;  Zachariac 
von  l.ingenthal,  Eine  Verordnimij  Justininn's  ûbcr  den  Seidenhandel  (d'après  un 
manuscrit  d'Oxford  conlenailt  le  texte  d'une  conslilution  grecr|ue  de  Justinien  sur 
celle  matière),  dans  les  Mém  de  CAcad.  des  sciences  de  StPiHcnbourg,  7»séric, 
ix,  1S05.  —  3  Voshida,  Op.  cit.  p.  VII.  —  4  Strah.  XV,  p.  693  ;  Per.  mnr.  ISrgth. 
49;  lidirt.  DiorM.  XXIII,  2,  etc.  —  3  Properl.  I,  14,28;  Martial.  IX,  38;  XI.  28; 
Ainm.  Marc.  XXIII,  0,  07;  .Snliii.  50;  Claudi:in.  h,  liulrop.i:  Isid.  Orig.  XVI. 
17,  C  :  27,  5,  etc.  —  '•  Klaproth  et  Abel  liéniusal,  dans  le  Jnni-n.  asiat.  II,  p.  243  si|.  ; 
Voshida,  Op.  cit.  p.  4.  —  ^  Pans.  VI,  26,  6.  —  8  Ptol.  VI,  10,  1,  3,  4,  6  ;  VII,  2, 
I  et  3  ;  VIII,  24,  1  et  i;  27,  2  ;  Amm.  Marc.  XXXIIl,  6,  67  et  OS.  -  9  Sirah.  XV, 
p.  701  ;  Pomp.  Mêla,  I.  1 1  ;  III,  60  ;  Plin.  iWat.  hist.  VI,  54  S(|.  cl  88  ;  Vil,  27  ; 
XII,  2,  17,27,  81;  XIV,  22;  XXXIV,  l-iô;  Ptol.  Loe.  cit.  ;  Paus.  VI,  22,  2  et  26,  6; 
Amm  Marc.  Loc.  cit.;  Liician.  Macrob.  3;  Eustath.  arf  Dionys.  Pcricg.  V,  753; 
Ilesych.  s.  v.;  Stepli.  Byz.  —  lOStan.  Julien,  Hésamé  des  principau.T  traités  chi- 
nois sitr  la  culture  des  milriers  et  l'édncation  des  rei-s  li  soie,  Parjs,  1837; 
P.->riset,  Op.  cil.  p.  11-18.—  H  Hilter,  E,-dkande,  VIII,  p.  69S  ;  l-issen,  Ind. 
Allerlhumskiinde,  1,  p.   309  ;  Voshida,  Op.  cit.  p.  42-47. 


SER 


—   1252 


SER 


1.0  commorco  d'cxporlalion,  lui  aussi,  a  commence  Irès 
liird.  Le  \ev  h  soio  dos  mûriers  do  l'indo,  auquel  fait 
allusion  le  Itainiujana,  appartient  à  une  espèce  à  cocons 
jaunes,  bien  dillércnle  du  ver  à  cocons  blancs  de  la 
Chine  septentrionale*.  Les  Ésçypliens  et  les  Hébreux 
ignoraient  les  soieries  -.  D'après  Tertullien  et  Procope 
les  vélerhonls  nalionaux  des  Mèdes,  i|ue  d('n-ivaioiil 
déjà  Hérodote  et  X('nophon,  étaient  <les  robes  de  soie'; 
mais  il  ne  devait  pas  en  être  ainsi  dès  l'origine  ;  la 
soie  fut  sans  doute  substituée  tardivement  à  la  laine, 
sans  que  l'on  changeai  la  forme  et  la  coupe  caractéris- 
tiques de  ces  vêtements '.  Le  premier  auteur  classiquequi 
parle  des  cocons  du  bombyx  et  des  tissus  qu'on  en  lire 
est  .\ristole,  dans  un  passage  peu  clair  et  probablement 
mutilé  de  son  Histoire  des  animaux",  qu'a  reproduit 
Pline  l'Ancien"  ;  le  nom  An  bombyx  rappelle  celui  du 
vase  à  boire  appelé  pou.6uÀ:dç  ou  ^o^ZùXt^  [bombylios]  et 
fait  allusion  à  la  forme  des  cocons.  H  fauL  attendre 
le  siècle  d'.\uguste  pour  trouver  chez  les  écrivains 
grecs  et  lalins  des  textes  explicites  sur  l'usage  des 
soieries  ^ 

A  côté  des  sericae  vestes  proprement  dites,  importées 
d'Extrême-Orient,  les  anciens  désignaient  sous  les  noms 
de  liOMBYCiNAE  VESTES  et  de  coAE  VESTES  dos  étolTes  plus 
ou  moins  analogues,  qui  venaient  d'autres  régions". 
Les  premières  étaient  fabriquées  surtout  en  Assyrie'; 
on  se  servait  pour  les  lisser  de  la  substance  que  sécrètent 
dilTéro nies  espèces  inférieures  de  bombyx'",  àrétalsau- 
vage  ou  domestiquées",  dont  les  cocons,  au  lieu  de  se 
laisser  dévider  comme  ceux  des  bombyx  mori  do  Chine, 
devaient  être  raclés  au  peigne'-;  la  matière  textile  ainsi 
obtenue",  grisàlre  ou  jaunàlre,  n'avait  pas  la  blancheur 
éclatante  de  la  soie  véritable.  Les  bombycinne  vestes 
n'ont  paru  pour  la  première  fois  dans  le  monde  romain 
qu'à  la  lin  de  la  République  ou  au  début  de  l'Empire  ;  Pro- 
porce"  et  Juvénal'"  les  citenl;  Martial,  à  plusieurs 
reprises,  vanle  leur  légèreté  et  leur  transparence'".  Les 
auteurs  d'époque  postérieure  qui  les  mentionnent  les 
opposent  nettement  aux  sericae  vestes,  plus  Unes  et  plus 
Ijrillanles".  Les  coae  vestes  ne  sont  autre  chose  que  les 
bombycinae  fabriquées  particulièrement  dans  l'île  do 
Cos'*:  elles  étaienl  faites,  elles  aussi,  avec  une  malière 
textile  tirée  du  Itotnbyx;  les  indications  d'Arislote,  qui 
déjà  les  signale  '"',  el  les  détails  que  donne  ensuite  Pline 
l'Ancien-"  no  laissent  aucun  doute  sur  ce  point  ;  toute  la 


I  Parisol.  Op.cit.yi.  2!M1.  —2  Unlcslcde  l'Ancien  Teslamcnt  (i'jccA.  XVI,  10  cl 
i:i)  a  Ht  i|uel.|uefois  inlcrpiclC  à  lorl  en  sens  contraire.  —  3  Terlull,  De  pnll.  M. 
(«hier.  IV,  p.  fiM  ;     l'rocop.    Bell.  pcrs.  1,  20.    —  *  ['.irisel.  Op.   cit.   p.   43-55. 

—  ■'  Arislol.  Ilist.  nnim.  V,  10.  —  C  l'ijn.  Xnl.  Iiist.  XI,  71.  7S.  —  7  Nolcz  ci-peiidanl 
rnic.ilès  la  lin  île  IVpoipie  ivpuliliraine,  d'apri's  Florus(lll,  II),  les  Uoni.iins  remrir- 
ipijreiil  les  diaiieauj  de  soie  d.s  l'arUies el  ipie  César,  an  lénioigna!;ede  Dion  Cassiii^ 
(XI. III,  ii,  a;,  aurait  rail  lendre  des  relu  de  0:0  ai\  dessus  du  Uléfilre  de  Homo. 
J.  Vales,  Textrinnm  anlhiiionini,  p.  lilO-i.'io,  a  fait  un  dépouillcnienl  romplel  el  un 
coiiiinenlairc   suivi    de   Unis   les    lc»les   hllOraires  anliipies    eoncernaiil    la  soie. 

—  »  l'arisel.  Op.  cil.  p.  (iisil;  Voiliida,  O/j.  cil.  p.  H-ii.  —  9  l'iin.  XI,  75-7ii 
(l'Assyrie  désigne  pcui-êlre  ici  le  nord  de  la  l'crsei.  Movers,  /Jie  Phnnizier,  II,  .l, 
p.  203  si|.  suppose  t|u'on  eu  faliri<|uail  aussi  en  Syrie;  t'roperee  (II,  3,  tô)  signale 
parliculicrcnienl  VAraliiita  iomhijx.  —  10  l'Iine  iXI,  77)  énuniêre  les  arlircs  sur  les- 
«(iiels  elles  vivent.  —  "  Voir  encore  des  diHails  sur  le  ver  à  soie  sauvage  ap.  Auson. 
lihjU.  M;  De  hislor.  U;  Avion.  936;  l'iudcnl.  Hamarliy.  28li.  —  <2  II  csl  peut- 
être  fail  allusion  à  ce  procédé  ap.  Vcrg.  Geury.  Il,  su  ■  Strali.  XV,  p.  fi'.i3  ;  l'Iin. 
VI,  54;  Sen.  Tr.  Uerc.  Oet.  M,-,  ;  Hippol.  3sn  ;  Sil.  liai.  VI,  4  ;  XIV,  (llit;  Dioiiys. 
IVrieg.  7.'ii;  Solin.  +9;  Ainni.  Marc.  XXIII,  ti,  07.  —  13  Isidore  de  Siville  (Orir/. 
XIX.  2i,  13)  l'appelle  bomhycinum.  —  H  propert.  Loc.  cit.  —  is  Juven.  VI,  iiiii. 

—  "••  Marli.al.  VIII,  33,  15  cl  CS,  7  ;  XIV,  il.  Uf.  Aleiplir.  I,  39,  4.  —  "  lIp. 
/)ifp-il.  XXXIV, 2,  i3,  I  ;  Cleni.  Alex.  PraeU.  Il,  10,  ||17;  Apul.  iletmn.  VIII.  iT  : 
Isid.    /.or.    cil.    Caesar.    ap.    Aci.    mncliir.    Jniiimr.    I,    p.   7.34,    l'iill.    VIII,    Tii. 

—  l«K.;skT, //e  loimiiln.  Ilallc,  IS33,p.  .)0s.|.  ;    Il    l;l;ii„iier,  tliii-er/,1.  1  Iml,,,!:., 


question  est  de  savoir  si  l'on  utilisait  dans  les  manu- 
factures de  Cos  une  matière  brute  importée  d'Asie  ou,  au 
contraire,  les  sécrétions  d'un  bombyx  indigène-';  la 
seconde  hypothèse  est  de  beaucoup  plus  vraisemblable. 
On  appréciait  surtout  ces  étoffes,  au  moins  dans  certains 
milieux,  à  cause  de  leur  extrême  transparence;  elles 
viiilaiiMil  à  peino  les  IVirmos  du  eor])s  ;  les  moralistes 
s'en  indignent--;  les  poètes  nous  apprennent,  on  outre, 
qu'elles  étaient  très  peu  épaisses-%  qu'on  les  teignait 
souvent  de  pourpre-'  ou  qu'on  y  appliquait  des  brode- 
ries d'or-^  et  enfin  qu'elles  coulaient  très  cher-''.  Ce 
qu'il  y  a  de  plus  remarquable,  c'est  que  tous  les  textes 
qui  les  concernenl,  sauf  celui  d'Arislote  ^\  appartiennent 
à  la  même  époque:  le  temps  d'Auguste  et  des  premiers 
empereurs  ;  après  Pline,  aucun  auteur  ne  prononce 
même  plus  leur  nom  -'.  Elles  semblent  avoir  entière- 
ment disparu  du  monde  romain  à  partir  de  la  fin  du 
i"  siècle  de  notre  ère,  c'esl-à-dire  précisément  à  partir 
du  moment  ou  la  mode  des  soieries  chinoises  achevait  de 
s'imposera  l'Occident;  les  étoffes  de  Cos  ont  moins  bien 
supporté  encore  que  les  autres  bombycinae  vestes  la 
concurrence  écrasante  des  sericae. 

Sur  la  nature  de  la  vraie  soie  blanche  d'Extrême- 
Orient,  les  Grecs  et  les  Romains  n'ont  eu,  jusqu'au 
temps  de  .lustinien,  que  des  notions  1res  imparfaites.  En 
général,  ils  ne  se  doutaient  pas  qu'elle  était  extraite, 
comme  le  tissu  des  bombycinae  et  des  coae  vestes,  des 
cocons  d'un  bomby.r.  La  plupart  des  auteurs  la  croyaient 
d'origine  végétale;  les  uns  y  voyaient  une  sorte  de 
byssus  tirée  de  l'écorce  des  arbres'-",  les  autres  un  duvet 
recueilli  comme  le  colon,  sur  les  feuilles".  Pausanias 
le  premier  déclare  que  la  soie  des  Sères  est  le  pro- 
duit, non  pas  d'une  plante,  mais  d'un  ver;  il' décrit 
les  soins  minutieux  dont  on  entoure  ce  ver  pour  assurer 
sa  croissance,  ainsi  que  les  mues  successives  qu'il 
subit"  ;  après  lui,  quelques  écrivains  chrétiens  ont  rap- 
pelé incidemment  avec  mépris  que  les  soieries  magni- 
fiques dont  s'enorgueillissaient  les  riches  étaienl  dues 
au    travail  misi'rable    d'un   ver. 

La  soie  chinoise  a  été  importée  dans  le  monde  romain 
de  trois  façons:  d'abord  et  surtout  sous  forme  d'étoll'es 
de  soierie,  oOdvia  cripixà''-,  sericae  vestes";  puis  sous 
forme  de  fds,  vT,[ji.x(r7iptxdv",  sericum  neina'",  enfin  sous 
forme  de  soie  grège,  matière  brute  non  encore  préparée 
pour  la  loinlure  et  le  tissage,  [ji.ÉTa;a"'  ou   meta.ca^'. 


p.  4S-.iO.  —  19  Arislol,  Hist.  nnim.  V,  19.  —  20  plin.  XI,  7C.7R.  —  21  Elle  a  élé 
soulevée  par  Saiiinaise,  In  Tcrtnll.  liùrum  lie  pall.  nolae,  Paris,  Uiii,  p.  ISl  sq,, 
et  Pliniiiniie  CTei-cilnl.  Paris,  li;29,  p.  i96  sq.  Voir  en  dernier  lieu  lexposé  el  la 
discussion  des  dilTérenls  syslôines  en  présence  ap.  Yosliida,  Z.of.  cit.  —  22Horal. 
.Snt.  I,  S,  101  ;  Plin.  XI, 76;  Sen.  rontiov.  Il,  13,  7  et  15,4;  /l'.re.  Conlroi'.  11,  7; 
/;,  Innef.  VII,  9.  5;  Consul,  ail  lleh'.  III.  4;  Epist.  90,20.  —  23  rihull.  II,  3,  .-if; 
lioport.  I,  2,  2.  —  'il  Propcrl,  11,  1.  5  ;  Horal.  (nrm.  IV,  13,  13.  —  25  Tibull.  Lnc. 
cil.  —  26  Propert.  V,  .'i,  55.  — 21  Vairon,  cité  par  Pline  (IV,C2).  y  faisait  pcnl-élre 
allusion,  en  conrondani  Cos  avec  Céoe.  —  '28  A  l'exception  d'Isidore  de  Séville, 
Ctriii.  XIX,  22,  13,  mais  Isidore  ne  fait  ipie  copier  Pline.  Voir,  sur  les  cnnc  vestes, 
outre  les  lexles  déjà  cités  plus  liaul  :  Tiliull.  11.  3,  53  et  4,  29  ;  Propert.  I,  2,  2  ;  11, 
1,  5;  V,  5,  2î;  Oviil.  .\rs  OM.  Il,  29S  ;  Juven.  VIII,  101.  —  29Slrali.  XV,  p.  (IK!  ; 
Clandian.  /'«««/.  dict.  Irobitio  el  lllyin-iocus.  consul.  179- ISO.  —31  Veig.  Georg.  Il, 
121  ;Scn.Tr.  Hvrc.  Œt.  f.07  ;  l'Iin.  VI,  54;  Amm.  Mare.  XMll,  C,  f.7.— 31  Paus. 
VI,  20,  I)  sc|.  —  32  Prr.  mur.  En/th.  56  el  64  ;  Suid.  .s.  r.  Sut.xii  :  Eiif  x*  înàTi». 
—  33Scncc  Epist.  90,  15  ;  Maician.  Dii/est.  XXXIX,  4,  16,  7  ;  IJist.  .Uig.  Ale.T.  -Ser. 
40,  1  clc— 3W'tr.  .1/nr.  ft-l/(/i.  39.  49,  64;  Galen.  .1/W/l.  merf.  X III,  22  ;  Basil. //e.ro- 
heni.  p.  79  éd.  liened  ;  Joli.  Clirysosl.  /Jom.  49  in  Mnltli.  ;  Suid.  Loc.  cit.  —  35  Mar- 
cian.  Loc.  cit.;  Am.u.  Marc.  XXIII,  0,  68  :  fda.  —  3i;  Edict.  Dioclet.  XXIV,  1  n, 
ljitTa;aCÀitTi;,  Soie  lirule  loin  le  de  pourpre  ;  Procop.  /îett.pers.  I.  20  ;  llcsycli.s,  v.  Eijpïi. 
I.'auleurdii  l'er.mnr.  /iii/(/i.6V  oppose  l'rji>.v,  il  l'oOiviov  et  au  vii;i».  —  '31  Marcian. 
Ane  cil.  ri  ml.  Tliinil.  X,  20.  1 3.  Ce  mot  so  Iroiive  déjà  dans  l.ueilius,  (iili  ma(<i,rn/H 
(ap.  IVsl  p.  ir,.-i,  s.  r.  ruUiisl  ol  dans  VihMne  |V11,  3,  i|,  avec  le  sens  de  cordage  roulé. 


SER 


—  1233  — 


SER 


Au  !"'■  (H  au  ir  siùcle,  à  la  suite  dos  prof^ri-s  momon- 
lanés  (lo  la  domination  cliinoiso  dans  la  diroctiou  dô 
rOccidenl,  aux  confins  de  la  Scylhie  d'Asie,  le  grand 
inarclié  de  la  soie  était  le  pays  des  Issédons  (Turkestan 
chinois),  avec  les  deux  villes  frontières  d'issédon  Serica 
(Kholan)  et  d'Issédon  Scythica  (Kachgar^  ;  c'est  là 
qu'aboutissait  la  route  des  négociants  chinois,  venus 
des  pays  producteurs  du  nord  (Chan-toung,  Clien-si  et 
Chan-si),  aux  environs  de  leur  capitale.  Sera  melropolis 
(Si-ngan-foa);  c'est  de  là  que  parlaient  les  deux  princi- 


de  rinlormédiairc  des  Parllios  ;  Macs  fit  reconnaître 
toutes  les  étapes  et  relever  cxaclemenl  les  distances; 
Ptolémée  a  eu  communication  de  son  rapport  et  s'en  est 
inspiré'  ;  le  point  de  départ  des  caravanes  était,  auprès 
d'Issédon  Scyl/iicn,  le  lieu  dit  de  la  Tour  de  pierre,  d'où 
il  fallait  encore  sept  mois  de  voyage  pour  gagner  la  rapi  - 
laie  des  Sères;  la  route  traversait  le  i>ays  monlagneux 
des  Comedae,  s'infléchissait  vers  lo  sud  pour  passer  à 
Bactres,  puis  à  Hecatompylos  et  aux  Portes  Caspienncs  ; 
elle  traversait  la  Médie  et  l'Assyrie  avant  de  rejoindre 


C».  BONH€.SSC(/Jt 


pales  routesvcrsle  bassin  méditerranéen,  suivies  d'abord 
par  les  négociants  orientaux,  babyloniens,  syriens  ou 
égyptiens',  puis  par  les  négociants  grecs  (fig.  6370)*.  La 
route  de  l'Indus  est  décrite  déjà  dans  le  Périple  de  Ui 
mer  Erythrée'^  ^  rédigé  par  un  Grec  d'Alexandrie  à  la  fin  du 
règne  de  Néron:  les  marchandises  ('l:iient  dirigées  sur  la 
ville  de  Minnagara,  entrepôt  de  l'inti-rieur  et  einl)ar((ui''es 
à  Harbaricon  pour  les  ports  babyloniens  du  golfe  Pi'r- 
sique  et  les  ports  égyptiens  <le  la  mer  Uouge.  I,a  route  de 
l'Euphrato  fut  explorée  au  ii'  siècle  par  un  marchand  de 
Syrie  nommé  Macs  Titianus,  qui  essaya  de  nouer  des 
relations  directes  avec  l'Asie  centrale  en  s'all'rancliissant 

1  Jusfju'k  une  èpoi|uc  1res  lardive  les  maniiractures  tic  Bcrylc  et  de  Tyr 
(r*roco|).  H'xit.  arc.  ISt  cl  sans  doute  aussi  celles  de  Babylouc  et  d'Alciandric 
ont  conliiuié  à  ral>rîi|ucr  des  soieries  avec  les  fils  de  soie  et  la  soie  ^i'è»iï 
des  Sères.  Sur  les  Tyriens  i|ui  Taisaient  le  commerce  de  la  soie,  cf.  Ilicroiiym. 
Jii  Etfeh.  57;  WaildinRlon,  n°  ls5i  c.  —  2  Sur  le  Iracé  des  voies  de  la  soie 
en  général,  voir  de  Guignes,  dans  les   Mém.  de  l'Àrail.  ,/is   Inscr.    .WXll.    170s 


l'Euphrate.  Ptolémée  connaît  une  autre  roule  de  la  soie, 
celle  du  Gange^  qui  aboutissait  au  marché  de  Palibo- 
Ihra  et  qui  se  rattachait  par  le  fleuve  Bautisos  et  le  pays 
des  Bautae  (Thibet  oriental),  non  pas  à  la  Se?Yi  metroiiolis 
du  nord,  mais  aux  provinces  occidentales  de  la  Chine 
(Szé-tcliouen),  où  la  sériciculture  était  aussi  très  déve- 
loppée; à  cette  date.  Une  quatrième  route,  toute  mari- 
time, est  indiquée  par  Pausanias:  pour  lui  la  soie  vient 
de  l'île  Séria,  au  fond  de  la  mer  Erythrée,  à  l'embouchure 
du  fleuve  Ser",  il  veut  parler  évidemment  du  Toiikin 
et  du  delta  du  fleuve  Uouge,  où  Ptolémée  plaçait  le 
peuple  des  Sinae,    voisin  des   Sères,  avec  leur  port  de 


p.  3.">5-370;  Pardessus,  Ibid. 
p.  102-124;  Riclllhofcn,  Chi 
\\  Vi  'al  de  la  Blaclie,  dans 
p.  *ljS-409  et  47t  4S0  (.ive< 
—  l  mol.  1,  II,  «si|.  Cf.  Anu 
VI.  iù,  S-lli. 


nouv.  sér.  XV,  IS42,  p.  1-27;  l'ariset,  O/..  cil. 
na,  1,  p.  488  sq.  ;  Vosliida,  Op.  cil.  p.  2V3(l  ; 
les  Comptes  rendus  de  l'Acod.  des  /nscr.  I*9f., 
une  carie).  —  »  Per.  mar.  Er.  3»,  39,  il. 
11.  Marc.  X.\lll,  C.  00.  —  5  Plol.  I,IT,  4.-6  Haus. 


SER 


{2U 


SER 


Cattigara'  ;  d'après  les  documonls  chinois,  en  l'année  1G6 
(le  notre  ère,  une  ambassade  envoyée  par  le  roi  de  Talsin 
(l'Hlmpereiir  romain)  aurait  ahordé  au  .li-nan  (Tonkin);  il 
s'assit  1res  cerlainemeni  d'une  tenlalive  analogue  à  celle 
de  Maes  Tilianus,  faite,  sans  aucun  caractère  officiel, 
par  des  négociants  sujets  de  Home,  habitant  la  Syrie  ou 
l'Egypte,  pour  ouvrir  de  nouveaux  débouchés  au  com- 
merce de  la  soie  :  juste  à  ce  moment,  les  guerres  de  Rome 
avec  les  Parthes  et  le  recul  de  la  Chine  vers  l'Est  compro- 
mettaient la  prospérité  du  marché  des  Issédons  et  des 
roules  de  l'Euplirate  et  de  l'Indus.  Une  seconde  ambas- 
sade est  mentionnée  en  :22G.  Ces  premiers  essais  de  rela- 
tions maritimes  entre  la  Chine  et  l'Occident  n'ont  pu  don- 
ner naissance  à  un  courant  suivi  d'éciianges  et  les  autres 
routes  restèrentseules  fréquentées  jusqu'au  moyen  àge^. 

Le  terme  général  sous  lequel  on  désignait  au  début 
les  vêtements  de  soie  dans  le  monde  romain  était  celui 
de  sericae  vestes.  Dès  le  i"  siècle  de  notre  ère,  ces  vêle- 
ments furent  très  recherchés  à  Rome  par  les  femmes  et 
tout  particidièrement  par  les  princesses  de  la  famille 
impériale^;  une  inscription  nous  fait  connaître,  sous 
le  règne  d'Auguste,  le  nom  d  une  esclave  de  Marcella, 
Thymele,  qui  était  siricarin  S  c'est-à-dire  chargée  du 
soin  do  sa  garde-robe  de  serirne  vestes.  Les  hommes  ne 
tardèrent  pas  à  porter,  eux  aussi,  des  robes  de  soie  ;  sous 
le  règne  de  Tibère,  en  l'an  16,  un  sénatus-consulte  leur 
interdit  vainement  d'en  faire  usage'' ;  Caligula parut  lui- 
même  en  public  avec  un  pareil  costume''.  On  se  servait 
également  de  la  soie  pour  faire  dos  couvertures  et  des 
coussins'.  Les  marchands  de  soieries  s'appelaient  se/'/- 
cariP  ou  siricariP,  nerjotinntes"'  ou  ner/otintnres'^ 
sericarii,  en  grec  driptxoirocot '^  ou  a-isvixapioi'' ;  beaucoup 
d'entre  eux  étaient  d'origine  orientale,  syrienne'*  ou 
juive  '^.  Les  institores  f/eminaruin  sericarumr/ite  ves- 
tinm  que  mentionne  Sénèque"'  faisaient  le  commerce 
de  détail  et  le  colportage. 

Il  ne  semble  pas  que  les  étoiles  qui  avaient  cours  en 
Occident  avant  le  m"  siècle  fussent  entièrement  en  soie. 
Selon  toute  apparence,  tant  que  l'on  n'importa  pas  régu- 
lièrement en  Europe  les  fils  de  soie  non  tissés  et  la  soie 
grège,  les  tissus  chinois  furent  traités  comme  une 
matière  première,  et  retravailh's  à  leur  arrivée  :  ils 
subissaient  l'opération  du  pnr/iinrje,  qui  permettait  do 
dissocier  les  fds  de  soie  et  ensuite  de  les  teindre  et  de 
les  tisser  à  nouveau,  en  y  mêlant  du  lin  ou  du  coton  ;  on 
obtenait  ainsi  des  étolTes  à  la  fois  moins  chères  et  moins 
lourdes  ''^ .  C'est  seulement  au  m'  siècle  qu'il  est  question 
de  vêtements  entièrement  en  soie,  holnsericne  vestes, 
auxquels  s'opposent  les  vêtements  de  demi-soie,  les 
sérielle  restes  de  l'épiique  iirécédenle,  app(>lées  désor- 


1  Ptol.  VII,  3.  I,c  Périple  de  In  mer  Erijlhn'e,  04,  p.irlc  des  Tliinne 
peuple  do  l'iiili  rieur  des  lencs,  silui!  1res  loin  vers  le  nord  ;  c'esl  do  chez  eux 
i|uc  viendrait  la  soie  eiporléo  du  délia  de  l'Indns.  —  2  ALel  Hémusal,  dans 
les  Uém.  defAcinl.  îles  /user.  VIII,  Ui",  p.  124  st|.:  I'.  Ilirlli,  dans  la 
lleogra/ik.  Zrilsihr.  I»9f.,  p.  414-44'J  ;  I'.  Vidal  de  la  lilaclie,  dans  lis 
Comptes  rendus  de  l'Acad.  des  Inscr.  ISO",  p.  ."j^O-fii".  —  3  Martial.  XI,  S,  .'i. 
Pour  le  11'  sii^cle  cf.  Ilinl.  Aiig.  J/.  Aiil.  phil.  17.  4.  —  4  Corp.  inscr. 
lutin.  VI,  98!)3.  —  S  Tacit.  Ann.  Il,  :i:i  ;  Ilio  Cass.  I.VII,  l.ï,  I.  —  G  Suet. 
Calif/.  ôi;    Dio  Cass.  I.IX,  ïli.lo.   —7    l'ropcrt.     I,  14.    li;  Martial.   III,  8i.  7. 

—  »Corp.  inscr.  lalin.  VI,  '.IS'.H.  —  »   /l,id.  XIV,  3711.3712.  —  10 /ft,-,(.   VI,  9C7S. 

—  11    Ibid.    XIV,    2793,    2812.    Martial    {XI,    27,     II)  parle    .le   marchands    de 
soie  lixis  à  Home  dans  le  vient  Tusciis.  —  l^A  Naplcs,  Corp.  inscr.  yraec.  n"  .Ï834 

=  Kaihel,  n"  ~K5,  (Bœckh  corrigeait  à  tort  v,i;.ixoiï',io;  en  <r-jptYvo-«i^O. ^^^  Kéryle, 

WaddiuKton,  ii*  !S54.  —  1^  Corp.  inscr.  ijracc.  Loc.  cit.  ;  Hieronym.  tn  Ezech.  27. 

—  I  •  Waddinslon,  Loe.  cit.  —  16  Tlieophr.  ap.  Sencc.  fr.  1 3,  .ï2.  —  "  J.  Maripiar.lt. 
Vit'  privée  des  Humains,  Irad.  franc.  Il,  p.   130.  —  Is  Voir,   outre    les   Icxics  de 


mais,  pour  éviter  toute  confusion,  siihsericae  ou  trninn- 
.seririie  restes,  dans  lesquelles  la  trame  seule  du  tissu 
est  en  soie  et  la  chaîne  en  une  autre  matière,  lin  ou 
laine'*.  D'après  l'Histoire  Aiii/itsle,  h'iagabal  serait  le 
premier  qui  ait  porté  k  Rome  une  liolnseriea  vestis  ''; 
ses  successeurs  se  refusèrent  à  suivre  son  exemple"-'"; 
l'empereur  Tacite  interdit  même  ce  costume  aux 
hommes^'.  En  revanche,  et  bien  que  la  soie  valût  alors 
son  pesant  d'or  -'-,  l'emploi  des  subsericae  restes  se 
répandit  de  plus  en  plus,  aussi  bien  parmi  les  hommes 
que  parmi  les  femmes'-^  les  empereurs  en  faisaient  des 
distributions,  à  l'occasion  des  jeux  et  des  représentations 
théâtrales  ou  musicales  '-^  L'édit  de  Dioctétien  sur  le 
maximum,  en  301,  témoigne  des  progrès  du  luxe  et  de 
la  faveur  que  rencontraient  alors  les  liolosericae  et 
subsericae  vestes;  il  est  question  de  ces  vêtements  dans 
cinq  ciiapilres  différents  de  l'édit.  On  faisait  en  soie  et 
en  demi-soie  des  dalmatiques  d'hommes  et  de  femmes  et 
des  vêtements  de  dessous  à  bande  de  pourpre  ou  sans 
bande  ^'*;  ces  derniers  étaient  ornés  souvent  de  broderies, 
exécutées  par  les  plumarii-'^;  les  barbnriearii  appli- 
quaient sur  la  soie  des  broderies  d'or  plus  ou  moins 
fines:  leur  salaire,  estimé  à  la  tâche,  variait  selon  la 
qualité  du  travail".  Dans  l'édit,  le  ceipixâoio;,  sericarius, 
est  l'artisan  qui  tisse  la  soie;  il  est  payé  à  la  journée; 
celui  qui  fabrique  des  subsericae  vestes  et  celui  qui 
fabrique  des  holosericae  vestes  unies  louchent  vingt- 
cinq  deniers  par  jour,  celui  qui  lisseles/iolosericae  vestes 
h  carreaux,  scutulalae-',  quarante  deniers-'.  En  30t,le 
prix  maximum  de  la  livre  de  soie  blanche,  c'est-à-dire 
d'origine  chinoise,  était  fixé  à  douze  mille  deniers'".  Les 
ouvriers  qui  procédaient  au  moulinage  dos  écheveaux  de 
soie  importés  d'Asie,  c'est-à-dire  qui  déroulaient  les 
pelotes  embrouillées  pour  les  relisser,  gagnaient 
soixante-quatre  deniers  par  livre".  On  teignait  la  soie 
en  ])Oiirpre  ;  la  livre  de  soie  grège  teinte  avec  la  pourpre 
de  la  meilleure  qualité  [blattii),  la  seule  que  l'on  utilisai 
dans  ce  cas,  la  ^i.eTi.lixO,iTT-r^''-,  ne  coûtait  pas  moins 
de  cent  cinquante  mille  deniers  la  livre;  la  soie  pourpre 
valait  douze  fois  et  demie  plus  cher  que  la  soie  blanciie 
et  trois  fois  plus  cher  que  la  meilleure  laine  pourpre; 
d'autre  part,  on  ajoutait  des  bordures  et  des  b.andes  de 
pourpre  aux  vestes  holosericae  et  subsericae". 

Malgré  l'élévation  des  prix,  la  soie  blanche  ou  pourpre 
continua  sous  le  Bas-Empire  à  tenir  une  place  de  plus 
en  plus  grande  dans  l'habillement  des  anciens^*.  Ammien 
Marcellin  prétend  que  même  les  gens  de  médiocre  con- 
dition l'avaient  adoptée'";  il  signale,  sous  le  règne  de 
l'empereur  Julien,  le  développement  croissant  de  l'in- 
dustrie et  du  commerce  de  la  soie^'^.  .\u  leinps  de  Sym- 


Vflisloire  Aiu/nstc  cités  ci-des.«OHS  :  Isid.  Orig  XIX,  22,  14;  Leont.  Adr.  i\eslur. 
ap.  Mai,  .Se.  i;i(.  iv(.  i.oiw  coït.  IX,  p.  I'.i7.  —  1»  ffis(.  Aiiy.  IClitij.  211,  I.  —  :!0  1,1. 
Alex.  Ser.  40,  1  ;  Id.  Anrel.  45,  4.  —21  |d.  Taeit.  ID,  4.  —  22  Id.  Aurel.  4.ï,  4  : 
une   livre  de  soie   vaut   une  livre  dor.    -  2-  Dio  Cass.  XMII,  24:  .Solin.   50,  3. 

—  21  llisl.  Auq.  Carin.  I'.l,  3  ;  Kl.  6(«ii'/.  17,  C.  —  2.".  Edict.  Oioclel.  XIX,  10-14 
(éd.  Momnisen-Iiliimilcr,  p.  150);  XXII,  8-15  (p.  ICO-llil).  —21!  /*(,/.  XX.  1-2 
/p.  157).  —  21  /liid.  XX,  7-8  (p.  1-.7).  Il  est  rail  .nllusion  à  une  lunii|ue  brod.e 
dor  dans  17/k(.  Ahij.  Donos.  15,  8.  —  28  Voir  sur  le  sens  de  ce  mot  ;  Juven.  Il, 
'J7  ;  Censorin.  fr.  7  ;  Plin.  VIII,  193  ;  Prudent.  Hamartiij.  2S9.  Cf.  Cod.  Iheod.  XV. 
7,  li  :  scululatne  et  rariis  coloribus  sericae.  —  2'j  Edict.  Dioclet.  XX,  0-11 
(p.  158).  —  30  Itjid.  XXIII,  1  (p.  161-102)  —  31  Ibid.  XXIII,  2  (p.  102-163  :  le  sens 
d.ï  l'expression  toU  x^  ffïn'".'»^  Vùou»tv  est  obscur  et  discuté).  —  32  Hist.  Aug.  Aiirel. 
45,  5  :  pallium  btattenm  sericum  ;  Cod.  Theod.  X,  20,  18  :  blalta  serien;  Cod. 
Jiist.  XXXI,  8  (7),  10  :  sericoblalla.  —  ^^i  Edicl.  Ilioelet.  XXIV.  1  n,  13-1:1  (p.  \i,i 
et     106).   —    3V   Parisct,  Op.    cit.   p.    |ili-i:5.  —    '•■   Amm.    .Marc.     NXlll.  il,  tl7. 

—  36  Id.  XXll.  4,  ô. 


SER 


—    l2o3  — 


SER 


niaque  ce  ne  soiil  plus  seulement  des  siihsericae  vestes  ', 
mais  aussi  des  liolosericue  que  l'on  distribue  aux  jeux-; 
Macarius  note  que  les  courtisanes  portent  desôÀ&^jTipixi^. 
b'après  saint  Jérôme,  ceux  qui  ne  se  servent  pas  de 
vêlements  de  soie  sont  regardés  comme  des  moines  *. 
C"estenvain  que  les  Pères  de  l'Église  protestaient  contre 
cet  engouement;  les  Gaulois  et  les  Barbares  eux-mêmes 
partageaient  le  goût  des  Komains  et  des  Byzantins.  La  loi 
de  383,  qui  détend  aux  mimes  de  porter  des  sitjillata 
serica  el  des  soieries  brodées  d'or,  leur  permet  le  porl 
des  soieries  unies  el  n'impose  aucune  restriction  aux 
autres  femmes  \  Les  empereurs  exploitaient  à  leur  propre 
bénélice  les  pencliants  de  leurs  sujets;  une  série  de  lois 
réserva  expressément  aux  ateliers  ou  gynécées  impé- 
riaux l'industrie  de  la  soie,  exercée  maintenant,  à  côté 
des  sericarii,  par  les  holosericopralae  "  el  les  nietaxa- 
rii  '  :  ù  partir  de  369  les  gynécées  ont  seuls  le  droit 
de  fabriquer  les  étofl'es  tissées  d'or  et  de  soie  *  ;  en  406, 
Arcadius  exige  qu'on  leur  livre  à  l'avenir  toute  la  soie 
grège  et  toute  la  soie  teinte  en  pourpre  qui  entreront 
dans  l'Empire  ^  ;  en  424,  Théodose  II  interdit  aux  parti- 
culiers de  fabriquer  des  vêtements  de  soie  el  ordonne 
d'apporter  au  Trésor  lous  ceux  qui  existent  déjà  '".  La 
main  mise  de  l'État  el  les  complications  extérieures 
firenl  naître,  pendant  le  règne  de  Juslinien,  une  crise 
1res  grave".  Les  guerres  entre  l'Empire  et  la  Perse  arrê- 
tèrent l'importation  des  matières  premières;  les  soieries 
devinrent  extrêmement  rares  el  atteignirent  des  prix 
considérables;  Juslinien  crut  pouvoir  tixer  d'office  leur 
valeur  maxima  à  8  sous  d'or  la  livre.  Les  marchands 
renoncèrent  à  un  commerce  qui  les  ruinait;  ceux  de  Tyr  et 
de  Béryle  fermèrent  leurs  magasins,  el  beaucoup  d'entre 
eux  s'expatrièrent  en  Perse,  tandis  que  le  cornes  lurgi- 
tionuni,  de  qui  dépendaient  les  ateliers  impériaux  el 
qui  n'était  pas  tenu  d'observer  le  tarif  maximum,  vendait 
la  soie  teinte  ordinaire  jusqu'à  6  sous  d'or  l'once,  soil 
72  sous  d'or  la  livre,  el  la  soie  pourpre  quatre  fois  plus 

1  Sinira.icli.    Kpisl.    5,    iO.    —    2    Ibid.   4,   S.    —    3     JJacar.    Homil.    17,    9. 

—  S    Ilicronym.    lipisl.    XIX,    Ad   ilarcell.    —    5    Torf.     Thuod.    XV,    7,    11. 

—  0  Curp.  inscr.  lalin.  VI,  '.1893;  Marjui,  Fapiri  diplomal.  n»  LXXIX, 
p.  113.  —  '•  Cod.  Justin.  VIII,  13  (l*|,  il.  —  «  Cod.  Theod.  X,  21,  I;  Cad. 
Jinlin.  XI,  8.  —  »  Cad.  Thod.  X,  iO,  13  ;  Cod.  Justin.  .M,  7.  10.  —  I»  Cod. 
Theod.  X,  il,  3  ;  Cod.  Justin.  XI,  8,  4.  —  n  Nous  la  connaissons  par  Procope, 
Hist.  arc.  i5.  Cf.  Parisct,  Op.  cit.  p.  179-182.  —  Bibuociuphie.  De  Guignes, 
Réflexions  générales  sur  les  liaisons  et  le  commerce  des  Jtomains  avec  les  Tar- 
tares  et  les  Chinois,  dans  les  Mém.  de  l'Acad.  roy.  des  Inscr.  XXXII,  I76S, 
p.  355-370  :  d'Anville,  liech.  ijéogr.  et  histor.  sur  la  Sërique  des  Anciens,  ibid. 
p.  573-626  ;  Ilccrcu,  Jdeen  ùber  Potilik,  den  Verkehr  und  den  Bandel  der  ror- 
nehmst.  Vôlker  des  Alterl.  I,  1,  UfiUingcn,  1793,  2"  éd.  IS26  ;  Mougcz,  Jiech. 
sur  les  ftubillemrnts  des  anciens,  dans  les  Mém.  de  l'Institut  de  /''rance,  classe 
d'hist.  et  de  littér.  IV,  1818,  p.  iii-3H;  LaUcille,  Éclaircissement  de  quelques 
passnyes  d'auteurs  anciens  relatifs  à  des  vers  à  »oie,  daus  les  Annales  des 
sciences  naturelles,  XXIII,  1831.  p.  .^S-8i;  Slan.  Julien,  Bésumè  des  principaux 
traités  chinois  sur  la  culture  des  mûriers  et  l'éducation  des  vers  à  soie, 
Paris,  1837;  K.  Killcr,  Erdkunde,  VllI,  Berlin,  183s,  p.  679-710;  Pardessus, 
Mém.  sur  le  commerce  de  la  soie  chez  les  anciens,  dans  les  Mém,  de  l'Acad.  des 
Jnacr.  XV,  1"  partie,  1842,  p.  1-27;  J.  Yales,  Textrinum  antiquorum,  Londres, 
1843;  Franc.  Michel,  Hecherches  sur  le  commerce,  la  fabrication  et  l'usage  des 
étoffes  de  soie...,  Paris,  1852-1854;  F.-C.  Movers,  Die  Phônizier,  11,  3,  Berlin, 
1856,  p.  263  sq.;  F.  Bock,  Gesch.  der  Uturijiscken  Oewânder  des  Mitletalters, 
Bonn,  1856-1871  ;  Lassen,  Indische  Alterlumskande,  I,  2"  éd.  Leipzig,  1858, 
p.  369-375.  Semper,  Der  Stil  in  den  technischen  und  lekionischen  Kûnsten,  1, 
Textile  Kunst,  Francfort,  1860  ;  E.  Pariset,  Histoire  de  la  soie,  I,  Paris,  1862  ; 
J.-T.  Keinaud,  Relat.  polit,  et  commcrc.  de  l'Empire  romam  avec  l'Asie  orient. 
Paris,  1863  ;  Zachariae  von  Lingcnllial,  JSine  Verordnung  Justinian's  ùber  den 
Seidenhandel,  dans  les  Mém.  de  l'.iead.  des  sciences  de  St-Pétersboury,  1"  série. 
IX,  1865;  B.  Biichsenschutï, //if  Uauptstûtten  des  Gewerbfleisses  im  klass.  Al- 
tert.  Leipzig,  1869;  H.  Bliininer,  ùie  gewerbliche  Thrlligkeit  der  Vôlker  des  klass. 
AUert.  Lci|izig,  1869,  el  Technol.  und  Terminol.  der  Gewerbe  und  Kûnste  bei 
Griechen  und  Jtiimem,  1,  Leipzig,  1875,  p.  190-193;  Riclithoren,  CUmn,  I  Berlin, 
1877;  Becker-Gôll,  Chartkles,  III,  Berlin,  1878,  p.  238  si|.  el  Cattiis.  III,  Berlin, 
1882,  p.  283  sq.;  J.  Hcdde,  Itépertoire  sérilechnique  et  éphéméride  de  la  pro- 


cher.  L'introduction  à  Constantinople  de  la  culture  du 
ver  à  soie  du  mûrier  à  cocons  blancs  vint  heureusement, 
peu  de  temps  après,  mettre  un  terme  à  celte  situation 
difficile  el  ouvrir  une  ère  nouvelle  dans  l'histoire  de  la 
soierie.  Maurice  Besmkr. 

SKRI»ER.\STR.\.  —  Attelles  que  l'on  attachait  aux 
genoux  des  enfants  pour  empêcher  les  jambes  de  tour- 
ner'. E.  S. 

SERR.V.  Ilpiojv.  Scie.  —  Les  premiers  lioinmes  ont 
utilisé  des  pierres  plus  ou  moins  rugueuses  pour  couper 
le  bois  ou  l'os  '.  A  l'époque  néoli- 
tliique,  on  voit  apparaître  des  silex 
dont  les  lames,  finement  dentelées, 
pouvaient  scier  l'os  et  la  corne  el  qui 
ont  élé  d'un  usage  très  répandu,  car 
on  en  a  trouvé  un  peu  partout-;  ces 
petites  lames  sont  très  abondantes  à 
Hissarlik  '  (fig.  6371).  En  Suisse,  on 
a  recueilli,  dans  les  palalittes,  plu- 
sieurs scies  en  silex,  fixées,  à  l'aide  f'---  ''^^'-  ~  ^'^'<''  '''^ 
de  résine,  dans  des  montures  en  bois 
encore  bien  conservées'.  Une  fois  en  possession  du 
métal,  l'homme  a  imilé  ces  outils  primitifs  ''  ;  il  est  certain 
que  la  scie  en  métal  remonte  à  une  haute  antiquité*. 

I.  —  Pour  le  travail  du  bois,  les  mythographes  [d.\ei)A- 
Lis,  fig.  2277]  allribuenl  l'invention  de  la  scie  tantôt  à 
Dédale  ' ,  tantôt  à  son  neveu  Talos  ou  Perdix'.  Les  scies  les 
plus  anciennes  étaient  absolument  semblables  à  celles 
qu'on  emploie  de  nos  jours  :  elles  se  composaient  d'une 
lame  de  métal,  plus  ou  moins  longue,  garnie  de  dents  le 
plus  souvent  d'un  seul  côté,  munie  d'un  manche  ou  tendue 
dans  une  armature  en  bois,  avec  deux  prises  de  main  dis- 
posées de  façon  différente  suivant  que  la  scie  était  destinée 
à  des  menuisiers,  à  des  charpentiers,  à  des  scieurs  de  long 
ou  à  des  ouvriers  d'art.  Naturellement,  les  lames  de  métal 
se  relrouvenlseules  aujourd'hui  dépouillées  de  leur  mon- 
ture mais,  d'après  les  mesures  et  la  forme  de  ces  lames, 

duction  de  la  soie,  Lyon,  1881  ;  J.-B,  Girand,  Les  origines  de  la  soie,  Lyon,  IS83; 
F.  Hirlli,  China  and  the  roman  Orient,  Sangliai  el  Munich,  1886,  el  Ci'inesisehe 
Sludien,  Munich,  1890;  Sclirader,  l-orsch.  zur  Handelsgesch .  und  W'nrenkunde, 
1,  léna,  1886,  p.  220  S(|.  ;  A.  KicgI,  Die  âgyptischen  Textilfunde,  Vienne,  1889; 
li.  Korrer,  Die  rômischen  und  bij zantinischen  Seidentextilien  aus  dem  Grûber- 
felie  rom  Achmim-Panopolis,  Strasbourg.  1891;  Marquardt,  La  Vie  privée  des 
Domains,  Irad  franc.  II,  Paris,  1893,  p.  123-133;  Th.  Uonimsen  et  H.  Bliinmer, 
Der  Maximaltarif  des  Diocletinn,  Berlin,  1893  ;  B.  Bûcher,  Gesch.  der  technischen 
Kûnste,  111,  Stullgarl,  1893,  p.  350  sq.  ;  Nisscn,  Der  Verkehr  zuischeyi  China  und 
dem  rôm.  Iteiche,  dans  les  Jahrbûcher  des  Vereins  von  Allertumsfreunden  in 
RheinUtnd,  I8'*4,  p.  8  sq.  ;  T.  Voshida,  Entwickelung  des  .Seidenhandcls  und 
der  Seidenindustrie  vom  AUert.  bis  znm  Ausqang  des  Mittelalters,  lleidel- 
berg,  1895  ;  F.  Uirth,  L'eber  den  Seeverkehr  Chinas  im  .AUert.  nach  chinesischen 
Quellen.  dans  la  Geograph.  Zeitschr.  1896,  p.  441-419  ;  P.  Vidal  de  la  Blache,  les 
voies  de  commerce  dans  la  géof/ruphie  de  Ptolémée,  dans  les  Comptes  7'cndus  de 
l'Acad.  des  /nscr.  1896,  p.  456-4*3.  et  Note  sur  l'origine  du  commttce  de  la  soie 
par  voie  de  mer,  ibid.  1897,  p.  520-527;  E.-F.  Berlioux,  Les  premiers  voyages 
des  Européens  dans  l'Asie  Centrale  et  au  pays  des  Sèves,  dans  le  Dullet.  de  la 
Soc.  de  géogr.  de  Lyon.  1898,  p.  5-81  ;  C.  Puini,  /(  Ta-Thsin  o  l'imperu  romuno 
negli  storici  cinesi.  dans  Atene  e  lloma,  1899,  p.  115  sq.;  V.  A.  Sniilh,  The  early 
history  of  India,  Londres,  1904,  p.  217  sq.;  -M.  Chwoslow,  Hist.  du  commerce 
oriental  de  C  Egypte  gréco  romaine  (en  russe),  Kazan,  1907,  p.  147-155. 

.SERPEHASTRA.  1  Varr.  Ling.  lut.  IX,  5,  129  :  qui  pueris  allignns  in 
geniculis  serperastra  ut  eorum  depravata  corrigam  crura;  cf.  C'ic.  Ad  Attic. 
VII,  3,  8. 

SEItRA.  1  J.  Déchelctle,  Manuel  d'archéol.  préhist.\>.  100,  167,504.  —  -  G.  de 
Mortillcl,  Le  Préhistorique,  i'  éd.  p.  SI 2.  —  3  Schlieniann,  llios  (Irad.  de 
Mme  F.ggcr,  p.  308-309;  Perrot  et  Chipiez,  Hist.  de  l'Art.  VI,  p.  117.  —  '  Gross, 
Les  Protohetcétes,  pi.  v.  —  ii  Dcsor,  Le  bel  d-jC  du  bronze,  p.  21,  pi.  n,  1  ;  G.  di- 
Mortillet,  La  fonderie  de  Lamaud  (Jura),  p.  31.  pi.  lr,cii,  lil,  17.  —  6  J.  IJeekinauu. 
DeUrâge  f.  Gesch.  der  Erfindungen,  II.  p.  254-256;  Bliiraner.  Technulog.  und 
Terminolog.  der  Gcwerbe  und  Kûnste,  II,  p.  210-222.  —  7  Bas-relief  du  l'alais 
Spada  ;  cf.  Philoslr.  Imaq.  I,  XV,  28,  p.  393.  —  8  Ilyiîin.  Fat,.  271  ;  Ovid. 
Metum.  VIII,  243;  Jbis,  5011  ;  Scrvius,  ad  Georg.  I,  143;  Diodor.  IV,  76:  Seuec 
Epist.  90,  14  ;  Plin.  Hist.  nat.  VII,  198;  Isidor.  Orig.XW,  19,  9. 


si:iî 


—  125G 


SKR 


(lapros  la  diiiioiision  dus  ili-iils,  il  usl  lacUf  de  rceon- 
iiailre  à  peu  près  à  quid  ^eiire  de  travail  elles  élaienl  pri- 
inilivemenl  deslinées.  On  a  dr-jà  signalé  à  Tirynllic  et  à 
Mycènes,  au  milieu  des  débris  de  la  plus  ancienne  civili- 
sation grectiue.  des  lames  de  scie  en  os'.  A  l'inlérieur 


d'une  maison  de  Tliéra,  on  a  trouvé  une  scie  en  cuivre 
pur,  sans  étain,  recourbée  en  faucille  et  dont  une  extré- 
niilé  avait  été  forgée  de  manière  à  pouvoir  être  munie 
d'un  manclie  ((ig.  637:2)-.  Les  fouilles  des  édifices  crétois, 
en  particulier  à  Gournia  et  à  Hagia  Triada,  ont  livré  de 
nombreux  outils  pour  le  travail  du  bois,  notamment  des 
scies  à  manche,  à  lame  droite  ou  légèrement  contournée. 


Ki;;.  C373.  —  Scie  iir.'licn.-iii.iiiu. 

Parmi  tous  ces  outils  on  remarque  une  granile  lame, 
a\ee  de  petitesdi^nts.  mesurant  dans  son  intégrité  1  m.  45 
de  longueur,  ce  ([ui  est  encore  la  nnjsure  adoptée  de  nos 
jours  pour  la  scie  des  charpentiers  (lig.  0373)  '.  On  em- 
ployait la  scie  pour  tailler  la  corne  et  l'ivoire  *  :  de 
toutes  petites  lames,  dentelées  sur  deux  cotés,  trouvées 
en  Crète,  semblent  avoir  servi  pour  le  travail  de 
l'ivoire^. 

Pour  débiter  ou  façonner  la  pierre  et  le  marbre  on  se 
servait  du  ciseau,  du  tour  et  de  la  scie''.  L'emploi  de  la 
scie  pour  ce  travail  spécial' parait  remonter  à  une  très 
ancienne  date.  Dans  les  constructions  de  la  p(''riode 
héroïque,  à  Mycènes  et  à  Tirynthe,  et  sur  les  plus 
anciennes  tombes  d'Orchomène,  on  a  observé  de  nom- 
breuses traces  de  sciage  *.  Comme  de  nos  jours,  l'instru- 
ment était  dill'érenl  suivant  qu'on  s"atta(|uait  à  la  pierre 
tendre  ou  à  la  [)ierre  dure  et  au  marbre. 

l'our  la  pierre  tendre,  on  employait  comme  pour  le  bois 
une  scie  à  dents,  serra  dentutu  ',  analogue  sans  doute 
au  passe-partout  moderne  et  probablement,  quand  le 
morceau  à  détacher  était  moins  important,  une  scie  l'i 
manche,  dentée  de  même. 

l'our  la  pierre  dure  et  le  marbre,  on  se  servait  d'une 
lame  de  métal  coupante,  sans  dents,  appeléi;  par  les 
Grecs  XiftoirptsTr,;  irpicov'";  on  introduisait  du  sable  et  de 
l'eau  dans  la  rainure  où  cette  lame  manœuvrait.  L'opé- 
ration, décrite  par  Pline,  ne  réussit  que  par  l'action  du 
sable  mouillé;  les  ouvriers  modernes,  qui  emploient 
encore  le  même  procédé,  disent  que  c'estle  sable  qui  tru- 

I  Scliliuiiiaiin,  Tirynlhe,  p.  ICi  ;  Mécènes  (Irad.  Giraidiu),  p.  331-335  ; 
l'errol  cl  CIlipicz,  IJisC.  île  InrI,  VII,  p.  Ilfl.  —  2  Fauqiu-,  Snntoiin.  p.  141  ; 
Uorcoii,  fliill.  de  C/ir.  (r.  U'.UIltiics,  l»70.  p.  iol  ;  l'errol  <-l  CIlipicz. 
VI.  p.  li'l,  lig.  31.  -  3  J.  Iiurni,  lelur  lormyken.  und  m<jk,:„.  ArcliUeklur- 
formen,  dans  Jnhreahefle  det  ôtleireich.  arehaeol.  Imlil.  X  (1907).  p.  iV, 
"g.  'i.  —  '  BIflmncr,  H.  p.  Jl«.  —  5  J.  Ilunn,  (>p.  cil.  p.  M.  —  6  Tlieoiihr. 
De  lap.  5  ;  llor.  Carm.  II,  18,  17.  —  ■;  blûmncr.  III,  p.  7C-78.  —  8  DiirpfcUl, 
Amerie.  joiirn.  of  archeol.  1889,  p.  331  ;  /ter.  anhéol.  1688.  p.  67.  —  9  Vi- 
Iruvc,  II.  7,  I ,  dit  f|iic  lusapc  en  cUil  coiiranl  en  Italie  ;  Pline  fail  la  ni.'nie 
observaUuii  puur  la  pieirc  bUnclic  de  l'K-igir|iie,  ///»(.  ii,i(.  .X.VXVI,  lO'J. 
-  I»  Hollu»,  Onom.  X.  IWi.  —  M  niiu.  U,st.  nul.  XXXVI,  51  cl  Sliiv.  ;  cf. 
Cb.  Ilubois.  Élude  sur  t'ndminislr.  et  ierploit.  des  carrii-res  dans  le  monde 
romain,    p.  .tr.ni.  —   n  l'ausauias.  V,   10,  *.  —  13  Ibid.  ;  cl.  l.aloui-Moiiccaui, 


vaille.  .\u>si  l'Iiiic  dipiiiirt-il  des  iiidicalions  précises  sur 
la  qualité  du  sable  dont  on  doit  se  servir".  Kn  faisant 
agir  la  grande  scie  approi)riée  à  ce  travail  et  dont  la 
lame  n'était  pas  très  large,  l'ouvrier  ne  pouvait  opérer 
que  lentement  et  p('niblement.  Mais  il  devait  y  avoir  d'au- 
tres scies  sans  dents,  plus  petites,  avec  une  lame  plus  large 
et  plus  courte,  munies  sur  le  dos  d'un  emmanchement  en 
bois  et  qu'un  homme  manœuvrait  plus  vite.  C'est  vrai- 
semblablement avec  ces  dernières  scies  tju'on  fabriquait 
les  luilesde  marbredonl  on  attribue  l'invention  au  .Naxieii 
Byzès,  contemporain  d'.Vlyattes,  roi  de  Lydie  '-.  Le  temple 
de  Zeus  à  Olympie  était  cou  vert  avec  des  tuiles  de  marbre'-', 
et  dans  les  dernières  fouilles  de  r.\cropole  on  a  retrouvé 
des  spécimens  de  ces  mêmes  tuiles  au  milieu  des  ruines 
des  monuments  détruits  par  les  Perses".  Un  fragment 
d'une  lame  de  scie  sans  dents  a  été  trouvé  en  Crète  ''. 

Les  comptes  d'Eleusis  nous  font  connaître  le  salaire 
journalier  des  scieurs  de  pierre,  itptVTa!,  en  389  :  deux 
hommes  recevaii'nl  trois  drachmes  par  Jour,  soit  une 
drachme  el  demie  par  homme;  un  TrpicTTiÇ  et  son  aide 
touchaient  deux  drachmes  et  demie  "'. 

Un  vase  grec  à  ligures  noires  trouvé  à  Orvieto  hniruil 
l'image  d'une  scie  à  métaux  accrochée  au  mur  d'une  forge 
avec  d'autres  outils;  la  lame  est  ajuslé-e  dans  une  mon- 
ture en  métal  en  forme  d'arc'''  (lig.  ii)H  . 

II.  —  Dans  les  très  anciennes  nécropoles  d'Llrurie 
qu'on  fait  remonter  jusqu'au  x"  siècle  av.  J.-C,  on  trouve 
des  scies  en  bronze'*. 

Sur  une  slèle  déemi- 
verle  dans  le  jardin 
Margherila,  à  Bologne, 
on  voit  un  génie  ailé 
portant  à  la  main  une 
scie  exactement  sem- 
blable à  celles  dont  les 
artisans  et  surtout  les 
menuisiers  se  servent 
couramment  de  nos 
jours".  Plusieurs  ur- 
nes funéraires  étrus- 
ques sont  ornées  de  reliefs  représentant  des  hommes 
débitant  une  pièce  de  bois  avec  une  scie  qu'ils  mettent 
ensemble  en  mouvement  (lig.  0374)  -". 

III.  —  .\  l'époque  romaine,  les  textes  et  les  monuments 
figurés  deviennent  plus  nombreux.  A  diverses  reprises, 
les  écrivains  parlent  de  la  disposition  des  dents  de  la 
scie-',  de  son  emploi--,  de  son  bruit  strident  el  dés;w 
gréable  qui  trouble  le  reposdes  voisins-^  Les  Vestales  se 
servaient  d'une  serra  ferrea  pour  broyer  le  sel  sacré ^*. 
Une  scie  est  toujours  désignée  parle  mol  se/va  ;  unepelile 
scie  s'appelle  serru/a  " ,  une  serrula  iiian  ubriata  ou  scie  à 
manche,  dune  longueur  déterminée,  porte  le  nom  spécial 
de   lupus'-'",  c'est  celle  qui  servait  aux  jardiniers  pour 


Fig.  C37i 


ItestaariUion   d'Olympic,  p 
p.  331.  — 15  J.  Dunn,  O/,. 
ISSi,  p.  2H.  —   >''  JJoHiim. 
feriiumI.  —  <«  Uozzadini,  .S'i 


71.  — It  Dôrprdd,  Amerie.  journ.  of  archeol.  ISS», 
il.  lijj.  li.  —  16  P.  Foucarl,  ttull.  de  corr.  hellënii/ue, 

i.  «'.  /nsl.  XI,  pi.  xxu,  i;  voir  plus  liaul,  lig.  2969 
art  arch.  del  siyn.  .irnoaldi  Veli preiso  Bolognn,  p. 


6V,  pi.  11.  9  ;  Dcsor,  La  fonderiede  llologne,  dans  Rev.  «irrA.  juin  1877, p.  iOS  (douze 
scies  eu  Iirouzc)  :  Oiiruy,  llisl.  des  iiomains,  I,  p.  lxiii.  —  *9  Rt-izio,  .Volizie  d. 
scuri,  1S90,  p.  1  H.  pi.  1,  3.  —  20  Gori,  Muséum  elrusc.  I,  189,  2  ;  ilicali,  Antichi 
monum.  pi.  \i.ii  ;  0.  Jalin,  Derichie  der  sSchs.  Gesellseh.  der  Wissensch.  XIII, 
1861,  p.  335  ;  BUimner,  II.  p.  312,  fig.  50.  —  21  Viliuv.  V,  7.-52  Scncc.  Episl.  XC, 
8;  Auson.  A/os.  3lil.  —  2!  I.ucr.  Il,  HU;  Cic.  Tuscnl.  V,  in.  Ile,;  S<-iief.  fpisl. 
LVI.  —2'  Varr.  ap.  Non.  Marc.  p.  iii,  10;  cf.  skcispiza.  —  J^Cic. /Vu  f(ii«/iMi*, 
180;  Varr.  II.  rusl.  I,  50,2;  l'aliad.  1,  41,  2  -.Colum.Ùearb.  fi,  i;  llcls.  VII,  33;  cf. 
Blliiuucr,  II.  p.  217.  —  26  pallad.  I,  43,  2.  Duruy,  Uist.  des  Ilom.  Il,  p.  291,  n.  I. 


SI'Ti 


—   I2a7  — 


SER 


sitignor  les   arliros    fruilicrs    ou    In  vij<no'.    l'iiiloslrnte 

(l(''iTil    d'iino   façon 
liuiuoristique      les 

^  mouvements  des 

Amours  occupés    à 
srii'r  11'  liois  nôcnssairp  à  Dcdalo  pour  fahrii|iior  la  vache 

l'ii  ImiIs  utile  aux 
desseins  de  Pasi- 
pliaë-. 

Dans  les  ruines 
des  maisons  ro- 
maines, des  lames 
desciesen  fer  et  en 
lu'onze  et  des  frag- 
ments de  lames 
ont  été  retrouvés 
(fig.  6373)  ^  Les 
tombeaux  des  ar- 
tisans romains 
sont  souvent ornés 
descies  et  d'autres 
outils  se  rappor- 
tant à  leurs  pro- 
fessions'. Sur  un 
bas-reliefs  du  mu- 
sée du  Capilole, 
deux  scies  d'un 
genre  très  dilTé- 
renlsontreprésen- 
tées  au  milieu 
d'instruments  de  sacrifice  ifig.  C.'{7()j  ■"'.  Un  magniiique 
verre  chrélien  provenant  des  catacombes  de  Rome,  oflVe 
l'image  d'un  menuisier  représenté  avec  sa  scie  dans  la 
vraie  position  du  menuisier  moderne".  Des  peintures 
de  Pompéi  montrent,  l'une  l'intérieur  d'un  atelier 
de  menuiserie  dans  lequel  deux  Amours  sont  en  train 
de  scier  une  planche  placée  sur  un  établi,  l'autre  deux 
enfants  sciant  une  planche  dans  une  position  à  peu 
près  semblable  à  celle  des  scieurs  de  long  ".  Sur  un 
bas-relief  trouvé  à  Deneuvre  (Meurtlie-el-Moselle)  on 
reconnaît  sans  hésitation  deux  scieurs  de  long,  seclores 
nialeriarum  *,  dans  l'exercice  de  leur  métier  ;  la  pièce  de 
bois  est  posée  sur  un  chevalet  formé  de  ((uatre  pieds 
obliques;  les  deux  ouvriers,  l'un  dessus,  l'autre  dessous, 
manœuvrent  la  longue  scie  professionnelle'  (llg.  G377). 
L'emploi  de  la  scie  par  les  Romains,  pour  découper  la 
pierre  et  le  marbre,  est  attesté  par  le  passage  de  Pline 
cité  plus  haut'".  Des  observations  intéressantes  faites 
dans  les  anciennes  carrières  romaines  prouvent  qu'on  se 
servait  de  la  scie  pour  détaciier  les  blocs.  Dans  les  car- 
rières du    cap    de  Garde,   près  de   Bone,    les    traces  de 


<  Moiigoz.  loxtnim.  ilmjr.  cmi,loij,s  par  te  «nc;.,7l.!,  dans  .Vrm.  A  cwl.  des  In.scr.  1 1 1 
iSIs,  p.  ii.n.  i7,|.l.  vin  ;cr.  ILCivaiiiol.  Ilci-.arclt.  190*. p.  87.  Iig.3.— 2  l'Iiiloslr. 
tmaij.  I,  iG.  —  S  Griv.-ind  de  la  VinccHc,  Arts  et  métiers  des  anciens,  pi.  i.lv.  4  à  7  ; 
i.v.  i  ;  l.indcnschinil,  l),c  AUerlkHmer,  IV,  pi.  xi.vi,  n.  H:  /t,.v.  nrch.  )9lU,  p.  S7; 
Courlillcr,  Cat.  du  musée  deSawnur,  p.  ii-ii.  pi.  m  ;i  vu  (outillage  d  ini  cliarpcnlicr  ; 
scie  à  main  el  trois  fragments  d'une  grande  scie»  ;  lîHiinncr,  M,  p.  -^0,  fig.  4i  g  et  A, 
(trùôpetilcscicà  ni.iin  cl  lanicdunc  plus  grande  scie  du  niusd'O  de  Zurich).— 'E.  Espd- 
landicu,  /lecueildes  bas-reliefs  delà  Gaule  romaine,  n.  1616, 1888  ;  C.  i.  /.  XIII,  37il  ; 
Duruy,  Uisl.  des  llomains,  V,  p.  037.  fig.  6.  -  SGruler,  Inscr.  r.xvi,  I  ;  Mus.  Capitol. 
IV,  pi.  IV.  —  «  l'crrel,  Catacombes,  IV,  pi.  \xn.  li  ;  0.  Jalin,  Berichle  der  srîchs. 
Cesellsch.  dtr  Wissensch.  18G2.  pi.  xi,  1  ;  Garrucci,  aturia  d.  arte  crist.  111,  Vclri, 
pl.ccii,3.  — ;  Aiid'c/i.  di  Ercoluno,  I.  34;O.Jalin,  .Abliandlumjen  dersûchs.GcseUsch. 
S.  p.  312,  pi.  IV,  V  cl  VI,  3  ;  (Jiivaud  de  la  Viiiccllc,  Op.  cit.  pi.  lui.  —  «  C.  i.l.  V.  815.  On 
appclail  sp^'cialcmcnt  materiae\cs  bois  dcstinr-s:t  la  construction.  —  9  Tliédcnat. /?»//. 
des  Auliij.d.  /V.  ISSfi,  p.ni;  BuU.Soc.darch.  lorraine,  XXXVII,  ISSS.p.S'J;  voir 

VIII. 


sciage  étaient  encore  lelleiiicnt  nettes,  en  IS'm,  qu'on 
aurait  pu  en  compter  tous  les  traits".  Des  stries  de  même 
nature,  qui 
remontaient 
peut-  être 
plus  haut 
i|  ne  l'épo- 
que ro- 
maine, ont 
été  consta- 
tées en  Egy- 
pte, au  sud 
de  Syène'-, 
et  aussi  en 
Gaule  aux 
environs  de 
Trêves  ''. 
Une     scie 

mesurant 
4  m.   50  de 

long  et 

4  millimètres  d'épaisseur  a  été  trouvée  dans  les  carrières  du 
Felsberg".  Ausone  parle  de  scies  employées  pour  débiter 
le  marbre  et  qui  étaient  actionnées  par  la  force  de  l'eau  '■''. 

Les  scieurs  de  pierres,  .leclores  seiTarii,  étaient  nom- 
breux à  Rome,  où  ils  étaient  organisés  en  collège"'  :  leur 
industrie  se  développa  sous  IKinpire;  avant  cette  époque, 
les  rriislae  mnrmorum  arrivaient  d'Orient  toutes  pré- 
parées'^  Une  s/ntio  serrariorum  Augusloritm  existait  à 
Ilaliea,  en  F.spagne  '*;  les  carrières  du  voisinage  faisaient 
partie  du  domaine  impérial.        A.  IIiino.N  de  Villepdssk. 

SICP.RATI  XCMMI.  —  Tacite'  donne  ce  nom  à  certains 
deniers  d'argent  de  la  République  romaine,  qu'il  dit 
avoir  été  particulièrement  recherchés  des  Germains  de 
son  temps  encore.  Les  pièces  qu'un  tel  nom  désignait 
sont  celles  qui  ont  les  bords  régulièrement  el  inten- 
tionnellement découpés  tout  autour  en  dents  de  scie-. 

Mais  ces  deniers  de  la  République  ne  sont  pas  les  plus 
anciennes  monnaies  ainsi  fabriquées,  que  l'antiquité 
ail  connues.  Les  premières  pières  à  bords  dentelés  sont 
des  bronzes  d'Anliociius  III  le  Grand,  roi  de  Syrie  (222  à 
187  av.  J.-C);  puis,  dans  la  suite  monétaire  des  Séleu- 
cides,  on  trouve  des  bronzes  dentelés  en  abondance 
jusque  durant  le  premier  règne  de  Démétrius  H  Nicator '. 
En  Macédoine,  quelques  monnaies  en  bronze  et  en  potin, 
frappées  dès  le  règne  de  Piiilippe  V  (220-179)  ont  aussi 
leurs  bords  en  dents  de  scie  '. 

Un  petit  noml)re  de  pièces  d'argent  et  d'or  de  Carlhage, 
émises  nécessairement  avant  la  ruine  de  celte  ville  en 
146,  sont  également  dentelées  ■'. 

Les   Romains  paraissent  avoir  imité  les  usages  que 

aussi  une  peinture  .le  l'omp.-i.  Areh.  /Tcidoiv,  Vlll,  pi.  xvii,  1.  -  H) //is(.  im/.  XXXVI 
51  :  cf.  lilfimiicr,  111.  p.  70-78.  —  "  riiier.  Ilull.  de  la  Snc.  génlofjiqm-  di-  /V. 
IV,  p.  1(10;  VaurneX,  Ilicltesse  minérale  de  lAli/Me,  1.  p.  3V;  Tissot.  Céoijrn- 
phie  d»  la  proii  rom.  d'Afrique  f.  101.  —  '-  Oescr.  de  fÉi/ijpte  (obseriations  de 
Rozif^rc),  i'  éd.  111,  p.  4lisc|.  —  "  A.  v.  Coliauscn  el  Wiiriicr.  Ilôm.  .Sleinbrûclie 
auf  dem  Felsberg,  p.  W.  —  'i  Ibid.  p.  31.  —  li  .Mos.  30*.  Sur  tous  les  détails 
relatifs  à  l'emploi  de  la  scie  dans  les  carrières,  voir  BlGmner,  III,  p.  7+.7S  ;  Cli.  Du- 
bois. Admin.  el  exploit,  des  carrières,  f.  Xl.l-XLV.  -  i»C'.  i.  l.  1,  linS;  VI,  9887. 
9888  :  X,  0810  —  "  Plin.  Hist.  nat.  XXXVI,  47,  50,  .SI,  .Î3  ;  Mar(|uardt-Mau,  la 
rie  prine  des  nomains  {Imd.  V.  Henry),  11,  47f.  — is  C.  i.l.  Il,  1131,  113i. 

SKRItATl.  1  Gcrman.  n.  -  i  E.  Baliclon,  Traité  des  .l/o<in.  gr.  et  rom.  Théorie. 
et  doctr.  t.  I,  p.  619.  —  3  Ë.  Babelon,  Les  rois  de  Sgrie,  Inlrod.  p.  188:  Calai. 
p.  53,  ir"  401  à  404;  p.  50,  n"4i9sq.  —  *ll.  fiaehler,  Zeil.  fiir  Numism.  l.  XX, 
1897.  p.  174-179  cl  ÏSO.  —  S  Lud.  Muller,  iXumism.  de  fane.  Afrique,  I.  11.  p.  n;, 
■Ml  91  et  11 i-l  13  ;  F.  I.cnorniaiil,  La  monn.dans  t'anliq.  l.  I,  p.  Ï68. 

138 


SI'.H 


—  1258  — 


SER 


Fis.  f'^'S.  —   llc! 


nous  viMioiis  lie  sigiialor.  ol  il  ne  .semble  pas  i\\\v  les  plus 
anciens  denarii  serrali  soient  anlérieurs  à  l'an  lO'i  qui 
précède  noire  ère*.  Les  premiers  de  ces  deniers  sont  des 
pièces  de  bon  argent, 
aux  types  ordinaires  de 
la  tèle  de  Rome  casquée 
et  des  Dioscures  h  che- 
val (fig.  0:J78),  mais  sans 
nom  de  magistral,  ou 
plutôt  avec  l'emblème  de 
la  roue,  qui  désigne  un 
magistrat  anonyme,  peut-élre  un  Denier  ou  un  Deiita- 
/MS-.  Après  ces  deniers  dentelés  anonymes,  viennent, 
dans  la  série  romaine,  ceux  qui  portent  les  noms  de 
L.  Licinius  Crassus  et  Cn.  Domitius  Ahenobarbus,  qui 
sont  de  l'an  92  av.  J.-C.  environ  '.  Puis,  l'usage  de  den- 
teler la  tranche  de  la  monnaie  d'argent  persiste  sporadi- 
quement à  Rome  jusque  vers  la  fin  de  la  République, 
concurremment  avec  l'autre  mode  plus  répandue. 

Les  numismates  se  sont  souvent  demandé  quelle  fut 
la  cause  de  l'adoplion  de  cette  pratique  étrange  et  incom- 
mode qui  parait  simultanément  en  Syrie  et  en  Macé- 
doine'.  Ce  ne  fut  certainement  pas,  comme  on  l'a 
prétendu,  pour  empêcher  d'altérer  ou  de  rogner  les 
monnaies,  car  le  moyen  eût  été  inefficace  et  n'eût  pas 
été  appliqué  seulement  h  certaines  pièces  ;  en  outre,  les 
bronzes  dentelés  de  Syrie  et  de  Macédoine  sont  sans 
valeur  intrinsèque,  et  quant  aux  deniers  romains 
d'argent  dentelés,  un  bon  nombre  sont  fourrés^.  On  ne 
saurait  non  plus  voir  dans  la  dentelure  des  bords  quelque 
allusion  astronomique  ou  sidérale,  ou  bien  une  allusion 
au  surnom  Denier  ou  Dentalun  de  quelque  monétaire. 
Peut-être  faut-il  mettre  cette  bizarrerie  au  compte  d'une 
mode  ou  d'un  caprice,  ou  bien  croire  qu'on  a  imaginé 
de  denteler  les  coins  et,  par  suite,  les  flans,  pour  faci- 
liter le  découpage  mécanique  des  monnaies  dans  la 
feuille  métallique  sur  laquelle  on  les  frappait. 

Les  dépôts  de  monnaies  romaines  découverts  au  delà 
du  Rhin  ont  confirmé  l'assertion  de  Tacite  sur  la  préfé-- 
rence  des  Germains  pour  les  deniers  serrnti  du  temps  de 
la  République  ".  E.  Babelon. 

SERT.V.  —  Le  mot  latin  séria  désigne  parliciilièrement 
la  guirlande  de  fleurs  (ressée.  En  grec  les  termes  (Tricpavoç, 
cTÉ-ioç  répondent  au  double  sens  de  guirlande  et  de  cou- 
ronne. A  bien  des  égards,  d'ailleurs,  il  n'y  a  pas  de  distinc- 
tion à  faire  entre  les  deux  objets.  C'est  surtout  comme 
motif  ornemental  de  la  sculpture  et  de  la  peinture  déco- 
ratives que  la  guirlande  mérite  une  étude  particulière. 
Pour  ce  qui  concerne  sa  confection,  le  nom  et  la  culture 
des  plantes  qu'(m  y  employait,  nous  renvoyons  à  cohona. 
Avant  qu'on  eut  l'idée  de  tresser  les  fleurs  et  les 
fiiiilles  en  faisceau,  la  guirlande  ne  consista  qu'en  un 

<  l!.il.i-loii,  Trailé,  t.  I,  p.  Cîl.  —  a  Colicii,  Descripl  grn.  des  nirdaitles  consii- 
lairet,  p.  33»  ;  Baliclon,  AfMm.  <le  ta  Wpul,!.  romaine,  1. 1,  p.  *S.  —  3  [iabeloil,  Ibid. 
l.  ),  p.  Ml  cl  t.  Il,  p.  i:il.  —  3  Eckhel,  Dorlr.  num.  vet.  t.  III,  p.  2il  ;  H.  Willers. 
Nnm.Xeil.  i\c  Vieillie,  t.  X\XI,  18'J9,  p.  ;ti8;  BaLcIoii,  Traiti,  L  I,  p.  6iS;  J. 
S\«roiios,  llull.corr.  hell.  l.  XVIII,  Is'ii,  p.  122;  Soliman,  Num.  cliron.  ISiW, 
p.  3ii  à  3V2.  —  5  Babeloil,  J/onn.  de  la  Rcp.  Inlrod.  l.  1,  p.  54  ;  Traité, 
t.  I,  p.  G:j3.  —  6  Mominseii,  trescft.  des  rôm.  il&nzwesens,  p.  771. 

SKRTA.  1  Cl-sI  par  ailacliionismo  qu'il  cncst  fail  mcnlion  dans  les  Postltomerka  ; 
cf    Tryphiodor.  //.  capl,  310  sq.,  où  les  femmes  troyennes  ornent  de  guirlandes  le 

clieva!  de  bois  construit  par  les  Acli^cns.  —  2  Cf.  cohona,  p.  15i4.  3  MaspiTO. 

Iliipport  au  Ministre  des  travaux  puitics,  trouvaille  de  Oeir-el-Bahnri,  1881. 
—  i  Cic.  Leg.  Il,  i4,  lin.  —  5  cf.  le  relief  dicarioi  [cobna,  fiR.  lOOCJ:  cf.  aussi  les 
guirlandes  suspendues  à  la  porle  du  nouvel  6pou«,  Lucian.  Dial  mer.  Il,  S83,  4  ; 
Plut.  Ainator.  lii,  5;  Lucan.  l'hars.W,  335;  Juven.  VI,  51  et  ii7.  —0  Comptes  ren- 


simple  rameau  de  feuillage,  ou  lmi  plusieurs  liges  liées 
bout  à  bout.    Sous  cette   forme   priinilive,    l'usage   en 
remonte  évidemment  à  la  plus  haute  antiquité,  bien  qu'il 
n'en   soit  nullement  question  dans   les   poèmes  homé- 
riques'. Il  n'est  pas  douteux  non  plusqu'avant  d'en  faire 
une  parure  on  n'ait  considéré  la  guirlande  comme  un 
symbole  religieux -,  un  altribul  désignant  les  personnes  ou 
les  choses  auxquelles  on  voulait  reconnaître  un  caractère 
sacré.  C'est  A  ce  litre  qu'elle  figure  parmi  les  offrandes 
qu'on  dépose  dans  la  tombe  auprès  du  mort.  Des  momies 
égyptiennes,    datant  des  XX'  et  XXP  dynasties,   ont  été 
trouvées  parées  de  couronnes  et  de  guirlandes  en  fleurs 
naturelles   \  A  Rome,  la  Loi  des  XII  tables  mentionne 
encore,  parmi  les  rites  funéraires,  l'usage  de  lonr/ae  coro- 
nae,  qu'il  faut  .sans  doule  entendre  dans  le  sens  de  serlae''. 
Dans  les  cérémonies  religieuses,  la  guirlande  a  la  même 
signification  que  la  couronne  ou  la  bandelette  [infula].  De 
même  que  l'on  couronnaille  prêtre  et  la  victime  du  sacri- 
fice, on  suspendaitdes  fleurs  et  des  branchagessoilautour 
de  l'autel,  soit  aux  murs  ou  à  la  corniche  des  temples". 
La  guirlande   proprement  dite,  faite  de   fleurs  et  de 
feuilles  tressées,  n'apparaît  qu'à 
une  époque  relativement  tardive. 
Sur  les  vases  à  figures  rouges  où 
sont  représentées  des  scènes  de 
sacrifices,  lautel  n'est  jamais  orné 
que   d'un  simple  rameau".   On  a 
donc    quelque  raison   d'accepter 
le  témoignage  de  Pline,  qui  place 
au     temps  du    peintre    Pausias, 
c'esl-à-dire  vers  le  premier  tiers 
du   IV"  siècle,    l'invention    de  la 
couronne     et    de    la     guirlande 
tressées.  Qu'il  faille   ou  non  en 
faire    honneur,  comme  le    vou- 
à  la  maîtresse  du  peintre,  Glycera,  on  doit 
reconnaître  que  les  monuments  figurés  n'ofTrent,  avant 
cette  date,  aucun  exemple  de  ces  objets'.  Le  premier,  qu'à 
ma  connaissance,  on  en  puisse  signaler,  nous  est  fourni 
par  un  vase  ilaliote  de  style  récent*.  Sur  le  puléal  de  la 
Tholos  de  Marmaria,  à  Delphes^  On  voit  (fig.  0:W0),  des 
jeunes  filles  occupées  à  suspendre  et  à  charger  de  lem- 
nisques  [lemniscus]  une  lourde   guirlande  de  feuillage, 
pareille  à  celles  que  nous  montrent  si  fréquemment  les 
reliefs  hellénistiques.  Ne  serait-ce  que  pour  cette  raison, 
il  semble  impossible  d'assigner  au  putéal  une  date  voi- 
sine de  la  construction  du  temple,  et  de  ne  pas  en  abais- 
ser l'exécution  au  moins  jusqu'à  la  fin  du  iv=  siècle. 

Le  motif  bien  connu  de  la  guirlande  à  festons,  posée 
sur  des  bucrânesou  des  fêles  de  taureaux,  n'apparaît  dans 
l'architecture  que  vers  la  fin  du  ni"  siècle.  C'est  à  Magné 
sie  du   Méandre'",  qu'on  le  rencontre  pour  la   première 

dus  de  la  com.  de  Saint-Pètersb.  1801,  pi.  vi.  2.  —  '  t'iin.  Nat.  Itist.  XXI,  4: 
Arl}orum  enim  ramis  corimaii  in  sacris  certaminibns  mos  erat  primum.  Postea 
variare  coeptum  mixtura  versicolori  florum,  qune  invieem  adores  colorcsque 
hccenderet.  Sicyone  ingénia  Pausiae  pictoris  ntque  Glycerae  coronariae  dilertae 
admodum  illi,  cum  opéra  ejus  pictura  imitaretur.  illa  provocans  variaret...;  ibid., 
XXI,  3  :  Tenioribtts  (coronis)  utcbantur  antiqui,  stroppos  appettantes...  Cum  vero 
e  fîoribus  fièrent,  sertan  seî'vndo  serieve  appellnbantur,f/und  apud  Graecosquoque 
non  ndeo  antiquitus  placuit.  —  S  I.enormant  et  de  Wittc,  Elite,  céram.  t.  IV, 
pi.  i.w  :  ibid..  Il,  pl.  i.xin.  La  lis.  0370  tirée  d'un  vase  apulien  dont  le  sujet  est 
développé  fig.  130S,  cn  offiecncore  un  bel  exemple  ;  d'autres  se  renconlrent  fréquem- 
ment sur  les  pierres  gravées  à  partir  de  cotte  époque.  —  ^  Itev.  de  fart  ancien 
et  moderne,  t.  XV,  p.  17.  —  l"  lit  non  à  Pergamc,  dans  la  stoa  d'Atliéna  l'olias 
(lO?-!.".»  av.  J.-C),  comme  le  ilit  W.  AUniann,  Architeklur  und  Ornamenlik  d. 
antilten  Surkopftaqe,  p.  02. 


0379.     —    liuirlandc    de 


drait  Pline 


s  En 


—    12r)0 


SER 


toyf 


rv^ 


foiblfig.CaSI),  danscles édifices  conslniilsde220à205'.  Il 
est  aisé  d'imagim.'r  après  quels  essais  on  en  est  venu  à  ce 
genre  de  décoralion.  L'usage  s'élablil,  au  moins  dès  le 
iv°  siècle,  de  suspendre  les  lèles  des  vicliines  soil  à  l'aulel 
du  dieu,  soil  au\  murs 
ou  aux  colonnes  de  son 
lemple-,  déjà  parés  pour 
la  cérémonie  du  sacri  lice 
de  Heurs  et  de  feuillage. 
A  Déios,  au  grand  Porti- 
que Nord  (lin  du  m"  siè- 
cle), des  léles  de  tau- 
reaux se  détachent  en 
ronde  bosse  sur  les  Iri- 
glyphes.  Réduite  à  elle 
seule,  celle  décoration 
n'est  pas  du  plus  licu- 
reux  ellelEllese  complé- 
tait évidemment  par  l'or- 
nement naturel  de  la 
guirlande  defleursqu'on 
posait  sur  les  têtes  de 
pierre.  On  ne  larda  pas  à 
la  reproduire  à  son  tour. 

On  la  représente  d'abord,  pig,  gj^o.  -  jeunes  niics  aiiadiam  les  i, 

notamment  à  Magnésie, 

au  portique  du  grand  autel,  comme  une  légère  chaîne 
de  feuillage,  droite  et  serrée.  Puis,  on  la  charge  peu  à 
peu  de  lleurs  et  de  fruits;  on  la  rend  plus  souple  et 
plus  lâche.  Les  tètes  de  taureaux  ou  les  bucrànes  font 
place  à  des  supports  d'un  autre  genre,  tels  que  des 
aigles,  des  masques,  di 


Fig.  63S0.  —  Jei 


il  Didymes,  à  Sardes,  les  bases  des  colonnes  ioniques 
ont  un  tore  orné  de  feuilles  de  laurier  ou  de  chêne,  qui 
semble  figurer  une  épaisse  couronne  °. 

L'artromain  reproduira  avec  une  prédilection  marquée 
le  motif  de  la  guirlande, 
~^  ~-^^  et  surtout  la  guirlande  à 

/,  festons.     Klle     apparait 

'  Im  déjà  dans  les  reliefs  du 

'3it)|\  monument  de  Saint-Ré- 

my\     rendue    dans    le 
mêmestyle  qu'en  Grèce  à 
,1  l'époque  hellénistique, et 

,    \  portée  par  des  Éros  vo- 

lants. L'artaugusiéen  ré- 
pétera, sans  se  lasser,  le 
mèmethème, mais  le  trai- 
tera dans  unemanière  un 
peu  difïërente  et  cher- 
ciiera  d'autres  effets  [se- 
"i  l'L'LciiiM,  lig.  634-1].  On  a 

inonlré  comment  se  dis- 
'  linguent,   à  ce  point  de 

/    ^.^  vue,lesreliefsromainset 
les     reliefs     hellénisti- 
,  guirlande.  qucs  *.Dans Ics premiers, 

la  guirlande  est  toujoui-s 
moins  serrée;  les  fleurs  s'échappent  plus  librement  sur 
le  fond,  la  transition  est  mieux  ménagée  entre  le  fond  et 
la  forte  saillie  du  relief;  les  contours  sont  mieux  dégradés. 
Enfin,  les  lourdes  ténies  retombantes  font  place  à  de 
minces  bandelettes  plissées  et  légères,  qui  voltigent  entre 
les  festons.  Dans  la  déco- 


Fi".  G381.  —  Décor  arcliilecLural 


petits  Éros  '.  Le  motif, 
avec  ces  diverses  va- 
riantes, trouve  surtout 
son  application  dans 
trois  catégories  de  mo- 
numents :  édifices  ioni- 
ques (entablement), 
autels  et  sarcophages  '*. 
En  général,  la  guirlande 
est  noui'e  de  larges  et 
lourdes  ténies,  arron- 
dies à  leurs  extrémités. 
Dans  les  peintures  mu- 
rales   des  maisons   dé- 

liennes  le  bandeau  qui  court  au-dessus  des  orthostates 
est  parfois  orné  d'une  guirlande  polychrome,  mais  tou- 
jours recliligne  et  sans  supports.  Les  peintures  céra- 
miques de  l'époque  hellénistique  reproduisent  assez 
rarement  la  grosse  guirlande  à  festons;  les  vases  à  décor 
blanc  sur  fond  noir  l'ignorent,  mais  on  la  rencontre  sur 
des  vases  à  engobe  blanc  '  On  peut  enfin  signaler,  dans 
l'architecture  ionique  de  la  môme  époque,  un  autre  essai 
de  décoration  végétale  qui  procède  du  métne  principe  : 

I  Maijneaia  um  MeaiiUtr,  p.  SI  cl  04.  —  2  Ou  inC-nic  à  i'cnllTO  du  la  maison 
où  011  l'avait  sacrifié,  Tlicoiilir.  riiar.  21.  Voy.  des  aulels  ainsi  décorés, 
AUA,  p.  :U'I  sq.  Cf.  fig.  2435,  des  bucràocs  avec  lénies,  suspendus  à  des  autels; 
fig.  1794,  hucrâne  accroché  au  failc  d'une  colonne  ionir[nc  support-uit  un 
trépied.  —  3  Portique  d'Aihéna  Polias  à  l'ergame;  Collignon-Pontrcmoli, 
Penjame,  p.  118,  117  ;  cf.  Sciiônc,  Griecli.  JIclicfs,  pi.  v,  vi  ;  Altmann,  iWrf., 
p.  59  et  Cl.  —  '<  Aui  autels  il  faut  assimiler  les  réchauds  de  terre  cuite  (Wei- 
gand-Scliradcr,  Prietie,  p.  461)  qui  leur  empruntent  leur  décorali"n.  Cf.  aussi 
les  candélabres,  Baumcisler,  l'enhniïler.  II,  pi.  xvi.  —  ô  (Enoclioés  à  panse  large 
el  à  long  col  étudiées  par  Drageudorff  (Thera,  11,  p.  237),  Ijonze  ilCleinfunde  aus 


ration  des  sarcophages 
et  des  cippes  funéraires, 
la  guirlande  cesse  peu  à 
peu  d'être  le  sujet  prin- 
cipal, pour  devenir  l'ac- 
cessoire et  servir  de  cadre 
aux  motifs  de  remplis- 
sage, transformés  en  vé- 
ritables tableaux''.  Avec 
les  peintures  pompéien- 
nes des  trois  derniers 
styles,  la  chaîne  de  feuil- 
lage devient  de  plus  en 
plus  légère  et  ténue, 
comme  une  simple  liane,et  prend  un  caractère  très  différent 
de  celui  qu'on  lui  voit  dans  les  reliefs  [domus,  fig.  2526]. 
On  s'est  demandé  si  le  mot  encarpa  [encarpa ],  employé 
et  mal  défini  par  Vitruve'",  ne  désignait  pas  l'ornement 
sculpté  ou  peint  dont  il  vient  d'être  parlé  ".  Cette  expli- 
cation, que  l'étymologie  parait  rendre  vraisemblable,  ne 
peut,  en  tout  cas,  valoir  pour  le  passage  de  Vitruve  en 
question,  où  il  apparaît  assez  clairement  que  l'auteur 
traite  du  chapiteau  ioni([ue  et  non  de  la  frise.  L'attribu- 

l'a;j:uiiu„,  l'Jlli,  p.  IS),  i-l  ZdiU  iPneiie,  p.  4IIIIJ.  CI.  aussi  cert.ii"S  vase*  cypiioles 
de  même  lecliuique).  Cesnola,  Atlas  Cyor.  anl.  pi  cixxvi,  990.  —  6  llaussouliier- 
Pontremoli,  Didymes,  p.  70;  /ti^v.  art  ancien  et  moderne,  t.  XVlll,  p.  133.  Cf. 
aussi  la  base  de  la  colonne  Trajane,  fig.  1788.  —  ^  Antilce  Denkmûler,  I,  2; 
Allmann,  /ùid.,  p.  75.  —  »  Altmann,  l'iid.,  p.  «6  sq.,  fig.  25  ;  Id.  Ùie  rôm.  Grab. 
altûre  di-r  Kaiserzeit,  Berl.  1906.  —  9  Saicopliago  d'Actéon,  Louvre,  Clarac^ 
Mus.  de  sciilp.,  pi.  Clin,  n.  709;  Robert,  Sarkophai/reliefs.  Il,  pi.  '.;  Mau.  Gcseli. 
d.  Wnndmalerei  in  Pompei.  pi.  vi,  xn,  xx  ;  on  voit  aussi  apparaître  dans  ces  pein- 
tures le  uiolif  de  la  colonne  enrubannée  (pi.  xiil,  qui  suggéra  peut-être  l'idée  de  la 
colonne  torse.  —  '«  Vitruv.  IV,  I.  —  Il  CL  Korcclliiii,  s.  v.  encarpi. 


SEH 


i2(;o  — 


SIÎR 


lion  (lu  URM11C  sens  ;iii  mol  rarintscii/i  '  a  aussi  élo  tlis- 
cuU'-e.  G.  Lehoix. 

SEUYI.  AoAoi,  àv5si:to3a.  Les  esclaves.  — Nous  exami- 
nerons d'abord  comuienl  lesclavai^e  était  fondé  en  droit 
cliez  les  anciens  et  quelles  étaient,  dans  la  praliiiue,  les 
conséquences  de  ce  droit. 

DiioiT  i:iti:c.  —  Il  est  impossible  de  connaître  lorigine 
de  l'esclavaj^e  et  de  saisir  le  moment  où  il  est  né.  Dans 
les  poèmes  homériques,  il  apparaît  déjà  comme  un  lait 
ancien,  consacré  par  la  coutume,  et  se  perpétuant  par 
les  divers  modes  en  usage  cliez  les  peuples  de  l'anliiiuité  '. 

I.a  source  principale, c'est  la  guerre'.  L'esclavage  n'en 
était  point  seulement  la  conséquence,  il  en  était  souvent 
aussi  la  cause  :  on  envahissait  un  pays  et  on  en  prenait 
les  villes  pour  faire  des  captifs\  La  piraterie  concourait, 
avec  la  guerre,  pour  recruter  les  esclaves.  La  liliation 
(esclave  né  d'u  n  esclave)  est  une  autre  source  de  l'esclavage, 
moins  odieuse  et  aussi  plus  honorée.  Enfin  l'esclavage 
était  quelquefois  volontairement  subi  en  cas  de  meurtre, 
et  à  litre  d'expialion  :  on  se  vendait,  comme  pour 
dépouiller  le  vieil  homme  en  perdant  sa  personnalité 
Juridique,  et  l'on  cherchait  chez  les  dieux  mêmes  des 
exemples  d'un  pareil  dépouillement'. 

La  condition  des  esclaves  se  ressent,  à  l'époque  homé- 
rique, de  leur  origine  et  de  leurs  occupations.  Issus  de 
familles  ayant  occupé  une  situation  semblable  à  celles  de 
leurs  maîtres,  quelquefois  d'une  famille  royale,  partageant 
avec  eux  les  charges  de  la  vie  intérieure  et  de  la  vie  des 
champs,  les  esclaves  avaient  alors  une  situation  assez 
douce  relativement,  et  on  ne  trouve  dans  les  poèmes  homé- 
riijues  aucune  trace  des  traitements  durs  et  méprisants 
dont  plus  lard  les  exemples  se  multiplient.  Ce  qui  devait, 
d'ailleurs,  contribuer  à  adoucir  la  situation  des  esclaves 
par  la  confusion  des  rangs  et  le  partage  des  fonctions 
domestiipies,  c'était  leur  petit  nombre  relatif. 

Ils  se  mulli|ilienl  pendant  la  période  suivanle.  La  cause 
en  est  d'abord  dans  les  invasions  et  les  conquêtes  qui 
firent  des  p-uplcs  vaincus  des  milliers  de  captifs.  La 
cause  en  est  aussi  et  surtout  dans  les  modilications  pro- 
fondes (|ui  se  produisirent  en  matière  économique. 
L'esclave  n'était  plus  nécessaire  seulement  au  service 
domestique  et  à  la  cultui-e  des  champs,  il  devenait  indis- 
pensable pour  les  nombreuses  industries  et  pour  le 
commerce.  Ainsi,  dans  l'.Xttique,  où  il  existait,  en 
moyenne,  aux  V  et  vi'  siècles  av.  J.-C,  30000  citoyens 
mâles,  la  population  servile  comprenait,  selon  toute 
vraisemblance,  au  moins  300  000  tètes.  Cette  extension 
de  l'esclavage  n'est  point,  du  reste,  spéciale  à  .\tliènes  : 
partout  l'institution  se  di'veloppa;  elle  fut  acceptée 
comme  un  fait  nécessaire  par  les  esprits  les  plus  éminents, 
et  défendue  par  les  plus  grands  philosophes.  Cepen- 
dant, comme  on  le  dira  dans  la  deuxième  partie  de  cet  ar- 
ticle, l'esclave,  chez  les  Grecs,  ne  fut  jamais  regardé  exclu- 
sivementcommeune  chose. S'ilest  une  propriété,  il  est  dit 
.Vrislole,  une  propriété  qui  a  une  àme,  y.Tr,p.-i  ti  'É[X'|u/ov-', 


'  Cf.  Forccllini,  ».  v.  cnrpisculi;  Sauniaisc  aJ.  Vopisc.  Aurel.  p.  309  cl  fioniis, 
Vocnlinli  loi.  ili  arcliilill.  Torino,  )l>75,  p.  51. 

SI-.RM.  1  Fu!^lfl  de  Coulantes,  A'onr.  reclterclies  hiàtot'iques^  p.  Iti,  n.  1; 
Kicliarii,  iJe  senis  o/.iid  Homerum.  p.  U;  bûrliscuscliiiU,  Dcsilz  unil  Ericerb  in 
griechischem  AUertume,  p.  H;  Guiraiid.  ProjtriiHé  foncière  en  Grèce,  p.  li; 
Wallciii,  //.«/.  de  iisclnv.  ilam  Vaiiliiiuile,  I.  1.  p.  \K\  ;  llonnaiiil  liluiiini'r. 
l-riiulnlterlfimer,  p.  S3.  —  2  Wallon,  l.  1,  p.  li.;.  —  ;1  Wallou,  l.  I,  p.  «S». 
—  '  Arislot.  l'olil.  i,  1  §  5.  Cf.  Bcaiiclicl,  Uial.  du  droil  priiè  de  la  Biii.  alhé- 
nimne,  I.   Il,  p.  3J9;   lilclisi-iiscliûli,  p.  108:  Wallon,  I.    I.  p.  33i  8q.  :  Darcsic, 


et  cette  considérai  il  m  n'a  pas  été  sans  exercer  une 
iniluence  notable  sur  la  condition  juridique  des  esclaves. 

L'esclave,  dans  le  droit  grec,  est  généralement  désigné 
sous  le  nomdeSoôXoç  :  celui  d'àvooizoSov  que  l'on  rencontre 
souvent  est  la  désignation  ancienne  de  l'esclave,  propriété 
Il  u  mai  ne''.  Lorsque  l'on  se  réfère  à  la  situation  de  l'esclave 
dans  la  famille  du  maitre,  on  emploie  l'expression  o'xéty,; 
.plus  anciennement  ojjuô;).  C'est  dans  le  même  sens  que 
les  .Mliéniens  se  servent  quelquefois,  pour  désigner  les 
esclaves,  de  l'expression  -ïîoe;.  qiii  s'applique  aussi  aux 
mineurs  en  puissance'. 

II.  Soi'KCESDEL'iiSCL.w.AGE.  —  l°La  naissance esldeveiiue 
la  principale  source  de  l'esclavage.  Sont  d'abord  esclaves 
de  ce  fait  ceux  qui  sont  nés  de  deux  parents  esclaves.  Il 
y  a  plus  de  difficulté  lorsque  les  deux  parents  sont  de 
condition  difTérenle,  l'un  étant  libre  et  l'autre  esclave. 
Plusieurs  systèmes  ont  été  proposés  sur  ce  point.  Nous 
serions  porté  à  admettre  que  l'enfant  né  d'un  homme 
libre  et  d'une  femme  esclave  est  libre;  le  droil  allique 
aurait  adopté  la  règle  que  l'enfant  suit  la  condition  de 
celui  de  ses  parents  qui  se  trouve  dans  la  situation  la 
plus  favorable*.  La  loi  de  Gorlyne,  dont  les  règles 
paraissent  avoir  été  spéciales  à  la  Crète,  admet  des  unions 
régulières,  non  seulement  entre  individus  de  condition 
égale,  libre  ou  servile,  mais  encore  entre  une  femme  libre 
et  un  iiomme  esclave  :  elle  règle  la  condition  des  enfants, 
issus  d'une  union  de  ce  genre  d'une  manière  dill'érenle 
suivant  le  domicile  de  ce  ménage  inégal.  Si  l'esclave  vient 
chez  la  femme  libre  et  l'épouse,  les  enfants,  naissent 
libres;  si,  au  contraire,  la  femme  va  demeurer  chez 
l'esclave,  les  enfants  naissent  esclaves. 

2°  La  captivité,  c'est-à-dire  l'esclavage  résultant  de  la 
guerre  et  de  la  piraterie,  est  une  source  de  l'esclavage  non 
moins  abondante  que  la  naissance.  Depuis  les  guerres 
UK'diques,  la  guerre  se  faisait  surtout  entre  les  diverses 
cités  de  la  Grèce,  et  ce  fut  aussi  parmi  les  Grecs  que 
la  captivité  fit  des  esclaves.  C'était  une  coutume  géné- 
ralement suivie  qu'après  la  prise  d'une  ville  on  emmenait 
eu  captivité  les  femmes  elles  enfants,  après  avoir  égorgé 
les  combattants'.  Les  prisonniers  faits  à  la  suite  d'une 
bataille  rangée  tombaient  également  en  esclavage,  mais 
la  règle  était  ici  pliilotde  les  considérer  comme  les  prison- 
niers de  l'État,  et  ils  étaient  rachetés  par  voie  d'échange 
avec  les  prisonniers  faits  par  l'ennemi,  ou  moyennant  le 
paiement  d'une  rançon  dont  le  taux  variait  suivant  les 
temps,  le  nombre  et  la  qualité  des  prisonniers  '". 

La  guerre  n'étail  qu'un  mode  de  recrutement  inter- 
mittent de  l'esclavage,  mais  la  piraterie  y  subvenait 
d'une  façon  continue.  Cet  usage,  qui  date  en  Grèce  de 
l'époque  la  plus  reculée,  se  maintint  et  se  développa 
quand  le  besoin  des  esclaves  devint  plus  général,  l'acti- 
vilédes  piralesétant,  en  mèmetemps.  stimulée  par  l'appât 
d'un  gain  plus  élevé.  Les  pirates,  ainsi  qu'en  témoignent 
les  inscriptions,  ne  se  bornaient  pas  à  capturer  sur  mer 
les  navires  de  commerce  ;  ils  faisaient  aussi  des  descentes 


Science  du  droil  en  Grèce,  p.  -19;  Ouiraud,  t),  c.  p.  40  ;  Hcrmaun-Blûnincr, 
p.  SI.  noie  3.  —  -î  Arislol.  De  rep.  \,  l.  —  li  l'olhi\,  III,  TS.  Cf.  BûcIishU!>cIiG1i, 
p.  10 V;  Wallon,  t.  I,  p.  470;  Bvaucli't,  t.  Il,  p.  401.  Oppose  à  la  propriétO  du  sol 
(tui^Sov)  et  à  la  propriété  kilie  oIioseSo»,  Briial,  Lexiloijus,  à  la  suilc  de  Pour 
mieux  connailrc  Homère,  p.  IG3.  —  ^  Cf.  Beauclict,  t.  Il,  p.  407.  —  .S  Loi  lie 
liorljne.  VI,  50;  VII,  1-1";  cf.  Oan-slt-,  llanssoulliiT  et  licinacli.  Hic,  des  in.Kcr. 
jurid.  grecques,  p.  468.  —  'J  Tlincyd.  V,  llf.  ;cr  limlisi-nscliûli,  p.  III  ;  llcrniann- 
Biaraucr,  p.  87  ;  Wallon,  I,  p.  If.i  ;  Bcauclicl,  l.  Il,  p.  410.  -  10  Cf.  Ile 
Blûnincr,  p.  87;  liûclisonïcli.'ili.  p.  i\i  ;  Bi-auclul.  1.  Il,  p.  410. 


Slilî 


I2G1   — 


SER 


siii'  losciUes,  ciiiinuiiaiilen  capliviU'  des  l'eiiiines  et  inèinu 
des  liomnies.  Les  piralos  pouvaient,  d"aill(!urs,  devenir 
corsaires,  et  des  cités  donnaient  quelquefois  des  lettres 
de  marque  pour  enlever  des  liounnes  à  une  cité  ennemie, 
i|uand  elles  n'employaient  pas  leurs  propres  vaisseaux  à 
des  courses  de  brigandage  ". 

A  colé  de  la  piraterie  qui  se  Taisait  avec  les  formes  et 
l'appareil  de  la  guerre,  il  y  en  avait  une  autre  ([ui 
s'exerçait  au  sein  même  des  villes  par  la  ruse  et  les 
moyens  secrets  [andrapodisiMou  guapiik]-. 

iJ"  La  naissance  et  la  captivité  peuvent  être  considérées 
comme  des  modes  de  constitution  de  l'esclavage  se  ral- 
lacliant  au  Jus  (jcnlinm,  en  ce  sens  qu'on  les  trouve 
admis  non  seulement  à  Athènes,  mais  dans  toutes  les 
autres  répuljli<jues  de  la  Grèce.  Il  est  aussi  d'autres 
causes  se  rattachant  au  Jwa*  civile,  causes  ordinairement 
spéciales  au  droit  attique,  et  qui  sont  moins  anciennes, 
généralement,  el  aussi  moins  fécondes  que  la  captivité  et 
la  naissance.  D'abord  la  vente  des  enfants.  Le  père  de 
famille  avait  originairement  le  droit  de  vendre  ses 
enfants  et  de  les  faire  ainsi  tomber  en  esclavage.  Mais  ce 
droit  fui  sup|)rinié  par  Solon,  sauf  dans  le  cas  où  une 
tille  se  serait  laissé  séduire  [i'atiiia  i'otksïasJ. 

La  misère,  (jui  contraignait  parfois  à  vendre  et  à 
exposer  les  enfants,  pouvait  forcer  l'homme  libre  à  se 
vendre  soi-même  :  la  perte  de  la  liberté  était  compenséi; 
par  la  sécurité  que  l'on  avait  d'être  sous  l'autorité  d'un 
maître  puissant.  11  n'était  pas  rare,  àl'i'^poque  primitive, 
qu'un  vagabond  entrât  au  service  d'un  propriétaire 
pour  un  an  ou  pour  un  nombre  d'années  indéterminé  '\ 
Or,  rien  ne  l'empécba  il  de  stipuler  que  l'engagement  serait 
perpétuel  au  lieu  d'être  temporaire,  c'est-à-dire  de  se 
donner  en  esclavage*.  Il  est  probable,  toutefois,  que  ce 
mode  de  constitution  de  l'esclavage  ne  dut  pas  survivre 
à  la  réforme  de  Solon  dont  nous  allons  parler. 

A  l'époque  où  la  propriété  appartenait  au  yâvo;  pliit(H 
qu'à  l'indiviilu,  celui-ci  ne  pouvait  guère  engager(|ue  sa 
propre  personne,  el  le  corps  du  débiteur  répondait  de  sa 
dette.  Le  créancier  pouvait  donc,  à  défaut  de  paiement, 
faire  vendre  son  débiteur.  Cet  état  de  choses  fut  prohibé 
par  Solon  [seisacutilia].  Mais  l'esclavage  pour  délies  parait 
avoir  subsisté  plus  longtemps  dans  les  autres  cités  de 
la  Grèce,  même  sous  la  domination  romaine  ''.  Le  droit 
attique  ne  maintint  l'esclavage  pour  dettes  que  dans  un 
seul  cas,  où  il  avait,  du  reste,  plutôt  le  caractère  d'une 
peine,  à  savoir  dans  le  cas  où  un  Athénien,  fait  prison- 
nier par  l'ennemi,  avait  été  racheté  par  un  de  ses  conci- 
toyens, qui  lui  faisait  l'avance  de  sa  rançon.  Si  le  captif 
ainsi  racheté  ne  remboursait  pas  son  libérateur  dans  les 
délais  convenus,  il  devenait  son  esclave  ". 

A  Athènes,  sauf  le  cas  que  nous  venons  de  signaler, 
du  prisonnier  qui  ne  payait  pas  sa  rançon,  eldeTafiran- 
chi  ingrat',  l'esclavage  ne  pouvait  être  prononcé,  à  titre 
de  peine,  conlr(;  un  citoyen.  Le  législateur,  qui  ap|)li(|uait 
si  largenu'ut  la  peine  de  mort,  même  à  des  infractions 
(jui,  dans  nos  idées  modernes,  n'ont  qu'une  gravili'  foi't 
contestable,  n'osait  point  enlever  aux  coupables  un  bien 

I  Wallon.  1.  1,  |..  1117  ;  Hûchs(.-L,sL-h,il/..  p.  ni;  llcuuchel,  1.  Il,  ,,.  ill. 
-  2  V.  ami;i.(;k.  —  ■!  Hom.  /t.  XXI,  Ui  ;  Uesiod.  Op.  et  rfies,  60(1-603  ; 
lliio.iol.  VIII,  i:)7.  —  4  Giiir.md,  p.  liS-lil  ;  Bcauilicl,  t.  Il,  p.  414.  Voir  lou- 
lufois  lliiclisuiiscliiilz,  p.  Il'f,  note  7.  —  S  DioiJ.  !^ic.  1,  73.  Cf.  Ilaimainl-lilûmncr, 
p.S0,nolc4;  liacliscnscliûlz,  p.  li;i.  — CUem.  C.  Nicostr.  §  II.  La  loi  ilc  (Joi  lyne, 
VI,  46-55,  renfcrmail  une  disposilioii  semblable.  Cf.  Daresic,  llaussoullicir  cl 
Reiiiacli,  p.  407,  408.  —  7    Voir  supra,    lail.  ai-klkutheiioi.  —  8  Mcicr,  Oe  bonis 


i]ui  lui  |)araissuit  beaucoup  plus  précieux  ((ue  la  vie.  La 
vente  comme  esclave,  nécessairement  accompagnée  de  la 
confiscation  générale,  figure  néanmoins  dans  l'échelle 
pénale  du  droit  attique,  mais  cette  mesure  ne  frapi)e  que 
les  étrangers.  Le  premier  cas  de  ce  genre  a  lieu  lors<iu'un 
étranger  est,  àlasuite  d'une  ypaîpT)  ;6viaç,  convaincu  d'avoir 
usurpé  le  droit  de  cité  :  il  est  condamné  à  être  vendu 
comme  esclave,  et  ses  biens  sont  conlisqués  au  prolit  de 
l'État  ^  La  vente  comme  esclave  est  aussi  prononcée  dans 
d'autres  cas  contre  les  métèques  qui  ne  remplissent  pas 
les  obligations  spéciales  que  leur  impose  leur  condition 
particulière  dans  la  cité". 

4°  Le  commerce  peut  enfin  être  considiiré  comme  une 
sourcedérivée  de  l'esclavage,  et  c'est  là,  du  reste,  que  les 
autres  viennent  généralement  aboutir.  Le  commerce 
s'alimentait  surtoutdans  les  pays  étrangersoù  la  guerre, 
la  piraterie,  l'abus  de  la  puissance  paternelle  ou  de  l'au- 
torité des  rois  el  des  tyrans  pouvaient  réduire  une 
masse  de  personnes  à  la  condition  servile.  C'est  ainsi  que 
la  Thrace  était  devenue  un  pays  producteur  d'esclaves, 
les  pères  vendant  leurs  propres  enfants  aux  marchands 
étrangers.  Les  principaux  marclu's  d'esclaves  étaient  à 
Délos,  àChioet  à  Byzance  el  s'approvisionnaient,  de  pré- 
férence, dans  les  provinces  de  l'Asie  Mineure,  en  Thrace 
et  en  Scythie.  Athènes  avait  également  son  bazar,  où  les 
esclaves  étrangers  étaient  exposés  en  vente  par  des  tra- 
fiquants ou  par  des  maîtres  désireux  de  les  revendre.  Il 
y  avait  même,  à  Athènes,  un  commerce  de  réexportation 
pour  d'autres  pays,  par  exemplt^  pour  la  Sicile'". 

Le  législateur  avait  édicté  certaines  règles  spéciales 
concernant  le  commerce  des  esclaves.  Il  avait  à  ce  sujet 
établi  une  action  particulière,  nommée  àvayoïy-fiç  Bixy, 
[anagogés  uikè].  D'un  autre  coté,  la  loi  qui  punissait 
sévèrement  les  ravisseurs  d'hommes  [andrapodismou 
GRAiMiÈj,  protégeait  les  marchands  d'esclaves  honnêtes, 
et  ilétaitdéfendudeles  maltraiter,  souspeine  d'iTtoxvîpu;!i; 
[ai'OkèruxisJ  ".  Cette  protection  spéciale  se  justifiait  par 
le  profit  que  retirait  le  trésor  athénien  des  ventes  d'es- 
claves, car  il  y  avait  un  impôt  sur  ces  opérations  '^ 

III.  Condition)  légale  des  esclaves.  —  L'esclave  n'étant 
considéré,  dans  le  droit  attique,  que  comme  une  chose 
susceptible  de  propriété,  comme  un  corps,  aoipia,  il  en 
résulte  que,  vis-à-vis  de  l'État,  l'esclave  se  trouve  dans  la 
même  situation  qu'un  objet  mobilier  quelconque,  et,  en 
principe,  il  ne  peut  être  l'objet  que  de  la  législation  civile 
et  non  delà  législation  politique.  Cependant,  à  Athènes, 
pas  plus  qu'ailleurs,  on  ne  pouvait  faire  abstraction  de 
la  personnalité  des  esclaves  el  les  envisager  uniquement 
comme  un  de  ces  animaux  auxquels  on  les  compare  sou- 
vent, bœuf  ou  cheval.  Les  Athéniens  non  seulement 
étaient  portés,  par  leur  humanité  relative,  à  tenir  compte, 
dans  une  certaine  mesure,  de  la  personnalité  de  l'esclave, 
mais  encore  ils  avaient  le  plus  grand  intérêt  à  ménager  la 
population  servile  qui  était  si  nombreuse  dans  la  cité  et 
([ui,  à  un  moment  donni',  pouvait  causer  les  plus  grands 
embarras  et  même  des  dangeis  sérieux.  S'il  n'y  a  jamais 
eu,  à  Athènes,  de  révoltes  d'esclaves  semblables  à  celles 

ihtniitat.  p.  r,  ;  Mcier,  Sclionmnn  cl  Lipsius,  lias  attisclie  Pruccss,  p.  440  et 
note  70»  ;  Thonisscn,  Le  droit  pénal  de  la  Hép.  allién.  p.  3.39-340.  —  9  Clerc, 
Les  métèques  Athéniens,  p.  20.  200,  273;  Beauclicl,  l.  Il,  p.  410.  —  lO  Deui. 
C.  Pliorm.  %  10;  Heroclot.  V,  0;  cf.  Hcrmanii-Bliiniuer,  p.  s;i  ;  Bncbscii- 
scliutî,  p.  123;  Wallon.  I,  p.  Ilis  ;  llftckh,  ,S'(a«(s/i«iij/m«.  der  Athener,  3'  éil. 
t.  I,  p.  85;  Bcaucbcl,  I.  Il,  p.  ijl.  —H  Lucian.  Abdic.  c.  21.  —  12  Wallon, 
t.  I,  p.  174. 


SKI{ 


12G2 


SER 


qui  ont  failli  l'airt'  soiiilircr  Uoiue  el  Lacckh'inone,  on  y 
reiR-oiilre  cependaiU  (iiiulc|iioâ  exemples  de  réliellionsou 
de  dêfeclions  en  face  tle  l'ennemi  ',  qui  font  comprendre 
tout  l'intérêt  qu'avaient  les  Athéniens  à  user  de  bien- 
veillance envers  leurs  esclaves. 

Si  donc,  au  point  de  vue.iuridi(iue,  les  esclaves  étaient 
retranchés  tle  la  société  civile,  ils  y  occupait-nt  cependant, 
en  fait,  une  situation  importante  et  relativement  assez 
favorisée.  Sans  parler  des  esclaves  publics  |i)Emoso]ou  de 
ceux  qu'on  nommait  /wpiç  oîxoOvts,-  qui,  comme  nous  le 
verrons,  avaient  une  situation  privilégiée,  il  est  certain 
que  les  esclaves,  en  général,  n'avaient  point,  vis-à-vis  de 
la  cité,  cette  situation  inférieure  qu'ils  occupaient  dans  la 
famille.  Ainsi,  ils  jouissaient  d'une  liberté  de  langage 
beaucoup  plus  grande  que  les  citoyens  mêm«s  de  cer- 
taines autres  villes  '-.  Il  ne  semble  pas  qu'un  règlement 
quelconque  ait  établi  une  dilférence  extérieure  de  cos- 
tume entre  les  esclaves  et  les  citoyens  ^ 

Les  esclaves  n'étaient  point  exclus,  en  principe,  des 
cérémonies  religieuses  et  des  sacrifices  publics.  Ils  pou- 
vaient être  initiés  aux  mystères  d'Eleusis,  s'ils  étaient  de 
nationalité  grecque.  Ils  avaient  leurs  fêtes  particulières*. 
Ils  n'étaient  pas  non  plus  exclus  di;  l'armée  ni  de  la  flotte. 
Us  jouèrent  même  sur  celle-ci  un  rôle  considérable,  et 
plusieurs  fois  la  liberté  leur  fut  accordée  en  masse  en 
récompense  de  leur  conduite  pendant  la  guerre  ^  A 
certains  points  de  vue  cependant  il  existe  une  ligne  de 
démarcation  entre  les  citoyens  et  les  esclaves.  Il  était 
interdit  à  ceux-ci  de  fréquenter  les  gymnases  et  les 
palestres  où  se  réunissaient  les  citoyens  et,  à  plus  forte 
raison,  les  assemblées  du  peuple". 

Une  dilTérence  importante  entre  les  liommos  libres 
et  les  esclaves  a  trait  à  la  répression  pénale.  L'amende, 
qui  joue  un  rôle  si  important  dans  lalégislation  pénale  de 
l'Atlique,  est  une  peine  qui  ne  frappe  que  les  hommes 
libres;  l'esclave,  au  contraire,  comme  le  dit  Démos 
thène',  répond  toujours  avec  son  corps,  c'est-à-dire 
qu'ilsubit  un  châtiment  corporel  là  oùl'honnne  libre  n'est 
condamné  qu'à  une  peine  pécuniaire. 

L'esclave,  n'ayant  aucune  personnalité  juridique,  n'a 
point  d'action  devant  les  tribunaux  :  c'est  son  maître  qui 
le  représente  à  cet  égard,  comme  à  tous  les  autres.  L'es- 
clave est  même  incapable  de  déposer  à  titre  de  témoin, 
sauf  peut-être  contre  celui  qui  est  accusé  de  meurtre^ 
En  toute  autre  hypothèse  on  n'admet  pas  son  témoignage 
libre  et  on  ne  l'interroge  que  par  la  torture.  La  loi  de 
Gortyne  reconnaît  toutefois  à  l'esclave  le  droit  de  prêter 
témoignage  sous  la  foi  du  serment  dans  un  cas,  celui  où 
une  femme  esclave  est  violée  par  son  maître  ^ 

La  loi  reconnais.sait  cependant  la  personnalité  de 
l'esclave,  par  la  protection  qu'elle  lui  accordait  contre 
certains  attentats  dirigés  contre  sa  personne  ou  sa  vie. 
Ainsi,  tandis  qu'à  Sparte  l'esclave  était  abandonné  aux 
insultes  publiques,  à  Athènes,  la  •{faf}\  uÇpEwç  était 
recevable    contre    celui    qui    maltraitait    un    esclave'" 


I  ncrniaiin-l!liiiiiiii,T,  p.  80;  liiiclisciischiilz,  p.  I«,  tW.  —  s  Uem.  Jn  Philipp. 
III,  3.  —  a  Scliocniann,  Antiq.  greeq.  trad.  Ualuski.i.p.  Wl  ;  Wallou,  I,  p.  ï94;Gil- 
bcrl,  Uandb.  der  rjriecli.  Staatmllert.  p.  Wi  ;  llermami-  Tliuniser,  Slaalsallert. 
p.  il3  ;  Bcauchcl,  l.  Il,  p.  453.  —  i  Ucm.  C.  AVaer.§  S5  ;  cf.  Buchsciicliûlz,  p.  149  , 
Hcrmaiin-BIUraner,  p.  Si;  Gilbert,  p.  189:  Sdiiumann-Galuski,  1,  p.  181  ;  Wallon, 
1,  p.  190  ;  Bcaucliel,  l.  Il,  p.  4S4.  —  6  Bœckh,  I,  p.  329.  —  C  Scliœmann-Galiiski,  ù 
p.  401.  —  1  Ucm.  C.  Timocr.  §  IC7;  cf.  Beauchcl,  l.  Il,  p.  423.  —  8  Auliplioii.  De  cacde 
Uer.  §  48;  cf.  Gilbert,  p.  189  ;  Moicr,  SchSmanu  cl  l.ipsius,  p.  875  ;  Platiior,  Process, 
î,  p.  215;  Hernidiiu-Thalhcini,  IleclUsaUert.  p.  22,  note  7  ;    Beauchet,  t.  Il,  p.  42ii, 


[iiviîMKus  (;ii.\PiiÈ,  AïKiAS  DiKÈ].  L'esclavc  était  aussi  protégé 
dans  sa  vie  par  une  autre  disposition  qui  n'honore  pas 
moins  la  législation  athénienne  :  elle  punit  le  meurtre  de 
l'esclave  à  l'égal  de  celui  de  l'homme  libre".  Une  dernière 
disposition  également  prolectrice  de  la  personne  de 
l'esclave,  qui  parait  aussi  avoirété  inspirée  par  le  désir  de 
sauvegarder  les  intérêts  du  maître,  est  celle  qui  punit 
le  rapt  de  l'esclave  de  la  même  manière  que  le  rapt  d'une 
personne  libre '- [ANniiAPornsMou  gkapuù]. 

L'esclave,  par  rapport  à  son  maître,  était  considéré 
comme  une  chose  possédée  quelconque,  un  corps,  (iMtxa.. 
L'État  n'a  point,  en  principe,  à  intervenir  dans  les  rap- 
ports du  maître  et  de  l'esclave  :  le  premier  a,  vis-à-vis  du 
second,  le  même  droit  d'user,  de  jouir  et  d'abuser  qui  lui 
appartient  vis-à-vis  de  tout  autre  objet  compris  dans  son 
patrimoine.  Le  maître  peut  donc  d'abord  régler  à  son  gré 
l'emploi  des  dilTérents  esclaves  qu'il  possède.  Il  est  entiè- 
rement libre  de  les  alTecter  à  tels  ou  tels  trcivaux,  en 
tenant  compte  ou  non  de  leurs  qualités physiquesou  intel- 
lectuelles. Le  maître  peut,  en  conséquence,  les  occuper  au 
service  intérieur  de  la  maison,  aux  travaux  des  champs, 
à  des  exploitations  rurales,  industrielles  ou  commer- 
ciales '^  Il  peu t  les  appeler  danom  qu'il  lui  plaît  [îvomen]  ". 
Ku  échange  des  services  divers  qu'il  exige  de  son  esclave, 
le  maître  lui  donne  la  nourriture  et  le  vêlement,  le  tout  à 
son  bon  plaisir  et  selon  l'intérêt  qu'il  peut  avoir  au  bien- 
être  et  à  la  conservation  d'un  esclave  qui  est  son  bien  et 
qui  représente  une  certaine  valeur'".  Il 
arrive  même  qu'il  témoigne  de  son  all'ec- 
lion  pour  lui  en  le  recueillant  après  sa 
mort  dans  le  tombeau  de  la  famille  ou 
même  en  lui  élevant  quelque  monument"''. 

L'autorité  que  le  maître  possède  sur 
l'esclave  lui  confère  un  droit  discrétion- 
naire de  correction.  Les  coups  sont  le 
châtiment  ordinaire  de  l'esclave  rebelle. 
Mais  outre  le  fouet  [klagellum,  p.  1155; 
P0ENA,  p.  3307],  le  maître  aà  sa  disposi- 
tion d'autres  punitions  de  toutes  sortes, 
telles  que  moulins,  cachots,  geôles,  entra- 
ves (fig.  0382)  '^  carcan,  cangue  [compes, 
numellae],  privation  de  nourriture,  etc., 
avec  toute  une  série  d'exécuteurs  et  de 
bourreaux.  Les  esclaves  peuvent  aussi 
être  marqués  au  fer  rouge  sur  le  front   ou  ailleurs  '". 

Le  droit  du  maître  sur  son  esclave  doit,  de  même  que 
celui  du  père  sur  son  enfant,  aller  jusqu'au  pouvoir  de  le 
mettre  à  mort.' Le  législateur  apporta  toutefois  certaines 
restrictions  à  ce  droit  exorbitant,  moins  peut-être  dans 
des  vues  d'humanité  que  dans  des  considérations  d'in- 
térêt général,  afin  de  prévenir  les  actes  de  violence  pri- 
vée'". La  loi  athénienne  interdit  au  maître  de  mettre  à 
mort  son  esclave,  et  la  sanction  de  cette  défense  paraît 
avoir  été  celle  qui  était  édictée  pour  l'homicide  involon- 
taire-". Il  était  toutefois  impossible,  en  cas  de  meurtre 


—  9   Loi  lie  Gurtyue,    22,    1 1   sq.   Cf.    Daresle,    Haiissoiillier  et  Heiuacli.  p.  274. 

—  10  Acscliin.  C.  Timarcll.  §  IG.  —  H  Wallon,  1,  p.  313  ;  Mcier,  Ùe  bonis, 
p.  23.  —  12  Deni.  In  Mid.  %  49.  —  13  Cf.  Wallou,  1,  p.  ISI  si|.  ;  Bcaucliel,  l.  Il, 
p.  433.  _  14  Bcaucliel,  I.  Il,  p.  434.  -  15  Wallou,  I,  p.  2S7.  —  10  W.illon,  I, 
p.  299.  —  n  Bronze  de  la  BibliolliO(|ue  ualionate,  Babelon  et  Bhincliet,  Vat.  îles 
bronzes,  n.  1026.  —  '«  Pollux,  III,  7S-79;  cf.  Wallon,  I,  p.  309;  Bûcbscnschillz, 
p.  138;  llcrmaun,  sur  Bcckcr,  Chiiriclés,  III,  p.  3G  sq.  —  m  Deui.  /n  JUid.  S  41'; 
Aeschin.  C.  Timarch.  §  17.  Cf.  Bûchscnscbaiz,  p.  150.  —20  Scbœmanu-Galuski,  I, 
p.  330  S(|.  ;  Ucier,  «clwnianu  cl  Lip..'ius,  p.  11  s<|.;  Bcaucliel   t.  Il,  p.  433. 


SER 


—  12r.3  — 


SER 


d'un  esclave,  d'appliquer  an  maiire  la  dispesitlon  de  la 
loi  qui  condamnait  le  coupable  à  l'exil  jusqu'à  ce  qu'il 
eût  composé  avec  les  parents  de  la  victime,  puisqu'ici  la 
victime  n'avait  pas  de  famille  légale  :  aussi  l'expiation 
devait-elle  consister  dans  une  sorte  de  sacrifice  pnridea- 
loire'.  La  castration  des  esclaves,  si  elli;  n'était  pas  inter- 
dite par  les  lois,  était  du  moins  considérée  par  les  Grecs 
comme  une  chose  repréliensible,  et  l'emploi  d'eunuques 
dans  le  service  domestique  était  un  fait  exceptionnel  ^ 

La  loi  athénienne,  tout  en  admettant  dans  de  larges 
limites  le  droit  de  correction  sur  l'esclave,  fournit  à 
celui-ci  un  secours  efficace  contre  les  excès  du  maître, 
grâce  au  droit  d'asile  et  à  la  faculté  de  changer  de  maître. 
A  Athènes,  comme  dans  les  autres  cités  grecques,  il  y 
avait  des  sanctuaires  spécialement  alfectés  aux  esclaves 
fugitifs  :  c'étaient  notamment  letemple  de  Thésée  et  le 
temple  des  Erinyes'.  L'esclave,  réfugié  dans  un  temple, 
qui  craignait,  après  avoir  été  repris  d'être  l'objet  de 
mauvais  traitements,  pouvait  exiger  de  son  maître  qu'il 
le  mit  en  vente,  itpïtïiv  aÏTsiv,  afin  de  pouvoir  passer  sous 
un  commandement  plus  doux.  Mais,  faute  de  renseigne- 
ments sur  l'exercice  de  ce  droit,  on  ne  peut  guère  faire 
que  des  suppositions  sur  la  manière  dont  il  fonctionnait'. 

Le  droit  de  propriété  qui  appartient  au  maître  sur  son 
esclave,  lui  permet  de  s'assurer  de  la  personne  de  celui- 
ci  et  de  le  revendiquer  en  tous  lieux.  Le  maître  peut  user 
de  tous  les  moyens  possibles  pour  retenir  sous  le  joug 
l'esclave  qu'il  soupçonne  de  vouloir  prendre  la  fuite  \  Si, 
néanmoins,  l'esclave  a  réussi  à  s'enfuir,  le  maître  peut  se 
mettre  lui-même  à  sa  poursuite  ou  confier  ce  soin  à  des 
hommes  chargés  spécialement  de  ce  métier".  La  pour- 
suite peut  s'exercer  non  seulement  sur  le  territoire  de 
l'Atlique,  mais  encore,  conformément  aux  principes  du 
droit  des  gens  alors  en  vigueur,  sur  le  territoire  des  cités 
amies.  Ily  eut  même,  à  ce  sujet,  des  traités  de  restitution 
conclus  entre  certaines  villes,  notamment  entre  Athènes 
et  Sparte  et  tous  leurs  alliés  lors  de  la  trêve  de  Nicias''. 

Le  droit  de  propriété  du  maître  lui  confère  aussi  le  droit 
de  disposer  de  l'esclave  à  son  gré  et  d'en  faire  l'objet 
d'un  contrat  quelconque,  pourvu  que  ce  contrat  soit  licite. 
Le  maître  peut  d'abord  vendre  son  esclave,  et  ce  droit  ne 
paraît  comporter  aucune  restriction,  comme  celle  de  ne 
pas  séparer  le  mari  do  la  femme,  un  enfant  de  ses 
parents".  L'esclave  peut  également  faire  l'objet  d'un  con- 
trat de  louage'''.  La  location  des  esclaves  procurait,  en 
général,  de  gros  revenus  à  leurs  maîtres.  L'esclave  peut 
pareillement  être  l'objet  d'un  contrat  de  prêt  '".  Nous  cite- 
ronsenfin,  parmi  les contratsdonl  l'esclave  peut  faire  l'ob- 
jet, comme  tout  autre  bien  mobilier,  le  contrat  dégage". 

L'esclave,  n'étant  guère  considéré  que  comme  une  chose, 
ne  peut  naturellement  avoir  de  patrimoine,  et  tout  ce 
qu'ilacquiert  en  servitude  estacquisau  maître.  Toutefois, 
l'usage  avait  fini  par  concéder  aux  esclaves,  non  seule- 
ment A  Athènes,  mais  dans  toute  la  Grèce,  certains  droits 
sur  son  pécule  c'est-à-dire  sur  la  portion  du  patrimoine 
du  maître  don  tc(dui-ci  laissait  l'administrât  ion  à  l'esclave, 
et  qui  était  composée  des  sommes  que  lemaîtie  lui  don- 

I  Bcauchcl,  l.  II.  p.  i-iO.  —  2  llerod.  VIII,  105.  —3  V.  lail.  asïua.  —  >  follux, 
Vil.  13;  Biiclisciiscliulz,  p.  15!  ;  Wallon,  I,  p.  :iH  ;  V.  lail.  Asvr.rA  —:■  Wallon.  I, 
p.  315.  —  <î  af«,,T»|o,fd;.  Cf.  Bcauchcl,  l.  !I.  p.  Ml.  — 1  Thiicy.l.  IV,  IIS,  S  7. 
Cf.  Wallon,  I,  p.  314:  Biichscnschillz,  p.  158.  —  »  Beanchcl,  l.  I,  p.  m.  V.  a>a- 
t;oc;És  [,iKK.  —0  Wallon,  I,  p.  iii;  Gilliert,  I,  p.  (S8:  Caillemcr,  Contrai  île 
louage,  p.  18;  Bocckli,  I,  p.  00.  V.  apoppioba.  —  10  Caillcmer,  Contrat  de  prêt, 
p.  T.  —  il  Daresle,   llaiissoullier  et  Keinacli,  p.  114,  n<"  40,  ii  ;  Boeckh,  I,    p.  iO  ; 


naît,  des  économies  faites  par  l'esclave  sur  sa  nourriture 
ou  d'autres  profits  réalisés  par  lui.  Ainsi  il  arrivait  assez 
souvent  que  le  maître  laissât  à  l'esclave  loué  une  partie 
de  son  salaire  à  la  condition  que  l'esclave  subviendrait 
aux  frais  de  sa  nourriture  et  de  son  entretien.  Ce  qu'il  épar- 
gnait sur  son  nécessaire,  faisait  le  fonds  d'un  pécuh'  qui 
pouvait  encore  s'accroître  d'autres  manières.  Quelquefois 
aussi,  le  maître,  pour  stimuler  le  zèle  de  ses  serviteurs, 
leur  donnait  un  intérêt  dans  ce  qu'ils  étaient  chargés  de 
fabriquer  ou  de  vendre'-.  Le  pécule  pouvait  également 
s'augmenter  des  petits  profits  réalisés  par  l'esclave  et  dus 
à  son  habileté,  à  son  esprit  d'intrigue  ou  à  la  générosité 
du  maître  ou  des  amis  qui  le  fréquentaient.  Le  maître 
pouvait  enfin  autoriser  un  ou  plusieurs  de  ses  esclaves  '■' 
à  exercer  librement  une  industrie,  à  charge  par  eux  de 
lui  verser  périodiquement  une  redevance  plus  ou  moins 
forte,  prise  sur  leurs  profits  et  désignée  ordinairement  sou  s 
le  nom  d'à-Tto^opà''.  Les  esclaves  dans  cette  situation  sont 
qualifiés  soit  de  /wptç  otzoùvTeî,  parce  qu'ils  ont  un  domi- 
cile à  eux,  distinct  de  celui  de  leurs  maîtres,  soit  de 
àvopi-ooa  [iiuSo^osoûvTa,  en  raison  de  la  redevance  qu'ils 
paient'-'.  Le  pécule  des  esclaves,  quelle  qu'en  soit  l'ori- 
gine, ne  parait  avoir  consisté,  à  Athènes,  qu'en  objets 
mobiliers,  et  les  textes  ne  signalent  pas  un  seul  exemple 
d'esclave  ayant  été  propriétaire  d'immeubles'".  Mais, 
peut-être,  le  droit  des  esclaves  était-il  plus  étendu  dans 
les  autres  cités  de  la  Grèce.  A  Gorlyne,  la  loi  reconnaît 
formellement  la  propriété  des  serfs  sur  le  bétail,  mais  il 
est  douteux  que  leur  droit  ait  pu  s'étendre  sur  la  terre  ' '. 

L'esclave  n'ayant  aucune  personnalité,  son  pécule  ne 
saurait  lui  appartenir,  etjiiridiquement,  ce  pécule  appar- 
tient au  maître  de  même  que  l'esclave,  et  en  quehiue 
sorte  par  voie  d'accession.  Sans  doute,  en  fait,  le  maître 
ne  touche  pas  ordinairement  au  pécule,  car  c'est  son  intérêt 
même  de  le  voir  se  développer.  Mais,  en  droit,  le  maître 
peut  retirer  à  l'esclave  le  pécule  et  même,  dans  l'usage,  il 
se  réservait  d'y  recourir  en  certaines  occasions  solennelles, 
il  est  vrai,  mais  encore  assez  fréquentes  Dans  l'intervalle, 
cependant,  l'esclave  peut  user  de  son  pécule,  soit  pour  se 
procurer  plus  de  bien-être  en  se  donnant  lui-même,  par 
exemple,  un  serviteur,  soit  pour  se  payer  les  plaisirs  et 
les  divertissements  des  hommes  libres.  Il  peut  enfin  s'en 
servir  pour  se  racheter  de  la  servitude  [apelelitdichoIj  '*. 
Le  droit  qui  appartient  au  maître  sur  le  pécule  de  l'es- 
clave lui  confère  par  là  même  le  droit  de  recueillir  ce 
pécule  par  voie  de  succession  [successio]. 

Les  esclaves,  considérés  au  point  do  vue  du  droit  de 
propriété  que  le  maître  a  sur  eux,  font  partie  de  FoÙTi'a 
àa.avr|î  [Aril.\NÈS  OL'SIa], 

L'esclave,  ne  pouvant  disposer  de  sa  personne  sans  le 
consentement  de  son  maître,  se  trouve  légalement  dans 
l'impossibilité  de  fonder  une  famille  en  se  mariant  avec 
une  esclave  appartenant  au  même  maître  que  lui  ou  à  un 
maître  diflerent  Toutefois,  en  fait,  on  permettait  assez 
souvent  des  unions  de  ce  genre,  et  elles  n'étaient  point 
interdites  par  une  loi  de  Solon,qui,au  dire  de  f^liitarqiie, 
aurait  porté  contre  les  esclaves  d'autres  prohibitions '^ 

llormanM-Tlialbeini,  p.  100,  nolp  4;  llilzig.  Das  i/riccli.  Pf'initreclit,  p.  17  ; 
lieauchel,  l.  Il,  p.  i',i.  —  12  Wallon,  I,  p.  2')l.  —  13  Wallon,  ihid.;  Biiclispn- 
scliiitz,  p.  103  ;  Bcaucliel,  t.  II,  p.  415,  —  14  V.  APupnoiiA.  —  '^  Isae.  De  Cir.  lier. 
%  35.  i—  1«  Goirauil,  p.  143.  —  n  Loi  do  Gorlyne,  IV,  3iî.  Cf.  Gniiaiid,  loc.  cit.: 
Ilerniann-Thalhcim,  page  2'.l,  noip  5.  —  l«  BSclisenschûlï,  p.  161;  Wallon,  I.  I, 
p.S94;  Cuiraud,  p.  143,  Beaucliol,  l.  Il,  p.  U9  —  l'i  Plularrli.  ,lma/'i/  IV,  I  r. 
Cf.    Bcauchel,  t.    II,  p,  450. 


SER 


—  i2»;i 


SER 


Los  mailresfavorisaienl,  d'ailleurs,  les  unions  entre  leurs 
esclaves.  Il  faul  reronnaiire  que  si,  dans  le  droit  allique, 
il  n\v  a  pas  de  mariage  proprement  dit  entre  deux  es- 
claves, elsileniolviuLo;  n'est  jamais  employé  par  les  au- 
teurs grecs  pour  désigner  leurs  relations',  il  ya  cependant 
une  sorte  de  fixité,  sinon  li'gale,  du  moins  usuelle  dans 
les  rappoi-ls  iTun  liiuume  et  d'une  lemme  esclaves,  et  dans 
ceux  lies  parents  avec  les  enfants  qui  naissent  de  ces 
unions,  c'est-à-dire  qu'il  y  a  une  forme  du  mariage  et  une 
image  de  la  famille-.  Des  actes  privés,  d'ailleurs,  sinon 
les  lois,  reconnaissent,  en  fait,  l'existence  de  ces  unions 
et  de  la  famille  à  laquelle  elles  donnent  naissance  '. 

.-\l)straction  faite  des  rapports  de  famille  dont  nous 
venons  de  parler,  il  ne  saurait  être  question  de  relations 
juri<liques,  de  contrats,  par  exemple,  entre  les  esclaves 
d'un  même  maître,  car  ils  sont  censés  parler  au  nom  du 
maître,  qui  ne  peut  évidemment  traiter  avec  lui-même. 
Il  n'y  a  de  possibles  que  des  actes  juridiques  entre  des 
esclaves  appartenant  à   des  maîtres  diirérents'. 

La  liberté  étant  une  condition  indispensable  de  la  per- 
sonnalité juridique,  l'esclave  est  légalement  incapable 
de  contracter  avec  des  tiers,  et  il  ne  peut  figurer  dans  un 
acte  que  comme  le  porte-parole  de  son  maître.  Si,  par 
suite  de  l'emploi  qu'en  a  fait  son  maître,  l'esclave  s'est 
trouvé  en  rapport  avec  des  tiers,  par  exemple,  à  raison 
de  l'exploitation  d'im  domaine  ou  d'une  industrie  qui  lui 
a  été  confiée,  l'esclave  ne  peut  les  actionner  en  exécution 
des  engagements  qu'ils  ont  contractés  envers  lui.  C'est 
donc  le  maître  qui,  juridiquement,  plaide  soit  en  deman- 
dant soit  en  défendant,  dans  tous  les  procès  soulevés  à 
l'occasion  des  actes  de  l'esclave  °. 

Si  nous  supposons  d'abord  que  des  actes  délictueux  ont 
été  commis  contre  la  personne  de  l'esclave,  le  soin  d'en 
assurerlarépressionappartientau  maître.  Si.  parexemple, 
l'esclave  a  été  tué  ou  blessé  volontairetnenl  par  un  tiers, 
le  maître  peut  intenter  contre  celui-ci  la  Ypai-r^  covou  et  la 
Ypiï./)  TsaJaïTo;  Ix  -povo-'a;.  L'action  est  alors  intentée  non 
point  au  nom  de  l'esclave,  mais  au  nom  du  maître.  Que 
si  l'esclave  a  été  lésé  pécuniairement  par  suite  de  l'inexé- 
cution des  engagements  qu'un  tiersavait  contractés  envers 
lui,  lemaitre  peut  agircontre  ce  tiers  au  moyen  de  l'action 
née  du  contrat  où  a  figuré  l'esclave,  afin  de  contraindre 
ce  tiers  ;i  remplir  ses  engagements  envers  lui  ou  intenter 
contre  lui  la  oU■r^  .3Xi?Y,ç  [blabès  dikèI  ". 

Il  se  peut  qu'à  l'inverse,  l'esclave  cause  à  un  tiers  un 
préjudice  par  suite  soit  d'un  délit,  soit  de  l'inexécution 
des  engagements  qu'il  a  contractés  envei-s  ce  tiers. 
L'esclave  n'ayant  point  de  patrimoine  propre  sur  lequel 
le  tiers  puisse  obtenir  la  ri'paralion  du  préjudice  qu'il  a 
subi,  le  maître  peut  être  actionné  comme  civilement 
responsable  du  dommage  causé  par  ce  dernier.  La  situa- 
tion du  maître  vis-à-vis  de  son  esclave  est  donc  semblable 
à  celle  qu'il  a  vis-à-vis  des  animaux  qui  lui  appartien- 
nent :  il  est  également  responsable  du  dommage  causé 
parces  objets  soumis  à  sa  maîtrise.  Le  maître  responsable, 
c'est  d'ailleurs  celui  auquel  appartenait  l'esclave  au  mo- 
ment de  l'accomplissement  de  l'acte  dommageable  '. 
La  loi  de  Gortyne  *  pose  toutefois  à  ce  sujet  une  règle 
spéciale  et  décide  que  celui  qui  a  acheté  un   esclave  a 

1  Wallon,  I.  |i.  iss.  _  2  La  loi  ilc  (iorlync  ne  pariil  pas  avoir  reconnu  le 
ni.iria;.'0  «les  esclaves  ;  t)aresle,  llaiisMxillicr  el  Keinacii,  p.  M~,  Vi8.  —  3  Beaticlicl, 
l.  11.  p.  I5i.  —  1  lirauchcl,  ibhl.  —  =  BScliwnscliûlz.  p.  I  l'i;  Meior,  Scliûniann  el 
l.ip-iiis,  p.  730  ;  Heriuann-Tliallieiiii.  p.  ii.  V.  i.iKi:.  —  6  .Meier.  Sclirmiaiiu  cl  l.ipsiiis, 


trente  jours  pourefTecluer  la-rrspaûo'jtç,  c'est-à-dire  l'action 
rédhibitoire  en  raison  de  la  découverte  de  vices  cachés; 
mais  s'il  laisse  passer  ce  délai  sans  agir,  il  est  désormais 
tenu  de  tous  les  dommages  causés  par  cet  esclave,  soit 
avant,  soit  après  son  acquisition. 

"Lorsque  le  maître  est  complice  de  l'acte  dommageal)le 
commis  par  ^esclav^^  il  i-sl  directement  responsable  du 
dommage  pour  raccomplissement  duquel  l'esclave  n'appa- 
raît que  comme  un  instrument.  FI  ne  peut  alors  se  libérer 
de  la  responsabilité  qui  pèse  sur  lui  qu'en  réparant  inté- 
gralement le  dommage  causé,  comme  s'il  avait  été  le  seul 
auteur.  Que  si  le  maître  est  resté  étranger  au  fait  dom- 
mageable, sa  responsabilité  a  lieu  néanmoins,  mais  elle 
est  moins  rigoureuse,  en  ce  sens  qu'il  n'est  tenu  que 
prnpter  rein,  c'est-à-dire  à  cause  de  l'esclave  et  qu'il  peut 
se  libérer  en  abandonnant  l'esclave  à  la  partie  lésée. 
L'abandon  noxal.  admis  jiour  les  animaux,  l'est  également 
pour  les  esclaves,  qui  sont  assimilés  à  des  animaux 
juridiquement'. 

A  côté  des  esclaves  appartenant  à  des  particuliers,  et 
dont  nous  noussommes  occupé  jusqu'à  présent,  il  existe 
à  .\tliènes,  comme  dans  les  autres  cités  grecques,  des 
esclaves  publics  ou  appartenant  à  l'Ktat,  et  que  l'on 
nomme  or^ii.6cio>.  [DESiosmi]. 

IV.  Cessation  de  l'esclavage.  — .Nous  avons  précédem- 
ment étudié  les  causes  de  cessation  de  l'esclavage,  ainsi 
que  la  condition  des  allranchis  [apeleitiieroi]. 

V.  PRc^ciis  AVANT  TRAIT  A  l'eSCLAVAOE  01'  A  LA  LIBERTÉ.  — 

Les  questions  d'esclavage  ou  de  liberté  peuvent  donner 
lieu  à  plusieurs  actions  distinctes.  Ainsi  d'abord  il  peut 
y  avoir  contestation  entre  deux  personnes  relativement  à 
la  propriété  d'un  esclave.  L'action  en  revendication  qui 
s'engage  à  propos  d'un  esclave  est  la  ôiV/j  àvôpaitdScov,  à 
l'égard  de  laquelle  nous  ne  possédons  presque  aucun 
renseignement.  Nous  savons  seulement  que  cette  action 
était  soumise  à  la  procédure  sommaire  introduite  par 
les  EÎ-javcoYE!;  rEiSAGOGEis]'".  Un  second  cas  de  contes- 
tation est  celui  où  ime  personne  réclame  la  mise  en 
liberté  d'un  individu  qui,  en  fait,  se  trouve  en  état  d'es- 
clavage ou,  à  l'inverie,  réclame  comme  esclave  un  indi- 
vidu qui  est  libre  en  fait.  Nous  avons  précédemment 
indiqué  les  règles  à  suivre  à  cet  égard  L\puairesis  eis 

ELElTUERIAy]. 

VI.  Di"  SERVAGE.  —  L'esclave  dont  nous  avons  jusqu'à 
présent  étudié  la  situation,  c'est,  en  quelque  sorte, 
l'esclave  meuble,  juridiquement  assimilé  à  toute  autre 
propriété  mobilière.  Le  droit  grec  a-t-il  connu  une  autre 
espèce  d'esclave,  que  l'on  peut  qualifier  d'esclave  im- 
meuble, c'est  à-dire  semblable  au  sol  auquel  il  est  attaché, 
ou,  en  d'autres  termes,  retrouve  t-on  dans  l'ancienne 
Grèce  ce  que  Ton  a  nommé,  à  d'autres  époques,  leservage 
de  la  glèbe?  La  question  a  été  précédemment  étudiée 
spécialement  pour  les  llilotesà  Sparte,  pour  les  Pénestes 
en  Thessalie  et  pour  les  ioianô-a!  et  les  xÀopw-ai  en  Crète 
[ai'uamiotai,  imlotae".  En  ce  qui  concerne  notamment 
l'Attique,  la  question  du  servage  dépend  de  la  situation 
que  Ton  veut  attribuer  à  la  classe  d'individus  nommés 
TZBli-oi:  [pELATAi]  OU  £XT/,u.op&i  [iiEKTÈ.MOROij  et  de  la  signi- 
fication que  l'on  donnera  à  la  réforme  accomplie  par  Solon 


p.  75ft;  Bciucliet.  l.  II.  p.  43i.  Cf.  BitlM.  de  V.Ucul.  Jes  inscr.  1908,  p.  4+8. 
—  ■:  Beauchet,  l.  II.  p  iH.  —  »  VII,  M-15.  Cf.  Dareslc.  Ilaussoullicr  el  Reinaeh, 
p.  vi-.y.  —9  .\eii.  Hcllen.  II.  i,  41.  Cf.  Ilcrinann-Tliallicim,  p.  lie»,  noie  4:  Mcicr, 
Schôinaiiiicl  l.ipsius,  p.  r.53  ;  tl.rcsU-.  Science  du  ilnii',  p.  13V;  B,aucliel.  l.  II.  p.  457. 


si:i{ 


—  1263  — 


SKR 


cl  niiiniiK'i'pnrsos  rontciiiporninsTEiTot/Osia  I^si'.isaciitiieia]. 

niiiiir  i!(iMAi\.  —  A  Unme  la  division  rondainenliilc 
i  XII  m  nui  1/ iris  in)  on  cet!  ni  conrernela  conililion  Jiii'iili(|iii' 
dos  personnes,  «'"esl  que  lous  les  liouiines  sont  lilires  on 
esclaves'.  Les  Instilules  de  Juslinien  disent,  en  consé- 
(jnence,  que  ><  la  lilierlé  esl  la  facnllé  nainrelle  de  faire 
loiil  ce  qne  l'on  vent,  sanl'  les  olislacles  résnllant  de  la 
force  ou  du  droit.  Onant  à  la  servitude  [xcrviiiis]  c'est 
une  institution  du  droit  des  gens  par  laquelle,  contraire- 
ment à  la  nature,  une  personne  est  soumise  au  droit  de 
propriété  d'une  autre-  ».  L'esclavage  esl  donc  la  condition 
des  personnes  qui  sont  la  propriété  d'une  autre.  Pendanl 
longtemps  à  Rome,  comme  en  Grèce  d'ailleurs,  l'esclavage 
fut  considéré  comme  naturel  el  légitime.  Cicéron  seml)le 
l'accepter  comme  fait  inséparable  des  nécessités  de  la 
vie  ^  Sénèque,  tout  en  recommandant  aux  maîtres  l'hu- 
manité envers  leurs  esclaves,  ne  combat  nulle  part  le 
principe  de  l'esclavage'.  Les  jurisconsultes  de  la  période 
impériale,  imbus  des  idées  pliilosophiques  modernes, 
considèrent  bien  l'esclavage  comme  contraire  à  la  nature, 
mais  ils  observent  que  c'est  une  institution  du  droit  des 
gens  (jus  gentium),  parce  qu'elle  existe  chez  tous  les 
peuples  de  l'antiquité  \  Quant  à  sa  légitimation,  ils  la 
trouvent  dans  l'événement  qui  en  a  toujours  été  la  prin- 
cipale source,  la  guerre  :  le  vainqueur  ayant  le  droit  de 
tuer  le  vaincu,  possède,  h  plus  forte  raison,  le  droit  d'en 
faire  sa  propriété  ou  de  le  vendre,  ac  per  hoc  serrure'', 
d'oîi  le  nom  de  servus  pour  désigner  l'esclave'.  Même 
après  que  le  christianisme  eut  hautement  proclamé  que 
tous  les  hommes  sont  égaux  et  libres,  l'instilulion  de 
l'esclavage  avait  pénétré  si  profondi'ment  dans  les  mœurs 
qu'il  était  impossible  de  l'en  faire  disparaître  et,  sauf 
certaines  mesures  légales  destinées  à  protéger  l'esclave 
contre  les  abus  de  pouvoir  du  maître,  sauf  une  diminution 
notable  des  causes  de  servitude  et  une  facilité  plus  grande 
donnée  aux  alfranchissements,  l'esclavage,  sous  Justi- 
nien,  était  aussi  florissant  que  dans  la  Rouie  antique. 

Causes  du  l'esclavage.  —  Les  jurisconsultes  romains 
distinguent  ceux  qui  sont  nés  tels  et  ceux  qui  le  sont 
devenus.  Ils  divisentaussi  toutes  les  causesde  l'esclavage 
en  doux  classes  :  les  unes  appartenant  nu  Jus  f/en/iiiiii,  les 
autres  au  jus  ci  ri  le  *. 

Les  causes  dérivant  ûujus  gentiuin,  les  plus  antiennes 
sont  la  captivité  et  la  naissance. 

La  captivité  d'abord,  conformément  au  principe 
antique  dont  les  Grecs  avaient  déjà  fait  application.  11  y 
a  toutefois  certaines  distinctions  k  observer.  Lorsqu'il 
s'agissait  d'un  peuple  avec  qui  les  Romains  n'entrete- 
naient aucune  relation  d'amitié  ou  d'alliance,  le  principe 
s'appliquait  à  tout  captif  fait  sur  ce  peuple,  même  en 
dehors  de  toute  guerre  déclarée.  Mais  dans  les  rapports 
avec  les  peuples  amis  ou  alliés,  la  capture  d'un  prison- 
nier n'était  une  cause  d'esclavage  légal  que  si  cette 
capture  avait  eu  lieu  à  la  suite  d'une  guerre  réguliè- 
rement déclarée  suivant  un  certain  cérémonial  consacré 
[justum  bellum)''.  Pris  dans  d'autres  conditions,  notam- 
ment par  des  brigands,  des  pirates  ou  dans  une  guerre 
civile,  le  captif  ne  perdait  pas  sa  qualité  d'homme  libre"'. 


SEBVI.  f  Insl.  Jii«l.  pr.  De  jm-e person,  I,  l.  —  2  Jliid.  §§  l  el  i.  —  3  Cicnr. 
fle  repiM.  IIL  —  *  Scncc.  lipisLil,  75 §  14-  ;  De  bciief.  III,  20.  —  ô  L.  •*§  1,  De 
slulii  liom.  V,  i.  — 0  Insl.  Jusl.  /.oc.  cit.  §  3.  —  ^  LVsclavo,  à  raison  lic  sa  nature 
«le  buliii  (le  f;uorre,  de  clio.sc  prise  par  la  force,  esl  aussi  appelé  >nancipium,  mnnn 
caplum  :  Insl.  Jiisl.  ihiil.  —  o  Inslil.  iwl.  /.nr.  cil.  J  i;  I.  5  §  Dig.  De  statu  ht.m 

VIII. 


Vu  surplus,  d'après  une  Irndilioii  ('(inilée  sur  r(''r(iiil('  et 
pass('e  dans  le  droit,  le  caplif  qui  s'é'eliappe  et  relourne 
dans   ses    foyers    cesse   d'èlre   esclave   par    application 

du  jus  posl/illlillii    [l'OSTLIMlMl'M  '. 

En  ce  qui  concerne  le  fait  de  la  naissance,  la  règle  esl 
que  les  enfants  d'une  femme  esclave  naissent  esclaves, 
('.'est  un  principe,  en  effet,  que  les  enfants  issus  d'une 
union  non  légitime  suivent  la  condition  de  leur  mère". 
Hn  principe,  pour  déterminer  le  sort  de  l'enfant,  on 
s'attache  à  la  condition  qu'a  la  mère  au  moment  où 
l'enfant  acquiert  une  personnalité  distincte,  c'est-à-dire 
au  moment  de  la  naissance''.  Mais,  de  bonne  heure,  on 
ailmil  que  l'enfant  naîtrait  libre  du  moment  que  la  mère 
aurait  été  libre  à  un  moment  quelconque  de  la  gestation  ". 

Les  causes  de  l'esclavage  jure  civi/i  ont  varié  suivant 
les  ('poques.  Le  principe,  à  cet  égard,  fut  toujours  que, 
si  l'homme  librene  peut  volontairementaliénersa  liberté, 
celle-ci  peut  cependant  lui  être  enlevée  à  titre  de  peine. 

Ainsi,  dans  l'ancien  droit,  le  citoyen  qui  ne  s'est  pas 
fait  porter  sur  les  registres  du  cens  est  vendu  au  profit 
de  l'État  comme  esclave 'S  règle  qui  tomba  en  désuétude 
avec  le  cens  [censusI.  La  loi  des  XII  Tables,  d'autre  part, 
décidait  que  le  voleur  pris  en  flagrant  délit,  fur  mniii- 
feslus,  était  attribué  comme  esclave  à  la  victime  du  vol 
[ruRTUMl,  mais  le  préteur  y  substitua  une  amende  '■'. 

A  l'époque  classique,  on  trouve  d'antres  causes  d'escla- 
vage,/«;-e  civiii  :  1°  la  femme  libre  qui,  connaissant  sa 
condition,  entrelient  des  relations  avec  un  esclave,  contre 
le  gré  du  maître  de  ce  dernier,  perd  au  profit  do.  ce 
maître  sa  liberté  el  ses  biens.  Telle  était  la  disposition  du 
sénatus-consulte  Claudien,  abrogé  par  Juslinien"'; 
^°  la  condamnation  aux  mines  {ml  metellum)  ou  aux 
bêles  féroces  [ad  bestiris)  entraîne  également  la  perte  de 
la  liberté;  ces  condamnés  sont  nommés,  en  conséquence, 
[servi  poenae).  Mais,  dans  le  dernier  étal  du  droil, 
il  n'est  plus  question  de  cette  cause  d'esclavage, 
Constantin  ayant  supprimé  la  condamnation  aux  bêles 
et  Juslinien  ayant  d('cid('' que  la  condamnation  aux  mines 
n'entraînerait  plus  l'esclavage'";  3°  une  disposition  de 
l'édit  du  préleur  punit  de  l'esclavage  une  fraude  qu'avait 
suggérée  le  principe  de  l'inaliénabilité  de  la  liberté 
liumaine,  la  misère  aidant.  Un  homme  libre  se  faisait 
vendre  comme  esclave  par  un  complice,  partageait  le 
prix  avec  lui  el  réclamait  ensuite  sa  liberté  inaliénable. 
Une  décision  do  Q.  Mucius  Scœvola  décida  que  l'auteur 
d'une  pareille  escroquerie  deviendrait  esclave  de  l'ache- 
teur, à  la  condition  qu'il  eût  vingt  ans  au  moins,  qu'il 
fût  de  mauvaise  foi  el  que  l'acheteur  fût  de  bonne  foi  '»  ; 
\"  des  institutions  impériales,  rendues  dans  le  but  de 
réprimer  l'ingratitude  des  affranchis,  ont  permis  au 
patron  de  demander  devant  le  magistrat  la  révocation  de 
l'airranchissemenl  [lihertusj. 

fJondi/ioii  juridique  des  esclaves.  —  Envisagée  en 
elle-même,  el  abstraction  faite  du  point  de  savoir  si  l'es- 
clave a  un  maître  ou  s'il  n'en  a  pas,  sacondition  juridique 
peut  .se  résumer  dans  celte  règle  posée  par  le  juriscon- 
sulte Ulpien  ''^  :  en  droit  civil,  l'esclave  n'a  pas  de  person- 
nalité ;  c'est  une  simple  chose  ;  mais,  en  droit  naturel,  la 

—  0  L.24,  tiig.Decaptii'.  XLIX,  13.  —  10  L.  10§  i,  21  :  I,  li.  l.  —  H  l„  24. 1).  Dcsiatu 
Aom.  —  i2  Gains,  1,89.  —  13  L.  1  pr.  I).  De  ini/eii.  |,  4.  —  U  Uio.  Proraecina^Tt. 

—  15  liaius.  III.  I»9.  —  10  Paul.  .Sml.  Il,  21  a;  1,.  un.  De  sel.  rtami.  loll.  VII,  24. 

—  "L.I,§3.D.Cui6.în<)(/.>s(.  pot.l,  12;  I.  t.C.Ueglad.  Kl,  4:)  ;  .Nov.  Jusl.  22,  c. 
S.  —  18  L.  7,  pr.  §5  1  à  :i  ;  1).  Ùe  lil,,;:  causa,  XL,  12.  —  '"  I..  32,  l>.  /Je  ni/.j.ir.  L,  ."I . 

l.o9 


SKR 


—   1200 


SER 


pi'i'soniu'  (11-  rosclavo  ne  (lill'Ore  pas  de  relie  des  autres 
liomine.s  ;  il  a  les  mêmes  droits  et  les  inèines  devoirs. 

De  celte  conception  rig;oureuse  du  droit  civil  résultent 
de  nombreuses  conséquences.  Vinsi  notamment  :  1°  L'es- 
clave, n'étant  pas  membre  de  la  cité,  ne  peut  exercer 
aucun  droit  politique;  il  ne  peut,  dès  lors,  aspirer  à 
aucune  magistrature,  ni  figurer  dans  l'armée  '.  -2"  U  n'y 
a  pour  l'esclave  ni  famille,  ni  mariage.  Kn  fait,  l'esclave 
peut  bien  avoir  un  père  et  une  mère;  mais  il  n'y  a  entre 
eux  aucune  parenté  légale,  cognatio  serrilis  nulla  est. 
De  même,  l'union  de  \'cac\3L\e{contuberniuin)Q?,l  un  pur 
fait  et,  même  contractée  avec  l'assentiment  du  maître, 
elle  ne  saurait  jamais  constituer  un  mariage,  malrimo- 
nium  [M.\TRi.Mo.\irM].  Celte  union,  que  le  maître  peut 
dissoudre  à  son  gré,  ne  donne  dès  lors  au  mari  aucun 
pouvoir  sur  sa  femme,  simple  compagne  de  servitude,  ni 
au  père  aucun  pouvoir  sur  ses  enfants  [p.^tria  potestas]. 
3°  A  la  difl'érence  de  l'homme  libre,  l'esclave  ne  peut 
avoir  aucun  patrimoine  actif;  tout  ce  qu'il  acquiert 
appartient  à  son  maîlre  '.  L'esclave  n'a  pas  non  plus,  à 
l'inverse,  de  patrimoine  passif,  c'est-à-dire  qu'il  ne  peut 
contracter  aucune  obligation  personnelle;  on  admet  seu- 
lement qu'il  s'oblige  par  ses  délits,  et  encore  cette  obli- 
gation ne  peut-elle  produire  d'elfets  à  son  égard  qu'après 
le  jour  où  il  a  acquis  la  liberté'.  4°  L'esclave  ne  peut 
paraître  en  justice  ni  comme  demandeur,  ni  comme 
défendeur,  car  les  voies  de  procédure  ne  sont  ouvertes 
qu'aux  hommes  libres  '.  Si  donc  il  est  blessé  ou  violenté, 
c'est  le  maître  seul  qui  peut  se  plaindre,  s'il  le  veut,  du 
tort  qu'on  lui  a  fait,  comme  il  pourrait  \{\  faire  pour  un 
animal  blessé  ou  pour  un  objet  brisé. 

Cette  assimilation  de  l'esclave  à  une  chose  n'empèclie 
pas  cependant  qu'il  soit  un  être  humain  et  qu'il  y  ait 
entre  lui  et  les  autres  objets,  susceptibles  d'appropriation 
privée,  une  différence  essentielle,  qui  le  fait  rentrer,  à 
un  titre  semblable,  dans  la  catégorie  des  alieni  juris 
comme  les  enfants  en  puissance.  Ce  caractère  d'être 
humain  devait  forcémentenlrainer  certaines  atténuations 
à  la  rigueur  de  la  conception  primitive  et  à  la  reconnais- 
sance, à  certains  points  de  vue  du  droit  public  ou  privé, 
de  la  personnalité  qu'il  possède  en  fait. 

Dès  les  temps  les  plus  anciens,  d'ailleurs,  cette  person- 
nalité de  l'esclave  avait  été  admise  au  point  de  vue 
religieux.  Aussi,  bien  qu'en  droit  les  esclaves  n'eussent 
pas  de  sacra  privata,  c'est-à-dire  de  culte  qui  leur  fût 
propre,  ils  n'étaient  pas  absolument  exclus  de  tout  culte. 
On  voit  notamment  qu'ils  participaient  à  la  fête  des  dieux 
Lares  [compitaliaj  ^.  D'autre  part,  les  lois  recon- 
naissent au  tombeau  de  l'esclave  le  caractère  de  res  rdi- 
ffioiti  et  lui  donnent  la  protection  assurée  à  la  sépulture 
des  autres  citoyens  ^. 

Au  point  de  vue  du  droit  privé,  la  personnalité  do 
l'esclave  fut  également,  surtout  à  l'époque  classique, 
reconnue  à  bien  des  égards,  sous  l'intluence  de  cette 
idée  que  l'esclave,  au  lieu  d'être  simplement,  comme 
en  Grèce,  l'outil  vivant  de  son  maître,  est  considéré 
à  Rome  comme  son  instrument  juridique.  L'esclave  peut, 
2n  quelque  sorte,  servir  à  son  maître  de  porte-parole  ; 
il  est  entre  ses  mains  une  sorte  de  machine  intelligente 

'  L.  3,  Dig.  De  o/fie.  prnel.  1,  U;  Valcr.  Mai.  VII,  6,  |.  _  s  L.  is2, 
D.  De  verb.  siijnif.  L.  10.  —  3  L.  li,  D.  De  olilig.  et  act.  XLIV,  7. 
—  *  Gains,  11.  10;  L.  107,  De  reg.  juris.  —  »  Dioiiys.  Mal.  IV,  U.  —  6  Varro, 
De  ling.  lai.  0,  Î4  ;  I.  2  pr.  D.   De  rvliq.  XI,  7.  —  7  Gaius,    I,  3i.  —  8  L.  30,  D. 


qui  lui  permet  d'augmenter  sa  capacité  et  d'étendre  le 
cercle  de  son  activité  juridique.  On  admit  dès  lors  que 
l'esclave  avait  qualité  pour  figurer,  au  lieu  et  place  de  son 
maître,  dans  certains  actes  juridiques  et  qu'il  pouvait, 
en  empruntant  sa  personnalité  [ex  persona  domini),  le 
rendre  propriétaire,  créancier.  Le  citoyen,  qui  ne  pour- 
rail  par  l'iiiterméiliaire  d'un  autre  citoyen,  acquérir  un 
droit  de  propriété  ou  un  droit  de  créance,  le  peut  par 
l'intermédiaire  de  son  esclave  ".  Cette  aptitude  juri- 
dique n'est  toutefois  reconnue  à  l'esclave  que  dans  l'in- 
lécèt  et  par  représenlation  du  maître:  elle  fait  défaut, 
dès  lors,  au  servus  sine  domino,  qui  ne  peut  emprunter 
la  capacité  d'aucun  maître  *. 

Le  droit  civil  ne  permettait  toutefois  à  l'esclave  que  de 
rendre  son  maître  propriétaire  ou  créancier,  mais  non 
de  le  rendre  débiteur,  même  avec  son  consentement.  Le 
droit  prétorien  alla  plus  loin  et  permit  aux  maîtres  de 
devenir  débiteurs  par  l'intermédiaire  de  leur  esclave, 
agissant,  bien  entendu,  de  leuraveu.  C'était  ainsi  donner 
aux  maîtres  le  moyen  de  procéder,  par  l'intermédiaire 
de  leur  esclave,  à  des  opérations  de  commerce  qui 
supposent  des  engagements  réciproques.  L'édit  du  pré- 
teur donne,  en  conséquence,  au  maître  la  faculté  d'user 
d'un  double  procédé.  Le  maître  peut  d'abord  mettre  son 
esclave  à  la  tête  d'une  entreprise  commerciale  ou  indus- 
trielle, de  telle  sorte  que  ceux  qui  contracteront  avec 
l'esclave,  dans  la  limite  de  ses  pouvoirs,  auront  une 
action  contre  le  maître,  comme  l'action  exerciloria  ou 
insti/orin^.  Le  maîlre  peut,  d'autre  part  (et  celte  seconde 
combinaison  lui  permet  de  limiter  ses  risques  de  perte), 
mettre  l'esclave  à  la  têle  d'un  pécule  [PECuurM]  jusqu'à 
concurrence  duquel  l'esclave  peut  s'engager  envers  les 
tiers.  Ces  deux  combinaisons,  bien  qu'inventées  dans 
l'intérêt  exclusifdu  maître,  arrivaient  toutefois  à  donner 
une  grande  indépendance  de  fait  aux  esclaves  préposés, 
par  exemple,  au  commandement  d'un  navire,  à  la  direc- 
tion d'un  comptoir  ou  d'une  industrie. 

La  personnalité  de  l'esclave  s'affirme,  d'un  autre  côté, 
en  matière  de  procédure.  Incapable,  à  l'origine,  de  figurer 
en  justice,  l'esclave  peut,  sous  l'Empire,  porter  plainte 
devant  le  magistrat,  quand  il  se  prétend  affranchi  dans 
un  testament  supprimé  par  l'héritier  du  maîlre  ou  quand 
il  allègue  une  violation  de  la  convention  d'affranchis- 
sement intervenue  entre  lui  et  son  maître'".  Le  droit 
civil,  qui  d'abord  ne  reconnaissait  d'autre  obligation 
civile  à  la  charge  de  l'esclave  que  celle  résultant  de  ses 
délits,  finit  par  admettre  que,  par  ses  contrats,  l'esclave 
peut  devenir  créancier  ou  débiteur  naturel  ". 

En  ce  qui  concerne  le  droit  des  personnes,  on  voit 
successivement  admettre  par  la  jurisprudence  ou  par  le 
législateur  de  nombreuses  règles  qui  reconnaissent  ou 
protègent  la  personnalité  de  l'esclave.  Ainsi,  contrai- 
rement à  la  règle  rognatio serrilis  nul/a  est,  la  jurispru- 
dence attribue,  après  l'aflranchissement,  des  effets  juri- 
diques à  la  parenté  formée  en  état  d'esclavage  ;  elle 
constitue  notamment  un  empêchement  au  mariage  et 
donne  naissanceàl'obligation  alimentaire  '-.  D'autre  part, 
on  applique  aux  esclaves,  par  voie  d'analogie  et  même 
avantl'afl'ranchissement,  laloi  Pompeiasur  le  parricide  ". 

De  slip.  seri'.  XLV,  3.-9  L.  13.  pr.  D.  De  inslil.  aet.  —  m  L.  53,  D.  De  jud.  II, 
V,  1.  _  Il  I..  14,  n,  De  nlirj.  et  aet.  XLIV,  7.  —  12  Inst.  610,  De  miptiis. 
I,  10;  I.  .5  §  10.  D.  I>e  a,,,io.ic.  lib.  XXV,  3.  —  n  I..  ii  §  4.  D.  De  ncciis. 
XLVIII,  -1. 


s  EU 


—  12«7  — 


SER 


Dans  SOS  rapports  avec  son  maitre,  la  silualion  de 
l'esclave  peut,  en  droit  slricl,  se  résumer  ainsi  :  le 
mailre  a  sur  l'esclave  une  puissance  absolue  et  sans 
limites,  la. poleslas  dominica  semblable  au  pouvoir  qu'un 
propriétaire  a  sur  la  chose  qui  lui  appartient.  Le  mailre 
peut  donc,  non  seulement  se  servir  de  l'esclave  à  son  gré, 
mais  encore  louer  ses  services,  l'aliéner,  le  punir  et 
même  le  mettre  à  mort  '.  L'esclave  n'a  pas  non  plus  de 
patrimoine:  (oui  ce  qu'il  acquiert  devient  la  propriété  du 
maitre,  coumie  accessoire  de  la  personne  de  l'esclave,  et, 
à  ce  même  titre,  tous  les  biens  qu'il  avait  avant  de 
tomber  en  esclavage  deviennent  la  propriété  du  maître. 

On  pourrait  être  tenté  de  croire  que  ce  droit  absolu 
du  maitre  sur  l'esclave  s'exerça,  à  l'origine,  dans  toute  sa 
rigueur  et  que  ce  fut  seulement  à  une  époque  de  civili- 
sation plus  avancée  qu'il  s'humanisa.  Ce  fut  cependant 
le  contraire  qui  eut  lieu.  Aux  premiers  siècles  de  Rome, 
en  elfet,  le  pouvoir  du  maitre  sur  l'esclave  ne  fut  qu'une 
sorte  d'autorité  domestique,  dont  il  usait  avec  ména- 
gement, l'esclave  étant  considéré  comme  faisant  partie  de 
la  famille.  Cette  modération  tenait  à  plusieurs  causes  -, 
notamment  à  la  communauté  d'existence  et  d'occupations 
qui  établissait  entre  les  esclaves  et  leur  maitre  des 
rapports  intimes  et  souvent  affectueux  ^  Tandis  que 
l'esclave,  admis  à  la  table  du  mailre,  prenait  ses  intérêts 
et  s'efforçait  de  contribuer  à  la  prospérité  d<^  sa  maison, 
le  mailre,  de  son  côté,  voyait  en  lui  moins  un  oulil 
animé  qu'un  compagnon  de  travail  dont  il  était  le  pro- 
tecteur naturel.  A  ce  titre,  le  chef  de  famille  avait  envers 
l'esclave  des  devoirs  de  même  nature  qu'envers  ses 
enfants.  Il  devait  pourvoir  à  sa  nourriture  et  à  son 
entrelien,  lui  donner  les  soins  nécessaires  en  cas  de 
maladie,  et,  s'il  manquait  à  ses  devoirs,  il  encourait  le 
blàmedu  censeur,  sanction  énergique  tantque  les  mœurs 
restèrent  pures*. 

Vers  la  fin  de  la  République,  la  situation  change.  Les 
esclaves  ne  sont  plus  que  <les  étrangers  ou  des  barbares 
tirés  par  la  force  de  lous  les  points  du  monde  connu. 
La  diversité  de  race,  de  religion,  de  mœurs,  les  sépare 
profondément  du  citoyen  romain  qui  les  méprise,  les 
considérant  comme  des  êtres  inférieurs.  Le  noudjre  des 
esclaves  s'est,  du  reste,  considérablement  accru.  .\u  lieu 
de  l'esclave  unique  de  cliaque  sexe  que  l'on  rencontrait 
autrefois,  même  dans  les  familles  riches,  au  dire  de 
Pline  %  c'est  par  centaines  qu'on  les  compte  dans  les 
maisons  puissantes  '^.  Le  luxe  raffiné  des  villes  et  le 
développement  des  exploitations  agricoles  ont  créé  des 
besoins  qui  ne  peuvent  être  satisfaits  que  par  un  per- 
sonnel nombreux  (/■«/«(//«  iirbana,  familia  rustica)'. 
La  plupart  des  esclaves  n'ont  plus  aucun  rapport  direct 
avec  leur  mailre,  et  ils  ne  comptent,  aux  yeux  de  ce 
dernier,  que  pour  leur  valeur  marchande.  C'est  alors  que 
se  produisirent  ces  abus,  ces  cruaulés  dont  l'histoire  a 
gardé  le  souvenir  et  que,  pour  une  maladresse,  un  Vedius 
Pollio  faisait  jeter  ses  esclaves  en  pâture  à  ses  murènes*. 

Le  législateur  dut  inleivcuir  pour  réprimer  ces  abus  et 


1  (iaius,  L,  ai.  —  2  On  appelait  l'esclave  por  ou  puer,  eu  faisaut  précéder  ce  mol 
du  prénom  de  son  mailre.  L'esclave  de  Marcus  =  Marcipor.  Cf.  Wallon,  Hist.  de 
/'escfui'.  11,  11,  -î.  —  ;i  l'Iin.  ûisl.  nal.  33,  1,  26;  cf.  Maiiiuardl,  Vie  privée  c/<-,v 
/lumains,  I,  p,  i3  si|.  —  »  Calo,  /les  rusl.  50,  57  ;  1.  13  g  i,  D,  De  usufr.  VU,  I. 
—  s  l'Iju.  IJisl.  nnl.  XXXIIl,  I.  —  0  Le  grand  nombre  des  esclaves  Dl  que  la  déno- 
mination priniilivemeuL  usiléc  et  tirée  du  seul  nom  du  maître,  deviut  iusurUsante  et 
(|ue  les  esclaves  porlérenl  désormais  chacui  un  nom  individuel  avant  la  mention  du 
mailre,  par  L-iemplc  :  Uerinodoras,  Tutli  ilarci  servns  ;  Marquardt,  Lûc.  cit.  1,  p.  i-l. 


limiter  les  pouvoirs  du  maitre,  et  cela  non  pas  seulement 
dans  un  but  d'humanité,  mais  aussi  dans  l'intérêt  de 
l'État,  car  la  rigueur  des  mailres  pouvait  exciter  les 
esclaves  à  la  révolte,  ainsi  que  l'avaient  prouvé  les 
guerres  serviles.  Un  courant  d'idées  favorable  aux 
esclaves  se  produisait,  d'ailleurs,  chez  les  moralistes  et 
les  philosophes  tels  que  Cicéron,  Horace  et  Sénèque. 

Ces  idées  se  traduisirent  dans  la  législation  classique 
par  un  certain  nombre  de  mesures  favorables  aux 
esclaves.  Une  loi  Petronia,  rendue  sous  Auguste  ou 
.Néron,  fui  la  première  immixtion  des  pouvoirs  publics 
dans  les  rapports  de  l'esclave  avec  son  maitre.  Klle  décide 
que  ce  dernier  ne  pourra  plus,  sans  une  cause  b-gitime 
vérifiée  par  le  magistral,  livrer  son  esclave  pour  le  faire 
combattre  contre  les  bêtes  féroces'-".  Un  édil  de  Claude 
décida  que  le  mailre  qui  abandonnait  sou  esclave  ob 
r/racem  iiifirmitalein  le  rendrait  libre  et  Latin  Junieu,  et 
que  celui  qui  le  tuerait  au  lieu  de  le  délaisser  serait  puni 
comme  meurtrier'".  Hadrien  supprima  les  crr/as/ii/a  '^. 
Sous  son  règne,  un  sénalus-consulte  retira  aux  mailres  le 
droil  de  punir  les  crimes  graves  commis  par  leurs 
esclaves;  l'instruction  doit  être  confiée  au  préfet  de  la 
ville  et,  si  elle  est  faite  par  le  maitre,  celui-ci  doit  livrer 
l'esclave  au  préfet  des  vigiles  pour  l'exécution  de  la 
peine'-.  Deux  constitutions  d'Anlonin  le  Pieux  com- 
plètent ces  décisions.  L'une  punit  le  maitre  qui  lue  son 
esclave  sans  cause  comme  s'il  avait  tué  un  citoyen  ;  l'autre 
prescrit  au.x  gouverneurs  de  province  de  forcer  les  maîtres 
trop  cruels  à  vendre  leurs  esclaves". 

Pour  donner  plus  d'efficacité  à  la  protection  accordée 
à  l'esclave,  un  magistrat  fut  chargé,  au  moins  depuis 
Néron,  de  recevoir  les  plaintes  des  esclaves  contre  leurs 
mailres  :  c'était,  à  Rome,  le  préfet  de  la  ville  et,  dans  les 
provinces,  le  gouverneur  ".  Septime  Sévère  chargea 
le  préfet  de  la  ville  de  protéger  la  pudeur  des  esclaves  '°. 
L'esclave  accusé  d'un  crime  esl  justiciable  de  ce  ma- 
gistrat, et  un  sénalus-consulte  de  l'an  '■10  lui  donne  -les 
garanties  de  procédure  accordées  à  tout  citoyen '^ 

Aux  adoucissements  que  les  empereurs  païens  appor- 
tèrent successivement  à  la  silualion  des  esclaves,  les 
empereurs  chrétiens  ajoutèrenl  peu  de  chose,  se  préoc- 
cu[)anl  plus  de  multiplier  les  causes  d'acquisition  de  la 
liberté  que  d'améliorer  le  sort  des  esclaves. 

Si,  au  point  de  vue  du  droit,  la  condition  des  esclaves 
est  absolument  uniforme,  en  fait,  elle  peut  varier, 
d'abord  suivant  les  fonctions  auxquelles  le  maitre  les 
emploie,  d'après  leurs  aptitudes  personnelles  et  aussi 
d'après  son  affection  ou  son  caprice  (v.  in/'ra),  ensuite 
selon  qu'il  leur  constitue  ou  non  un  pécule  [i'ecvlum]. 

A  côté  des  esclaves  appartenant  à  un  particulier  {serons 
privatus),  il  y  a  deux  autres  sortes  d'esclaves  dont  la 
situation  est  spéciale,  h  savoir  les  esclaves  sans  maitre 
et  les  esclaves  publics. 

Les  esclaves  sans  mailre  [servi  sine  domino)  compren- 
nent certaines  catégories  de  condamnés  (à  mort,  aux 
travaux  forcés,   aux   bêles),  servi  poenue,  les   esclaves 


Vov.  NoMF..\.  —  '•  L.  106,  Dig.  De  rerb.  siynif.  1,  lli;  Plia.  XXXUI,  10  ;  Tacit. 
Ann.  XIV,  4î,  M.—  8  Cic.  Pro  Cliient.  66.  —  9  1..  1 1  §  2  D.  Ad  leij.Com.  de 
sic.  XLVUI,  8.  —  10  Suet.  Claud.  25  ;  I.  2,  D.  Qui  sine  manum.  XL.  S.  -  "  Spar- 
lian.  Hadr.  IS.  —  l'iL.  15,  D.  De  condivt.  caus.  dut.  XII,  4.  —  '3  Insl.  Jnst,  §  2, 
De  lus  qui  sui  vel  al.  jur.  I,  S;  Coll.  leg.  mosaic.  III,  3.  —  1*  Soncc,  De  benef. 
111,  22,  3  I.  loi,  D.  De  ulfic.  pro  urbi  I,  12;  Coll.  Ie<;.  mosaic.  toc.  cit. 
—  15  L.  1,  §  »  D,  De  o/pc.  prof.  urh.  —  ^'>  L.  12  §  3  D.  De  accus. 
XLVllI,  2. 


SER 


—   12G8 


SEK 


(lerelirti  ou  al)iui(loiin('S  par  loin-  inailrc,  les  srrri  licre- 
(/ilarii,  lorsque  l'IiérôliU' dans  laquelli'  ils  sont  i:oini)ris 
ne  trouve  personni;  qui  puisse  ou  qui  veuille  l'aceepter. 
Les  esclaves  sans  inailre  ne  p(Hivent  réaliser  aueune 
ac(iuisilion  pour  qui  que  ce  soil,  car  Tesclave  ne  jteul 
avoir  i|u'unc  eapacilé  ireuiprunt,  émanalion  de  celle  du 
uiailre,  (jui  lui  l'ail  ici  défaut  '.  Toutel'ois,  jiar  une  raison 
d'Iiunianilé,  on  a  reconnu  à  ces  esclaves  la  eai)acilé  de 
recevoir  un  lej<s  iralinienls'-. 

Les  esclaves  publics  sont  ceux  qui  apparliennent  à 
l'iiialy  servi  piibliri  po/xili  romani.  Us  sont  ordinaire- 
ment allectés  au  service  des  magistrats  ou  employés  dans 
l'administration.  Au  point  devue  juridi([ue,  ilsse  trouvent 
dans  une  situation  supérieure  à  ceux  qui  ont  pour  maitre 
un  particulier,  vav  ils  peuvent  avoir  un  patriinoiue  et 
peuvent,  par  testament,  disposer  de  la  moitié  de  leurs 
biens'- 

Cessation  de  l'esclaoage.  —  L'esclavage  peut  cesser 
soil  par  descauses  indépendantes  delà  volonté  du  mailre, 
soit  par  une  renonciation  volontaire  de  ce  dernier  à  sa 
|)uissance  dominicale.  L'esclavage  peut  cesser,  indépen- 
damment de  la  volonté  du  maitre,  par  l'eiret  du  posllimi- 
niuiu  [l'OSïLiMi.N'irM],  loi'S(iu'il  s'agit  tresclavcs  devenus 
tels  pur  la  captivité. 

Ouant  à  la  renonciation  volontaire  du  maitre  àsa  puis- 
sance, elles'ell'ectueau  moyen  derall'rancliissement  dont 
nous  avons  précédemment  indi(|ué  les  modes  [MA^•u- 
Missio]  et  les  ed'els  [umcinrsl. 

Procès  relut i/'s  à  la  liberté.  —  Ces  procès  liheratis 
rnusu)  se  présenlent  sous  deux  lormes  dill'érentes  :  tantôt 
un  esclave  réclame  la  qualité  d'homme  libre  [rindica- 
tio  inlibertdtem),  tanlolun  citoyen  prétend  qu'un  homme 
libre  est  son  esclave  [vindicatio  in  sercitutem).  Dans  le 
premier  cas,  l'esclave  ne  peut  agir  en  justice  que  par 
l'intermédiaire  d'un  adscrfor  libertatis,  c'est-à-dire  d'un 
ciloyiîn  venant  aflirmer  devant  le  magistral  que  l'esclave 
est  injustement  retenu  en  servitude.  Dans  le  S(!cond  cas, 
l'esclave  peut  défendre  en  personne  son  procès,  car  il  est 
in  possessione  libertatis. 

Le  procès  de  liberté  s'intentait,  dans  le  système  des 
actions  de,  la  loi  [lkcis  .\ctio],  dans  la  forme  ordinaire  des 
actions  réelles,  par  une  aciio  sacramenti,  où  à  la  rindi- 
calio  d'une  partie  devait  répondre  une  conlraiiindiratio 
de  l'autre,  et  où  la  restitution  de  l'esclave  au  maitre  qui 
ne  le  possédait  pas  devait  être  garantie  par  des  cautions 
{prœdes  lilis  et  vindiciuruin).  La  difficulté  que  l'esclave 
pouvait  éprouver,  soil  à  trouver  un  adsertor  disposé  à 
s'exposer  à  la  perle  du  sacramentutn,  soit  à  fournir  les 
cautions  requises,  avait  fait  admettre  un  certain  nombre 
de  règles  favorables  à  la  liberté.  Ainsi  ]cs  vindiciaesonl 
toujours  données  secundu/n  libertatein,  c'est-à-dire  que 
la  personne  sur  la  qualité  de  qui  on  plaide  doit  rester  en 
liberté  |)rovisoire  pendant  le  procès  ^  D'autre  part,  les 
procès  de  liberté  ne  sont  pas  soumis  aux  jurés  ordinaires, 


Ve  Uip.  sa-D.  —  2  r..  il,  l).  Ile  aliiii.  lei/.  .VXXIV.  1.  —  3  Ulpiaii. 
«  L.  2§2k,  U.Dc  Orig.  jur.  1,  ï.  —  6  Cic.  P>u  Caec.  33, 
II,  pr.  I).  bi-  prohat.  —  7  I..  27,  §  I.  D.  Oelilier.  causa. 
iiiiilil.  Insl.  or.  V,  2,  |  ;  Coil.  Jusl.  l/e  assert,  toll.  V,  17. 
i:)  O:-  nei.  IV, (i.  _  lOL.  §  C.  Thcod.  Ile  lili.  causa,  IV,  s.  _  ii  |.. 
tffic.cous.W.,  12.—  12C.  Jusl.  lie  assert,  loti.  I.c.  —  U  11.  Llrul,i 
liist.  Jusl.  §  1  Ile  interd.  IV,  IS;  I.  12,  pr.  D.  Ad  rxhih.  X,  i. 
.«ui-  l'esclavage  i  lioinc  :  Ivlil,  Tr.  de  droit  romain,  i'  ôd.  p.  i;u 
.  de  droit  romain,  2«  éd.  p.  SS  6i|.  ;  Ihiiiii;-,  Aspr.  dudr.  romain, 
l'cruicc,  /.abeo,  p.  IM  si|.  ;  K.-iilowa,  /lom.  /leclUsi/escli.  Il,  1, 
lav.ll,  Vie  privée  des   Homains,   l.  I,  p    ;iia  sc|.  ;   Wallou,  Uist. 


1  L.  :ii;i  Dij;. 
Iteg.  XX,    16.  — 
97.      -    0    L.    10, 

XL,   1. 

-  'J  lu 

.  -  »  u 

t.    Jusl.    § 

2,  U.  Ue  0 

XLIII, 

31.  -IV 

—  B.hi 

.».l<.tl-HIE. 

S').;  Ij 

1-ai.l,  Mau 

l.  Il,  p 

ISI  5>|.  : 

p.  mo 

.|.;  Manp 

mais  au    triliuiial    des   deceinviri    litibiis  Jiidiriindis  '. 

La  preuve,  dans  les  procès  de  liberté,  incombait  toujours 
à  celui  qui  voulait  changer  l'état  de  choses  existant,  sine 
dolo  inalo,  au  momcwit  de  la  poursuite  \  Le  jugement 
avait  naturellement  autorité  de  chose  jugée  entre  les 
parties.  Mais,  quand  il  reconnaissait  la  liberté  de  l'une 
d'elles,  celle-ci  voyailson  étal  assuré  à  l'égard  de  tous'. 
Si, d'ailleurs,  leprocès  avait  été  soutenu  parun  adsertor, 
celui-ci  agissant  en  son  propre  nom,  il  n'y  avait  chose 
jugée  qu'entre  lui  elle  mailre.  La  question  pouvait  donc 
être  reprise  si  l'esclave  trouvait  un  autre  adsertor,  cela 
trois  fois  au  moins  et  peut-être  davantage*. 

Sous  le  système  formulaire,  les  procès  de  liberté,  au 
lieu  d'être  intentés  dans  la  forme  des  actions  réelles,  le 
sont  sous  celle  des  actions  préjudiciables  [praejudicium], 
au  moyen  d'une  formule  posant  au  juge  la  question  an 
liber  sit^.  La  nécessité  de  Yadserlor,  les  faveurs  relatives 
à  la  liberté  provisoire  et  à  la  possibilité  de  recommencer 
le  procès  subsislèrent  même  après  Dioclétien  '".  Plus  tard, 
les  procès  de  liberté  donnèrent  lieu  à  une  procédure  extra 
ordinein  qui  se  passait,  à  l'origine,  devant  les  consuls,  et 
plus  lard  dévolue  à  un  préteur  spécial,  le  praetor  de  libe- 
ralibus  catisis".  Juslinieu  supprima  la  règle  udmisi; 
jusque  là  concernant  la  nécessité  de  Vadsertor,  de  même 
que  la  faveur  admise  par  corrélation  en  matière  de  chose 
jugée '-^ 

Les  interdits  possessoires,  retineiulue  et  recuperundae 
possessionis,  sont  applicables  en  noire  matière  [inïkrdic- 
TUMj.  C'est  même  à  propos  des  revendications  d'esclaves 
que  se  rencontre  l'application  la  jilus  fréquente  et  la  plus 
imporlanle  de  rinlerdil«/;'i//;/".  On  rencontre,  en  outre, 
des  interdits  exhibitoires'*,  deslinésà  faciliter  au  mailre 
l'exercice  de  ses  droits.  L.  Be.\iiciii;t. 

SITUATION  Kï  FONCTIONS  DKS  ESCLAVKS.  — 
{iiiiccE.  —  On  u  vu  que  la  guerre,  les  captivités  qu'elle  en- 
Iraine.  sont  à  la  base  de  linslilulion  de  l'esclavage;  elles 
en  furent  l'occasion  première;  faut-il  admettre  avec  cer- 
tains auteurs  '  que  lacause  véritable  fuldans  le  mépris  du 
travail'.'  Chez  les  peuples  encore  voisins  de  l'élat  de  na- 
ture, a-t-on  dit,  le  Iravail  passe  pour  altentaloire  à  la 
dignité  de  celui  qui  s'y  livre,  non  pour  l'efîorl  corporel 
qu'il  demande,  mais  pour  la  régularité  et  ladisciplinequ'il 
suppose.  Les  menues  besognes  journalières  sont  impo- 
sées aux  femmes;  aussi,  dans  les  civilisations  primitives, 
les  esclaves  demeurent  une  rareté  :  ils  sont  inutiles  à 
la  chasse;  pour  l'élevage,  les  nomades  s'en  peuvent 
aussi  passer.  Quand  commence  la  vie  agricole,  plus 
absorbante,  la  femme  ne  suffit  plus  et  l'on  lire  parti 
de  l'ennemi  vaincu.  Mais  encore  préférait-on,  surtout  à 
l'origine,  luer  les  captifs  hommes  et  conserver  les 
femmes  et  les  enfants'-. 

Ces  observations  sont  très  exagérées  :  l'esclavage  est 
rare  dans  les  temps  reculés,  parce  qu'alors  la  vie  reste 
mesquine   el   sans  luxe.  11  est  manifeste  qu'à  l'époque 


de  Vesciar.  dans  Inuliquili;  i'  M.  l.  III  ;  Mouiniscn,  DruU  publ.  VI,  I, 
Masclikc,  Die  Freiheitprozess  im  ktassischen  A/terthum;  Hay.  Ètét 
romain.  S'  M.  p.  02  si|.  ;  Cu(|,  Instit.  Jiirid.  des  /iomains,  l.  I,  p.  ICC  si 
p.  127  S(|.  ;  Accarias,  Prêc.  de  dr.  ruin.  o'  i-d.  t.  !,  p.  M  S').;  Mnvria/. 
rfr.  rom.  i'  i<\.  I.  III,  p.  112  si|. 

Siiu.vrioNET  KoNciioNs. —  *  0.  Sccck,  O'i'sc/i.  rit,'*  l'ntvryaHijs  der  anlii 
Bdliu,  1(1895), p.  290  si|.  —  2  liichard.  De serris apud  //omcrum,  Berlin,  I 
niùme,  â  l'origine,  uni;  cerlainu  analo<{ic  Jusilualiou  eiilre  l'esclave  cl  I 
celle-ci  est  iucapabic  de  rien  posséder  (I*.  Guiraud,  Propriété  foncière 
doliors    des  objcls  d'usage    courant  (lloni.   Od.    IV,  130-132, 


».  de  dr. 
|.,(ll.  II, 

Cours  dr 


p.  58),  I 

comme  les  instrumeuls  de  In 


[il,  . 


ken  Welt, 
1831.  11  y  a 
la  t'emnie  : 
en  Gr^c, 
735-730), 
Is  i|ui  coiislitueul  sa  dol. 


SEi; 


—  1209  — 


SER 


liDim'i'iquc  le  Iravail  iiiaïuiul  ('tail  eslimé;  iiiéiiiu  les  gens 
(le  liaule  naissance  n'y  répugnaieul  pas  '.  Hésiode - 
proclamait  qu'il  n'a  rien  de  honleux.  Une  opinion  tout 
autre  se  l'ail  jour  plus  lard,  mais  elle  domine  surtout 
dans  les  Élalsai-isloci"ilii|ues,  ceux  qui  ont  connu  le  .sc/'- 
vaije.  A  Sparte,  le  citoyen  l'ut  une  manière  di;  rentier, 
tout  à  ses  devoirs  civiques  et  iiiililaires,  et  auquel  la 
loi  interdisait  tout  travail',  lîn  Crète,  d'après  une  vieille 
chanson,  l'Iioinuie  lieureux  était  le  guerrier  nourri  par 
ses  serfs  '.  A  Tliespies,  l'exercice  d'un  métier  est  dégra- 
dant^. Dans  d'autres  cités,  la  qualité  de  citoyen  est 
incompatible  avec  l'exercice  d'une  profession  méca- 
nique '^  ;  à.  Tlièbes,  le  boutiquier  n'arrive  aux  magistra- 
tures que  dix  ans  après  s'être  retiré  des  affaires'.  A 
Épidamne,  les  ouvriers  étaient  tous  esclaves  d'étal",  et 
le  commerce  extérieur  un  service  public  '.  Corinlhe  ne 
connut  guère  que  l'oligarchie,  mais  sa  prodigieuse  acti- 
vité économique  appelait  la  collaboration  de  l'Iiomme 
libre  qui,  même  artisan,  y  était  considéré  '". 

L'avènement  de  la  tyrannie  fut  de  toutes  manières 
une  révolution  :  ce  régime  s'appuyait  sur  les  basses 
classes,  qu'il  enrichit  souvent  di^s  dépouilles  des  nobles, 
et  qui  occupèrent  dans  la  cité  um^  place  pré|)undéraule. 
Certains  tyrans  allèrent  jusqu'à  imposer  le  travail  à  tout 
le  monde",  et  les  démocraties  obéirent  à  la  même  ten- 
dance. Une  loi,  due  à  Solon  ou  à  l'isistrale,  condamnai! 
à  Athènes  l'oisiveté  et  astreignait  à  une  lâche  quelconque 
tous  ceux  qui  n'avaient  pas  de  moyens  réguliers  d'e.xis- 
lence'-  Une  autre  autorisait  l'action  en  diffamation 
contre  tout  individu  qui  i-eprochail  à  un  citoyen  sa  pro- 
fession, si  inodesle  qu'elle  fût'-'.  Thucydide  '^  est  d'avis 
que  le  plus  humble  ouvrier  doit  être  associé  aux  affaires 
publiques  ;  de  fait,  les  artisans  détenaient  à  Vecclésia  la 
majorité'' el,  enjuslice,  remplissaient  les  jurys'".  L'ex- 
tension des  privilèges  politiques  à  la  richesse  mobilière 
dénoie  un  étal  d'opinion  favorable  aux  arts  manuels,  el 
on  ne  croyait  pas  avilir  la  (jualilé  de  citoyen  en  la  con- 
férant aux  industriels  étrangers  domiciliés  [metoikoi]  ". 
Quelques  métiers  seulement  semblent  avoir  été  tenus  en 
défaveur,  au  moins  dans  les  premiers  temps  et  dans  cer- 
tains milieux  ".  Mais  il  faut  tenir  compte  des  préjugés 
de  l'aristocratie,  qui  trouvent  leur  expression  dans  les 
théories  des  philosophes.  Socrale,  parmi  eux,  eut  peut- 
être  des  vues  plus  judicieuses,  si  Xénopiion  ne  lui  a 
prêté  sa  propre  façon  de  voir'"  ;  mais  les  autres  ont  émis 
sur  l'esclavage  des  idées  qui,  aujourd'hui,  nous  paraissent 
singulières.  Platon  accepte  l'inslitution,  comme  indis- 
pensable el,  d'ailleurs,  avantageuse  autant  que  périlleuse 
dans  l'état  des  sociétés  présentes;  ils  s'abstient  de  la 
réprouver  ou  de  la  justilier,  se  bornant  à  mettre  en  regard 
sa  république  idéale,  où  aucune  servitude  n'existerait '". 
Aristote  déclare  l'esclavage  à  la  fois  nécessaire  et  natu- 
rel, parce  qu'il  l'observe  dans  le  monde  où  il  vit,  et  en 
conclut  (jue  la  condition  même  de  l'homme  l'a  imposé'^'. 
Ces  grands  esprits  parlaient  pour  une  élite  inlellecluelle, 
pour    b.'ur    publi<-:     ils   sidiissaieul    la    coulagiou    d'un 


I  (iiiiraii.l,  iMinuin-d  œuvre  mdmtridlc  dans  l'mtc.  Crcct;  p.  J7>tt. —2  (liiii:H\. 

—  3  Xcii  /len/j.  Liiced.  VII,  i-2.  —  »  lii-rgli,  l'oct.  lyr.  gr.'lU.  p.  C5I.  —  5  Arisl. 
/■■niij„i.  p.  3»li  Kosc.  —  !'•  Xen.  Oecoii.  IV,  3.  —  '<  Arlsl.  Pol.  111.  3,  i.  —  »  thid.  Il, 
i,  lo.  —  'J  Plul.  IJ,iuesl.  ijr.  i'.>.  —  III  lliioilol  II,  107.  _  Il  Guiiaud,  .l/um-JV/ii  r.-, 
p.  iU-il,  3'J.iU.  -  12  lil.  p.  W.  —  13  Uem.  I.VII,  30.  —  I'  II,  M.  —  '!>  Xen.  Mu,,,. 
111,7,  0.  Arislolu  dit  (ju'il  en  était  ainsi  daus  p'usicurg  dénioci-atics  [Hvsp.  Atft.  VIII, 
p  5li",  A).  -   IC  Arist.  /teip.  27.  —  n  Plut.  .<;o(.  43.  —  1»  Uuiraud,  iJair,  (/ni/.,  p.  H. 

—  '9  Encore  fait-il  des  couc<K-iuiis(  J/eotur.  Il,  i,  21.  —  ^  Ilesp.  Il,  308  si|.  ;  Lcij. 


"  snobisme  »  auquel  la  masse  de  la  population  ilemeiira 
réfraclaire'-.  Aristolereconnaissailque,siresclaveestune 
propriété,  c'est  une  propriété  qui  a  une  àine,  xTf|U.i  ti 
'É_a'j/u/ov.  Les  poètes,  ceux  du  théâtre  surlout,  plus  rappro- 
chés de  la  nature  humaine,  lirent  entendre  parfois  d'iHo- 
(juenles  paroles:  (pûiiei  oÙoeIç  ooOXoç,  disait  l'iiilémon '-'. 
D'autres  écrivains  ont  même  émis  cettt!  idée  erronée  (|ue 
dans  la  très  haute  antiquité  l'esclavage  n'existait  pas-" 
ou  qu'il  n'y  avait  pas  d'esclaves  acheti-s-". 

En  réalité,  les  coups  de  force  ont  de  tout  temps  produit 
de  nombreux  cas  de  servitude.  Dans  Homère,  les 
esclaves -°  sont  généralement  des  femmes,  parce  ([ue 
l'industrie  d'alors,  une  très  petite  industrie,  est  sur- 
lout familiale,  se  passe  d'accessoires  mécaniques  com- 
pliqués et  se  pratique  principalement  à  la  maison,  d'où 
les  termes  de  à[i.(j'iç,  ôjjioj/î,  tirés  de  îôaoç,  el  non,  comme 
on  l'a  dit,  de  Bopioj,  de  même  que  fainultis  dérive  de 
fumilia  " .  Les  tentes  d'Agamemnon  renfermaient  un 
grand  nombre  de  fiunmes'-';  les  tragédies  qui  se  ratta- 
chent au  même  cycle  font  chanter  des  chœurs  de  cap- 
tives. Celles  ci,  dans  cette  civilisation  à  demi-orientale, 
rendaient  encore  un  autre  genre  de  services  :  en  Orient, 
l'esclavage  n'a  jamais  joué  un  grand  rôle;  ou  avait  des 
esclaves  pour  ses  besoins  personnels;  raciial  mi  le  rapt 
des  femmes  rem|)Iai;aienl  la  prostitulion  réglée  (jui  se 
renconlre  plus  lard'^".  Les  hommes  cultivaient  le  champ 
du  maître,  faisaient  pailrc  ses  bestiaux.  Des  uns  et  des 
autres  la  situation  était  douce  :  Kumée  le  porcher  fut 
élevé  avec  Climène,  (ille  de  Laerle  ;  il  menait  une  exis- 
tence presque  indi'peiidanle  dans  un  coin  reculé  du 
domaine''.  Ces  êtres  d('chus  jouissaient  au  moins  de  la 
sécurité  ;  l'isolemenl  était  alors  si  dangereux  (ju'on 
voyait  dans  son  mailn;  un  protecteur  qu'on  ne  cher- 
chait pas  à  fuir;  Homère  semble  ignorer  ratlranchis- 
semenl". 

Dans  les  temps  qui  suivirent,  l'agriculture  euntiiiiia  à 
être  la  source  principale  de  ricliesse;  alors  naquil  le  ser- 
vage ;  tel  est  l'étal  d'  o  une  famille  de  paysans  établie  de 
père  en  fils  sur  une  parcelle  de  lerre,  dont  elle  ne  peut 
jamais  se  séparer  et  qu'elle  exploite,  moyennant  une 
redevance  annuelle,  pour  un  propriétaire  riche'-  ».  Ce 
régime  est  l'œuvre  de  l'aristocratie;  il  repose  sur  le  prin- 
cipe de  la  division  du  travail  social  ;  il  fallait  deux  classes 
dans  l'Étal;  l'une  pour  gouverner  et  combaltre,  l'autre 
pour  nourrir  la  première.  Il  y  a  une  analogie  frappanle 
entre  les  obligations  de  l'affranchi  et  celles  du  serf,  et 
c'est  une  indication  pour  nous.  Un  jiffranchi  assumait 
celle  condition  pour  éviter  la  misère;  des  hommes  libres 
aussi,  leurs  dettes  les  y  acculaient.  11  y  eut  d'abord  une 
série  d'engagements  isolés,  sporadiques,  progressivement 
étendus  au  point  d'englober  une  partie  de  la  plèbe.  Ce 
système  prévalut  longtemps  à  Sparte  (hiloles),  en  Crète 
(xXapôJTaiou  à(fàa(xtwTai  el  [AùJvTai''),  en  Thessalie(Pénestes) 
I^UELOTAE,  Ai'UAMioTAi,  cvM.NÉsioi,  TUEïEs],  peut-ôlre  même 
jus([u'à  la  conquête  romaine,  où  fut  eiilin  réduit  à  rien 
le  nile  militaire  de  la  classe  riche;  ailleurs,  il  (lis|iarul  au 


VI,  770  SI).  —  21  Wallon,  Je  lad.,  I,  p.  372-392.  —  22Giiiiaud,  <).  c,  p.  37,30; 
Kraiicolle,  Vtnduslrie  i/aiis  la  Grèce  aiic,  p.  23a.  —  23  H'ragm.  39  ap  iMciuek.i, 
Cum.  ,,r.  IV,  i7.  —  2'.  Ilcrodot.  VI,  137.  —  23  Tiin.  ap.  Allien.  VI,  264  C  Cl  272  B; 
/t.  Uisl.f/r.l,  207,  p.  07.  —20  (J.  T|,.  |)ay  .Se)  iiiour,  liff  in  tlie  fjoineric  a,je,  Ne»- 
Ymli,  1907,  p.  258-2»!.  _  21  M.  BicmI,  -l/em.  d,;  lu  Hoc.  de  liiif/iiisli,/.  VII,  p.  449  ; 
Uuk-aiid,  p.  15.  —  2»  Jt.  Il,  226-228.  —  29  Ed.  Mcy«r,  Ùie  Sklaverei  im  AlUrtum, 
p.  18  et  25.  —  30  Od.  \\\,princ.  —  3'  Guiraiid,  ihid.  p.  10-17.  -  32  Id.  Propr.  fon- 
cière, p.  74  sq.,  122  s<|.  —  33  Allien.  VI,  p.    203;   llesycli.  'A;a|x.;   Poil.    III,  83. 


SEU 


—  1270  — 


SER 


plus  '.anlà  l\'|iO(iiic  lii'llénislique  ',  grâce  au  iléveioppe- 
uiciil  de  la  classe  moyenne  et  étant  admis  que  le  même 
homme  pouvait  s'occuper  de  la  chose  publique  el  de  ses 
all'aires  pi'ivées  -. 

lui  Mlique,  les  esclaves  rcuiportaienl  de  beaucoup  en 
nombre,  pour  l'agriculture  '\  surtout  pour  les  travaux 
vilicoles';  dans  toute  exploitation  un  peu  cleudue, 
les  travailleurs  étaient  placés  sous  l'autorité  d'un 
régisseur,  ÈjrtaTâTY.c,  l-iTpoTtoç.  de  condition  généralement 
servile,  dont  Xéno(ihon  détaille  les  qualités  nécessaires'. 

Mais  plus  nombreux  encore  furent  les  esclaves  qu'em- 
ployèrent le  commerce  et  l'industrie  ;  celte  autre  aciivité 
prit  en  tirèce,  au  viif  siècle,  un  développement  rapide: 
le  sol  du  pays,  souvent  rocheux  el  privé  d'eau,  put  avec 
peine  soutenir  la  concurrence  du  blé  d'outre-mer  ^ 
Désormais,  on  se  concentre  dans  les  villes  et  on  y  entre- 
prend une  industrie.  Là  on  s'était  jadis  contenté  des  pro- 
duits manufacturés  des  Phéniciens,  auxquels  on  vendait 
les  matières  premières;  mais  l'idée  se  fil  jour  enfin  de 
les  imiler,  pour  se  passer  d'eux  ;  ce  mouvement  se  dessine 
d'abord  dans  les  régions  côtières  ioniennes,  puis  dans 
les  villes  de  la  Grèce  propre  en  relations  avec  l'Ionie; 
c'est  à  Alhènes  i[u'il  atteignit  son  apogée.  Les  pauvres 
de  la  campagne  cherciient  une  occupation  à  la  ville,  mais 
on  ne  transforme  pas  en  un  jour  un  paysan  en  artisan  ; 
un  citoyen  jouissant  de  tous  ses  droits  n'aime  guère  à  se 
mettre  à  la  solde  d'un  autre  ;  il  coûte  cher  et  produit  peu. 
Un  esclave  reste  mieux  dans  la  main  du  patron,  el  il 
est  manifeste  qu'en  général  l'entreprise  préférait  le  tra- 
vail servile".  La  population  libre  s'émut;  les  tyrans 
parfois  tinrent  compte  de  ses  vœux  ;  Périandre,  àCorinthe, 
défendit  l'importation  d'esclaves  de  luxe  '  ;  mais  le 
mouvement  était  impossible  à  empêcher  ou  à  endiguer. 

D'abord  les  guerres  se  multipliaient;  c'étaient  des 
hommes  libres  que  la  mort  y  frappait,  en  réduisant  le 
nombre,  el  après  la  prise  d'une  ville  toute  la  population 
appartenait  au  vainqueur  ;  mais  de  préférence  on  tuait 
les  hommes  faits,  gardant  les  femmes  elles  enfants,  plus 
faciles  à  emmener,  même  sous  faible  escorte  ;  en  outre, 
les  enfants  pouvaient  être  plus  aisément  aciieminés  et 
entraînés  à  la  vie  qui  les  attendait.  On  a  parlé  plus  haut 
des  ellets  de  la  piraterie  ;  enfin,  il  s'établit  un  immense 
commerce  d'esclaves;  l'avantage  de  ce  dernier  mode  de 
recrutement  était  d'ouvrir  un  choix  bien  plus  large  que 
les  captures  de  prisonniers;  on  pouvait  ainsi  puiser  dans 
des  races  très  diverses,  appliquer  à  l'entreprise  projetée 
les  travailleurs  les  plus  aptes',  notamment  ces  barbares  '" 
qu'une  existence  plus  rude,  moins  raffinée,  désignait, 
plutôt  que  des  citoyens,  pour  les  besognes  grossières 
ou  une  domesticité  absolue  ;  d'ailleurs  cette  servi- 
tude était  jugée  conforme  à  la  nature  des  choses  ",  alors 
que  quelques-uns,  comme  Platon'-  ou  Aristote,  regret- 
taient l'asservissement  de  tout  hommede  race  hellénique  ; 
or,  les  guerres  éclataientsou  vent  entre  Grecs;  sur  le  lard, 

I  Eu  Hj^j'ptc,  vu  la  rarulé  dcb  esclaves,  les  grands  propriûLaires  iouaienl 
leurs  terres  à  des  lenaucicrs  de  çoiulitiou  tilirc,  gèu<>ra!enicul  à  bon  luarché  ; 
Diod.  Sic.  .  74;  Wasiinsky,  Oie  BoUtn/iwlil,  l.eipz.,  l'Juô,  p.  .".s.  --  2  Tliu- 
cyd.  Il,  iU;  Guiraud,  O.  I.  p.  W7-4i0.  —  3  Cf.  C.  t.  itll.  I,  a74.  I.  7  et»; 
i;5,  1.3  cl  5;iT6,  I.  3;  i77,  I.  U  (liu  du  v  8.);  Tliucyd.  Vil,  27;  Aris- 
topli.  Plul.  »Î3-Îi6;  Xcn.  Oicon.  XII;  Terent.  i/faiil.  05;  Deni.  XI.VII.  33;  de 
niéinc  eu  Sicile,  licrodol.  VI,  t!3.  —  '  /(i-r.  <(.  i,r.  IV  (IS'JI),  p.  3«l,  I.  9; 
p.  3C'J.  —  s  (h:  XX,  I«-I7;  ri-sumé  dans  liuiraud,  J'io/i.  func.  p.  455-450. 
—  6  Meyer,  Oji.  cit.  p.  31.  —  7  prancollc.  L'intlustrie  dans  la  Grèce  anc..  Il, 
p.  7  si|.  —  »  .Nie.  Uani.  fr.  59.  —  '■>  Francollc,  0.  l.  Il,  p.  11.  —  10  A  Alliincs,  dès 
le  »'  siècle,  il  y  avait  des  esclaves  nègres  (Tlicoplir.    Char.  11).  —  11  Dem.  III, 


les  esclaves  grecs  furent  accaparés  par  les  monarques 
orientaux  el  le  monde  romain;  il  fallut  un  apport  bar- 
bare pourcombler  tous  ces  vides'^ 

Une  preuve  de  l'importance  attachée  àl'origine  ethnique 
des  esclaves  est  dans  leur  mode  de  désignation '^  Sou- 
vent, on  laissait  à  l'esclave  un  nom  particulier,  sans 
l'helléniser,  ou  on  l'appelait  d'après  son  ancienne  natio- 
nalité barbare:  Êipï;,  Kip,  'l'p'J;  sont  typiques  pour  les 
sujets  paresseux  et  balourds;  pourtant  de  telles  qualifi- 
cations n'emportent  pas  toujours  un  sens  défavorable. 
En  Attique,  les  esclaves  re(;oivent  aussi  des  noms  de 
héros,  de  dieux  inférieurs,  de  personnages  histori- 
ques, hormis  ceux  des  Tyraniioclones.  Mais  en  somme, 
dans  les  tableaux  chronologiques  qu'on  a  dressés,  c'est 
l'ethnique  barbare  qui  permet  le  plus  longtemps  et  le 
plus  sûrement  de  reconnaître  un  esclave.  Les  documents 
de  Delphes'^  sont  utiles  à  consulter  sur  ce  point  :  dans 
les  actes  d'all'ranchissement  livrés  par  les  fouilles,  on 
compte  très  peu  d'individus  de  souche  hellénique;  et 
presque  toutes  les  autres  races  y  sont  représentées". 
\  C'est  Chios  qui  inaugura  le  commerce  servile,  d'après 
Théopompe  ''  ;  peu  après,  les  Thessaliens  installèrent 
un  marché  à  Pagasai"*;  sur  celui  de  Tanaïs '"  devaient 
pulluler  les  Scythes,  les  Thraces  sur  celui  de  Byzance  -". 
Délos,  à  cet  égard,  n'eut  un  rôle  prédominant  qu'à 
l'époque  romaine  -'.  Dans  toutes  les  grandes  villes, 
d'ailleurs,  ce  négoce  llorissait;  le  marchand  suivait  les 
armées --,  achetait  à  bon  compte  au  soldat  vainqueur  l'en- 
nemi réduit  à  merci,  el  qui  obtenait  la  vie  au  prix  de  sa 
liberté  [lytra],  débarrassait  aussi  les  pirates  de  leur 
butin,  se  faisait  lui-même  ravisseur  d'hommes,  puis, 
lors  des  grandes  fêtes  internationales,  venait  exhiber  sa 
marchandise -^  A  Athènes,  le  marché  aux  esclaves  se 
tenait  mensuellement,  au  renouvellement  de  la  lune-', 
sur  l'agora,  dans  les  xûxXoi'-»;  les  esclaves,  dévêtus, 
étaient  exposés  sur  un  tréteau,  TpaTreÇa '-^;  belles  filles  et 
jeunes  gens  paraissaient  seulement  dans  un  endroit 
clos.  On  faisait  marcher  et  courir  les  sujets,  ons'enquérait 
de  leurs  défauts,  que  le  vendeur  devait  déclarer;  mais 
qui  ne  devine  les  scrupules  de  ce  genre  de  négociants? 
Malgré  les  pénalités,  plus  d'un  ne  se  faisait  pas  faute  de 
tromper  les  clients.  Les  prix  de  vente  variaient  naturel- 
lement dans  des  proportions  considérables'-^;'  la  raui^'on 
des  prisonniers  de  guerre  parait  s'être  élevée  progressi- 
vement de  deux  mines  (V  siècle)  jusqu'à  cinq,  pour  se 
maintenir  vers  ce  dernier  chifTre  après  Alexandre-^  Une 
inscription  attique  de  415-'  nous  donne  exception- 
nellement une  série  de  prix,  qui  fait  apparaître  la  préfé- 
rence accordée  aux  articles  syriens.  Les  actes  d'alïran- 
chissement  fournissent  de  nombreuses  données  pour  les 
derniers  siècles  avant  notre  ère  ;  quelques  chiffres  sont 
peut-être  fictifs,  a-t-on  dit'";  il  est  possible,  en  effet,  que 
le  paiement  n'ait  pas  eu  lieu;  mais  l'évaluation  devait 
correspondre  aux   lluctualions  des  cours,  et  cela  nous 

24  ;  Aiisl.  Polit.  I,  1,  3.  — ':i  Hesp.  V,  p.  Ki9.  —  13  Uuiraud,  Main-d'œurre,  p.  100. 
—  H  Ma»  Lambcrlz,  Die  i,riech.  Sklavennamen,  Wieu,  1907.  —  '5  Cf.  Baunack, 
Die  delpliisclien  Inscliriflen,  1CS4  S(|.  —  '«  Guiraud,  ibid.  p.  104  sq.  —  17  Ap.  Alhcu. 
VI,  265  U.  —  1»  Arisloph.  Plut,  âil  ;  Hermipp.  ap.  Allieil.  I,  27  sq.  —  19  Slrab. 
XI,  2,  3,  p.  493  C.  —  M  Holyb.  IV,  3S.  —  ûlSlrab.  XIV,  5,  i,  p.  668  C.  —  22  Xeu. 
Hell.  IV,  1,  213.  —  2)  f'aus.  X,  32,  15.  —  21  Arisloph.  lui.  43.  —  25  Harpocrat. 
llcsycli.  s.  V.  —  2C  Aristopli.  ap.  l'oll.  VII,  tl.  Celte  plalcfornic  est  appelée  chez 
les  Komains  uATAsr.ï,  nom  <|ui  vieul  pcul-èire  de  .«Tà<ri«o.;.  —  ïi  Cf.  Gi,s;li,  Alc- 
morie  delf  Accad.  dei  l.inni,  IS'Ki.  —  ;:8  fs.  Arisl.  (leçon.  Il,  2,  20;  liera.  XIX, 
109;  Diod.  XX,  «i.  —  2a  C.  i.  ail.  I,  p.  152.  —  30Sur  ce  point  Guiraud.  (J.  l. 
p.  107,  uolc  I. 


SEU 


1271    — 


SER 


siiflit.  I,a  niiixH'nne  oscillaiUcnlrL'  trois  cl  cinq  mines  jinm- 
les  deux  sexes;  les  vai'ialions  les  plus  sensibles  se  ren- 
conlrent  dans  la  catégorie  des  esclaves  femmes;  pas  de 
limite  si  elles  sont  achetées  par  caprice  amoureux  ;  l'une 
d'elles  «  monte  «jusqu'à  30  mines  '.  Pour  les  hommes, 
le  prix  devait  dépendre  des  talents  de  l'esclave  el  de  son 
métier;  des  renseigniwneiils  ('-pars  montrent  que  l'ouvrier 
mineur  s'acquérait  sans  grande  dé-pense  -  et.  que  l'arti- 
san coûtait  ijcaucoup  plusclier\ 

On  a  essayé  d'évaluer  le  nombre  total  des  esclaves  de 
la  Grèce  propre  '  :  vers  432,  il  y  en  aurait  eu  un  million 
environ,  et  ce  chiffre  représenterait  les  trois  huitièmes 
de  la  population  totale;  il  est  sûrement  au-dessous  de  la 
réalité  ;  c'est  fort  exagérer  en  effet  de  n'admettre,  avec 
l'auteur  de  ce  calcul,  la  présence  d'aucun  esclave  dans 
les  contrées  de  population  dorienne  ;  même  en  tenant 
pour  trop  élevés  les  chifTres  que  nous  donnent  Timée, 
Aristote  pour  Corinthe  (460000),  Égine  (470000),  el  ceux 
que  nous  avons  pour  l'Altique  (400000)  au  temps  de 
Démélrios  de  Phalèro,  en  .309  '■,  on  est  conduit  à  une 
impression  toute  différente.  De  bonne  heure,  le  nombre 
des  esclaves  a  dépassé  celui  des  hommes  libres,  c'est  tout 
ce  qu'on  peutaffirmer  •■'.  Certes,  rinterdiction  du  mariage, 
dans  l'état  de  servitude,  restreignait  grandement  la  repo- 
pulation de  l'élément  servile,  et  les  ocxoyEVET;  ■"  ou 
oîxÔTftêeç  *,  esclaves  nés  dans  la  maison,  ne  se  ren- 
contraient pas  dans  toutes  les  familles  de  citoyens  ; 
pourtant  certains  indices,  procurés  par  les  actes  d'af- 
franchissements, donnent  à  penser  que  la  rigueur  de  la 
loi  fléchissait  bien  souvent  et  que  le  maître  tolérait  des 
relations  sans  effet  juridique,  dont  il  avait,  d'ailleurs,  h' 
profit  :  l'enfant,  en  principe,  lui  appartenait,  et  il  ne 
lui  déplaisait  pas  de  voir  se  perpétuer  les  meilleurs 
éléments  serviles,  comme  aujourd'hui  l'on  vise  à  la 
reproduction    des   animaux  de  bonne  race''. 

C'est  à  Athènes  que  les  esclaves,  parait-il,  étaient  le 
mieux  traités'"  ;  on  peut  le  croire,  en  dépit  de  certaines 
situations  aperçues  dans  la  comédie,  où  il  faut  recon- 
naître sans  doute  le  grossissement  habituel  au  théâtre  ". 
Un  mime  d'Hérondas  '-  met  en  scène  la  dureté  d'un 
maître  bien  vile  adouci.  En  somme,  c'est  au  mauvais 
serviteur  qu'étaient  réservés  les  moyens  de  correction 
qui  ont  été  énumérés,  plus  haut  (p.  1202)  Exclus  de  cer- 
taines fêtes,  comme  les  Thesmoptiories  à  Athènes '^  les 
sacrifices  à  Héra  dans  l'île  de  Cos  ",  ils  avaient,  dans 
quelques  autres,  égalité  avec  les  citoyens,  ou  même 
prééminence  sur  eux  :  ainsi  à  Athènes,  aux  premiers 
jours  des  Anthestéries  et  aux  fêtes  de  Dionysos  ''. 

Il  n'en  est  pas  moins  vrai  que  beaucoup  d'esclaves 
cherchaient  à  se  soustraire  par  la  fuite  aux  sévices  du 
maître,  comme  au  travail  forcé  ;  plus  de  20000  esclaves 
athéniens  accoururent  auprès  des  Spartiates  qui  venaient 
d'occuper  Décélie  "■';  d'autres  tentaient,  individui'llement, 


l     101.    -    2    Xon.     /le 

SU.    —    3    Dom.    .VXWII, 

m.    Well,   Leipz.,    IS86,   p.   .'i06  ;  < 

ji),  ièid.  p.   104;    Propriété  fondé 


I,   21.   —  4    iK.Incli. 
i06  ;  cf.    p.   ILS    s.|. 


•    [Deni.]     LIX,     iO  ;   Ter. 
StnalxhniisU.  iJ.   KrSnkel,   I,  ] 
/Vi>  Itevùlkeruiif)  der  yriec/i. 

—  s  Atlien.  VI,  27i.  —  B  Cit 
p.  158.  —  ^  l'Ial.  AJen.  Hi  h;  l'olyli.  XI..  i,  i;  l'Iul.  Mural.  S77  4.  —  »  Deni.  17,!. 
15  ;  Ite.ker,  Ancd.  I,  28(i,  10.  — 9  Seeck,  Loc.  cit.—  lOI's.  Xeii.  liexp.  Alh.  I,  in  ; 
Xen.    Oec.  I,  Sur  la  liberté  de  langage  des   esclaves.   Dem.  Phitipp.  III,   p.  111. 

—  <l  Arisloph./'/u(.  21-53  ;  ^'ax, 740-7*7. —  12  V.lûsq.  —  13  Arislopli.  Tliesm.  -l'H. 

—  H  Athen.  VI,  202  6'.  —  to  Etym.  Magn.  100,  16.  -  IKTIiucyd.  VII.  27.  —  n  Ucni. 
LIX.  0  ;  HIat.  Prat.  2.  -  18  Xen.  Mem.  Il,  10,  2;  llerodot.  IV,  9.  —  19  Ps.  Arisl. 
CAcon.  Il,  2,  3i.  —  20  Jiod.  XXXIV,  2;  Poijacil.  I,  28  et  4.1.  —  21  AUlcn.  VI,  207  A. 

—  2!  I.l.  XIII,  r,72  E.  -  23  Id.  VI,  20.-.  F;  Tlnieyd.  VIII,  40.  —  2*  j'osidoil.  fr.  S.i, 
Millier  ;  Allieo.  VI,  272  C.  —  20  Oec.  VI,  21  ;  cf.  Mem.  Il,  4,  3.  —  2C  Ucsiod.  <lp. 


de  gagner  (jiielque  sanctuaire  inviolable,  comme  le 
Tliései<in,  le  temple  des  Érinnyes,  l'aulel  d'Alhéna  Polias, 
el  plusieurs  hors  d'Athènes  |asvi.ia].  Le  fugitif  (opa-TST-/).;) 
étai.l  i)Oursuivi  par  le  maître '\  qui  donnait  son  signa- 
lement el  promettait  une  récompense  (côJffTpa)  '*  ;  on  voit 
même  poindre  les  commencements  d'une  assurance 
(•(inire  ce  risque  des  patrons".  En  deliors  de  la  Sicile 
et  de  la  Grande-Grèce  -",  les  révoltes  en  masse  ne  furent 
pas  très  fréquentes  ;  pourtant  1000  esclaves  quittèrent 
un  jour  Samos-'  ;  autre  émeute  à  Abydos  '--,  plusieurs  à 
Chios^-'  ;  au  Laurion,  en  103,  les  mineurs  massacrèrent 
leurs  surveillants  el  ravagèrent  le  pays'*.  II  faut  retenir 
ces  faits,  rapprochés  du  tableau  idyllique  présenté  par 
X(''nop!ion '"  de  la  maison  d'ischomachos,  pour  se  rendre 
compte  qu'en  Grèce,  suivant  les  maîtres,  el  suivant  leurs 
serviteurs  aussi,  la  condition  des  esclaves  était  essen- 
tiellement variable,  très  dure  ou  relevée  par  uneamica-le 
bienveillance. 

On  les  employait  à  des  fonctions  de  toutes  sortes.  Sur 
leur  activité  aux  champs,  comme  agriculteurs  ou  gardiens 
de  troupeaux,  nous  savons  fort  peu  de  chose  ^'^  [rustica 
REs],  mais  elle  ne  fait  pas  doute  ;  il  se  trouve  seule- 
ment que  nos  sources  mentionnent  bien  davantage  les 
esclaves  occupés  dans  la  maison.  La  plupart  étaient  des 
femmes  ;  à  cet  égard,  les  données  de  l'épigraphie  con- 
firment, dans  une  large  mesure,  les  témoignages  des 
auteurs ^^.  Les  forces  féminines  suffisaient  à  broyer  ou 
moudre  le  blé^\  bien  que  cette  pénible  besogne  fût 
parfois  infiigée  aux  esclaves  vicieux  -'  ;  des  femmes 
encore,  d'habitude,  fabriquaient  le  pain  el  faisaient  la 
cuisine'".  La  maîtresse  de  maison,  elle:niême,  filait, 
lissait,  brodait,  aidée  de  ses  esclaves  ^'.  Le  personnel 
dome.stique  comprenait  une  foule  de  valets  ou  femmes  de 
chambre,  de  préposés  dont  les  attributions  n'étaient 
peut-être  pas  rigoureusement  délimitées.  Les  textes 
menlionnenl  ràyopaiTT/iÇ,  qui  allait  au  marché  ^^,  le  portier 
(Oupojpoi;)  [janitor]  '^,  rû3poa,opo;  "  pour  porter  l'eau  ;  les 
esclaves  cuisiniers,  sauf  exceptions  rares,  n'apparaissent 
point  avantle  iv'siècle'^  Le  maître,  d'ordinaire,  déléguait 
la  direction  du  ménage  à  sa  femme;  mais  celle-ci.  dans 
les  grandes  maisons,  s'en  reposait  sur  le  xpocTXTTiç  ou 
â7:(GTiT-r,ç,  ÈTtÎTpoTro; '",  assisté  parfois  d'un  Ta(iia;  ^''ou  d'une 
TaiAtï^*.  Elle  avait,  en  général,  sa  servante  préférée 
(aSpa''  ou  xofipuÛTpia  '"),  pour  les  services  intimes;  un  texte 
nomme  le  Xaiavoçopo;*',  et  cette  fonction,  ajoutée  à  bien 
d'autres,  atteste  le  gaspillage  de  main-d'a-uvre.  «  Un 
esclave  pour  chaque  chose  »,  conseillait  Démocrite  ". 
Même  les  philosophes,  comme  il  apperlde  leurs  testaments, 
conservés  par  Diogène  Laërce,  possédaient  un  grand 
nombre  d'esclaves,  y  compris  Aristole  qui  blâmait  cet 
abus*'.  Les  serviteurs  vraiment  utiles,  nourrices  (xiTOai), 
ou  pédagogues '*  qui  accompagnaient  les  enfants",  for- 
maient ha  minorité  ;  la  plupart  avaient  un  rôle  d'apparat  ; 

100,  ITO;  Schol.  Tljiieyd.  I,  lU  :  l.nciaii.  l'.  iiiirt.  7.  11.  —  r,  Guiraud,  Muin- 
dn-i,rrù,p.  12r,._2li  l.js.  1,  IS  :  llcrond.  VI,  Si-Si.  —  2'J  [Icm.  XI.V,  33.  — SO.Uhc- 
Twiat.  .ip.  Allien.  VI,  p.  203  fl  ;Tlieoplir.  Char.  4;  Xen.  Oec.  X,  10.  —  31  Xen.  Mil. 
VII.  Onl  30:  l'olyacn.  VI,  I,  4  cl  .5.  —  32  Xen.  Mem.l,  S,  2;  Oec.  VIII,  22,  Allien. 
IV,    171    A.  —  33  l's.  Arist.  Oec.   I,  0;    Plat.   Prot.  314  c  ;    Plul.   Pe  curios.  3. 

—  3VLucian.  V.  auct.  7.  —  s.ïAllicn.  XIV,  05s/'';  Plul.  Alrili.  23;  cf.  coques, 
p.  I  tOO.  —  3G  Plut.  per.  16  ;  rfc  noOil.  20  ;  Aiistol.  Polit.  I,  7,  p.  1253.  —  :n  Aris- 
loph.   Vesp.  013;  Eq.  047;   Diog.  I.aert.  Il,  74.  —  3S  Xen.  Oec.  I.X,  Il  ;  X,  10. 

—  39Suid.;  Mcn.  {Corn,  fragm.  IV,  87,  201,  224).  —»>  Arisloph.  Eccl.  737;  PInl. 
Pesp.  II.  373  c.  —  »•  Plut.  Mor.  1S2  C.  —  »2  Slob.  LXII,  45.  —  W  J'ol.  Il,  I,  10. 

—  41  Potlicrct  lieinach.  Ni-crop  de  Myrina.  Paris,  l«S7.  p.  300,  pi.  xxi\.  3,  et 
p.  lH-5.  pi.  xr.ci,  2;  J.ilirb.  d.  Inst.  III  (IS8s),  p.  253.  —  15  Xen,  /!:■<:,,.  £„,■,  II, 
1;  Plal-  iej.  VII,  808  d. 


SER 


—   1272  — 


SEH 


i^riirTaliMiicnl,  Mil  cscljivp  (àxoJ.o'jOoc)  se  tcnail  aux  colôs 
ilii  niailri>  (in  do  la  niaili-(\sso  ilans  Icm-s  S(irli(^s  '  ;  les 
î;(mis  riclii's   so   l'aisaicnl    suivre   ili'   liiiih'  une   csccirlo  -. 

Ajoiilons  que,  connue  Icri  deiiioiircs  parliciilières,  les 
sancUiaii-es  avaient  leurs  esclaves  [uieroduli].  L'Ktal  en 
occiipail  1res  peu  [ihîmosku]  ;  à  Atliiines  ^  ils  élaicnl 
lialayeiirs,  lioni-reaux,  airhers  ile  piilire,  gardiens  des 
poids  el  niesiii-es  élalons,  ouvriers  nionnayeurs.  Sur  un 
elianlier  d'I'Mensis,  on  trouve  aussi  des  Sï,|j.o(rio!  *,  mais 
en  somme  celte  forme  du  socialisme  d'élat,  qui  mellait  les 
professions  aux  mains  des  esclaves  publics,  eut  en  Grèce 
très  peu  d'expansion  ■'.  Quelques  exemples  en  Asie  :  à 
Didymes,  des  leç,ot  Ttatôcc  '',  esclaves  sacrés,  appartenant 
en  réalité  à  la  ville  de  Milet,  travaillaient  à  la  construction 
du  temple  d'Apollon  ;  Milet  encore  cniretenail  des 
esclaves  (oriu-oîia!  ou  Sy|U.o7ioi  Tttxio£i;)  pour  soigner  ses 
troupeaux  communaux  (oïiiAOffia  irpôÇara)  et  recueillir  les 
laines  ;  peut-être  aussi,  dans  des  manufactures,  pour  la 
fabrication  des  étoffes,  vêtements  et  tapis'.  Les  rois  de 
Pergame  possédaient  de  même  leurs  fiadiÀixot  ou  paai- 
Xixot't  Tcaïos;,  leurs  fabriques  de  parchemins  et  d'étolïes, 
leurs  briqueteries,  dont  les  produits  faisaient  concur- 
rence à  l'industrie  privée  *.  Eu  Egypte,  les  premiers 
Ptolémées  avaient  sous  la  main  de  nombreux  prisonniers 
de  guerre,  de  race  exotique.  De  ces  esclaves  du  roi,  les 
uns  durent  être  employés,  en  même  temps  que  des 
ouvriers  libres,  aux  travaux  publics;  d'autres  vendus  ou 
loués  à  des  particuliers'  ;  un  papyrus,  de  2(55  environ  '", 
mentionne,  semble-t-il,  la  réunuKMalion  due  au  trésor 
royal  pour  cette  localion. 

11  serait  superflu  d'indiquc^r  tous  les  textes  qui 
signalent  des  esclaves  adonnés  à  quelque  industrie, 
comme  menuisiers,  tailleurs,  droguistes,  forgerons, 
luthiers,  tanneurs,  armuriers,  ébénistes,  cordon- 
niers, etc..".  Ce  sont  des  esclaves  que  les  auteurs 
montrent  à  l'ouvrage  dans  tous  les  ateliers  dont  ils 
parlent  ;  aux  mines  également,  les  travailleurs  sont 
presr|ue  toujours  de  condition  servile  [misïalla]. 

L'école  socialiste  moderne  a  prétendu  que  le  travail 
des  esclaves  ne  valait  pas  celui  des  citoyens'-  ;  l'exemple 
de  la  Grèce  ne  vient  pas  à  l'appui  de  cette  opinion  ;  elle 
liarait  judicieuse  quand  on  envisage  la  combinaison  très 
simple  suivant  laquelle  le  patron  loge,  nourrit,  habille 
son  serviteur  et  l'astreint  à  la  tâche  ;  mais  celte  combi- 
naison était  rare  '^  (les  esclaves  domestiques  mis  à  pari) 
à  cause  de  ses  graves  inconvénients  :  les  vieillards  ou 
les  adolescents  travaillaient  peu  ou  mal  et,  en  cas  de 
chômage,  l'industriel  n'avait  pas  la  ressource  de  réduire 
ou  de  cong(''dier  son  personnel.  Celui-ci  ne  rapportait 
rien,  el  il  fallait  le  nourrir.  D'où  l'iiabitude  qui  se  prit  de 
louer  des  esclaves  au  lieu  d'en  acheter  ;  lorsqu'on  man- 
quait (le  bras,  on  en  empruntait  aux  gens  qui  en  avaient 
trop,  el  on  en  trouvait  en  un  endroit  spécial  de  la  ville 
où  se  tenaient  les  ouvriers,  libres  ou  non,  en  quête 
d'ouvrage".  Les  [AtdOojToî  uienlionnés  parles  inscriptions 
d(!vai(!nt  être  souvent  des  esclaves  loués.  Même  certains 
capitalistes  achetaient  des  individus,  non  pour  les  em- 

I  Arislopli.  Ecct.  .ï'Jb:  I.ys.  XXXII,  le.  —  2  Uein.  XXXI,  157-r,0  ;  XXXV,  W;  Xcn. 
Mem.  I,  7,  i.  —  acf.  Waszinsky,  Ùe  taris  Athcn.  pub  icis,  Bpilin,  1898.  —  i  C.  i. 
ntt.  Il,  834  4(arf(/.),  col.  Il,  1.  31.  —^  OumaA,  Main-d'œuvre,  f.  I2Î,  135.  —  6  Ou 
«;  Toù  eiof  laiSi;  ;  cf.  B.  Ilaussoiillicr,  Ktud.  sur  l'histoire  de  Milet,  Paris,  l'JOi, 
p.  138,  Uii,  li',7,  172  S(|.,  211  sr|.  —  7  llaussoullicr,  ihid.  p.  250.  —  8  M.  l'iaenkcl. 
Jnschr.  v.  l'erijnmon,  2411  t-l  commonlairr,  251  ;  une  parlie  de  cps  esclaves,  les  plus 
ancicniiemeni  aclict^s,  rureiil  alTranciiis  par  le  U-stanienl  d'Attalc  III.  —  •>  A.  Boucli^^- 


ployer  chezeiix,  mais  pourspi'ciiler  sur  le  besoin  île  main- 
d'ieiivre  des  entrepreneurs  et  négociants  ' ',  (>t  Xi'nopliou 
conseillait  à  rElatd'imilcr  celte  spéculalion,  en  louant  des 
travailleurs  aux  concessionnaires  de  mines.  11  n'est  pas 
douteux  que  beaucoup  d'esclaves  étaient  entièrement 
chargés  de  l'entreprise  ik^  leurs  patrons,  auxquels  ils  ser- 
vaient une  rente  lixe,  le  surplus  grossissant  leur  pécule. 

On  a  prouvé  "'  que  l'abondance  extrême  du  travail 
servile  n'avait  nullement  tiu^  ni  même  fort  compromis, 
le  travail  libre  dans  l'ancienne  Grèce.  La  plupart  des  cité^, 
notamment  Athènes,  regorgeaient  de  petits  artisans, 
citoyens,  d'étrangers  ou  métèques,  de  toutes  conditions, 
patrons  ou  ouvriers,  et  enfin  d'afTrancliis  dont  la 
situation,  les  occupations  tout  au  moins,  ne  différaient 
guère  de  ce  qu'elles  étaient  durant  la  servitude  ;  les 
textes  littéraires  ou  épigraphiques,  lorsqu'ils  désignent 
des  travailleurs,  ne  permettent  que  rarement  de  recon- 
naître leur  état  civil. 

Rn  définitive,  le  travail  servile,  plus  rémunérateur  que 
l'autre,  faisait  du  tort  à  ce  dernier  ;  on  a  pu  se  rendre 
compte  ''  que  le  salaire  de  l'artisan,  même  en  dehors 
d'un  chômage  prolongé,  «  était  généralement  supérieur 
à  ses  besoins  personnels,  mais  inférieur  à  ceux  de  la 
plupart  des  ménages  athéniens  ».  L'expérience  qu'il  en 
faisait  était  décourageante;  il  était  fatal  aussi  que,  dans 
une  démocratie  où  il  avait  les  mêmes  droits  politiques 
que  les  riches,  il  en  vint  ,n  prendre  les  idées  des  riches, 
à  dédaigner  le  travail  comme  eux  et  vouloir  s'en  exonérer. 
Les  besogneux,  qui  formaient  la  majorité  de  l'assemblée 
populaire,  et  les  démagogues,  qui  la  flatlaient,  organi- 
sèrent un  système  de  secours  publics  pour  mettre  les 
classes  inférieures  à  l'abri  du  liesoin.  Four  cela,  il  fallait 
d(!pouiller  les  propriétaires  ;  à  Athènes  par  des  lois 
fiscales,  ailleurs  par  la  violence,  on  les  appauvrit,  les 
ruina;  ceux  qui  les  remplacèrent  eurent  souvent  même 
sort  à  leur  tour.  Polybe'"a  parfaitement  discerné  les 
suites  inévitables  de  ces  massacres,  exils  et  spoliations  : 
la  paix  fut  rétablie  par  l'arrivée  d'un  despote  qui  main- 
tint chacun  à  sa  place,  le  peuple  romain  '■'.  Tels  furent 
en  Grèce  les  effets  de  l'esclavage. 

RoMK  ET  l'Empihe  ROMAIN.  —  L'iilstoire  romaine  présente 
ce  phénomène  étranger  à  l'histoire  grecque  :  une  cité 
unique  étendant  peu  à  peu  ses  possessions  jusqu'à  devenir 
maîtresse  de  la  ])lus  grande  partie  du  monde  alors  connu. 
Une  série  de  guerres  heureuses  a  amené  ce  résultat.  Si 
la  cité  victorieuse  avait  appliqué  le  système  de  regorge- 
ment des  vaincus,  sauf  pour  les  femmes  et  les  enfants, 
elle  eût  dépeuplé  les  territoires  conquis  et  se  fût  encom- 
brée d'un  nombre  d'esclaves  exorbitant.  Dès  l'origine, 
elle  usa  d'une  autre  méthode,  «  conquit  des  hommes 
libres  comme  on  faisait  des  esclaves-"»,  s'assimila  les 
peuples  voisins  en  les  associant  aux  privilèges  de  la  cité, 
ou  eu  les  laissant  d'abord  à  un  degré  inférieur,  d'où  ils 
parvinrent  progressivement  à  s'élever-'.  Primitivement, 
du  reste,  le  Laliuin  no  connut  que  l'économie  familiale 
rigoureuse  el  sans  faste;  la  classe  libre  élait  formée  de 
paysans,    lalioureurs-soldats,    ne    connaissant    d'autres 

Lcclcrcq,  Hisl.  des  Laijides,  IV  (1907),  p.  121.  —  10  [l,l,ell  Pa/.yri,  29.  —  U  Uui- 
raud,  O.  (.,  p.  127  si|.  —  '-'  V.  nolammcul  K.nrl  Mari,  Le  Capital,  1,  p.  84. 
—  13  FrancoUc,  Op.  ril.  11,  8  S(|.  —  l'  l'hiloclior.  fr.  73,  Mûller  ;  Guiiaud,  ibid., 
p.  130  sq.  —  15  llyperid.  fragm.  l.m  Di.lol  ;  Xcn.  Ile  vect.  IV,  11-lG.  —  m  Guiraud, 
ihid.  X.  —  17  Guiraud,  p.  19.1.  —  I»  VI,  9,  8  9.  —  19  Guiraud,  p.  209-211 .  —  20  Wal- 
lol,  Hist.  de  l'esclav.  Il,  p.  ;i.  —  21  Uenjs  d'Halicariiasse  (II,  lil)  signjilc  ce  principe 
fécond,  qu'il  fait  remonter  à  Uninulus,  en  raison  de  sa  hante  antiquité. 


SF.n 


■2l:i  — 


S  EH 


ricli esses  (jue  lu  terre  el  ses  produils  ;  iicrunui,  jxisrini  dé- 
signaient la  richesse  et  les  revenns  publics  ;  le  riche 
s'appelait  loruplex,  l'homme  «  qui  a  du  fond'  »  ;  mais 
on  l'estimait  moins  que  l'agriculteur  éprouvé  ^,  et  l'on 
voulait  que  l'étendue  du  champ  possédé  par  un  père  de 
i'amille  ne  di-passàtpas  la  mesure  de  ses  forces^.  Régime 
d'aÙTouryt»'',  comme  dit  encore  Denys  d'Harlicarnasse ', 
et  où  suflisail,  bien  souvent,  un  seul  esclave  par  foyer  '. 
Au  service  intérieur,  les  femmes  pourvoyaient,  comme 
dans  la  Grèce  héroïque",  et  les  métiers,  source  de  luxe, 
passèrent  pour  avoir  été  d'abord  interdits  aux  citoyens". 
Mais  les  guerres  fréquentes  ruinaient  le  plébéien,  qu'elles 
empêchaient  de  cultiver  ses  deux  arpents  ;  il  devait  em- 
prunter, et  le  champ  familial,  garantie  de  sa  dette,  pas- 
sait au  patricien,  parfois  avec  la  personne  du  débiteur 
insolvable.  Cette  extension  de  la  propriété  rompit  l'équi- 
libre entre  le  travail  libre  et  le  travail  servile'*  ;  on  se  mit 
plus  souvent  à  employer  les  bras  de  l'ennemi  capturé  ; 
les  guerres  du  dehors,  entraînant  les  Romains  vers  une 
nouvelle  civilisation,  leur  communiquaient  le  goût  du 
luxe,  les  habitudes  de  loisirs,  et  Justement  les  besoins 
multipliés  d'esclaves  coïncidaient  avec  des  facilités  plus 
grandes  pour  en  accroître  le  nombre '■'. 

Depuis  la  con(|uète  de  la  Sicile,  les  ventes  de  prison- 
niers se  multiplient;  c'est  par  milliers  à  la  fois  que  se 
chill'renl  les  hommes  réduits  en  servitude '":  Sardaigne 
et  Corse,  Gaule  Cisalpine,  Espagne  "  fournirentd'énormes 
contingents,  ((ui  devaient  encore  être  dépassés  par  ceux 
<iue  César  préleva  sur  la  Gaule'-.  .\  ces  barbares,  la  nou- 
velle aristocratie,  plus  raffinée,  frottée  d'hellénisme,  com- 
mençait à  préférer  les  sujets  grcîcs  et  orientaux  ;  les 
guerres  du  dernier  siècle  de  la  République  lui  donnèrent 
ample  satisfaction  :  Épire,  Macédoine,  Achaïe,  Cilicie, 
Pont,  Chypre,  etc.  contribuèrent  à  cet  enrichissement  '^ 
et  dans  une  mesure  telle  que,  parmi  les  récils  ([ui  eu 
sont  faits,  quelques-uns  paraissent  légendaires.  Kn  pro- 
vince aussi,  et  même  chez  les  princes  clients,  on  perdait 
la  liberté  pour  dettes  :  Marins,  ayantdemandé  à  Nicomède 
des  auxiliaires,  eut  celte  rép(jnse  (jue  presque  tous  les 
Hiliiyniens  valides  avaient  été  emmenés  comme  esclaves 
et  dispersés  par  les  fermiers  de  l'impôt'*.  Enfin,  après 
la  ruine  des  marines  indépendantes,  carthaginoise, 
rhodienne,  etc.,  les  pirates,  devenus  niailres  de  la  mer, 
procédaient  sur  les  cotes  à  de  hardis  coups  de  lilels  et 
venaient  vendre  à  Sidé'\  ou  à  Délos  '",  leur  cargaison, 
énorme  sans  doute,  quelque  réduction  qu'on  fasse  subir 
aux  chiffres  invraisemblables  de  Slrabon  '^. 

Le  système  grec  de  la  vente  au  camp,  ajjrès  la  bataille, 
ne  tomba  naturellement  pas  en  désuétude".  Les  mar- 
chands avisés  parcouraient  de  préférence  l'Asie  Mineure 
et  la  Syrie ''^;  Horace  donnait  a  l'un  d'eux  le  nom  de 
«  roi  deCappadoce  -"».  C'étaient  ordinairement  des  Grecs, 

<  l'iiil.  //.  nal.  XVIU,  3,  Il  :  loci,  hoc  est  ar/ri,  plcnos.  —  i  Cal.  Ùf  rc  rust. 
prauf.  :  riin.  XVIII,  3,  18  s-i.  —  3  Imb^ciUiorem  agrum  qutim  ayricotam  esse 
debere  (Columc:l.  De  te  rust.  I,  3,  a).  —  i  IX,  il,  i  :  cf.  Il,  70.  —  ■>  V.  le  cas 
de  Kcgulu*  au  lonips  <lc  la  piuinicre  guerre  puuii|uc  .Val.  Max.  IV,  4,  G  ;  add.  Il  : 
liaiicos  serras).  —  «  IMi.i.  XVIII,  11,  107;  Vu};.  .\en.  Vlll,  HO;  Coluincll- 
0.  l.  XII,  pracr.  7.  —  7  UioH.  Hul.  IX,  23,  i;  cf.  Il,  2S,  I.  —  8  Aliciclillemenl' 
la  Miaiu-d'œuvre  se  l'eDouvc-lail  par  les  rcjclous  des  esclaves  :  ou  s'élail  accoulutiiê 
â  coinplcr  sur  ce  produil.  coiiinic  sur  les  aulres,  cliaque  priulcmps,  d'où  te  nom 
de  .•.riiu.  —  'J  Walluu.  O/,.  eil.  Il,  p.  13  ;  E.  Ku-ser,  Ile  c,i,,lieis  Ilumaimru,,,. 
Iji^sae,  l'-lUi.  Le  droit  ue  laisail  pas  de  dilTériiice  eidre  ciijitni  el  serei  ;  cf.  l'oui 
pou.  Ùif/.  I.,  Iti,  iVJ.  —  1"  V,  les  uunieuclalures  rapportées  par  Spcck,  fJan- 
tielsyesch.  des  Alterlums,  t.cipzig.  III,  i  A  (1906),  p.  lut  si|.  —  "  l.iv.  XLI, 
Il  et  i<  ;  Appian.  /Jisp.  83.  —  H  Uell.  Gall.  III,  16.  En  une  fois  il  vend 
bJDDU  lioninies(i6i</.  il,  33,  7).  Ajoutez  les  chiffres,  sans  doute  exagérés,  d'A|ipieu. 

Vlll. 


ciiii  se  rendaient  ensuite  à  Rome,  oit  lu  ileinuiide  el 
lâchai  l'Iaient  formidables;  mais  des  Roinuiiis  de  nais- 
sance, comme  Calon  le  Censeur,  prenaient  part  à  c<' 
commerce,  achetaient  de  tout  jeunes  esclaves,  et  les 
revendaient  à  meilleur  prix,  dressés  et  éduqués  -'. 
Comment  ces  ventes  se  pratiquaient,,  l'exemple  de  la 
Grèce  l'indique;  il  n'y  fut  rien  changé,  sauf  ([iie  l'adresse 
des  marchands  s'y  montra  plus  grande  encore,  la  loi 
romaine  étant  plus  sévère  el  plus  ingénieuse  pour  tra- 
quer le  mauvais  marchand,  peu  enclin  à  dévoiler  les 
vices  cachés  îreuuibitokia  ai:tio]. 

Pour  le  prix  des  esclaves  à  Rome,  nous  avons  une  fuiile 
de  données,  si  considi'îrables  même  que  rétablissement 
d'une  moyenne  en  devient  impossible"--  ;  les  circonstances 
étaient  pour  beaucoup  dans  la  fixation  des  cours. 

La  question  du  nombre  total  des  esclaves,  dans  la 
capitale  et  dans  l'Empire,  de  leur  répartition  dans  les 
diverses  provinces,  n'est  pas  moins  épineuse,  .\rorigine, 
ce  nombre  était  très  faible;  Rome,  dont  le  territoire 
annexé  demeurait  peu  étendu,  avait  besoin  de  soldats- 
citoyens,  et  devait  éviter  d'accroître  les  forces  des  enne- 
mis campés  à  ses  portes,  par  une  population  servile 
prèle  à  l'émeute,  à  la  fuite,  à  la  trahison.  Quand  toute 
l'Italie  ne  connut  plus  qu'une  seule  domination,  on  prit 
moins  garde  au  danger,  très  réel  encore.  Les  révoltes 
d'esclaves  pouvaient  fournir  aux  citoyens  ambitieux  une 
ressource  précieuse,  une  occasion  et  un  instrument-^. 
Signalons  seulement  la  conspiration  île  iliJav.  .I.-C.,<itii 
visait  l'occupation  du  Capilole-*,  les  révoltes  de  1!I8 
(Laliuiu),  190  (lïtrurie),  1X3  (Apiilie) -•'*,  les  guerres  ser- 
vîtes de  Sicile,  où  tant  d'esclaves  étaient  éparpillés  sur 
les  latifandiu,  en  134-2  et  103.  et  surtout  celle  de  73-2, 
dont  Spartacus  fut  l'àme-*. 

Beloch  n'a  tenté  que  des  évaluations  isolées,  de 
détail  -',  lal)lant  timidement  sur  la  proportion  d'un 
esclave  par  deux  hommes  libres,  qui  était  celle  de  Per- 
game  au  ii"  siècle'-'*;  en  ce  cas,  il  y  aurait  eu  à  Rome,  en 
5  av.  J.-C,  2S0  000  esclaves;  au  temps  des  révoltes,  la 
Sicile  en  aurait  compté  environ  400  000-''':  dans  tout  le 
reste  de  l'Italie,  vers  la  même  époque,  un  million  et  demi 
à  peine  ;  quant  à  Spartacus,  il  ne  groupa  que  120  000 
hommes^",  el  on  en  tua  ll.'^)000  eu  trois  batailles  ■'.  En 
somme,  peu  dechifl'res,  même  vraisemblables.  Mais  d'une 
part  la  multiplication  des  services  d'état,  due  à  l'exten- 
sion de  la  puissance  romaine,  et  de  l'autre  l'influence 
des  mœurs  grecques,  que  la  conquête  avait  propagées 
en  Occident,  tendaient  à  l'accroissement  des  deux  caté- 
gories d'esclaves  :  servi  puùlici,  servi  privai i^-. 

Servi  publici.  Ceux-ci  nous  l'avons  vu,  étaient  assez 
peu  représentés  dans  le  monde  grec,  excepté  dans  les 
royaumes  hellénistiques;  il  en  va  tout  autrement  dans  le 
monde  romain.  Le  fonctionnement  des  magistratures  et 

Gall.  i,  cl  l'Iul.  ';<ic5.  13;  Pomp.  r.7,  C.  —  U  Liv.  XLV,  34  ;  CIc.  Ad  AU.  V,  2i), 
3  :  l'Iul.  Cat.  Min.  39  si|.  ;  Appian.  AJilhr.  T8  ;  dans  r.irméc  de  Lucullus  ou  aurait 
pu  aci|uérir  un  esclave  pour  (|ualre  draclimcs  !  —    1^   i)iod.   A'ro'/m.  XXXVf,  3,  1. 

—  <ô  Stral).  XIV,  3,  i,  p.  uiii  C.  —  'o  Honiollc,  fJulL  corr.  Iiell.  Vlll  il8«>4),  p.  'JK. 

—  i''  XIV,  R,  2,  p.  068-0119  C.  -  18  Liv.  XXXIX,  42  ;  XM,  1 1  ;  Cacs.  U.  (iall.  Il, 
33,  G.  —  <9  Plaut.  Merc.  II,  3,  390  el  413;  ou  connaît  le  mot  de  Juvéual  sur 
rOronle  nui  se  déverse  dans  le  Til.rc  (  >a/.  III,  02).  —  2"  Ep.  I,  U,  39.  —  î'  l'Iul. 
Cal.  Major,  21.  —  22  Cf.  Wallon,  O.  I.  II.  p.  159  s.|.  ;  cf.  V.  Jlarcliioro,  Jlii:  di 
slor.   uni.    N.    .><.   X.  :n>lMii,  p.    201   sq.     -  i'  Vf.    Uv.  III,   13,   10.  —  2'.  Id.    IV,  43. 

—  2S  ij.  XXXIII,  3G;  XXXIX.  29  cl  41.  —  26  cf.  0.  .Sicfert.  Vie  Slarenkrierje, 
Alloua,   1800;   Biiclier.  /lie  Aufslûnde  der  mifriien    Arheiler,  l'raukfurt,   1874. 

—  27  Die  Oevôlkerumj,  p.  401,  H3  sq.  —  2.1  Oaleii.  V.  p.  49,  Kiilni.  -  29  lielocii, 
a.  l  p.  299-301.  —  SO  Appian.  U.  civ.  I,  177.  —  il  Lu.  Epit .  90,  :>!  —  32  l'Iaul. 
Capl.    Il,  2,  334-333. 

100 


SEH  —  1271  — 

les  travaux  de  l'Iîlal  coiiiporlaicnl  des  emplois  siil)al- 
lernes,  auxquels  les  eiloyens  suflireiil  d'aljord;  mais 
quandeeux  ci  furent  plus  régulièrement  retenus  à  l'armée, 
il  fallut  pourvoir  à  leur  reuiplaeemenl;  les  esclaves  y 
aidèrent.  Il  n'était  pas  difficile  à  l'État  de  s'en  procurer: 
au  lieu  de  vendre  tous  les  prisonniers,  le  général  victo- 
rieux n'avait  qu'à  en  conserver  une  partie,  pour  la 
familia  publica;  Scipion  en  réserva  ainsi  2000  en  210 
av.  J. C,  après  la  prise  de  Carthagène,  promettant  la 
liberté  à  ceux  qui  se  signaleraient  par  leur  zèle  et  leur 
docilité'  ;  après  la  retraite  d'iiannilial,  divers  peuples''' 
furent  réduits  à  celte  condition  en  cliàliment  de  leur 
révolte  ^.  De  plus,  l'Élal  étant  propriétaire  des  biens  des 
proscrits,  les  esclaves  de  ceux-ci  devenaient  servi 
publici^.  Parfois  même  il  en  achetait^,  mais  il  arrivait 
que  lacliat  fût  une  formalité,  immédiatement  suivie 
d'airranchissement,  pour  récompenser  des  esclaves  privés 
qui  avaient  rendu  service  à  la  nation,  dans  un  incendie", 
lors  d'une  conjuration',  ou  autrement.  L'acquisition, 
sous  la  République,  était  faite  par  les  censeurs";  sous 
l'Empire,  quelques  princes  donnèrent  des  esclaves  à 
l'État  :  .\uguste  disposa  ainsi  de  ceux  qu'il  avait  hérités 
d'.Xgrippa"  ;  Alexandre  Sévère  fit  de  uiême'".  L'allran- 
eliissement  dos  esclaves  publics  était,  en  principe,  décidé 
par  le  sénat;  après  Diocléticn,  par  les  empereurs  ". 

Ces  esclaves  ne  portaient  souvent  qu'un  nom  '-  : 
d'autres  fois  il  en  avaient  un  second,  celui  du  général 
vainqueur  qui  les  avait  procurés  à  l'État,  nom  auquel 
s'ajoutait  le  suffixe  unus^'.  Exclus  des  mimera  et  des 
honores  ",  les  publiei  P.  R.  pouvaient  en  revanche  repré- 
senter l'Élal  dans  certains  actes  juridiques'^.  En  règle 
aussi,  le  service  à  l'armée  '"  leur  était  inlerdit'S  et  seule- 
ment dans  des  cas  d'extrême  nécessité  il  fut  fait  infrac- 
tion au  principe  [i)iLU(:rus,voLONi:s],  par  exemple  après  la 
bataille  de  Cannes'*;  mais  ils  iHaienl  admis  dans  les 
bureaux  militaires  ou,  en  campagne,  à  la  suite  des  riches 
Romains,  pour  les  travaux  manuels  [eALOMisJ.  On  les 
rencontre  en  masse  au  service  du  culte,  comme  desser- 
vants du  culte  même"  ou  auxiliaires  des  collèges  des 
prêtres  [ArcuRES,  fetiales,  pontikices,  sodales],  notam- 
ment des  Arvales  [aiîvales  frathesj,  qu'ils  assistaient 
dans  les  sacrilices  [sacrificuim]  et  les  piacida  [i'Iaculum], 
ou  encore  comme  gardiens  des  temples  [aedituus]  ;  en 
nombre  bien  moindre  au  service  des  magistrats,  princi- 
palement des  consuls  [consul]  et  des  gouverneurs  de 
provinces;  ils  fournissaient  des  scribes  au  tabularium 
des  censeurs  à  Rome,  des  lecteurs  aux  édiles^",  des  gar- 
diens pour  les  sièges  des  tribuns  de  la  plèbe-'. 

Sous  le  poids  des  services  publics,  successivement 
accrus,  les  corporations  professionnelles,  formées  par 
l'initiative  privée  [auïikices,  collecu'm,  sodalitas],  com- 
mencèrent à  plier  an  iiT'  siècle  avant  notre  ère;  les  cor- 
/lonili  trouvaient  la  charge  trop  lourde,  mais  l'État  les 


1  l'olyli.  X,  17,  y  ;  Liv.  XXVl,  V7.  -  '.!  Un  ciUill  iiol.miiiiL-ul  los  Briilliaui,  pris  loiig- 
Icmps  à  torl  pour  des  esclaves  publics;  cf.  Kiiggiero,  Diz.  cp.s.  v.  — 3  Appiaii.  Hann. 
61  ;  Slrab.  V.  4,  13,  p,  Ï51  C. —  *  Nombreux  cicmples  i  la  fiu  de  la  lit-publique;  cf. 
Appian.  «.  cio.  1,  100  ;  Dio  Cass.  XXXIX,  Ï3  ;  Cic.  Pro  Sest.  26,  57  ;  Flor.  III,  9,  5 
!=  I,  441.  -  6  Tac.  Ann.  Il,  30;   III,  67;    Dio  Ca.s5.   I.V,  5,  4;  Dion.  liai.  I,  40 

—  6  l,iv.  XXVl,  27  —7  Id.  XXXIl  20  ;  cf.  XXVl,  33  ;  XXVll,  3  :  Plut. Syll.  10,  2,  clc! 

—  «Moninisen,  Dr.puU.  Ir.  fr.  IV,  p.  13.5  u.  2.-9  Kroulin.  De  aq.  98  —  10  Lam- 
ppiil.  c.  Al.  Aeu.  34,  2.  —  n  Léon  Ualkin,  Lvtt  escftivfs  publics  sous  tes  Homains^ 
llruielles,  1897,  p.  22-.1i.  —  12  f.  i.  tat.  2341-2345.  —  13  lljid.  2307.  2:i27_ 
233»,    elc;    Dio    Cass.    XXXIX,  23,   2.    —   n   Mommsen,    Op.    cil.    I,  p.    Mi 

—  <-'  llalLin,  p.  41-44.  —  <e  On  les  ndincllait  plus  volunlicrs,  daus  la  marine  de 
gueiTC  '.cijv-isiARil.  ci.ASi.*].    —    17  Sous    peine  de  inori  ;  ilarciait.    Oty.  XLIX,  16 


SER 

força,  par  des  prescriptions  vexatoires,  à  rester  dans  les 
corporations-^  Les  esclaves  d'État  concoururent,  dès  la 
République,  à  assurer  quehiues-uns  de  ces  services  ;  on 
les  eu  écarta  peu  à  peu;  leur  recrutement  devenait,  sous 
les  Antonins,  assez  diflicile,  el  les  empereurs  s'applau- 
dissaient de  leur  disparition  progressive,  car  du  même 
coup  le  sénat  voyait  se  restreindre  ses  pouvoirs. 

Le  service  des  eaux  [cira  aol'ahl'm,  aouarii]  avait 
d'abord  été  conlié  à  îles  entrepreneurs,  qui  s'aidaient  de 
serci  opi/ices  leur  appartenant'-'.  En  33  av.  .I.-C,  Agrippa 
y  avait  généreusement  allecté,  à  ses  frais,  une  fainUiu 
jirivnUi  de  240  esclaves,  qu'il  légua  à  Auguste  ;  celui-ci 
leur  maintint  celle  destination  ;  Claude  créa  de  nouveaux 
aqueducs  et  une  seconde  escouade  d'esclaves,  familia 
Caesaris  -*.  Les  inscriptions  donnent  comme  titre  géné- 
ral :  servus  publicus  slationis  aquarum  -'■'  et  distinguent 
castellarii,  circilores,  vilici,  supra  formas;  esclaves 
(ou  alTranchis)  sont  en  général  les  plumbarii,  le  secré- 
taire de  la  ratio  aqunrum.  .\près  Hadrien,  les  serri  de 
la  familia  publica  ne  durent  plus  exister-'"'. 

Pour  l'extinction  des  incendies,  les  tkii'iMviri  capitales 
avaient  sous  leurs  ordres  des  esclaves  publics,  mais  trop 
peu  nombreux  ;  aussi  quelques  particuliers  entretenaient 
à  cet  ell'el  dt's  familiae  pricalae-',  qu'ils  prêtaient  gra- 
luileinenl,  pour  se  rendre  populaires-".  Auguste  transféra 
ce  service  aux  édiles  curules,  assistés  de  GOO esclaves'-",  et 
peu  après  aux  vicomagistri  ;  chaque  région  de  Rome 
obtint  ses  pompiers  ^''.  En  G  enfin,  il  les  remplaçait  par 
7  cohortes  de  Vigiles  [vigiles]. 

Les  opéra  publica  eurent  aussi  leurs /»/i//c'P',  les 
iiuuuifaclures  de  l'Étal  [faisuica]  el  la  poste,  au  moins  à 
ré|)0(iue  impériale,  sinon  avanl  [cirsus  publicus].  Des 
esclaves  publics  faisaient  fonction  de  bourreaux  [car- 
NiFEx],  d'autres  composaient  le  personnel  de  la  biblio- 
thèque au  portique  d'Oclavie  [miiLiOTiiECA]  '-.  Il  y  en  avait 
d'employés  aux  archives  et  écritures  officielles  [commen- 
TAKiENSEs]  ou  dans  l'aduii  nistratiou  financière"',  maison 
ne  trouve  comme  exactores  Iribulorum  que  des  esclaves 
impériaux  ^'  ;  à  la  même  classe  appartiennent  les 
liorrearii  ou  custodes  des  greniers  publics  [uorrea]. 

Beaucoup  de  villes,  quelle  que  fùl  leur  condition 
(launicipe,  colonie,  elc  ..),  avaient  également  leurs 
esclaves  publics  '^,  qui  les  représentaient  dans  divers 
actes  juridiques,  leur  servaient  de  percepteurs  (adores) 
pour  les  revenus  communaux''',  assistaient  les  prêtres  ou 
gardaient  les  temples  ;  les  assemblées  provinciales  et  les 
divers  koina  pouvaient  aussi  posséder  des  esclaves  ". 
Enfin  les  servi  publiei  des  villes  tenaient  les  emplois 
variés  que  nous  les  avons  vus  remplir  à  Rome'^ 

D'une  façon  générale,  les  servi  publiei  cédèrent  le  pas 
à  la  familia  Caesaris,  et  même  dans  les  cités  ils  recu- 
lèrent devant  les  employés  de  condition  libre'"'. 

Servi privati.  Il  y  en  aplusieurs  classes.  Âl'origine,  un 


11.  _  m  Liv.  XXlll,  14.  —  l'JCulIc  d'Hercule  (Halkill,  p.  49-53).  —80  Coll.  N.att. 
XIII,  13,  4.  —  21  Moramscn,  ibid.  I,  p.  308,  u.  4.  —  li  WalUing.  Corpurations 
professionnelles,  Louvain,  1890,  II,  p.  6-3M.  —  23  Frontiu.  Deaq.  96.  —  2'  Id. 
116.  —  25  C.  i.  lai.  VI,  8489.  Menlious  eiprcsscs  seuleinent  pour  l'Jnio  eetus  ; 
2313,  2345,  8493.  —20  0.  Ilirscbfeld,  Die  kaiserl.  Verwaltunysbeamten,  î'  éd. 
Berlin,  1005,  p.  275-7,  282-3.  —  27  Paul.  Ci(/.  1,  15,  10.  —  2«  Dio  Cass.  LUI,  24,  4. 
-  '20  Id.  LlV,  2,  4.  —  30  C.  i.  tat.  VI,  2342.  —  31  Ibid.  2330-7.  —  32  Cf.  Cagoat, 
J,es  bibliothèques  publiq.  dans  l'Empire  romain,  Paris,  1906  (ilém.  de  l'Acttd. 
des  inscr.  XXXVIll,  1).  —  33  Mdlang.  de  Home,  XXlll  (1903),  p.  381.  —  3*  llir- 
sclifeld,  Op.  tauil.  p.  75,  noie  I.  —  30  Halkiii.  Op.  l.  f  parlie.  —  36  D'où  l'ciprcssion 
ser{eus)  ac((or)  :  C.  l.  lai.  XI,  2714;  Hph.  ep.  IV,  834  —  37  Bull.  corr.  hetl. 
XIV(I890),  p.  621,  n°2l.  —  38  llalkiu,  p.  166-191.  —  3!)  llalkin,  p.  223-230. 


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I27r)  — 


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seul  esclave  servait  le  inailre  à  la  ville  el  à  la  campagne  ', 
sMi-loul  à  la  campagne,  où  vivaient  les  premiers  Uomains. 
Il  l'Iail  comme  un  niemliro  de  sa  famille  (ffimilifiris); 
quand  les  esclaves  se  multiplièrcnl,  ils  rcsLèrenl  des /'«//; /- 
linres  -,  aussi  longtemps  qu'ils  vécurent  autour  du  pnter- 
l'amilias.  Mais  les  mœurs  changèrent,  les  riches  prirent 
des  goùls  de  citadins,  et  la  maison  se  scinda  en  familia 
rusticniilfnmilinurbann,  la  première  réléguée  en  quel- 
que sorte  loin  des  yeux  du  maître,  qui  lui  restait  inconnu. 
L'esclavage  rural  n'a  pas  eu  partout  le  même  dévelop- 
pement. Très  longtemps,  l'Italie  du  nord  y  demeura  étran- 
gère; au  11°  siècle  de  l'Kmpire,  dans  la  région  de  Corne, 
les  champs  étaient  encore,  sous  l'influence  des  usages 
celtiques,  cultivés  par  des  travailleurs  libres'  ;  ceux-ci 
prédominaient  au  moins  dans  les  contrées  élevées  de 
l'Apennin,  mais  en  plaine  c'était  bien  vite  le  régime  des 
LATirr.NDiA,  notamment  en  Étrurie*  et  en  Sicile.  Une 
véritable  hiérarchie  se  constitua  dans  le  personnel 
agricole  :  en  tète,  le  régisseur  {vi/licus),  au-dessous  des 
surveillants  de  second  ordre  (nionilores)  °,  les  con- 
ducteurs de  travaux  [mar/iatri  operum  et  singulorum 
officioriim),  gardes  des  bois"^  et  des  chn.rmps  {snlluurii)  '', 
pour  ne  citer  ici  que  les  litres  les  plus  répandus.  Puis 
une  variété,  presque  infinie  dans  les  grands  domaines, 
de  spécialistes  chargés  dans  les  champs,  les  vignobles,  les 
plans  d'oliviers,  les  jardins,  les  vergers,  à  la  ferme,  aux 
étangs,  à  la  basse-cour,  de  cultures  particulière.»;  ou  du 
soin  d'animaux  dill'érenls  [vili.a];  en  outre,  pour  assurer 
l'équilibre  el  la  régularité  du  travail,  un  certain  nombre  de 
mfldidsliîji  ",  hommes  ;\  tout  faire,  qu'on  transférait, 
suivantles  besoins,  d'un  service  à  l'autre.  Beaucoup  de  ces 
esclaves,  punis  pour  quelque  forfait,  vivaient  enchaîn(''s 
[coMi'Es],  dans  des  ateliers  {prr/aslii/a)  souterrains,  éclair('s 
par  d'étroites  fenêtres  où  leurs  mains  nepouvaientattein- 
dre  ';  quelques-uns  de  leurs  pareils  faisaient  la  police, 
liant  et  frappant  avec  des  courroies  [LOUAnius]  leurs  cama- 
rades pris  en  faute.  Sur  cesexploitationsrurales,  on  trouve 
des  renseignements  et  des  théories  dans  le  De  re  nislicn 
de  Varron  el  dans  celui  de  Columelle.  Mais  l'organisation 
primitive  de  la  villa,  où  les  esclaves  étaient  divisés  en 
décuries '"  el  répondaient  à  des  appels  périodiques,  vint 
bientôt  à  se  disloquer.  Le  prix  plus  élevé  des  esclaves, 
le  rendementamoindri  dusol  amenèrentles  propriétaires 
à  émanciper  leurs  esclaves  contre  une  rente  fixe;  les 
travailleurs  agricoles  se  transformaient  en  serfs  de  la 
glèbe.  Dès  la  fin  de  la  République,  on  voit  des  esclaves 
placés  sur  le  fonds  comme  colons"  ;  d'autres  à  qui  le 
patron  loue  le  fonds  et  donne  les  bœufs  '^.  L'esclave  cesse 
d'être  un  simple  instrument  matériel  aux  mains  du 
patron,  devient  vis-à-vis  de  lui  un    contractant '^  Sous 


lplin.//.nn<.  XXXm,6,  10:Juvcn.  .\IV,IÎ7  elles.  —2  Son.  /?/).  XI.VII.  1»;  l'iut. 
Coriot.  24;  Coluni.  1,  63  et  15;  Macroli.  [,  11,  M,  —  ^  l'Iin.  £/)/s/.  III,  V.i,  1  :  iiam  iipc 
ipst'  nnujuam  vhtrtos  habeo,  nec  ihi  qinsrjiiam,  l'ar  ileux  fols  il  emploie  coloiionim. 

—  t  Hiil.  Ti.  Gr.  8,  5  ;  Marlial.  IX,  2i,  4  :  FA  sonet  innumera  comperir  Tiisciis 
ni/er.  —  5  Coliini.  I,  9,  4  el  7  ;  l'aul.  Seul.  III,  li.  .15.  —  6  Collim.  I,  8,  9  cl  17  ; 
XI,  1.27.  —7  Ci,  lut.  V,  5548,  5702,  etc.  ;  /)î(/.  XXXIII,  7,  12.  §4;  VII,  8,  10,  SI. 

—  »    Doliitn.  I,   93;    II,   12,   7.-9    Col.    1,    6,  3  et  S,    )C     —  «0   Id.   I.  9,  7. 

—  H  J.-l*.  Bremep,  Jurispruflenliae  antehadrianae  quae  supersunt,  l.ipsiae,  isyii, 
p.   173  4    [Dig.    XXXIII,    7,    12,    3-Cl.    —  *i  Ibid.    p.    201-2    {Dig.  XV,    3  el    101. 

—  13  l'Iinc  [H.  nat.  XVIII.  6,  30)  écrivait  :  Coli  rnra  ab  eryasliilis  pessumum  e^t 
et  quidgnid  agititr  a  desperanlibtts.  —  1'*  Ad.  Scliullcn,  Die  rôm.  Gruudfierr- 
scimftm,  Weimar,  1S90,  p.  93.  —  li  L'éli^gant  déd.iin  de  la  classe  riche  à  lï-gard  .lu 
travail  persisla  iialurellcroenl  sous  l'Empire  ;  cf.  Cic.  l'ro  Flacco,i;  De  benef.  VI, 
17  ;  l'Iiiloslr.  V.  Apotl.  IV,  32  ;  F'Iut.  An  seni  gcrenda,  *  ;  Pericl.  1-2  ;  Lucian.  1, 
9  ;  LXIX,  12.  —  '6  l'Ii.  E.  I.egrand,  flev.  d.  élud.  ane.  X  (I908|,  p.  10-17  ;  cf.  Ovid. 
Amor.  I,  15,  17  ;  voir,  surtout,  dans  Piaule,  le  Pseudohts,  le  Pcrsa  el  VEpidiciis. 


l'Kmpire,  en  gihiéral,  le  ])ropriélairo  n-servc  la  meilleure 
partie  de  ses  domaines,  autour  de  la  villa  proprement 
dite,  et  la  fait  travailler  par  sa  fumilia  ou  celle  de  son 
fermier  général.  Le  reste  est  divisé  en  petites  parcelles 
où  sont  les  colons"'  [colonus,  latifundiaI. 

C'est  dans  la  fainilid  iirhnna  que  l'esclavage  prend  sa 
physionomie  la  plus  caractéristique.  A  vrai  dire, 
l'inlluence  de  la  Grèce  est  ici  très  sensible  ;  elle  se  fait 
sentir  dès  l'époque  républicaine,  le  théâtre  nous  permet 
d'en  .juger  '^  :  esclaves,  hommes  el  femmes, y  abondent, 
tiennent  généralement  les  (ils  de  l'intrigue.  Dans  la 
comédie  nouvelle,  chez  Ménandre  en  particulier,  et  dans 
toutes  les  œuvres  grecques  ou  latines  qui  en  dérivent, 
que  Irouve-t-on  invariablement?  «  Courtisanes  de  con- 
dition servile,  rêvant  de  conquérir  à  tout  prix  leur 
liberté;  esclaves  gourmands,  grossiers,  égoïstes,  men- 
teurs, indiscrets,  extraordinairement  impertinents,  au 
demeurant  susceptibles  de  lidélitô  et  d'attachement  à 
leurs  maîtres"'.  »  Quand  Rome  eut  conquis  tout  l'Orient 
grec,  le  luxe  de  la  domesticité  devint  extravagant.  Il  faut 
renoncer  à  énumérer  tous  les  noms  sous  lesquels  on 
trouve  désignés  les  mille  emplois'''  entre  lesquels  se 
partageait  le  service  au  dedans  et  au  dehors  de  la 
maison.  Comme  \a.  familia  rustica,  lu  fnmilia  urbuna 
est  divisée  en  décuries  commandées  par  iIcs  di'curions". 
Les  chefs  sont  choisis  parmi  les  hommes  de  confiance 
'.(iriliiun-ii)  ''',  ceux-ci  secondés  au  besoin  par  des 
liiMilenants  {rirarii)'^''.  Toutes  les  fonctions  sont  hiérar- 
chisées. En  tète,  si  le  maître  ne  gère  pnsliii-mêine,  est  un 
/irornra/or^\  fondé  de  pouvoirs,  dont  le  principal  agent 
(arfor)  est  ordinairement  un  comptable'-'^;  les  comptes 
de  la  maison  sont  tenus  par  le  flii<pei)saloriirhaiin  -^,  qui 
règle  les  dépenses  et  a  sous  sa  dépendance  le  confins 
jirovtuH  ou  CELLAimis,  qui  s'occupe  particulièrement  de 
l'approvisionnement  et  a  les  rapports  directs  avec  les 
boulangers,  les  meuniers,  dont  sont  pourvues  les  grandes 
maisons  ^\  et  avec  le  nombreux  personnel  de  la  cuisine 
[coours].  Toutes  ces  attributions  étaient  réunies  ancien- 
nement dans  les  mains  de  I'aïriensis,  I'atrium  constituant 
alors  à  peu  près  toute  l'habitation  [domus]  ;  quand  elle 
se  fut  agrandie,  il  resta  chargé  de  la  garde  et  de  l'entre- 
tien des  appartements  et  de  leur  mobilier,  ayant  sous  ses 
ordres  d'autres  esclaves  dont  les  noms  indiquent  les 
fonctions  :  dinelarius  ou  diaelarcha  ^',  scopariiis  -", 
ad  imagines''',  a  saci'ario-''  snpellecticarius  [supellex], 
ab  argento,  ab  aiwo^^,  a  crystallinis'",  etc.,  ou  bien  ils 
sont  désignés  simplement  comme  afriarii^' . 

A  Rome,  le  portier  [.lAMXon,  ostiarius]  est  un  esclave 
inférieur,  qui  a  de  bonne  heure  remplacé  le  chien  de  garde 
à  la  porte  d'entrée  sur  rue  et  comme  lui,  il  est  enchaîné''-. 


—  n  Wallon,  II,  p.  1U5  s(|.;  Marquardl,  Vie  privée,  I,  p.  IGG  sq.  et  dans  le  Cor- 
pus inscr.  lai.  p  irl.  VI  el  VII,  les  moniimentn  columbarioriim  cl  les  lituli  officialiion 
el  arti/irnm.  —  is  l'etron.  Sal.  47  :  Marquardl,  II,  p.  L'I.  —  19  IJi|>.  Ilig.  XI.VII.  10, 
15  ;  cf.  XV,  I,  17  ;  .<enec.  ISp.  CX,  1  ;  lie  benef.  III.  2S.  —  M  Mor.  Sul.  III,  7,  T'.i 
l'Iaul.  Aùn.  11,4,  28;  Cic.  Yen:  III,  2s  ;  Dig.  XV,  I,  7;  Mart.  Il,  IS,  7.  I.c  vicn- 
riiis  est  quelquefois  appelé  snpprumiis.  Plant.  Afit.  glor.  III,  2,  13  el  -32  ;  siib- 
custos,  Ih.  54.  —  21  Becker  Gf.ll,  liaUus,  II,  p.  13  i  sq.  ;  Marquardt,  I,  p.  109,  182. 
_  22  Ibid.  —  23  Plant.  Pseud.  Il,  2,  14;  Marcpiardl,  L.  c.  el  p.  108.  —  21  Dig. 
XXXIII,  7,  12,  5  ;  Paul.  Sent.  III,  6,  37;  Varr.  ap.  Gcll.  XV,  19.  —  25  Paul.  Sent. 
III,  0,  58  ;  c.  i.  /.  VI,  5187,  5190,  8043  sq.  -  20  Dig.  XXXIII,  7,  8,  I.  —  27  C.  i.  l. 
Ib.  3972.  —  28  /*.  4027.  _  29  C.  i.l.  VI,  4431  sq.  5121  sq.  ;  ad  argentum.  ib.  3941, 
4425,  8730  ;  praepositus  argcnli  ou  aiiii  potori,  ib.  8729,  8733,/).  amiescari,  ih. 
8732  sq.  ;  Manpiardl,  I,  p.   168.  —   30  C.  i.  t.  III,  530  (celui-ci  est  un  affranchi). 

—  31    Dig.    IV,    9,    1,    5;    PhWre,  II,    5,    1 1 ,    les    .ipp.llc    nlrienses    allicincli- 

—  32  Sud.  fie  rbet.  3;  0>i.l.  Am.  I,  C,  I  ;  Toluin.  I,  pr.  III;  .-îenec.  Ile  ira. 
III,  37. 


SER 


127(i  — 


SER 


A  l-(in  pi'iu'-lrr  dans  la  maison,  on  t'sl  roçu  yav  dos  ser- 
vilt'iirs  (csclavos  ou  airrancliis'i  qui  allondent  les  hôtes 
pour  les  introduire  et  pour  les  nommer  [nlt  /lospiliis  ', 
al)  (K/inissione  [admissio,  nklahii',  nomcnclatores  cubi- 
rithirii-).  Les  ctibiciilarii,  qui  sont  ainsi  en  rapport 
avec  les  hôtes  ou  qui  approchent,  à  toute  heure,  du  maître 
ou  delà  maîtresse,  dans  la  chambre  à  coucher,  auhain,  à 
la  promenade,  sont,  hommes  ou  Temmes,  choisis  avec  un 
soin  particulier  pour  leur  beauté,  toujours  soigneusement 
entretenue,    el  pour  les    talents  qu'on    leur  a   donnés 


le  divertissemenl  des  élres  disi^raciés.   nains,  monstres, 
idiots  ÎNANi'S,  Monio,  fati'i'sj. 

S'ils  sortent  à  pied  ou  en  litière,  le  sénateur,  le  riche 
publicain,  ou  leurs  femmes,  veulent  être  entourées  d'un 
nombreux  cortège  d'esclaves '°  qui  les  suivent  {pedi- 
sequi)  ^^  ou  qui  les  précèdent  {anlenmliulones) ''' ;  des 
ADVERSiTORES  Ics  ramènent  et,  le  soir,  éclairent  la  marche 
avec  des  lanternes  ou  des  Dambeaux '*  ;  le  nojikm.latoiî 
vient  en  aide  à  leur  mémoire  absente  ou  paresseuse  ".  11 
faut  encore  pour  les  voitures,  si  Ton  sort  de  Rome,  et  pour 


,  6383.  —  S«rviloiirs  dans  If 


[iiELicAirs,  PAF.nAGOGiuMl.  Les  uns  veillent  à  la  toilette, 
à  la  coiffure,  à  la  parure,  à  l'habillement,  aux  parfimis, 
à  tous  les  soins  de  la  personne  ïornaïoh,  calamistrim 
TONsoR,  rxcTORj,  les  autres  sont  chargés  de  la  garde-robe 
ta  reste  ',  ad  t'eslem,  vestisptcus,  i^eslispica  ',  i^esli- 
pliciis,  vexiiplira  ")  ou  des  bijoux  el  parures  [ah  ornn- 
iiieii/is'\  a  /i/)ii/is'',  ad  iiiarr/ori/f/s^). 

Des  fresques  du  Palatin  '  nous  présentent  (fig.  G.'fSIJ)  le 
vestibule  d'une  demeure  somptueuse,  où  des  esclaves 
attendent  les  invités  ;  l'un  de  ces  serviteurs,  sans  doute  le 
semis  ah  /iospitiis"\  s'avance  avec  son  bàlon  vers  la  porte 
d'enlri''!',  faisant  de  la  main  droite  un  geste  acueillant;  à 
l'autre  extrémité,  le  sei'ciis  a  /ledibiis"  va  recevoir  les 
chaussures  des  convives  (cf.  fig  lOntiel  I70(j'!:un  troisième 
lient  en  main  une  guirlande,  peut-être  doit-il  parer  les 
hôtes  pour  le  festin;  d'autres  portent  une  serviette 
[mantele.  mappa  (v.  aussi  fig.  1705)1,  une  cassette. 

Le  service  de  la  table  est  des  plus  raffinés;  les  détails 
sont  multipliés  à  plaisir  ;  chacun  en  est  confié  à  un  valet 
spécial  [coEXA,  TRicLiNirM";  d'autres  esclaves  remplissent 
les  salles,  ils  ont  été  choisis  parmi  les  plus  beaux  et  les 
plus  rares,  pfiur  rehausser  par  leur  présence  l'éclat  du 
festin  '-.  Des  musiciens,  des  danseurs  des  deux  sexes,  des 
îicleurs,  des  bouffons  y  apportent  d'autres  amuse- 
ments; ils  ne  font  pas  toujours  partie  de  troupes  recrutées 
par  quelfjui'  entrepreneur"  ;  beaucoup  ont  été  achetés 
parle  maître,  ipii  en  tire  plaisir  el  vanité  et  se  fait  accom- 
[lagner  par  eux,  même  dans  ses  voyages"  ;  ])uis,  le 
goût  s'abaissaul,  on  en  vint  sous  l'I-'inpire  à  avoir  pour 


I  C.  i.l.  VI,  MW.  947V.  -  2C,ic./l<(  ^((.  VI.  2,  5;  Juvcn.  X,  211!  ;  Son.  Pc  comt . 
l4;Uacrab.  Sat.  1,7,  I.  — splin.  h'p.  III,  16  :  Scriiclos,  a  i/uikus  re»tiiiti(r.  ai/uiliiis 
calcietar.  -  ^C.  i.  I.  VI.  Witl,  .5206,  1.37*.  olc.  V.  Mari|uar.1l,  I,  108.  n.  11!. 
—  5  Nonius.  p.  12  M.  —  6  (Juilllil.  /nj(.  363  :  C.  i.  l.  VI,  7301,  '.lOOl,  9981,  I.V, 
3318.—  7  r.  I.  /.  VI  3991  si|.,  8952  sq.  A/iliulis,  ib.  III,  536.  —  s  Ib.  VI, 
9^8*.  _  9  MarclicUi,  Soliz.  (ieijli  scam.  I'i92,  p.  Vi-8  :  llûiscn,  Itmn.  Mitth.  VIII 
(1893),  p.  290-1.  —  10  Cic.  A'I  Ml.  VIII,  5:  C.  i.  l.  VI,  7920,  9«*.  —  "  Ces 
peiDlurcs,  où  sont  visibles  lis  cliaiissiircs  ipic  le  dessin  des  Sliltheiluniien  n'a 
pns  reproilniles  iHnlsen,  L.  c),  viennent  à  l'appui  de  l'opinion  selon  la(|uellc 
le  soin  de  la  chaussure  des  convives  appartenait  ans  enclaves  du  logis;  selon 
d'autres,  il  éUlit  r^>S4TV4^  aux  servileurs  «pie  les  ronvives  anien.-iicnt  et  ipii  restaient 
f.-H  .leii\  pendant  le  repas,  Senec.  Ile  benvf.  111,  27,  »  ;  /;,,.  XXXVIl,  6:  Petron. 


les  écuries'",  pour  rescorle[crRsoREs],  un  autre  personnel. 
L'aristocrate  romain,  sous  l'Empire,  affiche  générale- 
ment des  prétentions  littéraires-'  :  il  compose,  déclame  des 
vers  ou  improvise  dansées  recilationes  dont  la  vogue  est 
si  répandue  [lector]  ;  ses  esclaves  [TAiiKi.LAitu  portent  aux 
amis  l'invitation 
à  y  assister  ; 
d'autres  se  tien- 
nent dans  la  salle 
pour  applaudir. 
Beaucoup  d'es- 
claves étaient 
geus  instruits  ; 
la  Grèce  déjà 
avait  eu  ses  es- 
claves philoso- 
phes-'. A  Rome, 
des  femmes 
mêmes  en  eurent 
à  leur  service, 
aussi  bien  que 
des  grammai- 
riens et  autres 
lettrés    ^■'  ;    la   plupart    de 


Fis:.  03st. 


faisant  office  de  lecto 


leur 


patrons  possèdent 
lertorcs;  on  voit,  sur  un  sarcophage  du  Louvre**,  un 
personnage  lisant  dans  le  livre  dérouh'  (pie  lui  présente 
un  esclave  (fig.  fj38i)  ;  un  riche  Romain  gardait  chez  lui 
un  esclave  chargé  de  lui  réciter  les  vers  d'Homère,  un 
autre    pour    Hésiode,    d'autres  encore  ])Our  chacun  des 


5S,  64,  6S  :  cf.  31  ;  Mari.  XII,  87.  -  12  Juv.  V,  .52-63.  —  '3  D6s  187  av.  J.-C.  :  l.iv. 
XXXIX,  S.  ;  Diij.  XXI,  I.  34;  Friclllindcr.  Siltengcsch.  =,  II,  p.  424.  —  "  Cic.  l'ro 
Mil.  21,  55;  Verr.  V,  29,  64;  pro  llosc.  Am.  46,  134;  Cell.  XIX,  9.  3:  Capitol.  Ver. 
8,  1 1  ;  C.  i.  t.  VI.  10122.  8093.  etc.  —  •'■  Senec.  A'p.  I.XXXVIl.  8  ;  cf.  Mari.  XII,  97. 
3.  _  16  Plant.  Jsin.  I,  3.  31  ;  Aul.  Ilf,  5,  27  ;  l'oen.  prol.  41  ;  C.  .Xcp.  AU.  13:  C.  '. 
l.  VI,  4003  s<|.  ;  6332  sq.  ;  8992  si|.  —  "  l'Iio.  Ep.  III,  14,  7;  Lucian.  Nigrm.  34. 
—  18  Suel.  Ocl.  29:  Servui  pr.ieliicens  ;  Cic.  in  Pis.  IX.  20:  lanlernarius:ct.  C. 
i.  l.\.  3970;  Juv.  III,  285.  —  19  Cic.  Ad  Alt.  IV,  1, 5;  pro  .Viiren.  36.  77:  Senec. 
De  benef.  I.  3,  10.  —  2"  C.  i.  (.  VI.  4033,  4888,  7109,  8542  etc.;  Paul.  Sent.  III.  6. 
72;  Diij.  XXXIII,7,  12,  9;  Suel.  Cl.  i  [v.  AOASo,  sthatob).  —  21  Cf.  Orlaodo,  l.e 
lettiire  pubb  iehe  nellit  lioma  impériale.  Faeiiza,  1907.  —  2*  (iell.  Nocl.  atl.  Il, 
ISsr).—  21  Lucian  Merc.  cnnil.  3:  —2'  Clarac,  Mus.  ilc  scillpl.  pi.  153,  n.  351. 


SER 


1277 


SER 


lyriiiiics  srccs  '.  Les  sri-ri  amt/niic/tscs,  nolarii  (ili 
cjiis/i//is  011  >!i-ri/)/(irrn  Uhrarii  t'crivenl  les  Icliros  [scriiia] 
sous  1.1  (lich'c  (lu  palron,  qui  n'écrit  pas  lui-même  ^, 
l'ont  des  lectures  à  ses  visiteurs  ',  tiennent  sa  biblio- 
tlièqiio,  copient  pour  lui  des  manuscrits  '  [libkahus]  ; 
T.  Poinponius  Atticus  dresse  à  cette  dernière  tâche  toute 
sa  l'amilia,  en  vue  d'une  véritable  industrie,  car  il  vi'ucl 
les  exemplaires  ainsi  exi'cutés  '.  Le  li/i'ni/iis  accom- 
paj^ne  partout  le  palron  homme  de  lettres  ;  l'activité 
érudite  de  Pline  l'Ancien  a  sa  source  dans  les  dépouil- 
lements et  compilations  que  ces  auxiliaires  accomplis- 
saient pour  lui  ;  Calvisius  Sabinus  en  acheta  un 
100  000  sesterces  *.  Des  esclaves  grecs  {inagisicr 
r/rnerus,  litlerator  '')  dirigent  l'éducation  des  fils  de  la 
maison  [pAEnACOGus]  et  quelquefois  des  filles  *  ;  dans 
un  milieu  plus  modeste,  un  capsarius  tout  au  moins, 
portant  la  boîte  qui  contient  les  tablettes  et  les  livres,  les 
accompagne  à  l'école  ^  L'enfance  continue  à  être  aux 
mains    de   domestiques    serviles    [.mtrix,    paedagogus, 

EDUCATIOJ. 

Il  y  avait  enfin,  chez  beaucoup  de  riches  Romains, 
des  esclaves  médecins  [medicus,  p.  1672]  pour  la  famille  '", 
pour  l'infirmerie  de  la  maison  [valetudinaruim],  et  ceux- 
ci  avaient  pour  aides  d'autres  esclaves  [mediastini, 
iotraliplae,  unctores  "). 

Pour  compléter  le  tableau  sommaire  de  la  famille  sei-- 
vile,  il  faut  parler  encore  des  esclaves  qui  exerçaient 
au  delnirs  un  art,  un  commerce,  nn  métier,  car  outre 
ceux  qui  travaillaient,  comme  les  boulangers  et  les  m(îu- 
niers  nommés  plus  haut,  pourla  nourriture  de  la  maison 
l'I  pour  l'habillement,  les  lanificue  qui  filaient  dans 
l'ancien  temps  sous  la  surveillance  de  la  tlomina,  plus 
tard  sous  celle  d'un  lanipondus  ou  d'une  /nnipendn '-, 
auxquels  s'ajoutèrent  des  tisserands  (textores)'\  des 
tai Heurs (î''f'.s7/7(E'.ï;,  vexlifiriix,  sarfiniit()r'^),de9,  foulons'% 
des  cordonniers"';  pour  les  constructions  ou  la  répa- 
ration des  bâtiments,  des  architectes,  maçons,  charpen- 
tiers, menuisiers,  couvreurs,  peintres,  plombiers,  etc.'', 
on  eut  aussi  de  ces  ouvriers  que  l'on  trouva  avantageux 
d'instruire  pour  les  louer.  Quelques-uns  commençaient 
de  très  bonne  heure  leur  apprentissage  sous  la  conduite 
d'un  pi'neccjitor  ".  Caton  l'Ancien  déjà  '^  prêtait  de 
l'argent  à  d'habiles  esclaves  qui  en  dressaient  de  plus 
jeunes;  ceux-ci  étaient  revendus.  Crassus  tirait  de  grands 
revenus  de  la  location  de  ceux  qu'il  avait  fait  instruire'". 
On  alla  plus  loin  :  des  esclaves  exercèrent,  d'une  manière 
indépendante,  une  industrie,  un  métier,  un  commerce, 
soit  en  mettant  en  vente  des  marchandises  pour  le  compte 
du  maître  [iNsrrrORj,  soit  en  faisant  fructifier  son  capital 
moyennant  redevance,  ou  même  le  p(''cnle  qui  leur  ('tait 
abandonné  [mercator  p.  1737]. 

On  a  craint  plus  d'une  fois  d'exagérer  le  nombre  des 
l'sclavcs  accumulé's  à  Uome  et  en  Italie;  de  C(;  que  les 


I  Scncc.  Ei,isl.i',tt.  —  2  Suet.  TU.  3.—  ^Cic.  Ail  AU.  l.  lî,  i(iiucr  aitarjnnslr.i)  ; 
(.fil.  m,  l'.l.  —  ■•  lloi-al.  Ars  pnet.  354;  Cic.  Ad  Ail.  IV,  4  a;  XII,  40,  1; 
XIII.  il  ri,  I;  2i,  3;  Ad  fam.  XVI,  SI;  Suct.  Cluud.  28:  Oom.  Ut;  Mari. 
J:'l,iiir.  Il,  I.  5.  -  b  C.  Nep.  Ail.  13.  3.  —  (i  Scilcc.  /ipist.  27,  7.  —  ^  Capitol. 
Mn.rini.  jim.   1.-8    Juvcn.   .Sat.    X,    117  ;  Sud.  Ner.  M.  —  »  (Juinlii.   I,  2,  5. 

—  (C  Des  liâmes  oui  chez  cl'es  une  medica  ou  oàstetrix.  Ambros.  Ep.  V,  3  p.  932, 
Migiie;  Ci.  l.  VI,  0325,8711,  elc.  Mari|uardl,  I,  p.  183,  u.  8.  —  fl  />ig.  XXXVIII,  I, 
2.1,  2  :  (.".  i.  /.  VI,  8981;  cf.  Pelron.  tSal.  28;  l'Iiu.  ti.  nal.  XXIX,  1,  2.  —(2  W,,. 
XXXIII,  7,  12,  5  cl  XXIV,  I,  31  pr.  ;  C.  i.  /.  VI,  3970:  elles  soûl  aussi  noinmdls 
i/imaillurine,  C.  i.  l,  VI,  (1339-4fi.  —  13  Varr.  /t.  rust.  I,  2,  21  ;  Sud.  Griimm.  23. 

—  '4  C.  i.  t.  VI,  4044,  .5200,  6349,  0438,  9037  sq.  ;  996b  si|.  —  m  Itir/.  I.  c;  C.  i.  I. 
VI,  0287  si|.;  7281.  — l(i  Paul.  .9i;«(.  111,6,37;  f.  î.  /.  635S,  906.  —  n  Vair.  L.  l.  Paul. 


textes  signalent  des  serviteurs  aux  atlril)ulions  ('troile- 
ment  délimitées,  il  ne  résulterait  pas  évidemment  (|ue 
cette  spécialisation  était  la  règle,  et  l'esclave  à  tout  faire 
une  exception.  Mais  ce  qui  prouve  l'énormité  de  cette 
population  servile,  ce  sont  certaines  nécropoles  réunis- 
sant les  restes  d'une  seule  et  unique  /niiiitia  [colum- 
mariumI  ;  ce  sont  encore  plusieurs  dispositions  légales 
interdisant  les  all'rancliissements  au  delà  d'un  total  d(''jà 
fort  élevé  [maniijiissioJ.  Pline,  sans  méconnaître  le  mal 
qui  en  résultait,  compte  cette  multitude  pour  une 
richesse  de  l'Italie'-'.  Tacite--  signale  la  diminution 
progressive  de  la  race  ing('nue,  dont  Rome  commiincait 
sous  Tibère  à  s'effrayer.  Un  jour,  le  Sénat  avait  décidé 
d'imposer  un  vêtement  distinct  aux  esclaves  ;  on  y 
renonça:  «c'était  un  danger  grav(!  qu'ils  pussent  nous 
compter  » -^ 

Il  y  eut  encore  des  fnmiline  ambulantes,  des  bandes 
serviles  d'artistes  dramatiques,  dont  il  a  été  déjà  ques- 
tion, que  leurs  maîtres  promenaient  de  ville  en  ville,  et 
qui  se  vendaient  en  bloc^'  :  troupes  de  gladiateurs  [gla- 
diator],  acteurs  de  tous  genres  donnés  en  spectacle  dans 
les  jeux  du  cirque  et  de  l'amphithéâtre  [ludi],  combats 
d'hommes  et  d'animaux  [venatio].  On  pouvait,  à  ces 
rudes  fonctions,  compromettra  sans  crainte  des  exis- 
tences aussi  peu  précieuses.  C'étaient  des  esclaves 
aussi  qu'employaient  surtout,  dans  le  monde  romain 
comme  dans  le  grec,  les  mines  et  les  carrières  [metat.i.a, 
p.  ISdtJ]  '-\ 

La  situation  de  fait  de  l'esclave  devait  varier  infiniment 
suivant  sa  tâche,  son  savoir-faire  et  le  caractère  du 
maître'-''  ;  les  témoignagescontradictoiresseheurtcntdans 
nos  sources;  il  faut  se  garder  de  confondre  avec  l'image 
de  la  réalité  les  conseils  que  donnent  les  théoriciens  en 
la  matière,  Caton,  Varron  et  Columelle.  Les  scènes  de 
théâtre  nous  montrent  d(^s  jeunes  gens  ou  des  vieillards 
que  les  passions  asservissent  à  leurs  valets,  mais  ces  der- 
niers y  apparaissent  aussi  roués  de  coups '^\ 

Coups  de  poing  et  coups  de  bâton,  ce  sont  là  les  mau- 
vais traitements  journaliers,  marques  d'humeur  et  d'em- 
portement, auxquels,  suivant  la  volonté  ou  le  caprice 
du  maître,  peut  s'ajouter  toute  la  série  des  châtiments 
ordinaires,  les  verges,  les  fouets  de  toutes  sortes  [tla- 
gellum],  le  carcan  ou  les  fers  aux  pieds  et  aux  mains 
[G0MPES,  MANICA,  NUMELLAE,  NERVusj,  Vtàn\o\h.Y ergdslnl um 
du  domaine  rural  ou  au  pistrinum  [pistor,  p  300],  les 
carrières  (/a7>/c/rf(/irt^')[METALLA,  p.  1800],  le  supplice  de  la 
fourche  [furca]  et  enfin  la  mort,  c'est-à-dire  la  mise  en 
croix  [grux]  ;  car  le  maître  a  tout  pouvoir  et  il  condamne 
sans  procès  et  sans  contr(Me.  Nous  ne  parlerons  pas  d'au- 
tres supplices  pouvant  entraîner  la  mort,  ni  des  inven- 
tions d'une  cruauté  raffinée  qui  se  déchaînait  sous  le 
moindre  prétexte.  Les  servantes  occupées  à  la  toilette  de 
leur  maîtresse  avaient  le  buste  nu,  afin  que  celle-ci  pût. 


Sent.  m.  0,  50;  /)»/.  XXXlll,  7,  12,  3  ;  llaii|uanll,  1,  p.  134.  ~  '*  /'!//.  I.  I,  17,  3. 
—  l'J  Plul.  Cal.  Maj.  21.  —  20  |,j.  (rass.  2.  —  »  II.  jV.  XXXVII,  13,  201.  N.ilo 
loulo  clifl'ùrcnle  dans  Appicn,  B.  civ.  I,  7,  9.  —  22  .l/.ii.  IV,  27.  —  2.1  Seiice.  Ile 
clem.  1,  2t,  1.  —  r,  Oig.  XXI,  I,  I.  34;  Plaul.  Asin.  prol.  2-3:  Ciisin.  prol. 
83  si[.  —  2i»Cli.  Dubois,  Eluda  sur  l'adminislr.  et  l'e-i-j'hit.  fies  carrières  dans  le 
monde  romain,  Paris,  i9il8,  p.  XXXV  si|.  —  2ii  Les  gciis  cJo  haute  culluic  avaient 
souvfut  l'esprit  débonnaire,  comme  GicCiron  ;  Pline  le  Jeune  ^-galentenl  ne  iliscnle 
pas  la  légilimilé  deresclava^^e,  mais  se  monire  bon  pour  ses  esclaves  (lîug.  Allain, 
f'iine  le  Jeune  et  ses  hériliers,  Paris  I  (i9(il),  p.  HO.  (hi  a  aussi  maint  exemple 
(le  n.k'lité  cl  de  dévoilmeut  ilesclaves  l.i.ii  tiaili-s  pai-  leurs  maîtres,  .'^eii.  Ile  1,,-niif. 
III,  22,23,  25,  26;  App.  /(.  cii-.  IV.  J'.i,  1:1,  i".,  W,  47.  —  21  Walkm,  I)/,.  I. 
p.  234  sq. 


SIÎR 


—  I27S 


SER 


si  olli'scomiiK'llîiionlquolquemaladrcssi',  K's  IVapper,  les 
piquer  avec  une  aiguille,  les  déchirer  i\  coups  d'ongles  '. 
Auguste  (il  clouer  un  procuralor  au  màt  d'un  navire; 
Hadrien  creva  les  yeux  d'un  esclave  avec  un  slile  à  écrire  ^ 
Ce  fut  cependant  cet  empereur  qui  relira  aux  maîtres  le 
droit  de  faire  mourir  leurs  esclaves  ^  et  voulut  que  ceux- 
ci  fussent  mis  en  jugenienl;  et  son  successeur,  AnLonin, 
condamnait  le  maître  qui  avait  tué  son  esclave,  comme  le 
meurtrier  d'un  esclave  étranger  '.  Dès  le  haut  empire, 
riiumanité  a  commencé  à  rentrer  dans  le  droit. 

Pour  conjurer  le  danger  dans  l'intérieur  des  familles, 
une  coutume  atroce  rendait  lf)us  les  esclaves  d'une  même 
maison  pour  ainsi  dire  solidaires.  Coupables  de  n'avoir 
point  deviné  le  crime,  de  ne  l'avoir  point  prévenu,  quand 
le  maître  périssait  par  violence,  ils  étaient  tous  conduits 
au  supplice.  Cet  usage  fut  consacré,  au  temps  de  Néron, 
par  un  sénatus-consulte,  et  à  la  mort  de  Pédanius,  sous 
le  même  règne,  on  exécuta  la  loi  avec  une  inflexible 
rigueur,  en  punissant  de  mort  quatre  cents  hommes  dont 
le  seul  crime  était  de  s'être  trouvés  sous  le  même  toit 
que  leur  maître  assassiné  °.  Les  jurisconsultes  étendaient 
l'esprit  du  décret  au  cas  du  suicide,  et  ils  voulaient  que 
les  esclaves  qui  n'empêchaient  pas  leur  niailre  de  se  tuer 
fussent  aussi  punis  de  mort". 

Comme  en  (îrèce,  beaucoup  d'esclaves  cherchaient  à 
fuir  ;  aussi,  pour  que  le  premier  venu  pût  les  reconnaître 
el  les  ramener,  le  maître  leur  mettait  un  collier  '  [col- 
L.\RE,  lig.  171ii-17l3]  portant  le  nom  du  srrviis,  celui 
du  dominiis  el  son  domicile;  on  les  marquait  d'un  fer 
chaud  {insrrip/u.t)  »,  ou  on  leur  rasait  tout  ou  moitié 
de  la  tète  {seniirtisus,  semitonsiis]''. 

Les  libertés  que  certains  esclaves  savaient  ])reudre 
leur  étaient  accordi'cs  à  tous  en  quelques  occasions,  dans 
des  solennités  religieuses:  aux  compitalks  Limi,  aux  fêtes 
instituées  en  l'honneur  de  Fortuna  [fortina,  p.  12li!)] 
par  Servius  Tullius,  à  qui  l'on  attribuait  une  naissance 
servile,  à  celles  d'Hercule  au  cirque  Maxime,  de  Jimon 
Lucina  sur  l'Ksquilin.  Feronia  était  la  prolectrice  de 
cette  basse  population,  qui  célébrait  les  ides  de  aextilis 
consacrées  à  Diane  sur  l'Aventin  el,  aux  saturnalia,  était 
placée  av(;c  ses  maîtres  sur  un  pied  d'égalité'". 

Les  moins  misérables  étaient  sans  doute  les  esclaves 
impériaux;  le  rang  suprême  de  leur  maître  mettait  à  haut 
prix  leur  influence,  dont  ils  liraient  parti,  et  ils  pouvaient 
avoir,  dans  les  bureaux,  des  situations  de  tout  repos 
et  avantageuses.  Le  souverain  avait  besoin  d'auxiliaires 
ne  vivant  pas  d'une  vie  entièrement  autonome,  mais 
rattachés  à  lui  par  un  lien  d'étroite  dépendance;  à  ce 
besoin  répondaient  les  atVranchis  el  aussi,  dans  des  con- 
ditions   moins  relevées,    la   classe    servile.    i'armi    les 


1  Juvi'ii.  Snt.  VI,  WO-;i  ;  Ovid.  Amor,  I,  I*,  li-IS;  .\rs.  nmal.  III,  230  si|. 
Os  eifiii|>t<-K  ^ullt  «lu  temps  ilos  Ci'snrs,  mais  la  ilislinclioii  ilps  ^-poiiucs  sorajL  ici 
une  evpliration  illusoire.  I.c  cation  ilii  Concile  d'Klviro  (vers  l'an  305)  frappe  d'une 
pénitence  pi'oloitg/>e  celte  ((ui,  par  eoli-re,  a  lue  une  servante,  accidentellement  ou 
non  (Cf.  II.  I.eclerci|,  LKspugm  chrriicnne,  Paris,  inoil,  p.  XXVII  el  li.ï).  Ex. 
Clirys.    Kp.   ad   lîph^a.   IV,    Homil.   XV,   ;l,  l.  XI,  p.    113   sq.   éd.  Montfaucnu. 

—  2  Gaien.  De  propr.  animi  cujtisyin\  V,  p.  t7  s(|.  Kiilui;  Plut.  Apopfit.  Àiif/. 
4.  -  3  Spart,  //ailr.  187.  -*/%.  I,i;,  I.  Pour  ces  changemeuls.  Wallon,  III,  \', 
n.   I;    M.inpi.nrdl,  I,  i±i.  —  '-  Tacit.  Aim.  XIV,  M,  «.  —  «  I,.   I,  8Î2,  Coil. 

—  1  De  llossi.  UuU.arch.  crist.  IS74,  p.  4lfi7;  IJull.  corn.  I8ST,  p.  280;  Dressel, 
C.  i.  l.  XV,  p.  8i)7  se).:  Hiiiscn,  Hnm.  Millh.  XXV  090ï),  p.  Il  ;  Arch.  Anz. 
XXII  (l!'07),  p.  106.  —  8  Sen.  IJe  ira,  III,  S,  0  ;  Quinlil.  VII,  ï.  74  :  Pelron.  Sat. 
10.1:  Clem.  Al.  Paed.  III,  10  :  Cad.  Jiial.  XIII,  47,  17.  —  3  W.  Kowler,  /lommi 
/•'ettivals  of  llie  period  of  Ihe  fleplil/lic,  l.on  Ion,  1890,  p.  38,  lOi,  193,  l'J!),  2o3, 
Î7S,  ixa.  —  lOCatull.   l.iX,  3;  Aricmid.  Oni;ii:   I,  21;  Cyprian.    /Cp.   LXXVl,  2. 

—  Il   II.  Krinaii.  .>,.,-,.i,.v  ririirius,  lacUtre  de  Cesclm'i:  romain  {liée,  pulil.  par  la 


esclaves  impériaux,  quelques-uns  alleignaient  à  dt^s  for- 
tunes et  à  des  situations  prodigieuses;  ceiix.-l.'i  naturel- 
lement avaient  des  virarii". 

Entre  tous  ces  serviteurs  de  la  classe  riche,  dont  nous 
avons  donné  une  énumération  fort  incomplète,  les  esclaves 
sans  doute  formaient  la  majorité;  mais  il  est  certain  que 
les  afl'ranchis  n'élaient  pas  rares,  el  il  pouvait  même  y 
avoir  des  hommes  libres,  que  le  dénuement  avait  réduit 
aux  plus  humbles  métiers.  Un  fait  indéniable  est  la  mul- 
liplicalion  des  alfranchissements  sous  l'Empire,  la  mode 
s'en  mêlait,  la  vanité  y  trouvait  son  compte,  et  le  maître 
ne  faisaitpas  un  abandon  pur  et  simple,  sans  restriction  ; 
il  se  débarrassait  de  toutes  les  charges  que  lui  occasionnait 
son  esclave,  et  celui-ci  gardait  des  devoirs  envers  lui. 
Désormais,  l'afTranchi  prenait  sa  part  des  distributions 
publiques,  et  il  entrait  dans  la  clientèle  de  son  ancien 
patron,  cette  clientèle  si  utile  aux  ambitions  des  nobles 
et  que  le  pouvoir  impérial  voyait  d'un  omI  inquiet.  Encore 
la  plupart  des  esclaves  vivaient-ils  à  la  ville  ;  aux  champs, 
au  contraire,  ils  disparaissent  graduellement  devant  les 
colons'-.  Qu'il  en  fût  autrement  sous  la  République,  les 
lois  agraires,  desGracques  à  César,  imposant  une  certaine 
proportion  de  travailleurs  libres,  le  prouvent  surabon. 
damment.  Pourquoi  ce  changement  un  siècle  plus  lard'? 
Il  a  pour  cause,  a-l-on  dit,  la  médiocre  qualité  el  le 
faible  rendement  du  travail  servile".  Celte  explication  ne 
peul  suflirc.  Remarquons,  d'ailleurs,  que  le  plus  formi- 
dable apport  d'esclaves  en  Italie  s'accomplit  juste  au  mo- 
ment le  plus  propice  à  l't^xpansion  de  ce  fléau.  La  guerre 
favorise  le  négoce  de  chair  humaine;  or  c'est  le  citoyen  qui 
est  aux  armées,  où  Marins  a  fait  entrer  les  prolétaires  ;  et 
les  guerres  sont  continuelles;  les  généraux  victorieux 
deviennent  chefs  de  partis,  agitateurs  ;  la  plèbe  turbu- 
lente, entre  deux  expéditions,  accourt  auprès  d'eux,  à 
Rome,  désertant  les  campagnes,  car  la  populace  espère 
toujours  quelque  bénélice  de  la  guerre  civile.  Au  con- 
traire, dès  le  commencement  du  ii"  siècle,  les  expéditions 
se  font  plus  rares  ;  les  limites  de  l'Empire  sont  à  peu  près 
fixées;  les  légions  restent  aux  frontières,  el  le  recrutement 
nouveau,  régional,  en  exclut  presque  entièrement  les 
Italiens,  à  qui  il  faut  un  emploi  et  un  gagne-pain  ".  Ils 
trouvent  l'un  et  l'autre  à  bas  prix:  le  fâcheux  usage  des 
disiributions  gratuites  leur  permet  de  vivre,  aidé  de  la 
mendicité.  Il  se  forme  de  la  sorte  une  classe  inférieure  : 
esclaves,  afl'ranchis,  prolétaires,  entre  lesquels,  certes, 
les  distinctions  juridiques  se  maintiennent,  mais  vont 
perdre  de  leur  importance  '",  grâce  à  l'adoucissement  de 
la  législation  à  l'égard  des  premiers  et  aux  mesures  de 
contrainte  édictées  contre  les  autres. 

On  s'explique  alors  parfaitement  latlitudi'  de  l'Église 


Fac.  de  drnil  de  iMiisiuiiir  li  loccis.  dr  llCtims.  nation,  snissi:  ISOO,  p.  391-533). 
—  12  Seul,  Voigl  U/amIUuher  dl«.  v.  Millier,  IV,  2,  p.  l.ïl)  a  émis  l'hypollièse, 
(|ni  ne  supporte  pas  l'examen,  d'une  augmenlalion  de  la  classe  servile  durant  le 
llaul'Kmpire.  —  '3  C'est  la  lliùsc  fonriauu'nlale  d'IÎ.  Ciccolli,  //  tramonto  delta 
schiavitù  net  mondo  antico,  Toriuo,  IS'.t9.  On  peut,  d'ailleurs,  tenir  compte  de  ses 
statistii|ucs,  basées  sur  l'épigrapliie,  tendant  à  montrer  l'éiiminalion  progressive 
dans  les  métiers  de  l'élément  servile  par  l'élément  libre.  —  <l  Cf.  I..  M.  Hartmann, 
Arcl,.-i'p.  Mitth.  XVII  (IS'.H),  p.  121.134.  -  15  p,„  Egypte,  avant  les  l.agides, 
il  y  nvail  peu  d'esclaves  et  leur  situation  se  rapprocbait  fort  de  celle  de 
riiommn  libre,  car  ils  pouvaient  posséder  et  fonder  une  famille  légitime.  Tout 
ceci  put  clianger  temporairement  au  début  de  la  période  liellénislii|ue,  à  l'imi- 
tation de  la  vie  atbénienue  (Cit.  Acad.  des  /user.  1908,  p.  27  sq.),  mais  il 
est  probable  <{u'ensuite,  ^ous  rnction  consfante  des  mœurs  égyptiennes,  les 
esclaves  se  sont  peu  à  peu  confondus  dans  les.  rangs  des  prolétatres,  sans 
affrancliissemcnl  formel  (l)ouolié-Leclirc.|.  /lisl.  des  Lagides,  IV,  p.  !  18- 
121). 


SER  —  1279  — 

clnvHidine  en  faco  de  l'esclavage.  Le  désarroi  économuiiic 
qui  se  manifeste  dès  le  ur  siècle  avait  inspiré  aux  empe- 
reurs des  mesures  néfastes,  inspirées  par  un  idéal  social 
mal  conçu  :  la  stabilité.  La  production  se  ralentit  et  les 
objets  de  première  nécessité  renchérissent;  .Dioctétien 
promulguer  l'édil  sur  le  maximum.  Les  activités  veulent 
s'abstenir,  elîrayées  par  les  risques,  par  l'état  général 
du  monde  ;  alors  les  empereurs  les  astreignent  à  la  tâche 
en  renforçant  le  système  des  corporations.  Chacun  main- 
tenant doit  rester  dans  sa  situation  :  ruraux,  colons, 
ouvriers,  artisans,  même  les  décurions  qui  ont  la  respon- 
sal)ililé  de  l'impôt  '.  Le  chrysargyre  [chhvsargvrlm]  va 
bientôt  peser  lourdement  sur  le  travail  libre;  les  riches 
sont  accablés  de  charges  ;  l'esclave  livré  à  un  mailre 
généreux  n'a  pas  le  sort  moins  enviable. 

Les  stoïciens,  déjà,  avaient  bien  reconnu  les  elTels 
désastreux  de  l'esclavage  :  mépris  du  travail  partout 
répandu;  le  prolétaire  enclin  à  attendre  des  riches  sa 
subsistance,  à  les  flatter  pour  l'obtenir  [i'arksitis,  spor- 
tlla],  les  habitudes  de  dureté  et  de  cruauté  développées 
chez  le  maitre,  de  duplicité,  de  fausseté  chez  l'esclave, 
pourtant  ciiargé  de  l'éducation  de  l'enfant;  l'immoralité 
des  deux  sexes  encouragée  par  les  facilités  qu'elle  ren- 
contrait. Mais  ces  philosophes,  indilTérents  au  monde 
extérieur,  ne  visaient  qu'à  la  sérénité  de  l'âme;  l'homme 
libre  est  celui  qui  triomphe  de  ses  passions^,  dont  la 
vohjnté  s'alfranchit  de  toute  influence  étrangère  '.  Le 
christianisme  adopte  cette  conception,  mais  l'élargit: 
l'empire  sur  soi  ne  sufiit  pas  ;  la  bienfaisance  envers 
autrui  est  obligatoire.  Mais  elle  est  possible  à  chacun, 
({uelie  que  soit  sa  condition  :  le  maitre  doit  se  montrer 
meilleur  pour  l'esclave,  l'esclave  dévoué  au  maître;  et 
alors  aucun  des  deux  ne  sera  privilégié  :  la  véritable 
servitude  est  celle  du  péché  ;  des  théologiens  ingénieux  ' 
font  même  dériver  l'esclavage  du  péché  originel  ;  ils 
s'expliquaient  par  là  que  les  apôtres  n'en  eussent  point 
exigé  l'abolition  '.  En  réalité,  ceux-ci  n'(Haient  préoccupés 
(lue  de  perfection  morale  ;  le  christianisme  concevait  les 
hommes  comme  assujettis  les  uns  aux  autres  par  le  lien 
de  la  charité,  et  cette  organisation  divine  n'excluait 
aucune  combinaison  humaine,  s'appli(juail  sans  ell'ort  à 
tous  les  systèmes  des  constitutions  politiques  °.  Les 
clercs  eux-mêmes  ont  des  esclaves,  au  iv-  siècle  encore'; 
mais  celte  servitude  est  légère,  la  qualilication  de  serviis 
n'apparaît  presque  pas  dans  l'épigraphie  chrétienne  "  ; 
on  n'est  esclave  que  de  Dieu.  L'Église,  d'ailleurs,  dans 
les  premiers  temps,  avait  d'autres  luttes  à  soutenir,  et 
plus  urgentes  ;  elle  ne  négligea  pas  cependant  les  moyens 
détournés  qui  s'offraient  d'adoucir  l'esclavage  et  d'en 
tarir  les  sources  :  elle  flétrit  les  jeux  de  l'arène  et  les 
représentations  scéniques,  la  pratique  de  la  castration, 
l'usure,  entraînant  la  pire  déchéance,  donna  l'exemple 
de  la  communauté  de  biens  et  préconisa  le  travail  uni- 
versel',  qui  rendait  l'esclavage  supi'rtlu '".  Mais  il  fallait 
du  temps  pour  établir  l'égalité  civile,  dont  le  triomphe 

I  E.l.  Sk'ycr,  Op.  cit.[<.  '.s.  —  2  Sciiec.  ICjnst.  moral.  V,  0  (i7).  _  3  CiccoUi,  Op. 
cil.  Iiitrod.  —  *  Talmii.  Conlr.  Graec.  c.  Il  A.  R;  Augusliii.  De  Gcnesi,  XI,  60  ; 
CIv.  /Ici,  XiX,  to.  — »  «  l.'esclavagu  ii'iiilére-se  pas  ilogmalii|ucmciiL  l'Kglise,  rjui 
s'en  lioiit  à  la  lellre  de  la  doctrine  aposloli.juc  ..  (Ch.  fiiiignchcil,  Tcrlullicii,  Caris, 
l^'lll,  p.  373  si|.).  —  «  Wallon,  III,  p.  338,  —  7  CW.  Jusl.  I,  3,  1.  I.  —  »  Lu  Blaul, 
/itair.  clinH.  di-  la  Gaule,  1,  p.  1111  sr).  —  'J  C'esl  suilout  la  ilocliiui-  de  sainl  Paul, 
y  rlwss.  IV,  H-ll;I/Tltess.  Ill,li-13  ; //  Cor.  XIII.  13-U:  Ad.  Aposl.  XX,  33  si). 
—  '"Wallon,  III,  p.  3Vi,  350,  3lili,  373,  377,  ck.  —  'I  Leiisrus,  viaenielil  .les  esclans 
piiMic  dans  leurs  ronriions,  nVst  pas  porlù  i|UF  parcux.  —  <2  l's.  Xcn.  I,  1 1  ;  il.  Aiis- 
lopli.  Vesp.  463.  —  13  De  cleia.  I,  Ï4,  1.  —  U  phol.  50  ;  Uesycli.  ■ETifo|«àiT,[a»<>4  ^iri,. 


SER 

mènve  dans  le  monde  gréco-romain  dépasse  les  périodes 
de  l'histoire  où  nous  devons  nous  renfermer. 

Itepréxentatlons  d'esclaves.  — 11  en  existe  fort  peu  de 
certaines  dans  l'art  antique,  et  cela  pour  deux  raisons  : 

L'esclave  n'a  pas  de  costume  dislinclif  véritable  "  ;  le 
fait  est  garanti  pour  Athènes  par  le  traité  anonyme  de  la 
Jh'/ju/jlii/iie  fies .  I  Ihén  iens  '  -,  et  pour  Rome  parSénèque  '  '  ; 
ces  tém  jignages  limitent  la  portée  de  certaines  gloses  des 
lexicographes'*. On  admet  qu'il  avait  sou  vent  la  tète  rasée"; 
mais  ce  n'est  point  une  règle,  carie  contraire  b'observe 
souvent  [co.ma,  p.  1306]  :  on  a  vu  plus  haut  (hg.  G.'{82), 
enchaîné  à  un  poteau,  un  esclave  dont  les  cheveux  sont 
calamistrés.  Le  théâtre  avait  pour 
les  rôles  d'esclaves  des  masques  qui 
les  faisaient  reconnaître  par  les 
divers  arrangements  de  leur  cheve- 
lure [l'ERSON'A,  p.  -412  et  fig.  5600]. 
On  les  reconnaît  dans  des  scènes  de 
comédie  (fig.  1882),  en  particulier 
dans  les  phlyaques  [pulyakes]  "', 
parce  qu'on  y  devine  leur  rôle,  plutôt 
qu'à  leur  extérieur  qui  ne  diffère 
pas  de  celui  d'autres  personnages. 

D'autre  part,  les  fonctions  qui  sont 
d'ordinaire  celles  de  l'esclave  pou- 
vaient aussi  bien  être  remplies  par 
des  personnes  libres.  II  est  diflicilo 
néanmoins  de  voir  autre  chose  que 
des  esclaves  dans  ces  jeunes  gens 
nus  ou   court-vètus  qui,  dans  tant 
de  peintures  et  de  bas-reliefs,  se  tiennent  debout  auprès 
des  convives  pendant  le  repas  [coena].  Voit-on  une  femme 
à  sa   toilette,  aidée  d'une  suivante  (fig.   10.5,  282,  -42!)), 
celle-ci      est 
probablement 
de    condition 
servile,    mais 
rien    ne    l'at- 
teste positive- 
ment'''. On  hé- 
sitera peu  ce- 
pemlanl    de- 
vant celte  ser- 
vante au  nez 
camus,     aux 
grosses  lèvres 
et    aux    che- 
veux     frisés, 
mais    courts, 
vêtue    d'un 

simple  chilon  et  portant  sur  la  tête  un  Si-ico;,  que  nous 
montre  (fig.  3683)  uniécythe  de  Berlin".  Sur  la  belle  stèle 
athénienne  d'Amenocleia''\  une  servante  est  de  même 
reconnaissableàson  vêlement  aussi  bienqu'àson  atlilude 
devant  sa  maîtresse;  elle  est  agenouillée  pour  la  cliaus- 


Fig.  0385.  —  Pcrvaulc. 


aussaol  sa  maîtresse. 


:  ijau 


Sou),t»'»i  ïçY«-"«°!;  FoMu\,lV,  lis, donne  pour  lial.it  aux  es 
l'exomide,  tnui(|ue  courte,  laissant  l'épaule  découvei-te  [tunica,  kngombo; 
.Mil.glor.  IV,  4,  4;  Ucll.  JV.  Alt.  VII,  lï;  add.  Donal.CoMm.  de  cum. 
Reifferscheid.  -  )5  Fui-lniinsler,  Acc/ï.  Anz.  V  (18i)0),p.  91,  n"  3.  Ou  a 
dessus  de  la  lôte  ;  ainsi  pent.ûtre  Xanlliias,  esclave  du  centaure  Cliiron, 
haut  nolic  lig.  5032).  —  <6  Wieseler,  Denkm.  d.  Ilnhne,  pi.  xic,  3-8, 
iO,  31-38.  —  17  Nombreux  exemples  dans  les  Giabretiefs  de  Conze,  pi.  xx 
ninis  sur  certains  reliefs,  la  pi-ésence  de  la  servante  n'est  pas  tluul< 
pi.  xciii.  —  i»  liosanquet,  Joum.  of  lull.  slud.  XIX  (IS'J'J),  pi.  m, 
—  iy  Le  Bas,  Voyage  arch.  pi.  lxvu  ;  Conze,  Gr.  Grabreliefs,-  pi  ei.xxv 


\]:  l'Iaul. 


11 


u  moins  le 
(voy.  plu» 
II.  H.  17, 
vui,  et  sq.  ; 
•use;  iftirf. 
p.    173  sq. 


SKI! 


12S()  — 


SKH 


ser,  el  ci'lli'-ci  |ii('iul  .son  a|>i»ui  en  pos;iiil  la  iiiaiii  sur  sa 
lèt(>(lijî.(33S(i).  lA'speliltt  servi U-iirs,  deboiil  auprès  de  leur 
inaitre,  sont  fréquents  sur  d'aulres  reliefs  ulliques'.  On 
considère  eouinie  un  esclave  le  <•  rémouleur  >>  de  Florence, 
(|ui  esl  le  Scyllin  écorclieur  '  de 
Marsyas,  el  avec  raison  sans  doute,  à 
cause  de  sa  qualité  de  barbare.  Les 
étrangers  domiciliés  à  litre  de  métè- 
ques étaienl  gens  de  condition 
luoyennc.  des  négociants  ayant  eux- 
iiiémcs  une  domesticité;  quiconque 
se  livre  à  des  occupations  vulgaires 
el  oll're  une  physionomie  barbare  a 
toutes  chances  de  mériter  la  qualifi- 
cation d'esclave  ^ 

Certaines  postures  humiliées  sug- 
gèrent la  même  interprétation  *,  par 
exemple  celle  de  personnages  fré- 
quemment représentés  assis  à  terre  ou 
sur  un  esi'abeau  très  bas  (fig.  3085)', 
comme  Vv  esclave  »  à  la  lanterne  de 
Mayence'''.  Le  collier  semble  aussi  un 
indice  à  retenir'';  il  est  donné  à  une 
liguriue  d'Athènes  '.  La  cangue  [.m'miîllak,  lig.  o'.iW] 
iudii|ue  avant  tout  un  condamné;  pourtant  on  la  luet  de 
préférence  au  cou  et  aux  poignets  des  esclaves  ^.  Les  repré- 
sentations de  nègres  sont  fréquentes  dans  l'art  "',^lig.  6387) 
surtout  celles  «l'Elhiopiens  ou  de  Nubiens",  mais  c'est 
le  type  ethnique  surtout  (jui  a  intéressé  l'artiste.  Ces 
représentations  appartiennent  pour  la  plupart  à  l'époiiue 
hellénistique  el  romaine  où  l'on  prend  intérêt  aux  sujets 
lamiliers  el  réalistes.  En  somme,  on  ne  peut  guère  parler 
que  d'une  probabilité  plus  ou  moins  grande  lians  toutes 
ces  identilications'-.     Vicioii  Chatot. 

.SEIIVITUS  (Ti'rme  de  droit)  guèce.  —  Le  droit  allique  a 
certainement  connu  les  deux  espèces  de  démembrements 
de  la  propi'iétéque  nous  nommons,  d'une  part,  servitudes 
réelles  ou  prédiales,  ou  encore  services  fonciers  el  qui 
consistent  dans  l'allribulion  à  un  fonds  déterminé  d'une 
portion  des  avantages  compris  dans  la  propriété  d'un 
aulre  fonds,  d'autre  part,  servitudes  personnelles, 
consistant  dans  l'attribution  à  une  personne  déterminée 

•  Couic,  U.  l.  pi.  uc  ul  5<|.  :  cf.  ITiilil.  ya/ir6.  d.  arck.  Inst.  I'J05  p.  5.i,  ISS.  clc. 
—  î  S.  Kcinacli,  llèpcrt.  de  la  slat.  1,  p.  isC  ;  cf.  satïhi,  lig.  6i:iS.  —  3  Par  cicmple, 
SchrcilKir.  Alh.  J/i«/i.  X(lss5),pl.  si,  J,  p.  383:  Ktiuacli,  Op.  cil.  Il,  p.  5Ci,4;cr.  un 
bioiizi:  lie  la  Uibl.  .Nal.  (lijbHlon-Blaliclict.  Cillai.  1010  ;  Keiliacll,  II,  p.  503,  S);  add. 
.\reh  An:.  \l(\s:Hj.  p.  111;  Kuiuacl),  II.  p.  4.5,  U  (Louvre)  el  III,  p.  IIÎC,  3  ;  Rci- 
udcli,  /lé/terl.  'les  rusespemls.  II,  p.  3  to  :  Itrp.  slat.  Il,  p.  56li,  i  ;  III,  p.  1,8, 3.  —  l  l!ci- 
uach.  Il,p.  .5'^3.SiBcrlin).  — iV.eucorcKciuacli,  ll,p.56i.  3{linl.  .l/«s).— C|d.  Il, 
p.sKi.  3 —  'On  le  voil  sur  un  ïa«e  à  forme  liuinaiue,  du  Uril.  Mus.  (Kcinach,  III 
p.  158,  lî).  — »DcKidder,au«.(;or/-.  Ae(/.XXIV(l'.lOO).  p.  H,  lig.  7;  Ueinach,  III, 
p  .CJ,  ».  —  9  Coll.  Datait  (1S97),  pi.  xi.,  33;  Reinacli,  II.  p.  Mi,  3;  Le  Caire  :  v. 
Rissin;,-,  Arch.  Anz.  XVIII  (l'Ju3l,  p.  1  kl,  lig.  *A;  Rehiacli,  III,  p.  i73,  3.  —  lOV.S. 
Reiuacli  el  Kd.  l'ollier,  La  A'ixropuk  de  .Uynaa,  l'aris,  I8s7.  p.  474,  pi.  ji.vi  = 
nolrcfig.  03807  ;  cf.  Theoplir.  C'A<ir.  il.  —  "  Babclou-Rlanclicl,  Dron:es,  1011,  lu  13, 
esclaves  accroupis  ;  1014,  aulre  cïclate  .<  à  la  lanlcrue  »  :  lOlô,  1018,  busUs;  lOiô, 
élliiopieiinc.  —  '2  lloii  cerlaius  désaccords  ;  cf.  Arch.  Ahz.  Vlll  (1893),  p.  90,  a"  i'- 
i8  (esclaves  ou  paleslriles);  Ouliar  lliall.  arch.  du  Comité.  I9(i4,  p.  180)  cl  A. 
SchulU'U  {Arch.  An:.  XX  (1905),  p.  79  ;  esclave  cam  corona  eliriust,  etc  . .  —  Bibi.io- 
(.iiATOit.  L.  I'igiiariu>,  /Je  scrris.ap.  l'oleui.  Tliesaur.  111(1737)  ;  l'upuia,  Iteojierih. 
aereoruHi.  Aulverpine,  llil)8  ;  Creiizer,  A  briss  >/it  rua:.  A  Hli(j.  p.  3i  >.|.;  Scliuinaclier, 
/le  terris  piiblicts  popidi  /loniani.  Alloua,  1S06  ;  B'air,  An  £'n'/Mii'y  inio  tlie  stalc 
of  slarcry  amonnst  thc  /lomaiis.  Edunb.  1833  ;  Ed.  G.  Biol,  De  rabolilion  de  l'es- 
clavaije  en  llccidenl,  l'aris.  I.sl»  ;  W.illori,  IJis' .  de  tesclaiwir  dans  rAnlii/uilé. 
i'  éd.,  |87'.i;  Scliûiiiaim,  Giitr/i.  Alleilhûmer-K  Berlni,  Is7l,  I,  p.  ii,  1 1 1.  308  ;  lles- 
jardin>,  L'esclaraije  dans  l'anlii/ailé.  Cacn,  IS.i7  ;  Bficlisciiscliiill,  /lesitz  uitd  lir- 
ireib  lia  .jricch.  AUerl.  Halle,  1809;  Ca,|ueray,  /Je  Cesclav.  chez  les  /luia.,  l'aiis, 
1801;  Boissier,  Jji  reliijiun  rom.  Il,  343-405  ;  Marquanll,  Manuel  des  antig.  rom. 
t.  XIV.  Vie  ;.ciivc.  Irad.  V.  Henry,  l.  I,  l»9i;  Bccker-lmll,  CImrikIes,  II,  I8SÏ; 
A.   Touriuagiie,   Uisl.  de  l'esclaraije  ancien  et   moderne,    l'aris,    I8S0;    Bcckcr- 


d'une  portion  des  avantages  ciuiii>ris  dans  la  propriété 
d'un  meuble  ou  un  immeuble.  Mallieureiisement,  la 
matière  des  servitudes  est  une  de  celles  sur  lesquelles  les 
sources  sont  les  plus  pauvres.  Il  est,  en  conséquence, 
bien  difliciie,  non  seulement  de  connaître  les  règles 
relatives  aux  différentes  servitudes  qui  pouvaient  être 
admises  et  pratiquées  à  Athènes,  mais  encore  de  recon- 
stituer une  théorie  générale  des  servitudes. 

Laissant  de  coté  les  servitudes  personnelles  dont  nous 
nous  occuperons  ultérieurement  [rsisi-RicTis]  nous  rap- 
porterons seulement  les  (]uelques  notions  que  nous 
possédons  sur  les  servitudes  réelles,  qu'elles  soient 
établies  par  la  loi,  ou  par  le  fait  de  l'homme. 

1°  Serciludes  réel/es  établies  par  la  loi.  —  Le  légis- 
lateur athénien  s'était  occupé,  de  très  bonne  heure,  de 
régler  les  rapports  entre  les  fonds  contigus,  de  manière 
à  prévenir,  autant  que  possible,  les  difficultés  et  les 
inimitiés  qui  seraient  nées  fréquemment  de  l'état  de  voisi- 
nage, si  chacun  des  deux  propriétaires  voisins  avait 
voulu  user  de  son  droit  absolu  de  disposition  et  d'usage 
sur  son  propre  fonds.  Solon  déjà  avait  compris  dans 
ses  lois  les  objets  les  plus  importants  de  la  police  rurale 
touciiaut  les  rapports  de  voisinage  '  ;  el  l'Iaton,  dans  son 
Traité  (les  lois,  pose  un  certain  nombre  de  règles  tirées 
ou  inspirées  des  lois  de  Solon  ou  de  la  législation  posté- 
rieure qui  les  avait  étendues  ou   développées. 

Uoriuiije.  —  Il  ne  semble  pas  qu'en  Grèce,  el  nolam- 
menl  à  Alhènes,  le  bornage  ait  jamais  eu  un  caractère 
obligatoire.  On  procédait  généralement  avec  un  soin 
minutieux  à  la  délimitation  des  propriétés,  surtout 
lorsqu'il  s'agissait  de  terrains  appartenant  à  l'État  ou  aux 
dieux.  Les  particuliers  n'étaient  pas  moins  attentifs  à 
délimiter  leurs  domaines,  et  les  oso!  qui  les  entouraient 
avaient  vraisemblablement  un  caractère  sacré.  Pour 
établir  une  ligne  de  démarcation,  on  pouvait,  au  lieu  de 
planter  simplement  des  bornes,  environner  un  terrain 
d'un  fossé  qui  l'isolait  des  fonds  voisins  -,  ou  créer  tout 
autour  un  fossé  circulaire  ^,  ou  bien  établir  un  mur  de 
grosses  pierres  ou  en  pierres  sèches  '.  Le  plus  souvent, 
la  délimitation  s'opérait  simplement  au  moyen  de 
bornes  '. 

Solon  décidait  que,  si  quehiu'un  piaule  une   haie  le 

m\\;GaUus,  Berlin,  1877-81,  II,  p.  99-151:  Herniann-Bliimn=r,  Lehrbueh  d.griech. 
PriruUart.  I8S3,  p.  83;  Viclor  Branis,  De  la  condition  du  travail  libre  dans 
l'industrie  athénienne  {/tev.  de  l'/nstr.  publ.  en  /lelgigiie,  XXVI  (1883),  p.  100-117); 
y.  Allard,  Esclaves,  serfs  et  mainmortahlei.  l'aris,  1884  (p.  S9-I57);  T.  Trinclieri, 
Stndi  siillacondiziune  d.schiavi  in  /toina,  Roma,  1888  ■.Lapersvnalifà  degli  schiavi 
II  /ioma  (ArcAtuioytttrtt/ico,  XL  11888),  p.  l-39);Cosla,  Le  nozze  serrili  net  diritlo 
iomano[ibid.  XLII  (I88'J),  p.  2I0-Ï50):  E.  Lchmnau.  De publica  Ilomanorum  scrri- 
tiite  qiiacstionesp  Leipzig,  1889;  A.  Ëbeling,  Die  Sklaverei  r.  d.  l'ittesten  Zeiten 
bis  auf  d.  Gegenimrt,  l'aderborn,  1889;  A.  Schneider,  Zur  Gesch.  der  Skiarerei 
im  nlten  /lom(Festschr.  zuJherini/s.^OJ.  Do/ctorjubildum\,  Ziiricli,  189i  ;(juiraud, 
La  propriété  foncière  en  Grèce,  1295:  Id.  La  main-d'œuvre  indus,  dans  fane. 
Grèce,  1900  ;  Jobn  Kells  Ingram,  .4  /Jislonj  ofSiai-ery  and  Serfdom,  London,  1895  : 
Jevons,  Works  and  wages  in  Alhvns  {Journ.  nf  Ml.  sttid.  XV  (1895),  p.  i39-il7)  ; 
J.  KeilTer,  L' esclavage  à  Athènes  et  à  Home,  progr.  Luxembourg,  1890;  Ed.  Meycr 
Die  Skiarerei  im  AUertum,  L'rcsdcn,  1898;  Paul  Allard.  Les  Eseaves  chrétiens^ 
Paris,  1900  :  Thalheim,  a.ÎAoi,  dans  Pauly-Wisso«a.  /leal/Cncyclopâdie,  1904  ; 
Francolle,  /.induslrie  dans  la  Grèce  anc,  1900-1901  ;  A.  Oié,  Zur  dlleren  Nomen- 
claturdermm.  Sklaren  (/Mein.  .l/«s.  N.  V.  LIX(rJa4).  p.  IO>:-im);  E.  ."^pecl,,  llan- 
dehgesdi.  des  Alteitiims,  Leipzig,  I(I9J0),  p.  Ii3-li0  ;  Il  (1901),  p.  484-503  ;  III,  t 
(1900),  p.  104-1*4,917-971;  C.  Barliagallo,  La  fine  délia  Grecia  antica,  Bari,  190.% 
p.  I-IOG  ;  H.  Gumnierus,  /Jer  ràin.  Gutsbetrieb  oU  tvirthschaftl.  Organismus, 
Delhi ft  :ii  Klio.  5 1 19001;  L.  von  SculTcrl,  /hr  /.osliaiif  von  SIkaven  mit  ihrem  Geld. 
liiesseii.  I'J"7  :  liii-dlaiider,  Darsiell.  d.  Sitleni,eschichle  /louis,  I.  I  el  III,  3'  éd. 
SKIIVITIS.    <  Plularcli.    .Su/un,    ::3,  il:  Gains,  I.    13,    I).  J-'in.   nijiind.  X,    I. 

—  2Thuc>d.   I,  100.  —  3  Lysias,  VII,  JS.  —  4  DeniosUi.   C.  Cattiel.^%  Il  el   30. 

—  5  V.  nolammenl  Daresle,  llaussoullier  el  Reinacli,  /tecueil  des  insc.  jar. 
grecques,  p.  3i,  78,  i41;  /lultetinde  corr.  hell.  !>',  p.  138  Tliuophrast.  Cliar.  I». 
Cf.  Uuiraud,  La  prop.  foncière  en   Grèce,  p.  184. 


SER 


—  1281   — 


SER 


long  (fiin  fonds  ('Irangcr,  il  nf^  ponrra  pas  (Irpasscr 
la  ligne  des  bornes;  s'il  conslriiit  un  mur',  il  devra 
laisser  la  dislance  d'un  pied  et,  s'il  creuse  un  fossé, 
une  distance  égale  à  la  profondeur  du  fossé*.  La  loi  de 
Solon  ne  concerne  loulefois  (|ue  lesclolures  établies  par 
la  volonté  d'un  seul  des  deux  iirupriélaires.  Ceux-ci 
pouvaient  1res  bien  se  mettre  d'accord pourconstruire  un 
mur  ou  pour  creuser  un  fossé  il  frais  communs,  et  alors 
la  clôture  pouvait  être  établie  sur  la  ligne  même  de  dé- 
marcation et  être  mitoyenne  ^  Les  distances  légales  à 
observer  ne  concernaient  point,  d'ailleurs,  les  murs  de 
clôture  élevés  sur  la  voie  publique  ;  il  n'était  point 
nécessaire  alors  qu'il  y  "ùt  un  intervalle  quelconque  '. 

Planlations  et  fouilles.  —  La  même  loi  de  Solon  fixait 
les  distances  à  observer  entre  les  plantations  faites  sur 
un  fonds  et  la  limite  des  fonds  voisins.  Cette  distance 
était  de  5  pieds  pour  les  arbres  ordinaires,  de  1)  pieds 
pour  les  figuiers  et  les  oliviers,  les  arbres  de  cette 
seconde  catégorie  poussant  plus  loin  leurs  racines  '. 
Pour  les  constructions,  la  distance  était  réduite  à 
2  pieds.  Lorsque  les  distances  ci-dessus  n'étaient  pas 
observées,  le  contrevenant  devait  certainement  réparer 
le  dommage  ".  Le  propriétaire  lésé  pouvait  aussi  couper 
les  racines  ou  les  branches  qui  empiétaient  sur  son 
terrain.  On  peut  même  supposer  qui;  les  branches  qui 
di'passaient  l'alignement  appartenaient  au  ])roprii''laire 
du  terrain  au-dessus  duquel  elles  se  Irouvaieul,  il  ipie 
celui-ci  pouvait  en  récolter  les  fruits  '. 

Ijaloi  de  Solon  se  préoccupait  aussi  des  fouilles.  Pour 
éviter  que  le  curage  d'un  fossé'  ne  provoquât  <ler.  ébou- 
lements  au  détriment  du  fonds  voisin,  elle  exigeait  que 
le  propriétaire  qui  creusait  un  fossé  sur  un  terrain  ne 
l'établit  qu'à  une  distance  égale  à  la  profondeur  du  fossé. 
S'il  s'agissait  de  creuser  un  puits,  il  fallait  même  laisser 
un  intervalle  de  1  orgye  (6  pieds  environ).  On  voit, 
d'autre  part,  que,  pour  empêchej  des  fouilles  trop  rap- 
prochées de  tarir  les  sources  publiques,  on  traçait  quel- 
quefois autour  d'elles,  avec  des  bornes,  une  sorte  de 
périmêti'e  de  protection".  Mais,  en  dehors  de  ces  limites, 
toutes  les  fouilles  étaient  permises,  même  si  elles  avaient 
pour  résultat  de  détourner,  au  profit  de  leur  auteur, 
des  eaux  jaillissant  sur  un  fonds  voisin  et  n'ayant  point 
de  destination  publique'-'. 

Régime  des  eaux  [aqua]. 

Droit  de  pnssuf/e.  —  fj'exislence,  dans  le  droit  attique, 
de  la  servitude!  légale  de  passage  pour  cause  d'enclave 
n'est  pas  douteuse  '".  l'iaton  ",  qui  s'en  occupe,  la  règle 
de  la  manière  suivante.  Pour  l'enlèvement  et  le  transport 
des  récoltes,  on  peut  passer  partout,  même  sur  les  fonds 
appartenant  à  autrui,  à  condition  qu'il  n'en  résulte  aucun 
dommage  pour  les  propriétaires  de  ces  fonds,  ou  que  du 
moins  celui  qui  y  passe  n'y  gagne  trois  fois  plus  que  les 
autres  n'y  perdent.  Il  y  a  lieu,  dans  tous  les  cas,  à  une 
indemnité  pour  le  tort  causé  par  le  passage;  l'évaluation 
en  est  faite  sur  les  lieux  par  les  agronomes.  «4  la  con- 
damnation est  prononcée,  soit  par  les  agronomes,  soit 
par  le  tribunal,  suivant  que  la  somme  est  inférieure  ou 
supérieure   à    ',i    mines.    A    supposer  que    la  règle    du 


1  Gaius,  /..  c.  —  2  Cf.  RcaucheL,  Hist.  du  dr.  /irin- de  la  flrpuld.  atkm.  l.  III, 
p.  160.  —  3  a.  Uiiiraufi,  p.  Is5  ;  Braiichcl,  l.  III,  p.  inn.  _  '.  n,>iiioslli.  C.  Cidlicl. 
5  27.  Cf.  Guirauil,  /,.  c.  —  :■  l'IuUrcli.  Solo,  ÏH.  —  c  l'Ial.  /.«/es,  VIII,  p.  Mi. 
—  ^  (Juiraiirf,  p.  18<;  Bfauchct,  L  III,  p.  Ilil.  —  »  Corp.  inscr.  ait.  p.  SI, 
n»  499  el  p.  lis,  n"  499  b.  —9  Cuiraiid,  p.  Iss.  _  10  Darcslc,   fliiid.  ciiK  de  [),■- 

VIIl. 


droit  atli(|iie  ne  ImI  point  conçue  dans  les  mènics  termes 
que  la  dis])Osition  di!  Platon,  du  moins  c.lMi-ri  s'rsl-il 
probal)leuienl  inspiré  delà  législation  allH'iiienni'. 

Le  droit  attique  adincllait  aussi  la  scrvilmlc  h'gale  île 
passage  pour  alh'r  à  nu  lonibeau.  Loi'Si|n'im  imliviilu 
avait  sur  son  terrain  le  tondieau  de  lamille  du  préci'deut 
propriétaire,  le  devoir  strict  que  eidui-ci  avait  d'honorer 
ses  ancêtres, lui  donnait  ledroitde  pénétrer  surce  terrain 
pour  accéder  au  tombeau  et  y  porter,  aux  jours  fixés,  les 
offrandes  consacrées'-.  Au  surplus,  pour  jouir  de  la  servi- 
tude légale  de  passage,  dans  ce  cas  comme  dans  les  autres, 
il  fallait  vraisemblablement  payer  une  indemnité''. 

Autres  seri^iludrx  léi/ales.  — Il  existait  encore,  dans 
le  droit  attique,  d'autres  servitudes  légales,  mais  dune 
importance  moindre.  Ainsi  une  loi  de  Solon  '•  interdisait 
de  placer  des  ruches  d'abeilles  à  moins  de  .'JOO  i)ieds 
de  celles  que  le  voisin  avait  déjà  élevées'''.  Il  existait 
aussi  probablement  des  servitudes  ou  prohibitions 
analogues  à  nos  bans  de  vendanges,  car,  d'après 
une  disposition  du  Trailé  des  lois,  la  récolte  des  fruits 
de  provision,  tels  que  les  raisins  et  les  figues,  ne  peut 
commencer  avant  le  lever  de  l'arcturc,  c'est-à-dire  avant 
la  fin  d'août,  sous  peine  d'amende  non  seubunent  contre 
le  propriétaire,  mais  encore  contre  celui  qui  est  venu  en 
aide  à  son  voisin  on  à  un  propriétaire  plus  éloigné  '". 

2°  Servitudes  réelles  é/aljlies  par  le  fait  de  l'hoinme. 
—  Les  servitudes  peuvent  dériver  non  seulement  d'un 
texte  de  loi,  mais  encore  de  la  libre  convention  des 
parties.  Les  sources,  il  est  vrai,  sont  presque  entièrement 
muettes  sur  les  servitudes  établies  par  le  fait  de  l'homme. 
Nul  doute  cependant  que  l'on  devait  rencontrer  dans  le 
droit  grec  la  plupart  des  servitudes  prédiales  que  l'on 
rencontre  à  Rome,  comme  U^jus  eundi,  le  ./(/.s-  ii;/endi,  la 
via,  Var/uaeduelus,  le  jus  oneris  ferenili,  etc.  La  loi 
accordant  aux  particuliers  une  liberté  presque  absolue 
en  matière  de  contrats,  une  servitude  quelconque 
pouvait  être  établie  par  convention,  du  moment  qu'elle 
ne  se  trouvait  pas  en  opposition  avec  des  règlements 
d'intérêt  général  et  supérieur.  Pour  l'établissement  d'une 
servitude  ainsi  que  pour  la  transmission  de  prtqirié'té, 
et  à  plus  forte  raison,  un  simple  pacte  sufiisail.  Une 
quasi-tradition  analogue  à  celle  que  le  droit  romain 
exigeait  n'est  pas  plus  nécessaire,  à  cet  elfet,  que  la 
tradition  ne  l'est  pour  le  transfert  de  la  propriété  '■". 

Il  est  difficile  de  savoir,  en  l'absence  de  renseignement 
précis,  si  pour  les  servitudes  il  existait  un  système  de 
publicité  analogue  à  celui  qui  avait  été  organisé  pour  les 
mutations  de  propriété  ou  pour  les  constitutions  d'hypo- 
thèque. La  solution  affirmative  est  vraisemblable  '». 

On  a  prétendu  que  jusqu'à  présent  les  documents  ne 
nous  signalent  aucun  cas  de  servitude  conventionnelle 
proprement  dite".  On  peut  cependant,  croyons-nous,  en 
rencontrer  au  moins  un  dans  le  passage  du  plaidoyer 
contre  Calliclôs  où  l'orateur  fait  allusion  aux  fossés 
d'écoulement  établis  d'accord  entre  certains  domaines  -". 
Il  s'agit  là  d'une  servitude  conventionnelle,  bien  qu'elle 
se  rattache  à  une  servitude  légale.  D'autre  part,  les 
textes  et  les  monuments  qui  nous  signalent   l'établisse- 


vwsll,.  I,  p.  XXXIV.  -  Il  rial.  /.«/«,  VIIl,  p.  sin  e.  -  12  (.;„ir.ind,  p.  191. 
_  13  Uiii.-aii.l.  p.  19it  I:mucIr4,  L  III,  p.  ITll.  -  l'>  l'Iiilarch.  Soin,  i:i.  -  <•".!. 
ricaucl.ol,  I.  Ul,  p.  111.  -  '»  l'Ial.  /.ri/rs,  VIIl,  p.  "'l'i.  d,  c.  Cf.  licauchcl, 
L  III.  p.  1711.  -17  licauclicl,  t.  III.  p.  172.  -  1»  li.Miicl,.-!,  I.  III,  p.  359.  -  1«  Gui- 
raiiJ,   p.   193.  —  21'    Dcnioslli.  C.  Callkl.  S  19. 

HA 


SER 


—   I2S2 


SEK 


nionl  (les  nomhrciix  caïKiiix  soiilormins  (|iii  nlinionlMionl 
les  villos  (i'cnu  polahlc,  iinpliqiicnl  i''}<aloinenl  l"i'xislence 
de  sprviliidos  d'aqufduc  au  prolil  de  ci's  villes  sur  les 
lerrains  parliniliers  traversés  parées  canaux  '.  On  doit 
présumer,  en  elVel,  que  les  cités  n'achetaient  point  toute 
la  partie  du  sol  situé  sur  le  parcours  des  conduites.  Rlles 
<levaienlse  borner  à  acheter  le  droit  de  passage  pour  ces 
conduites,  ce  qui  était  une  servitude  conventionnelle  -. 
J^iiiiiT  ROMAIN.  —  Les  servitudes  (sorvitulrsi)  sont,  à 
Home,  des  droits  réels  établis  sur  la  chose  d'un  tiers  au 
profit  soit  d'un  fonds,  soit  d'une  personne.  Elles  se  divi- 
sent, par  cela  même,  en  deux  grandes  catégories.  Les 
unes,  ai>pelées  servitudes  réelles  ou  prédiales  {xerrilit/cf: 
j'cruin  ou  praeiliorum),  consistent  dans  l'attribution 
d'un  fonds  déterminé  d'une  portion  des  avantages  com- 
pris dans  la  propriété  d'un  autre  fonds  ;  les  autres, 
appelées  servitudes  personnelles  (.serf /7M/c.s'7je?'so7î«;'«m), 
consistent  dans  l'attribution  à  une  personne  déterminée 
d'une  portion  des  avantages  compris  dans  la  propriété 
d'un  meuble  ou  d'un  immeuble'.  Les  servitudes  prédiales, 
de  même  que  les  servitudes  personnelles,  compétent 
sans  doute  à  une  personne,  car  tous  les  droits  exigent 
comme  sujet  une  personne  ;  mais  elles  dilTèrent  des  ser- 
vitudes personnelles,  en  ce  qu'elles  sonl  inhérentes,  non 
pas  à  tel  individu,  mais  à  la  qualité  de  propriétaire  de 
tel  fonds  déterminé. 

Abstraction  faite  des  caractères  spéciaux  aux  deux  caté- 
gories de  servitudes  réelles  ou  personnelles,  il  y  a  des 
principes  généraux,  applicables  à  toute  espèce  de  servi- 
tude, dérivant  de  la  nature  mèmedu  droit  qu'elle  confère. 
.  1°  Toute  servitude  est  un  démembrement  de  la  pro- 
priété. Il  en  résulte  plusieurs  conséquences  :  a)  une  ser- 
vitude n'est  jamais  présumée  exister;  c'est  à  celui  qui 
veut  s'en  prévaloir  à  en  prouver  l'existence  et  l'étendue  '  ; 
il)  nul  ne  peut  avoir  une  servitude  sur  sa  propre  chose  : 
7ieinini  res  sua  servit',  car  tous  les  avantages  qu'un 
propriétaire  peut  retirer  de  sa  chose  rentrent  dans  son 
droit  de  propriété  ;  c)  toute  servitude  doit  procurer  un 
avantage  à  une  personne  ou  à  un  fonds  ;  une  simple  gène 
à  la  propriété  d'autrui,  sans  profit  pour  personne,  ne 
peut  constituer  une  servitude". 

2°  Toute  servitude  constitue  un  droit  réel,  c'est-à-dire 
un  droit  applicable  à  tout  le  monde,  même  au  proprié- 
taire de  la  chose.  Mais  ce  droit,  portant  directement  sur 
la  chose,  ne  peut  entraîner  pour  le  propriétaire  aucune 
obligation  de  faire.  Le  titulaire  d'une  servitude  peut 
s<!ulement  exiger  du  propriétaire  de  la  chose  asservie 
qu'il  s'abstienne  de  faire  quelque  chose,  par  exemple, 
de  bâtir,  ou  qu'il  laisse  faire  quelque  chose,  qu'il  laisse 
passer,  par  exemple.  Mais  il  ne  peut  exiger  que  le  pro- 
priétaire de  la  chose  grevée  fasse  quelque  chose.  En 
d'autres  termes,  une  servitude  peut  consister  iîi  non  fa- 
ciendo  ou  in  priticndo,  mais  non  /?;  fariendo'' . 

3"  La  servitude  est  un  rapport  entre  une  chose  et  une 
personne  déterminée,  ou  entre  deux  fonds  également 
déterminés.  Ce  rapport,  une  fois  établi,  subsiste  aussi 
longtemps  que  ces  deux  éléments;  mais  l'un  des  deux 
disparaissant  ou  changeant,  le  rapport  périt  de  toute 
nécessité.   De  là  plusieurs  conséquences  :  a)    les   servi- 

1  Cf.  Krclinor.  Inscr.  ijreeq.  rlti  musi-e  dit  r.oime,  p.  Il);  Le  Bas  VVail- 
.llnglon,  Atie-Afineure,  387.  —  2  Darcsle,  Plniil.  riv.  1.  H.  p.  ISd,  noie  f.  ;  Iteau- 
chet.  l.  III,  p.  173.  -3  L.  I,  IS  pr.  /)i,,.  U,-  serrii.  VIII.  I.  -  t  L.  Ôc.  De 
tenil.  III,   34.   —5  L.  10,   I).    Comm.  /mod.  VIII,  i.  _  fi  !..  15     ().    g^  seri-it. 


tildes  prédiales  sont  natMri'llcinenl  piTpi'Inellcs,  comme 
les  fonds  eux-mêmes  qu'elles  concernent;  les  servitudes 
personnelles,  au  contraire,  sont  viagères,  leur  plus 
Ifingiie  durée  se  mesurant  nécessairement  à  celle  de  leur 
titulaire  qui  est  une  personne;  ù)  ni  l'aliénation  delà 
chose  asservie,  ni,  (|uand  il  s'agit  d'une  servitude  pré- 
diale,  l'aliénation  du  fonds  dominant,  ne  fait  obstacle  au 
maintien  de  la  servitude  '  ;  c  toute  servitude  est  inalié- 
nable, car  son  aliénation  doit  modifier  un  des  termes  du 
rapport  ou  dénaturer  le  droit.  Une  servitude  ne  peut, 
pour  la  même  raison,  être  l'objet  dune  aliénation  par- 
tielle :  d'où  la  règle  servitiis  scriuft/tis  esse  non  pofes/''. 

4°  Les  servitudes  sont  consacrées  par  le  droit  civil.  Le 
droit  réel  qu'elles  confèrent  est  sanctionné  par  uneaction 
civile  in  rem,  l'action  confessoire  [confessori.4  actio]. 

Laissant  de  côté  les  servitudes  personnelles  dont  il 
sera  traité  ailleurs  [usisfrit.tis],  nous  exposerons  ici 
seulement  la  théorie  des  servitudes  prédiales  ou  réelles. 

Caractères  ge'né/viux  des  servitudes  jirédiales.  —  Ces 
servitudes  consistent  en  un  droit  établi  sur  un  immeuble 
au  profit  d'un  autre  immeuble.  Elles  supposent  donc 
deux  fonds  voisins,  appartenant  à  deux  propriétaires 
différents,  l'un  le  fonds  dominant  {praedium  dominons) 
au  profit  de  qui  elle  est  établie,  l'autre  le  fonds  servant 
(praedium  servum  ou  serviens)  qui  en  est  grevé. 

Ces  servitudes  sont  d'origine  assez  ancienne;  elles 
datent  vraisemblablement  de  l'époque  où  les  grands  do- 
maines, propriété  collective  d' une  ^c«.9  ou  d'une  famille,  se 
sont  morcelés  au  profit  de  chaque  pater.  Dès  qu'il  y  eut 
certaines  parcelles  moins  favorisées  que  d'autres,  parce 
qu'elles  étaient  moins  heureusement  situées,  manquant, 
par  exemple,  de  l'eau  nécessaire  à  la  culture  ou  à  l'ali- 
mentation des  hommes  et  des  animaux,  ou  bien  n'étant 
pas  dotées  des  voies  de  communication  nécessaires,  leur 
propriétaire  fut  amené  à  demander  à  ses  voisins  les 
avantages  dont  il  était  privé.  De  même,  en  ville,  le  pro- 
priétaire d'une  maison  pouvait  éprouver  le  besoin  de 
faire  passer  sur  le  fonds  voisin  le  conduit  nécessaire 
pour  relier  sa  maison  à  l'égout  collecteur.  Ainsi  naquirent 
les  servitudes  prédiales,  soit  rurales,  soit  urbaines. 

L'origine  même  de  ces  servitudes  justifie  les  conditions 
exigées  par  les  lois  pour  qu'il  puisse  y  avoir  une  ser- 
vitude prédiale.  1°  Une  servitude  de  ce  genre  ne  peut 
être  établie  que  pour  l'utilité  et  dans  la  mesure  des 
besoins  du  fonds  dominant.  Il  faut  d'abord  que  la  servi- 
tude prédiale  procure  un  profit  au  fonds  dominant'".  Dès 
lors,  on  ne  saurait  voir  une  servitude  dans  un  avantage 
qui,  comme  la  faculté  de  se  promener,  de  chasser  ou  de 
pêcher,  ne  profite  directement  qu'à  une  personne,  sans 
que  le  fonds  qui  lui  appartient  y  gagne  rien  ".  Mais  il  suffit 
(|u'une  servitude  rende  le  fonds  dominant  plus  agréable  '-. 
L'étendue  de  la  servitude  priVliale  est,  d'autre  part, 
déterminée  par  les  besoins  du  fonds  dominant  :  ainsi 
celui  qui  a  une  servitude  d'aijueduc  ne  peut  en  user  que 
pour  irriguer  son  fonds  et  ne  peut  prêter  d'eau  à  ses  voi- 
sins'^  2°  Pour  que  les  services  dus  puissent  être 
utiles,  il  faut  que,  dans  Indisposition  matérielle  ou  topo- 
graphique  des  deux  fonds,  il  n'y  ait  pas  d'obstacle  s'oppo- 
sant  à  l'exercice  de  la  servitude.  11  faut  donc,  en  principe, 

—  '•  [..  lï  §  1,  I).  ne  sei-fit.  —  »  !..  23  §  2,  D.  Oe  sert',  praed.  ruslie.  VIII, 
3.-9  !..  1,  D.  /le  IIS.  et  usafr.  et  sen:  XXXIII,  i.  —  '»  !..  s  S  6,  U.'Si  sen: 
vinriic.  VIII,  5.   _  Il   L.  8  pr.  h.  t.  —  12  I,.  3.   pr,  D.  De  aqm  coltid.  XLIII,  20. 

—  13  L.  24,  l>.  De  senit.  praed.  rusIic.  VIII,  3. 


SER 


—  1283  — 


SER 


que  le  fonds  dominant  el  le  fonds  servant  soient  continus. 
Celte  condition,  qui  a  toujours  été  maintenue  pour  les 
servitudes  rurales,  a  toutefois  été  abandonnée  pour  les 
servitudes  urbaines;  pour  celles-ci,  le  fonds  dominant  et 
le  fonds  servant  peuvent  être  séparés  par  un  ou  plusieurs 
fonds  intermédiaires  '.  3°  Une  servitude  prédiale  ne 
peut  être  établie  ([u'à  perpétuité  et  non  pour  une  durée 
déterminée.  Kn  ellel,  les  fonds  de  terre;  ayant  une  exis- 
tence el  des  besoins  permanents,  la  servitude,  qui  est 
une  (|ualité  d'un  fonds,  doit  être  naturellement  perpé- 
tuelle, car,  si  elle  était  temporaire,  elle  servirait  plutôt 
l'intérêt  d'une  personne  que  celui  de  l'immeuble.  Le 
préteur  vint  toutefois  corriger  sur  ce  point  la  rigueur 
du  droit  civil  el  il  permit  de  se  prévaloir,  par  voie 
d'exception,  d'une  modalité  établissant  une  servitude  à 
terme  ou  sous  condition  -.  4°  Les  servitudes  prédiales 
supposent  une  causa  perpétua,  c'est-à-dire  un  état  de 
choses  assez  permanent  el  assez  fixe  pour  que  l'usage 
de  la  servitude  soit  assuré  non  seulement  dans  le  pré- 
sent, mais  encore  dans  l'avenir,  indépendamment  de 
toute  intervention  du  propriétaire  du  fonds  servant. 
Ainsi,  une  servitude  d'atiueduc  ne  saurait  être  établie 
sur  un  élang  ou  sur  une  citerne  ^.  5°  Les  servitudes 
prédiales  sont  indivisibles,  c'est-à-dire  qu'elles  ne  peu- 
vent appartenir  à  une  portion  indivise  d'un  fonds,  ni 
grever  une  part  indivise  du  fonds  servant.  Une  servitude 
prédiale  ne  peut,  en  conséquence,  être  ni  établie,  ni  exer- 
cée, ni  perdue  pour  partie  '.  Ce  principe  ne  s'oppose  point 
à  ce  (|ue  l'on  règle  l'exercice  de  la  servitude,  de  manière, 
par  exemple,  à  ce  (ju'une  servitude  de  passage  ne  s'exerce 
que  sur  une  partie  déterminée  du  fonds  servant^. 

Division  et  énuméralion  ilea  serciltides  prédiales.  — 
Les  servitudes  se  divisent  en  servitudes  rurales  et 
urbaines,  suivant  la  nature  du  fonds  ipraedium)  domi- 
nant. On  entend  alors  par  fonds  urbain  tout  bàlimenl, 
situé  à  la  ville  ou  à  la  campagne,  el  par  fonds  rural,  tout 
fonds  non  bâti  ".  Une  même  servitude,  comme  la  ser- 
vitude de  passage,  peut  donc  être  tantôt  rurale,  tanlôt 
urbaine,  suivant  la  nature  du  fonds  au  j)ront  duquel  elle 
est  établie  '. 

L'intérêt  de  cette  division  se  manifeste  à  divers  points 
de  vue  :  1"  les  servitudes  rurales  comptent  parmi  les 
rcs  mancipi,  vraisemblablement  parce  que  ce  sont  les 
plus  anciennes  et  que,  pour  un  peuple  agriculteur,  elles 
ont  la  plus  grande  importante;  les  servitudes  urbaines 
sont,  au  contraire,  i-es  nec  mancipi  [mancipilm]  ;  2°  les 
servitudes  rurales  s'éteignent  par  le  simple  non  usage, 
tandis  que  l'extinction  des  servitudes  urbaines  suppose 
une  usucapio  liberlatis  (\.  infra)  ;  3°  les  servitudes 
rurales  sont  seules  susceptibles  d'hypothèque. 

Voici  quelles  étaient,  d'après  les  Institutes  *,  les  prin- 
cipales servitudes  prédiales.  —  Servitudes  rurales  : 
1°  la  servitude  de  passage,  qui  est  alors  qualifiée,  sui- 
vant son  étendue  :  jus  eundi  ou  iter,  comprenant  le  droit 
de  passer  à  pied  ou  à  cheval  ou  en  litière  ;  jus  agendi 
ou  aclus,  comprenant  l'iter  et,  en  plus,  le  droit  de  pas- 
ser avec  des  bestiaux  ou  des  véhicules;  la  via,  compre- 

1  L  .1  5  I,  II.  I.;  I.  S  pr.  Ov  op.  nov.  nuut.:  1.  4  §  s,  1.  5.  Si  servit, 
einu.  VIII,  5.-2  I..  4,  p,-.  Hg  servit.  —  3  L.  i»,  [),  De  servit,  praed.  urO. 
VIII,  i:  l.  \  ^i.D.  Oe  fonte,  XLIII,  ii.  —  <  L.  î,  U.  De  servit.  -5L.  4§  I, 
I.  5  s  1,  A.  (.  —  6  !..  1,  /J.  Cumm.  praed.  VIII,  i;  I.  198,  D,  Uffverb.  siynif.  4, 
16.  —  "  Cl.  Iliiq,  tet  Inslit.  juriii.  de>  Humains,  l.  Il,  p.  i7l  :  Ac  aii.is.  Pnris 
de  dr.  rom.  3«  éd.  L  I,  p.  6ii  :  (jirard,  Manuel  de  dr.  rom.  ±'  éd.  p  353  ;  May, 
Elém.  de  dr.  rom.  »•  éd.  p.   iO'J  ;  l'ctil,  Traité  de  dr.  rom.  i'  éd,  p.  213;  Maynz, 


nanl  le  droit  de  passage  le  plus  complet  et  comportant  un 
chemin  d'une  largapr  déterminée  '  ;  2°  la  servitude 
d'aqueduc,  ou  droit  de  conduire  de  l'eau  à  travers  le 
fonds  servant  à  l'aide  de  tuyaux  ou  de  rigoles,  pour 
l'amener  sur  le  fonds  dominant'";  3"  la  servitude  de 
puisage  {aquae  hauslus)"  ;  -1°  la  servitude  de  pacage 
tjus  pascendi)  el  le  droit  d'abreuver  un  troupeau  sur  le 
fonds  d'autrui  {jus  appulsus  pecoris  ad  aquam)  ; 
3°  diverses  servitudes  donnant  le  droit  de  prendre  sur  le 
fonds  servant,  pour  les  besoins  du  fonds  dominant,  du 
sable,  de  la  chaux,  des  pierres  ou  d'autres  matériaux  '-'. 

Servitudes  urbaines.  —  1°  Jus  oneris  ferendi,  ou 
droit  d'appuyer  des  constructions  ou  autres  gros  ou- 
vrages sur  le  mur  du  voisin,  avec  ce  caractère  spécial 
que  le  propriétaire  du  fonds  servant  se  trouve  obligé 
d'entretenir  en  bon  étal  le  bâtiment  assujetti,  sauf  la 
faculté  de  se  libérer  de  son  obligation  en  abandonnant 
ce  bcàtimenl  '^  ;  2°  jus  tir/ni  immilendi  ou  droil  de 
faire  pénétrer  des  poutres  dans  le  mur  du  voisin"; 
■i"  jus  slil/icidii  vel  /lu/ni/iis  recipiendi,  c'esl-à-dire  le 
droil  d'envoyer  sur  le  fonds  du  voisin  les  eaux  pluviales 
((ui  dégouttent  d'un  toit  [stillicidium)  ou  qui  en  des- 
cendent par  un  conduit  [Ihimen)  '=  ;  4°  jus  altius  non 
^tollendi,  droil  d'empêcher  que  le  propriétaire  voisin  ne 
fasse  ou  n'exhausse  des  consiructions  sur  un  fonds,  ou 
bien  jus  prospiciendi,  droit  d'empêcher  que  la  vue 
dont  on  jouit  ne  soit  compromise  ou  abîmée  d'une  façon 
f|uelconque  '"  ;  3°  jus  projiciendi,  droit  d'avoir  un 
balcon  en  saillie  sur  le  fonds  voisin. 

Constitution  des  servitudes  prédiales.  —  L'établisse- 
ment d'une  servitude  peut  se  faire  de  deux  manières 
dillerenles  :  1°  par  voie  de  translatio  c'est-à-dire  lors- 
que le  propriétaire,  loul  en  gardant  la  propriété  de  son 
fonds,  en  détache  certains  avantages  qu'il  aliène,  à 
titre  de  servitude,  au  profit  d'un  immeuble  voisin  ; 
2°  par  voie  de  deductio,  lorsque  la  servitude  est  réservée 
par  un  propriétaire  sur  un  fonds  ([u'il  aliène  au  profil 
d'un  fonds  qu'il  conserve. 

Les  procédés  qui  permeltenl  d'établir  ainsi  une  ser- 
vitude onl  varié  suivant  les  époques. 

Ancien  droit  civil.  —  Par  voie  de  translatio,  une 
servitude  rurale  ou  urLaine  peut  être  établie  :  1°  par  in 
jure  cessio  :  c'était  la  mode  ordinaire  de  conslilution 
entre-vifs  '^  ;  2°  par  adjudicutio,  c'esl-à-dire  que  le  juge, 
saisi  de  l'action  en  partage,  avait  le  droil,  en  divisant  le 
fonds  commun,  de  constituer  une  servitude  sur  l'une  des 
paris  au  profit  de  l'autre'*  ;  3°  par  testament,  au  moyen 
d'un  legs  per  vindicationem.  Les  trois  mêmes  procédés 
peuventservirà  créer  une  servitude  par  voie  de  deductio. 
La  mancipatio  peut  être  employée  également  dans  les 
deux  cas,  mais  seulement  quand  il  s'agit  de  serviludes 
rurales,  les  seules  qui  soient /'t'A'  mancipi.  La  mancipatio 
peut,  d'ailleurs,  servir  pour  créer  une  servitude  quel- 
conque sur  un  fonds  italique,  mais  par  voie  de  deductio 
seulement,  car,  en  ce  cas,  c'est  le  fonds  lui-même  et  non 
la  servitude  qui  fait  l'objet  de  la.  mancipatio  '"'. 

La  Iradilion  el  l'usucapion  ne  pouvaient,  dans  le  droil 

(ours  de  dr.  rom.  4»  éd.  1.  I.  p.  S:!l.  —  »  Insl.  Just.  pr.  cl  §  3,  De  servitut.  Il, 
3  ;  §  i   /Je  ac/.  IV,  6.  —  'J  I..   I,  pr.  I.  8,  I,  li,  D.  De  servit,  praed.  rustic.  VIII,  3. 

—  10  L.  1,  pr.  A.  /.  —  11  I,.  2,  A.  t.  —  !■!  L.  2,  I.  5  §  ),  I.  fi,  A.  t.  —  '3  L.  33, 
D.  A.  /.  ;  I.   C  §  i,  U.  Si  serr.  oind.  VIII,  5.  —  'i  I..  8  §  I  el  2.  U.  Si  ierv.  vindic. 

—  I-.  Varr.  De  liiuj.  lat.  IV,  5.  —  10  I..  I.î,  U.  De  servit,  praed.  urb.  VIII, 
i.  _  n  Gaius,  II,  i'J.  —  I»  L.  I  S  I.  I-  l/.  I>.  fowin.  dir.  X,  3.  —  1»  Frag. 
Val.  47. 


SGIÎ 


—  12S4  — 


SER 


civil,  servir  à  ci-ùor  dos  sorviLiules,  car  ces  iiiodos  sup- 
ixisi'nl  l'acquisilion  de  la  possession,  ol  le  droil  civil  ne 
reconnaissail  pas  la  possession  des  sorvitiules.  Ancien- 
nement, l'acquisition  d'une  scrviliide  par  voi(!  d'usu- 
capion  devait  être  possible,  car  Paul  parle  d'une  loi 
Scril)(inia  (jui  aurait  prohibé  celle  usuca|)ion'. 

Droit  jiirloricn.  —  La  réforme  capitale  du  prélcur 
lut  d'admettre  la  (/itusi-possesslo  des  servitudes  [i-nssES- 
sioj,  quasi-possession  résultant,  pour  les  servitudes  posi- 
tives, des  actes  mêmes  ou  des  travaux  exécutés  parle 
titulaire  de  laservitucie  sur  le  fonds  servant,  et,  pour  les 
servitudes  négatives,  de  l'abstention  même  du  proprié- 
taire du  fonds  servant.  Cette  idée  de  la  (juasi-possession 
des  servitudes  paraît  avoir  été  définitivement  admise 
vers  la  lin  du  premier  siècle  de  notre  ère  '.  Voici 
les  consé(|uences  de  cette  nouvelle  manière  de  voir  : 
1"  les  servitudes  ne  purent  désormais  s'établir  par  voie 
de  tradition,  ou  plutôt  de  quasi-trudilio  :  celle-ci  est 
ri'pulée  laite  aussitôt  que  le  propriétaire  du  fonds 
dominant  commence  à  exercer  la  servitude  parla  volonté 
du  propi-iétaire  asservi  •'  ;  ÎL"  une  servitude  qui  n'a 
pas  été  constituée  rt  domino  peut  s'acquérir  parle  lonj;; 
usage  {tliuliirnus  tisux)  ;  la  praescriplio  lon;/i  leiiiporis 
est  ainsi  accordée  à  celui  (|ui,  ayant  acquis  lu  servitude 
de  bonne  foi,  la  possède  depuis  dix  ou  vingt  ;ius,  selon 
qu'il  s'agit  de  présents  ou  d'absents;  il  semble  toutefois 
(|ue  l'on  n'exige  point  ici  de  jusle  litre  '  ;  ^°  les  in- 
novations du  préleur  permirent  de  créer  des  servitudes 
sur  les  fonds  provinciaux.  Jusque-là,  en  elVet,  ce  r(''sullat 
était  impossible;  tous  les  procédés  du  droit  civil,  étant 
inapplicables  aux  fonds  provinciaux,  ne  pouvaient  servir 
à  y  cr('er  des  servitudes.  On  arrivait  seulement,  au 
moyen  de  pactes  et  de  sti[)ulations,  à  créer  un  lien  per- 
sonnel entre  les  propriétaires  respectifs  des'fonds,  mais 
ce  rapport  dispar:iissail  quand  les  fonds  cluingeaient  de 
inailre  •'.  La  tradition,  mode  d'ac(|uisition  du  Jus 
;/cii/iunt,  [)ul  servir  à  en'er  une  servitude  sur  les  tonds 
provinciaux. 

Dans  les  hypollièses  précédentes,  la  servitude,  bien 
([n'établie  en  droil  prétorien,  n'est  point  constituée  en 
droil  civil  Le  pr('leur  arrive  toutefois  à  protéger  son 
existence  :  a)  eu  accordant  au  propriétaire  du  fonds 
dominant  les  interdits  qiuisi-possessoires  [iNïEnDicïLMj'^; 
ô)  en  lui  donnant,  d'autre  pari,  soit  une  exception,  soit 
même  une  action  confessoire  utile  [confessoria  actio]  ou 
l'aclion  publicienne    I'Ikliciana  actio]'. 

Droit  Jusiinien.  —  Sous  Juslinien,  il  n'est  plus  ques- 
tion d'//i  ju?'e  cessio  ni  de  mancipiilio.  Le  droit  civil  a 
lini,  d'autre  part,  par  admettre  les  modes  de  conslilution 
consacrés  par  le  droit  prétorien.  Il  en  résulte  qu'une  ser- 
vitude prédiale  peut,  désormais,  être  établie  :  1°  par 
quasi-tradition  ;  2°  par  deduclio  dans  une  tradition  ; 
3"  par  t/utisi-possessio  longi  temporis,  celle  ci  devant 
avoir  la  même  durée  que  la  possession  pour  prescrire  la 
]tropriélé;  i"  par  testament,  en  vertu  d'un  legs,  qu'elle 
c|u'en  suit  la  forme  ;  .'3"  \r,\v  tidjiidictilio.  l'iie  servitude 
peul-ell(!  aussi  s'établir  [i;ir  acles  et  stipulations,  puclls 

I  I,.  i  §  29,  Ilig.  Oc  iisiir/i.  Xl.l,  3.  —  2  |..  20,  1).  /)c  serril.  —  3  L.  I  §  i,  1). 
/Je  serril.  praed.  riislic.  —  *  I,.  lu  pr,  I).  .  Si  seriùl.  vind.  VMI,  5.  —  s  Gains, 
M.  31.  —    0   L.  iO,  b.    JJe  iinil.    —  ^  I,.    m,   U.   Si  servit,   vindic.  I.    1 1  S  1  0. 

—  »  liisl.   §  V,   t)e  seroil.  Il,  3.  —  a  !..    li  pr.  1).  tjiiem.  serril.  nmilt.  VIII,  7. 

—  '0  I..  1,  0.  A.  /.  —  Il  L.t  §  li,  U.  De  doli  met.  XI.IV,  4.  -  12  L.  2.  5,  G  pr. 
10  §  I,  11.  Qaem.  sere.  amill.  —  13  L.  13.  C.  De  serril.  III,  34.  -  u  L.  il,  I.  3i, 
D.  Ileserr.  proe-l.  urb.  —  IJii.M„cri.\iMiiiî.  V.  sur  l.s  surviludis-  iii  .Iroil   nijii.iii] 


C/  sli iiithilionilin.'i,  comme  le  dit  Jiistinieu  '  ?  La  (|ues- 
lion  est  controversée;  elle  se  pose  aussi  pour  l'usulruil, 
et  nous  renvoyons  à  usus  fkl'Ctl's. 

Extinction  des   servitude.^  prédiiilcs.    —  Les  modes 
d'extinction  sont  les  suivants:  1"  La  perle  du  fonds  domi- 
nant ou  celle  du  fonds  servant.  U  suffit  même  que  l'un 
des  deux  fonds   ait  subi   une    iiiodilicalion  telle  ((ue  la 
servitude  ne  jjuisse  plus  s'exercer,  pourvu  toutefois  que 
cette  inodilicalion    ne  soit  pas  simplement  temporaire, 
comme  celle  qui   résulterait  d'une  inondation  ''.  2"  La 
confusion,  ou   réunion  des  deux  fonds  dans  la  même 
main,   en  vertu   du   principe  nemini  res  sua  servit'". 
3"  La  renonciation  consentie  par  le  titulaire  de  la  servi- 
tude au  propriétaire  du   fonds  asservi.  Régulièrement, 
d'après  le  droit  civil,  celle  remise  ne  peut  s'opérer  que 
par  une  in  jure  cessio,  ou  parla  Mirtnc//>«//o,  s'il  s'agit 
d'une  servitude  rurale.  Si  la  renonciation  résulte  d'une 
simple  convention,  la  servitude  n'est  pas  éteinte  jure 
civi/i  ;  mais  si  son  titulaire  veut  exercer  l'action  con- 
fessoire, il  peut  être  repoussé  par  l'exception  de  pacte 
ou  de  d(jl  ".   -4°    Le   non-usage,   c'est-à-dire   lors([ue  la 
servitude  n'est  plus  exercée  pendant  un  certain  temps. 
Un  exercice  partiel  empêche  toutefois  l'extinction  de  la 
servitude,  en  raison  de   son  indivisibilité,  mais  il   y  a 
uoii-usage  lors<|u'on  se  borne  à  faire  dcsacli's  autres  que 
ceux  (|ue  comporte  l'exercice  de  la  servitude  '-.  Le  non- 
usage    doit  s'être    prolongé   pendant    un    temps  assez 
long  pour  faire  présumer  la  renoncialion  du  titulaire, 
à  savoir  deux  ;iiis  à  l'époque  classiijue,  el,   sous  Jusli- 
nien, dix  ans  enli'o  pi-ésents,  vingt  ans  entre  abs(Mits". 
Le  point  de  départ  du  délai  varie,  d'ailleurs,  suivant  qu'il 
s'agit  d'une  servitude  rurale  ou  d'une  servitude  urbaine. 
Pour  les  servitudes  rurales,  le  délai  court   du  jour  du 
dernier  acte  d'exercice,  par  exemple,   du  jour  où  l'on 
passe  pour  la  dernière  fois  sur  le  fonds  servant.  Pour  les 
servitudes  urbaines,  h;  délai  ne  coiirl  que  du  jour  où  le 
propriétaire  du  fonds    servant   a  fait  un  acte  contraire  à 
l'exercice  de  la  servitude,   par  exemple  du  jour  où  il  a 
bouché  les  jours  par  où  s'exerçait  la  servitude  ".  Cette 
dilférence  s'expli(]ue  par  le  caractère  dominant  des  deux 
espèces  de  servitudes.  Les  servitudes  rurales  supposant, 
en    général,  pour  leur  exercice,    l'intervention   de  leur 
titulaire,  le  fonds  servant  se  trouve  en  étal  de  liberté  par 
cela  même  qu'aucun  acte  d'exercice  ne  s'est  produit.  Au 
contraire,  laservitude  urbaine,  comme  celle  de  jour,  con- 
tinuant de  s'exercer  par  elle-même,  sans  le  fait  du  pro- 
priétaire du  fonds  dominant,  le  fonds  servant  ne  se  trouve 
réellement  en  étalde  liberté  que  du  jour  où  il  a  été  fait  un 
acte  contraire  à  l'exercice  de  la  servitude.    L.  Bkauciikt. 
SERVITITS  POE.XAE.  —  Ce  mot  désigne  à  Home  [pour 
la  firècc,  voy.  poena,  p.  530]  l'étal  d'esclavage  que  font 
encourir  certaines  condamnations.  L'ancien  droit  n'avait 
connu  la  perle  de  la  liberté  comme  peine  que  dans  le  cas 
de  Vaddictio  du  voleur  au  volé  [Fi'RTrM];  sous  l'Empire 
([uelques  délits  ramèiienl  l'alVranehi  à  l'esclavage  [libeh- 
ns,   y.   121'»].   Mais  la  servitude    ne  devient  une  peine 
r('elle  que  proiiablement  à  partir  de  l'époque  délibère 

l£lvtTS,  Die  rûmiselic  Srrrilulcnl,'krr  ■  K.iilowa.  Hômische  IleclUsqesclùcIlti:,  l.  Il, 
p.  5i4  SI).  :  Cui|,  Inst.jurid.  des  Homains,  I.  I,  p.  i/O  sq.,  I.  Il,  p.  2GS  si).,  p.  .S27  sq.  ; 
Voigl,  iU'ber  de»  liestaml  iind  die  histtjrische  Knltricketiiuff  der  Serviluten  : 
Mayîiz.  Cours  de  druil  romain,  4"  i\i.  l.  I,  p.  Kl'J  sq.  ;  l'elii.  Traité  de  dr.  rom. 
1'  .il.,  p.  2in  sq.;  Mayiiz,  ÊIrm.  de  droit  rom.S' <:il.,p.  204  si|.  ;  Accarias,  Op.  cil. 
L .  I,  p.  ti3*i  s({.  ;  (jirarJ,  Alan,  de  dr.  rom,,  2»  éd.,  p.  330  sq.;  Uachelard,  Distinct. 
des  seirilii'tesi/rrdinles  ;l)e?Lrais,  De  la  propriété  ri  des  serril  udes  en  droil  r 


SES 


—  12Sa 


S  EX 


(i'ai-gcnt. 


conti-u  riioiiiinc  libre  conil;uiiné  à  l;i  peine  de  niorl',  aux 
travaux  publics  ou  aux  Jeux  de  gladiateur  -  ail  gladii 
ludum  fopiJS  puiîLicuM,  gladiator,  p.  1573].  Immédia- 
tement après  le  jugement\  jusqu'à  l'exécution  dans  le 
premier  cas,  jusqu'à  la  mort  dans  les  deux  autres, 
le  condamné  devient  la  propriété  de  l'État;  il  est  servus 
poenae,  perd  ses  droits  civils  et  politiques,  ses  droits 
familiaux;  il  sort  de  sa  lamille,  son  mariage  est  rompu; 
ses  biens  reviennent  au  fisc;  il  est  incapable  de  possi''- 
der,  de  disposer  entre  vifs  ou  par  testament,  ne  peut 
recevoir  que  des  legs  alimentaires  ;  son  testament 
antérieur  est  nul'.  La  servitude  de  la  peine  fut  al)olie 
par  Justinien;  les  condamnés  aux  travaux  publics 
ne  subirent  plus  que   la  moyenne  capitis  deminulio'. 

Cil.  Liir.RivAiN. 
SESTEUTIUS.  —  Monnaie  qui  fut  l'unité  de  compte 
des  Romains,  depuis  les  origines  jusqu'à  Constantin,  et 
fut  aussi  monnaie  réelle,  d'abord  en  argent,  puis  en 
bronze.  Lorsque  les  Romains,  à  l'époque  primitive, 
n'avaient  encore  que  la  monnaie  de  bronze,  ils  estimaient 
le  vo3[ji.[AOi;  d'argentdeOgr.  S7  des  villesde  la(lrande-(jrèee 
et  de  la  Sicile  à  deux  as  el  demi  de  leur  propre  inonnai(! 
[mmmus]'.  Voilà  pourquoi  lorsfpi'en  !2(J!J  av.  J.-C,  ils  se 
décidèrent  à  frapper  l'argent 
dans  l'atelier  du  Capitole,  ils 
émirent,  outre  le  denier  et  le 
{(uinaire,  une  petite  pièce  d'ar- 
gent qui  fut  à  peu  près  l'éfjui- 
valent  du  voù[ji.[j.o;  de  ritali(^  mé- 
ridionale ;  cette  pièce  ifig.  O.'JHSJ 
qui  valait  deux  as  el  demi  ou  le  quart  du  denier,  fut 
le  sesterce  [nutniniis  aemisterdiis,  par  abréviation 
xeslertiiis)  -. 

Comme  monnaie  de  comple,  on  a  expUipié  à  l'arliele 
riENAKius  les  diverses  formes  que  prenait  le  sesterce 
dans  les  énoncés  des  sommes  et  les  registres  linanciers, 
sous  la  République  el  sous  l'Empire^ 

Comme  monnaie  réelle,  le  sesterce,  qui  pèse  théori- 
quement un  scripule  (1  gr.  137),  fut  frappé  en  argent, 
bien  qu'assez  rarement,  depuis  l'an  2G9  av.  J.-C. 
jusqu'à  217,  date  de  l'allàiblissement  oflîciel  de  la 
monnaie  d'argent  et  de  bronze;  il  porte  la  marque  HS 
(=2  as  1/2)'*.  Le  sesterce  lit  une  courte  réapparition, 
en  89  av.  J.-C,  grâce  à  la  loi  l'iaulia  Papiria  qui 
créa  l'as  oncial  ;  puis  il  disparut  une  seconde  fois'. 
Enfin,  de  i'J  à  -43  av.  J.-C,  César  et  Pompée  décrétèrent 
de  nouveau  l'émission  du  seslerce  d'argent". 

Après  l'an  43  qui  précède  notre  ère,  le  sesterce  d'argent 
fut  remplacé  par  un  sesterce  de  bronze  valant  4  as, 
appelé  en  grec  Texpaircâpiov  et  pesant  une  once  (27  gr.  20), 
[aureus,  p.  5(34]  '.  Sous  Auguste,  on  frappa  le  sesterce  en 
laiton  ou  cuivre  jaune  [aurichalcum),  et   cette  grande 

SERVITUSPOENAE.  lôiy.  28,1. 8,4;2S,  3,0,  6;Î9,2;25,J;48,  19,  12,  fi: 
48,  20,  5  pr;  Paul.  Sent.  ',,  8,  II;  Tcrlull.  Apol.  27  ;  Cod.  Thcod.  9,  40.  _  iDi,/. 
W,  19,  S,  11,  12.  -3  Oiy.  2S,  3,  6,  û;  48,  19,  12.  Pour  la  Wscinajcstr  ul  l.i  con 
ciifsioTi,  Icircl  lie  la  coiuLniiiiiiilioii  i-cnionlc  au  juui-  ilf  riufracliou  {Oig.  4X,  ii, 
19;  Cod.  Jusl.  9,  8,  8).  —  4  InU-  1.  H,  3;  Dirj.  2S,  1,  8.  4;  2K,  3,  C,  6  ;  29,  1. 
23,3:  34,  S,  i  pr.  I;  48,20,  I  ;  i!l.  11,  12;  Pliii.  A;,,  lu,  HJ.  — r.,Vof.  22,  .S.  -  lii- 
iM-iocriiPHiE.  Wagner,  De  semtiile  poenar',  1747  ;  Mornriisfu,  Stni/rechI,  Ltipzig, 
1899,  p.  017. 

SESTERTIUS.  f  Vairo,  Ùc  li,„j.  lai.  IV,  3r.,  daus  Ilullscli,  jVetrol.  scripl. 
^.  II,  p.  5M;  cf.  K.  l{al,L-lo,.,  TraH,'  d,:s  monn.  gr.  el  rom.,  Théuric  el  Joclr.  1, 
5S1.  —  2  Momiiisuu,  .Von.  rom.  liad.  Blacas,  l.  I,  p.  338-239.  Voir  Drsaiuus, 
lig.  2321.  —  3  Voir  aussi  E.  Balielon,  Op.  cit.  p.  753  à7CI.—  »  Duruy,  //ist.  des 
Itom.  I,  p.  519,  ng.  eu  bas.  —  5  Momniscn,  Op.  cit.  t.  Il,  p.  418;  E.  ,  lialœlou, 
Monn.  de  la  llépubl.  rom.  I.  1,  lulrod.  p.  39;  p.  29c;  ;  t.  Il,  p.  I  m.  _  0  Emiiiplcs 


pièce  (lig.  (5389)  persista  au  moins  jusqu'au  temps  de 
Florien  (276  ap.  J.-C)'.  Mais  son  poids  diminua  pro- 
gressivement presque  à  chaque  émission;  après  avoir 


Fig.  0389.  —  Seslc: 


pesé  originairement  une  once,  le  sesterce  de  cuivre 
est  de  5/0  d'once  à  l'époque  de  Sévère  Alexandre  ; 
d'une  demi-once  sous  Trajan  Dèce  ;  puis  d'un  tiers 
d'once  sous  Trébonien  Galle.  De  plus,  le  métal  s'était 
aussi  altéré  graduellement,  et  le  laiton,  dès  le  temps 
des  Anlonins,  était  remplacé  par  du  bronze  ordi- 
naire'^ E.   B.MiELON. 

SEVEREIA.  —  Des  fêtes  eu  riioniieur  des  Sévères, 
ïleS-Zlpeta,  i;sou-/|Ç£ta,  jjtEyi),».  i:£Ç-/|&£ia,  sont  mentionnées 
dans  des  inscriptions  (■[)liébi(iiies  d'Athènes '.au  nombre 
de  celles  que  céié'braient  annuellement  les  épiièbes'. 
Une  monnaie  de  Périnlhe,  avec  la  légende  Se6Y)p£ia7cpwTa, 
rappelle  la  fondation  d'un  temple  de  Septime  Sévère  et 
des  jeux  créés  par  cet  empereur'.  Ces  solennités  pa- 
raissent n'avoir  pas  survécu  aux  Sévères  eux-mêmes 
(mort  d'Alexandre  Sévère  en  233  ap.  J.-C).  Dans  les  in- 
scriptions éphébiques  postérieures,  datant  par  exemple 
des  Gordiens,  elles  disparaissent,  remplacées  par  des 
r&pSiâvEia*.  11  y  avait  aussi  des  iJeSTÎpeia  dans  des  villes 
d'Orient,  comme  Nicéii,  Nicomédie=.      Ém.  CMiiOiN. 

SEVIRALES.  SEVIRI.  —  L  Pour  les  chevaliers  ro- 
mains, voir  EOLITES  [p.  779]. 

IL  Pour  les  Auguslales,  voir  aikipstales. 

SEXTANS.   —  Sixième   de   l'as  ou  d'une  unité  quel- 


conque [as,  pes,  liura,  sextarius].  Dans  les  comptes  il  se 
marque  par  deux  traits  :=  . 

dans  E.  Ualjclon,  Op.  cil.  l.  I,  p,  130,  315,  310,  385  ;  L  II,  p.  2';,  149,  284,  441, 
521,  547.  —  '  Plin.  A'ii^  liinl.  XXXIV,  2,  4;  Cod.  Justin.  VIII,  54,  37;  llero 
Alex.  p.  51  (éd.  Lclrouue);  Anian.  Epiclel.  diss.  IV,  5;  cf.  M,  BaliiTc-ldl, 
Uie  Miinzen  der  Fhtlen-puifcclcn  des  M.  Automns  (Vieiuie,  1905);  Hicliel 
Souizo,  Hev.  uumism.,  1900.  p.  457-471.  —  8  Voy.  Aiiueus,  lig.  042;  liorgliesi, 
Œum-es  compl.,  l.  11,  p  41»  ;  Fr.  Kcnner,  Num.  Zeit.  t.  X,  1878,  p.  234  ; 
E.  Galirici,  Contribnto  alla  sloria  délia  monela  ramana,  p.  2  ;  SouIzo,  Ilev. 
num.  1898,  p.  662  ;  Babclon,  Trailé,  Théorie  doclr.  el  l.  I,  p.  S99.  —  0  Mornnisnn, 
Op.  cil.  t.  III,  p.  93. 

SEVEKËIA.  1  Corp.  msc.  iitl.  III,  121,  1109,  IITI,  1174,  1175,  IJ9:i,  elc. 
—  2Duniont,£'ss«!  sur  l'&plirbie  ull.  L  I,  p.  :iliO.  —  :1  Pmk,  daus  Juhreskcfte  de 
Vienne,  I90i,  p.  32.  —  '.  ror,i.  inscr.  ull.  III,  1197,  1198.  —  '■>  Corp.  iuscr.  ull. 
111.  129. 

SESTANS.  I  BaheloD,  .Vounaics  de  la  lUpubl.  rom.  I,  p.  30. 


SEX 


—  1286  — 


SRX 


La  monnaie  do  cuivre  sc.vlans,  du  poids  de  deux 
onces,  porte  au  droit  la  lèlc  de  Mercure  et  au  revers 
une  proue  de  navire  avec  deux  points,  comme  on  le  voit 
(lig.  0300)'  sur  une  pièce  coulée  du  système  de  l'as 
libral.  Il  est  pri'S(iue  toujours  frappé  après  la  réduction 
de  Tas  triental  [uk.naiius,  p.  !)0]  et  disjjarul  sous  l'Em- 
pire. 1-:.  S. 

SEXTAUIUS  (ZÉTTY,!;).  Setier.  —  La  plus  commune  des 
uii'surcs  employées  par  les  Romains  pour  les  liquides  et 
les  matières  sèches:  le  vin ',  l'huile -,  ^eau^  le  millet*,  la 
foraine  de  navel  %  les  drogues  végétales  ^  etc.  Elle  était 
d'un  si  fréquent  usage  que,  parfois,  on  en  sous-enlendait 
le  nom  :  dolium  quadraf/enaruitii  ''  désigne  un  réci- 
pient de  -iO  setiers;  dolium  rjuinquagenarium  ^,  un 
de  oO  setiers.  D'ordinaire,  cependant,  le  mot  scwtarius 
est  exprimé,  soit  en  abrégé  comme  dans  l'inscription 
de  Die',  où  Lancelot  interpréta  le  groupe  XV.  V.  SE. 
par  «  13  scptiers  de  vin  «  '°,  soit  par  le  sigle"  )  suivi 
d'un  nombre'-. 

Le  setier  est  une  mesure  efTeclive '^  :  un  rescrit  de 
l'an  386  ordonne  que  des  sextarii  en  bronze  ou  en 
pierre  seront  placés  dans  chaque  ville  et  même  dans 
chaque  station  "  pour  l'impôt  en  nature  du  rini 
cicesima. 

i"  Siwlarius  Urùis,  in-bicus''\  Quand  les  Romains, 
abandonnant  leur  ancienne  numération  décimale '%  ou 
mieux  quinaire  '\  adoptèrent  la  métrologie  duodécimale 
grecque,  ils  prirent  également  le  système  des  mesures 
de  capacité.  De  même  que  la  drachme  était  divisée 
en  (juatre  douzaines  de  clialques,  le  pied  cube  fut 
divisé  en  quatre  douzaines  de  sextarii;  d'où  l'habitude 
de  représenter  graphiquement  le  seller  par  le  sigle  ), 
indice  du  siciticus^^,  cest-à-dire  de  la  fraction  un 
quarante-huitième.  Quant  au  nom  même  du  sexla- 
rius,  analogue  au  grec  éxteù;  '",  il  vient  d(!  ce  que 
la  mesure  romaine  était  la  sixième  partie  du  congé 
[r.oNCiiïs]  -". 

Théoriqueuienl,  ou  comme  mesure  de  volume,  le 
setier  romain  vaut  r)388'.)-2  millimètres  cubes-',  si  l'on 
admet  avec  Biickh '-que  le  pied  romain  doitdeO"", 295743. 
Mais  si  en  pratiiiue,  à  Rome,  on  avait  bien  ofliciellement 
adopté  le   système   grec  des  mesures   de   capacité,    on 


SKXTAIIIIS.  iliil.  llcaf/.  cuil.  sa,  lus;  lloral.  1,  .Sut.  1,  7*;  Vopisc.  TiicU. 
11.  —2  Cal.  .i7,  07.  —  3Cic.  ileO/f.U,  10.  —  iColuni.  Uerenisl.  U,  9.  —  ô  I'  in. 
//.  nul.  XV111,35.  —  li  11).  XXIV,  TU.  —  7  Cal.  10.1. —8  Ib.O'Jcl  i[i.  —  'i  Cor/i.  imci: 
lut.  XII,  u»  I0.S7.  —  lu  Hist.  de  i:.\cad.  des  /nscr.  17-29,  V,  p.  -293.  —  "  Volus.  Mac- 
ciaii.  Oistrib.  79.  {.Mttrol.  scr.  relii/.  11.  p.  7 1 .  —  12  Corp.  inscr.  lat.  X,»47,  9  :  Fiorclli, 
Dticr.  di  fompej,  1(175,  p.  121.  —  13  Uniler,  iii,  î  :  ..  sexluriatis  exada,  etc.  » 
cf.  de  Itossi,  U.  d'arch.  chr.  18Gi,  p.  37.  —  H  Cod.  Jiisl.  X.  70,  9  :  «  ut  uinis- 
i/uis(/ue  tributarius  sciât  quid  dcbcut  susceptoribus  dure  »,  ce  qui  cnipôclic  do 
coiifoudi'e  CCS  mesures  du  lise  avec  lus  iHalous  publics.  —  15  Pallad.  Il,  15,  IS  ;  De 
Geometr.  column.  ap.  Morlel,  A'oiiridu  texte  des  Irailés  nEpaphrud.  et  de  Vitr. 
Itufits,  dans  Sot.  et  extr.  des  Mscr.  Paris,  1897,  XXXV,  p.  549.  —  iC  Vilniv.  111, 
2.  —  17  Amis,  Ess.  .<^ur  le  syst.  mrlrigue  assvrien,  {Jlec.  de  trav.  philol.  et 
uichèot.  euypt.  etassyr.  I8SI,  III,  p.  17  )  —  1»  Voy.  As,  p. +57.  —  19  C'csl  àlorl  que 
la  plupart  des  Iciicograplics  Iraduiscnl  ce  mol  par  setier  (Em.  l'essonncaui,  Z;ic<. 
Or.  P'ranç.).  L'Iiecleus,  ou  sixième  pat-tic  du  mi^dimne,  vaut  seize  setiers.  —  20 Cal. 
57  :  «  un  setier  pai  jour,  soit  cinq  congés  par  mois  ».  —  21  M.  Aurès,  admctlant 
l'exisluncc  successive  de  deux  pieds  cuLes  romains  (l'un  conlenanl  en  litres 
i..,59l  et  laiilrc  iO.OU)  trouve  deux  setiers:  le  plus  ancien  de  .'iSS  millilitres  et  I.! 
plus  récent  de  5*1,9*  (JJém.  de  l',\cad.  du  Gard,  1»74,  p.  515).  M.  Ilultscli  admet 
pour  le  setier  .747  niillililres  (GV.  undrom.  .Metrol.  ISSi,  p.  .'ÎS7  el  704)el  M.  U.  Nis- 
seu,  5*3,75  {Hnndtiuch  de  W.  von  Miiller.  18UJ,  p.  »*4).  —  22  Aug.  liiickli,  Me- 
Iroloij.  Untersucliung.  Ëcriiu.  1»3S,  p.  M  el  291  où  la  longueur  du  pied  est  ex- 
primée par  131,  15  lignes  de  l'aris  de  0  m.  00Î235.  —  23  cf.  /.ex  Silia  [i.eges  pubi.i- 
lAuj,  p.  1104.  —  24  Suet.  Caes.  38:  Plut.  Caes.  53,  I  ;  Colum.  XII,  57;  Pliu. 
H. .mit.  XV,  1  ;  XVIIl,  4.  —  25  Cet  usage  romain  linil  par  s  implanter-  d'une  façun 
lt;'ilarde  en  (irùce  où  il  exisie  encore  malgré  l'inlrodiK-lion  de  notre  système  de 
mesures  (KdiD.   Aboul,  £a  Grice  contemii.  ISjI,  p.  114).  —  26  [i.e<;es    i>ui:i.icae, 


continua  toujours  l'ancienne  coulume  de  vendre  au  poids, 
pondo,  les  liquides,  le  vin-\  l'huile-',  et  les  mesures 
dites  de  capacité  n'expriment  que  le  volume  spécial  d'une 
marchandise  vendue  légalement  au  poids  '^'".  Le  setier  de 
vin  ne  représente  donc  pas  exactement539millililres,  mais 
désigne,  en  vertu  de  la  loi  Silia,  20  onces-*  ou  5-43  gram- 
mes devin.  Ici,  ladifférencen'estquedequelques  dixièmes 
de  centilitres  ;  mais  elle  est  plus  sensible  pour  l'huile 
d'olive,  corps  de  composition  fixe  et  invariable  dont  la 
densité  est  de  0,!)15,  voire  même  de  0,911  à  26°,  tempé- 
rature normale  des  pays  où  mûrit  l'olivier.  Un  setier 
d'huile,  pesant  20  onces  ^'  ou  543  grammes,  représente 
597  millilitres  au  lieu  de  539,  sojl  un  écart  de  cinq  cen- 
tilitres et  demi. 

Quoi  qu'il  en  soit,  on  divisait  le  setier  en  12  parties 
égales  ou  cyathes-*  [cvatijiis],  d'après  le  système  suivant 
qui  s'est  conservé  dans  la  comissatio  : 


de  setier   ....   uncia  29  =  i  cyatlie. 

me —       .   .    , .  sexlans  30  r=  2  cyalbes. 

—       ....  9»ad/-aHs3l  =  3  cyallics. 

—       triens  32  ^:  4  cyalbes. 

—       .    ...  ^«(?tc«nx33  =  3  cyalbes 

setier heminti  3*  =  1  cotyle. 

—       ....  sepliinx^'^  —  7  cyalbes. 

'S  —      bes  3G  =  8  cyalbes. 

ris —       dodrans  37  =  9  cyalbes. 

—        ....   (te,r(Hns3»=  10  cyalbes. 

—       .    ...  f/cu^x  39  =  Il  cyalbes. 


2"  Scxlariiis  ilaliciis'"' ,  ;£<jtY|S  o  ixaXixcis".  La  contri- 
bution du  i^ini  ciccsiina  étant  lixée  en  setiers*^  ainsi 
(jue  le  prix  maximum  de  certaines  denrées'^,  cette 
mesure  fut  adoptée  dans  tout  l'Empire  et  le  mot  sexluriu.'< 
«  fut  admis  dans  toutes  les  langues  ''  ».  Les  Grecs,  après 
l'avoir  transcrit  sous  la  forme  (7£;tT|Ç,  la  changèrent  «  par 
euphonie  » '^  en  ?É(7tY|Ç  et  y  ajoutèrent  l'épithète  de 
ÏTaXixoç  pour  distinguer  ce  setier  du  xexiarius  urbicu.t, 
;£(7-:t|Ç  0  pu)[ji.aVxô;  '*'',  employé  Selon  les  coutumes  romaines. 
Le  sexiarius  ilalicua  est  le  même  que  le  setier  géomé- 
trique ou  théorique  des  Romains  et  sa  contenance  est 
de  539  millilitres.  Comme  les  Grecs  avaient  alors  l'habi- 
tude des  mesures  de  capacité  pour  les  liquides,  ils  se 
servirent  d'abord  du  même  setier  pour  l'huile,  le  vin  el 
les  matières  sèches.  Une  ancienne  table  de  concordance. 


p.  1  nu].  _!7  La  dillL-i-encu  serait  plus  considérable  si  Ion  adiuel  avec  Claude  tiou- 
leroue  (Vasquez  IJueipo,  Ess.  sur  les  syst.  mêtr.  et  monél.  des  anciens,  Paris,  ISSU, 
11,  p.  68),  M.  Doerpfeld  (ilittheil.  d.  Arch.  Inst.  X,  p.  i9i  sq.),  M.  Er.  l'eruicc 
(De  Galeni  inensur.  et  pond.  Bonn,  1S8S)  et  M.  Nisscn  (O.  c),  rexistcuco  d'une 
aucienue  livre  de  273  grammes  dont  l'emploi  persista  dans  le  commerce  des  bulles. 

—  --8  Cbaquc  douzième,  ou  cyalbc,  avait  la  couteuance  ilo  trois  de  nos  «  cuillerées  à 
bouclio  »  ofliciuales,  soil  les  neuf  dixièmes  d'un  verre  à  madère.  —  29  Martial  (éd. 
Uilbcrl,  IS90),  1.  107.  —  30  Suet.  Oct.  77.  —  31  Martial.  IX,  03  ;  Plin.  H.  r,ai.  IX, 
82.  _  32  Mart.  1,  107;  IV,  82,5;  VI,  86,  1;  VIU,  51. 2t;  IX,  70  cl  87;  X,  13,  3; 
X,  49;  XI,  6  el  39;  Properl.  IV,  10,  29.  —  33  Mart.  1,  27  et  72  ;  VI,  36,  7  ;  VIU, 
51  ;  XI,  31',.  —  34  piaut.  Mil.  111,  2,  18;  Seuec.  De  ira,  11,  33,  4.  —  33  Mart.  111, 
82,  29;  Vin,  51,  25  ;  Xll,  28,  I.  —  30  /b.  XI,  36,  7.  —  37  Horace,  [Od.  III,  19,  II) 
désigne  celle  fraction  par  la  péripbrase  ternos  ter  cyathos.  —  38  Nom  restitue  par 
J.  Marquardt,  Vie  prin-e  des  Ilom.  Paris,  1892,  1,  p.  393.  —  39  Mari.  1,  26,  9;  VI, 
7S,  6  ;  Xll,  28.  —  40  pallad.  De  r.  rust.  Octob.  XIV,  I*.  —  41  Très  ancienne  lable 
de  concordance  éditée  pai-  B.  de  Montfaucou,  Anntecta  Orxca  ex  Mss.,  Paris,  1688, 
p.  393-395;  A/ed'.  scri])!.  reliq.  1,  p.  208.  —  42Corf.  Jusl.  X,70,  9.-43  Curp.  inscr. 
lut.  111,  p.  827  sq.  où  le  setier  itali(|uc  est  iudiipié  connue  unité  de  mesure  pour  le 
vin.  l'ahsinlbe,  I  buile,  la  moutarde  en  pot,  le  miel.  etc.  Sur  les  différentsexemplaircs 
de  l'Kdil,  le  setier  est  représenté,  non  par  le  sigle  du  siciticus,  mais  par  un  S  ita- 
lique bai-ré  on  sou   milieu  (Waddinglon,  Edit  de  Dioctétien,   Paris,    1864,  p.  2). 

—  44  Anauuts  de  Cliirag,  Arithmétique.  Le  texte  arménien  daus  Aucber,  An- 
ciens poids  et  mesures,  Venise,  1821,  p.  21-32.  M.  Papadopoulos  Kérameus  en  a 
donné  une  édit.  critique  avec  ti-aduct.  grecque  daus  .Supplément  archèol.  au  roi. 
XV    des    .Mémoires    du    ^yllo,/ne  philol.  de  Constantinople,    1884,  p.    9  i    35. 

—  45  Metr.  scr.  reliq.  1,  p.  279,  fr.  90.  —  W  Ualeu.  De  compos.  me  licam. 
pergen.  1,  16  (éd.  Kubn,  XIII,  p.  435). 


SEX 


1287  — 


SIB 


piiblioo  par  R.  île  Montfauron  ',  monlro  que  le  setier 
italique  contenait  18  onces  d'huile  :  si  l'on  divise 
489  gr.,  .'iTSH  par  la  densité  011,  on  trouve  3.37  milli- 
litres. On  adopta  pour  le  vin  la  moyenne  léfçale  de 
20  onces  au  setier;  mais,  parl'ois,  il  y  avait  21  onces-  et 
luème  24  onces  '. 

.'{"  Selier  grec  ou  at/hjiie,  îétty,;  ô  £>,),Y|Vixoç  '. 
.Mh.  Dumont  a  trouvé  un  clioenix  athénien,  poinçonné, 
portant  la  légende  ofijjiôctovj  qui  a  une  capacité  inté- 
rieure de  906  millilitres  ^  Le  demi-choenix,  ou  selier, 
serait  donc  de  4.53  millilitres  et  aurait  pu  contenir 
•412  gr.,  083  d'huile  d'olive,  soil  l.o  onces  el  7  scrupules. 
Dans  la  table  de  Montfaucon  on  trouve  un  cotyle  ou 
demi-setier  de  8  onces,  soil  Ifi  onces  pour  le  setier; 
la  difiérence  est  trop  minime  pour  qu'il  n'y  ait  pas 
identité". 

4°  Setier  pontique,  çéo-tt.ç  Ttapi  IIovtixoîç  ''.  Les  habi- 
tants du  versant  nord  de  l'AnaloIie  employaient  pour  les 
mesures  un  système  décimal  ou  quinaire  que  l'on  con- 
naîtrait mieux  si  Wagener  avait  pu  jauger  le  se'corna  qu'il 
découvrit  à  Ouchac  *.  11  semble,  d'après  Epiphane  et  ses 
abréviateurs,  que  le  setier  pontique  valait  le  o^  d'un 
choenix  et  formait  la  dixième  partie  du  modius,  la  ving- 
tième, ou  peut-être  mieux  la  vingt-cinquième  d'un 
xû:;tpo;'.  Quoi  qu'il  en  soit,  nous  savons,  par  les  inscri- 
ptions du  secowa  d'Ouchac  qu'on  n'employait  pasindilFé- 
remment  lemème  setier  pour  l'huile,  le  vin  el  la  farine  '". 
Cet  usage,  importé  très  probablement  par  les  Romains, 
se  retrouve  en  Mésie,  comme  le  prouvent  les  inscriptions 
métrologiques  de  la  table  de  Cossovo  ". 

.j"  Setier  alexandrin,  iéc-x-ri;  ô  'AÀ£;avofiivôç  '-.  De  même 
que  les  Athéniens  avaient  qualifié  de  setier  celle  de  leurs 
anciennes  mesures  qui  se  rapprochait  le  plus  du  xe.rta- 
riiis  italiens,  les  Alexandrins  également  donnèrent  le 
nom  de  ;£5tT|Ç  à  une  mesure  égyptienne  que  les  indi- 
gènes continuèrent  d'appeler  /tin,  ïv'^,  m'ov".  Comme  ce 
selier  alexandrin  servit  de  base  ti  tous  les  travaux  phar- 
macodynamiques  de  la  dernière  école  d'Alexandrie,  on 
continua  à  l'employer  dans  la  plupart  des  ouvrages  de 
médecine;  il  est  également  connu  par  la  palristique.  Sa 
valeur  est  facile  à  calculer  puisqu'exégèles  et  médecins 
s'accordent  à  dire  qu'il  contenait  2  livres  d'huile  ou 
6.52  grammes  qui,  à  la  densité  de  9H,  font  716  milli- 
litres ''.Ce  nombre  coïncide  avec  les  données  d'un  pro- 
blème où  l'on  voit  que  dix  seliers  alexandrins  équivalent 


>    0.    c.    I,    p.    208,    14.    —  2  Melr.    scr.  reliq.  1,   p.   233,    19.  —   3  QiibHS. 
C.    Adnmanl.    (SIetr.    scr.   reliq.    I,    p.  Îi4,    fr.    5i;    cf.    il>.    p.  247,    fr.    69). 

—  *  Table  de  MontfaucoD  tAfetr.  scr.  rel.  I.  p.  208,  5).  —  s  Mélanges 
d'nrch.  et  d'épit/r.  p.  I2fi.  —  C  |1  y  a  interversion  dans  les  contenances  des 
seliers  hclléuiijue  et  alexandrin.  C'est  ce  dernier  «lui,  sans  conteste,  eoiilenail 
dcui  litres  d'huile:  le  cotyle  do  8  onces  d'Iiuile  esl  manireslcmenl  nn  dcmi- 
selicr  grec  ou  le  quart  du  cliœnix  athénien  d'Alb.  Dumont.  —  '<  Epiplian. 
De  mCTi.«.  cl  pond.  M.  lligne,  vol.  XLIII,  col.  292.  —  8  Wagener,  ■'iur  un  mu- 
num.  métrol.  (.l/e'm.  des  sav.  rtrang.  de  VAc.  de  Bntjcelles,  I85ii,  X.XV1I,  p.  i;)  ; 
cf.  Egger,  ilfm.  dliisl.  anc.  et  de  philol.  p.  197-219.  —  9  D'après  Kpiphane,  le 
xIkço;  valait  20  setiers  alexandrins  el  se  subdivisait  en  .'>  chœnit  de  5  seliers 
ponti(|ues  chaque  (<^d.  Migue),  Xl.lll,  col.  292.  —  Ml  Wagener,  O.  c.  pi.  i,  .oiOii, 
Uai^od,  7.ôvSf.>u  liv7r,i.  —  "  A.  von  Dornaszcwski,  fMs  2:^i'utia  ron  Kossoro  in 
Dulqar.  {Arcliaeol.  Kpi/r.  AJitl/uil.  nus  Œsterr.  1892.  p.  144  si|.  :  Ucrr.?  iXr.fd;, 
EioTii;  ..r.îij.  —  '!  Table  de  Montfaucon  {.Uelr.  scr.  ri-lii/.  (,  p.  208,  14);  la  table  de 
Cléopàtre  {iti.  p.  Ï.î6,  ïll)  emploie  la  forme  i  i'<E;av$9ifTii;.  —  '3  Joseph.  Anl. 
iud.  III,  8,  3  et  n,  4.  —  <*  Africanus  |P.  de  Lagardc,  .Sijmmicta,  1877,  p.  109.  .ïr.i. 

—  13  Epiphan.  U.c.  (éd.  Migne,  XLIII,  col.  284);  cf.  P.  de  Lagarde,  O.  c.  p.  21.Î; 
.Vetr.  scr.  reliq.  Il,  p.  103,  25  :  «  Sextarius  lumen  alexandrinus  duas  capil  olei 
lihras.  .  C'est  de  là  que  vient  l'épitlii^te  de  bilihris  (|ui  se  trouve  dans  Isidore  de 
SéviUe  (Elym.  XVI,  20,  éd.  Migne,  vol.  LXXXII,  col.  594).  —  «C  Le  problème  hi5ro- 
nien  (Melr.  scr.  rel.  I,  p.  204.  fr.  23)  dit  rpie  dii  modii  alexandrins  font  treize  mod,i 
el  demi  italiques;  mais  nous  savons  par  un  autre  passage  (i4.  p.  224,  fr.  55)  que 


à  treize  seliers  et  demi  italiques'".  C'est  probableinent 
le  système  de  ce  selier  alexandrin  que  l'on  retrouve  à 
Assos'''  et  même  en  Numidie  '*. 

6°  Sextarius  cn.ttren.'iix,  Hétty,;  b  Kittoy,'?''',,;.  Mesure  peu 
connue,  citée  seulement  par  saint  Jérôme''*  et  quelques 
mélrologues  orientaux.  D'après  un  texte  syriaque -",  il 
égalerait  le  selier  alexandrin  ;  Ananias  de  Cliirag  prétend 
qu'il  n'en  vaut  que  les  onze  douzièmes'-'. 

7°  Setier  de  Nicomédie.  Ananias  de  Chirag  est  le  seul 
qui  en  parle'^-.  C'est  peut-être  le  nom  que  les  Asiatiques 
donnèrent  au  setier  légal  des  Romains  à  l'époque  oit 
Dioclélien  el  d'autres  empereurs  ri'sidaienl  à  Mco- 
médie.         Sorlin  Dokigny. 

SEXTULA.  —  Monnaie  de  compte  romaine  valant  1/0 
de  l'once  ou  1/72  de  l'as  [as].  Elle  se  marque  par  le 
sigle  2  :  il  y  avait  aussi  une  dimidia  sextula  ou  duella 
qui  se  marquait  22 '•  F-  Lf.mjr>hm. 

SIBYLLAE,  SIBYLLIXI  LIBRI.  —  Il  n'y  a  pas,  dans 
l'histoire  des  religions  grecque  et  romaine,  de  question 
plus  complexe  et,  à  certains  égards,  plus  décevante  que 
celle  des  Sibylles  et  des  oracles  qui  se  recommandent  de 
leur  nom.  On  ne  sera  pas  surpris  si,  à  cette  place,  nous 
négligeons  un  certain  nombre  de  problèmes  qui  ont 
défrayé  l'érudition  depuis  le  xviii"  siècle,  et  si  nous  rete- 
nons ceux-là  seuls  qui  intéressent  la  science  positive 
de  l'antiquité  classique.  Un  article  spécial  ayant  traité  de 
la  magistrature  sacerdotale  qui,  à  Rome,  fut  chargée 
de  la  garde  et  de  la  consultation  des  livres  Sibyllins 
j^Di'UMviRi,  II,  2,  p.  426-4-42],  nous  pourrons  borner  notre 
lâche  à  l'historique  des  Sibylles  et  à  quelques  faits  nou- 
veaux qui,  mis  en  lumière  au  cours  de  ces  vingt  der- 
nières années,  ont  permis  ou  de  redresser  des  erreurs  ou 
de  compléter  des  résultats  dignes  d'une  attention  parti- 
culière. 

L  Origine  et  nature  des  Sibylles.  —  Il  n'est  question 
des  Sibylles,  soit  explicitement,  soit  sous  forme  d'allu- 
sion, ni  chez  Homère  et  Hésiode,  ni  chez  aucun  écrivain 
grecantérieuremenlà  la  findu  vrsiècle  avant  notre  ère '. 
Pour  Homère,  le  fait  est  d'autant  plus  digne  de  remarque 
que  les  traditions  postérieures,  auxquelles  il  est  impos- 
sible de  refuser  un  fondement  historique,  font  remonter 
l'origine  des  Sibylles  aux  temps  mômes  de  la  guerre 
de  Troie  et  qu'elles  placent  leur  berceau  dans  la  région 
du  mont  Ida.  Bien  plus,  c'est  dans  certains  poèmes  homé- 
riques, dans  le  vingtième  chant  de  Y  Iliade  dont   cette 


te  modius  égyptien,  comme  l'ilalique,  se  divisait  en  16  setiers  ;  l'égalité  subsiste 
donc.  Le  rapport  serait  plus  exactement  13.28  que  13,50.  —  n  Sur  un  sécoma 
(F.  B.  Tarhcll,  A  mensa  ponder.  from  Assos;  Amer,  joitrn.  of  archaeol.  1891. 
p.  440  sq.),  on  trouve  un  cotyle  (dcmi-selter)  de  0,19  qui  devait  être  primitivement 
do  0,358  ;  un  setier  de  0,795  pour  0,710;  un  tricolylc  (setier  et  demi)  de  1  litre 
pour  1,07  ;  un  chœuix  (double  selier)  de  1,49  pour  1,43;  un  trichœnii  (6  setiers) 
de  4,02  pour  4,29.  Par  ce  trichœnix,  on  voit  qu'il  devait  y  avoir  un  chous  de  8  se- 
liers. —  18  La  lahle  B.  de  Khamissa  iCagnat,  Tab.  de  mesures  étalons  Iroav.  en 
Afr.  (C.-/I.  de  Vacad.  des  Inscr.  1905,  p.  490  sq.)  a  une  cavité  de  0,303,  soit  un 
demi-setier  de  0,358;  une  de  0,739  ou  setier  de  0,710;  une  de  4,750  (|ui  rorrespond 
au  trichn-nii  d'Assos,  soit  0  setiers  ou  4,29;  enlin  une  de  24,00  pour  22,91  ou 
32  seliers  ou  4  rhoûs.  —  '*J  Ce  passage.  Comment.  I,  4  in  Ezech.  IV,  9  (é*l.  Migne. 
vol.  XXV,  col.  48)  est  emprunte  en  partie  à  Joseph.  Ant.  Jnd.  III,  8,  3,  et 
pour  le  reste  contient  une  inexactitude:  le  setier  italique  n'équiiaiit  pas  au  ciious 
attique  :  la  seule  chose  à  retenir  c'est  que  le  hin  ^=  sextarius  ta.\trensis.  —  '^  P.  de 
Lagarde,  .Symniicla,  II,  ISSU,  p.  193,  p;iiagr.  39,  4.  —21  0.  c.  p.  17  :  ..le  castrensis 
contient  22  onces  n  ;  dans  un  autre  ouvrage  (ib.  p.  20)  le  même  auteur  dit  «  les 
setiers  italicus  et  castrensis  contiennent  20  onces  ».  —  --  0.  c.  p.  17  :  «  le  selier  de 
Nicomédie  contient  20  onces.  » 

SEXTCLX.  1  V.irr.  Aiii</.  lat.  IV,  3ti  ;  Ithcmn.  Kann.  De  pnnd.  22  ;  Cir.  Caecin 
G;  cf.  Bouclié-Leclercq,  Manuel  Inst.  romaines,  p.  507.  5T5. 

SlItTLLAE,  SIBYLLIN!    LIBIti.    I  Bouché- Lcclercq.  Hisl.  de   la   Virinntion, 
II. p.   141. 


SIB 


1 2S8 


SIB 


pai-li(M>sl  posU'i'iiMiri'  à  IIoiikti',  et  dans  r/ii/iiinc  luunc- 
rii/iic  l't  A/)/ini(/i/c'  riui  osl  plus  n'coul  (mu'oi-i\  i|ti'il  fau- 
drait, chercher  k-s  premières  traces  des  propiiélics 
Siliyllines'.  C'est  la  Siliylle  du  iikmiI  Ida  i|iii  aurait 
annoncé  la  future  graudeiu'  di'  la  lacc  des  Acui'ailes.  et 
sous  son  inspiraliiiii  i|ue  les  lliiuiérides  lui  auraient 
donné  place  dans  Vllitiilr  et  dans  les  /fi/iiines.  Mais 
comme  toutes  les  propliélies  que  r(!vèncmenl  vérifie, 
celle-là  a  été  composée  après  coup;  d'ailleurs,  le 
temps  viendra  où  elle  perdra  son  caractère  hellénique 
pour  s'appliquer  aux  faits  légendaires  de  Home^  Nous 
avons  donc  là  un  premier  spécimen,  en  partie  double,  de 
l'usage  que  la  politi([ue,  l'histoire  et  la  poésie,  à  qui  la 
politique  donne  son  mot  d'ordre,  font  du  nom  et  de  l'au- 
torité des  Sihylles.  Ni  le  véritable  Homère  ni  les  poètes 
qui  lui  ont  succédé  n'y  sont  pour  rien  :  le  silence  absolu 
des  lettres  grec(|ues  justju'au  temps  do  Platon  en  est 
une  preuve  suflisante. 

A  défaut  d'un  texte  assez  reculé  pour  qu'on  puisse 
dater  d'Homère  la  tradition  de  la  Sibylle,  on  a  tenté  de 
se  rabattre  sur  l'explication  étymologique  du  nom  et  sur 
celle  de  l'idée  qu'il  confirme ^  Mais  la  linguistique  qui, 
dans  les  questions  d'origine,  apporte  souvent  de  pré- 
cieuses lumières,  s'est  déclarée  impuissante  ou  n'a  fourni, 
en  ce  qui  concerne  l'origine  des  Sibylles,  que  des  explica- 
tions sans  portée.  «  Il  n'y  a  pas  d'étymologie  grecque 
probable  pour  Xi'êuXXa,  ce  qui  ne  veut  pas  dire  qu'il  ne 
soit  jias  grec,  les  mots  de  cette  langue  qui  sont  d'origine 
obscure  élantnoinbreux...  En  somme,  lalinguistique  sur 
toute  cette  (|uestion  ne  peut  guère  fournir  que  des  don- 
nées négatives,  en  opposant  son  vélo  à  des  étymologies 
anciennes  et  modernes  lancées  àla  légère  '.  >>  Elle  fournit 
aussi  des  solutions  impossibles  à  vérifier,  lorsque  chez 
Klausen,  (|ui  a  démesurément  étendu  la  question  des 
Sibylles  en  l'embrouillant,  elle  suppose  que  leur  nom  est 
à  rapporter  à  quelque  idiome  asiatuiue". 

Mais  si  le  nom  de  la  Sibylle  est  par  lui-même  obscur, 
l'idée  générale  de  l'être  qu'il  désigne  est  des  plus  répan- 
dues, puisqu'elle;  est  commune  à  tous  les  peuples  de  race 
indo-germanique  et  que  toutes  les  religions  primitives 
de  cette  race  nous  en  offrent  des  personnifications  :  c'est 
l'idée  de  la  femme  douée  de  la  vertu  prophétique,  à  raison 
de  sa  nature  sensible,  plus  propre  par  conséquent  que 
celle  de  l'homme  à  entrer  en  rapport  direct  avec  l'esprit 
divin  et  à  en  dérober  la  science  :  clivini/as  et  fjiuvdam 
coe/ilum  sijrlelas  nnhiUssimn  ex  fetninis  in  Sibylla 
fuit  \ 

l'our  les  Grecs,  il  est  établi  que  dans  le  culte  doriiMi 
d'Apollon,  les  femmes  sontdevenues,  de  très  bonne  heure, 
les  interprètes  du  dieu,  et  en  vertu  delà  considération  où 


1  llnm.  //.  XX,  30K  s.|.  ;  //,/mm.  Aiihrod.  197  sr|.  ;  cf.  Diocl.  IV,  Ci;  ; 
FiiMi.  MalliL'in.  Vi,  :il  ;  Salin,  'i,  K;  liuslalll.  //.  XX,  21)9;  Clcm.  Aie».  Strom.  VI, 
5.  -  2  Virg.  ACH.  m,  117  ;  llcyl.c-WagiiiT,  Mil.  du  Virgile,  III,  p.  43  ;  llild.,  U- 
ffende  d'En^.e  anant  Viri/ilc,  p.  0  si|.  —  3  Houclié-iiCClcrC({,  Op.  /.Il,  p.  1 39,  iiol.  i 
pour  les  anciennes  élymologies.  V.  IMal.  l'katidr.  p.  ^44  ;  Varr.  ap.  Lacl.  1,  G,  S  ; 
I)io(i.  loc.  cit.  ;Sorv.  Acn.  111,  4*5  ;  VI,  li  ;  cf.  Klausen,  Aeneas  und  die  Penatcn., 
p.  219.  — *  CeUe  s.<liilion  négative,  nous  l'avons  reçue  sons  la  forme  d'une  noie, 
écrite  eiprès  pour  cet  article  el  (|ui,  trop  spi^cinle  pour  y  trouver  place,  sera  pu- 
hli/te  dans  une  revue  de  linguistitfue  ;  elle  a  pour  auteur  M,  Eni.  Ëniaull,  dont  le 
savoir  fait  loi  en  pareille  matière.  —  ■'  Klausen,  Inc.  cit.  et  i'rellwitz,  iitymo'. 
Woerterb.  der  i/riecli.  Sprache.  f  tiiH.  p.  411.  —  6  l'Iin.  Hist.  Vil,  33,  33  ;  cf. 
Grimni,  Deutsche  Mylhol.  1,  p.  349  S(|.,  4-  (■dit.  Ce  type  de  femme,  la  mytholo- 
gie gernianiipie  l'a  incarné  dans  les  Walkyries  et  les  INornes  ;  la  Velleda  des  Celtes  el 
des  Druides  est  en  g<>néral  une  tout  autre  eliose  que  la  Sibylle  de  l'Occident  euro- 
péen, Voy.  an  sujet  de  la  considération  doni  la  femme  jouit  chez  les  anciens  Ger- 
main-,   Tacil.    Oerm.  fi  et  les  conimenUileurs   ;    cf.  Ann.  11.    54;   et   Scrv.    Acn. 


la  race  tenait  leur  sexe  en  général,  et  à  cause  de  l'aptitude 
souvent  C()nstat(''e  de  la  nature  féminine  pour  h'  (hdire 
extatique  [niviN.\Tio,  ouaiuiu'mI''.  C'est  ainsi  quel'on  cite, 
eniiune  prophétesses  attachées  au  culte  d'Apollon,  Mantn 
à  Isniène  età  Claros,  laquelle  dans  la  légende  postérieure 
est  une  l'ylhie  identique  à  Dapliné  el  devient  la  Sibylle 
thébaine''*  ;Cassandra  à  Thymbraea,  dont  Homère  ignore 
encore  les  facultés  divinatoires,  mais  qui  par  l*indare  déjà 
est  apptdée  la  «  Vierge  prophéti((ue  »  et  dont  les  i)rédictions 
sombres  et  farouches  ont  le  caractère  même  qui  sera  celui 
des  Sibylles  '\  Eschyle,  qui  ignore  la  Sibylle,  dans  la  scène 
fameuse  de  VAtjnmemnon  où  il  fait  dialoguer  Cassandra 
avec  le  chœur,  lui  prête  le  langage  et  l'attitude  délirante 
qui  seront  ceux  des  Sibylles'".  Si  au  lieu  de  comparer 
celles-ci  avec  les  héroïnes  de  la  légende  qui  ont  possédé 
le  don  de  prophétie,  on  les  raj^proche  des  Pythies  de 
Delphes,  lesquelles  sont  dans  l'histoire  les  plus  anciennes 
d'entre  les  prêtresses  inspirées  par  Apollon,  les  ressem- 
blances ne  sont  pas  moins  frappantes.  En  fait,  il  n'y  a 
pas  de  diderence,  à  l'origine,  entre  les  Pythies  et  les 
Sibylles;  quand  sous  l'inlluence  de  causes  diverses  dont 
il  sera  question  plus  loin,  celles  ci  deviennent  devant 
l'opinion  gréco -romaine  les  prophétesses  par  excellence, 
le  nom  de  Sibylle  servira  à  désigner,  suivant  la  définition 
des  lexicographes  et  des  grammairiens,  toute  vierge, 
toute  femme  à  qui  les  dieux  ont  accordé  le  don  de  pro- 
pluHie  ". 

Cependant,  le  nom  même  de  Sibylle  n'apparait  ]iour  la 
première  fois  que  dans  un  texte  d'Hi-raclite  d'Eplièse, 
qui  nous  a  été  conservé  par  Plutarque.  Le  philosophe 
parlant  des  prophéties  de  la  Pythie  dit  que  le  dieu  de 
Delphes  ne  dévoile  ni  ne  dérobe  aux  hommes  l'avenir, 
mais  qu'il  fournit  des  indices  pour  les  conjecturer;  et,  à  ce 
sujet,  il  dé[ieint,  dans  le  style  heurté  et  obscur  qui  lui  est 
habituel  '-  «  la  Sibylle  qui  d'une  bouche  délirante  profère 
des  oracles  sans  joie,  sans  ornement,  sans  parfums,  que 
sa  voix  fait  résonner  pour  mille  années  sous  rinfiiience 
du  dieu.  «Ce  tt-moignage,  dont  l'authenticité  estdiflicile- 
ment  contestable  '\  n'est  guère  postérieur  aux  dernières 
anni'cs  de  la  royauté  romaine,  au  temps,  par  conséquent, 
où  la  légende  mentionne  les  premiers  rapports  de  Rome, 
personnifiée  par  Tarquin  le  Tyran,  avec  la  Sibylle  qui  y 
aurait  apporté  les  livres  mystérieux  de  la  destinée  ".  Mais 
en  Grèce  celte  Sibylle  uniiiue  va  rester  la  seule  connue 
jusqu'aux  temps  d'Alexandre  le  Grand,  et  connue  dans 
les  conditions  telles  que  ni  la  poésie,  ni  l'histoire,  ni  l'art 
n'ajoutent  rien  à  la  description  sommaire  dont  nous 
sommes  redevables  à  Heraclite.  Si  l'on  remarque  que 
Hi'rodote  '•',  dontle  goût  pour  les  légendes  pittoresques  et 
les  manifestations  variées  de  la  superstition  est  notoire, 


m,  44"'  :  Silitjlla...  dicitiir  omnis  piiella  cujus  pectus  numen  recipit.  Cf.  l'ompnn. 
Mel.  ;t,  S.  —  7  K.-l''.  llcimann,  Lchrbucli  der  Goelterd.  Altcrthiim.  der  Cri.rli. 
■i'  «dit.  p.  iiO  sq.  ;  Klausen,  Dp.  cit.  p.  SiO  sq.  —  8  Virg.  Aen.  X,  199  ;  Ovid. 
Met.  VI,  157  ;  Paus.  IX,  10,  3.  —  3  l'ind.  Pyth.  XI,  49  ;  cf.  Schol.  Hom,  //. 
XXIV,  C99.  —  10  Aesch.  Again.  114  sq.  ;  avec  la  note  de  Blomlicld  sur  le  passage. 
Elle  est  appelée  Oio.ifos  (IISO),  comme  la  Sihylle  l'est  par  Platon,  Phaedr. 
p.  u\.  —  U  Scrv.  Aen.  111,445;  Isid.  Orig.  VIII,  8;  Suidas,  v.  v.  îvi  ô.dn«ti  a\ 
driliei'ai  (lavriSeî  ,ivo;«i.jlYiiaï  SiSuiliai,  etc.  —  li  Chez  l'Iut.  De  Pyth.  urac.  6  et  21. 
—  13  Klausen,  op.  cit.  p.  214,  proteste  avec  raison  contre  l'opinion  qui  veut  que  le 
texte  rapporté  par  IMularquc  ail  pour  auteur,  non  Heraclite  d'Ephése,  mais  un 
mythographe  ilu  même  nom,  contemporain  de  Trajan.  —  14  Varr.  ap.  Lact.  Jnst.  1.  C, 
111  s.|.;  Dion.  Mal.  IV,  lii:  l'Iin.  tfisf.  )i.  XIII,  27,  XXXIV,  11,SS;  Aul.  Gell.  I,  19  ; 
Serv.  Aeii.  VI,  72;  \.  \.y,\.  Mens.  IV.  34;  Cf.  Schwe.ïler,  /!„cm.  Gesrhichte,  II, 
p.  SOI.  —  15  liouché-l.eelfrc'i,    II,  p.    i:i9,   admcl    i|ue  lli-ro.lc.lc  a  du  lonnaitre  la 

Siliylle,  mais  que  de  parli  pn~,   ~cmi.,  l'iiill irc  .l.s  picHres  de  Delphes,  il  s'abstint 

d'en   parler. 


SID 


I2S9  — 


SIB 


ne  \r,\vlv  nulle  pari  de  la  Siliylle,  alui»  (jue  l'occasion  s'en 
otl'ril  souvenl  à  lui,  on  peul  ul'lirincr  que  celte  person- 
nilicalion  f(''aiinine  de  l'esprit  propluHiqiic  dut  rester 
coniluée  pendant  un  siècle  et  demi  dans  des  centres  de 
médiocre  renom  et  considérée  par  l'opinion  comme  un 
produit  importé  de  quelque  culte  élranj;er.  C'est,  d'ail- 
leurs, avec  ces  dispositions  (|u'eii  parle  Arislopliaiie,  donl 
la  verve  aime  à  s'cxercersiir  lescroyanees  superstitieuses. 
Le  verbe  ciZ-AXiiv  ((u'il  a  forgé,  lui  sert  pour  désigner  les 
<tivagation3  du  vieux  Démos,  au  cours  de  la  guerre  du 
l'éloponèse,  période  où,  comme  plus  lard  chez  les  Uo- 
mains  pendant  les  guerres  Puniques,  les  désasires 
répétés  orientèrent  les  esprits  vers  une  religiosité  mala- 
dive'. La  même  nuance  se  retrouve  dans  la  comédie  de  la 
J'aix  :  après  une  allusion  assez  énigmatique  à  l'autorité 
d'Homère  en  matière  de  prescriptions  pieuses,  qu'un 
personnage  seinblecontesterau  nom  de  laSibylle,  quand 
le  moment  est  venu  de  partager  les  viandes  du  sacrifice, 
le  partisan  de  la  tradition  antique  engage  le  novateur  à 
inuiiijer  In  Sibylle,  c'est-à-dire  à  se  contenter  de  viande 
creuse  -.  La  croyance  à  la  Sibylle  est  bien  pour  .\risto- 
pliane  de  l'ordre  des  superstitions  absurdes  et  ridicules. 
Cependant,  la  philosophie  de  son  temps,  qui  n'a  pas  les 
mêmes  raisons  de  polémicjue,  en  parle  avec  une  considé- 
ration relative  par  la  bouche  de  Platon  '.  Pour  celui-ci, 
la  Sibylle  est,  avec  la  Pythie  de  Delphes  el  les  prétresses 
de  Dodone,  au  nombre  des  prophétesses  inspirées  qui 
déchirent  les  voiles  de  l'avenir.  En  même  temps  qu'il 
l'associe  à  ces  figures  de  la  religion  oflicielle,  il  nomme 
Pakis,  un  cliresniologue  de  sexe  masculin  donl  l'autorilé 
fut  si  grande  que  sa  personnalité  se  multiplia,  chaque 
pays  voulant  en  avoir  un  qui  lui  appartint  en  propre". 
Le  plus  éminent,  qui  engendra  les  autres,  était  Bakis  de 
Béotie  dont  les  oracles  furent  célèbres  durant  les  guerres 
Médiques,  de  même  que  les  oracles  des  frères  Marcii 
devaient  l'être  dans  Home  au  temps  des  guerres  avec 
Cartilage^.  Son  existence  était  purement  mythique  et  on 
le  disait  instruit  par  les  nymphes  ;  question  de  sexe  mise 
à  part,  les  Bakides  el  les  Sibylles,  qui  vont  se  multiplier 
comme  eux,  sont  des  produits  semblables  de  l'imagina- 
tion religieuse  que  surexcitent  les  événements  extraor- 
dinaires ''. 

C'est  chez  Arislote  que  nous  les  retrouvons  associés,  au 
pluriel  cette  fois  les  uns  et  les  autres  ;  et  le  philosophe 
interprète  leur  faculté  prophétique  ou  plutôt  leur  préten- 
lion  à  cette  faculté,  par  une  complexion  morbide''  ;  en 
même  temps,  un  de  ses  disciples  immédiats  nous  apprend 
que  la  première  Sibylle  est  contemporaine  de  Solon  et 
de  Cyrus*.  De  tous  ces  écrivains,  le  seul  dont  on  puisse 
conjecturer  qu'il  a  vu  et  fréquenté  une  Sibylle  est  Hera- 
clite. C'est  qu'KpIièse  d'où  le  philosophe  est  originaire 
est  située  dans  la  région  où  la  légende  et  l'histoire  pla- 

I  Arist.  Ei/uit.  01  et  li's  coinniciilalciirs.  —  2  IJ.  i'ujr,  1095,  IllB.  Cf. 
J.  Giraril,  La  Jtuligion  dtiiis  Ariiitujifiane,iiaii!ê  la  Itevw:  tics  /Jeux-Mondes^  1S7S, 
1"  août,  15  norcnikri.'.  —  3  l'iat.  l'hued'.  p.  i4l;  Ihemj.  p.  liS.  —  S  Sur 
I  i<Juiililé,  au  iiuinl  de  vue  île  la  JilTusiuii,  <lc  liakis  ut  >io  la  SILiylli;,  >.  l'ausau.  IV, 
i7,  2  ;  IX,  17,  4  ;  X,  li,  6;  Herod.  Vlll,  20  et  77  ;  IX,  43  ;  Hlat.  Tlieaij.  toc.  cil.  ;  Cic. 
l/ir-n.  I,  18,  34.  IlL'i-O'Iotc,  Aristophane,  Platon  et  Cicfrou  non  connaissent  qu'un; 
plus  tard  ou  en  admet  jusc|u'à  trois;  l'iut.  Pi/lh.  Or,  (0;  Acl  \'«r.  Hi.il.  tl, 
35;  Schol.  Arist.  Eguil.  Ii3,  etc.  Aristole,  f'robl.  30,  I,  les  nomme  au  pluriel,  en 
mfmelemps  i|uc  les  Sibylles,  alors  que  Flalon  {Plincdr.  lac.  cil.)  les  associe  au 
siiiprlier.  IJI.  l'.ol.crr,  l-fijcl,,-,  1.  II.  r,|  sq.  — '•  l'our  lassimilaliou  des  .Sibjlles  et 
des  (rires  Marcii,  v.  Scr>,  ad  Virg.  Icn.  VI,  7li.  —  »  Cf.  Klauscu,  Up.  cit.  p.  iïf'. 
—  7  frobl.  30,  1.  —  8  .-icliol.  Plat,  l'haedr.  p.  315  ;  Suid.  v.  5;;Si,>.-/i«. ;  cf.  Lacl.  I, 
0,  M,  d'après  Mcraclides  l'ODticus,  conlcniporaio  d'Aristotc.  —  '>  Boucbé-Leclercq, 
Op. cit.  I,  p.  133.  —  lOSniil.  j.  i.'.;Uion.  liai.  I,  5.'i  :  Hlô'MnUni^finiiiLjiuft.iiLut^i, 

VIII 


cent  le  berceau  delà  plus  ancienne  Sibylle.  Mais  avant 
d'aborder  ce  point,  il  est  possible,  en  nous  aidant  de 
témoignages  plus  récents,  de  définir  d'une  façon  plus 
précise  el  l'être  de  toutes  les  Sibylles  en  général  el  les 
conditions  dans  lesquelles  s'est  éveillée  el  exercée  leur 
faculté  prophétique. 

Un  de  leurs  historiens  récents  a  pu  dire  qu'elles  sont 
«  une  des  créations  les  plus  originales  et  les  plus  nobles 
du  sentiment  religieux  en  Grèce  '  ».  Dans  la  série  des 
êtres  forgés  par  l'imagination  mylliitjtie,  elles  occupent 
une  placeà  pari  :  elles  ne  sont  pas  d(!s  divinités  honorées 
d'un  culte;  et  quoique,  à  certains  points  de  vue,  elles 
rappellent  les  Nymphes  et  les  Muses,  soit  pour  leurs  ori- 
gines, soit  pour  leurs  fonctions'",  elles  ne  sont  pas  non 
plus  des  héroïnes  mêlées  aux  légendes  locales  et  appa- 
rentées aux  rois  el  aux  fondateurs  de  cilés  ;  moins  encore 
des  femmes  mortelles,  simples  prêtresses  à  la  façon  des 
Pythies  ou  des  uiekodcli,  bien  qu'elles  rendent  comme 
elles  des  oracles  ou  qu'elles  soient  attachées  au  service 
de  quelque  sanctuaire".  Si  elles  tiennent  à  la  fois  des 
héroïnes  rattachées  à  l'humanilé  par  leur  descendance 
cl  des  [)rêtresses  qui  ne  perdenl  pas  le  caractère  humain 
en  exerçant  une  fonction  sacrée,  elles  dill'èrent  d'elles 
parce  que,  comme  les  dieux  eux-mêmes,  elles  paraissent 
agir  et  prophétiser  en  dehors  des  conditions  de  la  durée, 
échapper  aux  lois  de  la  naissance  el  de  la  mort  et 
exister  par  elles-mêmes,  en  vertu  de  leur  tâche  surna- 
turelle'-. En  un  mot,  elles  sont  les  personnifications 
féminines  de  la  science  ijui  pénètre  l'avenir  par  une 
coiiimiinication  constante  avec  la  science  des  dieux. 
Totil  en  se  multipliant,  grâce  aux  rivalités  d'influence 
des  milieux  où  s'exerce  leur  action,  elles  sont  partout 
la  représentation  du  même  pouvoir,  comme  si  toutes 
ensemble  elles  n'étaient  ijue  la  même  voyante  recréée 
sur  divers  points,  par  la  puissance  du  dieu  donl  elles 
relèvent  el  qui  les  prolonge  ou  les  expatrie-,  sans  pour 
cela  les  remplacer  jamais.  Les  mythologues  qui,  dans 
un  besoin  d'ordre  scientifique,  leur  ont  fabriqué  des  généa- 
logies et  qui  les  ont  fait  voyager  partout  où  se  rencon- 
trent des  oracles,  n'ont  pas  réussi  à  eflacer  ce  caractère 
universel  de  leur  type'-'.  Parties  de  l'unité,  elles  y  retour- 
nent dans  l'opinion  de  leurs  fidèles  ;  la  Sibylle  de  Cumes 
qui  chez  Virgile  clôt  le  cycle  des  Sibylles  gréco-romaines 
à  la  fin  du  i"  siècle  avant  notre  ère,  est  identique  à  la 
Sibylle  la  plus  anciennement  connue  qu'a  dépeinte  Hera- 
clite, comme  elle  est  identique  àla vieille  femme  inspirée 
qui  vend  ses  prédictions  au  dernier  des  Tarquins. 

Cependant,  pour  qu'une  figure  de  Sibylle  surgisse  sur 
quelque  point  donné  du  monde  ancien,  certaines  condi- 
tions de  milieu  ont  été  nécessaires  :  Klausen  a  vu  juste 
lorstiu'il  a  montré  que  l'être  des  Sibylles  el  le  caractère 
de  leurs  oracles  s'expliquent  partout  en  vertu  des  mêmes 

nourrie  par  les  Muses  de  lllélicon:  l'iut.  l'ijlli.  Or.  '.1.  Cf.  Sol.  Il,  Is;  Haus.  X,  12; 
1  sq.;  C.  Fr.  Ilerinann,  Op.  cil.  5  37,  4  et  îi;  el  Klausen,  Op.  cil.  p.  207  sq. 
—  Il  l'our  les  l'ylliies,  v.  Euri]..  Joii,  l:i.i7  ;  l'iut.  l'ijlli.  or.  ii  et  ii:  l>iod.  XVI.  ïfi, 
el  les  représentations  ap.  Jahn,  Vaienbilder,  p.  2  sq.  ;  Arcliacol.  Zeit.  1853,  p.  131 . 
Cf.  Houché-Lcclercq,  Op.  cil.  I,  351,  361  ;  II,  I4i  sq.  ;  152  sq.  —  '2  Cf.  Bouclié- 
LcclcrC((,  i6.  Il,  135,  qui  les  appelle  des  dimniti's  inttclierées:  chez  Cicéron,  IHoin. 
1.  2,  4  ;  18,  34,  la  Sibylle  prend  un  tel  caractère  d'Iiuuianilé  qu'il  la  compare  avec 
Epimènide.  Cf.  Phlcg.Trall.  .Uirab.  4.  —  "  Klausen,  Op.  cit.  p.  ils  «).  et  224  où 
il  V  a  une  tentalire  d'interprétation  qui,  comme  beaucoup  d'autivs  du  même  auteur, 
part  de  faits  réels  p.iur  al..,utir  i  des  conclusions  uiadnussibles  :  «  l'arloul  où  l'on 
rencontre  des  Sibylles,  il  y  a  des  oracles  ;  mais  les  Grecs  dKurope  ont  des  oiaeles 
el  point  de  Sibylles;  les  Germains  n'oul  iioint  dorades.  El  ce|ieiidanl  ils  ont  une 
Velléda  et  des  Walkyrics  ;  les  Komains  nont  pas  d'oracles  (.'),  mais  la  liaditiou 
sulideinenl   maintenue  de  ccm  de  la  Sibylle    -. 

tG2 


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SIB 


|ilu''iioiiiènes  de  la  nature  et  par  la  présimce,  dans  les 
lieux  où  ces  phénomènes  se  rencontreni,  d'un  culle 
d'Apollon  '.  La  mère  mylliique  de  la  plus  ancienne  des 
Sibylles  est  Hydolé,  c'esl-à-dire  une  nymphe.  Ses  pro- 
phélliics  sont  la  voix  des  eaux  qui  coulent  et  celle  des 
venls  qui  s'engoufl'renl  dans  le  creux  des  récifs  et  des 
cavernes,  dont  la  résonnance  prend  dans  certains  cas 
comme  une  articulation  de  paroles  intelligihles  -.  Kt  les 
oracles  se  lixenl  dans  l'assemblage  varié  des  feuilles 
d'arbre  l'mporlées  à  l'aventure  et  (]ui  tendent  à  former 
comme  une  sorte  de  document  écrit,  jus(iu'à  ce  que  les 
causes  qui  l'ont  produit  le  dispersent  à  nouveau  pour 
l'anéantir  ^.  Voilà  les  premiers  éléments  de  la  divination 
par  les  Sibylles,  ce  qui  en  explique  l'inllnie  variété,  le 
mystère  et  l'inconsistance.  Il  y  en  a  un  autre  qui  n'a  pas 
été  moins  bien  relevé  par  Klausen  :  c'est  la  nature  volca- 
nique, ignée  du  sol,  où  l'esprit  prophétique  opère  par 
une  sorte  de  coramunicalion  avec  le  feu  intérieur.  La 
terre  aride  et  rougeàlre,  les  émanations  sulfureuses  se 
retrouvent  dans  la  plupart  des  lieux  où  l'imagination 
plaçait  un  oracle  Sibyllin;  c'est  le  cas  pour  Gergis  et 
Marpesoss  en  Troade,  pour  Erythrée  d'Ionie,  pour  Cumes 
et  même  pour  la  Sibylle  apocryphe  de  Tibur  en  Italie  '. 
Cette  coexistence  des  rochers  à  l'aspect  fantastique  et 
sinistre,  de  l'eau  qui  coule  souterraine  avec  de  sourds 
mugissements  et  enlin  des  phénomènes  volcaniques  est, 
d'ailleurs,  en  harmonie  avec  la  physionomie  même  de  la 
Sibylle  qui  en  est  l'inlerprèle.  Celle-ci  nous  est  présentée 
partout  comme  une  femme  d'âge  indéterminé,  au  tem- 
p('rament  sauvage,  emporté  et  triste,  qui  se  confine  dans 
uni'  inilexible  virginité  '■.  Et  ses  oracles  n'ont  besoin 
d'aucun  appareil  cultuel  comme  ceux  de  Delphes  et  des 
temples  élevés  à  Apollon  dans  les  milieux  civilisés;  la 
science  de  l'avenir  passe  direclemenl,  sans  aucun  inter- 
médiaire factice,  dans  celle  de  l'être  surnaturel  (fui  la 
communique  aux  hommes  ''.  Enfin,  celle  science  est 
généralement  subordonnée  à  quelque  événement  funeste 
ou  terrifiant,  soit  qu'elle  l'annonce  simplement,  soil 
qu'elle  suggère  le  moyen  d'en  conjurer  les  consé- 
quences ''. 

Comment  la  Sibylle  qu'Heraclite  a  rencontrée  au 
VI''  siècle  dans  l'Ionie  asiatique,  au  voisinage  d'Ephèse, 
s'est-elle  répandue  en  se  multipliant  à  travers  le  monde 
hellénique  pour  aborder  sans  doute,  plusieurs  siècles 

1  Klausuu,  Op.  cit.  p.  205  sq.  ;  noies  320  sq.  —  2  Suid.  s.  i\  Pour  la  caiacléris- 
liquc  lies  lieux  où  s'est  im|j|.iiilC'C  la  divination  sibylline,  v.  Paus.  X,  12,  3  et  li 
Cf.  l'ouc|Ucvillc,  Voyaijt  dans  la  Grèce,  H,  p.  2*8);  Steplj.  liyz.  Mi«jn,c;6(;  Strab. 
V,  215;  Mart.  XIV,  114;  Vilr.  Il,  7,  1;  Amm.  Marc.  X,\l,  1;  Hccal.  Mil. 
Jù-aym.  3t'J.  —  3  Virg.  Acti.  III;  41V;  VI,  74;  ib.  43;  cf.  Hor.  Od.  i, 
7,  12:  doinus  Àlliimme  resonaiitis  ;  cette  nymphe  de  Tibur  fui  appelée  Sibylle; 
vid.  infra.  III.  V.  encore  Serv.  ad  Aen.  aux  passages  cilé's.  —  *  V.,  outre  les 
leiles  cilés  plus  liaul.  l'rop.  IV,  I,  W;  Virg.  Aen.  VI.  3;  Sil.  liai.  XIII,  7S(.. 
Une  légende  greci|uc,  exploitée  par  Euripide,  fait  de  l.aïuia,  Mlle  de  l'oscidon 
cl  persounilicalion  île  l'abime  (xi  iciii.i»  yàafiaT».),  la  inére  île  la  Sibylle  ;  Scliol. 
l'Ial.  l'Iuicdi:  p.  315;  Varr.  ap.  Lacl.  I,  G.  S;  Diod.  XX,  41  ;  l'aus.  X,  12, 
I.  Près  de  l)el)'l)es,  l.ainia  a  sou  repaire  dans  une  caverne  du  mont  Kirphis  ;  cf. 
Anton.  I.ib.  8.  A  KryUirée  on  faisait  naître  et  vivre  la  Sibylle  dajis  un  antre  du 
mont  Korykos;  l'aus.  X,  12-7.  La  Sibylle  de  Cuuics  demeure  dans  une  grulle  près 
du  (Icuve  Kélos  lionl  les  eaui  sont  pélrilianles  ;  Pseudo  Arisl.  Mir.  Ausc.  W. 
—  5  Serv.  ad  Aen.  VI,  3ÎI  ;  Virg.  Aen.  VI,  10  sq.  ;  3",  sq.  ;  42  sq.  ;  appelée  cirgo, 
ihid.  45  ;  77  sq.  ;  Ov.  Fait.  IV,  873;  III,  b34  ;  IV,  158;  Met.  XIV,  132-152;  Mart. 
IX,  30;  l'clron.  Snlyv.  IS.  Klle  est  .ippeléc  encore  cus/a  cliez  Virg.  Aen.  V,  735; 
innul/a  ap.  Ov.  Xm;.  cil.  142.  —  0  Lucr.  I,  740;  Tac.  Ann.  II,  54;  Plut.  Pylh. 
or.  'J  ;  Jambl.  AJyst.  III,  2  ;  Clirysosl.  //o»ie(.  20  ;  in  Cor.  22.  Cf.  Klausen,  p.  212  ; 
224  ;  tiouclié-LecIercq,  II,  p.  159.  —  ^  Vid.  infra  IV,  les  livres  Sibyllins  ;  cl 
i.Luiivuu,  p.  433,  2  SI).  —  »  V.  la  Ibéoric  de  la  légende  géographique  ap.  Ilild, 
Légende  d'Énée.\t.  17  sq.;  pour  la  dillusioii  des  Sibylles,  v.  liouché-LecIerci,  ". 
p.  104  sq.  —  '■>  Ilild,  p.  20  sq.  ;  cf.  Mommsen,  /Jist.  Itom.  Irad.  Alexandre,  II, 
304  :  «  Chez  les  Ijrecs  la  légende  suit  pas  ii  pas  el  partout  les  connaissances  géogra- 


avant,  par  l'émigration  ionienne,  à  Cumes  d'Italie?  Celle 
diffusion  est  un  des  exemples  les  plus  frappants  de  la 
faculté  qu'ont,  non  pas  seulement  les  croyances,  mais  les 
personnilications  mythiques,  de  se  reproduire  à  la  faveur 
des  migrations  de  peuples  *,  partout  où  ceux-ci  vont 
fonder  une  nouvelle  patrie'.  Mais  tandis  que  les  héros 
dont  le  type  le  plus  frappant  est  Énée  que  la  légende  fait 
vivre  el  mourir  dans  le  même  temps  sur  des  rivages 
divers,  n'ont  qu'une  existence  fabuleuse,  malgré  les 
ellorls  tentés  par  leurs  adorateurs  pour  leur  en  donner 
une  historique  '",  les  Sibylles  coexistent  réellement 
plusieurs,  sans  que  leur  personnalité  voyage,  par  le  seul 
fait  de  la  diffusion  du  culte  dont  elles  sont  les  ministres 
et  des  oracles  qui  sont  l'attrait  principal  de  ce  culte. 

Lorsqu'on  remonte  des  Sibylles  les  plus  récentes  vers 
celle  qui  a  le  point  de  départ  le  plus  lointain,  on  aboutit 
à  une  femme  dont  l'action  prophétique  s'est  exercée  non 
loin  de  Troie,  dans  une  région  où  Hérodote  nous  apprend 
que  la  royauté  de  Priam  a  survécu  après  la  ruine  de  la 
ville  el  dont  le  centre  le  plus  important  est  la  ville  forte 
de  Gergis  ou  Gergithe,  dans  les  forêts  de  l'Ida.  Cette  ville 
possédait  un  temple  d'Apollon  et  un  oracle  interprété 
par  une  Sibylle".  Un  peu  plus  au  nord  se  trouvait  un 
bourg,  situé  dans  un  lieu  sauvage,  du  nom  de  Marpessos, 
qui  partagea  avec  la  ville  l'honneur  d'avoir  abrité  ou 
cette  même  Sibylle  ou  une  prophélesse  analogue  '-.  Les 
habitants  de  la  région  entretenaient,  dès  la  plus  haute 
antiquité,  des  relations  avec  la  ville  de  Cymé  d'Eolie,  dont 
les  émigrants  colonisèrent  au  xi"  siècle  av.  J.-C.  la  ville 
de  Cumes  sur  le  golfe  de  Naples,  y  transportant  avec  eux 
le  culte  d'.VpoUon  el  les  oracles  de  la  Sibylle  '■'.  Et  comme 
Gergithe  avait  partagé  sa  propliétesse  avec  Marpessos, 
Cymé  devait  retrouver  la  sienne  à  Erythrée,  située  plus 
au  sud  sur  le  golfe  Herinéen,  voisine,  d'autre  part,  de 
Colophon  el  d'Ephèse  où  l'on  signale  également  une 
Sibylle'''.  Toutes  les  traditions  concordent  ainsi  à 
faire  du  pays  qui  borde  l'IIellespont  el  la  mer  Egée, 
depuis  llion  et  Alexandrie  de  Troade  jusqu'à  Ephèse  el 
à  l'ile  de  Samos,  le  berceau  des  oracles  mis  sous  le  nom 
des  Sibylles,  pour  les  rattacher  à  une  première  Sibylle 
qui  serait  originaire  de  Gergithe'^. 

La  priorilé  de  celle  Sibylle  Marpésienne  ou  Troyenne, 
appelée  Hérophilé,  fut  disputée  au  cours  des  âges  par 
Erythrée,  colonie  ionienne"  ;  en76av.  J.-C,  c'eslen  effet 

phiques  à  mesure  ({u'clles  s'étendent  ;  el  les  romans  sans  nombre  de  leurs  naviga- 
teurs errants,  Iransformenl  en  une  sorte  de  drame  les  descriptions  de  la  terre  qu'ils 
nous  ont  laissées.  »  —  10  Hcrod.  V,  122,  VII,  43  ;  Slrab.  XIII,  p.  589  ;  Alhen.  VI, 
256  ;  cf.  Sol.  Il,  18.  Cf.  Ileync-Wagner  (lidil.  de  Virgile),  Excursus  3  au  livre  VI  ; 
0.  Muoller,  die  Dorier,  1,  p.  322;  Schvvcgicr,  Jloem.  Ccscli.  I,  p.  312  sq. 
—  "1  Slcph.  Byz.  Vifii^'i  MipiJir.aiii;.  —  12  l'aus.  X,  12,  2  ;  Schol.  Plat.  l'haedr. 
p.  01  et  315;  pour  l'oracle  de  Mei-niessos  ou  Marpessos,  v.  Tib.  Il,  o.  I.a  S.  Mar- 
pesia  élait  idenlique  avec  la  .'^.  Ueilespontia.  —  '^  Il  y  a  des  monnaies  de  Cymé 
en  Kolie  qui  purleul,  avec  l'image  du  cheval,  une  tète  de  femme  tout  il  fait  analu* 
gue  il  celles  qui  représeulenl  la  Sibylle  sur  les  monnaies  de  (Colophon  el  d'Érylhrée; 
voy.  nos  ligures.  Cf.  Virg.J™.  VI,  4i,  et  Ov.  Fast.  IV,  257  qui  appellent  la  Sibylle 
de  dîmes  Eubéenne  en  souvenir  de  Cymé  d'Eubée,  colonisée  par  les  Eoliens  —  '  ^  He- 
racl.  Pont.  an.  Lacl.  Jnst.  I,  6,  12;  Paus.  X,  12,  3;  Schol.  Plat.  Pluiedr.  p.  315  ; 
Clein.  Alex.  ^trom.  I,  108.  CI".  Bouché- Lcclcrci|,  II.  p.  108  sq.  —  1^  Une  monnaie 
d'Alexandrie  nous  donne  probablement  l'image  d'une  Sibylle  sous  les  traits  d'une 
femme  valieinanl  au  dessus  d'une  grolle  ;  devant  elle  est  un  berger  debout  appuyé 
sur  son  kilon  et  un  bélier  ;  Mioniiet,  Descript.  Il,  p.  643,  u"  99  et  Klausen,  p.  G9, 
noie  203.  0.  Mueller  après  Klausen  en  a  pris  lesle  pour  établir  la  libation  de  la 
Sibylle  de  Curaes,  que  va  cousuller  Enée  lors  de  sou  arrivée  en  Italie,  et  la  migra- 
tion fabuleuse  du  héros  troyen  vers  l'Occident  avec  son  admission  dans  la  lé- 
gende des  coramencemeols  de  Rome.  —  lii  0.  MuclIcr,  Op.  cit.  cl  l'opuscule 
K.vplicantiir  causae  fubuhie  de  Aeneae  in  Ilaliam  advenlii,  Classic.  Juurn. 
1822,  p.  308  sq.;  Klausen,  Up.  cit.,  Aeneas  als  Ji inwunderer ,  p.  250  s(|.  ; 
313  sq.  ;  cf.  Hild,  Légende  d'Énée,  p.  2'J  sq.  ;  Scliwcgier,  Jioeni.  (Jescli.  I, 
p.  312  sq. 


SIB 


—    1291  — 


SIB 


à  Rrylliroc  ot  ;'i  Samos,  ilc  voisine,  que  le  Sénat  et  les 
nécenivirs  S.  1".  allèrent  clierilier  de  iJi-éférence  1(^  pur 
es|ii'il  (le  la  prophétie  Sibylline'.  Gergiliie,  d'ailleurs,  à 
celte  époque,  n'était  plus  qu'une  humble  bourgade  plus 
délaissée  encore  qu'llion  et  beaucoup  moins  connue'-'. 
Il  s'était  produit  pour  la  Sibylle  un  phénomène  analogue 
à  ei'lui  qui  avait  multiplié  les  prétentions  des  villes 
d'Asie  Mineure  à  l'honneur  d'avoir  enrant(!  Homère  ". 
Colophon  qui  possédait  un  oracle  que  l'on  consultait  par 
le  moyen  de  l'eau  et  une  Sibylle  qui  buvait  l'inspiration 
à  la  source  sacrée,  revendiquait,  elle  aussi,  une  priorité 
fondée  sur  la  renommée  de  son  culte;  et  Colophon  avait 
jKiur  rivale  Samos  où  prophétisait  une  Sibylle  nommée 
l'Iiylo  '.  On  a  conjecturé  avec  raison  que  la  tête  de  femme 
à  l'expression  grave  qui  figure,  avec  les  emblèmes  du  lau- 
rier et  de  la  lyre,  sur  certaines  monnaies  de  Colophon,  re- 
présente la  Sibylle.  Dans  tous  ces  lieu.x  existait  un  culte 
célèbre  d'Apollon,  et  les  légendes  locales  faisaientde  leur 
Sibylle  ou  la  fille  ou  la  sœur  ou  même  l'amante  du  dieu  '. 
Il  était  inévitable  que  les  Sibylles,  dans  tout  l'attrait  de 
leur  nouveauté,  tendissent  à  se  substituer  dans  les  tem- 
ples d'Apollon,  par  toute  la  Grèce,  aux  prêtresses  tradi- 
tionnelles qui  y  rendaient  des  oracles.  Du  moins  celte 
substitution  est-elle  un  des  faits  saillants  de  l'histoire  des 
Sibylles,  telle  qu'elle  s'établit  au  déclin  du  paganisme, 
au  gré  de  la  fantaisie  des  Périégètes  et  sous  l'influence 
du  philosophisme  religieux'.  Il  est  probable  qu'àClaros, 
à  Samos,  à  Délos,  où  l'on  signale  des  Sibylles,  celles-ci 
n'ont  été  que  les  remplaçantes,  plus  nominales  que 
réelles,  des  anciennes  Pythies  ;  du  moins  à  Delphes, 
c'est  ainsi  que  se  passèrent  les  choses".  La  Pythie  y  fut 
un  jour  identifiée  avec  la  Sibylle;  on  disait  que  comme 
telle,  elle  buvait  l'eau  de  la  fontaine  de  Castalie  jaillissant 
du  rocher  en  face  du  Bouleiilérion;  et  l'on  racontait  que 
née  avant  la  guerre  de  Troie,  elle  avait  rendu  des  oracles 
dont  Homère  aurait  accueilli  les  vers  dans  ses  poèmes.  Et 
quand  la  Sibylle  se  fut  ainsi  installée*  au  centre  par 
excellence  du  culte  d'Apollon,  la  légende  delphique 
s'attacha  à  établir  la  priorité  de  la  Pythie  sur  la  Sibylle 
qui  avait  pris  sa  place  ;  celle-ci  ne  fut  plus  que  la  néocore 
d',\pollon  Sminliiien,  dans  le  sanctuaire  duquel  on  mon- 
trait son  tombeau.  Une  colonne  s'y  éles'ait,  témoignant 
par  une  inscription  des  services  qu'elle  avait  rendus  au 
dieu;  tout  auprès  étaient  érigées  une  statue  d'Hermès, 
dieu  de  la  persuasion,  et  les  images  des  Nymphes  dont 
la  Sibylle  avait  été  la  compagne  '.  Mais  qu'il  s'agisse 
du  rayonnement  de  la  religion  Sibylline  en  Troade  et 
dans  les  villes  de  l'Ionie  asiatique  ou  que  nous  la  sui- 
vions sur  le  continent  grec,  où,  d'ailleurs,  elle  n'a  joui 
que  d'une  médiocre  faveur,  c'est  sa  parenté  avec  le  culte 
d'Apollon,  jointe  à  son  caractère  mystérieux  et  étrange, 
qui  explique  sa  diffusion. 

I  .Serv.ail  Aen.  V1,S21  ;Tac.  Ann.  VI,  12;  Sipah.  XIV.  r.i5el.XVII,S!4;  l.acl.  ),f.,  tt 
—  3  Klli;  avait  M- déiruilc  par  Atlale.  oncle  de  l'Iiilippe  <lc  Macédoine,  en  3:i3  av.  J.-C. 
On  avait  mi^ine  inveiili'!  une  Hi) tlirée  en  l'ioade,  alin  dVIablir  la  lilial ion  de  la  Sibylle 
dionie  avec  la  plus  anciennement  connue;  llion.  Hal.  1,33.  —  i  Boiicliél.ecleici, 
II,  p.  \ï\  si|.  ;  p.  147,  noie.  —  ♦  .Suid.  s.  v.  v;,?„Uc<  ;  Arist.  ap.  Macr.  I,  18;  T.ic. 
,l,.,i.  U,  r,i:  Jandil.  Myst.  III,  2;  Tcb.  Il,  5,  08.  —  «  Mionnct,  III,  p.  Ti,  n-  |n4- 
liMl;  Siippl.  VI,  p.  O.i,  11"  9i-9.î.  Cr.  Klausen,  p.  21.",,  note  344.  — '•  Bernlianly, 
Ih-undrhs  lier  r/rhch.  Lilterat.  t.  Il,  p.  243  (i- édil.).  l'onr  l'auleiir  .pii  a  i-cnt 
sur  la  lillnralnre  sibylline  des  pages  aussi  documentées  ipie  judicieuses,  on  doit 
considérer  les  Sibylles  comme  relalivcmenl  récentes  et  isolées  ilans  l'Iiistoire  des 
cultes  grecs;  en  somme  elles  n'y  ont  p,-is  occupé  une  place  émiucnle.  —  ~>  f'iiit. 
P,jlh.  Or.  9;  l'ans.  X,  M,  1,  5;  Clem.  Alex  Strom.  I,  304;  lliod.  IV,  CO  :  Cliron. 
fasc.  p.  2111;  Sol.  Il,  8.  Pour  le  trépied,  emblème  de  la  Sibylle  v.  l'rop.  IV.  I. 
49;  Vaillant,  A'imiism.  Manlia;  cf.   infra,  V.  —  8   l'aus.  X,    12,  5  et  l,.  A   Delphes 


6391.  —  LaSibvIlcdedi 


Fig.  0392.  —  l.a  Sibylle 
d'Krvtlirée. 


.\  ces  témoignages  d'rirdro  littéraire  et  qui  seraient 
plus  di'monstratifs  s'ils  étaient  contemporains  des  faits 
et  des  légendes  qu'ils  expriment,  nous  pouvons  joindre 
quelques  monnaies,  elles-mêmes  d'une  époque  relative- 
ment récente,  qui  affirment  la  popularité  des  Sibylles, 
dans  les  centres  où  elles  peuvent  revendiquer  la  [iliis 
haute  antiquité.  La  plus  ancienne  de  ces  monnaies  est 
sans  doute  celle  de  Gergiliie  de  Mysie,  bourg  distinct  <lc 
(iergithe  de  Plirygie  où  nous  avons  rencontré  la  [ire- 
mière  Sibylle  el  où,  d'ailleurs,  au  tt'inoignage  de  Phlegon 
de  Tralles,  on  avait  aussi 
frappé  des  monnaies  à  son 
effigie.  Celle  de  Mysie  porte 
au  droit  une  figure  de  fem- 
me (quelques  interprètes  y 
ont  vu  une  tête  d'Apollon) 
qui  frappe  par  son  expres- 
sion grave  et  même  irritée; 

au  revers,  il  y  a  une  image  de  Sphinx,  qu'on  a  interprétée 
comme  un  symbole  de  prophétie  funeste  ou  de  châtiment 
consécutif  à  une  violation  des  prescriptions  de  la 
Sibylle  (fig.  6391)'».  La  sphynx  elle-même  est  appelée  chez 
Sophocle,  la  vierge  prophiUique  aux  ongles  crocluis  et 
l'on  a  conjecturé, avec  raison  semble- 
t-il,  que  son  type  farouche  a  dû  four- 
nir des  traits  à  celui  de  la  Sibylle  ". 
A  Erythrée  nous  trouvons  une  mon- 
naie dont  le  droit  représente  une 
tète  de  femme  aux  cheveux  hérissés, 
auxlrai  ts  irrités,  le  revers  un  flambeau  allumé  (  fig. 6392)  -. 
De  même  provenance  et  plus  intéressante  est  la  mon- 
naie qui  montre  une  femme  assise  sur  un  rocher,  le 
hautdu corps  nu, 
la  tête  en  partie 
voilée  par  la  dra- 
perie qui  enve- 
loppelesjambes, 
la  main  droite 
levée  dans  un 
geste  de  persua- 
sion que  l'on 
peut  interpréter 

par  un  geste  de  vaticination  ;  l'exergue  mentionne  la 
ofjLovoia  des  colons  deChio  qui  s'étaient  établis  à  Erythrée 
(fig.  6393)  '^  Ces  représentations,  avec  celles  de  Colo- 
phon et  d'Alexandrie  en  Troade  plus  haut  citées,  ont 
toutes  le  même  caractère  indéterminé,  quant  à  l'identité 
de  la  Sibylle.  On  en  peut  dire  autant  d'une  monnaie  de 
Cumes  où  figurent,  en  plus  de  la  tête  de  femme,  soit  un 
oiseau  aquatique,  soit  un  crabe  sur  un  coquillage'-. 
L'interprétation  par  la  Sibylle  est  cependant  probable 
pour  toutes,  les  attributs  el  la  provenance  suggérant,  i)liis 

niémc!  la  Sibylle  s'idenlilia  avec  Arlémis,  ihid.  2  et  Suidas,  s.  i>.  Les  Iléliens 
avaient  des  liymnes  en  l'Iionnenr  il'Apollon  dont  la  composition  était  attribuée  \ 
la  .Sibylle;  cf.  Bouclié-Lcclercq,  II,  p.  179  sq.  —  0  0.  llucllcr,  A.riiv,  I, 
p.  341  si|.  —  m  Stepli.  Kyz.  r.>,.5.  I.a  monnaie  (notre  lig.  0391),  décrile  par 
le  lexicographe  qui  se  réfère  à  l'Iilégon  de  Tralles,  est  tirée  de  Klauscii,  Tab.  1. 
n"  11;  cf.  ilM.  p.  2(13  et  303,  note  430.  Dumursan,  Cali.  Ail.  pi.  m,  10 
et  p.  73  :  Mionnel,  Suppl.  V.  p.  3.5!),  tiennent  pour  une  létc  d'Apollon  ;  cf. 
du  même,  liescripl.  III,  n»  534.  Ces  monnaies  daleiil  des  temps  inacèdo- 
iiicns.  —Il  Soph.  (led.  K.  1200;  Scliol.  Eurip.  nhoen.  45.  Cf.  Bouché. I.cclcrci|,  II, 
p.  193,  note  1.  —  12  Uumersan.  ihid.  pi.  xiv,  24,  p.  85  et  Klausen.  Tab.  I.  12 
(=  noire  fig.  030J).  —  «3  Celle-ci  est  à  dater  des  Icmps  romains  ;  Dumcr.^an, 
pi.  XV,  I  et  Klausen,  Tab.  I,  13  ;  Mionnct,  Suppl.  VI,  p.  213,  n»=  ^>'n7.  948 
(=  nolic  ligure  6393).  —  U  Mionnct,  Suppl.  1.  p.  238,  n"  Ï7I,  270;  cf.  Klausen, 
p.  247,  note  402. 


6393,  —  La  Sibylle  rendant  *les  oracle 


SIB 


—  1292  — 


SIH 


encore  (]iit'  la  lélc  cUe-nièmc,  l'idéi'  de  la  vicrt^c  pro- 
pliéliquo.  Mais  s'il  fallail  une  preuve  que  la  personnalité 
«II-  la  Sibylle  n'a  obtenu  que  très  tard,  en  Hrèce,  la  renom- 
mée oftlcielle,  la  rareté  et  le  vague  de  ces  représentations, 
les  seules  connues  jusqu'à  présent,  sufliraient  '. 

II.  I.A  Sibylle  de  Cimes.  —  Il  est  question  d'elle  pour 
la  première  fois  dans  le  traité  de  Mirabilibus,  qui  porte 
II'  nom  d'.U-istole.  Mais  ce  traité  n'rsl  pas  d'At-islnh' ;  il 
a  dû  être  composé  au  |>lus  tôt  vers  l'an  240  av.  .!.-(".  <•  On 
montre  à  Cumes,  y  est-il  dit,  une  chambre  souterraine 
où  habite  la  Sibylle  de  Cumes  qui  y  rendait  des  oracles; 
on  raconte  que  née  à  une  époque  très  reculée  et  restée 
vierge,  elle  y  résida  durant  de  longues  aimées.  Les  unes 
la  prenaient  pour  la  Sibylle  d'I-lrylhrée;  d'autres,  qui 
habitent  l'Italie,  la  considèrent  comme  éla'nt  de  Cumes  ; 
d'autres  encore  l'appelaient  "  Melankraera  ».  Ce  dernier 
nom  de  Sibylle  est  connu  de  Lycopiiron  qui  la  fait  origi- 
naire du  mont  Ida''.  Si  vague  qu'il  soit,  le  témoignage 
des  Mirabilia  est  intéressant,  d'abord  en  ce  qu'il  parle 
de  la  Sibylle  de  Cumes  comme  d'une  figure  légendaire  à 
placer  dans  un  passé  lointain,  ensuite  parce  qu'il  la 
rattache  au  berceau  historique  des  premières  Sibylles, 
c'est-à-dire  à  Erythrée,  alors  que,  sous  le  nom  de  Melan- 
kraera, on  la  faisait  aussi  remonter  à  la  Troade  même 
qui  fut  leur  berceau  mythique:  c'est-à-dire  qu'elle  se 
confondrait  avec  la  Sibylle  Troyenne'.  Et  enfin  l'auteur 
se  réfère,  non  à  des  traditions  helléniques,  mais  au 
témoignage  des  Italiens  en  personne,  ce  qui  suffirait 
avec  d'autres  particularités  du  même  traité,  à  en 
rapporter  la  composition  à  une  (-poque  relativement 
récente,  dans  tous  les  cas  postérieure  à  Aristote'. 

Si  nous  rappelons  que  Cumes  fut  fondée  par  une  colonie 
venue  d'Eolie  en  l'an  1050  av.  J.-C,  peut-être  en  passant 
par  Chalcis  et  Erétrie  d'Eubée  où  existait  également  une 
bourgade  nommée  Cymé  ^  ;  qu'elle  édifia  sur  le  golfe 
de  .Naples  le  temple  d'Apollon  Zos/e'rios  dont  la  légende 
attribuait  la  fondation  à  Dédale  lui-même  %  il  est  légi- 
time déconsidérer  la  Sibylle  de  Cumes.  autant  du  moins 
qu'il  est  permis  d'appliquer  la  notion  du  temps  à  un  être 
fabuleux,  comme  contemporaine  des  plus  anciennes 
prophétesses,  telles  qu'on  les  peut  conjecturer  aux 
confins  les  plus  reculés  de  l'histoire  légendaire  en  Asie 
Mineure.  De  toutes  les  Sibylles  connues,  celle-ci  va  deve- 
nir, dans  le  monde  soumis  à  l'influence  de  Rome,  la  plus 
célèbre,  grâce  à  la  fable  d'Énée,  fondateur  d'une  royauté 
Iroyenne  dans  le  Latium.  Le  témoignage  des  Mirabilia 
nous  ilit  tout  ce  qu'il  est  possible  d'en  savoir  antérieu- 
rement aux  guerres  Puniques:  mais  on  racontait  à  Rome 


iilo-Arisl.  ilir.  Auxc.  ».î.  Ce  iMil.^  rpii  fisurc  sous  le  nom  d'Arisloli- «l.ins  lis 
•ils  collig^'s  |>ar  lIckLcr  n'csl  pas  nicniionnd  dans  les  IMrs  aiilh<'nlii|nos  il'oii- 
vraïM  i|ue  nous  oui  conservas  llesycliiiis,  I)io};<^iic  l.aëroc,  etc.,  ni  dans  celle  i|ui  fui 
réih-éc  par  loiilre  di'  l'ialrnli^e  l'Iiiladelphe  ou  de  l'iolénijc  KicrgMccl  ipie  Sleins- 
cliuiiilcr  a  reslanne  d'après  les  U\lesaialies(i5dil.  licrlin,  V,  p.  |  ifi.i,  p.  ilT.i).  Des 
r.-cueils  analogues  au»  Mirnlnlii  onl  été  aUrihuCs  aussi  .i  Ti.néc,  à  Ari^loxène,  à  Anli- 
gone  dcCary-U;.  La  p.irlie  la  pluséleuiluc  île  ce  dernier  (cli.  i".  ii  H5)  coulieuldis 
eilrails  de  Yllislorin  .Uiimalinm  irArislole.  Cf.  Wilaïuovilï,  .l„/i,onos  iim 
Kiirystos,  ISSI.  p.  in,  p.  3î  (note  couiuiunii|iiée  par  .M.  A.  Hiianil|.  —  =  l.ycoplir. 
Alex.  196*;  Ticli.  n./  /.  ;  Arrian.  ap.  luslalli.  //.  Il,  SIV.  Cr.  l'aus.  X.  li,  S. 
—  3  Bouché-I.eclercii,  U,  p.  I7S.  Le  sunioiii  a  sans  doute  élc  Uri'  de  lol.scurit6 
des  oracles  :  ohacuris  rein  iniolrens  (Virg.  Ai;n.  VI,  loO).  —  t  V.  Uild,  Uyenilv 
dlin^e,  \<.  18  si|.  La  couuaissanca  des  régions  occid'Utales  esl  vague  encore  cliei 
les  (irecs  au  lenips  d'Aleiandre  le  Grand  ;  cf.  Ilrojsen,  Athen  unit  der  W'eslen 
ver  der  sietlisclwn  /ij-pedition,  ISSi.  —  5  Eiiseb.  Oliron.  p.  100  (Edil.  Seal.)  ; 
SUal..  V,  4,  p.  39t;  Vcll.  l'alcrc.  I,  *.  l'our  Cynié  dAenlii-,  v.  Strab.  XIII,  6S2. 
-  I"  Virg.  iieii.  VI,  14,  avec  les  cumnicnlalenrs.  —  7  Dion.  Mal.  IV,  02-  v.  num- 
ffHu,  II,  i,  p.  4i6,  nolo  4.  les  antres  textes. —  «  .^erv.  ad  Aen.  W,  36;  72;  3:il. 
Cic.  /liiin.  I,  |K,  ;ii;  Lact.  I,  0.  Il  ;  U.  Cf.  KiauM-n,  p.  :iio  s((.  —  9  V.irrou  ral- 


que,  vers  la  fin  du  règne  de  Tarquin  le  Superbe,  une 
vieille  femme  d'allure  mystérieuse  vint  offrir  au  roi  un 
recueil  d'oracles  et  qu'à  partir  de  ce  temps,  ceux  de  ces 
oracles  qu'il  se  décida  à  acquérir,  furent  déposés  au 
Capitole,dans  le  temple  de  Jupiter,  parmi  les  monuments 
officiels  du  culte  romain  \  Comme  la  garde  en  fut 
confiée  à  un  sacerdoce  spécial,  celui  des  dui'mviri  sacris 
TAril  MHS,  insliliK'à  cet  efl'el  et  en  foiiclion  dès  les  didnits 
de  la  Ri''publi(|iie,  il  n'est  pas  l('mr'r;iire  d'artii'iiier  qu'à 
l'époque  même  où  Heraclite  décrivait  la  Sibylle  unique 
de  l'Ionie,  Rome  la  connut  sous  les  mêmes  traits  et 
avec  les  mêmes  prérogatives,  soit  par  Cumes  et  à  la 
faveur  de  la  propagation  du  culte  d'Apollon',  soit  par 
.\gylla  et  Caeré  d'Elrurie  qui,  dans  le  même  temps, 
entretenaient  des  relations  avec  Delphes  où  la  Sibylle 
d'Ionie  s'était  alors  acclimatée  ^ 

Cependant,  les  auteurs  latins  de  la  fin  du  m'  siècle 
av.  J.-C,  comme  Naevius,  suivi  de  près  parles  annalistes 
C.  Acilius  Glabrio,  Volcatius  etCalpurnius  Pison,  ne  con- 
naissaient encore  cette  Sibylle  que  sous  le  nom  de  Cinimé- 
rienne,  en  la  localisant  dans  la  même  région  volcanique 
que  la  Cuméenne  des  Mirabilia  et  de  la  légende  posté- 
rieure d'Enée'".  Le  mystère  géographique  que  cache  cette 
dualité  et  qui  fut  consacré  par  le  poème  de  Naevius  sur  la 
première  guerre  Punique,  prouve  qu'à  Rome  même  la 
Sibylle  du  golfe  de  Xaples  n'était  pas  encore  celle  du 
temple  de  Cumes  ;  et  si  les  annalistes  ont  adopté  d'abord 
la  Cimmérienne  de  préférence,  c'est  qu'ils  entendaient 
prouver  fiti'ils  avaient  lu  l'iiistorien  grec  Epliorè,  lequel 
localisait  les  Cimmériens  de  VOdijs.tée  dans  les  parages 
du  lac  ,\verne,  et  leur  attribuait  un  oracle  en  rapport  avec 
l'aspect  terriliantdu  paysage  ".  Lorsqu'on  s'avisa  ensuite 
que  dîmes  possédait  un  temple  véni'rable  d'.Vpollon,  où 
sans  doute  prophétisait  une  Sibylle,  toute  la  réalité  per- 
sonnelle passa  à  cette  dernière  ;  pour  simplifier  les 
choses  on  raconta  qu'Énée  avait  enterré  sa  rivale  Cimmé- 
riennedansl'ile  de  Prochyte''^.  C'est  d'après  cette  légende, 
ainsi  mise  au  point  par  une  science  à  la  fois  subtile  et 
puérile,  que  Virgile  corrigea  Naevius  et  donna  à  la 
Sibylle  de  Cumes  son  rôle  définitif  qui  lit  d'elle  la  Sibylle 
par  excellence,  figure  d'un  relief  puissant  que  n'eut 
jamais  aucune  Sibylle  d'origine  hellénique  '■'. 

La  rivalité  de  Rome  et  de  Cartilage,  qui  donne  aux 
premiers  chants  de  l'Enéide  une  signification  d'histoire 
générale,  a  été  par  Virgile  empruntée  à  Naevius.  Mais, 
éclairé  par  les  événements  des  deux  siècles  écoulés, 
Virgile  y  put  ajouter  celle  de  la  prédestination  mysté- 
rieuse qui  avait  conduit  Rome  à  la  domination  univer- 


laehait  les  oracles  de  lionie  à  KrvlliriV.  non  à  Cumes  ;  v.  Sen  .  :id  Avn.  VI,  72,  36  cl 
321 .  IX  l.act.  tfie.  cit.  i|ui  cite  en  plus  comme  partageant  la  même  opinion  Fenesiclla. 
l'ausanias,  X.  12,  S,  dit  rurmetleinent  ipie  Cumes  ne  possédait  point  de  recueils  d'ora- 
cles, mais  seulement  nue  liydrie  en  pierre  où  l'on  «lisait  enfermés  les  ossements  de  l:i 
Sibylle.  Cependant,  llielsa  démontré  ipie  le  rnle  joué  par  Apollon  dans  la  pratique 
romaine  des  oracles  Sibyllins  s'e.xpliipie  silrloiit  par  l'oritrine  enméenue  de  l'élre 
des  Sibylles.  V.  Silnllinisrlie  lllnelln-,  p.  51.  —  lu  Varr.  ap.  I  ,iet.  I.  li,  0:  Suid. 
i.;SuV/.ci;  Aurcl.  Viet.  fie  urii/.  lu.  —  "  Eplior.  ap.  SIrab.  V,  V,  5;  IMiii.  Hisl.  j\. 
III,  .■>,»;  Vilrnv.  II.  il,  2;  Cliroiiic.  l'asidi.  p.  2C1I  Cf.  lioncbé-l.eclcrci).  II,  p.  1S7  si). 
—  là  Vid.  infr.  III,  ce  i|ui  est  relatif  à  la  Sibylle  sicilienne  de  l.ilybée.  —  13  Avec  le 
début  du  sixième  cliant  de  rKiuUile,  il  faut  faire  éUt  de  la  IV'  Kgl.  (à  l'ollion)  où 
la  naissance  de  l'eufaul  merveilleux  doit  ranuMier  l'âire  d'or  prédit  par  la  Sibylle  de 
Cuincs  ;  CUima  Cumaei  eenit  jam  carniinis  aetas  (v.  4)  ;  Mmjniis  al>  intégra  sac- 
clorum  naseitiir  ordo,  etc.  Cf.  Serv.  commentant  ces  vers  et  Cartault.  Étude  sur 
les  •  Bucoliques  •>  de  Vinjile,  p  217  si).,  V.  cbez  Klau^en,  p.  292  si|.,  ran.alysc  des 
propliélies  Sibyllines,  forti'ment  teintées  de  judaïsme  où  se  retrouve  le  vieiix  fonds 
des  prédictions  toutes  |>aîennes   illustrées  par  celle   Eglogiic.    I.'lii^toirc  y  fournit 

nu  peud;iul  avec  Ves|Kisieu  venu  d'Orient  pour  élre  empereur,  eo e  l'élu  du  des- 

liucbauléparla  Sdiylle  ;  Joseph.  £<//. ./"-/.  VI,  il;  Tact.  //isl.W  13;  Suel.  \  V»/).  *. 


SIB 


—  1293  — 


SIB 


sello  <3l  accompli  l'arrêt  des  destinées  eliantées  par  les 
Sil)yl]es  dans  la  personnalilé  d'Auguste,  descendant 
d'Énée  et  favori  de  Vénus  on  même  temps  que  d'Apollon  '. 
La  légende  du  héros  troycn,  abordant  sur  les  côtes  de 
rilespérie,  avait  été  recueillie  par  le  Sicilien  Stésicliore 
au  cours  du  vi'  siècle^.  Naevius,  peut-être  en  suivant 
l'historien  Timée,  le  fit  atterrir  dans  la  région  volcaniriuo 
du  giille  de  Napli's  dont  le  sol  devenait  l'entrée  du 
si'jiiur  lies  moi-ls,  doni  les  grottes  où  s'engoufl'raieiit 
avec  Ijruit  les  vents  et  les  eaux  étai(!nl  un  sanctuaire 
tout  indiqué  pour  les  oracles  de  la  Sibylle  :  jamais 
encore  la  divination,  dont  celle-ci  était  le  ministre, 
n'avait  trouvé  de  théâtre  plus  approprié  à  sa  nature  et  à 
sa  fonction  \ 

La  célébrité  de  celte  Sibylle  est  on  grande  partie  l'cruvro 
de  Virgile.  Appelée  Démo  par  les  uns,  par  les  autres 
Dêmophilé,  nom  rappelant  Ilérophilé  qui  désigne  la 
Sibylle  d'Erythrée,  ellescchangechez  Virgileen  Deiphobé 
et  devient  fille  de  Glaucus,  lequel  n'est  pas  sûrement 
Glaucus  le  Marin,  mais  plus  probablement  Glaucus  le  fils 
de  Minos;  sa  mère  est  la  magicienne  Circé  *.  Son  être 
purement  fabuleux  se  précise  sous  la  plume  du  poète 
qui  idéalise  en  le  décrivant  les  traits  d'une  légende  de 
caractère  populaire.  Elle  est  la  femme  qui  prophétise  par 
énigmes,  n'a  point  d'âge  déterminé,  à  peine  une  généa- 
logie, jamais  de  descendance.  Cependant  elle  est  vieille 
parce  que  la  vieillesse  est  symbole  de  sagesse  et  d'expt'- 
rience  ;  son  allure  a  quelque  chose  de  farouche  et 
d'emporté  ^  Le  poète  la  compare  à  une  cavale  que 
dompte  Apollon  par  le  frein  et  par  l'aiguillon  pour  la 
rendre  docile  à  son  souffle  inspirateur.  Dans  l'opinion 
des  iiommos,  elle  a  reçu  du  dieu  un  nombre  d'ann('es 
égal  à  celui  des  forains  de  sable  que  sa  main  ramasse  sur 
la  grève.  Immortelle  à  la  façon  de  Tithon,  jusqu'à  se 
dégoûter  du  don  de  l'immortalité,  elle  est  bientôt  si 
décrépite  qu'il  n'existe  plus  de  son  être  matériel  qu'une 
voix  sortant  comme  un  souffle  d'un  résidu  do  corps  sans 
force  et  sans  figure".  On  la  montre  aux  curieux  dans 
une  ampoule  etquand  les  enfants  lui  demandent:  Sibylle, 
que  veux-tu?  elle  répond:  je  veux  mourir!  Si  une  autre 
prophétesse  prend  sa  place  dans  la  grotte  où  se  rendent 
les  oracles,  on  ne  cherche  à  savoir  ni  qui  elle  est,  ni  d'où 
elle  vient;  l'on  préfère  croire  qu'à  travers  les  siècles, 
c'est  la  même  voix  qui  prophétise  toujours'.  Mais  Virgile 
ne  paraît  pas  avoir  connu  à  Cumes  de  Sibylle  sous  les 
traits  d'un  être  réel  ;  l'artdéployé  par  lui  dans  V/ir/lof/ueà 
Poil  ion  et  dans  les  parties  justement  célèbres  de  VÉnritle, 
où  la  prophétie  Sibylline  rattache  la  dynastie  d'Auguste 
à  la  royauté  do  Priam  on  Asie,  a  eu  une  innuonce  pré- 

I  Viig.  Aen.  I,  2«l  sq.:  IX,  f.*2;  VI,  77.1;  (ieorrj.  III,  O.ï  ;  llor.  Carm.  Sair. 
57.  Cf.  s»Kci:i,AiiEs  i.unr,  p.  9S9,  1  ;  S»  ),  I  si|.  l'our  les  Aoncadfs  pl  la  Siliyllc,  v. 
lioiii.  //.  XX,  m:)  st|.;  Hmm.  .4/,/iiW.  I'.i7  sq.  ;.  Virg.  M™.  III,  in  ;  Slrali.  XIII. 
■  2.  —  2  Schwcglcr,  /Iwm.  Oischklili;  p  2!)S  ;  llil.l,  Li'ycmlc  iVKni-e,  p.  I.!,  cl  la 
Tiiiik  IliiuiHe.  nliCT.  MoMlfaucoii,  AnI.  erpHijur.:  IV,  2.  —  3  Klauscn,  p.  21(1  si|.  ; 
il7;  Ileji.e-Was'i.cr,  Mil.  Vir;;.  Acn.  VI,  Hxciiisus  aux  vers  2:17  si|.  —  4  l'aus.  X, 
12,  4  ;  V.arr.  ap.  I.acl.  I,  6,  n  ;  Virg.  Aen.  VI,  :ili,  III,  VU  s,|.  ;  VU.  Fille  .le  Cire.', 
sans  iloiite  d'aprùs  une  .ancienne  U'gen.le,  Si/ii/ll.  Carm.  III,  Ki.  —  5  Acn,  III, 
m  il  Ml  ;  VI,  «  sr|.;  77-83  :  07-1(12  ;  233-2r,i;Ov.  Met.  XIV,  U12  sq.  ;  paie  iniila- 
lion  .le  Virgile  (v.  sinlonl  101,  107;  150).  Cf.  Serv.  a.l  Acn.  VI,  Sii  el  321  ;  79.  l'our 
le  caraclère  .-niginali.pie  de  ses  prédictions,  ce  .|ni  l'assiinilc  à  la  .Spliym, 
V.  l'Iaul.  Pseiid.  I,  1 ,  23  :  Aa«  quidcm  non  credo  niai  Sibylla  tei/crit,  Interiirctaiis 
n/ium  potessa  nemincm.  Cf.  encore  Tib.  Il,  .î,  surlonl  03  sq.  —  6  l'elron.  48;  cf. 
laiis  X,  12,  R,  où  môme  ce  semlilanl  de  vie  n'cijslc  plusel  où  l'on  ne  montre  p'ns 
lie  la  Siliyllc  que  des  osscmcnls  dans  une  liydrie  en  pierre.  —  7  Sur  ce  caracti"'rc 
nijlhique  des  Siliylles;  cr.  Klauscn,  p.  211  sq.  el  Itouclié-I.eclcrcq.  Il,  p.  13»  si|. 
—  s  l.liglogiie  .a  l'ollion  ne  chante  encore  lann.  M  av.  J.-C.)quc  la  Sil.yll..  el 
.\polloji  proiccleiir  de  la  Oeyis  Jn/in,  le  .lieu  i|ui  avail  uiie  alfecli.jn  sp.Vial.^  pour 


dominante  sur  l'opinion  du  mondi;  gréco-romain  à  partir 
du  1""' siècle.  La  part  énorme  faite  aux  oracles  Sibyllins 
dans  les  conflits  religieux  du  temps  jusqu'en  plein 
moyen  âge  eût  été  bien  réduite,  si  VEnéidc  n'avait  fait 
de  la  prophétesse,  jusqu'alors  figure  indécise,  une  grande 
figure  épique'. 

Cependant,  si  à  I{ome  même  les  oracles  conliniienl  à 
rester  en  honneur  jusqu'à  la  chute  définitive  du  p;igii- 
nisme  officiel  [oraciu.hmJ,  nous  savons  qu'au  (h'biit  du 
iV  siècle  C(U  ni  de  Cumes  a  depuislon.gtemps  cessé  di,'  fonc- 
tionner. Dans  le  traité,  faussement  attribué  à  Justin,  de 
la  Co/iorlntio  ad  Génies,  est  racontée  une  visite  faite  aux 
lieux  illustrés  par  Virgile  '' .  La  grotte  fameuse  ne  rend 
plus  d'oracles;  il  n'y  a  même  plus  de  consultation  par 
les  sorts,  c'est-à-dire  par  les  feuilles  de  p.ilmier  marquées 
de  caractères  mystérieux  et  que  chacun,  à  défaut  do  la 
Sibylle,  interprétait  à  sa  guise.  Aujourd'hui,  au  pied  du 
rocher  où  s'élevaient  la  ville  de  Cumes  et  le  temple  d'Apol- 
lon, on  montre  la  caverne  :  horrendaeyue  procul sécréta 
Sibijllae,  antrum  immane'";  mais  rien  n'est  moins  sûr 
que  cette  identification,  l^es  éruptions  volcaniques  dos 
années  73  et  79  av.  J.-C.  ont  dû  modifier  profondiJmont 
l'état  des  lieux  et  ce  qui,  sur  la  foi  de  V Enéide,  nous  est 
présenté  comme  l'ancienne  demeure  de  la  Sibylle,  n'est, 
suivant  toute  vraisemblance,  que  la  ruine  d'un  chemin 
creux  qui  menait  à  Baies  ". 

IH.  Les  DERNIÈRES  SiRVLLES.  —  A  côti-  dos  Sibylles  dont 
nous  venons  do  raconter  l'histoire  et  qui  ont  loutes  co 
caractère  commun  de  nous  être  connues  p.ar  un  texte  et 
dos  monumonls  assez  anciens  pour  que  leur  existence 
li'gondaire  et  leur  origine  païenne  soient  hors  de  doute, 
il  on  est  d'autres  qui  ont  été  inventées  dans  des  temps 
relativement  récents  et  assimilées  aux  premières,  soit 
par  des  rivalités  d'influence  religieuse,  soit  uniqiiomont 
par  la  fantaisie  dos  archéologues,  des  théologiens  et  dos 
rériégôtes.  La  plupart  de  celles-ci  n'ont  pour  la  science 
des  antiquités  qu'un  intérêt  médiocre;  d'aulros,  à  cause 
dos  or.-icles  mis  sous  leur  nom,  trouvent  place  surlout 
dans  l'histoire  des  idées  religieuses  au  déclin  du  paga- 
nisme et  dans  les  conflits  d'opinions  philosophiques  et 
de  croyances  pieuses  qui,  jusqu'au  ti-iomphi,'  du  Chris- 
tianisme, onlagité  le  monde  ancien'^ 

Si  nous  récapitulons,  non  dans  l'ordre  chronologique 
qui  nous  échappe,  mais  suivant  les  seules  données 
numériques,  les  divers  canons  dos  Sibylles  connues, 
nous  constatons  que  parties  do  l'uniti;  avec  Heraclite, 
elles  sont  plusieurs  en  Grèce  à  peu  près  doux  siècles 
])lus  tard;  Aristote  les  nomme  ainsi  on  compagnie  dos 
Bakidos.  L'unité  a  dos  partisans  encore  plus  tard,  alors 

Ct-sar;  voy.  Cic.  Rp.  /am.  X,  31,  3.  Après  Aclium  les  destinées  sonl  .accom- 
plies cl  I'A'h^'/./.' reprend,  au  pi-ofil  d'Auguste,  le  IhAmc  .les  prôdielions  r.'-alisées, 
III.  97;  IX,  i4S;  VI,  752  el  l'I.mud.  lixca-t;  Dio  Cass.  ap.  iVl.ai.  .Serint. 
Vet.  Il,  S30  :  .>  L'oracle  de  la  Sibylle  avait  pr(!ilil  que  le  Capilole  serait  la 
tôle  du  monde  jus({u'ii  la  consommation  des  si.'îcles  «.  —  !>  Coliort.  nd  i/mt. 
p.  351!,  eh.  32.  Sur  le  caracl.'jre  el  l'altribntion  de  cet  ouvrage,  voy.  l>ra.'selie, 
lier  Vcrfnsscr  dcr  fnclschlich  Jii.sliu  beiiielei/tcn  l.;,»,  xti,  ad  h.  In.!,  ilans  la 
/.eitsclirift  fur  Kirclœngrscllscli.ifl.  VII,  2.'i7  si|.  Cf.  pour  l'exlinclion  il.-s  oracles 
à  Cumes  l'a'is.  X,  K,  et  M,-ias,  de  Silii/ll.  indic.  p.  11.-1"  ,\en.  VI,  10; 
Scrv.  Cic.  Mvin.  I,  43,  9S  ;  T.  I.iv.  XMII.  13;  Jiil.  Obseq.  lU;  l-'Ior. 
11.  S,  3  ;  une  inscription  Iroirvée  il  Cumes,  Orclli,  1437,  Aeoi.i.iNi  r.ijUANo  qu. 
T.NKius  HUFUS.  —  11  Cf.  Alexandre,  E.ecursus  ad  Siin/Uinos  libros,  p.  51  sq.  ; 
et  Bouclié-Leclcrcq,  II,  p.  IS5.  avec  la  note  1.  —  1-  Sur  ces  questions  .pii 
oui  été  depuis  la  Uenaissanrc  jus(pi',â  nos  jours,  l'objet  de  travaux  niHidireu:c, 
v.  la  bibliographie  chez  Alcxamlrc,  Op.  cit.  m  fini:  ;  catnloijus  fWilioi/raph. 
Sibyll.  avec  un  supplément,  2«  édit.  l'aris,  1809,  des  Orncula  mbi/llinn;  Ber- 
uliardy,  (sntndrîss  dcr  Gricch.  Litlcr.  W"  partie,  I  3*  édit.,  p.  447  s.].  ;  Boucht;- 
Lccl(M'C.|,  II,  p.   133,  noie   i. 


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\2H 


SIB 


qui'  circiilonl  dos  lislos  plus  mi  moins  rhargôos' ;  Paii- 
sariias  cile  dos  propliolios  do  la  Sihyllo  iiniquo  sur  un 
Irotnhleuioiil  do  torro  à  Uliodos,  sur  los  doux  Philippes 
de  Macédoine,  sur  la  défaite  dos  Mliénicnsà  Aegos  Pola- 
iiios  celle-ci  ;"»  côté  d'un  oracle  attribué  à  Musée),  et  sur 
un  combat  près  de  Thyrea  entre  Lacédénioniens  et 
Ar}îiens.  Mais  ailleurs,  il  parle  d'iléropliilé  comme  do  la 
plus  ancienne,  et  il  la  fait  voyagor  do  Marpossos  à  Samos, 
à  Claros,  à  Colophon,  à  Délos  el  à  Delphes,  qui  pour 
d'autres  avaient  dos  Sibylles  spéciales;  il  connaît  éga- 
lement, avec  les  Sibylles  d'Erythrée  et  do  Cumos,  une 
Sibylle  Egyptienne,  une  Babylonienne,  une  Hébraïque: 
sa  londanco  répondant  est  de  ramoner  toutes  ces  ligures 
à  l'unité-.  Un  auteur  du  V  siècle  de  notre  ère,  sur  la  foi 
do  témoignages  plus  anciens,  en  admet  deux,  celle  de 
fiorgilhe  qu'il  nomme  Hérophilé  et  colle  d'Erythrée  qui 
aurait  émigré  à  Cumes  et  qu'il  appelle  Si/miiiac/iia  '. 
Puis  nous  voyons  varier  leur  nombre  de  trois  à  dix  et 
morne  A  douze,  sans  qu'il  soit  possible,  pour  la  plupart 
d'entre  elles,  de  préciser  ou  leur  origine  ou  leur  filiation. 
On  devine  seulement  que  les  chiffres  les  plus  forts  sont 
le  résultat  d'une  systématisation  par  dos  auteurs  soucieux 
de  n'en  omettre  aucune  '  ;  et  quant  à  leur  existence, 
plus  nominale  que  réelle,  elle  s'explique  par  le  besoin, 
dans  certains  milieux,  de  se  créer  une  inlluence  reli- 
gieuse sans  emprunter  la  Sibylle  du  voisin  ^  Le  canon 
le  plus  digne  d'être  connu  est  celui  de  Varron,  parce 
qu'il  fixe,  sans  doute  avec  exactitude,  les  idées  de  la 
science  gréco-romaine  à  la  fin  de  la  République.  Il  com- 
porte dix  noms  cités  sans  ordre  ni  logiijuo,  ni  chronolo- 
gique, comme  il  convient  dans  une  matière  où  tout  est 
incertitude  et  arbitraire":  Sibylles  Persique,  Libyenne, 
Dolphiquo,  Cimmérionne,  Erythréenne,  Samienne, 
Cuméenne,  Hellespontique,  Phrygienne,  Tiburtine.  De  ce 
nombre,  sept  reviennent  aux  pays  de  Grèce  et  d'Orient, 
trois  à  l'Italie.  Elien  en  connaît  dix  également  mais  n'en 
nomme  que  quatre,  celles  d'Erythrée,  de  Samos,  d'Égyple 
et  de  Sardes  en  Lydie  ;  Clément  d'.\lexandrie  se  borne  à 
quatre  qu'il  choisit  parmi  celles,  plus  nombreuses,  qui 
avaient  cours  de  son  temps;  elles  ont,  comme  celles  de 
Pausanias,  une  signification  synllictique  :  la  Persique, 
rErylhréonne.  l'Egyptienne  et  l'Italique.  Le  canon  le  plus 
étendu,  conçu  avec  la  préoccupation  d'égaler  le  nombre 
des  Sibylles  à  celui  des  Apôtres,  est  celui  du  Chromcon 
Pascale,  compilation  assez  érudite  de  science  ethnogra- 
phique rédigée  au  x"  siècle  ;  elle  on  admet  douze,  dont 
les  dix  du  canon  Varronien  et  en  plus  les  Sibylles 
Judaïque  et  lihodienne'.  Cependant  il  y  aurait  lieu  de 
compléter  ces  momenclatures  par  d'au  très  Sibylles  encore, 

1  C'est  au  sinfTulicr  rpic  nonimcnl  la  Siliyllc,  non  seulement  des  auleiirs, 
païens  de  l'époque  classupie  comme  T.  I.iv.  I,  7,  elc..  Tac.  Ann.  VI,  li, 
mais  plus  laril  les  Siliyllistes,  commenlalcnrs  néoplatoniciens,  juifs  et  cltré- 
tieus,  des  oracles,  et  même  la  litur;;ie  catholique  au  mu*  siècle  dans  la  prose 
du    W«   irae.  —  -i  l'aus.    Il,    7,    1  ;  VII.   8,  S  ;    X,  «,    Il   el   li;    ib.    IJ,  7,   S,  !). 

—  SMai-t.  Cap.  Il,  159.  —  »  Schol.  Arislopli.  Ar.  %1  ;  TzeU.  Ltjcophr.  tJTS; 
Auson.  XXVI,  i,  85;  Clem.  Alex.  Slrom.  I,  il,  p.  381;  Ael.  Vnr.  Hisl. 
XII,  3.'i;  Suid.  r.   ».   —  5   Sur  ces   rivalités,  v.    Bouclié-Leclcrcq,   II,   p.    I5i  S(|. 

—  «  Varr.  ap.  Lact.  I,  6.  «;  cf.  Isid.  Oriij.  S,  8  ;  Suid.  >.  i'.  ;  Seliol.  I'  at.  hhanclr. 
p.  ÎH.  —  TChionic.  l'iuclt.  p.  iOi.  édil.  (!oun.  Cf.  Buuclié-Leeleic.|,  II,  p.  HJ7, 
note.  —  *  Sol.  5,  7  ;  pour  la  Saniaigne  ipii  connut  la  Sibylle  par  les  migrations 
de  la  légende  d'Kuée.  ï.  Ael.  Vnr.  Hist.  XII,  :i5  ;  l'Iiavor,  S.'Sua».  Il  en  est  de 
même  d'une  Sibylle  de  l.ucanic  ;  Suiil.  lot.  cil.  Il  y  a  près  d'bola  un  .Uonle  délia 
Sibj/Wi.  Cf.  Uenun,  ,Vea/ie(  und  Sicilien,  VI,  p.  30  Cf.  l'aus.  X,  17,  6,  7  ;  T.  I.iv. 
XL,  l«  ;  XLl,  0,  li;  Sil.  liai.  l'un.  XII,  3V4  si|.  ;  Olin.  Hist.  A".  III,  7,  13  et  î^al- 
luste.  cité  par  Scrvius.  ad  Aen.  I,  fiUS.  —  9  Uorville,  Sicula,  I,  p.  37  ;  et  Klausen, 
p.  ii3,  note  35(i.  —  10  Uionnel,  I,  p.  iM.  n"  SMl,  3i7;  351.  —  n  l'our  les  rap- 
ports ile  la  religion  de  VênnsAslarlé  honorée  au  inoul   Eryi    > .    Klausen.  p.  iS3  ; 


parmi  losqiiollos  il  on  est  d'intéressantes.  Ainsi  la  Sici- 
lienne n'est  nommée  nulle  part  chez  los  auteurs  qui  ont 
fait  des  classifications  ;  el  l'on  sait  que  la  commission 
qui  fut  chargée  de  reconstituer  les  oracles  brûlés  en  83 
av.  J.-C.  au  Capitole,  en  fit  rechercher  même  en  Sicile. 
Cette  ile  eut,  en  effet,  sa  Sibylle,  comme  la  Sardaigne  eut 
la  sienne  *;  le  sanctuaire  do  la  première  était  au  promnn- 
loire  de  Lilybée  où  l'on  montrait  son  tombeau  et  où 
subsistèrent,  jusqu'au  moyen  âge,  des  superstitions  qui 
continuaient  le  culte  d'.\pollon  '.  Des  monnaies  de 
Lilybée  à  l'effigie  de  ce  dieu  avec  l'emblème  du  serpent 
el  du  gryphon  témoignent  en  faveur  d'un  oracle  '"  ;  ol 
comme  nous  sommes  voisins  du  inonl  Eryx  où  s'élevait 
un  des  temples  les  plus  célèbres  de  Vénus  Aénéade,  on 
retrouve  l'association  d'idées  et  de  croyances  qui,  dans 
le  Latium,  acclimata  la  légende  d'Énée  arrivé  de  Troie 
sous  la  conduite  do  sa  mère  et  d'.\pollon  ". 

Une  Sibylle  exclusivement  latine  est  celle  de  Tibur  qui 
n'était  anciennement  qu'une  nymphe  locale,  Albunea, 
personnification  d'une  source  d'eau  sulfureuse  qui  donna 
lieu  à  un  oracle  Cette  nymphe  fut,  sur  le  tard,  par  l'oirel 
de  la  popularité  générale  des  Sibylles,  identifiée  avec  ces 
dernières'-.  Mais  les  poètes  du  règne  d'.\uguste  ont  ré- 
servé le  nom  de  Sibylle  à  celle  de  Cumes  et  maintenu 
à  Albunea  son  caractère  latin.  Lactance  qui  la  met  au 
nombre  des  Sibylles,  raconte,  d'après  Varron,  qu'on 
trouva  sa  statue  portée  sur  les  eaux  de  l'Anio  et  qu'elle 
tenait  dans  la  main  le  livre  contenant  ses  oracles.  Ce 
recueil  fut  admis,  comme  ceux  des  Sibylles  et  des  frères 
Marcii,  parmi  les  documents  officiels  de  la  religion  ro- 
maine'^  Suidas  la  nomme  la  dixième  dans  le  canon  des 
Sibylles  reconnues  de  son  temps.  On  pourrait  relever, 
même  chez  les  poètes  du  temps  d'.Uiguste,  à  plus  forte 
raison  dans  les  écrits  des  antiquaires  et  des  mythographes, 
d'autres  identifications  avec  le  type  Sibyllin  des  nom- 
breuses personnalités  féminines  qui,  dans  le  culte  ro- 
main, possédaient  la  faculté  divinatoire  ;  mais  ce  sont 
là  des  inventions  restées  sans  écho  dans  l'imagination 
populaire  ".  A  plus  forte  raison,  faut-il  rejeter  les  hypo- 
thèses de  certains  modernes  qui  ont  transformé  en 
Sibylles  les  Carmentae,  Egeria,  Mephitis  même,  et  en 
général  les  Nymphes  prophétiques  de  Grèce  el  d'Italie  ''\ 
Dans  la  Grèce  proprement  dite,  les  Sibylles  n'ont  pas  la 
fréquence  que  nous  constatons  en  Asie  Mineure,  dans  les 
colonies  ioniennes  de  la  mer  Egée  et  de  la  mer  Tyrrhé- 
néenne.  Nous  avons  cité  plus  haut  une  tentative  d'absorp- 
tion de  la  Pythie  de  Delphes  par  une  Sibylle  venue  d'Asie, 
et  aussi  une  Sibylle  qui  à  Délos  aurait  composé  des  hymnes 
en  l'honneur  d'.\pollon  '*.  Du  morne  genre,  mais  encore 

llild,  Léijmdc  dÉnée,  p  3»;  IVelIcr,  Boem.  Mulh.  il,  313.  Le  culte  fut  introduit 
après  le  désastre  de  Trasiinéno  et  Vénus  Eryeine  associée  à  ,1/ens:  T.  Liv.  XXII. 
il,  10:  XXIII,  31,9;  XL,  3i,  4  :  Ov.  F.1.1I.  Vl.  iH  ;  l'inl.  Fab.  Max.  t.  plus  lard 
Vénus  Eryeine  entra  pour  sa  part  dans  les  léjjendei  exploitées  en  f.iveur  de  la  po- 
pularité de  César;  Cic.  Kitin.  II,  5i,  110;  Snet.  Caes.  7'J;  dut.  laes.  60;  Dio 
Cass.  XLIV,  15.  —  12  Virir.  Aen.  VU,  81  sq. ,  Tili.  V.  fi9  ;  V.irr.  ap.  Lact.  I,  0,  li  ; 
.Schol.  eiat.  Phaedr.  p.  3lfi.  —  1»  Les  rapports  des  frères  Marcii  avec  les  prédic- 
tions Sibyllines  de  Rome,  rappellent  ceux  des  Bakides  avec  les  Sibylles  chez  les 
premiers  auteurs  grecs  (pii  les  nommèrent  les  uns  et  les  antres:  v,  supr.  I.  Cf. 
.<erv.  ad  Aen.  VI,  Tu  et  .Miirquardl-Mounusen,  llandhuch.  VI,  p.  3î4  avec  les  telles 
cités.  —  "t  Ain-i  Carmentis  ap.  Aug.  Cii:  II.  IV,  Il  :  Aul.  Gcll.  XVI,  lll  :  Hlul. 
Qunesl.  Itnm.  51!;  Clem.  Aie»,  .«(looi.  I.  p.  :ilO:  de  même  Amalllien,  identiliée 
avec  la  Sibylle  de  Cumes  :  et  la  nynqihe  Deijoi';  d'ori!;ine  Etrusque.  Four  celle-ci, 
v.  Mueller-Deeke,  die  Eirusker,  II,  30  et  passim.  l'our  Cnrmenlis.  v.  Wissowa 
ap.  ïïoscher,  Aus^.  Lexikon,  I,  p.  s53.  —  ï5  V.  ScheilTelé,  dans  la  liealeneyetop. 
de  l'anly,  VI,  p,  11.50,  d'après  llarlung.  neligion  dt-r  lloemer,  1,  p.  133  s,|. 
_  16  l'aus.  X,  12,  2;  Suid.  i:  1.  ;  Plut.  Pyll,.  or.  9;  Diod.  IV,  66;  cf.  Bouclié- 
l.eclercq.   Il,  p.  180,  note  3. 


Slli 


121)5   — 


SIB 


moins curtaine,  est  la  Siljyllc  du  Dodoiic  iiiron  pciil  idcn- 
ti lier  avec  Pliaennis,  fille  d'un  roi  de  Cliaonie,  qui  vivaiUiu 
m»  siècle  avant  notre  ère  cl  dont  Pausanias  qui,  d'ailleurs, 
ne  lui  donne  pas  le  nom  de  Sibylle,  cite  quelques  oracles 
versinés'.  Toutes  ces  ligures  sont  trop  vagues  et  leur 
histoire  trop  incerlaine  pour  qu'il  y  ait  intérêt  à  y  insister 
ici.  La  seule  quimérite  une  mention  est  la  dernière,  (|ue 
Virgile  a  dû  connaître  puisqu'il  profite  du  séjour  d'Énée 
en  Épire,oii  il  se  rencontre  avec  Hélénus,  pour  préparer 
la  rencontre  du  Iiitos  avec  la  Sibylle  de  Cumes  -. 

C'est  au  déclin  seulement  des  religions  grecque  et  ro- 
maine, alors  que  la  faveur  des  oracles  nouveaux  amène 
le  discrédit  de  la  divination  traditionnelle,  qu'on  fait 
remonter  les  Sibylles  au  delà  du  temps  d'Homère  ^  Alors 
non  seulement  les  pratiques  auxquelles  les  Sibylles  pré- 
sident, mais  les  textes  dans  lesquels  on  cherche  l'expres- 
sion de  leur  savoir,  sont  considérés  comme  antérieurs  à 
la  poésie  épique,  et  celle-ci  comme  une  sorte  d'émanation 
de  leur  sagesse.  Cette  opinion  fut  plus  tard  exploitée  par 
les  apologètes  chrétiens  qui,  se  faisant  de  cette  antiquité 
prétendue  un  argument  contre  le  paganisme,  présentaient 
les  Sibylles  comme  contemporaines  du  déluge  et  disaient 
qu'Homère  avait  plagié  leurs  oracles  dans  ses  poèmes'. 
L'inlluence  juive  à  Alexandrie  inventa  une  Sibylle  qui  de 
babylonienne  devint  clialdéenne  et  judaïque;  on  la  don- 
nait comme  la  femme  d'un  fils  de  Noé  et  on  lui  prêtait  des 
prédictions  relatives  à  la  tour  de  Babel,  aux  victoires 
d'Alexandre  le  Grand  et  plus  tard  à  la  venue  du  Messie. 
Ouelques-uns  l'identiliaient  avec  Sabba  ou  Sambethe,  la 
reine  fameuse  de  Saba  qui  fut  la  confidente  lointaine  de 
Salomon  et  sa  conseillère'. 

Ce  qui  apiiropriait  le  tyjje  de  la  Sibylle  à  cette  survi- 
vance, invent('e  pour  le  besoin  d'un  temps  de  polémiques 
aussi  confuses  qu'universelles,  ce  fut  le  caractère  indépen- 
dant de  leurs  prophéties  qui  se  prêtaient  à  l'expression  de 
toutes  les  croyances,  de  toutes  les  formes  du  philosophisme 
religieux".  Elles  étaient  venues  en  Grèce  durant  la  pé- 
riode obscure  que  Lobeck  définissait,  en  l'appelant  le 
temps  où  les  philosophes  poétisaient,  où  les  poètes 
laisaientde  la  piiilosophie  ;  où,  comme,  au-dessus  d'une 
région  enveloppée  de  nuages,  les  sommets  seuls  émer- 
geaient, tandis  que  le  sol  et  les  fondations  se  dérobaient 
auxregards^  La  sagesse  des  premières  Sibylles,  fille  équi- 
voque de  l'épopée  primitive,  fut  un  de  ces  sommets  : 
c'est  par  là  (ju'elle  survécut  au  paganisme  d'où  elle  était 
issue  et  qu'elle  put  maintenir  jusqu'en  plein  moyen  âge 
une  autorité  facile  à  exploiter  au  profit  des  croyances 
nouvelles.  Sous  un  nom  qui  se  prêtait  à  toutes  les  nou- 


1  Paus.  X,  M,  lu.  Ce  sont  ik's  éclivains  re'alivomc'iil  rijcciils  c^omnn- 
JamI.liquc  >|ui  couroiiclii'cJil  les  l'ylhics  ol  lus  prilrcssi's  de  Doiloiiu  avec  li-s 
.Sit.ylks;  cf.  Klaus™,  p.  iZ\,  el  BoucliéLeclercq,  II,  p.  IS3.  —  2  At-n.  III, 
4iO  si|.  —  3  Paus.  .V,  li,  1  cli;  Allicn.  XIV,  p.  037;  Clem.  Alex.  Sirum. 
1,  p.  304.  Cf.  Bouclié-l.cclcrci|,  11,  p.  147,  note.  —  *  V.  la  légende  racoii- 
léc  par  Alexandre  de  Paptios  (EnstaUi.  Odyss.  XII,  G3)  d'après  la((uei]e  Homère 
serait  né  en  Egypte,  et  la  Sibylle,  Jiébergée  par  ses  parents,  leur  aurait  annoncé  sa 
haute  destinée.  Ploléniée  llepliestion  {Nov.  Bist.  cher.  l'UoHùs,  BitiUolh.  cod.  19U) 
disait  c|ue  Homère  était  le  plagiaire  de  la  Sibylle  Egyptienne,  Phanlasia  de  iMem- 
pliis,  un  hiérograminate  du  nom  de  i'Iianitcs  lui  ayant  copié  Vlliade  et  VOdyssve 
composés  par  elle.  Cf.  Uiod.  Sic.  IV,  00  ;  Sol.  11,  8.  —  s  Epiplian.  Uaeres.  G  et  2S, 
Isi].  ;  Lact.  I,  6,  14.  15:  v.  infra  IV.  — 6  pour  ces  Sibylles,  nous  renvoyons  à 
liouclic-LecIerci|,  11,  p.  lOS  st|.  ;  et  à  Delaunay,  Moines  et  Sibylles,  l'  édil. 
p.  109  sq.  Tout  ce  qui  dans  les  recueils  sibyllins  est  cnlaclié  d'idées  judaïques  ou 
clirétiennes  est  forcément  apocryphe.  V.  Scrvius  Gallaeus,  Disputât ioiies  de  Sibyilis 
el  son  édition  des  Pseudo-Sil/yllina,  Amsterdam,  lOSS;  cf.  Klauscn,  p.  22K  Si|. 
—  '  Lobeck,  Ar/laoj,/iamus,  p.  313.  —  l>  Lact.  1,  C,  U;  13;  Aug.  Civ.  D.  XVIM, 
i3,  1  et  2.  v.  liouché-Ledercii,  11,  p.  190  sq.  ;  et  infra,  IV.  Cf.  Fr.  Bleek,  Uelier 
dif.  Entsteliuny,  etc.,  dans  la  Zeitsc/trift  de  Sclileiermacher  de  Welte,  1,  p.  1  :iu  sq.  ; 


veautés,  parce  que  jamais  il  n'avait  servi  à  étayer  les 
croyances  anciennes  el  que  souvent  il  était  entré  en 
conilit  avec  elles,  les  oracles  de  la  Sibylle,  ou  détournés 
de  leur  signification  par  une  exégèse  tendancieuse,  ou 
fabriqués  après  l'événement  par  des  écrivains  anonymes, 
servirent  pendant  près  de  cinq  siècles  à  combattre  le 
paganisme  avec  ses  propres  armes  *,  comme  ils  avaient 
servi  à  Rome,  depuis  le  temps  de  Tarquin,  à  le  défemlre 
en  le  transformant  '.  Celle  nouvelle  popularité  des 
Sibylles  a  laissé  des  traces  nombreuses  dans  les  écrits 
des  apologètes,  aussi  bien  pour  l'Église  d'Orient  ijuc 
pour  celle  de  Rome. 

IV.  Livres  sibyllins.  —  On  cherche  vainemeni  dans 
toute  la  littérature  grecque,  antérieurement  à  l'inlluence 
romaine,  un  seul  témoignage  affirmant  l'existence  dans 
quelque  sanctuaire  célèbre  par  une  Sibylle,  d'un  recueil 
écrit  d'oracles,  conservés  comme  un  trésor  sacré  et 
transmis  sous  celte  forme  à  la  postérité  '".  Si  les  Sibylles 
helléniques  sont  des  personnalités  mythiques,  il  est 
naturel  que  leurs  prédictions  n'aient  été  (}iie  «  des  bruits 
et  des  voix  »  confiés  à  la  tradition  orale  et  tout  aussittjt 
déformés  par  elle.  Tous  les  vers  sibyllins  cités  par  les 
écrivains  grecs  jusqu'à  la  fin  du  i"  siècle  de  notre  ère 
(ils  sont  d'ailleurs  peu  nombreux)  sont  de  ce  genre  "  ;  et 
([uantà  ceux  que  l'on  peutpar  conjecture,  ainsi  que  nous 
l'avons  fait  nous  même,  rattacher  aux  Homérides  qui 
ont  chanté  Énée  dans  le  voisinage  des  plus  anciens  sanc- 
tuaires Sibyllins,  ils  ne  suffisent  pas  pour  créer  un  genre 
et  fonder  celte  affirmation  :  «  que  la  chresmologie  Sibyl- 
line est  la  sueur  cadette  de  l'épopée'^»:  une  sœur  de  ce 
genre  n'a  jamais  existé. 

A  Rome  seulement  nous  trouverons  des  textes  précis, 
dont  l'origine  el  l'histoire  peuvent  être  scientifiquement 
établies  ;  mais  ces  textes  nt;  sont  pas  ceux  que  la  légende 
attribuait  aux  Sibylles  en  personne,  à  celles  de  l'ionie 
asiatique  ou  de  Cumes,  et  qui,  après  l'incendie  où  périt 
le  plus  ancien  recueil,  furent  restitués  par  une  commis- 
sion spéciale,  puis  considérés  jusqu'au  v"  siècle  de  notre 
ère  comme  un  des  plus  anciens  monuments  de  la  religion 
nationale '^  De  ceux-là  nous  ne  possédons  pas  un  seul 
vers  authentique,  comme  M.  Bouché-Leclercq  en  a  fait 
justement  la  remar(|ue".  Tous  les  auteurs  de  la  basse 
latinité  les  mentionnent,  sans  d'ailleurs  en  indiquer 
la  provenance;  généralement  le  recueil  en  est  désigné  par 
le  termede  libri  falales,  livres  de  la  destinée  '°.  C'eslune 
question  controversée,  s'ils  vinrent  à  Rome  par  les  ports 
d'Étrurie  ou  par  la  colonie  ionienne  de  Cumes  en  Cam- 
panie.  La  vraisemblance  historique  est  pour  là  première 


II,  17i  si|,  —  9  DuuiiviBi,  p.  432  sq.;  et  Cic.  /Viim.  Il,i)4.  Ili.  —  10  l;.Mnhar.ly. 
fii'tindriss,  etc.  Il,  1,  p.  4iO.  Les  oracles  Sibyllins  font  partie  du  trésor  wirié  des 
oracles  grecs  en  général,  dont  le  type  est  celui  des  oracles  de  la  Pythie  de  Delphes 
[uiiACUi.i-«].  Il  existait  des  recueils  un  peu  partout,  mais  iisn'ont  jamais  eu  le  rang  d'une 
a'uvre  littéraire.  On  se  demande  comment  Scheiffele,  /tealencycl.  de  Pauly,  VI, 
p.  1149,  a  pu  parler  d'un  recueil  remontant  aux  temps  des  Pisistraliiles.  Sur  les 
XIV  livres  Ei5jVA,axSy  dont  les  huit  premiers  élaient  connus  depuis  longtemps,  dont 
les  six  autres  ont  été  exhumés  par  A.  Mai  d'après  un  manuscrit  du  Vatican  (v. 
Bernh-irdy,  ibid.  p.  441)  les  deux  parties  différent  notablement  ;  la  seconde  est 
bien  moins  intéressante;  l'autre  mène  au  ni'  siècle  après  J.  C,  sans  (|u'on  puisse 
dater  ses  conimeDccments.  Les  interpolateurs  étaient  appelés  EtooXitoxaî  ;  v.  Orig. 
contr.  Cels.  Vil,  368,  V,  iTî.  —il  V.  Paus.  X,  12,  3,  G  et  10,  citant  des  vers  hexa- 
mètres et  des  distiques,  attribués  à  Pliaennis,  la  Sibylle  de  Cbaonic;  d'autres  X,  9,  U 
avec  des  vers  de  Musée,  VU,  8,  8;  allusion  à  une  prophétie  non  citée.  II,  7, 1.—  l21iou- 
cbé-Leclercq,  11,  p.  162.  —  13  Nous  conuajssom  les  Carmina  Marciana  par  T.  l.ive 
et  par  Macrobe;  v.  Baehrens,  Fraiiment.  p.  21  et  le  comiiicnlaire,  p.  294 sq.  Comme 
ils  sont  assimilés  aux  Carmina  Sibyllina,  on  en  peut  conclure  ipie  ceux-ci  ont  égale- 
ment existé,  v.  d'ailleurs,  Varr.ap.  Lact.  I,  C,  13;  Cic.  /Jirin.  Il,  51,  112.  Cf.  Diels, 
Sibyllin.  Blaeller,  p.  7  sq.  —  i'.  Boucbé-I.eclercq,  VI,  294.—  15  Dllmvich,  p.434sq. 


SIlî 


—   1290  — 


SIB 


sojiilioii,  Ifs  .sugi^cslions  inyllioldKiqiK'S  el  li  liera  ires 
roiuk'iil  la  seconde  plus  sétliiisanle  '.  Diels,  qui  a  aiiporlû 
ri'ceminonl  dans  co  prohlénie  des  lumières  nouvelles, 
reinaniue  avec  raison  (|ue  les  ciLés  gree(|ues  défendaient 
avec  lin  soin  jaloux  le  Irésor  do  leurs  Irad  liions  religieuses, 
en  particulier  celui  de  leurs  oracles  -.  Coiiinienl  croire 
([ue  Cuuies  se  soil  dépouillée  des  siens  au  protilde  llouie, 
lualf^rc^  les  bons  rapports  que  le  dernier  Tarquin  enlrele- 
nail  avec  le  roi  Arislodèuie  ^?  Bien  mieux,  si  Cumcs  a  eu 
uneSibyllc,  ilesl  formelli-menlconslalé  que  la  divination 
de  celle-ci  opérait  au  jour  le  jour,  et  que  jamais  dans  le 
sancluairc  d'Apollon  n'a  été  Ibraié  un  recueil  de  ses 
oracles  *.  Pausanias  qui  mentionne  le  fait  n'aurait  pas 
manqué  d'ajouter  que  lerecueildeCumesavait  été  unbeau 
jour  transféré  ailleurs.  Il  est  plus  naturel  de  supposer  que 
]i}^  liùri  fatales  déposés  par  Tarquin  au  Capitole,  il  les 
(enail  d'une  supercherie  analogue  à  celle  qui  multiplia 
le  Palladium  dans  un  grand  nombre  de  cités  grecques 
ou  itali()ues,  à  la  faveur  de  quelque  légende  imaginée 
exprès  '. 

Quelle  que  soil  leiii'  pi-ovenance,  ils  exislaienl  déjà 
entre  lesannées  i3(j  et  Wl ,  dates  pour  lesquelles  l'histoire 
conserve  le  souvenir  de  consultations  Sibyllines  à  Home, 
par  les  soins  et  sous  le  contrôle  des  Duuinvri  Sucris 
Fuciendis,  institués  à  cet  eflet  [in  umvihi]  s.  Quant  aux 
consultations  ultérieures  et  aux  niodilicalions  que  subit 
ce  sacerdoce,  on  en  trouvera  l'historique  ailleurs  '' . 
Remarquons  seulement  avec  Diels  qu'un  oracle  conservé 
par  Phlégon  de  Tralles,  oracle  relatif  à  des  événements 
des  années  207  et  12'J  av.  J.-C,  recommande  (com;ne 
d'ailleurs  aussi  le  célèbre  oracle  relatif  aux  Jeuxséculaires 
de  l'an  17)  d'accomplir  certaines  cérémonies  suivant  le 
rite  acliéen  :  'A/aïiTTc  tïô  "spSeiv,  Acliivo  ritu.  Une  expres- 
sion de  ce  genre  exclut  que  cet  oracle  soit  venu  de  Cumes, 
j)uisqu'elle  suppose,  chez  celui  qui  l'a  employée,  la  con- 
naissance du  riliis  /tomatiu.s  eXde  ladill'érence  qui  existe 
entre  les  deux,  ce  qui,  de  la  part  des  Cuméens,  est  abso- 
lument invraisemblable  '.  Les  auteurs  de  la  (in  de  la 
République,  Varron,  Denys  d'Halicarnasse,  Tile-Live, 
qui  usent  des  oracles,  en  les  considérant  comme  le  réper- 
toire secret  des  destinées  de  Rome,  ne  connaissent  que 
par  ouï-dire  l'ancien  recueil.  Brùlé  dans  l'incendie  du 
Capitole  en  l'an  83  av.  J.-C.',  il  avait  été  rétabli,  sur 
l'initiative  du  Sénat,  par  une  commission  spéciale  qui  avait 
cherché  les  textes  aux  sources,  à  Erythrée,  à  Samos,  à 
Troie,  en  Afrique  même  et  en  Sicile,  ainsi  que  dans  les 
colonies  grecques  d'Italie'".  Dans  quelle  mesure  cette 
nouvelle  rédaction  reproduisait-elle  l'ancienne,  il  est 
diflicile  de  le  savoir;  Varron,  qui  n'a  pu  connaître  la  pre- 
mière, considérait  la  seconde  comme  une  reproduction 

1  Vair.  ap.  Scrv.  a.l  .Un.  VI,  3i;  ;  ilivl.  321  et  72;  L.icl.  1.  0,  H  et  U;  Dion. 
liai.  IV,  U2,  7:  Cic.  Mrin.  I,  |s,  3i;  Solini.  Il,  70,  clc.  Virgile  el  les  poOUs 
après  lui  licmiiiil  pour  Cunif^  :  liyl.  IV,  ij  Prop.  I,  I,  49;  l.ucau.  V,  1S3  ; 
T.  l.iv.  Il,  2),  (i;  Slal.  SU,:  V,  3,  I.S2:  Val.  Flacc.  1,5;  Ov.  Fast.  IV,  l.W, 
VI.  2111.  —  2  II.  Uiils,  Oj,.  cil.  p.  S(l,  cil.;  IMiisluire  ilu  vol  iloraok-s  par  Cleo- 
mine,  cllen  lloro  I.  V.  U".  —  3  Diels,  loc.  cil,;  cf.  Klauseu,  (l,i.  cil.  p.  3li7 
«laprès  0.  Mucllcr,  florier,  1,  p.  322.  —  l  l'aus.  X,  12,  s.  _  5  Dion.  liai.  1,  (in  ;  cf. 
KlauscD,  Op.  cil.  p.  140;  Diols,  p.  91  rappelle  aussi  rexislcncc  l<^gcndairc  do  la 
tuniipie  du  Clipisl  rcvendi(pi6e  par  viEigl  villes  dilK'rcntes.  —  C  La  première  coii- 
Mdlalion  lii-lori.picmeul  couslaléc  csl  do  i!i2  av.  J.-C.,  T.  l.iv.  III  ;  10,  7  :  W,ri  ,,n- 
diiiiiivirus  sacroruii:  aditi.  —  ^  Duuuviici,  p.  iîO  si).  —  »  Diels,  Op.  cil.  p.  7;>  ; 
cf.  T.  l.iv.  XXV,  12.  10  el  12,  13;  Varr.  linrj.  lut.  VU,  SS;  Cic.  Leg.  Il,  !>,  21;  cf. 
>.\i-xi  i.Aiifs   É.ic.i,  p.   992,  2;    cl  le   lenlc  de  loraclc  clicz    Diels,  p.   112,   lers   lli. 

—  S  Dion.  liai.  IV,  02,  6;  X,  2;  ïih.  Il,  5,  16;  Dio  Casb.  I.IV,  17;  l,acl.  1,0,  13;  cf. 
.•^cliweglcr,  /locm.  Ceschiclile,  I,  p.  801  si|.  —  m  Tac.  Ami.  VI,  12;  Varr.  el 
l'clieslella  ap.  I.ael.  Inst.  I,  0,  11,  li;   ,lc  iru  dei,    22,  0;   Dion.  liai.   /.oc.    cil. 

—  11  Wisso«a.  /lelujiun  iind  KuUu.i  dvr  JIrrmcr,  p.   ti;.i.  —  12,Siii,l.  s.   v.  el  .Serv 


lidèle".  Mais  l'iiigi'niosité  avec  laquelle  le  collège  des 
Quindecimvirs,  aidé  par  les  jurisconsultes  ofliciels  et 
orienté  par  la  volonté  impériale,  opéra  plus  tard,  donne  à 
penser  qu'antérieurement  déjà  les  interprèles  des  livres 
Sibyllins  ne  se  gênaient  pas  pour  y  introduire,  sous  la 
pression  des  événements  et  l'inlhience  des  pouvoirs 
publics,  des  prescriptions  el  des  idées  auxquelles  l'inspi- 
ration Sibylline  était  étrangère''-.  L'ambassade  chart^ée 
delareconstitiitiou  des  oracles  estconlemporaine,  à  quel- 
ques années  près,  du  témoignage  d'Alexandre  Polyhistor 
ijui  vint  à  Rome  vers  cette  époque  comme  prisonnier 
de  guerre  et  qui  signale,  parmi  les  oracles  circulant 
alors,  des  traces  de  traditions  juives  et  babyloniennes, 
comme  la  construction  de  la  tour  de  Babel  et  la  confusion 
des  langues.  Cependant,  ces  oracles  ne  figuraient  pas 
dans  le  recueil  officiellement  adopté  après  l'an  7G  ;  il  est 
établi  que  juscju'à  Pausanias,  c'est-à-dire  jusqu'à  la  fin 
du  !'■'■  siècle  de  l'ère  chrétienne,  les  livres  Sibyllins,  soit 
ceux  qui  étaient  conservés  au  Capitole,  soit  ceux  qui  sous 
Auguste  émigrèrentau  temple  d'Apollon  Palatin,  ue  ren- 
fermaient rien  qui  ne  fût  purement  païen".  Pour  le 
surplus,  il  est  impossible  de  décider  si  le  premier  recueil 
détruit  dans  l'incendie  vint  à  Rome  de  dîmes  ou,  par  les 
ports  d'Étrurie,  <Jes  centres  ioniens  de  la  divination 
Sibylline. 

A  Rome,  la  question  des  Livres  Sibyllins  a  pour  point 
de  départ  la  légende  de  la  vieille  femme  qui  vint  oll'rir  à 
Tarquin  le  Superbe  des  recueils  mystérieux  où  étaient  dé- 
jiosésles  secrets  de  la  Destinée  'M)n  dira  plus  tard,  quand 
V Enéide  aura  consacré  la  renommée  des  Sibylles  en 
général  el  donné  une  réalité  plastique  à  celle  de  Cumes, 
que  ces  prophéties  étaient  rédigées  sur  des  feuilles  de 
palmier  et  même  qu'elles  étaient  sous  la  forme  de  cent 
discours  ou  à  peu  près  "'.  Servius  explique  ainsi  les  cent 
portes  et  avenues  par  lesquelles  passent  les  paroles  de  la 
Sibylle,  avant  d'arriver  à  La  caverne  où  on  la  consulte. 
Bien  avant  Virgile  on  disait  de  ces  oracles  qu'ils  étaient 
dépourvus  d'art,  durs  d'expression  el  de  sens  énigma- 
lique  :  on  leur  prêtait  une  origine  qui  se  perdait  dans  la 
nuit  des  temps,  ce  que  signifiait  aussi  le  grand  âge  des 
Sibylles  '".  Ceux  qui  étaient  conservés  à  Rome  étaient 
rédigés  en  grec  el,  pour  aider  à  leur  interprétation,  le 
Sénat  avait  adjoint  aux  Déceinvirs  des  traducteurs  versés 
dans  cette  langue.  Lorsque  les  livres  de  l'ancienne 
collection  périrent  par  l'incendie  de  l'an  83,  c'est  dans  les 
pays  grecs,  où  les  Sibylles  avaient  exercé  leur  science 
divinatoire,  qu'on  recueillit  les  éléments  de  leur  resti- 
tution ''. 

De  tous  ces  faits  ressortque  si  la  vénération,  d'ailleurs 
habilement  entretenue  par  les  pouvoirs  publics,  dont  les 

ad  .Uvi.  X,  3S.S  ;  cf.  Klauscn.  p.  229,  noie  3.S2.  V.  SiOyll.  Carm.  III,  33,  ir,  ;  l.,icl. 
I,  U,  8,  qui  cile  Knnius.  —  13  Pans.  X,I2,  S.  —  H  Dion.  Hal.  IV,  02;  Varr. 
ap.  Lacl.  I,  0,  10  sq.  ;  Serv.  ad  .1™.  VI,  72;  Aul.  Gell.  I,  19;  Dio  Cass. 
Frmjm.  10,  S  ;  l'iin.  Uisl.  N.  Xlll,  S8;  l.yd.  Mens.  IV,  U.  —  l"i  Scrv.  ad  Aat. 
III,  Ut;  VI,  74  (uii  l'aulenr  invoque  le  léniuign,ige  de  V.irrunl.  Plus  lar.l  on  en 
cilc  rédigés  sur  lin;  Cland.  IJetl.  Ijet.  232;  Svniniaeli.  Fpisl.  IV.  31.  Le 
palmier  n'a  jamais  dû  ligurer  que  par  liasard  dans  la  llorc  du  golfe  do  iSaples. 
—  16  V.  le  texte  d'Héraclile,  Plut.  Pyth.  or,  6  ;  pour  des  oracles  plus  récenis, 
V.  Diels,  p.  04:  il  y  a  peu  de  vers  grecs  aussi  difficiles  à  conq)reinlrc  que 
ei-ii\  de  ces  oracles.  EwaUl.  Cf/nr  Fnslvhunti,  elc.  p.  9,  s'exclame  sur  la 
Ijeaulê,  la  vigueur  du  langage  de  certains;  ceux-là  mémo  sont  déparés 
par  des  faules  grossières  ;  cf.  Volkmanu.  De  orne.  Siljyll.  p.  10,  et  Diels, 
Op.  cit.  p.  57  si|.  —  "  i;g  recueil,  déposé  au  Capilole  reeonslruil  en  l'an  70, 
coniporlail  un  millier  de  vers;  tous  ceux  que  nous  possédons,  soil  de  lîunie, 
soil  d'aillunrs  (v.  Pans.  X,  12,  ptissitn)  sont  eu  liexainèlres;  cf.  Tib.  Il,  5,  10;  pour 
le  surplus,  v.  Varr.  Ling.  lat.  VU,  8S  ;  Zonar.  VII,  1 1  ;  el  Nlebulu-,  Itoem. 
Gcich.  I.  n.  1123. 


SIB 


1297   — 


SIB 


livrcsdilsSibyllins  étaient  entouri'S,  s'imposait  à  In  fouir, 
leur  autorilé  religieuse,  aux  yeux  des  esprits  éclairés, 
était  su.jelle  à  caution.  El  l'on  voit,  en  elTel,  qu'elle  fut  plus 
d'une  fois  contestée.  La  meilleure  preuve  nous  en  est 
fournie  par  Cicéron  qui,  dans  son  traité  delà  Dhnnn/ion, 
parle  des  Livres  Sibyllins  avec  un  scepticisme  voisin  du 
persidage'.  Pour  lui,  les  prophéties  et  les  recomman- 
dations, toujours  de  circonstance,  que  le  Sénat  faisait 
tirer  de  ces  livres,  n'avaient  rien  de  commun  avec  l'ins- 
piration délirante  d'une  Sibylle  ;  mais  elles  étaient  l'oHivre 
d'un  faussaire  habile  qui  s'arranj^eait  pour  faire  paraître 
comme  prédits  des  événements  déjà  arrivés,  et  cela  en 
supprimant  toute  indication  précise  d'hommes  et 
d'époques. 

Nous  savons  que  les  livres  étaient,  à  l'origine,  l'objet 
d'un  secret  rigoureux;  et  la  tradition,  qui  remonte  à  leurs 
débuts,  raconte  qu'une  divulgation  fut  alors  punie  de  la 
peine  des  parricides'.  Mais  dans  la  suite,  ce  secret  n'était 
plus  qu'un  lointain  souvenir;  quand  le  collège  fut  porté 
à  dix  membres  (369  av.  J.-C.i  et  que  les  fonctions  en 
furenldevenues,  par  partégale,  accessiblesaux  plébéiens 
et  aux  patriciens,  le  secret  était  chose  impossible.  Des 
oracles  primitifs  il  n'est  jamais  question,  et  pour  le 
surplus,  les  solennels  destins  du  Peuple  romain  n'eurent 
plus  rien  de  mystérieux  pour  personne  '.  On  les  con- 
sultait, non  sur  ce  qui  arriverait  dans  un  avenir  plus  ou 
moins  éloigné,  opération  toujours  hasardeuse  et  qui, 
répétée,  aurait  bien  vile  compromis  l'autorité  de  celte 
pratique  religieuse,  mais  sur  les  remèdes  à  apporter  aux 
maux  présents,  sur  les  procédés  d'expiation  et  de  puri- 
fication que  réclamaient  les  fléaux  elles  prodiges.  Et  sur- 
tout on  y  cherchait,  sous  le  coup  des  malheurs  publics, 
des  raisons  pour  se  rassurer  et  prendre  confiance  dans 
un  meilleur  avenir^  11  s'agissait  généralement  de  savoir 
à  quelles  divinités  il  fallait  de  préférence  avoir  recours, 
par  quelles  cérémonies  il  y  avait  chance  de  les  apaiser 
et  d'obtenir  leur  protection.  Ces  prescriptions  étaient 
tirées,  par  une  interprétation  laborieuse,  du  texte 
retourné  en  lous  sens  des  oracles  anciens;  et  alors  le 
commentaire  qui  était  l'œuvre  du  collège  prenait  place  à 
côté  des  vieux  textes,  dans  le  trésor  sacré  du  Capilole. 
Commentaires  et  textes  devenaient,  en  certains  cas,  l'objet 
d'une  formelle  divulgation  °. 

Uègle  générale,  c'était  l'intérêt  politique  qui,  interprété 
par  le  Sénat  sous  la  Hépublique  et  plus  tard  à  la  volonté 
de  l'Empereur,  décidait  de  l'usage  qu'il  convenait  d'en 
faire  au  regard  du  peuple  '.  Au  plus  fort  des  troubles  di' 
l'an  Hl  av.  J.-C,  le  Sénat  ordonna  qu'on  porterait  à  la 
connaissance  des  citoyens  l'oracle  Sibyllin  qui  recom- 
mandait, pour  rendre  la  sécurité  à  la  ville,  d'en  faire 
sortir  le  dictateur  Cinna  avec  six  tribuns  du  peuple  qui  y 
entretenaient  le  désordre''.  En  l'an  54,  ce  fut  un  conflit 
de  politique  extérieure  qu'on  tenta  d'apaiser  par  le  même 
moyen  ;  mais  cette  fois  il  suscita  les  protestations  et  les 
plaisanteries   des   esprits   indépendants  *.   Caton,    alors 


f  Cic.  Divin.  l\,ii,  110.  —  2Dui;M»mi,p.  tiT.  —3  Textes  cbez  UiOD  Cass.  XXXIX, 
IS,  i:T.  I.iv.  XXXVllI,43;Cic.  Dicin.ll,  5*,  1 U  ;  cf.  DicIs.Op.c.V.  p.  15  :  Marquardt- 
Mommseii,  ttandbuch,\\,  p.  334;  Wissowa,  /leligion  iinrf /fuHu's,  p.  46»  sq.  —  »  Sur 
tous  ces  points,  v.  dans  les  index  les  nombreuses  mentions  failes  par  Tite-I.ite 
depuis  l'an  460  av.  J.-C.  de  la  consultation  des  livres  Sibyllins:  Cic.  </^  /.h,;.  Il,  3v: 
Oivin.  II.  lli.  —  ST.  Liv.  V.  l:!  :  Jlemedia  Sibijllina;  l'Iul.  l'i/lli.  or.:i;  Dion.  Hal. 
IV,  6i  :  X,  J.  —  6  Plin.  Uist.  jV.  VII,  33,  1  ;  XVII,  38,  3.  —  '  Gran.  Licin.  p.  83,  i. 
—  »  Cic.  Fam.  I,  4,  i;  7,4.  Lucau.  VIII,  8i4  ;  Dio.  Cass.  XXXIX,  15,  2;  cf. 
Diels,  p.  17  ^.|.  — 'JT.  I.iv.  XXXVlll,  43.  —  10  Sali.  Cal.  17,47:  Cic.  ta(.  III,  4; 

VllI. 


tribun  du  peuple,  avait  divulgué  le  texte  d'un  oracle,  évi- 
demment obtenu  sur  commande,  qui  poussait  à  la  réin- 
tégration dans  son  royaume  d'Egypte  de  Ploléinée  Aulélès 
chassé  par  ses  sujets.  Un  fait  plus  ancien  et  tout  aussi 
caractt-rislique  est  celui  de  Manlius  Vulson  s'apprélant  à 
franchir  le  Taurus  (187  av.  J.-C.)  et  à  qui  ses  lieutenants, 
moins  ardents,  durent  rappeler  l'oracle  Sibyllin  qui, 
sous  peine  dune  défaite,  interdisait  aux  Romains  de 
passer  cette  limite'.  Au  cours  de  la  conjuration  de 
Calilina,  nous  voyons  l'oracle  au  service  d'une  ambition 
particulière  qui,  d'ailleurs,  s'en  trouva  mal.  P.  Lentiilus 
Sura  n'était  entré  dans  le  complot  que  parce  que  la 
Sibylle  avait  promis  ii^  un  troisième  membre  de  la  gens 
Cornclia  (les  deux  premiers  avaient  été  Sylla  et  Cinna), 
la  domination  sur  Kome"'.  Enfin  nous  savons  que  la 
célébration  des  Jeux  Séculaires,  sous  Auguste,  donna 
lieu  à  tout  un  travail  de  jurisconsultes  et  de  prêtres,  en 
collaboration  avec  l'Empereur  et  avec  le  collège  des  Qtiin- 
decemvirs,  pour  la  lixation  de  la  date  et  du  dispositif  des 
jeux  et  que  les  décisions  demandées  à  la  Sibylle  furent 
communiquées  au  public". 

Tous  ces  faits  donnent  à  l'histoire  de  la  divination 
sibylline  à  Rome  un  caractère  de  précision  qui  fait  tota- 
lement défaut  à  celle  des  centres  helléniques  d'où  elle 
était  issue.  C'est  qu'au  lieu  de  reposer  sur  l'inspiration 
d'une  personnalité  légendaire,  livrée  à  la  science  indi- 
viduelle et  toujours  contestable,  celte  divination  y  est 
l'œuvre  d'un  sacerdoce  fortement  organisé,  placé  sous  le 
contrôle  du  Sénat,  mis  en  mouvement  par  lui  pour  des 
cas  définis  et  subordonnés  à  l'intérêt  public '^  Si  ce 
collège  détient  le  recueil  des  oracles  anciens  dont  le 
mystère  fait  son  prestige  devant  l'opinion,  il  s'en  sert  à 
sa  guise:  il  les  sollicite  en  vue  d'un  résultat  prévu,  que 
la  raison  d'État  a  jugé  le  meilleur;  il  les  interprète  à  la 
lumière  des  besoins  présents  et  de  la  politique  du  Sénal. 
Ce  n'est  donc  plus  de  la  divination,  ni  libre  comme  celle 
des  anciennes  Sibylles,  ni  orientée  vers  l'idéal  d'un  culte 
ou  d'un  sanctuaire  en  renom,  comme  celle  des  Pythies, 
mais  une  forme  supérieure  d'influence,  exploitée  par  la 
plus  haute  autorité  de  la  République,  sous  le  nom,  tou- 
jours respecté  parce  que  mystérieux,  de  la  Sibylle-'. 

Lesdocuments  qui  nous  permettent,  en  quelque  sorte, 
de  prendre  sur  le  fait  ces  procédés  de  consultation  savam- 
ment machinée  sont,  avec  l'oracle  relatif  aux  Jeux  Sécu- 
laires de  l'an  17  et  contemporain  de  ces  jeux,  les  deux 
fragments  d'oracles,  en  tout  soixante-dix  vers,  que  nous 
a  conservés  Plilégon  de  Tralles  et  qui  ont  été  étudiés  avec 
une  érudition  aussi  judicieuse  que  solide  par  Diels  dans 
ses  Sibylllnisdie  Blaetter^'.  Au  point  de  vue  du  fond, 
ils  ont  ceci  de  particulier  qu'ils  sont  d'inspiration  pure- 
ment païenne,  diflérant  en  celades  poésies  sibyllines  qui 
eurent  cours  dès  la  fin  du  i"  siècle  avant  l'ère  chrétienne, 
où  l'on  relève  des  traces  de  spéculations  néoplatoniciennes 
de  croyances  messianiques,  en  attendant  les  rêveries 
millénaires  et  bien  d'autres.  En  ce  qui  concerne  la  forme, 


IV,  I,  f..  l'Iul.  Cic.  17.  Eu  itav.J 
sa  dictature  en  un  pouvoir  mon: 
Sibyllins,   que  les  Romains  avai 
Divin.  Il,  34;  Dion  Cass.  XLlV.   I 


moment  oii  Ci^ar  songea  à  Ir-Misformer 

:hique.  Ion  rcpandil  le  bruit,  sur  la  foi  des  livres 

t  besoiu  d  un  roi  pour  vaincre  les  l'arllie 

Suel.  Cms.  73;  Plut.  Caes.  70.  —  'i 


;  Cic. 


i.AKES  lUDi,  p.  989,  i  sc(.  —  12  four  le  détail,  v.  nunaviru,  p.  435  sq.  —  "  Cf.  Wis- 
sowa, 0/1.  cil.  p.  4«isq.;  Marquardt-Moiiioiseu,  0;i.  cit.  p.  3.ï7,  avec  les  lcilescil*s. 
—  Il  (Jp.  cit.  le  texte  «labli  et  annota,  p.  109-Ii4;  d'après  l'Iilegon,  Mirabitia, 
cap.  X  ;  cf.  Mucller,  Fraymenta  liistoric.  giaec.  t.  III,  p.  019  n.  39  ;  cl  Emperii 
Opuscula,i<iH.  Schneide«in,  1847, p.  i:)l  sq. 

1G3 


SIB 


—  1298  — 


SU 


on  Cdiislak'  qm-  l;i  langue  ol  la  viTsilicalion  y  sont  rudi-s 
cl  incorrecU-s;  les  images  lieiirlées  cl  incohérentes,  la 
pensée  obscure  jusqu'à  en  devenir  inintelligible '.  Il  n'y 
a  pas  de  fragments  de  poésie  religieuse  en  langue  grecque 
qui  soient  d'interprétation  plus  laborieuse  el  qui  laissent 
plus  de  détails  indécis.  Enlin  ces  soixante-dix  versolïrent 
cette  particularité  (ils  sont  les  seuls  dans  ce  cas)  d'être 
compliqués  par  l'emploi  de  l'acrostiche  :  or  Cicéron  dans 
un  passage  du  de  Dirinaliuiie  qui  a  fortement  exercé  la 
sagacité  des  commentateurs  et  des  traducteurs,  signale 
précisément,  comme  une  des  caractéristiques  de  la  poésie 
sibylline,  l'emploi  de  Vacrostir/ic-. 

Ce  procédé,  fort  en  honneur  d.ins  la  poésie  latine  de 
l'époque  carlovingienne  et  de  la  scolaslique,  ne  remonte 
pas  au  delà  des  débuts  de  la  poésie  alexandrine.  Les  deux 
oracles  conservés  par  Phlégon  de  Tralles  el  édités  par 
Diels  qui  en  a  ingénieusement  restitué  les  lacunes,  ont 
réalisé  le  tour  de  force  d'un  acrostiche  poursuivi  sur  des 
morceaux  entiers,  dont  l'un  compte  encore  trente  vers 
intacts  et  l'autre  quarante.  Dans  ce  dernier,  en  acceptant 
la  restitution  de  Diels  pour  les  deux  vers  qui  ont  péri, 
nous  obtenons  à  l'aide  des  lettres  initiales,  un  hexamètre 
complet  el  un  incomplet  dont  voici  le  sens  :  «  (sous  toii/es 
sortes  de  formes  >}Oiis  menace  le  ma/heur);  celui  qui 
échappe  à  l'un  el  qui  fier  sur  son  coursier  rentre  chez  lui, 
tombera  bientôt  dans  une  nouvelle  infortune.  Mais  alors 
encore  (la  Sihi/llc  vous  indiquera  le  remède  si  cous  ave: 
confiance)'  ».  Si  nous  rapprochons  ces  acrostiches  du 
témoignage  conlroversé  de  Cicéron  sur  la  forme  de  la 
poésie  sibylline,  nous  dirons  avec  Diels  que  ce  témoi- 
gnage pourrait  être  plus  clair,  mais  qu'il  devient  ainsi 
suffisamment  intelligible  :  nous  constatons,  en  effet,  que 
l'initiale  de  chaque  vers  forme  le  cadre  de  la  consultation 
entière  el  qu'il  y  a  là  un  moyen  de  garantir  le  texte  tout 
entier  contre  les  tentatives  d'altération  '. 

Le  même  auteur  a  démontré  que  ces  deux  oracles  ont 
dû  être  composés  (le  préambule  dont  les  a  accompagnés 
Phlégon  de  Tralles  nous  l'apprend  d'ailleurs)  à  l'occasion 
d'un  prodige  (naissance  d'un  hermaphrodite)  qui  en 
l'an  :207,  c'est-à-dire  dans  la  période  où  les  désastres  de 
la  seconde  guerre  Punique  avaient  attiré  sur  Home 
n  comme  une  ('■pidi-mie  de  superstition''  »  ;  qu'ils  ont  dû 
être  rédigés  par  les  interprèles  hellénisants  qui  faisaient 
régulièrement  partie  du  collège  des  Decemvirs  et  qu'enfin 
ces  morceaux,  dans  leur  expression  littéraire,  par  l'emploi 
des  formules  graves  el  ampoulées,  présentent  tous  les 
caractères  que  les  auteurs  anciens  ont  relevés  dans  la 
poésie  sibylline.  Ils  concordent,  d'autre  part,  avec  les 
nombreux  passages  où  Tite-Live,  historien  des  guerres 
Puniques,  raconte,  d'après  les  sources  officielles,  les  pro- 
diges survenus,  les  cérémonies  expiatoires  et  les  conju- 
rations prescrites  parles  livres  Sibyllins.  Ces  oracles  nés 

Jbid.  p.  64  sq.  Diels  rappelle  arec  raison  l'oiiscurilé  emphatique  des  rragiiienUde 
Harininide  el  d'Iléraelile.  —  2  Dion.  liai.  IV,  6i,  6,  d'après  Varr.  tterum  DMnariim  ; 
Cic.  Dioin.  Il,  5*,  I H  S'|.  —  '  Nous  savons  i|n'Knnins  s'en  esl  servi  pour  niellrc  son 
nom  en  vedclte,  |iar  les  leUres  initiales  de  vers  successirs.  Cic.  loc.  cit  :  ul  in  qui- 
bmdam  linnianis  u.  esmls  fi!.:it.  Le  passage  qui  suit  a  «tf  l'ol'jel  de  nomhrcuses  con- 
troverses el  naturellement  d'interprétations  erronées  ;  d'abord  de  la  part  de  Klausen, 
p.  255;  pour  le  d(>tail  Irèsépineui.  v.  Diels,  p.  ÏG  sq.  ;  pour  l'histoire  du  procédé  de 
Yacroitiche,  p.  3^  S4|.  L'auleur  de  V llian  /Mtina  forma  a\ec  les  lettres  initiales  de  ses 
huit  premiers  vers  le  coi/nomen  il'ltalkus  qui  esl  le  sien;  v.  Kr.  l'Iessis, //a/ici/ZiiK 
ÎMtina.  p.  5  si|.  —  '  Les  parlies  entre  parenthèses  traduisent  la  restitution  de  Diels, 
V.  p.  28  sq.  —  '' l"our  le»  altérations  de  ce  genre,  cf.  Ilerod.  VII.Bct  l.ohcck,  Aj/no- 
pliamut.  p.  33t.  —6  V.  Polyb.  ill,  1 12,  C  ;  cf.  Diels,  p.  «3  ;  cesl  h  partir  de  l'an  249 
av.  J.-C.  dale  oii  l'on  fixe  la  première  célébration  des  Jeux  Séculaires,  que  la  liste  des 
prodiges  donnant  occasion  à  la  consultation  des  livres  Sibyllins,  fut  affichée  in  alho 


en  l'année  125 av.  J.-C,  marquée  par  les  événements  les 
plus  funestes  el  les  signes  les  plus  terrifiants  (elle  est 
celle  des  tentatives  faites  par  les  Gracques  contre  l'ordre 
public),  ont  reçu  une  application  nouvelle  de  la  part  des 
Decemvirs,  qui  les  accommodèrent  aux  malheurs  pré- 
sents". L'un  et  l'autre  renferment  des  détails  qui  ne 
pouvaient  être  [exploités  que  par  un  auteur  pénélré  des 
idées  religieuses  de  Rome  et  qui,  tout  en  les  rédigeant 
dans  la  langue  grecque,  a  dii  penser  en  Hoinain.  .\insi  la 
prière  à  Perséphone  que  l'on  supplie  de  ne  pas  quitter 
son  peupledevant  lamenaced'une  guerre,  esl  uneallusion 
transparente  à  la  pratique  romaine  de  Vevocatio'' .  Ainsi 
également  la  recommandation  d'accomplir  les  cérémo- 
nies :  à/aï(7T';,  rilu  graeco,  serait  absurde  dans  la 
bouche  d'un  compatriote  des  Sibylles  d'Ionie*.  On  peut 
voir  chez  Diels  que  cet  auteur  d'oratdes,  travaillant  au 
nom  et  sous  la  suggestion  du  collège  tout  entier,  connais- 
sait mieux  la  différence  des  deux  rites  grec  et  romain 
que  les  finesses  de  la  langue  et  de  la  versification  grecque. 
Convient-il  d'accepter  la  conjecture  qui,  choisissant  entre 
trois  membres  connus  du  collège,  Papirius  Manso,  Cor- 
nélius Lentuliis  et  Cornélius  Kufus  Sibylla,  se  décide 
finalement  à  ne  rlésigner  ni  l'un  ni  l'autre,  mais  cite 
comme  auteur  probable  Fabius  Piclor  l'annaliste  qui,  à 
cause  de  son  savoir,  fut  après  le  désastre  de  Cannes 
envoyé  à  Delphes  consulter  l'oracle  de  la  Pythie  el  qui, 
pour  celle  même  raison,  devait  sembler  tout  désigne 
pour  rédiger  à  Rome  celui  que  réclamaient  des  circon- 
stances critiques  "'.'  Il  me  parait  plus  plausible  d'en  faire 
honneur  à  ce  Cornélius  Rufus  qui  aurait  reçu  à  cette 
occasion  le  cognomen  significatif  de  Sibylla. 

Quel  qu'en  ait  été  d'ailleurs  l'auteur,  ces  oracles, 
rapprochés  de  celui  qui  prélude  aux  ,leux  Séculaires  de 
l'an  17  et  qui  prêle  à  des  observations  analogues,  sous  la 
réserve  qu'il  ne  s'est  pas  astreint  à  l'acrostiche,  portent 
nettement  le  caractère  du  milieu  et  du  temps  où  ils  ont 
été  composés.  S'ils  reproduisent,  dans  une  certaine 
mesure,  la  forme  sans  charme,  sans  apprêt  et  sans 
fard,  qui  d'après  Heraclite  était  celle  des  anciennes 
Sibylles,  ils  ont  reçu  l'empreinte  des  croyances  romaines; 
ils  s'inspirent  de  préoccupations  politiques  el  sociales 
qui  réclament  des  remèdes  exceptionnels.  Finalement, 
ils  démontrent  que  la  divination  confiée  au  collège  des 
Decemvirs  opère  peut-être  suivant  des  procédés  que  nous 
ignorons,  sur  des  textes  transmis,  mais  que  le  plus 
souvent  ces  textes  sont  fabriqués,  sous  la  pression  des 
circonstances,  d'après  les  indications  pieuses  données 
par  le  Sénat. 

On  voit,  par  tout  ce  qui  s'est  passé  à  Rome  depuis  l'in- 
troduction des  livres  Sibyllins,  avec  quelle  facilité  les 
oracles  se  prêtaient  à  des  altérations  et  à  des  interpo- 
lations de  toute  sorte.  Mais  ce  n'est  pas  seulement  entre 

par  les  soins  du  premier  IJi-and  Pontife  d'origine  plébéienne,  T.  Coruncanius 
(Periocli.  18).  La  seconde  guerre  punique  marque  le  point  culminant  de  celle  recru- 
descence de  religiosité  maladive;  cf.  T.  Li>.  .\XIV.  10.  10:  X.WII.  11.  4;  37,5; 
38  s(|.  V.  pour  la  même  année  217  la  procession  en  l'honneur  de  Juno  Itef/ina  avec 
le  chœur  des  2"  jeunes  filles;  iftid.  XXVII,  37,  12;  23,  4  el  Feslus,  p.  333  sq.  ;  deux 
ans  plus  lard,  l'iutroducliou  de  la  .Mmjna  Mater  venue  de  Plirjgie:  T.  Liv.  XXIX, 
10.  i.  —  "'  Diels.  p.  lot  sq.  et  le  vers  28  de  l'oracle  oii  est  exprimé  un  vœu  con- 
cernant les  Grecs,  par  la  plume  d'un  Romain  se  servant  de  leur  langue.  Or.  (chez 
Cblegon),  v.  9  et  35  :  'ly.».,-.  S'EXi(|vi»Ti  i:t»i:«  TiU^;  -i  ««i  «ùt,;,  ibij.  14  et  75;  cf. 
supr.  Pour  la  vulgarisation  de  celte  langue  chez  les  membres  de  l'aristocratie  ro- 
maine. V.  Plut.  Mure,  lel  l'exemplede  Scipion  le  l"  Africain.  —  8  plut.  C.  Grncch. 
3  ;  Val.  Max.  IV,  5,  1  ;  App.  1,34;  Jul.  Obs.  27,  p.  1 19.  Phleg.  Mil:  10  ;  cf.  Diels, 
p.  5  sq.  ;  p.  17,  20.  —  9  Diels,  p.  104;  pour  les  interprètes  grecs  adjoints  an 
collige,  V.  Dion.  liai.  IV.  62,  5. 


SIB 


—   1299  — 


SIB 


les  mains  d'un  sacerdoce  régulier  qu'ils  tétaient  ainsi 
grossis  ou  modifiés  au  gré  des  circonstances  ;  on  peut 
même  dire  que  c'est  à  Rome  que  ces  abus  étaient  le 
moins  sensibles  et  que  l'esprit  de  l'institution  des  Décem- 
virs  était  de  se  servir  des  oracles,  ainsi  que  le  dira 
Cicéi'on  :  ad  deponendas  poliiis  quam  ad  sttsci- 
picndaK  re/igioiies'.  Il  en  était  tout  autrement  dans  le 
monde  iielli-nique;  la  divination  Sibylline  y  était  rede- 
vable de  son  succès  à  son  indépendance  vis-à-vis  de  la 
divination  et  des  cultes  réguliers.  En  rapport  avec  la 
religion  d'Apollon,  mais  livrée,  en  vertu  de  ses  origines, 
à  l'arbitraire  des  prédictions  individuelles,  elle  devenait 
la  grande  ressource  de  tous  les  novateurs  en  matière 
religieuse;  et  comme  ses  premières  manifestations 
étaient  aussi  clairsemées  que  dépourvues  de  dogmatisme, 
elles  s'ouvrirent  d'elles-mêmes  aux  additions  et  aux 
déformations  les  plus  imprévues.  De  là  toute  une  litté- 
rature religieuse  qui  s'élabora  à  partir  du  ii''  siècle-  avant 
notre  ère,  reçut  une  impulsion  puis.sante  du  conflit  des 
systèmes  philosophiques  et  des  croyances  monothéistes  au 
déclin  du  paganisme,  et  finitpar constituer,  toujours  sous 
le  nom  de  livres  Sibyllins,  un  instrument  de  prosélytisme 
et  de  polémique  contre  le  paganisme  vieillis.sanl\  Il  y 
eut  alors,  comme  nous  l'avons  montré  plus  haut,  des 
Sibylles  chaldéenne  et  babylonienne  qui  furent  confis- 
quées et  annihilées  par  la  Sibylle  Judaïque;  et  celle-ci 
aboutit  à  une  Sibylle  chrétienne,  chacune  pour  sa  part, 
selon  l'esprit  de  la  religion  dont  elle  était  l'interprète, 
rendant  des  oracles  qui  furent  exploités,  jusqu'à  l'aurore 
du  moyen  âge,  pour  le  triomphe  des  croyances  rivales  \ 
Dans  ce  fatras,  où  les  recherches  de  l'érudition  moderne 
n'ont  pas  réussi  encore  à  faire  la  lumière,  les  interpo- 
lations et  les  altérations  successives  sont  d'autant  plus 
difficiles  à  saisir  qu'elles  ont  été  le  plus  souvent  pra- 
tiquées de  bonne  foi  ;  les  prédictions  mêmes,  faites 
après  l'événement  et  à  coup  sûr,  donnent  à  certaines 
parties  une  apparence  d'autorité  qui  fit  illusion  aux 
premiers  lecteurs.  Comme  l'a  justement  remarqué 
KlauseaS  il  ne  saurait  même  être  question  de  les  traiter 
de  supercheries,  leurs  auteurs  étant  eux-mêmes  les 
victimes  d'une  illusion  naïve  et  inconsciente.  Il  nous 
suffira  de  mentionner  sommairement  ces  recueils  qui 
sans  doute  ne  livreront  jamais  le  secret  de  leurs  origines 
diverses,  à  peine  celui  de  leur  influence  sur  l'opinion. 
Ils  furent  en  honneur  parmi  les  apologètes  et  les  Pères 
des  Églises  d'Orient  et  d'Occident,  jusqu'au  temps  où 
le  christianisme  eut  réduit  au  silence  la  sagesse  païenne. 
Composés  en  grec,  ils  renferment  des  parties  qui  re- 
montent à  l'an  170  av.  J.-C,  et  les  plus  récentes  sont  de 
l'époque  de  Laclance,  du  v'"  siècle ''.  Il  est  impossible  de 


IT.  I.iv.  XXV,  i.  ls,|.;  MacroL.  1,  17,  :!:.  l'oiir  If  rôle  liu  Fabius  Piclor,  cf.  T.  Liv. 
X.VII,  57el  XXlll,  11:  (.oui- Cornélius  Uufus,  rt/i/.  XXVII,  f.i.  —  i'  CiC.  Onin.  Il, 
54,  lli.  —  3C.  Alciaildre,  .Siti///.  l'iacf.  XXX;  Evcuisus  IV  :  de  Siùi/llinis  apud 
Cf'.ristianos  carminiljtts,  p.  'l^i  si|.  ;  cf.  BoucIir-Li-cleiTH,  11,  p.  194  sq.  —  *  l)"ajirùs 
Ëwalti,  Op.  cit.  p.  43  s<|.,  les  plus  anciens  lexles  remouleraieul  à  1:!4  av.  J.-C.  ; 
les  plus  récents  scraienl  de  l"épo(jue  Byzantine,  Gtjs  à  67^  ap.  J.-C.  11  n'y  a  Jamais  eu 
pendant  ce  temps  do  rédaction  oriicielle.  auLlienli<|ue;  cf.  Lobeck,  Aijlaopitamus. 
p.  33V.  —  ^  beruliardy,  Gritndriss,  etc.  Il,  1,  p.  4i0  st|.,  (|ui  donne  une  analyse  assez 
étendue  et  une  appréciation  Judicieuse  de  toute  cette  littérature,  avec  la  bibliographie 
des  travaui  ((u'elle  a  provoqués.  —  li  Op.  cit.  p.  •lié.  —  ^  l.e  déclin  commence  a\ec 
l'extinclion  de  la  race  prétendue  des  Aeuaedes  dont  le  dernier  est  .Nêroa;  les 
Sibylles  parlent  de  son  retour  du  lointain  Orient  ;  Tac.  i/ist.  1,  i  ;  11,  8;  Suet 
Mer.  57;  Din.  Cass.  LXIV,  9;  Aug.  Cil).  D.  XX,  19,  î.  V.  cliez  Klausen,  p.  291,  les 
traces  de  Tiidluence  Sibylline  sur  les  historiens  de  {'histoire  Auguste,  note  413, 
notannnent  sur  Dion.  Cassius.  —  »  V.  Bcrnliardy,  Op.  cit.  11,  1,-p.  44^  ;  Bouclié- 
Leclercq,  11,  ej'.'sq,  —  'J  De  tous  les  écrivains  convertis  au  Christianisme,  Laclance 


conjecturer  dans  quelle  mesure  ce  qui  est  arrivé  jusqu'à 
nous  correspond  à  la  réalité  des  temps  oii  le  mélange 
incohérent  en  a  été  composé,  et  par  quelles  phases  il  a 
évoluéavanlde  revétirla  formeoù  nous  le  voyons  aujour- 
d'hui''. Une  chose  est  certaine,  c'est  que  ces  livres  Siliyl- 
lins  ne  s'adressaient  pas  aux  païens  et  qu'ils  n'avaientpas 
pourauleurs  des  païens;  l'intelligence,  à  plus  forte  raison 
le  goût  de  la  tradition  païenne,  y  fait  défaut.  Si  Lactance 
les  traite  encore  avec  respect  *,  en  les  faisant  servir  à  la 
défense  de  la  religion  révélée,  saint  Ambroise  et  saint 
Augustin,  qui  le  suivent  à  un  demi-siècle  de  distance, 
font  bon  marché  de  leur  autorité  ;  et  même  le  dernier 
admet  que  les  prophéties  Sibyllines  qui  font  allusion  à  la 
naissance  du  Christ  ont  été  fabriquées  par  des  chrétiens'. 
Il  en  avait  été  tout  autrement  dans  l'Église  d'Orient  où 
saint  Justin,  Clément  d'Alexandrie,  Alhénagore,  Théo- 
phile s'en  étaient  servis  de  confiance  dans  leurs  polé- 
miques avec  les  païens;  Origène  seul  et  saint  Irénée 
s'étaient  montrés  sceptiques  '».  Le  discours  prononcé  par 
l'empereur  Constantin  au  Concile  de  Nicée  pour  la  défi- 
nition du  dogme  de  la  Trinité,  discours  dont  Eusèbe, 
qui  le  rapporte  dans  son  histoire,  fut  sans  doute  l'auteur, 
en  appelle  à  l'autorité  de  la  Sibylle  d'Erythrée,  à  la 
/}'•'  Églofjue  de  Virgile,  toute  pénétrée  de  l'esprit  mes- 
sianique, et  au  témoignage  de  Cicéron  sur  les  Sibylles 
en  général,  pour  persuader  à  l'auditoire  que  la  naissance 
du  Christ  figurait  dans  leurs  prophéties  et  que  seuls 
les  incrédules  pouvaient  dire  de  ces  prédictions  ou 
qu'elles  avaient  été  arrangées  après  coup,  ou  tiu'elles 
avaient  un  autre  sens  ".  Combien  plus  avisé  avait  été  le 
poète  Prudence  qui  célèbre  la  défaveur,  dont  l'esprit  nou- 
veau frappait  la  sagesse  sibylline,  avec  un  emportement 
lyrique  rappelant  pour  le  ton  celui  d'IIéraclile ''-.  »  Il 
n'y  a  plus  de  fanatique  qui,  hors  d'haleine  el  l'écume 
aux  lèvres,  déroule  les  destinées  à  l'aide  des  livres 
Sibyllins  ;  et  Cumes  pleure  la  fin  de  ses  oracles  "  ■>.  Nous 
touchons  au  temps  où  les  derniers  écrivains  païens  vont 
exhaler  leurs  doléances  sur  la  destruction  officielle  par 
le  Consul  Slilicon  des  oracles  conservés  à  Rome,  en 
assimilant  ce  crime  au  meurtre  d'Agrippine  par  son  fils 
Néron:  «  Quand  il  a  aboli  ces  gages  donnés  par  le  destin 
à  la  durée  éternelle  de  l'Empire,  Stilicon  a  frappé  la  mère 
du  monde;  Néron  n'avait  assassiné  que  la  sienne.  » 

V.  Représk.ntatiûns  figlrées.  —  Nous  avons  signalé, 
au  cours  de  cette  étude,  quelques  monnaies  originaires 
d'Asie-Mineure  et  de  Cumes  que  l'on  peut  considérer 
comme  frappées  à  l'effigie  de  la  Sibylle.  Leur  intérêt  est 
dépassé  de  beaucoup  par  celui  d'une  monnaie  au  nom  de 
Lucius  Manlius  Torquatus,  triumvir  monétain'  vers 
l'an  54  av.  J.-C.  ".   Elles  représentent  au  droit  une  tête 


est  celui  qui  lire  le  plus  parti  lU-s  oracles  Sibyllins  contre  les  païcus;  v.  Pichou, 
Lactance,  Paris,  1901  ;  p.  lit),  lis,  ao9,  211.  Il  compose  sa  démonsiralion  histo- 
rique de  la  divinité  du  Christ  à  laide  des  Sibyllins  autant  presque  que  de  l'Écriture 
Sainte  ;  son  origine  africaine  semble  lavoir  prédisjiosé  aui  prophéties  âpres  cl 
lu-'ubres  et  les  images  des  Sibyllnis  haulenl  pcrpétciellemenl  sa  pensée.  —  >'>  Aug. 
Cil).  D.  XV11I,47  sq.;  ado.  Faust.  XV,  13  où  sou  point  de  vue  est  uetlenieut  délini 
par  cette  antithèse  :  valet  quidem  aliquid  ad  paijaitorum  vamtatem  remiicendam, 
iioH  tamen  ad  istonim  auctnritalem  ampleclendam.  —  "  C.  Alexandre,  Sil/i/lt. 
Pracf.  XXX;  Ëxcursus  IV.  p.  Î4i  sq.;  Bouché-Lcclercq,  11,  p.  il3sq.  —  '2  lîuscb. 
Vil.  Constant.  —  "  Prudent,  adu.  Jud.  V,  lîo.  Cf.  Gels.  ap.  Orig.  Cuntr.  Cels. 
VU,  30S.  —  "  Rutil.  Nura.  Itin.  11.  'j\.  Les  derniers  témoignages  chez  Claud.  Bell. 
Ge't.in;  Symmach.  Ep.  IV,  31.  Rutilius,  un  des  rares  païens  qui  osent  plaider 
encore  pour  le  paganisme  u  damne  Stilicon  comme  un  moine  du  moyen  àije  damne- 
rait tes  Sarra:ins  bnUanl  f  Evangile  -  :  Ampère,  Hist.  litter.  de  la  France, 
ch.  XXII.  Pour  les  discussions  dout  les  vers  de  Rutilius  ont  été  lobjel,  v.  Vessc- 
reau.  Rutilius  Xumatianus,  Paris,  19UI,  p.  30«  sq. 


SIC 


—  1300 


Sic 


de  fommp  ;i  l'expression  grave,  dans  un  cadre  forme  de 
deux  {guirlandes  de  laurier;  l'exergue  porte  le  nom  de  la 
Sibylle;  au   revers  ligure  un  trépied  encadré  de  deux 
étoiles  ra])pelanl,  l'un  le 
culte  d'Apollon,  les  autres 
l'astre  qui  conduisit  Énéc 
de  la  Troade  vers  l'Hespé- 
rie   (tig.  ()3!I4)  '.  En  fait, 
celle     monnaie,     frappée 
Fig.  6394.  —  i.a  sii.viii'.  daus  Une  période    oi^i    la 

divination  sibylline  esl 
à  Rome  plus  populaire  que  jamais,  est  le  seul  monu- 
ment ancien  qui  nous  apporte  avec  certitude  une  repré- 
sentation de  la  Sibylle.  Rome,  cependant,  en  connaissait 
d'autres  ;  nous  trouvons  en  effet,  chez  Pline  l'Ancien-, 
la  mention  de  trois  statues  élevées  près  de  la  tribune 
aux  harangues  sur  le  forum  et  représentant  la  Sibylle; 
elles  auraient  été  placées  l'une  par  S.  Pacuvius  Talurus, 
édile,  les  deux  autres  par  M.  Messala.  Pline,  qui  ne 
les  a  certainement  connues  que  par  la  tradition,  les 
considère,  avec  celle  de  l'augure  Attus  Navius,  comme 
les  plus  anciennes  qui  existent  et  il  semble  les  faire 
remonter,  sinon  à  l'époque  des  rois,  du  moins  aux  pre- 
miers temps  de  la  République.  Elles  n'ont  certainement 
rien  decommun  avec  deux  statues  en  marbre  dénommées 
Sibylles  dans  les  collections  où  elles  figurent,  sans  que 
nileurattiliide,  ni  leursattributs  autorisent  à  leur  donner 
ce  nom  K  Une  figure  signalée  par  Robert  sur  des  fresques 
de  Pompéi'etqui,  pourl'une  au  moins,  parait  couronnée 
de  laurier,  correspondrait  davantage  à  l'idée  que  nous 
nous  faisons  de  la  Sibylle.  J.-Â.  Hun. 

SICA  (S'za)'.  — Comme  la  copis  des  Scythes  et  des 
Perses-,  comme  la  /lorpe  que  les  gens  de  Lycie  ainsi  que 


'  Colieil,  Hédailles  consul.  Manlia,  pi.  \\\i,  u"  6  ;  Babelon,  Mon.  de  la  il,-pH- 
bliquerom.  M,  17»;  cf.  Eckhel,  /loctr.  iYu,i>.  V.  m  el  Klaiisen,  1,  lab.  I,  n°  U. 
(=  noire  fig.  11391).  La  couronne  de  laurier  qui  encadre  la  Me  signifie  que  la  Sibylle 
n'est  pas  conçue  comme  suppliante  (•.iT.;|,  mais  comme  inspirf'c  par  le  dieu 
(«ito/c;  i.  loà  tinx!).  On  peut  rapprocher  les  étoiles  du  llambcau  qui  figure  sur  la 
nioQDaie;  citée  plus  haut,  d'Erythrée.  Il  y  a  un  second  lype  où  la  suirlande  neiiste 
pas  (Babelon,  p.  180,  n"  12).  Servius,  Aen.  III,  332  cite  comme  emblème  de 
la  Sibylle,  parce  qu'il  l'est  d'Apollon,  le  dauphin  ;  les  /Juindecinnii-i  S.  K.  eu 
portaient  une  image  à  la  ronde  ataut  la  consultation  des  livres.  —  s  Plin.  JJisI, 
liai.  XXXIV,  5,  22.  Pline  les  tient  toutes  les  trois  pour  la  représcnlation  de  la 
même  Sibylle  :  v.  d'autres  inlnrinélalions  chez  Bouché-I.eclcrcq,  II,  p.  166. 
Elles  ne  sont  pas  antérieures  à  tOI  av.  J.-C.  —  3  perrier,  Icoim  et _Se,,mmta, 
etc.  Home,  1638,  pi.  i.xxviu;  cf.  Clarac,  1940  A;  Mm.  de  sntlpt.  Mus.  BorLon. 
n"  *23;  Clarac,  1940  (marbre  grec)  ;  les  deux  ch«  S.  Reinach,  Mperlolre,  I, 
p.  +35,  0;  p.  400,  3.-4  Hermès,  XXII,  454;  Helbig,  Wandrjemùlde,  n.  1381 
et  1391  II;  Kaoul  liochetle.  Choix  de  peintures,  2.",:  Arch.  Zeitun,.  1848,  pi.  xvi  ; 
Gellel  Gandy,  fompeia,  pi.  xii:  liiorn.  de  Scari  di  Pomp.  N.  3.  Il,  pi.  xi.  —  Bi- 
Biio.;iiAl-uiF..  Ch.  Alexandre,  Oracula  Sibyllina,  2-  édit.  Paris.  1869;  Excursiis 
ad  fiibi/ltinvs  librus ,  Id.  1836,  avec  le  Catuloijns  ÙibliogrnjMne  Sibyllinae  et 
un  Supplément  dans  l'édition  de  1869;  Bernliardy,  Grmdriss  der  yriech. 
Lilteratur,  II-  partie,  1  (3«  édil.)  p.  447  sq.  avec  une  analyse  développée  des 
XIV  livres  des  Oracles  et  une  revue  à  peu  prés  complèle  des  ouvrages  publiés 
sur  les  Sibylles  depuis  les  débuts  du  xvn"  siècle  (p.  447  sq.)  ;  Bloch,  art.  iiolmviui, 
I.    Il,     2;     iiouché-Leclercq.    IJisloire    de     la    Diiiinatian,     Paris,      1879-1882, 

I.  Il,  133sq.  ;t.  IV,  280  sq.  el  p.issim  ;    niviNATiu.  article   du    même,  ci-dessus, 

II,  p.  313  sq.  :  Badt,  De  oraciilis  Sib.  a  Judneis  comjmsitii.  Pars.  I,  Breslau,  1869. 
Ursprung,  Inlialt  und  Terl  des  I  Vien  lluchs  der  Sibylt.  Orakel.  ib.  I87s! 
Bigonzo,  le  Sibille  e  i  libri  Sibillini  di  Jtoma,  fjeuéve,  1877  ;  Delaunavi 
Moines  et  Sibylles  dans  lanlii/uilé  Judéo-yrecque.  2<  édit.  Paris,  1874,  p.  123  sq.  ! 
Oiels,  <iibyllini,cl,e  lltutlter,  Berlin,  l«90;  E«ald,  Knlstchuny.  Jnlialt  und 
Werlh  der  Sihyll.  Hjecher.  (dans  les  mémoires  de  la'.Société  pour  les  sciences  de 
(;..:ttingue).  1860,  p.  43  s.,.;  Krérel,  Iliuvres.  t.  XVII,  p.  I9i,  et  Mémoires  de 
l  Académie  des  Inscriptions  ;  1-rie.llieb,  de  Codicibus  Sibyllinorum,Qlc,  Breslau. 
Dissert.  1847,  et  Oracula  A'%«i«a  (réceusion  nouvelle).  Leipzig,  1832;  Callaeus 
Servius,  lli^pulationes  de  Sibyllis  avec  l'édition  de  trois  livres  de  Pseudosibyllma. 
Anisteidam,  1688;  HeiAebreede,  de  Sibyllis,  Oisstriatin,  Beilin,  18.35;  Klausen 
Aeneas  und  die  Penalen,  Hambourg  et  (iotlia.  1839,  p.  2113-31 1;  Marquardt- 
.Mommsen,  lloemische  Slaatsrerualtunij,  t.  III,  2'  édit.  p.  350  S([.  ;  Scliwegler, 
hoemische  Urscbiclile,   p.  312  sc|.;  801    S(|.  ;    Voleman,    He  Oraculis  Sibyllini's 


ceux  du  Pont  prétendaient  tenir  de  leur  héros  Persée' 
comme  les  drépana  desCariens',  Xixsica  thraco-illyrienne 
esl  un  dérivé  du  couperet  ou  de  la  faucille.  L'idée  d'un 
instrument  de  cette  forme  a  pu  être  fournie  par  certains 
éclats  de  pierre  naturels,  mais  surtout  par  de  grands  os 
convexes  et  tranchants  et  par  les  mâchoires  d'animaux 
dont  les  dents  font  de  si  puissants  couperets.  Dans  les 
grolles  de  Ligurie  on  tro'uve  longtemps  en  usage  des 
ciihiti  de  cerf  ou  de  bœuf  apoinlés  qu'on  manie  par 
l'olécràne  ou  par  l'apophyse  supé^ieu^e^  Un  autre  pro- 
totype de  la  sica,  resté  en  usage  au  IV''  millénaire  en 
Clialdée,  parait  avoir  été  une  sorte  de  bàlon  de  jet 
ou  boutnerang,  garni,  sur  sa  courbure  interne,  d'éclats 
de  silex  ou  d'obsidienne  :  le  souvenir  en  aurait  survécu 
dans  la  harpe  aux  dents  aiguës  du  Kronos  hellénique  '. 
C'est  seulement  en  Egypte  '  et  au  sud  de  l'Algérie  * 
que  la  taille  du  silex  atteint  une  assez  grande  per- 
fection pour  qu'on  puisse  découper  des  coutelas  en 
pierre  qui  atteignent  jusqu'à  0'°,40  de  long.  Imités 
plus  tard  en  bronze,  ces  coutelas  sont  restés  l'attribut 
du  grand  dieu  libyen  Amon  ^  el  l'arme  favorite  des 
soldats  des  Pharaons,  Libyens  ou  Nubiens  la  plupart'". 
Parmi  leurs  adversaires,  les  Hittites  ",  puis  les  Assy- 
riens '^  en  Asie,  les  Tursha  '^  au  nombre  des  Peuples  de  la 
mer,  portent  également  le  glaive  falciforme.  Lorsque 
les  Achéens,  puis  les  Doriens  s'établissent  en  Grèce,  ils 
semblent  avoir  dû  leurs  succès  à  la  supériorité  de  leurs 
rapières  sur  les  glaives  recourbés  tels  que  ceux  que  por- 
taient dès  lors  les  Thraces'*.  Comme  le  g/ai/ius  à  double 
tranchantqueles  Romains  auraient  emprunté  àl'Espagne 
contribua  de  même  à  leur  triomphe,  le  glaive  recourbé 
a  passé  dans  l'antiquité  classique  pour  un  caractère 
distinctif  des  civilisations  moins  avancées:  Étrusques  '° 


Leipzig,  IS53;  cl  Pblloloijiis,  1.  XV,  p.  318  ;  Wissowa,  rteliyioii  und  Kultus  der 
lloemer,  p.  463  s.|. 

SICA.  (  Isid.  <irig.  18,  6,  8  :  aicaa  secundo.  Le  mot  est  d'origine  indo-européenne 
el  se  rapporte  à  la  racine  sec,  sac  ou  sic  (sectionner,  traucheri  comme  securis, 
sucespita  (pour  sece-caespes,  cf.  Fay,  Clussical  Quaterltj,  1907,  21),  secare,  sici- 
lire,  sacena.  et  peut-être  sayitta  et  siyyna.  C'est  à  tort,  sans  doute,  qu'on  a  rap- 
proché sicanl  de  jica.  cf.  iModestov,  Intrud.  à  lllist.  romaine,  1907,  p.  133;  C.  de 
Satictis,  Storia  dei  liomani,  I,  1907,  p.  100.  D'après  le  texte  de  Marins  Victorinns, 
1.  4,  fi  ;  stcam,  quae  secet  }itr  c  el  i  scribenda,  al  si...  fstula  per  i,  on  apprend  (jue 
la  forme  primitive  était  seica  comme  celle  de  pilum  était  peiluni.  —  2  Voir 
COPIS,  AcisAcEs  et  PAiiAzoMLM.  —  3  VoiT  HAHPF..  Ajoulcz  pour  la  l.vdic,  Bcundocf. 
Gjnl-Uusehi,  u.  p.  3  :  pour  la  Pisidie,  Brdish  Muséum,  Coins  of  Pis.  f.  110  el  IIS; 
pour  le  HonI,  Cumoiit,  lier.  arch.  1903,  I,  189.  —  4  llerodol.  VII,  93.  Savignoui 
(  Monum.  ant.  1904,  50)  a  groupé  beaucoup  de  documents  relatifs  aux  glaives  courbes 
des  peuples  de  l'Asie-.Mincure.  —  ■■  Issel,  Liyuria  pr^^istorica.  II,  20  ;  Uull.  Paleln. 
XV.  186  ;  XVI,  98.  —  fi  Hes.  Theog.  179  ;  cf.  Heuzey,  C.-r.  de  VAcnd.  d.  Inscr.  1908, 
p.  419.  Les  dents  sont  en  obsidienne  à  Mélos,  cf.  Bosanquet,  Phylnkopi,  p.  221; 
f'errol.  Histoire  de  l'Art,  VI,  149;  Blinkenberg,  Mém.  socantiq.  du  Nord,  1901, 
p.  181.  —  7  Cf.  J.  de  Morgan,  nech.  sur  les  origines  de  l  Egypte,  I,  p.  111,  11, 
|i.  101  ;  J.  Caparl,  Les  débuts  de  lArt  en  Egypte,  p.  67.  -  8  p.  pallary,  Z.'Xn//ira- 
pologie,  1907,  p.  117.  Sur  les  gravures  rupcslres,  les  guerriers  ornés  de  \a  petté 
porlenl  le  sabre,  Uull.  Comité  Irai:  Hist.  1899,  13S.  —  9  C'esl  ce  qui  a  permis 
l'identilication  d'Amon  avec  Persée.  —  '0  Maspcro.  Hist.  une.  des  peuples  de  l'Orient, 

I.  p.  489;  Wilkinson-Birch,  Maunns  and  customs  of  thc  Egyptians.  1.  p.  200, 
222.  —  Il  Maspero,  Op.  cit.  III.  528;  Pcrrot  el  Chipiez,  Hist.  de  l'Art,  III,  lig.  319 
et  339.  —  li  .Maspcro.  Op.  cit.  11.  607  ;  III,  7  ;  l'crrot,  II,  p.  537  ;  lier.  arch.  1883. 

II,  pi.  XX.  —  13  Wilkinson-Birch,  Op.  cit.  I,  p.  189.  —  14  C'est  sans  doule  une  sica 
<iue  le  çâiT^uvov  'uoyjo'.T.'Aov  va'k'iv  6^r,tx'.ov  i|u'Acliille  enlève  au  chef  des  Péoniens 
{II.  XXIII,  808).  l'oiir  la  |iii/ai(i>,  conlelas  que  les  Achéens  portent  avec  la  grande 
épée,  voir  les  .irt.  machakha  cl  pvimo.  C'est  sans  doule  le  nom  qui  convient  à 
l'arme  que  tient  le  fantassin  sur  la  stèle  de  la  tombe  V  de  l'Acropole  de  Mycèues 
(l'errol,  VI,  359).  —  1-1  Les  guerriers  étrusques  en  porlenl  à  leur  ceinture 
cf.  Marlha,  l'Art  Étrusque,  p.  235  (stèle  de  Vollerra);  Milani,  Monum.  iuedili, 
pi.  ix:  (stèle  de  Pomarance)  .Monumenli,  IV,  pi.  xxxu  (sarcophage  de  l'érouse); 
S.  Keinach,  Répertoire  de  la  Statuaire.  III,  58,  2  (slatnelle  de  Sorrente).  Elle 
ressemble  plus  à  la  harpe  sur  des  monnaies,  Oarrucci,  pi.  xxxvi,  i.xvi,  18-9.  On 
trou\e  des  sicae  en  bronze  dans  les  tombes  d'Ksle,  A'otizie,  1907,  179;  en  fera 
Télanion,  Milani,  Sludi  e  Malerinli,  I,  p.  136  :  à'Ianpiinies,  Motizie,  1907,  67.  En 
iloiiiiaiil  la  sicu  aux  Osques,  Vugilo  (VII,  730)  pense  sans  doule  aux  Étrusi|ues. 


SIC  —  1301   — 

et  Ligures'  t>n  llalie,  Germains -.  Daces  cl  Sarmales" 
au  delà  du  Rhin  el  du  Danube,  monUgnards  du  Taurus, 
de  l'Iran  et  du  Pont  en  Asie-Mineure,  surtout  les  peu- 
plades lliraces  et  illyriennes  des  BalUans  qui  passaient 
pour  l'avoir  inventé'. 

Les  écrivains  grecs  qui  avaient  à  en  l'aire  mention  le 
désignaient  sous  les  noms  de  macliaira  ou  de  co/j/.s  qu'ils 
donnaient  à  toute  lame  plus  ou  moins  recourbée.  C'est 
seulement  à  l'époque  hellénistique  que,  choisis  à  cause 
de  leur  férocité  naturelle  comme  exécuteurs  des  hautes 
onivres  royales  %  les  Thraces  commencèrent  à  être 
connus  par  la  aica.  Elle  est  mise  entre  les  mains  de 
fantassins  illyriens  par  un  vers  d'Ennius  qui  se  rapporte 
sans  doute  à  la  guerre  istrique  de  178''  :  un  des  cava- 
liers thraces  d'Aristonikos  coupe,  en  130,  d'un  coup  de 
sira,  la  tète  du  consul  Crassus'. 

Bien  que  Plante  emploie  déjà  un  diminutif  de  sica, 
sicilicula^,  pour  désigner  un  petit  coutelas  de  cuisine, 
il  semble  que  le  terme  de  sica  n'ait  d'abord  désigné  à 
Home  que  l'arme  des  Illyriens.  Les  pirates  de  cette  nation 
infestaient  les  côtes  de  l'Adriatique  ;  on  comprend  que 
sicarii  ait  fini  par  êlre  pris  au  sens  général  de  ban- 
dits, de  coupe-jarrets.  Sicarius  signillait  déjà  un  assas- 
sin en  81,  quand  fut  édictée  la  lex  Cornelia  de  sicariis''. 
A  la  même  époque,  Cicéron,  pour  désigner  des  meur- 
triers et  des  spadassins,  parle  de  homines  sicarii  et  ç/la- 
diatores'"  ;  il  emploie  même  sica  tout  court  dans  le  même 
sens".  C'est  seulement  après  lui  que  la  signification  de 
sicarius  acheva  de  se  spécialiser.  D'une  part,  ce  terme 
s'appliqua  aux  meurtriers  de  profession  ou  à  ceux  <|u'on 
voulut  leur  assimiler  pour  les  discréditer  '-  ;  d'autre  part, 
il  désigna  la  catégorie  de  gladiateurs  plus  ordinairement 
appelés  Tlireces.  Ils  avaient  gardé  l'armement  des  Thra- 
ces réduits  à  la  condition  de  gladiateurs  qui  sont  men- 
tionnés comme  tels,  pour  la  première  fois,  lors  de  la 
révolte  du  Thrace   Sparlacus'^. 

I  La  Lisiiric  fouriiissanl  des  coiil.las  .lés  l'.i!;.:  ili'  la  pierro,  cesl  à  ilcs  l.igm-cs 
que  j "atlribuerais  ceux  ({ni  sont  figurés  avec  des  bipennes,  des  pellfs  et  des 
fli>clies  sur  lare  de  .Narbonne  (Espèi-andieii,  /ias-reliefs  de  la  Uiiule,  1,  088,  711) 
et  c'est  aussi  aux  Ligures  i|u'il  faudrait  attribuer  le  court  sabre  espagnol  dont 
les  spécim«ns  les  plus  célèbres  ont  été  tiouvôs  à  Almenidilla  (M.  Paris,  Essai 
sur  l'ICspai/ne  piiiuilive,  II,  p.  279  el  Archires  ihs  Missions,  tOÛC,  pi.  iiv). 
Dans  les  Lombes  gauloises  de  l'Italie  du  Nord,  ou  trouve  des  coutelas  lanlùt 
avec  la  poinle  seule  recourbée  à  la  farou  de  la  Imrijê  [Nolizie,  ItlOs,  10),  tantôt 
avec  la  lame  entière  plus  ou  moins  convexe  (Monlelins,  Civilis.  primitive,  I, 
03,  10  et  13;  Bull.  Paktn.  1880,  Ï31  ;  Nolizie,  190.7,  308;  1908,  12).  Lorsque, 
au  lieu  d'un  montant  qu'on  saisit  à  pleine  poignée,  le  manche  se  termine  par  un 
anneau  Œidl.  l'akln.  1891,  pi.  vui,  0:  Uull.  monumenlal,  1873,  p.  iSi,)  on  se 
trouve  sans  doute  en  présence  du  machairion  miltron  que  les  Gaulois  portaient 
à  coté  de  leur  rapière  (l'osidonios,  Fr.  Hist.  Gr.  III,  p.  200,  23).  —'2  Voir  un 
des  reliers  représentant  dos  cavaliers  romains  foulant  aux  pieds  des  tieruiains. 
Lindcuscl.mit,  AUerthùmer  I,  11,  6,  i{=  HanMuch,  fig.  274  et  C.  /.  /..  XII, 
7083),  l'enseigne  d'argent  de  .Ncuwied  [Allerth.  I,  7,  5,  1  ;  C.  I.  L.  XIII,  7765)  où 
le  coutelas  figure  parmi  îles  tropliées  germaniques  comme  sur  la  Colonne  Autonine 
(Feterscu.  Markiissaitle,  pi.  r.xiv-v).  —■' Coutelas  devant  la  IJacie  personnifiée  sur 
les  monnaies  de  Trajau  iCulien,  Trajaii.  n.  118),  ilans  les  mains  des  Daces  de  la 
Colonne  (Frœhner,  pi.  xcil  et  sur  une  .lpdic;ice  d'une  poliortc  dace  à  birdos»ald 
(tiruce,  Handliook  oflhe  Roman  Wall,  l<)07,p.  199i.  Voir  aussi  le  coutelas  repro- 
duit par  Tocilescu,  Dacia,  pi.  iv,  18.  Ce  sont  plutôt  des  Sarniatcs  que  des  Daces  qui 
portent  la  sica  sur  les  reliefs  suivants,  S.  Keiniicb,  /li-perl.  des  bas-relie/'s,  p.  308, 
ô'i;  3M,  SI;  335,  70;  307,  113;  433,  19-20.  —  »  D  après  Clément  d'Alexandrie, 
Strom.  I,  10,  .'lOi  les  Tbraces  ou  les  Scythes  auraient  iirventé  la  iiiyi..p«  ««i^nùkr.. 
.Servius,  Ad  Ara.  IX,  503  attribue  à  Persée  liuventioil  du  ijladium  curvmn  in 
modum  falci  et  l'ersée  serait,  à  l'origine,  lArès,  de  la  tribu  thrace  des  Abanles. 
Dans  les  Gloss.  Philox  :  sica,  Bja.i.iv  îîjo;  Ii,.».h7icî .  —  »  Voir  A.  J.-Keinach, 
ften.  arch.  1909,  11,  p.  .37,  09.  —  6  Paul.  Diac.  ex  l'est,  p.  300,  ïh  ;  Knuins,  .4i//i.  304 
(éd.  Vahlen,  1903).  —  7  Val.  Max.  III,  2,  12.  Sur  une  lampe  trouvée  à  Scardona 
on  voit  un  cavalier  illyrieu  tenant  la  sica  i\a.ns  la  ubiicIic,  Alillhi-il.  aus  Bosnti-n,  III, 

p,    108.   8    Plant.   Jtitd.  IV,  4,  125:  sicilicttla  argenteolu.  —  ^   Dans  l'extrait 

conservé  par  L'ipieii  (Oiq.  48,  8)  de  la  Lex  Cornelia  de  sicariis  et  iieacficiis,  le 
terme  de  sica  n'est  pas  employé,  mai?  le  vocable  générii|ue  de  lelum  (Bruns,  Fontes 
jtiris,  p.  93).   Les  premières  allusions  à  la  loi  sont  celles  faites  par  Cicéron,  Pro 


SIC 


Les  nombreux  monuments  qui  montrent  ces  gla- 
diateurs armés  de  leur  sabre  caractéristique  [gla- 
uiATOR,  fig.  3.570,  3373,  3o9G:  permettent  de  donner  ce 
nom  à  l'arme  que  des  Illyriens  tiennent  à  la  main  sur  un 
bas-relief  d'Épidamne  "  et  que  ceux  d'entre  eux  qui  for- 
mèrent des  corps  spéciaux  dans  l'armée  romaine  portent 
sur  les  stèles  funéraires".  Cette  arme  rentre  dans  une 
série  de  glaives,  dont  lacourburearrivepresque  à  former 
un  angle  droit,  qu'on  trouve  dans  les  nécropoles  illy- 
riennes dès  le  v"  siècle  avant  noire  ère  :   il  suffit  de  com- 


parer les  spécimens  reproduits  ci-contre  (fig.  639.")) '"à 
celui  que  porte  le  gladiateur  de  la  fig.  3583,  pour  constater 
qu'on  se  trouve  en  présence  de  la  même  arme. 

On  peut  rapprocher  de  sica  le  vieux  terme  latin  de 
sicilis  que  l'on  ne  connaît  que  par  deux  citations  :  l'une 
de  Yarron,  qui  aurait  comparé  la  forme  de  la  mer  Cas- 
pienne à  une  sicilis'' ;  l'autre  d'Ennius  dans  Festus  : 
Sici/es,  liaslarum  spicnla  lula.  Eimiits  :  Incedit  vêles 
vo/f/o  siciliOuslatis'^.  Comme  le  verbe  sicilire  s'emploie 
dans  le  sens  de  faucher",  il  s'agit  sans  doute  d'une  lame 
en  forme  de  faux,  d'une  sorte  de  fauchard  analogue  à  la 
rhomphaea  thrace.  A.  J.-Rei.n.^ch. 

SICARIUS  [sica\ 

SICILICUS.  —  .Monnaie  de  compte  romaine  valant 
1/4  de  l'once  ou  1,  48  de  l'as  [as].  Sa  marque  est  ) . 

F.  Lenor.mam. 

ftosc.  32  ;  //  fin.  10  ;  //  Phil.  't.  —  '"  Cic.  Pro  lluscio,  3.  Cf.  ibid.  14,  32  et  30. 
—  11  Cic.  Fragm  oral,  m  tuija  candida  et  Ascon.  ad.  lue.  Cicéron  désigne  ainsi 
Catilina  et  Antonius  que  Cicéron  appelle  a  pnerilia  sicarii  Aans  Petit.  Consul,  i. 

12  l'our  désigner  la  faction  révolutionnaire  qui  apparaît   sous  le  procuraleur 

Félix  (37-00)  Josl'pbe  emploie  le  mot  a,.df,«i.  Jud.  11,  13,  3;  17.  0;  VI,  7,  2;  9, 
3;   Vil,  8,  l  ;    10,  1  ;  11,  1:  Anl.  Jud.  XX,  8,   5.   CL  Act.  Apos.  XXI,  38  ;  Suid. 

(Eiadçtoi  •"Aïiffto.v  vivo;)  :   PllOt.  St'xaç  Se  Ti  trixalJLltïi  ît'çïl  'Pw[i«T'.i  naliiSm-^  olç  -/oûlxevot 

UIyov-o  irmioio.).  Cf.  E.  Kraus,  Oriech.  und  lat.  Lehnwiirter  im  Talmud,  II,  1899, 
p-  392  ;  Byz.  ZscUrft.  ]  IV,  31 1.,  Chez  les  glossaleurs  sica  est  toujours  expliqué 
comme  l'arme  des  voleurs,  Corp.  liloss.  IV,  171  et  391.  —  13  plut.  Ci-assus,  S. 
Pour  la  sica  des  Threces,  voir  nf.Ai.iATim  en  ajoutant  aux  références  :  Collection 
Gréau,  Wonzes,  n.  1 1 33  ;  Sclireiber,  Nekropole  ron  Kom  et  Schukafa,  fig.  4 ;  Deoiina, 
Hall.  corr.  hell.  19u8,  fig.  33  ;  Mestmerdt,  Oonner  Ja/irb.  1907,  p.  44.  —  H  lleuzey, 
Mission  en  Macédoine,  pi.  xxx.  J  ai  indiqué  !lev.  arch.  1909,  II,  p.  57  les  raisons  qui 
me  font  voir  sur  ce  relief  un  guerrier  dalmale.  —  1^  Sur  une  sièlc  du  musée  de 
Mayence,  un  glaive  courbe  en  qui  il  faut  sans  doute  reconnaître  la sjra  paraît  dans 
la  main  d'un  cavalier  dalmale  de  iala  Claudia  (Lindcnscbmit,  Alterth.  I,  11.  0)  el 
on  retrouve  cette  arme  sur  les  bas-reliifs  de  Pola,  S.  Kcinacb  Bépert.  des  lleliefs, 

l,p.  220). loTruhclka,  .\,illeil.  nus  Bosnien,  VIII,  (nécropole  de  Gorica de  l'époque 

de  la  Tène,  f.  8.  Le  glaive,  en  fer,  aurait  40  cent,  de  long).  Des  glaives  du  même 
tvpe  ont  été  trouvés  à  Strabci,  Ibid.  VI,  p.  30  (54  cent.),  et  à  Sauskimost.VI,  p.  99 
(34  cent.).  Dans  un  autre  type  de  sabres  dlyriens,le  coude  caractéristique,  au  lieu  de 
se  trouver  au  milieu  de  la  lame,  se  proiluil  après  la  partie  qui  sert  d'âme  à  la  poignée. 
Du  côté  vers  lequel  s'incline  la  poignée,  la  lame  est  concave  et  non  plus  convexe  et 
c'est  sur  cette  partie  convexe  qu'est  pratiqué  le  laillant.  Le  spéciuien  reproduit 
lig.  0395  vient  de  la  nécropole  de  Dolina  sur  Save,  Milleil.  IX.  fig.  104:  long 
33  cent.  (cL  pi.  i.,  3;LXVI1I,  7  ;  LXXlll,  4).  Parfois,  avant  d'alteindre  le  maximum 
de  la  courbure  le  Uillant  s'inlléchit  vers  l'intérieur.  La  fig.  7  <le  Truhelka,  loc.  cit. 
i32  cent.)  répond  au  sabre  qu'on  voit  entre  les  mains  d'un  Tlirace  sur  un  vase  du 
Louvre,  K,  403.  C'est  \amachaira  tombée  en  désuétude  en  Grèce  où  Xénophon  la 
recommande  pour  la  cavalerie,  De  re  eq.  XII,  11.  —  "  Plin.  H.  nal.  VI,  15,  3. 
On  lit  parfois  scythici  arcus  au  lieu  de  sicilis.  —  <»  Paul.  Diac.  ex  Fest.  p.  337 
.M  ;  p.  300,  Th  ;  Ennius,  Ann.  307  (éd.  Vahlen,  I9U3).  —  l'J  Varro,  Il.rust.  I,  49 
Colum.  Il,  22;  Plin.  XVIIi,  67,  I.  Les  glossaires  traduisent  sicilis  sicila  oa 
siritum  par  des  mots  grecs  <pii  désignent  le  Iranchet  de  cordonnier  âj6r,iov 
,[.r/.T,  ou  îùço»  i7.uTiu;  (Corp.  Uloss.  VU,  p.  261). 


SIC 


—    1302   — 


SIG 


tiuiirc  ou  sacre. 


SICLUS  (^SiVAo;,  «ti'yXo;).  Ce  terme,  employé  par  les 
auteurs  grecs  et  latins,  nesl  que  la  Iranscriplion  du  mot 
sémitique  Sicheqel  qui,  dans  la  Bible  et  les  textes  cunéi- 
formes, désigne  l'unité  pondérale  :  de  là  vient  que  le 
verbe  ^pir  signilie,  à  la  fois,  nutiji/cr  et  jieser.  Dès  la 
Genèse  il  est  fait  mention  du  sicle  comme  lingot  étalon 
des  paiements'  ;  les  Juifs  distinguent  le  skie  du  snnr- 
(lu  siiir  (/il  commerce  ou  vulgaire.  Ce 
fut  seulement  sous  les  Perses 
Achéménides  que  le  sicle  devint 
une  monnaie,  lin  même  temps 
qu'il  créait  la  darique  d'or, 
Darius  î".  Mis  d'IIystaspe  (541- 
485),  inaugura  une  monnaie 
Fi::,  lisiic.  —  sick' iiii-cii.|iie.  d'argent  qui,  bientôt  très  ré- 
pandue chez  les  Grecs  d'.^sie- 
Mineure,  fut  appelée  par  eux,  sic/e  médique  ((jixX&ç 
(i.Y|Stxo;  ou  simplement  s/c7e  [nARicus].  Ce  sicle  (fig.  6390), 
qui  pèse  o  gr.  (îO,  est  en  réalité  la  drachme  perse;  il 
est,  comme  la  darique,  au  type  de  l'archer  perse  porte- 
javeline  -.  Dans  le  rapport  I  à  13  1/3,  il  fallait  vingt 
sicles  pour  équivaloir  à  une  darique  d'or.  Les  auteurs 
grecs  donnent  au  sicle  médique  une  valeur  de  8  oboles 
ou  7  1/4  oboles  atliques^.  Très  répandu  chez  les  Grecs 
d'Asie-Mineure,  le  sicle  médique  pénétra,  comme  la  dari- 
que, jusqu'à  Athènes'  ;  les  villes  grecques  et  phéniciennes 
qui  étaient  sous  la  domination  des  Perses  Achéménides, 
ou  en  rapports  commerciaux  avec  l'Orient,  frappèrent,  à 
des  types  variés,  de  nombreux  slatères  d'argent  de 
11  gr.  20  qui  étaient,  au  point  de  vue  pondéral  perse, 

des     doubles 
^^         ■■ 


sicles.  Mais 
chez  les  Juifs, 
la  valeur  du 
sicle  était 
toulautre.  En 
elfet,  dans  la 
suite  des 
monnaiesjui- 
esicleesii  inscrit 


Fig.    C:»:.  —   Sicle  juif. 


ves  de  la  dynastie  asmonéenne,  le  nom 
sur  les  pièces  elles-mêmes  ;  or,  le  sicle  d'argent  de 
Simon  Macchabée  (143-135  av.  J.-C.)  et  de  ses  successeurs 
quiporle  la  mention.'j//('7c//.v/Y/f'/, pèse  14gr.25((îg. 0397). 
On  frappa,  en  même  temps,  le  demi-sicle  avec  la  mention 
k/iutsi  ha.i/u'i/e/  u  demi-sicle  »,  qui  pèse  7  gr.  14-'. 

On  voit  par  ces  mentions  lït  ces  poids  que  le  nom  de 
sicle  fut,  au  u''  siècle  avant  notre  ère,  en  Orient,  transféré 
au  létradrachme  considéré  comme  étalon  ou  unité  moné- 
taire. Les  Romains  recueillirent  cette  tradition  puis- 
qu'ils estimaient  le  sicle  hébraïque  à  i  drachmes  alli- 

SIIXUS.  I  Gènes.,  XXlll,  10,  cf.  Maddcn,  Tlie  coinage  uf  lia-  J,;i's,  p.  I  s,|. 
—  2E.  liahelon,  Perses  Achémi'nides.  CaUl.  p.  1  s(|.  ;  Traite  ilcs  «lo/i/i.  y;-,  el  rum. 
Descr.  Iiist.  l.  l,p.  i'M:  I.  W,  p.  3S  s.|.  —  3  Xcnopll.,  .4;i««.  1.  5,  G;  l'Iiolius,  s.  l».  ; 
llesycli.  s.  f.  —  l  Inscripl.  clAlijùiies,  C.  I.  G.  Allie,  l.  IV,  n.  G3S  h  :Mominscll- 
Blacas,  Mon»,  rom.  t.  1.  p.  14.  —  5  Maildun,  Op.  cil.  p.  15  cl  07  ;  S.  Epipliasc  as- 
simile le  sicle  juif  du  sancLuairc  à  uu  didiacliuic  «dans  lliiliscli,  Melrol.  scripl. 
l.  I.  p.  iC8).  —  6  Jos.  Ant.  jud.  III,  S,  i.  —  1  Jladilcn.  Op.  cit.  p.  iOi,  23'J  cl  544. 

SIC  VONIA.  1  Hev.  Afim.  VII.  -  2  l'ollux  VII,  03.  —  a  l.ucil.  ap.  Kesl.  s.  v  ;  Lu.:r. 
IV,  I  liô  ;  Cic.  de  Oral.  1,  54,  231  ;  Viig.  Cir.  108.  —  *  llcsycli.  s.  v.  ;  Cic .  /,.  /.  : 
liuslalli.  ud  11.  XXlll,  2'.I9;  Alhcnac.  IV,p.435  c.  —  6  l.uciau.  Diat.  mer.  XIV. 2, 
deu«  dl-aclinics.  —  0  Hhet .  praec.  15;  AUlcil.  et  Euslalh.  /..  /.  —  7  CIcni.  Al. 
Paedaij.    Il,    11,  p.  2»u  l'oUcr  ;  Slepli.  Byi.  s.  u.  Ei.t„iv. 

SIGILLDUI.  I  Mariui,  AIti  d.fratr.  Aroali,  1795,  p.  357  lsi,/ill„„i  Volltmii,  pcsaul 
15  livres  el 'J  scrupules);  Corp.  tnscr.  lat.  IX,  2990  {siyiUa  dédiés  aux  Lares  j  ; 
ibid.  III,  033,  I  (sigilla,  statucllcs  de  marbre,  reprcscnlaiil  Hercule,  Mercure,  Bac- 
clius);cf.  01SU6.  — 2Cie.  IciT.  Il,  i, -it  (patelUwi  in  ,i,m  aiyilla  erant  egretjia)  ; 
ou  ptMiI  comprendre  diiu-  ce  cas  des  etitbleinata  eu  Imiil-i-elief  comme  ou  eu  \oil 


qiies  ou  4  deniers  ''.  Le  sicle  d'argent  frappé  par  les 
Juifs  révoltés  contre  les  Romains  sous  Vespasien  et 
Titus,  puis  sous  Hadrien,  pèse  14 gr.  25  comme  l'ancien 
sicle  asmonéen '.     E.  Rauelon. 

SICYOXIA  (ïlixinôvi-y.).  —  Chaussures  fabri(|uées  eu 
Grèce,  à  Sicyone,  portées  ou  imitées  ailleurs,  llérondas 
les  nomme,  à  Alexandrie,  au  m'  siècle  '  ;  elles  étaient  esti- 
mées à  Rome  dès  le  dernier  siècle  de  la  République •'. 
Elles  étaient  (ailes  surtout  à  l'usage  des  femmes^.  Les 
hommes  qui  en  portaient  passaient  pour  efféminés^  Il 
y  en  avait  à  bas  prix'';  d'autres,  très  riches  et  ornées, 
qui  étaient  une  parure"^.  Liicien  parle  d'cmbadcs  [embas] 
de  Sicyone,  en  feutre  blanc,  qu'il  recommande  au  rhé- 
teur qui  veut  se  faire  remarquer  par  son  luxe.  Elles 
restèrent  réputées  jusqu'àla  lin  de  l'antiquité'.  E.  Saulio. 

SIGILLUM  (Zwov,  Çtoioiov,  àvaXjxàTiov,  àvSptâvrtov,  xooo;, 
xopYj,  vJasri).  —  Ce  mot  ne  désigne  pas  en  latin  une 
catégorie  bien  limitée  d'objets.  Il  peut  s'appliquer  à  des 
statuettes',  comme  aussi  à  des  reliefs,  à  des  ornements 
rapportés,  du  genre  des  criislae  et  des  emhlemnia  -.  Il 
est  difficile  de  dire  si  les  Tiji-rliena  xigiUa  d'Horace' 
désignent  avec  certitude  les  statuettes  de  bronze 
étrusques  que  nousavonsconservéesen  si  grandnombre, 
ou  bien  quelque  autre  série  d'œuvres  d'art,  ornements 
ou  reliefs,  sortis  des  ateliers  d'Italie.  Comme  on  a  traité 
dans  d'autres  articles  [caelati'ha,  ficlimm,  forma]  ce  qui 
concerne  les  reliefs,  nous  nous  bornerons  à  étudier  dans 
ce  premier  paragraphe  ce  qui  se  rapporte  aux  statuettes, 
aux  petites  images  en  ronde  bosse,  siijiUum  étant  pris 
comme  un  diminutif  de  signiim^,  statue  [statua]. 

I.  En  grec  les  statuettes  sont  désignées  par  des 
vocables  très  variés  ".  Dans  les  inventaires  de  temples 
on  trouve  les  mots  Çwov  ou  Çcôiov,  Çoji'oiov,  ^ojiàapi&v, 
avopiivTtov,  àvooiavTioiov,  àvopiïvTi'cxoc,  les  uns  s'appliquanl 
à  tout  sujet  humain  ou  animal,  les  autres  plus  spéciale- 
ment aux  statuettes  de  forme  humaine".  Les  lexico- 
graphes'emploienlencore  d'autres  termes  qui  désignent 
la  représentation  féminine,  xopr,,  vjjxs-^,  ou  masculine, 
xopoç  et  xoûp&ç,  et  les  jouets  d'enfants,  nXa^i-iôv,  corres- 
pondant au  mot  latin  pupa  [pl'pa].  Le  fabricant  est  le 
xopoTrXiOci;  OU  xopoTtXàc-YiÇ  '  ;  en  latin  sigillarius  et 
slijillattjr''  |Fi(;LiNr.\i,  p.  1134].  A  Rome,  le  quartier  ou 
la  rue  où  l'on  s'approvisionnait  de  ces  petits  ex-voto 
s'appelait  Siçiillaria  '°.  Une  des  journées  de  fêle  des 
Saturnnlia  portail  le  même  nom,  parce  qu'on  ollrait  des 
figurines  en  cadeaux  à  ses  amis  et  aux  enfants  [satir- 
.nalia]  '  ' . 

Les  matières  dont  on  faisait  ces  staluettes  ne  sont  pas 
moins  variées  que  les  mots  pour  les  désigner.  Comme 
métaux,  l'or  et  l'argent  sont  souvent  mentionnés  pour 

dans  les  palércs  dn  trésor  dllildeihfiin  (lig.  '.173,  ',174)  el  du  trésor  de  Bosco  Ucale 
(lig.  3'.I70).  —  i  lloiat.  Kp.  Il,  ±.  IMl.  —  4  Les  deux  mois  sont  parfois  pris  l'un 
pour  l'aulre.  Dans  l'iuscriplion  citée  du  C.  i.  lut.  III,  033.  I,  le  rédacteur  distin- 
gue des  sifiilla  d'autres  slatues  de  hrouzc  rju'il  appelle  statua  el  siynum:  mais 
ailleurs,  i/<ii^  II,  2103.  des  slutucLtes  île  la  Fortune  el  de  Mercure,  en  or,  pesant 
cinq  livres,  par  cousét|Ucutde  petites  dimensions,  sont  désignées  par  le  mol  sitj/iutn. 

—  ^  Voy.  II.  Bliimner,  'fecniioloyie  and  Termiiioloyie  der  Gewerlt.  und  Kûnste, 
11.  p.  123. 124  el  les  noies;  K.  F'ollier,  Quam  o6  vausam  Graeci  siyilla  in  sepul- 
cris  depvsuerint,  p.  49  et  les  notes.  —  <i  Honiolle,  llull.  corr.  hell.  VI,  p.  126-1  ;7  ; 
XV,  p.  157,  103.  —  7  Harpoeral.  p.  114,  27  ;  Hesycli.  s.  e.  «it;  ;  Suidas  s.  r. 
ïope.TXà8oi:  Elymol.  magn.  s.  v.  Teopoti^oioTïi; ;  Bekker,  .iiiecd.  p.  272,  3t. —  8  Har- 
pocial.  Suid.  /ilym.  niayn.  II.  ce.:  l'Ial.  Tlieaelh.  p.  147  A;  Isocral.  De  permutait 
2.  Le  mol  s'applique  ordiuairenicut  aux  modeleurs  d'argile  ;  cepcndanl  Harpocra- 
lioiî,  /.    c.   spécilie:   ix  t.ïi'aoJ  t,  vri^oG  r,  tivo;  tochûtiiç  uAy.ç  iî'*.âTrovîaç  mica;  t,  xô^ou;. 

—  3  Voy.  Forcellini,  Lex.  lat.  s.  r.  ;  U.  bliimner.  Op.  I.  p.  125;  Orelli,  Jnscr.  4279, 
42SU.   —  II)  Macrob.  Sat.  I,  11  ;  Suel.   Claiid.    10  ;  iVfi-o,  2S  ;    Diyest.  XXXU,  102. 

—  u  Suel.   Claud.  5  ;  Sencc.  Epist.  Xll.  3. 


SIG 


—  130H 


SIG 


les  images  que  Ion  dcposail  dans  lea  temples  '.  Knsuile    ; 
vient  le  bronze,  qui   est  le  mieux  connu   à  cause  des    1 
innombrables   spécimens  que  nous  avons  conservés  de    j 
cette  catégorie  et  qui  ornent  les  musées  ou  collections    j 
particulières  (fig.  ()3U9)  -.  Nous  nommerons  ensuite  le    ( 
fer%  beaucoup  plus  rare  et  d'ailleurs  difficile  à  préserver 
de  la  rouille,  el  le  plomb  (fig.  6400)'*  [l'UTMiiiM,  p.  51  il. 
Parmi  les  pierres,  les  matériauxles  plus  employés  sont  le 
marbre''  et  le  tuf  ou  calcaire'"'  ;  parfois  sont  mentionnées 
des  pierres  précieuses,  )>tOotT'!fi.!oi,  agate,  calcédoine,  obsi- 
dienne, cristal  de  roche,   etc,  '.  On  peut  citer  aussi  le 
verre*,  le  jais',  l'ambre '";  parmi   les   matières    plus 
tendres,  le  bois",  rivoire(fig.  202(>,  6403,)  et  l'os  '^  le 
gypse   ",1a  cire '\  et   surtout  la  terre  cuite   (fig.  596, 
lit»),  2091,  2188,  2{i23,  6401,  6404,  6405)'°;  on  sait  que 
cette  dernière  a  donné   naissance  à  une  industrie    très 
développée  qui  a  véritablement  inondé  le  mondeancien  de 
sesproduits  KiGLiNiM].  Le  prix  de  tels  objets  était  natu- 

I  Corp.  inscr.  Attic.  1,  174-175,  p.  6S.  Hecatomped.  a.  5  :  «çn  /ouoJS  U'.  azri'kr,^. 
On  dil  xaTâj^^uvo;  OU  l-xt^^'jat^  quand  la  statucUe  esL  simplcmcni  dorée,  mais 
non     en  or;    ibid.    Kopïj    xati/juiroq  ;    ibid.    p.    7.3,     sçôuwnov   ît^à^^jinv   j(aTâ/,juaov; 

Homotle,    Comptes    de  Di'tos.  Bull.  corr.    hcU.    VU,  p.    127,   'A-KiXku-^  /pu^off;, 

àv$ptKVTiov     ;û)i(vov     tni/_pu<rov,     etc.  ;     'AnoVAw^    ijYuooOfç,    «vSptttT-'ffxo;     àç^UfoC;,    elc. 

Dans  les  monuments  conservés,  c'est  surtout  comme  pcndeIo(|ucs  et  comme 
bijoux  (juc  les  sitjitla  figurent  dans  les  cotleclions  puMi(|ues  et  privées  ;  voy. 
cNAïuivs;  cf.  L.  Pollali,  Klass.  nnlik.  GoMschmir.larbciten  IColIcct.  de  iVcli- 
doir),  190:1.  —  2  Voy.  les  catalogues  des  grandes  collections  d'Atlicnes,  Olympie, 
Paris,  Londres,  Berlin,  Vienue,  etc.  :  de  Kidder,  Cat.  des  /îronzes  de  ta  .Soc. 
arch.  tCAlhénes,  189*;  I  at.  des  Bronzes  trouvés  sur  t  Acropole,  IS9G;A.  Fur- 
Iwaengler,  [)ie  Bronzen  ron  Olympia,  1890  {Olympia,  tome  IV);  Bahelon  et  Blan- 
cliel,  Cat.  des  Bronzes  antiques  de  la  Biblioth.  nal.  1895;  A.  de  Longpérier, 
Xotiee  des  Bronzes  antiques  du  Louvre,  n'-impriméen  1879;  S.  Kcinacli,  Bronzes 
fif/nrés  de  ta  Gante  romaine  {Descr.  du  musée  de  St-Germaiii),  1894  ;  Walters, 
Cat.  ofthe  Bronzes  Britisli  .Muséum,  1899;  C.  Fricdericlis.  Kleinere  Kunst  und 
Industrie,  1871  (bronzes  du  Musée  de  Berlin,  p.  380  si|.)  ;  von  Sacken  cl  Kenncr,  Oie 
Sammlunqen  der  K.  K.  Mùnz.  u.  Antilc.  Cabinetes,  1860  (bronzes  du  Musée  de 
Vienne,  p.  2'>8  sq.*  ;  von  Sacken,  Die  antiken  Bronzen  des  K.  K.  Miinz.  u. 
Ant.  Cab.  Vienne,  ISTI  ;  Scliuniaclier,  Bescbrcibung  der  Snmmtnnij  antikcr 
Bronzen,  Karlsruhe,  1890,  etc.  Pour  les  collections  particulières,  voyez  les  cata- 
logues faits  par  M.  Frtehner  sur  tes  hronzes  des  Collections  Gréau,  Tyszkiewicz, 
Dutuit,  etc.  —  3  Cf.  Bévue  arcb.  1902,  II.  p.  137,  avec  les  indications  liililiogr.i- 
pliiques;  Schaaffliausen,  Jahrbûcher  de  Bonn.  LX.V.VVI.  1888.  p.  J85.  —  1  Outre 
les  références  donnée?  à  i-roiuiiM,  cf.  H.  Btiimuer,  Techn.  u.  Term.  IV,  p.  374; 
D.  G.  Hogarlli,  The  archaic  Artemisin,  1908,  p.  153,  pi.  xx,  5;  Jahrbuch  Inst. 
1903  p.  102  (Balhek): cf.  ibid.  1808,  p.  198  4n;ei!/er;  1892.  p.  l\i  Auz.  ;  Jaliresbefte 
Wicn,  1904,  p.  195;  Wace,  Sparta  Muséum  Catalogue,  p.  228  ;  Uawkins,  Annual 
British  .School,  Xtl,  p.  320  et  sq.;  XIII,  p.  87  et  sq.  — ^  Une  inscription  citée  plus 
liavil  (Corp.  inscr.  lut.  111,  fib3,  I)  mentionne  dessiV/iV/tr  mnrmurm  (sic).  Parmi  les 
mn^res  célèbres  de  cette  série  on  penl  citer  des  rcplii|ue5  de  l'Athéné  Parlliénos 
de  Phidias  et  de  l'Hercule  Kpitrapé/.ios  de  Lysippe  (Collignon,  Seutpt,  grecf/.  1, 
fig.  271.  272,  273;  II,  lig.  22t).  Voir  au  musée  du  Louvre  la  Salle  des  petits  mar- 
bres, dite  Salle  de  Clarac,  Catalogne  sommaire  des  marbres  antiques,  1896, 
p.  142.  — *»Cette  matière  a  été  fort  employée  àl'époque  archaiVpie. avant  la  grande 
dilTusiondu  travail  du  marbre  (Leclial.  Au  Musée  de  l'Acropole,  fig.  I,  4,  12  à  14, 
17,  etc.  ;  cf.  .Sculpture  atligue  avant  /'bidins,  cbap.  I  el  II).  Pend.inl  toute  la 
période  classique  elle  est  restée  en  usage  dans  les  pays  qui  manquaient  de  marbre, 
par  exemple  en  Phénicieet  en  particulier  ;t  Chypre  ((ui  a  produit,  en  extiaordinairc 
aboudancc,  des  statuettes  de  calcaire  ou  pour  mieux  dire  de  grès  fin  (Pcrrol  et  Chi- 
piez, Hisl.  de  fArt.  III,  chap.  VI  et  VII  ;  cf.  Cesnola,  Cyprus,  et  le  Descriptive 
Atlas  of  Cypriote  Antiguities,  1885). —  "'  Il  est  difficile  de  ne  pas  considérer 
comme  légenilaire  la  menlion  d'une  statuette  en  topaze  de  la  reine  Arsinoé,  femme 
de  Ptolémée,  hautede  quatre  coudées  fPlin.  XXXVII,  108);  peut-être  s'agil-il  d'une 
statuette  couverte  de  topazes  (Hliimner,  Op.  t.  III,  p.  238).  Mais  il  n'y  a  pas  de 
raisons  de  douter  de  rexistcnce  d'autres  ex-voto  i|ue  Pline  dit  avoir  vus  -a  Borne  ;  des 
images  d'Auguste  en  obsidienne,  des  statuettes  d'éléphants  en  même  matière,  une 
de  Ménélas(Plin.  XXXVI,  I9r,).  On  faisait  aussi  des  statuettes  et  des  amulettes  en 
malachite  (id.  XXXVII,  114).  Les  musées  et  certaines  collections  particulière.^  nous 
ont  conservé  des  spécimens  de  ces  précieux  monuments  ;  Krause.  Pyrgoteles  oder 
die  edein  Steine  der  Alten,  p.  51  cl  note  2  ;  von  Sacken  et  Kenner,  Die  .S'amml. 
des  K.  K.  Mûnz.  u.  Antik.  Cabinetes,  p.  451  sq.  ;  Balielon,  Ae  Cabinet  des  Médail- 
les, pi.  xixvii;  Froehner,  l^ollection  7'yszkieu-icz,  pi.  xmv.  ii»  3  ;  L.  Urlichs,  dans 
lesyo/irôùc/ier  t/t'5  Vereins  von  Allerihumsfreundeniw  Bli.lX,  1844.  p.  185, pi.  v. 
Voy.  surtout  la  statuette  de  Vénus  eu  calcédoine  saphirine,  de  la  collcclion  E.  de 
Kolhschild,  publiée  par  Ëabelou,  Ga:.  des  B.-Arts,  mai  1899,  p.  3li0-368  et  plan- 
che. .\u  Musée  du  ijnqiiantcnaire,  à  Bruxelles,  voir  un  lézard  en  cristal  de  roclie 
trouvé  dans  un  lumulus  de  Goitil-Noirmont  (Brabanl).  —  s  Kisa,  Uns  Glas  im 
Alterlum,  1908,  III.  p.  751  sq.;  cf.  Deville,  Hist.  de  Inrt  de  la  verrerie  dans  l'anti- 
quité, 1875,  pi.  Ml  ;  II.  BlDmmer,  7"ec/in.  und  Term.  IV,  p.  403  ;  Fru-hner,  Lu   Vev- 


rellein(?nt  tout  à  fait  variable,  suivant  la  valeur  de  la 
matière  employée.  Les  statuettes  d'usage  courant  se  ven- 
daient très  bon  marché  :  un  Eros  en  cire  pour  1  dra- 
chme'S  une  figurine  de  Zeus  pour  la  même  somme'", 
une  statuette  de  Bacchus  en  marbre  pour  25  deniers  '■'. 
La  destination  de  ces  petites  images  est  indiquée  par 
les  emplacements  où  on  les  recueille.  Les  textes,  les 
inscriptions  et  les  fouilles  elles-mêmes  s'accordent  à 
montrer  que  l'on  s'en  servait  surtout  comme  offrandes 
religieuses  [Donabium].  Elles  prenaient  place  en  nombre 
considérable  dans  les  sanctuaires,  grands  et  petits.  .\u 
fur  et  à  mesure  que  les  pèlerins  les  apportaient,  elles 
finissaient  par  encombrer  à  tel  point  le  parvis  et  les 
abords  des  temples,  (jucles  prêtres,  à  certains  moments, 
après  avoir  mis  de  côté  les  ex-voto  les  plus  précieux  pour 
les  disposer  dans  l'édifice,  prenaient  le  parti  de  ras- 
sembler les  autres  et  de  les  enterrer  en  masse  dans  de 
grandes  fosses  préparées  à  cet  eflfet  [favissae].  De  cette 


rené  antique,  1S75,  pi.  i.u  ;  H.  Bliimner,  Techn.  und  Term.  IV,  p.  403;  Friehner, 
la  Verrerie  antique,  p.  37  sq.,  pi.  ix  et  xv  :  de  Bidder,  Catal.  de  Clercq,  VI,  p.  157 
sq.,  n"  279  si|.  —  9  Al.  delta  Scte,  La  Coll.  Barberini,  p.  34  sq.,  fig.  24,  23,  20 
(ex-voto  de  Préncste)  ;   Jahrbûcher  de   Bonn,  XIV,  1849,  p.  46  sq.  pi.    iv  el  v. 

—  10  A  Ephcsc,  probablement  une  figure  d'Artémis  ;  D,-G.  Hogarth,  The  archaic 
Artemisia,  1908,  p.  214,pl.  xi.viii,  fig.  20,21.  D'aulres  figures  en  Hongrie,  en  Gaule; 
L.  Bellii,  dans  YArchaeologiai  Ertesilô,  1895,  p.  392-400  et  figures;  Cochet,  La 
Normandie  souterraine,  i'  cdit.  1855,  p.  137,  p|.  vi,  2  ;  F.  Mazauric,  Mém.  de  TAcad. 
de  Aimes,  XXX,  1907,  p.  300-302;  Chabouillet,  Cataloq.  des  Camées,  n»  3489; 
H.  de  Villefossc,  Bull,  de  la  Soc.  des  antitj.  de  France,  IS88,  p.  211.  etc.  —  U  Ins- 
cription de  Délos,  Homolle,  Bull.  corr.  hell.  VI,  p.  127,  noies  (4vSj..iv;.,v  viliv,-,, 
ii;r/.f»,ov,  >;8,„  iJX,.,o,  i,;,ju,ov|  ;  cf.  Hogarlh,  Op.  I.  p.  217,  pi.  xuni,  6-7.  Voy.  aussi 
Theophrasl.  V,  3,7;  Varr.  Hist.rom.  fragm.éi.  Bolh,  p.  404  ;  éd.  Peter,  p.  96  ;  Serv. 
Commentar.  III,  fig.  Il,  appendix  Serriana,  éd.  Thilo  el  Hagen,  1902,  p.  428-429  : 
deos  Pénates  ligneis  sigiltis  vel  lapideis,  terrenisquoque  Aeneanumeris  CTlnlisse. 
Bapprochcr  encore  le  texte  de  Pline,  XXXIV,  3i.  tignea  potius  aut  ficlilia  deorum 
simutacra.  On  a  trouvé  plus  de  deux  cents  petites  figures  taillées  dans  du  bois  prés 
de  la  source  du  Pré-Martin  à  Luxeuil,  dans  la  Haute-Saône  (Musée  de  l'établisse- 
ment); cf.  tjuicherat,  Mélanges  d'arch.  et  d'hist.  I,  p.  loi  (Vendée).  Voy.  la  pou- 
pée en  chêne,  publiée  dans  notre  fig.  58S3.  —  I-  Dès  la  plus  haute  antiquité  on 
trouve  des  st,Ttuettes  d'ivoire  dans  les  lombes;  Pcrrol,  tiist.  de  l'Art.  Vil,  p.  143, 
pi.  lu.  Aux  funérailles  d'Alexandre  on  oITrit  des  statuettes  d'ivoire  el  d'or 
îrSwU  Si'  iXïoa.,T0î  xk".  /.îu»!.!:  (Diod.  Sicul.  XVII,  1141;  cf.  Hcrodian.  t/istor.  IV,  2_ 
funérailles  de  Géta,  ÈliEouvt('-.ot;  iyâ).;ia»rt.  Dans  le  tombeau  de  l'impératrice  Marie, 
femme  d'Houorius,  on  a  recueilli  des  poupées  d'ivoire  (Arrighi,  Borna  snbterranea, 
11,  p.  270).  Pour  la  consécration  dans  les  temples,  voy.  Ilogartii,  The  archaic  Ar- 
temisia, p.  156,  pi.  XXII  ;  cf.  des  stalueltes  d'animaux,  pi.  xxi,  xxv  (Ephèse)  ; 
ivoires  provenant  de  Camiros  et  de  Naucratis  {ibid.  pi.  \xx  et  xxxi);  ivoires  trou- 
vés dans  les  fouilles  de  Sparte,  Dawkins,  Annual  british  School,  XII,  p.  320,  328  ; 
XIII,  p.  s-,  89,  94,  96,99,  loi  ;  A.  delta  Scta,  iCiz  Collezione  Barberini,  1909,  p.  12  sq. 
fig.  6  à  1 1  (ivoires  de  Préneste).  Dans  les  inscriptions.  Corp.  inscr.  grave.  I,  15ij  B, 
1.  3  et  31;  151,  I.  43;  Knehler,  Corp.  inscr.  att.  Il,  652,  I.  64;  voy.  H.  Bliimner, 
Technol.  H,  p.   364  cl  dans  le  Dict.  l'article  mon.  Pour  l'os,  voyez  pupa,  p.  709. 

—  13  Pausan,  IX,  33,  I;  Clem.  Alexandr.  p.  117,  schol.  Ko9oxii.T(i.«,  i).do|<(»T«  tx 
x,jfOÎ  Ti  YÛ'liou  vutisJv  ^  i:ap6évw.  -tv.«v  ù'jttiz').ax-:ù-ji£va  ;  Etymol.  .Magn.  p.  718.  Cf. 
H.  Bliimner,   Technol.  11,  p.  140  et  p.    145.14(i  sur  vuioiï'âiTtiri;  pour  xoaoTîVâaxii;. 

—  l^Les  textes  sont  rassemblés  par  Poltier.  Qnam  oh  cansam  Graecisigitla,p.  50  sq.: 
cf.  H.  Bliimner  ;  Op.  l.  Il,  p.  155,  et  dans  Je  Dict.  l'article  cera.  —  15  Les  ouvrages 
contenant  des  terres  cuites  antiques  sont  extrêmement  nombreux.  Nous  citerons  seu- 
lement les  principaux  recueils  :  Panofka,  Terracotten  des  Icônigtichen  Muséums, 
Berlin.  1812;  Biardot,  Les  terres  cuites  grecques  funèbres,  texte  el  allas,  1872; 
Kekule,  Griech.  Tbon/iguren  nus  Tanagra,  1878;  Griech.  Terracotten  ans  Tann- 
gra  und  Kphesos  im  Berl.  Muséum,  1S7S  ;  von  Rohdeii,  Die  Terracotten  von  Pom- 
peji,  ISSO  :  Heuzey,  Catalogue  des  figurines  antiq.  du  Mus.  du  Louvre,  I,  1K82; 
et  album  des  Figurines  antiq.  du  .Mus.  du  Loutre,  1883  ;  Kekule,  Die  Terracotten 
von  Sicilien,  1884;  Furtwaengler,  La  Collection  Sabouroff,  II,  I8,S3-S7  ;  Poltier 
et  Beinaeh,  Catalogue  des  terres  cuites  et  autres  antiquités  de  Myrina,  1886;  et 
La  Nécropole  de  Myrina,  texte  et  planches,  3  vol.  1887  ;  Poltier,  Les  statuettes 
de  terre  cuite  dans  l'antiquité  (Bibl.  des  Merveilles'.  1890;  Duniont  el  Chaplain, 
Céramiques  de  la  Grèce  jiro'pre,  II,  1890  ;  Blanchet,  Étude  sur  les  figurines  de 
terre  cuite  de  la  Gaule  romaine,  \SOlel\W\;  C.  A.  Hutlon,  Greek  Terracotta  sta- 
tuettes, 1899;  Winter,  Die  Typen  der  /igfirlichen  Terracotten,  i  vol.  1903;  .Iim- 
f/eu-uhlte  griech.  Terracott.  in  Antiquarium  zu  Berlin  (Pernice),  1903  ;  Walters, 
Catalogue  ofthe  terracotten  in  the  British  Muséum.  1903  ;  Deonna.  Les  statues  de 
terre  cuite  dans  l'antiquité,  1908  ;  [Mendel],  Catalogue  des  figurines  grerq.  du 
Musée  de  Constantinople,  1909  ;  Poltier.  Dipbilosei  les  modeleurs  de  terres  cuites 
>/v€cqucs,  1909.  Nous  n'avons  pas  cité  les  publications  de  collections  particulières 
i|ui  sont  nombreuses,  mais  dont  la  plupart  contiennent  des  terres  cuites  fausses. 
—  '6  Anacreontea,  10,  éd.  Bergk,  p.  812.  —  >1  Aesop.  Fab.  137;  cf.  Froehner, 
Terres  cuites  Coll.  Gréau,  I,  p.  vu.  —  ni'orp.  inscr.  lai.  111.  1133,  1. 


SIG 


isni  — 


SIG 


manière  on  respectait  l'intention  pieuse  des  donateurs, 
les  droits  de  propriété  de  la  divinité,  et  on  évitait  les 
larcins  qui  auraient  rendu  à  la  circulation  commerciale 
un  oi)jel  devenu  sacer  et 
inviolable.  11  est  du  reste 
probable  que  l'usagf!  des 
fnvisssric  a  découlé  d'un 
rite  plus  ancien,  car  il 
semble  que  dans  lareligion 
préliellénique  l'usage  était 
d'aménager  une  fosse 
faisant  partie  du  sanc- 
tuaire même,  un  /-cpasi- 
tarium,  où  l'on  conservait 
les  objets  offerts  à  la  di- 
vinité (fig.  tj398)'.  Sous- 
traits ainsi  aux  regards 
et  confiés  à  la  terre,  ils 
faisaient  partie  intégrante 
de  la  propriété  sacrée.  Les 
dépôts  souterrains  d'O- 
lympie,  de  Tégée,  du  Ka- 
birion  de  Thèbes,  de  Cor- 
fou,  etc.,  ne  sont  que 
11^,.  le  développement  de  la 
même  idée  -.  Mais,  na- 
turellement, on  conservait  les  plus  beaux  de  ces  ex-voto 
pour  parer  la  demeure  du  dieu  ou  pour  les  exposer  à 
l'admiration  des  fidèles  dans  des  petites  chapelles  spécia- 
lement construites  à  cet  effet  [templim,  tues.wris].  Les 
inventaires  des  temples  nous  donnent  une 
idée  de  la  disposition  de  ces  objets,  que 
les  hiéropes  cataloguaient  par  rangées,  les 
uns  alignés  sur  des  tablettes  (puaoî),  d'autres 
placés  dans  des  vases,  dans  des  boîtes, 
dans  des  armoires  ^,  éparpillés  et  dissé- 
minés au  gré  du  personnel  chargé  de  ce  soin, 
partout  où  il  \  avait  un  emplacement  dispo- 
nible, égayant  de  leurs  couleurs  ou  de  leur 
éclat  métallique  la  pénombre  du  lieu  saint. 
C'était,  comme  le  dit  M.  Ilomolle,  une  sorte 
de  galerie  de  musée'.  Les  .sî^^/Z/rt  ainsi  offerts 
sont  souvent  accompagnés  d'inscriptions 
dédicaloires,  indiquant  le  nom  du  donateur 
et  celui  de  la  divinité  à  qui  l'offrande 
est  faite  (lig.  6399)»  jionarum,  lig.  2536]. 
11  e.st  naturel  quela  statuette  ainsi  offerte 
représente  la  divinité  elle-même  et  c'est 
évidemment  le  cas  le  plus  fréquent.  Sur  l'Acropole 
d'Alliènes,  Athéné  est  représentée  par  de  nombreuses 
idoles;  à  Eleusis  on  trouve  surtout  des  figurines  des 
grandes  Déesses,  Déméter  et  Coré;  au  temple  d'Artémis 
de  Corfou,  des  images  d'Artémis  ;  à  Tarenle,  Dionysos  et 

•  Voy.  à  Cnossos,  de  Crple,  les  coITtis  de  pierre  eiicaslrés  dans  le  pavement  dune 
chambre  du  palais  docouverl  par  M.  Arlliur  Evans  [Annual  Hritish  Sc/iool,  IX, 
p.  :)'J),  avec  la  série  des  ei-volo  de  pierre,  de  terre  cuile,  de  faïence,  ilivoire  et  dosi 
qu'ils  conlcnaienl  (id.  p.  *l-ai)  ;  ccsl  de  là  que  viennenl  les  lamenses  stalucUes  en 
lerre  éinailléc  rcpr^'sculant  la  déesse  on  la  prélresse  aux  serpcnls  (»/.  p.  7!>  à 
7'."  =  noire  figure  6398)  el  les  simulacres  île  roljes  hrodécs  de  Meurs  {id.  p.  Si).  Vovei 
aussi  les  pclils  colTrels  disposés  d«iis  les  corridors  des  magasins,  servant  sans  doute  de 
cacliellcs  pour  les  objets  précieui  (il/,  p.  io,  3S;cr.  X.  p.  31).  Mais,  à  lépoque  Cre- 
toise, doni  la  civilisation  éUit  tris  brillante,  on  avait  déjà  lliabctude  dexpoter  les 
ex-volo  dans  une  cliopelle  du  oulle  (Anuual.  VIII,  p  ;i-|.  CI.  encore  pour  la  Crète 
IfS  dépôts  faits  dans  les  grottes  du  Slonl  Ida  (llalblieir  el  Orsi,  iluseo  di  anlich. 
ctass.  Il,  avec  un  allas  de  plancbcsjet  du  Mont  Diclé  (llogiirth,  dans  Annual,  VIII. 
p.  91  si|.).  —  -'  M.  f'icrrc  i^aris  a  dresse  la  liste  des  dépôts  de  terres  cuites  dans  les 


Pig.  (1399.  — 

Slatuctle  de 

brou/e. 


les  Dioscures,  etc.  ^  Mais  il  n'y  a  pas  là  de  règle  absolue 
et  l'on  introduisait  aussi  dans  un  temple  d'autres  divi- 
nités que  celle  qui  y  était  honorée  en  particulier.  On 
peut  citer  un  bronze  d'Apollon  dédié  à  Esculape,  un  Her- 
cule consacré  à  Apollon  \  Le  philosophe  Asclépiade 
dépose  aux  pieds  de  la  statue  d'Apollon,  dans  le  temple 
de  Daphné,  une  figurine  d'argent 
de  la  Dea  Cneleslis  *,  et  l'on  pour- 
rait multiplier  les  exemples 
(flg.  (JiOO)".  Mais  ce  ne  sont  pas 
seulement  les  images  d'autres 
dieux  qui  variaient  le  mobilier 
religieux.  Il  faut  compter  que 
l'on  consacrait  aussi  ton  tes  sortes 
de  statuettes  représentant  desim-  Q>-- 
pies  mortels,  des  iiommes,  des 
femmes,  des  enfants,  images 
réelles  ou  conventionnelles  des 
donateurs  eux-mêmes  ou  des  per- 
sonnes pour  lesquelles  ils  ve- 
naient prier.  Les  fouilles  de 
M.  Paris  dans  le  temple  d'Athèna 
Cranaia,  à  Élalée,  ont  fourni  sur  Kig.c4i"i.  -  tx-voio  de  piomi.. 
ce  point  un   témoignage   décisif 

(fig.  6401  )'".  Outre  les  images  de  la  dt'csse,  on  y  a 
recueilli  toutes  sortes  de  terres  cuites  figurant  Aphrodite 
el  Eros,  .\rtémis,  Léda,  des  danseuses,  des  femmes 
drapées  ou  nues,  des  jeunes  filles,  des  enfants,  des  gro- 
tesques et  des  comiques,  des  animaux  :  nulle  catégorie 
n'est  exclue  de  la  collection. 
Aucune  peinture,   aucun  monument  ne  nous  a  gardé 


hig.  G40I.  —Terres  cuj lis  trouvées  dans  un  lenqile. 

l'aspect  de  ces  intérieurs  de  sanctuaires  ainsi  garnis 
d'offrandes.  Mais  on  a  souvent  cité  une  peinture  de  vase 
où  l'on  voit  l'image  plus  humble  d'une  fontaine  consacrée 
aux  Nymplies  et  décorée  de  petites  tablettes  peintes  et  de 
statuettes  féminines  déposées  en  ex-voto  [aoiae,  fig.  395]. 
Sur  un  relief  grec  du  Péloponèse  une  femme  est  assise 
devant   un   arbre  sacré,   qui   porte  à  la  fourche  de  la 

sanctuaires,  ;i  Allièncs,  Corinllie.  Arradie  et  l'éloponèsc,  Béotic,  Délos.  Cuidc 
Chypre,  Italie,  de,  dans  son  livre  sur  £/«^_'e,  p.  141-157.  Ajouter  /*n"e«edc  Wicgand 
et  Schrader,  p.  lo4,  15"'  s»].  — 3  Suidas,  s.  r.  xtt.^io;;  £(ym.  j/injn.  s.  r.  àoixôpiov, 
Alhen.  XI,  p.  473  B  el  C  ;  l'Ial.  Conviv.  XXXIII,  illî,  —  »  Homolle,  Bull.  corr. 
Itcll.  VI,  p.  105  sq.  :  cf.  I-alO'ix  et  Monceaux,  livstfiuration  d'Ohjmpie,  p.  95: 
Uefrasse  el  Léchai,  Épidaiire.  p.  94.  —  s  Notre  ligure  C399  =  Durnj-,  Hisl.  des 
Grecs,  I,  p.   299  (statiietle  de   Laconie,  dédiée  par  Chariios  à  Apollon  Maléalès-). 

—  li  Cf.  l'aris,  Elalve,  p.  141  sq.  —  1  Babelon  et  Klanchel.  Calatog.  des  Oronzes, 
llibl.    nul.  u«  98;  A.  de  l-ongpérier,   Xotice  des  br.  anitt/.   du  Loufre.  n"  338. 

—  8  Anun.  Marcell.  XXII,  13.  —  b  Notre  figure  Ii400  représente  un  ex-voto  de 
plomb  trouvé  dans  l'Artérnision  de  Sparte  :  c'est  une  image  d'.'Vlhéné  armée  (Uawkins. 
Annual  Bril.  .Sch.  XII,  p.  3i3,  fig.  3,  u"  C).  —  10  l'aris,  O/i.  /.  p.  i59  si),  pi.  i  cl  n, 
y.   à  \\».  .Notre  figure  ti4li|  =   Uuruv,  Hist.   des  Grecs.  III,   p.  il6. 


SIG 


—  1305  — 


SIG 


maîtresse  branche  une  slaluelLe  de  femme  ;  une  aulre 
lif<iirine  est  delioul  sur  un  autel  plac(''  au  pied  de  l'arbre 
I^AHBOKES  SACHAK,  V\^.  A'iH].  Dans  le  décor  du  vase  en 
onyx,  dit  des  Ploléinées,  sur  une  table  chargée  du  mobi- 
lier religieux  on  remarque  une  statuette  de  femme  portant 
deux  torches  [abacis,  fig.  Gj.  Les  nombreuses  représen- 
tations du  Palladiumde  Troie,  ravi  par  Ulysse  etDiomède, 
nous  montrent  l'aspect  de  l'antique  idole  sous  forme 
d'un  si;/il/um  Lminerva,  p.  1934].  Les  monuments  romains 
nous  fournissent  aussi  quelques  exemples  de  ces  ex-volo 
religieux.  Dans  la  peinture  d'Herculanum  qui  représente 
Oresle  et  Pylade  amenés  devant  Iphigénie,  la  mensa  du 
sacrilice  porte  avec  quelques  vases  une  statuette  d'Ârté 
mis  enfermée  sous  un  petit  tabernacle  [AEDicrLA,  fig.  i'i',i]. 
Sur  un  bas-relief  du  Vatican,  de  chaque  coté  d'un  autel, 
dont  le  feu  est  allumé,  un  homme  et  une  femme, 
la  main  étendue,  présentent  des  statuettes  de  dieux  Lares 
Mig.  (j'iO^)  '.  Un  médaillon  de  l'empereur  Commode  est 


décoré  d'une  scène  analogue-.  Sur  une  pierre  gravée  du 
Cabinet  des  Médailles,  CaracallaofTre  à  Mars  une  statuette 
de  la  Victoire  '.  On  a  vu  plus  haut  [co.mpitalia,  fig.  188()j 
une  cérémonie  dans  laquelle  un  camilliis  porte  une 
statuette  de  dieu  Lare,  que  l'on  va  déposer  dans  la 
chapelle  du  compifum  *.  Tous  ces  exemples  nous  mon- 
trent en  action  l'offrande  et  la  consécration  religieuse  des 
sii/i/la  [coNsiccKATiù,  DEDiCATioL  Dans  les  inscriptions 
latines  on  mentionne  parfois  l'aulel  sur  h'qiiel  est  placé 
la  statuette  (ara  ciitii  si{jillo)". 

Remarquons  que  les  figurines  ainsi  consacrées  ne 
représentent  pas  seulement  des  divinités,  des  hommes 
et  des  femmes,  mais  aussi  des  animaux.  A  Olynqjie,  ce 
sont  de  véritables  troupeaux  de  bètes,  chevaux,  taureaux, 
béliers,    qui  remplissaient  la  /'(trisso   creusée  près  de 

I  .Noire-  ligule  ''^"^  =  Musto  Cliiaramuuii,  III,  |il.  xix.  n»  i.  -  :i  .Millin,  Gale 
rie  mijthotuijiq.  I,  pi.  xxxr,  n°  H)7.  —  3  Ouruy,  Hist.  Ilom.  VI,  p.  257.  —  *  Vo)  . 
mcore  Moumnenti  Inst.  1881,  pi.  xxxiv,  Set  5  ((.  —  =  Corp.  inscr.  iat.  III,  6129  h, 
Ui(i7  3:l  ;  V,  0357.  —  c  Furlwaenglcr,  Oie  llronzm  ion  l/lym/,iii,  p.  28,  pi.  x  si|.  ; 
cl.  l'eidiizft,  FouMes  de  Delphes,  lome  V,  p.  45  se].  —  7  Cracf,  Alhenische  JJillhet- 
liiityeti,  XV,  p.  305  s.|.  ;  C.  inscr.  Crnec.  sept,  n"'  ii57,  2459,  3575  à  3594.  —  »  Voy. 
aussi  Corp.  inscr.  lut.  XUI,  2840.  innlel  de  bronze  dédié  Deo  Segontoni  (trouvé  à 
lîolard,  près  de  Nuiis).  —  '■>  Voy.  Homolle,  Les  archives  de  l'Intendance  sacrée  ii 
llélos,  1SS7.  —  II)  Voy.  l'arliclc  de  S.  Rciiiiicli,  L'art  et  la  magie,  dans  Cnlles, 
mtjlkes  et  religions.  I,  p.  125.    —  H   Voir  doxaiiicm.  Noire    ligure  0103  csl  un  ex- 


riléraion  ".  ,\ii  Kabirion  de  Thèbes  "  les  petits  taureaux 
de  bronze  sont  sortis  en  grand  nombre  des  fouilles.  On 
a  vu  plus  haut  ^donarium,  fig.  3741,  p.  373]  la  variété  de 
ces  représentations  d'animaux  dont  plusieurs  portent  des 
dédicaces  inscrites  sur  leur  corps  (fig.  2537,  2')38)*.  Le 
sens  de  ces  offrandes  est  assez  complexe.  Le  bétail  fait 
partie  de  la  richesse  du  dieu  qui  est  propriétaire,  qui 
possède  des  terres,  des  champs,  que  ses  prêtres  admi- 
nistrent et  font  valoir  pour  lui  '.  S.  l'origine,  les  repré- 
sentations d'animaux  n'ont  pas  d'autre  but  que  de  sym- 
boliser cette  richesse,  de  l'augmenter  par  des  simulacres 
qui  aideront  à  la  multiplication  réelle  des  troupeaux  '". 
Mais,  de  plus,  le  dévot  y  mêle  naturellement  une  idée  qui 
lui  est  personnelle;  en  faisant  plaisir  au  dieu,  il  altiresur 
lui  sa  bienveillance,  et  le  dieu,  à  son  tour,  fera  prospérer 
la  maison  et  les  biens  du  fidèle  ;  c'est  un  contrat  de 
réciprocité.  Enfin  le  simulacre  de  l'animal  rappelle  le 
sacrifice  réellement  fait  ou  remplace,  pour  les  pauvres,  le 
don  de  l'animal  qu'ils  n'ont  pas  pu  apporter  en  réalité. 
On  offre  à  la  divinité  tel  animal  qui  lui  est  spécialement 
consacré,  qui  passe  pour  son  attribut  personnel,  le  bouc 
à  Dionysos,  la  colombe  à  Aphrodite,  etc.  On  trouve  aussi 
des  ex-voto  d'un  caractère  plus  énigmatique,  des  lions, 
des  sphinx,  un  lièvre  (fi g.  2337),  une  grenouille  (fig.  2.338), 
une  tortue  (fig.  6403),  etc.  ".  Toutes  les  idées  se  super- 
posent et  se  mêlent  dans  les  oil'randes  de  cette  nature. 

Les  précédentes  observations  feront  comprendre  aisé- 
ment le  rôle  qu'ont  joué  les 
sigilla  dans  la  religion  funé- 
raire. Le  sens  de  ces  offrandes 
a  été  obscurci  par  toutes  sortes 
d'exégèses,  parce  que  l'on  a 
voulu  considérer  la  déposition 
des  figurines  dans  les  tombeaux 
des  morts  comme  un  fait  isolé  et 
particulier'-.    Au  contraire,  ce 

fait  se  rattache  aux  conditions  générales  et  ordinaires  du 
culte  religieux  chez  les  anciens.  Le  mort  est  considéré 
comme  un  dieu  ;  le  défunt  est  héroïsé.  S'il  est  favorable 
aux  survivants,  ceux-ci  bénéficieront  de  sa  puissance 
protectrice  ;  s'il  est  irrité  contre  eux,  ils  pâtiront  de  son 
ressentiment;  de  là  vient  la  nécessité  de  lui  apporter  des 
offrandes.  C'est  l'idée  fondamentale  qui  a  réglementé 
la  religion  funéraire,  si  compliquée  et  si  méticuleuse,  des 
Égyptiens.  C'est  aussi  celle  qui  domine  dans  les  prati- 
ques moins  précises  et  moins  détaillées  des  Grecs.  Le 
dieu  dans  son  temple,  le  mort  dans  son  tombeau  sont 
deux  termes  assimilables.  Tous  deux,  avec  des  diffé- 
rences d'importance  attachée  à  leur  rôle,  de  richesse  dans 
le  choix  des  cadeaux,  sont  honorés  de  la  même  façon.  Il 
n'est  pas  besoin  d'imaginer  ni  des  formes  spéciales  d'of- 
frandes, ni  unsensdifférentpourles  images  apportées  aux 
morts  comme  aux  dieux.  Il  faut  seulement  comprendre 
que  tout  objet  devient  sacer.  du  moment  qu'il  leur  est 
offert  et  qu'il  fait  partie  intégrante  de  leur  mobilier.  Les 


Fig.    C4U3. 


alBr 


.Wi.  XII 


,  p.  32S 


vote  d'ivoire  provenant  de  l'Arténiiséon  de  S;  arle  (An 
lig.  5  a).  —  '2  four  la  discussion  sur  ce  point  et  lesposé  des  anciens  ; 
relatifs  il  rinlerpri''tatiou  des  ligurines  trouvées  dans  les  tombeaux,  voy.  E.  l'ottier, 
fjnatn  oh  cansam  Oraeci  /itjlina  sigilla  in  sepulcris  deposnerint,  1883,  et  le 
résumé  en  français  dans  Les  statuettes  de  terre  cuits  dans  l'antiquité,  1S9II, 
p.  203  sq.  L'ensemble  de  la  même  théorie  ii  été  adopté  par  M.  HaussouMier,  Quo- 
modo  sepulcra  Janagraei  llecoraverint,  1884,  p.  S-i;  Duemmler,  Annali  Jnst. 
1883,  p.  193:  Cartault,  Collection  Lécuyer,  pi.  c*  ;  Babelon,  Gazette  arch.  1881, 
p.  325;  Dielil,  Ej-cursionsarch.  en  Grèce.  1890,  p.  307;  Blaucliel,  Etude  sur  Us 
figurines  delà    Gaule,  18'.U,  p.  80;  Paris.  Elatée,  1892,  p.  101. 

164 


SIG 


i:<06  — 


SIG 


siijilUi  ne  poiivenl  pas  se  séparer,  ni  dans  les  Iciuples, 
ni  dans  les  tombeaux,  du  reste  du  matériel  religieux. 
Us  ont  même  destination:  enrichir  la  propi-iélé  de  celui 
ou  de  celle  que  l'on  veut  se  rendre  favorable,  lui  procu- 
rer une  vie  plus  confortable  et,  par  réciprocité,  attirer 
surle  donateur  la  protection  d'un  numen  tout  puissant. 
Le  mobilier  funéraire,  ainsi  interprété  dans  son 
ensemble,  s'explique  sans  difficultés  [fiiNus,  p.  1379i. 
Les  sifjiUa  funéraires  correspondent  aux  statues  et  aux 
st-itueltes  placées  dans  les  sanctuaires.  Ils  se  divisent  en 
deux  catégories  :  images  religieuses,  images  familières. 
Les  images  religieuses  comprennent  les  représentations 
des  divinités  spécialement  atl'ectées  au  culte  des  morts, 
surtout  Déméter  et  Coré  à  l'époque  archaïque,  puis 
d'autres  qui,  dans  la  suite  des  temps  ont  pris  un  rôle  de 
plus  en  plus  important  et  se  substituent  peu  à  peu  aux 
grandes  Déesses,  comme  Dionysos  et  Aphrodite  '.  Les 
images  familières  ont  au  début  un  rôle  pratique  et  bien 
délini,  quiestde  nourrir  le  mort,  de  le  laver,  de  l'entourer 
de  servantes  et  de  femmes  qui  lui  permettront  de  con- 
tinuer confortablement  sa  vie  matérielle-  ;  le  cortège 
funéraire  s'accroit  aussi  de  compagnons,  de  cavaliers  et 
aussi  de  soldats  qui  perpétueront  dans  la  seconde  exis- 
tence la  joie  des  exploits  guerriers  ^  ;  au  vr  siècle  on  voit 
encore  se  multiplier  les  maquettes  représentant  les  cui- 
siniers, les  coilfeurs,  les  boulangers  et  pétrisseuses  de 
pain  (lig.  6404)'.  Puis  un  changement  se  fait;  l'évolution 
des  idées  et  des  mœurs  purilie,  au  v  siècle,  ces  super- 

s  ti  tions  grossières 


Fig.  6404. 


et,  sans  renoncer  à 
l'idée  de  compagnie 
donnée  aux  morts, 
lin  abandonne  ou  on 
adoucit  l'expression 
des  Jouissances  pu- 
rement matérielles. 
Ce  sont  des  scènes 
de  banquets  ^,  ou 
plus  simplement 
encore,  des  statuettes  de  jeunes  hommes  et  de  jeunes 
femmes  qui,  mêlées  aux  images  des  divinités,  montrent, 
comme  dans  les  stèles  sculptées  funéraires,  la  famille  et 
les  amis  accompagnant  le  défunt  jusque  dans  la  mort  et 
lui  rendant  hommage'"'.  On  arrive,  de  proche  en  proche, 
et  sous  la  poussée  d'influences  artistiques  qui  de  plus  en 
plus  développent  le  caractère  familier  et  réaliste  de  la 
plastique,  aux  gracieuses  et  pimpantes  figurines  du  iV  et 
du  ui'^  siècle,  dont  la  fabrique  de  Tanagre  a  produit  les 
types  les  plus  célèbres  (fig.  «)40.5) ',  et  qui,  au  ii'  et  au 
i"''  siècle  avant  notre  ère,  prennent  avec  les  modeleurs 
de  Smyrne,  de  Tarse  et  de  Myrina  une  allure  encore  plus 
variée,  plus  libre  et  un  peu  sensuelle».  Depuis  les  ori- 
gines jusqu'à  ri<;mpire  romain,  les  formes  et  les  sujets, 
le  style  et  la  technique  ont  cliangé,  mais  les  idées  direc- 
trices et  fondamentales,    le   sens  et  la  destination   des 


<  Cf.  Pollier,  /.es  staliieltis  de  terre  cuite,  p.  .I?  s<|.,  93,  193,  119.  —  2  Bull, 
curr.  hell.  1900,  p.  510  si|.  -  3  foUicr,  61p.  ;.,  p.  20  à  is  ;  VVinler,  Die  Typen 
fig.  Ttrrakolten,  1,  p.  7,  M  à  IS.  —  t  l'oUicr,  p.  4li  sq.  (noliv  figure  0404 
=  ikid.  p.  47,  lig.  17),  cl  Bull.  eorr.  hell.  l.  c.  pi.  ix  à  m;  Wiiilor, 
p.  33  à  33.  —S  Wiiilcr,  p.  195  s<|.  -  c  yrf.  p.  cg  s,,.  _  ;  faUiev,  p.  79  s,(.' 
(noire  lig.  0405  =  ibid.  p.  82,  (ig.  27)  ;  Wiiilcr,  plaiiclics  du  lonie  11.  _  «  Pollier, 
p.  153  si(.  ;  Wiuler,  ibid.  —  9  L'évoluliou  des  lipes  cérarni.|uc3  el  los  molifs  des 
oITrandcs  funéraires  sonl  Cludiés  avec  des  d^'veloppenienls  analogues  dans  le  nouveau 
livre  de  E.    Pollier,   Ilii.Vdos  et   les  modeleurs  de  terres  cuiles  nreciues,  1909. 


,  —  Slaluclle  de  Tanagre. 


xiyilla  n'ont  pas  varié'.  11  est  naturel  ([ue  le  culte 
des  morts,  comme  le  culte  des  dieux,  ait  donné  nais- 
sance à  certaines  caté- 
gories d'ex-voto  plus  spé- 
ciaux. De  même  qu'aux 
abords  d'Eleusis,  les  pèle- 
rins rencontraient  des 
boutiques  remplies  des 
images  des  grandes  Dées- 
ses, de  même  aussi  les 
abords  des  nécropoles 
devaient  se  garnir  de 
dépôts  d'oft'randes  oîi  l'on 
trouvait  des  sujets  parti- 
culièrement funéraires  : 
les  déesses  assises,  les 
grands  masques  de  Dé- 
méter,   les    Sphinx,     les 

Sirènes  pleureuses,  les  Eros  aux  mines  funèbres,  y  for- 
maient sans  doute  une  partie  essentielle  des  étalages"'. 
Mais  il  est  évident  aussi  que  telle  statuette  de  femme 
drapée,  telle  ligurine  d'enfant,  telle  Victoire  aux  ailes 
déployées  n'a  nullement  été  fabriquée  dans  une  intention 
funéraire,  puisque  les  mêmes  types  se  retrouvent  dans 
le  temple  d'Élalée,  dans  les  maisons  de  Priène  ou  de 
Pompéi  '  ' ,  comme  dans  les  tombes  de  M  y  rina.  Remarquons 
seulement  que  parmi  les  ex-voto  déposés  dans  les  tom- 
beaux on  ne  trouve  jamais,  du  moins  à  notre  connais- 
sance, des  statuettes  de  bronze  ni  de  métal.  Est-ce  une 
simple  raison  d'économie?  Y  avait-il  quelque  rite  ou 
quelque  superstition  qui  interdisait  l'otTrande  d'images 
de  métal?  Nous  ne  saurions  le  dire  avec  précision.  Rap- 
pelons seulement  qu'à  Rome  la  Loi  des  XII  Tables  inter- 
disait de  déposer  de  l'or  dans  les  sépultures,  sans  doute 
pour  une  raison  économique  et  peut-être  aussi  pour  les 
préserverde  violations  sacrilèges  [funus,  p.  13941. 

Nous  tiendrons  compte,  dans  la  fabrication  des 
sigilla,  des  jouets  que  l'on  faisait  pour  les  enfants, 
Tt'AïYyiûv  '-.  Dans  les  tombes  mêmes  on  recueille  des 
terres  cuites  qui  ont  sans  aucun  doute  ce  caractère". 
La  poupée  de  bois,  de  terre  cuite  ou  de  cire,  chez  les 
Grecs  comme  chez  les  Romains,  aux  bras  articulés  ou 
non,  a  le  plus  souvent  l'aspect  qu'elle  a  encore  de  nos 
jours,  celui  d'une  femme  nue  que  l'enfant  peut  habiller 
de  chilTons  [i'UPa,  s.\tlu.nali.\J.  Quelques  slèles  funé- 
raires altiques,  d'un  beau  style,  nous  oITrent  l'image 
d'enfants  ou  déjeunes  filles  tenant  dans  leurs  mains  une 
petite  idole,  une  poupée,  qui  est  à  la  fois  le  symbole  de 
leurs  amusements  passés  et  le  rappel  de  l'ex-voto  usuel- 
lement offert  aux  défunts  [pipa,  fîg.  o882j  ". 

La  consécration  des  sigilla  dans  les  chapelles  domes- 
tiques, dans  les  laraires,  dans  l'intérieur  même  des 
maisons,  prête  à  certaines  observations.  Bien  que  la 
religion  des  lares,  des  pexates,  des  mânes,  ait  pris  chez 
les  Romains   un   caractère  encore   plus   intime  el  plus 


—  10  PoUier,  Quam  ob  causant,  p.  81,  82;  Les  stutuetles,  p.  200  ;  PoUier  et  Rci- 
nacli,  I.a  Aecropote  de  A/yrina,  p.  149  s<|.  —  H  PoUier,  Les  statuettes,  p.  280-288; 
cf.  pour  Priène,  Wicgand  cl  Schrader,  Priene,  p.  329  si|.  —  12  llesycli.  s.  i'.  ;  Lu- 
cian.  Somm.  2;  Halcyon.  4;  Dio  Chrysosl.  (Jral.  XXXI,  p.  .150.  Cf.  PoUier, 
Quam  ob  causam,  p.  52.  —  13  PoUier  et  Iteinacli,  Xêcropole  de  Myrina,  p.  90, 
243,  202.  —  "  Voy.  la  bililiograpliic  citée,  à  larlicle  pup.\,  p.  708.  note  6;  il  faut 
ajouter  Journal  Hell.  studies,  VI,  1883,  p.  17,  pi.  B,  el  uu  livre  récenl:  (i.  Van 
llooru.  De  vita  atque  caltu  puerorum,  Amsterdam,  1909,  avec  le  cliapilre,  p.  77, 
de   [tiipa. 


SIG 


—  1:^07  — 


SIG 


individuel,  rn'anl  dans  chaque  demeure  une  cliapelle  do 
eulle  et  Jusque  dans  la  cuisine  un  emplacement  consacré 
aux  dieux  prolecteurs  du  foyer  [cvuxa,  fig.  2096],  on 
sait  que  les  Grecs  n'ont  pas  été  moins  attentifs  à  observer 
le  culte  des  ancêtres,  mais  en  lui  donnant  une  physio- 
nomie plus  générale  et  plus  civique,  conformément  aux 
idées  de  leur  race  :  ce  sont  les  oas'ixovcç  xaTa/OôviO!,  les 
xaToDctoioi  Oso!  [dakmoN,  p.  16],  les  VjpwEç  ■itaTç.ojoi  qui, 
dabord  représentant  l'héroïsation  des  morts  illustres, 
s'appliquent  plus  tard  aux  défunts  de  tout  rang  fiiKRns, 
p.  145,  117,  iriol  et  jouent  le  rôle  de  véritables  Lorps.  Il 
y  a  aussi  chez  les  Grecs  des  dieux,  comme  Hermès,  qui 
s'instituent  les  gardiens  du  foyer  '.  Que  l'intérieur  des 
maisons  grecques  ait  contenu  toutautant  de.«/.7i//a  que  les 
maisons  de  Fompéi,  c'est  ce  que  nous  savons  maintenant 
avec  précision  par  les  fouilles  de  Priène  '.  Même  si  ces 
statuettes  n'ont  pas  été  réunies  dans  une  petite  chajielle 
spéciale,  semblable  au  lururium  latin,  même  si  elles  ont 
été  placées  aux  carrefours  des  chemins  ou  auprès  des 
portes  des  habitations  ',  ou  bien  disséminées  dans  des 
niches,  à  l'intérieur  de  la  maison  ',  on  placées  dans 
des  annaria  ',  on  ne  peut  pas  douter  de  la  valeur  reli- 
gieuse qu'il  convient  de  leur  attribuer.  Il  en  est  de  même, 
d'ailleurs,  pour  les  maisons  romaines.  Non  seulement 
les  sigilln  du  culte  familial  trouvaient  place  dans  la 
chapelle  domestique,  mais  on  sait  qu'à  Pompéi  des 
loculi  aménagés  dans  les  murs  pouvaient  recevoir  des 
statuettes  ".  L'idée  de  décoration  s'ajoutait  alors  natu- 
rellement à  l'idée  de  protection  de  la  maison.  De  même, 
les  peintures  mythologiques  si  nombreuses  qui  ornaient 
les  villas  n'étaient  pas  seulement  faites  pour  récréer  les 
regards:  elles  attestaient  aussi  la  dévotion  du  proprié- 
taire envers  telle  ou  telle  divinité  dont  ces  peintures 
retraçaient  l'image  et  les  aventures.  Il  ne  faudrait  donc 
pas  s'imaginer  que  le  souci  d'art  et  le  désir  d'embellir 
la  demeure  suffisent  seuls  à  expliquer  la  présence  des 
sif/il/a  dans  les  habitations  antiques.  Sans  doute  il  faut 
tenir  compte  de  la  manie  qui  s'empara  des  riches  Romains 
à  la  (in  de  la  République  et  sous  l'Fmpire  pour  collec- 
tionner des  oi-uvres  d'art;  les  folies  criminelles  de  Verres 
en  Sicile  sont  bien  connues  et  Horace  ou  Martial  ne 
manquent  pas  de  décocher  leurs  railleries  à  l'adresse  des 
«  amateurs  »  de  leur  temps'.  Mais  ce  sont  là  des  modes 
et  des  goûts  de  luxe,  permis  seulement  à  un  petit  nombre, 
qui  ne  rendraient  pas  compte  du  sentiment  général  d'où 
sont  issus  les  xitjiUa. 

Kn  ce  qui  concerne  les  laraires  romains,  on  a  vu  plus 
haut  qu'ils  étaient  abondamment  garnis  de  ligurines, 
généralement  en  bronze  [lares,  fig.  43'iij  *.  On  ne  se 
contentait  pas  d'y  placer  les  images  des  dieux  protecteurs 
du  foyer;  on  y  rassemblait  toutes  les  divinités  que  le 
chef  de  la  famille  vénérait  en  particulier.  L'empereur 
Alexandre  Sévère  avait,  dit-on,  réuni  dans  sa  chapelle 

I  Scliol.   Arisloph.  A'-es,  *3i;.  —  s  Wieg.inil  et  Scliradcr,   Priene.  p.   330  5i| 

—  3  Plat.  Leij.  XI,  p.  33J;  Antholog.  Palat.  IX,  30li.  —  i  Môme  disposiliou  à 
IMIos,  Bull.  corr.  Iielt.  1895,  p.  495;  1900,  p.  511,  51i,  030;  à  Théia,  llillcr  von 
Cacriringen,  Thera,  III.  p.  189.  —  5  Cf.  t'olticr,  fluam  oh  caiisam,  p.  i.o  et  noie  I. 

—  fi  H.  von  Holiden,  Terracottcn  von  Pompeji^  p.  47,  6-2  ;  cf.  l'otticr,  ihid.  p.  72,  73. 

—  7  Horal.  Snt.  Il,  3,  JO-25  ;  cf.  iE'pisr  I,  6.  17  ,  Martial,  VIII.  0.  —  »  Von  Kohden, 
ilml.  p.  24,  7U  ;  cf.  l'otlier,  ibi'l.  p.  73;  II.  Ili6dcnal,  Pompri,  I.  p.  09;  f.  Gusnian. 
Pompéi,  p.  liu,  131  ;  Guida  illustr.dnl  Museo  di  .\apoli,  1908.  p.  361.  —  »  Lani. 
prid.  Aléa:.  .S'ei-er.  i'J,  31.  —  '0  Pottierel  Hcinach,  Nécropole  de  .Vyrina.  p.  17:;  sq.; 
Wjegand  et  Scliradcr,  Priene.  p.  304  s(|.  —  "  Blanchet,  Figurines  en  t.  cuite  de 
la  Gaule  romaine,  p.  i3  s<).,  50  S(|.  —  12  Marlial.  IX,  M  cl  44  ;  cf.  Collignon, 
Oitt.  sculpt.  ijrecq.  Il,  p.  4J4.  —  <3  Martial,  XIV.  171  ;  cf.  Plin.  Hist.  nul.  XXXIV, 
8  :   cf.    Proeliner.    Terres  cuites  Coll.  Gr'-au,  I,  p.  vui.  —  14  Hcuzey,  Mémoires 


privée  l'image  du  Clirist  à  ci'lie  d'Orphée,  d'Abraham  et 
d'.Vpollonios  de  Tyane  ;  il  honorait  aussi  d'un  culte 
Achille,  Alexandre  le  Grand,  Cicéron  et  Virgile'. 

Les  sigilla  sont,  en  général,  des  œuvres  anonymes. 
Cependant,  dans  certaines  régions,  en  particulier  en  Asie- 
Mineure  (Myrina,  Cymé,  Priènej '"  et  en  Gaule",  les 
fabricants  ont  pris  l'habitude  d'apposer  leur  nom  ou 
leur  marque  particulière  sur  les  terres  cuites,  sans  doute; 
pour  des  raisons  commerciales,  plus  que  par  considé- 
ration pour  la  valeur  artistique  de  l'œuvre  [sigxum].  Les 
petits  bronzes  ne  sont  pas  signés.  Pourtant,  c'est  dans 
cette  série,  comme  dans  celle  des  petits  marbres,  qu'on  a 
pu  réaliser  des  morceaux  de  prix.  Dans  l'antiquité  même 
on  citait  un  petit  bronze  de  Lysippe,  Hercule  Epitra- 
pézios  qui  ornait  la  table  d'Alexandre  le  Grand  et  qui 
aurait  appartenu  ensuite  à  Hannibal,  à  Sylla,  avant 
d'arriver  aux  mains  de  l'amateur  iNonius  Vindex  '^ 
On  vantail  aussi  à  Rome  la  statuette  d'un  jeune. favori  de 
Brutus,  exécutée  par  Apollodore".  De  très  belles  figures 
comme  la  Minerve  de  Chantilly",  comme  l'Hercule  du 
Louvre' %  comme  le  cavalier  combattant  de  Naplcs 
[iiETAlHOi,  fig.  3833J'",  peuvent  donner  une  idée  de  la 
perfection  qui  fut  atteinte  en  ce  genre. 

II.  Les  mots  sigillum,  sigi/tatiis,  s'appliquent  à  des 
reliefs  de  métal  ou  d'argile  qui  décoraient  des  vases  ou 
des  margelles  de  puits  ou  tout  autre  objet".  Sigilla 
désigne  aussi  des  ornements  de  stuc  posés  sur  les  parois 
des  habitations".  Pour  cette  catégorie  des  bas-reliefs 
nous  renvoyons  aux  mots  caelatura,  figlinum,  forma  et 
TECTORiiM.  Le  même  terme  est  employé  au  sujet  d'étofles 
ornées  de  broderies"  [segmextum,  p.  1174]. 

III.  Sigitlum  désigne  encore  le  sceau  avec  lequel  on 
marquait  dans  une  matière  molle  l'empreinte  de  son 
cachet,  bague  ou  pierre  gravée^".  Nous  renvoyons  à 
siGXi  M.         Ad.   Blanciiet.  —  E.  Pottier. 

SIGMA.  —  Lit  en  forme  de  sigma  lunaire  grec  [lectcs, 
p.  10-22]. 

SIGNA  MILITARIA.  Enseignes  militaires. 

Orient.  —  Partout  où  l'on  voit  de  nos  jours  des  clans  de 
demi-civilisés  partir  en  guerre,  on  constate  qu'ils  empor- 
lentavec  eux,pourles  guideretpourles protéger,  la  divi- 
nité tutélaire  du  clan.  Tel  était  le  rôle  du  ciieval  blanc 
que  les  Perses  et  les  Germains  emmenaient  en  cam- 
pagne, de  l'arche  des  Hébreux,  du  taureau  de  bronze  des 
Cimbres.  Comme  le  montre  ce  dernier  exemple,  à  défaut 
de  l'animal  divin,  son  image  suffisait,  d'après  celle  idée 
primitive  que  l'image  n'est,  en  quelque  sorte,  qu'un 
moule  où  la  divinité  est  tenue  de  se  manifester.  La 
façon  la  plus  commode  de  porter  en  campagne  une  image 
de  ce  genre  est,  assurément,  delà  hisser  au  sommet  d'une 
perche,  d'où  la  divinité  dominera  la  troupe  de  ses  fidèles, 
verra  mieux  et  sera  mieux  en  vue.  C'est  le  procédé  que 
l'on  trouve  déjà  en  usage  dans  l'Égyptc  prédynastique', 

el  Mon.  Viol,  IV.  pi.  i  ol  h.  —  15  CollignoD,  Op.  l.  pi.  iv.  —  16  Id.  fig.  Si8. 
—  17  Cic.  Verr.  11.  1,  14  ;  arf  Atlic.  I,  10,  3.  —  1»  l'Iin.  Hist.  nat.  XXXVI,  39,  S; 
cf.  CoUignon,  An-uc  </c  l'art  anc.  et  mod.  1897,  11,  p.  97-107  et  i04-ili.  —  l'J  Ovid. 
MHam.  VI,  85.  —  M  Cic.  Acad.  prinr.  II,  30;  Horal.  Ep.  I,  ±0,  3. 

SIGNA  MILITARIA.  '  Voir,  pour  l'cpoifue  primitive,  Loret,  Les  enseignes  mili- 
taires dans /fefue  èyyptologiqne,  l''02  et  l'Éf/ypte  au  temps  du  totémisme,  dans 
ConférenctiS  au  Musée  Guimet.  1906  ;  W  Xewberry.  Ensigns  on  the  prehistoric 
pottery,  dans  les  .innats  of  Archa^ology  de  Liverpool,  1908  ;  A.  J.  Rcinacli,  l'Egypte 
préhistorique,  1908.  Pour  répoque  liislorir|ue.  *oir  li-s  (ignres  de  Wilkinson,  Man- 
nersand  customs  of  the  anc.  Erjgptians,  I,  p.  294  el  de  J.  Harris.  h icroglyphical 
Standards,  Londres,  1852;  cf.  aussi  de  Rouge,  Monnaies  des  A'omes  de  l'Egypte, 
Paris,  1873.  Le  premier  des  cinq  noms  du  pharaon  est  inscrit  dans  un  rcclangic 
i|ui  est  consid*>ré  par  ccrtai-  s  comme  une  tauuicre  à  franges. 


SIG 


—  1308  — 


SIG 


5(X)(»  ans  peiil-i-trc  avant  nolrr  t  ro.  Ciiaqnc  village  appa- 
raît, sur  les  vases  primitifs,  domino  par  une  poulre 
élancée  au  haut  de  laquelle  est  fixée  l'enseigne  A  la  chasse 
ou  à  la  guerre,  c'est  celle  enseigne  que  le  clan  emporte.  Sur 
les  palettes  qui  nous  ont  conservé  l'hisloire  des  guerres 
des  premières  dynasties,  les  exploits  de  chaque  clan 
sont  représentés  comme  ceux  de  son  animal  sacré.  Ainsi, 
sur  des  enseignes  qui  portent  un  chacal,  un  lévrier,  un 
ibis,  un  faucon,  un  boumerang,  une  palme,  une  paire 
de  llèches  croisées  l'car  certaines  armes  et  certains  végé- 
taux peuvent  servir  d'enseignes  aussi  bien  que  les  ani- 
maux), on  voit  des  cordes  attachées  à  la  planclie  trans- 
versale qui  supporte  ces  figures,  cordes  qui  servent  à 
suspendre  ou  à  traîner  l'emblème  du  clan  vaincu.  .\il- 
leurs,  la  perche  elle-même  se  termine  inférieurement  par 
une  maia  qui  saisit  la  victime  ;  ailleurs  encore,  des 
bras  humains  semblent  sortir  de  la  planche  transversale 
pour  enchaîner  un  captif  ou  attaquer  une  place;  c'est  de 
même  par  une  main  que  se  terminera  l'enseigne  romaine. 
L'enseigne  est  si  respectée  qu'elle  a  été  portée  d'abord 
par  le  chef  féodal,  puis  par  le  général,  avant  d'être  con- 
fiée à  un  porte-enseigne,  qui  a  une  paire  de  lions  pour 
armoirie.  Au  sommet  d'une  longue  hampe,  il  élève  ou 
l'animal  sacré  d'un  nome,  ouïe  symbole  d'un  des  grands 
dieux  de  l'Egypte,  ou  encore,  précédent  curieux  de 
l'usage  romain,  le  cartouche  du  pharaon.  Quel  (jue  soit 
l'emblème  porté  en  tète  des  troupes,  on  voit  s'affirmer 
toujours  la  même  idée  religieuse  qui  est  toute  la  raison 
d'être  de  l'enseigne  aussi  bien  en  Egypte  qu'en  Assyrie 
et  qu'à  Rome:  intéresser  directement  à  la  victoire  des 
siens  la  divinité  tulélaire,  bénéficier  delà  force  magique 
qui  émane  de  son  image,  décupler  ainsi  la  force  de  ses 
fidèles  par  le  devoir  de  protéger  et  défaire  triompher  le 
dieu  qui  les  guide.  C'est  ce  que  les  Égyptiens  avaient 
entrevu  quand,  pour  expliquer  pourquoi  l'on  retrouvait  sur 
leurs  enseignes  les  animaux  adorés  dans  leurs  temples, 
ils  disaient  à  Diodore  de  Sicile  '  :  «  Les  habitants  de 
l'Egypte  étant,  au  début,  souvent  vaincuspar  leurs  voisins 
à  cause  du  désordre  de  leur  armée,  ils  eurent  l'idée  de 
se  donner,  dans  les  batailles,  un  signe  de  ralliement  ; 
or,  ces  signes  sont  les  images  des  animaux  qu'ils  vénè- 
rent aujourd'hui  et  que  les  chefs  portaient  fixés  à  la 
pointe  de  leurs  piques,  en  vue  de  chaque  rang  de  sol- 
dats. Le  bon  ordre  dû  à  ces  enseignes  contribuant  beau- 
coup à  la  victoire,  on  se  figura  que  h;  salut  venait 
d'elles:  aussi  établit-on  la  coutume  de  ne  tuer  aucun  des 
animaux  représentés,  et  cette  coutume  se  transforma 
ensuite  eu  culte  ». 

Dans  tout  l'Orient  antique,  ce  .sont  des  dieux  ou  des 
symboles  divins  qu'on  retrouve  sur  les  enseignes  :  si  le 
lulur    monothéisme  juif  nous   a    laissé  ignorer  quelle 


<  Uiod.  I,  Sf..  —  2  Schwally,  Semilisclie  Kriegmllertûmer,  1  (l'joi).  p.  Ifi, 
cl  l'arliclc  Hitsii/ns  àv  V/incycloiiaedia  bibtica.  —  3  jos.  Bell.  Jud.  Il, 
9,  i  ;  Ant.  XVIII,  3,  I.  —  «  Sarre,  Die  allorieninlis'-hen  Fcldzeichen, 
«laiis  A'do,  1903,  p.  337  ;  Pcrrot,  Hist.  de  l'Arl,  II,  p.  59i  iTcllo);  Heiiicy, 
Cnluhijue  des  anliq.  chaldi'eimcs.  n.  10  B  i  (sU-le  des  vautours);  Armoiries 
chaldéennes  (l'aris,  IxOlIcl  C.-r.  Ac.  /nsiyr.  l'.iOS,  p.  15;  Mon.  Piol,  .\VI,  13. 
—  liUeClercq,  Cttlaloijue  mélliudique,  pi.  ixm,  p.  28V;  J.ile  Morgan,  J/Aiioiies, 
p.  137.  —  «  Sarre,  Op  cil.  p.  338  d'après  Layard,  Niniie,  I,  pi.  u,  xiii, 
iiv,  iMi,  ixiii  (Assurnasirabal)  ;  Bolla  cl  Klandiii,  Ninii'e.U,  pi.  ci  vin  (Sargon 
=  Perrol,  V.  509),  d'où  est  prise  la  lig.  6106;  fi  rayons  ilans  Andrae,  Milt.  d. 
I>riml.(let.  191)6  (Assour).  Ces!  ce  <|u'od  voil  aussi  dans  le  relief  en  bronze  de 
IVslh,  sur  le  registre  inférieur,  de  part  et  d'autre,  d'une  édicule  où  est  figuré  Jupiter 
delioiil,  le  foudre  â  la  main  ayant  .^  sa  ganclie  un  aiitclel,  àuroitc  et  àg.iuclte,dcu& 
enseignes,  aigle,   traverse  à  handelcltes,  sept  plialcrcs.  un  croissant  (Uomaszewski, 


image  jiortait  Vôlh  de  chaque  Iribu  et  le  ffegel  de 
chaque  groupe  de  trois  tribus^,  et  s'il  a  même  obligé  les 
troupes  romaines  à  retirer  de  leurs  enseignes  les  mé- 
daillons des  empereurs  quand  elles  entraient  à  Jérusa- 
lem ',  on  voil  sur  les  enseignes  chaldéennes  l'aigle 
aux  ailes  éployées.  les  lions  ou  les  taureaux  passants  S 
des  symboles  conmie  le  croissant  ou  le  disque  solaire 
que  l'on  retrouvera  à  Rome^,  ou  encore  un  véri- 
table ve.rillum.  Deux  mille  ans  plus  tard,  chaque  batail- 
lon des  cliarriers  assyriens  se  rallie  autour  d'une  grande 
perche  que  porte  un  des  ciiars,  perche  qui  se  termine  par 
une  rosace  où  la  foudre  est  représentée  par  des  faisceaux 
de  lignes  brisées,  soit  par 
le  dieu  Assour  sous  foi  me 
d'un  aigle  à  busle  humain 
qui  tire  de  l'arc,  soit  pai 
l'archer . M  ardouk  debout -^111 
un  taureau  bondissant  nu 
placéau-dessusdedeux  tau- 
reaux adossés  (fig.  641  H)j'" 
Le  dieu  tonnant,  monte  sur 
un  taureau  ou  s'élevant 
au-dessus  des  taureaux 
adossés,  a  été  introduit  pai 
le  culte  de  Jupiter  Dolu  lu 
nus  dans  les  légions  lo- 
maines(fig.  2489).  Sur  leurs 
enseignes,  à  la  renconlie 
des  deux  taureaux,  on  voit 
parfois  une  rosace  à  sept 

branches       qu'on        connaît        Pig.  ewe.  —  Enseigne  assyrienne. 

déjà    en    .\ssyrie  ;     à    la 

naissance  du  disque  des  enseignes  assyriennes  pendent 
deux  glands  à  franges  qu'on  retrouvera  aussi  sur  les 
enseignes  romaines.  Un  ciiar  sacré  suit  l'armée  assy- 
rienne, portant  les  enseignes  ;  dans  le  camp,  il  est  placé 
au  milieu  et  un  autel  est  aussitôt  aménagé  devant  lui  ; 
c'est  ce  qui  se  fera  pareillement  dans  le  camp  romain. 
Les  camps  égyptiens  ont  également  leur  sanctuaire  por- 
tatif et  leurs  chars  de  guerre  sont  surmontés  de  même 
par  l'enseigne  divine  '. 

Chez  les  Perses,  l'enseigne  royale  est  un  grand  aigle 
doré,  porté  au  sommet  d'une  forte  lance '.C'est  un  aigle 
—  ou  peut-être  un  coq  —  qu'on  croit  voir  brodé  ou  peint 
au  milieu  du  drapeau  des  cavaliers  perses  qui  entourent 
Darius  Coiloman  sur  la  mosaïque  de  la  Rataille  d'Issus'. 
Tout  comme  le  rexiUum  romain,  ce  drapeau  est  un 
carré  d'étoffe  pourpre,  muni  inférieurement  d<!  franges 
et  attaché  à  une  traverse  sous  la  pointe  mêmi>  qui 
termine  la  hampe.  Sur  une  coupe  de  Douris,  un 
porte-enseigne  perse  porte  une  sorte  de  double  vexil- 


Westd.  i^eitschrift,  XIV,  pi.  iv.i  D'après  Hérodote.  I,  lOi,  ciiai|ue  noble  assyrien  por- 
tait un  sceptre  surmonté  d'une  pomme,  d'une  rose,  d'un  aigle  ou  de  tout  autre  épis^- 
mon.  -I  Voir  H.Scliâfer,  Klio,  lOOfi,  p.  3!it.  —S  Xenoph.  Ci/r.  Vil,  I,  4  :  ti>  ^r.siir... 
«Exô;  y^puffdù?  trti  Sôpaïo;  )jLav^o'^  &vaTETa|ir<');;  Anatl.  I,  10,  M;  n'a  ^aff-Aei^v  »T»;jitrov, 
«ETÔv    -IfUiloSv    i,î(    TïrATT,ç  ;     PHiloslr.    InifUJ.    Il,    31:   ,jr,;tErov     TÔ   ^a<réÀei«v     ô  ;(0'J90>; 

\x\  Tiî;  TîttTïi;  «ETÔ;.  Pelti'\  s'il  n'est  pas  pris  pour  ;)(i//oh,  tance,  doit  désigner  un 
demi-cercle  de  bois  ou  d'étoffe  rigide.  Cf.  Fickelsclicrer,  Kene  Jahrhiicliery  1898, 
p.  +S0,  et  Williams  Jackson,  7"/ic  national  emblem  of  Persia,  dans  Joiirn.  Ame- 
rican Oriental  .Society^  1899,  5t).  —  ^  Sarre,  Op.  cit.  p.  3*9,  a  essayé  de  prouver 
qu'il  s'agissait  d'un  coq,  auim  il  sacré  dans  la  religion  de  Zoroastre.  C'est  de  ccl 
animal  qu'on  a  dérivé  le  triskélc,  symbole  si  répandu  dans  la  Uréce  primitive,  et 
qu'on  retrouvesnr  des  monnaies  de  l'ersépolis  (cf.  A.-J.  lîeina'li.  W.Xuthropoloyie^ 
1910).  Sur  ces  monnaies  (reproduites  lig.  l'i-tC  du  Sa■rc^on  a  nu  véritable 
vcd-illum  carré  divisé  par  deux  diagonales. 


SIG 


1309 


SIG 


lam  ;  deux  (•arrés  divist'S  par  les  diagonales  en  qualre 
compartiments,  deux  blancs  et  deux  noirs,  s'agitent  de 
part  et  d'autre  d'une  hampe  (fig.  6407)'.  Peut-être, 
tomme  tous  les  peuples  qui  ont  subi 
l'inlluence  des  Scythes,  les  Perses 
avaient- ils  aussi  un  serpent  comme 
guidon.  A  coté  de  l'aigle  et  du  fauccm, 
insignes  royales'-,  les  Parthes,  qui  ont 
subi  profondément  cette  influence, 
marquent  à  l'image  du  dragon  leurs 
fanions  de  soie^  ;  le  même  dragon, 
dont  le  domaine  s'est  étendu  jusqu'en 
Cliine,  enseigne  nationale  des  Scythes, 
des  Bisaltes  ',  des  Sarmales.  des 
Daces,  a  passé  de  ces  peuples  dans 
l'armée  romaine. 

Grèce.  —  On  voit  par  cet  aperçu  que 
tout  l'Orient  a  connu  les  enseignes. 
En  Occident,  celles  de  Rome  ne  difTèront 
pas  essentiellement  de  celles  des  Étrus- 
ques ou  des  Sabelliens,  des  Ligures  ou 
des  Gaulois.  .\u  milieu  de  tous  ces 
peuples  chez  qui  l'usage  des  enseignes 
'°  'perâ." '^^'°"''  est  avéré,  la  Grèce  classique  parait 
l'avoir  ignoré.  Le  mot  !7r,u.£ïov,  qui 
servira  à  traduire  sir/num,  désigne,  en  langage  militaire, 
le  signal  ijui  marque  le  début  du  combat,  signal  qui 
peut  consister  aussi  bien  à  embraser  une  torche  '  qu'à 
hisser  une  étoffe '.  'E7ti5T,ui.ov  est  le  nom  de  l'armoirie  ■" 
qu'on  peignait  au  centre  des  boucliers,  tantôt  attribut 
de  la  divinité  nationale  —  la  massue  d'Héraklès 
en  Béotie  *,  le  trident  de  Poséidon  à  Mantinée'  — 
tantôt  initiale  du  nom  du  peuple  —  /y  chez  les  Lacédé- 
moniens  '°,  AA  chez  les  Messéniens  ",  ^  chez  les 
Sicyoniens ''-  [cupeus  p.  l^oO].  Bien  que  l'introduction 
de  ces  emblèmes  sur  les  boucliers  soit  attribuée  par 
Hérodote  aux  Cariens  "  etqu'il  faille  descendre  jusqu'aux 
céramistes  du  vi"  siècle  et  jusqu'à  Pindare  pour  les  voir 
attribués  aux  héros  de  l'épopée'S  il  estdifficiled'imaginer 
que  des  chefs  qui  sculptaient  leurs  armoiries  sur  leurs 
portes  ou  les  gravaient  sur  leurs  sceaux  comme  ceux  de 
Mycènesne  s'en  servissent  pas  aussi  pour  reconnaître  et 
pour  rallier  leurs  lidèles  dans  la  bataille.  En  rappro- 
ciiant  de  quelques  passages  homériques  l'objet  inexpli- 

'  llarlHig,  Meislersclml'ui,  CI2  ;  FoUier,  Douris,  lig.  20.  On  peut  voir  encore 
(leu.v  rragmcnls  ccrami(jues  :  Airft.  Jahrfmch,  18S9,  p.  liOl  (où  tL-nseigne  csl  iden- 
tique à  ccllt;  que  reproduiL  Rawlinson./'tre  J/o>iarc/iie«,  1^,  p.  \ùO)  cl  Bull.  com. 
di  Monta,  1884,  p.  13'»  fidenlique  à  celle  des  monnaies  de  Persépolis). —  2Cf.  Sarc, 
Op.  cil.  p.  353.  —  3  FJor.  III,  11,8  :  stgna  auro  sericisque  tJexitlis  vibriinlia  ; 
Tac.  Ann.  XV.  29  :  lurmes  parihcs  itïsiytiibus patriis.  —  *  Voir  pins  loin  p.  1.321. 
Four  les  Bisaltes,  Val.  Flacc.  Arg.  VI,  156.  Le  même  auteur,  VI,  72,  nous  montre 
les  Oangariiies  élevant  sur  leur  enseigne  la  biche  f|ui  leur  sert  d'oracle  :  sur  la 
plaque  du  musée  de  Festh,  citée  à  la  p.  130K  n.  G,  il  est  curieux  de  voir,  en  face  de 
Dolichcnos  sur  son  taureau,  une  déesse  debout  sur  une  clicvre[Dol.tcHENCs,  fig.  2190.  J 

—  »  Tliuc.  I,«;  11,90:  111,22,91  ;IV,  42,  III  ;  VI.  31;  Vil,  34;  Vlll,  93  -6Tliuc. 

I,  Ct'i.  —  •  On  sait  rpi'on  a  reconnu  l'existence  de  véritables  armoiries  pour  les  villes 
grecques;  cf.  Bcrnd,  f/as  WiippemresPn  der  Gvicchen  und  Rnmer  (Bonn,  IKil); 
Curtius.  Atihandl.  d.  Berl.  Ak.  1874  ;  Macdonald,  Coinli/pes.  1905,  p.75.— 8.\en. 
Uell.  VII.  5,  20.  l'eul-étre  les  Béotiens,  comme  les  Arcadiens  elles  Tbessalicns  (cf. 
Tli.  Keinaclidans  Corolla  ntimismatica^  1907,  p.  270),  avaient-ils  |  orté  la  massue 
comme  arme  nationale.  D'après  Xénoplion,  ce  serait  pour  montrer  leur  sympathie 
à  l'égard  des  Thébains  que  les  Arcadiens  auraient  peint  des  massues  sur  leurs  bou- 
cliers. —  'J  liacchyl.  fr.  41  Bergk.  — 10  l'hol.  s.  i'.  '/iiinSSa  ;  fr.  d'Eupolis,  Com.  fr. 

II,  otil.  l'ausanias,  IV,  28,  5  parle,  mais  sans  préciser,  de  (rr.ixtTa  .\«*wv«a.  —  "  Pliot. 
i.    c.    —   12     Xcn.    Oeil.    IV,  4,    10.  —    13   Her.  I,    171  ;     Slrab.     XIV,    CCI. 

—  ''*  Les  renseignements  donnés  par  les  textes  et  les  vases  ont  été  réunis 
p.ir  IJ.  II.  Chase,  The  Shield-dmces  of  the  Grecks  {Harrard  Sludies,  XIII,  1902, 
p.  Cl),  et  par  M.  Greger,  Schildschmuck  bei  den  Oriechen  (Erlangen,  1908), 
p.   55.    —    ij    Furtwacngler-Loesclicke,    Myken.     l'asen,    pi.    xlii.    A    la  lance 


qiié  qui  pend  au  haut  de  la  hampe  de  la  lance  que  por- 
tent les  guerriers  d'un  vase  bien  connu  de  Mycènos 
(lig.  34 'tO),  on  a  voulu  conclure  à  l'existence  de  fanions 
à  la  fin  de  l'époque  mycénienne '°.  Toujours  est-il  qu'on 
peut  reconnaître  un  pavillon  à  la  poupe  des  navires  repré- 
sentés sur  certains  vases  du  Dipylon  "''.Ce  serait  l'ancêtre 
delsisli/lis,  liampe  cruciforme  dont  la  traverse  portaitpeiit- 
être  une  flamme,  qui  paraît  avoir  orné  régulièrement  l'ar- 
rière des  galères  athéniennes  [stylis].  C'est  seulement 
avec  Alexandre  qu'un  drapeau  apparaît  dans  l'armée. 
Aussi  a-t-on  pensé  que  c'est  à  la  Perse  que  le  conquérant 
avait  emprunté  l'étendard  pourpre  qu'on  brandit  au  haut 
d'une  sarisse  pour  donner  le  signal  delà  bataille'".  Je 
préfère  voir  dans  cette  plioinikis  l'antique  insigne  dti 
roi  en  tant  que  chef  de  guerre,  insigne  qu'on  retrouve 
à  Rome.  La  phoinikis  flotta  au  haut  du  corbillard 
d'.Vlexandre  '*  etl'ondoitprobablementrimaginer  d'après 
le  drapeau  qu'un  roi  hellénistique  tient  à  la  main  ^clavis, 
lig.  1015  sur  une  fresque  de  Pompéi  '",  imitée  sans  doute 
d'une  peinture  de  Pergame  :  fixée  sur  une  traverse^ 
l'étofl'e  forme  inférieurenient  quatre  pointes  ;  de  ses 
extrémités  deux  cordons  partent  pour  s'attacher  sous  le  fer 
de  la  lance  à  laquelle  clleeslfixée  ;  leur  point  d'attache  est 
caché  par  un  objet  rond,  pommeau  ou  peut-être  médaillon 
avec  la  tête  du  monarque,  comme  on  en  trouvera  à 
Rome  sur  les  enseignes  impériales.  L'enseigne  royale 
n'était  pas  la  seule  dans  les  armées  hellénistiques. 
Arrien  montre  la  chiliarchie  des  hétaïres  «  conduite  par 
l'enseigne  telle  qu'elle  avait  été  faite  sur  les  ordres 
d'Héphestion  ^'' ».  Bientôt  chaque  bataillon  dut  avoir  la 
sienne.  On  pouvait  déjà  l'inférer  des  textes  où  Tite  Live 
parle  du  grand  nombre  des  enseignes  gagnées  par  les 
Romains  dans  leurs  victoires  sur  Philippe  V  ou  sur  An- 
liochus  111  -'.  Les  découvertes  récentes  faites  en 
Egypte-^  y  montrent,  peut-être  par  une  tradition  remon- 
tant à  l'armée  pharaonique,  chacune  des  unitésqui  corres- 
pondent aux  manipules  romains  ayant  son  sémeiopho- 
ros;  c'est  ainsi  que  ijtijasïov  prit  le  sens  dans  lequel 
Polybe  l'emploie  pour  traduire  manipule  ou  cohorle  -'. 
Rome.  Nature  et  éléments  des  enseir/nes.  —  Jusqu'au 
dernier  siècle  de  la  République,  on  est  réduit,  pour 
se  figurer  les  enseignes  romaines,  à  quelques  textes 
dont  les  auteurs  ne  s'en  référaient  eux-mêmes  qu'à  la 
tradition.  Hlanipii/us  a  été  expliqué  par  une  étymologie 

d'Epamiuondas  on  retrouve  flottante  une  •:«.•.,■»  iDiod.  XV,  52,  5)  ou  iiifiila 
(Front.  I,  12,  5).  On  voit  déjà  une  banderolle  aux  lances  des  guerriers  d'Eannatum 
de  Lagasn  (Sarzcc  et  Heuzey,  iJécouv.  en  Chaldile,  pi.  mbh.)  —10  Annali.  1880, 
pi.  v[,  2  ;  Wallers,  Catal.  Dril.  .Vus.  Greek  vases,  p.  372,  f.  85.  —  '7  C'est 
ce  qu'on  voit  dans  l'année  nuicédonicnnc  ,i  Sellasie,  Fol.  II,  C6,  10-11;  1  lui. 
Philop.  6.  i.  —  I»  Diod.  XVIII,  215,  90.  Cf.  C.  F.  Mullcr,  Der  Leichenwni/i  n 
Mexanders,  1905,  p.  51  ;  Rcuss,  Jibein.  Mus.  1906,  p.  409.  —  19  Museo 
Borbon.  VII.  7;  Helbig,  Gem.îWe,  n°  941.  —  20  Arr.  VII,  14,  10  :  x'o  <.,i«it.v... 
■xh  i;  'HiatiT^wvo;  TCEiEoir,;iÉvQ-'.  Le  drapeau  portait  sans  doute  le  nom  ou  les  armes 
d'Héphcstion.  —  21  Tite-Live,  XXXIII,  7,  10,  attribue  à  l'exagération  coutuuiicre 
de  Valerius  Antias  les  240  enseignes  prises  à  Cynocéphales,  les  230  des  Thermo- 
pyles  (XXXVI,  19;  XXXVll,  44),  les  23V  de  Magnés  e  (XXWIII,  59);  mais  les 
27  signa  de  Plialanna  n'ont  rien  d'invraisemblable  (XLII.  60)  ainsi  que  les  53 
de  Pyrrhus  i'i  Asculum  (Oros.  IV,  1).  Je  ne  crois  pas  cju'on  puisse  attacher  de  l'im- 
portance aux  'expressions  de  langage  courant  qu'emploie  Tite-Li»'e  <piand  il 
montre  la  phalange  de  Perséc  s'avançant  à  Kallinikos  sub  signis  (.XLU,  58;  ou 
Séleukos  marchant  contre  Élaia  signis  infestis  (XXXVll,  18,  20).  Si  l'on  admet  que 
l'arc  it'Orange  commémore  la  victoire  de  César  sur  les  Marseillais  et  les  peu- 
plades gallo-Iignres  alliées,  c'est  à  ces  Grecs  i|u'il  faut  rapporter  les  vexilla 
qu'on  voit  sur  les  trophées  à  côté  des  enseignes  à  animaux  des  barbares  (S.  Bei- 
nach,  Béptrtoire  des  Rciefs,  I,  203).  —  22  cf.  P.  M.  iMeyer.  Dus  Heenresin  der 
Ptolemaer,  p.  80  ;  Lcsquier,  Ben.  de  l'hil.  1908,  p.  213.  et  A.  J.  Reiuach,  Ber. 
U.  6t.  grecrjites,  1909,  p.  300.  Les  sii/na  miWarm  du  roi  de  Thrace  Rhoimelalkcs 
sont  les  enseignes  romaines  (Flor.  Il,  7).  —  2'  Un  des  premiers  exemples  de  cet 
emploi  se  trouve  dans  les  Amlierst.  Papgri,  39. 


SI  G 


1310 


SIG 


1)111111  n'a  pas  do  raison  sériouse  puur  conlcslcr  :  Koimiliis 
aurait  divisé  ses  compagnons  par  groupes  de  cent 
lionimes  ayant  pour  enseigne  une  perciie  surmontée  d'une 
poignée  de  braneiiages  nu  d'herlie,  particulièrement  du 
loin  '. 

L'étyniologie  du  mot  ve.ri/liim  n'est  pas  moins  transpa- 
rente -:  il  s'agit  d'un  petit  vefum,  d'une  élofTe  Mollante. 
ttn  rapporte  que,  lorsque  les  Homains  se  réunissaient  on 
armes  au  (!hamp  de  Mars,  un  drapeau  rouge  lloltailsur  la 
citadelle  \  Kncasde  tiimiillux,  on  hissait  deux  ucr/Z/fl,  le 
rouge  el  le  l)Ieu,  qui  appelaientrespeclivement  aux  armes 
les  fantassins  et  les  cavaliers  '.  Au  temps  de  Crassus  ^ 
coiimieau  temps  de  Fabius",  le  drapeau  rouge  flottait  dans 
le  camp  sur  la  tente  du  général.  Hlnfin,  Pline  nous  apprend 
(ju'avant  Marins,  la  légion  était  conduite  au  combat  par 
cinq  enseignes  portant  des  ligures  d'animaux  qu'il  énu- 
nière  dans  l'ordre  suivant  :  aigle,  loup,  minotaure, 
cheval,  sanglier  '.  De  ces  enseignes.  Marins  n'aurait 
conservé  que  l'aigle,  devenue  le  symbole  même  de  la 
légion  [LEfiio].  Le  vexilluin  survécut  sous  sa  forme, 
apparemment  primitive,  d'une  étoffe  carrée,  attachée 
à  une  traverse  fixée  sous  la  pointe  d'une  lance;  le  sou- 
venir du  manipulus  s'est  peut-être  conservé  dans  la 
main  ouverte  qu'on  voit  souvent  au  haut  des  ensei- 
gnes manipulaires  et  dans  les  couronnes  de  verdure  qui 
les  décorent.  Nous  avons  à  considérer  ce  que  les  monu- 
ments de  l'époque  impériale  apprennent  sur  ces  trois 
catégories  d'enseignes. 

Uftijuiia,  insigne  de  la  légion",  consiste  essentiel- 
lement en  un  aigle,  les  ailes  éployées,  tenant  dans  ses 
serres  le  foudre.  A  l'époque  républicaine  l'aigle  était  en 
argent,  le  foudre  en  or  '■'  ;  sous  l'Kmpire  l'aigle  lui- 
même  fut  doré  '".  D'après  les  exemplaires  retrouvés, 
il  faut  croire  que  l'argent  ou  l'or  n'étaient  qu'appliqués 
sur  du  bronze,  métal  de  bon  augure.  Quand  la  légion  a 
reçu  une  couronne,  celle-ci,  fondue  probablement  dans 
le  même  métal  que  l'aigle,  est  placée  dans  ses  serres" 
ou  sur  ses  ailes  ;  quand  ce  sont  des  phalères  dont  elle  a 
été  honorée,  elles  sont  fixées  sur  la  hampe.  Cette  hampe, 
parfois  argentée,  est  munie  inférieurement  d'une  forte 
pointe,  avec  cran  d'arrêt  qui  sert  à  l'enfoncer'^  et,  vers 
le  milieu,  un  crochet  qui  permet  de  l'arraelier  (fig.  6'i08;. 


I  Ovid.  AVi5(.  III,  113.  Cf.  Isi.l.  Uii.j.  I.V,  3.  .ÏO;  XVIII,  :h,  S  ;  Si-ry.  Aeii. 
XI,  870;  Flul.  /lom.  x.  Tous  ces  Icxles  ilcrivcMil  de  Varioii.  Une  aulrc  cly- 
niologie  de  mnnipiiliis  dans  Vcget,  II.  13.  -  2  Festus,  s.  v.  p.  377  M.  :  Seiv. 
Aen.  VIII,  1;  Isid.  Or.  XVIII,  .•),  5;  eiisoiail.  I,  p.  'J9,  13;  HO,  3  Helli. 
c;ic(îion,  (Iralur,  i;.,  voit  ilaiis  relnm  une  conliaclion  de  rrxilinm.  —  3  Liv. 
XXXIX,  13.  Il;  Macr.  Sat.  I,  IC,  l.'i;  Fc-slus,  p.  103  M.  —  1  Scrv.  ^Icti. 
VIII.  1  :  umim  russeum  quoil  pcititcs  evocalial  cl  unum  caerulvum  qiiod  erat 
illltilum.  —  ï>  l)io,  XL,  18:  inn|«tto--  t.».  |«ejà>.u....  aai  =o.«i.à  .ji;i.«aT«.  —  0  Plul. 
Fah.  15:  ji-.m  xi.xivo;.  Un  parait  l'avoir,  sinon  artoré,  du  moins  déployé  de  façon 
parliciilicre  pour  annoncer  la  halaille,  Caes.  D.  ijaU.  Il,  20,  1  ;  B.  hisp.  -S,  2  ; 
/;.  a/f,r.  45,  3.  -  7  Plin.  vV<i/.  Iiisl.  X,  5  :  Itomanis  mm  [agnilayn]  Uyionibiis 
C.  Marins  iii  secundo  consulatu  siio  proprie  dedicavit.  h'rat  et  antea  prima  ciim 
i/uattupr  aliis  :  tupi,  minotanri,  equi  aprique  singulos  ordines  antcibant.  Paucis 
anle  annis  sola  in  aciem  porlnri  co  ■plu  erat,  reliqiia  in  caslris  relinquebantur. 
iîariusin  totum  ea  abdicaril.  Fcslus,  p.  148  et  234  M,  conlirmc  les  dires  de  Pline 
pour  le  minotaure  cl  le  sanglier.  C'est  par  anachronisme  que  Tilc-Mve,  XXVI,  48, 
innnlre  au  siège  de  Carlliagùne  les  soldais  el  les  marins  prêts  à  jurer  par  leurs 
.ïiyiiri  mililaria  et  nqailas,  coiniuc  il  parle  en  anticipant  d'un  sitric  de  siunn 
cohortis.  XXVII,  13.  —  s  Une  aigle  par  légion  el  pas  de  légion  sans  aigle:  Caes. 
B.  f/nll.  IV,  2.1  ;  Tac.  Ann.  1,  30  ;  //M.  I,  61,  s;i,  100;  Hygin.  De  limilibiis  coiut. 
p.  170  L;  Joseph.  II.  Jud.  Il,  10,  2;  V,  2,  1  ;  IMin.  X,  Iti;  Arrian.  Exp.  m 
Al.  S.  6;  Dio.  XL,  18;  Vcget.  Il,  0,  8  ;  Lact.  Insl.  I,  11,  ID.  Sur  l'arc  de  Trajan  à 
bénévent.  V  irlas  c|ui  présente  un  soldai  ii  Trajan  tient  ini  i-esillnm  suimonté  de  cinq 
aigles  qui  personnifient  les  cinq   légions   (Domasiewski,  (tesl.   Jalir.  IR'.l!),   18SI). 

—  9  Cic.  Cal.  I,  9,  24;  Sali.  Cal.  :.4  ;  Appian.  B.  Ci,:  IV,  ICI  :  Dio,  XLIII,  Ti.  On 
préférait  l'argent,  dit  Pline  {H.  nul.  XXXIII,  19,  1,)  parce  qu  il  brille  de  plus  loin. 

—  1"  Dio,  XL,  IS  (aigles  d'or  déjà  d.ins  l'armée  de  Crassus);  llerodian.  IV,  7.  7. 


Fig.  CUIS.  —  fo 


Elle  se  termine  à  la  liaiilrur  de  repauli;  de  Vrn/ni/ifrr, 
qui  la  lient  dans  la  droite,  par  une  sorte  de  cha- 
piteau (fig.  tîUO) '^  Sur  ce  chapiteau  vient  se  fixer  labase 
creuse  placée  entre  les  serres 
de  l'aigle;  parfois  un  trou  ou 
un  passant,  ménagé  dans  le 
corps  même  de  l'aigle,  per- 
tnetlent  d'en  consolider  l'at- 
tache. .\illeurs,  le  chapiteau 
est  ciselé  de  façon  à  faire 
corps  avec  le  foudre,  en  un 
de  ces  longs  fuseaux  d'où 
s'échappent  des  éclairs  (fig. 
6408, 6409,  etc.) ,  lelsqu'on  les 
voit  dans  les  foudres  repré- 
sentés au  centre  du  bouclier 
du  légionnaire  [leiiio,  fig. 
■4416,  i'ulmen]. 

Dans  les  sir/na  manipu- 
lorum,  ce  qui  semble  essen- 
tiel c'est  la  lance  elle-même, 
l'antique  symbole  du  dieu 
de  la  guerre,  pourvue  de  sa 

pointe  et  de  son  talon  (cuspes)  '*.  Un  cran  d'arrêt 
l'empêche  de  s'enfoncer  trop  en  terre''';  sous  la  pointe 
se  trouve  une  petite  traverse  d'où 
pendent  des  bandelettes  de  pourpre  ter- 
minées par  des  feuilles  de  lierre  en 
argent  ;  quelquefois  la  hampe  ne 
dépasse  pas  cette  traverse  '".  Sur  la 
hampe  sont  fixées  diverses  décorations: 
les  unes,  appartenant  à  la  catégorie  des 
donu  mi li (aria,  ont  été  conférés 
pour  certains  faits  d'armes,  comme  on 
décore  encore  de  nos  jours  les  dra- 
peaux ;  les  autres  consistent  en  représentations  d'ani- 
maux. Celles-ci  apparaissent  sous  les  Flaviens,  pour  se 
développer  surtout  sur  les  monnaies  légionnaires  de 
Gallien,  qui  passa  la  meilleure  partie  de  son  règne 
C^oS-eS)  à  combattre  sur  le  Rhin  et  sur  le  Danube  et  qui 
parait  y  avoir  régularisé  l'emploi  des  brigades  de  cava- 
lerie barbare    Elles  furent  imitées  par  l'usurpateur  gau- 


(à.aSriiiaTa  de  l'cuscigne  dorés)  :  lIcMpp.  fr.  24  »p.  F.  Ilisl.  gr.  III,  682.  —  H  Voir 
un  exemple  dans  Caylus,  Hecueil,  III,  pi.  i.xv,  3.  La  couronne  est  percée  dans  le  lias. 
L'aigle  pouvait  se  détacher  ;  un  soldat  de  Varus  sauve  le  sien  \ntra  baltei  latebras 
(Flor.  IV,  12,  3S).  —  li  Ilio,  XL,  18,  2.  —  13  Plusieurs  aigles  dont  la  provenance 
est  inconnue  dans  Causse  de  la  Chausse,  /iotiwnum  Muséum  {Rome,  1090),  pi.  xv 
et  xvn  ;  Bec.  d'ant.  rom.  V,  I  5  ;  dans  Graevius,  t.  X,  p.  1528  (repr.  dans  Duruy, 
Hist.  des  Bomuins,  II,  484)  et  dans  taylus,  Becueil,  I,  pi.  iciv,  1  ;  VI,  pi.  ïcii,  1-3. 
Notre  ligure  0409  (cf.  0421'.)  est  lirée  d'un  las-relief  d'un  arc  de  Marc-Auréic.  encastré 
danscelui  de  Constantin,  Bellori  el  Kuhcis,  Vel.  urcus^  17.  Aux  musécsdu  Louvre, 
(l.ongpérier.  Bronzes  du  Loum-e,  n.  938)  de  Sainl-tiermain  et  de  Spire  sont 
conservés  trois  exemplaires  douteux  d'aigles  aux  ailes  éployées;  un  autre  semblable 
trouvé  au  Val  de  Ruz,  Antiqua.  1884,  pi.  xxxvu,  et  une  aile  d'aigle  en  bronze  pro. 
venant  probablement  d'une  enseigne  trouvée  à  Cézéria  et  conservée  au  ftiusée  de 
Lons-le-Saulnier  [Annuaire  du  Jura,  1.S59,  pi.  v).  Un  aigle  de  bronze  qu'une  cou- 
ronne surmonte  portant  les  lettres  S.  P.  O.  U.  aurait  été  trouvé  à  Solana  de  los 
Barres  (Estramadurc),  cf.  Boletin  de  la  rcal  Acad.  de  Hisl.  1907  p.  241.  An 
caslellum  de  Schierenlmn  [fttu'rqerm.  Limes,  VII,  pi.  m.  9)  on  a  trouvé  une  pointe 
de  lance  percée  de  trois  Irons  où  sont  passés  des  anneaux  apparemment  deslinés  à 
recevoir  une  desdécoratioits  du  siguutn.  Pcul-élre  faut-il  voir  aussi  une  aigle  de  légion 
dans  celle  qui  a  été  lrou\  ée  au  forum  de  Silehcster,  Arcliaeologia,  XLVI,  pi.  xvn  (cf. 
Keinacli,  Bronzes  /iqiirés.]).  291).  Les  représentations  sculptées  les  plus  fidèles  sont  in- 
diquées par  Domaszcwski,  Oie  f'ahnen,  fig.  3-10  Inoire  lig.  640S)  nolaniment  les 
fig.  3el4que  donne  aussi  Lindenschmit  ,7'r«c/i(.  II,  1-2.  —  IlSnet.  Cnes.  1,62;  Pliu.  H. 
nul.  XIII,  3  (4),  23  :  Appian.  Bell.  civ.  02.  -  li  Hofmann,  MUilârj/rahsteiue  der  Do- 
nauiânder.  p.  20  (  =  Corp.  ins.  lai.  V.  5:->8G».  —  "»  llofman,  /.oc.  cit.  Voir  aussi  les  poi-- 
tionsde  hampes  d'enseignes  reirouvées,  Wcckerling, /*(i(i/»/SiVH.ï.  jn  M^onns,pl.\\, 
'.;  Lindcusdiiiiil.t'tn/l-n/miis.pl.xxvni,  22;Jarobi.  .Snalburg,  pl.xxvviii,  2S,p.  V90. 


r,W9.      —     Ail 
ur  le   foudn 


SI  G 


1311 


SIG 


lois  Vicloriinis  i'iOîS)  el  par  rusurpaleur  breton  Curaii- 
sius  (:28()-:293) '.  On  peut  induire  de  ce  fait  que  l'in- 
fluence de  l'Orient  et  de  ses  cultes  zodiacaux,  qui 
atteint  son  apogée  sous  les  Sévères,  a  moins  contribué 
au  développement  des  enseignes  animales  que  l'inva- 
sion de  l'armée  romaine  par  ces  barbares  qui  pra- 
tiquaient la  zoolàtrie  et  marchaient  au  combat  sous  la 
conduite  d'un  taureau  ou  d'un  bélier  sacrés,  comme  l'at- 
testent les  signa  des  auxilia  constitués  par  eux.  On 
n'ignorait  sans  doute  pas  à  [tome  que  cette  coutume 
était  celle  des  légions  d'avant  Marins,  coutume  dont 
l'aigle  avait  conservé  le  souvenir.  Aussi  ne  dut-on  guère 
s'étonner  de  voir  cliaque  légion  adopter,  à  côté  de  l'aigle 


devenu  l'emblème  général  de  l'armée  impériale,  un  ani- 
mal pour  attribut  particulier  (fig.  tJ410;-,  qui  pouvait 
servir  de  lien  aux  multiples  détachements  dans  lesquels  la 
légion  était  décomposée.  Chaque  légion  pouvait  avoir 
plusieurs  de   ces    emblèmes    et    plusieurs    légions    le 

'  Les  monnaies  légionnaires  de  Gallien  ont  élé  rassemblées  par  Kolb,  ^^iener 
iViim.  Zeitschr.  V,  53;  celles  de  Viclorinus  par  de  Wilte,  Heme  num.  3"  série, 
H,  S93:  celles  de  tarausius  par  Colien.  Méd.  imp.  V,  519  (pour  Gallien,  IV,  3S0  ; 
pour  Viclorinus,  V,  6Û).  Dans  les  notes  du  lalileau  ci-joiut,  j'indique  seule- 
ment pour  les  monnaies  le  nom  de  celui  de  ces  trois  empereurs  auquel  elles 
appartiennent.  —  2  La  fig.  Cilû,  d"après  Cicliorius,  Trajansaule,  pi.  xsxv.  — 
froehner.  Col.  TraJ.  pi.  lxxu.  —  3  Gallien.  —  *  Gallien.  —  5  Gallien.  — 
0  Gallien.  —  ^  Gallien.  —  »  Gallien.  —  9  Carausius,  Arch.  Ep.  Milt.  XV, 
183  :  Cicliorius,  Traj.   S.  p.    iiS.  —   10   Viclorinus.    —   "  Gallien.  —  H  Gallicu. 

—  13  Gallien.  —  H  Carausius  :  Corp.  inscr.  lut.  Vil,  617,  51'J,  ôiS,  17,  ll:iil 
(Capricorne  el  Pégase)  ;  Mowal.  Arch.  Aeliana,  1907.  —  IS  Gallien,  Vaglieri, 
Notizie,  1908,  235.  —  10  (Gallien,  Carausius.  —  17  Gallien.  Une  louve 
qui  semble  provenir  d'une  enseigne  dans  Caylus,  HecuHl,  111,  pi.  xliv.  — 
'8  (iallieii.  —  1"  Gallien.  —  20  Gallien,  Carausius.  —  21  Vandeweerd,  Et.  hist. 
iurtroi»  léijions  da  Bas-Danube,  1907,  p.  J38. — 22  Carausius,  Viclorinus.  Hercule 
domptant  une  biche,  dans  Caylus,  liée.  V,  108.  —  23  Viclorinus,  Bei:  num.  1889, 
514.  —  21  Gallien.  —  25  Sauveur,  Musée  lielije,  1908,  137.  —  26  Gallien  (lion  courant, 
lion  passant  radié),  Viclorinus,  Carausius  (lion  au  fondre,  lion  passant,  i  lions 
alTronlés).  Sum.  Zeilschr.    1891,  30;  Blancbet,   Etudes  de    num.  1892,    1,  p.  Cï. 

—  '27  Gallien.  —  2s  Gallien.  —  2'J  ColTre  laissé  sur  le  cliamp  de  baUille  de  Crémone 
en  609,  perlant:  Le^.  IV  Mac.  entre  deux  disques  où  l'on  voit  un  taureau  et  un 
capricorne  (fig.  44 J7).  —  30  Il,id.   (d'après   Gagnai,  Jiev.    arch.  1888,    I,  p.    30). 

—  31  Appiau.  B.  civ.   Il,  90.  —  32  Kincli,  Arc  de  triomphe  de   ■'ialonique,  p.  17. 

—  33  Viclorinus,  Gallien.  —  3*  Gallien,  Kenel,  Les  Enseignes,  p.  203,  fig.  35  ;  monnaie 


même   emblème,  coininc  le  montre  liî  laijleau  suivant: 


/.  .idjutrij- 
I.  Ilallca 

I.  Minervla 
II.  Ai/julrix 
11.  .Augusla 
II.  Itàlica 

II.  Parihica 
II.   Trajuiia 

III.  Gailica 

III.  Ilalica 
m.   Viclrix 

IV.  FlavUi 
IV.  Ilalica 

Macedoiiica 
l  .  .ilaïuki. 
I .  Macedoiilca 
VI.   Victrix 


n 


VII.  Claudia 
VIII.  .iugu.ila 
IX.  Aur/usta 
X.  Fretensis 
X.  Oemina 
XI.  Cla  udiu 
XII.  Fulminala 

XIII.  Oemina 

XIV.  Oemina 
XVI.  Ftavia 

XX.   Valeria  Vic- 

Irix 
XXt.  Rapax 
XXL  Gemina 
XXII.  Primiyenia 
XXX    Ulpiu 


Capi'icornc  3.  Pégase',  Galùn-  ■-. 

Sanglier",  Taureau^. 

Minerve*.  Bélier^,  Vicloii-u  avee  Ijéiiei- '". 

Sanglier",  tMgase'2,  Galère  '3 

Capricorne  ",  l'égase  ">,  Mars  ". 

Louve  romaine",  Capricorne '»,  Gigogne  ". 

Centaure  20,  Taureau  '-'. 

Hercule  22. 

Taureau  23. 

Cigogne  2t 

Taureau  23. 

Lion  -'■. 

Cigogne  '-■',  Centaure  2s. 

Taureau  2»,  Capricorne  3o. 

iZléphant3'. 

Lion  3-,  Taureau  33^  Victoire  avec  aigle  3». 

Taureau  33,    Vénus    Victrix  36,    Victoire  avec 

aigle  37. 
Taureau  3». 
Taureau  39. 
Lion  40. 

Taureau",  Sanglier'2,  Galère  ",  Neptune  " 
Taureau  ". 

Neptune '8,  Caprii'ornc  ^''. 
Foudre  ". 
Capricorne '9,    Lion  "O,  .\igle  ^1,   Victoire   avec 

lion  "2. 
Capricorne  33. 
Lion  34. 

Sanglier  35,  Capricorne  i»'. 
Capricorne  ^''. 
Victoire  avec  lion  3». 
Capricorne  avec  Hercule  "9. 
Capricorne  "9,  Jupiter  avec  capricorne'i.  Nep- 
tune 62. 


Sur  ;f2  légions  dont  on  connaît  actuellement  les  ensei- 
gnes particulières  ",  2  se  présentent  avec  4  enseignes, 
8  avec  3  enseignes,  6  avec  2  enseignes,  et  l'on  ne  saurait 
assurer  que  ce  ne  soit  pas  le  seul  hasard  qui  ne  nous 
fait  connaître  qu'une  enseigne  pour  les  seize  autres. 
De  la  fréquence  des  différents  emblèmes,  on  peut  tirer 
des  remarques  plus  importantes  :  11  mentions  du  tau- 
reau, 9  du  capricorne,  dont  une  associée  à  Jupiter  et 
une  à  Hercule,  G  du  lion,  dont  une  en  compagnie  de  la 
Victoire,  4  du  sanglier,  3  de  la  cigogne,  3  de  Pégase,  3  de 
la  galère,  2  de  Neptune,  2  du  centaure,  2  du  bélier  dont 
un  avec  ki  Victoire,  2  de  l'aigle  associé  à  la  Victoire, 
1  de  l'éléphant,  1  de  la  foudre,  1  de  Minerve,  2  d'Hercule 
dont  un  avec  le  capricorne,  1  de  Jupiter  avec  le  capri- 
corne, 1  de  Mars,  1  de  Vénus  Victrix,  -4  de  la  Victoire. 

avec  la  Dacie  personnifiés,  entre  aigle  et  lion,  surmontés  des  cIiilTres  V  et  Xtll 
(lig.  6412).  —  33  Corp.  hiscr.  Int.  VII,  544;  Sauveur,  Musée  Belge,  1908, 137.—  30  Sau- 
veur, /.  cit.  —  37  Donné  par  Rcnel,  p.  212,  sans  références  à  la  V/  Macédonien 
qui,  d'après  Sauveur,  esl  idenliciueiila  VJ  Victri.r.  —  38 Gallien,  JVumistn.  Zeitschr. 
1891,  30  ;  Blancliel,  Etudes  de  num.  1892,  I,  p.  02  ;  Uomaszewski,  Arch.  ep. 
Mitt  VX,  p.  192  (bucrâne).  —  3'J  Gallien.  —  ">  Gallien,  Corp.  inscr.  Int.  VU.  495  (an 
centre  un  aigle  lenanl  un  laurier  dans  son  bec  ;  au-dessous  taureau  entouré  de  la 
lune  et  de  trois  étoiles  ;  à  droite  et  ii  gauche,  deux  enseignes  manipulaires;  aux  quatre 
coius.  les  Saisons  figurées  par  des  enfants  avec  attributs  appropriés;.  —  41  Gallien. 

—  42  Viclorinus.  —  43  Viclorinus,  Carausius.  —  44  /(eu.  Biblique,  1 892.  38  4  ;  1900,  1 95. 

—  4i  Clermonl-Ganneau,  Becueil  durch.  or.  Il,  299  ;  Etudes.  I,  p.  170  ;  /ler.  Bit/l. 
1899,  101.  —43  Gallien,  .4rc;i.  Ep.  .Milt.  XI.  p.  12.  —  41  Gallien.  —  4S  Domaszcwski, 
Fahnen.  p.  48.  —  49  Conjecture  lirée  du  surnom  dans  sa  forme  grecque,  xi  »«9auyoçdoo-/ 
(Dio,  LX,  234).  —  '•"  Cohen,  Méd.  tmp.  IV,  p.  52,  n.  270.  —  51  Gallien.  Viclorinus, 
Cf.n.  37.  —  32  Kincb,  A  rc  de  triomphe  de  Saloniqiie,  p.  17.  —  5» Gallien.  —  34  Gallien, 
Viclorinus,  Corp.  inscr.  Rhénan.,  1810.  — 33  Cohen,  I,  89,  n»  130-7.—  b^^  Viclorinus, 
Carausius;Cor/i.  insc/-.  («/.  Vll,447,  606,  716,  1050,  1122,  1133,  1137,1111  (sanglier 
courant  ou  télé  de  sanglier)  —  37  Gallien.  Esbce  à  la  .VA'  Victrij-  que  se  rapportent 
les  deux  sijjna  de  Uomaszewski.  fig.  5,  avec  Victoire,  aigle,  scorpion  léle   radiée  ? 

—  -î»  LECio,  p.  1088.  Elle  disparait  probablemeut  sous  Uoniitien.  —  39  Gallien,  Viclo- 
rinus, Carausius.    Obergerm.  Limes,   Kaslell  liulzbach.  pi.  in,  30..  —  6»  Gallien. 

—  Cl  Viclorinus.  — «2Gallieu,  Carausius.  —  «3  Ajoulousdeux  Vicloires  (Domaszewski, 
/•'a/m.fig.  5et58)ct le  JupilcrCapitoliu(;*irf.  lig.  81)  r|ui  appartiennent  àdes enseignes 
prétoriennes.  Elles  portent  généralement  le  scorpion  ;  cl.  Uomaszewski,  Aôhandl.  14. 


siG  -  irîio 

Ces  chiffres  permellenl  de  conlrôler  le  système  par 
lequel  noinaszewski  a  lenlé  d'expli(|uer  ces  enseignes 
animales'  :  ces  emblèmes  seraient  des  signes  du  zodiaque 
avec  lesquels  l'origine  de  la  légion  serait  en  rapport. 
Mais,  seuls,  le  capricorne  et  le  centaure  sontcertaineinenl 
des  signes  zodiacaux  ;  pour  le  lion,  le  taureau  et  Pégase, 
leur  caractère  sidéral  n'est  qu'une  hypothèse.  D'ailleurs. 
])lusieurs  de  ces  emblèmes  sont  antérieurs  à  la  grande 
expansion  de  l'astrolàlrie  au  temps  des  Sévères  :  l'élé- 
phant aurait  été  donné  par  César  comme  insigne  à  la 
leyio  V  Alaiida,  pour  avoir  arrêté  en  Alrique  la  charge 
de  ces  animaux-;  déjà  le  taureau  et  le  capricorne  de  la 
/eç/io  IV  Macedonica  sont  gravés  (fig.  •4427)  sur  un 
coll're  perdu  par  elle  sur  le  champ  de  bataille  de  Crémone' 
et  la    stèle  qui  montre  (fig.  tii!'»;  le   capricorne   de  la 

leijioXfV  Geinina  est 
d'époque  tlavienne  ^ 
Sur  les  11  légions  qui 
ont  le  taureau  pour 
emblème  (emblème 
que  César  aurait  donné 
a  ses  légions,  d'après 
Domaszewski,  parce 
que  le  signe  du  taureau 
est  celui  du  mois  au- 
quel préside  Vénus,  la 
protectrice  de  la  ijens 
Jiilia)  on  n'en  trouve 
que  o  qui  aient  fait 
partie  des  armées  du 
dictateur.  Le  Capri- 
corne avait  présidé  à 
la  conception  d'Au- 
guste :  aussi  aurait- 
il  choisi  ce  signe  zodiacal  pour  les  légions  créées  par  lui 
et  l'on  peut  montrer,  en  ellet,  que,  des  9  légions  qui  pré- 
sentent cet  emblème  (lig.  O'iH),  G  ont  été  créées  ou  réorga- 
nisées par  Auguste  ■■.  Véritable  organisateur  des  cohortes 
prétoriennes,  Tibère  leur  aurait  donné  le  Scorpion, 
signe  sous  lequel  il  était  né  ".  Dans  le  mois  auquel  préside 
.Minerve,  le  soleil  est  dans  le  signe  du  Bélier;  aussi 
Domitien,  qui  avait  pour  cette  déesse  une  dévotion  parti- 
culière, donna-t-il  le  bélier  à  la  /  Minervia  formée  par 
lui.  Les  légionsàj'insignedulion  {lig.6412)scraientcelles 
de  l'armée  de  Lépide  qui,  comme  grand  pontife,  aurait 
choisi  le  signe  qui  correspond  à  Jupiter.  Mais  M.  Henel 
a  rappelé  avec  raison  que  le  lion  est  le  symbole  ordinaire 
de  la  vaillance  militaire  et  que  le  lion  et  le  taureau 
tiennent  une  place  éminenle  dans  la  religion  miliiriaque"; 
l'importance  du  taureau  n'était  pas  moindre  dans  le 
culte  de  Jupiter  Doliclienus,  si  répandu  dans  l'armée.  Pour 
la  cigogne,  dont  Domasz(!\vski  croit  qu'elle  est  devenue 
l'emblème  de  la  ///  I/ti/icii  parce  que  celte  légion  était 


SIG 


1  Uoniaszcnski,  Oie  Falinen,  p.  55,  jiilerprétalion  développée  dans  le  mémoire. 
Oie  Thierbiltler  àer  Signa  lArch.  epii/r.  Mitt.  XV),  réimprimé  dans  ses  Ablmml'. 
z.  rôm.  IMiiiioii.  l'JOM.  1  !  clic  a  élé  discutée  par  Cli.  Rend,  Les  ànseiynes, 
p.    i1l-i36.  V.   auisi    Maiss,   die    Tayesgôtier.  Berl.    l'JOi,   p.  i6.  —  3  Appian. 

0.  cir.II,  9C.  Les  anciens  avaieiil  remar(|ué  que  le  nom  de  César  signifiait  élèpliant 
en  uuni(|ue  :  c'est  pourquoi  il  fit  "ravcr  cet  animal  sur  ses  monnaies.  —  3  Cf. 
Ilen.arch.  1888,  XI,  p.  is.  —  ♦  IMmas/ewski,  O.  c.  lig.  li;  l.indensclimit, /l/(er<. 

1,  4,  6.  ï.  —  S  Kitterling.  Mill.  f.  Xass.  AllerCumsk.  l'JUS,  p.  IS.  La  lig.  «411  re- 
produit un  Opricorne,  avec  lierre  autour  de  ses  cornes,  trouvé  dans  le  lUiin,  Jhid,^ 
II.  p.'J«.  L'ne  ville  de  Billiynie  a,  sur  ses  monnaies,  Taigle  légionnaire  entre  deux 
enseignes  surmontées  de  capricornes  (Habelon-Heinacli,  Muttitaies  de  l'Asie  Mineure^ 
l.pl.rx.v,  ii).  —  6  l'our  Tibère,  cf.  p.  1311   n.  03.  —  ^  Hour  la  tig.  64|-i  loir  ugio. 


6il3.  —  San"lii 


aussi  surnommée  Concordia  et  que  la  cigogne  serait  le 
symbole  de  la  Concorde,  Renel  a  fait  voir  ([u'il  vaulinii'iix 
songer  à  Pin  Fiilelis,  autre  surnom  des 
légions //et  ///  ItdUcac^;  si  la  déesse 
Pietns  parait  avoir  eu,  dès  l'époque  de 
la  République,  la  cigogne  pour  sym- 
bole, il  faut  rappeler  aussi  le  grand  rôle 
de  la  cigogne  et  de  la  grue  dans  les  su- 
perstitions gauloises  et  germaniques. 
Le  rôle  du  sanglier  y  était  encore  plus  i^,,^^.^,,  ^„  enseignes, 
considérable  et  c'est  sur  les  bords  du 

Rhin  et  du  Danube  que  s'est 
écoulée  la  meilleure  partie  de  la 
carrière  de  trois  (/  Italien,  Il 
Adjulrix,  A'X  Vnleria  Victrix) 
des  quatre  légions  qui  placent 
cet  animal  sur  leurs  enseignes 
fllg.CiilS)'.  Quantauxsix  légions 
«liii  ont  pour  emblème  une  galère 
ou  Neptune,  on  peut  montrer 
qu'elles  le  doivent  à  ce  qu'elles 
ont  été  formées  de  marins  ou 
cantonnées  au  bord  de  la  mer. 

On  voit  par  ces  exemples  que, 
loin  d'être  l'application  d'un  sys- 
tème préconçu,  les  circonstances 
les  plus  diverses,  dont  la  plus 
immédiate  nous  échappe  peiit- 
enscigne.  ^^^^  souvcnt,   Ont  intlué  sur   le 

choix  des  emblèmes  animaux 
des  légions.  Si  l'approbation 
impériale  était  sans  doute 
nécessaire  pour  autoriser  leur 
adoption  sur  les  signa,  rien 
n'était  moins  systématique 
que  leur  choix  et  que  leur 
disposition.  Le  coffret  déjà 
cité  de  Crémone  montre  une 
hampe  supportant  un  disque 
sur  lequel  est  gravé  un  tau- 
reau bondissant  (fig.  -4427); 
sur  une  monnaie  légionnaire, 
le  taureau  est  debout  sur  la 
base  transversale  d'où  pend 
le  vexUlnm  (fig.  (5412);  sur 
le  cippe  de  Mayence  (fig.G414), 
sur  des  monnaies,  le  capri- 
corne semble  fixé  au  premier 
tiers  de  la  hampe  '",  tandis 
que  le   capricorne    de  bronze 

(fig.   6411),  retrouvé  dans   la        Fig.  diu  —  Ponc-enseigoe. 
même   région,  est  monté  sur 
douille  di^  façon  à  pouvoir  être  placé  au   sommet  de  la 

lig.  44i9el  p.  1311,  n.  3*.  Les  enseignes  qui  portent  le  sanglier  sur  l'arc  d'Orange 
(Espéiandieu.  Bas  rel.  de  la  Gaule,  I,  p.  I'.l7.  iOt),  peuvent  être  considérées  comme 
gauloises  ;  pour  les  bromes,  v.  S.  Heinach,  Bronz.  de  la  Gaule,  p.  i58,  itiO.  Celui 
ipionvoit  lig.  6413  appartient  au  Britisli  Muséum.  Les  numeri  qui  portent  le  nom 
de  leones  le  doivent  peut-être  il  la  présence  du  lion  sur  leur  enseigne -,  ceux  qui  por- 
tent le  nom  de  eornuli  aux  cornes  tie  leur  casque,  rappelant  le  tiiurrau  ((u'ils  avaient 
pour  emblème  (Cor;;,  iiiscr.  lai.  V,  S733  ;  VI,  3i'j03  ;  III,  7403  ;  Aol.  thijn.  Dec.  V, 
IS5,  1591,  7l-i|.  Les  soldats  ont  pu  rappeler  leur  insigne  sur  leur  casque  comme  sur 
leurs  sceaux  ;  on  a  vu,  fig.  44a8  {Bull.  Sac.  alit.  1899,  p.  377),  le  sceau  de  la  legio 
.V  l-'relensis  avec  son  sanglier  et  sa  galère. —  »  Cf.  Gagnai,  Rev.  Critii/ue,  1904,  I, 

4yi;,    y   Voir    note    7.    —    '0    Voir    aussi    les    monnaies  dans    Domasjewski, 

lig.  48-30. 


SIG 


1:V13 


SIG 


h]g.  0410.    —    tuseiijiics    a' 
plialcres  el  figun 


hampe.  De  même  lus  ligures  de  la  Victoire  el  d'autres 
divinités  '  sont  placées  (fig.  6tl5)  comme  l'aigle,  tantôt 
à  l'exlrémité  de  la  hampe  (sur  une  base  ou  chapiteau -, 
ou  au-dessus  d'une  couronne  ou  entourées  par  elle,  ou 
devant  un  vexillitm),  tantôt  plus  bas,  entre  d'autres  em- 
blèmes (lig.  6425)  \ 

Les    éléments   des  signa  qu'il  nous    reste   à   étudier 

l.tfj^^M'^'^i'K:  pendre,  au 
contraire, 
«les  règles 
qui  prési- 
dent à  la  dis- 
tribu ti  o  n 
deadonami- 
lltariu'\  rè- 
,;  gles  encore 
assez  mal 
connues.  Un 
seul  t  e  .\  t  e 
nous  ap- 
prend que 
des  corps  de 
troupes, 
voire  des  ar- 
mées entiè- 
res ,  pou- 
vaient rece- 
voir des 
,  donu  ";  d'un 
autre  texte, 
on  peutcon- 
clure  que  la  couronne  murale  était  octroyée  au  déta- 
ciiementdont  les  signa  avaient  été  plantés  les  premiers 
sur  les  murs  d'une  place  assiégée";  un  groupe  d'inscrip- 
tions montrent  des  alac  el  des  coliorles  prenant  le 
nom  de  ^or////«/«e  parce  qu'ellesavaient 
leçu  le  torques  en  récompense  (fig. 
(iilG)^  Les  monuments  anciens,  mal 
sculptés  ou  détériorés,  ou  mal  repro- 
duits par  les  modernes,  ne  sont  pas 
assez  explicites*. 

Ces  réserves  faites,  on  peut  classer 
les  éléments  qui  garnissent  la  hampe 
des  enseignes  sous  les  neuf  rubriques  suivantes  : 

1°  Main  de  bronze.  —  On  a  vu  que  cette  inanus  a  sur- 
monté, dès  l'origine,  les  enseignes  romaines  et  que  les 
Romains  croyaient  qu'elle  avait  porté  jadis  une  botte 
de  foin.  Elle  peut  s'expliquer  mieux  si  on  la  rap- 
proche des  mains  qui,  sur  les  enseignes  égyptiennes, 
expriment  la  présence  el  la  force  du  dieu  ;  le  caractère 
sacré  de  la  main  dans  les  cultes  orientaux  a  pu  contribuer 
àla  maintenir  sur  les  enseignes  impériales.  Les  nombreux 

'  Sur  les  monnaies,  Domaszewslti,  0.  c.  p.  48  el  sq.  —  2  Frœtiner,  Cot.  Traj. 
pi.  xiïii  ;  Cichoiius,  Traj.  Siiiile.  pi.  vu  (uolie  fig.  6il5).  -  3  Doinasicnski.  lig.  o  el 
p.  31.  —  *  Voy.  DONAuir.iTARiA,cl  lai-l.  du  nifnietilvc  par  Ficbigcr  dans  f'anlv  Wis- 
sowa,  Hml  EncijcL;  surtout  P.  Stciiicr  dans  les  Donner  Jalirbùclier,  lOoii.  l-'.i'.l. 
—  ■■Zonaïas,  Vil,  li.  -  'Joscpli.a.  Jutl.W,  S,  5. —  T  Corp.ini^cr.  lat..  IM,.ï773, 
07^8  ;  VI,  3338;  Orclli,  510;  Corr.-  Bi.  •!.  Wesl.  Zuitschr.  IS87,  Mil  ;  tiph.  epiijr. 
V,  p.  28,  u.  41.  I.e  torques  est  suspendu  au  col  de  Taiglc.  sur  (fuelqucs  tnonnaics; 
noire  lig.  041rt  reproduit  une  monnaie  de  Sept.  Sév^^e,  Cohen,  Méd.  imp.  IV,  p.  b'J. 
V.  encore  fig.  12i9. —  »  Les  figures  inditpiécs  sans  autre  référence  que  leur  numéro 
renvoient  a  Domaszewski.  —  9  Domaszewski,  fig.  14,  18  a,  4,  l'J,  23,  iO,  30,  «,711  a; 
notre  (ig.  IÎU7  d'aorés  C.  rend,  .ica-l.  des  inscr.  1872,  p.  209  (stèle  du  musée  d'Alexan- 
drie!.-10  Coll.  du  prince  de  Caniuo;  actuellement  au  fln7«/ii1/i(S.,  n.  11)3  du  «rcci 
and  roman  life  room.  Lue  main  gauche  semblable  tenant  une  fleur,  de  la  collection 

Vin. 


exemples  que  fournissent  les  montimenls  sculptés' 
(fig.  6'tl7)  permettent  de  con- 
sidérer comme  un  spécimen 
de  ces  enseignes  une  main 
ouverte  au-dessus  d'une  sorte 
d'avant-bras  en  tronc  de  cône 
(fig.  04181,  conservée  au 
Musée    Britannique'". 

2°  Vexillum.  —  Cet  éten- 
dard, dont  on  a  plus  haut 
indiqué  l'origine,  est  placé 
sous  la  main  ou  sous  la 
couronne  qui  forme  le  som- 
met", ou  bien  il  est  isolé  au 
sommet  de  la  hampe  quand 
l'emblème  est  absent'-.  Lors- 
que le  vexillum  n'est  pas 
représenté,  son  existence  est 
généralement  rappelée  par 
la  barre  transversale  des- 
tinée à    porter  les    deux  cor-         Hg.    0417.    —  Enseignes    avec    la 

delettes  qui  relient  les  extré- 
mités de  la  traverse  au  sommet  de  la 
hampe  et  par  les  bandelettes  qui  tombent 
de  ces  extrémités  (fig.  0415).  Un  exemplaire 
trouvé  en  Angleterre  (fig.Oil'J),  où  traverses, 
bandelettes  et  cordelettes  sont  exécutées  en 
bronze",  indique  qu'il  devait  en  être  ainsi 
souvent  sur  les  nombreux  monuments 
(fig.  0415)  qui  représentent  la  garniture  sans 
vexillum  au  haut  d'une  hampe.  Quand  cette 
garniture  n'était  pas  imitée  en  métal,  les  ban- 
delettes fixées  à  des 
anneaux  «levaient 
être  de  pourpre,  ter- 
minées par  des  feuil- 
les de  lierre  argentées  comme  on 

en  voit  aux  vexilla  (fig.  6420)  ". 
Le  vexillum  —  le  mot  se  tra- 
duit exactement  par  drapeau  — 

consistait  en  une  pièce  d'étoffe 

carrée,  attachée  à  une  antenne 

qu'on  suspendait  au  bout  d'une 

pique,  généralement  en  travers, 

parfois  le  long  de  la  hampe  '". 

A  en  juger  par  les  monuments, 

le  drapeau  devait    avoir    entre 

0  m.  50  et  1  mètre  carré.  Pour 

qu'il  fût  bien  en  vue,  la  pique 

qui  le  portait  était  très  haute,    ii 

Quand,    au    passage    de    l'Eu- 

phrate,  le   vent   eut  arraché   un  de   ses  étendards   qui 

portaient  en  lettres  écarlates  le  nom  de  la  légion  et  celui 

Morgan,  élail  eiposée  en  1909  i  South  Kensinglon,  salle  XL,  n»  |i'S7.—  H  Fig.  23, 
2'J,  79  a.  —  '2  Fig.  37,  61,  62,  07,  68,  73,  80,  81.  —  '^  Le  lieu  .le  la  trouvaille  el 
le  inédadion  de  Néron  qui  en  orne  le  cenlre  iniliqueraient  qu'il  a  été  perdu  lors  de 
la  campagne  de  03  contre  les  /ceni.  Musée  du  Cinquantenaire  à  Bruxelles  ;  reproduit 
ici  d'après  une  photographie  publiée  dans  le  Bull,  de  la  .Soc.  Anliq.  lilOI,  |..  Ki'J. 
—  It  Fig.  5.18  a-ft,  19-27,  29,  33  (la  l'cuille  de  lierre  très  disUncle  dans  33  el  42  de 
Uomasïcwskil,  100(=  fig.  ('.4201.  Sur  la  fig.  33  el  sur  la  colonne  Trajiine  (Froclinrr, 
pi.  1,1,  i.xxi.  cvi|,  on  dislingue  les  anneaux  auxquels  les  bamleleltes  étaient  suspendues. 
Anneaux  semblables  au  capricorne  (lig.  641 1 1,  auc|uel  une  feuille  de  lierre  est  encore 
alUchée.  —  1-i  Cedrcn.  109  :  f i-:'<.«,  it«jar.tt».i|»«T«  i^  >:■>»=  ■?!<!  >«!  vt'"-'  'î 
ttTeiY"''»-'  "Vf---  «"""ifi'""-  Voi''  I»  t'oiy,i«  Gloss.  de  Coelz.  s.  v.  a,=.'A',.a„'.,„ 
p,;,Uos.ipo;.  Exemple  du  vexdle.  Mus.  Uorbon.  Il,  38;  S.  Ueiuach,  /hyertoire 
lies  Reliefs,  I,  281. 

105 


SIG  -  1-^1 

(lu  géïK'ral,  Crassus,  i><iiir  poniu'tiri'  dr  les  mninlenir 
solidement,  lit  couper  une  partie  du  bois  de  la  pi<|ue  '. 
Lacouleui-ordinaire  du  vexille  paraît  avoirélé  le  rouge  -, 
couleur  du  sang  appropriée  à  cet  emblème  de  la  guerre, 
i  Pourtant  ce  rouge  devait  être  plutôt  celui 

^  de  la  llammc,  si  l'on  en  croit  le  terme  de 
russeiim  qui  le  caractérisait  et  le  nom  de 
Ihimmula  ^  que  Végèce  donne  au  vexille. 
11  esl  vrai  que  ce  nom  pouvait  venir  des 
languettes  triangulaires  qui  forment  parfois 
^lig.  i;'i:*3;  cf.  ii30)  le  bas  du  ve.rillum. 
A  l'époque  impériale,  l'or  était  sans  doute 
employé  pour  former  de  lourdes  franges  — 
d'où  l'expression  d'Ammien    vexilla  aura 


Fig.    Mil. 


Siqnifc 


Fig.  6tiu.  — 
Vexilliim. 

ritjenlia''  — ainsi 
que  pour  broder 
le  nom  de  l'empe- 
reur'' et  celui  du 
corps  de  troupes 
auquel  le  drapeau 
a  p  part  en  ait. 
Ouand  il  fallut  dis- 
tinguer par  leurs 
vexilla  les  divi- 
sions de  certains 
corps  decavalerie, 
onfutamenéàleur 
donner  des  cou- 
leurs différentes"; 
sans  doute,  chaque  peloton  avait  la  sienne.  Ce  fut  proba- 
blement encore  pour  distinguer  les  différents  corps  de 
troupes  qu'on  dut  compliquer  la  structure  du  ce.villum  : 
ici,  des  extrémités  de  la  traverse  on  voit  ilig.  (î'ilo,  0420) 
tomber  des  bandelettes  terminées  par  une  feuille  de  lierre 
argentée,  ou  bien  ces  feuilles  garnissent  toutelalongueur 
de  la  Iraverse  dépourvue  de  drapeau  '  (fig.  G421)  ;  là  c'est 

I  Dio,  .\1,  is.—  2.«ci-v.4rf.l<;H.  VIII,  I  ;llio,  L.c.;U\:ior.On,j.  XVlli,  3,5,  elles 
closes  uii  vexillum  esl  Iraduil  par  -.oOt.o.  pdçoi,  j.oir7ti.v  élaiit  une  li-anscriplion 
■  liii  riisseiim.  A  dêl'aiil  de  manteau  <lc  pourpre,  ou  voit  des  empereurs  enveloppés  par 
leurs  soldais  dans  un  drapeau  ;  Capilol,  Oord.  8;  Amm.  Marc.  XV,  5.  Sur  la  siguili- 
calion  religieusedu  rouge,  cf.  von  Dului,  Arcliiv  f.  Heligioniriss.  1906.  —  3  Veg. 
Il,  I.  —  »  Amm.  Marc.  XVI,  10.  Cf.  le  passage  de  Cédrénos,  p.  1313,  n.  15.— STac. 
Hisl.  II,  S.-i  ;  Suct.  Vesp.  6  (les  k'gions  de  Mocsic  déchirent  les  vexillcs  au  nom  de 
Vilcllius  pour  les  rcm|ilaccr  par  des  drapeaux  au  nom  de  Vespasicn);  Tac.  111, 13  cl 
31  ;  IV,  Ui  (sous  Néron,  les  Ironpcs  ayaul  donné  à  Virginius  Kufus  les  lilres  de 
IJésar  el  d'AugusIc,  comme  il  les  rclusail,  un  soldai  les  écrivit  prouiptement  sur  les 
enseignes);  I.amprid.  Anl.  Diad.  3,  I.  —  f'Greg.  Naz.  in  Jnl.  1.  p.  73.  —  1  Lin- 
denscliniil,  AU.  1,  3,  7,  8  ;  Domaszewski,  fig.  88  et  p.  i7  n.  1.  On  connaît  aussi  des 
vexilla  surmoulés  par  des  aigles,  Uciuacli,  Uép.  des  Reliefs,  1,  300,  24  (cf.  lig.  0422). 

—  8  Col.  VI.  —  0  30.  Sali.  Juy.  85,  23  (eu  107).  —  10  Sil.  XV,  20  :  Nartia  rCTitla. 

—  "  Vopisc.  Prob.  3.  Sur  le  sens  de  tuista  pura,  voircoulradicloircment  P.  Steiner, 
UonnerJahrb.  l'JOO,et  W.  Hclbig,  AbImndI.  J.  llayr.  Aknd.  1908.—  >2Epli.  epiijf. 
V,  87;Suel.  .4.19.  25;Dio,  Ll,  21,  (.u.v^e.Ji;).  Ce  vétille  aurait  élé  donné  à  Agrippa 
après  6«s  victoires  navales.  —  13  Vopisc.  Aurel.  13,  3.  —  Il  H.  Steiner,  Op.  cil. 
n.  70  =  Corp.  iliscr.  lai.,  XIV,  3012  :  lex.  arg.  //  ;  n.  71  =  X,  135  :  ve.c.  arg.  Il 
(sous  Domitien)  ;  n.  88  =  Vlll,  'ii'M  :  vrx.  arg.  1  (sous  Tcajau);  n.  128  =  IX  2819  : 
lOT.  arg.  1,  (Marc-Aupilc)  ;  n.   134  =  111,  1193  :  vex.  urgenlo  insiyne  (Commode). 

—  tô  Steiner,  n.   135  :  4  i-ex.  obsid.   (sous  Commode).    Voir  (lig.  0423,  d'après 


rig.  61i2.—  Vc.ri/dim  avec  aigle 


t  -  SIG 

la  pointe  de  la  lance  f|ui  esl  remplacée  par  un  aigle 
(lig.  6422)  ou  par  l'image  d'une  divinité  (lig.  Oilo)  ; 
souvent  la  hampe  s'achève  par  une  extrémité  à  peine 
amincie  que  des  cordelettes  relient  aux  deux  bouts  de 
la  traverse. 

Une  dernière  catégorie  de  vexilla  esl  consliluée  par 
ceux  qu'on  donnait  en  récom- 
pense militaire.  Bien  que  Polybe 
ne  les  mentionne  pas  en  celle 
qualité  *  et  que  le  premier 
nommé  soit  celui  que  Marins 
reçut,  avec  des  liastae  et  des 
pliiilerne  °,  le  vexillum  peut 
fort  bien  avoir  été,  avec  la 
has/a,  autre  emblème  du  dieu 
de  la  guerre  '",  l'un  des  plus  an- 
ciens des  doua  mililaria.  11  est 
lîguré  sur  la  tombe  d'un  prae- 
l'ecius  casirorum  (fig.  6423) 
avec  d'autres  récompenses,  cou- 
ronnes, /laslae purae" .  Comme 
pourct'lles-ci,  on  ne  sait  au  juste 
à  quoi  est  due  l'épithète  de 
puva  donnée  souvent  aux  vexilla.  Si  l'on  admet  qu  elle 
se  i-apporte  à  l'unité  de  couleur,  on  peut  faire  valoir,  à 
l'appui  de  celle  explication,  les  autres 
épithèles  qu'on  donne  à  ces  drapeaux 
d'honneur:  fOc/'M/fft'^  lorsque  le  bleu  de  mer 
remplace  l'écarlate,  qui  esl  probablement 
la  couleur  ordinaire;  bicolora  '■<  lorsque  les 
deux  couleurs  sont  mélangées;  anjentea  "^ 
lorsque  des  feuilles  de  lierre  en  argent  y 
sont  suspendues.  Les  vexilla  sont  encore 
appelés  o6«/rf/o/(«//a '%  et  paraissent  si  sou- 
vent associés  avec   des  couronnes   murales 

ou  vallaires  (fig.   6423,  6425,  6426  el   3978)         

qu'on  peut  croire  qu'ils  étaient  décernés  pour  Fig.  0423. 
les  mêmes   exploits,   peul-êlrc    à  ceux   qui         VexHium 

1  .1.1.  comme 

avaient  les    premiers  plante  le  drapeau  sur  donum 

des  murs  ennemis  ". 

3°  Tabula.  —  Quand  l'indication  du  corps  de  troupe 
n'était  pas  écrite  sur  le  vexillam  '',  elle  parait  l'avoir 
été  sur  une  lablelle  de  bois  quadrangulaire  (fig.  6424)'" 
qui  était  altaciiée  à  la  hampe.  Ilseinbleque  la  tabula  ait 
été  parfois  remplacée  par  un  médaillon  '°. 

4"  doronae.  —   L'extrémité  de  la   hampe  esl  parfois 

Eph.  epigr.  V,  S7  :  niii<uï  ap.  l-V-ilsclirift  fur  Bmndorf,  p.  218.  Voir  encore  le 
vexillum  piaillé  ilans  une  couronne  murale  sur  une  slélu,  Sleiner,  fig.  2:i-:!.  De 
mûiue  dans  le  n"  72  de  Steiner,  où  vexilla  esl  Iraduil  non  par  olïjîiXAa  mais  par 
(r»i[AeVa.  On  trouve  le  rexl7/H»t  donné  sans  épilliéle  dans  Cor/),  iiiscr.  lat.  111,  i4387 
(Sleiner,  n.  39  :  2  vcx.)  ;  V,  S31  (n.  41  :  4  «ex.)  :  X,  6659  (n.  48  :  2  vex.)  ;  Sitzber. 
d.  Berl.  Ak.  1903,  817  (n.  49:2  rcx.);  Vlll,  12536  (n.  50,  8  rex.)  ;  XII,  3167  (n.  67, 
1  vex.).  —  16  11  résulte  des  rcclierclies  de  Sleiner  (|uc  les  vexilla,  à  lépoiiue  impé- 
riale, n'étaient  octroyés  qu'aux  officiers  supérieurs  (préfets,  Iriliuns.  légats,  person- 
nages consulaires',  apparemment  lorsqu'ils  avaient  eu  une  pari  prépondérante  à 
la  prise  d'une  ville.  —  17  Veg.  11,  13  '.ex  fjnacohorte  vet  quota  esset  centuria  m 
illo  vexillo  litleris  adscri/itum  :  cf.  fig.  6428.  —  18  D'après  Gagnai,  L'armée  rom. 
d' .\frique,  p.  229.  L'écrilean  porte  :  îegioni  111  Aug.  Sur  les  tablettes  des  ensei- 
gnes du  lombeau  de  la  Villa  Albani  (Zoega,  li.  rilicui,  I,  16;  Domaszewski.  fig.  5) 
on  lit:  coll.  111  pr.  —  13  Une  lablelle  d'argent  trouvée  au  caslcllum  de  Nicder- 
bibcr  en  Westplialie  porlc,  au  repoussé:  Coll.  V:  auprès  d'elle  était  un  médaillon 
en  argent  doré  (Dorow,  Ùcnhn.  rôm.  Zcil  in  Uli.  Westph.  l'roiin:,  pi.  xv,  9: 
Bonuer  Jabrb.  1865,  pi.  ii  ;  1806,  p.  199)  où  est  figuré  un  imperalor  foulant  les 
armesdes  Germains  vaincus  comme  sur  le  médaillon  de  la  Coll.  Vil  HaeCorum  (diam. 
0,19  ;  en  argent  doré),  a/>.  Lindeusclimil,  Mtertli.  1,  7,  5.  1  ;  Schumaclier,  Gcrmanen 
IJarstellungen  im  Museiiiii  v.  Main:,  1909,  p.  :i2  ;  Corp.  inscr.  lai.,  XUl,  7705. 
Caylus,  liecueil.  V,  pi.  xr.ii,  reproduit  une  exlrémilé  de  l'enseigne  en  bronze  formée 
par  deux  plialères  séparant  trois  lableltcs.  La  plus  haute  porte  :  Ley.  XVll  Cluss. 


SIG 


—  1:^1 5 


SIG 


f^arnir  ilc  pclilcs  (•oiironiics  ;'i  Im  |i1;k'i'  ilii  fer  ;  on  en  voil 
l rois  (le  grandeur  décroissante  sur  la  iigureOili).  Mais  c'est 
sur  la  hampe  ',  entre  les  plialères  (fig.  (iH5,  042."),  0120), 
que  les  couronnes  sont  surtout  nombreuses.  Elles  sont 
ou])ien  enfiléessurla  hampe  qu'elles  entourent^,  ou  bien 
accrochées  le  long  de  cette  hampe  ''.Selon 
les  exploits  qu'elles  doivent  rappeler,  ces 
couronnes  peuvent  être  des  feuilles  de  lau- 
rier ou  de  chêne,  être  i/u/rti/es  '',  fos/ralen 
ou  c/assicae  °,  l'ival/arcs  ''.  Quand  aucune 
ornementation  n'est  marquée  sur  ces 
couronnes  on  peut  se  demander  si  l'on 
ne  se  trouve  pas  en  présence  de  torques'', 
qui  faisaient  partie  des  doiin  minora. 

^'^  Phalerae.  —    Les  unes  sont  creuses 

et  sans  autre  ornement  qu'un  boulon  au 

centre  (fig.   GilO,  Gili,  Oil7,  (ii^D),   les 

/■    jrt\       autres  portent,  pour  la  plupart,  des  por- 

\^^      traits  en  buste  (fig.fiilS,  642.3,  0'(2(),  0420, 

voy.  aussi  H07S),   ordinairement  celui  d(» 

Fig.  0*24.         l'empereur  ou  dos   empereurs   régnants. 

Enseigne  avec  ,  ■      j      j  -       •      s       ■      ii 

tabula.  Leur  nombre  varie  de  dinix  a  six  '.  et  elles 

paraissent  avoir   été   toujours   argentées 

-r^^^     \  [cf.  PHALICRAE  et  IMAP.O,    p.  411] '. 

I   IVi')?A>i  G"  Boiirliers.   —   Des    boucliers    de 

dimensions  très  réduites  sont  aussi  at- 
tachés aux  enseignes,  le  plus  souvent 
au  sommet  (fig.  042.'),  GI20)  '".  Il  est 
parfois  difficile  de  distinguer  des  piia- 
lèresles  boucliers  ronds,  pnrmae.  llest 
plus  facile  de  les  reconnaître  quand  ces 
boucliers  sont  en  forme  de  scii/iaii  ou 
de  peltfi. 

'  1"  Croixsfinlx.  —  Le  bouclier  semi- 
lunaire  ou  pella  est  à  son  tour  très 
diflicileà  distinguer  du  croissant  ;quand 
ses  cornes  ne  sont  pas  dirigées  vers 
le  sol  (fig.  0424),  on  ne  le  reconnaît 
guère  qu'à  leur  allongement  ".  Cet 
emblème,  qu'il  faut  rapprocher  du 
corniculum  qui  faisait  partie  des  doua 
minora,  n'a  sans  doute  été  à  l'origine 
qu'un  amulette  formé  d'un  ou  de  deux 
os  courbes  comme  on  les  rencontre  chez 
tous  les  peuples'-.  A  l'époque  impériale, 
sous  l'influence  de  l'aslrolàlrie,  on  a 
dû  lui  prêter  un  caractère  symbolique 
et  c'est  sans  doute  à  ce  litre  qu'on 
trouve  le  croissant  accolé  à  un  globe 
(tig.  0414). 


1  Fr.ilincr,  Col.  Traj.  pi.  ixxji;  Ciclioiiiis,  pi.  iv.  —  2  On  en  Ironve  cin(|  dans 
Uomaszweski,  fig.  5,20,  02,  03,  etc.  —3  Voir  nolamnienl  lig.  12,  19,  20,  22.  21,  t». 
—  4  Une  dans  fig.  20,  59,  00,  03-3,  07-8,  79  h,  80-2  ;  Reinacll,  Jlép.  des  reliefs,  I, 
232-3  (arc  de  Irioniplie  ?).  —  5  Une  dans  fig.  S8,  07,  75,  78  ;  deux  dans  73.  —  c  Une 
dans  lig.  09,  7 1 ,  76.  —  7  Voir  p.  1 3 13,  noie  7.  Le  torques  csl  un  des  orncnienis  dislinclifs 
lie  la  garde  impériale  du  Gas-Empire  ;  cf.  PKuTKcruitF-s.  Voir  aussi  X'aquilifer  de  la 
(i;;.  0408.  —  »  On  en  Ironve  3  dans  fig.  3  (lôlcs  radiées  et  aigles),  0,  30-9,  42-5, 
0  dans  fig.  12  :  3  dans  lig.  13;  7  dans  fig.  14;  3  dans  lig.  13-10;  5  dans  fig.  18  ai; 
■i  rl.nsfig.  20  (K-lcs  radiées)  ;  0  dans  fig.  19,  21,  22,  23  ;  Sd.ins  fig.  23,  24,  20,  27,  28,  30, 
3 1 ,  32  ;  i  dans  fig.  29,  40  ;  2  dans  lig.  34-5,  4t-8,  52.  —  9  La  seule  phalér-c  retrouvée 
en  place,  ipii  porte  la  télé  de  Néron  (fig.  041 9),  est  en  hrouze  sans  trace  d'argent.  Pour 
supposer  que  les  plialéres  étaient  argentées  on  se  trouve  donc  réduit  ii  la  phrase  de 
l'iine,  A^.  A(«/.  XXXI11,38  :  colore  qui  clarior  in  argento  est...  ifleo  niilitariOussif/nis 
familiarior  guam  lonyius  fulyet.  Une  autre  phalère  d'enseigne  avec  passant  au  dos, 
mais  non  ciselé,  dans  Hcnndorf,  AVicner  Vorlegebliïtter,  B,  Vi,  3.—  lOBouclicrs  en 
orniede.!<-"(u7n,  f.  71,  73  ;  Aepelta.  f.  75,  80  ;  ovale  avec  foudre  lig,  81  (noire  fig.  42*5). 


ri^^ 


-v_. 


Fig.  0420.  —  Enseignes  avec  a 
couronnes,  glands  à  frange; 


8'  (lloho.  — S'il  l'sl  permis  de  rap[U'oc!ici-  le  globe" 
d'un  ornement  hémisphéri(|ue  qui  se  voit  fréquemment 
sur  les  enseignes  (fig.  (5414),  on  peut  supposer  (|u'il  a 
commencé,  comme  le  croissant,  par  être  un  amulette;  il 
aurait  eu  la  valeur  prophylactique  des  cloches  et  vases 
de  bronze"  avant  de  devenir  le  symiiole  de  Vorhis  ro- 
manus. 

0°  Glanch  à  franf/ex  ou  autres  ornempnts.  —  L'objet 
que  j'ai  appelé  hémisphère  est  souvent  représenté,  non 
avec  une  surface  lisse,  mais  avec  une  surlace  ilivisé'e  en 
petites  masses  qui  tombent  à  la 
façon  de  cheveux  ou  de  franges 
(fig.  041.5,  0420,  cf.  ;J078)'\  Il  est 
probable  que  cet  objet  a  fini  par 
n'être  qu'un  ornement  comme 
les  glands  à  franges  dorées 
qu'on  n'a  pas  cessé  de  mettre 
aux  drapeaux.  Mais  il  a  du 
commencer  par  être  un  fétiche 
de  guerre.  Comme  on  sait  que 
les  Thraces  et  les  lllyriens  d'une 
part,  les  Gaulois  et  les  Ligures 
de  l'autre  ont  coupé  les  têtes 
ou  les  cheveux  deleurs  ennemis, 
je  verrais  volontiers  un  scalpa 
l'origine  de  cet  emblème  "■■. 

Ainsi,  à  côté  des  décorations 
dont  la  valeur  comme  dona  mi- 
litaria  nous  eslconnue, coro7iae, 
phulerae,  i^exilla,  peut-être  cor- 
nicula,    on  en   trouve  d'autres 

qui,  ne  reparaissant  pas  sur  la  poitrine  des  légion- 
naires, doivent  avoir  une  valeur  purement  symbo- 
lique :  la  juxlopositinn  d'un  glolie  et  d'un  croissant 
(fig.  0414)  peut  avoir  représenté  le  Soleil  et  la  Lune. 
Le  globe  peut  rappeler  aussi  Vorhis  romanus,  et 
le  croissant  est  connu,  par  ailleurs,  pour  avoir  une 
valeur  apotropaïque  qui  a  dû  en  recommander  l'usage, 
comme  elle  a  fait  survivre,  au  haut  de  l'antique  ma- 
nipuliis,  la  main  ouverte  (fig.  0417).  Le  caractère  reli- 
gieux des  bandelettes  n'est  pas  moins  certain;  le  lierre 
dont  elles  sont  garnies  est  la  plante  de  bon  augure  qui 
s'enroule  autour  du  thyrse  [tuyrsus].  Différentes  d'ori- 
gine et  de  sens,  ces  décorations  forment  un  ensemble, 
fort  pesant  d'ailleurs  '^  qu'on  enlevait  en  signe  de 
deuil,  et  dont  le  soin  avait  un  caractère  religieux  ".  On 
parlera  plus  loin  du  culte  des  enseignes. 

A  côté  de  ces  trois  groupes  d'enseignes,  nquHap, 
résilia,  sir/ua,  l'époque  impériale  en  a  encore  connu 
quatre  qu'il  suffit  de  mentionner  ici.  Le  médaillon  de 


p.  Sleiner,  Op.  cit.  p.  12,  fionne  iiuelipies  exemples  de  boucliers  sur  enseignes  et 
montre  que  les  trois  formes  ont  existé  comme  douii  mililaria.  —  "  t'ar  ex.  fig.  42 
47,  48,  49,  51.  Sur  une  monnaie  de  Nicéc  sons  Marc-Auréle,  lig.  52,  c'est  par  un 
croissant  que  se  termine  l'enseigne  ;  Il  parait  en  être  do  même  sur  le  trophée  repro- 
duit par  Caylus,  111,  pi.  r.xiir,  cf.  notre  fig.  0424.  —  '2  Voir  Bonslettcn.  Jleo. 
arcli.,  1883,  11,24;  Décheletle,  i7,id.  I9II3,  1.245;  Kidftcway,  Journ.  of  Anth-op. 
Insl.  1909.  —  l:l  Ou  trouve  un  globe  dans  noire  lig.  0414.  diux  dans  fig.  13, 
4J.  ._  14  Voir  A.-B.   Cook,  Journ.   Uell.  Stud.  1898.  —  '5  Notre  fig.  0420,  bas- 

I  relief  du  temps  de  Trajan  dans  lare  de  Constantin;  d'après  de  Kuheis,  Vet.  arc. 
pi.    xt.iv;  cf.  encore  fig.  0414-0415,  et    Oomaszewski,   fig.   72,  73,  70,  .79  b,  80. 

!  _  10  Cette  manière  de  voir  a  besoin  d'expliiations  qui  scroni  données  Ilcvue 
dElhnoqraphie,  1910.  —H  Sur  leur  poids,  llcrodian.  IV,  12  (Commode  les  portait 
comme  preuve  de  force).  Cf.  Suet.  Cal.  43  (dans  une  marche  rapide,  les  prétoriens 
sont  obligés  de  les  placer  sur  des  bétcs  de  somme).  —  I»  Tac.  111,  2  (dans  les  funé- 
railles de  (jcTvaamcui)  praecedebant  incompla  signa,  Suel.  Claud.  13  et  Gros.  VII, 
0.  (On  voit  un  omen  dans  le  fail  qu'on  ne  peut  ni  orner  ni  mouvoir  les  eiisri<.>ues  ) 


SIC. 


—  1316  — 


SIG 


r<>mperenr,  qiio  l\)n  a  vu  ciscli-  sur  des  plialères,  élail 
parfois  porlé  seul,  surmonlo  génôralemenl  dune  cou- 
ronne, au  haut  d'une  courte  perche  confiée  à  Vima- 
f/iiiifcr  ifijî.  Gi->7)  '.  Dans  certains  corps  de  cavalerie  la 

tabula  portant 
le  nom  du 
corps  était  pa- 
reillement dé- 
tachée et  con- 
fiée à  un  labli- 
f'cr-.  Lorsque 
les  barbares 
envahiront  les 
armées  de 
l'Empire,  on 
verra  le  draco 
se  substituer  à 
la  plupart  des 
enseignes  ; 
puis,  lors  du 
Iriomplie  du 
clirisliauisine, 
les  ve.rilla  re- 
cevront le  mo- 
nogramme du 
Christ  av^c  le 
nom  nouveau 
de  /a/ifiruiii. 

Répartition 
(les  ensciijnos 
sous  1(1  liépu- 
blique.  —  En 
laissant  décote 
les  vagues  tra- 
ditions '  qui 
attribuentàRo- 
mulus  la  créa- 
tion d'une  légion  de  3(K)U  hommes  divisée  en  mani- 
pules de  H)0  hommes,  chaque  manipule  ayant  son 
siynum,  l'histoire  des  enseignes  dans  l'armée  romaine 
commence  avec  la  légion  manipulaire,  que  Tite-Live 
décrit  à  l'année  340  et  dont  l'organisation  délinilive  ne 
date  sans  doute  que  du  dernier  quart  du  iv=  siècle.  La 
division  essentielle  parait  y  avoir  été  celle  du  corps  de 
bataille  formé  par  les  antepilani  et  celle  du  corps  de  ré- 
serve'. 

Les  anlepilani  comprenaient  deu.v  lignes  (acies), 
la  pren)ière  de  hustall,  la  deuxième  de  principes: 
dans  lune  et  dans  l'autre,  l'unité  {ordo)  était  le  mani- 
pulas; chaque  ligne  comprenait  13  manipules  com- 
posé chacun  de  60  hommes,  ±  centurions  et  1  vexil- 
larius;  il  faut  donc  admettre  la  présence  de  30  aexilln 


I  lloiiiaszf«sli,  fig.  £5;  Bruci-Blair,  Hamiijook  of  llw  Roman  Wall,  1907, 
p.  M>  :  Ariha^olofjia,  1884,  p.  T.  La  WU*  étant  radiée,  dciu  questious  se  posent  ;  les 
létcs  raillées  ipie  Ton  a  mes  sur  \es  sii,na  suril-elics  bien  celles  des  empcicuis  ou 
celles  irApollon-llélios?  Itans  le  premier  cas  les  rayons  n'indii|uent.ils  pas 
que  l'empereur  esl  déjà  divinisé  ?  Josèplie.  Anl.  J.  XVllI,  S,  1,  parle  de  ij..T-.]»d; 
K«'««fo;.  —  2Voirp.  1318,  u.U.  Peul-tlrc  leinédaillou  de.Maycncccilé  p.  1314,  n.  19, 
a  lil  fait  partie  de  l'euseigned'un  taUifer.  l'eut-étre  la  labella  portait-elle  aussi  le 
nom  des  peuples  vaincus,  comme  li  s  Inbellae  qu'on  voit  sur  l'arc  de  Tilus  et  lare 
d'Orange.  —  1  l,iv.  I,  5i  ;  Ctrifi.  gent.  Hom.  ±î:  S.rv.  Aen.  .XI,  463.  —  4  Liv. 
VIII,  8.  Voir  la  bibliographie  dans  )lari|uardt,  Op.  cil.  p.  54,  et  les  additions 
indit|uées  dans  mon  travail  sur  VOrit/ine  du  Pilum  (/fec.  itrcli.  1907),  p.  5  et  47 
du  tirage  à  part.  —  5  .S'ii6  sii/nis  se  dit  an  propre  d'une  troupe  qui  marche 
enseignes  déployées,  cf.  Liv.  III.  51,  10.  Les  soMals  d'un  iiiénic  manipule  soni  dits 


IDJ5A  r>rUBi'NA'^'*''^*    U 

ia/M«Lr£rK-.Jc;:irEir, 

■  TVK'^AA/DlOJ/lNXXV       rvl  I 

STJPVIl  J-U^ 


.  6427.  —  Enseigne  de  cavalerie  avi 
de  l'Empereur. 


dans  les  rangs  des  antepilani .  Tite-Live  explique 
ce  nom  :  quia  sub  signis'  jam  alii  quindecim  ordines 
Incabanlur.  Sans  conclure  de  ce  passage  que  l'on 
doive  corriger  antepilani  en  nntesir/nani,  nom  que 
l'on  trouvera,  en  effet,  donné  aux  /lastati,  on  peut 
admettre  que  c'est  dans  l'intervalle  qui  séparait  le  corps 
de  bataille  du  corps  de  réserve  qu'étaient  placés  les 
signa  de  la  légion,  signa  dont  le  nombre  de  cinq  corres- 
pondrait à  celui  des  lignes  de  la  légion.  Il  est  possible 
aussi  que  l'historien  ait  seulement  voulu  indiquer, 
par  cette  expression  technique,  que  les  troupes  du 
corps  de  réserve  étaient  enrégimentées,  qu'elles  for- 
maient de  véritables  unités  tactiques.  L'indication  a 
pu  lui  paraître  d'autant  plus  nécessaire  que,  des  3  sec- 
tions {partes,  dans  lesquelles  se  subdivisait  Vordo, 
(triarii,  rorarii,  accensi],  les  noms  des  deux  dernières 
étaient  connus  de  ses  contemporains  comme  ceux  de 
troupes  légères,  de  tirailleurs  qui  n'avaient  plus  depuis 
longtemps  place  dans  la  légion.  En  3iO.  au  contraire, 
triarii,  rorarii  et  accensi  paraissent  avoir  formé 
3  lignes  de  13  sections  chacune;  chacune  de  ces  43  sec- 
tions comprenait  GO  hommes,  1  centurion  et  1  vexil- 
laire;  le  rexilluin  porlé  en  tête*  caractérisait  si  bien 
chacune  de  ces  sections  que  le  nom  de  l'exilluni  finit 
par  s'étendre  à  la  section  qui  marchait  derrière  lui.  Les 
noms  de  vexilla  et  de  signa  sont  appliqués  indilTérem- 
ment  aux  enseignes  qui,  dans  l'attaque,  se  placent  au 
premier  rang  '. 

Deux  siècles  plus  tard,  cette  légion  qui  aurait  eu  un 
cexilluni  pour  chacun  de  ses  73  manipules  —  85  en- 
seignes avec  les  vexilla  de  ses  10  turmes  de  cavalerie, 
(sans  parler  des  signa  qui  ont  pu  exister  pour  l'ensemble 
des  manipules)  —  avait  fait  place  à  la  légion  qui  ne  comp- 
tait plus  que  30  manipules  —  10  pour  chacune  des  trois 
lignes  des  /instati,  /irincipes  et  triarii  —  divisés  en 
60  centuries.  Bien  que  la  centurie  fût  devenue  l'unité 
administrative,  le  manipule  demeurait  l'unité  tac- 
tique; il  le  resta  encore  quand  Marins  eut  formé  sa 
légion  de  10  cohortes,  n'ayant  plus  que  l'aigle  pour 
emblème,  chaque  cohorte  comprenant  un  manipule 
de  hastati,  un  de  principes  et  un  de  triarii.  On  a  sou- 
tenu en  vain  tour  à  tour  que  la  centurie  et  que  la 
cohorte  avaient  eu  leurs  enseignes  ;  ce  privilège  parait 
n'avoir  appartenu  qu'au  manipule,  la  vieille  unité  ([ui, 
d'après  la  tradition,  devait  son  nom  à  la  botte  de  foin 
portée  sur  une  perche,  autour  de  laquelle  elle  se  serait 
formée.  Les  60  signa  que  les  22  cohortes  d'Antoine  per- 
dentà  Forum Galhiruni  sontdesenseignes  manipulaires*. 
Chacun  des  30  manipules  a  son  signum;  la  corrélation 
est  si  bien  établie  que  signa  est  souvent  dit  pour  ma- 
tïipuli  ''  et  que,  pour  traduire  manipule,  les  Grecs  ne 
trouvent  rien  de  mieux  que  criixata  qui  est  proprement 


milites  uniiis  signi:  (Liv.  XXV  23,  16:  XXXIll,  l,i.  cf.  Varro,  iiny.  lat.  V,  88  : 
manipitlos  ej-ercitus  minimas  mantis,  gitne  iiniim  secunliir  siijnum.  —  6  Liv.  Loc. 
cit.  :  ftfimum  vexilliim  triarios  àiicebat...  triarii  sub  vexillis  considebant. 
—  7  Cf.  I.iv.  IX,  13,  i:  X,  36,  10;  XXV,  H,  7;  XXVI,  5,  15;  C.  1  ;  XXVII, 
14,  S,  13,  7,  XXXIV,  15,  3  :  XXXIX,  31,  9,  elc.  —  «  Cic.  Ad  fam.  X,  30,  1  ;  30, 
5.-9  Unius  signi  milites  (Liv.  XXV,  23,  16;  XXXIll,  1,  i;  Varr.  L.  Int.  V, 
88)  :  stgna  peditum  iLiv.  XXVIII,  33,  12;  XXXIll,  1,2);  riginti  signorum  milites, 
(XXXIll.  9,  8)  ;  hasiatorum  prima  signa  |X\X,  8,  5)  ;  prima  signa  (Vi,  24,  7  ;  IX, 
32,  8;  X,  40,12;  41.  7;  XXV,  37.  14;  XXVI,  6,  I;  XXIX,  2,  10;  XXX. 
8,  5;  18,  ï-4;  XXXVII,  19.  8|  ;  an(e  sl'^na  (VI,  7,  1;  VII,  16,  5;  VII.  32, 
11  ;  XXVI,  6,  S;  XXXIll,  8,  3;  XXXVIII,  21,  2);  inler  signa  (XXXIll,  9,  I)  ; 
eam  tribus  signis  a  legione  sua  relictus  (XLI,  6)  ;  ai  signis  (Cacs.  Bell. 
Afr.  15,  11. 


SIG 


—  1317 


SIG 


Fig.  eus.  —  Ense 
gncs  avec  lelli 
illdiqtiaill  le  Corp; 


Tr-quivalenlde  signmii.  D'après  des  monnaies  '  (ng.f)4-28) 
et  d'après  des  textes  -,  on  voit  que,  dans  la  pratique,  les 
drapeaux  et  leurs  porteurs  étaient  distingués  par  le  nu- 
méro d'ordre  ou  la  lettre  du  corps  auquel  ils  appartenaient  : 
sif/iiiiiii  /iriini  /ifin/ali,  seciindi  linstati,  etc.  C'est  seule- 
ment sous  l'Empire  que,  l'importance  de 
la  centurie  se  développant  aux  dépens  de 
celle  du  manipule,  chaque  centurie  reçut 
son  drapeau  :  singulis  cenluriis,  sinyula 
i^exilln  ■'.  Dès  le  temps  de  César,  on 
constate  que  la  cohorte  pouvait  avoir 
une  enseigne*.  Sous  l'Empire,  la  légion 
comprend,  au  complet,  iuf/uilifer,i  iina- 
(linifer,  10  aiffiiiferi  de  cohorte  et  00  si- 
gniferi  de  centurie.  Les  rexilla  étant  réservés  aux 
turmes  des  equiles  legimih'  ou  des  cohortes  eqitilalae, 
la  légion  compte  10  signa  proprement  dits.  En  marciie, 
il  semble  que  les  signa  des  centuries  (ou  des  manipules) 
restent  à  leur  place  dans  le  rang;  seuls  ceux  des  cohortes 
viennent  se  grouper  autour  de  l'aigle,  en  tête  de  la 
légion".  Pour  l'ordre  de  bataille,  la  question  est  plus 
complexe  et  se  lie  à  celle  des  antesignani. 

Lange'',  Marquardt',  Mommsen"  admettent  que  ce 
nom  s'est  appliqué  aux  haslali,  parce  que  les  signa  de 
leurs  dix  manipules  étaient  disposés  en  arrière  des  six 
ou  des  huit  rangs  qui  formaient  la  première  ligne  de  la 
légion.  Ce  système  présente  l'avantage  de  faire  proléger 
les  signa  par  toute  l'épaisseur  des  liastali;  mais  il  ne 
peut  cadrer  avec  les  textes  réunis  par  Domaszewski  '", 
établissant  que  toutes  les  évolutions  de  la  légion  dé- 
pendaient de  celles  des  signa  de  la  première  ligne;  pour 
que  les  hastati  pussent  suivre  leurs  enseignes,  il  est  ma- 
nifeste que  celles-ci  devaient  les  précéder.  Aussi  ce  savant 
place-t-il  les  signa  des  hastati  au  premier  rang,  sur  le 
front  même  de  la  légion  ;  ce  n'est  pas  à  ces  signa  mani- 
pulorum  que  les  hastati  devraient  leur  nom  d'antesi- 
gnani,  mais  aux  cinq  enseignes  générales  de  la  légion 
d'avant  Marins,  l'aigle,  le  loup,  le  minotaure,  le  taureau, 
le  sanglier,  groupées  bien  à  l'abri  entre  les  hastati  et 
les  principes.  Polybe  donne  à  chaque  manipule  deux 
signifères  "  ;  d'après  Domaszewski,  l'un  porterait  en 
avant  l'enseigne  manipulaire,  l'autre,  en  arrière,  un  des 
signa  legionis.  Mais  il  n'indique  pas  comment  les  3  signa 
se  répartiraient  entre  les  30  signifères  et  il  me  parait 
préférable  de  voir,  dans  le  deuxième  porte-enseigne  de 
chaque  manipule,  l'aide,  le  suppléant  au  besoin,  du 
premier,  le  discens  signi/'erutn  de  l'Empire.  Stofl'el'^  a 
proposé  une  théorie  intermédiaire:  c'est  bien  aux  signa 
manipulorum  que  se  rapporterait  le  terme  d'antesi- 
gnani,  mais,  les  signa  étant  placés  au  deuxième  rang  des 

1  Deux  pièces,  l'une  de  '83,  l'aiilre  de  49  av.  J.-G.  pi-fscillenl,  sur  le 
revers,  un  aigle  enlre  deux  sii/nit  <|ui  poricnl  les  Ictires  U(aslati)  et  P{rin- 
cipusi;  Cohen,  Mail.  cons.  îi',  t  ;  3il,  11;  Momniseii-Blacas,  11,375,  «9; 
Babelon,  .Uonn.  de  la  tiép.  11,  p.  254  et  513.  —  2  |,iv.  XXVI,  5,  15:  sccundi 
hastati  signiim  :  Cl,  1  :  primi  principis  signiim;  XXVII,  14,8:  primi  hastati 
signum  ;  Cic.  fJe  ditrin.  I,  3>,  77  :  signifer  primi  haslali:  Ad  fam.  X, 
30,  5;  «0  signa  dans  deu\  légions;  Eph.  ep.  Il,  287  :  signifer  Ici/.  11. 
Trainna,!  for.  Ger.  cohor.  Il  hastati  pr.  —  3  Veg^l.  Il,  13;  Eph.  ep.  !..  c. 
—  *  l,e  texte  de  César,  H.  giill.  II,  25,  1,  sur  lci|ucl  Rûslow,  Hecrwesm 
CâsaiSy  p.  15.  s'est  appuyé  pour  conclure  à  l'existence  d'une  enseigne  pour  la 
coliorte,  indique  seulement  que  la  cohorte  pouvait  c^tr-e  réduite  à  un  seul  signum 
comme  l'admettent  Domaszewski,  Op.  cit.  23;  Monimsen,  Eph.  ep.  IV,  370  :  Friihlich, 
Kriegsweten  Ciïsars,  p.  S5.  La  centurie  n'avait  pas  d'enseigne  à  répoijuc  répu- 
blicaine; Doniaszewslii,  fJp.  cit.  p.  21,  l'a  montré  sur  la  foi  de  trois  textes  du  Helt. 
Gall.  Il,  25,  2;  VI,  31,  0;  VI,  40,  1.  Sous  Tlimpire,  l'existence  de  l'enseigne  de 
cohorte  est  certaine.  Tac.  Ami.  I,  IK,  34;  IV,  22  ;  Hist.  I,  41.  C'est  par  anachro- 
nisme que  Tite-Live,  XXVll,    13,  montre   Marccllus  reprochant  à  ses  soldats  de 


hastati,  ce  terme  n'aurait  désigné  à  l'origine  que  les 
deux  premiers  rangs  de  la  première  ligne  et  n'aurait  été 
donné  que  par  extension  à  l'ensemble  des  hastati.  Mieux 
qu'une  longue  discussion  des  opinions  émises  par  ces 
savants,  quehiues  textes  éclaircironl  la  question. 

Dans  le  récit  d'une  bataille  contre  les  Étrusques,  Tite- 
Live  dit  :  cadunt  antesignani  et,  ne  nudentur  propugna- 
toribus  signa,  fil  ex  secunda  prima  ucies  '■'.  Si  lorsque 
les  antesignani  ont  été  taillés  en  pièces,  les  enseignes 
sont  découvertes  à  ce  point  qu'il  faille  faire  passer 
les  principes  en  première  ligne,  c'est  qu'on  désigne  bien 
sous  le  nom  d'antesignani  l'ensemble  des  hastati  placés 
en  avant  des  signa.  Dans  une  défaite  infligée  par  les 
Latins  aux  Romains,  ceux-ci  ont  perdu  hastatos  princi- 
pesfjue:  stragein  et  ante  signa  et  post  signa  factam^'  : 
les  enseignes  sont  donc  bien  placées  entre  la  1'°  et  la 
2'  ligne.  Dans  la  surprise  de  Trasimène,  où  les  légion- 
naires ne  parviennent  pas  à  se  reformer  [sua  signa 
noscere),  ce  ne  fut  pas  un  de  ces  combats  réguliers,  ut 
pro  signis  antesignani,  post  signa  aliapiignaret  acies'-\ 
Quand  Scipion  l'Africain,  àZama,  ne  serre  pas  les  mani- 
pules de  la  1"''  ligne  de  son  acies  triplex,  chucun  devant 
ses  enseignes,  ante  sua  f/uami/iiesigna,  mais  laisse  entre 
eux  des  intervalles  qu'il  remplit  de  vélites,  inter  mani- 
pulos  anlesignanorum  velitibus  complevit^",  il  ne  fait 
que  répéter  une  manœuvre  dont  son  oncle  et  son  père 
avaient  tiré  parti  en  Espagne  contre  Asdrubal  où,  dans 
une  acies  triplex,  velitum  pars  inter  antesignanos 
locata,  pars  post  signa  accepta'''. 

Ces  textes  suffisent  sans  doute  à  établir  que,  dans  la 
disposition  régulière  de  l'armée  manipulaire  sur  trois 
lignes,  les  signa  de  la  légion  étaient  placés  derrière 
la  ligne  des  hastati,  qui  devaient  à  cette  position  leur 
nom  d'antesignani.  Quand  Marins  eut  groupé  les 
;10  manipules  en  10  cohortes  en  ne  laissant  que  l'aigle 
comme  enseigne  générale  à  la  légion,  la  place  des  signa 
fut-elle  modifiée?  Il  ne  semble  pas  qu'il  en  ait  été  ainsi, 
du  moins  dans  Vacies  triplex.  Frontin  montre  Sylla 
ordonnant  aux  postsignanis  qui  in  secunda  acte  erant 
(les  4  cohortes  des  anciens  principes)  de  planter  une 
haie  de  pieux  derrière  lesquels  Vantesignanorum  acies 
(les  6  cohortes  des  anciens  hastati)  pourrait  se  réfugier 
à  l'approche  des  chars  à  faux  d'Archélaos'*.  Ce  fut  César 
qui  transforma  les  antesignani''';  il  en  fit  un  corps 
d'élite  d'infanterie  légère-",  des  hastati  allégés  de  façon 
à  devenir  des  expediti.  Pour  soutenir  sa  cavalerie  contre 
les  Numides,  il  détacha  en  Afrique  de  chacune  de  ses 
légions  un  corps  semblable  de  300  hommes  avec  signum 
particulier.  Le  seul  texte  indiquant  que  cette  organisa- 
tion ait  survécu  au  diclalour  est  le  passage  des  J'hilip- 

s'clre  laissé  enlever  par  ilannibal  signa  ulicni  manipula  aut  cohorti.  —  5  Tou- 
Icfois  le  nom  de  ee.ri(/a  est  donné  à  des  enseignes  de  cohortes,  Tac.  Hist.  I,  3(i  ; 
III,  18  ;  III,  82;  Ann.  1,  34;  un  signifer  des  prétoriens  est  nommé  itexillarius, 
Hist.  I,  41  ;  quand  un  corps  d'un  millier  d'hommes  uu  plus  est  détaché  d'une 
légion,  il  est  dit  vexiUum  ou  i.erillatio.  Cf.  Domasïewski,  Up.  cit.  p.  21-6.  —  c  Jos 
B.  Jud.  111,6,  2;  V,  2,  I  ;  Tac.  Hist.  11,89;  Appian.  Exped.  in  Al.  5-(,.  —  T  Lange. 
Historia  mutai,  rei  mil.  p.  19.  —  8  Marquardt,  Organis.  milit.  des  flomains. 
p.  45.  —  3  Mommscn,  Arch.  ep.  Milt.  X,  6.  —  '"  Domaszewski.  Fahnen, 
p.     10    et,    dans     Paul)- Wissown,   l'art.    Antesignani.    —  "    Pol.    VI,    2i,    G. 

—  i2Sioircl,   Hist.  de  César,  Guerre  civile,  11,  p.   329.  —  "  Liv.    IX,  30,    7, 

—  14  Liv.  Vlll,  11,  7.  —  IS  l.iv.  XXXII,  S,  7.  -  <B  Liv.  XXX,  33,  1-3;  Polyh.  XV, 
9^  9.  _  n  Liv.  XXlll,  29,  3.  —  1»  l'rontin,  II,  3,  17.  Postsignani  dans  Amm.  Marc, 
x'viil,  8,7;  XXIV,  6,  9.  -  19  Caes.  B.  cil:\,  43,  3;  4i,  5  ;  57,  1  ;  111,  75,5;  84,3. 
_20  t:aes.  B.  afr.  75,  78.  Tous  les  commentateurs  de  César  ont  étudié  cette  ques- 
tion ;  les  plus  importants,  dont  Sloiïel,  Loc.  cit.  et  Planer,  Cûsars  Aniesiguanen, 
dans  Sijmholae  Joachimirae  (1880),  p.  39-50,  sont  discutés  pir  H'ii.hlich,  bas 
Kriegswesen  C'i'isars,  1889,  p.  30. 


SIG 


—   1318 


SIG 


pit/iirs  où  Cici'i-ou  iipposc  tiiifi'sif/naiii  ol  maiii/iti/nreit'. 
Le  prcinior  lorme  disparaît  après  lui  -  cl  siibxitjiHini^ 
désigne  spiilemoiil  chez  Tacite  les  troupes  enrégimentées 
dans  la  légion,  par  opposition  à  la  cavalerie  et  aux  auxi- 
liaires. 

/{e'par/ilion  des  enseii/neg  soits  l'Empire.  —  Comme 
les  cohortes  des  légions,  celles  des  prétoriens  —  9  sous 
Auguste,  10  à  partir  de  Trajan  —  divisées  chacune 
eu  3  manipules  et  C  centuries,  devaient  avoir,  pour 
cha(|ue  cohorte  et  pour  ciiaque  centurie,  un  xiyiiifer. 
l/ensemble  des  cohortes  prétoriennes  avaient-elles  un 
aigle  comme  la  légion?  Aucun  document  n'ayant  fait 
connaître  jusqu'à  présent  un  a(jiiilifer  prétorien*,  on 
peut  supposer  que  les  aigles  qui  apparaissent  sur  les 
médaillons  où  l'empereur  est  entouré  de  sa  garde ^^ 
sont  destinés  à  symboliser  toute  l'armée  légionnaire. 
Le  caractère  de  garde  impériale  des  prétoriens  s'af- 
firmait par  le  privilège  de  placer  l'image  de  l'empereur 
sur  leurs  signa  '.  Cette  image  consiste  en  un  buste  en 
relief  sur  un  médaillon.  Les  médaillons,  généralement 
au  nombre  de  deux,  sont  placés  verticalement,  séparés 
par  des  couronnes;  d'autres  couronnes  les  séparent 
ordinairement   d'une    piialère  terminale    où   un    aigle, 

les  ailes  dé- 
ployées, est 

entouré 
d'une     cou- 
ronne     de 
feuillage   \ 
11   est    diffi- 
cile de  dire 
pourquoi,  à 
l'exception 
des  médail- 
lons au  type 
de    l'aigle 
ou  de  l'em- 
pereur,   les 
enseignes 
prétorien- 
nes ne  paraissent  point  porter  de  phalères,  si    abon- 
dantes sur  les   enseignes  légionnaires,  tandis  qu'elles 
portent     toutes    les      espèces     de     couronnes,     bien 

1  Cic.  Phil.  II,  i9,  71  :  V,  5,  li.  —  2  Végccc  place  les  antesignani  dans  la 
gravis  armatura  après  les  /trincipes,  hastnti  et  triarii  (I,  2)  oti  il  les  assiniile 
aux  siyiiiferi  (H,  16).  11  eipli<|uc  leur  surooiii  de  campiyeni  parce  <|iie 
leur  valeur  s'cierce  in  campo.  —  3  Tac.  Uisl.  1,70;  IV,  33.  Ou  pourrait 
penser  d'après  une  slèle  (|ui  reprèseiilc  un  légionnaire  armé  comme  un  vélilc  (Corp. 
iiiser.  /th.  '.<i3;  l.indeusclirail,  Alt.  1,9,4)  i|uc  its  antesignani  esislaicnl  encore 
au  lemps  de  Tibère  ;  la  slèle  est  de  ce  temps.  Au  u'  siècle,  dans  l'arsenal  de  l.am- 
liJse,  on  voit  encore  les  arma  distingués  en  anlesiynuna  et  postsignana  (Carco- 
pino.  ISuU.  arch.  du  Comité,  1003,  p.  ï«).  —  4  Voy.  pbartohiam.  fig.  57S7,  5788. 
Mais  tout  le  momie  n'a  Imel  pas  que  '■es  monuments  représentent  des  prétoriens. 
—  1  Froclnicr,  Les  nmiaillons  de  t  Empire  romain,  p.  13i,  Isi,  Ise,  193,  iOO 
ill.  —«Cependant  le?  t  signa,  qui,  aiec  I  i"eai//iiiii,  entourent  Marc-Auièle  reçu 
par  la  déesse  liome  iloaiil  son  arc  de  Iriomplic,  ne  sont  ornés  chacun  que  de  deui 
hémisphères  (Strong,  «Oman  .Sculpture,  pi.  uni,  I  ;  S.  Keinach,  Jtépertoire  des 
lleliefs,  1,  374,  4).  —  7  Les  aigles  apparaissent  parliculièremeni  nombreux  sur 
les  signa  des  prétoriens,  ou  bien  en  médaillon,  lig,  6»,  64,  67,  ou  bien  placés  au 
sommet  de  la  liam|>c.  lig.  .56-7,  77.  «0.  parfois  entourés  d'une  couionne,  fig.  69.73, 
74,  78,  81.  —  «  Enseignes  prétoriennes  de  la  col.  Trajane,  Doniasiewski 
fig.  58  =  Froehner  pi.  xxiii;  iO  =  xx\v  ;  notre  lig.  n4i9,  l)n  v  voit,  présidant  à  la 
luslraliou  du  camp,  d'un  coté,  l'aigle,  le  venillum  et  les  autres  enseignes  légion- 
naires ornées  de  phalère.",  de  l'autre  celles  des  cohortes  prétoriennes:  59  =  xi.ïu- 
60  =  LTn:6l  =  ixv;  63  =  i.xxiv;  64  =:  i.xiv;63=  i.xxvi  ;  66  =  i.xxïn '; 
67  =  ixxxvi  ;  G«  =  eu  o  .  69  =  eu  4  ;  ÏO  =  oui  ;  7t  =  «vi  ;  72  =  cxïii-ïni  ;' 
73  =  cilix;  74  =  cxxxu  ;  73  =  cxnr;  76  =  cxxxix;  77  =  ci.ll  ;  78  =  di.xil. 
l-a  fig.  79  a-b  est  extraite  d'un  relief  (conservé  à  la  villa  Borghèseï  d'un  arc 
de  Claude,  Monumenti,  X,  pi.  xxi  ;  Annali,  1873,  p.  M  ■  S.  Keinach, 
néperloire   des    reliefs.    I,    p.  381,  t    (eu   parlant  du  sommet;    main,  couronne 


Fig.  6459.  —  Enseignes  légii 


plus    rares    sur    les   .lif/iia     des    légions    (fig.    61'29  *. 

A  chacune  des  cohortes  de  l'infanterie  prétorienne  est 
jointe  une  centaine  d'et/itites  praetoriani  divisés  en 
3  turmes;  chacune  de  ces  tiirmes  a  un  rexidum". 

A  côté  de  celte  cavalerie  endivisionni'e,  la  garde  pré- 
torienne comprenait  300  .■^/leciilatores,  cavaliers  d'élite 
chargés  de  veiller  sur  la  personne  de  l'empereur  [praf.to- 
niAE  cohortes]; d'où  le  nom  de  protectores qu'ils  portent 
dès  le  ni"  siècle.  Outre  les  vexi//a  qui  guidaient  lei;rs 
turmes,  les. spccii/atore.t  paraissent  avoir  eu  trois  siijnti  : 
du  moins  a-t-on  voulu  leur  rapporter  les  trois  enseignes 
qui  figurent  sur  les  revers  des  monnaies  d'Antoine,  de 
Galba  et  de  Vespasien  "*.  Ces  enseignes  sont  consti- 
tuées (en  partant  du  bas)  par  une  phalère,  un  croissant, 
une  couronne  rostrale,  une  couronne  de  laurier,  un 
ve.villum  à  bandelettes,  une  main.  Sur  les  monnaies  des 
deux  empereurs,  l'enseigne  du  milieu  se  termine  par  un 
aigle.  Comme  aucun  texte  ne  fait  mention  d'un  nignifer 
àcsstpecul(itores\)vé\.OYwn<,.  et  que  ceux-ci  n'exislaientpas 
encore  du  temps  d'.Vntoine,  l'attribution  de  ces  signa  à  ce 
corps  paraît  douteuse.  Pour  les  vcrilli/'eri  à  cheval  qu'on 
voit  accompagnant  Trajan,  Hadrien  et  Marc-Aurèlesurles 
bas-reliefs  de  leurs  arcs",  il  n'est  pas  tuoins  difficile  de 
décider  s'ils  appartiennent  aux  speciifalores  prétoriens 
ou  aux  EoriTES  sixc.l'lares.  Celte  élite  de  la  cavalerie 
auxiliaire  qui  forme  autour  de  l'empereur  une  sorte  de 
garile  étrangère,  n'a  pas  plus  à'imaginiferi  que  les  au- 
tres troupes  prétoriennes  auxquelles  elle  est  assimilée. 
Mais,  comme  elles,  les  équités  singulures  ont  le  droit 
d'orner  leurs  signa  de  l'image  impériale.  Outre  le  signi- 
fer'-  et  le  re.ti/larius^^,  les  inscriptions  mentionnent 
pour  tout  le  niimerus  des  singulares  un  tublifer"-. 

Les  3  cohortes  urbaines  avaient  été  organisées  par 
.Auguste  sur  le  modèle  de  9  cohortes  prétoriennes  et, 
depuis  Tibère,  vivaient  avec  elles  au  Praelorium.  Cepen- 
dant elles  n'avaient  pas  le  droit  de  placer  l'image  impé- 
riale sur  leurs  signa  ;  elles  avaient  pour  la  porter  un 
imnginifer''". 

Constituées  en  même  temps  qui;  les  cohortes  urbaines, 
les  1  cohortes  rigiluin,  divisées  chacune  en  7  centuries, 
avaient  49  re.ci//arii '^.  Pour  distinguer  ces  pompiers 
des  troupes  véritables,  ils  ne  rei'iirent  pas  de  signi/'er  ''  ; 
\' imago  Augusti  était  confiée  à  un  iinaginifer  ". 

de  chêne,  médaillon  à  imago,  couronne  murale,  médaillon  à  itnugo,  couronne  de 
chêne,  glanda  frange):  on  y  remarque  l'absence  de  l'aigle  .et  du  vexillum.  La  lig.  80 
de  Domnszewski,  pilastre  de  l'arc  des  Orlcvies  au  Forum  Boarium  eleié  en  iOi, 
montre  de  haut  en  bas  :  aigle,  vcsitla.  médaillon  de  Caracalla,  couronne,  mé- 
daillon de  Septimc  Sévère,  couronne,  médaillon  de  tïéta,  couronne,  couroune  mu- 
rale, pelté  ou  croiss.int.  liéinisphère,  pelle  ou  croissant,  deux  glands  à  franges. 
U  est  possible  <|ue  les  dilTérences  qu'on  remarque  eutre  les  signa  s'expliquent  par 
des  modifications  que  la  garde  prétorienne  paraît  avoir  subiis  loi-s  de  la  construction 
du  pr  letorium  p  tr  Tibère  et  de  sa  reconstruction  par  Ve^pasien,  surtout  lors  de  sa 
transformation  totale  sous  St-pltine.Sévère.  C'est  sous  ce  prince  que  l'enseigne 
prétorienne  aurait  reçu  la  couronne  murale  et  les  croissants.  —  9  Tac.  Uist.  Il,  I  ; 
Corp.  inscr.  lat.  VI,  il5,  617.  Cf.  Uomaszenski,  Fahnen,  p.  56;  Pliilologus.  LXI. 
16.  .-  10  Cf.  Uomaszeuski,  Dp.  cit.  fig.yl-3  el  Westd.  Zeilsckr.WS .  p.  3,  in.  On 
peut  supposer  (juc  les  monnaies  d'.Antoine  ont  serti  de  prototype;  Galba  aurait 
.idopté  les  revers  du  rival  d'.^u,^u5te  pour  marquer  que  c'en  était  fini  de  sadynasiie. 
el  Vesjtasien  aurait  uffeetè  d'imiier  Galba.  —  t'  Stroog,  lioman  sculpture,  pi.  xi.vi. 
1.XX1,  1  ;  xi.i,  1.  Ce  ?oiit  pr-'b^bleniciit  les  vexi/ta  pourpres  .|iii  indiquaient  la  pré- 
sence de  l'Empereur.  Un  voit  des  vexitla  portés  par  des  prétoriens  démontés,  ilans 
S.  Reinacli,  llépert.  des  Heliefs,  I,  p.  37V,  4  el  381,  3.  Le  resillarius  comitnntis 
Galbant  cohortis  dont  parle  Tacite,  //J5/.  I,  41,  est  sans  doute  aussi  un  eu>eignc  à 
cheval  démoulé.  —  12  Corp.  inscr.  lut.  VI,  523,  558,  3i08,  31146.  —  13 Ci./.,  VI, 
655,  5329,  3504,  3239.  —  14  C.  i.  /.  VI,  31164,  31 183.  Cf.Besnier,  Mélanges  Ec.  Rome, 
1897,  p.  143.  —  IS  Cf.  Uomaszenski,  Fahn.f.  73;  Sonner  Jahrb.  1908,  p.  19. 
—  ISC.l.f.,  VI,  515,  5501,  617,  10568.  5962,  2965,  2981,  2987,  33038  «  ;  X,  1767  ; 
XI,  1438.—  '^  Les  inscr.  C.i.l,  VI,  742  et  IX,  1653  qui  mentionnent  des  »ij(ni/"eri 
des  vigiles  sont  probablement  falsifiées.  —  Iti  Sur  l'interprétation  de  LM  dans  C.i.l, 
VI,  1037,  comme  imayuiifer,  voir  Domaszensli,  /tonner  Jahrb.  I908,  p.  9. 


SIfi 


1319 


SIG 


Régulièrement,  la  légion  de  l'époque  impériale  devait 
compter  oliOO  hommes  répartis  en  10  cohortes,  la  pre- 
mière, dite  miliariu,  divisée  en  3  centuries,  les  autres, 
dites  quiiif/enariae,  en  6  centuries  groupées  en  3  mani- 
pules. Chaque  centurie  avait  son  signi/er,  chaque 
cohorte  le  sien,  elVaquilifer  marchait  à  la  tète  de  toute 
la  légion',  suivi  par  autant  A'imaginiferi  qu'il  y  avait 
d'images  de  divi  à  porter-.  Comme  ces  porte-enseignes 
avaient,  pour  les  seconder  dans  leurs  fonctions  reli- 
gieuses et  financières,  un  discens  aquUiferum  et  un 
(ou  plusieurs)  discens  sifjniferinn^  la  légion  devait 
distraire  près  de  03  hommes  pour  le  service  des  ensei- 
gnes. 

Au  temps  où  chaque  légion  comportait  300  équités, 
chacune  de  leurs  10  turmac  possédait  un  vexillum^ . 
Elles  paraissent  l'avoir  conservé '^  quand  elles  furent 
divisées  en  équités  legionis  attachés  à  l'état-major 
de  la  légion,  qui  y  prenait  ses  éclaireurs  et  ses 
estafettes  %  et  en  cohortes  equitatae  complètement 
détachées  de  la  légion  et  amalgamées  avec  de  l'in- 
fanterie légère.  De  ces  cohortes  mixtes,  les  unes, 
dites  mi/iariae,  comprenaient  240  cavaliers  divisés 
en  10  turmes  à  côté  de  760  fantassins,  les  autres 
dites  quingenariae,  l'iO  cavaliers  divisés  en  6  turmes 
à  côté  de  380  fantassins.  Outre  les  rexillarii,  qui 
étaient  ainsi  au  noinhre  ou  de  6  ou  de  10,  et  les 
sif/niferi  des  centuries  probablement  au  nombre  ici  de 
4,  là  de  8,  lu  cohorte  comprenait  douN  imat/iniferi,  un 
pour  les  équités  et  un  pour  les  pedites'^.  A  côté  de  cette 
cavalerie  mixte,  la  cavalerie  indépendante  était  com- 
posée d'alae,  divisées,  elles  aussi,  en  quingenariae  et 
en  miliariae,  les  premières  avec  480  cavaliers  en  16  tur- 
mes, les  secondes  avec  960  cavaliers  en  24  turmes.  Ces 
pelotons  se  distinguaient  de  ceux  des  cohortes  equitatae 
en  ayant,  non  un  rexitlarius,  mu\6un  signifer  turmae'; 
outre  ces  porte-fanions  de  peloton,  l'ensemble  de  Vala 
avait  un  signi/'er  alae*  et  un  imaginifer  "  et  le  prae- 
fectus  alac  comptait  un  rexiUarius'"  dans  son  état- 
major. 

Enseignes  des  corps  auxiliaires.  —  A  partir  d'Ha- 
drien, les  nécessités  de  la  guerre  de  frontièi-e  tirent 
sentir  le  besoin  de  corps  légers  comprenant,  en  nombre 
égal,  des  bataillons  de  fantassins  et  des  pelotons  de  cava- 
liers. Dans  ces  nouvelles  cohortes  auxiliaires  connues 
généralement  sous  le  nom  de  numeri,  le  numerus 
était  accompagné  du  nom  de  la  peuplade  où  ses  soldats 
étaient  levés,  soldats  non  romanisés  auxquels  les  ordres 
devaient  être  donnés  dans  leur  langue.  Chaque  numerus 
de  pedites  avait  son  signifer  ",  chaque  numerus 
à'equites  son  imaginifer  '-  ;  ces  équités  se  décomposaient 
en  turmae  ayant  chacune  son  rexillnrius  '■'.  11  est  pro- 

'  Au  iii"  s.,  011  culcnd  parler  d'un  siijtiifvr  Iti/ionis,  Corp.  inscr.  lat.  V,  SUS, 
Sîa?  ;  supiil.  IGo.  -  2  /magimferi  de  légion,  C/L,  VII,  l'J.Ï,  i i35S  ;  V,  937  ;  1306. 
De  C/L, III,  I iSU,  il  idsulle  ijue  la  légion  avait  au  inoins  3  imaginiferi.  —  3  Polyb. 
XV,  4,  4.  —  *  Vegel.  Il,  14.-5  Oomaszcwslii,  Ilic  Falmen,  p.  ÏG  ;  Neuc  Beidel- 
berger  Jnlirb.  IX,  150  ;  Uonner  Jalirb.  1908,  p.  47;  von  l'rcmcrslein,  Klio,  III, 
p.  27.  Conime  on  connail  3  rexillarii  equilum  pour  une  légion,  CIL,  XIII,  0948,  il 
est  probable  i|uc  ces  équités  legionis  comprenaient  30  cavaliers  en  3  turnies.  Des 
cexiOarii  equitum  soûl  mentionnés  dans  C/Z,  III,  1614,  'it\\i,  2743,  3261.  3646;  V. 
7S9C;  VIII.  2562-4:  2974,  10629.  —  6  Inwyinifen  des  cohortes  auxiliaires,  CIL, 
II,  403  ;  III,  SOIS,  V,  953  :  VII, 760.  De  III,  3236  :  eqiies  imaginifer  cohortis  l  Brit- 
tonum  tiirma  Montani,  il  netaulpas  inférer  qu'il  y  a\  ait  un  imaginifer  pAr  Itirnie. 
Comme  les  pedites  de  la  cohorte  auxiliaire  ont  aussi  leur  imaginifer,  ce  détail  est 
destiné  à  indic|ucr  r|u'il  s'agit  de  Vimaginifer  des  équités  et  dans  <|uelle  turnie  il 
est  inscrit.  —7  r/A,  |,  m;,  VIII,  2094;  XIII,  6233,  8094,  cippe,  reproduit  par  noire 
lig.  6^27  (Domaszewski,  fig,  85).  Des  signa  de  cavalerie  sont  mentionnés  au  temps 


bable  que  c'est  par  les  numeri  que  les  enseignes  bar- 
bares ont  surtout  fait  leur  entrée  dans  l'armée  romaine. 
Ce  qui  facilita  aussi  cette  pénétration,  ce  fut  la  cons- 
tante dispersion  des  troupes  impériales,  lantlégionnaires 
qu'auxiliaires,  en  petits  corps  détachés,  disséminés 
aux  frontières  de  l'Empire.  Bien  que  les  corps  ainsi 
formés  soient  connus  sous  le  nom  de  vexillationes  et 
que  les  soldats  qui  les  formaient  soient  dits  a  signis 
acocati'^,  ils  n'en  comprennent  pas  moins  souvent, 
non  des  vexillarii,  mais  un  imaginifer^'"  ou  un 
signifer"^,  quand  la  vexillatio  est  détachée  d'une 
légion,  un  imaginifer  seul  ",  quand  elle  est  prisi'  aux 
auxilia. 

Tous  les  porte-enseignes  passés  en  revue  jusqu'ici 
appartiennent  à  l'armée  active.  Mais  les  Romains  ont 
devancé  notre  système  des  réserves.  Son  temps  de 
service  écoulé,  le  légionnaire  passait  au  rang  de 
veteranus,  ou  de  missiçius,  quand  il  avait  reçu  son 
honesta  missio  ;  dans  cette  réserve  de  l'active  il 
restait  quatre  ans,  suivant  le  système  des  seize  ans 
de  service  institué  par  Auguste  en  13  av.  J.-C, 
cinq  ans  quand  Tibère  eut  imposé  le  stipendium 
de  vingt  ans.  Les  veteruni  do  chaque  légion  formaient 
un  vexillum  '*,  pourvu  d'un  vexiUarius  vetera- 
norum  legionis  ".  Celui-ci  paraît  avoir  été  pris 
parmi  les  vexillaires  en  activité  de  service  dans  la  légion 
avec  laquelle,  en  cas  de  guerre,  les  veterani  devaient 
combattre.  Ils  ne  pouvaient  être  rappelés  sous  les  dra- 
peaux que  pour  les  nécessités  de  la  défense  nationale-". 
Cependant,  quand  l'état  de  guerre  est  permanent,  les 
vexilla  veteranorum  sont  groupés  en  véritables  régi- 
ments de  réserve  :  cohortes  ou  alae  veteranae  qui  ont 
les  mêmes  porte-enseignes  que  les  autres  cohortes 
et  alae. 

Les  evocati  constituent  une  classe  privilégiée  de 
réservistes-'.  Avant  Tibère,  l'erocfl/^'o  s'adressait  à  tous 
les  bas-officiers,  non  seulement  des  légions  mais  aussi 
des  auxilia,  s'ils  avaient  obtenu  le  droit  de  cité  à  la  fin 
de  leur  service.  Tibère  la  limita  aux  prétoriens  et, 
assimilant  les  evocati  aux  cavaliers  de  la  garde,  il  leur 
donna  comme  tels  un  re.villarius-^.  Comme  les  réser- 
vistes, les  recrues,  tirones,  avant  d'être  versées  dans 
une  légion,  forment  un  vexillum  spécial -^  Enfin  il  est 
fait  mention  d'un  vexillum  de  brancardiers  et,  pour  les 
ouvriers  militaires,  d'un  imaginifer  el  d'un  rexillarius 
scholae  fabrum  -''. 

L'organisation  militaire  des  Romains  étant  sensible- 
ment pareille  à  celle  de  leurs  premiers  adversaires  —  ils 
estimaient  eux-mêmes  qu'elle  s'en  était  fréquemment 
inspirée  — on  ne  doit  pas  s'étonner  de  rencontrer  des  en- 
seignes chez  les  Latins^',  les  Samnites  -",  les  Sardes  "S 

deJulicn.  Amm. Marc.  XXV,  1,7-9,XXX1V,  3,  i  i.  —  *Corp,  inscr. Hhen.  8sO  ;  f.i\ 
;a<.VII,68;Ê'pAem.  e/iii/r.  Vil, n.  993. —9  C/i,  VIII,  9291.  Cf.  p.  1975.  —  M(:lL,\\\, 
4834, 1 1081.  fig.  6421.  C'est  cette  fonction  ipic  Domaszewski,  tionner  Jalirb.  I90S,  p. 
53,  attribue  au  vexiUarius  alae.  Lehner,  Jbid.  p.  281,  veut  voir  en  lui  le  porlc- 
enscigncpour  loutel'rt^a  opposé  nusiqnifer  turmae.  — Il  CJL,  III  ;  Vlll,  21  433  ;  XIII, 
7754.  _  12  CIL,  Xlll,  7753.  —  13  CIL,  XIII,  7753-4;  Cagnal,  Ann.  épigr.  1897, 
a.    147.    —    14  Traian.    ad    l'Iin.   20  et  22.    —    1^    CIL,    II,    2533;    Xlll,    1895. 

—  10  CIL,  II,  2552  ;  XIII,  1839,  7946-7.  —  17  CIL,  Xlll,  7705.  —  <»  II  ne  devait  pas 
compter  plus  de  500  hommes  d'après  Tac.  Ann.  111,  21.  Cf.  .Mommsen,  Eplicm. 
epigr.lS.f  370  ;  Domaszewski,  «oimer  Jahrb.  190S,  p.  80.  —  l'J  CIL.  III,  2»17. 

—  20Cf.  Tac.  AMn.l,36:n;(inerisu4r<;j'i(/o...  nisi propulsawli  Itostis.  —'^I  Momm- 
sen, Ephem.    epigr.    V,  p.     149  ;    Domaszewski,   ISonaer   Jahrb.    1908,    p.    73. 

—  ■:;2  CIL,  VI,  213.  -  23  Tac.  Ann.  II,  78.  —  21  i;ae5.  Hell.  Oall.  VI,  36,  3  ;  iO,  4  ; 
CIL,  III,  3018.  —  25  Liv.  IV,  8,  U.  —  26  Liv.  VU,  s:  ;  V    I,  38-9     X,  14,  20  ;  41-2. 

—  21  Ferrot-Chipiez,  Hist.  de  rArt,  t.  IV,  p.  67. 


SIG 


i;^20  — 


SIG 


los  Éliusqui's  (lig.  (iWO;  ',  les  Caiiipaiik'ns  i  lig.  tl43l)^ 
Chez  ces  derniers,  ce  sont  de  longues  l)underûlles  ou  de 
grandsétendardsqiii  IloUenl  auboul 
''(^CT|  d'une  hampe  comme  nos  drapeaux. 

'^  Quand    ces   peuples    devinrent    les 

alliés  de  Rome,  leurs  enseignes  les 
suivirent,  dans  les  cohortes  qu'ils 
formèrenl  à  côté  des  légions  ro- 
maines. Les  exploits  des  chefs  des 
cohortes  des  Péligniens,  Vibius  à 
Capoue  el  Salins  à  Pvdna,  jetant 
leur  ve.vil/tiiti  dans  les  rangs  enne- 
mis, étaient  restés  célèbres'.  Quand 
les  Romains  entrèrent  en  contact 
avec  l(!s  l^igures  '  el  les  Illyriens  ', 
surtout  avec  les  Gaulois  d'Italie 
et  d'Espagne,  soit  directement, 
soit  dans  les  armées  carthagi- 
noises ",  ils  se  trouvèrent  en  pré- 
sence de  peuples  qui  avaient  gardé 
Mg.  oijo.  —  tiisi-i-ne  pQ^,.  jgg  animau.v  divins,  sous  la 
conduite  desquels  ils  marchaient, 
la  même  vénération  que  leurs  propres  ancêtres  témoi- 
gnaient à  l'aigle,  au  loup,  au  minolaure,  au  cheval, 
au  sanglier.  Le  sanglier  parait 
même  avoir  été  la  plus  véné- 
rée des  enseignes  gauloises  ; 
le  cheval,  le  taureau,  l'ours, 
le  corbeau  se  retrouvent  sur  les 
trophées  et  les  monnaies  de  la 
Gaule.  Jurer  devant  leurs  en- 
seignes réunies,  c'était  pour 
les  Gaulois  la  forme  la  plus 
solennelle  du  serment  \  Les 
enseignes  animales  n'étaient 
pas  moins  sacrées  chez  les 
Germains,  auxquels  appar- 
tiennent les  l'sipètes  et  les 
Tenctères  que  César  montre 
contraints  à  les  jeter  dans 
leur  fuite.  Tacite  dit  expres- 
sément que  les  Geiaiains  emportent  au  combat  les 
images  et  enseignes  révérées  dans  leurs  bois  sacrés  *. 

Les  auxilia,  au  1"'  siècle  [de  l'Kmpire,  furent  orga- 
nisés, comme  l'avaient  été  ceux  de  la  République,  en 
cohortes  ou  en  akic  équipées  à  la  romaine.  11  n'y  a  donc 

*  Liv.  IX,  32,  8  ;  X,  30,  30,  4.  La  fig.  G  WO  est  lirée  d'une  procession  funéraire  où 
renseigne  du  chef  défunt  est  «ne  hampe  surmontée  d'un  taureau  (fresque  conservée 
au  liritish  Muséum,  Jouni.  hell.  sh„l.  X,  pi.  vm).  —  s  l.iv.  XXX  111,35.  Il  me  parait 
horsdcdoulct|HC  les  guerriers  dont  larmenicnl  nesl  pas  conforme  àcelui  des  hoplites 
grecs  qu'on  trouve  sur  les  vases  du  recueil  dcTischbein  sont  des  cavaliers  campanicns 
ou  apuliens  ;  on  y  relève  des  cavaliers  avec  une  lance  portant  un  grand  fanion,  S.  Rei- 
nacb,  B'perl.  des  vases  peints,  II,  p.  319,  C,  un  fanion  rigide  el  un  souple,  p.  320, 
1,  un  vérilable  drapeau  orné  d'une  croi«  gammée,  p.  3*9,  I.  Un  drapeau  semblable 
dans  Millin,  Peint,  d.  vases.  I,  13  et  dans  les  peintures  de  l'aestum,  .innali,  1865, 
20»;  Ji/on«men(i,  Vlll.pl.xxi(doùesttiréeialig.6i3)).  — 3  l.iv.  XXV,  IV,  4;Flul. 
Aem.  ÎU.  —  i  Liv.  XLI.  IC  ;  XLII,  7.  -  ■".  Liv.  XLV,  43.  —  c  ||  pst  difficile  de  savoir 
si,  dans  Liv.  XXI.  5.Ï,  2;  XXIV,  11',,  2  :  XXVI.  6,  4,  il  s'agit  des  Carlliaginois  eux- 
mêmes  ou  de  leurs  auxiliaires  espagnols  ou  gaulois.  Il  pcul  méniesagir  des  .Numides, 
puisqu'on  sait  qu'ils  portaient  des  sii/iin,  Sall.  Jiifj.  49,  4  ;  74,  4  :  80,  2  ;  99,  4.  Pour 
l'Espagne,  il  est  également  diflicile  de  distinguer  s'il  s'agit  d'Ibères  ou  deCeltibcres, 
Liv.  XXXIX,  31;  XL,  32,  40.  48,50;  XLI,  31.  Kans  XXXV,  1,  il  s'agitde  Lusitaniens. 
—  1  Caes.  //elt.  Gall.  VII,  2,  2.  Dans  la  défaite  de  l'armée  de  st-cours,  à  Alésia,  César 
prit  74  enseignes,  VII, 88, 4.  Les  récits  de Tite  Live(XXXIl.  I>,  30;  XXXIIl;  30  :  XXXIV, 
15,  SO;  XXXVI,  38)  montrent  avec  quel  désespoir  les  Cisalpins  les  défendaient.  Pour 
le  sanglier-enseigne  voir  fig.  165»  et  les  arcs  d'Orange,  d'Avignon  et  de  .Narbonnc, 
dans  Espérandieu,  lias-reliefs  de  la  Gaule,  I,  234,  595,  737  ;  le  trophée  galate  publié 
Rev.  arch.  1889,  1.201  ;  la  Uaulc  le  porte  sur  la  cuirasse  de  la  statue  de  l'Auguste  de 


Fig.  6431.   —  Etendard  campaiiii 


Il 'r  T r-nTi/v  Cl  cMf  ^'^ 

tii32.  —    Sif/nifer    d'une    coliorle 


rien  que  de  naturel  à  ce  qu'on  trouve  à  Honn  i  lig.  t)i3-2j 
le  sif/nifer  cohortis  Aslu- 
riun^ ,  portant  l'uniforme  des 
sir/niferi  des  légions  et  te- 
nant dans  la  droite  une  lance 
avec  talon  en  pointe  et  croc 
latéral,  qui  oll'redes  éléments 
ordinaires  des  enseignes 
légionnaires  :  couronne  de 
chêne  suspendue  sous  la 
pointe,  traverse  avec  bande- 
lettes, phalère  à  bouton, 
aigle  sur  un  foudre,  crois- 
sant, globe,  gland  à  franges. 
k  Trêves,  le  porte-enseigne 
d'une  cohorte  équestre  bran- 
dit un  javelot  de  la  droite, 
tandis  qu'il  tient  de  la  main 
gauche  une  enseigne  formée 
simplement  par  une  lance, 
avec  une  traverse  de  laquelle 
pendent  quatre  feuilles  de 
lierre  (lig.  6i2l)'". 

A  partir  d'Hadrien,  les 
auxiliaires  barbares,  de  plus  en  plus  nombreux,  restèrent 
constitués  en  troupes 
nationales  qui,  sous  le 
nom  de  numeri,  ne 
reçurent  qu'une  appa- 
rence d'organisation 
romaine. .\ussi  ne  doit- 
on  pas  s'étonner  que, 
dans  les  deux  reliefs 
où  l'on  peut  recon- 
naître leurs  ensei- 
gnes, celles-ci  appa- 
raissent comme  de 
simples  hampes,  sup- 
portant ici  un  taureau 
(fig.  643;i)  ",  là  un 
bélier  ;lig.  OilO)  '-. 
Une  tête  de  taureau  à 
trois  cornes  apparaît, 
dès  la  Un  du  i"  siècle, 
sur  le  vexilliim  que 
porte    un    cavalier    Biluri 


d'une  cohorte 


îc   de    V(tla    L'inr/iniana  '^ 


Priraa-Porta,  elc.  Pour  l'ours,  le  cheval,  le  laurean,  le  sanglier,  la  grue  ou  la  cigogne, 
voir  S.  Rein  ch,  Cultes,  mi/llies  et  religions,  I,  p.  50,  53,  244:  11,  p.  243,  el  Rend, 
L  I  religion  des  Ga:ilois,  1906,  passim  :  pour  le  corbeau,  A.-J.  Keinacli,  rAnlhro- 
;io/o(7ie.l909,  p.  195  :  pour  les  monnaies,  les  références  données  par  Cam.  Jullian, 
Uisl.  de  la  iniule.  Il  (I9us),  p.  19S.  —  «  Caes.  D.  gall.  IV,  15,  I  ;  Tae.  Germ.  7, 
cf.  Ilist.  IV,  22-3.  (Jiiand  les  légions  de  Germanie  se  sont  livrées  aux  Ratavts  de  Ci- 
vilis,  Tacile  montre^^/a/.  IV,  62)  revulsae  iniperatorum  imagines,  inhonora  signa, 
fulgentiOus  hinc  inJe  Oallornm  vexitlis.  Grinini  a  réuni,  dans  sa  Deutsche  Mytho- 
logie, tous  les  textes  qui  montrent  le  culte  particulier  dont  les  Germains  entouraienl 
le  cheval,  le  taureau  et  le  corbeau  'ju'ou  relronve  sur  les  enseignes  d'autres  envahis- 
seurs du  .Nord  :  cf.  noiammeiit  le  taureau  des  Ciœbrcs  (Plut.  .l/nr.  23  ;  Caes.  Bell. 
Gall.  VU,  2),  le  sanglier  des  Aesliens(Tac.  Bist.  IV,  22),  le  sanglier  et  la  rouelle  des 
Coralles  (Val.  place.  VI.  88).  —  9  Uomasiewski,  lig.  86;  Lindenscbmit,  4«.  I,  11,6,  I. 
D'après  Doinaszenshi  la  strie  delîaguse,  lig.  87  (Musée  de  Vienne,  n"  24),  représente 
UMsignuméQ  cohorte  auxiliaire  :  traverse  à  bandeletles,  couronne  le  lon^  de  la  hampe, 
phalère  â  médaillon.  La  plialère  à  médaillon  et  la  couronne  tombante  se  voient  sur  un 
autre  monument  de  Hagnse,  .\rclmeologia,  1884,  p.  7.  —  '0  Domaszewski,  fig.  88 
^  Lin.lenschmil,/!//.  I,  3,7,  S  (vov.  plus  haut,  p.  1311,  la  fig.  6421).  —  n  Uoma- 
>/c\vski,  (ig.  90.  d  après  Bruce,  Lapidurium  septentrionale,  n.  930  ;  Rend,  fig.  31, 
probablement  uii  Halavc,  cL  notes  7  et  S.  —  12  Domaszewski,  fig.  89  :  Col.  Traj. 
h'roehner,  pi.  i  x\ii  ;  Cichorius,  pi.  xi.vni.  —  '3  Lehner,  Bonn.  Jahrb.,  1908,  pi.  i. 
C'est  sans  doute  le  tarvos  trigaranos  des  Gaulois. 


SIG 


1321   — 


SIG 


Ct3'f.    —  r.c   cl. 


La  coiK[ui}le  de  la  Dacie  elles  guerres  parlliiques  ne 
tardèrent  pas  à  introduire  dans  les  armées  romaines  une 
enseigne  l)arbare  qui  devait  y  avoir  une  fortune  surpre- 
nante. Comme  la  plupart  des  peuplades  scylhiques,  les 
Daces',  les  Sarmates  -  et  les  Parthes  '  avaient  pour 
enseigne  un  dragon  :  on  pourrait  supposer  que  cet 
emblème  était  brodé  ou  peint  sur  un  fanion  ;  mais  les 
monuments*  permettent  d'assurer  qu'il  s'agit  d'une 
étoffe  qui,  dans  la  marche,  portée  sur  une  hampe  élevée, 
se  gonflait  et  se  déroulait  au  vent  comme  les  replis  d'un 
serpent  (fig.  0434)  \  Le  dragon  s'est  probablement  in- 
troduit dans  l'armée 
romaine  en  I/o,  avec 
un  corps  de  Sarmates 
Jazygcs.  Soixante- 
quinze  ans  plus  tard, 
il  s'était  répandu  par- 
tout. Au  moment,  en 
effet,  où  les  Perses, 
qui  avaient  aussi  le 
dragon  pour  éten- 
dard", remportaient 
leur  grande  victoire 
sur  Valérien(:io9),  on 
voit  Gallien,  son  collègue,  célébrer  à  Rome  des  decen- 
nalia  où  figuraient  les  dracones  et  les  signa,  tant  ceux 
qui  étaient  conservés  dans  les  temples  que  ceux  des 
légions''.  Un  siècle  plus  tard,  dans  les  armées  de  Julien, 
le  dragon  est  devenu  par  excellence  le  signum  mili- 
lare  des  Romains  *;  un  dragon  de  pourpre  accompagne 
l'empereur  en  campagne  et  dans  les  cérémonies  publi- 
ques ^  Végèce  attribue  des  dracones  à  chaque  cohorte, 
tandis  que  Varjui/a  reste  l'enseigne  de  la  légion.  Ils  sont 
placés  avec  les  signa  près  de  la  porta  praetoria;  les 
draconarii  qui  les  portent  sont  mis  par  Végèce  sur  le 
même  pied  que  les  signiferi'",  avec  lesquels  il  semble 
les  confondre  ".  iNous  ne  disposons  d'aucun  moyen  pour 
contrôler  ses  dires,  ni  pour  distinguer  le  rôle  des  muta 
signa  qu'il  énumère  :  aquilae,  dracones,  vexilla,  pum- 
mulae,  lufac,  /j/n7îae'-,enlesopposantauxs(,9?)a  cocalia 
qui  sont  les  ordres  ou  mots  d'ordre  donnés  de  vive  voix, 
et  les  semirocalia  ",  signaux  pour  lesquels  on  se  servait 
d'instruments  [cornu,  bucina,  tuba]. 

Le  labarum.  —  On  connaît  la  légende  du  laharum  : 
un  soir  d'octobre  312,  Constantin,  marchant  sur  Rome, 
crut  voir  au  couchant  une  croix  lumineuse  avec  celte 
inscription  :  sois  vainqueur  par  ceci.  La  nuit,  le  Christ 


1  Arrian.  Tact.  33,  34  ;  Suidas,  s,  v.  :  (jr,|ieTa  ^xuBivà...  uvàviAa-ca  ^«oï;  lEETotKa- 
(&Éva,  â  tU  iSÉav  itoJttTTa  ôçÉuv  lîxatrrai.  Pour  les  Indiens,  Stiid.  p.  119.  Un  Scythe  le- 
nanl  un  veiilliàfiangesdans  Kondakofl-Reinaeli,  .4nf.  de  la  Russie  mérid.Ji^.  233. 

—  *  Colonne  Tiajane,  Cicliorius,  pi.  xvii,  xix.  xxiii,  xxix,  xi.i,  i  v,  r.vii,  i.vi-i.  Basili^jue 
de  Ncplunc,  Reinacb.  Rép.  des  Bus-reliefs,  I,  281.  —  3  Colonne  Anlonine,  Pelcrsen, 
pi.  i.xnin,  i.xiv  A  et  d,  i-xv  a.  Dansées  trophées,  on  voil  probablement  des  enseignes 
des  Sarmates  Jazyges  qui,  vaincus  en  175,  durent  fournirun  ronlingentde  8  000  ca- 
valiers. —  *  Luc.  On  conscr.  hist.  20.  Ilans  ce  passage  (|ui  se  r<f-i'êre  à  la  guerre 
parll]i(|ue  de  lll4;ï,  on  voit  les  dragons  des  l'arlhcs  «Ire  encorecn  (jrèee  Tobjel  de 
K-g^ndcs:  il  s'agirait  de  dragons  vivants  portés  sur  de  grandes  pitpies,  puis  lâchés 
sur  renncmi,  Lucien,  (|ui  sait  que  c'est  une  enseigne,  ajoute  qu'il  croit  (ju'il  y  en  a 
inie  par  division  de  1000  hommes.  H  est  donc  probable  que  ce  n'est  pas  par  les 
Daces,  anéantis  au  cours  de  la  guerre,  mais  par  les  Jazyges,  à  partir  de  17.S, 
(|ucle  ilraco  est  entré  dans  l'armée  romaine.  Rend,  Op.  cit.  p.  ilO,  a  rappelé  que 
les  Lombards,  qui  ont  participé  aux  iuvasions  Jazyges,  paraissent  avoir  euunculle 
pour  le  serpent,  comme  les  Frussiens  et  les  Lithuaniens.  —  ^  l'etersen.  Marcus- 
■S'iuk,  p.  73,  74  sq.    LXV,  et  Ciehorius,   Tritj .-.Saule,  XVII,  XIX,  XXIX,   LVll. 

—  fj  C'est  ce  qui  semble  résulter  aussi  de  la  description  d'Arrien,  /-.  c.  dont  il  faut 
rapprocher  les  passages  d'autres  auteurs,  Amm.  Marc.  XVI,  10 1  Nemes.  Cyneq.  23  ; 
Claudiaii.    In  Rufin.    Il,   77;  lll  Cons.  Uonor.  13»;  Sid.    Apol.  Carm.  X,  402; 

Vlli. 


lui  apparut  tenant  l'enseigne  miraculeuse  et  lui  assura 
la  victoire  s'il  l'adoptait  comme  drapeau.  Vainqueur, 
l'empereur  n'eut  plus  d'autre  bannière  que  le  labarum, 
qu'Eusèbe  décrit  en  ces  termes  :  «  La  lance  dorée  avait 
une  barre  transversale  en  forme  de  croix;  en  haut:,  à  la 
pointe,  était  fixée  une  couronne  faite  de  pierres  magni- 
fiques et  d'or,  qui  contenait  le  symbole  de  l'appellation 
salutaire,  deux  caractères  exprimant  le  nom  du  Christ 
par  les  premières  lettres  qui  le  constituent,  le  P  étant 
coupé  par  leX  en  son  milieu.  A  l'antenne  qui  traversait 
la  lance  était  fixé  un  morceau  d'étoffe:  c'était  un  tissu 
de  pourpre,  avec  des  pierres  précieuses,  variées  et 
magnifiques,  serties  dans  la  trame.  Cette  pièce  d'étoffe 
\\y,.(i&  à  l'antenne  avait  une  largeur  égale  à  sa  longueur; 
la  lance  verticale  était  beaucoup  plus  longue  dans  sa 
partie  inférieure  ;  en  haut,  sous  le  symbole  de  la  croix  et 
dans  la  partie  supérieure  de  l'étoffe  que  j'ai  décrite,  elle 
portait  l'image  en  or,  figurée  Jusqu'à  la  poitrine,  de 
l'empereur  cher  à  Dieu  ainsi  que  celles  de  ses  enfants"  ». 
Comme  on  le  voit  par  cette  description  et  comme  le  con- 
firment les  monnaies  de  Constantin,  le  labarum  n'est  que 
le  rexillum  impérial,  celui  que  portaient  les  bucellarii, 
troupe  d'élite  de  sa  garde  à  cheval'";  le  seul  élément 
nouveau  est  le  monogramme  du  Christ'".  En  312,  le 
monogramme,  formé  des  deux  initiales  I  et  X,  ne  fut 
placé  que  sur  les  boucliers  des  vainqueurs  du  pont  Mil- 
viiis''';  c'est  seulement  en 
317,  à  l'occasion  de  l'éléva- 
tion au  rang  de  Césars  des 
deux  fils  de  Constantin,  que 
l'étendard  qui  reçut  leurs 
médaillons  de  part  et  d'au- 
tre de  celui    de       leur    père  °  \.elabarum. 

recul  aussi  le  )^ .  Après  la 

défaite  de  Licinius,  en  32.5,  l'étendard  ainsi  constitué 
devint  celui  de  l'Empire  et  fut  gravé  comme  tel  sur  les 
monnaies.  On  le  voit  ici  représenté  sur  une  monnaie  de 
Constantin  ifig.  6435),  placé  entre  deux  soldats  avec  la  lé- 
gende glori  a  exerciïis, et  sur  une  monnaie  de  326  (fig.  6  i3(i) 
où  le  serpent  est  transpercé  par  la  hampe.  La  croix  elle- 
même  que  la  traverse  forme  avec  la  hampe  n'a  rien  de 
chrétien:  on  a  vu  que,  à  l'exception  de  l'aigle,  elle  figu- 
rai t  sur  toutes  les  enseignes  romaines,  sur  les  s(<//ia  comme 
sur  les  cexilla.  On  ne  peut  affirmer  qu'elle  y  eut,  par  elle- 
même,  une  valeur  religieuse  ;  mais  elle  participait  au 
caractère  sacré  de  l'ensemble.  Les  apologistes  chrétiens 
ont  profité  de  la  coïncidence  pour  prétendre  que,  incon- 


lireg.  Nai.  Orat  m  Julian.  l,  p.  287;Suid.  L.  c.  et  s.  v.  'IvSo!  et  //k-.oaTOq. 
—  7  Persici  dracones,  Hist.  Aug.  A  Krel.  2»,  5  ;  Codin.  De  offic.  VII,  p.  83  C. 
Un  draco  sur  l'arc  de  Septinie  Sévère  (Reinach,  Rép.  des  reliefs,  I,  p.  203)  ; 
dracones  perses  sur  l'arc  de  ,*alonique  (ihid.  392).  —  s  Gallieni  duo.  S,  6.  Bien 
que  la  lettre  d'Aurélieu  sur  le  sac  de  Paimyre  de  273  l,Aurel.  31,  7)  soit  d'au- 
thenticité douteuse,  il  est  à  noter  quelle  parle  des  méfaits  d'un  aquilifer  de  la 
U-gio  lll  cum  rexilliferis  et  draconario.  Domaszewski,  Uhein.  Mus.  1902,  511, 
prétend,  à  lort,  je  crois,  que  les  dracones  étaient  encore  à  celte  époque  des 
enseignes  barbares.  (  f .  A.  Millier,  Philologus,  1903,  009.  C'est  au  iv«  s.  que  se  rappor- 
tent les  deux  draconarii  qui  nous  sont  connus  par  l'épigraphie  :  Rantio  drueo- 
nariwt  (Orclli-Henzen,  6S12  ;  Ëplt.  ep.  IV,  949)  et  FI.  Jovianus,  ex  numéro  ortaio 
Dalmalorum,  ipii  a  rang  de  biarchus  {Ann.  épii/r.,  n.  103).  —  9  Zosim.  lll,  l'J, 
1;  Amm.  Mare.  XX,  4,  18.  Cf.  Prudent.  Lalhem.  V,  55,  Nemesian.  Cijn.  84. 
—  10  Amm.  iMarc.  XVI,  10,  7;  12,  39  ;  Claud.  Cons.  Hon.  lll,  138;  IV,  345  ;  lll, 
360.  —  11  Vcg.  Il,  13;  I,  23,  I,  20;  ils  auraient  porté  les  uns  et  les  autres  la 
hasla.  —  liVeg.  Il,  7,  sii/niferi  qui  siqnaporlanl,  quos  nunc  driieinnrios  rocunt. 
Dans  les  gloses,  Corp.  Gloss.  Il,  280,  42:  Sf««,vTo=(ioo;,  draconarius.  —  "  Vi  g. 
lll,  3.  —  14  Euseb.  Vita  Const.  1,  28-31.  Voir  les  textes  dans  l'art.  Labarum  du 
Dichonary  of  Christian  antiq.  —  15  Eus.  Viln  Const.  11.  7  et  8.  —  l«.Voir  l'arl. 
Monoyramm  Christi  dans  V Encyclopédie  ie  Hauck.  —  17  Lact.  Ile  mort.  Pers.  4t. 

166 


SIG 


1322  — 


SIG 


scieiiiinent,  les  soldais  romains,  liion  avant  l'ailoplion  du 
/rt6«;v//«,marchaienlsous  l'enseigne  de  la  croix.  Le  nom 
donné  à  ce  tH-xi/tiim  surinonlé  du  cliiisine,  nom  qu'on 
connaît  sous  les  formes  labouriiuu  /a/joruiii,  lubnvutn, 
reste  mystérieux.  Des  diverses  étymologies  proposées,  les 
meilleures  sont  probablement  celles  qui  nous  reportent 
vers  l'Espagne  ou  la  Gaule';  il  faut  se  rappeler  que  c'est 
de  ces  contrées  que  venaient  les  légions  qui  virent,  les 
premières,  le  chrisme  ajouté  à  l'enseigne  impériale.  Dans 
l'Iiisloire  de  la  propagation  du  Idùanim,  que  la  numis- 
matique permet  de  reconstituer- i^v.  aussi  fig.  1502  et 
39:27),  on  voit  que  cet  étendard  ne  fut  d'abord,  en  effet, 
que  celui  de  l'empereur,  alternant  avec  les  anciennes 
enseignes  conservées  des  corps  de  troupes  ;  celles-ci  ne 
l'adoptèrent  que  très  lentement;  sous  Théodose  encore 
l'étendard  simple  se  rencontre  aussi  souvent  que  le 
labarum;  la  croix  ne  triomplie  qu'avec  Valenlinien  III  : 
c'est  la  fin  de  l'histoire  de  Home  et  de  ses  enseignes. 

Mie  (les  enseignes  et  des  porte-enseiones.  — On  a  vu 
que,  sous  la  République  comme  sous  Flùiipire,  bien  des 
incertitudes  subsistent  quant  à  la  répartition  exacte  des 
enseignes.  Mais  ce  qui  ne  laisse  aucun  doute,  dans  ces 
deux  périodes  de  l'histoire  de  Home,  c'est  l'importance 
des  enseignes  dans  l'armée  romaine.  Elles  ont  une  si 
grande  place  dans  toutela  tactique  de  lalégion  qu'on  voit 
le  terme  de  signa  prendre,  dans  les  derniers  temps  de 
l'Empire,  le  sens  d'actions  militaires  par  opposition  aux 
plans,  consilia^.  Comme,  dans  la  bataille,  chaque  porle- 
enseigne  reste  sur  le  front  de  l'unité  à  laquelle  il  appar- 
tient ',  tandis  que  l'aigle  va  se  placer  derrière  la 
l'"  cohorte  et  que  les  porte-fanions  suivent  l'élat-major 
auquel  ils  sont  attachés,  on  comprend  que  tout  le 
vocabulaire  spécial  de  l'armée  romaine  se  soit  développé 
par  rapport  aux  enseignes.  Une  liste  de  ces  termes 
techniques  permettra  de  se  rendre  compte  rapidement 
de  ce  rôle  prépondérant  des  enseignes  : 
Sir)na  conferre  ^  =  Se  mettre  en  bataille,  s'ordonner,  se  lormcr. 
Signa  confundere^  =  Mettre  le  désordre  dans  le  ranj;. 
Signa  consliliiere''  ou  consistere'^  —  Faire  halle. 
Signa  converlere^  =  Faire  demi-tour. 

Signa  eff'efre'"  ou  proferre"  =  Opirerunruijuveiiieiit  m  avant,  une 
charge  ou  une  sortie. 


I  Miiiuc.  Fclii,  29,  el  Tcriullieii,  Ajiol.  10,  nomnicnl  |minii  1l-s  enseignes  romaines 
les  canla/jra  ;  le  nom  de  cautaljrarii  esl  donné  dans  le  Coda  Throdosien, 
XIV,  7,  1 1,  au  corps  qui,  dans  les  cér(^mnnies,  a  le  privilège  de  porlor  ie  pavillon 
impérial.  Dans  ces  Li-ois  lexles,  on  a  proposé  de  voir  ou  une  coi-ruplion  de  labara 
ou  une  forme  parallèle  (gui  iiidiiiuerail  rjue  le  mol  esl  d'origine  ibérique. 
M.  A.  B.  Cook  a  rapproché  le  labarum  de  la  îabrys  crèloise  {Oxford  Congress^ 
i.  II,  p.  193).  —  2  Les  données  qu'on  Irouve  dans  Rencl,  Op.  cil.  p.  273,  doivcnl 
èlrc  corrigées  d'après  J.  Maurice,  Numismaliqiie  Cunslantinienne,  t.  I  (I90S); 
Bull.  Soc.  Aiit.  I'JU3  cl  l'.ioi;  Compl.  rend.  Ac.  Inscr.  1909.  Il  faul  remarquer 
que  sur  les  enseignes  de  l'arc  de  Constanlin  on  voit  seulement  le  dragon.  Hercule, 
la  Victoire.  —  3  Hûclielcr.  Ithcin.  Mus.  1908,  323.  —  »  Caes.  B.  gatl.  VI,  3i, 
4  :  eontinere  ad  signa  manipulas,  ut  instilula  ratio  et  consuetudo  exercitus 
Bomani  postulabat  ;  U.  afr.  Ti,  1  ;  Vcg.  Il,  13.  —  a  Liv.  Il,  50,  2;  6t,  5;  V,  19, 
7.-6  l.iv.  XXX,  34,  10,  signis  coUatis  in  unum  tocum  désigne  au  contraire 
le  rassemlilenienl  courus  des  enseignes;  Caes.   B.  fie,  I,  71.  3  ;  B.  gall.  Il,  25,  I. 

-  'Caes.  B.  gall.  VII,  47,  1;  Liv.  X.\ll,  30,  2;  XXXI,  36,  8;  XXXIV,.20,  5; 
Tac.  Hist.  IV,  3V.  -  8  Caes.  B.  civ.  I,  79,  4;  l.iv.  XXVIll,  lii,  5.  -'9  Caes. 
B.  gall.  1,25,  6;  II,  2li,  I  ;  B.  afr.  17,  2;  Liv.  Il,  14,  7  ;  III,  54,  10;  XXXI,  27, 
7  :  XXXIV,  28,  10.  -  10  Liv.  XXII,  42,  S;  XXIV,  40,  7;  XXVII,  2,  5;  XXIX, 
21,  5;  XXX,  5,  3:  XXXIV,  40,  9;  XL,  28,  2.  -  H  Liv.  IV,  9,  13  ;  32,  10;  IX, 
43,8;  XXII,   42,3  ;  XXXVII,  39,  5.  -  12  Liv.  XXV,   13,  U.  -  13  Tac.  Sis/.  1,31. 

-  1*  Caes.  B.  gall.  I.  39,  7;  VI,  37,  0;  Liv.  V,  43,  2;  X,  51  ;  XXVII,  47,  In  ; 
XXVIll,  IC,  I  ;  Tac.  Hist.  II,  GO;  Front.  Sirat.  Il,  8,  8.  —  1:;  Liv.  XXVIll,  I,  9. 

-  «6  Liv.  VI,  S;  I;  VIII,  39,  2;  IX,  23,  15;  XXXV,  5,  12:  XLl,  4,  I  ;'caes. 
B.  gall,  II,  2.Ï,  2:  Front.  Strat.  M,  I,  9.  —  "  Liv.  XXII,  38,  6;  XXV,  9,  I  ; 
XXXVI,  19,  S:Suet.  Claud.  13.  -  18  Tac.  Ann.  Il,  17.  —  19  Liv.  VIII,  38,  10;  X, 
40,  12;  XXXVM,  38,9.  —  aOLiv.  XXII,  42,  10;XXV,  23,  S;XLI1,59.  — 21  Liv.  Vllli 
38,  10.  —  M  Caes.  B.  eir.  I,  71,3.-  23  Liv.  III.  27,  8,  XXIll,  35,  C  ;  XXX,  35,  0  ; 
Tac.  Ann.  Il,  45.  —  «  Caes.  B.  Aies.  57,  1  ;  Liv.  XXII,  C,  10  ;  XXVIll,  2,  15. 


Signa  expedire'^  ou  parare '■'  =  Se  préparer  au  comliat. 

Signa  ferre  '*  =  Avancer,  iiiarchor. 

Signa  ad  laevam  ferie  '5  =  Mari'lier  vers  la  gauche. 

Signa  inferre  'i>  =  Marcher  à  l'ennemi,  en  venir  aux  mains. 

Signii  movere  "  =  Quitter  la  iiositiun,  lever  le  rami). 

Signa  o'dcere  is  =  Opérer  une  contre-atta(iue. 

Signa  promovere  i9  =  Se  porter  en  avant. 

Signa  referre'^  =  Se  replier. 

Signa  rétro  reciperei^  =  Battre  en  reliaite,  reporter  en   aniére  la 

ligne  de  bataille. 
Signa  servure^^  ou  set/uiai  =   Itesler  dans  le  rang,  rester  ferme  à 

son  poste. 
Signa  tollere'^^  ou    convellere^^  =  Se  mettre  en  marche. 
Signa  Iransfey're'i'i  =  livoluer  (parfois  :  déserter). 
Signa  lurhare-''  =  Mettre  le  désordre  dans  le  rang. 
Ad  signa  recipere'if  =  Se  reformer. 
Ad  signa  eontinere  2<i  =  Conserver  sa  formation. 
.id  signa  deducere  30  =  Enrôler. 
Ad  signa  vocare^^  =  Ajipeler  aux  armes. 

Ab  signis  discedere  3-  ou  procedere  33  =  S'avancer  en  ordre  dispersé. 
Siib  signis  ducere^'-  =  Marclier  en  ordre  de  lialaille,  enseignes  clé- 

ployées. 
Anle  signa  eqiiilare'iâ  =  Passer  en  revue. 

Ce  vocabulaire  militaire  suffit  à  faire  voir  à  quel  point 
toute  la  tactique  de  la  légion  dépendait  des  enseignes. 
Aussi  importait-il  que  les  ordres  pussent  être  commu- 
niqués aux  porte-enseignes,  là  même  où  la  voix  du 
commandant  ne  pouvait  se  faire  entendre.  C'est  à  ce 
besoin  que  répondaient  les  sonneries  des  cornicines^^ . 
Équipés  comme  eux  ^''  [cornu,  fig.  1933],  les  corni- 
cines  marchent  à  côté  des  porte-enseignes  ^^  dans 
la  colonne".  On  ne  sait  quelle  place  ils  occupaient  dans 
la  bataille  :  pour  leur  permettre  de  transmettre  effica- 
cement les  ordres,  il  semble  qu'ils  devaient  se  diviser, 
les  uns  allant  se  mettre  à  la  disposition  du  commandant 
en  chef  et  des  commandants  des  légions,  les  autres 
restant  auprès  des  signa  '". 

Des  porte-enseignes  de  la  légion,  Yat/uilifer,  institué 
par  Marins*',  est  naturellement  le  plus  considéré.  Il  est 
enrégimenté  à  la  l"'"  cohorte,  dans  la  centurie  du  primiis 
pilus^'^,  derrière  laquelle  lise  tient  dans  la  bataille";  en 
marche,  il  s'avance  en  tète  de  la  légion,  derrière  l'état- 
major";  il  a  élé  signifer^'  ou  discens  aquiliferum''^ 
avant  de  recevoir  l'aigle;  il  peut  être  nommé  centurion". 
U  touche  une  solde  annuelle  de  2250  deniers;  il  a  l'arme- 

—  25  Ciccr.  Dediv.  I,  77:  Liv.  V,  37,  4;  XXII,  3,  Il  ;  XNV,  21,  1  ;  Suet.  Claud.  13  ; 
Tac.  Ann.  I,  20.  —  2g  Caes.  /?.  cir.  I,  00,  4;  Tac.  Hist.  IV,  16.  —  27  Liv.  VIII, 
39,  4;  XXIV,  16,  2,  —  28  Caes.  B.  gall.  V,  34,  4;  B.  civ.  I,  43,  5.  Sua  signa 
noscere  parait  pris  dans  le  même  sens,  Liv.  XXII,  5,  3.  —  29  Caes.  B.  gnil.  VI,  3»,  6. 

—  30  Luc.  Mars.  V,  349  ;  Juv.  V.  InO.  —  31  Luc.  Pliars.  I,  296.  —  32  Caes.  B.  gall. 
V,  16,  1  ;  /(.  eir.  I,  41,  4  ;  Front.  I,  5,  3.  —  33  Caes.  B.  Afr.  15,  I.  —  31  Cic.  Ad 
Attic.  \\\,  S,  2.  —35  Liv.  VI,  7,  I.  —  30  Veget.  11,22:  cornicines  guoliens 
canunt,  signa  ad  eorum  obtempérant  nutu'n.  CL  Domaszewski,  Fahnen,  p.  8  ; 
Gagnai,  Armée  rom.  dAfrigue,  p.  470  el  Klio,  1907,  183.  —  37  Col.  TraJ.  éd. 
Froelinep,  pi.  xïxn,  i.xxxni  ;  éd.  Cicliorius,  pl.  v,  xi.,  lxi.  —  38  Joseph.  B.  jud.  V,  2 
1  ;  cf.  III,  G,  2.  —  39  C'osl  ainsi  que  j'expliquerais  le  cIùlTre  de  36  cornicines  qu'on 
Irouve  dans  la  légion  campée  à  Lamhèse,  Corp.  inscr.  lat.  VIII,  2557;  cf.  Cagnat. 
Loc.  cit.  :  un  pour  chacun  des  30  manipuler.  6  pour  l'élat-major.  —  *0  Pour  que  ceux- 
ci  ne  restcnl  pas  à  leur  place  réglementaire  el  se  rassemblent,  signis  collatis,i\  f;uit 
que  l'armée  soit  [irolondémenl  démoralisée,  ('aes.  H.  gall.  11,  25,  I  ;B.  cir.  I,  71,  3. 
Dans  Fronlin.  Slral.  IV.  7,  33,  signis  collntis  urgere  parait  se  dire  au  contraire 
d'un  mouvenienl  enveloppant.  Parfois  aossi,  quand  l'armée  est  disposée  sur  i\vn\ 
lignes  allongées  dos  k  dos,  les  signa  se  trouvent  entre  les  deux  lignes,  Caes.  B.  .\fr. 
17,1.  _  41  Volscli,  Murius  als  Heformator  des  Heerwesens,  ISSÔ,  28.  —  »2  Caes. 
B.  civ.  III,  64;  Val.  Max.  I,  C,  Il  ;  Tac.  Hisl.  III,  It;  Plin.  XIV,  19;  Juven.  Sat. 
XIV,  197;  Veget.  II,  8  ;  C017).  inscr.  lat.  111.7591,  14995,  15005  ;  VIII,  2634  ;  Westd. 
Zeitschr.  XI,  264.  —"Caes.    B.  civ.   111,  64;  Tac.  Hist.  Il,  43  :  Veget.   II,  i-. 

—  "  Jos  B.  Jud.  III.  6,  2  :  V,  2,  1  ;  Aprian.  Exped.  in  Al.  0,  S  el  les  reliefs, 
Froehner,  Col.    Traj.  pl.    XXXV,  LXXIl.    —   i^  Corp.  inscr.  lat.   V,  3375,  5882. 

—  *o  Corp.  i««(T.  lat.  Vlll.  25ÛS,  2796,  2988.  Cf.  Cagnat,  Armée  romaine 
d'Afrique,  p.  Iî2.  —  '•t  Corp.  inscr.  Int.  XII,  2234;  XIII,  G046,  6932.  Les  porte- 
aigles  semblent  avoir  tenu  à  honneur  de  remplir  leur  charge  jus(|u'au  terme  de 
leur  service,  comme  ou  peut  l'inférer  du  nombre  des  vcterani  ex  signift-ru  qu'on 
Irouve  aux  indices  des  t.  111  et  Vlll  du  Corpus. 


SI  G 


—  1:^23 


SIG 


meol  complet  du  légionQairé ',  mais,  sur  la  colotiut' 
Trajane,  il  ne  porte  ni  lorica,  ni  cinyulu/ii. 

Les  iiiiaginiferi,  ou  iinaginarii  qui  imperatoris 
imagines  f'erunt,  viennent  immédiatement,  dans  Tordre 
officiel  du  temps  de  Végèce,  après  les  optiones,  avant  les 
(iqui/iferi  '-.  Comme  ces  derniers,  ils  prennent  rang 
parmi  les  soldats  de  la  l"'"  cohorte.  Au-dessous  des 
optiones  viennent  les  signiferi  transformés  en  draco- 
narii  au  milieu  du  iv*^  siècle.  Le  signifer  a  commencé 
par  être  discens  signij'erum. 

L'équipement  du  signifer  ne  parait  pas  avoir  dilféré, 
soit  qu'il  appartint  aux  cohortes  d'une  légion  ou  à  celles 
des  prétoriens  ou  des  auxiliaires.  .Mais  il  semble  avoir 
été  uniformément  modifié  au  début  du  ii''  siècle.  Tandis 
que  les  stèles  rhénanes  montrent  jusque-là  le  signifer^ 
armé  de  toutes  pièces  comme  Vaquilifer,  la  colonne  Tra- 
jane^ et  les  monuments  postérieurs  attestent  qu'on  lui 
a  ôté,  ainsi  qu'à  Vaqiiilifer,  la  cuirasse  de  métal,  le 
casque,  le  bouclier,  le  cingulutn  et  le  poignard,  qui  ne 
pouvaient  que  l'encombrer  (fig.  6i32);  il  garde  seulement 
le  justaucorps  de  cuir,  oll  le  baudrier  relient  l'épée  sur 
le  flanc  droit  ;  tandis  que  Vaquilifer  porte  sur  sonjustau- 
corps  un  manteau  de  laine,  le  «/jh (/"('/■  est  coiffé  d'une 
peau  de  bête  qui  lui  descend  sur  les  épaules  (fîg.  G4I5)  "■ 
Comme  Vaquilifer,  le  signifer  est  compté  au  nombre 
des  sous-officiers  (principales)  :  le  commandement  de 
détachements  importants  lui  est  parfois  confié  ''. 
Mais  sa  fonction  ordinaire  en  temps  de  paix  était  le 
soin  de  la  caisse  d'épargne  des  légionnaires  placée 
sous  la  protection  des  signa.  Aussi  exigeait-on  du 
porte-enseigne  qu'il  sût  lire  et  écrire  ',  et  l'on  pouvait 
être  nommé  à  ce  grade  après  avoir  été  ùeneficiarius  d'un 
tribun  de  cohorte  auxiliaire  ou  oplio  ou  tesserarius  ; 
on  passait  souvent  par  un  apprentissage  spécial".  Les 
élèves  porte-enseignes,  comme  l'élève  porte-aigle,  appre- 
naient probablement  surtout  les  règles  de  la  comptabilité 

1  Vcgcl.  Il,  ["•  :  le  poric-aigic  dillcre  pur  les  loricat:  miiiures  et  les  casipies  i-ii  pcavi 
•l'ours.  Sur  la  slùle  de  Domaszewski,  lig.  i,  il  esl  mi-Wle,  mais  porlo  la  cuirasse  cl 
le  ceinturon  (lig.  6li6).  De  même,  Vaquilifer  de  la  I  V  Flnvia  cf.  Atti  Ace.  di 
TorinOt  ls8i.  —  -  Vegct.  Il,  7.  On  connaît  maintenant  un  imaginifer  daus  l'armée 
d'Afrique,  Bcsnier,  Bull,  du  Comilé,\1W>,  1 33.  —3  Domaszewski,  lig.  12,  80.  —  '-  Ibi'l. 
fig.  13,  U,  19,  .î8.  Comme  le  si //ni  fer  coh.  V.  Aslurum  de  la  fig.  86  porte  en  même 
temps  que  la  peau  de  hôte,  cingutum,  loriea  liamata  i^ipugio  {fig.  Gi32),  on  doit  se 
demander  si  la  dilTércnce  ne  provient  pas  seulement  de  ce  que,  sur  leurs  stèles,  les 
signiferi  se  faisaient  représenter  avec  toutes  leurs  armes,  ccllcs-mômcs  qu'ils  ne 
portaient  pas  en  campagne.  Ils  paraissent  avoir  reru  plus  tard  la  hcuila.  fju'ils 
portaient  dans  la  main  gauche  selon  Vegct.  1,  itl.  Le  signifer  sesquiplicarius  numeri 
Divilensium  (Deulz,  Corp.  i.  lat.  III,  7H3;  cf.  Kalinka,  DenkmfUer  Ouliiariens, 
4(13)  a  le  corps  caché  par  le  bouclier  cl  une  hampe  (de  lance  '')  daus  la  droite.  Des 
signiferi  paraissent  porlcr  la  lance  sur  des  monnaies,  cf.  Babclou^  AJonn.  de  la 
HéinMique,  I,  li\.  —  -Un  reeoiiniil  la  peau  sur  la  colonne  de  Marc-Aurclc, 
Kcinacli,  //<?/).  des  reliefs,  I,  iOli,  n.  7.  On  s.nit  (|ue  le  (.Ai.Brius  était  en  peau  de 
loup;  Vegccc,  M,  16,  montre  les  gateas  du  signifer  ad  terrorem  liosùnin  vrstnis 
pellibus  tcclas.  Une  sléle  d'un  signifer  de  la  leg.  XJ  sous  Irlande  (Hofnian,  Mili- 
targrabsleine,  fig.  10)  montre  que  l-urtwaengler  a  prétendu  à  tort  (jue  les  signiferi 
n'ont  commencé  il  porter  des  peaux'  qu'il  l'époipie  llavienne  [Ablinndl.  d.  AJnncli. 
Akad.  -XXIl,  3,  470).  -  0  Ainsi,  i  signiferi  de  la  leg.  I  V  .ScijtUica  commandent 
chacun  2  vexilla  de  cette  légion  détachée  aux  carrières  il'Esneli  en  Cyrrhestique, 
Corp.  inscr.lnl.  111,  IWJG  B  :  Cumont,  Bull.  .\cad.  Belq.  1907,  50i.  Lorsqu'il  n'y 
a  i|u'un  verillum  (ou  vexillatioi  détaché,  il  est  commandé  par  le  y','ji;/(irii(s  dont 
la  position   semble  avoir  été  la   même  que  celle   du  signifer.  —  7  Vcg.  U.  1», 

—  «  Voir  le  tableau  de  Cauer,  Eph.  Ep.  IV,  470,  reproduit  dans  Manjuardl,  fJp.  cit. 
p.  304,  et  Domaszewski,  Die  Rangordnung  des  rôm.  Heeres,  dans  Bonner  JaJtrbu- 
cher,  1908.  — 'J  P.  ex.  Eph.  Ep.  IV,  p.  4il.  Pour  les  discenles  signi/erum,  Cagnat, 
Armée  d'Afrique,  p.  âiO.  Ailleurs,  le  signifer  se  trouve  nommé  curator  macelli 
ou  oplio  naealiorum.  Ou  connaît  une  schota  ofxillariorum  à  Brixia,  Corp.  inscr. 
Int.  V,  ôili.  Les  vexilla  prennent  un  tel  développement  au  iir*  s.  qu'il  existe  alors 
un  wimii»  dit  rexillis  regendis  qui  parait  donner  accès  au  s-'iiat  (  l'i(.  Perl.  11,  4;. 

—  lu  Liv.  VI,  S,  1  ;  Val.  Mai.  III,  i,  10.  —  U  Liv.  XXVI,  6,  1.  —  12  Liv.  XXVll,  1 1, 
8;XLI,  8,  I.  — l^Liv.  V,  .-,5,  I  ;  XXV,  14,7;  XXVI,  5,  4;  Val.  Max.  I,  5,  1 .  —  l'.La 
perte  des  enseignes  pouvait  être  punie  de  la  peine  capitale,  Liv.  Il,  59;  XX Vil,  13,  7. 
Le  porte-drapeau  tombe  sous  le  coup  de  Vexsecratio,  quand  l'enseigne  rju'il  a  juré 


et  le  signifer,  s'il  peut  devenir  aquilifer  ou  centurion, 
reste  de  préférence  dans  la  trésorerie  ('omme/fscic^/'a/o/-', 
tandis  que  le  porte-aigle  devient  cwr^/or  reterunorum. 

Les  porte-enseignes,  qui  peuvent  recevoir  des  ordres 
directement  du  général'"  ou  de  son  legatus  "  ou  du 
tribun  '-, sont  placés  hiérarchiquement  sous  ceux  du  cen- 
turion "  qui  est  responsable  de  l'enseigne  et  puni  pour 
sa  perte".  Le  primipile  a  la  garde  de  l'aigle  auquel  le 
sort  de  la  légion  est  comme  lié'^.  Toute  légion  qui  a 
perdu  son  aigle  est  supprimée'*  :  on  sait  que  ce  fut  le 
cas  des  trois  légions  de  Varus  (XVII,  XVIII,  XIX)". 
L'anxiété  des  Romains  ne  fut  pas  apaisée  avant  iiue 
leurs  aigles  eussent  été  retrouvées  par  Germanicus'*; 
de  même  le  retour  des  aigles  perdues  parCrassus  et  par 
Antoine  chez  les  Parthes  fut  l'un  des  succès  dont  on  sut  le 
plus  de  gré  à  Auguste  ".  Ce  prince  eut  aussile  bonheur  de 
reconquérir  des  enseignes  prises  à  C.  Anlonius  par  les 
Bastarnes,  d'autres  enlevées  par  Mithridate-"  et  par  les 
peuples  de  l'Espagne,  de  la  Gaule  et  de  la  Dalmalie'^'. 
Onvoitencore  Pyrrhus  enlevantonze  enseignes  àAsculum 
et  Persée  cinq  à  Phalanna--  ;  Hannibal,  outre  celles  qu'il 
conquit  dans  ses  trois  grandes  victoires,  en  prenant  (en 
-209)  deux  à  une  légion,  quatre  à  ïala  des  alliés";  les 
Ligures  enlevant,  en  186,  trois  signa  à  la  11*=  légion  et 
onze  vexilla  aux  alliés  latins-';  les  Gaulois  en  capturant 
plusieurs  fois  en  Italie  ^»  et  les  Nerviens  en  prenant 
une  à  la  XII"  légion^^  César  en  perdit  encore  trente- 
deux  à  Dyrhachium^',  et  Antoine  deux  aigles  et  soixante 
signa  à  Forum  Gallorum  -'.  Enfin,  lorsque  Corn.  Fuscus 
périt  en  Dacie  (X(j),  dans  le  plus  grand  désastre  que  Home 
eût  subi  depuis  celui  de  Varus,  l'aigle  devint  le  trophée 
desDaces,  à  qui  Trajan  le  reprit  vingt  ans  plus  tard-'^. 

La  religion  du  drapeau  était  si  développée  chez  les 
Romains  qu'il  suffisait  de  le  jeter  dans  les  lignes  enne- 
mies pour  que  les  soldats,  dans  leur  effort  désespéré 
pour  le  reprendre,  rétablissent  le  combat;  car  il  y  avait 

dedéfeudre  reste  aux  mains  des  ennemis,  Liv.  XXV,  U.  —  i^Tac.  Hisl.  III,  Ji;  Val. 
Max.  1,0.  11.  Veg.  ll,S;';oiv>.  insci-.  lut.  VIII,  iC34.—  i»  Voir  Domaszneski,  Arclt. 
ep.Milt.  XV,  p.  I8!i.  Il  y  a  des  exceptions  sous  l'Empire  comme  celle  delà  .\X1  Ba- 
pa.c  c|uon  retrouve,  bien  qu'elle  ait  perdu  son  aigle  àBédriac,  Tac.  Oist.  Il,  43.  l'our 
uue  légion  révoltée,  on  emploie  aussi  la  formule  :  signa  submiUere,nomenqueabolere, 
Front.  IV,  I,  43.  —  n  Deux  de  leurs  aigles  tombèrent  aux  mains  des  Bructères  (Tac. 
.4ii/i.l,60)ctdes  Marses  (/*!</,  i5,.  Ou  asupposé  qucla  troisième  avait  été  la  proie  des 
Chattes,  mais,  selon  Florus,  11,  30,  son  porteur  aurait  eu  le  lemps  de  la  cacher  dans 
son  baudrier  et  de  la  jeter  dans  un  marais.  Cf.  (jardthauscn,  Augustus,  II,  3,  p.  700. 
Brutius  enterre  son  aigle  àTrasimène  d'après  Sil.  liai.  VI,  500.  —  1»  On  sait  par  T.ic. 
Ann.  11,41,  et  Corp.  inscr.  /a^  VI,  906  que,  lorsr|ue  les  aigles  eurent  été  rapportées 
par  Ccrmanicus  en  1 7,  on  éleva  un  arc  de  triomphe  propter  aedem  Salurni  oh  receptu 
signa  (cf.  Thédcnat,  Le  Forum,  3'  éd.  p.  157).  Le  sénat  fit  aussi  frapper  des  mon- 
naies signis  receptis,  Cohen.  Monn.  imp.  I,  p.  138,  5.  On  rapporte  encore  à  cet 
cvènenient  l'aigle  présenté  à  un  jeune  imperator  sur  l'épée  trouvée  près  de  Mayence, 
[MADIUS,  lig.  1936].—  ''J  .Uonum.  Anci/ran.éi}.  Momrasen,  p.  lit;  Vcll.  Il,  91  ;  Oros. 
VI,  21,29  ;Ovid.  Trist.  M,  226;  SueL  Tiber.  9:  Aug.  21  ;  Liv.  Per.  141.  Seuls  ces 
deux  derniers  textes  mentionnent  le  retour  simultané  des  enseignes  de  Marc-Antoine, 
qui  avait  réclamé  en  vain  de  Phraatès  les  aigles  de  Crassus(Dio,  XLIX,  37),  mais  avait 
obtenu  en  33  d'Artavasde  de  Médie  les  aigles  perdues  en  36  par  Oppius  Statianus  (Dio, 
XLIX.  44).  Les  signa  furent  placés,  dit  Augusic,  in  penelrali  quod  est  in  leniplo 
Atartis  Vltoris  (cL  Tliédenat,  Le  Forum^,  p.  182).  Les  monnaies  frappées  alors 
(Cohen,  1^,  p.  70)  ont  été  discutées  par  Borghosi,  Œurrcs,  11,  06,  et  Bahrfeld, 
Wi,n.  A'iim.  Zcilscb.  1^86,  p.  4.  Cet  épisode  est  représenté  sur  la  cuirasse  de  la 
slatuedc  l'Auguste  de  Prima  Porta.  —  '.!0  Celles  des  Bastarnes  ont  été  reprises  par 
Crassus  en  7301,  Dio,  XXXVllI.  10  ;  Ll,  3iî.  Celles  qu'Agrippa  a  rapportées  du  Bos- 
phore Cimmérien  en  737-8  y  avaient  été  probablement  envoyées  par  Milliridale, 
Oros.  VI;  21,  28.  —  21  Monum.  Ancyr.  p.  124.  —  22  Oros.  IV,  I  :  Liv.  XLII,  06,  11. 

—  23  Liv.  XXVll,  12,  17.  En  301,  enseignes  prises  par  les  Étrusques,  Liv.  X,  3-4. 

—  2i  Liv.  XXXIX,  30,  7.  -  25  Liv.  XXI,  25.  -  26  Caes.  B.  gall.  II,  25,  I .  —  27  Caes. 
B.eie.  111,67,3;  71,2.— 28Cic.  Ad  fam.\,  30,  5.  De  Front.  5(ra(.  5,3,  oupeul  con- 
clure que  Spartacus  avait  pris  3  aigles  et  26  signa.  —  2»  Jordan.  Gel.  XIII,  77-8  ; 
Suet.  Uojn.  6;  Dio,  LXVlll,  9.  Froehuer,  Col.  Traj.  pi.  xxxii,  suppose  que  le  porte- 
cnseiguc  représenté  auprès  de  l'empereur  avec  une  hampe  où  l'aigle  manque  esl 
celui  de  la  légion  qui  avait  perdu  le  sien  en  86.  Ce  serait  la  leg.  V.  Alauda  d'après 
B.  Filow,  Oie  l.eg.   .Moesiens,   1006,  34. 


SI  G 


1324  — 


SIG 


sacrilège  à  r.ihaiulonnci''.  Ct'sl  un  oxpidil  que  Irs  hislo- 
rieiis  laliiis  ont  soiivenl  pri'li'  ;t  leurs  lu'ros:  à  Servius 
Tullius  contre  les  Sal)ins%  à  Furius  Agrippa  contre  les 
Èques  en  4ii  ^  àQuinclius  Capilolinus  contre  les  Kalis- 
qucs  en  KO',  à  Camille  contre  les  Volsques  en  382%  à 
l'ostumus  au  lac  Kégille%  à  Valerius  Flaccus  à  Capoue\ 
aux  chefs  des  cohortes  péligniennes  à  Pydna  et  à 
Capoue*.  Au  siège  de  Capoue  encore,  le  légal  Atilius  ', 
couinie  Sylla  à  Orchomène'",  saisit  1(^  drapeau  pour 
entraîner  les  soldats;  César,  en  Afrique",  ramène  de  sa 
main,  et  le  dictateur  Servil  lus  Priscusn'liésite  pas  à  tuer' - 
un  porte-enseigne  qui  làcliait  pied.  Planter  l'enseigne 
sur  les  murs  d'une  ville  assiégée'',  c'est  la  livrer  en 
quelque  sorte  aux  dieux  de  la  légion;  les  colonies  mi- 
litaires arrivent,  enseignes  déployées,  au  lieu  où  leurs 
dieux  doivent  s'établir  avec  elles. 

Culte  des  enseignes.  —  Quand  on  parle  de  la  reli- 
gion du  drapeau  chez  les  Homains,  il  faut  prendre  celte 
expression  dans  son  sens  propre.  Les  signa  sont  les 
dieux  des  légions.  Tacite,  dit  M.  Renel  'S  appelle  les 
aigles  les  véritables  divinités  des  légions '^.  Denys  d'Hali- 
carnasse  insiste  sur  le  culte  rendu  aux  signa,  que  les 
Romains  considéraient  comme  sacrés  au  même  titre 
que  les  statues  des  dieux  "^  ;  Josèphe'''  se  sert  du  terme -rot 
ispi  pour  désigner  l'aigle  et  les  enseignes;  enfin  Ter- 
tullien  "  déclare  que  le  culte  des  signa  constitue  en 
quelque  sorte  toute  la  religion  de  l'armée  et  qu'on  leur 
donne  le  pas  sur  tous  les  autres  dieux  :  religin  Rorna- 
noruin  tota  caslrensis  signa  veneratur,  signa  jurai, 
signa  omnibus  diis  praeponit.  Si  les  enseignes  sont 
l'objet  d'un  pareil  culte,  c'est  que  les  unes  consistent, 
essentiellement,  en  une  lance  en  chêne,  la  quiris,  sym- 
bole et  incarnation  du  dieu  de  la  guerre,  et  que  les 
autres  n'ont  été  à  l'origine,  à  Rome  comme  en  Orient, 
que  le  support  des  animaux  sacrés  de  la  tribu";  elle 
marche  en  guerre  sous  leur  protection  et  les  tourne  vers 
l'ennemi  qu'ils  frappent,  signis  in/'eslis.  Si  l'aigle  est 
resté  le  seul  témoin  de  celle  phase  zôolatrique,  on  sait 
que,  jusqu'à  Marins,  il  avait  pour  compagnons  le  loup, 
le  cheval,  le  sanglier  et  le  minotaure.  L'enseigne  elle- 
même  hérita  bientôt  de  toute  la  sainteté  qui  résidait 
d'abord  dans  l'aninaal  qu'elle  supportait  ou  dans  la 
hampe  de  chêne  qui  en  restait  l'armature.  La  plupart 
des  éléments  qui  s'y  ajoutèrent  participaient,  d'ailleurs, 
à  ce  caractère  religieux  :  la  pourpre  du  vexUlum,  le 
chêne  ou   le  laurier  des  couronnes,  les  bandelettes  gar- 

1  Oviil.  /■■««(.  III,  ^signa)  quae  magnum  periltrecrimen  crat;  PIul.  Aem.  iO: 
o&  Y«Ç  6i(*tTôv  o^S'SsEov.  Une  v6riLablc  intifrdictio  est  prononcée  contre  tescoliorlcs 
'|ui  ont   perdu   leurs   signa  m    301,    Liv.   X,    +.  —   2  Kronliu.   Slral.  Il,  8,  I. 

—  3Fronl.  11,8,  2;  Liv.  IV,  i'.l.  —  4  Kronl.  Il,  8,  3.  —  5  Front.  Il,  S,  5;  l.ir.  VI, 
S,  2.  —  6  Fiorus,  I,  S.  It.-  1  Val.  Max.  111,  2,  20.  —  8  PIul.  Aan.  20  ;  Front.  Il, 
8;  Uv.  XLIV,  41.— «Liv.  XXVI,  0,1  clXXVIl.U  :  le  tribun  Flavus,  si^no  arre;,(o 
primi  hasiati,  manipuliim  ejiis  signi  se  seqiii  juliel,  Uv.  XXXIV,  46;  Xl.l.  4; 
Front.  IV,  5,  3.  —  l«  l'iul.  .SgU.ii.—  Il  Val.  Max.  III,  2,  19.  — «SFronl.  11,8,  8; 
Liv.  iV,  41;.  —  13  Joseph.  Bell.  Jad.  VI,  403;  Amm.  Slarc.  XXV,  !>.  Pour  les 
colonies  militaires,  cf.  Plut.   C.  Gr.  11.  —  U  cli.  Reucl,  Les  Enseignes,  p.  23. 

—  lî  Tac.  Ann.  Il,  17  ;  cf.  I.  39;  XV,  24;  Hisl.  lil,  III.  —  10  Dion.  Ilalic.  VI, 
45.  —  "  Jos.  B.  Jud.  III,  0.  2.  —  I»  Terlul.  Apol.  III,  6,  2.  Voir  déjà  Minuc.  Félix, 
Apol.  29,  7  :  »i//no  ipsa  et  canlaàra  et  vexiUa  caslrorum  adoralis.  —  U  Sur  les 
cinq  enseignes  primitives  des  Romains  comme  dieux  totémiqucs,  voir  Renel,  Op. 
cil.  cliap.  II.  Pour  leur  origine,  son  étude  laméne  à  riiypollicse  suiiante:  le  loup 
csl  l'enseigne  de  la  Iriiju  romaine  proprement  dite,  l'aigle  est  saliin  ou  ctrus<|ue,  le 
sanglier  est  sahcllien,  le  cheval  représente  sans  doute  l'adjonction  très  ancienne  de 
clans  albaius,  le  tninolaure  celle  des  (^ampauieus  an  iv  siècle.  Cr.  la  cntiiiue  des 
idées  de  Renel  par  Toulain.  £1.  de  religion  et  d'histoire,  l'jos,  50  et  par  A.  Van 
Gennep,  Ikligions,  mœurs  et  légendes,  1910.  —  20  Je  crois  avec  E.  Maass,  Uie 
Tagesg6ller,  1902,  p.  26,  que  Domaszewski  a  exagéré  la  part  des  conventions  zodia- 
cales. —  21  Corp.intcr.  lat.  Vil,  1031  :  Genio  et  signis;  VII,  1030:  6'enio  domini 


nies  de  feuilles  de  lierre,  avaient,  de  toute  antiquité, 
une  valeur  rituelle;  l'inlluence  des  religions  de  la  Grèce 
et  de  l'Orient  se  fait  sentir  avec  le  globe  et  le  croissant, 
les  Victoires  ailées  et  les  tètes  radiées.  Parmi  ces  têtes, 
le  culte  impérial,  important  surtout  dans  l'armée,  ni' 
larda  pas  ;'i  faire  dominer  celles  des  empereurs,  les  ima- 
gines, qui  formèrent  une  nouvelle  catégorie  d'enseignes 
sacrées.  Enfin,  sous  la  double  action  de  l'Orient  et  des 
barbares,  chaque  légion  se  choisit  un  symbole  particulier 
qui  participe  à  la  fois  de  l'astrolàlrie  et  delà  zùolàtrie-". 
Toutes  les  phases  qu'a  traversées  la  religion  romaine  ont 
donc  marqué  leur  action  sur  les  enseignes  qui  sont,  pour 
le  légionnaire,  comme  un  abrégé  portatif  du  monde  divin. 
Aussi,  dans  chaque  unité  militaire, élève-t-on  desautels 
aux  enseignes  decette  unité  :  unecohorle  rendaitcethoui- 
mage  au  Génie  et  aux  Enseignes  de  la  cohorte^';  une  lé- 
gion Dis  mililaribus :  Genio,  Virtuti,  Aguilac  Sanrtae 
Signisque  legionis  ^-.  C'est  devant  elles,  apud  signa  ^^, 
qu'on  jurai  lies  traités.  Sous  la  République,  on  devait  rame- 
ner, après  chaque  campagne,  les  enseignes  dans  Vaei'a- 
riuin  du  sanctuaire  de  Saturne  et  d'Ops,  où  les  questeurs 
allaient  prendre  et  porter  cette  partie  mobile  du  trésor 
public-';  elles  étaient  sous  la  garde  des  questeurs.  A 
partir  de  la  consécration  du  temple  de  Mars  Ultor  par 
Auguste,  c'est  ce  sanctuaire  qui  reçut  les  enseignes  des 
triomphateurs.  Sous  l'Empire,  les  temjiles  de  Rome  con- 
tinuèrent à  recevoir  des  s/iy/ia'-";  mais  il  fallut  que,  dans 
chaque  camp,  dressé  suivant  les  règles  religieuses  du 
templum,  les  enseignes  eussent  leur  chapelle,  refuge 
inviolable,  où  étaientaussi  adorées  les  imagines  des  em- 
pereurs. Quand  on  campait,  c'était  les  enseignes  qu'on 
plaçait  d'abord-";  si  elles  se  montraient  satisfaites  de 
l'emplacement  choisi,  on  leur  élevait  une  chapelle,  pro- 
bablement au  milieu  du  prétoire,  entre  le  tribunal  et 
Vara,  l'autel  de  gazon  sur  lequel  s'ouvrait  la  tente  augu- 
rale  du  général -%  A  Lambèse,  la  chapelle  des  enseignes 
s'élève  au  milieu  du  portique  qui  forme  le  fond  de  la 
seconde  cour  an  praelorium  (n.  4  sur  la  fig.  o49J).  C'est 
la  disposition  adoptée  dans  la  plupart  des  camps  romains 
de  l'Occident;  généralement  la  chapelle  est  à  abside  et 
repose  sur  une  crypte  voûtée  destinée  à  abriter  l'épargne 
des  soldats.  Autant  pour  veiller  sur  ce  dépôt  que  pour 
honorer  les  enseignes,  un  poste  était  placé  devant  la 
chapelle-*.  On  ne  sait  trop  si  l'aigle  légionnaire  était 
adorée  au  milieu  des  enseignes  des  cohortes  ou  dans  un 
édicule  spécial/':  le  meilleur  argument  contre  la  dis- 

nostri  et  signoritm  coAorijs  (cohortes  germaniques  du  temps  de  Gordien).  —  22  Corp. 
inscr.  («Mil,  022Vct  7591  (224ap.J.-r.),  Il  Italica.  — 23  Liv.XX VI,  48  ;Tac.^nn.  XV, 
10.  —21  Liv.  111,  6'J  ;  IV,  22;  Vil,  23.  Ce  sont  apparemm»nl  des  enseignes  prises  sur 
les  ennemis  i(ue  celles  qui  garnissent  le  péristyle  du  temple  de  Jupiter  Capitolin  et 
que  lo  censeur  Lcpidus  enlève  eu  178,  Liv.  XL,  51.  —  2S  |)io,  LV,  lu;  LVl,  17; 
d'autres  temples  aussi  devaient  les  recevoir  d'après  Trel).  Poil.  Gall.  8.  —  sô  Vegel. 
U,  10.  Lorsijn'unc  garnison  romaine  occupe  une  ville  conquise,  c'est  à  la  citadelle 
que  sont  placés  les  signa,  Sali.  Jiig.  07.  —  27  Liv.  XXII,  29-30;  Tac.  I,  39;  IV,  2  . 
Ann.  XV,  30:  Uist.  I,  30;  Sucl.  Tib.  48  ;  Stat.  Thel/.  X,  176.  Joseph.  B.  Jud.  111. 
5,  2;  VI,  0,  I  ;  Uio,  XL.  18;  Hcrodian.  IV,  4,  3;  C/i,  III,  3.Ï20.  Séjan  ne  peut  obliger 
les  légions  de  Syrie  à  mettre  son  imagincm  inler  signa  (Suct.  Tib.  48).  Julia  Uoniua 
est  une  des  rares  impératrices  (|ui  l'obtiennent  (cf.  Williams,  Am.  J.  Arch.  1902, 
262>.  D'après  Pline,  hc.  cit.,  au  n"  s.  av.  notre  ère,  il  devail  déjà  existei'  dans  le 
camp  un  lieu  sacré  oii  on  laissait  les  quatre  enseignes  animales  qu'on  n'emportait  pas 
au  combat.  — 2S  Lue  liste  des  chapelles  d'é|ior|ue  iuip<''riale  est  donnée  par  M.  (Magnat, 
Les  deux  camps  de  Lambèse  {Mém.  de  l'Acad.  d.  Inscr.  I90.S),  p.  32.  A  la  p.  47  il 
étudie  la  place  do  la  salie  de  rapport  nu^nagée  contra  agutlam  {Hyg.  /Vf  mun.  20). 
—  29  Renel,  Op.  cit.  p.  287.  a  combattu  cette  distinction  soutenue  ici  par  M.  l^aguat, 
i.Ecio,  p.  1006.  Il  est  certain  qu'on  ne  voit  que  l'aigle  au  milieu  d'un  temple  télra- 
style  sur  certaines  moimaies  d'Auguste  et  sur  l'épée  dite  de  Tilière,[i.i-:..io,  lig.  4M>9J. 
Mais  c'est  (ju'elle  y  fait  surtout  allusiou  aux  ufjuilae  receptac.  A  Carntn)luni  on  ^■oit 
(lig.  4411)  un  taureau  dans  une  édicule  de  la /e^.  X  Oemina;  cf.  Arch.ep.  AJitt.  XI, 12. 


SIG 


1325  — 


SIG 


linclion  de  ces  deux  cliapelles  peut  se  tirer  des  textes 
f[ui  parlent  du  temple  du  camp'  comme  d'un  endroit 
bien  connu,  surtout  du  passage  où  Tacite  montre  le  chef 
d'une  dépulation,  menacé  par  les  soldats,  se  réfugiant 
auprès  des  enseignes  et  de  l'aigle  qu'il  tient  embrassées, 
pendant  que  ïatjuili/'er  s'oppose  aux  violences  de  ses 
camarades-.  A  partir  du  m'  siècle,  le  culte  de  Mars 
s'introduisit  dans  la  chapelle  des  enseignes  et  le  (îcniiis 
cfistrorum  y  eut  sa  place  depuis  Dioclétien'. 

On  a  vu  que  les  porte-enseignes,  formés  en  collège 
dont  le  chef  était  qualilié  d'oplio  signiferoriim  \  gar- 
daient et  administraient  le  pécule  des  légionnaires  dans 
Vaerariiim  qui,  au  camp  comme  à  Rome,  se  trouvait 
sous  la  protection  des  enseignes  \  Lorsque  les  soldats 
recevaient  une  gratification  exiraordinaire  après  un  suc- 
cès, ils  devaient,  pour  associer  la  divinité  des  enseignes 
à  leur  récompense,  en  déposer  la  moitié  dans  la  caisse 
que  chaque  cohorte  possédaitau  pied  de  l'aigle^  ;  chezles 
prétoriens,  les  libéralités  impériales  allaient  accroître  ces 
deposita  ad  signa'.  Aux  jours  de  fêles,  ce  sont  les  signi- 
fères  qui  enduisent  les  enseignes  de  parfums'  ;  ce  sont  eux 
aussi  qui  officient  quand  les  rois  barbares  viennentadorer 
\essig?ui  ^.  L'anniversaire  de  l'aigle,  dies  nalalis  aqui- 
lae,  apparemment  le  jour  où  la  légion  avait  été  con- 
stituée, était  sans  doute  pour  eux  une  grande  solennité'". 
Seuls,  ils  avaient  droit  de  loucher  aux  enseignes  et 
celles-ci  ne  manquaient  pas  de  manifester  leurs  volontés 
divines.  Avant  Trasimène"  et  avant  Carrhae'^,  les  ensei- 
gnes refusèrent  de  se  laisser  arracher;  quand  Crassus 
passa  l'Euphrate,  un  vexille  qui  portait  son  nom  fut  en- 
levé par  le  vent  et  jeté  dans  le  fleuve;  à  Dyrrhachium, 
les  enseignes  de  Pompée  se  remplirent  d'araignées  ;  les 
flammes  qui  brillent  la  nuit  sur  les  enseignes  sont  éga- 
lement un  présage  funeste'^;  il  suffit  qu'on  ne  puisse 
parer  les  aigles  et  soulever  les  signa  pour  que  les 
légions,  qui  s'apprêtaient  à  rejoindre  le  légat  Scribonia- 
nus  révolté  contre  Claude,  restent  dans  le  devoir  ". 
Aussi,  pour   propiticr  les  enseignes,  leur  oflre-t-on  un 

I  llciod.  IV,  4,  3;  1,  8;  V,  23,  il  s'agil  du  camp  des  prcloricns.  -  2  Tac.  Atin.  I, 
3ï».  —  3  Domaszcwski ,  Oie  Heliyion  des  rôm.  Heeres^  p.  34  et  Xeuc  Heiddb. 
Jahrb.  IX,  p.  149.  — 4,Cor/).  iuscr.  Int.  111,  1124,  1202;  .\II,  2'.i22.  —  'Tac.  Am. 

I,  37,9;  Suet.  Ùomit.  7;  Vegol.  11,  20.  Amm.  Marc.  XXV,  20;  Dans  IJI..  III, 
352IÎ,  un  vélcran  du  la  iegio  II  Adjutrix  élève  au  camp  d'Aquincura  un  excubito- 
rinm  ad  tntelam  sir/norum  et  imaginum  sacrarum.  On  Irouve encore  des  chapelles  à 
enseignes  sur  les  reliefs  de  Condcrcum  el  de  Vimiuacium  [Domaszewski,  WeU't. 
Zeilschr.  XIV,  11,  17).  On  cloil  en  avoir  découverl  les  traces  dans  le  camp  de  Ma- 
sada  (iVeue  Heidelb.  Jalirb.  X,  I4.î)  el  daijs  le  camp  de  Novaesium  (Bonn.  Jahrb. 
CXI,  p.  163).  —  6  Vcgel.  III,  -0.  Doniilien  doit  interdire  de  mettre  en  dépôt  plus 
de  1000  sesterces  par  soldai,  Suet.  Dont.  7.  —  1  Von  Premerslein,  AVio,  111,  p.  12. 

—  Sflin.  H.  nat  .XII,  23  ;  Xlll,4;  Jos.  B.Jud.  VI,  6,  1.— 9  Des  rois  Sarmates,  dans 
C.  i.  lat.  XIV,  3a08;  les  f'artlies  l'arthamasiris.  Dio  Cass.  LXVIII,  17-26  (cf.  Cohen, 

II,  p.  34);Arlaban,  Suet.  Cal.  14.  et  Tiridate,  Tac.  Ann.  XV,  29;  Suet.  Ner.  13. 

—  10  Ainsi,  C.  i.  lat.  Il,  2352  (en  103)  :  Jom  Optimo  Maxiinu,  /,ro  sainte  de  Marc 
Aurèle  et  Vérus  ob  nataleni  aquitae  vexillariorum  leff.  V//  Oem.  sub  cura  d'un 
centurion  et  d'un  antesiijnanus,  etc.  Le  sacrifice  el  le  banquet  qui  célèbrent  l'anni- 
versaire de  l'enipereur  ont  également  lieu  coram  siy/iis  leijtonis  (Kuinart,  Aeta 
sine.  ICS9,  p.  319).  —  Il  Liï.  XXII,  i  ;  Cic.  Ùe  dit'.  I,  33,  77.  —  12  Dio  Cass.  XL, 
18  ;  Serv.  Aen.  XI,  19.  —  13 Pour  les  flammes  cf.  l'Iut.  Sylla,  7;  Caes.  B.  afr.  47  ; 
Tac.  4nn.  Xll,64;  pour  les  araignées.  Dio,  XLI,  1  i  (ou  abeilles.  Val,  Max.  1,6,  12),  cf. 
Liv.XLVll,  2.  — liSuel.  Claud.  13.  Or.  Vil,  6.-15  Domaszcwski,  ilrc/i.  ep.  Mitl. 
XVI,  19.  —  16  Voir  les  monuaies  dans  Cohen,  p.  .Ï02,  361  ;  503,  376  :  III,  p.  362,  6. 

-  "  Col.Trajanc,  Cichorius,  texle.  11,  p.  35,  134,208,  253,342,367,  etc.  Cul.  Anlo- 
nine,  fetersen,  pi.  xvi  a.  Cf.  Amm.  Marc.  XV.  8,  4;  XVII,  13,  23;  XX,  5,  1;  XXVI,  2, 
IL— 'i*  Col.  Trajaue,  11,  p.  46,  pi.  ix-x  ;  p.  248,  pi.  xixviii,  xixii,  Lxxvn  ;  Col.  Anto- 
uine.pl.  i.ivet  r.ixxiTA.  —  19  Froehncr,  p.  13  (revue),  p.  100,  186,  238  (triomphes)  ; 
Ucinach,/(i-p.  des  reliefs,  l,p.  291  {deciirsio).  —  20  p.  ex.  dausFroehucr,  i/erfui/Zons 
de  CEmp.  romain,  p.  22  (Trajan),  p.  174  (Sepl.  Sévère).  —  21  Ibid.  p.  42  (Hadrien), 
162(Géta).  —'ii  Adloculiones,  Kroehncr,  p.  10,  13,  99,  129,  133,  184,  192,  211,  217, 
238,  231.  —  23  S.  Heinach,  ttép.  des  reliefs,  I,  p.  241,  242,  243,  244,  246,  2iS, 
260,  267,296,  294,  310.  331.  330,  338;  Cohun,  I,  p.  260,  73;  p.  275  (Vespasien)  ; 
Ut,  p.  380  (Caracalla).  Déjà  sous  Auguste,  i,  p.  101,  511,  on  trouve  Mars  remplacé 


sacrifice  dans  la  liistralio  avant  de  partir  en  c.impagne'". 

Les  enseignes  sont  naturellement  portées  dans  toutes 
les  cérémonies  militaires  :  adventus  et  pro/'ectio  de  l'em- 
pereur, où  elles  le  précèdent"^  ;  adloculio'''  eXIustratio  ", 
revues  el  triompiies  "  où  elles  l'entourent.  C'est  devant 
elles  qu'il  rei;oit  le  serment  des  soldats^"  ;  il  se  fait  re- 
présenter en  adoration  devant  elles-'.  Dans  les  médailles 
commémoratives  de  cérémonies  de  ce  genre,  une  aigle 
entre  deux  signa  suftit  d'ordinaire  à  représenter  la  par- 
ticipation de  l'armée  impériale  (fig.  0415)'-.  Bientôt  une 
enseigne,  avec  ou  sans  aigle,  devient  un  des  symboles 
de  la  puissance  de  l'Empire:  c'est  comme  telle  qu'elle 
figure  non  seulement  entre  les  mains  de  divinités  mili- 
taires comme  J/«/'S^^  Victoria''',  Disciplina-',  Vir/us-'', 
Gloria  ^'',  le  Genius  d'une  armée  ■^*,  mais  aussi  dans  celle 
du  Génie  du  peuple  romain  ",  de  6'onc-o/Y//«(fig.  189:2)^°, 
de  Fides^',dti  Pietas"-,  des  provinces,  des  villes  person- 
nitiées'^  Le  besoin  d'animer  et  de  personnifier  le  culte 
trop  froid  des  signa  lui  substitua,  à  partir  du  m'  siècle, 
celui  du  Genius  Signorum.  Home  reçut  sans  doute  alors 
le  vexillum  auquel  restait  attachée,  au  temps  de  Charle- 
magne,  la  suzeraineté  de  la  capitale^'.  Les  troupes  des 
contins  de  l'Empire  ne  faisaient  pas  preuve  d'un  moindre 
attachement  à  leurs  drapeaux.  Ne  voit-on  pas,  bien 
après  la  défaite  de  Syagrius,  les  soldats  romains,  perdus 
au  fond  de  la  Bretagne,  traiter  avec  les  Armoricains  et 
les  Francs,  à  condition  de  garder,  avec  leurs  coutumes, 
les  enseignes  impériales  sous  lesquelles  ils  continuèrent 
à  marcher  au  combat '''?  A.  J.-Kei.n,\(:ii. 

SIG^'ATOB.  —  Nom  du  contre-maitre  qui,  chez  les 
Romains,  dirigeait  les  opérations  de  la  frappe  des 
espèces  '  [monetarii].      F.  Lenormam. 

SIGXU.M  (i:-f,fiEïov).  —  Signe,  signal  et,  en  général, 
tout  ce  qui  sert  à  annoncer  ou  à  faire  reconnaître.  Nous 
devons  nous  arrêter  sur  quelques  sens  de  ce  mot. 

L  Signuin,  sigillum,  (jipaYt;,  (;Y,[X£tov,  sceau,  cachet, 
timbre.  —  Il  n'y  a  pas  de  dill'érence  essentielle  entre 
sceaux  et  pierres  gravées  :  les  fouilles  ont  fait  apparaître, 

par  des  si'jna  P.  II.  Mai;,  Victor  tient  un  n-xitlum  sur  une  tessirc,  Rostowzuw, 
Tesserarum  Syllorje,  16.i.  —  21  Cohen,  I,  p.  68-9  (Auguste).  Un  vexMum  esl  tenu 
par  une  des  Victoires  de  l'Arc  de  Titus  et  de  celui  de  Bénévcnl,  Reinach,  lt''p.  d. 
reliefs,  I,  276  et  66  ;  sur  une  cuirasse  historiée,  Matz-Duhn,  1,'.392.  —  25  Cohen, 
11,  p.  123,  197  (Hadriens  p.  3611  (Anionin).  —  2i;  Cohen,  VI,  à  Constantin  1  et  II  ; 
Vlll,  à  Magnence,  Maxime,  Julien,  Conslance  Galle,  etc.;  C.  i.  /.Vil,  1135. 
—  -3T  Cohen,  VI,  p.  138  (Conslanlin  I),  232  (Constantin  11),  244  (Constant  I)  ; 
Vlll,  p.  34  (Constance  Oalle),  p.  153  (Théodose).  —  2»  Sur  ces  genii  raililaires, 
Domaszewski,  Belir/ion  des  rôm.  Beeres,  p.  96;  Toutain,  Les  cultes  païens  dans 
l'Empire  romain,  1  (1907),  p.  460.  Le  retour  au  félichismc  qui  se  marque  dans  le 
remplacement  du  culte  des  signa  par  celui  du  Geniu.^i  signorum  et  de  ses  innom- 
brables collèges  a  été  bien  mis  en  lumière  par  Rend,  Op.  ci(.  p.  308.  —  29  Cohen, 
II,  p.  4S3  (Marc-Aurèle;.  —  30  Cohen,  I,  p.  274  (Vespasicn)  ;  II,  n.  707  (Hadricnj, 
5IIS  (Antonio);  V,  pi.  3  (Aurélien).  —  31  /(,.  ||,  p.  3.2  (Anionin);  !ll,  p.  133 
(Commode),  p.  367  (Ciir.icalla),  ctr.  —  32  Jb.  IV,  p.  13  (Alex.  Sévère).  —  33  Cf. 
jalta,  Le  rappresentanze  fignrate  délie  provincie  romane  (Home,  1908).  On 
trouve  portant  un  vexilium  les  provinces  suivantes;  Brilannia.  Cappadocia,  Cilicia, 
Dacia,  Judaea,  Maurelania,  Moesia,  Noricuro,  Pannonia,  Africa.  —  34  Rome  porte 
un  vexilium  devant  le  char  d'un  triomphateur,  Helbig,  Guide,  1,  n.  139.  Pour 
le  vexilium  de  Rome  envoyé  à  Cliarlemagne,  cf.  Hartmann.  Gcsch.  Italiens  im 
Mittelalter,  II,  2,  p.  332.  —  35  procop.  U.  Liotli.  \,il.—  Bim.io..iiAi-H)F.  La  Chausse, 
(Causacus),  De  signis  milit.  ap.  Graevins,  Tites.  ant.  rom.  X,  p.  152S,  In.  1  ; 
Le  Beau,  jU-'ni.  de  l'Acad.  des  Jnscr.  et  Bl.  XXXV  ;  Lange,  Hisloria  mulationis 
rei  milit.  rom.  p.  23,  47,89;  Harbel,  Ueber  die  Feldzeichen  d.  rom.  Heeres, 
dausAn»,  d.  Nassauer-Alterth.  Il,  3,  p.  118;  A.  von  Domaszcwski,  Die  Fahnen 
im  rômischen  JJeere,  Abhandl.  d.  arch.  epigr.  Hemimirs,  VVien,  1885;  Id.  Die 
Tierbilder  der  signa,  Arch.  epig.  Mitt.  XV,  fréponse  à  la  critique  de  Mommsen, 
ibid.  X)  réimprimé  dans  ses  Abbandlungen  :ur  rom.  Ileligion,  1909,  1-10  ;  Id.  Die 
IMigion  d.rôm.  heeres,  Westd.  Zeitschrifl.  XIV,  1890;  Froelich,  Uns  Kriegs- 
wesen  Caesars,  Zurich,  1889,  90  sr|.  ;  Marcpiardt,  Manuel  des  antiq.  XI,  Organis. 
milil.  trad.  fr.  1891  ;  Millier  ap.  Baumeisler,  Denkmtilcr,  III,  2063  ;  Ch.  Renel,  Les 
Enseignes,  Lyon,  19oi  (avec  les  critiques  citées  p.  1321,  n.  19). 
SIGNATOn.  1  Gruter,  p.  1066,  n"  5  et  1070,  n°  I  ;  Orelli,  3229. 


SIG 


—  1326  — 


SIG 


par  C(Milain(>s,  des  estanipillos  sur  argile  faites  avec  des 
pierres  trouvées  dans  le  même  gisement  '  ;  la  gemme 
simple  ou  grossière  n'avait  sans  doute  pas  d'autre  desti- 
nation ;  perfectionnée  et  faite  de  riche  matière,  elle  devint 
en  outre  un  ornement.  Négligeant  ici  ce  dernier  point  de 
vue  [gemmaej  et  la  fabrication  de  ces  objets  [sculptura], 
nous  insisterons  sur  leur  emploi  comme  sceaux,  et  sur 
les  exemplaires  de  dates  très  lointaines  découverts  dans 
les  toutes  dernières  années. 

Grèce.  —  Les  Orientaux,  dès  la  plus  haute  anti- 
quité, avaient  des  pierres  gravées  servant  de  cachets-  ; 
on  admet  généralement  [anulus]  qu'ils  en  transmirent 
l'usage  aux  Grecs.  Cette  hypothèse  n'est  point  indispen- 
sable, vu  l'époque  très  reculée  à  laquelle  remontent  cer- 
tains sceaux  de  la  Grèce  propre  :  en  Thessalie,  on  a  mis 
au  jour  des  cachets  de  terre  cuite,  qu'il  y  aurait  peut-être 
imprudence  à  dater,  avec  celui  qui  les  a  publiés',  des 
débuts  de  l'âge  de  pierre,  mais  qui  sont  vraiment  des 
cachets  de  sauvages,  dont  l'empreinte  consiste  en  sim- 
ples rayures  parallèles',  ou  en  marques  profondes,  dys- 
symétriques  ^  ou  vaguement  rayonnantes'';  une  sorte 
d'oreillette  permet  de  les  saisir  ;  elle  est  percée  d'un  trou 
on  passait  le  lil  de  suspension  '.  Ces  objets  n'ont  aucun 
caractère  décoratif;  il  en  est  déjà  autrement  des  sceaux 
trouvés  en  Crète*,  dont  plusieurs  remontent  jusqu'au 
III'  millénaire  avant  notre  ère.  Les  toml)eaux  de  la 
première  époque  minoenne,  fouillés  à  Ilaghia.Triada, 
à  Phaestos,  ont  livré  des  exemplaires  généralement 
en  ivoire  ou  en  os,  plus  rarement  en  pierre  (stéatite); 
les  formes  sont  très  variées: 
cônes,  pyramides,  prismes,  cylin- 
dres °  ;  les  représentations,  oii 
se  marque  déjà  une  certaine 
iiabileté  technique,  ne  se  bornent 
pas  aux  signes  géométriques  ou 
simples  lettres  ;  on  y  remarque 
des  êtres  vivants  (oiseaux,  ani- 
maux, idoles),  même  parfois  des 
hommes  ;  il  y  faut  ajouter  une 
curieuse  représen  ta  tion  (fig. 6437) 
en  spirale,  peut-être  du  labyrinthe  '".  Pendant  la 
deuxième  époque  minoenne,  ce  qui  domine,  ce  sont 
les  formes  prismatiques,  à  trois  ou  (plus  rarement) 
quatre  faces,  oll'rant  ciiacune  un  type  didérent  gravé 
dans  la  stéatite,  matière  que  le  pays  fournissait  ". 
Kntre  beaucoup  d'exemples'-,  on  eu  peut  relever  un  où 
apparaît  un  nouveau  témoignage  du  culte  de  l'arbre '^ 
Les  points  de  contact  sont  plus  sensibles  alors  avec  les 
antres  civilisations;  par  contre,  chose  singulière,  la 
technique  devient  plus  grossière.  A  la  fin  du  minoen,  qui 
coïncide  avec  la  jiériode  mycénienne,  se  vulgarise  l'usage 


SIGIVUM.  I  Xanllioudidcs,  'Eç,,!.  ifi.  1907,  p.  US,  noie  i.  -  2  Cf.  lig.  348i  à  SiSO, 
r.l53-fil5i,  cl  cïi.ii<i,Bus.  —  3  Nécropole  de  Scsklé,  Clir.  Tsoundas.  A'i  ijor,tofix«\ 
'l.f^riiiiî  i,|i,i„«u  »a"t  r;;»«*oi,,  Athènes,  1908,  col.  335-343.  —  *  JOUI.  fig.  i70. 
—  "Fig.  271.  — 6Kig.  î~i.  —  7  /Airf.  el  lig.  i73  ;  ce  dernier  ex.  esl  pcul-ôlre  uu  peu 
plus  réccnUsinipli-s  marques  circulaires  sans  ordre).  —  »  Ils  sont  au  Musiîe  de  Candie  ; 


Fig.  6437.  —  .Sceau  crélois. 


cr.  Xanllioudidès,  fUo 


■rSi;  loûMo 


■HsK.l.Jou   CEt,]».  içj.  1907, 


p.  Ul-180  ;  pi.  ïi-ix).  —  9  I,c  cylindre  est  oriental,  sans  doule  ;  seulement,  dans 
les  spécimens  cri^lois,  les  figures  qui  conslilueul  le  cacliet  sont  aux  deux  extrémités 
et  non  sur  la  surface  courbe.  —  '"  /bij.  pi.  vi,  lig.  7,  et  p.  l'iO.  —  Il  Le  sceau 
prisraalii|uc  se  retrouve  également  en  Kgypic  :  ei.  de  Karnak  fort  analogue  aux 
types  crélois  I  A.  E.  Evans, /ourn.  of  liell.  slud.   XVII    (1897),  p.    3G2,  fig.  28). 

—  '2  Xanlhoudidès,  pi.  vi,  lig.  i.  S,  y  et  suiv.  —  13  Ibid.  25  a.  —  IV  l'I.  vu,  43-4.Ï. 

—  15  Recueil  considéralile  de  ces  types  dans  Milani.  Studi  c  maleriali,  1,  2  (1901), 
p.  161-234;  Il  (1902),  p.  1-96;  111(1905),  p.  1-142  :  cf.  p.  249-397.  —  IG  Xantliou- 
di.lcs.  pi.  vu,  85,  p.  173.  —  17  Ibid.  98,  p.  175  ;  add.  deux  bu-ufs  couchés,  dont  les 


des  pierres  dures  et  précieuses,  taillées  en  forme  de  len- 
tille ou  d'amande'*;  on  y  voit  parfois  des  signes  symbo- 
liques, en  général  des  scènes  de  la  vie  quotidienne.  Aux 
nombreux  exemplaires  mycéniens  déjà  connus  antérieu- 
rement (fig.  3490  à  .3.500)'%  on  en  joindra  d'autres 
caractéristiques:  un  prêtre  ou  sacrificateur  tenant  la 
hacIle'^  une  lionne  mordant  un  taureau",  et  surtout 
un  cliar  traîné  par  deux  chèvres  sauvages,  animaux 
indigènes  de  l'ile'*. 

Il  n'est  donc  plus  soutenable  que  la  civilisation  mycé- 
nienne «  n'était  pas  mûre  pour  l'usage  du  sceau  »"; 
l'évidence  ressort  nettement  de  la  grande  trouvaille  de 
Zakro,  où  144  empreintes  dill'érentes  ont  été  reconnues 
lians  des  noyaux  d'argile.  Les  types  sont  très  divers;  il 
n'y  faut  point  chercher  une  pensée  artistique,  mais  le 
dessein  tout  pratique  de  donner  à  chaque  sceau  une 
individualité  marquée;  la  plus  incroyable  fantaisie  a 
multiplié  les  types  de  monstres  ;  multiplicité  voulue, 
afin  de  varier  les  cachets,  d'aider  à  les  distinguer  et  de 
dépister  les  contrefaçons -".  Ajoutons  que  certains  noyaux 
d'argile  d'Haghia  Triada  présentent  un  trou,  où  devaient 
passer  la  ficelle  ou  les  fibres  végétales  rattachant  le  sceau 
à  l'objet  dont  il  assurait  la  conservation  ou  le  secret-'. 
Ce  noyau  d'argile  était  peut-être  fixé  sur  un  ballot  de 
marchandises,  et  conservé  ensuite,  en  témoignage  de 
quelque  opération  commerciale". 

Les  poèmes  homériques  ne  contiennent  aucune  men- 
tion expresse  d'un  usage  semblable;  il  est  seulement 
question  de  lots  ayant  vwu  une  marque  distinctive, 
non  précisée  '-'.  Les  héros  d'alors  ne  portent  pas  d'an- 
neaux, comme  Pline  le  fait  observer-';  or,  l'anneau 
servit  à  protéger  le  cachet  avant  d'être  considéré  comme 
un  ornement-^  Il  importe  peu  que,  dans  des  œuvres  de 
fiction,  où  entrent  des  idées  plus  récentes,  les  anciens  per- 
sonnages mythiques  soient  décrits  avec  des  anneaux  aux 
mains-'';  ce  sont  anachronismes 
littéraires.  Le  cachet  fut-il  d'abord 
au  doigt,  en  bague?  Hérodote-',  a-t- 
on dit'-*,  n'indique  point  comme 
une  particularité  l'usage  babylonien 
de  le  porter  au  cou  ou  au  poignet. 
N'en  concluons  pas  trop  vite  qu'il  en 
était  de  même  dans  la  Grèce  d'alors  ; 
des  sceaux  archaïques  (fig.  (5438), 
d'autres  du  plus  beau  temps  de 
l'art'-''',  ont  comme  moyen  de  préhen- 
sion un  arc  métallique  comparable  à  un  anneau,  mais 
qui  n'est  pas  toujours  arrondi.  Est-ce  donc  le  sys- 
tème le  plus  commode  '?  Nullement,  on  préfère  aujour- 
d'hui un  manche  droit  sur  lequel  appuie  la  paume  de 
la  main,  et    on    en    a  trouvé  de  semblables    en    Crète 


Iclcscl  les  pieds  s'opposinl  (Iil3,  p.  170).  —  I»  l'I.  ix,  ICO,  p.  184.  —  l'J  lly(iotlicse 
téméraire  de  Knrlwaengkr(i>ic««(i7,en  Ocminen,  Leipiig-Berlin,  1900,  III,  p.  31), 
qui  ajoule;  Cet  usage  concorde  avec  celui  de  l'écriture,  l'as  de  docuiuenls  à  aulhen- 
tiquer  ;  les  affairesjuridiques  se  traitaient  de  vive  voix;  empruntées  à  l'Orient,  où  il 
en  était  autrement,  les  pierres  gravées  furent  réduites  k  servir  de  hijoux  ou  d'amu- 
lettes.  —  20  D.  G.  llogarth,  The  Zakro  sealings  {Joiirn.  of  hell.  stud.  XXII 
(1902),  p.  76-93,  pi.  vi-x)  ;  cf.  p.  91.  —  21  |'.  Halbheir,  Moniim.  antichi,  Xlll 
(1903),  p.  30,  fig.  17-20.  —  22  Bosani|uel,  Jourii.  of  helt.  stud.  XXI  (1901), 
p.  339.  l'iinc  (H.  II.  XXXV,  3,  33)  fait  allusion  plus  lard  aux  marchandises  expé- 
diées par  mer  en  paquets  cachetés.  —  23  //.  VU,  175.  Le  diptyque  de  Proetos, 
«l'vaï  ,tTuxîci;  (VI,  109),  devait  cire  tout  au  moins  entouré  d'un  lien.  —  24  //.  n. 
XXXIII,  I,  12.  —  25  Macroh.  Sal.  Vil,  13.  12.  —  26  Eur.  Iph.  Aul.  15,;  //ipp. 
862;  Pans.  1,  17,  3.  —  27  1,  |9,ï.  ï.  _  28  King,  Uandbook  of  emjrared  rjems. 
Lond.  1883.  p.  3.  —  '29  Ant.  du  Bosphore,  pi.  xvi,  11  ;  C.  rendu  de  St-Pétersb. 
pour  1870,  p.  220;  Leuormant,  Gas.  arch.  1877,  p.  188. 


étallic{uc 


SIG 


1327  — 


SIG 


lijii 


0439.  —  Cachet  cri-loi; 


(fig   ()i39;,  qui  sont  conlomporains  de  l'âge  mycénien'; 

nous  pourrions  donc  conjecturer  qu'on  imitait  un  anneau 

parceque,d'hal)itude,lecachet  était  atlachéà  une  bague-. 

Néanmoins,  les  résultats  des  fouilles,  rapprochés  de  ce 

que  nous 
montre  l'é- 
popée ho- 
mérique,in- 
diquent que 
le  sceau  est 
antérieur  a 
l'anneau.  11 
devait  donc 
y  avoir,  aux 

premiers  temps,  des  cachets  portés  ailleurs  qu'à  la 
main.  Les  inventaires  du  Parthénon  mentionnent  plus 
d'une  fois  des  sceaux  pourvus  d'anneaux,  d"or  ou  d'ar- 
gent, ou  dorés  (aippayi?  Xi6ivf|  /putroûv  ôaxTÛXiov 'É/ouaa,  etc.)  ; 
on  a  mis  en  doute  ^  que  ces  Sxj'.TijJ.tot  fussent  réellement 
des  anneaux  de  doigts,  munis  d'une  pierre  enchâssée; 
ils  pouvaient  être  de  simples  anses  arrondies,  mobiles, 
dont  on  enfonçait  les  extrémités,  au  moment  de  cacheter, 
dans  deux  trous  pratiqués  dans  la  pierre.  Le  trésor,  en 
effet,  comprenait  aussi  des  <rfpaYîo£<  aveu  oaxTuXc'wv'  el 
des  ffippaYtÔE;  Xiôtvat  'l/iXat,  c'est-à-dire  des  pierres  dépour- 
vues de  leurs  appendices  de  préhension,  dont  le  dépôt 
était  inutile,  en  raison  de  leur  valeur  insignifiante". 
Dans  des  inventaires  analogues,  de  date  plus  récente, 
comme  les  archives  (hellénistiques)  de  Délos,  on  constate 
un  singulier  renversement  des  formules  :  ce  n'est  plus  la 
pierre  qui  a  un  anneau,  c'est  l'anneau  qui  a  une  pierre, 
oaxTÛXioç  X18&V  (ou  a-fox-noo.)  'é/uv^.  C'est  que  désormais, 
à  partir  du  iv''  siècle,  le  port  du  SaxTiJÀto;;  s'est  beaucoup 
répandu';  pourtant,  pendant  la  guerre  du  Péloponnèse, 
c'est  encore  une  parure  qui  distingue  les  notables  el  les 
raffinés":  Eupolis,  voulant  accuser,  et  exagérant  le 
luxe  des  Cyrénéens,  dit  que  chez  eux  le  moindre  bour- 
geois porte  des  cachets  de  dix  mines',  et  pour  les 
sophistes,  qui  cherchent  à  éblouir,  Aristophane"  trouve 
ce  sobriquet:  (7tppotYiSû'vu/apYoxo[AT|Ta;.  Dans  les  inven- 
taires déliens  les  plus  anciens,  on  voit  mentionnés  des 
cachets  sans  anneaux  "  ;  il  est  difficile  de  juger  de  leur 
valeur:presque  toujours  on  jugeai  t  super  11  u  de  les  peser'-. 
Avant  .\lexandre,  c'est  le  plus  souvent  de  la  même 
matière  que  sont  faits  et  l'anneau  et  le  cachet;  on  n'a 
guère  conservé  intacts  que  des  spécimens  d'anneaux  des 
riches,  en  crr  "  ou  en  électrum''*;  ceux  d'argent  ont  été 


1    A.    Evans,      Joiirn.      o[      liell.      sliid.    1897,     p.      342    si(.      —    2   |)'où     la 
loimulc;  o.f«T;8.o.  .Jpxov  i^ov   ipuaoù-,  {Bull.  corr.   Iiell.  XIV  (1800),  p.  40C,  I.  50). 

—  3    Kurlwacnglcr,    Die  antiken    Gemmen,    IV,    p.    129  si|.  —  i  Add.    ivo;  Sviu 

5«ïtuÂiou.  —    »     D'autres  arliclcs  :   «opaYrSe;  ôvù/ivat,    tû^IttSE;,    oepavî;    lôffitt;  lïEoixE- 

/puabi^ivT;,  i.f(uflui  SfSciJLE'vut  ^QcTni$£;,  iraçSia  ip^uptui  SeSeiaévu,  ne  sont  pas  for- 
cément des  anneaux  :  on  peut  supposer  des  médaillons,  camées,  liroclics, 
pendeloques,  etc.  -  l  Th.  Homolle,  Bull.  corr.  Iiell.  VI  (18»2),  p.  Ili2.  —  1  Phil. 
2imo(.  31,5.—  »SçsirïS';i>»iE;(Ansloph   Ercl.  632):  —9  Aeiian.  V.  h.  .XII,  30. 

—  tO  NuO.  332.  et  Sch.  nd.  l.  —  "  Schulhof,  /iull.  corr.  hcll.  XXXII  (1908), 
p.  11,  I.  16  ;  •Toça/t;  iïEp7&u<To;  (Vers  300),  comme  soixante  ans  plus  tôt  (Homolle, 
i6lVi.  X  (1880),  p.  4G3,  I.  53).  —  12  Inveulairc  dHjpsoclès  (279),  I.  49-50, 
OBçayl;  7_p-j(TÉv5£toî  a(jT«T<.;,  crpayÉStov  /çuffÉvSExov  «irtaTOv  (Homolle,  Bull.  corr. 
hell.  XIV  (1890),  p.  406);  il  en  est  ainsi  même  pour  des  pierres  précieuses 
comme  l'émeraude:  ..ç.r'is  <,,.af[iiS«u  5.«]t«to;  {ihiil.  XXXII  (1908),  p.  04,  I.  23). 

—  13  FurIwacugIcr,  Op.  ci(.  pi.  is,  35-48;  x,  10,  14,  19-20,  27,  33-37,  43,  45-47, 
50;  1.11,  27,  28,  32,  33.  —  1*  Jbid.  pi.  il,  41  ;  x,  10,  27,  33-37;  quelques-uns  de 
ces  exemplaires  ont  l'anneau  seul,  non  le  cachet,  en  électrum.  —  *5  cf.  cependant 
l6i«/.  pi.  LXi,  31  el33.—  le  Olympia,  IV,  Bmnzen,  p.  180  sq.  Ex.  lie  K'erlch  (C.  r. 
de  la  comm.  arch.  1877,  pi.  n,  21-23).  —  n  Satinas,  Aoliz.  dfijli  scari,  1883, 
p.  288-314,  lav.  VII-XV  ;  Furlwaengler,  p.  109,  130,  109.  -  IBSalinas,  tav.  Vil;  123 


pour  la  plupart  di'Iriiils  par  l'oxydation'"',  qui,  sans 
anéantir  les  exemplaires  en  bronze,  les  a  endommagés 
au  point  que  les  types  sont  rarement  rcconnais- 
sables  "^.  Ces  derniers  sont  les  plus  nombreux,  ce  sont 
ceux  de  la  classe  moyenne  ;  de  bronze  étaient  prob:i- 
blement  les  sceaux  dont  on  a  retrouvé  tant  d'emjjreintes 
dans  les  ruines  d'un  des  temples  de  Sélinonle  ;  elles  sont 
marquées  dans  de  l'argile  et  s'espacent  chronologiquement 
de  350  environ  à  249  av.  J.-C.  ;  les  types  courants  sont 
assez  simples  :  tètes  humaines,  masques,  animaux,  des 
symboles,  comme  la  foudre,  le  caducée  ailé,  la  corne 
d'abondance,  des  épis  ou  pavots,  etc.".  Quelques  spéci- 
mens très  curieux  de  ces  creliile  ont  reçu  plusieurs 
timbres  (fig.  6440)"  :  au  milieu 
une  marque  aux  types  du  dau- 
phin et  de  la  massue  (d'Hercule),  ^T. 
qui  doit  provenir  d'un  sceau 
public,  de  la  ville  ou  des  prêtres 
du  temple  ;  tout  autour,  des 
cachets  de  particuliers".  Quant 
aux  gens  de  peu,  ils  se  conten- 
taient de  pâtes  de  verre  -",  en- 
châssées ou  non  dans  une  feuille 
d'or'2',  peut-être  aussi  de  vieux 

morceaux  de  bois,  oii  la  morsure  des  vers  avait  dessiné 
comme  des  figures  '--. 

A  Athènes,  de  pratique  courante,  tout  propriétaire  ou 
intendant  cacheté  ce  qu'il  veut  mettre  en  sûreté;  les 
choses  du  ménage  sont  ainsi  tenues  à  l'abri  des  esclaves 
pillards-';  la  précaution  est  de  règle  surtout  en  cas 
d'absence  ".  Dans  la  coutume  de  l'échange  des  fortunes, 
en  vue  d'échapper  à  la  triérarchie  [a.xtidosis],  les  deux 
parties  apposent  leurs  timbres  sur  leurs  biens  mobiliers, 
pour  la  sincérité  de  l'opération^"'.  Les  documents", 
notamment  les  lettres  ",  sont  reliés  par  un  fil  (X{vov),  sur 
lequel  s'applique  une  pincée  de  terre,  à  un  endroit 
choisi  de  telle  façon  qu'on  ne  puisse  ouvrir  sans  rompre 
l'estampille  qu'elle  a  reçue  [episïolae]  ;  on  employait  à 
cet  effet  une  argile  asiatique  très  adhérente,  y^i  ifiiAavTpt';  -«, 
ôOttov,  pûiroç^',  crelitla'"\  analogue  à  la  cire''. 

Pour  que  les  sceaux  offrissent  une  garantie  sérieuse, 
l'idéal  était  qu'il  n'y  en  eiit  pas  deux  semblables  :  on 
connaît  la  loi  de  Solon  interdisant  au  fabricant  de  garder 
une  empreinte  du  sceau  qu'il  avait  vendu'-;  loi  ineffi- 
cace, enfreinte  pour  un  triobole  ",  et  facile  à  tourner 
même  sans  complicité  du  marchand  :  on  coupait  la  cire 
au-dessous  de  l'empreinte,  à  l'aide  d'une  aiguille  rougie, 


et  130.  —  19  H  existait  daillcursdcs  bagues  i  plusieurs  chatons;  cf.  fig.  3.ï.î.  Sciaux 
publics,  ou  privés  v.  Curlius,  Ueber  Wappenyehraïufi,  Acad.  d.  n'isseiisr/ir.  :ii 
Berlin,     1874.     -    20    E=p.,!5eî     54Xi.«.    (f.    i.    ait.      II,     t,   p.     313,    I.     70). 

—  SI  Bull.    corr.   hell.   XIV  (1890),    p.   400,  I.   50:    .içar'*'»'  Si^'»»»  zpu<7£v8et.v. 

—  2i  Aristoph.  Thesm.  427  ;  tTpdY.'Sia  eç.itïjSEaT'ii  ;  Husych.  s.  v.  Spi-oôpiaioi;  Lucian, 
Lexiph.  13:  «••.«YïSt;  «ç.;  il  est  vrai  qu'on  a  proposé  une  autre  interprélaliou  : 
des  sceaux   finement    ciselés    comme    des    morceaux   de  bois   mangés    des   vers. 

—  23  Aristoph.  Thesm.  415;  !?(/.  947  ;  Xen.  Besp.  Lie.  VI,  4;  l'Iut.  Ah.r.  9.  1.  La 
niailrcsse   de    maison    peut    aussi    avoir    son    sceau:    Aristoph.     Lys.    1195   sq. 

—  2i  Aesch.  Agam.  609  ;  Plat.  Ley.  XII,  954;  Atheu.  I,  p.  34  A  ;  de  même  chez 
les  Romains:  Cic.  de  Oral.  H,  01,  248:  Juv.  XIV,  132;  add.  les  lextcs  cités  à 
ANiii  us,  p.  293,  note  55.  —  '^>  Dcm.  XI.U,  2.  -  26  On  a  retrouvé  dés  cachets  d'ar- 
gile sur  des  papyrus  ploléinalques  du  I-'ayoum  (ArcU.  An:.  XXIII  (1908),  p.  193). 

—  2î  Eurip.  Ipli.  Aut.  325;  Thuc.  I,  132,  5;  Lucian.  Timon,  22.  —  2»  Ilerodol.  U, 
38,  3.  —  29  Aristoph.  Lys.  1200;  Phot.  Lex.s.  v.  -  30  Cic.  Pro  Place.  10,  37  ;  In 
\err.  IV,  20,  58.  —  31  Mais  les  Romains  se  servaient  aussi  de  cire  :  Plaut.  Bacch . 
714,  748  ;  QuinU  Insl.  or.  XH,  8,  13;  Justin.  Inst.  II,  10,  3.  -  3'2  Oiog.  Laert. 
1,  2,  57.  —33  Aristoph.  î'/iesm.  423.  Argillos,  messagcrde  Pausanias  quand  celui-ci 
intriguait  en  Perse,  se  procura  le  double  <run 
inspirait  des  soupçons  tThuc.  L   132) 


afin  de  lii 


•  lettre  .|ui  lui 


SIC. 


—  1328 


SIG 


puis  on  rapprochait  les  deux  fragnienls  en  cliaulTanl  à 
nouveau'.  Une  eniiirpinle  de  sceau  pouvait  encore 
servir  de  pièce  d'identité.  On  en  remettait  aux  messagers 
politiques,  privés-  ou  galants';  un  anneau,  ou  sa 
marque,  tenait  lieu  aussi  de  mol  de  passe  en  temps  de 
guerre*.  Ce  sont  des  sortes  de  eaciiels  que  les  lessères 
d'hospitalité  [iiospitium,  p.  298],  que  les  lableltes  ou 
jetons  qui  servaient  de  moyen  de  reconnaissance  dans 
les  assemblées,  aux  jeux,  aux  tliéàtres,  etc.,  et  les  lessères 
de  plomb  que  l'on  possède  en  si  grand  nombre  [tesserae]. 
Voulant  honorer  Straton,  roi  de  Sidon,  la  boulé  alhé- 
nienne  lui  oU're,  entre  autres  dons,  un  certain  nombre 
de  <7'j[x^(,Àa,  devanlservirà  identifier  sescnvoyés  à  venir^ 
et    qui    reçurent    apparemment    l'estampille     de    l'Étal 


l'iu'.  OKI.    —  Tabiclle  i)'l]i''liaslc. 

(aTTtxôv  (7r|(jiEïov).  Celle-ci  se  retrouve,  par  exemple,  dans 
plusieurs  timbres  sur  les  tablettes  d'héliastes  [ueliaea] 
(fig.t)i4l)  où  l'on  voit  une  chouette  de  face,  une  double 

chouette  à  lête 
unique,  accom- 
pagnée (les  ini- 
tiales du  nom 
d'Athènes  et  un 
masque  de   Gor- 

dc  présence.  gOUe,        lOuleS 

marques  <le  contrôle  de  l'Étal;  de  même  sur  une  tessère 
d'héliasle  enplomb((ig.(jii2)eslimprimée  unechouette  ''  ; 
c'est  unjelon  de  présence  aussi  bien  que  le  plomb  (fi  g.  Ci  43) 
timbré  de  deux  clioueltes  et  du  motnPYTANEA,  que  le 
prytane  échangeait  contre  son  salaire  (ixiTOoçfiouXeuTtxôç)  '. 
Le  garde  des  sceaux,  à  Athènes,  était  l'épistate  des 
prylanes*.  On  voit  un  plaideur  demander  que  les  pry- 
tanes  interrogent  les  esclaves  publics  et  transmettent  au 
tribunal  leurs  réponses  cachetées'*.  Un  décret  de  435/4, 
relatif  à  l'élection  des  trésoriers  publics  [tamias],  spé- 
cifie que  les  trésoriers  d'Athèna  se  joindront  à  eux  p'our 
fermer  et  sceller  les  portes  du  trésor'".  Kn  matière  de 
justice  surtout,  le  sceau  public  a  un  grand  rôle  :  on 
l'appose  sur  les  pièces  de  procédure  ",  sur  les  biens  con- 
fisqués''^; les  magistrats  d'ordre  judiciaire,  au  surplus, 
usaient  de  leurs  cachets  personnels '%  queh|uetois  aussi 
les  juges  '■'. 


1  Liiciaii.  Mer.  2\.  l.e  ptiilu^oplie  l.acydès  scellait  son  garde-manger  a^cc 
1111  anneau  tiu'il  di^siiiiiilalt  dans  un  trou  de  là  porte;  ses  serviteurs,  l'ayant 
otiservé,  purent  le  loler  et  rccaclieler  à  sou  insu  iDiog.  Uert.  IV,  8,  59). 
—  2  Cléarclios,  arrêté  sur  les  instances  du  roi  de  Perse,  donna  à  Ctésias,  jadis 
à  son  seri^ice,  son  sceau,  comme  ffûi*SoÀov  çàioe  wj)i;  xûûî  iv  Aa3(t^aiV''Vt  auffivtXti 
.a.  ol».;«uî  (Plut.  Arlax.  18,  1).  —  3  Plant.  Pseud.  I,  1,  55  sq.;  Atlicn. 
XIII,  p.  585  d.  —  iArislopli.  Av.  Iil3  et  scliol.  ;  Plaut.  Ca/it.  II,  3,  90.  —  5  Uii- 
tenlicrger,  Sijlloyt  -',  Ils,  I.  20  sq.  (a.  370-30i  av.  J.-C).  —  6  Rayel,  Ann.  de 
l'Asa.  pour  i'Iincour  des  éliid.  ijrec.  1878  ;  Uuruy,  Hist.  des  Grecs,  1,  p.  306  ;  cf. 
sur  le  sceau  d'Alliénes  et  sur  celui  d'antres  cités,  E.  Curtius,  Ueber  Wappenge- 
brituch  in  Abhnnd  d.  Berlin,  Al.a.l.  1874,  p.  88  ;  C.  i.  ait.  Il,  2,  p.  347-354  et  537. 
n"  875-9in;  El.  Michon,  Bull,  de  ta  soe.  des  auliq.  de  Fr.  190»,  p.  332-360  et  371, 
n"  6.  —  '•  Mou.  deir  Inst.  arch.  VIII.  pi.  ïxxii,  n.  37  ;  lluruy,  Hist.  des  Grecs, 
H,  p.  iUi.  -  7  Ueundorf,  Beilrage  zur  lieimtniss  ait.  Tlieaters,  pi.  xxxix;  .t/ow. 
delf  Insl.  Vin,  pi.  xxxri,  n.  2846  ;  Duruy,  //.  des  Grecs,  I,  p.  204.  —  8  Aristol. 
'M.  «o"/..  44,  I;  cf.  Suid.  et  Dittenberger,  ibid.  780,  'iO.  Les  prytanes  estam- 
pillent les  urnes  où  hi  boulé  dépose  les  noms  des  juges,  pour  les  concours  des 
Uioiiy  :  Isucr.  XVII,  31).  -  'J  Uem.  1.111,  2i.  —  10  Uillenberger,  il,  I.  13  si|.  ; 
Suidas 5.  V.  (IcT'joonKttîvtfrflat)  signale  une  loi  de  Lycurgue  ordonnant  aux  prôtres  de 


Dans  bien  des  circonstances  même,  à  côté  du  sceau 
public,  chaque  citoyen  était  libre  d'apposer  le  sien  "■  ;  la 
multiplicité  des  cachets  était  une  garantie  qui  se  ren- 
contre dans  divers  décrets  athéniens"'.  Dans  une  aflaire 
d'oracle  inléressanllaconfédt'ralion  des  Magnètes,  les  dix 
stratèges,  les  dix  nomophylaques  et  un  prêtre  encore 
mettent  leurs  cachets  ".Dans  une  inscription  de  Smyrne  '*, 
stratèges  et  exétastes  cachètent  avec  le  sceau  de  la  ville 
et  leurs  cachets  particuliers.  Le  timbre  de  la  cité  est 
souvent  aux  mains  du  trésorier  fTafJiia;)  ". 

Le  sceau  public,  rougi  au  feu,  marquait  les  esclaves 
publics  d'Athènes-",  peut-être  aussi  les  victimes  sacrées  ; 
nous  ne  savons  dans  quelle  mesure  on  s'inspirait  en  Grèce 
de  la  pratique  égyptienne,  suivant  laquelle  le  prêtre 
marquait  les  bœufs  à  sacrifier  avec  une  bande  de  papyrus 
cachetée  autour  d'une  des  cornes-'.  La  garde  des  trou- 
peaux sacrés  et,  pour  les  particuliers,  la  nécessité,  de 
bonne  heure  sentie  en  Grèce,  d'envoyer  paître  au  loin 
les  animaux  [ristica  resI,  devait  amener  la  pratique  de 
la  marque,  comme  on  l'a  vu  pour  les  chevaux  [^eqi'i  s, 
p.  «00,  nota]. 

Hien  que  la  loi  n'imposât  pas  cette  formalité,  les  con- 
trats étaient  d'ordinaire  revêtus  des  sceaux  des  parties 
qui  y  intervenaient,  en  présence  de  témoins;  les  testa- 
teurs cachetaient  de  même  leurs  actes  de  dernière  volonté 
[rESTAMENi'i'iM]  ^'-,  et  par  mesure  de  précaution  on  enve- 
loppait le  cachet  d'une  coquille  (xoy/ti)  protectrice  ; 
ouvrir  le  testament  se  disait  par  suite  !vll3.y.o•(/\Jk^'il,^^■^^-^. 
Les  témoins  aussi,  peut-être,  ajoutaient  leurs  sceaux 
personnels",  mais  nous  n'en  avons  aucun  indice  pro- 
bant^\  L'intérêt  de  cette  formalité  n'était  point  tant 
dans  la  garantie  du  secret  qu'elle  semblait  donner,  car 
les  Grecs  étaient  habiles  à  déjouer  ces  précautions-", 
que  dans  les  avantages  accessoires  qui  en  découlaient: 
une  personne,  dont  le  nom  ne  figurait  pas  à  l'acte,  était 
pourtant  tenue  comme  caution,  si  un  témoin  affirmait 
qu'elle  avait  accepté  cette  qualité  et  si  elle  avait  apposé 
son  sceau  ".11  a  pu  et  il  a  dû  arriver  que  l'empreinte 
figuriUaubas  du  texte  mème;maisen  général  les  sceaux, 
en  Grèce,  s'appliquaient  sur  les  documents  plies  et  enve- 
loppés, pour  en  empêcher  l'ouverture  frauduleuse-'. 

ROME.  —  Que  ce  soient  ou  non  les  usages  orien- 
taux-'' et  grecs  qui  aient  influencé  à  cet  égard  les  habi- 
tants de  l'Italie,  il  reste  indubitable  c|ue,  de  très  bonne 
heure,  ils  s'habituèrent  à  porter  un  anneau,  non  ornntus, 
scd  sii/nandi  causa^".  En  effet,  dans  la  Rome  ancienne, 
si  les  femmes  ont  des  bijoux  d'or,  les  hommes  n'en  ont 
pas  ;  l'anneau-cachetque  porte  chaque  citoyen  est  enfer'". 


sceller  l.-s  tja^ijïiir»  déposés  dans  les  temples.  —  H  llein.  XVIIl,  »50;  Oaresie, 
Haussoullier,    Tli.    Reinach,     /user.   Jur.    t/r.     Pans,    1    llssil),  p.     139,    I.    li. 

—  12  Aristoph.  fr.  378  ;  Xeu.  Hell.  Il,  3.  21;  4,  13.  —  13  Aristot.  'Al.  lo..  33,  i. 

—  1^  Ainsi  dans  les  instances  capitales  (Plat.  Leg.  IX,  830  A).  Voir  l'inscr.  de 
Daulis  (C.  i.  ijr.  1732),  où  les  auteurs  d'une  sentence  signent  ainsi;  iTçpâYi<r<i  (6,  I. 
31-2,  36-7),  tiroo«Y'«n«"  {'■  I'').  ioifiTi»»  (1.  «)■  —  '^  Uécrcl  trouvé  à  Éleu-iis  |t'.  i. 
ntl.  supp.  104  a),  I.  39-40  :  nnooiir.ii»!;»»"''»' —  "  JouiiiJt.o;.  —  "'  P.  Foucart,  Buli. 
corr.  hell.  Xlll  (1889),  p.  451  sq.  —  H  Insu:  gr.  IX,  2,  1109,  1.  42-43.  —  I»  C.  i. 
ijr.  3137,  1.  87-88.  —  19  Ibid.  2132  *,  I.  23  (Caryslos).  —  20  Xen.  Vect.  IV,  21  : 
'.«SpimiSa  (ri«r,|»a(i.iis.«  xçi  S^uici'...  «.i;.ivi;ui.  —  21  Herodot.  Il,  38,  3.  —  22  l.vs. 
XXXU.  7;  [liog.  Laerl.  V,  2,  57.  Théopliraste  fit  dresser  (|uati'e  copies  de  son  tes- 
tament, toutes  cachetées.  —  23  Aristoph.  \esp.  5S9.  —  21  [)em.  XXVlll,  5;  XI, 1,  9 
et  21.  _  25  Robert  J.  Bonner,  Classic.  Philol.  111  (1908),  p.  403-4J4;  L,  Beauchet, 
Hist.  du  droit  privi'  de  la  Bépuhl.  altién.  1897,  III,  p.  039,  602.  —  26  Voir  les 
réflexions  de  Polybe,  VI,  36,  13.  —  21  Dem.  XXXV,  15;  XLI.  22.-  28  Bonner,  O.  /. 
p.  400.407.  —  29  Voir  lig.  6136,  un  scarabée  ilaliole.  —  ™  Macrob.A'ui.  VII,  13,  12. 

—  31  l'Iin.  //,  nat.  XXXlll,  1,  9  s,|.  ;  l'iin.  jun.  A'/ji»/.  VIII,  i;,  4  ;  Slal.  Silr.  III. 
3,  144  :  Appian.  Pun.  104  ;  Uelochc,  Le  pur!  des  uiiueau.r.  AJrm.  ac.  des 
/lise,  XXXV,  2  (1896). 


SIG 


1329  — 


SIG 


On  sait  que  les  Uoinains  de  qiitilit('  dédaignaient 
d'écrire  eux-mêmes  el  préféraient  dictera  un  secrétaire; 
à  celle  écriture  impersonnelle  il  fallait  la  garantie  d'un 
sceau.  Ensuite  l'anneau  fui,  en  outre,  un  ornement,  ou 
peul-élre  y  eut-il  biuntôl  deux  sortes  d'anneaux  '  ;  du 
moins  des  textes  de  basse  époque  donnent  à  penser  qu'on 
distinguait  celui  qui  servait  à  signer  par  des  qualificatifs  : 
aiiu/us sifjiiaCoriu-i-  on  sigillaricius^. 

Cet  anneau  imprimait  le  caractère  d'aulhenlicilé  aux 
actes  les  plus  graves  de  la  vie':  fiançailles,  tabulae  nup- 
tiales'", testaments;  il  ne  suffisait  pas  pour  faire  une 
institution  d'héritier,  mais  il  ajoulail  une  force  considé- 
rable à  tout  acte  écrit  dans  ce  sens.  L'anneau  sigillaire, 
vu  son  importance  spéciale,  n'était  pas  confondu  avec 
les  autres  bijoux;  et  en  cas  de  legs  des  ornamenta,  il 
n'était  pas  compris  sous  celle  formule  globale  °.  Au 
temps  des  mœurs  simples  \  le  cachet  n'était  apposé  que 
sur  les  acles  importants  el  exceptionnels,  ou  sur  les 
choses  très  précieuses;  plus  tard,  comme  en  Grèce,  on 
prit  l'habitude  de  tout  mettre  sous  scellés  dans  la  mai- 
son* ;  aussi  l'anneau  des  fiançailles  n'était-il  pas  donné 
comme  bijou,  mais  comme  symbole  de  la  surveillance  à 
exercer  dans  fous  les  recoins  de  la  demeure  conjugale'. 
Ce  n'est  pas,  juridiquement,  le  sirjnaculum  particulier 
de  la  femme  ;  c'est  celui  du  maître  qui  l'a  confié  en  garde 
à  son  épouse;  parfois,  avant  de  mourir,  il  le  lègue  à  sa 
fille  ainée  '",  ou  en  même  temps  à  sa  femme  et  à  sa  fille  '  ' . 
On  a  au  Musée  britannique,  provenant  d'Egypte,  une 
serrure  en  bois  qui  présentait,  à  l'exlrémilé  d'un  cou- 
vercle mobile,  une  cavité  où  devait  être  insérée  l'argile 
ou  la  cire  cachetée  servant  à  garantir  que  la  gâche 
n'avait  pas  été  tirée'-.  On  possède  également  quelques 
boites  de  bronze  à  charnière,  percées,  sur  les  cotés,  de 
deux  trous  pour  le  passage  d'un  fil("?;,  el  que  plusieurs 
tiennent  pour  des  boites  à  sceller  (une  porte  de  coffre  ou 
d'apparlement)  '^  ;  mais  d'autres  y  voient  plulôl  des 
boites  à  parfums,  sans  pouvoir  expliquer  tous  les 
détails  ". 

Étant  donné  ce  qu'on  sait  du  faste  el  de  la  complica- 
tion que  les  riches  Romains  mettaient  dans  leur  exis- 
tence, il  est  forl  probable  que  chacun  d'eux  gardait  sur 
lui  un  sceau  de  grand  prix  pour  ses  lettres  et  les  acles 
publics'-',  laissant  à  quelque  intendant,  pour  fermer  les 
colTres'*,  un  cachet  vulgaire  auquel  la  clef  était  souvent 
attachée  (fig.  349;.  Le  premier  pouvait  avoir  quelque 
type  en  rapport  avec  les  fonctions  exercées  par  son  déten- 
teur ;  on  a  retrouvé  deux  pierres  gravées  (fig.  G04o  (J04(j) 
qui  devaient  appartenir  à  des  Salions;  elles  repré- 
sentent le  transport  des  boucliers  sacrés.  Les  ligures  et 
légendes  de  ces  sceaux  offrent  la  variété  qu'on  a  déjà 

I  beaucoup  eu  portent  plusieurs  (Horal.  SaL  II,  7,  D)  ;  Trinialcliiou  en  a  ciuq 
(l'clron.  71);  cf.  fig.  351-35i.  —  2  L'Ipian.  Oirj.  XXXIV,  2,  iô,  10;  Haul.  iijid. 
L  ,16,  71.—  3  Vopisc.  Awelian.  30,  2  Peler.  —  4  pljn.   U.  nnt.  XXXIII,  I,  27. 

—  5Juv.    Il,  119  B(|.  —  '•  l'aul.  loc.  cit.  —  ''  l'iiii.  :   Qiiae  fuit  Ma    vitii  pris- 

corum,  tfualis  innocentia,  in   /jtia  nihil  siynabatur.  \iinc — 8  Les  esclaves, 

toujours  suspects,  y  élaieiil  eu  plus  gr.inil  noniln-e  i|«e  jadis.  —  9  Clem- 
Al.  Pnat.    III,     11    (Mi|,'lle,    Pntr.    gr.    VIII,   col.    302).   —    M>  Ùig.   XXX,  77,21. 

—  '1  Ainsi  lit  Aurélien,  «  comme  s'il  eût  été  un  simple  particulier  »,  donc  sui- 
vant une  pratiijue  très  répandue.  —  12  ,4  Guide  to  the  Exhibition  itlustrating 
Greek  and  lloman  Life,  Londoa,  \9m,  p.  160.  lig.  177  a.  —  13  Ibid. 
p.  107  si|.  fig.  177  d.  —  H  Hill,  Num.  Chron.  1897,  p.  293  sq.  —  <5  Plant.  Bac- 
ckid.  7V8;  Cic.  Cnt.  111,5,  lU  ;  Juv.  XIII,  137  sq.  ;  Suel.  Claiid.  29:  Scn.  De 
beii.  III,  15,  I  ;  Ovid.  Amor.  Il,  15,  13  sr|.  —  ii!  kornniaun,  Ve  triplice  annula, 
Leyde,  1672,  p.  47.  —  "  Cic.  in  Catit.  III,  5,  lu  ;  Ùe  fi,i.  V,  1,  3;  Suct.  lïb. 
5S;  Val.  Mai.  III,  ô,  1.  —  18  Add.  Furlwaeugler,  Gtmmen,  III,  p.  30V;  Milani, 
L'anelio  sigillo  d'Autjusto  col  tipo  délia  s/inf/e  (Htadi  e  materiali  di  arch. 
num.  Il  (l'.'oii.  p.    I72-I!i0).   —  '«  Dio  Caj,s.  LXVI,    2,   2.   —   20  Justin.  //«(. 

Vin. 


rencontrée  à  l'époqtie  grecque  [gemmae]  ;  ce  pouvaient 
être  simplement  les  noms  du  propriétaire  ou  des  portraits 
d'ancêtres,  d'amis,  des  objets  religieux,  des  allusions  à 
l'histoire,  réelle  ou  mythique,  de  la  famille  '\ 

Sous  la  République,  le  cachet  en  or  des  magistrats 
faisait  partie  des  objets  d'équipement  nécessaires,  com- 
pris dans  le  vasarium,  el  qui  leur  étaient  fournis  avant 
leur  dépari,  par  voie  d'adjudication  publique  'salarium]. 
On  connaît  par  les  auteurs  les  sceaux  de  la  plupart  des 
césars  [a.nilis,  p.  29.5;  gemmae,  p.  1484]'*.  L'Empereur 
permettait  quelquefois  l'usage  de  son  anneau  officiel  à 
ceux  qu'il  voulait  qu'on  regardât  comme  ses  représen- 
tants'"  ;  on  a  même  pensé  qu'une  magistrature,  la  cura 
anuti,  étail  affectée  à  la  garde  du  sceau  du  prince  ;  mais 
ce  titre  n'apparaît  qu'une  fois,  du  temps  de  César"'"',  et 
semble  une  redondance,  car  la  cura  epislulurum  y  est 
ajoutée;  et  pratiquement,  cette  magistrature  n'était  point 
nécessaire^'. 

Après  la  conversion  de  Constantin,  les  anneaux  de 
luxe  deviennent  plus  rares.  Clément  d'iMexandrie  '^■' 
recommande  aux  chrétiens  de  ne  poinl  choisir  pour  leurs 
cachets  le  signe  de  la  croix  ou  la  représentation  de  quel- 
que mystère  religieux,  qui  pourraient  les  trahir",  ni 
des  images  idolâtres,  car  il  y  aurait  péché;  mais  des 
ligures  allégoriques  ou  des  emblèmes  convenus,  comme 
l'ancre  el  le  poisson  (fig.  322)^^ 

De  même  qu'en  Grèce  les  sceaux  furent  d'usage  cou- 
rant dans  tous  les  actes  de  la  vie  juridique'^"  ou  commer- 
ciale. Du  sol  de  Pompéi  on  a  exhumé  bon  nombre  de  ces 
tabulae  ceratae^'^  constatant 
l'acquittement  d'une  dette,  et 
réunies  le  plus  souvent 
en  triptyques  :  deux  des  la- 
blettes  se  rabattaient  l'une 
sur  l'autre,  de  façon  à  re- 
couvrir le  texte  ;  des  cor- 
donnets les  liaient  ensemble 
ets'engageaient  dans  une  rai- 
nure pratiquée  au  dos  de 
l'une  d'elles  ;  on  appliquait 
sur  eux  les  sceaux  des  lé- 
moins  ''-'  et  en  face  de  chaque 
cachet  étaient  inscrits,  sur  la 
troisième  tablette,  les  noms 

du  témoin  correspondant  (fig.  6444  -*.  La  loi  d'un  collège 
funéraire"  prévoit  le  décès  d'un  membre  habitant  à  plus 
de  vingt  milles  de  Rome;  celui  qui  aura  pris  soin  des 
funérailles  pourra  ohiBn'w  \c  funeraticium,  moyennant 
précaution  semblable  :  te.<tta[tor  rem  tabu\lis  signatis 
sifjillis  cicium  Romaiior.  Vil. 


Fig.  0i4k 


XI.I11,    12.    —     '-1     Peut-être    cependant    ric-.^T'-ioroàjo;    lielléuistiqu 
outre   in;    »sj«YtSc.;;  de  là  dériverait  celte  cura   anuli  (Rostowzew, 
Wissowa,  VI,  1,  col.  210  sq.),  qui  sans    doule  n'a  pas  duré. 
—  23  II   y  eut  naturellement  des  imprudents  ;   un  sceau  syrien  du    Lo 


était-il  en 
ip.  Pauly- 
2i  Ibid.  col.  633. 
porte 
cette  inscr.  :  .!;  >iii  {.irch.  Anz.  XVI  (1901),  p.  152,  n»  07).  -  ^l  .Nombreux  spé- 
cimens dans  le  hictionn.  darch.  chrél.  I,  2,  p.  2177  sq.  s.  i'.  AnneauxiH.  Leclcrcql, 
1907.  _  ii  Les  elTels  d'un  accusé  au  criminel  étaient  mis  sous  scellés,  ainsi  que  ses 
papiers  doniesli.|ues  Cic.  In  Verr.  Act.  Il,  1,  19,  50).  —  «  Corp.  inscr.  lat.  IV, 
p.278sq.:  add.  Th.  Momrasen,  Jurist.  Schr.  Berlin,  111(19071, p.  221-27i.  — 27  Tout 
cela  est  l'application  d'un  sénatusconsulle  :  Paul.  Sent.  V,  25,  6  :  Amplissimus  orrfo 
decrevit,  eas  tabulas,  quae  pulihci  ici  privati  contractus  scripturam  continent, 
ndhibitis  testibua  ila  iiy.ari,  ut  in  summa  [et  ima]  marijinis  ad  mediam  partent 
perforalae  triplici  lino  constringantur,atque  impositae  supra  tinum  cerae  signa 
imprimantur  ;  cf.  Gaius,  Inst.  II,  181;  Ulpian.  Dig.  XXXVU,  11,  1,  10-11;  Jnsl. 
Just.  Il,  10,  3;  Suet.  Xer.  17.  —  2»  A.  Mau,  Fompei  in  Leben  und  Kunst.  2<  éd., 
Leipz.,  !908,  p.  517,  lig.  293.  Procédé  analogue  pour  les  diplômes  militaires. 
—  a  Corp.  inscr.  lat.  XIV.  2112  (Ucssau,  Inscr.  lat.  sel.  7212),  1,1.  31  sq. 

1(37 


SIG 


1330 


SIG 


Il  est  souvent  failuieation  des  cacliels  apposés  par  les 
sept  témoins  sur  un  testament'  [testamentim,  cf.  diploma, 
p.  268j.  En  droit  prétorien,  leurs  cachets  et  signatures 
sont  la  seule  formalité  requise-,  et  le  préteur  consi- 
dère le  testament  comme  révoqué  si  le  testateur  a  rompu 
les  cachets.  Le  testament  triparti  te,  introduit  sous  Théo- 
dose le  Jeune,  impose,  outre  cette  adscriptio  ou  super- 
srriptio,  la  subscriptio,  à  l'intérieur,  du  testateur  et  des 
témoins'.  Un  papyrus  de  Ravenne  '  nous  donne  un 
procès-verbal  d'ouverture  de  testament  (en  474  apr. 
J.-C.)  ^.  Il  constate  la  demande  d'ouverture  adressée  par 
la  veuve  du  testateur  aux  magistrats  municipaux,  la 
reconnaissance  par  les  témoins  présents  de  leurs  ca- 
chets ^  et  l'explication  fournie  par  eux  de  l'absence  des 
autres.  Une  curieuse  représentation  figurée  d'une  telle 


par  la  justice  '^.  Ces  exemples  suffisent  à  montrer  le  rôle 
des  sceaux  dans  la  vie  publique"' ;  ajoutons  que  les  fal- 
sifications ou  destructions  de  sceaux  étaient  durement 
réprimées  '^  Le  sceau  romain  peut  avoir  une  double  uti- 
lité: garantie  d'origine,  garantie  du  secret,  el  un  seul 
assure  les  deux  quand  il  couvre  un  document  destiné  à 
n'être  ouvert  qu'une  fois,  une  lettre  particulière,  par 
exemple,  ou  un  testament.  Mais  pour  un  diplôme  appelé 
à  être  souvent  présenté,  ainsi  une  lettre  du  prince  confé- 
rant le  droit  d'user  de  la  poste  impériale,  la  force  pro- 
batoire ne  résultera  plus  du  sceau  extérieur  ou  de  clô- 
ture, mais  du  cachet  au  bas  de  l'acte,  qui  certifie  la 
provenance.  C'est  ce  dernier  qu'appose  un  dominus  ou 
un  curalor  approuvant  un  acte,  et  les  responsa  pruc/en- 
tiuiii  recevaient  sans  doute  aussi  ce  cacliet  de  signature. 


yh^^fv'h^O 


Fis.  6  Vis.  —  Ouverture  d'un  testament  de 


opération  nous  est  fournie  i  fig.  0443)  par  un  bas-relief  de 
Rome  \-  au  milieu  le  magistrat  assis,  ayant  auprès  de 
lui  ses  licteurs  et,  derrière,  des  curieux  ;  à  droite  les  sept 
témoins  qui  viennent  reconnaître  leurs  sceaux,  et  à  la 
suite  le  jeune  héritier.  Il  pouvait  arriver,  d'ailleurs,  que 
les  sceaux  fussent  endommagés  et  impossibles  à  recon- 
naître; on  en  vint  sans  doute  à  admettre,  en  raison  des 
autres  formalités  de  garantie,  que  le  consensus  signan- 
tium*  était  néanmoins  acquis'.  Lorsque,  dans  toute 
autre  affaire,  les  documents  originaux  ne  pouvaient  être 
présentés  au  tribunal,  comme  il  arrivait  si  souvent  avec 
les  tabulae  honeslae  niissionis,  les  signatores  attes- 
taient que  la  copie  était  bien  conforme  '". 

Quand  des  particuliers  obtenaient  des  autorités  com- 
pétentes des  copies  de  rescrits  impériaux"  ou  de  séna- 
lusconsultes,  l'authenticité  du  texte  était  certifiée  par 
sept  s/^Hff^o/ri' privés  qui  mettaient  leurs  sceaux'-. 

Dans  un  procès  criminel,  le  tribunal  ordonnaitsouvent 
la  saisie  des  papiers  de  l'inculpé  même  dans  les  archives 
des  autorités  municipales '^  Dans  la  mesure  où  il  le 
jugeait  nécessaire,  le  demandeur  faisait  mettre  ces  pièces 
sous  scellés  et  les  envoyait  à  Rome.  Le  magistrat  diri- 
geant le  procès  les  recevait,  et,  assisté  de  jurés,  les  faisait 
placer  à  nouveau  sous  scellés".  Le  demandeur  avait 
vraisemblablement  ensuite  la  faculté  d'en  prendre  con- 
naissance, en  les  faisant  ouvrir  et  replacer  sous  scellés 

1  Voir  le  testament  égyptien  de  181»  ap.  J.-C.  :  Berlin.  Griech.  Urh.  I,  3iG,  I. 
I8sq.  (isf.YiiTai).— SGaius,  Jnst.  II,  119  et  U7  ;  Ulpian.  X.VIII,  6.  —3Cod.  Jusl. 
VI,  S3,  21  pr.  —  '  Bibliolh.  N.itionale,  Ms.  Lat.  (S84Î.  —  5  Bruns,  Fontes  jiiris, 
p.  301  s*i.  —^Kgoin  hoc  testamento  interfiii,  agnosco  anuli  met  sii/naculum^ 
siiperscriplionem  meam,  sed  el  in' Ira,  siibscripsi,  etc.  —  '  Tli.  Moninisim,  Huit, 
detf  Intl.  IKVIi,  p.  Ut-IVt  :  la  ng.  dans  Annuli,  1810,  lav.  I.,  et  niieuv  dans  les 
Jaritl.  Schr.  du  luiimc,  III,  p.  316;  UatzUuliu,  Anl.  Uildu:  in  liom,  III,  p.  77, 
W  3003.  —  8  Quintil.  InU.  or.  V,  7,  32.  —  3  Mommsen,  Jurist.  Schr.  III,  p.  278 
8i|.  —  lOCic.  In  Verr.  Il,  i,  77,  189;  Mommseu,  l.  e.  p.  500  m|.  —  H  Brassloiï,  ap. 
Paulj-Wissowa,  VI,  l,  col.  209.  —  «2  Cf.  Lebas-Waddiuglon,  1627,  X,  7  ;  Corp.  iuscr. 


et  non  de  clôture,  conti-airement  à  l'opinion  cou- 
rante [lex  conNELiA  testamentaria]  '*. 

Plus  d'une  maison  de  Pompéi  a  été  dénommée  d'après 
les  signacu/a  qu'on  y  a  découverts  ; 
ce  sont  des  cachets  en  pierres   pré-     (f  1  ~\  1  ^'  T  ~>  ] 
cieuses,ou  en  or,  argent,  verre,  quel- 
quefois  des  lamelles  de  bronze  alta-      ^%-  *"*•  ";,'■?'''=' 

i  d  un  propriétaire. 

chées  à  l'anneau";  tel  le  cachet  que 
l'on  voit  (fig.  6i'«6),  qui  a  fait  clianger  le  nom  de  la 
maison  appelée  d'abord  maison  des  Princes  russes  en 
celui  de  maison  de  Siricus.  Les  empreintes  portent,  sou- 
vent, comme  ici,  en  écriture  rétrograde,  le  nom,  au  génitif, 
du  possesseur,  qui  les  apposait  sur  les  denrées  alimen- 
taires. S'il  était  commerçant,  il  appliquait  son  cachet  sur 
ses  produits.  La  pratique  de  l'estampille,  à  l'époque 
romaine,  prend  un  développement  extraordinaire".  En 
céramique,  la  plupart  des  ornements  sont  estampés, 
c'est-à-dire  obtenus  par  une  série  de  moules  minuscules, 
fort  analogues  à  des  cachets,  d'où  l'expression  terra  si- 
gillala.  Bien  entendu,  le  procédé  servait  notamment  à 
timbrer  l'objet  au  nom  de  Vofficina  [douare  opis,  figli- 
NUM  oi'is,  fig.  3042].  Celte  habitude  de  marquer  les  po- 
teries est  fort  ancienne  :  on  la  trouve  chez  les  Pharaons 
d'Egypte-',  les  Babyloniens  et  les  Assyriens  ;  les  Étrus- 
ques etles  Italioles  usaient  aussi  d'instruments  à  estam- 
piller--. Sur  les  vases  grecs,  les  signatures  sont  plutôt 

lat.  7833,  1.  2i;.  —  13  Cic.  In  Verr.  Il,  i,  63,  140  ;  Fro  J-lacc.  3i,  78.  —  li  M.  Pro 
/•'lace.  9,  21.  —  'S  Mommsen,  Dr.  pénal  rom.  Ir.  fr.  Il,  p.  90  si\.  —  16  Add.  pour 
les  donations,  Fragm.  Vatic.  249,  t  :  Omnes  earum  species  signis  ac  nominibus 
imprimcndas.  —  '7  Paul.  .Sent.  V,  25,  t.  —  IS  Cf.  H.  Erman,  Zeit&chr.  (/. 
Savigmj-Stift.  fur  llechlsg.  Jtôm.  Ablh.,  XX  (IS99),  p.  )S2  si|.  —  19  C.  i.  lut. 
X,  2,  p.  915  s(|.  —  20  Cf.  W.  Ludowici,  Itùmiscli.  Tiipfer  in  Rheinzabern 
und  lîl  Folge  dort  gefundener  Stempel-Nainen  und  Stempel-liilder  bel  mcinen 
Ausgrabungen,  1905-08.  —  -'  Voir  une  marque  de  Hamsès  llau  Britisli  Mus.  (Forrer, 
Reallexikon,  Berlin,  1907,  p.  74,  fig.  5S).  —  22  Cf.  S.  Gsell,  Fouilles  dans  la 
Nécropole  de    Vulci,  Paris,  1891,  p.  260,  377,  430,  477. 


SIC. 


—  1331 


SIG 


peinles  on  gravées  à  la  pointe;  pourlanl.  (l('jà  alors,  on 
timbre  parfois  avec  un  moule  ;  il  a  même  ("'té  soutenu  '  que 
les  Grecs  se  servaient,  pour  marquer  les  ampiiores,  de 
lettres  moiiiles  réunies  dans  une 
sorte  de  composteur.  La  chose 
reste  assez  douteuse  [inscrip- 
TiONES,  p.  o3i-53o]  ;  au  dos  des 
figurines  trouvées  à  Myrina-,  on 
lit  quelques  inscriptions  visible- 
ment produites  par  le  moule, 
puisqu'elles  se  rencontrent,  exac- 
tement pareilles,  sur  plusieurs  exemplaires  ffig.  6i'i7)'; 
mais  cet  usage  paraît  propre  ;i  l'art  gréco-romain. D'autre 
part,  sur  les  /a f  ères  romains,  au  moins  sur  ceux  qui  présen- 
tent les  lettres  en  relief,  ces  dernières  se  coupent  quelque- 
fois, et  on  voit  des  corrections,  des  surcharges,  toutes 
choses  qu'expliquerait  mal  l'emploi  d'un  composteur*. 
La  plupart  de  ces  sir/nacula  commerciaux  étaient  en 
bois  dur  (peut-être  en  buis  "'),  c;ir  des  fentes  y  apparais- 
sent; au  reste,  les  timbres  en  bois  sont  très  anciens"  ; 
ce  type  a  pu  venir  dans  le  Latiuin  ''  ou  la  Campanie, 
d'Egypte,  où  l'on  en  a  trouvé  surtout  dans  le  Fayoum; 
ils  servaient  à  marquer  le  pain  ou  les  cruches  '.  Les 
formes  sont  très  variées  ',  principalement  carrées, 
rondes,  en  demi-cercle,  ou  en  croissant  de  lune,  avec  un 
petit  orbicu/us,  tangent  au  grand  cercle,  et  qui  se  fait 
de  plus  en  plus  petit  dans  la  suite  chronologique.  Ces 
estampilles  s'imprimaient,  en  relief  ou  en  creux,  sur 
toutes  sortes  de  matières  et  d'articles  :  sur  l'argile  princi- 
palement, parsuite  sur  les  vases,  les  tuiles,  les  briques'" 
[ficlinum  opus],  le  plomb  (fig.  .5710),  notamment  sur  les 
tuyaux  [fistula],  sur  les  lingots  d'or  (fig.  5020)  ou  d'ar- 
gent (fig.  5018),  même  sur  le  verre  [vitrumj  ",  pour  lequel 
on  devait  employer  des  cachets  en  métal.  Une 
variété  considérable,  étudiée  ailleurs  [medicus, 
p.  1678]  est  celle  des  cachets  d'oculistes''';  ils 
étaient  faits  de  matière  tendre,  schiste  ou 
stéatite. 

Des  timbres  en  bois,  comme  bien  l'on  pense, 
il  ne  s'est  guère  retrouvé  que  des  empreintes; 
en  revanche,  les  collections  renferment  un 
Fig.  OMS.—  certain  nombre  de  timbres  de  bronze,  en  parti- 
niarqucr.  culicrlc  Cabinet  dcs  médailles ''':  la  plupart  sont 
rectangulaires  et  ont  les  lettres  en  relief", 
quelques-uns  ont  l'aspect  de  croissants'»  ;  on  notera  des 
formes  plus  singulières  :  une  amphore'",  un  dauphin''; 
beaucoup  sont  découpés  en  semelle'*  ;  un  exemplaire  du 
Musée  de  Naples  "  représente  même  un  pied  complet  — 
avec  les  cinq  doigts,  jusqu'à  la  cheville  que  surmonte  une 
anse.    Voici  enfin  (fig.  Ui48)  un  fer  à  marquer  dont  les 


1  A.  Duinonl,  /user.  Cirarnii/.  p.  45-47,  393  sq.  ;  H.  Lcclial,  Butl.  curr. 
hdt.  XI  (1«87),  p.  208.  —  2  PollicretS.  Rcinacli,  0.  l.  VU  (1«SS),  p.  224; 
IVécrop.  de  Myrina,  Paris,  18H7,  p.  187  sf].  ;  adJ.  223  sq.  —  3  JVt'crop. 
de  Myrina,  fig.  10,  p.  187.  —4  Dressel,  Corp.  in$cr.  lai.  XV,  1,  p.  1  sq.  ;  cf. 
p.  4'Jl  si|.  (Morilc  Teslaccio).  cl  pour  tes  timbres  sur  poteries  gallo-romaines 
Bolui,  ibid.  XIII,  3,  1.  —  s  Colum.  VII,  8,  7.  —  0  Voir  le  sceau  égyptien  du 
Musée  de  Floreuce  (Pernicr,  Mon.  anl.  XIV  (1004),  p.  4.S8,  fig.  92).  On 
cachetait,  eu  Egypte,  les  suaires  des  momies;  cf.  Leclcrcq,  Diclionn.  d'arch. 
chrél.  I,  2,  p.  5334  cl  lig.  785.  —  7  Cf.  Gatli,  liull.  comun.  XXXVI  (UIOS), 
p.  48-52.  —  8  Rubensohu,  Jahrbuch,  XX  (191i:i),  p.  12;  add.  p.  25,  note  30. 
—  9  Voir  C.  i,  lat.  XV,  p.  703,  le  tableau  de  celles  (pli  se  rencontrent  sur  les 
poteries  «  arrélines  >>.  —  '0  Estampilles  sur  briques  du  mur  d'Aurélicn  à  Rome 
(Ugbert,  Suppl.  Papers  of  the  Americ.  Scliool  in  Home.  Il  (1908),  p.  276-8),  à 
inscriptions  rectilignes  (lig.  31-32)  ou  en  cercle  (33-34)  ;  Desremet,  Inscr.  doliaires 
(Bibliolli.  des  Écoles  d'Atliènes  et  de  Rome,  XV).  —  Il  A.  Kisa,  Dus  Glas  im 
Allertume,  U-i\n.,  190K,   IM,  p.    921-907.   —    1-'   Héron  .le  Villffossi'  et  Thédi-nat, 


caractères,  portés  par  des  tiges  séparées,  devaient  être 
chaufTés  avant  d'être  imprimés.  Ce  fer  a  éti-  trouvé  avec 
d'autres  objets  romains  en  Suisse-". 

BvzANCE.  —  L'immense  majorité  des  sceaux  byzantins 
est  d'époque  très  basse,  mais  quelques-uns  remontent 
assez  haut  ;  du  reste,  avec  le  temps,  leurs  représentations 
changèrent,  mais  non  les  façons  d'estampiller. 

Les  Byzantins  paraissent  avoir  très  peu  pratiqué 
l'usage  de  sceller  avec  de  la  cire-'  :  «  Les  conditions  cli- 
matériques,  a-t-on-dit--,  les  chaleurs  prolongées  de  l'été, 
s'opposaient  à,  l'emploi  d'une  matière  aussi  molle  et 
fusible  ».  Médiocre  raison  ;  les  chaleurs  ne  sont  pas 
moins  fortes  dans  l'Italie  méridionale  qu'à  Constanti- 
nople,  et  on  y  scellait  à  la  cire  dès  la  Républif|ue  ;  le  vrai 
motif  de  cette  préférence  est  inconnu".  D'ailleurs,  les 
chrysobulles,  réservées  aux  bnsileis,  se  composaient 
d'ordinaire  de  deux  feuilles  très  minces  enveloppant  de 
la  cire-''.  C'étaient  les  sceaux  de  solennité:  l'Empereur 
n'u.sait,  pour  correspondre  avec  les  bureaux,  ou  dans  ses 
relations  personnelles,  que  de  plomb  et  quelquefois  de 
cire-».  Ces  bulles  diverses  étaient  toujours  circulaires. 

Comment  les  fabriquait-on?  Il  y  eut  certainement 
deux  procédés,  successivement  ou  simultanément  en 
usage.  Dans  le  premier^'',  on  appliquait  l'une  contre 
l'autre  deux  minces  lamelles  de  métal,  creusées  dans  le 
milieu  d'une  rainure  formant  canal  ;  on  y  passait  les  lacs 
du  document  à  sceller;  puis  on  plaçait  le  sceau  entre  les 
deux  coins  du  §ouX?\a)T-/^piov,  sorte  de  pince  rappelant  nos 
fers  à  gaufrer;  les  mors  gravaient  les  types  et  immobili- 
saient les  fils  par  la  seule  compression.  Deuxième  mé- 
thode :  on  perçait  d'un  trou,  dans  le  sens  du  diamètre, 
un  plomb  d'une  seule  pièce  déjà  façonné  ;  la  preuve  en 
a  été  fourniepar  deux  bulles  de  Carthage,  prêtes  pour  des 
empreintes  qu'elles  n'ontjamais  reçues  '".  Le  fil  était  sans 
doute  introduit  dans  ce  canal  à  l'aide  d'une  longue  ai- 
guille ;  la  frappe  s'opérait  comme  dans  le  premier  cas. 

Ces  petits  monuments,  qui  nous  font  passer  en  revue 
la  société  byzantine,  avec  ses  coutumes,  son  adminis- 
tration, ses  cultes  et  son  art,  ont  des  dimensions 
variables  :  les  plus  grands  sont  les  sceaux  officiels  ;  les 
autres  atteignent  rarement  moins  de  8  millimètres  de 
diamètre.  Ils  avaient  mêmes  destinations  que  les  cachets 
grecs  ou  romains  ;  nouveauté  à  signaler  :  quelques-uns 
étaient  suspendus  au.K  cous  des  pauvres  désignés  pour 
prendre  part  à  des  distributions  pieuses^'.  Tous  les 
Byzantins  d'un  certain  rang  avaient  à  leur  disposition, 
pour  la  correspondance  privée,  un  ou  plusieurs  sceaux 
anonymes  ;  beaucoup  portent  le  nom  du  titulaire  ; 
néanmoins,  neuf  fois  sur  dix,  on  ne  trouve  qu'une 
invocation  religieuse,  accompagnée  ou  non  d'une  image 


Cachets  d'oculistes  rom.,  IKS7  ;  Espérandieu,  Hec.  des  cachets  d'ocul.  rom.,  1S94, 
C.  i.  lat.  XIII,  3,  p.  301-000.  —  13  Babolon-Blanchet,  Catal.  des  bronz.  antiq.  Paris, 
1895,  p.  719  sq.  —  1*  En  creux  les  n"  2329,  2339,  2340.  —  15  Jbirl.  2333,  2344, 
2348,  2351.  —  m  Ibid.  2338,  avec  anneau  de  suspension.  —  17  Ibid.  2390.  —  18  Ibid. 
2376,  2383,  2388,  2394;  Forror,  Iteallexikon,  p.  238,  fig.  198.  —  19  Gusman, 
Pompéi,  Paris  [1900],  p.  28.   —  2»  Abh.   d.  Zùrch.  Geseltsch.  XV,  pi.    xu,   30. 

21  On  a  conservé  quelques  matrices  de  sceaux  byzantins  à  cire,  et  môme  quel(|ues 

échantillons  de  ces  cachets  qui  peuvent  être  du  temps  de  Justioieu  (S.  Petridès, 
Échos  d'Orient,  1906,  p.  210  ;  1907,  p.  84  et  22i).  —  32  0.  Schiumberger,  Sigillo- 
ijr'iphiede  l'Empire  byzantin,  Paris,  1884,  p.  8.  —  23  Peut-être  avait-on  remarqué 
que  le  plomb  oflre  plus  de  résistance,  car  il  ne  se  casse  pas,  et  qu'un  sceau  avait 
ainsi  plus  de  chances  de  durée.  —  21  Schiumberger,  Op.  cit.  p.  9.  Il  y  avait  aussi 
des  bulles  de  plomb  enveloppées  d'une  feuille  d'or  ou  d'une  feuille  d'argent;  résout 
celles  dont  se  servaient  parfois  les  grands  personnages.  —  25Codin.  Deoff'.p.H,  Bonn. 

2S  Schiumberger,  Op.  cit.  p.  10  ;  P.  Monceaux,  Bail,  delà  soc.  des  antiq.  de  l'rance, 

1908,   p.   223.  —  21  MoTiieuux,  p.    165.   —  '-i»  Sclihlmbergcr,    Op.  cit.  p.   1 1  et  13. 


SIC. 


—  i:i32 


SIG 


de  dévotion  '  ;   les    documents  de    quelque  prix    sont 

riutinie  aiinorilc. 

Bien  peu  de  ces  sceaux   sont  antérieurs  à   Jiistinien 

(tïK.  liiiit)  -  ;  quelques-uns  ont  une  légende  de  transi- 
tion, latine  d'un 
côté,  grecque  de 
■  W  ^/  'V^9J  \  l'autre  '.  C'est 
(jue,  bien  qu'on 
les  qualifie  de 
byzantins,  les 
sceaux  de  plomb 

Fig.  0411).  —  Sceau  l,;/.inlln.  u'out    paS  été  in- 

connus  de  l'Em- 
pire d'Occident.  C'est  même  en  Italie  que  les  plus  anciens 
ont  été  frappés  ;  l'expression  est  de  mise,  car  ils  ressem- 
blent à  des  monnaies  ;  ce  sont  de  vraies  effigies  moné- 
taires qui  permettent  de  dater 
les  premiers  que  l'on  connaisse 
du  milieu  duii'siècle  [fig.tJ'toO/. 
D'autres  ont  été  émis  en  Occi- 
dent à  l'efligie  des  princes  de 
Constantinople:  tel  est  le  plomb, 
's^^v.^j?  ^^^  ^>  légende  latine,  qui  donne 
au  droit  le  portrait  de  Galla 
Placidia,  fille  de  Théodose, 
déclarée  .4 ;/^(<.ç/ff  en  42i=.  Les 
formules,  très  brèves,  ne  comprennent  habituellement 
que  le  nom  du  titulaire,  parfois  accompagné  du  titre 
de  sa  fonction  ;  les  dimensions  sont  moyennes,  mais 
le  flan  très  épais  ^  Les  papes  ont  imité  ces  modèles  ; 
nous  avons  un  spécimen  d'Adéodat  I"' (615-619)  ^ 

On  trouve  fréquemment  dans  les  textes  byzantins  cette 
expression:  (rçpaY'i;  -o>,ou.ùvoç;  elle  désigne  sans  doute  ces 
talismans,  d'origine  judéo-chrétienne,  au  type  de  Salomon 
transperçant  le  génie  du  mal  figuré  sous  les  traits  d'une 
diablesse  *. 

11.  Signiim,  insigne,  enseigne  commerciale'. 
Quelle  que  fût  l'étroitesse  des  rues  antiques,  malgré 
les  faibles  dimensions  des  places  publiques  servant  de 
marchés  [agora,  forum],  Futilité  d'une  enseigne,  en 
façade  d'une  boutique  de  vente,  ne  pouvait  faire  doute  : 
il  fallait  attirer  l'attention  distraite,  même  l'arrêter  sur 
un  genre  de  réclame  ingénieux.  Pourtant  nous  n'avons 
pas  un  seul  exemple  k  citer  antérieur  à  l'époque  romaine  '". 
Comment  expliquer  cette  pénurie? 

A  l'origine,  tout  le  commerce  se  fait  sur  une  place, 
en  plein  air  [mercator,  pp.  1733,  1735]  ;  au  iv«  siècle 
encore,  le  magasin  s'appelle  (îx-r,vr|  "  (tente-abri  mobile) 

'  1.1.  p.  li,  i9-30,  51!.  —  2  Id.  p.  811  :  cf.  p.  4IS,  dcui  spécimens  :  lim,  à 
lifgende  latine,  est  au  nom  de  Justinien  ;  laulre,  du  vu*  siècle,  représente 
lléraclios  avec  ses  deuj  fils.  —  3  //„rf.  p.  73.  _  i  pp  Picoroni,  /  piomài 
antiehi.  Roma,  1740,  p.  21  s().,  pi.  iv,  fi.»  (Marc-Aurèle  et  I,.  Vcrus),  9-10 
Scpt.-SéTcre  et  Caracalla).  Il  (Caracalla  et  Géta\  li-13  (Alexandre-Sévèrci.  Aid. 
J.  SaUlier,  Iconographie  dune  collection  choisie  de  5000  médailles  romaines, 
byzantines  et  cellibériennes.  Saiul-Pélersljourg,  I847-18G0  ;  Id.  /let:  arclî. 
1858-50, 1,  p.  87  :  sceau  au  nom  de  Jovin  ;  R.  l'aribeni.  Bull.  deW  Archioio  paleo- 
grafico  italiano,  I  (1308),  p.  77  U4  ;  bulles  latines  du  Musée  Kirclier,  qui  nommeul 
entre  autres  un  palriccetun  c»ar(|uc  d'Occident.  —■■  Ficoroni,  pi.  m,  2.  —  CSclilum- 
bcrgcr,  p.  8i,  note  t.  —  1  Sabaticr,  /lev.  arch.  1858-39, 1,  p.  98.  —  »  Cf.  C  Perdri/et, 
/tev.desi-lud.  grecq.  XVI '1903). p.  42-CI.  -  BiBiiocBAPHiEdu  paragraphe  1.  Curtius! 
Ueher  Wappengebraiich  imgriech.  Allerth.  dans  Aôh.  d.  Berlin.  Akad.  tm  .G. 
Longus,  Leanulissignaloriis  antiquorum,  l.ugd.  Balav.  if.72  ;  Kornmann,  rietri,,lici 
annula.  Lugd.  Balav.  IC72  :  Ad.  Furlwaengler.  Ùie  antiken  Gemmen,  Leipzig-Bcrliu, 
l'IUO;  Ern.  Bahelon,  Catal.  des  Camées  antiques  de  la  Bibl.  Nationale,  et  /nlrod. 
au  Calai.  Paris,  1897;  Id.  Coll.  Pauierl  de  la  Chapelle,  Paris.  1899:  Xantliou- 
didès,  'Ëoir|A.  àfz.  1907,  p.  141-186;  D.  li.  Hogarlh,  youm.  ofhell.  stud.  XXII  (I9iii| 
p.  76-93;    Robert  J.    Bonner,  The  Use  and  Effecl  of  Atlic  Seah  {Classic.  Phi- 


vile  dressé  ;  dans  l'économie  agricole,  il  n'y  a  même 
marché  qu'à  certains  jours  ;  une  boutique  de  planciies 
suflitau  détaillant;  en  latin, /«<(e/vi«'^(de/o6M/«e)  rappelle 
ces  modestes  débuts  de  la  vie  commerciale.  Plus  tard, 
on  mit  la  boutique  de  planches  en  avant  de  la  maison, 
enfin  le  magasin  lit  partie  de  la  maison  ".  11  est  probable 
aussi  que  le  colportage,  l'étalage  improvisé  des  ambu- 
lants (fig.  49:23)  ne  furent  point  exceptionnels  comme 
chez  nous  :  et  enfin  la  réclame  à  plein  gosier  paraissait 
peut-être  meilleure  qu'un  écrileau".  Ces  raisons  ne 
suffisent  que  pour  l'époque  ancienne  ;  mais  nous  connais- 
sons mal  la  maison  grecque.  Beaucoup  d'enseignes  pou- 
vaient être  en  terre  cuite,  ou  autre  matière,  mais  très 
sujettes  à  destruction.  Sur  la  maison  romaine,  au  con- 
traire, les  ruines  de  Pompéi  nous  ont  renseignés.  Les 
magasins  sont  presque  complètement  ouverts  du  coté  de 
la  rue,  et  l'entrée  est  délimitée  de  droite  et  de  gauche 
par  deux  piliers  où  doivent,  d'habitude,  avoir  été  placés 
les  signa  '°.  Souvent  ils  sont  peints,  et  plus  d'un  a  permis 
de  reconnaître  la  destination  de  l'immeuble;  les  auber- 
gistes et  iiôteliers  I^caupo]  particulièrement  ont  recouru 
à  ce  procédé.  Parfois  néanmoins  on  lit  une  mention  très 
simple  ;  flospitiatn  Hygini  Firmi  "^.  Mais  voici  plus 
d'invention  :  un  marchand  de  vin  a  fait  peindre  Bacchus 
pressant  un  raisin''^.  Certaine  auberge '*  était  ornée  sur 
le  devant  de  la  peinture  d'un  éléphant,  enserré  dans  les 
nœuds  d'un  reptile  et  défendu  par  un  pygmée  ;  au-dessous  : 
Hospitiuin  hic  /uratiir,  / rie/ in i uni  eiim  tribus  leetis, 
et  à  côté  de  la  grossière  image  :  Sitlitis  resliliiit  ele- 
pliantu[m],  nom  du  propriétaire  qui  l'avait  fait  res- 
taurer sans  doute.  On  désignait  familièrement  la 
taverne  par  l'animal  représenté  à  la  porte  ". 

Mais  les  représentations  ne  sont  pas  toujours  claires 
pour  nous  :  un  combat 
de  gladiateurs  indique 
peut-être  que  des  gens 
de  cette  classe  se  don- 
naient là  rendez-vous  ; 
une  sorte  de  damier  ou 
d'échiquier,  figuré  au 
seuil  d'un  cabaret, 
laisse  à  penser  que 
c'étaitaussi  un  tripot-". 
Cabaret  encore,  sans 
doute,  la  boutique  que 
signalaient  (fig.  6i51;  r„..i;i,K-  i  „■..:..,.,.  ,i,  „,,,,  h,.,, i  ,!..  >i,,. 
deux  hommes  portant 
sur  leurs  épaules    une  grande   perche  d'où   pend    une 

lolog.  m  (1908),  p.  403  s.|.);  M.  Ueloehe,  L'  Part  dvs  anneaux  dans  lantiqnit,- 
romaine,  dans  Mém.  de  VAcad.  des  Inscr.  XXXV,  2(18961;  Dictionn.  d'arch. 
chrét.  I,  2  (19071,  s.  i:  AnneauT  (H.  Lecicrcq);  G.  Schlumhergcr,  .Sigillographie 
de  l'Empire  bg:antin,  Paris,  1884;  voir  eu  outre  à  ami.is,  gehm.u:  et  sc.ïiptira. 

—  9  IJuintil.  Insl.  or.  VI,  3,  38  :  scutum  ilhid  signi  qralia  posilum.  —  '0  L'oe 
inscr.  de  Santorin  .(Inscr.  gr.  XII.  3,  1027)  porte  cette  simple  formule  : 
TOT;  suo.;,  au-dessous  d'un  phallus.  Dédicace,  dit-on,  à  leurs  confrères,  faite  par 
les  membres  dune  assocùition  sous  le  patronage  de  Priapc  ;  ou  comme  à  Porapéi, 
enseigne  dun  mauvais  lieu.  —  H  llom.  XVlll,  109.  —  12  Festus,  p.  336;  Isid. 
Orig.    XV,   2    —   13    H.    Nissen,    Pomp,jan.    Studien,    Leipi.,    1877,    p.    634-5. 

—  1>  l.a  oopa  de  Virgile  danse  devant  sa  boutique  et  invite  les  voyageurs.  —  'ô  Nil- 
seu,  Op  cit.  p.  377,  379  ;  voir  la  restitution  d'une  f.iç.nlc  de  m.igasia  de  comes- 
tibles dans  A.  Mau,  l'ompei  in  l.eben   und  Kunsti,  l.eipi.  1908,  p.  286,  fig.    148. 

—  1"!  Côté  0.  de  Ins.  IX,  7  (Mau,  O.  /.  p.  419).  -  "  Helbig.  Wandgemûlde 
Campaniens,  l.eipz.  186s,  p.  9,  n°  25  (monument  détruil)  ;  .Vus.  Borbon.  III.  50. 
-I»  0.  de  1ns.  VII,  l(Mau, /,.  c.  ;  Nissen,  p.  379  ;  Helbig,  p.  400,  n.  1601  ;  Fiorelli, 
Giorn.  rf.  SMC.  Mil,  p.  24;  Overbeck,  Pompei^.  Lcipz.  1884,  p.  379);  Corp.  inscr. 
lat.  IV,  806-807.  —  18  C.  i.  lat.  IV.  338.  —  19  Ainsi  Arlemid.  Oniroer.  l,  4, 
çevoSo/fTov  S,  T.v  EKiivu^Aoi,  xà;jiïiXo;.   —  20   Nissen,  Ib. 


SIG 


1333 


amphore  '.  L'o.yiilalis  a  r/aUo  fjallinario  de  Narbonne  ' 
est  sans  mystère.  Voici  uneaulre  annonce  quidevail  siir- 
monler  une  porle  d'iiôlellerie  à  Lyon  :  Mercurim  hic  lu- 
crum  promillit,  Apollosalutem.  Seplumanus  /lospitium 
rnmprmulio.  Qui  venerit,  melimutetur: post  /lospes,  ubi 
tnoneas,  prospice\  Autres  métiers:  une  chèvre  indique 
un  commerce  de  lait*  ;  sur  un  relief,  apposé  par  un  bou- 
langer, on  voit  un  moulin  que  fait  tourner  un  mulet  =  .  Un 
tailleur  de  pierre  [marmorarus]  étale  une  annonce  sans 
image  (fig.  483.jj  ;  un  lapicide  de  Palerme,  en  latin  et  en 
grec,  cherche  une  clientèle  cosmopolite".  Au  mur  exté- 
rieur d'une  maison  de  Pompéi,  oii  travaillait  un  menui- 
sier, on  voyait,  d'un  côté  de  la  porte,  Dédale  (patron  de 


la  corporation)  devant  Pasiphaé,  de  l'autre  deux  artisans 
sciant  une  planche  ■".  Un  bas-relief*  signale  un  chaudron- 
nier; un  autre,  montrant  cinq  jambons  alignés{fig.(i43i), 
a  dû  pendre  au-dessus  de  l'étal  d'un  charcutier '\ 

D'autres  cas  restent  douteux  '"  :  ainsi  deux  bas-reliefs 
de  Florence  "  représentent  chacun,  semble-t-il,  un 
grand  magasin  d'étoffes,  où  des  acheteurs  font  leur 
choix,  à  la  pièce  ou  à  l'échantillon  (l'un  d'eux  est  notre 
fig.  4920)  ;  on  estime,  en  général,  qu'ils  rentrent  dans  la 
même  catégorie.  On  a  reproduit  ailleurs  (lîg.  4924)  un 
autre  monument'-  :  une  femme,  armée  d'un  couteau, 
est  assise  dans  un  local  que  garnissent  aux  murs  des 
oies,  des  porcs,  un  lièvre,  et  semble  débattre  un  marché. 
Au-dessus  des  têtes,  sont  gravés,  sans  doute  à  l'éloge  de 
la  marchande,  des  vers  de  VÉnéide^^  qu'on  s'étonne  de 
rencontrer  dans  un  marché  de  comestibles'*.  De  son 
vivant,  un  cordonnier  de  Trêves  fit  sculpter  la  représen- 
tation des  formes  qu'il  employait  (fig.  3198)  sur  une 
stèle  qui  devint  sa  pierre  tombale,  mais  auparavant 
avait  peut-être  signalé  sa  boutique  '^  Après  la  vic- 
toire de  P.  Decius  Mus,  les  boucliers  dorés  provenant 
du  butin  passèrent  aux  mains  des  arf/entarii,  qui  les 
placèrent  au-dessus  de  leurs  boutiques  arf/'o?'M;H  ornan- 

I  Beclcr,  Galliis  3, 111,  p.  2S  ;  Gulil-Koner,  Uben  der  Grierh.  und  liôm.  ',  Berlin, 
1893,  p.  774:  Giisinan,  Pompci,  p.  217.  —  2  Corp.  inscr.  lut.  XII,  4377  ;  L.  Fricd- 
laeoder,  Sittengt-scli.  Itoms  ti,  Leipz.  Il  (1889,,  p.  ii-43,  rnppioclic  à  lort  Corp. 
mscT.  lai.  X,  410i  (iuvile  au  lepoi  sous  un  bois  sacré).  —  3  Corp.  inscr.  lai.  XIII, 
2031.  —  i  Guhl-Koner,  loc.  cit.  —  5  Overbeck,  Op.  l.  fig.  186,  p.  379,  —  6  Corp. 
inscr.  (a(.  X,  72'J3 -,  Dessau,  16S0.  —  ''  Aiin.  delr/nst.  X  (1838l,p.  168.— »  Gcrliai-d, 
i\'eap.  anl.  Dildw.  p.  130,  491  ;  Jalin,  \erhandl.  d.  Siïciis.  Oes.  d.  Wiss.  pli.-h. 
Cl.  XIII  {ISCli,  p.  330  sq.  —''  Visconli,  Atli  deW  Accad.  llom.  X111(I843),  p.  258  ; 
Bull,  dtir  Inst.  18111,  p.  20;  Jalin,  loc.  cit.  p.  353.  —  10  Ainsi  le  relief  (Jaljn, 
pi.  71,  3)  que  Trcu  [Arclt.  Anz.  IV  (1889),  p.  101-2)  donnait  dubilalivemenl  pour 
un  signum,  et  où  l'on  volt  la  boutique  d'un  cbarcuLier,  est  sûrement  funéraire, 
dit  Hiilsen  {0.  l.  p.  1  .0,  note  1).  —  "  Gori,  Inscr.  elr.  Flor.  1731,  II,  p.  20-21  : 
Jalin,  Op.  cit.  p.  371-3,  pi.  xi.  2-3.  —  12  Ihid.  pi.  \m.  2;  Zoega,  Bnssirilicii, 
Roma,  1808,  1,27;  contrairement  Winckelmann  y  voyait,  sans  vraisemblance, 
un  fragment  de  sarcopbagn  ;  Gall.  Ciustin.  Il,  112.  — IJ  I,  007  sq.  —  !'•  I.insir. 
Dioi/enes  slruclor;  Mau-Kelscy,  l'ompei,  ils  life  and  art,  New-Vork,  1899,  p.  379- 
380;  ne  peut  être  que  la  signature  d'un  ouvner  —  15  Sic  Gatti,  Bull.  cum. 
1887,    p.    52-56.  —   >6  Liv.    IX,   40,    16.  —   "  Cic.   De   orut.    Il,    00,  200;  Quint. 


SIG 

dum  "^  ;  l'un  d'eux  devint  très  célèbre  à  Rome;  plusieurs 
auteurs,  en  effet,  se  rencontrent  pour  en  fixer  le  sou- 
venir ''  Il  dominait  l'une  des  labernae  novae  '*  ;  sur 
ce  bouclier  [in  .iriito  cimbrico)  était  peint  un  (jaulois 
tirant  la  langue '\  Peut-être  l'avait-on  placé,  ainsi  que 
les  autres  boucliers,  entre  les  deux  étages  des  magasins, 
au-dessous  des  balcons  [pergula,  mae.nianum],  ou  à  la 
hauteur  même  des  maeniana;  ceux-ci,  aux  tubernac 
veleres,  avaient  été  peints  par  Sérapion,  selon  le  témoi- 
gnage de  Varron  -"  ;  il  s'agit  peut-être  des  réclames  de 
commerçants  qui  s'y  adossaient.  Un  bas-relief  en 
marbre  '-'  représente  (fig.  64.j3j  trois  femmes  nues,  debout 
devant  une  autre  assise  et  d'aspect  matronal  qui  semble 
faire  un  signe  engageant;  il  n'est  pas  défendu  de  penser 
avec  Jordan"  que  c'est  \k  l'enseigne  de  quelque  sala.r 
labernn  "  ;  au-dessous  du  sujet,  l'inscription  bizarre: 
arf.s'0/'o/-es////,  en  caractères  qui  indiquent  l'époque  des 
Flaviens.  On  a  imaginé  un  lien  de  parenté  entre  les  mere- 
trices  enlacées  dans  l'attitude  des  trois  Grâces''*  et  leur 
patronne  [lena  ou  conciliatrixY''' ;  ou  bien  il  faut  rap- 


Fig.  0V53. 


;  ,,nutr. 


procher  ce  monument  de  quelqueautre,  de  nous  inconnu, 
situé  dans  un  carrefour  et  donnant  son  nomà  une  maison 
voisine.  Tel  était  l'usage  antique  ;  une  maison  n'avait 
généralement  pas  de  numéro  comme  aujourd'hui  ; 
même  un  domicile  particulier,  sans  magasin  ni 
trafic,  était  souvent  nommé  d'après  une  particularité  de 
la  rue  ou  une  enseigne  choisie  par  le  propriétaire.  Au- 
guste naquit  ad  capiln  bubula  "  (dans  la  maison  (lu.n 
tètes  debœuf),  Dom'ûian ad 7)iaium  punicum  "(«  la  f/re- 

Insl.  or.  VI,  3,  38;  Plin.  //.  n.  XXXV,  Î5.  -  i«  Quinlilieu  parle  des  labernae 
veleres;  aussi  H.  Thédenat  {Le  Forum  romain,  Paris,  1908,  p.  111)  suppose  deui 
panneaux    peints  au   même  sujet,   se    faisant   vis-ii-vis   sur    la     place   publique. 

—  19  Telle  est  l'interprélalion  la  plus  rdpan  lue.  R.  Laurent- Vibcrt  (Hélant/,  de 
Borne,  XXVIII  (1908),  p.  333-301)  estime,  avec  quelque  vraisemblance,  c|ue  les 
boucliers  pris  à  l'ennemi  ne  durent  orner  les  labernae  qu'au  jour  du  lriom|ilic; 
lo  Gaulois  peint,  ce  serait  une  dédu'ation  cimbrique,  non  romaine.  —  20  Ap.  l'Un. 
H.  n.  XXXV,  tl3  ;cf.  Vitruv.  V,  1,  2.  —  21  Gerhard,  Berlin  s  anl.  Bildw.  1836, 
p.  12.3,  n"  340  (prov.  Rome),  parait  croire  à  un  relief  funéraire.  —  22  Archaol.  Zeit. 
XXIX  (1872),  p.  00  sq.  ;  la  lig.  a  la  p.  63  ;  signum,  disait  aussi  déjà  Visconti  (Atli 
delV  Accad.    Bom.  ibid.)  ;    Bull.    d.  Inst.    1861,  p.   20  ;  Jahn,  loc.  cil.  note  242. 

—  23fJatull.  XXWll,  1.— 21  Plutôt  que  les  (res /'"ortunne,  tj.ooa'.Tl/.ai  (/4n(/i.  P'an. 
IV,  40)  ;  cf.  Jordan,  O.  c.  p.  77  sq.  —  2^  Pour  les  lupanars,  les  insiynia  lesplus 
fré.|uenls  étaient  :  les  serpents  symboliques  (et  prophylactiques),  quelipie  gcnius  loci, 
ou  un  phallus  (Gusman,  Pompéi,  p.  259  sq.  ;  add.  Overbeck,  Pompei,  p.  380)  ;  mais 
il  ne  faut  pas  oublier  que  le  phallus  est  un  4Ko,oi^a,ov  de  porlée  très  générale  [amu- 
i.ETUM,  fascincm].  —  26 Suct.  Aug.  5,  1.  —21  Id.  Dom.  I,  1.  Domo  guain  postea  in 
templum  gentis  Flaviae  convertit. 


SI  G 


I33i  — 


SIG 


nade).  Ces  <>xpro.ssions  désigiionl  [H'ul-rlro  à  la  l'ois  la 
innison  iikmiii'  '  ol  le  r/cv/.*  avoisiiiant,  l'un  ayanl  imii- 
lininU'soii  nom  à  l'autre.  Lo  niarfhand  rib  Herciil(i'\  l'ri- 
7iug(enio)  -  avait  un  Hercule  à  sa  porte  ou  dans  son 
voisinage  ;  on  ne  saurait  rien  aHIrmer  de  plus.  Visconli 
a  cité  '  nombre  d'exemples  analogues.  On  peut  rappro- 
cher des  noms  de  stations  qui  ligurent  dans  les  notices 
géograpliiques  et  les  itinéraires  :  ad  aquilain  vuijorcm 
(ou  minorpm),  ad  Mercurios,  ad  (jallum  gallina- 
ceum,  etc.  S  sans  doute  des  lieux-dits,  qualiliés  d'après 
l'enseigne  de  l'auberge  et  relai.  qui  y  était  le  principal 
(ou  le  seul)  vestige  de  vie  humaine. 

III.   Signiim,  <7/;|j.£îov,  signal  transmis  à  distance. 

Végèce  '  distingue,  dans  la  vie  militaire,  les  signes 
vocaux  {rocalia),  donnés  par  la  voix  humaine,  comme 
les  ordres  des  chefs  ou  les  mots  de  passe  [tessera]",  les 
semi-vocaux  {semi-vocafia),  tirés  des  instruments 
sonores  [BrciNA^  cornu,  ti'ba],  et  les  signes  muets  [tnii/a), 
parmi  lesquels  il  compte  les  emblèmes,  (iiîu.aTa,  ligures 
sur  les  boucliers  [clipeis,  p.  1252,  1254;  legio,  p.  1009, 
1093],  les  enseignes  et  notamment  les  étendards;  ceux- 
ci  font  l'objet  d'un  article  spécial  [signa  militaria]. 

Les  drapeaux  avaient  aussi  leur  emploi  dans  la  vie 
civile.  A  Athènes,  un  drapeau  haussé  ou  baissé  appelait 
les  citoyens  aux  assemblées  [boilè,  p.  o21  ;  ekklèsia, 
p.  7611;  à  Rome  un  étendard  était  hissé  sur  le 
Capitole  pour  la  réunion  des  comices  par  centuries  [comi- 
TIA,  p.  1394,  1399]. 

11  y  faut  ajouter  les  transmissions  de  nouvelles  à 
grande  distance  ''.  Faute  de  moyens  optiques  comme 
nos  verres  grossissants,  les  anciens  ne  pouvaient  recourir 
qu'il  des  signaux  visibles  de  très  loin.  De  bonne  heure, 
ils  avaient  employé  les  feux  de  rivage  pour  rappeler 
aux  navigateurs  les  passes  dangereuses  et  les  écueils 
[puARLs]  ;  mais  la  flamme  n'atlire  l'attention  que  dans 
l'obscurité  ;  pour  les  communications  de  jour,  on  y 
dut  substituer  la  fumée  '.  Encore  celle-ci  reste-t-elle 
peu  visible  dans  les  lointains,  dès  qu'il  s'élève  un  vent 
violent  ou  une  brume  légère;  avec  elle,  ni  apparitions, 
ni  disparitions  soudaines;  aussi,  dans  nos  sources,  les 
signaux  de  feu  surtout  sont  mentionnés  (Ttupc-Eia,  irupad;, 
(ppuxTo;,  œpuxTiopta,  opuxTiopo;  ',  ignis,  lumen).  La  fête 
des  feux  [pyrson  héortè],  à  Argos,  consacrait  la  tradition 
très  ancienne  des  signaux  de  feu  au  moyen  desquels 
une  des  Danaïdes,  Ilypermnestre,  avait  guidé  la  fuite  de 
son  époux  Lyncée.Curtius  y  voyait  le  souvenir  d'un  usage 
introduit  dans  l'Argolide  parles  Phéniciens. 

Le  premier  exemple  qu'en  fournisse  l'histoire  grecque 
remonte  au  siège  de  Paros  par  Milliade  '"  ;  de  nombreuses 
allusions  y  sont  faites  au  temps  des  guerres  persiques, 
notamment  dans   les  tragiques";  elles  ne  font  d'abord 

1  Ce  n'esl  pas  Houleux  liaiis  i|ucli|ues  cas  :  on  dis:iil  aJ  iJamninm  pour 
indiquer  les  iliaelae  Mammeae  (Laniprid.  Alex.-  Un:  26,  S);  dauli-rs  fois,  la 
cliosc  rcslc  inccrlaine.  L'ipicn  (Uig.  IV,  4,  .1,  IC)  nomme  un  laliernariiis  ad 
bacinum  ;  ces  derniers  mots  pcuveul  d^-ljnir  son  signum  ;  cf.  l'enseigne  aU 
mappom ouream  [happa].  — 2  Cor/>.  inscr.  lai.  VI,9CV3.  —  3  A(/,  aeW  Accad.  /lom., 
loc.  cit.  —  '  Sllrquardl,  Vie  priv.  des  /lom.  Ir.  fr.  II,  p.  lût.  Voj .  en  géni^ral, 
Jalin,  Darstell.  antiker  /telief,  in  Derichte  tiber  die  Verhandl.  d.  kgl.  s/ichs.  Ges. 
Jer  Witt.,  pkil.-hist.  Cl.  XIII  (ISGl),  p.  i9l-3T*)-,  II.  Jordan,  Ucber  rôm.  Ausliûn- 
geschilder  (Arcliûol.  Zeil.  XXIX  (I87i),  p.  65-79):  P.  Uusman,  Pompéi,  Paris  [lUOOJ, 
p.  in-iii.  —  -  Kpil.  111,  5.  —  0  Virg.  Aen.  VII,  037:  //  bello  lessera  sigmm; 
Pol;  II.  VI,  3V,  7-12.  —  7  Pour  le  mode  primiUrde  iK'claralion  de  guerre  par  un  nussiipoî, 
personnage  sacr6,  lançanl  une  lorcbe  entre  les  deux  belligérants,  voir  rAx,  p.  1027. 
—  8  Vcgcl.  L.  c.  :  Si  divisae  sunt  copiae,  per  noctem  flammis,  per  diem  fumo 
significanl  sociis  quod  aliter  non  polesl  nunliari  ;  Kronlin.  Il,  5,  16,  en  dit  autant 
des  Arabes,  qui  n'ont  fait  que  copier  leurs  devanciers.  —  y  Ces  termes  s'opposent 


supposer  aucun  langage  convenu,  ou  du  moins  les  feux 
ne  semblent  donner  la  nouvelle  que  d'une  seule  solution 
prévue;  un  immense  amas  de  feuilles  sèches  incendii' 
produit  une  clarté  forte  et  soutenue'-.  Les  Perses  usaient, 
dès  le  commencement  du  v"  siècle,  de  ce  procédé'^  ; 
Mardoniiis,  en  Béotie,  espérait  faire  connaître  au  Grand 
Roi,  demeuré  à  Sardes,  la  prise  d'Athènes,  au  moyen  de 
torches  allumées  dans  les  îles".  Les  Grecs  paraissent, 
dès  la  seconde  guerre  persique,  l'avoir  perfectionné''. 
En  tout  cas,  lors  de  la  guerre  du  Péloponèse,  on  dis- 
tingue déjà  les  Ttupuo!  (ou  tppuxxot)  cpîXiot  et  les  r..  (ou 
(p.)  T:ùli]j.{oi  "^  :  les  premiers,  qui  annoncent  la  venue  des 
amis  ou  alliés,  s'élèvent  avec  calme  ;  les  seconds,  signa- 
lant l'approche  des  adversaires,  sont  donnés  par  des 
torches  vivement  agitées '^  Deux  siècles  plus  tard,  ce 
système  est  encore  en  usage  '*,  malgré  les  erreurs 
auxquelles  il  prêtait '^  ;les  Lacédénioniens  l'éprouvèrent, 
lorsque,  attaqués  dans  leurs  retranchements  par  les 
Platéens  assiégés,  ils  demandèrent  du  secours  aux 
Thébains  ;  ceux-ci  furent  complètement  désorientés  par 
la  ruse  des  Platéens,  qui  allumèrent  les  mêmes  feux 
que  leurs  ennemis-". 

Vers  la  même  date,  le  tacticien  Énée,  dans  un  ouvrage 
perdu,  écrivait  sur  la  question  :  il  s'y  arrête  peu  dans  sa 
Poliorcétif/iie'^\  où  il  traite  du  choix  des  postes  de  trans- 
mission (cppuxToip'.ov)  ■-'-  et  des  signaux  de  rassemblement 
du  soir  pour  les  citadins  dispersés  dans  la  campagne -^  Il 
avait  lui-même  développé  cette  «  télégraphie  »,  et  son 
système  nous  est  exposé  par  Polybe -\  à  propos  des 
signaux  de  feu  que  Philippe  de  Macédoine  se  lit  adresser 
en  ïliessalie,  au  mont  Tisaion.  Les  vieux  systèmes  si 
élémentaires  ne  convenaient  qu'aux  signaux  convenus 
((7uv6v|jj.aTx);  or  l'imprévu  surtout  est  à  connaître;  Énée 
a  voulu  au  moins  élargir  les  prévisions.  Les  deux  partis 
appelés  à  correspondre  fabriquent  et  pourvoient  des 
mêmes  accessoires  deux  vases  de  terre  identiques  ;  ils 
adaptent  au  col  un  bouchon  de  liège  de  même  diamètre, 
et  y  fichent  verticalement  dans  le  milieu  un  bâton, 
où  sont  marquées  des  divisions,  dont  chacune  reçoit 
une  inscription  bien  nette,  indiquant  un  des  nombreux 
événements  possibles  au  cours  d'une  guerre;  les  deux 
vases  sont  percés  d'un  trou  inférieur  tout  pareil.  On  les 
remplit  d'eau  et  on  les  débouche  simultanément;  les 
deux  lièges  s'abaissent,  pendant  que  le  liquide  s'écoule; 
les  bâtons  s'enfoncent  et  sur  chacun,  de  même  vitesse,  les 
mêmes  inscriptions  descendent  tour  à  tour  au  niveau 
supérieur  du  vase.  L'identité  parfaite  ainsi  constatée, 
chaque  parti  emporte  un  appareil.  Le  moment  venu, 
une  flamme  annonce  l'émission  d'une  dt'pêche;  une 
autre  répond:  envoyez.  Des  deux  parts,  on  laisse  béantes 
les  ouvertures,  rebouchées  à  un  nouveau  signal  de  feu  ;  la 


à  -ufà,  désign:int  les  feux  de  bivouac  <|iii  ne  sont  point  destinés  à  être  vus:  Tbuc, 
Vlll,  102,  i  i  add.  //,  Vlll,  509,  554,  etc.;  Hcrodot.  IV,  134;  Xen,  Cyr.  111,  3,  25; 
tiell.  VI,  2,  29;  Aesch,  Ag.  490.  —  10  Eplioi-,  ap.  Si,  Byz,  s.  l>.  n^pot  (fr,  137, 
Millier);  C,  Nep.  Mitt.  7,  3-V.  —  "  Aesch,  Ag.  292  sq.;  add,  33,  490;  Sopb,  fr, 
379,3    Dind.:    Eur.  Hhes.    53;   cf.    Arislopb,   Ai:    1161;    I.ycophr,    .t/e,r,  343, 

—  12  S)tvoa<ra  lanci;  S'  ojS.,:»,  |i«ujou|i!v,i  (Acscb,  Ag.  290).  —  '3  Arislol.  De 
mund.  VI,  12.  —  li  Uerodot,  IX,  3,  I.  —  15  Hérodote  Vil.  1S2,  2,  est  peu  net  à 
ce  sujet.  —  m  Tbuc,  11,  94,  t  ;  III,  80,  —  17  Scbol.  ad  Tbuc.  loc.  cil.  —  i»  Po- 
lyaen.  Il,  28,  2  (an,  iiil'i-.i).  Jules  César  se  servit  îles  feux  en  Gaule  {Bell,  gall . 
Il,  43).  —  '9  Tous  prélaicnl  à  l'erreur  du  reste;  St.  Byi,  loc.  cil.  signale  celle  qui 
résulte  d'un  feu  spoulaiiéinent  allumé,  —  :;OTbuc.  III,  22,  8;  Polyaen,  VI,  19,  2. 

—  21  Vil,  3,  ap,  Kœcbly-Riislow,  Oriech.  Kriegsschriftsletler.  Leipz,  1  (1833), 
p.  28  :  i;  «rpu«  T0Ù5  ççu.Toùî,  il  l'a  indiqué  Iv  tS  n«j«».eua.i,«5,  —  '-iS  Cf,  Plut. 
Pomp.  24,  2  ;  Oiiosander,  Slral.  23,  2-3,  —  23  Aen,  T,  VI,  2  {ibid.  p,  2iî)  ;  Vil,  i 
(p,  28),  —  2Ï  X,  43-45,  3  (cf,  Kuicbly-Rûstow,  I,  p,  131  sq,)  ;  add.  Pbil.  Byl,  11,  31, 


SIG 


—  i:»35  — 


SIG 


coinmunicalioii  faite  est  culle  qui  se  lit  au  reliord  du  vase. 
Sysl.ème  insuffisant,  dit  l'olybe,  qui  employa  lui-même 
le  suivant,  inventé  par  Cléoxénos  et  Démoclilos  '.  Divi- 
sant Talpiiabet  en  ô  séries  de  5  lettres  (la  dernière  de  i), 
chaque  parti  prépare  5  tableaux  et  écrit  sur  chacun  la 
série  des  lettres  dans  Tordre  naturel  ;  puis  il  dispose 
deux  groupes  de  3  feux  chacun,  qu'on  observe  avec  une 
dioptre  [asthoixomia,  p.  489]  ^,  et  dont  un  dispositif 
permet  de  laisser  voir  ou  de  cacher  le  nombre  voulu.  Les 
dix  feux  simultanés  annoncent  une  dépêche  ;  dix  en 
réponse  signifient:  quand  vous  voudrez.  La  formule  est 
réduite  au  minimum;  ex.:  cn-Kihavs  axf^-cr^yoi;.  Un  feu  à 
gauche,  un  à  droite,  veulent  dire  :  tablette  1,  lettre  1  (A); 
•4  feux  à  gauche,  1  à  droite:  tablette  4,  lettre  1  (fl); 
ainsi  de  suite.  Toute  communication  devient  permise  et, 
ajoute  Polybe,  s'opère  plus  vite  qu'on  ne  supposerait. 
A  cette  méthode,  les  Romains,  d'après  une  source 
grecque  %  eurent  le  faible  mérite  d'apporter  des  modifi- 
cations :  3  tableaux  au  lieu  de  3  (a-9,  i-tc,  p-w),  avec 
3  postes  d'émission  ;  pour^,  2  signaux  à  gauche  ;  pour  y, 
3  à  gauclie  ;  pour  i,  1  au  milieu,  etc.  Les  agents  de  ré- 
ception *  transcrivent  les  lettres  au  fur  et  à  mesure  et 
aussitôt  après  les  transmettent  à  d'autres  postes. 

Tels  semblent  être  les  derniers  progrès  réalisés  en 
matière  de  fanaux  de  guerre.  L'Anonyme  de  Byzance\ 
sous  Justinien,  n'y  ajoute  à  peu  près  rien":  tenir  prêles 
des  broussailles,  des  branches,  du  fourrage  sec,  avoir 
toujours  de  la  pierre  à  feu;  en  jetant  sur  la  flamme  de 
l'étoupe,  on  obtient  une  épaisse  fumée.  Les  agents  de  ce 
service  doivent  être  solides  au  poste  comme  des  senti- 
nelles'. Ce  tacticien  se 
préoccupe  moins  de  la 
grande  guerre  que  de  la 
garde  des  confins  :  l'en- 
nemi se  montre  parfois 
de  jour,  recule  la  nuit, 
reparait  au  matin  ;  si  on 
le  signale  chaque  fois, 
les  populations  finissent 
par  ne  plus  s'en  rap- 
porter aux  agents  du 
guet  ettombentvictimes 
d'une  attaque  efl'ective. 
Il  ne  faut  de  signal  qu'à 
la  première  alerte. 

Sur  le  LIMES  romain, 
on  ne  se  bornait  pas  à 
choisir  des  positions  favorables;  il  y  avait  des  tours 
de  guet  [spécula)*  établies  de  distance  en  distance  sur 
les   points  dominants,  oii  l'on  montait  par  un  escalier 


'  Id.  X,  45,  G-i7.  —  2  Add,  C.  Germain  de  Montauzan,  Essai  sur  la  science 
et  l'art  de  l'ingénieur  romain,  Paris,  lOUD.  p.  51  sq.  —  3  Ap.  Jul.  Afric.  Kiax.  o; 
(Kœchly-Ruslow,  Op.  cit.  Il,  2  (Is55).  p.  313-317).  — iEngrcc,  «îitufoufoilF'oIjaen. 
111,  0,  55)  ou  .fu.t..ijo.'  (Id.  Il,  as,  i).  —  b  Vlll,  1-8  :  «ç'i  i.up».-.»a;  Situ,;  o!,o„m«<>' 
«Otois  (KœclilyUiislow,  iôiil.  Il,  i,  p.  (i2-ClJ.  —  6  Expédient  mis/'ralile  :  aiilanl  de 
flammes  qu'on  «oupronno  de  milliers  d'ennemis  {Vlll,  0).  —  ^  l'olyacn  (11,  i8,  -2) 
parle  du   général    Magas  qui   corrompit  des   epux-cuoit  et  abusa  ainsi    l'ennemi. 

—  8  Plin.    H.    nat.    XXXV,  48  ;    Cic.    In    Verr.  il,     5,   35  ;    Lucan.    VI,    27'J. 

—  1  R.  Gagnai,  L'Armie  rom.  d'Afrique,  Paris,  18'Ji,  p.  C82-3  ;  Cli.  Uielil, 
L'Afrique  byzantine,    Paris,  IS'JC,    p.  143.  —    '»    Cm-p.    inscr.  lut.  Vlll,  xjn'.i. 

—  II  FrSlnuT.  Col.  fraj.  pi.  xivni.  —  l'^iColiauscn,  Oie  rom.  Gren:ual. 
/Jeulach.  p.  81;  Muizcll,  Abltandl.  der  Uaijer.  Miad.  185(1,  p.  381.  —  '3  De  La 
Blanclière,  Arch.  des  Miss,  i"  série,  X  (1883),  p.  121,  noie  3  ;  Mercier,  Bull.  arch. 
du  Comité,  1885,  p.  139.  —  14  V.  Gliapol,  La  Frontière  de  l'Euphrate,  Paris, 
1907,  p.  36i.  —  lii  L.  cit.  :  Aliquanti  in  eastellorum  au  turbium  turribus  adpendunt 
traOcs,  quibus  aliquando  crectis,  atiquando  depositis,  indicant  quae  yeruntur. 


Fig.  6434.   —  Tour  de  guel. 


intérieur,  ou  au  deiiors  par  une  échelle  ';  elles  étaient 
en  contact  étroit  avec  les  fortins  du  voisinage,  et  même 
la  population  civile  en  tirait  parti  pour  donner  l'éveil'". 
Ces  tours  sont  représentées  (fig.  6434)  sur  la  colonne 
Trajane  ",  entourées  de  palissades,  munies  à  l'étage 
supérieur  d'une  galerie  où  brûle  une  torche  de  très 
grande  taille.  On  en  a  retrouvé  les  traces  sur  les  fron- 
tières du  nord  de  l'Empire  '^  ;  elles  étaient  nombreuses 
en  Mauritanie"  et  sur  la  frontière  d'Orient  ".  Chose 
curieuse,  dont  Végôce'"  seul  nous  avise,  on  envoyait 
encore  des  dépêches  au  moyen  de  poutres  tour  à  tour 
dressées  ou  abaissées  suivant  un  formulaire  secret, 
ébauche  primitive  du  télégraphe  Chappe. 

En  mer,  les  signaux  étaient  encore  plus  nécessaires 
que  sur  la  terre  ferme,  les  communications  par  quelque 
autre  voie  étant  plus  lentes  et  moins  sûres  ;  les  divers 
peuples  y  avaient  recours,  err  particulier  aux  signaux 
lumineux.  Dès  le  début  du  v"' siècle,  le  moyen  consistant 
à  faire  miroiter  un  rayon  de  soleil  sur  un  bouclier  nous 
est  présenté  comme  une  invention  des  Alcméonides  '^ 
D'autres  nations  l'empruntèrent  aux  Athéniens,  qui 
continuèrent  à  s'en  servir '\  En  dehors  de  ce  détail 
précis,  les  auteurs  mentionnent  des  sriixeïa  ou  sir/na 
ordonnant  telle  ou  telle  manœuvre  ",  sans  autre  indi- 
cation. Parfois  tous  les  bâtiments  d'une  escadre  ont 
leurs  fanaux;  dans  la  flotte  romaine  de  204  av.  J.-C, 
Vinsigne  nocturnum  comprend  :  trois  lumières  sur  le 
vaisseau  amiral,  deux  sur  ciiaque  transport,  une  sur  tout 
vaisseau  de  ligne".  Mais,  en  général,  la  galère  du  com- 
mandant en  chef  a  seule""  un  signe  distinctif  très  visible  : 
de  jour  un  pavillon,  de  nuit  une  lanterne  -'  ;  dressé,  ce 
pavillon  invite  au  combat^^;  il  est  rouge  d'ordinaire, 
d'où  l'expression  âTtat'psiv  T-f|V  cpoivixi'oa'-"  ;  mais  le  fanal 
n'est  guère  qu'un  signe  de  ralliement -',  au  moins  s'il 
demeure  immobile.  Le  vaisseau  amiral  allant  en  tête,  sa 
lanterne  brille  à  la  poupe '%  pour  être  mieux  vue  de  ceux 
qui  suivent;  c'est  là  qu'onla  voit  fixée,  sur  un  bas-relief  de 
la  colonne  Trajane  (fig.  3281).  Pour  les  pavillons  et  autres 
signaux,  voy.  navis  (fig.  3271-5274,  5293,5^91)  et  stylis. 

Pour  le  signal  de  commencer  les  jeux,  v.  mappa. 

IV.  Signum  désigne  fréquemment'"  une  variété  de 
nomcomplémen  taire,  qui  fut  d'abord  un  sobriquet  relié  au 
nom  par  et,  qui  et,  h  xai,  idem,  sive  [nomen,  p.  96],  et  de- 
vint sous  l'Empire  comme  une  distinction,  la  marque  d'un 
homme  de  qualité.  Ces  derniers  signa  sont  des  collectifs 
(originairement  des  noms  de  groupes)  tirés  le  plus  sou- 
vent de  noms  abstraits  latins  (ainsi  A/jundantius,  Coii- 
stantiusj  ou  grecs  [Athanasius,  Eusebius),  ou  encore  de 
noms  pvopvea  (//ammoniiis,  Cerberius,  Dardanius).  Ils 
ne  remontent  guère  au  delà  de  la  fin  du  n"  siècle^'  ;  ils 


—  ISHcrodot.  VI,  115.—  "  Uiod.  Sic.  XX,  51,  1  ;  Xen.  Hcll.  11.  I,  il;  c'Olait, 
semble-l-il,  principalement  un  signal  d'attaque  (Plut.  Lijs.  11.2:  'tm-Ki.uu).  —  11*  Si- 
gna de  gagner  le  large  :  Herûdot.  VII,  128,  2;  d'avancer  sur  l'ennemi  :  Dio  Cas^. 
L,  31,  5;  de  jeter  l'ancre  cl  déliarfiuer  :  Polyaen.  ill,  9,  G3.  Plus  vaguement: 
llerodol.  VIII,  92,  I  ;  TIlUC.  Il,  90,  4  ;  Xen.  Ilell.  VI,  2.  30  ;  Appian.  U.  civ.  V,  55  ; 
PluL  Anl.m,  1.  —  19  Liv.  XXIX,  25,   Il  -,  Polyaen.  V,  in,  2;  VI,   U.  —20  Tac. 


Uist.  V, 


;  praetor 


■itlo 


Appia 


a.  d'il.  Il,  89. 


oppose  -ôv  X«(ntT*;j«  (pour  la  nuit)  et  xi  ir.iAsriv  (pour  le  jour)  ;  add.  Xen.  Hell. 
V,  1,  8;  Diod.  XX,  75,  5;  Seï.  Pompée  éteint  cette  lanterne  pour  prendre  la 
fuite  (Flor.  II.  18,  9,  Hossbacli).  —  22  Ilirl.  Hell.  Alex.  45,  3;  cf.  Tliuc.  I,  49,  I. 

—  23  Polyb.  Il,  60,  1 1  ;  Uiod.  XIII,  46,  3  et  77,  3  ;  XIV,  26  ;  Polyaen.  I.  i8,  2  et  5  ; 
Anian.  Uisp.  911;  Léo  Tact.  XIX,  42.  —  2t  Dio  Cass.  XLIX,  17,  2  ;  Liv.  XXXVII, 
24,  4.  —  25  Procop.  JJ.  Vnnd.  I,  13,  3,  Haury.  —26  Dans  une  quarantaine  d'inscr. 
latines;  on  trouve  uue  fois  ^r.iAiTov  dans  une  épigramme  {Inscr.  gr.  Sic.  Itat.  935). 

—  21  Ex.  isolés  sous  Trajan  (Corp.  inscr.  lot.  X,  1729)  et  Antonin  le  Pieux 
(Ibid.  IX,  1101). 


SIC. 


—  1336 


SIG 


ont,  en  géni'i-al.  la  teriniiiaison  en  ius,  qui  n'est  pas  celle 
des  surnoms  (c«(//io«i/«rt),  mais  on  ne  les  trouve  pas  au 
nominatif  ;  ils  sont  presque  toujours  au  génitif,  sin- 
gulier ou  pluriel,  plus  rarement  au  datif,  et,  chose  remar- 
quable, le  môme  génitif  on  (,  sauf  exceptions  négligeables, 
sert  pour  le  masculin  et  le  féminin'.  Le  s'ujnum,  dans 
les  inscriptions,  est  placé  en  tète-  ou  à  la  fin  ^  On  le 
distinguera  donc  et  du  cor/iioinen  et  des  sobriquets. 
L'origine  en  paraît  être  dans  les  cercles  qui  se  formèrent 
en  Grèce  et  portèrent  le  nom  de  leur  fondateur  '  : 
'AoicT£iÔ£to'.,  «PtÀoxTfdTEioi,  ctc.  ;  aussl  HO  se  rencontre-t-il 
que  chez  les  gens  de  naissance;  il  est  interdit  complè- 
tement aux  esclaves,  et  presque  aux  affranchis^;  dans 
l'aristocratie  seule,  en  effet,  s'étaient  développés  les 
cercles  et  les  sociétés.  Les  chrétiens  prolitèrenl  de  cet 
usage  pour  prendre  des  noms  qui  rappelaient  l'idée  de 
communauté:  Sijiier(/ius,Sijncshius,  Sijnodiuf!,e\.c.  Ces 
signa  se  retrouvent  en  acrostiche  dans  les  épitaphes"; 
ils  sont  fréquemment  employés  dans  les  dédicaces,  les 
formules  de  vœux,  les  acclamations  '  ;  les  verbes  mêmes 
qui  servaient  à  ces  dernières,  transcrits  avec  iotacisme, 
donnèrent  naissance  à  de  nouveaux  signa  :  ainsi  Grvgori 
représente  YpY,vop£i'.  A  la  longue,  le  signuni  tendit  à 
devenir  un  sobriquet,  même  un  cngnomen  ".  En  somme, 
il  est  latin  par  sa  formation,  mais  dérive  d'ime  insti- 
tution grecque. 

ÎSous  renvoyons  à  ce  qui  est  dit  ailleurs  pour  d'autres 
emplois  du  mot  signuin.  Signes  célestes,  prodiges, 
constellations  [astro.nomia,  divinatio,  p.  293,  zodiacis^. 
Signes  divinatoires  [aispicia].  Figures,  statues,  reliefs, 
[scuLPTURA,  siGiLLU.M,  STATL'A,  iMACo].  Empreintes  et  aussi 
contre-marques  monétaires  [jioneta,  lncusa  signa].  Signes 
d'abréviation  [nota,  si'.riptira,  p.  1133  sq.].  Objets  ser- 
vant de  moyens  de  reconnaissance  [crepundia]. 

Victor  Cbapot. 


1  .Vhoc.  bullett.  di  arcli.  cri&t.   1897,  p.    12S  :    AuTf.Ua  Musa...  sig.  Amanti. 

—  -Corp.  insci:  lat.X,  1729  :  D.  M.  Gregorio  M.   Vlep,  A'icep/iori  Aug.  Ub.... 

—  3  Jbid.  111, '2700....  sig.  Eqiiitii;  2290  :....  siynu  Simplici.  —  i  Dielil,  Dos 
Signum   in  Iliwin-Mus.  N.  F.  LXll,   1907,  p.  416  st|.  —  5  Eiceplion,   note  2. 

—  6  Bûcliclev,  Ciirm.  i-pigr.  1814.  —  7  Inscr.  gr.  Sic.  Ital.  2117  'A-,iv-.: 
l'riùjt  :  Corp.  inscr.  Int.  Il,  43;iO  :  Atelhi  avi;  ;  sur  une  briiiue  ;  Cfiioni  viias  [ibid. 
4967,  33)  ;  sur  un  anneau  :  Simplici  ulere  felix  (1976,  31).  —  8  De  mtmeEupsgchi 
=  tiiO,..  (Coi-p.  inscr.  fo(.  XIV,  G3C);  A'n^i/c/ii  =  lOTi/i,  (XI,  6716,  5u).  —  a  Uiulil, 
ibid.  p.  406,  408.  V.  en  général  W.  Scbulzc,  Graeca  Lalina,  Gôttingcr  Programm, 
1901:  Th.  Momnisen,  .^allmtius  =  Satutiiis  imd  das  Signum  {Hermès,  XXXVll 
(lU02),p.    HS.i.lD);  Eiu.  DichI,  O.  t. 

SIGYNA.  I  U  forme  aiYJv»  parail  préférable.  Si  le  nom  de  l'arme,  ainsi  i|ue 
l'arme  ellc-môme,  est,  comme  je  le  pense,  d'origine  lliraco-illyricune,  son  radical  se 
rapproche  tout  naturellement  de  celui  de  fiea,  et  la  lermiuaison  en  uva  ou  uv,;  est 
fré(|ucnte  dans  les  dialecles  tliraco-illi riens  (l'harj  na,  Billénd).  Le  fait  i|ue  le  r,  ini- 
tial est  parfois  remplacé  par  uu  ;  est  une  caractéristirpie  de  ces  dialecles.  IJuant  à 
raltei-Daiice  du  y  avec  un  S,  elle  a  pu  se  faire  sous  l'iutluencc  de  noms  de  pecsoune 
comme  Sibyiir  (Balon  ap.  Alh.  XIV,  602  c)  oaSibinas  (Euscb.  Mari.  Palcst.  9)  et 
sous  celle  du  nom  du  carquois,  ouôr.vT,,  souvent  confondu  avec  celui  du  javelot. 

—  i  llerod.  V,  9  :  E.^r :««;...  Kico.oiTiSijaT«.  Voirn.  4  et  12.  Je  rappelle  quon  a  lu 
Sibinai  le  nom  égyptien  de  Chypre  qu'on  préfère  lire  aujourd'hui  Asi  ou  Asinai 
ou  Alasya  (cf.  Maspcro,  V.-r.  de  i'Ac,  Inscr.   1886,  p.  361).  —  3  Arist.  foet.  21  : 

(jiTfjvav    Kuic^îot;  KÙftov.  Cyprius,  ad  loc.    ta  çysTà  SopttTa,   r,  T'.ù;  ô*/.0(r[S/,pou;   âxovia;. 

—  t  El.  Magn.  ».  r.  :  o!  KOtf.oi  ti  «-.fuT»  «riYiivoi,;  •««;  ;  Schol.  ad.  Apoll.  Khod. 
11,  98  ;  fftjùvvo-.»;  xaXoJffiv  o't  Kùsçiot  tw  ixôvT  «.  —  5  Apoll.  Argon.  Il,  99  :  utYÛv.ouî 
l»o;  ivao/ifiiï^i  coulre  les  Dioscures.  I.ycophron  (4(ci.  556)  donne  la  sigyne 
à  Polluï.  —  CLc  vers  d'Enuius,  (a;<.  Kesl.  p.  336  M)  :  lUyrici  restant  sicis  sibi- 
nisguc  patentes,  se  rapporte  sans  doute  à  la  guerre  istrii|uc  de  178/7.  C'est  le  seul 
lexle  latin  où  cette  arme  soit  citée  ;  mais  il  faut  en  rapprocher  proliahlemeiit  le  sibo 
que  mentionne  AuluGelle,  X,  26,  2.-7  Herod.  L.  cit.  et  Apoll.  Argon. 
IV,  320;  et  schol.  :  T^;  8i  xa'i  o.'ju.vo;  tîSos  So;iiTo;  itajcjvuiiov  t.j  i«vi..  Apollo- 
nius les  place  prés  de  l'Ile  de  l'eukc.  c'csi-à-dirc  aux  houclies  du  Danube; 
Hérodote  au  delà  du  Danube,  d'où  ils  s'étendraient  jus(|u'au\  frontières  des 
Vénèlcs.  Il  ajoute  que  les  Ligures  qui  vivent  au-dessus  de  Marseille  donnent  le  nom 
dcsijyiiniii  aux  trafiquants.  Slrabon,  p.  520,  appli.pie  la  description  d'Hérodole  aux 
EiYf.vot  (|u'il  place  dans  le  Caucase  et  l'on  a  voulu  voir  des  Sigynnes  dans  les  Sigy- 
pédes  de    Treb.  Pollion,  Ctaud.   0,   et  dans  les  Za.v,i-iai,  t'6,oç    Exuôia;   d'Élienne 


SIG'l'XA  (Scyijva)  '.  —  Hérodote  est  le  premier  auteur 
qui  mentionne  celte  arme:  sigyi^na  serait  le  nom  que 
les  Chypriotes  donnaient  à  leur  lance ^.  Ce  fait  est  con- 
firmé par  Aristote,  qui  emploie  la  forme  siggnon'  etjiar 
VEtymologicum  Magnum  au  mot  siggnos  '.  C'est  de  celte 
forme  que  se  sert  aussi  Apollonius  de  Rhodes  quand  il 
fait  brandir  les  sigynnoi  par  les  Bébryces  de  Bilhynie^. 
Les  Bébryces  viennent  de  Thrace,  oii  ils  ont  pu  être  en 
rapport  d'une  part  avec  les  lllyriens,  auxquels  Ennius 
donne  des  sibi/nae'^,  de  l'autre  avec  la  peuplade  des 
Sigynnes,  qu'Hérodote  et  Apollonius  placent  en  Mésie 
supérieure".  Les  anciens  ont  cru  les  Sigynnes  issus  des 
Mèdcs  parce  qu'ils  portaient  le  même  vêtement.  Or,  quand 
Athénée  montre  Alexandre  revêtant  le  costume  perse, 
il  lui  attribue  l'arc  et  la  sibgné^  et,  sur  son  char  funé- 
raire, les  essieux,  d'après  Diodore,  auraient  été  garnis 
de  protomes  de  lions  avec  une  sibyné  entre  les  dents'. 
Le  même  historien  parle  de  gardes  d'Agatliocle  por- 
tant la  sibylle'".  De  nombreux  textes  montrent  la 
sigyne  devenue,  à  l'époque  hellénistique,  une  arme 
de  chasse  usitée  dans  tout  le  monde  grec"  ;  dans  une 
énumération  des  cinq  concours  du  pentathle,  sigyn- 
nus  prend  la  place  d'akontion'"^,  et  Polybe,  pour  faire 
comprendre  la  structure  du  pi/um  léger,  se  borne  à  h' 
dire  identique  aux  sibynes  de  dimension  moyenne'^. 

Le  passage  de  Polybe  n'explique  pas  seulement  que 
des  lexicographes  aient  pu  qualifier  cette  arme  illyrienne 
et  chypriote  de  «  javelot  romain  »  "  ou  de  «  pique  des 
Macédoniens  »'';  c'est  le  meilleur  document  que  nous 
possédions  sur  sa  forme.  Les  autres  renseignements  con- 
sistent en  deux  épitiiètes  dont  des  poètes  accompagnent 
le  nom  de  l'arme  de  chasse,  «  k  la  large  pointe  »"  et 
«  à  la  dent  crochue  »'',  et  en  des  définitions  de  lexico- 
graphes qui  en  font  un  trait  lisse  en  fer  tout  d'une 
pièce".  La  même  définition  et  des  épithètes  semblables 


de  Byzauce.  Pour  la  discussion  ethnographique  \oir  Miillenholl',  Dentsclie  Alter- 
thtimsktinde,  111,  p.  1;  C.  Jullian,  /lev.  des  Et.  anciennes,  1906,  p.  120;  et 
surtout  J.-L.  Myres,  The  Siggnnae  of  Herodotus,  dans  les  A «fAro^o/.  Essays 
presented  lo  E.  B.  Tylor,  1908,  p.  235-76.  —  8  Ephippos  ap.  Athen.  XII, 
537  e.  —  9  Diod.  XVIll,  27,3  :  auSr..,,-  K.  F.  Millier,  ùer  Leichenvagen 
Atexanders,  1905,  p.  70,  allègue  des  monnaies  de  Paulicapee  avec  prolome  de 
lion  portant  un  court  javelot  dans  la  gueule  {ttritish  .Muséum  Catul.  p.  .3,. 
De  même  à  Cardia  et  sur  les  monnaies  de  rois  de  Macédoine  du  iv  siècle 
(Macdonald,  Coll.  Uunter,  p.  287),  sur  les  as  de  Capouc.  Vénouse  et  Pérouse, 
du  rv'  s.  (Garrucci,  pi.  xi.i,  I  ;  xi.ii,  I;  ixix,  1  ;  Lxix,  1  ;  i.xxxvii,  il  ;  ii.iv,  17-8; 
xcv,  43  ;  cxxvn,  8,  23-6)  et  sur  une  urne  à  reliefs  de  Pérouse  (Concslabile,  Pe- 
rui/in,  pi.  i-xxx,  3  et  4).  Le  javelut,  notamment  à  Pauticapée,  est  nellcment 
barbelé.  —'0  Diod.  XX,  33.  —  "  Allien.  IV,  130  b  :  Oppian.  Cyneg.  I,  132; 
Anlh.  I>al.  VI,  93,  2:  „Si,r,.  ;  170,  1  ;  VII,  421,  1;  V,  578, 'î.  VEtym.  Magn. 
s.  r.  explique  que  le  •Tiv.jv'>;  doit  son  nom  à  ce  qu'il  sert  surtout  dans  l.t 
chasse  aux  sangliers,  d'où  l'étymologie  ;  nutxittvo;,  à  Toii;  «ri;;  xaîvwv,  oiovEt  xe>-:-~.v, 
et  c'est  peut-éire  cette  arme  (juc  veut  désigner  la  o.osôvxi;  "aôy/.!)  de  Anth.  Pat. 
XI,  194,  3.  D'après  Ucsychius,  ce  serait  surtout  Parme  de  la  chasse  aux  cerfs: 
duSi'vii  '>a<i;o6a»v,  liiCa.D».  —  >3  Schol.  in  Plat.  Amat.  4,  p.  384:  eriY^ivo;  S'  ïot'i 
iuirtbv  Soju,  i!«fà  'BjoSoTu  Si  TÔ  oUsîSufov  ixdvti^v.  —  13  Polyb.  VI,  23,  9  : 
ûffTo:  Xent'.t  wixaiTt  <rt6uvtoi;  cu(i[*£T3^i;.  Hes\chius  écrit  :  ZtSûvia,  "aoy;^'^'» 
Hixçâ.  Pbilon  montre  l'ennemi  repoussé  des  remparts  :  toTç  tê  ixavTt'ot;  x«'i  Ta?; 
!;.lSiva.;,  Belop.  p.  92  (cf.  p.  99).  —  H  Suidas  :  E>;ù.7;.  àxivT..,y  Puii.ixév. 
—  t5  Suidas,   oifûvï;  xa'.  iKi-Jvinv  Ta  SopaTot  lîapw.  MaxeSofftv.  —  "»  Oppian.  Cyneg. 

I,  152  ;  EOguxàjïjvov.  Peut-être  doit-on  rapprocher  le  vers  d'.\lesis  :  *£p£  ttjv  ffiGûvr.v 
xit  «-kocTi'/ioTZ»  (F'oMux,  X,  144;  Meineke,  Com.Gr.  p.  722).  —  n  An(A.  Pat.\'\,  176: 
àyxu'AoSovta.  Le  sigyne  cumporlait  doue  un  croc;  ou  peul  en  voir  une  confirmation 
dans  le  verset  d'isa'ie  où  il  montre,  à  l'arrivée  du  Messie,  les  sabres  transformés 
en  fer  de  charrue,  xa'.  to;  ^  ôùvot;  tl;  SpÉïiava  (II,  4).  Les  Septante  emploient  encore 
î;iÇûvïi  dans  Jer.  VI,  23  ;  Judith.  \,  13.  Tertullieu,  1.  Adv.  Marcion.,  commentant 
le  verset  d'isa'ie,  explique  :  sibynas,  genus  venabulorum.  —  ts  Schol.  Apoll.  Khod. 

II,  9  :    at^ùvvou;.  àxovi»  i'ion'Sr.pn  ;  Ëust.  Ad  II.   111,  p.  381,    18  :    :    A<,.«Tpu>  «<'t<i|i«ov 

^  oi'yuvvov  li;  Èv  UotuTta  t^je'flT,  t'o  ôi-xriiïipov  çr.ffiv  «xô>Tt.iv  ;  VEtym.,  Magn.  après 
avoir  cité  le  vers  d'Apollonius,  ajoute  :  àXXaj^^ù  t^îy  àoirtSicrxta  [ttxpà,  nûtâ^ta 
X£Yo;i.tvo,  tvTajOa  Si  SofaTa  ôXouiSïipa  ;  et  llesychius  et  Suidas  définissent  le  sigyue 
ô>oot'5i;9ov  ÂxoyTtoy  ^Xô^//,  (ou  «ritâOi]  ajoute  llesychius  avec  Pholius,  qui  écrit  ircûvou;. 
Ti  SopoTK).  Voiries  notes  3  et  12  où  la  sigyue  est  ({ualiliée  de  Ija-hv. 


I 


SIL 

sonl  donni'es  pour  le  gaesum,  le  veriiluin  et  le  pilum; 
c'esl  donc  dans  ce  groupe  de  javelols  au  fer  très  déve- 
loppé et  à  la  pointe  parfois  barbelée  qu'il  faut  faire  ren- 


^ 


Fi>.  «453.  —  Sigyna. 

trer  la  sigyne.  Les  nécropoles  de  làge  du  bronze  et  du 
début  de  lïige  du  fer,  tant  dans  Vllli/r-icum'  qu'en 
Chypre^,  fournissent  de  longues  pointes  à  douille, 
cylindriques  ou  quadrangulairos,  mesurant  de  0'°,40 
àO°',8()^rig.Gio5),  qui  correspondent  peut-étreau  peuque 
les  textes  nous  apprennent  de  la  sigyne.     A.  J.-Heinach. 

SILKXTIARII'S.  —  Ce  nom  désigne  d'abord,  sous 
rEiripire,  des  affranchis  impériaux  et  des  esclaves  de 
riches  particuliers  chargés  de  maintenir  l'ordre  et  le 
silence  aux  réceptions  '. 

Au  Bas-Empire  ^  on  trouve  à  la  cour,  sous  les  ordres 
du  praeposiltis  sacri cuOiculi  et  du  maghlcr  ofliriorum, 
une  milice  composée  de  trente  silentiurii  et  de  leurs 
chefs,  les  trois  decurioneu,  sans  compter  les  surnumé- 
raires, placés  au-dessous  des  agentes  in  rébus.  Ils  ont 
pour  fonction  principale  de  monter  la  garde  en  armes 
devant  le  cubiciilum  de  l'Empereur  et  surtout  devant  les 
portes  du  consistoire,  quand  il  y  siège,  et  de  faire  faire 
silence \  Ils  sonl  chargés  souvent  aussi  de  missions 
extraordinaires  dans  les  provinces''. 

De  413  à  437  une  série  de  lois  '  leurdonne,  àleurretraite, 
obtenue  au  bout  de  treize  ans  de  service,  l'entrée  au  Sénat 
avec  la  dispense  de  la  plupart  des  charges  sénatoriales  et 
des  munera  sordida  ^.  En  Orient,  d'après  une  loi  de  499, 
ils  sonl  sénateurs,  étant  en  charge.     Ch.  Lécbiv.^i.n. 

SILtXL'S    S.\TVRIJ. 

SILIC.\Rli.  —  Ouvriers  chargés  de  paver  les  routes 
nécessaires  pour  le  service  des  aqueducs,  et  de  remettre 
en  état  celles  qu'on  avait  dégradées  en  plaçant  les  con- 
duits ou  en  construisant  des  canaux'.       E.  Labatut. 

SILIQLW  (KspiTiov).  —  L'nité  de  la  monnaie  d'argent 
byzantine  de  Julien  à  Héraclius'.  La  siliqua  pesait  nor- 
malement 26''. 275  et  correspondait  comme  valeur  à  une 
silique  d'or,  c'est-à-dire  I  1728  delà  livre  de  ce  métal  ou 
1,  24  du  SOLIDIS.      F.  Lenorsiant. 

I  ilitlli.aus  Boiuii-n.  111,  p.  Is;  VI, p.  SI  :VI11,  p.  9  ;  l.\,  pi.  xuv.  — 2G.  Colonna- 
Ceccaldi,  Rev.  arch.  XXXVll  (IS79),  p.  374  (.t/o,i„m.  antir/ues  de  Chypre,  tSSi, 
p.  Ii9j,  proposail  de  reconnaître  la  sigyne  dans  une  lame  de  bronze  de  la  colleclion 
Cesnola  (Cypern,  pi.  m)  mesurant  0  ni.  <'>43.  Celte  lameen  rcuillede  laurier  avec  Torlc 
nervure  centrale  c|ui  se  prolonge  par  une  lige  finissant  en  crochet  est  proLablement 
un  poignard  du  type  chypriote  [plgio.  p.  5S(i41.  On  doit  plutôt  consid^Ter  comme  une 
sigyne  la  broche  en  bronze  terminée  par  une  douille  et  longue  de  il  m.  79  (fig.  6455), 
que  Colonna-Ceccaldi  dit  a-oir  vue  dans  la  collection  Cesoo!a.  J.-L.  Myres, 
loc.  cil.  p.  i73,  à  nuilarticle  de  Ccccaldi  a  échappé,  voit  des  sisynes  dans  plusieurs 
broches  cylindriques  à  douiMc  en  fer  provenant  de  la  nécropole  de  Tama»sos,  dont 
la  plus  grande  mesure  0  ra.  7:t5,  et  d'autres  en  bronze  mesurant  de  8i  à  90  cenliraè- 
Ires.  Des  pointes  de  ce  type,  maisdontlalongueur  liedépassepasOm.  ;)0.  se  retrouvent 
dans  les  tombes  des  mercenaires  chypriotes  à  Tanis,  du  vu"  siècle  (Flinders  Pétrie, 
Tanis,  II,  pi.  III  et  Bronzes  liritish  Muséum,  p.  345}.  Myres  incline  à  expliquer 
par  l'intermédiaire  des  envahisseurs  indo-européens  de  la  Cappadoce,  au  iiv"  siècle, 
la  présence  de  la  sif/yna  à  la  fois  dans  les  régions  balkaniques  el  en  Chypre.  Sur 
celte  théorie,  cf.    K.  v.    Lichlenberg,  Beitrâge  z.  âllesten  Gescli.  Kypros,  1900. 

SILE\TIARII.  I  Senec. /;p.  XLVII,  i;Co>-p.imcr.  lat.  VI,  i,  9041-42,  Cil  7.  L'in- 
scription Orelli;3 193  qui  mentionne  unsi7en(irtii«s  parait  suspecte.— 2  C'orf.  Theod.  C, 
iJ;  8,  7,  5  ;  Cad.  Jmt.  12,  tii.  —  3  Ambros.  tir.  deobit.  Va/e»i(.  SC  ;Salvian.  deCuh. 
Dei,  4,  9li  :  Philoslorg.  7,  7  ;  Agath.  3,  p.  tOC  :  Evagr.  3,  i9  ;  Procop.  Bel.  Per.  î,ît 
DeAed.i.é  ;  Cyrill.  Scylhop.  Vi7.  s.  .S'o6.51  ;  Kutil.  .Numal.  I,  503  ;  Orelli-Henzen, 
3191.  Le  consistoire,  soit  seul,  soit  plus  lard  en  OrieDi  réuni  au  Sénat,  s'appelle  pour 
celte   raison   si/en  iitm,    iilentïaricitm  (Cedren.   p.   359,  47C;  Justin.    A'or.    Gi). 

—  4Albana5.,4f.o;.  i;  Animian.  J0,4;  Symmach.  £'p.  Î4;  iuVnn.  Ep.  nd  sen.  pop.  .Mh. 

—  5  C.  Th.  6.  23,  1-4  ;  1 1,  18,  l'un.  ;6,  S,  21  :  C.  Jmt.  12,  16, 1  -4.  -  6  C.  Jusl.  12    16    3 

Vin. 


—   1337  -  SIL 

SILPHIUM  (ili'Xçt&v).  —  Ce  nom  désignait  chez  les 
Grecs  et  chez  les  Romains  divers  végétaux  et  produits 
végétaux  dont  le  plus  célèbre  est  le  fameux  silphium  de 
Cyrénaïque.  Les  Grecs  l'appelaient  aussi  silphium  de 
battos,  BiTTou  (7''Àçi&v',  soit  parce  qu'il  était  dédié  à 
Battos,  le  fondateur  de  Cyrène,  soit  parce  qu'il  provenait 
de  la  Cyrénaïque.  On  le  trouve  aussi 
dénommé  parfois  ottô;,  c'est-à-dire  suc,  le 
suc  par  excellence.  Le  produit  tiré  de  la 
racine  était  appelé  çtÇ'!a;,  celui  qu'on  tirait 
de  la  tige  xauÀîaç'-.  Les  Romains  appelaient 
d'ordinaire  le  silphium  Inscrpitium^  ou 
laserpicium,  laser,  sirpe^,  el,  comme  ,.,„  ,.,„., 
chez  les  Grecs,  ces  mots  désignaient  tout  siiphium. 

à  la  fois  le  végétal  lui-même  et  le  produit 
qu'on  en  lirait,  lin  dehors  de  la  Cyrénaïque,  les  anciens 
mentionnent  aussi  d'autres  plantes  sous  le  nom  de 
silphium:  dans  l'Inde",  dans  laMédie'%  dans  la  Parthie', 
dans  laBactriane',  dans  l'Arménie', 
dans  la  Syrie".  Ces  diverses  espèces 
de  silphium  extra-cyrénéen,  appe- 
lées parfois  mngydaris,  servaient  à 
falsifier"  le  silphium  de  Cyrénaï- 
que, de  beaucoup  le  plus  précieux. 
Ce  dernier  était  le  produit  caracté- 
ristique de  la  région  cyrénéenne'- 
qualifiée  de  (7'.),ipto(6oj;o;,  laserpici- 
fera*^.  Sur  la  fameuse  coupe 
(fig.  4463)  dite  d'Arcésilas  ",  près  du  roi  de  Cyrène  se 
tient  un  personnage  dont  la  fonction,  comme  l'indique  la 
légende:  sÀtïoaà'ioç  (pour  ctÀç'oixi'ioî),  est  de  faire  la 
récolte  du  silphium.  En  outre,  le  silphium  ne  figure  que 
sur  les  monnaies  de  la  Cyrénaïque",  el  il  y  figure  si 
souvent  que  les  documents  numismatiques  complètent 
de  la  manière  la  plus  heureuse  les  textes  littéraires. 
On  y  voit  en  effet  représentées  la  tête",  les  feuilles '\ 
la  tige  ",  la  racine  ",  et  même  la  plante  tout  entière^". 
Les  racines  étaient  nombreuses  et  épaisses,  les  feuilles 
opposées  entre  elles  et  semblables  à  celles  de  lâche,  la 
tige  longue,  le  fruit  cordiforme  (fig.  6456  el  6457) -'. 
C'esl  ce  dernier  caraclère  qui  avait  fait  attribuer  par 
erreur  à  la  ville  de  Cardia  en  Thrace  des  monnaies  anépi- 
graphes  dont  l'origine  cyrénéenne  n'est  pas  douteuse. 


SII.ICABII.  I  Fronlin.  Aquaed.  117. 

SILIQCA.  I  Cod.  Theodos.  XII,  4,  I  :  Novell.  Majorian.  lie  eurial.  VII,  Ifi; 
Cod.  Justin.  IV.  32,  36,  I  ;  Vlll.  13,  1  ;  Uregor.  Epist.  I!,  38;  Basilic.  XXIll,  3,  75; 
Marini,  Pap.  diplom.  pap.  LXXX,  p    123;  Boeckh,  Metrol.  Uutersuch.  p.  ICO. 

SILPBiU.M.  1  Schol.  Aristoph.ad  P/ii/iim,925  ;  Hesych.  s.  v'^i-:-.,„  i,"iç.ov; 
Suidas  s.  r"  «rf '«.stov.  D'après  le  T/tesatirus  linguae  graecae,  les  premières  men- 
tions du  silphium  se  trouveraient  dans  Solon  et  dans  Sophocle.  —  STheophrast. 
Hist.  plant.  VI,  3;  Plin.  /?.  na(.  XIX,  3,  13.  —3  Korccllini  s.  t»  laser;  Isid.  Hispal. 
Etymol.  XVII,  9.-4  Plant.  Bud.  v.  630  ;  Solin.  X.XVIII,  48.  —  5  Airian.  Exp. 
Alex,  m,  28  ;.  Isid.  Hisp.  Elymol.  XVII,  9.-6  Strab.  XI,  3,  7  ;  plin.  XIX,  3,  15  ; 
XXIi,  23.  48  ;  Dioscorid.  .Mat.  Med.  III,  84;  Steph.  Byz.  s.  v.  Mr.S.'a:  EusUlh. 
ad  Dionys.  Perieg.  v.  1017.  —  '  Plin.  XXII,  23,  48.  — «  Ael.  Bist.  var.  XII,  37; 
Slrab.  XV,  2,  10.  —  9  Plin.  XIX.  3,  15;  Dioscor.  L.  c.  —  10  Plin.  XXII.  23,  48; 
XIX,  3,  16;  Dioscorid-  Mat.  med.  III,  84.  —Il  Plaut.  Biid.  III,  2,  19;  Plin.  XIX, 
3,  16;  Diosc.  Z.  c.  —  12  Theophr.  Hist.  plant.  iW,  3:  Anliphan.  ap.  Atlien. 
III,  38.  —  13  Calull.  Carm.  VII,  4.  —  Il  Cf.  De  Ridder,  Catal.  d^s  vases 
peints  de  la  Bibl.  nnt.  1"  parlie,  1901,  p.  98-102,  et  Babelon,  Le  Cahinet 
des  Antiques  à  la  Bibl.  nation.  1887-88,  p.  37-40  el  pi.  xii.  —  lô  Cf.  sur  les 
monnaies  de  la  Cyrénaïque  :  i\'umism.  de  l'anc.  Afrique  ;  F.  Bompois,  Médailles 
grecques  autonomes  frappées  dans  la  Cyrénaïque,  1S69  ;  el  les  ouvrages  généraux 
de  Barclay  V.  Ilead,  Uistoria  numorum,  1887,  p.  725-735,  de  Babelon,  Traité  des 
monnaies  grecques  et  romaines,  2"'  parlie,  vol.  I.  1907,  col.  1333-1364. 
—  16  MOIIcr,  I,  n-  t.—  17  Id.  I,n«  4.  —  1*  Id.  I,  n"  C,  8.  15,  10,  17,  19.  —  19  Id.  I, 
n"  2.  —  20  M.  1,  n"  2,  3.  18.  21-24,  29  ;  Babelon,  Traité,  pl.  uxni.  —  '-il  Theophr. 
Hist. plant.  VI.  3  ;  IX,  1;  Plin.  XIX,  3.  15;  Dioscor.  L.  c.  :  Mûller,  I,  n"  9,  11,  25. 
27,  31,  32;  Bompois,  pl.  i.  n"  1,  2,  3,  5,  6,  7. 

168 


SIL 


—  i:i38  — 


SIL 


L'origine  de  ee  précieux  végétal  esl  inconniic.  Tiiéo- 
phraste  el  Pline  '  raconlcnl  que  le  silpliiiim  (il  son 
apparition,  près  des  jardins  des  llespérides  (région  de 
Henghazii,  ;\  la  suite  d'une  pluie  poisseuse,  sept  années 
avant  la  fondation  de  Cyrène  ^  ('en- 
viron G30  av.  J.-C).  Celle  tradition 
permet  de  supposer  avec  Belley'  que 
les  graines  du  silphium  ont  pu  être 
apportées  de  l'intérieur  de  l'Afrique 
dans  la  Pentapole  par  un  de  ces  vents 
violents  qui  soufflent  du  midi. D'ailleurs, 
le  fait  du  recul  progressif  de  la  plante 
vers  le  sud  semble  bien  confirmer  l'hy- 
pothèse de  l'origine  méridionale  du  silphium.  Croissant 
le  plus  souvent  dans  les  montagnes,  le  silphium  était 
rebelle  à  la  culture  '.  Transporté  en  lonie  el  dans  le 
Péloponnèse,  il  ne  réussit  pas  ^.  Sans  doute,  il  ne 
pouvait  guère  s'accommoder  du  sol  trop  riche  el  trop 
Immide  des  terrains  cultivés.  Cependant,  au  temps  de 
Synésius"  (mort  vers  413  ap.  J.-C),  il  y  avait  quelques 
cultures  de  silphium,   mais  d'une  grande  rareté. 

L'aire  géographique  du  silphium  a  cerlainementvarié, 
et  le  précieux  végétal  a  reculé  progressivement  vers  le 
sud.  Hérodote,  Scylax,  Théophrasle  '  nous  disent  que 
le  silphium  se  rencontrait  le  long  du  littoral  et  à  peu 
de  distance  de  la  côte  sur  les  pentes  du  plateau.  Par 
contre,  Posidonius,  suivi  par  Slrabon  *,  repousse  jus- 
qu'en plein  Sahara  le  domaine  du  silphium.  Pline ^  et 
Arrien'"  le  placent  près  des  oasis  de  Libye.  Tel  parait 
être  aussi  l'avis  de  Plolémée".  Pour  expliquer  ces  diver- 
gences, on  peut  admettre  qu'au  temps  d'Hérodote,  de 
Scylax  el  de  Théophrasle,  le  silpliium  est  encore  localisé 
dans  la  Penlapole  cyrénéenne.  Au  temps  de  Posidonius 
il  faut  aller  le  chercher  jusque  dans  les  solitudes  du 
désert  libyque.  Que  si,  au  témoignage  de  Synésius'^,  il 
s'en  trouve  encore  quelques  cultures  dans  les  jardins 
près  de  Cyrène,  il  s'agit  là  de  cultures  artificielles  comme 
les  cultures  de  plantes  exotiques  dans  nos  jardins  el  dans 
nos  serres. 

Ce  déplacement  vers  le  sud  eut  naturellement  pour 
résultat  de  rendre  le  silphium  de  plus  en  plus  rare.  Les 
nomades  du  désert  libyque  pillaient  les  convois  do  celle 
précieuse  marchandise  ou  exigeaient  des  caravaniers  des 
droits  de  passage  exorbitants.  En  d'autres  cas,  au  cours 
de  leurs  razzias  ils  coupaient  les  racines".  D'autre  part, 
Pline"  et  Solin '=  attribuent,  non  aux  nomades,  mais 
aux  habitants  de  la  Cyrénaïque,  la  destruction  du 
silphium.  Pour  Pline  c'est  la  faute  des  publicains.  Pour 
Solin,donirexplicalionestbeaucoup  plus  vraisemblable, 
ce  sontlesCyrénéens  qui,  pour  échapper  aux  exigences 
du  fisc,  arrachèrent  le  précieux  végétal.  Quoi  qu'il  en 
soit,  le  silphium  devint  de  plus  en  plus  rare.  Au  temps 
il  parait  avoir  été  assez  commun,  el  César 


de  Piaule' 


<  ThcO|)hr.  Hist.  plant.  VI,  3;  De  caits.  plant.  I,  S  ;  Plin.  XI.X,  3,  15.  —  2  U 
dalc  de  la  fondation  de  Cyrène  ne  peut  «Ire  fix«e  avec  précision.  Cf.  Bnsoll, 
Griech.  Geschichte.  1  (l?8.ï|,  p.  343-5.  —  3  ,!/,;„,.  Acad.  Inscript.  Hist.  XXXV! 
(1774),  p.  2i.  -»  Tlicoplii.  H.  pi.  VI,  3;  /Je  caus.  plant.  III;  Plin.  XIX,  3, 
15.  —  5  Hippocr.  De  morb.  IV,  34.  —  6  Sjnes.  Epist.  106.  —  7  llerodot.  IV, 
109;  Scylai,  §  108;  Theoplir.  Hist.  plant.  VI,  3.-8  l'osidon.  iu  SUab.  Il,  2, 
3  ;  Slrab.  Il,  5,  33  ;  II,  5,  37  ;  XVII,  5,  Î3.  —  '>  Plin.  V,  5,  5.  —  10  hldic.  XLIIli 
13.  —  Il  IV,  4,  5.  —  12  Kpist.  106,  133.  —  13  Slrab.  XVII,  3,  22.  —  H  Xixi 
3,  13.  -  15  XXVII,  49.  —  10  Rnd.  III,  2,  C29-630.  —  17  Plin.  XIX,  3,  15 
-  18  XVII.  3,  22.  -  19  XIX,  3,  15;  XXII,  23,  48;  Scribon.  Largus,  De  comp. 
medicam.  LXVII.  —  20  Cependant  Dioscoridc  {Mat.  med.  111,  S4)  distingue  bien 
I,-  silpliium  de  .MéJie  du  silphiuui  de  Cvrc^Niahiuc.  -  21  Alcxandrid.  iu  Fn>jm.  hist. 


dictateur  en  trouva  une  grande  quant iti»  dans  Vcieva- 
l'iuiti^''.  Mais  quelques  années  plus  tard,  Strabou '*  nous 
dit  que  le  silphium  avait  à  peu  près  disparu.  Celte  dispa- 
rition esl  chose  faite  au  temps  de  Pline".  Sans  doute, 
des  écrivains  postérieurs  à  Pline,  tels  que  Galien,  Végèce, 
Synésius,  font  encore  fréquemment  mention  du  sil- 
phium, mais  ils  en  parlent  comme  d'une  marchandise 
extrêmement  rare  et  par  conséquent  de  très  grand 
prix.  Peut-être  aussi  font  ils  souvent  allusion  au  sil- 
phium de  Médie'^°,  el  non  au  véritable  silphium  de 
Cyrénaïque. 

Marchandise  rare,  le  silphium  de  Cyrénaïque  était 
naturellement  une  marchandise  très  précieuse.  Les  habi- 
tants d'Ampélos,  ville  de  Libye,  en  envoyèrent  une  tige 
à  Delphes^'.  Les  Romains  imposèrent  aux  Cyrénéens  un 
tribut  de  trente  livres  de  silphium,  et  cette  denrée  fut 
déposée  dans  le  trésor  public  avec  les  matières  d'or  et 
d'argent.  Au  commencement  de  la  guerre  civile.  César 
dictateur  put  tirer  ainsi  de  Vaerarium  quinze  cents 
livres^-  de  silphium!  En  Grèce  l'expression  de  Birrou 
(jiXçiov  était  passée  en  proverbe  pour  désigner  de 
grandes  richesses  -^.  Enlin,  au  témoignage  de  Macrobe^*, 
Auguste,  jouant  sur  les  mots,  appelait  Mécène 
/aser  Arethuim,  c'est-à-dire  son  très  «  cher  »  ami 
d'Arezzo. 

Cette  cherté  du  silphium,  qui  s'accrut  nécessairement 
avec  la  rareté  de  plus  en  plus  grande  de  la  plante, 
s'explique  d'ailleurs  par  la  multiplicité  des  usages  aux- 
quels il  était  affecté.  C'est  avec  raison  que  le  scoliaste 
d'Aristophane  ^^  qualifie  le  silphium  de  plante  très 
estimée,  Potqcvti  tco^utijattitoç.  Toutes  les  parties  du 
végétal  :  feuilles,  tige,  fruit,  racine,  étaient  employées, 
et  à  des  usages  variés  -^  En  outre,  le  silphium  de  Cyré- 
naïque était  remarquiible  par  son  parfum,  surtout  le 
silphium  des  terrains  secs".  En  effet,  et  Théophrasle  le 
remarque  avec  raison-*,  c'est  là  une  loi  générale  pour 
toutes  les  piaules  à  parfum.  Par  contre,  les  silphiums  de 
Médie  et  de  Syrie  répandaient  une  odeur  très  désa- 
gréable'-''. Eu  cuisine  l'emploi  du  silphium  était  fréquent. 
Rôtie  ou  bouillie  la  tige  était  mêlée  à  des  condiments 
variés.  La  plante  servait  aussi  pour  la  préparation  de  la 
saumure  et  d'une  espèce  de  vinaigre  fort  réputée. 
Mélangée  avec  du  miel,  de  l'huile  el  du  fromage  elle 
formait  une  sauce  très  appréciée  des  gourmets  [conui- 
menta].  Il  serait  trop  long  d'énumérer  ici  les  usages  culi- 
naires^" si  variés  de  ce  précieux  végétal.  On  pourrait  en 
dire  autant  de  ses  applications  thérapeutiques.  Le  sil- 
phium de  Cyrénaïque  semble,  en  ell'el,  avoir  été  dans  l'an- 
tiquité la  panacée  la  plus  en  vogue.  Pline^'  consacre 
plusieurs  pages  à  l'énumération  de  ses  multiples  vertus 
Comme  l'encyclopédiste  latin,  les  médecins  Hippo- 
craie,  Galien,  Dioscoridc,  etc.,  font  fréquemment 
mention  des  vertus    médicinales  du  silphium  de  Cyré- 


graec.  de  C.  MûUer,  III,  p.  lOC-107;  Scol.  Arislopli.  ad  Plulum,  tliô.  —  22  pli,,. 
XIX,  3,  15.  —  23  Schol.  Arisloph.  ad  Plutum  925;  llesych.  Suid.  s.  v  BitTou 
cilio.ov.  —  2V  Saturn.  II,  4,  li.  —  25  Ad  Plulum,  925.  —  26  Tlieophr.  L.  c.  : 
Plin.  XXII,  23,  48-49.  —27  Suid.  Favoriuus  s.  i-  iiieiov  ;  Diosc.  L.  c.  —28  De 
caus.  plant.  VI,  18.  —  29  Diosc.  /,.  c.  —  30  Cf.  Aristopb.  Equités,  895  sq.  Aves, 
534,1582,  JUul.  cime.  1171  sq.  ;  Theophr.  Dist.  pi.  VI,  3;  Plaul.  Pseudul. 
V.  810;  Calo,  De  re  rusl.  CXVI  ;  Pelron.  Sat.  XXXV;  Plin.  XIX,  3,  15;  Diosc. 
L.  c;  Coluin.  De  re  rust.  XII,  7;  Solin.  XXVIII  ;  Apic.  De  arte  coquin.  1,30; 
II,  1,  2;  VU,  1,  9;  Suid.  s.  l'°  saa.o.;  Atlien.  II.  04,  07,  77;  IV.  7,  11, 
68,  69;  VII,  84,  80,  120,  124;  XIV,  Si.  A  remarquer  que  le  scol.  d'Aristophane 
{Aves,  534,  138Î)  qualifie  de  *,S0o5iii.  le  silphium  qui,  ailleurs  (Equités,  894), 
riçoit  répithète  de  xi^ocriiov.  —  31  XXII,  23,  48-49. 


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1339  — 


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iiaïque'.  Le  l^élail  lui  aussi  parlicipail  au  Irailemunl  par 
le  siiphiini).  ïliéopliraste  nous  ilil-  que  les  feuilles  de  la 
plante  purgeaient  les  animaux  de  la  race  ovine.  Aussi 
laissail-on  le  petit  bétail  paitre  dans  la  montagne  en 
hiver  et  au  printemps.  Les  bêtes  purgées  par  lesilphium 
engraissaient  d'une  manière  singulière,  et  la  qualité  de 
leur  chair  s'améliorait  beaucoup  '.  Parfois  cependant  ces 
heureux  résultats  ne  se  produisaient  pas,  et  sur  ce  point, 
comme  sur  plusieurs  autres  relatifs  au  silpliium,  les  textes 
anciens,  surtout  ceux  de  la  basse  époque,  ne  s'accordent 
pas  toujours  entre  eux.  A  n'en  pas  douter,  certains 
auteurs  de  l'antiquité  n'ont  connu  qu'indirectement  et 
<rune  manière  assez  vague  le  précieux  végétal.  Enfin, 
l'agriculture  elle-même  tirait  parti  du  silpliium  de  Cyré- 
naïque'.  Un  peu  de  laser  dilué'  dans  du  vin  et  répandu 
sur  le  sommet  des  grenadiers  corrigeait,  dit-on,  l'acidité 
des  fruits. 

L'antiquité  gréco-romaine  nous  a  donc  laissé  sur  le 
silpliium  de  Cyrénaïque  des  documents  assez  nombreux 
et  variés  :  monnaies  cyrénéennes  antérieures  à  l'occu- 
pation romaine  '%  coupe  d'Arcésilas,  textes  littéraires 
parfois  fort  détaillés  comme  ceux  de  Théophraste  et  de 
Pline  l'Ancien.  Il  semble  donc  qu'il  serait  facile  d'iden- 
tifier la  plante  et  de  la  retrouver  dans  une  des  espèces  de 
la  flore  de  la  Tripolitaine  cataloguées  ou  décrites  par 
Viviani '',  Florae  Libijcac  Spécimen,  Ascherson''  {['.), 
en  appendice  à  la  relation  de  Rohlfs,  Kufra,  Cosson(E.)  ', 
Revision  du  Florae  Libycae  Spécimen  de  V-iviani. 
Cependant  le  problème  n'a  pas  été  résolu,  et,  malgré 
le  nombre  considérable  des  publications  consacrées  à  la 
question  par  les  archéologues  et  surtout  par  les  natura- 
listes, nous  ne  savons  pas  encore  d'une  manière  exacte 
à  quel  végétal  correspond  le  mystérieux  silphium  de  Cyré- 
naïque. Du  moins,  on  est  en  général  d'accord  pour  y 
reconnaître  une  espèce  d'ombellifère  et  déclarer  que  le 
silpliium  antique  n'a  rien  de  commun  avec  les  silphium 
de  Linné  (famille  des  composées),  originaires  d'ailleurs 
de  l'Amérique  du  Nord.  Beaucoup  de  naturalistes  croient 
pouvoir  l'identifier  avec  le  Ihapsia  yarçjanica  de  Linné, 
que  les  Berbers  de  l'Afrique  du  Nord  appellent  drias, 
adrias,  derias,  derries  [bou-nefa  en  Algérie).  Telle  est 
l'opinion  du  voyageur  Délia  Cella  (1817),  de  Viviani,  qui 
examina  les  échantillons  rapportés  par  le  précédent,  de 
Pacho,  de  Bartli,  de  C.  Fraas,  de  Lenz,  de  Kolilfs,  etc.  '' . 
Cette  identification,  très  souvent  admise,  doit  certaine- 
ment être  rejetée,  car  par  tous  ses  caractères  le  lliapsiu 
(jarganica  diffère  profondément  du  silphium  de  Cyré- 
naïque. Le  premier  est  très  répandu  dans  les  pays  rive- 
rains de  la  .Méditerranée  occidentale,  le  second  avait,  au 
contraire,  une  aire  géograplii(|ue  très  limitée.  Les  carac- 
tères botaniques  du  silphium  :  tige  allongée,  feuilles 
opposées,  graines  cordiformes,   diffèrent   également  de 

1  Aristoph.  Plut.  719  ;  Mal,  conc.  404;  Hippocrat,  De  morb.  muliebr.  passim, 
Z/c  rallorte  viclits  in  morb.  acut.  ;(édit.  Litlri;,  II,  p.  487,  489)  ;  Tlicophr.  Hist. 
plant.  VI,  3;  Columcll.  De  re  ruatic.  VI,  17;  IMio.  XIX,  3,  13;  XXII,  iZ, 
48-48;  Solia.  XXVIIl;  Aelian.  Hist.anim.  V,  37;  Dioscoi-id.  Mat.  med.  III,  «1; 
Nicandr.  Aleiaiidr.  Theriaca  v.  84-SC,  G07  ;  Alexipharmac.  v.  300,  36B.  Les  iudfv 
d  Ilippocralc  (rdil.  LiUré,  vol.  X)  cl  de  Galicn  (édcl.  Kiilm,  vol.  XX)  rciifermcnt 
de  iiomlireuscs  ineiUiotis  relatives  aux  vertus  thérapeutiques  du  silpliium.  —  2  Hial. 
plant.  VI,  3.  —  .i|'lin.;XIX,  3,  15;  Vcgcl.  Mulomcdicus,  III,  4S;  V,  40.  59,  04. 

—  V  Colum.  D,:  re  rust.  V,  10;  /Je  arù.  23;  Pallad.  De  re  rust.  IV,  10; 
lleoiionica.  IV,  7;  V,  48  ;  XIII,  10.  —  s  Le  silpliium  no  ligure  jamais  sur  les 
nioniiaies  île  la  CyrénaiV|uc  romaine:  cf.  Miiller,  I,  p.  133.  —  i')824,  fol.  (it^ues. 

—  ''  liufra,  1«8I,  in-S,  p.  386-559.  —  8  lu  Uull.  .Suc.  tiolanù/ue  de  l-rance,  XII 
(1865,,  p.  275  jSf|.  —  9  Oclla  Cella  (!'.),  Viai/yio  di  Tripoli,  1817,  p.  127; 
Viviani,  Florae  libycae  spécimen,  1824;  Pacho  (J.  R.)  Relation  d'un  voyage  dans     ' 


ceux  du  Ihopsiu.  Il  en  est  di;  même  pour  les  propriétés 
absolument  dissemblables  de  ces  deux  végétaux.  Le 
silphium  avait  un  goût  agréable,  le  Ihapsia  est  un 
vésicant,  employé  pour  la  préparation  d'emplâtres  très 
énergiques.  Les  anciens  usaient  du  silphium  comme 
d'un  condiment,  les  produits  tirés  du  thapsia  sont  des 
substances  dangereuses  et  à  administrer  avec  réserve.  Le 
silphium  engraissait  le  bétail,  le  drias  est  souvent  mor- 
tel aux  chameaux'".  Il  est  vrai  que  son  action  varie 
d'intensité  suivant  les  époques  de  l'année  et  les  variétés 
de  drias.  Néanmoins,  les  indigènes  musèlent  souvent 
leurs  chameaux  pour  les  empêcher  de  brouter  le  drias, 
surtout  pendant  l'été  au  moment  de  la  maturité  de  la 
graine.  Enfin  les  anciens  connaissaient  fort  bien  le  Ihap- 
sia et  quelques-unes  de  ses  propriétés.  Pline  l'Ancien", 
qui  nous  raconte  que  Néron  employait  des  cataplasmes 
de  thapsia,  d'encens  et  de  cire  contre  les  contusions, 
a  bien  soin  de  distinguer  le  silphium  et  le  thapsia. 

D'autres  hypothèses  ont  été  émises.  Deniau'^  iden- 
tifie le  silphium  avec  Vassa  foetida.  Mais  il  y  a  entre  les 
deux  végétaux  des  différences  radicales,  et  d'ailleurs 
les  anciens  eux-mêmes  avaient  eu  soin  de  ne  pas  con- 
fondre les  deux  plantes.  Ils  connaissaient  Vassa  foetida 
sous  le  nom  desilphium  medicum.  Dans  un  mémoire  de 
1809,  OErstedt'^  signale  une  espèce  du  genre  ferula 
différente  de  celle  d'où  l'on  tire  ïassa  foetida  de  Perse  : 
c'est  le  narthex  assa  foetida,  ombellifère  gigantesque 
observée  en  1838  par  Falconer  dans  le  nord  du  Kachmir. 
Telle  est  l'analogie  entre  cette  plante  et  le  silpliium 
antique  que  Œrstedt  suppose  au  moins  une  étroite  pa- 
renté entre  les  deux  espèces.  Une  autre  ferula,  la  ferula 
vescerilensis,  a  été  également  rapprochée  du  silphium  à 
cause  de  ses  fruits  cordiformes''',  indication  insuffisante 
pour  justifier  une  identification  plausible.  La  flore  médi- 
terranéenne ne  compte  pas  moins  de  70  variétés  de 
ferula,  dont  plusieurs  [ferula  vesceritensis,  ferula  lin- 
gitana)  présentent  quelques  analogies  extérieures  plus 
ou  moins  marquées  avec  le  silphium.  Comment  assimiler 
une  espèce  aussi  répandue  à  une  espèce  aussi  étroi- 
tement localisée  que  le  silphium  de  Cyrénaïque  ?Pour  le 
même  motif  il  ne  nous  parait  pas  possible  d'admettre 
d'autres  identifications  proposées  :  avec  le  laserpitium 
gunimiferum  qui  produit  une  gomme  aromatique  et 
pousse  dans  l'Espagne  du  sud  et  dans  l'Afrique  du  nord  ; 
avec  le  laserpitium  siler,  ombellifère  signalée  dans  le 
sud-est  de  la  France  et,  d'ailleurs,  fort  répandue  dans  les 
contrées  montagneuses  de  l'Europe  méridionale. 
A.  Macé'^  a  invoqué  à  l'appui  de  cette  conjecture  divers 
arguments  :  transmission  du  nom  depuis  l'antiquité, 
analogie  de  certains  caractères  botaniques  et  de  certaines 
propriétés.  Le  laserpitium  siler  serait  un  purgatif,  un 
tonique,  il  engraisserait  le  bétail  dans  les  montagnes  de 

la  Marmarique,  1827-29,  p.  247,283;  Barlh  (H.)  Wanderungen  durch  die Kâsten- 
lânder  des  Mittelmeeres,  1849,  p.  469  ;  Fraas  (C  ),  Synopsis  plantarum  florae 
classicae,  1845,  p.  145-146  ;  Lenz  (H.  0.),  Uotanik  der  allen  Griechen  und  Hômcr, 
1839,  p.  509-571;  Rohlfs  (G.),  Von  Tripolis  \nach  Alccandrien,  1871,  vol.  II, 
p.  7-li.  —  10  Cf.  Oella  Cella,  p.  127;  l'aclio,  p.  251;  Barlh,  p.  4f.S-9  ;  Kohifs,  I, 
p.  121,  143  ;  l.a'iUe  in  Esploralore,  V  (1881),  p.  171.  —  H  XIII,  22,  43.  —  12  Le 
.Silphium  {assa  fœtida)  pri'xédé  d'un  mémoire  sur  La  famille  des  omhelliféres.... 
1S08,  in-4.  XXIV,  100  pages.  Cette  thèse  renferme  de  nombreuses  indications  sur 
les  travaux  d'anciens  naturalistes  relatifs  à  la  question  du  silphium.  —  <.^  Bericht. 
der  dànisch.  Akad.  drr  \^'is9ensch.  1809.  L.  .Millier  iiiditiue  les  couclusion^ 
do  ce  mi'raoire  dans  le  sup[ilriiieiit  de  sa  Numism.  de  l'anc.  Afrique  1874. 
—  '»  UDrstedt  in  Miiller,  O.  c.  p.  108.  —  ''-  Les  royaijeurs  modernes  dans 
la  Cyrénaïque  et  le  silphium  des  anciens  in  Jïei>.  arcliéol.  XIV  (1857),  vol.  I, 
p.  143-100,  227-237,  338,  354. 


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la  Chartreuse  où  les  botanistes  '  signalent  sa  pré- 
sence. Reinarciuons  en  passant  que  le  laserpi/iinn  siler 
est  aujourd'hui  complètenient  étranger  à  la  llore  de  la 
Cyrénaïque  et  même  à  celle  de  lAfrique  du  nord.  Le 
promoteur  de  cette  hypothèse  ne  la  propose,  d'ailleurs, 
que  sous  toutes  réserves.  Tout  récemment,  M.  Vercoulre 
a  proposé  une  identitiealion  nouvelle'-.  Le  silphium, 
dit-il,  venait  de  l'Afrique  orientale  d'où  les  caravanes 
le  transportaient  à  Cyrène,  et  les  Cyrénéens  l'expédiaient 
sur  les  marchés  de  l'Europe.  N'ayant  jamais  vu  la  plante 
entière,  ne  la  connaissant  que  par  quelques-unes  de  ses 
parties,  les  Cyrénéens  n'ont  pu  ni  la  décrire  exactement, 
ni  la  représenter  toujours  avec  fidélité  sur  leurs  mon- 
naies, ils  supposèrent  par  analogie  avec  les  autres  espè- 
ces de  silphium  que  ce  devait  être  une  ombellifère.  L'au- 
teur n'est  pas  de  cet  avis  et  il  identifie  le  silphium  de 
Cyrénaïque  avec  un  des  plus  grands  palmiers  connus, 
qui  peut  atteindre  40  mètres  de  hauteur,  le  Lodnicea 
Sec/u'ifartim,  découvert  au  xviir  siècle  dans  l'archipel 
des  Seychelles,  au  nord-est  de  Madagascar.  Si  l'on  brise 
le  noyau  du  fruit,  eesl-à-dire  la  coque  du  coco,  on  y 
trouve  une  substance  solide,  blanche,  huileuse,  qui  cor- 
respond au  silphium  proprement  dit.  Pour  concilier  cette 
hypothèse  parado.xale  avec  les  données  botaniques,  l'au- 
teur rejette  la  plupart  des  documents"  anciens  comme 
entachés  d'erreur  et  se  borne  à  signaler  quelques  analo- 
gies peu  caractéristiques,  et  insuffisantes,  nous  semble- 
l-il,  pour  justifier  son  opinion. 

Mieux  vaut  conclure^  que  le  silphium  n'a  pas  été 
retrouvé  par  les  naturalistes.  En  efifet,  aucune  des  plantes 
signalées,  jusqu'à  ce  jour,  ne  correspond  exactement 
au  végétal  antique.  Par  sa  localisation  très  restreinte, 
par  ses  caractères  extérieurs  représentés  sur  les  mon- 
naies cyrénéennes,  enfin  par  ses  propriétés  si  nom- 
breuses et  si  énergiques  décrites  par  les  auteurs  gréco- 
romains,  le  silphium  de  Cyrénaïque  est  bien  pour  nous 
un  végétal  à  part.  On  pourrait  objecter  que  les  repré- 
sentations numismatiques  ne  sont  peut-être  pas  exactes 
de  tout  point.  Cependant,  les  monnaies  cyrénéennes 
figurent  avec  beaucoup  de  précision  nombre  d'objets 
appartenant  à  la  fiore  et  à  la  faune  du  pays  :  l'épi  de  blé, 
la  datte,  la  gerboise,  la  gazelle,  le  caméléon,  etc.  Le 
silphium,  plante  si  précieuse,  gloire  et  richesse  de 
Cyrène,  a  dû  être  représenté  avec  non  moins  de  soin. 
Nous  sommes  ainsi  amenés  à  choisir  entre  deux  hypo- 
thèses: ou  bien  le  silphium  a  disparu  de  la  Cyrénaïque, 
ou  bien  il  n'a  pas  encore  été  retrouvé.  On  mentionne 

1    Cariol,  33S-35i,   Guide  du  botaniste  à  la  grande  Chartreuse.  1856,  p.   25 

-  2   Vercoulre,  Identification    du    silphium.    1908.    -    3   Comme    (Ersledl    in 
Muller,    O.    c.    1,    p.    loT-10»;    AscLcrsoD    in    Hsptoralore,    VI    (188Î),  p.    1-5. 

—  *  De  Candolle,  Origine  des  piaules  cultivées.  1883,  p.  370-371.  —  Biblio- 
GKAPHie.  Pour  les  monumenU  (i»uris  voir  les  notes  14  (coupe  dArcésilas)  el  15 
(monnaies),  p.  1337.  Les  Ic.les  ancitus  onlélc  réunis  par  J.  P.  Tlirige,  /les  Cyre- 
nensium  a  primor  diisinde  ciritalis  usgue  ad  aetatem  qua  in  pronnciae  rormam  a 
Homan,s  est  redacta.  i"  édil.,  Copenhague.  I8i8  ;  plus  coraplète.neut  par 
A.  Kainau.l,  Quid  de  natura  el  fruclibus  Cyrenaicae  Penlapolis  anliqua  mo- 
numeuta  eum  recenlioribus  coUata  nobis  tradiderinl.  Paris,  1894.  p.  118-131. 
Les  raooograpliies  consacrées  au  silpliium  sont  forl  nombreuses.  Dès  le 
xvi|.  siècle  on  voil  cilées dans  un  article  de  labbé  Bellev  {Hist.  Acad.  des  Insc  et 
Belles- Lettres,  XXXVI,  1774,  p.  18-Î6)  dcu»  dissertations  de  deux  docteurs  de  la 
Facullé  de  .Médecine  de  Paris  :  PI,.  Dout^  ùialr^ba  de  succo  Cgren.nco.  1.-.59, 
et  B.  Dieuxifoie,  Verensio  appendicis  de  liguore  Cyrenaico  ndeer.us  librum 
Ph.  lloute  de  succo  Cyrenaico.  1659:  f.  Deniau  a  pa*sé  en  revue  la  plupart  des 
Lypotliéses  anciennes  dans  sa  thèse  déjà  citée  :  Le  Silphium  {assa  fa-t.da^  ..  1868 
En  dehors  de  ce  mémoire  et  de  celui  de  .M.  Ver.outre  signalé  plus  haut  :  C.  A.  BôL 
tiger,  Ceber  dos  Silphium  von  Kyrene.  dans  ses  Kleine  Schriften,  1838, 
p.  431-440;  A.  Jlacé,  Us  voyageurs  modernes  dans  la  Cyrénaigue  et  le  silphium 
des  anciens,  m  Itevue  archéologique,  1857,  >ol.  I  ;  il.  C.  SchiotT,  Leber  eine  bei 


en  efl'et  des  plantes  qui  disparaissent  de  la  tlore  d'un 
pays  sans  qu'il  se  soit  produit  de  variation  appréciable 
de  climat  et  en  dehors  de  toute  intervention  de  l'homme  '. 
D'autre  part,  certains  végiHaux  ont  été  retrouvés  après 
une  longue  disparition,  comme  le  papyrus.    A.  Rai.naud. 

SILVA.  —  Les  bois  et  forets,  soit  des  particuliers,  soit 
de  l'État,  soit  des  villes,  soit  des  temples,  ont  occupé  dans 
le  monde  romain  une  surface  considérable,  mais  l'éten- 
due même  de  la  richesse  forestière  en  a  fait  négliger  la 
réglementation  administrative. 

I.  Les  bois  des  particuliers  sont,  en  général,  soumis 
aux  règles  du  droit  commun.  On  peut  distinguer  les  bois 
taillés  et  futaies  [silvae  caeduae)',  soumis  à  des  coupes 
régulières  et  qui  fournissent,  en  outre,  des  bois  de  con- 
struction pour  le  commerce  ou  les  besoins  de  la  ferme  -, 
et  les  .'iilvae  pascuae,  dont  les  meilleures  sont  les  si/vae 
fjlandiferae.  où  se  pratifiuent  la  dépaissance  et  la  glan- 
dée\  On  peut  ranger  dans  le  second  groupe  les  salttis 
qui  sont  à  l'origine  des  bois  et  des  terrains  de  pâture, 
silvaeet  pastiones',  situés  dans  des  territoires  monlueux 
el  d'exploitation  difficile;  à  ce  point  de  vue,  le  salins 
s'oppose  généralement  au  /'undus',  quoique  ce  mol  ait 
lini  par  désigner  les  grands  domaines  en  général,  com- 
posés de  bois,  de  pâturages  el  de  terres  arables  ^lati- 
Fu.NDiA,  p.  958].  La  plupart  des  saUtis  ont  appartenu 
primitive.ment  à  l'État  romain  soit  dans  l'Italie,  soit 
dans  les  provinces  ;  mais  beaucoup  ont  été  usurpés  par 
des  particuliers,  par  exemple  les  siibseciva  '  [loca 
relicta]  ;  les  assignations  coloniales  elles-mêmes  ont 
souvent  ajouté  aux  lots  de  terres  des  portions  de  pascua, 
de  silvae,  sur  des  montagnes,  dans  des  loca  aspera,  soit 
pour  des  propriétaires  isolés,  soit  comme  compascua 
pour  plusieurs  propriétaires  réunis'.  Les  bûcherons 
(putatores)  figurent  parmi  les  esclaves  des  domaines* ; 
la  police  des  bois  et  des  saltus  appartient  aux  esclaves 
et  alTranchis  dits  saflitarii  stationariuSj.  L'usufruitier 
de  bois  doit  en  user  en  bon  père  de  famille  el  suivant 
l'aménagement  usité  pour  les  bois  taillis;  il  ne  peut 
couper  dans  les  autres  bois  que  pour  l'usage  du  domaine 
en  y  prenant  des  échalas  [pâli],  des  arbres  morts  pour 
les  réparations,  sans  couper  les  futaies;  il  a  le  droit  de 
chasser  et  de  recueillir  le  revenu  des  chasses'.  Les  bois 
sont  soumis  à  l'impôt  foncier,  ont,  à  ce  titre,  une  place 
spéciale  sur  les  cadastres,  soil  comme  pascua,  soil 
comme  silvae  caeduae^";  au  Bas-Empire,  en  Syrie,  les 
pâturages  de  montagne  constituent  la  dernière  classe  et 
paient  leur  redevance  en  argent".  Ces  terrains  com- 

Kyrene  gesammelte  Vt'urzelrinde  und  ûber  das  Silphion  der  alten  Grieehen, 
in  Stediz.  Jahrà.  der  Ges.  d.  Aerzte  ;u  Wien,  1S6J  ;  Œrsledt  in  Bericht  der  dû- 
niseh.  Akad.  der  Wissensch.  1869;  D'  Laval  in  Bulletin  de  la  Société  d'acclima- 
tation, 1874  :  Daveau  in  Bévue  horticole,  1875  ;  F.  Herincq,  La  vérité  sur  le 
prétendu  silphion  de  la  Cyrénaïque,  1876;  E.  Fournier,  art.  Silphium  du  Oict. 
compl.  des  se.  médicales  de  Decliambre.On  rencontre  aussi  quel<|ues  indications  utiles 
dans  quelques  relations  de  voyages  en  CïTénaïque.  Voy.  .A.  Kainaud,  0.  cit.  p.  l6-2i . 
SILVA.  1  Dig.  50,  16,  30 /T.:  18,  l,80§2:  !•>,  2.  i7  §  ;6;  9,  i,  27 §26.  —  îCat. 
De  re  rust.  17  (préceptes  sur  l'abatage  des  arbres).  —  3  Dig.  50,  16,  30  §  5  ; 
llygin.  p.  205  ;  Cal.  L.  c.  1,7;  Colum.  De  re  agr.  3,  3,  2.  —  »  Festus  s.  r.  p.  302  ; 
Varr.  De  ling.  lat.  5,  36.  —  5  V.  les  textes  réunis  par  Schulten,  Z>ie  Grund- 
herrschaften,  p.  25.  La  traduction  grecque  de  saltuarius  àoEo3ûXa^  (Corp.  gloss. 
Il,  177,  48)  indique  le  caractère  montagneux  du  saltus.  —  ^  Sicul.  Flacc.  De  eond. 
agr.  p.  163  ;  Froulin.  fr.  55-36.  —  '  Hygin.  p.  15,  201,  203  ;  Frontin.  p.  4*  ;  Sicul. 
Fiacc.  p.  153  (forêts  communes  dont  les  propriétaires  ont  \e  droU  caedendi pascen- 
diqiie);  Corp.inscr.  tat.W.  1147;  9,1  455  (tablesdeVeleiact  des  Ligures  Baebiani\ 
—  »  Dig.  33,  7,  12§  12.  —  ^  Jbid.  1 .  1,  9  §  7,  10,  II,  12,  13  §  4,  59  §  2,  62  ;  18,  I, 
40  g  4;  24,  3,  7  §7  et  12;  22,  1,  26.  —  1»  Dig.  50,  15,  4pr.  ;  Cod.  Theod.V,  42,  7 
Hjgin  distingue  daus  la  Pannonie  les  bots  à  glands,  les  bois  ordinaires  et  les 
pascua  (p.  203,  14-15).  —  Il  Land,  Symbolae  Syriacae,  Lcyde,  1862,  I,  p.  128; 
Moinmsen,  Hermès,  3,  430  ;  Slarquardt,  Manuel, \,f.  264-285. 


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—  I3il  — 


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portent,  en  outre,  des  preslalions  de  bois  pour  l'année, 
la  flolle,  les  travaux  publics,  pour  les  bains  de  Home  et 
d'autres  grandes  villes,  de  charbon  pour  les  fabriques 
impériales'  [mu.nls,  p.  2043  . 

H.  Dès  l'origine,  une  grande  portion  de  I'agkr  piblicis 
a  consisté  en  bois,  en  terrains  de  pâture,  en  sa/lus  dont 
l'étendue  s'est  accrue  avec  la  conquête  romaine.  Il  y  en 
a  eu  dans  toute  l'Italie,  aux  environs  de  Rome,  dans  la 
Sabine,  le  Samnium,  le  Picenum,  l'Apulie,  laCalabre,  le 
Bruttium  ^  ;  dans  les  provinces,  Germanie,  Afrique, 
Asie,  Phrygie,  Cilicie,  Cyrénaïque  [patrimoniiim].  Ces 
terrains  ont  passé  ensuite  pour  la  plus  grande  partie 
dans  le  domaine  impérial  [latifundia,  p.  958-965;  patri- 
monum].  Xous  ignorons  les  règlements  d'exploitation 
des  forêts  proprement  dites.  Les  pascua,  les  sa/tus,  les 
pâturages  montagneux  ont  été  loués  sous  la  République 
par  les  censeurs,  sous  l'Empire  par  les  procurateurs 
moyennant  le  paiement  de  la  redevance,  du  vecligal  dit 
SCRU'TURA^  [agrariae  leges,  decuma,  scriptura].  C'est 
sur  ces  pâturages  que  s'esldéveloppé,  en  Italie,  le  régime 
de  la  transhumance'.  Quelques  forêts  étaient  aflermées 
à  des  publicains  pour  la  fabrication  de  la  poix  (picarlae)  '. 

III.  Une  partie  du  domaine  municipal  des  villes  est 
également  constituée  par  des  pâturages  et  des  bois 
qu'elles  possèdent  soit  antérieurement  à  la  conquête 
[pROSODOi,  p.  704;  senatls  municipalis],  soit  depuis  la  con- 
quête, par  l'effet  d'usurpations  sur  des  terrains  non 
assignés  et  laissés  comme  subseciva,  ou  de  concessions 
faites  sans  affectation  spéciale,  ou  avec  afTectation,  par 
exemple  aux  besoins  des  temples,  des  monuments,  des 
bains  publics'';  certaines  colonies  ont  reçu  des  saltus 
en  dehors  de  leur  territoire'  ;  ces  domaines  sont  tantôt 
aliénables.,  tantôt  inaliénables  *,  généralement  loués 
pour  cinq  ans  ou  cent  ans  comme  les  autres  terres  muni- 
cipales [ager  vectigalis]. 

IV.  L'histoire  des  bois  sacrés  a  été  exposée  à  l'artiile 
Lici's.  Ajoutons  qu'ils  avaient  été  l'objet  de  nombreuses 
usurpations'.  Ch.  Lécrivain. 

SILYANUS.  —  Ce  dieu,  probablement  originaire  des 
pays  latins  et  de  bonne  heure  acclimaté  à  Rome,  se 
range  dans  la  nombreuse  lignée  des  génies  protecteurs 
des  bois,  des  champs  et  de  la  maison  rustique;  sa  des- 
tinée le  meta  une  place  à  part.  Analogue  par  sa  physio- 
nomie et  par  ses  fonctions  à  Faunus,  Picus,  Liber  Pater, 
Paies,  etc.,  mais  délaissé  par  la  légende  comme  une 
personnalité  de  rang  inférieur,  il  ne  figure  dans  aucun 
calendrier  et  il  ne  paraît  avoir  été  l'objet  d'aucun  culte 
officiel  ni  à  Rome,  ni  dans  le  Latium  ;  pas  davantage  d'un 
de  ces  cultes  de  famille  qui,  durant  la  période  des  rois, 
ont  pu  imposer  à  la  vénération  publique  des  personni- 

I  Cod.  Theod.  Il,  16,  17,  18  ;  13,  5,  10  ;  Symniadl.  Ep.  10,  27,  35,  56,  60,  65; 
Sicul.  Klacc.  p.  165.  —  2  VaiT.  Ile  re  ruât.  1,  2,  10  (montes  Jiealini);  2.  1,  2; 
Sicul.  Flacc.  p.  137  hnonlcs  Homani  dans  le  Picenum  et  la  r)*gion  de  Reale)  : 
Virgil.  Georij.3,  219  ;  Cic.  Brul.  22,  Sd;  Liv.  1,  33,  9;  39,29:  28,45,  19;  Vilruv.  2, 
9,  5;  Slrab.  5,222,  228;Plin.  Hist.  nat.  16,  195  ;  Corp.  inscr.  lat.  9,  784,  334  ;I0, 
1795,ll27;5,5030;3,D3r,;FroDliii.  p.  21,  1.—3  Corp.  inscr.  lat.  I,ll« 200,1.  82-83; 
Appian.  Bel.  civ.  1,  24;  Cic.  Proleij.  Man.  6,  13;  Ad  Alt.  5,  15  ;  \err  2,  70  ;  ile 
leg.  agr.  2,  14,  36;  Plin.  Bist.  nat.  18,  3,  1 1  ;  19,  3,  39.  Au  Bas-Empire,  c'est  la 
pensio,  redevauce  fixe  payée  par  les  pai'liculiers  ou  les  villes,  avec  la  charge  de 
laisser  pailre  les  troupeaux  impériaux  {Cod.  Theod.  7,1  y  1,2).  —  *  Varr.  L.  c.  2, 
2,  9,  10,16;  Corp.  inscr.  lat.  9,2  438.  V.  Grenier,  La  transliumance  tfes  Iroupeaux 
en  Italie  (Mélanges  d'arch.  et  d'hist.  de  l'École  de  Home,  1905,  p.  293-328).  —5  Diy. 
50,  16,  17  §  1  ;  Cic.  llrut.  32,  85.  —  6  !|ygin.  p.  179,  I9i  ;  Fronlin.  p.  49,  53. 
L'alTcctation  est  dite  tutelatum,  in  tutvlam....  —  7  Froutin.  p.  49.  —  8  Ibid.  p.  54. 
—  9  Ibid.  p.  36-37.  —  Bibliogiiaphie.  Dureau  de  la  Malle,  Économie  politique  dfs 
Itomains,  Paris,  1840,  II,  p.  64,65,91,  414;  Marquardt,  Organisation  financière 
(Manuel,  t.  X,  p.  201-202). 


lications  tout  aussi  modestes  que  lui  '.  C'est  sur  le  tard 
que  Silvanus  est  enfin  adopté  par  l'opinion  et  que  sans 
intéresser  jamais  l'autorité  religieuse  à  son  rôle,  il  con- 
quiert en  Italie,  plus  encore  dans  les  provinces  de  l'Em- 
pire, à  l'exclusion  des  provinces  orientales,  une  véritable 
popularité. 

Silvanus  n'est  pas  un  nom,  mais  un  vocable  adjectif, 
qui  en  rappelle  un  grand  nombre  d'autres  de  même  ter- 
minaison figurant  sur  la  liste  des  indigitamema  :  il 
signifie  le  Forestier'^.  Comme  il  est  cité  dans  un  des 
textes  les  plus  anciens  que  nous  possédions',  à  côté  de 
Mars,  divinité  champêtre,  on  en  a  conclu  qu'il  désigne 
une  des  faces  de  l'être  complexe  de  ce  dieu  :  il  serait  le 
Mars  silvestre  ou  agreste,  faisant  pendant  au  Mars 
guerrier  ^Gradirus)  et  au  Mars  civil  {Quirini/Sj;  puis  il 
s'en  serait  détaché  pour  former  une  personnification 
spéciale,  par  un  phénomène  dont  l'histoire  des  religions 
grecque  et  romaine  offre  de  nombreux  exemples*.  Rien 
dans  la  légende  et  dans  le  culte  ultérieurs  de  Silvanus 
ne  confirme  cette  interprétation  toute  conjecturale.  Plus 
plausible  est  celle  qui  le  considère  comme  un  dédou- 
blement du  Fdunus  Silvicola,  avec  l'être  duquel  il  offre 
de  frappantes  ressemblances  ^  Sans  doute  il  commence 
à  s'en  distinguer  à  rép0([ue  où  par  le  défrichement  des 
forêts,  l'agriculture  gagna  sur  le  domaine  de  la  végé- 
tation sauvage".  Alors  Silvanus  représente  la  clairière 
oii  paissent  les  troupeaux,  les  champs  à  la  lisière  des- 
quels s'élève  l'habitation  du  laboureur,  les  plantations 
et  les  ensemencements  qui  pourvoient  à  une  nourriture 
plus  variée  de  l'homme.  C'est  par  là  qu'il  devient,  à  côté 
des  Lares  et  des  autres  divinités  champêtres,  un  des 
prolecteurs  du  travail  rural  ou,  pour  être  plus  exact,  de 
cette  partie  du  travail  qui,  par  la  hache  du  bûcheron,  a 
frayé  la  voie  à  la  civilisation  des  bourgades  et  des  villes. 
Mais  ce  trait,  qui  va  rester  le  trait  dominant  de  sa  phy- 
sionomie, n'efïacera  pas  ceux  qu'il  tient  de  ses  origines, 
c'est-à-dire  de  sa  parenté  avec  Faunus.  Comme  ce 
dernier,  il  est  doué  de  l'esprit  prophétique,  et  sa  voix 
se  fait  entendre  au  fond  des  bois  ''  pour  donner  des  aver- 
tissements dans  les  temps  critiques;  tutélaire  et  bien- 
faisant quand  l'Iiomme  a  su  gagner  ses  faveurs,  il  est  à 
l'occasion  tracassier  et  malin'.  S'il  est,  par  première 
destination,  le  génie  de  la  forêt,  il  devient  en  la  défri- 
chant celui  de  l'arboriculture  en  général,  plus  encore 
celui  des  arbres  à  fruit  qu'il  éinonde  avec  sa  serpe  et 
qu'il  greffe'.  Et  enfin,  comme  F'aunus,  il  est  un  dieu 
pastoral,  puisqu'il  a  créé  les  prairies  et  qu'il  préside  aux 
pâturages  sous  bois  '".  A  tous  ces  points  de  vue,  il  donne 
prise  à  l'hellénisation  par  les  poètes  et  les  artistes  ;  les 
uns  et  les  autres  précisent  sa  physionomie  et  la  varient 

SILVANUS.  1  Par  exemple  Faunus  Lupercus,  avec  lequel  il  a  été  confondu,  en 
l'honneur  duquel  des  fêtes  ont  été  instituées.  Voy.  faums  ;  LUnEncAi.iA  (II,  2.  p.  1022 
sq.;  111,2,  p.  1399  sq  ).  —  2  III,  I,  p.  470  sq.  Silvanus  figure  parmi  ces  dieux 
chez  Bouché-Lecicrq,  ibid,  p.  471,  2,  mars  il  est  absent  de  la  liste  de  Peter,  chez 
Rosclur,  \usf.  Lexikon,c\.c.  Il,  1,  p.  223.  Les  inscriptions  doublent  fréquemment 
son  nom  par  le  vocable  de  Silvestris,  Corp.  insc.  lat.  III,  12367,  4442,  4534,  1135, 
3177  sq.  etc.  —  »Gat.  Ùe  Ajric.  83.  —  4  Hartung,  Iteligion  der  liômer,  II,  p.  170. 
Cf.  Warde  Fowlcr,  The  Roman  Festivals  of  the  period  o!  the  ilepulMc.    p.  33. 

—  6  Virg.  Aen.  X,  531;  Silvicolae  Fauno  Dryoïie  quem  Nympha  crearat;  Ov. 
Met.    I,   193;    Nem.  Eclog.  II,  55.  Cf.  Wissowa,  Religion  und  Kultus,  p.    173. 

—  6  Preller-Jordan,  Rôm.  Mythologie,  1,  p.  393  ;  cf.  Klausen,  Aeneas  und  die 
Fenaten,  p.  845.  -7  T.-Liv.  Il,  7,  2  ;  Dion.  Hal.  V,  16  ;  Val.  Max.  I,  8,  5.  Cf.  Cic. 
Divin.  I,  43  :  Aa(.  D.  Il,  2  ;  III,  C  ;  Aur.  Vict.  Urig.  l  ;  cl  iaunus,  p.  1022,  2; 
notes  17  à  22;  note  6.  —  8  Aug.  Civ.  D.  VI,  9  ;  XV,  23;  Acta  Fratr.  An: 
p.  76.  —  9  Virg.  Georg.  I,  20,  et  Servius  à  ce  vers  :  primum  insittuisse  plantationes 
dicunt.  —  10  Virg.  Georg  11,  493  ;  Aen.  VIII,  000:  arvorum  pecorisque  deo;  cf. 
Wissowa,  p.  175. 


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—  1342 


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en  exploitant  les  léi;eiules  et  les  représentations  de  l'an, 
de  Priapc,  de  Silène,  des  Satyres'.  El,  comme  d'autre 
part,  il  ressemble  aussi  à  vehtlmms,  il  s'ensuit  que  dans 
Télre  de  Silvanns,  tel  que  nous  lont  livré  la  liLléralure 
et  l'art,  nous  trouvons  réunis  les  traits  et  les  attributs 
qui  ont  servi  à  caractériser,  en  Italie  et  en  Grèce,  les 
dieux  niàles  que  la  piété  prépose  à  la  vie  des  champs,  à 
celle  des  forets  en  tant  que  la  culture  a  empiété  sur  elles 
ou  qu'elles  forment  la  limite  protectrice  de  son  domaine. 
A  ce  titre,  le  premier  de  ses  attributs  et  même  son  plus 
ancien  sanctuaire,  le  seul  à  vrai  dire  où  il  ait  reçu  des 
hommages  à  travers  les  siècles,  est  rarl)re  lui-même, 
synthèse  de  la  forêt-.  Les  poètes  qui  ont  gardé  le  sens 
de  la  piété  primitive,  les  artistes  qui  s'inspirent  de  la 
tradition  man(iuetit  rarement  de  mettre  dans  la  main  du 
dieu,  soit  un  replant  d'arbre  qu'il  va  confier  à  la  terrée 
soit  une  branche  de  pin  qu'il  porte  comme  un  sceptre, 
soit  une  souche  ou  un  fort  gourdin  sur  lequel  il  s'appuie 
pour  s'en  faire  une  arme  au  besoin  :  incullo  Silranus 
termite  gaudens^.  On  abrite  ses  autels  sous  un  arbre, 
dans  un  fourré  ou  dans  une  clairière.  Sa  tète  est  cou- 
ronnée ou  de  pommes  de  pin  ou  de  branches  de  pins 
entrelacées  dans  sa  chevelure,  quelquefois  de  fleurs  sau- 
vages ^.  Boetticher,  avec  raison,  a  signalé  quelques-uns 
de  ces  monuments  en  l'honneur  de  Silvanus  comme  des 
spécimens  de  l'antique  culte  des  arbres ''.  Le  plus 
expressif  est  le  marbre  du  Musée  de  Berlin  qui  porte  une  • 
inscription  en  l'honneur  du  Silranus  sanclus  et  sur 
lequel  un  pin  aux  branches  mutilées,  orné  d'une  guir- 
lande que  retiennent  des  bandelettes,  ombrage  un  autel 
où  brûle  la  flamme  du  sacrifice  '' .  Dieu  de  la  foret  sau- 
vage, Silvanus  devient,  quand  la  hache  y  a  pratiqué  des 
coupes  dont  profite  l'agriculture,  celui  des  limites".  Un 
fragment  d'un  arpenteur  romain  qui  paraît  avoir  écrit 
sous  la  République,  pose  cette  question":  pourquoi  dans 
toute  propriété  rurale  est-il  d'usage  d'honorer  le  dieu 
Silvanus"?  Parce  qu'il  fut  le  premier  à  enfouir  dans  la 
terre  une  pierre  qui  en  marque  la  limite;  et  l'auteur 
ajoute  que  «  chaque  propriété  compte  trois  Silvanus, 
l'un  appelé  domeslicus,  qui  est  préposé  à  la  garde  de 
la  maison;  le  second  nommé  agt'esfis  qui  a  soin  des 
troupeaux;  le  troisième  oriciilalis,  à  qui  est  consacrée 
une  clairière  {lucus)  fournissant  la  ligne  de  démarcation 
entre  les  propi'iétés  voisines  ».  C'est  à  cette  fonction  que 
fait  allusion  Horace  lorsqu'il  invoque  Silvanus  comme 
ti/lor  /in il/ m,  gardien  des  bornes  et  frontières  en  compa- 
gniedePriape.  Virgile,  en  termes  plus  généraux,  l'appelle 
le  dieu  des  troupeaux  et  des  champs  et  le  comprend  au 
début  des  Géorgiques  dans  l'invocation  aux    divinités 

I  Haul.  Aul.  674;  7(ii;  ;  Ace.  Fragm.  405  chez  Cic.  Aat.  D.  II,  35;  Tib. 
Il,  5,  27;  Slal.  TUeb.  VI,  III;  Virg.  Georg.  II.  494;  Ov.  Met.  X,  i06  s.|.; 
XIV,  637;  Cf.  Hrob.  Virg.  Georg.  I,  20.  Voir  l'arliclc  pjis,  p.  298.  et  sq.  ;  cf. 
licifforschcid,  Artuali  tlelf  Instit.  XXXVIII,  p.  213,  note.  —  2  Boctticbcr, 
BaumkuUvs,  p.  76,  79,  avec  les  fig.  6,  16,  18  ;  cf.  Millin,  Galerie,  1 16,  fig.  289; 
Clarac,  Musée,  etc.,  pi.  cclix,  fig.  567.  —  3  Virg.  Georj.  I,  20.—  '  Gral.  Falisc. 
Cyn.  20.  —  E  Virg.  Aen.  VIII,  597  sq.  ;  Hor.  Od.  111,  29.  22  ;  Mari  X,  92,  3. 
—  6  loc.  cit.  fig.  6,  pi.  n;  marbre  du  Musée  de  Berlin,  avec  l'inscriplioii 
volivc  :  iacrum  sancto  Sitvano,  le  commentaire,  ihid.  p.  39  sq.  —  7  |xs  fig.  16. 
et  IS  chez  le  même  représentent  l'arbre  sacré  île  Silvanus.  la  première  reproduite 
il  larl  HUivAt,  fi?.  3819,  sinqilement  ornée  de  la  sjrinx,  la  seconde  aupr-ls  d'uu 
terme  du  dieu  larbu,  à  la  clievelure  épaisse  et  couronnée  dune  braucbe  de  pin  :  cf. 
p.  538  et  |>.  76,  79;  celle-ci  avec  nue  dédicace:  silïano  n.  i..  —  «  Tulor  fininm. 
Hor.  Epod.  Il,  27.  —  9  Blurae-I.aclimann,  JHe  Schriften  der  Roem.  Feldmesser, 
p.  302  (fj-  titfris  Uotabeltae).  Cf.  l'reller-Jordan,  op.  cit.  p.  393.  Tour  les  forêts, 
servant  de  frontières,  v.  (jrimm.  Ùeutsctie  Mythologie,  p.  455.  —  10  V.  supra. 
loc.  cit.  Georg.  I.  21.  —  "  Aen.  VIII,  397  sq.  cl  Scrv.  k  600.  Cf.  Mueller-Decke. 
£lru>ker,  11,  p.  63.  —  12  l'rop.  V,  4,  3  S(|.  :  Siliani  ramosa  domus  ;  cl.  Hor.  Od. 


i|ui  ont  à  cieur  de  protéger  les  labours:  studiuni  ijui- 
/jiis  arva  tueri'".  .Mais  dans  un  passage  de  l'Enéide, 
inspiré  par  une  vieille  tradition  locale",  le  poète  cite 
comme  le  plus  ancien  de  ses  sanctuaires,  au  voisinage 
de  Caeré  en  Elrurie,  une  clairière  en  amphithéâtre  for- 
mée par  des  collines  boisées,  où  les  Pêlasges,  premiers 
habitants  de  l'Italie,  avaient  célébré  des  fêtes  en  son 
honneur.  A  Rome  même  subsistent  les  vestiges  d'un 
culte  du  même  genre,  tant  sur  la  colline  du  Viminal  que 
sur  le  Capilole,  dans  le  bois  qui  aux  temps  anciens 
couvrait  la  roche  Tarpéienne ''-.  C'est  à  Silvanus  aus.si 
que  pense  Tibulle  quand  il  dépeint  Délia  offrant  au  dieu 
laboureur  une  grappe  de  raisin  pour  la  prospérité  de  ses 
vignes,  des  épis  pour  celle  de  sa  moisson  et  un  plat  cuit 
(dapem)  pour  celle  de  son  troupeau;  sous  le  nom  de 
dieu  si/restre,  identifié  avec  le  Pan  des  Grecs  et  associé 
à  Paies,  il  lui  fait  hommage  d'une  syrinx  qu'il  accroche 
aux  branches  d'un  arbre  ".  Plus  caractéristique  encore 
est  la  petite  épitre  dans  laquelle  Martial  recommande  à 
un  ami,  alors  que  lui-même  va  quitter  l'Italie,  sa  mo- 
deste villa,  avec  l'autel  rustique  que  le  fermier  y  a 
érigé  à  Silvanus,  dieu  à  la  voix  tonnante  et  à  la  tête 
hirsute".  Citons  enfin  une  inscription  en  vers  dont 
l'auteur  est  un  procuralor  Augustorum  sur  le  point  de 
retourner  à  Rome  :  il  supplie  Silvanus,  gardien  de  son 
jardin,  de  ramener  heureusement  dans  la  patrie  lui 
et  les  siens,  il  le  prie  de  présider  désormais  à  la  culture 
qu'il  va  entreprendre  dans  les  plaines  de  l'Italie  ;  là  il  lui 
consacrera  un  millier  de  grands  arbres". 

Voilà  pour  le  rôle  du  dieu  au  sein  de  la  forêt  et  sur 
les  terres  qu'elle  a  fournies  pour  la  culture  des  champs. 
11  est  beaucoup  moins  question  de  l'action  qu'il  exerce 
directement  sur  la  vie  des  bergers  et  des  laboureurs; 
il  protège  leurs  travaux,  il  assure  la  santé  et  la  pros- 
périté des  troupeaux  :  Caton  le  mêle  à  la  prière  archaïque 
qui  implore  Mars  :  yj/'o  bubus  uli  caleunl^^  \  dans  ce 
rôle  Silvanus  reproduit  certains  traits  de  Faunus,  il 
ressemble  encore  à  ce  dernier  quand,  génie  malin,  il 
s'introduit  dans  la  maison  rustique  pour  y  pratiquer  des 
maléfices  et  des  tracasseries  '^  Saint  Augustin,  sans 
doute  sur  la  foi  de  Vairon,  mentionne  une  croyance 
populaire  selon  laquelle  trois  divinités  sont  nécessaires 
pour  garantir  la  fermière  en  couches  contre  les  atteintes 
de  Silvanus  cherchant  à  se  glisser  auprès  d'elle  durant 
la  nuit.  Ces  divinités  veillent  à  cet  effet  au  dehors,  l'une 
avec  une  hache,  l'autre  avec  un  pilon,  la  troisième  avec 
un  balai,  trois  symboles  de  la  civilisation,  puisque  avec 
la  hache  on  abat  les  arbres,  avec  le  pilon  on  fabrique  le 
grain  en  farine,  avec  le  balai  on  ramasse  les  fruits  des 

m,  29,  21,  que  f'ropcrce  parait  avoir  imité  ;  Preller-Jordau,  Op.  cit.  \,  p.  394.  D'autres 
bosquets  voués  à  Rome  par  la  piété  privée  (v.  Wissowa,  Op.  cit.  p.  175)  sur  le  Vimiual, 
Orelli-Henien,  Inscript.  VSô6  ;  Corp.  tnscr.lat.  i.  VI,  691  ;  daléede  1 1 1  ar.J.-C.  ;  sur 
l'.\ventiii,  Ûrelli,  1396  ;  2318  ;  Corp.  inscr.  lai.  VI,  543,  sur  la  Collis  Hortorum,  v. 
G.  Uatli,  Bulletl.arch.  corn.  XVI,  I68S,  p.  402.  V.  les  inscriptions  Corp.  inscr.  lai. 
VI,  576  ;  597  ;  607  :  639  ;  656.  —  13  Tib.  I,  5,  27  ;  l£,  5,  27.  —  <*  Mari.  X,  92,  5. 
—  1»  Orclli,  1613  ;  C'ory).  inscr.  fa/.  XII,  103.  Il  existe  une  autre  inscription  métrique 
(17  hexamètres)  trouvée  à  Capistrano,  dans  les  Abruzzes  :  Orelli'Heuzcu,  5751  ;  Momm- 
seu,  Inscripl.  Regn.  Xeapo!.  6016  ci  Annali  deli  Jnstit.  1834,  p.  156.  Elle  est  datée 
de  157  ap.  J.-C.  :  mais  elle  eslTieuvrc  d'un  versificateur  maladroit,  qui.  imitant  et  co- 
piant Virgile,  mêle  de  façon  fort  incohérente  des  fables  d'origine  liellénique  aux 
hommages  .'iSilvanustatiii.  —  'i*  Cal.  Deagric.  83.  Cf.  une  inscription  trouvée  à  Saint- 
Gilles(Gard)  :  Silvano  votum  pro  annenlo,  Corp.  itiscr.  lat.  Vlli,  4162.  Silvanus  dans 
les  inscriptions  est  appelé 5a/u/a?-i5  :(Orelli,  1596,2518,  Corp.  inscr.  lat.  V,  543  ;  et/s- 
tos'.Corp.  inser.  lat.  VI,  640  :  consvrvator  :  Orelli-Heuzen,  5742  ;  Corp.  inscr.  lat. 
III,  70K7;ilestinvoquéproin/u(e,/)roreiZi/u,  i*.  I507à  1017.  —  17  Aug.  Cic./).  VI. 
9  ;  Cf.  Preller-Jordan,  Op.  cil.  I,  p.  376.  On  peut  rapprocher  la  poésie  de  Rueler.  die 
liiesen   und  die  Bauern.  et  Grinim,  Deutsche  Mytiiol.    I,  p.  445  sq.    (4*  édil). 


SIL 


i:{«  — 


SIL 


champs  :  or  Silvaniis,  envisagt'  sous  la  face  mauvaise 
d'un  dieu  incarnant  la  vie  sauvage,  déleste  ces  outils 
hostiles  à  son  empire. 

Le  culte,  de  caractère  toujours  privé  et  accommodé 
aux  seuls  intérêts  domestiques',  est  des  plus  simples. 
On  oITre  à  Silvanus  des  victimes  prises  à  l'étahle  du  labou- 
reur-, un  porc,  un  chevreau.  Horace  mentionne  même, 
en  lui  donnant  une  place  dans  les  réjouissances  cham- 
pêtres de  la  moisson  à  côté  de  la  Terre  Mère  et  du  Génie, 
une  olFrande  de  lait-,  l'our  le  sacrifice  du  porc  qui 
fait  aussi  partie  du  culte  de  Mars,  il  était  interdit  aux 
femmes  d'y  assister,  tout  comme  les  hommes  étaient 
exclus  des  cérémonies  en  l'honneur 
de  Bona  Dea,  autre  divinité  agri- 
cole '.  Pour  ce  culte,  point  de  mise 
en  scène  autre  que  celle  du  travail 
champêtre  qui  y  a  donné  lieu  :  une 
clairière,  un  arbre  isolé,  un  autel 
formé  de  pierres  grossières  ou  de 
mottes  de  gazon  y  suffisent  \  A 
Rome  même,  dans  les  parcs  et  les 
jardins,  il  arrivait  qu'il  y  eût  en 
plus  un  portique  et  des  bassins  oii 
coulait  une  eau  vive  ^.  Une  in- 
scription mentionne  la  défense,  au 
Fig.  otô'.t.  —  Siivain.  nom  de  la  piété,  d'emporter  quoi 
que  ce  soit  du  lieu  consacré  à 
Silvanus'^.  L'image  du  dieu  était  anciennement  (c'était 
le  cas  pour  celle  qui  se  dressait  sous  le  figuier  de 
Navius  devant  le  temple  de  Saturne)  grossièrement 
taillée  dans  une  souche  ''.  On  en  peut  conjecturer  les 
traits  par  un  buste  en  pierre  (fig.  Gio9)  où  se  retrouvent 
les  caractères  de  cette  sculpture  primitive.  Le  dieu  barbu 
est  couronné  d'une  branche  de  pin  ;  à  sa  droite  est  le 
chien,  gardien  de  la  maison  rustique  ;  des  pommes  de 
pin  et  d'autres  fruits  variés  sont  à  sa  gauche  '. 

Le  répertoire  des  inscriptions  latines  est  une  source 
particulièrement  précieuse  pour  la  définition  de  l'être  et 
du  culte  de  Silvanus  :  c'est  par  centaines  que  se  comp- 
tent les  monuments  tant  en  Italie  que  dans  les  pro- 
vinces de  l'Europe  occidentale  et  centrale  ;  ils  montrent 
la  faveur  dont  le  dieu  a  joui  depuis  la  fin  de  la  Répu- 
blique jusqu'au  déclin  du  paganisme  dans  les  milieux 
populaires '\  Il  y  est  invoqué  comme  un  dieu  lutélaire  et 
de  nature  bienfaisante,  pourvoyant  à  la  sécurité,  au  bien 

1  Wissowa,  Op.  cit.  p.  175;  Curp.  insci-.  lat.  VI,  570,597,607,  029,030.  —  2Juv, 
VI,  447  ;  Mart.  X,  92,  m  fin.  aras...  Qnas  t'miit  agni  saepe  sangiiis  et  Imedi.  Hor. 
Ep.  Il,  \,  143  :  TMurem  porco,  Sih-aniim  Incte  piahaiit.  —  3  Cal.  dd  ai/r.  Loc. 
cf.  Scl.ol.  luv.  Vi,  4i7;  cf.  V.  I.  L.  VI,  570  et  Jordan,  Vindiciae  Herm.  lai. 
antiq.  1883,  p.  5.  Pour  l'exclusion  des  hommes^  v.  Cic.  IJar.  resp.  37,  elc. 
—  *  l'rop.  V.  4,  3;  Hor.  Od.  111,  29,  21  ;  Virg.  Aen.  VIII,  597;  il  csl  yhii-ré  en 
costume  de  fermier,  c'est-à-dire  vôtu  de  la  tunica  et  cliaussé  de  gros  brodequins, 
dans  les  fermes;  C.  i.  /.  VI,  013,  019;  023;  606,  elc.  —  5  Ci.  /.  VI,  09U 
fiuscript.  dont  rautlienlicilé  n'est  pas  certaine  et  dont  le  texte  est  fortement 
altéré).  Il  ne  nianque  pas  d'ailleurs,  en  ce  qui  concerne  Silvanus,  d'inscriptions 
suspectes;  ainsi.  Orclli,  1614,  peut-être  2407  et  toute  la  série,  C.  t.  /.  7,  6,  p.  269, 
I.  —  G  Orelli  :  1015:  ext7-a  hoc  limen  aliquid  de  sacro  Silvani  effcrre  fas  non 
est.  V.  la  mention  d'un  saccllum  SUi-aiii,  C.  i.  l  .  VI,  31021  ;  liuUett.  Comm . 
1887,  162.  —  7  Plin.  Hist.  N.  XV,  77.  —  8  Busie  du  Musée  Pio-Clenientin,  Vil, 
10.  v.  RcilTerscheid,  Op.  cit.  p.  222;  Tab.  d'Aggr.  K,  n»  1  ;  cf.  Baunicister,  Zlen/c- 
ir.aeler  ;  III,  p.  1003,  fig.  1730.  —  9  V.  le  recueil  des  Jmcript.  d'Oreili-Hcnzcn, 
n»  1587  à  1017,  C.  i.  l.  VI,  641  sq.  passim  ;  cf.  p.  1344.  —  10  Orelli-Henzcn  :  avec 
Hercule  et  Liber  Pater,  1612;  Silvanus  représenté  avec  Hercule  auprès  d'un  aulel 
ombragé  parl'arbre  sacré  sur  un  1res  beau  relief  d  i  Muséedu  Cupilole.  Voir  U.  Tom- 
massctti,  in  Campaijna  /lomana.Ronm,  1909,  p.  93;  Mus.  Chiaram.l,  21  ;  avec 
Serapis  et  Liber  Palcr  :  IS93  ;  avec  les  Nirophes  :  22C0;  avec  Apollon  et  les  Nym- 
phes: 5701  ;  avec  Terri  iMater  et  Hercule  :  3720;  cf.  3732  ;  avec  Diane  et  les  dieux 
de  la  montagne  ;  3941.  Cf.  l'arc  de  Bénéveut,  Julireshfft.  der  Oestr.  ai-ch.  Miltheil. 
899,  p.  1  S  I,  et    le  relief  du  Louvre,  Clarac,  Musée  de  sculpture,  104,  03;  Jabu 


être,  ù  la  santé  de  ses  fidèles.  Quand  il  n'est  pas,  ce  qui 
arrive  fréquemment,  invoqué  pro  sadi/c,  pi-o  rcdihi  des 
ilédicants,  il  porte  les  vocables  de  sanclus,  de  salutaris, 
de  consercator,  de  cuslos,  de  domeslicus,  etc.  Il  est, 
d'autre  part,  associé  à  des  divinités  qui  ont  pour  fonction 
spi'ciale  de  garder  la  maison,  la  source,  les  champs  et 
les  bois,  aux  Pénales,  aux  Lares,  aux  Nymphes  ;  il  est 
même  invoqué  sous  le  nom  de  LarAgrc-^tis  '".  Souvent  il 
est  nommé  en  compagnie  des  plus  grands  dieux  et  mis 
au  même  rang  qu'eux,  Apollon,  la  Terre  Mère,  Hercule, 
Liber  Pater,  Diane,  la  Divinité  des  Empereurs".  11 
(igure,  avec  les  Jumeaux  fondateurs  de  Home,  Mer- 
cure et  Fauslulus,  dans  la  représentation  de  VAugii- 
rium  Augtistum,  au  fronton  du  temple  de  Quiri- 
nus  '-.  Un  officier  de  cavalerie  lui  voue  un  autel  avec 
le  vocable  A'invictus,  parce  qu'il  lui  a  aidé  à  abattre  un 
sanglier  de  grande  taille".  Toute  une  série  d'inscrip- 
tions donne  à  Silvanus  des  vocables  qui  l'identifient  avec 
le  propriétaire  ou  le  domaine  dont  son  influence  défend 
les  abords  et  assure  la  prospérité  :  il  y  a  un  Silvanus 
des  Caesars,  des  Flavius,  des  Naevius,  des  Staius,  des 
Veturius,  elc.  "',  sans  compter  les  vocables  dont  la  signi- 
fication nous  échappe  :  ainsi  celui  de  Shif/ualus  qui 
ligure  sur  le  piédestal  d'une  statuette  mutilée  en  bronze, 
trouvée  dans  la  Gaule  Belgique  et  qu'un  père  avait  vouée 
pro  sainte  Emerili  filii  sni'''. 

Un  dernier  trait  achève  de  montrer  l'importance  de  la 
religion  de  Silvanus.  De  nombreux  collèges  etassociations, 
tant  à  Rome  que  sur  divers  points  de  l'Italie,  se  reven- 
diquent de  son  patronage  et  célèbrent  leur  fête  spéciale 
par  des  sacrifices  et  des  repas  annuels  organisés  en  son 
honneur'".  A  Aquilée  c'est  une  corporation  de  char- 
pentiers qui  rappelle  qu'il  est  le  bûcheron  par  excellence  ; 
à  Rimini  un  collègede  zélateurs  etd'adorateurs(a//ec/oré's 
et  cultore.^  Silrani)  l'associe  au  souvenir  de  l'empereur 
i\erva  '\  A  Rome  même  une  vaste  propriété  a  été 
afTectée  par  donation  privée,  devant  la  porte  Capène,  à 
des  sacrifices  et  à  des  repas  périodiques  au  bénéfice  d'un 
collège  dont  Silvanus  est  le  patron'*.  Du  même  genre 
est  la  fondation  dont  le  titre  a  été  découvert  à  Caposele  et 
qui,  pour  la  santé  de  l'empereur  Domitien,  dispo.se  d'un 
domaine  et  de  ses  revenus,  en  vue  d'assurer  la  célébra- 
tion de  l'anniversaire  par  les  membres  du  collège  con- 
stitué à  cet  effet".  Quelques-unes  des  inscriptions  de 
celte  catégorie  émanent  d'associations  qui  ont  pour  objet 

.A  rclt.  Bifitmege,  Tab.  IV,  fig.  2  el  p.  02.  V.  encore  Mus.  Pio  Clem.  Vil.  1 1  ;  Mil- 
lin,  Galer.  Mytii.  81,  470,  Tab.  IV,  1.  A  cili-r  l'inscriplion  5701,  qui  relevée  sur 
un  vase  d'argent  trouvé  en  1832,  associe  Silvanus  aux  cures  par  l'eau  d'Apol- 
linaris.  Cf.  sai.cs,  p.  1058,  fig.  OùSI.  Appelé  Lar  ugrestis,  C.  i.  l.  0*6;  associé 
aux  Lares  et  aux  Pénales:  Orelli,  1387,  C.  i.  /.  VI,  582;  030;  692  ;  cf.  597; 
007  ;  029  ;  645  ;  630,  etc.  Cf.  Dulleti.  doit  Instil.  1873,  p.  15  sq.  Pour  Rome,  v. 
la  série  des  inscriptions.  C.  i.  l.  VI,  I,  p.  109  ;  n"  573  à  098.  V.  Silvanus,  iden- 
lilié  avec  Jupiter  Ammon.  Comptes  rendus  de  l'Acud.  des  Inscript.  1907,  p.  156. 
note  16  et  Gauckler,  nuilet.  arch.  du  comité,  1899,  p.  159.  —  II  Nommé  lui-même 
Augustus,  protecteur  de  l'Empereur  cl  do  sa  maison,  Marini,  Atti,  p. 542.  C.  i.l. 
l.  Il,  4089  ;  4615;  5338;  sii.ïANo  Auc.  pnu  SALUTe...  antonini  p.  Ibid.  Il,  III,  lUO  ; 
cf.  Orelli,  1596,  dalée  de  113.  p.  Chr.  numim  domus  aogustae  et  sancti  suvasi 
SACHUM.  —  12  V.  Boem  Mittheilungen,  XIX  (lt'04),  p.  29  cl  Tab.  III  et  IV.  Il 
n'est  pas  douteux  que  nous  avons  là  Silvanus,  honoré  de  toute  anlii|uilé  sur  l'Aven- 
tin.  (Hartwig.  L.  t.).  Le  bas-relief  date  de  Caracalla.  —  «3  Orclli,  1603; 
C.  i.  l.  VII,  431  (à  Slanliope).  Cf.  pour  Silvanus,  dieu  des  chasseurs,  Toulain,  tes 
Cultes  Païens,  p.  264  sq.  et  les  tcites  cités.  —  l»  Oielli,  1603;  1007;  C.  i.  t.  VI, 
644;  643  ;  IX,  21 13;  1532;  XI,  4289,  elc.  Cf.  KeilTcrscheid,  Op.  cit.  p.  214.  —  15  S. 
Reinach,  Répertoire,  H,  p.  41,  I  ;  d'après  Geromonl,  Société  Luxemb.  1850,  t.  VI, 
pl.  V,  I.  —  'C  Liebenam,  Zur'Geschichtc  und  Organis.  des  roein.  Vereinswesen, 
p.  293  ;  cf.  Wissowa,  0/y.  cii.  p.  176;  Mariiuardl-Mommsen,  Handliucli.  VI,  p.  130 
sq.  V.  les  inscriptions  chez  Orelli-Henzen,  2380  ;  2407  ;  4947,  6085.  C.  i.l.  VI,  612, 
630;  031,  632,  647,  3713  ;  X,  444,  5709  ;  XIV,  309.;  associé  au  Geniui  du  collège: 
VI,  093;  3712.  —  17  Orclli,  4278,  2406.  —18/4.  4947.  —  IS  /(,.6085;  C.  i.  l.  X,  iH 


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—   1344  — 


SIL 


de  garanlir  à  leurs  membres  les  honneuis  funèbres  [col- 
leijia  funernticin)';  l'idée  d'une  telle  l'onclion  allribuée 
à  Silvanusa  pu  èlre  suggérée  par  l'emblème  de  la  branche 
de  pin  ou  de  cyprès  que  le  dieu  porte  sur  les  monu- 
ments eL  dans  les  descriptions  des  poètes-.  Si  nous 
remarquons  qu'il  reçoit  aussi  le  vocable  de  Z>«'?i6?;"o/)/(o/7/.s' 
et  (jue  des  demirop/iori  ont  voué  en  commun  un  autel 
en  son  honneur,  la  coutume  de  mettre  des  collèges  funé- 
raires sous  son  patronage  s'explique  par  une  associa- 
lion  d'idées  toute  naturelle  ^ 

Ce  n'est  cependant  pas  en  Italie,  où  Silvanus  n'a  joui 
d'aucun  culte  public,  que  les  inscriptions  privées  en  son 
honneur  sont  les  plus  fréquentes'.  La  religion  de  ce  dieu 
s'est  vulgarisée  chez  les  peuples  situés  hors  de  l'Italie, 
plus  spécialement  chez  les  peuples  de  race  celtique. 
Comme  au  pays  même  d'où  il  est  originaire,  il  s'est 
confondu  avec  Faunus  au  point  de  l'éliminer  de  la  véné- 
ration populaire  (il  n'existe  aucune  inscription  en 
l'honneur  de  ce  dernier  dieu),  il  s'est  identilié  lui-même, 
grâce  à  sa  signitication  humaine  et  sociale,  avec  un  grand 
nombre  d'autres  génies  de  la  vie  agricole  et  silveslre. 
principalement  avec  le  Pan  des  Grecs''.  Poètes,  artistes 
et  mythologues  s'accordent  pour  donner  à  Silvanus  les 
attributs  du  dieu  de  l'Arcadie,  pour  le  douer  de  l'esprit 
prophétique,  accentuer  sa  physionomie  de  chasseur  et 
de  berger,  lui  prêter  des  instincts  sensuels  °,  pour 
transporter,  dans  le  semblant  de  légende  qu'ils  lui  for- 
gent, certaines  aventures  de  Pan,  et  même  pour  essayer 
de  lui  adapter  la  signification  cosmologique  de  ce  der- 
nier'. Enfin  nous  voyons  Silvanus,  comme  Pan  et  Fau- 
nus, se  constituer  à  l'étal  de  divinité  multiple  et 
fournir  au  cortège  dionysiaque  des  figures  mâles  ou 
femelles,  Silrani  et  Silvanae,  à  qui  les  inscriptions 
rendent  d'autre  part  des  hommages  cultuels*.  Dans  les 
pays  celtiques,  les  Si/ranae  ne  sont  autre  chose,  à  la 
faveur  d'une  vague  ressemblance  de  mol,  que  les  Sule- 
riae  Maires,  protectrices  des  champs,  des  forêts  et  des 
carrefours.  Dune  façon  générale,  l'être  de  Silvanus, 
après  avoir  absorbé  celui  de  Pan,  de  Priape,  de  Silène, 
des  Satyres  sous  l'influence  de  la  littérature  et  de  l'art 
helléniques,  s'accommode  avec  la  même  facilité  aux 
divinités  rustiques  de  la  Germanie,  de  la  Gaule,  de  la 
péninsule  balkanique,  où  sous  son  nom  latin  il  devient 
l'objet  d'un  culte  populaire  aux  derniers  siècles  du 
paganisme  '.  M.  Toutain  a  recueilli  et  classé,  selon  leur 

I  V.  Maniuardt-Momnisen,  Op.  cit.  U,  p.  Ul.  —  2  Cf.  Freller-Jordan.  Op.  ci(. 
p.  397.  Silvanus  Deiidrophorus,  Inscr.Or.  ICOi  ;  t'orp.  iiiscr. /«(.  C4I,  64a  ;  pour 
les  collèges  de  Oenilroithores,  v.  les  Jnser.  Or.  8385  ;  pour  Silvanus,  porlaol 
le  cyprès,  Virg.  (ieorg.  I,  io  ;  Scri/it.  rer.  mijth.  lai.  I,  0  el  178.  —  3  I.i„s. 
cripl.  de  Sainl-Maur,  Orclli,  i407,  esl  à  comparer  avec  la  grande  inscription  sur 
deui  Ubies,  C.  i.  I.  VI.  631,  032,  datant  de  Commode  (117  p.  Chr.i,  et  vouée 
par  les  imtiai.es  culiE(.i  siltaxi  acreliam,  pour  gladiateurs  (trouvée  à  Rome  en 
1735).  Il  esl  probable  i|u'elle  uiii  esl  qu'une  réduction  apocryplie,:  mais  toutes  les 
deui  ont  pour  objet  un  fait  caractéristique  :  c'est  que  Silvain  devint  sous  l'empire 
une  des  divinités  favorites  des  soldats,  des  chasseurs,  des  gladiateurs,  à  Rome 
et  dans  les  provinces.  —  *  J .  Toutain,  Les  eulles  Paient  dans  l'Empire  Jtomuin, 
p.  61)0  s.|.  ;  cf.  p.  243.  —  i  pin.  p.  ï9s,  2  sq.  ;  cf.  f'reller.  Op.  cit.  p.  397  sq.  ; 
Reiiïersclieid,  Op.  cit.  p.  213  il  les  représentations  figurées  avec  l'altriLul  du 
pvdiim.  de  la  syrinx,  lie  la  clièvrc  :  |.our  celîe-ci,  v.  Prob.  Virg.  Georg.  I,  20  ; 
Reinacll,  Itépcrtoire.  Il,  p.  71.  ni  »  el  li.  n"  I.  C.  i.  I.  III,  1906  ;  12790  ;  sur  la 
première  Silvanus  tient  le  pedum  dans  la  main  gauche,  dans  la  droite  un  raisin 
qu'un  bouc  cherche  à  atl.indre  en  sautant.  —  <i  Ov.  JJet.  XIV.  637  sq.  cf.  I.  193  ; 
où  Silvanus  est  cilé  en  compagnie  des  Satyres,  des  F'anisques,  de  friape  et  assi- 
milé a  eui  :  .SiUanusque  suis  semper  jmenilior  annis.  Quoique  le  dieu  soit 
d  ordinaire  nommé  sencx,paler  (Virg.  Georg.  Il,  194;  llor.  Kpod.  II,  2li.  les  repré- 
sentations figurées  le  tiennent  dans  les  limites  de  la  virilité  vigoureuse.  —  7  four  ce 
dernier,  ï.  Serv.  Aen.  VIII,  600  :  Prudentiores...  dicuni  eum  esse  3'Ai»i>  »[>,,.  Aoc 
esl  deum  t^;  îât.ç...  nec  incongrue,  cum  materia  sih-arum  est.  Cf.  dans  les 
ioscriplious     les    épilhéles    Ca-:leslis,    Panlheus,   vocables    de  sens     identique, 


provenance,  toutes  les  inscriptions  qui  montrent  celle 
dilïtision  de  Silvanus  dans  les  provinces  d'Europe  el 
d'.\frique  soumises  à  l'influence  de  Rome.  Si  l'Espagne 
et  les  Gaules  l'ont  en  sonmie  peu  connu  '",  on  le  ren- 
contre assez  fréquemment  dans  la  Narbonnaise  el  la 
Bretagne  ;  ici  nous  le  trouvons  en  rapport  avec  le  culte 
de  Diane  et  des  nymphes  :  souvent  les  hommages  ren- 
dus à  Silvanus  y  émanent  de  soldats  et  d'officiers  qui  les 
ont  voués  dans  les  villes  de  garnison  et  dans  les  postes 
militaires  ".  11  en  est  de  même  le  long  du  Rhin  et  du 
Danube  :  un  temple  en  son  honneur  existait  à  Carnun- 
tum.  au  nord  de  la  Pannonie'-.  En  Afrique  il  est  sur- 
tout en  rapport  avec  Mercure  el  Jupiter;  el  il  avait  un 
temple  à  Lambcse  où  il  était  honoré  par  la  Legio  III 
Attgusta  ".  Mais  sa  terre  de  prédilection  fut  la  péninsule 
des  Balkans,  tout  S])écialemenl  la  région  connue  sous  le 
nom  d'illyricum,  qui  comprenait  les  provinces  de  Dal- 
malie,  de  Dacie,  de  .Mésie  el  de  Pannonie  :  sur  i40  in- 
scriptions connues,  170  environ,  se  rapportant  à  ce  dieu, 
y  ont  été  recueillies".  On  a  supposé  que  le  culle  du 
dieu  y  a  été  propagé  par  les  cf/uiles  sinf/iilares  qui,  recru- 
tés parmi  la  population  de  l'IUyricum  el  familiarisés  avec 
les  institutions  de  Rome,  avaient  reconnu  dans  le  génie 
latin  des  bois  el  des  champs  une  divinité  locale '■'•.  M.  Tou- 
tain croit  que  c'est  la  qualité  de  dieu  de  la  chasse"  qui 
acclimata  Silvanus  parmi  les  peuplades  qui  en  faisaient 
leur  principale  distraction,  ce  qui  n'exclut  pas  l'assimi- 
lation avec  une  divinité  indigène. 

Des  monuments  figurés  '^  nous  permettent  peut-être 
d'affirmer  que  le  dieu  romain  a  été  ou  associé  ou  même 
identifié  avec  le  dieu  celtique  au  maillet  ou  marteau  qui 
n'est  autre  que  Taranus-Thor-Donar,  que  l'on  a,  d'autre 
part,  identifié  soit  avec  Jupiter  soit  avec  Vulcain.  Sim- 
plement possible  pour  l'autel  de  Mayence  où  un  dieu 
chevelu,  barbu,  d'allure  majestueuse,  dont  la  main  droite 
s'appuie  sur  une  façon  de  sceptre  qui  monte  à  la  hauteur 
de  la  tête  el  se  termine  par  un  maillet,  fait  pendant  à 
Diane  chasseresse  '*,  cette  identité  est  tout  à  fait  probable 
sur  les  autels  de  Rotlenburg  et  de  Wildberg,  où  aux 
pieds  du  même  personnage  on  remarque  i^fig.  G4C0)  un 
animal  qu'on  a  pris  tantôt  pour  un  loup  et  tantôt  pour 
un  porc,  et  qui  n'est  autre  que  le  chien,  compagnon 
habituel  de  Silvanus".  Ici  encore  Diane  fait  partie  du 
groupement  et  avec  elle  .\pollon.  Ces  autels  sont  diffé- 
rents, ainsi  que  M.   Gaidoz  l'a  montré,  de  ceux  sur  les- 

C.  i.  /.  VI.  638,  695.  -  8  Oï.  Met.  I,  193:  l.ucan.  III,  403  ;  Plin.  Ilist.  -V.  .\ll. 
3  ;  cf.  Orelli,  Inscr.  2099  ;  2I0O  :  2101  ;  2103  ;  C.  i.  l.  III,  4141,  4534,  3393,  1U460  ; 
II,  4499.  L'assimilation  de  Silvanus  et  de  Pan  a  amené  celle  des  Suleviae  ceUiques 
avec  les  Xvinplies;  V.  ib.  III,  9754,  I3'JS7  etc.  :  III,  9754:  104C0  elc.  Les  5i/ram'  au 
pluriel,  16.  4034,  I0S47  :  avec  le  vocable  de  Sileeslres,  4442,  4534,  elc.  V.  vitbes, 
111,2,  p.  1689.  -  9  Toutain,  Op.  cil.  I,  2;  Wissowa,  Op.  cil.  p.  176,  n.  11:  Prel- 
1er,  Op.  cit.  I,  p.  394.  —  1»  Pour  le  midi  de  la  France,  t.  C.  i.  I.  VIII,  4162: 
602  ;  XIII,  1780  (Lyon)  ;  celle-ci  voue  à  Silvain  :  aram  el  signum  inivr  duos  arbores 
cum  aedicula.  —  '•  C.  i.  t.  4089  :  4015  :  5388,  elc.  —  1'^  Cf.  Toulain,  p.  262  ; 
C.  i.  /.  VIII,  11227,  2646,  {SIercuri  Si'(ra«i),  6355  ;  hommages  à  Jori  Silrano,  ib. 
VIII,  593J,  l'.>la9.  —  I3C.  I.  I.  VIII,  2071-74:1  8239.  —  li  Ib.  111,903,1141  sq.  731  : 
le  plus  souvent  avec  le  vocable  de  domeslicus  ;  v.  ibid.  Index,  p.  2519.  En  Uacé- 
doine  une  association  lui  a  élevé  un  sanctuaire  avec  deux  statues  en  bronze  et  il  y 
est  honoré  en  compagnie  de  .Mercure  el  d'Hercule,  ib.  633.  Cf.  1  outain,  p.  262.  avec 
d'autre^  inscriptions  citées.  —  'à  Oomaszewski.  die  Religion  des  roem.  Heeres 
IM'esIdeulsclie  ZeiUihrifl,  XIV,  p.  32)  —  '6  Toutain,  ibid.  p.  264;  cf.  Carcopino, 
Mélanges  Ecol.  fr.  de  Home,  XXIX,  p.  346.  —  17  Jievue  Archéologique,  l.  XV,  1890, 
p.  154  sq.  (art.  de  S1.M.  Flouesl  et  Gaidoz)  :  Le  Dieu  Gaulois  au  maillet,  etc.  :  laulel 
de  Mayence;  les  anlels  de  Stutlgart;  avec  la  conclusion,  p.  176.  —  1*  V,  /Ind. 
Tab.  VII,  le  groupe  de  droite  (autel  de  Mayence;.  avec  le  commentaire,  p.  153  sq. 
L'explication  du  dieu  au  maillet  par  Dis  Pater  ne  me  parait  pas  admissible,  et  l'élude 
de  5l.  Gaidoz  rectifie  heureusement  celle  de  M.  Flouesl  sur  ce  point.  —  ^^  Ibid.  p.  168  ; 
fig.  I  il'inlcTprélalion  par  Silvanus  déjà  admise  par  Han».  Dos  Kimigreich  Wùrlem- 
berg,  I,  p.  131  et  49.  Cf.  Gaidoz,  ibid.  De  même  pour  l'autel  de  Wildberg,  iig.  2,  p.  170. 


SIL 


1343 


SIM 


ijuols    tit;iiro   iiieoiilfslHl)lt:'mc'iit    Vulcain  i|iii  e.sL  recon- 
iKiissalile  aux  outils  du  forgeron  '.  Les  nioiuimenls    de 

CL'  genre  s'éclai- 
reiil  à  la  lumière 
des  inscriptions, 
lelleinenL  noui- 
liri^'iises  qu'il  eu 
existe  à  peine 
(  1  a  \  a  n  t  a  g  e  e  n 
r honneur  des 
dieux  de  premier 
rang,  en  liays 
celtiques-'. 

Le  type  de  Sil- 
vanus  dans  l'art 
romain  fut  créé 
sous  rinllucnce 
hellénique;  peul- 
ètre,au  début, les 
artistes  tinrent- 
ils  compte  de 
certaines  images 

Fig.C46fJ.  -  S,han„sol  .onchk-n.  arcliaïqUCS  Cn 

bois,  notamment 
de  celle  qui,  placée  sous  le  figuier  de  Navius  près  du 
temple  de  Saturne,  devait  représenter  Jupiter  Ruminus  el 
fut  confondue  avec  lui^  Ueiffersclieid,  après  Helbig',  a 
mis  en  reliefavec  beaucoup  de  sagacité  cette  ressemblance 
du  dieu  silveslre  avec  le  maître  de  l'Olympe  ;  mais  il  est 
excessif  de  vouloir  l'expliquer  par  une  prétendue  simili- 
tude de  leurs  natures  respectives.  Le  vocable  de  pnler 
donné  h  Silvanus  par  les  poètes  et  les  inscriptions  n'est 
pas  davantage  un  argument. La  barbe  fournie,  l'épaisseet 
ondoyante  chevelure,  l'air  grave  el  majestueux  s'imposè- 
rent par  eu.\- mêmes,  lorsqu'il  s'agit  d'idéaliser  par  l'art  la 
ligure  hirsute  el  le  caractère  lutélaire  du  dieu  champêtre. 
Il  résulte  d'ailleurs  de  l'inventaire  comparatif  des  repré- 
sentations de  Silvanus  que  les  images  votives,  statuettes 
ou  bas-reliefs,  lui  donnent  plus  rarement  les  traits  d'un 
génie  silvestre  que  ceux  d'un  planteur  et  d'un  jardinier. 
C'est  même  celte  raison  (]ui  a  fait  désigner  par  le  nom  de 
viiKTLMNUS,  des  figLires  qui  sont  manifeslemenl  à  inter- 
préter par  Silvanus'.  Il  s'est  cnié  ainsi  un  type  inter- 
médiaire entre  celui  de  Faunus,  que  Ueillerscheid 
le  premier  a  nettement  déterminé,  et  celui  de  Jupiter 
caractérisé  par  la  barbe,  les  cheveux  abondants  el 
l'expression  imposante  et  souvent  mélancolique  du 
visage.  Les  plus  remarquables  spécimens  sonl  ceux  que 
Clarac  dénomme  faussement  Vertu mnus  (la  description 
pittoresque  que  fait  de  celui-ci  le  poète  Ovide  proleste 
contre  une  telle  attribution ''),  dont  le  premier  nous  est 

I  Ibiil.  p.  ITi  si|.;  cl  Fioljiicr,  Oie  Grosshoizuijliclie  Samndunij,  cic.  Kailsriilii-, 
1S60,  p.  8  SI).  —  2  V.  les  iuscri|)lioTis  cilé.5  par  Toulain,  Op.  cit.  p.  110  sq.  cl  la 
conclusion,  p.  272.  —  3  V.  p.  i:i4b,  noie  7, et  licilTcrsclicid,  .Annali,  ISC6,  p.  2IO-ii5, 
.Salle  imaijini  del  dio  Silvano  c  fiel  Fauno,  lab.  d'ag::.  I-N.  L'aulcur  n'a  pas 
entendu  Taire  un  catalogue  complet  de  tontes  les  représentations  du  dieu,  travail 
(iaillcurs  supcriln,  puisque  les  diiTércnces  sonl  iusiguifianles  cl  que  !e  môme  type  se 
reproduit  partout.  Cf.  Baunieister,  Iknkmneler,  III,  p.  lOCô.  —  '  llullell.  ISlit, 
p.  17;i,  où  est  décrit  un  petit  bron/e  de  Stivain  ;  pour  ces  liron/es,  v.  S.  Iteinacli, 
//.>r(.  M,  p.  l:l  H|.  el  7S1,  n-.  2.  Les  tigures  0  el  7  de  la  page  43  et  (ig.  4  de  la 
pflge  44  sont  ii  rapportera  l-'annusareliar'quc:  d'antres,  p.  40  et  47  r|ui  représcnleut 
des  génies  de  lAIjondance  sont  à  tort  dénommées  SiUains.  La  (ig.  7,  p.  47,  slatnelle 
Irouvée  ii  lïome  porte  sur  la  base  une  dédicace  :  su.vano  saxc(  to)  sACft.  cf.  Corp.  inscr. 
lut.  VI,  li'J  i  ;  jjour  des  monuments  ^  olifs  avec  représentations  de  Silvanus,  v.  Corp. 
insrr,  Lat.  iliitl.  5«5,  040,  65S,  Cûi,  OGO  où  il  a  pour  compagnon  nn  porc  comme 
ailleurs  Hercule,  à  moins  ipie  le  porc  ne  soit  un  cliien  mal  dessiné.  —  ^  Erreur  1res 
VIII. 


donné  par  un  bas-relief  du  Musée  du  Louvre  ;  le  second 
par  une  statue  qui  fui  longtemps,  dans  son  ensemble,  la 
représentation  du  dieu  la  plus  idéalement  belle  qui  suit 
parvenue  jusqu'à  nous  (fig.  O'ilJIj''.  Si  le  lype  deSilvaniis, 
dans  la  légende  rustique  el  chez  les  poètes  (lui  l'ont  recueil- 
lie, esl  un  vieillard  hirsute,  l'art  hellénisanl  la  embelli 
comme  tous  les  vieillards  divins,  en  le  douant  de  vigueur 
noble  et  harmonieuse.  11  a  même  trouvé  l'occasion  de 
lui  donner,  le  charme  de  l'adolescence.  Tel  esl  le  cas  de 
l'.\nlinoiisdécouverl  en  19l)7  aux  environs  de  Lanuvitim, 
(jue  son  auteur,  le  sculpteur  Anlonianos  d'.Vphrodisias, 
a  re|)ri'seuté  en  Silvain,  avec  la  chevelure  cntironni'e  de 
feuillage,  avec  la  serpelte  el  le  chien,  auprès  diin  petit 
autel  ombragé  de  pampres  el  chargé  di;  fruits,  ])armi 
lesquels  ligure  la  pomme  de 
pin. Alors  qu'ailleurs  Silvanus 
jieul  être  confondu  avec  Pan, 
Silène  el  Priape,  ici  il  se  rap- 
proche visiblement,  sans  qu'il 
y  ail  doute  sur  son  identilé, 
d'Arislée.  de  Paris  et  des 
autres  bergers  héroïques  de 
la  légende  gréco-asiatique*. 
Représenté  en  pied,  Silvanus 
esld'ordinaire  un  homme  dans 
la  vigueur  de  l'âge,  le  plus 
souvent  nu,  l'épaule  gauche 
couverte  d'une  peau  de  bête 
dans  les  plis  de  laquelle  sa 
main  soutient  des  fruits  variés. 
La  main  droite  tient  la  serpelte 
qui  sert  à  la  greffe  et  àréinon-  ...^  ^.      _  <  ivaiuis 

dage    des  arbres   ;     elle     esl 

remplacée  quelquefois  par  le  bâton  pastoral  ;  aux  cotés 
du  dieu  esl  un  chien  qui,  la  lèle  tournée  vers  le  maiire, 
semble  guetter  ses  ordres.  Souvent  les  cheveux  sont 
couronnés  ou  de  pommes  de  pin  ou  de  Meurs  sauvages'. 
Le  bas-relief  du  Louvre  et  certaines  slatuelles  votives 
rem|>laconl  les  fruits  ou  les  coinpli(|uent  par  une 
brandie  de  pin.  Le  même  lype  ligure  sur  des  monnaies 
d'Hadrien  '".  Nous  avons  dit  à  l'article  faims,  pour 
quelles  raisons  il  convient  d'attribuer  à  ce  dernier 
dieu,  et  non  à  Silvanus,  d'origineelde  nature  semblables, 
les  statuettes  en  bronze  que  caraclérisenl  la  couronne 
radiée,  la  corne  à  boire,  la  branche  d'arbre  el  la  drai)erie 
conlournanl  le  torse  sans  riinfermer des  fruits". 

J   -A.    lIlLD. 

SIMPULUM.  —  Nous  avons  dit,  eu  parlant  du  cvatius 
'p.  10771,  que  ce  petit  vase  à  puiser,  pourvu  d'un  long 
manche,  comme  une  cuillère,  est  semblable  à  celui  que 
les  Romains  ont  nommé .s-/;/iyJw/KW.Varron  '  constate  que 

frécpienle  :  ainsi  cliez  Clarac,  AJinée  de  sciitpl.  n»  I.Ï3,  |il.  r.cxwi;  Reinacli,  flr/irrloire, 
I,  p.  113,  n»  !i:l:  cf.  Clarac,  pi.  tccii.v,  n«  817;  pi.  cnxrvrli,  u»  818;  pi.  et.xr,vii, 
n- 019  etc.  De  même  cliez  0.  Muellcr.  Ucuulbach,  lig.  240.  —  f' Ov.  itel.  XlV,i;42s.|. 
et  763  ;  cf.  UeilTersclieid,  '';).  cit.  p.  217.  —7  Clarac.  Musée,  pl.ccwiv,  lig.  ',i:i  ;  liei- 
uarh,  Ili-iierl.  I.  p.  1 13,  03  ;  Clarac,  Musée  de  se.,  pi.  ci.ïi.,  n"  818;  Ilêpcrtoire.  I. 
p.  220  4.  — '  C.  rendus  d:  iAcad.  des  Inscr.  1(108,  p.  338  sq.  Article  de  M.  liauck- 
1er.  —'•»  Benndoi-r,  iafer  .l/«s.  n3  551,  ui05aï(|ucs  d'Ostie;  cf.  l45;etAnïi.  fnslit. 
180^,  Tav.  L.  H.  n"  3.  l'otn'  le  cliieu  qui  au  cô'é  de  Silvanus  esl  ans**!  bien  le  com- 
pagnon du  chasseur  que  le  gardien  de  louclos  rur.il,  v.  Visconli.  Dullett.  .ircli. 
Comm.  Il,  1871,  p.  IS2  sq.  Le  cliieu  dans  le  culte  des  i..\i.t:?,  III,  2.  9l.î,  el  plus 
liant,  Silmnio  nommé  lae  Aijreatis.  —  ta  Uuruy,  llixl.  des  flom.  I,  p.  I3>; 
Colien,  .l/on/i.   tmp.  VII,  p.  123,  Os  et  pl.  m.  —  O  rAivc^.  Il,  2,  p.  1023. 

SIMI'ULt'M.  1  Linij.  Lat.  V,  124;  cf.  IX,  21,  ou  Varron  rcmari|ue  la  transfor- 
mation des  anciens  vases  romains,  sous  l'iunueuLC  des  formes  nouvelles  venues  ils 
lirèce. 

169 


SIX 


135.6  — 


SL\ 


dans  les  banquets  le  cyalhus  grec  avait  peu  à  peu  pris  la 
place  du  siwpiilum,  mais  que  celui-ci  était  resté  en  usage 
pour  les  sacrilices.  Ce  fait  montre  que,  malgré  la  res- 
semblance, il  y  avait  entre  les  deux  récipients  une 
certaine  dilVérence.  Cette  dill'érence.  en  efTet,  est  visible 
sur  les  monuments.  La  cuillère  grecque,  élégante  et 
longue,  oITre  une  très  petite  vasque,  peu  profonde, 
emmanchée  à  une  tige  qui  se  recourbe  à  rexlrérailé 
supérieure  en  forme  de  tète  d'animal  cyatbus,  fig.  2237, 
2238]  '.  La  cuillère  romaine  rentre  dans  une  série  qui  a 
déjà  été  étudiée  à  l'article  caf'IS,  capedo  ;  c'est  une  écuelle 
ordinaire,  de  capacité  moyenne,  à  laquelle  on  a  soudé 
sans  art  un  manche  vertical,  afin  de  ne  pas  loucher  le 
liquide  avec  ses  doigts  [capis,  fig.  1134"  ;  plus  lard  on 
a  perfectionné  la  forme  et  l'on  a  donné  au  récipient  une 
forme  ovoïde  que  la  poignée  incurvée  accompagne  d'une 
façon  plus  commode  et  plus  artistique  Jcapis,  fig.  H3o]. 
Au  temps  de  Cicéron  -  on  opposait  à  l'élégance  de  la 
vaisselle  des  riches  contemporains  la  rusticité  vénérable 
de  ces  vases  d'argile  ou  de  bois,  dont  on  prétendait  faire 
remonter  l'origine  au  règne  du  roi  .Numa.  Le  simpu/um 
figure  sur  plusieurs  monnaies  et  bas-reliefs  avec  d'autres 
objets  du  culte  religieux  [ara,  fig.  423  ;  patera, 
fig.  5522]  \ 

Krause  a  voulu  faire  une  distinction  entre  le  simpuluin 
et  le  simpurium  *,  bien  que  ces  mots  soient  souvent 
pris  l'un  pour  l'autre  dans  les  manuscrits  et  dans  les 
textes  latins.  Le  siinpuhim  aurait  été  l'instrument  de 
banquet  ordinaire  et  usuel,  le  doublet  du  cyathus  grec  ; 
le  simpurium,  l'ustensile  réservé  aux  cérémonies  reli- 
gieuses. Cette  division  parait  assez  arbitraire,  puisque 
certains  auteurs  emploient  le  mot  simpulum  précisément 
pour  désigner  le  vase  ritueP;  on  peut  seulement  dire  que 
simpurium  est  plus  usité  dans  ce  sens  ".  Ce  qui  prouve 
aussi  la  confusion  habituelle  entre  les  deux  mots,  notée 
d'ailleurs  par  Nonius  Marcellus  ',  c'est  que  les  mots 
simputatrix  et  sii/ipuriatrix  s'appliquent  à  une  femme 
chargée  de  la  libation  dans  les  sacrifices  ^  Parmi  les  mots 
qui  se  rattachent  encore  à  sim/nilum,  notons  simpulo 
et  gimpu/alor,  se  rapportant  à  un  convive,  en  particu- 
lier à  un  ami  du  marié  qui  l'assistait  dans  le  banquet 
de  noces  ',  et  simpulariarius,  qui  parait  être  le  nom  du 
fabricant  de  vases  de  ce  genre  '".  H.  Foitier. 
SLMI'UVIUM  [simpllum]. 

SIXDOX  (ïivSwv).  —  Ce  nom  parait  avoir  été  donné, 
comme  celui  de  byssis,  tour  à  tour  à  des  étoffes  et  à  des 
matières  diirérentes.  La  matière  ne  peut  être  autre  que 
le  lin  pour  les  plus  anciens  auteurs  grecs  chez  qvii  le 
terme  se  rencontre,  par  exemple,  pour  Hérodote,  quand  il 

1  Voy.  un  cjallius  de  forme  grec<iue  aiec  une  insiriplion  laline  dans  JUuseo 
anlich.  classica.  II,  p.  495.  —  2  Parait.  I,  2,  II;  Bep.  VI,  i:  Aat.  deor.  III,  17. 
.Nous  relevons  aussi  dansCic.  De  legib.  III.  16,  36,  une  expression  .|ui  fait  allusion 
i  la  pelilessc  de  ce  vase  :  exeilare  fluctus  in  simpulo.  comme  nous  dirions  «  une 
lenip«le  dans  un  «erre  d'eau  ...  —  SQulre  les  ligures  du  Uicl.  voy.  encore  Duruy, 
Hisl.  des  Jlomains,  I,  p.  97;  III,  p.  18;  Gusman.  Pompri,  p.  lOS.  —  »  Angiio- 
logir,  p.  160.  —  5  Fcslus,  ».  i'.  Siniplum  (pour  simpulum)...  guo  liniim  in  sacrificiis 
Ultalur  ;  \pu\.  Àpolog.  s.  de  maij.  Diis  immorlalibiis  simpulo  et  catino  /iclili 
sacrificat.  —  *  Cic.  Ùe  hariisp.  respons.  Il,  as  ;  lie  repiibl.  VI,  i  (id.  ap.  .\on. 
p.  398,  ÎO);  Plin.  Hisl.  nal.  XXXV,  46  (138);  Varr.  ap.  ^■on.  XV,  li;  Juienal! 
VI,  343  ;  cf.  Arnob.  IV,  148  cl  VII,  Î3.Ï.  —  1  XV.  li.  Simpuviam...  usum  habuît 
■Il  »<«Ti».-  idem  omniuo  guod  simpulum  aut  falde  simite.  —  »  Fesl.  s.  i:  :  Scliol. 
ad  Juven.  VI,  343.  —  9FuIgent.  De  prisco  sermone,  47  ;  Isid.  Gloss.  conviva,  amicus 
sponsi.  assiduut  eum  eo  in  conrimo.  —  10  Orclli,  Inscripl.  u"  4*83  (Rome). 

SINDO.N.  t  Herod.  Il,  86.  —  î  VU,  181.  —  3  Tliuc.  Il,  49,  5.  V.  encore  Sopb. 
.iiiti;/.  iiii:  iuveulaire  des  Icoiples  de  Sauios,  .Michel,  ftecueil,  n.  833  19. 
—  l  Tlieoplir.  U.  Plant.  IV,  7,  7  ;  l'eripl.  Mar.  Erythr.  48,  51,  63  ;  Slrab.'  XV, 
p.  693.  —  ûpiipjrrusdc  163  av.  J.C.dans  Aoticet  et  ex/rai7s,  XVIII,  411,  52;  Non. 


rapporte  '  que  les  Égyptiens  entouraient  les  morts  d- 
'    bandelettes  «tivSovû;  ^wiiiyc^^  ;  il  se  sert  des  mêmes  mots 
I    réunis  en  parlant  des  bandages  au  moyen  desquels  les 
!    Perses  pansaient  les  blessés  =  ;  de  même  pour  Thucydide, 
!    quand  il  dit  ^  que  les  malades  de  la  peste  de  430  ne  pou- 
vaient supporter  rien   qui    les  couvrit,  pas  même   des 
<7ivoov£ç.  Il  s'agit   ici  de   toiles  fines.   Le  colon,  qui  est 
l'autre  matière  que  le  même  nom  désigne,  ne  peut  avoir 
été  d'usage  courant  en  Grèce  à  cette  époque.  11   n'y  fut 
répandu  qu'après  les  conquêtes  d'.\lexandre.  .\  partir  de 
ce  temps,  civSaJv  désigne  des  tissus  tantiit  de  colon'  et 
tantôt  de  lin^.  Chez  les  Romains,  sindon  est  employé' 
pour  l'une   et  l'autre  matière  et  comme  otuo\é    s'ap- 
plique à  des  sortes  variées   de  tissus  fins'.   Les  deux 
molsonl  quelquefois  entièrement  synonymes.  On  faisait 
surtout  en  Orient,  particulièrement  dans  les  fabriques 
renommées  de  l'Egypte  et  de  la  Sy^ie^  des  oivSove;  :  le 
nom  de  la  matière  était  devenu  celui  du  produit:  vête- 
ments légers',  draps  délit'",  bandages",  serviettes'-,  etc. 

E.  Saolio. 
SIXGIMO  (  SiYYiÀi'ojv).  —  Pièce  de  vêtement  dont  on 
trouve  la  mention  dans  une  lettre  de  l'empereur  Gallien. 
où  plusieurs  sortes  sont  énumérées.  Il  y  est  question 
de  dix  sinf/ilionci:  da/matenses  '.L'éditde  Dioclétien  sur 
le  maximum  en  nomme  d'autres  provenances-:  il  y  a  un 
(jiYviXi'wv  Nmp'.xô;,  un  TaÀÀ'.xoî,  un  Noyaiieoixo;,  un 
«tpuYtïxôî  ;  mais  c'est  tout  ce  qu'on  sait  de  ces  tissus, 
qui  paraissent  avoir  été  assez  communs,  à  en  juger  par 
leur  bon  marché.       E.  S. 

SI.\GrL.\UIS.  —  Dénomination  employée  pour  dési- 
gner une  catégorie  de  soldats  d'élite  attachés  à  certains 
états-majors.  Leur  nom,  qui  répond  à  notre  terme 
technique  militaire  «  isolés  >>',  s'explique  par  la  façon 
dont  ils  étaient  choisis  :  on  les  détachait  du  corps  auquel 
ils  étaient  alTectés  pour  les  verser  dans  Vof/irium  d'offi- 
ciers déterminés.  On  en  rencontre  auprès  du  préfet  du 
prétoire-,  des  trihuns  des  cohortes  prétoriennes',  des 
tribuns  des  cohortes  urbaines',  des  tribuns  laticlaves 
légionnaires",  des  préfets  des  ailes  de  cavalerie". 

Les  gouverneurs  de  provinces  avaient  aussi  sous  leurs 
ordres  des  singulares,  cavaliers  ou  fantassins'';  ils 
étaient  pris  dans  les  troupes  auxiliaires  du  pays  et  for- 
maient deux  corps  "mmeris],  l'un  à'equites  sinf/ulare.<i, 
l'autre  dt'  pediles  singulares*.  Ces  numeri  étaient  d'au- 
tant plus  nombreux,  que  le  rang  du  gouverneur  était 
plus  élevé  :  tandis  que  les  singulares  des  procurateurs 
ne  comptaient  que2i0  hommes',  ceux  d'un  légat  légion- 
naire arrivaient  à  l'efTeclif  d'une  ala  ijuingenaria'". 
Les   numeri  singularium    étaient   parfois  employés 

Marc.  p.  537.   20:  Auson.  Eph.  parecb.  i;  Galen.  De  snn.  tu.   III  (I.  VI,  p.  187). 

—  fi  V.  noie  précédenle.  —  7  II  a  été  élendu  à  d'autres  plus  grossières.  Ainsi  aune 
voile  de  navire,  Eur  .Phaet.  fr.  36,  Dind.  —  «  Bliinincr,  Geiverb.  2'luUigkeil,  p.  i6. 

—  9  Mari.  IV,  19;  Pollui,  VII.  72.  —  «0  Edict.  Diocl.  XVIII,  12  et  le  papyrus 
déjà  cilé:Galeu.  L.  c.  :Poll.  IV,  20;  VII,  16,  72,73.  —  12  Alciplir.  III,  66,  2; 
Uiog.  Laert.  VI, 90  ;  .\nlh.  pal.  VI,  307.  _  BmMo.^KiPHie.  Mongez,  Rech.  surtes  ha- 
billements des  anciens,  ilêm.  de  t'hisl.  ihist.  et  liU.),  1.  IV,  181S,  p.  232:  Vales, 
Textrinum  antit/uorum,  Londres,  1843,  p.  280  ;  Ritler,  i'eber  d.  geogr.  Ver- 
br<:itung  d.  BaumiroUe  in  Abhandl.  Berlin  Acad.  1851  ;  Brandes,  l'eb.  d.  Zeitalter. 
iVomen  und  Verbreit.  d.  Baumwolte,  Leipz.  |866  :  Marquardt,  Manueldes  Antiq. 
Vie  privée,  trad.  V.  Henry,   II,  p.    121  ;  Olck,   art.  Flachs  dans  la  Real-Encgcl. 

de    Pauly-Wissowa. 

SINGILIO.  1  Trcl).  Poil.  Claud.  17.  6.-2  XIX,  47.  50;  y.  Blûmner,  ad  h.  l. 

SI^GL'LA^.IS.  1  Lydus.  Z>e  mu».  111,7.—  2  Corp.inscr.lat.  111,7334;  VI,  2794; 
XI,  5646.  -  3  Ibid.  III,  7334;  .X,  410.  —  » /6irf.  VI,  2914;  IX,  1617.  —  S  Ibid.  SI, 
3339.  —6  Ibid.  III,  12356.  —  '  Ibid.  III,  14387  f;  VIII,  9763.  —  »  Ibid.  111,  93; 
10360  ;  7395;  Xlll,  7299,  7709.  —  ,'  Ibid.  V,  8660;  21567.  Cf.  von  Domaszewsti, 
Die  Bangordnung  des  rômitchen  Beeres.  p.  36.  —  't'  Von  poin.isze»ski,  loc.  cil. 


\ 


SIP 


1347  — 


SIP 


comme  combattants  au  cours  d'une  guerre  ou  d'une 
expédition,  dans  les  provinces  où  ils  existaient;  ils  de- 
venaient alors  ailes  ou  cohortes  el  figuraient  ensuite 
dans  les  cadres  réguliers  de  l'armée  ;  à  ce  litre  l'Empe- 
reur pouvaiL  les  envoyer  en  garnison  dans  d'autres  pro- 
vinces ;  c'est  le  cas  des  pedites  singulares  Britonnici 
qui  sont  ulti'rieurement  afFeclés  à  la  garnison  de  Dacie'. 

R.     CAG^AT. 

SIXUJI  ou  Sli\rS'.  —  Genre  de  vase  à  contenir  le 
vin'-;  Varron'  le  décrit  comme  un  récipient  assez  grand, 
ayant  une  capacité  supérieure  à  celle  des  coupes.  C'est 
probablement  une  sorte  de  jatte  ou  de  grand  bol,  dans 
lequel  on  pouvait  mettre  autre  chose  que  du  vin,  car 
Virgile'  dit  aussi  sinum  /oc//s.  et  Martial °  représente  les 
porcs  suivant  la  fermière  qui  lient  la  terrine  contenant 
leur  nourriture.     E.  P. 

SIPARIUM'.  —  Dans  les  théâtres  romains,  en  arrière 
du  rideau  principal,  aulueum,  qui  s'abaissait  au  début 
de  la  représentation  et  ne  se  relevait  qu'à  la  fin  [jucui.na, 
p.  14(59],  il  y  avait  un  petit  rideau,  sipariiim-,  Cjui, 
manœuvré  de  la  même  façon  ou  plutôt  lire  simplement 
d'un  côté  à  l'autre^,  se  déployait  à  chaque  enlr'acte, 
laissant  visible  la  partie  extérieure  du  proscenium, 
tandis  que  Vau/aetun  une  fois  relevé  cachait  la  scène 
loul  entière.  Devant  ce  petit  rideau  l'on  jouait  les  inter- 
mèdes [emboua]  elle  divertissement  final  [exodium],  bref, 
loul  ce  qui  n'était  pas  la  grande  pièce,  tragédie  ou 
comédie,  ou  bien,  à  l'époque  impériale,  pantomime. 
Ces  divertissements  accessoires  étaient  surtout  des 
mimes.  D'où  la  désignation  périphraslique  iniinicum 
vélum''  et  l'emploi  métaphorique  de  siparium  pour 
signifier  la  scène  sur  laquelle  on  donnait  ces  spectacles 
el  ces  spectacles  eu.x -mêmes".  L'usage  de  Vuulaeuin  ne 
remontait  pas  très  haut,  à  plus  forte  raison  celui  du  sipa- 
rium.  Les  comédies  de  Piaule  ne  contiennent  aucune 
allusion  ni  à  l'un  ni  à  l'autre.  Un  croit,  d'après  un 
témoignage  fort  confus  de  Donat*^,  que  l'innovation  de 
Vaii/aeuui  fui  postérieure  à  la  mort  d'Altale,  roi  de  Per- 
game  (621  =  i'Xi).  En  tout  cas,  aulaeum  el  sipuriin/i 
étaient  déjà  usuels  au  temps  de  Gicéron''. 

Quinlilien'  nous  fail  connaître  une  autre  sorte  de 
siparium,  un  rideau  qui,  de  son  temps,  servait,  semble- 
t-il,  à  garantir  contre  le  soleil  le  tribunal  du  préleur, 
mais  que  certains  avocats  utilisaient  aussi  pour  y  étaler 
des  tableaux  propres  à  émouvoir  les  juges.    Pu.  Fabia. 

I  Corp.  inscr.  lai.  111,  p.  2301.  —  Biblioghaphik.  Mommsen,  Ephem.  epii/r. 
IV,  p.  404;  Von  Uomaszewski,  Die  itnngordnung  des  rô.nischen  Jïeerfs  {Bomter 
Jahrbùclier,  C.VVIlj.p.  IS,  21,  ii,  33,  «l,  56,  03,  00,  73. 

SIMJM  ou  SIM.S.  1  Ou  a  voulu  lu  rapprocher  du  raol  grec  Stvo;  [voy.  uisusj. 
Cf.  Forcellini,  Lexic.  lai.  s.  v.  —  2  l'iaut.  Cure.  1,  1.  82;  I,  2,  13  ;  cf.  Jlud.  V,  i. 
31.-3  liny.  lat.  V,  lis,  é.lil.  Nisard  ;  cf.  IX,  àl  ;  .Nonii.  Marc.  XV,  3i,  p.  347  Jl  : 
■Sinum  et  yaleota,  rasa  sinuosa.  Voy.  (iai.eoi.a.  —  *  Eclnif.  VII,  33  ;  cf.  Servius  ad 
h.  t.:  .\nlhol.  vet.  lat.poet.M.  Burmanii,  M,  p.  363  (descriplion  du  mois  de  Mars); 
Colum.  Vil,  8,  ï.  U'ai'rès  le  Glosa,  hid.  s.  v.  c'est  le  vase  où  l'on  Lat  le  beurre. 
—  .  Mart.  m.  58,  iO. 

SIPAHIUM.  t  Mot  de  la  même  famille  ((ue  su/iparum,  (|ui  signifie  laulôt  un  vùU'- 
meut,  lautùl  nue  voile  de  navire;  cf.  en  grec  ffî-ap-);,  5tç«ço;.  —  2  Donat.  De  cum. 
p.  12  (Ueitfersclietd)  :  siparia...  Est  uutem  mimicum  vetuiti,  fjuod populo  oOsintit, 
dum  faliiiliinim  actus  commutant ur.  —  3  Apnife,  Met.  1,  8,  emploie  deux  termes 
dilï'ércnts  pour  signifier  la  manœuvre  des  deux  rideaux  :  Âulaeum  tragicum  dimo- 
eeto  et  siparium  srenicum  complicato.  De  mùme,  ibid.  X,  29:  Aulaeo  stibduclo  e 
'  oinpiicitis  sipariis.  A  noter  aussi  le  pluriel  sipariis:  le  siparium  était  pent-tilre 
fornii"  de  deux  pai-fies  que  l'on  tirait  l'nue  à  droite,  l'autre  à  ganclie.  —  4  Donat. 
L.  l.  (au  lien  ilc  mimicum  KeilVersclieid  adopte  la  variante  mal  autorisée  minutum)  : 
Feslus  (Haul.  Diac),  p.  341  0.  Mûller)  :  Siparium  genus  reli  mimicum.  Dans  le 
premier  passage  d'Apulée,  aulaeum  tragicum  s'oppose  à  siparium  scenicum  :  il  faut 
sans  doute  doinier  à  cçt  adjectif  le  sens  de  comicum  ou  mimicum,  si  toutefois  la 
leçon  n'est  pas  corrompue.  —  &  Jnv.  VIII,  1S5  sq.  :  (la  scliolie  est  à  peu  prés 
ininteltigihle)  ;  Sen.  Trauq.  au.  Il,  6.  —  «  De  corn.  p.  12,  Donat  prétend  que  le  sipn- 


SIPIIO  (ïi'atov).  —  Siphon  el  tout  appareil  dans  lequel 
l'eau  s'élève  conlrtiireiiieul.  en  apparence,  aux  lois  de  la 
nature,  Ttapà  oùciv  '. 

L  Sip/ion  recourbe,  o  xïjxttùAoî  aïo/wv  ^,  circinus  aet/ijp- 
tiarus''.  C'est  le  siphon  à  deux  branches  inégales  décrit 
dans  tous  nos  manuels'  el  inventé  par  les  Égyptiens 
qui,  dès  le  commencement  de  la  XX"  dynastie,  l'em- 
ployaient pour  décanter  les  liquides  el,  probablement, 
pour  rendre  potable  l'eau  fortement  limoneuse  du  Nil'. 
Dans  une  petite  salle  du  tombeau  de  Itamsès  111  *,  on  voit 
trois  siphons  transvasant  une  liqueur  contenue  dans  trois 


Fi;;.  6KiJ.  —  Isage  du  siphon  en  K;;yple. 

gargoulettes  placées  à  hauteur  d'homme  sur  un  pié- 
destal el  la  déversant  dans  un  large  récipient  posé  sur 
un  petit  escabeau';  le  serviteur  placé  à  gauche  amorce 
le  second  siphon  ;  à  droite,  un  autre  serviteur  fait  eU'ort 
pour  remplir  les  gargoulettes  (fig.  6402)  '.  On  ignore  si 
les  Grecâ  de  l'Hellade  employèrent  ce  siphon;  en  tout 
cas,  ce  sont  les  .\lexandrins  qui  le  décrivirent,  en  étu- 
dièrent les  diverses  applications,  el  formulèrent  les  diffé- 
rentes théories  de  son  fonctionnement.  Mais,  pour  com- 
prendre les  difl'érences  essentielles  qui  séparent  les 
explications  de  Philon  de  celles  de  Héron,  il  faut  se 
souvenir  des  hypothèses  fondamentales  que  l'on  avait 
faites  sur  la  constitution  de  la  matière  el  le  mouvement, 
f^our  les  anciens,  qui  raisonnent  en  physiciens  et  non 
en  chimistes,  loul  corps  est  composé  d'un  ou  de  plusieurs 
des  quatre  éléments':  feu,  air,  eau,  terre;  ces  éléments 
peuvent  s'unir,  se  combiner,  se  transmuer  de  l'un  en 
l'autre'".  Mais  n'ayant  pas  même  nature,  ces  quatre  élé- 
ments ne  peuvent  avoir  même  forme.  Laissent-ils  entre 

rium  remplaça  Y  aulaeum  :  .\ulaea...  pro  quibus  sif.aria  aetas  posterior  accepit . 
Mais  il  ajonle  presque  aussilôl  que  \e  siparium  n'est  que  le  rideau  des  entr'acles. 
D'ailleurs,  la  coexistence  de  X'aulaeum  et  du  siparium  résulte  d'autres  témoignages 
cités.  —  'I  Pro  Cael.  27,  05  ;  De  prnv.  cous.  6,  t  i.  —  s  tjr.  inst.  VI,  1,  32  ;  3,  72. 
Dans  le  premier  passage  la  leçon  est  incertaine. —  Bim.ior.BAPuiE.  Arnold,  Das  atlrù- 
luischeïlieatergebûude,  Leipzig.  1873,  p.  19  sq.  ;  Keich,  Oer  .Uimus,  Berlin,  1901, 
p.  008  sq.  ;  A.  Millier,  Das  Uithneuveseu  in  der  Zeit  von  Constantin  d.  Gr.  lus 
Justinian,  p.  48  (dans  Neue  Jahrb.  f.  d.  Klass.  .Utertumsw.  XII,  190'i).  A  pen 
près  tous  les  textes  relatifs  au  siparium  se  trouvent  réunis  dans  la  note  de  Ililde- 
brand  à  Apul.  Met.  X.  ;'9  (l.ipsiae,  I842i,  mais  les  conclusions  de  ce  savant  parais- 
sent erronées. 

SIPHO.  1    Hero  Alex.    Pneumat.  1  (éd.  Sehmidt-Teubiier,    1899,  p.   10,  30.   elc. 

—  2  /6.  I,  1,  p.  28.  —  3  Traduction  médiévale  de  Hhilon  de  Byzance,  De  S,,iril.  \  1 
(éd.  Schmidt-Tenbucr,  p.  470).  —  4  F.  T.  D.  Phijsiq.  Lyon,  1900,  p.  92.  —  5  VVilkin- 
sou-Bircli,  Mann,  and.cust.  of  tlie  anc.  Egijpt.  187»,  11,  p.  31'..  -  6  Isamhcrt, 
Itinér.  Joanne  de  l'Orient,  1800,  p.  1040.  G  est  la  tombe  n.  It  dile  des  Harpistes 
ou  de  Bruce  qui  la  découvrit  (Bruce,  Truv.  lo  discov.  tite  source  a/the  Nile,  1813, 
II,  p.  33).  —  i  Champollion,  Monum.  de  l'Egypte,  I.  p.  400.  —  »  Wilkinson-Birch, 
U.  c.  Il,  fig.  433;   A.   de  Rochas,    Les  orig.  de  la  science.    1884,    p.  49.  lig.  3t. 

—  9  Lucret.  De  rerum  nat.  I,  713  sq.  Epieure,  le  moins  savant  des  philosoplies 
grecs,  n'admet  point  cette  hypothèse.  —  m  Th.  U.  Martin,  Et.  sur  le  Tiin.  de  Plu- 
ton.  1841,  II,  p.  250.  Héron  (O.  c.  praeL)  démontre  que  l'eau,  consumée  par  l'ac- 
tion du  feu,  se  transforme  en  air  qui  s'évapore,  et  en  terre  qui  reste  au  fond  de  la 
chaudière. 


SU' 


i:UcS  — 


SIP 


eux  des  vides  dans  les  corps  qu'ils  coiii|>osenl  ou  se 
conibinenl-ils  entre  eu\  de  façon  à  ne  point  laisser 
d'espaces  vides  entre  leurs  molécules?  Qi'i'^lio"  primor- 
diale, non  encore  résolue,  qui  divisa  les  physiciens  de 
l'antiquité  et  donna  naissance  aux  tlillérenles  écoles. 

Platon  n'admettait  ni  le  vide,  ni  même  la  possibilité 
d'un  vide  intermoléculaire'.  De  là,  ses  hypothèses  sur 
une  sorte  de  cristallisation  géométrique  des  molécules 
élémentaires  et  sur  l'atlraclion,  tiÀta,  qui  détermine  la 
cohésion  des  solides  ou  des  liquides*  ainsi  que  l'adhé- 
sion des  liquides  aux  solides  ^  :  tous  les  éléments 
s'attirent  entre  eux,  mais  d'après  certaines  affinités. 
Philon  de  Byzance  est  platonicien;  il  ne  croit  pas  que 
le  vide  soit  possible  '  et  il  considère  l'attraction  comme 
cause  du  mouvement,  comme  seule  raison  de  la  montée 
des  liquides  dans  le  siphon  :  ..  Quand  on  a  mis  la  bouche 
sur  l'extrémité  du  tube  et  aspiré  doucement,  l'air  qui 
était  dedans  est  tiré  et  avec  lui  le  corps  liquide  qui  se 
trouve  en  bas.  parce  que  ce  liquide  est  adhérent  à 
l'air;  qu'il  y  soit  adhérent  à  la  façon  de  la  glu  ou  par 
tout  autre  mode  d'attache  »'.  Vitruve  se  servira  de  cette 
adhérence  entre  l'air  et  l'eau  pour  expliquer  le  jeu  de  la 
pompe  de  Clésibios".  Mais  déjà  la  théorie  de  Slraton' 
l'emporte:  Sénèque%  Pline  l'.^ncien',  Pline  le  Jeune'" 
s'en  servent  couramment  à  propos  du  siphon  :  tous  les 
corps  sont  pesants,  les  plus  légers  sont  cliassés  en  haut 
par  les  plus  lourds  comme  U'  noyau  que  l'on  presse  entre 
les  doigts";  ce  que  Cicéron  formule  :  «  a  f/rarioriùus 
leciora  natuva  re/jcl/iintiir  »'-.  Ce  n'est  plus  l'atlraclion 
hypothétique  de  Platon,  mais  la  répulsion,  la  propulsion 
telle  qu'on  pouvait  la  voir  se  produire  dans  la  pompe  la 
plus  simple.  Connaissant  la  pression,  pressura  ^^,  et  ses 
eUels,  les  Romains  seraient  peut-être  parvenus,  par  le 
seul  empirisme  de  leurs  habiles  fontainiers,  à  une 
meilleure  notion  de  la  pression  atmosphérique,  vis 
spiritus,  si  la  décadence  scientilique  n'élait  rapidement 
survenue.  Héron  n'est  plus  qu'un  cnmpilaleur  éclec- 
tique"; il  nie  la  possibilité  d'un  vide  continu '"',  mais  il 
admet  le  vide  intermoléculaire  "*  qui  permet  d'expliquer 
lacompressibiiitéde  l'air  '  \  dont  Ctésibiosavaitdécouvert 
les  elVets  "  :  il  professe  également  la  théorie  de  Stralon 

1  Tô  .i.J.,   ■fj.Si,  ïî.ïi.    r.iw.   7'J    II  (éJ.    Didol,    p.    i3!>);    «vV,    ^.jii-,   li-„,   il,. 

—  2  a.  Plin.  H.  nnt.  Il,  05.  —  3  /A.  —  '  //e  s/-lii(.  7  ;  cf.  Iraduclion  de 
M.   Carra  de    Vaui  (.Vo/m    et  ixtr.   de»   mscr.    XXXVIII,  Paris,  I!)U3;,  p.   liT. 

—  5  /b.  4.  —  ''  ?i,  7.  I,'iii:;ciiieur  lomaiii  admet  dans  le  corps  de  la  pompe  fou- 
lante, entre  le  pislon  et  le  li<|uiile,  la  pri'sence  d'une  couclic  d'air  «pii  n'existe  que 
rarement  d.ius  no:i  appareils  et  qui  ne  joue  aucun  vùlc  dans  nos  Iticories  ;  c'est 
|K)uripioi  tous  les  commentateurs,  depuis  rcrrault,  ont  cru  devoir  corriger  le  texte- 
a.  Mit.  l'anckouke,  IS47.  Il,  p.  5;!(1.  note  57.  —  7  lo.  Slob.  Htysic  XIV  (cdil. 
Mcineke-Teut.ner,  lJ>r.u,  p.  'Xi).  —  8  ||  Quaest.  i-at.  Iti;  et  compres'^a  utrinqtte 
patma  in  motlum  si/ilionis  coiHf,rimcre.  —  9  //.  Xat.  il,  Gti,  I  :  iftio  siiiritu  acta 
et  terrae  po-utere  espressti^  siphonum  modo  emicat.  —  *o  i'yj.  V,  ti,  ±i  :  aqua 
xmlut  erpreisa  cubanlitu»  pondère,  sipftunculis  ef/tait.  —  t'  Siniplic.  ap.  Arislot. 
de  Cuelo.  I,  18,  U;  cf.  Ucinekr-Tenl.ner,  II.  c.  \o\.  Il,  p.  3i  ;  (J.  lioJier,  La 
l-hysiq.  de  Slraton,  l'aris.  IS'jCi.  p.  .17.  —  M  Tuse.  I.  17.  —  Il  I  rout.  de  iK/uaed. 
18  et  35. —  ï*  Sur  r<pni|ue  |>t'0>  ahie  où  vivail  cel  auteur,  cf.  T.  Tannery,  Jtee. 
était,  gr.  1896,  p.  il  et  Tari.  utNçuii.i,  p.  1731.  -  li  ,«i  ii«,»  îr.  oO«  fit.  so-i  -h 
savtt=a>  iie«v»,  O.  C.  ',  proe.  {(ti.  Sctintidt,  p.  iH).  —  1"^  •  I.i»  vide  est  distribué  en 
petites  particu'es  à  travers  l'air,  l'ean  et  les  autres  corps  à  l'exceptiou  du  dia- 
mant... l.i's  nioli^c:iles  de  l'air  ;^unl  tontes  conti^tiës,  nais  sans  Otre  ajustées  eiac- 
tcnient  les  unes  aux  autres,  dans  tous  les  sons  <  I  en  laissant  entre  elles  des  espacis 
vides  comme  le  font  les  grains  de  sjlile  ^ur  le  bord  de  la  nnT.  ••  O.  c.  I  (f^d. 
Scliinidl.  p.  41  :  rf.  Irad.  A.  ilc  Rocli.l-,  p.  fS.  —  17  »  l.'inipossibiliti^  du  >idc  con- 
duit l'Iaton  ii  nier  tonte  conipressiLilité  réclie  ;  suivant  lui,  la  nièine  quantité  de 
substance  corporelle  no  peut  dire  réduite  en  un  moindre  volume.  >  TIt.  H.  Martin, 
'/.  c.  Il,  p.  J57.  —  18  Vitruv.  IX,  0.  l'our  cette  décou.erle,  cf.  les  art.  >iai;hina. 
p.  I4r,l  et  MïDRACixs,  p.  3ii.  —  «a  O.  c.  I,  ».  Traduction  de  M.  A.  de  Koclias  (iii 
science  des pltHoxopliest  I88i,p-  loi,.  Au  lien  de  ••  jusrpi'a  ce  que  la  pression  arrive 
à  la  surface  du  \in  •,  W.  Scbraidt  <i,.  c.  p.  i'')  traduit  •  bis  au  der  Uberllaclie  des 
Weioc-  sich  das  Vakuum  bildct  ».    Un  contempo  ain  de  Héron  expticfuait  pour  les 


mais  voici  commenl  il  s'en  sert  pour  c\pli((tier  l'ascen- 
sion d'un  liqiiidi'  dans  un  siphon  ilont  on  aspire  l'air 
avec  la  boiiclie:  «  Quand  nous  avons  reçu  dans  noire 
corps  l'air  qui  se  trouvait  dans  le  siphon,  nous  sommes 
devenus  plus  pleins  qu'auparavant  et  nous  pressons  l'air 
qui  nous  touche;  cet  air  presse  lui-même  de  proche  en 
proche  jusqu'à  ce  que  la  pression  arrive  à  la  surface  du 
vin  ;  alors  le  vin  comprimé  s'élève  dans  la  partie  du 
siphon  qiii  a  été  vidée,  car  il  n'y  a  pas  d'autre  lieu  où  il 
puisse  se  porter  sous  l'influence  de  la  pression  "  ».  Loin 
de  s'en  tenir  à  cette  influence  de  la  pression,  pour 
expliquer,  dans  ses  IIvsuu.aTiy.i,  tous  les  phénomènes  du 
siphon,  il  fait  appel  à  la  géométrie  ou  à  la  mécanique  : 
si  le  liquide  reste  en  repos  dans  une  pipette  ou  dans  les 
branches  d'un  siphon  suspendu  en  l'air,  c'est  à  cause  de 
la  réciproque  d'une  proposition  d'.\rchimède-'';  si  le 
liquide  s'écoule  par  la  grande  branche  du  siphon,  c'est 
parce  que  le  liquide  contenu  dans  celle-ci  est  plus  lourd 
que  celui  qui  est  dans  la  petite  branche,  il  l'emporte  donc 
et  l'entraine-'  ;  cependant  quelques  lignes  plus  loin. 
Héron  réfute  par  une  expérience  facile  les  savants  qui 
ont  soutenu  que  la  branche  la  plus  longue  attirait  la  plus 
courte  parce  qu'elle  contenait  plus  d'eau  -'-.  Mais  de 
toutes  les  affirmations  de  ce  compilateur  relatives  au 
siphon,  la  plus  funeste  fut  son  induction  imaginaire  de 
l'impossibilité  d'un  vide  continu,  xevbv  iôpouv  -',  d'un 
vide  parfait,  to  Ttapirciv  xsvov  -'  d'où  provient  le  sophisme 
d'analogie  sur  l'horreur  du  vide  qu'éprouverait  la  nature, 

II.  Sip/ioii  (i  écoulement  uniforme.  —  L'efTort  que  fait 
dans  la  fig.  tiiOi.  le  serviteur  qui  lève  le  bras  pour  remplir 
les  gargoiilelles  montre  qu'on  savait  déjà  que  la  vitesse 
d'écoulement  dans  un  siphon  est  d'autant  plus  rapide 
que  la  dilVérence  de  longueur  est  plus  considérable  entre 
la  grande  branche  et  la  partie  émergente  de  la  petite 
branche '-"\  Pour  conserver  cette  dilVérence,  on  ajustait, 
comme  on  le  fait  encore,  un  flotteur,  À£Çv,Tipiov,  à  la  petite 
branche-*.  On  trouva  même  le  moyen  de  rendre  à  la  fois 
l'écoulement  variable,  mais  uniforme  et  constant  pour 
chaque  variation  par  l'immersion  du  flotteur  à  une  pro- 
fondeur donnée  où  on  le  maintenait  à  l'aide  d'une  vis"-\ 

m.  Sip/ion   in/erinit/cnt.  —  C'est  le  vase  de  Tantale 

mêmes  raisons,  l'acliou  des  ventouses:  ««  Ouand  nue  venlonse  est  appliquée,  l'air 
écliaulTé  s'échappe,  comprime  l'air  ambiant  ([ui  comprime  à  son  tour  la  surface  du 
corps  liiiinain  et  pousse  ainsi  les  humeurs  sous  la  ventouse-  »  —  ?"  Archimède 
démontra  que  :  «  si  un  liquide  est  en  état  d'équilibre  et  d'iiiimobilité,  la  forme  de 
sa  surface  est  celle  d'une  spliére  ayant  pour  centre  le  centre  de  l-i  terre  (I.  prop.  t  ; 
éd.  Heiberg  II,  p.  300,  ;  cf.  Ad.  Legrauil,  f.e  traité  des  corps  flott.  d'Archim. 
p.  13  {Joiirn.  df-  PInjs.  ttiéor.  et  applig.  1891,  octob.).  Pline  traduit  la  proposi- 
tion d'.\rcliimcde  en  ta  qualitiant  de  sntttHitas  yeometrica  (  //.  nat.  Il,  05,  5  et  0) 
et  cherche  à  en  faire  une  loi  générale  pour  toutes  les  surfaces  de  liquide  ib.  3  cl  4). 
mais  il  confond  la  tension  siipcrricicile  ainsi  ipie  la  capillarité  avec  l'action  de  la 
pesanteur  sur  la  surface  des  mers.  Si  la  surface  d'une  goutte  d'eau  est  sphériqiie, 
il  est  absurde  de  dire  que  cette  goutte  n  a  pour  centre  le  centre  de  ta  terre.  -  l.a 
réciproque  de  Héron  «  on  sait  que  tout  liijuide  dont  les  dill'éreiites  [lartics  sont  en 
communication  et  qui  est  en  rcpxs,  prend  une  surface  libre,  spliérique,  dont  le  cen- 
tre est  le  cenlrc  de  la  terre  .  (éd.  Schlnidt,  p.  33  et  34j  d  où  •  l'eau  doit  rester  en 
repas  dans  no  siphon  qnau  I  la  surface  libre  est  sphérii|uc  et  concentrique  it  celle 
lie  la  terre  ••  (ib.  p.  3S},  est  fausse  attendu  que  l'on  démontie  par  le  calcul  et  l'ex- 
périmeiitalion  que  tout  liipiidc  en  équilibre  dans  uu  ou  plusieurs  vases  communi- 
quants a  une  siirface  plane  et  nuii  spliérique.  C'est  le  second  corollaire  du  lliéorème 
londainenlal  de  l'équilibre  des  lii|uid.  s.  —  31  o.  c.  I,  i  (éd.  Schmidt,  p.  30)  (zii<r,::i; 

T%   i-^   T*î    K»    }*£Oïl    ?X3iT(5'.>    ly  T'.J  D«  VtaTXVSVÏîî  X»t  l^'-CcàT»-.  *--    /6.   'it    OÙ  il    COOSi- 

dère  comme  une  erreur  dédire  :  S-.ôrt  ï*  ]*;?;<»>  mi'*»;  =>£'.»  ^Swsr^QTÈci^KàTaitôrAaTf». 
—  ^i  Ib  p.  3u.  —  2i  Ib.  p.  i8.  ^  55  Héron  dil  fort  justement  «  qu'il  s'exerce  une 
pression  d'anlant  plus  ^n'aude  sur  l'orilice  de  sortie  que  la  branche  extérieure  est  p!us 
longue  on  plutôt  qu  il  y  a  nue  p'ns  grande  dilférence  de  Iniiteur  entre  le  niveau  du 
liquide  dans  le  vase  et  l'orifice  de  la  branche  externe.  <•  (Trad.  A.  de  Itochas.  p.  lot). 
Mais  il  a  eu  tort  île  dire  avant  que  celle  pression  est  celle  du  liquide  contenu  dans  le 
vase  (i'i.  p.  103)  :  cf.  éd.  Scliniidt.  p.  4t.  —  56  lier.  Al.  I).  c.  4,  cf.  Thévenot.  Velenim 
niathetnatic.  opéra,  Paris,    16'J3,   lig.  de  la  |iage  157.    —  à7  Her.  Alex.  O.  c.  I,  5. 


SIP 


—  1349  — 


SIP 


de  nos  cabinets  de  pliysique.  M.  A.  de  Roclias  en  cite  un 
spécimen  découvert  dans  les  murs  du  Vieil- Evreux '. 
Par  un  ingénieux  dispositif,  les  Alexandrins  obtenaient 
ou  faisaient  cesser  à  volonté  l'intermittence-.  C'est  ce  qui 
permit  de  construire  avec  ce  siphon  des  pièces  automa- 
tiques dont  s'amusèrent  les  Romains'  et  les  Byzantins'. 

IV.  Siphon    étou/je,    l^\.%nr^-vr\z   '<!    uîfpwv    ô    7rvty.T0ç  ^.    — 

Dans  les  pièces  automatiques  il  importe  surtout  de  dimi- 
nuer le  volume  des  organes  secrets.  On  simplilia  le 
siphon  intermittent  en  invaginant  l'une  dans  l'autre  les 
deux  branches  inégales.  La  petite  branche  est  remplacée 
par  une  éprouvette  renversée  sur  la  grande  brandie  dont 
elle  coiffe  la  moitié  supérieure  ;  l'autre  moitié  inférieure 
sortant  par  le  fond  du  vase  comme  dans  notre  siphon 
intermittent''. 

V.  Chalumeau.  —  On  vient  de  voir  que  5iaê/|TY|<;  et 
ffî'iwv  sont  synonymes  ^  Le  diabètes  \  ou  tube  droit 
percé  il  ses  deux  bouts,  paraît  même  avoir  été  le  seul 
ij'.fibi'i  que  connurent  les  Grecs  d'Europe  avant  la  période 
hellénistique,  et  c'est  la  seule  acception  que  les  Alexan- 
drins ont  en  vue  quand  ils  écrivent  le  mot  TÎœojv  sans 
épilhète.  On  peut  employer  le  diabètes  comme  chalumeau 
ou  comme  pipette  selon  que  le  tube  est  plus  ou  moins 
gros  et  selon  que  l'on  fait  ou  non  le  vide  dans  la  partie 
supérieure.  Le  chalumeau  peut  n'être  qu'un  simple 
tuyau  de  paille',  mais  d'ordinaire  c'est  une  tige  de  métal 
fine  et  creuse,  tenais  fistula  '".  On  s'en  sert  pour  aspirer 
un  liquide  avec  la  bouche  comme  le  font  avec  leur 
trompe,  (7;'|,(ov",  les  puces,  les  cigales,  les  abeilles'^ 
les  moustiques  '^  On  employait  le  chalumeau  pour 
déguster"  ou  boire  le  vin'^;  de  là,  le  verbe  ai^ojvîÇetv  "' 
avec  le  sens  de  boire  du  vin.  Aristophane '^  l'emploie 
en  parlant  d'Athéniennes  qui,  pour  se  livrer  à  la  bois- 
son, remplaçaient  le  siphon  usuel  par  la  cuillère  de 
leur  strigile  [sriucicis]'". 

VL  Pipette^  tdte-vin.  —  Le  tube  en  est  plus  gros  que 
celui  du  chalumeau  ;  il  peut  être  en  métal  ou  fait  d'une 
tige  de  roseau  '".  Pour  s'en  servir,  on  le  plonge  dans  un 
récipient  plein  de  liquide  et,  sans  qu'il  soit  besoin  d'as- 
pirer, le  liquide  monte  naturellement  dans  le  tube  au 
même  niveau  que  le  liquide  extérieur.  Si  alors  on  applique 
le  doigt  sur  l'ouverture  supérieure  de  la  pipette,  le 
liquide  ne  s'écoulera  pas  et  on  pourra  le  transvaser.  Les 
marchands  des  agoras  grecques  détaillaient  avec  cet 
instrument  si  simple  de  petites  quantités  de  vin-"  ou 
d'huile  (fig.  6i63)-',  sans  qu'ils  eussent  besoin  d'enton- 
noir-- ni  de  faire  basculer  ces  grandes  jarres  que  leur 
poids  et  leur  volume  rendaient  d'un  maniement  si  diffi- 
cile. Une  amphore  à  figures  rouges-'  montre  un  de  ces 

U.asciencedts philos.  ll>SJ,p.  117.  f'Ijil.Byz.  4a,i-d.  C.  .le  V.lux,|).  ISS.  —  2  Hcf. 
Al.  'J.  c.  Il,  33;  Irad.  A.  de  lioclias,  p.  184;  TW'Vcnol,  IJ.  c.  p.  107.  (ig.  2. 
—  1  Vilniv.  X,  7.  —  4  Alf.  Ramhaiid,  L  Empire  grec  au  \'  siècle.  Caris,  1870.  p.  417  ; 
Abou  1  Izz  Ismaïl  al  lljazari,  Sur  t'umploi  de  l'eau  pour  donner  du  mouvement  aux 
aulomatcs,  ouvrage  composé  en  I  iuO de  l'ère  cliiéliciiiie.  (M. -Ci.  de  Slane,  Calai,  des 
muiiuscr.de  la  U.  nnl.w  •iMl).  —  3  lier.  Al.  O.c.  1.3  (éd.  Sclimidl,  p.  M).  —  »  Hliil. 
Byz.  10  (éd.  Schiiiidl.  p.  480;  éd.  C.  de  Vaux,  p.  47  et  liS|.  Tliévcnot,  <).  c.  fig.  du 
la  p.  150.—  1  Mer.  Al.  (t.  c.  I,  3  5  ,:■,,, -.iç  j.W.  i,  nv.xio;  S,«î,;t,;.  —  8  Colurnelle 
(III,  10,  2),  tomparaid  la  lig«  médullaire  des  plantes  au  siplioii,  dit;  aiphonem  (juem 
diabelem  rocnnl  mechimici.—'i  llesycli.  .i.çuv  =  T,r,»  ,-.„..yu..  .«î  tiù  iiij.cr.  —  "iCels. 
I.8.  — "Coluin.  1X,14,  15. -lirt. -'^'Meleagr.  (Anlh.  Halat.  V,  151.2).  -  H  l'ol- 
lux,  VI,  3  ;  \.  20.  —  15  lier.  Al.  ()■  c.  I,  2  (éd.  Scliniidt,  p.  30)  ;  Elym.  M.  s.  r.  ; 
CeU.  I,  8;  cf.  Al.  de  SoiMinevoir,  Le  trésor  romaiq.  1709,  .b  a-.f.jn  -  :ampillo  ; 
fftoo-jviffiT;;,  ffcou.iVTfo,  ff  couvioTpiw  =  uno  o  una  cite  beve  il  vino  co'l  zautpillo; 
»;o.)jva;=  uno  che  beoe  nssai,  semlilable  métaphore  est  enregistrée  pdr  Hesycliius; 
tfirsu;  =  êj-a,ô;  «.65wfto;««-  '/,i/,vo;.  —  ly  Suid.  s.  V.  :  Al  de  Sommevoir;  ai.jouv  to. 
=  ùevere  il  cino  co'l  zampdlo.  —  '7  Thesm.  5.57.  —  '*  Suidas  indique  la  cala- 
clirèse  ff;3ijviî;o;jitv  ibv  oÎtov,  Oubliant  peut-être  que  les  strigiles  dn  v"  siècle  ont  une 


forains  qui  semble  appeler  les  chalands;  devant  lui,  une 
amphore  du  goulot  de  laquelle  sort  une  tige  mince, 
droite,  dont  la  longueur  émergente  parait  être  moitié  de 
la  luiuleur  extérieure  du  vase  oi'i  elle  est  plongée.  Si  les 


.  C403.  —  AmpI, 


proportions  sont  bien  observées,  on  aurait  ici  une  am- 
phore haute  d'une  coudée  dans  laquelle  plonge  un 
siphon  long  de  deux  pieds.  Il  se  peut  que  ces  pipettes 
fussent  graduées  comme  les  nôtres^'  ;  en  tout  cas,  elles 
ont  pu  servir  d'unité  de  mesure  courante,  car  sur  une 
ampliore  à  figures  noires '^S  on  voit  le  marchand  supputer 
son  compte  avec  les  doigts  de  la  main  gauche  et  tenir 
dans  sa  droite  un  de  ses  siphons  qu'il  montre  au  client. 
VII.  Crible  sphérique.  —  Dans  nos  cabinets  de  phy- 
sique, on  donne  le  nom  de  crible  d'Aristote-''  à  un 
instrument  que  Philon  de  Byzance'-'  décrit  longuement 
et  que  Héron  qualifie  «  d'utile  pour  puiser  le  vin  » 
xaTaixEuaajjiâTtov  Trpôç  tb  oîvo/oEfv  yp-/,TifiOv -'.  C  est  une 
pipette  ayant  la  forme  d'une  "  petite  sphère  dont  la 
partie  inférieure  est  percée  d'un  grand  nombre  de  petits 
trous  comme  un  crible.  La  partie  supérieure  est  tra- 
versée par  un  tube  creux  soudé  à  la  sphère  et  dont 
l'orifice  du  haut  débouche  en  dehors  »'-'.  Cet  instrument 
ne  servait  pas  qu'à  puiser  du  vin.  Le  P.  Scholt  a  vu  les 
Siciliens  en  employer  de  semblables  pour  rafraîchir  les 
boissons  ;  on  entourait  la  sphère  de  neige,  probablement 
dans  un  manchon  et  on  pouvait  verser  à  boire  sans  qu'il 
fût  besoin  d'incliner  le  vase  cutii  periculo  efundendi 
nivem''".  Puisqu'on  aurait  pu  obtenir  le  même  résultat 
avec  une  seule  ouverture  à  la  base'',  il  faut  admettre 
qu'on  se  servait  de  ce  crible  comme  d'un  ciilum  nira- 
riuin^'-,  d'un  rpùgÀiov  pour  arroser  de  la  neige  avec  du 

large  et  profonde  cuillère.  —  l'J  V,\.  ap.  Estienne,  TUes.  -i,  »oclà:Ari  ->,;  à^j'ou  «œiùniu. 
Pour  cette  plante  {Ariimlo  Pl.rugm.  L.)  cf.  I.onz,  Uolanik  der  ait.  Griech.  p.  237. 

—  20  Hesych.  o......  =  w  •>;  »dt,(....  t»v  oIvo.  ijOovtat.  —  21  Er.   Pernii-e,  srç.,,, 

Jahrb.  d.  d.  arcli.  Inst.  1803,  Vlll,  p  18i,  n.  C.  Ampbore  à  lig.  noires  du  musée 
de  Coineto  [Ib.  p.  180).  -  22  Cf.  noire  lig.  53U4.  —  2JE.  l'crnice,  O.  c.  p.  183,  au 
musée  municipal  de  (iirgenti.  —  21  Les  parois  des  siphons  représentés  sur  le  vase 
de  Corneto  ne  sont  point  planes,  mais  légèrement  renllées  de  distance  en  dislaiice  ; 
le  peintre  a  pu  vouloir  man|uer  les  i.odosilés  du  roseau.  -  25  E.  Pernice,  O.c. 
fig.  p.  181  au  musée  de  Cornelo.  — 2ii  Ce  Jiom  est  d'origine  arabe,  cf.  C.  de  Vanv, 
O.  c.  p.  32.  —  '^^  O.  c.  XI  (éd.   Schmidl,  p.  480  ;  tr.  C.  do  Vau«,  O.  c.  p.   130). 

—  il  O.  c.  I,  7  (éd.  Schmidl,  p.  50).  —  29  Ib.  (Trad.  A.  de  Rochas,  O.   c.  p.  109). 

—  30  G.  Schott,  Mechanica  kij'lraulico-pneum,  llerbipoli,  1857,  p.  30i  et  lig.  2  de 
la  pi.  XXVI.  —  31  Dans  les  Échelles  du  Levant,  et  depuis  quelques  aimées  il  Marseille 
et  même  à  Paris,  des  marchands  ambulants  ilébitent  de  la  limonade  avec  une 
pipellc  en  fer  blanc;  on  dirait  une  boile  cylindrique  a  conserves  munie  sur  son 
couvercle  d'un  long  tube  creux  et  sous  son  fond  d'un  second  tube  1res  court  n'ayant 
qu'une  seule  ouverture  extérieure  ;  le  cribrum  Vestalis  virgini.i  du  P.  Schott  a  le 
fond  crebris  foraminibus  minulis  perforatus.   —  '2  Mart.  XIV,  103. 


SIP 


—   IMoO  — 


SIP 


Fig.  C4Gt 


vin  in-tMlaliK-inont  lafraiclii  [ronM.  p.  13;{2j'.  Salzmann 
a  <li'coiiv(M'l  à  (".ainiros  plusieurs  fragments  en  terre- 
eiiile  de  ces  arrosoirs-;  le 
Louvre  possède  un  exemplaire 
complet  trouvé  en  Béotie. 
C'est  un  vase  ovoïde,  haut  de 
22  centimètres,  décoré  de  figu- 
res noires  et  muni  d'une  anse 
ronde  faisant  l'arc  de  cercle 
par-dessus;  cette  anse  «  forme 
un  tuyau  creux  qui  est  percé 
d'un  trou  à  la  partie  culmi- 
nante »  ^  (fig.  6464).  Il  suffi- 
sait de  diviser  l'intérieur  de 
ces  pipettes  ovoïdes  en  deux 
ou  trois  compartiments  par 
des  cloisons  étanches  pour 
avoir  des  ustensiles  «  versant 
à  volonté  du  vin,  de  l'eau 
froide,  chaude,  ou  toute  autre 
liqueur  qu'on  désirait  »  *. 
VIII.  Siphon  7-enL-ei'sé.  — 
Si  l'on  retourne  un  siphon  à  deux  branches  de  façon 
que  chacune  des  ouvertures  de  celles-ci  se  trouve  en 
haut,  on  obtient  un  appareil  fonctionnant  non  plus 
selon  les  principes  de  l'aérostatique,  mais  d'après  les 
lois.de  l'hydrostatique  sur  les  vases  communicants. 
1°  Le  sip/ion  ?'eii rcr.se  à  branches  égales  a  été  très  em- 
ployé pour  la  conduite  des  eaux  et  leur  distribution 
dans  les  villes  [aouaeductus,  p.  341].  Les  plus  anciens 
exemples  se  voient  en  Caramanie  dans  l'aqueduc  d'As- 
pendus  (fig.  400)%  dans  celui  de  Patara  construit  en 
blocs  polygonaux  ".  C'est  également  dans  un  centre 
important  de  constructions  cyclopéennes,  à  Alatri'',  que 
l'on  trouve,  en  Italie,  le  plus  ancien  aqueduc  à  sipiion, 
bien  que  l'édifice  actuel  ne  soit  que  de  l'an  134  av. 
J.-C.  Vitruve  a  donné  les  règles  pour  la  construction 
de  ces  conduites,  mais  parmi  ses  conseils,  il  eu  est 
un  dont  on  discute  encore  le  sens*  :  Etiam  in  ventre 
columnaria  '  sti/il  facienda  per  rjuae  vis  spirilus 
relaxetur  '".  Il  est  évident  que  si  l'on  fait  une  ouverture 
dans  la  partie  la  plus  basse  de  ces  conduites  sous  pres- 
sion, l'eau  s'échappera  et  ne  remontera  plus  dans  la 
branche    ascendante.    Cependant,   Flachat   découvrit   à 

I  limai,  (kl.  I,  1,  II.  —  2  Viollel-le-Duc,  Diction,  raison,  du  mobilier  franc.  Il, 
|..  lli.  —  1  E.  l'ollior,  /tco.  arc/i.  189a,  1,  p.  S  (C.  A.  822)  et  fig.  G.  I.e  petit  volume 
(le  ce  vase  cnipùclie  iradincUre  l'Iiypoltièse  de  M.  Clcrmoiil-Ganneau  {Hev.  nrch. 
1899,  11,  p.  ■UT),  fonmili'e  lii'jk  par  Viollet-le-Uuc,  /.  c.  que  ces  ustensiles  sont  de 
simples  arrosoirs.  —  V  lier.  Al.  I.  s  (pit.  Sclimidt.  p.  (iO;  trad.  A.  de  Rochas,  p.  110)  ; 
TW'vcnot,  O.  c.  lig.  de  la  p.  ICi  _  .  Cli.  Texier,  Asie  .Min.{L'nii>,.rspit.)  ISii,  p.  719  ; 
Tréniaui.  K-rplor.  arch.  de  fAs.  Min.  pi.  vm-ix.  —  0  Cli.  Texier,  0.  c.  p.  677, 
IJescr.  lie  l'As.  Alin.  111,  y.  iii,  |>l.  ci.xxix  ;  V.  Duruy,  Hist.  (tes  Jtom.  I8SÛ,  II, 
p.  64J.  —  7  A.  Secehi,   Avintzi  di  op.  idraul.  ant.   neW   Alah-i,    Roma,    1803. 

—  Il  VIII,  7.  —  '.>  Au  lieu  de  coUnnttaria,  quelques  éditeurs  donnent  cotumbaria, 
ou  colliviaria  ;  cf.  Perrault,  Les  dij-  liores  darchit.  de    Vitr.  168V,  p.  i67,  n.  S. 

—  lOl^e  désaccord  porle  :  1°  sur  la  lecture  et  le  sens  de  columnaria;  i"  sur  ventre 
que  Vitruve  emploie  dans  le  sens  de  x'jiVtu.  pour  le  creux,  le  fond  horizontal  de  la 
\aIU*e,  cf.  ib.  ventris  planitia.  M.  l'ingénieur  (ierniain  do  Montauzan,  Les  aqued. 
romains  de  Lyon^  1909,  traduit  vis  spiritus  par  ><  force  d'aspiration  >■  p.  181; 
donne  k  ventre  le  sens  de  concavité  :  <•  lcsponls-si|)lions  des  arpieducs  de  Lyon  sont 
assez  bien  conservés  pour  qu'on  reconnaisse  que  leur  lablier  est  horizontal  et  non 
en  forme  de  ventre  concave  «  p.  I8IÎ;  remjdace  columnaria  par  colliviaria  .-  rol)i- 
nets  de  décharge  ouverts  au  moment  du  remplissage  »,  p.  187,  bien  qu'il  recun- 
naisse  que  les  coups  de  bélier  se  produii^ent  aux  points  hauts  où  l'air  vient  s'accu- 
muler; rejette  l'idée  de  venlouse  et  as^simile  les  soultrazi  orientaux  aux  colonnes 
piézomélriques,  alors  qu'il  n'y  a  qu'un  rapport  déforme  extérieure  et  pittoresijue. 

—  11  Itech.  SUT  les  at/ued.  de  Lyon  coustr.  par  les  Itom.  17ljlt,  p.  52.  Cependant 
Delurme,  malgré  l'avis  de  Flachat,  croyait  que  le  tuyau  de  la  ventouse  était 
couché  remontant  le  liane  de  la  vallée.  La  nécessilé  des  ventouses  ne  fui  comprise      ( 


Delornie  "  de  quelle  élégante  façon  les  anciens  solution- 
nèrent ce  problème  par  la  conslruclion  de  monuments 
semblables  aux  soiilerasi  de  l'Orient'-,  vérital)les  ven- 
touses se  trouvant  //;  perpétua  aer/aa/ilntc  Y>\i'isqu  on  les 
plaçait  au  sommet  de  piliers  en  maçonnerie  dont  la 
hauteur  atteint  la  ligne  de  pente  générale  des  eaux.  Les 
Romains  évitaient  ainsi  les  accidents  que  la  pression 
peut  amener  dans  un  seul  siphon  renversé  dont  la 
branche  horizontale  est  d'une  trop  grande  longueur'-',  et 
ils  construisaient  autant  de  columnaria  qu'ils  croyaient 
nécessaire  d'établir  de  siphons  renversés  :  ainsi,  à 
Pompéi,  dans  la  seule  ruede  Stables,  on  en  compte  quatre 
depuis  le  Château  d'Eau  jusqu'au  théâtre  couvert  ".  Ce 
sont  des  constructions  en  pierre  ayant  la  forme  d'un 
obélisque  égyptien  décapité  de  son  pyramidon  ;  au 
sommet,  se  trouve,  au  contraire,  une  excavation,  cohun- 
barium,  sorte  de  boulin  que  remplissait  un  bassin  de 
métal  ".  L'eau  montait  par  des  tuyaux  appliqués  sur  une 
des  faces  de  l'obélisque  et  se  déversait  dans  ce  bassin  oit 
elle  se  trouvait  à  surface  libre,  n'étant  recouverte  que 
par  une  large  tuile  plate.  D'autres  tuyaux  adaptés  à  la 
base  de  ce  bassin  redescendaient  sur  la  face  opposée  de 
l'obélisque  et  conduisaient  l'eau  à  la  colonne  suivante  ou 
aux  fontaines  '"^.  2°  Si  le  siphon  l'enversé  est  à  bran- 
ches inégales,  l'eau  s'échappe  du  tuyau,  siphunculus''', 
de  la  petite  branche  et  forme  un  jet  qui  s'élève  jusqu'à 
la  hauteur  du  réservoir  d'où  part  la  grande  branche. 
C'est  ainsi  qu'à  Pompéi  on  peut  facilement  calculer  la 
hauteur  de  ces  fontaines  jaillissantes  qui  sont  en  com- 
munication directe  avec  les  columnaria  des  carrefours". 
Cependant,  quand  on  étudie  une  fontaine  d'oii  l'eau 
s'élance  de  la  cime  d'une  colonne  ((ig.  3149  et  3134)  il 
faut  se  souvenir  que  les  anciens  savaient  établir  des  jets 
d'eau  par  l'air  comprimé". 

IX.  Vases  à  niveau  constant.  —  Ce  sont  des  siphons 
renversés  à  branches  inégales  dont  la  petite  branche  a 
la  forme  d'une  coupe  d'où  le  liquide  ne  sort  pas  en 
jet,  mais  qui  «  reste  pleine,  quelle  que  soit  la  quantité 
qu'on  y  puise  -''  ».  Philon  décrit  trois  appareils  différents, 
bien  que  construits  d'après  le  même  principe,  et  il 
ajoute  :  <■  Employez-les  comme  vous  voudrez,  pour  des 
bains,  des  lavabos  ou  des  lampes'-'  »  ;  et  plus  loin  :  «  il 
y  a  de  nombreuses  variétés  de  vases  à  niveau  constant, 
modifiez-les  comme  vous  voudrez'--  ».  D'ordinaire,  le 

en  France  que  lors  de  la  construction  des  aqueducs  de  Versailles  {f/ist.  de  l'Acad. 
des  sciences,  1732,  p.  la"). —  12  Ces  constructions,  dont  le  nom  signifie  niveau 
d'eau,  sont  de  temps  immémorial  toujours  bâties  et  réglées  par  les  membres  de 
tguelques  familles  épirotes  du  canton  de  Drniopolis  (arr.  d'Argyrocastro).  Bien  qu'en 
dise  e.  de  rchihatcliell'(Z.e  Bosph.  et  Constantinoplc,  1866,  p.  58  sq.),  jamais  Turc, 
Aiabe  ou  Tersan  n'a  été  capable  de  faire  fonctionner  un  souterazi.  La  meilleure 
étude  ïur  ces  monuments  est  celle  d'.\ndréossy,  Couslantino/de  et  te  liosphove, 
Paris,  1828,  p.  388  et  438,  pi.  n  et  x).  Pour  les  souterazi  d'Alep  et  de  S.  Jean- 
d'Acre,  cf.  Ih.  459  ;  pour  les  conduites  à  souterazi  de  Puerto-Real  prés  l^adix  el 
de  Talavara  sur  le  ïage,  cL  Ib,  p.  460  sq.  —  '3  {Aqua\  ex  lonyo  spalia  ventns 
leviter  tumescit.  Vitruv.  Vlll,  7.  —  1*  H.  Thédenat,  fompei  ;  le  plan  de  la  ville  où  les 
u  colonnes  d'ascension  pour  les  eaux  »  sont  marquées  par  X  n'en  porte  que  trois  ; 
la  quatrième  est  indiquée  dans  l'erratum  ;  Vie  publiq.  p.  128,  lig.  09  et  71.  Celle- 
ci  représente  l'arc  de  la  rue  de  Mercure,  qui  comme  l'arc  de  Tibère.  •  ont  été 
utilisés  comme  colonnes  d'ascension  pour  les  eaux  ...  —  i'>  Slau,  l'umpei.  its 
li/'e  and  arts,  1892,  p.  230.  —  '«  Les  colonnes,  dont  la  description  technique  n'a 
jamais  été  faite,  sont  identiques  aux  souterazi  qui  conduisent  encore  l'eau  à  travers 
les  plaines  jusqu'au  chSleau  d'eau  (tawim)  des  villes  leiantines.  —  I"  Plin.  E/i.  V, 
6.  —  18  11  faut  toutefois  tenir  grand  compte  de  la  platijie,  mamiila,  adaptée  à 
l'exlrémité  du  siphunculus,  car  c'est  elle  qui  donne  la  forme  du  jet  et  iidlue 
sur  sa  hauteur.  —  "J  Pour  ces  fontaines  de  compression,  cL  lier.  O.  c.  I,  1"; 
A.  de  Rochas,  Les  origines  de  la  science,  p.  198  ;  Thévenol,  IJ.  r.  lig.  de  la 
p.  164.  —i»  Hero  Al.  (/.  c.  I,  19  (éd.  SehmidL  p.  192  sq.  :  trad.  A.  de  Rochas, 
p.  132  sq.).  —  '.îl  Phn.  By/.  19  |lrad.  C  de  Vaux,  p.  142),  —  -^'^  Ib.  211  ,tr.id. 
C.  de  Vaux,  p.  U3.) 


SIP 


—  13ol  — 


SIP 


réservoir  aliinentaut  la  grande  brandie  du  siphon  ren- 
versé est  «  uncanlliare  dont  la  bouche  est  fermée  par  un 
diaphragme'  ».  On  peut  se  rendre  compte  de  ce  qu'était 
cet  ivysîov  To  S'.3(7iâi;ofY|JLÉvt,v  TÔ  cToaiov  par  un  canlliare  en 
terre-cuile  du  Louvre-;  les  trois  zones  concentriques 
de  figures  noires  qui  en  décorent  le  diaphragme  nous 
montrent  que  cet  appareil  est  antérieur  aux  Alexan- 
drins -^  Une  autre  terre-cuite,  placée  dans  la  même 
vitrine  ifig.  6465) '.offre  un  spécimen  complet  de  vase  à 


Fig.  6W3.  —  Le  Salvrc  Luicu 


niveau  constant,  puisqu'on  y  retrouve  les  trois  éléments 
nécessaires:  le  siphon  renversé  est  dissimulé  dans  le  socle; 
la  petite  branche  se  termine  par  une  coupe  évasée  haute 
de  9  centimètres  ;  la  grande  branche  s'adapte  au  réservoir 
qui  a  12  centimètres  de  hauteur''  et  dont  les  parois, 
sur  les  faces  externes,  ont  la  forme  d'un  satyre  ventru; 
le  diaphragme  n'est  autre  que  la  tète  du  satyre;  sur  le 
sommet  du  crâne  se  trouve  un  évenl  vertical  dans  lequel 
on  n'a  qu'à  enfoncer  un  tube  de  bois  ou  de  métal  dont 
l'extrémité  inférieure  doit  arriver  au  niveau  horizontal 
où  Ton  désire  que  le  liquide  reste  constamment  dans  la 
coupe '^.  Ce  système  souvent  employé  dans' les  lampes" 
produit  un  éclairage  d'autant  plus  brillant  que  l'huile 
s'échauffe  peu  et  s'altère  moins  par  l'ardeur  delà  flamme. 
X.  Pompes  foulantes.  —  Ce  sont  les  seules  que  les 
anciens  semblent  avoir  connues  ;  comme  elles  n'utilisent 
point  la  pression  atmosphérique',  mais  agissent  par  la 
compression  que  l'on  exerce  directement  sur  le  liquide, 
l'eau  peut  être  élevée  à  une  hauteur  qui  n'a  de  limite  que 
la  puissance  développée  et  la  résistance  de  l'appareiP. 
Primitivement,  on  se  servait  «  d'outrés  pleines  d'eau  qui, 
étant  pressées,  élevaient  l'eau  par  des  boyaux  de  bœuf 
formant  tuyaux  »  '"  ou  par  des  roseaux  creux  ajustés  les 
uns  aux  autres  ".  C'est  d'après  ce  système  que  l'on  faisait 
les  pompes  à  incendie'-  et  les  clystores '■'.  Plus  tard,  on 
remplaça  l'outre  par  un  cylindre  à  paroi  verticale  en  cuir 
formant  soufflet  analogue  aux  lanternes  vénitiennes  de 
papier;  la  pression  s'exerçait  avec  le  couvercle  en  bois 


'  Hcr.  AI.  O.  c.  I,  19  fcd.  Scliiuidl.  p.  lOi).  — 2Salic  L  delà  galerie  céraniii|iie.  Il  csl 
diflicile  d'avancer  si  ce  vase  a  servi  de  lampe  lel  ,|ti'il  i-sl  ou  s'il  fui  eniploy(:'  comme 
rccipicnl  d'uu  appareil  plus  complexe.  —  3  II  existe  à  ]'Antt()uarium  de  Berlin  un  caii- 
ihare  f(ui  paraît  seml>Iai>le  à  celui  de  la  salle  L  du  Louvre,  mais  il  esl  à  couverte  uoire 
{Jahrb.  detdeutsch.arch.  Instil.  ISOi,  VII, p.  ïiie\An:eiii.).  —  'Butkt.dccorr. 
hell.  IS95,p.  iîi-îth.  —  :•  Ih.  p.  i3i.  cf.  fig.  3,  p.  J3I.  _  6  l'our  la  disposition  .le  ce 
tube,  cf.  la  fig.  706.  p.  12  de  l'art.  Éclairage  (Cli.  Laboulaye,  Dietioim.'  des  Arli 
et  Afamtf.),  Comme  ce  lécipient  a  un  couvercle  plat,  les  deux  ouvertures  M. 
et  D.  sont  parallèles,  ce  qu'on  n'a  pu  faire  dans  le  Satyi-e.  —  "^  L'exemple  le 
plus  ancien,  dans  les  temps  modernes,  parait  être  la  lampe  de  Gruoberger  (Gasp. 
Scholt,  Mechanica  ffydrautico-pneumutica,  Wur/bourg,  iG37,  p.  290  cl  pi.  xxv. 
fig.  5).  —  *  On  peut  déterminer  l'asceusioQ  du  liquide  dans  ces  corps  de  pompe 
eu  y  faisant  le  vide,  mais  ce  n'est  pas  l'efTct  qu'on  doit  chercher  puisqu'il  faut 
plonger  ces  appareils  daus  l'eau  comme  nos  poires  a  injections.  C'est  par 
erreur  que  lin.  y.  Visconti  {Op.  Var.  Il,  p.  30)  a  parlé,  â  propos  des  Ancieus. 
de   pompe  aspirante  cl    foulante   auisi  que  de  «    la    forza  del   vuolo  ".  —  9  C'est 


que  l'on  abaissait  à  l'aide  d'un  levier;  l'eau  s'échappait 
par  un  tuyau  de  cuir  adapté  à  un  orifice  percé  dans  ce 
couvercle  ;  l'appareil  ne  fonctionnait  que  s'il  était  en 
partie  immergé  dans  l'eau;  d'ordinaire,  on  te  plaçait 
dans  un  puits".  Il  en  était  de  même  d'une  autre  pompe 
"  très  ancienne  •>  qui  semble  n'être  qu'un  perfection- 
nement de  la  précédente:  la  paroi  verticale  du  cylindre 
est  rigide,  en  métal;  il  y  a  deux  soupapes;  l'eau,  refoulée 
par  un  piston  mobile,  pouvait  s'élever  à  10  coudées  de 
hauteur '°.  C'est  ce  type  que  l'on  emploie  encore  de  nos 
jours  et  qu'utilisa  Ctésibios  pour  la  machine  connue 
sous  son  nom.  La  ctesibira  maihinn  est  analogue  à 
l'HVDRArLus,  les  organes  sont  les  mêmes  bien  que  leur 
fonctionnement  produise  un  effet  inverse.  Elle  se  com- 
pose, telle  que  Vitruve  la  décrit  ",  de  deux  corps  de  pompe 
séparés  et  placés  à  peu  de  distance  l'un  de  l'autre  ;  cha- 
cun d'eux  est  formé  d'un  cylindre  en  bronze,  modiolus 
e.T  aère.  /aXxT,  Ttu;;';",  dontle  fond  est  percé  en  son  milieu 
d'un  trou  circulaire  que  peut  obturer  un  disque  métal- 
lique, 7iXaT'j(j[j.àTiov '*,Tuu.:Tiv;ov",  plat,  mobile  sur  quatre 
petites  tiges  fixées  au  fond  du  corps  de  pompe  et  munies 
d'un  arrêt  à  leur  extrémité  supérieure  pour  empêcher  ce 
disque  de  s'en  aller  -"  ;  une  seconde  ouverture,  percée  à 
la  partie  inférieure  de  la  paroi  verticale  du  cylindre,  met 
en  communication  l'intérieur  de  celui-ci  avec  le  tuyau  de 
refoulement  par  où  l'eau  sort  de  la  pompe.  Un  piston, 
embolusmasculus,  IiaooÀîj;-',  également  en  bronze,  poli 
au  tour  elbien  huilé,  porte  sursaface  supérieure  une  tige, 
re(iula,  xaviiv^'  à  laquelle  on  imprime  un  mouvement 
de  va  et  vient  à  l'aide  d'une  brimbale,  vectis.  Ces  deux 
pompes  foulantes  ne  peuvent  fonctionner  que  si  elles  sont 
à  demi  plongées  dans  une  caisse  pleine  d'eau,  uoxto; 
à-'vsïov  -',  qui  les  alimente  ;  mais,  au  lieu  de  refouler  celte 
eau  dans  un  réservoir  àair  libre,  ellel'envoie  dans  un  ré- 
servoird'air  comprimé  fini  est  l'organe  essentiel  et  consti- 
tuant tout  le  mérite  de  la  ctesibica  machina.  Ce  réservoir 
est  fait  de  deux  pièces:  1°  une  cuve,  cali/ius,  percée  à  sa 
base  de  deux  trous,  munis  chacun  d'une  soupape,  et 
par  lesquels  arrive  l'eau  que  les  deux  pompes  envoient 
alternativement  dans  leur  tuyau  de  refoulement;  2°  une 
chape,  paeniila,  couvercle  bombé  ou  conique,  analogue 
au  pnifjeus^^  de  I'uvorailis  sous  lequel  s'emmagasine 
l'air  comprimé.  Chape  et  cuve  sont  réunies  l'une  à  l'autre 
par  un  fermoir  et  des  boulons  pour  qu'elles  ne  soient  pas 
disjointes  par  la  force  de  l'eau  ;  bien  que  Vitruve  ne 
parle  point  de  la  force  de  l'air  comprimé,  c'est  elle  qui 
est  ici  la  plus  forte  puisqu'elle  refoule  l'eau  dans  une 
trompe,  tuba,  qui  pénétrant  par  le  sommet  de  la  chape, 
descend  jusquuu  niceau  de  la  cuve-'.  Par  suite  d'une 
idée  préconçue  ou  d'un  défaut  de  construction,  ciiaque 


pour  cela  que  les  Anciens  n'ont  pu  faire  la  célèbre  observation  du  fonlainier  de 
Florence.  —  1»  Apollod.  Dam.  Poliorc.  VII,  7  ;  Irad.  E  Lacoste,  /ter.  étiid. 
ijr.  1890,  p.  2C7.  —  H  JO.  p.  208.  —  12  /é.  —  13  Ch.  Daremberg,  Œm:  dOri- 
base,  11,  p.  838,  notes.  —  •'•  C.  de  Vaux,  Xoles  et  extr.  des  maniiscr.  .V.V.WIII, 
1903, p.  2lo  sq.  La  description  de  celte  pompe  et  de  la  suiv.  sont  prises  d'un  mscr. 
arabe  d'Oxford,  (n.  95i)  composé  d'extraits  «  d'Archimède  et  de  l'hilon  ».  —  '^  rt. 
p.  217.  —  16  X,  7.  —  n  Her.  Alex.  O.  c.  I.  28.  —  1»  Ib.  42.  —  1»  /*.  28.  —  20  Ib. 
cf.  la  restitution  de  51.  A.  de  Rochas,  La  science  des  pbilos.  pi.  m,  fig-  2  bis.  Le 
mode  d'attache  de  ces  soupapes  est  inverse  de  celui  qu'on  emploie  ptiisque  le  boulon 
à  tète  est  fixé  à  uos  soupapes  coniques.  —  '-'  Her.  Alex.  O.  c.  I,  28.  —  '-'-  Ib. 
—  53  Jb.  _2l  Vitruve  compare  la  paenula  et  \epnigeus  (X,  8)  à  un  infmdibulum 
inceraum.  —  23  Vitruve  ne  le  dit  pas,  de  sorte  qu'on  pourrait  croire  que  la  trompe 
ne  dépasse  pas  le  sommet  de  la  paenula  comme  pour  le  pnigeus.  Le  contexte 
prouve  le  contraire.  Perrault  n'a  point  vu  cette  différence,  ni  ceux  qui  ont  repro- 
duit son  mauvais  schéma. i /.es  dix  livres  darchit.  I68i,  pi.  Lxii,  fig.  2)  inspiré  de 
la  restitution  de   Barbare  /  duxilibri.  15')C,  p.  2i:.5. 


SIP 


13o2 


SIP 


coup  de  piston  envoyait  do  Tair  cl  de  l'eau  dans  ce  réser- 
voir. Vilruve  ne  dit  nullement  que  cette  machine  fut 
employée  dans  les  incendies;  telle  qu'il  la  décrit,  elle 
n'est  point  mobile  avec  ses  ti'ois  organes  réunis  par  deux 
tuyaux,  aussi  ne  l'indique-t-il  que  pourremplir  des  réser- 
voirs alimentant  un  jet  d'eau  '.  Cependant,  de  bonne 
heure,  on  chercha  à  rendre  cet  instrument  plus  maniable. 
De  toutes  les  anciennes  pompes  retrouvées  Jusqu'ici, 
celle  qui  se  rapproche  le  plus  de  la  clesiluca  machina, 
la  pompe  découverte  à  Silchesler-,  est  faite  d'un  seul 
bIoc.de  bois  haut  de  57  centimètres  sur  une  section  de 
'-l'.i  X  'i'i  centimètres.  Deu.\  conduits  de  76  millimètres  de 
diamètre  traversent  ce  morceau  de  bois  dans  toute  sa 
hauteur;  ils  sonldoiddés  d'une  feuille  de  plomb  épaisse 
d'un  demi-centimètre  et  communiquent  ciiacun,  à  leur 
base,  par  un  conduit  montant  jusqu'à  la  chambre  à  air 
qui  occupe  le  tiers  moyen.  La  paenu/a  est  représentée 
par  une  sorte  de  coupole  percée  en  son  centre  pour  laisser 
pénétrer  la  trompe  jusqu'au  niveau  de  l'eau  ^  La  fameuse 
pompe  de  Castronovo  '  est  également  d'une  seule  pièce, 

mais  en  bronze.  Sur 
un  cylindre  horizon- 
tal ffig.  «466)  s'élè- 
vent perpendiculai- 
rement et  sur  un 
même  plan  vertical, 
trois  tubes  parallè- 
les: les  deux  extrê- 
mes, symétriques, 
cylindriques,  et  de 
85  millimètres  de 
diamètre,  servaient 
de  corps  de  pompe  ; 
le  tube  médian,  for- 
tement renflé,  sem- 
blerait contenir  le 
réservoir  d'air,  mais  la  coupe  (fig.  6'i67l  montre  qu'il 
ne  renferme  qu'une  chambre  cylindrique  fermée  par 
3  soupapes  à  clapet'  :  deux  verticales  et  symétriques 
pouvant  alternativement  interromprela  communication 
avec  chacun  des  corps  de  pompe  ;  la  troisième  soupape 
horizontale  ferme  le  haut  de  cette  chambre  et  prouve 
assez  que  le  jet  d'eau  lancé  par  cet  instrument  n'était 
pas  continu  comme  dans  la.  ctesibica  machina.  D'après 
W.  Schmidl'',  la  pompe  de  Caslronovo  daterait  d'Anto- 
nin  le  Pieux  (138-161);  en  tout  cas,  elle  semble  d'un 
type  plus  ancien  que  la  pompe  de  Bolsena",  qui  de  toutes 
est  celle  dont  la  construction  se  rapproche  le  plus  de  la 

»  Clesihica  machina  qunc  in  altitudinem  aijiiam  educil...  el  ila  ex  inferivre 
loco  castello  coltocato,  nd  saliendum  aijna  subministratur.  —  2  w.  H.  S.  John 
llopc  el  G.  F.  Fox,  Erraval.  on  the  site  of  tlie  Roman  city  at  Silchesler 
in  IS91  [Archaeolotjia,  V,  IS'Jli,  p.  232  sq.).  —  3  /(,.  (ig  i,  p.  232  el  flg.  2. 
p.  234.  —  *  E.  Q.  Visconli,  Gioin.  délia  iHterat.  italiana  V.  Maiilova,  1795. 
303-307;  Opère  var.  Il,  p.  28  sq.  —  5  Toutes  les  soupapes  sont  repriSscnlées 
par  Visconli  ((ig.  C467l,  telles  qu'on  pouvait  les  voir  sur  cet  appareil  hors 
d'usage.  Frederick  Davis,  JVo(c  on  a  roman  force-pump  found  ut  Bolsena 
(Archaeol.  V.  IS'iO,  p.  2.ïC),  trouve  qu'on  anrail  dû  dessiner  la  soupape' d'aspi- 
ration de  gauche  ouverte  et  celle  de  refoulement  fermée,  alor.s  qu'à  droite  la 
soupape  de  refoulenieiil  serait  ouverte  et  celle  d'aspiration  fermée.  Celte  cxactiuidc 
n'est  qu'apparenle  puisi|ue  les  pistons  ne  sont  pas  h  leur  place  cl  que  l'eau 
n'est  pas  figuriie  dans  l'appareil  ainsi  qu'on  le  fait  dans  les  vignelles  des  manuels 
éléracnlaires.  —  6  Her.  Al.  f).  c.  p.  xxmui.  —  ''  Fr.  Davis,  O.  c.  p.  254  sq.  Cet 
appareil  n'est  qu'un  objet  de  vilrine  ou  de  cuisine  incapable  de  dibitcr  un 
verre  d'eau  k  chaque  coup  de  piston.  Les  corps  de  pompe  ont  l.s  centimètres  de 
haut,  totale  avec  un  diaraàlrc  de  3  ceulira.  —  »  0.  c.  I,  2B  ;  cf.  Thévenol,  O.  c. 
Iig.de  la  p.  181  ;  Al.  de  Rochas,  Les  origines  de  la  science,  p.  203,  fig.  80. 
—  9  fl.  nat.  VII,  38.  —  lu  Ep.  X,  42,  2.  U  traduction  de  celle  Icllre  se  trouve  il 
larl.  FAUiii.   p.  95.5;  cf.  Isid.    Ilisp.  Orig.  XX,  0,  9;   Ùiyest.  XXXlll,  7,  12,  18; 


Flg.  0400.  —  l'ompe  de  Caslronovo. 


Coupe  do  la  niônic  pompe. 


pompe  à  incendie  décrite  par  Héron  ".  Dans  les  appa- 
reils de  Bolsena  el  de  Héron,  il  y  a,  entre  les  deux  corps 
de  pompe,  un 
tube  droit,  <7ioXy,v 
opSto;,  parfaite- 
ment cylindri- 
que, très  court 
et  n'ayant  pas  de 
soupape  à  sa  par- 
lie  supérieure 
comme  dans  l'ap- 
pareil de  Caslro- 
novo. Il  est  dif 
liciie  d'indiquer 
à  quelle  époque 
la  machine  de 
Ctésibios  a  pu 
être  transformée 
en  pompe  à  incendie.  Celle  modification,  dont  ne 
parlent  ni  Vilruve,  ni  Pline  l'Ancien  ',  n'a  pu  se  pro- 
duire qu'à  la  lin  du  i"'  siècle.  Pline  le  .leune  écrit  à 
Trajan  pour  se  plaindre  qu'il  n'y  eut  encore  à  IS'icomédie, 
aucune  pompe  à  incendie,  nu//u.s  sipo'"  ;  sous  Hadrien, 
Apollodore  reconnaît  que  les  armées  assiégeantes  n'ont 
pas  toujours  de  siphons  à  leur  disposition"  ;  dans  un 
incendie  qui  dévasta  Smyrne  peu  avant  l'année  155, 
on  voit  les  c'aiovci; '-  figurer  parmi  les  ïp-fava  que  fait 
apporter  le  stratège'^.  Cependant,  comme  le  remarque 
0.  Hirsciifeld",  \(;s.^iponarii'-\  ou  pompiers,  ne  jouèrent 
jamais  qu'un  rôle  très  secondaire  dans  l'exlinclion  des 
incendies  à  cause  du  peu  de  puissance  de  leurs  pompes 
el  de  la  difficulté  qu'ils  éprouvaient  à  les  manier.  Pour 
en  faire  une  machine  Iransporlable,  on  avait  cru  devoir 
supprimer  le  réservoir  d'air  de  Ctésibios,  laissant  toute- 
fois subsister  le  catinun,  transformé  en  tube  droit;  ce 
désavantage'"  ne  fut  nullement  compensé  par  les  trois 
grands  perfectionnements  qu'indique  Héron:  i''  l'emploi 
d'un  seul  balancier,  o  xavtôv,  manœuvrant  à  la  fois  les 
deux  pistons;  2°  l'usage  de  la  petite  soupape,  x/etôiov, 
élanche  que  les  Romains  nommaient  assarium,  à.cci- 
piciv''';  3°  un  système  de  double  rotation  placé  sur  le 
tioXyiv  cipôioç  et  «  permettant  de  lancer  le  jet  vers  un  point 
voulu  sans  être  forcé  de  déplacer  la  machine  en  entier, 
ce  qui  causait  des  relards  fâcheux  »'". 

Les  Byzantins  employèrent  celle  pompe  pour  lancer  du 
pétrole  sur  les  navires  ennemis;  le  marin  qui  en  était 
chargé  se  nommait  !7ia.(.ivaTojp '•'.  Soblin  Dorionv. 

SIPHOXARILIS,  SIPOiXARlUS  [SIPUO,  viGlLES]. 

Ilesych.  s.  u.  »;=uy.  —  "  PoUorc.  Vil.  7  (Rcr.  étud.  gr.  1890,  p.  208).  —  "2  Pio- 
nius,  Vita  S.  PoUjcarpi,  28  (éd.  L.  Di:i:hesiie,  1881,  p.  33).  —  13  Le  «tsixiiYbî  U\ 
TSySitl»!-,  (C.  I.  Gr.  n.  3162,  3189,  3193,  3201,  cf.  Ib.  IV,  p.  W,  index;  Gagnai,  D. 
municipal,  cl  provinc.  militiis  in  Jmp.  Itom.  1880,  p.  14;  0.  Hirsch'eld,  Gall. 
Studien  111,  der  Praef.  Vigil.  in  yemausus  und  die  /•'cueriverlc.  in  d.  rôm.  Land- 
stadt,  1884,  p.  4,  n.  4:  •(  in  Smyrna  und  audcren  Sladten  Kleinasiens.  »  L'abbé 
Duchcsne,  au  contraire,  voit  ilansce  stratège  «  ille  qui summam  ciritatis  adminis- 
Irationem  reqere  videtur.  distinguendus  est  a  «rroaTiiYÇî  êki  -cf,;  eîoiîvtj;  {O.  c. 
p.  40J;  d'après  .S.  Ileinach  {Saint  Polijcarpe  et  les  Juifs  de  .Smyrne,  1885,  p.  2), 
ce  stratège  »  ne  peul-êlre  autre  (|ue  le  premier  niagislrat  de  la  ville,  rircnarque.  » 

—  H  O.  c.  p.  lu,  n.  1.  —  liMuralori,  p.  7,<8,n.  3  =  01.  Kellerraann(  Vigil.  Roman 
(n(erc.p.  41),  n.  ll  =  Corp.  inscr.  lat.  VI,  n.  299*.  —  1«  J.-ll.  Flallier,  SmiW.'i  Z»ic 
(i()«.s.  v.  Ctesibica  mach.vsl  d'avis  contraire.  Cependant,  on  a  rétabli  ce  réservoir 
d'air  comprimé  dans  toutes  les  pompes  à  incendie  (F.  T.  D.  Phi/sig.  Lyon,  lOnu, 
lig.  87).  —  n  Ki.,5lovT6»a>.oOi>ivo»iiapà  'P^ija  0.;  4a.Tij-..)y  léd.  W.  Schmidl.  p.74|.  Ce 
passage  suflirail  à  prouver  que  Héron  n'êlait  point  contemporain  des  consuls 
Duilius  et  Kegulus.    Four  la  lii;uie  de  ces  soupapes,  et.  TliéveuoC,   (/.  c.  p.  100. 

—  '»  Her.  Al.  O.  c.  (cf.  Irad.  A.  de  Itoclias,  p.  134);  cf.  Thévenol,  O.  c. 
(ig.  de  la  p.  181.  —  "  l.eo  imp.  7'ac(.  XIX,  S  ;  cf.  Du  Cangc,  Gloss.  ad  scr.  med. 
grâce,  s.  v. 


i 


SIR 


—  1353  — 


SIR 


SIRIi:\ES  (S£ipY,viî  ').  —  Èlres  fabuleux  tlonl  le  chanl 
séduit  et  attire  les  hommes  qui  passent  à  leur  portée. 
«  Mais,  dit  Homère,  il  est  perdu  celui  qui,  par  impru- 
dence, écoute  leur  chant;  jamais  sa  femme  et  ses  enfants 
ne  le  reverront  dans  sa  demeure  et  ne  se  réjouironl  -.  >> 

I.  Les  Sirènes  nous  apparaissent  en  clfel  pour  la  pre- 
mière fois  dans  VOdijssc'e.  C'est  l'épisode  bien  connu  oii 
Ulysse,  mis  en  garde  par  Circé,  parvient  à  échapper  à 
leur  charme  ^  Il  a  bouché  avec  de  la  cire  les  oreilles  de 
ses  compagnons  et  lui-même  s'est  fait  attacher  au  mat 
de  son  navire,  au  moment  de  passer  près  de  l'ile  où  elles 
guettent  les  marins  pour  les  faire  échouer  et  les  perdre. 
Les  ossements  qui  couvrent  le  rivage  témoignent  du 
grand  nombre  de  leurs  victimes.  Après  Homère,  la  poé- 
sie enrichit  largement  la  légende  des  Sirènes'  et,  tout 
d'abord,  leur  donna  une  famille  et  une  patrie  :  leur  père 
futle  fleuve  Achéloos  %  ou  bien  Phorcys  °,  qui,  on  le  sait, 
est  devenu  peu  à  peu  le  père  de  tous  les  monstres  de  la 
fable.  Chimères,  Érinyes,  Gorgones',  etc.  Pour  mère,  on 
leur  attribua  Stéropé  ',  ou  une  des  Muses,  Melpomène, 
Terpsichore,  Calliope"',  ou  bien  encore,  et  c'est  sans 
doute  une  idée  plus  ancienne,  Gaea  ou  Chthon,  la 
Terre'".  On  racontait  aussi  qu'elles  avaient  prétendu 
disputer  aux  Muses  le  prix  du  chanl  et  qu'elles  avaient 
été  vaincues  dans  la  lutte  ".  Pausanias  dit  même  que  le 
concours  avait  eu  lieu  sur  l'ordre  d'Héra'-.  Homère, 
qui  se  sert  à  deux  reprises  de  la  forme  du  duel  pour  les 
désigner",  n'en  comptait  donc  que  deux,  mais  dans  la 
suite  on  portait  leur  nombre  à  trois  et  on  leur  donnait 
des  noms  :  Peisinoé,  Agiaophé  et  Thelxiépeia,  ou  bien 
Parthénopé,  Ligeia  etLeucosia".  Ce  sont,  on  le  voit,  des 
noms  tirés  soit  de  leurs  qualités,  soit  des  pays  qu'elles 
étaient  censées  habiter.  D'après  la  place  que  l'aventure 
d'Ulysse  occupait  dans  VOdyaséi',  on  avait  situé  leur  ile 
à  l'ouest  de  la  Méditerranée,  puis  on  précisa  davantage 
et  on  leur  assigna  soit  le  cap  Péloros,  soit  Capri,  soit  les 
iles  Sirénuses''.  Un  temple  leur  était  consacré  à  Sor- 
renle  "  et  l'on 
montrait  à  .Naples 
le  tombeau  de  celle 
qui  s'appelait  Par- 
thénopé ".  En  rai- 
son du  rôle  que  les 
Sirènes  jouaient 
dans  ÏOdijssi'c,  on 
voululleuren  don- 
ner un  dans  les 
aventures  de  Ja- 
son  '*    et    on     ne 

manqua  pas  de  les  rattacher  à  la  légende  des  Argonautes. 
Orphée,  embarqué  sur  la  nef. l/'z/o,  les  vainquit,  dit-on,  par 

S1KK.\ES.  I  Se  fondant  sur  l'iliscripliou  ^tç(»  i!ni  que  nous  cilons  plus  loin, 
M.  F.  Kruisclimcr  pense  (juc  Ia  vérilablc  oi-lljographc  scraillïto^vE;  et  que  la  graphie 
L£ifi;ve5  vient  de  l"épcM]UC  lieliénistique,  qui  écrivait  Xe<>uv  pour  Xc'çwv,  etc.  U'ien. 
Slud.    1900,    p.    17S-S0;   cf.    CrSuert,  i6id.    IS'J'J,  p.  50.    —   2    fjd.,    XII,    il-43. 

—  3  0(1.,  XII.  l5V-iO0.  —  i  IMin.,  Hisl.  nal.  X.  0-70.  —  s  Pauly-Wissowa,  ilml- 
encycl.y  I,  p.  215  sq.  —  ^  Sopii,  Fratjm.  777  (i«  éd.  Nauckl  ;  Plut.  Sympos.  IX, 
li,  G.  —  '  Scliœin,mn,  De  Phorcijne  eiiisque  familia  {Opntc.  Acud.  II  {Berlin, 
IS37],  p.  176-il  i)  :  Weicker,  /Jer  Seelenmi/el,  p.  40.  —  »  ApoIIod.  BibliolU.  I,  7,  lu. 

—  9  Apoll.  Uliod.  Anj.  IV,  893  ;  ApoIIod.  I.  3,  *.  —  m  Eurip.,  Ild.,  liiS.  —  "  Scol. 
Lijcojilir.  033.  Cet  épisode  est  figuré  sur  des  sarcophages,  Baunseisler, /AnAm.  III, 
p.  ICii;.  —  12  Paus.  IX,  31.  3.  Weicker,  Op.  cit.  p.  76,  suppose  ici  une  invention 
récente  destinée  à  expliquer  une  particularité  de  la  statue   d'Héra   ii  f.héronée. 

—  "  <ld.,  XII,  5î  et  IG7.  On  peut  s  éloiuier  de  ce  duel  qui  n'a  d'ailleurs  aucun  fon- 
dement dans  la  légende.  Hst-il  impossible  de  croire  que  des  nionumenls  ligures 
l'aient  suggéré  au  dcraier  rédacteur  de  VOdyssce.  qui  aurait  vu  sur  des  vases  peints 

VIII. 


son  chant,  elles  compagnons  de  Jason  purent  échapperai! 
péril  comme  ceux  d'Ulysse.  Seul  Boutes,  fils  de  ïéléon, 
séduit  par  leurs  voix  harmonieuses,  se  jeta  à  la  mer  pour 
les  rejoindre,  et  il  allait  périr  quand  il  fut  sauvé  par 
Aphrodite  ".  Apollonius  de  Rhodes,  rappelant  cet  épisode, 
fait  allusion  aussi  à  une  légende  qui  mettait  les  Sirènes 
en  rapport  avec  Perséphone  ^°,  dont  elles  auraient  formé 
le  cortège  [ceres,  p.  1032  ,  qu'elles  auraient  cherchée 
lors  de  son  enlèvement-'  et  qu'elles  avaient  suivie  aux 
Enfers.  Signalons  enfin  l'emploi  que  fait  des  Sirènes  la 
philosophie  de  Plalon,  où  elles  apparaissent  comme  diri- 
geant l'harmonie  des  spiières  célestes". 

IL  Les  scoliastes  et  les  lexicographes  décrivent  les  Si- 
rènes :  elles  ont,  disent-ils,  un  corps  d'oiseau  et  une  tête 
de  femme--'.  Ce  renseignement  dédale  récente,  car  ni 
Homère,  ni  les  écrivains  classiques  ne  nous  parlent  de 
l'aspect  des  Sirènes,  est  confirmé  d'une  façon  formelle 
et  précise  par  les  documents  archéologiques  dont  quel- 
ques-uns remontent  1res  haut.  Un  des  plus  anciens  et  le 
plus  important  est  une  hydrie  de  style  attico-corinthien, 
trouvée  à  Caeré,  ac- 
tuellement au  Lou- 
vre -■'.  L'épaule  du 
vase  est  ornée  entre 
autres  de  deux  oi- 
seaux à  tête  de  femme , 
dont  l'un  est  expli- 
qué par  celle  inscrip- 
tion :  SIPEN  EIMI, 
«  je  suis  la  Sirène  » 
(lig.  64G8).  Comme  ce 
vase  n'est  pas,  sans 
doute,  de  beaucoup 
postérieur   à  ÏOdijs- 

sée,  nous  pouvons  croire  que  c'est  bien  ainsi  qu'on  se 
figurait  les  Sirènes  à  l'époque  de  la  dernière  rédaction 
du  poème.  C'est  ainsi  en  tout  cas  qu'on  a  continué  à  se 


Fig.  61C9.  —  Ulysse  et  les  Sirènes. 


les  figurer  en  Grèce.  M.  Bulle  a  publié  récemment  un  cu- 
rieux aryballe  corinthien,  provenant  d'Athènes  (lig.  6409) 


des  Sirènes  alfrontées  ou  qui  aurait 
de  l'épisode,  dans  le  genre  de  celle  qi 
tifs  se  sont  inspires  de  l'épopée,  celle- 
à  l'art  contemporain?  Cf.  Clcrmont-G: 
II,  p.  -15  sq.  —  **  Tzctz.  Ad  Lycopkr 


cilons  lig.  6i6U?  Si  les  artistes  prinii- 
lurrail-elle  pas  avoir  parfois  emprunté 
Lamylhol.  konoijr.  /Ici'.  Crit.  I(*78, 
-   15  Tzclz.  ;.  c.  —  16  tlrah.  I,  12, 


p.  22.  —  >7  Strali.  I,  13,  p.  23  cl  V,  7,  p.  216.  —  18  A  moins  que,  comme  l'a  sup- 
posé KircliholT,  elles  n'aient  été  introduites  dans  ÏOdyssée  ciue  parce  (|f.ellcs  figu- 
raient déjà  dans  la  légende  des  Argonautes:  cf.  M.  Croisel.  flisl.  de  la  lilt.  rjr.,  I 
(US7),  p.  297.  —  13  Apoll.  Rhod.  Argon..  IV,  891-921  ;  Apolloil.  BM.  I,.  9,  23. 
—  20  Apoll.  Rhod.,  (.  c,  894-90  ;  Eurip.,  Bel.,  173  et  sq.  —  '"  Ovid.,  A/el.  V,  351 
sq.  —  22  l'Ial.  Hep.  017  h  :  Plut.  De  anim.  procr.  32.  —  2'  Scol.  ad  i  ycoplir.  033 
(éd.  Scheer,  II,  p.  218)  :  )i7ieuT«'t  y»?  r.iav  t«  »iTu  i«i?ii  ôf-i'eu.  «itouwt,,  Ti  ii  £>u 
4ï6f™i:uy.  Suidas,  s.  u.  •»;  nu9o"*ojoi  Seijiîvi;  çami  ÎT.Vj-fiauTià  -iva  o}»LO..nTv!ii  ;  cf. 
ApoIIod.  Uibl.  VII,  18;  Heracl.  de  Incred.  XIII  (éd.  Weslermann,  p.  315).  -  21  E 
869,  Polticr,  Cat.  de»  Vase»,  p.  370sq.,  et  Vases  du  Louvre,  II,  p.  80  et  pi.  r,\. 

170 


SIR 


—   1334 


SIR 


dont  la  panse  représente  l'épisode  fameux  de  VOdi/ssée^. 
Ulysse,  le  casque  en  léle,  est  allaclié  au  màt  de  son  na- 
vire, dont  les  voiles  sont  amenées.  Ses  compagnons, 
casqués  comme  lui,  rament  avec  ardeur  vers  l'île  des 
Sirènes.  L'eau  est  indiquée  par  une  ligne  ondulée.  Deux 
oiseaux  volent  au-dessus  du  navire.  Sur  l'ile,  figurée 
comme  un  rocher  élevé,  se  tiennentdeux  Sirènes,  oiseaux 
à  tète  de  femme,  dont  la  bouche  est  ouverte  comme  pour 
chauler,  tandis  que  derrière  elles  est  assise  une  femme 
dans  laquelle  M.  Bulle  voit,  avec  beaucoup  de  vraisem- 
blance, leur  mère  Chthou,  la  Terre.  Derrière  le  navire  est 
ligurée  une  habitation  dont  la  porte  est  ouverle  :  sans 
doute  la  demeure  de  Circé  que  les  Grecs  viennent  de 
quitter.  Un  très  beau  stamnos  à  figures  rouges  du  style 
sévère,    actuellement    au    British     Muséum  -,    repré- 


Ulvsse  ft  les  Sirènes. 


sente  le  même  épisode  (fig.  6470).  La  mère  des  Sirènes  a 
disparu;  elles  sont  au  nombre  de  trois  et  l'une  d'elles 
semble  se  précipiter  dans  la  mer  ^  Ce  vase  nous  donne 
aussi  le  plus  ancien  nom  connu  d'une  sirène  :  Himé- 
ropa'.  Enfin  un  lécylhe  altique  à  figures  noires  ^  qui 
se  placerait  comme  date  entre  les  deux  vases  précé- 
dents, nous  présente  une  sorte  d'image  abrégée  de  celte 
scène.  Faute  d'espace,  le  navire  n'est  pas  figuré  :  Ulysse 
est  attaché  à  une  sorte  de  poteau  qui  doit  représenter  le 
màt  et  qui  émerge  de  l'eau  indiquée  par  des  lignes  ondu- 
lées et  des  dauphins.  Les  deux  Sirènes  ont  ici,  outre  la 
lèle,  des  bras  de  femme  dont  elles  se  servent  pour  jouer 
de  la  lyre  et  de  la  llùle.  La  conception  des  Sirènes  chan- 
teuses a  conduit  par  une  transition  toute  naturelle  à 
l'idée  d'en  faire  des  musiciennes  ;  on  ne  séparait  guère  dans 
l'antiquitélechanlderaccompagnemenldes  instruments. 
Grâce  à   ces  documents  dont  l'interprétation  ne  fait 

•  !>trena  Helbiyiaua,  I.eipzi»,  lOuu,  p.  ai  s.|.  ;  Wcickcr,  Der  Seelcnvof/el, 
p.  U  ;  J.  Harrison,  Proteijomena,  Canihridgc,  l'.i03,  p.  200.  Acluellcmciil  au 
Musée   lie  lioslon,  cf.  .V.V17  Ann.  Hep.  of  Boston  Mus.,  31   dcc.  19U1,  p.   35. 

—  2  E,  Uti,  C.  H.  Sniilh,  Cat.  ofgrcek  vases  in  llie  Dr.  Mus.  Ul  (Londres,  1896), 
p.  iOS  si|.;  cf.  Harrison  el  Maccoll,  Or.  ease  paintings  (Londres,  1S94),  pL  ïxx  ; 
Baumcisier,  IJcnlim.  III,  p.  1613  ;  Weickcr,  Seelenrogel.  p.  165  ;  Reinacli,  Rfpert. 
de  vases,  I,  p.  05.  —  i*  C'est  sans  doute  une  allusion  a  la  légende  du  suicide  des 
Sirènes  vaincues  que  meulionnc  Lycopliron  (7)2  se|.)  cl  qu'il  a  peut-ùtre  eniprunlée 
à  Timée  ;  cf.  Wcicker,  op.  cit.  p.  OS.  —  *  Krclsclimer,  Gr.  Vaseninsclir.  (Gûtersioli, 
JS'Ji),  p.  "S.  —  S  Trouvé  à  Éri'tric,  actuellement  au  Musée  d'Athènes.  Cf.  M.  Mayer,  , 
Athen.  Mitt/i.  XVI  (1891),  p.  308;  E.  Scllcrs,  Journ.  of  hell.  stud.  XIII  (I89S- 
1K93),  p.  i,  pi.  i;  Collignon-C.ouve,  Cat.  des  rases  d'.M/iénes,  n'  958,  p.  303  sq. 

—  <■  Déjà  Gerhard  a  fait  remarc|uer  (|uc  Us  oiseaux  à  Icle  de  femme  du  monument 
de  Xautlios  étaient  non  des  llarpyes,  mais  des  Sirènes  [hahpvia,  III.  p.  15).  Les 
Harpyes  sont  plutôt  représentées  comme  des  femmes  ailées,  court-vélues  et  dans 
l'attitude  de  la  course  ;  cf.  Waltcrs-Bircll,  Uist.  of  aiic.  pottenj.  II,  Londres, 
1905,  p.  196.—  7  .Srchaeol.  Zeit.,  1879,  p.  180-2.  —  »  Catal  des  figurines  ant.  du 
Loutre  (1882),  p.  12,  156;  Foltier,    NicropoU   de  Myrina,  p.  389.  Voir  aussi 


aucun  doute,  nous  pouvons  avec  une  grande  vraisem- 
blance reconnaître  des  Sirènes  dans  les  oiseaux  à  tète  de 
femme  qui  apparaissent  si  souvent  dans  la  décoration 
des  vases  peints  dès  la  céramique  ionienne,  ainsi  que 
dans  la  plastique.  En  même  temps  nous  les  distinguons 
nettement  d'autres  monstres  avec  lesquels  on  les  a  parfois 
confondues".  L'opinion  de  Furtwiingler,  sur  l'origine 
assyrienne  de  l'oiseau  à  tête  de  femme,  n'est  guère  sou- 
tenable',  mais  M.  Heuzey*  a  montré  comment  ce  type 
dérivait  de  l'épervier  à  tête  humaine  qui  figurait  l'àme 
dans  le  rituel  égyptien  '.  M.  Weicker'"  a  pu  énumérer 
un  grand  nombre  de  statuettes  de  pierre  et  de  terre  cuite 
reproduisant  ce  même  type,  qui  ont  été  trouvées  dans 
les  tombeaux  ou  onl  servi  à  la  décoration  des  monu- 
ments. Nous  ne  pouvons  que  signaler  en  passant  ces 
statuettes,  mais  nous  devons  rappeler  les  figures  du 
même  type  qu'on  trouve  représentées  sur  les  tombeaux  " . 
Elles  y  apparaissent  au  v°  siècle 
av.  J.-C.  jouant  de  la  fiùte  ou  de  la 
lyre,  ou  se  frappant  la  poitrine  et 
s'arrachant  les  cheveux,  et  forment 
un  des  motifs  favoris  des  sculpteurs 
pour  la  décoration  des  stèles  funé- 
raires. Debout,  les  ailes  étendues, 
elles  s'adaptent  admirablement  au 
fronton  du  monument  (fig.  6471). 
Nous  allons  voir  par  quelle  asso- 
ciation d'idées  elles  sont  venues 
occuper  celte  place. 

m.  Il  est  inutile  de  passer  en  revue 
les  anciennes  interprétations  du 
mythe  des  Sirènes.  M.  Weicker  les 
a  énumérées  d'une  façon  très  com- 
plète dans  sa  dissertation  docto- 
rale'-; elles  paraissent,  d'ailleurs, 
abandonnées  définitivement.  De- 
puis les  études  d'E.  Rohde  el  de 
.M.  0.  Crusius  '^  on  semble,  en  effet, 
s'accorder  pour  rattacher  les  Si- 
rènes au  groupe  nombreux  des  Harpyes,  des  Érinyes, 
des  Lamies,  etc.,  el  pour  voir  en  elles  des  esprits 
des  morts,  simples  variations  du  type  fondamental 
de  l'àme  ailée,  de  la  Ker,  avide  de  sang  et  d'amour 
[psYCiiE,  p.  747  ;  KERES,  p.  821  j.  Homère  et  les  poêles 
grecs  n'ont  fait,  ici  encore,  qu'emprunter  aux  croyances 
populaires  une  de  leurs  créations  les  plus  répandues. 
C'est  littéralement  dans  le  monde  entier  que  l'on  retrouve 
cette  représentation  de  l'àme  des  morts  sous  la  forme 
d'un  oiseau,  en   .\mérique"  comme  chez  les  Arabes  '% 

l'étude  de  M.  Ilolleaux.  Bull,  de  corr.  hell.  ISSS,  p.  380  sq.  et  pi.  xu.  —  9  Les 
plus  anciennes  représenlalions  montrenl  parfois  les  Sirènes  barbues  ;  Weicker,  Der 
Seelenvoget,  p.  107  sq.  —  '0  Der  Scelenvogei,  p.  103  sq.  ;  ajouter  connue  très 
ancienne  représentation  Ilômisclic  Mitthei'.ungen,  1909,  p.  88  (Orsil.  —  Il  Cf.  Anth. 
/'nf.  VU,  710.  Le  musée  d'Athènes  en  possède  plusieurs  beaux  exemplaires.  L'un 
entre  autres  a  été  souvent  reproduit  el  cité,  u"  774  du  Catal.  de  Cav\adias,  Atlièncs. 
1892  (noire  lig.  U47t);  Ath.  Miltheil.,tU~,  pi.  xii;p.  375  ;  cf.  Baumeisler,  Denkm. 
III,  p.  1644;  Arndt-Brnckmauu,  n"»  549.  L'a  autre  (no  775  du  même  musée).  Percy 
Gardner,  Tombs  of  Hellas,  Londres,  1896,  p.  127.  Ce  sont  deux  sculptures 
en  ronde  bosse  en  -marbre  peutélique  et  de  la  belle  époque.  —  12  De  Sire- 
nibus  quaestiones  setectae,  Leipzig,  1895,  p.  1-14.  —  I3  0.  Crusius,  Pbilol.  L 
(tK91),  p.  103;  cf.  Wilamowilj,  Heraktes,  2'  éd.,  I  (Berlin,  1895),  p.  63 
iîolide.  Psyché,  3"  éd.  II,  p.  411;  S.  Wide,  Athen.  Mitt.  XXVI  (1901),  p.  152 
sq.  ;  J.  Harrison.  Proteijomena,  p.  197  sq.  ;  Gruppe,  Griech.  Myth.,  i,  p.  344  ; 
Id.,  Mijthoi.  /.lier.,  Leipz.,  1908.  p.  357.  A.  Maury,  Belig.  de  la  Grèce  ant.  1, 
p.  295.  avait  déjà  indiqué  ce  rôle  des  Sirènes,  en  en  faisaut  des  divinités  psycho- 
pompes. —  Il  Tylor,  Civilis.  prim.  trad.  fr.  Il,  p.  9  :  Brinton,  Folk-Lore  Journ., 
1885,  p.  255.  —  '■>  Liebrecht,   Gerças,  v.  Tilbury,  Hanovre,  1856,  p.  115. 


Fig.  0471.  —  Sirène  décorant 
un  tombeau. 


SIR 


—  13oo  — 


SIS 


en  Bretagne,  dans  le  Languedoc  el  en  Alsace  '  comme 
chez  les  Finnois-.  El  de  même  que  des  vases  grecs  nous 
inonlrenl  Tàme  s'échappaiit  comme  un  oiseau  à  télé  de 
femme  du  corps  d'un  mourant  \  la  vieille  canlilène 
française  nous  parle  d'une  sainte  qui,  à  sa  mort  «  in 
ligure  de  colomb  volai  a  ciel  »  '.  Ces  âmes  résident  aux 
Enfers,  comme  les  Kères,  les  Ilarpyes,  les  Furies,  les 
Slryges  et  les  Moires  inferi,  III,  p.  503  ],  qui,  avec  les 
Sirènes',  ne  sont  que  d'autres  noms  venus  sans  doute 
de  diverses  parties  de  la  Grèce,  pour  désigner  des  dé- 
mons de  même  nature.  Mais  souvent  elles  quittent  leur 
résidence  habituelle  pour  parcourir  les  campagnes, 
aveugler  et  alfoler  les  hommes  el  jouer  le  rôle  de  venge- 
resses ;  ce  sont  elles  qui  causent  les  rêves  effrayants  et 
les  cauchemars,  et  c'est  sous  cet  aspect  que  M.  Cru- 
sius*  a  reconnu  une  Sirène  dans  un  beau  bas- 
relief  altique,  représentant  une  jeune  femme  ailée  aux 
pieds  palmés  s'approchantd'unbergerendormivfig.  6472). 
Mais  elles  peuvent  être  apaisées  par  des  sacrifices  :  quand 


Kis;.  lUTi.   -  Apparition  dune  Siràif. 

elles  ont  obtenu  la  satisfaction  qu'elles  réclamaient,  elles 
deviennent  bienveillantes  el  favorables,  et  comme  les 
F'uries,  dans  les  mêmes  conditions,  se  transforment  en 
Euménides,  les  Sirènes  mettent  leur  chant  et  leurs  ins- 
truments au  service  des  mortels  affligés  qui  sauront  les 
adoucir.  C'est  ainsi  que,  dans  Euripide,  Hélène  les  invo- 
que :  «  Vierges  ailées,  filles  de  la  Terre,  Sirènes  mélo- 
dieuses, venez  accompagner  mes  gémissements  avec  le 
son  plaintif  de  la  syrinx  et  de  la  fiùte  libyenne,  afin  que 
vos  chants  en  accord  avec  mes  larmes  et  mes  maux  dé- 
plorables envoient  à  Proserpine  des  chœurs  lugubres  ré- 
pondant à  mes  lamentations  '  ».  C'est  là  sans  doute  la 


«  Sébillol,  Folk-Lorede  France,  III, p.  209  sq.  ;  Mrlusine,  II.  p.  280.  — 2  J.  Grimm, 
/Jditsche  Mylh.  i'  éd.  (BerMa,  l87a),p.C01  si|.;  Mo^k,  Germ,  A/yllt.,i'  id.f.  2i)3. 

—  3  Parcs,  sur  un  vase  du  Bril.  Mus.  E,  477:  cf.  Sniilli,  Cat.  III,  p.  i;H;  llarrison, 
Mon.of  Athens,p.  i.xn;  Wcirkpr,  Seeienvogettp.  IGli.  Sur  uno  amphore  ionicinict'.M 
ilu  Cabiiicl  des  inédaillcâ,  une  Sirène  s'envole  au-dessus  du  Miuolaure  lui^  par  Thé- 
sée :  de  liidder,  Cat.  (I,s  rases  de  ta  Bitit.  Nnl.  n'  174,  p.  st.  Déjà  de  Wille  [fut. 
t^trusqtie  [I83KJ.  p.  S8)  avait  interprété  la  Sirène  comuic  figurant  l'âme  du  lauroau. 

—  V  Canlilène  de  Sainte  Eulalie,  v.  iâ.  —  :•  l'Ial.  dut.,  p.  103  D.  —  npinlol.  L 
(IbOI).  p.9tsq.  :  cf.  Harrison,  Protêt),  p.  203.  I,e  lias-rcliet  est  mainlenanl  dans  la 
eollcction  de  M.  W.  Frœhner;  Weicker,  Op.  cil.  74  et  181 .  —  7  Eurip.  Hil.  IC8  sc|. 

—  «  Ouand  les  figures  de  lerre  cuites  trouvées  dans  les  tombeaux  représeuleut 
des  Sirènes  se  frappant  lu  poitrine  ou  s'arracliant  les  cheveux,  elles  ont  pu 
symboliser  les  regrets  de*  parents  qui  eu  .uit  fait  oITraude  au  mort  :  Pollier,  JVêcro- 
pùle  de  Hijrina,  p.  15u:  le  niéuie.  Les  Statuettes  de  terre  cuite  (Paris, 
Iti'JO),  p.  les  sq.  -  Diiiri.ir.iiAl'Hiii.  Sclirailer.  Die  Sirenen,  Berlin,  1868  :  Preller- 
llobcrt,  Griecti.  Afytiiol.,  i'  éd.,  I,  p.  eii  sq.  ;   Cerquand,  Et.  de  mytit.    gr. 


raison  de  leur  présence  sur  les  tombeaux  ;  elles  sont  pro- 
prement «  l'oiseau  de  l'àine  »  el  comme  un  symbole  de 
l'ïïowXov  [sEPi'LCRVM,  p.  1222];  el  elles  représentent,  pour 
les  Romains  comme  pour  les  Grecs,  l'àme  apaisée  qui 
prend  pari  à  la  peine  des  vivants  après  avoir  été  pour 
eux  un  danger  [mors,  p.  200G'.  En  même  temps,  elles 
constituent  pour  la  tombe  une  protection  contre  les  entre- 
prises des  mauvais  esprits,  un  puissant  àiroToÔTritov, 
comme  les  tètes  de  Gorgone  [gorgones,  II,  p.  1617]  que  l'on 
V  plaçait  aussi.  Suivant  un  principe  bien  connu  de  la 
superstition,  le  pigxavo;  protège  contre  la  Sacry-ivia  [super- 
sTiTio.  C'est  aussi  comrne  symbole  et  substitution  de  l'àme 
qu'on  a  placé  souvent  leurs  images  à  l'intérieur  même  des 
lombes,  ainsi  que  nous  l'avons  vu  plus  haut  '.  Ch.  Michel. 

SISTRUM  (Sei(7Tpov,  de  cei'e'.v,  secouer).  —  On  appelle 
sistre  une  sorte  de  crécelle  métallique  qui,  à  l'époque 
romaine,  est  l'attribut  caractéristique  de  la  déesse  Isis, 
de  ses  prêtresses,  de  ses  prêtres  et  de  ses  adorateurs. 

C'est,  dit  Apulée',  «  une  crécelle  d'airain,  lame  étroite 
recourbée  en  forme  de  baudrier  et  traversée  par  plu- 
sieurs bâtonnets  qui  la  heurtaient  avec  un  son  aigu  quand 
on  secouait  vivement  le  bras  •>. 

L'origine  de  cet  instrument  remonte  à  l'époque  pha- 
raonique ^,  el  la  figure  d'une  femme  tenant  un  sistre 
est  un  signe  hiéroglyphique  que  l'on  rencontre  souvent 
dans  les  inscriptions  de  l'époque  saïte  :  nous  ne  con- 
naissons point  de  travail  sur  le  sistre  égyptien;  mais 
nous  ne  devons  nous  occuper  ici  que  du  sistre  gréco- 
romain  et  nous  observerons  seulement  que  le  sistre 
à  manche  cylindrique  en  terre  émaillée,  si  fréquent  en 
Egypte,  ne  se  rencontre  pas,  semble-l-il,  en  dehors  de 
ce  pays  '. 

L'n  assez  grand  nombre  d'exemples  figurent  dans 
divers  musées.  Dès  la  fin  du  xvii''  siècle,  Fabretti  en  a 
fait  connaître  plusieurs,  dont  le  plus  beau  se  trouvait 
chez  le  grand  duc  de  Toscane'.  Il  se  composait  d'un 
manche  en  forme  de  colonnette  et  d'une  plaque  recour- 
bée en  fer  à  cheval  allongé,  traversée  par  quatre  bâton- 
nets mobiles,  et  portant  à  la  partie  supérieure,  figurée 
en  ronde  bosse,  une  chatte  avec  ses  deux  petits;  une 
autre  chatte  était  figurée  à  la  base.  Le  chapiteau  de  la 
colonnette  servant  de  manche  était  formé  par  une  de  ces 
têtes  de  Hathor  si  fréquentes  dans  les  temples  ptolé- 
maïques,  le  fût  par  une  figurine  d'enfant  debout  sur  une 
fleur  de  lotus.  La  gravure  ancienne  ne  permet  pas  de 
reconnaître  si  cet  enfant  est  un  Harpocrate  ou  un  de  ces 
Ptah  patâque  dont  nos  musées  renferment  tant  de  figu- 
rines. C'est  bien  là  le  sistre  que  décrit  Plutarque'", 
surmonté  «  d'un  chat  à  tête  humaine  »  el  présentant 
à  sa    iiartie    inIV'ricure    »  la    tète   d'Isis   ou    de    .\epli- 


Paris,  IS73;  Buchliolz.  Hom.  Jlealicn,  111  iLeipzig,  1884),  p.  204  sq.  ; 
.J^.  Brueckner,  Ornant,  d.  att.  Orali.'<lelin,  Strasbourg,  1886;  Weicker,  De 
Sirenibiis,  Leipzig,  1803;  Crusius,  Pliilot.  l,  p.  97  sq.  :  H.  Bulle,  Strena  lletbi- 
ijiana,  1900,  p.  3t  sq.  ;  S.  Wide,  Atlt.  Milt.  XXVl  (1901),  p.  132  sq.  ;  llarrison, 
Prolegomena  to  tfie  study  of  grectc  Iteiigion  (tlambriilge,  1003),  p.  200  s:j.  ; 
(iruppe.  Ciriecli.  Mytii.  I.  p.  344  si|.;  Weicker,  Der  Seelenvogel,  Leipzig, 
1902;  (iruppe,  ilytliut.  Literat.  (Leipzig,  1908),  p.  334  sq.  ;  G.  de  l'etra,  Ae 
Sirène  det  Mare  Tirreno{Àtti  delta  rcale  .\ccadcmia  di  Archeotogia  di  .\apoti. 
XXV  flOOs;.  p.  1-36). 

SISTHCM. —  I  Apul.,  Metam.  XI.  4  :  aereum  crepitaeiilum,  cujus  peranguslam 
laminam  in  modum  baltei  recurvatam  trajectae  medine  paucae  virgutae  crispante 
brachio  trigeminos  jactus  reddeimnt  argiUiim  sonorem.  —  2  Pierret,  Ùict.  d'arcti. 
égypt.,  p.  514.  —  ?  Sur  le  vase  des  moissonneurs,  d'Ilagliia  Triada,  en  Crète,  ou 
dislingue  bien  le  sislre,  mais  figuré  d'une  façon  trop  sommaire  pour  qu'on  puisse 
eu  préciser  la  forme  (^Monuw.  dei  Lincei,  XIII,  pi.  i-ni,  col.  120).  —  '*  Fabretti, 
Inscr.  ant.,  p.  490,  gravure.  —  "  Plut. .  Oe  /s.  et  Osir.  63. 


SIS 


1336  — 


SIS 


C473.  —  Sislrc. 


Ihys  »'.  Plusieurs  autres  sistres  sont  figurés  dans  d'an- 
ciens recueils:  ceux  de  Gualdi,  jadis  îi  Rimini- ;  de 
J.-P.Hellori;  celui  qui  figurait  autrefois  dans  le  cabinet  de 
Sainte-tjencviève:  celui  de  l.eonc  Strozzi  découvert  à 
la  fin  du  xvii'  siècle,  dans  la  villa  Corsini  sur  la  via  Au- 
rélia'; ceux  enfin  qu'a  reproduits  Monlfaucon ',  d'après 
Beger  et  La  Chausse. 

Le  Musée  Guimet  en  possède  deux  curieux  spéci- 
mens ',  trouvés  à  Nîmes 
dans  la  tombe  d'un  prêtre 
d'Isis  (fig.  0173). 

Le  sistre  n'était  pas  tou- 
jours en  bronze:  un  sistnnn 
argenteum  inauratum  figure 
à  Nemi  dans  un  inventaire 
du  trésor  des  temples  d'Isis 
et  de  Bubastis^  Apulée  nous 
en  décrit  en  bronze,  en  ar- 
gent et  même  en  or". 

Le  sistre  figure  souvent 
isolé  sur  des  cippes  funé- 
raires ou  votifs.  Deux  autels 
anépigraphes  sur  lesquels  il 
est  représenté,  ainsi  que 
d'autres  attributs  isiaques. 
ont  été  dessinés  vers  1350 
à  Home  par  Smetius  '.  Signalons,  entre  bien  d'autres 
monuments,  l'épitaphe  de  L.  Clodius  Stacus  où  sont 
représentés  deux  sistres  ';  une  épilaphe  de  l'Aventin 
où  l'on  n'en  voit  qu'un  seul'";  la  célèbre  table  isiaque 
où  figure,  à  gauche  en  haut,  un  sistre  posé  sur  un  vase  ; 
un  certain  nombre  de  marques  figulines  sur  tuiles  ou 
briques";  enfin  toute  une  série  de  monnaies  romaines 
du  iV  siècle  (de  Licinius  à  Valens)  et  plusieurs  mé- 
dailles impériales  grecques,  dont  M.  Lafaye  a  dressé  un 
catalogue  sommaire'-. 

Si  nous  passons  aux  monuments  figurés  sur  lesquels 
on  observe  des  personnages  tenant  des  sistres,  les  listes 
s'allongent  indéfiniment.  En  tète  viennent  les  innombra- 
bles statues  disis  'lig.  4093,  4099)  ou  de  prêtresses  d'Isis, 
voire  d'Anubis'^;  mais  en  bien  des  occasions,  le  sistre 
n'a-t-il  pas  été  ajouté  par  un  restaurateur  '?  Plus  dignes 
de  foi  sont  les  bas-reliefs,  tels  que  la  stèle  funéraire  de 
Babullia  Varilla  au  musée  de  Naples'*  (prêtresse  d'Isis 
debout  tenant  un  sistre  et  une  silule),  un  autel  du 
Louvre  '  '(Isis  tenant  un  sistre),  un  bas-relief  de  Ccrvetri  "^ 
(Isis  tenant  un  sistre)  et  toute  une  série  de  stèles  funé- 
raires d'.Mhènes"  (prêtresses  d'Isis  tenant  un  sistre  et 
une  situle).  Plus  important  encore  est  le  bas-relief 
isiaque  de  la  villa  Matlei,  aujourd'hui  au  Belvédère'" 
(fig.  4103)  :  on  y  voit  une  procession  de  deux  hommes 
et  de  deux  femmes,  dont  la  dernière  tient  un  sistre  dans 

1  Nous  passons  sur  les  explications  alambiquécs  de  Plutar(|uc  et  des  archéologues 
du  xvii« siècle. Tollius,  bacchiui,  Desistr.  fitjuris.  —  2  Pignorius,  âlensa  isiaca,p.  76  ; 
KabreUi,  Inscr.  uni.,  p.  489  s«nihlc  en  conlcsler  l'aulhenlicilé.  —  3  Baceliini,  O.  c. 
planche.  -  '  Monlfa:icon,  AnI.  irpl.  l.  Il,  2,  pi.  à  la  p.  288.  J'en  ai  vudeux  à 
Munich,  l'un  à  r.4  iitiifiinrium,  l'aulre  chez  un  anti(|uaire.  J'en  ai  dessiné  un  à  la  Villa 
Albani  dans  la  main  d  une  belle  Isis  en  marbre.  —  5  E.  Guimet,  /leoite  ttreh.  1900, 
t.  1,  p.  6  et  fig.  il  :  "  ï.acuvcenpierre,conlcnail,avec  les  cendres.  i|uelf|ucs  vases  en 
terre  grosi^ii'TC.  il  y  avait  dans  la  cu%'c  deux  sistres  en  bronze  cl  trois  ornements  en 
bronze  fortement  doré,  représentant  deux  épis  et  un  croissant.  Ces  ornements  étaient 
percés  de  petits  trous  pour  être  cousus  sur  le  vêlement  sacerdotal  »  — 6  Corp.  iuscr. 
lut.  XIV,  iilî.  —  ■■  iletam.  XI,  lu.  —  »  Smclius,  Inacr.  ant.  p.  31,  n.  Il  ;  Gruter, 
/nier.  p.  Si, n.  3-4. —9  Fabrciti,  O.  e.  p.  468.  — 10/4.,  p.  4K9. —  il  Corp.  inscr.  tal. 
XV,  I0'J4  a.;  1097  ect  /';  llol  b.  —  '2  Lafave,  Op.  l.  p.  319.  —  13  S.  Reinach, 
Bép.de  la  ilnluaire.  paitim.  ;  Lafaye,  p.  i"l    %'[.  n.  I9.S9.  —  Il  Lafaye,  pi.  v. 


la  main  droite,  l'ne  miniature  du  calendrier  Philocalien 
de  Vienne '^  représente  un  prêtre  tenant  un  sistre.  Les 
peintures  antiques  de  Pompéi  et  d'Herculanum  nous 
ofl'rent  en  grand  nombre  des  représentations  analogues  : 
tantôt  l'instrument  est  entre  les  mains  de  la  déesse  elle- 
même,  souvent  assimilée  à  Tychè^",  tanlt'it  il  est  tenu 
par  une  prêtresse  ^' :  tantôt  enfin,  comme  dans  deux 
peintures  célèbres,  nous  assistons  à  de  véritables  céré- 
monies isiaques  :  dans  l'une'--,  c'est  un  prêtre  qui,  debout 
à  droite  de  l'autel  de  la  déesse,  lient  un  sistre  dans  la  main 
gauciie  et  dans  la  droite  un  instrument  formé  d'anneaux 
de  métal  engagés  les  uns  dans  les  autres  ;  dans  la 
deuxième  peinture  -^,  le  sistre  figure  non  seulement  dans 
la  main  du  prêtre,  mais  encore  dans  celle  de  plusieurs 
des  assistants.  .N'y  a-t-il  pas  là  un  commentaire  de 
deux  passages  d'.Vpulée-'  où  nous  voyons  le  prêtre,  qui 
va  rendre  à  Lucius  sa  forme  première  «  exhibant  (profe- 
reiis)  dans  sa  main  droite  le  sistre  de  la  déesse  »  et  où  on 
nous  dépeint  la  foule  des  initiés,  agitant  des  sistres  de 
toute  espèce  [aereix  et  argenleis,  iinmo  vero  aureis 
etiain  sistris,  anjuium  tinnilum  conslrepenles)  ;  ne 
sont-ce  pas  encore  ces  linif/eri  calvi,  sish'aUiquc  lurba 
que  nous  décrit  Martial  -' ,  ce  personnage  agitant  le  sistre 
de  Pharos,  dont  parle  Ovide-'';  et  parmi  ces  adoratrices 
ne  croirait-on  pas  reconnaître  la  Délie  de  Tibulle-"'.' 
Pour  les  poètes  latins,  le  sistre  est  l'instrument  égyptien 
par  excellence  :  c'est  un  symbole  de  l'Egypte  '"  ;  il  !a 
caractérise  sur  les  monuments  (lig.  1-49  et  iOSG). 

Certains  auteursont  appelé  slslrum  unesimple  crécelle 
d'enfant  :  Pollux-',  et  même  Martial  ■"',  dans  une  épi- 
gramme  portant  le  titre  bien  explicite  de  crepitncillum. 

Pourquoi  les  Isiaques  employaient-ils  cet  instrument 
singulier'.' C'était,  comme  nous  l'apprend  Plutarque^', 
dans  un  but  prophylactique:  ils  croyaient  ainsi  écarter 
Typhon.  Le  bruit  du  sistre  passait  pour  elFrayer  les  êtres 
mauvais  dont  on  avait  quelque  chose  à  craindre  et  c'est 
à  la  suite  d'une  évolution  qui  serait  longue  à  suivre 
dans  ses  détails,  que  ce  bruit  e/frai/ant  s'est  transformé, 
pour  l'agrément  des  fidèles,  en  un  son  harmonieux  ou 
qu'ils  trouvaient  tel. 

On  peut  aussi  se  rappeler  le  caractère  funéraire  d'Isis 
pleurant  et  enterrant  son  frère  Osiris,  et  se  demander  si 
le  sistre  ne  venait  pas  à  l'occasion  soutenir  la  voix  grêle 
des  pleureuses. 

Cet  attribut  d'Isis,  comme  bien  d'autres  attributs 
divins,  passa  bientôt  de  la  main  de  la  déesse  dans  celles 
de  ses  adoratrices  ;  elles  croyaient  ainsi  s'assimilera  Isis 
dont  elles  adoptaient  également  le  costume.  En  Egypte 
nous  ne  trouvons  le  sistre  qu'aux  mains  des  femmes.  Sur 
le  vase  déjà  cité  des  moissonneurs,  découvert  en  Crète, 
il  figure  entre  les  mains  du  chef  d'une  procession. 
.\  Home,  les  prêtres  et  les  adorateurs  d'Isis  s'en  sont,  eux 

—  !-■  Corp.  inscr.  lat.  VI,  345.  —  16  Ufayc,  p.  S90,n.  93.—  lî  Jli.  p.  «98.  —  is //.. 
n.  118.  —  19  Ib..  p.  i67.  —  -1  Hcibig,  Wandgemnlde  CampanienSy  n.  78.  79,  su. 

—  21  th.,  n.  1095,  1102  et  Uni.  —  î2 /A.,  n.  1112.  —23/4.,  n.  1115. —  21  Alelam. 
XI,  10  et  12.  —  '■!'  Jipigr.  XII,  29,  l9-2ll.  —  26  Pont.  1137-1138,  jac- 
tantem  pharia  tinnitla  sistrit  mriiw  ;  cf.   Metnm.  IX,  784  et  .\mores.  II,  13,  t. 

—  S7  Tib.  I,  3,  21.  -  2»  Aeijijiitm  sislra,  Ovid.  Am.  III,  9,  33-34:  ijiaco  sisiro, 
Manil.,  I,  918.  Il  faut  sans  doute  chercher  une  intention  ironique  chez  Virg.  Aen., 
VIII,  69C,et  Prop.  111,11,  43.  —  20|'oll.  IX,  127,  ,.-«rT«i  !•!.  ri?  ^Ît»  ...  «  .«t.'.ov 
xttï   -ri   otTffTjo»    lù  xoTB.aa-jxa'AÇit,  «:   iMaî  ^y/aY^T'-J'»*-  '»  5!>ï-j::v'.i7»T«  Twv  T:»:S'tf,. 

—  30  Mari.  XIV,  54.  —  31  De  h.  et  Os.  03,  -i.  ;«?  To=;..  sail  «T;  ..;«t}.,; 
à=oT9i'-Ei-'  x4t  â-avoiJEs4«i.  —  Bitii-ioGuAPHir.  Lafavc,  Ilist.  du  culte  des  divinités 
alexandrincs  hors  de  t'Étjypte,  Paris,  1883  ;  J.-B.  (iasalius.  De  veteribiis  Aei/yp- 
tiorum  ritibus^  Itome,  lOVt,  p.  77-79;  Benedetto  Bacchiui,  De  sistrorum  /iijiiris 
lie  differcnlia.   Bologne,   li',91  ;     •   édit.  avec  notes  de  Tollius,  L'trecht,  I69G. 


SIT 


—   1357  — 


SIT 


aussi,  emparés  et  l'agilenl  sans  trêve,  tantôt  de  la  main 
droite  et  lanl(jt  de  la  main  gauche.     Seymour  de  Ricci. 

SISCRA  ou  SISlTRXA(i:irrOpa,  (Ticuçva)'.  —  Couvertnre- 
et  vétemenl'  fait  d"une  peau,  généralement  de  chèvre, 
garnie  de  ses  poils,  ou  de  plusieurs  peaux  cousues. 
L'usage  en  parait  être  d'origine  barbare*.  Les  Grecs  ont 
connu  la  sisura  avant  les  Romains  comme  un  vêlement 
grossier  que  portaient  les  paysans  et  les  esclaves  '-  ;  peut- 
être  y  en  eut-il  de  plus  Unes  quand  le  luxe  des  fourrures 
se  répandit  comme  une  mode  étrangère,  au  Has-Empire  ". 

E.  Saglio. 

SITESIS  (St'TYiTiç  Èv  lIsuTav£i'(o).  —  I>rivilège  de  ceux 
qui,  à  Athènes,  étaient  nourris  aux  frais  du  trésor  public, 
au  foyer  commun  de  l'Etal  [prytanelmJ.  Celle  faveur  était 
accordée  soil  à  des  citoyens  à  raison  de  leurs  fonctions 
ou  de  grands  services  rendus  à  la  République,  soil  à 
des  étrangers  qui  avaient  mérité  sa  reconnaissance  en 
défendant  ses  intérêts  dans  leur  pays  ' . 

Ceux  qui  jouissaient  de  cet  honneur  d'une  manière 
permanente  étaient  appelés  isîciT&i-;  on  les  distinguait 
ainsi  des  prylanes,  qui  n'étaient  nourris  au  prytanée 
que  pendant  le  mois  où  ils  étaient  en  charge.     E.  S. 

SITOPIIYLAKES  (SiTO(pûXaxe;).  —  Collège  de  magis- 
trats chargés  de  surveiller  le  commerce  des  grains  et  de 
la  farine  et  de  faire  observer  les  prescriptions  législatives 
qui  en  réglaient  le  fonctionnement  [mercatura,  m, 
p.  1700  B].  On  connaît  un  collège  de  ce  genre  à  Athènes 
en  38(j  avant  J.C.',  mais  il  remonte  probablement  jus- 
qu'au V  siècle^.  Il  se  composait  de  dix  magistrats  tirés 
au  sort,  cinq  pour  Athènes  et  cinq  pour  le  Pirée  "•.  A  la 
fin  du  TV"  siècle,  Aristole'  nous  apprend  que  le  nombre 
des  silophylakes  avait  été  porté  à  vingt  pour  Athènes  et 
quinze  pour  le  Pirée.  «  Ils  veillent,  dit  Arislote,  à  ce  que 
les  grains  qui  sont  vendus  sur  le  marché  soient  vendus 
au  prix  courant;  puis  à  ce  que  les  meuniers  vendent  la 
farine  d'orge  d'après  le  prix  courant  du  grain,  et  les 
boulangers  le  pain,  d'après  le  prix  courant  du  blé  et  avec 
les  poids  que  les  inspecteurs  auront  fixés.  La  loi  les 
charge,  en  efl'et,  de  fixer  le  poids  du  pain  '.  »  Us  ont 
aussi  des  registres  sur  lesquels  ils  inscrivent  les  quan- 
tités do  céréales  importées'"'.  Il  est  très  probable  que  des 
fonctionnaires  analogues  existaient  dans  d'autres  villes, 

SISURA.  —  1  Pour  les  vari.inles  «louçvo/  ,;oufoî,  ^;„i;  H  les  distinctions 
introduites  sur  leur  signincation  par  les  ^ammairions,  voir  les  citations  de 
H.  Esliennc,  Thés.  Uni),  gr.  v.  <7i<rOpa.  —2  Aristopli.  Nub.  10;  Eccl.  421  et 
3»7;  Av.  122;  Lijs.  933;  Plat.  Eryx,  p.  400  K;'et  cf.  Scliol.  ad  h.  l. 
(DUbner,  édil.  Didot,  t.  III,  p.  347)  ;  Aram.  Marc.  XVI,  5,  5.  —3  l.ucian.  Itket. 
praec.  13;  cf.  Scliol.  Aristopll.  l'cs/j.  737,  Jtnn.  1435  ;  Alciplir.  III,  2(i  ;  Lonfr. 
Pasl.  II,  3  ;  Poilus,  VII.  —  i  .Sc-ylhi.iuc.  Herod.  IV,  31]  ;  VII,  117  ;  aussi  g.anlois, 
Holyaen.  VIN,  llî.  —  ■•  Bahr.  lùi/j.  IS,  3.  —  >'  (ijd.  Tlutud.  XIV,  10,  4,  et  commrn- 
tairedc  Godefroid. 

SITESIS.  1  Deniostli.  G.  Aristocr.  §  130.  U.  003  ;  Acscliin.  C.  Ctesipli.,  §  178  et 
190;  Aristopll.  /tan.  7C4.  —  2  Corp.  in.^c.  ait.  Il,  329  et  4S7  :  1019  s.|.  Voy. 
Hermcs,  V,  3J0  (Kfillier)  et  VI,  i;i  (Scliiill). 

SITUHIIVLAKUS.  I  Lysias,  XXII,  10;  cf.  Wilaniowitz,  Arislot.  und  Allien, 
II,  p.  374  s((.  —  2 Gela  paraît  résulter  d'un  fragment  de  poète  comique  cilê 
par  Plut.  Praec.  reip.  adm.  p.  SU  b  (Meineke,  Frarjm.  Corn.  Graec.  IV, 
p.  074);  Bœckli,  Staaishaitsh.  dur  Alhen.  I  (Berlin,  1886),  p.  100.  —  3  Aris- 
lot. "Afl.  TToA.  I.I,  3.  On  a  cru  parfois  d'après  un  passage  corrompu  de  I.ysi;is 
iXXII.  8)  que  leur  nombre  avait  Hi  d'abord  de  trois;  cf.  Breckh-Friinkel, 
.StaiilsIiausU.  Il,  p.  23.  —  4  Arist.  loc.  cit.  ;  cf.  Ilarpocrat.  s.  r.  ;  Pbotius, 
s.  !■.;  Bcliker,  Anecd.  p.  300.  —  •"■>  Trad.  B.  Ilaussoullier  (Paris,  1801),  p.  77. 
—  t>  llcmostli.  C.  Lept.  32.  —  7  Un  décret  de  cette  ville  mentionne  trois 
'■itopliylakes  :  Michel,  ftecueil,  482  =  lliller  von  Gaertringen,  Insrhr.  von 
l'riune,  81.  —  »  Inscr.  Graec.  XIV,  423  =  Dittenbergcr,  .'iijU.  2»  ti.  513;  cf. 
Gilbert,  tiandti.  der  i/riech.  Staatsalt.  II  (Leipzig,  1885), p.  258.  —  ■'  Inscr. 
f,r.  ad  rom.  res  perl.  I,  797.  —  lO  Suidas,  s.  v.  ).afto»aoi«ic,y.  —  Biui.iociiAPHit. 
Boeckli,  Staatshaush.  der  Athener,  I,  p.  1('3  sq.  ;  Tlionissen,  Droit  pénal  de  la 
n-pubt.  athén.  (Bruxelles,  1875),  p.  398  sq.  ;  M.  Clerc,  Les  Métèques  atbi-n. 
(P.iris,  1893),   p.  400  sq.  ;  Wilamowilz,  An's/o/e/eJ  und  Athen,    1  (Berlin.   1893), 


quand  du  moins  ces  fonctions  n'étaient  pas  confiées  aux 
AGORANOMoi.  Nos  documents  nous  font  connaître  des 
sitophylakes  à  Priène  ^  à  Taonnina*  et  à  lléraclée- 
Pei'intlius  en  Thrace".  Une  note  de  Suidas  permet  de 
croire  qu'un  bâtiment  spécial  nommé  (jtTocpuXaxôtov  leur 
était  parfois  afiecté  '".  Cii.  Michei,. 

SITOd  DIKÈ  (StTou  5tVf|).  —  Action  d'aliments  '.  Une 
action  de  ce  genre  pouvait  être  intentée  à  Athènes,  par 
le  xùpt&ç  de  la  femme  quand  le  mari  ou  ses  héritiers 
n'avaient  pas  restitué  le  capital  de  la  dot  ^  [kyrios,  p.  879]. 
Cette  action  appartenait  à  la  compétence  de  l'archonte  épo- 
nyme  '  et  elle  était  jugée  à  l'Odéon '.  Elle  devait  être 
intentée  dans  les  vingt  ans  qui  suivaient  la  dissolution 
du  mariage,  sinon  elle  était  prescrite  ■'.  Une  action  ana- 
logue était  sans  doute  à  la  disposition  de  répiclôre  pour 
obtenir  satisfaction  de  son  fils,  si  celui-ci  lui  refusait  une 
pension  alimentaire  ^.  Très  probablement  la  gîtou  oiV.t, 
était  possible  aussi  pour  forcer  le  tuteur  à  s'acquitter  du 
devoir  qu'il  avait  d'entretenir  son  pupille  \  et  pour 
imposer  aux  enfants  l'obligation  alimentaire  vis-à-vis 
de  leurs  parents  ^  Cm.  Michel. 

SITULA.  —  Le  mot  ailuld  ou  xilulus^  est  une  forma- 
tion proprement  latine-,  dont  les  dérivés,  dans  les  langues 
néo-latines,  sont  respectivement  l'italien  seccliia^  elle 
français  seau'.  Comme  notre  seau,  la  sitiile,  situlus 
(if/iiariu.i  ',  est  un  vase  servant  principalement  à  puiser 
et  à  transporter  l'eau  ou  difTérents  liquides  '^  [PUTEUS, 
lig.  3892-5894].  Le  grec  a,  pour  désigner  cet  ustensile, 
plusieurs  termes  qui  semblent  équivalents  :  àvTÀEÏov, 
yaîjXoç,  /.iîo;  [cADUs,  fig.  777  778].  L'archéologie  a  géné- 
ralisé le  terme  de  situle,  pour  désigner  un  type  de  vase 
en  métal  (les  exemplaires  en  bois  n'ayant  pu  laisser  de 
trace),  de  forme  cylindrique,  tronconique  ou  ovoïde,  sans 
col,  ou  avec  un  col  très  large,  et  muni,  le  plus  souvent, 
d'une  anse  mobile. 

Ce  genre  de  récipient  parait  être  une  cr('ation  de  la 
métallurgie  orientale.  Il  figure  sur  de  nombreux  bas- 
reliefs  assyriens.  Les  peintures  d'une  tombe  égyptienne 
du  xvi°  siècle  avant  notre  ère  nous  montrent  une  situle 
parmi  les  vases  que  les  Kéfa  (Phéniciens)  apportent  en 
trijjulà  Toulhmès  IIP.  Nous  le  retrouvons  dans  la  Crête 
minoënne,  sur  le  sarcophage  peint,  récemment  découvert 

p.  220  sq.  ;  Schœmann-Lipsius,  Griitck.  Altertiimcr,  I,  p.  4i8  sr[.  ;  Beaiichet, 
Droit  privé  de  la  répnbl.  athén.  IV,  p.  83  sq.  ;  Gernel,  L'approvisionnement 
d'.Atlùnes  en  blé  au  v  et  au  iv  siéc/e  (Bibliot.  de  la  Fac.  des  lettres  de  Paris, 
XXVI,  fl909],  p.  305  sq.). 

SIÏOU  DIKE.  ISrto;  Si  l»Tiv  a!  i^cM..t;«.,  Tfoja.',  dit  Poilus,  VIII,  33,  llarpo- 
cration.s.  v.  doune  une  définition  analogue  et  combat  ropinion  de  Tini.achidas  qui 
fait  de  <rrto;  un  synonyme  de  tôxo;,  l'intérêt  légal.  En  elfet,  la  pension  alimentaire 
peut  n'être  pas  égale  à  l'intérêt  de  la  dot;  Beancliet,  Droit  privé  de  la  répuhl. 
athén.  I,  p.  330.  —  2  Beaucliel,  loc.  cit.  —  3  Meicr,  Scliœmann,  Lipsius,  Der  at- 
tisclie  Proceas  (Berlin,  1883-87),  p.  327.  —  *  Ainsi  que  toutes  les  actions  l,tl  -c.r,  aii,,,. 
Poilus,  VII,  33.  GL  Hem.  Contr.  Neaer.  %  32.  Comme  c'est  à  l'Odéon  qu'on  mesu- 
rait les  grains,  Meier,  Scliœmann,  Lipsius  {loc.  cit.)  en  ont  conclu  que  le  orto; 
devait  primitivement  être  fourni  en  nature  et  qu'il  une  ép0({ue  plus  récente  la 
pension   alimentaire  fut  payée  en  argent.   —  S  Isae.  De  Pyrrhi  hered.  9  et   18. 

—  S  lieauclict,  Droit  jirivé,  I,  p.  470.  Il  semble  bien  certain  ((u'IIarpocration,  s.  v. 
ffïTo;,  ainsi  que  Suidas  et  Pliolius  (tÎtou  8'.%r,),  qui  ne  font  que  le  copier,  restreignent 
beaucoup  trop  le  sens  du  mot  oïtoç  en  disant  ;  (ruoç  xaXET-Ri  f,  StSo:i£v,]  iipoooSoç  et; 
TO'.=ï;y  xv-ti  i:uvat;iv  f,  tqTî  ûç^avor;.  Harpocration  cite  à  ce  propos  les  lois  de  Solon 
et  la  Répuhl.  des   Athén.  d'Arislole  (Fragm.   384,  édit.  de  Berlin.    V,  p.    1542). 

—  7  Bekker,  .twecrf.  p.  238.  Cf.  Beauclic,  Droit  privé,  II,  p.  2S0  ;  ycliiillliess,  Vor- 
mund.icliaft    nack   att.    Jierht   (Fribourg,   1H80),    p.  91,   n'est    pas  de  cet    avis. 

—  S  Beaucliet,  O.  c.  I,  p.  363. 

SITL'I.A.  1  Gat.  De  ai/ricult.,  10  et  11  ;  Vilruv.  X,  9  ;  Paul.  III,  .^cnt.,  tit. 
7  ad  fin.  Dig.  18,  1,  40.  —  2  VValde,  Lat.  Etymol.  Worterbuclt,  s.  v.  ;  cf.  sinuvi  : 
Schol.  Virg.  Bucol.  VII,  33;  Nonius,  Si!.  — 3  Hitula,  siHu)la,  silla,  .ncla,  secchia. 

—  »  Silulum,  sitellum.  sedel.  sert,  scau.  —S  GaL,  10  et  1 1 .  —  0  Plant.,  Amphyt. 
II,  2,  39;  Vitr.  X,  9;  Vopisc.,  /■'irmus,  4,5  :  sitidas  ptenas  mero.  —  '•  Perrot  et 
Gliipiez,   fJist.  de  l'Art,   III,  p.   7:il,  (ig.  542. 


SIT 


—  1358  — 


SIT 


à  Haghia-Triadii'  C'est  dans  uncsiluleque  l'on  recueille 
le  sang  du  taureau  égorgé;  puis  une  prêtresse  vide  le 
contenu denseauxqui  lui  sonlapportés,  dansunautrevase 
de  plus  grandes  dinieiisions.  placé  entre  les  deux  piliers 


surmontés  de  la  double  hache  (lig.  647'i  et  6475).  La 
situle  des  Kéfa  et  celles  d'Hagia-Triada  sont  enlumi- 
nées de  bleu,  de  jaune  et  de  brun.  C'étaient  des  vases 
précieux,  sans  doute  d'argent,  cerclés  d'or  ou  de  cuivre. 
Ces  seaux  préiiistoriques  étaient  faits,  suivant  la  plus 
ancienne  technique  de  la  métallurgie,  de  Unes  lames  de 
métal  étirées  au  marteau  et  lixées  par  des  rivets  ^  C'est 
en  Italie  que  nous  trouvons  d'autres  exemplaires  de  ces 
situles  de  bronze  laminé.  Les  plus  anciennes,  comme 
celle  de  Corneto,  qui   date   du    vm'^    ou   du   vn"^   siècle 

avant  notre 
ère ,  parais- 
sent avoir  été 
apportées  par 
le  commerce 
phénicien  ou, 
peu  t-èlre, 
chalcidien  '. 
Elles  furent 
aussitôt  imi- 
tées par  les 
artisans  indi- 
gènes, parti- 
Fi2.  C4T5.  —  siiuie  cn!-ioisc.  culièremeut 

dans  le  nord 
de  l'Italie.  Dès  la  lin  de  l'époque  villanovienne  (vu'  et 
vr  siècles),  Bologne,  puis  Este,  apparaissent  comme 
des  centres  extrêmement  actifs  de  la  fabrication  de  cette 
vaisselle  de  bronze.  Les  situles  abondent  également 
dans  les  nécropoles  illyriennes,  depuis  Sainte-Lucie 
en  Istrie  jusqu'à  Halistatt  au  nord  des  .Mpes  et  dans 
les  vallées  alpestres'.  Quelques  exemplaires  atteignent 
jusqu'à  1  mètre  de  hauteur.  D'autres,  plus  petits,  sont 
ornés  de  zones  de  représentations  ligurées,  exécutées 
au  repoussé,  qui  reproduisent,  en  un  style  barbare,  des 

t  Monutn.anlichi  d.  Lincei.KlX  (iOm),  f\.  ivl  II.  .;  Wiiinmcr,  Ttrliiioloyic 
d.  Geirerbe  u.  Kùnste,  IV,  p.  îi'i  sq.  [cafi  atlkaJ.  —  3  tlhiiardini.  Lu  silula 
italica  prtmitwa,  studiata   Rpecialmcnte  in  Este^  Mon.  ant.  Lincei,  il,  col.  2li9. 

—  *  Ml'/.  Catahgnp,  col.  itîl  sq.  et  Hoerncs,  t'rgeschichte  d.  Kunsty  p.  5fiS  si\. 

—  â  Ghirardini,  La  sitttla  italica,  AJon.  ant.  Linrei,  Vil  et  X.  —  f*  Zatinoni, 
.Scati  d-'lla  Certosa,  pi.  cxi.ix  ;  Rrizio,  Xuora  sitnta,  dans  Atti  e  Aîemorie  délie 
Dep.  di  ftoniagna,  188^,  p.  i06  sq.  Cf.  Moillolitis,  Civilis.  primit.  en  Italie,  I, 
pl.r.v.— 7  0/!/M/)ia,  t.  IV.  FurtnSngler,flioiiriH,n»8«s,p.  130,  lig.sns.— »/oi<i7/es 
de  Delphes,  t.  V,  Perdrizcl,  Bronzes,  fasc.  t,  p.  92,  u"  m,  fig.  3iî.  Comme  vase 
à  eau  chaude  pour  le  bain,  cf.  SudliolT,  Aus  dem  anti/c.  /iw^ewesen,  1910.  p.  49. 

—  9  Clozzadini,  l'Ilime  scoperte  a  .Vurzabotto,  pi.  xiv,  (,  =  Martha,  l'Art  litriis- 
<im,f.  9*,  lig.  S8:  Monlelius.  I,  pi.  cix,  I.  —  i"  iluseo  etrusco  del  Vaticann,  situles 
pravenanl  de  Vulci,  Bomarzoet  Orle,  I.III,  3, 1.V,  4,  LVIil,  4,  LXIX  :  Montelius,  l, 


Fig.  64T6.  —  Silule  de  Bolos; 


motifs  empruntés  à  l'art  ionien  archaïque  ^  La  situlc  de 
la  Certosa  de  Bologne  est  le  monument  le  plus  remar- 
quable de  cette  série,  déjà 
nombreuse*  (fig.  (}476). 

En  Grèce,  sans  doute  par 
suite  de  l'abondance  des  fon- 
taines, les  vases  du  type 
situle  sont  beaucoup  plus 
rares.  Certains  arcliéologues 
l'ont  assimilée  au  psyiïter 
(p.  751).  Les  trouvailles  de 
situles  sont  demeurées  ex- 
ceptionnelles et,  sur  les 
peintures  de  vases,  c'est 
presque  toujours  l'hydrie  au 
col  étroit    qui   sert  à  aller 

chercher  et  à  contenir  l'eau.  Un  seul  exemplaire,  admi- 
rablement conservé,  provient  des  fouilles  d'Olympie  " 
(fig.  6477);  un  second,  en  moins  bon  état,  de  celles  de 
Delphes  *.  Ils  sont  l'un  et  l'autre  de  forme  ovoïde,  en 
bronze  fondu,  c'est-à-dire  d'une  technique  absolument 
différente  de  celle  des  situles  orientales,  Cretoises  et  vil- 
lanoviennes.  Ils  datent  de  l'âge  classique. 

En  Italie,  à  la  même  époque,  la  situle  de  bronze  fondu 
est  un  vase  des  plus  courants.  U  s'en  est  retrouvé,  soit 
au  fond  de  puits  antiques,  comme  à  Marzabotto  ',  dans 
l'Apennin,  soit  surtout  parmi  le  mo- 
bilier funéraire  des  tombes  étrus- 
ques '".  Elle  apparaît  aussi,  parfois, 
sur  les  miroirs  étrusques  " .  La  forme 
la  plus  ancienne  est  celle  à  fond 
plat,  à  corps  tronconique,  à  épaule 
convexe  et  bien  marquée,  à  rebord 
souvent  finement  orné  d'oves,  for- 
mant col,  ou  bien  encore  à  parois 
concaves  et  sans  col''^  Puis  vient 
la  situle  de  forme  ovoïde,  avec  ou 
sans  col,  se  terminant   en  pointe,  i"-  st'^-  —  ^ii>>ie 

comme  celle  de  Marzabotto,  ou  mon-  "'"'  '"  ' 

tée  sur  un  pied  circulaire '\  ainsi  qu'elle  est  représentée 
sur  les  miroirs.  Les  exemplaires  de  ce  type,  à  pied  bas  et 
sans  col,  sont  plus  tardifs  et  se  rajiprochent  de  l'époque 
•romaine.  Tous  ces  vases  sortent  des  fonderies  étrusques 
dont  la  renommée  s'étendait  jusqu'en  Grèce  ". 

Nous  trouvons  sur  les  vases  peints  de  l'Italie  méridio- 
nale de  nombreuses  représentations  de  situles'".  Les 
formes  en  sont  évidemment  apparentées  à  celle  des 
seaux  étrusques,  mais  avec  certaines  modifications  qui 
trahissent  l'inHuence  grecque.  C'est  ainsi  que  la  situle  à 
parois  concaves  et  sans  col,  très  évasée  du  haut  et  très 
étroite  du  bas,  se  confondrait  aisément,  n'était  son  anse, 
avec  les  corbeilles  d'osier  fréquemment  représentées 
sur  les  vases   altiques  "".  Mais  cette  contamination   est" 

pi.  en,  1  el  i  ;  11,  pi.  ciii.  «  :  .un,  5,  li  :  uivi,  C.  —  »  Gerhard,  Eirusk.  .'ipieiel, 
I,  pi.  XI  ;  11,  pi.  eux,  .i.jx.x  :  IV.  pi.  cc.i.i  :  Gazelle  arclt.  I.  p.  i  :  cf.  Engcl- 
mann,  Jahrh.  arch.  /nst.  1S90.  p.  171-173.  —  1"-  Seliumachcr,  Sammlung  antiher 
Bronzen  zu  Karlsruhe.  n»  033.  p.  119.  pi.  ix,  9;  635.  p.  120,  pi.  ix,  10;  637, 
p.  120,  pi.  II,  12.  —  l-l  /bid.  C3i.  p.  120,  pi.  ix,  il;  040,  041,  p.  121,  pi.  ix, 
14  el  13.  —  Il  Mûllcr-Deccke,  Die  Etrusker,  II.  p.  228.  —  15  S.  Reioacli, 
Béperl.  des  rases  peints,  I,  178;  517.  II,  179,  i  :  301,  3;  302,  4;  305,  4:  321, 
3  ;  325  .6  ;  32S,  2.  3  ;  3  48,  5«  ;  355,  8.t  ;  id.  Vases  peints  publiés  par  Millin  et  ilillin- 
yen:  Millin,  I,  13  ,  II.  52,  53,  54,  37,  69;  .Millingcn.  24  revers  :  l.enormant  et  de 
Witle,  Elite  céramogr.,  ill,  pi.  i.xxxli  ;  Gerhard,  A;)M/i»cAe  Vas.  pi.  i,  iii,  iv  ; 
Trinksch.  u.  Gef.  pi.  c  ;  Antike  Bildw.  pi.  lxiv,  ixcxi  ;  Wallcrs,  Brit.  .Mus.  Vases, 
IV,  p.  7,  fig.  6  ;  etc.  —  '«  Reinach,  Vases  peints.  I,  517;  U,  302,  321,  325.  328; 
Millin,  I.    13  ;  II.   53,    54. 


SIT 


—  1359  — 


SIT 


peul-êlre  seulement  l'œuvre   du    peintre.  Nous  rencon- 
trons  encore,    sur   ces   vases,    une    siLule  cylindrique, 
qui  n'est  autre  chose  que  la  ciste,  pourvue  d'une  anse 
.j.  mobile '.  Le  corps  de  ces  situles  est 

parfois  godronné-ou  même  orné 
de  ligures^  ((ig.  G478j.  Détail  carac- 
téristique, elles  sont  généralement 
montées  sur  de  petits  pieds  en 
forme  de  boule  ou  d'astragale,  qui 
en  protègent  le  fond. 

Sauf  la  situle  en  forme  de  cor- 
beille, qui  disparait,  ces  mêmes 
types  étrusco-campanicns  demeu- 
rent en  usage  durant  toute  l'époque 
romaine.  Les  formes  sont  définiti- 
vement fixées  dès  le  début  de  noire 
ère,  et  ne  subissent  plus  que  de 
minimes  modifications  ^  La  situle 
à  corps  ovoïde  sans  col  el  à  pied 
tend,  de  plus  en  plus,  vers  la  forme  hémisphérique. 
L'épaule  de  la  situle  à  panse  rebondie  devient  plus  an- 
guleuse; un  col  droit  ou  oblique,  de  quelques  centi- 
mètres, remplace  le  simple  rebord  de  l'époque  étrusque  \ 
Pompéi  a  fourni  bon  nombre  de  ces  seaux  (fig.  6479), 
dont  quelques-uns  en  plomb".  Ces  situles  se  rencontrent 
éparses  dans  tout  le  monde  romain  et  même  au  delà  des 
frontières  de  l'Empire,  en  Germanie 
el  jusqu'en  Suède  '.  Le  luxe  de  l'é- 
poque impériale  a  créé  quelques 
beaux  exemplaires  en  argent,  déco- 
rés d'une  ornementation  florale  ou 
figurée  rappelant  celle  des  poteries 
d'Arezzo*  (fig.GiHO). 
Cette  continuité  de  types,  depuis 
„.    .,-„      ^. ,  ,    ,        la  période  étrusque  jusqu'à  la  fin  de 

r ig.  o+7y.  —  pilule  de  *  »        ■>         » 

pompii.  l'époque  impériale,  la  fréquence  des 

représentations  de  situles  sur  les 
vases  peints  de  l'Ilalie  méridionale,  le  peu  de  variété  des 
formes  romaines,  confirment  les  indications  des  auteurs 
anciens  touchant  le  centre  de  fabrication  de  cette  vaisselle 
de  bronze.  On  connaît  la  "  campana  supellex  »  d'Horace  ". 
C'était  à  Capoue  déjà  que  Calon  recommandait  d'acheter 
tous  les  vases  de  métal'".  Pline  reconnaît  que,  malgré 
les  divers  essais  de  contrefaçon,  la  Campanie  et  Capoue 
tiennent  toujours  la  palme"  pour  le  travail  du  bronze, 
et  Porphyrion,  commentant  Horace,  confirme  qu'à  son 
époque  encore  (iir  siècle  ,  c'est  à  Capoue  surtout  que 
se  fait  cette  vaisselle  '-.  Capoue  est  une  ancienne  colonie 
étrusque  '*.  Ce  sont  les  Étrusques,  sans  doute,  qui  dès  le 
vil  ■  siècle,  y  ont  créé  les  fonderies  de  bronze,  dont  la  domi- 
nalioasamnile  n'arrêta  pas  l'activité  et  auxquelles  la  con- 
quête romaine  ouvrit  le  marché  de  l'Italie  el  du  monde". 

'  Monum.  liist.  VIII,  pi.  i.i,  i;  Reinacli.  Vnses  peints,  11,  179,  2  ;  301,  3  ;  3il  ; 
Milliii,  11.  Si  ;  .57  ;  Millingen,  23,  24.-2  Milliii,  11,  37  el  69.  —  3  De  Labordc,  Vases  de 
Lambenj;  Jlillin,  Mus.  Anl.  Mêd.,  i,  29.  —  4  Willcrs,  Die  rim.  Bronzecimer  uvn 
Bemmour,  p.  124  sij-  —  5  JiAd.  p.  116,  ûg.  45  ;  formes  de  nilules  de  bronze  pom- 
péiennes. -  6  Musée  de  Naples,  salle  des  objets  de  Pompéi,  armoires  44,  o2,  53. 
Cf.  Guida  del  Museo  di  Napoli,  p.  384,  a"  1758,  1764,  1765, 1767.  Situles  de  plomb, 
Salle  d'Isis:  Guida,  p.  227,  n»  923  et  p.  382,  n"  1756.  En  lerre  cuite,  cf.  Jatta, 
dans /(om.  ilidli.  1908,  p.  34S  sq.  —  7Willers,  Op.  (.p.  119  ctpaMiw;  Neue  Lnler- 
sucli.  ûberdie  mm.  Bronzeindusirie,  p.  87  sq.,  146  sq.  — »  Au  Musf-e  de  Naples,  situle 
proienanl  d'Herculanuui,  A'a(a  d.  ari/enli,  n°  1873,  Guida,  p.  402.  Silulcdes  environs 
de  Vienne  (libonc),  au  british  Muséum,  Ann.d.  Inst..  24(1852),  pl.i.,  p.  16,  230; 
cl.  Willcrs,  Die  rôm.  Dron:eeimer,p.  178,  lig.  66.  Autres  silules  d'argent,  Willcrs, 
Jbid.  p.  179-182,  lig.  67,  68,69.  —'J  Sa(.,  1,6,  114;  11,  3,  Hi.  —  tO  De  arjric.  135. 
—  Il  iJist.  naC.  34,95.—  n  Ad  Uoral.  Sai.  1,6, 118,  —  13  Cf,  Huelsea,  Art.  Ca;)Uo, 


Usages  de  la  si/u/e.  La  situle  esl,  avant  tout,  un  vase 
d'usage  pratique  servant  à  puiser  et  à  transporter  l'eau. 
Elle  fait  partie,  à  ce  litre,  de  l'équipement  du  soldat 
romain  ''  (fig.  4418). 
C'est  avec  la  situle  que 
sur  les  miroirs  élru.s- 
ques  les  femmes  se 
rendent  au  puits.  Sur 
les  vases  peints  de 
l'Italie  méridionale,  la 
situle  apparaît  dans 
la  plupart  des  scènes 
oi^i,  sur  les  vases  atli- 
ques,  on  trouverait  soit 
l'hydrie,  soit  l'oeno- 
choé.  Une  situle  sert 
auK  jeunes  Campa- 
niennes  à  verser  à 
boire  aux  guerriers  en 
armes  "^.  Elle  est  le 
vase  employé  pour 
faire  les  libations  '".  Elle  contient  le  liquide  que  vont 
lancer  les  joueurs  de  coltabe  '".  Sur  une  amphore 
(fig.  6481)  c'est  le  seau  où  il  est  versé  '^  Elle  est,  dans 
les  scènes  bachiques,  un  allribut  fréquent  des  Satyres 
et  des  Ménades  -".  Un  très  beau  putéal  néo-attique  du 
Musée  MafTeï,  de  Vérone,  nous  présente,  parmi  les 
nymphes  et  les 
autres  person- 
nages du  cor- 
tège de  Diony- 
sos, un  Silène 
portant  une  ou- 
tre sur  l'épaule 
gauche,  tandis 
que,  de  la  main 
droite,  il  lient 
une  situle  ^'.  Ce 
vase  apparaît 
également  dans 
les  scènes  de 
gynécée  el  de 
toilette,  avec  la 
cassette  el  le  miroir  ^^.  Himéros  et  Pollios,  emporlan 
Aphrodite  dans  les  airs,  onl  l'un  el  l'autre  une  petite  si- 
tule à  la  main  -'.  Peut-être  ces  seaux  contiennent-ils 
l'ambroisie,  dont  les  déesses  ont  coutume  de  baigner 
leurcorps^'.  De  l'idée  de  ces  ablutions  matérielles,  une 
exégèse  ancienne  voulait  passer  à  celle  de  purification 
morale,  dont  la  situle  serait  devenue  le  symbole  -'.  On 
a  renoncé  à  ces  explications. 

Mais  il  esl  utile  de  dire  que  dans  la  religion  officielle, 

ap.  Pauly-Wissowa./fea/enci/ctop.  — 1' Von  Diihn.4«naii'.ap.  31(1879),  p.  132,139; 
flôm.  J/i«(;i/.,ll(1887),p.271-275  ;  Willcrs,  Hum.  Bronzeeimer,  p.  iOSsij.  —  ISAp- 
pian,'l6',pixr„  85.  Un  bas-relief  de  la  colonne Trajanc  nous  montre  un  seau  sur  le  patine- 
tage  des  soldats  en  marcbe  ;  ailleurs,  un  soldat  puise  de  l'eau  an  Meuve  il  l'aide  d'une 
situle:  Cichorius,  dieReliefs  der  2'ra>Hs«'iu/e,  pi.  vjiet  xni.  —  <6  Millin,  1,  13:11, 
69.  —  n  Reiuacb,  Vases  peints.  II,  179,  2;  323.  —  I»  Monum.  Inst.  VUI,  pi.  u, 
4;    r.einacb.    Vases  peints,  l\,    321.—   1^  BuUet.   Napolet.,   N.  S.,    V,    pi.  xui. 

—  20  Ibid.  Il,  301,  3  ;  302,  4;  321  ;  328,  3  ;  Millingen,  i't,  revers.  —  21  Mall'ci, 
Muséum    Veronense,f\.  Lxxi,  2;  cf.  Schrader,  Neu-altische  Reliefs,  n»  29,  p.  21. 

—  22  Ueinacb,  Vases  peints,  I,  517  =  'Eçn(x.  àj,.  1892,  pi.  xui;  H,  303,  2;  32S: 
353.  Cf.  Paul.  Sent.  Ili,  lit.  6,  n»  83.  avec  le  sens  de  capsa.  —  23  Lenormnnt  et  de 
Wittc,  Elite  céram.  IV,  pi.  vi.  Autre  scèue  du  niônie  genre,  maisqui  parait  enlié- 
reraent  refaite, pi.  iv  =Millin,  11,  .54.  —  2'  Homer.  U.  XIV,  v.  170-171.  —  2.»  Milliu. 
1,  32,  57  ;  Lcooruiant  el  do  Wittc,  Elite,  III,  pi.  lxsxu,  teile  p.  230. 


Emploi  de  la  situle 


SIT 


—  1360 


SKA 


la  silule  l'st  le  vase  k'  plus  cuiiraiiiinenl  einployt'  pour 
(■(nilonir  l'eau  luslralo.  Klle  devait  figurer,  à  ce  titre,  dans 
la  plupart  des  cérémonies  du  culte  privé  et  public.  Une 
peinture  de  Pompéi  nous  montre,  déposée  devant  la  porte 
d'une  maison,  une  silule  d'eau  lustrale  avec  le  rameau 
d'olivier  servant  aux  aspersions  [lustkatio,  p.  1409, 
lig.  illS')).  I^a  silule  est  aussi  un  des  accessoires  habituels 
du  sacrifice.  Nous  l'avons  rencontrée  dès  l'époque  Cre- 
toise, servant  à  recueillir  le  sang  des  victimes.  Nous  la 
retrouvons,  dcslinée  sans  doute  au  même  usage,  à  Bolo- 
gne, à  l'époque  étrusque.  Sur  la  seconde  zone  de  la 
situle  de  la  Ccrtosa,  on  ne  compte  pas  moins  de  trois 
situles,  de  tailles  et  de  formes  diverses,  portées  par  les 
prêtres  et  leurs  serviteurs  derrière  le  taureau  et  le  bélier 
(|ui  vont  être  immolés.  Au  début  de  l'Empire,  sur  un 
bas  relief  de  rampitliéàlre  de  Capoue,  la  situle  apparaît 
associée  à  la  table,  aux  couteaux,  à  la  haclie  du  sacrifice, 
à  côtéde  l'apex  sacerdotal  etde  la  tête  coupée  du  bélier  '. 
Knfin,  les  dédicaces  de  deux  seaux  trouvés,  l'un  en  Suède, 
l'autre  en  Silésie,  nous  apprennent  qu'ils  ont  appartenu 
au  mobilier  sacré  de  temples  romains  -.  Il  y  avait  parmi 
les  serviteurs  un  sitularius'. 

C'est  surtout  dans  la  religion  isiaque  que  la  situle 
prend  une  importance  toute  particulière.  Pour  les 
fervents  d'isis,  l'eau  du  Nil,  et  même  toute  humidité, 
est  une  dérivation  d'Osiris.  Le  vase  qui  contient  ce 
principe  divin,  source  féconde  de  toute  vie,  a  la  première 
place  dans  les  cérémonies'.  Ce  vase  est,  soit  une  espèce 
d'hydrie,  que  nous  décrit  Apulée  dans  le  plus  grand 
détail  %  soit  une  situle.  Un  bas-relief  du  Belvédère 
nous  montre  une  procession  isiaque,  en  tète  de 
laquelle  marche  la  prêtresse  qui  porte  la  situle  ^  [isis, 
fig.  4103].  La  situle,  ou  parfois  l'hydrie,  est  dans  la  sta- 
tuaire gréco-romaine  l'un  des  attributs  caractéristiques 
d'isis  et  de  SCS  prêtresses  ''  (fig.  4102,  4104,  4105).  Plu- 
sieurs peintures  murales  de  Pompéi,  d'IIerculanum  et 
de  Stables  nous  ont  également  conservé  l'image  de 
prêtres  et  de  prêtresses  d'isis  portant  la  situle  *.  Sur  l'une 
d'elles  est  représentée  la  grande  cérémonie  des  vêpres 
isiaques:  l'adoration  de  l'eau  sacrée''  (fig.  4102).  Debout 
en  haut  des  degrés  du  temple,  entouré  d'un  acolythequi 
joue  du  sistre  et  d'une  prêtresse  porte-situle,  le  prêtre, 
tourné  vers  les  fidèles,  élève  de  ses  deux  mains,  cachées 
sous  les  plis  de  son  vêtement,  un  vase  qui  parait  être 
une  situle.  .Vujourd'hui,  le  culte  catholique  emploie 
encore  un  petit  bénitier  portatif,  qui  a  conservé  la 
forme  des  situles  romaines. 

La  situle  a  enlin  son  rôle  dans  la  vie  polili(iuc  des 
llomains.Ce  mot,  ou  plussouventson  diminutif  .v/7t'//tt  '", 
indique  le  vase  à  l'aide  duquel  on  procède  au  tirage  au 
sort,  opération  préliminaire  de  tout  vote.  Déferre  siWl- 
lam  [coMiTiA,  p.  1385]  en  vient  ainsi  à  signifier  :  provo- 

I  Naples,  Afcseo  Uorbon.  XV,  jil.  xxxiv,  5  ;  cf.  Willers.  l'cbnr  die  rôm. 
lironzcindnUric,  p.  tli,  jil.  v,  t.  —  2  Cur/i.  insci:  lut.  XIII,  3,  p.  7G'.(.  n»  00 
cl  ii«.  «712  :  cf.  Willers.  Jbid.  p.  5«,  C'.i,  lig.  S4,  53.  —  3  Corp.  inscr.  lut.  Hispai: 
Suppl.  l.  Il,  n»  344i.  —  l  l'IuUrcli.  de  /s.  et  f)sir..i6.  —  li  Metam.  XI,  11.  —  6  Lalavc, 
Ciille  dfs  divinités  d'Alexandrie,  Calai,  u.  118  :  Ainolung,  S/culpt.  des  Vatiknn, 
ilus.  Ilelred.  n"  33,  pi.  vu.  —  1  Lafayc,  Ibid.  pi.  iv,  v  ;  Calai,  n'-  Vs,  87 
Ml,  113,  ni;  lîciiiach,  Réiiert.  Stat..  1,  p.  C10-U13.  II.  iil.  —  8  Lafayc, 
Ibid.  Calai.  ii5  =  llcibig,  Wandgemûlde  Camiianicns,  losi  i=  Pitl.  d'Ercoluno, 
l,pl.t.,p.  iC:( ;  iïO  =  llcibig,  100,  :  ii7  =  [MUig.  IWJti  =  put.  d'Ere.  \\\,  SI. 
—  'J  Lafayc,  Ibid.  CaUl.  ilii  =  llelbig,  111=  Pitt.  d'Ere.  Il,  tiO.  —  lu  Situla 
l'Iaul-,  Casina,  v.  3311;  sitella  p^rioni  ailleurs,  Casino.  i9(i,  34^,  331.  3i;3,  :VH',  ; 
Cic,  de  Nttl.  deor.  I,  3S,  106;  fragni.  Pro  Cornelio,  ap.  Asconium,  éd.  jMiilIcr. 
•J  ;  T.Liv.  XXY.  3,  lii;  XLI,  18,  8.  —  U  Cic.  De  nat.  deor.  I,  ,i8,  luii, 
IJ  —  l'ausan.,  IV,  3,  4.  —  13  n,  vi,  353-4i3. 


quer  le  vote".  Les  tirées  employaient  l'hydrie  pour  le 
même  usage  '^  Une  scène  de  la  Casina  de  Plante  nous 
apprend,  dans  le  plus  grand  détail,  comment  on  procé- 
dait" [SOHTITIO,  SUKFRAGIUMj.  A.  GrenIER. 

SKALLIO^  C^yAlliov).  —  Petit  vase  (xuXiViov  (Aixoôv)  en 
usage  chez  les  Éoliens  pour  les  libations'. 

SlîAPERDA  (ly.ïTrÉpSï)  '.  —  Jeu  et  en  même  temps 
exercice  de  force  usité  chez  les  Grecs,  surtout  dans  les 
gymnases.  Les  grammairiens  nous  en  donnent  une  des- 
cription suffisamment  claire  :  on  plantait  dans  le  sol  une 
poutre  (Soxd;)  de  la  hauteur  d'un  homme,  percée  d'un  trou 
à  sa  partie  supérieure  ;  on  y  passait  une  corde,  aux  deux 
bouts  de  laquelle  étaient  attachés  les  deux  adversaires,  se 
tournant  le  dos  l'un  à  l'autre;  ils  tiraient  de  toutes  leurs 
forces  en  sens  inverse;  celui  qui  réussissait  à  entraîner 
l'autre  en  arrière  et  à  lui  faire  toucher  la  poutre  avec  les 
épaules  était  déclaré  vainqueur'-.  C'était,  coinmeon  voit, 
une  variété,  avec  un  appareil  en  plus,  du  Jeu  dit  ÉÀx'jc-TivSa, 
dans  lequel  les  adversaires,  tirant  sur  la  même  corde  en 
sens  contraire,  mais  face  à  face,  se  disputaient  mutuelle- 
ment un  terrain  délimité  [gymnastica  p.  1700,  1701, 
fig.  3G79,  3680]'.  Quelquefois  même  il  y  avait  encore 
moins  de  différence  entre  les  deux  variétés  du  jeu,  car 
on  pouvait  supprimer  la 
pou  Ire,  et  les  adversaires 
tiraient  dos  à  dos  sans 
appareil*.  D'après  un 
auteur,  les  Athéniens  se 
seraient  livrés  particu- 
lièrement à  l'exercice 
de  la  Gx.ixTzépo7.  dans  les 
fêtes  des  Dionysies  [dio- 
nvsiaJ  ■,  ce  qui  fait  sup- 
poser qu'il  y  aurait  pris 
la  forme  d'un  concours 
encouragé  par  des  ré- 
compenses spi'ciales. 

Nous  avons  peut-être  l'image  de  la  (jx^tiésoï  sur  une 
lampe  en  terre  cuite,  d'époque  romaine,  dont  plusieurs 
exemplaires  ont  été  trouvés  à  Bome  el  dans  les  pro- 
vinces (fig.  6482)".  En  haut  d'un  poteau  est  passée 
une  corde,  dont  un  bout  est  enroulé  autour  du  corps  d'un 
lion  ;  un  Amour  a  les  mains  liées  derrière  son  dos  avec 
l'autre  bout;  la  lutte  vient  de  finir;  après  des  efforts  in- 
fructueux pour  tirer  son  adversaire  en  arrière  et  le  para- 
lyser, l'Amour  a  été  vaincu  ;  le  lion  s'est  jeté  sur  lui  et  le 
dévore.  U  est  possible  que  nous  ayons  là  une  simple  fan- 
taisie d'artiste,  appartenant  à  la  nombreuse  série  des 
monuments  qui  représentent  sous  des  formes  variées  le 
Châtiment  de  l'Amour.  Mais  on  ne  peut  exclure  l'Iiypothèse 
que  cette  scène  ait  eu  aussi  une  réalité  tragique  dans  les 
spectacles  de  l'amphithéâtre,  oii  des  condamnés  de  droit 

SKAI.LIOX.  I  Allleu.  XI,  p.  438  a;  cf.   Ilesycb.  s.  r. 

SKAfUHDA.  I  11  es!  possible  i|ue  ce  fùl  ii  l'origine  un  adverbe  comme  iesaulres 
noms  de  jeux,  Ja»,"x;v5«,  |i.u;vta,  dTTjoixrvS»  (.:«:!;i.v),  i|uoi(|u'il  soil  décliné  dans  les 
Icxles  de  basse  cpotpie.  L'étymotogie  de  Grasberger,  p.  102-103,  est  une  pure  faa- 
laisie.  La  racine  esl  celle  de  tr^ôn:©;,  «rKTjitTpov,  scapus,  lige,  fùl,  colonne.  —  -  Poil. 
IX.  Uti;  Kust.  ad  II.,  XVII,  3S9  (p.  1111,  ii);  llcsycli.,  Pliol.,  s.  r.  —  3  Eusl. 
/,.  c.  MonunuMiU  (igurés  :  Krause,  t.  II,  pi.  vi,  lig.  1»;  liecci  de  Kouquières,  p.  97. 
La  peinture  de  f'ompéi,  Helbig,  Wandyem.  I  477  (Mus.  Durbon.  XI,  pi.  i,vi,  p.  il  ; 
Becr|  de  l'oucpiières.  p.  89),  n'a  rieu  à  faire  ici.  —  4  l'oll.  L.  c.  —  <•  Hesycli.  Môme 
Iradilion  sur  Taskolia.  —  (>  (Jualre  acluellemenl  conuns  :  ivliigmann,  Areh.  Zeit. 
XXIX  (1872).  p.  40,  lig  .p.  41  ;  Catal.  du  Musée  Alaoui  (IS97).  p.  13s,  Lampes. 
n"  'j3.  L'iulerprélaliou  de  Kliigmann  est  contestée  par  Bliimner  dans  Hcrroaun,  Gr. 
Privatalterth.  (1882),  p.  300,  noi.  1.  On  pourrait,  en  effet,  songer  aussi  au  pa4  de 
géant. 


npliittiéiitre 


SKA 


1361  — 


SKI 


Fig.  Otë^.  —  AllilMp  piochac.l  I 


commun  subissaient  le  dernier  supplice  au  milieu  d'un  dé- 
coret  d'une  action  mythologiques'.  En  toutcas,  il  semble- 
rait, si  l'on  admet  cet  exemple,  que  l'exercicede  la  uxaTiéioa 
était  encore  pratiquéà  l'époque  romaine-, quoiqu'on  ignore 
si  le  mot  grec  a  jamais  été  latinisé.         Georges  Laiaye. 

SIÎAPHÈ   [SCAPIIA,    SCAPIIÈ]. 

SlîAPHE10N(i;xa-^Erov,çxa/a'ç,(TXaXt(7TT|piov)'.  —  Pioche''. 
Instrument  araloire  employé  également  par  les  lutteurs' 
pour      ameublir    le    sol 
piétiné    de   l'arène    (fig. 
3678,  3G80)  '  et  pour  en- 
lever le  sable  neuf  qu'on 
y  transportait  dans    des 
paniers.    Une  coupe    de 
Bruxelles  représente  un 
éphèbe    piochant     pour 
remplir  une   coufTe   (fig. 
6483)  ^    Ce    travail  était 
considéré  comme  un  ex- 
cellent exercice  pour  as- 
souplir les  reins  et  forti- 
fier les  muscles  des  bras'^; 
aussi    représenle-t-on    souvent   des   lutteurs    qui  s'en- 
Irainenten  maniant  alternativement  la  pioche 
et  les  haltères'.  On  se  servait  encore  de  cet 
instrument  pour  indiquer  la  place  d'où  l'on 
devait  lancer   les  javelots   et  le  disque;  on 
voit   alors,  près  du   discobole,    une    pioche 
piquée  en  terre  par  une  des  pointes  de  sorte 
que  le  manche  forme  une  barre  horizontale 
(fig.  3678,  4H5,  4119,  4122j«. 

Selon  les  contrées  et  les  époques,  on  em- 
ploya divers  instrimients  analogues  au  s/iO- 

FiK.  0W4.  ;     •  c  I  •       1  .  1        . 

pioihc  pheion.  sur  un  vase  la  pioche  est  remplacée 

par  un  instrument  à  large  fer  placé  près  du 
discobole  (fig.  6i84)'.  Ce  nom  parait  plus  spécial  à,  la 
période  gréco-romaine.  Sous  les  Lagides,  Théocrite 
parle  de  la  cxiiriv»!  '"  et  les  scholiastes  ajoutent  qu'en 
Altique  on  employait  V'i.]i.r^  ".  C'est  peut-être  le  nom  que 
l'on  donnait  à  la  pioche  au  v«  siècle,  mais  le  mot  perdit 
cette  signification  car,  à  l'époque  où  fut  rédigée  une 
autre  scliolie,  l'otar,  désignait  un  <7xa-^t'ov  7r).aT^j'^  c'est-à- 
dire  un  instrument  à  fer  large,  une  houe.  En  Grèce,  plus 
qu'ailleurs,  la  nomenclature  technologique  varie  d'un 
cantonàl'autre  '^  :d'oùcesquiproquosdevenusproverbes  : 

1  (i.  I.afayc,  LAmour  incmdmii-e,  dans  Mélnnrjcs  de  V École  de  Home. 
X  (189U),  p.  lil.  —  2  Poil.,  L.  c,  cil  parlo  encore  au  présent.  Ilcsych.  s.  v. 
oxantfSiJirai  =  igiîo&iîTO;,  Outrager  ;  la  di^rivation  des  sens  est  obscure.  —  Bini.io- 
cRAPMiE.  Mersiiis,  lie  liulis  Graeconm  (1022),  p.  'J53  ;  Bulenger,  De  ludis 
velerum  (1037),  cap.  «,  Thésaurus  antiqu.  do  Gronovius,  t.  VU  (1735);  Krause, 
iiymnastik  u.  Afjonistik  d.  f/ellenen,  1  |li*-il),  p.  323;  Grasberger,  Erziehuntj 
u.  Unlenicht,  1  (I8CV),  p.  101  ;  liec<|  de  Fouquiùrcs,  A'ux  des  anciens  (1809),  p.  90. 

SKAI'IIKIO.N.  1  biod.  .Sic.  IV,  31;  Lucian.  Philops.  31;  Polhn,  X,  (29. 
—  2  Ilesych.  s.  v.  a<ar.à-jti  ;  Suidas,  s.  v.  (ruasda;  Pliot.  p.  5IG,  éd.  Porson  ;  Beliker, 
Anecd.  p.  02.  —  3  Plut.  Arat.  3  ;  Schoi.  ad  Thcocr.  IV,  10.  Pour  lomploi  de  la 
pioche  dans  les  gymnases,  cf.  Wclcker,  Zeitsch.  fur  ait.  Kunst  (1818),  p.  257; 
Ilhein.  Mus.  fur  l'Idl.  I,  p.  77  ;  Stepliani,  Compte  rend,  de  la  C.omm.  iirck.  de 
Pélersb.  1802,  p.  151  ;  1870,  p.  lûl  ;  Bursian,  BericlU.  d.  sûchs.  Oesellsch.  d.  Wiss. 
1871,  p.  2;  Grasberger,  Èrzieliunij  u.  Unterriclit  in  kl.  Alterth.  I,  p.  306  :  Bliini- 
ncr,  lelirtueh  z.  GriecU.  frivalalt.  d'Herrnann,  VI,  p.  3W.  —  i  Gerhard,  Auser- 
lesene  Vasenbild.  IV,  pi.  cci.xxi;  V.  Duruy,  ffisl.  des  Gr.  1887,1,  p.  318  ;  P.  Girard, 
Léducat.  athén.  1880,  p.  107,  fig.  20.  —  5  Musée  /Investein,  1884-,  n»  347  ;  Edni. 
Potlier,  Gaz.  arch.  1887,  p.  113,  lig.  5.  —0  Scliol.ad  Thcocr.  IV,  10.  —  70.  Jahn, 
Vasensamml.  :u  .Mûnck.  I»5i.  n°  795;  Arcliaeol.  Zeit.  1878,  pi.  xi  ;  Roulez,  Mém. 
de  t'Acad.  de  Hrux.  ,XVI,  p.  15  ;  Klein,  Meistersiyn.  p.  99,  n»  10  ;  Id.  Euphro- 
nios,  1880,  p.  28V  et  286;  cf.  une  coupe  de  Cervelri,  Musée  Jiavestein,  n"  348; 
E.  Polticr,  Gaz.  arch.  1887,  p.  112,  fig.  4  ;  une  coupe  d'Orvieto,  Arch.  Zeit.  1884, 
pi.  ivi,  n»  2  ;  Klein,  O.  c.  p.  145  ;  P.  Girard,  0.  c  p.  207.  —  8  Q.  Jahn,  n»  795  ; 
cf.  une  cvlix  de  Capoue  au  Palais  muiiicip.  des  Beaux-Arls,  no  337  (anc.  coll.  Du- 

VJII. 


ajjiaç  àitï|TOuv,   ot   S'  à7tT|fvoîivTO  Txâcpa;'';  ici,  a|j.-f|   a  le  sens 

de  faucille  et  non  de  pioche.  Sori.in  Dobigny. 

SItlEREIA  (SxiépEia).  —  Fête  célébrée  tous  les  deux 
ans,  à  Aléa  d'Arcadie,  en  l'honneur  de  Dionysos'.  Le 
nom  même  de  Sxiéoeia  est  obscur  ;  est-ce  une  allusion  à 
ce  que  les  célébrants  étaient  voilés  (axii-)?  Dans  cette 
fête  des  femmes  étaient  flagellées,  comme  l'étaient  les 
éphèbes  laconiens  à  l'autel  d'Artémis  Orthia  [diana]. 
Plusieurs  explications  ont  été  proposées  de  ces  flagella- 
tions rituelles  :  survivance  d'anciens  sacrifices  hu- 
mains i^DiAjiASTiGosis'l  ou  rite  de  contrition'',  de  l'espèce 
des  mutilations, jeûnes,  etc.;  rite  de  fécondation,  comme 
dans  les  lupercalia,  ou  même  de  communion  avec  l'es- 
pèce végétale  qui  sert  à  la  pratique  du  rite.  Si  cette  expli- 
cation, développée  par  M.  Thomsen"'  à  propos  du  rite 
laconien,  est  la  vraie,  elle  doit  s'appliquer  aussi  à  la 
fête  d',\rcadic'''.  Emile  Caiie.n. 

SHIROPIIORIA  (Sxipoifopia)  ou  SUIBA  (Sxipa).  —  Fête 
célébrée  à  Athènes  en  l'honneur  d'.\théna  Skiras  et  des 
déesses  éleusiniennes,  Déméter  et  Coré'. 

C'était  une  fête  d'été;  le  mois  skirophorion  en  a  pris 
son  nom.  Le  12  (22  juin,  c'est-à-dire  quand  commen- 
çaient les  grandes  chaleurs),  une  procession  partait  de 
l'Acropole  conduite  par  le  prêtre  d'Érechthée,  par  celui 
d'Hélios  et  par  la  prêtresse  d'Athèna  ;  des  hommes  de 
la  famille  des  Etéobutades  y  portaient  un  parasol  blanc 
(cxi'pov)^.  On  se  rendait,  à  peu  de  distance  sur  la  voie 
sacrée  d'Eleusis,  à  l'endroit  où  se  trouvait,  disait-on, 
le  premier  champ  ensemencé  par  les  Athéniens  %  appelé 
Skiros  à  cause  de  la  nature  du  sol,  qui  était  une  roche  . 
crayeuse  ougypseuse  (uxcgov)',  dont  Thésée,  après  sa  vic- 
toire sur  le  Minotaure,  avait  fait,  disait-on.  une  image 
de  la  déesse  ;  on  disait  aussi  que  de  cette  craie  blanche 
on  frottait  l'idole  '■'.  De  là  le  surnom  (Sxi'pa)  donné  à 
Athèna.  Selon  d'autres,  ce  surnom  lui  serait  venu  de 
l'invention,  qu'on  lui  attribuait  %  de  l'ombrelle  (dxi'pov 
^=  Gx'.ioeiijv)  pour  se  préserver  des  rayons  du  soleil.  Ces 
diverses  explications,  entre  lesquelles  les  anciens  hési- 
taient déjà,  se  ramènent  toutes  à  ce  fait  que  l'on  invo- 
quait Athèna  aux  Skirophoria  pour  obtenir  sa  protection 
contre  les  chaleurs  torrides. 

Les  Skirophories  étaient  une  fête  des  femmes,  comme 
les  Thesmophories  [tuesmopuoria]  '  ;  il  faut  expliquer  sans 
doute  les  rapports  signalés  entre  les  deux  fêtes  et  la 
place  que  les  déesses  d'Rleusis  avaient  dans  les  Skiro- 

tuit)  :  une  coupe  du  Louvre,  coll.  Campana,  n^  978  ;  P.  Girard,  O.  c.  p.  203,  f.  23  ; 
Jilthncr,  Ueàer  ant .  Turngcràlhe,  Vienne,  1890,  fig.  25,  20,  30,  43.  —  9  Vase 
Catalani,  Gerhard,  Ant.  Bildw.  pi.  i.xvui.  —  lO  Thcocr.  IV,  10.  —  H  A'e/i.  ad 
L.  c.  cf.  Aristoph.  l'ac.  299  et  420;  Xcnopli.  Cyr.  VI,  2,  31.  —  12  .Schol.  ad 
Theocrit.  IV,  20.  — 13  C'est  ainsi  (|u'à  Siphno,  la  pioche  se  nomme  à;<vr.,  mot  qui 
désigne,  à  Athènes,  la  hache,  la  cognOe  du  bûcheron.  Le  dict.  de  Cli.  Byzaiitios 
u'indir|ne  que  ces  deux  derniers  sens,  alors  qu'on  trouve  dans  le  Lexique  de 
Ventoti  (Vienne,  1790)  ;  «  hache,  coignùe,  scure,  mannaia^  houe,  pioche,  zap^a  n. 

—  H.Suid.  s.  D.  i|.,. 

SKIUREIA.  1  Paus.  VIII,  23,  1;  cf.  édiL  Hilzig-Bluemncr,  III,  p.  18R.  —  '2  Cf. 
Immerwahr,  Mtjth.  u.  Kult.  .Arkad.p.  189,  —  3  C'est  l'explicalion  des  anciens cux- 
niônics  :  ainsi  Philostr,  Vit.  Apoll.  VI,  20, 2;  elle  ne  rend  pas  compte  des  circonstances 
parliculièrcs,  et  de  personnes,  durile,  —  4  Cf,  Gruppe,  Griecfi.  Mythol.  p,  91 1,  n,  10. 

—  !>  Cf.  Tliomsen.  Orthia,  Copenhague,  1902,  evplicalion  acceptée  par  S.  Heiiiacli, 
Mythes,  Cultes  et  rtelii/.  I,  p.  173  sq.  -  6  Cf.  Niisson,  Griech.  Fesie,  p.  299. 

SKinOPIIOaiA.  1  Schol.  Arisloph.  Eccl.  18,  et  Thesm.  834;  Slcph.  Byz.  Exîpot. 

—  2  Harpocrat.  *.  u.  Sxt'çov;  Phot.  et  Suid,  s.  v.  axîç'.v  et  (t^isoî.  — 3  Bekker,  Anecd. 
p,  304;Strab,  IX,  p,  393  ;  Plut.  Conj.pracc.  42.—  *  Bekker,  £.  c.  ;  Pausan.I,  4,  30; 
Etym.  Magn.  —  ô  Arist,  Vesp.  925.  —  6  phol.  Suid.  Bekker,  T..  c.  —  7  Arisl. 
Thesm.  834  et  Schol  ;  C.  ins.  lat.  II,  p.  422,  n.  573.  V,  aussi  Schol,  Lucian,  Dial. 
mer.  Il,  1,  cité  par  Rohde,  Kl.  Schrift.  II,  315;  Miss  Harrison,  l'rolei/om.  to  the 
stud.  of  greek  Itetigion,  p.  135,  propose  une  nouvelle  explication:  les  femmes 
auraient  fait  des  gâteaux  comme   aux  Thesmopliorii-.^,  en  mêlant  de  la  craie  à  la 

171 


SKO 


1362  — 


SKO 


phories  à  côlé  dAtlièna,  en  rappolant  que  celle-ci  fut,  la 
première  en  Allique,  une  proloctrice  de  lagriculture 
[minerva,  p.  1313,  i-kocbaristkria]. 

Les  Skirophoriesélaientaussi  pourceux  quiyprenaienl 
part  un  temps  dabstinenco  et  de  lustration,  où  la  peau  de 
bélier  appelée  luosKoiuoiv  servait  à  se  puritiep'. 

Emile  Caiien. 
SHULfO\  (SxôXtcv).  —  L'usage  d'égayer  les  banquets 
par  des  chants  est  des  plus  anciens  dans  les  pays  grecs. 
«  Le  chant  et  la  danse,  dit  Homère',  sont  les  ornements 
du  festin  ».  Mais,  dans  Homère,  les  convives  ne  chantent 
pas  eux-mêmes.  C'est  un  chanteur  de  profession,  un  aède, 
qui,  lorsque  les  convives  sont  rassasiés-,  prend  la  lyre, 
et,  après  une  invocation  à  la  divinité,  raconte  les 
exploits  des  anciens  héros  et  les  aventures  des  dieux. 
Après  avoir  longtemps  charmé  les  hommes,  l'épopée  com- 
mença à  languir.  On  avait  fini  par  être  fatigué  de  ces 
éternels  récits  sur  les  géants,  les  Titans,  les  Centaures '. 
Un  genre  nouveau,  le  lyrisme,  avait  pris  naissance.  La 
poésie  nouvelle  fut  bientôt  introduite  dans  les  salles  des 
banquets  :  elle  était  musicale.  Selon  l'usage  consacré,  on 
invoquait  d'abord  les  dieux.  Le  chant,  dit  Xénophane*, 
doit  commencer  par  sûov- jjloi;  fx'jôoiç  xaî  y.ïôacpoTci  16-(o:;.  Cet 
hymne,  prélude  des  autres  chants  dans  les  festins,  était 
le  péan^  Il  était  chanté  en  chœur  [p.\ean].  Le  péan  est 
souvent  mis  au  rang  des  scolies*;  ce  qui  se  comprend 
bien,  puisque  assez  souvent  lescolie  n'est  lui-même  qu'un 
hymne.  Après  le  péan  venait  le  tour  des  chansons. 

La  chanson  de  table  ou  scolie  est  née  très  probablement 
dans  cette  ile  de  Lesbosqui  devait  bientôt  après  donner  le 
jour  à  Alcée  et  à  Saplio.  L'origine  éolienne  du  scolie 
semble  établie  par  la  tradition  qui  le  fait  remontera  Ter- 
pandre  par  l'usage  du  barbitos,  et  sans  doute  aussi  par 
l'accentuation  même  du  mot  (rxoÀtov\  C'est,  en  eflet,  au 
lesbien  Terpandre  que  Plutarque  attribue  la  création 
du  scolie*.  Pindare,  cependant,  dans  le  passage  auquel 
se  réfère  Plutarque,  dit  simplement  que  Terpandre,  dans 
les  festins  des  Lydiens,  remplaça  la  haute  pectis  par  le 
barbitos'.  Presque  tous  les  poètes  des  vu'  et  vr'  siècle  ont 
composé  des  scolies  :  Alcman,  Alcée,  Sapho,  Pytherme, 
Anacréon,  Stésichore,  Simonide  de  Cos,  Timocréon  de 
Rhodes'".  Nous  avons  quelques  fragments  des  scolies 
d'Alcée".  L'ardent  poète  y  chante  l'amour,  le  vin;  avant 
tout  arbre,  dit-il,  il  faut  planter  la  vigne  '-.  Le  vin  est  la 
sincérité  même  :  c'est  un  miroir  pour  l'homme '^  Déjà 
le  scolie  sert  les  passions  politiques.  «  H  faut  boire  à 
présent  que  le  tyran  Myrsile  est  mort  ".  »  Dans  une 
autre  pièce,  c'est  le  tyran  Pittacos  qu'il  traîne  dans 
la  boue'^  Tous  ces  scolies  étaient  le  plus  souvent  chan- 
tés par  un  seul  convive  s'accompagnanl  de  la  cithare". 


«  Suid.i.  i:  ai!,;,..8..«;  Phot.s.  V.  Tf.^r.»;;.  —  BiB.ioGRAPHiF.llcrmanu,  Co«es,/, 
AUerthùm.  §  Cl;  Schocm.inii,  Griech.  Atlerlh.  Il,  p.  474;  A.  Monimsen,  Fesle 
der  SladC  Alhen,  p.  309,  313,  ÔOV;  Id.  Philologiis,  L,  p.  IS5:  C.  Robert,  dans 
Utrmes,  XX,  349  sq.  ;  Rolide,  Ib.  116  s.).  =  A7.  Schriften,  p.  371. 

SKOLION.  1  Od.  I,  152;  Vjll,  99,  M6  ;  XVIII,  304:'flj,Bin.  m  Herm.  55. 
—  2  Od.  I,  150  ;  VIII,  li.  —  3  .Venoplian.,  17i;,  I,  il,  M.  Uiels,  Poet.  Philos,  frag. 
(AUien.  XI.  4«î  Cj.  —  t  Xenoplian.,  Loc.  cil.  v.  nu.  —  !.  Article  paean  ;  il,id. 
p.  ii"i9,  col.  )  le  t«.iv  ».)^io<„«„i; :  HIai.,  .fymp.  176  A;  Xen.  Hi/mp.,  Il,  i; 
l'Iul.  Ouaest.  symp.  I.  1,  5  (615  B)  ;  Alliell.  XIV,  6i7  E  ;  V,  179  D  ;  M.  Croise!,  Hist. 
de  la  lit.  ijr.  III,  655  ;  Cbrisl,  Uriecli.  Lit.  149.  —  0  Plut.  lue.  cil.  —'<  A.  Croiscl, 
Hist.  de  la  lit.  ijr.  Il,  il 3.  L'adjectif  coiiij  a  subi  la  .Ssjuti.r,»,;  éolienne.  —  i  De 
mujic,  28.  —  9  Piod.  éd.  Christ,  fr.  125  ;  Bcrgk,  Poet.  lyr.  125,  4»  éd.  Les  discus- 
sions sur  cette  question  sont  résumées  cbez  Engelbreclit.  De  sculioriim  poesi, 
p.  10-14.  Cet  auteur  croit  qu'avant  Tcrp.indre,  les  chants  populaires  de  table  se 
chantaient  â  table  sans  accompagnement  :  dans  le  fragment  cité  par  Plutaniuc,  il 
est  cepcndaul  question  de  la  pectis.  —  <0  Engelhrccbt  a  rassemblé  dans  sa  disser- 


Quelquefois  aussi    ils   ont    pu  être  chantés  en  chœur. 
Avec  Pindare  et  Bacchylide'\  le  scolie  devient  déci- 
dément clinral"  et  reçoit  souvent  les  développements  qui 
distinguent  une  ode  de  Pindare  d'une  ode  d'Alcée  ou  de 
Sapho.  Plusieurs  des  scolies  du  poète  thébain  ont  été  exécu- 
tés comme  des  odes  triomphales  et  avec  le  même  appareil ''^ 
Nous  possédons  des  fragments  un  peu  étendus  de  deux 
de  ces  scolies.    L'un   d'eux  est  dédié  à    Xénophon   de 
Corinlhe,  vainqueur  à  Olympie,  au  stade  et  au  pentatlile, 
celui-là    même    pour    lequel    le    poète  a    composé    la 
XIJJ'  Olympique.  Si  courts  que  soient  les  fragments  du 
scolie,  ils  suffisent  pour  nous  montrer  la  différence  des 
deux  genres  lyriques.  L'ode  triomphale  célèbre  la  gloire 
de  la  maison  de  Xénopiion  et  ses  nombreuses  victoires  à 
tous  les  grands  jeux  de  la  Grèce.  Le  scolie  a  pour  sujet  le 
vœu  qu'avait  fait  Xénophon  de  consacrer,  s'il  était  vain- 
queur, cent  courtisanes  au    temple   d'Aplirodite  à  Co- 
rinthe-".  C'est  probablement  la  partie  délicate  à  traiter 
qui  nous  a  été  conservée  de  ce  scolie.  Le  grand  poète  la 
traite  avec  cette  ironie  grave  qui  est  un  des  côtés  les  plus 
curieux  de  son  talent.  Il  a  des  paroles  consolantes  pour 
ces  jeunes  femmes.  Ce  scolie  fut  exécuté  pendant  le  sacri- 
fice que  Xénophon,  entouré  de  ces  courtisanes,  oITrit  pour 
célébrer  sa  victoire'-'.  Le  second  scolie  exprime,  en  ter- 
mes ardents,  la  passion  que  Pindare,  arrivé  à  la  vieillesse, 
éprouvait  pour  Théoxène  de  Ténédos  --.Il  y  avait  dans  le 
tempérament  de  Pindare  une  veine  de  sensualité  assez 
marquée -^ 

Ces  scolies  des  grands  lyriques,  même  ceux  qui,  la 
première  fois,  furent  chantés  avec  l'appareil  des  odes 
triomphales,  étaient  repris  dans  les  banquets  d'une  façon 
plus  simple;  le  plus  souvent  même,  ils  étaient  récités 
par  un  soliste'-'.  Ce  n'étaient  pas  seulement  les  scolies  de 
Pindare  qu'on  chantait  dans  les  banquets,  mais  ses  autres 
poésies:  odes,  parthénies,  dithyrambes,  etc.,  et  il  en  était 
de  même  pour  Stésiciiore,  Alcman,  Simonide'-".  Ces  réci- 
tations dans  les  banquets  ont  eu  une  influence  considé- 
rable sur  la  propagation  du  lyrisme'-'.  C'était  la  marque 
d'une  bonne  éducation  de  savoir  par  chœur  de  longs 
morceaux  des  grands  maîtres  lyriques"-^  :  pour  caractériser 
la  profonde  ignorance,  on  disait  :  ignorer  la  triade  de 
Stésichore-'. 

.\  côté  du  scolie  littéraire  créé  par  les  Éoliens,  il  y  avait 
une  littérature  populaire  de  ce  genre  de  poésie.  A  quelle 
époque  remonle-t-elle".' Nous  avons  vu  qu'avantTerpandre, 
on  chantait  chez  les  Lydiens  en  s'accompagnanl  de  la 
pectis'-'.  Nous  savons  qu'à  Sparte,  on  chantait  dans  les 
Syssities  des  péans  et  les  vers  de  Tyrtée'";  à  Athènes, 
on  chantait  les  lois  de  Ciiarondas^',  qui  étaient  écrites  en 
vers.  Dans  un  tel  milieu  de  chants  et  de  poésie,  il  devait 


talion  (p.  74-9S)  les  fragments  de  scolies  tpii  nous  sont  parvenus  de  ces  divers  poètes 
ou  qui  leur  sont  altrdiués  ;  cf.  encore  tiaslé.  De  Scoliis,  passim.  —  <<  Voy.  Bergk, 
Poet.  lyr.  gr.  t.  III,  p.  147,  4'  éd.  l!>73.  —12  Bergk,  H.  Cal  l'ode  d'Horace,  I,  IS. 
Cf.  encore  Bergk,  40.  41.  —  '3  Bergk.  53.  —  14  Bcrgk,  iil;  c'est  Iode  imitée  par 
Horace  (Od.  I,  37)  :  .Nunc  est  bibenduni.  —  '5  Bergk,  37  A.  —  16  Alhen.,  69  A  = 
Aristoph.  Dailaleis,  fr.  223,  Koch  :  ".\«i>v  i.j  |ioi  ncXiciv  ti  "«aSi.v  'A).xa'9j 
>iv«yjîo-.To;  ;  Thémislocle  blâmé  pour  avoir  refusé  déjouer  de    la  lyre,  Cic.  Tusc.^ 

I,  2.  —  '^  Baccliylide  a  au  moins  écrit  dessapoiuta  c^wTixâ,  n*"*  17-22  de  Blass  ;  Bergk, 
III,  27   et  2S  ;   Eugcibreclil,  p.   89.  —  i»  A.  Croiset,  Hist.  de  la  lit.  i/r.  Il,  212. 

—  19  \.Vrohel,La  poésie  de  Pindare,  103.  —30  Ed.  Christ,  fr.  122.  — 21  Alhen.,  XIII, 
573  F. — 22  Christ,  fr.  123.  —  '2^  Voira  ce  sujet  Nageotte,  Hist.  de  la  poésie  lyrique, 

II,  23S.  —  îVArisloph.  Dailaleis,  tr.  HZ;  Nuh.  1355.  —  2iEupolis,  f.  366,  139,361, 
Koch.  —  26  Reitzenstein,  p.  32.  —  27  cic.  Tuscul.  I,  4  ;  Plul.  Tltemist.  2  ;  Cimon,  4. 

—  28  Hcsych.  Tjîa  STïi^i/if ou  ;  Zenobios  1,  23  (Miller)  :  Ijusius,  Comment.  Ilibb.  1. 

—  29  Reitzensteiu  place  les  scolies  populaires  avant  les  scolies  poéti(|ues.  —  SO  Phi- 
loch.  fr.  56,  Didot.  —  "  D'après  le  philosophe  Hermippos,  Athen.,  XIV,  619  B. 


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—  1363 


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arriver,  et  le  fait  a  dû  se  produire  de  très  bonne  heure, 
que  des  convives  halMles  se  missent  à  réciter  des  scolies 
de  leur  composition.  Certaines  de  ces  chansons  furent 
plus  particulièrement  goûtées  ;  on  en  prit  des  copies 
pour  les  réciter  à  l'occasion  ;  il  se  forma  ainsi  des  recueils 
populaires,  où  l'on  faisait  entrer  toute  chanson  qui  avait 
eu  du  succès,  sans  se  soucier  d'indiquer  qui  en  était  l'au- 
teur; c'était  du  reste  de  très  courts  morceaux,  n'ayant  le 
plus  souvent  aucune  prétention  littéraire.  Nous  possé- 
dons un  de  ces  recueils  ;  il  nous  a  été  conservé  par 
Athénée  sous  le  litre  de  SxôXta  'Attixoc  :  il  contient 
io  pièces  qui  étaient  renommées,  dit  Athénée,  par  leur 
antiquité  et  leur  simplicité'.  Les  plus  anciennes  concer- 
nent la  lutte  de  lanoblesse  contre  les  Pisistratides- ;  elles 
célèbrent  les  tyrannicides  ;  quelques-unes  rappellent  les 
guerres  médiques';  dans  d'autres,  on  peut  constater 
une  imitation  de  Pindare^  Il  faut  donc  admettre  qu'un 
peu  avant  le  milieu  du  v'  siècle,  ce  recueil  de  scolies  était 
répandu  dans  les  cercles  aristocratiques  d'Athènes^.  Il 
futlongtemps  en  vogue;. Xristoteleconnaissait*,  ainsique 
Dion  Chrysostome"  et  Didyme*.  Ces  petits  couplets  très 
courts,  d'une  allure  preste  et  dégagée,  tout  en  petits 
membres  logaédiques  ',  ne  sont  parfois  que  la  repro- 
duction abrégée  et  comme  un  écho'"  de  morceaux  poéti- 
ques connus,  de  proverbes,  de  fables.  Ce  sont  assurément 
des  improvisations  ;  parfois  la  phrase  est  un  peu  embar- 
rassée ".  Certains  morceaux  ont  uneréelle  valeur  poétique, 
ainsi  le  scolie  connu  en  l'honneur  des  tyrannicides'-,  et 
le  scolie  d'Hybrias,  ajouté  à  la  suite  des  ib  scolies  atti- 
ques,  belle  chanson  de  mercenaires,  qui  devait  être 
chantée  avec  entrain  aux  Syssities  des  (Cretois''. 

Parmi  ces  scolies  anonymes,  dont  le  souvenir  s'était 
conservé,  il  y  en  eut  quelques-uns  auxquels  on  voulut  attri- 
buer un  auteur;  il  est  intéressant  de  voir  qu'on  ait  pensé 
aux  sept  sages;  nous  possédons  sept  scolies  qui  portent 
leurs  noms  :  tous  contiennent  des  leçons  de  morale". 

Au  commencement  du  x"  siècle,  la  poésie  lyrique,  à 
son  tour,  languissait  ;  un  genre  nouveau,  la  tragédie, 
avait  pris  naissance,  et  sa  faveur  grandissait  chaque  jour. 
«  Cela  sent  son  vieux  temps,  dit  Eupolis'%  de  chanter 
Stésichore,  .\!cmanetSimonide».  Une  scène  de  la  comédie 
des  jVMe'es'^  d'Aristophane  met  sous  nos  yeux  la  lutte 
entre  les  deux  genres  et  la  victoire  de  la  tragédie  sur  le 
lyrisme.  \  la  fin  du  banquet  que  Strepsiade  donne  à  son 
fils,  il  lui  dit  :  «  Prends  la  lyre  et  chante^''  le  mélos  de 


•  .\nien,,  XV,  09i-60G  ;  Reilzenslciii,  13;  Eiigolbrecht,  i;6  :  Bcrgk,  III,  p.  IU3; 
V.  Leeuwen  (éd.  des  Gii/'pes  d'Aristopli.  v.  Wii  et  1245)  pense  que  Praxilla  n  a 
pas  Tait  des  poésies,  mais  un  recueil  de  KoLpoÉvin.  —  -  Wilaraonitz,  Arist.  u. 
Ath.  II,  310,  au  sujet  des  scolies  sur  les  tyrannicides.  —  3  Le  scolie  en  Mion- 
neur  de  Pan  est  le  quatrième  du  recueil  :  le  scolie  cinquième  contient  une  allu- 
sion aux  victoires  conlre  les  Perses.  Sur  Pan  voir  Herod.  VI,  105-106.  Pour  toute 
cette  discussion,  voir  Reitzeustein,  p.  13-24.  —  *  Scolie  en  l'honneur  de  Pan, 
Pind.  fr.  95,  cf.  Alislopll.  Tliesmoph.  977;  se.  15,  cf.  sch.  Aiistopll.  Lijsist.    1237. 

—  S  Keitzenstein,  p.  15.  —  6  Les  scolies  23  et  2V  sont  reproduits  dans  la  Const- 
(lÀth.  c.  XIX  et  IX.  —  7  II,  C3.  —  8  Scholies  d'Oxford  ad  Plat.   Gon,ias,  «t   E. 

—  9  M.  Croiset,  Hisl.  de  la  litt.  ijr.  111,  638  ;  Gasté,  Op.  laiid.,  p.  17,  avec  les 
références.  —  10  Le  scolie  20  relatif  au  scorpion  est  imité  d'un  provcriic  ; 
Praxilla  .lurail  imité  le  scolie,  Reilzentsein,  18.  Bcrgt,  III,  p.  567  et  Buchliolz- 
Silzler  (Anth.  aus  der  Lyrik.  dcr  Gr.  i'  éd.  p.  176  et  210)  attribuent  le  se.  à 
Praxilla;  le  scolie  sur  le  crabe  est  l'abrégé  d'une  fable,  Keitzenstein,  19.  —  H  Voir 
surtout  le  se.  16,  l'indication  iitV  'A/i'nîifa  d'après  le  se.  15.  —  12  Hésychius  attri- 
bue le  scolie  à  Callistrate.  Les  appréciations  sur  les  se.  des  tyrannicides  sont  très 
diverses.  Bergk,  Poet.  lyr.tjr.  III,  p.  646,  croit  que  la  strophe  2  est  le  motif  principal, 
dont  les  autres  strophes  ne  sont  qu'une  répétition.  Reitzcnstcin  (p.  22)  suppose  que 
les  quatre  strophes  forment  un  tout  divisé  en  deux  parties:  c'est  à  peu  près  l'ex- 
plication d'EngcIbrccht,  p.  67.  Wilamowitz  (Arislot.  u.  Alh.  11.  319;  critique  la 
strophe  4.  Cf.  encore  Buchholz-Sitzler,  Anthol.  Il,  209.  —  l»E.  Bergk,  III,  p.  651  ; 
Reitzeustein.    p.  33;   Engelbreclit,  85;  Buchholz-Sitllcr,  II,  177.  —  I*  Atlien.  XV, 


Simonide  sur  la  toison  du  bélier.  «  Le  jeune  homme,  qui 
suit  les  modes  nouvelles,  refuse  en  disant  qu'il  est  stupide 
de  jouer  de  la  lyre,  de  chanter  en  buvant,  comme  une 
femme  qui  moud  de  l'orge  ;  il  ajoute  que  Simonide  est 
un  mauvais  poète.  Strepsiade  demande  alors  à  son  fils 
de  prendre  un  rameau  de  myrte  et  de  dire  un  passage 
d'Fschyle.  Mais  le  fils  est  plein  de  mépris  pour  Eschyle  ; 
il  débite  une  tirade  d'Euripide  '*.  .\insi  vers  la  fin  du  v'  siè- 
cle, toutes  les  faveurs  du  public  allaient  à  la  tragédie. 
Comme  on  avait  eu  des  recueils  de  scolies,  il  se  forma 
aussi  des  recueils  de  morceaux  choisis  tirés  des  grands 
tragiques"  ;  on  les  apprenait  par  cœur,  pour  les  réciter 
dans  les  banquets.  La  comédie,  à  son  tour,  fournit  aux 
convives  un  répertoire  riche  en  fantaisies,  en  satires. 
Dans  les  festins,  dit  Aristophane'",  parlant  de  Cratinus, 
on  ne  pouvait  chanter  autre  chose  que  «  Doro  chaussée 
de  calomnies  »  et  «  Artisans  d'hymnes  bien  tournés  ».  Le 
succès  de  la  comédie  ne  fit  que  croître  avec  Ménandre^'. 

Cependant,  la  poésie  lyrique  n'était  pas  morte  ;  les 
compositeurs  d'odes,  de  dithyrambes,  etc.,  sont  nom- 
breux--. Le  scolie  est  toujours  cultivé  ;Mélétos,  l'accusa- 
teur de  Socrate,  en  composait^^  Ausiècle  suivant,  Aris- 
tote  devait  donner  le  modèle  du  genre,  en  écrivant  cet 
admirable  scolie  à  la  vertu  en  l'honneur  de  son  parent, 
le  tyran  Hermias-'. 

La  scène  des  Nuées  ne  nous  montre  pas  seulement  les 
changements  qui  s'étaient  opérés  dans  les  goûts  du 
public  athénien  au  moment  de  la  guerre  du  Péloponèse; 
elle  nous  indique  aussi  très  nettement  les  différences 
relatives  à  la  récitation  de  la  poésie  lyrique  et  de  la  poésie 
dramatique  dans  les  banquets.  La  poésie  lyrique  est 
chantée^'  avec  accompagnement  de  la  lyre-'',  tantôt  en 
cliœur-\  tantôt  par  un  convive.  Dans  ce  dernier  cas,  les 
convives  habiles  àjouer  de  la  lyre,  ol  cjvETot,  se  fonlseuls 
entendre  ;  la  lyre  circule  au  milieu  des  convives,  en 
décrivant  ainsi  une  ligne  tortueuse-*.  Les  tirades  drama- 
tiques sont  déclamées-'.  Généralement,  tous  les  convives 
sont  en  étal  de  réciter  un  passage  d'une  tragédie  ou 
d'une  comédie.  Cette  fois  c'est  un  rameau  de  myrte'"  ou 
de  laurier"  qui  circule;  chaque  convive  le  prend  à  son 
tour,  chante  et,  quand  il  a  fini,  le  passe  à  son  voisin '^ 
Le  rameau  suit  une  marche  régulière  et  est  vcr\x  par 
tous  les  convives.  On  commence  généralement  par  la 
droite".  Des  morceaux  lyriques  ont  pu  être  récités  de 
cette  manière,  le  chanteur  tenant,  non  la  cithare,  mais  le 


606  A  ;  Bergk,  III,  p.  045.  Casaubon,  le  premier,  contesta  l'aulhentieité  des  sept 
scolies  :  voir  E.  Ililler,  Oie  lUterarische  Tliûlii/knl  dersiehen  ^VeiscH.daus  Hhein. 
J/uj.  XXXV1I1.518;0.  Mulkr,  Hist.  delà  litt.  ijr  (Irad.  franc.)  II,  133;  Lcutsch, 
Philolog.  XXX,   134;    Engelbrecfal,  90.   —  15  Fr.   139  Koch.   —  16  V.  1333-1376. 

—  1^  Remarquer  le  mot  àirat  pour  Simonide,  et  plus  loin  Xéïov  (|uand  il  s'agira  d'un 
passage  d'Eschyle.  -  l»  V.  1370,  fi»'  Eijt-.'Sou^îii.'v  t.-,..  —  1^  Wilamon  ilz.  Berakles, 
I,  172  ;  Reitzeustein,  38.  —20  Eqtiit.,  520.  —  21  Plut.  Qiiaest.    conv.   Vil,  S,  3. 

—  '^2  Us  sont  vivement  attaqués  par  les  comiques,  Arisloph.  Nub. ,  333  ;  l'ax,  829  ; 
Av.  1372,  1384,  etc.  —  23  Arisloph.  iïaii.  1302.  —  24  Athen.  XV,  096  A-D  ;  Diog. 
Laert.  V,  7.  Des  fragments  de  scolies  ont  été  trouvés  récemmeul  en  Egypte,  Scliu- 
bart  et  Wilamowitz,  llertiner  Klassikerlexle,  fasc.  V,  2"  partie,  n.  15.  —  25  Aris- 
loph. Yesp.,  269,  1225;  Lysistr.  1236;  fr.  223;  Cratinus,  236;  Eupolis,  139, 
366.  —  26  Arjptoph.  Achavn.  980;  A'u4.,  1355  ;  Sch.  Vesp.,  1222,  1239;  Plut. 
Quaest.  symp.  1,  1,5  =  615  B;  Tzetzes,  ""lajiSùi  te/uxoi  r.if\  xuft.oSîaî,  82.  —  2,  Le 
scolie  altique  (TTia.'.îiv  ^i-,  Ssiorov),  entre  autres,  élait  souvent  chanté  en  chœur; 
Bergk,  p.  643  ;  cf.  Plalon,  Gorgias,  431  E  et  la  scholie.  —  -*  Uiccar.  sch.  arch.  ap. 
Gor(/t*w,  cité  dans  la  note  précédente  ;  Artemonap.  Athon..  XV,  604  .A;  les  autres  textes 
dans  Reitzeustein,  p.  4.  —  29  Lesf;.»ii;  des  poètes  lragi(|ucs,  d'Euripide  surtout,  ont 
pu  être  chantées.  —  30  Arisloph.  Nub.,  1364,  et  les  textes  cités  ci-dessus,  n.  26. 

—  31  Le  laurier  est  mentionné  par  Arisloxène,  Loc.  cit.  ;  sch.  Nub.,  1304  ; 
Vesp.,    1232,    1239.  —  32    Schol.    Vesp.,  1222,  et    les    textes   cités  plus  haut 

d'Aristosèue,  d'Artémou,  de  Plutarque.  —  33  Pollux,  VI,  108  :  x«l  iijffc'vn  «'■  *£;•« 
iies.sieovTiî;  Anaiandridc,  1  ;  Atlien.  XIV,  463  F  ;  Plat.  Sympos.  177  D. 


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—   1^64  — 


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rameau  de  myrlc';  la  (lùle  préludait.  On  sait  d'ailleurs 
que  raùXT,Tsî;  figurait  toujours  dans  les  scènes  des  ban- 
quels-  (tig.  itl'.to).  Le  jeu  du  collabe  [kottabos]  est  sou- 
vent associé  aux  chansons  de  table;  Atl'.énée  rapporte 
que  les  scolies  des  anciens  poètes  étaient  remplis  d'allu- 
sions au  cottabe^  Nous  savons  peu  de  chose  de  l'harmo- 
nie; on  disaitquePylhermosavait  introduit  dansle  genre 
l'harmonie  ionienne'. 

Nous  connaissons  plus  de  cenl  peintures  de  vases  repré- 
sentant le  cotlabe.  Sur  la  plupart  de  ces  vases  sont  repré- 
sentés une  joueuse  de  tlùle,  des  convives  jouant  de  la 
cithare,  d'autres  levant  les  mains  comme  s'ils  chantaient 
ou  s'ils  déclamaient'.  Sur  un  vase  décrit  par  Tischbein^ 
on  voit  trois  hommes  couchés  sur  un  lit,  un  d'eux  lance 
le  cotlabe;  à  gauche  un  homme  barbu  avec  une  torche 
amené  par  deux  éphèbes;  l'un  d'eux  semble  chantera 
Une  amphore  du  Louvre,  au  nom  de  Léagros,  et  une 
coupe  de  Tanagre  montrent  des  personnages  couchés  sur 
des  lits  de  banquets  et  chantant  des  vers  inscrits  dans 
le  champ,  à  côté  d'eux  '. 

Il  y  a  enfin  un  genre  de  scolies  qui  est  un  jeu  de  société, 
quelque  chose  comme  ce  qui  a  été,  dans  nos  salons,  l'in- 
promptu  et  le  bout  rimé,  avec  les  différences  que  les 
mœurs,  la  langue,  les  formes  poétiques  imposaient  à  ce 
genre  d'amusements.  Le  scolie  se  transforme  en  une 
scène  de  comédie  où  tous  les  convives  jouent  un  rôle. 
Aristophane,  dans  la  pièce  des  (tuêpes,  a  porté  sur  le 
théâtre  une  de  ces  scènes  *.  Bdélycléon,  voulantapprendre 
les  belles  manières  à  Philocléon,  lui  demande  entre 
autres  choses  comment,  dans  un  banquet  qu'il  ima- 
gine, il  recevrait  les  scolies  ".  Les  convives  suppo- 
sés sont  Cléon,  Théoros,  Eschine  et  d'autres  amis  du 
démagogue.  Les  libations  sont  faites,  la  joueuse  de  flûte 
a  commencé  '". 

Bdélycléon.  —  Je  suis  Cléon  ;  je  chante  le  premier  la 
chanson  d'Harmodius;  tu  recevras,  toi:  «  Jamais  aucun 

homme  ne  fut  dans  Athènes" »  —  Philocléon.  — 

Aussi  scélérat  et  aussi  voleur.  —  Bdélycléon.  —  Tu  lui 
diras  cela.  Tu  périras  sous  ses  cris;  il  dira  qu'il  veut  te 
perdre,  t'anéantir,  te  chasser  loin  de  ce  pays.  —  Philo- 
cléon. —  Et  moi,  s'il  menace,  je  lui  chanterai  cet  autre 
scolie.  «  0  toi  dans  ton  ardent  désir  du  pouvoir  su- 
prême, lu  renverseras  la  cité,  qui  déjà  penche  vers  sa 
ruine  '-.  »  —  Bdélycléon.  —  Et  quand  Tliéoros,  couché  aux 
pieds  de  Cléon,  chantera  en  lui  prenant  la  main  :  «  Instruit 
par  la  parole  d'Admète''',  aime  les  gens  braves.  »  Quel 
scolie  lui  diras-tu?  —  Philocléon.  —  Moi,  voici  :  «  Il  n'y 
a  pas  à  faire  le  renard  et  à  être  l'ami  des  deux  partis  "  ». 
—  Bdélycléon.  —  Après  lui,  Eschine,  lilsde  Sellos,  recevra 
le  scolie,  homme  habile  et  ami  des  Muses  ;  il  chantera  : 


<  Arislopli.  fr.  430  :  o  |>Èv  f.Jty  'Aîiiiixoii  Vo-jov  «fb?  |iupf fvT.v  :  C  ralinus,  236  —  2  Aris- 
lopli.  Ves/)..lïl9;  Craliaus,  i36  ;  Plal.,  Si/mp.  170  E cl  la  iiolc7  de  lap  28  de  l'éd. 
11  ug,  Tculmcr,  1884.  —  3  X,  427,  DE.  —  »  Aliien.,  XIV,  625  C.  Dans  ce  passage 
il  faut  corriger  moiià  par  tniUa.  —5  Nous  citerons  :  Kelnacli,  ii^pert.  des  vases 
peinls. 1,36,  5,  111,  3  et  7  ;  320  ;  11,  4,  I9'.l,  329.  —  6  Collect.  Ejigravin,/s,  t.  V, 
pi.  x  =  S.  Reinach,  II,  33r,  ;  cf. aussi  0.  Jalin,  Philologus,  t.  XXVI  (1867),  Kollabos 
ttiif  Vasenbildern.ymei.p].  ni,p.2î5.  — 1  Studniczka,  dans yn/ic4iicA. /ns/.  IKS7, 
11,  p.  162;  E.  Pottier,  Catalogue  des  vases  du  Louvre,  p.  902;  Album  des  Vases  aiiti- 
gues,p\.W,  G  30  ;  Kiehlerdans  Mil.  Mitth.  IX,  1884,  p.  I,  pi.  i.  Cf.  Ilartwig,  Mets- 
tersch.  p.  255,  noie  2. —8  1219-1249.  —  9  V.  1222  :Tà  ««AianJ;  iici..  —  10  Confirmé 
par  Cralinus.fr.  236.  —  **  C'est  là  une  variante  du  scolie  des  tyrannicides. —  I*  Ces 
deux  vers  sont  d'Alcée,  d'après  le  scliol.  v.  1232;  cf.  Bcrgk.  Poet.  h/r.  25.  —  13  Çoni- 
meocemeut  d'un  scolie  (dit  le  sclioliasle),  peut-^tre  de  l'raiilla?  Voir  Cralinus,  fr. 
23G  ;  Aristoph.  fr.  430.  ReiUenslein,  Skol.  p.  17,  attribue  are  passage  la  scliolie  mise 
danslesMilionsauv.  1241  Icf.  la  note  suivante);  Wilamowitz,  r>p. /.  ll,s;i  sq.—  l'At- 
tribué a  Alcéc  ou  à  Sapho,  mais  de  l'raxilla,  dit  la  scbolie.  —  1°  Poétesse  Ibessalienae, 


«  Richesse  et  longue  vie  à  Cleilagora'°  et  à  moi  avec  les 
Thessaliens  ».  —  Philocléon.  —  «  Tu  as  fait  de  grosses 
dépenses"^  avec  tes  vantardises  et  moi  aussi  ». 

On  voit  en  quoi  consiste  le  jeu.  Les  convives  se  pro- 
voquent et  ripostent  par  des  citations  de  morceaux 
poétiques  connus  ".  C'est  à  qui  trouvera  dans  sa  mémoire 
la  citation  qui  donne  à  la  riposte  de  l'à-propos,  de  la 
verve,  de  la  causticité;  le  convive  doit  avoir  de  l'esprit 
et  des  lettres;  à  une  citation  poétique  qui  le  provoque, 
il  doit  répondre  par  une  autre  citation  et  cette  citation 
doit  non  seulement  faire  une  réponse  ingénieuse  et 
piquante,  mais  aussi  s'adapter  pour  le  mètre  au  mètre  de 
la  provocation.  Une  faute  de  goût,  une  erreur  de  métrique 
excitent  les  moqueries  et  exposent  au  ridicule  '*. 

Ce  jeu  est  assez  semblable  à  celui  que  nous  voyons 
décrit  dans  le  Si/mposion  de  Platon  ".  Alcibiade,  qui  est 
arrivé  à  la  lin  du  repas,  est  invité  à  parler  sur  l'amour, 
comme  l'ont  fait  les  autres  convives,  en  commençant  par 
la  droite.  «  Quand  lu  auras  fini,  lui  dit  Eryxomaque,  tu 
prescriras  à  Socrate  le  sujet  que  lu  voudras  ;  puis  So- 
crate  de  même  à  son  voisin  de  droite  et  ainsi  de  suite.  » 
La  différence  essentielle  est  que  les  convives  discourent 
en  prose.  Les  scolies,  les  chansons,  les  airs  de  flûte" 
sont  méprisés  des  pliilosophes.  Avec  Platon  et  Xénophon 
commence  celle  littérature  des  cuaTto^iaxo';  loyo'.  qui  devait 
prendre  un  si  grand  développement. 

Telles  sont  les  diverses  formes  que  le  scolie  a  prises 
en  Grèce.  Les  anciens  ont  essayé  de  les  classer  et  de  les 
expliquer'-'  ;  la  chose  n'élailpas  facile.  Le  nom  même  du 
scolie  les  embarrassait  fort;  il  a  plusieurs  sens  et  aucun 
de  ces  sens  ne  se  rapporte  bien  directement  aux  choses 
de  la  table.  L'explication,  qui  jouit  aujourd'hui  de  plus 
de  faveur,  est  celle  de  Dicéarque--.  Le  scolie,  dit  cet 
auteur,  est  une  clianson  de  table;  il  y  a  trois  sortes  de 
chansons  de  table,  Ttapoîvia:  l°tous  les  convives  chantent 
en  chœur;  ^2°  tous  les  convives  chantent  chacun  à 
leur  tour;  un  rameau  de  myrte  ou  de  laurier  circule; 
chaque  convive  doit  le  prendre  et  chanter;  3°  une  lyre 
circule;  seuls  les  gens  habiles,  oi  cuvetoc,  la  prennent  et 
chantent.  C'est  seulement  à  celte  dernière  catégorie  de 
cliansons  que  Dicéarque  donne  le  nom  de  scolie;  ce 
nom  viendrait  des  circuits  que  fait  la  lyre  passant  aux 
mains  des  gens  habiles,  au  hasard  de  la  place  qu'ils 
occupent  ;  le  substantif  cxoXtov  se  rattacherait  donc  à 
l'adjectif  axoXto'i;,  oblique,  tortueux,  avec  un  déplacement 
d'accent.  Plutarque  ^'  ajoute  certains  renseignements  à 
ce  que  dit  Dicéarque;  mais  il  donne  une  autre  inter- 
prétation du  mot  cxoXtov;  les  ignorants,  incapables  déjouer 
de  la  lyre,  sont  refusés;  c'est  ce  qui  a  fait  donner  à  ce 
chant  le  nom  de  scolie,  parce  qu'il  n'est  pas  facile  et  que 


disent  les  scbolies.  Cratinus,  234  ;  AristopU .  Lysistr.  1 237  ;  Bcrgk,'^^^^  com.  att.  ant, 
238.  La  vérité  acte  trouvée  par  Ad.  Ilocmer,  5/«rfi'eH  zu  Aristopkanes{l^(ii],p,  il5  ; 
il  s'agit  d'un  mélossur  Prakilla.  comme  il  y  a  un  mélos  sur  Adméte.  un  autre  sur  Har- 
modius  et  Arislogilon  ;  il  n'est  rien  dit  d'une  femme  poète.  —  '6 Passage  controversé. 

—  l'î  Le  jeu  est  explique  dans  le  scolie  du  v.  1222.  —  1**  Craliuus,  fr.  236  ;  KXetTaTÔpa; 
iSuv  St«v 'AS;ifitoa  ;.£"m;  «jki;  ;    Arisloplj.   Ltjsislr.    1236;    fr.  430.  —  19  214  B-C. 

—  ÎO  Sgmj;os.  176  E  ;  Prolagoras,  347  C-D.  —  21  Didyme  dans  Elijmol.  M.  718,  53, 
ffxo'Aïa.  -22  Le  passage  est  tirédesMouv!xo:àf.:.v£;.  Nouscomplétotis  la  scbolie  sur  le 
GoryiasdQ  Platon  431  E  par  le  passage  de  Plutarque  cjue  nous  citons  plus  loin.  Dans  la 
scbolie  du  Gorgiasse  trouve  la  définition  d'Aristoxènc  ;  il  ne  parle  i|uedesbanquelsde 
noce,  ce  qui  est  assez  singulier  ;  cbaqueconvivecbante  en  tenant  un  rameau  de  myrte  ou 
de  laurier  à  la  main  ;  la  délinition  du  mol  est  la  même  :  il  est  ainsi  appelé  $tâ  -z^v  t^; 
uiu;pi'vi;:  <T<oX:à>  iiiUnf.  Pliotius  et  Suidas  [itiM.)  ont  répété  en  partie  lesciplicalions 
do  Dicéarque  et  d'Arisloxène.  ^e  rattachent  encore  à  Dicéarque  :  Arlémon  (Albenae. 
XV, 694  A);Schol.  Arisloi-b.  ;Vii6.,  fi64;  Vesp.  1239;  Hesychius.  Voir  Reilzen- 
steia,  4.  —  2.1  ijuaestiones  conviviales,  1,  1,  5(615  B)  ;  Keitzenstein,  5. 


SKY 


1365  — 


SOC 


tous  ne  peuvent  y  prétendre.  C'est  donc  l'explication 
czoJtov  —  SOtTxoXov'.  D'autres,  tout  au  contraire,  interprè- 
tent, par  antiphrase,  cxoÀiov —  eiixoÀov-;  dans  la  joie  des 
banquets,  au  milieu  des  fumées  du  vin,  on  ne  pouvait  pas 
être  exigeant  :  les  chants  devaient  êlre  simples  et  faciles. 
Une  explication  voisine  appelait  le  scolie  un  chant  dé- 
tourné, tourmenté  à  cause  des  libertés  et  des  irrégularités 
qu'on  pouvait  s'y  permettre^.  On  sait  que  César  avait 
demandé  à  Tyrannion  un  travail  sur  le  [AÉxpov  crxoXic'v '^. 

Ces  explicationssi  nombreuses,  si  difl'érentes,  montrent 
combien  les  anciens  étaient  embarrassés  pour  définir  le 
scolie  et  en  dire  l'origine.  Dicéarque,  en  n'accordant  le 
nom  de  scolies  qu'aux  poésies  chantées  en  solo  par  les 
convives  qui  savaient  s'accompagner  de  la  lyre,  était 
lidèle  à  l'explication  qu'il  avait  donnée  du  mot  scolion. 
En  général,  on  était  moins  rigoureux.  Ce  mot  de  scolie, 
qui  primitivement  n'avait  qu'un  sens  restreint  et  dési- 
gnait seulement  une  classe  dans  le  genre  des  irapoivia, 
avait  pris,  à  un  moment  donné,  un  sens  général  et  servait 
à  désigner  toutes  les  poésies  qui  étaient  chantées  ou 
récitées  dans  les  banquets ^  Des  évolutions  de  ce  genre 
sont  fréquentes". 

Cette  habitude  de  donner,  dans  les  réjouissances  de  la 
taille,  une  si  grande  place  à  la  poésie,  a  été  éminemment 
favorable  à  la  divulgation  des  œuvres  littéraires  ;  elle  a 
ainsi  grandement  contribué  à  développer  chez  les  Grecs 
la  connaissance  et  le  sentiment  des  beautés  poétiques. 
*  Âi.BEicr  Martin. 

SlîYRIA  DIKÈ.  —  Dans  le  droit  attique  les  procès 
devaient  généralement  être  soumis  aux  juges  dans  le 
délai  de  trente  jours  après  la  déposition  de  la  plainte'  ; 
ce  délai  était  de  rigueur  au  iv'  siècle  pour  les  emmenoi 
iiiKAi.  Mais,  en  réalité,  le  jugement  était  souvent  dilféré 
S(jil  par  l'accord  amiable  des  parties,  soit  sui'  la  demande 
d'un  des  plaideurs,  qui  invoquait  avec  serment,  soit  par 
une  requête  écrite  (uapaY?''?'!  S  soit  par  l'intermédiaire 
d'un   représentant,    une    excuse    suffisante,    telle    que 


1  Celte  expliealion  est  reproduite  par  Tzelzcs,  "IkilSoi  T(/v-»t.i  icto\  ïu;j«.S.'a; 
V.  Si;  par  le  scliol.  dArisloph.  Vesp.,  I2i3  et  123'J.  —  2  Scliol.  Vesp.  )Ï39; 
Sch.  d'Oxforil  ilu  Conjms  de  l'Ialon  451  E;  enfin  divers  proverbes  cités  par 
lieitzcnsteiu,  7.-3  Eustatli.,  1371,  14:  voir  0.  Millier,  Hist.  de  la  Litter.  gr. 
Il,  13-.  —  *  Suidas,  EKoÂfiv.  —  5  Dicéar(iue,  Arténion,  Athénée  ont  essayé  de 
bien  déterminer  le  genre;  mais  Etyro.  M.  718,  53  :  E.oV..«  t»  «.,h,uot,»4  ^cjn«xa.  De 
même  l'roclus,  Chrcstom.  (['Iiotius,  p.  3il,A),  Bckker,  Engclbrecbt,  03  ;  Reitïcns- 
tein,  M.  —  C  11  nous  suffira  do  ciler  ce  i|ui  est  arrivé  pour  le  piean,  Atlien., 
696  E-F;  Tb.  Keinacb,  dans  l'art,  païak  iOG,  1  et  '.!79,  I .  —  BiBjjui.iiAPHif..  Ilgen, 
Scolia,  id  est  cnrttuna  convivatia,  léna,  1798  ;  Ilallstrùni,  De  scoliis  Graecorum 
comment,  academ.  Londini  gotli,  18^7  ;  Grim,  /^rotusiu  schotastica  de  scolits  Grae- 
corum, Dordraci,  1839;  Koester,  Comment,  (/e  scoliis.  I,  Flensburg,  1846;  A. -F. 
liibbecli,  Veber  die  Tafelijesimje  der  Griechen,  Berlin,  1848;  Arm.  Gasté,  Oe 
scoliis  sire  de  coneimlibvs  canninibus  apwl  Graecos,  Paris,  1873  (avec  une  indi- 
cation des  références  anciennes,  p.  3-6)  ;  KuncI,  De  scoliorum  orii/ine  et  mu,  Berlin, 
187C  ;  A. -G.  Engelbrccbt,  De  scoliorum  poesi,  Vindobonac,  1876;  R.  Reilzcnstcin, 
Epifjramm.  Skolion,  1893;  P.  Pasella,  La  poetia  coitvivale  dei  Greci,  Livourne, 
I9U2;  Otf.  Muller,  histoire  de  la  littérature  grecque  (trad.  fr.),  Il,  131  ;  Th.  Bergk, 
Griechische  Literaturgcschichte,  11,  1883,  p.  161  ;  A.  et  M.  Croiset,  Hist.  de  la 
littér.  gr.  Il,  ill  et  III,  637;  VV.  Christ,  Gescli.  der  griech.  Literatur.  4'  éd. 
p.  147;  L'.  V.  WilamowUz-Mocllcndorir,  Jrisio/e/es  ».  4(/ien.  Il,  316  ;Bucbholz- 
.Sitzler,  Anthologie  aus  den  Lyrik.  der  Griechen,  II,  4' éd  .Tcubner,  Leipzig,  1898, 
p.  173  ;  A.  Taccone,  .\ntologia  delta  melica  greca,  Turin,  19114,  p.  33  et  i54. 

SKVItlA  UIKE.  1  llcm.  il,  47;  24,  03;  42,  13.  —  2Dcm.il,  84;  4î,  13;  48,23; 
58,43;  Scliol.  Dem.  21  p.  341,  22;  l'oll.  8,  6U  ;  llarp.  ».  r.  ii!u;.o.7;«.  —  3  Poil. 
S,  SI  ;  Suid.  l'iiol.  llesych.  s.  i:  'I|i5f.oi.  —  BiBi.iui^nApniE.  Meier,  Scliiimaun, 
Lipsius,  Der  ait.  Process,  Berlin,  1883-88,  M,  p.  9U6-909. 

SMIiNTIIIA.  I  Déjà  dans  17/iai/e,  1,39.  Le  culte  d'Apollon  Smintbeus  était  surtout 
développé  dans  la'froadc,  et  de  là  dans  les  villes  <|ui  y  avaient  des  colonies,  à  Ila- 
nia«itos(Strab.  Xlll,  1,46,  p.  004|,  à  Cliryse  (Polemo.  l-'r.  Ilist.  graec.  III,  p.  I24|, 
àTënédos  (Slrab.  /oc.  cii.l,  à  Alexandrie  de  Troadc  (Pausaii.  X,  12,  5;  Head, 
Hiit.  num.  p.  469.  Cf.  Aly,  Der  kretische  Apollonkult  (Leipzig,  1908),  p.  .i3. 
—  2  Niisson,  Griech  Feste,  p.  301.  —  3  Kretscbmer,  £inl.  in  die  Gesch.  der 
griech.  Spr.  p.  402  sq.  —  4  S|xiktoi  T«e  "«e»  Kfija'iï  oi  |kui<,  Schol,   ad  Lycophr. 


maladie,  mort  de  parents,  absence  hors  de  l'Attique  ' 
jisjiRANDUM,  p.  762].  L'expression  employée  par  les 
poètes  comiques,  uxupt'a  oiV-vj,  indique  sans  doute  une 
excuse  de  ce  genre,  plus  ou  moins  fondée,  le  fait  d'être 
en  voyage  ou  de  résider  dans  une  clérouchie,  à  Scyros, 
Lemnos,  Imbros'.  Cii.  LÉrnivAiN. 

S.MI.X'TIIIA  (SiAivOta).  —  Fêtes  célébrées  en  l'honneur 
d'un  dieu  Sminl/wus,  ([ui  a  été,  à  l'époque  historique, 
identifié  soit  avec  Apollon  ',  soit  avec  Dionysos'.  C'était 
sans  doute  une  divinité  préhellénique  \  et,  primitivement, 
un  dieu-souris  S  invoqué  dans  la  suite  pour  écarter  le 
mal  que  les  souris  font  aux  moissons  ^. 

Nous  connaissons  l'existence  de  ^[/.iv^m  k  Ilion  ",  à 
Alexandrie  de  Troade',  à  Pariane  *  et  à  Rhodes".  Ces 
dernières  sont  les  seules  sur  lesquelles  nous  ayons 
cfuelques  détails.  Elles  comprenaient  une  procession,  des 
jeux  publics  et  des  sacrifices.  Philomnestos  avait  con- 
sacré à  ces  fêtes  un  ouvrage  intitulé  Ilept  xàiv  èv  'Pdooj 
S[j.ivOe(iov  '".  Elles  étaient  célébrées  en  l'honneur  d'Apol- 
lon et  de  Dionysos,  peut-être  de  Dionysos  seul".  Il  est 
permis  de  supposer  qu'on  célébrait  aussi  des  fêtes  de  ce 
nom  dans  les  villes  dont  le  calendrier  comprenait  un  mois 
appelé  S(itv8ttôv  '-.  Cii.  Michel. 

SOCCUS.  —  Variété  de  chaussure.  Elle  fut  en  usage 
chez  les  Grecs',  mais  nous  ignorons  quel  nom  elle  por- 
tait chez  eux.  On  a  mis^  soccus  en  relation  avec  nù-x.yy.^ 
et  (TÛx/a;';  rapprochement  aussi  hasardeux  que  l'éty- 
mologie  proposée  par  Isidore  de  Sévllle  ^  Les  philolo- 
gues modernes  supposent  un  radical  {sac),  impliquant 
l'idée  d'une  chaussure  qui  s'adapte  de  façon  ferme  au  pied 
et  le  recouvre  ",  mais  sans  lacets  ^  comme  une  pantoutle. 
Les  Romains  l'ont  empruntée  aux  Grecs',  et  l'on  voit 
que,  chezeux,  hommes  et  femmes  s'en  servaient  :  l'Édit  de 
Dioclétien  sur  le  maximum"  mentionne  des  socci  viriles 
et  inuliebres.  L'adjectif  viriles  y  est  traduit  en  grec  par 
TTEpi'ioptvoi,  que  Bliimner  '"  voudrait  interpréter  :  pantou- 
fles servant  à  la  promenade  nonchalante,  Ttépt-ioaiov^v  "  ; 


1306  ;  cf.  SIrabo,  loc.  cH.  A.  Lang  (Custom  and  Myth.  p.  103  sr|.)  a  cru  décou- 
vrir ici  lin  totem,  mais  Frazcr  {Golden  Bough,  2'  éd.  Il,  p.  427  si|.)  y  voit  avec 
plus  de  vraiï>emblance  un  dieu-souris.  Cf.  Usener,  Gotternamen,  p.  261.  Sur  la 
souris,  animal  démonia(|ue,  cf.  Theophr.  Charact.  XVI  ;  Cic.  Divin.  Il,  27.  59  ; 
Cruppe,  Griech.  Mylh.  Il,  p.  803,  n.  I.—  s  Apoll.  Lc.r.  Hom.  p.  143.  —6  Nilsson, 
Griech.  feste,  p.  143.  —  ^  Lolling,  Athen.  Mitth.  IX  (1884),  p.  72;  Le  Biis-Wad- 
dington,  1730";  Cagnat,  Inscr.  gr.  ad  rom.  rcs  repert.  IV,  344.  —  8  Strabo,  Xlll, 
1.  48  (p.  603)  ;  Niisson,  (oc.  cil.  —  »  /nscr.  gr.  XII.  1,  762;  Scbumachcr,  /Ihein. 
Mus.  XLI  (1880),  p.  238  sq.  ;  le  môme.  De  Ilkodiorum  re  publica  (Heidclberg, 
1886),  p.  34  sq,  ;  Diltrnbergcr,  De  sacris  Hhodiur'im,  1  (Halle,  1886),  p.  X  sq.  ; 
van  Gelder,  Gesch.  der  alten  Hhodier  (La  Haye,  1900),  p.  326  sq.  —  10  Deux  frag- 
ments ap.  Alben.  111,9,  p.  74;  X,  03,  p.  445'.  =  F.  H.  G.  IV,  p.  477.--  H  Dilten- 
bergcr,  loc.  cit.  —  12  Sjxioiwy  et  ZtAi^iûv  à  Magnésie.  Kern,  Jnschr.  von  Ma'piesia, 
8,  I.  6  ;  1 1,  I.  1  ;  8,  1.  2  ;  220, 1.  2  ;  cf.  Le  même,  Arch.  Anz.  1894,  p.  79  ;  cf.  Gruppe, 
Griech.  Myth.  I,  p.  1229.  n.  2.  —  Bibmographik.  J.  de  Willc,  Apollon  Sminthien 
{/levue  Numism.,  1838);  Grohmann,  Apollo  -tmintheus  und  die  Btdeutung  der 
Mâuse  in  der  Mythologie,  Prague,  1862  ;  Tiiropel,  Philol.  XLIX  (1890),  p.  372  sq.  : 
Schomann-Lipsius,  Griech.  Micrt.  Il,  p.  481  ;  W.  W.  Fowler,  Class.  Jlev.  VI 
(1892),  p.  413;  (ioodiey,  y*irf.  XV  (1901),  p.  194,284,  319;  Prcller- Robert,  Griec*. 
Myth.,  I,  p.  253;  M.  P.  Niisson,  Griech.  J'este  l'on  relig.  Bedeulung,  Leipzig, 
1900,  p.  142  s.|.  et  307  ;  Fariiell.  Cultes  of  greek  States.  IV  ,  p.  103-9  et  236-7  ; 
Gruppe,  Griech.  Myth.  I,  p.  301  sij.  ;  Le  même,  Mythotog.  Literatur,  Leipzig, 
1908,  p.  410. 

SOCr.US.  —  1  Plaut.  7-nn.  III,  2,  94;  Ter. //ea»(.  I,  I,  172  ;  Cic.  ZIe  orn/.  III, 
32,  127.  — 2  Doederlein,  Latein.  Synon.  s.  v. — '■>  'VroSii|A«Ta  ojùjiix  (Hesych.  «.  l^.). 
—  4Pollux,  VII,  22,  86  :  f,  Sk  »i»/.or;,  .jt.kiSi  niw  foixtï.  (bïd|ia»Tai  8â  t«  toC  duïc'jrtiy 
xbv  wôSa.  —  îi  Is.  Orig.  XIX,  34,  12  :  ^'occi  appellati  indc  quod  soccum  habeant,  in 
qucm  pars  plantae  in/icitur.  —  6  Corssen,  Beilrage  z.  latein.  t'ormenlehre, 
Leipz.  1803.  27  ;  Id.  Nachlrûge,  64;  Al.  Vanicek,  Etym.  Woerterb.  der  latein. 
Spr.  2"  éd.  Leipz.,  IS8l,p.  290;  Saaifcld,  Tensaurus  ilalogruec.  Wien,  1884,  s.  v. 
soccus.  — 7  Hor.  Epist.  Il,  1,  174  :  non  adstricto  socco;  Isid.  L.  c.  socci  non 
ligantur,  sed  tantum  intromittuntur.  —  »  Plin.  H.  nat.  XXXVI,  5,  41.  —  9  )X, 
20-21  Mommsen.  —  '0  Commentaire  de  l'Édit,  L.  c.  p.  28.  —  u  J'y  verrais  plutôt 
l'indication  d'une  empeigne  en  peau  épaisse  {^ofi-r,)  ;  cf.  Dipb.  ap.  Athen.  383  f. 


soc  -   1366  - 

mais  les  autres  espèces  de  soec/  sont  désignées  vague- 
ment par  i7:oo/i[ji.iTa.  De  cette  distinction,  du  moins,  on 
conclura  à  deux  premières  variétés  de  socci. 

D'abord  une  chaussure  banale,  sans  élégance,  qu'on 
mettait,  non  pas  avec  la  toge,  mais  avec  le  palui'm  ' 
sans  apparat.  P.  Rutilius  Rufus,  poursuivi  par  la  haine 
de  Milhridate,  échappa  aux  cruautés  du  roi  en  chan- 
geant de  vêlements,  pour  prendre  soccosque  et  pallium-. 
D'autre  part,  certains  auteurs  blâment  l'usage  du  soccus 
chez  les  hommes  comme  une  mollesse  toute  féminine ^ 
Cela  suppose  un  nouveau  genre  de  soccus,  de  forme  sans 
doute  différente  et  plus  décoratif;  de  fait,  il  est  question 
de  socci  où  l'or  entre  comme  ornement*;  mais  alors  on 


SOC 


Fig.  6485.  —  Le  soccus. 

emploie  plutôt  le  diminutif  soccw/w«,  pour  désigner  une 
chaussure  eiVéminée  (fig.  6483),  qui  peut  s'agrémenter, 
en  outre,  de  perles  ou  pierres  précieuses  ^  Quand  donc 
un  grand  personnage,  comme  Caligula',  chaussait  le 
soccus,  c'était  apparemment  le  soccus  pour  dames,  bien 
plus  luxueux.  A  la  fin  du  ni'  siècle,  les  distinctions  se 
multiplient  encore  ;  l'Édit  de  Dioclélien  énumère' :  socci 
purpurei  sire  foenicei,  fixés  à  60  deniers,  socci  albi, 
socci  Babulonici  pui-purei  sire  albi.  Force  nous  est 
de  négliger  ces  sous-groupes. 

Troisième  variété  principale  :  le  soccus  des  acteurs 
comiques.  Des  textes  très  explicites  l'opposent  au 
colliurnus,  réservé  à  la  tragédie*.  Pline  le  Jeune"  avait 
deux  villas  aux  bords  du  lac  de  Côme,  l'une  élevée  sur  des 
rochers  et  dominant  le  lac,  l'autre  bordant  le  rivage  :  il 
appelait  Tracjoedia  la  première  (quod  r/uasi  cotlnwnis), 
Comoedia  la  seconde  iquod  quasi  socculis  sustinetur). 
Donc  le  soccus  comique  était  une  chaussure  basse. 
A  priori  il  semble  peu  admissible  que  la  même  chaus- 
sure ait  été  attribuée  à  tous  les  personnages,  de  con- 
ditions diverses,  d'une  même  pièce;  entre  les  cothurnes 
aussi  il  y  avait  des  variétés  [cothuhnus].  On  ne  sait  même 
si  la  comédie  grecque,  à  cet  égard,  a  transmis  ses  cou- 
tumes à  la   comédie    latine.    En  Grèce,   le  soulier  des 

1    Cic.  Loc.  cil.  —  2  Id.  Pro  Rab.   10,  27.  —  3  flin.    H.    n.  XXXVll,    6,  17. 

—  i    l'Iaut.   Ilacch.   Il,   3,  98  ;  Tcrl.   De  idol.  8  :  soccus...  cotidie  deamatiir. 

—  s  Senec.  De  bm.  Il,  12  :  soccvium  auratum,  immo  ameum,  margarilis  dis- 
imclum  ostendere;  IMiii.  Hisl.  nnt.  IX,  35,  lli;  Sucl.  ViteU.  2.  C'est  peut-être  la 
pantoulle  emlioilant  le  talou,  mais  assez  ouverte  sur  le  cou-.'lepiod,  que  montre  une 
euricuse  statuetlc  de  bronze  ^'Irusiiue,  notre  fig,  6485  {Ant.  d'Ercolano,  VI,  pi.  ix  et 
xil  ;  cf,  MvLseo  Borbun.  I,  pi.  xx  ;  VII,  pi,  xxxix  (peinture  de  Ponipéi),  Une  chaussure 
analogue  se  voit  rré(|upninienl  sur  les  monunieuls  étrusques,  Gerhard,  Elrusk.  Spie- 
r/el,  pi.  Lxiv,  i.xiix,  icin,  etc.  et  v,  plus  bas,  note  18,  —  6  Suct,  Calig.  52  :  socco 
muliebri.  —  1  IX,  18,  19,  23.  —8  Qvid.  Itemed.  am.  375-370;  Martial.  VIII,  3,  13  ; 
Uuint.  Inst.  or.  X,  2,  22;  nec  eomoedin  in  cotimmos  assurgit,  nec  tragoedia 
ingreditnr  socco  ;  Plaut.  Cist.  IV,  2,  29;  Plin,  H.  n.  VII,  30,  111  :  comico  socco; 
Ovid.  /'ont.  IV,  l«,  29-30;  llor.  .1rs /)0<;(.  Su  et  90.  —  s  £-p.  I.\,  7,2, —  lOAnie- 
lung,  iiiiôi;  iu  l'aulj-WissoHa,  Ueal.-Encycl.  —  u  Dionied.  ap.  Keil,  Gramm.  lai. 


0486,  —  Soccus 
d'acteur. 


comiques,  selon  des  témoignages  que  d'autres  d'ail- 
leurs contredisent,  s'appelait  éfA^âç  '"  ou  plutôt  èjxêâ- 
r-i\i  [embas]  ;  il  était  plus  bas  que  le  cothurne  et  ne 
convenait  pas  indifféremment,  comme  celui-ci,  aux 
deux  pieds;  d'après  un  grammairien",  c'est  justement 
dans  la  palliata  qu'on  trouve  les  comici  cum  socris 
[comoedia,  fig.  1879]. 

Les  peintures  de  vases  donnent  peu  de  représentations 
de  la  comédie  ancienne  ;  on  y  voit  des  acteurs  pieds  nus 
(fig.  5593)  ou  munis  de  sandales  {fig.  5592);  nous  avons 
surtout  des  scènes  empruntées  aux  farces  de  l'Italie  méri- 
dionale [pulyakes]  ;  or,  dans  nombre  d'exemples,  les  per- 
sonnages vont  nu-pieds'^,  preuve  que  l'acteur  de  mime 
n'était  pas  seul  à  jouer  planipes^^  ;  les  acteurs  appa- 
raissent également  sans  souliers  dans  les  préparatifs  d'un 
drame  satyrique  (fig.  1426).  Certains  cas  sont  d'ailleurs 
douteux  '%  quand  le  peintre  céramiste 
n'a  pas  marqué  la  chaussure  d'une 
couleur  particulière  '".  On  voit  (fig. 
6 486)  le sorcus  avec  le  pedum  deThalie 
sur  une  pierre  gravée'";  une  autre 
pierre  représente'''  un  personnage 
grotesque  dansant,  qui  porte  la 
même  chaussure,  espèces  de  pan- 
toufles fort  lâches'*.  Des  bronzes  étrusques  (fig.  1088) 
représentent  des  baladins  dansant  avec  des  chaussures 
couvrant  le  pied  et  très  relevées  au  talon,  d'apparence 
assez  semblable  à  celle  qu'offrent  les  pierres  gravées 
et  qui  ne  s'éloigne  pas  beaucoup  du  so(;ci<s  efféminé  qui  a 
été  décrit  plus  haut.  Victor  Chapot. 

SOCIETAS.  —  Le  contrat  de  société  est  un  contrat 
conventuel  et  de  bonne  foi,  dont  nous  ignorons  les  ori- 
gines, mais  qui  n'a  sans  doute  été  reconnu  comme  tel, 
qu'après  la  création  de  la  procédure  formulaire.  Histo- 
riquement, le  premier  type  de  société  connu  est  la 
communauté,  l'indivision  qui  parait  avoir  été  fréquente 
à  Rome  comme  en  Grèce,  surtout  à  l'origine,  après  la  mort 
du  père,  entre  frères,  consortes,  sous  le  nom  de  consor- 
tium'. C'est  le  genre  d'association  qui  sert  de  type  dans 
les  textes  juridiques  et  parait  expliquer  certains  caractères 
essentiels  des  sociétés  postérieures,  l'extinction  par  la 
mort,  l'infamie  du  condamné,  l'emploi  du  Jus  frater- 
nitatis  dans  le  contrat  et  l'action-. 

Les  jurisconsultes  ont  distingué  plusieurs  espèces  de 
sociétés^  :  1°  la  société  universelle  de  tous  les  biens 
présents  et  futurs,  y  compris  les  dettes  actuelles  et 
futures,  sauf  cependant  le  bénéfice  ou  le  dommage  des 
faits  illicites  commis  par  un  des  membres  [societas 
omnium  bonorum)^;  2°  la  société  des  seuls  acquêts  et 
gains  futurs  [societas  quaestus,  lucri,  compendii),  issus 
du  produit  du  travail  des  associés,  de  leurs  acquisitions 
à  titre  onéreux  ;  elle  est  présumée  à  défaut  de  déclaration 

I,  p,  490.  —  12  Hcydomami,  Jahrb.  d.  Inst.  I  (1886),  p.  271,  2K9,  293,  295,  296, 
904.  —  13  Diomcd.  Loc.  cit.  —  "  En.  Hcydeniann,  O.  l.  p.  300.  —  li  II  arrive 
que  toute  la  jambe  paraisse  nue;  sans  doute  alors  elle  était  recouverte  d'anaxy- 
rides  couleur  de  chair.  —  16  Wieseter,  Denhm'ilef  d.  Biihnenwesens,  pi.  xii,  n.  43; 
Cades,  Impr.  gemm.  Cent.  II,  n,  85.  —  1^  Fieorooi,  De  hirvis,  scen.  .XXXI;  Wieseler, 
0.  l.f\.  XII,  33.  W.-Sraith,  Diction,  of  grcek  and  roman  antiq.  3- éd.  Londr.,1891, 

II,  p.  679.  donne  comme  une  peinture  la  même  figure  tournée  à  droite.  —  18  Cf. 
Babelon-Blanchet,  Bronzes  de  la  Biblioth.  nation.,  938. 

SOCIKTAS.  1  Nom  ancien  ;  ercto  non  cito  (Gell.  1,  9,  12);  Fcstus,  v.  sors  i  Paul. 
Diac.  V.  disertiores;  Virr.  De  l.  lat.  6,  65;  Liv.  41,  27,  2;  Val.  Max.  4,  4,  8  ; 
Plut.  Aein.  5;  Cic.  Verr.  2,  3,23  ;  De  o/f.  3,  17,  70:  Dig.  27,  1,  34,  §  4  ;  •'■  2, 
52,  §6,  8;  29,  2,  78  ;  10,  2,  39,  §  3;  Vell.  Pat.  1,  10;  Plin.  Ep.  8,  18.  —  2  Dig. 
17,  2,  63  pr.;  Cic.  Pro  Bosc.  Amer.  40.  —  3  Dig.  17,  2,  I,  5-8;  Jnst.  3,  25, 
—  '*  Exemples  de  cette  société  entre  époux  :Z/i^.  34, 1, 16,§3;  Corp.ins.lat^  6,1527, 


soc 


—  1367 


SOC 


explicite'  ;  3°  la  société  portant  sur  un  seul  bien,  fonds, 
esclave  {s.  iinius  rei)\  sur  une  seule  opération,  contrai, 
travail,  achat,  vente  '-.  La  convention  (po/itio)  entre  un 
propriétaire  et  un  entrepreneur  (poUtor)^  pour  l'élevage 
de  bétail,  la  mise  en  culture  d'un  champ,  ressemble  plu- 
tôt, à  l'origine,  au  colonal  parliaire  '  ;  plus  lard,  elle  peut 
être  considérée  soit  comme  un  contrat  d'entreprise  %  soit 
comme  une  société  d'un  seul  bien  '•  ;  4°  la  société  relative 
à  une  série  d'opérations,  métier,  commerce,  industrie 
[s.  aliciijus  îiegotiationis)  et  qui  exclut  par  suite  la  mise 
en  commun  des  gains  de  toute  autre  source";  telles 
sont  les  sociétés  de  marchands  d'esclaves  {ve}taliciarii\ 
de  banquiers  [argentai'ii)'^,  où  des  règles  spéciales  de 
l'édit  des  édiles  rendent  responsables  tous  les  associés 
envers  les  tiers  ^  [argentarii,  p.  4081,  de  propriétaires 
de  gladiateurs  |^gladiator,  p.  1577].  Ces  différentes 
formes  de  sociétés  sont  les  sociétés  privées  [privatae)'", 
toutes  temporaires.  Elles  diffèrent  donc  nettement  sous 
la  République  et  le  Haut  Empire  des  sociétés  corpora- 
tives, des  corporations  professionnelles  et  autres,  soda- 
lités,  collèges,  qui  ont  la  perpétuité,  la  personnalité  juri- 
dique, une.  fortune  commune,  une  existence  indépendante 
de  celle  des  membres  individuels  [collegia,  fabri,  soda- 
licium].  Sans  doute  beaucoup  de  membres  de  corporations 
ont  pu  constituer  entre  eux  des  sociétés  privées,  au  sens 
étroit;  mais  en  général,  les  corporations-  n'ont  pas  de 
but  professionnel,  n'exécutent  pas  d'entreprises,  de  tra- 
vaux en  commun  "  ;  leur  patrimoine  est  indépendant  des 
patrimoines  particuliers  des  associés.  C'est  seulement  à 
partir  du  ni'  siècle  et  au  Bas-Empire  que  dans  les  corpo- 
rations officielles,  devenues  des  rouages  essentiels  de 
l'administration  publique,  par  exemple  chez  les  ««rù-M- 
/«)•(■/,  les  piittoi^ex,  les  suarii,  les  melu/larii,  chez  les 
cnllegiati  municipaux,  les  biens  des  membres  sont, 
comme  les  propriétés  collectives,  affectés  au  service  de 
la  corporation'-,  même  s'ils  changent  de  main  par  alié- 
nation volontaire,  héritage  ou  autrement'^.  Les  sociétés 
privées  diffèrent  également  des  sociétés  de  publicains, 
de  fermiers  des  domaines  publics,  des  mines,  des  salines 
que  l'Etat  a,  de  bonne  heure,  assimiléesaux  corporations  " 

[mETALLA,  PIBLICAM,   SAL]. 

Les  éléments  du  contrat  de  société  sont:  1"  l'intention 
formelle  de  former  une  société  (aff'ecltis  socielatis), 
sans  laquelle  il  y  a  simplement  indivision  etouverlure  de 
l'action  communi  diridundo  et  non  de  l'action  pro  socio  ; 
2°  un  apport  soit  égal,  soit  inégal  de  chacun  des  asso- 
ciés, consistant  soit  en  propriété  ou  en  jouissance  d'un 
objet,  soit  en  travail,  en  activité  quelconque  [opern, 
induslria,  gratia)  ;  3°  l'attribution  à  chacun  d'une  part 
des  avantages,  des  bénéfices,  sans  quoi  le  contrat  n'est 


1  T)ii).  17,  2,  7-13,  71.  §1.-2  17,  -2,  53,  §  12-13.  —  3  Nonius,  p.  6C,  S7  ;  Fos- 
lus,  Ep.  71,  M;  m.  —  '  Cal.  De  rc  Tiist.  130,  où  le  poUtoy  lui-même  pi-ul 
prendre  un  ouvrier  pour  associé.  .\ux  c.  tfi  cl  137  les  conlrals  avec  le  cliaufournier 
cl  le  vigneron  rentrent  sûrement  dans  le  colouat  parliaire.  —  5  Suel.  Yesp.  1  ; 
peut-ilre  C.  ins.  lai.  8  suppl.  I,  11SS4.  —  0  Diij.  17,  i,  .".i,  §  i.  V.  Pernice,  ^ei- 
tschr.  d.Savigny-Sliftimij,  7,    1886,  2,  p.  97-102.  —  '  Dig.  17,  2,  71  pr.  52,  g  5. 

—  8  C.  ins.  lai.  3,  950  (stipulations  ri^-ciproi|ues  pour  former  une  société  de  ban- 
quiers sur  un  triptyque  de  Transylvanie);  —  9  />ij.  2i,  i,  44,  §  j  ;  Hhet.  ad  Her. 

2,  13,  19.  —  10  Oig.  17,  2,  69  pr.  —  «I  Wallzing,  Etude  hist.  sur  les  corpo- 
rations professionnelles  chez  les  Roynains,  \,  184-188.  —  12  Cad.  Theod.  10,  13,  15  ; 
13,   5,  2,  3,   5-7,  1*  ;    14,  4,   1,8;    14,    1,    1.  V.    Wallzing,   L.   c.  Il,  p.   248-324. 

—  13  C.    Th.    13,  5,   3,    20,  22,  27;    13,   fi,  1.    4,  7,   8.  —    IS  Dig.    17,   2,  59  pr. 

—  li  Phaedr.  Fab.  1,  25  ;  Dig.  17,  2,  29.  §2.-16  Dig.   17,  2,  57.  _  n  17,  2,  19. 

—  '8  Dans  la  société  universelle,  la  tradition  est  tacite  (17,  2,  1,  g  1,  2).  — 19  17,  2, 
ôi,%î,-.±;  Inst.  3,  25.  9.  —  li"  Dig.    17,2,  6,  29  pr.  42.  7C-80  ;  14,  1,  4  pp.;  Gai. 

3,  150  ;  Inst.  3,  25.  1,  2.  -  21  Dig.  17,  2,  82  ;  14.  1,  4,  §   1  ;  14,  3,  13,  §  2.  Conlro- 


pas  valable  et  constitue  une  société  léonine  '  ■  ;  4°  un  but 
licite  "'.  Un  membre  ne  peut  être  reçu  qu'avec  le  consen- 
tement de  tous  les  autres'''. 

La  société  n'a  ni  la  personnalité  juridique,  ni  une 
existence  distincte  de  ses  membres  qui  sont  co-proprié- 
taires  des  biens  communs.  Mais  elle  fait  naître  entre  eux 
des  obligations,  des  créances,  des  droits,  sanctionnés 
par  l'action  pro  socio.  Ils  doivent  effectuer  chacun  leur 
apport",  fournir  la  garantie  contre  l'éviction  qui  pour- 
rait en  être  faite,  apporter  aux  affaires  sociales  le  même 
soin  qu'aux  leurs,  en  étant  responsables  de  leur  dol  et  de 
leur  faute,  s'acquitter  des  fonctions  que  leur  compétence 
spéciale  leur  a  fait  attribuer".  Ils  participent  tous  aux 
bénéfices  et  aux  pertes  {lucri  et  dainni  communicatio), 
soit  d'après  une  convention  spéciale,  ou  d'après  une  esti- 
mation faite  par  un  associé  ou  un  arbitre  et  qui  peut  être 
attaquée  en  justice,  soit  à  parts  égales,  quelle  qu'ait  été 
la  proportion  des  mises  -°.  Le  contrat  fait  par  un  associé 
avec  des  tiers  n'a  d'effet  qu'entre  les  parties,  mais  la 
jurisprudence  a  tempéré  en  faveur  des  tiers  la  rigueur 
du  droit,  par  exemple,  quand  la  caisse  commune  béné- 
ficie d'un  emprunt,  quand  un  associé  a  reçu  mandat  de 
gérer  et  dans  l'action  institon'a'-'. 

La  société  se  dissout  de  plusieurs  manières-^:  1°  ex 
personis.  Par  la  mort,  ou  la  ruine  de  chaque  associé, 
ou  par  sa  capitis  deminulio,  quelconque  à  l'époque  clas- 
sique, seulement  maxima  ou  média  dans  le  droit  de 
Justinien  ".  Lasociétéen  effet  a  été  fondéesurle  choi.x  et 
la  valeur  propre  des  personnes-'.  Elle  ne  peut  continuer 
que  par  un  nouvel  accord  entre  les  survivants  et  par  un 
accord  spécial  avec  l'héritier  du  défunt,  pour  et  contre 
qui  s'exerce  avec  une  formule  spéciale  l'action  yj /Y)  50('io-^; 
2°  ex  rébus.  Quand  le  but  social  est  atteint  ou  que  l'actif 
a  disparu  -"  ;  3°  ex  rohai/ate.  Par  un  accord  de  tous  les 
associés,  par  l'arrivée  du  terme  fixé,  par  la  sortie  volon- 
taire d'un  associé  (re?i«/i</«//o)  qui  l'expose  naturellement 
à  l'action  p7'o  socio,  quand  elle  est  dolosive,  intempestive, 
sans  motif  raisonnable  ou  légitime  -"  ;  4°  par  l'action  en 
dissolution.  L'action  p?-o  socio,  de  bonne  foi,  peut  être  in- 
tentée pendant  la  durée  ou  après  la  fin  de  la  société.  Elle 
comporte  l'infamie  contre  le  défendeur  condamné-'  ;  mais 
il  n'est  tenu  que  dans  les  limites  de  ses  ressources,  pro- 
bablement dès  l'époque  classique,  dans  toutes  les  formes 
de  société^'.  Le  partage  des  biens  communs  comporte 
en  outre  l'action  communi  diridundo^".  Cn.  Léirivain. 

SOCII.  —  Ce  mot  désigne  les  villes  et  les  nations  qui 
sont  entrées  non  pas  accidentellement  et  provisoirement, 
mais  d'une  façon  permanente  et  définitive,  dans  l'alliance 
militaire  de  Kome.  Il  faut  distinguer  les  alliés  d'Italie  et 
ceux  du  reste  de  l'empire  romain. 


^  erse  pour  savoir  si  le  gain  apporté  par  un  associé  compense  la  perle  causée  par  sa 
négligence  (17.   2,  23,  25-20  ;  Jnst.   3,  25,  2).  —  22  Dig.  17,  2,  4,  §  1,  63,  §  10. 

—  ?3  17,    2,  .4,  §   1,    58,  §    2,  63,  §10,    05,  §  I  ;   Gai.  3,    150;    Insl.   3,   23,    7-8. 

—  24  Insl.  3,23,  3.  —25  Dig.  17,  2,  35,  37,  63,  §3-9,  65,  §  1,  9.  —  26  |7,  o,  63  ; 
§10;  Insl.  3,  25,  6.  —27  Dig.   17,   2,   i  pr.,  14-17,65,  §  3,  10;  Inst.  3,   23,  3. 

—  28  Gai.  4,'I82  ;  L.  Jut.  mun.  I.  111.  —  2»  Dig.  17,  2,  67,  §  2  ;  42,  1,  22,  g  1. 
D'après  une  opinion,  seulement  dans  les  sociétés  universelles  (42,  1,  6).  —  30  |0,  1, 
3.  —  BiHiiocBAPHiE.  Karlona,  Ilôm.  Ilechlsgescnichte,  Leipj.,  1885,  II,  p.  631- 
602;  Colin,  Zum  rûm.  VereinsreclU,  Berlin,  1873  ;  Poisnel,  llecherches  sur  les 
sociétés  uniierselles  chez  les  Homains  (A'ouf.  Kev.  hist.  de  droit,  1879,  p.  532 
sii.)  ;  loisl.Zur  Geschiclite  der  rôm.  .Modelas,  Berlin,  1881  ;  l'ernice,  Zeitschr. 
d.  Savigny-Stiftung,  3,  1882,  p.  48-103;  7,  1886,  p.  97-102;  9.  1888,  p.  232-237  ; 
Ferrini,  Arehivio,  38,  1887,  p.  1-32;  Laurel,  De  la  personnalité  des  sociétés, 
Paris,  1890;  Accarias,  Précis  de  dr.  romain,  Paris,  3<  éd.  1882,  11,  p.  505,  524; 
Girard,  Manuel  de  dr.  romain,  Paris,  3'  éd.  1901,  p.  570-576  ;  Trumpler,  Die  Ges- 
chichte  der  rôm.  Gesellschaftsformen,  Berl.,  1906. 


soc  _  1368  — 

Les    conditions     politiques    imposées   par 


SOC 


Itaiir. 

Rome  aux  villes  d'Italie  se  ramènent  à  deux  groupes 
essentiels,  Tannexion  avec  le  droit  de  cité  actif  ou  passif 
^MiMciPirMl  el  la  fédération  sous  deux  formes,  le  droit 
latin  [latiniJ  el  le  droit  des  socii.  Ce  dernier  droit  ne 
repose  pas,  comme  le  droit  latin,  sur  l'existence  ou  la 
fiction  d'une  nationalité  commune  avec  Rome,  mais  sur 
une  alliance  militaire  homogène.  Appliqué  sans  doute 
d'aljord  aux  IFerniques  el  au  peuple  du  Lalium  novum, 
mais  qui  ont  été  assimilés  de  bonne  heure  aux  Latins, 
il  a  compris  ensuite  :  Naples,  peut-èlre  la  première  ville 
fédérée,  dès  3"2G  av.  J.-C.  ;  les  Samnites,  avec  leurs  subdi- 
visions, Picrntex.  Vestiiii,  Marrucini,  Marsi,  Peligni, 
Freiitani.  dès  290'.  Vers  le  milieu  du  ui'^  siècle  il  englobe 
toute  l'Italie  jusqu'à  l'Arnus  et  l'.Vesis,  avec  des  annexes 
extérieures  dans  la  Cisalpine,  entre  autres  Ravenne  et 
Genua-.  Les  principales  villes  et  nationsfédérées  connues 
sont:enElrurie,  Populonia,  Tarquinii,  Arretium,  Perusia, 
Clusium';  chez  les  Herniques,  Aletrium,  Ferentinum, 
Verulae  '  :  en  Ombrie,  Ifruvium,  Camerinum,  Ocriculum'  ; 
Tibur,  Praeneste,  Lavinium';  les  Samnites;  dans  la 
Campanie,  Naples,  Nola,.Nuceria,Canuni';  dans  la  Lucanie 
el  le  Brulium,  Velia,  Heraclea,  Thurii,  Rhegium,  Locri, 
Petelia'.  Comme  soldats,  les  sonii  de  race  italique 
s'appellent  togali,  à  l'exclusion  des  Grecs  d'Italie;  en 
face  des  alliés  étrangers  de  la  Cisalpine,  tels  que  les 
Insubres  et  les  Cénomans,  et  des  étrangers  du  reste  du 
monde,  ils  s'appellent,  y  compris  les  Grecs  d'Italie,  les 
Romains  et  les  Latins,  Italici'.  Ce  mot,  tiré  de  l'ancien 
nom  Ualia  du  sud  de  la  péninsule,  adopté  de  bonne 
heure  par  les  Grecs  de  Sicile  el  de  l'Orient,  est  officiel 
dès  le  II"  siècle  '".  Il  désigne  le  groupequi  jouit  à  l'étran- 
ger des  mêmes  privilèges  que  les  Romains".  D'autre 
pari,  la  terminologie  officielle  unit  souvent  les  socii  aux 
Latins  et  aux  colonies  latines  considérées  comme  fédé- 
rées [latini,  p.  976-9771. 

La  situation  des  alliés  est  réglée  par  le  traité,  foediis 
aequum  koedis^  qui,  impliquant  et  dissimulant  une  sou- 
mission préalable'-,  les  a  mis  au  nombre  des  socii  {in 
sociorum  fonniilain  referre)'^.  Les  anciennes  ligues  el 
confédérations  sont  dissoutes,  sauf  la  fédération  reli- 
gieuse des  villes  étrusques  el  ombriennes,  dont  la  fête  est 
célébrée  à  \'olsinii  sous  la  présidence  des  deux  préteurs 
el  des  deux  édiles  du  pays  jusqu'au  iV  siècle  ap.  J.-C.  " 
^ETRisci,  p.  823  .  Les  villes  perdenlleurs  clientèles,  l'indé- 
pendance de  leur  politique  étrangère,  reconnaissent  el 
subissent  toutes  les  conventions  conclues  par  Rome  avec 
d'autres  peuples,  doivent  fournir,  le  cas  échéant,  le  con- 
lingenl  militaire  fixé  par  le  traité'»  selon  la  formule  socii 
nominisque  latini  f/uibus  ce  formula  lot/atoriim  milites 

SOCII.  1  Li».  9,5,  18;  10,  3,  1  ;  10,  10,  ii  ^Corp.  ins.  lai.  9,  p.  Îù3,  iSi,  29«,  317, 
319,  K9.  517.  —  2  Cic.  Pro  Balb.  îi,  50;  C.  ins.  lai.  I,  199.  —  3  Colyb.  2,  20,  5; 
2,  2*,  5.  —  *  Liv.  9,  43;  C.  ins.  lai.  10,  1  p.  5C5-C.  572.  —  5  Cic.  pro  Balb.  20, 
47  :  Val.  Mai.  6,5,  1;  Liv.  9,  36,  41  ;  28,  45,  20.  —6  Polyb.  6,14,  8;  Liv.  8,  11, 
15;  43.  2,  io;  Vell.  Pal.  I,  14.  —  7  Liv.  8,  2C  ;  Cic.  l'ro  Balb.  9,  28;  C.  i.  /. 
10,  1,  p.  21,121,  471.  —  «Cic.  Ce.  S,  21  ;  24,  55;  Polyb.  1,20,  U;  Appian.  Bell. 
Annib.  29,  57  ;  Liv.  10,  S  ;  26,  39  ;  34,  53;  39,  5  ;  C.  i.  /.  10,  I,  p.  3,  5,  15,  17, 
21,  51.  Tarenic  cl  le  reste  du  brulium  onl  perdu  leur  qualilé  de  socii  à  la  suile  de 
leur  défeclioa  pendanl  laileuiii-mc  guerre  punii|ue  (Slrab.  6,  p.  281  :  Gell.  10,  3, 
19).  —  9  Pondanl  la  guerre  sociale,  les  allii's  révollés  s'appellenl  Jlali  el  leur  capi- 
Ule  /talia  {Eph.  epirjr.  6  p.  Il  ;  itaua,  p.  591).  —  lO  C.  i.  (.  10,  7459  (peul- 
«Ire  de  193);  6950;  Sali.  Jug.  20  (111);  Oiod.  5,  20,3.  —  "  C.  1.  /.  1,  203; 
Liv.  38,  44,  4  :  Bomani  ac  soeii  nominis  Latini.  —  12  La  soumission  se  dil  :  in 
fidem  ou  in  fidem  dieionemque  se  tradere,  dedere,  in  /idem  recipi.  (Polyb.  20,  9  ; 
12;  Liv.  8,  2,  13;  8,  19,  25;  33,  38;  37,  43;  42,  8  ;  Cic.  Verr.  3,6,  15).  _  13  Liv. 
43,  6,  10;  «,  16,  T.  —  "  Annali.  1812,  p.  37,  pi.  r.  (aulel  de  Caere)  ;  VU.  Uadr. 
19;   C.     i.  /.    H,   2115  (praetor  Etiuriae    XV    pnpulorum)  ;    2116,  2120,    3257 


in  terra  Italin  imperare  soient  ".  Chaque  ville  ou,  selon 
le  cas,   la  réunion  de  plusieurs  petites  villes  fournit  sa 
cohorte  d'infanterie  ou  sa  tiirma  de  cavalerie,  amenée 
au  lieu  de  rassemblement  par  son  magistrat  propre  el 
un  payeur'";   l'ensemble  de  ces  contingents  forme  les 
alae  sociorum.  commandées  par  les  six  praefecti  socio- 
rum romains  dont  nous  ignorons  les  rapports  avec  les 
officiers  indigènes    exercitis,  p.  914\  Au  lieu  de  soldats, 
les  villes  grecques  du  Sud'*  fournissent  des  vaisseaux 
qui,  avec  les  contingents  de  la  Sicile,  de  l'Orient  et  surtout 
de  Rhodes",  constituent  le  noyau  de  la  flotte  romaine. 
Les  alliés  n'ont  pas  droit  légalemenl  au  butin,  sont  cepen- 
dant admis  quelquefois  aux  distributions-",   reçoivent 
les  mêmes   cadeaux    que  les  citoyens  à  l'occasion  des 
triomphes'-';   leurs  villes    obtiennent,   mais    dans    une 
proportion  moindre  que  les  citoyens,  des  assignations 
de  terres  sur  lesquelles  a  lieu  aussi  la  pratique  de  Voccu- 
patio  [AGRARLXE  LEGESj '".   lls  ne  doivent  à  Rome  aucune 
redevance  directe,  sauf  les  contributions  volontaires  et 
les  frais  d'entretien  de  leurs  contigents.  .\  l'intérieur  ils 
jouissent  théoriquement  el  en  fait  de  la  plus  large  auto- 
nomie, gardent  la  souveraineté  sur  leur  territoire,  leur 
droit  de  propriété  privée,  leur  constitution,  leur  législa- 
tion. Rome  a  imposé  quelques  lois  à  toute  l'Italie,  ainsi 
le  plébiscite  Sempronien  en  matière  de  dettes  d'argent, 
la  loi  Fannia  sur  le  luxe,  les  mesures  générales  de  18(5 
contre  les  Bacchanales-^  ;  mais,  en  général,  c'est  de  son 
plein  gré  qu'une  ville  alliée  accepte  les  lois  romaines, 
qu'elle  devient  fundus  [municipium  fundanum)-^,  el 
probablement  aussi  qu'elle  codifie   son   droit  local  en 
entrant  dans  l'alliance  romaine,  qu'elle  emprunte  à  Rome, 
comme  on  le  voit  presque  partout,  quelques-unes  des 
magistratures   municipales,    édilité,    questure,    censure 
[MAGiSTRATis  MUNICIPALES,  p.  lo41j.  Telle  parait  être  la  loi 
osque  de  Banlia  en  Lucanie  qui  mentionne  la  censure, 
la  prélure,  la  questure,  le  tribunal  et  renferme  des  règle- 
ments sur  le  cens,  les  comices,  les  tribunaux  populaires, 
l'intercession   des  magistrats,  la   substitution  du   mois 
de   trente   jours    au    trinum    nundinum-'.    Les    villes 
alliées  gardent  leur  juridiction  propre  au  civil  et  au  cri- 
minel, sauf  les  empiétements  arbitraires  des  magistrats 
romains,  le  droit  de  recevoir  les  exilés  romains,  leurs 
calendriers  parliculiers-'',  leurs  droits  monétairesjusqu'à 
la  première  guerre  punique,  à  partir  de  laquelle  Rome 
se  réserve  la  frappe  de  la  monnaie  d'argent  el  générale- 
ment aussi  celle  du  cuivre   [moxeta,  p.   1976'.  C'est  le 
sénal  romain   qui  règle  les  difl'érends   entre   les  villes 

[SENATLS' . 

Celte  situation  des  alliés,  passable  en  théorie,  devient 
en    fait,    comme    celle    des    Latins,    de    plus    en   plus 


laedilis  Etruriar);  1848  {jiiraHus]  ad 
Ttisciae  et   Cmbriae.  sans  doule  l 
ques,  i|ui  dirigeait  les  jeux  au   sancU 
cril  de  CoQslaiilin  qui  sépare   les  dei 
—    15   Liv.  41,  8,8;  27,   111,  3;   Polyli 


Elrariae)  ;  Orclli,  3866  (un  coronalus 
l'ancien  pr«lre  des  villes  élrus- 
irc  de  Vollumna):  C.  i.  /.  Il,  5263  (rrs- 
i  fêles  des  Ombriens  el  des  Etrusques). 
2,  24,  4.  —  16  C.  I.  (.  1,  2o0,  I.  21,  50 
(loi  agraire  de  III)  :  l.iv.  22,  57,  10;  27,  V,  3.  —  "  Polyb.  6,  21,  5;  Liv.  23,  19; 
J7,  9.  _  18  Liste  dans  Monmiscn,  A/onnaie  rom.  3,  p.  197  :  .Naples,  Velia,  Tarenic, 
Locres,  Rliegium.  Messana  cl  probablement  aussi  Nuceria  cl  IléraclOc.  —  19  Cic. 
Verr.  s,  19,  49  ;  Dio  Clirys.  31,  p.  U20;  Joseph.  Bell.  jud.  I.  21,  11  :  Ant.  16,3,  3. 
—  20  C.  i.  I.  10,  6327.  —  21  Liv.  40,  43,  7;  41.  7,  3;  41,  13.  8  ;  C.  i.  l.  I, 
5H-516.  —  22  C.  i.  /.  1,  200,  I.  21  ;  Appian.  Bel.  eie.  I,  36  ;  Cic.  Dr.  Bep.  3, 
J9,  41.  _  23  l.iv.  35,  7:  Macrob.  *i(.  3,  17,  6;  C.  i.  I.  I,  196.  —  "  C'est 
l'explication  de  Mommscn.  prèfi-rable  à  celle  de  Savigny  qui  y  voit  le 
tenient  à  l'acceptation  du  droit  de  cité  (Festus,  p.  89  ;  Gell.  16,  13, 
Pro  Balb.  8,  20-21  ;  11,  27  ;  C.  i.  /.  1,  206,  I.  159-163).  —  25  C. 
46-47.  —  26  Polyb.  6,  14,  8;  Liv.  3,  58,  11;  20,  3,  12:  34,  32,  10: 
9,  351. 


soc 


—  1369 


SOC 


mauvaise,  quoiqu'ils  fournissent  au  moins  deux  fois 
plus  de  soldats  que  les  citoyens.  Rome  viole  souvent  leurs 
droits  ;  à  l'armée  ils  no  sont  pas  protégés  contre  les  peines 
corporelles  et  autres  par  l'appel  au  peuple;  les  conces- 
sions du  droit  de  cité  deviennent  de  plus  en  plus  rares. 
Les  Italiens  songent  alors  à  obtenir  par  la  force  l'égalité 
civile  et  politique.  Le  rejet  de  la  proposition  du  consul 
M.  Fulvius  Flaccus  de  faire  accorder  le  droit  de  cité  aux 
alliés,  sur  leur  demande',  amène  en  125  la  révolte, 
cruellement  réprimée,  de  la  colonie  latine  de  Fregellae. 
Contre  l'aristocratie  sénatoriale,  le  parti  des  Gracques  est 
favorable  aux  alliés,  mais  il  n'a  pour  lui  ni  l'aristocratie 
des  villes  italiennes,  atteinte  par  les  lois  agraires,  ni 
même  la  plèbe  romaine  qui  ne  veut  pas  partager  avec 
les  Italiens  ses  privilèges,  ses  distributions  de  blé.  Les 
propositions  de  Caius  Gracchus  en  faveur  des  Italiens 
sont  une  des  principales  causes  de  sa  chute ^.  La  loi 
Livia  de  122,  portant  la  fondation  de  12  colonies  ita- 
liques de  300  colons  chacune,  n'est  pas  exécutée.  Le  vote 
de  la  loi  Licinia  Mucia  de  cicihiif,  l'egundis  sur  la  véri- 
fication du  droit  de  cité  et  l'exclusion  des  non-citoyens\ 
l'échec  des  plans  deLivius  Drusus  en  faveur  des  Italiens  '• 
amènent  enfin  l'explosion  de  la  guerre  sociale  (90-88)  La 
ligue  italienne  comprend  surtout  les  Marses,  les  Samnites 
avec  les  peuples  de  leur  confédération,  les  Piccntini,  les 
Veslhii,\e.sJfJar>-ucini,\e^  Frenlani,  au  sud  les  Apuliens, 
presque  toute  l'Italie  centrale  et  méridionale;  Rome 
garde  dans  son  alliance  les  Latins,  les  Etrusques,  les 
Ombriens,  les  colonies  romaines,  plusieurs  colonies 
latines,  les  villes  grecques,  en  Campanie  Nola  et  Nuceria. 
La  ligue  italienne  copie  l'organisation  romaine,  se  donne 
une  capitale  générale,  Corfinium  ou  italia,  un  droit  de 
cité  fédéral,  un  sénat  de  oOO  membres,  deux  consuls  et 
douze  préteurs.  Rome,  quoique  victorieuse,  est  obligée 
do  céder  sur  le  point  essentiel.  A  la  fin  di;  90  la  loi  Julia 
donne  le  droit  de  cité,  si  elles  l'acceptent,  aux  villes 
latines  et  aux  villes  alliées  restées  fidèles''.  Peu  après, 
sans  doute  au  début  de  89,  la  loi  J'Uiutia  Papiria 
accorde  à  toute  personne  ayant  le  droit  de  cité,  ou  son 
domicile  dans  une  ville  alliée,  un  délai  de  deux  mois  pour 
se  faire  inscrire  devant  le  préteur  comme  citoyen  romain'; 
les  nouveaux  citoyens  devaient  être  inscrits  soit  seule- 


1  Appian.  Del.  cir.  I,  21,  U;  Val.  Max.  0,  5,  4.  —  2  Appian.  /.  c.  I,  23-24; 
l'Iul.  C  Gr.  S,  S.  9;  Vcll.  2,  6;  Orat.  rnm.  /'raij,  éd.  Meycr,  p  191  (discours 
de  Fainiius).  —  i  Ascon.  p.  67;  Schol.  Bob.  p.  290;  (Jic.  Ue  off.  3,  11,  47; 
lirvil.  IG,  03;  Vro  IJalb.  21,  48,  54.  —  *  Appian.  L.  c.  1,  31;  Liv.  Ep.  71  ; 
Uiod.  37,  Il  ;  Vcll.  2.  14.  —  5  Appian.  /..  c.  l,  49;  Cic.  Pro  Bail).  S,  21  ;  Gell  4,  4, 
.i  ;  Vell.   2,   10.   —  û  Cic.   Pro  Arc/i.  4,7;  Schol.  Uob.  p.  353;  Ad  fam.  3,  130. 

—  7  Vcll.  2,  20;  Appian.  1,  49,  53-50;  Liv.  Kp.  77.  —  3  Appian.  L.  c.  I,  53; 
liio.  fr.  102,  10;  Cic.  Pro  Balb.  8.  -  'J  Kallust.  Hist.  I,  fr.  41  ;  Cic.  Pru 
d„m.  3",  79;  lie  leg.  ai/i:  32,  5;  Appian.  t.  e.  I,  100;  Vell.  2.  10.  —  lu  Aussi 
un  lelrouve  encore  sur  des  lexti-s  de  SO  à  07  (/i';>/(eni.  e/i.5.  184;  Corp.  inscr.lal.'i. 
531,  312;  Bull,  de  con:  liell.  8,  p.  140).  —  "  Tac.  -4nn.  2,  53;  15,  43; 
Hul.  4,  70;  Suct.  Oclav.  44;  Oai.  3;  Cic.  Pro  Puni.  I,  3.  Des  pays,  quoique 
placés  en  fail  sous  le  pi-oteclnraL  des  Homains,  onl  ^'Lé  pendant  quelque  lemps 
en  dehors  de  l'union  niililaire  ;  ainsi  les  villes  cl  pelites  ligues  grecques  re- 
connues ou  consliluées  libres  par  Rome  avaiÉl  la  r^'ducUon  de  la  Grèce  en  pro- 
\iucc  (l'olyb.  18,  40,  47  ;  Liv.  33,  32),  les  villes  de  Tliessalic  organistes  |)ar  l-'la- 
ininiuus  [Corp.  ins.  ijr.  1770),  Tiïosde  Lydie,  H<Tacli'-e  de  Carie  [Corp.  iits.  i/r.  3043  : 
Le  Bas-Wadd.  Vol/,  arch.  58S|.  Souvent  des  villes  stipendiaires  s'appellent  aliu- 
siveuientsocii  el  a»iici(Suet.  Octav.'23  ;  Cic.  Verr.  2,  30,  88;  2,  I,  30,  70  surTIier- 
nuis  et   Lanq.saqnc;    C.    ins  .i/r.    1720;  l'Iin.    Ep.   18,  42,  43    sur    Nicomi-ilic). 

—  IJ  Exemples  :  Hadruni6le,  l.eplis  tninor,  Tliap.us,  Ulica,  Usalis,  Tlicudalis, 
Achulla  (Appian.  Pun.  94;  Lex.  af/r.  I.  79)  ;  Cyzique,  Seleucia  'Strab.  12, 570  ;  IIJ,  731  )  ; 
Magnésie  du  Sipyle,  Amisus,  Laodict^e,  Sainos,  la  Lycie  (Appian.  Mitlir.  01.  83  ;  Bel. 
c/i).  4,  02;  iJioCass.  47,  30;  Si,  9);  ApoUonis,  Mytilène,  Tarse,  l'rusa,  Anlioehe  (Cic. 
Pro  f'/acc.  29;  Vcll.  2.  18  ;  Hlul. /'oi/ip.  42  ;  l'Iin.  Uht.nat.  5,  31,  139  ;  Uio.  Clirys. 
44,  p.  190,  199  ;  Euseb.  Arnicri.  p.  193  ;  Cllios,  Smyrnc,  Erythrée  (Liv.  38,  31,  Il  ; 
Polyb.   18,33;   21,   10  J   22,   5,  27);  Elatéc   (Pausan.    10,  34,  2)  ;  Ephôsc    (C.    i.   l. 

VIII. 


ment  dans  huit  des  anciennes  tribus,  soit,  d'après  Appicn, 
dans  dix  tribus  nouvelles';  c'est  seulement  en  81  qu'on 
les  répartit  dans  toutes  les  tribus  [tribus'.  Une  partie 
des  alliés,  soit  lidèles,  tels  que  Naples,  Hérnclée,  Puteoli, 
soit  révoltés,  tels  que  les  Lucaniens  et  les  Samnites,  n'ont 
pas  accepté  de  suite  le  droit  de  cité  romaine";  d'autre 
part,  en  81  Sylla  reprend  le  droit  de  citi-  à  un  grand 
nombre  de  villes  qu'il  remet  dans  le  droit  latin;  il 
s'écoule  donc  un  certain  temps  avant  que  toute  l'Ita- 
lie propre  n'ait  reçu  le  droit  de  cité'.  L'organisation 
de  la  Cisalpine  a  été  exposée  à  l'article  latini  (p.  974'. 
Le  mot  lia/ici  désigne  alors  les  habitants  de  droit  la- 
tin ou  romain  de  toute  l'Italie  jusqu'aux  Alpes  '°.  Il 
disparait  après  la  concession  du  droit  de  cité  à  la  Trans- 
padane  en  49. 

Provinces.  —  Les  États  autonomes  .çocà'",  soit  villes, 
soit  royaumes  (reges  socil)  qui  ont  généralement 
obtenu  cette  condition  en  échange  de  leurs  services''-, 
portent  différents  noms.  Le  mot  foederoti  désigne  la 
forme  Juridique  de  l'acte  qui  en  a  rattaché  quelques-uns 
à  Rome,  le  traité  public  {foedus)a.vec  serment  est  irrévo- 
cable" ;  à  l'égard  des  rois  le  traité  devient  caduc  à  chaque 
changement  de  règne  et  doit  être  renouvelé  avec  le  suc- 
cesseur"' [foedi'S,  p.  12091.  Le  mot  foederati  n'est  d'ail- 
leurs pas  officiel  et  dans  le  monde  grec  les  villes  fédérées 
s'appellent  simplement  autonomes  ou  libres '^  Le  mot 
liberi  distingue  les  républiques  des  royaumes;  la  liberlas 
(ÈXe-jOEfia)  est  la  souveraineté  politique  sous  ht  forme  répu- 
blicaine. Les  villes  libres  sont  de  deux  catégories, 
suivant  qu'il  y  a  traité  bilatéral  [foedus)  ou  concession 
unilatérale  :  foederati  et  liberi  ou  simplement  liberi  '°  ; 
dans  le  second  cas,  théoriquement,  la  liberté  peut  être 
révoquée,  mais  en  fait  la  situation  est  presque  la  même''. 
La  jouissance  du  droit  indigène  est  exprimée  en  latin 
par  les  xnoissuis  legibus  uti,  en  grec  par  le  mot  a'jxov&iAta 
qui  est  souvent  joint  à  èXs'jOEsia '*,  mais  en  ce  sims  l'auto- 
nomie seule  ne  paraît  pas  comporter  l'exemption  du 
tribut.  Le  terme  le  plus  général  est  sorii;  marquant 
l'alliance  militaire  permanente,  il  est  traduit  en  grec  par 
le  mol  ciJu.[j.a/<it  qui  implique,  comme  le  montrent  les 
traités,  une  symmachie  à  la  mode  grecque,  oITensive 
et  défensive  ;  et  il  est  généralement  renforcé,   par  les 


I,  5SS);  Alexandrie  de  Troade  (Suet.  Claud.  25;  Tac.  Ann.l2,  38  ;  tliij.i-,  1, 
17,  §1);  probablement Thisbé(Bruns,  Foules,  0°  éd.  n"  30.— 13  En  grec  i,oiio,S«;, 
t.o»«o;  (Appian.  L.  c,  I,  102;  Dio.  34,9;  Polyb.  4,  9,  4;  5,  14,  8;  0,  49,  2). 
Exemples  de  traités  avec  les  Eloliens,  Gadés  (Liv.  20,  24;  33,  13;  28,  37  ;  Cic.  Prn 
Balb.  8),  les  Juifs  (Jos  ph.  Ant.  12,  10,  0  ;  13,  5,  S),  les  Mamcrtins.  Tauronienium, 
Sagonte  iCic.  Verr.  4,  8,  18  ;  2,  00,  ICO  ;  Pro  Balb.  9,  22),  les  Aeduens,  l.iugnns, 
Rèmes,  oconces,  Caruules  (Tac.  Ann.  il,  23;  Hist.  4.07;  Plin.  Hisl.  mit.  3.  i, 
37;  4,  11,  100;  4,  18,  101),  Aphrodisias  (C.  ins.  i/r.  2737),  Nartbakion,  Thyrraia, 
Aslypalee,  Mytilène  (f.  i.  gr.  2485;  Bull,  df  lorr.  hell.  0,  p.  330;  10.  p.  103; 
Viorcck,  Sermu  graeciis.  n'  23)  ;  Rlio<les,  Tyr  (Appian.  B,-l.  ciii.  4,  00-08  ;  Dig.  30, 
15,  I  pr.)  ;  Sagalassa  (Eckbcl,  4,  271).  —  !'•  Cic.  Pro  Sesl.  26,  57;  Joseph.  Ant. 
10,9,  4;  17,8,  4;  Liv.  40,  25,  10  —  <«  Ainsi  Aniisos  (Plin.  Ep.  10,  92;  Strab.  12. 
3,  14;  Eckhel  2,  348);  Aphrodisias  (Plin.  Hist.  nul.  5,  29,  109  ;  f.  ins.  gr.  2845, 
2737)  ;    Athènes,  Byzaiice,  Mopsos  (Plin.    H.  nul.  i,  7,  24;  4,   11,  40  ;  5,  27,  91), 

—  10  Suet.  Oai.  3;  Plin.  Ep.  10,  92;  Dig.  49,  15,  7,  §  I  ;  Annian.  L.  c.  1,  102; 
Scrv.  Ad  Ain.  3,  20;  Cic.  Verr.  3,  6,  13;  Plin.  H.  nat.  3,  1,  7;  'J,  4.  roruuiles 
sur  la  concession  de  la  liberté,  où  Rome  ^e^titue  urbem,  agroSy  leges  .  Polyb.  8, 
29;    Liv.  33,   32,    5;    35,    40;    37,  32;    38,  39  ;  45,   29;   Sencc.    De  bencf.  5,    10. 

—  11  Eeslus,  p.  218  s.  v  postliminium  ;  Appian.  Hisp.  44.  —  18  C.  ins.  ait.  3, 
481  ;  Polyb.  4,27,  5;  2(,  19.  9  ;  21,  22,  7;  23,  3,  3;  18,  47,  C;  C.  ins.  lai.  1,  204; 
C.  ins.  gr.  2737.  Périphrase  dans  les  traités  avec  Chios  et  Stralomcéc  {C.  ins.  gr. 
2222  ;  Bull,  de  corr.  hell.  3,  473).  Le  mot  lUjUtfiai  prédomine  dans  la  Grèce, 
aiTovoiAΫ  'lans  la  Syrie  et  les  pays  voisins  (Anlioclic.  lialaiiea,  Gaza,  Tyr,  Mopsos): 
C.  ins.  gr.  3,  4470,  5892,  5853,  5886,  Renan,  .l/iMloil  de  Pliénieie,  p.  102;  sur 
les  monnaies  (Eckhel,  4,  263)  sont  dites  autonomes:  Abila  Leucas,  Acgae,  Anazar- 
bus,  Anlioehe,  Apauiéc,  Areihusa.  Diocaesarea.  Uora,  Gadara,  llalicarnasse,  Laodi- 
cée,  iMopsos,  Samosate,Scbaste.  Selcucie,  Ternicssus.TripolisdbPhénicic,  Tyane. 

172 


soc 


1370 


SOC 


mois   qui   iiuli(]uonl     l'ainilié,    niniriis,    -^Oo;,    /vp'-;  el 

Les  alliés  doiveul  reconnailre  et  respecter  la  souverai- 
neté de  Konie  :  majestiilein  jxi/ui/i  romani  comiter 
conserva l'i'-.  Ils  perdenl  l'indépendance  de  leur  poli- 
tique étrangère  et  généralement  leurs  sujets,  sauf  Athènes 
qui  garde  Délos,  Lemnos,  Imbros,  Scyros,  Paros,  Haliartos 
[kpimelet.u,  p.  086]  el  Marseille  qui  garde  une  partie  de 
la  côte  jusqu'à  .Nice^;  beaucoup  de  villes  conservent 
naturellement  un  domaine  municipal  assez  étendu,  sou- 
vent en  dehors  de  leur  territoire'.  Rome  a  supprimé  les 
anciennes  conlédérations  importantes,  cellesde Marseille, 
Rhodes,  Sparte,  Athènes  et  ne  tolère  sous  la  République 
que  les  petits  groupements  tels  que  les  Kleuthérolacones, 
la  ligue  lycienne  [koinox,  p.  840,  8i2J,  sous  l'Empire  les 
assemblées  provinciales  fcoNciLiiM].  Les  alliés  subissent 
la  direction  politique  de  Rome,  n'interviennent  pas  dans 
ses  négociations,  ne  peuvent  ni  faire  de  guerres  propres 
ni  même  se  défendre  eux-mêmes,  sauf  s'il  s'agit  des 
petits  rois  vassaux,  maintenus  aux  frontières,  par 
exemple  dans  le  Bosphore,  la  Cappadoce,  la  Mauritanie, 
l'Arabie,  à  Palmyre".  Ils  doivent  théoriquement  des 
contingents  militaires,  fixés  par  le  traité;  mais  la  Répu- 
blique ne  les  réclame  que  fort  rarement,  sauf  en  vais- 
seaux''; sous  l'Empiri",  au  contraire,  beaucoup  de  pays 
alliés  fournissent  des  auxiliaires  JEXEKcnrs,  p.  915].  Sous 
la  République  les  alliés  ne  paient  généralenient  pas 
d'impôts  à  Rome,  sauf  des  prestations  extraordinaires  et 
des  réquisitions^;  ils  sont  presque  tous  hiununes 
(àTEÀEî;)  *  ;  mais  cette  immunité  disparait  graduellement 
sous  l'Empire,  surtout  en  Occident".  Les  alliés  gardent, 
d'autre  part,  la  souveraineté  sur  leur  territoire,  leur 
droit  de  propriété  privée '";  sont  considérés  llclivenient 
comme  étant  en  dehors  de  l'empire";  le  gouverneur 
romain  ne  peut  ni  pénétrer  ofnciellement  ni  exercer  chez 
eux  sa  juridiction,  quoique  cependant  quelques  villes 
libres,  Tarse,  Utique,  Hadrumète,  Thapsus,  Panorme, 
Gadès,  soient  sans  doute  volontairement  le  siège  du 
c'owren/ws  ■'-;  les  troupes  romaines  n'ont  que  le  droit  de 
passage  et  ne  doivent  pas  séjourner  en  permanence,  sauf 


1  Le  Has-Wa.liiigloii,  Voy.  arcli.  3,  195-HI9  (Sanios)  ;  IJull.  de  corr.  Iiell.  6, 
p.  330;  10,  p.  lO.î  :  9,  473;  C.  inscr.  gr.  iiSS,  2737  ;  Vieicck,  Scrmo  yraecus 
a*  i'i  (traités  avec  Narlhakion  en  150,  Thyrraea  en  94,  Stratonicée en  )$l,  Astypolre 
en  105,  Myiilcnc  en  ûi,  Aplirodisias  en  44);  Cic.  Pro  Halb.  9.  ti\  In  Caec,  3,  7; 
Suet.  Cues.  i5  ;  Acia  Anal.  éd.  Henzen,  pi.  cj.xivjii,  cr.sxx.  —  2  Cic.  Pro  Balb. 
IG,  35,  30;  Dig.  49,  15,  7,  §  1  ;  Liv.  3S,  11,  i  ;  folyb.  il.  32,  2-14;  21,  45. 
.—  3Strab,4,  1,  9;  Coi-p.  inscr.  /rti.5,  79i4(uii  episcopus  iyicaeensiuvt).  — i  Terres 
d'Ar|iinura  en  Gaule;  de  .Naples  en  Crète  ;  de  Luca  sur  les  territoires  de  Velcia, 
farnie  et  l'iaisance  ;  de  Tcrmessos  (Cic.  Ad  fam.  13,  11  ;  C.  iiis.  tal.  10,  3938  ;  9, 
1455;  1 ,  204)  ;  dAplirodisijs,  de  Stratonicée  (C.  ins.  i/r.  2737  ;  Bull,  de  corr.  hell. 
9.  473),  de  Tcruicssus  (C.  1.  l.  1,  201).  —  ô  yueli|ues  pays  gardent  des  corps 
de  poli'îe  (Tac.  Hist.  I.  6s  pour  l'Ilelvétie).  —  6  Appian.  Uisp.  4i  ;  Dio.  Clirys. 
Or.  31,  p.  020.  —7  Appian.  Bel.  cir.  t.  102;  C.  i.  l.  1,  204;  Cic.  Ad  Alt.  5, 
16,  3;  leir.  4,  9,  20.  —  »  Eiemples  :  Aplirodisias  (f.  i.  gr.  2737),  Marseille 
(Justin.  43,  5,  10),  Thcudalis,  les  Locrieus  (jzolcs.  Aniphissa  (Plin.  H.  nal.  S,  4, 
23;4,  3,  7,  8);  Sparle  (Strab.  8,  .S.  3|;  Elatée,  Pallantion  (Pausan.  10,  34,  2:  8, 
43,  I);  Ilion  (Suet.  Claud.  25;  Slrab.  13,  1,  27;  Tac.  Ann.  12,  58)  ;  Alaban.la,  la 
Lycie,  Rhodes,  Tarse,  Laodicée  (Huit,  de  corr.  hell.  10.  299;  Senec.  De  benef.  5, 
16  ;  Plin.  L.  c.  2.  29.  109;  Appian.  Bel.  civ.  1,7;  Lucian.  Macrob.  21)  ;  huit  villes 
de  Sicile  (Cic.  Ycrr.  3,  fi,  13  ;  5,  22,  56).  Exceptions  :  la  reine  Teuta,  Jérusalem, 
les  princes  du  Bosphore  (Polyb.  2.  12,  3  ;  l.iv.  22.  33,  5  ;  Joseph,  Bel.  jud.  8,  7,  0  ; 
Luciun.  Aler.  57).  Teites  généraux  :  Cic.  In  Verr.  3,  0,  13;  Liv.  33,  32,5;  34, 
57-38  ;  35,  40  ;  Appian.  Bel.  ciu.  1.  102  ;  Polyb.  8,  29.  —  9  Tac.  Ann.  12,  03;  2, 
47  :  Suet.  Tib.  49;  /Jig.  50,  15,  8,  §  5.  —  10  C.  i.  l.  1  ,  201  ;  C.  i.  gr.  2737  ; 
Suet.  Tib.  49;  Caes.  Bel.  gai.  2,  28:  Plio.  H.  nal.  3,  17,  100;  Dio.  Chtys.  34, 
p.  30.  —  Il  De  là  l'acceptation  du  droit  de  cité  par  les  empereurs  dans  des  villes 
libres  (Pliilostr.  Vit.  Apoll.  8,  16;  Plin.  £p.  10,  92,  93;  Slrab.  17,  3,  24  ;  Cic.  Pro 
Balb.  4,  9  ;  Sucl.  Caes.  25)  et  le  droit  pour  des  accuses  d'y  aller  en  exil  volou- 
lairc  (Liv.  29,  21,  I  :  Feslus,  p.  218;  Cic.  Verr.  2,  I,  22,  50  ;  3,  90,  223;  4,  59, 
132:  Ittsc.  5.  37.  loS  ;  Pro  Balb.  11,  2S;  12,29;  Ad  Aam.  14.  4,  5:  13,   19.  2;  ^rf 


en  cas  de  guerre  et  avec  l'autorisation  du  sénat '^;  les 
villes  fixent  librement  leurs  impôts,  leurs  octrois,  en 
reconnaissant  toutefois  les  privilèges  accordés  par  Rome 
soit  à  quelques-uns  de  leurs  citoyens,  soit  surtout  aux 
fonctionnaires,  aux  publicains,  aux  marciiands  romains 
et  italiens".  Elles  gardent,  comme  on  l'a  vu,  leur  légis- 
lation indigène  et  le  droit  de  la  modifier  '■';  et  entretiennent 
ainsi  la  vie  du  droit  grec  dans  le  monde  oriental''  ;  elles 
peuvent  accepter  volontairement  le  droit  romain'"; 
quel(|ues  rescrits  impériaux  '*  et  peut-être  aussi  quelques 
lois  romaines"  ont  été  applicables  à  tous  les  sujets  sans 
exception.  Rome  a,  d'autre  part,  fait  presque  partout 
remanier  les  institutions  démocratiques  dans  le  sens  aris- 
tocratique [m.^gistrati  s  MUMCiPALFS,  p.  1551].  Les  tribu- 
naux des  alliés  jugent  librement,  sans  limitation,  au  civil 
etau  criminel,  même  les  Romains'";  mais  sous  l'Empire, 
peut-être  dès  Auguste-', les  autorités  romaines  évoquent 
beaucoup  de  procès  criminels'-,  surtout  quand  les 
Romains'^  rejettent  la  juridiction  indigène,  et  beaucoup 
d'atïaires  administratives-'.  Pour  le  monnayage,  Rome 
se  réserve,  dès  la  République,  la  frappe  des  monnaies 
d'or  et  laisse  aux  villes  libres  et  aux  États  vassaux  la 
frappe  des  monnaies  d'argent  et  de  cuivre;  mais  sous 
l'Empire,  quelques  grandes  villes  seules,  .\ntioche, 
Mopsuestia,  Tarse,  Amistis,  la  Lycie  et  les  rois  de  Mauri- 
tanie, du  Pont  l'olémon,  du  Bosphore,  de  l'Arabie  naba- 
téenne  conservent  la  frappe  de  l'argent  ;  les  autres  villes 
ne  gardent,  avec  permission  spéciale,  que  la  frappe  du 
cuivre,  et  ce  monnayage  disparait  complètement  sous 
Aurélien  [moneta.  p.  1975].  Les  villes  alliées  gardent  géné- 
ralement leurs  calendriers  locaux-"  et  souvent  des  ères 
particulières-''.  Leurs  litiges  vont,  sous  la  République, 
devant  le  sénat  qui  statue  lui-même  ou  confie  la  décision 
à  des  sénateurs  arbitres  ou  à  une  ville  tierce'^  [senatis]. 
L'indépendance  des  alliés,  déjà  souvent  violée  sous  la 
République-*,  malgré  les  recours  au  sénat,  subit  sous 
l'Empire  des  restrictions  de  plus  en  plus  graves-'  qui 
finissent  par  l'annuler,  surtout,  par  l'établissement  des 
inspecteurs  financiers  appelés  logistes,  oiop^io-at,  correc- 
tores  TcorrectorI  '".     Cu.  Lécrivain. 


AH.  3,  6;  5,  Il  ;  Pro  Sest.  07,  140;  Brut.  22,  83;  71,  230:  De  rep.  l,  S,  13; 
Ascou.  p.  34;  Tac.  Ann.  4.  4J;  13,  47).—  12  C.  i.gr.  2222;  Strab.  4,  1,5;  Suet. 
Caes.l;  Cai.  3;  Caes.  Bel.  cic.  2,30;  Bel.  Afr.  SI  ;  Cic.  Al  Fam.  3,  6,4;  Verr. 
2,  20,  63;  2.  00,00;  5,  7,  16;  De  prov.  cons.  3,  6;  Phil.  2,  38,  97  ;  Pro  Flacc.i9, 
71;  Plin.  H.  nal.  5,  109;  Plut.  Pomp.  10;  Tac.  Ann.  2,  33.  Le  gouverneur 
réside  même  à  Anlioclie  et  à  Thessalonique.  —  '^Joseph.  Ant.  jud.  14,  2,  ti; 
C.  i.  l.  1,  204;  Pol;b.  18,  29,  3;  l'iut.  Flain.  10  ;  Liv.  43,  20,  12,  —  1»  C.  i. 
l.  1,203,204;  Liv.  38.  44,  4  ;  Polyb.  31,  7  ;  Cic.  De  prov.  cons.  3,  3  ;  Joseph.  An«. 
14,  10,  22.  —  15  Autres  textes:  Liv.  9,  43,  23;  29,  21,  7;  45,  29,  4;  Plin.  .4d  Trai. 
10,  92,  93;  Dio  Chrys.  3V,  p.  30;  Strab.  17,  3,  24;  Caes.  Bel.  Gai.  7,  70;  Dig. 
42,  5,  37  :  42,  21,  3,  S  4.  —  10  Voir  Milteis,  JieichsrechI  und  Volksrechl,  p.  85-110. 
—  17  Cic.  Pro  Balb.  8,  20;  II,  27.  —  18  Gai.  I,  53  ;  Dig.  47,  12,  3,  §5.  —  «9  Gai. 
I,  47,  Is5;  Clp.  11,  18,  20;  C.  J'ist.  7,  71,  4.  —  '»  Tac.  Ann.  2,  55;  C.  l.  gr. 
2222  ;  Cic.  Pro  Sest.  20,  50  ;  39,  84;  Aeta  Apost.  17,  13-34  (l'apôtre  Paul,  citoyen 
romain,  traduit  devant  l'Aréopage)  ;  Gell.  12.  7.  —  21  Viereck,  i.  c  u"  9  ;  lettre 
obscure  d'.Auguste  à  Cnide  :  s'agit-il  d'un  appel  à  l'empereur  ou  du  jugement 
d'accusés,  réfugiés  à  Kome'/  Il  paraît  être  aussi  (jiiesliou  de  l'appel  dans  un  décret 
du  proconsul  d'Asie  pour  Cos,  Bull,  de  corr.  hell.  5,  p.  237.  —  22  Dig.  49,  15,  7 
§  2;  Philoslr.  Vit.  soph.  I,  23,  3,  2,  1,  2ti  ;  2,  10,  3.  —  23  Tac.  A>in.  4.  37;  Suet. 
Tib.  37;  Dio,  57,  24;  00,  24;  l'hii.  Bcip.  ger.  pr.  19.—  2;  Plin.  Ad  Trai.  10,92, 
93  ;,C  ins.  ait.  3,  3s  (appel  à  l'empereur  ou  au  proconsul  pour  les  fournitures 
dhuilo  à  Alhénes).  —  2=  C.  ins.  gr.  2722,  2817,  3064;  C.  i.  /.  3,  781.  —26  Voir 
Mommsen,  Manuel,  C,  2,p.  3».  Anlioclie  a  l'ère  des  Séleucides  jusqu'en  41  av.  J.-C. 
(Eckhel.  3,  209).  —  27  Liv.  45,  13  ;  Pausau.  7,  II,  V;  Hirl.  Bel.  Afr.  97  ;  Ditten- 
berger.  Syll.  340  ;  Bull,  de  corr.  hell.  0,  350  ;  C.  i.  gr.  2095  ;  Bruns,  Fontes  6'  éd. 
no  40.  _  28  Plut.  Cnes.  4;  Pomp.  10  ;  Cic.  De  prov.  cons.  3,  5  ;  4,  7;  Dit:  in  Caec. 
20,  04:  Verr.  1,  2,  6;  5,  19.  50:  /«  Pis.  16,  37,  40,  96;  Pro  Sest.  43,  94;  Pro 
Flacc.  26,  63  ;  Pro  dom.  9,  23;  Ascon.  p.  128.  — '.^9  plin.  £p.  10,  82,  93;  Suet. 
Aug.  47;  Tib.  il  :  Claud.  25;  Vesp.  S;  Uio,  54,  2  :  37.2V:  00,  17,  2i;7l,  14;  Tac. 
Ann.  4,  36.  —  30  plin.  Ep.  8,  24;   Dio  Chrys.  31,   2.  00;  44,  p.  200;  Aristid.  1, 


soc 


1371 


SUD 


SOCH  NAVALES.  —  Nom  donné  à  tous  ceux  qui  appar- 
tenaient à  la  marine  militaire  romaine',  rameurs  {rémi- 
ges) et  matelots  ou  combattants  (natilae)^.  Ce  terme 
provient  de  ce  qu'à  Rome,  dès  le  principe,  on  avait  imposé 
la  construction  des  navires  de  guerre  aux  peuples  alliés 
[socir  ou  sujets,  parmi  lesquels  se  recrutaient  encore  les 
équipages,  la  qualité  de  marin  étant  méprisée  en  Italie. 
Il  resta  en  usage  sous  la  République,  même  dans  les  cas 
exceptionnels  où  un  autre  recrutement  s'imposait,  no- 
tamment parmi  les  esclaves'.  La  condition  de  ces  marins 
est  exposée  à  classi.\rii.     Victor  Chapot. 

SOCIUS  (sce/eris  ou  delir(i).  —  Dans  le  droit  pénal 
romain,  plusieurs  termes,  dont  aucun  n'est  technique  ni 
précis,  désignent  les  complices:  conscius^onv  une  coopé- 
ration peu  active',  auclor  pour  l'instigation  décisive-. 
minisli>i\  adjiifor.  administer,  satelles  pour  quiconque 
a  prêté  une  aide  matérielle',  socii  qui  désigne  <à  la  fois 
les  délinquants  réunis  ',  souvent  par  opposition  avec  leur 
chef  princeps sceleris,  de/icti,  principaUs  reus"  et  aussi 
les  complices  par  assistance".  Dans  un  grand  nombre  de 
lois,  pour  une  foule  de  délits  publics  et  privés',  deux 
locutions  générales  curare  rtl...,  dolo  malo  farvre  ut .... 
désignent  la  complicité  par  l'instigation,  l'ordre,  l'assis- 
tance à  l'acte;  dans  l'action  de  vol,  elle  est  exprimée  par 
les  mots  ope  consHio^.  Dans  beaucoup  de  cas  les  juris- 
consultes ont  étendu  le  texte  de  la  loi  qui  ne  prévoyait 
que  le  délit  de  l'auteur  principal  à  toute  participation  au 
délit^.  La  complicité  n'a  constitué  un  délit  indépendant 
que  pour  le  recel  et  le  proxénétisme  lenocinum  .  Ses 
caractères,  ses  limites  n'ont  pas  été  déterminés  exac- 
tement. Elle  comprend,  en  général,  toute  coopération 
intentionnelle,  en  vue  du  délit'".  En  outre,  pour  le  meur- 
tre, l'aide  peut  être  postérieure  au  crime  "  ;  pour  le  par- 
ricide la  connaissance  du  crime  équivaut  à  la  complicité  '-; 
le  inaitre  du  navire,  le  logeur,  l'aubergiste  sont  tenus 
comme  complices  des  vols  commis  sur  le  navire  ou  dans 
leur  établissement".  En  vertu  du  sénntus-consulte  Volu- 
sien,  les  individus  associés  malhonnêtement  pour  exercer 
une  action  et  en  partager  le  profit  sont  tous  passibles 
de  la  peine  de  vi"".  Les  complices  peuvent  rester  tenus 
quand  des  raisons  spéciales  libèrent  l'auteur  principal' ■. 
En  général,  à  l'époque  classique,  ils  sont  punis  comme 
l'auteur  principal   et  comme  s'ils  avaient  commis  seuls 

p.  «19  (sur  Rhodcsl.  —  Bim  locnAPiiiE.  Voir  la  blbl.  .le  l'art,  laiim,  cl  Bolin,  Quii  con- 
dicione  juris  reijes  socii  populi  Bomani  futritit,  Berlin,  1S76:  Madvig,  L'Ltat 
rownin,  trail.  fr.  Paris.  1K83,  111.  4i-9i;  10,  198-20J;  \i\l\iu.  Die  stndtische  imd 
bûrgerliche  Verf(issiniff,l,cipzig,  18("'V.  H,  p.  I4-:13  ;  Mari|uarilt,  J/anue/ </es  insti- 
lulions  roniainej,  Irail.  fr.  Paris,  1S89.  t.  VlU,  1,  p.59-S8,97-108  ;  Momrasen,  Ibid. 
t.  VI,  2,  p.  i69-350  ;  îlispoulet,  Les  institutions  fjoUtiques  des  Jtomains,  Paris, 
|SS3,  II,  p.7S.8i:  Boiiclii!-l.eclcrcq,  J/anilf/rffS  lns(.  roni.,  Paris,  1886, p.  197-198; 
Bcaudoin.  ihudesnr  le  jus  ilalicum  (.Voud  rei'.  Itist.  de  droit,  I8S1,  p.  ôil-Cie). 

SOCII  \AVALES.  1  Ferrcro,  L'Ordmamento  délie  armate romane,  Roma,  1S78, 
p.  l>  ;  V.  Chapot,  La  Flotte  de  iJiséne,  Paris,  1R9(;,  p.  îi.  171  sq.  —  2  Léquivalcncc 
r/-suUc  de  Liv.  XXVI.  3^.  —  3  Tite-Livc  fpii  parle,  XXIV,  11,  de  socii  natales 
enrôlés  impensa  prirata.  écrit  pai-  redondance  sans  donle  (XXXVll,  10):  non 
remigem,  non  socios  navales  ad  classem  fretfuentes  hahiturum.  et  là  il  s'agit  de 
la  notlc  de  Poly\énidas,  amiral  d'Anlioclios. 

SOCIl'S.  1  Dig.  S9,  5,  1.  Ii  il  ;  Suet.  Gai.  58  ;  Cic.  Pro  Clu.  20,  56  :  îî.  60  ;  Pro 
Coel.  i3,  37  ■,Cod.Theod.'),  3i,  1.  —  2Sall. /uj.  30  :  Suet.  iVer.  33  :  TU.  9:  Paul.  5, 
ii,  i  ;  Dig.  48,  8,  3  §  4.  —  3  Hhet.  ad  Her.  2.  4,  7  ;  Cic.  Pro  Clu.  ii,  UO ,  Pro  Coel. 
i3,  57  ;  Tac.  Ann.  K.  Il;  13,  1,  15;  Hist.i,*!;  Dig.  iO,  5,  14;  48,  16  I.  §  13: 
48.  18,  17.  §  3:  Plin.  Kp.  3,  9,  li;Sencc.  Ep.  52;  C.Just.  9,  13,  1  ;  9,  8,  5,  .S  0. 
—  '  Paul.  5.  14,  1  :  Dig.  17,  i,  57  ;  48.  3.  6,  §  1  ;  C.  Just.  9,  41,  4  ;  Suet.  Caes. 
14.  —  à  Cic.  Pro  Clu.  ïî,60:'Dig.  11,  3,  10;  C.  Just.  3,  2,  5;  Plin.  Kp.  3,  9,  12; 
Tac.  Ann.  14.  40,41.  —  6  C.Just. 9,  iO,  10;  I,  12,  6.§4;  Collât.  14,  3,4.  — 7  Lèse- 
majesté  (Dig.  48,  4,  I.  §  I.  3,  4|  ;  parricide  (48,  9,  t)  ;  meurtre  (Paul.  5.  23,  11  : 
(  .  Just.  9.  16,  6  ;  Coll.  I,  31.  1);  incendie  ;  faui  {Dig.  48,  8.  I  pr.  :  18,  10,  I.  S  2. 
i;l'aul.  l.  17,  2);  violence,  expulsion  (Z>iff.  43,16,1,^12;  C.  th.  9,  10,  4  pr.)  ; 
ïo".  péculat  (Dig.  U,  13,  I  ;  Jualit.  3,  26,  7;  Gell.  11,  18,  Î4)  ;  injure,  dommage 


ledélil'"  ;  cependant  plus  tard  on  étabJitquelqiiçsdisliiic- 
tions  selon  le  degré  de  culpabilité'''.  Pour  les  délits 
commis  par  l'esclave  sur  l'ordre  ou  le  mandai  du  mailre, 
voir  l'article  SERVIS.     Cii.  Lecrivain. 

SOUALES  ArClIST.XLES.  —  Collège  créé  par  l'empe- 
reur Tibère  pour  présider  au  culte  dWuguste  divinisé  et 
prendre  la  succession  de  Vdgens  Julia  dans  les  sacrifices 
qu'elle  avait  à  célébrer.  Les  premiers  membres  du  collège 
furent  tirés  au  sort  au  nombre  de  2J  et,  comme  il  était 
naturel,  parmi  les  membres  de  la  haute  aristocratie 
iprù/iores  cirilati.?)  '.  On  ne  connaît  pas  le  nom  de  ces 
premiers  Augustales-.  Tibère,  Drusiis,  Claude  et  Germa- 
nicus  leur  furent  adjoints,  ce  qui  porta  le  nombre  total  à  25. 

Chaque  place  du  collège  se  nommait  décurie  ;  il  y 
avait  donc,  à  l'origine,  25  décuries.  Ce  nombre  fut  porté 
ultérieurement  à  26,  à  une  date  que  l'on  ignore,  mais 
antérieure  à  l'année  31'.  M.  Dessau  pense  que  la  vingt- 
sixième  décurie  fut  établie  en  faveur  de  Drusus '.  Néron 
fut  nommé  à  une  vingt-septième';  une  vingt-huitième 
fut  enfin  créée  au  profit  de  Titus  en  71  ".  Supprimée 
après  lui,  on  la  rétablit  pour  y  appeler  Caracalla\ 

Quand  un  membre  du  collège  venait  à  mourir,  on  le 
remplaçait  par  voie  de  cooptation*.  On  a  supposé  que  la 
cooptation  devait  être  précédée  d'une  désignation  de 
l'Empereur,  lequel  avait  droit,  pour  les  autres  collèges 
sacerdotaux,  de  nommer  aux  postes  vacants',  ou  du 
sénat  qui  partageait  ce  droit  avec  le  prince  '". 

Les  modules  Augustales  étaient,  dans  la  liiérarciiie 
sacerdotale,  des  personnages  importants  ;  des  places  spé- 
ciales leur  étaient  réservées  au  théâtre  ;  ils  s'asseyaient 
sur  des  chaises  curules  "  ;  ils  figuraient  aux  cérémonies 
religieuses  avec  les  grands  collèges  de  l'Étal  '-. 

.\  leur  tête  étaient  trois  luagistri  annuels"  et  un 
llamine,  nommé  à  vie  par  l'Empereur.  Un  texte  de  la  bio- 
graphie de  Marc-.\urèle  permet  de  croire  qu'il  n'était  pas 
pris  d'habitude,  parmi  les  sodates'^.  Borghesi,  cepen- 
dant, est  d'un  avis  contraire'';  mais,  depuis,  on  n'a 
point  admis  sa  façon  de  voir  "^. 

M.  G.  Howe  a  dressé  la  liste  des  soda/es  Augustales 
connus.  Elle  compte  7i  noms,  depuis  l'année  1  i,  date  de 
la  fondation  du  collège,  jusqu'à  l'année  230''. 

Le  même  procédé  fut  employé  dans  la  suite  pour 
assurer  le  culte  des  différents  empereurs  divinisés  :  on 


[Dig.  47.  10  11  pr..  15;  Yus'i/.  3,  ici,  7)  ;  fausses  mesures  (/txSi/ia,  Bruns, /"o)i(cs, 
6«  éd.  p.  46);  accusation  calomnieuse  iDig.  48,  16,  I,  §  13)  ;  délits  divers  (47,  7,  7, 
§  4;  48,  Ii,  2,  §  1  ;  Krontin.  De  aq.  Iî9l.  —  8  Dig.  47,  i,  50,  §  1,  53  pr.,  §  2. 
Abréviation  :  O.  c.  iValer.  ftob.  Aot.  jur.).  —  ^  Dig.  48,   16,  1,  S  13  ;  2,  1,  7,  §  5. 

—  10  Pour  le  vol  on  a  l'éunmération  d'actes  qui  constituent  l'instigation  et  l'aide  ; 
Dig.  47,  î.  50,  §  I,  3,  4,  5i  §  23,  35,  §  4,  67,  §  2  ;  42,  2,  37  ;  Gai,  3,  202  ;  histit. 
4,  1,  11.  —  Il  Dig.  i9,  3,  3,  §12.  —  12  48,9,  6.  —  I3/>|J.  47,  5;  Paul.  2,  31,  16. 
18.  _  n  Dig.  48.  7,  6.  —  15  Jnstit.  4,  1,12.—  16  Dig.  41,  2,  50,  §  1-3  ;  9,  2,  51, 
§  2;  43,  24,  15,§2;  48,  4,  3;  48,  S,  13  ;  9,  4,  2  pr.;  29,  5,  3,§  12;  47,  10,  13,  §2, 
8.  Cependant  pour  le  vol  l'auteur  principal  est  poursuivi  au  quadruple,  comme  pris 
en  llagiant  délit,  les  complices  au  double  147,  2,  3i)  et  dans  les  aciions  pénales 
privées,  on  doit  déterminer  la   part  de   rcsponsdbilité  de  chacun  (9,  i.  11.  §  i). 

—  n  Paul.  3,  i3, 17;  «9.48,  19.40;  Cod.  J/ieod.  9,  32,  2,  — Biihiucbapuie.  Rein,  ôoj 
Crtminalreckt  der  /lômer,  p.  197  ;  Mommsen,  Strafreclit,  Leipzig,  1899,  p.  98-103  ; 
743-6  :  trad.  fr.  I,  p.  113-lîO. 

$UDALt!>   AUGLS'l'ALES.    1    Tac.    Ann.  I,    54;   Uist.    Il,  93;  T)io,    LVI,   46, 

—  2  Cf.  cependant,  Dessau,  Ephem.  epigr.  III,  p.  206.  —  3  Beurlier.  Essai  sur  te 
culte  rendu  aux  empereurs,  p.  Si.  —  ^  Loc.  cit.  p.  76  et  207.  —  5  Corp.  Insc  \  Lut. 
VI,  1984.  —  6  Itid.  —  7  Beurlier,  Op.  cit.  p.  83.  —  8  Suct.  Galb.  8:  Corp.  ins.  lut. 
VI,  1984.  —  'Dio,  Ll,  20.  Cf.  Beuriier.  Op.  cil.  p.  84.  —  1»  Tac.  Ann.  III,  19  ;  Bor- 
ghesi, (A'uiT.  III,  p,  400  et  sq.  —  Il  Tac.  Jnn.  11,  8'!.  —Il  Ibid.  111,04;  Dio,  LVIll, 
12. —  13  On  a  eu  la  liste  pour  les  annexes  213  et  214  (C.  i.  .'.  VI,  1987;  XIV,  i391). 

—  H  Vila  Marci.  7;  /laminem  ex  affinibus,  sodatcs  ex  amicissimis.  —  15  Œuv. 
III.  p.  402.  —  "i  Dessau,  Loc.  cit.  p.  222  ;  SlarquardI.  Le  culte,  II,  p.  224  ;  Beur- 
lier, ftp.  cit.  p.  93.  —  17  J-'asti  sacerUoturu  p.  r.  publicorum  aet  itis  impeialo- 
riae  ^Leipzig,  1904),  VIII,  p.  42  sq. 


SOD 


1372 


SUD 


créa  successivement  iraulres  coiilVéries,  <iui  prii'ent  le 
nom  du  souverain  dont  elles  devaient  garder  la  mémoire. 

Tout  d"al)ord.  a  la  mort  de  Claude',  ou  peut-être  seu- 
lement en  G."J,  au  moment  de  la  naissance  de  la  fdle  que 
Néron  eut  de  Poppée -,  la  sodalité  des  Aiitjiisla/ex  fut 
renforcée  de  Claiidioles;  le  litre  officiel  des  membres 
devint  dès  lors  Augusta/es  Claudialea.  A  la  mort  de 
Vespasien  furent  créés  les  sodales  F/aciales,  qui  joi- 
gniienl  à  leur  nom  celui  de  Titiales  après  la  mort  de 
Titus  ^  On  ignore  le  nombre  des  membres  de  cette  con- 
frérie. Puis  se  formèrent  les  sodales  Hadrianales,  après 
Hadrien'  et  les  sodales  Anfonininni,  après  Antonin  le 
Pieu.x  ■■.  Ce  fui  le  dernier  collège  de  ce  genre  que  l'on 
établit  ;  il  fut  chargé  du  culte  de  tous  les  empereurs  divi- 
nisés postérieurement  à  Antonin.  Aussi  ajoulait-on  à  leur 
nom  celui  decliaque  nouveau  Divus.  Par  làs'explique  les 
noms  de  sodales  Aiiloniniani  I  eriatii'^,  sodales  Mariani 
An/oniniani'',  sodales  Aureliani  Anioniniani*,  so- 
dales Antoniniani  Commodiani,  llelciani.  Severia?u'', 
qui  se  rencontrent  dans  les  inscriptions.     R.  Gagnât. 

SODALICIUM,  SODALITAS.  —  I.  Dès  la  plus  haute 
antiquité,  il  existaà  Rome  des  groupements  de  personnes 
constituées  en  vue  du  culte  et  dont  la  raison  d'être  était 
surtout  d'assurer  la  régularité  de  certains  sacrifices  et 
de  certains  repas  sacrés.  On  donnait  à  ces  groupements 
le  nom  de  sodali/as;  ceux  qui  en  faisaient  partie  s'ap- 
pelaient sorf^/e.?'.  Cette  institution  remontait  très  haut: 
la  légende  l'attribue  à  Romulus,  qui  aurait  ainsi  assuré, 
disait-on,  le  culte  du  sabin  Talius-.  Ces  sodalités  offraient 
donc,  au  point  de  vue  de  la  religion,  une  certaine  ressem- 
blance avec  les  génies,  chargées  de  la  célébration  des 
sacra  gentilicia;  mais  elles  ne  se  confondaient  pas  avec 
elles  et,  au  besoin,  les  remplaçaient.  Quand  une  gens  à 
qui  l'État  avait  confié  la  garde  de  quelqu'un  des  sacra 
publica  menaçait  de  s'éteindre,  pour  empêcher  la  dispa- 
rition de  ces  sacra,  on  introduisait  dans  la  gens  des 
étrangers  ;  de  la  sorte,  on  la  transformait  en  sodalitas,  en 
confrérie.  On  cite  comme  exemple  du  fait  la  sodalité  des 
Lii/jcrci,  qui  comprenait  des  Fabiani  et  des  Quinliliani\ 
plus  tard  des  Juliani',  parce  que  les  membres  apparte- 
naient à  trois  familles,  les  Fabii,  les  Quinlilii  elles  Julii. 

D'autres  fois,  lorsqu'on  établissait  un  culte  nouveau, 
on  en  confiait  la  garde  à  une  confrérie,  qui  pouvait  être 
une  gens,  mais  aussi  une  agglomération  quelconque  de 
personnes  exerçant  la  même  profession,  habitant  le 
même  quartier  ou  même  n'ayant  d'autres  liens  entre  eux 
que  de  coopérer  aux  mêmes  cérémonies  religieuses.  On 
ne  sait  pas  au  juste  comment  avaient  été  constitués  à 
l'origine  les  sodales  Tilii,  que  Romulus  avait  fondés 
relinvndis  Sahinoriim  sacris  ^  :  mais  il  est  d'autres  soda- 
lités  dont  les  débuts  sont  mieux  connus.  De  ce  nombre 
est  l'association  des  Mercatores  ou  Mercuriales  préposés, 
au  culte  de  Mercure,  au  pied  de  lAvenlin,  qui  fut  composée 
en  4'J.j-26!),  des  marchands  établis  dans  le  voisinage"; 
ou  encore  le  collège  des  6'«/>//r)//«/,  créé  en  3G7-387  après 

f  Borghcsj,  (Euv.  III.  p.  117;  [Icssaii,  ';,).  cil.  p.  :!M.  —  2  BcurluT.  dp.  cil. 
p.  86.  —  3 /6lt/.  p.  S-.  -  t  V,(a  Uadr..  i:.  —  ■.  \it,i  AnUm.,  Vi  —  I' Cur),.  ms.  lut. 
VI,  Ua7.  —  1  /6i(/.  VIII,  7g3U.  —  »  /4„/.  V,  3ii3  ;  VIII,  liii.  —  a /A,i/.  VI,  13. 
liiBi.iocn«PHiE.  bor~bcsi,  Œiirres,  III,  p.  391  s|.  ;  Dessau.  Ephem.  epii/r.  III, 
p.   S05  sq.  :    BeitrlIiT,  Essai  sur  le  ciille  rendu  aus  empereur.'  romains,  p.  si  si|. 

SODALICIU  Jl,  SttDAI.ITAS.  I  FcsI.  Ep.  y.  iS6  cl  i97  :  SoitttUs  dicti  quod  uim 
aederenl  el  essenl.  —  2  Macrob.  Halurn.  I,  6,  3J.  —  3  Fnsl.  Ep  p.  87  cl  ii'  :  nur. 
Vicl.,  /Je  orif,.  ,jent.  rom.  ii.  —  *  Uio,  .\LIV,  6.  Cf.  Bcurlicr,  Le  culle  rendu  auj- 
em/iereurs  romains,  p.  Su.  —  5  Ta<-.  Aiin.  I,  U  ;  II,  ii5.  —6  l-cst.  Ep.  p.  148;  I.iv. 
Il,  i7,  5  ;  Merlin,  L'Aienlin  dans  lAntiquilé,  p.   183.  —  7  Liv.  V,  50,  4  ;  5i,  1 1  : 


la  défaite  des  Gaulois,  en  même  temps  que  les  jeux  Capi- 
tolins  et  pour  les  célébrer,  de  la  réunion  des  citoyens 
habitant  le  f(uai'tier  du  Capituler  De  même,  lorsqu'on 
apporta  de  Pessinonte  la  statue  de  la  mère  des  Dieux,  la 
République  afin  d'en  assurer  le  culte,  recruta  parmi  les 
membres  des  premières  familles  des  sodales,  qui  furent 
réunis  en  une  confrérie  nouvelle*.  Plus  tard  encore, 
quand  César  éleva  le  temple  de  Vénus  Genitrix  protec- 
trice de  la  famille  des  .Iules,  il  fonda  une  sodalité,  quil 
composa  de  tous  les  membres  de  la  gens  Julia'  el  qui 
subsista  quelque  temps  à  l'époque  impériale. 

Telles  sont  également  l'origine  el  la  nature  des  sodales 
AiGisTALEs,  établis  par  Tibère,  à  Rome,  à  l'image  des 
sodales  Tilii  "',  pour  présider  au  culte  d".\uguste  divinisé. 

On  sail  qu'à  l'exemple  des  sodales  Augustales  et  pour 
assurer  le  culte  desdill'érents  empereurs  divinisés  succes- 
sivement, d'autres  confréries  furent  créées,  qui  prirent 
le  nom  du  souverain  dont  elles  devaient  garder  la 
mémoire.  A  la  mort  de  Claude  la  sodalité  des  AugusLales 
fut  renforcée  de  Claudiales;  à  la  mort  de  Vespasien  , 
naquirent  les  Sodales  Fluviales,  qui  joignirent  à  leur 
nom  celui  de  Titiales,  (\ni\wà  Titus  fut  mort.  Puis  se 
constituèrent  les  sodales  Hadrianales  après  Hadrien,  et 
les  sodales  Antoniniani,  après  Antonin  le  Pieux  [sodales 

AUGLSTALES  . 

Les  membres  de  ces  sortes  de  confréries  n'étaient  pas 
des  prêtres  chargés  de  célébrer  les  cérémonies  sacrées: 
ces  prêtres  existaient  à  côté  d'eux  et  en  dehors;  ils 
assistaient  seulement  aux  sacrifices  et  aux  réunions  el 
organisaient  des  festins  ".  Ce  n'étaient  que  des  eu It07-es, 
dont  le  devoir  était  de  supporter  les  frais  du  culte.  Leur 
situation  était,  par  là  même,  très  semblable  à  celle  des  mem- 
bres des  génies.  Il  existait  même  entre  eux  des  liens  sacrés 
comme  entre  cognati  el  affines.  Un  sodalis  ne  pouvait 
accuser  son  confrère'-,  ni  prendre  sa  défense  comme 
avocat",  ni  figurer  parmi  ses  juges  dans  un  procès". 

II.  Le  mol  sodalitas  ''^ou  plus  sonxenlsodaliciuin  "^,est 
encore  employé,  à  l'époque  républicaine,  pour  désigner 
un  autre  genre  d'association,  qui  n'aplusrien  de  commun 
avec  la  religion,  mais  qui  relève  de  la  politique ''.  En 
fait,  au  va'  siècle  de  Rome,  toutes  les  corporations,  reli- 
gieuses ou  autres,  s'occupèrent  de  politique;  elles 
soutenaient  leurs  membres  aux  élections,  se  laissaient 
parfois  corrompre  par  des  candidats,  ou  même  descen- 
daient dans  la  rue  pour  soutenir  les  ambitieux  turbulents. 
Mais  elles  n'étaient  pas  désignées  parle  terme  sodaliciam. 
Celui-ci  était  réservé  aux  associations  créées  dans  un 
but  exclusivement  politique,  dans  le  but  de  faire  naitre 
el  d'entretenir  l'agitation.  Il  en  est  question  plus  dune 
fois  dans  Cicéron'*.  C'est  contre  elles  que  fut  dirigée  la 
lex  Licinia  quae  est  de  sodnliciis  el  le  sénalus-consulte 
de  l'an  696-58  ut  sodalitales  decuriatique  discederent. 
«  Files  se  composaient,  dit  M.  Waltzing'-',  de  citoyens 
puissants,  désireux  d'arriver  aux  honneurs;  elles  étaient 
permanentes,  avaient  leurs  agents,  leurs  chefs  el  sans 

Cic.  .u  IJ.  />•.  Il,  .1.  —  »  Cic.  Ùe  sen.  XIII,  W  ;  Gcll.  Il,  il,  i.  —  'J  l'Un.  Hist.  nal. 
Il,  i>3  ;  Jul    Olisc.|.  68  ,1181  ;  Uio.  X1.V,  ti  ;  .Sinin.   Laudes  in  Valent,  sen.  II,  3i. 

—  lOTac.  Aiin.  I,  54  ;  Hisl.  II.'Jô.  —  "   Cic.  De  sen.  XIII,  45  :  UcU.    Il,    i4,  2. 

—  *2  Cic.  Pro  Cae'.  XI.  ±6  ;  De  pet.  cons.  .t,  16.  —  '3  Corp.  ins.  lai.  1,98  {lex  repe- 
tund.)  I.  9  cl  10.  —  1»  Itid.  I.  iî.  Cf.  sur  loiil  ceci.  Momniscn.  Ile  colleyiis,  p.  i 
cl  3.  —  li  Cic.  Ad  f).  fr.  V,  19  ;  11,  3.  3  ;  Pio  Plaiicio,  15.  37.  —  16  Ascon.  Jn.  iJil. 
34;   l'ro   Plancio,  15,  30:    19,  47.   —    '7  Cf.  Jlommseii,  De  colleyiis,  p.  32  S4|. 

—  18  Cf  lesDoleslo,  16  ;  ajoulcr  De  pet.  cons.  V,  19  :  Quattuor  sodalitales  liominam 
ad ambitionem  gratiosissimoriiin  titii  oùiiyasti,  M.  Eiindani,  Q.  Galtii,  C'.  Cornelii, 
L.  Corvint.  —  l'J  Les  corporations  professionnelles  chez  le*  ttoinains,  I,  p.  49. 


SOD 


—  137:3  - 


SOL 


doute  leurs  slatuls'.  Destinées  à  soutenir  les  confrères 
ou  leurs  amis,  elles  gagnaient  les  électeurs  en  masse, 
chaque  associé  travaillant  sa  tribu.  Les  citoyens  dis- 
posés à  se  vendre  se  faisaient  inscrire  :  ils  étaient  divi- 
sés en  décuries  (c/ccui-iati)  par  les  agents  de  la  soda- 
lité  (divisores,  séquestres),  qui  distribuaient  le  prix  des 
suflVages  ;  mais  ces  vendus  ne  formaient  pas  de  collèges 
véritables  '-.  »  Néanmoins  la  naissance  et  la  multipli- 
cation de  ces  pseudo-collèges  furent  la  cause  des  ditlé- 
rentes  mesures  restrictives  prises  au  dernier  siècle 
contre  les  collèges  eux  mêmes  Ils  furent  englobés  dans 
la  loi  commune. 

llsullira  de  rappeler  ici  brièvement  '  qu'en  64-690.  épo- 
t(ue  de  la  première  conjuration  de  Caliiina,  un  sénatus- 
consulte  supprima  tous  les  collèges,  excepté  un  petit 
nombre  dont  l'intérêt  public  exigeait  le  maintien*. 
Mais  Clodius  devenu  tribun  de  la  plèbe  en  58  fit  voter 
une  loi  qui  les  rétablissait  et  rendait  au  peuple  la  liberté 
d'association  (lex  Clodia  de  collegiis)'.  Il  en  prolita 
pour  constituer  un  grand  nombre  d'associations  nouvelles 
qu'il  composa  des  éléments  les  moins  recommandables 
de  la  population,  même  d'esclaves.  L'ordre  ne  se  rétablit 
en  partie  qu'à  la  mort  de  Clodius.  Le  sénat,  pour  em- 
pêcher le  retour  de  semblables  faits,  rendit  en  06  un 
nouveau  sénatus-consulte  qui,  cette  fois,  visait  exclusi- 
vement les  sodalirid,  les  clubs  politiques  :  ils  furent 
dissous";  mais  on  remettait  le  soin  de  sanctionner  ce 
sénatus-consulte  à  une  loi  postérieure.  Elle  fut  votée 
l'année  suivante  ;  c'est  la  lex  Licinia  de  sodaliciis  '  : 
elle  punissait  de  l'exil  les  membres  des  clubs  électoraux. 
Pour  compléter  la  mesure  et  empêcher  tous  les  autres 
collèges  de  se  mêler  de  politique.  César  les  supprima 
tous  d'une  façon  générale*;  de  la  sorte,  il  n'y  avait  pas 
lieu  de  faire  de  distinction  entre  coUegia  et  sodalicia,  et 
le  pouvoir  central  était  assuré  de  la  tranquillité. 

Cette  fois  encore  on  n'obtint  point  un  ell'et  décisif:  à 
la  faveur  de  l'anarchie  qui  suivit  la  mort  de  César,  les 
associations  se  reformèrent.  <i  Tous  les  jours,  dit  Suétone, 
se  formaient  des  associations  factieuses  et  criminelles, 
qui  se  déguisaient  sous  le  titre  de  collèges  nouveaux  ». 
.\uguste  dut  intervenir  à  son  tour".  De  nouveau,  tous  les 
collèges  furent  supprimés;  mais  le  droit  d'association 
fut  réglé  pour  l'avenir  par  une  lex  Julia  de  collegiis  : 
elle  décidait  que  les  associations,  pour  être  légales, 
devaient  obtenir  une  autorisation  spéciale  du  sénat  (e  lege 
Julia)^";  celles  qui  ne  l'avaient  pas  obtenue  étaient  tenues 
pourilliciteset  leur  existence  même  constituait  un  délit  ". 
Ses  successeurs  eurent  soin  que  la  loi  fût  sévèrement 
observée  '-. 

Lorsqu'on  rencontre  à  l'époque  impériale  le  terme  de 
sodalilas  et  de  sodalicium,  dans  les  inscriptions,  c'est 
comme  synonyme  de  collegiiun.  Les  exemples  ont  été 
recueillis  par  M.  Waltzing". 

*  Cf.  Cic.  De  /mt.  cons.  V,  iO  ;  Ad  Q.  fr.  \\\,  t.  —  2  (Jiio  fado  conscribebantur 
ut  coUet/ii  coltetfiorutiu-t  tribuariorum  spcciem  re ferrent,  d'il  Monirnsen  {Op.  cit. 
p.  oS).  —  3  Pour  les  tlùveloppcmcDU  voir  l'article  cui.i.kgium  et  Wallzing,  Op.  cit. 
I,  p.  'Jl  s.(.  —  lAscon.  in  Curn.  p.  67  :  in  l'ison.  p.  6  ;  Cic.  Pro  Sestio,  2S,  55; 
Jn  Pison.  IV,  8  cl  U;  Dio,  XXXVllI,  13,  i.  —  ô  Cic.  AU  Att.  III,  15,  4;  J'ost.  rccl. 
in  seii.  13,  33  ;  Pro  -Sestio.  15,  34  :  25,  35  ;  Jn  Pisoii.  IV,  U  :  Ascoii.  Jn  l'ison,  p.  S. 
—  'iCtc.Ad.IJ.fr.  11,3.  —  ■;  Pro  Plane.  15,  3C;Scliol.  Baib.  p.  ^^î  (éd.  Orelli|.  Cl. 
à  ce  sujet  MoinEiiscii,  Ùe  cottegiis,  p.  42  sq.  ;  M.  l^Iohii,  Wreinsreclit.  p.  45  sif. 
S-s  »q.  ;  LiebeDatn,  Hom.  Vereinswesen.  p.  25  sq.  —  ^  Suel.  Caes.  42.  —  9  Suet. 
Aug.  îî.  —  <l>  (..  i.  l.  VI,  il'J3  =  4410  ;  Dig.  III.  4,  1.  —  "  ïac.  Ann.  XIV,  17; 
Ùiy.  XLVIl,  -li,  3.  —  li  Dig.  XLVll,  ïi,  I.  Cf.  Wallzing,  Corporations  pro fession- 
nell-s,  p.  lis  bj.  —  13  Op.  ctt.  indeï  collcg.  llermiDologie),  IV,  p.  207,233,  2411, 
241   ;  S^dulitas  (C .   i.  (.  I.V,  4043;  XIV,    2123);  toilalicium  (11,   1293,  2428,  3730, 


Quant  au  mot  sodales,  il  a  une  signification  très  éten- 
due et  s'applique  à  tous  les  membres  d'un  collège. 
Sodales  sunt,  lit-on  au  Digeste,  qui  ejusdem  collegii 
sunt  ".  On  trouve  donc  désignés  ainsi  les  membres 
des  associations  ouvrières  et  surtout  ceux  des  collèges 
funéraires  '"'. 

L'organisation  de  ces  divers  collèges  a  été  expliquée 
ailleurs  [collegrm,  f.-vbbi,  finis].  On  sait  qu'elle  repro- 
duit assez  fidèlement  l'organisation  municipale  avec  la 
division  des  membres  en  centuries  et  décuries;  on  y 
retrouve  des  assemblées  générales,  un  comité  adminis- 
tratif de  décurions,  des  présidents  jmagisterI,  des  tréso- 
riers î^ouaestor],  des  patrons  ;  patronlsJ,  un  budget  de 
recettes  et  de  dépenses,  un  règlement  intérieur  [lexI  et 
des  décrets  que  les  sodales  rendaient  au  cours  de  leurs 
réunions.  On  saitaussi  qu'ils  avaient  gardé  des  anciennes 
sodalités,  surtout  des  collèges  funéraires,  l'habitude  des 
sacrifices  en  commun  et  des  banquets  célébrés  dans  leurs 
salles  de  réunion  [scuola]  "^.         R.  CAGN.vr. 

SOL.  "H)aoç.  Le  Soleil.  —  Le  seul  nom  d'"II),!r;;  dé- 
signe à  la  fois,  dans  une  inséparable  unité  de  concep- 
tion, naturelle  à  l'esprit  grec,  plus  difficile  à  saisir  pour 
nous,  l'astre,  la  force  dont  il  est  l'apparence  sensible  et 
la  personnification  divine  de  cette  force'.  C'est  d'Ilélios 
personne  divine,  de  sa  légende  et  de  son  culte  à  l'époque 
classique  grecque  que  nousdevons  surtout  nous  occuper 
ici.  Mais  on  n'auraitdu  dieu-soleilqu'une  notion  inexacte, 
à  ne  considérer  que  la  place  qu'il  tient  dans  la  religion 
littéraire  et  artistique  de  la  Grèce  classique.  Elle  est 
secondaire,  et  la  figure  d'Hélios  est  loin  d'avoir  pris, 
dans  cette  religion  anthropomorphique,  le  relief  de  celle 
des  grandes  divinités  de  l'Olympe.  Chez  celles-ci,  l'élé- 
ment personnel,  très  développé  par  la  littérature  et  par 
l'art,  a  tout  à  fait  rejeté  dans  l'ombre  l'élément  imperson- 
nel, la  réalité  naturelle  qui  leur  sert  de  substrat;  la  ten- 
dance anthropomorphique  a  pu  se  donner  libre  cours  et 
tout  un  culte  se  constituer.  Au  contraire,  pour  le  dieu 
"HÀioç,  le  substrat  naturel  était  trop  précis  et  trop  forte- 
ment représenté  aux  yeux  et  à  l'esprit  pour  qu'une  per- 
sonnalité bien  indépendante  pût  s'en  séparer  et  se  déve- 
lopper largement,  à  côté  et  au-dessus  de  lui  ;  c'est 
pourquoi  le  dieu  Ilélios  n'a  pas,  dans  le  myliie,  dans  le 
culte,  dans  l'art  de  la  lîrèce  du  v'et  du  iv"  siècle,  la  place 
d'un  Poséidon  ou  d'une  Alhéna.  Mais  il  a  dû  en  être  tout 
autrement  à  l'époque  la  plus  ancienne  de  la  religion 
grecque,  antérieure  à  l'anthropomorphisme  homérique  et 
classique.  Il  ne  se  peut  pas  qu'à  cette  époque,  la  plus 
apparente  et  la  plus  puissante  des  forces  naturelles  n'ait 
joué  un  grand  rôle  dans  la  religion,  et  dans  le  culte  les 
procédés  par  lesquels  on  pouvait  entretenir  et  diriger 
son  énergie.  De  fait  le  culte  du  soleil  se  retrouve  dans 
toutes  les  religions  de  l'Europe  primitive;  si  l'école  de 
Max  Mûller  a  eu  le  tort  d'en  vouloir  tirer  toute  la  reli- 

8234;  V,'1703,  6809,  0U31,  7044  ;  VI,  241,  338,467,030,  717-,  IX,  5430  ;  XI,  1159, 
6135)  ;  colleyium  sodalicium  (XI,  2722).  —  H/Ji,.  XLVIl,  22,  4.  -  15  C.  i.  l.  Il, 
1186,  823,  2731,  2732.  3114-17,  4004,  5879,  0019  ;  IV,  221  ;  V,  4000,  4853;  VI, 
675,  8.10,  1339,  2465,5886,  0221,  9130.  9224,  10081,  10081,  1-2744,  20167,  22402  ; 
VIII,  3762,  11349;  IX,  496,  1746,  3017,  3065,  3740  ;  X,  174,  7858,  8109;  XI,  4749  ; 
XII,  1914;  XIII,  531.  — 16  Voir  sur  tou les  CCS  questions  WMi.'mg,  Corpor.  profes- 
sionnelles. I,  p.  334  sq.  —  Biti.im,UAi.«iK.  Th.  Monimscn,  Vc  collegiis  et  sodaliciis 
Itomanorum,  Kiliae,  18i3  ;  M.  Coliii,  Zum  rômischen  Vereinsreclit,  Berlin, 
1873;  Liebenam,  Zur  Geschiclile  und  Organisation  des  rimisc/ien  Vereinswe- 
sens,  Leipzig,  1890  ;  J.-P.  VVaItzing.  Etude  historique  sur  les  corporations  pro- 
fessionnelles chez  les  Romains,  Loiivain,  1895  (avec  la  bibliographie  de  tous  les 
ouvrages  utiles  qui  ont  traité  des  collège-*}. 
SOL.  I  Cf.  les  observations  de  Gruppe,  Griech.  Mijth.  u.  Jtelig.  Gesch.  p.  I05S  sq. 


SOL 


—   137( 


SOL 


gion  el  loiilo  la  mythologie  grecques',  riinporlance  du 
culte  héliolatrique  à  l'époque  prêliislorique  est  un  lail 
assuré-.  Ou  a  retrouvé  de  nombreux  monuments  de  ce 
culle,  el  tout  d'abord  des  représentations  du  disque 
solaire.  Nous  devons  nous  borner  ici  aux  pays  grecs;  en 
dehors  d'eux,  mentionnons  seulement  le  mieux  conservé 
de  ces  monuments,  celui  trouvé  à  Trundholm,  dans 
l'ile  de  Seeland^  ;  c'est  un  chariot  de  bronze  à  six  roues, 
portant  un  disque  formé  de  deux  plaques  accolées,  ei 
recouvert  d'un  côté,  en  sa  partie  centrale,  par  une  mince 
feuille  d'or  estampée  el  gravée,  décorée  de  cercles  el  de 
spirales;  les  roues  sont  disposées  pour  tourner  libre- 
ment autour  de  leurs  axes  el  le  ciiar  était  relié  au  disque 


fiiST.  —  Le  disc| 


par  un  fd  (lig.  6487).  Cette  disposition  donne  lieu  de 
penser  que  ce  char  el  les  objets  analogues  n'étaient  pas 
seulement  des  représentations  du  soleil,  mais  servaient 
à  des  pratiques  cultuelles  et  magiques'. 

En  pays  grec,  des  monuments  de  l'époque  prémycé- 
nienne et  mycénienne  offrent  des  représentations  ana- 
logues. Sur  un  bandeau  en  argent  historié,  trouvé  par 
M.  Tsountas  dans  l'ile  de  Syros^,  sont  figurées  des  rosaces 
précédées  d'un  cheval  qui  porte  un  collier.  M.  Déchelelle 
interprète  le  monument  de  la  façon  la  plus  vraisemblable 
en  y  reconnaissant  le  disque  solaire''.  Il  interprèle  de 
même,  sur  des  fusaïoles  d'ilissarlik,  associés  ou  non  à  des 
quadrupèdes,  les  svastikas  ou  croix  gammées;  ce  sym- 
bole ne  serait  qu'un  dérivé  graphique  de  la  roue  à 
quatre  rayonset  du  disque  représentant  le  soleil.  De  fait, 
la  croix  gammée  accompagne  encore,  à  une  époque  très 
postérieure,  sur  un  vase,  la  représentation  anlhropomor- 
pliique  d'Hélioa^  Le  signe  de  la  roue  crucifère,  fréquent 
sur  les  monuments égéens  ^  serait  également  un  symbole 
du  culte  héliaque  ;  ainsi  s'expliqueraient  et  le  décor 
d'urnes  Cretoises',  el  certains  détails  de  l'amphore  de 
Fitané'",  oii  cercles  radiés  et  représentations  animales 
rappelleraient  également  le  culle  du  soleil,  .\ussi  bien 
l'astre  lui-même,  sous  son  aspect  naturel,  ligure  sur  des 
gemmes  ou  des  bagues  mycéniennes  :  ainsi  sur  la  grande 
bague  d'or,  aux  sujets  si  diversement  interprétés,  trouvée 
sur  l'acropole  de  Mycènes",  el  sur  une  gemme  Cretoise, 
où  il  apparaît  dans  le  champ,  au-dessus  de  deux  lions 
affrontés'-;  il  ne  peut  guère  s'agir  d'ornements  de  rem- 


•  V.pour  l'eiposé  (ie  ccUe  théorie  le*  ouvrages  de  Max  Millier,  Mijthol.  com- 
parée, IS50:  Hist.  (tes  relnj.  1872  ;  Se.  de  In  relig.  IST.S;  et  aussi  la  JUyI/iol.  de 
la  Grèce  ani.  de  Decliarmc,2'  éd.  18S6.  —  2  Cf.  surtout  Di5cliolcllc,  dans  Hev.arch- 
190!),  I,  p.  .30.Î  sq.  ;  II.  p.  9i  sq.,  à  qui  nous  enipiunlons  la  plupart  des  détails  qui 
suivent.  —  »  Cf.  S.  Millier,  -Xonliske  Fvnidsminder,  Copenhague,  1903,  p.  303- 
3il  ;  L'Europe  préhistorique,  Ipad.  Pliilipot.  planclie  non  numérotée  =  Dt-cheletlo. 
L.c.  p.  308.  —  '  Cf.  S.  Keinacli,  dans  fleii.  hist.  des  relig.  1908,  p.  3.  —  ôCf.  Tsoun- 
tas. 'Es.  Af/.  189»,  p.  73  sq.  -  0  Cf.  Décliclctte,  /.oc.  cit.  p.  313.  —  7  Arch.  Zeil. 
(848,  p.  20  =Reiuacli.  Rêp.  II, p.  308.  —  «Eicmplc  :  Karo,  dans  Areh.f'.  Religion- 


plissage,  et  la  représentation  ne  peut  être  que  religieuse. 
Ce  n'est  pas  seulement  Hélios  et  le  char  solaire,  c'esl 
aussi  le  mythe  classique  de  la  barque  du  soleil  dont  on 
trouve,  d'après  M.  Déchelelle,  de  très  nombreuses  repré- 
sentations àl'époque  préhistorique,  danstousles  paysde 
l'Kurope,  el  particulièrement  en  Grèce  et  en  Italie'^. 
C'est  la  barque  solaire  qui  serait  représentée  sur  des 
coupes  à  fond  plat  du  temps  prémycénien,  découvertes 
à  Chalandriani,  dans  l'Ile  de  Syros  '\  sous  la  forme  d'un 
bateau  non  monté,  à  double  rang  de  rames,  dont  la 
proue  élevée  est  surmontée  d'un  poisson  qui  semble 
guider  le  navire  ;  le  poisson  serait  la  représentation  ani- 
male du  dieu  solaire,  devenu  plus  lard,  chez  les  Grecs, 
r.\pollon  delphinien,  identique  à  Hélios''.  Une  autre 
forme  du  même  dieu  serait  le  cygne,  qu'on  retrouve  en 
fait  à  l'époque  classique,  dans  la  légende  apollinienne 
[APOLLo].  Dans  des  pays  très  divers,  en  Scandinavie,  en 
Germanie,  en  Hongrie,  en  Italie,  on  voit  figurée,  sur  des 
situles  de  bronze,  sur  des  bandeaux  métalliques,  sur  des 
boucliers '%  la  barque  solaire  encadrant  le  disque  même 
du  soleil  dans  sa  partie  inférieure,  el  pourvue  à  chaque 
extrémité  d'une  proloiiié  de  cygne;  la  représentation  va 
des  formes  les  plus  nettes  aux  formes  les  plus  stylisées  ; 
la  barque  même  disparaît,  et  le  cygne  seul  rappelle  le 
sens  héliaque  de  la  représentation.  Tous  ces  symboles 
héliaques,  cercles,  disques  radiés,  croix  gammées,  che- 
vaux, cygnes,  M.  Déchelette  les  retrouve  encore  sur  les 
monuments  de  l'âge  suivant,  dipyliens  et  villanoviens. 

Qu'on  se  range  ou  non  jusqu'au  bout  à  toutes  ces 
hypothèses — qui  restent  des  hypothèses — -l'importance 
et  l'extension  du  culte  du  soleil  dans  le  monde  gréco- 
égéen,  comme  dans  toute  l'Europe  préhistorique,  semble 
attestée  suffisamment  par  les  seuls  monuments  de  Syros 
et  de  l'art  inycéno-crélois  que  nous  avons  mei^lionnés; 
et  il  est  constant  qu'aux  populations  de  la  Grèce  primi- 
tive Hélios  et  son  voyage  à  travers  le  ciel  apparaissaient 
sous  la  même  forme  Imaginative  qu'aux  Grecs  de  l'âge 
classique,  sous  les  deux  symboles  du  disque  et  du  cheval, 
tous  deux  de  même  sens.  L'assimilation  du  soleil  à  un 
cheval  d'une  blancheur  éclatante  est  courante  dans  les 
hymnes  védiques,  el  s'explique  tout  directement,  sans 
qu'il  soit  nécessaire  d'avoir  recours  à  l'explication  com- 
pliquée de  Gruppe  '',  qui  identifie  le  cheval  avec  le  génie 
du  vent,  poussant  dans  le  ciel  le  char  d'Hélios.  C'esl  déjà 
une  conception  dérivée  que  nous  venons  de  trouver  réa- 
lisée à  l'époque  prémycénienne:  union  du  disque  el  du 
cheval,  celui-ci  séparé  déjà  du  soleil  lui-même  et  conçu 
comme  trainani  sur  la  route  céleste  le  char  héliaque. 
.^  l'âge  classique,  la  dissociation  sera  complète  :  le  cheval 
solaire  aura  perdu  son  sens  propre,  el  lui  et  ses  compa- 
gnons ne  seront  plus  que  l'attelage  d'un  char,  conduit 
par  un  Hélios  à  forme  humaine. 

Hélios  à  rèpoquc  classique  :  caractère  et  attribu- 
tions^*. —  Des  pratiques  en  usage  dans  la  Grèce  clas- 
sique, comme  celle,  mentionnée  par  Platon",  de  la  prière 


sviss.  1904,  p.  H6.  —  9  Cf.  F'crrotel  Chipiez,  Hist.  de  l'Art.  VI,  p.  679.  —  10 md. 
p.  9i9.  —  11  Cf.  Evans,  Journ.  of  liell.  stud.  1901,  p.  lOS,  fig.  4.  —  12  Jbid.  p.  ICI, 
fig.  41.  —  '3  Cf.  Déchelelle,  loc.  cit.  1.  p.  3i5  sq.  —  l*Cf.  Tsountas,  loc.  cit.  p.  86. 

—  lo  M.  Déchelette  admet  que  «  le  caractère  solaire  de  l'Apollon  hellénique  est  reconnu 
aujourd'hui  à  peu  près  universellement  >'.  Ce  n'esl  pas  tout  à  fait  exact  ;  v.  plus  loin. 

—  lo  t:f.  les  planches  de  Monlélius,  Civil,  j'rim.  en  Italie  ;  et  Klonlèlms-Heinach. 
Temps  préàist.en  Suéde  ;  cf.  aussi  arl.  de  Monlélius,  dans  Slrena  Helbiqiana,  p.  iOO 
sij. —  U  Gruppe,  Op.  cit.  p.  839.  —  '»  l'our  toutce  qui  suit,  nous  devons  beaucoup 
à  l'article  Hélios,  de  Rapp,  d.ins  le  Lexikon  de  lloscher.  —  I9  Plat.  teg.  p.  887. 


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quotidienne  au  soleil,  à  son  lever  et  ;\  son  coucher,  sont 
(les  souvenirs  de  l'époque  où  le  culte  héliaque  était  très 
développé.  Mais,  quoi  qu'il  en  soit  de  ces  survivances,  ni 
les  lieux  où  est  attesté  un  culte  régulier  d'Hélios  ne  sont 
très  nombreux,  ni  non  plus  les  monuments  de  l'art  qui  le 
rappellent.  C'est  que  le  dieu  Hélios  restait  tout  près  de  son 
substrat  naturel  et  mal  détaché  de  lui.  Hélios  est  souvent 
désigné  par  des  appellations  qui  se  rapportent  de  très 
près  à  sa  nature  physique;  c'est  un  feu',  une  tlamme-, 
un  disque  l)rillant^  Dans  les  représentations  aussi  (on  le 
verra  plus  loin),  l'image  du  disque  radié  accompagne  le 
plus  souvent  celle  du  dieu  à  forme  humaine.  Il  y  a  sans 
doute  une  autre  cause  au  relatif  effacement  de  la  ligure 
d'Hélios  dans  le  monde  divin  homérique  et  classique; 
c'est  son  identification  avec  Apollon.  Nous  renvoyons 
sur  ce  point  à  l'article  apollo  et  présentons  seulement 
ici  quelques  observations  supplémentaires.  Pour  certains 
mythologues*,  la  personnalité  divine  dApolIon  tout 
entière  a  son  point  d'appui  dans  la  conception  solaire  ; 
pour  d'autres  ^  l'Apollon  solaire  est  une  invention  des 
stoïciens  et  des  platoniciens.  Les  textes  littéraires  ne 
sont  pas  en  faveur  de  la  première  hypothèse;  la  concep- 
tion de  l'Apollon  solaire  ne  se  rencontre  pas  chez  Homère 
ni  chez  Hésiode;  on  n'en  peut  surprendre  chez  les  poètes 
lyriques'^  et  tragiques^  que  des  traces  très  vagues.  La 
mention  d'Hélios  à  côté  d'Apollon  dans  les  fêtes  des 
tii.^r(;kua  et  de  l'eirksio.\é  ne  se  trouve  que  dans  des 
textes  de  date  tardive  (v.  plus  loin).  Mais,  d'autre  part, 
certaines  associations  de  culte,  au  ïénare  Hélios  et  Apol- 
lon Delphinios  ",  à  Apollonia  culte  d'Apollon'  et  les 
troupeaux  d'Hélios'",  à  Thalamai  Hélios  associé  à  Ino- 
Leukothéa  ",  compagne  en  d'autres  lieux  d'Apollon, 
donnent  à  penser  que  l'identification  l'emonte  assez  haut. 
Elle  remonterait  aux  origines  helléniques  rnèmes  si  l'on 
admet  avec  M.  Déchelette  '-  que  les  symboles  héliaques 
primitifs  sont  en  même  temps  les  symboles  de  l'Apol- 
lon delpliinien  des  temps  classiques.  En  tout  cas,  c'est 
un  fait  que  l'assimilation  d'Hélios  à  Apollon  est  commune 
dans  la  théologie  orphique",  et  qu'elli^  doit  s'appuyer 
sur  des  croyances  populaires"  :  .\pollon,  comme  Hélios, 
commande  aux  Heures'';  comme  Hélios  il  est  le  dieu  à 
la  chevelure  d'or,  /pu<Jsoxo|XY|Ç"'  ;  l'un  et  l'autre  sont  des 
dieux-arcliers'^  ;  Apollon  a  ses  troupeaux  connue  Hélios 
les  siens.  Quoi  (]u'il  en  soit  de  la  question  d'origine,  tous 
ces  faits  semblent  démontrer  que  le  grand  développe- 
ment du  culte  d'.\pollon  a  été  pour  rejeter  dans  l'ombre 
celui  d'Hélios. 

Ainsi,  objet  physique  autant  que  divinité,  Hélios  reste 
en  arrière  de  la  personnalité  divine  complète  où  attei- 
gnent les  Olympiens.  Son  pouvoir,  dans  la  théologie 
liomé-rique,  n'est  ])as  identique  à  celui  des  dieux  de 
l'Olympe;   il  w  séjourne  pas   avec   eux";  il  a  recours 

'  Eiir.  //,/,.  T.  1 13M  ;  /ou,  Si.  —  2  Aisch.  Prom.  25  ;  Pcri.  497.  —  3  Arsoli.  Prom. 
KS.  _  »  Cf.  Wclcker,  Griech.  Gôlterl.  I,  p.  «7  ;Rapp,a|..  Kosclier,  Lexic.  art.  Apolla 
il  IJeliua;  Decharmc,  Mijthul.  de  la  Ui:  p.  99  sq.  —  5  Cf.  0.  Miillcr,  /)ie  Uorie,;  1, 
p.  i84sq.  ;  rtcctnmeiil  laincll.  Cutis  o/ijn,'k  Stat.W,  p.  I30sq.;  Uriip|.c,  Griech. 
Alylh.  p.  lS40sf|.  émet  l'opiuioii  inoyeiliie.  —  li  Ainsi Tiniotli.  dans  Poet.  lijr.  ijraec. 
Illl  p.  Ci4.  —  1  Ainsi  Eur.  fr.  7S1.  —  »  Rymn.  Imm.  W,  232  si|.  —  9  Cf.  Giuppo,  Griecli. 
Mijlli.  p.  359.  —  10  Hcr.  IX,  93.  —  "  Paus.  III,  20,  t.  —  12  Cf.  DéclieleUc,  loc.  cil. 

—  IsOipli.  flymn.  (éd.  Abul),  3i  ;  fr.  49.  —  U  A  Icpoiiuc  du  svncrf-tisnic.  les  mcn- 
liOMS  d'"IIX,o; 'Aciiicv  sout  noMiljreuses  ;  "Hi.o; 'A.iWi...  Tof.iivaro;  (Corp.  ins.gr. 
33110),  "HÀ.oî  -Asa-Auv  AuJp^,-oî  (Journ.  of  liM.  st.  IS83,  p.  3S3|  ;  "H/.,o5  'AiriU». 
K,»ai,/.i«S^yo;  (Diltcnhorgcr,  .Sylti  383).  AIhénée  parle  d'une  ode  ..XV-'iî  en  l'hon- 
neur d'Apollon  (Alli.   XIV,    p.   CI9b).  —  15    .ipo^iW-,   Kailjel,    Epigr.    gr.    1025. 

—  11  Pour  Apollon,  dpilhcle  très  fréquente;  Pind.  01.  VI,  41;  VIII  32;  Eur. 
Trott-l.   253;    Ar.  Av.   217,  etc.  —  H  Épilhùlc  d'Apollon  commune  dans  Homère, 


à  eux  pour  venger  une  injure  à  lui  adressée".  Dans 
l'hymne  homérique  à  Hélios  -",  il  est  qualihé  d'  «  égal  aux 
dieux  I),  £7riE!XEÀc<;  àOaviT&iuiv ;  ailleurs  c'est  un  oaiaoïv'-'. 
Hélios  est  marqué  de  traits  physiques  et  moraux  sim- 
ples. C'est  d'abord  l'éclat  et  la  chaleur,  avec  leurs  consé- 
quences naturelles  :  force  nourricière  et  fécondante.  De 
nombreuses  épithètes,  chez  Homère,  chez  les  lyriques  et 
les  tragiques--,  rappellent  l'éclat  brillant  du  disque  so- 
laire: À2u.7tpô;,  7ia<7itpa'/j;  ■*,  xaÀX!'iEYY''i';  "*»  Ctc...  ;  «tasOiov, 
nom  du  fils  d'Hélios,  est  fréquemment  aussi  une  épilliète 
d'Hélios-^  lui-même.  La  chaleur  est  la  force  d'Hélios, 
tJLÉvo;  'HsXtoto^''.  Éclat  et  chaleur,  Hélioslesenvoiejusqu'au 
monde  par  ses  rayons.  Tantôt  ces  rayons  sont  les  flèches 
dont  le  dieu  frappe  les  mortels",  comme  Apollon  fait 
des  siennes;  tantôt  ce  sont  comme  les  regards  mêmes 
d'Hélios'-^*;  Hélios  est  le  dieu  qui  voit  tout,  TravSEpxYi; -', 
Ttâvxa  XEtJ(7(;cov^°.  El  ces  rayons  qui  portent  la  lumière 
peuvent  aveugler  les  yeux  mortels  ou  au  contraire  leur 
rendre  le  Jour;  Hélios  frappe  de  la  cécité  ■'"  et  en  relève; 
à  ce  trait  de  sa  puissance  divine  se  rapporte  l'histoire 
d'Orion  aveuglé,  guéri  par  Hélios'^,  mythe  qui  traduit, 
selon  Gruppe^^,  la  disparition  dans  les  feux  du  soleil, 
puis  la  réapparition  de  l'étoile  Orion.  Par  la  chaleur  et  la 
lumière,  Hélios  féconde  et  nourrit  toutes  choses  sur  la 
terre,  irivra  fjodxiov '■•;  il  est  par  ce  côté  dieu  de  la  végé- 
tation,  dieu   maître  des   fruits  de  la   terre,   xip7nu.o(;^% 

zo(pavoç  xapîiàiv^". 

Dieu  qui  voit  tout,  Hélios  est  le  témoin  de  toutes  les 
actions  humaines  "  et  celui  à  qui  aucun  acte  criminel  ne 
saurait  échapper;  il  dévoile  à  Héphaistos  la  trahison 
d'Aphrodite  ■'  ;  il  assiste  au  rapt  de  l'erséphone''^  .\ussi 
est-ce  lui  qu'on  prend  à  témoin  du  bon  droit'"  et  qu'on 
invoque  pour  le  venger  ''  ;  c'est  aussi  le  dieu  du  serment, 
avec  Zeus  et  la  Terre.  Dieu  pur  *-,  dieu  de  la  lumière  qui 
purifie,  il  est  souillé  par  la  présence  du  criminel".  Les 
textes  poétiques  sont  nombreux  qui  contiennent  des 
allusions  à  tous  ces  caractères  de  la  personnalité  d'Hélios. 

Nourricier  et  justicier,  voyant  tout  et  sachant  tout,  et 
aussi,  par  son  action  directe,  maître  du  temps  et  des 
saisons",  Hélios  prend,  dès  l'époque  classique,  sous 
l'influence  surtout  des  doctrines  orphiques,  figure  de 
dieu  tout  puissant,  dieu  de  vie  et  de  sauvegarde  ;  il  est 
sEpÉcSto;  *"  dans  un  hymne  orphi(|ue  ;   il  est  sauveur  et 


èXsuOiçio;    *\     grand     dieu,    jxÉyaç 


libérateur,  uiot/j 
6£Ô;  '•*,  bienfaiteur  des  mortels,  TEp'|!'|x6poTo;  '■'■'.  On  le  voit  : 
si  dans  le  culte  effectif,  si  dans  la  vie  religieuse  popu- 
laire, Hélios  reste  effacé  derrière  les  Olympiens,  il  a  une 
place  à  part,  expression  d'un  sentiment  épuré  du  divin, 
dans  l'imagination  des  poètes  et  des  mystiques  grecs.  Sa 
personnalité,  moins  chargée  de  détails  que  celle  des 
grands  dieux  de  l'Olympe,  est  plus  pure.  ;\  l'époque 
suixante  le   caractère  universel   d'Hélios    s'ariirine  jiliis 

àîYi,f<:-o;o;  //.  1,  37  ;  II,  7f,e  etc.  ;  Od.  VII,  64,  etc.  —  I»  Il  semble  cepen.lant  faire 
partie  de  leur  assembl(!e  dan  Od.  XII,  37i;.  —  "  Mi^me  passage.  -  20  Hymn.  Imm. 
32,  7.  —  21  Pind.  Od.  VII,  29.  —  22  Kaibel,  Ep.  gr.  1039.  —  aa  Orpll.  Hymn.  8,  14. 

—  24  Eur.  fr.  781,  11-13.  —  '20  Hom.  //.  XI,  735  ;  Od.  V,  479.  —  '211  Hom.  //.  23, 
190.  —  27  llom.  Od.  19,  441  ;  Eur.  Or.  1239.  —  28  Hom.  Od.  11,15;  Iles.  Tlu-oii. 
700.   —    2a  Qu.   Smyrn.    13,  239.    —    30   Sopli.    Ocd.    Col.  809.  —    31  Ihid.   808. 

—  32  Apoll.  I,  4,  3.  —  33  (.'iL-ppe,  Griech.  Myth.  p.  932.  —  34  Sopli.  Oed.  II.  1245. 

—  3ù  Orph.  Hymn.  8,  12.  —  36  Nonn.  Dion.  7,  291.  —  37  j  ^.i.-..:'  EitoBtciu»,  Aescli. 
Cliocph.  985.  —  su  Hom.  Od  VIII,  270.  —  39  Hom.  Hymn.  in  Ccr.  i«.  —  *»  Aescli, 
Prom.  91  ;Soph.  Ag.  857.  —  *l  Aesch.  Ag.  1323.  —  «  Pind.  01.  VII,  58,  4;y!,.  ta,, 
et  «ch.  —  43  Sopir.  Oed.  fl.  !4I8.  —  "  X-ovou  mt/,?  (Orph.  Hymn.  7,  5);  il  est  le 
maitrcdes  Meures  (H.id.  7,  10;  Nonn.  Dion.  i.  271).  —  «  Orph.  Hymn.  7,   12. 

—  46  Paus.  8.31,  7  ;  Aesch.  S'ippl.  213.  —  47  pans.  2.  31,  5.  —  '•«  DéjU  chez  llésinde, 
Ttieog.  19,371.-43  Hom.  Od.  XII,  209. 


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encore.  D'aboi'il  le  syncnHisme  religieux  l'identifie  non 
plus  seulement  ;i  Apollon,  (v.  plus  luiul)  mais  aux  grands 
dieux  d"alors,  à  un  Zeus',  à  un  Sarapis  -  ;  ensuite,  par 
lui-même,  il  est  élevé,  dans  l'exégèse  stoïcienne  et  néo- 
platonicienne,A  la  dignité  de  dieu  suprême,  de  démiurge, 
xocuioxpinos  %  comme  disaient  déjà  les  Orphiques.  Et 
des  témoignages  épigraphiques,  dédicaces  à  "HÀio; 
uI/eiTc,;  \  montrent  qu'une  telle  conception  ne  resta  p;is 
confinée  dans  l'enseignement  des  écoles  piiilosopiiiques, 
niaisaussi,  dans  une  certaine  mesure,  acquit  droit  de  cité 
dans  la  croyance  commune.  Sur  le  développement  ulté- 
rieur de  ces  idées,  voir  la  deuxième  partie  de  notre  article. 
Le  vitijdije  d'Ht-lios.  —  Ilélios  n'est  que  rarement  re- 
présenté siégeant  avec  les  autres  dieux;  son  activité 
divine  lient  presque  tout  entière  dans  le  voyage  quotidien 
à  travers  le  ciel,  qu'il  accomplit  sans  relâche;  c'est  le 
dieu  bon  courrier,  rapide  et  infatigable,  £Ù'opo|j.o;  % 
(ôxû;,"  à-iiiJia<;\  àTEipvi;'.  C'est  sur  un  char  qu'Ilélios 
parcourt  les  chemins  du  ciel  ;  cependant  les  poèmes 
homériques  n'en  font  pas  mention  expresse  ",  et  en  pays 
d'ailleurs  non  purement  grec,  il  y  a  trace  d'un  Ilélios 
cavalier'".  On  a  vu  plus  haut  quelle  parait  être  la  signi- 
fication originelle  du  char  solaire,  qui  se  retrouve  dans 
la  mythologie  védique  comme  dans  l'assyrienne,  et  com- 
ment le  cheval,  conçu  d'abord  comme  le  soleil  lui-même, 
a  pu  devenir  plus  tard,  dans  la  religion  anthropomor- 
phique,  le  simple  instrument  du  voyage  d'Hélios.  ,Li' 
char  d'Ilélios  est  d'or",  et  les  rênes  en  sont  d'or'-;  il 
est  mené  par  un  attelage  de  quatre  chevaux  rapides '^ 
aux  naseaux  fumants",  Eôos,  Aithiops,  Brontè,  Stéropè  ' ', 
ou  Eoos,  Aithôn,  Pyroeis,  Phlégon  "^  ;  d'autres  textes 
donnent  d'autres  noms,  parmi  lesquels  celui  de  Phaëthon 
doit  être  relevé '■'.  Ilélios  les  nourrit  d'une  plante  en- 
chantée, qui  croit  aux  iles  des  Bienheureux  ",  celle-là 
même  qu'on  retrouve  dans  la  légende  béotienne  du  pê- 
cheur Ulaukos".  Chaque  matin  Ilélios  sort  de  l'Océan  à 
l'Orient;  chaque' soir,  à  l'Occident,  il  se  replonge  dans 
l'Océan,  sous  la  terre.  Tous  les  moments  du  voyage  sont, 
ciiez  Homère  et  chez  les  poètes  postérieurs,  décrits  et 
distingués  avec  une  grande  abondance  d'expressions; 
nous  n'y  insisterons  pas.  L'imagination  grecque  s'est 
surtout  arrêtée  sur  les  lieux  terminaux  du  parcours; 
elle  y  a  placé  le  palais  d'Hélios,  oii  le  dieu  et  son  attelage 
reprennent,  chaque  jour,  les  forces  nécessaires  à  leur 
course  pénible  et  accidentée.  Il  semble  qu'il  y  ait  eu 
quelque  confusion  sur  la  localisation,  à  l'Orient  ou  à 
l'Occident,  du  séjour  d'Hélios.  Dans  la  plupart  des 
textes-",  c'est  à  l'Orient,  à  l'opposé  des  îles  Hespérides, 
près  de  la  mer  Erythrée,  qu'Ilélios  séjourne  dans  son 
palais,  près  de  sa  mère  et  de  son  épouse  et  de  ses  enfants 
chéris-',  là  où  sont  ses  chevaux  et  son  char--  sous  la 
garde  des  Heures,  là  ou  ir  dieu  el  snn  allelage  plongent 

<  Ztùî  "Hkni  Sàfïni;,  Corp.  inscr.  yr.  Ï7I6,  MVi,  43C2,  etc.  ZsO;  "Hliii;  AiSio;, 
Corp.  inscr.  scmil.  ♦590,  460*  (l'nimyie).  Un  exemple  déjà  de  celle  assimiialion  dès 
le  V"  siècle,  à  Amorgos;  Bull,  de  corr.  /tell.  VI,  191.  — -  Sur  les  reprèsenlaliuns  pi-è- 
Iciiduesdllèliosérapis,  cr.  Perdiizil,  /(er.  «itA.  1903,  I,  p.  395  sq.  — 3  Oipli.  Hi/mii. 
S,  II.  —  *  I'.  c\.  àl'ergame;  cl.  /iixchr.  i>.  Perg.  n.  330,  où  soûl  cités  d'aulirs 
eïcmples.  -SOrpli.  l/ymn.  80.—  SMimii  rm.  IV.  Il  (Bcrgk).  -  1  Hom.  /(.  XVIII, 
239  ;  Hymii.  in  >ot.  —  **  tfu.Siiiyrn.  i.i.  —  9  Au  coutraire  dans  l'Iiynine  liODiériijuL- 
k  Hi'lios.  —  II)  "ll«,ov  ie"  inB.,  dans  une  iiisciiplioii  de  l'ergamc  ;  cf.  Fiaenkel,  Inschr. 
V.  Perg.  p.  248,  où  sont  cilés  ti'aulrcs  exemples  de  celle  couceplion,  —  Il  Hom.  ffymn. 
in  Sol.  13;  Eur.  EI.-3<>.—  12  Sopli.  .âi.  847.—  13  Eur.  P/iocn.  3.  —  npiiid.  01.  7, 
—  15  Hyg.  Fait.  183.  —  i»  Ov.  Met.  i,  133.  —  n  Eur.  Phoen.  3,  scliol.  Uu 
clieval  d'Eôs  s'appelle  égalemeul  <t>u,6tuv  sur  uu  vase  peiul.  Gerhard,  Aiiserles. 
Vasent).  pi.  i.x.xiï  =  Reinacli,  /(.■>.  Il,  p.  40.  --  l«  Ath.  Vil.  p.  290  e.  —19  Cf. 
liruppe,  Griecll.  myth.  p.  69. —  20  par  exemple  .M imu.  fr.  li  (Bergk).   —  21  Slcsiclj. 


dans  les  eaux  tièdes  leurs  corps  fatigué's  -'.  Mais  d'autres 
textes  semblent  placer  à  l'Occident  le  palais  d'Hélios-'  : 
c'est  ce  qui  explique  que  le  peuple  mythique  des  Éthio- 
piens, en  rapport  avec  le  voyage  quotidien  d'Hélios, 
placé  généralement  à  l'Orient  extrême,  soit  (luelquefois 
considéré  comme  habitant  à  l'Occident,  ou  même  comme 
partagé  entre  l'Occident  et  l'Orient'".  Comment  Ilélios, 
descendant  le  soir  sous  la  terre,  dans  l'Océan,  du  côté  de 
l'Occident,  pouvait-il,  le  matin  suivant,  se  trouver  à 
l'Orient,  au  lieu  de  son  lever?  Ici  intervient  le  mythe  de 
la  coupe  ou  de  la  barque  du  soleil  ;  Hélios  accomplit  son 
voyage  nocturne  sur  une  barque  ou  dans  une  coupe  à 
fond  plat.  Le  mythe  répond  peut-être  à  une  conception 
primitive  où  l'Océan  se  confondailavecleciellui-même-^ 
En  tout  cas  il  est  très  ancien  et  nous  avons  vu  qu'on 
peut,  au  moins  par  hypothèse,  lui  rapporter  de  très  nom- 
breuses représentations  figurées  de  l'époque  préhisto- 
rique. A  l'époque  classique  grecque,  le  mythe  ne  tient 
pas  une  très  grande  place  dans  les  textes  el  les  monu- 
ments figurés;  les  lyriques  font  cependant  plusieurs  fois 
allusion  à  la  coupe  d'Hélios,  ôîTcaç-',  œuvre d'Héphaistos, 
qu'emprunte  Ilérakiès  pour  naviguer  vers  Erythrée,  à  la 
conquête  des  troupeaux  de  Géryon  [hekci les]  ;  chez 
Mimnerme  c'est  sur  une  couche  d'or  creuse,  œuvre  aussi 
d'IIéphaistos,  qu'Ilélios,  sur  le  courant  du  fieuve  Océan, 
vogue  des  Hespérides  au  pays  des  Ethiopiens. 

Il  convient,  à  propos  de  la  légende  du  voyage  quotidien 
d'Hélios,  de  dire  ici  quelques  mots  du  personnage  de 
Phaëthon.  La  vulgate  de  l'histoire  de  Phaëthon,  mis  àpart 
toutes  variantes  et  tous  détails  dus  à  l'imagination  des 
poètes,  est  la  suivante-"  :  Phaëthon,  fils  d'Hélios  el  de  la 
nymphe  Klyméné,  à  l'insu  de  son  père  ou  après  l'avoir 
obtenu  de  lui,  monte  sur  le  char  du  soleil  el  le  conduit 
dans  le  ciel.  Mais  bientôt  il  n'est  plus  maître  de  son  atte- 
lage; l'incendie  allumé  par  les  feux  trop  vifs  de  l'aslre 
brûlant  se  propage  et  menace  la  terre  entière  ;  alors  Zeus 
précipite  l'imprudent  dans  le  fleuve  Éridan  et  le  frappe 
de  sa  foudre.  Les  so'urs  de  Phaëthon,  qui  lui  ont  prêté 
assistance  elle  pleurent,  sont  changées  en  peupliers  noirs; 
leurs  larmes  deviennent  do  l'ambre'"  (sur  l'Eridan  et 
l'origine  de  l'ambre,  voir  electrum).  Les  deux  versions 
principales  de  la  légende  sont  celle  d'Hésiode  el  l'alexan- 
drine,  La  première  peut  être  reconstituée  surtout  à  l'aide 
du  résumé  d'Ilygin^";  le  texte  a  donné  lieu  d'ailleurs  à 
beaucoup  de  discussions"  ;  il  contient,  en  réalité,  deux 
traditions  du  mythe,  qu'il  y  ail  un  seul  récit  avec  interpo- 
lations^-ou,  plus  probablement, deux  récilsdilTérentsmal 
juxtaposés  '".  L'un  des  deux  rattache  à  l'histoire  de  Phaë- 
thon celle  du  déluge  universel  et  de  Deucalion  el  Pyrrlia  ; 
(  iriippe  admet  (|u'il  y  avait  en  eilèt  une  tradition  qui  présen- 
tait le  déluge  comme  une  punition  de  l'entreprise  impie 
de  Phaëthon,  et  une  ai'Ireoù  celle  entreprise  avait  pour 

ap.  Ath.  XI,  109  e.  —  32  Mimu.  Loc.  cit.  —  2:iAesch.  tv.  07  (Didol).  —  2vEur.  Aie. 
59S;  Slal.  Thei.  3,  407.  —  i"'  Hom.  Oïl.  1,  2S.  -  2i'' Cf.  Belgcr,  Myth.  Aosm.  ,t. 
driech.  p.  2.  —  21  Cf.  Alli.  XI,  p.  409,  où  sont  cilés  les  fragmciils.  —  2S  Sur  loul 
le  détail  des  diverses  versions,  nous  renvoyons  à  Ko>clicr,  /.«'xic.  art.  Phaëthon. 
—  -'9  Une  singularité  de  la  légende  est  que  l'amhrc  est  ici  rattachée  an  peuplier 
noir,  «r^a'^o;,  conlrairemcnl  à  toute  réalité.  Gruppe  explique  la  confusion  par  l'ori- 
gine sémitique  du  mythe:  l'anilirc  aurait  été  rapproché  à  lort  d'une  essence  ana- 
logue à  l'encens,  produit  d'un  arhre  dont  le  nom  sémitique  se  Iraduit  en  grec  par 
At'j.r,.  .\ij><i  désignant  le  peuplier  hhnc,  on  aurait  englobé  dans  le  mythe  l'autre 
espèce  de  peuplier,  r«rY!.j-.;.  t;r.  sur  ce  poinl  Philol.  1S89,  p.  410.  —  30  Hyg.  Futi. 
132  4- 154.  -  31  Cf.  surtout  Gruppe,  Pidlul.  1889,  p.  328  s(|.  et  VollgrafT,  De  Uiid. 
mythupoieia.  Berlin,  1901,  p.  58  sq.  —  32  Opinion  de  Rol.erl,  Erulosth.  cotnst. 
relifj.  p.  214  sq.  ;  Herm.  18S3,  p.  434  sq.  ;  cl  de  Knaack,  dans  le  Lej:.  de  Roscher, 
art.  PhaHhon.  —  33  Opinion  de  Gruppe,  Loc.  cit. 


SOL 


—  \:rn 


SOL 


consi''(|ucnc(.'  l'incondicdu  monde,  la  mort  de  CliaiHhon  Pt 
la  métamorpliosc  des  lléliades  ;  on  aurait  relié  les  deux 
versions  runeàl'autreen  présentant  le  déluge  comme  un 
moyen  imaginé  par  Zeus  d'éteindre  la  conflagration  uni- 
verselle allumée  par  l'imprudence  de  Pliaëtlion.  L'autre 
version,  qui  remonte  à  l'époque  alexandrine,  peut  être 
reconsliluée  à  l'aide  de  tous  les  poêles  grecs  et  latins 
qui  s'en  sont  inspirés,  el  se  distingue  par  l'abondance  et 
le  pittoresque  des  détails  ;  on  en  peut  juger  par  la  lu-illanle 
narration  d'Ovide'.  Nous  laissons  de  côté  toute  cette 
question,  qui  est  d'ordre  proprement  littéraire-. 

Quel  est  le  sens  du  myllic  de  Phai'tlion?  Se  souvenant 
que  çaÉStuv  est  une  des  plus  fréquentes  épitliètes  d'Hélios, 
Schwenck,  MostetHobert'voientdans  Phaëthonunesimple 
hypostase  du  dieu-soleil.  La  chute  de  Phaéthon  serait, 
transportée  dans  le  passé  mythique,  la  chute  même  d'Hélios 
tombant  chaque  soir  à  l'Occident,  en  un  rougeoiement 
d'incendie,  dans  le  fleuve  Océan  Pour  d'autres  mytho- 
logues ',  Phaéthon  est  non  pas  Hélios,  mais  l'étoile  du 
malin,  Iléosphoros  ou  Phosphoros.  En  fait  il  y  a,  nous 
le  connaissons  par  la  Théogonie  d'Hésiode",  un  Phaé- 
thon fils  de  l'.\urore,  Éos,  et  de  Képhalos  (la  nuit?"),  aimé 
d'Aphrodite,  qui  l'enlève  et  en  fait  le  gardien  de  son 
temple;  l'histoire  de  ce  personnage  semble  avoir  fait  en 
partielesujetdu  l'Iiaélhon  d'Euripide. Selon  Wilauiowitz, 
la  légende  de  ce  Phaëliion,  qui  n'est  au  Ire  que  l'étoile  du 
matin etl'étoile  dusoir,  astre  unique, aété  confondueavec 
celle,  d'origine  corinlliienne  et  rhodienne,  de  Phaéthon 
fils  d'Hélios;  les  deux  mythes  se  relient  d'ailleurs  natu- 
rellement ;  c'estl'imprudenl  lils  d'Hélios,  anéanti  au  début 
de  sa  course  ambitieuse,  qui  réparait  chaque  matin  dans 
le  ciel  pour  s'évanouir  bientôt  dans  les  feux  du  soleil'', 
l'our  (îruppe''  aussi,  les  deux  légendes  n'en  font  vraiment 
qu'une,  qui  serait  d'origine  sémitique;  elle  a  pour  théâtre 
le  pays  el  l'heure  du  soleil  levant  "  :  le  nom  même  de 
l'Eridan,  le  "  matinal  »,  où  Phaéthon  est  précipité,  en 
serait  une  preuve;  c'est,  pour  lui  comme  pour  Wilamowitz, 
la  disparition  de  l'étoile  du  malin  dans  les  feux  de  l'au- 
rore qui  explique  le  mytiie  de  la  chute  de  Phaéthon'", 
tous  les  aulres  détails  de  l'histoire  étant  secondaires  et 
dédale  postérieure.  A  celte  explication,  qui  à  coup  sûr  ne 
rend  pas  suffisamment  compte  de  la  formation  de  la 
légende,  M.  S.  Reinach  en  oppose  une  toute  différente": 
le  mythe  de  Phaéthon  s'expliquerait  par  un  rite  sacriticieL 
On  olTrait  chaque  année  (v.  p.  1378)  sur  dillérenls  points 
du  monde  grec  des  chevaux  à  Hélios.  Dans  la  conception 
primitive,  ces  chevaux  brûlés  ou  précipités  à  la  mer 
étaient  comme  des  offrandes  «  de  renfort  »  deslinéiîs  à 
accroître  la  force  du  cheval  solaire.  Mais  avec  le  triomphe 
des  idées  anlhropomorphiques  on  aurait  oublié  le  sens 
de  ce  sacrifice,  et  estimé  (jue  les  chevaux  devaient  être 
sacrifiés  en  expiation  d'une  faute;  de  celle  faute  il  fallait 
un  responsable  :  ce  fut  Phaéthon,  fils  d'Hélios,  coupable 
d'avoir  usurpé  la  place  de  son  père  divin.  En  fait,  le 
ssicrifice  des  chevaux  à  Hélios  est  attesté  pour  fthodes. 
où  il  semble  précisément  qu'ait   pris  naissance,  à  côté 

I  Ov.  Mal.  11.  t  sq.—  2  Cf.  Kiiaatk,  Quaesliuncs  Fhaclhontuae.  fasc.  s  des  l'Iiilol. 
intersitch.  — SCf.  Kobert,  Hermès,  1887,  p.  4V0.  —  «  Cf.  Wilainowit/.  i6.  1883, 
p.  306  S(j.  —  5  Iles,  r/ieo^'.  986. — 6  Inlcrprptation  de  Wilamowilz,  Z,oc.  rif.  —  ''  Ihid. 
p.  Ma.  —  8  Gruppp,  Gnec/i.  J/y//i.  p.  939.  —  sCf.  miol.  ISS'J,  p.  :UI.-  i"  Giuppe, 
Griech.  mylli.  p.  811.  —  "  /tev.  de  Ihist.  des  relig.  1908,  I,  p.  I  sq.  —  12Hom. 
Od.  XII,  127  s<|.  —  13  Ibid.  377  si|.  —  Il  Selon  M.  Bérard  {Les  l'himic.  et  fOdj/ss. 
II.  p.  305  sq.)  c'est  ta  baie  de  Taormine,  sur  la  cote  orîenlale  de  l:i  Sicile,  ipii 
•  répond  au  r('cil  liomOiique  sur  l'ile  du  Soleil.  -  15  Apollon.  Aiv/on.  4,  976.  —  '6  Cf. 

VIIL 


d'une  légende  locale  analogue,  la  légende  grecque  de 
Phaéthon.  On  parlera  plus  loin,  en  même  lieu  que  de 
celles  d'Hélios,  des  représentations  figurées  du  mythe  de 
Phaéthon. 

Le  voyage  céleste  conslitue  à  lui  seul  tout  l'essentiel 
du  mythe  du  dieu-soleil  ;  mais  il  faut  mentionner  aussi 
la  légende  des  troupeaux  d'Hélios.  Elle  est  développée 
dans  l'Odi/ssf'e'-.  Sept  troupeaux  de  bœufs  el  sept  de 
brebis,  de  cinquante  têtes  chacun,  paissent  dans  l'ile  de 
Tlirinacie '■',  sous  la  garde  des  Héliades  Phaëlliusa  et 
Lampélié  ;  ils  n'ont  point  de  progéniture  el  ne  meurent 
point.  Us  sont  la  joie  d'Hélios,  qui  demande  aux  dieux  de 
venger  cruellement  leur  rapt  sur  Ulysse  et  ses  compa- 
gnons". D'après  un  autre  texte,  les  bœufs  d'Hélios  sont 
blancs  el  leurs  cornes  d'or'\  Le  sens  du  mythe  est 
obscur:  Aristote '^  identifiait  les  330  bœufs  et  les 
:{.jO  brebis  aux  350  jours  et  aux  350  nuits  de  l'année 
lunaire.  «  I^a  succession  des  jours  et  des  soleils  avait  donc 
été  comparée  sans  doute  à  la  procession  d'un  brillant 
troupeau  dont  les  animaux  s'avancent  l'un  après  l'autre 
dans  les  pâturages  célestes  '''  ».  Les  légendes  —  légendes 
de  Géryon,  d'Alkyoneus  et  de  leurs  combats  avec  Héra- 
klès  —  où  le  rapt  de  troupeaux  joue  un  rôle,  se  rappor- 
teraient dès  lors  peut-être  à  la  disparition  de  la  lumière, 
ramenée  ensuite  par  le  dieu-soleil  '"  ;  aussi  bien  les  trou- 
peaux de  Géryon  apparaissent  quelquefois  comme  la 
propriété  même  d'Hélios  '•'.  Gruppe  émet  l'hypothèse  que 
le  taureau,  dans  la  croyance  grecque  la  plus  ancienne, 
comme  dans  la  mythologie  védique,  était  considéré 
comme  un  génie  du  feu  (légende  des  taureaux  de  bronze 
de  l'Héliade  Aiétès.  légendes  du  type  du  taureau  de 
Plialarisj -".  Les  animaux  sacrés  d'Hélios  conserveraient 
ainsi  dans  sa  pureté  l'essence  même  du  dieu  soleil. 
A  l'époque  historique  encore,  on  gardait  en  plusieurs 
lieux  du  monde  grec,  on  le  verra,  des  troupeaux  consacrés 
à  Hélios. 

Ciille  d'Hélios.  —  .Nous  n'avons  que  peu  de  rensei- 
gnements sur  les  pratiques  générales  du  culte  d'Hélios. 
Quelques  textes  parlent  d'une  prière  quotidienne  adressée 
au  soleil,  à  son  lever  et  à  son  coucher  -'  ;  on  peut  croire, 
si  la  pratique  en  eùlété  vraiment  efTeclive,  que  ces  textes 
seraient  plus  nombreux.  Les  ofl'randes  à  Hélios  étaient 
sanglantes  ou  non  sanglantes;  les  premières  étaient  des 
chevaux  blancs--,  parce  qu'Hélios  est  le  dieu  de  l'écla- 
lante  lumière,  ou  plus  précisément  parce  qu'à  l'origine 
il  élait  conçu  comme  un  cheval  blanc.  Les  offrandes  non 
sanglantes  sont  de  l'espèce  des  \-f,z'Aiy.  [sacrificiimI  el 
consistent  non  en  vin,  mais  en  miel-^ 

Dans  le  détail,  les  pratiques  du  culte  d'Hélios  devaient 
différer  suivant  les  lieux.  Les  textes  et  les  inscriptions 
ne  nous  permettent  d'établir,  pour  les  cultes  locaux 
d'Hélios,  qu'une  liste  assez  courte,  si  on  la  compare  à 
celle  qu'on  peut  dresser  pour  telle  divinité  de  l'Olympe. 
Distinguons  de  suite  les  quelques  points  du  monde  grec 
où  le  culte  d'Hélios  a  eu  plus  d'importance.  C'est  avant 
tout  Rhodes,  l'ile  du  Soleil-^  Le  culte  d'Hélios  y  remon- 


Schol.  ad  '/</.  X\l.  lis.  —  ''  Uccljaniic,  Mijlliot.  de  lu  Grèce,  p.  iU.  «  Celle 
double  série  de  sipl  Uoupeaui  devait  Iraduire,  à  la  nioilr  ordinaire  d'Homère,  quel- 
que indi.alion  de  son  périple  sur  la  semaine  des  jours  el  des  nuils.  »  (V.  Bérard, 
Op.  cit.  p.  383).  —  18  Cf.  Gruppe,  Op.  cit.  p.  ISiO,  n.  1.  —  '^  Cf.  Arch.  Zeit, 
l.  XLll,  p.  37.  —  'JU  Gruppe,  Op.  «il.  p.  799.  —  -i'  Hlal.  le;,.  |>.  >i'iT :  Pbiloslr.  Her. 
10,  i;  l,uc.  De  sait.  17.  —  22  Cf.  Reinach,  Aer.  liist.  reliij.  190S,  I,  p.  3.  —  '23  Cf. 
Allicu.  XV,  p.  693  /'.  —  -Jt  Cf.  Eecker,  De  RUodionim  primordiis  commentatio  ; 
Uillenbcrger,  De  Sacris  Hhodiorum,  ind.  scbol.  Halle,  1886. 

173 


SOL 


1  ins 


SOL 


lait  au\  origiiu's  inénu-s  '  ;  c't'sl  le  sens  de  la  h'^ende 
rappelée  par  Pindare,  de  l'allrilnilion  de  l'ilc,  dès  sa 
sortie  des  flots  île  l'Océan,  à  llélios -.  Lu  nom  même  de 
nie,  "l'ooo;,  se  rattache  dircctcmenlà  la  légende  d'Hélios 
et  de  Phaëllion.  Kliodos,  la  rouge  aurore,  d'après  Gruppe, 
fille  de  Poséidon  et  d'Aphrodite,  est  l'épouse  d'Hélios  ; 
un  de  leurs  sept  llls,Ténagès,  es!  un  Phaéthon  local,  iden- 
tifié plus  tard  avec  le  Phaéthon  de  la  légende  grecque^ 
La  coloni.sation  dorienne,  au  vu"  siècle,  introduit  dans 
nie  d'autres  mythes  et  d'autres  cultes;  mais  Hélios  reste 
la  grande  divinité  protectrice  de  l'île  et  de  la  ville  de 
Rhodes,  fondée  en  ilW.  Il  n'y  a  pas  de  traces  dans  les 
inscriptions  d'un  culte  d'Hélios  particulier  à  chacune  des 
trois  cités  rliodiennes,  C.amiros,  Lindos,  lalysos,  comme 
c'est  le  cas  pour  les  autres  cultes  de  l'ile'.  Sans  doute, 
le  sanctuaire  d'Hélios  était-il  un  sanctuaire  collectif, 
commun  aux  trois  groupements  politiques,  et  situé  près 
d'Ialysos  '^,  sur  l'emplacement  même  où,  à  la  tin  du 
v^  siècle,  fut  fondée  la  ville  de  Rhodes,  à  laquelle  se  rap- 
portent les  mentions  postérieures  du  culte  héliaque.  Il 
y  avait  cependant  un  autre  temple  d'Hélios  Phaéthon, 
associé  aux  Nymphes,  à  Loryma,  dans  la  partie  orientale 
de  l'ile'.  Les  inscriptions  nous  donnent  quelques  ren- 
seignements sur  le  sacerdoce  et  les  fêtes  d'Hélios''.  Le 
sacerdoce  parait  n'avoir  pas  été  héréditaire'^  ni  à  vie; 
il  était  attribué  par  le  sort  '".  La  grande  fête  d'Hélios,  les 
'AXîsia,  était  une  fête  importante",  où  des  souverains 
étrangers  même  envoyaient  des  délégués''-,  et  qui  atti- 
raient un  grand  concours  de  peuple  îhalieiaj  '^  Elle  com- 
portait un  cortège,  un  sacrifice,  des  jeux:  c'étaient  les 
àyiovs;  habituels  des  fêtes  grecques,  luttes",  courses  de 
chevaux'"  et  de  chars  '",  course  au  flambeau  '",  penta- 
thle'*,  etc.;  la  couronne  du  vainqueur  était  tressée  de 
peuplier  blanc  (Xeùxt,)  ",  arbre  consacré  au  soleil  La  fête 
avait  lieu  tous  les  ans,  "AXUia  tî  [jLtxia-",  et  plus  magnifi- 
quement tous  les  cinq  ans,  'AXi'staxà  uéyocXa  '-',  comme  les 
plus  grandes  fêtes  du  monde  grec.  Un  rite  important  du 
culte  héliaque  à  Rhodes  est  celui  que  rapporte  Feslus--  : 
cliaque  année  on  précipitait  des  quadriges  à  la  mer,  en 
offrande  à  Hélios.  L'explication  la  plus  plausible  du  rite 
est  celle  donnée  plus  haut,  à  propos  de  la  légende  de 
Phaéthon  ;  deux  autres  sont  moins  admissibles:  rite  du 
culte  poseidonien  transporté  dans  le  culte  iiéliaque,  rite 
de  caractère  chthonien'".  Il  n'est  pas  établi  que  la  préci- 
pitation des  quadriges  faisait  partie  de  la  fête  annuelle 
des  'AXiEia  ;  mais  l'hypothèse  est  très  vraisemblable  ■'. 
Une  inscription  de  Riiodes  enfin  mentionne  un  sacrifice 
à  Hélios  certainement  «lislinct  de  la  fêle  des  'Amekx-'. 
L'autre  point  du  monde  grec  où  prédominait  le  culte 
d'Hélios  est  Corinlhe  ".  Les  noms  légendaires  de  Corinlhe 
et  de  sa  citadelle,  Kphyra,  Epope,  se  rapportent  à  Hélios. 


•  Cr.  Uiod.  V..56.  — iPiii.l.O/.VII.  — 3Cf.DloJ.;oc/,ii.(/.;  \Vilain,inil/,iE/t/M«, 
IS83.  p.  «9.  —  '  Cf.  l>iUciibcrgcr,  Op.  cil.  p.  3  sq.  :  Beckcr  a.lniel,  Op.  cit.,  i|ue  le 
ciilk-  d'tlélios  n'est  pas  aulocitllioiic  à  Hliodes,  mais  y  a  étt;  importé  ifAsie  ;  le  centre 
cil  aurait  été  le  territoire  «le  lalysos  (Dioil.  V,  37),  sur  lequel,  en  H>s,  fut  établie  la 
ville  de  Rhodes.  —  -i  /Oiil.  p.  4.  —  '■  Cf.  Monimsen,  Biirainn's  Jnhresb.  I!i»i9,  p.  418. 

—  '■  Imc.  ijraKC.  XII,  I,  9i8.  —  »  i:f.  Diltenlwrgcr,  Op.  Iniid.  p.  3.  —  'J  Ressort  de 
/ii«i-.  Graxc.  XII,  I,  63.  —  10  Ressort  de  Ibid.  833.  —  U  Ainsi  dans  Atliénée,  p.  501 , 
les 'AAÎtta  sont  rapprochés  des  'A«n»«ra  el  des  ■oX-jiTta.  —  '2  Appiaa.  .l/ace(/.  Il, 
4.  _  n  \enoph.  Kphet.  3,  II.  Sur  les  'AÀitt.;..  cf.  Uittenbergir,  Op.  cit.  p.  5,  les 
observations   de  Mommscu,  Loc.  cit.  p.  419,  et  MIson,  Griech.   J'este,  p.  4i7. 

—  Il  /nscr.  G.:  XII.  I,  73.  —  15  ibid.  58.  -  «6  Jbid.  7i,  93.).  —  Il  IHtlenbergcr, 
Sylli,  679  [li«|i=)  dS>  4«  i!f«T«;  ■' —  'S  ynscr.  gr.  XM,  t,  73.  —  IS  Cf.  Seiiol.  ad 
l'ind.  01.  Vil,  ni.  —  2»  Uitlenberger,  Sytt.^  C7a.  -  21  Iltid.  La  quimiuennalité 
ressort  aussi  de  .Sy(/.2  609.  —22  Feslus,  s.  v.  Octobcr  ei/iius.  —  23  Cf.  .\ilson,  Op. 
til.  p.    4i«;   SIengcl,  Archiv.   f.   Jteligionawvst.  1903,   p.  i06   si|.  ;    Boeckh,   Kl. 


L'.Xcrocorinllie  l'iail  particulièrement  consacrée  au 
Soleil-'  :  d'après  la  légende,  elle  était  devenue  la  pro- 
priété d'Hélios  après  sa  lutte  pour  la  possession  du  pays 
avec  Poséidon-',  à  qui  l'Isthme  avait  été  attribué;  puis 
Hélios  l'avait  cédée  lui-même  à  .\]>lirodite,  qu'on  retrouve 
associée  à  Corinthe  au  culte  d'Ilélios-Phaëthon.  Aiétès, 
roi  de  Corinthe,  et  Médée  sont  de  la  race  d'Hélios;  le  fils 
d'.\iétès,  .Xpsyrtos,  porte  le  surnom  de  Phaéthon-'.  Sur 
l'Acrocorinthe  un  autel  d'Hélios^",  dans  le  temple 
d'Aphrodite  une  statue'^',  dans  la  ville  même,  aux  pro- 
pylées de  l'agora,  un  quadrige  avec  statues  d'Hélios  et 
de  Phaéthon'-,  à  l'Isthme  un  temple  et  une  statue  ^^ 
d'Hélios,  tous  ces  monuments  témoignaient  encore  sous 
l'empire  romain  de  l'importance  du  culte  corinthien  du 
Soleil.  A  .Mliènes,  au  contraire,  le  culte  d'Hélios  semble 
avoir  tenu  fort  peu  de  place  ^'  ;  il  en  est  fait  mention  à 
propos  de  la  fête  des  cva.nki'SIa  et  de  celle  des  tuar- 
GELiA^",  et  aussi  de  I'eiresiôm":  ;  et  un  UpEÛ;  xoù  'HXt'cu 
est  mentionné  dans  un  texte  d'époque  tardive  à  propos 
de  la  procession  des  skiropiioria  '".  Dans  la  Grèce  du 
Nord,  des  mentions  précises  du  culte  d'Hélios  font 
défaut;  nous  savons  seulement  qu'à  .Xpollonia  d'Épire  on 
gardait,  sous  la  surveillance  des  premiers  citoyens,  des 
troupeaux  consacrés  au  Soleil". 

Dans  le  Péloponnèse  le  culte  héliaque  est  attesté  en 
plusieurs  lieux:  à  Elis'*,  associé  à  celui  de  Séléné;  à 
Trézène,  sous  le  vocable  d"EÀ£u6£sioi;  -^^  ;  à  Mantinée'"; 
près  d'Argos*';  à  Mégalopolis,  comme  Scor/Sp '-.  Il  était 
répandu  en  Laconie:  il  y  avait  une  statue  d'Hélios  dans 
le  temple  d'Ino,  entre  Oilylos  et  Thalamai*'  ;  au  Ténare 
étaient  gardés  des  troupeaux  d'Hélios";  enfin,  sur  la 
cime  du  Talcton,  contrefort  du  Taygèle,  au-dessus  de  la 
ville  de  Rryseai  '■,  on  sacrifiait,  en  même  temps,  qu'à  Zeù: 
Ta/.ÉT'.TOfç,  à  Hélios,  peut-être  sous  le  nom  de  Phoibos  "^  : 
le  nom  même  de  TiXetov  se  rattache  peut-être  à  la  même 
racine  que  le  TaXcôç  Cretois,  un  synonyme  d'"IIXioi;  ";  le 
Taleton  serait  la  montagne  du  soleil  ".  Dans  la  mer 
Egée,  la  Crête  semble  avoir  été  un  centre  du  culte 
d'Hélios,  en  même  temps  que  de  l'.Vpollon  Delphinios. 
Pasiphaé,  l'épouse  de  Minos,  est  une  Héliade  ;  Talos,  le 
géant  de  bronze  qui  étouffait  les  étrangers  de  son 
étreinte  brûlante,  parait,  d'après  la  synonymie  que  nous 
venons  de  mentionner,  une  hypostase  d'Hélios,  d'un 
Hélios  sémitique";  à  l'époque  historique,  la  ville  de 
Gortyne  avait  encore  ses  troupeaux  d'Hélios  '*". 

ReprésvnlutionsuiHisliijues.  —  Les  monuments  figurés 
de  l'époque  historique  et  classique  qui  représentent 
Hélios  et  sa  légende  sont  assez  peu  nombreux.  Cependant, 
l'idéal  plastique  d'Hélios  était  marqué  de  traits  assez  nets 
dans  l'imagination  grecque,  témoin  ces  vers  de  l'hymne 
homérique  à  Hélios^'  :  "  Hélios  l'infatigable,  semblable 

.Scliri/I.  V,  p.  iul .  —  2i  Uitlenberger  esl  d  un  avis  conlraiie,  /'.'  /(/.orf.  sacr.  p.  6  ; 
mais  cf.  les  observations  de  Mominsen,  Loc.  cit.  p.  419.  —  25  Jnscr.  Graec.  XII, 
1^  soi    —  2i;Cf.  Uriippc,  Criecli.  Mytii.  p.  131 .  —  27  Cf.  Sleph.  Byz.  s.  v.  Kdji.Joi 

—  28  Pans.  Il,  1,6.  —  2'J  Cf.  t'ratjm.  hist.  graec.  IV,  Hil  ;  Ap.  Kliod.  Argon.  3, 
i43.  _  ;<0  Caus.  Il,  4.  6.  -  3i  Pans.  Il,  :,,  I.  —  32  Paus.  Il,  3,  i.  —  33  Corp.  inscr. 
gr.  Ilot.  —  31  IJue'i|nes  rares  dédicaces  à  Hélios,  Corp.  inscr.  ait.  II.  15S5, 
1651,  etc.;  au  lliéàlre  de  Dionysos,  un  siège  Iipsia;  'Hm'iu  (?).  —  30  Schol.  ad  Ar. 
Eq.  7i9.  Cf.  iMoninisen,  Feste  d.  SladI  Athen,  p.  278,  n.  5.  — 36  Harpocr. 
p.  168.  Cr    Monimsen,    Op.  cit.   p.  5U7.   —   37  Hcr.  IX,  93.   —  38  paus.   VI,  24,  6. 

—  39  Paus.  II,  31,5.  —  M  Paus.  VIII,  9,  4.  —  Il  Paus.  II,  18,  3.  —  42  Paus.  VIII. 
31_  7.-43  Paus.  III,  i6,  I.  —  41  llom.  Hgmn.  in  Apoll.  Pyth.  v.  23i.  —  *S  paus. 
111.20,  4.  — "V.  sur  ce  point  V.  Proll,  Leges  Graec.  sacr.  H  cl  Ath.  ,1/i«/i.  1904, 
p.  9.  —  47  llesych.  TaV,i;  :  ô  tja-.ù;.  —  18  Conimc  les  ■taXltaTa  Spij  de  Crète:  Corp. 
inscr.gr.  2569.  —  49  Cf.  Gruppe,  Griecli.  îlylh.  p.  249.  —  "0  gerv.  ad  Aen.  6,  60. 

—  :■'  llcHii.  Uymn.  ad  Sol.  8  sq. 


SOL  —  1379 

aux  immortels....  ses  yeux  darJenl  un  Lciriljlc  regard, 

sous  le  casque  d'or,  et  les  rayons  en  Itrillenl,  d"iin  éclat 

éblouissant.. . . 

brille    aussi,    au-    y^^^^^'-''^^ P--^^0 

tour  de  son  corps 

le  fin  manteau,  la  ^       é.^'^Çy^^     _^^ /^^ 


SOL 


Fig.  G488.  —  Hf'lios  appaii 


souple  étoire,  aux  t^v 

souffles  des 
vents.  "  C'est  cet 
idéal  que  devaient 
traduire  aux  yeux 
les  statues  de  culte 
d'Hélios  dont  les 
textes  font  men- 
tion ;  aucune  ne 
nous  a  été  conser- 
vée. De  la  période 

archaïque  et  du  v"  siècle  nous  ne  possi'-dons,  se  rappor- 
tant à  Ilélios  et  à  sa  légende,  que  des  peintures  de  va- 
ses '.  Hélios  y  est 
représenté  sous 
la  forme  d'un 
éphèbe,  guidant 
son  char  attelé  de 
deux  ou  quatre 
chevaux.  Il  lait 
souvent  pendant 
à  Séléné,  la  re- 
présentation des 
deux  d  i  V  i  n  i  t  (■■  s 
tantôt  valant  par 

ell  e-mè  m  e, 
comme  sur  une 
pyxisatliquedela 
collection  Sabou- 
roff  (fi g.  4632)  -, 
tantôt  servant  à 
encadrer  des  scè- 
nes mythologiques,  comme  sur  un  vase  de  Uu  vo  (lig  .'i.jtiO) 
donlle  sujet  esluneOigantomachie^C'élaitaussison  rôle 
dans  les  grands 
ensembles  sculp- 
turaux de  la  belle 
époque  :  fronton 
oriental  du  l'ar- 
thénon,  base  du 
trône  de  Zeus  à 
(Jlympie,  base  de 
la  Parlliénos. 
Quelquefois,  l;i 
représentation 
est  mieux  préci- 
sée :  le  quadrige 
d'Hélios,  figuré 
de     face,    s'élève 

des  eaux  de  l'Océan  sur  un  vase  de  la  Biblioliièque  .Natio- 
nale '.  Sur  les  peintures  les  plus  anciennes,  la  ligure 
d'Hélios  est  encore  séparée  nettement  de  son  substrat  na- 


1  Cr.  par  es.  Welckcr,  Anl.  Umkm.  III,  ;;3  sq.  —  2  Kurlttaoïigler,  CuU.  Saboii- 
ro/f.  Il,  pi.  r.sm.  —3  Mon.  delf  Jnsl.  IX,  6  =  Reiiiacli,  Jlép.  I,  181.  —  «  Cf.  de 
Itidder,  Calai.  A-s  Vases,  p.  liS  [v.  ciuantesJ.  —  •'>  Slackelticrg,  Griib. 
d.  Util.  15,  5  =  liapp,  ap.  Roscher,  ira.  s.  v.  Uelios.  p.  1995.  —  '•  .Mon.  Il, 
S5  =  Reinach,  /lép.    I,  p.   109.  —    1  Cf.  Mon.    II,  55  =   Cal.  Brit.    .Vus.  III, 


:  des  Salyn 


C4S9.  —  Le  lever  du  Soleil. 


turel  :  le  disque  solaire,  d'abord  représenté  comme  un 
simple  cercle  %  puis  entouré  de  rayons  i  pyxis  Sabouroft'), 

est  figuré  à  côté 
ou  au-dessus  de  la 
figure  d'Hélios, 
^méine  vase). Dans 
des  vases  plus  ré- 
cents, l'image  du 
dis(nie  solaire  se 
ré'duil  à  n'être 
|)liis  ((ue  la  cou- 
ronne radiée,  le 
nimbe  qui  entoure 
la  figure  du  dieu 
(fig.  4653)  ;  sur  un 
vase  de  Parme,  la 
tète  d'Hélios,  re- 
présentée seule,  apparait  ainsi  au  chœur  des  Satyres  ef- 
fravés,  comme  dans  un  médaillon  ifig.  6488)  ^    Un  bel 

exemple  de  celte 
seconde  série  de 
vases  est  le  vase 
{{Jacas',  au  Bri- 
tish  Muséum,  où 
le  (b'part  d'Hélios, 
s'é'levanl  avec  son 
(|uadrige  ailé  der- 
rière Éos,  Plios- 
plioros  et  Séléné, 
est  représenté  de 
façon  pittoresque 
(fig.  6489).  Un 
vase  du  Louvre 
rappellelevoyage 
d'Hi'lios  sur  le 
fleuve  Océan;  on 
l'y  voit  figuré  sur 
son  f[  1 1  a  (I  r  i  g  e , 
avec  Héméra(?),  et  sortant  d'une  barque  *.  I,es  rapports 
(In  (lieu   ,i\('(    Héraldès  font  aussi   le   sujet  de  plusieurs 

peintures  de  va- 
ses, Hérakiès 
étant  représenté 
tantôt  comme  en- 
nemi d'Hélios  et 
le  menaçant 
ilig.  6490)  ',  tan- 
l('it  comme  son 
allié,  avec  le  geste 
de  bonne  entente 
et  d'adoration 
|iit;itci'LL;s,p.93/". 
L'histoire  d'Héra- 
klès  naviguant 
dans  la  coupe  du 
Soleil  vers  le  séjour  de  Géryon  est  naïvement  figurée  sur  un 
beau  vase  à  figures  rouges  du  Vatican  (fig.  3763)",  et  sur 
un  vase  plusaiicien,à  figures  noires, récemment  publié  '-'. 


E  400  =  Rcillach,  /((■>.  I.  p.  109.  —  8  Annali,  IS,i2,  pi.  V  =  lîcinacli,  Ki-p.  1, 
p.  -291.  —  9  Cf.  SUiclicIbcrg,  Loc.  cit.  cl  .Saviguoiii.  Journal  liell.  stiid.  XIX, 
1899,  p.  265,  pi.  IX.  —  10  Joiirn.  o/.  liell.  stud.  1899,  p.  200.  —  "  (k'iïiard, 
Amcrl.  Vasenb.  pi.  ax  =  Reinach,  Hrp.  !l,  p.  59.  —  :2  par  SI.  Ilailnig,  Hum. 
Mitth.  I90S,  p.  107  el  pi.  i. 


:^s 


le  el  Hélios. 


SOL 

De  l'époque  suivanlp,  en  dehors  de  petits  bronzes, 
l'un  du  Musée  Britannique  ',  d'attitude  et  de  type  peut- 
être  praxitéliens,  l'autre  do  Berlin-,  de  type  assez  ana- 
logue au  type  convenu  d'Alexandre,  nous  possédons  plu- 
sieurs statues,  torses  ou  tètes  d'ilélios.  Ces  monuments 
reproduisent,  diversement  nuancé,  un  type  de  dieu  jeune 
et  fort,  à  l'allure  et  aux  traits  graves.  Un  torse  du  Vati- 
can, portant  un  baudrier  où  sont  tracés  les  signes  du 
Zodiaque^  (lig.  77(t),  oIVre  ce  caractère  de  jeunesse  éner- 
gique :  c'est  sans  doute  un  Hélios.  Du  même  type  est  une 
statue  du  musée  de  Berlin,  provenant  d'Egypte,  et  por- 
tant une  dédicace  à  Z£Ù;"H>'.o;  '.  Il  y  avait  à  Rhodes,  au 
témoignage  de  Dion  Chrysostome', -un  grand  nombre  de 
statues  et  de  groupes  d'Hélios.  Les  textes  nous  ren- 
seignent sur  un  quadrige,  œuvre  de  Lysippe  '',  et  sur- 
tout sur  le  fameux  Colosse,  œuvre  de  Charès  de  Lindos, 
élève  de  Lysippe  '  ;  cette  statue  de  bronze,  d'énormes  pro- 
portions, fut  élevée  vers  291  etrenverséecinquante-sixans 
après  par  un  tremblement  de  terre  ;  nous  avons  d'ailleurs 
plus  de  renseignements  pittoresques  sur  l'énormilé  de  la 
statue  et  sur  la  fabrication  de  l'onivre  que  sur  son  type 
arlisti(|iie  '.  Lue  statuette  de  bronze  et  deux  têtes  en 
marbre  d'ilélios  proviennent  de  Rhodes.  L'une  de  ces 
têtes,  qui  est  à  Berlin,  d'une  très  belle  expression  ^,  fai- 
sait partie  d'un  groupe  d'une  grandeur  double  de  la  gran- 
deur naturelle,  appuyé  contre  une  paroi  d'édifice,  et 
représentant  llélios  en  mouvement  vif  vers  la  droite,  con- 
duisant son  quadrige,  la  tête  tournée  de  face  et  très  déta- 
chée du  fond  :  les  trous  subsistent  qui  servaient  à  fixer 
les  grands  rayons  métalliques  disposés  en  cercle.  Le  type 
semble  être  antérieur  à  l'art  lysippéen.  Une  autre  tète 
de  petites  dimensions,  trouvée  dans  l'ile  à  Trianta,  se 


rattache,  au  conlraiie,  d'après  .M.  Ilarlwig,  à  l'école  de 
Lysippe  '"  ;  elle  portait  une  couronne  de  rayons;  c'est 
une  lêle  jeune,  aux  cheveux  courts,  le  regard  incliné 
vers  la  gauche  et  vers  le  haut  ;  peut-être  faisait-elle 
partie   d'un   ensemble   analogue  au  quadrige  même  de 

<  Calai,    uf    brun:.    lOIri.    ot    pi.    wmu    —   î   Cf.    Arch.  An:.    ISOl,  |i.   123. 

—  :il(aoulRoclictU!,  A/on.iii,;./.  XI.VI,3  =  heliiacli,yï^/,.rfe/ns/a/.n,p.  III.— 4Bi-i' 
lin,  Knial.  d.  Skulpl.  177  =  Koinncli,    lliid.    p.    110.  —  '-  Uio  Clir.  Wiuil.  I,  570  H. 

—  6  l'Iin.  Ilial.  iia<.  34,  03.  — 'Plin.  Hisl.  nal..H,  41.  I.cs  U-vlcs  sont  réunis  dans 
0\fr\xcV,Schrifl<iiieU.  n''IS39  w).  — «Cf.  Collignon,  Sciilpt.  t/r.  II.  p.  480.  —  9  Pu- 
Ijlii'o  |iar  H.  Grai'f,  dais  Slrena  Hdbiijiana.  p.  91s.(.  —  Kicr.  Itûm.  Mitth.  1887, 


z.  <i49i.  —  Têle  d'Hélios  s 
une  monnaie  de  Rhodes. 


i:WO  —  SOL 

Lysippe.  \  la  dernière  époque  de  l'art  grec  apparaît,  dans 
la  plastique,  un  type  d'ilélios  ditl(''rent,  inspiré  des  tradi- 
tions   perganiéniennes.     Ex- 
pression ardente,    yeux  pro- 
fondément creusés,  lêle  puis- 
sante, chevelure  désordonnée, 
vêtement    flottant    largement 
au   souftle  du  vent,  tel   a  du 
être  l'Hélios  de  l'cige  hellénis- 
tique. Nous  en  avons  quelque 
idée   d'abord   par   la   métope 
trouvée     sur     l'emplacement 
de  la   iN'ouvelle-Ilion,  qui  re- 
présente  llélios   et  son    qua- 
drige (fig.  6i91)"  ;   et  mieux  encore  par  des  têtes  d'ex- 
pression  très  caracté- 
ristique  sur  les   mon- 
naies   de     Rhodes 
(fig.  049:2)  et  par  le  mas- 
que colossal  du  Louvre 
[(1493)  '".  Là  le  type  est 
poussé  au  pathétique; 
c'est  un  Hélios  presque 
oriental,   bien  éloigné 
de     la     sérénité     des 
dieux  grecs. 

La  légende  de  Phaë- 
thon  n'est  qu'assez  ra- 
rement représentée,  et 

sur  des  monuments  de        f|„  j^js.  —  Mi^^ ji..«*.ii  ,rii.iio« 

date  tardive.  Sur  un  re- 
lief de  stuc  d'une  maison  romaine",  imparfaitement  con- 
servé, M.  Petersen  a  reconnu  une  re- 
présentation de  Phaëthon,  présentant 
sa  requête  à  Hélios,  et  des  Heures, 
auxiliaires  de  Phai'thon.  Plusieurs  sar- 
cophages du  11"  et  du  nr  siècle  après 
J.-C.  figurent  son  il  istoire;  elle  y  est  re- 
présentée suivant  la  convention  ad- 
mise pour  ce  genre  de  reliefs  [s.\rco- 
piiAGis],  les  scènes  étant  juxtaposées 
suivant  leur  succession  dans  le  temps. 
Sur  l'exemplaire  le  plus  complet  de  la 
série,  trouvé  à  Ûstie",  on  voit  à  gau- 
che Phaëthon  faisant  part  à  Hélios  de  son  ambitieux  désir; 
au  milieu  la  chute  de  Phaëthon  pré- 
cipité à  terre,  Kyknos  et  les  Héliades  ; 
adroite,  Hélios  recevant  d'Hermès  la 
lugubre  nouvelle.  Une  belle  gemme, 
conservée  à  Florence,  représente  le 
même  sujet  dans  un  tableau  concentré 
et  d'un  mouvement  pathétique '\ 
D'autres  retracent  les  divers  épisodes 
de  la  légende,  la  prière  de  Phaëthon 
(fig.  G494)  et  sa  chute  (fig.  (i49o),  la 
métamorphose  des  Héliades.  La  re- 
pr<'sentation  du  mythe  la  plus  ancienne  se  trouve  sur  un 
moule  d'argile  de  coupe  à  reliefs,  conservé  au  musée  de 


Fig.  U494.  —  La  ie(|u 
de  l'haollion. 


p.  15'.!.—  'I  Cf.  Uaycl,  A'/,  d'ar, 
—  12  Cf.  Barclay  llead,  Hisl.  n 
du  Musée  ilu  Louvre  (HriHliiier 
Ilomains,  VI,  p.  *ai  =  noire  li 


Ani 


ml.  rf.  Jnst.  18119, 
Ï9S.  —  là  Wieseler 


h.  eurarl,i>.  170  SI).  ;  Colligiion,  Op.  cit.  Il,  p.  395. 
m.  p.  538  sq.  Comparer  ta  belle  liMe  de  marbre 
iVulice  de  de  la  sciil/d.  n°  lil  ;  Duruy,  Oisl.  des 
;.  0493).  —  iiJtùm.  ilitlh.  1S95,  p.  07.  —  1»  Cf. 


p.   130  et  pi.  F;    Koscher,  Li 
HlMèthon,  10;  Furtwiinglcr, 


der  Myth.  art.  PhaiHlion, 
eant.  Gtmm.  I.  pi.  rviii,  i. 


SOL 


Boston'.  D'un  côté,  c'est  la  chute  de  l'IiaiHlion,  écrasé  sur 
le  sol;  derrière  lui,  une  roue  du  char;  à  sa  droite  Zeus 
lance  sa  foudre  et  Artémis  ses  (lèches  (fig.  G4!J«)^  Derrière 
Ifs  deux  divinités  une  femme  s'enfuit,  tenant  en  main  une 
autre  roue  du  char  solaire  :  un  passage  de  Val.  Flaccus' 


—    1381   —  SOL 

cément  destiné  au  culte  du  dieu  ([u'elle  honorait '".  Enfin 
parmi  les  douze  divinités  tutélaires  des  cultivateurs, 
le  même  Varron  "  donne  la  seconde  place,  immédiate- 
ment après  Jupiter  et  ïellus,  à  Sol  et  Luna  f/iioruin  lem- 
pora  obserranlur  cittii  (/uaer/ftiii  seninlnr  et  cont/utilur. 


permet  de  reconnaître  en  ce  personnage  Thélys.  A  droite 
de  Phaëthon  accourt  Hélios  à  cheval,  maîtrisant  l'al- 
lelage  emporté'.  D(;  l'autre  côté  est  figurée  la  méta- 
morphose des  Iléliades.  Elle  est  en  train  de  s'accom- 
plir; l'une  des  jeunes  filles  est  muée  tout  entière  en  un 
arbre;  du  corps  des  deux  autres,  qui  se  défendent  en 
vain,  sortent  déjà,  des  rameaux  *.  Détail  singulier  : 
trois  jeunes  gens,  deux  d'entre  eux  porteurs  d'un  couteau 
à  éhrancher,  semblent  frapper  sur  les  trois  arbres- 
femmes  ^  Il  faut  sans  doute,  d'après  l'ingénieuse  expli- 
cationde  M.  Hartwig,  voir  là, en  figuration  proleptique, la 
récolte  de  l'ambre,  des  larmes  des  Héliades[voy.F.LECTKL'M^. 
L'ambre  est  ici  considérée  comme  une  essence  végétale, 
et  la  figuration  de  la  récolte  est  copiée  sur  celle  qui  con- 
vient à  l'encens  et  à  l'arbre  à  encens  ^.  Ce  curieux 
relief  est  à  peu  près  de  l'époque  même  d'Ovide  et  il  doit 
s'inspirer  d'une  œuvre  alexandrine  ou  hellénistique. 

li;.\iiLE  Caiien. 
KoME.  —  Les  calendriers  latins  ilc  l'époque  d'Auguste 
indiquent,  à  la  date  du  9  août,  un  sacrifice  public  Soii 
indif/ili  in  colle  Quirinale'',  et  l'on  en  a  conclu  que  Sol 
appartenait  aux  plus  vieilles  divinités  indigènes  de  la 
religion  romaine.  Varron  croyait  savoir  que  Sol  et  Luna 
étaient  d'origine  sabine  et  que  le  roi  Titus  Tatius  leur 
avait  dressé  des  autels  dans  la  ville  de  Komulus*.  Sui- 
vant cet  antiquaire,  la  gens  sabine  des  Aurelii,  propre- 
ment Atise/ii,  tirait  son  nom  du  mol  auxe/  '<  soleil  "^  ;  le 
peuple  lui  aurait  même  concédé  officiellement  un  enipla- 


o. 


lira 


.Ue 


,1,'i 


I.   IV, 


I   Wii 

—  2Cr,  llarluig.  i'hilul.  IK'J'J.  p,  481  sq,,  oomplùU'  par  les  ri'maïquos  de  CjOfZ, 
Ibid.  1901,  p.  478,  —  i  Val,  Place.  Arf/oii.  V,  4i9.  —  4  Les  deui  ligures  sonl 
id(;iili(|ties,  gravées  par  riiiipressioii  du  luûnie  uioule,  —  SToulelbis  le  personnage 
du  milieu  a  une  allilude  un  peu  difl'éi-ente  :  il  seniljle  rpi'au  contraire  il  cherche 
d  d(:-livrer  IHiîliadc  ihs  rameaux  <|ui  l'enserrenl.  -  6  On  a  m  plus  haul  (p.  ISTii, 
II.  J9)  que  celte  conl'iisioii  réside  déjà  dans  le  trait  même  de  la  légende  qui  rapproche 
l'amhre  du  peuplier  noir  («I'yeiou;),  avec  i^uoi  it  n'a,  d.ins   la  réalité,  rien  à  faire. 

—  '•  Monimseu,  Corp.  Inscr.  lut.  12,  p.  324.  Cf.  (Juiiil.,  Inst.  1,  7,  li  :  In  pahimiri 
.Salis  ijtti  colilur  iiixta  aedum  Qiiiriiii.  —  »  Varr.  lie  ling.  V,  74  ;  cf.  Aug.  Civ.  Dti, 
IV,  ii.  Uiou.  Ilalic.  Aut.  11.  30,  3,  —  'J  Sur  celle  étymologic,  cf.  Curlius,  Gruntl- 
ziii/e  dcr  Or.  Jiti/m.'^  p,  3'J!i  ;  Krelsehuicr,  Einl.  iji  die  Gr.  .S/.raclie,  IS%,  p.  »3. 
,M.  Wissowa  {Hel.  drr  llnmer,  p.  i(il.  n.  tj  remarque  qu'il  faut  lire  dans  Varnin, 


Mais  on  a  l'ail  observer  que.  fait  étrange,  Sol  est  de 
tous  les  dieux  indif/eivs  le  seul  auquel  ce  nom  soit 
expressément  donné,  et  l'on  a  conjecturé  qu'il  lui  fut 
accolé  à  l'époque  d'Auguste  pour  distinguer  cet  antique 
divinité  de  celles  venues  d'Orient,  qui  s'introduisaient 
alors  dans  la  cité'-.  Peut-être  aussi, bien  que  cette  étymo- 
logic ne  nous  soit  pas  transmise  par  les  auteurs  anciens, 
raltacha-t-on  Indhjcs  à  imUcare,  le  soleil  passant  à  Home 
aussi  bien  qu'en  Grècepotir  dénoncer  les  crimes  cachés '\ 
Aux  affirmations  du  Sal)in  Varron  on  a  opposé  cette 
remarque  que  le  sanctuaire  du  Quirinal  est  appelé  par 
Quintilien  un  pnlvimir''%  expression  qui  implique 
l'usage  du  rite  grec  du  leclhli-rnium''"  [t.  ni,p.  1007  ss.  •. 
En  outre,  les  plus  anciennes  représentations  de  Sol  sur 
les  monnaies  de  la  République  '°  nous  le  montrent,  comme 
sa  compagne  Luna,  sous  une  apparence  purement 
grecque  [t.  III,  p.  1391].  On  en  a  conclu  que  le  culte 
des  deux  luminaires  célestes  devait  être  à  Rome  d'im- 
portation hellénique". 

Mais  bien  que  les  poêles  se  soient  plu  à  le  chanter 
et  les  artistes  à  le  représenter,  Hélios  occupe  une  si 
petite  place  dans  le  culte  grec,  que  l'hypothèse  d'un 
emprunt  en  devient  fort  invraisemblable.  11  parait  plus 
probable  que  l'adoration  des  astres  qui  servent  de 
mesure  au  temps  et  ont  une  si  grande  influence  sur  l'agri- 
culture, exista  dès  l'origine  parmi  les  populations  rusti- 
ques de  l'Italie,  comme  dans  les  autres  branches  de  la 
famille  indo-europtienne  '».  Loin  d'être  favorisé  par  h-s 

De  liny.  Int.  V,  lis  •  .Sui  ausel  {sala  vet  nis,)  <i,wd  ila  .'i.Mni.  —  "'  l'aiil.  Diae,  s.  v 
.  Aurélia  .,  p,  i:t.  -  '<  Varr,  Oe  re  ru.sl.  I,  I,  5,  -  12  Wissowa,  Cman,,,,.  Ahhaa- 
,llmijen,V3M,  p.  180,  -  "  Gonjeclure  de  l'rcller,  Ilûm.  Alijlli .  éd,  Jordan,  I,  p,  9i, 
p.  3a3,  n.  i,  qui  renvoie  à  Virg.  Georu.  I,  4ti3  sq,  ;  Serv,  ad  Georij.  I,  4i.<i  ;  Ovid, 
.l/e(,  XV,  783.  Le  soleil  s'éclipsa  le  jour  où  les  meurtriers  de  César  accomplircul 
leur  forfait.  Cf.  en  outre,  Corp.  i.  lai.  VI,  14908:  Quisquis  ei  laesit,  Sol,  siùi 
commendo  tu  imlicea  eim  mortem  ;  VI,  14099  et  nos  inscrii.lions  ponli.iucs  (sous 
presse),  n"'  9  et  437  avec  les  notes.  -  1»  Cf.  supra,  a.  7.  Lydus,  Ùe  mens,  IV,  155 
(p.  172  Wunsch),  signale  à  la  date  du  11  Décembre  des  aijonalia  céléhrés  S«»v,.dj.„ 
.«'.  v.vi{).r,  "Hi;.;.,  peut-être  s'agit-il  de  Sol  Iniliges  —  *■>  Wissowa,  lleli,).  der  H. 
p.  350.  l'  16  Bahelon,  Monn.  de  la  Hep.  I,  p,  i",  n"  21  ;  p,  356,  n"  l«,  —  n  Wis- 
sowa, fle/,rf. /f.  p.  iSl.n.  8;  Ausl,  dans  lioscher,  Lexik.  der  Myth.  Il,  2130, 
_  i«  Schrader,  Itealencycl.   der  mdoyerm.  Altertumskunde,    1901,  p.  072,5,-. 


SOL 


—  1382 


SOL 


inlliiriircs  liclh'iiitiuos,  co  ciillc  lui  pliiliM  rcii'^ui'  dans 
roiiilii-i'  |);ir  ranlliropomorpiiisnic,  (jni  lui  siibstiUia  celui 
d'Alxillon.  Toutefois,  s'il  occu]>o  peu  de  place  dans  la 
i-elijj;iori  ofliciollo,  il  en  ^arda  davanlagc  dans  les  super- 
slilions  populaires  '. 

Ce  que  Kouie  dut  à  la  (irèce  ce  l'uriMil  les  types  plasli- 
(|ues  de  Sol  et  de  Luna.  On  représentait  l'un  nionlé  sur 
un  quadrige,  où  l'on  voyait  parfois  un  symbole  des 
(|ualre  saisons  ou  des  (|ualre  ('léiiients,  l'autre  sur  un 
ciiar  trainé  par  deux  chevaux,  auxquels,  depuis  répO(|ue 
des  Anlonins,  on  substitua  souvent  deux  taureaux'.  Dans 
les  frontons  du  temple  de  .lupiter  Capilolin,  comme  au 
Parlliénon,  une  réunion  de  dieux  était  encadrée  par  les 
représenlalions  de  Sol  et  de  Luna  conduisant  leurs  atte- 
lages [t.  I,  p.  ItO'i,  lig.  H'JO-olJ,  et  ce  groupe  célèbre 
provoqua  de  nombreuses  imitations ^  Les  ileux  astres 
rapides,  qui  sont  fréquemment  associés*,  devinrent  les 
divinités  prolectrices  des  courses  de  char^.  Sol  avait  à 
|iroximité  du  cirque,  sur  FAveniin  ce  semble,  un  temple 
dont  le  faite  était  surmonté  de  son  image  dorée.  Par 
suit<'  des  extensions  données  à  l'édifice,  ce  lempl(>  se 
trouva  plus  tard  au  milieu  des  gradins  des  spectateurs". 
Il  est  d('signé  dans  les  descriptions  topograpliiques  de 
l'époque  de  Constantin  sons  le  nom  de  Templuin  Solis 
et  Ltinae  '. 

Cet  ancien  culte  romain  ou  gréco-romain,  déjà  si 
obscur  que  la  tradition  est  à  son  égard  pleine  d'incer- 
titudes, devait  sous  l'Empire  être  encore  éclipsé  davan- 
tage par  celui  de  dieux  solaires  étrangers.  Auguste 
lui-même,  après  la  conquête  de  l'Egypte,  lit  apporter 
d'Héliopolis  deux  obélisques  qu'en  l'an  10  av.  J.-C.  il 
consacra  à  Sol,  l'un  dans  le  cirque,  l'autre  au  Champ  de 
Mars,  où  il  servait  de  gnomon'.  Sol  et  Luna  apparaissent 
en  l'an  1  av.  J.-C.  à  côté  du  Jupiter  acicrmis  et  d'Isis 
dans  une  di'dicace  en  l'honneur  d'Auguste  due  à  un 
allranchi  oriental",  et  bientôt  l'on  voit  se  multiplier,  en 
Occident,  les  dédicaces  à  Ju/i//cr-So/-Si'rfipis  '"  qui. 
suivant  la  conception  égyptienne,  durant  sa  course 
diurne,  fertilise  la  terre  et  qui  la  nuit  règne  sur  le  monde 
souterrain,  à  la  fois  maître  de  la  fécondité  et  juge  des 
morts". 

En  même  temps,  les  soldats  qui  tenaient  garnison  à 
Home  y  introduisaient  leurs  dévolions  nationales.  C'est 
ainsi  qu'en  liiti  un  ('f/uca  sinf/u/oris  de  Cologne  fait  une 
dédicace  Soli  dirino'-  et  en  246  un  prétorien  du  Ver- 
inandoiii/.il. .'!/...(•/ Sol  idiispdtriensibus".T>esdi\\mlés 
solaires  gauloises  et  germaniques  purent  ainsi  occasion- 
nellement trouver  des  adorateurs  dans  la  capitale. 

Mais  beaucoup  plus  nombreux  furent  certainement 
ceux  des  Baals  syriens  qui,  dès  la  pi'iioile  helh'uistique, 


1     liiess    .l,ins     l'auly-W.ssoHa.     lUnlnic.    s.     ,:    ,,    Al...ii;:,iiil.,.   ,.     I,    3S    s,|. 

—  2  CI.  iiii-s  .]/oii,iineiUs  rel.  auj:  myslcivs  de  MUhi-a,  1,  p.  \lj  s,(.  —  3  Jalm, 
Arcimulogiiche  Hfilnïgi-,  IS47,  p.  7!)  sq.  ;  Schiilitc,  IJeùer  die  Oielielyruppc  des 
Capitol.  Jupiter  (Archâol.  Zeitimij,  XXX),  iS7i,  p.  7  et  pi.  i.vii.  —  i  Varr.  De 
l.  l.  V,  70  :  Z/e  r.  r.  L.  c.  ;  cf.  Corp.  insc.  lot.  VI,  70G,  371D  s(|.  :  lai.  P/iilucal. 
a»  août,  C.  insc.  lai.  12,  p.  :ti7  ;  cf.  Fast.  Praencst.  iltid..  p.  JS'J  a.  —  '^  Ter- 
lull.  De  Spect,  S  ;  Cassiod.,    Var.  III,  51,  G  ;  Anthol.  lat.  197  v.  6  el  v.  17,  Riese. 

—  0  C'est  ainsi  que  llillscn  concilie  les  expressions  conlradicloires  de  Tacile,  Ann, 
XV.  "i  :  Sol  ciiiiis  est  vetas  aedes  apud  ciicum.  et  de  Teitullieu,  De  .'ipect.  8  : 
Circu»  Solipriiicipaliter  coiisecratur,  cuius  aedes  medio  simlio,  et  il  a  reconnu  une 
repri'sentalion  du  Icinpie,  fijurre  au  milieu  des  gradins,  sur  un  Lasreliel  el  sur 
une  monnaie  de  l'Iiilippe  l'Arabe  (reproduits  supra,  t.  I.  p.  liai,  fig.  152ll5i2);  cf. 
Dissert.  d.  Accad.  Pont.  Uomana  di  archeul.  sér.  Il,  I.  VI,  p.  26S  si|.  el  Jordan- 
Hiilsen,  Topoi/r.  der  Stadl,  t.  1,  3'  partie,  p.  115,  u.  V.  —  ^  Notitia  XI, 
Carios.,  rey.  1 1.  Sur  la  question  de  savoir  si  ce  temple  était  primilivcmonl  distinct 
de  celui  de  Lujia,  voy.  supra,  l.  III,  p.  i:)9l,  n.  17  sq.  ;  Wissowa.  Itet.  d.  It.  p.  582. 


avaient  été  assimili's  au  Soleil  ".  On  trouve  ainsi  des  con- 
sécrations à  Sol  faites  par  des  prêtres  ou  des  fidèles  du 
Jupiter Doliclienus  deCommagène  '^  du  Malachhel  palmy- 
rénien '",  de  l'Élagabal  d'Émèse'''.  Tacite  nous  raconte 
qu'à  la  bataille  de  Bédriacum  (09  ap.  J.-C.  i  les  soldats  de 
la  111"  b'^gion  saluèrent  d'une  grande  clameur  le  soleil 
levant  suivant  la  coutume  syrienne  '*.  Enfin,  à  partir  du 
11°  siècle,  avec  la  diffusion  des  mystères  de  Miliira 
[t.  III,  p.  1944J,  se  répandit  de  plus  en  plus  l'adoration  de 
l'astre  «  invincible  ».  Les  inscriptions  qui  sont  dédiées 
aux  divinités  solaires  asiatiques,  deviennent  nombreuses 
dans  toutes  les  provinces  latines  oit  s'introduisirent  les 
cultes  orientaux  '■'.  Rome  et  l'Italie  en  ont  fourni  une 
quantité  considérable;  elles  abondent  aussi  le  long  de  la 
frontière  romaine  où  les  troupes  étaient  cantonni'es,  en 
Dacie,  en  Fannonie,  en  RhiHie,  et  surtout  en  Germanie. 
Plus  rares  dans  l'intérieur  de  la  Gaule,  où  elles  n'appa- 
raissent guère  que  dans  la  vallée  du  libône,  très  ouverte 
au  commerce  du  Levant,  elles sontun  peu  plus  fréquentes 
en  Espagne  et.  en  Afrique,  où  campaient  des  légions. 

Cette  aire  de  dispersion  suffirait  à  prouver  que  la 
plupart  de  ces  dédicaces  à  Sol  s'adressent  en  réalité 
à  ses  congénères  asiatiques.  L'examen  des  monuments 
où  le  Soleil  est  reproduit,  conduit  à  la  même  conclusion. 
A  la  vérité,  l'aspect  extérieur  du  dieu  y  reste  géné- 
ralement conforme  aux   traditions  de  l'art   hellénique. 


Fig.  (i'»97.  - 


Soleil  sorliiil  des  Ilots. 


Parmi  beaucoup  d'autres  nous  choisirons,  pour  le  repro- 
duire (fig.  0497),  un  beau  bas-relief  découvert  à  Nar- 
bonne'^",  qui  olîre  une  composition  intéressante  :1e  Soleil, 
sortant  des  flots,  élève  une  torche  de  la  main  droite.  Au 
moment  où  l'astre  apparaît  sur  l'horizon,  il  chasse  les 
ténèbres  et  frappe  de  ses  rayons  les  démons  qui  les  peu- 
pliMit.  Aussi  ïf/rirns:  est-il  souvent  figuré  et  l'aurore 
est-elle  le  moiai'iit  m'i  l'iiu  sacrifie  île  priMérence  à  Sol  ■''. 


—  «  Corp.  iiiscr.  lut.  VI,  Tdl  -i  ::=  llessau,  /user.  .sel.  iU  ;  cf.  Jordau-llillseu,  /,.  c. 
p.  m  et  61U.  —  a  Vou  l'remersieiu,  .ircll.  epiijr.  .Vill.  aus  Oeslerr.  .VV,  p.  77  si|. 

—  lOC.  i.  Mll,:i,  7771;  V,  -an,  sa:i3;  VI,  Wi,  7U7.  Vill,  1005;  C.inscr.  lihen.  33S  ; 
IX, 5824;  XI,  5738;  Kailiel, /nscr.  .V/c. /(a/.  9U-91C,  lOiS,  1030-1,1084,1127,2405, 
4S,   -^244;  cf.  Dessau,    Inscr.  sel.   4394  sq.  ;  Gagnai,   Ann.  Epiyr.  1904,  n"  183. 

—  11  CI',  mes  Religions  orientales,  i'  i!d.  1909,  p.  134.  —  li  C.  i.  l.   VI,  31139. 

—  13  C.  i.  l.  VI,  2094  ;  cf.  715.-_  U  .Serv.  ad  Aen.  I,  729,  cf.  «42  ;  Nonn.  Dionys. 
XL,  392sq.  clc.;cr.  in/'m.  — ISC.i./.  VI,  412,743.— l»  VI,  710,  31036  ;  cf.  III,  IIOS, 
7950.  — n  V1,70S;  cf.  2129  sq.  22093  sq.  ;  Cagnal,  ^nn.  cp/^r.  1902.  u"  217.  —18  Tac. 
Hist.  III,  24;  cf.  Ilerodian.  IV,  15.  —  <'■>  Nous  avons  réuni  toutes  les  inscriptions 
où  Sol  est  mentionné,  dans  nos  Testes  et  mon.  rel.  au.r  myst.  de  MiUira,  t.  Il, 
p.  02  sq.  et  408  sq.  (1890).  (^e  recueil  me  dispensera  d'énumérer  ici  la  longue  série 
des  n"*  du  Corpus.  —  -»  Espérandien,  Bas-reliefs  de  la  Gaule  romaine,  I, 
p.  251.,  n"  343.  —  '-1  Cf.  mes  Munum.  myst.  de  Mithra,  I,  p.  128.  (iriens  figure 
sur  de  nombreuses  monnaies  itupériales  ;  cf.  Itosclier,  Led-ikon  der  Afythol.  s.  v. 
«  Oriens  ». 


SOL 


13H3 


SOL 


JIClAVDIVSrCLlX  •  ET  u\ 
■  CLAVOIA-  HELP1|-,!:T    '( 

,  vcm/M5CLV!:KVNTl.lBENSMfBIT0lîl 
•iJCAlBlENSESDECCH -ill         || 


Le  lypc  le  plus  orclinaii-e  est  (•(•lui  (|iii  nionlru  S(jl 
élevanl  la  main  droite  pour  bénir  ou  proléger  ses  ser- 
viteurs, el  tenant  de  la  gauche  le 
fouet,  avec  lequel  il  mène  son 
quadrige,  el  le  globe,  symbole 
de  sa  domination  sur  le  monde 
(lig.  «498)'.  Toutefois  si  le  dieu 
apparaît  ainsi  parfois  isolément'^, 
ou  dans  des  compositions  de  scè- 
nes de  la  mythologie  grecque,  no- 
tamment sur  les  sarcophages  ^ 
...    ,.„.      o,.  ,       on  le  voit  beaucoup  plus  souvent 

ng.  (»t98.  —  ^ol  bcnissaiil.  »     ^ 

représent(J  sur  les  sculptures  ins- 
pirées par  les  cultes  orientaux  ^  el,  en  particulier,  sur 
les  bas-reliefs  mitliriaques,  dont  il  occupe  régulièrement 
le  coin  gauche  supérieur",  ou  bien  il  figure  dans  la  série 
des  planètes  sur  les  pierres  décorées  des  images  des  sept 

dieux  de  la  semaine 

[dies,  (ig.2402.sq.]«. 
Parfois  des  types 
nouveaux  répondent 
aux  croyances  nou- 
velles répandues  par 
les  religions  étran- 
gères. Ainsi  nous 
voyons  sur  un  autel 
du  Musée  du  Capitule 
Sol  sanctissiiinis , 
c'est-à-dire  Malach- 
bel,  porté  par  un  ai- 
gle éployé,  comme  le 
sont  souvent  les  bus- 
tes des  empereurs 
qui  ont  obtenu  Tapo- 

Kig.  0«..  -  So,  snn.ass„nu.  ^''^osc    (fig.    0499)  '. 

Un  bas-relief  décou- 
vert récemment  àCorstopitum(Corbridge  sur  laTy  ne)  nous 
montre  un  personnage  portant  une  couronne  radiée,  pro- 
bablement Sol,  monté  sur  Pégase;  des  deux  cijtés  se 
trouvaient  les  Dioscures  symboles  des  fleux  hémisphères 
célestes  (fig.  tioOO)  *. 

Dans  la  foule  des  textes  épigraplii(]ues  ([ui  men- 
tionnent le  nom  latin  de  Sol,  il  est  souvent  difficile 
de  reconnaître  à  quelle  divinité  étrangère  ou  indigène 
chacun  se  rapporte,  à  moins  que  la  nationalité  même  du 
consécrateur  ne  permette  de  le  déterminer".  Cependant, 
certaines  épithètes  sont  réservées  presque  exclusivement 
aux  Baals  ou  à  Millira.  Un  Sol  divinité  sera  très  proba- 
blement syrien'",  de  même  Sol  srinrtissimus",  parce 

1  Bas-relief  de  Komc,  Mon.  myU.  .Uitlmi.  II.  p.  JOi,  (ig.  2M.  -  2  Espo- 
randicu,  Bas-reliefs  de  la  Gaule.  I,  ii"'  94,  31),  II,  n»  IU3s  (peul-élre  Millirai, 
1510  (Sicile  fiin(Tairc  :  Sol  est  le  conducleur  des  imcs  :  in/'ra,  p.  1383|  ;  Cntnl. 
des  scitlptitres  antiques  du  musf'e  de  BrtixeUes,  n"  7,  etc.  —  3  Millin,  Gâter. 
Mythol.  XCIll,  n»  SUS;  Espérandicu,  Op.  cit.  I,  n"  Kil,  II,  I2i0,  etc.  Sar- 
coplLiges  clii'élieds  :  Esp-'raiidieu,  I,  n«  40.  VS.  Piper.  Mythologie  der  christli- 
clten  Kunst,  II.  p.  I  Ili-l'.W.  —  t  Baal  :  cf.  Toulain,  /Je  Saturni  dei  in  Africa  cullu, 
IS'Jl.  p.  as  si|.  Malaclilicl:  Slroiig,  floman  seiilplure.  pi.  xi:vi,  p.  313.  J.  Ilelio- 
poliiatiiis  :  Dussand,  Notes  de  mythologie  syrienne.  1093,  p.  29  sq.  —  ô  Nous 
avons  6ludié  en  détail  ces  i-cprùsentatibns.  Mon.  uiyst.  Mithra.  I,  p.  lit  S(|. 
—  •'  On  sait  i|iie  ces  Wochenyottersteine  découverts  en  Ocrmanie  onl  servi  de 
socles  aux  •<  colonnes  au  géant  '•.  Le  dei-nier  travail  paru  sur  ce  sujet  est  celui  de 
Hiese,  iJie  Gif/antensaùlen  und  ittre  Literatur  Œinzelforschnngen  iiher  .Aller- 
tumsgegensliïnde  in  Frankfurt),  I,  1908,  p.  18  sq.  Cf.  aussi  fioscher,  Lexikon 
der  Myth.  s.  r.  »  l'Ianelen  ■■.col.  2.535  sq.  —  "ï  Strong,  /totnan  sculpture.  1907, 
p.  31  S,pl.  1.  vi  :  Corp.  inscr.  W. VI,  710.  —  »  Havcriicld,  Jahrb.  des  Inst.  1909,  .Irc/i. 
.\nzeiger.  p.  238  ;  Hevue  archèol.  1909,  p.  4tJ8.  Pégase  est  mis  en  relation  avec  le 
soleil  dans  les  cultes  orientaux;  cf.  Mon.  mysl.  .Mithra.  I,  p.  10(^,  c-t  les  monnaies 


£ 


(jue    les    dieux    séinili(|ui's    smil,    par    excellence,    des 
êtres    «saints  "'-,    ou    Sot    (ii'lcrnttx'\    parce    (|U(^    la 


l-ig.  0500.  —  .^ol  moule  siu'  Pégase,  l'utrc  les  Dioscures. 

constance  perpétuelle  des  révolutions  célestes  avait 
conduit  les  Orientaux  à  concevoir  les  astres  comme 
éternels". 

Mais  la  qualification  qui  appartient  particulièrement  à 
ces  dieux  étrangers  est  celle  d'/«r/t7K.s-.  Traduction  du 
grec  àv;xY|To;,  elle  est  appliquée  en  Orient  aux  puis.sances 
sidérales,  sans  doute  parce  qu'après  avoir  semblé  dispa- 
raître etpérir,ellesrenaissent  avec  un  éclalnouveau,  coiis- 
taimnent  victorieuses  des  ténèbres'-.  En  Syrie,  les  Haals, 
identifiés  avec  Hélios,  sont  invoqués  comme  àvt'xYiToi  "'. 
En  Occident,  cette  appellation  de  Sol  invlctus  ou  deun 
Incictus  qui  devient  de  plus  en  plus  fréquente  depuis  le 
ir  siècie'^  a  surtout  été  usitée  pour  désigner  Mithra, 
notamment  sur  les  monuments  consacrés  dans  ses  tem- 
ples, où  aucune  confusion  n'était  possible,  el  le  sigle 
D  S  I  M  {Deo  So/i  inriclo  Mithrnc)  est  bien  connu  de 
tous  ceux  qui  ont  feuilleté  un  Corpus  (-pigraphique '". 
Mais  on  trouve,  à  C(')té  du  dieu  perse,  un  Sol  invirlus 
Elayabal'",  un  Sol  inviclus  Muluclihel-"  el  mérne  un 
Sol  inriclus  .S'e/'«y>(.s-'',  el  Sabazius,  transformé  en  génie 
héliaque,  prend  le  nom  de  Sancliis  invlctus  Suhuzius-''. 
Ainsi  Sol  invirlus  est  une  di^signation  gén('rale  qui 
embrasse  toutes  les  divinités  orientales  considérées 
comme  solaires  par  les  théologiens  de  l'Empire.  Cette 
expression  très  large,  qui  faisait  abstraction  de  toutes 
les  appellations  locales,  pouvait  s'appliquer  aux  diverses 
puissances  célestes  où  les  tendances  monothéistiis  de 
l'époque  voyaient  des  manifestations  d'un  seul  Etre 
suprême. 

On  a  exposé  ailleurs  ■  ei..\(;ai!al]  comment  l'empereur 
Héliogabale  voulut,  en  "ilH,  faire  du  Baal  d'Émèse  le 
dieu  principal  du  Panthéon  romain  el  concentrer  dans 

de  (lallieii.  Colien,  V2,  p.  430,  n°  '.i7s.!iM.  —  ■'  Ainsi  l'orp.  i.  lut.  M,  700  (dédicace 
Soli  sacrum  p.ir  un  dévùt  natu.i  in  .Sj/rm  Msihin  liber  factus  llomae),  V,  Kil3.'  fpar 
nn  negotiator  {domo\  Syria).  III,  1 107  ipar  •A?.S.«V.i<iB),  111,  rtS8  (par  Se,,timius  .\ntio- 
chianus),  VI,  7 12  (par  un  certain  Oaphnicus.  sans  doute  d'Antioclie),  etc.  —  "'  C".  i. 
lat.  VI,  398  (de  86  ap.  J.-C.)  où  .Sol  divinusc<t  lla.lad  (Wissowa,  /lel.  der  llàmer. 
p.  398).  J'ai  trouvé  une  déilicace  Soli  divino  au  bord  de  l'Eupliralc  f  flii/(.  .Icnrf 
de  Belg.  1907,  p.  5(i2,  374).  Cf.  VI,  709  (consacrée  par  un  Anicelus),  111.  11110. 
7,  V,  4948;   mais  VI,  31139  n'est  pas  oriental.  —  "    VI,  710,    711,  cf.  XI,  204. 

—  12' Cf.  mes.  Religions  orientales,  i'  éd.  p.  3r,3,  n.  47.  —  13  III,  222,  C04,  3158  b. 
Il,  -iSO    —  li  Cf.  Ber.  archéol.  1888,  I,  p.  194  sq.  ;  Jletigions  orient,  p.  192  sq. 

—  1-j  Sur  le  sens  d'inrictus,  cf.  Mon.  myst.  Mithra,  I,  p.  48.  —  "  C.  inscr.  graec. 
1590  :  Le  Bas-Waddington,  2392  sq.  Cf.  2390,  2312.  -  "  On  a  des  dédicaces  /)'o 
invicto  Mithrae.  depuis  l'époque  des  Flaviens  (C.  i.  l.  VI,  7B2).  U  plus  ancienne 
consécration  datée  So(i  inricto.  est  de  158  (C.  i.  l.  VI.  715',  cf.  III,  1111,  7483  el 
Mon.  myst.  Mithra.  Il,  p.  540).  —  1»  J'ai  réuni  les  variantes,  Mon.  must.  Mithra, 
II, p.  540.  -  19  C.  i.  t   X,  5827,  Privit.  milil.  LXXXlV(f;.  i.  l.  III,  snppl.  p.  1997). 

—  m  c.  i.  l.  VI,  31036.  —  21  VI,  571.  XI,  5738  =   Uessau,  Jmcr.  sel.  4397,   4380. 

—  22  C.  i.  i.  VI,  30948  s.  ;  Eisele  dans  Hosclivr,  /.ex.  Myth.  s.  r.  u  Sabaiios  .•  col.  253. 


SOL 


KWi 


SOL 


son  toiiijilu  tmis  les  cullos  de  iKtal'.  Cl'IU-  lenlalive  vio- 
lonlc  el  prcmaturée  dcvail  échouer-,  mais  elle  fut 
reprise  un  demi-siècle  plus  lard  avec  plus  de  succès.  En 
27i,  Aurélien,  après  sa  victoire  sur  Zénobie.  fonda  à 
Home,  au  Champ  de  Mars,  un  temple  consacré  au  Soleil 
f  Teinplitin  Solis)  ^,  qu'il  décora  luxueusement  etenrichil 
d'oH'randes  à  l'aide  du  liutin  fait  en  Syrie '.On  a  retrouvé 
près  de  San  Si/vcstro  in  cn/iitc  des  restes  antiques  im- 
portants, qui  seniblenlbien  avoir  appartenue  celle  cons- 
Iruelion.  Pr('cédée  de  vastes  portiques,  où  l'on  conservait 
le  vin  destiné  aux  distributions  alimentaires",  elle  rap- 
pelait par  son  plan  In  disposition  du  temple  de 
Maalbek  '■. 

On  a  beaucoup  discuté'  la  question  de  savoir  quel  dieu 
oriental  .\urélien  avait  ainsi  adopté  et  honoré.  On  a  pré- 
tendu successivement  y  reconnaître  Milhra",  Élaga- 
bal*,  qui  avait  protégé  l'Empereur  durant  sa  compagne 
d'Orient,  ou  le  dieu  solaire  de  Palmyre'.  Il  est  encon- 
leslable  que  l'Empereur,  dans  le  dessein  de  fonder  une 
i-eligion  imiverselle,  s'inspira  de  celle  qui  était  enseignée 
dans  les  grands  sanctuaires  de  la  Syrie,  el  qu'il  prit  en 
particulier  pour  modèle  celle  de  la  capitale  de  Zénobie, 
où,  durant  sa  puissance  éphémère,  s'était  constitué  un 
culte  officiel,  nécessairement  syncrélique '".  Lorsque 
Zosime  nous  dit  qu'Aurélien  plaça  dans  son  temple 
romain  les  images  "lIXicj  te  xa-  Bv.ou",  enlevées  à  Pal- 
myre,  on  peut  croire  que  ses  hommages  s'adressaient, 
conformément  à  la  théologie  syrienne  de  la  lin  du  paga- 
nisme'-, à  la  fois  au  dieu  suprême,  siégeant  dans  le  ciel 
le  plus  élevé,  el  au  Soleil,  son  image  sensible  el  son 
intermédiaire.  Mais  le  Sol  inviclus  de  l'empereur  victo- 
rieux ne  peut  être  assimilé  à  aucune  divinité  orientale 
préexistante.  La  tradition,  suivant  laquelle  il  se  serait 
souvenu  aussi  d'un  culle  du  Soleil  dont  sa  mère  aurait 
été  prétresse  dans  sa  ville  natale  de  Sirmium  ",  ne  doit 
pas  être  absolument  écartée'"  Son  prédécesseur,  Claude 
leGothique,  quiélailaussi  d'origine  danubienne, vénérait 
pareillement  Sol  comme  son  protecteur'''. 

Aurélien  tendait  donc  à  fonder  une  religion  assez  large 
pour  que  toutes  les  dévotions  provinciales  pussent  y 
trouver  satisfaction.  11  voulait,  grâce  au  monothéisme 
solaire,  restaurer  l'unité  morale  de  l'Empire  comme  il  en 
avait  reconstitué  l'unité  politique'".  Il  n'établit  ni  un 
culte  local,  comme  Élagabal,  ni  même  un  culte  pure- 
ment oriental.  Si  la  construction  du  temple  et  peut-être 
dès  lors  le  rituel  rappellent  ceux  de  la  Syrie,  à  d'autres 
égards  on  resta  lldèle  à  la  tradition  romaine.  Le  25  Dé- 
cembre qu'on  regardait  comme  le  jour  de  la  renaissance 


'  L'importance  paljlii|ue  de  ccUe  religion  d  Enièse  a  ilè  mise  récemmcnl  en 
lumière,  avec  i|uelquc  exagération,  par  M.  von  Uoniaszewski,  Abhandl.  zur  Bûm. 
lielitjion,  190!),  p.  I'J7  sc|.  Sur  le  cliapileau  sculpté  du  Forum,  voir  Sludniczka, 
Ilôm.  Milth.  l'.iui,  p.  Î74,  pi.  iir.  —  2  Cf.  mes  llellg.  orient,  p.  lO'J.  —  3  J\o(. 
reg.  VU;  fm-iuj.  i#ro.  /*  ;  \ita  Aurel.K.i  ;  39,  i.  Aur.  Vicl.  fne».  3.Î,  7;Eulrop. 

IX,  15  ;  Chron.    ann.  35*  ap.  Momrosen,  t'Iiron.  min.  I,  p.  148.  t  Zosim.,  1, 

61.  VU.  Auret.  Ï8,  5  (étolTcs  i)récieuses),  cf.  I,  3  ;  S3,  6  ;  in,  S  ;  iS,  i.  Vit.  Finni 
3,  4  (ivoire).  Statue  d'argent  d'Aurclien  el  peinture  représentant  l'empereur  avec 
Ulpius  Crinilus  (Vi7.  lacil.  9,  i;  \it.  Atirel.  In,  i,;  cf.  Syncell.  I,  p.  7il, 
Ui.nn.  —  s  Vil.  Atirel.  48,  4;  cf.  Corp.  inscr.  lai.  VI,  1785.  —  6  HDlseu, 
/liill.  arch.  cum.  X.Vlll  (1895).  p.  3»  sq.  ;  cf.  Hillsen-Jordan,  Topogr.  d.  Htndt 
Rom,  1,  3«  partie,  p.  454  sq.  ;  Homo,  LKiniiereiir  Aurélien,  1904,  p.  185  n. 
—  ^  llabnl,  Zur  Geack.  des  in  llom  eingcfùhrten  Sonnencnitus  (Comm,  in 
honor.  Studeminid),  Strashourg,  1I-9C1,  p.  97  s(|.  Mais  voyez  mes  Mon.  must. 
Mithra,  I,  p.  48,  337.  —  »  Marquardt,  Staatsverwnllung,  1112,  p.  83:  cf.  von 
Uomaszewski,  Alihandl.  zur  Jliim.  /leligion,  1909,  p.  197  sq.  Wissowa  (/lim. 
Het.  p.  30fi)  a  déjà  opposé  avec  raison  à  .Manpiardl  la  damnalio  memoriac  d' lié- 
liogaLale,  qui  avec  lui  condamnait  implicitement  son  dieu.  —  'J  Wissowa,  Op.  cit. 
p.  300.  —  10  Cf.   mes  /leligions  orientales,  p.  3«7,  n.  59.  —  H   Zosim  ,  I,  61  ;  cf. 


du  Soleil,  dont  la  lumière  recominenrait  à  croître,  le 
Natalis  Invirti  '",  fut  célébré  par  des  jeux  du  cirque  tous 
les  ans  ('HXîs'.T. '*  I  et  par  un  agon  Solis  quadriennal  à 
l'imitation  de  l'of/on  Capitolinux  établi  par  Domitien  '•'. 

Le  service  du  temple  auquel  furent  affectées  des 
ressources  spéciales  '",  fut  confié  à  un  nouveau  col- 
lège de  prêtres,  \es  pontifices  dei  Solis;  ou  dei  invicli 
Solis,  qui  furent  mis  sur  le  même  pied  que  les  antiques 
pontifes  romains,  appelés désormais/jo/i/Z/Zces  ]'eslae  -'. 
Ils  furent  recrutés  dans  l'ordre  sénatorial,  mais  on  ne 
sait  rien  sur  la  présidence  et  l'organisation  de  ce  clergé. 

Sol  invictiis  était  ainsi  élevé  au  rang  suprême  dans 
la  hiérarchie  officielle  des  dieux  :  il  usurpait  la  place  du 
vieux  Jupiter  Capitolin  et  devenait  le  protecteur  attitré 
des  empereurs  et  de  l'État.  Longtemps  avant  Aurélien, 
depuis  le  règne  de  Septime  Sévère,  le  dieu  solaire  appa- 
railsurles  monnaies  impériales  accompagné  deslégendes 
Orietis on  Aeleriiilus  A(if/usti--,Gi  celle  de  Sol  inrictus 
y  figure  depuis  Gallien  (260-2(38).  Mais  imageset  légendes 
deviennent  beaucoup  plus  explicites  sous  Aurélien  ■■'^  On 
voit  par  exemple  le  Soleil  offrant  au  prince  le  globe, 
symbole  de  la  domination  du  monde,  tandis  <|u'à  leurs 
pieds  est  couché  un  captif,  et  à  coté  des  formules 
traditionnelles,  d'autres  proclament  le  Soleil  consercalor 
ou  reslitutor  or/jis  et  enfin  dominus  imperi  roinani^K 
Il  est  remarquable  que  sur  toutes  ces  monnaies  le  type 
du  dieu,  en  dépit  de  son  véritable  caractère,  reste  con- 
forme à  celui  de  l'art  hellénique,  dérivé  de  celui  d'.\pollon. 
Un  jeune    homme,  por- 


tant  la  couronne  radiée, 

vêtu  d'une  simple  chla- 

myde,  le  plus  souvent 

flottant  derrière  le  dos, 

lève     la     main     droite 

tandis    que    la    gauche 

lient    le    fouet    ou     le 

globe   (fig.   6501).   Nous  avons  parlé   plus  haut  de  ces 

attributs.     Parfois     on     lui    donne     une     palme,     un 

trophée,     un    arc,    une 

lance,    etc.,     ou     bien 

on    le    montre    debout 

sur     son      quadrige 

(fig.  6302)  -•'. 

La  numismatique  des 
successeurs    d' Aurélien  pig.  0502 

continue    à    manifester 
leur  dévotion   envers   l'astre   divin-''' 
relation  intime  du  souverain  el  du  dieu  est  affirmée  par 


,  0301.  —  ■*»'o/  coHservator. 


Sous   Probiis,  la 


Vit.  Aurel.,  31,  s.  —  i:  /leli,,.  orient,  p.  198.  —  l'  Vit.  Aurel.  4,  i;  5, 
g.  _  IV  Cf.  Homo,  Aurélien,  p.  is.  _  i:.  M.iurice,  C.  rend.  Acnd.  des  /mer.  1909, 
p.  168.  —  16  Homo,  L.  c.  p.  189  sq.  —  I''  Aalalit  Jnricti  répond  au  Tt.iti.ov  »ï 
'H'Atou,  «J;tt  om;  du  calendrier  astrologique  d'Autiochus.  Cf.  Mon.  mij&t.  Milhra, 
I,  p.  34i,  n.  4.  —  <«  l'biloc,  VIII  Kal.  lan.  Xialalis)  Im'icli  e(ireemes)  m{is- 
sus)  XXX;  cf.  Jidian.  Or.  IV,  p.  135  c.  ;  Corripp.  lie  lande  Just.  min.  1,  314  (éd. 
Vollmeri  ;  l.con.,  Serm.  in  iXatir.  Dom.  Il,  6  (1'.  1..  1.IV,918).  Cf.  la  Dole  de  Mom- 
msen,  Corp.  inscr.  lai.  l-,  p.  338.  U'aulres  ludi  Solis,  d'origine  inconnue,  avaient 
lieu  du  19  au  ii  novembre  (Momnisen,  ibid.  p.  333).  —  '9  V/ironogr.  a.  35t 
(Jlummsen,  Chron.  min.  1,  I  k8,  10):  Ar/onem  Solis  instituit  ;  cf.  Hicronym. . 
Chron.  a.  Abr.  ii93,  p.  185,  SchBne;  Jul.  Or.  IV,  155  B:  t.tj«it»,oi.oC,;  4Tiv«!. 
—  20  \i/.  Aurel.  33,  3.  —  2'  Vil.  Aurel.  35;  llabel,  <Jp.  cit.  p.  99  sq.  :  cf.  Homo, 
Op.  cit.  p.  187.  Les  titres  de  ponlifej  dei  Solis  et  de  pontifex  dei  imicti  Solis. 
sont,  à  mon  a>i5,  synonymes;  cf.  Mon.  mgsl.  Milhra.  I,  p.  109,  où  j'ai  réuni  les 
inscriptions  relalives  à  ces  prélats.  —  22  L'historique  des  représentations  de  6'ol 
sur  les  monnaies  impériales  a  été  fait  par  Usener,  Sol  ini'ictus  (Ithein.  Mus.  f. 
Philol.  N.  K.  I.X,  p.  470  sq.).  —  23  Usener,  L.  c.  et  surtout  Homo,  Op.  cil. 
p.  500  sq.  —  21  Cohen,  Vl'i,  Aurélien,  13-17.  —  2i  Cohen,  Monn.  emp.  t.  VII, 
pi.  vni,  n"  14,  n»  37.  —  26  Lsener,  L.  c. 


SOL 


—   l38o  — 


SOL 


65Uo.  —  Sot  associé  à  l'Eiiipcreur. 


la  légen<le  Soli  iiirirlo  romiti  Aii;/iift/i'  i  fig.  (>.'i(i:j  j - 
l't  la  réorganisation  de  TEmpire  par  Dioclélien  '  m 
inodilia  pas  sur  les  monnaies  Tiisage,  devenu  Iradilion 
ne!,  de   types   et   d'ins 


criplions  relatifs  à  la  re- 
ligion solaire  *.  C'esL 
sous  la  protection  de 
celle-ci  que  les  armées 
de  Licinius  marclièrenl 
contre  Constantin,  et  un 
texte  curieux  nous  ap- 
prend que  cet  empereur  établit  dans  le  camp  de  Salvosia 
en  Mésie  un  sacrilice  annuel  en  Thonneur  de  Sol,  le 
18  Novembre,  qui  était  le  premier  jour  de  Tannée  suivant 
le  calendrier  d'Antioclie  ■■.  Constantin  lui-même,  durant 
la  première  partie  de  son  règne  jusqu'à  sa  victoire  sur  son 
rival,  (il  frapper  un  grand  nombre  de  pièces  au  type  de 
Sot  avec  les  légendes  Sol  inviclits,  Soli  inviclo  coiiiiti 
Auf/i(ii/ini)stri,  etc.  ",  et.  dans  son  armée  les  soldats  durent 
tous  réciter  le  Dimanche."  jour  de  la  lumière  et  du  soleil  », 
une  prière  au  dieu  qui  donne  la  victoire'.  La  force  de 
la  tradition  maintint  encore  les  images  de  Sol  sur  les 
monnaies  de  Constantin  II,  mais  Constance  n'y  toléra  plus 
de  dieux  païens. 

Celte  prédominance  accordée  au  Soleil  sur  les  autres 
divinités,  au  moins  pendant  un  demi-siècle  i'27'(-323),  ce 
patronage  que  les  souverains  lui  reconnaissent  sur  leur 
personne,  ne  fonlque  donner  une  consécration  officielle, 
de  la  part  des  Césars,  à  des  croyances  qui  bien  antérieu- 
rement s'élaienl  développées  dans  l'Orienl  hellénistique. 
Le  monothéisme  solaire  se  fonde  à  la  fois  sur  des  idées 
politiques  el  sur  des  doclrines  Ihéologiques. 

Depuis  une  haute  antiquité,  le  Soleil  était,  en  Egypte 
comme  en  Babylonie,  la  divinité  proleclrice  des  rois*;  et 
dans  la  vallée  du  Nil,  les  Pharaons  passaient  même  pour 
des  incarnations  successives  de  lia.  Ces  théories  furent 
plus  ou  moins  ouverlemenl  adoptées  par  les  empereurs 
romains,  selon  que  s'affirmaient  plus  ou  moins  nette- 
ment leurs  prétentions  à  un  absolutisme  théocralique. 
Dès  le  i"  siècle,  on  voit  parfois  les  Césars  considérés 
comme  des  épijjhanies  terrestres  d'Hélios  '.  .\  partir 
du  II'  siècle,  la  lilulature  officielle  des  souverains  exprime 
celle  relation  qu'on  établissait  entre  eux  et  l'astre  du 
jour.  Commode  prend  le  premier  le  lilre</'/«i7(r/M.v,  auquel 
vient  bientôt  s'ajouter  celui  d'aelenius.  Ces  épil hèles, 
que  les  princes  partagent  avec  les  dieux  solaires  de 
\'Or\tinl  [supra,  p.  1383),  leur  appartiennent  parce  qu'ils 
sont  unis  à  lui  par  une  identité  de  nature  etqu'ils  restent 
constamment  en  communion  intime  avec  lui'".  Suivant 
les  croyances  astrologiques  qui  rèj^nent  à  celle  épocjue, 
le  Soleil,  planète  royale,  est  le  créateur  des  âmes  et  il 
doune   en   parliiiiliiT  aux  princes,   au    inomenl  de    leur 

1  Cohtn,  VI,  317,  3ii,  G'JG  sq.  —  2  Colion,  VII.  pi.  vu,  n'  X  —  3  Lsencr, 
L.  r.,  cf.  iiifra,  1).  5.  —  ^  LfS  lexles  épîgrapliiqiieâ  duiiiieril  aussi  parfois  à  Sol 
les  épilhi'les  de  fumes  Auqnsli  (X,  5i31.  Kpli.  Il,  3!ll))  ou  Cous(iiii(o.-  Auijusti 
III.  IOU"i7,  X,  7337).  —  5  Von  Oomaszewski,  Abh.  ziir  llûni.  /(e/i;/.  p  20(i  si|.  Coui- 
paierla  dé<li;:ace  Deu  Sait  inricto  ijilhiae  fauloii  imperi  siii  faile  à  Caruunluni 
par  Dioclélicii  et  les  princes  associés  à  son  pouvoir  {Corp.  insc.  lut.  lil,  4413); 
cf.  V,liU3  :  OcoHali  HiuclKltainiset  Maximianm.  Dessau,  limer,  sut.  ii«fiï4.  —  0  L'se- 
ner,  ^.  c.  ;  cf.  Maurice,  .Vttmisma/ttyiie  CoHitantinieime,  190s,  p,  cxxiv,  i:xxx,  504. 
—  ■!  Euselj.,  Vil.  Const.  IV,  18  sq.  (p.  ^ii,  Heikel);  cf.  Burckliardl,  /,ie  X,-it 
ConsianI iit's,  î'  M.  1880,  p.  349,  3.54.  Stalue  de  Conslaiiliu  :<doréc  connue  lelle  du 
Soleil;  cf.  l'reger,  Hermès,  l.  XXXVI,  p.  457  sq.  ;  l'Iiiloslorg.  Uisl.  ceci.  Il, 
17  (p.  28,  4  sq.,  éd.  bidez).  —  »  Nous  avons  exposé  le  développement  de  ces  idées 
politico-religieuses.  Mon.  myst.  de  Mithra,  I,  p.  i~')-i')i.  Cf.  La  tfiéoloffie  sotaire 
du  paganisme  romain  iJJêm.  près.  Acad.  /nser.  sav.  étr.  t.  Xlli,  1909.  p.  4)i.  sq. 

Vill. 


naissanci',  les  qualités  qui  leur  font  ilouiiner  les 
hommes  el  les  égalent  à  la  divinité".  Aiirélien,  f|ui  ins- 
titua le  culle  officiel  i\e  Sot  iiwirlux,  esl  aussi  le  pre- 
mier qui  se  déclare  sur  ses  monnaies  ileux  l'I  dominux 
îui/iis'-.  Ce  que  Sol  esl  parmi  les  aslres  donl  il  règle 
l'harmonie,  le  monarque  l'est  sur  la  terre  qu'il  gouverne. 
La  religion  d'Élal,  établie  par  le  vainqueur  de  l'Orient, 
devait  donc,  dans  la  pensée  de  son  fondateur,  servir 
de  justification  et  de  soutien  à  l'autocratie  impériale. 

L'établissement  de  celle  religion  unirerselle,  donl 
l'adoration  du  Soleil  était  le  centre,  avait  élé  préparée 
aussi  par  la  constilution  d'une  théologie  astrologique, 
qui  s'étail  imposée  aux  clergés  orientaux.  Elle  a  pour 
premiers  auteurs  les  prètres-aslronomes  de  l'époque 
hellénistique,  auxquels  les  Grecs  conservèrent  le  vieux 
nom  de  «  Chaldéens'^  ».  Suivant  leurs  doctrines,  le 
Soleil,  qui  occupe  le  quatrième  rang  parmi  les  sepl 
planètes,  esl  placé  au  milieu  de  ces  aslreserranls,  comme 
un  roi  entouré  de  ses  satelliles,  el  on  lui  applique  par 
suite  le  nom  de  BaTiÀsùç  "IIÀio;".  Ces  savants  enseignaient 
que  son  globe  incandescent,  doué  d'un  pouvoir  alter- 
natif d'altracLion  el  de  répulsion,  déterminait  la  marche 
des  autres  corps  sidéraux,  qui  lui  faisaient  escorte.  Il 
était  le  cœur  du  monde  (/.apôîa  t&d  x.6a^ou)  et  par  sa 
chaleur  animait  tout  ce  grand  organisme. 

Cette  théorie  mécanique,  où  il  y  a  comme  un  pressen- 
timent de  la  gravitation  universelle  el  du  système  liélio- 
cenlrique,  devait  nécessairement  conduire  à  regarder 
l'astre  éclatant  du  jour  comme  le  dieu  suprême  de  l'uni- 
vers. En  ell'et,  pour  les  astrologues  le  mouvement  des 
étoiles  provoquant  tous  les  phénomènes  physiques  et 
moraux,  celui  qui  règle  le  jeu  compliqué  de  leurs  révo- 
lulions  deviendra  l'arbitre  des  deslins  el  le  maître  de  la 
nature  entière.  Déjà  Pline  le  proclamait  principale 
nuturae  ref/imeii  ac  numen  '". 

Mais  ce  Tout,  si  bien  ordonné,  ne  pouvait,  pensail-on, 
ètreconduilpar  une  force  aveugle.  Le  Soleil,  lumière  intel- 
ligente (sw?  voEiov)'*,  sera  donc  conçu  comme  la  raison 
directrice  du  monde,  mens  iiiiindi  et  fem/ieratio''',  et  par 
une  conséquence  ultérieure  celle  raison  universelle 
deviendra  la  créatrice  de  la  raison  humaine,  étincelle 
détachée  des  feux  cosmiques.  De  même  que  l'astre  brû- 
lant écarlailelramenait  àlui  alternativement  lesplanèles, 
de  même  il  envoyait,  croyait-on,  à  la  naissance  les  âmes 
dans  les  corps  qu'elles  animaient  el  après  sa  mort  il  les 
faisait  remonter  dans  son  sein. 

De  spéculations  astronomiques  combinées  avec  de 
vieilles  croyances  sémitiques",  les  théologiens  syriens 
avaient  ainsi  déduit  toute  une  dogmatique  religieuse.  Ce 
panthéisme  astrologique  se  répandit  dans  le  monde  latin 
vers  le  début  de  noire  ère.  Une  propagande  littéraire,  qui 
se  raltaclie  à  Posidonius,  prépara  les  esprits  à  acceplrr 

—  9  Uilleubcrger,  .S'!/(/.2  363,  H  :  'O  via;  'H>..o;  TaTo;  Karjeif  (Caligula)  :  Laoc- 
koronskt,  Villis  de  Pisidie,  II,  p.  tH  (Sagalassos)  :  Niui  'Hi.'»..  Ni>mï.  ;  Inscr.  Ur. 
septentr.  i7l4  :  (.Néron)  N!<.;'Hlio;  i!:ài;«!.aî  t^ï;  "EVni«,v.  Sur  la  statue  de  Néron 
transformée  en  image  du  Soleil,  cf.  Delaliaye,  Anal.    Boltandiana,  XVI,    p.  i'i'J. 

—  I"  A/ou.  iiiijst.  AJilhrn,  I.  p.  288;  L'éternité  des  etnpereurs  romains  {/ter.  d'hist. 
et  de  litt.  religieuses,  I)  1890,  p.  433  sq.  —  »  Mon.  myst.  Mill,rii,  I.  p.  i9l  ;  cf. 
Ilcrniés  Trisni.  ap.  Slob.  I,  49,  43  (n™;  jJvovtat  «î  ?«..i.««;  lux»;)-  —  '^  Hoino, 
tjp.  cit.  p.  19i;  AJun.nii/st.  ilithr<i,i,  p.  291,  n.5.  Ces  i.lées  persistent  cliei  Julien 
{iliid.  p.  345.  n.  7  ;  cf.  .<oiom.  VI,  2,  1 1).  —  "  Cf.  ma  Tliéologie  solaire,  L.  r. 
p.  468  5i|.  —  'l  l'Iiilon,  liais,  rer.  div.  hères,  c.  43  (III,  p.  50,  Wendl.),  etc.;  cf. 
Tliéologie  sol.  p.  433,  n.  7.  —  'à  l'Iin.,  Hist.  nat.  Il,  5  §  13  ;  cf.  Cicer.,  Somn.  Scip. 
C.4;  Uacrob.  I,  17,  3.  —  10  Vett.  Valciis,  I,  1:  cf.  Macrob.  I,  23,  21,  et  Théotur/ie 
solaire;  p.  4CI.  —  *'■  Cicer.,  Somn.  .Sci>.  4;  cf.  l'Iiu.  /.  c.  etc.  —  isaiisonn  , 
c.  8.  Cf.  ThéolO'jie  solaire,  p.  4*33  sq. 

17 'é 


SOL 


1:^8('.  — 


SOL 


la  foi  (|uo  prrolijiii'iil  les  piuMres  asi.ilii|iMs.  fl  l'aflion 
(.■ombiiK'O  des  sysU'incs  philosopliiqucs  el  des  mysli'n'S 

orienliiux,  socondanl  la  polilicuu^   dos  Césars,  leiidil  à 
assurer  la  dominalion  incontesir'c  de  Sn/  inrir/us. 
Sol,  nous  l'avons  dil.  n'avait  dans  la  viciilr    inyliio- 

logii»  roinaino  (lu'iint'  position  modeste  qui  était  en 
désaccord  avec  la  loiite-puissanci^  que  les  théories  nou- 
velles lui  accordaient  '.  A  rex(unple  des  Orientaux,  qui 
avaient  Iransformi'  eu  divinités  héliaques,  non  seule- 
ment les  liaals  de  Syrie,  mais  Sérapis,  Atlisel  Sabazius 

I.  IV,  p.  9:20),  les  llK'olo.n'iens  romains  entreprirent  de 
démontrer  que  les  principaux  dieux  n'étaient  que  des 
formes  diverses  sous  lesquelles  on  adorait  le  Soleil. 
Toutes  les  puissances  célestes  n'étaient,  pour  ainsi  dire, 
que  des  réfractions  ou  irradiations  de  sa  splendeur.  Le 
syncrétisme  de  l'époque  impériale  favorisait  ces  inter- 
prétations complaisantes'-.  Les  poètes  se  plaisent  à  énu- 
mérer  la  série  des  noms  sous  lesquels  on  adore  l'astre 
qui  nous  éclaire'',  el  les  lliéoriciens  du  jjat^anisiie 
di-montrent  doctement  leui'  identité.  On  voit  appliquer 
ce  système  par  Porphyre  dans  le  Ilsp!  àya^ixaTiov*,  mais 
il  est  surtout  développé  à  Kome  par  Cornélius  Lahéon,  qui 
s'inspire  «le  Jaud)lique '.  C'est  à  lui  que  Macrohe'' 
emprunte  la  dissertation  érudile  oii  il  prouve  qu'Apollon, 
.Mars,  Mercure,  Rsculape,  Hercule,  Sérapis,  Adonis,  Atlis, 
Osiris  ne  sont  quedesappellations  variées  du  dieu  solaire. 
Lorsque  le  paganisme  plaça  l'Être  suprême  hors  des 
limites  du  monde  sensible  et  le  fit  siéger  au  delà  des 
sphères  planétaires  au  plus  iiaut  des  cieux ',  l'ancienne 
omnipotence  du  Soleil  en  fut  amoindrie.  Mais  on  con- 
linua  à  voir  dans  le  disque  radieux,  qui  éclaire  les  hom- 
uies,  l'intermédiaire  entre  la  puissance  extra-mondaine 
et  les  mortels.  On  supposa  même  l'existence  d'un  second 
soleil,  purement  spirituel,  qui  bi'illait  dans  le  monde  de 
l'inlelligence  (vospi;  xdufjLoç),  et  l'on  en  lit  le  siège  de  cette 
raisiin  universelle  (|ni  semblait  désormais  incompatible 
avec  la  matière'.  Ce  n'est  pas  le  lieu  d'exposer  ici  en 
(lélail  les  transformations  (jue  le  néoplatonisme  lit  subir 
à  l'ancien  pantiH'isme  solaire,  ni  d'insister  sur  lathéologie 
de  Julien  qui,  dans  son  discours  El;  êasiÀla  "IlXtov,  expose 
les  spéculations  de  Jamblique  sur  le  dieu  que  l'empereur 
regardai!  comme  son  père  spirituel''. 

Cette  vénération  générale  [idur  le  Soleil  qui  caractéri.se 
le  paganisme  à  son  déclin,  ne  devait  pas  périr  tout 
entière  avec  lui.  {{éprenant  une  expression  du  prophète 
Malachie '",  les  chrétiens  appliiiuèrent  au  Christ  le  nom 
de  S<i/  Jiisli/iac.  et  opposèrent  celui-ci  au  dieu  matériel 

I  Jlacrol,.  I,  ii,  i\  :  -Hm.  ^avTo.jàT.,?,  »i,,^o^  z„i>....  Toulc-puissance 
«Ils  dieu,  syriens;  cf.  JMi,,.  o.wi/,  191;  .l/illira  ommpotens.  c(.  Mon.  mi,sl. 
ililhia,  I,  p.  307,  il.  1.  —  2  Réville,  La  relii/wn  sous  les  Sérères,  p.  2811  si]. 
Cf.  IJsciicr,  Gctlernameii,  I89'l.  p.  3H.  —  3  Slal.  Thebaid.  I,  717  sq.  ;  Mar- 
tiau.  Capi'll.  Il,  S  I^S  sc|.  ;  Nonniis,  Dionys.  XI.,  365  si).  ;  /.ans  Solis  dans  BSIirens, 
Pcel.  lai.  min.  I.\,  43r.  ;  firniic.  Malcrnns,  De  err.  profun.  rct.  S.  —  i  Bidcz, 
l'ie  ./<■  Poviihijr.;  lUIO,  Appondicp,  p.  1  si|.  —  5  Cf.  ^ig£;eliel,  De  Conielio 
Labeoni;  l'.ios,  p.  H  si|.  —  0  Macrol..,  ,Sa(.  I,  I7sc|.  — 7  d.  Jupiter  summiis  exsupe- 
rantissimns  (Archivfûr  /Migionsuiss.  IXl,  I'.lii6,  p.  3Ï3  sq.  —ifliéotoi/ie  solaire. 
p.  «7.  -  9  Inl.  Or.  IV  ;  cf.  Mau,  Die  Jleliijions  philosophie  Kaiser  JulianS,  1908. 
I.a  divolion  do  Julion  H»i{  cliez  lui  nnc  Iradilion  di'  famillp;  cf.  Maniico,  Compt. 
rend.  A  cml.  /user,  si'aiicc  du  1 1  mars  I UIO,  cl  larliclc  qui  doil  paiaflie  dans  la  Hev. 
arch.,  1910.  —  lO.Malach.  IV,  i.  —  "  Nous  aïons  réuni  les  Itmoiguagi-s  anciens. 
Mon.  tmjsl.  Mithra.  I,  p.  355  (le  soleil  symiiole  du  Clirisl).  —  12  Beausobre,  His- 
toire ilu  .VanichHsme.  Il,  p.  5S1  si|.  —  ISS'-Lc'ou,  /n  ;Vo(ic.  Dom.  VII,  3  iMionc. 
V.  L.  LIV,  p.  SI8)  ;  Euseb.  Alei.  Or.,  VI,  nij!  i-sTjovii^uv  (P,  G.  I.XXXVI,  433),  clc. 
cf.  Mon.  myst.  Mithra.  L.c.  —  IkMommscn,  Corp.  iiit.  /a».  2,  p.  33S  ;  .1/on.  mysl. 
Mithra,  I,  p.  3Vi,  n.  4.  Des  texlcs  décisifs  ont  élé  comincnli's  par  Usener,  .Su/ 
incictus.  p.  4in;  sq.  4S9  si|.  Cf.  kcllner,  /leortologie,  Fribourg,  1901,  p.  lui. 
—  '5  Coripp.  De  Inude  lusl.  I,  niin.  314  sq.  —  BiuLioGitAPtiiK.  Pour  la  ijrcco  ■ 
I>rcller-Hoberl,  Oriech.  Mythol.  p.  4i9  sq.  ;  Kopp,  arl.  Helios  du  Leiil:.  de  Uosriier  ; 


qu'adoraient  les  idolâtres.  F.'aslre  ijui  illiniiine  la  terre 
fui  ainsi  cfuisidéré  comme  un  symbole  sensible  du  Verbe 
(|ui  avait  lui  dans  les  ténèbres  du  monde".  11  sembla 
ainsi  [larticiper  en  quel(|ue  mesure  à  sa  divinité,  non 
seulement  aux  yeux  des  gnosliqnes  et  des  manichéens  '-, 
mais  mémo  des  catholiques,  et  il  resta  longtemps 
l'objet  d'une  adoration  supiM-stitieuse  contre  laquelle 
s'élèvent  les  écrivains  ecclésiastiques  '''.  Le  résultat 
le  plus  durable  de  ce  rapprochement  du  «  Soleil  de 
justice  "  avec  le  "  Soleil  invincible  »  fut  que  l'Église 
adopta  au  iv  siècle  —  à  lioiue  entre  351  et  .'{00  —  pour 
commémorer  la  naliviti'  Je  Jésus  la  date  du  Ndtalh 
invirli.  Celle-ci  était  universellement  inarqui'e  par  des 
réjouissances  sacrées  ",  dont  on  garda  ce  qu'on  put  :  les 
anciennes  courses  de  chars  même  furent  conservées'''. 
Cette  substitution  d'une  solennité  chrétienne  à  une  vieille 
fête  du  paganisme  fut  adoptée  dans  tout  l'empire,  et 
c'est  pourquoi  aujourd'hui  encore  nous  célébrons  la  Noi'l 
le  25  décembre.     F'"r.an7.  Cu.mont. 

SOLAUIUai,  'lIÀtaiTTvipiov. —  1.  Kn  général,  tout  endroit 
exposé  aux  rayons  du  soleil';  en  particulier,  terrasse 
établie  sur  le  toit  plat  dune  maison  ou  d'un  portique, 
où  l'on  pouvait  jouir,  suivant  l'heure  et 
la  saison,  de  la  chaleur,  de  l'air  frais  el 
de  la  vue-.  On  fit  des  terrasses  des  lieux 
de  plaisance,  garnis  de  fleurs,  où  pous- 
saient des  arbres,  où  l'eau  circulait^. 
Beaucoup  de  ces  terrasses  étaient  cou- 
vertes (so/rtr/rt  lerl(i)^.  Quand,  à  Rome  et 
sans  doute  dans  d'autres  villes,  on  con- 
struisit des  maisons  hautes  et  en  maté- 
riaux plus  solides,  les  propriétaires  fu- 
renlamenés  à  convertir  un  grand  nombre 
de  salaria  en  logements  [c.oen.^cl'i.imj 
faciles  à  louer".  Certains  de  ces  mlaria, 
placés  sur  degrands  portiques,  pouvaient 
servir  de  promenades   publiques  \ 

Les  peintures  de  l'oinpéi  oll'rent  des 
exemples  de  ces  belvédères  découverts 
(fig.  6304)^  ou  couverts  ifig.  li.jOa;  voy. 
aussi  ioO"). 

Dans  les  bains  il  y  avait  des  cliambres 
où  l'on  pouvait  se  sécher  au  soleil".  Une 
inscription  récemment  publiée  ea  dési-  '^'ri„m'ra  terrasse!" 
gne  une  sous  le  nom  de  solarium  '". 

11.    Cadran    solaiie    ou    autre    luirloge    'iiohologumI. 

E.  S.^r.i.io- 

Dcrharme,  Mi/thol.  de  la  Gr.  ani.  p.  i3S  sq.  :  Dw-helelle,  /.e  mile  du  .Soleil  aux 
temps  préhistoriques,  lier.  are/,,  l'.ioil,  I,  p.  SO.Ïsq.:  Il,  p.  91  sq.:  Ajouter  à  ces 
éludes  d'eiiseiitlilc  les  dilférenls  arlicles  cités  dans  les  noies.  Pour  l'Iiaéllion,  cf. 
Knaack,  art.  Phai-thon  du  Lexi'. .  de  Rosclier  el,  en  outre  des  tnanuels  précédents  et 
dis  articles  cités  dans  les  notes,  Wicseler,  Phafillion.  1837;  Baugerl,  De  fab.  Phaê- 
thonten.  Halle,  1SS5:  Knaack,  nuaest.  Phaelhonl.  tPhil.  Inlersueh.  i)  ;  VolIgraJf, 
De  Orid.mylhopoieia,  Berlin,  1901.  —  Poui'  Rome  :  Wissowa,  Heligion  der  Itômer. 
190i,  p.  iûo  sq.  305  sq.;  Cuniont,  Mon.  retat.  aux  mystères  de  Mithra.  I,  33Gsq. 
cl  passim  (cf.  indei,  p.  374);  Usener,  .Sol  inviclus  {llhein.  Mus..  N.  V.  I,X,  p.  465 
sq.)  1903.  Ou  attend  l'article  «  Sol  »  dans  le  Lejikon  der  Mythol.  de  Boselier. 

SOLARIU.U.  >  Galeii.  ad  Hippocr.  De  arlic.  III,  :;i3.  On  ne  peut  douter  que  les 
Grecs  n'aienl  utilisé  les  terrasses  des  maisons  couuiie  on  l'a  toujours  fait  dans  le 
MidielenOricul.La/iims(Gic.  Tusc.  V,  i)  d'où  Uen.vs  parlait  à  Syracuse,  n'est  autre 
cliose  (|u'un  sulanum.  —  ~  Isid.  Or.  XV,  3,  12,  solarium  quod  soliet  auris  paleat: 
L'Ip.  Dig.  III.  i,  17.  —  3  Senec.  /Cp.  \îi  ;  Coutr.  Exe.  V,  5.  —  1  Orelli.  Insc. 
2417  =  Wilnianns,  K.rempltt  inscr.  lut.  1,  320...  solarium  tectum  in  quo  populus 
eoileqi  s.  *.  epuletur  :  cf.  Promis,  Vocabula  di  archit.  s.  t\  p.  189.  —  5  Vitruv. 
Il,  S,  17  ;  cf.  Varr.  Linq.  lat.  V,  102:  Kest.  Ep.  34.  —  6  Cll.  Dubois,  Pouz:oles, 
p.  i;i3.  _  -,  Zalin,  Die  sehônst.  Geimilde  uus  Pompeji,  III,  pi.  xi.iv.  —  8  W.  Oeil, 
Poinpeiana,  l.ond.  1829,  I,  p.  27.  —  »  Plin.  lip.  V,  »  /'rigidariae  cellneronneetilur 
mediaeui  sol  beni,jnissii)ia  praesto  est.  ..  —  10  Bullet    Acud.  d.  Inser.  1908,  i;i. 


SOL 


—   KiST  — 


srtL 


m.  —  Keilevancf  due  à  lÉlal  romain  ou  à  une  ville 
jMiur  la  concession  d'un  lieu  public  sur  lequel  on  élève 
une  construction  durable  '.  Celte  concession  était  proba- 
blement toujours  rc'vocable,  sauf  clause  contraire'. Sous 


l'Kinpire  elle  était  accordée,  à  Rome,  peul-èire  d'abord 
par  le  sénat  %  puis  par  l'enipereur  ''.  Au  Bas-Empire  le 
solarium  s'appelle  pensio'.  Pour  le  soldriitm  dans  le 
droit  de  super/icies  nous  renvoyons  à  l'article  supek- 
Kicrics.  Cil.  Léckiv.mn. 

SOLEA,  xandulinni,  r7ivoa),ov,  (javoàÀiov  (éol.  (rau-SaÀ&v). 
ziS'.Àov,  sandale.  Cliaussure  réduite  essenliellemenL  à  une 
semelle  {so/um,  sole)  et  laissant,  le  pied  plus  ou  moins 
découvert.  La  semelle  ne  peut  tenir  sans  qui'lque  lien, 
dont  la  complication,  le  luxe,  varient  considérablement  ; 
de  là  une  foule  d'espèces  de  sandales,  la  plupart  mal 
connues;  elles  s'opposent  toutes  à  la  chaussure  montante 
et  fermée  [calceus,  embas]  et  à  la  demi -botte  enveloppant 
une  partie  de  la  Jambe  [endromisI.  .Vinsi,  il  s'agit  d'une 
désignation  très  vague,  englobant  de  multiples  variétés, 
aux  transitions  insensibles,  et  qu'il  est  géni'ralement 
impossible  d'identiller  dans  les  textes  littéraires  ou  les 
monuments.  Pollux  '  énumère  une  longue  série  de  types 
(le  chaussures,  dont  la  description,  prise  à  la  lettre, 
contredirait  nettement  bien  d'autres  textes.  Ailleurs  -  il 
ra|)portc  que,  d'après  Tliéopompe  le  comique,  la  sandale 
était  i-n\  Y'jvaixoi; ;  mais  les  hymnes  homériques  ne  con- 
firment point  cette  limitation^  ;  par  contre,  xpYiiti'ç'cREi'iUA 
est  donnée  comme  chaussure  d'homme  '  ;  or  Lucien  °  indi- 
que la  y.'yr^TzU  àxTix/,  comme  chaussure  de  femme.  Athénée 
parait  opposer  '■  crépide  à  'J7co3Y,[jLa  :  simple  redondance. 
Horace (,s-c//ji('/i,s  cri'pidas  sibi  nunvjuum  necsoleus  fecil)  ' 
en  commet  une  autre,  à  moins  qu'il  n'ait  voulu  rappeler 

1  liiij.  i:i.  ».  i  §  17.  M,  3'J,  ."i  :  li'onliu.  de  «7.  J,  1  lt> ,  C.  i»i».  Uu.  1",  lTs:i  ;  Is, 
1,  3i;ii  Ùig.  S,  4,  13  §  I,  il  Paul  pluLôl  lire  sotarium  cU  7,  I,  7  §i  lalarium.  Dans 
le  procès  des  foulons  {Corp  ins.  lat.,  0,  iiiO)  on  ncsail  si  \cs pcnsiones  se  i-éfèreiil 
il  la  jouissance  iluii  lieu  public  ou  de  l'eau  d'un  aipiciluc.  —  2A  C.  i.  /.  C,  ISSôai, 
la  concession  de  sol  public  au  gardien  de  la  colonne  Anlonine  pour  la  connlructiou 
d'uiiccalianc  coiuporLc  le  solarium,  la  pi-oprii-lé  complèle  Iransinissible  aux  liéritiers. 

—  3  Conjecture  de  Mommseu  d'après  une  inscription,  ccpendanl  d'aulhenlicilé 
contestée  (Kug^iero,  Cataloijo  'li'l  mtiseo  Kircker,  I.  p.  136,  n-'SU.TK  —  *  Ci.  f.  iî, 
loS5  a  b.  —  ■•  C.  rii.  1.1,  I,  41  ;  C.  Jiist.  1 1,  70,  I.  —  Biui.ionnAF'Uit.  Jlar<|uanil, 
Manuel.  X.  p.   191. 

SOI.tA.  I  VII,  iJ,  8.5-93  :  ;it,Sr,n.«™- .rj,..  Autre  nomenclalure  cnifrmaliipic  dans 
llérondas,  VII.  3I  si|.  —  2  X,  II,  50.  —  a  Voir  aussi  à  Aimn.B  trois  épigrammes, 
relatives  à   la    inènie   statue,   r|ui    scmlilenl    identifier  àsSv/'Si;,  |:/.<t<>T<oi,  ii--li:i.'i.. 

—  4  Hegeni.  ap.   Atlicn.  XV,  i.9S  <l.  —ô  Itlador.   Praecepl.,  15.   —  0  XIV,  021    b. 

—  7  .Sat.  I.  3.  ti7-K.  Aulu-Gelle,  en  revanche,  rapproche  les  soleae  des  crepidulae 
l.\.  ail.  XII,  ti  (211,  5).  —  »  Cf.  Luc.  Oial.  mer.  I  4.  2  :  ;,  n^xip».  ,«-,Si,.«  îr.,',?»,.. 

—  3  Ou  rapproche  le  persan  jaBd«((W.  Prellwitz,  A'/ym.  Wocrterb.  il.  rjriech.  Spr. 
(jottiugen,  1892,  p  279);  mais  il  faut  bien  remarquer  que  la  chaussure'  nationale  des 


les  noms  grec  et  latin  du  iiieiiie  objet.  .Nouvel  embarras: 
beaucoup  de  chaussures,  dans  la  nomenclature  de  l'ollux, 
portent  des  noms  géographiques,  qui  caractérisent  peut- 
être  simplement  la  nature  du  cuir  employé  dans  la  région, 
ou  quelque  menu  détail  *.  et  qui  peuvent  désigner  aussi 
des  sandales.  Nous  devons  renvoyer  à  l'article  ckeimoa,  en 
ajoutant  aux  figures  quelques  variétés  que  cette  rubrique 
n'impliquait  pas. 

Il  n'est  pas  silr  que  h'  nom  de  la  sandale  soit  propre- 
ment grec  '\  car  il  n'apparait  pas  dans  les  plus  vieux 
ouvrages  en  cette  langue  '".  Kn  Egypte,  l'usage  constant 
est  d'aller  nu-pieds  ;  mais,  au  temps  du  nouvel  Empire, 
les  grands  personnages  de  l'État  ou  les  prêtres  ont  des 
semelles,  parfois  de  cuir,  plus  souvent  en  feuilles  de  pal- 
mier, ou  en  bandes  de  papyrus  tressées,  relevées  sur  le 
devant  ",  avec  un  lien  sr.r  le  cou  de  pied,  auquel 
se  rattache  une  lanière  passant  entre  les  deux  premiers 
doigts  ;  quehiuefois,  sur  tout  le  pourtour  de  la  semelle, 
un  contrefort  de  très  faible  hauteur  [cf.  baxaej.  On 
ne  garde  jamais  ses  sandales  à  l'intérieur  des  temples 
ou  des  habitations  '-.  Chez  les  Assyriens  également, 
la  chaussure  est  dans  le  principe  réservée  aux  gens 
de  cour;  elle  se  vulgarise  plus  lard.  C'est  encore  une 
semelle,  mais  avec  un  appendice  de  cuir  emboîtant 
le  talon;  le  rebord  est  muni  d'anneaux  où  passent  les 
attaches  qu'on  noue  sur  le  cou  de  pied  "  ;  c'est  avec 
ce  modèle  que  la  .sandale  grecque  classique  a  le  plus  de 
parenté. 

Sur  les  monuments  les  plus  anciens  de  la  Crète,  les 
gens  sont  figurés  pieds  nus,  ou  bien  les  hommes,  soldats  ou 
gymnastes,  ont  des  souliers  enfermant  tout  le  pied,  avec 
des  liens  serrant  étroitement  la  cheville  '*.  Mais  dans  les 
poèmes  homériques,  le  mot  TcéS'.Àa,  fréquemment  em- 
ployé '',  indique  probablement  des  sandales,  car  on 
représente  comme  liés  sous  le  pied  "*  ces  'j-Koôr^y-ix-zy.  '''  ;  si 
à  la  longue  ce  mot  en  vient  à  désigner  un  soulier  enve- 
loppant",à  l'origine,  d'après  l'élymologie  (ûird,  Séw),  une 
autre  interprétation  parait  la  meilleure.  Les  textes  cités 
sont  relatifs  aux  hommes  ;  pour  les  femmes  —  est  ce  un 
hasard  ?  —  il  n'est  fait  mention  que  des  déesses  '''  :  Héra 
porte  desiîéoiÀa-",  .Mhéna  également-'.  Tous  se  chaussent 
pour  sortir  de  leurs  demeures  ^''.  Les  épilhètcs  xaÀi  -', 
■/owjEÏa.  -',  àfjiSiocrta  -  '  n'indiquent  point  la  forme  ni  la  ma- 
tière de  la  chaussure  ;  mais  ÀiTi-xpoi,  appliqué  aux  pieds-'', 
failsupposer  queceux-ci  étaient  en  grande  partie  visibles, 
donc  dépourvus  de  chaussures  fermées.  Seuls  sans  doute, 
les  gens  de  la  campagne  vont  nu-pieds,  ou  cherchent  à 
mieux  protéger  leurs  extrémités  -'. 

La  sandale  est  plutôt  chaussure  de  luxe  que  de  fatigue"; 

Médcs  et  desl'ersuscstune  sorte  de  soulu'r  luoutaiit  jusque  vers  la  cheville.  —  lOOn 
le  lit  pour  la  première  fois  dans  Uijiiin.  Mcrc.  79,  S3,  139.  —Il  Cette  ilcrniérc  parti- 
cularité ne  fut  pas  imitée  dans  la  Grèce  antique.  —  12  H.  Weiss,  Kosttimktinile 
Stuttgart,  Il  (lSGO|,p.  37,  lig.  2S;  J.-U.  Wilkinson,  ,t  popular  .\ccoiiiit  of  Ihe  iincient 
Eijyptians,  f.ondon,  I^.i4,  11,  p.  331  sq.  Les  souliers  bas  égyptiens  sont  d'époque 
ptolémaïque,  —  13  Weiss,  I).  l.  p.  203,  lig.  121.  —  IV  A.  llosso.  Palaces  of  Crète. 
Loudoo,  1907,  chap.  XII.  —  15//.  Il,  44;  X,  22,  132;  XIV,  186;  XXIV,  340;  Od. 
I,  90;  II,  4;  IV,  309;  V,  44;  XVI,  134;  XVII,  2.—  1'^  Tub  ,!o,,;v  revient  conslam- 
nicnt;  el.  (Id.  XVII,  2.  —  "  Od.  XV,  3liU  ;  XVIII,  3G1.  —  1»  .Irisloph.  Plut.  983. 

—  13  Th.   Day  Seymour,   l.ife  in  the  Homeric  a'/e,  New-York,    1907.  p.  170  sq. 

—  20  //.  XIV.  180.  —  21  (M.  I,  96  ;  add.  ilr.'Sa'w;  'I;.;  (Aie  p.  13  B).  -  Eschyle, 
Prom.  135,  montre  les  nymphes  de  l'Océan  partant  pieds  nus,  pour  indiquer  leur 
précipitation.    —  22  Hermès  est  xa'A'At?c$t'Ao;   [Hymn.  .\ïerc.   57)  et  aussi   Maia. 

—  -iS  Od.  I,  97;  Héra  est  ,fuooiti«ào;  {Od.  XI,  001).  —  2'.  Od.  I,  97.  —  s.'.  //.  Il, 
14;  .\IV,  186.  —  2(i  Euiuéc  se  confectionne  en  peau  de  bo-uf  des  souliers  qu'il  met 
'ilAs'î  R«S(99tv  (Od.  XIV,  23-24j.  —  27  Un  paysan  (iancé  porte  vàuSaXa  iteinirt^ôita 
(Sappho,  fr.  98  Bergk).  —  29  C'est  un  grand  mérite  aux  yeux  des  Grecs  d'être 


SOI. 


—   13S8  — 


SOL 


elle  ne  déforme  pas  le  pied  '.  .hkiiicI  elle  laisse  libre 
jeu,  et  (jiie  les  Iciins  fréqiienls  penuellenl  d'exposer 
sans  inconvénienis  à  l'air.  Les  slaliies  archaïques  de 
rVeropole  alleslent  que  le  pied  esl  le  morceau  de  prédi- 
leclion  des  sculpteurs  ioniens  -,  qui  y  appliquent  loul  leur 
lalenl.  Habitude  d'atelier?  C'est  plutôt  un  rellet  des  idées 
courantes  ;  aussi  ces  statues,  quand  les  pieds  ne  sont 
pas  nus,  ont  ordinaireuient  des  sandales  :  la  siMiielle  est 
plate,  peu  épaisse;  «  une  courroie (Çuyov)  part  de  l'extré- 
milé  du  |>ctit  doigt  ',  passe  sur  tous  les  doigts,  puis 
repasse  sous  le  gros  orteil,  ressort  entre  cet  orteil  et  le 
suivant  et  remonte  vers  le  cou  de  pied  pour  rejoindre 
sans  doule  une  autre  courroie  qui  serrait  le  talon.  »  Les 
sandales  ne  cachaient  pas  le  pied  3l  «  elles  i'ournissaienl 
par  leurs  courroies  entrecroisées,  avivées  de  couleurs,  un 
joli  motif  de  décoration  '  ». 

Pour  la  période  classique,  nos  sources  figurées 
deviennent  plus  rares;  les  statues  ne  nous  sont  guère 
connues  que  par  des  répliques  romaines,  et  peut-être  les 
copistes  de  basse  époqueont-ilsaccominodé certains  détails 
au  goût  du  jour;  sous  cette  réserve,  il  semble  que  l'art 
praxitélien  cherche  l'exactitude  dans  la  reproduction  des 
sandales  et  de  leurs  attaches  °.  En  tant  (|u'originaux,  les 
vases  nous  renseigneraient  plus  exactement  :  la  céra- 
mique à  ligures  noires  représente  rarement  les  sandales  ; 
les  exceptions  se  voient  surtout  dans  la  fabrique  ionienne 
ou  de  façon  ionienne  *;  les  peiiles  dimensions  de  ces 
objets  sont  d'ailleurs  souvent  un  obstacle  à  une  repro- 
duction parfaite  des  accessoires.  Un  petit  vase  de  Flo- 
rence '  montre  un  simple  entrecroi- 
sement au  niveau  des  chevilles  ;  c'est 
la  copie  simplifiée  de  ce  que  fait  mieux 
voir  un  pied  de  bronze  très  lin,  sem- 
blant provenir  d'un  àvi6ï|[i.a,  effigie 
d'Artémis(vi'^-v"  siècle),  à  Lousoi  (Pé- 
loponnèse) ',  et  plus  complètement 
encore  la  statue  de  poète  grec  du  Lou- 
vre, dont  l'original  remonte  au  milieu 
du  v''  siècle  [lig.  6506;°.  Les  éléments 
essentiels  d'attache  sont  deux  cour- 
roies :  l'une  enserre  le  cou  de  pied  et  l'angle  du  talon  ; 
l'autre,  prenant  au-dessus  du  talon,  rejoint  la  plante 
du  pied  à  la  naissance  des  doigts;  en  outre,  un  cordon, 
généralement  plus  tin,  enserre  le  gros  orteil  et  rejoint  la 

'  Kllc  ncsl  pas  lourde  in  ;;iiicTal  :  ,iySai«  .«Js»  IBijmn.  .Verc.  8S).  —  2  II.  Lé- 
chai, Bull.  corr.  hell.  XIV  ,1800).  p.  :iJ3-326  ;  ^i.  Xlmre  de  lAcrop.  dAth. 
l-aris,  1903.  p.  19i.l9C.  -  3  Arisloph.  Lys.  410  sq.  cl  Scliol.  ;  l'oll.  X,  181; 
Iles;  cil.  el  Suid.  s.  d.  —  l  l.cclial,  Md.  Hn  gênerai,  en  cffel,  elles  claienl  peinics, 
i|ucl.|uerois  en  oulre  indii|uces  sur  le  marbre  par  un  mince  relief  Mu  J/iisw,  lig.  13, 
2"il);  cf.  le  fragmcnl  de  slalue  éi|ueslre  (ya/ir*.  VIII  {l«9i).  P-  I  «,  fig.  13  4). 
Sur  les  frontons  dOlynipie  (01.  III,  p.  05,  lig.  101),  les  courroies  élaienl  peintes, 
car  on  ne  les  voit  plus  (Treu,  Jalirb.  X  11893),  p.  3u  S(|.):  aulres  ex.  dépoques 
diierses  :  lOrpli.-e  el  lEurydicc  de  .Napics  (Furtwaengler-Lrlichs.  Denkm.  griecli. 
und  nm.  Skulplur,  Handausi,ahe.  iMiinclien,  IS98,  pi.  xii)  et  le  bas-relief  néo- 
atliquc  de  la  M/-nade  au  chevreau  (M.  Collignon,  f/isl.  du  la  neulpt.  gr.  Paris,  Il 
(IS9-),  p.  OM,  fig.  :t«i).  Par  conlre,  le  sculpleur  <|ui  avait  fail  la  statue  de  Cornélic. 
mère  des  Uracques,  lui  avait  donné  des  solme  aine  amento  (Plin.  H.  n.  X.KXIV,  0, 
:<t)  —  5Cf.  W.  Allmaiin.  Oeticrr.  Jahrethe/le,  VI  (1903),  p.  194.  —  6p.  Wollcrs, 
Jahrh.  XIII  (I89S),  p.  in,  n.  9.  -  1  Afonum.  ant.  VII  (1897),  p.  33«.  -  8  Reichcl- 
Wilhelro,  OetUrr.  Jal.rethefle.  IV  (1901),  p.  47-»R,  lig.  60  /,.  _  9  Winler,  ibid. 
III  1900).  p.  78-93  :  cf.  p.  81.  tig.  4.  lUpproel.er  le  .<ophocle  du  musée  de  Laleran  à 
Rome:  bcundorfel  Scliocne.  Oiter.  Mmeiim,  n.  i.il  =  J/oiium.  d.  /mt.  IV,  pi.  Ï7. 
-  10  Collignon,  Op.  c.  1  (l«»ii,  p.  in,  lig.  1 1 1,  _  n  Voir  lAriane  endormie  "du 
Vatican.  l'Apollon  du  Belvédère  (l-urlMaenglcr-Urlichs.  Op.  I  ,,|.  xxv),  l'Hermès  de 
Praxilolc  (lig.  iO30).  —  12  Vase  de  Mcnidi  {JahyO.  .Mil  (IS9S'.  pi.  i,  3  ;  p.  20,  : 
courroies  p.-intcs  en  rouge  foiraanl  un  vrai  grillage  ;  a.ld.  un  vase  chalcidiei.  polv- 
clironie  \Juurn.  ofl.ei:.  .«.  V  (188^.  pL  xn).  -  'J  Un  molif  pol.vgnoléen  1res  en 
faveur  esl  la  femme  déliant  ou  remellanl  sa  sandale,  comme  sur  la  balustrade  Je 
I*  .Niké  aptère;  Treu,  /«/.,*.  X  (18931,  p.  toi  :  MiVhhœfer,  ibid.  IX  (1S94).  p.  37, 


Fig.  0306.  —  Sandale 
grecque. 


première  courroie  au  cou  de  pied.  Dans  l'exemplaire  du 
Louvre,  une  lanière  encore  passe  sur  le  pied,  mais  laisse 
tous  les  doigts  libres;  c'est  à  peu  près  le  modèle  du  re- 
lief de  Chrysapha  '". 

De  façon  générale,  avec  le  temps,  le  réseau  des  attaches 
va  se  compliquant  ",  complication,  du  reste,  qui 
commence  dès  la  céramique  à  ligures  noires  '-  et  lient  à 
l'importance  attribuée  par  la  mode  à  celte  partie  du  cos- 
tume ".  La  coupe  el  l'ajustement  de  ses  sandales  n'était 
pas  un  des  moindres  soikms  du  jeune  Grec  élégant  "  ;  on 
plaisantait  les  mal-chaussés  '^,  considérés  comme  des 
rustres  '".  Il  y  avait  des  sandales  dont  les  courroies  cons- 
tituaient un  réseau  tout  préparé  el  fixe;  il  ne  restait  <i 
nouer  que  deux  ou  quatre  attaches  ",  comme  pour  la 
i.ALiCA  romaine,  réseau  immuable  de  lanières  où  l'on 
n'avait  qu'à  engager  le  pied. 

Chaussures  élégantes  '*,  c'étaient  les  sandales  qu'on 
mettait  pour  se  rendre  en  société,  à  un  banquet  ",  bien 
qu'on  les  quitti'il  à  l'arrivée-"  (fig.  1696).  Les  philosophes, 
par  ascétisme,  se  promenaient  pieds  nus  '-',  imitant  les 
Spartiates  chez  qui  c'était  une  règle  de  discipline--  ;  et 
pourtant Socrale,  qui  marchaitsans souliers  danslaneige 
à  Polidée,  allait  en  sandales  au  souper  d'.\galhon  '-'.  Sur 
la  stèle  d'Hégéso  •"  et  sur  celle  d'Amenokleia  (lig.  6.'J86,, 
la  servanle  a  des  souliers  montants,  la  maîtresse  de 
simples  semelles,  dont  les  attaches  étaient  sans  doute 
peintes. 

Suivant  exactement  le  contour  du  pied  -°  [sutok],  la 
sandale  ne  passait  pas  indifTéremment  d'une  jambe  à  l'au- 
tre; la  semelle  (TTÉÀu.a-'^, 
plutôt  x-ixTuina  quand  elle 
était  forte -')  consistait 
d'ordinaire  en  une  ou 
plusieurs  "  épaisseurs 
de  cuir-',  au  besoin  ren- 
forcées de  clous  '";  on  em- 
ployail  aussi  le  liège", 
le  bois  dur,  non  seule- 
ment pour  les  chaussu- 
res grossières  ^-,  mais 
même  pour  les  sandales 
féminines  ",  luxueuses 
et  ornées  de  courrfiies  dorées  ^''  (tuppViVixi'^).  Parfois  on 
superposait  le  métal  au  bois  ^^:  on  a  retrouvé  (fig.  6507) 

39,  80;  cf.  sur  une  coupe  â  figures  louges.  un  jeune  homme  .m  repos  tiraul  les  liens 
de  sa  sandale  (Furtwapngler,.lr(;/i.  .In;.  VI  (1891),  p.  1 17-1 1«,  fig.  ti  B)  ;  on  vovait 
un  esclave  attachant  des  sandales  dans  les  fres((ues  de  l'Ilioupcrsis  (Studniczla. 
Arch.  Zeit.  XLII  (1881),  p.  iH);  vo;.  aussi  notre  lig.  4«'12.  —  I'.  Plal.  Phaedu, 
IX,  p.  Cl  </.  —  IS  Aristoph.  Eq.  3il.  —  lOTheoplir.  Chnvact.  4.—  n  A.  H.  Smith, 
CiUal.  o[  sculpl.  in  tlie  Br.  Mus.  III  (1904),  p.  214,  lig.  il,  n"  it09.—  18  Des 
usasiioi  consacrent  des  ça. $«».;'*  pour  vôlir  la  déesse  Isis  (Fraeukel,  /nsc/ir.  e. 
Pergamon,  3i0).  —  '9  Arisloph.  Ei/.  889.  —  20  Un  esclave  tes  rel  rail  au  convive  cl 
lesdépos,iità  la  cvi-SaloUvr,  (Poil.  VII,  87;  X,  50  cl  127,:  add.  .Mari.  III,  30:  Moral. 
Sal.  11.  S,  77  ;  demander  ses  sandale-i  était  une  manière  de  preudrc  congé  (Plaut. 
Truc.  Il,  4,  12).  —21  Arisloph.  Nui.  103:  Thcocr.  XIV,  36  :  n^«.r»p,.T«;  «jrpi; 
.i.usiS.T..;.  —  22  Xen.  Besp.  lac.  Il,  3  ;  cf.  Becker-Gœll,  Charikles.  III,  267. 
—  23  Plat.  Synip.  174  a.  —  21  Collignon,  Hist.  de  la  sciilp.  Il,  pi.  iv.  —  25  Elle  esl 
même  parfois  fourchue,  avec  un  vide  cnlrc  les  deux  premiers  doigts  (Hev.  arch. 
10113,  I,  p.  il  I).  —  26  Alhen.  IX,  9,  370  a  ;  Polyb.  XII,  6,  4.  —  27  Schol.  Arisloph. 
ad  AcAarn.  300  ;  semelle  de  la  campagne  :  Arisloph.  Eq.  315.  —  28  L'Alhéna  Parllié- 
nosdii  Viirvakion  a  double  semelle  (Furtwaengler-Urlichs,  Op.  c.  pi.  iv,.  -29  Les 
femmes  aimaient  à  les  multiplier  pour  se  grandir  fXen.  Oec.  X.  2)  el  c'est  ce  qu'on 
peut  observer  sur  les  belles  stèles  alliqiies.  —  30  Teles.  ap.  Slob.  Floril.  III, 
p.  214,  30Meineke-.  Theophr.  Chur.  IV.  17;  Alhen.  XIII,  p.  565  e.—  i'  Atlien.  XIII, 
23.  588*;  ex.  d'iigvplc  au  Bi".  Mus.  (.4  Guide  Ht.  gr.  and  rum.  life,  p.  134. 
n'  277),  avec  rebords  dorés.  —  32  K-^titT^uKa.  (Soph.  fr.  43  Dind.),  x^oûrE^at  (Eusl. 
807,  29).  —  33  C.  r.  Comm.  arch.  de  S.-Pélersb.  IS78-79.  p.  143.  —  31  poU.  VII, 
80,  92.  —  3ô  Gratin,  fr.  131  ap.  />.  coai.  ail.  I,  51.  —  3Ô  Br.  Mus.  A  Guide,  p.  134  ; 
Antiqtiarium  de  Berlin  :  Arch.  An:.  XIX  (1904),  p.  27,  n'  25. 


SOL 


1 380 


SOL 


;ï  Ércirie  '  d^'iiaisses  semelles  (du  W  siéeli'  avant  noire 
crcl  articulées,  garnies  par  dessous  de  minces  plaques  de 

bronze  ;    d'autres 


sont  munies  de 
crampons  dispo- 
sés comme  sur  un 
i'er  à  cheval  (lig. 
()o08)  -  ;  pour  faci- 
liter la  marche, 
on  les  avait  faites 
en  deux  parties, 
reliées  par  une 
De  Grèce,  cet  usage  est 


pons 


charnière  ('galoinent  en  hronze 
passi'  en  Rlrurie  :  plusieurs  exemplaires  (fig.  6309!  ont 
été  exhumés  à  Vulci,  à 
Marzabotto  '  ;  tous  sont 
petits  et  ont  dû  être  por- 
tés par  des  femmes. 

Comme  elles,  les  hom- 
mes arboraient  parfois 
des  courroies  de  grand 
prix;  le  peintre  Parrha- 
sios  usait  de  cordons  en 
or°.  Le  réseau  des  atta- 
ches était  souvent  assez 
serré  pour  que  les  sandales  eussent  l'apparence  de  vérita- 
bles souliers,  et  couvrait  les  chevilles".  On  ne  saurait  dis- 
tinguer les  diverses  sortes  de  sandales  grecques  ;  on  croit 
voir  que  la  plupart  étaient  chaussures  de  luxe  [blautai, 
BAUKiDEs],  en  petit  nombre  pour  les  pauvres  gens,  et 
alors  faites  de  feuilles  ou  d'écorce  [baxaej,  ou  d'un  mor- 
ceau de  cuir  dépassant  la  plan  te  du  pied  et  relevé  de  toutes 
parts  [carbatina]  ;  les  Ttcpctxx!',  portées  par  des  Athé- 
niennes', paraissent  avoir  eu  une  empeigne  qui  recou- 
vrait seulement  le  dessus  du  pied*.  Quoique  les  chaus- 
sures sans  clous  fussent  jugées  plus  élégantes  ',  des 
femmes  eurent  la  fantaisie  d'en  faire  un  ornement:  les 
clous  sous  la  semelle,  par  leur  disposition,  formaient 
parfois  un  mot  ou  un  symbole  '",  ainsi  l'exclamation 
IIATOT  [va!],  ou  cette  invitation:  AKOAOVeEI  {snis- 
iiioi)  "  (tig.  i9()8)  (|ui  s'imprimait  sur  le  sol. 

L'Étrurie,  à  cet  égard  aussi,  parait  un  prolongement 
de  la  Grèce  .  toutes  sortes  de  chaussures  y  sont  en  usage. 
Les  statues  grecques  d'hommes  sont  bien  plus  souvent 
dépourvues  de  sandales  que  les  statues  de  femmes;  même 
opposition  sur  les  miroirs  étrusques  '-.  La  statuaire  en 
terre  cuite  nous  montre  divers  spécimens  de  sandales  '% 
aux  lanières  peintes  ",  ou  incisées  '".  Les  iravoiÀia  TuppYj- 
vixï.  ou  Tuppï|VrouoY-?|  '*  à  haute  semelle  '',  avec  courroies 
dorées  '*,  ont  été  renommés  pendant  toute  l'antiquité  ". 
A  Kome,  dans  les  premiers  temps,  au  rebours  de  la 
coutume  grecque,  tous  les  ingénus  prenaient  pour  sortir 

I  Ch.  liavaissoiiMollicn,  Mém.  de  la  Soc.  des  antiq.  du  !•>.  6'  sér.  II  (1801-9i), 
p.  I-U.  —  2  É.  Miclion,  /6irf.  p.  3H-3S1.— 3  Mua.  Grer/.  I,  pi.  r.v,  7;  Micali,  Mon. 
ined.  1844,  pi.  xvii,  4.  —  4  E.  Briiio,  Monum.  ani.  I,  p.  108,  Î75;  Monlclius, 
Chilis.  primit.  en  /tnlic,  Tcxic,  p.  .ÏIK.  — •■  AUicn.  XII,  62,543/'.  Empédocle  liinil 
à  ses  sandales  des  ornemciils  de  bronze  (Suid.  'Ajjiux/éa,  ■EnnES-jx^rj;).  —  *•  Cf.  les 
iai-î.»  de  Poilu»  (VII,  94)  :  .,»ji)i,.iov  ûitoS,;»».  —1  Aiislopli.  Thesm.  734;  /lecl. 
319.  -  8  Id.  Nul,.  15!.  —9  V.  noteSO,  p.  13SS.  —  10  R.ipppocher  les  souliers  des  rois 
d'Êgyple  ;  sur  la  semelle  ils  fais'iieQtpeiiidrereriigie  d'un  ennemi  vaiueu(Wilkinson, 
loe.  cit.).  —  "  Aild.  chez  les  chrétiens,  Vatftha  et  l'oméga,  avec  le  -swaslika  i  Brit. 
.Vas.  duid::  lo  the  E.ihih.  p.  134.  D'où  l'idée  de  donner  à  des  linihrcs  ;sio.Nrii;  la 
forme  dune  sandale  (Baliclon-Blanchel,  Bronzes  antiq.  de  la  Biàl.  Nal.  Paris.  lls'.Po, 
p.  720  sq.).  —  l'.!Gerhard,  /ilrusk.  Sjiiegel,  i:ccm.\xvi  :  Filée  pieds  nus  elTIiélis 
avec  des  sandales  cmljoilanl.  le  lalon.  —  i-*  W.  Deonna.  Les  statues  de  terre  cuite 
dnns  l'antiq.  :  Sicile,  Grande  Grèce,  litrùrie  et  Kome,  Paris,  1908,  p.  1 12  (fig  .4), 


des  siiiiliers  ou  des  boites;  les  sandales  légères  se  con- 
servaient à  l'intérieur;  les  grécisants  [f/raecu/i)  qui  s'en 
paraient  au  dehors  (on  cite  Scipion  l'ancien  -",  Verres  -', 
Anlçinc-^,  Germanicus'-\  Caligiila",  entre  autres), 
scandalisaient  les  partisans  des  anciennes  mœurs,  et  cette 
prévention  est  encore  attestée  à  l'é'poque  d'Iladiien  par 
le  passage  d'Aulu-Gelle  Ichepida]  qui  témoigne  qu'à  celte 
date  solea  désignait  toutes  les  variétés  laissanl  le  dessus 
du    pied    nu,        v^ 


avec  lacis  de 
cordelettes,  et 
qu'il  y  avait  fort 
peu  de  dilf'é- 
rencc  entre  elle 
et,  d'autre  part, 
la  crepida  et  la 

G  ALLICA      (  fig.  pi^,    5JIQ    _  Sandales  à  .|uarlier. 

(j.îlOj";     celte 

dernière    nous   achemine  au   campagls  du    Bas-Em[)ire. 

On  fit  aussi  des  .s-o/e«e  doublées  de  laine". 

En  Egypte,  jusqu'à  la  fin  de  rantii|uité,  on  retrouve 
des  exemples  de  la  pantoulle  très  légère,  en  cuir  gravé 
et  gaufré,  dont  la  semelle  est  simplement  rattiiclK'c  sur  le 
cou  de  pied  par  un  large 
lien  de  même  matière-'. 
Dans  l'Édit  de  Dioclélien 
sur  le  maximum ,  cre- 
pida ne  se  rencontre 
plus,  mais  on  trouve  un 
tarif  de  soleis  et  gnUicis, 
TtEp;  (jxvoaXt'iov  xai  xpo/aoïtov  '*  :  les  fjalHrae  (xpo/iota)  y  sonl 
chaussures  d'hommes'";  pour  les  femmes,  travoàXtot  cot- 
res]>ond'd.Ta\)OEïvci.i.{tanrinapinu- 
liebres),  pantoufles  en  peau  de 
taureau'"?  La  sandale  de  luxe  est 
faite  alors  de  cuir  de  Babylone, 
Holea  liabyloiiica" .  il  n'est  pas 
fait  inentiondansTÉdit  delasan- 
dale  la  plus  simple,  consistanl 
en  une  semelle  retenue  par  deux 
liens  en  demi -cercle,  l'un  au  cou 
de  pied,  l'autre  à  la  naissance 
des  doigts  ;  c'est  celle  qu'Isi- 
dore appelle  obstrigillus  '^  ;  la 
figure  6511  donne  le  dessin 
d'une  sandale  semblable  retrou- 
vée à  la  Saalburg  '^.  On  voit 
enfin  (fig.  63l!2)  un  bronze  du 
Cabinet  de  Vienne '\  où  les  se-  l'ig.  esis.  —  soc.|ucs. 
nielles    sont    munies    de     deux 

pièces  qui  les  rehaussent,  sous  le  talon  et  le  devant  du 
pied;  le  porteur  de  ces  socques,  analogues  à  celles  de 

114  (fig.  8),  179;  Mus.  Greij.  I,  pi.  i ,  I .  — '■>  iJroiuia,  p.  Il  .,  \a;Nut.  de  qli  scai-i, 
1888,  p.  418.  n»  4.  -  15  Doonna,  p.  124.  —  i«V.  noie  :i5,  |).  USS  :  Pollux,  Vil.  22,  80  ; 
Hesych.  cl  Pliol.  s.  ».  —  "  Poil.  VII.  22,  92;  Ilcsycli.  :  ,.,S.  ■.■i^-j^i.  ,>  Cl^.i.. 
-I8P0II./..C.  ;cr.  Ovid.  4mor.  111,13,  26,  parlanldes  jeunes  «Iles  falisipies  :  n"m(os 
pelles-,  Virg.Aen.  VIII,  438:  Tijrrlienapedummncula.  —  I^Clem.  AI.  /'««■'«vil.  11. 
p.  205  Syllh.  —  20  |,iv.  XXIX,  19,  12.  —  21  Cic.  In  Verr.  Il,  S,  33,  SU.  —  2i  Id.  Pltil. 
11,30,  7,  C.  —  23Tac. /In». 11,59.  —  "Suel.  Caliq.  52.  — 'is  ^otrc  lig.  d'après  Zalin, 
Ornam.  u.   Uemûlde,  II.  pi.  78.   —  20  Marlial.  XIV,  (13;   F:dict.  Oioclet.,  IX,  25. 

—  ST  Forrer,  BeHlleriion,  Kg.  532  (ex.  d'Achmin)  ;  cf.  Franlierger,  .intikc  und 
fruhmiltelallerl.    Fiasbekhidungen    ron   Aclimim  /■nnopolis,    Diisscidorf,   1890. 

—  «  IX,  12  sq.  —  29  IbH.  120  à  14.  —  30  lOid.  13-li;.  Le  nom  pourrait  venir,  d'après 
Waddinglon  {ad  h.  t.),  du   nom  des  Taurini  (Turin)  qui  les  auraient  fabriquées. 

—  31  IX,  17,  22.—  32  laid.  Uriq.  XIX.  34,  8.  —  M  Jacobi,  Saalburij,  pi.  r.xxx, 
lig.  406.  —  34  Von  Sacken,  Ant.  Brun:,  des.  Ant.  Kabinels  in  VI  ien,  xi.iv,  2. 


SOL 


—  1390 


SOL 


riixtrèine-Drii'iil,  seniblu  clri'  un  ai,ii  viui  s  ;  elles  seraient 
à  rapproelier  de  la  so/i'a  ôti/ncaris  '. 

Certains  textes-  sont  relatifs  à  des  personnages  (|ni 
ne  chaussaient  qu'un  pied,  et  il  existe  des  statuejj  au 
type  du  (AovodivSaÀo;.  Uénéraleinent,  c'est  le  gauche 
[siiiisler)  i|ui  reste  nu,  celui  (|ui  a  parfois  une  impor- 
tance rituelle;  peut-être  gardait-on  ainsi,  par  l'intermé- 
diaire du  sol,  le  contact  ininterrompu  avec  les  divinités 
souterraines,  et  au  contraire  le  cliaussait-on,  au  lieu  du 
droit,  pour  échappera  ces  puissances,  si  on  les  redoutait^. 
On  a  signalé  [edicatio,  p.  474j  le  rôle  de  la  sandale 
comme  moyen  de  correction  (tig.  aOOi).  Sur  une  coupe 
attique  Éros  menace  un  jeune  garçon  de  sa  sandale'. 
Dans  un  Joli  groupe  de  terre  cuite  ",  c'est  contre 
Kros  lui-même  ([u'Aphrodite  lève  sa  semelle".  Frapper 
ainsi  s'appelait  ^XauToOv  '  ;  selon  la  légende,  Omphale  en 
usait  envers  Héraclès".  Tne  liydrie  de  Vulci  nous  fait 
voir,  au  dos  d'un  petit  personnage,  quatre  marques  de 
cette  «  sandalocratie  »  '. 

Mentionnons  ici  le  fabricant  de  chaussures  mm  cou- 
sues, des  sabots,  so/eae  lif/neae  [sculpomîae].  Les  noms 
grecs  cl  latins  du  sabotier  ne  sont  pas  connus'".  Pour 
sfiiu/a/inrias,  su/earius,  cf.  sutoiî. 

Pour  les  sandales  destinées  à  préserver  les  pieds  des 
chevaux  et  bêtes  de  somme,  mulomedicus,  p.  "201^  sq. 

Autres  sens  de  soli'a.  Kn  dehors  de  la  sole  (poù-cXtodiroç), 
poisson  «  plat  comme  une  sandale  »  ",  le  mot  désignait 
encore  une  sorte  d'entraves  en  bois  liijueav  soleae)  aux 
pieds  des  criminels  '-,  et  Columelle  nomme  ainsi  une 
pièce  de  pressoir  à  huile  "■  ;  c'est  une  espèce  de  plancher  " 
fcf.  CREPIDO,  tiré  de  xpTiTri'çj.  Victor  Ciiapot. 

SOLIDUS.  —  \om  de  l'unité  monétaire  de  l'or  sous 
l'empire  romain  à  partir  de  Constantin  le  Grand. 

.Vvant  Constantin,  le  nom  de  l'unité  monétaire  pour 
l'or,  chez  les  Homains,  éhiil  nnnuiuis  (itereus,  dcnarius 
tiureus,  et  plus  ordinairement  (lureus  jaukeusJ.  Vers 
l'an  312  de  notre  ère,  Constantin  lixa  la  taille  de  Vaurens 
à  1/72''  de  la  livre  romaine  de  'Ml  gr.  43.  c'est-à-dire  au 
poids  normal  de  4  scrupules  ',  soit  4  gr.  33,  et  cette  pièce 
nouvelle,  plus  régulièrement  étalonnée,  au  point  de  vue 
pondéral,  que  ne  l'avait  été  l'ancienne  et  désignée  offi- 
ciellement pour  être  désormais  la  base  de  tous  les 
comptes  en  or,  fut,  pour  ce  motif,  qualiliée  aiin-us  suli- 
(lus,  et  bientôt  on  l'appela  par  abréviation,  solidus. 
Longl(;mps  auparavant  le  terme  de  solidus  avait  déjà  été 
occasionnellement  appliqué  à  l'imité  monétaire  ou  pon- 
dérale. C'est  ainsi  que  dès  14»)  de  notre  ère,  Volusius 
Maecianius  dit:  prima  dtrisio  soi-iur,  id  csl  lihrae,  quod 
as  rncatur-.  Apulée,  à  la  lin  du  ii'  siècle,  parle  de  cen- 
lum  aurei  solidi  ■.  Lampride  (jui  vivait,  il  est  vrai,  sous 


I  Charisiiis,  l„sl.  ,,>:  I,  p.  77,1.  i  Kcil.  —  2  Cilf-s  par  S.  Wemucii  (lliwicts  fiitnr. 
de  la  );nuh.  rom.  l'ans,  1WI4,  p.  lii-Oili,  ,,„i  reproduit  les  explicalioils  invraiseiii- 
Malilcs  fournirsiiisraiiUquilé.  —  3W.  Anieliing,  /Jissarta:.  délia  Ponlif.  Acead. 
Iloman.  di  arch.  Scr.  Il,  IX  (1907),  p.  115-133.  -  1  rurlwaengler,  Arch.  An:. 
Vl(l891),p.  l!7-8,ng.  liA.  -  S  S.  Heinacli.  /lev.nrcli.  1903,  I,  pi.  iir,  fig.  io5-21l. 

—  C  II  y  a  de  nombreuses»  Aplirodilcsk  la  sandale  »  (Id.  Hép.  de  la  slat.  Il,  p.  346). 

—  7  Hesïch.  f,K.  —  8  Lucian.  Ùial.  deor.  1 1 ,  I  :  ,^Sr,  «i  ,.\  ,i^,.;  .ùt.iè  .ix.,..  i; 
T»î  «u,*-,  TÇ  .«v««<.«..  —  »  W  WoUers,  Ath.  Mnlh.  XXX  (11)05),  p.  404-406,  pi.  iv! 
Autres  ei.  p.  406,  note  I.  —  lu  On  a  cru  rci-imnaitrc  un  saliotior  dans  un  relief 
gallo-romain  de  Sens;  Uuruy,  UiH.  d.  Hum.  V,  p.  037;  Keinacli,  Catalogue  du 
A/us.  de  .St'Gerntain.  p.  46,  3*  édit.  —  il  Ovid.  Halieut.  124;  plin.  H.  n.  IX  i^ 
cf.  le  jeu  de  mots  de    Plaut.   Cas.  Il,  8,  a».  —   12  Cic.  de  /m:    II,   50,  149.   5î\ 

—  13  Coluni.  r.  r.  XII,  ïi.  —  Il  Verr.  ap.  Kesl,  p.  301,  3,  Millier. 

SOLIIIUS.  f  Cad.  Tlieod.  XII,  7,  I.  —  2  Vol.  Maecianus.  IJistrih.  l,  dans  IluUscli, 
Metrul.  .Scn/d.  I.  I,  p.  Cl.  —  3  Apul.  Mvlam.  X,  9.  —  l  l.ampr.  Ser.  Alex.  39. 

—  5  II.  Cohen,  Me,l.  imp.  (i«  èd.i,  l    VII,   p.   i'js,  n'  à7'j;  p.  299,  n»  ilo3).    Le 


Fig.  6.1 13. 


.Solidus  de  Conslautin. 


Coiislaiiliii,  donne  le  nom  de  solidi  aux  monnaies  d'or 
tle  Sévère  .\lexaudre  '.  Mais  ce  sont  là  des  cas  isolés;  le 
terme  df.xolidus  ne  se  substitua  couramment  et  univer- 
sellement au  mot  aureus,  pour  désigner  la  pièce  d'or 
étalon,  qu'après  la  réforme  de  Constantin.  Les  premières 
[)ièces  do  cette  réforme,  c'est-à-dire  les  premiers  aurei 
so/idi  ou  solidi  portent 
dans  le  champ  du  revers 
le  chiflre  l.xxu,  qui  indi- 
que leur  valeur  par  rap- 
port à  la  livre  (lig.  6)13)". 
On  trouve  aussi  par  occa- 
sion le  chiffre  lxxu  sur 
des  solidi  de  Constant  I" 
et  de  Constance  II  ''. 

L'abondance  des  émissions  du  so/idiis,  son  excellent 
aloi  et  la  régularité  relative  de  son  poidsle  rendirent  vite 
populaire.  Les  divisions  du  solidus  furent  le  semis  ou 
semissis  {demi-soiidus)  rarement  frappé,  du  poids  théo- 
rique de  2  gr.27,  t'iliit  riens  ou  t  rem  issis[iieTS  de  solidus), 
du  poids  de  I  gr.  32,  pièce  qui  devait  être  très  abondam- 
ment frappée  à  l'époque  mérovingienne  en  Occident  '. 

Dès  l'époque  de  Constantin,  on  frappe  exceptionnel- 
lement, à  litre  de  médailles  commém^ratives,  des  mul- 
tiples du  solidus  :  ce  sont  des  pièces  d'or  de  1  solidus  1/2, 
de  2  solidi,  de  3  solidi,  de  4  solidi,  de  8  solidi,  etc.*. 
Ces  grandes  pièces  étaient  olFertes  comme  la  sporlula 
par  l'Empereur  à  de  hauts  dignitaires,  consuls  entrant 
en  charge,  généraux  victorieux,  ambassadeurs  ;  sou- 
vent on  les  envoyait  à  des  rois  barbares'.  L'usage  s'en 
perpétua  jusque  sous  les  Byzantins,  et  les  auteurs  du 
temps  citent  des  médaillons  d'or  qui  pèsent  jusqu'à 
I  livre  1/4  ou  90  solidi  ;  d'autres  pèsent  1  livre  (72  so- 
lidi); puis,  36,  48,  40,  36,  13  solidi^".  Grégoire  de 
Tours  parle  de  médaillons  du  poids  de  72  solidi  (une 
livre)  que  le  roi  Chilpéric  avait  reçus  de  l'Empereur". 
Le  plus  lourd  de  tous  ceux  qui,  jusqu'à  ce  jour,  nous  sont 
parvenus,  est  un  médaillon  à  l'efllgie  de  Valens,  conservé 
dans  la  collection  impériale  de  Vienne,  qui  pbse  90  solidi, 
soit  409  grammes  (1  livre  1/4)'-.  La  plupart  des  exem- 
plaires de  ces  pièces  de  luxe  qui  sont  dans  nos  musées, 
ont  été  ornés  dans  l'antiquité  même,  après  leur  fabri- 
cation, d'encadrements  ouvragés  en  or  et  munis  de 
bélières  de  suspension  :  on  les  portait  suspendus  à  des 
colliers  comme  des  breloques  ou  des  décorations. 

Chez  les  Byzantins,  la  taille  constantinienne  du  solidus 
d'or  resta  toujours  le  1/72^  de  la  livre  (4  gr.  ao)  '^  ;  on  lui 
donne  souvent  le  nom  grec  de  nomisma  ;  au  moyen  âge, 
on  l'appelle  hesant  [hesanlius);  les  Arabes  frappent  à  son 
imitation  leur  dinar  d'or  (denarius).   Le  métal  s'altère 


poids  elleclif  des  sous  d( 
peu  au-dessous  du  poids  i 
p.  46.  Sur  le  chiffre  i.sn 
JJonn.  hyzant.  1. 1,  p.  .■)6 


r  de  l.ouslauljji  csl  tanlol  un  peu  au-dessus,  laulol  uu 
ormal  de  4  gr.  55  :  0.  Secck,  Zeil.  fur  Num.  l.  XVU, 
,  voir  Chabouillet.  Mer.  num.  IS49,  p.  0;  J.  Sabalier, 
Mommscn-fîlacas,  Slonn.  rom.  t.  III.  p.  64.  —  •>  Cohen, 


Op.  cil.  l.  VIII,  p.  437,  u.  U:!;  p.  470,  n.  200.  —  7E.  Babelon,  Traité  des  mnun. 
gr.  et  rom.  t.  I.  p.  534-533.  —  8  0.  Sceck,  Zeit.  fur  Num.  t.  XXI,  p.  22  si|. 
—  ogymmach.  lipisl.  IX,  93.  1(I6,  107;  cf.  IV,  14;  IX,  104;  E.  Babelon,  /,«  trou- 
vaille de  Hetleville,  dans  Ilev.  numis.  1906,  p.  186.  —  lo  Kr.  Linormaul,  fier, 
num.  1867,  p.  127;  Monn.  dan.K  fAntiq.  1.  I,  p.  10;  Fr.  Kennir,  Num.  Zeil. 
t.  XIX.  I8S7,  p.  15:  VV.  Friehncr,  A/édaillons  de  l'empire  rom.  Introd.  p.  10: 
Kubilschck,  Ausgeu't'ihlte  rfim.  Médaillons  der  Kais.  AJùnzensamml.  in 
Wien  (Vienne,  1909).  —  H  Grcg.  Tur.  flisl.  Franc.  VI,  2.  —  12  Cohen,  Op.  cil. 
t.  VIII,  p.  104;  Irtehner,  Op.  cit.  p.  327;  Kubilschek,  Op.  cil.  pi.  xix,  332: 
K.  Baliclou,  /ter.  mmi.  I9II6,  p.  Is7.  —  Il  J.  Salialicr,  .Vunn.  bgz.  1.  I, 
p.  51  :  W.  Wrolh.  Calai.  o(  Ike  imp.  Ugzantinc  coins  in  Ihe  llritish  Mus. 
1,  inlrod.  p.  74. 


SOL 


1391 


SOL 


Solidns  srypItiUtt 


(li'S  If  vir  sii'cli'  l't  ilevii'iil  de  Idr  pjilc  ou  fli'itrum;  le 
tlan  s'élfrjçil,  s'ainincil;  puis,  il  prend  la  forme  roncavi». 
(l'où  les  expressions  so/ii/i  sri/p/ia/i,  ninnml  sc/j/i/ia/l. 

qui  les  dési- 
gnent parfois 
au  moyen  âge 
fig.  ()5l4i. 

Les  so/idi 
frappés  en 
Gaule,  à  la  lin 
de  l'Empire  ro- 
m  a  i  n ,  après 
avoir  été  taillés  comme  parloul  a  1  7-^''  de  la  livre,  su- 
birent, de  bonne  heure,  une  réduction  pondérale.  Ils 
furent  taillés  à  raison  de  84  à  la  livre,  c'est-à-dire  au 
poids  normal  et  théorique  de  3  gr.  S!(.  L'n  édit  d'un 
empereur  postérieur  à  Constantin  compte  efl'ective- 
ment  7  solit/i  dans  une  once  d'or'.  Une  loi  de  Valen- 
tinii'n  I"'  en  3G7  admet  aussi  implicitement  la  taille  du 
sou  d'or  à  84^  Ce  sou  est  désigné  sous  le  nom  de  solitius 
f/u/liriis  dans  un  édit  de  .Majorien  de  458  ^  et  c'est  lui 
qui  sert  d'étalon  dans  la  Loi  Salique*.  Le  pape  Grégoire 
le  Grand  (.'jW)-604)  signale  les  solidi  gallirani  ou  gai/ici 
comme  ne  pouvant  avoir  cours  en  Italie  \  En  fait,  les 
sous  et  tiers  de  sou  frappés  dans  le  sud-est  de  la  Gaule 
au  nom  de  Justin  il  (.56o-.578)  et  de  Maurice  Tibère  (o83- 
002),  fournissent  des  poids  qui  se  groupent  autour  du 
poids  normal  de  8  gr.  89  et  de  l  gr.  20  :  ce  sont  des 
pièces  qui  se  rattachent  à  la  taille  de  8i  à  la  livre. 
D'ailleurs,  riri'égularité  du  poids  et  de  l'aloi  «les  sn/ir/i. 
surtout  àl'é- 
poque  bar- 
bare, fit  dé- 
v  e  1  o  p  p  e  r 
l'usage  de  la 
balance  et 
de  la  pierre 
de  louche 
dans  les 
paiements 
de  quelque 
importance, 
et  les  con- 
trats stipu- 
lent fréquemment  que  le  débiteur  s'acquittera  en  sn/if/os 
probfis  el  hriif  priisanles'^.  E.  Babelon. 
.SOLITAIJRILIA.  —  [siùVETAl  Riu.\]. 
SOLIU.M.  —  Littéralement,  endroit  où  l'on  siège;  le 
mot  parait  dérivé  de  aedium.  comme  nella  de  sedin  '. 

1°  .Nous  avons  établi  plus  haut  |sell.\^  la  distinction 
à  faire  entre  le  so/iuni,  sorte  de  thro.nis  à  dossier  et 
avec  bras,  la  CATUEriRA  avec  dossier,  mais  sans  bras,  et 

I  tod.  r/ieorf.  XII,  7,  I  ;  Slommsen,  Zeil.  (1er  SariqnijStiftanri.  Hrim.  Abtli.  1900. 
p  157  :  E.  Balieloil,  Journal  (Its  Savants.  FOvr.  1001,  p.  liO.  —  ■!  Cad.  Theod.  X. 
!■',  t.  —  :'.\oi-.  de  Majorien,  1,  4.  I.  —  »  M.  IVou,  Catat.  des  monn.  m<voi-.  de 
la  llil.l.  nationale,  inliod.  p.  Ili.  —  "'  Sligne,  l^atrol.  lut.  t.  LXXVII.  p.  779;  cf. 
p.  030.  —  «  M.  l'pou.  Op.  cil.  p.  65;  E.  Babelon,  Op.eit.  I.  I,  p.  5W-5«. 

SOLIUiU.  I  Vaniceli,  Jilijm.  Wrert.  d.  lai.  Sfir.i  Leipz.  IS8I,  p.  i94.  Fcslus, 
f'.>8,  semble  au  eoillrairc  le  tirer  de  soins,  mot  o^^qtie  signifiant  lotus,  intcger, 
iotidus,  c'est-à-dire  fait  (ont  entier  de  la  m^-me  matière.  Mais  cette  explication  rend 
bien  moins  compte  des  divers  sens  de  solinm.  Ce  doit  ôlre  une  hypollièse  de  basse 
t'po'jne.  déjà  proposée  par  Servins.  ad  Aen.  I,  50fi  ;  Solium  proprie  est  armarium, 
uno  ligno  faclum....  dictum  quasi  solidum.  —  2  |sid,  /Jiff".  i,  5i4  :  Sedes,  non 
tanluni  iinim  sed  iiiultorum  est;  nam  solium  iinins  tautum  et  regnm,  sedes 
cujnscuMque.  -  <  Val.  Mai.  Il,  1,  i;  Tac.Ann.  XV,  44.  _  4  Virg.  Aen.  X.  116  : 
solio  tum  Jupiter  aureo  surgit.  —  ~'  Cic.  de  Fin.  II,  i\,  l»  :  piclam  in  tabula 


la  SELLA  n'ayant  ni  dossii'r  ni  bras.  Le  sidiiiw  est  donc 
un  siège  d'apparat  et,  en  principe,  un  Irone  où  plusieurs 
ne  peuviint  s'asseoir -.  .\ussi  est-ce  celui  des  dieux,  des 
héros  et  des  souverains.  1-e  .loliiim  se  rencontre  dans  le 
rituel  pour  les  repas  oll'erts  aux  divinités  :  le  dieu  est 
placé  sur  un  divan  (/er/ii.t),  la  déesse  sur  un  siège 
solium,  plus  lard  net/o),  d'où  la  distinction  enlre 
LEi;TiSTEH.\HMet.«o/i(fl;".'î/e/7(^/r  pi  us  lard. vc///.s/^/7;  (■(//«  )\ 
.Mais,  hors  ce  cas  spécial,  toute  personne  divine  est 
représentée  sur  un  solium,  notamment  dans  les  des- 
criptions des  poètes*;  de  même  les  rois''.  C'est  un  siège 
•'levé",  tel  qu'il  apparaît  dans  une  miniature  du  Virgile 
du  Vatican,  où  l'on  voit  Latinus  assis  ";  le  haut  dossier 
non  ajouré  servait  à  protéger  par  derrière  contre  toute 
violence  inattendue  *.  Le  /m/rr/'fimilias,  considéré  comme 
maître  absolu  chez  lui,  s'assied  aussi  sur  un  solium,  lors- 
que le  matin  il  donne  audience  à  ses  clients,  dans 
l'atrium  de  .sa  maison';  c'est  un  siège  qui  se  transmet 
de  père  en  lils'".  Des  solin  sont  souvent  consacrés  aux 
dieux  dans  leurs  temples",  ainsi  à  Bacchus  et  à  Cérès, 
comme  le  montrent  deux  exemplaires  du  Louvre  '-.  Les 
peintures  campaniennes  en  fournissent  plusieurs  repré- 
sentations :  tels  les  solia  de  Vénus  et  de  Mars,  carac- 
térisés par  l'oiseau  et  le  castjiie  qui  y  sont  respectivement 
posés  (fig.  6515)'';  sur  un  autre,  Bacchus  lui-même  est 
assis",  ou  bien  des  souverains,  comme  la  reine  Pasi- 
phaé  '°,  ou  celle  qui  personnilie  l'Europe,  entourée  et 
honorée  par  les  autres  parties  du  monde  ". 

Dans  tous  ces  exemples,  le  type  est  le  même  que  pour 
le  THRONis,  auquel   nous  renvoyons,  large  siège  carré, 

recou  vert 
d'un  cous- 
sin, avec 
pieds  et  dos- 
sier perpen- 
diculaires ; 
le  tout  pré- 
cédé d'un 
marche-pied 
ou  tabouret 

FSCAMNCM^, 

qui    aide    à 
s'y  installer. 
Le    dossier, 
I    qu'enveloppe  souvent  une  élofl'e,  est  moinsélevé  quedans 
le  vieux  solium  des  rois  de  Home.  Ce  dernier  fauteuil,  so- 
lennel et  symbolique,  ne  s'est  point  transmis  aux  magis- 
trats romains,  dont  les  sièges  sont  sans  dossier  [sella  ; 
les  insignes  de  la  magistrature  se  rattachant  toujours  à  un 
amoindrissement,  contemporain  du  passage  de  la  royauli' 
i    au  consulat,  il  est  à  supposer  que  le  trône  des  rois  a  élt' 
enlevé,  en  même  temps  que  le  char,  aux  magistrats  de 
I 

Voluplalem...  omalu  reuali  in  solio  sedentem  ;  Diid.  FasI.  VI,  3.ï3  :  ad  sol'um 
I  '  superis  regale  roratis  ;  solium  ô  ^açîVtxè;  "çov.jç  (Cliaris.  p.  534,  4  Keil)  ;  Isid.  Orig. 
XX,  1 1.  —  6  Virg.  Aen.  XI.  116  :  solio  rex  infit  ab  alto  ;  I,  300  :  solioque  altesnbnixa. 
(iénéralement  en  bols:  solio  acerno  (VIII,  178).  Dans  Claudian.  Latid.  Stilich. 
199,  solium  eburnum  est  svnon\me  poétiipie  de  sella  curulis.  —  "*  Bartoli,  .-intiq. 

y'irgiiiani  codicis  fragm.  et  picturae.  1741.  p.  139;  cf.  p.  39.  — ^  In  quo  reges 
sedebant  propter  tutelam  corporis  sui  (Serv.  loc.  cit.).  —  9  Cic.  de  Leg.  I.  3.  iO  : 
...more  patrio  sedens  in  solio  consulentihus  responderem.  C'est  ainsi  (pie  Crassus 
se  retira  du  prétoire  dans  sa  demeure,  pour  y  donner  des  consultations,  ciim  de 
turba  et  a  subselliis,  in  otium...  soliamque  conlulerit  (Cic.  de  Orat.  II.  33.  143). 

—  10  Virg.  Aen.  VU,  169  :  solio  avito  ;  Cic.  de  Oral.  Il,  35,  SiO  :  Sed  dicel  te,  eum 
aedes  renderes,  ne  in   rutis  quidem  et  caesis  solinm   tibi  paternum  reliquisse. 

—  H  Suel.   Cal.  37,  i  :  solium  Jovis.  —  12  S.  Reinacli,  llarac  de  poche,  p.  Iî8. 

—  13  Atus.  Borb.  VIII,  iiJ.  —  'i  lb,d.  VI,  33.  —  is  Ibid.  XIV.  1.  —  16  ibid.  IX,  4. 


SOL 


1392 


SUL 


l;i  lti'>piibliqnt\  \.o  roi  montait  sur  son  so/iiiiii,  quand  il 
ii'udait  la  juslico  à  rendroil  ordinaire;  s'il  disail  le  dioit 
ailleurs,  il  usait  de  son  siès^f  mobile  '. 

rJ"  Soliuin  est,  en  outre,  le  nom  de  la  baignoire,  dès 
l'instant  (|u"on  s'y  peut  asseoir  -  ^halnei.m,  pyélosT  ;  il 
s'agit  snrtonl  de  bains  chauds,  dans  une  l)aignoire  peu 
profonde  et  pour  une  personne^;  pourtant  le  mot  a 
peut-être  délini  également  une  grande  cuve  commune, 
avec  large  rebord  servant  de  siège*;  c'est  encore  le  petit 
banc,  disposé  tout  au  bas  d'une  piscine  de  Pompéi 
(fig.  7(i;i)^,eloù  le  liaigneur  pouvait  s'asseoir  pour  se  laver. 
A  la  basse  époque,  le  terme  qualifiera  ainsi  le  bassin  lui- 
même''.  Nous  l'appliquerons  en  tout  cas  au  genre  de 
meuble  (lig.  7li8  et  1:250)  adapté  aux  bains  de  siège, 
ayant  une  ouverture  pour  faciliter  l'écoulement  de  l'eau 
dont  s'aspergeaient  les  baigneurs. 

3°  Enfin,  dans  des  cas  plus  rares,  so/ium  s'employait 
pour  désigner  un  sépulcre  ou  un  sarcopliage  \  en  parti- 
culier, semble-l-il,  à  propos  des  rois",  et  par  suite,  plus 
tard,  l'endroit  di;  l'autel  ciirétien  où  étaient  enfermés  les 
corps  ou  les  reliques  des  martyrs'.  \icTon  (jiapot. 

SOLUTIO.  —  Dans  la  langue  juridique,  so/utio  a  deux 
sens  :  1°  un  sens  large.  Solvere  signifie  proprement 
délier.  Lorsqu'un  débiteur  est  lié  [ob/igatiis],  c'est  en 
le  déliant  qu'on  le  libère',  et  le  mol  soliitio  désigne  tout 
mode  ro/o;i/«//r  d'éteindre  une  obligation:  «  So/utionis 
ver/juiii  [terlinel  ad  oinnem  iiberalinncm  (iiioque  modo 
fartnin  »,  dit  Paul"-.  La  so/u/io,  ajoutent  les  juriscon- 
sultes de  l'époque  classique  (Pomponius,  (iaius,  Ulpien), 
ne  peut  s'ellectuer  que  par  des  démarclies  inverses  de 
celles  par  lesquelles  Voù/igalio  a  pris  naissance  :  «  A'i/iil 
lain  naturale  est,  (juam  eo  génère  quidqiiid  dissoirere, 

I  MomniâeD,  Dr.  puhl.  rom.  tr.  fr.  11,  p.  32-33.  Solium  est  ainsi  devenu,  associé 
kseeptrum.  l'équivalent  de  Te;/"iim  ;  cf.  Ovid.  Heroid.  XIV,  113;  Val.  Place.  II. 
309;  VI,  74i;  Lucan.  PImrs.  IV.  1190;  Lucret.  /I.  n.  V,  1135.  —  2  Feslus,  loc.  cil.  : 
.\tvti  guui/ue  twandi  yratia  inslUuti,  ^jno  singuti  descenditnt,  solia  dieuntur  ; 
Vilruv.  IX,  10;  baiguoires  de  Lois  {tii/neo  aùlio,  Suet.  Aiit/.  S-,  2)  ou  d'argent 
(Hlin.  //.  n.  XXXIIl,  li,  lii).  —  3  Scrib.  Larg.  130  :  so/io  ciMo  ;  Martial.  Il,  4i; 
l'Iin.  H.  n.  XIX,  i,  ÎS  ;  XXVI,  i,  8  ;  Celsus,  11,  17  ;  VU,  ifi.  5.  —  l  l'etron.  Sat.  73. 

—  ^  Cf.  Ricli,  Diction,  p.  75.  —  6  Sid.  Apoll.  Ep,  11,  î  :  sulii  capacis  fiemicycliitm. 
De  la  aussi  l'expression  cctta  sotiaris  (Spart.  Carac.  ix,  4)  pour  designer  une 
eabinede  bains  (cf.  de  l'aclitire,  Mélang.  del'Éc.  de  Rome,  xxii,  I9U9,  p.  4ûl-k)C.) 

—  7  Hlin.  XXXV,  I  ±,  IGu  :  ficliliOus  soliis  :  dans  qurligues  inscriptions  :  Orelli,  481 1  : 
C.  i.  (.  X,  iV53  ;  VI,  10  84s  {so/eii»i).  Comparez  aussi  le  mol  cvÉuis.  —  s  (J.  Curt.  X, 
I,  3i  ;  X,  10,  I)  cl  13  (Alexandre);  Klor.  IV,  II,  Il  (Cléopitrc,;  ad(/. Suet.  Ner.âu. 

—  ^  Paul.  Nol.  Carm.  XXXIV,  (i.  l.e  ternie  rrètiueinnicul  employé  darcosolitim  dans 
larcliéologic  clirétienne  désigne  la  grande  niche  voûtée  qui  recevait  le  sarcophage  ; 
cl.  Uoni  l.cclerc<|,  JUaiwel  darchéoluij.  citrétienne,  1,  p.  i90,  291  et  Dom  Cabrol, 
Dict.  d'arch.  chrétienne,  p.  1503,  lig.  352,  p.  2774  sq.  ;  le  mot  se  trouve  aussi  dans 
les  inscriptions  chrétiennes  pour  désigner  l'aulel  élevé  sur  les  relii|ues  des  niarlyrs. 

»Ol.lTIU.  I  l'eul-ètre  en  le  déliant  niatéricllemenl.  à  l'époque  où  \obligatns 
était  un  prisonnier  chargé  de  liens  ;  peul-clrc  aussi  eu  dénouant  les  noeuds  magiques 
t|ui  tendaient  à  assujetlir  sa  volonté.  Voy..  en  des  sens  divers,  Huvelin,  Les  tablettes 
maijiliues  et  le  droit  romain  {Ann.  inlern.  d'Itisloire,  1902),  p.  30  sq.  ;  Magie  et 
droit  individuel  (Année  sociologique,  X,  1907),  p.  20  sq.;  Va'amu'  von  Uellzl, 
Ueber  die  reaten  Grundlagen  des  oliligationaieu  Vincutum  in  der  rômiscben 
Juristenspraclie,  Kolozsvar,  ll'OS  ;  Die  Obligation  im  Zeiclien  des  Delirts.  Kolozs- 
var,  1909;  ifuin  Hroblem  der  slips  noiosa,  Kolozsvar,  lOU'J  ;  bie  Obligalion  im 
Licbte  des  .S'acradec/ifj,  Koiozsvar,  1909.  Cl.  aussi  May,  Exemples  de  gémination 
juridiguedanstes  uuleurs  littéraires  lutins,  lians  .Mélanges  Oérardin,  l9M7,p.  404- 
406  ;  4I1-4I1'.  -  i  Paul.,  .\VI  adediet.  Dig.  XI.VI,3,  De  solut.et  liber.,  fr.  S4.  I.a 
iai;on  de  parler  de  Paul  iliherationem.. .  factam,  implique  que  cet  auteur  se  réfère 
aui  seuls  modes  volontaires  d'éteindre  li-s  obligations.  —  ^Ulp.,  XLVlll  ad  Sab. 
Dig.    L.  17,  De  die.  reg.    juris  antigui.  fr.   35  ;  Uaius,    /  Hegul.    Jbid.   fr.  luo. 

—  t  Pompon.  IV  iid  IJuinl.  Mue.  Dig.  Xl.VI,  3.  De  solul.  et  liber,  fr.  80: 
front  qnidgue  contractum  est,  ila  et  solri  débet,  et  les  applications  du  prin- 
cipe. Cl.  Vilimfi,  Die  Aatur  der  Correatoblii/ationen,  1S59,  p.  4i,  n.  .50.  —  ô  Jbe. 
rnig.  Ceist  des  romisclien  Hechls  ',  II.  p.  (i»5  sq.  :  (Esprit  du  droit  romain,  Ir. 
Meulenaere,  ill.p.  300 »|.)  ;  l.cisl,  t'eberdie  Wecliselheziehung  :u>iscl>en  dem  Itechts- 
beyrùndungs  und  /lechttnufliebun-isalit ,  léna,  ISTr,  ;  i;rn)an,  Xur  Geschichte der  lo- 
mischen  IJuittungen  und  Solutionsakte.  llerlin,  Iss3,  p.  50  scj.  80  sq.  —  C  Krels- 
chinar,  Die  Erfùllung,  Leipzig,  1901!,  p.  4  s<|.  :  Girard,  Manuel  de  droit  romain 
4-  éd.  1900,  p.  682,  I.  Cf.  la  symétrie  de  la  confarrealio  et  de  la  di/furreatio,  de 
t'inauguratio  et  de  l'exaugurutio,  de  la  consecratio  el  de   l'ej:secratio,  etc.  Ou 


'/iio  riillirjnliim  est  u^.  Les  obligations  nées  de  contrats 
formels  s'éteignent  donc  par  des  procédés  foriflels  ;  les 
obligations  nées  de  contrats  réels  s'éteignent  re  ;  les 
obligations  consensuelles  s'éteignent  par  le  contrarius 
ronsensiis  '.  C'est  ce  qu'on  nomme  la  règ/e  de  correspon- 
dance des  formes  de  création  et  d'extinction  des  obliga- 
tions'. Cette  règle  parait  se  rattacher  à  d'anciennes 
prescriptions  du  rituel  religieux  \  Mais  elle  n'a  été  for- 
mulée en  termes  généraux  qu'à  une  époque  récente',  et 
elle  a  toujours  comporté  des  exceptions.  Elle  ne  s'appli- 
que qu'aux  obligations  contractuelles'  et  aux  modes 
d'extinction  volontaires  '.  Le  plus  remarquable  des 
modes  d'extinction  non-volontaires  qui  y  échappent  est 
celui  des  droits  déduits  en  justice,  qui  s'éteignent,  quelle 
que  soit  leur  source,  par  l'accomplissement  intégral  des 
solennités  de  la  legis  actio,  et,  plus  tard,  par  la  délivrance 
d'une  formule  [litisco.ntestatioI.  L'extinction  d'un  droit 
déduit  en  justice  n'est  pas  une  so/utio"'. 

La  règle  de  correspondance  des  formes  trouve  son  appli- 
cation la  plus  exacte  dans  la  pratique  du  formalisme.  Aux 
formes  sacramentelles  qui  ont  présidé  à  la  naissanced'une 
obligation  doivent  correspondre,  pour  la  .so/m/Zo,  des  for- 
mes symétriques,  mais  inverses.  Les  obligations  nées  d'un 
contrat  verbal  par  demandes  et  par  réponses  STiPii.Ario 
ne  s'éteignent  que  verbalement  ",  au  moyen  d'interroga- 
tions et  de  réponses  inverses''^  :  uAcceplum  ne  /latjes'}  » 
demande  le  débileur  qui  se  libère.  «  Acceplum  Intbeo  », 
répond  le  créancier.  C'est  ce  qu'on  nomme  I'acceptilatio. 
Il  existe  même,  pour  éteindre  les  obligations  nées  lilte- 
ris  [nûmima  TRAXsscRipriciAj,  un  procédé  formel,  appelé 
aussi  acceptilation,  qui  consiste  en  un  virement  d'écri- 
tures, mais  dont  le  fonctionnement  nous  est  mal  connu  '^ 

remarijucra  que  les  textes  précités  d'Ulpien  et  de  Gaius  sont  insérés  au  Uîgeslc 
dans  le  titre  De  dicersis  regalis  juris  antigui.  Celui  d't'Ipien  est  extrait  do  son 
commentaire  sur  Sabinus.  celui  de  Pomponius  de  son  commentaire  sur  Quintus 
Mucius.  Ou  peut  conjecturer  que  la  règle  avait  été  entrevue  par  les  veteres. 
—  7  Karlowa,  Hômische  Iteclttsgeschicltte,  11,  1901,  p.  815;  Schlossmaon,  Attrô- 
misches  Sclinldrecht  und  Schuldcerfahren .  1901.  p.  81;  Pllûger,  IVexum  und 
Maiicipium,  1908,  p.  41  si|.  :  Milteis,  Dômisches  Hrimtrecht  bis  aufdie  Zett  Dio- 
kletians,  \,  1908,  p.273.  —  ^  Pompon,  l.  c.  :  '  Prout  quidgne  contractum  est...  » 
Dès  le  t<-iups  lies  Douze  Tables,  les  obligations  délictuelles  s'éteignent  par  simple 
pacte:  Dig.  II.  14.  De  partis,  fr.  7,  14;  Just.  Cod.  VI,  2,  De  furtis,  Const.  13; 
Bekker,  Die  Actionen  des  rômiscben  Privatrechts,  I,  1871,  p.  351  s<|.  —  9  Cilous 
parmi  les  faits  involontaires  qui  éteignent  les  obligations  et  qui.  échappant  à  la 
règle  de  correspondance  des  formes,  ne  sont  pas  qualiliés  de  solutiones,  la  mort  du 
créancier  ou  celle  du  débileur  (Girard,  Manuel^,  p.  7I4|  el  la  novaliou.  Celle-ci,  si 
elle  est  ancienne  (cf.  Burckhai-d,  Zu  Cicerodc  legibus  II  19-il.  Zeitsclir.  d.  Sari- 
gng  Stiftung.  IX,  IS8S,  H.  A.  p.  300  el  307,  1  ;  Girard,  Manuel  '.  p.  683,  1  : 
p.  690)  se  rau^c  originairement  parmi  les  laits  cxliuclirs  involonlaires.  bien  que 
résullanl  d'un  accord  de  volontés  :  car  c'est  la  coexistence  de  deux  obligations 
portant  sur  le  même  ohjel  qui  cnlraiue  mécaniquement  rextinction  de  1  une  d'elles 
(Girard,  Manuel^,  p.  690-692).  De  même  la  capilis  deminutio,  même  lorsqu'elle 
résulte  d'un  acte  volontaire  (p.  ex.  d'une  adrogation).  n'en  est  pas  moins  un  mode 
involontaire  d'éteindre  les  obligations.  —  10  Ou  ne  donne  pas  le  nom  de  sotutio  à 
l'exlinctioit  d'un  droit  résultant  de  l'accomplissement  d'une  legis  actio  pour  le  faire 
valoir  en  justice,  sans  doute  parce  i|u'oii  ne  considère  point  le  juris  einculum 
coniuie  dénoué  par  la  sentence  intervenue.  Le  défendeur  succombe-l-il  ?  Cela 
prouve  qu'il  était  obligatus,  et  il  reste  obligalus  el  suuniis,  à  partir  de  la  seulence. 
il  l'exécution.  Le  défendeur  triumphe-t-il  ?  Cela  prouve  qu'il  n'avait  jamais  été  obli- 
gatus ;  il  n'ya  pas  lieu  de  le  délier.  Avec  la  procédure  formulaire,  au  contraire,  ap- 
paraît bien  une  absolutio  prononcée  éventuellemeul  par  le  juge.  Mais  ce  n'est  pas 
elle  qui  éteint  ledroil  déduit  eu  justice,  c'est  la  litis  contestatio.  Vabsolutio  dénoue 
une  obligation  contractuelle  nouvelle,  celle  qui  naii  du  contrat  impliqué  dans  la 
délivrance  de  la  formule.  Cela  explique  aussi  pourquoi  il  est  question  dans  cer- 
tains textes  d'une  solulio  pour  Vobligulio  judicati  (Leuel,  Essai  de  reeonstttit- 
tion  de  fEdit  perpétuel.  II.  1903.  p.  143;  Das  Edielum  perpetuumi,  lOliT, 
p.  393)  :  il  s'agit  de  l'extineliou  lolonlaire  d'une  obligalion  contractuelle,  et  cela 
est  parfailcnient  conrorme,  quoi  ;|u'eii  dise  Kretschmar,  p.  4,  4-5,  à  l'usage  signalé 
supra,  n.  8  et  9.  —  I"  Llpiaii.  .\'L  VIII  ad  Sab.  Dig.  Xl.VI.  4,  De  aceept.  fr.  8,  3  ; 
Gains,  m,  170.  — <2  Paul.  XII  ad  Sab.  Dig.  Jbid.  Ir.  14:  \erbis  rerba  ea  demum 
resolri  passant  quae  inter  se  congruunt  ;  Erman,  flutttungen,  p.  43-50.  —  13  Er- 
nian,  p.  29  sq.  ;  Voigt,  l'eber  die  ilankiets,  die  lîuchfûbrung  und  die  Littéral- 
obligation  der  Itômer  (.\bh.  der  ph.  kist.  Classe  der  .StJehsischen  Geseltsctiuft, 
X,  7.   IS87),  p.  547,  05-66.  p.  358;  Girard,    Manuel  *,  p.  7119,  2. 


SOI. 


\:vx\  — 


SOL 


Enfin  les  obligalions  nées  de  la  proiioncialion  duin' 
formule  solennelle  de  damnatio  s'éleignenl  par  le  cé- 
rémonial de  la  sofulio  pe?'  aes  et  lîbram\  qui  a  pour 
pièce  principale- la  prononciation  d'une  formule  desti- 
née à  neutraliser  les  ellVts  de  cette  damnatio  :  «  Quod 
ego  tibi  tôt  miilifjus  condemnatus  sum,  me  eo  nomine 
a  te  sotro  litjeroque  hoc  aère  aeneaque  libra  »  '.  Les 
cas  d'application  de  la  damnatio  sont  peu  nombreux  à 
Torif^ine.  On  Teinploi)'  surtout  dans  le  ne.rum,  où  elle 
fournit  sa  sanction  à  un  acte  per  aes  et  iibram  (manci- 
pation  fiduciaire  de  l'obligé?)  sur  lequel  elle  se  grelfe 
[nexl'MJ  :  aussi  la  solntio  correspondante  \nexi  libe- 
ratio)*  comprend-elle  également  un  paiement  simulé  par 
l'airain  et  la  balance.  Plus  tard,  lorsqu'apparaissent  des 
applications  nouvelles  de  la  damnatio  %  notamment 
dans  le  legs  per  dumnationem  et  la  condamnation  judi- 
ciaire \  la  nexi  iifjeraiio  s'étend  naturellement  aux 
obligations  qui  en  naissent;  et.  comme  la  solennité  per 
ars  et  Iibram  ne  s'en  sépare  point,  par  une  de  ces  survi- 
vances illogiques  dont  nous  avons  tant  d'exemples \  la 
régie  de  correspondance  des  formes  se  trouve  partielle- 
ment entamée  **. 

Les  procédés  formels  de  solutio  dont  il  vient  d'être 
question  agissent  en  dehors  de  toute  considération  de 
cause  ou  d'intention,  par  le  seul  accomplissement  des 
formes   requises  '\    Peu    importe   que   le   paiement  ait 

*  Les  formes  el  la  portée  de  la  solutio  per  aes  et  Iibram  font  l'ohjcl  de  discussions 
sans  nombre,  mais  sans  issue, depuis  le  livre  de  Huschkc,  Ueber  lias  /techt  des  Nexum 
und  dos  aile  rôtnischc  Schutdrecht,  1816.  On  bc  borne  ici  à  indiifuer  la  théorie  qui 
semble  la  moins  aventureuse,  en  renvoyant,  pour  le  surplus,  à  Erman,  fjnitlutit/en, 
p.  35,  el  à  la  lillératurc  relative  au  NKXtM  (à  laquelle  il  faut  ajouter  maintenant  Scun, 
Le  nexum,  contrat  de  prêt  du  très  ancien  droit  romain.  Nottv.  Iitn\  hist.  de  dr. 
XXIX,  11*03.  p.  4&  sq.  ;  riluger.  \'exum  und  niancipiuin,  1908  :  Milleis,  Itômischcs 
l'rivnirecfu,  1908,  I,  p.  257s(i.  ;  ^61  sq.  ;  27:t  sq.  ;  Kretsrhmar,  Dus  Nexum  und 
sein  Verhâltnis  zum  Alancipium.  Zeitschr.  d--r  Savif/ny-Stiflung^  R.  A.  XXIX 
(1008),  p.  til-iSi).—  2  C'est  donc  l'élémenl  formel,  et  non  l'élément  nW  (paie- 
ment), qui  nous  semble,  contrairement  à  ce  que  pt-nse  Milleis.  /.  c.  1,  p.  ï' 4  sq., 
constituer  la  partie  essentielle  de  lu  sohttio  per  aes  et  liOram.  Car  le  paiement  i|uc 
mentionnent  les  sources  est  un  paiement  fictif;  Gains,  III,  174;  «  //anc  tibi  Iibram 
primam  postrenianique  expcndo  aecvndtnn  legem  publicnm.  «  Ù^inde  asse  p''rcutit 
Iibram  eumque  dat  u  t/uo  liberatur,  veluti  solvendi  causa  Cane  voit  pas  sur  quoi 
Mtiteis  s'appuie  pour  admettre  (|uc  ce  paiement  ait  Jamais  été  (m  paiement  véri- 
table. Cf.  Danz,  Icbrbuch  der  Oeschichtc  des  rômischen  Jlechts^,  il,  1873,  p.  II- 
li.  _  3  Gains,  III,  174.  qui  ne  nous  rapporte  daiileurs  que  la  formule  de  solutio 
per  aes  et  Iibram  prononcée  par  le  débiteur  qui  se  libère  lui-même.  Lorsque  la 
solutio  est  elfeclu'c  par  un  tiers  (in/ru,  p.  1395,  n.  4  ),  elle  comporte  sans  doute 
une  formule  dilTércnte,  simple  transpositiou  peut-être  (?j  de  la  prccé<lenle  : 
•  (Juod  nie  tibi...  condemnatus  est,  eum  eo  nomine  a  te  solvo  libcroffue  boc  aère 
aeneaque  libra.  »  —  *  Feslus,  v"  .Yej:«ni,  éd.  Miillcr,  p.  Itio.  —  ^  On  adnietlra 
facilement  que  le  legs  per  dumnationem  et  la  condamnation  judiciaire  sont  plus 
récents  que  le  nexum.  On  sait  en  effet  que  tes  XII  Tables  s'occupent  déjà  du 
nerum  (Ke!>tus,  v"*  yuncupata  pecunia,  éti.  M.  !73).  Au  contraire  elles  ne  s'occu- 
pent ni  de  la  condamnation  judiciaire,  ni  du  legs  per  damnatitmem.  On  sait  que  la 
coud-imnation  apparaît  à  peine  dans  les  letjis  actiones per  judicis  postidationem  et 
per  condictionem  (Girard,  Histoire  de  l'oryani^ation  judtcintre  des  Jtomains,  I, 
(l'JOI),  p.  91,  z)  et  qu'elle  n'est  pleinwncat  admise  que  dans  la  procédure  formu- 
laire. Uuaut  au  legs  per  damnalionem,  il  n'est  pas  visé  par  l'unique  précepte  que 
les  XI!  Tables  consacrent  aux  legs  ;  «  l  ti  letjassit  super  pecunia  tutelave  suae  rei. 
lia  jus  esto  >•  (L'Ipian. ,//£§.  .XI,  14^,  car  l'expression  uti  legassit  ne  s'applique  évi- 
demment qu'aui  legs  où  le  testateur  emploie  le  mot  /cyo,  c'est-à-dire  aux  k'^s  per 
rindicationem  (Gains.  Il,  193).  Voy.  aussi  LIpian.,  ftey.  XIX,  17.  Cf.  Karlowa,  11, 
p.  910-917  ;  Girard,  Manuel  ^,  p.  911,  3.-6  Dans  la  formule  de  la  i^olutio  per 
aes  et  Iibram,  il  n'est  question  (Gains,  111,  173-175)  que  de  dettes  nées  d'une  dam- 
natio. Le  débiteur  dit  :  «  i/uod  t'y»  tibi  condeninatus  (%  174)  ou  damnatus  (§  175) 
sum  ».  On  introduit  dans  le  texte  une  conjecture  arbitraire  r)nantl  on  suppose  que 
le  débiteur  pouvait  dire  :  quod  ego...  spopondi  »  (Milteis,  I,  p.  27ii,  38),  et  que  la 
solutio  per  aes  et  Iibram  servait  à  éteindre  la  «réance  du  sponsor  contre  le  débi- 
teur principal.  A  fortiori  ne  peut-on  admettre  que  la  s.  p.  aes  et  Iibram  fut  nu 
mode  général  d'éteindre  tuut^'S  les  otdigalions  portant  sur  une  cerla  pecunia. 
—  ''  On  pourrait  supposer  aussi  (Musclike,  Nexum,  p.  iu  ;  Karlowa,  iJer  romische 
Civitprocess  zur  ZeU  der  Legisa  Jet  tout  n,  1877,  p.  lot ,  que  lacle  per  aes  et  Iibram 
restait  allacdé  au  cérémonial  de  la  liberutto  p.ir  suite  de  nécessités  pralii]uus 
tenant  au  régime  monétaire  :  il  fallait  peser  les  lingots  servant  de  monnaie  (Gaius, 
I,  12^).  Mais  cette  explication  ne  serait  plus  de  mise  pour  des  applications  de  la 
solutio  per  aes  et  Iibram  imaginées  après  les  XII  Tables  et  l'appai-ition  de  la  pecu- 
nia nument  ta    Mommsen,  Ristoirede  la  monnaie  romaine,  tr.  Blacas,  1865-1875, 

Vlll. 


(Ml  lien  ou  non'"  :  ci-  sont  des  modes  d'exliiicLion  alis- 
Irails,  (|ui  peuvent  aussi  bien  servir  à  réaliser  une 
donation,  une  constitution  de  dot,  une  compensation 
conventionnelle,  une  transaction,  etc.,  qu'un  paie- 
ment. Cela  n'est  guère  contesté  pour  l'acceptilation  ", 
et  ce  n'est  guère  plus  contestable  pour  la  solutio  pei- 
nes et  lihrain,  bien  qu'on  ait  soulevé  des  doutes  sur 
ce  point  '-. 

2°  So/iitio  dans  son  sens  étroit  signifie  paieineiil. 
Payer,  c'est  exécuter  l'obligation  '^  Le  paiement,  qui 
n'avait  originairement  aucun  ellet  exlincl  if  par  lui-même, 
a  pu,  par  application  du  principe  de  correspondance  des 
formes,  éteindre  les  obligations  contractées  re,  dès  que 
celles-ci  ont  été  admises'*  ;  puis  il  s'est  étendu  aux  autres 
obligations,  formelles  ou  non,  el  a  fini  par  être  considéré 
comme  la  solutio''^  par  excellence".  Dès  lors  la  règle  de 
correspondance  des  formes  se  trouvait  abolie.  A  quelle 
époque  celte  transformation  s'esl-elle  réalisée?  On  est 
réduit  à  des  conjectures.  La  transformation  aurait  eu 
lieu,  selon  les  uns,  dès  le  temps  de  Piaule'^  ;  selon  d'autres, 
dès  le  temps  de  P.  Mucius  Scaevola  ^cos.  tiilj'",  ou  au 
moins  avant  la  fin  de  la  République''^;  selon  d'autres 
enfin  à  une  époque  plus  tardive-",  peut-être  seulement 
au  temps  de  Claude-'.  L'opinion  intermédiaire  parait  la 
plus  sûre--.  Sans  doute,  vers  le  viii"  siècle  U.  C,  le  paie- 
ment suffisait  à  éteindre  la  plupart  des  obligations". 

I,  p.  1~'J)  ;  en  oulre,  elle  supposcratl  (|ue  la  solutio  per  aes  et  Iibram  ne  servait  â 
éteindre  i|ue  des  dettes  de  sommes  d'argent  :  op  cela  est  Tort  douteux,  au  moins 
pour  les  dettes  nées  d'un  legs  per  danmationem.  Cf.  pourtant  Sciilossmann.  p.  1 18 
S(i.  —  «  Mitteis,  I,  p.  274-Î75  ;  cf.  Krelsclimar,  p.  5,  n.  5  a.  —  9  Kret-cljmar, 
p.  4s,|.  —  10  Girard,  Manuel  *,  p.  683  ;  Frese,  Zur  Lehre  von  iler  Quillimrj. 
Zeitschr.  d.  Savigny  Stiftunj,  XVUl  (1897),  R.  A.  p.  243  sq.  —  "  LIpian.  //  Jteg. 
Dig.  XLVl,  4,  De  accept.  fr.  l'J,  1  :  Acceptilatione  omni  modo  liheratio  contin- 
git^  licet  pecmia  soittta  non  sit,  apoctia  non  alias  quam  si  pecunia  sotuta  sit. 
Vov.  pourl.*nt  Filting,  Correalobligationen,  p.  42  S(|.,  qui  voit  dans  l'acceptil  itiou 
une  sorte  de  ipjittauce  solennelle.  —  '2  Nous  possédons  un  texte  décisif  (Liv.  VI, 
li,  5)  duquel  il  résulte  que  pour  libérer  un  débiteur  nexus,  il  ne  suffit  pas  de  payer 
ce  qu'il  doit,  il  faut  encore  accomplir  les  solennités  de  \&  solutio  per  aes  et  Iibram  : 
»  /lem  creditori  palam  populo  solvit  (se.  Manlius),  libraque  et  acre  liberatum 
emittit.  »  ;  Ginird,  Manuel  '  p.  6s3,  3.  —  <3  Ulpian.,  XLV  ad  Hab.  Ùig.  L.  16, 
De  verti.  sign.  fr.  I7fi  ;  <-  Sotvere  dicimus  eum  qui  fecil  quod  facere  promisit.  . 
—  1'  Cuq,  Institutions  juridiques  des  Romains,  11,  1902,  p.  516,  4;  Krelsclimar, 
p.  15,  n.  tT.  —  lô  L'emploi  du  mot  solutio  pour  désigner  le  paiement  reste  cou- 
forme  âl'usagf  indiqué  sttfirn,  p.  13'j;,  Le  paiement  est,  en  effet,  un  acte  volontaire.  11 
est  vrai  que  le  créancier  non  payé  peut  menacer  le  débiteur  récalcitrant  d'une  pour- 
suite, alin  de  peser  sur  sa  lolonté.  Miiis  si,  malgré  tout,  le  débiteur  ne  paie  pas,  on 
ne  peut  aboutir,  en  fin  de  compte,  qu'à  ce  qu'oit  appttli!  un  peu  iuqiroprement  une 
voie  d'exécution  (manus  injectio  ou  uiissio  in  bonu  suivie  de  veuditio  bonorumi, 
qui  n'est  pas  un  paiement,  et  que  les  testes  romains  ne  qualilienl  pas  de  solntio. 
Cf.  en  des  sens  différents,  Siber,  Jlechtszwang  und  achuldrerlmttnis,  p.  7  sq.; 
156  sq.;  kretschmiir.  p.  44  sq.  —  I»  Gaius,  III,  168:  Tollilur  autem  obtiqatio 
praecipue  solulione  ej us  quod  débet ur. —  '''  Erman,  Quittungen,  p.  78;  Costa,  Il 
airitto  prinato  romano  nellc  comédie  di  Plauto,  1890,  p.  30(i-'i01.  Mais  ces  auteurs 
n'ont  pas  soumis  les  textes  de  Piaule  qu'ils  utilisent  à  une  critique  suflisamment 
rigoureuse. —  '*  Girard,  .l/«niief4,  p.  684,  1.  Cf.  Filting,  Correaloblapittonen, 
p.  46.  note.  —  ''•*  Frese,  Zur  Lehre  von  der  Quittung.  Zeitschr.  der  Savignt/  Stif- 
(uny,  XVUl  (1897),  R.  A.  p.  242;  Cuq,  Jnst.Jur.l\,  p.  515;  Kretscbmar.  p.  15-16. 
avant  la  controverse  sur  l'effet  cilinctif  de  la  Aiiio  m  wlutum.  lufra,  p.  1394.  n.  10- 
11.  —  i"  Kntrc  le  temps  d'Auguste  et  celui  de  Dioclelien.  selon  Voigt.  l'as  jus  na- 
luralc  und  jus  gintiitm  der  Himter,  III,  I,  p.  3V0._2I  En  ce  sens  Jlommscu.  Her- 
mès, XII  (1877),  p.  I09,qui  part  île  l'idée,  reconnue  fausse  par  Erman  (Uie  pompc- 
janischen  Waclistafeln,  Zeitschr.  d.  i'arijuj  A'«i/'(uiij,  XX  (1S99),  R.  A.  d.  ISSsq.j, 
que  les  quittances  de  l'ompéi  (Infra.  p.  1355,  n.  13)  constataient,  jusque  vers  le  temps 
deClaude,  des  acceplilations, et  non  des  paiements;  Kretscbmar,  p.  12-15. —  -~  Elle 
a  du  moins  le  mérite  d'expliquer  pourquoi  certains  traits  caractérisliipies  de  la 
théorie  du  paiement  ne  sont  pas  encore  fixés  à  la  fin  de  la  République  :  ainsi  Scr- 
vius  ignore  encore  l'iiidivisibilitc  du  paiement  (Marcell.,  XI Jl  Digest.  Uiq.  XLVl,  3, 
Oe  sol.  et  lib.  fr.  07),  et  Labéon  ignore  la  libération  du  débiteur  par  un  tiers 
effectuant  le  paicmeni  malgré  lui  (Labeo,  VJ  Fithanon  a  Ai«/o  epitomatorum, 
Ibid.  Ir.  91  j.  .'-ur  ce  dernier  texte,  qui  soulève  de  nombreuses  difficultés,  voy. 
Uertmnnn,  iJie  Zahlung  fremder  Schulden,  .\veh.  f.  d  civil.  Praxis.  LXXXII, 
p.  3S9-390  ;  Kiselc,  Beitrâge  zur  rômischen  Jlechtsqcscbichlv.  1896,  p.  36,  n.  20  ; 
Kretscbmar,  p.  19-20;  Mitteis,  Zeitschr.  d.  Havignij  Stiflunq,  XXX  (1909),  p.  441. 
_  21  Le  texte  d'Alfeuus  Varus  (Uii,.  XLVl.  3,  fie  sol.  fr.  35).  cité  par  Erman. 
(Juiltungen,  p.  77,  et  Girard,  Manuel  '.  p.  684,  I,  ne  vise  encore  que  le  paiement 
d'obligations  contractées  rc  ;   il  n'introduit  donc  point  de  dérogation  â  la  règle  de 

175 


SOL 


1394 


SOL 


A  ri'pixjiie  rlassiqui',  il  les  ('loignail  U)u\('S  i/iso  Jure, 
(|uello  quVn  fùl  la  source  '. 

Lrs  coiidilioiis  de  validité  du  paieiuciil  se  rapporb'nl 
soil  à  l'idijel  du  paicineiil,  soit  aux  parties. 

A.  L'uhjel  dit  paiement  est  l'objet  même  de  l'ohliga- 
lion  :  acte  ou  abstention.  Le  plus  souvent,  c'est  la  f/a/«6i 
(c'est-à-dire  le  transfert  de  propriété)  de  la  chose  due 
(corps  certain,  denrées  ou  argent).  Quel  qu'il  soit,  l'objet 
du  paiement  doit  être  adéquat  à  l'objet  de  l'obligation. 
Il  faut  payer  tout  ce  ([ui  est  dû,  et  exactement  ce  qui  est 
dû.  a)  Tout  re  (/ni  est  dû.  Le  créancier  peut  refuser  un 
paiement  partiel.  Ce  principe,  difficile  à  justifier  logi- 
quement '-,  s'explique  historiquement  par  l'influence 
de  la  vieille  règle  de  Viaiila.t  actus',  déjà  admise  dans 
la  solutio per  (tes  et  librain^.  Il  n'autorise  pas,  d'ailli'urs, 
le  créancier  à  réclamer  plus  qu'il  ne  lui  est  dû  en  vertu 
d'une  même  cause,  .\insi  le  créancier  d'une  personne  qui 
vient  de  mourir  peut  être  tenu  de  recevoir  paiement 
partiel  des  héritiers,  car,  à  Rome  déjà,  les  dettes  se 
divisent  de  plein  droit  entre  les  cohéritiers-'.  De  même 
un  créancier  qui  a  plusieurs  créances  distinctes  contre 
un  même  débiteur  peut  être  tenu  de  recevoir  paiement 
de  l'une  à  l'exclusion  des  autres  ".  Si  le  créancier  accepte 
un  paiement  partiel,  la  créance  s'éleint  jusqu'à  concur- 
rence de  la  quantité  payée  '' .  b)  Exactement  ce  qui  est 
dû.  Le  créancier  n'est  pas  tenu  d'accepter  en  paiement 
aliud  prn  a/io  *  ;  mais  il  peut  —  et  ce  n'est  pas  une 
dérogation  au  principe  —  y  consentir,  soit  d'avance, 
lorsqu'il  accorde  au  débiteur,  en  contractant,  \\ï\q  facili- 
tas solutionis'',  soit  à  l'échéance,  lorsqu'il  accepte  du 
débiteur  une  dation  en  paiement  [datio  in  solutum  vnlon- 
taria).  Les  jurisconsultes  romains  semblent  avoir  eu 
quelque  peine  à  faire  rentrer  Va  datio  in  solutum  dans 
les  cadres  juridiques    préexistants.   Fallait-il,  avec  les 


rorri'spoudam-e  di'S  formes.  (Juaiil  au  Icilc  de  i;ioiTon  fùe  lei/ibns,  II,  iO)  iclalani 
les  expédients  imaginas  par  P.  et  [).  Muciiis  Scaevola  pour  soustraire  le  U'î:atairc 
de  la  mnjor  pars  pectiniae  à  la  charge  des  sacra,  il  laut  sans  doute  lï'carler  du 
débat.  Oii  sait  «lue  ce  texte  suppose  une  action  {si  ati(/uis...  cu-egisset)  tendant  à 
faire  exécuter  intégralcnieut  un  leyatum  partitionîs  déjà  exécuté  pour  partie;  il 
prouve  ainsi,  estime  ton  (Ërman,  Quithmgen,  p.  75  sq.),  que  le  paiement  d'un  legs 
peut  déjà  se  faire  autrement  que  per  «es  et  libi'am  :  car  la  sotulioper  aes  et  libram 
est  indivisible.  Cette  conclusion  ne  s'imposerait  que  si  le  texte  établissait  que 
l'exérutinn  partielle  s'élait  vraiment  elTectuée  par  un  paiement,  c'est-à-dire  par  un 
acte  supposant  un  accord  de  volontés.  Or,  il  n'en  est  rien.  Cicéron  ne  parle  que 
d'une  appréhension  unilatérale  réalisée  par  le  légataire  sans  le  coDiours  de  l'héri- 
tier {  st  inde  quippiam  ceperit...;  ipsiquc  minus  ceperint...;  si  minus  guis 
cepisset,  etc.).  Il  s'agit  là  d'une  capio  (cf.  la  terminologie  en  usage  dans  la  pigno- 
ris  capio,  Vusucapin,  la  cnpio  de  la  Vestale,  les  mortis  causa  cnpioues  des  lois 
Kuria  et  Voconia,  etc.,  et  notons  que  les  expressions /((.s  capienili  et  capacitas 
n'ont  pas  toujours  eu  le  sens  affaibli  qu'ils  ont  dans  le  droit  classiquol.  Nulle  part 
il  n'est  question  d'une  solutio  paiemenl.  —  '  Kxception  faite  pour  les  cas  où  il  y  a 
successio  in  locuui  ou  cession  d'actions.  Il  est  d'ailleurs  vraisemblable,  comme  l'a 
admis  l'ilting,  h'orreahbliyatiuncn,  p.  40,  n.  31),  qu'à  l'origine  le  |iaiement  n'étei- 
gnait les  obligations  formelles  qu'e.rce;>(ionis  ope.  —  2  Voy.  la  justification  don- 
née déjà  par  Du  .Moulin  iTr  de  ilii\  et  ind.  p.  2.  n.  14)  et  Cothier  ('/"roilé  des  o6(l- 
t/ations,  n"  o'H)  et,  après  eux,  par  les  commentateurs  de  l'art.  1:244  de  notre  Code 
civil,  i|ui  a  consacré  aussi  (art.  liSn)  l'indivisibilité  du  paiement.  —  3  Jhering, 
Geisl  des  rôm.  Itechtsi,  III,  1.  p.  134-178  (et  tr.  de  Meulenaere,  IV,  p.  148  sq.)  ; 
Erman,  IJuittungen,  p.  i'.l  sq.  ;  (iirard.  Manuel^,  p.  711  ;  Mitteis.  I,  p.  290;  cf. 
Veriiay,  Serviua  et  son  école,  1909,  p.  199.  —  4  Husclike,  Kexum,  p.  239;  Ernian, 
IJuittungen,  p.  4n-42  ;  Burckhard,  Zu  Cicero  de  legibus,  11,  19-10  (Zeilschr.  d. 
.S'ur.  Stiflung,  IX  (1888),  p.  28(1-33(1),  p.  310-312.  Au  temps  de  Servius.  le  principe 
de  l'indivisibilité  du  paiement  n'était  pas  encore  admis  ;  Marccll.,  Xlll  llig.  Dig. 
XLVI.  3,  De  sol.  fr.  ti7.  —  s  Sauf  le  cas  de  dettes  indivisibles.  —  6  Accarias. 
Précis  de  droit  romain''.  II,  1S91,  p.  530;  684,  1  ;  Girard,  Manuel^,  p.  687.  Les 
jurisconsultes  romains  avaient  formulé,  pour  V imputation  des  paiements,  des  régies 
qui  remonleni  jusqu'aux  veteres.  Le  débileur  de  plusieurs  dettes  peut  d'abord 
déclarer  rpielle  est  celle  qu'il  entend  payer;  Ulpian.,  XLIll  ad  Sab.  Diij.  XLVI,  3. 
be  sol.  cl  lib.  fr.  1.  S'il  ne  le  fait  pas,  le  choix  passe  au  créancier,  mais  celui-ci 
doit  imputer  le  paiement  sur  la  dette  qni  est  la  plus  désavantageuse  pour  le  débi- 
teur ;  l'apin.,  /V  bef.  Dig.  Ibid.  fr.  97:  «  quod  verisiutile  videretur  diligentem 
debilorem  admonilum  lia  negotium  auum  gesturum  fuisse  >■  ;  Cucj,  Inst.  jur.  Il, 


Prociilions  '",  la  traiter  comme  une  datio  gratuite  de 
l'objt'l  remis  //(  solutum,  jointe  à  un  pacte  de  non 
petendo,  ou,  avec  les  Sabiniens",  comme  un  achat  de  cet 
objet  moyennant  un  prix  égal  à  la  somme  due  (le  débi- 
teur étant  censé  avoir  payé  cette  somme  et  l'avoir 
reprise  à  titre  de  prix)?  Les  jurisconsultes  employaient 
l'une  ou  l'autre  de  ces  deux  analyses  à  résoudre  les 
questions  délicates  que  soulevait  la  pratique  de  la  datio 
in  solutum,  notamment  celles  de  savoir  comment  elle 
éteignait  l'obligation,  et  quel  recours  elle  donnait  à 
Yacripiens  en  cas  d'éviction.  Sur  la  première  question, 
les  Proculiens  admettaient  que  l'extinction  avait  lieu 
exceptionis  ojie,  et  les  Sabiniens  (dont  la  doctrine  pré- 
valut)'-,  qu'elle  avait  lieu  ipso  Jure;  sur  la  seconde, 
certains  jurisconsultes  (Marcien)  "  admettaient  que  le 
recours  en  éviction  s'exerçait  par  l'ancienne  action  que 
la  datio  in  solutum  se  proposait  d'éteindre,  et  d'autres 
(Ulpien)  ",  qu'elle  s'exerçait  par  l'action  empti''\  Cette 
dernière  controverse  ne  semble  pas  avoir  été  tranchée 
par  .luslinien  '".  La  règle  que  le  créancier  n'est  pas  tenu 
d'accepter  en  paiement  aliud  pro  alio  a  subi  au  Bas- 
Empire  quelques  dérogations,  qui  constituent  autant  de 
cas  de  datio  in  solutum  necessaria.  Citons  notamment 
la  disposition  de  la  Novelle  IV  de  Justinien '^  d'après 
laquelle  le  débiteur  d'une  somme  payable  en  or,  qui  se 
trouve  embarrassé  pour  s'acquitter  parce  qu'il  ne  pos- 
sède que  des  immeubles,  et  qu'il  ne  peut  les  vendre,  est 
autorisé  à  donner  en  paiemenl,  après  estimation,  tout 
ou  partie  de  ces  immeubles  pour  ce  qu'il  doit. 

B.  Les  parties  doivent  être  capables  toutes  deux  de 
faire  leur  condition  pire  :  car  le  créancier,  en  recevant 
paiement,  perd  sa  créance  ;  le  débiteur,  en  payant,  perd 
ce  qu'il  paie  (du  moins  lorsque  le  paiement  a  pour  objet, 
comme  cela  arrive  le  plus  souvent,  une  datio).  Donc  le 


p.  318  ;  Koby,  Roman  prii'ale  law  m  llie  limes  of  Cicero  and  o/  the  .\nlonines, 
II,  1902,  p.  34;  Kretsclimar,  p.  39  s(|.  Cf.  Boufante,  Isliluzioni  di  diritto  rumano  ^ 
p.  371,  I.  —  7  Accarias,  l'récis.  Il*,  p.  530,  1;  Roby,  II,  p.  51.  —  8  Paul. 
.\A't7//  ad  éd.  big.  XII,  1,  De  reb.  cred.  fr.  2,  I  ;  Cod.  Just.  VIII,  42,  De  sol.  et 
lib.  const,  l(i.  —  y  Accarias,  Précis,  Il  4,  p.  134.  —  10  Gains,  111,  108  ;  Accarias, 
II,  p.  S33  :  Démangeât,  Cours  élémentaire  de  droit  romain,  112,  18illi,  p.  421  sq.  ; 
Cuq,  /n5(.  jurid.  II,  p.  519-520.  —  Il  On  doit  tenir  l'analyse  en  question  pour 
sabinienne  dans  ses  origines,  bien  que  Gains  (llï,  108)  n'en  témoigne  pas  directe- 
ment. Mais  elle  est  étroitement  apparentée  avec  la  théorie  sabinienne  de  l'échange 
(cf.  en  sens  contraire  Accarias,  II,  p.  53t.  1).  En  effet,  les  textes  classiques  qui 
donnent  une  action  empli  utile  pour  assurer  la  garantie  d'éviction  de  l'objet  donné 
in  solulU7n  le  font  en  termes  généraux,  sans  distinguer  selon  que  la  dalio  remplace 
le  paiement  d'une  certa  res  ou  le  paiement  d'une  somme  d'argent.  Il  faut  donc  bien 
qu'ils  assimilent  l'échange  a  la  vente.  On  sait  que  cette  assimilation,  défendue  par 
les  Sabiniens  à  l'encontre  des  Proculiens  (Gains,  III,  141;  Paul.,  .Y.VA7// ad  erf. 
Diy.  XVIII,  1,  Ûe  conir.  empt.  fr.  1,  1)  n'a  pas  triomphé  ;  lnsl.de  Jusl.  111,23,  2; 
Montégu,  De  la  dalio  in  solutum,  p.  83  ;  Krotschmar.  p.  54  sq.  —  I'-  Marcell.  cilé 
par  Ulpian..  XXVI  aded.  Dig.  .\II,  0.  be  cund.  ind.  fr.  26,  4:  «  placuit  rem  pro 
pecnnia  solulam  parère  liberationem  »  ;  Paul.,  VU  ad  Sab.  Dig.  XXlll,  3,  De 
jure  dotium,  fr.  23:  «  secundum  id  quod  placuil  rem  pro  re  solvi  posse.  »  Les 
textes  en  (|uestion  pourraient  d'ai'Ieurs  être  interpolés.  Cf.  Paul.,  AT  quaesl.  Dig. 
XLVI,  3,  De  sol.  et  lib.  fr.  98,  6  :  "  nemo  enim  dtjcit  /ado  pro  facto  soluto  libera- 
tionem conlingcre  ».  La  controverse  n'aurait  alors  été  tranchée  que  par  Juslinien, 
qui  assimile,  en  effet,  au  point  de  vue  de  l'effet  exlinctif,  la  drt(/o  in  solutum  au 
paiement,  /nst.  III,  29  pr.  :  «  Tollitur  aulem  omnis  obligatio  solutione  ejus 
quod    debetur,   vel   si    quis   consentiente  creditore   aliud  pro    alio   .^ulverit.  w 

—  13  Marcian.,  ///  Itegul.  Dig.  XLVI,  3,  De  sol.  et  lib.  fr.  46,  pr.  C'était 
saosdoulc  la  solution  proculicnne.  Cf.  pourtant  Cuq,  Inst.  jur.  II,  p.  521,  1.  En 
noire  sens.  Karlowa,  Itôm.  lieehlgesch.  II.  p.  1382  ;  Kretschmar,  p.  5?  sq.  -  14  Ul- 
pian, .V.V.Y  ad  éd.  Dig.  XIII,  7,  De  pign.  ad.  fr.  2V,  pr.  ;  t'od.  Just.  VIII, 
44,  De  ei'icl.  consl.  4  (Caracalla,  ann.  212).  —  *=>  Cette  question  présente  sur- 
tout de  l'intérêt  à  raison  des  garanties  personnelles  ou  réelles  qui  peuvent  être 
attachées   à  l'ancienne  action,  cl   qui  manquent   naturellement  à    l'action    empli. 

—  lii  Les  deux  solutions  se  retrouvent  dans  le  Code  de  Justinien.  Voy.  la  consti- 
tution précitée  de  Caracalla,  et  deux  constitutions  de  Dioclétien  et  Maximien,  Cod. 
Jusl.  Vil,  45,  De  senl.  et  int.  consl.  8  ;  VllI,  42,  De  sol.  et  lib.  const.  17 
(ann.  293).  —  17  Nm.  IV,  De  fidejussoribus  et  mandatoribut  et  solutionibns,  c.  3 
laun.  535). 


SOL 


1  :Wo 


SOM 


pupille  ne  peut,  dans  la  pratique,  payer  ou  recevoir 
paiement,  quuyecV  a  uctor  il  as  de  son  tuteur'. 

Le  paiement  peutèlre  fait  au  créancier  ou  à  son  fondé 
de  pouvoirs  (tuteur,  curateur  ;  —  mandataire;  —  adjec- 
liis  soliitionis  f/ralia)  ^  par  le  débiteur  ou  son  fondé  de 
pouvoirs  (tuteur,  curateur  ;  —  mandataire).  En  outre 
toute  personne  étrangère  à  la  dette  peut  la  payer', 
même  à  Tinsu  ou  contre  le  gré  du  débiteur,  et  ce  paie- 
ment libère  toujours  l'obligé'.  Cette  dérogation  notable 
aux  principes  romains  qui  excluent  la  représentation 
dans  les  actes  juridiques  '  s'explique  difficilement  ;  on 
ne  saurait  se  contenter  des  justilications  d'équité  ou 
d'utilité  que  proposent  les  jurisconsultes  romains'' ;  elle 
dérive  bien  pliilôl  des  règles  propres  aux  formes  les 
plus  anciennes  de  so/iilio'.  La.  so/ulio  jicr  aes  et  libram 
était  formaliste;  elle  éteignait  l'obligation,  même  si  son 
rituel  avait  été  accompli  par  un  autre  que  l'obligé  ;  et 
Tive-Live  nous  rapporte,  en  effet,  une  so/ulio  per  aes  et 
libram  effectuée  par  un  tiers  pour  le  compte  du  débi- 
teur*. Lorsque  la  suliilio  sans  formes  s'est  substituée  à 
la  soliitio  formelle,  on  lui  a  appliqué,  par  une  de  ces 
imitations  dont  nous  avons  d'autres  exemples',  la  même 
règle  qu'à  sa  devancière. 

La  preuve  du  paiement  s'administre  conformément 
aux  principes  généraux  [i-hùbatio],  notamment  par  des 
témoignages  ou  des  actes  écrits  '".  Il  y  a  deux  types 
d'actes  servant  à  constater  des  paiements.  Les  actes  du 
type  ancien,  qui  représente  le  type  proprement  romain", 
sont  rédigés  par  les  personnes  qui  peuvent  avoir  besoin 
de  les  invoquer,  c'est-à-dire  par  les  débiteurs  qui  ont 
payé.  Ces  instruments  de  forme  objective  puisent  leur 
forme  probante  dans  l'attestation  des  témoins  dont  ils 
portent  les  cachets.  Les  actes  de  l'autre  type,  plus  récent, 
inspiré  par  l'institution  des  c/iirographa  helléniques 
[chirockapium]  '-,    émanent    des    personnes   à  qui    ils 


I  Cic.   Tup.  [i.  46.  —  2  Sur  Viutji-cliis  sutulionis  ijrutia,  voy.  /nst.  Jiisl.  III,  lll,  4  ; 
Papin  ,  X.WIIJ  (Juaest.  Ûiy.  XLVI,  i.  Oesol.  fr.  93,5  ;  Cu.|,  Inst.juriil.  Il,  p.  318,  4. 

—  3  Kn  limitant  l'application  île  celle  idée  aux  obligations  de  faire.  —  4  Gaius.,  /// 
/Je  verb,  ubUtj.  biç.  lll,  3.  De  neyotiia  yestis,  fr.  38  ;  u  Solvendo  quisquc  pro  alto 
iicet  invita  et  ifjnurante  libérât  eiim.  -  htst.  Jimt.  lll,  29  pr.  I.ahéon  connaissait  di'jà 
le  paiement  pro  alio  tynoninle  il.ab.,  17  pt'sterioi:  epitom.  a  Jaeofeno,  Pig.  lll,  3, 
Oe  neg  gest.  fr.  4i).  mais  ignorait  lo  paiement  pro  alio  iiwito,  supra,   n  ii,  p.  i:i93. 

—  ôMitleis,  Mni.  Priealrecht,  l,p.  i03.  — StJaius,  Jbid.  .^ iyalNralis...et  civilisratio 
suasit  alienam  condicionem  meliorem  quidem  elium  ignorantis  et  inviti  nos  facere 
posse,  deteriorem  non  posse.  »  t>f.  Oertnian,  Arclt.  fur  ciril.  Praxis,  t.XX.Yll,  p.  383 
»|.  Mitteis.iTei/sf/ir.rf.  Savigny  Stift.  XXX(I909),  R.  A.  p.  440. .Si  celle  justification 
Otait  fondée,  on  devrait  trouver  d'autres  applications  du  principe  général  sur  le(]uel 
elle  prétend  s'appu)er.  Remaripions  d'ailleurs  qu'il  est  toujours  contraire  au\  exi- 
gences d'une  bonue  mélliodc  historique  d'expliquer  une  institution  par  son  ulitilé. 

—  'î  Kretschmar,  p.  i(i  srj.  On  pourrait  aussi  penser  a  une  iniluence  du  droit  hel- 
lénique, qui  admettait  la  représeutation  directe  en  matière  de  paiements.  t)u  sait 
quelle  iniluence  les  usages  commerciaux  helléniques  ont  exercée  sur  la  formation 
des  institutions  romaines  correspondantes.  Sur  la  représentation  dans  les  paiements, 
d'après  les  papyri  gréco-égyptiens,  voy.  Wenger.  IHe  Stetlvertretitng  im  Bechte 
der  Papyii,  Leipzig.  1906,  p.  193  sq.  —  »  l.iv.  VI,  14,  3.  —  9  P.  ex.  dans  l'appli- 
cation à  la  vente  consensuelle  des  règles  relatives  aux  risques  qui  résultaient,  dans 
la  vente  formelle.  île  l'indépendance  des  deux  stipulations  par  lesquelles  elle  se  réa- 
lisait ;  —  dans  l'application  à  la  dot  de  la  femme  mariée  sans  manus  des  règles  qui 
découlaient  originairement  du  s\slème  de  ta  manus,  etc.  —  '0  Cependant  Justinien 
a  restreint  la  liberté  de  la  preuve  pour  le  paiement  des  dettes  constatées  par  écrit, 
liette  preuve  ne  peut  désormais  s'administrer  que  par  écrit  ou  par  le  témoignage  de 
cinq  personnes  "  suffisantes  cl  de  bonne  renommée  '•  ayant  assisté  au  paiement, 
t'od.  Just.  IV,  JO,  De  leslihus,  coust.  18  (ann.  3i8).  —  "  Milteis.  Hi,m.  /'.  M..  I, 
p.  i95.  —  '2  Milteis,  Ibid.  I,  p.  ±96.  —  13  .Nous  connaissons  surtout  ces  Jeux  types 
■  1  actes  par  les  archives  du  banquier  I,.  Caecilius  Jucundus  (  t  "  s.  de  notre  ère),  relrou  ■ 
»écs  en  1873  à  Pompéi.  Voy,  les  éditions  de  Zangenieister.  dans  le  Corp.  inscr.  lat. 
IV.Suppl.  1898;  tiirard,  Textes  de  droit  romain  3,  1903.  p.8i0  sq.  ;  Rruns-Gradcn- 
«ili.  Fontes juris  romani  antiqui  ''.  1909,  p.  354  sq.  —  14  Frese,  Zur  Lehre  ton 
der  Quittung.  Z.  d.  Sav.  Stiftung.  XVIII  (1H9T),  R.  A.  p.  267-2711.  Cod.J.ist.  IV,  30, 
/Je  non  numerata  pecmiia,  const.  14,  1  et  2  (ann.  528).  lin  système  plus  compliqué 
fonctionne  pour  la  quittancede  dot  ;  Cod.  Just.  V,  13.  De  dote  canta  non  numerata, 
const.  3(528),  et  A'or.  C;  Frese,  p.  274.  — 1j  Mod  ,  /V  lieg.  Dig.  XXII,  3,  Deprob. 


doivent  être  opposés.  Ces  instruments  de  forme  subjec- 
tive sont  de  véritables  quittances  [apochae]  qui  ont  fini 
par  prendre  la  première  place  dans  la  pratique".  Justi- 
nien a  étendu  aux  quittances  délivrées  sans  cause  les 
garanties  déjà  admises  pour  les  enutiones  constatant  des 
prêts  :  le  créancier  qui  a  remis  une  quittance  à  son  débi- 
teur peut,  pendant  un  délai  de  30  jours,  contester  le  fait 
du  paiement,  selon  les  règles  admises  pour  la  querelu 
non  numeratae  pecuniae^'' .  Lorsque  le  débiteur  paie,  il 
peut  exiger  que  le  créancier  lui  rende  la  quittance,  la 
bàtonneoti  l'anéantisst».  De  touie  façon,  la  restitution  ou 
la  destruction  de  laquittance  fait  présumer  le  paiement''. 

P.   HcVELl.N. 

SOMATOPHYLAKES  ,''i:iou.aTC-iû/.ax£;.  -ip/icrioaaro'j-û- 
"axxe;).  —  Le  même  terme  désigne,  à  l'époque  hellénis- 
tique ',  deux  institutions  très  différentes  :  la  «  garde  » 
royale  et  un  groupe  de  grands  officiers  ou  de  hauts 
fonctionnaires  de  cour. 

L  —  On  rencontre  notamment  une  garde  royale  à  la 
cour  de  Denys  de  Syracuse  -,  à  la  cour  de  Macédoine, 
sous  Philippe  '  et  ses  successeurs  \  autour  d'Alexandre  ■, 
de  certains  de  ses  satrapes  %  dans  l'entourage  de  Mitliri- 
date  '',  à  la  cour  des  Lagides  *,  des  Parlhes  ^  dans  les 
Indes  '".  Les  empereurs  romains  eurent  également,  peut- 
être  à  l'imitation  desroisd'Égypte,  leur g;trdê  personnelle 

[cCSrOS    CORPORIS,    EOl'ITES  SINGULARES,    PROTECTORES,    GER- 

MANil  ".  C'est  la  garde  d'Alexandre  qui  nous  est  le  mieux 
connue  :  elle  formait  un  corps  distinct  des  kTaïpoi''^,  des 
phalangiles  '^  et  des 'J7:ï7:iti7Tat  ",  comprenant  probable- 
ment un  bataillon  perse  el  un  bataillon  macédonien  '  '.  Ce 
dernier  bataillon  des  gardes  semble  devoir  être  identifié  "^ 
avec  les  «  pages  royaux  »  ipadiXixot  -itatoî;),  créés  par  Phi- 
lippe, réorganisés  par  Alexandre  '^  et  recrutés  parmi  les 
enfants  de  la  noblesse  macédonienne  "*,  qui  s'initiaient 
à  la  guerre  sous  les  yeux  du  roi  et  formaient  une  pt'pi- 


et  praes.  fr.  2i.  —  Bim  iuchapkif.  I.a  littérature  relative  .'i  la  souti.j  est  très  abon- 
dante. On  ne  mentionnera  ici  ni  les  livres  allemands  d'/nstitutes,  ou  de  Pandectes, 
ni  les  monographies  consacrées  à  la  théorie  générale  de  \isoluiio(\o\.  l'énumération 
donnée  par  Kretschmar,  I,  p.  93-103);  on  ne  retiendra,  parmi  les  ouvrages  histo- 
riques, que  les  suivants:  Karlowa,  Ilôm.  /leclUsgescl.ichte,  Il  (19ol).  p.  810, 
S20  ;  (Mif,  Les  institutions  juridiques  des  /lomains.  M,  IS9I,  p.  3S4;  701;  12, 
1904,  p.  120  ;  24  V  :  II,  1902,  p.  514-520  :  Roby,  /lomun  prioate  law  in  llie  limes  of 
Cicero  and  of  tlte  Antonines,  1902,  11,  p.  49-55  :  P.  F.  Girard,  Manuel  élémentaire 
de  droit  romain'',  1900,  p.  (!8I-6S9  :  May,  Eléments  de  droit  romainIO,  1909, 
p.  109-HO;  Voigl.  Die  X/I  Tafein,  IS83,  II.  p.  t31-4fil  ;  Erman,  Zur  (leschiclite 
der  rômisclien  tjuittungenuud  .Soluliunsnlde.  1883;  Oertmann,  Die  Zaklung  frem- 
der  .Schulden,  Arch.  fur  die  civ.  Praxis,  LXXXU,  p.  307  sq.  ;  Rehrend.  Zur  Ces- 
chiclite  der  (Juittany,  1890  ;  Frese,  Zur  lehre  non  der  Quittung,  Zeitsclir.  d.  Sav. 
Stiftung,  XVIII  (l897),  R.  A  p.  241-285:  Erman,  Die  pumpejanischen  Wacbsla- 
feln,  /bid.  XX  (1899),  K.  A.  p.  172-211  ;  Kretschmar,  Die  Erfùilai.g,  I,  1906- 

SUJIA'I'I>HI1TI.4KES.  '  On  en  trouve  déjii  des  traces  i  l'époque  perse  ;  Joseph. 
.\nl.  Jud.  VI,  0,  I  ;  Esther  II,  21  ;  I  Ësdras  Wl.  4:  A.  Deissmann,  Bible  Studies, 
i'  éd.  p.  98  :  E.  Meyer.  Gesch.  des  Alterthums,  lll.  p.  35-36,  41-42.  —  2  Uiod. 
XIV,  43,  3.  —  3  .Krr  '  Anab.  14'.  13,  1  ;  Diod.  XVI,  93,  3  cl  ».  -  4  pol.  IV,  87, 
3;  Diod.  XXX,  10,  2.  —  '  Arr.  Anab.  I,  6,  5;  III,  17,  2  :  IV,  3,  2:8,  8:  10, 
6;  .30,  3  ;  VII,  11,  2;    Diod.    XVII,  03,1;  XVIII,  27,  I.   —  6  Arr.  Anab.  VI,  27,  2. 

—  '  App-    Mithr.  111,  cf.  101  ;    Th.  Reinach,   ilithridate  Eupalor,  p.  294,  1. 

—  »    Pol.  XV,  27,  6  ;    31,  4  et    6;  32,    1,    0   et  8;   XVI,    22,  2;  lil  Mac.    Il,   23. 

—  »  Tac.  Ann.  VI,  30.  —  '«  Slrab.  XV.  1,  33.  —  u  Herod.,  IV,  13:  Pauly- 
Wissowa,  /tealencyclop.  s.  v.  Cnstos  corporis.  —  12  Arr.  Anab.  I,  6,  5;  VII,  11. 
i  _  13  Leur  arme  est  la  'AiT/n.  "■o"  'a  "i?»»".  Arr.  Anab.  IV,  8,  8.—  '4  Arr. 
Anab.  III,  17,2;  IV,  3,  2;  30,  8  ;  1).  G.  Ilogartb,  7/ie  armg  of  Alexander 
(The  Journal  of  Philology,  XVII  (1888),  p.  18).  —  I"  C'est  du  moins  ce  qui  appa- 
raît aux  funérailles  d'Alexandre,  Diod.  XVIII,  27,  1.  —  '6  La  question  semble 
décidée  par  Diod.  XVII,  05.  1.  L'idcntilication  est  acceptée  par  J.  G.  Droysen, 
//ist.  de  l  Hellénisme  (trad.  fr.),  I,  p.  169,  3  el  177;  J.  Beloch,  Griechische  Gea- 
chichte.  III,  l.p  389  et  393:  E.  R.  Bcvao,  The  Bouse  of  Seleucus,  II,  p.  284; 
Spieckcr,  /Jer  Hof  u.  die  Hofordnung  Alexamlers  d.  Gr.  1904,  Progr.  Slolp.  i. 
P..  p.  17.  D.  G.  Hogarlh,  Up.  cit.  p.  18-19,  eu  fail  pIntOt  des  .  pages  .  au  sens 
moderne  du  mol.  —  i"  Arr.  Anab.  IV,  13,  I  ;  Curl.  VIII,  0,  2-6  ;  Ael.  Var.  hisl. 
XIV,  48;  Suidas  s.  v.  .s<„r»„o.  -a'S.,;  Valer.  Mav,  lll.  i  ext.  1.  -  '5  Diod.  XVII. 
63,  t:  i.iï.  XLV,  0. 


SOM 


—   1396 


SOM 


nière  d'ofliciers  '.  Leur  rlief  êlail  le  commandant  de  la 
garde,  6  È-t  ÔEpaTts-a;  -.  l/instiliiLion  des  pa^iXtxoî  icatSeï;, 
qui  semhloiil  bien  devoir  être  rallacliés  à  la  garde,  se 
conlinua,  dans  les  Iradilions  des  cours  lielir'nisli(|ues,  en 
Macédoine,  en  Egypte  el  en  Svfie  \ 

II.  —  Dans  l'enloiirage  immédiat  d'Alexandre  se  trou- 
vait un  groupe  de  7,  puis  de  S  *  ol'Ilciei'S  généraux  ',  for- 
mant une  sorte  d"état-major  :  les  Somatopliylaques  [cf. 
KXEKcnrs,  p.  !(()7!.  Ce  grade  est  une  des  plus  hautes 
marques  de  distinction  et  de  confiance  qu'Alexandre  ait 
conféi'ées  °;  mais  il  est  difficile  de  décider  s'il  corres- 
pond à  un  titre  purement  honorifique  ou  à  une  fonction 
efi'eclive.  Il  est  plus  probable,  semble-t-il,  que  les  Soma- 
lopliylaques  n'avaient,  en  raison  de  leur  titre,  aucun  com- 
mandement spécial  ;  mais  qu'ils  recevaient,  suivant  les 
circonstances,  des  commandements  ou  des  missions  de 
confiance  '.  Ceux  qui  succombaient  ou  qu'une  absence 
prolongée  devait  retenir  loin  de  l'armée  étaient  immé- 
diatement remplacés  '. 

La  eharge  de  Somatopliylaques  se  maintint  dans  les 
monarchies  nées  de  l'empire  d'Alexandre  ''  :  nous  con- 
naissons des  Somatophylaques  de  Philippe  Arrhidée  '", 
d'Antigone  ",  de  Persée  '-  ;  nous  en  trouvons  en  Épire  ", 
à  Pei-game  '\  chez  les  Arsacides  '°,  les  Séleucides  "''  et 
les  Lagides  '\  C'est  pour  cette  dernière  cour  que  les 
renseignements  sont  les  moins  rares:  les  inscriptions  el 
les  papyrus  nous  font  connaître  21  àç/i<7<>)[ia!TooOXax£ç  '*. 
Ce  titre  servit  vraisemblablement  à  désigner  le  comman- 
dant ell'ect  if  de  la  garde  royale  '";  devenu  un  peu  plus 
lardpiiremenl  honorifique  '-",  indépendant  de  toute  fonc- 
tion, il  prit  rang  dans  la  hiérarchie  des  dignités  auli- 
ques  -'  que  nous  voyons  apparaître  à  la  cour  d'.\lexan- 
drie  entre  100  et  180  -'-,  que  ce  soit  un  retour  des  anciens 
titres  pharaoniques,  un  héritage  des  Perses,  une  sur- 
vivance directe  de  l'usage  macédonien  '-"'.  une  création 
de  Ptolémée  Épiphane  -'  ou  un  emprunt  à  la  cour  d"An- 

'  Curt.  VIII,  6,  6  :  hafc  cohors  vetiU  seminarium  ducum  praefectorumque 
apud  Macedonas  fuit.  Cf.  Bclocli,  Op.  cil.  III,  I,  p.  3S9  ;  G.  CaidJnali,  llregno  di 
Pergamo,  p.  i06.  —  2  Arr.  Àiiab.  IV,  16,  6  ;  Pol.  IV,  87,  8.  05;»t:s:«  so  rencontre 
souienl  au  sens  de  «  garde  .  ;  Arr.  Anab.  IV,  13,  1  ;  10,  0  ;  Diod.  XVII,  27,  1 
(Aleiandre),  i'ol.  IV,  87,  8  (MacMoine)  ;  V,  36,  7;  69,  0  (Séleucides);  XV,  iô,  1 1  ; 
XVI,  a,  t  (l.agidcs).  —  3  Curl.  VIII.  0,  6  ;  Liv.  XLV,  6,  7  (llacéd.)  ;  Diod.  XIX, 
iS,  3  (armée  dKumcne)  ;  Pol.  V,  83,  13  ;  XXXI,  3,  17  ;  Bevan,  Op.  cil.  Il,  p.  i84; 
Bouchf'-Leclercq.  Hisl.  dus  Layides,  I,  p.  IW,  2  (Séleucides);  Bouché-l,cclercf|, 
lAirf.  III,  p.  107  et  118  (Lagides).  —  i  l.'instituUon  est  d'origine  macédonioune 
iB.  Niese,  Gesch.  d.  ijriech.  u.  maked.  .Slaaten,  I,  p.  43)  ;  Alexandre  ne  lit  i|ue 
déterminer  le  nombre.  Cuire  les  S  somatophylaques  de  la  liste  (Arr.  .Innft.  VI,  28, 
4),  nous  en  connaissons  six  autres:  Arrylias,  Balacros,  Démétrios,  Mènes,  Ptolémée 
fils  de  Séleucus,  un  autre  l'Ioléniée,  tué  devant  llaticarnasse  ;  cf.  .'^piecker.  Op.  cil. 
p.  II.  —5  Telle  est  riuterpréUtion  générale  (Droysen,  Nicse,  Belocli,  Kaersti. 
Ilogartii  {Op.  ri/,  p.  19),  se  fondant  sur  l'absence  dans  la  liste  que  nous  possédons,  des 
noms  des  plus  grands  capitaines  d'Alexandre,  voit  plutôt  dans  les  somatophylaques 
une  catégorie  honorifique  anabigueii  celle  des*  bienfaiteurs  du  roi  »  de  la  cour  perse. 
Cf.  E.  Meyer,  O/i.  cil.  III,  p.  4S.  —  6  Arr.  .4)i.<A.  VI,  28.  3  :  Alexandre  nomme  Peuces- 
tas  ff».i*«Tosw'*«;  avant  de  l'installer  satrape  de  Perse  Ê6£/.ovTa  8i  kçô  t»;;  (ru;aa»ï:a;  ;niài 
-.■jij-Ti  -.t,i  xiiLf,i  .«l  i;(rri.«î  ««.•jat-v  li.a..  —  7  Beloch,  Op.  cil.  III,  1,  p.  391  ; 
J.  Kaersl,  fl^scli.  <(«  hetlenisl.  Zeilalters,  I,  p.  139.  —  8  Arr.  Anab.  III,  .5,5  ;  27,  3  ; 
II,  12,2.-9  Beloch,  Op.cil.  III,  1,  p.  39u.— 10  Arr.  yl/ej-.su«ess.  IX,  38;  cf.  Phot. 
Bibliolh.'ii  a.  —  "Corp.  intcr.  ail.  II.  207.  -  12  Pol.  XXVIII,  S,  9;  Liv.  XLIII, 
20  :  Diod.  XXX,  10,  2;  11,  1.  —  •»  Polyaen.  VIII,  .Ï2.  —  H  Dittcnberger,  Orimiis 
graeci  iMcr.  »e/.  329  ;  Ordinali,  Op.  cil.  |i.  210-211.  —  !>•  Coinples  rendus  de 
lAcad.  1907,  p.  598-603.  Autant  que  J'ai  pu  m'en  assurer,  le  titre  ne  se  rencontre 
pas  dans  les  textes  cunéiformes  contemporains.  —  10  Athen.  I,  p.  19  cd  ;  Ditleu- 
herger,  Op.  cil.  747.  —  '7  M.  L.  StracL,  Criechisclie  litel  im  Floiemiîerreivh 
iMein.  .l/iu.  LV  1 1900,  p.  161190,:  Bouché-Leclercq,  Op.  cil.  III,  p.  (02llii. 
Toute  la  littérature  antérieure  est  anaivsée  par  .«Iraclc  et  Bauché-Leclerc>|. 
—  I»  Stracl  lOp.  cil.  p.  1  7-188,  adressé  une  liste  de  19  4j/.o«|u<;»ïi'»a.i;  connus 
par  les  mscriplions  et  les  papyrus.  Il  faut  y  ajouter  i,<„i<„«;  t£,  4o)ri<r«.|.«t..sj- 
(id.w.)  ca.  148  av.  J.C.  {Tebt.  pap.  I,  79,  I.  32)  et  IlT,ie|»«ro!  «  4M.o«|..,ooOi«; 
.«;  «Tf«tr,T<iî  (UGt:  =  Aeijypl.  f'rkund.  nut  d.  k.  Muscen,  Griech.  Urkunden,  III, 
n*  1012)  ca.  170  (■?)  av.  J.C.  qui  semble  distinct  du  IIto'/ii»«tt.;  4f/io<iin«To«0)n,:  ,«*, 
4oj-.ivii7.>!  (191  (  181)  de  la  liste  de  Stracl.  —  19  Stracl,  Op.  cil.  p.  169,  i  ;   Bou- 


tiochus  III  ^\  Le  litre,  dès  lors  purement  personnel  et 
honoraire,  est  conféré  à  certains  hauts  fonctionnaires  "; 
on  le  perd,  «[uand  on  est  promu  aux  rangs  plus  élevés 
delà  noblesse  aiiliquc  '-'.  Comme  tous  les  honneurs  pro- 
digués dans  un  but  politique,  celui-ci  semble  s'êtredémo- 
nélisé  assez  vile  el  parait  avoir  duré  moins  longtemps 
que  le  litre  de  (tu-cy^"''']?  :  les  derniers  à;;/'.T(i)u.aTO(i.J/,a)c£; 
que  nous  connaissions  datent  de  la  tin  du  n'"  siècle. 

L.  Jai.vbebt. 

SOMMA    ^DIVINATIO,    INCIBATIO,   SOMNls". 

SOMXUS  ("Ttivoç'.  —  Les  deux  personnifications  du 
Sommeil  el  de  la  Mort  [mors,  p.  200)  sq.]  sont  au 
nombre  des  fictions  poétiques  les  plus  expressives  que 
VIliade  ait  transmises  avec  tout  le  relief  des  réalités 
religieuses  ',  sans  que  jamais  l'opinion  des  âges  suivants 
les  ait  consacrées  par  un  culte-.  Hésiode  toutefois  leur 
a  créé  une  généalogie  en  les  faisant  enfants  de  la  .Nuit'; 
plus  tard  seulement  on  leur  donna  pour  père  Erébos '. 
Filles  figurent  donc  dans  la  lignée  assez  nombreuse  des 
forces  primordiales  du  monde  physique  el  des  influences 
morales  qui  régissent  la  vie  de  l'homme  ;  et  même  avec 
les  Songes,  les  Kéres,  Némésis  el  Eris.  on  peut  dire  que 
ïhanalos  et  llypiios  sont  les  seules  qui  se  distinguent 
par  des  traits  nettement  personnels  °. 

Cependant,  la  nature  de  Thanatos  est  simple  comme  le 
fait  qu'elle  exprime,  tandis  que  celle  d'Hypnos  est  double; 
car  outre  le  fait  du  sommeil,  suspension  momentanée  des 
facultés  actives,  elle  représente  aussi  la  cessation  défi- 
nitive de  la  vie  en  assimilant  ce  piiénomène  au  premier. 
C'est  à  la  faveur  de  celte  assimilation  que  les  deux  per- 
sonnalités sont  conçues  comme  frères  jumeaux'  et  asso- 
ciées dans  les  fonctions  de  l'ensevelissement.  Des  deux 
passages  de  VIliade  ou  Ilypnos  joue  le  rc'de  d'un  daenion 
TToo^TtoXoç,  un  seul  borne  son  action  à  provoquer  l'assou- 
pissement passager^;  l'autre  l'unit  à  Thanatos  comme 
ministre  des  devoirs  rendus  à  un  mort".  Le  premier  est 

ché-LecIcrcq,  Op.  cil.  Itl,  p.  lit.  Seul  de  tous  les  titres  antiques,  il  aune  allesla- 
tion  antérieure  à  190  :  Xoii.j.-zi;  (Grenfell  and  Hunt,  JVew  chssical  fragmenlt..., 
no  14  6  ;  MahalTy  and  Smyly,  Tbe  Hiiflers  Pétrie  Pnpijii.  n'  53  l-m  :  Pap.  du 
musée  de  Gi:eli,  n"  10230.  dans  Arcbir.  f.  Papyrnsforschmig,  II,  p.  80)  appartient 
au  règne  d'Evergète.  Il  n'y  a  pas  à  faire  état  de  la  correspondance  apocryphe  de 
Philadelplie  avec  le  grand  prêtre  juif  Eléazar.  qui  mentionne  l'4&x"^I^-^?''^"- 
Andréas  (Joséphc,  AhI.  Jud.  XII,  2,  4;  cf.  Lettre  d'Aristée,  §  40  (éd.  Swete)  : 
'AvSoia»  tSv  â;2>i>u!xaT03vV4>uv),  ni  de  la  Lettre  d'Arislée,  §  12  (éd.  Swete);  cf. 
Joseph.  Anl.  Jud.  XII,  2,  2  et  c.  .Kp.  II.  4.  Cf.  Bouclié-Lechrcq.  Op.  rit.  Il, p.  110, 
1,  —  20  11  est  vraisemblable  i|ue  la  transformation  dans  le  titre  (l'appellation 
o  4.,/i9bi:x-aT'>=/Aa;,  portée  par  les  0  premiers  titulaires,  fail  place,  sous  Evergète  II,  à 
la  désignation  tùv  4pj^t<nitLatoçuAaiwv,  cf.  Stracl,  Op.  cit.  lab.  VII)  suivit  l'évolution 
réelle  de  la  fonction  qui,  d'elTective,  devint  purement  honoraire  ;  voir  cependant  la 
réserve  de  Bouché-Leclerc«i,  ftp.  cit.  III,  p.  1 14,  2.  —  21  Vy^^j^,j.^  ^.^^  ôixo-i'umv  toT; 

tableaux  de  Stracl.  —  *'  Cf.  Stracl,  Op.  cil.  p.  173-174  ;  Bouché-Leclercq,  Op. 
cit.  III,  p.  102-108.  Ouelles  ipie  soient  les  analogies,  la  continuité  a  été  évidemment 
rompue  entre  ces  divers  régimes  el  la  cour  des  Lagides.  —  2i  Tel  est  l'avis  de 
JlahalTy  {The  Empire  a[  Ihe  /'lolerr.ies,  p.  214  ;  A  Hislorij  of  Egypl  under  Ihe 
Ptotemaic  ffynaUy.  p.  161,  et  de  P.  Meyer(/>(i5  Heertresen  der  Ptoteinûer,  p.  61, 
n.  2l>ii);  il  semble  toutefois  i|ur  la  classe  des  sî'Aot  remonte  au  moins  au  régne  de 
Philopator  (i'ol.  XV,  23   a,   13-14;  cf.    Bouché-Leclercq,    Op.  cil.   IV,    p.  333). 

—  25  Stracl,  Op.  cit.  p.  I73-I7.'i;  Bevan,  Op.  cit.  Il,  p.  281.  Bouché-Leclercq  yOp. 
cit.  III,  p.  I09-H2)  fait  de  graves  objections  à  cette  interprétation  et  se  demande 
s'il  n'y  aurait  pas  pluUjt  emprunt  de  la  Syrie  à  l'Egypte.  La  question,  en  somme,  est 
obscure.  —  -^U.  Stracl,  tabl.  III.  —27  Stracl,  Op.  cil.  p.  175. 

SOMNUS.  1  //.  XIV,  231  s.|.  :  XVI.  454,  672.  —  2  Une  seule  fois  d  est  question 
d'un  culte  pour  Trézène,  oii  Ilypnos  aurait  été  vénéré  eo  compagnie  des  Musc^  : 
Paus.  Il,  31,  3;  cf.  Wide,  De  sacris  Traezen.  p.  71.  —  3  Hes.  Theog.  Ht  el 
758  ;  cf.  722,  752  ;  et  le  fragment  de  poète  inconnu  cité  par  Athen.  X,  p.  456  c 
caTS«  Se  Nw*Tô;  SE;âi*.ïvot  ?ÀEî«s»((ri  —  *  Hyg.  Geneat.  —  ^  Naegeisbâch.  Nachhom. 
Theol.  p.  121.  §  12  4  ;  cf.  211  sq.  ;  cf.  Hom.  Theol.  Il,  §  6;  Kobert,  Thanatos. 
p.  6  el  39;  du  même,  Bild  und  Lied,  p.  105;  Brunn,  Troisch.  iliseell.  III,   191. 

—  6  //.  XVI,  672,  082.  Cf.  Virg.  Arn.  VI,  278  ;  Orph.  hymn.  65,  S  ;  Val.  Klac. 
Arg.  VIII,  74  ;   Senec.  Herc.  1074;  .Nonn.  //ion.  XXXI,    117.  —  7  //.  XIV.  231. 

—  8  Ib.  XVI,  434.    - 


SOM 


—  1397  — 


SOM 


la  scène  célèbro  où  fiera  a  obtenu  d'Hypnos  que,  caché 
sous  la  fifçure  d'un  oiseau  de  nuit  dans  une  toiifTe  de 
palmier,  il  en<lorrnil  Zcusd'iin  sommeil  profond,  détour- 
nant ainsi  son  attention  de  la  lutte  entre  Grecs  et 
Troyens'.  A  celle  (tccasion,  le  poète  appelle  llypnos 
fi'ère  de  la  Mort  et  t-xalle  sa  puissance  en  le  nommant 
roi  des  dieux  et  des  hommes.  C'est  dans  l'épisode  de  la 
mort  de  Sarpédon  que  llypnos  partas<e  avec  Thanatos 
les  fonctions  d'ensevelisseur,  commis  par  les  dieux  de 
l'Olympe;  ils  emportent  le  corps  du  héros  loin  de  la 
mêlée,  dans  la  Lycie  sa  patrie,  où  ses  parents  et  ses  frères 
lui  rendront  les  honneurs  funèbres-.  Les  deux  aspects 
de  la  p(TSonnalité  d'Hypnos  sont  caractérisés  chez 
Homère,  non  pas  seulement  dans  ces  scènes  qui  ont  la 
couleur  mythique,  mais  là  même  où  intervient  le  sommeil 
en  tant  que  phénomène  physiologique,  par  des  épithètes 
qui  expliquent  pour  leur  part  le  passage  facile  du  sens 
vulgaire  à  la  personnilication.  Un  sommeil  profond  est 
vz-voîTo;,  sans  réveil,  v/iouao;,  insatiable,  tout  à  fait 
pareil  à  la  mort  ^  ;  et  la  mort  elle-même  est  définie  à  son 
tour  par  des  qualilicatifs  et  des  descriptions  qui  l'assi- 
milent à  un  profond  sommeil.  Hypnos  ainsi  compris 
n'est  pas  seulement  la  repri'sentation  du  fait  dont  il  porte 
le  nom,  mais  encore  celle  de  la  mort  douce  et  libératric(?. 
Sophocle  reste  dans  la  tradition  homérique  lorsqu'il 
fait  invoquer  par  Œdipe,  sous  le  vocable  de  aïÉvuTivoç, 
le  sommeil  éternel,  en  l'honneur  duquel  existe  une 
inscription  latine  des  temps  de  l'Empire  '.  C'est  l'idée 
du  sommeil  pareil  à  la  mort  qui,  chez  Hésiode  déjà,  a  fait 
localiser  sa  divinité  dans  le  monde  des  enfers \ 

Les  poètes  (jrecs  et  après  eux  les  Latins  ont  ajouté 
fort  peu  de  choses  à  ces  traits  dont  l'épopée  primitive  a 
peint  le  sommeil.  Il  suflit  de  rappeler  l'invocation  qu'Eu- 
ripide met  dans  la  bouchi;  d'Oreste  à  son  réveil  '  ;  et  ce 
que  le  même  poète  a  dit  de  la  Nuit  s'applique  de  tout 
point  au  sommeil  dont  elle  est  la  mère"  :  «  Toi  qui 
apportes  le  sommeil  aux  mortels  malheureux,  sors  de 
l'Érèbe,  plane  en  déjjloyant  tes  ailes  et  descends  sur  le 
palais  d'Agamemnon.  »  Parce  qu'il  apporte  des  songes 
agréables,  le  sommeil  est  appelé  ami  des  Muses  et 
d'Apollon  ;  et  par  l'ivresse  bachique  qui  le  favorise,  il 
est  considéré  comme  celui  de  Dionysos*;  ailleurs  nous 
le  trouvons  parmi  les  divinités  de  la  santé,  à  côté  d'Hygie 
et  de  Salus  dans  les  temples  d'Esculape  ''. 

Le  caractère  mystérieux  du  rêve  le  fait  d'ailleurs 
participer  de  la  divinité  du  sommeil  lui-même,  auquel 
il  maintient  une  sorte  d'activité  surnalurelle.  Homère 
l'appelle  en  elFet  >/irin  et  en  fait  un  messager  aussi  réel 


I   /;.   XIV,    in    s.|.  ,    iCV  ;    isi.    _   L'    /l,ul.   XVI,    L.    cit.    el    66G   sq.  ;    OTfi. 

—  i  II.  XI,  ill  ;  0,1.  XIII,  7'J;  cf.  la  noie  df  l'i.-rion  (Odijssfe.  W.  TJi)  :  II. 
XXIV,  4:  ;»..,;  i«,««^âT.«9  :  V.  encore  /(.  iH  :  îi.o;  ,d/i<.o;  où  il  sagil  moius 
(iu  sommeil  profoiiiJ  que  du  soiiiiiieil  morlel  donné  par  le  fer,  expression  que 
Virgile  a  imitée,  Aeii.  X,  745:  fevreus  urtjet  i'omniis  ;  Orph.  hifmn.  8j,  1  sq.  ; 
Orph.  Arij.  1004;  Apoll.  Argon.  IV,  145  el  Val.  h'Iacc.  IV,  l(i.  Cf.  Apuli-e.  Met. 
VI,  SI,  qui  semble  Iraduil  d'Homcrc,  Jl.  XVI,  330.  —  4  .Sopl].  Oed.  Col.  1578  : 
et.  Creller,  Criech.  .Mijlhul.  I,  p.  091  sq.  Linscriplio»  laliue,  chez  Orclli.  44JS  : 
soilNo  AETKUMi.  —  '•  llcs.  Tlluuii .  7.59;  cf.  Viig.  Aen.  VI,  tl>i,  390.  Ovi.lc  a  placi!- 
la  résidence  du  Sommeil  dans  une  caverne  delà  région  cimuiéricnne,  au  pied  du 
Vésuve;  pour  la  môme  ■•aison,  c'est  là  que  le  Léllié  prend  sa  source.  V.  .len.  VI,  i7S  : 
consanguineui  Leti  Sopor  et  300  :  Umbrarum  hic  loctts  est.  Sontni  Noclis(fUf 
toporae.  Cf.  Slat.  Tlifb.  X,  S'J  sq.  et  Luc.  Ver.  Iiist.  Il,  3S  sq.  où  le  sommeil 
habile  lile  des . -Songes.  —  6  Omsl.  311  ;  cf.  .Sopli.  fhitoct.  Si7  sq.  (invocation  au 
sommeil,  remide  à  la  soulTraucei  ;  cf.  Ouint.  Smyrn.  V,  398.  —  '•  Jliid.  174  sc|.  Cf. 
Pind.  Pytti.  I,  .7  à  li;  AIcm.  Frag.  CD;  Faus.  Il,  10,  2;  3),  5.  —  S  Pind.  loc. 
Cit.;   AIcm.    loc.  cit.;  Sil.  It.l.  VII,   iu5  :  Snmnua,  Bacclie,   lilii  cornes  additus. 

—  5  V.  Inscript.  cliciOrelli,  1372  s<|-  ;  tlenzen,  573U-3H  ;  cf.  l'reller-Jordan,  Korm. 
Mgtit.  Il,  p.  244.  nolo,  et  Wieseler,  Denkm.  der  ait.  Kunsl,  Tab.  LX,  LXI.  —  10//. 


et  plastii|ue  que  Hermès  ou  Iris  '".  Le  Songe  écoute  une 
recommandation  des  dieux  dont  il  est  le  serviteur;  il 
obéit  à  leurs  ordres,  s'élance,  part,  et  pour  s'acquitter 
de  sa  mission,  prend  les  traits  d'un  personnage  connu, 
de  même  que  le  Sommeil  s'est  métamorphosé  en  oiseau 
chez  Homère".  Dans  l'exercice  de  cette  fonction,  sa 
ressemblance  avec  Hermès  est  frappante  :  il  est  même 
probable  que  si  en  (irèce  il  n'y  a  pas  eu  de  culte  ni  de 
pratiques  à  l'intention  du  Sommeil  et  des  Songes  divi- 
nisés, c'est  que  les  hommages  dece  fait  allaient  à  Hermès  ; 
la  dernière  coupe  de  vin  avant  le  repos  nocturne  était  en 
son  honneur  et  ses  images  figuraient  à  la  têle  des  lits, 
afin  qu'il  fit  dormir  et  donnât  de  beaux  rêves  '-.  Invoqué 
sous  les  vocables  de  ovE-poTtôaTtoç,  de  ûtuvoSôttiC,  de  ûttvo- 
7ipo<7TâTY|;,  il  avait  sur  les  monuments  pour  symbole  le 
lézard  qui  signifiait  le  doux  repos  (ulsiÀi/oç),  et  son 
caducée  possédait  des  vertus  soporifiques  ". 

Ce  sont  tous  ces  traits  que  les  poètes  romains  ont 
exploités,  sans  jamais  rien  innover  d'ailleurs,  quaml  dans 
leurs  œuvres  ils  personnifiaient  le  Sommeil  à  l'imitation 
des  Grecs  ;  car  il  est  digne  de  remarque  que  malgré  la 
tendance  à  tout  personnifier  sous  la  forme  de  génies  de 
circonstance,  la  vieille  i-eligion  romaine  n'a  point  fait  de 
place  au  Sommeil,  dans  ses  fnitir/itaiiipnta  ".  Le  sacrifice 
à  Somnus  avec  le  vocable  de  /eni.i  qu'Ovide  prête  à 
Numa  est  isolé  et  parait  n'être  qu'une  fantaisie  litté- 
raire ''.  D'autre  part,  les  inscriptions  en  son  honneur 
sont  rares  et  toujours  elles  sentent  l'imitation  littérairi' 
des  Grecs.  Ceci  est  également  le  cas  des  descriptions 
célèbres  que  nous  rencontrons  chez  Virgile,  Ovide, 
Valerius  Flaccus,  Stace  et  Silius  Italiens  "*.  Cependant 
ceux-ci  ne  s'inspirent  pas  seulement  des  modèles  litté- 
raires, depuis  Homère  en  passant  par  les  tragiques  jus- 
qu'aux Alexandrins;  c'est  à  l'art  grec  qu'ils  sont  surtout 
redevables;  car  cet  art,  dès  le  vi"  siècle,  a  donné  au 
couple  fraternel  du  Sommeil  et  de  la  Mort  une  réalité 
plastique  qui  supplée  à  la  réalité  religieuse  dont  il  fut 
toujours  dépourvu. 

Les  plus  anciens  monuments  qui  les  représentent  tous 
deux  sont  ceux  dont  parle  Pausanias  :  la  colonne  de 
Sicyone  sur  laquelle  ligurait,  avec  le  vocable  de  È7:io<.jtY|j;, 
Hypnos  accosté  d'un  lion  qu'il  endormait  ,  et  le  coffret 
de  Cypsélos  à  Sparte  où  figurait  la  Nuit  tenant  dans  ses 
bras  les  deux  frères  ''' .  On  a  supposé  que  le  vocable  sous 
lequel  Hypnos  était  désigné  à  Sicyone,  signifie  qu'il 
tranitmel  à  Thanatos  les  mortels  en  les  faisant  passer  du 
sommeil  momentané  au  repos  définitif".  Les  premières 
images  d'Hypnos  nous  sont  données  par  les  vases  peints  : 

II,  0  sq.  :  eiîo;  'O.t.po;.  Les  éditeurs  ont  raison  d'écrire  ce  nom  avec  une  majus- 
cule :  il  est  aussi  appelé  où'ao;  =  funestus  â  cause  des  erreurs  où  il  jette  ;  v.  les 
vers  22,  5fi  el  Od.  !V,  S3I.  Il  rlit  de  lui-même  :  a.bs  Si  toi  iiTiid;  thu,  comme  plus 
loin,  V.  93, 'u<r««  =  Fama.  Les  Somnia  mna  de  Virgile,  Aen.  VI,  :!S3,  qui  se 
blottissaient  comme  des  cliauvns. souris  sous  les  feuilles  d'un  grand  orme,  sont  des 
personnifications  analogues.  —  "  /(.  XIV,  290.  —  12  Plut.  Quaest.  Conv.  7,  9,  li  ; 
Alhcn.  I,  m  *;  lleliod.  3,  5;  .Schol.  Od.  XXIII,  198;  l'oll.  VI,  lOU  ;  llesych.  v. 
•E?;.*:;  ;  cf.  Koscher,  Ausf.  Lexilton,  I,  p.  2375  :  Kriiger,  Jahrù.  fur  kliiss. 
Phil.  1S113,  p.  2S9.  —  1»  Cour  les  images  de  Hermès  somnifère,  très  semblables  à 
celles  de  .S'omnui  lui-même,  v.  Miiller-Wieseler,  Ihnkm.  der  ait.  Kun.,:t.  M,  328; 
Welcker,  driecli.  Goetterl.  Il,  441.  —  14  V.  cependant  quiks,  IV,  p.  801.  -  li-Ov. 
/■as/.  IV,  6.i3;  cf.  Mcrkel,  Prolegom.  p.  CXCII.  —  '«  La  plus  (idèle  à  la  liadition 
hellénique  est  celle  de  Virgile,  Aen.  V,  ,«38  Sf|.  ;  il  y  a  eu  revanche  beaucoup  de 
fantaisie  dans  celles  d'Ovide,  ilelam.  XI,  591  sq.;  de  Slace.  Iheli.  II.  144:  V,  199  ;  VI, 
27;  X,  t03;  de  Silius  llalicus,  X,  334  sq.  et  de  Valirius  Flaccus,  VIII,  70  sq.  Cf.  .Serv. 
.4en.  VI,  894;  .Scliol.  -Slat.  -SiU:  VI,  27.  IJuaul  i  la  jolie  fable  racontée  eu  slylc  pré- 
cieui  par  Fronton.  De  feriis  Alsiens.  p.  2!8,  édil.  .Nabcr.  ellea  élé  de  toules  pièces 
forgée  par  le  rhéteur.  —  17  l'aus.  Il,  10,  2  ;  V,  18,  1  :  cf.  .*auer,  chez  Koscher,  Ausf. 
Letikon.  I.  p  284H;  Kobert,  Thanatos.  p.  ii.  -  '»  Zoega,  tiassirilieci,  II,  p.  213. 


SOM 


1398  — 


SOM 


un  vase  d'ancien  slyle  nous  montre  Alcyoneus  attaqué  par 
Hercule  durant  son  sommeil;  au-dessus  du  géant  plane 
une  petite  figure  ailée  dont  la  présence  explique  la  facile 
victoire  du  liéros'  ;  c'est  celle  d'Iiypnos.  Il  y  joue  un  rôle 
analogue  à  celui  que  lui  prête  Homère,  mais  avec  les 
traits  d'un  oiseau  de  nuit,  dans  la  scène  du  mont  Ida'-. 
Ce  son  t  les  représentations  de  l'enlèvement  sur  le  champ 
de  bataille  de  Troie  des  corps  de  Sarpédon  et  de  Mem- 
non  qui  nous  ofTrent 
pour  la  première  fois 
Hypnosavec  son  frère 
dans  l'emploi  d'ense- 
vel  isseurs  divins '.Stir 
un  cratère   de  Caeré 
les  deux   frères  son! 
absolument    pareils, 
imberbes     tous     les 
deux,  de  même  cou- 
leur, d'expressio  n 
identique;    une  ins- 
cription seule  dislin- 
gue llypnos  qui  sou- 
tient  la   tète  du  mort  l.j„.  ûjIS.  _  Thanalo 

alors    que    Thanatos 

le  soulève  par  les  pieds  !  fig.  fiSlO)  ;  cette  distribution  des 
rôles  va  en  quelque  sorte  devenir  rituelle'.  Mais  à  partir 
du  V  siècle,  particulièrement  sur  les  lécythes  funéraires 
d'.Mtique  %  les  tigures  des  deux  frères  se  distinguent 
nettement  ;  comme  nous  l'avons  montré  ailleurs,  Tha- 
natos est  barbu,  d'aspect  sauvage,  le  corps  parfois  mou- 
cheté de  toutTes  de  poils  ;  Hypnos  est  imberbe,  d'expres- 
sion douce  et  juvénile;  enfin  l'un  et  l'autre  sont  ailés '^. 
D'abord  les  ailes  sont  de  grande  envergure  et  attachées 
aux  épaules;  plus  lard,  la  fantaisie  des  artistes  les  rem- 
place par  des  ailes  de  papillons,  ou,  les  supprimant  dans 
le  dos,  elle  indique  la  nature  légère  et  errante  des  génies 
par  des  ailes  placées  sur  les  tempes  et  combinées  avec 
les  ondulations  des  cheveux".  Un  détail  caractéristique 
relevé  sur  les  lécythes  est  celui  de  la  couleur  des  corps  : 
il  arrive  en  effet  qu'une  des  figures  est  blanche,  l'autre 
noire  ;  M.  Pottier  a  démontré  que  cette  dernière  cou- 
leur appartient  à  Hypnos  '.  Pour  le  surplus,  un  texte 
d'Euclide  de  Mégare  (ilX)  av.  J.-C.)  confirme  l'interpré- 
tation qui  distingue  les  deux  figures'. 

.lusqu'au  temps  d'.Mexandre,  les  images  d'Hypnos 
conservent  le  caractère  quelque  peu  fantastique  qu'Ho- 
mère a  donné  à  ce  génie;  à  partir  de  Lysippe,  le  type  a 
été  fortement  idéalisé,  comme  il  est  facile  de  s'en  assurer 
par  la  statue    du    musée  de    Madrid  '",   par    le   bronze 


de  Vienne  et  d'autres  (fig.  6a!7)  apparentés".  Hypnos 
y  a  les  traits  d'un  jeune  homme  à  la  fois  souple  et  vigou- 
reux qui,  même  quand  les  exigences  de  la  technique  le 
fixent  au  sol,  semble  planer  dans  les  airs.  Il  a  perdu  les 
vastes  ailes  fixées  aux  épaules  ;  mais  comme  Hermès,  à 
qui  d'ailleurs  il  ressemble  au  point  de  pouvoir  être  aisé- 
ment confondu  avec  lui,  il  porte  des  ailes  attachées  aux 
tempes  ou  dissimulées  dans  les  boucles  de  la  chevelure'*. 

L'expression   du    vi- 
sage est  le  plus  sou- 
vent douce  el  même 
souriante  ;    mais    il 
arrive  qu'elle  a  tan- 
tôt un    caractère   de 
gravité      mélancoli  - 
que,    tantôt    un    air 
d'accablement  el  de 
fatigue.  Un  fragment 
de  bas-relief,  aujour- 
d'hui au  Louvre,  re- 
présente    une    tète, 
parfois      interprétée 
comme  un  masque  de 
Méduse,  que  les  yeux 
mi-clos  elles  traits  détendus  invitent  à  considérer  comme 
une  figure  du  Sommeil''.  De  même  sur  une  gemme  du 
Musée  de  Berlin,  nous  trouvons  un  personnage  que  tout 
nous  invite  d'abord  à  prendre  pour  Hermès  psychopompe 
el    qui  plus    probablement    est    le   Sommeil    selon    le 
type  créé  par  Lysippe  ou 


el  H,pn 


m.  deir    Jnsl.    V.    pi.    D.    i:    0.   Jaliu, 
i,   p.    UO  ;   Baumeisler,   Oeiikmaeler, 


T.  it.  Si-iclu.  Cesellsch.  1853, 
p.  49.  fig.  .ï6  ;  Koepp,  Arch. 
Zeituny.  l8St.  p.  31  Sil.  41.  —  2  Hoili.  //.  XIV,  290.  —  ^  Gerharil,  Antike 
VaitenbUdtr,  iil,  ±-ii\  Baumei^ter,  Op.  cit.  I,  p.  727.  (ig.  7SI  ;  brunn. 
Atmali,  1848,  p.  35^,  378  sq.  el  Koberl,  Up.  cit.  p.  7  S(|.  Il  y  a  souvent  con- 
rusioo  pour  li'S  héros  :  Sarpédou  seul  ligure  ilans  l'Iliade  ;  Memnon  au  destin 
identique  a  été  clianté  davantage  plus  lard  et  devint  dans  l'art  plus  populaire 
encore.  V,  llolland,  chez  Hoscher,  Lcdik.  Il,  i,  p.  iïi7li  s,j.  —  ♦  muhs.  lig.  5*17, 
p.  200"'..  2,  note  19  ;  ttxTMm,  II,  p.  18,  fig-  2287,  où  la  Mort  est  à  la  tête  et 
le  Sommeil  aux  pieds,  —  5  l'otlier.  Etude  tur  les  têcytiies  blancs  attiques^ 
p.  24  ;  Robert,  Op.  cit.  p.  10,  pi.  1  et  2.  —  s  Pour  les  ailrs  d'Hypnos,  v.  Callim. 
/„  /tel.  234:  Orph.  Aryon.  lOll;  Nonn.  Viun.XU,  141  ;  Tih.  Il,  I,  89;  Hrop.  I.  3. 
45;  Sil.  liai.  .\,  344,  351  sq.  ;  Senec.  Herc.  Iu73.  Cl.  Vire.  Aph.  VUI,  838  :  levis 
aettiereis  detapsus  .^omnus  ab  astris.  Ui^jà  chez  Mes.  Theog,  7(i3,  v.  encore  Ilias 
/a/.  I2U  s,).;  Stal.  Theb.  X,  132:  chez  Properce,  c'est  le  mouvement  des  ailes  qui 
endorl  ceux  que  visite  .Somiius.  —  ''  .Vonum.  tnst.  VIII,  59  ;  Brunn.  Annal. 
1808,  p.  35t  ;  0.  Jahii,  Arch.  beitraeye,  |p.  53  sq.  —  8  Qp_  cit.  p.  31. 
-  «Chez  Stobée. /"(ori/es.  VI.  65.  —  to  Baumeisler,  O. /.,  I.p.706,fig.  'W-.Arch. 
Zeitung,\i6i,  157,  1  :  chez  Clarac,  i/(ii.  de  scutpt .  pi.  uclwi,   c,  la   statue  est 


par  un  sculpteur  de  son 
école  ".  Il  lient  dans  la 
main  gauche  deux  liges 
de  pavois  eldans  la  droite 
une  corne  renversée  d'oii 
il  répand  sur  la  terre  le 
repos  bienfaisant.  Les  ai- 
les, sous  des  formes  va- 
riées el  à  mesure  que 
leur  emploi  dans  la  sculp- 
ture devient  moins  carac- 
téristique, les  liges  de  pa- 
vots, un  rameau  trempé 
ijes  poêles  nous  l'appren- 
nent) dans  l'eau  du  Léthé, 
la  corne  surtout  que,  d'un 


Hypnos. 


geste  apaisant,  le  dieu  égoulle  en  glissant  dans  les  airs, 
deviennent  les   attributs  classiques  du  Sommeil  '°. 
L'art  hellénisant  d'Italie  s'est  emparé  de  ce  type  et  l'a 


donnée  comme  représentant  Hermès.  Cf.  Winnefeld,  Hypnos^  {Stull^rl,  1887), 
p.  S,  note  2.  —  Il  Sacken.  Die  antik.  Bronzen,  pi.  34;  Duruy,  Bist.  des  Rom.  VU, 
p.  503  ;  Baumeisler,  p.  707,  lig.  709 .  Pour  les  stalueset  statuettes  de  HypnosSomuus, 
V.  Winnefeld,  0.  c.  ;  S.  Reinach,  Bronzes  de  In  Gaule  rom.  p.  105,  cl  Répert.  de  la 
Stat.  11,  p.  843  (Indes)  et  p.  488-492.  .Nombre  de  celles  qui  sont  cLissées  sous  ce 
vocable  représentent  des  Amours  endormis  dont  la  signification  est  autre.  V. 
infra,  uolaranienl  dans  le  groupe  du  Louvre,  Inveut,  du  AJusée,  M.NC,  1259, 
reproduit  à  fons,  lig  3159.  Cf.  Clarac,  pi.  ncci.ii  sq.  En  revanche,  pi.  dcci.xu, 
les  ligures,  lune  ailée,  l'autre  sans  ailes,  n*-  1861,  1862,  sont  des  représenta- 
tions du  Sommeil.  —  lï  Tête  du  Brit.  mus.,  Murray.  Hist.  of  greeck  sculpt. 
Il,  pi.  m:  Uuruy.  Hist.  des  Grecs,  l.  III,  p.  23o.  -  13  Froehner,  Mus.  de 
France,  pi.  xxv:  cf.  Sauer,  chez  Roscher,  Op.  cil.  I,  p.  2850,  avec  les  levtes 
et  comraenlaires.  —  i'  Miillcr-Wiescler,  Op.  cit.  Il,  328  ;  sur  les  ressemblances 
du  type  d'Hennés  avec  celui  du  Sommeil,  t.  Jbid.  cl  p.  870:  cf.  Krûger, 
Jahrb.  /ûr  ktass.  Pinlol.  1803.  p.  289  sq.  —  '5  Virg.  Aen.  V,  854  ;  Sil. 
liai.  X,  351  sq.  ;  Stat.  Tlieb.  Il,  IM;  V,  199:  VI.  27;  X,  l('5.  Cf.  .Serv.  Aen. 
I,  692;  VI,  893';  Front.  De  Fer.  Als.  p.  229,  édil.  Naber.  Stace,  Theb.  I, 
59,  fait  de  Somntts  le  conducteur  du  cliar  de  la  Nuit  :  cf.  .nos,  IV, 
p.    III    sq. 


SOM 


—  1399  — 


SOP 


Fig.  6518.  —  Le  Sommeil. 


varié,  souvent  aux  dépens  du  goût  et  aussi  de  la  clarté, 
sur  les  couvercles  des  cistes  d'Êtrurie  et  sur  les  sarco- 
phages, où  sa  parenté  avec  le  génie  de  la  mort  a  marqué 
à  Somnus  une  place'.  Pour  adapter  les  représentations 
du  Sommeil  aux  diverses  con- 
ditions de  la  vie  et  de  la  mort-, 
les  artistes  lui  donnent  ou  les 
traits  d'un  vieillard  barbu,  grave 
et  même  triste  (fig.  Col 8),  ou 
ceux  des  Amours  dont  la  pré- 
sence sur  les  monuments  fu- 
néraires s'explique  d'ailleurs, 
même  en  Grèce,  par  des  raisons 
plus  générales  et  plus  profondes 
que  celles  de  leur  identification 
avec  les  idées  de  la  mort  et  du 
sommeil  [cri'iDo,  p.  1609  sq.]. 
iNous  n'avons  pas  à  revenir  ici 
sur  une  interprétation  qui  a  déjà 
trouvé  sa  place  ailleurs  ;  mais 
il  n'est  pas  sans  intérêt  de  mar- 
quer les  rapports  que  la  mythologie  et  les  représenta- 
tions plastiques  du  sommeil  ont  avec  la  fable  d'Endy- 
mion  ■'.  Lui-même  n'est  qu'un  génie  de  la  Nuit  et  du 
Sommeil  ;  on  connaît  les  fables  et  les  monuments  qui 
le  montrent,  visité  cliaque  nuit  par  Séléné-Luna  [luna, 
p.  1382],  qui  souvent 
est  identifiée  avec 
Diane  ''.  Des  mytho 
logues  racontaient 
qu'Hypnos  faisait 
dormir  Endymion 
les  yeux  ouverts,  afin 
d'en  pouvoir  con- 
templer le  charme 
sans  cesse.  Le  som- 
meil d'Endymion 
était  devenu  d'ex- 
pression prover- 
biale, et  l'idée  en 
correspondait  à  celle 
du  repos  éternel,  au 
sein    d'un    bonheur 

pareil  à  celui  de  Cléobis  et  Biton,  les  héros  endormis  dans 
le  temple  de  Héra  et  passés  sans  réveil  dans  la  compagnie 
des  dieux,  en  récompense  de  leur  piété  filiale  ".  J^es  nom- 
breux sarcophages  et  bas-reliefs,  ceux-ci  également  de 
caractère  funéraire,  qui  représentent  Endymion  endormi, 
offrent  un  des  aspects  sous  lesquels  l'imagination  des  an- 
ciens envisageait  le  repos  de  la  tombe,  le  sommeil  sem- 


I  Moniim.  lieir  Iiisl.  VIII,  II;  'J,  .i8,  39  ;  XI,  10,  :i  ol  lierliard,  Akad.  Ablianill. 
pi.  \i,  1,  2.  Les  jdenlificalioiis  sont  souvent  diniciles;  v.  0.  Millier,  Kunstarch, 
iii:j.  _  2  V.  Hrellcr,  Griech.  Mytlwl.  I.  p.  693  sq.  I.a  Gg.  d'après  Zocga, 
Bauiril.  H,  93;  VSi  sq.  ;  cf.  I,  15;  Baumeister,  Op.  cit.  (,  p.  707,  fig.  770; 
Jahn,  Arch.  Beiir.  p.  53  s(|.  l'our  Somnns  jiiv^'iiilc,  avec  de  grandes  ailes 
debout  et  endormi,  v.  la  pierre  tombale,  cliei  Muilcr- Wieseler,  O.  c.  Il,  S7S  et 
ccpioo,  lig.  J193.  —  3  0.  Jahn,  Loc.  cit.;  Zoega,  Op.  cit.  III,  p.  ÎSi  s.|.  ;  cf. 
Boutticlier,  Knnstmythol.  Il,  .Hi3;  (ierhard,  Prodrom.  p.  2-15  si|.  ;  Panofka,  Tct- 
racott.  p.  86  sq  —  *  Licymn.  de  Ccos,  chez  Bcrgk,  Po*H.  Lyr.  f/raec.  Itl, 
1250:  cité  par  Allien.  XIII,  56*  c  ;  Diogenian.  IV,  60:  Nonn.  Dion.  XLVIII, 
637.  —  ''>  Suid.  V.,  KvSujjîwvc;;  cf.  Lentsch,  Paroemiogr.  graec.  II.  p.  25;  Plat. 
Phaedr.  p.  "2  c  ;  Arisl.  Eth.  ad  Nicom.  X,  8;  Schol.  Apoll.  Rbod.  p.  487,  21  ; 
Zenob.  III.  76.  Cf.  Roscher,  Le.nik.  1,  p.  1246  sq.  cl  284S  ;  Robert,  Bild  und  Lied, 
p.  50.—  lillerod.  1.31.  ;ivcc  la  noie  de  Stein,l,p.  38;  cf.  Cic.  T'use.  I,  3S,92  :  hahes 
Somnuni  imagintm  mortis  catnque  cotidie  induit  ;  et  47,  113.  —  ~'  Fig.  65IK  ;  voy. 
note  2.  Outre  Zocga  et  Jahn,  v.  Righetli,  Mm.  Capil.  1,64;  cf.   Helbig.    Wundg. 


Fig.  631'J.  —  llypn 


blable  à  la  mort  ou  la  mort  qui  n'est  qu'un  sommeil  '.  Sur 
les  sarcophages,  Somnus  est  souvent  le  vieillard  barbu  et 
d'aspect  sévère  dont  nous  avons  parlé;  ici  le  bas  du  corps 
drapé,  le  buste  libre,  les  ailes  placées  aux  tempes,  ailes 
de  papillon  ou  d'oiseau  de  proie;  là  il  tient  dans  ses  bras 
Endymion,  ou  lui  soutient  la  lête.  Sur  un  des  sarcophages 
les  plus  récents,  le  vieillard  est  debout,  les  jambes 
croisées,  de  vastes  ailes  au  dos;  il  dort  appuyé  sur  un 
bâton  ''.  Citons  encore  deux  sarcophages  du  Louvre,  l'un 
qui  représente  Somnus  sous  les  traits  d'un  jeune  homme 
se  penchant  sur  Endymion  endormi  et  versant  sur  sa  tête 
le  liquide  soporifique,  tandis  qu'un  Amour  entraine 
Séléné  vers  le  héros";  l'autre  est  une  touchante  appli- 
cation du  mythe  à  la  vie  réelle  :  Somnus,  sans  ailes, 
tenant  une  tige  de  pavots  dans  la  main  gauche,  étend  sa 
main  droite  ouverte  sur  une  femme  endormie  du  dernier 
sommeil;  un  enfant  se  penche  comme  pour  la  réveiller, 
le  jeune  mari  contemple  la  morte  d'un  air  rêveur  :  entre 
les  deux  figure  un  Amour  aux  ailes  étendues,  le  visage 
empreint  de  désespoir  (fig.  6519)°.  J.  A.  Hild. 

SOPATREIA  (i:«)7i-iTf£ta).  —  Fête  célébrée  à  Délos'. 
SOPHROINISTÈS  (S(otppovi7T-/îç).  —  Tel  était  le  nom,  chez 
les  Athéniens,  d'un  magistrat  spécialement  chargé  de  la 
surveillance  des  éphèbes  [eimiebi,  p.  626]  ;  pour  une  même 
promotion  d'éphèbes  il  y  avait  plusieurs  sophronistes.  Il 
est  difficile  de  dire  à  quelle  époque  exactement  fut  créée 

cette  magistrature. 
iNi  Thucydide,  dans 
les  rares  occasions 
oîi  il  emploie  le  mot 
(T(i)9povt(jTTJ(; ',  ni  Dé- 
mosthène,  dans  le 
passage  souvent  cité 
du  Discours  sur 
V ambassade  où  ce 
erme  figure^,  ne  dé- 
signent par  là  une 
fonction  publique  ^ 
D'aprèsWilamo-witz- 
Moellendorff,  les  so- 
phronistes dale- 
iic  scène  fundrairf.  raient  seulement  de 

l'administration  de 
l'orateur  Lycurgue',  et  l'archontat  de  Ctésiclès  (334/3), 
antérieur  d'un  an  aux  quatre  décrets  rendus  en  l'hon- 
neur des  éphèbes  de  la  Cécropis  inscrits  sous  cet  archonte, 
et  de  leur  sophroniste,  Adeistos  d'Athinonon '■,  mar- 
querait l'année  où  l'institution  prit  naissance;  elle  se 
rattachait,  selon  toute  apparence,  à  la  réforme  de  l'éphé- 
bie  proposée  et  menée    à  bien   par  cet   Épicralès  dont 


n"  957.960,  etc.  ;  Gerhard,  Aiil.  Bildw.  38,  39  ;  Areh.  Zeil.  I862;pl.  loU,  1,  2  ;1860. 
pi.  141.  Une  représentation  particulièrement  intéressante  est  celle  d'un  relief  à  Fisc, 
Lastnio,  .Seul,  del  Campo  santo,  p.  63  :  éphèbe  nu  avec  de  poliles  ailes  à  la  tôte  et 
aux  pieds  cl  tenant  la  corne;  de  môme  notre  fig.  6519.  —  8CIarac,  pi.  ci.xv,  n°  72. 
—  9  Id.  pi.  ccxxM,  n"  58  ;  cf.  Winnefold,  Hypnos,  p.  28  et  passim. 

SOPATREIA.  I  Bull,  d,;  corr.  heli.  1882,  p.  144  ;  Dillcnbergcr,  SyHoj/e,  2  n.  858. 

SOPHRONISTES.  1  Thuc.  III,  65,  3;  VI,  87,  3;  VIII,  48,  6.-2  Dcmoslh.  De 
maie  gesta  Icg.  285.  — 3  J'ai  admis  (A'rfuc.  af/c^n.  2*  éd..  p.  44  ;  kosmètès,  p.  865, 
col.  I)quc.  dansr.lxiocAos(p.  367  A),  «u=po»,crT>i,-  pouvait  désigner  une  magistrature. 
Un  examen  plus  attentif  du  contexte  me  persuade  du  contraire.  Pourtant,  VAiiochos, 
faussement  attribué  à  Platon,  parait  bien  n'être  que  du  m"  siècle,  et  si,  à  ce  nio- 
nienl,  les  sophronistes  n'existent  plus,  ils  ont  existé.  Je  n'en  crois  pas  moins  au 
sens  tout  littéraire  de  (i«,»ooyiot/,4  dans  ce  dialogue.  Il  en  est  de  même  de  «0T|»>iTr,5 
employé  par  Plalon  {Leg.  VI,  p.  772  A),  contrairement  à  l'interprétation  proposée 
ailleurs  [kosmètès,'  (.  c.].  —  '  .iristoleles  und  Athen,  I,  p.  194.  —  5  /user.  gr.  II,  5 
(Supplem.  1895),  563  4  ;  Cil.  Michel,  Hec.  003  ;  Ditteoberger,  Syll.  i'  éd.  Il.flln. 


fXTgvitmii 


"Cf^VDl  AL 
J'FLAVIVS  EVPHPvANOR'ET'I-VARlVS-SKNDO  |,J 

r  r  ^ '■'""■' -■' — ^ . r  -li --  -:   .ari' 


SOP 


1400  — 


SOR 


|>arhiil  l,yi-iirt;iit' "laiis  iiii  iliscnurs  aujoiird'liui  |ioi'(.lu.  le 
Ttepi  t(txTj(Te(oç,  coiume  ayanl  été  honoré  d'une  slaluc  de 
hron/.e  pour  sa  loi  sur  les  éplièbes  (ôii  xbv  vôpiov  tôv  Ttepl 
Tiôv  È5r,6i»v) '.  Cequi  est  eerlain,  e'eslqiieles  plusaneiens 
lémoigna}i;es  qui  noinnienl  les  sophronisles  ne  renion- 
lonl  pas  au  delà  de  la  seconde  moitié  du  iV  siècle.  La  liste 
en  a  él»'  donnée  ailleurs  jei'IIKBI,  /.  c.]-.  Je  renvoie  à  cet 
article  pour  te  mode  de  recrulemenl  des  sophronisles  et 
pour  le  rôle  (|u'ils  jouaient  auprès  des  Jeunes  gens.  Dans 
une  certaine  mesure,  ils  dépendaient  du  Conseil,  comme 
en  dépendait  ù  cette  épo(jue  toute  l'épliébie;  ce  qui  le 
prouve,  c'est  qu'au  nombre  des  décrets  concernant  les 
éphèbes  de  la  Cécropis  inscrits  en  'S'.i'i  ',i,  et  Adeislos 
leur  sophroniste,  il  en  est  un  qui  émane  des  Cinq-Cents. 
.Nous  voyons  de  plus  par  ce  décret  que  le  Conseil  exer- 
çait sur  l'activité  linancière  des  sophronisles  une  sorte  de 
contrôle.  Ceux-ci,  en  effet,  géraient  les  fonds  destinés  à 
l'entretien  des  épiièbes  de  leur  tribu  et  rendaient  bnirs 
comptes^  :  or  il  semble  bien  que  le  Conseil  se  faisait, 
tout  au  moins,  renseigner  sur  leur  gestion,  puisque  le 
décret  en  l'honneur  d'.\deistos  porte  qu'il  ne  sera  récom- 
pensé qu'après  avoir  reçu  décharge  (ÈTieioiv  xiç  EÙOûvaç 
oiû)'.  D'autres  documents  nous  éclairent  sur  les  rapports 
des  sophronistes  avec  la  tribu  et  le  dème  auxquels  ils 
appartenaient.  C'était,  pour  les  démotes,  un  honneur 
(|ue  le  sophroniste  de  la  tribu  eût  été  pris  parmi  eux; 
aussi  décernaient-ils  volontiers  à  leur  concitoyen  un 
éloge  public  et  une  couronne,  ainsi  qu'aux  jeunes  gens 
du  dème  qu'il  avait  eus  sous  sa  direction,  après  avoir 
entendu  de  lui  un  rapport  sur  leur  bonne  conduite'. 
L'n  rapport  sur  la  conduite  du  sophroniste  parait  de 
même  avoir  été  nécessaire  pour  lui  faire  obtenir  les 
félicitations  de  la  tribu  :  c'étaient  les  pères  des  éphèbes 
qui  le  présentaient^  C)n  sait  que  c'étaient  eux  qui  choi- 
sissaient dans  la  tribu  les  trois  candidats  dont  un  devait 
être  élu  sophroniste  par  le  peuple',  et  qui  les  choi- 
sissaient parmi  ceux  des  phylètes  offrant  le  plus  de 
garanties  '  :  il  était  donc  tout  naturel  qu'ils  fussent 
appelés,  quand  ce  personnage  sortait  de  charge,  à 
apprécier  ses  actes  et  à  demander  pour  lui  une  récom- 
pense, s'il  le  méritait. 

Ledécreldela  Pandionisen  l'honneur  des  sophronistes 
des  éphèbes  de  303,2  est  la  dernière  inscription  avant 
l'ère  chrétienne  qui  mentionne  cette  magistrature.. \  partir 
des  vingt  ou  vingt-cinq  premières  années  du  m'  siècle, 
les  marbres  éphébiques  semblent  ne  la  plus  connaître  ^ 
Les   sophronistes    ne    reparaissent   (juc   sous   l'Empire 

1  llarpocral.  s.  r.  Esiïîinn.  Cf.  Uil Icilbergcr.  Op.  c.  Il,  p.  Itil,  iiolc  I  ; 
Arthur  Alexis  Kryaiit,  lloyliuod  and  youlh  in  llte  daijs  of  Aristoiihanrs  {Harvard 
Sliidies,  19117,  p.  S7).  Après  avoir  proposé  (Jiduc.  alhni.  i'  àà.  p.  48,  .ï3,  60  ; 
BPMKhi,  p.  6i0,  col.  Ml  <Ic  faire  remonter  \e^  sophronisles  jiistpi'aii  temps  de  Solon 
Jcf.  K.  J.  Krecman,  Schouls  of  Hellas,  p.  70),  je  me  rallierais  volonliers  i  l'opi- 
liion  rie  Wilamowilz.Moellen.lorlr.  Dés  lors,  Tào/ïi  dont  parle  Bschiiie  (/ii  Tim.  10) 
comme  ayanl  exercé  aiicieiiiiement,  scmble-l-il,  une  surveiltaiicc  aciivc  sur  les 
jeunes  gens  |  ti-nf.Bi,  /.  c.  1.  serait  l'Aréopage.  —  2  Je  la  rcprodui-,  pour  les  inscrip- 
lious,  avec  les  références  nouvelles  et  les  additions  nécessaires  ;  1"  décrets  enl'honneur 
dcséphèliesdelaCécropis  inscrits  sous  Ctésiclès  (334/3;  v.  noleô.  p.  139'J);  ï^  frag- 
ment d'un  décret  des  KIcusinions  faisant  suite  à  une  dédicace  des  épliébcs  del  Hippo- 
thontis  inscrits  sous  le  même  archonte  {Jnscr.  ijr.  il,  3,  374  U  ;  3"  dédicace  de 
Tiiéiiphancs  de  Khamnonte  couronné  par  les  épliélies  inscrits  cD  333/^,332/1,331/30, 
ainsi  i|uepar  leurs  sophronisles  et  leurs  cosméics  (/«scr.  »r.  Il,  5.  1571  A);  4"  décret 
des  haliilanls  d'Aiioné  contenant  le  nom  de  larchonle  INéaichnios  (320/19),  et  ré- 
compensant, entre  autres  personnages,  diu\  fuphrouisle^  k  propos  île  la  céléhralion 
de  la  fétedilébc  '/user.  »r.  11.  1,  Hsl);  3"  tragm.>nt  liés  mutilé  d'un  décret  en 
l'honneur  des  éphèbes;  les  sophronisles  y  sont  nommés  ligues  I  et  13  {Inacr.  t/r. 
II,  3,  231  c.  ;  cf.  Wilaniowiti-Mocllendorir,  Op.  c.  I,  p.  I'J3,  note  13);  ù'  décret  du 
Conseil  et  du  peuple  (303/4)  en  l'honneur  des  éphèbes  inscrits  l'année  précédente, 
de  leur  cosmèle,  de     leurs  sophronistes,  au    nuinl  re  de  douze,   par    suite    de  la 


romain,  au  nombre  de  six  seulement  ;  ;ï  coté  d'eux,  il  y  a 
six  hyposophronistes.  Nous  ne  savons  pas  comment 
étaient  recrutés  les  uns  et  les  autres.  Les  éphèbes  étaient 
alors  partagés  en  un  certain  nombre  de  sections  appelées 
oucTpsjjLULïTa  :  à  chacune  d'elles  étaient  attacliés  un  ou 
plusieurs  sophronisles  '".  Il  y  eut  dans  cette  organisation 
mèmedes  changements  (|ui  nouséchappenl,  et  toute  cette 
partie  tardive  de  l'histoire  de  ré|)hébie  pour  laquelle  les 
dtjcuments  sont  nombreux,  mais  souvent  incomplets  ou 
peu  clairs,  serait  à  reprendre.  Il  semble,  d'après  un  texte 
du  m''  siècle  de  notre  ère,  qu'à  un  moment  les  éphèbes 
aient  formé  douze  groupes  attribués cliacun  à  un  sophro- 
niste ou  à  un  hyposophroniste,  égaux  entre  eux  par  les 
fonctions,  sinon  par  la  dignité;  les  sophronistes  auraient 
été  les  plus  âgés".  Il  est  quel(|uel'ois  question  sur  les 
marbres  des  enfants  des  sophronisles  (&i  TiaîSe;  ttov 
(ïojtpsoviiTTùivl,  qui  figurent  parmi  les  gymnasiarques 
éphèbes'-.  Les  sophronisles  eux-mêmes  pouvaient  être 
agonothèles  '".  Nous  ne  pouvons  guère  nous  faire  une 
idée  de  l'espèce  d'autorité  dont  les  sophronistes  étaient 
investis  à  l'égard  des  éphèbes.  Un  relief  mutilé,  reproduit 
]>lus  haut  [epiikki,  lig.  2679  ,  ligure  trois  d'entre  eux 
((jiospovifjTX!,  y  déchidre-t-on)  qui  s'avancent  vers  une 
divinité,  enveloppés  de  leur  manteau  et  tenant  à  la  main 
la  baguette  flexible  appelée  ÀOyoç.  S'en  servaient-ils 
pour  châtier  les  jeunes  gens?  Est-ce  un  attribut  sym- 
bolique ?  On  ne  saurait  préciser.  P.  Girard. 

SORAiMl.S.  —  Ce  vocable  religieux  qui  par  sa  termi- 
naison en  rappelle  beaucoup  d'autres  tigiirant  au  cata- 
logue des  imugiïame.xia',  se  rencontre  pour  la  première 
fois,  avec  un  sens  ironique,  chez  Cicéron  ;  mais  il  est 
beaucoup  plus  ancien  el  pourrait  même  remonter  aux 
temps  les  plus  reculés  de  la  religion  romaine.  Ayant  à 
caractériser  un  augure  de  bas  étage,  dont  la  science  n'est 
faite  que  de  charlatanisme,  Cicéron  le  nomme  ou  Pisi- 
dien  ou  Soranus-.  Ce  sont  les  commentateurs  anciens 
de  Virgile,  sur  la  foi  d'un  texte  de  Varron  et,  grâce  à  eux, 
Pline  l'Ancien  qui  nous  permettent  d'éclaircir  l'énigme 
posée  par  le  passage  du  traité  de  la  Divination  '  ;  el 
c'est  Virgile  lui-même  qui  adapta  la  cérémonie,  où 
Soranus  est  invoqué,  au  dessein  de  son  Enéide.  Voici 
l'invocation  que  le  poète  place  dans  la  bouche  d'un  chef 
Étrusque,  allié  d'Énée  '  :  <•  0  loi  le  plus  grand  des  dieux, 
Apollon  gardien  du  moul  sacré  de  Soracle,  toi  que  nous 
implorons  avant  tous  les  autres  lorsqu'en  ton  honneur 
s'enflamme  un  amas  de  pins  el  que.  forts  de  notre  piété  ", 
nous   marchons  à  travers  le  feu  sur  un  lit  de  charbons 

création  de  1  Auligonis  el  .h:  la  Déinélrias.  el  de  leui^  profes...curs  (/ii.!0-.  gr.  11, 
3,  231  b);  7"  décret  de  l.i  Candionis  en  l'honneur  du  sophroniste  l'hilonidcs,  élu  pour 
s'occuper  des  éphèbes  de  cette  tribu  inscrits  sous  l.éoslratos  (303/2)  {Inscr.  gr.  II, 
5,  363  b).  —  3  Aristot.  Ilep.  Athcn.  XLII.  3.  —  1  Sur  les  rapports  des  éphèbes  et 
de  leurs  magislrats  avec  le  Conseil,  voy.  hPiiKi-.i,  p.  623,  col.  I,  et  p.  624,  col.  Il, 
note  52.  — ^  Voy-  le  quatrième  déerel  relatif  aux  éphèbes  de  Ctésiclès,  rendu  par 
les  habitants  d'Alhmonon.  (if.  Jitscr.  (/r.  Il,  3,  574  dy  rjui  montre  un  des  sophro- 
nisles de  riIip]>othonlis  honoré  de  la  proédrie  |  ar  ses  démotes.  —  c-  Tel  est,  du 
moins,   le  cas   pour  le  sophroniste   l'iiilonidès,  de   la  Faildiouis.  xetl  ûrom^ouoiv 

[Jnscr.  gr.  II.  5,  363  6).  -  '■  Arislol.  /iesp.  Alhen.  .\LII,  2.-8  Cf.  Krich 
Ziebarth,    Aus   dvm   gricchischcn  .SchtUtrcsen  (Leipzig  et   Berlin,  ll'O'.t,  p.    16). 

—  'J  Le  plus  ancien  qui.  n'en  parle  pas  paraît  être  celui  (|ui  est  daté  de  l'ar- 
chontal  de    Nicias  (/nscr.    gr.    II,   I;   316).    —    10   inscr.    i/r.    III,    I.    MUS  :  ... 

'.!      Èx     Toî    9j5ts£|A(*K-o;     t:iji^<f-     xi;jif,aavTCç    T4v     xooimîr.v     xa:     Toi;     otuf&o^ivTàç.... 

—  U  Inscr.  gr.  III,  I,  7.iS.  —  l::  /Ijid.  Ii:i:i.  -  '■<  Jbid.  1147;  Uumonl,  Eph. 
alliiiiie,  I,  p.  229. 

SIMIANUS.    I    Cf.    Tulanus,     i'ratsiana,    Orbana,   Liraua,    Latcranus,   etc. 

—  2  Cic.  Oirin.  I,  47,  105.  —  3  Varr.  ap.  Serv.  Aen.  XI,  7S7  ;  l'iin.  Uist.  nat.  VII, 
2,  2.  —  4Virg.  Aen.  XI.  7»3  ;  cf.  Sil.  liai.  V,  173.  —  "  Freli  pie<«/f  ;  cf.  Strab. 
V,   1,   I  J  :  raTi/àuivi»  :<'»  T»7  Soi|>°>«;. 


SOR 


uni 


SOR 


ardenis.  0  Pèri' !  O  Tout  Puissanl  1  ('pargne  à  nos  armes 
le  iléslionrieiir,  olc.  »  Le  culte  et  les  pratiques  auxquels 
il  esl  fait  ainsi  allusion,  ont  pour  théâtre  le  pays  îles 
Falisques  et  plus  spécialement  le  mont  Soracte  (|ui  se 
dresse,  visible  de  loin,  à  l'est  de  la  plaine  qui  lon^e  la 
voie  Flaminienne  '.  Là,  tous  les  ans,  un  collège  de  prêtres 
appelés  /{irpi  {/oii/is  en  langue  Sabine),  célébraient  une 
fête  de  purification  et  de  propitialion  dont  l'épisode 
caractéristique  était  une  marche  à  pieds  nus  sur  la  braise 
d'un  bûcher.  Le  dieu,  objet  de  cet  hommage,  était  appelé 
Sornntis;  et  les  prêtres  eux-mêmes  étaient  des  If  irpi 
Sorani-.  Le  vocable  dérivé  du  nom  de  la  montagne  a 
été,  par  la  linguistique,  rattaché  <i  Sora^,  soleil;  et  la 
fête  elle-même  doit  être  considérée  comme  une  variété 
des  cérémonies  solstitiales  [f'aliua]  qui  chez  les  peuples 
de  race  indo-européenne  ont  pour  objet  d'honorer  le  feu 
céleste  sous  le  symbole  de  ses  émanations  terrestres  \ 
Dans  la  religion  latine,  la  divinité  du  feu  a  tout  d'abord 
été  identifiée  avec  Dix  l'ater  invoqué  à  ce  titre  sous 
le  nom  de  Sorajius'  et  ensuite,  par  l'influence  de 
l'hellénisme,  avec  Apollon,  le  dieu  solaire;  par  excel- 
lence''. 

La  fête  du  mont  Soracte  était  encore  en  honneur  au 
déclin  de  la  llépublique  ;  mais  le  miracle  des  prêtres  tra- 
versant les  ilammes  sans  en  subir  les  atteintes  s'expli- 
quait natiii'ellement,  pour  Varron,  grâce  à  un  onguent 
dont  ils  se  frottaient  la  plante  des  pieds'.  Pline  l'Ancien 
nous  apprend  qu'elle  subsistait  encore  de  son  temps  et 
même  qu'un  sénatus-consulte  de  Home  conférait  aux 
prêtres  Sorani  l'exemption  du  service  militaire  avec 
d'autres  immunités.  Pour  Strabon  la  cérémonie  était  en 
rapport  avec  la  religion  de  feronia,  qui  possédait  au  pied 
du  Soracte  un  temple  fameux  dans  tout  le  Latiurn;  elle 
attirait  un  grand  concours  de  peuple,  avide  de  contem- 
pler la  jonglerie  pieuse  dont  elle  était  l'occasion  et  que 
le  scepticisme  des  archéologues  n'avait  pas  encore  réussi 
à  déconsidérer  auprès  des  masses*.  Des  pratiques  ana- 
logues se  retrouvent  d'ailleurs  dans  le  culte  de  Zeus 
Jjykaïos  en  Arcadie''  ;  et  Mannhardt  en  a  très  ingénieu- 
sement rapproché  les  fêtes  populaires  de  celles  du  Loiiji 
Vert  à  Jumièges  en  Normandie  et  de  la  Vache  Verte  en 
Souabe,  les  unes  et  les  autres  célébrées  au  temps  de  la 
moisson,  c'est-à-dire  du  solstice  d'été,  pour  obtenir  une 
récolte  abondante  '".  Nous  nous  bornons  à  renvoyer  aux 
commentaires  de  Servius  sur  le  passage  cité  de  Virgile, 
pour  les  contes  populaires  dont  elles  ont  (Hé'  l'objet  dans 
l'Italie  ancienne".  J.  A.  IIiLn. 

SOItS,    SOirPES.    fblVINATIO,   FÛHTLMA,  SOHTnlO.J 

SORTII'IO  (KÀr,ooj<7i;).  Tirage  au  sort. 

tiitiicK.  —  Le  tirage  au  sort  était  une  des  coutumes  les 
plus  répandues  chez  les  firecs  de  tous  les  temps.  Ils  la 
pratiquaient    avec   prédilection,    dans  la    vie   |)ubliqiii' 

1  Virg.  Luc.  cit.  cl  VII,  BOG  ;  Moi-.  Od.  I,  !1,  2  ;  Si-rv.  M.  Aeii.  VII,  (iSli  ;  el  Ik-ync- 
WagiitT,  lidii.  Virg.  ICxcursus  Lih.  XI.  -  2  Hii,,.  H.  nul.  VII,  i,  i  :  Solin.  Il,  iii  : 
l'aul.  1).  p,  106:  cf.  Wisso«a,  /leliQ.  iimi  Knitus,  i|in  l-ap|iraclic  ces  Hirijini 
des  l.uiifict  ilu  l'alaljii,  p.  17i  cl  p.  VSÏ,  il.  0.  —  3  CurUus,  Zeilsc/iri/'t  fur  l-eryl 
Spruchf.  I,  p.  i'.f.  i:(.  l'reller-Joidail,  /locm.  Mytliul.  I,  p.  ifiS,  fl  Mannhaiill, 
AntilcH  /■'eld  imil  Walilkiille,  II,  i,  :ti7  sq.  —  »  IV,  p.  ÏS4;  cf.  Grinim.  Ueulsche 
Mylhul.  p.  520  si|.  ;  Maniihardl.  Loc.  cil.  et  Mijlhol.  Forscli.  p.  f'JS  sq. 
—  'Serv.  Aen.  XI,  7.S.-i  ;  cf.  Wissowa.  loc.  cil.  p.  lui  ;  cf.  p.  2.ÏS  :  l'clor  chez. 
HoscliM-,  Aiisf.  Lexili.  I,  p.  ilKT  si).  —  0  Virg.  Aen.  XI,  7S5  ;  l'Iin.  VII,  2,  2: 
Slralt.  V,  4,  12.  —  7  Serv.  Aen.  XI,  787  :  Vorro^  ubiqtie  e.rpuf/ntitor  rnli- 
gionis,  etc.  ;  \'aiu/ny  .Soraniis  de  Cicéron  {Divin.  I.  17,  805),  s'inspire  de  la  môme 
irrévcrciice.  —  »  Slrab.  Loc.  cit.  Don.  liai.  Il,  W;  cf.  Ilosclier,  Aiisf.  Uxik.  1, 
p.  U78  cl  KEBoviA,  11,  2,  p.  1073  sq.  ;  Maiinhardl,  Op.  cil.  p.  332.  —  »  Pieller, 
(iritch.  iJijlhol.  1»,  p.  127;  cf.  I'.  Wcizel,  DeJore  el  Pano  dis  Arcadicis,  Brcsiau, 

Vin 


comme  dans  la  vie  pi-i\('e.  l'our  |irriiihr  une  lelle  e\lrii- 
sion,  pour  avoir  une  telle  durée,  il  a  fallu  ((iie  cette 
coutume,  à  peu  près  immuable  dans  le  détail  de  l'exé- 
cution matérielle,  se  conformât,  pendant  nue  longue 
évolution,  à  la  pensée  changeante  des  géïK'ralions  suc- 
cessives. 

I.  OlUGLNE  ET  CARACTÈHF.S   fiU  TlHAIiF  Af  SOltT    F.N    tiliÈCE. 

—  Les  hommes  primitifs  demandent  à  leur  dieu  toutes 
les  décisions  qui  intéressent  le  groupe  social;  la  volonté 
du  dieu  s'exprime  par  le  sort  (xÀ-f|poç)'.  Chacun  de  ceux 
qui  s'en  remettent  à  la  puissance  souveraine  inscrit  sa 
marque  sur  un  caillou,  fixe  sa  personnalité  sur  un  osse- 
let^; lorsqu'un  de  ces  objets  est  tiré  d'un  vase  ou  d'un 
casque  par  une  main  aveugle  en  apparence,  c'est  une 
divinité  qui  désigne  un  homme  et  fixe  le  destin.  Ce  pro- 
cédé religieux  ne  s'applique  pas  seulement  aux  choses 
de  la  religion  :  le  culte,  à  cet  âge  lointain,  comprend 
tout,  gouvernement,  administration,  justice.  On  recourt 
au  sort  quand  on  a  remporté  la  victoire  et  qu'on  partage 
le  butin,  ou  bien  quand  on  a  eu  le  dessous  et  qu'on  doit 
livrer  un  lot  de  captifs,  ou  bien  encore  quand  le  dieu 
irrité  veut  du  sang  humain.  Rien  de  plus  historiijue  au 
fond  que  ces  vieilles  fables  où  sont  tirés  au  sort  les 
jeunes  gens  ou  les  vierges  qu'un  roi,  un  dieu,  un  monstre 
exige  comme  esclaves  ou  comme  victimes  ''.  Mais  il 
est  une  circonstance  où  le  tirage  au  sort  a  une  valeur, 
une  solennité  toute  particulière  et  revêt  une  forme  diffé- 
rente :  il  devient  électif.  Le  chef,  qui  est  aussi  le  prêtre, 
doit  toujours  être  désigné  à  la  vénération  par  un  signe 
certain  :  le  sang  le  plus  pur,  la  parenté  la  plus  directe 
avec  le  dieu  ancêtre.  Ses  pouvoirs  se  transmettent,  avec 
son  caractère  sacré,  par  hérédité  ;  mais  que  la  lignée 
s'interrompe,  qu'il  y  ait  doute  sur  la  question  de  suc- 
cession, et  l'on  s'cnremetau  dieu  du  soin  d'indiquer  son 
descendant  légitime,  de  déclarer  qui  mérite  entre  tous 
d'être  appelé  o!oy£v/|Ç.  11  a  bien  des  moyens,  le  dieu,  pour 
révéler  ses  préférences  et  dicter  ses  commandements  : 
il  peut  faire  un  miracle*;  le  plus  souvent  il  attend 
qu'on  le  sollicite.  Les  prétendants  se  présentent  à  lui  ou 
lui  sont  présentés  par  leurs  partisans,  et  lui,  par  le  sort, 
il  fait  son  choix.  Le  sort  est  vraiment,  selon  une  expres- 
sion de   Platon,   un    «jugement    de  Dieu»,    Atoç   /.otVti; 

Dans  la  vie  de  famille  comme  dans  la  vie  publique, 
dans  les  cités  et  dans  les  camps,  les  Grecs  des  temps 
héroïques  consultaient  le  sort  à  toute  occasion.  Quand 
d(?s  frères  ont  à  partager  l'héritage  paternel,  ils  préparent 
des  lots,  qu'ils  tirent  au  sort".  Quand  des  vaiiuiueiirs 
se  partagent  le  butin,  les  captifs,  les  champs  conquis,  ils 
opèrent  un  prélèvement  en  faveur  des  chefs,  et  tirent  le 
reste  au  sort  '':  c'est  ainsi  que  les  lléraclides  auraienl 
lire  au  sort  dans  un  vase  rempli  (l'eau  les  Irois  royaumes 

1S7'.I,  il  Uosclier-,  Op.  cil.  I,  p.  2093  Sf|.  —  I"  Op.  oit.  p.  331  sq.  —  H  Serv.  Am. 
XI,  7«5,  cl  Wissowa,  chez  Koschei-,  Op.  cil.  v.  Uirpi  Sonmi.  1,2,  p.  2(.9V. 

MllirriIU.  '  Voir  liislcl  de  Coulaiigcs.  Ilecli.  sur  le  lirugc  au  suri  appliqué  a 
lu  nomination  des  arcti.  «M.,  dans  les  i^oiiv. récit,  surtjuelf/.  prob.  d'hisl.  p.  Kîiîsq. 
cf.  \nu:.K  iiKspiui.li:»,  p.  53.S,  —  2  Les  ossclels  oill  un  sens  nijsliqiic  en  Crèle  liiiii 
avanl  l'arrivée  des  Holliiies:  on  en  a  Irouvé  une  grande  ipiantil/'  dans  ini  fond  de 
cabane  de  l'âge  néolilhiqne  à  Pliaislos  (Mossn.  .)/uii.  uni.  XIX,  j>,  p.  H»,  lig.  5), 
de  même  que  sous  le  lupis  nii/er  du  forum  ronain.  —  •'  (if.  l'aus.  IV,  U,  4;  l'Iiil. 
.Sept,   sapicnl.  comiic.   20,  p.    163    B  ;  Enrip,  Jph.    Aul.    II!IS;   l'Iul.    Tliee.   17. 

—  i  Cf.  Hlul.  De  Aler.  fort.  uul.  cirl.  II.  s.  p.  340  U  ;  Suid.  s.  ii.  Ai-o;.  — "  l>lal. 
Len.  VI,  p.  737  B.  Cf.  Glolz,  L'ordalie  dans  la  Or.  prim.  p.  127  sq.  —  6  Od.  XIV, 
200-210;  cf.  Euslalli.  ad  loc.  Voir  Bucllliolz,  Uum.  Ileul.  Il,  l.  p.  95.  —7  Qd. 
XIV,  232-233;  IX,  42,  540  ;  Jt.  IX,  13S,  333  ;  cf.  Eunp.  Truad.  2'J  sr|.,  iSd  sq.  ; 
Bec.  100. 

17G 


SOR 


li02  — 


SOR 


du  Pélopont'se  '  (fig.  tioiO)  l'I  doniK'  un  lui  à  cluiciiii  de 
k'iii-s  compagnons'-.  QuaiKl  des  avcnluriersou  des  colons 
s'établissent  sur  un  coin  de  teri'c,  ils  demandent  au  sort 
leurs  litres  de  propriété  '.  Les 
dieux  n'onl-ils  pas  l'ait  de  même 
pour  le  monde  entier,  et  n'est-ce 
pas  par  le  sort  que  Zeus,  Poséidon 
et  Iladès  ont  obtenu  chacun  son 
empire''.'  Aussi  la  langue  grecque 
a-l-clle  toujours  désigné  du  mém<' 
mol,  xX-Tipoç,  le  sorl  et  le  patri- 
moine \  Les  charges  sont  r(''parlies 
par  11'  même  pmeédé  (|ue  les  pro- 
Fi».  r,:-,i(i.  —  Tira^-o an  sort.  lits.  Lorsi[u'un  cliei'  doil  fournir 
un  liomine  pour  le  service  mili- 
taire, les  fivrcs  tirent  an  sort  il  qui  partira".  En  temps 
de  guerre,  le  chef  s'en  remet  aux  décisions  du  sort  pour 
ne  pas  faire  de  mécontents.  Devant  Troie,  les  neuf 
tçuerriers  qui  brûlent  de  se  mesurer  avec  Hector  en 
combat  singulier  déposent  chacun  dans  un  casque  leur 
sorl  marqué  de  leur  signe  particulier  et  en  font  tirer  un 
par  Nestor''.  Cha(|ue  fois  qu'Ulysse  est  embarrassé  pour 
désigner  ceux  de  ses  compagnons  qui  auront,  à  remplir 
une  mission  pi-rilleuse,  il  les  fait  désigner  par  le  soil*. 
Dans  les  jeux,  le  président  tire  au  sort  les  rangs  ou  les 
places  des  concurrents'.  Le  tirage  au  sort  est  si  complè- 
temeiil  cntri'  dans  les  mœurs,  que  des  armées  ennemies 
pcuvi'ut  s'entendre  sur  une  consultation  de  ce  genre,  (jui 
devienl  preS(|ue  un  jugement  de  Dieu  :  au  moment  oîi  va 
s'engager  le  duel  de  Paris  et  de  Ménélas,  on  jette  les  sorls 
des  combattants  dans  un  casque  pour  savoir  qui  aura 
l'avantage  de  lancer  son  javelot  le  premier'».  Dans  plu- 
sieurs de  ces  cas.  la  conception  religieuse  du  tirage  au 
sort  se  manifeste  clairement.  Avant  le  moment  décisif, 
les  intéressés  adressent  d'ardentes  prières  à  Zeus  pour 
i]u'il  fasse  le  choix  le  meilleur",  et  souvent  ces  inter- 
cessions produisent  leur  effet  :  le  sort  tombe  sur  celui 
que  désigne  le  grand  nombre  ou  que  souhaite  la  sagesse  '-. 
Le  lirage  an  sort  se  ressentira  toujours  de  ses  origines 
religieuses.  LUes  sont  manifestes  dans  la  divination.  La 
c/éromaiilie  fut  une  des  pratiques  auxquelles  les  oracles 
des  Grecs  restèrent  le  plus  fidèles  [divinatio,  p.  301-30'-2; 
0R.\(:cLiM,  p.  m].  Celle  spécialité  des  sciences  sacrées 
avait  pour  patron  Hermès.  Le  porteur  de  la  verge 
magique"  était  le  dieu  du  hasard  et  de  la  bonne  chance, 
ledieu  des  sorls  et  parliculièremenl  des  dés.  Apollon  avait 
gardé  pour  lui  le  reste  de  la  mantique;  il  avait  aban- 
donné au  fils  de  Maia  la  doctrine  des  Thriai  el  l'usage 
des  cailloux  qui  portaient  leur  nom'*.  Quand  on  lirait  au 
sort,  le  premier  coup  était  réservé  à  Hermès;  mais  sou- 
vent, pour  éviter  toule  contestation,  on  introduisait  dans 
l'urne  une  feuille  d'olivier,  qu'on  lirait  d'abord  :  c'était 
VEo^oû  y.X7^'^o;'''.  Un  autre  l'ail,  la  façon  dont  sont  nom- 
més les  prêtres,  rappellera  jfisi[n'à  la  lin  du  paganisme 

<  .ApoMoil.  Il,  8.  V:  l'aus.  IV,  3,  3;  Coly.-nii.  1.  10  ;  Sopli.  A.;,  lasi  sq.  el 
Schol.;  cf.  Tisclil,eiii,  Coll.  of  enijrai:  1,  I,  pi.  ïvii  (S.  Koinacli,  Ilfp.  des 
•uses.  II.  p.  Mi);  l'aiiolla,  Arch.  Zeil.  I«S.  p.  281;  Babcloii,  Cab.  desaiil. 
pi.  X1.Ï11,  XIV  cl  p.  liJi;  S.  neiiiacli,  Pierres  grmées,  pi.  i.v,  i,  3  cl  p.  50.  Noire 
iî^urQ  Ii53l)  reproduit  le  dernier  des  nioiiumeiils  énuincri'S  ci-desàus.  —  -  Fl.il. 
leg.  III,  p.  08Hi85  :  cf.  I".  Uiiirauil,  Prop.  fonc.  en  Gr.  p.  41  sq.  —  3  Cf.  0,1. 
VI,  9-10.  —  t  //.  XV,  189-193.  _  5  Ihid.  V.I8  ;  (Id.  XIV,  Ci;  Hes.  Op.  et  dies, 
37,  3H.  -  6  /(.  XXIV,  MO.  —  1  II.  VU,  171-191  ;  cf.  Sopli.  /.  c.  —  »  Od.  IX, 
331-334:  X,  20C-i07.  —  a  //.  XXIII,  35i-3.ï7.  8r,l-8lii.  —10  //.  XIII,  316  3iS. 
—  "/(.    III,  318-323;   Vil,     177-1X0.  —12 /(.  VU,  182;   O,/.   IX,  334.  —  13    Od.    V, 

47-49;  XXIV,2.4.  —>i  flymn.  ad  Hem.  332s.  ;  Apollod.  III,  lu,  2  :  Callim.  Jïymn. 


grec  que  le  lirage  au  sort  est  un  appel  aux  dieux.  Man- 
dataires de  la  cité,  délégués  auprès  d'une  divinité,  les 
prêtres  sont  présentés  par  les  hommes,  mais  choisis  par 
la  puissance  à  laquelle  il  s'agit  de  plaire.  On  demande 
parfois  à  la  gri'ice  des  dieux  de  se  manifester  par  un 
oracle'",  ou  par  la  voix  d'un  prêtre  en  l'onction'^;  d'ordi- 
naire on  l'oblige  respectueusement  à  se  dé'clarer  par  les 
sorls.  El,  comme  les  hautes  magistratures  sont  sorties 
des  sacerdoces  les  plus  antiques,  comme  elles  en  ont 
conservé  certaines  attributions,  les  esprits  imbus  des 
croyances  Iradilionnelles  continuent  d'avoir  sur  le  tirage 
au  sort  des  magistrats  les  mêmes  idées  que  sur  celui  des 
prêtres.  C'est  encore  Platon  qui,  en  exprimant  la  pensée 
des  vieux  âges,  se  fait  à  maintes  reprises  l'interprète 
d'une  opinion  commune  en  son  temps  :  <•  En  ce  qui  con- 
cerne les  choses  sacrées,  dit-il,  nous  laissons  la  divinité 
choisir  elle-même  qui  lui  agrée;  nous  nous  en  remettons 
ainsi  à  la  voie  divine  du  sorl...  Pour  déclarer  qu'un 
homme  est  cher  à  la  divinité,  qu'il  est  heureux,  nous 
recourons  au  sort  :  celui  que  le  sorl  désigne  doit  com- 
mander, celui  qu'il  repousse  doit  obéir;  disons-le,  rien 
n'est  plus  jusle...  Le  sort  est  un  dieu'\  » 

Mais  de  très  bonne  heure,  aussi  loin  que  remontent 
les  souvenirs  de  la  race  hellénique,  celte  conception 
divine  enveloppe  des  conceptions  plus  humaines.  Tou- 
jours et  partout  on  a  largement  pratiqué  un  système  qui 
a  tous  les  avantages  d'un  choix  rapide  sans  engager  la 
responsabilité  de  personne.  Aujourd'hui,  on  a  encore 
recours  au  sorl  dans  les  cas  où  il  n'existe  aucune  raison 
théorique  ni  juridique  de  décider  dans  un  sens  ou  dans 
l'autre  et  où  cependant  il  faut  en  finir.  Dans  les  sociétés 
primitives,  le  Lirage  au  sort  est  une  ressource  bien  plus 
précieuse,  parce  qu'il  sert,  non  seulement  quand  on  ne 
peut  pas,  mais  quand  on  ne  veut  pas  choisir  :  c'est  un  de 
ces  subterfuges  par  lesquels  une  rouerie  naïve  met  le 
divin  à  son  service.  Par  le  sorl  on  force  les  dieux  à  créer 
de  la  légitimité,  comme  par  le  serment  on  les  somme  de 
créer  de  la  vérité,  comme  par  l'ordalie  on  leur  fait  faire 
œuvre  de  justice.  Il  faut  donc  admettre  que,  dans  les 
temps  les  plus  reculés,  le  tirage  au  sorl  a  pu  donner 
satisfaction  aux  tendances  diverses  des  hommes  groupés 
en  sociétés.  Effectivement,  le  tirage  au  sort  appliqué  au 
choix  des  chefs  et  portant  sur  quelques  personnages  de 
marque  part  d'un  principe  nettement  dynastique  ou,  si 
l'on  préfère,  fortement  aristocratique.  Fustel  de  Cou- 
langes  a  insisté  à  bon  droit  sur  ce  principe,  qu'il  a  été  le 
premier  à  di'gager '^  Mais  il  n'a  pas  vu,  parce  que  son 
attention  s'est  concentrée  sur  une  seule  question,  que 
dès  l'origine,  bien  avant  que  la  Grèce  fût  organisée  en 
cités,  le  tirage  au  sort  appliqué  à  un  partage  et  portant 
sur  tous  les  membres  du  groupe  social,  a  un  caractère 
tout  aussi  vigoureusement  démocratique.  Avec  celle 
légère  réserve  nous  dirons  :  «  Le  lirage  au  sorl  n'était 
ni  un  procédé  égalitaire,  ni  un  procédé  essentiellement 

ad  ÀpoU.  45  ;  cf.  Philocli.  ap.  Zesob.  Prof.  cent.  V.  75  {Fragm.  hiit.  gr.  I,  p.  410, 
fr.  190)  ;  Elym.  M.  p.  453,  34;  llcsych.  s.  i'.  Op.a.'.  Voir  V.  Bériii-d,  /)e  loriy.  des 
cultes  arc.  p.  285;  MRnct-nii:^,  p.  1S09.  Munie  à  Delphes  on  praliquail  lacléromantie 
(cf.  Suid.  4.  i'.  nue™;  Plut.  De  i'.  delph.  10,  p.  391  E).— '»  Kurip.  ap.  Hliol.  p.  109, 
7  el  Suid.  s.  u.  «/lii;»;  'EçnoJ;  Euslalh.  ad  II.  p.  073,  53;  Arisl0|di.  Pac.  304-305 
cl  Schol.;  Poil.  VI,  53;  Hesych.  j.  r.  ■Ef|;ioJ»»i!fo;.  Voir  Bouché-l.cclercq./.o  dMn. 
dans  laiitig.  I,  p.  190-191.  —  16  Inscr.  graec..  Il,  1654.  La  Pythie  choisit  les  exé- 
gètcsrcuOoxor.ffToilvoir  KïKCKTAi  ;  Ehriiiauli,  De  juris  sacri  interprelibas  ait.,  (jiessen, 
1908,  p.  18).  Cf.  Arist.  Resp.  Alh.  21.  —  I'  llillenbeiger,  Sglt.  iitscr.  gr.  738, 
I.  136  137.  —  18  Plal.  Leg.  VI,  p.  739  G  ;  III.  p.  O90  C:  V,  p.  741  li  ;  cf.  Hesp.  X, 
p.  617  U.  —  1»  £.  f.  p.  100  sq. 


SOR 


—  1403 


SOR 


oligarclii(]ue.  Il  a  p)ris  l'un  ou  l'autre  caractère  suivant 
les  temps  et  suivant  la  façon  dont  il  a  été  appliqué'.  » 
L'éléiuent  psychologi(|ue  qui  est  l'essence  même  du 
tirage  au  sort  pouvait  s'adaptera  tous  les  régimes. 

.\ussi  les  historiens  cl  les  philosophes  de  la  Grèce 
devaient-ils  être  un  jour  embarrassés  pour  indiquer  le 
caractère  politique  de  l'institution.  Quand  le  principe 
démocratique  l'eut  emporté  dans  une  grande  partie  de 
la  Grèce  et  qu'il  eut  surtout  marqué  d'une  puissante  em- 
preinte la  civilisation  athénienne,  alors  même  le  tirage 
se  maintenait  en  si  bonne  posture  dans  les  cités  oligarchi- 
ques et  perpétuait  dans  les  autres  tant  de  survivances  d'as- 
pect hétérogène,  qu'il  était  bien  difficile,  tout  en  consta- 
tant la  large  place  qu'il  s'était  faite  dans  les  constitutions 
démocratiques,  de  ne  pas  l'observer  sous  son  double 
aspect  et  de  ne  pas  en  être  gêné.  De  là  résultent  les  ju^^e- 
ments  divers  qui  nous  étonnent  et  nous  déroutent.  Dans 
l'idée  d'Hérodote-,  un  des  traits  essentiels  du  régime 
populaire,  c'est  la  désignation  des  magistrats  par  voie 
de  tirage  an  sort  (-k-JIm  [aèv  àp/i;  ^P/^O-  ^'^^  adversaires 
de  la  démocratie  extrême  lui  reprochaient,  plus  que  tout 
autre  défaut,  cette  façon  de  nommer  les  hauts  fonction- 
naires. "  C'est  folie,  disait  Socrate,  qu'une  fève  décide 
du  choix  des  chefs  de  la  République,  tandis  qu'on  ne  lire 
au  sort  ni  un  pilote,  ni  un  architecte,  ni  un  joueur  de  tlùte, 
ni  d'autres  artistes  du  même  genre,  dont  les  fautes  sont 
bien  moins  dangereuses  que  celles  des  magistrats  '.  » 
D'un  ton  plus  transcendant  elplus  altier,  Platon  exprime 
le  même  sentiment,  quand  il  déclare  que  le  sort  dans  la 
répartition  des  dignités  établit  une  égalité  d'ordre  infé- 
rieur, l'égalité  en  nombre,  poids  et  mesure,  qui  est  à  la 
portée  de  tout  législateur  et  de  toute  cité'.  Aristote  lui- 
même,  qui  combat  si  souvent  les  conceptions  politiques 
de  Platon,  déclare  plusieurs  fois  dans  la  Polilhiue  que  le 
tirage  au  sort  des  magistratures,  de  celles  au  moins  qui 
n'exigent  pas  de  connaissances  spéciales,  caractérise  le 
gouvernement  démocratique  et  s'oppose  au  système  pré- 
féré par  l'oligarchie'.  Enfin,  la  lihétori<iue  aristotéli- 
cienne va  jusqu'à  détinir  sommairement  la  démocratie 
la  constitution  qui  fait  distribuer  les  charges  par  le  sort*. 
—  Cependant  on  voyait  bien  (]ue  le  tirage  au  sort  conve- 
nait tout  autant  à  maintenir  l'égalité  dans  un  petilgroupe 
de  privilégiés  que  dans  une  masse  de  citoyens  et  qu'en 
fait  il  fonctionnait  partout.  Le  rhéteur  Anaximénès  attri- 
bue indifféremment  à  la  démocratie  et  à  l'oligarchie 
l'habitude  de  tirer  au  sort  le  plus  grand  nombre  des 
magistratures''.  Pour  Platon  il  y  a  tout  de  même  des  cas 
où  le  tirage  au  sort  tient  le  milieu  entre  le  gouvernement 
monarchique  et  la  démocratie*.  Les  plus  exaltés  des 
démocrates  pouvaient  même  trouver  que  le  sort  aveugle 
assignait  trop  fréquemment  les  charges  aux  partisans 
de  l'oligarchie;  ils  «n  arrivaient  à  voir  dans  le  système 
électif  un  moyen  bien  plus  sur  de  pousser  leurs  hommes 
aux  affaires  '' .  .\rislote  ne  croit  pas  se  donner  un  démenti 


L.  c. 


2.  —  ''Le(j.  \ 
—  6  1,  «.  — 
p.  750  E.  - 
p.     3'JC    5i|. 


2  Ul,  so.  _  3  Xcn.  -l/em.  1,  i,  9  :  cf.  (ArisL)  Rhel .  11.  iO. 
37  B.  —  ÙVII  (VI),  1,  S;  10;  VI  (IV),  vu,  3;  cf.  Il,  viil,  C. 
lira.    Hhel.    (.Spcngel,  lihel.  jr.    I,    p.   181    sf|,).   —  s  i.   c. 

Areop.  23.  Mûllcr-Slrûbing,  Aristo/ih.  und  die  hisl.  Krilik. 
,    quand    il   présente    le    Irraf^e  au   sori  comme    une  mesure 


arislocrati>|iie  destinée  à  protéger  les  droits  de  laniinorilé.  —  10  Pol.  VI  (IVi,  m, 
10-1»;  xni,  l-i.  —  Il  Pol.  VI  (IV),  v,i,  3;  ||,  m,  1 1-13.  —  12  Sur  ces  conlradic 
lions  voir  Susemilil,  IV,  15,  n,  13li9  et  1371  ;  cf.  Hcislerbergk,  Die  Beslell.  (1er 
Heamten  durcit  das  Los,  p.  79  st|.  —  13  Bôckli,  Slaalsli.  iler  Alh.  3'  éd.  I, 
p.  59i:  Schômann.  Aiilir/.  jur.  publ.  gr.  p.  100;  Waclismuth,  Uell.  Allerlimmsk. 
I,  p.  3i7  ;  Grotc,  trad.  de  Sadous,  V,  p.  il'J  ;  Perrot,  Easai  sur  le  dr.  publ.  d'Mh. 


quand,  dans  le  même  ouvrage,  il  fait  ressortir  le  carac- 
tère démocratique  du  tirage  au  sort  et  combine  ce  mode 
de  nomination,  ainsi  que  le  mode  opposé,  l'élection, 
avec  toutes  les  solutions  données  en  Grèce  aux  questions 
du  droit  électoral  et  de  l'éligibilité  '".  l'n  esprit  si 
logique  a  pu  dire  catégoriquement  :  SrijxoxfotTixov  [làv 
zÀT|î<oTiç  e'tvat  Taç  apyàç,  TO  oÈ  aipsTaç  oh.yixy/'./.vi" ,  puis 
montrer  que  les  cités  tant  oligiirchiques  tjue  démocrati- 
ques constituent  les  magistrats  et  les  juges  aipÉTsi  v, 
y.XTjpo)'-.  Voilà  une  contradiction  apparente  qui  a  sa  va- 
leur. Trop  souvent  on  se  laisse  entraîner  par  la  première 
série  de  nos  textes  et  par  le  spectacle  que  présente 
.\lhènes  au  moment  où  ses  institutions  sont  le  mieux 
connues  :  on  répète  que  le  tirage  au  sort  est  une  inven- 
tion de  la  démagogie  ".  11  n'en  est  rien". 

II.  TlRAOK  AL'   SORT    DES    MAGISTRATS    A  ÀTHË.NES.    —  AlIX 

temps  historiques,  c'est  dans  Athènes  qu'on  observe 
le  mieux  les  multiples  usages  du  tirage  au  sort.  Mais  nos 
renseignements  proviennent  pour  la  plus  grande  partie 
de  la  période  où  toutes  les  institutions  du  passé  avaient 
reçu  l'empreinte  démocratique  :  le  choix  préalable  des 
noms  soumis  au  sort  ne  pouvait  plus  avoir  la  rigueur 
exclusive  qui  aurait  empêché  la  nomination  des  magis- 
trats de  se  conftjrmer  au  principe  égalitaire  du  gouver- 
nement. Il  ne  faut  ni  croire  à  la  brusque  apparition  d'un 
procédé  qui  est,  au  contraire,  d'une  antiquité  préhisto- 
rique, ni  projeter  sur  tous  les  siècles  la  lumière  d'un  seul. 
L'intérêt  d'une  étude  sur  le  tirage  au  sort  chez  les  .\thé- 
niens  consiste  précisément  à  le  suivre  dans  son  évolution. 
'<  Il  a  été  aristocratique  quand  la  société  athénienne 
l'était;  il  est  devenu...  démocratique  lorsque  la  société 
l'est  devenue.  Il  n'avait  lieu  d'abord  qu'entre  les  Eupa- 
trides.  Plus  tard  il  fut  pratiqué  entre  les  riches.  Plus 
lard  enfin,  toutes  les  classes  y  furent  admises'^.  » 

S  1.  Les  archontes.  —  La  question  jje  la  noiaination 
des  archontes  a  été  vivement  discutée.  Naguère  on  ne 
savait  pas  de  quelle  époque  il  fallait  faire  partir  le  tirage 
au  sort;  on  en  constatait  seulement  l'existence  certaine 
dans  la  seconde  moitié  du  v"^  siècle.  Les  uns,  à  la  suite 
de  Boeckh,  de  Schoeinann  et  de  Curtius,  tenaient  pour 
Clisthènes"^  ;  les  autres,  avecGroteet  Lugebil,  se  rabat- 
taient sur  Aristide  ou  même  sur  Épliialtes",  et  c'est  à 
cette  opinion  que  se  ralliait  l'auteur  de  l'article  archontes 
(p.  383-384).  Seul,  Fustel  dt;  Coulanges  osait,  conlianten 
ses  convictions  sur  la  genèse  religieuse  des  institutions 
antiques  et  en  sa  minutieuse  étude  des  textes,  relever  une 
hypothèse  abandi»nnée  depuis  l'époque  lointaine  de  Meur- 
sius"  et  soutenir  que  le  tirage  au  sort  remontait  aux 
origines  mêmes  de  la  constitution  athénienne  ^attica 
RESi'i'BLiCA,  p.  o37-o38l  '''.  Fustel  de  Coulanges  avait 
raison  contre  tout  le  monde-".  La  IloXi-rEt'a  d'Aristote 
nous  dit,  en  efl'et:  «  Soion  institua  pour  le  tirage  au  suri 
des  magistrats  une  liste  de  candidats  préalablement 
choisis  par  chacune  des  tribus.    Pour  les  neuf  places 

p.  5t>  sq.  —  t^  Fustel  de  Coulanges,  /.  c.  p.  154  si).,  1G6,  176  srf.  ;  J.  Nicole, 
Étude»  sur  les  arcli.  ath.,  dans  la  /(et),  de  phil.  IV  1I88O),  p.  5fi-,  Gilbert,  Oandb. 
dergr.  .Slnnltall.  II.  p.  3IS-319.—  15  Fustel  de  Coulanges,  I.  c.  p.  I6ti.  —  16  Voir 
les  noms  mentionnés  à  l'art,  archontes,  p.  383.  Y  joindre:  Bockli.  /.  c.  p.  5:t|  ; 
Hauvelte-Bcsnault,  Les  slrat,  alh.,  p.  15;  J.  Nicole,  l.  c.  p.  161.  —  '7  Aui  auteurs 
cités  dans  l'art,  ahchostes.  ajouter  :  Duncker,  Gesch.  des  AU.  éd.  de  l«60,  IV, 
p.  i75,  n.  i;  Muller-Slrubing,  Op.  cil.  p.  200  sq.  —  '8  Mcursius,  De  nrrhontibu» 
Atheniensiiim.  Lugd.  Bal.  IDil  (Gronovius,  Tins.  nnliguilaliim,l  IV,p.  1161  sq.). 
—  l'i  Cf.  La  cité  anl.  I.  III,  ch.  x.  Voir  surtout  les  Hcch.  sur  le  tir.  au  sort 
appliqué  à  la  nom.  des  arch.  alh.  —  20  cf.  II.  Weil,  Joum.  des  .Vai-.  I»91,p.  207; 
Haussoullicr,    trad.  d'Arist.    Consl.  d'.\th.   p.  xtii  ;  Ileislerbergk,  Op.  cit.  p.   16. 


SOH  —   litii 

(1  arilinules  i-li;iiiiiK-  |ii'('sciilait  dix  tanilulals  inlie  les- 
(|iicls(l(-ci(laillesorl.  De  là  viciiiriisaf{c,  qui  liiire  oiicore, 
di'  liriT  au  sort  dans  cliat|ui'  lril)U  dix  candidats  l'I  de 
faiiT  désigiu'i-  rnsuile  li-s  lilulaircs  par  la  fève.  Solon 
mit  aussi  le  tirage  au  sort  eu  rapport  avec  le  système 
censitaire  :  la  preuve  en  est  dans  la  loi  sur  les  trésoriers 
<(ui  est  resiée  en  vigueur  jusqu'à  nos  jours  et  qui  prescrit 
de  tirer  au  sort  les  trésoriers  parmi  les  pentacosiomé- 
dimnes.  Telles  sont  les  règles  établies  par  Solon  au  sujet 
des  neuf  archontes '.  » 

Ce  passagi-  semble  décisif.  Cependant  ni  lautorilé 
dWrislole,  ni  ce  fait  si  frappant  qu'elle  vient  à  ra]>pui 
d'une  inlniliiin  (|ui  avait  su  s'en  passer,  n'ont  désarmé 
la  critique.  Le  plus  grand  nombre  des  historiens  est 
resté  lidèle  à  une  (q)ini(in  invétérée,  .\rislote  aurait  fait 
reinonler  jusqu'à  Solon  le  tirage  au  sort  des  archontes, 
institué  seulement  en  187/6,  sans  autre  raison  qu'un 
raisonnement  à  conclusion  rétrospective  :  il  aurait  connu 
le  tirage  au  sort  à  deux  degrés,  usité  de  son  temps,  le 
tirage  au  sort  après  élection  dans  les  dèmes,  usilé  après 
■i87/lî,  et  aurait  inféré  de  la  loi  solonienne  sur  le  tirage 
au  sort  des  trésoriers  l'existence  d'une  loi  solonienne  sur 
le  tirage  au  sort  des  archontes'-.  L'objection  n'est  que 
spécieuse.  Observons  d'abord  que,  de  l'aveu  unanime, 
le  tirage  au  sort  des  magistratures  était  pratiqué  à 
l'époijue  de  Solon,  i)uisque  nul  ne  peut  plus  contester 
iju'iluit  existé  dès  lors  pour  les  trésoriers.  Mais  e.xami- 
nons  la  question  en  elle-même,  telle  qu'on  l'a  posée,  au 
point  de  vue  des  archontes.  Si  .\ristole  avait  eu  la  fan- 
taisie de  rapporter  à  Solon  une  institution  du  V  siècle, 
il  n'aurait  pas  commis  cette  erreur  île  creuser  un  fossé 
dans  l'intervalle,  en  s'imaginant  que  la  règle  du  tirage 
au  sort  n'avait  plus  été  appliquée  depuis  l'expulsion  des 
Pisistralides  jusqu'à  l'archontat  de  Télésinos  i4S7/'6)'. 
S'il  avait  ra|)porUi  aux  archontes  ce  qui  était  vrai  pour 
les  trésoriers,  il  les  aurait  fait  tirer  au  sort  directement 
parmi  tous  les  pentacosiouK-dimnes,  comme  les  tréso- 
riers, et  n'aurait  pas  inventé  pour  eux  le  choix  préalable 
dans  les  tribus.  En  réalité,  Aristole  ou  plutôt  ses  auteurs, 
les  atlhidographes,  avaient  à  leur  disposition  les  x'JpSsiç 
où  étaient  gravées  les  lois  de  Solon  :  ils  ont  pu  con- 
naître celles  qui  concernaient  les  arcliontes  aussi  bien 
que  celles  des  trésoriers'. 

Le  témoignagne  d'Arislole  devrait  donc  mettre  fin  aux 
vieilles  controverses.  Hérodote  ne  parlait  pas  en  étourdi, 
quand  il  disait  que  le  polémarque  en  fonction  à  Mara- 
thon, Callimachos,  fui  désigné  par  la  fève';  Dèmètrios 
de  i'halère  avait  bien  la  compétence  qu'on  peut  attribuer 
à  l'auteur  d'une  'As/ovt<ov  àva^piiY,,  quand  il  affirmait 
qu'Aristide,  éponyme  de  489;8,  fut  clioisi  par  la  fève 
parmi  les  pentacosiomédimnes '' ;  s'il  est  vrai  que  les 
orateurs  attribuaient  volontiers  à  Solon  toutes  les 
anciennes  instilulions.  Démosthènes  ne  se  trompait  pas 


SOR 


1  Ikap.  Alh.  ^.  —  î  Bcli.cli,  Gr.  Otscli.  I,  p.  3(,[  ;  Ed.  Mcyer,  Oescli.  d.  AU.  Il, 
|i.  009  :  Biisolt,  Cr.  Ciesch.  U,p.  Vi,  ï7Vi77  ;  iloSanctis,  At»!;,  p.  i4is(|.  ;  Ferguson, 
•laas  les  lleitr.  z.  ait.  Oescli.  I  (1901;,  p.  I  si(.  ;  Gillia-il.  tliielq.  ryfurmes  de 
Sol.  p.  i7i-iTfi.  D'aulrci  auleurs  s'en  prennent  au  lexle  d'Aristole  :  Wilamowilz 
ri  blass,  dans  leur  édition  de  la  UoutTc'a,  mar(|uent  iln  signe  de  rattiéicsc  les  mots 
décisifs  tfA  T.-V  i,,^i<i  àj/iivTuv  :  Th.  Reinacli,  Jle>:  des  et.  gr.  ÊV  (IS9I),  p.  I  W  sc|., 
15^,  II.  I,  voit  dans  le  comincncemeul  du  §  I  une  luLcrpolation  'cf.  Secck,  dans  les 
Deitr.  :.  ait.  Gescli.  IV,  I91P».  p.  270).  —iJlesp.  Alh.  ii.  —  t  Voir  Wilaniowili, 
Ar4st.  itnd  Atu.  I,  p.  Tt\  si|.,  ~1  sq.  ;  l.chmaun-Haiipt.  Scfiatzmeister  und  .-.rc/ion- 
lenunhl  in  Alli.  dans  A7io,  VI  (1906),  p.  308-310.  Cl.  liilbert.  Op.  cit.  I,  i'  éd. 
p.  150  :  Hcistcrber^'k,  Op.  ril.  p.  S  s<|.,  li  S(|.  :  V.  von  Schôirer,  art.  Arc/tontes  dans 
la  Healtiicycl.  <lc  l'auly-\Vis~o\va,  p.  S7*.  -  ^  ll.r.  M,   IO;i.   -  '•  iKnied .  Aialer. 


en  lui  attribuant  une  loi  qui  mentionne  le  tirage  au  sort 
des  thesmothètes,  c'est-à-dire  des  archontes^;  c'est  bien 
à  une  antiquité  reculée,  non  pas  à  une  durée  d'une  ou  de 
deux  générations,  que  pensait  Plutarque  quand  il  décla- 
rait, à  propos  de  Périclès,  querarclionlal  était  donné  par 
le  sort  Èx  xïXof.o'j*.  Même  Pausanias  avait  ses  raisons 
pour  faire  succéder  immédiatement  à  l'archontat  décen- 
nal un  archontat  annuel  décerné  par  le  sort".  En  efifel, 
.Vrislole  ne  prétend  pas  que  Solon  ait  le  premier  fait 
tirer  au  sort  les  magistratures.  Il  dirait  même  explici- 
tement le  contraire,  si  la  constitution  de  Dracon,  analysée 
dans  un  chapitre  précédent  de  la  lIoÀiTEÎa'",  n'était  pas 
apocryphe.  Il  indique  seulement  les  règles  auxquelles 
Solon  soumet  le  tirage  au  sort  des  magistratures  :  tî; 
ô'    apyiç     È7coi'T|(J£    xXfipojxà;      Èx    — poxpi'xiov      o'j;     àxicTf, 

TrpoxûtveiE    Tôjv      auXwv, xÀTipojxiç       £7rotT,(j£v     èx    twv 

T![iT|!xiTO)v".  Quant  au  tirage  au  sort  lui-même,  il  le 
prend  pour  un  fait  acquis:  non  qu'il  songe  à  la  consti- 
tution de  Dracon,  mais  peut-être  en  avait-il  dit  un  mot 
dans  un  chapitre  perdu,  au  commencement  de  l'ouvrage, 
à  la  place  indiquée  par  Pausanias.  Et  c'est  bien  parce 
qu'à  ses  yeux  le  tirage  au  sort  des  magistratures  existait 
avant  Solon,  avec  la  même  condition  de  l'élection 
préalable,  avec  le  même  caractère  de  sélection  aristocra- 
tique, c'est  bien  parce  que  dans  son  idée  Solon  se  con- 
tenta de  faire  cadrer  cette  institution  avec  le  régime  des 
tribus  gentilices  et  des  classes  censitaires  qu'Aristote 
a  pu  dire  dans  la  Politique  sans  la  moindre  contra- 
diction :  «  II  parait  bien  que  Solon  conserva  tel  qu'il  le 
trouva  établi  le  choix  des  magistrats  »  '^  Ce  choix,  que 
l'auteur  déclare  d'essence  «  aristocratique  »  *'  et  qu'il 
donne  là-dessus  pour  une  des  concessions  faites  par 
Solon  au  peuple  '''.  ne  peut  être  ni  le  pur  tirage  au  sort, 
ni  la  pure  élection  ;  il  est  forcément  le  tirage  au  sort 
parmi  des  candidats  élus. 

Quoique  restreinte,  la  réforme  de  Solon  n'en  avait  pas 
moins  dans  sa  pensée  une  importance  considérable.  En 
conférant  le  droit  d'élection  préalable  aux  tribus,  c'est- 
à-dire  à  tous  les  citoyens,  en  reconnaissant  le  droit 
exclusif  d'éligibilité  préalable  aux  pentacosiomédimnes, 
c'est-à-direauxplusriches,  Solon  seconformait  à  sa  poli- 
tique constante  :  il  ruinait  un  privilège  des  yivr,.  Le 
Conseil  des  anciens  archontes,  l'Aréopage,  à  qui  était 
confié  jusqu'alors  le  recrutement  des  magistrats  **, 
s'arrangeait  toujours  de  façon  à  convertir  le  tirage  au 
sort  en  une  véritable  cooptation,  qui  se  faisait  àp-îrivoriv 
y.x:  7:ào'jtiv5t,v.  Les  chefs  des  grandes  familles  ne  furent 
plus  seuls  à  désigner  les  noms  à  tiri;r  au  sort;  une 
naissance  illustre  ne  fut  plus  la  condition  nécessaire  pour 
être  désigné.  Solon  dut  encore  se  flatter  d'obtenir  un 
autre  résultat:  se  rappelant  la  tentative  de  Cylon  elles 
suggestions  auxquelles  il  avait  été  en  butte  lui-même, 
il  espérait  peut-être,  à  une  époque  oii  l'archontat  donnait 


ap.  Plut.  Arislid.  I.  -  'I  Deni.  C.  Lrpl.  90.  —  8  plul.  Pend.  9.-9  faus.  IV, 
5,  10.  Voir  la  discussion  de  ces  cinq  textes  dans  Fnstel  de  Coulauges,  /tech.  etc. 
p.  154  SI).  ;  cr.  ATTlcA  iiF.spi)»!,!.:*.  p.  537,  II.  il  :    AiicnoNTCs,  p.  383,  n.  17,  19;  îl . 

—  10  /tesp.  Ath.  i.  —  "  Cf  Keil.  Solon.  Verfass.  p.  78;  Lehniann-llaupt,  /.  c. 
p.  3011-307,  310.  —  '2  fol.  II.  ii,  î.  Il  y  aurait  contradiction  entre  la  Politique  el 
la  lloAtTctK,  d'après  F.  l^auer,  Uat  Anstoteles  die  .Schrift  vom  Staate  der  Athener 
i/eschrieben  .'  SluUgart,  1894,  p.  40,  60  ;  Bnsoll.  Or.  Cescli.  Il,  p.  iii-iîi.  Les  deui 
textes  ont  été  conciliés  de  farou  plus  ou  moins  heureuse  par  Fel.  Meyer,  Des  .\rist. 
Polilik  und  die  A».  =■>!.  Bonn.  ISOI,  p.  41  sq.;  ISiemcyer,  Jahrli.  f.  class.  Phil. 
1891,  p.  408:  Wilamoxvilz,  Op.  cil.  I,p.  71  ;  Gilbert,  {.  c.  p.  130,  u.  1  ;  Heisterbergk , 
Op.  cil.  p.  M  ;  l.ipsius,  Gr.  Alt.  de  Schûmann,  I,   p.  348,  u.   I.  —  '1  Pol.  l.  c. 

—  <i  Ihid.  4  ;  m,  st.  -..  —  !'•  Arist.   Hesp.  Ath.  s. 


SOR 


1405 


SOR 


encore  une  grande  puissance',  enipèclier  les  ainbilions 
de  faire  sortir   d'une  urne  la  tyrannie-. 

Si  le  réformateur  se  berça  de  cette  espérance,  il  ne 
larda  pas  à  èlre  détrompé.  La  sincérité  du  tirage  au  sort 
ne  fut  pas  plus  assurée  après  qu'avant  la  réforme.  On 
est  même  généralement  d'accord  pour  admettre  que, 
durant  tout  le  vr  siècle,  les  archontes  furent  nommés 
par  élection.  De  prime  abord,  les  faits  semblent  donner 
raison  à  cette  hypothèse.  Quand  les  choses  se  passent 
régulièrement,  on  voit  arriver  à  l'arcliontat  de  grands 
personnages,  comme  l'ami  de  Solon  Dropidès  Co8o/-4)' 
et  le  Philaïde  llippocleidès  (566/5)  '.  Le  plus  souvent, 
les  partis  se  disputent  avec  violence  la  charge  de  premier 
archonte.  Deux  fois,  les  séditions  l'empêchent  d'être 
pourvue  :  ce  sont  deux  années  d'  «  anarchie  ».  Une  autre 
fois,  un  usurpateur,  Damasias,  la  garde  d(mx  ans  et 
deux  mois.  Chassé  par  force,  il  est  remplacé  le  restant 
de  l'année  par  des  décemvirs,  dont  cinq  pris  parmi  les 
Eupatrides,  trois  parmi  les  cultivateurs  et  deux  parmi  les 
artisans^.  Enfin,  Pisistrate  et  ses  fils,  maîtres  du  pouvoir 
absolu,  conservent  les  lois  existantes  et,  sans  porter 
atteinte  aux  magistratures  légales,  ont  soin  que  les  pre- 
mières soient  toujours  occupées  par  l'un  des  leurs  ^ 
C'est  ainsi  que  plusieurs  d'entre  eux  exercent  la  charge 
d'archonte,  entre  autres  Pisistrate  le  Jeune  ',  durant 
une  période  où  figurent  encore  parmi  les  éponymes  un 
Miltiades  (52-4/3/  et  un  Ilabron  (olS/TJ'.  La  chute  des 
tyrans  et  la  réforme  de  Clistliènes  ne  changent  rien  aux 
habitudes  prises,  mais  érigent  le  fait  en  droit'".  Le  chef 
de  l'oligarchie  soutenue  par  les  Spartiates,  Isagoras 
(508/7)  '  ' ,  est  remplacé,  après  le  triomphe  de  l'Alcméonide 
Clisthènes,  par  Alcméon  (507/6)  '-.  Quand  Athènes, 
effrayée  par  la  défaite  des  Ioniens  à  Ladé,  lente  un  rap- 
prochement avec  les  Pisislralides  et  la  Perse,  c'est  un 
ami  des  tyrans,  Ilipparchos,  qui  l'emporte  {4-9tJ/5)'^ 
En  493/'2,  c'est  Thémislocle  ''.  A  Marathon,  le  polémarque 
est  un  citoyen  au  nom  de  bon  augure,  Callimachos  '". 
1/année  qui  suit  Marathon,  Aristide  obtient  l'archonlat 
comme  récompense  de  ses  services  '^  Ces  longues  luttes 
pour  la  possession  de  l'archonlat,  cette  distribution  des 
charges  en  famille,  ces  noms  de  grands  personnages 
issus  de  la  plus  haute  noblesse  ou  admirablement  pré- 
parés à  la  place  qu'ils  occupent  :  tout  cela  est  inconci- 
liable avec  un  régime  de  tirage  au  sort;  tout  cela  serait 
un  miracle  continuel,  si  c'était  un  pur  produit  du 
hasard.  Les  auteurs  mêmes  qui  attribuent  à  Solon  une 
loi  sur  la  nomination  des  archontes  sont  d'avis  qu'elle 
resta  lettre  morte' '. 

Ils  n'auraient  pas  tort,  si  l'on  était  réduit  à  choisir 
entre  le  système  de  l'élection  et  celui  du  tirage  au  sort 
absolu.  Mais  la  question  ne  se  pose  pas  ainsi.  Déjà  Fustel 
de  Coulanges  "avait  montré  que  le  tirage  au  sort,  mitigé 
par  l'élection  préalable,  pouvait  amener  aux  affaires  les 
hommes d'Étatqu'on avait  intérêtà  yappeler.  Déjàilavait 
donné  son  sens  vrai  à  ce  passage  d'Isocrate  que  personne 


I  Thuc.  I,  ISC.  -  2  Cf.  Lelimami-Haupt,  /.  e.  p.  31i.  —  3  Cf.  Kirchiicr, 
Prosop.  ait.  n»  4573.  —  *  Cf.  ibid.  n'  7617.  -  3  Arisl.  Jlesp.  Alh.  13;  cf.  de 
Sanclis,   Op.   cit.    p.   259  ;    Ed.    Meyer,    l'orach.  z.  ait.    (lesclt.  Il,    p.    537   s(|. 

—  >1  lier.    I,  59;  Thuc.    VI,  54;   cf.   Arisl.    Resp.    Atll.     14,    10;    Hlut.    Sol.    30. 

—  'I  Thuc.  /.c.;cf.  KirclincT,  Op.  cit.  n'  Il7aiî.  —  «  Kircliner,  Op.  cit.  n»  1020r,. 

—  9  Id.   Il'  3.  —    II)  Ulimann-Haupl,    t.  c.   p.   311.   —   Il   Kirchncr,    n»   7680. 

—  12  Id.  n»  647.  —  13  Id.  n-  7600.  —  H  Id.  n»  6669.  —  tô  |d.  „«  8008  :  cf. 
ABcHoNTF.s,  p.  384.  —  10  Id.  n"  1693.  —  n  Hoisterbergk,  Op.  cil.  p.  61;  von 
SchôlTci-,  (.  c.  p.  572-373;  Lehinann  Haupt,  /.  c.  p.  .Sli.  —  I»  L.  c.   p.  157-I5S, 


avant  lui  n'avait  compris:  n  Nos  ancêtres  n'aimaient  pas 
cette  sorte  d'égalité  qui  donne  les  mômes  faveurs  aux 
bons  et  aux  méchants  ;  l'égalité  qu'ils  aimaient  est  celle 
qui  donne  à  chacun  suivant  son  mérite;  aussi  n'était-ce 
pas  entre  tous  les  citoyens  qu'ils  tiraient  au  sort  les 
magislrats,  mais  ils  faisaient  un  choix  à  l'avance  des 
hommes  les  meilleurs  et  les  plus  propres  à  remplir 
chaque   fonction    »   (oùx   è;  âiràvTwv  tàç  àp;^i<;  xXripoOvxEç, 

7.XAa    TOÙÇ     pE^TtlTOUÇ    Xaï     TO'JÇ    tXaVWTaTOUÇ      izi  '     ë'xïITTOV     TO)V 

'épyojv  7t poxpi'vovTEç)  ".  Or,  voilà  qu'Aristote  nous 
apprend  qu'en  effet  le  système  institué  par  Solon  était 
une  xXY|p(o(7t;  èx  xpcxpiTiov.  Le  tirage  au  sort  était  précédé 
d'élections  dans  les  quatre  tribus.  Si  tous  les  Pisistra- 
tides  étaient  présentés  tous  les  ans  par  la  même  tribu  et 
si  la  règle  du  tirage  au  sort  attribuait  au  moins  deux 
postes  sur  les  neuf  aux  candidats  de  chaque  tribu,  il  y 
avait  déjà  bien  des  chances  que  la  famille  des  maîtres  fût 
souvent  représentée  dans  le  collège  des  archontes.  Mais 
nous  ne  savons  pas  du  tout  si  chaque  tribu  était  obligée 
d'apporter  dans  l'urne  dix  noms  différents,  si  elle  n'avait 
pas  le  droit  de  multiplier  les  chances  d'un  candidat  favori 
jusqu'à  rendre  sa  nomination  certaine,  ou  même  si  elle 
était  tenue  d'épuiser  son  droit  de  présentation  et  n'avait 
pas  la  faculté  de  rendre  le  tirage  au  sort  fictif.  A  l'époque 
classique,  les  pythaïsles,  ces  ambassadeurs  envoyés 
auprès  d'un  dieu,  seront  tirés  au  sort;  mais,  comme  on 
voudra  des  gens  riches  pour  représenter  dignement  la 
cité,  on  réduira  le  nombre  des  candidatures  au  point  de 
faire  désigner  par  le  sort  des  frères^".  Le  prophète  de 
Didymes  sera,  lui  aussi,  tiré  au  sort  en  principe;  mais  le 
choix  préalable  ou  xpi'dtç  pourra  s'exercer  de  telle  sorte 
qu'un  jeune  homme  soit  nommé  àxXT,p(oTei^'.  Aristote 
lui-même  montre  tout  le  parti  qu'une  habileté  sans  scru- 
pules peut  tirer  d'un  choix  restreint  et  d'un  tirage  au 
sort  purement  formel.  «  Il  y  a  danger,  dit-il,  à  tirer  au 
sort  les  magistrats  sur  une  liste  de  candidats  élus  :  il 
suffit  que  quelques  citoyens,  même  en  petit  nombre, 
veuillent  se  concerter,  pour  qu'ils  se  fassent  constamment 
nommer  à  volonté  -'■'  ».  La  combinaison  de  l'élection 
préalable  et  du  tirage  au  sort  pouvait  donc  être  un  pro- 
cédé assez  souple  pour  faire  du  choix  ))réalable  une  véri- 
table élection  et  du  tirage  au  sort  une  formalité  inutile. 
La  confusion  entre  le  choix  préalable  et  l'élection  directe 
ne  se  serait  pas  produite,  si  les  anciens  n'avaient  pas 
souvent  employé  le  mot  ambigu  de  aïpegtç  (choix;  et  si  les 
modernes  n'avaient  pas  d'ordinaire  donné  à  ce  terme  le 
sens  étroit  de  /eipoTovîx  (élection)  par  opposition  à 
xX-fipoç  (tirage  au  sort).  Là  encore  Fustel  de  Coulanges-^ 
a  frayé  une  voie  où  d'autres  se  sont  engagés  récem- 
ment-''. Il  a  montré  «qu'un  certain  choix  n'était  nullement 
j  incompatible  avec  le  tirage  au  sort  »,  que,  par  consé- 
quent, f^ausanias  a  pu  dire  de  Callimachos  i:oX£fi.ap/£!v 
yiPYjTo  ■'"  aussi  bien  qu'Hérodote  avait  dit  de  lui  rw  y,<A^iu 
Xa/('i)v  7roX£[ji.ap/É£iv -",  et  que  les  mots  par  lesquels  Dèmè- 
trios  de   Phalère  définit  la  nomination  d'Aristide,    tïjv 


I7S.  —   19  Is-jcr.  Areop.    p.   2i  ;  cf.    Fiislel   de   Coula 

HKSpuiiMCA,    p.   538.  En  commenlaiit  aujo 

savants  disent  f] 

f|u'   •'  ou  ne  pouvait  p 


p.    172; 


v^.       ..1,       ^wu.uilgïia,      ...      l..      |..       Il-,       Ail 

53li.  En  commenlaiit  aujourd'hui  Isocratu  par    Arislole,   corif 
|u*avanl  la  [T'^Xi-ceîa  on  n'avait  pas  Tail  assez  atlcntion  k  ce  pas5£ 
i|u    "  uii  iiu  [luuvail  pas  savoir  »  (cf.  Biisolt,  Op.    cit.   lit,  i,  p.   lif'-i.  n.  i).  C 
mouli-er  avuc  un  peu  Irop  ((c  naïveté  ((u'on  ignore  les  travaux  publiés  k  l'étrang 

—  2i)  Colin,  fiulL  de  covr.  /lell.XW  (1906),  p.  205.  Voir  aussi  llaussouilier,.Aa 
inunic.  en    Att.  p.  M  sq.  —  ai  Corp.  inscr.  gr.  2884,  2880.  —  22  poi.  Il,  i», 

—  23  /..c.  p.  1^8  S(|.,  t6is<|.,  165.  170;  Cf.  attica  kkscubiica,  p.  53«.  —  2^  Cf. 
lamowilz,  Op.  cit.  f,  7t  ;  Heislerbergk,  Op.  cit.  p.  il).  —  2o  J,   15,  3.—  26  VI,  i 


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1406 


SOR 


èTtiôvujxov    ap^TjV    ifjv    T|p;£    Tiù     X'jifxi')    Àayn'jv',     110    SOnt    pas 

domenlis  par  ceux  qu'eniplnip  Idoméiiée  de  Lampsaquu, 
ÈXoiiiviov  Tiôv  "ASYjvaHov-.  11  aurail  pu  donner  cette  preuve 
frappante,  que  Platon,  après  avoir  décrit  les  deux  opé- 
rations nécessaires  pour  constituer  le  Conseil  de  sa  cité, 
à  savoir  la  désignation  de  90  candidats  par  chacune  des 
quatre  classes,  puis  le  tirage  au  sort  d'un  conseiller  sur 
deux  candidats,  appelle  ce  système  une  oVosui;  intermé- 
diaire entre  la  monarcliie  et  la  démocratie'.  Kntin,  si  la 
l'olitifjiie  d'Aristôte  oppose  assez  fréquemment  les  àp/at 
atpETot  et  les  àp/aî  xXïipwToî*  pour  qu'on  ail  pu  hésiter 
dans  quelques  cas  d'aspect  diflérent  ',  aujourd'hui  la 
lIoXiTeia  lève  tous  les  doutes  sur  un  point  essentiel: 
le  droit  de  aipEfuSat  riç  àp/àç  accordé  par  Solon  au 
peuple'  n'est  autre  que  le  droit  de  xXvipoûv  xi?  àp/àç  èx 

TTIOXOITOIV  '. 

Somme  toute,  il  n'y  a  pas  apparence  que  le  tirage  au 
sort  prescrit  par  Solon  ait  jamais  été  abrogé  au  vi<'  siècle, 
parce  qu'il  se  prêtait  autant  que  l'élection  directe  aux 
transactions  des  partis  et  aux  influences  dominantes. 
Toutefois  la  réforme  de  Clislhèncs  ne  put  pas  manquer 
d'avoir  une  répercussion  sur  l'organisation  du  tirage  au 
sort.  Kien  n'indique  que  le  nombre  des  candidats  soumis 
au  tirage  ait  changé:  il  était  bien  simple  d'en  demander 
quatre  à  chacune  des  dix  tribus  nouvelles,  au  lieu  de  dix 
à  chacune  des  quatre  tribus  anciennes.  Comme  une  des 
dix  tribus  eût  été  forcément  exclue  d'un  collège  à  neuf 
magistrats,  on  adjoignit  au  collège  des  archontes  un 
greflier  réservé  à  la  tribu  disgraciée  du  sort'  :  il  est 
naturel  que  celte  règle  se  soit  établie  en  même  temps 
que  le  système  qui  la  nécessitait.  Hipparchos  et  Thémis- 
tocle,  Callimachos  et  Aristide  ont  pu  facilement  être 
nommés  en  vertu  d'un  régime  qui,  en  théorie,  assurait  à 
chaque  candidat,  non  pas  un  1/40,  mais  iJo  °  ''„  de  chances 
et  qui,  en  pratique,  autorisait  sans  doute  les  abstentions 
nécessaires  pour  que  la  Trpoxpidu;  devint  une  nomination. 
Aristote  affirme  que,  depuis  la  chute  des  tyrans  jusqu'à 
l'archontat  de  Télésinos  (487/(j),  tous  les  archontes  ont 
été  atp£Tor\  S'il  a  voulu  dire  que  l'usage  faisait  de  la 
irpôxpiaK;  l'opération  essentielle  et  annulait  presque  la 
xÀY|p(oi7tç,  il  a  raison.  S'il  a  cru  qu'une  loi  formelle  pres- 
crivait l'élection  des  archontes  par  l'assemblée  du  peuple, 
il  a  tout  simplement  été  induit  par  une  liste  de  noms 
illustres  en  la  même  erreur  que  la  plupart  des  historiens 
modernes.  Et,  de  toute  façon,  il  donne  tort  à  ceux  qui 
supposent  que  la  formalité  du  tirage  au  sort  a  été 
supprimée  sous  la  tyrannie. 

Ainsi,  jusqu'en  487/6,  le  tirage  au  sort  des  magistrats 
a  subsisté  tant  bien  que  mal,  sans  avoir  jamais,  à  quel- 
que degré  que  ce  soit,  le  caractère  d'une  institution 
démocratique  :  les  candidats  proposés  au  sort  étaient 
toujours  en  petit  nombre,  soigneusement  choisis  par  les 
tribus  (Èx  npoxpixeov)  ;   ils  appartenaient  toujours  exclu- 

I  Ap.  l'iul.  Arislid.  ).  —  2  Ibid.  —  3  icj.  VI,  p.  .î7ii.  Voii-  encore,  p.  763  D-E,  le 
tirage  au  soil  des  Irois  astynonics  sur  sii  caudidals  désigni<s,  cl  des  cinq  agoranonics 
sur  di»  candidats.  --  '  Pul.  VI  (IV),  x.,  7  cl  i;  xu,  t  ;  VII  (VI),  n.  3;  IV,  5.  Un 
document  olliciel  oppose  un  Y?«ni*a:ii;  «ir.juT.;;  et  un  Yç«|iiiaîiC.;  ai'tfi-ci;  (Michel, 
/lecueit,  650).  —  ■-  Pot.  Il,  n,  i  et  4  ;  VII  (VI),  i,  10.  —  6  Pol.  Il,  i.ic,  4  et  2. 
—  ''  Reap.  Ath.  8.  Dans  la  période  poslirieure  à  487/0,  ipiand  les  archontes  sont 
sûrement  tirés  au  sort,  la  IIom-h»  d'Aristôte  appelle  la  nomination  des  archontes 
Tïjv  TtT.v  îvvéa  âp/ôvTuv  a'ipctriv.  A  vrai  dire,  elle  emploie  ronstammcnl  le  mot  aiçtai; 
dans  le  sens  général  de  choix  ou  de  désignation  (cf.  i,  13i  ;  c'est  le  contexte  qui 
précise,  (|u'il  s'agisse  du  tirage  au  sort  (4,  201,  de  l'élection  directe  (22,  47)  ou 
d'une  désignation  faite  par  le  comité  d'un  parti  (Ï9-32).  par  un  groupe  restreint  tel 
que  la  Irihu  ou  le  déme  (42),  par  le  Conseil  (46,  25)  ou  même  par  des  particuliers 
(42,  au).  -  »  La  Uo-«.ii(.  (55,  03)  a  donné  raison  à  Télfy  {Cor^.  juris  atl.  p.  471) 


sivement  à  la  première  classe,  ainsi  qu'en  témoigne 
Démèlrios  de  Phalère  à  propos  d'Aristide  (èx  TcevTaxoT'.'jpLe- 
3;'u.va)v).  Mais,  après  la  victoire  de  Marathon,  on  décida 
une  réforme  sérieuse.  L'ancien  système  avait  permis 
naguère  aux  amis  des  tyrans  d'arriver  au  pouvoir  et  de 
conclure  de  louches  ententes  avec  certains  chefs  de  la 
noblesse,  traîtres  à  la  cause  de  la  liberté.  C'était  le 
moment  où  le  peuple,  éveillant  pour  la  première  fois 
d'un  sommeil  congénital  la  loi  de  l'ostracisme,  l'appli- 
quait coup  sur  coup  au  Pisislratide  Hipparchos  (488/7) 
et  à  l'Alcméonide  Mégaclès  (487/6).  Il  fallait  ôter  à  leurs 
partisans  tout  espoir  de  recommencer  les  menées  électo- 
rales qui  avaient  mis  l'archontat  à  leur  disposition. 
Urgente,  la  réforme  n'était  d'ailleurs  pas  dangereuse 
pour  l'État;  car,  depuis  que  les  stratèges  étaient  élus  à 
raison  d'un  par  tribu  (501),  ils  prenaient  une  importance 
croissante,  reléguant  peu  à  peu  le  polémarque  et  ses  col- 
lègues dans  des  attributions  strictement  administratives 
ou  de  simple  apparat.  Pour  que  le  tirage  au  sort  fut  plus 
elVectif,  on  voulut  que  le  choix  des  candidats  se  fil  sur 
une  base  plus  large.  De  la  tribu  le  droit  de  présentation 
passa  dans  les  dèmes  qui  composaient  la  tribu,  dans  les 
dèmes  qui  étaient  depuis  Clisthènes  les  cadres  de  la  vie 
politique.  Pour  que  les  dèmes  eussent  un  nombre  de 
candidats  proportionnel  à  leur  population,  on  demanda 
cinquante  candidats  à  chaque  tribu:  le  syslème  convenait 
aussi  bien  pour  les  candidats  présentés  à  l'archontat  que 
pour  les  titulaires  envoyés  au  Conseil.  Mais  la  classe  des 
pentacosiomédimnes,  qui  fournissait  aisément  quarante 
candidats,  ne  suffisait  pas  à  en  fournir  douze  fois  et  demie 
autant.  Cette  nécessité,  sans  doute  aussi  le  désir  légitime 
d'étendre  le  privilège  de  l'éligibilité  préalable,  entraîna 
un  autre  changement  Tandis  qu'en  480  '8  on  ne  pou- 
vait encore  obtenir  l'archontat  qu'à  condition  d'être 
pentacosiomédimne,  nous  verrons  qu'en  478/6  on  pourra 
déjà  y  arriver  avec  le  cens  des  zeugiles  '"  :  c'est  donc  que 
tlans  l'intervalle,  très  probablement  par  la  loi  même  qui 
demandait  aux  dèmes  cinq  cents  candidats,  le  droit  de 
concourir  au  tirage  au  sort  de  rarchontal  fut  étendu  à  la 
classe  intermédiaire  des  chevaliers".  Telles  furent  les 
réformes  accomplies  en  487  6'-.  Elles  substituaient  un 
privilège  de  classes  à  un  privilège  de  familles". 

D'après  Plutarque",  un  changement  définitif  aurait  eu 
lieu  en  478.  Pour  donner  au  peuple  un  salaire  bien  gagné 
à  la  bataille  de  Platées  et  pour  organiser  la  démocratie, 
.\ristide  aurait  fait  rendre  un  décret  aux  termes  duquel 
les  archontes  devaient  être  choisis  parmi  tous  les  Athé- 
niens. Afin  de  tirer  quelque  chose  de  ce  texte,  on  a  sou- 
tenu qu'en  478.  l'appauvrissement  du  pays,  dévasté  par 
les  Mèdes,  empêcha  de  trouver  dans  ce  qui  restait  des 
classes  riches  les  cinq  cents  candidats  nécessaires  pour  le 
tirage  au  sort  des  archontes,  et  qu'il  fallut  par  mesure 
exceptionnelle  les  chercher  dans  le  peuple  entier,  sans 


contre  Sauppe  \De  hieromntmone  archonttim  atticorum.  Gotting.  1873,  p.  12), 
Voir  sur  cette  question  lart.  AnciinMEs,  p.  384.  —  9  Jiesp.  Mit.  22.  —  10  Arisl. 
Resp.  Ath.  20.  —  tl  Jlrid.  Cf.  Gilhert,  Op.  cit.  I,  p.  160;  V.  von  SchiJlTer,  /.  c. 
p.  574.  D'après  Lehmann-Haupt,  t.  e.  p.  315-316.  les  chevaliers  auraient  été  admis 
â  l'archontat  dès  l'époque  de  Solon  :  mais  l'analogie  de  la  loi  sur  les  trésoriers  et  le 
témoignage  île  Démctrios  de  Phalère  sur  Aristide  sont  une  réfutation  suffisante  de 
cette  hypothèse.  La  leçon  de  Van  llerwerden  et  Van  Leeuwen  ix  t.ùv  lîpoaoïeévTwv 
•j-n  ToJ  S»itJLoy  TtevTaxoCTtojAESfiJivuv,  admise  par  lleadlam  iCtasa.  Itev.  V,  p.  112),  Lecon- 
tère  {L'arch.  ath.  d'après  la  Tio't..  'AO.  p.  4s)  et  Haussoullier  (Irad.  d'Aristôte,  La 
Constit.  d'Ath.  p.  33),  irait  contre  notre  hypothèse  ;  mais  elle  est  insoutenahie,et  il 
faut  lire  :  èx  t.»v  nooxpieivTwv  i^'o  T."v  SrijioTwv  ittvT«xo(r:wv.  —  '2  Arist.  Hesp. 
Ath.  22;  cf,  Isocr.  Panath.  145.  —  13  Cf.  Beloch,  Gr.  Gesch.  I,  p.  306.  —  '*  Plut. 
Arislid.  22. 


SOR 


1407  — 


SOR 


tenir  compte  du  cens'.  11  n'est  pas  impossible  que  les 
Alhéniensaient  recouru  cette  année  à  un  pareil  expédient  ; 
mais  alors  ils  ont  dû  le  faire  sans  rien  changera  la  loi  -. 
Il  est  toutefois  plus  probable  que  nous  avons  là,  sinon 
une  fable  de  pure  invention,  du  moins  une  déformation 
anachronique  de  ce  qui  sélail  passé  en  4S7  6. 

C'est  en  4o7  qu'eut  lieu  réellement,  non  pas  une 
suppression  do  toute  condition  du  cens,  mais  un  abais- 
sement du  cens  exigé.  La  réforme  d'Éphialles  venait  de 
faire  faire  un  grand  pas  à  la  démocratie.  Pourtant  on 
n'avait  pas  touché  à  la  nomination  des  archontes  sur  le 
moment.  Mais,  à  la  suite  d'abus  commis  par  les  dénies, 
on  décida  que  les  zeugites,  eux  aussi,  pourraient  être 
désignés  par  l'élection  préalable  pour  le  tirage  au  sort 

de  1  archontat  (ËYVoxrav  xa'i  èx  Çeu-j-itùJv  ■;içoxçiv£!r6aî  toÙ; 
x/ï,icuT0UL£V0'j;  Tojv  ÈvvÉa  àp/ôvT(ov)  '. 

Plus  lard  la  nomination  des  archontes  subit  de  nou- 
velles modifications.  Les  noms  soumis  au  sort  furent 
désignés,  non  plus  par  une  élection  préalable,  mais  par 
un  premier  tirage  au  sort.  Cette  désignation  fut  faite,  non 
plus  par  les  dèmes,  mais  par  l'ensemble  de  la  tribu,  et, 
par  conséquent,  la  présentation  de  cent  candidats,  au 
lieu  de  cinq  cents,  parut  suffisante  \  Aucune  de  nos 
sources  n'indique  la  date  de  ces  changements.  On  a  été 
jusqu'à  se  demander  s'ils  ne  seraient  pas  antérieurs  à  la 
réforme  de  457^;  dans  l'autre  sens,  on  a  voulu  les 
ramener  tous  deux  au  iv'  siècle*^,  l'n  seul  point  est  à  peu 
près  certain  :  ils  ne  sont  pas  contemporains.  Mais  on 
s'accorde  assez  généralement  à  dire  que  la  présentation 
de  cent  candidats  par  la  tribu  entière  a  précédé  le  double 
tirage  au  sort".  Or,  s'il  en  est  ainsi,  si  ce  sont  les 
Todxo'.Tot  dont  le  nombre  a  été  ramené  de  cinquante  à 
dix  par  tribu,  celte  mesure  a  été  un  retour  au  système 
de  Solon  à  peine  amendé,  une  réaction  caractérisée 
contre  le  tirage  au  sort.  Si,  au  contraire,  les  dix  can- 
didats sont  tirés  au  sort  dans  la  tribu  comme  l'étaient 
précédemment  les  cinquante  candidats  dans  les  dèmes 
de  la  tribu,  d'une  façon  ou  de  l'autre  tous  les  citoyens 
de  la  tribu  qui  le  veulent  prennent  part  à  ce  premier 
tirage  au  sort,  et  la  mesure  qui  a  remplacé  les  cinquante 
candidats  des  dèmes  par  les  dix  candidats  de  la  tribu 
n'a  eu  qu'un  caractère  administratif  sans  signilication 
politique.  La  question  a  donc  son  importance. 

Il  ne  nous  semble  pas  qu'on  ait  bien  vu  l'ordre 
historique  et  naturel  des  choses.  Isocrate  parle  de  l'élec- 
tion préalable  comme  d'une  institution  qu'aucun  .\thé- 
nien  de  son  temps  n'a  pu  connaître,  et  les  plaisanteries 
de  Socrate  sur  le  tirage  au  sort  des  archontes  n  ont  de 
sel  ni  même  de  sens  que  si  elles  tournent  en  ridicule 
un  tirage  au  sort  absolu  *.  La  iipoxpt^i;  a  donc  disparu 
dès  le  V'  siècle.  Appelons,  en  effet,  l'attention  sur  un 
passage  de  la  Politique  qu'on  a  trop  négligé.  Après 
avoir  constaté  l'incompatibilité  des  magistratures  via- 
gères avec  le  régime  démocratique,  .\rislote  ajoute  : 
«  Si  pourtant  quelque  magistrature  a  sauvé  ce  privilège 
d'une  antique  révolution  (â;  àp/aia;  [ASTaSo/,-?,?),  c'est 
qu'alors  on  limite  ses  pouvoirs  et  qu'au  lieu  delarecruter 
par  le  choix,  on  la  remet  au  sort   >i  [i'-  at;£-ojv  xÀT|pojT&j<; 


1  E.  Fabricius,  Das  Wahlgesetz  des  Ari$teides,  dans  le  Jiliein.  Mus.  Ll 
(1»96)  p.  436-4^1?.  —  2  Peut-6tre  trouve-t-on  une  vague  allusion  à  un  Tait  de 
ce  genre  dans  Arisl.  Resp.  A  th.  ifi.  —3  lbid.;ct.  53  (pour  les  fraudes  dans 
le  lirage  au  sort,  von-  plus  lard  Aeschin.  C.  Tim.  10;  ;  C.  6'(M.  6i). 
—  »  Jbid.  8,  6i.   —   »  Leliiuaunllaupt,   /.    c.  p.    311.  —  6    V.    von    SchôlTer, 


TtoiEîv)'.  Aristote  ne  peut  penser  qu'à  l'Aréopage  et  aux 
archontes  qui  le  composent  après  leur  sortie  de  charge. 
L'antique  révolution  qui  a  limité  ses  pouvoirs  a  déter- 
miné aussi  un  changement  dans  le  recrutement  des 
archontes.  C'est  dans  les  mêmes  circonstances,  par 
l'action  du  même  parti,  que  se  sont  faites  la  réforme 
d'Éphialtes  et  la  réforme  complémentaire.  Elles  marquent 
l'une  et  l'autre  l'avènement  de  la  démocratie.  Ce  n'est 
pas  à  dire  qu'elles  soient  exactement  de  la  même  année. 
La  réforme  d'Éphialtes  est  de  4G2  1 .  A  cette  époque,  il  est 
vrai,  les  membres  du  Conseil  étaient  déjà  tirés  au  sort 
sans  itç,ôxsi<7!;,  puisque  vers  460  les  Athéniens,  donnant 
à  Érythrées  une  constitution  sur  le  modèle  de  la  leur, 
prescrivaient  le  tirage  au  sort  direct  pour  la  nomination 
du  Conseil  '".  C'est  là  un  précédent  d'un  très  grand 
intérêt  et  qui  confirme  bien  la  date  approximative  qui 
nous  est  suggérée.  Mais  le  régime  appliqué  au  Conseil 
n'a  guère  pu  être  étendu  au  corps  respecté  des  archontes 
sans  d'assez  longues  hésitations.  La  -Troixotciç  subsistait 
en  4.57.  La  réforme  de  celte  année,  celle  qui  fait  partager 
aux  zeugites  le  privilège  des  deux  premières  classes,  est 
donc  une  première  étape  dans  une  voie  où  la  seconde, 
celle  du  tirage  au  sort  à  deux  degrés,  dut  se  présenter 
presque  aussitôt. 

Une  des  principales  raisons  qui  semblent  avoir  décidé 
le  peuple  à  ces  deux  changements,  c'est,  d'après  un  mol 
de  la  rioÀiTEia",  la  facilité  des  fraudes  électorales  dans 
les  dèmes.  On  espéra  sans  doute  que  le  tirage  au  sort  s'y 
ferait  plus  honnêtement.  Mais  nous  savons  par  la  même 
noA-TEia  qu'au  iV  siècle  les  dèmes  ne  se  faisaient  pas 
faute  de  vendre  les  fonctions  qu'ils  devaient  tirer  au 
sort  ;  à  telles  enseignes  qu'il  fallut  leur  enlever  une 
bonne  partie  de  ce  droit  et  enrichir  de  leurs  dépouilles 
la  tribu  toul  entière  ''-.  Le  tirage  au  sort  de  l'archontat 
avait  passé  par  les  mêmes  phases,  probablement  pour  la 
même  cause.  A  quelle  date?  II  y  avait  longtemps  à  l'épo- 
que d'Aristote  :  déjà  la  nomination  des  archontes  était  le 
tvpe  traditionnel  du  tirage  au  sort  dans  la  tribu  en  masse. 
D'autre  part,  après  les  réformes  accomplies  au  milieu 
du  V  siècle,  les  abus  durent  disparaître  quelque  temps  ; 
en  tout  cas,  ils  ne  durent  devenir  criants  qu'à  la  longue. 
C'est  donc  vers  la  fin  du  v"  siècle  ou  le  commencement 
du  iv  que  nous  sommes  amenés  à  placer  la  réforme  qui 
fit  tirer  au  sort  les  candidats  dans  les  tribus.  La  mesure 
put  être  prise  après  la  défaite  de  l'oligarchie,  qui  avait 
supprimé  en  411  le  tirage  au  sort  des  hautes  magistra- 
tures, pendant  la  réorganisation  de  la  république.  II  est 
bien  plus  vraisemblable  qu'elle  fut  adoptée  après  la  chute 
des  Trente,  sous  l'archontat  d'Euclides,  tandis  qu'on  pro- 
cédait à  la  refonte  générale  et  à  l'assainissement  des  insti 
I  tutions.  Dès  lors,  il  n'y  avait  plus  de  raison  pour  con- 
serverie nombre  énorme  de  cinq  cents  candidats.  La  tribu, 
n'ayant  plus  à  pourvoir  tous  ses  dèmes,  pouvait  en  pré- 
senter dix  seulement.  Le  principe  était  sauf,  puisqu'on 
ne  limitait  pas  le  nombre  des  citoyens  admis  au  premier 
tirage,  et  l'on  simplifiait  le  second,  plus  encore  que  le 
premier,  en  diminuant  le  nombre  des  candidats  dans  la 
proportion  des  quatre  cinquièmes.  Compatible  avec  l'idée 

/.  c.  p.  574-575.  —  ■'  Leliraann-ilaupl,  V.  von  Scli..llVr.  //.  ce  —  «  Uocr.  Areop. 
iî  -.  Xeo.  Mem.  I,  î,  9.  —  9  Arisl.  fol.  VU  (Vl).  r,  lu.  —  '»  Dillenbcrger,  s.  Sur 
la  dale,  voir  Kusoll.  Op.  cit.  III,  i,  p.  "iS.  —  "  M.  —  '^  Arisl.  /lesp.  Alh.  Ci. 
Sur  les  fraudes  dans  le  lirage  au  sorl,  cf.  noie  3.  fl  Deni  C.  Boeot. 
1,    M. 


SOR 


1408  — 


SOR 


di'm(irr;ttiquo,  supprimant  loulcs  niniplicilinns  supiM-- 
lliios,  celle  iliiiiimilion  conveiiail  hii'ii  à  une  épii(|ne  où 
la  tçuerre  ihi  IVlopnnèse  avait  décimé  la  population  de 
lAllique  en  Tappaiivrissant. 

;Si.  Li:t  menibreg  ilu  Conseil.  —  De  larchontal  passons 
à  la  BouÀY,  ou  Conseil,  (|ui  étail  aussi  une  àç//,,  une  liaule 
mat^islralure.  Un  peut  admellre,  sur  la  foi  dArislote ', 
qu'un  Conseil  de  quatre  cents  membres  fut  créé  par  Solon  ; 
mais  aucun  texte  ne  nous  renseigne  sur  son  recrulemenl  : 
toul  ce  qu'on  sait,  c'est  que  le  nombre  de  quatre  cents 
était  en  rapport  avec  le  système  des  quatre  tribus;  le  reste 
est  hypothèse  pure-.  Quand  Clisthènes  constitua  le  Conseil 
des  Cinq  Cents,  il  est  prol)al)le  qu'il  prescrivit  immédiate- 
ment la  plupart  des  règles  qui  restèrent  en  usage  durant 
le  V'  et  le  i\'  siècle  pour  assurer  cette  représentation 
annuelle  du  peuple  ^  Peut  être  cependant  ces  règles  ne 
furent-elles  lixées  qu'en  SOâ,  année  de  réorganisation  où 
fut  formulé  dédnitivement  le  serment  d'investiture  exigé 
des  conseillers'  et  qui  devint  le  point  de  départ  des  années 
prytaniques  '".  Ru  tout  cas.  elles  étaient  si  bien  entrées 
dans  les  mieurs  politiques,  vers  le  premier  tiers 
du  V  siècle,  quWthènes  les  transcrivit  dans  la  consti- 
tution qu'elle  imposa,  en  ce  temps-là,  aux  Érytliréens  ^. 
Les  cinq  cents  sièges  de  conseillers  étaient  répartis  entre 
les  dèmes.  proportionnellement  à  leur  importance  et  à 
raison  de  cinquante  par  tribu  '.  Les  conseillers  de  chaque 
dème  étaient  désignés  par  la  fève*  parmi  les  démoles 
âgés  de  plus  de  trente  ans  "  qui  se  portaient  candidats'". 
A  chaque  conseiller  on  adjoignait  par  le  même  tirage  au 
sort  un  suppléant  ( ËTctÀa/cJvj  pour  les  cas  où  le  siège 
deviendrait  vacant  pour  cause  de  docimasie  ou  d'apo- 
cheirotfinie,  de  mort  ou  d'incapacité  ". 

Four  des  fonctions  aussi  absorbantes  que  celles  debou- 
leule  et  surtout  de  prytane,  le  tirage  au  sort  ne  pouvait  pas 
suffire  à  produire  un  recrutement  démocratique  :  de 
bonne  heure  l'Ktat  pourvut  aux  besoins  de  ceux  qui  assu- 
maient celte  charge  '-.  Le  montant  du  uiiOb?  {JouXeutixôç  ne 
nous  est  pas  connu  sûrement  pour  le  v"  siècle.  Il  était 
peut-être  déjà  ce  qu'il  sera  au  iv'  siècle;  en  tout  cas,  il 
était  assez  élevé  pour  assurer  l'effet  qu'on  en  attendait  :  on 
le  lixe  gi'-néralement  à  une  drachme  par  jfiur.  Le  Conseil 
choisi  par  la  fève  est  pour  Thucydide  la  cheville  ouvrière 
du  gouvernement  démocratique;  quand  l'historien  oppose 
le  régime  normal  à  l'oligarchie,  il  emploie  l'expression 
3t||aoç  xai  po'jÀr,  r^  k-Ko  toû  x'jàjAou  '^.  .\ussi  le  Conseil  des 
Quatre  Cents  imaginé  par  les  révolutionnaires  de  411 
dans  leur  projet  de  conslitulion  pouvait-il  bien  user 
largement  du  tirage  au  sort,  comme  d'une  procédure 
commode,  dans  son  règlement  intérieur  ;  mais,  à  aucun 


<  liai,.  Allt.  S.  Olijeclions  de  B.  .Nicsc,  /.  ei.  Arisloleles  Uach.  der  alh.  Verfass. 
•iitiil' Hisl.ZriUchr.  LXIX(l»'Ji),  p.  i'.3-6C.  —!  Pour  le  système  électir  :  Sckûniann, 
Ant.jur.  publ.  tir.  p.  ill  :  Gr.  AU.  Irad.  Galuski.  I,  p.  380;  Urole,  Irad.  de  Sa- 
dous,  IV,  p.  IT.ï  ;  IjilleiiRT,  ail.  m.h  ijè,  p.  73'J.  l'our  le  lirasreau  sorl:  Waclisiiiulli, 
Hell.  Allmtliumsk.  I,  p.  *M  ;  Tliuniser,  Cr.  .flaalsalt.  C-  é.l.  p.  3»3.  —  acf.  Blisolt. 
0,1.  cit.  II.  |..  430  ;  (iilliard.  Op.  cil.  p.  îtH.  —  V  Arist.  /la/,.  Alh.  ii.  —  5  K.  Ca- 
vai^-liac,  .Vo»e  sur  la  r/ir..».  ail.  ou  v  siècle,  Versailles.  I9U'J.  p.  îl  :  cf.  Hi^r.  des 
il.  f,r.  X\ll  H'MV).  p.  33.  —  «  Uatcnberger,  S,  I.  7  sq.  _  7  Ansl.  Ilesp.  Alh.  ût. 
Voir  llauveUe-Besnault,  IJiill.  de  corr.  hetl.  V  (ISSI),  p.  363  s.|.  ;  I'.  Koucail,  lliid. 
Xlll(lls»7).p.  351  s<|.  —  «Tliu.-.  VIII,  Oli,  oy  ,  Aiisl. /re>7>.  Alh.  3i,  *3,  Oi  ;  Audoc. 
De  mysl.  bi:  Lys.  C.  Philun.  i,  33;  llarp.  s.  v.  ii,i./-v;  cf.  Uilleiiberger.  8. 
I.  7  5.|.  Voir  BuciÈ,  p.  7*0.  —  9  Xeii.  .\lem.  I.  i.  35;  Argtim.  Item.  C.  Androt.; 
cf.  Arisl.  Hesp.  Alh.  4,  30,  31  ;  llilleiiberger,  /.  c.  —  10  |,ys.  /.  c.  33.  —  II  Plal. 
Coniic.  ap.  Harp.  ».  b.  el  Scliol.  Arislopli.  Thesm.  8oU  (Kock,  I,  p.  0*3,  fr.  ICC-lfl7|  : 
.ï-scll.C.C'/e».  Oi;  Harp.,Suid.,  Ëlyiii.  M.»,  c.  ;  Lex.  .Scgiier.  p.  i5C,3.  VoirFustelde 
Coulangea,  /.  <r.  p.  171  ;  rpii.AcHo!<.  —  12  Arisl.  Hesp.  Alh.  U.  Voir  Mûller-Striibiug. 
Op.  cil.  ÏI3.  —  13  Thuc.  VIII,  6ri  :  cf.  I.9.  —  Il  Arisl.  /lesp.  Alh.  30.  -  15  Aiidoc.  De 


prix,  il  ne  devait  ni  se  recruter  par  tirage  au  sort  ni 
recevoir  de  solde".  Si  le  Conseil  des  Cinq  Cents  fut 
rétabli  par  Tliéramènes,  sous  le  régime  des  Cinq  .Mille, 
ce  n'esl  qu'en  41(1  09  qu'on  le  voit  de  nouveau  tiré  au 
sorl  el  que  reparait  l'expression  officielle  ïj  p&uÀr,  oi 
-ivTïxoctot  ot  Àay/jVT£ç  t<ô  xuifico'^.  Après  le  rétablissement 
de  la  démocratie,  le  aicftôç  fut  de  cinq  oboles  par  jour 
pour  les  boiileutes  el  de  six  pour  les  prylanes  "'.  Au 
iv^  siècle,  époque  de  prospérité  matérielle,  la  valeur  de 
l'argent  avait  bien  diminué  :  cinq  oboles,  c'était  juste 
ce  qu'il  fallait  pour  l'entretien  d'un  célibataire  ''.  Le 
jjLi(r6o;  n'était  donc  pas  pour  tenter  les  citoyens  obligés 
de  gagner  leur  vie  et  celle  d'une  famille.  Effectivement, 
des  recherches  faites  sur  la  situation  sociale  des  bouleutes 
au  temps  de  Démosthènes  il  résulte  que  la  proportion 
des  riches  étail  bien  plus  forte  dans  le  Conseil  que  dans 
la  moyenne  du  peuple"  :  les  petites  gens  ne  tenaient  pas 
à  donner  leur  nom  pour  le  tirage  au  sort. 

§  3.  Les  auli'es  magistrats.  —  Le  Iriompbe  de 
la  démocratie  entraîna,  avec  la  multiplication  des 
charges  rétribuées,  l'extension  du  tirage  au  sorl.  Un 
moment  vint  où  son  domaine  comprit  toutes  les  fonc- 
tions périodii|ues  {t.bç\  -y.v  èyxùxÀî&v  Zwy.\r!i'i\  à  l'ex- 
ception des  fonctions  militaires  et  de  quelques  autres 
qui  demandaient  des  connaissances  financières  ou 
techniques  '^ 

De  ces  fonctions  attribuées  par  le  sort  Arislote  dresse 
une  longue  liste.  Après  les  membres  du  Conseil  et 
avant  les  archontes,  il  énumère  :  les  dix  trésoriers 
d'Athèna  'Tau.îa!  ttF,ç  'A6T|Vâç),  qui  devaient  être  pris 
parmi  les  penlacosiomédimnes  d'après  la  loi  non  abrogée 
de  Solon,  mais  qui  étaient  pris  en  réalité  parmi  tous 
les  citoyens  sans  distinction  de  cens'-";  un  trésorier 
de  l'assistance  publique,  chargé  de  remettre  le  diobole 
quotidien  aux  indigents  infirmes'-'  ;  les  dix  polètes--;  les 
dix  apodectes-^;  la  commission  des  dix  légistes,  prise 
parmi  les  membres  du  Conseil-';  les  dix  eulbynes, 
chacun  avec  ses  deux  parèdres'-";  les  dix  surveillants  des 
temples  (issùlv  È7tt<;xsua(7Ta() '^'' ;  les  dix  astynomes-';  les 
dix  agoranomes-*  ;  les  dix  métronomes -';  les  trenle-cinq 
inspecteurs  du  commerce  des  grains  ((7'.T&i.'JÀax£!;),  jadis 
au  nombre  de  dix  ^"  ;  les  dix  épimélèles  du  port  marchand 
(âuLTioptou  É-it'.[xE),-r,Tai;^' ;  les  Onze  (oi  i'voîxa)  ^*  ;  les  cinq 
introducteurs  des  actions  jugées  dans  le  délai  d'un  mois 
(EidïYWYeîç)  "'.  les  quarante  juges  des  dèmes  yv.  TEXTaci- 
xovTct),  héritiers  des  «  trente  »  dont  le  nombre  néfaste 
eût  rappelé  la  tyrannie^'  ;  les  cinq  agents  voyers 
(oSoTî&io!)  '^  ;  les  dix  logistes''^  et  leurs  dix  synègores'"  ; 
le  greffier  de  la  prytanie  ■•/ç.iL^nL'XTvji  y.i-'-x  Ttcu-avsiav)  et  le 


mysl.Sfù  idécrel  de  Ikniopliaillos).  Voir  Ed.  Sieyer,  Gr.  Gesch.  IV, p.  600,  D.;  cf.  Busoll, 
Gr.  Gesch.  III,  11,  p.  1309,  n.  3.  —  16  Arist.  Hesp.  Alh.  6Î.  —  1^  L'éphèbe  reçoit 
pour  sa  DOurrilure  quatre  oboles  {/hid.  ii).  —  i»  J.  Siiiidwall,  Epiyr.  Beitr.  zitr 
soziat'polilischen  Gesch.  .\th.  im  Zeitall.des  Dem.  A&mKtio,  tr^iinzuQgsbaDd  I. 
IV,  Beilieft,  lOai;,  p.  i  s<|.  -  l»  Arist.  Ilesp.  Alh.  *3  ;  cf.  Pol.  VII  (VI),  i,  8. 
—  2U  ttesp.  Alh.  S.  *7  :  cf.  Inscr.  grnec,  I,  3i,  a,  I.  14- 13;  i99  ;  Poil.  VIII,  97  ; 
Suid.  s.  K.  i.|....;  Lex.  Scfruer.  306,  7.  —  21  /lesp.  Alh.  *9.  —  22  Ibid.  47.  Voir 
pài.cTii.  —  2Î  Jbid.  is;  cf.  I.ei.  Seguer.  p.  I'.i8,  1.  Voir  «podektai.  —  H  Hesp. 
Alh.  48.  —  21  Ihid.  —  26  //,!</.  50.  —  21  /«irf.;  cf.  Deni.  C.  Timocr.  112:  Inscr. 
i/raec,  I  Suppl.  314  c.  I.  9  ;  Plat.  Ley.  VI,  p.  763  D.  Voir  astïxumoi.  -  2S  Hesp. 
Alh.ô\  :  cf.  Dem.  /.  c:  Plat.  /.  c.  E.  Voir  a.,ok.>no!.oi.  —  29  /lesp.  Alh.  51.  Voir 
utTnosom.i.  —  30  /Hd.  ;  cf.  I.ys.  C.  friiment.  16.  —  31  Hesp.  Alh.  31  ;  cf.  Uin. 
C.  Ai-islog.  10.  Voir  EPiaFifTAi,  p.  673.  -  îi /le^p.  Alh.  3i;cf.  Poil.  VIII,  102. 
Voir  HF.NOFKA.  —  33  ttesp.  Alh.  55;  cf.  Poil.  VIII,  93.  Voir  FjsAr.u.:i;is.  —  34  Hetp. 
Ath.  33;  cf.  Deni.  l.  c;  Phot.  Lexie.  p.  30j  :  Les.  Seguer.  p.  306,  13.  Voir 
DiKASTAi  KATA  DÈMoLS.  —  33  /iesp.  Alh.  54.  Voir  Huttopuioi.  —  36  Ibid.;  cf.  Lex. 
Scgner.  p.  276.  17.  —  37  Hesp.  Alh.  34  :  cf.  I.ei.  Seguer.  p.  301,  4. 


SOR 


1409 


SOR 


greffier  du  Conseil  {yçna^aTE'jç  ty,;  pouXT,ç)  '  ;  les  dix 
sacrificaleurs  préposés  aux  auspices  (ieooTtoto't  l-rci  xà  èk- 
Oû[i.aTa)  et  les  dix  sacrificateurs  de  l'année  (\eooT.o:o\  xar' 
Èviï'jTÔvl';  l'archonte  de  Salamine  et  le  démarque  du 
Pirée  '  ;  les  dix  épiniélètes  chargés  de  la  procession  des 
Dionysies(ÊitifjL£XTiTa!T-f|î7:o(A7if|;),  qui  étaient  primitivement 
élus  ';  les  dix  athlothètes  °.  A  cette  longue  liste  on 
pourrait  ajouter,  par  exemple,  l'hiéromnémon''.  De  plus, 
à  toutes  les  époques,  on  répartit  au  sort  toutes  sortes  de 
fonctions  plus  ou  moins  durables.  Ainsi,  le  mode  de 
désignation  usité  pour  les  trésoriers  d'Athèna  fut  étendu 
par  le  décret  de  Callias  aux  «  trésoriers  des  autres 
dieux  »^  par  un  décret  du  iv"  siècle  à  des  commissaires 
chargés  du  recouvrement  des  arriérés  '.  On  voit  dans 
une  inscription  les  bouleutes  et  les  héliastes  tirer  au  sort 
dans  leur  sein  deux  commissions  de  tEpoTtoiot,  chacune  à 
raison  d'un  membre  par  tribu';  dans  une  autre,  un 
collège  de  cinq  magistrats  établis  au  Pirée  (métronomes, 
agoranomes  ou  sitophylaques.»  s'adjoint  un  greffier  tiré 
au  sort,  en  même  temps  qu'un  greffier  pris  au  choix  '". 
Au  V'  siècle,  la  fève  désignait  les  surveillants  (ÊTciVxoTtoi) 
envoyés  dans  les  villes  de  la  confédération  athénienne". 
Les  plus  humbles  emplois  rétribués  étaient  tirés  au  sort 
comme  les  plus  liantes  magistratures  :  les  2000  garnisaires 
(ippoupoî)  et  les  500  gardiens  des  arsenaux  maritimes 
(tppoupol  v£(opî<ov)  étaient  nommés  comme  les  membres  du 
Conseil'-. 

§  4.  Les  prêtres.  —  Puisque  le  sort  était  toujours 
regardé  comme  une  intervention  des  dieux,  ce  mode 
de  nomination  convenait  particulièrement  aux  sacerdoces 
et  à  toutes  les  fonctions  du  culte.  Il  continuait  d'être 
appliqué  aux  magistrats  qui  avaient  eu  primitivement 
un  caractère  religieux  et  conservaient  la  trace  de  cette 
origine  dans  leurs  attributions  ou  leur  titre,  par  exemple 
aux  archontes  et  aux  Tau-tai  d'Athèna.  A  plus  forte  raison, 
tirait-on  au  sort  les  prêtres",  l'hiéromnémon  et  les  py- 
thaïstes  envoyés  à  Delphes''*,  les  surveillants  des  tem- 
ples, les  dillerenls  collèges  de  sacrificateurs,  les  épimé- 
lèles  de  la  procession  dionysiaque  '°.  Remarque  fort 
importante  pour  la  chronologie  athénienne,  on  suivait 
d'année  en  année  l'ordre  officiel  des  tribus  pour  désigner 
le  prêtre  d'Asclèpios  (au  moins  de  3o0/'49  à  322  1  et  de- 
puis la  réorganisation  des  tribus  en  307/6),  et  peut-être 
en  fut-il  de  même  pour  les  prêtres  de  Sérapis  depuis 
137 /G".  Les  exemples  de  prêtres  élus  sont  rares  à  Athènes'^ 
Cependant,  si  les  fonctions  religieuses  étaient  généra- 
lement distribuées  par  le  sort,  on  se  relâchait  de  ce 
principe  quand  on  pouvait,  par  un  choix  judicieux, 
attirer  aux  dieux  et  aux  hommes  les  générosités  des 
riches  '*  :  on  aimait  mieux,  par  exemple,  ne  pas  tirer  au 
sort  les  parasites  conviés  aux  banquets  sacrés  d'IIèra- 
clès'^ 

§  5.  Formalités  du  tiraije  au  sort  des  magistrats.  — 

I  Hmp.  Alh.  5i.   Voir  ..i.AMMAitis,  p.   1047- IGW.  —  2  /lesp.  AM.  54.  —  3  Jbid. 

—  *  Ibid.  36;  cf.  Ucm.  Phil.  I.  31.  Voir  EPiMELtiAr,  p.  6S2-G83.  —  '^Resp.Ath.  OU; 
cf.  l'oll.  VIII,  87.  —  6  Arisloph;  Nuh.  fi2:i  el  Scbol.  ;  cf.  Dcm.  C.  Timocr.  150.  Voir 
HiERoMSEMoSEs.— 7 /nscr.  (/vA,  H.  a.\.  13-13.  —  «Uem.C.  Androt.  48;  C.  Timocr. 
160.— 9//iscr.  jr.  ISuppl.  3.1  4,  I.  lOsq.  —  loyiiV.  Il,  SOI.  Voir  (;riAM>iAiEis,  p.  1646. 

—  It  Ai-islopli.  Av.  lOii  ;  voir  \'.  Guiraud,  Z>e  lacund.  des  alliés  pendant  la 
prem.  conféd.  ath..  daus  les  Ann.  de  la  fac.  des  lettres  de  Burd.  V  (1883),  p.  t'Ji. 

—  12Arisl./(es/j.  Ath.  24,0i.  — '3  Aescli.C.  Km  .l>S.  Voir  Miciid,  rtecuei/,  138,1.  3-i 
(priilrc  il'AscIcpios);  683,  1.  ls-10;  600,  I.  0  (prélre  d'Asclèpios  et  d'Hygieia)  ;  E-.. 
ii^l.,  1005,  1.  0  (prèlre  de  Callislè).  —  14  11  s'agit  des  pythaïsLes  nommés  par  le 
peuple  {Bull,  de  corr.  hell.  XXX,  1006,  p.  iOn.n"  7,  I.  3;  p.  201,  n"  14,  1.  3  ;  p.  Mï, 
no  27,  I.  3  ;  cf.  Colin,  lùid.  p.  iOi|.  —  l.-  Voir  Arisl.  Jiesp.  Ath.  .'iO,  54,  56.  —  n>  Voir 
Sundwall,  Op.  cit.  p.  47,  73  sq.  ;  W.  S.  Ferguson,  The  priests  of  Asclepios,  dans 

VIII 


Aucun  auteur  ne    nous  donne   de  détails  sur  la  céré- 
monie qui  accompagnait  le  tirage  au  sort  des  magistrats. 
Il  est  vraisemblable  qu'elle  commençait  par  des  prières 
pareilles  à  celles  dont  parle  Platon-",  pour  «  demander  à 
Dieu  et  à  la  bonne  fortune  de  faire  servir  le  sort  au  triom- 
phe de  la  cause  la  plus  juste  ».  Quant  aux  formalités 
matérielles,  tout  ce  que  nous  en  savons  par  les  orateurs 
et  les  grammairiens,  c'est  qu'on  se  servait  de  tablettes 
en  bronze  (Ttivixiaj  portant  le  nom  des  candidats'^',  el  de 
fèves  blanches  et  noires'-''.  Il  est  cependant  certain  qu'il 
y  avait  une  urne  par  tribu  pour  les  tablettes.  Mais  com- 
ment s'y  prenait-on  pour  les  fèves  '^  D'après  une  con- 
jecture généralement  admise",  au  temps  où  le  tirage  au 
sort  des  archontes  se  faisait  sur  500  candidats,  on  jetait 
dans  une  onzième  urne  10  fèves  blanches  et  490  noires, 
on  tirait  alternativement  un  nom  de  candidat  et  une  fève, 
et  le  premier  candidat  dont  le  nom  coïncidait  avec  une 
fève  blanche  était  nommé  archonte,  après  quoi  l'urne  de 
sa  tribu  était  enlevée,  el  le  tirage  continuait  de  la  même 
façon  pour  les  tribus  suivantes.  Mais  ce  système  soulève 
une  objection  capitale  :  ilaurail  très  bien  pu  se  faire  qu'on 
épuisât  les   cinquante    noms  d'une  tribu  sans  amener 
de  fève  blanche.   Le  seul  moyen  de  soumettre  au  sort 
les  cinquante  noms  d'une  tribu  consistait  à  les  mettre 
en  rapport  avec  cinquante  fèves,  une  blanche  et  qua- 
rante-neuf noires  (ou  bien,  si  l'on  désignait  le  suppléant 
immédiatement  après  le    titulaire,  sans    recommencer 
intégralement  l'opération,  avec  deux  fèves  blanches  et 
quarante-huit  noires).  Avec  ce  jeu  de  cinquante  fèves,  deux 
modes  de  tirage  étaient  possibles  :  on  pouvait  se  servir 
de  la  même  urne  à  fèves  pour  les  dix  tribus,  ou  accom- 
pagner chaque  urne  à  candidats  d'une  urne  à  fèves.  Dans 
les  deux  cas,  le  tirage  pouvait  se  faire  simultanément 
dans   les  dix   tribus   ou   successivement  dans  chacune 
d'après  un  ordre  déterminé  par  le  sort.  Resterait  à  se 
demander  comment  étaient  réparties  entre  les  élus  les 
places  de  l'arcliontat,   dont  on  sait  seulement  qu'elles 
étaient  tirées  au  sort  ".  Ici  encore  deux  hypotlièses  sont 
possibles.  Si  le  tirage  au  sort  des  élus  se  faisait  simulta- 
nément dans  les   dix  tribus,  et  peut-être  s'il  se  faisait 
successivement   dans  chacune,  les  archontes    une    fois 
désignés  pouvaient  obtenir  d'un  nouvel  et  dernier  tirage 
au  sort  leur  charge  propre  et  leur  rang  dans  le  collège, 
soit  que  ce  tirage  fut  double  (noms  et  charges),  soit  qu'il 
fût  simple  (noms)  et  se  fit  en  suivant  l'ordre  de  préséance 
officiel    pour  les   charges   (archonte,   roi,   polémarque, 
thesmolhètes,  greffier).  Si  le  tirage  au  sort  des  élus  se 
faisait  successivement  dans  chacune  des  dix  tribus,  le 
tirage  au  sort  préalable  qui  fixait  l'ordre  des  tribus  pou- 
vait   aussi    entraîner    l'attribution   à   chacune  des  dix 
charges,   en   suivant  pour  les  charges  l'ordre    de  pré- 
séance. Entre  toutes  ces  hypothèses,  nous  n'avons  pas  de 
raison  pour  fixer  notre  choix. 

les  Univ.  of  Califomia  publications,  Class.  pliilol.  I,  p.  131-173  ;  Kirchner,  Berl. 
philol.  Wochenschr.  1006,  p.  USD.  —  "  Marllia,  Les  sucerd.  ath.  p.  M,  disait  qu'il 
n'existe  pas  d'exemple  de  prôtre  éln.  Cependant  une  inscription  du  m'  ou  du  ne  >iècle 
que  vient  de  publier  Ad.  Willielm,  Beitr.  ziir  yriech.  /uschriften/ainde,  Wien, 
1000,  p.  45,  n»  30,  mentionne  un  U-^tù;  t.,  i!i'.,i!io..  —  I»  Cf.  Colin,  l.  c.  p.  i03  ;  Haus- 
soullier,  Op.  cit.    p.    60  sq.   —  '9   Diod.   Sinop.   ap.  Allicn.    VI,   30,  p.  230  D. 

—  20  Uij.   VI,  p.  757  E;  cf.   //.   111,  318-323  ;    VI,  177-180;  Lucian.  Uermot.  40. 

—  21  Dcm.  C.  Boeot.  I,  10-12.  —  '22  I.cx.  Canlabr.  s.  v.  ,u.<;iiO«T«i  ;  llosycb.s.  v. 
«uaiAoTo™;,  cf.  xuâ|A>:.  lïaTpi'u  ;  Pliot.  s.  V.  x«a|iixr,î.  —  23  (jilbert,  (jp,  cit.  I,  p.  242; 
V.  von  Scbolfer,  /.  c.  p.  573  sq.  Le  système  auquel  pensait  Scliumann,  Gr,  Alt.. 
Irdd.  Caluski,  I,  p.  459  (cf.  akchai,  p.  360),  n'est  pas  pratique:  avec  deux  urnes 
seulement,  on  ourait  obtenu  plusieurs  arcliontis  de  la  même  tribu.  —  21  Arisl. 
Resp.  Ath.   55    cf.  Lys.  C.  Andoc.  4. 

177 


SOR 


—   1410  — 


SOR 


Les  aiili'urs  ne  nous  ilisenl  pas  non  plus  à  ([ui'l  niomcnl 

ilo  Tannée  se  faisait  le  tirage  au  sort  des  magistrats.  Mais 

comme  tous  les  magistrats,  tirés  au  sort  ou  élus,  étaient 

soumis  à  la  doeimasie  avant  d'entrer  en  ctiarge  et  comme 

tous,  excepté  les  menibn-s  du  Conseil  et  les  trésoriers 

au  \"  siècle,  entraient  en  charge  au  commencement  de 

l'année    civile,    le    premier    hécatombaion,   les    mêmes 

nécessites  qui  fixaient  la  date  de  l'élection  à  la  première 

prytanie   où  les   présages  étaient   favorables   après    la 

sixième'  devaient  imposer  la  même  date  pour  le  tirage 

au  sort-.  L'opération  se  faisait  donc  au  plus  tôt  au  mois 

d'anthestérion  i,fin  février)  au  plus  lard  au  mois  de  skiro- 

phorion  (finjuinl.  Elle  pouvait  ainsi  rejeter  la  docitnasie 

sur  les  tout  derniers  jours  de  l'année''.  On  tirait  au  sort 

toutes  les  magistratures  en  une  journée  :  le  décret  qui 

institue  les  trésoriers  «   des  autres  dieux   »    dit  qu'ils 

seront  désignés  par  la  fève  «  en   même  temps  que  les 

autres  magistrats'  ».  Pendant  longtemps,  le  tirage    au 

sort  eut  lieu  dans  des  locaux  dilTérents.  Les  fonctions  pour 

lesquelles  les  candidats  étaient  clioisis  par  les  dèmes  se 

distribuaient  dans  le  Tiièséion  ;  celles  pour  lesquelles  on 

était  proposé  par  la  tribu  en  masse  étaient  tirées  au  sort 

ailleurs,  on  ne  sait  ou  '.  Mais,  à  l'époque  d'Escliine  et 

d'Aristote,  quand  les  dèmes  eurent  perdu  leur  droit  de 

proposition,  sauf  pour  les  membres  du  Conseil  et  les 

gardiens  des  arsenaux,  toutes  les  magistratures  furent 

également  tirées  au  sort  dans  le  ïhèséion  '',    sous   la 

présidence  des  archontes'. 

ij  6.  E//'ets  du  tirage  au  sort  des  mugislrals.  — 
Quand  la  démocratie  athénienne  eut  définitivement 
accommodé  à  ses  besoins  le  système  du  tirage  au  sort, 
elle  n'abandonna  pas  au  hasard  la  nomination  de  ses 
magistrats.  11  ne  faudrait  pas  croire  que  tout  le  monde 
pût  concevoir  l'espérance  d'arriver  un  jour  à  l'archonlat. 
Sans  doute,  la  condition  de  cens  fixée  par  Solon  et  con- 
firmée, quoique  élargie,  en  457  était  devenue  caduque  : 
tout  citoyen  pouvait  se  donner  comme  pentacosiomé- 
dimne',  à  plus  forte  raison  comme  chevalier  ou  comme 
zeugite,  et,  par  conséquent,  ces  différences  de  classes 
disparurent  totalement.  Mais,  pour  prendre  part  au  tirage 
au  sort,  il  fallait  s'y  présenter  ('ép/egOa!  xXT,pco(io[ji.£voç)' ; 
pour  devenir  le  candidat  de  sa  tribu,  il  fallait  faire  per- 
sonnellement acte  de  candidature.  Les  petites  gens  ne 
pouvaient  guère  s'offrir  le  luxe  de  l'archontat.  Tandis  que 
n'importe  quel  citoyen  pouvait  profiter  d'un  jour  de 
loisir  pour  aller  à  l'assemblée  toucher,  selon  les  jours  de 
séance,  une  drachme  ou  une  drachme  et  demie,  les 
archontes  donnaient  tout  leur  temps  pour  recevoir  quatre 
oboles  par  jour,  et  encore  à  charge  d'entretenir  leur 
héraut  et  leur  aulètc'".  On  s'abstenait  prudemment 
quand  on  gagnait  sa  vie  par  un  travail  quotidien  ou 
qu'on  était  engagé  dans  les  afi'aires,  surtout  si  l'on  ne 
demeurait  pas  en  ville".  Les  nécessités  sociales  produi- 
saient à  peu  près  le  même  effet  que  jadis  les  interdictions 

1  Arist.  tlesp.  Alh.  U  ;  cf.  Inscr.  i,r.  II,  4l(j.  —  î  Cf.  Busoll,  Gr.  Staatsall. 
p.  ill.  —  3  Lys.  Oe  Evandr.  prob.  6.-4  Jnscr.  gr.  1,  33.  —  5  Arisl.  Jicsp. 
Atlt.  6i.  —  r,  Ihid.;  .«sclliii.  C.  Clcs.  13.  _  1  /Hscijiii.  /.  c.  ;  cf.  Arisl. 
liesp.  Alli.  CJ.  Voir  Gilbcrl,  Op.  cit.  I,  \).  r9  —  8  Arisl.  Jlesp.  Atli.  i7. 
—  9  Lys.  C.  Andoc.  4;  C.  Philon.  3.!;  Isocr.  De  aniid.  I.ÏO;  Harp.  s.  r. 
ua,,i-.  ;  Dinarch.  ap.  Harp.  s.  v.  ij,„j,„àr.u  (Or.  allie.  Uidol,  IL  p.  453). 
Cf.  Fuslcl  de  Coulangcs,  /.  c.  p.  131  ;  Uilhcrt,  Op.  cil.  1.  p.  241,  ii.  I.  —  10  Arist. 

lIcsp.    Atlt.    lii.  —  Il    Cf.  Miillcr-Slrilbing,    Op.    cit.     p.    iOi.  12  Cf.  attica 

bksi.i,-.,m,;a,  p.  338;  J.  Nicole,  /.  e.  p.  108.  Di-'Hiolliéiics,  C.  Aeaer.  27,  parle 
d'un  arclionlc  roi  pauvre,  mais  noMo.  —  13  Arist.  Hcsji.  Alli.  ':•:,.  t.(.  Fustel,  t.  v. 
p.  152,  171  ;  ATTicA  uespublica;  uokimasia.  Sur  Torigine  de  la  docjmasic,  voir  Ulotz, 


légales  :  l'arclionlal  était  aux  citoyens  riciies  ou  aisés'-. 
II  en  allait  ainsi  pour  le  Conseil,  où  le  salaire  montait 
à  5  ou  6  drachmes;  il  ne  pouvait  en  être  autrement 
pour  une  charge  encore  plus  mal  rémunérée.  —  De  plus, 
la  crainte  de  la  docimasie,  de  cet  examen  qui  suivait  le 
tirage  au  sort,  opérait  spontanément  une  épuration  pré- 
ventive. Il  fallait,  pour  s'y  exposer,  non  pas  seulement 
avoir  toujours  rempli  ses  devoirs  de  fils  et  de  citoyen, 
mais  appartenir  aux  vieilles  associations  de  culte,  être 
issu  en  ligne  paternelle  et  maternelle  d'ascendants 
athéniens  depuis  la  troisième  génération,  posséder  des 
tombeaux  de  famille  en  terre  atlique'^  Les  incapables 
étaient  intimidés  par  la  perspective  de  l'àTto/eipoT&vîa,  du 
vole  qui  pouvait  à  chaque  prytanie  leur  iniliger  la  honte 
d'une  déposition,  ou  par  la  pensée  d'avoir  à  rendre  des 
comptes  à  la  sortie  de  charge.  Autant  de  freins  aux 
appétits  injustifiés.  Les  mœurs  publiques  n'étaient  pas 
si  mauvaises,  après  tout,  qu'on  briguât  une  magistrature 
tirée  au  sort  sans  y  avoir  quelque  titre  :  nous  entrevoyons, 
par  exemple,  que  les  épimélètes  des  arsenaux  maritimes, 
quoique  tirés  au  sort,  étaient  en  grande  partie  des 
citoyens  habitués  par  leurs  occupations  privées  aux 
choses  de  la  marine".  La  preuve  que  la  docimasie  et  le 
vote  de  confiance  n'étaient  pas  de  pures  formalités  et 
des  menaces  vaines,  c'est  que,  dans  le  tirage  au  sort  des 
magistratures,  on  tirait  deux  noms  pour  chaque  place  : 
le  premier  était  celui  du  magistrat  désigné  (Xajuôv),  le 
second  celui  du  remplaçant  éventuel  (ÈTt'.Aa/côv)'^.  Donc, 
dans  la  pratique,  le  Conseil  et  l'assemblée  du  peuple 
avaient,  tant  au  commencement  qu'au  cours  de  l'année, 
la  faculté  de  révoquer  les  décisions  du  sort. 

!?  7.  Le  tirage  au  sort  des  magistrats  et  les  partis  poli- 
tiques. —  Protégé  plutôt  que  gêné  par  ces  précautions, 
le  tirage  au  sort  était  devenu  un  mode  de  nomination 
égalitaire.  Le  parti  oligarchique  le  détestait.  On  sait  de 
quels  sarcasmes  h'  poursuivaient  Socrate  et  ses  disciples. 
C'est  dans  ce  milieu  qu'on  dut  détourner  de  son  sens 
l'interdiction  rituelle  prononcée  par  les  pythagoriciens 
contre  les  fèves  "'et  la  convertir  en  un  conseil  d'abstention 
politique".  Victorieuses  en  4H,  les  hétairies  firent  la 
part  aussi  petite  que  possible  à  l'odieux  procédé  :  dans  la 
constitution  qui  devait  inaugurer  une  ère  nouvelle,  le 
nombre  des  citoyens  capables  était  réduit  à  cinq  mille, 
et  le  sort  n'avait  plus  à  distribuer  que  les  fonctions  infé- 
rieures dans  les  trois  sections  du  Conseil  (sur  quatre) 
qui  n'étaient  pas  de  service  '*.  Cette  tentative  et  celle  des 
Trente  échouèrent.  Le  tirage  au  sort  des  magistrats  pré- 
valut jusqu'à  l'époque  romaine.  En  i03/:2  une  révo- 
lution faite  par  les  marcliands  d'esclaves  et  le  parti  romain 
supprima  ou  tout  au  moins  restreignit  la  vieille  institu- 
tion'''. Ainsi  s'explique  qu'Argeios  ait  été  archonte  deux 
ans  de  suite  (97/(1,  mi/o)  et  Mèdeios  trois  ans  (91/0-89  8). 
La  constitution  aristocratique,  suspendue  en  88  par  Athé- 
nien, qui  se  jeta  dans  les  bras  de  Mithridate,  fut  rétablie 

L'ordalie  dans  ta  Gr.  prim.  p.  l2S-i2U.  —  14  Suudwall,  /.  c.  p.  38,  a  dressé  uue 
liste  de  ces  épimélètes  ;  ^7  d'entre  eux  apparlieuuenl  a  la  Iriltyg  du  lilloral,  contre 
IS  de  la  ville  et  13  de  la  Mésogée.  —13  Voir  p.  1410,  n.  15;  cf.  Dcra.  C.  Theocr.  29. 
—  liî  Voir  les  textes  à  l'art,  iaha  ;  cf.  Abel,  Orphica,  p.  2i>'J.  —  17  Plut.  De  educ. 
puer.  17,  p.  12  li.  Schômann,  A'/dy.  jiir.  put,l.  Gr.  p.  100,  et  Waolisniutli,  Bell. 
Alterthinnsk.  I,  p.  527,  eut  pris  ce  contre-sens  à  leur  coniple.  Cf.  S.  Hcinacli, 
Culte.'i,  mythes  et  relig.  1,  p.  43-44,  —  is  Arist.  lIcsp.  Atlt.  30.  Le  texte  du 
nianuscril  tlonne  successivement  les  archontes  pour  élus,  puis  pour  tirés  au  sort. 
La  contradiction  disparait,  si  l'on  corrige  dans  le  second  passage  ai-iripoùv  en  itl,]po3v 
{cf.  Busoll,  m,  n,  p.  1488,  n.  I).  —  ''J  W.  S.  Kergiison,  The  oligarchicat  revol. 
at  Alh.   of  tke  yeav    103/2,  dans  les  Beitr.  ;.  ait.    Gesck.   IV  (1904),  p.  1  si|. 


SOK 


—   1411 


SOR 


par  Svlla  l'i  dura.  Athènes,  soumise  à  Rome,  pouvait  l)i('n 
modilier  la  nomination  de  ses  magistrats. 

IH.  Le  TIRACE   AT   SORT  DANS  LES    ADMINISTRATIONS  l'Ulil.t- 

Oi!ES  d'Athènes.  —  Sj  1.  La  jus  tire.  —  Dans  l'adminis- 
tration de  la  justice,  le  tirage  au  sort  put  être  eonli- 
nuellemenLune  garantie  contre  l'arbitraire  des  magistrats 
et  contre  les  concerts  frauduleux.  Les  Athéniens  en  nuil- 
liplièrent  les  applications  et  en  perfectionnèrent  les 
procédés  à  un  degré  inouï. 

Dès  le  jour  où  l'on  allait  demander  une  action  au 
magistrat  compétent,  celui-ci  donnait  un  numéro  à  l.i 
demande  par  voie  de  tirage  au  sort.  Du  moins  on  ne  pi'ul 
expliquer  que  par  celte  procédure  l'origine  des  expres- 
sions oi>cY|V  ÀaY/ïVE'.v  et  S!xï|V  xày,so'jv,  qui  se  disent  de  la 
partie  et  du  magistral'.  Les  affaires  civiles  qui  doivent 
être  soumises  aux  arbitres  publics  sont  réparties  entre 
eux  par  un  tirage  au  sort  auquel  procèdent  les  «  qua- 
rante »  ou  plutôt  les  quatre  d'i^ntre  eux  qui  représentent 
la  tribu  du  défendeur-.  Comme  les  métèques,  les  isotèles 
et  les  proxènes  ne  font  point  partie  officiellement  des 
tribus  et  que  les  procès  civils  où  ils  sont  en  cause 
rentrent  tous  dans  la  compétence  du  polémarque,  celui-ci 
les  divise  en  dix  lots,  qu'il  assigne  par  la  voie  du  sort  aux 
dix  tribus,  pour  qu'à  leur  tour,  dans  chaque  tribu,  les 
«quatre»  les  tirent  au  sort  entre  les  arbitres^. 

Mais  c'est  dans  les  tribunaux  d'héliastes  que  triomphe 
le  tirage  au  sort.  Nous  pourrions  nous  contenter  de  ren- 
voyer à  l'article  dikastai,  où  le  sujet  a  été  traité  avec  un 
soin  tout  particulier,  si  depuis  n'avait  paru  la  DùàiteiV, 
avec  une  série  de  chapitres  consacrés  à  la  question.  Là 
oi'i  les  conclusions  de  cet  article  sont  confirmées  par  le 
nouveau  document,  il  est  indispensable  de  remplacer  les 
références  de  qualité  douteuse,  les  seules  dont  on  dis- 
l)Osât;  ailleurs,  il  nous  faudra  rectitier  quelques  erreurs 
ou  combler  quelques  lacunes,  jadis  inévitables.  Avant 
tout,  on  discerne  plus  nettement  aujourd'imi  des  périodes 
diflerenles,  si  l'on  examine  les  ai)plications  du  tirage  au 
sort  au  recrutement  des  héliastes,  à  la  constitution  des 
jurys,  à  la  répartition  des  jurys  entre  les  magistrats  et  à 
l'attribution  des  locaux. 

Selon  une  opinion  soutenue  dans  l'antiquité,  on  peut 
admettre  que  le  tribunal  des  lu'liastes  était  tiré  au  sort 
dès  l'époque  de  Solon,  son  fondateur'.  Mais  soumettait- 
on  au  sort  les  noms  de  tous  les  citoyens  âgés  de  trente 
ans  qui  se  présentaient^  ou  seulement  ceux  de  candidats 
désignés  par  une  élection  préalable '''  Chacun  de  ces 
systèmes  a  ses  partisans;  les  textes  ne  permettent  pas  de 
décider^.  Kn  tout  cas,  le  recrutement  des  héliastes  était 
facile,  tant  qu'ils  bornaient  leur  juridiction  à  l'appel  des 
jugements  prononcés  par  les  magistrats  et  ne  formaient 
(|u'un  seul  tribunal. 

Dans  le  courant  du  V  siècle,  tandis  que  la  prospérité 
d'Athènes  et  l'extension  de  sim  empire  multipliaient  les 
alîaires  litigieuses  dans  d'énormes  proportions,  le  déve- 
loppement de  la  démocratie  lit  de  la  justice  populaire  la 

1  Cf.  Schol.  l'Ial.  Eulhijiihr.  p.  3i:.  Voir  le  Thesain-us,  s.  r.  iiy,i,u  ;  MeiiT- 
.<clMÏinann-I,i|)sius,  Dtr  ail.  l'roccxs,  p.  79i-7Ui,  8ur,-»0S.  —  2  Arisl.  /lesp.  Alli. 
53;  Coll.  VIII,  ISO;  Ucni.  C.  Ajilmb.  III,  3S.  Voir  HudUv;ilckcr,  Leb.  die  ôffentl. 
und  l'rirat-Schiedsricliler,  f.'i\  sr|.  ;  Meier-Si-lHiiuaiiii-l.ipsius,  Op.  cit.  p.  48,  8i5, 
1012;  DfAiTtTAi,  p.  IJ7-12».  — SArisl.  /lesp.  Allt.  58;  cf.  litscr.  ijr.  1  Suppl.  p.  0. 
—  i  Arist.  Pot.  Il,  i\  (xii),  3.-5  Cf.  Duiicker,  Gesch.  des  AU.  VI.  5-  cil. 
p.  I7'.i  ;  Gilljcrl,  Op.  cit.  I,  p.  153,  n.  t  ;  l.ipsius,  Das  ait.  liccht  imd  Iltchtsnr- 
fahren,  I.  p.  30,  134.  —  «  Cf.  Wilamowilz,  Phil.  Unlcrs.  1. 'J5.  —  "  Cf.  Busoll, 
6>.  Gescti.  Il,  p.  287.  —  *  Arist.  Itcsp.  Ath.  i7.  —  llbid.  il  ;  Arislopll.  \'esp.  061  ; 
Andoc.  De  myst.  17.  —  10  Cf.  Inscr.  gr.  1  Suppl.  35  b.  Voir.  Wilamowitz,  Arist. 


seule  et  unique  inslance.  Pour  avoir  le  personnel  néces- 
saire et  pour  attirer  aux  tribunaux  les  gens  du  peuple, 
on  leur  oflril  l'appât  de  la  solde,  du  [xitOo;  oixaaTix'Jç,  et, 
si  auparavant  le  tirage  au  sort  était  tempéré  parle  choix 
préalable,  il  ne  le  fut  plus  désormais  *.  Tous  les  ans  étaient 
désignés  par  le  sort  GOOO  jurés,  à  raison  de  600  par 
tribu  ^  On  les  prenait  probablement  sur  les  dèmes,  et  non 
pas  sur  la  tribu  en  masse'".  C'étaient  surtout  les  vieillards 
qui  se  présentaient".  La  théorie  de  Fraenkel'-,  d'après 
laquelle  on  aurait,  dès  l'époque  de  Périclès,  nommé  à 
l'Héliée  tous  les  citoyens  âgés  de  trente  ans  qui  se  décla- 
raient disposés  à  siéger,  a  donc  le  tort  d'anticiper  sur 
l'avenir  ;  la  théorie  de  Schoemann  '%  qui  croit  à  un 
corps  d'héliastes  lires  au  sort  en  nombre  déterminé,  est 
juste  pour  le  v'"  siècle  et  le  commencement  du  iv'".  Nous 
ignorons  comment  on  s'y  prenait  en  ce  temps  pour 
répartir  les  6000  héliastes  en  dix  sections'*  ;  mais  nous 
savons,  surtout  par  les  Guépeu  d'Aristophane,  que  les 
tribunaux  étaient  assignés  aux  magistrats  d'une  façon 
durable'^  et  qu'un  seul  tirage  au  sort  attribuait  à  chaque 
tribunal  son  jury  pour  toute  l'année". 

Après  l'archonlat  d'Euclides  (40i/3),  on  assiste  à  une 
importante  réforme.  Le  nouveau  système  nous  est  connu 
par  les  dernières  comédies  d'Aristophane,  V Assemblée 
des  femmes  (390  ou  386)  et  le  Ploiilns  (388).  Les  change- 
ments portent  à  la  fois  sur  le  recrutement  des  héliastes, 
sur  la  constitution  des  sections  et  sur  leur  répartition. 
—  L'énorme  perle  en  hommes  subie  par  Athènes  pendant 
la  guerre  du  Péloponèse  et  la  suppression  des  (iioSot 
nécessitée  par  la  détresse  financière  ont  pour  efl'et  de 
vider  les  cadres  de  l'Héliée.  Inutile  de  tirer  au  sort 
parmi  les  postulants,  il  n'y  en  a  plus  assez.  Tous  ceux 
qui  remplissent  les  conditions  légales  et  se  présentent, 
sont  admis.  Il  suffit  donc  désormais  de  tenir  à  jour  tous 
les  ans  la  liste  des  héliastes.  Lorsque  .\thènes  se  releva 
de  ses  désastres,  que  la  population  augmenta  de  nouveau 
et  qu'on  rétablit  les  (iiiO&i,  on  ne  revint  pas  à  l'ancien 
principe;  on  resta  fidèle  à  cette  règle  :  «  Peut  siéger 
comme  juré  tout  citoyen  âgé  au  moins  de  trente  ans,  à 
condition  qu'il  ne  soit  pas  débiteur  public  ni  frappé 
d'alimie'''.  «  —  On  conserva  la  répartition  des  héliastes 
en  dix  sections.  Cette  répartition  s'obtient,  et  s'obtenait 
peut-être  déjà  dans  la  période  précédente,  par  voie  de 
tirage  au  sort.  Pour  les  détails  de  l'opération  nous  ren- 
voyons à  l'article  dikastai  (p.  189;.  Nous  rappellerons 
cependant  que  les  dix  sections  ainsi  formées  sont  di'si- 
gnées  par  les  dix  premières  lettres  de  l'alphabet,  depuis 
A  jusqu'à  K,  et  que  les  héliastes  ainsi  répartis  reçoivent 
chacun  une  tablette  de  bois  ou  de  bronze  (Ttivixi&vj  por- 
tant son  nom  et  sa  section-'  (voir  fig.  2410  .  De  plus, 
nous  nous  permettrons  deux  observations  :  i°  on  peut 
considérer  comme  un  point  acquis  que,  d'abord,  le  tirage 
au  sort  se  fil  tous  les  ans  pour  la  totalité  des  héliastes 
inscrits  et  que,  plus  tard,  il  se  fit  seulement  d'année  en 
année  pour  les  héliastes  nouvellement  inscrits  :  en  un 

und  Mb.  1,  p.  201  ;  l.ipsius,  Oii.cil.  I,  p.  I3."i.  —  H  l.'ûgo  îles  jurés  est  un  sujet 
lie  plaisanterie  qu'alleclionne  Arislopliauc.  Cf.  l'Iut.  An  seni  sil  i/cr.  rcsp. 
VU.  7,  p.  7'J3  D.  —  <2  Ait.  Gescitu'orenenijer.  p.  l  si|.,  92  sq.  ;  cf.  dikast»i, 
p.  187-188.  —"De  sortit,  judic.  ap.  Ath.  (Opusc.  acad.  I,  p.  200  sq.);  Gr. 
Alt.  traii.  1,  542;  cf.  Orolc,  Irad.  V,  p.  317;  Curlius,  Irad.  Il,  p.  403.  —  H  Cf. 
Lipsius,  /.  c.  p.  130.  —  15  Aristoph.  Vesp.  1107  sq.  ;  Michel,  70,  I.  7î;  Antiph. 
De  chor.  SI;  Andoc.  De  myst.  27;  Harp.  s.  v.  lUoeiSuTtov.  —  '6  Arislopll. 
Vesp.  303  sq.  ;  cf.  400  sq.;  150  sq..  240,  288  sq.  ;  Antiph.  (.  c.  Voir  l.ipsius,  1.  e. 
p.  I3sl3'.l.  —  n  Arist.  Ilesp.  Alh.  63.  —i»  Inscr.  gr.  Il,  873-010,  88s  /y;  Il  .-^uppi. 
p.  212  sq.  ;  Arist.  /.  c. 


SOR 


1412 


SOR 


mot,  rassignatinn  dos  héliasles  aux  sections,  d'annuelle, 
devient  viagère'  ;  '1"  au  début,  on  n'arrivait,  plus  à  rem- 
plir les  sections,  faute  de  jurés.  C'est  à  cette  époque 
d'oXi-|'0[v')p(ii7ri'a  et  de  pénurie  qu'on  autorisait  les  liéliasles 
de  bonne  volonté  à  faire  inscrire  leur  nom  dans  plusieurs 
sections-:  le  cumul  dont  il  estquestion  à  l'article  hikastai 
(p.  189)  n'est  pas  une  fraude,  mais  n'est  pas  non  plus  un 
fait  licite  en  tout  temps  ;  c'est  une  tolérance  momentanée, 
un  expédient'.  —  Il  n'y  a  plus  de  sections  attachées 
pour  un  an  à  tel  magistrat  ou  à  tel  tribunal.  Les  jours 
de  jugement,  les  Ihesmothèles  assignent  les  sections  aux 
tribunaux.  Voici  comment  ils  procèdent.  Ils  se  servent 
de  deux  urnes  (xXvipojTvîpia)  :  dans  l'une  ils  mettent  des 
jetons  portant  les  lettres  des  sections,  A-K  ;  dans  l'autre, 
des  jetons  où  les  tribunaux  sont  désignés  par  les  lettres 
A  et  suivantes.  Ils  tirent  simultanément  un  jeton  des 
deux  urnes,  et  la  section  désignée  va  siéger  dans  le  tri- 
bunal désigné  (voir  dikastai,  p.  191-192)*.  Aujourd'hui 
on  ne  possède  plus  seulement  deux  jetons  portant  à. 
l'avers  la  légende  OeTjx&QeTwv  et  au  revers  les  lettres  A  et 
E,  c'est-à-dire  des  jetons  de  section  (voir  fig.  2111  et 
2412);  on  a  encore  un  jeton  identique  marqué  de  la  lettre 
S,  c'est-à-dire  un  jeton  désignant  un  tribunal''. 

Une  troisième  période,  sur  laquelle  on  n'avait  jadis  que 
très  peu  de  renseignements  et  qu'on  confondait  malen- 
contreusement avec  les  précédentes,  nous  est  aujourd'hui 
connue  dans  le  détail.  Depuis  qu'on  a  pu  déchiflVer  et 
restituer  les  quatre  derniers  rouleaux  du  papyrus  qui 
nous  a  conservé  la  IIoXtTei'a  d'Âristote",  on  voit  jouer 
tous  les  ressorts  de  la  machine  ingénieuse  et  compliquée 
qu'était  la  justice  populaire  d'Athènes  dès  la  première 
moitié  du  iV  siècle'.  Si  le  sort  n'intervient  plus  dans 
la  confection  du  rôle  des  héliastes,  il  met  en  mouvement 
tout  le  reste. 

Les  sections  subsistent',  mais  ne  sont  plus  que  des 
subdivisions  de  la  tribu  à  l'usage  de  l'administration 
judiciaire.  Chaque  jour,  sur  l'agora,  où  sont  concentrés 
les  tribunaux,  on  tire  au  sort  les  membres  de  chaque 
jury'.  Sur  unç  esplanade  qui  précède  les  tribunaux  sont 
aménagées  dix  entrées  {e.hoioi),  une  par  tribu,  qui 
mènent  à  vingt  locaux  pour  tirage  au  sort  (xXripwT/îfia), 
deux  par  tribu  '".  A  chaque  entrée  sont  placées  dix  boîtes 
(xtêiixia)  marquées  chacune  à  la  lettre  d'une  des  sections 
A-K.  Chaque  héliaste  doit,  en  passant,  jeter  sa  tablette 
d'identité,  son  Tzv/dxiov,  dans  la  boite  de  sa  section.  Alors 
un  appariteur  [un-f^^iT-rfi]  secoue  les  boîtes,  et  un  thesmo- 
thète,  ciiargé  de  cette  manipulation  dans  toutes  les 
tribus,  tire  de  chaque  boîte  une  tablette  :  ainsi  est  désigné 
l'afficlieur  de  la  section  (è,aTrY,xTY,(;),  celui  qui  doit  afficher 
toutes  les  tablettes  de  la  boite  sur  le  tableau  (xavovi;) 
marqué  à  la  même  lettre,  dans  l'ordre  fixé  par  le  sort. 
L'afficheur  est  tiré  au  sort  chaque  jour,  pour  que  la  durée 
de  la  fonction  ne  puisse  pas  favoriser  la  fraude.  Les 
tableaux  sont  placés  au  nombre  de  cinq  dans  chaque 
xÀY,ptûTr,piov.  A  ce  moment  entre  en  scène  l'archonte  delà 
tribu.  Il  va  passer  d'un  xÀYipmTiipcûv  à  l'autre  pour  tirer  au 
sort  les  héliastes  de  la  tribu  appelée  à  siéger.  Il  met  dans 
l'urne  des  dés  en  bronze,  blancs  et  noirs,  à  raison  d'un 

—  I  Cf.  Kraenkel,  Op.  cil.  p.  iO(J  ;  Bnick,  fhilot.  LU  (1893),  p.  lilJO  s,|.;  I.lpsius, 
1.  c.  p.  110.  -  2  Arislopli.  Wu/.  1106  sq.  —  3  Cf.  Lipsius,  (.  c.  p.  Ht.  —  l  Cf. 
I.ipsius,  l.   c.    p.    Ul-143.  —  S  Journ.  intern.   iritrch.    niimhm.    I.  pi.  v,  ii"  9. 

—  0  C3  sc|.  —  1  Le  nouveau  syslt'itie  cii;tait  à  l'épociuc   où    Isocrale  composail 
>■  Aréoj.aijilii/iw  (§  51',  c'csl-i-dire  à  la  fia  de  35.5  (cf.  Ed.   Meycr.   V,  p.  493-494). 

—  »  Alibi,  /lesjj.  Alh.c:!.  —  «  Uid.  59.  63:  cf.  Isotr.  /.  c.  ;  l.ys.  Ùc  bon.  Arislo/ih. 


dé  blanc  par  cinq  jurés  à  nommer  et  d'un  dé  noir  pour 
cinq  héliastes  qui  se  présentent  en  surnombre.  Chaque 
fois  que  l'archonte  amène  un  dé,  il  règle  la  situation  des 
cinq  héliastes  dont  la  tablette  a  la  même  place  sur  les 
cinq  tableaux  :  chaque  dé  blanc  fait  cinq  jurés;  chaque 
dé  noir  renvoie  cinq  héliastes.  Les  «  blackboulés  »  n'ont 
qu'à  i-eprendre  leur  tablette  et  s'en  aller.  Quant  aux  jurés, 
y  compris  les  anîcheurs,  il  faut  qu'ils  se  fassent  répartir 
entre  les  tribunaux  qui  siègent  ce  jour-là". 

Avant  qu'il  soit  procédé  à  cette  désignation  des  jurys, 
les  thesmothètes  assignent  sa  lettre  par  tirage  au  sort 
à  chacun  des  tribunaux  qui  doivent  être  pourvus  et  la 
font  afficher  par  un  appariteur  à  l'entrée  du  tribunal  :  ce 
sont  les  lettres  attribuées  pour  ce  jour  aux  tribunaux  qui 
vont  être  tirées  au  sort  par  les  jurés,  c'est-à-dire  les 
lettres  A,  M  et  ainsi  de  suite,  selon  le  nombre  des  tri- 
bunaux à  pourvoir  '-.  Le  moment  est  venu  de  se  servir 
des  deux  hydries  placées  à  chaque  entrée  et  réservées  à 
chaque  tribu.  Dans  dix  de  ces  vingt  hydries  on  met,  par 
parts  égales,  des  glands  (pâXocvoi),  autant  que  de  jurés  et 
marqués  aux  lettres  des  tribunaux.  Les  jurés  sont  appelés 
un  à  un  par  le  héraut.  Chacun  à  son  tour  s'avance,  tire 
un  gland  de  l'hydrie  et  le  montre  à  l'archonte  de  sa  tribu. 
L'archonte  a  devant  lui  une  série  de  boites,  marquées 
chacune  à  la  lettre  d'un  des  tribunaux  à  pourvoir.  Quand 
il  a  vu  le  gland,  il  jette  la  tablette  du  juré  dans  celle  de 
ces  boites  qui  porte  la  même  lettre  que  le  gland.  L'opé- 
ration terminée,  les  boites  sont  portées  aux  tribunaux. 
On  est  sûr,  de  cette  façon,  que  chaque  juré  se  rendra  au 
tribunal  qu'il  a  tiré  au  sort,  et  non  pas  à  celui  qu'il  vou- 
drait :  toute  entente  sur  la  composition  d'un  tribunal 
devient  impossible".  Autre  garantie.  A  chaque  tribunal, 
le  linteau  de  la  porte  d'entrée  est  peint  d'une  couleur 
ditl'érente,  d'où  les  noms  de  tribunal  vert  et  de  tribunal 
rouge,  les  seuls  qui  nous  soient  connus.  Avant  de  fran- 
chir la  grille  du  tribunal,  le  juré  montre  à  l'appariteur 
le  gland  qu'il  a  gardé  et  reçoit  un  bàlon  de  la  même  cou- 
leur que  le  tribunal  dont  le  gland  porte  la  lettre.  S'il 
entrait  dans  un  autre  tribunal,  il  serait  trahi  par  la  cou- 
leur du  bâton.  Un  dernier  contrôle  est  assuré  par  une 
formalité,  la  restitution  des  tal)leltes  aux  jurés  par  les 
afficheurs,  à  qui  les  appariteurs  ont  apporté  les  boîtes  de 
chaque  tribu  '*. 

Reste  à  partager  les  jurys  et  les  tribunaux  entre  les 
magistrats  appelés  à  la  présidence.  Deux  urnes  (xXirjpwTrj- 
pta)'^  sont  placées  dans  le  premier  tribunal,  avec  deux 
séries  de  dés  en  bronze,  les  uns  indiquant  la  couleur  des 
tribunaux,  les  autres  portant  les  noms  des  magistratures. 
Deux  thesmothètes  tirés  au  sort  jettent  chacun  une  série 
de  dés  dans  une  urne.  A  la  première  magistrature  tirée 
au  sort  est  assigné  le  premier  tribunal,  et  ainsi  de  suite. 
Clia(|ue  résultat  est  immédiatement  proclamé  par  le 
héraut"'. 

Bien  d'autres  détails  sont  remis  à  la  décision  du  sort 
parle  règlement  des  tril)unaux.  Le  fonctionnaire  chargé 
de  distribuer  aux  jurés  les  jetons  de  présence  est  désigné 
par  le  sort'\  Le  président  de  chaque  tribunal  lire  une 
tablette  de  chacune  des  dix  boîtes  où  sont  réunies  les 

53.  Voir  Lipsius,  /.  c  p.  14.5-146.  —  t»  Arisl.  rtcv;).  Alli.  03;  cf.  Le«.  Sugucr. 
p.  47,  li;  Hoil.  IX,  44.  —  Il  Arisl.  /lesp.  Alh.  Ii4;  cf.  63.  Voir  Teusch,  De  sor- 
titione  judicum   ap.   Mh    (jijltingen,  1894,   p.   1S8  sq.  ;  Lipsius,  (.  c.   p.    1*6-147. 

—  12  Arisl.  llesp.  Alh.  63;  cf.  39.  —  13  /Alrf.  64;  cf  39;  Poli.  VllL  87.  —  "  Arisl. 
ttesp.   Alh.  65.  —  lô   Ibid.  66  ;  cf.   Poil.    X,  61,    —   <«  Arisl.   Jtesp.  Alh.   66. 

—  "  Ibid.  65. 


SOR 


—  1413  — 


SOR 


tablettes  des  dix  trilms  ;  il  met  les  dix  tablettes  ainsi 
obtenues  dans  une  autre  boite  vide,  pour  un  second 
tirage.  II  en  prend  cinq  cette  fois  :  la  première  d('siKne 
le  juré  qui  sera  cliargé  de  la  clepsydre  ;  les  quatre  autres, 
ceux  qui  seront  préposés  aux  bulletins  de  vote.  Ici  encore 
on  veut  empêcher  toute  collusion,  toute  fraude.  Quant 
aux  cinq  jurés  dont  les  noms  ne  sont  pas  sortis  dans  le 
second  tirage,  ils  ont  à  prendre  les  mesures  nécessaires 
au  paiement  du  (xitOo;'. 

vj  2.  Le  (jonseil.  —  Ces  innombrables  manipulations 
se  retrouvent  plus  ou  moins  dans  les  règlements  des 
divers  corps  de  l'Etat.  Le  sort,  qui  constituait  le  Conseil, 
continuait  de  le  faire  fonctionner.  C'est  le  sort  qui, 
depuis  l'an  410/09,  assignait  à  chaque  membre  du  Con- 
seil la  place  numérotée  où  il  devait  siéger^.  C'est  lui 
qui  déterminait,  au  commencement  de  l'année,  l'ordre 
dans  lequel  les  tribus  allaient  exercer  la  prytanie.  C'est 
lui  qui  donnait  chaque  jour  à  l'un  des  prytanes  la 
dignité  d'épistate  et  faisait  de  ce  président  pour  vingt- 
quatre  heures  le  président  de  la  République'.  C'est  lui 
qui  au  ive  siècle,  quand  on  voulut  afl'aiblir  l'épistate  des 
prytanes,  désignait  dans  les  tribus  qui  n'avaient  pas  la 
prytanie  les  neuf  proèdres  chargés  de  présider  le  Conseil 
et  l'assemblée,  et  puis,  dans  ce  bureau,  le  prytane  des 
proèdres*.  Enfin,  c'est  lui  qui  constituait  au  sein  du 
Conseil  une  commission  administrative  de  légistes \  et 
peut-être  le  collège  des  èm[A£)>Y,T-/î  twv  vecoûi'ojv  ".  Même 
dans  le  Conseil  oligarchique  des  Quatre  Cents,  le  sort 
était  chargé  de  numéroter  les  sections,  de  composer  le 
bureau,  de  désigner  le  président,  de  régler  l'ordre  du 
jour^ 

§  3.  L'armée  et  la  marine.  —  Dans  l'armée  et  dans  la 
marine,  on  lirait  au  sort  les  missions  agréables  ou  les 
postes  dangereux.  D'après  un  récit  quelque  peu  légen- 
daire, Fériclès,  au  siège  de  Samos  (440/39),  aurait  divisé 
ses  troupes  en  Iniit  corps,  qu'il  aurait  fait  tirer  au  sort 
tous  les  jours:  celui  qui  amenait  la  fève  blanche  n'avait 
qu'à  se  reposer  et  à  faire  bonne  chère  pendant  que  les 
autres  se  battaient.  De  là,  disait-on  à  tort,  l'expression 
proverbiale  «  avoir  un  jour  blanc  »,  pour  se  donner  du 
bon  temps  '.  Quoi  qu'il  en  soit,  en  357,  pour  l'expédition 
d'Eubée,  on  tira  au  sort  les  cavaliers  qui  devaient  partir 
pourl'ile''.  Pendant  la  guerre  du  Péloponèse,  continuel- 
lement les  stratèges  consultent  le  sort,  tantôt  pour  se 
partager  les  escadres  et  les  divisions,  tantôt  pour  assigner 
sa  mission  à  chacun  d'eux"*.  Eschyle  se  conforme  aux 
mœurs  militaires  de  son  temps,  quand  il  représente  la 
défense  des  sept  portes  de  Thèbes  assignée  aux  sept  chefs 
par  le  sort".  "  Ares,  dit  le  poêle,  distribue  le  travail  à 
coups  de  dés  »  '-. 

Dans  le  projet  de  réforme  Iriérarchique  présenté  par 
Démoslhènes  en  304,  projet  qui  n'altérait  pas  essentiel- 
lement le  régime  des  symmories  élabli  en  357,  tous  les 
détails  du  service  sont  réglés  par  le  sort.  Les  trois  cents 
trières  de  la  flotte,  qui  forment  trois  caté-gories  égales  en 

I  Philoch.  ap.  .Schoi.  Ar-isloph.  l'iul.  'J7i  tTrai/m.   hist.   r/r.  I,  p.  iljl,  fr.  11!),. 

—  2  Arisl.  Ilesp.  Mit.  43.  —  3  Ibid.  41;  l'oll.  VIII,  'Jtl  ;  Harp.,  Suid.,  fliol.,  lilyni. 
M.,  I.CÏ.  Segucr.  s.  f.  is.crtixr,;.  Voir  epistatés,  p.  7U0.  —  *  Arisl.  l.c.  —  '-  Ibid.  4s. 

—  6  Voir  KPiMEi.f:TAi,  p.  670,  l*;ii  tout  cas,  le  tirage  au  sort  est  admis  par  SundwaM, 
/.  c.  p.  35.  —  7  Arisl.  rtesp.  Mb.  3U.  —  »  (Mut.  Pericl.  ±1  ;  cf.  liusolt,  III,  i,  (i.  S5I), 
noie.  —  SDcin.  C.  Mid.  133.  —  «OTIiuc.  VI,  4S,  02;  VIII,  30.  —  u  .-Escli.  ■'Sept.  55- 
50,  :)7i;,  «2-453,451,  450-458,  720.  Cf.  Eurip.  Mes.  343.—  H  .Sept.  414.—  nDem. 
De  aymm.  1».  —  Il  Ibid.  19.  -  li  Ibid.  21  ;  cf.  C.  Euerg.  et  Mnesih.  21.  Voir 
cependant  Uaresle,  Plaid,  civ.  de  Dhn.  I,  p.  383.  —  '6  Ibid.  22-23.  —  n  Voir 
V.  Foucart,  Mém.  sur  les  col.  atb.  au  v  el  au  iv*  5iéc/e,  dans  les  Além.  présentés 


nombre,  doivent  être  réparties  par  «  quinzaines  »  entie 
les  vingt  symmories,  et  à  raison  de  trois,  une  de  cha(|ue 
catégorie,  entre  les  cinq  groupes  de  chaque  symmorie '''. 
A  chacun  des  cent  groupes  doit  être  attribué  un  centième 
de  la  fortune  publique,  un  capital  imposable  de  soixante 
talents  '''.  Le  recouvrement  par  les  Iriérarques  des  agrès 
non  rendus  doit  être  partagé  par  lots  égaux  entre  les  dix 
épimélôtes  des  arsenaux  maritimes,  puis  entre  les  sym- 
mories el  les  groupes '\  Dix  emplacements  avec  trente 
cales  doivent  être  assignés  aux  dix  tribus  dans  le  port 
de  guerre.  Les  vingt  symmories  doivent  être  réparties 
deux  à  deux  entre  les  dix  tribus  ;  chaque  cale,  devant 
contenir  Irenle  trières,  doit  être  divisée  en  trois  tritlyes 
réservées  chacune  à  l'une  des  trois  catégories'".  Toute 
cette  organisation  doit  se  faire  par  tirage  au  sort. 

§  4.  Les  clérouquies.  —  L'État  tirait  au  sort  les  avan- 
tages qu'il  faisait  aux  citoyens  dans  les  colonies  ou  clé- 
rouquies. Les  lots  découpés  sur  la  terre  étrangère  étaient 
toujours  tirés  au  sort,  comme  l'indique  le  mot  qui  les 
désigne,  xÀT,po;"  ;  mais  on  connaissaildeux  modes  d'assi- 
gnation :  s'il  y  avait  de  quoi  pourvoir  tout  le  monde,  sur- 
tout en  pays  barbare,  les  lots  étaient  répartis  par  le  sort 
entre  les  citoyens  qui  se  présentaient;  si  le  nombre  des 
lots  était  limité  d'avance,  surtout  en  pays  grec,  ils  étaient 
distribués  à  ceux  des  postulants  que  désignait  le  sort. 
D'après  le  décret  sur  la  clérouquie  de  Bréa,  pour  oblenir 
une  part,  il  suffisait  d'abord  d'être  citoyen  ;  mais  un 
amendement  fut  voté  aux  termes  duquel  il  fallait  appar- 
tenir aux  classes  pauvres  des  Ihèles  el  des  zeugiles".  Au 
contraire,  les  paris  faites  à  Salamine  "'  el  dans  la  plaine 
de  Chalcis"  vers  la  lin  du  vi'"  siècle,  à  Égine  du  temps 
de  Périelès-',  furent  assignées  par  le  sort  à  un  nombre 
fixe  d'Athéniens,  ainsi  que  les  rentes  annuelles  de  deux 
cents  drachmes  qu'on  concéda  sur  les  propriétés  de 
Mitylène  réduites  à  l'étal  de  fermes  ^^ 

S  5.  Le>i  concouru.,  etc.  —  Le  règlement  des  concours 
gymniques  réclamait  à  chaque  instant  un  tirage  au  sort  : 
la  coutume  homérique  n'avait  fait  que  se  dévelo])per  dans 
la  tradition  olympiqui;.  L'institution  des  concours 
cycliques  el  dramatiques  appliqua  le  même  principe. 
C'est  probablement  le  sort  qui  désignait  les  tribus  qui 
avaient  à  fournir  un  chœur  d'enfants  ou  un  chœur 
d'hommes  pour  l'exécution  des  dithyrambes^'  ;  c'est  lui 
qui,  au  temps  de  la  synchorégie,  accouplait  les  tribus 
chargées  de  faire  la  dépense  en  commun  ".  Dans  les 
concours  cycliques  el  vraisemblablement  dans  les  con- 
cours dramatiques,  l'archonle  adjugeait  les  didascales 
aux  chorèges  par  la  voie  du  sort,  c'est-à-dire  qu'il  tirait 
au  sort  l'ordre  dans  lequel  chaque  chorège  devait  choisir 
son  didascale  ■".  Au  iv"  siècle,  quand  le  rôle  de  flûtiste 
eut  grandi  dans  le  dithyrambe,  on  procéda  de  la  même 
façon  pour  l'attribution  du  (1  ù liste  aux  chœurs  des  Irib us -°. 
Pour  les  représentations  dramatiques,  les  poètes  du 
v»  siècle  recevaient  du  sorlleur  protagoniste  ^^  Les  rangs 
des  chœurs  dans  le  programme  du  concours  étaient  fixés 

par  div.  San.  a  IWciid.  des   Jnscr.  1"  série,   l.    IX,    l'«  partie  (187»),   p,   333  sq, 

—  ISiMicliel,  72,  A,  I,  1  sij.  ;  £i,  1.  8  si|.  —  '''/nser.  -/;•,  I  .Suppl,  I  «  ;  voir  I',  loucart, 
Huit,  de  corr.  hell.  \U  (1888).  p,  4  .si|.  Cf.  Scliol,  Hind,  Kein.  Il,  l'J,  —  2u /lilian. 
Var.  Iiist.  VI,  1  ;  lier.  V,  77  ;  VI,  100.  —  21  Mut,  Pericl.  34.  —  22  Tliuc.  III,  50. 
._  23  Cf.  Keiscli,  art.  Xoçix«',  àYJvi;,dan5la  Itealencycl.  de  l'auly-Wissowa,  p.  2432. 

—  2'.  Antipli.  Ve  chor.  II.  Voir  chohf.gia,  p.  11  l'J.  —  2â  Anliph.  t.  c.  ;  cf.  Arislopli. 
Al'.  I4IJ4.  Voir  oHoHcciA,  p,  H18;  Navarre,  Dionysos,  p.  27.  —  26  Dein.  C.  Mid. 
13.  Voir  CHOBF.GIA.  (.  c.  —2'  liesycli.  .!,  i).  vi^oiî  ;i!o«f.T.;v;  i'hot,  Suid,  s.  v. 
v,,i;..7c,;.  Voir  Hohde,  ltbe,n.  A/us.  XXXVIII.  p.  273  sq,  ;  Navarre,  Op.  cit.  p.  25, 
27;  HisTiiiu,  p,  213, 


SUR 


1414  — 


SOU 


par  le  sort  :  les  poètes  trouvaient  que  c'él;iil  un  avantufïe 
d'être  Joué  le  dernier'.  Les  juges  étaient  liré's  au  sort 
sur  une  double  liste  de  proposition  dressée  en  partie  par 
les  membres  du  Conseil,   en   partie  par  les  cliorèges^ 

L'n  curieux  exemple  de  tirage  au  sort  est  celui  que 
présente  le  règleuienl  des  astynonies.  Ces  fonctionnaires 
sont  chargés  de  veiller  à  ce  que  les  joueuses  de  tlùte,  de 
harpe  et  de  cithare  ne  soient  pas  louées  plus  de  deux 
drachmes.  Si  Ton  est  plusieurs  à  se  disputer  la  même 
artiste,  les  astynomes  l'adjugent  par  le  tirage  au  sort-'. 
Ce  qui  est  remarquable  dans  ce  cas,  c'est  que  le  tirage  au 
sort  est  destiné  à  empêcher  les  prix  de  monter  au-dessus 
du  maximum  légal  et  la  loi  de  l'olTre  et  de  la  demande 
de  produire  ses  pleins  ellVts. 

IV.  Le  tih.\ge  au  sokt  dans  les  subiuvisions  de  la  cité 

ET  LES  SOCIÉTÉS  PRIVÉES  A  ATHÈNES.  —  !;  1    i-<l  tl'ibu.  —  Le 

tirage  au  sort  tenait  une  grande  place  dans  la  vie 
interne  des  dix  tribus.  Dès  l'origine,  leur  formation 
territoriale  est  due  à  la  d('eision  du  sort.  Clistliènes 
voulut  que  chacune  d'elles  comprît  trois  trittyes,  c'est- 
à-dire  trois  des  dix  parts  faites  respectivement  dans  le 
district  urbain,  dans  la  Paralie  et  dans  la  Mésogée  :  les 
trente  trittyes  furent  réparties  entre  "les  tribus  par  le 
sort'.  LIlippothoonlis,  par  exemple,  se  composa  du 
Pirée,  d'Eleusis  et  de  Décélie.  La  tribu  avait  à  déléguer 
tous  les  ans  un  de  ses  membres  dans  chacun  des  innom- 
brables collèges  de  dix  membres  :  si  elle  ne  le  lirait  pas  au 
sort  directement,  elle  proposait  ses  candidats  pour  le 
tirage  au  sort  et  souvent  par  le  tirage  au  sort.  Comme  la 
cité,  pour  la  nomination  de  ses  prêtres  elle  s'en  remettait 
aux  dieux  ''. 

S  '■2.  Le  flème.  —  Dans  le  dème,  comme  dans  la  tribu, 
on  avait  déjà  fort  à  faire  avec  le  tirage  au  sort  des  magis- 
tratures publiques.  Sans  doute  certains  actes  de  corrup- 
tion avaient  fait  diminuer  à  cet  égard  les  attributions  du 
dème;  elles  n'en  demeuraient  pas  moins  considérables, 
puisqu'on  continuait  de  tirer  au  sort  sur  les  dèmes  les 
cin(i  cents  membres  du  Conseil  et  les  cinq  cents  gardiens 
des  :irsenaux°.  Mais  les  dèmes  étaient  des  communes 
qui  avaient  leur  administration  propre  :  il  y  avait  là  de 
quoi  donner  amplement  satisfaction  au  goût  athénien 
pour  le  jeu  de  la  fève.  Encore  que  l'àp/ovTojv  àyoci  s'appe- 
lât aussi  àp/atpEaiai,  on  s'y  occupait  bien  plus  de  tirage 
au  sort  que  de  scrutin  ',  et  le  scrutin  ne  servait  la  plupart 
du  temps  ([u'à  la  présentation  des  candidats  pour  le  tirage 
au  sort  (-poxperi;).  Le  sort  désignait  le  démarque'  et  le 
trésorier",  au  moins  dans  certains  dèmes,  comme  il 
désignait  Teuthyne  et  le  logisle '"  ou  même  les  person- 
nages chargés  exlraordinairement  d'administrer  des 
fonds".  Les  fonctionnaires  de  caractère  religieux 
semblent  avoir  été  tirés  au  sort  dans  tous  les  dèmes'-. 
On  voit  les  gens  d'IIalimonle  choisir  quatre  des  leurs 
dans  les  familles  les  plus  nobles  et  tirer  au  sort  un  des 


>  Arislopli.  Eccl.  115s  s.|.  —  5  |.ys.  De  vuln.  :i  :  Isocr.  Trapez.  33-3i. 
Voir  KHiTAi.  —  a  Arisl.  ftcsp.  Atl,.  50.  —  *  Ibid.  î\.  —  ^Iiiscr.  gr.  I  SuppL 
5.56  c,  I.  3.  —  6  Arisl.  Ilesp.  Alli.  Ci;  cf.  Aescli.  C.  Ctes.  33.  —  ^  Cf.  his.  gr. 
il,  588,  I.  13.  —  8  Ibiil.  Il  Suppl.  374  A,  I.  3  (Eleusis).  —  9  Ibid.  W,  570  (Hlolhcia). 
l.aconjecUired'O.MQller,  De  demis  atl.  p.  50,  csl  ainsi  conlirmée.  Cf.  V.voil  SchiiflVr, 
ni.  iiii«»i  dans  la  Itealencycl.ie  eaiily-Wissowa,  p.  IG.  Conlra  :  Haussoulliei',  Op. 
cit.  p.  58  ;  Busoll,  Gr.  Slaatsall.  p.  SU.  —  m  Cf.  Haussoullier,  Op.  cil.  p.  81  ; 
V.  voDScllAITcr,  l.c.  -  Il  Michel,  liU.I.  M  (['lollicia  ;  cf.  Haussoulliir,  Op.  cit. 
p.  "3    —  '2  Voir  Haussoullier,  (Jp.  cit.  p.  137  si|.;  V.  von  Scliôller,  /.  c.  p.    17. 

—  13  (Demi,  f.  Eubnl.  4C-49,  (<i.  —  U  Is.    VIII,  l;i-20.  —  l".  lnscr.gr.  Il,   561. 

—  16  Suid.  ».  r.  Cf.  E.   Kocli,  dans  les  (ir.  f!tud.  f.  Herm.  Lipsius.  Leipz.    1894, 
p.  Il  s<i.  —  !■;  llarp.  s.  V.  Y..,r,t.;;  Le»,  l'aliu.  dans  le  Bu.ll.  decurr.  liM.  I  (1877), 


quatre  pour  le  sacerdoce  d'Héraclès",  les  gens  de  Pitlhos 
choisir  les  femmes  parmi  lesquelles  seront  tirées  au  sort 
les  deux  organisatrices  des  Thesmophories 'S  les  gens 
d'Aixonè  tirer  au  sort,  sans  doute  parmi  les  candidats 
choisis  préalablement,  quatre  sacrificateurs  pour  le 
sanctuaire  d'Hébé' '.  En  un  mot,  le  'ki^titx^/iy.'ji  Yia|j.[jLaTïtov 
ou  registre  des  déinotes  servait  si  souvent  à  l'opération 
du  tirage  au  sort,  qu'on  a  pu,  par  une  étymologie 
erronée,  chercher  l'explication  de  ce  terme  oliscur  dans 
celte  opération  même"'. 

!^  3.  Los  sociétés  pricées.  —  Les  sociétés  moindres  que 
le  dème  désignaient  également  leurs  fonctionnaires,  sur- 
tout ceux  du  culte,  par  voie  de  tirage  au  sort.  En  règle 
générale,  les  y^vï,  nommaient  ainsi  leurs  prêtres''.  Ils 
choisissaient  donc  parfois  ainsi  les  dignitaires  de  cultes 
familiaux  adoptés  par  la  cité  :  par  exemple,  le  prêtre  de 
Poséidon  était  tiré  au  sort  dans  le  y^^oî  des  Étéoboii- 
lades",  l'hiérophante  des  mystères  éleusiniens  dans  le 
yévo;  des  Eumolpides  et  probablement  le  dadouque  dans 
le  yévoç  des  Kérykes".  Des  orgéons  liraient  au  sort  leur 
prêtresse'";  des  liiiasotes,  leur  prêtre  et  leurs  sacrifi- 
cateurs-'. D'après  le  règlement  des  lobacchoi,  l'eucosmos 
était  désigné  par  le  sort  ou  nommé  par  le  prêtre,  c'est-à- 
dire  choisi  par  le  dieu  ou  par  son  représentant,  et  les 
rôles  des  divinités  représentées  dans  les  fêtes  étaient  lires 
au  sort  parmi  tous  les  sociétaires  ".  A  l'époque  impériale 
on  voit  un  éranos  tirer  au  sort  tout  son  personnel  de 
fonctionnaires,  ràp/EpavKrT/,;,  le  ypa(i.[jaT£Ûç,  les  xaatai,  les 
(TÙvotxat  ;  il  n'y  a  d'exception  que  pour  le  protecteur  et 
patron  de  la  société,  le  itpocTiTYiÇ  '-'. 

V.  Le  TIRAGE  AU  SORT  EN  DEHORS  d'Atuènes.  —  \'A\  deliors 
d'Athènes,  le  tirage  au  sort  occupait  une  grande  place  dans 
nombre  de  cités  II  est  naturel  (|ue  les  Alliéniens  l'aient 
propagé  sous  forme  d'institution  politique  dans  les  villes 
qui  dépendaient  d'eux.  La  conslilulion  imposée  à  Éry- 
thrées  vers  400  déclare  qu'un  Conseil  de  cent  vingt  mem- 
bres âgés  au  moi  ns  de  trente  ans  sera  nommé  parle  système 
de  la  fève  ;  le  tirage  au  sort  doit  être  opéré  la  première  fois 
par  les  fonctionnaires  athéniens,  les  épiscopoi  et  le  phrou- 
rarque,  puis,  d'année  en  année,  par  le  phrourarque  et  le 
Conseil  en  charge-'.  11  est  probable,  d'ailleurs,  qu'Éry- 
Ihrées  tira  au  sort  dorénavant  plusieurs  magistratures '-^. 
.\  Délos,  comme  au  Pirée,  un  greffier  xXy,pcoto;  est  men- 
tionné avec  un  collège  d'agoranomes  ".  Il  semble  aussi 
que  les  Athéniens  aient  souvent  établi  dans  les  clérouquies 
et  dans  les  villes  de  la  confédération  le  système  judiciaire 
que  caraclérisail  le  tirage  au  sort.  De  là  vient  la  scène 
comique  où  Aristophane  représente  avec  une  paire  d'urnes 
(xiôto)  l'épiscopos  envoyé  à  Néphélococcygie-'. 

Mais  le  tirage  au  sort  se  retrouve  dans  bien  des  cas  où 
l'intluence  atliénienne  n'esl  pour  rien.  D'après  une  tra- 
gédie perdue  de  Sophocle,  les  Étoliens  auraient  de  tout 
temps  désigné  leurs  magistrats  par  ce  procédé  (xu-ijAio 


p.  15J.  Voir  Mariha,  Les  sarerd.  atli.  p.  23-37.  —  l'il'inl.)  Vit.  dec.  ornt.,  Lyc 
39,  p.  843  E;  cf.  Lcx.  fatm.  /.  t.  Voir  Marllia,  Op.  cit.  p.  3t-35:  I'.  Foucarl, 
Bull,  de  eorr.  hell.  XII  (1888),  p.  331.01ijeclions  présenlcesparTnpffer,  .4 M.  Geimil. 
p.  ii4  sq.  ;  cf.  EtpATiiiDAi,  p.  859.  —  19  L.x.  Palm.  /.  c.  ;  cf.  P.  Foucarl,  ip( 
grands  myst.  d'Eleusis,  Personnel^  cérémonies,  p.  24.35,  47.  —  20  y^scr.  gr.  Il, 
619,  I.  4,  10;  022.  I,  5  ;  023,  1.  4,  6,  13,  62),  I.  6,  8,  16.  —  21  Michel,  978,  I.  13, 
29  ;  973. 1.  28  :  976, 1.  38.  —  22  Diltcnberger,  73S,  I.  136-137,  123  sq.  —  23  Jnscr.  gr. 
III,  23,  I.  37  ;  cf.  Fr.  Pohind,  Gesch.  des  griech.  Vereinstresens,  Leipz.  1909, 
p.  416.  _  2»  Dillcnberger.  8,  1.  7  sq.,  11  si|.  :  cf.  P.  Guiraud,  (.  c.  p.  1!>3. 
-•2»-A«r,.S,  XX  (1908),  p.  190,  n"  5.  —  20  B„ll.  ,1e  corr.  hell.  Xlll  (ISSO),  p.  410; 
cf.  Inscr.  gr.  Il,  861.  —  27  /nscr.  gr.  I,  28,  2<J  ;  Suppl.  p.  12  ;  Arislopli.  .4!'.  1032, 
1053;  cf.  Busoll,  Gr.  Gesch.  III,  i,  p.  431. 


SOR 


—  1413 


SOR 


TtaTO'oj)'  ;  toutefois  le  poète  a  pu  très  bien  allrilnier  en 
passant  une  institution  athénienne  à  un  peuple  si'>^c,  et 
Polvbe  mentionne  seulement  des  àç/aipediai  de  la  ligue 
italienne  à  Thermos-.  Mais  à  Delphes  le  Conseil  était 
composé  de  trente  membres,  probablement  désignés  par 
le  sort'.  Un  décret  de  Ténos  mentionne  ttiv  pojXv.v  xai 
-où;  ïp/o-ïTaç  Toùç  kû  Àa/ovTa;'.  A  Magnésie  du  Méandre, 
un  document  officiel  dislingue  toù;  ïp/ovraç  toù;  -s. 
ys'.ooTovYiTOj;  y.x:  to'j;  x).r|pioToù; °.  A  Syracuse,  la  réforme 
(ie  Dioclès  introduit  le  tirage  au  sort  des  magistratures, 
ce  qui  n'empêche  pas  les  riches  de  rester  maîtres  du  gou- 
vernement'. .\  Tarente,  l'oligarchie  fil  mieux  :  tous  les 
collèges  de  magistrats  furent  dédoublés,  les  places  étant 
assignées  moitié  au  choix,  moitié  au  sort,  et  de  celte 
façon,  dit  .\rislote,  les  fonctions  furent  accessibles  au 
jicuple  el  cependant  bien  remplies  '.  Pour  mettre  un 
terme  aux  intrigues  des  élections,  on  prit  une  mesure 
radicale  à  Hèraia  en  Arcadie  :  on  décida  de  tirer  au  sort 
toutes  les  fonctions'.  En  Élide,  les  Hellanodikes  sont 
tirés  au  sort  dans  la  classe  qui  possède  la  plénitude  des 
droits  politiques  '.  Thèbes,  au  temps  de  Plutarque, 
semble  avoir  eu  un  archonte  xuàuiTTo;'".  Les  élections 
elles-mêmes  pouvaient  nécessiter  un  tirage  au  sort  :  quand 
les  candidats  avaient  obtenu  le  même  nombre  de  voix,  il 
est  probable  que  souvent  on  en  appelait  au  sort,  ainsi 
qu'il  est  formellement  prescrit  dans  un  d('crel  d'Ioulis  ". 

Le  tirage  au  sort  appliqué  soit  à  la  désignation  des 
jurés,  soit  à  la  répartition  des  Jurys  entre  les  magistrats 
présidents,  soit  à  la  distribution  des  tribunaux  ou  des 
afrairesà  juger,  se  retrouve  également  d'un  bouta  l'autre 
de  la  Grèce,  sur  le  continent,  dans  les  îles,  en  Asie- 
Mineure.  Pour  prononcer  entre  Xaxos  et  Paros,  les  Éré- 
Iriens  tirent  au  sort  un  tribunal  arbitral  de  trois  cent 
un  juges'-.  La  convention  de  sympolilie  intervenue 
entre  les  deux  villes  phocidiennes  de  Médéon  cl  de  Stiris 
décide  que  l'hit-rotamias  de  Médéon  s'adjoindra  aux 
archontes  de  Stiris  pour  «  tirer  au  sorl  les  dicaslères  qui 
devront  être  tirés  au  sorl  »  ".  Dans  une  inscription  de 
Lindos  il  est  également  question  déjuges  tirés  au  sorl  '*. 
Une  loi  d'Éphèse  demande  que  le  sorl  répartisse  les 
trenle  commissaires  chargés  d'exécuter  certaines  déci- 
sions de  la  justice  en  groupes  de  cinq  el  (|u'il  partage 
les  affaires  entre  eux  '". 

Le  tirage  au  sorl  des  fonctions  religieuses  est  plus 
répandu  encore.  Comme  le  disent  les  inscriptions,  c'est 
la  divinité  qui,  parle  sort,  proclame  le  prêtre  (iTtooEt/Se'iç 
0:rb  Tï;  OsoO  S'.i  toO  xHoo'j  iepEÛç)  ;  on  est  «  prêtre  par  la 
volonté  de  Dieu  »  ('upsùç  xaTÎ  ttjv  tou  OsoO  PoùXyiIiv) '^.  On 
nomme  d'après  ce  principe  la  prêtresse  de  Gaia  à  Aigai 
en  Achaïe'',  le  prêtre  de  Dionysos  à  Délos  "*,  celui  des 

I  Sopli.  ap.  Hovcli.  s.  V.  »»«]<.■.'  s»!?'»-  ^'oiT  Baiin,  Jlém.  sur  l'Élolie,  dans 
les  Arch.  îles  miss,  scient,  i*  série,  l.  I,  p.  ?64  ;  M.  Dubois,  Les  ligues 
ttot.  et  oc/i.  p.  194-195.  —  2  Polyb.  Il,  i,  8,  Il  ;  IV,  37,  i;  67,  I.  —  3  Eurip. 
lon^  ili»;  cf.   Bourguel,    L'admin.  financ,  du  saact.  pytk.  au  iv«  siècle,  p.   W. 

—  '>  Inscr.  gr.  XII,  v2,  801,  I.  15-i6.  —  5  Dillcoberger,  553,  I.  37-38.  —  6  Diod. 
XIII.  3V;  cr.  Arisl.  Pot.  VIII  (V,,  m,  0  ;  iv,  5.  Voir  CJrolf,  éd.  I8r,9,  l.  X,  p.  151. 

—  ^  Arisl.  Pol.  VII  (VI),  lu,  5.  —  »  Ibid.  VIU  (V),  ii,  9.  —  9  Paus.  V,  9,  5;  cf. 
riiiloslr.  Vil.  Apollon.  III,  30.  Voir  Schôniaou,  Gr.  Alt.  Irad.  Il,  p.  64-65: 
PrtrsIpr,  Oe  Hellanodicis  ol'/mpicis,  l.ips.  1H79,  p.  18-iO  ;  Clirlius,  Der  Synn- 
koismos  ron  Elis,  dans  les  Silztmgsber.  d.  Ilerl.  Akad.  1895,  p.  799  ;  HEr,i,AJo- 
i.iKAi;  Ijloli,  llef.  des  it.  ijr.  .XVI  (1903),  p.  131  sq.  —  10  Plul.  De  ijenio  Socr.  31, 
p.  597  A.  Voir  .%bcho>ti!S,  p.  3S7.  —  H  Jnscr.  gr.  XII,  v',  595,  I.  13-14,  —  12  Jbid. 
ri«.  I.  li  ;  cf.  Ad.  Wilhelin,  Heilr.  znr  griecli.  Inschriftenkunde,  p.  Mi.  —  "  Dil- 
Icnlicrger,  4i6. 1.  29s(|.  —  '^  /n«cr.  çr.  XII,  i,  55.  —  ^^  Inscr.  jiirid.  yr.,no  V.  1.  7  Sf|. 

—  16 /iijcr.  f/r.  XII,  111,  178,1.  4-5  (Aslypaléc)  ;  Bnll.de  corr.  /le».  XV  (18911,  p.  171 
fananiara.  —  '''  l'aus.  VII,  i3,  13.  —  '»  Michel,  103,  1. 19.  -  19  iiiscr.  gr.  XII,  /.  c 

—  20  lOid.  i,  833.  —  21  Hillcr  von  CHrlringcn,  Insclu:  ron  Priene,  SOS  (cf.  90)  ; 


TiiTv.oi  9î9!  à  .Vstypalée  ",  celui  dllèlios  et  sou  suppléant 
(iîrtXa/iûv)  à  Rhodes^".  Même  coutume  en  .\sie,  à  Priène, 
à  Pergame^'.  Elle  est  fermement  établie  depuis  le  Pont- 
Euxin  --jusqu'à  Syracuse -',  danslesanctuaire  de  Sérapis 
comme  dans  le  temple  de  Zeus.  En  Sicile,  on  pratique 
la  règle  de  l'élection  préalable  :  trois  noms  sont  pro- 
posés au  dieu,  qui  en  choisit  un  ".  Dans  l'ile  de  Cos, 
non  seulement  on  désigne  par  le  sortie  prêtre  d'.\pollon 
et  Héraclès  à  Halasarna  ;  mais  on  parvient,  pour  la  prê- 
tresse de  Démêler  à  Anlimachia,  à  combiner  le  tirage  au 
sort  avec  la  vénalité  des  sacerdoces,  en  ne  mettant  dans 
l'urne  que  les  noms  des  candidates  qui  se  sont  engagées 
à  payer  évenluellenienl  une  somme  fixée ■-^  Outre  les 
prêtres,  des  dignitaires  religieux  de  toutes  sortes  étaient 
tirés  au  sorl  :  à  Didymes,  le  prophète  de  Poséidon  -^  ; 
à  Andania,  les  liiéroi,  les  hiérai  el  les  vierges  saintes  -'  ; 
ailleurs,  les  commissaires  des  processions-*.  Naturel- 
lement, les  associations  imitaient  la  cité  dans  la  nomi- 
nation de  leurs  prêtres  -'■'. 

Dans  une  bonne  partie  de  la  Grèce  on  trouve  le  tirage 
au  sorl  appliqué  ;i  une  formalité  qu'.Mhènes  réglait  tout 
autrement.  D'après  une  règle  constante,  celui  qui  rece- 
vait le  droit  de  cité  devait  se  faire  inscrire  dans  une  des 
tribus  el  souvent  dans  l'une  des  subdivisions  de  la 
Iribu^".  Mais,  selon  les  villes,  lalribu  étailchoisie  parle 
naturalisé  ou  déterminée  parle  sorl.  La  formule  du  type 
athénien,  c'est  tp'jÀTiÇ  y,;  ïv  poû"Af|Toct  " .  Elle  est  en  usage 
dans  les  villes  Ihessaliennes  de  Larissa'^  et  de  Phaytlos", 
dans  les  îles  d'Égine",  deCéos'%  d'Andros^%  de  Ténos", 
de  Thasos '",  enfin  à  Byzance"  el  à  llion  "",  en  somme 
dans  la  partie  septentrionale  du  monde  grec.  Le  tirage  au 
sort  le  plus  simple,  celui  de  la  tribu  (èirtxXTipwTat  kn\  ou 
î!;  cpuXï|v),  est  prescrit  dans  les  décrets  de  Trézène",  de 
Dymè  en  Achaïe'-,  d'Iasos'',  de  Priène",  de  Smyrne'" 
el  probablement,  en  règle  générale,  dans  ceux  d'Aigialè 
d'Amorgos '*  el  de  Magnésie  du  Méandre'".  De  là  vient 
qu'à  Smyrne  le  registre  de  la  tribu,  analogue  au 
XT,;ia.p/ix()v  Ypau.u.aTE!ov  du  dème  altique,  s'appelle  xXyjpoj- 
TYiP'.ov.  Voici  déjà  des  formules  plus  compliquées  : 
à  Calymna**  el  à  Slratonicée  ",  le  sorl  assigne  au  nouveau 
citoyen  sa  tribu  el  son  dème  (ÈTtixXTipwTai  èni  <pu/,r|V  xai 
ofipiov);  à  Cos^°  el  à  Éphèse^',  sa  tribu  el  sa  chiliastys 
(â7iixXTfioo5(ja'.  eÎç  (]/uXï|V  xai  e-i;  yiXiafXTÙvl  ;  à  Mvlasa  °-,  sa 
Iribu  et  sa  syngéneia  (£7:ixXr,pà)(îa'.  ètiI  -zy^m  (suXyjv  xa't 
au'1'is.yv.ixv).  Mais  à  Olymos  ^^  le  sorl  lui  désigne  les  trois 
groupes  dont  il  doit  faire  partie  (èitixXYipioda;  ètii  r-'r^-i 
ci,'jXr,v  xa'i  ij'j-cfevc.ix'i  xai  TixTpav),  el  à  Samos"'  les  quatre 
(Èit'.xXTipùifrat  ÈTt';  ïiuXy|V  xa';  /tXia^xùv  xa't  ÉxaTocTÙv  xai  ^évoi;). 
Dans  certaines  villes,  les  décrets  spécifient  le  ou  les 
magistrats    chargés    d'opérer    le    tirage    au    sort,   par 

Micbel.  7i9.   —  22  Uitleobcrger,  312,    I.   12.   —  21  ci'-.     1  eir.  Il,  51.  —  2i  Jbid. 

—  25  ralon-Hicks,  Jnscr.  of  Cos,  367,  I.  91  sq.;  Ditlcnberger,  591,  I.  4.  —  2C  Corp. 
inscr.  gr.  2884  :  cf.  2880.  —  27  Miclicl,  694,  I.  6  se).  ;  130,  I.  32.  —  2»  Jlei:  des  et.  gr. 
V  (1892),  p.  341,  I.  11  sq.  —  29  lnscr.gr.  XII,  m,  178.  1.  4;  Arch.rp.  ilitt.d.  ôsterr. 
Jnst.  XI(I887),  p.  48,  n"  60.  —  30  Voir  Szanlo,  Dos  gr.  Bùrgerreclit,  p.  54-50 

—  31  Cf.  S.  Reioacli.  Traité  d'épigr.  gr.  p.  371.  —  32  Inscr.  gr.  IX,  ii,  517,  1.  19. 
_33/6irf.489.  I.  18.— 34Corp.  inscr.  yr.21394.  —  35Micbel,403,  404  •,ynscr,jr.  XII, 
ï2.  1001.  —  ™  Michel,  397(niieux  dans  Jnscr.  gr.  XII,  vl,  717,  I.  7).  —  31  Inscr.  gr 
XII,  v2,  825,1.27  ;  826,1.  22;  798  sq.  —38  Cor/i.  inscr.  gr.  2161 . —39  Corp.  inscr.  gr. 
2060  ;  cf.  Sianto,  Op.  cit.  p.  56,  u.  8.  —  W  Michel,  327.  —  "  Michel,  176.  —  *2  Dil- 
lenbcrger,  468,  I.  29  sq.  —  »3  Michel,  47il,  I.  29.  —  »'  Inschr.  von  Priene.  12,  I. 
21  sq.,  31  sq.  —  45  Michel,  19,  1.  53  sq,  I.  75.  —  W  Corp.  inscr.  gr.  XII,  vu,  392,  1.  16. 

—  i'i  0.  Kern,  Inschr.  von  Magnesia  am  Mrander.  2,  1.  21  ;  5,  I.  31;  9,  I.  27;  10, 
I.  27;  12,  I.  12.  —M  Michel,  418,  420,  421;  Gr.  inscr.  inthe  Brit.  Mus.  232,  234, 
236,  240,  213,  249  a,  233,  254,  271,  276,  277.  —  "  Papers,  \,  p.  18.  —50  Bull,  de 
corr.  hetl.  V  (1881).  p.  210.  —  si  Michel,  488,  492-494.  —  53  LeBas-Waddinglon,  360. 

—  53  Ibid.  334.  —  51  Michel,  366-368  ;  JUitth.  d.  arch.  Inst.  IX  (1884),  p.  194  sq. 


SOR 


1410  — 


SOR 


oxcinpli',  les  essi'iu'.s  à  Kpliôsc',  le  décades  ;ï  Trézèiie. 
Le  peuple  de  Dymè  conlie  la  lâche  à  l'ensemble  de  la 
-j'jvxp/t'a  et  indique  dans  (juel  ordre  les  tribus  seront 
tirées  tiu  sort.  A  Smyrne,  lors  de  la  sympolilie  conclue 
avec  Magnésie  du  Méandre,  ce  furent  les  commissaires 
ou  kUTxiTOLi  nommés  à  cette  occasion  qui  répartirent  les 
noms  des  Magnétes  entre  les  xXripioTV,?ia  des  tribus.  Sou- 
vent il  est  ordonné  que  la  stèle  où  sera  gravé  le  décret 
lionorilique  portera  en  sus  le  procès-verbal  de  l'opération 
avec  mention  du  résultat:  cette  disposition  est  formelle- 
ment insérée  dans  le  décret  même  à  Friène  (ÈTtiyp'xAït  oà 
stç  T7)v  TT/iX-^iv  T/jV  çuÀYiv  Ètp  '  7)7  ïv  £7rixXr|pu>fJ-f|i)  ',  à  Trézèno, 
à  Épliése '•',  à  Caiymna  et  à  Magnésie-',  elle  est  sous- 
entendue,  puisiiue  le  décret  est  suivi  du  procès-verbal 
('éXï/e),  avec  le  nom  de  la  tribu,  de  la  chiliaslys  et  du 
dème  tirés  au  sort.  11  faut  observer  que  dans  les  villes 
où  le  tirage  au  sort  était  de  règle,  il  pouvait  arriver  qu'un 
décret  exceptionnel,  en  accordant  le  droit  de  cité  au  fils 
d'un  citoyen  naturalisé  ou  d'une  citoyenne,  lui  assignât 
d'office  la  tribu  de  son  parent  (à  Caiymna*,  à  Aigialè), 
ou  bien  que,  fiour  honorer  plus  spécialement  le  nouveau 
citoyen,  on  l'autorisât  à  se  choisir  sa  tribu    à  Magnésie). 

Les  moindres  détails  de  la  vie  publique  comportaient 
le  recours  au  sort.  C'était  un  principe  général,  en  Grèce, 
de  laisser  prononcer  le  sort,  si  les  votes  étaient  également 
partagés  dans  l'assemblée  ou  au  tribunal  '.  A  l'armée, 
il  est  de  règle  que  le  partage  du  menu  butin  se  fasse  par 
tirage  au  sort  entre  tous  les  soldats  qui  ont  fait  campagne, 
après  prélèvement  de  la  dime  en  faveur  des  divinités ''. 
Cette  règle  est  si  bien  entrée  dans  les  mœurs,  qu'elle 
s'impose  en  Crète  aux  cités  unies  par  un  traité  d'iso- 
politic  et  les  oblige  à  se  partager  le  butin  proportion- 
nellement au  nombre  des  hommes  mis  en  ligne'. 
Partout,  dans  les  repas  qui  suivaient  les  sacrifices,  les 
parts  découpées  sur  la  victime  étaient  tirées  au  sort*. 
De  ci  de  là,  le  procédé  traditionnel  s'applique  aux  cir- 
constances les  plus  diverses.  A  Tlièra,  on  tire  au  sort  les 
citoyens  qui  s'établiront  en  Afrique';  chez  les  Lacédé- 
moniens  '",  chez  les  Âchéens",  les  soldats  qui  occuperont 
un  poste  périlleux'-.  Il  arrive,  à  Sparte,  que  les  éphores 
tirent  au  sort  le  membre  de  la  gérousia  qui  soutiendra 
une  proposition  devant  le  peuple  ''.  Quand  Rhodes  régle- 
mente la  fourniture  de  l'huile  dans  le  gymnase,  elle 
décide  de  tirer  au  sort  les  jours  de  vente  entre  les 
marchands  autorisés".  Les  statuts  de  l'oracle  pythique 
prescrivent  de  fixer  par  le  sort  l'ordre  des  consultations  ''. 
A  Andania,  les  liiérai  et  les  vierges  saintes  ont  dans  la 
procession  les  places  que  le  gynéconomeleur  assigne  par 
tirage  au  sort  '°.  Dans  une  fête  célébrée  tous  les  60  ans, 
les  Béotiens  tirent  au  sort  les  statues  qu'ils  porteront  et 
les  rangs  (|u'ils  doivent  occuper  dans  la  procession  '\ 

Dans  les  jeux  gymniques,  on  tire  au  sort  pour  apparier 
les  concurrents.  Lucien  décrit  minutieusement  l'opéra- 


I    Michel,  4'Ji,  VJ'J  —  2  Miciicl,   im,  493,   4'J4-.  —  3  L.    c.    5,    1.   35;    9,    1.  31  ; 

10,  I.  33  ;  cf.  /mer.  gr.  XII,  v2,  >i71,  1.  14.  —  »  Miclid,  419  ;  cf.  Sïaiilo,  Op.  cil. 
p.  3S.  —  ■■'  Ari-.t.  Pol.  VU  (VI),  1,  14.  —  6  Cf.  lier.  IX,  «1  ;  Diod.  XI,  33,  1  ; 
Si,  5  ;  cf.  liarllicleiny,  Sur  le  fiarlai/e  du  butin  elle:  les  anc.  peuples  [Œu- 
vres die.  IS23,  t.  II.  p.  19-42).  —  1  Miclii>l,  IC,  I.  52-.Î7  (hiunsos  el  Hiéra- 
pylua);  Gr.  Uiul.-lmchr.  5073,  I.  17-SO,  où  il  faut  lire  m  îlialii.)  n-iSaxiça. 
[nisJi'Sa;  àit[o»kiio.;.i><ti  tl  n^]  «oiyi.  «'.  liii.;  |ii,j)>eii>iuvT«t  (LatoS  et  Olous)  ;  Mon. 
■ml.  XVIII,  1  (1907),  p.  311,  n»  17  (Uortyne  et  Cnossos).  —  8  Hynm.  in 
Iferm.  li'.l;  (Xen.)  Jlesp.  Alli.  II.  9;  Flul.  ((uaf«^  eonviv.  X,  1,  p.  042  F  ; 
Poil.  VI,  3.1.  —  !>  lier.    IV,    1S3;    cf.  I,    94.  —  '0   Tliuc.   IV,    8.   —    H    Polyb. 

11,  an,  i.  —  1-  Le  tirage  ait  sort  attribué  aux  l'Ialéens  dans  (Dem.)  C. 
Neaer.  103,  n'est  pas  conforme  au  récit  de  Tliuc.  III,   -O.  —  i:i  plut,   l^raec.. 


Fig.  6521.  —  Tirage  au  sort  pour  les  atlilctes. 


tion,  telle  qu'elle  se  pratique  à  Olyinpie  [oLVMPiA,p.  187]. 
On  apporte  une  urne  d'argent  (xiXTti;)  consacrée  au  dieu. 
On  y  met  de  petits  jetons  de  la  grosseur  d'une  fève,  avec 
une  lettre  gravée.  Il  y  en  a  deux  qui  portent  un  A,  deux 
qui  ont  un  B,  deux  autres  qui  ont  un  P,  et  ainsi  de  suite, 
selon  le  nombre  des  athlètes.  Un  des  concurrents  s'avance, 
adresse  une  prière  à  Zeus,  plonge  la  main  dans  l'urne 
et  en  tire  un  jeton.  Puis  un  autre  en  faitaulant.  Debout 
auprès  de  chacun  d'eux,  un  masligopliore  lui  arrête  la 
main  et  l'empêche  de  lire  la  lettre  qu'il  a  tirée  (voir  la 
fig.  (15:21).  Quand  tous  ont  fini,  l'alytarque  ou  l'un  des 
Hellanodikes  fait  le  tour  des  concurrents  rangés  en  cercle, 
inspecte  les  jetons  et 
apparie  pour  la  lutte 
ou  le  pancrace  les 
deux  qui  ont  tiré  la 
même  lettre.  Si  le 
nombre  des  concur- 
rents est  impair,  on 
met  dans  l'urne  un 
jeton  dont  la  lettre 
n'a  pas  de  correspon- 
dante, et  l'athlète  au- 
quel il  échoit  s'assied  jusqu'à  ce  que  les  autres  aient  fini 
l'épreuve  éliminatoire.  C'est  une  grande  chance  d'être 
ainsi  l"É(f.e8poç,  celui  qui,  par  la  grâce  des  dieux,  attend, 
frais  et  dispos,  le  moment  de  lutter  avec  des  adversaires 
fatigués '*.D'01ympie  la  règle  du  tirage  au  sort  s'est  répan- 
due dans  toutes  les  palestres  du  monde  gréco-latin  :  on  la 
voit  appliquée  depuis  la  Lycie'^  jusqu'à  Rome  '".  Dans 
les  jeux  hippiques,  on  fixaitégalcment  par  le  sort  l'ordre 
dans  lequel  devaient  se  placer  les  cliars  '^'  [olympia,  p.  189'. 

Le  tirage  au  sort,  dont  l'emploi  est  si  fréquent  dans  le 
droit  public  des  cités  grecques,  sert  aussi  à  régler  cer- 
taines questions  dans  le  droit  des  gens.  Il  peut,  après  la 
conclusion  d'un  traité  de  paix,  désig-ner  celle  des  parties 
contractantes  qui  doit  en  commencer  l'exécution  :  ainsi 
procédèrent  les  Athéniens  et  les  Spartiates  après  le  traité 
de  Nicias  ^-.  Il  peut  aussi,  dans  un  traité  d'arbitrage, 
désigner  la  cité  qui  doit  servir  d'arbitre:  cette  clause 
figure  dans  un  accord  intervenu  entre  Éplièse  etSardes". 

Un  peuple  aussi  habitué  que  les  Grecs  à  jouer  avec  le 
sort  en  trouvait  naturellement  dans  la  vie  privée  de  con- 
tinuelles occasions.  Le  moyen  était  si  commode  pour 
sortir  d'une  difficulté-',  pour  mettre  un  terme  aux  com- 
pétitions et  aux  rivalités,  pour  prévenir  les  conflits! 
Comme  au  temps  d'Homère,  quand  on  voulait  faire  un 
partage,  surtout  un  partage  de  succession,  on  déterminait 
les  lots  et  on  les  tirait  au  sort  :  à  Mylasa'",  même  à 
Athènes",  persistait  la  coutume  qui  avait  valu  au  patri- 
moine le  nom  de  xX-f|p&;,  et  dans  l'Egypte  plolémaïtiue  elle 
est  pratiquée  fréquemment-'.  A  partir  de  l'époque  romaine, 
abondent,  surtout  dans  les  villes  d'Asie,  à  .\phrodisias", 


ijer.    reip.  IV,  17,  p.  801    C.  —  H  Uilteubcrger,  549.  —  li>  .-fiscbyl.  b'um.  3u  sq. 

—  16  Miclicl,  694,1.  ïOsq.  —  "Pans.  IX,  3,6-7.  — ISLuciau.  Hermol.  iO  \cl.  Ditlen- 
berger,  6ii6, 1.  29  s(|.  ;  lusehr.  von  ithjmpia,  225.  I.a  scèue  décrite  par  Lucien  esl 
représentée  sur  un  bas-relief  (Gerhard,  Ant.  Bildie.  59,  2jf|ue  nous  reproduisons  à 
la  lig.   6521.   Voir  iuïmima.  p.  ISS.  —  19  Corp.  inscr.  gr.  4274.  —  2D  Ibid.  .5913. 

—  21  Soph.  El.  710.  —  22  Thuc.  V,  21,  33.  —  2^  DiUenberger,  Or.  gr.  inscr.  sel. 
437,  1.79-60.—  21  On  lire  au  sort  une  mission enibarrassanlc  (Soph.  ,lH(ii/.275,  396). 

—  2o  Inscr  jurid.  gr.  XIII  gnater,  B,  I.  3-4.  —  26  Cf.  Caillenier,  Le  dr .  de  success. 
lég.  a  Ath.  p.  31,  203  ;  diatêtai  p.  28  ;  Beauchet,  Le  dr.  privé  dfl  a  rêp.  ath.  III, 
p.  VU,  633.  —  ^T  Oxyrh.fap.  Il,n°274,  I.  4;  III,  n»  503,1.  8,  4,  9,  iO;  Gr.Pap.  in 
the  Brit.  Mus.  III,  n"  97«  ;  TeOt.  Pap.  Il,  no  382, 1.  5  sq.;  n«  383, 1.  1 1  sq.  —  28  Oull. 
de  corr.  hell.  IX  |IS85),  p.  77;  XIV  (1890),  p.  611  ;  cf.  Corp.  inscr.  gr.  2774-2773. 


S(»R 


l'i.17 


SOR 


;ï  Kplirso ',  clc,  les  fonilalifins  Icslami'iilaii'fs  qui  nul 
pour  oliji'l  (les  dislribulions  (i'arfçont,  appelées  xÀrçoi  : 
les  parts  en  tioiiibre  fixe  devaient  être  remises  à  des 
citoyens  tirés  au  sort.  Dans  la  Casiiia  de  Plaute,  co- 
piée sur  les  KÀTipo'VEvoi  de  Dipliilos,  des  rivaux  tirent 
dans  un  seau  d'eau  la  belle  qu'ils  convoitent'-.  Est-ce 
un  trait  de  mo'urs  populaires?  Est-ce  une  parodie  de  la 
l('gende  de  Crcsplionlc?  Le  doute  est  permis.  Le  sort 
réglait  même  les  questions  d'étiquette.  C'était  la  mode 
de  tirer  au  sort  les  places  dans  les  sijniposi/i  ',  les 
portions  dans  les  banquets*. 

On  voit  à  combien  d'emplois  variés  et  profanes  s'accom- 
modait, dans  les  maisons  des  particuliers  comme  au  grand 
jour  de  la  vie  publique,  une  coutumequi  fut  en  son  temps 
un  rite  religieux.  Gijsïavk  Glotz. 

UoMR.  —  Le  tirage  au  sort  a  joué  un  rôle  beaucoup 
moins  important  dans  les  institutions  romaines  que 
dans  les  institutions  grecques. 

\.  Dans  les  comices,  le  sort  désigne  la  tribu, 
la  centurie  qui  vote  la  première.  A  l{ome  et  dans  les 
municipes',  les  votes  des  sections,  curies,  tribus,  cen- 
turies, sont  proclamés  soit  dans  l'ordre  choisi  par  le 
président,  soit  surtout  dans  l'ordre  fixé  par  le  sort  [co- 
MniA,  p.  l.'W.'S,  1396].  A  Rome,  dans  les  comices  par  tribus, 
le  tirage  au  sort  désigne  la  tribu  où  doivent  voler  les 
Latins;  dans  les  comices  municipaux  la  curie  oii  peuvent 
voler  les  simples  incnlae,  ciloyens  romains  ou  latins^ 
[maoistratus  municipales,  p.  1544]. 

IL  La  formation  de  la  lisle  des  jurés  pour  chaque 
procès  criminel  a  lieu  à  Rome  selon  deux  procédés  : 
l'un  exceptionnel,  Vedilio,  l'aulre  habituel,  la  sortitio, 
tirage  au  sort.  Vedilio  est  la  présentation  des  jurés  par 
le  demandeur.  Elle  figure  dans  la  /ex  repelundartim  qui 
est  probablement  la  loi  Acilia  que  fil  voler  Gracchus  ^  ; 
d'après  une  inlerprélalion  S  chaque  partie  aurait  pro- 
posé 100  jurés  sur  la  lisle  générale  des  430,  aurait  pu 
en  récuser  50,  et  il  en  serait  resté  100,  auxquels  se 
seraient  ajoutés  quelques  noms  choisis  par  le  préteur 
lui-mèmi!;  dans  une  autre  hypothèse  °,  l'accusateur 
aurait  ch(jisi  à  son  gré  100  noms  après  les  éliminations 
ni'cessaires  et  après  la  récusîition  de  49  par  l'accusé,  les 
31  restants  auraient  formé  le  jury.  Ce  procédé  figure 
aussi  dans  la  loi  Licinia  de  33  contre  les  délits  électo- 
raux'''; l'accusateur  choisit  probablement  dans  la  lisle 
gi'uérale,  formée  d'après  les  33  Lribus,  quatre  sections; 


t  UiUtnlrerycr,  O.  c.  480,  I.  lu.  —  2  l'Iaul.  Casina,  II,  i,  G.  —  3  Aris- 
lopli.  Lys.  208;  /'lut.  U7Î  ;  cf.  Iloral.  Od.  I,  4,  18;  Ovid.  Ars  am.  I,  581. 
—  l  l'Iiil.  IJiiaesl.  conv.  X,  I ,  p.  Oli  I'.  —  liii.uoi;n»PHiF.  (i.  f.  Scljoe- 
niaiiii,  r>e  !.;rliliime  judiciim  apitd  Athmieiisea,  Gn-isrswald,  IKSO  iOpuse. 
titiiilf^fjiiriÊ,  I.  p.  ::ini  sq.)  ;  r.-V.  Frilzsclic,  Oe  sortitione  judicum  ajmd  Athtn. 
l.pipz.  ls:;.i  ;  II.  .^aiippe,  L/e  creatione  archontum  alticorum^  GoUiiig.  I8tj4; 
l'usU-i  «II!  Coulangps,  La  cM  anlir/ue,  l'avis.  1804,  I.  III,  cli.  x;  attica  heshu- 
bi,h:a,  p.  537-538,  du  Dictiontiairc  :  Jtec/ierc/ies  sur  le  tirage  fiu  sort  appliqué 
a  la  uovtinaliun  des  archontes  athéuiens,  dans  la  Nouv.  Jtcvuc  historif/ue 
de  droit  fruneais  et  étrunger,  IST'J  (  =  iVitui:  rec/ierelies  sur  quelques 
prnbli-mes  d'histoire,  Paris,  IS'Jl,  p.  145-179);  H.  Porrol.  Essai  sur  le  droit 
piMie  a' Athènes.  Paris,  ISli'J,  p.  53-58;  Karl  Lugebil,  Zur  Geschichte  di:r 
Slaatsiterfussunq  in  Athen,  dans  les  Juhrblicher  fur  classische  Philologie, 
V.  SupplcnirMU.aiMl,  1871,  p.  504-i:!)2  ;  IJailIcnicr,  Ai.cliosTKs,  p.  383-384;  i.ikabtai, 
si'cl.  Il,  III,  V  ;  MiilIcr-SlrilliinK,  Aristaphanes  und  die  historische  Kritih, 
Leipzig,  1873.  p.  :00-ï58  ;  M.  Kraonkel,  Oie  attischen  neschwonneni/erichtf, 
herlin,  1877;  J.  .Nicole,  Étude  sur  li:i  archontes  athéniens,  dans  la  Jlevue  de  phi- 
lologie, IV  (1880  ,  p.  54  S(|.,  ICI  !.(|.;  Am.  llauvcUc-Besnaull,  /.es  strati-ijes 
athéniens,  Paris,  1884,  p.  H-IO;  J.  W.  Ileadlam.  The  élection  hy  lot  al  Athens, 
i:ani|jrids;c,  I8UI  ;  von  Wilanionili-Mcllendaiir,  Aristoteles  iind  Athen,  Berlin, 
18'Ji,  l.  I,  p.  04,  71  SI).;  t.  Il,  p.  110  s(|.  ;  Teuscli,  De  sortilione  judicum  npud 
Athen-.enses,  fiiiUingen,  18U4  ;  l!.  Ilcislcrl.ergli,  Die  Bestellung  der  Utamlen  durch 
dus  Los.  Berlin.  IS'JG  iBertijter  .^Indien  fur  classische  Philoloqie  und  Archûologie, 

VIII. 


l'accusé  en  récuse  une  et  on  garde  les  jurc'S  des  trois 
autres  sur  lesiiuelles  il  peut  récuser  cinq  noms.  Le  tirage 
au  sort  et  la  subaortilio,  le  tirage  au  sort  su|)plémen- 
laire,  ont  déjà  été  exposés  [jiiiiciariae  leges,  p.  t)39-600]. 
Ils  fonctioiinenl  encore  sous  l'Empire". 

m.  A  Rome,  pour  se  répartir  les  différentes  fonctions, 
les  membres  de  chaque  collège  de  magistrats,  égaux 
entre  eux  d'après  le  principe  de  la  collégialité,  pouvaient 
employer  soit  le  roulement,  soit  l'action  commune,  soit 
la  répartition  à  l'amiable  ou  par  le  tirage  au  sort.  Entre 
les  censeurs,  le  tirage  au  sort  est  resté  la  règle  [censoh]. 
Entre  les  consuls,  le  roulement,  impossible  du  reste  pour 
beaucoup  d'actes,  a  disparu  de  bonne  heure;  il  n'est 
reslé  que  l'action  en  commun  ou  la  répartition,  soit  à 
l'amiable  [inter  se  parare,  comparare)  *,  soit  par  le  sort 
(sor/iri)^;  c'est  par  ce  dernier  mode  qu'ils  se  repar- 
ussent surtout  les  missions  extraordinaires,  les  champs 
d'opérations,  les  quatre  légions  ordinaires"';  le  sénat 
peut  leur  recommander  de  s'entendre  entre  eux,  de  s'en 
remettre  à  son  arbitrage  (extra  snrletn,  extra  ordinein), 
mais  ne  peut  le  leur  imposer".  Il  en  est  encore  ainsi, 
même  après  la  loi  Sempronia  de  123,  qui  oblige  le  sénat 
à  désigner  les  provinces  consulaires  avant  l'élection  des 
consuls  '^  et  après  les  lois  de  Sylla'^;  le  sénat  ne  peut 
modifier  sans  leur  consentement  la  répartition  faite  par 
les  consuls",  sans  y  être  autorisé  par  une  loi  ou  par 
un  plébiscite  '■'.  Après  Sylla,  la  répartition  des  provinces 
consulaires  se  fait  par  le  sort  après  l'élection  des  consuls, 
soitavant  soit  après  leur  entrée  en  charge  ;  après  le  tirage 
au  sort,  ils  ont  le  droit  de  permuter"'. 

Les  tribuns  consulaires  tirent  au  sort  les  compétences 
fixées  parle  sénat '^  Entre  les  questeurs,  les  fonctions 
sont  réparties  généralement  par  le  sort,  le  jour  de  l'en- 
trée en  charge,  à  Vaerariiitn  '*  ;  exceptionnellement,  sous 
la  République,  par  le  choix  des  magistrats  supérieurs  qui 
ont  les  questeurs  comme  auxiliaires,  avec  l'autorisation 
du  sénat  et  du  peuple ''^  Sous  l'Empire,  les  consuls  et 
l'Empereur  ont  libre  choix  pour  leurs  questeurs  et  de  M 
à  56  pour  les  questeurs  urbains  chargés  de  Vaerarium,-" 
[quaestor,  p.  7!»9].  On  tire  aussi  au  sorties  scribes  entre 
les  questeurs  ^'. 

Entre  les  préleurs  et  les  gouverneurs  de  provinces,  la 
répartition  des  compétences  a  lieu  dès  le  début,  non  à 
l'amiable,  mais  par  le  tirage  au  sort,  le  plus  tôt  possible 
avant  l'entrée  en  charge  ;  le  sénat  peut  soumettre  tous 


XVI.  Bd.  5.  Hcfl)  ;  E.  l'ahrieius.  Uns  W'ahlgcsetz  des  Aristeides,  dans  le  Hhei- 
nisches  Muséum,  Ll  (1890).  p.  450  si(.  ;  Val.  von  SclioelTer.  art.  Archontes  dans  la 
Iteal- Encyclopédie  de  Panly-Wissowa,  p.  .572-573;  l'iioliades,  Hsii  »ki,p.Wioiî  »«! 
,IA,.,J,|71<»,-  TMV  r,u«(iT.»™v  «.««.Jir.fîiuv  .«xi  Tr.v  'AoioxOTiVou,  'Aer.vaii./  noX.Tiîa»,  dans 
r'A»và,  XIV  (1002),  p.  241  sq.,  cf.  p.  «5  sq.,  75  sq.,  223  s/|.  ;  G.  Glolz.  L'ordalie 
dans  la  Grèce  primitive.  Paris,  1004,  p.  127  sq.  ;  J.-H-  Lipsius,  Uas  attische 
Recht  und  IleclUsverfahren,  \,  Leipzig,  1905,  p.  134-150:  C.-V .  UInnann-HaupI, 
Schatzmeister-und  Archonlenwahl  in  Athen,  dans  Klio,  VI  (1006|,  p.  30i-3i2. 
Rome.  —  '  iM.  Malac.  57.  —  2  Ascon.  in  Corn.  p.  70.  7  1  ;  Gic.  Ue  nul.  deor.  I , 
38,100;  Ithel.  ad  Uer.  1,  12,  21  ;  Liv.  23,  3;  lexilalae.  53.  —  iCorp.  ins.  lut.  I, 
108,  1.  l'J-21.  —  ''  Zuinpl.  Das  crimmal  llecht  der  rom.  /lepuhlik.  p.  09-183. 
_  3  Moniniscn,  Slrafrecht,  p.  i.14-218  (/Jroit  pénal,  l.  p.  247-2Î7  ;  II,  p.  08). 
—  0  Cic.  Pro  Plane.  13,  30;  10,  38,  40;  17,  41  ;  .S'<r/i/,(-  floti.  p.  202;  Serv.  ad 
Eclog.  3,  .50.  —  7  Suct.  Aug.  29  ;  Tac.  Ann.  6,  10.  —  8  Liv.  35,  20,  2.  —  9  Liv.  2, 
40,  14;  3,  10,0;  4,  37,  C—  IDI.iv.  22,27,10;  42,  31,  5;  10,21,10.  —  U  Liv.  4, 
43,7-8  ;  6,  30,  3;  8,  10,5  ;  8,  20;  9,31;  10,  12;  Uionys.  17,4.  —  12  Sali.  Jug.H; 
Cic.  Heprott.cons.  2,3  ;  7,  17;  Pro  Ualh.  27,01.  —  '3  Appian.  jl/i(//r.  22.  —  ItLiv. 
20,  22,  29  ;  37.  1  ;  Val.  Mai.  4,  1 ,  7.  —  lâ  Liv.  28,  45  ;  Cic.  Phil.  11,7,  17;  11,8. 
18;  Appian.  l'un.  112.  —  16  Cic.  Verr.  2,  3,  U5,  222;  De prov.  cons.  15,37;  Ad 
fam.  1,  9.  23;  Dio  Cass.  37,  33;  fr.  III  ;  Appian.  Bel.  civ.  1,  107  ;  Plut.  Lue.  5. 
—  17  Liv.  3,  i2.  —  1»Cic.  Cat.  4,  7,  13;  In  Clod.  et  l'ur.  Schot.  p.  332.  —19  Liv. 
30,  39;r.ic.  /Irf4«.  n,  (i,  3;  Plul.  fowp.V:  -  ^"Tac.  Ann.Xi,  29.  -  21  Cic.  /-. 
Clad.  et  Cur.  schol.  p.  332. 

178 


SOT 


1418 


SPÂ 


les  lots  au  lirajîi'  ou  eii  remplacer  quelciues-uns  par  des 
allrihutioiis  nouvelles'.  Pour  les  préleurs  revèlus  d'un 
sacerdoce  qui  les  retient  à  Rome,  iln'y  ade  tirage  qu'entre 
les  provinces  urbaines-.  Le  .sénat  ne  peut  sans  doute 
modifier  la  répartition  que  par  une  loi  ;  cependant,  dès  le 
ii«  siècle  av.  J. C  il  peut  permettre  à  un  gouverneur  de 
ne  pas  aller  dans  sa  province,  et  lui  confier  d'autres 
fonctions^  Le  nouveau  régime  créé  par  Sylla  comporte 
nécessairement  deux  tirages  au  sort,  le  premier  pour  les 
fonctions  des  préteurs  à  Rome  pendant  la  première 
année,  sans  doute  immédiatement  après  la  désignation, 
le  second  dans  l'année  pour  les  gouvernements  provin- 
ciaux [i'K.\ET0K,  p.  629-(i30]*.  En  32,  la  lex  Poinpeia  de 
prooinriis  établit  un  intervalle  de  cinf[  ans  entre  la  pré- 
ture  ou  le  consulat  et  le  gouvernement  provincial  :  pour 
les  consulaires  on  devait  tirer  au  sort  parmi  ceux  qui 
n'avaient  pas  encore  eu  de  province''  [provincla,  p.  718- 
719].  C'est  à  peine  si  ce  régime  fonctionne  sous  la  Répu- 
blique ;  il  est  supprimé  par  César  qui  revient  aux  règles 
de  Sylla;' mais  le  tirage  au  sort  ne  fonctionne  que  d'une 
manière  intermittente  pendant  les  guerres  civiles.  Au- 
guste rétablit  le  régime  de  Pompée  pour  les  provinces 
sénatoriales;  le  sénat  établit  chaque  année  la  liste  des 
lots  et  celle  des  candidats,  en  tenant,  compte  de  la  date 
de  la  magistrature,  des  privilèges  de  la  paternité*; 
quelquefois,  sans  doute  sur  l'invitation  de  l'Empereur,  il 
attribue  directement  une  province,  surtout  pour  pro- 
longer les  pouvoirs  d'un  gouverneur  actuel'.  Un  séna- 
teur, inscrit  sur  la  liste  du  tirage,  peut  se  récuser  avant 
ou  après  l'opération,  ou  en  être  exclu  par  punition*.  Dès 
le  début  du  iii°  siècle,  l'Empereur  indique  autant  de  per- 
sonnages consulaires  ou  prétoriens  que  de  provinces  et 
le  tirage  au  sort  n'a  plus  lieu  que  pour  la  répartition  ^. 

C'est  par  le  sort  ou  à  l'amiable  que,  dans  la  loi  muni- 
cipale dite  lex  Julia  '",  les  quatre  édiles  se  répartissent 
entre  eux  l'entretien  de  la  voirie  dans  les  quatre  régions 
de  Rome.  Dans  la  procédure  de  l'interrègne,  vraisem- 
blablement le  tirage  au  sort  fixe  l'ordre  où  se  succè- 
dent les  décuries  du  sénat  et  les  sénateurs  de  chaque 
décurie  ".     Cii.  Lécrivain. 

SOTERIA  (^(0Tr,pia).  —  Jeux  institués  à  Delphes 
par  les  Étoliens  en  l'honneur  de  Zeus  Soter  et 
d'.Vpollon  I*ytliien  c.  comme  souvenir  du  combat  contre 
les  barbares  qui  avaient  attaqué  les  Grecs  et  le  temple 
d'Apollon,  sanctuaire  commun  de  la  Grèce  ».  Puis  le 
stratège  élolien,  au  nom  de  la  ligue,  invita  toutes  les 
cités  grecques  à  reconnaitrela  fondation  de  ces  nouveaux 
jeux  et  à  prendre  part  à  leur  célébration.  Les  deux  dé- 
crets d'Athènes  et  de  Cliios,  qui  nous  sont  parvenus,  font 
connaître  les  conditions  dans  lesquelles  ils  devaient 
être  célébrés.  Le  prix  n'était  pas  une  somme  d'argent, 
mais  une  couronne,  comme  dans  les  quatre  grands  jeux 
de  la  lirèce.   Les  wjucours  de  musique,  pour  l'âge   des 


I  I.iv.  3i,  28,  2;  35,  41,  C;  38,  45,  i  ;  42,  28,  7;  41,  tl,  8;  41,  17,  9  ;  45, 
44,  2.  —  s  Liv.  39,  45,  4.-3  Jbid.  39,  38,  3;  41,  9,  10;  45,  16,  4.-4  Jàid. 
38,  42,  6:  Cic.  Verr.  1,  8,  21.  —  S  Cic.  Àd  fam.  8,  8,  8.  —  t.  c.  ins.  lut. 
8,  68;  3,  6070.  —''Jbid.  9,  2815;  10,  3853;  C.  i,is.  gr.  2570;  Tac.  Anii.  3, 
32,  .58;  Suel.  Gnlb.  1  :  Uio.  Cass.  53,  28.  —  »  Tac.  Agrie.  42;  Anii.  3,  32;  c, 
40:  15,  19;  Suel.  Galti.  3;  Uio.  Cass.  78,  22;  l'iiil.  Ep.  2,  12;  Fronl.  A,l 
Anton.  9;  C.  ins.  lat.  9,  3.533.  -  9  C.  ins.  lut.  10,  5061  ;  Dio.  Cass.  53,  14; 
Waddingloii, /'anf.  des  prov.  usiul.  p.  10-11.  —  m  C.  ins.  lut.  I,  20fi.  I.  24. 
—  •'  DioDYS.  2,  5,  7.  Les  autres  textes  (Liv.  1,17;  Appiau.  Btl.  civ.  1,  98  ;  Scrv. 
ad  Aen.  6,  809)  ne  disent  i-icii  sur  ee  poiut.  —  biui.iui.itAFiiiR.  Moiiimsen,  Uruit 
public,  1,  38-07;  II,  333;  III.  239-250;  285-290;  Willeins,  Le  sénat  de  la  Répu- 
blique romaine,  Paris-I.ouvaiii,  1S83,  ll,p.  533-008. 


concurrents  et  les  honneurs  que  les  villes  décernaient  à 
leurs  compatriotes  vainqueurs  étaient  assimilés  aux 
jeux  Pythiens;  les  concours  gymniques  et  équestres  à 
ceux  des  jeux  iNéméens.  Les  cités  grecques  s'enga- 
geaient à  envoyer  un  certain  nombre  de  Ihéores  '. 

Dans  l'acte  de  fondation,  la  fête  devait  être  quinquen- 
nale ;  mais  des  inscriptions  témoignent  que,  peu  d'an- 
nées après,  elle  était  annuelle  et  que  la  présidence  avait 
été  transférée  des  Étoliens  aux  A  mphictions[AMPUiCTioxESj  ; 
les  Delphiens  étaient  chargés  d'envoyer  des  théories  aux 
villes  et  aux  rois  de  race  hellénique. 

On  a  peu  de  renseignements  sur  les  concours  gymni- 
ques et  équestres.  Nous  sommes  mieux  informés  sur  les 
concours  musicaux,  grâce  à  quatre  listes  complètes  qui 
datent  du  iir'  siècle  (entre  272  et  2G9).  Ils  étaient  présidés 
par  les  hiéromnéinons,  l'archonte  de  Delphes,  et  le  prêtre 
de  Bacchus,  chef  de  la  corporation  des  artistes  Diony- 
siaques. Dans  la  première  partie  consacrée  à  la  musique 
et  au  chant,  il  y  avait  des  concours  de  rapsodes,  de 
citharistes,  de  chanteurs  accompagnés  de  la  cithare.  Dans 
la  seconde,  des  clKeurs  de  danse  composés  d'iiommes 
ou  d'enfants  exécutaient  la  danse  pyrrhiqueou  cyclique. 
La  troisième  partie  comprenait  les  représentations  dra- 
matiques où  concouraient  des  troupes  tragiques  et  co- 
miques, composées  chacune  de  trois  acteurs  ;  on  trouve 
même  un  chœur  comique  formé  de  sept  choreutes-. 

A  l'époque  gréco-romaine,  le  nom  de  Soleria  fut  donné 
à  un  certain  nombre  de  jeux  ou  de  simples  sacrifices 
institués  pour  commémorer  un  événement  ou  un  person- 
nage auquel  une  cité  attribuait  son  salut.  Comme  exem- 
ple du  premier  type,  on  peut  citer  les  i^coTiîçia  de  Priène'' 
fondés  vers  297  en  souvenir  de  la  liberté  recouvrée  ;  pour 
le  second,  les  ï!(OT-/|pta  xal  MouxiEia  ',  fête  quinquennale 
par  laquelle  la  province  d'Asie  voulut  perpétuer  la  mé- 
moire de  l'intègre  jurisconsulte  Q.  Mucius  Sca;vola,  qui 
fut  gouverneur  en  98  avant  notre  ère.  P.  Foic.art. 

SPARSIO.  —  Ce  mot  signifie  particulièrement  deux 
coutumes  de  la  vie  romaine,  distinctes,  mais  se  rappor- 
tant l'une  et  l'autre  au  luxe  des  réjouissances  publiques  : 
1"  la  dispersion  parmi  les  assistants  de  cadeaux  en  nature 
ou  en  bons  (et  ces  cadeaux  eux-mêmes),  spnrsio  7iiissi- 
lium,  [missilia]  ;  2°  l'aspersion  des  lieux  de  spectacle  par 
une  pluie  artificielle  de  liquide  aromatisé  (et  cette  pluie 
elle-même).  .V  peu  près  vers  le  temps  où  Pompée  s'avisa, 
pour  modérer  la  chaleur  dans  son  théâtre,  d'y  faire  creuser 
des  rigoles  où  circulerait  de  l'eau',  fut  imaginé  (notre 
témoin  le  plus  ancien  est  ici  Lucrèce-,  mort  entre  699:=;oo 
et  7()i:=53^)  un  autre  moyen  plus  ingénieux  de  procu- 
rer aux  spectateurs  une  fraiciieur  agréable.  Des  appareils 
à  pression,  placés  dans  le  sous-sol  du  théâtre  ou  de 
l'amphithéâtre,  élevaient  jusqu'au  faite  de  l'édifice  un 
liquide  à  vaporiser  qui  retombait  de  là  en  gouttelettes 
odorantes  sur  le  public  et  sur  les  acteurs'.  Des  statues 


SUTERIA.  I  Corp.  iiiscr.  attic.  Il,  323;  Bull,  rff  corr.  ketlén.  1881,  p.  300;  cf. 
IS9D,  p.  50.  —  2  Foucarl  et  Wcsclwr,  /user.  inéd.  de  Delphes,  3-6;  A.  Moniniseo, 
Delphika,  p.  213;  l'oralow,  dans  Xeue  Jahrbùcher,  1894,  p.  504;  lSUT,p.  SIO.  820, 
S47.  Liste  de  vaini|ucur5,  Bull,  de  con:  hellén.  1902,  p.  267  ;  cf.  p.  iV.s.  —  i  llillcr 
voii  Ua  Ttringon,  Inschriften  von  Prieie.  n.  11.  — ^  Revue  de  phiiotoijie,  19iM, 
p.  85.  Cf.  Waddinglon,  /''astes  des  provinces  asititiques,  n.  7. 

SPARSIO.  I  Val.  Max.  2,  4,  0.  —  2  Lucr.  2,  410.  —  3  Voir  Scliàiiz,  Gescb.  ,1. 
rom.  Lia.  1^,  2,  p.  40.  —  '•  Hor.  Epist.  2,  1,  79;  Oïid.  Art.  am.  I.  104;  Hrop.  4. 
I,  10;  Sencc.  Controv.  10,  praef.  9  (L.  Mueller);  Sencc.  Epist.  90,  15;  IJuuesl. 
nat.  2,  9,  2;  l'Iill.  Hisl.  nal.  21,33;  Mart.  3,25,7  ;  9,  38,  5;  i'p.  3,  S;  Froiilou. 
Oeelog.p.  228  (Mai)  ;  Apul.  ^l/riam.  10,35;  Spartiau.  Uadr.  19.  Voir  Maïquardl 
cl  MoriirnSL'il,  .Uan.  d.   Ant.   IraJ.   fr.    13,  p.  310  et  339;  Becker,  Gallus,  13.  »3. 


SPÂ 


IH9 


SPA 


servaient  parfois,  seinijle-t-il,  de  bouches  d'émission  ', 
comme  pour  les  fontaines  ordinaires.  Le  liquide  vapo- 
risé, de  l'eau  ou  du  vin,  était  parfumé  le  plus  souvent 
avecilu  safran  {rroriis).  rarement  avec  d'autres  su  Instances, 
par  exemple  du  baume'.  L'usage  se  maintint  pendant 
toute  l'époque  impériale  ;  il  passa  de  Rome  à  Pompéi  \  et 
sans  nul  doute  dans  d'autres  villes.  Aux  aspersions 
liquides  s'ajoutèrent,  dés  le  temps  d'Auguste,  des  pluies 
de  fleurs",  usitées  aussi  dans  les  banquets'.  Néron 
installa  ce  double  luxe  dans  sa  maison  d'or,  où  les  pla- 
fonds de  certaines  salles  à  manger  étaient  machinés  pour 
faire  pleuvoir  sur  les  convives  tantôt  des  parfums  et 
tantôt  des  fleurs'^. 

Les  sparsiones  liquides  dont  nous  venons  de  parler 
n'étaient  que  les  formes  les  plus  parfaites  et  les  plus 
raffinées  de  l'arrosemenl  en  jet  ou  en  pluie  pratiqué  de 
toute  antiquité  dans  les  maisons,  les  rues  elles  terrains 
cultivés  ■^  pour  rafraîchir  l'air,  abattre  la  poussière  et 
favoriser  la  végétation,  comme  l'eau  courante  de  Pompée 
n'était  qu'une  application  du  système  banal  de  l'arro- 
semenl par  irrigation*.  D'auires  applications  en  étaient 
faites  qui  ne  supposent  pas  l'emploi  d'un  appareil  vapo- 
risateur. .\u  temps  d'Horace',  les  riches  Romains  fai- 
saient arroser  avec  de  l'eau  parfumée  les  pavés  en  mo- 
sa'i'quc  de  leurs  demeures.  Dans  les  fêtes  par  lesquelles 
Urbinus,  questeur  d'Espagne,  accueillit  Melellus  à  son 
retour  dans  cette  province,  en  680^74,  le  sol  fui  baigné 
de  même,  croco  spai'su  humus  '".  Lorsque  .Néron,  après 
le  voyage  d'.\chaïe,  lit  triomphalement  sa  rentrée  à  Rome, 
de  telles  aspersions  eurent  lieu  sur  son  passage,  et,  en 
outre,  il  pleuvait  sur  le  cortège  des  oiseaux,  des  rubans, 
des  sucreries  ". 

Celle  spa/'sio  solide  dérivait  d'un  usage  ancien, 
comme  la  jonchée  de  Heurs  que  nous  avons  déjà  men- 
tionnée en  coordination  avec  une  sparsio  liquide. 
Répandre  des  Meurs  ou  du  feuillage,  spargere  flores, 
frondes,  àvOc.pc,À£iv,  çuXXoPoàeîv,  était,  dans  la  vie 
grecque  et  dans  la  vie  romaine,  une  manifestation  usuelle 
ou  bien  de  joie  seulement  ou  bien  ensemble  de  joie  et  de 
respect.  Les  convives  d'un  banquet  j^c.oMissATiOj,  couronnés 
de  lleurs,  de  roses  surtout,  en  semaient  d'autres  autour 
d'eu.x  '-,  non  seulement  parce  que  leur  senteur  préservait, 
disait-on  '^,  de  l'ivresse,  mais  encore  et  principalement 
pour  en  jouir  par  la  vue  et  l'odorat  [coroxa,  p.  1.527  .  C'est 
ainsi  qu'une  peinture  d'Herculanum  nous  montre,  dans 
une  scène  d'orgie,  la  table  et  le  sol  parsemés  de  lleurs'". 
Des  fleurs,  du  feuillage,  des  fruits,  des  bandelettes, 
d'autres  objets  compris  dans  l'appellation  générique  de 


1  I.ucan.  9.  S09.  —  2  Spartian.  Loc.  cit.  —  3  C.  i.  l.  i,  1177,  1181.  —  i  Hor. 
Episl.  1.  I,  79.  —  â  Ovid.  /'aat.  5.  360;  cf.  330.  —  «  Suct.  Nero,  31.  —  ■■  On 
peul  rapprocher  ce  rpii  se  passe  au  festin  de  Trimalcinn  ;  Pelr.  60.  Lucien,  iVigr.  3 1 . 
meutionne  le  vin  parfnm^*  au  safran  ou  autrement  (|ui  est  répandu  dans  les 
festins,  mais  sans  préciser  tfe  f|uelle  façon.  —  s  liaut.  Pseiid.  iOV:  Stick.  354; 
frag.  fah.  me.  XLVI  (éd.  Kilsclil)  ;  Tilin.  Si-lina.  ,\V11  (Kibbeck,  Com. 
rom.  frai/.  3);  Cic.  Parad-.  5,  î;  Hhsed.  2,  5,  15;  Suet.  Cnlig.  43;  Coluni.  5. 
6,  8  ;  seminaria  conspergi  iaepius  quam  rigari  debenl  ;  etc.  —  ^  De  tout 
temps  on  a  dû  arioser  la  piste  du  cirque.  Dans  Piaule,  Povn.  1291.  les  mots  gui 
cortinfim  ludis  /it  circiim  fentnt  désignent  sans  doute  les  sparsorcs  {tipurtores 
dans  C,  i  l.  6,  Iu0i6|.  Il  faiil  peul-étre  les  idenlilier  avec  des  personnages  que  l'on 
voit  souvent  sur  les  bas-reliefs  représentant  des  courses  de  cliars,  et  qui  ne  prennent 
point  p-irl  eux-niéines  aux  courses,  mais  ou  bien  sonl  couchés  sous  les  chars  ou  bien 
portent  (les  amphores  ou  d'autres  vases;  souvent  aussi  des  vases  gisent  sur  le  sol. 
La  fonction  de  ces  arroseurs  devait  élre  également  de  rafraîchir  par  aspersion  les 
chcvaui,  cf.  Dig.  3,  iî,  4  :  qui  aquam  equis  sparrjunt,  et  de  mouiller  les  roues  des 
rhars  pour  les  empêcher  de  prendre  feu;  une  peinture  aniiituc  (Ann.  iletV  Inat. 
vol.  XI.  tav,  d'agg.  M)  nous  montre  un  personnage  qui  s'approche,  un  vase  à  la 
main,  du  char  d'un  aurigc  va.uqueur.  Voir  Siarquardt  et  Uoiuinsen,  11,  p.  i8C,  n.  I. 


7rpo/0Tat'%  qui  correspond  à  sparsio  au  sens  concret 
d'objets  répandus,  étaient  jetés  par  la  foule  enthousiaste 
sous  les  pas  des  personnages  auxquels  elle  voulait  faire 
un  accueil  triomphal"',  spécialement  des  athlètes  vain- 
queurs'^  Une  autre  sorte  luxueuse  de  sparsio  solide 
consistait  à  joncher  un  chemin,  un  lieu  de  spectacle,  une 
salle,  non  de  sable  ou  de  sciure  yscoôes),  conmie  cela  se 
pratiquait  couramment  soit  pour  assécher  l'humidité  soit 
pour  préparer  le  nettoyage  du  pavé  '*,  mais  de  sable 
jaune '^  de  sciure  teinte  au  minium  et  parfumée  au 
safran,  de  pierre  spéculaire  ou  de  chrysocolle  enpoutlre-". 
Elagabal  faisait,  dit-on-',  poudrer  d'or  et  d'argent  ses 
portiques,  et  souvent  les  voies  où  il  devait  aller  à  pied. 

On  a  parlé  ailleurs  du  rôle  des  sparsiones  dans  les 
funérailles  et  le  culte  des  morts  [flxls,  feralia,  pare.n- 
TALiAÎ,  dans  les  cérémonies  lustrales  |^listkatiO'  elles 
rites  magiques  [magia\  Les  aspersions  lustrales  et  magi- 
ques avaient  un  caractère  purificatoire  ;  parmi  les  asper- 
sions funéraires  les  unes  aussi  servaient  à  purifier  les 
morts  ou  leur  entourage,  mais  d'autres  avaient  pour 
but  de  les  honorer,  el  l'on  y  retrouve  certaines  pratiques 
usitées  également  pour  honorer  les  vivants,  comme 
Yanthobolie  el  la  phijllobolie.  Pu.  Fabia. 

—  SPAKTAXORU.M  RESPUBLICA  [lacedaemomorim 
RESPI'BLICa". 

SPARTM  ■  venabuli'm]. 

SPATIIA,  SP.VTl'LA  fi;-ï9T,,  <7Tta6iov).  —Ce  mot  qui  a 
désigné  d'abord  un  bois plaletallongéapris dessignifica- 
tions spéciales  dont  quelques-unes  doivent  être  notées  ici. 

I.  Le  battant  au  moyen  duquel  le  tisserand  serre  les 
fils  de  la  toile  [telaj. 

IL  Une  spatule,  lige  de  bois,  de  métal,  de  verre  etc.,  ter- 
minée par  une  palette  ou  par  un  cuilleron,  qui  sert  à 
remuer  el  à  mélanger  des  liquides  ion  peul  l'appeler  alors 
<!-1.H<■JU.■r^\■rX  particulièrement  les  ingrédients  d'une  prépa- 
ration culinaire  ou  médicinale  ^cf.  Riuis],  à  étendre  les 
élecluaires  et  les  onguents.  On  conserve  dans  les  collec- 
tions un  grand  nombre  de  ces  instruments  ' ,  des  formes  les 
plus  variées,  qui  ont  pu  servir  à  tous  les  usages  auxquels 
on  les  emploie  encore  dans  la  pharmacie,  la  médecine  el 
la  chirurgie  .cuiririjIa,  meiiii;is,  p.  1684  ,  el  aussi  à  la 
peinture  [pitïLRA,  fig.  o6.')5    ou  à  diverses  industries  -. 

III.  Quelquefois,  le  mol  grec  (7ita9;'ov  est  pris  comme 
équivalent  de  [iv,),t,,  (7Tra6o[ji.y,À-fi  ou  5u.;ày,,  pour  une  sonde 
ou  un  scalpel  de  chirurgien  ^ 

IV.  i^TtxOr,  ou  (77:a9;ç  est  aussi  le  nom  de  la  baguette  ou 
aiguille,  au  moyen  de  laquelle  on  prend  dans  un  vase  et 
on  fait  couler  une  huile  ou  une  essence  parfumée  sur  la 


—  10  £/»!»«.  1,  10,  19.  —  Il  Sali.  «isf. /raj.  2,70  (Maurenbrecher).  Suet.  AVro, 
25.  Au  lieu  de  ingestaeque  aves.  leçon  des  manuscrits,  Gracvius  a  proposé  d'écrire 
ingesligue  flores.   —  '2  Hor.  Carm.   3,    19,   21  ;   cf.    1,   36,    15;  Kpisl.   I,  5.  U. 

—  13  Voir  Keckcr,  Oallus,  33,  317.  —  1*  Helbig,  Wandgemûlde,  p.  3i4. 
n»  1448;  l'itlure  d'Ercolano,  1,  14,  p.  79;  Mmeo  Dorb.  1,  23;  Houi  et  Barré, 
Herculnnumel  l'ompéi,  1,  20,  p.  79;  etc.  —  '5  plut.  Oio,  29.  —  10  Meleag.  Anlhol. 
5,  117,  C:  Appian.  Cii:  i,  27;  Philon.  2,  p.  591  (Mangey);  Plul.  Pomp.  57; 
Pausan.  4,  16,  4;  Schol.  Eur.  Uec.  574;  Herodian.  7,  10,  15;  8,  7,4;  Curt.  5,  1, 
20;  Tac.  Hist.  2,  70;  Apul.  .UeMm.  1 1,  9 -elTusioD  de  baume  el  jonchée  de  lleurs 
dans  la  pompe  d  Isis);  etc.  —  "  Voir  cebt.mina,  p.  ins*.  —  i»  Hor.  Sat.  i,  4,  83  ; 
Plin.  Hiat.  nat.  1 1,  290:  Pelr.  34  ;  Juv.  14,  67.  —  19  Lampr.  f/eli;g.  il.  —  îOl'elr. 
68:  Suel.  Culig.  18.  —  '21  I.anipr..  Loc.  cil. 

SPA'niA.  SPATULA.  '  Babelon  el  Blanchel.  Catal.  dea  bronzeade  laUibl.  nat. 
n.  1397  sq.  ;  ('^eci,Piccoli  broiizi  del  Mua.  di  Napoli,  tav.  VH  ;  Fricderichs.  Berlina 
anti/te  Bildw.  Genïllie  u.  Bronctn,  n«  1 232  sq.  ;  Waltcrs,  Catnl.  ofbronz.  Briliak 
Mïis.a.  294  sq.  ;  Lindcnschmit,  Itôm.  German.  Cetitralmuseum,  pi.  xxii  ;  J.  Stenart 
Milnc,  Greek  and  roman  surgical  inalrum.,  Oxford,  1907;  Ueueffc,  Étude  sur 
la  Ironise  d'un  chirurgien  gallo-rom.,  Anvers  1893  ;  Hamonic,  l.adiirurgie  et  la 
médecine  d'autrefois,  Paris,  1900.  —  2  Galcn.  t.  IV,  p.  191.  —  3  Jbid. 


SPA 


1420 


SPE 


liarlic  iM  sur  les  clicvciix.  fAci'S,  lig.  102^  Les  allildes, 
li's  ^'yiiiiiasU's  el  leurs  aliptcs[AunA]  s'un  servaient  pour 
les  onctions'.  E.  Sac.uo. 

V.  Spatha  est  le  nom  d'une  èpée  caractérisée  par 
la  largeur  de  la  laine-,  qui  se  maintient  sensiblement 
égale  de  la  garde  à  la  pointe.  La  lame  est  plate  ou,  s'il  y 
aune  nervure  centrale,  elle  est  aplatie  ou  peu  accentuée. 
A  ce  titre,  on  pourrait  déjà  donner  le  nom  de  spatha  à  la 
rapière  qu'on  rencontre  dans  la  nécropole  de  Knossos^ 
les  tomi)es  de  l'Acropole  de  Mycènes ',  quelques  cime- 
tières de  Sicile ^  Au  début  de  l'âge  du  fer,  cette  arme 
parait  avoir  passé  au  centre  et  dans  le  nord  de  l'Eu- 
rope" pour  redeseendre  en  Italie  avec  les  invasions  des 
Gaulois.  C'est  en  parlant  de  leur  grande  rapière  en  fer  de 
mauvaise  trempe,  sans  nervure  et  à  pointe  mousse, 
attachée  au  flanc  droit  par  une  chaîne,  que  Diodore  ■" 
donne  un  des  premiers  exemples  de  ce  terme  appliqué 
à  une  épée'. 

La  spatha  parait  être  entrée  dans  l'armée  romaine  par 
les  cavaliers  auxiliaires  gaulois  et    germains;  elle  est 


figurée  sur  plusieurs  tombeaux  ((ig.  tJo2:Jj  '\  Ou  doit 
sans  doute  la  reconnaître  dans  une  arme  trouvée  à 
Carnuntum  (  lig.  (5523)  :  longue  de  0  m.  85,  la  lame 
plate  se  termine  en  haut  par  une  soie  de  0  m.  10  ;  en  bas, 
elle  est  à  peine  arrondie  et  mesure  0  m.  05  de  large  contre 


1  I'ollui,lll,l5t;  Vll,-|77:  X.liO,  lî.  —  2  Isiil  Or.  XVIII.  0  :  .vwdoso,  ampla  et 
lala;  cf.  Scliot.  ud  lliad.  Il,  45.  I.orsiiuc  le  lernic  apparail  clii'ï  Euripide,  Mé- 
iiandrc  et  l'Iiiléinou  (ap.  l'oll.  X,  145).  il  n'a  plus  .|ue  le  sens  g.'iural  de  i/ludius. 
—  3  A.-J.  Evans,  The  prehisl.  lombsof  Knossos,  1900,  p.  70.  —  »  Tsouolis-iManatl, 
The  Hycenean  âge,  1899,  p.  910.-6  T.  E.  Peet.  Stone  and  Bronze  âges  of  lluiij 
and  Sicibj  tSU'J.  p.  +39,  4Vï,  407.  l'oiir  le  l'iccnum.  l'ell.grini,  Xolizie,  1908, 
p.  869.  —  6  J.  .Nauu,  Oie  ant.  Schwerler.  IS'ja,  pi.  viii.  —  7  Diod.  V,  30. 
Sur  ïific  des  Gaulois  envahisseurs  de  lllalie,  voir  S.  Keinacli,  L'épée  de 
llrenniis,  dans  Cultes.  Mythes  'et  ftelûjions,  111.  —  »  Par  aiiaclironisitie  Lucien, 
Hial.  mer.  XIII,  3  donne  la  spatlii  à  un  ^ari5Sopllore  Miacf'donieii  cl  Hiodore 
(A>c.  p.  546,  5'.i)  aux  Albaiiis  du  roi  Silvius.  —  «Voir  le  cavalier  Bilurige  de 
r«/fi  Longinianii  et  les  références  donn<''Cs  par  Lelnier,  Bunner  Jahrb.  1908,  pi.  i. 

.>olre  (ig.  6512, d'après  Uuruy,  Hist.  des  Hum.  1.  VI,  4HI l"Sur  la  spatha  germa 

ni^ue,  Lindensclimit,  Handb.  d.  deutsch.  AUerth.,  ileroo.  Zeit.p.  21",  el   les 
références  dans  (Jlo'iiis,  t»98,  p.  1  i J.  —  1 1  Von  Grollcr,  iJer  rnm.  Limes  iu  Œster- 


0  m.  0."j.")  à  la  garde'".  La  spatha  des  auxiliaires  s'oppose 
au  gladius  des  légionnaires  chez  Tacite".  A  l'époque 
d'.\rrien '•',  la  cavalerie  se  divise,  au  point  de  vue  du 
glaive,  en  deux  classes;  les  mâchai rop hures  qui  parais- 
sent comprendre  lea  pélekophores,  lnnf/choj)horf>s,  dora- 
tophores,  xijstophores  el  kontophores,  seraient  la  cava- 
lerie lourde,  tandis  que  les  liippotoxotcs  et  les  aknntisles 
dits  tarantinoi  forment  la  cavalerie  légère  sous  le  nom 
de  s  pal  ha  phares.  A  la  (in  du  n'  siècle,  le  nom  de  spatha 
s'étend  au  glaive  de  l'infanterie  romaine '•\  A  la  fin  du 
iv%  Végècc  "  désigne  sous  les  termes  de  s/ia/ha  et  de 
semispatha  les  armes  des  légionnaires  qu'on  appelait  à 
l'époque  classique  gladius  et  pw/io.  Une  épingle  à  che- 


<: 


Fig.  fi.S13.  —  Lame  de  spatha. 

veux  en  argent  du  musée  du  Louvre  [acis,  fig.  OSj  est 
la  reproduction  d'une  spatha  du  Bas-Empire  '\ 

En  raison  de  son  poids,  celte  épée  était  portée  par  un 
baudrier,  tandis  que  la  semispatha  pendait  à  la  ceinture 
(fig.  773)"';  c'est  ce  ([ue  recommandent  les  Tactica 
byzantins. 

Au  début  du  Bas-Empire,  la  A'oti/ia  menlionne  à  Luc- 
ques,  Reim>,  .\miens,  des  fabricae  sjiathariae  ;  toutefois, 
deux  spatharii,  nommés  dans  des  inscriptions,  semblent 
èlre  des  écuyers  porte-glaive  plutôt  que  des  ouvriers  des 
fabriques  '".11  faut  distinguer  ce  terme  de  celui  de  ^jixOaToi 
donné  parfois  à  tous  les  militaires  en  lanl  qu'ils  étaient 
tous  spatha  cincti,  comme  dit  Ennodius'*.  Le  nom  de 
77ra9âpioi  fut  réservé  par  la  suite  à  ceux  des  gardes  de 
l'Empereur  qui  ne  portaient  pas  la  hache  ou  hi  hallebarde 
{pé/éhophores  et  rhomphaiophores)  mais  le  glaive  (ils 
étaient  dits  aussi  xiphe'phores}\m\\.C' de  la  cTtiôv,,  l'un  des 
insignes  impériaux'-'.  Le7tpa)-oi77;aOï.p.o;,iin  des  principaux 
officiers  de  la  couronne,  était  à  l'origine  leur  chef-". 
Cette  fonction  perdit  bientôt  tout  caractère  militaire  :  spa- 
thaire  candidat,  spathaire  et  protospathairt!  devinrent  de 
simples  titres  honorifiques^'.  En  Occident,  le  nom  de 
l'arme  resta  en  usage  ■^-.  C'est  de  son  nom  que  viennent  l'ita- 
lien spada,  le  français  espadon  el  t'pe'e.      A.-J.  Keinach. 

SPAÏIIALIU.M  [armilla,  p.  4371. 

SP.\TI1AU11IS  [sp.vtiia]. 

SI*E(MFICATIO.  —  Titre  donné  par  les  commentateurs 
modernes  à  l'acte  qui  donne  à  un  objel  une  forme  et 
une  manière  d'être  nouvelles.  A  qui  devait  apiiarlenir 
l'objet  modifié  lorsque  l'ouvrier  n'était  pas  propriétaire 
de  la  matière  première  '.'  Aux  yeux  des  anciens  juriscon- 
sultes l'objet  était  probablement  resté  le  même;  plus 
tard  se  formèrent  deux  opinions  opposées  ;  les  Proculiens 
soutenaient  que  c'était  un  objet  nouveau  el  l'attribuaient 


reich.W,  1901,  p.  75  =  notre  (ig.  65i:).  —  li  J>m.  Xll,  3j,  E.,/i.  m  .l/«ii.  il,  Ju;  facl. 
IV,  ti.  Dans  IV,  8,  9,  il  parle  delà  çi^iliri  |Aa»o«»ai  n'i.izittt  portée  par  des  cavaliers 
romains.  —  '3  Sparl.  Hudt.  10  ;  Capitol.  Max.  jiim.  3  ;  Apul.  .Uet.  I,  3  ;  IX,  3IS  ; 
XI,  375.  —  l4Ars.  mil.  Il,  10;  cf.  Du  Caugc  s.  v.  —  1=  Cf.  Julliau,  .Mél.  Éc.  de 
Home.  1882,    p.    19.  — 16  Léo,    7'act.  I.   e/civ  5è   xaï  csaôîa    «îto«p£;xà;jiE>a  twv   ûï^w* 


"l"!?! 


■",(«'?«; 


Constantin.  Tact.  (Meursius,  VI,  col.   l'.'IG)  :  t/.£Ti,<r«,  4ï  ««',  «noSi'»  »oi|vant..  e!; 

TOÙ!  lïiiiuî  oùtlï,  «oî  'stif«  r.apa|<iipio.  xfti»iij!ï«  (!;  TÔ;  !;..'.if.;  «JT-,y.  —  17  t'orp. 
ins.  lai.  V,  9043  el  9898.  —  1»  Epif/r.  132.  —  19  Codin.  Oe  off.  V,  14.  Conslant. 
De  adm.  4i.  50-i.  —  2"  Dans  le  De  ojf.  Constantinop.  Il,  le  is«iToi=ali«?io;  est 
cité  en  31"';  plus  loin  (V,  55)  son  nom  est  expliqué  îx.  ^t>.«.,h:  «,.5to;  -rà< 
ïitaSajiu.  ,rao«noï.:v  (gardes  porte-glaive).  —  21  Sclilnniberger,  .''igillogr.  bg:.  s.  v. 
el  liev.  Et.  gr.  190u,  497.  —  22  Grégoire  le  Grand  parle  d  un  spalharius  de 
Totila  (Homil.3',  9;  Oial.  III,  6;  IV.  56);  le  Moine  de  Saiut-Gall  douue  la  s//a(Aa 
aCliarlemagne(A>.n.  I,  ÏO  ;  II,  i,  Il ,  «.  23). 


SPE 


—  1421 


SPE 


au  spécificaleur  ;  k-s  Sabinieii»,  sans  nier  nu'il  y  ui'il  un 
objet  nouveau,  refusaient  d'admettre  l'acquisition  de 
l'œuvre  par  l'ouvrieri.  Une  doctrine  intermédiaire,  fondée 
sur  le  principe  que  les  choses  éteintes  ne  peuvent  être 
revendiquées,  admit  la  première  opinion,  à  la  condition 
que  l'objet,  par  exemple  du  vin  fait  avec  des  raisins,  ne 
put  plus  revenir  à  son  ancienne  forme',  et  peut-être 
aussi  à  cette  seconde  condition  que  le  spécificateur  fut  de 
bonne  foi  ''.  Ce  système  a  été  sanctionné  par  Jusiinien, 
qui  admit  en  outre  que  l'objet  appartiendrait  dans  tous 
les  cas  au  spécificateur  s'il  avait  réuni  à  l'objet  étranger 
une  matière  lui  appartenant  déjà'.  On  admet  ordinai- 
rement que  le  propriétaire  peut  intenter,  outre  l'action 
de  vol,  le  cas  échéant,  une  action,  une  coniliclio',  pour 
réclamer  la  valeur  de  sa  chose,  et  inversement  que  le 
spécificateur  de  bonne  foi  peut  demander  au  propriétaire, 
resté  maitre  de  la  chose,  une  indemnité  pour  son  travail. 
S'il  y  a  eu  simplement  juxtaposition  à  une  matière  pre- 
mière d'un  objet  appartenant  à  autrui,  par  exemple  d'une 
bande  de  pourpre  à  une  étotTe,  le  propriétaire  revendi- 
que sa  chose  par  l'action  ad  exliibendum^ .  C\\.  Lkcrivain. 
Sl'ECTABILES.  IIesi^Xs-to; '.  —Titre  honorifique  atta- 
ché à  certaines  dignités,  qu'on  doit  rapprocher  d'/7/(/.s7r?s 
[ILLUSTRES  ,  mais  qui  n'eut  pas,  à  beaucoup  près,  la  même 
durée  ni  les  mêmes  effets.  11  est  sans  doute  postérieur  :  un 
proconsul  Africae  est  dit  illuslris  dans  une  inscription 
du  temps  de  Julien^;  plus  tard,  ce  fonctionnaire  sera 
spectahilis.  Mais  il/ustris  n'était  alors  qu'un  prédicat 
sans  lien  strict  avec  telle  ou  telle  dignité.  Specla/jilis, 
fréquent  dans  Symmaque,  remonte  sans  doute  à  l'édit  de 
Valimtinien'  sur  les  fonctions;  néanmoins,  il  se  ren- 
contre pour  la  première  fois  trois  ans  après  la  mort  de  cet 
empereur,  en  378*.  Il  ne  s'emploie  pas  seul,  s'ajoute  à 
vir  clarissimus  %  auquel  il  se  relie  par  et.  .\u  V  siècle 
seulement,  il/ustris  et  spectabilis  ont  leurs  domaines 
nettement  délimités;  auparavant.  Symmaque  dans  le 
même  rapport  officiel'  donne  les  deux  épithètesau  même 
personnage.  Des  textes  juridiijues  trahissent  aussi  ce 
flottement:  le  coines  rei  privalue  est  dit  spectabilitns 
tua  en  390^  ;  pourtant  on  le  voit  illuslris  dès  380*.  et  il 
le  restera.  Le  mufjister  officiorum  est  encore  sp.  en  378'^  ; 
peu  après,  vers  385,  Symmaque  le  traite  d'inluslris^". 
Cela  s'explique  par  une  tendance  manifeste  à  accroître  la 
dignité  de  chacun  au  cours  des  temps  et  se  confirme 
par  d'autres  exemples  :  les  duces,  à  la  fin  du  iV  siècle. 


Sl'ECiriCATIO.  I  Gai.  2,  7'J;  licst.  i,  I,  Ï5.  —  -  l'iij.  il.  I,  2i.  M-  Celle 
Ihéorie  ne  s'applique  pas  (piand  on  a  simpicmeol  leint  une  élofrc  ou  tiré  du  blé 
lies  épis  (erreur  iJnsl.  i,  I,  i5).  —  3  Ola  parail  établi  par  Dig.  10,  t,  \î  §  3  ; 
+7.  2,  5i§  H.  —  «  Jnsl.  i,  I,  H-i'i.  —5  liai.  î.  79;  /nsl.  i,  I,  i5.  —  6  Hii/.  10, 
t,  7  iî  2  (mal  inlerprété  à  /nst.  i,  1,  20j,  E\cepliou  pour  le  cas  où  du  mêlai  appar- 
lenant  à  aulrui  a  été  soude  à  un  autre  métal  par  une  soudure  non  de  plomb 
(jilumbatura),  mais  de  méine  métal  (ferraminatio)  ;  alors  il  y  a  confusion  et  le 
lout  appartient  au  spicilicalcur  (Oii/.  li,  I,  23  §  3).  —  limiioGRAPaiE.  Accarias, 
Prvcis  Je  rir.  romain,  l'aris.  I««2,  3'  éd.  I,  p.  619-621;  C.-G.  Girard,  Manuel  de 
ilr.  romain.  Paris,  1901,  3'  éd.  p.  313-317. 

SI>ECTAUILES.  <  Corp.  rj'oisar.  lai.  Vil,  p.  2»3  Gretz  :  Justin.  Nov.  7,  cpil.  ; 
SO,  2;  41, 1,  1  ;  XotU.ad  Soe.  S  ;  Berlin,  gr.  Urk.  303,  loi,  5i7,  r.G9  ;  3V7,  3  :  tt.v 
îiuT;»»v.!ji«)iiCT;<;Tr.T«:.  —  «  Corp.  ins.  lat.  Vlll,  5334.  —  3  Quisingulis  guibmque 
dignitatibuscertiim  tocum  meritunufne praescripsit  iCod.  Tlteod.  VI,  5,  2|.  —  *Corf. 
Theod.  Vlll,  3,  35  :  speclabilis  viri  officiorum  maijistri.  Du  Caogc  (G/oss.  lat.  s.  v.) 
cile  un  passage  (antérieur  de  r|uel(pic  250  ans)  de  l'aul  au  Oi'i.  1,  15,  3  pr.  :  spectabili 
riro  qui  praefectus  viyilum  appellatar;  l'interpolation  est  comme  certaine.  Dans 
Corp  insc.  /a/.lli,  3Ki7,  la  lecture  fautive  doit  être  corrigée  eu  i'irlst{renuns]:  cf. 
Ilirschfeld,  l.  c.  iiifra.  —  »  .Sidon.  Apoll.  Ep.  Vlll,  0  ;  eir  ortu  claritsimus,  privi- 
legio  apeclaltitis.  —  «  Helal.    .VXVIll,  2.    3,    10  (inluslrem)  ;  4,  9  Ispectabilemi 

—  -if.  Theod.  IX.  2T,  7.  —  SId,  Vlll,  K.  4.  — 9  Id.  Vlll,  5,  35,  §  1.  —  10  Ilelal.  XXXI V, 
8;  XXXVIII,  4;  XLIIl,  2.  —  "  C.   Th.  VU,   4,  30  (de  409);  Vlll,  4,   27   (de  422). 

—  1^  bdil.  Moiurnseo,  iudei  de  Traube,  p.  38G  a,  593  a.  —  >1  Seul  le  comularii 


sont  faits  clarissimes  et  sj>.  ;  ils  ont  déjà  ce  dernier  litre 
dans  la  Aotilia  diynitalum  et  dans  des  Constitutions  du 
même  temps".  Au  vi'  siècle,  on  le  voit  par  Cassiodore", 
les  correclores  et  consulares,  simples  clarissimes  dans 
la  Notitia  "  et  en  479  encore",  sont  devenus  sp.  ;  même 
progrès  pour  les  advocati  /isci,  les  tribuni  et  notarii^'^; 
les  curae  /lalatiorum,  sub  dispositinne  viri  specl.  cas- 
Irensis  dans  la  Notitia,  reçoivent  personnellement  la 
spectabilité.  La  Notitia  la  donnait  aux  chefs  de  ces 
bureaux  :  primicerii  notariortim  et  sncri  cubiculi,  nui- 
fjistri  scriniorum  ;  sous  Jusiinien,  elle  appartient  aussi 
aux  simples  chartularii  sacri  cubiculi'^.  Le  prac/'ecins 
annonae,  clarissime  tout  uniment  au  temps  de  Sym- 
maque'', est  sp.  dans  une  inscription  de  .oii2  ".  La 
Notitia  permet  d'ajouter  à  cette  nomenclature  les 
comités'^,  vicarii,  proconsules^",  la  praefectus  Auyus- 
tttlis.  Des  évêques  reçoivent  cette  dignité'-',  et  peut-être 
fut-elle  conférée  aux  patriarches  juifs  locaux'-.  Four  les 
emplois  de  premier  rang,  qu'occupaient  les  plus  hauts 
dignitaires  de  chaque  ordre,  la  qualité  d'illustre  demeura 
la  règle  ;  la  spectabilité  ne  s'étendit  que  de  haut  en  bas, 
et  non  en  sens  inverse  ;  on  conféra  parfois  la  qualité 
honoraire  d'illustre  [vacans)  it  ceux  qui  prenaient  leur 
retraite  après  des  fonctions  de  deuxième  rang-'.  La 
spectabilité  ne  parait  pas  s'être  transmise  régulièrement 
aux  enfants;  les  épouses  des.?/»,  étaient  peut-être  qua- 
lifiées de  même-*,  de  plein  droit  ou  non  ;  il  est  possible 
encore  qu'une  femme  quelconque  ait  reçu  ce  titre,  de 
façon  purement  honorifique  ^^  ;  mais  la  plupart  des 
exemples  nous  sont  transmis  par  l'épigraphie  chré- 
tienne-', et  le  mot  peut  très  bien  n'y  avoir  pris  qu'une 
signification  morale  -'. 

La  qualité  de  sp.  ne  resta  pas  toujours  attachée  régu- 
lièrement à  certaines  fonctions  ;  il  arriva  qu'on  pût 
l'acquérir  par  faveur  personnelle  du  prince  ou  par  un 
véritable  achat;  on  était  alors  .s/jec/ai/'/is  /lonorvirius-*. 
Elle  entraînait  en  effet  certains  avantages  :  sous  le  nom 
de  comités  consistoriani,  les  spectabiles  siégeaient 
comme  conseillers  au  co.nsistokii'ji  pri.ncipis  ;  ils  n'étaient 
justiciables  que  du  praefectis  lrbi  ^'.  Plaidants  ou 
inculpés,  ils  jouissaient  de  diverses  prérogatives'"; 
enfin  et  surtout  il  y  avait  des  immunités  " .  Néanmoins, 
ces  avantages  appartenaient  aussi  pour  la  plupart  aux 
simples  clarissimes  et  restaient  assez  inférieurs  à  ceux 
des  illustres.  Victor  Ciiapot. 


Paleslinae  y  est  sp.  —  H  C.  Just.  I,  41,  I.  —  'ô  Sp.  dans  Augustin.  Epii^l.  128, 
129  (de  411)  ;  add.  C.  i.  l.  VI,  32  017  ;  Vlll,  9S0.  _  16  Nolil.  ad  Nor.  s,  in  Dn. 

—  17  Itelal.  XXIII,  3;  XXXV,  2.  —  18  C.  i.  l.  VI,  32  043.  —  IS  Add.  C.  i.  l.  VI, 
1724,  un  com(ej)  s'acri)  c{onsislorii).  —  20  cf.  C.  i.  l.  III,  572  3,  un  procon. 
Àckaiae.  —  21  Simplicius  ap.  Sid.  Apoll.  Ep.  VU,  8,  2;  cf.  9,  18.  —  22  c'est 
l'hypothèse  de  Godcfroy  sur  la  Constitution  de  404  (C.  Th.  XVI,  8,  5)  ;  le  grand 
patriarche  était  irilustris  IC.  Th.   XVI,  8,  8,  de  392  ;  XV,  S,  11  et  13,  de  396-7). 

—  23  Ainsi  à  un  ancien  vicaire  d'Asie  :  C.  i.  l.  VI,  312  (de  390);  à  un  ex  primiee- 
r{ius)  notarior[um)  sacri  palatii  :  Jbid.  1790.  —  2;  fjn  sir.  sp.  et  sa  sp.  fiemina)  : 
Id.    IX,   1378  (de  508).  —  25  H.  Vlll,  20  410  (de  434):  Cassiod.    Var.   11.   10,   2. 

—  26  De  Uossi,  Jnscr.  christ.  1,  868,  903,  998,  1081  ;  V,  5415  ;  XIV.  3897.  —  27  Jbid. 
V,  5420  :  spect.  et  penelens  femina  (de  463).  —  28  Le  titre  fui  plusieurs  fois 
usurpé,  et  des  constitutions  rendues  pour  dénoncer  et  combattre  celte  illégalité  ;  cf. 
Cod.  Theod.  XII,  1, 187  =  t'./i/s<.  X,  32,  60  (de  436).— 29 Si  les  gouverneurs  de  pro- 
vinces étaient  sp.,  l'appel  de  leurs  sentences  n'élait  porté  que  devant  l'empereur 
(f.  Th.  XI,  30.  Ifi),  mais  bientôt  une  autre  disposition  (f.  Jusl.  VU,  62,  32)  réserva 
ce  privilège  aux  illustres.  Pour  l'exemption  de  curie,  voir  sfnatls  mu.mcipai.is, 
p.  1205!  —  30  Cf.  Ad.  Gascoiii,  He  Cin/luence  dans  la  léffislation  romaine  des 
distinctions  personnelles  aux  auteurs  de  crimes  ou  délits  en  matière  pénale 
ordinaire.  Paris,  1895.—  31  C.  Just.  X,  48,  I.  10-12.  —  BiBLioaKAl-HiR.  J.  Naudet, 
De  la  noblesse  et  des  récompenses  d'honneur  chez  les  Romains,  l'aris,  1853; 
0.  Hirschfeld,  Die  Rangtitel  der  ràm.  Kaiserzeil  (Sitzwigsber.  der  Berlin.  Aka. 
1901,  p.  594-601). 


SPE 


1422  — 


SPE 


SIM-XULA.  —  Poste  d'obst'i'valion  et  désignai  Tsignoi, 
p.  i;i35  . 

SPECULARIA,  SPECULARISLAPIS I H.NESTRA,  p.  l()3n  ; 

LAPIDES,   p.  93i;. 

SPECUI-ATOR.  —  Il  a  été  parlé  ave.'  quelque  détail  à 
l'article  i'kaetoriae  cohortes  des  specii/a/ores  attachés 
particulièrement,  comme  gardes  du  corps,  à  la  personne 
de  l'Empereur.  Il  existait  ailleurs  encore  des  speculatores. 
On  les  rencontre  en  province  dans  Voffîriiim  des  géné- 
raux coniiiiandanl  les  dilVérenls  corjis  d'armée'.  Chaque 
légion  en  fournissait  dix-. 

Le  grade  existait  encore  après  les  ré'fornies  de  Dioclé- 
lien\  R.  Cai;xat. 

SPECL'Llî.M'.  "Evo^tToov-,  ë<jo7tTf&v  ^,  xiTO-xoov'.  Miroir. 
—  I.  La  h'gende  de  Narcisse  et  celle  de  Persée  prouve- 
raient, si  cela  était  nécessaire,  que  les  .\nciens  savaient 
se  servir  du  pouvoir  rélléchissant  de  l'eau.  Peut-être 
s'élaient-ils  mirés  aussi  dans  certaines  pierres  comme 
l'obsidienne  ■>;  des  poteries  primitives,  même  polies  à 
la  main,  comme  celles  de  Chypre,  à  plus  forte  raison 
des  vases  revêtus  d'un  enduit  ou  d'une  glaçure,  ont  pu, 
par  exception,  servir  à  refléter  les  images.  .Mais  les 
premiers  miroirs  qui  méritent  ce  nom  sont  les  miroirs  de 
métal.  L'antiquité  n'en  a  pas  connu  d'autres  avant  l'ère 
chrétienne.  Les  Mycéniens  en  ont  sans  doute  emprunté 
l'usage  aux  Égyptiens  pour  le  transmettre  ensuite  aux 
Grecs  et  aux  Romains.  La  plupart  sont  de  bronze,  et  la 
proportion  d'étain  parait  y  être  plus  forte"  que  dans  les 
alliages  antiques  généralement  usités;  mais  il  y  en  eut  en 
métaux  précieux,  peut-être  en  or^  moins  probablement 
enaurichalque*.  certainement  en  argent',  dont  quelques- 
uns'"  sont  venus  jusqu'ci  nous.  D'autres,  en  assez  grand 
nombre,  étaient  argentés  "  ou  dorés  '-,  ces  derniers  par- 
fois sur  fond  d'argent  ".  Argenture  ou  dorure  pouvaient  se 
poser  à  chaud"  ou,  comme  c'était,  semble-l-il,  le  cas  le 
plus  fréquent,  à  la  feuille  battue.  On  augmentait  ainsi  la 
valeur  vénale  du  miroir,  mais  non,  ou  guère,  son  pou- 
voir de  réfléchir  les  objets,  car  le  brunissage  était  par- 
faitement connu  des  Anciens  et  il  n'est  pas  douteux  que 
de  simples  disques  de  bronze,  ainsi  préparés,  pouvaient 
faire  d'excellent  miroirs  ' '.  Leurs  propriétaires  en  avaient 
d'ailleurs  grand  soin  :  pour  les  maintenir  «  brillants  et 
propres  »,  ils  les  essuyaient  avec  des  éponges  "',  les  enfer- 
maient dans  des  boites'^  et  les  enveloppaient  dans  des 
sacs  d'étoffe  dont  les  traces  sont  fréquemment  appa- 
rentes'*. Nous  ne  savons  quand  on  fit  pour  la  première 
fois  usage  des  miroirs  de  verre,  étamés  ou,  pour  mieux 
dire,  doublés.  Seuls  deux  auteurs  en  parlent  d'une 
manière  précise,   Pline  l'Ancien,   qui   en  attribue  l'in- 


vention aux  Sidoniens  "  et  Alexandre  d'Aphrodisias-", 
qui  écrit  vers  20()  après  J.-C. -'.  Or  le  verre,  d'après 
Kisa--,  n'a  commencé  d'être  soufflé  que  dans  la  première 
moitié  du  i"  siècle,  ce  qui  s'accorderait  bien  avec  la 
mention  encore  hésitante  de  Pline  l'Ancien.  L'étamage  au 
mercure  n'a  jamais  été  connu  des  anciens  ;  ils  plaçaient 
au  revers  de  la  lentille  de  verre,  laquelle  était  soufflée  et 
non  coulée-',  une  feuille  d'or",  d'étain-^  ou  de  plomb  ^*. 
Soixante-quatre  miroirs  en  verre,  doublés  de  plomb,  sont 
aujourd'hui  connus'";  ils  viennent  surtout  de  l'Kgypte'* 
et  de  la  Gaule'-';  on  en  a  découvert  beaucoup  à  Reims  '"; 
mais  on  en  a  aussi  trouvé  en  .\sie-.Mineure  ",  à 
Olbia^-,  en  Germanie"  et  près  de  Sofia''".  La  plupart 
sont  tardifs  et  de  très  petites  dimensions  ;  peut-être 
quelques-uns  ont-ils  servi  d'amulettes,  si  bien  que  les 
miroirs  antiques  restent  les  miroirs  métalliques. 

II.  La  forme  usuelle  des  exemplaires  anciens  est  la 
forme  ronde.  Il  y  en  a  qui  sont  carrés  et  rectangulaires, 
mais  ils  n'apparaissent  que  chez  les  Étrusques  ou  dans 
les  temps  romains  et  je  n'en  connais  pas  qui  soit  delà 
bonne  époque  grecque.  Au  contraii-e,  textes'^  cl  monu- 
ments sont  d'accord  pour  attester  la  persistance  ou  la 
grande  fréquence  de  la  forme  circulaire.  Le  disque 
réfléchissant  pouvait  être  posé  à  plat  sur  la  paume  de  la 
main,  être  tenu  à  l'aide  d'un  manche  ou  être  porté  par  un 
pied,  d'où  les  trois  divisions  des  miroirs  grecs,  divisions 
qui  se  retrouvent  chez  les  Étrusques  et  à  l'époque 
romaine,  à  cette  différence  près  que  les  miroirs  à  pied 
disparaissent  alors  ou  deviennent  très  rares.  La  surface 
réfléchissante  était,  dans  tous  ces  exemplaires,  soit  légè- 
rement concave,  ce  qui  diminuait  la  grandeur  des  objets 
réfléchis,  soit,  et  le  plus  souvent,  quelque  peu  convexe,  ce 
qui,  au  contraire,  l'augmentait.  Il  est  exceptionnel  qu'un 
miroir  antique  soit  parfaitement  plat.  Nous  verrons 
d'ailleurs  utiliser  dans  les  miroirs  à  boite  les  courbes 
inverses  du  fond  et  du  couvercle  :  lorsqu'ils  étaient 
ouverts,  la  femme  qui  s'en  servait  se  regardait  à  volonté 
sur  les  deux  surfaces  réfléchissantes,  dont  l'éclat  était,  de 
plus,  augmenté  par  le  rapprochement.  Enfln  les  miroirs 
antiques  sont  généralement  très  petits.  Le  diamètre  est 
communément  de  0°',15  à  0°',20,  et  assez  souvent  infé- 
rieur au  premier  de  ces  chifl'res.  Il  y  eut  sans  doute  de 
très  grands  miroirs"^,  dont  quelques-uns  atteignaient  la 
taille  humaine,  mais,  soit  chez  les  particuliers^^,  soit 
même  dans  les  temples^*,  il  ne  semble  y  en  avoir  eu  que 
très  peu.  Le  miroir  légendaire  de  Démosthène  ne  devait 
pas  être  de  très  grandes  dimensions'^'  et  ceux  dont  se 
servaient  les  barbiers'"  et  les  peintres"  étaient  sans 
doute  dans  le  même  cas. 


SHtClLATOIl.  l(.o.7<.  msc.  lai.  II.  ili:  Ul,  i;iS  add,  J013,  30il,  36IS,  «5i, 
7794,  8173,  9906.  13  719,  U  1371.  U  479:  VU,  3358;  VUI,  70i,  874«,  2751,  18 
376:  XIII,   I73Î,  67;l,  -ÎSSi.  —  2  Ibid.  Il,  4li2:  III,    35i4,  4452,   14  479;  XI.  393. 

—  3/biil.  III,  4803.  Cf.  von  Domasicuski,  dans  les  Bonn.  Jakrbùcher,  CXVII 
(lOOK),  p.  32. 

SPECL'LCM.  1  Lucr.  4,  08  ;  S<>n.  QuaM.  nal.  17  :  Plin.  33,  45,  3.  —  2  Eur.  Hec. 
92.5;  Tro.  1107  ;  Or.  1112.  —  SAIciplir.  Ep.  III.  60.  —  V  Eur.  El.  1071.  PUil.  de 
and.  (I.  *2  B.  —  5  pourdcs  ctemplcs  hisloriquesdc  parois  de  pierres  réfl^clrissanles, 
V.  Sucl.  Domit.  I»;  cf.  Plin.  3i},  lOC.  —  6  Les  analyses  cilécs  par  Bliimner 
{Technologie,  IV,  pi.  n  17.  31-K.  p.  IS8.9)  donnent  32  p.  100  pour  un  miroir  de 
l^ampanie,  et  de  l'.ia2ii  pour  des  miroirs  de  Turin,  deCoire,  de  Mayence  et  de  Bonn. 
Tous  les  eicmplaires  analys<-s  sont  mallieureusi-ment  romains  et  de  basse  (époque. 

—  '•  Le  ternie  de  /ov».»  dans  Eur.  Hec.  92r>  ,  Tro.  1107-8,  peut  sonlendre  d'un 
miroir  simplement  dore.  Ile  mdme  les  reprf'scntations  comme  .Mon.  d.  Lincei,  I,  954 
ifrcsi|uc  de  Cumes),  ne  permettent  pas  de  distinguer  entre  les  dcui  cal^orics 
d'ohjets.  Cf.  Sen.  (Junesl.  nal.  1.  17  imiroirsen  or  et  en  argent,  ciscU'-s  et  incrustés 
de  gemmes'.  —  »  Le  (crme  est  liomérique,  mais  on  nen  couuait  pas  le  sens  précis 
et  t^allimaque,  en  remployant  à  propos  de  miroirs  (lavacr.  Pull.  19;.  na  pciil-élre 


toulu  i|ue  faire  montre  de  son  érudition.  —  'Jplin.  33,43  ;  34,  160:  Apul.  Flor.  13. 

—  10  V.  infràp.  1427,  1429  et  Bull.  1885,  p.  180,  Pompei  {Kan).  —  "  Bee.  Arch. 
1868,  pi.  xiii.  -  12  Ant.  Bosph.Cim.  pi.  mi.  7  (p.  82,  éd.  S.  Reinach).  —  13.àrcA. 
Anzeiger,  XX,  1905,  p.  58  (miroir  de  Kelermes,  Pliarmakowsky).  —  1^  Arch. 
An=.  1904,  p.  24,  5.  Berlin.  —  1^  Gerhard,  Elr.  Spiegel,  I,  p.  83,  n.  90.  —  16  Plal. 
rira.  XXXII,  p.  72,  c.  —  '7  Voir  plus  loin  et  Arisloph.  jVu6.  751-2.  —i»Arch.Zeit. 
1876,  p.  39  (au  British  Muséum).  —  19  Plin.  3i'.,  193.  Le  leite  est,  à  mi  dire, 
obscur  et  peut  être  discuté.  —  20 /"roi/.  1,  132.  —  21  Pauly-Wissona.  1,2,  p.  1433-3, 
Gercke.  —  2"  Ous  Ulax  un  Allerliime,  passim  et  II,  p.  357-8.  —  23  Berlhelol.  Bev. 
.'Scien!.   1897,   II,   p.    524-6;   Archéologie   et    Uist.   des  sciences,    1906,  p.  106. 

—  2t   Plin.    33,    130.  —   2^    Alej.    Aplirod.    ProhI.    I,   132.   —   2»    Voï.    p.   1429. 

—  37  Liste  dans  MicLon,  Bull,  du  comité  du  trac.  !iist.  IW>,  p.  231-250.  Ajouter 
Arch.  An:eiger,  XXI,  1906,  p.  113-4  (Kertch)  et  Coll.  de  Clercq.  III.  529, 
p.   323,   De    Ridder.    —  28   Ibid.    110.    —    29  Ibid.    30-62.   —    3«   Jbid.  30-59. 

—  Jl  Ibid.  11-2.  —  32  Ibid.  13.  -  33  Ihid.  U-2B.  —  34  Ibid.  28-9.  —  3i  Aris- 
loph.  A'ii*.  751-2:  Mari.  9,  18.  —  36  Luc.  Adv.  ind.  29.  —  37  Sen.  Quaest.  nal. 
1,  17.  —  38  Paus.  7,  21,  5.  —  39  yuinl.  Il,  3,  68.  —  40  Mari.  2,  66.  —  41  Ibid. 
9,  17. 


SPE 


—  1428 


SPE 


III.  Les    inii'dirs    pouvaient    èlre  lix(''.s  ou    encasUt'S 
(luns  11'  mur'  ;  in;iis  ceux  que  ron  renconlre  IVéqueaimenl 

dans  le  champ   des  vases  peints - 

étaient  simplement  accrochés  à  un 

clou  et  ne  jouaient  pas  le  rôle  de 

nos  glaces  modernes.  De  même  la 

psyciié  parait   avoir  été  inconnue 

des    Anciens  ;    seule    une    inlaille 

d'époque  romaine   montre  un  coq 

qui    regarde  son    image   dans   un 

disque    h.   bord    dentelé    et    porté 

par  un  pieu  ^  Les  miroirs  à  pied 

étaient  naturellement  posés  sur  une 

table,  mais  les  miroirs  à  manche 

ou  à  boite  devaient  être  tenus  en 

main  et  c'est  tout  au  plus  si  on  les 

appuyait*   et  si  on  les  posait'  sur 

Fifr  6524  —Miroir        ^^^  geuoux.  Nous  vojons  souvcnt 

iieioiicuc,  (f,g  65^4),  sur  les  monuments  une 

femme    tenant  d'une  main  un    miroir    et  de  l'autre  se 

coiffant''  ou  se  fardant".  Ailleurs  i  fig.  6525),  une  amie 

ou  une  esclave 
présente'  ou  ap- 
porte' un  mi- 
roir. Quant  aux 
femmes  se  mi- 
ra n  t  simple- 
ment'" ou  tenant 
à  la  main  un  mi- 
roir ",  les  repré- 
sentations en 
sont  innombra- 
bles. Il  va  sans 
dire  que  les  dées- 
ses, peut-être  dès 
l'époque  mycénienne'-,  s'en  servent  également,  \piiro- 
dite"  en  fait  surtout  usage  et  nous  voyons  souvent  un 
Kros  "  le  lui  tendre,  mais  liera ''s'en  sert  également, 
ainsi  qu'Artémis"  et  Alhèna'^  s'y  regarde  jouer  de  la 
tlùte.  Même  les  Néréides'*  et  les  Sirènes''  en  tiennent  à 
l'occasion.  Les  hommes  et  les  dieux^",  les  hermaphro- 
dites-' et  Bacchus--  exceptés,  en  usent  moins  fréquem- 
ment; s'ils  les  tiennent  souvent  en  main  sur  les  vases 
peints  -',  c'est  pour  les  apporter  en  cadeau  ;  ils  n'ont  guère 
dû  s'en  servir  que  dans  les  boutiques  des  barbiers  '". 

IV.  Les  miroirs  égyptiens  n'ont   pas  à  èlre  étudiés 
ici  ;  nous   ne   pouvons  cependant  nous  dispenser    d'en 


iPaus.  8,37,  4.  Dig.  34,  i,  19,8.  —  ijourn.hell.  stud.  XIX,  iSSC,  pi.  vi  ;  lliS'J, 
fil.  u;  'Es.  Wn.  1S8G,  |il.  IV  ;  Vlurray,  Designs  of  ijr.  vases,  pi.  un.  31  ;  pl.siv,  54: 
H"/,,(ca(/i."aJ.  pi.  ni,A;iUon.  «ot,U,  pi.  v;. 4  rcA./fei/.  IS77.  pi.  vi  ;  1880.  pi. xi; 
Ath.  Mit.  i'jno,  p.  2117,  Pig.  -  3  Furlwitiiaier,  Ant.  Gemmun.  pi.  xi.v,  4'J.  p.  220.  Mi- 
roir levé  sur  des  poulies  dans  Vilruv.  IX,  9  (8).  —  4  Éi.  cér.  U,  pi.  i.xjxïi.i.  —  5  'Es. 
Ab,.  18'J9,  p.  35  {,1.  c.  d'Krélriel  ;  FurUvaeugler,  Coll.  Sahouro/f,  pi.  i.xxvvii  :  Coll. 
Lécur/er,  I,  pi.  v.  —  6  C.  renrf.  de  Hl.-Pét.  1800.  pi.  v  ;  ISIil,  pi.  i  ;  ISGi,  pi.  i,  4  ; 
1870,  pi.  VI,  24;  UuU.  Corr.  hell.,  1881,  pi.  ii,  5,  p.  292  ;  Mon.  Piol,  II,  p.  174-5, 
lig.  3.  —  7  Bannieisler,  III.  p.  I58.Î,  fig.  11)41.  —  a  Cierliard,  Aut.Bildw.  pi.  xixiii.  5; 
Jaltrbuch.  1888.  pi.  vin,  6.  Exemples  li-.  109,  3511  et  autres  de  lous  les  leuips  ;  la 
fig.  Ii525  daprésun  des  conietsdu  iv  siècle  ap.  J.-C,  liouvés  à  Rome  sur  rKsi|uiliu 
Visconli.O/i.rarie,  I,  p.  218.  —  »  Millin,  II,  pi.  xxvii,  xMir,  \.\ii;  El.  cth:  II,  pi.  xxiii. 
.4,  elc.  —iDArch.Zeit.  1873,  pi.  xv,  Uumonl-Cliaplaiii  pi.  xxu,  1  ;  Allisch.  Grahrel. 
pi.  xc  — 1'  Atlisch.  tJrabrcl.pl.  Xl.vill,  t^T  ;  C.  rend.de  Sl-l'et.iS6i,\ll.  n;  Annati, 
1843,  pi.  A.  —  12  Anneau  d'or  cité  plus  lias,  noie  40.  —  n  Sacken,  Ui:  de  Vienne, 
pi.  XXXV,  5  ;  Wien.  Vorlegebl.  1889,  pi.  ix.  6  ;  .l/u«.  Borb.  VII,  pi.  xxiu;  C.  rend,  de 
Sl-Pét.  1870,  pl.vi,2V,  p.  215-C.  —  "  i'(.  cer.  IV,  pi.  xix;  Helbig,  n'uiiA/tm.  pi.  xi, 
'J67,  B;  C.  rend,  de  St-Pél.  1870,  80-92,  p.  102.  —  tô  Arc/l.  Zeit.  1844,  pi.  xvui, 
p.  289;  Augusl.  De  cie.Dei,  C,  10.  —  H'  Corp.  ins.  all.l\,  2,754.  —  '7  Annali,  1879, 
pl.U.p.  24-38. —  18  3/0/1.  IX,  pl.xvvui.— Il»  Ga:.  arch.  1871'.,  pi.  xxxv.  — 20  Ucyde- 


Fig.  6525.  —  Servante  présentant  i 


montre  une  di- 


dire  un  mtjt,  ciir  il  n'est  pas  ihiutetix  (lu'il  l'aul  chercher 
en  Egypte  les  antécédents  des  miroirs  grecs -\  Sans  doute, 
les  disques  y  sont  tous  légèrement  ovales,  mais  ils  se 
rapprochent  parfois  de  très  près  du  cercle  parfait'-*^  et  on 
en  trouve  de  piriformes  comme  les  exemplaires  de  Fales- 
trina  que  nous  étudierons  plus  loin.  Le  métal,  cuivre, 
bronze,  argent  ou  or-',  est  le  même  qu'en  Grèce  et  l'ar- 
genture, comme  la  dorure '*  sont  connues  Les  types  prin- 
cipaux sont  fixés  di's  le  Moyen  Empire -'  et  comprennent 
toutes  les  variétés  des  miroirs  à  manches.  La  poignée  se 
termine  par  un  chapiteau  campaniforme'",  par  une  Heur 
à  volutes  retombantes'",  par  une  tète  d'Hathor'^  ou  de 
Bès",  par  un  groupe  de  personnages  divins'',  par  une 
attache  accostée  d'animaux '\  par  un  Bès  debout"  et  par 
une  femme  nue,  les  mains  au  corps"  ou  l'un  des  bras 
replié  sur  la  poitrine".  Les  poignées  sont  en  bois,  en  ivoire 
ou  en  bronze,  et  les  disques  sont  plats,  convexes  ou  légè- 
rement concaves  '''.  Pour  en  protéger  le  poli,  on  les  enfer- 
mait dans  des  étuis  dont  quelques-uns  sont  venus  jus- 
qu'à nous  '•".  Tous  ces  traits  se  retrouvent  dans  la  suite 
de  celte  étude. 

V.  Les  miroirs  étaient  certain^ement  connus  à  l'époque 
mycénienne.  On  en  a  découvert,  entre  autres,  à  lalysos*', 
à  Mycènes '■-,  h  Vaphio  ",  à  Menidi"  et  à  Thoricos  '■; 
et  une  bague  d'or,  souvent  menlioiim 
vinité  assise,  qui 
tient  un  miroir  à 
manche.  Dans  les 
exemplaires  con- 
servés ,  le  disque 
de  bronze  est  par- 
faitement rond  et  a, 
en  moyenne,  O'",lo 
environ  de  dia- 
mètre "  ;  un  man- 
che de  bois,  d'os  ou 
d'ivoire,  fixé  par 
deux  larges  clous 
à  tète  d'or  '*,  ser- 
vait de  poignée  au 
miroir.  Deux  inan-  ^,.^  ^  ,.,^  _  j,^^^,^^,  ^^  ,_^^^.^._.  ,„y,^„i^„ 

cil  es       d'ivoire 

(fig.  6526)  ont  été  trouvés  dans  le  dromos  du  tombeau 
dit  de  «  Clytemnestre  »,  où  a  été  découverte  une  sépul- 
ture d'esclave  ''■'  ;  un  troisième,  du  même  type,  mais 
qui  n'appartient  peut-être  pas  à  un  miroir,  a  été  mis  au 
jour    dans    une    tombe    de    Mycènes   qui    était   creusée 


manu,  Vasens.  2047,  p.  179,  et  Ibut..  .Santtinrjelo,  620,  p.  775.  —21  Arch.  Zeit. 
1843,  pi.  V.  —  22  Aristopli.  Thesm.  I  W.  —  a  El.  cér.  IV,  pi.  xcv  ;  Millin,  II,  p.  57  ; 
Jahrbuch,  1889,  p.  35.  Il  va  sans  dire  qu'il  faul  excepter  les  barbares  :  c'est  ainsi  que, 
dans  la  Russie  méridionale,  un  miroir  aurait  été  trouvé  avec  des  boucles  d'oreilles 
dans  une  tombe  de  guerrier,  Journ.  hell. stud.  1884,  pi.  xi.vi,  9,  p.  68  (ii  Oxford). 

—  2'.  Exemples  cités  plus  haut  et  Luc.  Adv.  ind.  29.  —  25  Mon.  grecs.  II,  19-20. 
p.  5,  Micbon.  —  26  Bénédite.fnia;.  du  Caire,  Miroirs,  p.  4  ;  cf.  Wilkiusou,  .Vunn. 
and  Customs,  éd.  de  1874,  p.  340-7,  p.  475-6.  —'27  Ibid.  p.  1,  p.  11.  —  ^»  Jbid. 
p.  11  (5,  7).  —  29  Jbid.  p.  34.  —  30  Jbid.  p.  19  et  pi.  n,  —  31  Jbid.  p.  20,  pi.  ni, 
pi.  v-vi.    —  32  Ibid.    p.    22.  pi.  IX.  —  33  /bid.   pi.  IV.  —  34  !bid.   pi.    IV,   41018. 

—  35  Jbid.  p.  23,   pi.   vii-viil.    —   30  Jbid.  p.    24-5,  pi.  xii..   —  '37   /bitl.  pi.   x-xii. 

—  38  Ibid.  pi.  X,  xui.  —  311  Jbid.  p.  6-8.  —  '0  Ibid.  p.  29-32  ;  Jiev.  Arch.  1899,  I, 
p.  321-2,  pi.  IX,  Maspero  (XII'  dynastie).  —  "  Furtwa-ngler-Lieschcke,  Myk.  Vasen, 
p.  11.  _'.2Tsounlas-Maniitt.  The  Mycen.ran  âge,  p.  124;  'Eç.  'Afx»'»^-  'S^S, 
p.  136-8,  p.  143-4.  p.  172,  pi.  viu,  3  el  pi.  ix,  2.  —  »3  Jbid.  p.  Ii5,  p.  105  (tombe 
d'hommel.  —  »  Ibid.  p.  146.  —  4o  Jbid.  p.  385.  —  W  Furtwœngler-Lœschcke, 
Mykenische  Vasen,  p.  3.  —  "  0"',1I4,  0",128  et  0",145;  'E  ..  'Af/.a.o'A.  1888, 
/.  /.  Tsounlas.  —  «  Isounlas,  (.  /.  p.  187.  Cf.  'E,.  Ao/.a.o'A.  ISSU,  pl.  ix,  2. 
-4»  Tsounlas,  /.  (.  lig.  82-3,  p.  IS6-7  ;  l'ern.l,  Hist.  de  fart,  VI,  lig.  380-7, 
p.  816. 


Fig.  65*7.    —   Manclit 


SPE 

ilans  le  roc'.  Le  fi'il,  ([iic  strient  parlViis  des  liandes 
oliliquesà  déeor  conventionnel,  imite  le  Ironr  d'un  pal- 
iiiiei-etse  termine  à  l'attaelie  par  deux  volutes  recourbées. 
.\  rattaelie  sont  deux  l'emmes  alTrontées,  figurées  dans 
les  brandies  de  l'arbre  ou  poi'lées  par  le  chapiteau,  et 
tenant  des  Meurs,  des  colombesel  des 
palmes.  Klles  sont  vêtues  de  la  robe 
à  volants  mycénienne,  mais  sur 
l'original,  d'après  M.  Tsounlas,  leurs 
cheveux  crépus  et  leurs  visages  aux 
traits  lourds,  au  nez  épaté  ^  et  aux 
lèvres  épaisses  décèlent  une  origine 
asiati()ue. 

VI.  Les  premiers  miroirs  grecs 
que  nous  connaissions  à  l'époque 
archaïque  sont  du  type  «  argivo- 
corinUiien  ».  Ce  sont  des  miroirs  à 
manche.  La  poignée,  munie  d'une 
attache  de  suspension,  s'évase  lé- 
gèrement entre  l'extrémité  qui  est 
ronde  et  l'attache  qui  est  sensible- 
ment rectangulaire  (fig.  6S27)'.  Les 
trois  surfaces  ménagées  entre  l'an- 
neau et  le  disque  sont  décorées  de 
plaques  au  repoussé,  d'inspiration 
ionienne.  Aux  quatre  exemplaires 
relevés  en  189G^  s'ajoutent  deux 
miroirs  d'Athènes^  et  un  miroir  de 
Berlin".  Un  aigle  volant,  des  coqs 
et  un  Gorgoneion  décorent  le  disque 
inférieur  ;  une  longue  figure,  imberbe  ou  barbue,  se 
profile  sur  la  poignée  proprement  dite;  des  sphinx, 
des  lions  ou  une  scène  mythologique,  comme  la  ren- 
contre (le  Priam  et  d'Achille,  sont  représentés  sur  la 
plaque  d'attache.  Ces  miroirs  servent  de  transition  pour 
passer  aux  miroirs  grecs  archa'iques  ou  de  style  libre, 
qu'on  peut  diviser  en  plusieurs  catégories  :  les  disques 
portés  par  un  pied,  les  exemplaires  à  manche,  enfin  les 
miroirs  à  boite,  dont  plusieurs  sont  munis  de  reliefs  et 
dont  quelques-uns,  de  plus,  sont  gravés. 

VII.  Les  miroirs  à  pied  ont  le  plus  souvent  pour 
support  une  figurine  féminine,  parfois  une  statuette 
masculine,  assez  rarement  un  motif  architectonique. 
M.  Miclion  comptait  en  1803  cinquante-deux  exemplaires 
de  la  première  catégorie  '  ;  sans  prétendre  à  être  complet 
il  fau<lrail  aujourd'hui  ajouter  à  la  liste  au  moins  vingt- 
deux  monuments:  six  à  Athènes*,  quatre  à  Boston^, 
trois  à  Saint  Pélerl)0urg"',  deux  au  Brilish  Muséum  "et 
à  Berlin'-,  un  à  Naples  ",  en  .\ngleterre '*,  à  Munich'^,  à 
Chicago  "'  et  à  New-Vork  '' .  La  femme  n'est  pas  nécessai- 
rement une  Aphrodite,  car  elle  est  nue  dans  cinq  exem- 
plaires (lig.  t)3jJ8)  '*  et  vêtue,  dans  un  bronze  d'Kgine,  d'un 
court  caleçon  :  on  peut  alors  y  voir  une  simple  liiérodoule, 
(|ui  joue  parfois  des  cymbales  (fig.  '■im'u.  Les  autres  sta- 
tuettes sont  vêtues  et  leur  costume  montre  toutes  les  va- 
riétés de  la  mode  féminine,  depuis  le  milieu  tlii  vi'  siècle, 

I  TsouDlas,  /.  /.  p.  81,  p.  ISS:  l'cnol.  VI,  fig,  38S,  p.  SI7.  —  2  On  sait  c|ui- 
ta  Rritoiiiïi'lis  Cretoise  c^l,  cite  aussi,  perctiêe  dans  tes  branclii-s  il  un  arlu-c.  t'eul- 
eirc  peul-ou  rappeter  la  ■  ilamc  au  sycomore  »  égyplienne.  —  ^  "Eo.  àp^- 
l»98,  pt.  vu.  —  ^  [le  Kidder,  /><•  fctypis  qiiibitsd.  aeneis,  i-i,  p.  7-8.  —  5  -Eo. 
«?,.  IS98,  pi.  vjr,  p.  lil-13C.  —  c  Arch.  Ànzeigcr,  I90i,  p.  ïi,  ),  l'ernicc. 
—  ■  Duniont-Qiaptaiu,  Céramiques,  II,  p.  249-254;  l'olticr,  Mvn.  grecs.  II,  19-20, 
p.  I-:î.>,  Miciion.  —  *  De  Riddcr,  /Ironz.  Hoc.  Arch.  879,  pi.  ui.  2  ;  llronz.  Acropole, 
487,  pi.  vu;   Ei.  Aj)..  1893,  p.  I>19,  pl.vii:  Bail.  corr.  hell.,  XXIV,  1900,  7-8,  (ig.  9, 


Ii24  — 


SPE 


jusque  vers  l,i  lin  du  V.  C'est  tanl('it  le  rhiton  simple, 
tantijt  la  tunique  de  lin  pardessus  larjuelle  Ihimation  est 
jeté  en  écharpe,  tantôt  le  di- 
phoïdion  ou  l'hémidiphoïdion 
ionien  ou  dorien,  en  toile  ou 
en  laine  (lig.  6:)2!»  '\  La  base, 
qui  aujourd'hui  fait  parfois 
défaut,  mais  qui  était  né- 
cessaire à  l'équilibre,  est  le 
plus  souvent  ronde  et  portée 
par  trois  grilles  de  lion  ou 
par  trois  pieds  de  cheval  : 
elle  peut  être  plate  et  cir- 
culaire ou  même  carrée,  sup- 
portée par  quatre  pieds  de 
sphinx  ou  par  quatre  mon- 
tants croisés,  terminés  par 
des  sabots  de  cheval.  Un 
animal,  lion  couché,  gre. 
nouille  ou  tortue,  remplace  à 
l'occasion  la  plate-forme,  et  lig.  652s.  _  picd  de  muoi.-. 
deux  animaux  l'accostent,  tels 

que  des  lions  et  des  chevaux  ailés.  La  main  droite  est 
souvent  étendue 
à  plat,  tandis  que 
la  main  gauche 
relève  la  robe  à  la 
lianche  ;  l'altri- 
bul  est,  alors, 
d'ordinaire  une 
colombe,  mais, 
parfois  aussi,  un 
gland,  une  gre- 
nade, un  fruit, 
une  tleur,  une 
pomme  de  pin, 
voire  une  sirène. 
Ailleurs,  la  main 
droite  s'appuie 
sur  la  hanche  et 
la  gauclie  porte 
l'attribut  ou  se 
plaque  sous  le 
rabat  de  la  lu- 
nique.  D'autres 
fois,  les  deux 
mains  sont  por- 
tées en  avant  ou 
relevées  du  mê- 
me mouvement 
vers  la  palmelte 
ou  vers  le  disque 
métallique.  En- 
lin,  trois  fois 
au  moins,  la  déesse  est 
L'attache   proprement  dite,  ( 


repri'sentée     se     coiffant. 
'Ile  qui   relie  la   tête  à   la 


m.  p.  12  i:  Slaïs,  Guide  Mus.  mit.  i'  éil.  12449,  p.  3:15,  Janina.  —  9  «e/tort  de 
l'.IDl,  p.  :K  ;  de  1904.  p.  37-8,2;  £(«/fe(in  de  1905,  p.  4«  ;  Calul.  f'ormnn,  p\.iu,  667. 
—  III  Scliebeltw  et  Malml  erg,  Mater,  arch.  russe,  pi.  i-iu,  p.  1-35,  1907  (Cliersnn- 
nèsc).  —  Il  Rull.  Corr.  hell..  1898,  pi.  i.  iu,p.  200  232,  De  Ri.lder.— «2 ^Irc/i.  .4n;ei- 
ger,  i'M\,  p.  23-V,  2-3,  feiiiice.  —  I-i  Collignon, //.  de  la  scidpt.  gr.  I.  fig.  2IS, 
p.  423.  — l'Cii(n/.  Biir(inj/on  m/ii6.  190t,  pi.  XLV,  A.  —  13  Christ,  A"flArfr,  1901. 
671,  p.  02,  pi.  VI.  —  l'îFnrt%\aîngler,  .'Veue  /îenAfti.v/ei-,  III,p.  2V5.  — 17  perrol,  H.  de 
'■or^lll,p  *2.ng.  r.2'1.  -l8Sclieliekw,Op./.  pl.[u.  —  i9.4rcA.  ^ei/.187!l,pl.  xii. 


SPE 


142c 


SPE 


surface  mirante,  est  d'abord  maladroite  et  brutale:  elle 
se  transforme  par  la  suite,  et  la  transition  est  ménagée 
par  la  courbe  élégante  d'une  palmetle  accostée  de  demi- 
palmeltes  ou  de  tiges  fleuries.  Pour  remplir  le  vide 
laissé  au-dessus  des  épaules, 
le  plus  souvent  deux  Eros 
volent  vers  l'Aphrodite,  mais 
ils  peuvent  être  remplacés 
par  deux  Nikès,  par  deux 
protomes  de  cheval  ailé,  par 
lieux  sphinx  ou  deux  sirè- 
nes, même  par  deux  chiens 
surmontés  de  deux  lions  dé- 
vorant une  proie  (fig.  6o30j'. 
Le  disque  est  décoré  sur  la 
tranche  d'oves  gravés  et 
d'appliques  telles  que  fleu- 
rons, rosaces,  coqs,  lièvres, 
chiens,  renards  ou  sphinx  ; 
en  haut  se  dresse  souvent  un 
sphinx,  rarement  une  figu- 
rine    féminine,    parfois    un 

_     „^„^^^ fleuron  ou  bien  un  ou  deux 

coqs.  L'anneau  qui  se  trouve 
à  cet  endroit  ne  servait  pas  à  suspendre  le  miroir,  mais 
simplement  à  faciliter  le  transport'-.  —  Les  supports  en 
forme  d'homme  nu  sont  plus  rares,  mais  quelques 
beaux  spécimens  du  v^  siècle  ^  sont  venus  jusqu'à  nous. 

—  Enfin  des  supports  plus  simples  se  composent  de  deux 
liges  flexibles  entre-croisées ',  d'un  pied  octogonal  élargi 
vers  le  bas  avec  une  palmette  à  l'attache'',  de  ligetles 
en  bronze''',  d'un  fut  en  bois"  ou  d'une  colonne  que 
surmontaient  un  sphinx  accroupi  et  une  riche  palmette*. 

VIII.  Les  miroirs  à  manciie  sont  de  formes  et  de 
natures  très  difl'érentes,  et  nous  ne  pouvons  songer  à  en 
distinguer  toutes  les  variétés.  La  poignée  est  tantôt 
soudée  avec  le  disque  et  tantôt  rapportée  :  dans  ce  der- 
nier cas  une  soie,  qui  servait  d'attache,  entrait  dans  un 
manchon  de  bois,  d'os  ou  d'ivoire '',  lequel  a  parfois  été 
conservé  '".  —  L'exemplaire  le  plus  ancien  qui  soit  connu 
n'est  pas  ou  n'est  guère  plus  récent  que  les  miroirs  «  ar- 
givo-corinthiens  »  :  le  manche,  en  forme  de  galette  plate 
et  travaillée  d'un  seul  C(')té  ",  représente  (lig.  t)531)  une 
femme  de  profil,  le  chiton  gravé  au  tracé  et  serré  par  une 
ceinture,  le  polos  fendu  pour  insérer  le  disque;  un  anneau, 
placé  au-dessous,  servait  à  suspendre  le  miroir.  —  Beau- 
coup plus  récents  et  au  plus  tôt  de  la  lin  du  v''  siècle  sont 
un  certain  nombre  d'exemplaires,  généralement;'!  manche 
rapporté,  dont  l'attache  se  compose,  outre  les  volutes  et 
les  palmeltes  ou  les  demi-palmettes  classiques,  d'une  figu- 

'  Sr.licljclcw,  ilatrriaux  d'arch.  russe,  IU07,  pi.  i.  —  i!  Liic  cliaincllc 
relie  parfois  le  pourtour  du  disque  au  couvercle  d'un  lase  à  parfums,  Micliou, 
Mon.  !,rccs.  11,  lU-iO,  fij;.  p.  19,  Louvre.  —  3Ue  Hidder,  JJronz.  Acropole.  704, 
fig.  m,  p.  il'};  Walters,  fJronz.  Dril.  .Vus.  iU,  pi.  m,  |i.  il  ;  an,  pi.  «v,,  p.  71  ; 
Furlwwngler,  Coll.  Somzèe,  pi.  xxxil,  2,  84,  p.  55-9.  —  S  E».  'A  ?■/.  1884,  pi.  vi,  3. 

—  '■'  Slackclberg,  Grrber  d.  Uelleuen,  pi.  osrv,  p.  47  ;  Arch.  Anz.  1898,  p.  63,  iO. 

—  6  Mon.  Grecs,  II,  ISÏll-i,  p.  li,  Miclion  (Brilisli  Muséum).  —  ''  /6W.  au  Louvre, 
p.  11.  .mm:  1039  (Antliédon).  —  »  Ibid.  p.  M,  MNC  IC70  (tlermione).  —  s  Corp. 
Inscr.  Ml.  Il,i,  7."i4.  — loTarbell,  .4  jreeA/iaii'/-mi;Tor,  190i,  pi.  i,  p.  3-4,  Chicago  ; 
Jahrb.  Insl.  1910.  .4n;.p.  32,  fig.  6.  —  H  Mon.  grecs,  l.  l.  pi.  ii,  2.  p.  7-11  ;  cf. 
C.SmiUielA.  HulloD,  Co»ec(.  Cook,  pi.  \x\\.  —  1-2  Arc/i.  Anz.  1904,  p.  23;  Slud- 
niczka,  Siegergottin,  pi.  ».  —  13  C.  r.  de  St-Péttrsbourg,  1809,  p.  176  ;  Jahrbucli, 
m,  1888,  p.  246,  Maiion  ;  Coll.  de  Clercq,n\,  526-7,  pi.  riiu,  1,  p.  321-2,  De  Ridder. 

—  H  Arch.  Anzeiger,  1890,  p.  91  ;  Tarbell,  ;.  (.  ;  [)e  Kidder,  llronz.  Hoc.  Arch.  134, 
p.  34.  —  'S  fie  Ridder,  /.  l.  132.  —  ">  .Même  type,  peuWtrc  ilaliole,  Longpérier,  Ur. 
Louvre.  252  (Scylla).  —  ''^  .irch.  Zeil.  1870,  pi.  xxxil  au  brilisli  Mus.,  Locres. 

—  18  Juhreshefte,  Vil,  I9U4,  pi.  ii,  fig.  99.  p.  203-S.  Pollak,  l'.ump^  :  flo-m     Vit 

VIII. 


de  suspeni 


rine  ou  dune  prolome,  qui  se  présentent,  le  plus  souvent, 
de  face.  C'est  une  Nikè'-,  un  Eros  agenouillé '\  un 
sphinx  "ou  un  Gorgoneion '».  —  D'autres  fois,  surtout 
semble-t-il  en  Sicile  et  dans  la  Grande-Grèce,  un  rec- 
tangle ajouré  s'intercale 
entre  le  manche  et  le 
bord  du  disque"',  et  les 
sujets  s'encadrent  dans 
un  édicule,  entre  des 
arbres  oi|  des  piliers. 
Aphrodite  enlève  Ado- 
nis'" ou  est  accompagnée 
d'Eros  '%  ce  dernier  est 
figuré  courant"  ou  éten 
du  -"  ;  un  héros  chas- 
seur-', un  Silèneassis-^ 
deux joueurs  de  mo^ra-^ 
une  pleureuse  voilée  -'' 
rappellent,  en  un  style 
plus  libre  et  avec  un  fond 
découpé,  les  personnages 
(les  plaquettes  ic  argivo- 
corinthiennes  »  ou  même  les  femmes  des  miroirs  mycé- 
niens. Ailleurs,  l'attache  est  formée  d'un  serpent  qui 
inord  une  feuille-^,  d'une  tige  d'acanthe  stylisée-",  d'un 
chapiteau  à  volutes  ioniques  "\  de  deux  coquilles  reliées 
|)ar  des  brandies  souples,  oii  s'intercalent  des  tètes  d'ani- 
maux -",  d'une  simple  palmetle  -^  et  môme  d'une  tige  de  fer 
rapportée^".  Les  représentations  de  miroirs  sur  les  vases 
peints  nous  apprennent  à  cou  naître  d'autres  formes  encore, 
dont  souvent  aucun  exemplairi;  n'est  venu  jusqu'à  nous. 
Nous  voyons  que  le  disque  était  encadré  comme  le  sont  au- 
jourd'hui nos  glaces  à  main  ^'  ;  la  bordure  devait  être  en 
bois  et  des  clous  l'ornaient  de  distance  en  distanice  ^-.  Des 
bi'lières"ou  des  palmettes''' accostent  la  surface  mirante, 
et  un  fleuron^'  se  dresse  le  plus  souvent  au  sommet. 
Enfin  les  miroirs  à  manche  étaient  parfois  gravés  "^  ou 
décorés  de  reliefs^'  comme  les  miroirs  à  boite.  Le  fait 
a  dû  être  assez  rare,  car  les  Grecs,  au  contraire  des 
Etrusques,  évitent  toute  surchage  d'ornements  inutiles  ; 
il  suffisait,  à  leur  sens,  que  la  poignée  seule  fut  décorée, 
et  ils  paraissent  avoir  recherché  le  contraste  que  faisait 
avec  le  manche  la  surface  nue  et  brillante  du  disque 
réfléchissant. 

IX.  Les  miroirs  à  boite  (Xo-isïov;''' se  composent  essen- 
tiellement de  deux  pièces,  un  fond  et  un  couvercle.  Ce 
dernier  est,  assez  souvent,  d'un  diamètre  un  peu  supérieur 
et  muni  d'un  rebord,  de  manière  à  pouvoir  s'emboiter 
sur  le  fond  (fig.  (w."J2)  ".  Une  charnière,  ainsi,  n'était  pas 
nécessaire  à  l'union   des  deux  pièces,  bien  i|ii'elle  soit 

1897.    lig.    3,  p.    Il'i,  Lucres.    —    l'J  Itœm.  Mit.    1897,  lig.    i,  p.    M..,  Moiileleorie. 

—  20  Ibid.  fig.  5,  p.  121,  Calanc  ;  S.  Ueinacli,  Rép.  III,  p.  265,  2,  Palermc  ;  Arcli. 
Anz.  XXI,  1900,  p.  216.  —21  S.  Reinach,  /.  /.  p.  35,5;  Babclon-Blaiiclicl,  Ilr.  Uibl. 
yal.  801,  p.  345.  —  '22  /tœm.  MU.  1897,  p.  121.  —  23  Bull.  Mus.  Boston,  III,  6, 
1905,  p.  46.  —  21  iVo(.  (/.  se.  1902,  p.  215-7.  e,  fig.  1,  Vizziiii,  Orsi.  -  î-\)e  Hidder. 
Bronz.  Soc.  Arc.  133,  p.  34.  —  2ii  Arch.  Anz.  XX,  1905,  p.  IC7,  III.  C.  —  27  De 
Ridder,  /.  (.  133;  Arch.  Anz.  1904.  p.  102.  —  28  Co/i.  de  Clercq,  III,  52S,  p.  322, 
De  Ridder.    —   29     f.-..    'Aj,.  1903,    (ig.    8,    3,  p.  174,    Kolylon    |.rés  de   Bassal. 

—  30  .Irc/i.  .4n;.  XXIII,  1908,  p.  169,  3.  —  31  c.  r.  de  SL-l'et.  186»,  pi.  i, 
p.  28.  —  32  /.(.  cér.  IV,  pi.  vr,  pi.  xlii.  —  33  Ibid.  IV,  pi.  rxïxix.  —  34  Uer- 
hard,  Ant.  Bildu:  pi.  xxvn.  i.  —  35  Millin,  Vas.  p.  Il,  LVIl  (FurUviraglcr, 
Beschr.  3346,    II,  p.  937).   —  36  Arch.   Anz.    1904,    p.   23,   4  (Berlin;,    l'ernice. 

—  37  Gaz.  Arch.  1S78,  p.  23,  fig.  14!  (lécyllie  à  figures  rouges,  rapplii|uc  sans 
doule  argenWe).  —  3»  Arisloph.  Nub.  749  sq  ,  scol.;  Poilus,  X.  126.  —  39  D'aulrcs 
fois,  c'est,  au  conlraire,  le  couvercle  fiui  s'encastre  dans  le  rebord  du  fond.  La 
fig.  6532  reproduit  une  boite  trouvée  dans  un  tombeau  d'Alljènes,  d  apns 
Slackcllierg.    Ortlher    der   Bellenen,   1.   vu  :   lierljaid,   Étriisk.  Spiegel,  pi.    xx. 

179 


SPE 


142t)  — 


SPE 


souvent  conservéeoii  que  sa  présence  ancienne  puisseèlre 
conslalée  dans  les  exemplaires  venus  jusqu'à  nous.  Une 
bélière,  fixée  d'ordinaire  à  lalranclic,  servail  à  suspendre 
les  miroirs  fermés  et  un  autre  anneau,  placé  à  l'opposé  de 


la  cliarnière.  permettait  de  soulever  le  couvercle.  Dans 
les  exemplaires  communs  la  décoration  extérieure  se 
composait  de  cercles  concentriques  sur  les  faces  plates,  et 
d'un  motif  courant  tel  qu'une  suite  d'oves  sur  la  tranciie. 
\'n  disque  plat  était  parfois  enfermé  à  l'intérieur  de  la 
boite'  :  lorsqu'il  faisait  défaut,  les  parois  internes  du 
fond  et  du  couvercle,  la  première  convexe  et  la  seconde 
concave,  servaient  de  surface  rétlécliissanle.  Unedispo- 
silion  exceptionnelle  peut  être  signalée  dans  deux 
miroirs  d'Érétrie  (]ui  ont  double  face  et  double  couvercle  ; 
le  diamètre  en  est  alors  inférieur  à  celui  du  disque  de 
support  et  un  arrêt,  formé  d'une  colombe  mobile,  assure 
la  fermeture  -. 

Un  assez  grand  nombre  de  miroirs  grecs  à  boite  sont 
décorés  extérieurement  de  reliefs:  ceux-ci,  dans  quelques 
monuments  tardifs  et  souvent  suspects',  sont  coulés, 
mais,  dans  la  majorité  des  cas  et  dans  tous  les  exemplaires 
de  beau  style,  ils  sont  exécutés  au  repoussé.  Un  support 
intérieur  qui  pouvait  être  en  plâtre  ou  en  mastic,  mais 
qui  le  plus  souvent,  était  eu  plomb,  protège  et  double 
d'ordinaire 'la  plaque  métallique:  comme  la  saillie  est  très 
forte  et  que  le  noyau  a  cédé  en  certains  points,  il  arrive 
assez  fréquemment  que  les  reliefs  soient  mal  conservés. 
Kn  I8!I4  j'ai  relevé  8'J  de  ces  miroirs  '',  auxquels  s'ajoute- 
raient aujoui'd  liui  une  vingtaine  ou  une  trentaine  d'exem- 
plaires, récemment  acquis  par  les  musées  d'.\tliènes'',  de 
Berlin  ',  de  Boston  ",  de  Dresde  ',  de  Genève  '",  de  Kertcli  '\ 
par  le  Louvre  '-'  et  par  le  Britisii  Muséum  ".  Laliste  devrait 
d'ailleurs  être  re  visée  avec  soin,  alin  d'éliminer  les  doubles 
emplois  et  les  monuments  ilalioles  ou  suspects;  d'autres 
reliefs  sont  bien  antiques,  mais  ont  été  arbitrairement 

I  Voir  la  coupe  de  la  (ig.  653i,  couvercle  île  la  lioilc  >iJe,  cl  Col!,  de  Clercif,  III, 
335.  p.  .3ii.  —  -De  Riddcr,  Bronz.  Soc.  Arc.  ICl-i.p.  45;    £  =  .    «j,.  1893,  pi.  w. 

—  s  Bronz.  Soc.  Arch.  163  p.  i6.  —  *  L'it  support  nesl  pas  nécessaire,  lors'iue 
la  plac|ue  esl  très   épaisse  et   s»  suffil  ainsi  à  clle-iueme.  —  i>  Ibid.  p.  4Î,  S-s. 

—  '  J/OM.  Piot,  IV,  1897.  p.  77-103,  lig.  1-7,  De  Hiddir;  Bull.  eorr.  Iielt.  1900, 
p.  318-360.  pi.  i.|ii,  17,  l'erdrizct  ;  Slaïs,  Guid.  iliu.  .Vii(.  i.lO-i,  p.  37i-3.  —  ^  .\icli. 
An:.  I9UI,  p.  i3-»,  3-6,  l'ernice.  -  »  lOid.  1897,  p.  73  ;  1899,  p.  137,  Ï9-31  ;  I9M. 
p.  19i,  10-,  1906,  p.  lliî-l;  Bull.  Mut.  III,  6    déc.  I90j),  p.  47:  Americ.  Journ.  uf 


attribués  à  des  couvercles  de  miroirs  et  proviennent  de 
la  retombée  d'une  anse  d'Iiydrie,  d'un  garde-joue  de 
casque  ou  même  d'une  pièce  d'harnachement.  Ces 
réserves  faites,  les  sujets  des  emhlemalu  sont  extrême- 
ment variés,  quoique  beaucoup  se  rattachent  aux  cycles 
erotique  ou  dionysiaque.  .Vplirodite  chevauche  le  bouc  ou 
le  cygne,  est  accompagnée  d'Hermès,  d'Adonis  (lîg.:2!70i, 
ou  d'Kros,  (lig.  '217i)  qu'elle  lient  sur  ses  genoux,  auquel 
aWv  tend  un  masque  ou  qu'elle  fait  tirer  de  l'arc.  Eros  est 
figuré  seul  ou  avec  un  autre  Eros,  avec  Psyché,  avec 
Nikè,  ou  avec  Phèdre,  qu'il  dévoile.  Dionysos  s'appuie  sur 
Eros,  sur  un  papposilène,  sur  un  satyre  ou  sur  une  bac- 
chante :  il  lutte  contre  un  géant  ou  converse  avec  .\riane. 
Les  Ménades  dansent  seules  ou  par  paires  et,  avec  Pan  et 
les  Silènes,  complètent  le  cortège  bachique.  Les  scènes 
d'enlèvement,  de  Ganymède  par  l'aigle,  d'Europe  par  le 
taureau,  d'Orithye  par  Borée,  d'une  nymphe  par  un  Cen- 
taure servent  de  pendant  aux  enlacements  erotiques. 
Héraclès  lutte  contre  les  serpents,  contre  le  lion,  avec 
r.\mazone  et  parait  avec  les  Hespérides  et  avec  lole. 
On  voit  plus  rarement  représentés  Zeus,  .\théna,  Kybèle, 
Thétis.  la  chasse  de  Calydon,  Ulysse  et  le  palladion,  des 
guerriers  ou  des  femmes  à  cheval,  voire  de  simples 
éphèbes.  Par  contre,  une  lête  seule,  de  face,  de  trois 
quarts  ou  de  profil  occupe  assez  souvent  le  champ.  La  pro- 
tome esl  un  masque  d'.\lliéna,  de  Zeus  Amnion,  peut-être 
d'Apollon,  de  Dionysos,  de  Monade  ou  d'Aphrodite.  Une 
très  belle  tête  deCorintlie(fig.(Jo33iau  Musée  d'Athènes  '' 


ne  le  cède  guère  à  l'Arétliuse  d'Evainélos,  quoiqu'elle  soit 
un  peu  plus  récente.  —  La  date  de  ces  reliefs  esl  très 
variable.  Si,  d'une  manière  générale,  les  miroirs  à  boile 
succèdent  aux  miroirs  à  pied  '°,  on  ne  peut  guère  tracer 
entre  eux  une  ligne  de  démarcation,  et  il  esl  non  moins 
malaisé  de  dire  quand  finit  la  fabrication  des  miroirs 
à  relief;  aussi  les  dates  extrêmes  de  450  et  de  300'*  avant 

arch.  .Xll,  I9U»,  p.  377-8,  lig.  9.  —  »  Arch.  .\nz.  1898,  p.  63,  il.  —  10  /(er. 
arch.  1909,  I,  lig.  4,  p.  i47.  —  "  .\rch.  Anz.  I90i,  p.  45.  —  12  Bull,  det  antiq. 
1900,  p.  8,  48;  I90i,  p.  373,  27-8.  —  U  Wallers,  Bronz.  Brit.  Mut.  3ilOI, 
pl.  xxxii.  p.  376-7  ;  Arch.  Anz.  1905  p.  l'w,  III,  5;  1907,  p.  3S0.  Bull.  cu-r.  hell., 
\\\\.  1909,  p.  161,  (ig.  14,  Harsliall.  —  Il  'Es.  A;/.  1893,  p.  161,  pl.  ii, 
Mvloiias.  —  '  ■  Ounionl-Chaplain.  CéramiQuet,  II,  p.  Ï43,  Collier.  —  16  Voy. 
les  rcman|ues  de  Furlwaengli'r,  cl  la  comparaison  avec  les  *ases  grecs  d'Italie, 
Gricch.  Vatenmalcici,  II,  p.   li. 


SPE 


-   1427  — 


SPE 


notre  ère  ne  peuvent  être  proposées  <]iie  sous  les  réserves 
les  plus  expresses. 

Il  peut  être  intéressant  de  signaler  en  terminant  quel- 
ques miroirs  en  terre  cuite  qu'on  a  trouvés,  non  seule- 
ment en  Italie,  mais  dans  la  Grèce  propre,  à  Corinthei, 
à  Myrina  et  à  Thèbes-  :  il  ne  faut  pas  y  voir  les  modèles, 
mais,  semble-t-il,  rimilation  et  le  surmoulage  des  exem- 
plaires métalliques. 

X.  Le  plus  ancien  miroir  gravi'  que  je  connaisse  pour  la 
série  greque  a  été  découvert  récemment  à  Kelermès,  dans 
un  lumulus  du  Kouban.  11  est  en  argent  et  doublé  d'une 
feuille  d'or  qui  a  été  pressée  dans  les  creux.  La  décoration 
est  de  style  ionien,  et  l'ArtémisTtoTvta  ô-ripwv  y  paraît  à  côté 
de  Silènes  combattant  des  griffons,  d'un  lion  terrassant 
un  taureau,  de  spliinx,  de  bouquetins,  de  béliers  et  de 
sangliers'.  Si  l'on  excepte  le  miroir  à  manche  que  nous 
avons  signalé  plus  haut*,  tous  les  autres  exemplaires 
incisés  sont  des  miroirs  à  boite,  dont  aucun  ne  parait  anté- 
rieur à  l'extrême  fin  du  v"  siècle.  La  gravure  se  trouve 
naturellement  à  l'intérieur  et  sur  la  paroi  interne  du  cou- 
vercle, qui,  étant  légèrement  concave,  ne  servait  qu'acces- 
soirement de  surface  réfléchissante.  La  silhouette  opaque, 
à  l'intérieur  de  laquelle  de  fines  incisions  venaient,  comme 
dans  certaines  peintures  à  figures  rouges,  indiquer  les 
détails  intérieurs  (fig.  6o3i)-',  était,  le  plus  souvent, 
argentée  et  s'enlevait  sur  un  fond  d'or.  Il  n'est  pas  impos- 
sible" qu'il  faille  appliquer  à  cette  catégorie  de  miroirs  le 
motd'Élien  parlanld'exemplaires  dori's  fabriqués  à  Corin- 
the';  mais,noussommesaujoiird'iiui  liorsd'étatde vérifier 
ce  point,  tous  les  bronzes  découverts  à  Corinthe  ou  qui 


l'argenture  et  la  dorure.  Kn  I8!t4  je  n'ai  guère  relevé  qu'une 
vingtaine  de  ces  monuments  ',  et  la  liste  n'est  pas  aujour- 
d'hui beaucoup  plus  longue,  quoique  quelques  exem- 
plaires aient  été  récemment  acquis  par  les  musées  de 
Berlin'',  de  Boston  '",  du  Brilish  Muséum  "  et  duLouvre'-. 


passent  pour  en  provenir  ayant  été  mis  à  jour  dans  des 
fouilles  clandestines.  Les  miroirs  à  boite  gravés  sont  rares 
et  ont  du  sans  doute  l'êlre  toujours,  à  cause  de  la  délica- 
tesse du  travail  et  de  la  difficulté  de  bien  fixer  à  la  fois 


'  Arch.  An:.  1808,  p.  ua,  15  (Musf'C  de  Dresde).  —  2  lIAd.  l'JO.i,  p.  1G8,  VI,  2 
(Brilisli  Muséum).  Pollicrel  Reioich,  Nécrop.  de  Myrina,  f.ïii.  —  i  Arch.  An:.  XX, 
1903,  p.  58,  Hliarmakowsky  ;  Radel,  h'ijbebé,  fig.  iii,  f  .iU-l.  ■- i  Arch.  An:.  1904, 
p.  23,  i  (à  Berlin).  —  ^  Four  le  rendu  des  ombres  par  les  hacliiires,  voir  les  observa- 
lions  i|ue  j'ai  présenlées  dans  Bull.  corr.  hell.  l.sM,  pi.  u,  p.  3l7-32i,  à  propos  du 
miroir  du  Brilish  Muséum  ici  rcproduil.  —6  Bron:.  Soc.  Arch.  p.  4i.  —^  H.  Vur. 
\i,  58.  —  «  Uron:.  .foc.  Arch  p.  41,  3.  —  9  Ar 
An:.  18911,  p.  157,311.- 


.  1904,  p.  34,  5.  —  lejiT/i. 
I>  Ibid.  1903,  i09;  1904,  213.  _  liOull.  des  antiq.  1900, 


Fig.  6535.  —  Korinlli 


Le  répertoire  du  bronzier  graveur  est  à  peu  près  le  même 
que  celui  du  modeleur  en  relief.  Il  comprend  Aphrodite, 
nue  et  au  bain,  ou  qui  se  joue  avec  Pan  ou  avec  Eros, 
un  symplegma  erotique,  un  hermaphrodite  tenant  une 
torche,  Eros  ou  un  génie  analogue  au  dieu,  chevauchant 
un  dauphin,  s'accompagnant  d'une  Ménade,  couronnant 
un  iiermès,  apportant  des  objets  de  toilette,  tenant  un  coq 
de  combat  (tig.  381),  des  Ménades  dansant  seules  ou  par 
deux,  une  Nikè  conduisant  un  ([uadrige,  Aliiéna  tenant 
la  lance  et  le  bouclier  ;  enfin,  sur  un  très  beau  miroir  du 
Louvre,  la  personnification  de  Leucade  couronnant  le 
majestueux  Korinthos  (fig.  0535)".  L'on  peut  encore 
signaler  un  griffon  passant,  une  tête  de  profil  et  des  orne- 
ments géométriques,  tels  qu'une  rosace  ou  une  étoile. 

XI.  Les  miroirs  étrusques'*  se  divisent,  comme  les 
grecs,  en  miroirs  à  boîte,  à  pied  et  à  manche,  mais  ces 
derniers  sont  de  beaucoup  les  plus  nombreux.  De  même 
les  exemplaires  gravés  sont  infiniment  plus  abondants 
que  les  miroirs  à  reliefs,  dont  on  ne  connaît  au  plus  qu'une 
centaine''',  alors  que  les  disques  incisés  se  montent 
aujourd'hui  à  près  de  deux  milliers.  Les  miroirs  à 
boîte  n'ontrien  de  particulier,  ni  qui  les  dislingue  essen- 
tiellement des  grecs,  sauf  qu'il  y  en  eut  des  carrés"^  en 
même  temps  que  des  ronds.  La  plupart  des  exemplaires 
à  reliefs  que  nous  avons  cités  plus  haut  sont  des  cou- 
vercles de  miroirs  à  boîte,  mais  quelques-uns,  par 
exception,  sont  munis  d'un  manche".  Certains  pieds 
de  miroirs  imitent  les  modèles  archaïques  grecs'*,  avec 
lions  ou  sphinx  sur  les  épaules  et  avec  sphinx,  fruit  ou 

p.  s,  59.  —  ■:!  Dumoul-Cliaplain,  11,  pi.  xxxi.  —  1'  Gerhard,  Elruakische  Spiegel, 
l-iv'.  1843-1867;t.  V,  par  Klugmann  cl  Knrle,  1884-1897.  —  15  II  suffira  de  cilerquel- 
ques  exemplaires,  Gerhard,  I.  I.  pi.  coïi.l-ccii.iii;  Wallers,  Bran:.  Bril.  Mus.  342, 
pi.  xvui,  720-738,  p.  125-8  ;  Schumacher,  «roii:.  A'ar(.«ru/i«,  253-i,  p.  41-2  ;  Babelon- 
V,\mche\,  Bron:.  BM.  Nat.  1350,  p.  555  ;  A'o(.  Jl/ us.  flai«(cm  (Isst),  1282,  p.  374; 
Martha,  Lart  étrusque,  p.  544-5,  lig.  372-3.  Plusieurs  spécimens  au  musée  du  Louvre. 
—  10  Marliia  (.  /.  fig.  153,  p.  199.  —  1^  Monum.  III,  pi.  xxui;  Wallers,  l.  l.  542, 
pi.  xvui,  p.  73.  -  1»  Gerhard,  l.  L  pi.  ccxi.in,  A,  II,  p.  240  ;  Walters,  /.  l.  548-332,  p.  77. 


SPE 


1128  — 


SPE 


rolonibc  dans  la  main  ilroite  étendue,  tandis  que  la  main 
gauche  relève  à  la  hanche  l'élotre  du  vêtement.  Mais 
d'autres  «  Aphrodites  ",  plus  récentes,  ont  les  seins 
nus»  ou  le  corps  entièrement  dévoilé-,  et  certains 
supports  sont  virils,  que  l'homme  lève  les  deux  mains  ou 
c|ii"il  dresse  simplement  le  bras  droit  comme  s'il  lançait 
le  javelot '.  —  Les  miroirs  à  manche,  les  plus  nombreux 
de  beaucoup,  se  divisent  chronologiquement  en  deux 
séries  :  ceux  dont  le  disque  est  rond  et  ceux  où  il  s'allonge 
en  formi»  de  poire.  Les  derniers  ont  été  trouvés  surtout 
à  l'alestrine'  et  il  n'est  pas  impossible '■  qu'ils  y  aient 
été  fabriqués.  On  peut,  sous  toutes  réserves,  les  attribuer 
au  m'  et  11'  siècle  avant  notre  ère,  tandis  que  les  pre- 
miers sont  antérieurs.  Les  manches  sont,  ou  bien 
fondus  avec  le  disque  réiléchissant,  ou  rapportés  :  dans 
ce  dernier  cas  la  soie  qui  formait  la  partie  inférieure  du 
miroir  s'encastrait  dans  une  poignée  de  bois,  d'os  ou 
d'ivoire,  laquelle  a  parfois  été  conservée  °.  Les  figurines 
servant  de  manche  sont  assez  rares,  mais  sont  plus  nom- 
breuses que  les  statuettes  en  forme  de  pieds.  Les "  Aphro- 
dites '•  sont  vêtues'',  demi-nues*  ou  dévoilées'.  Assez 
souvent  elles  se  mirent  '"  et  soutiennent  le  disque  de 
l'une"  des  mains  ou  des  deux  bras  également  levés'"'. 
D'autres  fois,  elle  tiennent  une  colombe'^  ou  un  vase  à 
parfum".  L'éphèbe  nu  les  remplace  comme  pour  les 
miroirs  à  pied'  '.  Les  manches  fondus  avec  le  disque  se 
terminent  plus  simplement  par  des  têtes  de  bélier,  de 
ciiien,  de  mulet  ou  de  biche:  certains  sont  formés  de 
serpents  enlacés  "  :  d'autres  n'ont  qu'un  décor  pure- 
ment géométrii|ue.  L'attache,  indniinent  variée '',  se  com- 
pose géiiéralemenl  d'un  lleuron,  d'une  feuille  d'acanthe  ou 
d'une  palmette,  mais  parfois  aussi  d'une  tête  humaine  ou 
d'une  prolome  de  cygne  ou  de  dauphin.  Quand  le  disque 
était  ovale  et  qu'il  était  n('cessairederelier  à  la  poignée  le 
motif  du  champ  principal,  le  segment  de  forme  irrégu- 
lière qui  sert  alors  de  transition  est  orné  au  Irait  des 
motifs  les  plus  variés,  tels  qu'une  étoile,  un  dauphin,  un 
sphinx,  des  animaux  divers,  ou  tels  que  Dionysos. 
Héraclès,  les  Lases,  les  fiorgones,  des  êtres  fantastiques, 
des  ligures  ailées,  des  Muses,  des  Moires  et  <les  Nikés'*. 
—  La  face  du  miroir  qui  était  décorée  au  trait  était  le 
revers,  donc  la  face  concave  ;  les  Étrusques,  comme  les 
Grecs,  regardant  leur  image  du  côté  convexe  de  manière 
h  l'agrandir.  .Nous  ne  pouvons  songer  à  donner  ici  une 
idi'e  même  abrégée  des  sujets  qu'ont  traités  les  graveurs  '"; 
il  suftira  de  noter  que  lous  ou  presque  tous  les  motifs 
sont  grecs.  Les  sujets  nationaux,  tels  la  légende  de  Celés 
Vibenna-"  ou  celle  de  la  louve  allaitant  les  jumeaux 
devant  le  dieu  palatin  et  devant  Rhea  Silvia-',  même, 
chose  plus  surprenante,  les  divinités  indigènes,  sauf 
<|uelques  dieux  falisques--,  n'apparaissent  qu'à  litre 
exceptionnel.  On  en  comprendra  facilement  la  raison  si 
Ion  réllécliit  à  ce  qu'ont  pu  être  les  modèles  dont  se  sont 
servis  les  loreuticiens.  Il  est  douteux  qu'ils  aient  jamais 
eu  des  cahiers  de  calques,  comme  ou  l'a  cru  et  comme 


I  W.illiTç.  (.  /.  .îiT,  p.  7li-7.  —  2  /4„/.  739,  p.  liS.  liappioclicr  l.nngpcricr, 
/Iron:.  Liiiiire.  Ii7.  —  3  lùid.  533,  p.  78.  —  i  .Vof.  d.  scavi,  1007,  fig.  18-;:l, 
p.  »7'.i-18l,  Vasiipri,  —  ^'  IU«itïc8  dam  Marllia.  ;.  /.  p.  535.  —  C  Schumacher,  /. 
/.  1114,  pi.  viii.V.  p.  li:(;crhard.  (.  /.  I,  pi.  xtiii,  I.  —7  (;crhard,  (.  Ml,  pi.  cxxxviii, 
p.  1    —  »  lialichin-Hlaiicliel,  /.  /.  l-iiC.  p.  334-5.  —  »  .Micali,  JUon.  in.  pi.  xxjï,  'i. 

—  lu  AJiis.  Gicij.  I.  pi.  uxi,  I.  —  1'  Gerhard,  II,  pi.  cvxxviii.  —  12  S.  liciiiach,  lli^p. 
II.  p.  330.  ».  — 13ricrliard,  IV.  pl..;ci;v»\.  —l'-lbid.  I,pl.  cxvu,  p.  118.  —  \-  .1  „„. 
,/.«».  II.  10-20,  p.  iS.  -  Ifi  (icrhard.  I,  pi.  m.,  3.  —  11  Mi,(  I,  pi.  xxvii-xiix,  p.  113-. 

—  1»  /'./</.  I.  |.l.  xMiii-xxix,  —  l'J  V.i-^uml-  .laus  M.iHlia,  /.  /.  p.  ïli-;>55.  -  M  a,i/. 


tendrait  à  le  faire  penser  la  présence  simultanée  de 
reproductions  directes  et  inversées '^^  Il  est  plus  simple 
de  supposer^''  que  les  graveurs  ont  imité  les  vases  peints, 
qu'ils  fussent  ioniens  et  atliques  ou  campaniens  et  ita- 
liotes.  Ces  derniers  ont  évidemment  servi  de  modèles  aux 
miroirs  de  Palestrine,  tandis  que  les  premiers  ont  inspiré 
les  exemplaires  archaïques  et  de  beau  style'-'.  Si  la  très 
grande  majorité  de  ces  gravures  sont  médiocres  et 
témoignent  de  méprises  ou  d'une  incurie  trop  évidentes, 
il  y  en  a  quelques-unes  dont  la  composition  est  originale, 
et  d'autres,  d'un  dessin  très  sur,  qui  ne  le  cèdent  guère 
aux  miroirs  grecs  incisés.  Kien  ne  nous  autorise  à  croire 
«lue  le  graveur  auquel  nous  devons  le  beau  miroir  de  Dio- 
nysos et  de  Sémélé  (lig.  liSS)-"  ait  été  nécessairement  un 
(jrec  expatrié,  mais  il  n'est  pas  douteux  qu'il  s'est  inspiré 
d'un  modèle  grec  et  qu'il  a  su,  jusqu'à  un  certain  point, 
en  retrouver  l'esprit.  Il  reste  à  dater  ces  miroirs  ou  à 
chercher,  tout  au  moins,  quand  a  pu  en  commencer  la 
fabrication,  laquelle,  comme  nous  l'avons  vu,  s'est  con- 
tinuée 1res  tard,  peut-être  jusqu'au  ii'  siècle  avant  noire 
ère.  M.  Marlha  pensait  qu'aucun  miroir  étrusque  n'esl 


antérieur  au  m''  siècle-"  ;  j'estime,  avec  M.  KiJrle-',  que 
certains  exemplaires  archaïques  (lig.  6536)  ■-',  évidemment 
copiés  sur  des  peintures  grecques  ioniennes  ou  de  style 
sévère,  ne  peuvent  être  postérieurs  aux  dernières 
années  du  vr  siècle. 

XII.    Les  miroirs    romains    procèdent    des    grecs  et 
des   étrusques,    dont    ils   reprodiiisi'iil    les   dispositions 


-  21  Annali.   1870,  p.  3S  ;  JJon.  XI,  pi.  ni  (Bol- 

Kli'iisker,  p.  7iiC,  KSrlc.  —  23  Marllia,  /.  /.  p.  330. 

\''i;  Fiirtwacnglor,  /.  c,  —  2o  La  distinction  est 

sur    le  ii.iroir   de   la   collection  Tyskiewicz 

cepcndiint    étrusque.   —  26    (ierhard.    /.    /.  I. 

■r,  Eh 


lellino,  181,8,  p.  ilC  (Boiscn 

senc).  -  22  l'auly-Wissowa,  • 

—  21  Pauly.Wissowa,  (.   /.  p 

«luelquefois   iliriicile   à   faire 

(l'rœhner,    pi.    iv),    ipie   je 

pi.  I  xxxui.  —  27  l,.  t.  p.  555  :  cf.  Schumacher,  Eine  in'œnest.  Ciste,  HeidellH 

IS05,  p.  18  s(|.  —  28  /,.  /.  p.  7UI-i.  —  2'J  II  suflira  de  citer  le  miroir  de  l.nynes    au 

Cahini't   des  Médailles  Ibalielou-Blaucliel,    I3U0,   p.   517.  noire  lig.  C33G,)  et  deux 

miroirs  ilii  Bnlisli  Muséum  .\V;,ll,.is.  /.  (.  54i-3.  pi.  xvu-xvni,  p.  73). 


•>PE 


—   1429  — 


SPK 


c.ssonlielles,  sauf  dos  moditicalions  de  détail'.  Les 
formes  communes,  telles  que  les  boîtes  à  décor  géomé- 
Iriqiie  et  les  disques  unis,  qui  ne  méritent  pas  d'être  au- 
trement mentionnés,  ne  cossèrentjamais  d'être  en  usage. 
Il  faut  seulement  signaler  une  prédilection,  générale  à 
l'époque  romaine,  pour  les  mi- 
roirs rectangulaires  ou  carrés 
avec  ou  sans  manche,  dont  nous 
avons  déjà  constaté  la  présence 
chez  i(!S  Étrusques;  aux  environs 
de  l'ère  chrétienne,  on  les  re- 
trouve aussi  bien  en  Asie-Mi- 
neure -  et  à  Carthage  '  qu'en 
Italie  (fig.  6537) 'et  dans  tout  le 
monde  antique  ".  A  coté  de 
ces  exemplaires  de  fabrication 
courante,  les  miroirs  de  luxe  re- 
çoivent un  support  ou  un  manche, 
de  forme  plus  ou  moins  compli- 
quée. Les  supports  en  forme  de 
figurines  reparaissent  à  Pompéi" 
comme  en  Syrie'';  seulement  les 
statuettes  sont  naturellement  de 
travail  libre,  que  les  éplièbes  lèvent  les  deux  bras  ou 
r|ue  l'une  des  mains  soutienne  le  disque,  tandis  que 
l'autre  se  pose  sur  la  hanche,  du  côté  de  la  jambe 
d'appui.  —  Les  scènes  gravées  disparaissent  dans  les 
miroirs  ù  manche  *,  et  les  cercles  concentriques  sont  à  peu 
près  le  seul  ornement  de  la  partie  médiane.  En  revanche, 
le  pourtour  est,  assez  fréquemment,  percé  de  trous  qui  se 
suivent  en  série  régulière';  il  est  probable  que  les 
femmes  y  piquaient,  comme  dans  une  pelote,  les  aiguilles 
dont  elles  se  servaient  pour  leur  toilette.  Le  bord 
même,  parfois  uni  '",  est  souvent  découpé  :  les  dents, 
séparées  par  des  courbes  concaves,  sonttantAt  mousses" 
ou  arrondies  comme  des  boules'-,  tantôt  formées  d'une 
double  volute  '■'  et  pareilles  à  des  fleurons'*.  La  disposi- 
tion n'est  d'ailleurs  pas  nouvelle,  et  M.  Héron  de  Villefosse 
remarque  avec  raison"'  que  nous  la  retrouvons  sur  des 
peintures  de  vases  exécutées  dans  l'Italie  Méridionale. — 
Les  miroirs  d'argent,  s'il  fallait  en  croire  Pline  '",  auraient 
remplacé  vers  l'époque  de  Pompée,  c'est-à-dire  dans  la 
première  moitié' du  V'  siècle  avant  notre  ère,  les  miroirs 
de  bronze  fabriqués  à  Krindes,  grande  ville  industrielle 
où  il  y  avait  beaucou])  <le  bronziers,  d'où  le  nom  que 
porte,  aujourd'hui  encore,  l'alliage  de  cuivre  et  d'étain. 
Pasitélès,  le  sculpteur  et  le  loreuticien  célèbre,  aurait  été 
le  premierà  en  ciseler  et  ils  seraientdevenus  si  communs 
que  les  servantes  mêmes  en  auraient  possédé '\  Il  faut 
faire  ici  sa  part  à  la  rhétorique  déclamatoire  de  l'c-poque 
impériale.  Les  miroirs  de  bi'onze  ne  cessèrent  jamais 
d'être  en   usage  et  les  miroirs  d'argent  étaient  connus. 


t  Cour  k*5  miroirs  magi(|ucs  ou  coinposiles,  cf.  Lucr.  Dts  nul.  d.  IV,  :w.i  ;  Sen. 
Q<i:ral.  nal.  I,  IS,  1»  ;  I,  16,  i.  I,  17.  —  2  /jev.  Arcli.  \mi,  il.  p.  \i..i.  —  i  lier. 
Arch.  1808,  11,  p.  iU.  —  ^Not.d.  scavi.  Iti99,  p.  Uï  :  Mon.  l'iut,  V,  p.  188.5 
largcnl);  Anliiiuariuimlc'  Munich,  'J17-!l  ;  .t/us.  BorO.  IX,  pi.  xiv,  5.  La  lig.  0537 
rt^produit  un  miroir  trouvé  dans  un  tomijeau  clirélien,  d'après  BoldeUi,  Osservaz. 
sopra  i  cenwtericrist.  di  itoma,  1721,  p.  501.  —  âCaylus, /fec.  d'tint.  VI,  pi.  cxxviit, 
5,  p.  39.  —  6  Mau-Kclscy,  Pompiii,  p.  372,  fig.  206  a.  —  '<  Balielon-Blanclict, 
Uron:.  DM.  Nal.  1358,  p.  556.  —  »  .\Uaclii!  avec  une  16le  de  Silène,  Mus.  Borb. 
IX,  pi.  XIV,  2.  —  SGusman,  l'ompiH,  p.  315,  fig.;  Mon.  Piot,  V,  p.  191,  5;  miroir 
du  musée  Calvcl  cilé  par  11.  de  Villilosse,  Pio  A  lesia,  I,  9.  1907,  p.  (>  du  lir.  —  ">  Ibid. 
—  Il  Ibid.  p.  23,  fig.  —  l'i  Miroir  de  Boscorcale,  Mon.  Piot,  V,  pi.  xii  ;  Jbid. 
fig.  VJ,p.  189.  —  laCaylus,  Bec.  dant.  V,  pi.  i.xii  (Naples)  ; /"ra  4(<;jî.(,  1,  9,  1907, 
pi.  iix,  ng.î7-8,  H.  de  Villefosse.  —  n  Bull,  des   anti,/.  de  /■rance,  1907,  p.  202-.?, 


nous  l'avons  vu,  bien  avant  Pasitélès":  l'innovation, 
qu'on  relève  à  la  gloire  de  l'artiste,  a  pu  consister  dans  un 
cadrerichement  travaillé  dont  il  aurait  entouré  le  disque, 
ou  dans  les  emblemata,  semblables  à  ceux  qu'on  a 
découverts  à  Boscoreale,  dont  il  aurait  orné  le  revers  de 
la  face  rédéchissante.  Tout  au  plus  peut-on  admettre 
que,  les  progrès  du  luxe  aidant,  les  miroirs  d'argent 
furent  relativement  plus  nombreux'»  par  rapport  aux 
exemplaires  de  bronze.  Mais  ils  restèrent  toujours  assez 
rares.  De  fait,  on  en  a  découvert  très  peu,  et  M.  de  Vil- 
lefosse, en  dehors  des  deux  miroirs  de  Boscoreale-",  n'en 
trouvait  que  dix  à  citer  en  1899-',  dont  un  à  Athènes  et 
huit  au  musée  de  Naples.  Le  manche  se  compose  soit 
d'un  simple  balustre  '--,  soit  d'une  massue,  accom- 
pagnée", ou  non,  de  la  peau  de  lion,  soit  de  deux  tiges 
de  saule  élégamment  entrelacées".  L'attache  est  formée 
d'un  fleuron"  ou  d'une  feuille  entre  deux  chénisques-^ 
Le  disque  est,  le  plus  souvent,  découpé  sur  le  pourtour 
comme  nous  l'avons  indiqué  plus  haut;  au  revers,  l'em- 
blèma,  qui  est  conservé  dans  trois  exemplaires,  montre 
un  Eros  -\  un  buste  de  Bacchante  -" ou  le  cygne  de  Léda  '-'. 
—  Parmi  les  miroirs  à  boîte  d'époque  romaine,  l'on  peut 
citer  les  miroirs  <•  monétaires  ■>,  dont  le  couvercle  est 
orné  d'un  relief  surnioulé  sur  une  monnaie  impériale. 
La  mode  s'en  est  surtout  répandue  à  l'époque  de  Néron, 
car  on  ne  connaît  pas  moins  d'une  douzaine  de  miroirs 
que  décore  la  reproduction  d'un  grand  ou  d'un  moyen 
bronze  de  cet  empereur^".  L'un  d'eux  a  récemment  été 
découvert  près  de  Corinthe,  sur  la  route  du  Lechœon^'. 
.le  signalerai  de  même  un  couvercle  de  miroir  en 
argent  au  musée  d'Athènes,  qui  est  orné  d'incrustations 
d'or  d'époque  tardive,  mais  d'un  curieux  travail.  Le 
centre  est  décoré  de  motifs  floraux,  tandis  que  le 
pourtour  est  divisé  en  tableaux  séparés  représentant 
les  travaux  d'Héraclès^^  Un 
autre  disque,  venant  d'Héraclée 
et  conservé  au  même  endroit, 
est  orné  des  signes  du  zodia- 
que ^^. —  En  terminant,  je  revien- 
drai sur  les  petits  miroirs  de 
plomb  doublés  de  verre,  qui,  eux 
non  plus,  n'apparaissent  pas 
avant  l'époque  impériale".  La 
forme  en  est  très  variée  et  la  dé- 
coration souvent  très  riche.  Je 
signalerai  particulièrement  un 
exemplaire  (flg.  (5338)  découvert 
àAntinoé'*^.  Une  couronne,  bor- 
dée de  petites  roses  saillantes  et 
décorée   de    deux    filets    perlés, 

entoure  le  disque'"' ;  en  haut,  l'anneau  de  suspension  est 
relié  au  pourtour  par   deux  contreforts  obliques"  ;   en 


p.  203.  —  I"  Mon.  Piut,  V,  p.  191.  —  16  flin.  XXXIll,  45.  —  I'  Id.  XXXIV,  48  ; 
Chrysosl.  .S>™.  XVII,  p.  124.  —  I»  Pour  Rome  même,  cf.  le  texte  curieux  de  Piaule, 
Most.  I,  3,  111.  —  '^  Miroirs  à  épaisse  couche  d'argent  dans  Vilr.  VU,  3.  0. 
—  iO  .170/1.  Piot,  V,  pi.  xix-xx,  p.  88-92,  p.  18G-19*.  —  'il  Ibid.  p.  188.  —  22  /bid. 
pi.  XX  et  fig.  46,  H.  189.  —  «  Jliid.  fig.  45,  p.  188.  —  21  Jbid.  p.  189.  —  '2^  Jbid. 
pi.  XIX  et  lig.  47,  p.  193.  —  20  Jbid.  (ig.  46,  p.  1X9.  —  27  JbiJ.  pi.  XX.  —  2S  Ibid. 
fig.  46,  p.  189.  —  2«  Jbid.  pi.  XIX.  —  ■■>»  Jbid.  pi.  xx.  —  31  MonIfaucOM,  Ant.  expl. 
Suppl.  III.  p.  55,  pi.  XXI  bis;  Sonner  Jtthrb.  LXXI.p.  117;  Krœhner,  fo//.  Gréau, 
611,  p.  124;  Ann.  Sac.  Numism.  XIII,  1889,  p.  398-402;  Bahelon-Blanchet,  Bronz. 
Bibl.  Nal.  1360-2,  p.  556-7.  Un  exemplaire  au  Louvre.  —32  Am.  J.  Arclt.  1902, 
4,  Scais.  —  33  Sta'is,  Guide  .Mus.  .\at.  7484,  p.  3i2.  —  31  |)e  Uidiler,  Bron:.  Soc. 
Arcb.  171,  p.  48.  —  3i  Bull.  arch.  1909.  p  231-2511,  fig.  1-0,  Jlirhoii.  —  .''■  Ibid. 
fig.    1,  p.   10.  —  ''■  Jbid.  p.    14-7,    fig.   fi. 


Fig. 


SPE 


I'i30 


SPE 


b.-is  une  queue  dallaflie  de  forme  trapézoïdale.  Au 
revers  de  ces  disques  se  lit  souvent  une  inscription  si- 
giiilicative  telle  que  -î]  /«pu;  Eiat  ou  t-7|  xaX?,  to  owùo-j^. 

A.  nK.  RuioEB. 

SPKCns  [AQi-Ai-nrcTis,  p.  3 '(()]. 

SI'KLAEUM  [miïiiha,  p.  itWl. 

SI'KS  (  'K/.:ti,-).  —  L'espérance  est  ou  une  illusion 
vaine  ou  une  conviction  fondée  sur  rexp('rience  qu'au 
delà  d'un  malheur  présent  il  existe  des  compensations 
heureuses  dans  l'aviMiir  :  noti,  si  maie  niinr.  sic  et  olim 
erin.  Sous  cette  douhle  forme,  dont  les  aspects  ne  sont 
pas  forcément  contradictoires,  ce  sentiment  a  revêtu,  de 
très  bonne  heure,  dans  l'esprit  des  Grecs  et  dans  celui 
des  Romains,  les  contours  précis  d'une  personnification. 
Chez.  Hésiode,  l'Kspérance  est,  avec  tous  les  fléaux  des- 
tinés au  châtiment  de  la  race  humaine,  au  fond  de  la 
jarre  de  Pandore;  et  elle  va  s'en  échapper  la  dernière, 
lorsque  la  femme  fatale  se  dépêche  de  replacer  le  cou- 
vercle'-. Dans  la  pensée  du  poète,  l'Espérance,  ainsi 
retenue,  n'est  pas  un  mal  au  sens  exact  du  mot,  puisque 
même  l'illusion  trompeuse  devient  pour  l'homme  une 
consolation'.  La  personnification,  indécise  en  vertu  de 
son  origine  mythique,  ne  sortira  jamais  chez  les  Grecs 
du  domaine  de  la  poésie  pour  entrer  dans  celui  de  la  foi 
populaire  ;  et  en  vertu  de  celte  même  origine,  elle  restera 
surtout  une  puissance  mauvaise,  cause  d'erreur  et  de 
soulFrance,  sans  se  refuser  pour  cela  à  représenter  aussi 
une  influence  bienfaisante  à  l'occasion. 

Ainsi  l'ont  comprise  Pindare  et  Kschyle,  puis  à  leur 
suite  Tliéognis  et  Euripide  :  ils  l'appellent  un  rêve 
éveillé,  une  suggestion  importune,  aveugle,  lui  donnent 
pour  compagnon  le  danger  et  la  considèrent,  au  même 
litre,  comme  un  daemon  funeste  à  l'humanité*.  Tantôt 
elle  est  la  plus  fâcheuse  cause  d'erreur,  puisqu'elle 
exalte  les  âmes  pour  les  jeter  dans  la  présomption  ;  une 
tentatrice  séduisante  qui  fait  à  l'homme  les  yeux  doux, 
mais  dont  le  charme  est  celui  lïune  Aphrodile  de 
malheur^.  Tantôt,  au  contraire,  elle  est  par  les  mêmes 
bénie  comme  une  force  salutaire,  comme  la  joie  dernière 
de  l'homme  qu'accable  le  malheur.  Tliéognis  qui  l'a  mau- 
dite par  endroits,  dit  ailleurs  qu'elle  est  la  seule  divinité 
favorable  restée  parmi  les  mortels,  alors  que  les  autres 
ont  quitté  la  terre  pour  l'Olympe  "  :  «  Aussi  longtemps  que 
lu  vivras  et  verras  la  lumière  du  soleil  en  vénérant  les 
dieux,  attache-toi  à  l'Espérance  et  fais-lui  les  premiers 
et  aussi  les  derniers  sacrifices  '  ».  «  Demain  sera  meilleur 
qu'aujourd'hui,  dira  un  autre;  l'Espérance  réside  parmi 
les  vivants,  seuls  les  morts  sont  sans  l'Espérance*.  » 
Malgré  la  vivacité  de  ces  peintures  et  de  ces  invocations 
chez  les  poètes,  cette  personnification  d'idée  morale  n'a 

f  Arch.  Anz.  .\XI,  1900,  p.  113-t  (Punlicaptc).  —  BiiiMociur-Hcn.  GerharJ, 
EliuskischeSpiegcl,  1-IV,  1S43-1SG7  ;  l.  V.  par  Kliigmaim  et  Kôrle,  1881-1897;  De 
Willc,  (es  Miroirschtz  les  Anciens  (Acad.  îles  Sciences  de  Belgique,  Ami.  XXVIll, 
i'  sl-r'ie,  l.  VIII);  Mjlonas,  'E  >.)i>,  v  i.  a  .«lonTfa,  1876;  DiimoiilCIiaplain,  Ce- 
ramigues  de  la  Grèce  propre,  11,  p.  1C7 -ait  el  p.  242-8,  pi.  xxxi-v  (Potlicr)  ; 
Monuments  grecs.  11,  19-20,  1891-2,  p.  1-35,  pi.  xi,  (Miclion). 

SI'KS.  I  llor.  Od.  Il,  10,  17  ;  cf.  Tlieocr.  i,  41  s(|.  —  2  Op.  et  d.  42  sq.  ;  cf.  Theoi/. 
570  s»|.  Schœmann.  p.  212,  el  récemment  P.  Uirartl,  /tei\  Etud.  grecq.  1909,  p.  218  ; 
WalU,  lliid.  1910,  p.  49.  —  ^  V.  Wtizsaecker,  chez  Rosclier,  Ausf.  Lexikon,  d. 
MylM.  III.  1,  p.  1322  (l'andora);  pnouFTHurs,  p.  i;81.—  l  Pind.  Nem.  XI,  45  ; 
1.1.  ap.  Sloh.  lit,  12;  Aescli.  Prom.  250;  Tlieog.  i)37  ;  cf.  .Simon.  Aniorg.  I,  4-7; 
Simon.  Ceos  I.  85,  5-7;  Preller,  Griecli.  Slylh.  3'  <^dit.  I,  p.  77  et  Naegelsbacli, 
Nachhum.  Theol.  p.  383.  — /•  Eiirip.  Suppl.  379  sq.  ;  Phoen.  399  sq.  :  'a.boS.'tiiv  t.v' 
«,Jtr.«  .«.I..  Cf.  Thucyd.  11.  62,  5  ;  V,  103.  —6  Theogn.  1135,  115.3;  Pindare, 
isthm.  Vill,  Iti,  croil  ti^cessaire,  dans  ce  cas,  de  qualilier  l'espérance  :  &r<^OâLv 
î'miS'i.Sf'.  iâi>.ti..  Cf.  Anlipli.  li,  5  ;  Kurip.  Troad.  683  ;  llerc.  far.  105.  —  7  Theogn. 
loc.  cit.  —  »  Theocr.  4,;4I .  —  9  Pour  les  temples  de  Spes  à  Home,  v.  Becker,  Topogr. 


laissi»  de  traces  nulle  part,  ni  dans  les  cérémonies  du 
culte  ni  dans  les  productions  de  l'art  religieux  eu  Grèce. 

Il  en  fut  autrement  à  Rome  où  elle  semble  avoir  eu  des 
sanctuaires  et  suscité  des  hommages  dès  les  premiers 
temps  de  la  République  '.  L'apogée  de  sa  faveur  date  des 
guerres  Puniques,  avec  un  regain  de  popularité  reli- 
gieuse sous  l'Empire  au  i"''  siècle.  Moins  subtil  que  celui 
des  Grecs,  l'esprit  latin  n'a  pas  raffiné  beaucoup  l'idée 
d'espérance.  Aussi  la  dualité  de  physionomie  que  nous 
avons  constatée  chez  les  premiers  est-elle  moins  accen- 
tuée. Un  poète  de  VAiit/io/of/ie,  qui  a  écrit  l'invocation  la 
plus  complète  s'adressant  à  celte  divinité,  l'implore,  il 
est  vrai,  en  des  termes  que  ne  désavoueraient  ni  Tliéognis 
ni  Euripide  :  Spes  fallnx,  Spes  dii/re  maluin  '"  ;  mais  il  est 
évident  que  lui  et  d'autres  encore  s'inspirent  de  modèles 
helléniques.  A  Rome,  Spes  est  surtout  connue  sous  le 
vocable  de  Bonn,  ce  qui  supposait  que,  tout  au  moins 
par  la  pensée,  on  admettait  qu'elle  pût  être  le  con- 
traire ".  Il  y  avait  de  même  une  Mala  Fm-tuna,  concep- 
tion que  Cicéron  repousse,  ainsi  que  celle  des  divinités 
Hijbris  {Contumelia)  et  Febris'^.  La  Bona  Spes  se 
retrouve  sur  des  monnaies  de  l'Empire  :  elle  était  le 
numen  qu'on  invoquait  pour  que  l'objet  convoité  devint 
réalité.  A  ce  point  de  vue,  elle  avait  avec  Forlunn  des 
rapports  de  nature  et  de  circonstances  ;  et  elle  est  associée 
aussi,  le  cas  échéant,  avec  Salus,  Victoria,  Opis,  Vivtus, 
Juventas'\  L'importance  qu'elle  avait  dans  la  vie  agri- 
cole a  fait  supposer  que  Spes  élail  d'origine  et  de  nature 
champêtres.  A  part  deux  textes  de  Tibulle  qui,  par  eux- 
mêmes,  ne  prouvent  rien  '*,  tous  les  autres  lui  prêtent 
une  signification  très  générale.  Invoquée  aux  anniver- 
saires de  naissance,  à  l'occasion  des  mariages  et  des 
prises  de  loge  virile,  elle  est  apparentée  surtout  à  For- 
tunn"^.  Une  image  de  Spes  était  vénérée  au  temple  de 
la  Fortune  à  Préneste  ;  Horace  la  donne  pour  compagne, 
avec  Fides,  à  la  Fortune  d'Antium,  ce  que  fait  aussi  un 
distique  daté  de  l'an  06  apr.  J.-C.  et  gravé  sur  une  tuile 
au  nom  de  Julia  Concordia  "^.  Le  sanctuaire  du  Meus 
Loiigiis  semble  avoir  été  sous  le  vocable  de  Bonae  Spei 
déterminant  Fortiina  '".  Il  existe  sur  des  pierres  tom- 
bales et  ailleurs  une  exclamation  de  désenchantement 
pour  ceux  qui  ont  tout  perdu,  même  l'Espérance  :  Spes 
et  Fortuna  vnlete  1  'EXirtç  xai  <7Û,  Tû/T|,  [iéya  /aipsTs  '". 

Il  est  assez  difficile  de  s'orienter  parmi  les  renseigne- 
ments que  nous  possédons  sur  la  topographie  el  la  chro- 
nologie des  temples  voués  à  Rome  en  l'honneur  de  Spes, 
Le  plus  ancien  parait  avoir  été  celui  qui  s'élevait  devant 
la  porte  Carmentale,  les  uns  disent  à  S  stades  de  la 
ville,  sur  un  emplacement  resté  inconnu,  les  autres  sur 
le  Forum  (llilorium   qui   élail  hors  de   l'enceinte  aux 

p.  G09  :  Preller,  Hegionen,  p.  13  et  39  ;  Jordan,  Tupogr.  II.  23-37.  I.a  .Vu/i(ia  parle 
d'une  area  Spei  pour  la  1  "  région  ;  d'un  lucus  Sp.  dans  la  3'  ;  d'une  aedicula  Sp.  dans 
la  4'  et  la  6*  :  dans  la  8',  il  y  avait  un  Temptum  Novnm  Sp.  el  un  vicus  .Sp.  majoris. 

—  Il)  1.0  morceau  s'inspire  de  Tibulle  (II,  6,  19  ;  cf.  infr.)  pour  la  forme,  mais  est 
singuliôreraeut  plus  môle  d'idée.  V.  Anlfiol.  latina  de  Riese,  n»  415  ;  cf.  Burmann, 
id.  III.  82  ;  Meyer,  id.  932.  —  "  V.  Wissowa,  /leligioii  und  Kultus,  p.  273,  noie  7  ;  de 
même  Mens  el  Bvna  Mens,  Bona  Valetudo,  Bona  Spes  sur  les  monnaies,  chez 
Eckhel,  Doclr.  Num.  Vil,  l.U;  el  Corp.  insc.  lai.  VIII.  9610.  —  12  Cic.  Leg.  Il,  2S. 

—  13  Preller-Jordan,  /loem.  Mytii.  11,  p.  254  et  n.  2;  Plaut.  Merc.  807  ;  Bacch.  893. 

—  1^1,1,9  :  -Vtc  Spes  destituât  sed  fntgitm  sempcr  acervos  Praeheat  :  II,  6,  19  sq. 
surtout  ;  Spes atit  agricolas,  elc.  —  '^  V.p,  t  431,  pour  la  co'incideiicedu  jourannivi-r- 
saire  de  la  naissance  do  Claude  et  du  jour  où  Octave  prit  la  loge.  Pour  les  honneurs 
rendus  à  Spes  à  l'occasion  des  mariages  impériaux,  v.  les  monnaies  avec  inscriptions  : 
Spi's  Avgusta,   EXt:\;  crtSast.-  chez  Eckhel,  Op.  cit.  VI,  p.  238  cl  Orelli,  Jnscr.  1832. 

—  1«  llor.  Od.  I,  35,  21  el  .\oti:ie  nov.  1880,  p.  425.  —  n  Plut.  De  fort.  Itom.  10  ; 
Qiiaest.  7'om.  74:  il  parle  du  culte  de  TO/ii  tiii-.;.  —  '8  Buecheler,  Anthol.  epigr. 
w  1498,  elO.  Jahn,  Anlliol.  Pal.  X,  49  :  cf.  Benndorf-Schoeue,  Lnteran.  p.  345  sc|. 


SPE 


1431 


SPH 


dnljuls  de  la  Rcpulilique,  Tite-Live  y  fait  allusion  pour 
silucr  un  combat  qui  eut  lieu  eu  478  av.  J.-C  '.  Nous  le 
retrouvons  aux  temps  des  guerres  Puniiiues,  où  il 
aurait  été  voué,  puis  dédié  vers  218  par  Atilius  Caiatinus, 
déiruit  par  le  feu  peu  après  avec  les  sanctuaires  de 
l-"..rluna  et  de  Mater  Matuta,  et  linalemenl  reconstruit  en 
■212,  date  à  partir  de  laquelle  on  le  désigna  sous  le  nom 
de  Templum  Spei  .Xovuni-.  Sa  dédicace  avait  eu  lieu  le 
l''  août  ;  pour  ce  jour-là  continue  à  figurer  dans  les 
calendriers  l'unique  fête  périodique  de  la  divinité  avant 
l'empire.  Cicéron  mentionne  l'à-propos  de  ce  culte  au 
plus  fort  d'une  guerre  souvent  malheureuse  :  l'espoir  du 
succès,  dit-il,  est  encore  ce  qu'il  y  a  de  mieux  pour  rele- 
ver le  courage'.  Un  incendie  le  détruisit  une  fois  encore 
en  31  av.  J.-C;  Germanicus  le  reconstruisit,  mais  seu- 
lement à  la  lin  du  règne  d'Auguste.  Durant  le  même 
règne  le  Sénat  ordonna  une  supplicatio  en  l'honneur  de 
Spes  et  de  Jureiilas  pour  le  18  octobre,  date  à  laquelle 
Octave  avait  revêtu  la  toge  virile  '. 

Comme  la  date  du  l"  août  se  trouvait  être  celle  de  la 
naissance  de  l'empereur  Claude,  la  coïncidence  fut  cause 
que  la  divinité  de  Spes  revint  en  grande  faveur,  .\ussi 
voit-on  dès  lors  figurer  son  image  sur  les  monnaies  '". 
En  l'an  63,  à  l'occasion  des  couches  heureuses  de  Poppée 
à  Antium  et  du  retour  à  Rome  de  Néron,  les  Frères 
.\rvales  ajoutèrent  Spes  à  la  liste  traditionnelle  des  dieux 
honorés  par  la  confrérie.  C'est  sans  doute  aussi  à  cette 
occasion  que  fut  fondé  à  Antium  le  Collef/iuin  des  ado- 
rateurs de  Spes  Augustu  que  mentionne  une  inscrip- 
tion '.  Kn  dehors  de  Rome,  on  rencontre  encore  des 
traces  du  culte  de  Spes  à  Gabies  où  elle  est  vénérée  en 
compagnie  de  Salui  Augusl  {oruin),  avec  une  prêtresse 
spéciale  '  ;  d'autres  à  Osties,  à  Aricia,  à  Capoue  '  ;  il 
n'en  a  été  relevé  encore  que  très  peu  dans  les  provinces. 
.V  Rome  et  dans  le  Latium  elle  recevait  surtout  les  hom- 
mages des  laboureurs  et  des  jardiniers,  ce  qui  fournit 
un  argument  à  ceux  qui  tiennent  pour  son  origine 
rurale.  L'n  aedltuus  du  temple  de  Vénus,  dans  les  jar- 
dins de  Salluste,  lui  a  voué  un  autel'. 

Spes,  la  chose  n'est  point  douteuse,  a  connu  les  hon- 
neurs de  la  statuaire  '"  ;  mais  parmi  les  femmes  drapées 
qui  dans  les  musées  ont  été  désignées  par  son  nom,  la 
plupart  représenteraient  tout  aussi  bien  la  Fortune, 
l'Abondance  (Opisj,  la  Concorde,  etc.,  ou  toute  autre  per- 
sonnification féminine  du  sort  heureux.  La  seule  dont  la 
signification  est  garantie  par  une  inscription  est  dépour- 

1  T.  I,iï.  ri,  5\.i:pugHatiim  ad  Spei;  cf.  Dion.  Hai.  IX,  24,  i;  Fronl.  J</u«ed.V, 
ISclc.  ;  Corp.  insc.  tat.  X  V,59i9.  V.  d'ailleurs  sur  la  i|ucslion  forl  oljscurc  de  l'empla- 
cement de  CCS  temples,  Gilhcrl,  Geschichti:  und  Topoyr.  III,  p.  ItU  et  96,  aïec  les  notes 
i  celle  page. —  :!  T.  I.iv.  XXV,  7,  C.  —  3Cic.  Ivg.  II.  i8  ;  ;Va(.  Veor.U.  l.l  ;  T.  Liv. 
XXI,  Ci,  4:  D.  Cassiiis,  I.  10,  30  ;  Tac.  Ami.  Il,  H  et  C.  l.  /.  I,  i.  p.  3i3.  CourTidée 
morale  i|ui  suggéra  ce  ciille.  cf.  l'Iaut,  fisMV,  1, 18,  elOv.  JrîJni.  1,443.  — Hial. 
Cum.  XV,  Kal.  Nov  :  blhlicatjo  spei  kt  jiv  (entiiti).  —  '■'  Eckhcl.  /Joclr.  num.  VI. 
p.  'i3K  ;  Colicii-Feiiardcut.  Monnaies  impèrtates,  t.  I,  p.  ioT  :  Spes  Aiti/usta  (n»  8^>1, 
p.  i59,  n"  103  el  108  sq.  ;  p.  iCO,  n»  lit,  etc.  —  «  C.  i.  /.  VI,  2043  ;  II.  lin.  10; 
cf.  Jli.  X,  604â  et  Wissowa,  Op.  cit.  p.  i74.  —  ''  C.  i.  /.  XIV,  i804;  cf.  Orelli, 
il93,  qui  parle  de  la  prêtresse.  —  «  III.  XIV,  37.5  ;  cf.  Orelli,  388i;  et  Mommsen, 
Ephem.  epii/r.  III,  319  sq.  ;  Orelli,  n"  SI  58  et  C.  i.  l.  3773.  V.  encore  ibid  VI, 
758,760;  V,  7o7  ;  s3i.  —  9  l'rellerJordan.  ùp.  cit.  11,354;  el  le  relief  de  Boissard, 
mentionna'-  ci-après.  —  ">  Des  simiilacra  de  Spes  sont  cilés,  C.  i.  '.XIV.  i833  ; 
-s67  ;  IX,  4663;  X,  Si9.i;v.  encore  la  mention  de  son  image  au  temple  de  la  t'ur.mia 
de  f'rénestc,  Orelli.  1T58  et  .Uonttm.  deW  Instit.  ISSb,  p.  ^5  :  sa  statue  fait  partie 
de  tout  un  groupe  dans  UM|uel  ligurcnt  celles  de  Fortuna  et  de  l'empereur  Cara- 
callji.  —  Il  V.  le  bas-relief,  chez  Boissard,  .Anli(/.  IV,  130.  où  une  ligure  de  femme 
en  longue  tunique  avec  des  llcurs  dan.'^  les  clieveux  et  des  épis  dans  U  main  gauche 
est  d6»ign^'e  comme  étant  l'Espérance.  Cf.  C.  i.  I.  VI,  757  ;  la  statue  dont  la  signi- 
lication  est  garantie  pai'  une  inscription,  a  été  étudiée  par  Schreil>er,  Vil/a  Liido 
l'isi,  no  i'Ji.    l'our  d'autres  représentations  probables  sur  des  bas-reliels  et  des 


Fig.  6339.  —Spe. 


vue  d'attributs  ou  de  gestes  carai;téristiques".  D'autres 
images  sont  mentionnées  dans  les  inscriptions,  mais 
sans  indication  sur  leurs  traits  dislinctifs.  Le  type  le 
plus  probable  de  Spes  est  celui  d'une 
jeune  femme  vêtue  de  la  tunique  sur 
laquelle  est  drapé  un  ample  man- 
teau dont  elle  relève  l'extrémité  infé- 
rieure avec  un  geste  harmonieux, 
soit  de  la  mai»  droite,  soit  de  la 
main  gauche;  l'autre  soutient  une 
corne  d'abondance  ou  tient  une  fleur, 
de  préférence  en  bouton,  c'est-à-dire 
symbolique'-.  Pour  composer  ce  type 
qui  est  de  l'époque  romaine  et  ne 
parait  pas  antérieur  à  l'Empire,  les 
artistes  ont  exploité  une  représenta- 
tion archaïque  de  Vénus  (fig.6539)'^ 
Si  cette  conjecture  est  fondée,  nous  aurions  l'image  de 
Spes  dans  une  statue  de  la  collection  Blundell  à  Ince, 
faussement  dénommée  étrusque;  mal- 
heureusement les  avant-bras  sont  res- 
taurés". Deux  statues  de  la  collection 
Giusliniani,  dont  l'une  tient  la  corne 
d'abondance,  l'autre  une  poignée  de 
fleurs,  la  main  opposée  relevant  le  bas 
du  manteau,  en  sont  des  reproductions       ,      .^,„      „ 

'  *^  i-ig.  bo40.  —  .Spes. 

modernisées  '°.  Les  images  de  Spes  que 
nous  trouvons  sur  les  monnaies  impé- 
riales (Hg.  6540)  sont  par  elles-mêmes  fort  peu  carac- 
téristiques   et   reconnaissables  surtout  par  le  nom  en 
exergue  ".  J.-A.  Hild. 

SPIIAERA.  —  1.  Sphère  céleste  [astronomi.\  . 

II.  Balle  à  jouer  'PIla \ 

SI'IIAERISTERIUM.  —  .)eu  de  balle  [pila,  p.  478. 

SPHIXX  ("H  -s-i'y;).  Sphinx.  —  Le  monstre  célèbre  de 
la  légende  tliébaine  [cedii-l's,  n'est  qu'une  application 
particulière  d'une  conception  générale,  celle  de  dénions 
ravisseurs,  de  génies  funèbres  qui  enlèvent  les  vivants. 
Les  sphinx,  dont  le  nom  signifie  étrangleurs\  sont  de 
la  grande  famille  des  esprits  malfaisants,  des  Kères,  des 
Êrinyes,  des  llarpyes  et  des  Sirènes  -.  Cette  croyance  est 
fort  ancienne  en  Grèce,  mais  le  type  plastique  qui  lui 
servit  de  représentation  décèle  une  origine  orientale  que 
nous  déterminerons  dans  la  deuxième  partie. 

1.  La  première  mention  du  monstre  fabuleux  se 
trouve  dans  Hésiode'  qui  fait  naître  le  sphinx  d'Orthros, 

pierres  gravées,  v.  Mus.  Piu  Clim.  IV,  tab.  S;  Hirt,  BUderbuch,  tab.  XII,  II, 
Hg.  26.  —  1=  l'rellcr.Jordan,  Ram.  Mytii.  Il,  p.  Î33  ;  cf.  Wissowa,  Op.  cit.  p.  i74. 
—  13  Gerhard,  Ceber  die  Venusidole;  0.  Mueller,  ffandbuch,  S  669;  et  surtout 
Bernouilli,  Aphrvdile,  p.  68  sq.  La  fig.  653'J  reproduit  un  camée  du  cabinet  de 
France  (Babelon,  Calai,  des  camées,  n.  I3i)  d  époque  romaine.  —  I'  Collecl. 
Blundell,  fl.  un;  Clarac,  Mus.  de  sculpt.,  f\.  dcclix,  u»  1S99.  —  "5CoH.  Gimlin. 
pi.  il.  et  XV  ;  cf.  les  statues:  Uunicli,  Glyptoth.  n»  46,  où  l'Espérance  avec  la  corne 
d'abondance  est    reconnaissable    au    geste    île    la  main   gauche  ;    Clarac,    Ibid. 

pi.    DCcLXVii,     n»    4;     dc3lxv i"   i    et     I90i;  19Ui   A.    —    I»    Aux    monnaies    à 

l'effigie  de  Claude,  citées  plus  haut,  il  faut  ajouter  celles  du  régne  de  Domilien, 
avec  l'image  de  l'Espérance  au  revers;  CokenFeuardent,  Op.  cil.  I.  p.  507, 
n"'  444  sq.  La  déesse  est  en  marche,  tenant  une  fleur  el  relevant  sa  robe.  Celle  qui 
est  reproduite  (fig.  6540)  portant  la  légende  ■ï.i.t\;  ^i6iti-.r,  a  été  frappée  à  Alcian- 
drie  ;  Duruy,  Hist.  des  Grecs,  I,  p.  i30.  Cf.  encore,  monnaies  de  Vespasien:  Hpes 
Augusla,  Oolien-Feuardent,  p.  40s,  n"  513  sq..  où  lEsoirance  debout  offre  une  Heur 
à  l'empereur  casqué,  entre  deux  soldats  qui  portent  des  étendards. 

SPHINX.  I  Eoi'ii  est  à  açJni.,  comme  ZniWt  k  a,M.àa:  cf.  Henning,  Ein  kri- 
tischer  Kommentar  zur  Odyssée  (1903),  p.  361.  —  2  llberg.  Die  Spbiiix  m  der 
ijriech.  Kunst  und  ■'iage,  1896,  p.  16.  Cf.  Weicker.  der  Seelenvogel  in  der  alten 
Lilcratur  und  Kunst,  1902,  p.  3  si|.  Sur  la  7Te:i,  voir  p.  1432,  note  35.  Four  le 
sphinx  dans  le  lolklnre  Wunat,  Vôlkerpsgcliologie,  III,  116  sq.  —  ^  Tlieogon. 
316  sq.  ;  dans  le  dialcv,le  béotien,  le  démon  s'appelle  4>t;. 


SPH 


\',32 


SPH 


le  cliicn  (le  Géryon,  cl  d'Kiliiilnn,  la  tillt'  angiiiforine  de 
Phorkys'.  Daiilres  niythofçraplies  donneiil  au  sphinx 
comme  parents  Typiion  el  Hcliidna-.  Dans  VŒdipodie 
de  Pisandre\  le  sphinx  est  anguipède  comme  sa  mère 
Kchidna.  Les  poètes  tragiques  en  font  une  vierge  ailée* 
ou  lui  donnent  le  corps  d'une  chienne  '  ou  d'une  lionne  '. 

D'après  les  mythograpiies  à  tendance  evhémérisle, 
la  sphiiige  était  une  lille  naturelle  de  Laius  '  ou  d'Uca- 
légon*.  la  femme  de  Macareus"  el  de  Cadmus'",  ou  une 
simple  femme  tliéliaine".  Le  monstre  avait  été  envoyé 
de  la  lointaine  lîtiiiopie  '^  aux  Thébains  par  Héra, 
.\rès'\  Dionysos  "  ou  Hadès  '".  Il  désolait  la  contrée"; 
les  poêles  rivalisent  d'épithètes  violentes  qui  marquent 
son  activité  malfaisante.  C'est  un  meurtrier  (lAïai-iovo;  ' ', 
,8poToxTdvo;"),un  vampire  anthropophage (wfjioaiToi;  '"),  qui 
dévore  ses  victimes  sans  être  arrêté  par  leur  taille-"  ni 
leur  qualité.  Mi  Hémon,  le  lils  du  roi  Créon,  ni  Ilippios, 
fils  du  Lapilhe  Eurynomos,  ne  sont  épargnés-'. 

Hésiode  ne  connaît  pas  la  légende  de  l'énigme  pro- 
posée par  le  sphinx^  mais  Pindare  --,  Sophocle-'  et  Euri- 
pide-' y  font  clairement  allusion.  D'après  une  tradition 
rapportée  par  Apollodore^",  les  Muses  avaient  inspiré  au 
sphinx  les  vers  de  sa  mélopée  célèbre,  qui  étaient  con- 
servés dans  les  TpavwooOfisvx  d'Asklépiadès  '"'.  Chaque 
jour,  les  Thébains  se  réunissaient  en  une  assemblée 
uniquement  consacrée  ;i  résoudre  le  cruel  problème. 
Après  chacun  de  ces  congrès  infructueux,  le  sphinx 
di'vorait  une  victime  sur  la  montagne-'.  Ënlin,  Œdipe 
vint  qui  trouva  la  solution-*  [oedipusj.  Selon  un  mytho- 
graphe,  ce  n'était  qu'im  ellet  du  hasard^';  par  un  geste 
inconscient,  le  héros  se  serait  montré,  à  peine  le  pro- 
blème posé.  Quoi  qu'il  en  soit,  le  monstre  se  mettait  lui- 
même  en  pièces.  Mais  selon  une  autre  tradition  bien 
répandue'"  et  conlirmée  par  un  aryballe  à  reliefs  trouvé 
en  Chypre",  (Bïdipe  était  forcé  de  tuer  le  sphinx  de  la 
pointe  de  sa  lance,  sa  première  victoire  lui  étant  sans 
doute  contestée. 

Si  le  sphinx  thébain  a  joui  dans  l'antiquité  d'une 
célébrité  sans  rivale,  il  est  certain  qu'on  aj(julait  foi  à 
l'existence  non  seulement  du  sphinx  de  la  légende 
d'()|{dipe,  mais  à  celle  de  nombreux  sphinx;  l'imagina- 
tion religieuse  primitive  ne  fait  pas  de  dill'érence  essen- 


de  la 


t  l'horcy*  csl  .1  iiis  hi  poi'sic  hrsimli,|iie  li.  |icro  lU'  |lies.|uo  Ions  les 
légende  j;rccqne,  la  Cliimèrf,  Lcliiiliia,  les  Ei-iiijcs,  1rs  (jor};oiics,  les  Gi'ëcs,  les 
Hespéridcs,  l'hydre  de  Lcriie,  le  lion  de  .Néinéc,  Pégase  el  le  Sphinx.  Cr.  Schoemanu, 
Opuêcuta  ncailem.  Il,  173  si(.  De  l'horcijne  ejiisqne  familia.  —  2  Apollod.  III,  .'î,  8  : 
Schol.   Euripid.  Phuen.id  cl  1020;  llygin.  .Vyth.  piol.p.  12;  Schol.  cap.  151,  07. 

—  3SchoL  Eur.  riiocii.  17110;  llberg,  O.  r.  p.  17,  n.  i,  el  Bclhc,  Thebimisclie 
Hi!tdenlieder,\,.\l  n\.—  'Œd.  Tfir.  SOU  : /'/loeii.SOO,  1019, 1042.  — i  Aescli.  Krag. 
Sphinx,  213  ;  Eur.  Ued.  Tijr.  3'Jt.  Cf.  I.ykcphion,  609,  |.-.Q.,,:«p9ivoî.i„^v.  -  «Eur.  Frag. 
•■>H  N.  —  '•  l'ausan.  0,  20,  3.-8  Scliol.  Eur.  l'Uom.  23.  —  »  Ibid.  -  10  Halac- 
phal.  7,5  :  lo  Anl.  fr.  12.  —  H  Suid.  s.  u.  o'j.Vouî  :  lo  AnI.  fr.  S;  l'ausan.  0,  2G,  ï. 

—  12  Apollod.  III,  5,  X  ;  Dio  Chiysosl.  Uia'.  XI,  8,  I,  p.  117  (Arnim).  —  13  Schol. 
Eurip.  l'hien.  1760  S(|.  —  H  Euiip.  Phnen.  arguni.  ^  li  Schol.  Iles.  Theoff.  320; 
Uugcr,  Thelmiia  Panidom,  1,  3«5.  ~  10  Eur.  Phoen.  810;  nivllt«  vai^;,  rtirf.  807. 

—  "  Eur.  Phoen.  1700.  —  1»  Epigrainnic  gravée  sur  le  sphinx  de  Giseli,  Corp.  insc. 
i/rec.  III,  4700.  0;  llberg,  O.  c.  p.  10.  —  1»  Acsch.  Sept.  324;  Eurip.  P/iofii.  1025. 

—  2»  Eur.  Phnen.  1700.  -  21  Schol.  Eur.  Phoen.  1760  ;  cf.  45  ;  Apollod.  III,  5,  8; 
Wolcker,  lipische  Cijclus.  Il,  317  ;  llberg,  O.  c.  l'J,  n.  I.  —  22  pyth.  IV,  203  : 
Fragni.  177,  4.  —  2J  Œd.  Tyr.  30.  —  21  Phoen.  48;  1500,  1730.  —  ih  Apollod. 
III,  5,  8;  cf.  Eur.  Phoen.  50.  —  26  Schol.  Eur.  Phnen.  43;  Fragm.  Hist.  graec. 
III.  303,  fr.  21  ;  llberg,  O.  c^p.  10,  n.  7  et  p.  20.'—  27  fo  ■f.'.io.  ;«;.  aujourd  hui 
i  *«r«;  ;  cf.  Bursian,  Geoi/r.  von  Grkchenland.  I,  231  ;  Athcn  .Willh.  .XIII,  1888, 
p.  86(Judeich).  —  i»  Eur.  Phoen.  arg  :  Uiod.  Sicil.  4,  64.  de.  —  29  Schol.  Eurip. 
Phoen.  45.  —  30  Belhe,  'Iheli.  Heldenlieder,  p.  20  ;  Schol.  Eur.  Phoen.  20;  Corina 
frag  33.  —  31  Murray,  Jomn.  of  hell.  Slttd.  Vlll(1887]  p.  320,  pi.  i.nxi  ;  Wiener 
Vorleueblâtler,  1889,  pi.  n,  0.  —  32  Cf.  Wdamowilz-MocllenJorf,  Griechhche 
Trwjidien,  III,  p.  7.  —  33  Harrison,  Prolegomena  lo  the  study  of  qreek  relii/ion 
!903,    p.    207    s.|.   —  31   Kol.dc,   Piyche,  I,   316,   2;    II,    llu.   -   3..  Bcrgk,   Poet. 


tielle  entre  l'unité  et  la  pluralité'-;  les  Grecs  ont  vénéré 
le  vieux  Silène  sans  préjudice  de  l'essaim  des  Silènes 
de  la  Fable  |^satyhi,  p.  lOUij.  Ces  sphinx  de  l'imagination 
populaire  se  raltachaienl,  d'ailleurs,  à  une  famille  plus 
large  de  démons,  celle  di's  esprits  funèbres,  analogues 
aux  vampires  ;  on  les  reiloute  comme  les  Ki-res'',  comme 
les  Harpyes,  les  Sirènes  [sirknes,  p.  13oo],  comme  Em- 
pusa'*  qui  surgit  à  l'heure  de  la  méridienne.  Il  y  a  aussi 
une  parenté  entre  le  sphinx  et  la  cTpcy-.'",  qui  désigne 
un  oiseau  nocturne  el  nuisible  qu'on  repousse  par  exor- 
cisme, comme  les  Kères  à  la  fête  des  Anlhestéries. 

Comme  plusieurs  des  personnifications  de  l'àme  [cf. 
PSYCUÉ 1,  les  sphinx  n'excitent  pas  seulement  l'épouvante, 
mais  la  volupté;  on  leur  allribue  un  caractère  lascif. 
Plusieurs  textes  traitent  ironiquement  de  sphinx  les 
hétaïres  '',  particulièrementcelles  de  Mégare'*.  Plularque 
compare  au  sphinx  (qui  est  féminin  en  Grèce)  la  puis- 
sance insinuante  de  l'amour  ^^  Plusieurs  monuments, 
surtout  des  objets  destinés  à  la  toilette  féminine,  donnent 
le  sphinx  comme  attribut  ou  comme  pendant  à  Aphrodite'". 

IL  Ueprésenïations  nouiiÉES  :  1"  Genèse  du  type. 
—  C'est  à  l'Orient  que  les  Grecs  ont  emprunté  le  type 
figuré  du  sphinx  :  selon  la  croyance  la  plus  répandue,  les 
Égyptiens  seraient  les  créateurs  de  cet  être  fantastique. 
Ils  ont  représenté  Tun  Harmachis'',  le  dieu  d'Iléliopolis, 
sous  l'aspect  d'un  lion  androcéphale.  La  plus  célèl»re 
représentation  en  est  le  sphinx  de  Giseli  '^  |1V°  dynastie). 
Il  existe  aussi,  dans  l'art  égyptien,  des  représentations 
d'Ainmon,  sous  la  forme  du  lion  à  tète  de  bélier";  telles 
les  statues  qui  bordent  les  dromos  des  temples  de  Louxor 
el  de  Karnak.  Ce  sont  des  pseudo-sphinx.  Le  sphinx 
féminin  esttoulà  fait  une  exception  dans  l'art  égyptien  ". 
Par  contre,  le  type  du  pharaon  vainqueur  sous  les  traits 
d'un  sphinx  tenant  son  ennemi  entre  ses  griffes,  aurait 
pu  donner  l'idée  el  le  modèle  du  démon  étrangleiir 
des  (irecs  '''. 

C'est  toutefois  dans  une  autre  partie  du  monde  oriental, 
en  Chaldée,  qu'il  nous  faut  chercher  l'origine  du  sphinx 
des  Grecs,  qui  est  un  démon  féminin  ''.  Une  figurine  de 
sléatile,récemmenl  trouvée  dans  le  palais  d'Ilaghiafriada, 
en  Crète,  pourrait  être  un  produit  de  l'industrie  asiatique 
(fig.    6341)  *'.   L'animal    est   aptère  ;  il  est   couché.  Le 


hir.  III,  604;  Koselici-,  lt:rikon  d,:r  f/r.  .ijy/hol.  Il,  1  1  o.i  (Crusius)  ;  lll.ei g. 
O.  c.  p.  Mi,  noie  2;  Weicker,  Der  Seelent:oi,el,  p.  4,  n.  4;  Pelron.  J  134.  11 
se  pourrail  qu'il  y  eut  une  analogie  verbale  voulue  entre  S»(y;  et  St?!;. 
—  3i  llberg.  U.  c.  p.  32,  n.  1,  cite  Stobce,  Fliriiey.  04,  31.  Cf.  Wcicker,  Ver 
Seelenvoi/el,  p.  4.  n.  4;  Furl\v.Tngler,  Die  Sphinx  von  Aeyina,  Âfiinchner 
Jahrbnch  dcr  bitd.  Kiinst.  I,  1006,  p.  7,  n.  I.  —  37  Meincke,  Fraym.  corn.  III, 
348;  Kock,  II,  270.  Ir.  22:  V,  22.  —  3ii  Apost.  .XI.  15;  Diogen.  0,  33;  Arsen.  33,  3ï; 
Hesych.  s.  v.  Mtjaii.a';  Suidas,  Ihot.  ;  Arisl.  Àchnrn.  738.  —  39|'lularch.  ap.  ,<loli. 
Floril.  04,  31.  —  su  Voir  p.  1438,  noie  2.  —  4i  E.  Naville,  Le  nom  du  sphinx 
dans  le  livre  des  Morts,  Sphinx,  V,  193  (en  égvplieu,  /Inti)  ;  d'aulie.s  i^stiuienl  que 
le  sphinx  androcéphale  est  simplement  une  persounilicationde  la  dynastie  ;  Borclmrdl. 
L'eher  dns  Aller  des  Sphinx  bei  Giseh,  Sitznnf/sber  der  preuss.  Akad.  der 
Wtss.  1897,  p.  739  ;  Bissing,  Denkmtiler  der  Aei/ypt.  Skiilptur,  texte  des  pi.  xxxvii 
el  xxviii  A.  —  42  Pcrrot  el  Chipiez,  ffist.  de  l'An,  1,  p.  2t3  sq.  ;  Unzone,  Dizio- 
nario  di  niitol.  e(jizia.  pi.  ecxxxvi,  (6/(/.  pi.  ccxxxvn  ;  le  roi  Toulinès  IV  sacrifiant 
au  sphinx  de  (Jiseh  =  l.epsius,  Denknmler,  III,  pi.  i.xviii.  —  "  perrol  el  Chipiez. 
ibid.  p.  31-1  ;  i,cpsh\s,  fJcnknitïler,  IV,  pi.  xc  ;  Kbniijl.  Mnseen  zu  tlcrlin,  Aet/ypl. 
Denkmâler,  pi.  ii  ;  Prisse  d'Aveinies,  Art  égyptien,  2201  el  pi.  du  tome  11. 
cr.  0.  Kcllcr,  Die  antike  Tierwell,  l'JlO,  p.  323,  lig.  114  6.  —  H  Les  fouilles  fran- 
çaises d'.Vbou-Koasch  ont  donné  un  sphinx  de  type  ordinaire,  mais  point  en  jaune, 
parlant  féminin;  de  Bissing,  0.  e.  notice  pi.  xxxvu.  — *^  Furlwhngler,  Die  Sphinx 
von  Aeyina,  l.  c.  p.  3.  La  théorie  de  la  mythologie  optique  esl  exposée  par  Clcrmont- 
Cannean,  Imagerie  phénic,  1880,  pi  xvii-xxui;  cf.  Ileuzey,  Calai,  des  /iyurines  du 
Louvre,  p.  8.  —  16  llberg.  /.  c.  p.  35;  Dellu  Sela,  Hendic.  deW  Accad.  dei  Lincei. 
1907,  p.  712,  La  sphinqe  di  Haqhia  Triade.  -  "  DcllaSeU.  '.  c.  lig.  l.  Noire  lig.  0541 
d'après  Maraghiannis,  Anliq.  Cretoises,  pi.  xxiv,  2;  cf.  Mon.  ant.  dei  Lineei, 
190t,  XIV, p.  749-733  (l'aribeni);  AH  J.  Reinach,  fleo.  Hist.  des  flelig.  1909,p.  231. 


SPH 


\ïXi 


SPH 


Fi?.  ir->41.  -  Sphinx 


corps  est  celui  d'un  lëlin,  plus  rond  et  plus  plein 
que  celui  des  sphinx  grecs,  l/atlilude  de  Tanimal  et 
les  caractères  du  style  rappellent  les  taureaux  androcé- 
pliales  clialdéens.  La 
chevelure  est  féminine. 
C'est  par  le  pays  des 
Hittites  et  par  l'art 
hétéen  que  le  type 
ihaldéen  du  sphinx  a 
du  s'introduire  en  Asie 
Mineure,  en  emprun- 
tant peut-être  aussi 
quelques  traits  aux 
o'uvrfs  de  la  vallée  du  Nil.  On  voit  sur  les  monuments 
lii'léens  des  grillons  et  des  sphinx  afi'rontés  ',  motif  dé- 
coratif qui  fera  fortune  en  Grèce.  A  Euyuk  -,  en  Cap- 
padoce,  dans  le  territoire  hétéen,  on  voit  encore  deux 
sphinx  aptères,  debout  près  de  la  porte  méridionale  de 
la  ville;  leur  coifï'ure  et  leurs  boucles  d'oreilles  les 
rapprochent  de  la  déesse  syrienne  Quadesh  '.  Ils  rap- 
pellent les  démons  ailés  montant  la  garde  aux  portes  des 
palais  assyriens,  symboles  de  force  et  de  vigilance  que 
l'on  considère  comme  l'écho  de  prototypes  chaldécns. 

Dès  le  XII'  siècle,  des  intailles  syriennes  présentent  très 
fréquemment  des  sphinx  qui  procèdent  tanli'it  de  l'Egypte, 
avec  un  surcroit  de  fantaisie  %  tantôt  de  la  Chaldée  ou 
de  r.Xssyrie  ^.  Dans  ce  dernier  type  qui  devient  prépon- 
dérant, le  sphinx  est  ailé  et  a  les  ailes  recoquillées;  le 
motif  favori  est  le  groupement  héraldique  des  démons, 
autour  de  l'arbre  de  vie  ;  le  type  du  sphinx  féminin  et  ailé, 
popularisé  ainsi  par  l'imagerie  phénicienne,  péné- 
trera même  en  Egypte,  à  l'époque  du  .Nouvel-Empire, 
poui-  y  lutter  avec  le  sphinx  indigène  qui  est  viril  et 
aptère  '■. 

C'est  aussi  ce  type  anatolien  qui,  par  l'intermédiaire 
des  Phéniciens  et  de  Chypre,  fait  son  entrée  en  Grèce.  \ 
.VI  y  cènes,  vers  lafin  du  u'millénaireav.  J.-C,  lesphinx  a 
bien  la  tournure  que  lui  donnait  l'imagerie  orientale;  le 
démon  est  ailé,  et  ses  ailes  sont  ornées  de  ces  boucles  que 
présente  aussi  le  grifl'on  mycénien  [grvps];  le  visage  a 
des  traits  féminins;  les  seins  sont  faiblement  marqués. 
La  tète  est  coiflée  d'une  tiare  peu  élevée,  d'où  part  sou- 
vent une  longue  houppe  flottant  en  arrière.  Cette  coifl'ure 
d'origine  hétéenne  était  destinée  à  une  fortune  persis- 
tante dans  l'archaïsme  grec.  On  voit  des  sphinx  ainsi 
llgurés  sur  toutes  sortes  d'œuvres  de  provenance  mycé- 
nienne, sur  des  peignes  pecïen,  fig.  553^  et  d'autres 
objets  d'ivoire  trouvés  à  Spala  '  en  Attique  (lig.  6542), 
sur  des  feuilles  d'or  repoussé  trouvés  dans  le  troisième 
tombeau    de    l'acropole    de    .Vlycènes  ',  à    lalysos  '  et 

I  itoscher,  Lexik.  der  gr.  Mythot.  I,  17,'.J  (Furiwiingler)  ;  Ulinefalscli 
KicliU-r,  Kypros,  p.  «0,  p.  33,  fjg.  13,  AUas,  pi.  xxxi,  14.  Cf.  Ilberg,  O.  c. 
p.  35  et  noie  y.  —  2  perrot,  (iuillaume  et  Delbel.  Ex/iéitition  arcfn^ol.  de 
la  Galalie  et  de  la  Bilhyitie,  pi.  i.«»,  nvu  ;  Hcrrol  et  Cliipiei,  Uiat.  de 
lArl,  IV,  p.  661,  fig.  3i3,  665,  fig.  3J7,  Sayce,  The  Hittiter,  p.  S5  ;  Ma- 
critly-bey,  La  porte  des  Sphinx  à  Eujuk,  JJittheit.  der  vorderasiatischen 
GeselUch.  l'JOi,  p.  ITTsi).  ;  Uella  Sela,  O.  c.  T13,n.  3.-3  Cf.  ilberg.  O.  c.  p.  36. 
—  1  Heuzcy,  Origines  orientale»  de  l'Art  grec,  p.  179.  —  ï  Ilberg.  O.  c.  p.  36  ; 
Herrot  et  Chipiez.  Hisl.  de  l'Art,  NI,  fig.  73  (sphini  phéniciens}  ;  assyriens,  Jbid. 
Il,  fig.  i46:  chaldéens  et  perses,  Collection  de  Clereij,  I.  pi.  x%\,  3il  ;  xisi,  33i, 
337,  338  ;  pi.  .xxiii,  331.  35i,  331,  pi.  xxiix,  317  bis  :  II,  pl.  ut,  51  :  Layard. 
Culte  de  Milhra,  pl.  i.,  6.  Les  sphint  sont  barbus  sur  les  plus  vieui  cylindres 
cités  au  début  de  celle  note.  —  «  Furiwiingler,  Ùie  anliken  Gemmen,  III,  p.  43; 
Pétrie,  A  history  o/  Egypl,  1,  3i  sq.  —  '  Ai;...  VI,  pl.  i,  fig.  4-7;  ilull.  corr. 
hellen.  Ib7»,  p.  il7,  pl.  xvn  ;  Duruï,  Uisl.  des  Grecs,  p.  37.  —  »  Schlicniann. 
Hykenai,  lig.  i77;  'Ker,,.  âf/.  IS7»,  pl.  iix.  i.  —  t  Furlwangler  et  Loiscbcke, 
Myken.  Vasen.  p.  7,  fig.  i.  —  10  Uogarlh,  fxcaeatioas  at  Ephesus  (1908,,  pl.  vu, 

VIII. 


Fig.  C543.  —  Sphius 


dans  le  trésor  d'Éphèse'".  L'art  mycénien  tardif,  en 
Chypre,  présente  parfois  des  spliinx  clont  les  membres 
antérieurs     sont 


ceux  (le  1  homme"  ; 
c'est  un  corps  hu- 
main complet  sou- 
dé à  un  arrière- 
train  d'animal,  so- 
lution bâtarde  et 
caduque  comme 
celle  des  Centaures 
ioniens,  véritables 
Silènes  prolongés 
en  une  croupe 
chevaline      [satvri, 

p.  1092,  n.  83].  Surles  monuments  mycéniens,  le  sphinx 
est  ligure  tantôt  couché'-,  tantôt  debout  "  sur  les  pattes 
de  devant,  souvent  de  profil",  parfois 
complètement  dressé  ilig.  i'iTiV.i)''. 

Jusqu'ici  on  ne  connaît  qu'une  seule 
représentation  mycénienne  du  protome 
de  sphinx,  qui  apparaît  sur  un  stamnos 
de  Munich".  Le  motif  se  retrouve  en 
lonie  '^ 

2"  Époque  arc/iaïf/iie.  —  Après  l'inva- 
sion des  Doriens,  le  sphinx  fit.  pour  la 
deuxième  fois,  son  apparition  dans  le 
monde  hellénique;  il  eut  une  place 
d'honneur  parmi  ces  figures  ailées,  ces 
animaux  fantastiques  que  r.\sie  préfé- 
rait alors  aux  animaux  réels.  On  peul 
attribuer  à  l'art  phénicien  les  boucliers  de  bronze  re- 
poussé trouvés  dans  la  grotte  de  Zeusidéen,  en  Crète.  Les 
iiitluences  orientales  sont  très  fortes  sur  cet  art  compo- 
site. C'est  de  l'Egypte  que  vient  le  sphinx  ailé,  barbu, 
coillé  d'une  tiare  double  qu'on  observe  sur  une  coupe  de 
bronze'*;  c'est  au  contraire  l'Assyrie  qu'évoquentles  deux 
sphinx  figurés  sur  un  autre  bouclier,  comme  des  démons 
vigilants  montant  la  garde  autour  de  l'arbre  de  vie'". 
C'est  enfin  plutôt  à  l'influence  syrienne  qu'à  l'influence 
('•gyptienne,  que  l'on  doit  le  grand  sphinx  coiffé  d'une 
sorte  de  casque,  ciselé  sur  l'une  des  plus  belles  armes 
de  la  trouvaille  -".  Une  série  de  coupes  d'argent, 
découvertes  en  Chypre,  doivent  être  également  considé- 
rées comme  des  produits  de  l'industrie  phénicienne.  Ainsi 
la  coupe  de  Dali  -'  qui  présente  cinq  sphinx  ailés  groupés 
autour  d'un  arbre,  et  cinq  grillons  qui  maintiennent  à 
terre  des  victimes  humaines;  on  voit  (fig.  927)  sur  une 
patère  trouvée  à  Amallionte -^  des  sphinx  couchés;  le 
disque  du  soleil  et  l'uraeus  sont  gravés  sur  leurs  fronts. 

î  et  pl.  vni,  9;  cf.  Schliemann.  /lios,  p.  013,  n°  1 43i.  -  "  Le  \ase  d  Fnlomi, 
Murray,  Excaralions  in  Cyprus,  p.  8,  fi;;.  14  ;  Waltcrs,  //isl.  of  anc.  pottery.  II, 
249  ;  Furtwiingler,  Die  Antiken  Gemmen,  iNaclitrag,  p.  4H1.  Un  relief  d'ivoire  trouvé 
à  Fnkoini  figure  un  homme  traînant  par  une  laisse  un  sphinx  couronné  de  plumes, 
Murray,  Excar.  in  Cyprus,  pt.  n,  n"  IliO,  p.  9.  Cf.JahrIi.  des  Insl.  1908,  p.  176, 
note  19.  —  la  Perrot el  Chipie/.,  VI,  C37,  lig.  28V.  —  ia74.  fig.  418  ;  Milchhiifcr.-liiAiW/e 
der  liunst,  p.  10,  fig.  7.  —  "  Furiwiingler,  Die  ant.  Gemmen,  Ul,  p.  42,  lig.  17  : 
liall.  corr.  hell.  .\IX,  2.  —  15  'E.r.i».  A{/..  1887,  pl.  xMi  B  ;  Perrol  et  Chipiei.  VI, 
833,  lig.  417  et  III,  746  =r  Furtw.îngier  et  Locschcke.  Myk.  Vasen,  p.  74,  pl.  c, 
no  9.  —  !'■  Jahrh.  des  K.  arch.  Insl.  1907,  pl.  »,  p.  loi  (llackl).  —  "  Jabn, 
\'asensamml.  .ï53  ;  Allien.  .Vitih.  1900,  p.  56.  —  '«Ilberg,  II.  c.  p.  5.  n.  3 ;  Halbherr 
et  Orsi.  iluseo  italiano  di  antichita  classica.  Allas,  pl.  vi,  1.  —  "  Ibid.  pl.  ni, 
„.  3.  — 20/6id.  n''9,pl.  IV-,  Brunn,  Griecli.  Kiin.\lgesch.  p.  9l,fig.  64  ;  Maraghiannis, 
Antiguités  Cretoises,  pl.  xi.i.  —21  perrot  et  Chipiez,  JJtst.  de  l'art,  lil.  fig.  546; 
Uuruy,  Hisl.  des  Grecs,  1,  p.  603;  Ilberg,  0.  c.  p.  6,  note  I .  Cf.  la  coupe  d'argent 
d  Athiénan,  Cesnola-Slern,  Cyprus.  pl.  xii  ;  Ohnefalsch-llichler,  Kyprus,  Humer  und 
Oibel.  pl.  oxn,  5  et  p.  437-440.  —  22  perrot  et  Chipiez,  Hist.  de  i.\rt,  III,  fig.  547. 

18t> 


SPH 


U3i 


SPH 


Sur  la  coiipi'  tl'ar^ciU  (Ircinivcrlf  ;'i  Curion  '  et  cmi- 
sei-vi-e  au  musée  de  New-York,  tandis  que  la  zone  cen- 
trale présente  un  sphinx  égyptisanl  et  aptère,  avec  le 
cartouche,  on  voit,  sur  la  zone  externe,  deux  sphinx 
ailés,  à  roté  de  larbre  de  vie,  comme  dans  les  représen- 
tations assyriennes. 

Dans  la  (Irèce propre,  le  style  géomélrii|ue,  qui  succéda 
;\  l'invasion  dorienne,  marque  une  régression  sensible 
sur  l'arl  égéen.  Durant  le  vni''  siècle  et  le  vii°,  et  surtout 
sous  le  couvert  des  intluences  ioniennes  et  insulaires,  on 
voit  s'introduire  ,dans  le  décor  géométrique  ^  des 
sphinx,  des  sirènes,  etc.,  qui,  dans  les  plus  anciens  mo- 
numents, ont  des  formes  barbares  et  lourdes.  Sur  un  bas- 
relief  en  argent,  trouvé  à  Olympie  ^  on  voit  des  sphinx 
debout,  aux  tètes  massives,  qui  rappellent  une  statuette 
trouvée  à  Dodone  '.  Deux  plaques  de  bronze  d'Olym- 
pie  ^  sont  aussi  décorées  de  figures  de  sphinx  d'un 
type  composite,  qui  peuvent  être  rattachées  à  l'art  phéni- 
cien. On  observe  déjà  dans  les  bronzes  d'Olympie  le 
motif  du  sphinx  à  lèle  unique  posée  sur  deux  corps  que 
nous  retrouverons  à  toutes  les  époques  ".  C'est  égale- 
ment des  ateliers  de  Sidon  ou  de  Tyr  que  provient  la 
belle  palère  de  bronze  récemment  trouvée  dans  le  sanc- 
tuaire d'Athéna  Pronaia  à  Delphes  ';  un  char  de  guerre 
y  est  traîné  par  un  sphinx  mâle,  au  chef  casqué. 

l'ius  tard,  Argos  devint  en  Grèce  le  centre  de  l'indus- 
trie métallurgique.  C'est  là  qu'on  fixe  généralement  le 
lieu  de  la  fabrication  des  bandeaux  ciselés  et  des  manches 
de  miroirs  (fig.  6327)  qui  ont  été  trouvés  à  l'Acro- 
pole d'Athènes,  en  Béolie,  dans  le  temple  d'Apollon 
Ptoos,  etc.  Les  plaquettes  de  bronze  du  sanctuaire  béo- 
tien *  sont  dc'corées  de  sphinx  marchant  ou  asssis  :  le 
type  du  visage  est  archaïque;  les  corps  sont  élancés,  les 
ailes  recoquillées  par  devant  comme  celles  qu'on  voit 
sur  des  vases  d'ancien  style  coi-inlhit'n  aux(iuels  ils  ont 
pu  servir  de  modèle. 

Si  les  objets  de  métal  nous  attestent  très  tidèlemenl 
les  origines  orientales  du  sphinx  grec,  les  terres  cuites', 
les  pierres  gravées'",  les  monnaies  ",  enlin  la  plastique 
en  marbre'-  nous  en  font  mieux  comprendre  la  péné- 
tration dans  les  diverses  branches  de  l'arl  archaïque. 
Dans  les  peintures  de  Mélos,  de  Rhodes,  de  Naucratis,  le 

I  Jl,kt.  p.  'Hi,  fi:;.  .iSi  ;  OlinclalscliRichtcr,  h'i/pros,  p.  37,  fig.  3i  ;  lllicrg,  O.  c. 
|i.  r.,  iiole  3.-2  Dra:jeiulorn',  Thenrisclœ  Gr,rlicr,  p.  il  3,  21 1  ;  l'ernice,  dans  Alh. 
MitlUeil.  1895,  pi.  m.  —  3  Furlwnilglcr,  Oie  l)ron:efumle  aus  Olf/mpvi  [Abh.  de,- 
Êierl.  Akttd.  t/ef  W'iss.  1870),  p.  57.  —  *  Carapunos,  /}odone  et  ses  ruines,  pi.  x\, 
I  ;  Akit.  der  Rerl.  Akad.  1878,  p.  li-21  (Ciirlius).  —  5  l''ui-lwaii;;lcr,  (I.  c.  p.  S7  ; 
Kurtwiingler,  Die  Hrunzeu  vun  Olym/iia  (1800),  pi.  xxwii,  n«  692  ;  llbcrg,  p.  7,  n.  0. 

—  6  FiirlwRiigler,  ibid.  pi.  xxii,  1  ;  Bi-unsefunde,  p.  07.  Sur  le  ntotil',  en  gi^nôral, 
Muri-ay.youni.  of  hell.  sliid.  1881 ,  II,  p.  318  pi  pi.  xv,  Eartu  persfiecliiv  in  Greek 
art.  —  '•  /■ouilles  de  Delphes.  I.  V,  p.  24  cl  pi.  svin-xx  (Pcrdrizeli.  —  s  HnH. 
coït.   hell.  1892,  p.   3*7  si|.  pi.  X   .4,  xiv  I,  xu    1-3;  llbcig,  O.  c.    p.  7,  noie  lu. 

—  9  filtl,  Avchâol.  der  KunsI,  p.  515549;  Winlcr,  Ùie  antikeu  Ternikulla- 
figuren,  I,  p.  229  :  Mendel,  Catal.  des  fii/urlnes  t/reegues  de  t.  c.  du  Musée 
imp.  ottoman  (1008).  n"  3108;  Polliei-,  Diphilos  et  les  modeleurs  de  t.  c. 
pi.  VI,  n»  158;  cf.  /bid.  p.  .'iS.  —  m  Kurtwiingler,  Die  ant.  Oemmen,  pi.  vi,  2s, 
33,  09  cl  lome  III,  p.  10t.pl.  vi,  31,  pi.  vin,  7,  p.  217,  p.  443.  —  H  ImlioofBliinicr 
cl  Kcllcr,  Tier-imd  P/lniizenbilder,  pi.  xiii,  S-12;  Niimism.  ebrun.  3-7,  1887, 
pi.  IV,  27-31  ;  llriliah  Muséum,  Ciilalog.  of  greek  coins,  M;sia,  pi.  iv,  17  ;  Lyein, 
pi.  Il,    v;  llill.  Handh.  of  greek  and  roman  coins,  p.  ï37  et  pi.  i.  n°  10  (Cliios). 

—  la'Es.  'Ap);.  1883,  pl.xii.\  [MF.sish.is,  p.  1719,  noleO|  (Acropole);  Kinvadias,  K«:<i- 
Viïjo;  -.oj  El.!...-!  .Uo-jïiiou,  n"  28  (Spalal,  —  '^Jnhrbucb.  il.  arch.  Inst.  1887,  pi.  \ii, 
211  (Bœlilau)  ;  Olinefalsch-Ricliler,  Kypros,  pi.  r;\viii,  8  ;  'Eoïi.j,  «?/■  1894,  pi.  xu. 

—  H  Arch.  Xeitg.  XXVll.  3*  ;  XX.V,  38  ;  llull.  corr.  hell.  Xixi  p.  71;  llberg.  0.  c.  S, 
n.  B;  LongpiSrior,  Musée  Mapol.  pi.  ixwiii.  —  <•' .Scliliemann.  /lias,  a'  1432; 
Dumont  cl  Ctiaplaiii,  Les  céramiipies  de  la  Grèce  propre,  1,  p.  9,  lig.  21 .  —  Ifi  Jonrn. 
of  hell.  «/«(/.  VIII,  pi.  ixxix;  l'clric,  JVunkralis,  1,  pi.  v,  3ii:.\.-J.  Reiuacli, 
Journ.  des  Savants,  lOOJ,  p  301.  —  l'i  Arch.  Xcil .  ISSI,  pi.  xi,  3  ;  pi.  xiii,  2, 
30:  pal6rc  du  l.ouvrc,  E  007  =  Bull.  corr.  hell.  1893,  p.  238,  (i^-.  C  ;  Weicker, 
Den  Seetenrin/el.   14,    fiif.  9   el    p.    217  ;  Itevue    archéol.     1907,    pi.   m,  cl  n"    39 


sphinx  ofl're  une  grande  parenté  avec  l'art  mycénien  ; 
elle  est  surtout  manifeste  par  l'appendice  flottant  ou 
roulé  en  spirale  qui  se  détache,  en  arrière,  de  la  cheve- 
lure. Observons-le  sur  des  amphores  de  Mélos''',  des  plats 
de  Camiros",  des  tessons  milésiens  trouvés  à  llion '", 
sur  des  vases  découverts  à  Naucratis  '*,  à  Cyrène  ";  dans 
ces  deux  dernières  fabriques,  l'appendice  dérive  du 
bouton  de  lotus  qui  est,  on  le  sait,  pour  les  égyptiens, 
un  symbole  de  l'àme'*  ;  il  confère  au  sphinx  le  carac- 
tère chthonien,  ainsi  que  les  petites  hirondelles  qui  sont 
parfois  perchées  sur  sa  queue".  Le  même  type  se  retrouve 
encore  dans  des  monnaies  de  Cyzique'-"  et  dans  un  vase 
priilo-altiiiue  de  Phalère  -'.  Un  sarcophage  de  Clazo- 
mène --  oll're  une  frise  de  douze  sphinx  ailés. 

Les  mêmes  séries  ioniennes  ollrent  aussi  un  type  de 
sphinx  plus  dégagé  des  survivances  mycéniennes  et 
conforme  aux  traditions  de  l'art  archaïque.  Ionien  d'ori- 
gine est  également  le  motif  du  sphinx  assis,  la  tète 
tournée  dans  le  sens  inverse  du  corps  '",  que  l'on  retrouve 
dans  les  vases  corinthiens. 

En  Grèce  propre,  l'Attique  ofTre,  sur  une  coupe  du 
Dipylon,  au  milieu  du  décor  géométrique,  le  groupe 
héraldique  d'un  sphinx  et  d'un  centaure  -*  ;  au  vu'  siècle, 
dans  les  peintures  du  style  dit  de  Phalère  -^,  el  plus 
tard,  dans  les  amphores  proto-attiques  dites  "  tyrrhé- 
niennes  »  '%  on  voit  se  multiplier  les  sphinx  comme  les 
autres  di-mons  ailés  el  les  fauves  empruntés  à  l'Orient. 
Mais,  avant  même  que  ce  style  soit  arrivé  en  Attique  à  son 
plein  di'veloppemenl,  les  peintures  corinthiennes '-'■  et 
chalcidiennes-*  présentent  très  souvent  le  sphinx,  ou 
isolé,  ou  groupé  avec  d'autres  animaux;  toutes  ces 
figures  sont  empruntées  aux  modèles  asiatiques,  au 
décor  ciselé  sur  les  précieux  vases  de  métal  ou  lissé  dans 
les  étoffes  somptueuses.  Quelques  représentations  offrent 
des  particularités  notables,  soit  des  sphinx  barbus  ", 
réminiscence  de  l'Egypte,  ou  le  motif  du  sphinx  à  la 
patte  levée,  souvenir  de  la  Syrie  '".  Peu  à  peu,  et  notam- 
menl  dans  les  vases  clialcidiens^'  et  ioniens,  par  exemple 
dans  les  hydries  de  CaM-é^'-,  les  sphinx  sont  relégués  au 
revers  des  vases;  c'est  l'efTel  d'un  courant  général  qui 
déprécie  le  décor  animal.  Le  célèbre  vase  François^'  qui 
est  atlique,  présente  le  molif  de  deux  sphinx  all'ronlés, 

(Dugas  cl  Laurent).  —  '*  Weicker,  0.  c.  p.  14.  —  19  Louvre  E  638;  Musfe  liri- 
laniiii|iic,  .\  090  et  099;  Pollicr,  Cala',  des  vases  antiques.  II,  p.  320.  —20  Imhoof- 
Bluincr  et  Kcllcr,  0.  c.  pi.  xii,  n"  30;  Wcickcr,  O.  c,  p.  123,  noie  2.  —  îl  Jalin, 
Vasensammlg,  îi\;  Itcrichle  der  Si'ichs.  Gesellsch.,  1893,  p,  16  st\.  —  a  Antike 
Denkmâler  d.  Inst.  I,  pi.  xi.iv  ;  Brunn,  Gr.  Kanslyesch.  p.  158,  fig.  133;  liber.!;, 
fi.  c.  p.  10,  n"  4.  —  23  A  Kbodes,  le  spliins  aux  ailes  éploy^es  el  recourbées, 
Salzniaiin,  .Xècropote  de  Camiros,  pi.  i.iv  ;  llbcrg,  O.  c.  p.  9,  n.  9  ;  (jarduer, 
iVaukralis,  II,  pi.  xu  ;  Kayet  et  Collignon,  Hisl.  de  la  eérarnit/ue  grecque,  p.  49, 
lig.  ïs.  —  2i  Butl.  corr.  hell.  1898,  pi.  vu  (Couve);  Alh.  Aliltb.  1893,  XVIII. 
li-  10,  p.  1 13  l  l'errol  el  Cbipiez,  t.  Vil,  p.  222,  fig.  90;  llberg,  it.  c.  p.  9,  n.  C  ; 
cl.  l'cruice,  Alh.  Millh.  1893,  p.  116  S(|.  —  -^  Jahrbueh  des  arch.  Inst.  1903, 
p.  740,  fig.  12  (Nillson);  Fiilzci-,  die  Hydriu,  p.  39,  n»  28;  Robinson,  Catal.  uf 
Ihe  vases  of  Ihe  muséum  of  fine  Arts  in  Boston,  n"  308.  —  26  Tbicrscb, 
Tijrrhen.  Ampboren,  p.  88,  p.  93,  fig.  1-0.  —  -~t  Protocorinlliien  :  Waldstciu, 
The  argive  Heraeum,  11,  pi.  c.xv,  n»  3  et  p.  IW  (lloppin);  les  ailes  du  spliinv 
sont  divisées  en  cbainps  aUeniativcnicnt  clairs  et  foncés;  les  champs  clairs  sont 
semés  de  points;  Duinonl  cl  Cliaptain,  Céram.  de  la  Grèce  propre,  p.  173  sf|.  ; 
British  Muséum,  A  132  ((  et  iVo//:iV  d.  scuri,  1893,  p.  136,  fig.  87.  Style 
corinthien  développé:  Baumeister,  Denkmâler,  III,  pi.  i.xxxviii  ;  Dumont  el 
Chaplain,  O.  c.  p.  216,  253.  —  2»  Lan,  Die  griech.  Vnsen,  pi.  m,  lig.  I 
=  Hoeber,  Gr.  Vasen,  1909,  fig.  20  (pysis  de  Dodwcll).  —  29  llberg,  O.  c. 
p.  11.  —M  FiirUviiiigler,  Coll.  Sabouroff,  I,  pi.  xi.vii,  1  ;  Ath.  Mitth.  XX,  110. 
Ur.  llberg,  p.  10,  n.  C,  ipii  cite  une  représentation  analogue  sur  une  coupe 
corinlliienne  inédite,  au  palais  de  Copenhague,  —  31  Uumonl  et  Cbaplain,  I).  c. 
p.  206;  Furtw.ïngler.  Besch.  der  Vasensam.  in  Berlin,  n»  1232.  —  32  Louvre  li 
099  Pollicr,  Catuloijue,  11,  p.  337;  Foizer,  Die  Hydria  (1900),  p.  75,  n.  I. 
_  33  Furiwangler  et  Ueiclihobl.  Gr  Viisenmal.  pi.  m  el  fig.  10  ;  Hoeber,  Griech. 
l'nieii  (1905),  lig      D 


SPH 


li.l")  — 


SPH 


Le  S|ihirit  ikv 
à  Uelphcs. 


une  patte  de  devant  levée;  ils  sont  séparés  par  un  orne- 
ment floral  très  stylisé.  Deux  grillons  sont  disposés  de 
la  inéine  façon,  au  revers  du  vase  [gkvps,  p.  1071 ,  note  8]. 
Le  même  motif  réparait  sur  la  zone  supérieure;  les  sphinx 
constituent  aussi  comme  les  deux  agrafes  décorées  de  la 
ceinlurequi  entoure  le  vase  '.  On  les  retrouvera  fréquem- 
ment dans  la  céra- 
mique atlique  à  fi- 
gures noires.  Des 
coupes  signées  par 
Nicoslhènes-,  Tléson' 
et  Glaukytés*,  pré- 
sentent un  sphinx  à 
la  tète  détournée  et 
dont  les  pattes  de 
devant  sont  celles 
d'un  oiseau. 

Quand  la  plastique 
prit  son  essor,  elle 
se  trouva  en  présence 
de  types  absolument 
.  formés.  Le  sphinx 
voué  par  les  Naxiens 
à  Delphes^'  (fig. 
6.54ii  rappelle,  avec 
quelques  diflérences 
légères,  le  type  et  la 
pose  qu'on  voit  sur 
des  poids  ou  mon- 
naies de  Chios  (flg. 
6545)  ".  Les  statues 
de  sphin\  servant  à  décorer  des  tombeaux  attiques, 
présentent  avec  des  variantes  dans  la  disposition  des 
nattes  de  la  chevelure  qui  sont  lanlôl 
séparées  '' ,  tantôt  réunies  *,  les  motifs 
favoris  de  l'archaïsme  grec,  soitlarégu- 
i\  a^^^^J  '<''''''*^  symétrique  des  plumes  et  la  cour- 
\]\  '^'  /  bure  voulue  des  ailes  dont  les  pointes  re- 
viennent derrière  la  tête. 
r„  Cl    _M  ^^   rattache  aujourd'hui    à    l'art    ar- 

iic  ciiios.  chaïquc  grec  la  plupart  des  objets  élrus- 

([ues.  Beaucoup  de  vases  à  reliefs,  de  la 
catégorie  dite  <•  bucchcro  »,  sont  ornés  de  timbres 
figurant  des  sphinx  affrontés'^  tels  que  nous  les  avons 
rencontrés  dans  les  anciennes  fabriques  d'Analolie  et  de 
Grèce.  Les  fresques  des  tombeaux  de  Véies'"  et  de  Vulci 
présentent  des  spiiinx  dont  la  tournure  grotesque  ne 
peut  cacher  tout  à  fait  l'origine  orientale.  Aux  siècles 
suivants,  l'art  étrusque  use  de  ce  type,  surtout  dans  les 
monuments    funéraires,  cippes,   urnes,    sarcopliages  ". 


I  Bruon,  Omch.  KunHii'Sch.  I,  p.  168.  Cf.  Illierg,  CJ.  c.  p.  II.  —  2  Geiiiartl, 
Trinkadtahn,f\.  \;  W  wmr  Vorlegeblâtler,  1889,  pi.  vu,  l:cr.  fonU-r,  Calai. Tod  : 
Whibley,  Compan/on  to  (jrevk  Claasicn^  fig.  Ili.  —  3  Le  môme  motif  sur  une  coupe  de 
TU'SOn,  Klein.  Meistei'siijnatur.  p.  75,  n<»  33;  Gardner,  Vase^  of  the  h'itzwiUiam 
Muséum,  pi.  XXV,  n*  69  ;  Wliibley,  O.  c.  lig.  37.  —  ^  Baumeister,  Denkmnler, 
Ifl,  1077;  Hœbcr,  Griech.  Vasen,  p.  63,  fig.  39,  d'aprës  Wiener  Vorleije'iU'ttt . 
I>'S9,  pi.  II,  fig.  i.  —  '"  Hevue  archéol.  1S03,  p.  58  et  pi.  XI  (Foucail)  ;  Bull,  coi-r. 
hell.  «97,  p.  587  (llomollc)  ;  Fouilles  de  Delphes,  i.  IV,  p,  il  S((.  et  pi.  v-vi  ; 
Pcrrol,  H.  de  iart,  VIII,  p.  393;  Neue  JaUrh.  fixr  das  Idass.  AUerllmm.  l'Jli^. 
p.  3Î,  fig.  3.  —  ù  HeacJ,  Hisl.  niimoruin,  p.  513  ;  British  Muséum,  Guide,  pi.  i.  S. 
-  'I  i;avva.lia5,  \i  «  t  vii.  i -,  ■,  i  xo;  'E  9 -.  .M<,u«t{ou,  u»  7ii,  Sphinx  du  l'iipc: 
Es.  if-/.  1883,  pi.  IJ  (Acropolei  =  Lecliat.  .Vcu//;/  altique  avant  Phidias,  lig.  li, 
p.  203.  Cf.  Jalirb.  des  k.  /usliluls.  XVHl,  p.  131,  noie  12.  -  8  .ll/i.  Mtlllt.  IV, 
1879.  pi.  V.  Le  sphinx  de  Spala.  Jahrb.  I.  c.  —  9  Hydrie  du  Musée  brilanni(|uc.  .\ 
106;  t-ôizer.  Zyje  Ui/dria  (1900),  pi.  n,  u°  30</ctp.  40;  Masncr,  Vasen  imôslerreich. 
Muséum,  n»  ^14,  p.  20,  sphinx  virils  barbus.  —  10  Martha,  L'Art  étrusque,  p.  421, 


Mais,  nous  ferons  observer  qu'aux  âges  préhistoriques 
déjà,  l'Ilalieavait  fait  bon  accueil  au  sphinx  gr(îc  '-.  Parmi 
tant  d'êtres  fantastiques,  créations  hybrides  de  l'Orient 
hellénique  il  fut  seul  àjouir  d'une  certaine  faveur  chez  ces 
peuples  primitifs.  On  le  retrouve  dans  les  nécropoles  de 
Bologne",  d'Esté  ",  de  Golasecca'%  de  Santa  Lucia'", 
de  Caverzano  ''.  Ces  exemples  sont  trop  nombreux  pour 
ne  pas  déceler  une  prédilection  marquée  pour  le  lion  à 
tète  de  femme. 

3°  Période  classique.  —  Les  potiers  athéniens  avaient 
déjà  renoncé  à  donner  au  sphinx  ces  ailes  recoquillées 
qui  étaient  propres  à  l'ionie  et  à  Corinthe;  un  lécythe 
blanc  à  figures  noires"  et  un  tesson  d'amphore  où  est 
figurée  une  mise  au  tombeau,  présentent  des  sphinx  dont 
les  ailes  sont  repliées  ;  les  extrémités  des  rémiges  sont 
normales  et  retombent  naturellement.  Ce  lype  dont  les 
vases  que  nous  avons  énumérés  fixent  l'introduction 
au  vr-  siècle,  se  retrouve  tout  à  fait  fixé  avec  la  mode 
nouvelle  des  figures  rouges;  un  lécythe  de  Vienne'"  et 
une  coupe  célèbre  du  mus(;e  Grégorien-"  en  attestent  la 
vogue  au  v'  siècle  (fig.  6547);  dès  lors,  il  persistera 
jusqu'à  la  fin  de  l'hellénisme. 

L'art  de  ce  tem|js  excelle  à  fondre  les  divers  membres 
dont  l'imagination  des  artistes  a-vait  composé  cet  être 
fabuleux-'.  Dans  un  chef-d'œuvre  récemment  découvert 
à  Égine--,  malheureusement  très  mutilé,  la  statuaire  du 
milieu  du  V  siècle  a  achevé  le  plus  beau  type  du  sphinx 
funéraire.  L'artiste,  dans  lequel  Furtwaengler  inclinait 
à  reconnaître  Calainis,  a  représenté  l'animal  à  moitié 
debout,  posé  seulement  sur  l'extrémité  des  pattes.  L'ex- 
pression du  visage,  un  peu  incliné  et  vu  de  trois  quarts, 
garde  une  grande  noblesse  et  une  beauté  saisissante. 
Kn  quittant  l'figypte  pour  la  Grèce,  le  sphinx  avait 
changé  de  sexe^-",  et  l'esthétique  y  gagna.  Le  sphinx 
d'Égine  possède  la  beauté  souveraine;  avec  lui,  la  mort 
apparaît  sous  des  traits  enchanteurs  et  parée  delà  grâce 
juvénile.  Pour  le  corps  même,  c'est  une  chienne  que 
le  sculpteur  avait  pris  comme  modèle  vivant-'.  Kn  Grèce, 
on  n'avait  guère  alors  l'occasion  de  voir  une  lionne; 
on  avait  pris  le  même  parti  pour  le  griffon,  qui  participe 
aussi  de  la  nature  léonine.  Il  était  d'autant  plus  justifié 
pour  la  spliinge,  qu'Eschyle  et  Sophocle,  nous  l'avons 
vu'-',  ont  parfois  dénommé  celle-ci  la  chienne  (y.'Jujv). 

D'autres  monuments  du  milieu  du  v'  siècle  sont  restés 
plus  fidèles  à  la  loi  de  frontalité,  ce  pendant  qu'ils 
conservent  aux  traits  du  sphinx  une  expression  de 
beauté  rigide.  Citons  un  beau  vase  plastique  du  musée 
Britannique",  les  bas-reliefs  d'un  monument  funéraire 
provenant  de  Xanthos -'',  dans  le  même  musée;  enfin, 
d'autres  statues  funéraires  de  Mantoue",  de  Londres'' 


(ig  iS3.  —  "  L:f.  Ilbeig.  ».  c.  p.  41,  n.  0-8  ;  cf.  Mariha,  O.  c.  p.  20:i,  34i,  217, 
fig.  220;  p.  300;  Gerhard,  Elrusk.  .Spieyel,  IV,  379.  —  12  llorrues,  l'ri/esehichie 
der  bild.  Kuiist,  p.  478  cl  p.  061,  pi.  ixxvl,  fig.  3.  —  "  Uuerncs,  O.  c.  p.  i71,  n.  1  : 
Goziadini,  Atli  delta  dep.  d'Emilin,  1881,  p.  7.  —  It  Aoi.  (/.  scaii,  1882,  pi.  vi. 
lig.  1  ;  pi.  vu,  fig.  Ml,  —  '5  Méin.  des  Antiquaires  de  /''rance,  1880,  p.  3  ;  Monlelius, 
La  civitis.  primiliie  en  Italie,  pi.  si.v,  fig.  18.  —  '6  .llarchcsctli,  .Scari  nella 
necr.    di   Santa    Lucin,    1893,    pi.    \x,    fig.    9-12;    lloeines,  O.    c.   p.  477,  n.    5. 

—  n  Marcliesclli,  O.  c.  p.  23.ï,  n.  I.  —  18  Fuil»augler,  Uie  Sphinx  ion  Aeqina, 
Mùndmer  Jahrbuch  der  bild.  Uunst,  1906,  fig.  C.  —  l'J  Ibid.  lig.  9.  —  20  Kcnndorf, 
Griech.  und  Sicil.  Vasenbildrr,  pi.  xix,  4.  —  21  llcibig-lieisch,  Jùihrer,  II,  n'  186, 
p.  :88;  Museo  Greijoriana,  II,  pi.  i.xix,  1  :  Wiener  Vorleijeltlûtter,  1889,  pi.  vin,  0. 

—  22  Furtwangler,  O.  c.  pi.  i-iv,  et  fig.  5.  —  23  Cf.  Heuiey,  Ctttat.  des  /ii/urines 
de  terre  cuite  du  Louvre,  p.  8.  —  2t  Furlwiinglcr,  /.  c.  p.  4.  —  25  Cf.  noie  3, 
p.  1432  et  Uomolle,  Fouille»  de  Delphes,  IV,  p.  47.  u.  3.  —  20  Journ.  of  hell.  stud. 
1887,  pi.  i.xxu.  —  2-  Biilish  Muséum,  Catal.  of  rjreek  scutpt.  I,  p.  43  el  n"  8!) 
et  90.  —  2*  Kurtwangler,  0.  c.  fig.  H  et  p.  s.  —  29  Ibid.  fig.  40  et  p.  8. 


SPH 


1436    - 


SPH 


et  (lo  Naples  '  (lig.  tilKÎ  .  Le  casque  de  la  Parthénos  de 
Phidias  esl  lonné  de  Irois  aigrettes,  celle  du  milieu  esl 
supportée  par  un  sphinx  (fig.  '.Mlti)  *  ;  les  l)ras  de  son 
Zeus   d'Olympie  étaient  soutenus  par  des   groupes  en 

ronde  bosse  re- 
présentant des 
sphinx  enlevant 
de  jeunes  Thé- 
bains'. 

Un  superbe 
vase  plastique 
conservé  au 
musée  de  l'Er- 
mitage à  Saint- 
Pétersbourg', 
nous  montre 
(fig.  6o46\  au 
début  du  iV  siè- 
cle, un  sphinx 
paré  des  grâces 
du  style  fleuri. 
Les  pierres 
gravées  du 
iV  siècle,  avant 
.\lexandre  »  et 
présentent    souvent 


,lc  s,.l""^ 


les  vases  de    l'Italie  méridionale  * 
ce  type  de  sphinx  devenu  classique. 

4"  /■^poi/iic/ii'/lénisfu/iie.  — On  fitsurtout  du  type  créé  par 
les  âges  précédents  un  emploi  décoratif.  Dans  les  objets 
se  rattachant  à  l'art  alexandrin,  le  sphinx,  par  archaïsme 
ou  même  par  une  recherche  de  couleur  locale,  est  le 
sphinx  des  Egyptiens;  telles  les  statues  du  Nil,  appuyé 
sur  un  sphinx  ''  symbolisant  l'Egypte,  qu'on  retrouve 
sur  la  célèbre  lasse  Farnèse  *,  au  musée  de  Naples, 
ou,  au  même  musée,  le  pied  de  talde,  très  égyplisant, 
provenant  de  Pompéi  '.  Dans-  l'art  romain  aussi,  les 
représentations  de  sphinx  sont  assez  fréquentes  ;  on  les 

•  (licrlK'ck-Mag,  Pompei,  *'  cd.  p.  3bi,  fig.  2.  —  2  Pausan.  I,  21,  5;  cf.  Collignon, 
Phidias,  |i.  28.  —  3  Paus.  V,  11,2;  ColIiguoD,  0.  c.  p.  lOS.  Mime  molif  sur  un 
vase  conicmporain,  Wiener  VorkijebUilt.  1889,  pi.  ii,  8.  —  l  C.  rendus  de  la  Corn, 
de  ^t-Pé(ersb.  1870-71,  pi.  i,  1,  2:  Kayel  et  Collignon,  Hist.  de  la  cir.  yrecqiie, 
fig.  10*;  llbcrg,  O.  c.  p.  32,  n.  2;  Furtwângler,  O.  c.  lig.  12  et  p.  !>  :  cf.  un  spliinv 
eu  silhouette  blanche  sur  une  amphore  à  figures  rouges  du  musée  d'Arezzo  (début  du 
Ti-  sicMe):  Furtwhngler-lleichhold,  Gr.  Vn«cn»ia/erei.  Il,  pi.  i.xvii.  —  5  Furl- 
wrmgler,  Anl.  Gemiiien.pl.  im,  48  et  Xlv,  12.  Cf.  tome  III,  p.  143.  —  G  Le  motif  le 
plus  fréi|ucnl  est  celui  du  sphinx  en  silhouette  blanche,  peint  sur  le  col  du  rase; 
Heydcmann,  Vasensamml.  in  Neapel,  SA.  n.  I9D  ;  RC,  136  ;  Stephani,  Vasensamml. 
der  Ermitage,  a'  1557,  1383,  2251,  2203,  2265,  2267.  —  '  Clarac,  iliis.  de  sculiil. 
p.  743,  749  c:  Michaelis,  Ànc.  marbles  in  Great  Brilain.  Ashmolean  mus.  104, 
p.  582.  —  8  Carginio,  Ace.  des  mon.  du  i/usre  ualinnal,  t.  III,  pi.  1.-9  Itendi- 
eonli  dei  lincei.  XIV,  8-  fascic.  ;  Khoden,  Terrakolten  von  Vompeji.  pl.  ixxin. 
-  '0  Oierlieck,  PompOi,  lig.,  p.  332,  442  ;  Thédenat,  Pompii,  Vie  priv,-e,  p.  69  et 
84.  —  Il  Kiescrit/ky,  i/arbres  antiques  de  l'Ermitnije.  n"  260.  —  13  Vatican, 
Galerie  des  Candélabres,  n»  32,  a'  35;  Otcrteck-Mau,  O.  c.  p.  439.  —  13  .Nous  rc- 
produisons  la  liste  dounoc  par  llu-fer,  art.  oeiupis  de  Rosclier,  Lexikon  der  Mij- 
Ihul.  p-  7111.  complétant  Overbcck,  Die  Bildwerke  :um  theban.  wid  Iroischen 
Heldenkreis,  p.  17.  cl  pl.  i.  (Kdipc  combattant  .ivec  le  sphinx;  Furtwângler, 
Heschreibuni)  derijeschnill.  Stelne,  w  808,  pi.  xi;  Calalof/.  of  engraved  gems  in 
the  Hrilish  Muséum.  ISS8,  p.  157;  De  Wille,  Calalog.  Durand,  n»  360;  Mon. 
deir  Inst.  Il,  53  ;  Heydcmann,  Mittheitunij.  a.  der.  antiken  Sammig.  in  Ober- 
und  Miltelilalien,  48,  46  ;  cf.  pour  le  lécylhe  à  dorures  de  Cypre,  p.  1  432,  note  31 . 
I,e  sphinx  massacrant  des  Théli.nns  en  présence  d'(Edipc  :  Inghirami,  Monum. 
etruschi,  ser.  1.  n"  07  et  Os  ;  Brunu-Kurte,  llilieri  dclle  urne  ctrusche,  II,  pl.  vi. 
p.  20  si|-  Le  sphinx,  a»ec  une  altitude  sévère  et  noble,  en  face  d'IEdipc  seul  et 
debout:  Steckclherr:,  fii-.îAcr  der  Hellenen.  pl.  xti  ;  Overbcck,  Bildwerke,  pl.  i, 
II,  p.  30  n*  28  ;  floydr>niann,  Vasensammlg  in  .\eapet,  102,  p.  861  ;  Gerhard, 
h'Irutk.  Spiegel,  II.  177;  de  Liiynes.  Description  de  quelques  vases  peints,  pl. 
XTii  .=  Pollier.  Gazette  arrhéol.  1885,  282,  II;  Baumeister,  Denkmiiler 
1050  =  Overheck,  O.  c.  pl-  i.  10:  Furtnângler.  Berliner  \aseosamml.  n"  2355; 
l'anofka.  Musée  Blacas.  pl.  iii,  3*;  iccil  Sniilh.  Catal.  of  Vases  in  the  British 
Muséum,  III,  150  *,  p.  145;  De  Wilte,  Catal.  Durand,  n"  364;  Helbig,  V,'and- 
iiemûlde  m  Campniiien,  n"  1 153,  p.  239  ;  Arch.    pi,,,:  Mitth.  aus  Œsterr.  1690. 


emploie  volontiers  comme  supports  dans  l'architecture 
et  le  mol)ili,-r  fig.  10-28,  4!tl3J"',  ils  s'adaptent  fort  bien 
aux  angles  des  sarcopiiages  ",  aux  candélabres  '^  aux 
casques  V.aleaI.  etc. 

II.  .Nous  avons  suivi  l'évolution  du  type  figuré  du 
sphinx;  il  nous  reste  à  examiner  brièvement  les  divers 
motifs  où  des  sphinx  apparaissent.  Les  monuments  qui 
mettent  le  sphinx  en  présence  d'Œdipe  ou  au  milieu 
des  Thébains  ont  déjà  été  signalés  '^  oedipus,  p.  1o4\ 
Ce  ne  sont  pas  les  seuls  où  on  le  voit  représenté. 

«  La  redoutable  figure  du  sphinx,  dit  M.  Poltier,  était 
devenue  peu  à  peu  en  Grèce  un  ornement  usité  des  tom- 
beaux et  un  symbole  décoratif  de  la  mort  "  ».  Les  Grecs 
avaient  emprunté  ce  décor  funéraire  à  l'Orient,  ;'i  la 
Phrygie,  à  la  Lycie  et  à  Chypre''.  Des  couples  de  sphinx 
apparaissent  sur  le  fronton  du  tombeau  phrygien  d'.\rslan- 
Kaia  "•,  sur  la  frise  du  monument  lycien  des  Néréides'", 
sur  un  tombeau  de  Xanthos  au  musée  Britannique  '*.  Sur 
le  fronton  du  beau  sarcophage  lycien  de  la  nécropole  de 
Sidon  ''^  des  sphinx  se  tournant  le  dos  ont  les  yeux  fixés 
sur  un  palmier  qui  les  sépare;  c'est  l'arbre  de  vie,  selon 
le  vieux  symbole  assyrien^".  Enfin,  on  avait  disposé  des 
sphinx  sur  plusieurs  tombeaux  cypriotes^',  notamment 
aux  angles  du  sarcophage  d'.\matbonte".  Le  sarcophage 
des  Pleureuses,  au  musée  de  Constanlinople,  répèle  ce 
motif  d'acrolère -'. 

En  Grèce,  dès  le  vi'  siècle,  le  sphinx  est  un  emblème 
funéraire.  On  pourrait  se  demander  si  une  autre  pensée 
n'a  pas  guidé  les  Naxiens  dans  le  choix  du  sphinx  pour 
décorer  leur  grand  ex-voto  de  Delphes  Jig.  6o4t);  mais 
M.  Ilomolle  pense  que  le  sphinx  pouvait  apparaître  comme 
le  gardien  du  tombeau  de  Python  et  le  compagnon  du 
triomphe  d'Apollon  -'.  .Nous  avons  mentionné  plus  haut 
les  sphinx  funéraires  trouvés  à  Spala  et  au  Pirée'',  dont 
nous  distinguerons  des  statues  de  même  type  qui  sont 
de  simples  ex-voto-'.  Quand  la  ligure  du  sphinx,  debout 
ou  assise,  sert  de  symbole  funèbre,  elle  est  placée  sur 

p.  70;  Overbeck-Mau,  Pompeji,  fig.  217,  p.  417  ;  Oelorme,  Descr.  du  Musée  de 
Vienne,  p.  199,  179,  pl.  i»  ;  An-irt/i  </.  Jnst.  1869,  pl.  d'agg.  D  ;  l.e  Bas.  Voyage 
archt'ot.  en  Grèeeet  en  Asie-Mineure,  pl.  i.xxxvii,  2  ;  Heyderaaiin.  Griech.  Vasm- 
bilder,  p.  S,  pl.  viii,  fig.  3,  10*,  lOc;  Walters.  Catal.  of  greek  vases  in  the  Brit. 
J/iiscum,ll(1893),  p.  93,  il"  122;  Micali,  J/oni<m  incrfifi,  pl.  il  ;  l'asseri,  Lueeruae 
/ictiles.  II.  104  ;  Arch.  Anzeiger,  1898,  p.  141,  n»  21  ;  Robert,  Uomerische  Bêcher 
50,  Winckelmannsprogr.  09  ;  Overheck,  ^iWircrAe  jkhi  Theban.  Heldenkreis. 
00  52-60  (pierres  gravées)  =  Furtwnngicr,  Beschreib.  der geschnitt .  Steine,  pl.  xi, 
n"  802,  799,  39,  8252,  801,  804,  805,  806,  3896,  760O.  (Edipe  assis  devant 
le  sphinx  :  Mus,  Gregoriano,  II.  80  (notre  ligure  6547)  ;  Ouruy,  Hist.  des  Grecs,  I. 
97;  C.  Smith,  Catal.  o/  greek  Vases  >n  the  Britisli  Mus.  IIIS»t2,  p.  384.  Même 
motif,  avec  un  troisième  personnage  :  Overbcck,  tj.  c.  pl.  t,  13,  Walters,  Catal. 
of  the  Greek  vases  in  the  British  Mus.  IV,  234,  n"  539.  lEdipe  debout,  devant  le 
sphini,  scène  à  trois  personnages:  Furtwângler,  Berliner  Vasensanim.  n"  2030; 
Raoul-Rochette.  .Xlonum.  inédits,  pl.  vu  ;  Overlieck,  O.  c.  pl.  ii,  5.  Scène  à  plus  de 
trois  personnages  :  .Vo»i.  d.  Inst.  VIII,  pi.  xi.v  =  \Vïe«er  Vorlegeblntter,  1889, 
pl.  viii;  Overheck,  O.  c.  pl.  i,  14  et  pi.  n,  2;  Dubois.  Catalogue  Canino, 
no  ISS  ;  IteydemanD.  Griech.  Vasenbilder.  pl.  viir,  fig.  3,  102  ;  Jahn,  Vasensamml. 
in  Mfinchen.  n"  332.  424,077,  1313;  Annali,  1871,  Tav.  d'agg.  M.  Ajoutons 
une  pélikc  à  figures  rouges  du  musée  de  Genève,  Collect.  d'art  et  d'hist.  de  la 
ville  de  Genève,  notice  de  1908  ;  Furtwângler,  Die  antiken  Gemmen,  pl.  xxiv.  21 
et  22,  24  et  23.    —  U  Potticr.  Catalogue,  p.  1032.  —  1^  llberg,   O.   c.  p.   38  sq. 

—  !6  Jour,,,  hcll.  stud.  V.  18x4,  pl.  xi.iv,  p.  241  ;  (Ramsay);  Perrot  et  Chipiez. 
Hist.  de  lArt.  V,  153.  156,  fig.  108,  109;  Ohnefaisch-Richicr,  Kgpros.  pl.  txxviu. 
1.  _  17  IVrrot  cl  Chipiez,   O.    c.   Il,    383,    fig.    270;   llberg,   O.  c.   p.    38,   n.  7. 

—  I»  Calai,  of  greek  scutpt.  in  the  British  Mus.  I,  p.  45,  n"'  69  et  90  =  Overheck, 
Griech.  /'lastik,  4  'éd.,  p.  232.  —  18  Hamdy  bey  cl  Th.  Reinach,  i'ne  nécropole 
royale  â  Sidon,  pl.  xv,  xvu  ;  Arch.  Anzeiger,  1894.  p.  159  (Winter).  —  20  A.  Tr«n- 
delenbnrg,  Ein  Talisman  {Bltïtter  fur  die  Mitglieder  des  Wissenschaftl-Central- 
Vereins),  I,  1909,  p.  8  et  figure,  p.  9;  [s-tBC0PH-M;us],  p.  1009.  —  21  Ccsnula. 
Atlas,  pl.  ,:iv.  80;  P.  Ilcrinann,  48'  Progr.  zum  Winckelmannsfesl,  p.  22;  Ces- 
nola,  Cijprus,  pl.  xlviii,  4;  llberg.  p.  39,  n.  3-5.  —  22Cesnola,  Cyprès,  pi.  xlviii.  4. 

—  23  Ilanidy-bey  et  Th-  Reinach.  O.  c.  pl.  vi-viii.  -  21  Fouilles  de  Delphes,  t.  IV, 
p.  34.  —  -'■■  Voir  p.  1435,  note  7.  —  26  A  Délos.  Cro<|uis  de  M.  Henri  .Maiel,  archi- 
Ic-^lc  à  l'École  française  d'Athènes- 


SPH 


1437 


SPH 


la  stèle',  le  plus  communément,  mais  elle  peut  aussi 
tlanquer  un  tleuron  central  el  jouer  le  rcMe  d'acrolère -. 
Parfois  le  spliinx  a  un  double  corps  sur  lequel  est  posée 
une  tète  unique  '.  De  beaucoup  le  motif  le  plus  usité 
est  celui  du  sphinx  assis  sur  une  stèle  à  chapiteau  ioni- 
que '  ;  l'image  en  est  si  familière  que  les  céramistes 
l'ont  souvent  adoptée  pour  représenter  le  monstre  de  la 
fable,  en  face  d'Œdipe  ou  au  milieu  des  Thébains;  ils  le 
Juchent  seul  ou  sur  une  haute  colonnetle  (tig.  6547)^; 
"  l'image  est  plus  semblable  à  une  réunion  de  jeunes 
gens  autour  d'une  tombe  du  Céramique  qu'au  sauvage 
repaire  du  Cilhéron  ■>  ".  Le  cratère  Vagnonville,  au  musée 
lie  Klorenc(!  ',  présente  aussi  le  sphinx  de  Thèbes  super- 
])0sé  à  un  tombeau  de  type  usuel,  simple  tertre  dressé 
sur  une  plate-forme  rectangulaire  ;  détail  nouveau,  deux 
Silènes  se  sont  attaqués  au  monument  et  le  détruisent 


Fig. 


If'klipc  cl  le  splii 


par  le  fer  el  par  le  feu.  Ou  a  vu  dans  cette  représentai  ion 
l'éclio  d'un  drame  satyrique;  et  en  elTel,  d'autres  monu- 
ments offrent  aussi  le  commerce  du  sphinx  avec  Pappo- 
silène  que  tigure  un  histrion  '.  Le  sphinx,  tout  en  restant 
un  .symbole  décoratif  de  la  mort,  fut  relégué  aux  angles 
des  stèles",  dans  les  nécropoles  grecques,  et  à  Home,  aux 
coins  des  sarcopliages'",  des  urnes  ",des  cippcs  et  autels 
funéraires  (fig.  (i3i2)  '-.  Dans  les  bas-reliefs,  on  exprime 
quelquefois  plus  clairement  l'allusion  en  mettant  près 

1  Conze,  Altiuclie  Grabreliefs,  pi.  cccv  ;  i:r.  Ilôm.  Alitth.  1908,  p.  53,  ii.  3. 
Jahrbuch.  des  liist.  XX,  bl.  58.  —  2  Conzc,  AUiaehe  Grabreliefs,  ii"  liiKO;  Anlike 
Sculpture»  des  Muséums  zu  Berlin,  n"  886;  Frietlerictis-Wollei's,  Gipsnbi/usse, 
ii"  limt  ;  llbcrg,  O.  c,  p.  *1,  II.  2.  —  3  Journ.  of  liellenic  Stivlies,  11,  tS8l,  p.  31» 
el  pi.  XV.  (Murray);  von  Sybel,  Kataloij  der  Scntpturen  zu  Atbcti,  n"  161. 
—  4  Cr.  Erimos  Vindobonensis  (18!i3;,  p.  «,  Alhen.  Grnbstaluen,  (Wcisshâupl); 
i./,t,o.  op,.«,0A0Y..hv,  1889,  158,  2  =  Corp.  inser.  allie.  IV2  2iii7  b;  Oljiic- 
falsch-Kicljlcr  et  JiUres,  Calai,  of  llie  Ci/prus  Muséum,  n'  631S.  Sur  des  vases: 
Bcnudorf,  (Sriecli.  Vasenb.  pi.  .xix,  i;  Annali,  1867,  pi.  i;  Arch.  epi(/r.  Millheil. 
von  (Hslerreich.  111,  p.  63  ;  Slackclbcrg,  Die  Gràber  dcr  Hell.  pi.  xxxvii  ;  Brilisli 
Muséum.  B,  6.ïn,  B,  5(i4  ;  Ës^i».  Ap/,  1893,  n.  18,  8.  Nous  reproduisons  la  peinture 
d'une  coupe  du  Musée  de  Vatican,  J/j/s.  Greyor.  II,  pi.  r.xxxiv;  Duruy,  Uist.  des 
Grecs,  I.  1,  p  97;  Atlicn.  Millheil.  1906,  p.  150,  fig.  2  (Dœrpfeld).  —  ■■  Pollier, 
Calaloi/ue,  p.  lOiO,  Louvre  Ii  228;  Wiener  Vurleyebl.  p.  18s,  pi.  vue  cl  ix  , 
une  pëliké  d'ilermonax,  Klein,  Meislersignal,  p.  201  ;  Hartwig,  jl/eisfeis.  p.  (iOi; 
Ajner.  Juiirn.  of  Arcli.  1909,  p.  437.  —  li  PoUier,  Calnloy.  p.  1033.  —  1  Milaui. 
Sliid.  e  twiter.  1,  p.  04-73  et  frg.  I,  p.  65  (Mancini)  ;  Wien.  Jahreshefle,  Vlil, 
p.  14Si  X,  117el  103  Anz.  —8  CrMius,  Festsclir.  fur  Overbeck,  p.  102;  (satvih], 
p.  1097.  —  9  Von  Sybel,  Kataloif.  der  Sculpl.  zu  Alheii,  51.  —  10  Gerhard, 
Anlike  Biltlir.  pi.  cvi,  3;  Michaclis,  Ane.  marbl.  in  Great  Brilain,  p.  599, 
n**  219;  Ilberg,  p.  42,  no  2;  Kieserilsky,  Musée  de  scttlpl.  ant.  de  l'Ermitage, 
u"  2ii0.    -  unatscllkc,  Ant.    Bildtr.  im  Oherilalien,  II,  363,   361,    473     111,  3V7, 


du  sphinx  un  crâne '\  la  roue  du  temps"  ou  une  tête  de 
bélier'". 

D'autres  monuments  présentent  l'animal  dans  son  rùle 
de  démon  funèbre,  maintenant  sa  victime  dans  ses  serres  : 
deux  scarabées  de  style  archaïque''',  un  groupe  de  bronze 
pu   musée  de  Constantinople'\  un  bas-relief  de  Mélos 


Fig.  6348.  _  Le  sphinx  dévoranl  sa  viclinic. 

(fig.  6548)'*  et  un  fragment  d'amphore  à  figures  noires 
de  Munich  "  répètent  ainsi  ce  motif  décoratif  que  Phidias 
avait  choisi  pour  les  accoudoirs  du  trône  de  son  Zeus 
Olympien -".  Des  vases  attiques  de  l'époque  de  Phidias 
présentent  des  sphinx  emportant  un  défunt  à  travers  les 
airs-'.  On  a  confondu,  dans  certains  cas,  les  sphinx 
avec  d'autres  démons  de  la  même  famille,  en  parti- 
culier avec  les  sirènes  [sirènes].  Comme  tous  les 
génies  funèbres,  le  sphinx  passait  pour  une  personnifi- 
cation de  l'Ame  etparticipaitdeson  essence  protéiforme  --  ; 
on  s'explique  donc  la  création  d'êtres  hybrides  qui 
tiennent  certains  traits  du  sphinx,  les  autres  de  la  sirène. 
Un  sarcophage  de  Clazoïnène,  au  musée  Britannique-', 
offre  une  sirène  k  pattes  de  lion,  tandis  qu'un  sphinx  à 
bras  humain  est  sculpté  sur  un  cippe  de  Cologne"; 
enfin,  des  statuettes  de  terre  cuite  conservées  à  Berlin^", 
à  Boston-"  et  à  Londres"  présentent  le  type  d'un  sphinx 
à  queue  d'oiseau'-'. 

Le  sphinx  de  Délos  ^^  présente  un  autre  aspect:  il  a 
les  pieds  munis  de  serres,  la  main  gauche  est  passée 
dans  les  cheveux,  sur  laquelle  il  appuie  sa  tête.  Ailleurs 
l'équivalence  des  types   du   sphinx   et  de  la  sirène  va 

458;  IV,  502;  V,  772;  Michaelis,  O.  /.  p.  331,  n°  51,  p.  317,  n»  49.—  12Clarac,  A/as. 
desculpl.  p.  232,  n.  339  ;[sepui.crum],p.  1245,  note  14;  cf.  Allmann,  Die  remis.  Grn- 
ballfire  der  Kaiserzeit,  n"*  35  et  42.  —  M  Longpérier,  /Notice  des  bronzes  anl.  du 
Louvre,  n"  412  ;  llberg.  p.  42,  n.  8  ;  Vatican,  Galerie  des  candélabres,  n"  3ï  (la  roue 
est  superposée  aux  llaniiues  d'un  sacrifice)  ;  ImhoorBlumer  el  Keller-,  Tier-und 
P/lan:enbiUer,  pi.  xni.  14.  —  n  Ant.  Scu'/t.  d.  kr/l.  Musejms  zu  Berlin. 
n»  1114;  llberg,  O.  c.  p.  42,  n.  10.  —  'S  Raoul-Kochetle,  Moniim.  inédits,  p.   il. 

—  16  Furiwiingler,  Die  anl.  Gemmen,  pi.  vr,  32  et  vni,  7.  —  n  Weicker,  O.  c. 
p.  123,  2,  qui  rcctihe  Catalogue  des  bronzes  et  bijoux,  no  234.  —  18  Wiener 
Vorlegebl.  1889,  pi.  ix,  11.  —  19  Furiwiingler,  £»ieApAinj:i'on^e,i/iHa,  p.  4,  fig.  9. 

—  M  Voir  p.  1436,  n.  3.  —  21  Wiener  Vorl.  1889,  pi.  ix,  S;  Gazette  arch.  1870,  p.  77; 
(Jollignon  et  Couve,  tJatal.  des  vases  du  Musée  d'Athènes,  n"  1480.  Cf.  Jahrb.  des 
k.  Inst.  XVI,  p.  21.  —  22  Weicker,  Der  Seelenroijel,  f.  127  cl  n.  2.  —  '^3/4. 
p.  128,  fig.  54.  —  2*  Ibid.  p.  128,  n.  1  ;  Arch.  Anzeig.  1897,  p.  19.  —  25  Weicker, 
O.  c.  p.  128;  Allien.  Mitlh.  1879.  pi.  xcx,  1  ;  Kayel  et  Collignon.  Histoire  de  la 
cer.  qr.  p.  368,  fig.  138.  —  2B  Annual  report  of  tiie  Muséum  of  fine  arts,  190", 
p.  82.  a'  39.  —  27  British  Muséum  A,  1237.  —  28  Le  type  se  retrouve  sur  des  vases 
peinis,  Jahn,  Vasensamml.  in  Miinchen,  n'  948,  et  Slrena  Uelbigiana,  p.  148 
(Karo)  ;  des  pierres  gravées,  Furtwiingler,  .\nt.  Gennnen,  pi.  tx.  63;  des  bronzes 
étrusques,  Paris,  Bibliolh.  nationale,  n"  723;  Weicker,  O.  c.  p.  187,  n.  2.  —  29  Ex- 
péd.  de  Morée,  III,  22,  1;  NuoeeMem.  il.  Institut,  pi.  xiv,  9;  Weicker,  0.  c. 
p.  128,  n.  3. 


SPH 


I  i38 


SPH 


jusiiu';!  (loiiiUT  au  sphinx  les  formes  d'une  belle  jeune 
fille  .-lilée  qui  n'a  plus  rien  de  la  (igure  des  monstres'. 

Les  sphinx  n'étaient  pas  seulement  dans  l'imagination 
populaire  des  vampires  avides  de  sang,  mais  encore  des 
démons  lascifs,  enclins  à  la  volupté  [psyché,  p.  747, 
n.  I(>].  Aussi,  les  artistes  leur  donnent-ils  un  beau 
visage;  ils  l'associent  fréquemment  à  Aphrodite.  Le  char- 
mant balsamaire,  en  forme  de  sphinx  (fig.  05't6),  del'Kr- 
milage  impérial  à  Saint-l^étersbourg-  faisait  le  pendant 
d'un  autre  vase  plastique  figurant  .\phrodite  Anadyo- 
mène'.Des  vases  italo-grecs,  en  forme  de  sphinx,  ofl'rent 
des  Kros  '  et  des  monnaies  cariennes  ont  comme  em- 
blème Aphrodite  assise  entre  deux  sphinx^.  Ajoutons 
que  la  statue  d'Égine,  décrite  plus  haut,  servait  d'acro- 
tère  à  un  temple  d'Aphrodite". 

La  croyance  unanime  accordait  aussi  aux  sphinx  une 
puissante  vertu  prophylactique.  On  imaginait  communé- 
ment que  ces  images  écartaient  les  mauvais  sorts  et 
détournaient  les  maléfices  ;  c'est  pourquoi  l'on  en  usaitsi 
fréquemment  pour  décorer  les  tombeaux  ;  elles  servaient 
d'épouvantail  aux  esprits  qui  hantent  les  cimetières.  On 
plaçait  aussi  des  figures  de  sphinx  sur  les  vêlements', 
les  bijoux,  les  cachets,  sans  doute  pour  donner  à  ces 
objets  usuels  la  valeur  de  phylactères.  Des  pendants 
d'oreilles  trouvés  en  Chypre*,  des  bracelets  provenant  de 
la  Russie  méridionale  (fîg.  328)",  des  fibules  de  Préneste  '" 
et  de  Cliiusi  (fig.  96),  un  collier  de  Vulci  ",  sont  ornés  de 
sphinx,  et  ont  servi  d'amulettes.  Un  de  ces  bijoux  étrus- 
ques, au  musée  Britannique'-,  en  porte  jusqu'à  seize, 


Hg.  0549.  —  Spliinx  servant  d'arauletlc. 

figurés  en  ronde  bosse  par  groupes  de  quatre  et  se  fai- 
sant face  (fig. 6549'!;  il  en  est  de  même  des  innombrables 
intailles  où  des  sphinx  sont  gravés  ". 
On  ne  manqua  pas  non  plus  d'utiliser  cette  vertu  pro- 


I  l..-cyllie  .'i  li^rures  rouges  .le  la  colleclion  Bourguignon,  Plululogus.  1x94,  pi.  i  ; 
Weicker.  O,  c.  p.  i-f>.  I)"une  niani^-re  générale,  ohservous  i|ue  la  sirène  et  le 
spbinx  èlanl  lievcnus  écliangeatiles  sur  les  monuments  funéraires,  le  mélange 
«le  ces  types  devient  complet  dans  l'art  décoratif.  Cf.  Weicker,  t).  c.  p.  127,  n.  2. 

—  2C.  rend,  de  St-Pctersb.  1S7U-71,  pi.  i,  n"  i  el  4  ;  llberg,  U.  c.  p.  31,  a.  3. 

—  3  C.  r.  ibid.  u.  I  et  3.  —  4  Hcydcmann,  Vasensaniml.  iit  Nmpet,  p.  653, 
n"  69,  71  ;  llberg,  0.  e.  p.  32,  n.  *.  —  s  Imlioof-Blumer,  /Icmie  suisse  de  luimism. 
^9M.  pi.  vui,  il,  p.  il,  p.  204.  -  6  lurlwangler,  O.  c.  p.  7.  Cf.  p.  1435 
note  a.  -  '  Arislol.  Oc  mirab.  auscult.  §96;  cf.  hydric  à  lig.  noirrs,  Dumont 
et  Cbaplain,  O.  /.  p  326,  u"  4,  frange  du  vêlement  ;  plaque»  d'or  cousues 
sur  les  étoffes,  Stepliani,  C.  r.  1S76,  p,  145,  147;  1877,  p.  i55  ;  lllierg,  U.  c. 
p.  47,  n.  1.  —  8  Obncfalscb-Richtcr  et  Myres,  Calai,  of  Ihe  Cyprus  muséum, 
p.  35,  I3l-I3i,  n"-  437s  et  4379  ;  Perrol  cl  t:bipiez,  O.  c.  III,  p.  317  :  Journ.  hell. 
.^^|rf.  .\l,  pi.  V.  7;. VII,  pi.  XV,  p. 314.—  ^Anlifi.dH  flo.îpA.  Cmmer.  I,  79,85,  pi.  xn 
n  i,  xiii,  I.— lOllelbig-Keiscb,  /•'û/irt/ 1,  p.  4iini  llberg,  O.c. p.  47,  n.  4.—  H  Helhi^- 
Ueisch,  O.  r.  p.  357  ;  llberg.  O.  c.  p.  47,  n.  s.  —  12  E.  Fontenay,  Les  bijoux  anc.  et 
modernes,  l'aris,  1887,  p.  126.  V.  aussi  p.  128.  —  i'i  Voir  p.  1433,  n.  4,  et  1434  ; 
llberg,  O.  c.  p.  30  et  37.  —  »  llberg,  O.  c.  p.  43.  —  ls  Aescb.  Sept.  c.  Thei.  522;  Scbol. 
Eur. /"Aoen.  409.  —  16  Kurtwângler,  Vasens.in  /)irlin,n'"  1708,  1712  ;FurlwSngler- 
Keicbbold,  Orieetiisc/ie  Vasenmal.  Il,  pi.  i.xxv.  —  n  llberg,  O.  c.  p.  7;  Furtwiingler, 
lironzenvon  Olympia,  f.  133,  pi.  i  viii,n'' 980  ;pl.  i.ix.  — 18  ;Vo/i,  <(.  Inst.  Vl,pl.  ii.,9  ; 
Jalin,  Lauersforier  Plialtra-,  p.  9,  pi.  ],  n  ;  llberg,  O.  c.  p.  43,  n.  7  ;  (hui.hae, 
p.  426,  note  22J.  —  1^  Micliaelis,  Ancient  vmrbles  in  (ireal  Brilain.p.  290,  n.  39  : 
llberg,  O.  c.  p.  44,  n.  1.  —  2"  Furtwângler,  Meislerwerke,  p.  118,  lig.  13  et  16. 

—  *l  Koscber.  /.ecik.  der  Hytkol.  I.  699.  Des  vases  ollrent  le  même  motif,  Benndorf, 
Gr.  und  ■'iicil.  Vasenbild.  pi.  xxxi,  1  ;  Catal.  of  greci;  rascx  in  the  British  Mus. 
m,  pi.  XVI.  —  22  llberg,  O.  c.  p.  44.  —  43  T«le  d'Ares  au  Louvre;  le  cimier  central 


tectrice  du  sphinx  pour  les  armes  défensives  ".  En  effet, 
on  voit  chez  Eschyle  et  Euripide  '  '  et  sur  les  vases  peints  '" 
([ue  le  sphinx  scrvaitd'épisème  aux  boucliers  des  héros". 
C'était  aussi,  et  pour  les  mêmes  raisons,  un  décor  fort 
usité  des  cuirasses  '*  (fig.  3974),  des  poitrails  (fig.  2727), 
des  phalères  ffig.  5020)  et  des  casques,  dont  le  sphinx 
supporte  souvent  le  cimier  (fig.  3'i73);  quelquefois, 
formant  saillie  latérale,  il  occupe  la  place  d'un  panache  ou 
d'une  aigrette(fig.  2575)  ;  plusrarement,  il  décore  les  para- 
gnathides  (fig.  3475).  Dans  le  casque  de  l'Athéna  Par- 
thénos  de  Phidias,  l'aigrette  médiane  était  supportée  par 
un  sphinx  (fig.  3476,  3323  etoU68),  décor  qui  fit  école,  à 
en  juger  par  l'Athéna  llope  (fig.  5066) ''^  l'Athéna  Far- 
nèse '■''',  l'Athéna  Hygieiade  Pyrrhos'',  et  par  une  héritière 
plus  jeune,  la  Den  Roma--.  L'iconographie  des  rois  de 
l'époque  hellénistique  et  celle  des  empereurs  romains 
empruntèrent  ce  même  décor  à  certaines  représentations 
d'Ares^'.  Dans  son  Electre-'",  Euripide  coiffe  Achille  d'un 
casque  orné  de  ce  même  emblème  dont  il  n'omet  pas  de 
marquer  le  sens  prophylactique  (ôsi'fxaTa  apixTà)^". 

La  vertu  protectrice  émanant  du  sphinx  en  recom- 
mandait l'usage  aux  artistes,  charmés  d'ailleurs  par  les 
qualités  décoratives  de  ce  motif.  Les  accoudoirs  du 
trône  de  Zeus,  à  Olympie,  étaient  supportés  par  des 
sphinx  enlevant  leurs  victimes-^.  A  l'époque  de  Phi- 
dias, les  dévols  d'Olympie  devaient  éprouver  encore 
une  crainte  superstitieuse  en  reconnaissant  les  symboles 
de  la  toute  puissance  du  dieu  sur  la  vie  et  sur  la  mort. 
Mais  ce  sentiment  s'émoussa  et  finit  par  disparaître-''. 
Sans  cesser  d'être  employé  pour  les  amortissements 
des  accoudoirs-',  les  dossiers  -',  les  pieds ^",  l'escabeau 
même  ^'  des  trônes  divins,  le  sphinx  n'est  plus  qu'un 
ornement. 

A  répO(|ue  hellénistique,  et  plus  tard,  à  Pompéi  et  à 
Herculanum,  on  orna  de  figures  de  sphinx  les  pieds  de 
tables^-  (lig.  4913),  les  trépieds^'',  les  lits''",  les  candé- 
labres'°  et  des  ustensiles  de  tout  genre  (fi  g.  1028)"^;  nous  en 
avons  déjà  observé  dans  l'art  archaïque,  sur  des  appliques 
que  l'on  adaptait  aux  vases  de  bronze  "  ou  à  des  objets 
de  plus  grande  dimension,  comme  le  char  de  luxe  de 
Munich'*.  Enfin,  on  choisit  souvent  aussi  \v.  sphinx 
comme  emblème  pour  des  poids  el  des  monnaies.  Les 


cslsupporU- par  un  sphinx:  l'urUvangler, -l/f/sferir.  p.  HT  ,clBesclireib.der  Glypto- 
tliek,  n"  212,  el  flundevt  Tafeln,  pi.  xxxin,  complète,  d'après  ce  modèle,  une  tète  de 
Munich.  —  21  V.  471  ;  cf.  llberg,  O.  c.  —  2»  V.  456.  —  '26  fausan.  V,  II,  2.  Petersen, 
Die  Kunst  des  Phidias,  Berl.  1872,  f,  55;  l-'urtwiingler.  Die  Sphinx  von  Aegina, 
p.  5.  —'27  Cf.  llberg,  O.  c.  p.  46.  —  28  Dcfrasse  et  Lecliat,  Epidaure,  p.  84  ;  Arndt, 
Glyptolhèque  de  Xy-Carts/ierg,  texte  de  la  pi.  xvii  (Bulle)  ;  télc  semblable  au  musée 
Fol  à  Genève,  n°  I57U.  Cf.  le  trône  de  Zeus,  dans  la  frise  orienlale  du  Partliénon,  et 
les  peintures  de  vases  réunies  par  OverbecU,  Atlas  zur  Kunstnujth.  pi.  i,  29  ; 
autres  exemples  ap.  Slepbani.  C.  rendus.  1859,  pi.  i  et  p.  64;  1864,  pi.  iv  el  p.  132, 
143;  Petersen,  /.  c.  Cf.  llberg,  0.  c.  p.  4li,  n.  i-:<:  Milchbiifer,  Ath.  Mitth.  1876, 
p.  67.  n.  1  ;  nous  y  ajouterons  le  monument  des  Harpyes,  à  Xantbos,  Overbeck,  Gesch. 
der  griech.  Ptaslik,  4'  éd.  I,  227,  lig.  .SK  ;  Kavvadias,  KaxàJioYo;  tZ,  j'ii,KT,»ï,  n»  819. 

—  ■29  Le  trône  d'Apollon  il  Amycléi s,  Paus.  III,  18,  14;  cf.  Furtwângler,  Meis- 
lerwerke, p.  700,  lig.  133  ;  llberg,  O.  c.  p.  46,  n.  3.  —  3»  llberg,  /,  c.  —  31  Tiié- 
denat,  Pompéi,  Vie  privée,  j^.  69.  escabeau  de  la  statuetic  de  l'Abondance  ;  Mau- 
Kelsey,  Pompeii,  fig.  182.  —  32  Overbeck-Mau,  Pompeji,  4'  éd.  fig.  289;  Dendic. 
deli  Acad.  dei  Liticei,  XIV,  fasc.  s.  —  3:i  (jargiulo,  /lec.  des  uionum.du  Musée 
mit.  Il,  30  :  Anlich.  d'Eroolano,  III.  p.  313.  fig.  59  ;  Mau-Kelsey,  Pompeii,  fig.  183, 
p.  363;  Blumncr,  Kunstgewerbe  m  Allertum,  11,  p.  160,  fig.  81.  —  34  Dans  la 
lente  de  Ploléniée  Phdadelplie,  à  Alexandrie,  Alben.  V,  197  a.  Cf.  FIcckeisen, 
Neue  Jahrb.  ISI13,  p.  660,  n.  2.  —  3-ï  Overbeck-Mau,  O.  c.  p.  439,  fig.  234; 
Vatican,  Galerie  des  Candélabres,  n"  31  el  35;  Mus.  Uorb.  I,  34;  Blûmner, 
').  c.  Il,  p.  71,  fig.  32.  —  36  Bassin  à  eau  chaude,  Mus.  Uorb.  V,  44;  Ovcrbeck- 
Mau.  U.  c.  p.  442;  Bliimner,  O.  c.  p.  lOS,  fig.  53.  —  37  Furtwângler,  Col. 
.S'nl.ouroff  pi.  cxLix,  p.  3;  Longpérier,  Uronzes  ant.  du  Louvre,  n"  409,  410; 
Nous    avons   signalé  plus    haut,    noie    2.    les  balsamaires  en  forme    de   sphinx. 

—  38  Furtwiîugler,  Beschr.  der  Glyptoth.  n°  71  ;  Micali,  .lyon.  anlichi.  pi.  xxviii,  4. 


SPH 


1439  — 


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monnaies  (fij<.  0545)  et  les  poids  ;(ig.  tjMriO)  de  Chiosi  por- 
tent comme  emblème  un  sphinx  assis  sur  une  ampliore; 
une  amphore  ou  un  pampre 
remplit  le  cliamp';  le  sphinx 
chlhonien  est,  selon  llead,  un 
symbole  du  culte  de  Dionysos 
qu'on  révérait  dans  l'Ile  ^ 
Des  monnaies  de  Riiodes 
offrent  un  sphinx  assis  à  côté 
d'une  rose'  et  le  prolome  de 
l'animal  apparaît  sur  des 
pièces  de  Cyzique  '  ;  celles 
de  Chypre  ont  le  sphinx 
Fij.  (i5r,n.  —  Poids  de  chios.  assis  sur  un  lolus  '.  La 
Carie  '^  et  la  Cilicie  "  ont 
pour  type  Aphrodite  entre  deux  sphinx  '.  On  peut 
ajouter  à  ces  exemples  choisis  dans  l'époque  la  plus 
florissante  de  l'art  monétaire  beaucoup  de  monnaies 
iiellénisUques  '",  de  la  Képublique  romaine  "  et  de 
l'Empire''.  L'anneau  de  l'empereur  Auguste  élaitdécoré 
de  cet  emblème'-'. 

Le  sphinx  est  parfois  groupé  avi'c  des  divinités  ;  nous 
avons  louclié  plus  haut  la  question  de  ses  rapports  avec 
Aphrodite"  et  avec  Dionysos '^  On  le  voit  aussi  associé 
à  Silène  et  aux  Satyres,  sous  l'influence  du  drame  saty- 
rique  [satvki,  p.  1097] '^  à  Hermès'',  à  Héraclès'"  et, 
comme  symbole  de  l'Egypte,  à  Harpocrate"  elau  dieu  Nil'-". 
L(!  sphinx  apparaît  aussi  en  dehors  de  l'histoire 
d'tJEdipe  au  milieu  des  mortels;  on  voit,  sur  des  scara- 
bées sai'des  de  style  égyplisant,  un  jeune  héros  tenant 
deux  sphinx  suspendus  par  une  patte  ^'.  Sur  des  vases 
de  Nicosthènes  et  d'Euergidès -'-,  le  sphinx  est  (jntouré 
d'hommes  armés.  Ces  scènes  n'ont  pas  de  rapport  néces- 
saire avec  le  mythe  thébain. 

Nous  avons  rencontré  déjà  le  sphinx  employé  dans 
l'architecture  religieuse;  on  le  trouve,  comme  acrolère, 
en  terre  cuite  ou  en  marbre,  à  Thermos-',  à  Olympie-', 
à  Égine-%  dans  les  métopes  et  les  frises  sculptées  des 


'  llead,  llisl.  numor.  p.  513  si|.,  i'crcy-Gardner,  Types  of  gree/c  coins,  pi.  iv,  0, 
X,  U;  Mionnel,  /Jescr.  des  médailles,  III,  303-278,  l-lïS.  Suppl.  VI,  38S  ;  Imlioof- 
Blmuei',  .Uonn.  gr.  p.  297  sq.  ;  llberg,  0.  c.  14,  n.  9.  —  2  cf.  Inilioof-Hliiiiier, 
Jleviie  suisse  de  numismnt.  1908,  p.  79  cl  80  (le  sphinx  porte  un  calallios).  —  3  Head. 
Hist.  nu»!,  p.  513.  Cf.  llberg,  Le.  —  ''  Percy-Uai-dner,  0.  c.  pi.  x,  21  ;  Mill,  Hand- 
liook  of  greek  coins,  p.  200.  —  5  Iniliool'-Blumer  el  Kcller,  Tier-und  f/lanzenbU- 
der.  XIII,  10;  llberg,  O.  c.  15,  n.  1.  —  6  Percy-Gardner,  O.  c.  pi.  iv,  40.—  7  Imlioof- 
Blumer,  Hei-uesitihse  de  num.  pi.  cmvjei,  p.  201  et  pi.  vit,  n.2t.  —  «Iralioof-Blumer, 
iloHii.  gr.,  pi.  n,  15;  Percy-Gardnei-,  O.  c.  pi.  x,  3t  ;  llberg,  0.  c.  p.  13, 
il.  3.  —  3  Voir  p.  1438,  note  3.  —  tu  Voir  les  exemples  r(5unis  par  lll.erg,  0.  c. 
p.  15,  11.  4,  auxquels  nous  ajouterons  pour  Gabala  de  Syrie,  ImlioorBluiner,  Ziir 
Syiisclten  Munzkunde,  Wiener  numisin.  Xeilung,  1901,  p.  6,  7,  pi.  i,  C,  7,  8  — 
Mionnel,  V,  235,  2:18,  pour  Alexandrie.  Pour  l.esbos.  Calai,  uj'  gr.  coins  in  llie 
brilisli  Muséum,  Mysia.  p.  ;«,  n»  220,  cf.  pi.  ni.  —  11  Cohen,  Médailles  consul. 
p.  77, pi.  x,  8.  —  li  Pour  Auguste,  cl.  linhoof-Blumer  et  Kcller,  Cj.  <■.  pi.  xiir,  13;  Hill, 
Handbuok  of  greek  and  roman  coi„s,  p.  172;  Jlilani,  (tiabrici)  Lu  uumismaliea 
d'Auiiuslo,Sludiemaleriali,l\,p.  137;  pour  Albinus,  [VAmer.  Médaillons  de  l'Em- 
pire  romain,  p.  130.  — '^i  Milaui,  .S7«rfi  e  maleriali,  L'annello  siyillo  di  .iug.  Il, 
p.  172180,  lig.  1-14.  —  14  Cf.  p.  1438,  note  3.  —  1.  Ci-dossus,  note  3.  —  10  Cf. 
sAïu.i,  p.  1097,  u.  9;  l'urtwSnglcr,  Ant.  Gemmen,  111,  p.  102,  lig,  69.  I.e  cratère 
de  Sommavilla,  Mon.  d.  Jnst.  II.  pi.  i.v.  —  17  Amphore  coiinlhienne,  Athen. 
Millh.  XVlll,  57  et  pi.  lÉ.  —  ISOenoclioé  à  fig.  noires  du  musée  de  Boston,  Jahrb. 
des  k.  Institut.  XIV,  p.  143,  n.  33.  —  it  Pollier.  Diphilos  et  les  modeleurs  de 
ter.  cuites  gr.  p.  87,  n°  354,  —  20  Micliaëlis,  Ane.  marliles  in  Great  Britain, 
p.  ,Î82,  n"  104.  —  21  Kurtwïingler,  Ant.  Gemmen,  p.  1 10,  lig.  77  ;  p.  104  el  pi.  vi,  31 . 

—  22  Klein,  Meistersiguatur.  Nicoslhencs,  n«  4,  p.  54;  u"'  21,  23,  23,  p.  59-GO  ; 
Kucrgides,  9,  p.  99.  —  23  Ant.  Denkm.  des  k.  Instit.  Il,  texte  pi.  xi.ix,  lig.  4  el  3. 
Cf.  l'otticr,  Jjiphilos,  p.  33,  n"  180.  —  2»  Ausgrab.  zu  Olympia,  111.  p.  1{, 
pi.  XXV  6.  —  2S  Knrlwiingler,  (t.  c.  pi.  i.  —  2ii  Calai,  sommaire  des  marbres  ant. 
du  Louvre,  n°  2825  cl  2827;  S.  Heinïcii,  Répert.  des  bas-reliefs  grecs  et  rom . 
(1909),  p.  5  el  li.  —  27  Overbeck,  Gescli.  der  griech.   Plastik  (4' édit.),  I,  p.  215. 

—  2»  l.ecliat,  Sculpt.  attique  av.    Phtdias,  p.  203,  lig.  1  i.  —  29  cf.  Puchsleiu, 


temples  d'Assos-",  de  Sélinonte'-'.  Il  orne  les  sanctuaires; 
on  l'apporte  en  ex-voto'-'  ;  il  sert  à  décorer  les  bases  des 
statues  ^'\  ou  comme  ménisque  à  en  détourner  les 
oiseaux"'.  Rappelons  le  motif  d'origine  ionienne^'  du 
sphinx  dont  lalêle,  vue  de  face,  surmonte  deux  corps  vus 
de  profil.  Cette  variante  de  la  panthère  el  de  la  lionne  à 
deux  corps,  fréquente  sur  les  vases  ioniens  ^-,  jouit 
d'une  certaine  fortune  dans  la  sculpture  gréco-romaine  ". 
On  voit  un  sphinx  à  trois  tèles  sur  une  monnaie  d'Ha- 
drien ^*.  Citons  en  terminant,  un  sphinx  barbu  à  queue  de 
serpent'\  le  sphinx  du  cratère  de  Sommavilla,  avec  sa 
tête  entourée  d'un  disque  rayonnant '^  enfin,  sur  une 
amphore  de  Chypre  ^'\  deux  sphinx  •  échangeant  dus 
baisers.  (jeorge.s  Nicole. 

SPICULUM.  —  Pointe  de  lame  ou  de  flèche  [dasta, 
SAGiTTA.  Ce  nom  a  aussi  été  donné  au  pilum. 

SPIXA  —  I.  L'épine  qui  partageait  l'arène  d'un  cirque 
[ciBCL's].  —  II.  Cure-dents  [dentiscalpium". 

SPIMTHER.  (Ssi-cxTrip,  de  tst^i'c(w,  serrer).  — -  Sorte  de 
bracelet,  dont  le  nom  fait  deviner  la  forme.  Différent  des 
bracelets  dont  il  a  été  parlé  ailleurs  [armilla],  celui-ci 
tenait  au  bras  par  la  seule  pression,  grâce  à  l'élasticité  du 
métal'.  Festus,  qui  seul  nous  renseigne,  dit  que  c'était 
une  parure  des  femmes  de  l'ancien  temps,  qui  se  por- 
tait au  haut  du  bras  gauche^.  U  ne  semble  donc  pas 
qu'il  s'agisse,  comme  on  le  croit  communément,  de  ces 
bracelets  qui  figurent  des  serpents  ou  des  rubans 
enroulés,  lesquels  appartiennent  aux  meilleurs  temps  de 
l'art  et  sont  restés  en  usage  pendant  toute  l'antiquité  (il 
y  a  aussi  des  bagues  semblables,  fig.  343)  :  ceux-là,  qu'ils 
fassent  un  ou  plusieurs  tours,  n'ont  pas  besoin  d'adhérer 
étroitement  pour  rester  en  place;  mais  il  en  est  d'autres 
qui  tomberaient  s'ils  n'étaient  serrés  ainsi  ou  attachés. 
On  pouvait  bien  les  qualifier  d'antiques  au  temps  où  les 
grammairiens  clierchaient  l'origine  et  la  signification  des 
mots,  car  ils  sont  de  travail  étrusque  ou  préétrusque  ^  On 
en  conserve  au  Vatican  i^lig.  ti.^31)  et  au  musée  Britanni- 
que'. Ces  bijoux  consistent  en  une  bande  d'or  mince. 


Die  ionische  Snule,  lig.  41,  p.  3V  cl  p.  33,  noie.  —  30  ■Es,,,..  i;i.  I.s83,  pi.  xii, 
A  ;  [MENiscosj,  p.  1719.  —  31  Voir  p.  1434,  n.  0.  —  32  Furtwangler,  Ant.  Gemmen, 
11,  p.  104  el  pi.  VIII,  34,  Nnmism.  cttronicle,  1887,  pi.  iv,  30;  Dummlcr,  Kleine 
Schriften.  III,  p.  240,  250,  pi.  vin;  Pollier,  Mélanges  Perrot,  p.  272;  Reinacli. 
ftép.de  la  statuaire.  II,  p.  703,  reproduit  un  sphinx  à  quatre  têtes.  —  l'^Mon. 
d.  Inst.  VI,  pi.  X1.I,  fig.  9;  Curtius,    Wappengebrauck    und   Wappenstil,  11g.  10. 

—  31  Imboof-Bluiucr  et  Keller.  U.  c.  pi.  xiu,  14;  llberg,  O.  c.  p.  13,  n.  4 
(monnaie  frappée  à  Alexandrie).  — 357n/i/-i.  des  k.  Instituts,  Arch.  An:.  Vlll,  p.  90. 
n.  I.  Cf.  Scliol.  Euiip.  l'hoen.  700,  olj»  Spa»«;viiî,  Bclhe,  Theban.  Ucldenlieder, 
p.  17  sq.  —  30  Mon.  d.  Inst.  Il,  pi.  iv.  —  37  Murray,  Smith  et  Walters,  Ercav.  in 
lyprus,  p.  109,  lig.  1.39.  Cf.  Wcicker,  Der  Seeleni-ogeel,  p.  121,  cl  un  motif  ana- 
logue sur  une  amphore  de  Bonn,  Jbid.  lig.  40.  —  Biiuioiiiahuif..  Ouaranla,  La 
favrla  delta  Sfinge  tebana.  Naples,  1828;  Forchhammcr,  .Sphinx,  Allgemein. 
Monatschrift  fur  Wissens.  und  Liter.  1852;  Jaep,  Die  griechische  Sphinx,  Gotlin- 
"ue,  1834;  Gargallo-Griiualdi,  Observât,  on  certain  allegor.  represent.  of  the 
ancients.  Transactions  of  llie  real  Soc.  of  Literal.  New  série,  V,  1855  ;  Slephani, 
Comptes  rendus  de  la  corn,  impér.  arch.  1804,  p.  63,  103  ;  Furlyvangler,  Bronze- 
fundeaus  Olympia,  Abhandl.  der  Bcrl.  Akad.  der  Wiss.  1879,  p,  57  sq.  ;  Atlien. 
Mittheilung.  IV,  1879,  p.  43  sq.  (Milclihofcr)  ;  Scliroeler,  De  Sphinge  ijraecarnm 
fabularum  eommentatio  mythologica,  Rogasen,  Progr.  1880;  Baumcislcr,  Den- 
knutler  des  Klass.  Altertums,  III,  p.  1688  sq.;  Kurtwiingler,  Die  Bronzen  run 
Olympia,  1890,  p.  99  sq.  ;  Curtius,  Festselirift  fur  Overbeck,  1893,  p.  102;  loli. 
llberg.  Die  Sphinx  in  der  griechischen  Kunst  und  Sage,  Progr.  Leipzig,  1896; 
Purlwângicr,  Die  ant.  Gemmen,  1900,  p.  104  ;  et  Oie  Sphinx  von  Aegina,  Manchner 
Jahrbuch  der  bildenden  Kunst,  I,  1900,  p.  1-10;  R.  délia  Seta,  La  Sfinge  di 
Haghia  Triada,  Itendiconti  delf  Accad.  dei  Lincei,  XVI,  1907,  p,  699  sq. 

SPI.XTIllill.  1  Rapprocher   le    nom  de   oç.r""i?  donné  au  muscle  constricteur. 

—  s  Fesl.  p.  333  M  :  armillue  genus  quod  mulieres  antiguae  yerere  solebant 
bracfào  summo  sinistro.  —3  II  est  encore  question  dans  une  comédie  de  Piaule 
(A/en.  III,  3,  4  :  V,  3,  8)  d'un  spiutlier  en  or.  —  *  Grih,  Monum.  di  Cere,  III,  4; 
Caiiina,  Ètruria  mcrit.  1,  pl.  iiv,  74-7;  Fonleuay,  Les  bijoux  anc.  et  modernes, 
Paris,   1881,   p.    204  sq.  ;  Heisch   dans    Helbig,    Fuhrer,  î'  éd.  1899,    n.    1406. 


SPI 


—  1440  — 


SPO 


/ 


/  \ 


A 


\ 


•II. 


S/jiiither. 


couverte  de  figures  estampées,  qui  entoure  le  bras,  sans 
en  faire  le  tour  complet,  l'anneau  couvrirait  tout  au  plus 
le  poignet;  lies  chaînettes  ou  des  brides  tixées  au  bord 
semblent  des  ornements 
plutôt  que  des  attaches 
qui,  au  besoin,  en  arrê- 
teraient la  chute  '. 

Nous  rappellerons  à  ce 
propos,  mais  en  évitant 
de  les  confondre  avec  le 
spinther,  les  bracelets 
ouverts,  pesants  et  mas- 
sifs des  âges  primitifs, 
dont  le  goût  se  transmit 
jusqu'aux  Barljares  qui 
envahirent  l'Empire  ;  les 
Romains  paraissent 
l'avoir  partagé.  Ils  eurent 
des  bracelets  ouverts, 
plus  légers  et  flexibles, 
mais  d'une  mode  nou- 
velle, qui  n'étaient  pas  ceux  des  mulieres  antiqun-. 

Les  Tarenlins  appelaient  ditYXTiîp  ^  la  tunique,  portée 
probablement  serrée  comme  un  fourreau.  Cette  accep- 
tion du  mot  s'estpeut-ètre  généralisée, car  on  le  retrouve 
ainsi  employé  chez  les  écrivains  byzantins'  ;  dans  le  latin 
des  bas-temps  trcptYXTïip  est  l'équivalent  de  stricloriiim  * 

E.  Saglio. 
SIMTHAMA'  (ST:tf»a[j.vî)2.  Kmpan.  Distance  comprise 
entre  l'extrémité  du  pouce  et  celle  de  l'auriculaire  ',  quand 
ces  doigts  sont  sur  une  même  droite,  la  main  à  plat  et  lar- 
gement étendue'.  Cette  distance  étant  anatomiquement 
la  moitié  de  celle  qui  sépare  l'olécràne  du  bout  unguéal 
du  médius,  on  considéra  toujours  l'empan  comme  la 
moitié  d'une  coudée  et  ces  deux  mesures,  dès  la  plus 
haute  antiquité,  furent  admises,  avec  ce  rapport,  dans 
les  systèmes  métriques  égyptien  "  et  chaldéen  '. 

En  Grèce,  l'unité  de  mesure  étant  le  pied,  nous  ne 
voyons  d'abord  le  spithame  mentionné  que  par  les  auteurs 
ioniens:  Hésiode\  Hippocrate",  Hérodote.  Ce  dernier 
l'emploie  à  propos  des  deux  bas-reliefs  de  Nimfio'  et  du 
Kara-Bel'"  représentant  le  Pseudo-Sésosiris  :  àvvip  i-^yé- 
Y/.ijTtxai  (ié-ceôoç  TtÉfATt-rY,?  <r7rt6a|ji.;,;  ".  Cette  phrase,  que 
Ton  traduit  encore'-  comme  au  temps  de  Larclier  "  ou 


yrill.  —  »  Wad.linglon,  Kdil  de 


1  Hesycli.  s.  o.  —  2  Du  Gange,  s.  v.  —  3  Glosi 
Dioclélien,  VII,  5C  (p.  iO). 

SPITHAMA.  f  riin.  H.  nat.  VII,  3,  19  :  Trispithami,  tcrnas  spilhamas  longi- 
tudine.  —  '-  La  forme  nftai*!^  est  usitée  depuis  répoque  byzantine  (DucaDge, 
nioss.  mtil.  et  infim.  grnec.  s.  v.).  —  3  Hcsycli.  s.  v.  -  »  l'ollux.  II,  157.  —  5  Sur 
la  coudée  égyptienne  conservée  au  Louvre  (E.  de  Rougé,  Aotice  somm.  des 
moniim.  égypt.  nu  Lomre,  1»73,  p,  87,  vitrine  I),  ainsi  que  fur  la  plupart  des  mo- 
numents similaires,  les  empans  sont  mar(|ués  par  une  patte  d'oiseau,  alors  rjne 
riiiéroglyplie  de  la  coudée  est  nue  main  avec  l'avant-bras  en  eitension.  —  ^  Aurcs, 
Traité  de  métrol.  assijr.  p.  -JS  ;  Oppert,  Étalon  des  mesures  assi/r.  /ixées  pur  les 
textes  cuni-if.  p.  3S  sq.  —7  fip.  et  d.  (éd.  Weiso)  4i4.  —  'De /'met.  XII,  p.  241 
qui  emploie  )ii».oi:ieii|».iiTo;.  —  '  Découvert  par  Texier  {Descr.  de  l'Asie  min.  Il, 
p.  30i  sq.)  ;  cf.  (i.  l'errot  el  Cliipiez,  Hist.  de  l'Art.  1887,  IV,  p.  742  sq.  —  10  Dé- 
couvert par  M.  Huniann($ayce,  The  Aeademy  du  IS  oclob.  1879,  p.  is9).  —  "  II, 
106.  —   i'i  P.    Ciguel,  Traducl.  des  Hist.  d'Hérodote,  11.106.  —  13  lid.  de  1843, 

vol.  I,  p.    las  : 1  homme  de  cini|   palmes  de  haut.  ..  —  "A  défaut  de    l'éd. 

de  1556,  cf.  éd.  de  IK64,  p.  I5'J;  .  un  homme  haut  de  cinq  paumes  ».  —  IBNote 
ad  /.  c.  dans  son  édit.  de  Strasbourg,  Ifilti  ;  Lesicon  Herodoteum,  ISiO,  II,  p,  106. 
—  Ï6  A.  F.  Miol  donne  celte  vcr^^ion  exacte  {Uist.  d'fJér.  Paris,  18^2,  I,  p.  30i 
el  noie  50,  p.  413).  —  i'  D'après  0.  Weber,  (/.e  Si/njlos  et  ses  monuments, 
Paris.  1880.  p  4i),  le  cadre  de  ce  bas-relief  a  pour  largeur,  en  bas,  ±  m.  50  ;  en 
haut.  I  m.  i*Oet  pour  hauteur,  i  m.  50.  Ln  se  servant  de  ces  nombres, on  trouve  sur 
une  photographie  de  E.  Kubelin  (de  Smyrne)  que  le  Pseudo  Sésostris  de  .Ninilio 
doit  avoir  t  m.  40.  —  •»  La  règle  gravée  sur  la  statue  du  palési  Goudéa,  au  Louvre 
est  un    empan  de  0  m.  J656  (M.  Dieulafoy,  Not.  sur  les  coudées  étalons  perses 


de  P.  Saliat'*,  signifie,  ainsi  que  le  montra  Schwei- 
ghauser'S  ^  un  homme  de  cinq  coudées  moins  un  spi- 
thame »,  soit  quatre  coudées  et  demie  '"  ;  ce  qui  concorde 
parfaitement  avec  les  dimensions  du  has-relief,  dont  la 
hauteur''  parait  être  de  :2m. -40;  ce  qui  prouvt;  (|u'Héro- 
dote  employait  l'ancienne  coudée  chaldéenne  de  (hii.  531i 
dont  l'empan  de  Om.  SGrWiest  gravé  sur  l'une  des  statues 
de  Tello'*.  Aulu-Gelle  a  donc  eu  raison  d'écrire  que 
sept  coudées  d'Hérodote  font  douze  pieds  romains  un 
quart";  la  différence  n'est  que  de  neuf  centimètres 
et  demi 

C'est  à  partir  d'.Mexandre -",  et  principalement  dans 
l'école  d'Alexandrie-',  qu'on  employa  communément  le 
spithame,  puisque  lacouilée  resta  l'unité  légale  de  l'Asie 
antérieure  et  de  l'Egypte. 

Quand  les  Romains  commencèrent  à  traduire  les  ou- 
vrages des  Alexandrins,  ils  se  servirent  d'abord,  pour 
rendre  aTriftajA-Zj,  du  mol  dodrans  —  ;  mais  ils  virent  bienttjl 
que  leur  mesure  oflicielle  de  Om.  22179  ne  tlonnait  qu'une 
fausse  idée  des  différents  empans  en  usage  dans  les 
divers  systèmes  asiatiques  ou  africains;  c'est  alors  que 
les  traducteurs  créèrent,  pour  rendre  les  multiples  ou 
sous-multiples  de  la  coudée,  ces  mots  semipes,  pah/wpes, 
palmus,  etc.,  qui  ne  figurent  nullement  dans  les  arithmé- 
tiques romaines. 

Pa/miis,  qui  signifiait  déjà  itaXatcT/]  ou  le  quart  du 
pied  grec,  fut  employé  pour  désigner  le  spithame '-'  et 
semipes, qui  semblerait  valoir  un  demi-pied, servit  à  tra- 
duire les  composés  £iiT7i''0au.oç  et  ôtmiSafiaToç  qualifiant 
des  grandeurs  d'un  pied  et  demi  -'.     Sorlin  Dorkiny. 

SI»LEIVIU\I(i;TTXy,vtov).  -  Petit  morceau  d'étoffe  enduit 
de  manière  à  coller  sur  la  peau,  soit  pour  dissimuler  un 
défaut  ou  une  cicatrice  ',  soit  comme  on  y  emploie  les 
mouches  modernes,  pour  rehausser  l'éclat  du  teint'-. 
Il  pouvait  être  découpé  en  diverses  formes^     E.  Saglio. 

SPOM.A.  —  Par  le  terme  technique  de  .ipolia,  les  Ro- 
mains désignaientles  armes  d'un  ennemi  tuéà  la  guerre  '. 
Le  combat  dont  elles  étaientle  gain  pouvaitêtre  un  combat 
singulier,  résultat  d'une  provocation'-;  en  ce  cas  les 
dépouilles  du  vaincu  étaient  dites  spolia  pi-ovocatoria  : 
lellesles  sjtolia  si  nombreuses  que  s'étaient  acquises,  au 
dire  d'Aulu-Gelle,  le  tribun  de  la  plèbe,  L.  Sicinius  Den- 
tatus^  Ce  pouvait  être  aussi  une  bataille  en  règle.  A  la 
suite  de  la  victoire,  le  général  avait  le  droit  de  prélever 

et  chald.,  dans  Gaz.  archéol.  1888,  p.  188).  .Neuf  empans  de  Tello  font  i  m.  3904; 
la  différence  entre  ce  nombre  el  les  i  m.  40  du  Pseudo-Sésostris  ne  serait  pas  d'un 
centimètre,  si  les  dimensions  de  G.  Weber  sont  exactes.  On  s'étonnera  moins  de 
voir  Hérodote  employer  la  coudée  de  Goudéa  quand  on  saura  que  cette  mesure  est 
encore  employée  en  Grèce  à  il  millimètres  près.  C'est  «  la  pique  de  .'i6  centimè- 
tres 11  dont  parle  E.  About  dans  ta  Grèce  coutempornine,  1854;  l'empan,  la 
liitumi,  est  de  in  cent.  —  '9  III,  10,  11.  On  a  7  X  0,5312  =  3,7184  et 
12,25  X  0,29574  (longueur  du  pied  romain  d'après  Biickh)  =  3.6228.  La  dillé- 
rence  serait  plus  considérable  si  Aulu-Gelle  avait  calculé  d'après  les  données 
classiques  alexandriues  2  coudées  —  3  pieds  ;  elle  serait  moindre  si  nous  pre- 
nions les  mesures  ePfeclives  trouvées  en  Italie  et  en  Asie.  —  20  Arislot. 
Polit.  Vil,  4,  6;  ti.  anim.  IX,  27;  X,  3Î  ;  Theophr.  H.  pi.  II,  I,  4.  —  21  An- 
thol.  Pal.  VI,  286,  el  287,  27;  XI,  117,  4.  —  "  Plin.  H.  nat.  VU,  2,  19; 
cf.  Bôckh,  Melrolofi.  l'ntersuchuntj.  p.  Ï4I.  —  23  le  palmi  altitudine  de  Pline 
(//.  nul.  XXI,  lU')  est  la  traduction  du  <tities|ii;t  'U;  de  Dioscorides,  comme  le 
/inlmo  alto  caulc  (XXV,  12)  répond  au  r.i-A  »c.«i.|ir.v  t»  n.'j.lo;  et  le  Irium  fere 
palmorum  (XX  Vil,  4)  au  T-,i».!.'9aiv(i;  xb  îlo;  du  même  auteur.  —  2i  Le  semi- 
pedali  radiée  de  Pline  (XXI,  62)  est  mis  pour  le  5ii>ii,9a|«;,o.  de  Dioscorides,  du 
même  que  le  caulica  o  semipedali  (XXVll,  113,  I)  pour  le  «aj'iov  à.ir.T.  *i(i«.»aiiatov 
du  botaniste  grec. 

SPLC.MVH.  1  Mari.  II,  29,  10;  X.  22,  I  ;  cf.  Plin.  Ép.  VI,  22.  —  9  CL  Ovid. 
Art.  uni.  III,  202.  —  3  Mart.  VIII,  33,  22  :  (un«(n  splenia. 

SPOLIA.  1  Liv.  V,  36,  39;  Vlll,  7  ;  XXVII,  2;  XI.IV.  45;  Cic.  Itosc.  Amer.  50, 
145  ;  Caes.  Bel.  Gai.  II,  3),  etc.  —  2  Liv.  X\11I,  46;  XLV,  39;  Plin.  Hist.  nat., 
VU,  lui.  —  3Gell.  II,   Il  :  cf.   Plin.  Hist.  nat.  VII.  lOS. 


SPO 


—  1441   — 


SPO 


sur  lonsemble  du  bulin  remis  au  trésor'  I'Iiaeha:,  un 
cerlaiu  nomhre  d'armes  et  de  les  allribuer  aux  ofliciers 
et  soldats  qui  s'étaient  l'ail  remarquer  parleur  courage-. 
Ceux-ci  les  gardaient  pour  eux  et  les  exposaient  dans  leur 
maison  comme  témoignages  de  leur  valeur  '  ou  les  con- 
sacraient aux  dieux  dans  quelque  temple  avec  une  ins- 
cription commémorative  [donakia]. 

Lorsque  les  dépouilles  étaient  celles  du  elief  de  l'année 
ennemie,  elles  prenaient  le  nom  de  spo/ia  o/iiiiifi.  Il  y  en 
avait  plusieurs  sortes,  suivant  que  l'exploit  était  le  l'ail 
(lu  gén('ralen  chef  lui-même,  d'un  oflieier  ou  d'un  simple 
soldai.  Nous  possédons  à  cet  égard  u  n  texte  très  précis  dans 
l'éslus  '.  Ce  texte  désigne  trois  espèces  de  spolia  ojiiuia. 
Les  (erlia  s/vo/Zrt  étaient  le  fait  des  simples  soldats,  les 
secunila  spolia,  des  ofliciers,  les  prima  spolia,  qui  sont 
les  seules  appelées  spolia  opiiiin  dans  le  langage  cou- 
rant, appartenaient  au  général,  lorsqu'il  avait  enlevé  les 
armes  du  chef  ennemi  après  l'avoir  vaincu  el  mis  à  mort. 
On  conçoit  que  l'événement  ne  pouvait  pas  se  produire 
souvent  ;  on  cite  trois  exemples  au  cours  de  lliistoirc 
romaine  '.  Le  premier  est  celui  de  Ilomulus,  vainqueur 
d'Acron,  roi  des  Ca'niniens'^:  «  /sf/ue  pri/nus,  dit  son 
clogium  ',  (lux  duce  hostium  Acrone  retje  Caeninensiuin 
iiiWrfcclo  spolia  opi[»ia]  Jovi  Ferelrio  consecru'vit]  ; 
le  second,  celui  de  A.  Cornélius  Cossus,  qui,  en  437 
de  Rome,  tua  le  roi  des  Véiens  Tolumnius*.  Le  troi- 
sième vainqueur  que  l'on  menlionne  est  le  consul 
M.  Giaudius  Marcellus,  en  532  ;  il  frappa  à  mort  de  sa 
main  Viridomar,  roi  des  Insubres'.  Son  exploit  ligure 
aux  l''astes  Iviomphaux'"  :  isguc  spolia  opima  rcUidil 
(lucf  hiisiiiim  Virduinaro  ad  Clastid[iu/n  inlt;rfeclo\. 
Dans  ces  Irois  cas  les  armes  des  vaincus  furent  consacrc'es 
à.lupiler  Ferelriusdans  son  temple".  Lacuirasse  de  toile 
de  Tolumnius,  avec  l'inscription  dédicaloire  (|u'elle  por- 
tait, y  existait  encore  au  temps  d'Auguste'-,  l-e  texti;  de 
Varron  rapporté  par  Festus  indique  que  l'hospitalité  de 
ce  temple  était  réservée  aux  spolia  opiina  de  premier 
rang;  les  autres  étaient  consacrées  dans  des  sanctuaires 
dillérents.     II.  Cagxat. 

SPOMAIIIUAI.  —  Endroit  dans  ramphithéàtre  où  l'on 
emptjrtait  les  gladiateurs  tués  dans  l'arène  et  oit  on  les 
dépouillait  de  leurs  armes  el  de  leurs  vêlements  |ola- 
iiiAToH,  p.  liiOG].  —  Endroit  oii  l'on  se  déshabillait  dans 
les  bains  [balneum,  p.  OoiJ]. 

SI'OXDA.   — Traversée  laquelle   sont  attachées  les 


1  Tac.  Ann.  XII,  3i.  -  2  Liv.  V,  3li  ;  VII,  39;  XLIV,  45.  —  3  L.v.  .\,  7;  .\XII1, 
-n-.  PropcTl.  lll,'J,23;Sucl.7\'e(-.  3S.— i  Feslus,  p.  1SC6,  189  n  M.resUluii  ainsi  i|u'il 
suit  par  llertzberg.  dans  sa  dissertation,  De  spoliis  o/iiims  f/uaestio  i  Phitoloijus  do 
.^clirieide«in,  1,  p.  331  sq.  l  «  M.  Varro  ail  opima  spolia  esse  eliamsi  nianipularis  milrs 
deh'axerit  <luminodo  duci  Iiostiuin.  fScd  prima  esse  nliipic,  r{UBe  dux  ditci.  Velaii 
rnini  <piac  a  rince  recepla^  non  sint,  ad  ae  Icn;  Jovis  Keretrii  poni.  Testinionio  esse 
lihrus  ponlilieuni  in  'piibus  sit:  Pi-o  primis  spoliis  liove,  pro  secnnilis  solitaui-ilthus, 
pro  t^*rliis  a;;no  pnlilice  (ieri  debere;  esse  etiain  t'oinpilii  régis  le^ein  opiinornni 
spolioruni  talem.  C.ui  suo  auspicio  classe  prociucta  opima  spolia  capiinitnr  dari  acr. 
(^I^G  oporteat  et  boveni  cacdito  Jovi  Tcretrio.  Cujiis  anspicio  classe  proeinclu 
secnnda  spolia  capta,  in  .Marlis  ara  in  campe  Solitaurilia  ulra  vuluerit  caedito; 
<|ui  capit  ce  aer.  dato.  I^ujus  anspicio  classe  prociucta  tertia  spolia  capta,  Janiti 
Onirino  agnnni  marem  caedito.  C  qui  ceperit  ex  aère  dato.  Itis   {dacnlnni   dalu.   » 

—  ■  Icstus,    loc.  cil.   —  «  Liv.  î,  10;  l'ropcrt.  V,    l(i,   i  à  10;    l'iul.   Hum.    111. 

—  -I  Corp.  insc.  Ut.  X,  809.  —  S  Liv.  IV,  19;  Propert.  V,  10,  17  :  Plut.  /lom.  10  ; 
Val.  Max.  111,  ï,  +;  Serv.  ail  Aen.  VI,  8t2.  Cf.  Pauly-VVissOHa,  Jlealencijclop.  IV. 
col.  liS'J.  —  9  Plut.  JJarc.  S;  Val.  Max.  11,2,5;  Liv.  Episl.  iO;  l'ropcri.  I,  1,41  ; 
Serv.    (Il/  Aen.  VI,    »50.  —    10  C.  i.  /.  I,  p.  47.  —  H  Loc.  cit.  —  '2  Liv.  IV,  iO. 

SrO.NDA.  I  Petron.  Sal.  97;  Ovid.  Met.  Vill,  C.Ï7.  -  2  lier.  E/kkI.  III,  ii. 
Mari.  III,  91,  9.  —  3  Suct.  Caes.  49;  Isid.    Or.  XX,  11,3. 

SI'Oi\DKIO\.  1  Allien.  XI,  71,  p.  480;  Pollnl,  X,  18,  05. 

Sl'OXDOCIIOÉ.  1  ISi.ll.  corr.  hell.  VII,  p.  111,  lli.  —  2  M.  X,  p,  '.03.  —  ^  /./. 
VI,  p.  31,  117  ;  Ditlcnberger,  Sylloye  inacr.  367  (I.  206). 

VIIL 


sangles  d'un  lit  '  :  plus  particiilièii  rnenl  la  traverse  du 
devant;  c'est  par  ce  coLé  ouvert  que  l'on  enlrail-  |LiiCiis, 
p.  1021]  ;  le  coté  opposé,  muni  d'un  dossier,  est  quelque- 
fois appelé  sponda  interior^ .     E.  S. 

SPONDAULÈS,  SPOXUAL'LIIJM  [sACRli-lciUM,  TiBlCENj. 

SPOXDEION  (i^Ttovoerov).  —  Vase  à  libation,  comme  le 
nom  l'indiiiue  (aTtovo/j,  libalio;  voy.  sachificiim,  p.  9ti3). 
On  le  décrit  comme  une  coupe  où  l'on  versait  le  vin  des- 
tiné aux  sacriliees,  tandis  qu'on  mettait  de  l'huile  dans 
un  autre  récipient  du  même  genre,  appelé  lo'.^Amov  ou 
ÀoiSi;'.  C'est  donc  un  synonyme  de  la  piiiala  des  Grecs 
el  de  la  pateka  des  Latins.     E.  P. 

SPOXDOCIIOÉ  (iJiiovoo/oY,,  TTtovoo/otoiov).  —  Ce  vase  est 
nommé  dans  des  inscriptions  énuméranl  la  vaisselle  d'or 
ou  d'argent  destinée  aux  cérémonies  religieuses',  ou 
déposée  comme  offrande  dans  les  temples  ^  Comme  son 
nom  l'indique,  rapproché  du  mot  cnors,  c'est  le  petit 
broc  ou  aiguière  avec  laquelle  on  versait  le  liquide  dans  la 
phiale  pour  la  libation  [oinocuoé,  fig.  5382  el  PROcuors]. 
On  trouve  aussi  le  diminutif  dérivé  •ttiovoc/oiSiov  \     E.  P. 

SPOA'DOPIIOROI  (ÏTtovoo'i-Jpoij.  —  Fonctionnaires  reli- 
gieux qui  assistaient  les  prêtres  dans  les  sacriliees  et 
portaient  la  coupe  el  le  vin  des  libations,  ainsi  que  l'in- 
dique l'élymologie  du  mol'.  Ces  fonctions'^  religieuses 
paraissent  avoir  désigné  de  bonne  heure  les  spondopho- 
res  pour  remplir  celles  de  hérauts  et  d'ambassadeurs  \ 
el  c'est  ainsi  que  leur  nom  a  pu  traduire  le  latin  i'etia- 
Lis*.  A  Eleusis,  àOlympie  el  ailleurs  encore,  ils  étaient 
chargés  notamment  d'annoncer  dans  toute  la  Grèce  la 
date  des  mystères  ou  des  grandes  fêles  religieuses''  et  de 
proclamer  la  trêve  sacrée'  [iiieuomenia]  ;  à  ce  titre,  on  a 
pu  parfois  les  rapprocher  des  ruEoitoi  '. 

Les  spondophores  d'Eleusis  étaient  choisis  dans  les  deux 
familles  sacerdotales  des  Eiimolpides  el  des  Kéryces*. 
On  prenait  ceux  d'Olympie,  ainsi  que  nous  l'apprennent 
les  inscriptions'',  parmi  les  lils  ou  les  neveux,  parvenus 
à  l'âge  d'homme,  des  grands  prêtres,  appelés  ïueokoloi, 
et  ils  étaient  assistés  à  leur  tour  par  de  jeunes  enfants, 
nommés  epispondorcuestai '^  qui  faisaient  des  danses 
pendant  les  sacrifices  el  souvent  représentaient  ainsi 
près  de  l'autel  une  troisième  génération  de  la  famille  '". 
Quand  ils  étaient  chargés  d'annoncer  la  trêve  sacrée, 
les  spondophores  étaient  répartis  en  plusieurs  ambas- 
sades, de  façon  à  parcourir  tous  les  États.  Avant  leur 
départ,  ils  prêtaient  un  serment'-  et  recevaient  des  ins- 

SPOXDOPIIOUOI.    I    l.c    sens     élyrnologi<|ue    s'est   conservé    dans    le    lerbc 

»Boy8rio-.fÉu,  cf.  LuC.  de  Slji:  Dca,  \i  :  o\  iii-,  râ.  'ijiin/.  aai^ouiiv,  ol  Si  5ito.5o=0fiouTiv. 

—  2  Les  inscriptions  en  fout  connailre  à  Oropos  {Inser.  CIraec.  VII,  4IS),  à  Sparlc, 
où  ils  élaient  associés  aux  collcgesdes  ephohoi  el  des  suMOPaïLAKes,  Cnrp.  msci:  gr. 
1240  (cf.  iiirf.  I,  p.  610),  1249  (cf.  Jiin.BrK.  Schoot  Ath.  Xlll,p.209j,  1252,  1253; 
l.cLas  Foucarl.  ICO;  Aivi.  Bril.  .ïoA.  Alk.  XU.p.  471;  Tod  et  Wace,  C'af.  o/' (Ae 
A>ar(a  .1/us.  (Oxford.  190B),  p.  14),  ainsi  qu'à  Eleusis  et  à  Olympic.  -  3  Arislopli. 
Acimm.  210;  Bckker,  .inectl.  p.  303.  —  '•  Dion.  Halic.  I,  21  :  Plut.  Qnaest.  /lom. 

02,   p.    279  6   :i«-v    l.jovii'.uv   *r,I-«»,iu»,    •EUt.«.«cI    il    oîo.    lijwiio..^.,    <r=o.Soçiij..i». 

—  5  Pindare  les  appelle  «iju.i;  iifSv  [htlim.  2,  23,  cf.  scol.  éd.  BœcUli,  II,  p.  327). 
_  6  La  trêve  sacrée  d'Olynopie  portait  souvent  le  nom  de  „T.o-,Sa(,  Thuc.  V,  4'J  ; 
Acschin.  i)e  fnhit  leij.  12.  Il  on  était  du  mdine  i  Eleusis;  Michel,  lltcueil,  W.ili. 

—  1  Par  ex.  à  Cyzique,  Strab.  Il,  3,  4,  p.  98  ;  E^So^iv  T,va  KuÇ.xv^'  H'-"?'-»  »«' 
„„-.S<,.<;;»v  Toî  T-.v  K..pi;...v  4yJvi);  ;  cf.  Poland,  De  légat.  Graec.  piM.  (Leipzig, 
1885).  p.' 2S;  NMsson,  Griecù.  fesle  (Leipzig,  190C),  p.  339. -«  Michel,  Hecueil. 
904,  965;  cf.  Tœpflcr.  Att.  Oen.  p  80  et  90  ;  A.  Mommsen,  Fesle  der  Stadt  Ath. 
p.  209  ;  Koucart,  Gniniis  mystères  iCÉleasis,  p.  80  sq.  —  9  Insclir.  von  Olympia, 
59  79  82,  89-92,  9J,  100-103,  110,  117,  118.  121,  122,  126,  413;  Beiili',  EtU'I.  sur 
lePélop.  p.  269,  p.  278.  p.  300;  «..ympia,  IV,  p.  1704;  Wenij:er.  A7,u,  V  (1905), 
p.  214-218.  —  to  C'est  par  erreur,  semble-t  il,  que  le  mot  est  écrit  î^ooiiovSosdjoi 
dans  l'inscr.  d'OKmpie,  n»  121,  1.  18.  -  "  Cf.  Beulé,  Op.  cit,  p.  320.  —  12  C'est 
du  [uoins  ce  qui  avait  lieu  ii  Delphes  pour  les  liérauts  sacrés  ;  Michel.  Hecueil,  702. 
1.   13. 

181 


SPO 


—  1442  — 


SPO 


Iriiclioiis  pour  laccoinplissemenl  de  leur  mission  el  des 
lettres  pour  les  accréditer  auprès  des  cités  qu'ils  avaient 
à  visiter'.  Ils  trouvaient  d'oi-dinaire  dans  les  villes  des 
hôtes  TiiEORODoKoi],  qui  avaient  obtenu  le  privilège  de 
leur  donner  l'hospitalité.  La  proclamation  dont  ils  étaient 
chargés  n'allait  pas  sans  cérémonies  en  rapport  avec 
leurs  fonctions  religieuses^;  c'est  pourquoi  ils  portaient 
la  couronne \  un  sceptre  de  héraut'  et,  sans  doute, 
aussi  une  coupe  d'or  destinée  aux  libations  ^.  Ch.  Michel. 
SPOXGI.X.  Sttoyyo;.  L'éponge  — Les  anciens  n'avaient 
que  des  connaissances  vagues  et  imparfaites  sur  la 
nature  des  éponges.  Klles  ont  été  exposées  pour  la 
première  fois  par  .\rislote  '  ;  c'est  de  celui-ci  que  s'ins- 
pirent encore  Dioscoride-,  Pline',  Rlien  '•,  qui  n'ajoutent 
que  fort  peu  de  choses  à  ses  observations.  Un  savait  que 
les  éponges  étaient  des  êtres  vivants,  intermédiaires  entre 
le  règne  végétal  et  le  règne  animal,  doués  de  la  faculté 
de  sentir  el  de  se  contracter,  adhérant  fortement  aux 
rochers  du  fond  de  la  mer.  On  croyait  à  tort  qu'elles 
se  nourrissaient  de  vase,  de  petits  poissons  et  de  coquil- 
lages, et  l'on  alléguait  comme  preuve  la  présence 
de  débris  de  coquillages  dans  leurs  pores.  Tous  les  au- 
teurs distinguent  trois  variétés  principales,  qui  portent 
des  noms  grecs  :  le  xpâ/o;,  épais  et  rude,  percé  de  trous 
nombreux  et  petits  ;  le  jaivo;,  plus  mou;  rà/t'XX£ioç,  très 
lin  et  très  serré.  Les  deux  premières  sortes  servaient 
aux  usages  domestiques  et  communs,  la  troisième  aux 
usages  plus  délicats.  Pour  les  employer  il  était  néces- 
saire de  leur  l'a  ire  subi  ru  ne  préparât  ion;  noirâtres  et  char- 
gées d'impuretés  au  moment  de  leur  capture,  on  devait 
les  nettoyer  soigneusement  et  les  exposer  à  l'air  pour  les 
dessécher  et  les  blanchir,  en  ayant  soin  de  tourner  au 
dehors  la  partie  par  laquelle  elles  adhéraient  aux  rochers. 
(In  appelait  à:tÀu<rL'a;  une  espèce  d'épongé  grossière  et 
peu  estimée,  d'un  jaune  sale,  qu'il  était  impossible  de 
purilier  et  d'utiliser. 

Beaucoup  de  régions  du  pourtour  de  la  mer  Méditer- 
ranée produisaient  des  éponges,  notamment  les  Syrles, 
en  Grèce  les  environs  de  Toron  et  du  cap  Malée,  les  rives 
de  l'Hellespont,  d'où  venaient  les  plus  dures,  Hhodes  et 
la  Lycie,  aux  environs  d'.\ntipliellus,  d'où  venaient  les 
plus  douces.  Les  meilleures  se  rencontraient  aux  plus 
grandes  profondeurs  elà  l'abri  des  vents  '. 

Les  Grecs  avaient  plusieurs  noms  différents  pour  dési- 
gner le  pêcheur  d'épongés:  i7Tioy;vji'\  aT.o'cio<ir/^:i; '■ , 
xo/,ujji.€Y,Tr,;',  (T-oyvoTÔu.oç''.  .\ucun  mot  particulier  ne  cor- 
respondait chez  les  Romains  à  ces  termes  ;  les  pé- 
cheurs d'épongés  étaient  rangés  dans  la  catégorie  géné- 

1  Micliei,  /Itctieii,  'J6V.  Leurs  frais  de  voyage  êUicat  pajês  par  le  Irèsov  ilu 
lerople,  DiUcnberger,  Sjll.  i'  éd.,  587,  I.  4,  lOC,  iîl  :  cf.  Foucarl,  Grands  myst. 
•lÉl.  p.  90.  -  3  Aeschin.  De  fais.  lerj.  13.1  ;  cf.  Paus.  III,  3.  8.  —  3  Par  ex.  les 
spoudopbores  des  Jeus  .Nêméens  Jnkmf.a];  Xen.  fjist.  tjr,  IV.  7,  3,  —  *  Traces  d'un 
sceptre  de  ce  genre  sur  la  base  d'nuc  statue  de  spondopliore.  Inschr.  von  Otympin , 
n«  414.  —  oCf.  Uichel,  Hccueil,  Si7,  A,  I.  9  :  tt.v  etiir.v  xr.v  zjoTi;.  r.i  mtovSisoi.iT.t 
ô  iifiv;.  —  BiBi loiiiiAl'Hir.  K.  K.  Ilcrmann,  Lehrb.  der  gottesdienstl.  Atlert.  dtr 
Ohtxhen,  i'  éd.  (Ileidelbcrg,  IkdSi,  p.  5.=i,  as,  333;  le  môme.  Lehrb.  der  griech. 
.Slaatsallerl.  5'  éd.  (Fribourp,  I8«V>,  p.  38;  Sclioemann-Lipsius,  Griech.  Altert. 
4-  éd.  Il  (Berlin,  I00i\,  p.  54,5i,394;  SIengel.  GiiecA.  Kullusallerl.,  f  édil., 
p.    ir.O,  I7J.  s<|. 

SPONGIA.  1  Arislol.  UU.anim.  V,  16.  i-C  ;  voir  aussi  :  1,  I,  8;  VIII,  1,  3:  De 
parlib.  anim.  IV,  5.  —  ^  Dioscorid.  V,  137.  —  3  plii,.  !\'at.  Iiist.  IX,  148-150; 
XX.XI.  Ii3-i:il.  —  l  Aciian.  Aat.  anim.  VIII,  16.  —  5  Aristol.  cl  Plin.  lec.  cit. 
Martial  <l^',  10,  5!  parle  d'une  spongia  piinica  :  allusion  aux  péciierics  d'épongés 
du  littoral  de  rArrii|uedu  .Nord,  encore  très  frcr|uentécs  aujourd'hui.  —  c  Arislul. 
//is/.  oiiim.  IX,  37,  (!;  Allien.  VII,  p.  isic;  Eusialli.  lliad.f.  lof.",  37.  —7  Plul. 
Mor.  p.  95U  t  el  c  el  981  e:  Poil.  VII,  137.  —  »  Lycurg.  or.  ap.  Poil.  (oc.  cil. 
—  9  Oppian.  Halieul.  Il,  436.—  10  Ibid.  V,  6l»-«7i.  —  Il  Cicéron  {De  nat.  deor. 
n.  53)  et  Martial  (Xlll,  47)  comparent  aux  éponges  l'un  le  ti^su  mou  et  absorbant 


raie   des   plongeurs     irinatorJ.   Oppien   a  décrit  leurs 
plongées  pénibles  et  périlleuses'". 

De  très  bonne  heure,  les  anciens  pour  les  soins  de  la 
toilette  el  le  nettoyage  des  maisons  ou  du  mobilier,  ont 
tiré  parti  dt?  la  propriété  qu'ont  les  éponges  de  s'imbiber 
de  liquide  et  de  l'exprimer  ensuite  quand  on  les  serre 
fortement".  Ilest  dt^jà  question  des  éponges,  à  plusieurs 
reprises,  dans  V/liade  et  VOdijssée  ;  les  contemporains 
d'Homère  les  employaient  pour  se  laver  le  visage  el  les 
mains  et  pour  nettoyer  à  grande  eau  le  sol  de  leurs 
demeures  et  leurs  tables'-.  .\ux  époques  suivantes  de 
nombreux  textes  font  allusion  à  la  persistance  toute 
naturelle  de  ces  usages  domestiques  lavatio,  p.  999'". 
En  Grèce,  pour  noircir  les  chaussures, on  les  enduisait  de 
poixavec  uneéponge  ".  .V  Rome,  \es peniculi*'"  ou  peni- 
ci/li'^  qui  servaient  à  enlever  la  saleté  des  murs  ''  eldes 
souliers'*  étaient,  d'après  Festus,  des  éponges  longues, 
spoiifjiae  tongae'",  c'est-à-dire  sans  doute  fixées  à 
l'extrémité  de  baguettes  ou  à  des  poignées  de  bois.  De 
même,  c'est  avec  un  bâton  muni  d'une  éponge  que  l'on 
nettoyait  les  latrines-". 

L'éponge  jouait  un  certain  rôle  dans  les  bains'-',  quoi- 
que les  gens  bien  portants  aimassent 
mieux,  au  sortir  de  l'eau,  se  frotter  avec 
le  slrigile  el  s'oindre  d'huile  avec  le  gitl- 
tus.  Cependant  slrigile,  giitlus  el  éponge 
sont  souvent  réunis  sur  les  monuments 
qui  représentent  des  scènes  du  bain 
ou  de  la  palestre"  (fig.  6352  et  3891). 
On  renfermait  l'éponge  dans  un  petit 
sac  ou  filet  [reticl'li'm,  fig.  3936'  '". 
Les  malades  et  les  personnes  délicates 
s'épongeaient  après  le  bain,  sans  se 
frotter-'. 

L'éponge  avait  sa  place  marquée  dans  l'écriloire  des 
anciens,  à  côté  du  calame  ;  quand  on  écrivait  à  l'encre 
sur  papyrus  ou  sur  parchemin,  elle  était  indispensable 
pour  laver  la  plume-''  el  surtout  pour  faire  disparaître  les 
caractères  fautifs  ou  inutiles^*.  Les  auteurs  scrupuleux 
el  difficiles  prodiguaient  les  coups  d'épongé,  lilurae-', 
qui  équivalaient  aux  ratures  des  modernes.  L'empereur 
Auguste  avait  passé  l'éponge  sur  tout  le  lexte  de  .sa  tra- 
gédie d'AJax,  dont  il  n'était  pas  satisfait"". 

Elle  faisait  partie  également  du  matériel  habituel  des 
peintres  >icTrR.\.  p.  464].  Elle  servait  à  laver  les  pin- 
ceaux", à  corriger  les  fautes  de  dessin  el  de  coloration  : 
un  coup  d'épongé  détruisait  tout  le  travail  incorrect'". 
C'est  en  jetant  avec  colère  sur  son  tableau  une  éponge 

du  poumon,  l'autre  le  pain  du  Picénum,  <|ui  se  ïïoiille  dès  qu'on  le  trempe  dans  du 
lait.  Vespasien  appelait  spongiae  les  procurateurs  impériaux  qu'il  envoyait  s'enri- 
chir dans  les  provinccâ,  pour  leur  faire  rendre    gorge  ensuite  {Suet.   Yesp.   16). 

—  12  Hora.  /(.  XVIII,  414;  Od.  I,  111  ;  XX,  131  ;  XXII,  439.  —  13  Par  ex.  Arisloph. 
/lan.  187  et  Tberm.  H' :  Cal.  De  re  rust.  07;  Lucrel.  IV,  6iO  ;  Cic.  Pro  Sesl. 
33  ;  Martial.  XIV.  144:  LIp.  Digesl.  XXXIH,  7,  li,  etc.  Voy.  fig.  437i  une  femme 
nettoyant  une  chaussure  avec  une  éponge.  Ln  bronze,  n"  1676  du  britisli  Muséum, 
représente  un  nègre  dans  la  même  occupation.  —  '^  Aristoph.  Vesp.  600.  —  *»  Te- 
reut.    £1.1..    IV,    7,   7.  —  "ti    Colura.   XII,     18.    — '^    Plaul.     Slich.  Il,     i,    Î3. 

—  I»  Plaul.  Menechm.  II.  3,  40.  —  19  FcsI.  s.  r.  p.  i08.  —  âo  Senec.  à'pisl.  ad 
ZiiciV.  70,  iO;  Martial.  XII,  is,  7.  —  21  Athen.  VI,  p.  iS8  a;  Harlwit!,  i/eisler. 
sellai,  p.  i06,  iô8.  —  22  Par  es.  Gerhard.  Anlike  Bildirerke,  pl.  i.xvn  (notre 
fig.  653i)  ;  Auserles.  Vas.  i09,  Î76  ;  Arch.  Zeitiing,  1884,  pl.  xvi  ;  1883, 
pl.  six:  Klein,  /iupltronios^,  p.  i83  ;  Id.  Vtts.  mit  Liehlinqsinschrift  p.  110. 
fig.  30.  —  -23  Tischbein.    1  oses  dBamilloi,.  I,  pl.  mu.  —  2t  Galen.  XV,  713-714. 

—  2ô  .inthol.  Palal.  VI,  i93  (épigramroe  de  Plianias).  —  2*  Aeschyl.  Agam. 
I3i9  ;  ,ln//io/.  Palal.  VI,  63  ;  Vnrr.  ap.  .Non.  p.  96,  15  {spongia  delelilis)  ;  Suel. 
Calig.  ÎO  ;  Auson.  VII,  31.  —  27  Martial.  IV,  10.  —  28  Suet.  Oclatrian.  83;  Macrob. 
Il,  t.  _  29  Seit.  Eropir.  Pgrrli.  hypotb.  I,  i8.  —  30  Anthol.  Palal.  XI,  126  ;  Val. 
Max.  VII,  11,  exlr.  ;  Plin.   XXV,  10.1;  Dio  Chrys.  Or.  LXIII,  p.  391. 


Fig.  655i, 

—  Slrigile, 

vase  et  épougf 


SPO 


1143 


SPO 


imbibée  de  dilTérenles  couleurs  que  Protogèno  avait 
trouvé,  disait-on.  la  manière  de  repri'senter  l'écume  de  la 
mer;  on  racontait  la  même  anecdote  du  peintre  Néarque, 
à  propos  do  l'écume  des  chevaux  rongeant  leur  mors'. 
Avec  les  petites  éponges  très  fines  de  l'espèce  dite 
î/iXXeioç  on  fabriquait,  d'après  Pline,  une  sorte  de  pin- 
ceaux, penicilli  ou  penicilla,  que  l'on  employait  en 
même  temps  que  les  pinceaux  de  poils-. 

Il  suflira  d'indiquer  un  certain  nombre  d'autres  usa- 
ges, moins  importants  ou  moins  connus.  On  employait 
parfois  des  éponges  en  guise  de  bouchons  pour  fer- 
mer les  vases  ^  Les  voleurs  s'entouraient  les  pieds 
avec  des  éponges,  pour  qu'on  ne  les  entendît  pas  mar- 
cher'. L'-i/ikltiK  servait  à  rembourrer  les  casques  et 
les  cnémides^;  les  soldats  samnites  s'appliquaient  des 
éponges  sur  la  poitrine  pour  amortir  les  coups  qu'ils 
pouvaient  recevoir".  L'éponge  était  l'un  des  accessoires 
desrétiaires  dans  les  combats  de  gladiateurs  ". 

Klle  ligurait  enfin  parmi  les  objets  le  plus  couramment 
usités  dans  la  thérapeutique  des  anciens,  l'n  personnage 
d'Aristophane,  prêt  à  s'évanouir,  demande  qu'on  lui 
mette  une  éponge  sur  le  cœur,  pour  le  ranimer".  L'éponge, 
imbibée,  selon  les  cas,  d'eau  froide,  de  vin  au  miel  ou  de 
vinaigre  chaud,  calmait  les  maux  de  tète  et  les  maux 
d'yeu»,  séchait  les  ulcères  humides,  étanchait  le  sang 
dans  les  opérations,  adoucissait  l'inflammation  des  plaies. 
Non  content  de  l'utiliser  en  compresses  et  dans  les  pan- 
sements, on  la  faisait  brûler  et  l'on  prescrivait  d'absorber 
sa  cendre  pour  arrêter  la  fièvre,  les  crachements  de 
sang  et  les  hémorragies  '.  Les  oculistes  employaient 
un  collyre  appelé  citoyyiM-^  '",  sponf/nrium  ",  dans 
lequel  devait  entrer  de  la  cendre  d'épongés. 

Maurice  Resmfr. 

SPOiXSA,  SPONSALIA  [matrimoniumJ. 

SPO!\ISIO  [iNTERCESSIO,   STH'l-LATIo]. 

SPORTA  (dimin.  SPOIITELLA,  SPORTULA).   S7ruç,c'ç. 

—  I.  Panier  tressé,  de  jonc,  d'osier  ou  de  sparte,  dont  la 
forme  reste  indéterminée;  on  ne  peut  (ju'en  constater  la 
variété,  en  rapprochant  les  monuments  des  textes  où  les 
emplois  de  l'objet  sont  indiqués  [spyrisJ.  La  sporta  de 
sparte,  fabriquée  d'abord  en  Espagne,  semble  être  de- 
venue la  plus  commune  '  :  on  voulait  dériver  sporla  de 
sparliim-  ;  en  fait,  \a,sporta  antique  se  reconnaît  dans  la 
espuerta  espagnole,  employée  encore  aujourd'iiui  pour 
toutes  sortes  d'usages,  précisément  dans  la  région  où  le 
sparte  était  cultivé  (de  Valence  à  Murcie).  La  s])orl(i  était 
d'un  prix  insignifiant;  on  disait  proverbialement:  non 
pluris  aliijuU/  fnrere  qiiam  sporlam  ^ 

Comme  la  spvris  des  Grecs  avec  laquelle  elle  peut  être 
idenliliée,  une  sporla  peut  contenir  de  la  nourriture,  du 

I  l'Un.  lue.  cil.  ;  l'Iul.  .I/o,-,  p.  'JD  li.  —  2  Clin.  IX,  Us.  —  3  Aiis- 
lopti.  Acharn.  403.  —  4  liuslalh.  //.  p.  1173.  il.  —  ■•  Arislol,  /lisl.  nriim- 
V,  10,  i.  —  t,  \,i,.  IX,  H).  —  ■;  Tcrhill.  .Spectac.  2.=..  —  »  Arislopli.  /lan.  ixi. 
Cel  omploi  esl  quelquerois  ngtiré  sur  les  moîiumcnls;  ainsi  à  Tonipéi  :  Raoul 
ItoclieUc  ;  Amours  ries  dieux,  pi.  vu  cl  vign.  :  Zahn.  Die  scliônslen 
OemClde,    II,    30;     cl     sur    un    farcopliagc.    Mvn.   d.   Inst.    VI.    pi.    i.xvin    A. 

—  9  Sur  Ions  pcs  usages  niiiiicaux,  voir  l'iin.  XXXI,  ii,  31  cl,  en  oulre: 
Ilippocr.  p.  tOO,  17  ;  (Jels.  VI,  6,  I  ;  Dioscor,  V,  137:  Isid.  XII,  6,  CO  se].  :  Scrilion. 
133  cl  158;  Seren.  lU;  Plin.  iun,  21,  3,  4-,  elc.  ;  Marc,  in,  1,  elc.  —  '0  Alex. 
Trall.  Il,  p.  127.  —  n  Corp.  iiiscr.  lai.  XIII,  n»  1004138  (caclicl  il'oculislc  vu  à 
l.ynn  au  xvni"  siàclc  cl  mainlcnanl  disparu)  :  Sfion[g(arium)].  —  Bnu.iiii:RAi'nii-:. 
J.  G.  Iliimisch,  /Jisserlalio  de  spongiarum  a/nid  veteres  usit;  Hermann-Bliinincr, 
Lehrbuch  der  Uriech.  Privalallerl.  1X82,  p.  31;  H.  Bliimner,  Teclmol.  und  Tei-- 
minot.  der  Oewerbe  und  Kùnste  liei  Griechen  und  Jifjmcrn,  bipzig,  ls«7, 
p.  429-VJC  :  J,  Marquardl,  La  Vie  prirée  des  flomiiins,  IraH,  Iran,;.  Paris.  1K'J3,  1, 
p.  340;  II,  p.  Wi. 

Sl'ORTA.   SPOnTELLA,   SPORTULA.  1   Varr.  ap.    Oeil.    XVII,  3,  4;  Plin.  //, 


grain*,  des  pièces  de  monnaie",  etc.  Les  pêcheurs  y 
mettent  le  poisson  qu'ils  ont  pris'  :  c'est  i\rn' s/)orta  que 
lient  le  vieux  pêcheur  de  la  Galerie  des  Candélabres,  au 
Vatican,  et  qu'on  voit  à  la  main  de  beaucoup  de  pêcheurs'. 
La  sporla  sert  aussi  de  fillre*;  on  enferme  dans  une 
.tporla  le  sel  qui,  plongé  dans  un  tonneau  d'eau  de  pluie, 
la  transformera  en  saumure",  ou  la  lie  qu'on  placera 
sous  le  pressoir  pour  obtenir  du  vinuin  faecnlum  [cf. 
r.oLi'MJ  '".  On  fait  aussi  passer  dans  une  sporta,  après  l'a- 
voir fondue  et  lavée,  la  cire  provenant  des  ruches  '". 

Les  textes  ne  permettent  de  voir  entre  sporla  et  sjior- 
lella  (ou  sporliild,  quand  le  mot  est  employé  au  sens 
propre)  qu'une  diU'i'^rence  de  dimension. 

IL  La  sporlitla  pouvant  servir  au  transport  des  mets, 
on  fut  amené  à  employer  son  nom  pour  désigner  un  repas, 
quand  ce  repas  consistait,  à  proprement  parler,  en  une 
distribution  de  vivres,  à  la  suite  de  laquelle  cliaque  convié 
emportait  sa  part  dans  une  corbeille.  Fuis,  la  portion  en 
nature  pouvant  être  remplacée  par  un  équivalent  en  mon- 
naie, on  en  vintà  désigner  par  sporlula  la  somme,  repré- 
sentative du  repas,  attribuée  à  cliacun  des  participants. 
Employé  de  la  sorte  en  parlant  de  sacrifices,  de  repas 
de  corps  ou  de  confréries,  de  banquets  publics  donnés 
par  les  empereurs,  les  magistrats  ou  les  riches  particu- 
liers'-, le  mot  a  une  signification  spéciale  quand  il  s'agit 
de  la  clientèle  romaine  à  l'époque  impériale.  C'est  cette 
signification  que  nous  avons  à  étudier  spécialement. 

Il  n'y  a  presque  aucun  rapport  entre  la  clientèle  de 
l'époque  impériale  et  la  clientèle  des  premiers  siècles". 
Sous  les  empereurs,  le  terme  de  cliens  n'a  plus  la  valeur 
précise  et  juridiquemenldéfinie  qu'il  avait  autrefois;  un 
I'  client  »  est  celui  qui  s'attache  à  la  personne  d'un  homme 
puissant  pour  profiter  de  son  influence.  Ce  protecteur 
peut  être  à  son  tour  le  client  d'un  homme  plus  puissant  ; 
d'autre  part,  un  même  individu  a  intérêt  à  avoir 
plusieurs  protecteurs,  à  être  le  client  de  plusieurs 
patrons. 

Dans  la  Rome  impériale,  le  patron  ne  peut  guère  tirer 
de  ses  clients  que  des  satisfactions  de  vanité.  Les  devoirs 
du  client  sont  de  venir  saluer  le  patron  le  matin  [salu- 
TATio]  et  de  l'accompagner  en  ville,  quand  il  va  à  ses 
afl'aires.  En  échange,  leclient,  qui  est  généralementpauvre 
et  paresseux,  attend  du  patron  sa  nourriture  quotidienne. 
11  la  reçoit,  non  sous  forme  d'invitation  à  la  table  du 
maître  (ce  qui  rappellerait  les  anciens  usages  de  la  civi- 
lisation patriarcale),  non  sous  forme  de  repas  à  empor- 
ter '",  mais  sous  forme  de  sporlula.  La  sporlula  est  une 
somme  d'argent,  vingt-cinq  as  en  général  '"',  remise  au 
client,  dans  le  vestibule  ou  l'atrium,  par  un  serviteur  pré- 
posé à  cette  distribution,  sur  l'ordre  et  sous  la  surveil- 

nat.  XIX  2,  26  cl  32  ;  Vales,  Te.tlrinum  anliq.  p.  318;  Lcnz,  Botanik.  d.  Orieeh. 
p.  214  sq.;  Bliininer,  Teclmol.  und  Terminologie,  I,  p.  204.  _  2  Isid.  Orig.  20, 
'J,  10;  V.  Curlius,  6V.  Etymal.  3«  éd.  p.  28S;  .Non.  Marc.  p.  177,  de  s;wr(iim 
ou  de  asporlo.  —  3  Pelroil.  Sati/r.  113.  —  4  Varr.  ap.  Non.  t.  c.  :  L'Ip.  Dig.  33, 
0,  3,  _  5  l's.  Ascon.  in  Cic.  Verr.  Acl.  I,  §  22.  —  u  Marlial,  10,  37;  Apul.  Met. 
cil.  24,  2.Î.  —  1  S.  Rciuacli,  lUpert.  d.  In  sculpl.  I,  p.  435,  350.  De  môme  les 
pôclieurs  à  la  ligne,  dans  nombre  de  sculptures  cl  de  pt-inlnrcs  (piscatou].  —  8  piin. 
XVIII,  7,  77.  —  9i:olum.  12,  6.  —  lOCalo,  De  re  rust.  11.  — H  Plin.  XXI,  14,83. 
—  12  Mommsen  Marc|iianll,  Manuel  des  Ant.  rom.  l.  XIV,  cli.  v,  p.  212  si{. 
do  la  Irad.  fr.;  Mommsen,  De  collegiis  et  sodaliciis,  Kiel,  1843,  p.  lOU;  Heuzcn, 
.4c(a  Ar".  fratr.  1874,  p.  10.  —  13  Moiiimson-Marquarill,  /.  c.,  p.  239  sq.  cl  les 
références.  —  1'»  Aucun  texlo  ne  permet  d'cnlen.lre  par  sporlula  un  repas  en 
nature  (par  exemple  de  pain,  de  vi:uîde  froide  cl  de  Iruits)  qui  sérail  dislribué 
aux  clieuls.  Il  ne  laul  pas  se  laisser  tromper  par  Juvénal,  Ill,'2i9  Sf[.,  où  l'on  voit 
les  clients  remporter  chez  eux  leur  dîner,  fumanl  sur  un  réchaud  :  comme  rexpli({uo 
le  scholiaste,  pulmenlaria  portant  seeum  comparatn  ex  sporlula.  —  i^Jiiv.  I,  120  ; 
Mari.  1,  59;  3,    7  ;  4,08;   0,   88,   elc. 


SPO 


—  1444  — 


SPO 


lance  du  palron'.  Avec  oolLo  soniiiic,  le  clieiil  acliole  non 
seulement  de  quoi  se  nourrir,  mais  de  quoi  se  vèlir  et 
se  rliaullVr'-.  Pour  les  gens  i\  leur  aise  el  les  magistrats 
qui,  malgré  leur  situation  de  fortune  el,  leur  situation 
sociale,  ne  dédaignent  pas  de  venir  cherelier  la  sporlule, 
elle  est  un  supplément  appréciable  tle  revenu  '. 

Mais  le  client  ne  peut  pas  compter  qu'il  louchera  tous 
les  Jours  la  sporlule.  I!  y  a  des  cas  où  elle  n'esl  pas  dis- 
li'il)uée  du  tout,  par  exemple  quand  le  palron  est  ma- 
lade'; d'une  façon  générale,  quand  le  client  n'a  pas  eu 
l'occasion  de  faire  acte  de  client  en  accompagnant  le 
palron  dans  ses  démarches,  il  n'a  droit  à  rien  ;  le 
patron  est  toujours  maiire  d'accorder  ou  de  refuser  la 
sporlule,  et  certains  sont  parliculièrenienl  cliiches^. 
Aussi  est-il  à  peu  près  indispensable  d'avoir  plusieurs 
patrons,  quoiqu'il  soit  impossible,  ou  du  moins  très  dif- 
licile  de  toucher  deux  sporlules  le  même  jour".  Souvent 
un  personnage  sans  scrupules  va  réclamer  une  sporlule 
à  laquelle  il  n'a  aucun  droit,  chez  un  palron  auprès  de 
qui  il  n'a  jamais  fait  acte  de  client'';  une  surveillance 
attentive  est  nécessaire  de  la  part  du  palron  el  de  ses 
serviteui's  :  le  client  véritable  se  fait  reconnaître,  el 
s'ell'orce  (l'apiloyer  le  maître  en  lui  montrant  ses  charges 
de  famille".  Des  patrons  généreux  donnent  des  sporlules 
supérieures  aux  23  as  ordinaires  ':  en  outre  des  sporlules 
exceptionnelles  sont  disiribuées  à  certains  jours  de  fêle 
(mariage,  anniversaire  de  naissance,  prise  de  loge 
virile)  '". 

A  quel  moment  de  la  journée  la  sporlule  était-elle  dis- 
tribuée? D'après  la  description  de  Juvénal,  c'est  le  ma- 
lin, lors  de  la  mlulnlio  ".  Cependant  Recker  croit  que  la 
sporlule  était  toujours  remise  au  client  le  soir,  après  la 
journée  finie,  comme  le  salaire  des  services  rendus;  un 
texte  deMarlialconlirmecetteopinion  '-.  Peut-être  l'usage 
diirérait-il  d'une  maison  à  l'autre. 

La  coutume  de  la  sporlule  en  argent  semble  s'être 
établie  dès  les  premiers  empereurs  ;  elle  dut  êlre  géné- 
rale à  partir  de  Néron  '^  Il  était  dès  lors  tout  à  fait  excep- 
tionnel que  le  client  oblînl,  outre  la  sporlule,  ou  en 
é'change  de  la  sporlule,  une  invitation  à  dîner ''.  Cepen- 
dant un  essai  de  rcUour  à  l'usage  antique  du  repas  pris 
par  leclienlà  la  lal)le  du  palron  fut  tenté  sous  Domi- 
lien  ;  mais  personne  n'y  trouva  son  compte:  c'était  un 
gros  embarras  pour  le  maître  de  maison  ;  les  clients, 
traités  à  table  de  façon  humiliante,  regretlaienl  la  spor- 
lule, celle  sorte  de  renie  dont  ils  disposaient  à  leur  gré. 
Klle  fui  bientôt  rétablie'',  el  la  prali([ue  dut  s'en  main- 
tenir, avec  des  vicissitudes  dont  nous  ignorons  le  détail, 
jusqu'aux  derniers  temps  de  la  société  romaine. 

1  i:oniiiii.  lo  r.iil  niii.ii^iii.i-  ll.cL.T.il  05l  iiiiililc  île  supposer  avec  liuUmann  el  Hu- 
perli  i|U<j  laigcul  prlipiii-époiii-  la  ilir.lnbuiion  élail  conleiiii  ilaiis  des  corlieilUs.  Spor- 
//i(acslitipi-i,iluinuiisenslisiiiv.  — 'J  Juv.  I,  I  iniio.  —  3  Jirv.  I.O.îsq.  Dans  ceUc 
ilesci'iplioii.  la  plus  pi'^ciseipic  nous  ayons,  nu  riciic  alTranclii,  un  pr(>lcur,  un  Iriliun, 
viouncnl  chercher  la  sporlule.  S  il  v  a  là  c|ucli|ne  exagéralion  salirii|ue,  rien  n'autorise 
pi'iedlaender  il  croire  (|uil  ne  sagil  pas  dans  co  passage  de  la  sporlule  des  clienls. 
—  i.Vlarl.  'J,  8  1.  —  SMarl.  4,  iG  ;  4,  (,«  ;  'j,  lon.  _  S.  Mari.  3,  38.  —  'iTcrlullien,  4rfr, 
Marcioii.  3,  11),  cile  le  proverbe  :  s/iu,'tiilaiii  fiiriinci.liis  caiitai.  —  8  Juv.  1,  lao  si|. 
C'csl  ainsi  rpie  s  cxplii|ue  la  priSsouce  (d'ailleurs  siuiuK'e,  dans  la  scène  décrilc  par 
Juv.nal)  d'une  femme  à  la  saliifatiu.  liecker  s'éloinie  à  lorl  de  ce  déUtil.  —  y  Mari.  9, 
|im  (Irois  deniers).  —  10  Mari.  10.  •JT;l'lin  K/i.X,  l|-;Apulae.  ,l/io/.  cii.  SS.  —  Il  I.cs 
vers  I,  ti7-li8  soûl  parliculièrenienl  signilicalils  —  12  Mari.  10,  7li,  13.  -  13  Néron 
(Sufl.  A'cro,  Iti)  généralisa  la  siihslilulion  de  la  xporttiln  eu  argenl  à  la  ceiia  recta 
dans  les  r<'pas  publics  :  celle  mesure  eut  sans  doiilc  une  répercussion  sur  les 
rapporls  des  palrons  cl  des  clienlf.  —  H  Juv.  1,  13.'.  —  i.'i  Mari.  3,  7;  3,  14;  3, 
30  ;  3,  (10  ;  3,  8S.  I,a  suppression  de  la  sporlule  ne  dura  pas  plus  de  irois  ou  quaire 
ans.  —  Ifi  Mommsen,  De  colhgiis,  p.  109;  Boissinr,  llelii,.  romaine.  Il,  p.  i97  ; 
llenien,  Actn  fralr.  An-alium,  p.  16  ;  Wallzing,  Corpor.  professionnelles  clie:  les 


Des  sporlules  étaient  aussi  distribuées  dans  les  corpo- 
rations [sonALiTAs]"^  par  de  riches  confrères;  elles  consis- 
taient soit  en  vivres  (pain,  vin  el  autres  Hliments\  soil 
en  sommes  d'argent. 

L'usage  s'établit  sous  rRm])ire,  pour  les  (/eciirioiics 
nouveaux  d'un  sénat  municipal  de  donner  des  spnrtules 
ou  pensiones  ' '. 

On  appela  encore  sporlula  les  distributions  d'argent 
que  faisaient  sous  l'Kmpire  les  consuls  à  leur  entrée  en 
charge'".  Eugf.ink  Ai.iif.htim. 

Par  extension  du  sens  primilif,  les .fyjo^'/w/ffe ''sont,  au 
Bas-Rmpire,  les  frais  de  justice  payés  par  les  parties  aux 
employés  des  bureaux  des  magistrats,  aux  o/'/irin/es,  en 
guise  de  rétribution  suppléineiilaire.  Inconnus  dans  l'an- 
cien droit,  sauf  l'enjeu  du  SACRAMF.iXTrM,  ils  paraissent 
s'être  développés,  dès  l'Empire,  avec  l'organisation  des 
OFFiciALES,  en  même  temps  que  l'usage  de  donner  aux 
employés  et  même  à  des  fonctionnaires  des  cadeaux,  des 
pourboires-"  \app('\vsromnin(ia-'  ,slc//fllul'ae-'-,pulvera- 
ticium,/llicon^\epimel)•a■''.  Dès  l'époque  classique,  tous 
les  actes  judiciaires  où  leur  intervention  est  nécessaire, 
en  particulier,  la  rédaction  el  la  délivrance  des  pièces,  ont 
dû  donner  lieu  à  des  taxes  plus  ou  moins  licites'-'.  Dans 
l'édil  du  Maximum  de  Dioclélien  en  301,  Wid  vocal  us 
touche  250  deniers  par  poslii/ntin,  1000  par  cor/iii/in 
(jugement  final)".  Il  y  a  donc  alors  des  règlements.  Des 
lois  de  Constantin  de  331  -'  veulent  interdire,  mais  en  fait 
restreignent  simplement  comme  le  montre  une  loi  de 
333^*,  les  droits  excessifs  réclamés  pour  différents  actes 
de  procédure  par  le  princeps  de  l'office,  les  exceplores, 
les  adiii/ores  el  surtout  les  agents  d'exécution  el  de 
transmission,  les  exsecu/ores'-''.  L'inscription  deThamu- 
gadi,  entre  3lil  et  3(i3^",  renferme,  pour  la  province  de 
Numidie,  un  fragmenlde  tarif  de  droits,  coinmodn,  varia- 
bles selon  la  dislance  el  payables  soil  en  boisseaux  de 
blé,  soit  en  argent  :  le  princeps  qui  donne  un  officiaUs 
sans  doute,  pour  toute  espèce  de  missions,  louche  :  en 
ville  5  boisseaux,  en  dehors  de  la  ville  2  boisseaux  en 
plus  par  10000  pas,  au  delà  de  la  mer  100  boisseaux  ;  le 
corniciilfirius  el  le  commentariensis  la  moitié  de  ces 
droits,  probablement  ensemble  et  dans  les  mêmes  cas  ; 
les  sc/in/aslicio  boisseaux  \\ar  posliilalio,  10  par  roulra- 
f/iclio,  13  pour  la  (/e/iiiila  causa  ou  pour  le  (/c/ini/iim 
ncdolium,  les  exceptores  5,  12  el  20  boisseaux  pour  les 
mêmes  actes  ;  le  libcllensis  2  par  libellus.  c'est-à-dire  pro- 
bablement pour  les  appels  el  les  renvoisà  l'empereur;  les 
parties  peuvent  réclamer  une  caria  pour  la  /losliilalio,' 
A  pour  la  conlradictir,^  6  pour  le  r/c/inilaiii  ner/oliuiii. 
\/d  jins/u/u/io  t'^y  probablement  le  di'pi'il  de  la  demande. 

Jtumains.  I,  p.   3(li.  —  n  l'iiu.  Ji/tisl.  CXIIl,  UXIV;   Kroiil.   ù:pisl.   ad  a„uc.   Il 

7,  p.  193,  Naber,  1807  [cf.  noNr.BAïuuM  uj.  —  IS  Co'l.  Theod.  ,\V,  i),  et  le  com- 
mculaire  de  (iodefroy,  1.  —  Hibi-iuiiraphik..  Kretzschmar,  Ite  sporttilis,  Dresde, 
1758;  Bulluiann,  Ceher  die  Sporlula  der  llimer,  dans  la  Krit.  DibliotliL-k  de 
Seebodc,  III  (ISil).  p.  301 -WJ  ;  Schmieder,  De  sporlula,  progr.  de  Brieg,  1836  : 
Heuermann,  Veber  die  Clienten  tinter  iten  ersten  rnmisclirn  Kaisern,  Miîusler, 
IS.ïll;  Becker,  Galliis,  l|3  (1603),  p.  104  sr|.  ;  Gullniann,  Obserralionum  in  M. 
Valerimi  Marlialem  pnrliculae  V,  BiTslau,  1800;  l'riediaendor,  Siltenijescliichle, 

li»,  p.  391  sq.:  lleuermanii,  f'ntersiich.tnyen  il/ter  die  Sporlula  der  Clienten, 
Burgsleinfurl.  1875;  Mommseu  Marquardl,  Manuel,  l.  ,XIV,  cli.  v. 

l'J  Première  menlion  officielle  il  Cod.Just.  I,  3,33,  5  (Warcien  el  Zéuon).  —  2"  Déjà 
Cic.  Verr.  2,  78,  18i;  h'ronlin.  Ile  aq.  118.  — 21  V.  Godefroy  ad  Cod.  Th.  7,  4,  Ss. 
—  22  C.  Th.  7,  4,  28;  llisl.  Auij.  vit.  Nig.  3,  S;  M.  Sev.  l.i.S.  —  83  C.  Jh.  13, 
5,  32.  _  2V  Jbid.  12,  C.  lii.  —  2J  Ainsi  //iij.  49,   14,  43  §  7  ;  47,  2,  72  ;  2,  ♦,  17;  2, 

8,  7,  2  ;  30,  4,  5  §  27  ;  43,  4.  3  pr.  ;  0,  1,  08  ;  C.  Just.  8,  23,  i  ;  7,  45,  0.  —  20  C.  ins. 
lai.  3,  suppl.  3,  p.  1930.  —  '27  C.  Th.  1,  10,  G-7.  —  2S  /i,,/.  8,  9,  1.  —  29  Synonv  me 
inlerce^sores  (C.  Tli.  2,  3u,  1  ;  C.  Just.  8,  10.  7i.  _  30  c.  iiis.  lat.  S,  sup|il.  i. 
17891'.  V.  Moniroseo,  Ephem.  epigr.  5,  302. 


SPO 


144.".  — 


S  PU 


ou  aclionis  editiu;  \;icon/r(if/ir/io,  la  réplique  du  défen- 
dinir';  la  definiln  causa,  le  jugement  final.  Une  loi  de 
370  constate  dos  ;ihus  dans  la  perception  des  droits"^. 

A  latin  du  v'^  siècle,  depuis  ioO  jusqu'à  Justinien, 
[ilusieurs  lois  diminuent  les  tarifs  habituels  en  faveur 
de  plusieurs  classes  de  privilégiés  et  de  leurs  familles, 
]>ar  exemple  des  comtes  du  consistoire,  des  ufjontes  in 
ro/n/s,  des  gens  des  gchotae  cX  des  scriuia,  des  soldats, 
du  clergé  chrétien'  et  les  suppriment  en  faveur  des 
avocats',  des  évèques,  de  l'église  %  du  fisc  °,  et  des 
pauvres  ''.  L'adversaire  des  parties  privilégiées  a  le 
même  privilège*.  Les  actes  suivants  comportent  des 
sporlules  :  1°  la  postulai io  du  demandeur  ;  i°  la  récep- 
tion par  le  défendeur  de  la  citation  [libellus  cnnrenlio- 
nis)''  ;  .*J°  la  mise  du  procès  au  rôle  ililis  conteslatio  — 
prit  inijresxu  ;  pro  induccnda  roffnilionr)  ;  4"  la  rédaction 
et  la  communication  des  pièces  ledilio  gesloruiit); 
3°  peul-éire  la  lecture  des  pièces  '"  ;  G°  la  constitution  de 
procureur".  Les  employés  qui  reçoivent  les  sportules 
sont  maintenant  surtout  les  e.Tseculores  et  les  exreplorcs 
[notai'ii  devant  les  arbitres  '-j  ;  on  ne  voit  pas  pourquoi 
les  chefs  des  offices  qui  figurent  dans  l'inscription  de 
Thamugadi  et  dans  Lydus",  à  l'époque  de  Justinien,  ne 
figurent  plus  au  code  de  cet  empereur.  Quelques  magis- 
trats touchent  des  taxes  ;  les  arbitres  ou  juges  pédanés 
au  moins  depuis  484",  les  avocats  du  fisc,  le  préfet  de 
l'annona  de  Constantinople  elles  architectes  officiels  en 
certains  cas '\  Une  loi  de  Justinien  qui  parait  avoir 
réglé"  et  diminué''  les  tarifs  ordinaires  a  disparu  ;  on 
voit  cependant  qu'ils  varient  selon  le  rang  du  tribunal 
et  l'importance  de  l'alTaire".  Ils  sont  généralement  une 
fois  plus  élevés  devant  les  tribunaux  supérieurs  que 
devant  ceux  des  gouverneurs.  Devant  les  premiers  les 
privilégiés  paraissent  payer  en  tout  au  maximum  huit,  gé- 
néralement six  sous  d'or''-*  ;  devant  l'arbitre  généralement 
deux  sous-"  ;  les  soldats  un  sou-'.  Les  gens  ordinaires 
versent  un  demi-sou  jusqu'à  une  valeur  de  cent  sous  pour 
les  deux  premiers  actes  de  la  procédure  et  ainsi  de  suite 
d'après  une  progression  inconnue'-.  Mais  à  en  juger  par 
les  chill'res  de  Lydus,  trente-sept  sous  pour  un  seul  acte, 
probablement  la/JOS/«/«//f>,  devant  le  préfet  du  prétoire  '-', 
les  frais  devaient  être  très  (-levés  sans  parler  des  extor- 
sions, punies  de  la  restitution  au  quadruple-'. 

Cil.  Lf.cbivain. 

I  C.  Jtal.  7,  li,  3:  C.  Th.  i,  14,  I  :  libelli  conlradklorii.  —  2C.  Th.  I,  29,  5  ; 
cf.  .\uguslm.  Ep.  loi,  U  (Migne  P.  I,.  T.  33).  —  3  C.  Jusl.  I,  3,  33  §  2,  33  §  5; 
li,   10,  2;  12,  19,  li;   12,  21,  2;   12,  22,  8  :    12,  26,  4-;    12,    30,    2,   3;    12   30,  18. 

—  '  C  Jutt.  î.  8,  7,  6.  —  b  lYov.  123,  28.  —  6  Cassiod.  Var.  9,  14.  —  7  A'ur. 
17,  3.  —  »t'.  Jitst.  7,  36,6;  12,  19,  12.  4.-9  Ràclamalion  abusive  d'une  la\e  au 
demandeur  (C.  Jiist.  12,  22,  8,  6).  —  »>  C.  Jusl.  1  >,  30.  3  g  2.  —  H  Taxe  lanlôl 
auloiisée,  lanlût  iulerdile  [C.  Jusl.  12,  21,  8  ;  12,  29,  3, 1  ;  12.  19,  12,  »).  —  12  Uuel- 
quos  auUcs  calégorics    à   C.   Jusl.    10,   11,   8,  4;    12,    19,    12,   3;    12,   35,     18,     i. 

—  13  Ùe  mag.  3,  24.  —  '*  C.  Jusl.  12,  21,  8,  7  ;  12,  19,  12,  1  ;  12,25,4,  4;  Not: 
82,  9.  —  15  /biJ.  12,  19,  2,  i;  12,  22,8;  12,  26,  4;  12,  19,  12,  1.  —  10 /6i(/.  I,  4, 
2'J.  1  :  3.  2,  4;    1,  27,     I  §6;  Xov.   17,3;  53,    3,    2;    82,    7   pr.  ;    86.  9;    124,   3. 

—  17  Lydus,  de  mag.  3,  2i-27.  —  «ï  V.  noie  3;  Jnsl.  4,  6,  24,  33.  —  «T.  Jusl. 
12,  26,  4;  12,  22,  8;  12,  30,3,  1-2.  La  moilié  ou  le  tiers  ou  uu  sou  pour  les  polîtes 
airaires  (12,    26.  6;    12,  22,  8;  12,  19,  12;    12,30,  3i.  —20  C.  Jusl.   12,  30,  3,  1. 

—  il  lliid.    12,   36,    18;   Aoi'.    49,    I.  —    2-2  Tlieophil.   paiaplir.    lust.    4,   0,  24. 

—  23  l)tmag.  3,  25-27.  Le  cornicularius  tirait  37  sous  par  mois  de  la  nii-e  au 
rûle  et  1000  (sans  doute  par  an)  de  la  délivrance  des  pièces.  —  2»  Jnsl.  4,   6,  23. 

—  Bii)i.io.:riAPHiF.  Bellimann-llolneg,  Der  rrim.  Ciiilprozess,  Bonn,  1866,  III,  200- 
204;  Merkcl,  Aljhan.llungen  nufJcm  GMele  des  ràm.  Ilechts,  Halle,  1881,  III,  123- 
171;  Pernice,  Zvitschr.  d.  Saviguy-Stifun'j.  7,  2,  13S  sq. 

SI'OIITIA.  1  ll'apris  Hcsycliius,  s.v. 

SPLRII.  I  Dig.  1,  .'.,  r,  S  2;  23,  2,  ï4  ;  38,  17,   2  §  I  ;  38,  8,  2  ;   Gai.   I,   91-92. 

—  -  Dig.  2,  4,  4  §  3,  5;  LIp.  3,7;  Gai.  1,  64.  -  3  Ùiij.  31,  88,  12  ;  40,  I  2,  3  pr.  : 
40,  2,  tl  pr.;  42,  5,  38;  Paul.  SenI .  3,6,  16;  Gai.  1,  19.  Corp,  ins.  /a(.  9,  888  ;  6, 
7304;  10,  7822  (enfants  issus  d'un   homme  libre  et  d  une  esclave,  d'un  esclave  et 


SPORTIA  (STtopTix).  —  Fête  grecque',  sans  doute  de 
caractère  agricole  ((r^reîioj). 

.SPt'RII.  —  Dans  le  droit  romain  les  enfants  nés  hors 
du  mariage  légitime,  hors  des  jus/ur  nii/iliae,  soit  d'un 
contubi'rnhnn  servile,  soit  d'un  conciibinat,  soit  d'une 
relalion  passagère  ou  illégitime  quelconque,  sont 
opposés  dans  leur  ensemble  aux  enfants  nés  d'un 
mariage  légitime'  et  portent  did'érenls  noms,  tous  syno- 
nymes :  le  plus  large,  vuUjo  cnncepliis  ou  ijuaesUus-  ; 
celui  qui  exprime  la  situation  de  fait,  /ilius  {/ilia) 
naluralis  '  ;  le  nom  officiel  spurius  '  ;  le  nom  plus 
familier, /?//«.9/C7',  fitiaslra,(pa/raster)'\  Il  n'y  a  aucune 
distinction  légale  à  élablir  entre  ces  termes.  C'est  à  tort 
qu'on  a  quelquefois  distingué  deux  catégories,  les  en- 
fants naturaieg  et  les  spurii.  Le  mot  spurius,  dont 
l'élymologie  est  incertaine'^,  est  le  plus  ancien;  l'enfant 
naturel  a  dû  s'appeler  à  l'origine  sjiurius  /i/ius,  et  peut- 
être  était-il  alors  dans  une  classe  intermé'diaire  entre  les 
ingénus  et  les  afi'rancliis  ;  puis  il  a  été  considéré  comme 
ingénu  et  on  a  lu  alors  l'abrévalion  S  ou  SP.  F  Spiurii) 
/ilius  ;  c'est  sans  doute  ainsi  qu'il  faut  la  lire  dans  les 
inscriptions  de  l'époque  historique',  même  quand  le  père 
ne  s'appelle  pas  Spurius'  ;  dans  la  nomenclature  complète 
de  l'ingénu,  ce  mot  remplace  l'indication  de  la  lilialiim  '. 

Dans  le  droit  public,  si  nous  laissons  de  cùW'  les  cas 
où  l'enfant  naît  et  demeure  esclave,  l'enfant  naturel 
peut  être  soit  ingénu,  soiiairranchi  ;  il  est  citoyen  '";  il  a 
les  tria  nomina  ;  il  peut  être  inscrit,  s'il  est  ingénu,  dans 
une  tribu  quelconque,  généralement  dans  celle  du  père 
ou  du  père  de  sa  mère,  et  non  pas  seulement,  comme  on 
l'a  prétendu,  dans  la  tribu  Collina  tribi  sj  "  ;  sous  la  Ré- 
publique il  n'a  peut-être  pas  le  jus  honorum,  mais  il  l'ac- 
quiert sous  l'Empire'-.  Dans  le  droit  privé,  n'ayant  pas 
légalement  de  père,  il  suit  la  condition  de  la  nière'^  et 
prend  son  nom,  qui  se  trouve  être  aussi  celui  du  père" 
quand  elle  est  sa  concubine  et  son  affranchie.  Il  se  ratta- 
che à  sa  mère  et  à  sa  famille'  '  à  titre  de  simple  cognât  ; 
il  a  place  à  son  foyer,  au  culte  de  ses  ancêtres,  tout  en 
étant  sui  Juris  "^.  Sous  l'Empire,  par  rapport,  à  la  mère, 
sa  situation  s'améliore  peu  à  peu,  sous  l'influence  des 
mœurs  ;  il  compte  pour  le  jus  liberorum  de  la  femme  *' 
[liberori:m.iis]  ;  sa  vocation  prétorienne  à  la  succession 
de  sa  mère,  par  la  bonorump  ossessio  unde  cognati,  est 
étendue  par  les  sénatus-consulles  Tertullien  et  Orphi- 

d'une  femme  libre)  ;  5,  2323  ;  6,  7788.  8420,  21438  ;  8,  3909,  3910  ;  10,  1138;  12.  731. 
3i79,  5194  (enfants  issus  d'un  concubtnal).  Les  parents  s'appellent  pa^er,  mater, 
pareils  naluralis.  —  4  Gai.  1,  64  ;  l'Ip.  4,  2  ;  7,  1  ;  Coll.  leg.  Rom.  C,  2,  4;  Dig.  1, 
3,  23;  22,  3,  29§  1  ;  49,  15,23;  Plut.  (Juaest.rom.  103;  Isidor.  Or.  9,3,23;  Feslus. 
V.  aothum  ;  Apul.  .Melam.  6,  9,  23;  C.  ins.  lat.  3,  :i79  ;  6,  10  585,  14  310,  16  66.3; 
20  171,  10,  2135,  4398,  1138.  3S84;  H,  1037,  3967  (eoncubinat)  ;  3,379,381  (lonfu- 
ternium);  6,  11200  15  809,151,  14,  29  513  ;  5,  4049  ;  10,  3079;  14,  1808  (autres 
relalion^  illégitimes;.—  5  Corp.  inscr.  lui.  6,  15  387,  13  101  ;  9,  4633;  10,  2201,  5154, 
7.-.20,  390  ;  5,  2998.  On  trouve  aussi  larius  (  Vil.  lilag.  2  ;  cf.  C.  ins.  lai.  10,  3079  ; 
11,901);  .iA«;{lmcr.  gr.  Sicil.  1633).  —  6  Ondoniic  CTti;«,  .iiofiîr.,  (Gai.  1,  04). 

—  7  Festus,  p.  174  v.  noihum.  Spurii  est  écrit  en  loiiles  lettres  à  C.  i.  l.  3,  3804, 
61  118;  9,  2696;  10,  3884,. 5947.  A  12,  705  la  lecture  est  incerlaine.  Voir  Moninisen. 
Manuel,  VI,  1  p.  80,  note 5,  SI  ;  Gagnai,  Cours  d'épigrapltie  laline.  p.  70-72  ,  contre 
Mispoulet,  Du  nom  el  de  la  condition  de  l'enfant  nolurelromaiu  (Xoui'.rev.  hist. 
de  droit,  1885,  p.  13-36).  —  8  Spurius  n'a  été  employé  comme  prénom  réel  que  par 
quelques  familles  patriciennes.  C'est  uu  nom  gentiliceit  Ci.  /.  11,1791,  I8'.ii>;  .irch. 
ep.MiUh.  I893,p.  210.  —  3  II  y  a  quebiucfois  (iliatioo  fictive  (C.  ins.  lat.  10,  4216). 

—  10  Né  d'une  mère  pal  ricienne,  il  n'est  sansdoute  pas  patricien.  —  U  Voir  iMispoulet, 
(/.  c.  p.  43-33)  qui,  contre  Uonimsen  (Me  râm.  Trili.  p.  100,  note  78),  cite  des  tribus 
rustiques:  C.  i.  /.  6,  3163,  5197,  2744,  10383,  11  191.  —  12  10,  6490,  1138;  5,  4098 
(bonneurs  municipaux).  Dans  les  alimenta,  il  louche  une  part  plus  faible  que  l'enfant 
légiliiiie   (11,    1147  praescr.].   —   '3   Dig.    1,   5,    19.    23  ;  Gai.    1,    04;   Ulp.  4,    2. 

—  Il  C.  i.  l.  6,  10344  a,  11  758  12156,  1912;  !*,  9302;  9,  236S,  2316,  4248. 
L'enfant  de  dcui  esc'av,  s  ou  d'une  esclave  et  d'un  libre  a  un  nom  d'esclave  (6, 
3343,6800  ;  9,  888).  —  >'"  C.  i.  l.  6,  6887.  —  '6  L'Ip.  4,2.  —  17  Paul.  Seul.  4,10,  1. 


SPU 


—  1446  — 


SPY 


tien'  ;  la  mère  el  IViifanl  sont  tenus  l'un  envers  l'autre 
de  l'oblifçation  alimentaire-;  la  mère  peut  être  chargée 
de  sa  tutelle  par  rescrit  et  lui  choisir  par  testament,  en 
tant  qu'héritier,  un  tuteur,  avec  confirmation  par  le 
magistrat  '.  A  l'i-gard  du  père,  le  spuriiis  est  un  étranger  ; 
il  n'a  ni  l'obligation  alimentaire',  ni  le  droit  d'héritage 
ab  intestat,  ni  la  bonoriim  possessio  unde  coqnali  ou 
unde  libei'i;  il  ne  procure  à  son  père  ni  le  Jus  liberorum 
ni  le  droit  de  revendiquer  les  caduca'';  cependant  le  nom 
du  père  est  généralement  cité  sur  les  inscriptions  à  coté 
de  celui  du  lils,  le  père  peut  lui  laisser  des  legs  el  insti- 
tuer pour  cette  libéralité  un  tuteur;  de  plus  on  tient 
compte  de  cette  filiation  pour  les  empêchements  du  ma- 
riage entre  parents  et  pour  les  aflranchissements  où  elle 
ligure  parmi  les  justes  causes'^.  Un  rescrit  de  Trajan 
reconnaît  comme  héritiers  des  soldats  ab  intestat,  au 
rangdes  cognais,  les  enfants  naturels  nés  pendant  leur 
service".  Il  n'y  a  pas  d'autre  mode  de  légitimation  que 
l'adrogation  par  le  père  naturels 

Sous  l'Empire  les  simples  soldats,  citoyens  romains, 
n'ont  pas,  étant  au  service,  le  droit  de  mariage  légal  '  ; 
un  mariage  antérieur  est  suspendu,  sauf,  depuis  Septime 
Sévère  pourles  cohortes  urbaines  el  la  légion  II  l'arthica'"; 
les  enfants  nés  jiendant  le  service  sont  donc  théorique- 
ment illégitimes  etassimilés  àdesenfanisdeconcubine", 
même  pour  les  soldats  des  cohortes  prétoriennes  et 
urbaines  qui  obtiennent  dans  leur  diplôme  de  retraite 
le  jus  ron  II  II /j  i  i  a.\ec  une  femme  étrangère.  Pour  atténuer 
ce  désavantage,  les  empereurs  étendirent  à  tout  l'Empire 
l'institution  des  enfants  ex  cas(ris,  née  en  Egypte,  dès 
.\ugusle  el  Tibère'-,  d'après  laquelle  les  enfants  nés 
pérégrins  d'un  mariage  du  droit  des  gens  obtenaient  le 
droit  de  cilé  romaine  en  entrant  au  service  et  prenaient 
la  tribu  Pu/lia  et,  comme  lieu  d'origine,  le  camp,  rn.it ra 
(castris,  rnsfr,  cas,  c«)'^  ;  les  enfants  issus  soit  d'un  ma- 
riage suspendu  ou  d'un  concubinal  avec  une  femme  qua- 
lifiée pour  le  mariage,  soit  d'un  concubinal  quelconque 
avaient  de  suite  dans  le  premier  cas  la  cilé  et  la  tribu 
Pollia,  puis  en  entrant  au  corps  le  nom  el  la  filiation  du 
père",  dans  le  second  cas,  seulement  en  devenant  sol- 
dats, la  dénomination  castris,  la  tribu  Pollin,  le  nom  de 
la  mère  el  la  filiation  du  père'\  Pour  les  privilèges  malri- 
riioniaiix  accordés  à  leur  retraite  aux  soldats  pi-régrins, 
nous  renvoyons  à  l'article  diploma. 

.\u  Bas-Empire  la  législation  distingue  les  enfants 
issus  du  concubinal,  naturelles  liheri,  des  autres  enfants 
illégitimes  (A7>M/'//,  vulf/oconrepti)  "'■.  Constantin  les  mal- 
traite d'abord  tous  également  en  interdisant  au  père  toute 
donation,  toute  libéralité,  de  son  vivant  ou  à  cause  de 


<    Jnst.  3,   3,  4;  lliij.   3S,  S,  M  ;  l'aill.  Senl.  4,    10.    1.  —  2  Dig.  25,  3,  5  §  4. 

—  3  /*,,/.  iC.  1,  IS  ;  ifi,  2,  4;  20.  3,  2.  —  l  Ùig.  25,  3,  7.  —  5  V.  Meycr,  DerrAm. 
honkubinal,  p.  .15-57  sur  frag.  Vntic.  l'Jt.  —  6  Dig.  23,  S,  14  §  2  ;  40,  2,  1 1  ;  Gai. 
'■  '^   — ^  Wilckeii,  Papyr.  Oeil.  lUirar.l.  lejrtes  de  ilruU  romain,  3' éd.  p.  157). 

—  »Gai.l,l»4.— 'JTac.  Ann.  14,  27;DioCass.  60,2V;  ffcrodian.  3,  »,i:Popi,r. 
Berl.  .I/./J.  114.  140  ;  Torlull.  De  isliort.  cast.  12.  Voir  Monimseii,  ad  f.  i„j.  lat. 
3  suppl.  <fi/>fa»i.  ;  Caul  .Meyer,  Die  •ïgypl.  Irlitmileii  und  lias  Eherecht  der  rôm. 
.Soldaten  (Zeitschr.  der  .Sarigny  Slift.  1S'J7.  p.  44-74)  contre  Mispoulcl,  le 
mariage  des  soldats  rom.  iJier.  de  phii.  18sl,  p.  II3-I2C).  —  10  C.  i.  I.  C,  3404 
3:i!lC,  3399,  3307,  2SSI.  2887.  -  Il  S.  3200-01.  -  12  V.  Mommsen,  /Jerm'es,  19,' 
p.  10  ;  Kph.  epigr.  5,  14-10  ;  4,  p.  155  ;  Wilmanns  lambèse.  la  ville  el  le  camp, 
Irad.  fr.  p.   23-27.    —  13  Eseniplcs  ;i  Lambi'se  :  C.    i.    l.   «,   2.->05  69,  2580,  SOIS. 

—  "8,  3101,  3151.  2848.  —  1.'.  8,  2590,  3247.  —  16  C.  Jiist.  5,  27.  12  g  4;  C.  Th. 
4.  «,  7.  Les  eiifanis  iiiceslueui,  adullérius  cl  de  calégories  analogues  perdent  en 
396  le  droit  de  recevoir  quoi  que  ce  soil  du  père  et  de  la  mire.  Jus'inien  élend 
cette  interdiction  aut  fils  naturels  dune  femme  illustre,  mère  d'enrants  légitimes 
(C.  Jusl.  5,  5,  C  ;  6,  57,  5).  —  I"  Cod.  Tlieod.  4,  0,  2,  3.  —  liCod.  Just.  5,  27, 5.  —  19  f. 


mort,  aux  enfants  naturels  ou  à  la  concubine  '  •  ;  d'autre 
part  il  établit,  pour  le  passé  seulement,  la  légitimation 
des  natura/es  liberi,  par  mariage  subséquent,  à  la  con- 
dition qu'il  n'y  ail  pas  d'enfants  légitimes  et  que  la  con- 
cubine soil  ingénue'*.  .\près  lui  la  législation  sur  les 
enfants  naturels  de  concubins  subit  les  lluctualions  de 
la  législation  sur  le  concubinal.  D'après  des  lois  de  371  el 
de  403,  les  enfants  naturels  et  leur  mère  peuvent  recevoir 
un  douzième  de  la  fortune  du  père,  s'il  y  a  des  descen- 
dants légitimes,  un  quarl  s'il  n'y  en  a  pas  '■'.  En  443-"  esl 
créé  le  droit  de  succession  des  enfants  naturels  «  per 
oblalionem  curiae  »,  un  curialepeul  oITrir  tous  ses  en- 
fants naturels  à  la  curie  en  leur  attribuant  sa  fortune,  à 
défaut  d'enfants  légitimes  ;  quoique  héritiers,  ils  ne  sonl 
pas  assimilés  aux  enfants  légitimes.  En  517-'  Anastase 
crée  la  légitimation,  pour  l'avenir,  par  mariage  subsé- 
quent, avec  une  concubine  quelconque--,  quand  il  n'y  a 
pas  d'enfants  légitimes  et  sous  la  condition  d'un  contrat 
dotal.  Justin  supprime  celte  légiliuialion  pour  l'avenir 
et  l'adrogation  des  enfants  naturels  par  le  père-^  Enfin, 
après  diverses  dispositions  transitoires-',  .luslinien 
accorde  aux  enfants  naturels  le  droil  de  recevoir,  en  pré- 
sence d'enfants  légitimes,  un  douzième  de  la  fortune  pour 
eux  et  leur  mère  {un  vingt-quatrième  pour  elle,  si  elle 
est  seule),  dans  le  cas  contraire,  toute  la  fortune,  avec 
institution  d'un  tuteur;  un  droit  d'héritage  ab  intestat 
pour  une  pension  alimentaire  en  présence  d'enfants  légi- 
times, dans  le  cas  contraire  pour  le  sixième  de  la  for- 
tune''. Il  établit  définitivement  la  légitimation":  1°  par 
mariage  subséquent,  aux  conditions  fixées  par  Anastase, 
même  en  présence  d'enfants  légitimes,  à  la  seule  exclu- 
sion des  enfants  adultérins  el  incestueux  ;  2"  per  curiae 
oblaliouem,  même  après  la  mort  du  père  el  pour  des 
enfanls  pas  encore  alfranchis;  3"  par  rescril  du  prince, 
sollicité  du  vivant  ou  par  teslamenl  du  père,  à  défaut 
d'enfants  légitimes,  quand  la  concubine  esl  morte  ou 
indigne  du  mariage.  Cit.  Lécriv.aix. 

SPYRIS  (ÏTrupii;,  dim.  oTïuptStov,  <77r'jpiod),(Ov,  cittjpyviov). 
—  iNom  '  donné  à  des  corbeilles  faites  de  jonc,  île,  sparte, 
d'osier  ou  d'autres  tiges  flexibles  entrelacées.  Il  y  en  avait 
de  toutes  grandeurb-,  ayant  les  formes' el  les  emplois  les 
plus  divers;  le  nom  ne  spécifiait  pas  une  forme  ou  un 
emploi  déterminé;  il  en  est  de  même  de  la  plupart  de 

ceux    [CORBIS,  CISTA,    CAPISTRUM,    FISCl'S,    KISCELLA,    SPORTA, 

sciRPEA,  etc.]  qui  désignent  les  objets  servant  de  réci- 
pient, qu'ils  fussent  de  vannerie,  de  métal  ou  d'argile. 
Il  y  a  cependant  des  corbeilles,  parmi  celles  que  l'on 
voit  figurées,  à  qui  ce  nom  convient  certainement  ;  car  il 
n'est  pas  douteux  que  sur  beaucoup  de  vases  peints  où 


Th.  4,  0,  4,  n.—  20  c.  Just.  S,  27,  3- 1.  —  21  Itml.  5,  27,  G.  —  22  Elle  doit  encore, 
jusqu'à  Juslinicu,  qui  supprime  cette  restriction,  ^Ire  ingénue  pour  les  st-naleiirs  et 
gens  do  qualité  iC.  Just.  5,  .5,  7;  5,  4,  23;  Nor.  7S.  117).  — "  C.  Jusl.  5,  27.  7. 
—  2'  Ibid.  ô,  27,  8,  12;  Non.  18,  t..  —  25  Xoi:  S'J  ;  C.  Jusl.  5,  29,  4.-26  C, 
Jusl.  5,27,  10,  11;  Nov.  12,  4;  18,  11;  74 /,)•.  ;  89,  2,  8;  74.  —  Binilor.nAPRii;. 
V.  I"arl.  coscL-RiMATL's  cl  :  Pilletle,  Lettre  sur  k  eoneubinatus  {Hcv.  hist.  de  droit, 
1803);  P.  Gide,  De  la  condition  de  l'enfant  naturel  et  de  la  concubine  dans  la 
tégisl.  romaine  (A'oKr.  rei\  bist.  de  dr.  1880,  p.  377  sq  ,  409  sq.);  .\lispoulel, 
Les  Spurii  (Bull,  épigr.  1884)  ;  Ou  nom  et  dt  la  condition  de  l'enfant 
naturel  romain  {JVouv.  rev.  hist.  de  dr.  1885,  p.  15-02):  Paul  SIeyer,  iJer  rôm. 
Konkubinat,  Leip.,  1895  ;  F.  Girard,  Manuel'  de  dr.  romain,  Paris,  1898, 
p.  171-179. 

SPVRIS.  I  Le  mot  est  apparenté  à  ,1:1X^1  et  au  latin  sporta  ;  Curtius,  Grundzùge 
d.  Gr.  Etymot.  5'  éd.  p.  715.  —  2  Pallad.  ad  Paus.  cité  p;ir  H.  Eslienne,  Thesaur.  s.  v. 

ti  (tiKfâ.  —  3  V.  Bekker,  Anecd.  p.  780,  où  la  Tornie  décrile  e.'ïl  celle  duc 
cf.    Tlieocr.    X\I,  9,   ««<.«:,.,. 


SPY 


—  1447  — 


STA 


sont  roprésenlées  des  scènes  de  banquels,  les  corlieilles 
suspendues  au-dessus  des  convives  ou  qu'apporlenl 
les  serviteurs  ou  les  femmes,  musiciennes  et  dan- 
seuses, qu'ils 
y  appelaient 
volontiers  (lig. 
6553  )  ' ,  ne 
soient  mis  là 
pour  caractéri- 
ser une  réu- 
ni 0  ri  de  ce 
genre  précisé- 
ment   appelée 

5sÏ7tv&v  aTto 
aTtupiSoç  ",  par- 
ce que  c  h  a- 
cun  contri- 
buait de  cette 
manière  pour 
sa  part  au  fes- 
tin 
Les  dirupioe;  quon  voit  ainsi,  suspendues  par  des  cor- 
dons, n'étaient  pas  excUisivemenl  destinées  à  apporter 


Fig.  03 


;  pour  le  banquet. 


Fig.  6534.  -  Paniers  de  pêche. 

et  à  emporter  '  des  victuailles;  on  les  rencontre  ailleurs, 
_  dans    des  scè- 

nes de  bains, 
où  elles  doi- 
vent enfermer 
du  linge  ou  dés 
véti'menls*  ; 
ailleurs  encore 
(fig.  0534,  cf. 
5034),  sembla- 
bles mais  mu- 
nies    d'anses, 

elles  sont  placées  aux  deux  bouts  d'un  bàlon  que  tient  un 

'  Coupe  du  Musée  du  Louvre;  cf.  flg.  169,4905.  49C7  5(|.  Voy.  svmm.shim  et  J/us. 
Uni/oT.  II,  p.  SI,  »3,  K4,  Si)  :  Mus.  C/iiiisin.  100  ;  Mon.  d.  Inst.  III,  pi.  xjc  ;  0.  Jahn, 
Abhindl.  d.  Sàcks.  GesMusch.  111  (IS61),  pi.  vu,  p.  743;  llarlwif;,  Meislersciml. 
pi.  XV,  XXIV  8(|.  —  ■■iAthcn.  VIII,  p.  363  a  ;  Arisloph.in.  Ac/i'i))i.  1138  :  th  Seïivov,  .T, 
,T.r,  Îj;,,vl«T*;;»c,t;S.;;cf.  Xen.  Memor.  III.  14,  t.  — 3  .\llieu.  iv,  130.  —  ■•  Gcrliard, 
Auselen,  Vas.  a9.î,  196.  —  5  Micali,  .Uon.  p.  In  storin  di  /lopoli  Uni.  pi.  xcvji. 
—  6  Z.ff,,,;  îoas.ioe-  ,K»fi»...v,  Anih.  pal.  VI,  25,  5.  'H  !/.«jr,5«  ,„»»;;,  l'oll.  VI,  94  ; 
iJ.  X,  iSi;  Aristopli.  Paj-,  \m:,.  —'  lieinaeh,  Hépert.  de.  la  stat.  p(!clieur,(ig.  0333, 
d  après  une  statue  du  musée  de  Napics.  .1/us.  Borbon.\V,H.—  »  Tlicoci-.  /.  c.  V.ca- 
1  ATin:s.  lig.  999.  —  '<  l'our  les  formes  très  dilTcrentcs  des  corbeilles  servant  à  cette 
récolte,  vov.  les  exemples  réunis  paru.  Jalin.  Ablmr.dl,d.Sichs.Gesellscli.  IV.pi.vi; 
ils  sont  de  l'époque  romaine,  \otre  lig.  O.'ibô  d'après  un  cofTrct  d'argeut  du  iv<^  siècle 
an.J C;  voy.  eAPS.i   p.  31i,  n.  100.  —  lOVoy.  ceux,  très  divers,  qui  sont  l'attribut 


Fig.  0356.  —  Corbeille  de  lie 


péclieur'.  Un  panier  à  anse,  simple  ou  double,  fait 
partie  de  l'attirail  des  pèclieurs"^^,  qui  y  mettent  leurs 
liametîons  ou  les  poissons  qu'ils  ont  pris  [piscatio, 
p.  493  et  lig.  5(Wf)]. 
Ce  panier  ''  (lig. 
1)553),  que  désigne 
couramment  le  nom 
de  iTiuptç,  est  géné- 
ralement plus  petit 
que  ceux  qui  ont  été 
figurés  ci-dessus;  il 
peut  être  évasé  com- 
me celui  qu'on  ap- 
pelle habituelle- 
ment CALATimS  *,  à 
fond  plat  ou  pointu, 
plus  ou  moins  pro- 
fond, rond  ou  allon- 
gé, droit  ou  conique.Onen  voit  de  pareils,  proportionnés 
à  leur  emploi,  servant  à  la  récolle  des  fleurs  (fig.  6556)  ', 
des  fruits  '",  des  légumes, 
à  la  vendange  (fig.  1432, 
4762et  vim'm).  Une  petite 
corbeille,  tressée  d'une 
paille  légère  reproduite 
ici  (fig.  6557),  d'après  un 
fragment  de  fresque  du 
musée  de  Naples  ",  con- 
tient des  laines  ou  des 

ouvrages        de        femme.  l'ig-  «SS?.  -  Panior  à  ouvrage. 

D'autres  au  contraire,  de 

grande  capacité,  étaient  chargés  de  pains  sortant  de  la 
boulangerie  (fig.4470),  ou  recevaient  la  poussière  ou  le 
sable  dont  les  lutteurs  avaient  besoin  pour  se  frotter  dans 
les  palestres'^.  Ils  étaient 
construits  assez  solide- 
ment pour  résister,  s'il 
le  fallait,  au  poids  de 
terres  ou  de  pierres 
accumulées". 

Comme  d'autres  ou- 
vrages du  vannier,  les 
TTcupîôeç  ont  été  repro- 
duites   en    métal  '*    et  ^.    ,.„^  _ione.ror 

aussi      en     ivoire   '^      Le  imitant  la  vanueiie. 

goût  pour  les  imitations 

de  ce  genre  date  de  fort  loin,  comme  l'altestenl  des  vers 
d'Homère  ' '  eldes  vases  d'or  trouvés  à  M ycènes  (fig.  6558) '  '  ; 
ceux-ci  sont  non  des  iitupî^eç,  mais  des  coupes  à  boire, 
qui  ont  eu  des  paniers  semblables  pour  modèles. 

E.    S.\GL10. 

STABULARIUS  ',  aubergiste  qui  loge  à  pied  et  à  che- 
val [V.   STABULUM,    4°]. 

de  l'aiitonine,  ho«*e,  p.  234,  235  ;  .\nt.  d'Erculaiio,  t.  V,  p.  36  ;  VII,  p.  93  el  2(9  s.|.; 
Musé.;  Fol.  à  Genève,  Catal.  1874,  Anliq.  n.  1302.  —  n  Exposé  sous  le  n«  »0S9. 
-  1-2  l'oll.  X,  65;  voy.  skapheion,  ng.  6483.  —  13  Hippocr.  p.  838  c:  cf.  AElio; 
les  sarcophages  chrétiens  ap.  Garruci,  Arte  crist.  302,  307,  319,  329,  333,  etc.  C'est 
dans  un  panier  semblable,  Sii  ht.joUk-,,  que  saint  Paul  s'enfuit  de  Damas,  Act. 
apost.  9,  25.  —  li  F.n  bronze,  panier  de  pécheur,  au  musée  He  Naples;  petite 
corbeille  au  musée  Faino.  à  Oriieto.  —  l^'  Athcn.  IV,  p.  130.  -  16  lliad.  XI,  630  : 
j«)i»..a  «d»s«;  Od.  X,  335,  j(50<Tei»  .ovca.  —  H  Schlicmann,  Mycé/ies,  trad.  fr. 
1879,  p.  374  et  395.  On  peut  constater  aussi  celle  imitation  dans  les  monumeuls 
assyriens.  Pour  les  vases  incisés  de  style  géométrique,  voy.  Excavations  al 
Plijlakopi,  pi.  IV,  19. 

STABULAHIUS.  i  Ulp.  Dig.  IV,  9,  1  ;  VI,  9,  3  :  Gains,  iliid.  :  Sencc.  llcnc/'.  I, 
14 j  Apul.  A/et.  I,  p.  n. 


STA 


I4i8  — 


STA 


STABULlTM(STx9|ji.o;).GitPOùs(''ioiirnenl  desanirnaiix'. 

1°  {Boau>,0(;,  poOdTaOjjiov,  'ÉTtau),'.;,  hori/c,  huvilv)  -  oUibleJi 
lni'iifs.  Kii  (irèce  comme  en  Italie  les  Ijœul's  élaienl  sou- 
vciil  l'iilreteinis  en  plein  air  dans  des  parcs  isolés,  hors  de 
riialiilalioii,  (|iielriiiefois  même  assez  loin  [nrsriCA  res, 
p.  91l{  el  9:27];  c'élaienl  des  espaces  nus,  qu'on  enlourail 
de  JKUiles  palissades  pour  protéger  le  bétail  contre  les 
attaques  des  fauves  [seftuim]  ;  sur  les  côtés  s'ouvraient 
les  cabanes  des  bergers  (z^iiia!,  ct^w.).  Une  peinture  de 
manuscrit  (fîg.  (Joo!))  nous  donne  de  ces  enclos  une 
idée   sommaire,  mais  assez    lidèle  ;   on    voit    au    fond, 


/'\^yf 


Kig.  0539.  —  Élablt'. 

enfermé  dans  la  clôture,  une  sorte  de  hangar,  d'où  les 
bergers  pouvaient  surveiller  le  troupeau  ^  Cependant  on 
dut  aussi  sentir  de  bonne  heure  la  nécessité  d'avoir  des 
élabl'es  dans  la  ferme,  ou  à  proximité,  là  où  les  bœufs, 
employés  comme  animaux  de  trait,  servaient  journelle- 
ment aux  travaux  de  culture.  A  ré])oque  romaine 
li'lahh'  destinée  à  ce  service  est  comprise  dans  les  bàli- 
iiienls  lie  la  ferme  [villa]  :  les  bœufs  sont  attachés  devant 
la  crèche  {prncsi'/w,.  où  l'on  apporte  les  feuillages  dunt 
on  les  nourril,  el  le  sol  est  recouvert  d'une  litière  ix/ra- 
iitenlniii',  sans  cesse  renouvelée;  une  faille  de  Phèdre 
nous  montre  avec  quel  soin  l'œil  du  maiire  veiMait  à 
l'entretien  de  ce  local'.  Les  agronomes  recommandent 
que  les  étables  ne  soient  ni  trop  chaudes,  ni  trop 
froides  ;  l'exposition  du  midi  est  considérée  comme 
la  meilleure,  pourvu  qu'il  y  ait  du  côté  du  nord  des 
fenêtres  qu'on  puisse  ouvrir  pendant  l'été.  Il  est  mèLue 
bon  que  les  bœufs  ne  soient  pas  trop  loin  de  l'àtre 
el  qu'ils  puissent  en  voir  la  llamme.  Huit  pieds  d'es- 
pace suflisent  à  une  paire  de  bœufs  lorsqu'ils  se  tien- 
nent debout,  et  quinze  lorsqu'ils  sont  couchés.  Les 
lifiuides  devront  avoir  un  écoulement  facile  pour  que  la 
corne.de  leurs  pieds  reste  saine;  il  faut  donc  ménager 
une  pente  sur  le  sol,  qui  sera  pavé,  couvert  de  gravier 
ou  de  .sable".  Les  auteurs  qui  ont  enregistré  ces  prin- 
cipes prévoient  cepenilanl  eux-mêmes  que  dans  les 
grandes  exploilalions  on  veuille  avoir  deux  sortes 
d'étables  :  l'élable  d'hiver  et  l'étable  d'été.  Dans  ce  cas 
l'étable  d'été  n'est  pas  autre  chose  que  l'antique  lioùmxf)- 
jAov,  espace  à  ciel  ouvert,  entouré  d'une  enceinte. 
Là  on  n'a  pas  à  s'occuper  de  la  nourriture  des  bœufs; 

STAUILUM.  I  M.>,„c  sauva^-cs  :  Virg.  .-U-,,.  VI,  1711;  X,  723.  -  2  ||o„,.  Jt.  Il 
i70;  V,  UO,  o57;  XII,  Sut;  XVI,  6VJ  ;  XVII,  110;  XIX,  377;  0,1.  IX,  i5l  ■  XVl' 
M:  XVII.  20,  iC,  200.  221  ;  llesiod.  Tlwog.  29»,  U4  ;  Aescll.  Prom.  397,  033;  Ag. 
896:Eur.  Andr.  281;  Iphi,/.  Aul.  76;  Helen.  29,  303;  Sopli.  Oed.  lyr.  1138; 
Callini  M.  in.  Del.  102  ;  Tla-ocr.  XXV,  108  ;  Apoll.  Rliod  .111,  I28K  ;  Poil.  I,  2i3  ;  Aral! 
1U9;  Varr.  iiny.  lat.  VIII,  30;  Cal.  //csnij<.4;  Viliuv.  VI.O;  Colum.  1,  6;  Vl.23  • 
Liicr.  ll.360;Virg.  «eoij.  IV,  433;Pallad.  1.21;  IV,  12;  riiae'li.  Il,  8, -' 3  Valic'an 
Cod.  Verpil,  5225  ad  Gcor,j.  III,  163-107:  Codices  \attc.  phototypice  expvess, 
pl.  .11  =  Mai,  Vir,j.  picl.  ont.  (1835)  pi.  III;  Rich,  Dict.  des  ant.  ai-l.  ttubilc. 
Voyci  aussi  le  Cod.  lioiiianus  de  Virgile  dans  Mai,  pl.  iv,  v  =  d'Agiucouil 
Hm.  de  fan,  l.  V,  pl.  i.xv,  6.  —  *  I  liaedr.  II,  8.  —  s'vair.  /I.  rust.  \, 
13;    II,    5;     Vilruv.    VI,    9;  Colum.  I,    6;    VI,    23;    l'allad.     I,     ;1  ;    IV,   la! 


chaque  .jour  ils  vont  pailie  au  dehors  ;  il  faut  seulement 
placer  auprès  de  l'enclos  des  auges  remplies  de  sel,  dont 
ils  s'approcheront  le  soir,  lorsqu'on  les  ra[ipellera  au  son 
du  cor  [huccina]  ''. 

2°  (Ori/e  et  ro/trile),  bergerie  pour  les  moutons  et  les 
chèvres.  Comme  ]iour  les  bœufs,  ces  slnbula  sont  sou- 
vent des  parcs  en  pleine  campagne  [ri'stica  res,  p.  91.5 
et  927];  mais  les  (ircgcn  riUalici''  exigent  aussi  une 
autre  installation  plus  confortable  dans  la  ferme  même. 
La  bergerie  sera  exposée  au  levant  ou  au  midi,  basse  el 
spacieuse  et  plus  longue  iiue  large  ;  il  est  important  d'y 
concentrer  autant  que  possible  la  chaleur  en  hiver,  parce 
que  ce  bétail  est  naturellement  frileux:  il  faut  prévoir 
un  espace  de  quatre  pieds  el  demi  à  six  pieds  par  bête. 
On  préviendra  les  maladies  en  éloignant  toutes  les 
causes  d'humidité  el  de  pourriture;  certains  agronomes 
recommandent  un  plancher  percé  de  trous.  La  nourriture 
sera  versée  dans  des  mangeoires  el  il  y  aura,  aussi  bien 
que  dans  les  parcs,  des  cloisons  {septa),  pour  isoler  les 
animaux  malades  el  les  mères*.  On  voit  ici  représentée 
^lig.  0560),  d'après  une  mosaïque  romaine,  une  de  ces 
constructions  à  demeure,   faites   pour  abriter  dans   la 


ferme  même  le  petit  bétail  ;  debout  sur  le  seuil,  le 
berger  rappelle  ses  moutons  et  ses  chèvres,  qui  reviennent 
du  pâturage". 

3°  Écurie   pour  les  chevaux  [eohile]  '". 

V  Auberge,  hôtellerie.  Dans  ce  sens  il  n'y  a  qu'une 
seule  distinction  à  faire  entre  le  slubiilum  et  la  cai'pona  ; 
c'est  que  le  sttibulum  comprend  une  écurie,  d'où  son 
nom  ;  el  par  conséquent  on  y  loge  à  cheval  aussi  bien 
qu'à  pied;  on  ne  loge  qu'à  pied  dans  la  caupona  " . 
Il  est  probable,  d'autre  part,  que  les  clients  du  stabn- 
luin  se  contentaient  souvent  d'y  remiser  leurs  bêtes 
et  leurs  voitures  les  jours  de  marché,  comme  on  le  fait 
encore  dans  toutes  les  petites  villes  ;  eux-mêmes  n'y  cou- 
chaient pas;  le  soir  venu,  ayant  terminé  leurs  all'aires, 
ils  reprenaienl  avec  leurs  bêles  le  chemin  de  la  cam- 
pagne '-.  Il  y  avait  à  côlé  de  l'écurie  un  cabaret  el  aussi 

—  n  Colum.  Le.—''  Vair.  H.  r.  Il,  1.  —  »  Honi.  /.  c.  ;  Viig.  Oeonj.  III,  iVj,  Mi, 
537;  Aen.  X,  727;  TibuU.  II.  1,  :i7  ;  Ov.  Met.  XIII,  828;  Trist.  IV,  I,  79;  Varr. 
Ji.  r.  Il,  2  el  3;  Colum.  VII,  3.  S  ;  Vilr.  VI.  9  :  Mari.  Vlll,  28,  3;  Val.  Flac-.  I. 
«62,  VI,  613.  —  9  Gauckler.  Fondation  Piot,  Moniimaits  et  mémoirei^.  III  IIS90|. 
p.  200  el  pl.  XXII.  —  10  Virg.  Oeorg.  111,  18i.  Écurie  de  la  poste  publique  :  Orelli, 
Inscr.  3329.  V.  ci  iisus  plulicus.  —  H  Ulp.  Di;,.  IV,  0,  I  j  5  ;  VI,  S),  5  ;  Pelrou.  6  cl 
K;  Miirl.  VI,  9i;  Plin.  Ep.  VI,  19;  Apul.  Met.  I,  15  el  17  ;  Spailian.  5e;)t.  Sec.  1; 
Siiet.  Vitell.  7.  —  12  Ulp.  /lig^  IV,  9,  5  pr.  ;  Caupo  {mercedem  acciptl),  ut 
viiitores  manere  tn  caupona  pat iatur  ;  staoutariu.^,  ut  permiltat  jumenta  iipud 
fum  stabulari.  Cf.  Gaius,  ibid.  Il  tt'csl  pas  i|uosliou  lii,  à  propremenl  parler, 
d'une  "  pension  pour  chevaux  »,  comme  le  croil  Kicli,  Oict.  d.  antigu,,  s. 
V.   Slabularias. 


STA 


—  1ii9 


STA 


LVW 


± 


quelques  chambres  pouvant  servir  en  cas  de  rK'cessité  : 
en  un  mot,  le  stabulum,  c'est  par  excellence  l'auberge  des 
rouliers,  Vnxli'riii  f|u'on  renconlre  au  bord  des  grandes 
roules,  à  l'enlrée  des  villes'.  Plu- 
sieurs auberges  ont  été  découver- 
tes  à    Fompéi-.     Nous    donnons 
^1  dans  la  fig.  0561  le  plan  d'une  de 

''  celles    qui     paraissent    le    mieux 

correspondre  à  l'idée  que  l'on 
peut  se  faire  d'un  i,labu/um  ;  elle 
est  située  tout  près  de  la  porte  de 
Stables  '.  Sur  la  rue.  de  chaque 
(.  I  g  j  côté  de  l'entrée,  s'ouvrent  deux 
-JjJ      ^"  cabarets  [h  d)\  le  corridor  («)  est 

r\s  iv,eA  —flan  omé  d'une  peinture,  où  l'on  voit, 

dune  auLoi-ïe  de   ioii.|»i.     auprès    de    ses    Lares  et    de  son 
Genius,    un    personnage    nommé 
Hermès,  occupé  à  transvaser  du  vin,  sans  doute  l'au- 
bergiste lui-même.    Au    delà   s'étend    la  cour    oii    l'on 
remisait  les  voitures,  avec  un  abreuvoir  dans  un  coin, 
puis  l'écurie  7i),  qui  remplit  toute  la  largeur  de  l'habita- 
tion. La  cuisine  se  faisait  sur  un  fourneau  dans  le  vesti- 
bule; egli  désignent  des  cliambres  à  coucher:   il  y  en 
avait    certainement   d'autres    à   l'étage  supérieur,   aux- 
quelles on  accédait  par  des  escaliers 
I  encore  visibles*.  Le  plan  (fig.  O.o62) 

B   n  d'une   autre   hôtellerie   de    Pompéi 

présente  une  disposition  analogue  : 
six  chambres  [h,  c,  il,  e,  f,  g)  sont 
rangées  sur  deux  côtés  de  la  salle 
commune (o)  où  l'on  mangeait;  la 
cuisine  (//},  sur  le  troisième  côté,  est 
I  1  -  Il  à  la  même  place  que  dans  le  plan 
:  J  I       précédent,  mais  elle  est  séparée  de 

la.  salle  par  un  mur.  Un  couloir  (/) 
mène  aux  écuries  (A-)  et  à  l'abreu- 
voir; les  voitures  ont  leur  remise 
^wi)à gauche  de  l'entrée.  A  droite  est 
un  logis  qui  ne  communique  pas  avec  le  reste  de  la  mai- 
son, mais  qui  a  derrière  la  salle  n)  où  l'on  entre  de  la  rue 
deux  chambres  réservées  (o,  p).  Ces  établissements 
n'avaient  pas  toujours  une  bonne  réputation  ,  on  était 
exposé  à  y  rencontrer  une  société  peu  choisie  et  le 
xldhulum,  comme  la  cavpona,  devenait  facilement  un 
lieu  de  d|■■bauche^ 

o°  [Ornilhim,  gaUinnrium)'\  poulailler,    basse-cour 
[ villa]. 
6°  Vivier^  ,  vivarum  . 


1  Vojci  Bcctcr  el  KM,  Charikles  (1877-1878),  II,  p.  5  ;  flallut  (1880-1882).  III, 
|i.  i7;  llermann  el  HliininiT,  Or.  l'rUalall.  (I88J;§  5J  ;  Kricll.ïn.ler.  .9i»enj«c/i. 
//oMj,  6'éil.  (I8s9),  II,  p.  37,  15  ,  .\laii|i>ardlclSlau,  Vie/iriivi;  ilts  lloiiiains,  iiîil. 
Henry  (l)s'J3J,  II,  p.  101  ;  Mau.arl.  faupona  dau?  l'auly  el  Wissowa,  HeaUiictjcIop. 
■I.  Allerlh.  (1H9ÏI).  —  aOveibeck  et  Slau,  Pom/jeji.p.iS,  35,  173,  30i,  359,  377,  37'J. 
~'l  ;Maii,  Ponij,>'ii  in  Leùen  undKiinsl,  ±-  ^.(ejnfj,  p.  il!),  ciiap.  ii.ii.  —  3  Kég.  I, 
ile  l".,n.  s.  — 'Mau,  PoMptii,p.4iO,(ig.  iV).  Aulre  aulierg.-du  ni«niclype, curieuse 
par  les  grafiili  qu'y  ont  tracés  les  clienls,  Ibid.  lig.  ilSIrég.  Vil.  ile  M.  a.  3r,). 
—  3  1'laul. />o<;ii.  1,  J,  S3;  Cic. /'/ii(.  II.  18.  V,  les  graflili  cilés  par  Jlau.  — "l'.olum. 
VIII,  I  el  1 1.  —  1  Colum.  VIII.  17.  —  s  Virg.  Georg.  IV,  U,  191  ;  Colum.  1X,C. 

STVDItîM.  '  Dans  un  mime  passage,  Thucydide  (Vil,  78,  emploie  une  fois  Tii!  a 
et  deuil  fois  iit./.S.'ojî:  cf.  l'Iiol.  Lkj-ïc.  (é.l.  1805,  U,  p.  173)  s.  v.  ;  pour  Ik-rodote, 
cf.  ScliMcigliaûscr.  iej .  Iterodot..  I8ii,  s.  v.  M«nic  anomalie  avec  axaS/o;, 
«f'.ii'io;,  etc.  —  -Ce  mol  p.iraît  formé  couimc  (p*«aTf,3-io-v,  Àr.dî^.p-so-v,  aj>.-;o-v, 
v«*«/,^f.-.,  iA«i'>uovt-  o— /.  tkv.t',xiau  ïo-v,  CtHz-^t-v,  'll9«-T'>-/,  (|uaiiliês  il  lorl  de  nom 
de  lieu,  désignant  lous  des  édifices  spéciaui  —  3  Isid.  Eiym.  XV,  l'I,  3.  (éJ. 
Higne  i.XXXII,  537).  —  t  //.  VII,  Ml  :  XIII,  31V,  314,  713;  XV,  ÎS3.  LTa-Sto  ; 
lilléra!enient  •  se  le  janl  debout»,  cf.  Fr.  liopp,  Urnm.  comp.  l'aris,  IS89,  IV, 
p.  an.  —  ô  G.  Curlius,  L.     Windiseli,  Grundz.  der   g,:    tilijm.    1879,  p    iTi  et 

Vin. 


lig. 


7°  {Apiarium),  rucher*  [apes,  mel].  G.  Laf.we. 

STADH'.M.  ilriàîov.  —  Stade.  1°  Course  pédestre  athlé- 
tique sur  une  piste  droite  et  longue  de  (JOU  pieds  ; 
"2"  carrière  spécialement  aménagée  pour  ces  courses  ; 
3°  mesure  de  longueur  de  000  pieds  grecs  ou  4(XI  cou- 
dées. De  ces  trois  significations,  on  ne  saurait  distinguer 
le  sens  primitif  d'avec  les  deux  dérivés,  car  i-iS-.ov  resta 
toujours  un  terme  équivoque;  son  genre  même  ne  fut 
jamais  fixé',  et  son  origine  étymologique  demeure 
inconnue"^.  Les  anciens  inventèrent  une  légende',  pour 
rattacher  ce  mol  à  l'adjectif  homérique  (TTiSioç*;  les  mo- 
dernes crurent  que  sa  parenté  avec  le  latin  spaliinn  per- 
mettait de  le  considérer  comme  appartenant  au  fond 
primitif  de  la  langue^;  mais  s/npiiim,  transcription ''' de 
TTfioiov,  n'est  qu'un  doublet  de  sladium  marquant  l'un  de 
ces  nombreux  emprunts  que  les  domains  avaient  déjà 
faits,  directement  ou  non,  aux  colonies  éolo-doriennes  '' 
de  l'Italie  avant  d'asservir  la  Grèce  :  spatium  doit  dater 
de  l'institution  des  ludi  magni  i^ide  la  célébration  de  ces 
jeux  dans  le  Circus  mnximii.i,  où  l'arène,  contrairement 
à  tous  les  usages  grecs,  servait  tour  à  tour  pour  les 
luttes  gymnastiqiies  cl  les  concours  hippiques  '  ;  de 
là  ces  expressions  purement  latines  :  equos  xpaliri  pro- 
bant ^;  exspalianfur  ef/ui'".  C'est  même  à  l'époque  où 
furent  institués  les///f//  mngni h  Kome  ",  que  l'on  trouve 
en  Grèce  uTtioiov  sur  les  inscriptions'-  et  cTàoiov  dans  les 
auteurs  ;  Théognis'^  l'employa  peut-être  au  vi"  siècle 
ainsi  que  Simonide''  ;  mais  ce  furent  les  écrivains  de  la 
première  partie  du  v"  siècle,  et  plus  spécialement  Pin- 
dare  '%  qui  firent  le  plus  fréquent  usage  de  ce  terme 
dont  la  lan.gue  homérique  et  les  poésies  d'Hésiode  ne 
fournissent  aucun  exemjile. 

L  Course  du  stade.  —  A  toutes  les  époques  et  chez  tous 
les  peuples,  la  course  athlétique  figure  parmi  les  réjouis- 
sances publiques;  en  Grèce,  où  l'on  prisait  le  ttoowv 
àoETf,  "  et  où  l'on  se  glorifiait  d'épithèles  comme  Tcooiç 
Ta/û;'',  Ttookç  ôjx'j; '*,  iioôcûxuî '",  il  était  habituel  de  décer- 
ner des  prix  de  vitesse,  to/ut/.to;  âsâXa'-",  lors  des  maria- 
ges, de  l'arrivée  d'un  hôte  -'  ;  mais  aucune  des  courses 
de  l'âge  héroïque  n'est  qualifiée  de  course  du  stade, 
même  celle  qui  eut  lieu  entre  Ajax,  Ulysse  et  le  fils  de 
Nestor  pour  les  funérailles  de  Patrocle  ^^.  C'est  à  vue  dt; 
pays  qu'.\chille  montre  le  but,  TÉpixa-^,  et  rien  n'indique 
que  sa  distance  fût  à  GOO  pieds  du  point  de  départ,  àTtc. 
v'J7Tr,i;-*.  On  ne  sait,  d'une  façon  certaine,  où  el  quand 
l'expression  homérique  Ttoôscci  Toé/eiv'^,  fut  remplacée 
par  TiiBiov  Tpé/Eiv^'',  mais  il  est  probable  que  ce  fut  à 
Olympie.  Primitivement,  le  téménos  de  r.\ltis  était  un 

097;  L.  .Meyer,  Haiid'j.  der  <jr.  F.tym.  1901,  III,  p.  130-131  .(ui  le  rattache  à  la 
racine  „r.  de  ««So;.  —  »  E.  Koss  Wliailon  (litijin.  Uil.  1890,  s.  v.)  y  voit  un  mol 
étrusi|ue.  —  'M.  Bréal,  C.-r.Acad.  des  inscr.  1883,  7  décemb.;  JJicl.  élym.  Int. 
1358,  s.  e.  ;  /fer.  des  élud.  ijr.  1890,  p,  1Î9.  —  «  Til,  Liv.  I,  33:  Dion.  liai. 
Ant.  rom.  VII,  73  —  9Tac.  Oral.  39  ;  cf.  Enn.  Ann.  XVIII.  il.  —  lOOvid.  Met.  Il, 
ioa  (éd.  Korn)  ;  cf.  VI,  W7,  —  u  Titc  Live  '/.  c.)  place  la  construction  du  Circus 
miiximus    sous  le   règne  de   Tarijuin  l'ancien,    au  comn.enceraenl   du    vi*  siècle. 

—  12  l.chas-Foucarl,  l'oi/.  archéol.  Il,  108,  pi.  vj,  15  =  C.  ins.  gr.  M  =  C.  iii«.  yr. 
J'elop.  501.  —  13  Elci,.  1306.  —  "  Andi.  Pal.  Xlll,  19;  Dcrgk,  PueC.  liji:  gr. 
IS8i,  m,  501;  Ara.  Hauvelte.  De  l'aulhenl.  des^pigr.  de  Sinwnide,  n  +  16. 
(Jnant  à  l'épitaplic  d'un  sladiodrome  argien  {Anl.  Pal.  Xlll,  U;  Bcrgk,  III, 
p.  473,  a"»  1^3  =  llauvcUe,  4-  51),  on  la  croit  postérieure  à  l'an  473.  —  '"^  Pindar. 
01.  X,70;  Xlll,  41  el50;  Pijth.  XI,  74;  A'em.  VIII,  20;  /s.  I,  31  ;  liacchyl.  (éd. 
Blass,  VI,  C  el  13  ;  IX.  21.  —  ICTyrt.  Fr.  XII,  2(Th.  Bergk,  O.  c.  1882,  II,  p.  18). 

—  n  II.  VI,  514,  Xlll,  249  et  482;  XVIII,  2;  Tlieogn.  715.  —  18  //.  I,  38,  84,  148, 
301,  elc.  —  eJ  U.  X,  310,  clc.  —20//.  XXIII,  lW.  —  t\ndxjSi.  Vlll,  120  si|.  [LU1.I 
lTm...;i.  p.  1302|.  —  2-'//.  XXIII,  740  s.|.  -  23  M.  757.  —  21/4.738.  Cf.  Iloll- 
mann,    Quaeit.   homer.   I,    p.    130,  u.  3  ;    Biichliolz,    Hom.   Itcal.   Il,   p.   2Su 

—  23//.  XVIIl,  599.  —  26  Pind.  01.  XI,  76  ;  PIntarcli.  Moral.  179  d. 

182 


STA 


1450  — 


STA 


carré  ;\  peu  jirès  parfait  do  300000  pieds  ou  30  pUUhres 
de  superficie  '.  D'après  une  légende,  propagée  par  les 
éloliens   d'Élis  et  les   Héraclides-,  ce  fut  Hercule   qui 
mesura  la  surface  dece  tcménos  el  <|ui  prit  l'un  des  côtés 
de  ce  carré  comme  longueur  de  la  carrière  des  courses 
pédestres.  Il  se  peut  qu'avant  la  construction  de  la  ter- 
rasse nord  de  l'Allis  les  coureurs  eussent  à  parcourir  la 
distance  de  000  pieds  qui  s'étend  du  Prylanée  au  point 
où  fut  construit,  en    380,  le  trésor  de   Uéla  (lig.   5397), 
tandis  que  les  chars  devaient  faire  le  tour  complet  des 
quatre  côtés  du  péribole  de   l'AItis.  De  là    serait   venue 
l'idée  de  donner  au  àpéfioi;  du  stade  une  étendue  de  000 
pieds,  et  à  l'iTtnioç  opo(jio<;  ^  une  longueur  quatre  fois  plus 
grande  Quoi  qu'il  en  soit,  s'il  est  permis,  avec  la  légende, 
de  conjecturer  que  c'est  à  Olympie  qu'on  fixa  arbitraire- 
ment à  000  pieds  l'étendue  de  la  course  pédestre,  tous 
les  indices  semblent  montrer  que  ce  fut  seulement  après 
l'invasion  dorienne  qu'on  décida  de  conserver  à  jamais 
cette  même  longueur  pour  tous  les  concours  qui  devaient 
périodiquement  se  succéder.  Les  poèmes  homériques  ' 
ne  connaissent  point  de  jeux  célébrés  près  du  tombeau 
de  Pélops,  fondaleurde  laplusillustredynastieachéenne  ; 
le  titre  d'éXXavoD./ca'',  réservé  à  l'agonothéte  olympique 
ne  peut  se  rapporter  qu'aux  descendants  de  ces  Hellènes 
dont  l'Iliade  ignore  presque  l'existence''  et  que  VUdyn- 
sée'  place  encore  en  Thessalie.  Si  les  Héraclides  eurent 
réellement  part  à  l'ordonnance  des  courses  olympiques", 
leurs  règlements   durent  être   formulés  immédiatement 
après  le  pacte  de  famille'  qui  créait   la  Messénie  pour 
l'attribuer  à  Cresphonle '";  mais,  à  la  mort  de  celui-ci,  ses 
états  ayant  été  conquis  par  l'Arcadien   Aepytos,  l'Iîiide 
se  trouva  séparée  du  monde  dorien  et  les  réunions  pour 
les  courses  devinrent  précaires.  Ce  fut  pour  remédier  à 
cette  situation  et  pour  rendre  la  fète«  plus  solennelle  et 
plus  fixe  "  »  qu'au   i\'   siècle,    l'Oxylide  Iphitos,  s'ap- 
puyanl  sur  un  oracle  de  Delphes  '-,  conclut  cette  conven- 
tion  qu'Aristote  «  considérait  comme  le  monument  le 
plus  important  de  l'histoire  du  Péloponnèse  ''.  »Ce  traité, 
instituant  la   trêve  olympique  pour   chaque  cinquième 
retour  du  solstice  d'été  '•,  n'eut  son  entier  elTet  que  vers 
oOO,  époque  où,  par  suite  de  la  paix  conclue  avec  Tégée, 
les  Héraclides  furent  reconnus  comme  héritiers  des  Pélo- 
pides  et  de   l'hégémonie  d'Agamemnon '■'.   Jusqu'alors, 

'CcUe  superficielle  trois  >loiizaincs  île  plèllirosira  aucun  caracl  rc  sacré;  d'autres 
propriC'li^s  (le  foncières  avaient  une,  deux  ou  trois  douzaines  de  piithres  ;  un  conlral 
i-Uen  (Dialekt.  inscr.  1  lOSl  est  relalif  à  une  (ene  de  IS  plelhres,  soit  la  moitié  de 
l'Allis.  —  2  Le  fond  prédorien  de  la  légende  parait  ciétots  et  relatif  auï  Dactyles 
(Diod.  Sic.  V,  fllelTi;  ;  l'ausan.  V,  7,  6-9  ;  li,  7  ;  Strali.  VIII,  3,  30)  :  on  semble  lavoir 
ratlaclié  au  mUlie  d  Hercule  par  l'Iiisloire  du  taureau  de  l'asipliaé  (Uiod.  Sic. 
IV,  li).  Les  Oxylides  iiuraieni  iiivenlé  la  fal.le  d'Hercule  venant  célébrer,  dans  le 
boisdePise.  un  4.™,  iT,v;„o;  il'iud.  W.  11,3;  III,  Jo  et  3;  ;  VI,  IIS;  X.  3U  sq.).  bien 
r|uc  cette  forme  de  triomphe  fut  inconnue  au»  Achéens  (l'agôn  de  I  Iliade  XXlll  est 
eu  riionneur  de  l'alrocle  ol  non  pour  fêter  la  mort  d'Ileclor).  La  version  de  l'iv,.,, 
is.Tis.o;  (("ausan.  V,  13)  serait  due  aux  Héraclides, qui  au  vi' siècle,  se  donnaient 
comme  héritiers  légitimes  des  l'élopides.  —  3  liippocr.  fle  v,ct.  Il,  C3  ;  Eurip. 
Klectr.  8i0;  l'Ililostr.  Gijmn.  .57;  Boeckli.  Cor.  ins.  i,r.  I,  p.  703;  Alb.  iMarlin, 
Vamliers  Athén.  p.  JOV.  _  *  Nestor,  ipii  prit  part  à  de  nombreux  concours  et  éclipsa 
tous  ses  rivauvà  liouprasion  dans  riilide  scptentrioua'e  (//.  XXlll,  lii!)  sq.),  ne  piiilc 
jamais  d'Olympie,  bien  que  lui-même  régniit  sur  les  bords  de  l'Alpbée  (//.  V,  5it). 
L'allusion,  que  li-s  anciens  «oyaient  déjà  (Strab,  VIII.  3,  301  dans  les  vers  OtlS-70î 
lie  l'Iliade  X  I,  n'a  aucun  fondement  et  peul  se  rappurt.r  aux  jeux  de  Bouprasion,  etc. 

-  ^Korme  employée  fur  une  inscr.  d'Olympie  (hirrbbolV,  Arch.  ZcU.  XXXVIII, 
I8S0,  p.  UO,  n.  3lii)  qui  scndde  antérieure  à  580.  éporpie  oii  l'on  nomma  deux  bella- 
nodikes.  -cil,  |-,.|is3;  IX,  303,  473;   XVI,  605.  - -i  I.  341;   |V,7ir,,  SIC;  XV,  Sn. 

-  «Jusqu'à  l'heidon,  les  Acbéens  furent  oclus  du  concours  olympiipic  ;  cf.  E.  Cur- 
tius,  HiHt.  f/r.  l'aris,  1880,  1,  p.  273.  -  »  l'Iat.  /.ej.  Gsl.  _  lu  0.  Muellcr,  Oorier, 
I,  lii,  80  ;  E.  Curlius,  O.  c.  p.  187.  —  Il  Plularcb.  /.,jc;rg.  Ï3.  -  12  Pansan.  V,  4. 

-  13  E.  Curtius.  O.  c.  I,  p.  :;7U.  -  11  La  fêle  olympi,,ue,  cpii  était  nmbile,  se  célé- 
brai! lors  de  la  pleine  lune,  ^i,v  ,xt,.r,.,  qui  suivait  le  solstice  d'élé.  —  ir.  E.  Cnrtius, 


Pise  avait  souvent  combattu  les  prétentions  des  Oxylides 
et  même  Pheidon,  tyran  d'Argos  et  «  créateur  du  système 
métrique  péloponnésien  "■'  »,  chassa  les  Spartiates  et  les 
Éléens  d'Olympie  et  y  organisa  les  jeux  '''.  Par  suite  de 
ces  guerres  et  de  la  rivalité  séculaire  de  Pise  et  d'Élis, 
l'histoire  des  courses  olympiques  jusqu'au  vi"  siècle  fut 
toujours  mal  connue,  même  des  anciens.  Pausanias.  à 
propos  de  l'ér^^ction  du  Trésor  des  Mégariens,  dit  qu'en 
ces  temps  lointains  on  ne  dressait  point  de  catalogues 
d'olympionikes  '*  ;  l^lutarque  accuse  Hippias  d'avoir 
composé  ses  listes  d'après  des  documents  qui  méritent  peu 
de  conliance";  quant  àTimée,  en  créant  sa  chronologie 
des  Olympiades,  inconnue  aux  historiens  du  v'^  siècle-", 
il  avait  moins  en  vue  d'étudier  les  divers  modes  de  con- 
cours olympiques  que  de  doter  l'histoire  d'une  ère  fixe, 
préférable  au  systèmi»  des  l'ponymes  qu'abandonnaient 
ses  contemporains,  et  de  remplacer  par  des  années  vraies 
ces  années  de  35'i,  300  ou  365  jours-'.  On  ne  doit  donc 
admettre  qu'avec  rt'serve  l'assertion  attribuée  -'-  à  Hippias 
et  à  Timée,  d'une  véritable  course  du  stade  à  Olympie  en 
juillet  770,  et,  dans  l'état  présent  de  nos  connaissances, 
on  ne  peut  aflirmer  que  le  mot  cTaStov,  ou  cTtàôiov,  lût 
connu  (les  contemporains  de  Koroibos.  C'est  seulement 
dans  la  |iremière  moitié  du  vi''  siècle  que  les  jeux  olym- 
,  piques  furent  imités  dans  beaucoup  de  viilesgrecques,  et 
bien  que  Solon  ait  reconnu,  avec  raison,  que  les  pugi- 
listes et  les  coureurs  de  stade,  cTaîtsiç.  étaient  peu  utiles 
à  leur  patrie  -',  on  chercha  alors  à  créer  des  luttes  athlé- 
tiques auprès  de  la  plupart  des  sanctuaires,  soit  en  ren- 
dant périodiques  d'anciens  ày^viç  ètzit-I-iw.  dont  les 
inythographes  avaient  transmis  le  souvenir,  soit  en  ins- 
tituant de  nouveaux  concours  par  la  voix  des  oracles-' 
ou  le  caprice  des  tyrans'-''.  C'est  ainsi  que  les  jeux  pytiii- 
ques  furent  organisés  en  590  ;  les  isthmiques  en  582  ; 
les  néméens  en  573  ;  les  panathéna'iques  en  500,  etc. 

Pour  l'organisation  el  les  règlements  de  la  course  du 
stade,  depuis  les  g4ierres  médiques  jusqu'à  l'édit  de 
Théodose,  à  Olympie,  voy.  Olympia  et  uellanodikai  ;  à 
Delphes,  pvtuia  ;  dans  l'Isthme,  istumia;  à  Némée, 
n'emea;  à  Athènes,  panatiienaia.  Pour  l'admission  et  la 
préparation  des  concurrents,  voy.  crRsrs  et  Luni  publki, 
p.  1305;  leur  division  en  catégories  d'après  l'âge,  TjXixiai, 
ATIILETA,  uni  l'i  iii.iri,  p.  1305;  en  groupes,  tiU-i;,  cuksls. 


O.c.  1,  p.  ii.7;cL  llRii.iiiîs,  p.  m.  Hercule,  ancétic  .les  Héraclides,  est  considéré 
commo  f..ndalcup  du  culte  de  Pélops.  —  l«  Herodot.  VI,  157.  l'h.  SniiHi  (Diction, 
of  tjr.  ami  rom.  aittiq.  s.  e.  .Sladiiiui]  admet  comme  probable  '|ue  Pbeidon,  :iprés 
avoir  fixé  la  longueur  tlu  slade-iiiesure,  en  donna  réleiidiie  à  la  pisic  d'Olympie  pen- 
dant son  agoiiolliésie.  -  ''  Le  texie  de  l'ausanias  (VI,  i2,  i)  lui  fait  célébrer  la 
K°  (Hj  olympiade,  mais  llirodote  (VI,  l:;!7)dilqnc  le  lils  de  l'Iieidon  se  troiivail 
parmi  les  prétendants  de  la  lillc  de  Clistliénes  (peu  après  la  ai'  Olympiade,  .37;!  i.  Ou 
n'a  pas  encore  résolu  celle  ({ueslioii  clironulogique,  d'une  extrême  imporlance  pour 
la  métrolo,;ie,  puisque  l'heidon  passe  pour  avoir  introduit  en  Grèce  les  étalons 
nionêlaires  ol  les  mesures  de  longueur  ■■  calquées  exactement  sur  les  types  asiati- 
ques. »  (E.  Curtius,  O.  c.  I,  p.  30i  .  Kr.  I.enorinant  {Monnaies  roy.  de  Lydie, 
p.  15)  place  le  règne  de  Pheidon  vers  718.  Jl.  E.  Babelon  (Te.  des  monnaies  i/r. 
et  rom.  1907.  I,  i.  015)  classe  au  vu"  siècle  les  statères  égiiiétiques  allribués  à 
l'heidon,  lig.  ;ilns,  v.  note.  -  '»  VII,  10,  13.  —  19  A'um.  I.  —  20  jlérodole  el 
Thucydide  (111,  S  :  V,  40,  1)  distinguent  les  olympiades  par  le  nom  d'un  idyni- 
pionike  aulre  ijiie  le  slailiodrome.  Xénopbon.  coiilemporain  d'Ilippias  et  vivant  en 
Élide,  est  le  premier  historien  connu  qui  cite  une  olympiade  par  son  rang  ordinal 
'Hell.  I,  2)  ;  le  contexte  prouve  qu'on  avait  iléjà  établi  dans  la  première  inoilié  i\u 
IV"  siècle  la  concordance  avec  les  épliores  Spartiates  et  les  archontes  alliéDiens.  Sur 
la  valeur  de  Tiraée,  cf.  l'oly.  XII,  II.  —  2' Ile  même  aiec  l'année  civile  de 
305  jours  (Herodol.  I,  3i),  un  avait  sur  l'année  tropique  un  retard  de  O'i  jours  par 
centaine  d'o'ynipiades.  —  22  (lu  ne  peul  s'en  rapporter  en  somme  qu'aux  lexlos 
d'Eusèbe  deCésarée  et  du  Syncelle.  I'au«.inias  noninic  Sdo|<..;  la  course  <iù  Koroibus 
fut  vainqueur  (V,  8).  -  23  Diod.  Sic.  IX,  fr.  S  (éd.  Didot,  I,  p.  3i!l).  —  2t  Herod.  I. 
07.  —  2;i  Herod.  VI.  126,  établissement  d'uu  dromos  à  Sicyonc  par  Clistlièiie  pour 
le  mariage  de  sa  lille. 


STA 


—  14ol 


STA 


p.  1645  ;  pour  les  juges  du  concours,  agonothetes,  epi- 
MELETAi  ;  la  proclamulion  du  vainqueur  par  le  héraut, 
PRAEco,  p.  608;  les  récompenses,  cokona,  p.  )5-20;  lldi 
piBLici,  p.  1361). 

II.  Slade  pour  les  jeux.  —  1°  Le  c7riotov  est  une  piste, 
ofcii'y;',  longue  de  600  pieds,  droite,  plane-,  encaissée, 
excai'ulum,  entre  deux  talus,  margines,  formant  ter- 
rasses, seinilae,  et  garnis  de  gradins  ^  Les  .\chéens 
d'Homère  désignent  la  carrière  des  lutteurs  par  deux 
termes  :  loaûXuiv  ',  espace  plnlet  découvert,  qualilié  /.a).o;, 
sôpûç";  c'était  la  place  du  marché,  àyosâ",  ou  les  alen- 
tours immédiats  de  l'aulel  funéraire  :  Ajax,  en  courant, 
trébuche  dans  le  sang  des  victimes  '  ;  2°  ôpofjioi;,  champ  de 
course,  le  plus  souvent  dans  un  pré,  Xecjxaiv  ',  ou  dans 
l'ombreuse  allée  d'un 
bois.  C'est  la  carrière 
la  plus  facile  à  établir 
et  à  entretenir  ;  les 
Hellènes  la  conser- 
vèrent et  certaines 
villes,  comme  Spar- 
te^, n'en  eurent  ja- 
mais d'autre  ;  son 
usage  se  répandit 
dans  toute  l'Asie  ro- 
maine et  y  subsista 
jusqu'à  la  fin  de 
l'Empire'":  son 
grand  inconvénient 
est  de  ne  permettre 
qu'à  un  millier  seu- 
lement de  spectateurs 
de  voir  la  lutte. 

Bien  que  le  terme 
aù/.ôç  "     se     rattache 

à  d'anciens  vocables  homériques'-,  ni  l'Iliade,  ni  l'Odys- 
sée ne  mentionnent  ce  prototype  du  slade  "  ;  d'après  son 
étymologie'Sl'a'j/.oi;  était  une  carrière  encaissée,  véritable 
boyau,  entre  deux  collines,  deux  terrasses  ou  une  colline 
et  une  terrasse  artilicielle  comme  le  serait  à  Ulympie 
une  piste  établie  entre  les  pentes  du  Kronos  et  le  mur 
sud  de  la  terrasse  des  trésors.  AùXo:  ne  nous  est  guère 


•  EnSIou  S;o^o;  (Fini).  01.  XIII,  30)  signifie,  d'apics  le  coiileile,  la  pisie 
du  stade  ou  la  course  du  slade.  —  2  Hesycli.  s.  v.  -ttwSiov '-rôiio;  iii^a;  àsliôuq 
^uX  ^jAttÂô;.  —  ^  Les  li'ois  termes  latins  sont  cmpruuiis  k  Teiplicalion 
que  Vitruve  (V.  Il)  donne  d'un  porticus  sladiuta.  l'Iiilaiider  avait  df'jà  reconnu 
que  radjeclif  signiGe  en  forme  de  stade,  mais  il  a  couTondu  ces  cdiliccs  grecs  avec 
les  vystcs  couverts  des  Byzantins.  .M.  l'ougères  fait  sladialtts  synonyme  de  stadialis 
{tenloria  sla-lialia  (Ael.  Var.  hist.  IX.  3);  tu/er  stadialis;  etc.)  et  Iraduil  Ivnif 
d'un  stade  ce  qui  l'amène  il  modifier  le  texte  reçu  [i^vmnasilm,  p.  li»9o  n,  7  et  s.] 
Pour  voir  ce  que  Vitruve  veut  dire,  il  faut  se  représenter  certaines  de  nos  rues  avec 
la  chaussée  entre  deux  trottoirs  élevés  de  plusieurs  marches,  un  égoul  avecle  radier 
entre  les  deux  banquetles  latérales,  certaines  gares  oii  la  voie  passe  entre  deu  i  quai« 
garnis  de  marches.  Cette  disposition  permet,  à  un  grand  nombre  de  spectateurs  d'a- 
voir plus  d'espace  pour  regarder  les  atlilcles  sans  être  incommodés  par   ceux-ci. 

—  '•/(.  XXIII,  i73,  1*8,  »3,  531,  65i,  Ii83,  710,  799,  847,  8S6.  —  ■•  /(.  XXIII,  i5»  : 
cf.  Odijs.  VIII.  3C0.  —  c  Odys.  VIII,  19.  —  7  //.  XXIII,  775,  cf.  Virg.  Aen. 
V,  t:t3.  —8  Odys.  IV,  6u.ï.  —9  l'ausan.  III.  15;  Leake,  Trar.  in.  the  Morea. 
I.  p.  17»  :  AI.  Bertr.ind,  Maizicres,  Beulé,  Miss,  scient, f.  III,  |s53,  p.  396  :  •■  Entre 
le  Plataniste  et  la  première  colline  de  Sparte,  s'étend  une  vaste  plaine  oîi  l.oake 
place  le  Dromos.  »  SI.  G.  Fougères  (Guide  Joanne,  1S9I,  II,  p.  i34)  met  le 
Uromos  sur  une  petite  coitine  a<i  N.  de  Limnae.  Ce  champ  de  course  était  a-sez 
vaste  pour   que  Eurycics  ait  pu  y  faire  construire  des  gymnases,    (l'aus.    /.  c). 

—  I"  Cf.  inscr.  de   l'an   ir.S  de   l.aodicéc  (C.  inscr.  </r.  4V7i).  —  il  l.ycophr.  «>. 

—  fi  .V.\i„  (cf.  H .  Ehcling,  Lex.  homer.  s.  v.)  ;  .i,.r.  (cf.  H.  L.  Alirens,  Aiiô  «nd 
Villa,  llannov.  1874;    Klein.    .!>cAf</(.   t89l,  p.  479  sq.l;  al!i.r.=:;  (/(.   V,    ISi;  : 

Si>'»;/.«u»o;  (H.  Ebeling,  0.  c.  suh.  v).  —  13  Etym.  magn.  s.  v.  «o'..i);  et  »;i8.ov-  .a-.i 
Ti    àp^.lov    Ua»irto    ai 

-ik  Artiv(tfvm.  J/c- 


.  6563.  —  Le  Stade  d'Athènes. 


f.    Ilultscli,  .Metrolog.   script,   rel.  I,  p.  347  et  35i. 

istoph.      I 


no,  gorge,  dédié,  ou  «vîLtK;,  sillon. 


connu  que  par  son  dirivé  oia-JÀo;  signifiant  soit  une 
course  de  demi-fond '%  soit  un  péristyle  bordant  les 
cotés  rectangulaires  de  la  cour"',  n-jk-r,,  des  palestres  et 
des  gymnases  [gym.nasum,  lig.  3666\  On  ne  sait  à  quelle 
époque,  ni  pourquoi,  l'ïJ/.o;  fut  remplacé  par  le 
uxiotov  '  ' . 

En  Grèce,  beaucoup  de  cantons  sont  comme  Ithaque 
et  n'ont  pas  de  prairies,  àeiiaiôv  '*,  seuls  endroits  natu- 
rellement plats  où  les  athlètes  ne  risquent  pas  de  sou- 
lever ces  nuages  de  poussière  qui  dérobent  aux  specta- 
teurs la  vue  descourst'S  ".  Quand  on  ne  pouvait  disposer 
d'un  terrain  propice  à  un  firomns,  on  consiruisait  un 
stade  sur  les  flancs  d'une  colline.  Deux  solutions  se  pré- 
sentent :  couper   horizontalement   la  pente   du   sol  ou 

sui\Te  le  sens  même 
de  celte  pente.  Il 
semble  qu'on  ait  d'a- 
bord adopté  le  pre- 
mier système  et  que 
plus  tard  on  se  soit 
rallié  au  second.  Les 
stades  d'OIympie,  de 
Delplies  et  d'Amrith 
s'allongent  latérale- 
ment suivant  l'hori- 
zontale ;  leur  côté 
nord  n'est  autre  que 
le  sol  qui  s'élève  na- 
lurellement  ;  leur 
rc')té  sud  est  formé 
l>ar  un  talus  artifi- 
ciel reposant  sur  un 
mur  de  soutènement 
qui  a  toute  la  lon- 
gueur du  stade  -"  ; 
bien  souvent  les  eaux  torrentielles  dévalant  du  sommet 
emportèrent  ce  talus  qui  leur  formait  comme  une 
digue  de  plus  de  200  mètres.  On  changea  alors^a 
manière  d'asseoir  le  slade  sur  une  pente  et  on 
l'élalilit  dans  une  de  ces  ravines  d'érosion  que  les  eaux 
pluviales  ont  cavées  sur  le  flanc  des  collines.  Je 
ne  sais  comment  est   posé,   par  rapport   à  la  déclivité 


Av.i92.  Le  sens  primilifcst  incertain;  les  contemporains  d'.\ristopliane  l'emploieni 
dans  le  sens  général  de  retour  (Acscit.  Ai/am.  344  ;  Eurip.  f/erc.  fur.  1  lOi  ;  &ec. 
i9)  ;  c'est  la  seule  acce|ttion  <)u'on  puisse  lui  donner  au  sujet  des  courses  hippiques 
des  PAueolOTiA  (Foucart,  tiull.  cor.  tielt.  1885,  p.  431.  C.  ins.  gr.  Aley.  Orop. 
Voiot.  2871).  Artomid.  (IV,  24.  p.  214)  S.au'.oSjiii';'  *  »  r'f  'V  «"'«-i;?  '?■'/'• 
En'in  Vitruve  ((.  c.)  et  VEtym.  mayn.  font  i.'auio;  =  S:axd$to;.  —  '«  Vitr.  /.  c. 
—  t7  On  ne  peut  invoquer  que  secondairement  la  raison  d'éviter  une  confusion 
avec  ajli;  signiUant  flûte  cl  ses  dérivés.  —  1*  Odyss.  IV.  6U5.  cf.  Horat.  Epist. 
I.  7,  41.  —  l'J  Odyss.  VIII,  122.  Même  dans  nos  pays  oii  l'on  n'observe  jamais 
de  ces  tourbillons  de  poussière  i(ui  s'élèvent  si  fréquemment  dans  les  plaines  de 
l'Attiquc,  on  établit  toujours  les  champs  de  course  sur  un  sol  hcrbeu.\.  Pour  •<  ce 
que  coûte  une  pelouse  »  à  .\tljènes.  cf.  Ed.  .\bout,  la  Grèce  contemp.  IS54,  p. 
Ui;.  _  M  A  Olympie  fUloux  et  lionceaux,  ttest.  dOtympie.  p.  14V|  »  le  slade 
se  creusait  sur  la  pente  du  Kroniou  »  au  nord;  il  était  limité  «  des  trois  autres 
côlés  par  des  remblais  artificiels...  tes  terrassements  fort  anciens  furent  soutenus 
à  t'cpofjue  luacédoniennc  par  nu  mur  de  circonvallatiou  >■  ip.  145).  En  outre,  ou 
avait  construit  une  longue  chaussée  parallèle  ou  stade  pour  le  préserver  ain-^i  que 
l'Hippodrome  et  l'AItis  contre  les  inondations  de  l'.VIphée  (p.  147).  Puiir  Del- 
phes, cf.  Ilomoile.  Bull.  cor.  llélt.  XXIII  (1899;,  p.  611  :  «  autant  la  déclivité  du 
terrain  otTrait  de  facilité  en  amunl,  autant  en  a^al,  elle  se  prélait  peu  a  l'établis- 
sement de  gradins  ou  même  â  celui  d'une  piste:  la  piste  aiatt  du  être  conquise, 
formée  artilicietlement  et  étayée  par  d'énormes  murailles.  "  Les  Phéniciens  ne 
se  contentaient  pas  d'entailler  la  montagne;  ils  creusaient  dans  le  roc  toute  la 
largeur  du  slade:  E.  Renan,  ///■  Jl.ip/i.  a  l'Empereur  (lier,  arcif-ol.  1862), 
V.  p.  3'tO;  J/isj.  de  Phrnicie,  p.  90:  à  Amrith  les  gradins  «au  nord  étaient, 
d'un  bout  à  l'autre,  creusés  dans  le  roc;  sur  la  face  sud,  la  moitié  inférieure  seu- 
lement était  taillée  dans  le  rocher,  et  le  reste  était  complété  par  des  constructions  ^ . 


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1452  — 


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générale  du  sol,  le  slatlf  (i'fi|ii(l;uiri' ',  ce  honn  spé- 
cinit'ii  du  V"  si('cle-,  mais  celui  d'Allièiics,  conslruil 
vers  330  av.  J.-C.  ^  nesL  pas  parallèle  à  la  rivière 
perinaiienlo,  il  est  perpemliciilairo  aux  rives  de  celle- 
ci  ;  011  l'a  placé  sur  les  dernières  pentes  de  l'Hymelle 
enlrc  deux  contreforts  naturels  dont  les  cimes,  éloi- 
gnées l'une  de  l'autre  d'environ  200  mètres,  dominent 
l'Ilissus  d'une  hauteur  de  30  à  30  mètres  (fig.  (J5t)3) '• 
Le  stade  des  jeux  islhmiques  est  également  dans  une 
échancrurc '■  au  tiers  inférieur  d'un  coteau  de  120mètres 
d'altitude  ;  bien  que  la  largeur  de  ce  stade  ne  soit 
(|uc  d'une  vingtaine  de  mètres,  il  y  a  une  différence  de 
niveau  de  plus  de  huit  mètres  entre  l'aire  actuelle  delà 
piste  et  ia  place  qu'occupaient  les  derniers  gradins 
lali'raux.  A  Messène,  le  stade  ",  édifié  après  370,  au 
point  le  plus  faible  des  remparts';  suit  la  pente 
générale  du  mont  Ilhome  et  la  rivière  qui  coule  de 
la  Clepsydre  a  maintenant  son  lit  dans  toute  la  lon- 
gueur de  la  piste  (fig.  6o6-i).  *.  Ce  second  mode,  que 
les  anciens  nommaient  (rrioiov  aùrocpueç  ',  nécessitait 
moins  de  travail'"  pour  les  remblais  et  le  mur  qui  les 
soutenait  était  plus  court  que  dans  le  type  delphique. 
Ou  voit  à  Sicyone  un  bel  échantillon  en  pierres  polygo- 
nales de  ces  terrasses,  construites  à  l'époque  helléni- 
que", pour  y  placer  l'extrémité  d'aval  d'un  stade;  il  ne 
reste  que  la  partie  médiane  soutenant  la  piste  et  avan- 
çant de  plus  de  20  mètres  au  delà  des  soubassements 
latéraux  des  gradins  :  c'est  un  quadrilatère  dont  les 
trois  cotés  libres  sont  curvilignes  et  formés  par  des 
murs  à  la  fois  concaves  sur  leur  longueur  et  inclinés, 
il'arrière  en  avant,  de  dedans  en  dehors,  de  près  de 
I  mètri!  sur  une  hauteur  d'environ  7  mètres'-. 

2"  L'écou/eiiienl  des  eaux  du  fond  supérieur  devait 
être  dans  les  deux  types  de  stade  la  préoccupation  des 
constructeurs  ".maison  manque  de  renseignements  posi- 
tifs et  précis  pour  l'époque  hellénique  ''•.  M.  llomolle 
a  retrouvé  à  Delphes,  au  milieu  du  mur  sud  et  sous  la 
plus  basse  assise,  «  une  large  bouche  qui  ne  peut  être 
que  l'exutoire  d'un  égout  »  '\  On  attribue  au  iv^  siècle 
les  restes  de  deux  conduites  parallèles  placées  chacune 
sous  le  couloir  qui  séparait  de  l'arène  le  premier  rang 
des  gradins  du  stade  d'Athènes  ">.  C'est  l'époque  romaine 
qui  offre  les  plus  beaux  types  de  conduites  d'eau;  il  était 
facile  de  préserver  un  petit  stade  de  l'inondation  quand 
on  exécutait  de  si  beaux  collecteurs  sous  les  amphi- 
théâtres de  Pergauie'",  de  Cyzique '»,  etc.'^   et  qu'on 

'  Ce  sladc.  coiuriie  ccni  dOlympie  et  d'AniriUi,  salloi]f,-e  iiarallikineiil  k  un 
cours  dcau  dont  il  n'est  éloigné  ipie  de  250  m.  Mil.  Alpli.  Defrassc  cl  II.  I.cchal 
(ICpidaure  (I6'J.5),  p.  ii'.i)  supposent  .|ue  ce  loricul  «  sétail  pcul-èlie  orif;iiic-lle- 
nienl  fray<;  sou  passade  plus  au  noid  cl  on  laurail  détourné  alln  de  prolilcr  du 
creusement  déjà  opéré  i,ar  lui  ...  Cf.  la  carte,  p.- 23(1  du  Guide  Joanne  Grèce,  II 
(16'JI)  (le^lade  y  est  inallieurcuscmenl  représenté  avec  une  spliendoné),  et  la  carte 
■  pic  M.  Kavvadias  a  placée  â  la  fin  de  son  ti  'Umv  t,î  A^.À,,.  —  3  piu- 
dar.  /sll,.  VII,  150;  Atm.  I,  <15.  _  3  Le  d.crct  en  faveur  dEudé.nos  est  de 
ÎM-Mi  a».  J.C.  ;  Corp.  i,,s.  ail.  Il,  17G.  -  4  l'aus.  1, 19  :  ,,  Sur  les  bords  de  lllissus 
s'élève  un  mont  i|ui  forme  un  croissant  dont  les  dcui  cvtrémilés  vont  rejoimlre  la 
rive  du  lleuve  ».  Notre  (ipure  daprcs  Duruy,  Hist.  des  Gr.  III,  p.  173.  -  ^.iMauceaux, 
Gaz.  archvol.  IS83,  p.  207  :  ..  Icxtrén.ilé  (du  stade)  fermait  une  gorge  sauvage  ... 

-  6    Pausanias  (IV,    32)     le     mentionne  à   propos    d'une    statue    d'Aristomcnc. 

—  ■>  M.  G.  Kougcres  a  reconnu  dans  Us  mines  adjacentes  les  restes  d'un  gymnase 
(JïnNAsiLa.  fig.  3669].  Précisant  davantage  on  montrerait  ipi'il  y  avait  là  le    can- 

tonueroenl  des  jeunes  soldais  (épliébes.  etc.).  C  est  à  partir  de  cette  époipie.  et 
depuis  la  con.|uéte  romaine  que  l'on  tiouie  d.  s  stades  en  dedans  des  murs  cl  au 
point  critique  de  la  fortiftcation.  I.c  plus  beau  spécimen  est  celui  diasos  :  Tcsier, 
llticrift.  de  lAs.  min.  III,  pi.  cxxxxn,  p.  If,4.  _  8  Ijlouet,  Expvd.  scient,  de 
.Uorre.  I,  pi.  xxiv;  Kerd.  Aldenlioven,  Jlin.  descripl.  de  lAltiq.  et  d<i  Prlopon. 
Allicncs,  ISH,  p.  197  sq.  -  0  Philoslr.  Vitae  soph.  V,  2.  -  10  |.c  cube  des  char- 
rois peut    se   calculer  dans    les    deux   modes    et    se  comparer.    Les   mille  bœufs 


poussait  le  soin  jusqu  à  drainer  les  promenades  plantées 
d'arbres  avoisinanl  les  théâtres-". 

3°  Le  plan  général  des  stades  a  varié  selon  les 
époques.  Ou  admet  qu'ils  eurent  d'abord  la  forme  d'un 
quadrilatère  oblong.  Les  deux  grands  ciHés  étaient-ils 
égaux  et  parallèles  '?  On  ne  saurait  l'aftiriner  en  étudiant 
le  stade  de  Messène(lig.  (mB  il  et  en  se  rappelantque  dans 
les  cirques  romains  l'un  des  cotés  oblique  légèrement  en 
dehors  (lig.  1517).  .\  Olympie,  le  talus  sud  est  plus  long 
que  celui  du  nord,  et  cette  inégalité  ne  résulte  pas  des 


l'ig.  6361.   —  Le  Sladc  de  Messcue. 

remaniements  de  l'époque  macédonienne,  mais  de  la 
situation  même  du  Trésor  de  Gela  bâti  vers  582.  Peut- 
être  qu'à  cette  époque,  il  n'y  avait  pas  encore  de  talus 
sur  les  petits  côtés  du  stade  ^'  ;  à  Épidaure,  on  n'en 
trouve  point  et  on  ne  voit  de  sièges  que  sur  les  talus 
latéraux.  Il  est  impossible  de  dire  comment  étaient  les 
extrémités  de  ces  monuments  construits  sur  plan  quadri- 
latéral et  c'est  par  hypothèse  que  l'on  joint  les  bouts  des 
ctjtés  longs  par  une  droite  qui  leur  est  perpendiculaire. 
Le  plan  gém-ral  du  stade  pythique  ((ig.  5yO't')  peut  être 
considt'ré  co;nme  une  courbe  fermi-e  se  composant  de 
quatre  arcs  de  cercles  qui  se  raccordent--  :  deux  grands 
arcs  forment  les  ct'tlés  longs;  la  corde  qui  sous- tend  chacun 
d'eux  parait-^  avoir  178  m.  30  et  la  flèche,  un  peu  moins 
de  2  mètres.  Quant  aux  petits  arcs  des  exlréinilés  est  et 
ouest,  ils  ont  respectivement  -*  une  sous-tendante 
de  23  m.  65  et  une  de  32  mètres  avec  10  m.  40  et  13  m.  30 
de  flèche.  Aux  époques  hellénistique  et  romaine,  les 
stades  sont  construits  sur  le  même  plan  que  celui  que 
Domitien  -'^  fit  élever  au  Palatin  (tig.  54oo)  :  trois  des  côtés 

offerts  par  Eudémos  (C  hificr.  ait.  Il,  171»)  ne  prouvent  rien,  puisqu'on  ignore 
la  durée  des  travaux.  —  "  E.  Beulé,  Elud.sur  le  Pélop.  1855,  p.  359  .  —  "2  Blouet. 
0.  c.  m,  pi.  ixxxi  pour  rcnscmlileet  pi.  uxxn  (n.  8.  9  et  10)  pour  le  plan, 
profil  et  face  du  soubassement.  —  '3  On  a  vu  que  le  stade  de  Messéne  était  traversé 
par  un  ruisseau  (Blouet,  0.  c.  I,  pi.  xxiv).  Pour  ristlinie  cf.  Monceaux,  O.  c.  p.  20S. 
—  t^Les  types  de  conduits  et  il'égoùls  découverts  à  Dlympie  sont  représentés  pi.  ci. 
en,  cm  dans  les  tfoiirfenA'm.  io«  Oli/mp.\ol.  II.—  Hfl.c.  p.1303.  —  ">  Polilis.  ie  5<. 
panathén.  (I8D6),  p.  33.  —  17  Cli.Texier, /^cscr.  </e /' .4s.  miii.  pi.  I2(t-t22;  As.  min. 
{i'nivers  pittor..).  Il,  p.  217  sq.  L'auteur  pense  que  ..  les  eaux  du  ruisseau  élaienf 
arrêtées,  et  que  l'arène  de  l'ampliilliéâtre  était  convertie  en  un  vaste  bassin...  en 
uaumachic  «.  —  ^^G.  Pcrrol,  E.rpl.  arch.  de  la  Gn/a^  p.  75  et  pi.  m.  —  19  St'abon 
(XIV,  I,  43)  signa'e  l'ampbiiliciilre  de  .Nysa,  près  Tralles,  construit  sur  deux 
collines  et  •<  sous  les  voûtes  durpicl  passaient,  comme  en  un  canal  souterrain,  les 
eaux  du  torrent.  —  -0  Vitr.  V,  9.  —  21  Tout  le  monde  reconnaît  que  le  clic- 
min  ouest  n'a  été  voCilé  qu'à  l'époipie  macédonienne  (cf.  I.a'oux  cl  .Monceaux.  (/.  c, 
p.  I4i  sq.  —  22  Exception  pour  l'ange  N.-E.  où  lou  ua  pas  abattu  le  roclier  qui  fait 
nu  ressaut;  le  raccordement  du  S.-l'l  est  coupé  par  l'ancieu  chemin  conduisant  au 
stade.  -  -a  D'après  M.  Uomoile  iBtill.  corr.  hell.  1899,  p.  603,  n.  I)  le  plan- 
croquis  donné  pi.  xiu  n'est  pas  d'une  exaclifude  absolue  par  suile  d'une  erreur 
ilans  les  relevés  ou  le  dessin.  —  2V  Ifomolle,  G.  c.  p.  605.  —  2û  Pour  l'époque  de  la 
construction  de  cet  édifice  et  les  »  arq.  des  briques,  cf.  Dcgiane,  Met.  de  l'Ecote 
fr.  de  nome,  1883,  p.  206,  n.  1. 


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1453  — 


STA 


sont  droits,  le  quatrième  est  curviligne,  sa  courbe 
variant  de  l'arc  surbaissé  ou  bombé,  comme  dans 
l'exemple  précédent,  jusqu'à  Tare  surliaussé  et  même  à 
l'arc  outre-passé  dont  on  retrouve  déjà  un  spécimen 
dans  le  vieux  stade  phénicien  d'Amrilli  '.  Il  est  à  noter 
((u'il  existe  rarement  une  symétrie  parfaite  par  rapport 
au  grand  axe  de  la  piste,  l'n  des  côtés  longs  est  souvent 
|)lus  large  que  l'autre  :  la  dill'érence,  à  Olympie,  est  d'une 
vingtaine  de  mètres:  nous  verrons  pour  Delphes  qu'il  a 
douze  gradins  sur  le  côté  nord  et  six  seulement  sur  celui 
du  sud  -.  Falkener  '  a  fait  une  remarque  semblable  au 
-,tade  d'Eplièse,  qui  s'appuie  sur  les  pentes  occidentales 
du  Pion  '  parallèlement  à  l'ancien  estuaire,  aujourd'hui 
comblé,  du  CaTstre.  Même  asymétrie  à  Cibyra-',  à  Priène 
sur  les  pentes  rapides  du  Mycale  ''';  à  Délos,  sur  le  ver- 
sant sud-est  de  la  colline  de  l'ancienne  citerne  ''. 
Ch.  Benoit  '  pensait  même  qu'on  retrouvait  là  un  spi'- 
cimen  ilu  inâotov  (xtà  Tt/.eupà. 

i"  L'emplacement  réservé  aux  spectateurs  se  trouve 
toujours  sur  les  talus  qui  encadrent  la  piste  et  la  dominent. 
Que  ces  talus  se  profilent  sur  la  pente  d'une  montagne 
ou  qu'ils  soient  formi's  de  remblais,  les  (îrecs  les  nom- 
maient YYiç  /wuLï.  Cette  expression  semble  ne  désigner 
que  le  gros  reuvre'  et  si  Pausanias  l'emploie  à  propos 
des  stades  de  Tlièbes'",  d'Olympie",  d'Épidaure '' et  de 
la  plupart  de  ceux  que  l'on  voyait  en  Grèce  "  à  l'époque 
des  Antonins,  c'est  pour  mieux  montrer  combien 
ci"s  édifices  rustiques,  mais  illustres,  établis  par  simples 
lerrassements,  dilTéraient  des  amphithéâtres  tout  en 
charpente"  ou  des  stades  de  marbre,  de  pierres  el  de 
briques  que  l'on  voyait  alors  h  Home  '"  et  en  Asie  Mineure 
et  que  l'on  avait  construits  avec  la  même  richesse  déco- 
rative que  les  cir([ues  et  les  théâtres"^.  M.  Kavvadias''  a 
l'mis  l'idée  que  le  mot  Osarsov  trouvé  deux  fois  jusqu'ici 
en  relation  avec  Tràotov  '"désignait  l'emplaceuient  des 
spectateurs,  le  théâtre  du  stade.  L'idée  est  heureuse", 
mais  ce  terme  ne  convient  probablement  qu'à  l'hémicycle 
placé  à  l'extrémité  d'amont  des  stades  du  type  athénien. 
Celte  c«tY'«,  xoîÀov,  que  les  archéologues  appellent  d'un 
nom  byzantin  -",  <Ti.ev5ôvT|,  et  que  l'on  retrouve  dans 
tous  les  monuments  postérieurs  au  iV^  siècle  av.  J.-C, 

I  lir.  Ittiiaii,  Miss,  de  Phénicie,  pi.  viii  ;  —  2  Moniollc,  U.  c.  p.  (iOû  : 
•>  I-a  (lilTcrciice  lient  à  la  nature  diverse  du  terrain  ;  au  X.  il  s'abaisse  en 
pente  douce  cl  sl-  pixMait  à  merveille  à  l'inslallalion  de  liancpiellcs  aussi 
nombreuses  ijue  l'on  voulait...  au  S.  l'arène  elle-même  est  en  grande  partie 
en  remblais,  1>î  podium  lout  entier  et  les  gradins  sont  pour  ainsi  dire  en 
porlc  à  faux  ...  —  3  Edw.  Falkener,  Ephexiis  and  Ihe  tem;,le  of  llitimi  I86i, 
p.  lOS.  La  restiti.lion  donnée  dans  le  Smilk's  Okt.  of  gr.  and  rom.  anlii/.  Il, 
p  69*,  est  donc  fort  liipoUi.:li.|uc.  —  l  C'est  le  nom  que  donn.nl  les  médailles; 
Mionnet.  .S'iip.  VI,  IH.  —  s  SpraU  et  Forbes,  Trai:  in  L;/c.  Myl.  and  tl.c  Cihyr. 
1«*7).    p.  250.   _  6    Rich.     Cbandicr,    Trav.    in  As.    Min.    (1775),   p.    :;oli    si).^ 

-  1  li.  Wheler.  Voi/aq.  ilCS'.ii,  p.  Oi)  ;  Koss,  Iles,  auf  den  i/r.  Insein  (islc. 
I,  p.  33.  —8  Arcli.  des  miss,  scicnl.  (185),  III,  p.  30.  Cependant  l'auteur  ajoute 
qu'au  tiers  moyen  du  bingcûlé  ^nd  est  »  on  avait  bâti  en  pierres  une  tribune  longue 
d'environ  1.5  pas  ipii  pouvait  avoir  3  ou  l  rangs  de  sièges  ..  Cf.  L.  Lacroix,  Iles  de 
la   GriCi-    (IS53),    p.    i.it  ;    Lebègue,    Ileclt.    sur    Uélus    (I87t',),    p.    :ili.    n.     il. 

-  9  M.M.  Al.  Uefrasse  el  II.  Leclial  (O.  c.  p.  Î29)  sont  d'avis  contraire  cl 
voient  une  conlradiclion  entre  l'ariirmation  de  l'ausanias  et  la  présence  de 
sièges  conslalcc  il  Epidaure  par  de  nombreux  voyageurs  ;  ils  traduisent  <.  tout  en 
lerre  battue  suivant  l'usage  grec  »  et  pensent  que  les  bancs  furent  placés  <.  très  peu 
d'aailécs  après  le  passage  de  Pausanias.  ..  Cf.  h'awadias,  Tô  Hp^iv  toJ  'Awk'at.iï.  p.  97. 

-  10  iX,  Ï3,  I.  —  Il  VI,  ;o.  3,  0.  —  12  II,  27,  0.  —  13  /*.  :  .al  «toSio-,  iw  "EVat.,, 
Ta  «..Xià,  ,);;  /.r.,,a.  —  H  Tac.  Ann.  IV,  02 Ci,  etTondrement  de  l'ampbilbéâlre  de 
Fidènes.  —  is  Sncl.  iJomit.  4  el  5  ;  Dio.  Cass.  LXXVIll,  23  :  Anim.  Marc.  XVI,  10- 
U;  Eulrop.  VII,  23;  .\otit.  reg.  IX  —  i*.  Cf.  Lanckoronski,  Les  villes  de  Pam- 
phylie  (1890)  p.  r.O  el  lig.  p.  97.  —  17  U.  c.  p.  98.  —  '»  C.  inscr.  ail.  Il,  176  : 
noiiisi;  -en  m'Ainj  >ai  toi;  Htwm  toj  navalr^vaisoù.  Ib.  Slipp.  IU34  d  :  -i,  ae'aT;<.«  li 
i«\  d.S.'oj  sur  une  insc.  d'Eleusis,  probablem  ni  de  3:U  av.  J.-C.  —  19  On  ne  saui  ait 
expliquer  la  mention  à  Alliines  en  330  av.  J.  C.  d'un  Ibéàire  panalliéna'i'que  ;  cf.  la 
remarque  de  l'éditeur  du  C.  inscr.  ail.     ,   l/f.  —  20  Mipi-uoiiomus,  p.  207  B  ;  cf. 


est  aménagée  le  plus  souvent  en  .\sie  Mineure  de  façon  à 
former  au  besoin  une  salle  spéciale  de  spectacle. 
G.  Wheler  -'  en  fil  la  remarque  à  Éphèse  au  xvir  siècle  ^^. 
.3°  Les  places  des  speclaleiirs  étaient-elles  marquées  par 
des  sièges'?  On  admet  qu'à  Olympie"  les  assistants 
s'asseyaient  comme  les  compagnons  d'Énée  «  sur  un  lit 
d'herbes  verdoyantes-'»  ;  systèmedangereux,  causant  une 
grande  perle  de  terrain  ou  pouvant  amener  des  accidents 
d'autant  plus  graves  que  la  foule,  parfois  énervée,  se  pres- 
sait sur  des  pentes  de  15  à  2t)  centimètres  par  mètre-". 
De  prochaines  découvertes  montreront  peut-être  que  les 
habiles  charpentieft  hellènes  avaient  su  garnir  ces  rem- 
blais de  gradins  en  planches,  potOpa^*,  comme  il  y  en 
avait  dans  le  cirque  des  Tarquins  à  Rome"  et  dans  le 
théâtre  d'.Vthènes  à  l'époque  où  Aristophanefaisait  allusion 
au  TtotôTov  ;ùXov-*.  Ce  premier  banc  réservé  aux  autorités 
religieuses,  civiles  et  militaires,  aux  proxènes  et  aux 
théores  étrangers  et  en  général  aux  personnes  honorées 
delà  PROEDRiA,  était-il  occupé  également  parles  juges  du 
concours"'?  Pausanias  dit  seulement  pour  Olympie  que 
les  hellanodikes  avaient  leur  place,  xaOÉôpa  '°,  du  côté  de 
l'hippodrome  et  en  face  du  pojfiô;  à^'^ou  XeuxoO  sur  lequel 
s'asseyait  la  prêtresse  de  Déméter  ".  Dans  tous  les  autres 
stades,  à  l'exception  d'Olympie,  on  a  trouvé  des  sièges 
sculptés  dans  le  rocher  ou  faits  de  pierres  rapportées.  En 
Grèce,  ce  sont  des  blocs  équarris,  polis  sur  leurs  faces 
visibles  etalignés  en  gradins  formant  des  étages  que  sépa- 
rent un  ou  deux  paliers,  o!aÇ(uu.aTa,  auxquels  on  accède 
par  des  escaliers'-,  perpendiculaires  aux  longs  côtés  de 
la  piste  ou,  dans  la  partie  cintrée  du  xoïXov,  convergeant 
vers  le  centre  de  l'hémicycle"  [Tiieatri'm].  Ces  bancs,  sur 
chacun  desquels  pouvaient  s'asseoir  une  ou  deux  per- 
sonnes '',  n'onl  aucun  ornement  à  l'exception  de  ceux  qui 
sont  près  des  marches'^  et  de  ceux  qu'on  nommait  Ti 
Ttpùjxa  et  qu'on  trouve  aux  premier  et  dernier  rangs  de 
chaque  précinction  "*.  Kn  Kiirope,  on  se  contentait  de 
poser  ces  sièges  directement  sur  le  sol  nu  ilii  y'V  /«"K-"' 
ou  sur  un  lit  de  pierres  el  de  chaux  qui  l'en  séparait  ''  ;  en 
Asie,  les  sièges  reposenl  sur  le  gros  œuvre  en  maçon- 
nerie, substruction  analogue  à  celles  des  théâtres  et 
formant  des  voiites  dont  la  disposition  change  selon  les 

llcron.  byz.  Gtodesia,  i\ol.  el  erlr.  des  mscc.  (ISj»),  XIX,  p.  360  ;  llciske,  Lomm. 
in  Coiisl.  Porphyrog.  Bonn  (1830),  II,  p.  312  sq.  -  21  Voyages  (1089)  p.  233: 
..  il  semble  qu'il  v  avail  une  espicc  de  lliéâtre  à  l'eulrémilé,  qui  était  rond  cl  qui 
était  sépan!  du  reste  par  une  muiaille.  ..  Ce  sont  les  extiéinilés  de  cette  muraille 
qui  sont  marquées  bb  dans  la  restitution  de  Krausc  citée  plus  liant.  —  22  Hamillon, 
Hesearch.  (1842)  I,  p.  103,  el  Texier,  As.  mm.  p.  403,  voient  même  à  Aizanis  deux 
monuments  différents  dans  le  stade  et  sa  spbcndoiié;  ils  considèrent  celle-ci 
comme  un  lliéi'itre  séparé.  -  2'i  l.aloux  et  Monceaux,  O.  c.  p.  143  :  »  les  spectateurs 
s'assevaient  simplement  sur  les  penles.  ..  Cf.  Defrasse  et  Eecbat,  O.  c.  p.  Ut. 
M.  Fou<;èies  iCnide  Joanne  en  Gi:  II,  p.  318)  concède  que  ..  le  versant  inlérieui 
des  talus  était  taillé  en  gradins  de  terre,  velus  de  gazon.  ..  Il  aurait  fallu  refaire 
<e  travail  tous  les  jours,  car  le  terrain  n'esl  pas  vierge,  mais  rapporté.  I.i  question 
arcbéologiqnc  à  résou.lre  dépend  du  sens  plus  ou  moins  général  donne  au  if,i  /.r.jia 
de  l'ansanias.  —  "2'  Virg.  .Xen.  V,  388  —  25  Cf.  bi  coupe  schématique  des  lalus  dans 
Ad.  Boelticbcr,  Olympia,  (IS80),  fig.  31.  —  «  Une  inscription  de  Uelpbes  men- 
tionne la  pose  de  sièges.  sàBpwaiv,  parmi  les  installations  temporaires  à  elTccluer 
avant  les  fêles  illomollc,  0.  c.  p.  Cil).  —  27  Tit.  Liv.  I,  33.  —  28  Vesp.  90  ;  Ach. 
23;  cf.  Poîlnx.  IV,  121  ;  llesvcb.  s.  v.  Virgile  emploie  dans  le  même  sens  le  mol 
p<-ima  {Aen.  V.  341).  —  29  Homollc,  O.  c.  p.  607.  ..  C'est  la  procdrie  ou  l'cslra  'c 
des  juges  ..  —  ">  VI.  20,  8.  —  31  Ib.  l'our  les  divers  sens  de  Joii^i;,  cf.  Eust.  ad. 
II.  VIII.  411  et  AiiA,  p.  3i7  A.  —  32  Pour  Uelpbes,  cf.  Homollc,  0.  c.  p.  003.  n.  I. 
—  33  (juand  le  . .,;■...,.  a  la  forme  d'un  arc  surhaussé,  comme  à  Messén  ■,  il  n'y  a  de 
«ijx'Siî  que  dans  la  partie  postérieure  au  diamètre  transversal  ;  en  avanl,  les  escaliers 
perpendiculares  au  grand  axe  divisent  les  travées  reclangulaires  comme  sur  les  côtés 
longs.  —  31  Kaviadias,  O.  r  p.  98.  -  3.ï  A  Atlién  s,  ils  élaienl  décorés  d'une  léle 
de  ,  bouclte;  à  Uelpbes,  «  de  piods  en  forme  de  patte  d'animal  ...  -  3>i  Ces  sièges 
d'honneur  ont  généralement  un  dossier  cl  cliaciiii  d'eu  o.-ciipe  la  place  de  deux 
sièges  ordinaires;  cf.  Polilis.  'J.  c.  p.  38  ;  lloraolle,  O.  c.  p.  609.  —  37  polilis,  O. 
c.  p.  38. 


STA 


lioi  — 


STA 


époques  i4  les  régions;  tanlôl  ce  sont  de  longues  voûtes 
parallèles  au  grand  axe  de  Tédilice,  tantôt  c'est  une  suite 
lie  petites  voûtes  perpendiculaires  à  cel  axe  et  fermant 
comme  à  Perge  '  des  chambres  s'ouvranl  sur  l'extérieur 
et  qu'on  a  pu  louer  à  des  bouliiiuiers.  Les  gradins  sont 
rarement  en  nombre  égal  sur  les  deux  côtés  longs  du 
stade.  On  n'observe  de  symétrie  que  dans  les  édifices 
asiatiques  construits  en  terrain  plat  comme  à  Magnésie 
du  Méandre-',  Aizanis,  Perge,  etc.  Partout  ailleurs,  il 
y  a  une  différence  d'autant  plus  grande  que  l'un  des  côtés 
repose  sur  une  pente  plus  rapide.  .\  Delphes,  on  trouve 
si.\  rangs  sur  le  côté  sud  et  douze  i^h-  le  côté  nord  '  ;  à 
Épidaure.  il  semlile  qu'il  y  ait  eu  une  trentaine  de  gra- 
dins sur  le  côté  nord  et  une  douzaine  seulement  sur  le 
flanc  sud,  le  plus  rapproché  du  torrent  qui  coule  au  fond 
de  la  valb'e  sacrée.  Ce  manque  de  symétrie  empêche 
souvent  de  se  rendre  compte  du  nombre  des  spectateurs 
que  pouvait  contenir  un  stade  :  on  estime  que  celui 
d'Éphèse  contenait  76  000  personnes*;  celui  dWthènes' 
47  000  ou  69000:  d'Olympie"  /loOOO;  de  Delphes'  7000. 
6°  Les  portiques  que  l'on  devait  construire,  d'après 
Vitruve%  pour  préserver  les  spectateurs  de  la  pluie,  ne 
nous  sont  guère  connus.  On  cite  celui  de  Tralles"  comme 
exemple  ;  Blouet  a  donné  une  restauration  de  celui 
de  Messène  '",  dont  le  plan  rectangulaire  encadre  la 
courbe  surhaussée  que  dessine  la  cavea. 

7°  La  piste  qui  s'allonge  entre  les  talus  et(|ui  formait 
le  (iromos  es{  toujours  droite  eloblongue.  Elle  n'est  rec- 
tangulaire que  dans  le  stade  d'Épidaure".  A  Olympie, 
elle  ne  l'est  pas.  On  voit  nettement  dans  la  partie  ouest 
déblayée  par  les  Allemands,  que  les  deux  côtés  longs 
obliquent  en  dehors'^.  L'écartemeut  progressif  bien 
qu'insensible '^  fait  soupçonner  un  plan  hexagonal  ou 
mieux  octogonal,  cette  forme-ci  rppondant  mieux  à  la 
courbe  que  dessine  chacun  des  grands  côtés  dans  les 
stades  pythique"  et  panathénaïque'".  Les  limites  de  la 
piste  sont  toujours  nettement  fixées;  à  Olympie,  par  un 
«  petit  seuil  de  pierres'";  »  à  Delphes,  par  un  «  socle 
élevé,  xpriTTiç  ou  podium  "  ;  »  à  Athènes  '*  par  un  mur  de 
marbre  qui  «  avait  une  hauteur  constante  de  1  m.  66.  » 
En  dedans  de  ci'tte  barrière,  et  parallèlement,  on  trouve 
d'ordinaire  une  rigole  entaillée  dans  la  pierre,  faisant  le 
tour  de  la  piste  et  communiquant  avec  des  cuvettes  rec- 

l  e.  Tri'maïu.  lij-plor.  urch.  en  As.  Vin.  ]il.  Perge  n,  plan  liu  slaile  H 
coupe  de  la  splieudoué  ;  pi.  ■!,  vue  pliolopr.  de  Iinscmble  ;  cf.  Lanckoronski,  O.  c. 
p.  lil.   —  -'   01.  liayol  cl  Alh.  Thomas,  i/ilet  et  le  yolfe  Latm.  (\$T7),  I.  p.   131  : 

—  ...  le  siade  im-uagé  dans  iiii  pclil  lallon  ».  La  piéciiiclioii  iDKr.  avait  \i  degrés, 
la  supérieure  l.t.  -  3  Homolle,  O.  c.  p.  6U6.  —  <  Edw.  Falkeiier,  O.  c.  p.  lOli; 
.\iig.  de  Korbin,  Vny.  dans  le  Levant  (llli),  p.  58  :  «  Le  stade  devait,  ce  me 
semble,  conloiiir  Irois  fois  plus  de  spectateurs  que  le  Coisée  de  Rome».  —  â  Po- 
luis,  O.  c.  p.   3S.  —  6  u.  Fougères.  O.  c.  p.  348,   —  ■:  Homolle,  O.  c.  p.  6o;i. 

—  *  V,  9.  —  9  Jb.  Trullilms  porticiis  ex-  ulraque  parte  scenae  supra  slailiuin. 
01.  Itayct  (O.  c.  p.  50)  dit  que  :  -  il  ne  reste  plus  quedes  substruclious  grossières  > 
de  ce  stade.  —  lo  0.  c.  1,  pi.  xxv.  —  il  Kavvadias,  0.  c.  p.  <M.  La  largeur  est  au 
milieu,  comme  aux  extrémités,  de  i:i  m.  Il5.  —  12  Ce  détail  est  très  uettemcntrcndu  sur 
le  plan  de  M.  K.  Borrmann  {/iaudenkm.  von  Otymp.  (IS82)  1  pi.  xnii,  4.).  —  13  La 
dilTérencc  parait  i^lrc  de  UO  centimètres,  sur  une  longueur  de  12  mètres.  —  li  Homolle, 
0.  c.  p.  B03:  «  la  lai-geur  est  aux  deux  extrémités  0.  cl  K.  de  iS  m.  25  et  i3  ra.  03; 
au  milieu  de  2S  m.  .lO.  C'est  une  courbe  voulue  et  calculée  comme  Venlasis  des 
colonnes,  comme  la  llcxion  des  ligues  horizontales  de-  édifices.  »  —  15  Politis,  O.  c. 
p.  37.  »  La  difléreiice  de  largeur  est  de  1  m.  18.  .  Cest  la  différence  qu  on  aurait 
il  Olympie  si  l'on  adnict  que  chaque  coté  loiiu-  était  lorm.-  de  trois  droites  égales 
dont   les  deux  extrêmes  auraient  lobliquité  qu'indique  le  plan   de  iM.  Borrmann. 

—  l'-'  Laloux  et  .Monceaux,  O.  v.  p.  1 13.  Il  devait  être  plus  élevé  au  V  siècle, 
puisque  pour  le  frauchir,  Hhéréniké  laissa  voir  qu  elle  était  la  mère  de  Pei^irodos  ; 
l'aus.  V,  6,  7  :  cf.  oi  ïHpi*,  p.  180.  —  17  Homolle,  O.  c.  p  COC  et  li<^.  3.  —  18  po- 
lilis,  O.  c.  p.  37.  —  19  Pour  Olympie,  cf.  Haudenkm.  I.  pi.  xi.vii  ;  pour  Epidaure, 
Kavvadias,  O.  c.  p.  lOfi.  L'intervalle  moyen  entre  deux   cuvettes  est  de  30  m.  .îu. 

—  S«  Cic.  De  Ug.  V,  2,  I  ;  Suet.  C'aei.  39:  Hes.ch.  s.  v.  lïlfÎMou,  -iondî  ùSaT«l.. 


tangulaires  placées  à  égale  distance  les  unes  des  autres  ". 
On  ignore  le  nom  et  l'usage  de  celte  canalisation  qui  est 
peut-être  le  prototype  de  VEuripe-"  des  arènes  ro- 
maines. Le  champ  de  la  course  du  stade  est  marqué  par 
deux  raies  blanches  formées  de  dalles  plates  »  plantées 
dans  le  sol  comme  des  pavés-'  "  et  barrant  presque  la 
piste  ;\  ses  deux  extrémités.  Ces  dalles  portent  sur  leur 
face  libre  une  suite  de  deux  sillons  parallèles  incisés  en 
biseau  et  séparés  des  suivants  par  une  surface  unie  au 
centre  de  laquelle  est  un  trou  carré  pouvant  recevoir  un 
piquet.  Tout  concurrent  se  plaçait  entre  deux  piquets  et 
emboîtait  chacun  de  sespieds  dans  les  entailles  des  lignes 
parallèles.  .\  Olympie,  il  y  avait  vingt  postes  de  cou- 
reurs "  ;  à  Delphes,  dix-sept  ou  dix-huit-';  à  Épidaure, 
onze  -'  ;  à  Sicyone,  Beulé  les  décrit  sans  les  compter  -  '. 
Ces  deux  raies  blanches  sont  appelées  Ypau.jji.-f|  -S  par  les 
auteurs  du  v» siècle-'  et  le  mot  désigne  aussi  bien  celle 
du  but'-*  que  celle  du  départ-'  ;  celle-ci,  dans  .\ristophane, 
est  plus  spécialement  nommée  paXoi'ç  '"  par  les  .\théniens 
et  iiuTzliyU^',  par  le  héraut  Spartiate  ;  les  grammairiens 
de  l'empire  et  les  archéologues  préfèrent  les  expressions 
âa.£<7tç-^-,  TÉpfia'^,  xïu.7rT-r|0£; '''. 

La  distance  entre  ces  deux  raies  blanches  varie  en 
raison  de  la  longueur  du  pied  employé;  elle  est  de 
[9i  m.  27  à  Olympie  '^  ;  181  m.  08  à  Épidaure^"  ;  177  m.  55 
à  Delphes^';  on  estime  qu'elle  devrait  être  de  177  m.  VA) 
à  .\thènes^*.  Ces  quantités  représentent  la  longueur  du 
stade  local  de  600  pieds  ou  6  plélhres;  les  pléthres  sont 
marqués,  à  Épidaure,  par  des  colonnettes  de  tuf  et  les 
demi-pléthres  par  les  cuvettes  du  canal  bordant  la 
piste ^".  M.  Homolle  a  remarqué  qu'à  Delphes,  les  esca- 
liers sont  également  placés  «  de  demi-pléthre  en  demi- 
pléthre'"  »  par  rapport  au  champ  même  de  la  course". 

A"  A//'ectation  des  stades.  Ces  monuments  servaient 
pour  la  course  du  stade  qui  durait  de  seize  à  vingt 
secondes,  le  diaule  *^  le  doliçhos,  la  course  armée 
[l'.rRsrsl  et  les  courses  de  jeunes  tilles  [ueh.ah,  v.  p.  77], 
la  lutte  [li'ctaI,  le  pugilat  et  le  pancrace  [piciL.vns],  le 
pentathle  [on.N'Oi'ERrirM],  et,  parfois,  la  danse'".  Avant 
chaque  concours,  on  mettait  en  adjudication  les  travaux 
d'aménagement  et  de  nettoyage,  rkv  ÈxxaSapfftv  dit  une 
inscription  de  Delphes*'.  On  retournait  la  terre  de  la 
piste,  et  on  l'aplanissait,  <Txâ'J/iv,  6u.àXiîiv'^  [skapueio.nJ, 

—  21  Homolle,  o.  c.  p.  604.  —  2-  Laloux  et  Monceaux,  U.  c.  p.  101;  cf. 
Uatidenkin.  pi.  l,  xi.vli,  3.  —  "  Homolle,  O.  c.  p.  6U4.  —  'i'  Kavvadias, 
O.  c.  lig.  p.  112  et  les  2  phologi-.  p.  104.  Le  nombre  des  postes  fut  réduit  à 
quatre  quand   on  eut    placé    les  cinq   colonnes   en    pierre  et  les    deux    cuvelles. 

—  -'3  0.  c.  p.    339.   —  26    Pollux,  Hl,  147.  —  27  Kavvadias,    0.   c.    p.    lit   n.   I. 

—  28  Piud.  Pyth.  IX  :  Sv  «jii«oc»  4v.:vo,-  du  vers  200  est  la  périphrase  de 
r»"!»!'?  du  vers  208.  D'oti  la  métaphore  d'Euripide  {.iniiy.  fr.  13;  Eleclr.  955), 
imitée  par  Horace  :  Mors,  iiltima  linea  rerum  est  {Kpist.  I,  II!,  7'J).  —  29  Aris- 
toph.  /Ic/i.  483.—  ^0  Equit.  IIS'.I;  cf.  Schul.  graec.  in  Aristoph.  éd.  Didot. 
p.  72.  —  =*1  Lysi&tr.  lÛOO  ;  'ûffsXaïî;  semble  désigner  l'action  de  quitter  la  ligne 
plutôt  i|ue  la  ligne  même  nommée  par  Pollux  (/.  r.)  iwiiifi-;;  et  en  dorien 
;,„■„:.  _  32  pollux,  /.  c.  ;  cf.  HippoLiiouos.  —  3J  H.  XXIII,  309,  323,  333, 
338,  4G2,  465.  757;  Odyss.  Vlll,  193:  Pollux,  111,  30,  147.  —  3t  Pollux, 
/.  c;  Elym.  mayn.  p.  186,  20.  Ce  mot  désigne  les  deux  extrémités,  les 
lournanls  de  la  spîna  ;  on  le  relrouve  cependant  à  propos  du  .-taile  pythique  dans 
une  inscr.  citée  par   M.   Homolle,  O.  c.  p.  014.   —  -IS  Laloux  et  .Monceaux,  II.  i 

p.    145.  —  36  Kavvadias.  p.  1  I9.   —   31  Homolle  {O.  r.  p.    615)  explique  pouri| 

ce  nombre  est  préférable  aux  17s  m.  35  relevés  par  M.  Couvert.  —  3S  politis,  O.  < 
p.  44.  G.  Fougères  donne  le  nombre  178  m.  {.Kthèn.  et  ses  environs,  1900,  p.   II.,. 

—  39  Kavvadias.  p.  lus.  —  tu  Homolle,  O.  c.  p.  008.  —  "  Ad  Sophocl. 
Electr.  091.  Aucune  découverte  na  permis  de  vérifier  l'assertion  d'un  sclioliasle 
qui  prétend  qu'une  borne  portant  l'inscription  cst-jât  se  trouvait  à  mi-distance  du 
départ  et  du  but  mari|ués  également  par  deux  autres  bornes  ;  la  première  avec  le  mol 
àj;<rTiui;ladci-nicre.  avec  xànio>.  —'2  Kavvadias  (p.  113,  n.  I)  croit  que  dans  celle 
course  ou  p  irtaitdu  terma  et  on  y  reven.Til  après  être  passé  par  rajdiésis.  —  •'  Lur. 
Ion,  497.  —  '■•  Homolle,  0.  r.  p.  i.l  i.  _  ■■'■•  Ib. 


STA 


—  ivrio  — 


STA 


puis  on  rôpandait  <à  la  surface  une  terre  blanche,  vï 
ÀHuxa '.Avant  les  lullesâ  main  plate,  la  boxe,  le  pancrace, 
lin  disposait  des  installalionï-  spéciales,  toÙç  ttuxtixoû;'-. 

Pour  les  concours  musicaux  ou  lyriques,  dans  des 
villes  ne  disposant  pas  d'un  spacieux  Odéon,  mais  où 
se  trouvait  un  Osaxp&v  i-\  iTao^'ou  ',  comme  à  lîleiisis, 
à  Alhènes,  à  Delphes,  elc,  on  séparait  ce  théâtre 
et  son  orchestre  d'avec  l'arène  en  élevant  «  un  proské- 
iiion,  l'videmment  de  bois  ''.  »  Ce  système  qui  existait  ;i 
Delphes  '  au  m"  siècle  av.  J.-C.,fut  perfectionné  en  .Vsie: 
nous  avons  déjà  vu  que  l'on  trouve  àÉplièse'',  à  Aiza- 
nis\  à  Perge  ^,  sur  les  deux  longs  murs  parainélraux 
de  la  piste,  des  éperons  ou  doubles écoincons  en  maçon- 
nerie sur  lesquels  venait  s'appuyer  le  proscenium,  décor 
mobile  ou  toile  de  fond  fermant  cette  scène  improvisée 
qui  s'ouvrait  devant  les  spectateurs  assis  dans  la 
inreu. 

Au  commencement  de  l'Empire,  les  ftomains  firent 
élever,  à  Rome,  des  stades'  pour  les  Jeux  gymniques  '" 
et,  en  Orient,  des  amphithéâtres"  pour  les  luttes  de  gla- 
diateurs et  les  combats  de  bêtes  [venatio]  ;  mais  beau- 
coup de  cités  levantines  n'eurent  jamais  qu'un  seul 
(■'dilice  pour  toutes  les  l'eprésenlalions;  on  l'aménagea 
pour  qu'il  servit  successivement  au  rcr/ainen  f/rurnuii 
et  aux  ioj[Aa;-/  lorsque,  sous  les  règnes  d'Hadrien  et 
des  Antonins.  «  les  jeux  furent  remis  en  honneur 
dans  une  foule  de  villes  grecques  '-  ».  C'est  alors 
qu'on  suréleva  le  mur  vertical  du  podium  ou  xç,Y,7ri;  des 
stades  pour  en  faire  une  barrière  semblable  à  celle  des 
ampliilhéàlres  '■',  catirelli,  pecloralia,  rizifi-t^.  Hérode 
Alliciis  construisit  dans  le  stade  d'Athènes  un  mur  de 
1  m.  ()ti  de  haut  sur  le((uel  étaient  scellés  des  barreau.x 
de  fer  formant  une  grille  continue  ".  Grâce  à  celle  instal- 

1/6.     —   s  lU.—  3  r.  mscr.    ail.  Siipp.    I05i  rf.  —  i  Iloiiiolle,    O.    t.  p.  III  t. 

—  ■*    Jb.  —  C    G.    Weber.   Guide    dit puyaij .    it  Ephesi-  (Smyine,    l>*'.i|)    p.    iD. 

—  ^  (ili.  Texier  (As.  min.  (L'niv.  pitlor.)  p.  405)  fait  deux  tiioiiunieiils 
répares  ilii  stade  cl  du  Uiéâlre.  —  »  I'.  ïpi?niau«,  Kj^plur.  arcli.  en  As.  .Miti. 
Pergc-,  pi.  IV  —  «  Sud.  (nés.  33  :  Alhletae.  sladio  ad  lempiis  cxiti-iiclo. 
Cf.  Aiiij.  43  :  Edidil  alhlelas  ejlructis  in  campo  marlio  sedilibus  ht/neis. 
Cf.  Ùomil.  ii.  —  )0  a.  Liidw.  IriedlHndcr  dans  J.  Maripiardl,  Le  culle 
chez  les  llum.  Taris.  IS'JO),  II,  p.  300  s.|.  el  3i9.  —  U  l'Iolénipc  avait  ins- 
lilud  en  3i^av  J.-C.  un  U.^ùç,»;  4|,;..  ilaiis  sa  capitale  en  l'honneur  d'Alciandre 
(hiod.  Sic.  .VVIII,  ^8);  cependant  Auguste  fit  construire  un  ampliitlié.'Ure  pr^s  du 
stade  et  Je  l'hippoilronie  à  .Nicopolis  d'Alexandrie  en  Egypte  (.--'Irab.  XVIII.  I,  lui. 
I  <'  stade  fjiie  Slrabon  mentionne  dans  la  Nicopolis  qu'Angusle  lit  élever  en   Épire 

11,7,  0)  paraît  ùlre  un  anipliith^'âtre  d'après  la  description  de  Leake  {Xorth  Gr.  i, 
lui):  "  iscircular  al  botli  end  «.  -  12  E.  Miller,  jl/em.  de  l'Ac.  des  inscr.  XXVII, 
i>7:i,ll,  p.  50,  à  propos  d'une  inscr.  relative  aux  courses  du  stade  à  l.arisse  cl  aux 
chasses  qui  y  furent  donn*'*cs.  —  '3  Cf.  AMPHiTu^ATia'M  el  la  «Icscript.  de  l'ampliitlu-àlre 
de  Conipéi  (TliMenat,  MepiMiq.  l'Joli,  p.  01,.  Il  est  souvent  bien  diflicile  de  donner 
le  nom  véritable  des  édilices  (ju'on  éleva  alors  pour  les  jeux:  le  fameux  stade 
d'Aphrodisias  est  plutôt  un  amphithéâtre  avec  ses  deux  théâ<res  {tttrnque  cnven. 
Terliil.  de    .Specl.    XXX).    Cf.    (h.  Tcxior,   Oescr.  de   lAs.  mm.    III,  pi.   «xiv. 

—  "  Tnlitis,  0.  c.  p.  37,  ajoute  i|ue  pour  élever  ce  mur,  «  on  abattit  les  rangées 
Mifér.  des  bancs  de  Lycurgue  ...  —  1=  Ael.  Spart.  Uadr.  iim,  XIX.  —  16  A  Rome, 
le  collège  des  préteurs  avait  la  présidence  des  jeux  et  la  ilire<;tion  des  fêles 
|iublif|ues  orriinaires  ;  cf.  pnAerOB,  p.  ii3l,  n.  t'.i\  i.udi.  —  f^  Ancien  usage  grec 
(Herod.  VI,  lil)  adopté  par  Flaminins,  en  Itl7,  après  la  bataille  des  Cyuoscépliales 

l'olyb.  XVIll.  30).  —  I»  Celle  coutume  persista  à  Byzance  où  il  y  avait  des  jugis 
du  Vcluiu  et  de  l'Hippodrome  Inu-ponrinnos.  p.  ïlo  a.J  ;  cf.  Ch.  Vilanlios,  'Il  Ku.t- 
T«.tiy-,i.,.,;,    1851,  III,   p.    l'.lO;    0.   Schlnmberger,  Siijillogr.  hyzant.   p.  5il    s.|. 

—  19  Cf.  ilippoi.Fioiios,  p.  ilo.  —  20  Twtul.  de  Sp'Cl.  XIX.  —  21  AIT. 
Itambaud,  De  byz.  hippudr.  {Is70l  p.  8  si(  —  22  Moncouys  (l^ourn.  f/e5  V'iyay  I, 
p.  4^1)  a  vu  et  décrit  le  stade'ijuand  il  y  avait  encore  tes  gradins  en  pierre  ;  cf.  Ta- 
vernier  Voi/ni/.  (I7i4)  I.  p.  lOi;  Tourneforl,  Voy.  au  Levant  11717),  III,  p.  Ki  ; 
Ciiandler,  I,  p.  138  ;  Ann.  de  la  propag.  de  la  foi,  XIII  (1841)  p.  9i  :  C.  Iconomns 
B.  V.  Slaars,  litud.  sur  .Smijrne  ilsr.-),  p.  4».  —  23  Fhiloslrate  (  1;7.  Soph.  Pokm. 
1    et  8)   dit  qu'on    y   célébrait    des    jeux    olympiques    en    l'honneur    d'Hadrien. 

—  2l|ivagr.  Epist.  eccl.  Smi/rn.;  Euseb.  //ist.  eccl.  IV,  131  sq.  —  2r,  H.  Lecicrcq, 
Ad  Heslias  dans  Oicl.  d'archéol.  chri't.  et  de  liturii.  par  ftom  Cabrol  (1007)  I,  ».  v. 
Bien  qu  il  soit  fait  mention  du  stade  dans  la  /  ad  Corinlh.  IX,  i»,  el  que  ce 
mot  soil  rendu  par  Stadiitm  dans  la  Vulgale.  on  ne  le  n-ncoulre  presque  jamais 
dans  les   Synaxaria   el   les   ménoioges.   Callinique  raconte  que  le  préfet    Léonce 


lalion,  il  fut  possible  de  voir  iinechasse  de  mille  fauves 
donnée  par  Hadrien  lors  tle  sa  présidence  des  Jeux  pana- 
thénaïques'^  On  transforma  également  la  xaOéooa  des 
agonothètes  en  loge  impériale,  xiOtapLï,  TçiêouviXiov, 
irévÇov,  pour  que  l'empereur  ou  le  représentant  du  pou- 
voir présidât  lesjeux '",  (it  lire  les  proclamations ''.rendit 
la  justice",  prononçai  les  peines  capitales'''  et  assistât 
aux  exécutions  ^^  qui,  même  sous  le  Bas-Empire,  conli- 
ntièrentà  avoir  lieu  =v -7,  <;oev5ov'f/'.  C'est  au  stade,  dont 
les  ruines  existent  encore--  sur  les  pentes  occidentales 
du  l'agus,  à  Smyrne-',  que  saint  Polycarpe  fut  conduit, 
jugé  et  condamné  à  morl-^  Comme  ces  exécutions  de 
chrétiens-'  avaient  liiMi  indifféremment  dans  les  cirques, 
les  amphithéâtres,  les  hippodromesel  les  stades,  les  noms 
de  ces  dillérenls  édifices  furent  confondus  par  les  hagio- 
graphes  et  leurs  traducteurs-";  les  poètes  byzantins 
ayant  pris  la  licence  d'appeler  stade  leur  hippodrome-', 
cette  confusion  persista  et  se  retrouve  encore  dans  les 
écrits  des  voyageurs-'  et  des  meilleurs  humanistes''". 
III.  Métrologie.  Hérodote,  l'un  des  plus  anciens 
auteurs  qui  aient  mentionné  le  stade  comme  mesure  de 
longueur'",  rapporte  que  de  son  temps'"  c'élait  l'unité 
itinéraire  des  contrées  plus  petites  que  l'Egypte  el  la 
Perse  ^-,  mais  plus  grandes  que  les  pays  où  l'on  comptait 
par  orgyios^'.  La  remarque,  vraie  pour  l'IIellade,  ne 
convient-elle  pas  à  certaines  monarchies  de  l'Asie 
Mineure,  la  Lydie,  par  exemple,  où  furent,  dit-on, 
inventés  les  Jeux,  ludi^\  et  la  monnaie '°".'  Brandis"' 
considérai!  le  stade  comme  originaire  de  l'Asie  et  il  en 
retrouvait  même  le'  prototype  à  Babylone,  oubliant  que 
le  stade  grec  vaut  4(M)  coudées  et  que  la  mesure  babylo- 
nienne qui  s'en  rapproche  le  plus  el  à  laquelle  il  l'assi- 
milait sur  la  foi  d'Oppcrt  ■■',  ne  vaut  que  .'{OK  coudées". 

(oulul  renouveler  les  jeux  olympiques  i.  tÇ  SiiTj...  .Vai.r.Sivoî  (  \  |7.  S.  f/i/iml.  45) 
S.  Jérôme,  à  propos  de  la  passion  de  Saint  Polycarpe,  dit  :  sedente  proconsule  in 
umptiilheatro  ;  de  Viris  iltu.sl.  XVII  (éd.  Migiie  XXIII.  C35)  que  le  Ira.luctenr  grec 
renti  par  cv  T<r,  ùi&stOcâxo.:!.  —  '-'*  I.a  ti-ail.  latine  de  la  passion  île  S.  Polycarpe  emploie 
pour  iriâ?*u)v  arena.  Jean  Kacinc.  Œunes  (éd.  des  fir.  ècr.  de  ta  Fr.  |I8«7)  V, 
p.    564,  560)   traduit  ^tàSiov  de   la    lettre   d'Ëvagrius  \l.    c.)   |iar   ampltilliéntre. 

—  «  .\nlh.  Planud.  348,305,  37i,373,  375sq.0n  Irouvcégaleinentcomme synonyme 
Sfinoî  (3S7),  ti.xfo,  (3S51,  etc.  —  28  la  plupart  nonl  d'aulrc  crilérium  que  la 
longueur  de  l'édilice  (Spon,  Voyaij.  I,.  p.  3u7i.  Ch.  Texier  dit  que  :  ..  la  s/,ina  est 
apparente  dans  toute  la  longueur  de  la  pisie  ■>  d'un  monument  d'Aiiazarbe  qu'il 
nomme  le  slade  {As.  min.  p.  502).  —  2»  Beulé  parle  de  piquets  |  our  atlacher  les 
chevaux  dans  le  stade  de  Sicyone(/.  c).  Voir  ce  qui  a  été  dit  à  cini:i  s.  p.  1187  A  ; 
cf.  (i.  l'errot  et  Chipiez,  Hist.  de  l'Art,  VII,  p.  30i.  —  30  |,  M;  |1,  7,  s,  149, 
158  i  IV,  85,  ICI  ;  V,  53,  54;  VI,  30,  112;  VH,  34.  —  31  Hérodole 
écrivit  le  VII"  livre  après  l'an  430  (Vil,  137).  —  32  II,  6.  -  33  |,'auteur  désigne 
ainsi  les  îles  de  l'Archipel  et  les  colonies  grecques  de  l'Asie  Mineure;  lui-même 
compte  souienl  par  orgyics.  II,  2.S  ;  III,  00;  IV,  41,  80,  195,  etc.  —  34  Tertul.  De 
spect.  V. — 3ûXenophan.  Colopli.  ap.  Pollue,  onomast.  I.X,  83;  G.  Bawlinson. 
On  Ihe  invent,  of  coin,  nnd  Ihe  cari.  spec.  (tiad.  d'Hcrodot.  I  lin);  Fr.  I-enor- 
mant,  .l/o«n.  roy.  de  la  Lydie  (Is70),  p.  I  4  sq.  — 3fi  Dos  .Mùnz-Mass  u.  Gewic/tl 
m   Vorderasien.  p.  21  sq.  —  37  y^.  «3,  où  il  cile  Expédit.  de  A/ésopot.  Il,  321 . 

—  38  M.  Fr.  Thuriau-Dangin  a  montré  (./oiiin.  Asiat.  1909)  que  »  l'unité  linéaire 
des  Babyloniens  fut  la  coudée  •■  Ip.  79;  et  qu'en  Chaldée  ■•  les  dill'érentes  l'chelles 
de  mesure  se  conslituèrenl  conformément  au  système  sexagésimal  qui  était  à  la  base 
de  la  numération  ••  (p.  100).  Donc,  dans  ce  système  sexagésimal,  le  nniltiple  se 
rapprochant  le  plus  du  stade  grec  ne  peut  avoir  40U  coudées,  mais  0  x  00  ou 
300  coudées,  il  en  est  de  ce  stade  chaldéen  comme  du  prétendu  slade  italique  de 
025  pieds  romains  dont  parlaient  n  >s  anciens  métrologues  (J.  Girod  du  Saugey, 
.Manuel  mèlrol.  de  l'antiif.  (1837)  p.  53)  el  que  l'on  passe  sous  silence  depuis 
que  le  passage  de  Pline  est  mieux  compris  {Hisl.  nat.  il,  21,  I).  Le  premier 
auteur  grec  qui  employa  la  progression  sexagésimale  des  (  Jialdécns  ^Iteure,  iiiinule, 
seconde,  etc.)  fut  ilipparquc  el  le  plus  ancien  où  nous  la  retrouvions  est  liypsiclès 
dans  sou  'Avu^o^ixo;.  Les  Alexandrins  l'employèrent  à  propos  t\n  zodiaque  et  ils  don- 
nèrent à  la  trentième  partie  de  l'heure  aux  jours  éqninoxéaux,  de  la  dodécalémoria, 
le  nom  de  ativ.ir,  x-ji).^-.,  ilnscr.  rhodienne  trouvée  par  Hitler  von  liaertringen,  cf,. 
P.  Tannery,/n5cr.  a»(ro».(/fep.  (t.  jr.  1895)  ou  de  îjoî  (Ach.  Tatius,  Isay.  in  Arat. 
18), probablemeni  le  àj.7,;  perse  d'Iiésychios  ou  mieux  le  ^af-;;  babylonien.  Manilius 
a  rendu  ces  termes  divers  par  slndium  (Aslron.  III,  279)  ;  cf.  I.cironne,  De  lu  diiiis. 
de  l'équat.  el  du  jour,  cliez  les  Cliald.  {Journ.  des  .San.  1817),  p.  738  sq.  ;  P.  lan- 
nery,    La  Coudée  astron.  dans  Aeu.  arcA.  (1880)  i.  p.  27-37;  Ib.  189.-.,  I,  p.  359  sq. 


STA 


—  U;ifi   — 


STA 


Il  csl  vrai  qu'IIérodolo  a  connu  ci'tto  dernière  mesure' 
et  qu'il  lui  a  donné  par  analogie  le  nom  de  arioiov-, 
ainsi  qu'il  la  donne  à  des  soiis-mulliples  de  la  parasange 
perse  ',  du  chêne  i-gv  plien  el  à  toutes  mesures  étrangères 
d'une  longueur  de  150  à  ^Oit  et  quelques  mètres',  t^elle 
assimilation  fut  d'autant  plusaisi'e  que  le  véritable  stade 
grec,  le  trxio'.&v  s;ï7tX£0cov  de  000  pieds  ou  400  coudées  '', 
variait  de  longueur  selon  les  villes.  On  a  vu  plus  haut 
qu'il  élail  de  l'M  m.  ^7  ;\  Olympie,  de  177  m.  55  à 
Delphes  cl  en  Allique,  de  ISI  m  OS  A  Épidaure  (longueur 
de  l'ancien  stade  argien  du  v' siècle  selon  M.  Kavvadias"). 
Les  Alexandrins  adoptèrent  le  stade  cotnme  unité  de 
mesures  itinéraires  el  ils  s'en  servirent  pour  mieux  con- 
vertir toutes  les  longueurs  exprimées  en  pléthres  ou 
pieds  grecs,  schènes  égyptiens,  coudées  orientales  et 
brasses  marines^;  leur  slade  de  (iOO  pieds  plolémaïques 
valait  ISi  m.  8H75.  On  ignore  si  Éralhoslhène*  l'em- 
ploya dans  sadéogra/i/iie  ou  s'il  en  déduisit  un  autredes 
dimensions  mêmes  du  globe  terrestre  ;  il  estimait  la 
longueur  d'un  méridien  à  250000  stades".  0"and  les 
Itomains  tracèrent  la  carie  de  leur  empire  [forma,  v. 
p.  1251 J  el  dressèrent  leurs  itinéraires'*,  il  conservèrent 
leur  mille  jiassiiain,  mais  admirent  que  le  stade  alexan- 
drin en  serait  la  huitième  partie"  el  serait  compté  pour 
123  pas  ou  (i23  pieds  romains  '-,  ce  qui  a  permis  de  l'éva- 
luer à  184  m.  8375.  Cependant,  on  ne  trouve  jamais  de 
bornes  milliaires  romaines  avec  l'indication  liodométri- 
que  en  stades;  même  si  l'inscription  est  purement  grec- 
que'', les  lettres  numérales  indiquent  toujours  un 
nombre  de  milles  romains".  On  a  prétendu  qu'en  Asie 
et  en  Égyple,  les  empereurs  n'avaient  fait  que  convertir 
en  milles  les  stades  inscrits  sur  les  bornes  que  les  monar- 
chies liellénisliques  avaient  placées'^  en  remplacement 
des  bornes  perses  "'.  Le  fait  est  peu  probable,  puisque, 
même  en  Égyple,  les  explorateurs  de  Néron  corrigèrent 
les  anciennes  évaluations  des  Alexandrins  ''  el  il  n'est 
nullement  prouvé  que  les  successeurs  d'Alexandre  aient 
jalonné  de  bornes  les  oî&i  j5astXixai  ".  On  ne  connaît 
pour  les  périodes  helléniques  que  deux  inscriptions  qui 
puissent  être  considérées  comme  (jlétdov  ôîciropia;  :  la 
première,  transcrite  par  Cliandlcr  "  sur  la  route  du  Pirée, 

C'esldu  |iassa.!:p  ri-iicssuscilr  ilu  Talln«  ,|iii>  1'.  Tauncry  i-l  les  inélrolosislc-s  couliTii- 
jiorains  oui  pris  l'Iiypallièsc  suf  rori!;iiu-  du  sladc  grec  i|ui  représeulcrail  »  l'espace 
parcouru  pai'  un  niarclicur  ordinaire  en  un  Ircnliùine  d'heure  »,  soil  en  i|ualre 
niinules,  puistpie  l'ancien  nyclilliénière  ^tai(  divisé  en  douze  lioures.  I.'aulre  liypo- 
tliôse  «  distance  normale  (ju'un  coureur  peut  parcotirir  à  toute  vitesse  sans 
soufller  ..  vient  d  Isidore  de  .Séville,  Elym.  .VV,  IG,  3.  —  1  Hérodote  dit  i|ue 
lialiyloue  Tormait  un  carré  de  120  stades  de  côté,  soil  480  stades  pour  toule  l'en- 
ceinte ;  or,  l'inscription  dite  de  la  Compagnie  des  Indes,  giaviSc  en  licaux  car.icléres 
sur  lin  bloc  de  liasaUe,  porte  nctleinenl  que  le  mur  de  iJaljylonc  avait  480  animal 
ijngnri  de  long  ;  Uawliiisou  el  .Norris,  Ciineif.  inscr.  of  West.  Asia  (1861)  I. 
pi.  1  vil,  col.  8,  lig.  tri;  cf.  Oppcrt,  /i'x//W.  de  Mrsopot.  Il,  p.  3iO  ;  J.  Menant, 
Htthijl.  fl  In  Ihald.  ■  1875,  p.  207.  -  2  I,  17S.  -  3  V,  !i3  :  cl.  Xenopli.  Auatj.  Il, 
i,  6.  Ilérodule  dit  (pion  faisait  I.ï0  de  ces  stades  par  jour,  soit  9  parasanges  en  dix 
de  nos  heures.  Précédemment  ilV.  lui)  il  coiuplait  200  slades  par  journée  de 
marche.  Le  slade  grec  iiitait  donc  rpie  les  trois  ipiails  de  la  mesure  asialiipie  que 
ces  auteurs  nommenl  o-iS-....  —  H:f.  «bwuiia.  p.  l7i9A,siir  les  diverses  mesures 
en   slades  données    par   llérodole   el    .Xénophoii.   —  "  Uerod.  Il,  U9.    —    S  ?y.    c. 

-  ^  Heiod  IV,  8ti  ;  cf.  IV,  H  ;  II,  5,  28,  etc.  -  S  MnnsuiiA.  p  1730  li;  cf.  Pauly- 
Wisso»a,/(.n( /iMcyW.  s.  v.  ;  Eratosth.  Cl  sq.  ;  Colunilia,  Jùalosth.  c  ta  mmirnz. 
ilcl  miri'l.  terrest.  l'alernie,  I8U.Ï.  —  s  l'Iin. //is(.  mil.  I,  112,  8;  Strab.  I 
33  cl  3'J  ;  II,  5,  31.  Gcaiiiius  donne  Ht  stades  :  «  Les  deux  pôles  de  la  terre  sonl  à 
120  slades  l'un  de  l'autre  »  (/«.«/o».  in  Aral.  13ô|.  —  10  Fallu  de  Lesserl,  Lauvre 

•lé'iir.  d'Aijrippa  et  d'Aufi.  (l/i/ni.  des  Anliq.d-:  Fr.  1008,  p.  287  sq.) Il  Isid. 

Uisp.  XV,  Ifi,  3  (éd.   Aligne  LXXXII,  Iib7).    —   12   Min.    Hist.    nat.    Il,  21,  I. 

—  '■»  M.  L.  Ileiiiey  attribue  ce  Tait  à  une  n  manie  de  CaracaPa  u,  .Mi\sion  artU.  en 
Mwéil.  p.  3tt.  -  Il  Alb.  Uiimonl.  Inscr.  el  mon.  fi,,,  de  la  Ihrnce,  IS7li,  p.  s  : 
To  hh'a-o.  r.  Cf.  pour  les  bornes  delà  roule  d'iîphése  à  Tralles  H  llaiissoullier  (  Ace. 
de  fUilol.  XXIII,  1S9a,  p.  Ï!IU).  —  '!•  B,  llaussoullier.  (.  c,  ne  p.irle  que  des  roules 
construites  par  les  Séleucides  cl  que  les  Romains  s'approprièrent  ;  il  ne  fait  nulle 


mentionne  une  dislance  de  40  slades  depuis  l'autel  des 
Douze  dieux  ;  la  seconde  copiée  également  en  Altique  -", 
mais  par  Fotirmont,  serait  un  spi''cimen  de  ces  légendes 
versifiées  que  Fisistrate-'  lit  écrire  sur  des  hermès 
[iiERMAE,  p.  131]  à  mi-distance  d'Athènes  et  des  bourgs. 

Les  Byzantins  nommaient  iiTa3'.oopo[i.[xov  une  note, 
remise  au  commandant  de  la  llolle  à  la  veille  dune  expé- 
dition, et  comprenant  la  nomenclature  des  échelles  et 
l'indicalion  en  milles  des  dislances  qui  les  séparent--  ; 
c'était  un  extrait  des  (iTa3ta(i|j.&t  -c-\e;  oXtfi  &'!x&u[ji.£v-r|Ç -^ 

Le  slade  n'a  point  de  multiple-'.  Sorlin  Dokicnv. 

STA.MiXOS  (SrafÀVoc,  crTaixviov,  CTafjiviVx&i;).  —  Nousavons 
indiqué  à  l'article  hyiiria  (p.  31ft)  toutes  les  réserves  que 
l'on  doit  faire  sur  la  fat^'on  d'identifier  les  formes  des 
vases  grecs  avec  les  termes  employés  par  les  auteurs  ou 


les  lexicograpiies  anciens.  Les  archéologues  modernes  ont 
voulu,  bon  gré  mal  gré,  rendre  précise  et  rigoureuse  une 
nomenclature  qui  est  restée  vague  el  flottante  dans  l'anli- 
quilé;  Letronne  l'a  démontré  dans  un  remaniuable  mé- 
moire que  nous  avons  souvent  cité  '.  Le  mot  .ilai/nios  a  eu 
le  même  sort  que  les  autres.  Depuis  Panofkaet  Gerhard, 
on  l'emploie  couramment  pour  dési,gner  un  vase  qui 
lient  le  milieu  entre  l'amphore  et  l'Iiydrie  (fig.  G5(io)-, 


mei.liou  ,1e  bornes  placées  par  les  successeurs  d'Alexandre  et  sur  lesquelles  M.  Aqui- 
linus  "  n'eut  qu'à  ajouter  les  eliilTres  latins  aux  nombres  grecs  ».  —  16  fteiK 
arcftt'oi.  (1908)  11,  p.  150.  On  ignore  si  les  i^erses  lireiil  placer  des  bornes  avec 
inscript,  araméennepour  indiquer  les  parasanges.  Il  est  certain  que  les  Persans  n'en 
placèrent  poiill  pendant  le  moyen  âge  ;  ils  n'avaient  alors,  comme  les  Byzantins,  que 
des  Routiers,  des  Mémen!  os  pour  les  maiti-es  de  poste,  ilirigeant  les  ff^a6[toi,  »i  nsiones: 
cf.  E.  Miller,    fériple  de  Marc.  d'Hèracl.  (1839).  —  17  Pliii.  Hisl.  nal.  p    2.Î7, 

VI,  33,  G:   Verum  omnis  haec  finila  dUjwlalio  est  tfnoniam IVeronis  exptnra- 

tores  reniniciavere  /lis  rnodis.  —  1«  Opinion  contraire  soutenue  sans  preuve  aucune 
ilans  flc-e.  arcliéol.  (1908)  11,  p.  150.  —  '9  Varp.  inscr.  ail.  Il,  1078  ;  cf.  la  noie  du 
n.  11.77.  -  20  C.  in.'!,  i/r.  12  =  Inscr  ail.  veliist.  .î22.  —  31  Plat,  /iipp  (éd.  Ilidol, 
p.  558).  L'auteur  ne  dit  niillemenl  qu'il  fût  fait  mention  de  stades  dans  l'une  mi 
1  autre  des  inscrip'ions.  —  22  Const.  Porpli.  l/e  Kereiii.  Il,  45  (éd.  lionn,  p.  076)  :  cf. 
l'afel,  Oe/.roi:  p.  17  ;  Allr.  Itambaud,  L'emp.  grec,  au  A»  siècle,  p.  4.30.  —  '»  Coust. 
Porphyr.  lie  lliem.  I,  p.  18  ;  /  e  adm.  praef.  (éd.  B..nn,  p.  66).  —  2V  a;.i,>.,;,  ;,r,.,; 
i-.t,'/.;-,  il  Si'/.,/»;  soiil  des  termes  purement  agouisliqiies,  bien  que  certains  lexirn- 
graplies  les  qu.alilienl  de  -.i;;  ^iTiv..  IJcpendant  MM.  Hullsch  {.U'irolo,,.  (Ifs2) 
p.  38,  81,  C12,  097)  el  Babelon  (,Gr.  lùicijcl.  s.  v.  .-^laile,  les  adiuettclll  comme 
mesures  île  longueur. 

STMtlIVIIS.  I  Ohserralions  mr  les  noms  des  rases  i/recs,  ilans  llCiirres  choisies, 
éd.  F.ignan,  I,  p.  334  si|.  —  2  .Notre  ligure  est  faite  d'après  un  vase  du  Louvre, 
(i  1 1  4.  la  même  forme  esl  donnée  dans  la  plupart  des  ouvrages  céramographiques  : 
Panofka,  Jteclt.  sur  les  vè.  ■<  ibles  noms  des  vases  grecs,  p.  13  et  47,  pi.  m, 
n"  23:  Gerhard,  ihiiis  les  Annnd  dell'  InsI  1830.  pi.  c,!!»  16  :  Letronne,  Observai. 
p.  432,  planche,  n»  I  ;  Krause,  Angeioloijie.  pi.  m,  lig.  16,  17,  !S:  Wallcrs-Bireli, 
Uist.  une.  Poltery,  I,  p.  163,  lig.  82  ;  Collignon,  Arc/iéoloij.  grecque,  i'  édit. 
p.  272,  fig.  J 17.  Les  sujets  représentés  sont  le  plus  souvent  des  scènes  de  ban- 
ipiels  ou  des  processions  bachiques,  ce  qui  précise  la  destination  de  ce  vase  a 
vin  ;  cf.  PolUw,  Calahg.  cas.  du  Louire.  p.  I  loi. 


STA 


—    li.'iT  — 


STA 


plus  court  (il  plus  Irupu  (]\in  raiiipliore,  les  anses 
pareilles  à  celle  de  l'Iiydrie,  mais  au  nombre  de  deux 
seulement'. 

11  est  probable  que  celle  forme  renlre,  en  ell'el,  dans  la 
série  des  vases  que  les  anciens  appelaient  ijtïu.vo;  on 
(7Ta[xv;ov-,  mais  ce  qui  est  inexact,  c'est  de  croire  que 
cette  forme  seule  ait  droit  à  celte  appellation.  Comme  l'a 
dit  Letronne  ",  il  ressort  des  textes  que  ce  mol  est  syno- 
nyme, au  sens  large,  d'amphore  et  devait  désigner  beau- 
coup de  variétés  de  récipients  à  vin  ou  à  huile  ',  tantôt 
avec  deu.x  anses  %  tantôt  avec  une  anse '^,  ou  même  sans 
anse'.  Chez  les  lexicographes  ou  dans  les  inscriptions, 
on  le  rapproche  de  I'amphora,  de  Iiiydria,  de  la  kalpis  et 
du  CRATER*.  .\illeurs  on  l'assimile  au  iukos'.  C'est  évi- 
demment un  récipient  d'assez  grande  taille,  d'argile  ou 
de  métal  '".  Dans  les  temples,  des  jarres  de  ce  genre  ser- 
vaient à  conserver  l'argent  produit  par  les  revenus  du 
sanctuaire  ;  on  placaitdessus  une  inscription  indiquant  la 
quotité  de  la  somme,  la  provenance  du  revenu,  l'année 
et  le  mois  du  dépôt,  les  noms  el  qualités  des  magistrats 
chargés  de  celle  comptabilité,  l'année  de  leur  magistra- 
ture ".  Ailleurs,  ce  sont  de  menus  objets  de  bronze  qui 
sont  déposés  dans  une  hydrie  ou  dans  un  stamnos'-. 
D'autres  inscriptions  qui  énumèrent  la  vaisselle  de  bronze 
ou  d'argent  apportée  en  ollrande  par  les  pèlerins  ollrenl 
le  même  mot  avec  des  épithètes  qui  parfois  en  pré- 
cisent un  peu  la  forme  ou  la  nature  :  grand  stamnos 
à  une  seule  anse,  stamnos  béotien,  stamnos  à  huile,  etc.' '. 

Letronne  reproche  avec  raison  à  Panofka  d'avoir  fait  du 
(7Ta(jLv;ov  un  vase  did'érent  '*  ;  c'est  un  synonyme  ou  peut- 
être  un  diminutif  de  <j-iu.vciî.  On  connaît  des  TTativia 
/oïaîa,  c'est-à-dire  n'ayant  que  la  capacUé  d'un  chois 
(=  3,2S3  litres)'".  C'est  aussi  un  réciijient  d'argile, 
ou  même  de  verre  "^,  dans  lequel  on  mettait  du  vin  ''.  Un 
dit  encore  (TTajiv'^/.o;  "  et  ïTaavàp'.ov  ''-'  dans  le  même  sens. 
Le  <jTa(ji.vt'ov  est  également  synonyme  d'ày-tç,  vase  de  nuit 
[amis,  matila]  ''",  ce  qui  montre  bien  ([ue  le  mot  s'ap- 
plique à  des  formes  très  variées.  E.  l'oniKn. 

STAI\i\L'M  {Ka<7(7iT£foçj.  L'élain.  —  Ses  noms.  —  Le 
mot  xa(Tat'T£po;  se  rencontre  déjà  dans  V/liade',  oii  l'on  a 
voulu,  à  tort  peut-être,  (|u"il  désignât  un  alliage  d'étain 
et  d'argent'-  ou  des   objets  simplement  étaa»és%  plutôt 


I  Moccis  Ali.  teiicou  Allie.  Anjoçia,  -.m  i{ut<,<,  =^ii»,<,»  (cil.  Kotli.li-iiuij,',  lis:iii, 
p.  41);  Elymot.  Maijn.  s.  v.  iiii^çsis,  t;,  I««^£ju(iiv  Si»xov  oxanviov.  —  -  Voy.  les 
lexlcs  rassembles  par  Hauofka,  Op.  t.  p,  47  ;  Krause,  Op.  t.  p.  ilM.ll'i  ;  Letruiiiie, 
/.  c.  p.  34S-353.  Je  lie  crois  pas  ipie  Kurlwaeilgler  ait  raison  de  dire  que  uuiis 
appelons  u  à  lorl  >•  ce  geure  de  vase  stamnos  {Oriech.  Vasenmaterei,  I,  p.  N^t);  nous 
avons  seulenieol  lorl  de  réserver  uni<|Uemelil  ce  mot  potir  celle  forme.  —  ^  Op.  l. 
p.  34K-:i:i3.  —  4  Dans  Arislopl.ane  (/(an.  32)  D/ouysos  sinlilule  i,>.;  î;t«^,;.,u  ;  cf. 
Scliol.  ad  II.  l.  ;  cf.  beinoslli.  Cuiili-.  Lacril.  p.  93.3;  l'Iiryiiicli.  p.  4lin.  éj.  I.obeck  ; 
l'olluï,  X.  30el7i;  Allien.  I,  p.  i'J  E  ;  Tliora.  Magisl.  |..  I;i,  2,  Mit.  HiUcId.  Dans 
liesycll.  s.  V.  2:t«|ivcit;pot,  vases  à  huile  pour  les  épljches  daiis  les  {jcynmases  (IXsc'ou 
9iK|&vQi);  dans  une  inscription  de  I)6los,  «lût^vo;  U«L(r,3<;ç  (Huit.  corr.  ftelt.  XIV, 
p.  413).  —  5  Voy.  noie  I.  —  6  llomolle,/yuJf.  corr.  hell.  XIV,  p.  413  (,r:<iixv,.;  ut,.;  v-, 
où;  E7Mv).  —  7  Ce  serait  la'  forme  du  ntsos,  par  exemple.  Ilesycbius  dêlinit  le  ?ix'.;  un 
slamuos  ninoi  d'anses  (bikos],  el  Ussing,  Ùt-  nom.  eus.  jruc.  p,  341,  a  voulu  eu 
conclure  qu'ordinairement  le  stamnos  n'a  pas  d'anses.  Krause,  A?igéiotvgw,  p.  271- 
272,  conteste  avec  raison  celte  idée,  en  s'appuyaut  sur  les  leites  oii  sont  mculionnées 
les  anses  du  slamnos;  cf.  liomolle.  Op.  l.  XV,  p.  15«.  —  sllesycb.  5.  v.  xà>.«r,  ; 
l'ollut,  VII,  p.  lUi  ;  liomolle,  Op.  l.  V(.  p.  117;  XIV,  p.  ill,  413  ;  XV,  p.  Ijij. 
—  9  liesych.  s.  i'.  —  1"  Aristopli.  l'iiil.  .')4j  ;  Ueniostli.  (.  c.  p.  'J34  {.sjiii.,«);  lio- 
molle. Op.  t.  ,XIV,  p.  413  (,,.)i.î).  —  Il  liomolle.  Op.  t.  Il,  p.  330-342.  ;i7U-57C  ;  VI, 
p.  60;  XIV,  p.  4W,  Moteï;  p.  45s, noie  3.  —  >i  Ibid.  XIV,  p.  411.  —  I"  Ihid.  XIV, 
p.  413.—  l'O/j.  /,  p.  333.  —  tû  II  est  vrai  qnec  est  une  correction  au  texte  de  .Siidas 
(s.  ti.  joV«,a|  proposée  par  M.  Zekiilis  (Allwnisch.  MUlheil.  l'JOC,  p.  237).  —  ni  t'ollu», 
VI,  t4.  —  17  IIjiU.  :  Aristoph.  Lysht.  1%  ;  Tliemisl.  IV.  p.  72,  éd.  Dind.  ;  l'Iiol. 
A».'/-,  s.  r.  j:T«;*yia,  t«  *«9i«  aîfôttta.  Il  s'a^'it  saus  doule  des  grandes  ampbores  dans 
desquelles  on  mettait  le  vin  de  Tbasos  si  renommé;  cf.  Uuniout,  Inscriplions  céra- 
miq.  de  Grèce,  p.  14,  18,  39  eq.  :  lollui,X,  7î.  —  1»  Follui,  VII,  162.  —i'^lbid.  X, 

Vin. 


<|ue  le  métal  pur.  Dans  les  textes  postérieurs*  son  sens 
n'est  pas  douteux;  c'est  bien  l'élain,  ellui  seul,  que  les 
Tirées  entendaient  sous  ce  vocable;  ce  n'est  pas  à  la  fois, 
comme  on  l'a  prétendu,  l'élain  et  le  zinc%  ou  l'élain  elle 
plomb".  D(!  là  viennent:  l'adjectif  xacffsTÉpivcç'',  fait  en 
l'tain  ;  les  substantifs  za^rrriTEpoTtoioç  *.  xaTiixîpo'jpYÔç',  ou- 
vrier travaillant  l'élain  ;  le  verbe  xadctrepow-iû  '",  étamer. 
Pline  prétend  que  le  mol  xaTTÎTspoç  a  été  créé  par  les 
Grecsii.  Quelques  auteurs  anciens  le  rattachent  au  verbe 
xaito  ou  au  verbe  T£ip&u.a!  ■'-.  M.  L.  Siret  se  demande  s'il 
ne  dériverait  pas,  par  échange  du  x  en  t  ou  par  méta- 
Ihèse  et  par  redoublement,  de  xaxcpriç,  fondant,  qui  rend 
fusible,  allusion  à  la  qualité  la  plus  remarquable  de 
l'élain  et  à  son  alliage  avec  le  cuivre  pour  former  le 
bronze'^  Festus  ,\vienus  l'explique  parle  nom  du  mont 
(-'assiu.s,  situé  dans  une  région  riche  en  mines  d'étain, 
la  péninsule  ibérique '*.  D'autre  part,  on  l'a  rapproché 
depuis  longtemps  du  sanscrit  kaslira  et  de  l'arabe  kas- 
(lir,  qui  ont  la  même  signification  que  lui  el  lui  sont 
évidemment  apparentés'"  ;  mais  la  forme  sanscrite  est 
plus  récente  que  la  forme  grecque,  car  l'Inde  dans  l'anti- 
quité, comme  on  le  verra  plus  loin,  faisait  venir  de 
l'Occident,  par  l'intermédiaire  de  l'Egypte,  tout  l'élain 
dont  elle  avait  besoin;  kastira  e\kusdir  ne  sont  que  des 
transcriptions  tardives  de  xaiiiTôpoç.  Sayce  croit  trouver 
dans  l'accadien  ou  le  sumérien  kasduru,  et  Lenormanl 
dans  l'assyrien  kfi.sncatirra  le  prototype  du  nom  grec 
de  l'élain  "^  ;  en  réalité,  le  prétendu  mol  kasduru  n'a 
jamais  existé  ctkasnsatirra  ne  s'appliquait  pas,  semble- 
t-i  1,  à  un  métal,  in;iis  à  des  étoffes '\  M.Saloinon  Reinacii  a 
proposé  récemment  une  autre  hypothèse,  beaucoup  plus 
vraisemblable:  xaiff'Tepoç,  quoi  qu'en  ait  dit  Pline,  serait 
un  terme  d'origine  celtique"'.  .\u  lieu  d'admettre,  comme 
on  le  fait  généralement,  que  les  îles  Cassitérides  devaient 
leur  nom  à  l'élain  qu'on  allait  y  chercher,  il  estime  au 
contraire  que  le  métal  a  pris  celui  du  pays  d'où  on  le 
lirait.  Le  cuivre  n'esl-il  pas  le  métal  de  l'ile  de  Chypre  et 
le  bronze  le  métal  de  Hrundisium?  L'élain  lui-même 
ne  s'appelle-l-il  pas  en  lurcel  dans  les  idiomes  voisins 
i/fi/(iï,  du  nom  que  donnent  ces  langues  à  la  presqu'île 
de  Malacca,  oit  sont  les  gisements  les  plus  considérable* 
que  l'on  connaisse ''■''.'  Dans  le  mol  Cassitérides  il  faut 


72.  —  -u  liesycll.  s.  v.  i^i;  ;  cf.  IJekkcr,  Aiiecdol.  p.  217  (2s),  coniincutant  un  pas- 
sage de  IkMiiostb.  Cuntr.  CoHun.  p.  12;»7,  t7, 

STAMVUH.  I  llom.  //.  XI,  23  et  34;  XVIll,  471  et  013;  XXI,  392;  XXIII,  503 
et  501.  —  2  M.  Bertlielol.dansle  Jourii.  des  Savants,  IKS^I,  p.  380.  —  3  W.  Ilcibig. 
L't'ltopëe  homérique,  trad.  fr.  Paris,  1894,  p.  303.  —  *  Ils  sont  tous  énumérés  et 
reproduits  par  A,  lloldcr,  Altcettisclier  .Spracliscfints,  1,  Leipzig,  1S90,  p.  828-832. 
lorme  allique  :    .aTt,'tsj'.5,    Inscr.    graec.   I,  u"  319   I.  3;    IX,  li>   303,   I.    15-10. 

—  '-  llnfer,  Hist.  de  la  chimie,  Paris,  1800,  I,  p.  133.  Coiilra  :  K.  B,  Hofmann, 
dans  la  Uenj-und  IJûUenmûnn.  Zeil.  1882,  p.  515.  —  6J.-B.  beckmann,  Beitr. 
zur  GescU.  dcr  Jirfind.  Leipzig.  1780-1805,  IV,  p.  340;  A.  Riedunaucr,  Uandwerk 
und  llandmerker  in  der  homer.  Zeit,  Erlaugcn,  1873,  p.  112  et  200;  Fraulz,  dans 
la  llerg-und  H&llenmiinn.  Xeit.  1880,  p.  437.  —  '  plut.  Mor.  p.  1073  c;  Aristid. 
Il,  p.   WO;Gllcil.   XIV,  p.  99.  0,  p.  309.  18;  XIX,  p.  432,  19;  Ilippiatr.  p.  48,  14. 

h'orine  atlique  :  xntixifi.cî,  Inscr.  gr.  Il,  n«  652  B  I.  28-29.  —  8  l'roc.  l'araphr. 
l'Iol.  p.  251.  —  '■>  Corp.  gtossar.   latin.  Il,  p.  339,  29.  —  lu  Uioscor.  I,  33  et  38. 

—  Il  Plin.  XXXIV,  130.  —  12  Eustatb.  p.  1154,  18  ;  1107,  57;  Ulym.  magn.  p.  493, 
27.  _  13  L.  Siret,  dans  l'.ln^/iropo/ojie,  1908,  p.  153.  —  14  Fesl.  Avicu.  Ora 
mûrit.  200.  —  '»  A.  von  Scblesel,  Indische  BMiuthek,  XI,  Bonn,  iS24,  p.  393; 
Clir.  Lassen,  Indische  .Mlerlhnmskunde,  I,  Bonn,  1843,  p.  239  ;  A.  von  iiumboldt, 
Kusmus,  II,  bluttgarl,  1847.  p.  409,  n.  29,  etc.  —  '6  Sayce  ap.  .<cblieinanu,  Itios, 
trail.  fr.  Paris,  1887,  p.  013;  Kr.  Lenurmaul,  Les  premières  cirilisations,  I, 
Paris,  1874,  p.  147;  Trans.  of  thc  Soc.  of  Oiblic.  archnnl.  VI.  1878,  p.  337. 
Cf.  0.  Sclirader,  Sprachvergleichung  und  t/rgesch.,  2'  éd.  léna,  1890, 
p.  313.  —  17  Opinion  de  J.  0p|iert,  citée  par  G.  Bapsl,  dans  les  C.-Jt.  de  l'Acad. 
des  Inscr.  1880,  p.  253.  —  18  S.  Rcinach,  L'rtain  celtique,  dans  VAnthropo- 
logie,  1892,  p.  275-281.  —  '3  Cf.  M.  Bertlielol,  Sur  les  iiomi  Qalai,  QaUais 
et  sur  ceux  de   l'élain,  dans  le   Journ.   des  Savants,  1889,  p.   379-382. 

183 


STA 


—  1irj8 


STA 


dislingiier  la  di'siiu'iice  îS£;,  ajoiiléo  par  les  Grecs,  el 
doux  01011101118  colLiquos,  rassi,  sorlo  do  superlatif,  qui 
roparail  dans  beaucoup  de  nouisd'hommoselde  peuples  ', 
et  teros,  adjectif,  qui  voulait  dire  extrême  ;  les  Cassité- 
ridos  étaient  les  îles  très  reculées,  Icr/aTai  v-ficoi,  insulac 
exthnne-,  el  lo  xauuirspc-;  le  métal  (jui  provenait  de  cette 
contrée  lointaine.  La  principale  difliculto  que  soulève  la 
théorie  de  M.  S.  Reinach,  c'est  qu'elle  conduilâ  supposer 
que  dès  le  ix"  ou  le  viu"  siècle  av.  J.-C.  les  Grecs  auraient 
eu  connaissance  d'un  terme  do  la  langue  des  Celles,  alors 
que  l'invasion  de  ceux-ci  dans  l'Europe  occidentale  passe 
pour  n'olrepas  antérieure,  tout  au  plus,  au  vu"  siècle. 

L'étain  pur  était  appelé  proprementen  lalin,  à  la  belle 
C'\>oquii,  /i/umbum  (ilbum  ou  plitinbum  candidiiin',  par 
opposition  au  plomb,  plinnbum  tiKji'um  [plumbumJ.  On 
réunissait  sous  la  môme  désignation  générale,  mais  en 
les  distinguant  d'après  leur  couleur,  deux  métaux  assez 
voisins  l'un  de  l'autre,  dont  les  gisements  coexistaienl 
souvent  dans  les  mêmes  régions  et  dont  la  connaissance 
a  dû  se  répandre  à  peu  près  simullanémenl  en  Italie. 
L'interprétation  du  mol  stannum  ou  stagixum  *  (d'où 
dérivent  l'adjectif  .v/«n«e«s  ou  slar/neus'\  d'étain,  el  plus 
tard  le  substantif  s/«nna/o/' ou  slat/nnlor^ ,  ouvrier  en 
éUiin,  ainsi  que  le  verbe  slaffnare\  étamer)  esl  plus 
diflicile.  Pline  l'Ancien  donne  à  ce  terme  deux  acceptions 
diflérentes:  il  nomme  ainsi  le  plomb  d'œuvre,  métal  de 
première  coulée  oblenu  parle  traitemenldu  plomb  argen- 
tifère", et  aussi  un  métal  dont  on  recouvrait  les  objets 
de  bronze  afin  de  leur  donner  meilleur  goût  et  de  les 
empêcher  de  se  rouiller  ''  —  emploi  qui  convient  bien 
à  l'étain,  nullement  au  plomb  ;  pour  comble,  un  peu  plus 
loin,  il  oppose  dans  la  même  phrase  le  plumbum  album, 
c'esl-à-dire  rélain,  au  slaiinum  ou  plomb  d'œuvre  '". 
Quelque  sens  que  l'on  donne  à  slannum  dans  les  textes 
de  Pline",  il  esl  impossible  d'admeltro  avec  Beckmann 
que  l'élain  n'a  jamais  porté  ce  nom  avant  le  iv"  siècle  de 
notre  ère  '-  :  en  effet.  Piaule  parledéjà  de  rasa  stannea  ", 
qui  ne  peuvent  être  que  des  vases  d'étain  ou  étamés,  el 
dans  un  passage  de  Suétone'S  de  bien  peu  postérieur  à 
Pline,  le  slaïuiuiii  ne  peut  être  aussi  que  l'élain.  Berthe- 
lot  fait  observer  qu'il  faut  tenir  grand  compte  de  l'incer- 
lilude  et  des  variations  de  la  nomenclature  scientifique 
chez  les  anciens;  il  est  arrivé  souvent  qu'un  seul  mol 
ail  désigné  tour  à  tour,  sinon  même  simultanément, 
un  métal  pur  el  toute  une  série  d'alliages'".  D'après  lui, 
le  mot  slannum  ne  convenait  d'abord  qu'au  plomb 
d'(euvre;  puis  on  l'étendit  des  composés,  qui  naissent 
dans  la  préparation  du  plomb,  à  l'étain  ou  plumbum 
album;  il  finit  par  être  réservé  à  celui-ci  "'.  Schade  est 
d'un  autre  avis  :  il  croit  que  stannum  était  le  nom  pri- 
mitif de  l'étain  à  Home;  celui  de  plumbum  album  ne  lui 


1  lioldcr,  Op.  cit.  1,  p.  JSJV-.si5:  les  Cassi,  peuple  breloil  ;  Cnssii'cUaunus,  roi 
breton;  Vercassivellaunus,  c\ic(  JirvcTac;  les  dii  Casses,  divinilés  rhénanes;  les 
Vetiocasses,  Viducasses,  Bajocasscs,  peuples  belges  cL  colles,  etc.  —  2  S-  Kei- 
nacli,  Op.  cit.  p.  280  :  Timagène  lap.  Aniiu.  Marc.  XV,  9)  rapporte  que,  d'après  les 
ilniiiles,  une  partie  tle  la  population  de  ta  Gaule  venait  prt^cisémenl  d'insutae 
exfimae,  lesquelles  ne  peuvent  ôtre  que  les  lies  liritannirgues,  identiGécs  par  S.  Rci- 
nach  avec  le»  Cassitéridcs.  —  3  l.ucrot.  VI,  1077  ;  Cacs.  DM.  gntt.  V,  li;  ['lin. 
iV,  112;  XXXIV,  150  sq.  —  *  Voir  les  textes  rlmis  par  Holder,  Op.  cil.  Il,  1904, 
p.  (6:ti-IC;n,  s.  !••  stagno;  aucun  n'est  ant^-rieur  à  Pline.  —  j  Plaut.  fragm.  ap. 
Kcst.  ».  v  yarica,  p.  IliS;  IJoluni.  XII,  ii,  1  ;  l'Iin.  XXIX,  35;  XXX,  38  el  57  ; 
.\pul.  iletam.  X,  il:  Ulp.  Digcst.  XI.VIII,  in.  9.  —  6  Cor/i.  glossar.  latin.  Il, 
p.  <.!3;i,  "9.  -  ~<  l'Iin.  Valerian.  I,  :il  et  III,  4.  -  »  l'Iiu.  XXXIV,  159.  —  9  /,/. 
I6n.  —  10  IIMl.  —  Il  II.  Blfininer,  Tixlmul.  iiivl  Tirminul.  ,1er  (n-wcrhe  nml 
Kitnstc  bei  Oriccficn  und  JtOmern,  Leipzig,  I><S7,  p.  82,  incline  à  croire  que  par- 
tout Pline  entend  par  stannum  un   métal  distiucl  de  l'étain.  —  12  Beckmann,  Op. 


aurait  été  appliqué  que  plus  lard,  pour  le  différencier 
des  alliages communsàbase de  plombquel'on  employait, 
à  cause  de  sa  cherté,  en  ses  lieu  el  place,  el  en  les  qua- 
lifiant eux    aussi,   très    improprement,   de  slannum  ''. 

D'où  vient  ce  mot  controversé  '.'Un  admet  généralement 
qu'en  France,  à  reiubouchure  de  la  Vilaine,  le  village  de 
Péneslin  (Morbihan)  représente  un  cap  (;>c;i«)  de  l'élain 
(en  breton  sien,  en  lrlandaiss/«7i).  Les  Gaulois,  croit-on, 
auraient  emprunté  slannum  aux  Romains'*.  M.  llolder 
suppose,  à  la  suite  de  PIclel,  que  ce  sont  les  Romains  qui 
l'ont  reçu  des  Gaulois  "  ;  slannum,  dans  cette  hypothèse, 
serait,  comme  xac-cÎTEpoç,  une  adaptation  d'un  mol  celte. 

Prorenance  [voir  la  carte  des  mines  el  carrières  dans 
l'antiquité  grecque  el  romaineà  rarticleMEïALLA,p.  1846, 
fig.  4974,  et  la  carte  du  groupe  hispanique,  p.  1848, 
lig.  4!(7o].  —  L'élain  existe  dans  la  nature  à  l'état  d'oxyde 
(cassitérile),  sous  forme  de  filons^",  où  il  esl  mélangé  en 
petites  quantités  à  des  roches  dures  qu'il  faut  broyer  el 
triturer,  ou  sous  formes  d'alluvions-',  beaucoup  plus 
faciles  à  exploiter,  parce  que  le  minerai  n'y  est  pas  enve- 
loppé de  gangue  el  qu'il  suffit  de  laver  les  sables  pour  le 
mellreen  liberté.  Ses  gisomcntssonl  relativement  rares" 
et  son  aspect  ne  ressemble  à  celui  d'aucune  autre  sub- 
stance métallique.  On  s'étonne,  dans  ces  conditions,  qu'il 
ail  étéj  très  anciennement  connu  et  que  l'on  ail  pu  en 
faire,  dès  les  temps  préhistoriques,  une  consommation 
énorme.  Il  esl  certain  cependant  ([ue  des  quantités  prodi- 
gieuses d'étain  ont  été  nécessaires  pour  forger  les  objets 
de  bronze  qui  caractérisent  le  premier  des  âges  des 
métaux  et  qu'on  trouve  partout  répandus,  même  dans 
des  contrées  qui  ne  possédaient  pas  de  gîtes  stannifères. 
l-a  circulation  de  l'élain  a  donné  lieu  à  l'un  des  com- 
merces tout  à  la  fois  les  plus  importants  et  les  plus 
mystérieux  de  l'humanilé  primitive.  On  n'a  pu  dt'termi- 
ner  encore  de  quels  centres  les  hommes  de  l'âge  du  bronze 
faisaient  venir  ce  métal  qui  leur  était  indispensable'-'''. 
<i  Aucune  des  hypothèses  proposées  ne  répond  aux  exi- 
gences d'une  fabrication  aussi  prolongée,  aussi  générale, 
aussi  considérable;  il  a  dû  y  avoir  des  transports  régu- 
liers de  masses  d'étain  venant  de  mines  abondantes  et 
inépuisables-''».  Faut-il  chercher  ces  mines  à  l'extrémité 
orientale  du  monde  antique,  dans  l'Indo-Chine  et  l'Insu- 
linde,  ou  bien  au  contraire  à  l'extrémité  occidentale,  dans 
les  îles  Cassitérides,  ou  encore  dans  quelque  région 
intermédiaire  d'Asie  ou  d'Furope"? 

La  première  opinion  est  maintenant  abandonnée.  Elle 
a  été  soutenue  principalement  par  Schlegel,  Lassen  et 
llumboldt'".  La  ressemblance  du  sanscrit  kaslira  et  du 
grec  xaccÎTEfoç  donnait  lieu  de  croire  que  l'Asie  Occiden- 
tale el  l'Europe  s'approvisionnaient  d'étain,  aux  origines, 
dans  l'Inde,  qui  l'aurait  tiré  elle-même  des  gisements  si 


cit.  IV,  p.  330.  —  13  Plaut.  ap.  Fesl.  s.  i-  Marica,  p.  Klfl.  —  14  Suet.  Vitcll.  5. 
-  15  M.  Bcrthclol,  dans  le  Journ.  des  Savants,  1889,  p.  379.  —  16  Du  même, 
CoHect.  desanc.  alcliimist,-s  ijrecs.  I,  Paris,  ISS",  Introil.,  p.  55.  —  "  0.  Scliade, 
Alldeuls-hes  Wôrterbuch,  i'  éd.  Halle,  I8771S82,  p.  1267.  —  18  S.  Keinach, 
dans  l'Anthropoloi/ie,  IS9i,  p.  277.  —  l'J  llolder,  loc.  cit.  —  20  Oiod.  V,  22  et  38  : 
Slrab.  III,  p.  1*7.  —  •■il  l'Iin.  XXXIV,  157.  —22  Ed.  Huclis  el  L.  de  Launay,  Traité 
des  gites  minéraux  et  métallifères,  II,  Paris,  1893,  p.  tOI-158.  —  23  Von  Baer, 
Von  wo  das  Zinn  zu  den  alten  /ironzen  gekommen  sein  mag,  dans  VArchiv. 
fur  Anthropol.  1876,  p.  263  sq.  ;  Daubrée,  (ibserv.  sur  l'exploit,  antique 
de  l'étain,  dans  la  Uev.  nrchéol.  1881,  I,  p.  332-336;  G.  Bapsl,  Sur  la  prove- 
nance de  l'élain  dans  le  monde  anlit/ue,  dans  les  C.-/t.  de  l'Acad.  des  inscr. 
1886,  p.  2*7-235;  Eil.  Meyer,  «tsc/i.  des  Alterlums,  I,  2"  éd.  2,  Slullgart  t90!l, 
p.  151  cl  74*  ;  II,  f  éil.  Slullgarl,  1893,  p.  137.  —  2V  M.  Bcrlbclol,  Coll.  des  anc. 
alchimistes  grecs,  i,  introd.  p.  227.  —  25  Voir  les  ouvrages  cités  plus  haut, 
p.  1*57,  n.  15. 


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abondants  de  lacolo  du  Siam,  de  la  presqu'île  de  Malacca 
et  de  l'île  Banka.  Mais  on  sait  par  Pline  l'Ancien  '  el  par 
l'auteur  anoiiynie  du  l'crijt/e  de  la  mer  Erijlhréc'  que  de 
leur  temps,  à  la  fin  du  i"''  siècle  de  notre  ère,  l'Inde  rece- 
vait l'étain  de  l'Occident,  par  l'entremise  des  négociants 
égyptiens-'.    Les  alluvions  de  Malacca  et  de  la  Sonde 
n'étaient  donc  pas  encore  exploitées.  M.  S.  Reinach  pense 
que  le  premier  texte  qui  les  concerne  est  un  fragment 
conservé  par  Etienne  de  Byzance  et  extrait  des  Bauaaptxà 
d'un  certain  Denys,quiesl  peut-être  Denys  le  Périégèle'". 
Aucune   des  régions    intermédiaires  entre  l'Extrêine 
Orient  el  l'Rxlrème  Occident,  sauf  peut-être  laDrangiane, 
ne  paraît  avoir  jamais  fourni  beaucoup  d'étain  aux  peu- 
ples de  l'antiquité.    Fr.  Lcnormanf'  et  Dufréné'',  s'ap- 
puyantsur  des  rapprochements  d'ordre  philologique  plus 
ou  moins  fondés,  supposent  que  ces  peuples  le  faisaient 
venir  tout  d'aboi-d  du  Caucase.  On  ne  saurait  l'admettre: 
les  géologues  n'ont  constaté  nulle  part  dans  le  Caucase 
l'existence  de  gîtes  siannifères'.  La  seule  contrée  d'Asie 
dont  les  mines  d'étain  aient  été  exploitées  parles  Anciens, 
et  à  laquelle  on  ait  pu  penser  comme  pays  d'origine  du 
métal  consommé  sur  les  bords  de  la  MiMiterranée*,  est  la 
Drangiane,  le  Khorassan  d'aujourd'liiii',  où  le  voyageur 
Ogordnikoir  a   retrouvé,  aux    environs  de  Méclied,  les 
exploitations  déjà  signalées  par  Strabon  '".  Ln  Europe, 
Scymnus  de  Cliios  (b'clare   que  deux   îles   du   fond   de 
l'Adriatique  donnent  un  étain  excellent"  ;  il  n'existe  pas 
de  gisements  dans  le  voisinage  immédiat;  peut-être  le 
métal  était-il  amené,  par  caravanes,  des  pays  plus  sep- 
tentrionaux où  .sa  présence  et  même  sa  mis(!  (;n  valeur, 
dès  une  époque  reculée,  nous  sont  attesté(!S  '-  :  la  Carin- 
thie  '\  la  Bohème  et  la  Saxe,  dans  le   Boehmerwald,  le 
Ficlitelgebirge  et  l'Erzgebirge  '•.  On  a  relevé  aussi  en 
Italie,  sur  la  côte  de  Toscane,  à  Campiglia  Marilimaet  à 
Cento  Camerellc,  au  Monte  Valerio  et  au  Monte  Rombolo, 
les  traces  probalîtes  d'une  très  ancienne  exploitation  de 
l'étain'".  Tout  cela,  en  somme,  est  fort  peu  de  chose,  en 
comparaison  de  ce   qu'exigèrent,   pendant  une  longue 
suite  de  siècles,  les  besoins  de  l'industrie  du  bronze. 

Les  contrées  de  l'Europe  occidentale  riveraines  de 
l'Océan  Atlantique,  la  péninsule  ibérique,  la  Gaule,  les 
îles  Britanniques,  étaient  beaucoup  mieux  pourvues. 
C'est  de  là  que  provenait  sans  aucun  doute,  à  répo((ue 
classique,  l'étain  utilisé  dans  le  monde  méditerranéen. 
Il  est  difficile  de  savoir  s'il  en  était  déjà  de  môme  à  l'âge 
du  bronze  et  de  dire  dans  laquelle  de  ces  trois  régions 
doivent  être  localisées  les  fabuleuses  Cassitérides,  qui 
avaient  donné  leur  nom  à  l'étain  et  que  l'on  serait  anlo- 

'  (Min.  X  XXIV,  103.  —iPa-.mar.Erythr.-,  28,  49,  56.  Cf.  B.  Fabricius, /to- /'«- 
i-i/iliisdfs  Kri/l/ir.  Mecres,  l.pipiiig,  IS»3, p.  15ti-i;)7.  —3  Cf.  A.  Webcr,  Oie  Verl/iii- 
ditny  Indiens  mit  den  Landern.  im  Westcn.  dans  la  Deutsche  Monntsschrift,  l.s;.:t, 
1170  ;  Fr.  K.  MoïtTS,  Vie  Planizier,  III,  I,  Bonn.  IS5li,  p.  03.  —  *  S.  lieinitcli,  dans 
VAntlirapoloj/ie,  iK'rl,  p.  270.  ii.  4.  —  ■'  Fr.  I.cnorinanl,  Prem.  civilia.  1.  p.  HC-132. 
—  ''  Dufi'én^!,  Etude  sur  l'hist.  de  la  production  et  du  commerce  de  l'étain. 
Paris,  1«S1,  p.  22.  —  "'  G.  Bapst,  Les  métaux  dans  l'antit/.  et  le  moijen  ùije  : 
l'rtain,  Paris,  l'ssi,  p.  7  ;  E.  Chantre,  /lech,  anthrop.  dans  te  Caucase,  Paris, 
1S8.5,  p.  SI.  —  S  Par  ci.  :  G.  Pcrrol,  Uist.  de  l'art  dans  l'untiq.  VI,  Paris,  IK'Ji, 
p.  1I.Ï2.  —  »  Von  liacr,  loc.  cit.,  G.  Bapst,  dans  C.-ll.  de  l'Ac.  des  Inscr.  ISSO, 
p.  217  sq.  ;  Tomasclifit,  dans  les  Mittk.  der  anthropol.  Gesellsch.  in  Wien, 
f>it:unysber.  ISS8,  p.  ».  —  tO  Slrab.  XV,  p.  721.  —  "  Scymn.  3(11.  —  12  V.  lié- 
rard,  Ua  Phéniciens  et  l'Odyssée,  I,  Paris,  1902,  p.  439.  —  13  A.  B.  Meycr, 
Gurina  in  Obmjaithaks  {Kârnthen),  I8R5,  p.  03.  —  r»  Gurll,  dans  les  flonner 
Jahrh.  I.XXIX,  issg,  p.  253.  P.  BaUillard,  Mém.  de  la  Soc.  d'anthro/j.  \S1^, 
p.  5113;  187S,  p.  .HliO,  et  Hi.'itorif/ue  et  prélimin.  de  la  question  de  Vimporl.  du 
bronze,  Paris,  IS7S,  aUrihnc  aux  Tziganes  nomades  la  propagalion  de  lélair]  ii 
lr.ivcrs  l'Knropc.  —  15  Daubri''e,  llev.  archéol.  1881 ,  I,  p.  335-330,  d'après  Gliarlon, 
Annales  des  Mines,  T  s(lrie.  IX,  1870,  p.  II!»,  el  P.  Blanchard,  Atti  dei  /.incei. 
Trnmunti,  I,  IM8.  p.  ISi:  :  A.  Mosso.  L-i,r,iiini  d^ll,,  riiill.i  mi-dilerinnen.  Turin. 


risé,  par  conséquent,  à  regarder  comme  le  premier  centre 
de  production  de  ce  métal. 

Les  auteurs  anciens  nous  appreniH'ntqu'il  y  avait  des 
gisements  stannifères  enbcaucoupd'endroits  delà  pénin- 
sule ibérique",  et  surtout  en  Lusitanie,  en  (lallécie 
chez  les  Artabres,  en  Tarraconaise  '''.  D'autre  part,  on  a 
découvert  des  vestiges  considérables  d'exploitations 
remontant  à  l'antiquité  sur  le  territoire  d'Ablanéda,  près 
d'Oviédo,  el  à  Salabé,  dans  l'ancien  pays  des  Cantabres, 
où  plus  de  quatre  millions  de  mètres  cubes  ont  été  jadis 
extraits"*.  Pour  la  Gaule  nous  avons  aussi  quelques 
témoignages  littéraires  à  invoquer:  l'auteur  du  traité  l>e 
mirabilibus  Auncullal.ionibus,  faussement  attribué  à 
Aristote,  décerne  à  l'étain  l'épithète  de  celtique  "  ; 
Scymnus  de  Chios  assure  que  l'étain  qu'on  trouve  à  Tar- 
tessus,  c'est-à-dire  sur  les  marciiés  de  l'Espagne  méri- 
dionale, vient  des  alluvions  fluviales  de  la  Celtique^"  ; 
Pomponius  Melarattache  à  laCeltique  les  îlesde  l'étain  -'. 
Des  minesconnues  etfouillées,  semble-t-il,  dès  l'époque 
préhistorique  ont  été  retrouvées  dans  le  Limousin, 
notamment  à  Vaulry  (Haute-Vienne),  à  Montebras  et  à 
Cieux  (Creuse),  au  voisinage  de  gisements  aurifères,  et 
dans  le  Bourbonnais,  que  se  partageaient  jadis  les  Bitu- 
riges  et  les  Arvernes,  près  de  Néris  et  d'Ebreuil,  au  voisi- 
nage de  gisements  de  kaolin  ^-  ;  les  plus  intéressantes 
sontcellesde  Montebras;  elles  consistent  en  une  série 
d'excavations  superfîcielhîs,  en  forme  d'entonnoirs,  dis- 
posées suivant  les  alignements  réguliers  et  creusées  à 
20  mètres  de  profondeur  au  maximum  -^.  D'autres 
excavations  apparaissent  dans  W  Morbihan,  à  la  Villeder, 
ainsi  que  des  alluvions  slannifères,  qu'on  retrouve  égale- 
ment dans  la  Loire-Inféri(^ure,  à  Piriac  el  à  Péneslin  ;  le 
pays  des  Venètes  a  dû,  à  un  certain  moment,  fournir 
unequantité assez  importante  d'étain -*.  Polybe -%  César-S 
Diodorc^  surtout-'  et  Strabon-*  font  mention  de  l'étain  des 
îles  Britanniques  ;  ils  attestent  l'importance  de  ses  gise- 
ments et  de  son  commerce.  Diodore  de  Sicile,  qui  s'ins- 
pire de  Timée,  parle  d'une  île  située  en  face  de  la  Bre- 
tagne et  appelée  [dis,  où  l'on  venait  en  chars,  à  marée 
basse,  apporter  l'étain,  que  les  marchands  dirigeaient 
ensuite,  par  voie  de  terre,  sur  la  vallée  du  Rhône-'. 
Pline,  citant  Timée,  donne  à  cette  île,  marché  du  plum- 
bum  album,  le  nom  de  .Uictis,  et  la  place  à  six  jours  de 
navigation  de  la  Bretagne,  d'où  l'on  s'y  rendait  sur  des 
barques  de  cuir'".  La  plupart  des  modernes  identifient 
/dis  ou  Midi.^  à  Veclis,  l'île  de  Wight;  on  a  proposé 
aussi  d'y  reconnaître  soit  l'île  de  Tiianet,  à  l'embouchure 
de  la  Tamise,  soit  le  Mont  Sainl-Miciiel  ".  L'extrémité 

ItUO.  p.  307-3)0.  —  I»  Ce  sonl  les  lernies  mômes  de  lliodore,  V,  38.  —  17  Slrah. 
III,  p.  l47(ArUlires);  l'Un.  IV,  112  (Tarraconaise);  XXXIV,  150  (Lusitnnie  cl  (ial- 
lùcio)  ;  FesL.  Avien.  Ora  mûrit.  259-202  Imonl  Cassius,  près  de  renibonelinre  lïf 
VAnas,  anjoiird'hui  Guadiana).  —  '^  G.  Schullz  cl  A.  Paiticlle,  dans  le  Ilullet. 
de  la  Soc.  i/éotof/.  de  France,  2-  série,  VII,  1849-1850,  p.  183  sr|.  ;  V.  Bérard, 
Op.  cit.  p.  445.  —  19  Ps.  Arislol.  /Je  mirab.  auscult.  50.  —  20  Scymn.  104-103. 
—  21  pomp.  Mel.  III,  47.  —  22  Mallard,  Gisements  slannifères  du  Limousin,  dans 
les  Ann.  des  mines,  série  VI.  l.  X,  ISOti,  p.  321-352;  Daubrée,  Aperçu  historique 
sur  l'exploit,  des  mines  métalliques  dans  la  Gaule,  //eu.  arch:ol.  1808,  1, 
p.  305-397  ;  el  Notice  supplém.  ibid.  1881,  I,  p.  274-284  (avec  une  carte,  p.  279)  ; 
E.  Desjardins,  Géographie  de  la  Gaule  rom.  1,  Paris,  1870,  p.  420-122;  G.  JuUian, 
Hisl.  de  la  Gaule,  I,  Paris,  1908,  p.  78.  —  23  M.  B(oule),  d  après  de  Launay, 
dans  \'Anthropolo(jie,  1901,  p.  49.Ï-496.  —  24  Voir,  outre  les  travaux  d'ensemble 
cités  à  l'avant-derniérc  note:  de  l.imur,  dans  le  Ilullet.  de  la  Soc.  polymath.  du 
Morbihan,  1878,  p.  124  et  1893,  p.  08  ;  V.  Bérard,  Op.  cit.  I,  p.  444.  —  2r.  pol.  III, 
57,  3.  —  SCCaes.  Bell.  (jall.  V,  12.  —  27  Diod.  V,  21,  22  et  38.  —  28  Slrab.  III, 
p.  147.  _  29  Diod.  V,  22.  -  30  |>lin.  IV,  187.  —  31  Voir  les  textes,  la  bibliographie 
de  la  rpicstion  et  la  discussion  des  hypothèses  dans  T.  Bice  Holmes,  Ancient 
Drilain  and  the  inrasions  ot  Julius  Cacsar,  Oxford,  1907,  p.  499  et  314  :  Ictis  and 
the  hritish  trade  in  tin  ;   Holmes  se  prononce  eu  faveur  du  Mont  Saint-Michel. 


STA 


—   1160 


STA 


sud-ouest  de  rAnj^lclorrc,  Cornounillos  et  Dovonshire 
(ancien  pays  des  Diimnoîiii),  possède  des  liions  sUinni- 
fères  1res  abondanls'.  On  y  a  trouvé  un  linji;ol  antique 
anépigraphe  [mktalla,  fîg.  o017,  p.  186.")];  deux  autres 
lingots,  aujourd'hui  au  Britisli  Muséum,  ont  (Hé  recueillis 
;\  Londres,  dans  la  Tamise;  ils  portent  inscrits  d'un  cnlé 
le  nom  de  Syagrius  et  de  l'autre  le  elirisine  conslanti- 
nieii-;  sur  un  (juatriènie  on  croit  lire  les  traces  d'une 
estampille  impériale  [d{nminorum)]  n{oslroruni)  ■'. 
D'après  M.  Cox  l'exploitation  des  mines  de  Cornouailles 
dut  cesser  au  délxil  de  l'ère  ciirélicnne:  les  auteurs  qui 
les  mentionnent  sont  antérieurs  à  celte  épO(jue  ou  s'ins- 
pirenldes  sources  plus  anciennes,  Timée  et  Posidonius  ; 
Pline  les  ignore  et  ne  connaît  Midis  que  par  Timée''. 
D'après  M.  Ilaverfield,  qui  s'appuie  sur  la  découverte 
d'inscriptions  et  d'objets  d'élain  de  basse  ('époque  dans 
TAnglelerre  méridionale,  l'exploitation  aurait  recom- 
mencé très  activement  à  partir  de  la  fin  du  iiT  siècle 
ap.  J.-C.  ^ 

La  quesUon  de  la  localisation  des  Cassitcrides  est 
extrêmement  délicate  et  discutée  ^  Le  plus  ancien  auteur 
qui  les  cite  est  Hérodote  :  il  se  borne  à  dire  que  la  Grèce 
reçoit  l'élain,  comme  l'ambre,  de  pays  éloignés,  et  si  lue 
les  Cassitérides  aux  exlrémilés  du  Couchante  Le  J'éri- 
jtle  d'Himilcon,  dont  le  poème  de  Feslus  Avienus  nous 
a  conservé  la  substance,  connaît  les  îles  de  l'élain  sous 
le  nom  d'Œstrymnides;  il  les  place  dans  la  dépendance 
et  en  face  de  l'Espagne*.  Diodore  de  Sicile,  (jui  tient  ses 
informations  de  Posidonius,  leur  donne  le  même  nom 
qu'Hérodote  et  les  rattache  à  l'Espagne  comme  Himilcon. 
nies  distingue  nettement  des  îles  Britanniques'.  Slrabon 
fait  de  même  et  entre  dans  plus  de  détails:  les  Cassité- 
rides, au  nombre  de  dix,  sont  au  delà  des  Colonnes 
d'Hercule,  en  pleine  mer,  au  nord  du  port  des  Arlabrt's; 
leurs  habitants  échangent  le  plomb,  Tétain  et  les  pelle- 
teriescontre  des  poteries,  du  sel  etdu  cuivre  ;  P.Crassus 
est  le  premier  qui  en  ail  ouvert  l'accès  aux  Romains'". 
Pomponius  Mêla  voit  en  elles  des  îles  de  la  Celtique  '  '. 
Pline  sait  que  les  Grecs  les  cherchent  au  large  de  la  Cel- 
tibérie'%  mais  il  ne  croit  pas  qu'il  existe  de  l'étain  dans 
les  îles  de  TAtlanlique;  c'est  de  la  Lusilanie  et  de  la 
Gallécie qu'on  le  tire".  Denys  le Periégèle appelle  Hespé- 
rides  les  îles  de  l'étain  voisines  du  cap  Sacré  et  habitées 
par  des  Ibères".  Enfin  Plolémée  détermine  la  position 
astronomique  des  dix  îles  Cassitérides,  à  une  centaine  de 
kilomètres  à  l'ouest  de  la  (iallécie''.  La  majeure  partie 
des  textes  établit  donc  un  rapport  étroit  entre  les  Cassi- 
térides et  la  péninsule  ibérique.. \ussi  MM  Hildebrand  "•, 
Unger'\  Kidgeway '%  Haverfield  ",  Blasquez-"  proposent- 
ils  de  les  localiser  le  long  des  côtes  de  l'Espagne  ou  <lu 


<  H.  Ed.  Fuchs  cl  !..  de  Launav,  Oji.  cil.  p.  llS-127.  —  2  Corp.  inscr.  latin. 
VII,  n«  1221.  —  3K.  Ilavcrlicld,  ilans  les  l'roceed.  o[ the  Soc.  of  antiq.  of  Londnn, 
XVIll,  1900,  p.  117.  —  i  J.  Cil.  Cox,  riic  mining  opérations  and  mctallnnjy  of 
llip   Homans  in  Enijlnnd  nnd  Wnles,  Archaeol.   Journ.    Ml,    IS95,    p.    i!5-ij. 

—  â  K.  Havcilield,  Cornislt  lin,  dans  les  MiHiinyes  /loissinr,  l'aiis,  l'JO.'t,  p.  24!)- 
253.  —  6  Cf.  G.  Srnilli,  The  Cmsilcridc.s,  Londres,  1803,  cl,  en  ileriiiei-  lieu,  avec  la 
liibliographieanlérieuic:  T.  Hice  Holmes,  O/i.  cil.  p.  t83-49S  :  The  Cnssitrridis  ; 
!..  Sirel,  Les  Castitérid-t  cl  l'empire  colonial  des  Phéniciens,  dans  VAnlhmpo- 
loijie,  1908,  p.  129-lli.ï.  Dapris  C.  Torr,  iam  Wicadrmy,  XI.VIII.  IS93,  p.  Ws, 
les  Cassilt^ridcs  n'aiiratcnl  jatnais  existé.  — 7  Herod.  III,  ll.-i.  —  s  l'esl.  Avion. 
Ora  maril.  90  ii\.  —  "J  Uioil.  V,  38.  _  1"  Slral..  Il,  p.  I  io  cl  120;  III,  p.  U7  el 
surloul  p.  177.  —  Il  Pomp.  Mcl.  III,  M.  —  li  l'Iiii.  IV,   Iji.  _  11 /r(.  XXXIV,  V.M. 

—  l'Dion.  f'crieg.  SB.'i-lîC.i.  —  l'i  l'iolem.  Il,  0,  7:1.  -  1"  II.  Ilii.lehiand,  Conijns 
intern.  d'anthrop.  el  d'urchéol.  prrhisl.  SlocUinlni,  Is7i,  1,  p.  :.7'.i.;iNi.  —  17  c,  K, 
L'user,  flhein.  A/us.  I88:i,  p.  Iliil.  —  I»  \V.  Hidgeway,  /■nlk./.ore,  I,  IsM,  p.  91-92. 

—  l'J  K.  Ilaverlleld,  Archaeol.  Journal,  XMX.  1892,  p.  178,  cl  Proced.  oflhe  soc  of 


Portugal,  sans  s'accorder  d'ailleurs  entre  eux  sur  le 
point  particulier  du  littoral  qu'il  conviendrait  de  leur 
assigner.  .Mais  il  est  fort  possible  que  les  Grecs  el  les 
Uomains  aient  parlé  de  la  Péninsule  ibérique  à  leur 
propos  uni<| Il enu^nl  parce  qu'ils  étaient  entrés  en  relations 
avec  elles  ])ar  l'inlermédiaire  des  ports  de  commerce  de 
l'Espagne  méridionale;  comme  le  remarque  justement 
M.  .Iiillian,  «  les  anciens  ont  presque  toujours  confondu 
pays  de  production  et  pays  d'expédition-'».  D'après 
l'opinion  la  plus  répandue,  les  Cassitérides  se  trouvaient 
beaucoup  plus  au  nord,  en  Grande-Bretagne.  Pour  la 
plupart  des  modernes,  ce  sont  les  petites  îles  Sciliy  ou 
Sorlingues,  qui  ne  contiennent  pas  d'étain,  mais  qui 
auront  servi  d'entrepôt  au  pays  de  Cornouailles--.  Pour 
George  Smith -',  Mommsen-*,  H.  Berger'-'',  elles  repré- 
sentent la  péninsule  de  Cornouailles  elle-même,  avec  ses 
filons  stannifères.  MullenhofT '"  et  M.  Salomon  Reinach-'''' 
y  reconnaissent  les  îles  Britanniques  tout  entières  — 
seules  îles  de  l'Occident  de  l'Europe  qui  produisent 
de  l'étain.  M.  Riee  Holmes  admet  en  bloc  ces  trois 
hypothèses  et  s'ell'orce  de  les  concilier  :  selon  les  cas 
etles  époques,  le  nom  de  Cassitérides  fut  appliqué  tantôt 
;i  l'archipel  Britannique,  tantôt  spécialement  aux  îles 
Sorlingues  et  au  pays  de  Cornouailles-'.  M.  Siret  ne  veut 
entendre  parler  ni  de  l'Espagne  ni  de  l'Angleterre  ;  il 
propose  d'identifier  les  Cassitérides  avec  une  partie  de  la 
F'rance,  le  pays  des  Vénètes  en  Armorique,  depuis  le 
Morbihan  jusqu'à  l'embouciiurede  la  Loire '-'.Diodore  de 
Sicile -'"et  Strabon  "  connaissent  trois  régions  stannifères 
dans  l'Europe  occidentale  :  la  péninsule  ibérique,  les 
Cassitérides,  les  îles  Britanniques;  les  gisements  d'étain 
forment  en  efl'et  trois  groupes  :  Gallécie,  Armorique, 
Cornouailles  ;  r.\rmorique  correspond  donc  aux  Cassité- 
rides. D'autre  part,  toutes  les  indications  données  par 
les  auteurs  anciens  sur  l'emplacement  de  ces  dernières, 
au  nord  de  l'Espagne  d'après  les  uns,  en  Celtique  d'après 
les  autres,  conviennent  à  merveille  aux  îles  du  Morbihan 
et  ne  conviennent  qu'à  elles  seules.  Enfin,  s'il  s'agit  de 
l'Armorique  el  seulement  dans  celte  hypothèse,  on  com- 
prend bien  le  rôle  assigné  par  Strabon  à  P.  Crassus  : 
n'est-ce  pas  ce  personnage,  lieutenant  de  César  pendant 
la  guerre  des  Gaules^-,  qui  soumit  les  peuples  Armori- 
cains en  47  av.  J.-C?  C'étaient  les  alluvions  stannifères 
du  littoral  venèle  que  l'on  exploitait  ;  elles  durent  s'épui- 
ser assez  vile:  plus  lard  on  leur  préféra  les  filons  de 
Cornouailles  ;  toutes  les  confusions  commises  au 
sujet  des  Cassitérides  viendraient  de  la  décadence 
rapide  de  leurs  gisements,  succédant  à  leur  prospérité 
b'gendaire^^. 

Il    rest<'rait    à    savoir    par   ijurlles   roules    l'étain   de 


anli,/.  of  london,  XVlll,  190(1.  p.  119.  —  i"  Anl.  lilasquei  y  Delgado  Aguilcra,  El 
prriplo  de  Himilco,  Madrid,  l'.)U'.l.  —  21  C.  Jullian,  //isl.  de  la  Gawk,  I,  p.  3S7. 
_  ii  Camden,  Ilrilannia  (I"  éd.  I3<0),  éd.  .le  Londres,  1007,  p.  8.57  ;  (iosselin,  Itcch. 
sur  la  yi'ogr.  des  anciens,  IV,  Paris,  1813,  p.  lOl-lSK;  11.  Kicpcrl,  Lehrbuch  der 
niten  Géographie,  lierliu,  ts7S,  p.  528,  n.  3;  Ed.  Meycr,  Gesch.  des  Alterl.  II 
(1893),  p.  091-692.  —  2:J  (j.  Smilli,  Op.  cit.  p.  S2.  —  2k  Th.  iVlommsen,  Hist. 
romaine,  trad.  franc.  Vil,  l'aris,  1809,  p.  17.  —i^  II. Berger,  Gesch.  '1er  toissenscli. 
hrdkiiwle  der  Gnechen,  i'  éd.  Leipzig,  1903,  p.  330  cl  312.  —  2«  MûlIenholT, 
/leiilsche  Alterlhiimskiindc,  I,  !•  éd.,  Berlin,  1870,  p.  91-92.  —  2'  S.  Keinacli.  dans 
\  Anthropologie,  1892,  p.  275-270.  A.  Mosso,  Op.  cil.  p.  27-29,  adople  la  lliéorie 
ili'  S.  Reinacli  et  eroil  ipie  Télain  do  la  Méditerranée,  dès  les  origines,  venait  de  la 
(iiaiidc-llrelagne.  —  28  l'.  iiice  Holmes,  Dp.  cit.  p.  M7.  Pour  A.  Korliiger,  llandbuch 
drr  allcn  Géographie,  f  M.  Il,  Hambourg,  1877,  p.  239,  n.  2.5,  le  nom  dcsCassilé. 
rides  désigne  à  la  fois  les  Sorlingncs  el  la  pivs.|nile  de  Cornouailles.  —  2»  L.  Sirel, 
loc.  cit.  —  30  Dind.  V,  38.  —  31  Strah  III,  p.  U7.  —  J2  ijacs.  Bell.  gall.  Il, 
3V.  _J3L.  Sirel,  for.  eil.  p.  148.  > 


STA 


lUil   — 


STA 


rExtrême  Occidont  pénétrait  dans  le  monde  méditer- 
ranéen. Pline  atlrilme  la  di-eoiiverle  des  Cassilérides, 
du  plomb  et  de  l'étain  à  un  certain  MidacriLiis '.  On  voit 
en  général  dans  ce  personnage  le  héros  national  des 
Phéniciens,  Melkarl^  Mais  l'invention  du  plomb  et  de 
l'étain  est  rapportée  par  llygin^  et  Cassiodore  '  à 
Midas,  roi  de  Plirygi<!.  M.  S.  lloinach  propose  de  corriger 
dans  le  texte  de  Pline,  comme  le  faisait  déjà  le  P.  Har- 
douin,  Midacrilus  en  Midas  Phrijx.  Les  premières 
relations  directes  des  peuples  de  la  Méditerranée  orien- 
tale avec  les  régions  stannil'ères  de  l'Occident  remonte- 
raient au  temps  de  la  thalassocralie  phrygienne,  vers  la 
seconde  moitié  du  x''  siècle  av.  J.-C.  '"•.  Le  bronze  à  celle 
époque  était  déjà  connu  el  utilisé  depuis  près  d'un 
millier  d'années  :  nous  ne  sommes  pas  en  mesure  de 
dire  de  quelle  contrée  provenait  l'étain  nécessaire  jus- 
qu'alors à  sa  fabrication  el  quels  intermédiaires  le  Irans- 
mctlaienl.  Pour  les  siècles  suivants,  jusqu'à  l'ère  chré- 
lienne,  on  peut  distinguer  trois  phases  dans  l'histoire 
de  ce  commerce".  —  Pendanlla  première,  qui  correspond 
à  l'apogée  de  la  colonisation  phénicienne,  l'étain  entrait 
dans  la  Méditerranée  pai'  les  Colonnes  d'Hercule;  l'I'^s- 
pagne  en  avait  le  monopole;  Gadès  en  élait  le  grand 
entrepôts  Ezéchiel,  vers  l'an  380,  cite  l'étain  parmi  les 
produits  que  les  Syriens  faisaient  venir  deTarsis%  c'est- 
à-dire  de  l'Espagne  méridionale.  Celle-ci  le  recevait  des 
Cassilérides,  Armorique  ou  Angleterre  ;  d'après  Slrabon, 
tout  d'abord  les  Phéniciens  se  livraient  seuls  au  com- 
merce avec  les  îles  de  l'étain,  parlant  de  Gadès  el  cachant 
à  tous  le  but  de  leur  navigation'.  C'est  du  trafic  de  ce 
métal  si  demandé  qu'ils  tiraient  certainement  leurs  plus 
grands  profils  '".  Carlhage  se  substitua  ensuite  à  Tyr,  sa 
métropole:  le  périple  d'Himilcon,  au  début  du  V  siècle 
avant  notre  ère,  avait  pour  but  de  lui  permettre  d'entrer 
elle-même  en  rapports  avec  l'Europe  occidentale".  —  Dans 
la  seconde  phase,**le  commerce  de  l'étain  est  aux  mains 
des  Grecs  ;  Marseille,  fondt-e  vers  l'an  6U(),  devient  le 
grand  port  de  l'étain,  comme  de  l'ambre,  qui  tous  deux 
lui  sont  amenés  du  nord  par  caravanes  '-.  Le  voyage  de 
Pythéas,  vers  .'128-3:21,  permit  aux  Marseillais  de  recon- 
naître la  voie  maritime  de  l'Armorique  ou  de  la  Grande- 
Bretagne,  fréquentée  par  les  Pliéniciens  et  les  Carthagi- 
nois ".  En  même  temps,  ils  utilisèrent  les  raccourcis  que 
leur  offraient  les  vallées  fluviales  de  la  Gaule,  pays 
d'isthmes,  pour  établir  une  voie  terrestre  plus  directe  el 
détourner  de  Gadès  les  convois  de  métal''.  L'étain  venait 
alors  principalement  de  Cornouailles  ;  sous  forme  de 
lingots  cubiques,  il  était  transporté  en  trente  jours,  à  dos 
de  cheval,  jusqu'à  l'embouchure  du  Rhône '^  Le  point  de 
dépari  de  la  principale  voie  terrestre  devait  être  situé 
sur  le  territoire  des  Vénètes,  ou   plus  exactement  sur 

1  Clin.  IX,  l'JI.  -  2K.  Miillc'nhoir,  Op.  cit.  (1870),  I,  p.  ill  ;  H.  Blumner. 
Teclmol.  !<«<(  Terminal.  IV  {1«87),  p.  87,  n.  1  ;  0.  Scliracicr,  Sprachvcnjlcichunrj 
und  Uryeschichle  {î'  iâ.  1890),  p.  313;  d'Arbois  de  Jubainvillc,  ies  premiers 
habitants  de  l'Europe,   î'  éd.  Paris,  ISDi,  I,  p.    195.  —  3  llygin     Fabiil.   a7i. 

—  *Cassiod.  Variar.  III,  51.  —  5  s.  Reinacli,  Midas  el  Midacrilus,  un  nou- 
veau texte  sur  l'oriijine  du  commerce  de  l'étain,  dans  V  Anthropologie,  1899, 
p.  397-W!',  et  Cultes,  mythes  et  religions,  III,  Paris,  1908,  p.  3i«-337.  A.  Mosso, 
Op.  cit.  p.  200-iOl  et  230,  conlcste  également  aux  Phéniciens  le  rôle  de  précurseurs 
et  d'initiateurs  qu'on  leur  attribue  d'ordinaire.  Pour  lui  la  légende  des  voyages 
d'HéralcIès,  le  héros  national  des  Hellènes,  à  travers  l'Europe  et  dans  rAtlanlique, 
ferait  allusion  auv  voies  de  commerce  de  l'étain  àl'épotiue  préhistorique  —  6  L.  .--iret, 
lue.  cit.  p.  H8-164,  carte  h  la  p.  149.  —  'i  V.  Bérard,  Op.  cil.  I,  p.  iUHn  ; 
G.  Jullian,  Hist.  de  la  Gaule.  I,  p.  1S7  et  231.  —  8  Ezcch.  XXVII,  I*.  —  •'  Slrab. 
III,  p.  177.  —  10  G.  Perrot,  /list.   de  l'art  dans  Vantiq.   III.   Paris  ISs:.,  p.  35. 

—  1'  C.  Jullian,  Op.    cit.  I.  p.   385.   —    ii  V.  Bérard,-  Hp.   cil.    I,   p.    »40  et  45i. 


celui  des  Namnètes,  leurs  alliés  et  vassaux,  à  Corhiln 
(Nantes)  "'  ;  elle  remontait  la  vallée  de  la  Loire  et,  après 
avoir  franchi  le  seuil  de  Bourgogne,  elle  redescendait 
celle  du  Rhône.  Il  faut  bien  admettre,  en  elTet,  l'interven- 
tion d'un  peuple  maritime  qui  allait  chercher  l'étain  de  la 
Graiide-Brelagne  au  delà  de  la  Manche;  seuls  les  Vénètes 
peuvent  avoir  joué  ce  rôle  '\  Vraisemblablement  aussi, 
la  Seine  a  dû  servir,  comme  la  Loire,  de  chemin  de 
pénétration  ;  les  caravanes  de  l'étain  la  suivaienl  jusqu'à 
la  renconlre  du  grand  sillon  de  la  Saône  et  du  Rhône.  Le 
grand  nombre  des  fonderies  gauloises  dont  on  a  noté  les 
traces  en  .Normandie'*'  atleste  que  la  basse  vallée  de 
la  Seine  devait  recevoir  facih;menl,  elle  aussi,  l'étain  delà 
(irande-Brelagne. —  Une  troisième  phase  commence  avec 
l'établissement  des  Romains  en  Gaule.  Narbonne  lit  con- 
currence désormais  àMarseille",  soit  que  l'étain  quittât 
le  Rhône  à  la  hauteur  d'Arles  pour  se  diriger  vers  le  sud- 
ouest-",  soit  que  l'expédition  de  Crassus  en  Aquitaine 
(.jG  av.  J.-C.)-',  suite  de  sa  campagne  de  57  en  Armo- 
rique, ait  permis  d'utiliser,  après  un  nouveau  trajet 
maritime,  du  Morbihan  à  l'estuaire  de  la  Gironde,  la  voie 
fluviale  de  la  Garonne  et  de  l'Aude  reliées  par  le  seuil 
de  Lauraguais  --.  Aux  premiers  siècles  de  l'ère  chré- 
tienne, le  témoignage  de  Pline  est  formel",  il  n'est  plus 
question  des  Cassilérides,  de  r.\rmorique  ni  du  pays  de 
Cornouailles  ;  les  Romains  font  venir  leur  étain  de  la 
péninsule  ibérique  2'.  Si  plus  lard  l'étain  de  la  Grande- 
Bretagne  a  été  de  nouveau  exporté,  il  aura  pu  franchir 
la  Manche  à  son  point  le  plus  étroit  et  s'acheminer  vers 
la  Méditerranée,  grâce  au  réseau  des  voies  romaines, 
par  Boulogne  (Gesoriacum),  Langres  {Andematnnum), 
Lyon  et  Marseille-Narbonne. 

Usages.  —  Les  anciens  se  sont  servi  principalement 
de  l'étain  pour  l'allier  au  cuivre,  dans  des  proportions 
variables,  el  fabriquer  ainsi  le  bronze  [aes,  metalla].  En 
Egypte  le  bronze  apparail  dès  la  fin  du  Haut-Empire; 
il  ne  contient  tout  d'abord  que  très  peu  d'étain,  de  5  à 
IS  p.  100-'.  Les  premières  civilisations  de  la  Mésopo- 
tamie le  connaissent-''.  La  deuxième  en  date  des  villes 
superposées  d'Hissarlik  a  livré  un  grand  nombre  d'objets 
de  bronze,  qui  contiennent  en  général  de  8  à  11  p.  100 
d'étain  -' .  C'est  peut-être  en  Crète,  où  existaient  des 
mines  de  cuivre  comme  à  Chypre,  que  l'alliage  fut  réalisé 
pour  la  première  fois  dans  le  monde  égéen  ;  à  l'époque 
de  Kamarès,  vers  l'an  2000,  l'art  du  bronze  y  était  déjà 
porté  à  sa  perfection-*.  La  poterie  des  Cyclades  primi- 
tives suppose  l'existence  de  vases  de  métal  antérieurs 
qui  auront  servi  de  modèles  pour  les  vases  de  terre 
cuite  -".  En  ce  qui  concerne  l'Europe  occidentale  on  tend, 
avec  M.  Monlelius  et  l'école  suédoise,  à  fixer  entre  les 
années  2  000  et  830  avant  l'ère  chrétienne  la  durée  de 


—  13  C.  Jullian,  Op.  cit.  I,  p.  410  et  H9,  —  14  Ibid.  I,  p.  J22  et  410  ;  II,  p.  225. 

—  lîDiod.  V,  22  et  38.  —  10  Corbilo  était  très  florissante  au  temps  de  l'ylhé.is  : 
Strab.  IV,  p.  19",  d'après  Polybe.  —  "  C.  Jullian,  Op.  cit.  Il,  p.  492.  —  18  Cf.  E.  de 
Bcaurepaire,  La  fonderie  de  Port-enBessin,  dans  le  Bull,  des  Antiq.  de  Norm. 
X.  1882,  p.  503  sq.  avec  la  bibliographie  de  trouvailles  antérieures.  —  'il  Diod. 
v,  38.  —  20  Jullian,  Op.  cit.  I,  p.  410.  —  21  Caes.  Bell,   ijall.   III,   Il  et  20-27. 

—  22  L.  Siret,  loc.  cit.  p.  101-162.  —  23  p|i„.  XXXIV,  1.ÎC.  —  24  p.  Haverlleld,  dans 
les  Mélanges  Boissier,  p.  230.  Contra  :  T.   Rico  Holmes,  Op.  cit.  p.  508-311. 

—  -M  G.  Perrot,  Op.  cit.  I  (1882),  p.  829;  Ed.  Meyer,  Op.  cit.  I,  2  (2»  éd.  1909|, 
p.  150-131,  d'après  de  Morgan.  —26  G.  Pcrrol,  Op.  cit.  Il  (1884),  p.  719  ;  Ed.  Meyer, 
Op.  cit.  I,  2,  p.  410,  d'après  Kawlinson  et  de  Sarzec.  —  27  Ed.  Meyer,  Op.  cit.  I,  i, 
p.  066,  d'après  VV.  Deerpfeld,  Troja  und /lias,  Athènes,  1908,  p.  366.  —28  A.  Mosso. 
dans  les  .Uemorie  deW  Accnd.  dei  Lincei,  Scienze  viorali,  série  V,  fasc.  XII, 
1907,  et  Le  origini  délia  cirillà  mediterrnniM,  p.  229-247.  —  20  Ed.  Meyer.  Op. 
cit.  I.  2,  p.  097  et  707. 


STA 


Iifi2  — 


STA 


l'âge  du  bronze'.  L'emploi  de  ce  métal  s'est  perpétué, 
d'ailleurs,  aux  âges  du  fer,  et  II  resta  très  usité  jusqu'j'i 
la  liu  de  ranliquité,  non  plus,  il  est  vrai,  dans  rarmeuienl 
comme  jadis,  mais  dans  l'art,  la  parure  et  l'industrie 
domestique. 

De  bonne  heure,  cependant,  l'élain  pur,  en  dehors  de 
loul  mélange  de  cuivre,  a  été  employé  de  son  coté 
comme  matière  décorative.  Sa  rareté  et  sa  belle  couleur 
lui  donnaient  du  prix.  Aux  débuts  de  l'àgc  du  bronze, 
les  habitants  des  cités  lacustres  de  la  Suisse  l'appré- 
ciaient-. On  a  retrouvé  dans  les  ruines  de  leurs  établis- 
semenls  de  petits  lingots  en  forme  de  barres  triangu- 
laires, plus  épaisses  d'un  coté,  s'amineissant  Jus(iu"à 
rexlrémité\  et  un  lingot  discoïde,  pesant  1 800  grammes, 
muni  d'un  anneau  de  bronze  pour  en  faciliter  le  trans- 
port :  indices  d'une  circulation  étendue  et  d'une  consom- 
mation notable.  On  a  retiré  des  lacs  suisses  un  certain 
nombre  de  petits  objets  d'étain  fabriqués  sans  doute  sur 
place:  mince  plaque  séparant  les  deux  segments  d'une 
boule  d'ambre,  rouelles  destinées  à  l'ornementation  du 
vêtement,  bagues,  etc.  L'élain  permettait  aussi  de  décorer 
d'incrustations  la  panse  de  vases  d'argile;  les  lacs  de 
Neuchàtel  et  du  Bourget  ont  fourni  plusieurs  spécimens 
de  cette  poterie.  L'objet  le  plus  remarquable  qui  ait  été 
recueilli  jusqu'ici  provient  du  lac  de  Bienne  ;  c'est  un 
canard  en  argile  noire,  grossièrement  modelé,  jouet 
d'enfant  ou  ex-voto  religieux:  les  pieds,  les  yeux,  les 
ailes  ne  sont  pas  indiqués;  sur  le  cou  et  le  dos  de  petits 
fdets  d'étain,  irrégulièrement  éloignés  les  uns  des  autres, 
le  colorent  de  zébrures  blanchâtres  '. 

liCs  textes  des  poèmes  homériques  relatifs  au  xixcyi-cs- 
çoç  posent  deux  problèmes''.  Il  est  singulier  d'abord 
qu'ils  appartiennent  tous  à  V Iliade  :  le  xacuÎTSf&ç  est 
mentionné,  lors  du  siège  de  Troie,  comme  une  matière 
précieuse,  en  même  temps  que  l'or,  l'argent  et  le  bronze'^  ; 
au  contraire,  il  n'en  est  plus  question  ànnsV Odyssée;  on 
ne  saurait  admettre  cependant  qu'il  ail  disparu  dans 
l'intervalle  des  deux  poèmes.  M.  Bérard  suppose  très 
justement  qu'à  l'origine  l'élain  n'arrivait  sur  les  rives  de 
la  mer  Egée  qu'en  d'exceptionnelles  occasions  et  en  petites 
quantités;  il  n'était  pour  les  hommes  de  ce  temps  qu'une 
variété  d'argent  plus  rare  et  peut-être  plus  recherchée, 
ne  s'oxydant  jamais.  Dans  la  suite,  après  la  découverte 
de  grands  gisements  jusqu'alors  inconnus,  iladùdevenir 
un  métal  courant,  abondant  et  à  vil  prix.  D'autre  part,  on 
s'est  demandé  si  le  zacctTspo;  d'Homère  et  d'Hésiode  est 
identique  à  celui  des  écrivains  grecs  poslérieurs,  au 
plumbum  (ilbiim  des  Romains,  à  l'élain  des  modernes. 
C'est  en  ce  métal  que  sont  faites  les  jambières  d'Achille  "' 
qui  résonnent  quand  on  les  frappe"  :  or  l'élain  n'a  pas 
assez  de  consistance  pour  (|u'iin  en  fabrique  des  pièces 
d'armement,  et  le  son  qu'il  irnd  au  toucher  est  sourd. 


1  Monteliiis,  iiasV Anthropologie,  1901,  p.  G09-Ci3,  d'après  VArchiv.  fur  An- 
throp.  ISUO,  p.  90S-I0I2  {Ciironol.  der  ait.  Pron:e:cit).  Voir  en  sens  contraire: 
S.  Millier,  fJrgescliiclite  Europas,  Slrasli.  1905,  p.  49;  (J.  Jullian,  Op.  cit.  1 
(1908),  p.  I6il63.  en  noie.  —  2  H.  (jinllii-,  lleber  dvn  eirusk.  TanscUauilcl 
nach  dem  iS'orden,  Franiïforl  1873,  p.  4s  si|.  ;  V.  Gross,  /.ts  l'roto-HeUttes  ou  lei 
premiers  colom  tur  les  bords  des  lacs  de  llieiine  et  de  .\euclidtel,  Paris,  1883; 
I'.  Nicard.  L'élain  dans  les  habitations  lacustres  (d'après  F.  Keller),  Hev.  archéol. 
IS8I,  I,  p.  3ii-3i«:  U.  hapsl,  LHain,  p.  il-29.  —  3  Kig.  dilns  la  Hev.  archéol. 
1881,  1,  p.  3iC.  —  *  Fig.  ihid.  p.  3ii  cl  3i5.  —  '.  A.  Iii..dciiaucr,  Handwerk  und 
llnndwerker  in  der  homer.  Zeit  (1873),  p.  Ili  cl  i(iii  ;  U.  Hucliiiolz,  llomer. 
Iteatien,  I,  i,  Leipzig,  l»73,p.  3t3-34«  ;  II.  bliinmcr.  Op.  cil.  IV,  p.  .'53  ;  83.n.  i  ;377; 
W.llelliig,  L'épopée  homér.  (\H'H),  p.  301-303 ,(;.  l'crrol,  IJp.  <-i(.  VI  (IS94).  p.  975 
clMI  (1898). p.  23*;  V.  Bérard.O/).  ci/.  I  (ISOi).  p.  436.  —  6  ||otn.  /(.XVIII,  474  : 
UéptiaislOB  travaille  tous  ces  métaux  ;  cela  seinlile  indiipiiT  i|uc  les  contemporains 


Les  autres  passages  de  VIliade  semblent  faire  allu- 
sion à  des  placages  ou  à  des  incrustations  décoratives  : 
les  garnitures  du  char  de  Diomède',  la  bordure  de  la 
cuirasse  de  bronze  d'.Xsleropaios  '"',  les  zones  de  la  cui- 
rasse d'.\gamemnon  "  et  les  ûiJL:f.aXo!  de  son  bouclier'-, 
la  haie  de  vigne  représentée  sur  le  bouclier  d'Achille'' 
sont  en  xota-iriTeoc;.  De  luèine  dans  Hésiode,  sur  le  bouclier 
d'Héraklès,  Héphaistos  ligure,  avec  le  xKjciTspo;  le  plus 
pur,  un  port  de  forme  ronde  oii  nagent  des  dauphins 
d'argent  et  des  poissons  de  bronze".  M.  Perrot,  à  la 
suite  de  Beflhelot,  suppose  qu'il  s'agissait,  dans  ces 
différents  cas,  d'un  alliage  d'étain,  d'argent  et  de  plomb, 
analogue  à  celui  qu'on  voit  incrusté  dans  l'airain  d'une 
lame  de  Vaphio '■■  :  ce  serait  un  métal  blanc  et  lendre, 
(juoique  plus  ferme  que  l'élain  pur,  el  présentant  une 
autre  teinte  que  l'argent,  ce  qui  permettait  de  varier  les 
effets.  M.  Helbig  penserait  plutôt  à  du  bronze  élamé  ; 
mais  le  procédé  de  l'élamage  élail-il  déjà  connu? 
L'exemple  allégué  d'une  ceinture  A'Allifae  '"  est  unique 
et  douteux.  Peut-être  vaut-il  mieux  conclure,  avec 
M.  Helbig  lui-même,  que  le  poète,  pour  renforcer  l'im- 
pression de  richesse  qu'il  voulait  produire,  a  parlé  im- 
proprement, à  propos  des  jambières  d'Achille,  du  véri- 
table xaTTiTspo;,  qu'il  connaissait  mal;  les  trouvailles 
des  cités  lacustres  aideraient  à  comprendre  les  autres 
passages;  partout  le  mot  xaniriTspoç  s'appliquerait  à 
l'élain. 

L'emploi  de  l'élain,  à  l'époque  classique,  parait  avoir 
été  toujours  assez  limité,  el  les  textes  qui  s'y  rapportent 
sonten  petit  nombre.  Quelques  inscriptions  fontallusion, 
semble-t-il,  à  son  usage  dans  les  constructions'''.  Il  faut 
meltre  à  part  tout  ce  qui  concerne  les  miroirs'*,  dont  il 
est  (lueslion  à  l'article  spec.iili'm.  L'élain  était  peu  propre, 
par  sa  mollesse,  à  l'exécution  d'œuvrcs  plastiques  ou  de 
bijoux.  L'auteur  du  traité  De  mirabilibus  Auscullatio- 
nibiis  parle  cependant  d'une  statue  en  xaccÎTEpoç,  œuvre 
fabuleuse  de  Dédale'".  On  a  voulu  voir  aussi  dans  un 
texte  de  Plutarque  la  mention  de  petites  images  de  divi- 
nités en  étain'-".  Des  pendants  d'oreilles  en  même  matière, 
consacrés  à  Artemis  Brauronia,  figurent  dans  un  inven- 
taire du  temple  de  cette  déesse  à  .\lhènes-'.  Pour  l'orfè- 
vrerie domestique,  les  vases  d'usage  commun,  les  auteurs 
anciens  sont  moins  sobres  d'indications.  Il  est  facile  de 
comprendre  que  l'élain  dans  ce  domaine  avait  un  certain 
r(jle  à  jouer.  Sou  bon  marché  relatif,  comparé  au  prix 
des  métaux  précieux,  l'éclat  de  sa  coloration,  qui  riva- 
lisait avec  celle  de  l'argent,  sa  parfaite  salubrité,  qui 
contrastait  avec  le  caractère  malsain  du  plomb,  le  recom- 
mandaient. C'est  surtout  pour  conserver  les  parfums  de 
toilette  el  les  remèdes  médicinaux  qu'on  avait  recours 
à  des  vases  ou  à  des  boites  d'étain  ■*-.  .\rislote  les  com- 
pare aux  vases  d'argent-'.  .\  Home,  Piaule  connaît  déjà 

d'Homère  savaient  fon«lre  ciiv-mômes  le  *(tiff<Tî&oç.  —  '*  Ibid.  XVIII,  613.  —  f  Ib. 
XXI,  592.  —  3  Ib.  XXIII.  503  (les  garnitures  sont  en  or  et  en  .aas.'TîpoO-  —  '"  Ib. 
XXIll,  501.  —  «1  /A.  XI,  25.  —  12/6.  XI,  34.  —13  76.  XVlll,  565.  Sur  ce  niAnie 
bouclier,  les  taureaux  sont  en  xciiToîttpo;  mélange  d'or  {ib.  574).  —  U  Hesiod. 
Scut.  208.  —  1»  "Eçiii.  if/..  1889,  p.  149-150,  pi.  vn,  I.  —  K  Anunli  dtW 
Instit.  1884,  p.  2iC.  —  17  Inscr.  Qraec.  I,  u'  319, 1,  5  (à  Athènes,  comptes  d'arclii- 
Icclcs  ;  achat  d'étain)  ;  IX,  n«  303,1.  15-16  (à  Oropos,  réparation  d'un  temple  el 
remise  en  place  des  donaria  apposés  au  mur  :  âiso;ùï(v  tïiv  xaT-cÎTefav.  C'est  peut-être 
û  une  destination  analogue  (|u'étail  réservé  l'élain  oITei'l  à  Asklépios  dans  son  temple 
de  Corcyre,  {Corp.  inscr.  ijraec.  ll*  1838  A,  I.  3).  —  <8  Senec.  (.tiuiest.  nat.  I,  17; 
l'Iiu.  XXXIII,  130,  etc.  Cf.  Héron  de  Villefosse  à  propos  d'un  miroird'Alise.  dans  Pro 
Alesia,  1,  I90C-I907,  p.  liO-l.lS.  —  19  f's.  Arist.  De  mirab.  aiiseult.  81.  —  i3  p|„i. 
Adf.  stoic.  31,  p.  1075  C.  —  21  Inscr.  yraec.  Il,  n"  Oïi  B,  I.  28-29.  —  22U.  Bapst. 
Op.  cit.  p.  38.  —  '23  Aristol.  .Soph.  t/.  I,  p.  1 64  B,  2*  ;  cf.  Œcon.  Il,  p.  1349  A,  36. 


STA 


I  itiS 


STA 


les  slanufa  rasa'.  Culuint'llu  coiisfille  d'ciiipluyur  di' 
prélërence  des  murmiles  d'étiiin  pour  faire  cuire  le  vin 
el  les  conlilures  de  coinj;-.  Pline  engage  à  ne  se  servir 
que  de  pyxides  el  de  vases  détaiu  pour  les  onguents  el 
les  pastilles  '.  Oalien,  Scribonius  Largus  el  Fliuius 
Valerianus  énoncent  des  prescriptions  identiques  :  les 
antidotes  doivent  être  ramassés  dans  des  vases  de  verre, 
de  corne,  d'argent  ou  d'étain*,  el  certains  collyres  actifs 
dans  des  pyxides  délain  ^  ;  il  faut  faire  bouillir  l'huile 
dans  des  vases  d'étain  *,  etc.  .Vpulée  parle,  lui  aussi, 
d'un  slayneum  cnsculum  ' . 

Bien  peu  d'objets  antiques  en  élain  saut  parvenus 
jusqu'à  nous;  ce  métal  est  susceptible  et  périssable  ;  il  n'a 
pas  duré  comme  le  plomb.  M.  Bapst  n'énumère  que  cinq 
trouvailles,  deux  en  Italie  et  trois  en  France*.  La  plus 
riche  est  la  plus  ancienne  en  date  :  à  Pesaro,  dans  la 
deuxième  moitié  du  xviii"  siècle,  on  a  recueilli  une  série 
de  statuettes  (Vénus,  Minerve,  César  à  cheval)  el  de 
vases  de  différentes  formes,  ainsi  qu'un  trépied  et  un 
candélabre,  le  tout  très  mince  el  finement  travaillé;  on 
voulut  y  voir  un  laraire  d'enfant'-'.  11  faut  en  rapprocher 
la  trouvaille  faite  en  1836,  à  Kuvo,  dans  un  tombeau  : 
des  fourchettes,  couteaux,  pincettes,  trépieds,  candé- 
labres, poteries,  les  uns  en  plomb,  les  autres  en  élain, 
trop  fragiles  pour  avoir  servi,  présentaient  là  aussi  un 
caractère  votif  et  rituel  '".  En  1806,  l'anse  oxydée  d'un 
vase  d'élain  provenant  de  Néris  fut  analysée;  on  constata 
qu'elle  renfermait  une  petite  partie  de  plomb  (élain  : 
0,6008  ;  plondj  :  0,3042)  ".  Entre  180!»  et  ISIG  plusieurs 
boulons  d'étain  furent  découverts  à  Vézelise  (Meurthe)'-. 
Dans  l'Artois,  on  a  rencontré  un  petit  plat  circulaire, 
avec  renllemenlau  milieu,  les  cotés  légèrement  rabattus, 
renfermant  un  style  à  écrire  "  el,  à  Bélricourl,  un  autre 
plat,  où  l'on  a  prétendu  reconnaître  une  marmite  légion- 
naire du  iv^  siècle'".  Postérieurement  à  la  publication 
du  livre  de  M.  Ba^t,  un  bracelet  d'élain  a  été  découvert 
à  Lazer  (Haules-Alpesj,  dans  une  tombe  conlenant  une 
parure  complète,  en  bronze  el  en  fer  (collection  de 
M.  G.  deManleyer).L'.\nglelerre,  pays  producteur  d'élain, 
a  fourni  des  vases  en  ce  métal,  tous  du  Bas-Empire,  por- 
tant des  inscriptions  ou  anépigraphes  ;  presque  toujours 
des  monnaies  de  la  fin  du  m"  siècle  ou  du  iv"  les  accom- 
pagnent'-'. Signalons  notamment  à  Sklingham  (SufTolk) 
douze  patt'llae,  sur  chacune  desquelles  est  gravé  un  nom 
romain  de  possesseur  au  nominatif"  ;  ailleurs,  un  bassin 
avec  l'invocalion  utere  felix*'',  un  autre  vase  avec  le 
chrisme  constanlinien  '*  ;  en  revanche,  une  palère,  à 
laquelle  l'aspect  des  lettres  assigne  cependant  une  date 
assez  tardive,  est  encore  dédiée  au  dieu  Mars''. 

L'élain  n'est  pas  propre  à  la  frappe  de  la  monnaie -°. 
Les  pièces  faites  avec  ce  métal  s'allèrent  vile,  surtout  au 


I  l'iaul.  fragni.  ap.  Kcsl.  s.  V  Narica,  p.  lOe.  —  -iColum.  XII,  il,  1.  —  3  flin. 
X.X1X,  35  ;  XXX,  38  cl  57.  —  i  Galcu.  De  anlid.  I,  15  (XIV,  p.  59).  Cf.  De  defin. 
medtc.  3^4  (XtX,  p.  43^).  Galien  compare  udc  contusion  à  la  tôle  au  bosguage 
d'un  vase  d'élain  ;  c'est  la  preuve  (|uc  les  objets  de  ce  genre  étaient  répandus  ;  De 
theriac.   ad  Pamph.  {XiV,  p.  3ûy).  —  5  Scrib.   Largus,  l/c  compos.  mtdic.  4. 

—  0  l'iin.  Valerian.  I,  31  ;  III.  4.  —  '  Apul.  Metam.  X,  il.  —  »  Bapst,  Op.  cil. 
p.  41-4i.  —  'JOlivicri,  Memorie  pcr  ta  storia  delta  chitsa  Pesarene,  Pesaro.  1779. 

—  to  Sclilulz,  dans  le  Bull,  delf  Jnstil.  tS3ii,  p.  7.Î.  —  <1  Mongez,  Mém.  de  llnsl. 
classe  d'kist.  el  de  littêr.  anc.  III,  1818,  p.  23.  —  12  Mêm.  des  Aiitû/.  de 
France,  III,  18il,  p.  iM.  —  n  A.  Terninck,  Jissai  sur  l'industrie  gallo-romaine 
en  Atrébatie,  Arras,  IS74,  p.  85.  —  H  Du  niénic,  L'Artois  suulerrain,  Arras, 
1879-1880,  III,  p.  78.  l-'ig.  ap.  BapsI,  Op.  cit.  pi.  ii.  —  15  F.  Ilavcrlield,  JUelanijes 
Boissier,  p.  251  (avec  la  bibliographie).   —  Iti  Cvrp.  inscr.  latin.  VII,  u^  1270. 

—  17  nid.  n-  1271  (à  Welney,  dans  le  Norfolk).  —  18  Jbid.  a'  1272  (provenance 
inconnue)  ;  F.   Uaverlield,  loc.    cit.  eu  note,    fait  remarquer   que   la  prétendue 


conlact  de  l'eau,  qui  les  décompose.  Les  faux  monnayeurs 
n'iiésitaienl  pas  néanmoins,  dans  l'anliquilé,  à  en  fabri- 
quer ,  une  loi  romaine,  citée  au  Ditjesle,  défend  l'usage 
des  immiiii  slannci  el  ptuinliL'i-^.  Les  ateliers  officiels, 
dans  des  circonstances  exceptionnelles  el  particuliè- 
rement critiques,  ont  ils  imité  les  faux  monnayeurs'?  La 
question  est  controversée,  du  moins  en  ce  qui  concerne 
la  Grèce  et  Home,  car  on  sait  ((ue  les  rois  de  Numidie 
du  ir  siècle  avant  l'ère  clirélienne  ont  frappé  des  mon- 
naies d'étain--.  VŒconomii/ite  d'Arislotc  "  el  Pollux  ^S 
prétendent  que  Denys  de  Syracuse  l'aurait  fait  aussi  ; 
M.  Six  le  conteste  el  croit  que  ces  textes  concernent  une 
monnaie  de  cuivre,  avec  une  proportion  d'alliage  d'élain, 
dont  l'apparition  était  en  rapport  avec  une  réduction  de 
la  litra  par  Denys-'.  La  collection  Kécamier,  à  Lyon, 
possède  sept  cents  pièces  d'élain  trouvées  dans  la  même 
ville  el  frappées  avec  les  coins  de  deniers  d'argent  à 
l'effigie  de  Seplime  Sévère  el  de  sa  famille".  M.  Babelon 
y  voit  des  fausses  monnaies.  Lenormanl  se  demandait 
si  Seplime  Sévère,  après  son  expédition  de  Bretagne, 
n'aurait  pas  organisé  à  Lyon  la  frappe  de  l'élain,  avec  le 
métal  venu  d'Oulre-Manche,  pour  remédier  à  l'insuffi- 
sance des  envois  de  cuivre  faits  de  Rome  par  l'atelier 
sénatorial;  si  l'essai  ne  fut  pas  continué,  c'est  peut-être 
parce  que  la  monnaie  d'élain  se  confondait  trop  faci- 
lement avec  celle  d'argent. 

Les  anciens  connaissaient  l'élamage.  Pline  rapporte 
aux  Gaulois,  el  plus  particulièrement  aux  Bituriges, 
l'honneur  de  l'avoir  inventé  ;  le  plomb  blanc  (étain),  dit- 
il,  ne  peut  servir  pour  les  soudures  qu'à  la  condilion  de 
le  mêler  de  plomb  noir,  sinon  il  corrode  l'argent;  mais 
dans  les  Gaules  on  en  recouvre  des  objets  de  cuivre,  qu'il 
rend  semblables  à  l'argent  même,  el  ou  les  appelle  alors 
incoctitiri  ;  la  mode  vint  ensuite  de  recouvrir  d'argent, 
et  non  plus  d'élain,  les  pièces  du  harnachement  des 
chevaux  et  les  voitures  ;  le  mérite  de  l'application  revient 
à  Alésia,  «  le  reste  aux  Bituriges-'  ».  On  a  pensé  à  faire 
remonter  plus  haut  la  découverte  de  ce  procédé  métal- 
lurgique ;  volontiers  on  l'attribuerait  à  quelque  peuple 
très  ancien  el  nomade  de  l'Asie  Centrale  ou  de  l'Europe 
Orientale,  les  Tziganes  par  exemple,  qui  l'aurait  do  bonne 
heure  propagé  partout-*.  Celte  hypothèse  permetlrail  de 
donner  au  mol  zatrciTcio;  dans  Homère  le  sens  d'objet 
étamé,  aux  adjectifs  xœcdtTeptvoç  et  stanneus  dans  les 
textes  grecs  et  lalins  que  nous  avons  cités  plus  haut,  le 
sens  d'étamé  :  jamais  peut-être  il  ne  sérail  question 
d'objets  en  étain  massif.  Elle  expliquerait  aussi  qu'on 
ail  cru  constater  des  traces  d'étamage  sur  la  garniture 
en  bronze  d'une  ceinture  trouvée  dans  la  nécropole 
d\i lli/'ae  (Samnium)-',  en  dehors  de  toute  inlluence 
bilurige.    Mais    ces    suppositions    paraissent    aventu- 


lamelta  stunnea  du  Corp.  inscr.  latin.  VII,  u»  1 40,  peut  bien  rcnionicr  au  i" siècle 
de  notre  ère,  niais  qu'elle  est  en  plomb,  el  non  en  élain.  —  19  Ephem.  epigr.  VII, 
n"  812  (au  musée  Aslimolécu  d'Oiford).  —  20  J.-H.  Eckhel,  Doctr.  num.  1,  prolegom. 
p.  19;  Fr.  LeDormaut,  La  monnaie  dans  iantig.  I,  Taris,  1878,  p.  211-214; 
E.  Babelon,  Traité  des  monn.  gr.  et  rom.  1,  Paris,  1901,  p.  371-374.  —  SI  Iligest. 
XLVlll,   10,   9.   —  22  E.    Baiclon,   Op.  cit.  p.  372.   —  '23  Arist.  Oecon.   Il,   2. 

—  2k  Poil.  IX,  79.  —-25  Sii,  dans  la  Numism.  Chron.  XV,  1875,  p.  28.  —  26p.  Dis- 
said.  Collection  Récamier,  Catal.  des  plombs  antiques,  e(c.  Paris  cl  Londres,  1905. 

—  27  l'jin.  XXXIV,  162.  i;e  texte  est  obscur  el  très  discuté.  Le  sens  des  mots  religua 
glaria  u'apparait  pas  neltcnient;  il  semble  bien  cependant  qu'ils  désignent,  par 
opposilion  aux  applicaliuns  ultérieures  réalisées  à  Alésia,  l'mvention  primitive,  due 
aux  Bituriges.  Cf.  L.  Berthoud  el  K.  Durand,  dans  ProAtesia.H,  1907-1908,  p.  317- 
322  ;  C.  Julliail,  Bc'J.  des  Études  anc.  1908,  p.  209.  —  '2»  Tbéorie  de  P.  BaUiilard, 
dans  les  publications  citées  plus  haut,  p.  1459,  n.  14.  Ct.  G.  Bapst,  Op.  cit. 
p.  51  sq.  —  2a  Ann.  dell .  Inatit.  1884,  p.  24«  ;  W.  Helbig,  Op.  cit.  p.  363,  note  1. 


STA 


lifii   — 


STA 


reuses  ;  aucun  texte,  aucun  fait  certain  ne  les  autorisent. 
Homère,  on  l'a  vu,  peut  se  comprendre  sans  ([uon  y  ait 
recours;  xa<îC[Téf.'.voç   et  stanneu.i  ont  ilù  naturellement 
désigner  tout  d'abord  des  objets  en  étain,  avant  d'être 
étendus  à  des  objets  étamés  ;  enfin,  les  traces  d'étamage 
relevées,  dit-on,  à  AUifae,  et  nulle  part  ailleurs  pour 
une  époque  aussi  archaïque,  restent  incertaines.  Il  est 
plus  sage  de  s'en  tenir  à  la  lettre  du  passage  de  Pline, 
toujours  si  curieux  d'indiquer  l'origine  des  industries  et 
découvertes  humaines.  —  on  l'a  vu  précisément  pour 
l'étain  lui-même  et  Midacritus.  Deux  observations  tendent 
à  contirmer  l'assertion  du  naturaliste  et  à  lui  donner  une 
singulière  vraisemblance.   La   première,  c'est   que   les 
vases  et  ornements  aotiques  étamés  sont  particulière- 
ment nombreux  dans  la  Gaule,  patrie  présumée  de  l'éta- 
mage.  Il  suffit  de  rappeler  ceux  qu'énumère  M.  Bapst  '  : 
vases  des  musées  de  Dijon   et  de  Saint-Germain,  aux 
manches  élégamment  ciselés-,  patère  de   Bourgogne ^ 
série  de  palères,  bassins,  plats  et  cuillers  à  encens  trouvés 
dans  le  Dauphiné  en  1760*,  vases  de  la  Haute-Norman- 
die',    fibules    élamées   dWrtois    et    de   Flandre'',    etc. 
.\joulons-y,  à  titre  simplement  d'exemple  et  pour  la  seule 
région  bourguignonne,  aux  abords  des  ateliers  d'Alésia 
que  cite  Pline,  trois  patères  de  bronze  avec  traces  d'éta- 
mage à  l'extérieur,  découvertes,  la  première  vers  1860 
à  Visignot  (Côle-d'Or),  la  seconde  en  1833  à  Couchey 
(Côte-d'Or)  —  l'une  et  l'autre  sont  dédiées  au  dieu  Ali- 
sanus'  —  la  troisième  à  Alésia  même  en  1883  *,  et  enfin 
huit  vases  plais  de  bronze  étamé  recueillis  encore  à  Alésia 
en  1!»09,  non  plus  cette  fois  dans  les  ruines  de  l'époque 
gallo-romaine,  mais  dans  un  puits-cachette  du  temps  de 
rindépendance  celtique".  En  second  lieu,  nous  devons 
remanjuer  aussi  que  le  peuple  des  Hituriges  et  la  ville 
d'Alésia,  dont  l'Une  prononce  les  noms,  étaient  bien  placés 
pour  tenir  le  rôle  qu'il  leur  assigne.  La  (Jaule  centrale, 
nous  l'avons  dit,  possédait  d'importants  gisements  stan- 
nifères,    déjà   exploités  à  une   date   reculée;   on  en   a 
retrouvé  justement  aux   confins  des   Bituriges  et   des 
Arvernes,  auprès  de  .\éris,  d'où  provient  cette  anse  de 
vase  de  1806,  qui  atteste  une  persistance  de  l'industrie 
locale   sous  l'Empire    romain  ;    en   outre,   cette  région 
appartient  à  la  vallée  de  la  Loire,  grand  chemin  de  terre 
que  prenait  l'étain  des  Cassitérides,  d'Armorique  et  de 
Grande-Bretagne,   au   temps  du   commerce  grec,    pour 
gagner  la  Méditerranée.  Quant  à  Alésia,  les  fouilles  qui 
s'y  poursuivent  depuis  1905  munirent  bien  (lu'elle  était, 
dès  avant  la  conquête  romaine,  l'un  des  centres  prin- 

1  a.  Bapsl,  Op.  cit.  p.  53  s,|.  —  ->  IIltou  ili-  Villefossu,  dans  le  Uutl.  ,1c  la 
suc.  des  antiq.  de  France,  1881,  p.  il:>.  —  i  Ibid.  —  «  (jiylus,  Ilec.  daiUi(j. 
V,  l'aris,  l.l.i,  p.  i»».  —  5  Cochet.  Séputl.  gauloises,  romaines,  sic.  l'aris, 
IS57,  p.  ii;  Huit,  de  la  Comm.  des  AiUig.  de  In  Seineinf.  III,  IS/S-ISÎS, 
p.  3VJ.  —  0  A.  Teniiack,  f  Artois  souterrain.  Il,  p.  ï»2;  J.  de  Basl,  Mer.  dantiq. 
trouvées  dans  la  Flandre,  Gaud,  l«64, 1,  p.  Sis.  — '  Corp.  inscr.  latin.  XIII,  n"  ÏS43 
el5*fiS.  —8  Jbid.  Il*  2S75.  — 9M.  Ilcsnier,  Lesvasesdemélat dicourertsà  Alésia 
en  l9Uii,  dans  fro  Ateaia,  fL-vricr-mars  l'JIO,  p.  041-649.  Un  de  ces  va>cs  a  un  bord 
ïodrouué,  qui  comprenait,  quand  il  cUiil  inlacl,  une  soiiaulaine  du  grains  de  clia- 
pelcl  au  repoussé.  Un  autre,  ovale,  porte  au  centre  nn  jKiisson.  la  tète  à  droite, 
dessiné  au  burin  :  emblème  religieux  sans  doute.  Trois  des  vases  circulaires  ont 
élé  retrouvés  emboîtas  exactement  l'un  dans  l'autre:  or  il  en  est  de  même  pour 
les  trois  bassins,  nu  peu  plus  grands  (0  ra.  H  cm.  de  diamètre  au  lieu  de  0  154), 
découverts  par  labW-  Cocliel,  toc.  cit.,  dans  l'arrondissement  de  Dieppe  en  1856: 
peut-être  ce  détail  présente-til,  lui  aussi,  quelque  signification  religieuse. 
—  1"  I..  iMatriirliut,  /.'industrie  des  brunziern  d  Alésia,  dans  l'rv  AUsia  III 
la»S-l'iU9,  p.  «6-43'J,  et  dans  les  Cil.  du  Conijr.  de  lAss.  frane.  /.our  la'ranr. 
des  scienc^-s  à  Lille  en  19113.  -  H  Cf.  I,.  Gallois,  dans  les  Ann.de  géographie, 
19U7,  p.  141;  Ad.  J.  Keinacb,  dans  Pro  Alésia,  II,  1907-1908,  p.  iti  (avci  la 
bibliograpbie  antérieurel.  —  Bibmogkipiiii:  :  Caryopbilus,  Ùeanliguii  aun,  argmti, 
stanni,  aerit,  ferri  plumbique  fodinis.  Vienne,  1754;  J.-B.  Beckinaun,  Beitrâg'e 


cipaux  de  l'industrie  du  métal  en  Gaule.  Non  seulement, 
on  a  retrouvé  sur  le  plateau  du  Mont-Auxois,  avec  les 
vases  de  bronze  étamé  de  1900.  les  produits  d'une  fabri- 
cation incontestablement  celtique,  mais  encore  on 
connaît  depuis  1908  qinîlques  vestiges  authentiques  des 
ateliers  d'où  ces  produits  sont  sortis,  moules  en  terre 
cuite  et  creusets  en  terre  réfractaire  qui  servaient  à 
fondre  le  bronze  '°.  On  n'en  est  pas  surpris  quand  on 
songe  à  la  position  géographique  d'Alésia,  sur  le  seuil 
de  Bourgogne  ",  au  passage  des  routes  de  l'étain  remon- 
tant les  vallées  de  la  Loire  et  de  la  Seine  pour  allerrejoi  ndre 
celle  de  la  Saône  et  du  Rhône.  Maurice  Bes.nier. 

STAPHYLOBOLEIO.V  (STatuXoÇoXeîov).  —  Ce  mot  dé- 
signe soil  un  vase  à  contenir  le  vin',  soit  une  corbeille  à 
mettre  le  raisin-,  suit  le  local  même  dans  lequel  on  foulait 
aux  pieds  les  grappes  pour  faire  le  vin^  [vinum.  E.  P. 
STAPIIYLODROMOl,  .STAPHYLODROMOS  [karxeia, 
p.  803\ 

STATER  (ïlTaTYjp).  —  Ce  nom  qui,  originairement, 
veut  dire  «  poids  »  quelconque  mesuré  à  la  balance, 
comme  le  terme  sémitique  sclieqel,  fut  le  plus  souvent 
employé  par  les  Grecs,  pour  désigner  l'unité  monétaire 
de  l'or';  voilà  pourquoi  il  a  pour  synonyme  le  mol 
/puG-oSç.  Le  statère  était  le  double  de  la  drachme,  c'est- 
à-dire  l'équivalent  pondéral  du  didrachme,  et  dans  cette 
acception  pondérale,  on  pouvait  l'employer  indilFérem- 
ment  pour  l'or  ou  l'argent  et  même  le  bronze.  Dans  les 
textes  grecs  littéraires  et  épigrapiiiques,  on  mentionne 
fréquemment  les  ctïttiOeç  Kuv.xy,v&!,  Aapetzo!',  BotoÔTixot, 
KopivOiot,  ICaXxiotxoi,  •l'wxixoi,  Aau.^|<axY|Vt;•',  'E<pÉ(7!&i,  'Aiyt- 
viLO!,  Kc/oxupaioi,  KpY,Ttxo!,  etc.  ;  les  uns  sont  en  or,  les 
autres  en  electrum  ou  en  argent.  Cependant,  à  partir 
d'Alexandre,  le  mot(rraTY,p,  employé  seul,  désigne  pres- 
que toujours  et  exclusivement  la  pièce  d'or  étalon  ;  c'est 
le  slalère  d'or  de  poids  allique  (S  gr.  60)  qu'il  faut 
entendre  lorsque  le  contexte  n'indique  pas  qu'il  s'agit 
d'une  autre  espèce  de  statère. 

L'échelle  des  multiples  et  des  divisions  du  slalère 
était  calquée  sur  celle  des  multiples  et  des  divi- 
sions de  la  drachme,  dont  le  statère  avait  deux  fois  le 
poids  : 


4  Téli'aslulùrc 

2  Distati-re 

1  Statère  ou  Clirysus 

1,2  HéiiiislatOi'e 

i/3  Tfilc 

1/4  'lY-luitù 


égal  en   jioids  à  S  diacliiues  d'ai'geiit 
—  4  — 


tcliobole 
ti'iobole 


(l'argent 


zur  Gescitichte  der  Erfindunijen,  Leipzig,  1780-180.>,  IV;  i'.  Bayen,  Opuscules 
chimiques.  11,  /tecliercltes  sur  l'êtatu,  l'aris,  an  VI  ;  Mougez,  Mèm.  sur  l'étain 
des  Uoiuains,  dins  les  .Vém.  de  l'Institut,  classe  dUist.  et  de  littêr.  une.  III, 
1818.  p.  i3-i':i  ;  F.-H.-M.  Zippe.  Gesehichte  der  Metalle,  Viemie,  1857  ;  H.-O.  I.eni, 
Minéralogie  der  Griechen  und  Itomcr,  Gotha,  1861  ;  G.  Smith,  The  Cassitérides, 
Londres,  1863;  Rossignol,  Les  métaux  dans  l'antiquité,  Paris,  1863;  Fr.  Lenor- 
m^al,  Les  premiiTes  civilisations,  I,  l'aris,  1874;  A.  Franlz,  Blei  und  Zinn  im 
Alterthum,  ûdiUs  la,  Berg-und  llùttenmûnnische  Zeitung,  1880,  XXXXIX,p.  365s<|.; 
Durréné,  Etude  sur  l'histoire  de  la  production  et  du  commerce  de  l'étain, 
l'aris,  IS81  (extrait  des  Annales  du  génie  civil);  G.  bapst,  Les  métaux  dans 
l'antiquité  et  au  moyen  âge:  rèlain,  Paris  1854  (paru  d'abord  en  articles  dans  la 
Revue  archéologique,  I88ï-i884);  H.  blûmoer.  Technologie  und  Terminologie 
der  Gewerbe  und  Kànste  bel  Griechen  und  itàmern,  IV,  Leipzig,  1887  :  lui.  Fuchs 
et  L.  de  l.auuay.  Traité  des  gites  minéraux  et  métallifères.  II.  l'aris,  1S93. 

STAI'IIVLIIBULEION.  ■  l'bal.  s.  v.  p.  535,  M,  édil.  l'orson  ;  Bekker,  Anecdol. 
p.  3113.  15.  —  -'l'ollux,  X,  li'.i;  Bekter,/.  c.  —  ^  Fbol.  /.<■.;  Bekker, /.  c.  ;  Hesych. 
s.  F.  ;  Suidas,  s.  e.  !:T«»liii  ;  l'ollux,  VII.  151.  Cf.  Krause,  Aageiologie,  p.  304,  n.2. 

STATEH.  I  Aristopli.  iVii*.  1041;  flut.  817;  l'Ial.  Euthydem.  p.  i'J9;  Eryx, 
p.  400;  Isocrat.  p.  365  ut  367;  Pollul,  III,  87;  IV,  173;  VU,  lOi  ;  IX,  57  et  84; 
Uesycb.  Suid.  cl  l'hot.  s.  v.  [E.  Babclon.  Traité  des  monn.  gr.  et  rom.  1^'  part, 
t.  I,  p.  436]. 


STA 


Ud.ï  — 


STA 


1/6  Heclé 
1/8  HémiU-larté 
1/li  Hémiheelé 
1/lfi  iVom  inconnu 
1/24  MyshéiiiilieclDn 
1/48  Moin  inconnu 
l/9r,  _ 


,'al  en  poiils  au  ilioliole  il  ai-;;iTil 

—  ti-ihiMiiiolMil,.  — 

—  (iIhiIo  — 

—  li-ilV'morinn  — 

—  hi^niioliole  — 

—  taiiéinorion  — 

—  tioiiiilarliMiiririfin      — 


A  Athènes,  d'après  le  témoignage  de  quelques  inscrip- 
tions', on  désignait  les  divisions  du  statère  aussi  bien 
par  les  noms  des  monnaies  auxquelles  elles  correspon- 
daient comme  poids  dans  la  nomenclature  de  la  série 
d'argent,  «  drachme  d'or  »,  «  tartémorion  d'or  »  -,  que 
par  les  appellations  particulières  que  nous  venons 
d'indiquer. 

I.e  statère  d'or  valaitSO,  22,  24  ou  23  drachmes  suivant 
que  le  rapport  de  l'or  à  l'argent  était  de  1  à  10,  à  11,  à  12 
à  12  1/2.  Quelquefois,  comme  chez  les  Perses  [daricus], 
on  taillait  le  statère  sur  un  autre  poids  que  la  drachme 
d'argent  pour  lui  faire  valoir  exactement  20  drachmes, 
quand  l'écart  de  valeur  des  deux  métaux  était  de  plus 
de  1  à  10. 

On  rencontre  dans  les  monnaies,  comme  dans  les 
textes,  des  espèces  différentes  de  slatères  dont  voici 
l'énuméralion  : 

Stateres  Aeginaei  (Atyivaioi  cxaTripei;).  Cette  monnaie 
sert  de  base  aux  calculs  dans  de  nombreux  comptes, 
par  exemple  dans  une  inscription  de  Delphes  aujour- 
d'hui au  Musée  du  Louvre ^  Les  stateres  d'Egine  sont 
aussi  mentionnés  à  plusieurs  reprises  dans  les  docu- 
ments épigraphiques  d'Athènes'.  Il  s'agit  de  pièces 
d'argent  puisqu'Kgine  n'a  jamais  monnayé  l'or.  C'est 
évidemment  le  même  statère  qui,  dans  une  autre  ins- 
cription de  Delphes",  compose  des  sommes  dont  les 
fractions  n'atteignent  jamais  2  drachmes.  11  faut  on  con- 
clure que  dans  la  monnaie  d'Egine,  comme  dans  celle  de 
Corinthe,  on  désignait  sous  le  nom  de  statère  le 
didrachme  d'argent.  Le  didrachme  (12  gr.  57)  est,  en 
effet,  la  pièce  la  plus  forte  et  la  plus  multipliée  dans  la 
série  monétaire  d'Egine,  depuis  l'âge  de  l'hidon  jus- 
qu'aux beaux  temps  de  l'art''. 

Les    monnaies    d'argent    d'Egine    ont    loulos    pour 


type  (Og.  636C  et  6367)  une  tortue,  de  mer  sur  les  pièces 
primitives  \  de  terre  sur  les  plus  récentes*  et,  au 
revers,  un  carré  creux  divisé  en  plusieurs  parties,  qui 
contiennent,  dans  les  exemplaires  frappés  aux  beaux 
temps  de  Tari,  les  lettres  initiales  du  nom  de  la  ville, 
Air  (tig.  6367).  Ce  type  constant  leur  avait  fait  donner 
le  nom  populaire  de  larliies  (/eXojvai)  '.  D'après  le  témoi- 
gnage de  Pollux,  cllis  avaient  une   grande  circulation 

1  Corp.  inscr.  graer.  n"  liio.  —  2  V.  l.cnormaiiL,  //t'w.  numism.  18ii>i, 
p.  m.  —  3  c.  i.  nr.  n'  1688.  —  *  C.  i.  gr.  n"  145  el  150;  ETinnf',; 
4.,/«.o»iY"»r„  n»'  38r.9  et  4nV8.  Voyez  il'aulres  mentions  dans  C.  i.  Alt.  t.  1, 
n«'  l!i*  à  as.  Pic.  —  "  C.  i.  r/r.  n.  1090.  —  »  Vasi|nez  Qucigio,  Stjslrme  miHr. 
et  moncMiVe,  table  XXVI, n"  314-413;  ;i;ri7.  Mus.  calnl.  Allka,c\.e.,f\.  .vxiii  sr|. 
—  7  Mionnet,  t.    II,    p.    144  sr|.,    u"    i-ti  :    Sujipl.    t.    III,   p.  5!I4   sq..  n"  i-îi. 

VllI. 


dans  le  F'éloponèse.  On  en  voyait  aussi  un  assez  grand 
nombre  sur  le  marché  d'Athènes,  el  le  poète  Eupolis 
dans  une  de  ses  comédies  faisait  recevoir  par  un  per- 
sonnage une  obole  bien  marquée  de  la  tortue,  oêc/ô; 
y-aXXiyéXwvoç.  Les  mentions  fréquentes  de  stateres  d'Egine 
dans  les  inscriptions  attiques,  inventaires  des  trésors 
sacrés  ou  comptes  de  dépenses  publiques,  condrmenl 
cette  donnée. 

[On  donne  aussi  dans  les  comptes  le  nom  de  stnti'res 
éyinétifjues  à  des  pièces  d'argent  de  toute  origine  et  à 
types  variés,  non  frappées  à  Egine,  mais  étalonnées 
suivant  le  système  éginétique,  c'est-à-dire  dont  le  statère 
pesait  environ  12  grammes.] 

Alexandrei  stateres  [ale.vandrei]. 

AthenieNSES     stateres     (  'AQv.vaïot     cxaTYiÇEç,      '.Vttixoi 

7TaTY|pEç).  —  Pollux  '"  nomme  les  slatères  d'Athènes 
parmi  les  monnaies  d'or  du  monde  grec.  C'est  à  tort 
qu'EcklieP'  a  voulu  contester  la  valeur  de  son  témoi- 
gnage, et  nier  l'existence  de  cette  pièce  athénienne.  On 
connaît  non  seulement  quelques  slatères  d'une  incontes- 


Fii:.  OSTll.  —  nu.irt  ili 
slatùri'  ou  L/'Iarli'-. 


FignSVl.  — Sil 

statère  ou  heclt^. 


Slalnrcs  aUii|ii 


table  aulhenlicité  aux  types  ordinaires  de  celte  ville,  la 
lèle  de  Minerve  sur  le  droit,  et,  sur  le  revers,  la  chouelle 
avec  les  lettres  AGE,  mais  aussi  des  exemples  de  toutes 
les  divisions  du  statère,  jusqu'aux  plus  minimes.  [Cepen- 
dant, ces  monnaies  d'or  n'ont  été  frappées  qu'à  l'état 
d'exception,  dans  des  circonstances  critiques  de  l'histoire 
de  la  capitale  de  l'Altique,  comme  lors  du  siège  de  407, 
lors  de  la  bataille  de  Chéronée,  en  338,  ou  à  l'occasion 
de  l'alliance  avec  Mithridate  en  88  av.  J.-C.  '2.  Ces  pièces 
d'or  furent  retirées  de  la  circulation  aussitôt  que  les 
circonstances  qui  en  avaient  nécessité  le  monnayage 
eurent  disparu  ;  de  sorte  que  l'on  peut  dire,  avec  Eckhel, 
qu'Athènes,  sauf  ces  exceptions,  n'a  jamais  monnayé 
que  l'argent  et  le  bronze.  Aussi,  les  TTarvipEç  'Attixoî 
mentionnés  dans  les  comptes  sont,  le  plus  souvent,  non 
pas  des  monnaies  d'or  d'Athènes,  mais  des  monnaies 
d'or  de  toute  provenance  et  de  tous  types,  frappées  dans 
le  système  atlique,  c'est-à-dire  des  stateres  d'or  du 
poids  étalon  de  8  gr.  72  à'8  gr.  60  :  tels,  les  slatères 
d'or  d'Alexandre  el  ceux  de  la  plupart  des  Diadoques. 
Ceux-ci,  en  elfet,  en  Macédoine,  en  Thraco,  en  Syrie  el 
en  général  dans  tous  les  pays  d'Europe  et  d'Orient,  ont 

_  »  Mionnel,  O.c.  t.  M.  p.  Ii7s.|.,  n- 23-33  ;  .Siipp/.  t.  III,  p.  308  s(|.,  no- 33-42  ; 
(cf.  le  Catalogue  'lu  Hril.  Muscuni  et  Babelon,  Traité,  i-  part.  Descr.  /.«/.  I.  I, 
pi.  xxi«  et  xxx].  -  9  l'ollux,  IX,  74  ;  llcsych.  ■/_,l,:.;n.  —  ">  IX,  57.  -  "  Hoclr. 
niim.  ret.  t.  Il,  p.  îOfi.  —  '2  lieulf,  Les  monnaies  d'Athmes,  p.  59.72;  K.  liabclon, 
lier,  des  lituâes  greci/iw»,  t.  Il,  IS89.  p.  135;  Mélnnges  mimism.  I.  I,  p  18»; 
Ul.  Kiihler,  Zeit.  fur  Num.  t.  XXI,  1898,  p.  5  sq. 

184 


?TA 


—   14(16  — 


STA 


frappé  des  monnaies  d'or,  el  les  ont  (Malonnc^es  comme 
celles  d'Alexandre,  suivant  le  poids  atliqnc  (S  gr.  ('.(t  en- 
viron) ;  voilil  pourquoi  on  les  englobe  généralement 
dans  les  comptes  sous  le  nom  de  sUi/rres  altiqucs  ou 
xtalères  alexandrins.  Mais  on  a  pu  aussi  les  désigner 
parfois  sous  les  noms  des  princes  dont  ces  statères  portent 
les  noms  :  Antiijonei.  DcmeIrieL  Lijximnc/ipi,  Se/eucei, 
Antiochei,  etc.  Il  va  exception  pour  les  monnaies  d"or 
des  rois  d'Kgypte,  les  Plolemnei,  qui  n'étaient  pas  éta- 
lonnées suivant  le  système  altique,  mais  suivant  un 
étalon  spécial  à  l'Egypte.] 

BoF.OTici  STATEHEs  (BoicoTtxo!  cTaTï^fEç),  —  Monnaie 
mentionnée  dans  les  fragments  des  inventaires  du  trésor 
public  athénien  du  temps  de  la  guerre  du  Péloponèse'. 

L'analogie  de 
r.cxpression 

statères 
d'Egine  pour 
désigner  les 
didrachmes 
de  la  grande 
ile    du    golfe 

Saroniqiie,  et  l'absence  de  monnaies  d'or  des  Béotiens, 
doivent  faire  attribuer  le  nom  de  statères  aux  gros 
didraclimes  d'argent  de  poids  éginétique-,  au  type  du 
l)ouclier  béotien  (lig.  6573)%  qui,  lorsque  l'inventaire  en 
question  fut  gravé  sur  marbre,  étaient  les  plus  pesantes 
et  les  plus  multipliées  des  espèces  monétaires  fabriquées 
en  Béotie. 

CHALCIDli:i  STATERES  (XaXxiS'.xo!  rjTXT'r^çEi).  —  Monnaie 
mentionnée  dans  la  même  inscription  que  la  précé- 
dente'. Ce  sont  évidemment  encore  des  pièces  d'argent. 
[Il  s'agit  vraisemblablement  des  statères  archaïques,  au 
type  de  la  roue,  avec  un  carré  creux  au  revers,  de  l'iie 
d'Eubée,  attribuables  à  Clialcis  ou  à  Érétrie,  qui  ont  pour 
type  une  tète  de  Gorgone  et  un  mufle  de  lion  dans  un 
carré  creux,  et  des  statères  moins  anciens  qui,  frappés 
de  480  à  Wi.  sont  aux  types  de  la  roue  et  de  l'aigle 
volant,  avec  la  li'gende  4'AV  ;  ces  statères  de  Chalcissont 
de  poids  euboïque  et  pèsent  environ  17  grammes \] 

CoKCVRAEi  STATERES  (Kopxupaîoi  cTaTTips;).  —  Cette  mon- 
naie est  mentionnée,  avec  quelques  autres  espèces 
d'argent,  dans   les   comptes   des    questeurs    du  temple 

d'Alhéna,  antérieurs  à 
la  .vciv"  Olympiade  ". 
Il  s'agit  évidemment 
des  plus  grosses  pièces 
I l'argent  de  Corcyre  au 
type  de  la  vache 
allaitant  son  veau  '' 
(fig.  0.j74\  qui  pèsent 
de  10  gr.  .'i.'i  à  11  gr.  liO»,  el  sont  par  conséquent  des  di- 
drachmes du  système  babylonien  ou  perse  [draciima].  Ce 
poids  se  reproduit  dans  la  numismatique  de  Dyrrha- 
chium,  colonie  de  Corcyre '^  Les  pièces  de  Corcyre  de 
plus  petit  module  au  même  type,  pesant  de  3  gr.  82  à 
4  gr.  38'",  sont  le  tiers  des.  grosses  ou  statères.  A  Dyr- 
rhachium,   au   contraire,  on   frappait  comme   monnaie 

1  Rliangabé,  Anl.  litlU-n.  n-  M:  ;  [C.  i.  Alt.  l.  I,  n»  i07J.  —  2  V.is<|ucz 
Oucipo,  l«b.  XXV,  n"  10-59.  —  3  MionncI,  O.  c.  t.  Il,  p.  100  sq.,  Il"  li-58  ; 
K.  B.nbclon,  TraiU,  I"  pari.  t.  I  ;  p.  493:  Brit.  JUus.  Calai.  Central  Greeee, 
VI.  V  s,|.;.  —  (Rliangab«,  /.  c.  ;  [C.  i.  AU.  l.  I,  n.  Ï07].  —  5  fE.  liabclon,  Trait,; 
Z'  pirl.  Descr.  hiilorii/w^,  l.  I,  p.  0D7  S(|.].  —  «  Rhangabé,  O.  c.  n»  liS;  [C. 
1.   AU.   I.  1,  n-  lOi  à   liSl.  —  1  Hionocl.  t.  M,  p.  lis,  n'  1  ;  [Bri(.  .1/uj.  fatal. 


Fig.  ir.74.  —  suivre  do  Cor 


divisionnaire  une  drachme  de  poids  asiatique  [draciima], 
qui  servit  de  type  au  victoriatus  romain  [victoriatis]. 

CoRi.xTiiu  STATERES  (KopîvOiot  TTïTripEç).  Pollux  "  men- 
tionne cette  monnaie,  et  pendant  longtemps  les  numis- 
mates, croyant  qu'il  s'agissait  de  statères  d'or,  comme  on 
ne  connaitaucune  monnaie  de  ce  métal  frappée  àCorinthe, 
traitaient  de  mensonger  le  témoignage  du  grammairien 
d'Alexandrie,  appuyé  cependant  sur  la  grave  autorité 
d'un  fragment  d'Aristote.  C'est  à  Mommsen  qu'appar- 
tient l'honneur 
d'avoir  reconnu  le 
véritable  sens  du 
passage  de  Pol- 
lux '^  Il  y  est  dit 
que  le  statère  co- 
rinthien valait  10 
litrae  siciliennes. 
C'est  donc  d'une  monnaie  d'argent  qu'il  s'agit  et  d'après 
le  poids  de  la  utra,  il  est  manifeste  que,  dans  la  phrase 
d'Aristote,  citée  par  Pollux,  le  nom  de  statère  désigne  ces 
didrachmes  de  poids  attique  ;8gr.  60)  qui  étaient  l'espèce 
monétaire  la  plus  constamment  émise  par  les  Corinthiens. 
Ces  pièces,  toutes  marquées  delà  lettre  Ç,  initiale  de  l'or- 
thographe primitive  du  nom  de  la  ville,  portent,  dans 
l'ancien  style,  la 
figure  de  Pégase  et, 
au  revers,  un  carré 
creux  (fig.  6.ï7o);  à 
la  belle  époque  de 
l'art,  la  tète  de  Vénus 
armée  ou  de  Vénus 
sans  armes  ",  au 
droit,  et  le  Pégase  sur  le  revers  (fig.  6576).  Les  monnaies 
de  Corinthe  et  d'.\thènes  ont  exactement  le  mémo  étalon 
pour  base,  mais  le  tétradrachme  ne  se  rencontre  jamais 
dans  la  série  corinthienne,  tandis  que  le  didrachme  est, 
dans  la  série  athénienne,  une  exception.  Leake  "  a  ingé- 
nieusement conjecturé  de  là  que  les  deux  villes  avaient 
dû  conclure  une  convention  par  laquelle  l'une  se  réservait 
de  frapper  des  didrachmes,  et  l'autre  des  tétradrachmes, 
afin  de  ne  pas  se  trouver  en  lutte  sur  les  marclu-s  de  la 
Grèce  et  de  l'étranger. 

Au  reste,  si  le  statère  d'argent  corinthien  était  origi- 
nairement un  didrachme  de  poids  altique,  s'il  pouvait 
circuler  à  ce  litre  à  Athènes  et 
sur  tous  les  marchés  de  la  Grèce,  /^ï=v,  ,.5^ 
à  Corinthe  même  on  prit  de  j  /^^i^\1 
bonne  heure  l'habitude  de  le  divi-  V-j|f^^^<  XT"'^ 
ser  d'une  manière  particulière, 
par  tiers,  sixièmes  et  dix-hui- 
tièmes, c'est-à-dire  sur  le  modèle 
des  divisions  du  statère  d'or  dans  toutes  les  cités  helléni- 
ques '".  Plus  tard,  on  frappa  aussi,  en  moins  grand 
nombre,  des  pièces  des  2/3,  du  dixième,  du  douzième  el 
du  vingtième,  mais,  à  ce  qu'il  semble,  spécialement  pour 
le  commerce  étranger.  Les  tiers  de  statère  ont  pour 
type  le  Pégase  entier,  les  sixièmes  un  demi  Pégase  : 
ceci  est  l'indication  certaine  que  les  uns  étaient  consi- 

Tliessaly  to  .\elatia,  p.  Il',  cl  pi.  xi.(^.  —  s  Va^quci  (Jiii'ipo.  lablc  XXI,  n»'  51 
55  ;  [Urit.  .Vus.  Calai,  cilo.  —  9  Vasquez  Queipo,  lablc  XX,  n"  I  i9-l57  ;  |  Brit. 
Mm.  Calai.  cit6,  p.  i',.îl.  —  lo  Vasquci.Uucipo,  lable  XXI,  n"  41-M.  —  n  IV,  17*. 
—  12  Gesch,  tl.  tlom.  Mùnzwesens,  p.  7tf.  —  13  F.  Lcnormanl,  ftev.  ntimism. 
1806,  p.  73-77-,  [Brit.  Mm.  Calai.  Corinlh.  pi.  i  si].).  —  "  Weitjhls  of 
ftreek  coins,  p.    ili.  —    •'•  Mommsen,    0.    l.   p.   57-63. 


STÂ 

dOré.s  coiiiiiK'  (les  ilracliincs,  les  iuilrcs  coaiiiio  dus  In'uii- 
drucliiiies  ou  lriol)ol(.'S  (fig.  (5377).  Ainsi,  de  ccUr  nou- 
velle division  du  slatère  d'argent  de  Coriullie,  ê(iiiivalanl 
coniuie  poids  ù  un  didraelime  atliciue,  en  Irois  unilés, 
naquit  une  dracliine  parliculière,  la  drachme  coriii- 
Ihienne'  de  "2  gr.  ill  [iihaciima],  divisée  à  son  tour  en  six 
oboles,   comme  toutes  les  drachmes  grecques. 

Mommsen,  partant  de  ces  données  que  l'on  peut  tenir 
pour  certaines,  a  dressé  de  la  manière  suivante  le  tableau 
de  la  valeur  pour  laquelle  les  monnaies  frappées  à 
Corinthe  étaient  admises  sur  le  marché  de  cette  ville  et 
sur  celui  d'Athènes.  Dans  ce  lableau  les  valeurs,  à 
Corinthe,  se  rapportent  à  la  drachme  corinthienne,  et  les 
valeurs,  à  Athènes,  sont  exprimées  au  moyen  de  la 
drachme  altique  et  de  ses  divisions  : 


TAILI.F.           MUNETAIIIE 
BN    PHKSANT   I.K 

VAI.Ei 

liS 

STATKK 

i:  HOL'K  U.MTK. 

i  colin 

m 

A    AlllË 

1 

3  ili'ucliiiif 

i  (Irachiiic 

2/3 

2         — 

1  dracliiiiu, 

1/- 

1  iliaclimi' 

U 

ubu 

es 

1  .Irai-liriie 

13 

1  ilrailime 
3      ubok'S 

4      oijoles 

1/lU 

1  l/.'i    - 

1  1/u     - 

illi 

1   1/2     - 

1            — 

1/lS 

1            — 

2,.' 3 

1/iU 

9/11)       — 

3/.,          - 

11  existe  toute  une  série  de  stalères  d'argent  ou  didra- 
chnies  de  poids  attique  aux  types  corinthiens,  frappés 
pendant  le  cours  du  siècle  qui  précéda  Alexandre,  dans 
diverses  parties  des  con- 
trées helléniques.  On  y 
voit  les  noms,  les  mono- 
gramuKis  ou  les  syndjoles 
accessoires  d'Actiuia, 
d'Alyzia  d'Acarnanie, 
d'Ambracie,  d'Argos 
Amphilochique,  d'Anac- 
torium  d'Acarnanie  (llg.  Co78),  de  Corcyre,  de  Dyrrha- 
chium,  de  Leucadc,  des  Locriens,  de  Naupacte,  de  Syi-a- 
cuse,de  Tauromenium  de  Sicile,  deThyreum  d'Acarnanie, 
d'Agrigente,  des  l.éontins  de  Sicile,  et  d'autres  cités  en- 
core. Eckliel-  et  Cousinéry  '  ont  supposé  que  ces  pièces 
désignaient  les  villes  où  elles  ont  été  frappées  comme 
des  colonies  de  Corinthe.  Haoul  Hochette*  a  pensé 
qu'elles  avaient  plutôt  dû  être  émises  à  l'occasion  de 
l'expédition  de  Timoléon  pour  la  délivrance  de  Syra- 
cuse par  les  di- 
vers peuples  qui 
y  prenaient  part 
sous  la  supréma- 
tie de  Corinthe  '. 
Les  statèresou 
didrachmes  de 
Corinthe, à  cause 
du  Pégase  qui 
leur  servait  de  type,  avaient  reçu  le  nom  populaire  de 
poulains,  itwÀoi";  c'est  à  ce   nom  que  faisait  allusion 

1   Tliucyi].  I,    n  .    Corp.    iiis.   ,jr.    n"  Is4:,.  —   2  iJoclr.   „um.  I.   II.   p.  ^43-255. 

—  ^   Monnaies  dv    lu  liyne  aciuxnnc   et  des  colvnioi  Ue  Corinthe,   p.    107  sq. 

—  1  Ann.  de  CInst.  iircli.  t.  I,  p.  330  si|.  —  S  [Urit.  Mm.  Catat.  Corinth. 
colonies  of  Corinth,  iiilro.l.  p.  48].  —  C  poilus,  IX,  78.  —  7  IX,  T.'i.  —  8  Homolle, 
BnlL  eorr.  hell.  1.  VI,  p.  132.  —9  Homolln,  loc.  cit.  p.  131.  —  10  \/trit.  Mus. 
C'atal.  lonia,  pi.  \%,  lig.  8;  BaLcloii,  Traité,  V  pari.  Ùeacr.  Uist.  I.  Il, 
p.  I099J.  —  Il  HonioU.-,  loc.  cit.  p.  134.  —  12  [Brit.  Mus.  fatal.  lonia,  pi.  ix, 


;  d'Épliûse. 


1467  —  STÂ 

i;uri[iidi',  dans  les  vers  tie  son  drame  satyrique  de  Sttron 
sur  les  courtisanes  de  Corinthe,  que  cite  i'ollux\ 

[  ciiliTlci  sïAïEUlcs  (Kç.-riTixoi  cTatTipE;).  I']s[)èce  mentionnée 
dans  les  comptes  Déliens*  ;  il  s'agit  des  didrachmes  d'ar- 
gent de  poids  éginéli(iue  qu'ont  émis  laplu|)art  des  villes 
de  la  Crète  (fig,  (jo79),  du  v"  au  m"  siècle  avant  notre  ère. 1 

C.liOESIil  STATEIiES  (KpoiTsToi  (îTOtTTipe?)  [ciiOESEUUÎS  |. 
CVZICENl  STATEIiES  [cYZlCENl]. 

El'liESll  STATEIIES  ('E(f.£(7t&i  CTaxfips;).  —  Cette  espèce 
i|ui  figure  dans  l'énumération  des  comptes  des  hiéropes 
sacrés  à  Délos,  en  279',  désigne  probablement  les  tétra- 
drachmes  de  poids 
rliodien(lSgr.28), 
si  abondants, 
qu'Ephèsc  lit  frap- 
per de  390  à  295, 
aux  types  de 
l'abeille  et  d'une 
protomé  de  cerf  '" 
(fig.  6380).  Cepen- 
dant, comme  ces  pièces  sont  qualifiées  tétradrachmes 
(T£Tpa3pâ/|Aov  'EcpÉgiov)  dans  les  mêmes  inventaires  ",  on 
a  pensé  qu'il  s'agit  plutôt,  dans  l'expression  cxaTT.psç 
'Etùéaioi,  des  rares  tridrachmes  d'argent,  de  poids  rhodien 
fil  gr.  46),  qu'Ephèse  frappa  de  394  à  387,  aux  types 
de  l'abeille  et  d'Héraclès  enfant  étoufl'ant  les  serpents  'K 

LAMPSACENI    STATERES    fXpucoù   cxaTTipei;  Aa[j.tj/axY,voi).  — 

Cette  monnaie  est  mentionnée  dans  divers  textes  épigra- 
pliiques,  notamment  dans  un  compte  de  recettes  publi- 
ques athénien,  datant  de  l'an  3  de  la  Lxxxvi'  Olympiade  ". 
Les  statères  d'or  de  Lampsaque  sont  bien  connus  des 
numismates.  Ils  portent  au  droit  une  tète  qui  varie,  ou 
bien  un  sujet  tel  que  Hercule 
enfant  et  les  serpents",  ou 
Tliétis  apportant  les  armes 
d'Achille '%  et  constamment 
au  revers,  dans  un  carré  des- 
siné par  quatre  traits,  le  demi- 
hippocampe  ailé  qui  était  l'em- 
blème monétaire  invariable  delacilémysienne  (fig.  6581). 
Tous  ceux  que  l'on  connaît  jusqu'à  présent  sont  du  même 
style  et  paraissent  avoir  été  frappés  pendant  un  espace 
de  temps  assez  restreint,  de  la  fin  du  V-  au  milieu  du 
iv  siècle  avant  notre  ère.  Les  statères  de  Lampsaque 
sont  donc  exactement  contemporains  des  cyzicènes 
[cyzice.m],  mais  ils  en  diffèrent  entièrement  par  leur 
poids  et  la  nature  de  leur  métal.  Ils  sont  d'or  pur  et 
pèsent  de  8  gr.  36,  à  8gr.  49  '".  Ainsi  c'est  sur  ladarique 
d'or  [uARicus]  et  le  statère  attique,  non  sur  le  cyzicène 
d'electrum,  que  ces  pièces  sont  modelées". 

[l'IlILII'PEI  STATERES(<I>'.XÎ7t7tEioc  (TTaTTipeç,  /pu^oi  <I>'.Xl'7t7r£tOt, 

J'/iiltijpei,  P/iilipj)i.)  Sous  cette  appellation  il  faut  com- 
prendre généralement  les  célèbres  statères  d'or  de 
l'hilippe  de  Macédoine,  le  père  d'Alexandre,  qui  ont 
pour  types  la  tète  d'Apollon  et  le  bige(fig.6o82),  rappelant 
les  victoires  de  Philippe  aux  jeux  01ympi([ues.  Ces  pièces 
qui  ont  le  poids  attique  un  peu  aHaibli,  de  8  gr.  60,  sont 


13  HhanL-alic 


114; 


lig.  U;  E.  liabtloii.  Traité,  1'  pari.  I.  Il,  lue. 
\C.  i.  AU.  Il"'  301  à  311;  C.  i.  Ur.  Sept,  n'  Ï4I.S  cl  2425].  —  H  Scslini, 
Staleri  anlichi,  pi.  iv,  n"  3-'J  et  pi.  il,  d»  10  ;  [E.  IJaLcIon,  Traité,  i'  pari.  l.  Il, 
pi.  ci.xxi  cl  cr.xxii,  où  lous  les  slalèi'cs  connus  de  Lampsaque  sonl  rcpioiluits]. 
—  !■>  Scsiiui,  pi.  VI,  w  13.  —  ifi  Mommsen,  /lœm.  .Vûnci/vs.  p.  in.  —  n  [■•,  |,o- 
uormaul,  Hev.  num.  isiis,  p.  423  sq.  ;  [E.  Babclon,  Traité,  1"  pari.  l.  I,  p.  4'JQ  ; 
2"  pari.    l.  Il,  p.  1300 


STA 


—   I  1()8  — 


STA 


souviMil  iiienliomu-es  par  les  auteurs  el  les  textes  épi- 
grapliitjuos'.  On  sait  que  les  Gaulois  les  imitèrent  et 
frappèrent,  jusque  chez  les  Arvernes,  des  pliiUppeg  et 
des  doubles  philippes  dor'.  Mais  après  Alexandre,  les 
deux  rois  Pliilippe  IV  Ar- 
rliidée  et  Philippe  V  ont 
frappé  à  leurs  noins  des 
slatères  d"or  (lig.  6oS3;, 
aussi  de  poids  allique 
(8  gr.  GO)  comme  les  sla- 
tères d'Alexandre,  aux- 
quels s'applique  égale- 
-£!&i'.  La  popularité  de  ces 


ment  le  nom  de  a-xz'r.zi^  •^c 


ig.  65^3.  —  Stature  d'or 
de  Philippe  Arrliidée. 


monnaies  chez  les  Komains  après  la  conquête  de  la  Macé- 
doine fait  que  par  extension,  à  Rome,  on  donnait  le  nom 
de  philippi  à  toutes  les  monnaies  d'or.  Ce  nom  fui 
remis  en  honneur  à  partir  du 
règne  des  deux  empereurs 
appelés  Philippe.  Dans  un 
rescrit  de  l'empereur  Valé- 
rien  au  procurateur  de  Syrie, 
citée  par  Trebellius  PoUion, 
on  lit:  ilubin  Claudio  phi- 
lippeosnostri  cullux  annuos 
centum  quinquayinta''.  Le  nom  de  philippi  a  même 
fini,  au  m"'  siècle,  par  désigner  abusivement  les  mon- 
naies de  loulmétal:  Vopiscus  cite  des  urgenlci  pliilippei 
minululi  el  des  aerei  pliilippei". 

PUOCAÏCI  STATERES  («l'wxocixoi  (;Tary,p£;,  ttxtYiOcç  ow/.atTai, 

çtoxalÔEç).  Ce  terme  désigne  les  monnaies  d'électrum  de 
Phocée,  frappées  depuis  le  vr  siècle  Jusqu'à  l'époque 
d'Alexandre  le  Grand.  Ces  pièces  eurent  une  vogue 
immense  aux  V  el  i\'  siècles,  et  longtenjps  encore  après 
quelles  eurent  cessé 
d'être  frappées.  Thucy- 
dide parle  d'une  somme 
de  deux  mille  cTa-Tipa; 
zio/.'tX-xi  ',  et  Démos- 
Llièneles  mentionne  éga- 
lement ".  Les  inventaires 
du  trésor  du  Parthénon, 
de  434  à  407,  les  comptes  des  hiéropes  du  temple 
d'Apollon  à  Délos,  encore  vers  280,  attestent  que  cette 
espèce  de  monnaie  figurait  abondamment  parmi  les 
offrandes  des  fidèles*.  La  division  appelée  proprement 
statère  du  poids  normal  de  15  gr.  90,  est  très  rare,  mais 
l'hecté  pesant  2  gr.  65  est  au  contraire  fort  répandue  et 
commune  dans  les  médailliers.  Les  types  en  sont  extrême- 
ment variés,  mais  ils  sont  tous  accostés  d'un  symbole,  le 
phoque,  emblème  parlant  de  l'atelier  de  Phocée  (fig.  6584). 

«  Diod.  Sic.  XVI,  3;  Pollui,  IX,  84,  dans  Hullsch,  iletrol.  Scripi.  l.  |, 
p.  283  el  294;  C.  ins.  AU.  l.  IV,  n.  834  li,  col.  H,  I.  88  cl  89;  comptes  des 
hiéropes  de  Délos,  lluH.  eoir.  hell.  t.  VI,  188»,  p.  131  ;  comptes  du  temple 
d'Eleusis,  id.  t.  VIII,  I8K4,  p.  198,  etc.  —  2  H.  de  La  Tour,  Allas  de 
monn.  yatiloises,  pi.  ïi,  fig.  3614  sq.  —  3  Ce  sont  ces  phiiijipes  aussi  bieu  i|ue 
ccui  de  Philippe,  père  d'Alciaudre,  qui  sont  iiienlionués  dans  Tite-Live,  XXXIV 
5i;  XXXVU,  59;  XXXIX,  5  et  7  ;  XUV,  14.  Cf.  aussi  chez  les  auteurs  latins. 
Plaul.  Ilud.   V,  î,   27;   Atin.   I,  3,    1  ;   Trin.   IV,  2,  112;    llor.    Epiai.  Il,  I,  233 

—  »Trcbell.  Poil.  Clau4.  14;  cf.  Oiijett.  XXXIV,  i,  il,  4;  VII,  I,  28.  —  s'vo- 
piscus,  Aiirel,  9  et  12;  Probut,  4.  Cf.  Momniscn-Blacas,  Monn.  rom.  t.  III,  p.  08, 
note  4  et  p.  72,  DOte  ;  K.  Lenormaut,  Hev.  num.  1808,  p.  238;  Z«  monn.  dant 
l'Anlii/.  t.  I,  p.  SI:  [E.  Bahelon,  Trailt},  I"  part.  t.  I,  p.  4S0].  —  <■  Thucvd.  IV 
3i.  —  1  Uemosth.  Conlra  Uoeot.  p  1019,  §36.  —  s  f.  ins.  Gr.  a.  150,  J  19  el  22  • 
C.    ins.   AU.   l.     I,   n"   199,    207;    l.  Il,    n"    704.    708,    709;    t.    IV,'  u.    632"*. 

—  '  Couze,  Ustios,  pi.  VI,  I  (fac-similé)  :  Fr.  Lenormaut,  //et',  num.  1868 
p.  242;  [B.  Ilcad,  Brit.  Mut.  calai,  lonia,  inlrod.  p.  22;  Ch.  Michel,  Itecucîl 
d'inscr.  grccq.    p.  4,  n«  8].  —  10  [Homollc,  Bull.  rorr.  hell.  I.   VI,  1882,  p.  132.  ] 


Fig.  C584.  —  Statère  de  Pliocée  (électrura). 


Fig.  65Sà.   —    llecté 
J  électrum  de  Uytilcue. 


t;3so   —  Drachme 
de  Phocidc. 


On  a  aussi,  dans  l'anliquilé,  étendu  rappellalioii  de  pho- 

c;i'ideso.u\  hectés  d'('lectruni(lig.  6385)  frappées  à  Mylilène 

de  Lesbos;  vers  la  tin  du  v"^  siècle,  en  effet,  un  traité  dont 

la  teneur  nous  a  été  conservée,  fut 

conclu   entre   Phocée   et  Mylilène 

pour  la  frappe  en  commun,  dans 

les    deux    ateliers,   de  ces   hectés 

d'électrum   de    même  poids  el  de 

même   litre'.   Les  types   de  celles 

de  Mylilène  sont  aussi  très  variés, 

mais  elles  ont  en  symbole  un  petit  coq,    à  la  place  du 

phoque.  Dans  les  comptes  sacrés  de  Délos,  les  pho- 
caïdes  étant  en  électrum  sont  naturellement  groupés 
avec  le  /oudi'ov  Xe-jxov  "";  leur  métal  les  fait  ranger,  par 
les  auteurs  des  bas  temps,  parmi  les  monnaies  de  mau- 
vais aloi  ".] 

puocici  STATEKES  f<t>ojx!xo';  (>TXT?ip£i;).  —  Tel  esl  le  nom 
d'une  monnaie  que  mentionne,  parmi  d'autres,  une  inscri- 
ption athénienne  contemporaine  de  la  guerre  du  Pélo- 
ponèse'-.  Les  slatères  dont  il  esl  ici  question  doivent 
être  des  pièces  d'argent  comme  ceux  de  la  Béotie  el  de 
Chalcis  que  mentionne  la 
même  inscription.  Les  mon- 
naies d'argent  de  la  Phocide, 
qui  débutent  dès  le  milieu  du 
VI-  siècle,  ont  pour  type  une 
tête  de  bœuf  vue  de  face,  el  au 
revers  une  léle  d'Artémis. 
Klles  appartiennent  au  sys- 
tème éginélique.  Parmi  celles  que  l'on  a  jusqu'ici 
pesées,  les  plus  fortes  sont  (lig.  6586)  des  Irioboles 
(3  gr.  10)  ".  Mais  Seslini  en  a  publié  une  de  plus  grand 
module",  dont  malheureusement  il  n'a  pas  donné  le 
poids,  et  rien  ne  s'oppose  à  ce  que  l'on  pense  qu'il  en  a 
existé  de  la  valeur  de  deux  drachmes  que  l'on  aurait 
appelées  slatères,  car  jamais  ce  nom  n'a  été  appliqué  à 
des  pièces  d'argent  inférieures  au  didi-achme  '^. 

F.    Li;X()RMAXT.    [E.    BaBELON.] 

STATER.\  ;libra,  p.  1225\ 

STATIO,  STAT10.\.\RIUS.  —  Le  mol  stalio  désigne 
le  local  el  les  employés  d'un  service  administratif, 
surtout  fiscal,  d'une  slalion  postale  [cursus  publicus, 
p.  1635;  RATIO,  p.  812]'. 

C'est  aussi  le  nom  du  local  où  se  réunissaient  à  Home, 
sous  l'Empire,  les  députés  des  villes-,  ou  les  groupes 
d'étrangers,  surtout  d'Orientaux^. 

Au  point  de  vue  militaire,  il  désigne  un  poste,  c'esl-à- 
dire  l'endroit  el  le  local  aussi  bien  que  la  Iroupe  ',  surtout 
celle  qui  est  préposée  à  la  garde  des  camps,  des  portes  \ 
de  la  tente  du  chef,  aux  principia^,  el  aussi  les  déla- 

—  tt  Hesycli.  dans  Hullsch,  Melrol.  Script,  l.  I,  p.  3i8.  Sur  les  phocaides, 
Uommsen-Blacas,  Monn.  rom.  t.  I,  p.  6  ;  F.  Lenormaut,  Bev.  num.  1868,  p.  238  ; 
[B.  Head.  Brit.  Mus.  Calai,  lonia,  intr.  p.  20  ;  E.  Bahelon,  Traité,  I"  part.  t.  I, 
p.  489  ;  surtout,  2«  part.  l.  II,  p.  1195  à  1230  et  pi.  clviu  à  «.iij.  —  12  Rhaiigabé, 
An/,  hetlén.  n»  125  ;  [C.  ins.  AU.l.  I,  n«.307j.  —  13  V.  Vas<|uez  Queipo,  table  XXIII, 
n"  93-110;  [B.  Head.  Bisl.  numor.  p.  287  ;  Bril.  Mus.  Calai.  Central  Gretce, 
pl.  ni]  —  ^^  Descriplio  numorum  veterum,  p.  171,  n*  20.  —  15  (•'.  Lenormaut, 
Berne  numismatigue.  1868,  p.  430  ;  [E.  Bahelon,  Traité,  l"  part.  t.  I,  p.  493  : 
2-  pari.  t.  I,  p.  982  cl  pl.  lui. 

STATIO,  STATIoaiABIL.».  I  Cod.  T/ieod.  8,  5,  65.  II  y  a  des  slationarii  du 
portorium  eu  Afrniue  (C.  Th.  4,  12,  2,  3,  321).  —  2  pliu.  Bisl.  nnt.  16,  86,  1  ; 
Suet.  .Ver.  37.  —  3  V.  Turlzewilsch,  Orbis  in  i'rbe:  Die  Zenlralstiïllen  und 
Genossenschaften  der  Landsleute  in  kaiserliclter  Bom,  ISieshiu,  1902.  —4 Suet. 
Tib.  37  :  Tac.  Ann.  13,  24;  14,  8;  Li».  10,  .12  3,  3;  5,  44;  Caes.  Bel.  gai.  6, 
4t  ;  Bel.  cic.  I,  59.  —  i  Tac.  Ann.  I.  25,  28,  32,  35;  It,  13;  13,  35;  lies. 
Bel.  gai.  5,  15;  7,  69;  Amuiian.  19,  6,  7.  —  c  llygin.  De  munit,  casl.  10,  32; 
Tac.   Uial.  1,28. 


STA 


Ui9 


STA 


chcmenls  chargés  (l'un  service  pcrinatienl  '.  lin  ce  dernier 
sens  tout  soldai  pourrait  s'appeler  slulionnrius  ;  mais 
ce  mot  a  été  appliqué  essentiellement  aux  postes  do 
police,  tant  de  l'État  que  municipaux. 

Slalio  est  aussi  le  lieu  où  une  flotte  est  rasseuililée 

[CLASSIS]. 

Contre  le  brigandage  el  la  piraterie,  (léaiix  endémiques 
dans  le  monde  romain  [latifundia,  p.  069,  LAïitoaMUM, 
pihatae],  l'Empire  a  dû  établir  en  beaucoup  d'endroits, 
outre  les  frumenlarii  rFRi'MENTARius],  des  postes  de  po- 
lice. A  Rome  les  cohortes  urbaines  fournissent  des  stu- 
lionarii  aux  différents  quartiers-  [uhbanae  couoktes]. 
En  Italie,  Auguste  et  Tibère  établissent  de  nombreuses 
slationes  aux  endroits  favorables ^  Oe  système  a  dû  être 
développé  par  leurs  successeurs,  surtout  par  Septime 
Sévère',  dans  l'Italie"  et  dans  les  provinces.  Les  sol- 
dats sont  fournis  par  les  légions  ou  par  la  garde  impé- 
riale": les  postes  sont  établis  soit  dans  les  grandes 
villes,  Ephèse,  Utique',  Nicomédie,  Byzance ',  soit 
dans  la  campagne,  sur  les  grands  domaines  impériaux  '', 
dans  les  districts  miniers'",  surtout  au  croisement,  à  la 
bifurcation  des  routes".  Ils  sont  commandés  par  des 
centurions,  par  des  beneficiarii  '^,  peut-être  aussi  par 
des  curalore^'^,  et  des  curiosi'*.  Ils  ont  les  listes  et  les 
signalements  des  malfaiteurs,  poursuivent  et  arrêtent  les 
brigands,  les  esclaves  fugitifs''.  Ils  ont  une  juridic- 
tion sommaire'".  Ils  s'occupent  aussi  de  la  poste.  En 
Egypte  on  les  voit  recevoir  les  dénonciations  pour  pil- 
lages, voies  de  fait,  désordre  public'^.  Ils  existent  encore 
sous  Dioclétien  et  sous  Constantin,  qui  interdisent 
aux  stulionarii  de  recevoir  les  plaintes  au  lieu  du 
gouverneur,  d'avoir  des  prisons,  de  s'occuper  de  la 
levée  des  impôts  '*.  Mais  ils  sont  remplacés  ensuite 
par  d'autr(«  milices,  les  ageiiles  in  rébus,  les  curio.si, 
les  praef'ectiani.  Le  mot  stutionarius  ne  désigne  plus 
que  les  soldats  de  garde  dans  les  garnisons  et  aux 
frontières '^ 

Outre  les  diogmites,  les  irénarques,  les  liméuarqueset 
les  magistrats   spéciaux,   assistés    d'esclaves    publics-" 

[dIOCMITAE,     IRENAHCUA,    LIMEMAHCUA,    MAGISTRAÏUS    MUNir.I- 

l'ALES,  p.  lo43J,  la  police  municipale  a  eu  aussi  ses  sla- 
lionurii   jusqu'au  Bas-Empire;   ils  sont  classés   parmi 

1  C.  ins.lat.  S,  253i.  —  ^Dig.  1, 12,  1  §  12.  —  3  Suel.  Am/.  32  ;  TU,.  37.  —  4  Tci- 
Iq\I.  Apol.  2-3.  —  ô  Juv.  3,  306-7  (gardes  dans  les  marais  poulins)  ;  C.  ins.  /al.  4, 
30«1  (àPorapéi)  ;  Notiz.  dei  Scai:i,  1902,  08  (iiu  soldai  de  la  secundii  Parthica 
stationarius  à  Aveia  chez  les  Vcstiui).  —  6  A  Ephèse  {C.  ins.  lui.  3,  7130)  et  à 
Uli<|ue  (Cagiial,  Année  épigraph.  1899,  ii"  1),  .'^alls  doule  par  honneur  pour  les 
proconsuls  d'Asie  et  d'Afrique.  —  7  C.  i.  L  3,  7130  ;  .133  (légionnaire  aijais 
curam  carccris).  —  «  PMu.  Ad  Trai.  10,  74,  77-78.  —  "J  Grenfell  et  Huul, 
OxijrincU.  Papyr.  n«  02;  C.  i.  /.  8,  14  003.  V.  Roslowzcw,  fhUolog .  04, 
1905,  297-307;  von  Doraaszewski,  Itôm.  Mitth.  17,  1902,  p.  334,  noie  2,  —  m  C. 
i.  l.  2,  5181.  —  tl  Iliid.  3,  33S5  ;  10,  312-313  (en  185,  en  l'annonie)  ;  S,  11107  ; 
Waddinglon,  Voj.orc/i.  2524  (Syrie);  Gagnai,;,  c.  1895,  n°  ISI  (Madeha  en  Arabie)  : 
Orelii-Henzcn,  1685  ;  Alh.  Mitth.  1883,  p.  77  (Mislhia  en  Gilieie).  -  12  l'Iin.  .\d 
Trai.  10,  77-78;  Sterrett,  Papers.  2,93  (Antioche  de  l'isidie)  ;  Grenfellet  llunl, 
(.  c-  n"'  02,  64,  05;  Gr.  L'rlc.  Berl.  Mus.  522;  Waddinglon,  l.  c;  C.  i.  t.  3, 
14329;  3,  17208,  17634;  S,  17626,  17  C2S  {exacta.  expktu  statione);  3,  825 
[ayensin  numere  stationis);  7,  990  ;  13,  2,  I,  6037  (prima  statione);  4,3949,  13, 
2,  1,  0137,  6440  (statione  iterata).  V.  von  Doinasz.;wski,  Westd.  Zeitsclir  .21, 
1902,  p.  158-211  ;  Wallzing,  Mus.  Belge,  7,  1903,  p.  337-340;  Greek  Papijr.  of. 
Ihe  Urit.  .Mus.  i,  p.  138,  173;  .Nieole,  Papyrus  de  Genève,  n"  17.  —  13  Gauer, 
Eph.  epigr.  4,  435,  n»>  23-37.  _  14  Mol  qui  apparaît  dans  Terlnllien  [de  fuga,  13). 
—  ISTerlull.  ;.  c;  Dig.  1 1,  4,  1  §  2,  4.  —  1»  Or.  Urk.  Ucrl.  Mus.Tii,  321,  322; 
Dig.  5,  I.  01  g  1  où  le  tatruncutatur,  le  chef  de  posle.  ne  peut  pas  juger  en  matière 
pécuniaire.  Voir  Mitteis,  Hermès,  30,  56.  —  17  c.  Th.  s,  5,  1.  —  I»  C.  Jusl.  9,  2, 
8  (Dioclétien  et  Maxiniicn)  ;  C.  TU.  8,  5,  1  ;  8,  4,  2  et  C.  Just.  12,  38,  I  (loi  do 
Constantin  i  our  l'Afrique.  Les  statîonarii  primipitariuin  sont  les  suliailernes  des 
centurions).  —  '9  C.  TU.  7,  20,  2  g  2  (320|  ;  Amuiian.  18,  3,  3.—  20  /Jig.  Il,  4,  1 
J  0;  47,  2,  52  §  12;  Hin.  Ad  Trai.  19,  20.  —  21  C.  i.  l.  9,  2438;  2,  2011  ; 
C.  Th.  6,  29,  1  ;  16,  2,  31  ;  C.  Jutt.  12,  1,  6  ;.Oplat,  Schitm.  Donat.  1,  14,  27  ;  Actn 


les  appariteurs  elles  tninisteria^' .  On  peut  les  rapprocher 
des  7tapaij,uXaxïTï.t  qu'on  trouve  dans  beaucoup  de  villes 
de  l'Asie  Mineure  sous  la  direction  d'un  itapatpûXa;  ou 
d'un  àp/iTtapacpuXa?^-,  à  l'imitation  de  Pergame  sous  les 
.Xttalides^',  et  aussi  sous  les  Lagides  et  à  répo((uc 
romaine  dans  les  villages  d'Egypte^*.  En  Orient,  à  l'épo- 
que de  Justinien,  l'empereur  met  des  troupes  à  la  dispo- 
sition des  gouverneurs,  mais  leurdéfendd'envoyer  pour 
la  police  des  XTi(jT&5iojxTa!,  des  P'.&xioXÛToet,  des  àTtosXiTTai-"''. 
Les  grands  domaines,  les  saltus^^',  soit  des  villes^',  soit 
des  particuliers,  ont  eu  aussi  leurs  gardes,  généralement 
esclaves  ou  affranchis,  appelés  en  Occident  saltuar-ii^', 
en  Orient  cip£oa.ûXaxeç,  ôpo({.ijXaxe(;  ^''.  Cii    Lécrivain. 

STATOR.  —  Au  temps  de  la  République  romaine,  on 
trouve  désignés  sous  le  nom  de  statores  des  appariteurs 
de  magistrats  et  particulièrement  de  gouverneurs  de  pro- 
vinces. Cicéron  en  parle  dans  ses  lettres',  mais  sans 
qu'on  puisse  deviner  quelles  étaient  leurs  fonctions  spé- 
ciales et  en  quoi,  par  exemple    ils  diflerent  des  licteurs. 

Les  stdtores  que  les  inscriptions  signalent,  à  l'époque 
impériale,  ont  un  caractère  militaire  très  net.  Ils  sont 
attachés  soit  à  des  préfets  d'ailes  auxiliaires  ^  soit  à  des 
légats  légionnaires  ^  soit  à  des  gouverneurs  de  pro- 
vinces :  il  y  en  avait,  en  particulier,  en  Egypte  auprès 
du  préfet  ;  ils  formaient  même  là  une  compagnie,  sous  les 
ordres  d'un  pruefeclus  slutorum  ' . 

Les  textes  les  plus  nombreux  que  l'on  possède  se  rap- 
portent aux  slulorcs  Aiujusli  de  Rome";  comme  tous 
ces  soldats  de  police  ou  d'apparat,  qui  étaient  nHiiiis 
autour  de  l'empereur,  ils  étaient  subordonnés  au  préfet 
du  prétoire  et  constituaient  un  numerus  spécial '',  divisé 
en  centuries  ^  Cette  troupe  étaithiérarchiquement  supé- 
rieure aux  coliortes  de  vigiles  et  inférieure  aux  cohortes 
urbaines*.  On  ne  saurait  définir  la  nature  propre  de 
liuirs  attributions  C'était,  dit-on,  des  ofliciers  de  justice 
et  de  police  ■■'.  Dans  le  camp  décrit  par  Hygin,  les  slutores 
sont  établis  derrière  le  praetorium,  qu'ils  couvrent  de 
ce  côté'".        K.  Gagnât. 

ST/VTUA.  —  Définilions.  Les  Anciens  ont  employé  un 
grand  nombre  de  termes  pour  nommer  les  statues.  Ils 
les  distinguaient  d'abord  suivant  leur  destination  reli- 
gieuse  ou  profane,  suivant  le   personnage  humain  ou 

Saliirn.  Fel.  Dat.  Migne,  Patroi.lut.  8,  p.  088.  —^^/ourn.  of  hell.  slud.  15,  117; 
17,  411  ;/nscr.  ùrit.  Mus.  3,^19  a;C.  ins.  ,;r.4  413  c  ;  4360  x;  Bull.  decorr.Uell. 
2,202;7,  273;  9,76,346;  10,  54  ;  10,  432  ;  Waddinglon,  Voy.  arcU.  1093  (.;  Ath. 
MiltU.  8,  329  ;  19,  306  ;  Kamsay,  Ciliés,  p.  307,  n°  1 15.  —  23  FrHnkel,  InscUr.  von 
Pergam.  1,  p.  174.  —  21  Voir  Bouclié-Leclercq,  Histoim  des  Lagides,  Vi ,  ^.^(i-Gt. 

—  !iô  Bull,  de  corr.   hell.   1893,  p.   501-520  ;  Justin.  Nov.  8,  12,    13,    128,21. 

—  26Rostowzew,i.  c.  —  27  C.  i.  (.  5,715;  Gagnai,  An.  epigr.  1900,  n»25.  —  28ûij/. 
32,  1,  6;  33,  7,  12  §  4;  33,  7,  15  §  2;  Petron.  .Sut.  53  ;  C.  i.  l.  5,  2383,  5548, 
5702;  8,  0970,  10895;  6,  9874  ;  9,  706,  3421  ;  10,  1085,  1409;  Gagnât,  L  c.  1904, 
no  55.  _  20  Ramsay.  Geogr.  of  Asia  Mm.  175,  178  ;  Ciliés  and  liish.  of  Phryyia 
1,  2,  615;  Corp.  ijloss.  Il,  177,  48;  111,  330.  —  BiBi.iOfinAPHiE.  Godefroy  ad  Cod. 
ï'/teorf.  G,  29  ;  Naudet,  Oe  la  police  des  Bomains  sous  l'Empire  [Mém.  Acad.  Se.  mor. 
0,  703-770);  llirschfeld,  Die  SicUerUeitspolizei  im  rôm.  KaiserreicU  (Sitz.  Ber. 
Berl.  Akad.  1891,  24,  804;  1893,  411);  Mominsen,  SlrafrecUt,  Leipzig,  1899, 
p.  319-322  (trad.  fran<;aise,  I,  p.  358-377)  ;  Von  Domâszewski,  Inschrift  eines 
stationarius  [Bôm.  Mitth.  1902.  17,  330-335)  ;  Hohlwein,  Note  sur  la  police 
égyptienne  de  l'époque  romaine;  la  police  des  villages  égyptiens  à  l'époque 
romaine  {Musée  belge,  1902,  p.  159-100;  1905,  p.  189-194,  394-399];  Bouché- 
Leclercq,  Histoire  des  Lagid.s,  Paris,  1907,  l.  IV,  p.  50-62. 

STATOR.  1  Gic.  Ad  fam.  Il,  17,  1  ;  19,  2  ;  X,  21,  2.  —  iCorp.  ins.  lat.  III,  4369, 
4379,  12  356  ;  XIII,  8670.  —  3  Ibid.  III,  8117;  Inscr.  gr.  rom.  I,  501.  —  4  C.  i.  I. 
III,  0859;  Inscr.  gr.  rom.  I,  1262  —  5  C.  l.  /.  VI,  29-49,  2930,  2952,  2950,  29j7, 
2958,  32  746,  32  747.  —  i>  Numerus  statorum  praetorianorum,  Ibid.  2951,  2952, 
2954,  2955  ;  X,  1766.  —  7  Ibid.  VI,  1009, 2949,  2952,  2953,  2954,  2935,  2938  :  XI,  3646. 

—  8  Ihid.  VI,  1009  :  centuriones  cohortium  praetorianarum  et  urbanaruîn 
statorum,  taocati;  XI,  5046.  —  ''  Bôm.  MiUUed.  ->;V1I,  1902,  p.  33U  s.|.  ;  Von  Do- 
niaszewski,  Oie  Hangordnung  der  jom.  Ueeres,  p.  28.  —  10  Lib.  de  niM. 
castror.  19. 


STA 


—   1170 


.liviii  quelles  lepréseulaioiil.  Ou  tnnivcra  «lis  .-xiiIkm- 
lions  pour  les  mois  iooç  el  iôavov'  à  larticK-  i.un.mium  : 
pour  âYaXjia,  àvoptaç,  eU.iv,  à  Tînlicle  imai;ii  :  il 
existait  chez  les  tirées  .iuol.[ues  autres  ilésignalions 
plus  rares-.  Chez  les  Lalius,  la  statue  s'appelle 
siijnum,  simulacniin,  Kftitiia,  ('//"/.'/'<'■''•  '"'«.'/"  '•  ^'" 
elasse  encore  les  statues,  suivant  leurs  dimensions,  eu 
colosses,  statues  de  grandeur  naturelle,  et  statuettes 
[SIGILLI'M,  KiCLi.MM  opis \  Suivant  leur  type,  on  lesdétinit 
comme  statues  on  pied,  [-zû.dj.  e-xoiv),  bustes,  (TtiOTOu./,, 
imago),  hermès  [heiîmae:  ;  ou,  comme  statues  pédestres, 
(e'ixwv  tteC/,,  T.Bltxi.slatiia  pedesl ris), ùques.lres  Jo'  ï--ou, 
êotniro;,  sKiHifi  l'f/in'stris),  statues  sur  chars,  [sKiltiae 
in  bigix,  in  (jundrigis)  '.  l/usage  était  de  spécifier  par  des 
termes  particuliers  de  quelle  matière  étaient  faites  les 
statues,  et  quel  aspect  elles  présentaient  d'après  leur  alti- 
tude et  leur  costume  '. 

Nous  n'éludions  point  ici  la  leclinique  de  la  statuaire 
(voir  pour  les  statues  de  marbre  ou  de-pierre,  sclli'ïi'ka, 
pour  les  statues  de  bronze,  stati'akia  ars)  :  nous  nous 
occupons  seulement  de  l'origine  el  du  rôle  des  statues, 
de  leur  disposition  dans  les  monuments  sacrés  ou  pro- 
fanes, publics  ou  privés,  enfin  de  leur  mise  en  place, 
de  leur  entretien,   et  de  leur  destinée. 

I.  Origine  el  rôle  des  slalues. —  En  Grèce,  le  prin- 
cipe créateur  de  la  statuaire  est  d'origine  religieuse  ; 
les  premiers  sculpteurs  d'idoles  ne  visent  pas  à  satis- 
faire quelque  instinct  eslliétique,  mais  obéissent  plutôt 
au  besoin  inconscient  d'élucider  la  notion  divine  par 
limage.  C'est  une  des  raisonspourlesquelles  la  plastique 
débute  assez  tard  ^  11  fallait  que  son  apparition  fût 
préparée  parun  premier  travail  de  réflexion,  organisant 
au  préalable  le   type  des  puissances  supra-humaines. 

Avant  la  période  d'existence  de  la  statue,  on  adore  les 
dieux  comme  des  forces  le  plus  souvent  invisibles,  et 
capables  d'animer  à  l'occasion  n'importe  quel  objets 
Les  souvenirs  de  celte  époque  de  croyance  subsiste- 
ront assez  tard.  Longtemps  après  la  création  de  la  sta- 
tuaire, à  l'époque  classique,  certains  xoana  étaient 
considérés  encore  comme  de  véritables  fétiches".  La 
divinité  passait  pour  s'y  incorporer  temporairement  ;  ils 
étaient  la  divinité  même^  A  cette  période  tout  à  fait 
primitive  succède  la  période  aniconique,   où  la  statue 


STATUA.  )  Arliclc  DoNAniuii,  noie  130;  ajoulcr  Scbub,irt,  de  l'.  ortcr  i»»'»  ]iii, 
.i.-v,  ïo«vov,  ivSçiKî.  Philol.  l.  XXIV,  5C1-5S7;  Maj.  FrâiiLcl,  De  verbis 
poliuribiis  quibus  opéra  staluaria  Graeci  notabant,  llièsv,  Leipzig,  1873. 
—  2  II.  bliininer,  Techiioloijit  unU  Terminulogie  tlcr  Oi  treibc  uni  Kùnsle  bel 
Griechen  und  Itâmern^  p.  180-1  :  Efiao^a,  ^t;iii(ia,  -luswiia,  eïSo;,  îSia,  Ççov  ;  pour 
les  stalueUes,  tiÂM^ov,  ^ûStf»  ;  la  plupart  de  ces  lermes  sont  ambigus,  parce 
qu'ils  désignent  ^■gaiement  des  représentaLious  peintes  ;  de  mùmc  -i^oi  se 
rencontre  tantût  dans  le  sens  de  relief,  Herodot.  Il,  I3r>,  1;  l'ans.  Il,  19,  7, 
lautût  dans  le  sens  de  statue,  Anth.  l'ai.  VI,  56,  ■>.  Sur  le  mol  pp£T«;,  cf. 
11.  Blijmner,  o/>.  /.  p.  180;  on  reucoutre  dans  les  inscriptions  la  fornie  ^oâvtov, 
cl.  yn»cr.  imul.  rnur.  Aeijei,  III,  p.  55,  n'  US.  —  3  U.  bliinmer,  o/,.  l.  p.  184  sq.  ; 
Thésaurus  antiquitatum  romanarum,  congestus  a  J.  0,  Gracvio,  1699,  V, 
IJ9  sq.  ;  VII,  ÎI8S:  X,  5S5  sq.,  807  sq.  —  '  E.  Kuhnert,  Die  Hlaluen  su  /loss 
und  zu  Wagen  bei  den  Griechen,  dans  les  Jakrb&cher  f.  klass.  Philol.  h.  v. 
A.  FIccleisen,  14-  Supplenieutbaud,  1885,  p.  3i9  sq.  —  S  Elitiv  Xili'vr,,  n«p- 
!>•;■'><,  I««i>i,  l«i'^  i=;7fuoo;,  /.puaii;  «jalu»  T  i«  m  f  «x  i«nt  y  ov  ; 
staluae  ciyili  habilu,  togatae,  hiibitu  militari,  thoracatae,  iconicae,  aehilleae. 
rour  la  défmilion  de  ces  termes,  voir  imago,  el  Lexicon  antiifuitalum  roma- 
narum, aucl,  S.  Pilisco,  Ml,  s.  v-.  statua.  —  »»  Collignon.  //.  de  la  sculpt.  ijr. 
I,  p.  I  à  100.  —  7  Keichel,  Veber  rorhellenische  Gôtierkulte;  S.  Reioacb, 
tter.  cril.  XLIV,  1897,  p.  391  ;  Karo,  ArcAii-.  f.  Jleligionswissensch.  VII,  1904, 
p.  139,  lis,  155.  —  »  l>.  Foucarl,  Le  culte  de  Dionysos  en  Attigue,  1904, 
p.  173;  Cb.  Uicbel,  Jlev.  d'hist.  des  relig.  IM'J,  p.  141  sq.  —  3  Sur  la  ressem- 
blance que  présente  à  ce  sujet  la  religion  grecque  avec  l'aucienuc  religiou 
égyptienne,  G.  Foucarl,  Jlev.  des  iJéa,  15  uov.  1908  ;  Maspcro,  El.  de  mgthol. 
li  if.ii-rhéot.  égypt.  Il,  p.  104-5,  cbâsses  sacrées  animées  par  la  présence 
iiiteruiiUenlc  du  dieu.  —  '0  Overbeek,  Berichte  '1er  Sachs.  Gesetlsch.  der  Wi»- 


ig.  63SS.  —  fie 
d'Apbrodile   à  Papbos. 


STA 

n'existe  pas  véritablement,  mais  se  pressent  sous  les 
formes  de  plusen  plus  anthropomorphiquesdu  symbole'". 
Les  dieux  sont  daburd  généraleinenl  des  pierres  brutes, 
[aiujoilithoi],  très  sou  vent  des  aérolilhes", 
qui,  par  leur  origine  mystérieuse,  leur 
couleur  noire,  leur  forme,  frappaient  vive- 
ment l'imagination  populaire.  Jusquàla 
(in  de  la  vie  grecque,  on  conserva  dan's 
certains  sanctuaires'-'  ces  symboles  natu- 
rels que  l'on  considérait  comme  la  mai- 
son d'un  dieu  iîaetylia]  ".  Encore  à  l'épo- 
que de  la  décadence  hellénique,  les  fidèles  venaient  les 
arroser  d'huile  ou  les  couronner  de  bandeleltes  '".  Peu 
à  peu,  l'instinct  de  symétrie  con- 
duisit à  façonner  ces  pierres 
suivant  des  formes  régulières  el 
géométriques;  on  eut  ainsi  des 
pyramides,  des  cônes,  des  co- 
lonnes, ou  des  piliers  (lig.  (5587, 
C388)  ''.  Beaucoupdecessymboles 
avaient  subsisté  en  divers  points 
de  la  Grèce  et  du  monde  antique 
à  l'époque  de  Pausanias.  Le  plus 
célèbre    était  le    cône    sacré  de 

Delphes  [ompiialoS'.  On  leur  rendait  un  culte",  mais 
en  certains  endroits  on  ne  comprenait  plus  leur  valeur 
symbolique,  et  on  les  interprétait  comme  des  sièges  ayant 
servi  à  des  dieux  ou  à  des  héros'\  Un  progrès  décisif 
vers  la  création  de  la  statue  fut  fait 
lorsqu'on  eut  l'idée  d'envelopper 
certaines  de  ces  idoles  avec  des  cha- 
pes empruntées  à  la  garde-robe  des 
temples  ;tig.  ()o8!)),  quelquefois  de 
les  couronner  avec  des  mitres  ou  des 
diadèmes'*.  Pour  que  le  symbole 
flit  en  rapport  plus  étroit  avec  la  di- 
vinité, on  inventa  alors  d'y  ajouter 
quelijues  parties  caractéristiques 
de  l'être  vivant;  en  même  temps,  ces  transformations 
devaient  faciliter  la  mise  en  place  des  ofiTrandes  ;  on  eut  de 
la  sorte  des  piliers  pourvus  d'une  tête,  de  bras  rudimen- 
taires,  d'un  phallus";  Thermes  était  créé  (fig.  6590), 
forme  intermédiaire  entre  le  pilier  et  la  statue,  qui  devait 

senscb.  1^64,  p.  151  sq.;  Baumeister,  Denkm.  d.  kl.  Altert.  art.  Gôtterbilder, 
p.  001  ;  W.  de  Visser,  Die  nicht  menschenyestaltigen  Gôlter  der  Griechen,  1903; 
Overbeek,  Gricch.  Kunslmythol.  I,  1879,  p.  3  sq.  ;  Gruppe,  Griech.  iîgthol.  und 
lïcligionsgesch.  p.  77i  si|.  ;  Collignon,  B.  de  la  se.  gr.  l,  p.  101  sq.  —  <*  Pausa- 
nias mentionne  comme  aérolitbes  les  trois  pierres  d'Orcbomcne,  IX,  38,  I. —  13  Paus. 
VII,  ii,  3  ;  IX,  H,  3  :  i7,  I  ;  35,  1  ;  Luc.  CAaion,  23;  Alej:  30;  le  galet  d'Autibes 
est   une  de  ces   pierres  sacrées  ;  cf.    Cb.  Michel,  Itec.  d'inscr.  grecques,  n'*  1351. 

—  13  Ajouter  F.  Moore,  Uaetylia,  dans  l'Americ.joum.  ofarch.  1903,  p.    198  sq. 

—  liCleni.  Al.  .y/rom.  VII,  1,  4;  4,  2ii  ;  VIII,  713;  Luc.  Philops.  30;  Tbeopbr. 
Char,  Iti;  Aruob.  .\dv.  nat.  1,  39;  Apul.  Florid.  I,  1.  —  15  S.  W.  Head,  Uisl. 
Hum.  p.  270,  lig.  ISl  (Apollon  d'Ainbracie)  ;  G.  F.  Hill,  Cat.  greek coins  Drit.  JJus. 
pi.  ivii  lApbrodile  de  Papbos)  ;  Paus.  I.  41,  2  ;  11,  9,  6;  Overbeek,  Griech.  Kunsl- 
myth.  v,  Apollon,  p.  1  à  5  ;  Mûnzlaf.  1  à  7.  1,  Zeus;  p.  5;  à  Pbarac,  en  AcbaTc, 
trente  piliers  quadrailgulaires  portant  cbacuo  le  nom  d'un  dieu,  Paus.  V|[,  it, 
3-4  ;  autres  eicniples  :  VI,  20,  5  ;  VIII,  39.  6.  —  "1  Sur  le  culte  du  pilier  en  Crélc, 
Evans,  J/^cenuetin  tree  and  pillar  cuit  and  ils  mediterran.  relations,  Joum.of 
hell.  slad.  1901,  p.  99-204;  Girard,  Ilev.  d.  il.  grecg.  1905,  34  sq.  —  "  Paus.  I, 
423, 5  ;  I,  35,  3  ;  IX,  10,3  ;  Arisloph.  Eguit.,  scbol.  au  vei-s  785  ;  autres  légendes  expli- 
quaullecullcdesbélyies.  Pans.  IX,  34,  2:  X,24,  6;  Ucsiod.  rAeoj)on.  V,  68  sq.;  Plut. 
tjuaesl.gr,  137;(nolrc  fig.  2394).  —  l^La  Ggure  représente  ie  revers  d'une  monnaie 
de  l'impératrice  Etruscilla;  cf.  Fr.  Gerbard,  idoles  cryptocépbales  des  monnaies  de 
Samos,  Pergé,  lasos ;  Akad.  Abhandl.  pi.  iix,  no*  2,  3,  4-7  ; Baumeistcr,  Denkmùler, 
I,  p.  003,  lig.  645  S4[.  ;  survivances  de  cet  usage  à  l'ëpoiiue  classique  ;  dans  Albcnes 
aux  Plyntéries,  le  XW-itt  d'Albéna  Potias  est  recouvert  d'un  voile,  paré  de  bijoux 
et  piirté  dans  les  rues,  Xenopb.  Ucllen.  I,  4,  2  ;  PUil.  Alcibiad.  34  ;  Foucart,  Culte 
de  Dionys.  en  Alt.  p.  157,  t77.  —  l'J  Idoles  pourvues  de  têtes;  cf.  Artémis  de  Pergé, 
llill,  Cat.  of  greek  Coins  of  Lycia,  Br.  Mus.  pi.  xxiv,  6g.  5  et  6  ;  pour  l'analogie 


SÏA 


1471   — 


STA 


Hermès   de  Di< 


se  conserver  pendant  toute  la  vie  antique  [hermae].  On 
njoulait  r|nel(|iiplnis  au  symbole  certains  accessoires, 
amulettes  ou  armes';  celle  idée  conduisit  à  imaginer 
le  poZ/fit/iiim  (lig.  Ojfll),  symbole  déjà  presque  complè- 
te m  en  l  an- 
'i^V^.  l  11  ro  porno  r- 

pliique  -.  Des 
lors,  la  forme 
humaine     se 
dégagea  de 
plus  en   plus 
de   sa   gaine; 
si,    dans  cer- 
taines statues 
de  culte,  l'ap- 
parence rigi- 
de, hiérati- 
que,   devait 
subsister  lou- 
jours     (  fi  g . 
G592)',   on   peut  considérer   néanmoins    que    la  statue 
existait  h  \'v\!\i  iiulépendanl  au  début  de  la  période  des 
xoana.U  faut  noter  qu'avant  celle 
date  la   pierre    n'avait    pas    été 
seule  ;'i  fournir  les  symboles  di- 
vins ;    on  adorait    pareillement 
l'arbre    [AHiiOREs    sacrai;],  et  les 
animaux.  Or  ces  formes  primi- 
livês  du  cLille  ont  eu  aussi  leur 
iniluence  sur  le    développement 
(le  la  statue.  I^azoolali-ie  a  fourni 
à  la  sculpture  des  types  hybrides 
.       '^'         f|ui' l'esprit  grec  réussit  diflicile- 
lii;.  i.i'H.  —  l'niia.iiiuM  mont  à  éliminer";  d'autre  pari, 

certains  xoaiui  gardèrent  le  type 
de  l'arbre,  de  la])lanche,  ou  de  la  poutre  ■;  jusqu'à  la  lin 
de  la  vie  grecque,  il  y  oui  aussi  des  divinités  arbres'' 
(fig.  6593;  cf.  lig.  4«,  2237),  auxquelles  on  atlacliail, 
comme  aux  arbres  sacrés,  des  bandelettes  et  des  figu- 
rines. Cette  évolution  du  symboh;  aniconique  à  l'idole 
cxpliqnecerlaines  particularilés  du  type  des  statues  ;  elle 
fait  comprendre  même  ce  que  fut  primitivement  le  rôle  des 
effigies  sacrées,  issue  du  symbole,  laslatue  ne  vise  point 
d'abord  à  être  un  portrait  véritable  du  dieu:  elle  est  sur- 

avcc  les  tfliàsses  éiîyplicnues  onu'cs  ili"  U'Ies  en  roiule-bosse,  Maspcro,  Et.  de  nnjt/i. 
cl  U'ardi.  égypl.  I.  c.  ;  Hermès  pourvus  d'une  lèlc  avec  la  harlie  en  coin,  a.nvç- 
lïwvwv,  ArtemiiJ.  Il,  37;  les  bras  des  liermès  se  réduisent  souvent  à  des  moignons 
en  saillie  auxigucls  peuvent  âlrc  accrncli^es  les  courouucs  ;  cf.  Aliillcr-Wieseler, 
llcilkm.  il. ait.  h'iiiisl.  I,  3  (fig.  2003];  pour  laRg.  0S91,  Uerliard.  A/m'.  Mihamll.  Il, 
pi.  i.»ni,  4.  —  '  ['.  (Jiraid,  /tel',  des  et.  grecq.  XVllI,  lUO.-i,  p.  1  sq.  Mômes  étapes 
de  transformation  pour  certains  ftïticlics  des  Gycladcs,  Tsountas,  'F.î.  àp/_.  I.StsT, 
p.  liiisq.,  pi.  X,  n"  t  ;  sur  l'Iioplolalrie  dans  la  (jrôce  priinilive,  A.-J.  Keinacli,  llt;>\ 
Uist.  des  rcliij.  ItlO'J,  p.  101  s.|.  ;  p.  30'J  s(|.;  liUO.  p.  1!I7  sc|.  —  2  JaMi.  il.  arch. 
Insl.  'Anzeiij.  I89G,  p.  :iii  ;  Uoschcr,  AusfûM.  Lexik.  der  Myth.  art.  Pnllu- 
diiin;  E.  (iardner.  Palladm  from  A/iikenae,  Joiim.  of  hellen.  Slml.  18i)3,  p.  11- 
±^\  A.-J.  Heinacli,  /.  c.  p.  331.  Des  patladia  dérivent  les  déesses  armées  encore 
existantes  au  temps  de  l'ausanias,  III,  la,  10.  —  3  La  lig.  tt51>3  représente  une 
statue  de  culte.  d'a|irès  Millingcn,  Peint,  des  Vases  r/r.  pi.  i.i;  Zeus  Teleios  de 
Tégée,  l'aus.  VIII,  48,  C  ;  Apollon  Amydéen,  l'aus.  II,  10,  2;  Jiiill.  corr.  Iiell. 
l'JoO,  p,  430  st|.  ;  Arlémis  d'Epliôse,  Roscher,  Lexikun,  art,  .Xrtemis  ;  f'auly- 
Wissowa,  Iteal-Encycl.  art.  Ephesia,  p.  Util;  Apollon  Clurinos  ix  Mégare,  f'aus.  I, 
44,  2  ;  Zeus  de  Cliios,  en  forme  d'tdiélisiiue,  Quatrcmère  de  Ijuincy,  Jttp.  Olijmp. 
p.  11  ;  Ilérayiuv  d'Argos,  l'Iioronis,  daris^llcm.  Al  Strom.  i,  24,  p.  41S;  Dionysos 
iifi.iov.oî  à  Thèlics,  ihid.  I,  p.  348  ;  llomolle,  De  antii/uiss.  Dianae  sirr.ulacris 
drlincis,  p.  72  sr(.  ;  Miillcr-Wicselcr,  0.  (.  I,  pi.  u,  n"  12,  13,  14.  La  forme  de  la 
gaine  ou  du  pilier  est  encore  conservée  dans  les  hennés;  on  rivait  des  platpics  de 
métal  sur  la  gaine  (ligure  931).  —  i  Démétcr  do  l'Iiigalie  à  tétc  de  cheval,  l'ausan. 
VIll,  i2  ;  slaluetles  k  tétc  de  v^ichc  ou  do  hrehis,  du  temple  de  la  Dcspoina  à  l.yco- 
sour.i,  l'erdrizel,  llidl.  de  curi:  helléii.  .X.KIII,  IS'J'J.p.  «35,  avec  uno  liste  du  divi- 


tout  le  signe  de  sa  présence,  son  enveloppe  apparente. 
La  raideur  el  les  conventions  d(>s  premiers  .ronnn  ont 
pour  cause  non  setilemenl  les  diffieiillés  rniili'i-ieni^s  de  la 
représentation  plasliqui;,  mais  le  respecl  du  lype  divin, 
le  désir  de  reporter  l'esprit  aux 
primitifs  objets  d'adoration. 
Celte  piété  fulassez  longtemps 
un  obstacle  aux  progrès  de  la 
statuaire;  les  nouveaux  ar- 
tistes ne  cherchèrent  d'abord 
(ju'à  reproduire  les  idoles  an- 
ciennes ';dans  les  colonies,  on 
imitait  exactement  les  statues 
de  la  métropole".  —  Kntre  le 
symbole  et  la  statue,  il  y  avait 
pourtant  une  différence  capi- 
tale. Tandis  que  le  bétyle  ou 
l'arbre  sacré  sont  considérés 
comme  recelant  originaire- 
ment un  esprit  mystérieux  qui  s'y  incorpore,  la  statue  ne 
devient  demeure  sacrée  que  par  le  l'ail  de  la  consécration 


l''ig.  (iS!13.  —  llinnysos  arbre. 

(iopu(7ii;),(iiii  y  attire  l(Mli(ui  ;  c'est  même  la  consécration 
qui,  primitivement,  détermine  ridenliti'  de  laslalue,  tous 
les  types  divins  étant  semblables.  Celle  diff(''i'ence  capitale 
provoquera  toute  l'évolution  de  la  statue  grecque.  Nous 

nilészoocéphalcs  en  Grèce;  Gnigniaut.  [tcUfi.  de  rantii).  III,  p.  I  221 .  —  :>r,ollig!ion, 
Sciilpt.  f/r.  I,  lot  sq.;  les  Dioscures  de  Sparte  étaient  figurés  sous  forme  de  deux 
poutres  [niose.i:!.!,  p.  2.55J;  Plut.  Oe  frat.  nmore.p.  478  a;  Clem.  Al.  Slrom.  I, 
p.  41s  ;  sur  la  liera  «lavi;  de  Samos,  Callim.  Euseb.  Prnep.  eranff.  III,  8  ;  t;lem. 
Al.  Protrept.  IV,  p.  40;  Démêler  Karia  il  Eleusis  est  représenlée  par  un  tronc 
d'.arbre;  Tertull.  .\pol.  llî  :  Ad  mit.  I,  lî;  do  môme  l'Athéua  de  Lindos  est  un 
V.t'oï  î5o;  ;  voir  encore  Arnob.  Advers.  i/mt.  VI,  2.  —  iJ  AiinniiKs  saciiar  :  la  lig.  0594 
reproduit  un  vase  peint  du  Louvre;  [Irnppe,  Or.  .Vi/llml.  p.  779;  Woiichor,  l.'e/ier 
den  Bamnknttus  der  Bellen.  und  /(ôm.;Otto  Kern,  dans  l'anly-Wissowa,  /leal. 
Encycl.  III,  p.  155  sq.,  nie  l'existence  de  divinités  arbres,  four  les  relations 
avec  les  religions  orientales,  Maspero,  Et.  de  tmjtli,  et  d'nrch.  égypt.  Il,  p.  2S7  ; 
cylindres  chaldéens,  lleuzcy,  /ter.  arcU.  1887,  II,  p.  267  sq.,  fig.  8;  Di'couv.  en 
Chnidèe.  pi.  \\\  bis,  n'  17  h,  el  4»  livr.  fasc.  2,  p.  287,  (ig.  g.  En  tirèce,  Zeus 
Endcndios  de  Itliodes,  Ilesych.  s.  v.  'EvSe»Sfo;;  Arlémis  A„,<;S.^|»«  de  Laconic. 
l'aus.  III,  lli,  11  ;  Artémis  Knryatis,  l'aus.  III,  10,  7  ;  Girard,  lieo.  des  et.  r/recq. 
1905,  p.  40.  Les  dieux  manifestent  des  préférences  pour  certains  bois,  llerodol. 
V,  82  ;  arbres  sacrés  on  rclalion  avec  la  vie  des  dieux  ;  Plin.  Xiit.  Uist.  XII,  1 1  ; 
l'aus.  VIll,  2?,  5;  Theoplir.  Hisl.  plant.  IV,  13,  2,  etc.  —  7  OuaUs  reproduit 
exaclemenl  la  Déméter  Mélaina  de  l'higalie,  ilétruite  d.ins  un  incendie,  Paus. 
VIII,  42;  Myron  sculpte  suivant  l'iincien  lype  l'Hécate  d'Egine,  Overbeck,  .Vc/iri/"(7. 
335  sq.  ;  Calamis  refait  PAthéna  Nike  d'Olympic  d'après  un  j:on/ion  d'Athènes, 
lienndorf,  Ueller  dasCuUbild  der  Athena  Nike  ;  Festselirift  z.  50*  r,rîmdmiijsfeier 
des  Arch.  Inst.  in  llam.  Vienne,  1879;  SIrabon  VIll,  0,  10,  mentionne  des 
.rniinn  de  Polyclèle  qui  onl  du  être  exécutés  de  la  même  façon.  —  »  Sur  ces 
statues  dites  ào,5oC.,x.t«,    Diodor.    XV  49;  Strab.   VI,  p.  179. 


STA 


1'.' 


STA 


-^â 


Fig.   G59+.  — 
Xoaiion  il'Artémis 
trouvé  à  Délos. 


la  voyons  pordrc  peu  à  pou  son  raraclt'rp  rcligioux,  à 
mesure  que  la  notion  première  s'eiVace,  el  que  le  rite  de 
consécration  devient  moins  important. 

I,es  plus  anciennes  statues  sont  dosxoann'  (li},'(io!K{, 
6o!li:  cf.  11^.  1910,  i>3(17j,  généralement  taillés  dans  le 
bois,  moins  souvent  en  pierre'-.  Malgré  leur  gaucherie, 
ils  témoignent  déjà  d'un  grand  progrès  technique,  et  sur- 
tout d'une  profonde  évolution  religieuse.  L'homme  est 
désormais  capable  de  représenter  à  sa  ressemblance  des 
dieuxtiont  il  commence^  fixer  l'image  et  le  caractère.  Les 
tirées  avaient  conscience  de  cet  efTort,  et  ils 
attribuaient  les  plus  perfectionnés  des  .roflwrt 
au  légendaire  Di'dale  [DAEnALUs].  C'est  à 
]u-opos  de  ces  idoles,  encore  toutes  proches 
des  origines,  que  nous  concevons  le  mieux 
ce  que  représente  primitivement  la  statue  à 
l'esprit  grec.  Le  .roaiwn  est  le  dieu  en  per- 
sonne', agissant  et  vivant,  tourmenté  des 
mêmes  instincts,  des  mêmes  besoins  que 
l'homme.  Dans  le  culte  qu'on  lui  rend,  on 
chi'rche  surtout  l'occasion  de  le  servir  el  de 
le  soigner  à  la  manière  humaine  :  on  le  lave, 
on  l'alimente,  on  l'habille*.  11  est  le  substitut 
du  dieu  dans  le  culte  et  exerce  les  préroga- 
tives sacrées".  Souvent,  on  cache  son  nom 
pour  empêcher  qu'un  ennemi  n'agisse  sur 
lui  par  puissance  magique  ".  Xon  seulement 
il  a  des  serviteurs  attentifs  à  contenter  ses 
désirs  \  mais  pour  réjouir  son  regard,  on 
place  sous  ses  yeux  d'autres  divinités  et  ses 
adorateurs  mêmes  *.  Il  est  vrai  qu'on  l'attache  pour  l'em- 
pêcher de  quitter  la  contrée  qu'il  protège,  ou  de  venir 
troubler  la  tranquillité  des  mortels';  car  on  est  persuadé 
qu'il  peut  marcher,  qu'il  est  animé  d'une  vie  secrète,  au 
besoin  hostile,  et  toujours  prête  à  se  manifester";  fi 
l'occasion,  on  n'hésite  pas  à  agir  sur  lui  par  des  moyens 

I  Sur  le  sens  .lu  mol  j-onnon,  II.  BIHmncr,  Tichn.  imrf  Terminol.  II.  1T7  ;  0.  Jlûllcr, 
Arch.  d.  Kunsty  par.  GS-69:  pour  la  figure  6595,  tlontollc,  Deantiq.  Dianae  simul. 
detiacis  :  CollignoD,  Se.  gr.  lOV  sr|.  Le  mot  dérive  du  verbe  lim,  gratter,  polir, 
el  s'appli<|ue  par  conséquent  à  des  œuvres  d'un  art  déjà  perfeclionnê,  à  des  eçya 
tâîoc,  par  opposition  à  l'âïooi  uavi;.  Le  début  .le  la  période  des  xoaua  ne  saurait 
être  fixé  exactement  ;  selon  Uelbig,  /v«5  Borner.  Epos,  XXXII,  410  sq.,  les 
Grecs  avaient  déjà  commencé  à  tailler  des  statues  à  forme  humaine  lors  de  la 
construction  des  premiers  temples.  C'est  à  une  époque  assez  récente  que  l'on 
distingua  les  xùana  par  leur  attitude  et  les  parlicularilés  de  leur  type,  Diodor.  I, 
98;  IV.  76:  Apollod.  II,  2,  2.  —  '2  Gardner,  Journ.  of  hell.  stud.  1890, 
p.  133-1^4,  semble  attacher  une  importance  excessive  au  fait  qu'on  a  pu  appeler 
xoana  certaines  statues  en  pierre,  ou  recouvertes  de  ptar{ues  métalliques.  La 
majeure  partie  des  xoana  était  taillée  en  bois.  —  3  pjal,  Leges,  XI.  p.  931  A; 
Flularch.  De  Itid.  el  Osir.  LXXII.  —  *  Voir  plus  loin  à  propos  de  l'entretien 
de  la  statue.  —  5  Mariage  mystic|ue  de  la  Basilissa  avec  le  .ronnon  de  Dionvsos 
à  Limnai,  lors  île  la  félc  des  Aolhesiéries  ;  Mommsen,  Die  Féale  der  Sladt 
Alhen^  p.  393  sq.  Aux  Grandes  Dionysies,  le  xoanon  du  dieu  est  amené 
au  théâtre  et  siège  â  l'orchestra  pendant  la  durée  des  jeux;  Mommsen,  ibid, 
p.  436  sq.  —  f*  Fans.  VIII,  25,  4  ;  sur  le  même  usage  à  Rome,  cl  sur  les  evocaliones, 
voir  plus  loin.  —  '*  Sur  le  sens  précis  du  mot  :  serviteur  de  la  divinité;  Marlha, 
Les  sacerd.  alhéti.  p.  51.  —  s  C'est  là  l'origine  des  à-'à't.^^ztt  [&rà'A'i»,  orner, 
parer;,  et  des  ivutiiKaTi  ;  voir  plus  loin.  —  »  Xoanon  d'Eurynomé  prés  i'higalie 
attaché,  f'aus.  VIII,  41,  4;  slatucs  enchaînées  à  Cliios,  Erylhrées,  d'après  Polémon, 
Fraijm.  hist.  ijraec.  III,  146:  Aphrodite  de  Sparte  enchaînée,  f'aus.  ill,  15,  Il  : 
sur  une  explication  locale,  légendaire  et  tardive,  de  cet  usage,  ibid.  III,  15,  7. 
l'origine  réelle  semble  avoir  été  orientale,  l'Iutarch.  (Junest.  rom.6l  :  Uio<lor.  XVII, 
41,  9;  yuint.  Curt.  IV.  31.  —  10  Les  statues  de  Dédale  marehaienl;  Luc. 
Philopi.  19:  les  Khodiens  passaient  pour  avoir  appris  d'Athéna  à  fabriquer  des 
statues  vivantes,  l'iiidar.  Olymji.  VII,  vers  :•:;  el  jcAo/.  ;  les  xoana  (rompaient 
les  héros  el  même  les  dieux  par  leur  apparence  de  vie;  l'Iat.  JJenon,  97; 
iciiol  ad  h.  l.  p.  302  ;  sur  l'erreur  de  liera  et  la  fétc  des  Oaidala  en  Béotie, 
l'aus.  IX,  3,  I.  —  1'  Arisloph.  Vcsp.  926,  et  schol.  ad  h.  t.;  Schoemanu,  Griech. 
Allert.  Il, p.  474.  "  Paus.  Il,  4,  5  :  li.tf,-,,,  Si  ô^j  ti  .«',  f.(i«,  ,oi,„;  ;  forphyr. 
De  abtiinenl.  Il,  IS.  —  '3  C'est  pour  cette  raison  que  l'on  continue  à  fabriquer  des 
xoana  à  l'épcfiuecLissique,  At/ien.  Afittheii.  XIV,  1^89,  p.  9t.  Un  xoanon  est  con- 
sacré à  Juniler  CynUiiin  au  i"  siècle  avant  J.-C,    l.cbègue,   flécher,  siir  Délos 


matériels  pour  le  contrtiindre  à  satisfaire  aux  désirs  des 
(Idèles;  à  .Xtliènes.  aux  Skirophories,  on  coiivrail  un 
.roannn  de  poussière  i>our  lui  faire  comprendre  que  In 
campagne  desséchée  avait  besoin  de  pluie". — Ces  figures 
conservèrent  leiii- puissance  sainte  et  leur  caractère  divin 
longtemps  après  que  la  foi  populaire  eût  commencé  à 
décroître'-.  Le  .roanonétaitordinairement  statue  de  culte 
dans  le  temple";  on  entourait  son  histoire  de  légendes 
surprenantes  ou  terribles.  Il  passait  pour  être  tombé  du 
ciel  ",  ou  pour  avoir  été  créé  selon  la  volonté  des  dieux  '•\ 
Souvent  on  le  croyait  capable  de  provoquer  la  cécité,  la 
folie  ou  la  mort,  pour  se  venger  de  ceux  qui  eussent  osé 
porter  la  main  sur  lui'".  Lorsque  le  xoanon  ne  pouvait 
manifestement  se  recommander  d'une  origine  divine,  on 
le  disait  venu  parla  merde  lointaines  régions,  ou  apporté 
par  des  personnages  mythiques'".  Les  cités  se  dispu- 
taient la  possession  des  plus  anciens,  des  plus  illus- 
tres"*. On  allait  jusqu'à  se  les  voler,  par  piété,  de  ville 
avilie".  Dans  une  place  menacée,  on  les  emportait  à  la 
veille  de  l'assaut-".  En  cas  de  péril,  le  .roanon  offrait 
un  refuge  aux  suppliants,  qui  venaient  embrasser 
ses  genoux  (fig.  1:208,  2367,  2369,  5673);  le  dieu 
punissait  toute  atteinte  au  pouvoir  protecteur  de  sa 
statue  '-'. 

C'est  à  partir  du  v'  siècle  que  commence  à  apparaître 
en  Grèce  le  mouvement  d'esprit  qui  changera  tout  à  fait 
le  rôle  et  la  signihcation  des  statues.  La  foi  religieuse 
n'est  pas  morte,  mais  un  autre  instinct  déjà  germe  et 
grandit  :  l'instinct  artistique.  Cette  puissante  tendance  va 
peu  à  peu  supplanter  l'esprit  religieux,  qui  fut  toujours 
moins  vif  en  Grèce  qu'en  Orient,  parce  qu'on  ignorait 
en  grande  partie  le  symbolisme  des  rites  primitifs. 
Jusqu'au  v' siècle,  il  n'y  a  en  Grèce  que  des  statues  reli- 
gieuses ;  même  les  statues  d'homme  se  justifient  par  un 
intérêt  de  piété.  Mais  après  cette  date,  la  statue  tend 
à   devenir    seulement   une    œuvre   d'art   ou    un    [ivT||xa 

p.  ICO,  inscr.  14;  au  temple  d'Apollon  Epikourios  à  Bassae,  la  statue  de  culte  était 
une  idole  en  bois  :  on  n'a  pas  remarqué  de  trace  de  fondatiuns  pour  une  base  dans 
la  cella.  Une  statue  plus  récente  se  dressait  au  dehors,  sur  un  grand  socle  donl  on  a 
retrouvé  les  substructions  au  sud-ouest.  —  tt  A  Troie,  le  l'alladion  est  un  StoceTé;, 
Apollod.  III,  12,  3;  cf.  pour  l'Athéna  Polias,  Paus.  1,  26,  6  ;  Lysias,  Fragm.  214; 
Euripid.  Jpfng.  Taur.  87  ;  Suidas,  s.  v.  Ssokïté;  ;  W'ôrner,  art.  Palladion  du  Lexikon 
de  Rosciier,  col.  3424;  sur  le  StoscTi;  i>a/i[Aa  d'Ephèse,  cf.  Kukula,  Forsch.  in 
Fphesos,  I,  p.  247  sq.  —  J5  Cn  oracle  a  désigné  le  bois  dont  devaient  être  faites 
les  statues  de  Damia  et  Auxesia,  Herodol.  V,  82.  —  16  L'Artemis  Xu^ôScv^ia  rend 
fous  ceux  qui  l'ont  trouvée  ;  Tirésias  devient  aveugle  pour  avoir  vu  se  baigner  le 
Palladion  d'Alalkomenai;  cf.  pour  l'époque  romaine,  Serv.  ad  Aen.  IV,  166;  Satnt- 
Augustin.  De  civil,  dei,  III,  7  ;  Cic.  Pro  Scattro.  4S.  A  Ephèse,  on  entretenait  par 
des  moyens  matériels  la  croyance  au  pouvoir  meurtrier  de  ta  statue  ;  Isidor. 
Peliola  IV,  ep.  207;  Migne,  Palrol.  gr.  LXXVIII,  1299;  CEcumen.  Ad  Acta 
aposl.XW.  li<U  [Palrol.  yr.  CXVIII,  251).  —  17  Paus.  III,  23,  2;  23,  4;  VII, 5,  5; 
X,  19.  L'Athéna  d'Athènes  aurait  été  le  Palladion  même  d'Ilion;  Paus.  I,  28,  9.  Le 
xoanon  il'Apollon  à  Délos  aurait  été  consacré  par  Erysichtiion,  Plutarch.,  De 
Daedal.  Plataeens.  Frg.  X,  éd.  Didot  :  voir  encore  Paus.  IX,  40,  pour  un  xoanon 
apporté  par  Thésée  et  .Ariadne.  —  '8  Strabon,  VI,  I,  14,  constate  que  Rome,  Lavi- 
niuin,  l.ucérie,  Siris,  veulent  toutes  avoir  le  réel  Palladion  de  Troie  ;  sur  les  p,réten- 
tions  de  Rome,  Oviil.  Fasii,  V!,  423  :  sur  la  façon  dont  est  gardé  ce  Palladion,  Cic. 
i  1'  Philipp  ,  23  ;  on  réclamait  l'Arlérois  enle»ée  parOresle  et  Iphigénie  enTaurideà 
la  fiis  à  Brauron,  Paus.  I,  23,  T,  à  Limnai,  ibid.  III,  16,  7,  à  Sparte,  ibid.  III,  16, 
8,  el  en  outre  d.ins  plusieurs  villes  d'Asie-Mineurc;  Slrab.  XII,  2,  6.  —  19  Paus. 
VIII.  46;  llarllia,  Sacerd.  alh.  p.  46.  —  2u  Dans  sa  pièce  des  AoanepAoroi, 
Sophocle  montrait  les  dieux  d'Uion  emportant  les  xoana  à  la  veille  de  la  prise  de  la 
ville,  Schol.  Acschyl.  Sept,  in  Theb.  V,  310;  Fragm.  Sopliocl.  p.  361,  Didot. 
Muand  Alexandre  marche  contre  Tlièbes,  le  feu  prend  au  palladion  conservé  dans 
la  ville;  Aelian.,  Var.  hist.  XII,  57.  La  croyance  à  la  surveillance  exercée  par 
les  dieux  sur  leurs  statues  survécut  longtemps;  Zeus  aurait  empêché  lui-même 
le  rapt  el  le  transport  de  sa  statue  d'Ûlympie,  Suelon.,  Caliguta  X.XIl  ;  Dio. 
Cassius,  LIX,  28,  3.  —  21  Strah.  VI,  I,  14.  Scènes  sur  les  vases  :  hydrie  de 
Naplcs,  Furlwaenglcr-lteicliold,  Griech.  Xasenmaterei,  pi.  ixxiv  ;  amphore  de 
Vienne,  Annali,  1849,  p.  159  sq.,  pi.  D  ;  amphore  de  Noia,  Cat.  of  vas.  British 
.Vus.  ill.  p.  230;  n*  E,  336;  cf.  encore  une  peinture  de  Ponipéi,  Uverbeck, 
Apollon,  p.  16,  lig.  2, 


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1473 


STA 


profane.  On  sera  aussi  (latlé  de  posséder  dans  un  temple 
une  belle  statue  d'un  maître  récent  quele  plus  vénérable, 
le  plus  mystérieux  xoanon .  On  commence  même  à  remar- 
quer le  ridicule  des  anciennes  idoles;  on  ne  se  prive  pas 
de  railler  leurs  postures  étranges,  leur  raideur'.  Les 
nouvelles  divinités  provoquent  une  admiration  assuré- 
ment plus  enthousiaste,  mais  nullement  religieuse;  on 
croit  fort  peu  à  leur  vie  secrète  ^  ;  le  caractère  grave  ou 
terrible  des  dieux  archaïques  s'est  atténué  dans  la  sta- 
tuaire comme  dans  la  légende';  à  la  place  des  xoana 
barbares,  disparaissant  sous  les  étoffes,  les  attributs  et 
les  offrandes,  les  dieux  nouveaux  ont  l'air  de  splendides 
athlètes  ou  de  gracieuses  jeunes  femmes,  et  ne  sont  que 
des  mortels  «  en  état  de  gloire  »  ;  comme  leurs  traits 
détendus  font  paraître  une  grâce  bienveillante,  l'art  prend 
des  libertés  avec  eux  ;  on  s'habitue  à  les  considérer  avec 
des  sentiments  tout  humains''.  Dès  le  iv"  siècle,  on  a  tel- 
lement oublié  déjà  le  sens  religieux  des  effigies  divines 
que  r.\plirodite  de  Guide  inspire  à  un  jeune  homme  une 
passion  sacrilège"',  l'ius  tard,  Lucien  composera  avec  les 
traits  des  déesses  de  Calamis,  Phidias,  ou  Praxitèle,  le 
type  idéal  d'une  beauté  complaisante  ".  Le  même 
Lucien  hiérarchise  les  dieux  «  selon  leur  mérite,  c'est-à- 
dire  la  matière  dont  ils  sont  faits  n''.  On  ne  craindra  plus, 
à  telle  époque,  de  voler  aux  statues  divines  les  allri- 
buls  de  leur  puissance  '. 

En  même  temps  que  la  statue  devient  surtout 
œuvre  d'art,  la  sculpture  cesse  de  s'intéresser  uni- 
quement à  la  glorification  des  dieux.  Elle  consent, 
au  service  des  particuliers  et  des  villes,  à  illustrer  le 
souvenir  des  bons  citoyens  et  leurs  mérites  publics. 
Par  là  encore,  la  statue  perd  de  son  caractère  reli- 
.gieux.  Avec  la  décadence  des  mœurs,  l'art  se  mettra  de 
plus  en  plus  au  service  de  la  flatterie;  on  peut  dire 
que  le  respect  des  effigies  de  toutes  sortes  diminue  à 
mesure  que  le  nombre  en  augmente.  Dans  la  province 
d'.\sie,  à  l'époque  romaine,  on  est  devenu  incapable  de 
distinguer  entre  les  honneurs  divins  et  les  honneurs 
humains.  De  simples  gouverneurs,  à  plus  forte  raison  les 


I  l'iat.  Hippias  Maj.  p.  >J  :  dans  .\tbcnéc,  .\IV,  OU  6,  anccdole  sur  la  I.i-lo 
de  Dt-los;  Acusiias,  dans  Apollodor.  Il,  2,  i.  —  2  Luc.  Philops.  m;  de 
Sacrif,  H  ;  Jupit.  conf.  8;  Jup.  trag.  H.  —  3  I.'anccdole  banale  racontée  par 
Slrabon,  VIU,  p.  353,  et  par  Macrolje,  Snlimi.  V,  13,  p.  Î3,  sur  le  Zcus 
d'Olympic,  est  suspecte.  —  *  On  pourrait  dater  approximativement  ce  changement 
d'esprit  :  en  360,  les  gens  de  Ces  préfèrent  encore  l'Aphrodile  drapt'^e  il  IWplirodite 
nue.  Pour  les  sentiments  nouveatu,  voir  les  commentaires  des  visiteurs  du  temple 
d'Aphrodite  de  Cnidc,  ),uc.,  De  amorib.  1 1  sr].  ;  cf.  encore  la  phrase  de 
(Juinlilicn,  Inst.  orat.  .\ll,  10,  5,  sur  le  Zcus  de  Phidias.  —  ^  Luc  ,  de  Amorib. 
13  sq.  Il  ne  faut  voir  dans  cette  anecdote  qu'une  légende  significative  ;  voir  aussi 
Aelian.  Yar.  hisl.  LK,  39.  —  «  Luc.  Imaijin.  0.  —  ">  Luc.  Deor.  rom: 
passim  ;  Jap,  trag.  1  k  li.  —  •*  Luc.  Jup.  trag.  ±b,  10  ;  Deor.  Dialoy.  7,  10  ; 
Justin,  XXXLX,  i.  —  9  Frânkel,  Inschr.  v.  Pdrgumon,  n"  lVt\  Beurlier,  De  divinis 
honorib.  quos  acceperuiU  Alexandt:r  et  sucfcssores  ejus,  p.  102,  —  lO  Dédicace 
d'une  statue  d'Isis,  à  Éphèsc,  Hicks,  Inscr.  of  British  Mus.  Itl,  n"  303  ;  à  Blaundos 
deMvsie,  même  cas;  cf  Lebas,  Voy.  en  As.  Min.  1044;  Rei:  de  pldlol.  1,  1845, 
p.  dl8.  —  1'  L'usage  avail  commencé  à  l'époque  macédonienne;  Seleucus  I*' est 
représenté  comme  iwuso^ifw;.  Appain.  Stjr,  37,  Libauius,  I,  p.  301  ;  Lysiiua({ue  sous 
les  traits  d'Héraklès,  Anth.  Palai.  11.  p.  654;  Auguste  est  figuré  à  Césaréc  sous  les 
traits  de  Jupiter,  Joseph.  lictt.  jicd.  1,  ±\  (fig.  3902)  ;  ^'é^on  prend  le  premier 
la  corona  radiata;  son  exemple  est  suivi  par  Gallien,  cf.  Trebcllius,  16,  18; 
Commod.:  est  figuré  en  Hercule,  Lamprid.  9  (v,  fig,  3810)  ;  à  ce  sujet  cf.  une 
épigramme  de  Dion  (bassins  dîins  les  Aor.  coll-ctan.  de  Mai,  II,  p.  225;  Beurlier, 
Hissai  sur  te  culte  rendu  aux  empereurs  romains,  p.  41  sq.  —  12  Temples- 
musées  :  cf.  l'Asklcpieion  de  Cos,  Herondas,  mime  IV;  galerie  de  tablcaui  et  de 
sculptures  dans  l'Heraion  de  Samos  ;  Slrab.  XIV,  ch.  14.  —  13  Chariles  de 
Boupalos  conservées  dans  les  apparlemenis  d'Attale,  Paus.  IX,  33,  6;  Inschr.  v. 
Perijamon,  VIIM,  n"  40,  48,50.  Sur  la  collection  d'art  des  Altalides,  Conze,  Sitz. 
der  Berl.  .\kad.  der  ^^isseusch.  1893,  p.  207  sq.  ;  Krankel,  Jahrb.  des  arch. 
Inslil.M,  1S9I,  p.  49;  l'onlremoli  et  CoUignon,  Pergame,  p.  151,  190.  Sur  le 
musée  de  Juba  11,  voir,  à  propos  des  statuts  trouvées  à  Chercliell,  Ac.  des  Inscr. 

VIU. 


rois,  ont  un  temple  et  des  prêtres  pour  leur  statue". 
Les  formules  des  dédicaces  reflètent  le  changement  d'es- 
prit ;  non  seulement  hommes  et  dieux  y  voisinent  d'égal 
à  égal,  mais  il  arrive  que  l'on  consacre  la  statue  d'un  dieu 
à  un  homme  "'.A  Rome  même,  il  devient  de  règle  de  figurer 
les  empereurs  sous  les  types  consacres  en  Grèce  pour  les 
dieux,  et  de  traiter  leur  statue  comme  effigie  sacrée". 

Pour  achever  de  détruire  le  sens  religieux  des  sta- 
tues, l'ornementation  privée  s'en  empare;  à  partir  de 
l'époque  macédonienne,  la  statuaire  de  genre  s'em- 
ploie à  décorer  les  maisons  et  les  parcs;  on  n'apprécie 
plus  alors  les  statues  que  pour  leur  valeur  esthétique  ;  les 
temples  eux-mêmes  deviennent  des  musées  '-,  avec  les- 
quels rivalisent  les  collections  des  particuliers  et  des 
rois  ".C'est  le  moment  où  une  société  raffinée  commence  à 
s'intéresser  historiquement  à  l'art".  On  pourchasse  en 
Grèce  et  en  .^sie,  jusque  dans  les  sanctuaires,  les  origi- 
naux célèbres.  On  les  copie,  on  les  adapte  à  outrance. 
Jamais  la  statuaire  n'a  eu  tant  de  diffusion  '»,  et  en  appa- 
rence plus  de  gloire;  l'ErosdeThespies  attire  les  touristes 
du  monde  entier  avant  que  Néron  l'enlève  à  la  ville 
déchue  '^  Aux  fêtes  de  cour  données  par  les  souverains 
d'Egypte  et  d'Asie,  de  magnifiques  statues,  vêtues  d'or, 
défilent  en  processions".  Mais  cette  gloire  est  suspecte. 
.\  partir  de  l'époque  hellénistique, la  statue  vise  à  l'effet  ; 
elle  a  conscience,  semble-t-il,  de  plaire  surtout  par 
ses  dimensions  colossales,  ou  pour  des  circonstances 
piquantes,  bizarres".  Comme  on  a  moins  de  respect 
pour  elle,  on  l'utilise  à  des  emplois  matériels  ;  elle  de- 
vient clepsydre,  lampadophore,  ou  fontaine",  à  moins 
qu'elle  ne  serve  au  charlatanisme  des  faux  devins -". 

C'est  la  superstition  populaire  qui  garde  le  plus  pieu- 
sement, de  la  Grèce  à  Rome  et  jusqu'aux  temps 
modernes,  un  souvenir  décoloré  du  sens  originel  de 
la  statue  ;  le  peuple  croira  longtemps  qu'elle  est 
vivante-',  comme  à  l'époque  où  le  dieu  habitait  mysté- 
rieusement sous  son  enveloppe  de  bois  ou  de  pierre. 

II.   l'emploi  et    LA   DISPOSITION  DES  STATUES.  —  La  StatUC 

étant  aux  origines  en  relation  étroite  avec  la  vie  reli- 


C.  r.  m.  p.  lO-lS.  —  1»  Sur  'a  naissance  de  l'élude  de  la  statuaire,  au  point  de  vue 
critique  et  historique,  C.  Kobert,  Arch.  Maerchen,  p.  40  sq.,  p.  1 13-120  ;  Ilauser, 
Die  neu-att.  Jieliefs,  p.  180-1.  —  13  Au  i"  siècle,  la  statuaire  grecque  a  porté 
son  influence  jus(iu'aui  Indes;  Philost.,  Vita  Apollon.  III,  11;  cf.  Fouclier,  Les 
bas  reliefs  gréco-bouddhiques  du  Gandhdra;  voir  aussi  Monum.  Piot,  VII, 
1900,  monuments  gréco-bouddhiques.  —  16  cic.  In  Verrem,  II,  4,  2.  —  17  Cal- 
lixen.  ap.  Atlien.  V,  p,  190  sq.,  fèlc  de  Ptolcmée  II  ;  Polyh.  XXX!,  3,  13. 
—  1**  Colosse  de  Khodes,  Zeus  de  l'Agora  de  Tareote,  par  Lysippe;  statue  de 
Sérapis  à  Alexandrie,  où  le  sculpteur  passe  pour  avoir  amalgamé  les  éléments  de 
façon  magi()ue,  Jlev.  arch.  1902,  II,  p.  3-21  ;  1903,  II,  p.  177-204.  Sur  une  slalue 
magique  d'Hécate,  Euseb.  Praep.  evang.  V,  14;  le  Zeus  de  Lysippe  à  Tarcnte  est 
une  statue  équilibrée,  (|ui  résiste  aux  plus  violents  orages,  mais  ((u'on  peut  remufr 
à  la  main;  Plin.  l\.  hist.  XXXIV,  40;  on  adrnire  le  Laocoon.  à  Konie,  parce 
qu'il  est  taillé  d'un  sful  bloc,  Plin.  A'.  Hisl.  XXXVI,  5.  —  19  HcrmJs-clepsydre 
de  l'agora  de  Pergame.  Insch.  v.  Pergamon,  VIII,  n«  183;  Conze,  Zur  Topogr.  v. 
Perijamon  d..ns  les  Sitz.  d.  Berl.  A/cad.  1S84,  p.  10-11  ;  éphèbc  de  Ponipéi 
lampadophore,  Mon.  antichi,  X,  1901,  p,  G41-654;  Artémis  lampadophorc 
d'Éphèse,  Hicks,  Jiiscr.  Drit.  .Vus.  111.  p.  4,  u"  481,  1.  81  ;  le  Faune  Barberini  con- 
servé à  Munich  servait  de  fontaine,  probablement  dans  les  jardins  de  Néron  ; 
II.  Bulle,  yo/lrj.  d.  arch.  Inst.  XVl,  1901,  p.  1  à  18;  hydrophorc  fontaine,  Monum. 
Piot,  1903,  X,  p.  8  sq.  avec  une  liste  de  statues-fontaines;  voir  encore  Monum. 
Piot,  1890,111,  p.  167  sq.  pi.  XIX,  et  p.  171,  avec  liste  de  statues  utilisées  de  même 
sorte;  statues  pour  foutaioes,  à  Pompéi  :  Overbeck,  Pompeji,  p.  483  sq.  :  ibid. 
p.  488,  petits  bronzes  employés  comme  supports.  L'utilitarisme  dans  la  statuaire 
sévit  particulièrement  à  Byzance  ;  A.  Michel.  H.  de  l'art,  I,  p.  280  ;  il  te  continue 
pendant  le  Moyen  Age  ;  tête  de  centaure  du  Musée  de  Spire  transformée  en  peson  de 
balance;  S.  Reinach,  Bronzes  fig.  de  ladaule  rom.,  p.  114,  n"  117.—  20  Gusman, 
Pompéi,  p.  80,  A  Rome,  on  appelait  ncurospastes  ^seL-RospASTosj  des  statues  mues 
mécaniquement  el  qui  rendaient  des  oracles.  Les  prêtres  mithriaqucs  utilisaient 
(es  statues  de  leur  dieu  pour  organiser  de  prélendus  miracles  :  cf.  Cumont  ;  Textes 
et  monum.  relatifs  à  Mtthra,  II,  233  sq.  fig.  280,  p.  373.  —  21  La  croyance  à  la 

185 


STA 


—  UTi 


STA 


gieusc,  c'est  d'abord  pour  les  besoins  du  cullo  qu'où 
l'emploie:  ensuite  seuleinenl,  elle  sert  à  la  décoralion 
des  villes,  aux  liommages  rendus  dans  la  vie  publique  ; 
en  dernier  lieu,  on  en  dispose  pour  la  salisfaclion  des 
besoins  des  particuliers.  L'ordre  logique  que  nous  allons 
suivre  se  trouve  donc  être  à  peu  prés  un  ordre  chronolo- 
gique, autant  qu'une  séparation  systématique  peut  cor- 
respondre i\  la  réelle  et  historique  évolution  de  la  statue. 
A.  Les  staties  et  la  vie  relicieise.  —  1.  Statues  de 
(lieux  /tors  des  temples.  —  En  Grèce,  dans  la  vie  reli- 
gieuse, et  même  à  l'époque  classique,  la  statue,  étant  le 
substitut  du  dieu,  est  plus  nécessaire  au  culte  que  le 
lemple.  Lorsqu  une  statue  venait  à  disparaître  d'un 
sanctuaire,  il  arrivait  qu'on  abandonnât  la  place'. 
D'autre  part,  dans  une  ville  comme  Athènes,  un  dieu 
de  l'importance  de  Zeus  Soter  se  passait  fort  bien  de 
lemple,  et  se  contentait  dune  simple  statue-.  Beaucoup 
de  centres  religieux^  étaient  établis  en  plein  air,  autour 
d'effigies  placées  sur  les  montagnes  ou  sur  les  collines  ', 
dans  les  bois  sacrés^,  près  des  fontaines  et  des 
sources  ''  [aoiae,  llg.  395],  au  bord  des  mers  ',  au  long 
des  routes',  sur  les  limites  agraires  ';  les  symboles 
divins  qu'on  y  trouvait,  souvent  des  xoana  fort 
antiques'",  étaient  protégés  par  de  simples  édicules  ", 
ou   placés   dans    des    niches'-;    lorsqu'on    le    pouvait, 

vie  des  statues  a  son  origine  en  Orient  et  en  Egypte:  G.  Foucart,  Bel',  des  îdèes, 
i5  nov.  1908;  statues  magiques  des  Assyriens,  d'après  les  fragm.  de  Cliérémon, 
dans  une  lettre  de  Psellus,  Bull,  de  corr.  heîlèn.  1,  p.  205  cl  note  ::  :  Psellus, 
M(ff<rRi«y  txfi  ^i61to6^xTi,  V,  p.  478  ;  statues  magiques  et  vivantes  ^iu  palais 
d'Héphaistos.  Honier.  Iliad.  XVlll,  4l7-i20.  Le  point  de  départ  en  Grèce  est  la 
croyance  à  la  vie  du  .rortnon  ;  les  statues  des  Telchiues  ont  un  renom  d'êtres 
magiques,  et  les  Telcliines  eux-mêmes  passent  pour  de  malicieux  enchanteurs  ; 
cf.  Pindar.  Ohjmp.  VU,  50.  Les  xoana  voyageaient  ;  It^gende  de  l'Hèraklès 
<i'Erytlirèes,  Paus.  Vil,  5,  7  ;  statues  de  Diomède  en  Daunie  qui,  jetées  à  la  mer, 
reviennent  d'elles-mêmes  en  place,  Tsetzès.  Comm.  a't  Ltjcophr.  015  ;  une  légende 
analogue  dans  Paus.  III,  23,  2;  sur  les  miracles  des  xoana^  Strab.  VI,  I,  14; 
Lycophr.  Cass.  9TS-99J  ;  Athen.  XU,  4;  Eurip.  Iphig.  Taur.  11C5  sq.  ;  le  regard 
do  certains  xoana  cause  la  démence;  Paus.  111,  Itî,  7;  l'Artémis  de  Pellène  a  la 
propriété  de  dessécher  les  arbres,  et  d  en  faire  tomber  les  fruits,  Plutarcli.  Arattts, 
Zi.  Le  j-oanon  a  une  volonté  qu'il  manifeste  :  voir  pour  Artcmis  Orlliia,  Paus. 
Il,  24,  6;  pour  la  statue  d Wmraon,  Diodor.  Sic.  XVII,  50;  pour  les  prodiges 
des  statues  au  temple  d'Hiérapolis,  Luc,  l/e  dea  Syr.  10,  30,  37  ;  nombreux 
miracles  cités  par  Plutarch.  De  orac.  XXlll;  certaines  statues  passaient  poiu-  des 
êtres  humains  encore  viiants  sous  la  pierre,  Paus.  IX,  21,  1  et  î.  Elles  agissaient 
comme  des  humrtins  ;  anecdote  de  la  statue  de  Théagénès  qui,  insultée,  se  laisse 
choir  sur  l'ennemi,  le  tue  et  est  mise  en  Jugement,  Paus.  VI,  11,  0-8.  En  plusieurs 
autres  occasions.  les  statues  sont  traitées  comme  des  êtres  animés  ;  histoire  du  tau- 
reau de  Corcyre,  Paus.  V,  27,  910  ;  X,  9,  3-4;  voir  aussi  V,  27,  1-7,  pour  une  statue 
eusorcelèe.  Nombreuses  anecdotes  dans  Lucien  sur  des  stalues  vivantes,  Philops. 
sq.  ;  l'une  guérit  la  lièvre  et  fustige  les  voleurs  ;  une  autre  liante  la  demeure 
comme  un  revenant  ;  statue  guérisseuse,  Deor.  convent.  12.  On  crevait  certaines 
statues  douées  de  la  parole;  origine  de  celle  superstition  en  Egypte,  Maspero, 
Hisl.  anc.  des  peuples  de  l'Orient  cluss.  I,  119-120;  en  Chaldée,  ibid.  1,  079; 
statues  parlantes,  statues  prophétiques,  mentionnées  par  Plutarch.  De  fort. 
Rom.  IX.  De  orac.  XVIII.  Celle  croyance  se  renouvelle  au  temps  d  Apollonius 
de  Tyane;  cf.  V.  Chapot,  La  prov.  rom.  d'.isie.  p.  52t.  Dans  les  circonstances 
graves,  les  stalues  manifestaient  leur  angoisse;  elles  pleuraient,  saignaient  ou  se 
couvraient  de  sueur;  ainsi  l'Héraklès  donné  par  Lysippc  à  Alexandre  prédit  la 
mort  du  roi;  Martial.  IX.  44;  Stat.,  .S'i/r.,  IV,  I  ;  voir  encore  Jul.  Obsequens, 
XXI,  et  les  prodiges  des  statues  à  la  mort  de  César;  Virgil.  Georij.  I,  480;  voir 
aussi  Plutarch.  Timol.  12,  Coriol.  3s.  Anecdote  du  rire  de  la  statue  de  Zeus, 
Sueton.  Catig.  22.  La  croyance  à  la  vie  des  statues  dure  pendant  toute  l'époque 
romaine  ;  cas  de  la  statac  d'Apollon  qui  tombe  d'un  toit  et  se  retrouve 
couchée  dans  un  lit,  Vopisc.  Florian.  p.  232  ;  statue  qui  descend  de  son  piédestal, 
l.iï.  X,  21  ;  lors  des  invasious  barbares,  les  stalues  repoussent  lenvahisseur, 
Pholii  Biblioth.  éd.  Bekker,  p.  Ou.  I.  25  s.|.,  p.  'in,  I.  22.  On  pourrait  suivre 
celle  curieuse  super^liliun  à  travers  tout  le  Moyeu  Age.  —  I  Paus.  IX,  33  '6.  On  a 
de  bons  exemples  à  Dclos  de  limportance  primordiale  accordée  à  la  statue  :  c'est 
elle  qui  quelquefois  détermine  le  tcmplejusque  dans  sa  forme  architecturale  ;  ainsi, 
dans  le  temple  des  Athéniens,  dit  Temple  aux  sept  slatues,  le  plan  est  conformé  aux 
dispositions  de  la  base  demi-circulaire  où  reposaient  les  dieux  :  pour  laisser  aper- 
cevoir du  dehors  les  effigies  sacrées,  on  avait  même  ouvert  dans  le  mur  du  naos  en 
plus  de  la  porte,  deux  fenêtres  :  à  ces  ouvertures  correspondaient  les  piliers  du  pro- 
domos.  —  2  Celle  statue  était  placée  dans  le  voisinage  du  Porlir|ue  Koval.  Paus  I 
3,  2;  Judeicb,  ropojr.  der  Sladt  Athen,  p.  302-3,  note  p.  303.  Même  usage 
â  Komc.  Le  Mars  de  la  voie  Appicnne  n'a;  pas  île  temple;  Liv.,  XI,  3.-3  paus. 


on  les  abritait  dans  les  grottes  ou  les  cavernes  "  : 
quelquefois  on  les  logeait  dans  les  arbres  (fig.  448 ,i" 
[AEDICLLA,  AMiiORES  SACRAE.  Daus  Ics  viUes,  Ics  Porti- 
ques  et  les  Propylées  avaient  leurs  stalues  sacrées'^; 
l'Acropole'*,  l'Agora'',  les  monuments  publics  destinés 
à  la  vie  civile  ou  aux  fêtes'*  regorgeaient  d'effigies 
de  diiMix  :  il  y  en  avait  encore  de  ci  de  là  par  les 
rues,  sans  compter  les  liermès  I^uermae^,  qui,  dans 
les  carrefours,  étaient  honorés  d'offrandes  non  san- 
glantes par  la  piété  publique. 

i.  Slatues  de  dieux  dans  les  /eitiples.  —  Le  temple 
n'est  primitivement  que  la  maison  de  protection  du 
symbole  divin.  La  lai'on  dont  y  sont  disposées  les  slatues 
révèle  en  détail  l'évolution  que  nous  avons  déjà  sommai- 
rement signalée  :  on  va  des  principes  religieux  aux 
principes  esthétiques.  .\u  début,  on  veut,  par  le  moyen 
des  effigies  sacrées,  créer  une  sorte  d'enseignement 
visuel,  mettre  sous  les  yeux  des  fidèles  un  dieu,  une 
famille  de  dieux,  ou  quelquefois  un  cycle  de  légendes. 
Plus  tard,  on  cherche  surtout  à  compléter  l'efTel  de  la 
décoration  architecturale  ",  en  même  temps  qu'on  vise 
à  réunir  dans  les  temples  le  plus  grand  nombre  possible 
de  chefs-d'œuvre. 

C'est  dans  la  cella  que  se  trouve  la  statue  de 
culte,  l'î'ooç-".  Elle  est  parfois  invisible  aux  fidèles,  ou 

II,  20,  10,  26,  3;  Vlll,  30,  10;  IX,  25,  i;  34.  3;  38,  5;  41,6.  —  '  Pans.  1,  32,  2; 
41,  9  ;  .4  nth.  Pat.  VI,  208  ;  IX,  249  ;  E.  Kuhnert.  Statue  und  Ort  in  ihrem  \erhattn. 
hei  den  Griecli.  dans  les  Jahrà.  (.  cl.  Philol.  14'  Suppl.  1885.  —  i  Paus.  IX, 
30,  9  ;  34,  4:  Plut.  .4/ei.  14.  —  6  Curlius,  flnstik  der  Oriech.  an  Quellen,  Abh. 
d.  Berl.  Akad.  1870,  p.  139;  aménagement  des  slatues  près  de  la  source  Pirénc 
inférieure,  à  Corinlhe  ;  cf.  fons.  Ce  sont  surtout  des  stalues  de  Muses,  Plat.  Phaedr. 

I,  1  ;  Paus.  IX,  12,  6  ;  quelquefois  de  Pan.  Anth.  Pal.  IX,  330  :   ou  d'Hermès,  Paus. 

II,  31-10;  pour  d'autres  divinités.  Paus.  II.  2,  8,  3,  5  ;  groupes  jusliliés  par  des 
légendes  locales,  Theocril.  Vil.  0.  et  schol.  Les  sources  enfermées  daus  les  sanctuaires 
recevaient  une  statue  du  dieu  du  temple  :  Paus.  111,  20,  7;  IV,  33.  4.  —  '  Paus.  I, 
I,  3,  II,  3,  4,  VII,  21,  10;  Poséidon  du  môle  de  Cenchrées,  II,  2,  3;  du  port  du 
Nymphaion,  III,  23,  2;  v.  encore  Strab.  VIII,  313;  Serv.  ad  Aen.  III,  12;  Paus. 
ni,  24,  5.  —  s  Hermann.  De  lerminis  ;  slatues  d'Hermès  'EvoS,,;  :  Theocr.  25.  4; 
Anlh.  Pal.  VI,  299;  IX,  314;  Paus.  Vil,  27,  1  ;  Strab.  Vlll,  p.  313  ;  Plal.  Hip- 
parch.,  228  d.;   autres   divinités,    Curlius,  Ablt.  Berl.    Akad.    1854,    p.   252   sq. 

—  ^Surtout  des  Hermès,  Paus.  Il,  38,  7;  Vlll,  31,  6;  quelquefois  aussi  d'autres 
dieux,  ou  même  des  héros;  Paus.  Vlll,  35,  2;  Anth.  Pal.  IX,  316.  —  i^  Xoanon 
d'Âlhéna  sur  une  roule,  Paus,  III,  19,  7;  .roona  de  Pan,  en  grand  nombre,  dans  Pile 
de  Psyttaleia;  Paus.  1,  36,  2.  —  "  Slrab.  Vlll,  343  :  aediccu.  -  '2  Paus.  IX,  29,  6  ; 
Decharmc,  Arch.  des  miss,  scient.  1867,  p.  176.  —  13  Paus.  Il,  23,  I;  Vil,  25, 
10;  Vlll,  42,  I:  X.  32,  3;  Luc.  Deor.  dial.  IV,  I:  grotte  de  Pan  à  PAcropole 
d'Athènes,  Simon,  (ragm.  136  ;  Paus.  I.  28,  4;  Vlll,  56,  6;  c'est  quelquefois  la 
position  do  la  grotte  qui  amène  à  y  placer  une  statue;  Paus.  II,  25,  4;  III,  23, 
2  ;  quebiucfois  c'est  une  légende  loca'e,  Paus.  IX,  39,  2  ;  X,  32,  4.  —  1*  Athen.  XV, 
70tc:  Plin.  XII.  5;  Paus.  11,31,  10;  .ln(/i.  Pal.  IX,  314;  on  installait  volontiers  les 
stalues  sous  le  feuillage  des  platanes  ;  Philostral.  V,  2,  1-10;  Plut.  Dern.  XXXI: 
Philetis  de  Cos,  ap.  Athen.  XUI,  508  F;  Anth.  Pal.  IX,  314.  —  '5  Paus.  11.  3. 
2;  IV,  33,  3.  —  '6  Stalues  de  Zeus  et  d'Alhéna,  sur  presque  toutes  les  acropoles: 
outre  Athènes,  voir  Paus.  Il,  24,  3  ;  29,  1  ;  lU,  21-9;  22,  9;  26,  5;  IV,  SI,  0; 
autres  divinités;  Paus.  I.  15,  t  ;  II,  2,  6  :  2,  8;  9,  8;  34,  1;  III,  II,  11;  Vil.  22,  2; 
Inseltr.  r.  Pergamon.  VIlli,  n"  183;  Plut.  Cimon,  H  ;  Paus.  III,  21,8.  —  17  L'agora 
est  surtout  la  place  de  Zeus  :  Strab.  VI,  3,  I  ;  souvent  aussi  d'Hermès,  des  dieux 
protecteurs  de   la  ville,  ondes  divinités  d'intérôl  local:   Kuhnert,/.  c.  p.  295  s<|. 

—  18  Kuhnert,  /.  c.  290  sq.  — 19  Perrol,  -1/éf.  Weil.  1898,  la  scutpt.  dans  le  temple 
grec.  —  20  5ur  le  terme -So;,  voirnoNARicM,  note  156;  à  l'époque  classique,  chaque  dieu 
a  sa  statue  de  culte  :  Pausanias  mentionne  comme  une  rareté  l'oriental  Altis  qui 
est  adoré  sans  effigie  ;  VII,  20.  3.  Ce  ne  peut-être  (|ue  par  exception  qu'on  voit 
des  statues  de  culte  placées  ailleurs  que  dans  la  cella  :  le  cas  se  produisit  à  Délos, 
après  l'abandon  du  temple  archai'que  dit  Porinos  Naos:  l'Apollon  de  Tektaios  et 
d'Angelion  fut  alors  transféré,  vers  270  au  plus  tard,  dans  le  grand  lemple  nou- 
vellemeul  édillé;  en  attendant  la  lin  des  travaux,  il  y  fut  installé,  semble-t  il,  d:.ns 
le  prodomos.  C'est  une  «juestion  de  savoir  si,  à  l'époque  homérique,  il  existait 
déjà  des  stalues  de  culte;  Vlliade  niontionnc  seulement  ime  Alhéna  assise,  placée 
dans  un  temple  troyen,  VI. 9  0.  273,  303.  Laslatue paraît  bien  exceptionnelle  à  celle 
époque  ;  partout  ailleurs  il  est  simp'cnient  question  d'un  .5c;»i;  ;  Iliad.  VIII,  47  : 
XXIU,  148  ;  Odyss.  Vlll,  162.3,  363.  A  l'époque  post-homérii|ue,  l'usage  le  plus  ancien 
semble  avoir  été  d'installer  la  statue  de  culte  loutau  fond  de  la  cella.  contre  le  mur; 
ainsi  dans  les  trésors  de  Sélinonle  et  de  Gela,  à  Olynipie  :  puis,  peu  à  peu,  la  statue 
s'avance  dans  la  cella  du  côté  du  proiiaos  ;  ce  n'est  d'ailleurs  pas  une  loi  absolue: 
dans  le  temple  de  la  Despoina  à  Lycosoura,  la  base  du  groupe  de  Damophon  est  tout 
au  fond  de  la  cella,  contre  le  mur  d'arrière  du  temple,  et  elle  est  isolée  par  une  grille. 


STA 


STA 


visible  seulement  certains  jours  '.  Quelquefois  elle 
est  placée,  bien  en  vue,  sur  une  colonne;  quelque- 
fois elle  a  pour  base  un  piédestal  (cf.  plus  haut 
lig.  6594;  cf.  iig.  3-2G),  ou  un  trône  (fig.  6595)=.  Il  arrive 
qu"on  l'abrite  derrière  un  voile  ou  dans  une  aedicule 
en  forme  de  cliàsse  ou  de  chapelle  ;  il  arrive  aussi  qu'on 
la  sépare  du  reste  du  naos  par  une  balustrade,  Ip'jiAa. 
soit  pleine,  soit  à  jour,  s'éle- 
vant  à  hauteur  d'appui'. 
Elle  est  debout  ou  assise, 
et  disposée  de  façon  à  rece- 
voir commodément  les  ado- 
rations '*.    .\  l'origine,   c'est 

Hg.  C39Ô.  —  .stalue  de  ciille  .  ° 

sur  un  (ronn.  Monnaie  ilAiuos.  d  Ordinaire  Un  XOttHOÎl  l   11X16 

statue  de  bois  était  plus 
facile  à  transporter  pour  les  besoins  des  cérémonies. 
En  certains  endroits,  cette  effigie,  souvent  grossière, 
était  honorée  directement  par  la  piété  des  fidèles  ;  on 
la  couvrait  de  guirlandes,  de  tablettes  votives,  ou  même 
d'offrandes  plus  singulières,  par  exemple  de  chevelures  '. 
A  mesure  que  les  principes  esthétiques  triomphent'', 
on  tend  à  remplacer  le  xoanon  par  des  statues  d'exé- 
cution plus  moderne,  richement  travaillées  dans  le 
marbre,  le  bronze,  et  souvent  dans  l'ivoire  et  l'or;  le 
demi-jour  de  la  cella  était  particulièrement  favorable 
aux  statues  chryséléphantines  ^ebir]'.  Dès  lors,  les 
xoana  disparaissent  des  nouveaux  temples  et  sont  relé- 
gués dans  les  vieux  édifices,  où  on  les  conserve  surtout 
comme  reliques*.  Rarement  les  anciennes  et  les  nou- 
velles statues  coexistent  dans  la  cella';  en  tout  cas,  les 
effigies  les  plus  récentes  prennent  de  plus  en  plus  l'impor- 
tance principale.  Parfois  le  désir  de  rappeler  le  passé  fait 
placer  dans  leurs  mains  les  antiques  xoana  '".  Mais  elles 
ne  sont  le  plus  "souvent  que  des  adaptations  très  libres 
des  types  primitifs".  Peu  à  peu  leurs  dimensions  gran- 
dissent jusqu'à  excéder  les  proportions  du  temple'-^. 
Ces  statues  colossales  expriment  le  suprême  effort  des 
cités  rivales  et  de  l'art  dans  la  représentation  des  dieux. 
Les  anciens  sanctuaires  devaient  étr"  d'abord  des  édi- 
fices restreints,  comparables  aux  laraires  pour  le   peu 


f  l>anâ  certains  anciens  lenipie:^  comme  â  Séliuonle,  et  eu  quelques  autres 
sanctuaires,  il  existe  en  arrière  de  la  cella  uu  adijton,  tabernacle  de  la  stalue 
invisible.  Statues  visibles  certains  jours  seulement;  cf.  l'aus.  il,  lit;  VIII, H,  i-5  ;  IX, 
i3,  3.  Mioïc  usage  en  Italie;  Llic.  Jn  l'en-.  Il,  i,  45.  —  2  La  base  de  la  statue 
de  culte  porte  assez  souvent  des  décorations  en  relief,  se  rapportant  à  l'bistoire  du 
dieu;  ainsi,  à  Manlinée,  Taus.  Vltl.  ?,  le  socle  de  la  stalue  de  Lalouc  el  de  ses  enfants, 
aujourdhui  au  uiusi^e  d'Alliènes,  salle  VI ,  u"  i  1 5-2 1 7.  Le  trône  a  une  importance  encore 
plus  grande,  cf  Reicbel,  Vorheilen.  Gôtlur/cuHe.  La  Iig.  (>59lj  reproduit  une  monnaie 
d'.Ainos  en  Tbracc  ;  Poole,  Cai.  u/'gr.  Coins  Brit.  Mus,  p.  SO  ;  pour  le  Irôue  du  Zens 
d'Olympie,  cf.  les  restaur.  proposées  par  tjualremère  de  (Juincy  el  autres,  Jiipit. 
Oli/mp.fi.  VI  et  vil  :  cf.  Duruy  [ffis;.  des  Grecs,  l,p.  33l,.lr<r/i.  Zeit.  I1S32,  pi.  xuii.clc.; 
à  propos  du  trône  de  lApollon  Amycb'en,  BuU.  dfcorr.  helL  1900,  p.  430  sq  :  Frazer. 
Pausan.  III,  IS.O,  p.  351  sq.  —  3  Statues  de  culte  protégées  par  un  voile,  l*aus.  V,  \i, 
%  :  statues  de  culte  dans  une  édicule  [aediclla]  ;  statues  isolées  par  une  balustrade  ; 
Fans.  V,  11,  i-i).  A  Olvmpic.  balustrade  en  marbre  blanc,  décorée  de  peintures  sur 
les  cotés,  avec  une  porte  pour  l'accès.  —  l  Aescli.  Sffit.  adv.  Theh.  93  :  les  dieux 
sonl  dits  :  ïjîSjo!.  —  ^  Eurip.  éJippolyt.  v.  73  à  84  ;  pour  les  otTrandes  de  chevelures, 
l'aus.  Il,  11,  C.  —  6  L'usage  a  pu  commencer  assez  tôt;  la  têlearclia'iquede  la  Héra 
d'Olympie  semble  avoir  appartenu  à  une  stalue  de  culte,  Colliguon,  //.  de  la  se.  gr.  I, 
fig.  115.  —  7  Voir,  à  l'article  ebcii.  les  précautions  prises  à  Olmypie,  à  Allièoes,  à  f'cl- 
lène,  pour  les  statues  cbrysélèphantines.  —  8Sirab..VlV,  1,  20,  p.  6UJ  ;  à  Éplièsc,  les 
roaiia  sont  placés  dans  les  vieux  temples  du  Solmissos  ;  à  Atliéues,  le  xoanon 
d'Alliéna  Polias  était  de  même  dans  l'Eiccblbeion  ;  la  plus  ancienne  efligiede  Dionysos 
d'Eleutlières  est  dans  le  plus  vieux  temple.  Mommsen,  Die  Festc  d.  St.  Athefi, 
p.  i3ii,  note  4;  de  même  à  Liiniia,  iOid.  p.  392;  xoanon  conservé  uniquement 
comme  relique,  Pans.  IX,  40,  3.-9  Pans.  Il,  17,  3.  —  <0  Ainsi  lArlérois  de  Killion, 
à  Cliypre,  œuvre  de  Praxitèle,  Jahrb.  d.  Kais.  Sainml.  d.  Oiter.  Kaiserh.  V,  1887, 
pl.  I.  Luc  Aphrodite  de  .\aples  (n"  1323)  s  appuie  sur  une  idole  peinte.  —  "  Ainsi 
l'Apollon  sminthien  de  Scopas,  l'Apollon  sauroctunc  de  Praxitèle,  ou  l'Artémis 
de  BraurOD,  dont  la  Diane  de   Gabies.   au   Louvre,    semble   être    une    réplique. 


d'étendue  ".  Le  maître  du  lieuy  avait  seul  son  effigie,  sauf 
le  cas  de  temples  dédiés  à  plusieurs  divinités  parèdres, 
Qsol  5ÛVVÏ01  '*  ;  on  resserrait  alors  les  statues  de  culte  sur  la 
même  base  '%  ou  bien  on  divisait  le  naos  en  deux  par  un 
mur  de  refend,  de  façon  à  ce  que  chaque  statue  occupât 
un  des  côtés  de  la  cella  "■'.  La  première  infraction  à  cette 
simplicité  primitive  se  produit  lorsqu'on  place, .à  côté  de 
la  divinité  principale,  d'autres  dieux  qui  ont  avec  elle  un 
rapport  plus  ou  moins  étroit  de  filiation  mythique,  ou 
dont  la  présence  ne  peut  s'expliquer  que  par  des  légendes 
locales".  On  est  alors  amené  à  constituer  de  véritables 
familles  de  dieux  "  ;  les  statues  secondaires  sont  rangées 
autour  du  simulacre  principal,  quelquefois  sur  des  de- 
grés en  contre-bas '^  Ces  groupes  exposent  la  destination 
du  temple,  l'histoire  des  dieux  qu'on  y  honore  ;  ils  com- 
plètent l'instruction  qu'offrent  les  sculptures  décoratives 
des  frontons  el  des  frises  -".  Il  est  vrai  qu'avec  le  temps, 
la  Ihéoxénie  devenant  plus  large  et  les  statues  plus 
nombreuses,  on  renonce  à  l'étroitesse  rigoureuse  du 
principe  ;  sans  aucune  parenté  avec  le  rnaitre  du  temple, 
des  tlieux  nouveaux  s'introduisent  dans  la  cella-'. 

Ces  dieux  habitaient  depuis  longtemps  au  voisinage, 
mais  sans  avoir  obtenu  d'abord  l'accès  de  la  partie  vraiment 
sacrée  de  l'édilice.  Leurs  statues  formaient  les  aYiÀjjiaTa, 
placés  ordinairement  dans  le  pronaos.  Ils  figuraient  là 
comme  la  cour  du  dieu  principal,  et  semblaient  venus 
en  bons  voisins  pour  le  réjouir  de  leur  compagnie.  Leurs 
statues  étaient  dédiées  au  mailre  du  sanctuaire^-  ;  elles 
se  mêlaient  à  celles  des  dieux  locaux  dépossédés,  des 
héros  introducteurs  du  culte,  fondateurs  des  jeux  ou  du 
culte".  Lorsque  le  principe  religieux  se  fut  affaibli, 
on  fut  conduit  à  multiplier  les  àYaXuaTa  :  un  mouvement 
général  faisait  souhaiter  partout,  même  dans  les  plus 
humbles  cités  et  les  pays  les  plus  reculés  =',  quelques-uns 
des  chefs-d'œuvre  que  créaient  les  artistes  des  grandes 
villes  d'art.  Naturellement  les  centres  célèbres  profilèrent 
les  premiers  de  l'abondance  des  statues  ■'.  .\vec  la 
facilité  accrue  des  communications,  la  religion  était 
devenue  moins  locale;  on  apportait  dans  les  temples 
principaux  les  effigies   des  petits  possesseurs  de  sanc- 

—  I^Strab.  VIII,  p.  353.  —>■>  Il  semble  qu  un  souvenir  des  dispositions  primitives 
se  retrouve  jusqu'au  bout  dans  l'étroitesse  de  la  cella    iempi.umI.  _  Il  Paus.  I,  8,  4  ; 

VII,  20,  -4,  etc.  —  15  Pans.  VI,  2i,  7:  VIII,  9,  1  ;  37,  3.  (Juelqucfois  les  statues 
sont  taillées  dans  un  même  bloc,  Paus.  VIII,  37,  I.  —  16  C'est  le  cas  du  .«ôî 
S:s)ioJ;;  Paus.  Il,  10;  VIII.  9-1  ;  à  Athènes,  au  Parthcnon,  un  seul  des  deux  côtés 
du  naos  servait  au  culte;  l'autre  formait  le  Parihénon  proprement  dit  et  l'opistlio- 
do-ne,  Bitil.  corr.  hell.  1908,  p.  50S.  —  ''i  Kuhuerl,  /.  c.  —  I»  Paus.  IX,  33,  3  ;  I, 
2,  4;  I,  28,  6  ;  par  exemple  les  groupes  doubles  du  temple  d'Asklépios  à  Messène, 
ibid.  IV,  31,  10.  —  '9  Paus.  VIII,  37, 1.  —  'X  Sur  le  rôle  des  sculptures  décoratives 
du  temple,  à  ce  point  de  vue,  Americ.  journ.  of  arch.  1893,  p.  20-27;  l'exacte 
correspondance  des  sculptures  décoratives  du  temple  avec  lliistoire  du  dieu  n'est 
pourtant  pas  une  règle  absolue.  —  -<  Paus.  VII,  20,  7  :  Isis  et  Sérapis  dans  un  temple 
d'Apollon.  —  i-  Sur  cet  usage,  Jlei:  arch.  1844,  I,  439  ;  1848,  V,  248  ;  Longpérier. 
fat.  des  Or.  du  Loutre,  n°  69,  p.  17;  Bull.  corr.  hell.  I,  308;  Annali,  1834. 
p.  223;  sur  le  sens  précis  d'à;akni,  Bekker,  .4nccrf.  324,  4.  —  23  Paus.  Il,  11, 
6;  III,  20,  5;  V,  10,  10  ;  VIII,  31,  7;  c'est  à  titre  d'introducteur  du  Culte  que  Pégase 
est  placé  à  Athènes  dans  le  bois  sacré  de  Dionysos,  Paus.  I,  2,  5.  —  24  Platées 
ne  se  contente  pas  de  la  liera  de  Callimac|uc,  mais  veut  aussi  faire  travailler  Praxi- 
tèle ;  Paus.  IX,  2,  :.  Les  Tégéales  tiennent  k  posséder  uue  statue  de  Scopas;  Paus. 

VIII,  47,  i  sq.;  Lysippe  va  travailler  polir  le  petit  sanctuaire  d'Alysia,  en  Acar- 
nanic  ;  Collignon,  Lysipp.  p.  76.  On  cilait  comme  une  rareté  Tilhronion  en  Phocidc, 
où  le  temple  d'Apollon  n'avait  pas  de  statue;  Paus.  X,  33,  II.  Ou  appelle  Scopas 
en  Asic-.Mincure,  el  à  Cortyue,  en  Crète,  Paus.  VIII,  28,  I.  —  25  P.  ex.  le  sanctuaire 
d'AskIepios  à  Messène,  Paus.  IV,  31,  10  ;  llleraion  de  Samoa,  Slrab.  p.  037;  ou 
l'Heraion  d'Olympie,  Paus.  V,  17,  I.  La  quautité  des  statues  présentes  dans  Iss 
temples  parait  être  en  rapport  avec  l'importance  et  la  diffusion  des  cultes:  dans 
les  sanctuaires  d'intérêt  local,  les  statues  soûl  à  la  fois  moins  nombreuses  el  plus 
groupées  :  ainsi,  Paus.  I,  8,  4  ;  43,  0  ;  44,  2  ;  II,  24,  5;  X,  2,  7,  34,  I  :  d'autres  lois 
la  pauvreté  de  la  contrée  est  seule  cause  de  la  rareté  des  statues  ;  ainsi  en 
Phocide;    Paris,  Elalée,  p.   120  si|. 


STA 


liTG  — 


SI  A 


tuaires'  ;  il  fallul  à  la  longue  les  reléguer  jusque  sous 
les  portiques,  dans  le  péristyle  -.  Là  même,  ces  statues 
gardaient  au  moins  leur  signification  esthétique.  Elles 
étaient  comme  les  annexes  du  temple,  détachées  et 
éloignées  des  parois  murales,  mais  unies  à  lédifice  dont 
elles  étaient  les«  membres  dispersés  ».  Leurs  piédestaux 
ramenaient  la  pensée  vers  les  supports  des  architraves. 
Les  colonnes  qui  les  soutenaient  semblaient  sœurs  des 
colonnes  du  temple^. 

3.  Sladies  d'/iomines  dans  les  temples.  —  Outre  la 
statue  de  culte  et  les  k-filax^Ti.  les  temples  recèlent 
encore  la  multitude  des  statues  d'oflTrandes,  àvaôr, ^axa 
^noNARiiM.  Ce  sont  le  plus  sou- 
vent des  statues  de  mortels. 
L'usage  est  ancien  et  révèle  bien 
l'étroit  rapport  primitif  de  la  sta- 
tuaire avec  la  vie  religieuse.  On 
veut  rester  sous  le  regard  même 
de  la  divinité,  pour  mieux  s'as- 
surer sa  constante  faveur  ;  d'autre 
part,  on  espère,  étant  placé  dans 
le  temple,  bénéficier  de  la  vie 
divine  et  du  profit  matériel  des 
sacrifices.  Car,  à  l'origine,  la 
statue  d'homme,  comme  la  statue 
de  dieu,  est  la  personne  même  ; 
elle  participe  dès  lors  à  tous  les 
besoins  des  êtres  vivants  :  dans 
les  dédicaces  de  consécration,  on 
a  soin  de  recommander  tel  ou  tel 
aux  dieux  en  général,  mieux 
encore  à  un  seul  protecteur  par- 
ticulier ;  cet  usage  s'est  conservé 
jusqu'à  la  fin  de  la  vie  grecque  '. 
Mais  plus  tard  cette  précaution 
pieuse  ne  fut  plus,  semble-l-il, 
qu'un  détour;  comme  on  n'osait 
s'ériger   à  soi-même    ou    ériger    à     ses  proches  une 

1  Cela  ne  va  pas  pourlauL  jus(|u'a  la  couâlilutiuu  de  l'aiilliéoDs,  assez  rares  en 
Grèce:  Paus  1,  10,9;  II.  î,  8,  iô,  f>:  III,  ii.  8;  IV,  i2,  l  ;  Jmcr.  gr.  XII,  8,  n>  374. 
—  2  a  Olympie,  on  a  relevé  de  nombreuses  iraets  de  bases  sur  le  pavement  du 
péristyle  de  rileraion  el  du  temple  de  Zeus  ;  ce  sont  en  majorité  des  statues  de 
bronze.  ilt:rm>s  ou  xoana  de  divinités  dans  le  péristyle  des  temples,  Paus.  11,  1 1,  8  ; 
VIII,  31,  IT.  —  3  l.ecbal,  .4ii  Musée  de  l'Acropole,  p.  iCO.  —  »  S.  licinacli, 
Epiyr.  grecq.  p.  37^;  la  dédicace  est  faite  à  to:is  les  dieuv,  ou  à  un  eu  particulier; 
i|ucb|uerois  uni>  prière  accompagne  la  dédicace.  —  5  p.  Foucart,  Itcv.  arcJt.  t86tï, 
I,  p.  tii3.  —  C  La  volonté  des  fîd^'les  lui  donne  une  destination;  c'est  pourquoi, 
pir  exemple,  les  Korés  ont  toutes  un  avaul-br.>s  rapporté;  le  sculpteur  complétait  la 
slatue  selon  le  désir  de  l'aclictcur.  —  '  Telle  est  la  destination  des  statues  clivpriotes 
ililM  les  Mai.res  du  sacriliec,  flee.  arc/i.  1679,  I,  p.  3i3  ;  Perrol.  U.  de  l'Art.  III, 
iSV  sc|.,  et  aussi  de  certaines  statues  espagnoles  de  style  gréco-phénicien,  lleuzcv 
//(///,  de  rorr.  hellén.  XV,  ISl'l,  p.  CI5  :  citons  enfin,  à  Athènes,  le  Moschophore  de 
l'Acropole,  Léchai,  A»  M.  de  t'Âcrop.  p.  106.  —  «  Léchai,  Au  JJ.  de  i.Acrop. 
p.  iG4  sq.  La  statue  reproduite  par  la  hg.  G597  est  l'œuvre  du  sculpteur  Anténor; 
Musée  de  l'Acropole  d'Alhéncs;  cf.  Anlike  Denkm.  I,  pi.  un;  l'errot,  Hisl.  de 
l'Art,  t.  Vlll,  pi.  11.  —  9  La  statue  reproduite  à  la  fig.  039S  est  celle  du  Kouros  dit 
de  Tliéra;  sur  cette  slalue  et  sur  les  Apollons  archa'iques  eu  général,  cf.  Déonna, 
Ces  .ipotlons- archaïques,  p.  9  sq.  On  reconnaît  aujourd'hui  que  certains  de  ces 
Kouroi  ont  bien  pu  ô!re  des  Apollons  cl  m5me  des  statues  de  culte:  cf. 
lleonna.  /.  e..  n'»  77,  81,  Ii7  ;  d'autres,  de  simples  athlètes.  Pour  !a  plupart, 
ce  sont  cependant  des  types  impersonnels;  il  est  bon  de  noier  <{u'on  en 
trojie  une  preuie  dans  le  fail  que  le  Colosse  îles  .Xaviens,  oITert  à  Apollon  Délien 
comme  à,i«r..«,  est  appelé  i.îj.'.;  dans  la  dédicace.  —  10  La  base,  transition  entre 
le  sol  et  la  slalue,  a  une  importance  assez  grande  qui  vient  des  idées  orientales  : 
on  attribuait  une  inlluence  mystérieuse  à  ce  (|ui  touchait  le  sol  ;  des  statuet- 
tes très  anciennes  sont  déiii  préparées  pour  s'enfoncer  dans  la  terre  par  une  base 
prophylaclique  en  forme  de  pointe.  Les  létes  de  bélier  et  le  Gorgoneion  sculptés 
sur  la  bas;  d'Iphira  tidés  (tig.  6599)  ont  la  même  signification  :  ce  sont  des  apo- 
tropaia.  Kn  tirêce  la  for.ne  de  la  base  dérive  de  la  plinthe,  support  des  statues 
archarqucs  :  à  l'origine,  les  bas^s,  dans  la  rainure  desquelles  la  statue  s'encaslre 
sont  Ires  |cu  élevées,  llomolle,  Bull,  de  corr.    Iiellén.   XII,  p.  iC7  ;  Deonna,  Les 


.   6396.    —    Koré 
d'Aoténor. 


,-^i:X^. 


Apollon 


effigie,  privilège  à  l'origine  divin,  on  évitait  l'uSoiç  en 
consacrant    la   statue   aux   Immortels".  Primitivement, 
on    satisfaisait    aux    prérogatives 
des  dieux  en  se  gardant  d'élever  à 
des  hommes  des  statues  iconiques. 
C'est    assez    tard    que   l'àviOr.aa 
s'achemine  à  reproduire  le  portrait 
individuel.  Il  n'est  d'abord  qu'une 
effigie  impersonnelle  °,  destinée  à 
charmer,   par  sa  beauté  el  même 
par  sa  seule  présence,  le  cœur  du 
dieu.  Son  rôle  est  de  rappeler,  à 
l'occasion,     un    sacrifice   ou    une 
offrande  ',  mais  non  les  traits  précis 
du  sacrificateur,  du  donateur.  Telles 
sont  les  célèbres  Korés  de  l'Acro- 
pole     (fig.      6596),     interprétées 
d'abord,  lors  de  leur  découverte, 
comme    statues     d'.\théna,     prê- 
tresses,   ou    orantes*.   Tels    sont 
aussi,  en  grande  partie  les  Kouroi 
archaïques  (fig.  6597',  impropre- 
ment appelés  Apollons^.  .\vec  eux, 
nous  avons  le  type  primitif  de  la 
slatue  d'offrande.  Plus  tard,  les  idées  ont  changé.  Les 
hommes    veulenl    surtout 
défier  la  mort,  en  faisant 
fixer  dans  le    marbre    ou 
le  bronze  un  souvenir  exact 
de    leurs     traits     'IMAG0^ 
—  Les  statues    d'offrande 
sont  généralement  placées 
dans  le  péribole  des  tem- 
ples, ou  dans  les  bâtiments 
accessoires.  Ellessonl  dres- 
sées sur  des  colonnes  ou 
sur  des  bases  (fig.  6589)  '" 
petites  aedicules;  àdemi-cacltées  par  les  arbres, animées 

Apoll.  arclt..  base  de  Xénopliaiitos,  n"  I-;  base  du  colosse  de  Délos,  n»  SI  ;  base 
de  Cliaropinos  le  (*arien,  n*  Û9;  base  du  Kouros  du  Sounion.  u"  7;  voir  aussi 
que  ques  bases  de  monuments  funéraires  atliques,  qui  supportaient  peut-être  des 
A'oiiroi,  Aihen.  .Vilthcil.  IV,  p.  SS9  sq.  Pour  les  «têtues  funéraires  seulement,  la 
base  est  parfois  pyramidantc  :  cf.  la  base  de  Vourva,  Perrot,  IJ.  de  l'.Xrt,  VIII,  p.  82, 
fig.  30.  Ou  peut  diviser  les  bases  en  bases  simples,  sans  ornement,  arrondies  ou 
é4|uarries,  quelquefois  ovales  ;  et  en  bases  architectouiques,  qui  portent  un  décor 
sculpté,  quelquefois  peint.  L'idée  des  bases  sculptées  est  assez  ancienne: 
voir  ci-dessus  (fig.  1)590)  la  base  d'une  statue  d'Iphicartidès,  Huit,  de  corr. 
Iie'.l.  I.  XII,  pi.  mu;  Collignon,  U.  de  la  se.  gr.  I,  p.  131,  fig.  65.  Les  orne 
menis  sculplés  sont  variés;  cf.  Jaltrl/.  des  arch.  /nsl.  IV,  93,  n»  7  ;  JIus.  Dorbou. 
8,  56;  11,  26;  pour  les  bases  des  /l'otifoi  archaïques,  Deonna,  Les  Apoll.  arch. 
55-46;  pour  les  bases  des  Korés  <le  l'Acropole,  Collignon,  H.  de  ta  .Çc.  gr.  I, 
349  sq.,  365,  39Î;  Lechat,  Au  Mus.  de  l'Acr.  p.  i37;  Perrol,  U.  de  l'.in.  VIII, 
p.  593,  fig.  298  ;  p.  82,  fig.  50.  Voir  une  base  à  chapiteau  supportant  un  Kouros 
trojvé  à  Délos,  Deonna,  Les  Apoll.  arch.  n*  107.  Plus  tard  les  bases  s'élargissent  et 
s'étendent  ;  p.  e\.  la  base  du  monument  des  Progones,  près  du  Portique  d'Anligone  à 
Délos;  elles  deviennent  quelquefois  circulaires  ou  demi-circulaires  ;  base  du  temple 
des  Athéniens  à  Délos,  dit  «  temple  des  sept  statues  »  ;  base  du  Pliilippeion  â 
Olvmpic;  base  de  la  tholos  de  Marraana.  ii  Delphes.  Plusieurs  eveniples  de  bases 
triangulaires  :  base  d'Iphicartidès  à  Délos,  base  de  la  Nit^è  de  Paconios  à  Olynipie,  etc. 
De  nombreuses  bases  ont  porté  des  ornements  peints  ou  en  relief;  ainsi  les  bases 
de  l'Athéna  du  Parthénon.  du  Zeus  d'OIympic;  autres  exemples  à  Olympie,  à 
Eleusis,  etc.  :  les  sujets  de  ces  décors  sont  souvent  en  rapport  étroit  avec  la  statue 
qui  domine  la  base;  .^tiisi  pour  le  socle  du  groupe  de  .Manlinée.  découvert  par 
M.  Fougères;  cf.  Paus.  VIII,  9,  1  ;  voir  encore  une  base  de  Sparte,  Friedericlis- 
Wolters,  7i  :  Beriiner  Wiuckelmansprogr.  1676;  Paus.  i,  3,  I.  Certaines  bases 
ont  une  forme  insolite  cl  très  curieuse;  ainsi  celle  en  forme  d'osselet  supportant 
un  Kairos,  trouvée  à  Olympie  ;  cf.  Benn  lorf,  Gelant,  stud.  ziïr  Kunstgesch.'.  eine 
Festgabe  ;ûni  4  mai  I88^, /ûr4.  Springer,  I8îï5.  D'ordinaire,  il  semble  que  les 
bases  aient  élé  confiées  à  des  artistes  de  second  ordre,  exception  faite  peut-être 
pour  quelques-unes:  on  n'hésite  pas  à  employer  pour  elles  de  la  pierre  à 
bon  marché  ;  leur  polychromie  contraste  souvent  avec  cel!e  de  la  statue,  surtout 


Fig.  6598.—  Base  d'une  statue 
archa'ique,  œuvre  d'Iphicartidès. 


à  ciel  ouvert  ou   .sous  de 


STA 

par  l'ombre  mobile  des  feuillages,  elles  forment  un  peuple 
pressé  aux  couleurs  papillotantes;  la  patine  sombre  des 
bronzes  fait taclie au  milieu  delà  polychromie  des  marbres. 
Les  statues  s'unissent  parfois  en  groupes';  au  milieu 
d'elles,  dans  les  grands  sanctuaires,  les  ex-voto  de  haute 
stature  semblent  jaillir  d'un  plein  essor  vers  le  ciel-. 

Point  n'est  besoin  de  mérite  éclatant,  ni  même  d'un 
litre  quelconque  ù  la  faveur  céleste  pour  otl'rir  au  dieu 
sa  propre  statue.  L'usage  est  absolument  libre  %  et  les 
motifs  de  consécration  très  divers:  pour  un  succès, 
pour  un  service  reçu  ou  même  demandé,  chacun  peut 
faire  édifier  son  effigie*.  On  consacre  aussi  les  membres 
de  sa  famille,  ses  bienfaiteurs,  ses  amis".  A  partir  du 
v'  siècle,  le  progrès  du  luxe  et  delà  vanité  entraine  toute 
la  Grèce  à  un  débordement  d'offrandes.  Les  statues  de 
personnalités  insignifiantes,  reproduitesavecl'exactitude 
de  portraits,  abondent  dans  les  temples  et  les  lieux 
sacrés'^;  comme  on  hésite  à  les  détruire  de  temps  en 
temps  avec  les  ex-voto  de  moindre  valeur  [favissae],  on 
en  encombre  l'opisthodome,  transformé  en  garde-meuble, 
et  les  chapelles  particulières  ou  Trésors  [donakiim, '. 

Si  l'on  songe  que  les  temples  contenaient  encore  les 
groupes  mythologiques  d'ofirande*  et  les  consécrations 
publiques  dont  il  sera  parlé  plus-  loin,  on  comprendra 
comment,  à  la  longue,  certains  sanctuaires  devaient 
ressembler  à  des  expositions  permanentes,  à  nos  musées 
actuels.  On  finissait  par  y  collectionner  les  statues  unique- 
ment pour  le  plaisir  des  yeux"  Ainsi,  dans  l'Heraion  de 
Samos,  on  avait  cherché  à  réunir  les  plus  célèbres  chefs- 
d'œuvre'";  dans  l'Heraion  de  l'Altis,  on  apportait  du 
dehors  les  pièces  rares  qu'on  enlevai  ta  d'autres  iditices  "; 
on  avait  constitué  de  la  sorte  toute  une  série  de  sta- 
tues chrysélépliantines,  rassemblées  pour  le  plaisir  des 
visiteurs  et  la  commodité  de  l'entretien  matériel'-. 


1477   —  STA 

B.  Les  staties  et  la  vie  i'iblioie  [imago  .  —  A  une 
époque  où  l'on  commençait  déjà  à  oublier  l'origine  reli- 
gieuse et  le  sens  primitif  des  effigies,  la  Grèce  invente 
de  récompenser  les  mérites  des  citoyens  par  l'érection 
de  statues  honorifiques,  àvop''avT£ç.  Il  semble  qu'on  ait 
commencé  par  celles  des  athlètes,  qui  n'étaient  pas  à 
l'origine  des  portraits,  mais  des  représentations  imper- 
sonnelles destinées  à  conserver  la  mémoire  de  la  force 
ou  de  l'agilité  des  vainqueurs  '^  En  dehors  de  ces  statues, 
les  offrandes  publiques  sont  rares  au 
début,  et  supposent  toujours  des  motifs 
exceptionnels  ''.  Le  /aXxoOvnva  tt-ï.iïi  était 
presque  alors  une  /ipwDtT)  tiu.-/,.  Les  pre- 
mières statues  iconiques  élevées  à  Athènes 
l'ont  étéen  l'honneur  de  Solon'',  puis  plus 
tard  des  Tyrannoctones'"  (fig.  6599,  6600] 
et  de  Conon.  —  Bien  que  de  telles  effigies 
aient  été  installées  postérieurement  jusque 
dans  les  temples,  au  milieu  des  offrandes  privées,  leur  piin- 
cipe  est  tout  difl'érent:  elles  sont  moins  un  acte  de  piété 
aux  dieux  que  l'expression  d'une  décision  de  la  cité, 
dont  le  pouvoir  commence  à  gran- 
dir et  à  s'affirmer  à  côté  du  pou- 
voir divin.  11  s'en  suit  que,  tandis 
que  l'érection  d'une  statue  d'of- 
frande est  toujours  libre,  c'est 
la  cité  seule  qui  concède  l'hon- 
neur des  statues  iconiques.  La 
décision  émane  soit  du  peuple 
soit  du  conseil,  ou  à  Athènes,  à 
l'époque  impériale,  de  l'Aréo- 
page '"  Le  droit  peut  com- 
porter des  limitations  ;  les  frais  sont  ordinairement  à 
la  charge  des  intéressés  ou   de  leurs  amis  ;  la  placi'  du 


«|uand  laslaLuc  est  de  Lois  on  de  liroiue.  Pour  les  statues  sur  colonnes,  cf.  coi.lmna; 
pour  l'eiTet  de  ces  statues,  voir  le  petit  bronze  d'Olynjpie  monté  sur  colonuctle, 
Oli/mpitt.  Die  Ilron:en,  IV,  pi.  vin,  p.  lit,  u»  31  ;  il  y  avilit,  à  Olynipio  même,  près 
du  Pœcile,  dt-s  statues  de  Ptolémée  l'iiiladelplie  et  de  sa  femme  Arsinoé,  portées  sur 
des  colonnes  ioniques  hautes  de  div  mètres  ;  statues  sur  colonnes  représentées  sur 
des  vases  :  cf.  le  cratère  do  Bologne;  Jahrb.  Il,  1887,  p.  3Si;  iùiU.,  p.  iW.  Une 
étude  d'ensemltle  sur  les  bases  des  statues  grecques  est  à  écrire.  —  1  A  Delphes, 
Olynipie,  l'abondance  de  ces  groupes  est  considérable.  Jusqu'à  l'époque  hellcnistitjuo, 
les  figures  ue  sont  pas  liées  ;  elles  s'alignent  en  files,  jus  la]  o^ées  sur  des  bases  rectan- 
gulaires ou  carrées,  comme  les  statues  des  frontons  archa'ifjues  ;  quelquefois  elles  sont 
abritées  dans  de  grandes  niches  spéciales,  même,  plus  tard,  dans  des  sortes  de  chambres 
particulières;  Oull.  corr.hull.  XXI,  1897,  p.  59S-C0O  ;  Sauer, /in/'ii'njc  der  Statuen- 
grupj,e.  — 2  Ainsi  laNikéd'Olympie,  la  colonne  aux  acanthes  de  Delphes.  Dans  l'Hiérou 
de  Uélos  il  y  avait  aussi  une  colonne  aui  acanthes,  dont  i|ueli|ues  fragments  ont  été  re- 
trouvés. —  s  On  s'est  demandé  si  le  prêtre  avait  le  droit  d'iulei-dire  la  consécration  d'une 
statue  d'offrande  ;  Kuhnert,  /.  c.  p.  ^58  :  d'après  les  textes  le  prêtredécide  seulement  de 
la  place  de  l'offrande  ;  llerodot.  Il,  1 10  :  Diod.  I,  58  ;  la  statue  d'offrande  ne  dépend 
pas  non  plus  d'une  permission  de  la  cité;  la  déférence  de  Crésus  envers  les  Laccdé- 
moniens.  Ilerod.  I,  69-70,  est  une  précaution  diplomatique,  que  n'imite  pas,  vis-à-vis 
d'AtlièiK-s,  la  reine  Olympias,  Hjperid.  Pro  Euxenip.  35  si],  11  y  a  bien  des  décrets 
de  ri)'*.j}tziov;xii  8o'j'*.ii  autorisant  des  c.jusécrations  à  Olynipic,  Arcfi.  Zeit.  1877, 
n'"8i,  97,98, 101,  mais  c'est  une  formalité  qui  n'est  pas  obligatoire  ;  i4ii/.  n"36,  39,41, 
47.  59,  93,  9j.  —  i. Nombreuses  statues  de  vainqueurs  aux  jeux,  qui  sont  plutôt  des 
;5o;i»r,;i«i«  que  dcs  à»»».;fi«-:o,  Paus.V,  iO,  8  ;  VI,  I»,  i  ;  Furtwaeu'gler,  Ath.  Mit. 

I,  ISSU,  Î9  sq.  ;  l'urgold,  Arch.  Zeit.  1881,  p.  89;  simples  cs-voto  de  fidèles,  Paus. 

II,  7,  8;  29,  C-7,  Ilerod.  I,  SI.  9,  elc.  Le  désir  d'attirer  la  faveur  du  dieu  ou  de  la 
reconnaître  explique  les  nombreuses  statues  de  poètes  dans  les  temples  d'.\pollon 
cl  des  Jluses  ;  Paus.  1X,2C,  9  ;  X,  7,  4  ;  24,  2;  de  même,  la  statue  de  Phryné  dans  le 
temple  d'Eros  à  Thcpsies,  Paus.  I.V,  2"*,  5  ;  cf.  encore  Paus.  1,  24,  7  ;  27,  5  ;  I.V,  4,  2. 
L'usage  est  libre  ;  Phèdre,  dans  Platon,  Pliaedr.  XI,  parle  de  consacrer,  sans  raison 
particulière,  sa  statue,  en  or,  à  Delphes  ;  nous  savons  que  Gorgias  y  avait  la  sienne, 
Arch.  Zeit.  1877,  n^  oi.  —  ^  Statue  d'Isocrate, consacrée  de  son  vivant  par  sou  fils, 
dans  rOlympieion  ;  une  autre,  à  Eleusis,  consacrée  par  son  ami  Timotbéos  ;  Ps. 
Plut.  X,  Orat.  lit.,  Isocrjt.  838  ;  Lycurg.  C.  Leocrat.  p.  231  ;  slatues  dédiées  par  les 
membres  il'unc  même  famille,  I.œny,  Jmchr.  gr.  BilJh.  n»  301  ;  slatues  résultant  de 
dispositions  leslameutaires,  Sniyrne,  G.  i.  yr.  II,  3192;  Bev.  arch.,  août  1885,  inscr. 
d'Hypaepa  ;  Diog.  Laert.  V,  15  ;  Ps.  Plut.  l.  c.  p.  839  d  ;  Bull.  corr.  hell.  IV,  188U, 
p.  07.  l'our  les  formules  des  dédicaces  privées,  I.  tjr.  III',  931  ;  Corp.  i.  fji'.  Il,  213!  ; 


ig.  60U0.  —  Groupe  de 
ryrannoctonos.  Tetra 
drachme   d'Athènes. 


souvent  la  formule  est  abrégée  ;  le  nom  du  dieu  à  rjui  la  dédicace  est  faite  disparait, 
cf.  lleuzey.  Le  monl  Olympe,  p.  475,  a"  10;  quehiuefois,  c'est  le  dédicant  (jui  ne 
mentionne  pas  son  nom,  Biitl.  corr.  heliéii.  1882,  p.  324,  n"  15.  —  (J  Les  nom- 
breuses statues  de  guerriers  ou  de  chasseurs  qui  encombrent  l'Acropole,  Paus,  I, 
passiin,  ne  peuvent  être  que  des  offrandes  privées  ;  encore  Pausauias  ne  noinme-t-il 
(jue  les  statues  célèbres  par  leurs  tilulaires  ou  leurs  auteurs.  —  '•  Les  trésors  ne 
devaient  contenir  originairement  qu  un  petit  nombre  de  statues  sacrées  en  relalion 
avec  les  fondateurs;  mais  déjà  au  temps  d'Hérodote,  I,  50-51,  IV,  1C2,  ils  sont 
encombrés  de  toutes  sortes  d'elligies  qu'on  ne  pouvait  loger  ailleurs;  Paus.  VI, 
19,  7  à  10;  des  étrangers  consacrent  de  nouvelles  offrandes  dans  des  trésors  déjà 
en  place,  Paus.  VI,  19,  6;  à  l'époque  romaine,  les  statues  iconiques  elles-mêmes 
envahissent  les  trésors,  Paus.  VI,  19,  10.  —  8  Groupes  nombreux  surtout  à  Delphes, 
où  l'oracle  attire  rois  et  particuliers,  et  à  Olynipie,  à  cause  de  la  vanité  des  villes. 
Ordinairement  en  bronze,  ils  sont  l'œuvre  des  plus  grands  artistes;  Paus.  X,  1  ;  X,  G  ; 
X,  9,  5-7  ;  X,  10,  1  ;  X.  13,  5  ;  à  Alhèues,  ex-voto  d'Attalc;  I,  23,2.  —  9  A  Delphes, 
copies  en  marbre  de  l'ex-voto  en  bronze  de  Daochos,  dont  l'original  était  ailleurs: 
Bull.  corr.  hell.  XXIIl,  1899,  421-485.  —  10  Slrah.  037  c.  —  »  Paus.  V,  17,  I  ; 
VI,  19,  8-12.  Ou  apporte  dans  l'Heraion  de  l'Altis  les  slatues  des  Ilcspérides  de 
Théoclcs,  venues  du  trésor  d'Épidamne,  l'Athéna  du  trésor  des  Mégariens,  plus  tard 
de  nouveaux  groupes  disposés  en  vis-à-vis.  A  différentes  dates,  l'Heraion  s'enrichit 
encore  de  l'Hermès  portant  Dionysos,  groupe  praxit^-lien  retrouvé  en  place,  de 
l'Aphrodite  en  bronze  de  Cléon  de  Sicyone,  près  de  laquelle  on  placera  l'enfant  doré 
de  Boclhos;  Paus,  V,  17,  4.  —  ^2  Slatues  chrysélépliantines  des  princes  macé- 
doniens, apportées  du  Philippeioo.  — 13  La  statue  ne  devient  icoi'ique  i|u'après  tiois 
victoires,  Plin.  N.  hist.  XXXV,  34;  sur  les  premières  slatues  d'athlètes 
à  Olympie,  Paus.  VI,  10,  1;  14,  2;  13,  4  ;  18,  5.  —  «  Kohier,  Cebtr 
die  khre  dcr  Bildsaùlen,  Schr.  der  JUùncli.  Akad.  vol.  VI,  p.  07  ;  Hirl, 
Aùh.  d.  Berl.  Akad.  1814-13;  p.  6;  Bœckh,  C.  i.  gr.  I,  p.  18  sq.,  p.  878 
sq,  A  Olympie,  jusqu'au  vi*  siècle,  toutes  les  statues  sont  des  cx-volo  privés,  sauf 
celles  de  Lysandrc  et  d'Archidamos,  Paus.  VI,  3,  15-17,  15,  7,  —  i^  Paus.  1, 
10,  1;  Demoslh.  XXVI,  23;  Aelian.  Var.  hiU.  VIII,  10.—  1»  La  fig.  0000 
reproduit  un  statère  île  Cyzique,  Percy  Gardner,  Ttjpes  of  tjreek  coins^  1, 
pi.  %,  n"  i.  Pour  le  télradrachme  d'Ahènes  (lig.  0001),  cf.  Beulé,  l/o«n.  d'Athènes, 
p.  335  ;  Percy  Garder,  o,  c.  pi.  xv,  n»  30.  Les  statues  en  marbre  du  Musée  de 
.Naplcs  sont  des  imitations  postérieures  de  laucien  groupe  en  bronze;  Colliguon, 
H.  de  la  se.  I,  p.  307  sq.  —  •"  Pour  ces  formules,  S.  Reinach,  /i'/jiijr.gr.  p.  307, 
379;  les  formules  sont  gravées  quehjuel'ois  sur  la  base  même,  quelquefois  sur  une 
plaque  de  bronze  lixéc  i  la  statue  ;  G,  Gcrlach,  Griech.  tihreninschr.    Halle,  190S. 


STA 


—   1478 


STA 


monument  est  souvent  assignée.  A  Alhcnes,  il  a  été 
défendu,  au  moins  à  certaines  époques,  d'élever  des 
statues  à  côté  du  groupe  d'Harmodios  el  d'Arislogiton, 
isolé  en  évidence  sur  lAgora  '.  Seuls  ceux  qu'on  appela 
les  Sauveurs,  Démélrius  Poliorcète  et  Antigone,  et  plus 
lard  les  nouveaux  Tyrannicidcs,  Brutus  et  Cassius,  eurent 
droit  de  voisiner  avec  les  premiers  libérateurs  du  peuple  -. 
Une  petite  partie  des  statues  honorifiques  aujourd'hui 
connues  provient  des  temples.  L'usage  est  tardif  et  excep- 
lionneP.  Les  plus  grands  mérites  étaient  souvent  récom- 
pensésauxorigines  par  une  simple  peinture'.  Quand  la  cou- 
tume des  statues  est  adoptée,  c'est  la  haute  antiquité  des 
sanctuaires  et  leur  célébrité  qui  déterminent  à  y  placer  de 
préférence  les  personnages  récompensés  à  titre  public. 
L'honneur  est  d'autant  plus  estimé  que  la  statue  se  trouve 
plus  rapprochée  du  dieu'.  11  est  assez  rare  cependant 
qu'un  mortel  ait  obtenu  de  prendre  place  dans  la  cella 
avant  l'époque  de  décadence';  généralement,  on  choisit 
à  l'intérieur  de  l'enceinte  sacrée  un  autre  endroit  plus  ou 
moins  en  vue  selon  l'importance  du  personnage  honoré  ■. 
Dans  le  péribole,  c'est  le  côté  de  l'entrée  qui  est  le  plus 
recherché.  Les  vainqueurs  aux  grands  concours  sacrés, 
les  fondateurs  de  cérémonies  ou  de  jeux  y  trouvent  place 
assez  naturellement.  Les  statues  de  sculpteurs  ou  d'ar- 
chitectes, de  prêtres  et  de  prêtresses,  qu'on  rencontre  à 
côté  sont  presque  toujours  des  offrandes  privées  *.  On 
compte  plutôt  comme  ofTrandes  publiques  les  statues 
d'orateurs  ou  hommes  d'État',  puis,  à  partir  du  m' siècle, 
les  rois,  empereurs'",  villes,  peuples,  ou  corps  adminis- 
tratifs". Dans  bien  des  cas,  l'érection  d'une  statue  de  ce 


«Ciirlius,  Stadti/eaeli.  ton  Allien,  Schrifq.  z.  topngr.  >•  Alh.  p.  lï:  Paus.  I, 
8,  5;  M.  Caroll,  The  Allica  ofPaus.H'  sq.  Sur  les  avatar»  de  ce  groupe,  CoUignou, 
h.  de  la  te.  gr.  I,  p.  308-373.  —  -  Slalues  des  Sau  .ears,  dorées,  sur  char  ;  Curlius, 
Sladtgesch.  iliid.  p.  i.ui  ;  Belocli,  Griecli.  Gesch.  III,  p.  1  et  133.  Pour  liDlcrdiclion 
eu  général,  Inscr.  jr.  II,  n"  300,p.'.ti3  ;  ou  avec  la  formule  de  style,  ulr.v  ov  o!  vo^oi 
4«7«j.0=i,<r..,  /.  gr.  Ibid.  n»  i65,  p.  Î42  ;  11,  ii"  410,  complété  par  lV,p.  W9  ;sur  les 
slalues  de  Brulus  cl  Cassius,  Dio  Cass.  XLVII,  ÎO.  —  3 Beaucoup  des  statues  des 
temples  soûl  des  ollraodes  privées;  Lœ«y,  Insch.  gr.  Bildh.  116,  117,  IJ4,  statues 
d'ergaslines,  dédiées  par  leurs  parents.  Kulmerl,  op.  l.  p.  i6i,  fait  remarquer 
qu'une  des  statues  de  prétresse  au  temple  de  Héra  à  Mycéues,  Paus.  II,  17,  7,  était 
celle  de  la  prêtresse  Clirysis  qui,  par  sa  négligence,  avait  laissé  briller  le  temple; 
ce  ne  devait  pas  être  une  offrande  publique  ;  à  Athènes,  tous  les  serviteurs  de 
l'Alhéna  Polias  lui  dédient  leur  sUtue,  Alh.  Hitlheil.  VI,  ISSI,  pi.  vi  à  xi  ;  ISSC, 
pi.  II,  3;  cf.  Paus.  1,  i7,  *;  II,  17.  13;  35,  S  :  Slartba,  Sacerd.  alh.  p.  148;  la 
coutume  se  prolonge  assez  lard,  C.  i.  gr.  I,  3S7  ;  /.  gr.  Ili*,  720  ;  Kaibel,  803, 
605;  elle  eiisle  encore  au  tpmps  de  Julien,  Lebas,  Voij.  en  Grèce  et  en  A.  iJin.  li, 
I  lî  (i  ;  pour  la  plupart,  les  stat  ues  placées  dans  les  temples  peuvent  donc  être 
considérées  comme  des  olTraudes  privées  ;  cependant  l'usage  des  consécrations  à 
titre  public  est  en  certains  cas  indubitable.  Xencph.,  hiero,  IV,  3.  —  '  Paus.  I, 
i6,  2.-5  Dio.  Chrys.  XXXI.  013.  —  6  Au  début,  la  cella  est  interdite,  semble-t-il, 
aui  statues  houorilir|ues  :  le  Cheirisoj>lios,  Paus.  VIII,  53,  S,  doit  être  une  offrande 
privée.  Dans  le  temple  de  Léto  à  Argos,  la  .Mobide  Chloris,  ijui  n'est  peut-être 
|ias  d'ailleurs  une  Xiobide,  est  considérée  comme  héroîsée,  Wid.  II,  -I,  t' ;  les 
statues  de  Pausanias,  roi  de  Sparte,  dans  la  cella  de  l'.Xthéna  Chulkioikos  sont 
là  à  litre  cipiatoirc  et  non  honoriti<|ue,  ibid.  III,  17,  7.9;  exemples  douleui  : 
l'jus.  Il,  io,  s  ;  VI,  :i-lo,  17  ;  IX,  4,  i:  les  statues  d'Amasis,  dans  l'Hcraioa  d'Argos 
sont  placées  seulement  près  des  portes,  Herodot.  II,  1S2.  C'est  déjà  à  l'époque  de 
décadence  qu'Altale  III  de  Pergamc  installe  son  efligie  près  de  celle  d'Asklépios. 
Kr«nkel,  Inschr.  v.  Pertjam.  itô;  ua  prêtre  de  Cnide  est  mentionné  comme 
étant  devenu  o-Jv^av;  de  la  déesse  qu'il  servait,  Lebas.  Vo^a^c,  III,  157^;  voir 
les  bouaeurs  rendus  en  Egypte  'a  Ptolémée  Epiphanès,  C.  i.  gr.  III,  4697  ;  ses 
statues  sont  placées  dans  chaque  temple,  près  du  maître  du  sanctuaire  ;  pour 
Tusagc  à  l'époque  hellénistique,  cf.  C.  i.  gr.  Il,  3393;  Liv.  XXXVI,  iO;  Liban. 
LXI,  335  ;  à  Rome,  il  devient  légal  que  les  statues  d'empereurs  soient  inler 
ii^iulacra  deorutn  ;  Dio  Cass.  XLIII,  45  ;  la  coutume  se  propage  en  Grèce  ; 
Paus.  I,  40,  »;  V,  IS,  6,  liO,  9;  le  .Vlétroon  d'Ùlympie  est  converti,  à  répo<|ue 
romaine,  en  temple  d'Auguste  et  des  empereurs  ;  leurs  statues  sont  dressées  dans 
la  cella  ;  nombreux  autres  cas  analogues;  au  début,  protestations  de  Tibère  contre 
cet  honneur;  Suetou.  Ttber.  26;  Hadrien  les  renouvelle  ;  Plin.J.  Paneg  ,r.  hi. 
—  ''  Surtout  à  l'époiiue  tardive,  les  décrets  dcmaudeul  souvent  que  la  statue 
soit  placée  iv  tû  istsaverràTw  -:«v  vâo-J  tôr.«,  C.  t.  gr.  Il,  3595,  —  8  La  statue 
de  Thémistocle  dans  le  temple  d'Artémis  sur  l'Acropole  est  sans  doute  une 
ofTrandc  privée,  Plut.  Them.  XXII  ;  mais  les  statues  d'Hadrien  dans  l'Olympieion, 
C.  i.  gr.  I,  1625  sont   la  à  litre  ofliciel.   Pour  les  statues  de  vainqueurs  élevées 


genre  était  avant  tout  une  mesure  politique;  aussi  les 
changements  de  régime  bouleversaient-ils  le  peuple 
des  temples  '-.  —  Comme  les  statues  honoriTiques 
des  sanctuaires  risquaient  d'être  confondues  avec 
des  offrandes  privées,  il  arrivait  qu'on  élevât  à  la  fois 
deux  statues  à  un  même  personnage,  l'une  dans  un 
temple,  l'autre  en  quelque  endroit  profane.  11  semble 
même  qu'on  ait  préféré  les  places  ou  les  monuments  pu- 
blics aux  lieux  sacrés.  Cela  explique  comment,  pour  la 
plupart,  les  statues  mentionnées  par  Pausanias  surl'.^cro- 
pole  sont  des  oft'randes  privées.  En  dehors  des  temples, 
l'Agora,  centre  delà  vie  des  cités,  est  la  place  de  prédilec- 
tion pour  les  slalues  iconiques.  Elles  s'y  ressemblent  en 
foule,  placées  en  plein  air,  ou  sous  les  portiques,  ou 
dans  des  niches  spéciales  tantôt  rectangulaires,  tantôt 
demi-circulaires  '^  Elles  rappellent  le  souvenir  des  héros 
locaux,  des  éponymes,  des  protecteurs  de  la  ville  ou  de 
la  constitution,  des  généraux  victorieux  ;  les  prêtres  et 
vainqueurs  de  jeux  sont  rares;  par  contre,  les  rois  el 
princes  abondent,  aussi  bien  que  les  hommes  d'Étal,  les 
poètes,  les  artistes".  Souvent  la  statue  résulte  de  l'ini- 
lialive  d'une  cité  étrangère,  honorant  pour  service  rendu 
certains  citoyens  d'une  autre  ville '°.  Les  divers  monu- 
ments profanes  ne  sont  pas  moins  bien  partagés  que 
r.\gora.  Le  Prytanée,  le  Bouleulérion  semblent  avoir  été 
réservés  à  des  mérites  de  premier  ordre'*.  -\  partir  du 
iv  siècle,  les  théâtres  et  les  odéons  s'enrichirent  d'efligies 
de  poètes,  d'acteurs,  de  musiciens  ;  à  l'époque  romaine, 
ils  recurent  les  statues  iconiques  des  princes''^.  Aux 
hippodromes,  aux  gymnases,  aux  stades,  aux  palestres 


par  décret  public  dans  les  cités  d'origiuc,  Paus.  I,  19,  G;  II,  19,  3;  un  décret 
de  ce  genre  à  Didymes,  C.  i.  gr.  Il,  288S.  —  9  Paus.  II,  23,  4;  VIII,  31,  1: 
C.  t.  gr.  I,  363  ;  statue  de  Decimus  CossuUus  dans  l'Olympieion  ;  -voir  aussi 
Paus.  VIII,  53,  7-S.  f'our  les  statues  de  prêtres  et  de  prêtrcsst  s,  les  cas  d'offrande 
publiigue  sont  rares,  Lebas,  Voyage,  111,  1572.  Les  statues  des  Branchides,  de 
Ithodes  sont  des  offrandes  privées.  —  lo  Paus.  I,  2K  7  ;  27,  5  ;  11,  20,  8  ;  IV,  32,  1, 
31,  10  ;  IX,  4,  2  :  X,  10,  1 :  33.  3.  —  "  Statues  de  princes  ;  .tlian.  Var.  hisl.  VI, 
tl;  Liv.  XXXVI,  20;  Paus.  I,  24,  7;  40,  2  ;  V,  12,  6;  20,  9;  4-9;  VI,  11,  I; 
12.  1-4;  5;  statues  de  villes  et  peuples,  Polyb.  XXXI.  16.  Bul'..  de  corr.  helt.  IV, 
311;  statues  de  la  déesse  Rome  à  Athènes,  Curtius,  iyladtgesch.  240  sq.;  Paus.  I, 
3,  2  ;  à  Délos,  /Jull.  de  corr.  hell.  VII,  1883,  p.  404  sq.  Sur  le  culte  de  Rome,  Tacit. 
Ann.  IV,  56;  Liv.  XLIII,  6.  —  1'-  .\  Ephèse,  à  Samos,  pendant  la  lutte  entre 
Athènes  et  Sparte,  on  place  successivement  dans  les  temples  les  vainqueurs  des 
deuv  partis,  Paus.  VI.  3,  16  et  17:  Fraenkel, /««cAr.  c.  Per^uwon,  246;  Rangbabé, 
Ant.  hellén.  089  ;  Corp.  ins.  gr.,  I,  I6i5;  Lebas,  Voyage,  III,  1618  ;  Coi-p.  ins.  gr. 
II,  2771,  2775  c  et  d\  I.  gr.  lUI,  023.  —  13  Homolle,  Uêlos,  B<dl.  de  corr.  hell. 
IS81,  p.  390;  groupes  sous  des  portiques  d'Agora,  Paus.  Il,  31,  7;  III,  11,  3; 
statues  dans  des  niches,  surtout  ii  l'époque  lielléiiislii|ue;  niches  du  Portique 
d'Alhéna  Polias,  à  Pergamc.  Allerl.  von  Pergam.  II.  p.  45,  pi.  mvi-i.\ïii;  Ponlrc- 
lUoli-Colligiion,  Pei'yame,  p.  113-115.  —  14  Strab.  X,  403;  Paus,  VIII,  4S,  8-9, 
statues  des  éponymes  à  Athènes,  consacrées  sous  Clistbènes,  Wachsmulh,  Der 
Sladt  .ilhen,  1,  ti-5;  elles  servent  à  certains  actes  de  la  vie  publique:  c'est  là  que 
les  parcdres  lies  enthunoi  vieuneut  recevoir  les  plaintes  conlie  les  magistrats  préva- 
ricateurs, Arislot.  Besp.  Athen.  XLVllI  ;  on  expose  sur  le  piédestal  les  documents 
relatifs  à  la  tribu  désignée  par  l'éponyme,  Arislopli.  Pas,  1183.  A  Etalée,  la  statue 
du  fondateur  de  la  ville  se  trouvait  exceptionnellement  près  d'une  porte.  Pans. 
Vil,  20,  7.  Les  T^ rauuocloncs  à  .ACièiics  occupaient  l'Orchestra.  Statues  de  géné- 
raux vainqueurs,  Paus.  I,  8,  2  ;  I,  16,  2,  C.  Xepos,  Cliabrins,  1;  Paus.  l.X,  12,6; 
rares  statues  da  vainqueurs  de  jeux  :  Paus.  VIII,  40,  I,  48,  I  :  queb|ucs  prêtres, 
Corp.  ins.  gr.,  3057.  Pour  les  rois  et  princes,  Id.  II,  3137;  Lebas,  Vogage,  III, 
40;  Paus.  1,  3,  2;  16.  1:  III,  11,10;  Dinarcb.  Conlr.  Ùcmosth.  53;  Ins.gr.  IM,  311, 
312.  Statues  d'Hadrien  à  Athènes,  Paus.  1.  3,  2,  à  Kynaitha,  VIII,  19,  1.  Pour  les 
grands  hommes,  statue  de  Soloii  à  Athènes  et  à  Salamine,  Paus.  VIII,  48,  I,  i,  10, 
I  :  de  Polybe,  à  Mégalopolis  et  à  Tégée,  VIII,  30,  8;  4S,  s  ;  de  Lycurgue,  de 
Uémostbèuc,  de  Démocharcs  à  Athènes,  I,  8,  2  ;  8,  4  ;  la  statue  de  Démocbarès  fut 
transportée  plus  tard  dans  le  Prytaneion,  Ps-Plut.  X  Orat.  rilae,  369;  statue  du 
rhéteur  Aelius  Aristidés  à  Suivme,  Pbilostrat.,  Vit.  Sophist.  II,  9,  2  ;  nombreuses 
sUtues  de  poètes,  Paus.  I,  8,  4  ;  IX.  27,  5  ;  Suidas,  s.  v.  £i=f»«;  Plut.  Alex.  XVII  ; 
de  musiciens,  Paus.  IX,  12,  5.  —  li  /.  gr.  IP,  251,  287  ;  C.  i.  gr.  Il,  3655.  —  16  Slil- 
liade  et  Thémistocle  dans  le  Prytanée  d'Athènes,  Paus.  I,  18,  3  ;  26,  3  ;  statue 
d  Olvmpiodoros,  Paus.  I,  26,  3  ;  d'Autolykos,  Plin.  A'.  Uist.  XIX,  17  ;  statue  de 
Sappho  dans  le  Prytanée  à  Syracuse,  Cic.  in  l'en-.  II,  IV,  57;  dans  le  Bouleulérion 
de  Svracuse,  statues  de  Marcellus.  de  Verres  (par  ordre),  Cic,  l'n  Verr.  II,  21  ; 
C.  i.  gr.  Il,  2000.  —  '"  Paus.  1,  8,  6    9,  3,  4  ;  1 1,  I  ;  Wood,  Ephesus,  p.  47;  Paus. 


STA 


—  1479 


STA 


appartenaient  de  droit  les  portraits  de  ceux  qui  les 
avaient  fait  construire'.  Us  voisinaient  là  avec  les 
maîtres  de  la  jeunesse  [ephebi],  avec  les  triomphateurs 
de  la  beauté,  de  la  force,  de  Tintelligence  -.  Restaient 
encore  aux  amateurs  de  bustes  ou  do  statues  les  écoles, 
les  bibliothèques,  les  jardins,  sans  compter  les  rues,  où 
les  personnages  de  marbre  et  de  bronze,  placés  sur  des 
piédestaux  bas,  semblaient  vouloir  se  mêler  encore  à 
la  foule  des  vivants  '. 

C'est  à  partir  de  la  guerre  du  Péloponèse  que  les 
statues  iconiques,  à  Athènes  et  dans  toute  la  Grèce, 
se  multiplièrent  à  l'infini.  .^^  l'époque  de  la  décadence 
on  les  accordait  par  dizaines  à  un  même  homme;  on 
ne  les  refusait  à  personne  ;  toutes  sortes  d'inconnus 
durent  alors  encombrer  les  places  et  les  temples  '*. 
Pour  les  rois  et  les  grands  personnages  on  ne  put  long- 
temps se  contenter  des  honneurs  permis  à  tous  :  il  fallut 
créer  des  sanctuaires  spéciaux,  honorer lesstatues  iconi- 
ques comme  des  statues  de  culte"'.  A  cette  période 
d'héroïsation,  de  divinisation  à  outrance,  il  semble  que 
la  Grèce  se  souvienne  qu'entre  les  dieux  et  l'homme  elle 
a  mis  seulement  une  différence  de  degré.  A  la  longue, 
les  statues  devinrent  si  nombreuses  qu'on  ne  put  suf- 
fire à  tailler  les  nouvelles  ;  on  réemployait  les  bases, 
quelquefois  même  la  statue  presque  entière,  en  chan- 
geant la  tête  et  l'inscription".  Encore  est-on  surpris,  en 
constatant  le  nombre  des  décrets  où  l'honneur  de  la 
statue  est  concédé,  que  si  peu  de  monuments  soient 
parvenus  jusqu'à  nous.  Comme  les  frais  étaient  à  la  charge 
des  intéressés,  il  faut  penser  que  le  souci  de  l'économie 
fit  adopter  souvent  I'eîxwv  YpaxT-/,,  peinte  sur  bouclier 
[cLiPEisJ  '.  Peut-être  aussi  bon  nombre  de  statues  res- 
tèrent-elles à  l'étal  de  principe  dans  les  archives  publiques. 

C.  Les  statues  et  la  vie  privée.  —  La  statue  achève 
logiquement  son  évolution  lorsqu'elle  se  met  au  service 
des  particuliers.  Pourtant,  historiquement,  à  cause  de 
son  rôle  tout  d'abord  religieux,  elle  a  commencé  de 
bonne  heure  à  s'employer  dans  les  cultes  privés  et  dans 
l'ornementation  funéraire. 

Les  chapelles  de  culte  privé  ont  existé  partout  en 
Grèce  malgré  les  grands  temples,  centres  du  culte 
public.  On  a  remarqué  dans  les  villes  hellénistiques, 
à  Priène  par  exemple,  que  les  deux  formes  de  piété 
sont  en  rapport  étroit:  les  dieux  des  grands  temples 
sont  aussi  les  dieux  des  petites  chapelles.  .Mais  le  plus 


1,  il,  1;  I,  -lî,  2„.  .  gr.  HU,  120,  709;  AUieu.  1,  10  b-c.  Héros,  géniîraux, 
princes,  Paus.  Il,  7,  5;  VIII,  V.'.  I  ;  nf«,Tix«,  1882,  23-29;  Thera,  Ul,p.  259- 
261.  —  I  Paus.  I,  17,  2;  C.  1.  ijr.  I,  300:  II,  2384,  352*;  statues  du  gymnase 
Je  Priène,  Priene^  p.  269  ;  bustes  de  cosniètcs  dans  les  palestres,  Dumont, 
Céram.  de  la  Cr.  pro/^re,  11,  213-221.  —  2Mi>u».  »«1?i81.  1876,  p.  22, 
Ui;  1878,  p.  22;  /.  gr.,  Mil,  ilOi;  Bu!l.  de  corr.  Iicll.  I,  229  sq.  ;  Paus.  VII, 
27,  S;  X,  30,  9;  statue  d'athlète  à  Délos,  /liill.  corr.  hell.  1895,  XIX,  p.  4S2; 
pour  les  statues  de  poètes,  orateurs,  Lebas,  Voi/iiije,  III,  1018;  Paus.  I,  17, 
2;  Pliu.  A'.  Hisl.  vu,  37.  _  3  Bustes  et  statuts  dans  les  bibliothèques, 
Uiog.  I.aerl.  III,  25,  V,  31-32;  Plin.  ^V.  f/Ut.  XXXV,  2:  sur  les  statues 
dans  les  biblioliièques  à  l'époque  romaine,  cf.  Ja/ireêUefte,  1904,  Bciblatt, 
p.  53  ;  [Voy.  aussi  imago,  bibi.iothkca^.  Sur  la  disposition  des  statues  dans  lesavrjnues 
de  Tilles,  à  Priène,  Jalirb.  XII,  1897;  Anzeig.,  p.  183;  à  Corinihe,  statues 
placées  tout  au  long  de  la  rue  du  Lecliaion,  —  4  OéméIrius  de  Plialères  reçoit 
300  slatui'S  d'après  Plin.  iV.  Hist.  XXXIV,  0  :  Dion  Clirysost.,  XXXVII,  p.  122, 
en  porte  le  nombre  à  1500.  Sur  les  statues  d'Hadrien,  C.  i.  g'-.  32!  sq.  ;  un 
décret  accorde  20  statues  à  un  môme  personnage.  Jîull,  de  corr.  beit.  1885, 
IX,  p.  513.  Sur  les  statues  honoriliques  à  l'ompéi,  Overbeck,  Pompcji,  492  sq, 
—  »  L'usage  dérive  eut-étre  des  habitudes  des  Egyptiens,  qui  renilaienl  un 
culte  aux  statues  de  eurs  rois  ;  il  n'apparaît  guère  en  Grèce  rpravec  Alexandre. 
Cependant  l'honneur  de  l'héro'i'sation  avait  été  accordé  déjii  à  Lysandre,  Plularch. 
lys..,  XVIII;  et  à  Brasidas,  Thucyd.  V,  11.  Décret  de  Skepîis  sur  la  divinisation 
d'Antigone,  Jotfn.  of  helkn.  stud.  XiX,  p.  330;    Beurlicr,    Ile    divin,    honoiili. 


l-'ig.  06IU. 


slique 


souvent  les  cultes  privés  se  sont  développés  surtout  dans 
les  villes  d'importance  secondaire,  où  il  n'y  avait  pas  de 
temple  public 
pour  tous  les 
(lieux;  dans  ce 
cas,  certaines 
statues  sacrées 
habitaientchez 
des  particu- 
liers, qui  en 
étaient  prê- 
tres*.    .Nous 

avons  là 
l'exemple  de 
cultes  arrêtés 
à  mi-chemin 
de  leur  déve- 
loppement et 
qui  n'ont  pas 
franchi  la  pé- 
riode de  l'or- 
ganisation par 
yévr,.  Dans  la 
campagne, 

chaque  domaine  avait  ordinairement  son  lieu  de  culte, 
muni  d'une  statue  ou  de  statuettes.  Certaines  contrées 
étaient  ainsi  peuplées  de  petites 
chapelles  dédiées  à  Artémis,  à 
Aphrodite,  aux  Nymphes  ".  Her- 
mès promettait  la  fécondité  aux 
enclos.  Les  pâtres  décoraient  les 
grottes  des  bois  et  des  monts  avec 
des  effigies  rustiques  de  Pan  '".  Sur 
certaines  représentations  an  tiques, 
on  voit  un  hermès  dressé  sur  une 
colonnette  à  l'abri  d'un  arbre  con- 
sacré ,  devant  lequel  est  une  table 
d'offrande  (fig.  6601)  ";telsdevaient 
être  ces  lieux  de  culte.  Dans  les 
villes,  les  maisons  avaient  toutes 
leurs  sanctuaires  privés  [lares,  si- 
GiLLUJi]  :  à  chaque  partie  delà  demeure  étaient  assignés  des 
dieux  spéciaux,  ordinairement  figurés  par  des  statuettes 
en  bois,  en  argile  ou  en  plâtre,  sans  grande  valeur  artis- 
tique; on  les  plaçait  tantôt  dans  des  édicules  'fig.  6602), 


fliios  accepcrunt  Alej\  et  succès,  ejns  ;  Essai  sur  le  culte  rendu  au.r  emp. 
romains.  On  adore  les  statues  impériales  ;  elles  sont  «consacrées  »  comme  des 
statues  de  dieux;  les  rois  étrangers  leur  font  des  sacrifices;  Dio.  Cass.  LX,  5; 
LIX,  27;  Claude  interdit  cet  usage,  ibid.  LX,  5;  sous  Tibère,  on  sacrifie 
même  aux  sUtues  de  Séjan,  ibid.  LVllI,  4,  8  ;  Suetoii.  Tib.  48  ;  les  soldats  rendcut 
un  culte  aux  effigies  des  princes;  Corp.  ins.  lat.  VII,  2554;  Tac.  XV,  54;  Hcrod. 
IV,  i,  5  ;  cette  altération  dure  jus()u'aprè3  l'inslallulioa  de  l'empire  à  (lonslanti- 
nople  et  le  triomphe  du  christianisme;  saint  Jérôme,  l'i  Daniel.  UI,  18;  saint 
Ambroise,  He.ramer.  VI,  9,  57  ;  saint  Jean  Damasc.  Orat.  de  imaginib.  III, 
41;  Cod.  Theodos,  XV,  4,  1;  Dio  Chrys.  De  taud.  S.  Pauli,  Homel.  Vil. 
—  6  Surtout  à  Rome;  cf.  plus  loin;  mais  le  fait,  dit  :  )t.ita.yA^i\'',  s'est  produit 
en  Grèce  même  ;  on  voit  encore  à  l'Acropole  la  plinthe  des  statues  des  cavaliers 
de  Lykios  qui,  retournée,  a  été  utilisée  pour  une  statue  de  Germauicus.  L'u 
groupe  exéculé  par  l.éocharès  et  .^thennis  pour  la  famille  de  Pastclès  fut  rem- 
placé, sur  la  môme  base,  par  des  statues  de  la  famille  d'Auguste.  —  7  Bull, 
coir.  hell.  1885,  t.  IX,  p.  132-133.  —  8  A  Aigion,  culte  privé  de  Zeus  et 
d'iiéraklès,  Paus.  Vil,  24,  4;  à  Messénc,  culte  privé  de  Zeus  ;  à  Mantinée,  de 
Pcrséphone,  Paus.  IV,  32,  2  ;  Ann.  de  l'Ass.  des  El.  grecques,  IX,  32S  ; 
culte  privé  du  sceptre  de  Zeus  à  Chèronée,  Paus.  IX,  40,  42.  —  a  Strab. 
VIII,  p.  343.  —  10  Leonid.  Tar.  25,  35;  chez  les  Romains,  Tibull.  I,  1;  Virg. 
fiijlog.  VII,  33;  Kaibcl,  812;  Leonid.  Tarent.  20;  Theocr.  I,  21;  Longus, 
Pasl.  p.  7  ;  Luc.  l'imon,  42.  —  Il  La  figure  reproduit  un  gobelet  d'argent, 
de  Vicarello,  Arch.  Zeit.  XXV,  p.   78,  pi.  cc\xv.  2,  3.  Voy.  aussi  notre  lig.  714. 


Fig.  6002.  —  Edicule 
de  culte  privé. 


STA 


1480 


STA 


•]j 


âA. 


ou  des  niches,  lantôl  dans  des  coiTres,  des  amphores  ; 
quelquefois  on  les  fixait  avec  des  chevilles  sur  les  slèles 
en  place'.  La  coutume  des  statues  de  grandeur  natu- 
relle dut  naître  assez  tard  et  resta  rare  -.  Kn  Atlique. 
devant  la  porte  des  maisons  on  dressait 
Hermès,  ou  Hécate,  ou  la  pyramide 
d'Apollon  Agyieus;  Hermès  Slrophaios 
surveillait  rentrée;  Zeus  était  dans 
rrJXr,.  Les  6£0!  irarfùjot  et  Ics  Oeo;  x.-cf,(jwi 
se  partageaient  les  appartements,  et  jus- 
qu'aux cuisines''.  Chacun  honorait  chez 
sol,  librement,  les  protecteurs  de  son 
travail  ou  de  sa  vie^ 

Les  statues  funéraires  se  rattachent 
déjà  moins  étroitement  que  les  statues 
dos  cultes  privés  au  principe  religieux. 
.Vucune  croyance  à  la  nécessité  du  double 
pour  la  survie  du  mort,  comme  en 
Egypte,  ne  justifie  en  Grèce  la  coutume 
de  telles  effigies  °.  Le  mort  a  ses  amulettes 
dans  la  tombe  [sioillum,  kiglinum  opls, 
SEi'ULCRUMj  ".  La  statue  funéraire  n'est 
donc  point  pour. lui  un  fétiche.  A  la  vérité, 
elle  se  rattache  comme  la  stèle  au  prin- 
cipe du  ff-rijAa  ;  elle  est  destinée  à  repré- 
Kig.  tii.iKi.  —  Apollon  senter  le  mort  en  état  d'héroisation, 
.lo  Tonéa.  c'esl-à-dire  avec  un  caractère  déjà  semi- 

divin;  c'est  par  cette  intention  qu'elle 
s'explique  et  se  justifie  à  l'origine.  Elle  est  restée  rare. 
Quoique  confiée  d'ordinaire  à  des  praticiens  de  second 
ordre",  elle  était  coûteuse  pour  des  particuliers.  Or  les 


'  La  Piirurc  6002  reproduit  une  pierre  gravée  de  Florence;  cf.  akdicula,  p.  93, 
sA,:itit'iciDu,  p.  968.  Petites  aedicules  avec  statuettes  de  dieux,  Berlin,  Antiquar. 
n*~(îTS  ;ccs  dieux  sont  le  plus  souvent  Dionysos  ou  Zeus,  Antli.  Put.  295  ;  Suidas, 
s.  ï.  «T'.oio;:  statues  de  plitre.  Paus.  IX,  35,  1  ;  slatuelles  de  dieux  placées  dans  des 
amphores,  Allieu.  XI,  473,  «-c,  Elyri.  Maqn.  s.  v.  ij;id5,„ ;  Rlioden,  Terrak.  r. 
PompeJifP.iè  ;  Plat.  Coni-iv.  210;  niclics  nombreuses  dans  les  maisons  Uellcuisliques, 
à  Délos,  Uull.  de  corr.  hell.  1893,  p.  495;  1900,  p.  511,  312,  630  ;  à  Tliéra,  Thera, 
lli,  p.  189.  —  2  En  250  av.  J.-C.  le  P.-Diccarr|ue  constate  encore  la  pauvreté 
•les  maisons  dAlliènes  :  Fragm.  1,  Millier,  I;  à  Tliéra,  Theni,  III,  p.  162-3,  scul- 
ptures du  Palazzo,  statuette  d'HérakIôs,  à  la  p.  173.  fragment  de  la  p.  170  ;  maison 
de  Pothitos,  maison  du  Pliallos,  statue  de  Tyclié,  p.  131,  191.  Beaucoup  de  terres 
cuites,  pi.  de  la  p.  172.  et  de  la  p.  17j.  A  Oêlos,  on  a  trouvé  ((uelques  statues  de 
dieui  dans  les  maisons,  Bull,  de  corr.  hell.  XIX,  p.  V70-4S3,  p.  491-2.  Mais  une  part 
de  la  découverte  provientd'un  atelier  de  marbrier,  itml.  p.  510,  615-0  ;  les  principaux 
morceaux  sont  le  Dionysos  assis,  ibid.  XXXI,  1907,  p.  511  S(|.,  et  le  groupe 
Aphrodite,  Pan,  Eros,  1900,  p. 6 10  sq.,  trouvé  dans  l'établissement  des  Poseidoniastes; 
i|uaul  à  la  maison  dite  de  Kerdon, elle  semble  avoir  été  un  atelier  de  sculpteur, 
ihid.  1905,  p.  52.  Pour  Priéne,  voir  Prime,  p.  178  et  p.  306  si|.  -  3  Hermès 
dans  les  maisons  de  Priéne,  Prient,  p.  313;  à  Oélos,  Bull,  de  corr.  Iiell. 
1906,  p.  589,  607;  pour  Hécate,  scbol.  de  Theocr.,  Il,  30;  Aristoph.  Vesp.  798; 
pour  Apollon  Agyicus,  Arislophan.  Vesp.  870  ;  pour  Hermès  iltposaTo;,  Pollux, 
VIII,  32;  Suidas,  s.  ï.  Sifosaî,;  et  'Eo|ii!;  ;  Rail,  de  rorr.hell.  1903,  p.  16;  pour 
Zeus,  Paus.  Il,  24,  3  ;  d'autres  dieux  se  rencontrent  naturellement  dans  les 
maisons,  Bull,  de  corr.  hell.  I90C,  p.  ,52"-55S  ;  Hesych.,  s.  v.  x«5;«xo;  ;  AUien. 
XI,  47't  b  ;  par  exemple  Aihéna  Ergané  dans  l'appartement  des  femmes,  Alcipliron, 
III,  41  ;ailleurs,  Hépliaistos,  Agathe  Tyché,  Agatliodaimon;  voir,  pour  iuie  maison  tie 
Théra,  Thera.  III,  p.  130.  —  '.  Sanctuaire  de  la  maison  de  Pindarc,  Paus.  IX, 
Î5,  3,  avec  l'an  et  Cybélc  ;  Pindar.  scliol,  Pylli.  III,  137.  A  Pricne,  beaucoup  de 
maisons  ont  des  slatueltes  en  terre  cuite  de  Cybélc,  de  la  déesse  Baubo,  Priéne, 
p.  330  sq.  Voir  sii.ii.ixii.  — »G.  Foucart,  lier,  des  Idées,  15  nov.  1908.  — sPoltier, 
fjuam  oli  causam  Graeci  iii  sepulcris  fifflina  siijilla  deposutrint  ;  Haussoullier, 
IJuomodo  sepulcra  Tanagraei  decoraverint ,  p.  88-89.  —  7  Qy  coniiail  pourtant 
des  statues  funéraires  de  grands  maîtres  ;  le  cavalier  en  '.^iw^^M  de  tombeau  men- 
tionné par  Pans.,  I,  2.  3,  attribuabie  à  Praxitèle  ;  les  flenlcs  matronaedc  Praxitéfe 
le  Jeune  et  de  Sllicnnis  ;  l'Iin.  .V.  fjist.  XXXIV,  90  ;  XXX  VI,  70,  —  8  perrol,  H.  de 
l'Art,  Vlll,  68  sq.  ;  rapprocher  de  la  loi  de  Solon  une  loi  de  Msyros,  interdisant 
,1e  dresser  sur  la  tombe  un  celffsafLa  quelconque;  fîerl.  phil.  ^'ochensch.  1896, 
p.  190;  Jahrb.  XI,  2t,  43.  Démétrius  de  Plialcres  promulgue  encore  une  loi  restric- 
tive analogue,  mais  où  il  n'esl  pas  question  de  statues  tombales  ;  Cic,  De  Legib, 
II,  66  —  9  Cic.  De  Legib.  H,  26,  65  :  sepulchrum  neque  opère  tectorio  ex- 
ornari,  ne^ue  hermas  bos  quoi  voeaui  licebat  imponi.  —  <">  Pour  le  rôle  funéraire 
des  Sirènes,  Weicker,  Der  Seetenvoge  ;  Rohde,  Psyché  ;  Sirène  sur  le  tombeau 


/.Oâi 


;,  6604,  —  Statue  funéraire 
dite  Hermès  d'Andros. 


I  Grecs,  au  contraire  des  Orientaux,  ont  toujours  tendu,  à 
partir  de  l'époque  mycénienne,  à  restreindre  le  luxe  de 
la  demeure  funèbre*.  Même,  une  loi  sompluaire  de  Solon 
avait  défendu  quelque  temps  la  mise  en  place  d'Hermès 
sur  les  lombes',  A  part  les  êtres  mythologiques,  Sphinx, 
Sirènes,  Harpyes,  Néréides,  et 
les  animaux  fantastiques  ou 
réels  qui  symbolisent,  comme 
en  Orient,  les  génies  de  la  mort 
veillant  surle  tombeau '".la  sta- 
tuaire funéraire  traite  le  type 
humain".  File  a  eu  sans  doute 
les  mêmes  antécédents  que  la 
statuaire  ordinaire  '-.  Elle  sem- 
ble avoir  débuté  à  une  date  fort 
ancienne.  Plusieurs  des  pré- 
tendus «  Apollons  »  archaïques 
(lîg,  6G03),  et  même  quelques 
Korés  doivent  être  considérés 
comme  nous  offrant  le  type  des 
premiers  (rrijAara  en  ronde 
bosse'';  plus  tard,  sans  aban- 
donner encore  la  représenta- 
tion impersonnelle,  on  prête 
au  mort  héro'isé  une  figure 
idéale  et  les  attributs  divins  ;  ce 
sont  les  types  de  la  grande  sta- 
tuaire avec  un  travail  un  peu  plus  rapide.  Les  morts  sont 
souvent  groupés  par  couples.  Les  hommes  sont  en 
Hermès,  debout  près  d'un  tronc  d'arbre  où  s'enroule  le 
serpent  (fig.  ()604),  ou  appuyés  sur  un  cippe  ".  On  voit 


de  Sophocle,  Paus.,  I,  21,  2  ;  Philostrat.  Vita  sophist.  I,  17;  sur  le  tombeau  d'Iso- 
crale.  Plut,  in  Rhet.  de  /jocra/e  ;  Satinas,  Rer.  arch.  1S64,  p.  369,  pi.  xu  ;  Anth. 
Pal.  VI,  491  ;  Vil,  710.  Sur  les  Néréides,  Marllia,  Quid  significaverinl  sepul- 
ehrales Nereidum  figurae-^  Pour  le  Sphinx,  cf.  Athènes, -Uns,  imf,  salle  VI,  n'"28, 
76  ;  Spl.iUK  de  Spata,  du  Pirée  ;  c'est  probablement  un  sphinx  qu'il  faut  resti- 
tuer au.dessus  de  la  base  de  Larabrika  [Lamptrae^  ;  Colliguon,  U.  de  la  se.  gr. 
p.  383,  ûg.  198  ;  sphinx  sur  lécythes,  WeisshaupI,  Attische  Grabslatuen,  dans  VlCranos 
Vindobon.  p,  49.  Avec  le  sphinx,  le  lion  est  le  principal  gardien  des  tombes.  Sur 
le  type  du  lion  funéraire,  Perdrizct,  Rev.  arch.  ,\X.\,  1897,  p.  134;  l'idée  vient  do 
l'Orient;  lions  en  Lycie,  Phrygie:  Perrot,  H.  de  l'Art.  V.  6g.  64-65;  Steuart, 
Ane.  monuni.  of  Lgd.  ftnd  Phnjq.  Pour  la  Pliénicie,  Perrot,  /,  cit.  III,  p.  152; 
dans  VOdyssée,  il  est  fait  mention  de  chiens  ('?i  gardant  le  palais  d'AIkiuoos.  Lion 
deCnide,  Collignon,  //.  de  la  Se.  gr.  Il,  p.  3<3  ;  voir  encore  Perrot,  /.  cit.  Vlll, 
518;  Collignon,  .S'(re?m  lle'.bigiat}a,  il^q.  Pour  d'autres  animaux,  taureaux,  aigles, 
chiens,  voir  Cat.  of  Brilish  Mus.  I,  n"  680;  Journ.  of  hell.  stud.  VI,  p,  32,  pi.  c; 
sur  le  chien  du  Céramiiiuc,  Satinas,  Mon.  sepulcrati  scop.  pesso  la  chiesa  délia 
S.  Trinila,  ISG3,  p.  17,  pi.  iv,  fig.  I.  —  <*  Représentations  de  statues  funéraires 
sur  un  lécythe  d'Érétric,  'tiç.  'Atr,  1886.  pl,  IV  bis,  (fig.  C322  du  Dictionnaire)  ; 
statues  avec  leurs  heroa,  sur  des  reliefs  funéraires,  Jahrb.  XX,  I90.'>,  66,  132  ;  sur 
des  vases  taientins,  Coll,  Ciputi,  à  Ruvo  ;  Jalta,  Cat.  délia  Coll.  Caputi,  III,  28 
sq.;Jalirh.  XV,  1900,  p,  154,  Auzeig.  Sur  la  statue  funéraire  en  général,  Percy 
Oardner,  Sculptured  Tombs  of  Hellas,  1890;  documents  céramographiques  dans 
WeissIiJiupl,  AU.  Grabstat.,  Eranos  Vindobon.  p.  4S  sq.  ;  voir  encore  Furtnacn- 
glcr,  Coll.  Sabouroff  \,  p.  53  sq.,  150:  Perrol.  B.  de  l'Art,  VIII,  p.  127-8, 
p,  656;  Ath.  .M'ittheil.  1897,  p.  109;  Bonner  Jahrb.,  1890,  pl.  x  ;  W'ien.  Jahresh. 
1898,  1  sq,  ;  Gaz.  nreh.  1887,  92  si|,  :  Ree.  arch.  1903,  l,  p.  3  sq.  ;  Momm. 
antichi.  l.  790:  1908,  p.  132,  note  1,  etc.;  Collignon,  les  Statues  funéraires 
dans  l'art  grec,  1910.  —  12  pilier  funéraire  de  Sardes,  Berlin,  Bescbreib.  p,  354, 
n«  8S3:  Curlijs,  Antike  Herme,  p,  18  sq,,  fig,  12-14:  Jahrb.  1906,  p.  197; 
ce  monument,  hennés  d'un  côté  et  relief  de  l'autre,  est  l'antique  v?t*a;  le  pilier 
funéraire  a  subsisté  pendant  toute  l'antiquité  :  il  est  quelquefois  surmonté  d'une 
figure,  Periy  Gardncr,  op.  c.  p.  110:  Jahrb.  XX.  1905.  p,  79,  —  U  Sur  les  débuts  de 
la  statuaire  funéraire  :  Alhen.  .Viltheil.  IV,  1S79,  299  sq,;  Milchhôfcr,  ibid.  64; 
Lœws,  lnsch.gr.  Bild.  n»'  II,  12,  395;  pour  les  ^oiu-ot  funéraires,  voir  Deonna, 
Les  Apoll.  arch.  p.  187  sq.,  .\pollonde  Ténéa,  ibid.  p.  227 (fig.  6604)  ;  statue  du  Lou- 
vre, Gaz.  arch.  1887,  pl,  xi;  statue  dcMarion,  Déonna,  /,  c.  p.  238,  n»  141;  lorse  de 
Mégara  Hyblaea,  ibid.  p.  247,  n°  155  ;  Kouros  de  Kalyvia-Kouvara,  'Hz.  'Aoj,  1902, 
p.  43-50,  pl.  m,  IV  ;  pour  les  Korés  funéraires,  cf.  la  base  de  Vourva,  Lechat,  Se.  ait. 
av.  Pbid.  p.  2  lu,  note  2  ;  la  statue  funéraire  archa'ique  du  type  féminin  a  souvent  asusi 
l'attitude  assise,  Athènes, -!/««.  nat.  n'>^Ci.  7,  7a.  107;  Rayot-Thomas,  Milet,  pl.  xxi. 
—  IV Hermès dAiidros;fig.  66051,  Athènes.  .1/. nn/ .  S.nlle  VI,  218;  Collignon,  U.  delà 
Se.  gr.  l,ll,  p.  382,  Hermès  d'-tEgioii,  ibid.  Sal;e  Vlll,  n''241  ;  Hermès  d  Allanti,  cic. 


STA 


iiSl 


STA 


paraître  quehiuL'l'ois  comme  sur  les  stèles  les  person- 
nages conventionnels  du  cavalier,  de  l'homme  armé'. 
Les  femmes,  drapées,  souvent  voilées  (rig.  6605),  sont  de- 
bout ou  assises  ^  Seul  un  geste  discret  indique  la  mélan- 
colie de  la  mort.  Quelquefois,  surtout  pour  les  femmes, 
la  statue  se  réduit  à  un  buste '.  A  mesure  qu'on  tend  vers 
l'époque  romaine'',  et  surtout  après  l'invention  du 
modelé  sur  cadavre,  la  statue  funéraire,  comme  la  sta- 
tue d'offrande,  vise  déplus  en  plus  à  la  représentation 
réaliste  °  ^imagoJ.'  En  même 
temps,  des  sujets  nouveaux 
apparaissent  "  ;  les  sépul- 
tures se  compliquent  ;  des 
esclaves,  hommes  et  femmes, 
assis  sur  un  rocher,  sur 
le  tertre  du  tombeau,  dans 
le  dromos  des  sépultures  de 
famille,  pleurent  la  destinée 
de  leurs  maîtres.  Peu  à  peu, 
la  vogue  passe  aux  grands 
groupes,  aux  tombeaux  or- 
nés d'une  profusion  de  sta- 
tues''. D'autre  part,  ainsi 
(|ue  l'clzwv  honorifique,  l'efli- 
gie  funéraire  devient  à  la 
longue  ■  un  véritable  ïooç. 
Elle  est  placée  parfois  au  ci;nlre  d'un  Lemple-tombeau, 
dont  les  abords  et  les  cnlrecolonnements  sont  ornés 
d'autres  statues*.  Dans  la  mort  comme  dans  la  vie, 
l'homme  s'efforce  à  conquérir  les  honneurs  divins. 

Les  Grecs  s'avisent  assez  tard  de  donner  aux  statues  un 
rôle  uniquemenldécoratif,  esthétique.  L'usage  date  sur- 
tout de  la  période  hellénistique  ;  il  n'a  pu  se  développer 
qu'avec  les  progrès  du  luxe  ella  décadence  de  l'esprit  reli- 
gieux. A  partir  de  l'époque  alexandrine,  la  sculpture 
fournit  auxbesoins  nouveaux  de  grands  groupes  pittores- 
ques, faits  pour  orner  les  bosquets  artificiels  etlesabords 
des  sources'.  Les  statues  humaines  peuplent  les  parcs. 
Ilérode  Atticus  avait  fait  placer  partout,  dans  les  bois,  près 
des  fontaines,  ses  fils  adoptifs  morts  prématurément  '". 
1^'ornementalion  des  maisons  utilise  surtout  la  statuaire 
de  genre;  en  outre,  on  place  chez  soi  les  effigies  de  ses 


1  Cavalier  .lu  Vari.  .-U//^■/l.  Mitlheil.  IV,  I87'J,  pi.  iii;  lioninics  armés,  t'aii«. 
VII,  i,  0  ;  archers,  Hci:  arcli.  1804,  pi.  mi,  p.  360.  —  2  l'ri'tciiiluc  l'énclope  ,clu 
Valican,  AiU.  lletikm.,  I,  IbSS,  pi.  xxxi  a.  p.  17  (fig.  GGÛO)  ;  autres  exemples, 
Alliênes,.1/w5.  nat.  380, 825  ;  Coll.  Saboui'o/f,  pi.  xi  ;  on  aparu  croire  ((ueliiucfois  i|iie  le 
Ivpe  debout  était  réservé  aux  mortes  ;  statue  du  Louvre,  Collignoii,  //.  de  la  Se.  gr. 
Il,  lig.  200,  p.  381  ;  statue  d'Andros,  Athènes,  JU.  nat.  219  ;  Kocrle,  Alh.  Miitlwil. 
m,  p.  'J3  à  103;  statue  d'.«gion.  Athènes,  M.  nat.  2V2;  Koerle,  ibid.  III,  p.  25; 
le  type  assis  aurait  apparteuii  plutôt  aux  pleureuses;  Colli^non,  Hev.  JCt.  f/r.  XVI, 
11103,  p.  29'J  ;  .Von.  Piot,  IV,  225;  Furtwacngicr,  foH.  Subour.  pi.  xv,  xvil  ;  Th. 
Heinacli  et  Ilanuly-Bcy.  i'ne  nécrop.  royale  à  Sidon,  p.  244,  note  3  ;  mais  ce  n'est 
pas  là  une  règle  absolue  ;  on  a  eu  efTel  des  exemples  lie  mortes  assises:  Collignon, 
.l-'o«.  Piot^  IV,  220-227;  et  le  type  ditdela  pleureuse  est  souvent  employé  pour  la 
morle  elle-même,  Collignon,  ibid.  —  3  Les  bustes  funéraires  n'existent  pas,  à 
notre  connaissance,  en  Alti({ue,  mais  on  en  a  trouvé  à  iMilo,  Anaphi.  Cyrènc,  sur- 
tout à  Tliéra  ;  l'usage  semble  avoir  été  propre  surtout  aux  cités  doriennes  : 
IJcnndorf,  Wien.  Jaliresh.  1,  1898,  1  S(|.  ;  Collignon,  /feu.  de  l'Art  anc.  et  mod. 
1\,  1901,  p.  377,  384;  le  célèbre  buste  d'Elcbé,  trouvé  en  Espagne,  était  pro- 
bablement funéraire  et  servait  .de  tronc  à  cendres  ou  à  offrandes.  Jahrb.  XV, 
1900,  An:cig.  p.  23.  —  4  L'usage  des  statues  funéraires  se  piolont-e  très  long- 
temps ;  cf.  Weissliiiupl,  Die  Grabgediclile  der  rjr.  Anthol.,  Abhnndl.  des  arch. 
epitjr.  .Semin.  der  Vniversitat,  Vienne,  1889,  Vil,  p.  i04;  dans  Kaibel,  pour 
rép0(|ue  romaine,  108,  180,  200;  du  m'  au  iV  s.  après  J.-C.  406,  5'i0  ;  Hadrien 
l'ail  placer  une  statue  funéraire  sur  la  tombe  d'Alcibiade  à  Melissa;  Atlien.  XIII, 
574,  t"  ;  Anth.  Pal..  VII,  049  ;  statues  funéraires  à  liorae,  Corp.  ins.  lai.  Il,  1923, 
2000,  4020;  Pelron.  Sat.  71  ;  Kicssling,  Anecd.  Basil,  p.  6  ;  Kuhnert  mentionne 
comme  dernière  statue  fiméraire  celle  du  stéphanopliore  Lamachos  :  Cons- 
tant.   Porphvr.   He   admin.  imper.   33,   p.  133.  —  o  flin.    A',    hist.  XXXV,  133. 

VIII. 


ancêtres,  les  bustes  des  personnages  qu'on  vénère  parti- 
culièrement". Les  délicats  collectionnent  les  statues  de 
prix,  les  répliques  d'œuvres  fameuses  '-.  D'ordinaire, 
pourtant,  le  luxe  de  l'habitation,  en  Grèce,  reste  modique. 
Les  maisons  de  Délos  et  de  Priène  contiennent  bien 
moins  d'œuvres  d'art  qu'à  Pompéi,  où,  il  est  vrai,  les 
larges  péristyles  semblent  appeler  plus  naturellement  un 
décor  de  statues  '■'.  Dans  les  demeures  helléniques,  il  n'y 
a  que  de  petites  cotirs,  point  de  grands  espaces,  point  de 
jardins  ;  on  orne  surtout  avec  des  terres  cuites.  Mais  aussi 
la  sculpture  d'appartement,  là  où  elle  se  rencontre,  est- 
elle  supérieure  à  la  moyenne  des  décorations  de  Pompéi  ; 
à  Pompéi,  on  ne  voit  guère  que  des  répliques;  dans  les 
maisons  grecques,  au  contraire,  les  petits  morceaux  de 
genre,  les  statuettes  à  taille  réduite,  dérivées  des  types 
praxitéliens,  ont  une  grâce  élégante  qui  reporte  quel- 
quefois l'esprit  aux  meilleurs  modèles. 

L'Etrurieet  Rome.  —  La  statuaire  a  débuté  de  bonne 
heure  en  Elrurie"  [etrusci],  mais  elle  y  est  toujours 
restée  un  art  d'importation.  Elle  met  en  œuvre  principa- 
lement l'argile  et  le  métal  [figlixum  opus,  statuaria]  ; 
nous  la  voyons  surtout  employée  pour  les  besoins  reli- 
gieux et  funéraires  ;  elle  a  produit  pourtant  des  portraits 
LMAGo \  Il  y  a  eu  dans  le  culte  des  Etrusques,  au  début, 
une  période  aniconique.  où  l'on  vénérait  des  pierres  et 
des  idoles  en  tronc  d'arbre  ' '.  Si  la  statue  ne  tarda  pas 
beaucoup  à  apparaître,  son  développement  fut  lent,  la 
forme  abstraite  et  mystérieuse  des  dieux  locaux  se 
prêtant  mal  à  une  interprétation  plastique;  on  s'em- 
pressa, dès  qu'on  le  put,  d'adopter  le  type  des  statues 
divines  helléniques.  —  La  sculpture  funéraire  a  une 
originalité  plus  marquée;  elle  dérive  de  l'idée  de  l'urne 
canope,  telle  qu'on  la  voit  dans  la  nécropole  de  Chiusi. 
Celte  urne  prend  peu  à  peu  l'aspect  humain  [etrl'si:i, 
p.  837j  '^  et  vise  à  représenter  le  défunt  lui-même  ''  ;  on  a 
trouvé  en  Etrurie  des  cippes  funéraires  terminés  par  un 
buslede  femme,  et  rappelant  les  xoana  grecs  ".Delà,  on 
passe  à  l'idée  de  la  statue  assise,  avec  tète  et  membres 
mobiles;  le  corps  creusé  reçoit  les  cendres".  Au  lieu  de 
celte  statue-urne  simple,  représentant  le  mort,  on  ren- 
contre quelquefois  tout  un  groupe'".  La  sculpture  funé- 
raire étrusque  traite  en  outre  les  types  d'animaux  protec- 


On  peut  considérer  la  statue  de  Xénoplion  à  Scillonic.  Paus.  V,,  «0,  comme  un 
des  plus  anciens  portraits  funéraires.  —  ''  Tel  le  type  de  la  statue  de  femme  couchée, 
Kuluiert,  (.  c,  p.  319-320.  —  '  Collignon,  Mon.  Piol,  IV,  p.  221  ;  groupe  funé- 
raire en  pierre  calcaire  du  musée  il'Alexandrie  ;  le  lombcau  de  Tliéodectc  de  Pliaselis 
était  orné  de  nombreuses  statues  de  poètes  [sepli.chlm^.  —  tt  Statues  de  Mausole 
etd'Artémisia.dans  le  Mausolée,  Journ.  ofhell.stud.  XXV,  1903,  p.  1  àl3;XXIlI 
1903,  p.  121-120.  —  '•>  Groupes  pittoresques  ;  Collignon,  /J.  de  la  se.  gr.  II,  p.  532 
s(|.  ;  statues  de  Na'iades,  —  <i'  Philosirat.  II,  1-10  ;  statues  de  Polydcukion, 
Corp.  ins.  gr.  L  989  ;  Jn.i.  gr.  III 1,  813-814.  —  H  Philostr.,  V,  217  ;  Luc.  Kigrin.  Il  ; 
Plin.  iV.  hist.  XXXV,  2;  Luc.  Philops.  21.  —12  Luc.  Pliilops.  18;  la  maison 
d'Eucralès.  —  i^  Priene,  p.  360  ;  sur  la  décoration  à  Pompéi,  Overbeck.  Pompeji, 
470  st\.  Dans  le  péristyle  de  la  maison  des  Vetlii,  nombreuses  statuettes  envoyant 
rie  l'eau  dans  des  bassins  de  marbres  ;  ce  sont  des  putti  de  marbre  ou  de  bronze  ; 
cf.  Mus.  de  iXapIcs,  n"' 818,  819,  statue  de  Priape,  de  satyres  ;  nombreux  petits 
bronzes  placés  au  milieu  de  l'impluvium  de  maisons  privées.  Les  statuettes  d'argile 
sont  rares  ;  la  qualité  des  œuvres  est  géuéralemenl  médiocre,  beaucoup  plus  ((u'à 
Herculanum;  el'.  Cusman,  Pompéi,  p.  iîT-»;  Jatirb.  XIX,  1904,  p.  101,  lOù,  107, 
108.— Il  Plin.  N.  hist.  XXXIV,  33.  —  15  Idoles  adorées  sous  forme  darbi-es.  Virg. 
Aen.  Vil,  178  ;  Propert.  Eleg.  IV,  2,  39  ;  Jupiter  de  Populouia  en  bois  de  vigne, 
l'Iin.iV. /a's(.XlV,  9;  le  Véjovis  duCapitolc,  à  Rome,  était  en  cyprès,  iii'c/.  XVl,  216. 
—  ISMartha,  L'art  /■tnisque,  p  333  sq.;  voir  dans  le  Dictionnaire  les  figures  2806 
à  2809.  —  iiMilani,  Mus.  liai.  I,  pi.  su,  2;  Denuis,  Tbe  cities  and  cemet.  o( 
Elruria,  II,  p.  310,  311  ;  Micali,  Mon.  ined.  p.  188,  pi.  ixxni;  le  mort,  en  forme 
de  xoanon,  est  dressé  sur  sou  urne,  entouré  de  petites  figurines  ijui  ressemblent  à 
despleureuses.  — '«  Dennis.flp.  i.  II,  p.  299.  —  o  .Micali,  Op.  /.pi.  xxvxi;  Inghirami, 
Mus.  Chius.  pi.  xvn,  xvi.i  ;  Dciinis,  Op.  l.  II,  p.  299,  314  sq.  —  20Milani,  Notiz. 
d.   sctti-i,  1888,  p.  222;  Monumenti,    VI,    pi.  i.x  ;    .innali  1800,  lav.  d'agg.  N. 

186 


STA 


1182  — 


STA 


U'iirs  de  la  tombe  ',    et  les    statues  coiicliées  sur  sar- 
cophages, soit  gisants,  soit  personnages  tle  banquet  - 

[SARCOPUAGlSj'. 

A  Rome,  nousrctrouvons,  comme  en  Grèce,  la  statuaire 
sous  ses  trois  formes,  en  relation  avec  la  vie  religieuse, 
la  vie  politique  et  l'ornementation  privée.  Mais  en  pays 
latin,  on  fut  toujours  plus  occupé  d'administration  et  de 
guerre  que  d'art.  On  semble  un  peu  avoir  pris  à  la  lettre 
le  excudenl  alii  spirantia  moUius  aéra'.  La  sculpture 
a  surtout  vécu  de  l'adaptation  des  types  grecs  ;  d'ailleurs, 
il  la  statue  les  Romains  préféraient  le  bas-relief,  qui  se 
prétait  davantage  à  leur  goût  pictural,  narratif,  et  docu- 
mentaire '.  —  La  statue  a  moins  d'importance  dans  le 
culte  qu'en  Grèce;  au  dire  de  V'arron,  les  Romains 
restèrent  cent  soixante  dix  ans  sans  posséder  d'effigies 
pour  leurs  dieux:  un  édit  de  Numa  passait  pour  avoir 
interdit  cet  usage  ".  On  représentait  les  divinités  par  des 
symboles;  les  dieux  étaient  des  esprits  mystérieux  dont 
on  cachait  les  noms,  dont  les  prêtres  seuls  connaissaient 
la  forme '^;  leurs  substituts  gardèrent  longtemps  le  carac- 
tère de  véritables  fétiches  '.  La  statuaire  religieuse 
commence  seulement  avec  les  Tarquins,  d'abord  sous 
l'inlluence  étrusque ^  Elle  se  développe  assez  rapide- 
ment ;  on  prit  l'habitude  de  couler  des  statues  pour  les 
temples  avec  le  produit  des  biens  confisqués  ou  le  butin 
des  guerres'.  .Mais  ce  fut  surtout  l'apport  extérieur  qui 
multiplia  à  Rome  les  effigies  divines.  Pendant  toute 
l'époque  républicaine,  les  familles  italiennes  amenaient 
dans  la  ville  leurs  dieux  locaux  '".  Dans  les  guerres  on 

I  Deuois,  0.  l.  1,33  sq.,  i50  ;  BuUfl.  delf  Insl.  di  corr.  arcli.  1841.  p.  <J\ 
Annali,  (832,  p.  273,  295.  —  i  Marllia,  Op.  t.  p.  3tl  sq.  —  3  Virg.  ,4en.  VI, 
8i7  sq.  ;  Fricdliiodcr,  ï;ehcr  d.  Kunstsinn  d.  Borner  in  der  A'aiserzeit  ;  Id.  DarstPt- 
Itingerit  III  j,  267  sq.;  pour  1.^  Ihèse  coutrairc,  Hcrniann,  Ueber  d.  Kunstsinn  d. 
y^àmer;  sur  la  rarelédesnomsde  sculpteurs  romains,  Bruiin,  Gesch.  d.  f/r.  Kûnstler, 
I,  529  sq.  —  iCourbaud,  Le  bas-relief  romain  à  représent,  hislor.  Il  n'est  pas 
rare  de  voir  la  statue  représentée  en  Ironipc-I'œil  sur  des  bas-reliefs  ;  cf.  E.  Strong, 
liomun  sculpt.  from  Augustus  to  Constantine,  p.  90,  97,  pi.  .kxxii.  La  statue  est 
môme  assez  souvent  imitée  en  peinture;  cf.  .Uon.  ined.  Xll,pl..\si.v,  1,  à  propos  d'une 
statue  arclia'i'i|uc  grecque  ayant  ser\i  de  modèle  aune  peinture  trouvée  sur  l'empla- 
cement de  la  Farnésinc.  D'autre  part,  à  Rome,  la  statue  a  toujours  eu  peine  à  se  déta- 
cher du  mur;  on  le  constate  par  l'abondance  des  pseudo-reliefs  qui  sont  des  statues 
attenant  encore  aune  paroi  :  voirl'aulcl  des  Vicomagislri,  li.  Strong,  Up.  l.  p.  74,75, 
pi.  xsrv  ;  voir  encore  les  Nations  Soumises,  à  la  basilii|ue  de  Neptune,  sur  des 
pilastres  qui  décorent  les  enlrecolonnemenU,  Ibid.  p.  243,  245,  pi.  t.xxv  ;  très  sou- 
vent, à  Rome,  la  sUtue  n'est  qu'un  expédient  architectural  destiné  à  justifier  l'uti- 
lilê  d'un  ressaut,  qui  n'est  là  lui-môme  ([ue  pour  juslilier  une  colonne;  voir  l'arc  de 
triomphe  de  Constantin,  Uid.  p.  328,  pi.  eu;  C.  i.  /.  III-',  2922.  —  -1  Varr. 
cité  par  saint  Augustin,  De  civil,  dei,  IV,  3!  ;   Plut.  jVuma,  S  ;  Clem.  Alex.  Slrom, 

I,  15,  71;  Tertull.  Apolog.  25.  Pline,  A',  tiisl.  XX.MV,  Il  sq.,  fait  remonter  à  tort 
i  l'époque  de  .Numa  un  Janus  qui,  dit-on,   indiquait  l'heure  en  pliant  les  doigts. 

—  «  Sur  la  première  période  de  la  représenlalion  des  dieux,  Arnob.  Adv.  nal.  0. 
Il;  Uleni.  Al.  J'rotrepl.  +,  4(i  ;  Plut.  Romul.  29;  Justin.  43,  3;  le  silex  était  le 
symbole  de  Jupiter,  Serv.   Ad   Aen.  VIII,  641  ;  sur  le  fétichisme,  Servius,  /.  cit. 

II,  351  :  Ad  Geonj  I,  498  ;  Plin.  A.  I,isl.  X.VVI1I,  18  ;  pour  les  Pénates  et  leur 
caracléro,  Serv.  Ad  Aen.  111.  12;  Plut.  Qiinest.  rom.  61.  —  7  Certaines  slatues 
étaient  allachées,  par  exemple  la  statue  de  Saturne,  de  la  Regia,  que  l'on  déliait 
seulement  aux  Saturnales  ;  iMacrob.  i'a/.  I,  8,  5;  Luc.  Cronosol.  10  ;  Saturn. 
'  ;  be  sali.  37  ;  on  ciicliainail,  pour  les  retenir,  les  dieux  protecteurs.  Plut. 
(Juaest.  rom.  Cl  ;  Lobeck,  Aijlaophamiis,  p.  275  ;  Bôtlicher,  Tektonik,  II-,  p.  CIO 
SI).  Les  empereurs  romains  avaient  dans  leurs  appartements  une  statue  d'or  de  la 
Fortune  (|u  on  remeltait,  ii  chaque  changement  de  règne,  au  successeur.  D  après 
une  tradition,  d'ailleurs  suspecte,  Constantin  aurait  fait  encore  attacher  la  Tyché  de 
sa  ville  nouvelle;  Anonym.  Ijjnduri,  Imp.  Orient,  p.  10-12.  Sur  la  créance  au 
pouvoir  prophétique  des  slatues,  Dio  Cass.  XLIV,  18;  XLVl,  33.  Après  une 
guerre,  on  emmène  en  captivité  les  slatues  des  dieux  vaincus;  Pulyb.,  Marcell., 
21.  A  l'époque  impériale,  pour  se  venger  d'un  homme,  on  traîne  encore  sa  slalue 
en  prison.  Ibid.,  LXV,  21.  —  8  Pliu.  .V.  hist.  XXXV,  157.  —  9  Statue  de  Cérès  en 
bronze,  coulée  avec  le  produit  des  biens  de  Spurins  Cassius  ;  statue  de  Jupiter 
Capitolin.  olferle  après  la  défaite  des  Sacnnites  par  Spurins  Carvilius,  Liv.,  IX, 
4(1,  X,  3S  :  devant  clie  se  Irouvail  la  statue  de  Carvilius  lui-raéme,  fondue  en 
limaille  de  fer;  l'iin.  i\.  hist.  XXXIV,  |.  ;  aussi  bien  pour  les  slalues  résultant 
d  amendes  que  pour  celles  qui  provenaient  du  butin  des  guerres,  l'usage  dérive 
de  la  Grèce.  — i»  Marquardt-Mommsen,  i1/<in.  f/crj  anî.  rom.  trad.fr.   p.  155    noie. 

—  •'  Liv.  XXVI,  34,  12  ;  sur  les  dieux  du  Capitole,  Jordan,  Topogr.  der  Stadt 
Hum  in  Allert.  I'-,  p.  13  sq  ;  Ions  les  dieux  sont  honorés  au   Capilole,  Serv.   Ad 


éror/uait  les  prolecteurs  delà  cité  adverse;  après  la  vic- 
toire, leurs  statues,  remises  aux  pontifes,  allaient  peu- 
pler le  Capitole  et  les  temples".  Sous  l'influence  hellé- 
nique on  réussit  enfin  à  constituer  un  groupe  de  douze 
grands  dieux,  les  DU  consentes  [du],  qui  eurent  leur 
effigie  sur  le  Forum  '-.  La  réforme  d'Auguste  installa 
un  peu  partout  ces  dieux  officiels'^;  mais  à  côté  d'eux 
vécurent  fréquemment  les  dieux  orientaux,  apportés 
d'Asie  Mineure,  de  Syrie,  ou  d'Egypte '\  —  On  ne  sera 
pas  surpris  qu'à  Rome  et  dans  l'Italie,  comme  en  Grèce, 
les  progrès  du  luxe  et  de  l'art  aient  provoqué  à  la  longue 
le  triomphe  du  principe  artistique  sur  le  principe  reli- 
gieux. Le  changement  est  sensible  dans  la  disposition 
des  statues  de  culte,  et  dans  l'aménagement  des  sacrai-ia 
et   des  Laraires'^  [sacrarivm,  sacellum  . 

La  statue  honorifique,  à  l'imitation  delà  Grèce  '",  appa- 
raît à  Rome  assez  tard"  [imagoL  Mais  comme  celte  cou- 
tume plaît  tout  à  fait  à  l'esprit  romain,  elle  prend  vile 
une  extension  considérable,  qui  provoquait  déjà  la  mau- 
vaise humeur  de  Galon  r.\ncien  '^  .\  la  fin  de  la  seconde 
guerre  punique,  le  Forum  et  le  Capitole  étaient  encombrés 
de  statues  de  bronze,  élevées  à  toutes  sortes  de  person- 
nages, vivants  ou  morts,  hommes  et  femmes,  Romains 
ou  étrangers".  Il  fallut,  en  158,  que  les  censeurs  fissent 
enlever  toutes  celles  qui  n'avaient  pas  été  érigées  par  dé- 
cret du  peuple  ou  dit  sénat"-".  En  principe,  en  effet,  c'est 
le  sénat  qui  accordait  les  statues  :  et,  sauf  plus  tard  pour 
les  empereurs,  il  resta  toujours  écrit  dans  la  loi  qu'on 
n'érigerait  aux  vivants  ni  bustes,  ni  effigies  complètes. 

.ien.  Il,  319  ;  Tertull.  De  spect.  12  ;  transport  des  statues  de  culte  étrusques  après 
la  chute  de  Vcii,  de  Volsinii  ;  Liv.  V,  22,  Plin.  .V.  hist.  XXXIV,  34;  après  la  prise 
de  Capoue,  Liv.  XXVI.  34,  12.  —  !2  Varr.  De  re  rust.  I,  1,  4;  Belker,  Topogr. 
p.  31S;  C.  i.  lai.  VI,  102  ;  sur  les  statues  de  dieux  exécutéesà  Rome  par  des  Grecs, 
Plin.  i\'.  hist.  XXXVI.  35.  —  13  Auguste  consacre  ses  élreunes  à  installer  les  dieux, 
Lafayc,  Jieo.  del'hist.des  relig.  1889,  XX,  p.  34sq.  —  14  Sur  la  résistancede  FÉtat 
à  cette  intrusion,  Tertull.  Apol.  6  ;  Ad  nation.  1,  10.  Arnob.  2,  73  ;  ouv  rage  général 
sur  la  question  :  Cumont,  Les  religions  orient,  dans  le  paganisme  rom.  —  15  Cer- 
laincs  prescriptions  religieuses,  malheureusement  peu  connues,  réglaient  la  dispo- 
sillon  des  statues  sacrées  dans  les  temples.  .\  Pompêi,  d  ms  le  temple  d'Apollon  nous 
voyons  ({u'.\rlémisct  Apo'.lon  ont  leur  statue  de  chaque  côté  de  t'entréc;  ces  statues, 
en  bronze,  ne  sont  pas  plus  grandes  que  celles  des  autres  dieux  accueillis  dans  le 
temple.  A  Pompéi  encore,  le  temple  de  Jupiter  présente  au  fond  trois  cellae  étroites 
po:ir  abriter  les  effigies  de  la  triade  capiloline;  au  moment  de  la  calaslroplie,  les 
slatues  avaient  été  transportées  hors  du  tem])le  déjà  en  ruine  ;  elles  étaient  dans  le 
sanctuaire  de  Zens  Meilichios.  où  on  les  a  retrouvées  dans  la  cella,  sur  une  base 
commune.  A  l'époque  républicaine,  il  était  interdit  de  consacrer  une  cella  à  plus 
d'une  divinité;  de  même  chaque  dieu  avait  droit  à  une  otTrande  spéciale,  sauf  s'il 
s'agissait  des  eer/i"  de*  ;  Liv.,  27,  2J  :  sur  les ctrii"  tfei,  Serv.  Ad  .ien.,U,  141  ;  Arnob. 
Adr.  gent.,  2,  05.  Ces  prescriptions  durent  être  oubliées  k  la  longue.  Dans  les  La- 
raires  ou  plaça  à  l'origine  peu  de  statues  ou  même  de  statuetles,  le  Lare  étant  en 
principe  unique;  mais  plus  tard,  nous  \  oyons  installer  dans  les  chapelles  privées  les 
efflgies  des  hommes  à  qui  l'on  voue  une  particulière  reconnaissance;  Capitol.  Vita 
M.  Anton.  III,  5;  après  Actium,  le  genius  .iùgiisti  prend  place  parlent  dans  les 
sncraria;  Ovid.  Fast.  V,  14).  A  propos  du  progrès  des  tendances  artistiques,  il  faut 
noter  qu'à  l'époiine  de  Cicéron,  /n  Verr.  Il,  4,  2  à  4,  les  particuliers  recherchaient 
déjà  pour  leurs  chapelles  privées  les  œuvres  do  maîtres:  le  sacrarium  d'Hcius  à 
Messine  passait  pour  avoir  contenu  un  £ros  de  Praxitèle,  un  lléraklès  de  Myron, 
deux  canéphores  de  Polyclète,  un  a-oanon  d'Alhéna  Tyelié.  —  lu  I.''i<léede  la  statue 
honorificiue  lient  de  la  Grèce  ;  au  début,  les  inscriptions,  à  Rome,  reproduisent  la 
fornuile  grecque,  C.  inscr.  lat.,  I,  533  ;  193  av.  J.-C.  —  '7  Sur  les  débuts  de  cette  sla- 
luaire,  cf.  Pinza,  Mon.  antichi,  1905,  J/on.  priinitivi  di  lioma  e  dcl  Lazio  anlico  ; 
les  slatues  ilc  Romulus,  de  Numa,  d'Aucus  Martius  et  des  héros  de  la  légende  répu- 
blicaine, que  mentionne  Pline,  -V.  hist.  XXXIV,  14,  23,  2<,  sont  certainement  poslé- 
rieures  aux  débuts  de  la  République,  comme  le  prouve  le  type  idéalisé  du  visaee  et  la 
convention  de  la  nudité  ;  ce  sont  probablement  des  œuvres  de  facture  gi  ecque  ;  Uriichs, 
Grieclt.  atatuen  in  Hepublik  Boni,  IS80.  —  'S  Figrelius,  De  slaluis  illuslr.  Borna- 
norum,  1056;  sur  la  destination  des  statues  à  Rome,  Friediituder,  Darslell.  111,  5, 
183.239.  Sur  les  protestations  de  Caton,  qui  unit  d'ailleurs  lui  aussi  par  avoir  sa  statue. 
Plut.  Pracc.  ger.  reip.  73.  —  19  Pline,  iV.  hist.  XXXIV,  26,  mentionne  sur  le 
Forum  des  effigies  d'Alcibiade.  de  Pylhagore,  consacrées  sur  ordre  d'un  oracle  au 
temps  de  la  guerre  samnite,  voy.  forum  ;  il  y  a  aussi  une  statue  d'Hermodore 
d'Éphèse,  JOid.  .VXXIV,  21  ;  pour  les  statues  de  femme,  ibid.  XXXIV,  6,  31;  voir 
l'article  mA<.o  ;  C.  i.  l.  V2,  3332.  Il  ne  parait  pas  ([ue  la  place  des  statues  sur  le 
Forum  fùl  assignée  par  ordre  :  C.  i.  l.  X,  5S53.  Sur  l'encombrement  des  statues 
daus  les  Curiae,  ibid.  X,    1126.  —  M  Pliu.  \.  hist.  XXXIV,  6. 


STA 


—  1483  — 


STA 


Mais  ces  restrictions,  après  une  certaine  date,  demeu- 
rèrent profondément  oubliées.  On  se  passa  fort  souvent 
d'un  décret  quelconque.  D'autre  part,  vers  la  fin  de  l'épo- 
que républicaine,  nous  voyons  honorer  d'une  statue  de 
simples  petits  magistrats,  même,  dans  les  municipes,  des 
particuliers'.  On  trouva  moyen  d'étendre  abusivement 
Jusqu'à  la  loi  qui  concédait  une  effigie au.\  triomphateurs-. 
D'ailleurs  l'exemple  de  la  famille  impériale  encourageait 
à  multiplier  les  statues  :  Auguste  avait  garni  son  forum 
avec  les  effigies  des  grands  généraux  et  des  citoyens 
illustres  de  la  Rome  républicaine;  les  municipes  s'em- 
pressèrent de  l'imiter'.  .\vec  César,  les  honneurs  divins 
commencent  à  être  rendus  au  princeps.  Dès  lors,  l'adu- 
lation donne  naissance  à  un  nombre  grandissant  de  sta- 
tues ;  peu  à  peu  le  mailre  du  pouvoir,  sa  famille,  ses  fa- 
voris, occupent  les  forums  impériaux,  se  répandent  dans 
toutes  les  provinces  ;  bientôt  chacun  veut  avoir  non  seule- 
ment le  portrait  des  princes,  mais  son  propre  portrait  à 
leur  exemple  '.  Cet  abus  amena  Claude  à  enlever  le  droit 
tant  convoité  à  ceux  qui  n'avaient  pas  au  moins  élevé  ou 
réparé  un  édifice  public '.  Même  après  cette  décision, 
les  templeselles  monuments  continuèrentàs'encombrer 
d'effigies,  souvent  colossales*.  L'usage  des  bustes,  en 
plâtre  ou  en  marbre,  et  des  hermès-portrails  ne  se  propa- 
geait pas  moins,  d'autant  que,  dans  les  constructions  pri- 
vées et  les  maisons  particulières,  chacun  pouvait  sans  con- 
trainte s'entourer  des  images  des  vivants  ou  des  morts  \  On 
commença  dans  les  ateliers  de  sculpteurs  par  adapter  les 
types  de  la  Grèce;  on  ne  se  gênait  pas,  à  l'occasion, 
pour  transformer  en  portraits  latins  des  liermès  de  divi- 
nités helléniques  *.  A  partir  de  l'époque  impériale,  pour 

1  Sur  le  droH  à  la  stalue.  Oiyesl.  XIJII,  0,  2  ;  C.  i.  l.  '.,  40:  elorjia  7  à  10  ;  en 
principe,  les  empereurs  seuls  ont  droil  de  leur  vivant  à  une  slatue;  sur  les  stalues 
d'Auguste,  Hiibner,  28*  Proijr.  fur  Winc/cehnanns/'este^  ISliS,  p.  7;  sur  l'oubli  de  la 
défense  légale,  Ascon. /il  Pison.  p.  12;  Ci.  /.  I,  p.  278;  II,  lO.îô  ;  d'autre  pari,  c'est 
le  sénat  quidoit  autoriser  Icsslalues.  mais  on  se  passe  de  sa  permission.  Cic.  In  Vl'i-i-., 
Il,  IV,  fi2  :  plus  tard  le  droit  appartient  à  l'empereur,  Suclon.  Caliy.  XXXI V,  3  ;  C.  i.  I. 
XII,  6038  ;  Arcadius  et  Honorius,  I,  c.  Oc  stat.  et  imarj.  ;  Claude  le  rend  au 
sénat,  Dio  Cass.  LX,  081  D;  Pliu.  J.  Episl.  XI.  7;  dans  les  municipes,  nom- 
breuses statues  de  protecteurs  et  de  patrons;  Wilmans,  65.1,  G5t;  Mommsen,  /. 
Neap.  1084;m6me  de  siiuples  particuliers  outleurefligie,  Wilmans, 655;  les  prétextes 
allégués  pour  l'érection  des  statues  deviennent  de  pins  en  plus  éti-nnges;  C.  (.  /. 
II,  13u5.  On  élève  des  slalucs  même  à  des  enfanls,  iiiii.  XIV,  324  :  l'abus  porte 
également  sur  les  formes  et  la  matière  des  statues  ;  l'Un.  X.  hisl,  XXXIV,  6  et  7  : 
primitivement  les  statues  in  bigis  avaient  été  réservées  à  des  mérites  assez  excep- 
tionnels ;  bientôt  on  place  des  statues  in  quadrigiti  jusque  dans  les  maisons  des 
intendants,  Martial.  IX,  00;  Tacit. />.' ornïor.  8,  1 1  :  Juven.  Vil,  tili;  Apul.  Florid. 
p.  136;  sur  l'abondance  des  statues  honorifiriues  à  Fompéi,  Overbeck,  Pompfji, 
492  sq.  Les  statues  de  marbre  ou  de  bronze  ne  suffisent  pas  ;  on  met  en  usage  les 
statues  dorées,  l.iv.  XL,  34;  Cic.  P/a'/i/jp.  IX,  0;C'.i«s.  lut.  III2,  214;  Plin..V.  Iiist. 
XXX1I1,4;  môme,  pour  les  empereurs,  les  statues  sont  faites  entièrement  d'argent 
et  d'or;  riin.,  N.  hisl.  XXXIll,  12;  l'iularch.  /iom.  15;  Suct.  Uomil.  13  ;  Stat. 
Sitv.  V,  I,  lot  s(].  ;  Trebell.  Pollio,  Claitd.  Vit.  2  ;  certains  empereurs  fixent  des 
limites  au   poids  et  aux  dimensions  de  leurs  sta'ues,  Ilio.  Cass.,   LXXVIIl,  12. 

—  2  Tacit.  Agricol.  40:  l'iin.  .Y.  hisl.  XXXIll.  13  ;  IJio  Cass.  LV,  10  ;  Marquardt- 
Mommsen,  iVmt.  des  anl.  rom.,  On/,  milit.  XI,  p.  341;  voir  imai;©.  —  3  Suct.  .luy. 
31  ;  Moral.  Carm.  IV,  8,  13;  c'est  dans  le  Forum  d'Auguste  que,  jusqu'à 
Trajau,  on  continue  à  placer  les  généraux  honorés  du  triomphe:  Tac.  .inn.  IV, 
15;  ensuite,  on  les  installe  au  Forum  de  Trajan,  C.  i.  l.  I,  282  a.  Les  stalues 
des  municipes  créées  â  l'imitation  de  celles  d'Auguste  nous  sont  connues  par 
les  elogia  des  bases;    Fliu.  iV.   hisl.  XXXIV,   17;  Mommsen,  C.  i.  l.  1,  p.  281. 

—  4  Statues  d'empereurs  dans  les  maisons;  Suet.  Aug.  72;  Tac.  Ann.  I,  73; 
Ovid.  Pont.  IV,  0,  105:  Hisl.  August.,  Tacit.  9;  Fronlo,  p.  74;  statues  de  la 
famille  impériale  dans  les  écoles,  C.  i.  t.  VllI,  2554.  Certains  empereurs  répan- 
dent particulièrement  le  goût  des  statues;  Lamprid.  Alex.  .S'efer.  vit.  25; 
fierod.  IV,  8.  A  l'imitation  des  empereurs,  stalues  des  favoris,  de  Séjan  ;  Dio 
Cass.  LVII,  21,  3;  LVIII,  2,  7;  4,  4;  on  mentionne  même  des  statues  de 
délateurs.  Pline  J.  L'pist.  IV,  2,  5;  Dio.  Cass.  LVUl,  14.  Pour  les  statues 
décernées  par  des  assembb'cs  provinciales,  C.  i.  l.  XII,  6038,  I.  13  ;  Itev.  arch. 
18?5,  VI,  p.  105.  Statues  de  prêtres,  f.  i.  l.  Il,  4188  sq;  XII,  6038.  L'érection 
des  slalues  élait  l'occasion  de  festins,  C.  i.  L  11.  10-46,  1047,  1258,  1278,  1330, 
1338,  1341,  1441,  2100,  elc.  :  V2,  7000.  —  ■•  Dio  Cass.  LX,  p.  783.  —  »  Sur  l'rn- 
combremcnt  de  l'Ara  Capitolina,  Cic.  Ail.  Allie.  VI,  1,  17;  Sueton.  Caligul. 
34  ;  le  iliéâtrc  de  Scaurus  possédait  3000  stalues  de  bronze  dans  ses  entrecoloune- 


satisfaire  à  l'universelle  manie,  plus  tard  aussi,  pour 
suffire  à  la  multiplicité  des  effigies  nécessitées  par  les 
cliangements  sociaux  et  les  révolutions  militaires,  les 
praticiens  se  firent  une  règle  d'avoir  chez  eux  des  types 
tout  préparés,  auxquels  on  ajoutait  rapidement  les  têtes 
en  faveur.  Il  est  un  moment  oii  les  statues  changent  de 
visage  aussi  fréquemment  que  le  gouvernement  change 
de  maître''.  —  L'usage  des  bustes  et  des  stalues  honori- 
fiques survit  à  Rome,  même  après  que  l'empire  s'est  trans- 
porté à  Byzance'".  Au  temps  de  Théodoric,  le  peuple  des 
statues  égalait  en  nombre,  nous  dit-on,  le  peuple  des 
vivants  ".  Ce  fut  surtout  avec  l'apport  des  chefs-d'œuvre 
helléniques,  aux  deux  derniers  siècles  de  la  République, 
que  se  forma  à  Home  le  goùl  des  amateurs  '-.  On  ne  se 
contente  plus  alors  de  regarder  avec  admiration  les  statues 
exhibées  dans  les  triomphes  et  placées  dans  les  temples. 
On  veut  faire  travailler  pour  soi  des  artistes  grecs  '^  ;  des 
Romains  de  grande  famille  ne  dédaignent  pas  d'aller  sur 
place  acheter  des  marbres,  guider  le  choix  de  leurs  amis 
dans  la  décoration  de  leurs  demeures'".  Il  se  forme 
autour  des  atria  auctionuria  toute  une  classe  d'experts, 
de  courtiers,  de  marchands  d'antiquités,  de  restaurateurs 
de  statues''.  Le  goût  des  amateurs,  qui  resta  toujours 
un  peu  inexpérimenté,  nousa  valu  les  nombreuses  copies 
et  adaptations  par  lesquelles  nous  connaissons  surtout, 
encore  aujourd'hui,  la  statuaire  lieilénique'^  A  cette 
époque,  dans  les  vieilles  cités  grecques  besoigneuses  et 
même  dans  les  villes  nouvelles,  fonctionnaient  des  ateliers 
spéciaux,  chargés  d'exécuter  des  répliques  industrielles 
des  types  consacrés  auxquels  s'attachait  surtout  la  vanité 
des  parvenus  romains''.   Beaucoup   de   statues  furent 

ments  Pliii.  XXXIV,  36  ;  XXXVI,  5  et  1 14.  On  sail  .pic  le  premier  IhéJIre  de  Pompée 
fui  pourvu  abondamment  de  statues  par  les  soins  d'Allieus  :  Cic.  .\d  Attic.  IV,  9  ; 
Plin.  -V.  Hist.  X.XXV1,  41  :  Suet.  Nero,  40  ;  on  a  retrouvé  dans  les  thermes 
de  Caracalla  plusieurs  centaines  de  stalues  de  marbre  ;  le  Panthéon  d'Agrippa  u'éUit 
pas  moins  riche.  Il  y  aurait  encore  à  tenir  compte  du  nombre  des  statues  placées 
sur  des  colonnes  autour  des  édifices,  Plin.  iV.  hist.  XXXIV,  5;  ou  sur  des 
arcs  de  triomphe,  Plin.  A',  hist.  XXXVI,  5.  —  7  A  Pompéi.  presque  tous  les 
propriétaires  ont  leur  herraès  à  l'entrée  de  leur  maison  ;  l'usage  des  slalues  est  si 
répandu  dans  loule  l'Italie  qu'on  en  voit  demander  par  testament.  C.  i.  /.  Il,  3105  a  ; 
XIV,  2934.  Hermès  et  bustes  dans  les  bibliothèques  :  Juv.  Il,  4.  5;  Marlial,  IX,  47  ; 
Plin.  iV.  liist.  XXXV,  9-10;  Cic.  Ad  Attic.  IV,  9:  Plin.  J.  Epiit  1,  17,  3;  bustes 
dans  les  columbaria  et  sur  les  lombes  ;  voir,  pour  le  tombeau  des  Halerii,  la 
ligure  3977  du  Dictionnaire.  Cippes  funéraires  en  forme  d'hermès,  à  Pompéi,  Overbeck, 
rumpeji,  p.  3GG,  lig.  210;  édifices  funéraires  ornés  de  stalues,  C.  i.  i.  XIV,  2795. 

—  «Ainsi  l'hermès  de  L.  Caecilius  Jucundus,  â  Naples,  est  un  aucien  licrmès 
de  dieu  grec  ;  voir  l'article  hiuuae.  —  9  César  met  sa  propre  lôte  sur  le  torse 
de  l'Alexandre  de  Lysippe,  placé  au  Forum  ;  Stal.  Sitr.  I,  1,  86  sq.;  à  Pompéi, 
télc  de  Ilolconius  Rufus  sur  un  torse  vôlu  du  costume  impérial,  Gusman,  Pompéi, 
p.  441.  M.  von  Kohdeu,  Donner  Sliid.  li.  Kekule  gewidm.  1890,  a  montre  la  fré- 
cpience  de  cet  usage  pour  tes  staluae  thoracatae.  Pour  les  statues  d'empereur, 
l'usage  est  encore  considéré  comme  sacrilège  â  l'époque  de  Tibère,  Tac.  A  nn.  I,  74  ; 
mais  plus  lard,  un  Néron  devient  un  Commode,  Herod.  I,  15;DioCass.  LXX11,22; 
pour  la  fréquence  de  ces  transpositions  â  répocpie  byzantine,  Euseb.  Hist.  ecctes. 
X,  11.  —  It'  Nombreuses  statues  honorifiques  à  Byzance  ;  on  en  accorde  môme  à 
lies   danseuses;    Planud.  Anth.    IV,    283   sq.   -      HCassiod.     Var.    VU,    13    sq. 

—  12Collignon,  B.  de  la  se.  gr.  Il,  p.  611  ;  Pelcrsen,  Allgcm.  Einleil.  in  d. 
Studium  dcr  Archâol.  Irad.  Friedriehseu,  Leipzig,  1829.  —  "Collignon,  Op.  l.  Il, 
p_  010.  —  14  FriedISnder,  Darstell.  11-^  168-170:  Boissier,  Cic.  et  ses  amis, 
p.  148.  Sur  la  manie  des  collections,  Horat.  A'aJ.  II,  3,  64;  II,  2,  180;  Scnec. 
Â'pist.  1 15,  8  ;  voir  les  'Ei<;^a,ii;  de  Callistrate,  qui  sonl  des  descriptions  d'œuvrcs 
d'art;  Nicole,  Un  eatal.  d'œuvres  d'art,  Genève,  1906;  les  collections  sont  gardées 
par  des  esclaves  spéciaux  appelés  a  statuis  C.  i.  L  VI,  4032,  —  1^  Sur  le 
prix  des  œuvres  d'art,  Uriichs,  op.  L;  Cic.  Verr.  II,  IV,  7  ;  Plin.  iV.  hist.  XXXIV, 
55  ;  un  type  curieux  d'expert  est  ce  C.  Avianius  Evander,  il  fjui  Cicéron  achète  des 
statues,  et  qui  restaure  une  Artémis  de  Timothéos,  Brunn,  Criech.  Kùnstler,  I, 
p.  547.  —  16  Pline,  N.  hisl.  XXXIV,  2,  se  moque  de  Piguorance  des  amateurs  de  son 
temps;  elle  était  pourtant  de  mode,  Cic.  Verr.  IV,  59;  132,  60,  134;  II,  35. 
87;  VI,  2,  4,  3,  5,  43,  94;  Fricdliinder,  Darstell.  111»,  270  s.q  On  connaissait 
surtout  la  valeur  marchande  des  statues,  plutôt  que  leur  mérite;  Plin.  XXXV, 
24;  sur  Mummius,  Vcll.  Palerc.  I,  13;  Uio  Chrys.  XXXVII,  137;  pourtant 
il  y  avait  à  Kome  des  discussions  esthétiques  et  de  prétendus  connaisseurs  ; 
sut.  Silo.  IV,  6,  24;  Plin.  JV.  hist.  XXXIV,  4,  8;  Furtwaeugler,  Slaliienkopieen 
im    Allerth.,    1896.    —    •'   Overbeck,    Cesch.    der   gr.    Plaslik,    11^,   p.  425. 


STA 


1484 


STA 


alors  transformées  ou  retaillées';  il  eût  été  élranp;e  que 
le  faux  ne  sévit  point-.  A  partir  de  l'époque  impériale' 
la  manie  des  statues  d "ornementation  suit  les  progrès 
du  luxe  de  la  vie  privée  ;  les  Jardins,  les  portiques,  les 
thermes  (voy.  fig-  178:2)  s'emplissent  d'œuvres  d'art 
enlevées  à  la  Grèce^  Certains  empereurs,  Néron  par 
exemple  à  la  Maison  Dorée,  assemblent  de  véritables 
trésors'.  Point  de  riche  demeure,  où  les  marbres  ne 
prennent  place  sous  les  péristyles,  dans  les  cours,  dans 
les  salles  de  repos. 

III.  —  Mise  kn  i-l-xce.  emketikn  et  destinée  des  st.\- 
Ti  ES.  —  Mheen  p/iicedesstalue.i. —  La  mise  en  place  des 
statues  !'o:'jci;,  i^oxsecb.m'io^  exige  à  la  fois  des  rites 
religieux  et  une  surveillance  profane.  Les  rites  reli;5'ieux 
ont  surtout  leur  importance  à  l'époque  primitive,  et  pour 
les  statues  sacrées  ;  ils  dérivent  de  l'idée  (ju'on  se  fait,  à 
l'origine,  du  rôle  de  l'efligie.  On  les  retrouve  aussi  bien 
dans  les  cérémonies  privées  que  dans  les  cérémonies 
publiques;  ils  se  reproduisaient  chaque  fois  qu'une 
statue  était  changée  de  demeure.  Nous  savons  ((u'ils 
ont  existé  aussi  bien  à  Rome  qu'en  Grèce"  jconsecr.atio  . 
Pour  ce  qui  est  de  la  surveillance  profane,  l'érection 
des  statues  était  souvent  confiée  à  des  délégués  spéciaux, 
£:T!i7TiTa!,  ciiralores  fEPiMELET.^i  '"',  sur  les  attributions 
desquels  nous  avons  quelques  renseignements,  en  Grèce 
comme  à  Kome,  mais  surtout  à  partir  de  l'époque 
romaine".  L'office  du  curateur  de  statues  est  essentielle- 
ment temporaire  et  occasionnel  ;  il  ne  constitue  point 
une  fonction  rétribuée;  le  décret  qui  décide  la  statue 
désigne  en  même  temps,  d'ordinaire,  le  curateur,  très 
souvent  parmi  les  plus  hauts  fonctionnaires  des  cités, 
archontes,  stratèges,  éphores,  membres  du  conseil, 
prytanes,  secrétaires,  proconsuls,  questeurs,  etc.*. 
Quand  il  s'agit  d'effigies  honorifiques,  le  rang  du  cura- 
teur est  d'autant  plus  élevé  que  le  titulaire  de  la  statue 
a  plus  d'importance  sociale.  Mais  il  arrive  aussi  que  l'on 
choisisse  de  simples  particuliers,  voire,  à  l'époque 
tardive,  les  parents  ou  amis  de  l'intéressé'.  Si  celui  que 
Ton  honore  est  vivant,  il  s'occupe  quelquefois  en 
personne  de  faire  dresser  son  efligie  '".  Les  pouvoirs 
publics  se  bornaient  dans  ce  casa  donner  une  simple  auto- 

Alelicrs  i  Aplirodisias,  k  Allièiies  ;  Wiin.  Jaliresh.  lOul,  p.  IsslS'J  :  le  l'agihduie 
Je  Naples,  Irouré  à  Sorrenle,  porle  la  signaluie  d'un  sculp(cur  d  Aplirodisias  : 
Xotizie.  1889,  p.  i85.  —  i  Types  de  t«les  changées.  DM.  coït.  Iiell.  Xl.\, 
1895,  p.  W3  ;  Caligiila  remplace  la  I6le  des  divinilés  par  la  sienne  propre,  Suelon. 
Calig.  XXII;  on  modifie  au  besoin  les  dédicaces,  S.  Keinach.  E/iigr.  yr.  p.  539; 
on  arrange  on  bustes  l'I  en  liMes  des  stalues  brisées  ;  ainsi  le  bronze  d'ilercu- 
lanum,  trouvé  en  1756  sans  doule  d.ins  la  villa  dite  des  Pisons.  Télés  relaillécs  et 
transformées  i'd  têtes  de  statues  funéraires,  lleuze; .  Jleclienhes  s:ir  les  fiy.  île 
femmes  Koilfes  dans  iart  ijrec,  p.  +  à  5;  Gaz.  arch.  III,  1S77.  p.  toi  ;  J/on. 
Piot,  I,  189*.  p.  7l-7i,  noie  1.  —  2  B.rckli,  De  nomin.  arlifie.  in  moniini.  arlh 
interpolai.  lS3i.  —  3  Jardins  de  Sallusle,  L.  .Mariani,  Biillel.  </.  Commiss.  arch.  tli 
Jloma,  XXIX,  1901,  p.  71-sl,  pi.  vr;  statues  des  Thermes  de  Diorlélien,  Paulin, 
He»taurat.  des  Iherm.  de  lliocl.  Paris,  1800.  Statues  du  Ihéàlre  de  Pompée,  des 
Thermes  dAntonin,  de  Conslanlin,  el  surtout  de  Trajan.  Le  groupe  de  Laocoon  i|ui 
y  a  été  retrouvé  provenait  de  la  Maison  Dorée  de  Néron.  On  place  dans  les  Thermes 
les  stalues  qu'on  veut  mettre  en  vue,  C.  i.  /.  IX,  1588,  X,  37U  ;  Agrippa  eiil  désiré 
r|ue  toutes  les  statues  fussent  exposées  ainsi,  Plia.  XXXV.  9;  statues  mises  en  évi- 
dence  pour  lornementation,  f.  i.  /.  Vlll,  S935,  IX,  15C3;  collections  dn  Porlir|ue 
d  Octavie  ;  bustes  de  savants  dans  les  bibliolli6i|ues.  Pers.  Prol.  V  :  luven.'ll,  4,  VII, 
i").  —  *  Sur  les  colleclions  de  .Néron  dans  la  .Maison  Dorée,  E.  Slroug.o/J.  /.  p.  103  ; 
■uncparlieesl  transportée  par  Vespasien  dans  le  temple  de  la  Paii,  Pliu.  XXXIV  St. 

—  ~Arislopb.  Plut.  Il  tu  ;  pour  cette  cérémonie  le  préire  porte  une  torche  cl  est 
accompagné  d'une  femme  portant  une  marmite  de  fèves  bouillies  :  Athen.  XI, p.  i73  c. 
Sur  la  consécration  des  statues  à  Rome,  C.  i.  I.  Il,  I9i3,  «li  ;  .Mommscn-Marquardt, 
Op.  l.  XII,  Culte,  I,  p.  330;  pour  le=  riles  accompagnant  le  transport  d'une  sUtue, 
/luf/i.  ion  .l/«jne»ia,  n>  100.  —^KaUncrUDe  curastatunrum  apud  Graeeos,  1SS3. 

—  7  Avant  l'épor|ue  romaine,  /ns.gi:  l|l,  iôl,  300,  312. 331, 592.  Formules  de  curatelle 
de  statues,  dans  des  dédicaces  trouvées  ï  Dclos  ;  Bull.  corr.  hell.  1879,  p.  151,  157, 
138.  —  «Kuhnerl,  p.   1 1  à  16.  Il  arrive  souvent  qu'il  ne  soi!  fait  mention  d'aucun 


risation,  et  la  cité  évitait  ainsi  d'accroître  outre  mesure 
l'orgueil  des  particuliers.  Dans  le  cas  où  une  ville  accor- 
dait à  un  étranger  une  statue,  un  ou  plusieurs  curateurs 
allaient  préalablement  demander  l'emplacement  néces- 
saire". Bien  des  ambassades  furent  ainsi  envoyées  à 
Athènes,  après  l'achèvement  de  l'Olympieion '-,  lorsque 
les  cités,  à  l'envi,  firent  dresser  des  monuments  à 
l'empereur  Hadrien.  Des  lois  spéciales  réglaient  l'érec- 
tion des  statues  aux  vainqueurs  des  jeux,  soit  que 
l'initiative  vint  des  pouvoirs  publics,  ou  de  particuliers, 
ou  du  personnage  lui-même  ' '.  Il  y  a  quelques  exemples 
de  collectivités  ou  de  villes,  s'occupant  de  la  curatelle 
de  statues  au  nom  de  communautés  plus  vastes  dont  elles 
font  partie  ".A  Kome,  le  nom  du  personnage  ou  de  la  com- 
munauté qui  élève  la  statue  est  inscrit  sur  la  base,  ordinal, 
rement  après  le  nom  du  personnage  honoré.  La  formule 
indique  dans  quelles  conditions  la  statue  a  été  érigée, 
el  quel  a  été  le  curateur.  Il  arrive  souvent  que  le  person- 
nage honoré  prenne  à  ses  frais  l'érection  du  monument; 
sa  libéralité  est  alors  mentionnée  sur  la  base  '°. 

L'office  du  curateur  consiste  d'abord  à  faire  la 
commande  de  la  statue'";  lorsque  celle-ci  est  mise  au 
concours'',  ou  en  adjudication '*,  le  curateur  règle  les 
détails  d(!  l'entreprise:  quand  la  statue  est  terminée,  il 
verse  aux  artistes  et  aux  praticiens  le  prix  du  travail, 
tel  qu'il  l'a  reçu  de  l'intéressé,  ou  d'un  magistrat  désigné 
à  l'avance".  Au  besoin,  c'est  lui  qui  s'occupe  des  four- 
nitures, du  transport  du  matériel,  et,  dans  le  cas  où  la 
statue  est  entourée  d'une  balustrade,  de  la  mise  en  place 
de  cet  ipuijLa.  Pour  les  statues  placées  en  plein  air,  il  fait 
faire  les  fondations  de  la  base.  et.  s'il  le  faut,  la  base  elle- 
même  -". 

Entretien  des  statues.  —  La  piété  que  les  Grecs  mon- 
trent envers  leurs  statues  n'a  rien,  à  l'origine  du  moins, 
du  souci  esthétique  dont  nousentourons  les  chefs-d'œuvre 
de  nos  musées.  Elle  est  dictée  par  l'idée  qu'on  se  fait  de 
la  présence  du  dieu  dans  le  symbole-'.  Il  faut  défendre 
l'iiùte  invisible  de  la  pierre  et  du  bois  contre  les  acci- 
dents, les  intempéries,  lui  donner  tous  les  soins  néces- 
saires à  sa  vie  [sacerdosj.  —  On  lave  et  on  polit  les. rf^ffna 
plusieurs  fois  l'an  (fig    (itîOÔ;:  si   im  ne  les  renouvelle 

cur.iknii-.  surtout  rjuand  la  statue  est  élevée  par  un  part  iru lier  ;  sur  la  désignation  des 
curateurs.  Schol.  Arislophau.  Paj-.  000.  — '■»  Lorsqu'on  choisit  des  particuliers,  leur 
nombre  varie  de  un  à  quatre  ;(,'.  i.  yr.  1,  107S,  II,  ïlôi;  S371  :  III,  JSS4,  401i;  58»t  ; 
à  mesure  qu'on  avance  vers  l'époiiue  romaine,  les  curateurs  sont  pris  plus  souvent 
parmi  les  amis  ou  parents,  Kuhnert.  /.  cit.  p.  17  ;  C.  i.  l.  .XIV,  :L6±^.  —  10  ilo-jo. 
X.  ^iSX.  1878,  p.  d3  :  'A4r,v.  Il,  4Si  ;  même  formule  dans  les  inscr.  romaines. 
C.  i.  l.  vlll,  p.  7.  —  It  La  formule  comporte  dans  ce  cas  la  mention  iià 
-5î»Sewv,  /.  yr.  IM.  i?>\  ;  Aïr.v.  V,  9:  pour  l'époque  poster,  â  notre  ère,  C.  i.  yr. 
351,    53G0   4;    /.   (/)•.    IIM,  Ci',  688;    formules  dilTérentes.    /.    yr.    IIU,  479-481. 

—  I2paus.  I.  18,  G;  y.  yr.  IIP,  471.  47i,  475,  47C,  478.  479.  483,  48C  ;  il  est 
notable  que  la  plupart  des  ambassadeurs  sont  des  particuliers.  —  13  Kuhnert. 
/.  cit.  20  sq.  —  'i  .Arch.  Xeil.  Ks7i.  p.  188:  Le  Bas-Waddiuglou.  Voijaye, 
758,  i308  :  voir  un  décret  de  Cyziquc  autorisant  l'érection  île  statues  en  l'hon- 
neur d'une  prétresse  de  Cybé'e  Plakiauè,  C.  i.  gr.  3657.  —  1.»  Gagnât,  Epiyr. 
lat.  p.  2i6-i30;  sigles  :   HCIK,   HAÏR:  voir  partica'.     roment  C.  i.  l.    Xi,  3903. 

—  n'i  Lebas.  Voyaye,  III,  I60i  A.  —  17  Statues  mises  en  adjudication.  Plut. 
ilaral..  498,  E:  Bull.  corr.  hell.,    1888,    p.    42i    et    note  1;    1890,  p.   369-594. 

—  t!^  Statues  mises  au  concours,  Furtwaengler,  .iegina,  p.  ^73;  Id.  Sitzungstt. 
lîay.  Akad.  1901,  p.  379  ;  mise  au  concours  des  statues  d'acrotéres  à  Olympie  : 
une  inscription  mentionne  la  victoire  de  Paeonios:  concours  f'?J  pour  la  slalue 
d'Amazone  du  sanctuaire  d'Arlémis  à  Ephése.  lin.  XX.XIV,  53  ;  voir  encore  Plin. 
XXXV,  17;  Tiel/és,  CUil.  Vlll,  353.  —  «Sur  les  prii  des  statues,  Frie<l- 
ISnder,  Acta  Acad.  Albertir.ae,  1S05.  _  20  paus.  V,  iO,  4  :  C.  i.  gr.  III, 
3884;  Lebas.  Voyage,  II,  116  a,  IJuelquefois  le  soin  de  faire  faire  la  statue  et 
celui  de  la  faire  mettre  en  place  sont  confiés  à  deux  curateurs  dilférents, 
Lebas,  /.  c.  1002  a  ;  à  Erythrées,  le  S^û'i^a^x****  officiellement  curateur  des 
statues  de  la  ville,  les  paye  quelipi<-fo  s  ;  mais  c'est  une  libéralité  volontaire  ; 
cf.  Ci.  yr.  add.  iHA.  iStI,  3130,  3lil.— 21  Ce  sont  les  mémos  usages  qu'on  trouve 
d  aboiil    eu    Kgyple.    en   l'ha'dée;    Bail,    Procedings,   XIV,    p.    100      G.    Foucart, 


STA 


—   usa   — 


STA 


pas  à  chaque  fête,  on  les  repeint,  on  les  redore  '  ;  on 
entretient  de  même  la  polychromie  des  statues  de  pierre 
tendre   ou   de   marbre     scilptira' -.  Comme    ce    soin 


Ty|K. 


Fig.  CCOC.  —  Lavage  d'un  heimfs. 

parait  un  naturel  hommage,  il  ne  semijle  pas  qu'on  ail 

évité  de  laisser  en  plein  air  même  les  marbres,  moins 
résistants  pourtant  aux  intempéries 
que  les  bronzes  :  on  remédiait  à  leur 
détérioration  par  de  régulières  appli- 
cations d'un  enduit  protecteur^.  Mais 
la  preuve  qu'on  n'hésitait  pas  à  expo- 
ser des  statues,  mêmes  divines,  à 
la  pluie,  c'est  qu'on  citait  comme 
miraculeuse  l'Artémis  de  Bargylia 
qui  n'était  mouillée  ni  par  les  ondées 
ni  par  les  neiges  '.Contre  les  oiseaux 

attirés  autour   des  temples,  on  employait  le  ménisque 

[mkmskos    ^. 

A  la  longue,  le  souci  estliélique  prévalut  aussi  sur  le 

Miili.  compnr.  pour  l'hibt.  lies  religions,  p.  S3  sr(.:  pour  l'us.ige  en  Grèce,  Marllia, 
Sncerâ.  ntli.  p.  43  5i|.  —  i  Cuil.  corr.  Iiell.  I8S9,  .Xlll,  p.  t03,  ligne  2r,  ;  çnr 
It-nlrclicn  des  xoana,  Scliubjrt,  Rhein.  Mus.  1860,  N.  F.  XV,  p.  111;  iuscirplion 
(le  Délos  sur  le  rcoonvellement  du  xoanon  de  Dionysos  :i  chaque  fiSIe,  Bull.  corr. 
hell.  XIV,  1800,  p.  302-3  ;  pour  les  xoana  doiés,  i-tVoj!7a,  Paus.  Il,  iC  :  Xen.  Ex. 
Cyri.  V,  3,  li;  Eur.  TroJ.  I0T4;  Scllubarl  l.cit.  p.  98;  l'usage  de  dorer  les  slaluos 
de  marbre  se  répand  à  Home  à  l'époque  impériale  ;  sur  le  Dionysos  doré  du 
sanctuaire  des  dieux  orientaux  au  Janic'jle,  Mél.  Ec.  de  Home,  XXIX,  1909, 
p.  36.  avec  une  liste  de  salues,  cntièreinenl  ou  en  partie  dorées;  C.  rend  Acad. 
ils.  1909,  p.  619:  1910,  p.  393;  ajouter  une  Aphrodite  à  tdte  dorée  de  tapies, 
ip  418  î  une  statue  d'Isis  dorée  et  peinte,  n"  9i>>,  ibid.;  sur  les  statues  dorées  en  gé- 
néral, Amolung.  Wien.  Jahresheft.  1908,  p.  183.  Sur  la  toilette  spéciale  des  statues 
de  culle  pour  les  fêles,  Itull.  corr.  hell.  XIV,  1890,  p.  182,  1.  18-lii,  p.  186;  i 
Athènes,  les  Kallyntéries  étaient  la  fétc  du  ncltoyagc  des  statues;  Momtnsen,  Fcst. 
Stndl.itlieit,  p.  4SG  sq.;  voir  aussi  une  inscription  Cretoise,  'Es.  'Aç-^.  1908,  p.  200. 
Pour  le  soin  des  statues  ii  Home,  C.  i.  l.  V2,  6333,  7906  ;  VIII,  8933,  9055  :  X,  58.Î3. 
1.  16;  XII,  4397  ;  XIV,  367.  La  (igure6007  reproduit  un  bas-relief  du  Àlus.  Worsleyan. 
t.  I,  pi.  XV  ;  cf.  Slallcr  Wieseler,  Denkm.  ail.  Kimsl,  l.  1.  pi.  i,  n»  4,  —  2EntiClieu 
du  Dionysos  de  Simmias  à  Athènes;  Clem.  \\.  Proptr  IV,  4i;  Overbeck,  A'c/iri/'/j. 
316  !.q.  —  •'Léchai,  l'ohjclirum.  dessiat.  ijrtcq..  lier,  dex  Élud.  anc  X,  1908,  p.  161  ; 
Jnhrb..Anzeig.  XII,  p.  134,  — 4Polyb.  XVI,  li;  cas  de  statues  de  bronze  placées  près 
des  sources  et  noircies  par  riiumidité,  Philostrat.  \ita  Sopkist.  I,  21.  — "J  L'usage 
du  ménisque  semble  disparaître  quand  le  souci  esthétique  l'emporte  sur  le  principe 
religieux.  —  ''  La  hgure  66118  reproduit  wne  monnaie  do  la  province  d'Asie,  datant  de 
l'époque  d'Hailrien  ;  cf.  E.  l'inder,  i'eber  die  Cistoph.  uitd  iieber  die  Kaiserl.  Silter- 
medaillons  der  rômisch.  Provinz  Asia,  dans  les  Aàliandl.  der  K.  Xkad.  der 
VCissensch.  -u  Uerlin  1835,  p.  393,  n"  76,  et  pi.  viii,  (ig.  3.  Statues  habillées  : 
Ovcrbcck,  Griecli.  Kunstmijth.  II,  Mùn^taf.  1;  Pcrcy  Garchier,  Ti/pes  of  yreek 
coins,  pi.  XV,  n'»  3  ;  sur  la  garde-robe  des  statues,  UubI,  L'vber  lielcleidung  ant. 
Statueu,  Càs-el.  1848;  yuatremêre  de  Ouincy.  Jupit.  Olymp.,  8  sq.  Inventaires  ; 
garde-robe  de  la  liera  de  Samos,  Curtius,  Jnsc/tr.  und  .Slud.  :ur  Gescli.  ron  Samos, 
p.  10,  n"  6;  Atb.  Millli.  VII,  1882,  p.  367  ;  garde-robe  de  l'Artémis  Braurouicnno, 
Athènes,  J.  yr.  Il',  754  ;  sur  le  manteau  des  hernies,  Paus.  VIII,  39,  4;  Diod. 
Sic.  XVII,  50,  Diog.  LaerL  V,  82;  voir  encore  OuU.  corr.  hell.  Il,  p.  420  ;  V. 
p.  364;  statues  vêtues  sur  les  vases,  EUledes  mon.  céramoyr.  III,  pi.  ix  ;  Anuali, 
1K78,  Tav.  d'agg.  G  ;  .Vonum.  d.  Insl.  1800,  pi,  ixxvn  ;  Le  Bas-Fourart.  /user,  du 
Pélop.  332  h-,  p.  213,  col.  1,  I.  2  à  7.  Fréquentes  mentions  de  ces  vêlements  sacrés, 
l'aus.  IL  11,6;  11,  30,  I;  VM,  23,  4-5;  VII,  15,  5;  33,  5;  25,  9;  la  Héra  argieiine 
se  venge  d'avoir  été  dépouillée  de  ses  parures  par  les  lilles  de  l'roitos,  Serv.  ad 
r.ql.  VI,  48.  L'usage  d'habiller  les  dieux  existe  en  pays  latins;  liste  d'objets  de  parure 
olferts  à  la  Diana  .Nemorensis,  Hermès,  1871,  s  sq.;  à  une  Isis,  en  Espagne,  Ibid. 
1^06,  p.   313  ;  slatues  habillées  à  Mome,  Plin,  .V,  Bist.  VIII,  74,  xxxiv,  7  ;  C.  i.  I. 


principe  religieux  dans  l'entretien  des  statues:  il  n'y  a 
plus  rien  d'un  rite  dans  les  précautions  qu'on  prend  par 
exemple  pour  la  conservation  des  statues  chryséli'phan- 
tines  fEBi'R]. 

.Nous  avons  déjà  dit  qu'on  habillait  les  statues.  Pres- 
que toutes,  et  lesxoffMrt  surtout,  avaient  une  garde- robe. 
.\ux  fêtes,  elles  paraissaient  couvertes  de  vêtements  pré- 
cieux et  de  parures,  comme  certaines  madones  rusliijucs 
des  églises  de  campagne  (fig.  (jtJOT)".  Les  étoffes  d'habil- 
lement étaient  données  aux  dieux  soit  comme  dime  de 
travail,  soit  comme  offrande  de  remerciements,  ou,  en 
certains  cas,  pour  le  paiement  d'amendes  ^  Non  seule- 
ment, on  habillait  les  statues,  mais  on  les  parfumait,  on 
les  couronnait,  on  leur  mettait  des  anneaux  '.Cette  toilette 
appartenait  à  un  personnel  de  serviteurs  spéciaux,  à 
qui  était  aussi  confiée  la  garde  des  vêtements'. 

Un  des  rites  les  plus  importants  du  service  sacerdotal 
était  la  nourriture  du  dieu.  On  ne  peut  douter  que  les 
Grecs,  comme  les  Égyptiens  et  les  Chaldéens,  aient  ob- 
servé la  coutume  de  donner  à  manger  aux  statues  sa- 
crées'". On  plaçait  dans  leurs  mains  la  chair  et  les  entrailles 
des  victimes  ;  peut-être  barbouillait-on  leurs  lèvres  avec 
le  sang  des  sacrifices  " .  A  Rome  on  nourrissait  les  Lares  ; 
on  oignait  debeurre,  on  baignaitde  lait  la  tête  de  certains 
dieux'-.  Le  sens  de  ces  rites  primitivement  journaliers 
de  purification,  d'habillement,  de  nourriture  delà  statue, 
alla  en  s'elTaçanl  à  travers  la  vie  grecque.  Il  en  resta  un 
souvenir  décoloré  et  comme  exceptionnel  dans  les  fêtes. 
Certaines  divinités  avaient  encore  une  fois  l'an  leurs 
baignades  sacrées  '^  On  promenait  dans  Athènes,  aux 
grandes  Panathénées,  le  péplos  d'Athéna".  Si  la  nourri- 
ture quotidienne  des  statues,  destinée  à  réjouir  et  à  for- 

VIII,  1887;  IX,  5177;  Sueton.  Calig.  22;  Petron.  Sat.  62;  Vopisc,  Vrob.  10; 
Lactant.  Il,  4-7,  6-13;  mention  de  vestitores  divinorum  simulacrorum,  Firmicus, 
1(1,  12;  Ci.  I.  XIV,  44  ;  sur  les  stolistes  et  l'habillement  des  divinités  alcxandrines, 
Lafaye,  //.  du  culte  des  div.  d'Alex.  134  sq.  —  7  Voir  à  l'article  dûxaiiiu.m  lé 
relevé  des  différentes  pièces  de  costume  offertes  ordinairement  à  des  statues  divines. 
—  *  Bull.de  corr.  hell.  1882,  p.  119;  1886,  p.  4'i3,  ligne  108;  1890,  p.  498; 
Longpérier,  Œuvres,  II,  p.  434.  L'usage  existe  aussi  à  lîome,  Cic.  Verr.  Il,  IV,  35  ; 
C.  i.  l.  V2,  7900,  VIII,  1842;  X,  6303;  on  couronne  les  Lares,  Fest.  £p.  p.  60; 
Plant.  Aulal.  385;  Juven.  IX,  137;  XII,  85;  on  couronne  en  général  tous  les 
dieux;  Pliu.  XXI,  3  ;  Cic.  Ad  AU.  XV,  27;  dans  les  fêles  et  les  circonstances 
mémorablfs,  on  couronne  enfin  toutes  espèces  de  statues,  même  de  mortels.  Plut. 
Alex.  H.  28;  Capitolin.  M.  Anlon.  4;  Justin.  XVIII,  2,  9;  Martial,  IX,  24;  Cic. 
Pro  .y/ureii.  41  ;  Dio.  Cass.  XLIV,  4.  —  s  Celle  fonction  s'appelle  «a|.Hï,  «ff.mO,,,, 
l'ollux,  I,  14;  Eurip.  /on,  94-111  ;  Le  Bas-Foucart,  Jns.  du  Pélop.  332  A,  I.  7;  les 
femmes  chargées  de  l'habillement  d'une  déesse  sont  appelées  xoojir.Taî,  xoffur.Tttùot,, 
»îi7^;.t5i«i:  Bull,  con:  hell.  1882,p.48,  I.  179-180  ;C'.  7.  gr.  2823,  30U2,  3003,  etc.  ; 
ailleurs  xotritoGrCTai  ;  cf.  Délus,  comptes  de  269-230,  ligue  Cl  ;  à  Olympie,  les  serviteurs 
de  Zens  sont  les  =«i8fa/T«i,  Paus.  V,  14,  3;  Philol..X\Ul,  214  sq,;  cL  encore 
Marlha,  Les  sacerd.  ath.  54,  Les  soins  de  la  toilette  des  statues  sont  d'ordinaire  le 
privilège  de  cerlaines  faïuiltes,  les  descendants  de  Phidias  à  Olympie,  les  Praxier- 
gides  à  Athènes;  Hesych.  !:oo;,ij-.;S«i  ;  Plut.  Alcib.  34;/.  gr.,  111,374,  I.  17-18;  voir 
encore  Hesych.  't.oxiz^i&t^;  Etym.  mayn.  Tta.zti.-AT.-r,^  ;  Le  Bas-Foucart,  Op.  l.  352  h. 
A  Eplièse,  la  parure  d'Artémis  était  portée  dans  les  processions  par  une  confrérie  de 
ytio^'.-^àa'ii,  C.  i.  gr.  2903;  à  Eplièse  encore,  il  est  fait  mention  de  arEtjoïôoot, 
ou  porteurs  du  voile,  Wie«,  Jahresh.  1904,  Beiblatt,  p.  44,  I.  19  à  23  ;  cosmo- 
pliyla(|ues  dans  un  décret  de  t^yzique,  Ath.  Mitt.  VII,  1882,  p.  155  ;  sur  les  servi- 
teurs de  la  slatue  à  Rome,  saint  Augustin,  De  Cic.  Dei,  VI,  10,  —  10  Repas  do  la 
statue  en  Egypte,  Maspero,  Jnscr.  des  pyram.  de  ^aqqarah,  et  Table  d'offrande, 
dans  la  Itev.  d'hist.  des  Helig.,  XX  ;  en  Chaldée,  Thureau-Dangin,  Jnscr.  de  Siimer 
et  d'AkIcnd,  slatues  de  Gudea,  p.  106  sq.;  Scheil,  ie  culte  de  Gudea,  Bec.  de 
travaux,  1896.  p.  64,  — U' Arislopli.  Ares,  518;  cet  usage  explique  les  tables 
d'offrande  des  temples,  Aristopb, /"/ii^.,  678,  scli.  ad  h.  L;  Bull.  corr.  hell. 
V,  76-78,  y.  gr.  Il',  631;  même  usage  à  Rome,  Mommsen-Marquardt.  op.  l.  Cnlle, 
I,  p.  197  sq.  —  12  On  offre  aux  Lares  des  gâteaux,  du  miel,  de  l'encens; 
Theophr.  Caract.  10  ;  Tibull.  I,  .3,  34;  Juv.  IX,  137  ;  XII,  90;  qucl(|uefois  on 
leur  sacrilie  un  porc;  Horat.  Carm.  III,  23,  4;  Sat.  Il,  3,  163;  offrandes  à 
Jupiter  Dapalis,  Cal.  de  agric.  132.  —  '3  Enripid,  Jphig.  Taur.  1199; 
fête  d'Artémis  Dailis  à  Éphèse,  Wien.  Jahresh.  VII,  1904,  210-215:  bain 
rie  la  liera  d'Argos,  Callimach,  Bymn.  XIII  ;  Ovid,  Fast.  IV,  135  ;  Elym. 
magn.  s.  v,  'Hfi^iSi;,  —  'H),  Jahn,  De  anliq.  Miner'me  simulaeris  atticis; 
Wellhauer,  Études  sur  la  Fêle  des  Pnnathénées  dans  l'ancienne  Athènes  ; 
Momrascn,  D'ie  Feste,  41  sq. 


STA 


—   1486 


STA 


lilicr  leilieu,  dcvinl  ;\  la  longue  llclive,  il  y  cul  toujours 
en  Grèce  des  banquets  solennels  auxquels  le  xoanon 
assistait,  couché  sur  un  lit  de  parade  [uxtisterma]  '. 
linlin  la  trace  des  promenades  iiabituelles  de  la  divi- 
nité se  retrouve  dans  les  processions  ou  cxodni.  A 
l'occasion  de  ces  cérémonies,  il  arrivait  que  la  statue 
fût  transportée  solennellement  dans  un  temple  autre 
que  le  sien  ou  dans  un  édifice  public:  elle  assistait  là 
à  des  réjouissances,  à  des  cérémonies  en  son  hon- 
neur-. Quelquefois,  elle  émigrait  plusieurs  jours  de  la 
celln  pour  aller,  comme  en  villégiature,  dans  les  sanc- 
tuaires voisins;  certaines  statues,  qui  n'avaient  pas 
de  demeure  propre,  empruntaient  régulièrement  un 
temple  à  l'époque  de  leurs  fêtes  ^  Voy.  RKUfiio,  ritis, 
SACKiFiciiM,  pour  la  participation  de  la  statue  au  culte. 
Les  statues  étaient  placées  sous  la  protection  divine, 
représentée  par  l'intermédiaire  des  prêtres  et  des  pou- 
voirs publics*.  On  n'osait  souvent  y  loucher,  même  pour 
une  restauration,  qu'après  décision  d'un  oracle^.  Les 
dégrader  était  un  sacrilège  [asebeia,  sacrilegium],  parti- 
culièrementgrave  lorsqu'il  s'agissait  de  statues  sacrées". 
Il  suffit  de  rappeler  le  scandale  qu'e.xcita  dans  Athènes 
l'affaire  de  la  mutilation  des  hermès.  Lorsque  acciden- 
tellement unestatuese  trouvait  détériorée,  les  prêtres  ou 
les  pouvoirs  publics  la  faisaient  restaurera  Certains 
xoaiia  furent  ainsi  bardés  de  bronze  pour  prévenir  la 
ruine  du  bois;  on  confiait  cette  tiîche  à  des  artistes  en 
renom*.  Parfois  on  remplaçait  une  tête  vermoulue,  de 
caractère  par  trop  archaïque,  par  une  tète  en  marbre;  on 
refaisait  les  extrémités  d'une  vieille  idole  ;  ainsi  naquirent 
vraisemblablemen  t  les  acroli  thés  [acrolitius].  On  réparait 

'  Il  est  important  «le  nolcr  que  les  lectislcrnia  peuvent  être  décernés  à  des 
slalucs  de  mortels;  Val.  Mai.  II,  10,  I.  —  2  U.  Foucarl,  /(.  iks  Idées,  nov.  1008, 
p.  15  :  à  Torigine  la  procession  est  la  promeuade  du  dieu  ;  sur  l'usage  eu  Grèce, 
l'aus.  I,  ?!I,S  ,  20;  111,  38,  8  ;  X,  19  ;  Pliilostrat.  l'i(.  sophist.  H,  13;  Monuiisen, 
Op.  I.  p.  «6  sq.  ;  Marllia;  Op.  l.  p.  53;  Joiirn.  hdl.  stud.  XIV,  p.  iG-2  ;  Bull, 
corr.  hell.  1883,p.  3s  ;  char  servant  pour  les  promenades,  Uidl.corr.  Iiell.  XIV, 
501;  mention  d'un  aurige  de  l'allas,  chargé  de  conduire  la  statue  de  la  déesse  au 
temple,  /.  «r.  IIM,  liOi.l.  14;  voir  encore  Bull.  corr.  hsll.  XI.  1887,  p.  383;  1891, 
XV,  p.  17i,  p.  178;  Hicks,  Jus.  of  British  Mus.  111,  n»  481;  etc.  Voir  aedicui.a, 
représentations  de  châsses  portatives  de  divinités.  Statues  portées  en  procession  à 
Magnésicdu  Méandre,  0.  Kern,  Inschr.  Maç/n.  p.  Si,  n"  98,  I.  41-42.  —  3  La  statue 
d'.\rtémis  à  Ephèse  va  régulièrement  passer  f|ueli|uesjoursdans  un  temple  au  hord  de 
la  mer,  U  l'en.  Jahresk.  1904,  210  sq.  ;  elle  séjournait  aussi  sans  doute  dans  les 
temples  du  Solniissos,  Hicks,  Jyiscr.  Brit.  Mus.  111,  n"  483  ;  pour  des  transports 
de  statues,  lors  des  fêtes,  avec  ou  sans  processions,  l'aus.  11,  7,  5;  7,  8  ;  II,  7. 

—  l  Cf.  dans  l'inscription  sur  les  mystères  d'.^ndanie,  Lehas-Koucart.  Il,  326  a.  I. 
85  Sfj.,  les  prescriptions  sur  l'entretien  de  la  statue  placée  près  de  la  source  et 
conllée  à  -Mnasistvatos  ;  oracles  ordonnant  1  érection  de  statues.  Plat.  Le;/.  V, 
138<-;Plin.  XXXIV,  26;  à  Athènes,  dans  l'assemblée  des  grandes  Dionysies,  l'archonte- 
roi  est  tenu  de  prouver  qu'il  a  conservé  en  bon  élat  la  statue  de  Dionysos  ;  Demostli. 
J/irf.,;9,  sch.  ail  h.  I.  En  Italie,  le  Sénat  connaissait  de  l'enlèvement  des  statues,  Cic. 
Verr.  il,  4.  39,  43;  on  ne  pouvait  même  les  déplacer  sans  permission  de  l'auto- 
rité, C.  i.  /.  VIII.  798,  I6VS,  5290;  voir  la  Lex  parieti  faciundo  de  Pouzzoles, 
C.  i.  /.  I,  577;  Plin.  J.  Kpisl.  X,  73  ;  un  citoyen  est  arrêté  pour  avoir  touché  a  la 
couronne  d'une  statue;  Plin.  iV.  hisl.  XXI,  3;  une  femme  est  mise  à  mort  pour 
manque  de  respect  à  une  statue  de  Domitien,  Dio  Cass.,  I.XVII,  12;  sur  les  trans- 
ports et  déplacements  des  statues  à  Rome  ou  en   Italie,  C.  i.  l.  X,  3714,  5961. 

—  6  /.  gr.  1111,  71.  —  0  Peines  portées  contre  loute  atteinte  à  des  statues,  Hicks, 
Jnser.  Brit.  Mus.  p.  4,  a"  481.  1.  121  sq.  ;  voir  le  second  des  trois  d.'crets  de 
Jlylasa  punissant  des  crimes  de  lèse-majesté;  Dittenberger,  Stjll.2,  n'  93;  il 
s'agit  d'une  olTense  à  une  slatue  royale.  A  Rome,  les  statues  d'empereurs  sont 
considérées  comme  sacrées;  voir  Beurlier,  Culte  rendu  aux  eiiip.  rom.  ;  elles  ont 
droit  de  proteclion  et  d'asile;  Digest.  I.XVIII,  )9,  28,  7  ;  loi  d'Antonin  contre  les 
abus  de  ce  droit  ;  I.acour-Gaycl,  Anloniu  le  Pieux,  p.  264  ;  il  est  défendu  de  les 
vendre  ;  Tacit.  Ann.  I,  73  ;  de  maltraiter  son  esclave  réfugié  près  d'elles  ;  (.lande 
fait  déplacer  une  statue  d'Auguste  pour  lui  éviter  d'assister  à  des  exécutions  judi- 
ciaires ;  la  stalue  devra  tout  au  moins  être  voilée  pendant  Us  supplices,  Dio  Cass. 
LX.  13;  on  ne  peu',  sous  peine  de  sacrilège,  changer  de  vêtements  devant  la 
statue  de  l'empereur,  Sucton.  Tilier.  58.  —  "  Voir  scri-pinu.  Sur  la  rcsiauration 
du  colosse  de  Dêlos,  renversé  par  la  chute  du  palmier  de  bronze  de  Xicias 
Déonna,  Les  Apoll.  arcli.  p.  195.  Réparations  de  statues  mentionnées.  7ns.  gr.  IV, 
2,  p.  02,  w  198  c;  11,  839  ;  IV,  2.  p.  169,  n-  023  e ;  sur  les  réparations  de  l'Athcna 
Parthénos,  Kôhler.  .Ulien.  Miltli.  V,  1880,  p.  89;  Sehreiber,  Allana  Parrlinios, 


pareillement  les  bronzes  elles  statues  chryséléphantines'. 
-Malgré  ces  soins,  les  stalues~vieillissaient  ;  beaucoup, 
surtout  celles  qui  se  trouvaient  placées  en  plein  air, 
étaient  en  fort  mauvais  état.  Lucien  parle  de  bronzes  creux, 
où  logeaient  rats  et  musaraignes".  Les  passants  ne  se 
gênaient  pas  pour  inscrire  des  grafjili  sur  les  statues 
mises  à  leur  portée  '  ' .  D'ailleurs  la  piété  des  fidèles  n'était 
pas  ce  qui  dégradait  le  moins  les  effigies  saintes.  Selon 
Cicéron,  la  bouche  et  le  menton  d'un  Héraklès,  à  Agri- 
genle,  avaient  été  usés  parles  baisers  de  dévt'tts'^  Lucien 
cite  une  stalue  qui  avait  été  matelassée  de  feuilles  d'or 
sur  la  poitrine  et  garnie  d'oboles  collées  à  la  cire  sur  les 
cuisses,  par  les  soins  de  malades  reconnaissants'".  Les 
temples  contenaienlbeaucoup  de  reliques  qui  étaient  des 
statues  brisées,  ou  abattues  par  la  vétusté''.  On  les 
entassait  dans  l'opislhodome;  quelquefois  on  les  relé- 
guait dans  les  v'avissae.  11  semble  qu'on  ail  dû,  de  temps 
en  temps,  procéder  à  leur  destruction  ou  à  l'ensevelis- 
sement rituel  exigé  par  le  respect  des  choses  saintes.  On 
a  retrouvé  de  véritables  nécropoles  de  statues'-". 

Destinée  des  statues.  —  Lorsque  le  sentiment  reli- 
gieux qui  protégeait  les  statues  se  fut  afi'aibli,  elles  ne 
restèrent  pas  garanties  des  déprédations.  Dans  les  petits 
temples,  plus  d'une  avait  mystérieusement  disparu  à 
l'époque  de  Pausanias '".  On  peut  admettre  néanmoins 
que  ces  enlèvements  furent  e.xceptionnels.  Les  change- 
ments sociaux  influèrent  pendant  toute  la  vie  antique 
sur  les  statues  honorifiques:  on  les  brisait  quand  elles 
rappelaient  un  régime  odieux  ;par  contre,  un  bouleverse- 
ment politique  pouvait  les  remettre  en  faveur''.  Pour  les 
statues  religieuses,  le  plus  grand  fléau  fut  la  guerre  et 

p.  628.  Mention  de  pareil  travail  surdeu\  bases  de  statues  d'Agasias,  découvertes  à 
Délos,  C.  i.  gr.  2285  4  ;  Bull.  corr.  hell.  V,  p.  462  ;  C.  i.  I.  V2,  5558  ;  VIII, 
734;  IX,  441,  3U6;  restauration  de  la  statue  du  proconsul  tiillienus,  à  Délos: 
un  Dionysos  en  marbre  trouvé  à  Home  au  Janicule  porte  des  restaurations  antiques. 
Mil.  Ecole  de  Jlome,  XXIX,  1909,  p.  42.-  »  Paus.  Il,  20;  IX,  12,  4;  Strab.  VIII, 
0,  10.  —  9  V.  KacH,  sT.viL-AniA  :  pour  la  restauration  du  Zens  d'Olympie  par 
Damophon,  Paus.  IV,  31,6.  —  10  Luc.  Jup.  trag.  S;  Gall.  ïl.  —  Il  Déonna.  Les 
Apoll.  arch.  p.  193  ;  inscription  du  colosse  d'Abou-simbul,  C.  i.  gr,,  3120:  k  l'époque 
romaine,  \cs graffiti  satiriques  sur  les  statues  abondent.  —  1-  Cic.  In  Verr.  îl,  IV, 
43.  On  suspendait  communément  aux  statues  des  dieux  des  tablettes  votives.  Dans 
.\escliyl.  Suppl.  463,  les  Danaïdes  menacent  de  se  pendre  aux  statues  des  dieux  et 
les  orner  ainsi  depinakes  d'un  nouveau  genre.  —  1^  Lue.  Pliilops.  20  ;  cf.  Philostral. 
UeruJca,  III,  2  ;  stalue  devenue  méconnaissable  par  suite  du  zèle  de  ceux  qui  y 
suspendent  des  tablettes  votives  et  qui  l'oignent.  —  14  Tôle  de  la  coll.  Blacas,  au 
British  Mus.  ;  S.  Uoinach,  Têtes  antiq.  pi.  cxcv,  trouvée  dans  uue  grolle-sanctuairc, 
où  elle  avait  été  consacrée  à  titre  de  relique  ;  on  conservait  dans  le  temple  de  Dio- 
nysos à  Tanagre  un  Triton  déca|iité  :  Paus.  IX,  20,  4t.  Dans  le  temple  d'Apollon  à 
Délos,  le  vieux  xoanon  deTektaios  cl  .\ngelion  fut  gardé  jusqu'au  n' siècle  av.  J.-C.  ; 
les  inventaires  mentionnent  l'existence  dans  les  temples  des  reliques  sacrées  assez 
mutilées  ;  Bull.  corr.  heilén.  1882,  p.  127  et  notc4;  p.  128  et  129  ;  à  Délos  encore,  on 
montrait  au  temps  de  Pausanias  un  j:janon  d'Artémis,  à  base  de  pilier,  devenu  man- 
chot ;  Ovcrbeck.  .Schriflq.  99,  1 18  ;  ailleurs  Pausanias,  II,  10,  mentionne  un  Hypnos 
dont  il  ne  reste  que  la  tête.  —  1^  Jtev.  arch.  VI,  1862  ;  p.  215  ;  on  a  retrouvé  aussi 
desdéptits  de  statuettes  d'offrande;  Pottier,  Quant  oh  causam  Graeci  in  sepul- 
cris,  etc.;  Paris,  Elatée,  p.  139  sq.  —  iiLue.  Jup.  trag.  10.  25;  Dial.  deor. 
7,  1;  Juvcn.  XIII,  147;  sur  les  vols  de  Verres,  Cic.  Verr.  De  .Signis,  H,  IV; 
Verres  n'est  pas  seul  dans  son  cas;  Cic.  Tuscul.  V,  35,  102;  Kacius,  Collectanea 
sur  griec't.  und  rom.  AUertumsk.  1811.  En  298,  Lacliarcs  vole  les  joyaux  de 
l'Athéna  chrysélépbanline  du  Parlliénon  ;  Isoerat.  C  Callim.  57  ;  Suid.  s.  v. 
«ttXoja.iî;,  «tiAîa;  :  Paus.  I,  25,  6  ;  Athen.  XI,  p.  465  F;  autres  vols.  Plut.  De  /s. 
et  Osir.  LXXll;  Aelian.  Var.  hisl.  I,  20,  29  ;  vols  à  Rome,  Cic.  Xat.  deor.  I,  29, 
89.  .\  répo(|ue  impériale  ou  vole  les  pierres  précieuses  formant  les  oihiles  des 
statues  de  bronze;  eulîn  on  vole  quelquefois  la  slatue  elle-même,  C.  i.  l.  VIII,  7063. 
—  1^  Statues  de  Démétrius  de  l'halcres  détruites.  Plut.  Praec.  ger.  respubl. 
LXXVl  ;  la  slatue  de  Démade  est  fondue,  ibid.  ;  à  Athènes,  destruction  des  statues 
de  Philippe,  Liv.  XXXI,  44;  statues  des  Romains  brisées  en  Asie  lors  du  triomphe 
de  Mithridate,  App.  Mithrid.  21;  décret  de  Chio  ordonnant  la  restauration  d'une 
stalue  de  tyrannoctone,  Hicks,  Manuel  of  greek  hist.  inscr.  p.  126;  martelage 
d'inscriptions  de  statues  en  Grèce,  /nscr.  jurid.  gr.  II.  p.  2i  sq.  n»  .XXII,  I.  33, 
et  commentaire,  p.  40.  Destruction  de  statues  à  Rome,  Tac.  .4/jMtt/.  III,  14,  5; 
Plin.  XXXIV,  C:  Juven.  X.  56  sq.  ;  Plin.  J.  Panegyr.  52,  3;  Sueton  .Domit. 
21,  2;  DioCass.  LXVIII,  1  ;  XXXI,  1  ;  XLVlll,  31  ;  Ll,  19;  I.VIll,  Il  ;  LXXV,  10; 
Eus.    IX,    II;    l.amprid.   Heliog.   13. 


STA 


—  1487  — 


STA 


l'invasion  :  la  venue  des  Perses  à  Athènes,  en  480  cl  479, 
laissa  l'Acropole  déserle  ;  à  la  place  du  peuple  des  statues, 
il  ne  resta  que  des  charbons  et  des  pierres  noircies  qu'il 
fallut  mettre  à  la  fosse  commune;  rien  n'échappa  que 
les  xoana  emportés  sur  les  navires'.  Dans  le  grand 
désordre  qui  suivit  la  mort  d'Alexandre,  d'autres  dévas- 
tations tout  aussi  funestes  vinrent  de  temps  en  temps 
ruiner  certains  temples-. Cependant,  dans  l'ensemble,  la 
destinée  des  statues  grecques  eût  été  encore  assez  tran- 
quille sans  l'intervention  des  Romains^  Pour  des  gens 
habitués  à  la  décoration  en  terre-cuite,  les  beaux  mar- 
bres helléniques  furent  une  révélation.  L'avidité  romaine 
vit  en  eux  de  superbes  proies.  Les  premiers  chefs- 
d'œuvre  vinrent  à  Rome  de  l'Italie  du  sud'  ;  quand  ils 
eurent  fait  apprécier  la  statuaire  d'origine  grecque, 
partout,  dans  les  provinces,  les  gouverneurs  et  les  publi- 
cains  organisèrent  plus  ou  moins  ouvertement  le 
régime  du  rapt^  C'était  une  forme  d'hommage  au  génie 
des  vaincus  qui  s'accordait  parfaitement  avec  l'esprit 
pratique  des  conquérants.  Aux  premiers  siècles  de  la 
République,  c'est  une  quasi  obligation,  pour  tout  général 
revenant  de  Grèce  ou  d'Asie,  que  de  fonder  à  Rome  un 
temple  orné  des  plus  beaux  morceaux  de  la  statuaire 
hellénique**.  On  se  défend  d'abord  de  piller  les  sanctuaires; 
le  collège  des  prêtres  est  là  pour  prévenir  tout  sacri- 
lège ".  Mais  peu  à  peu,  le  goût  des  œuvres  d'art  fait  passer 
outre  aux  interdictions  ;  on  enlève  d'abord  les  offrandes; 
bientôt,  on  ne  respecte  même  plus  les  simulacres  des 
dieux.  On  en  arrive  à  la  longue  à  un  pillage  systématique 
et  brutal;  Corinlhe  dévastée  fournit  des  chefs-d'œuvre 
à  toute  l'Italie*.  Mais  souvent  les  plus  belles  pièces 
périssent  mutilées  dans  l'assaut  des  villes,  fondues  pour 


1  Hcrod.  Vm,  53  :  Pans.  I,  27,  C  ;  sur  rcnicvcmcnt  di'  lApoUou  de 
Kanakhos  à  Didynics,  Hcrod.  VI,  19;  l'aus.  I,  10,3;  VIII,  46,  3.  —  2  Colyb. 
IV,  IS.  Ci,  CT;  V.  9,  11;  IX,  31,  3ô  ;  Philippe  ravage  deut  fois  Thermos 
el  y  enlève  îllOO  slaliies.  i'olyb.  V,  9;  XI,  4;  môme  dévasialion  au  >icé- 
phoiion  de  Pergame,  Ibid..  XVI,  I;  sur  les  pillages  de  Prusias,  ibid.  XXXIl, 
i5  :  xoana  renversés  par  MéDOpliaue,  Paus,  lit,  t'i,  -.  —  3  ||  y  a  eu  deux  causes 
du  déplacemenl  des  slalues  que  nous  signalons  seulement,  mais  qui  mériteraient 
d'ôtre  étudiées  à  part  ;  c'est  d'abord  le  transport  matériel  pour  la  vente  :  il  n'est 
pas  certain  que  les  primitives  statues  aient  pu  ûtre  transportées  loin  de  leur 
chantier  d'origine  ;  le  fait  a  pourtant  dû  se  produire  ;  mais  beaucoup  de  statues  ont 
été  taillées  sur  place,  soit  par  des  ateliers  permanents,  soil  par  des  ateliers 
nomades;  à  partir  de  l'époque  classique,  le  transport  pour  ta  \onte  est  constant, 
Philosir.  Yita  Apoll.  V.  iO.  Il  faudrait  d'autre  paît  étudier  la  diffusion  des  cultes 
par  la  statue  :  cette  dilTusiou  se  fait  soit  à  la  suite  de  guerres  (l'aus.  H,  2fr,  3, 
i;ic.  Verr.  Il,  IV.  3t;  les  dieux  sont  alors  enlevés  parmi  le  butin);  soit  par 
importation  pacifique,  Paus.  I,  18,  3:  III.  18,4:  VII,  19;  VIII,  31,3;  IX,  40,  3; 
Plut.  Ihes.  SI  :  de  Is.  et  Oiir.  26.  —  4  Liv.  XXV.  40;  XXVI.  il,  8  ;  XXVI,  34, 
li;  XXVIl,  16,  7;  Colin,  Jiome  et  In  Grèce  de  iOO  à  146  ai'.  J.-C.  p.  97  sq. 
—  JChapol,  La  province  d'Asie,  p.  60:  sur  le  pillage  en  général,  Juven.  VIII,  100; 
pillages  de  DolaLella,  Cic.  Phiiipp.  .XI,  i;  pillage  du  Paecile  à  Athènes  par  un 
proconsul,  Synos.  Ep.  135,  p.  iTi.  —  6  En  194.  triomphe  de  (luinctins  Flamininus  ; 
l.iv.  XXXIV,  Si,  4:  XXXII.  16,  17;  eu  189,  triomplicde  Scipion  l'Asiatique,  Liv. 
XXXVIl,  59,  3;  Plin.  -Y.  Ai;/.  XXXIll,  U8,  9;  eu  187,  triomphe  de  Fulvius 
Nobilior;  Liv.  XXXIX,  5,  13;  XXXVIII,  9,  13;  43.  «;  en  167,  triomphe  de  l'aul- 
Emilc,  Plut.  Paul.  Aem.  XXXII;  en  146,  triomphe  de  llctellus,  Vell.  Paterc.  I, 
1 1.  3,  4  ;  en  143,  triomphe  de  Mummius  ;  Colin.  Op.  laud.  p.  363  sq.  —  7  Modéra- 
tion de  Marcellus,  Cic.  \eri-.  II,  4,  34;  IV,  3,  3i;  de  O.  Fulvius,  Liv.  XXVI, 
34;  de  Fabius,  Liv.  XXVIl,  16;  voir  pourtant  Strab.  VI,  p.  278;  Marcellus 
aurait  enrichi  même  des  temples  grecs,  Plut.  Marcel.  XXX  :  reproches  adressés  à 
Fulvius  Xobilior  pour  avoir  pillé  les  temples,  Liv.  XXXVIII,  44.-8  Strab.  VIII,  6, 
i3  ;  Plin.  -V.  hist.  XXXIll.  149;  X.XXIV,  36;  XXXVIl,  li;  on  s'adressait  à  Mum- 
mius comme  à  uu  courtier,  pour  oruer  les  péristyles  de  ses  villas  ou  les  temples 
nouveaux.  —  9  Polyb.  XL,  7  :  statues  naufragées  dans  les  trausports.  ttec.  des 
Et.  i/r  XIV,  1901,  lii  sq.  ;  Luc.  ZeuxZ;  'Eçr.,..  A»/.  I9ûi,  145  sr|.  ;  ^ourn.  Iicil. 
stud.  1903,  p.  I5Î  sq.  ;  pillages  des  pirates,  Plut.  Pomp.  i4;  en  1909  des  fouilles 
au  large  de  Tunis  ont  amené  la  découverte  d  une  cargaison  de  statues  naufragées  ; 
J.de$  Sac.  août  1909,  p.  374;  C.-rend.  Acad.  Inscr.  1910,  p.  ii3,  Î43,  i48.  lii, 
383.  —  10  Sallust.  Calilin.  II; -Strab.  XII,  3,  li;  Plin.  N.  hist.,  XXXIV,  7; 
VœlLcl,  VCegfùhr.  d.  Kunslic.  aus  d.  eroli.  Landern  nach  Rom,  1798  :  Sickler, 
Weynahme  u.  Âljfùhr.  vorzùglicher  Kitustw.  aus.  d.  erob.  Ltïndern  in  d.  Lânder 
der    Siéger,     1803  ;     VVunderer,    Atanubiae   .Mexandrineae,    Wurzburg,    1894. 


les  besoins  de  la  guerre,  ou  quelquefois  naufragées  dans 
les  transports'.  Les  déprédations  sont  loin  de  cesser  au 
temps  des  compétitions  et  des  guerres  civiles'";  les 
rapines  dWntoine  étaient  demeurées  fameuses  en  Asie; 
Auguste  se  vante  de  les  avoir  en  partie  réparées".  Lui- 
même  était  amateur  d'art,  et  surtout  d'art  arcliaïque,  mais 
il  achetait,  au  lieu  d'enlever  de  force  '-.  Ses  successeurs 
n'eurent  pas  toujours  les  mêmes  scrupules  '^.  —  On  pouvait 
croire  au  moins  que  l'exode  des  statues  s'arrêterait  à 
Rome.  Pourtant,  lorsque  l'Empire  latin  tombe  à  son  tour 
et  se  transporte  à  Byzance,  la  plupart  des  belles  œuvres 
grecques  suivent  la  destinée  de  leurs  nouveaux  posses- 
seurs ;  surtout  à  l'époque  de  Constantin,  elles  s'en  vont 
orner  les  monuments,  les  portiques,  et  les  places  de  la 
nouvelle  capitale''".  Elles  ne  tardèrent  pas  à  y  être  rejointes 
par  tout  ce  que  le  hasard  avait  laissé  en  place  dans  la 
Grèce  et  en  Asie  Mineure  ''.  Ce  fut  là,  il  est  vrai,  leur 
dernière  aventure;  celles  qui  échappèrent  aux  accidents 
de  l'exil  périrent  victimes  du  triomphe  chrétien,  ou  plus 
misérablement  encore  pendant  les  invasions  barbares 
par  l'incendie  des  palais"*.  C'est  l'époque  où  l'on  fond 
les  bronzes,  soit  pour  le  rachat  des  captifs,  soit  au  profit 
des  églises  nouvelles '^  Une  décision  impériale  ruine 
d'un  coup  le  Serapeum  d'Alexandrie,  avec  toutes  ses 
richesses  d'art  '*.  A  travers  le  monde  païen,  le  zèle 
des  néophytes  sévit  et  n'épargne  certains  chefs- 
d'œuvre  que  grâce  à  des  confusions  singulières'".  Par- 
fois la  haine  du  christianisme  militant  pour  les  vieilles 
divinités  anthropomorphiques  et  les  souvenirs  du  monde 
païen  s'apaise.  Une  intervention  passagère  arrête  le  mal 
causé  par  la  main  des  hommes  -".  Mais  c'est  pour  les 
statues  le  court  répit  d'une  agonie  :  aussi  bien,  l'esprit 


—  Il  Plin.  A'.  Mst.  XXXIV,  S,  38;  Mon.  iVAnci/re,  IV,  49,  ch.  xsiv;Strabon  cite 
queh|ues  exemples  de  ces  restitutions,  d'ailleurs  pai-tielles,  faites  par  Auguste. 
XIII,  p.  593;  XIV,  I,  4. —12  Plin.  XXXVI,  13;  Paus.  VIII,  16,  tà4;  à  ce  goût  do 
l'empereur  serait  due  la  dillusion  de  l'art  grec  archa'iquc  en  Italie;  Lcewy,  Inscli. 
ijr.  hildh.  497,  ^inscription  douteuse):  Strab.  VIII.  i,  19.  —  U  Pillages  de  Cali- 
gula,  Winckelmann.  V!,  I,  p.  i33  ;  pillages  de  Néron,  à  Athènes,  Delphes,  Olympie, 
ibid.  p.  237  ;  Paus.  V,  26,  2.  — liEuscb.  Vit.  Constant.  III,  34;  De  laud.  Constant. 
8;  /te«.  Etud.  gr.  IX,  40  ;  Anthol.  éd.  Jacobs,  I,  37  :  description  des  statues  du 
gymnase  de  Zeuxippe.  Banduri,  Jmp.  orient.  Il,  p.  862  ;  sur  un  manuscrit  de  saint 
Grégoire  de  Naziance,  représentation  de  statues  grecques  sur  colonnes,  au  milieu 
d'une  place  publique  à  Constantinople;  A.  Michel,  M.  de  l'Art,  I,  p.  246,  lig.  135. 
Le  Zeus  d'Ulympie,  œuvre  de  Phidias,  fut  transporté  à  Constantinople  ;  il  était  dans 
la  maison  de  Lausus,  t^lcdrenus,  Comp.  histor.  p.  3iiB  ;  Overbcek.  Schriftq.  680- 
690,  744-734.  L'Athéna  Parthénos  du  mémearlisie  existait  encore  en  l'an  375  de  notre 
ère  ;  on  a  pu  croire,  d'après  un  texte,  il  est  vrai  suspect,  qu'elle  avait  été  transportée 
aussi  à  Constantinople  ;  .Sc/iol.  Aristid.  Orat.  50.  —  1^  Constantin  pille  le  temple 
d'Athéna  Lindia  pour  orner  sa  résidence. —  Iti  Les  chrétiens  d'Afrique,  Tertuliieu, 
Saint  Augustin,  Clément  d'Alexandrie  condamnent  à  la  fois  la  plastique  cl  la  pein- 
ture ;  le  concile  d'Illibcris.  un  peu  mieux  disposé  en  faveur  de  la  peinture,  n'est  pas 
plus  favorable  aux  statues  que  les  doctrinaires  d'.\fric|ue;  Griincisen,  L'eber  die 
L'rsachen  und  Grûnzen  des  Kunsthasses  in  deti  drei  erslen  Jahrh.  n.  Christ, 
1831  ;  dans  une  inscription  d'Fphèse,  Forsclt.  in  Eplteso^.  I,  p.  103,  un  chrétien  se 
vante  d'avoir  détruit  une  idole  d'Artémis.  L'ordre  direct  de  détruire  les  temples  ne 
commence  qu'avec  les  fils  de  Théodose  ;  on  se  réjouit  de  pouvoir  montrer  au  peuple 
l'intérieur  poudreux  d'un  colosse  chryséléphantin,  Ëuseb.  Vita  Constant.  III,  34  ; 
Nicetas  Choniat.  p.  738  ;  statues  fondues  au  moment  des  invasions  barbares, 
Zozim.  V,  41  ;  statues  enlerrèes,  Itev.  arch.  X,  1864,  p.  3i9  ;  sur  les  incendies,  voir 
principalement  l'incendie  du  Lauscon,  du  bain  de  Zeuxippe  ;  Cedrenus,  348  A  : 
Zonaras,  Ann.  XIV,  p.  62.  Le  Lauseon  fut  détruit  sous  Zenon.  A  Rome,  ta  dévas- 
tation continue  tout  au  cours  du  moyen  âge  ;  P^icbutir,  Kleine  Schrift.  p.  433  ; 
Heyne,  De  interitu  operitm  tum  antiqitae  cum  serioris  artis  quae  Capitoti  fuisse 
memorantur,  Comm  -  Gotting.  XII,  p.  i73  ;  Laneiani,  The  destruction  of  ancient 
Jlom.  —  17  Voir  l'article  stati-.viii.i  —  '»  Le  Sérapis  de  Bryaiis,  Jleo.  arch. 
19022,  p.  5,  21  ;  19032,  p.  177-204.  est  brisé  à  coups  de  hache.  —  '^  Gardner, 
H andbook  of  greck  .Seulpt.  I,  p.  6  ;  on  respecta  d'une  façon  générale  les  monuments 
de  caractère  funéraire.  —  20  En  382,  édit  de  Gralien,  protégeant  les  œuvres  d'art  en 
Orient  ;  Cad.  Theod.  16,  10,  8.  A  Rome,  on  crée  un  centurion,  plus  lard  un 
tribun,  puis  un  cornes  rerum  nitentium  pour  la  protection  des  œuvres  d'art;  Vales, 
ad  Ammian.  XVI,  0  ;  au  temps  de  Cassiodore,  il  existe  pour  cet  ofDcc  un  •  cornes 
romanus  »,  dont  la  fonction  est  appelée  comi/ira  romana;  Cassiod.  Var.  Vil,  13, 
Tertullian.  Apolog.  29  ;  Arnob.  VI,  p.  i05. 


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qui  les  avait  créées  el  animées  allail  Unir;  elles  ne  pou- 
vaient survivre.  Si  quelques-unes  demeurèrent  intactes, 
ce  fut  pour  permettre  aux  croisés  d'attester  par  de  nou- 
velles destructions  la  vivacité  de  leur  foi  '.  Que  Ton 
pense  à  toutes  ces  ruines,  en  y  ajoutant  l'eiïet  des  Iléaux 
naturels,  du  vandalisme,  de  lignorance- :  on  cessera 
d'èlre  surpris  du  petit  noml)re  de  pièces  conservées  sur 
l'immense  quantité  des  chefs-d'œuvre  connus  de  la 
statuaire  antique  ^  Charles  Pic.aru. 

STATU.VUIA.  —  Le  passage  bien  connu  de  Pline', 
concernant  Pasitélès,  distingue  nettement  les  unes  des 
autres  :  la  plastique  en  terre,  plastice  [figlimm  opls,  ni'-, 
la  toreutique  caelatiraP,  la  statuaire  en  bronze,  sta- 
tuaria,  et  la  sculpture  en  pierre  [sc.ilptira J.  La  sta- 
luaria,  chez  les  écrivains  de  l'époque  impériale,  consiste 
dans  l'exécution  de  statues  en  bronze  par  les  staluarii'. 

Si  les  Latins  donnaient  à  ces  mots  une  signification 
bien  précise,  les  Grecs  n'avaient  pas  d'expression  exac- 
tement correspondante  '  ;  un  passage  de  Quinlilien  est  à 
cet  égard  signilicatif '^. 

I.  Latecuxioie  de  lastatiaria  ".  — 1°  La  fonte  pleine, 
le  sphijrelalon  et  les  origines  de  la  fonte  creuse.  —  La 
fonte  du  bronze,  dans  les  pays  de  l'antiquité  classique, 
remonte  à  une  époque  très  reculée  aeSj  '.  La  fonte 
pleine,  qui  fut  d'abord  la  seule  connue',  ne  permettait 
pas  d'obtenir  des  figures  de  grandes  dimensions,  carplus 
la  masse  coulée  est  considérable,  plus  s'y  font  sentir  les 
effets  de  la  rétraction  provoquée  parle  refroidissement '". 
Aussi,  toutes  les  figures  en  fonte  pleine  que  nous  a 
léguées  l'antiquité  "  sont-elles  petites  par  les  nécessités 
mêmes  du  procédé  employé.  Si  l'on  voulait  obtenir  des 
figures  plus  grandes,  on  était  obligé  de  recourir  au  pro- 
cédé consistant  à  river  entre  elles  des  feuilles  de  métal 
battues  au  marteau  [sphi/relaton)'-.  Ces  deux  procédés, 
lors  de  l'apparition  d'une  technique  plus  perfectionnée, 
ne  furent  pas  abandonnés  :  la  fonte  pleine  continua  à 
être  employée  pour  les  figurines,  le  sphyrelaton  transmit 


1  NiceU*,.Vtirra/io  desUitttis  aiitiquisguas  Franc i  destrtixenmt  :  itev.  dt-s  Et. 
gr.  1907,  p.  399.  —  3  Statues  foudroyées,  iuccniiices  par  accident  ;  statues  employées 
ilaus  les  fours  â  chaux  (Agora  des  Italiens,  à  Délos\  statues  utilisées  comme  pierres 
brutes  daus  les  reconstruclions  ;  ce  deruier  usage,  i|ui  a  fait  disparaître  tant  de  pièces 
de  valeur,  eiistait  dès  ranti<|uité  ;  Thucyd.  I,  90;  on  a  retrouvé,  maçonnés  dans  le 
mur  de  Tliémtstocle,  un  grand  nombre  de  fragments  sculptés  provenant,  soit  de 
stèles,  soit  de  statues  eu  ronde-bosse;  à  Idalium,  statues  transformées  en  socles, 
S.  Keinacli,  Chron.  d'Orient,  p.  190  ;  voii-  encore  Déonna,  Les  Apnlt.  arcli.,  i9j-106  : 
llomolle.  Mon.  yrecs,  li^7i-81,  p.  ôl.  —  3  On  peut  prendre  une  idée  de  l'aboniaocc 
des  statues  antiques  par  quelques  chiffres  que  nous  donnent  les  anciens;  à  Rhodes, 
après  les  pillages,  un  ami  de  Vespasien  compte  encore,  selon  Pline,  .V.  Hisl.  X.KXiV, 
17,  3000  sutues  :  sur  l'abondance  des  statues  à  Délos,  Ovid.  Ueroid.  XXI,  98  ;  de 
peUles  tics  comme  Bacchion,  près  de  Phocée,  conlenaieiil  un  nombre  surprenant 
d'œuvrcs  d'art,  Liv.  XXXVII,  31,  Sur  le  nombre  des  pièces  conservées  et  connues 
aujourd'hui,  S.  Reinach,  Itèpertoire  de  la  statuaire  ijrecqite  et  romaine. 

sr.^TUARIA.  1  Hist.  nat.  XXXV,  130  :  [.auaat  (Varroi  et  Pasilelen  gui plas- 
ticen  matre-n  caelaturae  et  statuariae  scuipturaeque  dixit.  —  *-  Deouna,  Les 
statues  de  terre  cuite  en  Grèce,  1906  ;  Les  statues  de  terre  cuite  dans  ranliguité, 
1908;  La  statuaire  ccramique  à  Chypre,  1907.  —  3  Blûmner,  Technologie  und 
Terminologie  der  Oewerlte  und  Kùnste,  IV,  p.  Si9  sq.  ;  IJuatremère  de  (Juincy, 
Le  Jupiter  Olympien,  p.  73  sq.  ;  n'iener  Jahreshefle,  190+,  p.  lôtsq.;  1905, 
p.  51  sq.  —  '  Cf.  encore  l'emploi  du  mot  statuaria  cLei  Plio.  .XXXIV.  35,  Gô  : 
XXXVl,  15  ;  sur  la  signihcation  de  ce  mol  et  sur  les  textes  des  auteurs  anciens  qui 
s'en  servent,  cf.  Blûmner.  Op.  l.  Il,  p.  175,  186;  IV,  p.  3i4  ;  Ouatrcmère  de  Quincy, 
Op.  l.  p.  S7  sq.,  9"  sq.  ;  Pauly-Wissona,  Jleal-  Encyklopâdie,  s.  v.  Erzguss,  p.  COS; 
Walters,  Catal.  of  the  Bronzes  in  the  Brit.  J/its.  p.  Ï9  ;  Americ.  Journ.  of  arch. 
1907,  p.  414;  sur  les  statuarii,  cf.  les  références  précédentes,  en  particulier 
Blûmner,  Op.  l.  Il,  p.  186.  Le  mot  statuarius  désigne  d'une  façon  très  spéciale  le 
fondeur  de  statues  en  bronze.  Sénèque,  £p.  Ss,  18,  dislingue  nettement  les  sta- 
tuarii des  marmorarii.  —  ô  Bliimoer,  Op.  l.  IV,  p.  3il  sq.;  Wallers,  l.  c.  —  «11. 
il,  10  :  .Vam  si guaeras  quae  sit  materia  statuarii,  dicetut-  a^s;  si  guaeram,guae 
sit  excusoris,  id  est  faliricae  ejus  guam  Graeci  yalxcuTtvr.v  vocant,  simtliter  aes 
respondeant  ;  atgui  plurimum  statuis  differunt  casa.  —  7 Cf.  Pauly-Wissona. 
Op.  l.  s.v.Erzguss,  p.  007  sq.  (Blûmner);  C!u8lremère  de  (Juincy,  Op.  t.  p.90sq., 


sa  technique  à  la  statuaire  chryséléphantine  ebur". 
Tous  les  arts  anciens  ont  commencé  par  pratiquer  la 
fonte  pleineet  le  sphyrelaton.  Les  statues  trouvées  à  Kom- 
el-.\hmar,  que  l'on  croit  du  temps  de  Pioupi  I'''(VI'  dynas- 
tie), sont  faites  de  pièces  de  cuivre  repoussées  au  mar- 
teau et  jointes  par  des  attaches  mécaniques''.  Cependant, 
les  Egyptiens  connurent  de  bonne  heure  le  procédé  de  la 
fonte  en  creux,  qui,  à  l'époque  des  rois  saïtes,  est  très 
perfectionné.  Même  les  petites  figurines,  que  les  Grecs 
de  l'âge  classique  fondaient  d'habitude  en  plein,  étaient, 
en  Egypte,  fondues  en  creux,  d'une  manière  très  habile, 
avec  des  parois  déjà  très  minces".  Les  statues  de  l'an- 
cienne collection  Posno,  au  Louvre '°,  que  M.  Maspéro 
place  quelques  années  avant  l'avènement  de  Psam- 
métik  I"'"',  c'est-à-dire  avant  664  ;  la  statue  d'Horus,  pro- 
venant de  la  même  collection,  au  même  musée",  datant 
aussi  du  vu'  siècle,  sont  coulées  d'une  seule  pièce,  sauf 
les  bras,  qui,  suivant  un  procédé  usité  aussi  en  Grèce, 
sont  rapportés  ;  la  fonte  en  est  légère,  et  la  figure,  sortie 
du  moule,  est  soigneusement  retouchée  au  ciseau.  Les 
bronzes  de  la  reine  Takoushit,  au  Musée  d'Athènes'',  de 
la  reine  Karomàmâ,  au  Musée  du  Louvre'*,  tous  deux 
de  la  période  saïte,  sont  des  chefs-d'œuvre  de  fonte.  Ces 
monuments  ne  sont  pas  de  très  grandes  dimensions,  car 
l'Egypte  ne  nous  a  laissé  qu'un  petit  nombre  de  grandes 
statues  en  bronze,  mais  les  débris  de  forte  taille  que 
possèdent  les  collections  privées  et  publiques  montrent 
que  les  habiles  fondeurs  égyptiens  n'ont  pas  craint  les 
diflicultés  multiples  de  leur  art '^.  On  peut  encore  citer 
le  fragment  d'une  statue  du  roi  Petoukhànou  exécutée 
aux  deux  tiers  de  la  grandeur  naturelle'". 

Dans  le  bassin  du  Tigre  et  de  l'Euphrate,  on  connut 
aussi,  dès  une  époque  très  ancienne,  la  fonte  en  creux. 
La  statue  de  la  reine  .\apir-.\sou,  trouvée  en  Susiane  par 
la  mission  de  Morgan-',  date  du  xiv^  siècle  avant  notre 
ère;  elle  est  de  grandeur  naturelle,  fondue  en  creux  et 
remplie  d'une  seconde  coulée  de  métal  qui  l'a   trans- 


ita sq..  IH  sq.  ;  Baumcisler,  Dimkmùler.s.  v,  Erz,  p.  5lH  sq.;  Cata\  gt-nér.  des 
antiquités  êggpi.  du  Musre  du  Caire,  X.  Edgar,  Greek  Moulds,  p.  6  sq.  (tireek 
bronze  casting)  :  Blûmner,  Op.  l.  IV,  p.  178  sq.  ;  Walters,  Op.  l.  p.  17  sq.  :  Dic- 
tionn.de  t'Acad.  des  Beaux-Arts.  s.  v.  Bronze;  Lûer,  Tecknikder  Bronzeplttstik 
(Monograp.  des  Kunslgcwerbes  IVj  :  Viiener  Jalireshefte,  l*.>ûi,  p.  154  sq., 
1909,  p.  t\i  S(i.  (Pcrnice,  Untersiieh.  zur  antik.  Torentik:  cf.  /ter.  des  Etudes 
grecgues,  1906,  p.  119);  Jahrbuchdes  arch.  deutsch.  Inslit.  1903,  .XVI.  .\nzeiger, 
p.  14  s(|.;  Tarbell,  Hnt.  of  ijreekart.  p.  120  sq.  ;  Gardner.  A  Handttook  of  greek 
.Sculpture,  I,  p.  i3  sq.  ;  Pcrrot,  /Jigt.  de  l'Art,  VIII,  p.  168  sq.;  Clarac,  Musée  de 
scutpt.  \,  p.  55  sq.  ;  Lewin,  l'eber  die  Technik  antik.  Bronzen,  Jahrbuch., 
XVI,  Beiblatt,  16.  —  **  Wallers,  Op.  l.  p.  ±i  sq.  :  origine  du  bronze,  Hoerues. 
Lrgeschichte  derhild.  Kunst  in  Europa,  p.  906  sq.  :  Dussaud,  Les  civilis.  préhel- 
lèniqves,  p.  189  sq.  ;  .Morgan,  Les  premières  civilis.  p.  205.  —  9  Sur  la  fonte  en 
plein,  cf.  Blûmner,  Op.  l.  IV,  p.  279  sq.  :  Walters,  Op.  l.  p.  29  sq.  —  10  Perrol, 
Op.l.  Vlll,  p.  170. —  tl  Ex.  les  statuettes  en  bronze  mycéniennes  ;  M ùnchenersitzbe- 
richte,  1899,  II,  p.  5'j9  sq.  (Furtwaengler,  cf.  Bev.  des  Et.  grecques,  1900, 
p.  373)  ;  Walters  Op.  l.  p.  37  sq.  —  12  Cf.  s.  v.  cieuiliia,  aes:  Waltcre,  Op.  t. 
p.  30  s*i.,  .XX.XVI;  IJuatremère  de  (juincy,  Op.  l.  p.  154  sq.  ;  Marquardt,  Mauufl 
des  Ant.  rom.,  XV,  Vie privéi;  2,  p.  327.  —  13  Perrol,  Op.  t.  Vlll,  p.  171,  noie  I  ; 
J.meric.  Journ.  of  arch.  1S99,  p.  243,  097-8:  Capart,  L'art  égyptien,  1908,  p.  13, 
pi.  XN  ;  Springer-Michaelis,  {(>),  I,  p.  21,  tig.  .^2;  Maspéro.  L'arch.  égyptienne,  1907, 
p.  292. —u Pcrrot,  Op.  ;.  I,p.  650  sq.  ;  Pauly-Wissowa, /. /.;  J/oiium.  PioMV,p.  15; 
Collignon,  Sculpt.  grecque,  I,  p.  133;  Mûnch.  Sitzungsberichte,  1897,  11,  p.  114 
(Furtwaengler).—  15  C.rend.  de  l'Acad.  des  Inscr.  1873,  p.345  ;  Longpérier  était 
enclin  à  les  placera  une  date  beaucoup  trop  reculée.  Cf.  Perrol,  Op.  l.  I,  p.  630  sq. 
fig.  434-5  ;  Monum.  Piot,  IV,  p.  10  ;  Pauly-Wissowa.  /.  /.  ;  Collignon,  Op.  l.  I,  p.  158, 
note  4;  Maspéro,  Archéol.  égypt.  p.  292.  —  16  Perrot,  Op.  l.  I,  p.  64,  fig.  44; 
Tarbell,  A  history  of  greek  art,  p.  31,  lig.  11.  —  11  Gaz.  archéol.  1883,  p.  185, 
pi.  i.\xxiii-iv  ;  Maspéro,  L.  l.  p.  292;  Id.  dist.  anc.  des  peuples  de  l'Orient,  11, 
p.  534,  pi.  III  ;  Monum.  Piot,  IV,  p.  16.  —  18  Monum.  Piot.  IV.  p.  13  sq.,  pi.  m. 
—  19  Ibid.  p.  13  ;  les  aiiistes  égyptiens  .idoptèrcnt  sans  doute  de  bonne  heure  a 
fonte  dite  en  carton,  Jbid.  p.  24.  —  -0  Ibid.  p.  16  ;  Maspéro,  .\rch.  égypt. 
p.  292.  —  21  Gaz.  des  B.-irts,  XXXV,  1906,  p.  10-11,  fig.  ;  Berue  de  VArt  anc. 
et  moderne,  XIX,  1906,  p.    266,    269. 


STA 


1489 


STA 


formée  en  un  bloc  massif.  Diverses  slatuelles  de  bronze 
provenant  des  mêmes  fouilles  '  sont  aussi  exécutées  en 
creux  par  un  procédé  analogue  à  celui  de  la  cire  perdue, 
mais  où  le  bitume  tenait  le  rôle  joué  par  la  cire. 

Il  semble  qu'on  ait  songé,  en  Grèce,  dès  l'époque 
mycénienne,  à  fondre  en  creux.  Un  petit  cerf,  trouvé  à 
Mycènes  -,  fait  d'un  alliage  d'argent  et  de  plomb,  est 
creux,  et  présente  sur  son  dos  un  tuyau  qui  a  servi  à  la 
fonte.  L'ouvrier,  ayant  modelé  en  cire  le  cerf,  l'aura 
recouvert  d'argile,  fait  une  ouverture  sur  le  dos  de 
l'animal  et  fondu  la  cire  au  feu.  Dans  cette  forme  ainsi 
préparée,  il  aura  versé  le  métal  en  fusion,  puis,  dès  que 
celui-  ci  se  sera  un  peu  refroidi  et  attaché  aux  parois 
intérieures,  vidé  le  reste  du  métal  encore  liquide.  Si 
cette  explication  est  exacte  \  on  voit  que  ce  n'est  qu'une 
variante  de  la  fonte  pleine,  qui  témoigne  cependant  du 
désir  de  fabriquer  des  figures  creuses,  plus  légères.  Ce 
n'est  là  qu'un  exemple  isolé.  Dans  les  régions  helléni- 
ques, les  procédés  de  la  fonte  en  creux  ne  furent  mis 
en  usage  qu'à  une  époque  assez  récente. 

2°  Les  procédés  techniques  de  la  fonte  en  creux.  — 
Les  anciens  attribuaient  aux  Samiens  Rhoecos  et  Théo- 
doros,  qui  vivaient  au  vil''  siècle',  l'invention  de  la  fonte 
du  bronze'.  En  réalité,  ces  artistes  se  bornèrent  à  intro- 
duire en  Grèce  des  procédés  déjà  connus  de  longue  date 
par  les  Orientaux,  et  c'est  en  Egypte  sans  doute  qu'ils 
apprirent  à  pratiquer  une  technique  qui  leur  était  nou- 
velle". L'histoire  que  rapporte  Diodore'  sur  la  statue 
d'Apollon  Pythien  fabriquée  en  deux  parties  par  Théo- 
doros  et  son  père  Téléklès,  peut  être  rejetée  au  nom  de 
la  vraisemblance,  mais  il  n'y  a  aucun  motif  de  douter 
que  Téléklès  et  Théodoros  aient  fait,  comme  il  le  dit,  un 
séjour  en  Egypte  et  qu'ils  s'y  soient  instruits  dans 
leur  art*.  Il  en  fut  sans  doute  de  même  pour  Rhoecos, 
l'artiste  samien  '.  On  sait  combien  étroites  sont  à 
cette  époque  les  relations  de  l'Ionie,  de  Samos,  de 
Milet,  de  Rhodes,  de  Chypre,  avec  l'Egypte  '".  La 
technique  nouvelle  dut  s'introduire  à  Chypre  vers  le 
même  temps  qu'à  Samos,  car  on  a  trouvé  dans  le  sanc- 
tuaire de  Limniti  des  figurines  de  bronze,  qui  ne  sont 
pas  postérieures  au  vi"  siècle,  et  qui  sont  fondues  en 
creux,  suivant  le  procédé  égyptien,  c'est-à-dire  avec  le 
noyau  laissé  à  l'intérieur". 

Mais  quel  genre  de  fonte  les  Samiens  mirent-ils  en 
œuvre'-?  Les  textes  ne  le  disent  pas  et  on  est  réduit  à 
des  hypothèses.  M.  CoUignon'^  ne  pense  pas  qu'ils  aient 
employé  le  procédé  à  cire  perdue,  technique  trop 
savante,  dit-il,  pour  l'époque.  La  méthode  adoptée  aurait 
été  celle  de  la  fonte  au  sa/jle,  en  plusieurs  morceaux. 
Voici  en  quoi  elle  consiste.  Le  modèle  en  plâtre  ou  en 
argile  de  la  statue  est  débité  en  morceaux,  qui  sont 
moulés  séparément  dans  un  moule  de  sable  fin  et  un  peu 

1  Gaz.  des  B.-Arts,\i.  16;  llevue  de  l'Art  anc.  et  mod.,  1900.  I,  p.  2859  ;  Morgan, 
0/j.  l.  p.  43i,  note  2.  Cf.  sur  la  fonte  en  carton  en  Chaldée,  Heuzey,  Catal.  des  anti- 
quités chaldéetines,  p.  291,  293,  321,  322.  —  2  Schliemann,  Mykenae,  p.  296, 
rig.  370.  —  3  Arch.  fur  Anthrop.,  XII,  p.  iK;  BlGraner,  Op.  I.  IV,  p.  285,  note  1. 

—  t  Testes  relatifs  à  ces  artistes,  Overbeck,  Schritfqml.  n«  273  sq.  —  3  Paus. 
VIII,  14,  8:  Ovcrbcck,  Op.  l.  n"  273,  277;  id.  X,  38,  6.-6  Sur  l'invention 
de  Rhoecos  et  de  TliOodoros,  cf.  Collignon,  Sciitpt.  ^r.,  1,  p.  154  sq.;  f'errot, 
Hist.  de  l'art,  VIII,  p.  169  sq.  ;  Waltcrs,  Op.  l.  p.  49  sq.  —  '  Uiod.  Sic.  I, 
89;    Overbeck,    Op.   l.    n»   279.  —  «   Léchai,   Au  musée  de   l'Acropole,  p.  412. 

—  9  Pétrie,  Naucratis,  II,  p.  6b;  Bull,  de  corr.  hellén.  1890,  p.  153;  Colli"non, 
Op.  l.  I,  p.  139;  Léchai,  Op.  l.  p.  412.  —  lO  Sur  les  relations  de  Samos  avec 
l'Egypte,  cf.  Lecliat,  p.  410  sq.  ;  en  général,  sur  les  relations  enire  la  Grince 
et  l'Egypte  à  cette  époque,  cf.,  Mallet,  Les  premiers  établiss.  des  Grecs  en 
Egypte;    Deonna,    Les    Apollons    archaïques,    p.    201,    295,    302.    —   il  Xrcli 

VIII. 


gras.  Ce  moule  est  ensuite  rempli  par  un  noyau  en  sable 
soutenu  par  une  armature,  auquel  on  donne,  en  le 
refoulant,  un  retrait  calculé  sur  l'épaisseur  de  bronze 
qu'on  veut  obtenir.  Les  pièces  sont  ainsi  fondues  séparé- 
ment, puis  assemblées.  On  peut  croire  cependant  que  le 
procédé  de  la  fonte  à  cire  perdue  éia'd  connu  des  Grecs'*. 
On  façonnait  une  maquette '^  (Trpd7rX7.iT[Aa,  argilla),  en 
terre,  ou  en  plâtre,  soutenue  par  une  armature  de  fer  ou 
de  bois,  xivaiBo;,  crux  [crux,  m]  '".  Plusieurs  monuments 
anciens  montrent  Prométhée,  ou  un  simple  ouvrier,  mode- 
lant des  figures  dans  la  terre,  comme  le  devaient  faire  les 
bronziers  ".  Une  peinture  de  vase  montre  aussi  Athéna 


Fig    C60S.  —  Moilolago  en  terre. 

modelant  un  cheval  (fig.  6608)  ".  Sur  ce  modèle,  on  éten- 
dait une  couche  de  cire  d'une  épaisseur  suffisante  pour 
pouvoir  modeler  soigneusement  la  statue  à  l'aide  de 
l'ébauchoir.  Une  fois  le  modelage  terminé,  la  maquette 
était  recouverte  d'un  manteau  d'argile,  appliqué  par 
couches  successives  à  demi-liquides,  qui  épousait  exac- 
tement les  détails  de  la  cire.  On  mettait  au  feu,  on  faisait 
fondre  la  cire  entre  le  noyau  et  le  manteau,  on  la  faisait 
écouler  au  dehors  par  des  ouvertures  spéciales;  elle 
laissait  ainsi  la  place  nécessaire  au  métal '\  On  coulait 
le  bronze  ;  après  refroidissement,  on  enlevait  la  chape 
extérieure  et  le  noyau  intérieur,  au  moyen  de  crocs  de 
fer,  par  la  semelle  des  pieds,  ouverture  par  laquelle  on 
avait  coulé  le  métal.  Tel  est,  dans  ses  grandes  lignes,  le 
])rocédé  à  cire  perdue,  auquel  font  souvent  allusion  les 
auteurs  anciens'",  et  qu'on  pratique  encore  de  nos  jours. 

Anzeig.  1889,  p.  88;  Mùncli.  Sit::ungsber.,  1897,  II,  p.    114-3  (Furtwaengler). 

—  12  Sur  les  différents  genres  de  fonte  du  bronze,  cf.  Clarac,  Op.  l.  I, 
p.  67  sq.,  100  sq.  —  13  Op.  l.  I,  p.  157.  —  U  Sur  ce  procédé  :  Blûmner,  Up.  L 
IV,  p.  286  sq.,  326;  Wallers,  Op.  l.  p.  31;  Catal.  des  ant.  du  Musée 
du  Caire,  Edgar,  Greek  moulds,  p.  7,  IX;  Mon.  anticki,  1909,  19.  p.  118, 
note  1.  —  lo  Sur  les  maquettes,  cf.  figlinom  opus,  p.  1132;  Deonna,  Les 
stat.  de  terre  cuite  en  Grèce,  p.  20,  (référ.).  —  16  Deonna,  p.  17.  —  n  Ces 
monuments  sont  énumérés  dans  Roscher,  Lexikon,  s.  v.  Prometheus, 
p.  3103  sq.;  cf.  Deonna,  Op.  l.  p.  18-9.  —  ii  Annali  delt  Ist.,  1880,  pi.  K,  p.  56. 

—  19  Cf.  la  description  de  ce  procédé  de  fonte:  Liier,  Die  Technik  der  Brouze- 
ptastik,  p.  19  sq.;  Wiener  Jahreshefte,  1904,  p.  156.  noie  4;  on  voit  dans  les 
pieds  de  l'éphèbe  Sabourotf  et  de  l'éphébe  de  Pompéi.  l'ouverture  qui  a  servi  à 
retirer  le  noyau;  Wiener  Jahr.,  IV,  p.  177;  IX,  p.  13i.  —  20  Cf.  ci-dessus  les 
références  sur  la  fonte  à  cire  perdue,  où  sonl  réunis  les   passages  qui  v  ont  li-ait. 

187 


STA 


—   1490  — 


STA 


La  slaluc  pouvait  être  fondue  dun  seul  jet.  Le  plus 
souvent  cependant,  les  bronziers  la  fondaient  par  parties 
séparées,  comme  nous  rapprennent  les  textes  '  et  les 
monuments.  Voici  une  coupe  bien  connue  du  Musée  de 
Berlin  (li;;.  ()G09),  montrant  un  atelier  de  fondeur-.  On 
remarquera  qu'un  ouvrier  est  en  train  de  travailler  une 
statue  colossale  de  bron/.e,  dont  la  tète,  fondue  à  part, 
est  encore  séparée  du  tronc  et  git  à  terre.  Si  on  examine 


les  statues  de  bronze,  ou  les  fragments  de  statues  que 
nous  possédons,  on  constatera  que  l'usage  de  fondre  la 
statue  par  morceaux  était  courant,  et  que  bien  rares 
sont  les  figures  fondues  d'un  seul  jet^  Dans  une  statue 
féminine  de  Munich'  par  exemple,  on  verra  que  le  fon- 
deur a  coulé  à  part  :  le  bas  du  chiion  jusqu'au  manteau, 
le  manteau  jusqu'au.x  grands  plis  obliques,  le  haut  du 
manteau,  le  chiton  sur  la  poitrine,  les  bras,  la  tête°.  Les 
pièces  fondues  séparément  se  multiplieront  dans  les 
oeuvres  romaines,  avec  la  décadence  de  la  statuaria. 
C'est  ainsi  qu'une  statue  féminine  du  musée  de  Naples 
est  faite  de  10  morceaux  °. 

Les  pièces  fondues  n'étaient  pas  toujours  sans  défauts; 
quelque  bulle  d'air,  quelque  scorie,  pouvaient  avoir 
endommagé  l'épiderme,  et  il  fallait  y  remédier  au  moyen 
de  petits  rapiècements,  qui  sont  nombreux  sur  les 
lironzes  antiques'.  Afin  de  faire  disparaître  le  défaut,  on 
agrandissait  la  cavité,  de  manière  à  lui  donner  la  forme 
d'une  fente  allongée,  à  bords  nets;  puis,  dans  une  mince 


feuille  de  bronze,  on  découpait  des  triangles  minuscules, 
très  aigus  au  sommet.  On  les  insérait,  la  pointe  en 
avant,  dans  les  petites  fentes  ainsi  préparées,  on  coupait 

'  Philo  Byz.  De  sept,  siiect.  i:  (Juiiilil.  Il,  I,  12;  VII,  pr.  i.  —  2  Caej.atlba, 
p.  -90-I,  fig.  937-9;  Blûraner,  Op.  I.  IV,  pi.  v,  p.  330  (iiSfér.)  ;  Wallers,  Op.  l. 
p.  33;  llartnig,  3/eislerschalen,  p.  381  (référ.);  Iwau  von  Slûller,  VI,  Himdhucn 
ihr  Areh.  p.  405;  Paiily-Wissowa,  Op.  l.  s.  y.  Erzguss,  p.  61 1  ;  Wiener  Jahresh., 
I.  189S,  p.  37;  Jahrb.  der  arch.  Imt.  XXU,  1901,  Arch.  Anzeig.  p.  15;  Mar- 
quardl,  Manuel  des  ant.  rom.  XV,  Vie  des  Jtom.  Il,  p.  315,  noie  8  ;  Baumoisler, 
Venk..  s.  t.  En,  p.  306,  lig.  317;  MiLcIiell,  llist.  of  anc.  sciilpl.  p.  198;  Colli- 
pnon.  Op.  1. 1,  p.  158;  Gardnor,  Handbook  of  ,jreek  sculpt.  I,  p.  iC  ;  Marllia.  Art 
•'trusijiie,  p.  301.  —  3  Cf.  sur  celte  niilliode  :  Blûniner,  Op.  t.  IV,  p.  127  ; 
l'auly-Wissowa,  L.  l.-.Monum.  Pwt,  X,  p.  70;  Arch.  Anzeig.,  1901,  p.  15-6; 
Wallers,  Op.  I.  p.  33.  —  l  Furlwaeiiglcr,  Dtschrcib.  der  Otijpt.  p.  366.  u-  4ti! 
—  5  Aulnes  eseinpies  de  pièces  fondues  à  part  :  boucles  de  cheveux  :  Furlivacu- 
yler,  Jntennezzi,  p.  4-5;  Olympia,  IV,  p.  I i.  n"  21  ;  Fouilles  de  Delphes.  V 
(1°  fasc),  p.  41-2;  lérres  :  Olympia,  IV,  p.  10,  n.  i  ■  1,'te  el  boucles:  ibid.  pi.  i, 
n-  1,  Icile,  p.  9;  ira»  :  iiirf.  p.  M,  n' ï  ;  corne  de  taureau:  ibid.  p.  lî,  n«  4; 
parties  sej-uelles  :  Furlwaengler,  Beschreib.  der  Clypt.p.  372,  n»457.  _  6  IVientr 
Jahrcshefle,   IV,    1901.  p.  187.  —  7  Fouilles  de   Delphes,   V  {fasc.    I),   p.  3;,, 


le  surplus  à  l'extérieur,  et  on  limait*.  Une  statuette 
d'Aphrodite  trouvée  fi  Dodone  '  est  ainsi  toute  hérissée  à 
l'intérieur  de  ces  petites  pointes.  Quelquefois,  la  surface 
était  plus  sérieusement  endommagée:  le  bronzier  ajus- 
tait alors  des  lamelles  de  métal  rectangulaires,  qui 
pansaient  la  blessure.  Un  bras  de  statuette,  trouvé  à 
Delpiies  (fig.  GGlO'i  '",  tout  couturé  de  ces  pièces  de  répa- 
ration, est  un  exemple  frappant  de  ce  procédé. 

Les  pièces  fondues  à  part  étaient  assemblées  entre 
elles.  Le  plus  souvent,  c'était  au  moyen  d  une  soudure"  : 
celle-ci  était  généralement  peu  solide;  aussi  les  pièces 
des  statues  se  sont-elles  facilement  détachées  et  per- 
dues '-.  On  les  unissait  aussi  par  des  rivets;  ils  occu- 
paient le  centre  d'un  petit  carré  creux  ;  quand  ils  avaient 
été  enfoncés,  el  que  la  tète  en  avait  été  limée  de  façon  à 
ne  faire  aucune  saillie  au  dehors,  on  remplissait  l'étroit 


Fig.  6612.  —  Cils  d'une 
slatue  de  bronze. 


carré  avec  une  pellicule  de  bronze  que  fixait  en  place 
une  fine  soudure  '^  On  remarque  aisément  ce  mode 
d'attache  dans  la  figurine  d'Aphrodite  de  Dodone,  formée 
de  deux  parties  se  rajustant  à  la  ceinture  (fig.  66H)'*. 
Le  pubis  dune  statue  d'Olympie,  fondu  à  part,  était 
attaché  au  corps  par  trois  clous '\  Parfois,  les  longues 
tresses  pendantes  de  la  chevelure  étaient  fixées  par  des 
crochets"'.  Dans  plusieurs  bronzes  gallo-romains,  comme 
le  Jupiter  d'Evreux,  la  grande  statue  de  Lillebonne,  et 
celle  du  Musée  de  Vienne  (isèrel,  les  pièces  fondues  à 
part  sont  raccordées  au  moyen 
de  petites  lames  de  métal  très 
adroitement  repolies''. 

Toutes  les  parties  de  la  statue 
n'étaient  pas  fondues.  Certains 
détails  étaient  découpés  dans 
des  feuilles  de  bronze  battues  au 
marteau.  Tels  étaient  les  cils,  c[ue  l'on  imitait  aussi 
fidèlement  que  possible  [scilptlr.\,  p.  li4o\  La  sta- 
tuaire moderne  a  perdu  l'habitude  de  représenter  les  cils 
et  fait  les  yeux  glabres,  comme  le  reste  du  corps,  mais 
les  artistes  anciens,  eux,  ont  rendu  les  cils  avec  la  même 

n»>  3'J,  42  :  Bull,  de  corr.  hclL,  1891,  p.  470  sq.;  Perrot,  Op.  l.  Vlll,  p.  175; 
Momim.  Piol,  III,  p.  'j3  ;  Forschungen  in  Sphesos,  I,  p.  188;  Olympia,  IV, 
p.  16  ;  Alh.  Millh.  XXlV.p.  481,  note  1,  lier,  arch.,  1909,  I.  p.  178.  Ces  défauts  de 
fonledans  les  bronzes  égyptiens  sont  souvent  boucliésavcc  du  mastic  ;  Mon.  Fiot^ 
IX,  1902,  p.  121  —  8  Bull.  corr.  hdl.  1S91.  p.  471-2  ■  Lecbal)  ;  Perrol,  Op.  l. 
Vlll,  p.  175.  —  SBull.  corr.  Iiell.  1891,  pi.  ri-x.  —  10  fouilles  de  Delphes,  V 
{fasc.  I),  p.  41,  n"  l")8,  ûg.  128.  —  'I  Sur  la  soudure,  cf.  caglatcba,  p.  793  sq.  ; 
Bliimncr,  Op.  t.  IV,  p.  290  sq.;  Ja!>rb.  d.  arch.  Jnst.  Il,  1887,  p.  98:  IV, 
18S9,  p.  116;  Monutn.  Piol,  XII,  p.  56;  Potlicr-Heinacli,  Aécrop.  de 
Myrina,  p.  403  ;  dans  l'art  myci'nien.  Bull.  c.  hell.  1894,  p.  9.  —  H  El.  corne 
de  taureau  soudée  au  plomb,  Olympia,  IV,  p.  12,  n»  4;  doigt:  Fouilles  de 
Delphes,  V  (fasc.  I},  p.  41,  n»  71  ;  bras:  Monum.  Piot,  I,  p.  109  ;  11,  p.  146;  parties 
brisres  a'icientteinrnt  et  resoudées,  ibid.  III,  p.  56.  —  ^"^  Bull. corr.  hell.  1891. 
p.  470;  Perr..!,  Op.  l.  Vlll,  p.  174-3.  -  f>  Bull.  corr.  hell.  1891.  p.  470, 
fig.  3-4;  Wallers,  Op.  l.  p.  3).  —  '5  Olympia,  IV,  p.  l.H,  n»  32.  —  '«Fouilles  de 
Delphes,  V  (fasc.  1),  p.  i2,  n"  76.  —  17  Reinacli,  Bronzes  fig.  de  la  Gaule  romaine, 
p.  29;  Uonsc,  Chefs-d'œurrc  des  musées  de  France,  p.  192. 


STA 


li-9l  — 


STA 


oxacUtude  minutieuse  que  les  poils  du  pubis  ou  du 
ventre.  Aussi  trouve-t-on  fréquemment  de  ces  bandes  de 
bronze  découpées  en  forme  de  cils  qui  proviennent  de 
statues,  tel  l'exemplaire  reproduit  ici  (fig.  0612),  trouvé 
à  Delphes'.  Ailleurs,  c'était  le  vêlement  que  fournissait 
le  travail  du  bronze  au  repoussé,  comme  dans  une  petite 
statue  de  Bacchus  trouvée  à  Pompéi,  dont  la  nébride  est 
faite  d'une  pièce  battue  au  marteau  et  rapportée'. 

La  statue,  une  fois  montée  et  réparée,  était  loin  d'être 
achevée.  Il  fallait  enlever  les  croules  métalliques  qui 
restent  souvent  adhérentes  à  la  surface  des  objets  sortant 
de  la  fonte  ;  il  fallait  elTacer  les  joints  des  pièces  soudées 
entre  elles.    C'est  à  ce  travail  de  polissage  que   sont 


près  la  foule. 


occupés  des  ouvriers,  sur  la  coupe  du  Musée  de  Berlin 
(fig.  6613).  A  l'aide  de  lames  recourbées,  ressemblant  à 
des  strigiles,  ils  polissent  un  colosse  armé  de  la  lance  et 
du  bouclier.  Ce  travail  soigneux  fera  défaut  dans  les 
œuvres  de  la  décadence.  Sur  la  statuette  dite  de  Charle- 
magne,  datant  de  l'époque  carolingienne,  on  aperçoit 
encore  les  lignes  de  suture  des  diverses  parties'. 

Tout  ce  travail  mécanique  était  confié  à  des  praticiens 
qui,  lorsqu'il  s'agissait  de  pièces  de  grandes  dimensions, 
montaient  sur  des  échafaudages  dressés  autour  de  la 
statue,  comme  ceux  que  l'on  voit  sur  la  coupe  de  Berlin 
déjà  citée,  et  contre  lesquels  on  pouvait  appuyer  des 
échelles  [scalae]  '.  Une  inscription  mentionne  les 
dépenses  faites  pour  des  échafaudages  destinés  à  per- 
mettre de  travailler  des  statues  de  bronze  ". 

Puis  intervenait  de  nouveau  l'artiste  qui  avait  conçu 
et  fondu  la  figure.  Une  statue  qui  vient  d'être  fondue  est 
dans  un  état  à  peu  près  semblable  à  celui  d'une  figure 
de  marbre  sortant  des  mains  d'artistes  secondaires  pour 
passer  dans  celles  du  sculpteur  qui  y  met  les  finesses 
de  détail,  l'expression,  et  des  recherciies  de  travail  qu'on 
pourrait  comparer  aux  demi-teintes  et  aux  reflets  de  la 
peinture  °.  Le  bronzier  ciselait  sa  statue  au  burin,  ren- 
dant les  divers  détails,  la  chevelure,  les  draperies,  etc., 
en  un  mot,  lui  donnait  le  fini  qui  lui  manquait.  Dans 
l'antiquité,  l'artiste  ne  confiait  pas  à  un  autre  le  soin 
d'achever  son  œuvre '.  Aussi  les  plus  grands  bronziers 
étaient-ils  renommés   comme    loreuticiens,    tel   Myron, 


1  l-'ouilles  de  Delphes,  V  ifasc.  Ij,  p.  4.1,  u»  87,  fig.  131  (divers  el.|; 
Carapauos,  Dodone,  p.  il'J  :  cf.  lAurige  de  Delphes,  etc.  Môme  déiail  dans 
les  œuvres  de  marbre,  cf.  la  Coré  d'Anlcnor,  Leclial,  An  musée  de  t'Àcrop. 
p.  il'J.  —  i  Bull.  deW  Ist.,  1849,  p.  156.  —  3  Wiener  Jaliresh.  IV,  l'JOl, 
p.  108.  —  i  BUimncr,  Op.  l.  IV,  p.  33i.3.  —  5  Wiener  Jahresh.  1,  IkOS, 
p.  57.  —  6  Clarac,  Op.  l.  1,  p.  61.  —  7  Ihid.  p.  58  ;  Collignon,  Op.  t.  I,  p.  477 
sq.  —  «  Clarac,  1,  p.  59.  —  9  VVallers,  Op.  l.  p.  33.  —  10  Cf.  la  base  dUlympie 
avec  un  pieJ  de  bronze,  Olympia,  IV,  pi.  m,  p.  Il,  u°  3.  —  11  Sackeu,  Ant. 
Bronzen,  p.  I  l'J  ;  de  même  cerlains  reliefs  soûl  remplis  de  plomb,  pour  empùelicr 


dont  on  vantait  les  coupes  ciselées.  Le  statuaire  grec 
avait  une  conception  différente  de  celle  de  nos  artistes 
modernes  qui,  imparfaitement  au  courant  des  pratiques 
de  la  fonte,  ne  sachant  pas  se  servir  des  instruments  du 
ciseleur,  sont  obligés  d'abandonner  leurs  statues  aux 
soins  d'ouvriers  qui  sont  loin  d'être  des  artistes,  ou 
encore  suppriment  tout  le  travail  du  ciseleur  *.  Le  sta- 
tuaire grec  se  livrait  au  même  travail  que  le  coroplaste, 
et  ciselait  avec  le  burin  ce  que  son  humble  confrère 
retouchait  à  l'ébauchoir  dans  la  terre  molle  de  ses  figu- 
rines sorties  du  moule. 

Un  caractère  des  fontes  anciennes  est  leur  extrême  légè- 
reté. Lastatue  de  l'Adorant  de  Berlin 'plus  loin,  fig.  6623), 
par  exemple,  peut  être  portée  par  un  seul  homme ^ 
Aussi  fallait-il  consolider  les  statues  de  quelque  manière. 
Elles  étaient  scellées  sur  leurs  bases,  et  nombreuses 
sont  les  bases  dépourvues  de  leurs  statues  qu'on  a 
retrouvées,  et  qui  permettent  d'étudier  le  mode  de  fixa- 
tion '".  Le  pied  tout  entier  pouvait  être  rempli  de  plomb, 
pour  donner  plus  de  stabilité  à  la  statue".  On  avait 
rempli  avec  des  pierres  l'intérieur  du  colosse  de  Rhodes, 
œuvre  de  Charès  de  Lindos'-.  La  statue  élamite  de  la 
reine  Napir-Asou,  que  nous  avons  citée,  avait  été  remplie 
d'une  seconde  coulée  de  bronze,  évidemment  pour  lui 
donner  plus  de  poids  et  de  stabilité.  On  peut  comparer 
ces  procédés  à  ceux  qui  étaient  usités  parfois  dans  les 
statues  de  terre  cuite,  que  l'on  remplissait  de  chaux  dans 
le  même  but". 

3°  La  polychromie  du  bronce.  — ai  Par  lea  a//iar/es. 
—  Plutarque'*  se  demandait  si  la  coloration  des  sta- 
tues des  vainqueurs  d'Aegos-Potamos  à  Delphes  n'était 
pas  le  résultat  d'un  alliage,  d'un  traitement  particulier 
du  bronze.  Nous  savons  en  effet  que  les  anciens,  en 
variant  la  composition  de  leur  bronze,  obtenaient  des 
teintes  très  diverses'"  [aesj.  Le  bronze  de  Corinthe 
comportait  trois  variétés,  de  couleurs  différentes  :  celle 
où  dominait  l'argent  en  recevait  une  teinte  claire  et 
blanche;  celle  où  l'or  entrait  en  plus  grande  dose  parti- 
cipait à  la  couleur  de  ce  métal  ;  la  troisième  se  recon- 
naissait à  une  combinaison  égale  des.  trois  substances 
métalliques'".  Il  existait  en  Grèce  quelques  statues  dont 
on  recherchait  le  métal  pour  la  singularité  de  sa  couleur, 
appelée  hepaCison  '\  parce  qu'elle  approchait  de  la  cou- 
leur du  foie'".  Le  statuaire  savait  à  merveille  utiliser 
ces  diverses  teintes  du  bronze  suivant  la  nature  du  sujet 
qu'il  avait  à  représenter'";  il  se  plaisait  à  établir  entre 
la  couleur  réelle  ou  artificielle  du  métal  et  le  sujet  de  son 
œuvre  des  rapprochements  de  ton.  De  même  par  exemple 
que  le  marbrier  taillait  dans  le  marbre  noir  les  statues 
du  -Nil,  parce  que  ce  tleuve  traversait  le  pays  des  Ethio- 
piens-", de  même  le  staluaire,  pour  rendre  le  ton  des 
corps  d'athlètes  brunis  par  le  grand  air  et  la  gymnas- 
tique, employait  un  bronze  d'une  couleur  semblable^'. 

Par  ce  moyen,  les  artistes  savaient  pratiquer  une 
véritable  polychromie  du  métal-'.  Le  statuaire  Silanion 


les  déformalious.  Atli.  Milth.  XXIV,  p.  474,  noie  1.  —  i-  Collignon,  Op.  l.  Il, 
p.  489.  —  13  Dconna,  Op.  l.  p.  2V.  —  H  De  Pyth.  orac.  395,  B  sq.  —  '3  Cf.  aes, 
p.  lîî;  Qualremcre  de  Quiney,  Op.  l.  p.  37;  Blûmner,  Op.  l.  IV,  p.  I8i, 
3iU;  Walters,  Op.  l.  p.  34;  Rei\  {arch.  189G,  I,  p.  193;  II,  p.  335. 
—  icgualrcmère  de  Quiney,  l.  e.  —  n  plin.  B.  n.  XXXIV,  9;  cf.  Bliimner, 
Op.  l.  IV,  p.  330,  noie  I.  —  '8  IJualremère  de  Quiney,  p.  5S.  —  19  Id.  p.  oS  ; 
Blumner,  IV,  p.  3i9.  —  20  pays.  VIU,  il  ;  Quatrcraère  de  Quiney,  p.  59.  —  21  Dio 
Chr;3.  Or.  XXVIll,  p.  i89  M.  :  t!/.t  Si  «cl  Tb  )..fSi»a  o>.oiov  x«).rç  «ojaniv.)..  Cf. 
Blurâuer,  IV,  p.  33o.  —  ^2  Rei:  arch.  IS96,  II,  p.  336. 


STA 


1492  — 


STA 


avait  fait  en  bronze  la  statue  de  la  reine  Jocasle, 
représentée  morte  ;  il  imagina  d"y  introduire  une 
apparence  de  pâleur,  en  mêlant  dans  le  métal  dont 
il  forma  le  visage,  une  assez  forte  dose  d'argent  '. 
Une  statue  d'Aristonidas  à  Rhodes  représentait  Alha- 
mas  se  réveillant  de  sa  folie  sanguinaire,  et  son 
visage  était  rouge  de  honte'.  Callistrate,  à  propos 
des  statues  attribuées  par  lui  à  Praxitèle  et  à  Lysippe, 
signale  d'autres  raffinements  de  coloration  plus  remar- 
quables encore'.  Que,  dans  ces  histoires,  on  fasse 
aussi  large  qu'on  voudra  la  part  de  l'exagération, 
toujours  est-il  que  les  anciens  savaient,  grdce  à  la 
diversité  des  alliages,  dans  une  même  œuvre,  fondue 
naturellement  en  plusieurs  pièces,  obtenir  certains  effets 
de  polychromie. 

b)  Par  l'incruslation  de  métaux  ou  de  pierres''  ^scilp- 
TiRA,  p.  11-44  sq.;  c.\elatira].  —  Le  bronzier  pouvait 
varier  l'aspect  de  sa  statue  et  en  marquer  certains  détails, 
par  l'incrustation  de  métaux  et  de  pierres  de  couleurs 
diverses.  Rien  de  plus  fréquent  que  les  incrustations  des 
mamelons  des  seins  en  cuivre  rouge  %  que  les  lèvres 
recouvertes  d'argent  ou  de  cuivre*,  qu'une  lame  d'argent 
indiquant  la  blancheur  des  dents  \  que  des  yeux  en 
argent  ',  parfois  avec  iris  d'or  *.  Pausanias  cite  une 
statue  dont  les  ongles  étaient  d'argent  '",  et  nous  consta- 
tons en  efTet  ce  détail  dans  plusieurs  bronzes".  Dans 
r.\pollon  de  Piombino,  les  sourcils,  les  lèvres,  les  seins, 
sont  incrustés  de  cuivre  '-.  On  employait  aussi  dans  ce 
but  la  pâte  de  verre,  l'émail,  le  marbre,  les  pierres 
précieuses,  qui  offraient  au  bronzier  une  riche  gamme 
de  teintes  permettant  d'imiter  de  près  la  nature.  Dans 
l'éphèbe  de  Sélinonte",  les  sourcils  sont  indiqués  en 
pâte  blanche,  ainsi  que 
le  globe  de  l'œil,  dont  la 
prunelle  était  rapportée 
encore  en  une  autre 
matière.  Dans  la  tète 
barbue  d'Anticythère,  les 
yeux  sont  aussi  en  pâte 
blanche  '*.  C'étaient  en 
effet  les  yeux  que  traitait  avec  soin  le  bronzier,  qui 
s'efforçait  de  leur  donner  le  plus  de  vie  possible 
[ocLLARiis].  Les  yeux  rapportés,  taillés  soit  dans  le 
marbre,  soit  dans  l'ivoire,  sont  presque  de  règle  dans 
les  statues  de  bronze  '^.  Voici,  entre  autres  exemples, 
un  œil  de  pierre  blanche,  trouvé  à  Dodone  (fig.  6614), 
dont  la  prunelle  renferme  un  cercle  en  cristal  de  roche 
entouré  d'un  anneau  ;  ce  dernier  a  disparu  avec  la 
matière  colorée  qui  marquait  au  centre  le  point  visuel  '^ 
On    peut    comparer   ce    travail    minutieux    avec    celui 

I  Plut.  Qaaest.  cono.  V,  i.  1 6;  fie  aud.  poetis,  3.  a.  Quatremère  de  Quiocy,  Op. 
l.  p.  Ô9-C0  ;  Revue  arch.  1896,  11,  p.  33C.  -  2  Plin.  XXXIV,  14,  §  i  io.  —  3  lu  sonl 
éuumérés  dans  IJualremfredeQui.icy.p.liO  sq;  flec.  arch.  1S9G,  II.  p.  330.  —  iCf.cn 
général,  Perrol,  Op.  l.  Vlll,  p.  17s  ;  /lev.  arch.  18S6, 1,  p.  193  s,,  ;  (Jualremère  de 
«Juincr,  p.  40  sq.  ;  ciihtsogkaphia,  p.  1136.  -5  El.  EpUcbe  d'Éphèse,  forsch. 
in  Ephe$os,  I,  p.  188  ;  autres  ejemples  :  Sackcn,  Op.  I.  p.  100  :  Babelon,  L'ronzes, 
p.  1,  »'  3  ;  p.  50,  n-  105.  —  6  Saclen,  p.  U,  lOi-105;  Lelrooiie,  Annali  d.  ht. 
M,  p.  230.  —  ■<  El.  :  Aurige  de  Delphes,  ilonuments  Piot.  IV,  p.  193;  léle  de 
Calane,  Reioach,  /tee.  de  tètes,  pi.  cnxiii.  —  t  .innali  dht.  VI,  1894,  p.  i30; 
Sacken,   Op.   l.   p.    18,   23,   38,   40,  41,  ii,  46,   48,  90  ;    Wallers,   Op.   I    p     34 

-  S  Sacten,  p.  lOÎ.  _  10  |,  n,  3.  -  Il  Ann.  d.  ht.  1S34,  p.  S30;  L'ualremère 
de  IJuincr,  p.  42.  -  12.4„„.  rf.  /,,.  1834,  p.  ±30.  -  13  Penol,  Op.  l.  Vlll,  p.  495. 

-  H/ourn.  helt.  S.  1903,  p.  233,  f.g.  4.  -  15  Sur  les  veux  rapporlés,  et.  Qualre- 
niére  de  C'uincy,  Op.  t.;  Marquardl,  Op.  l.  p.  346,  uole  7  (référ.);  Carapanos. 
Vodone,  p.  Ht;  Olympia,  IV,  p.  14,  n«  18  sq.;  Fouillet  de  Delphes,  V  ,fasc.  I); 
p.  43;  Wiener  Jahresh.  IV,  1901,  p.  175;  Ar^h.  Anzeig.  1889.  p.  lui,  fi-.. 
Furlwaengler,  Aej/ina.  p.  4J6,  llg.  333  Bull.  eorr.  hell.  1890,  p.  453.  -  iii'cara- 


I  pierre  et  cristal. 


par  lequel  on  a  indiqué  l'œil  dans  le  scribe  accroupi 
du  Louvre  :  un  morceau  de  quartz  opaque,  dans 
lequel  on  a  incrusté  une  prunelle  de  cristal  de 
roche  transparent,  au  centre  de  laquelle  est  planté 
un  petit  bouton  métallique  ;  tout  l'œil  est  enchâssé 
dans  une  feuille  de  bronze  qui  remplace  la  paupière 
et  les  cils  '\  La  matière  qui  formait  l'œil  était  en 
effet  contenue  dans  une  coque  de  bronze  qui  la 
maintenait,  et  dont  on  retrouve  souvent  des  exemplaires 
détachés  des  statues  '*. 

Puisque  l'artiste  n'hésitait  pas  à  varier  de  la  sorte  la 
teinte  des  parties  vivantes  de  son  œuvre,  on  comprend 
aisément  qu'il  ait  aussi  appliqué  le  même  procédé  aux 
parties  accessoires,  draperies,  etc.  Les  exemples  abon- 
dent :  le  bandeau  dune  des  danseuses  d'Herculanum  est 
incrusté  d'argent  et  de  cuivre",  comme  celui  de  l'Aurige 
de  Delphes  ;  l'inscription  du  pied  gauche  de  l'Apollon  de 
Piombino  est  incrustée  en  argent  '-"  ;  sur  la  pardalide  d'un 
Dionysos  sont  inscrustés  des  grenats-';  ailleurs,  un 
diadème  est  orné  de  pierres  précieuses^'. 

L'incruslation  sur  métal  ou  sur  pierre^'  a  été,  dit- 
on,  empruntée  par  l'artiste  grec  à  l'Orient,  où  le  pro- 
cédé est  très  ancien.  Il  est  souvent  usité  dans  l'art  clial- 
déen,  où  l'œil,  les  sourcils,  les  vêtements,  le  pelage  des 
animaux,  sont  incrustés  de  métaux  ou  de  pierres  multi- 
colores-'. En  Egypte,  de  même,  les  bronzes  à  incrus- 
tations sont  nombreux,  tel  le  bronze  de  la  reine 
Karomàmâ,  déjà  cité,  tout  bigarré  d'or,  d'électrum  et 
d'argent.  Ce  goût  pour  la  polychromie  par  incrustations 
se  retrouve  ailleurs  encore  :  les  Gaulois  aimaient  à 
relever  l'éclat  du  bronze  par  celui  de  cabochons  de 
corail,  technique  qui  leur  est  propre,  et  qu'ils  rempla- 
cèrent vers  200  av.  J.-C,  par  celle  des  émaux  -*. 

c)  Par  des  accessoires  rapportés  en  métal  d'une  autre 
couleur.  —  Callistrate  décrit  une  statue  en  bronze  d'Or- 
phée, placée  sur  l'Hélicon,  dont  la  tiare  et  le  baudrier 
étaient  en  or-^.  Ces  pièces  rapportées  sont  fréquentes 
dans  les  bronzes  anciens  que  nous  possédons:  ici,  c'est 
une  nébride  en  cuivre  ^',  ou  une  peau  d'animal  en 
argent;  ailleurs,  ce  sonl  des  bracelets  d'or,  d'argent,  des 
colliers'-'. 

d)  Par  la  dorure,  l'argenture-^.  —  L'épiderme  du 
bronze  pouvait  être  recouvert  en  tout  ou  en  partie  ^^ 
d'une  couche  d'or  ou  d'argent  fixée  sur  le  bronze,  soit 
directement,  soit  au  moyen  du  mercure  soumis  à  l'action 
du  feu  ".  Parmi  les  restes  de  bronzes  dorés  trouvés 
à  Olympie,  Furtwaengler '-  distingue  deux  genres  de 
dorure,  l'une,  la  plus  ancienne,  en  lamelles  se  détachant 
facilement,  l'autre  plus  solide,  qui  a  été  passée  au  feu. 

Les  textes  anciens  mentionnent  souvent  des  statues  en 

panos.  Op.  l.  p.  ÎIS,  pi.  li,  6.  —  n  Uid.  p.  219.  —  18  Olympia,  IV,  p.  14,  n«  IS. 

—  19  H'i«ier/oA)-es*.IV,  1901,  p.  134. —  M)  Jnn.  (/•/iM834,  p.  199. —  21  Babelon, 
Bronzes,  p.  165,  n»  369.  —  22  Sacken,  Op.  I.  p.  III.  —  23  Les  sourcils  des  sculptures 
égvptieuues,  chaldéennes,  palmyréeunes  sont  souvent  incrustés.  Cf.  J/o».  Piot, 
II,  p.  187;  /(«•.  tl.gr.  1904,  p.  98.  —  21  Heuiey,  Si  rena  Belhiyiana,  p.  132  sq.; 
Honum.  Piot,  Vil,  p.  7  sq.  :  Calai,  des  ant.  chald.  du  Louvre.  —  25  Bee.  arch. 
1905,  II,  p.  309  ;  Michel,  Bist.  de  l'Art,  1  (2),  p.  934,  note  I.  —  26  Callistr.  Descr. 
VII.  —  27  Sacken,  Op.  I.  p.  71.  —  î»lbid.,  p.  41,  42  ;  Roux  et  Barré,  Berculanum 
et  Pompei,  VU,  p.  18.  —  29  Sur  la  dorure  et  Targenlure  des  statues  de  bronze,  cf. 
Perrot,  Op.  I.  Vlll,  p.  178;  Iwan  von  Muller,  Bandb.  der  Arch.  VI,  p.  403; 
Blûmner,  Op.  l.  IV,  p.  308  sq.  319  ;  Bull,  de  la  Soc.  des  Antiq.  de  France,  18S3, 
p.  120  sq.;  1869.  p.  74  sq.  et  SIéin.  1869,  p.  55  sq.;  ^lualremère  de  yuincy,  p.  8i, 
161;  Walters.  Op.  I.  p.  35  sq.;  Jahrb.  des  arch.  Inst.  V,  1S90,  p.  149:  on 
trouvera  à  ces  références  l'indication  des  textes  anciens  et  de  nombreux  exemples 
de  statues.  —  30  Dans  une  statue  de  Munich,  les  lèvres  seules  sont  dorées  ; 
Furlwaengler,  Beschreib.  der  Gtypt.  p.  372,  n»  457.  —  31  Walters,  Op.  t,  p.  36. 

—  32  Olympia,  IV,  p.  16. 


STA 


1493  — 


STA 


bronze  doré'.  Telles  élaienl  la  stalue  de  Pliryné,  par 
Praxitèle-,  la  statue  d'un  enfant,  de  Boéthos'.  Pline 
mentionne*  une  statue  de  Lysippe  que  Néron  ordonna 
de  dorer.  On  employa  pour  cette  opération  le  procédé  le 
plus  simple,  et  aussi  le  plus  ancien,  par  application  de 
feuilles  d'or,  car  on  ne  pouvait,  à  cause  des  grandes 
dimensions  de  la  stalue,  la  passer  au  feu^  Ce  passage 
de  Pline  montre  que  les  anciens  ont  blâmé  l'emploi  de 
la  dorure  dans  certains  cas  :  on  s'aperçut  en  effet  que  la 
dorure  avait  détruit  le  charme  du  travail,  on  enleva  l'or, 
et  l'on  remit  tant  bien  que  mal  la  statue  dans  son  premier 
état.  Les  protomes  des  Xé6riT$?  de  Préneste  et  de  la  Garenne 
(Musée  de  Saint-Germain),  qui  sont  dorés,  témoignent 
de  l'ancienneté  de  cette  pratique".  Plusieurs  statues  de 
bronze  ont  conservé,  plus  ou  moins  bien,  leur  dorure  ; 
tels  le  Marc-Aurèle  du  Capitole,  l'Hercule  du  Vatican, 
l'Apollon  de  Lillebonne  au  Louvre,  etc. 

On  remarquera  que  ce  sont  surtout  les  statues 
romaines  qui  sont  dorées.  11  ne  semble  pas  que  le  bron- 
zier  grec  ait  souvent  recouru  à  ce  procédé.  II  y  avait  là 
une  sorte  de  tricherie,  qui  répugnait  à  son  goût  sobre 
et  réaliste,  et  qui  consistait  à  faire  passer  une  statue  de 
bronze  pour  une  statue  en  or,  comme  le  faisaient  les 
coroplastes  pour  leurs  figurines  \  On  peut  dire  que 
l'emploi  fréquent  de  la  dorure  dans  la  statuaire  est  une 
preuve  de  décadence  artistique  '.  L'argent  ne  parait  pas 
avoir  été  employé  aussi  souvent  que  l'or,  comme  parure 
du  bronze.  Les  textes  ne  mentionnent  pas  de  statues 
argentées,  mais  les  fouilles  en  ont  livré,  tels  l'éphèbe 
de  Pompéi  ^  le  buste  de  Galba  au  Musée  de  Naples,  etc.  '". 

e)  Par  la  peinture.  —  On  peut  se  demander  si  la  pein- 
ture ne  servait  pas  aussi  à  l'artiste  à  rehausser  et  à  varier 
l'aspect  de  ses  bronzes.  Si  aucun  texte  ne  permet  de 
l'affirmer,  on  trouve  parmi  les  monuments  des  argu- 
ments en  faveur  de  cette  hypothèse  " .  Un  gorgoneion  du 
Musée  de  Berlin  porte  encore  des  traces  de  couleur 
antique  '-  :  le  globe  de  l'œil  est  vert  clair,  l'iris  noir,  les 
coins  des  yeux  rouges,  les  dents  vert  clair,  la  langue 
rouge.  Un  protome  de  griOTon,  de  travail  étrusque,  est 
peint  en  rouge  '^  Parmi  les  monuments  de  l'art  moderne, 
on  trouve  îles  applications  du  même  procédé'''. 

Aussi  peut-on  hésiter,  en  présence  des  textes  des 
auteurs  anciens  qui  parlent  de  la  coloration  des  bronzes, 
et  se  demander  si  cette  couleur  était  due  à  la  nature  de 
l'alliage  (cf.  p.  1491),  ou  si  elle  provenait  simplement  d'une 
couche  de  peinture  appliquée  sur  la  statue.  Les  textes 
sont  trop  peu  précis  pour  permettre  de  trancher  la  ques- 
tion ;  mais,  en  lisant  certaines  descriptions  de  Callis- 
Irate,  on  conçoit  fort  bien  que  le  bronze  ait  pu  être  peint. 
Dans  le  Dionysos  en  bronze  de  Praxitèle '%  «  le  métal 
rougissant,  quoique  inanimé,  semblait  prétendre  à 
exprimer  les  apparences  de  la  vie.  Le  lierre  qui  ornait 
son  front  semblait  verdoyant,  et  la  peau  de  chevreuil 


1  WaUcrs,  Op.  I.  p.  33,  1;  Uualremcre  de  Ouincy,  Op.  I.  p.  81,  162; 
Blumner,  Op.  l.  IV,  p.  309  sq.  —  2  Paus.  X,  14,  7.  —  3  |d.  V,  17,  4;  Qua- 
Ireinèrc  de  Quincy,  p.  81.  —  *  a.  n.  XXXIV,  C3.  —  5  Blumner,  VI,  p.  :ilO, 
noie  i.  —  "  Fouilles  de  Delphes,  V  (fasc.  I),  p.  83.  —  ^  Mélanges  Graux, 
p.  157;  Poltier-Reinach.  Nécrop.  de  Myrina,  p.  139,  1G3.  —  »  Bull,  de  la  Soc. 
des  Ant.  de  Fr.  1869,  p.  75.  —  9  Wiener  Jahresh.  IV,  1901,  p.  174,  lig.  186 
(cf.  ci-dessus  p.  1504).  —  iO  Blumner,  Op.  l.  IV,  p.  319  ;  Babclon,  Bronzes,  p.  147, 
„.  3i7.  _  11  Jahrb.  des  arch.  Inst.  190G,  p.  180;  Furlwaenglcr,  Aegina,  p.  303. 
—  iiJahrb.  des  arch.  Inst.  VII,  189i,  Arch.  Anzeig.  p.  110,  a'  8.  —  13  Manche- 
nersitz.  1905,  p,  249,  n»  6.  —  1*  Manteau  rouge  de  la  statue  en  bronze  du  cardinal 
de  Birague,  Busle  de  Jean  d'Alézia  au  Louvre,  Mém.  des  .\ntiguaires  de  Fr.  1882, 
p.  93-90,  noie  i.   —    'ÔE!;  tb  tov  ûioviiaou   Hia.'k.^a.  —   '»  E':?  rt  iv  EixuSvi  »T«ina 


qu'il  portait  en  contrefaisait  la  couleur  ».  Les  joues  du 
Kairos  de  Lysippe  étaient  «  colorées  d'un  incarnat  sem- 
blable à  la  rose....  tout  bronze  qu'il  était,  il  rougissait  »  '". 
Les  joues  de  l'iîros  de  Praxitèle  étaient  rouges  '^  On  a 
prétendu  que  ces  diflérences  de  coloration  étaient  dues 
à  des  alliages  difîérents  ",  que  les  parties  colorées  étaient 
faites  de  pièces  fondues  à  part  et  rapportées  '".  Il  semble 
qu'il  eût  été  difficile  de  cacher  les  sutures  entre  deux 
pièces  de  bronze  de  teintes  diverses,  surtout  quand  il 
s'agit  d'endroits  aussi  délicats  et  visibles  que  les  joues; 
la  peinture  permettait  d'obtenir  facilement  des  transi- 
tions insensibles  d'une  couleur  à  l'autre. 

f)  Par  la  patine''".  —  Les  bronzes  antiques  présentent 
des  patines  de  teintes  variées,  qui  se  répartissent  en  trois 
groupes  bien  tranchés  :  patine  bleue,  patine  vert-sombre, 
patine  noire ^'.  On  s'est  demandé  si  ces  colorations  ne 
sont  que  des  oxydations  d'un  genre  particulier,  dues  à 
des  circonstances  favorables,  ou  si  elles  ont  été  voulues 
et  préparées  par  l'artiste,  qui  les  aurait  obtenues,  soit 
grâce  à  un  alliage  spécialement  préparé  à  cette  fin,  soit 
par  l'application  d'une  sorte  de  vernis  ou  de  teinture  arti- 
ficielle. Cette  question  de  la  patine  préoccupait  déjà  les 
anciens.  Plutarque  se  demandait,  devant  les  statues  des 
navarques  de  Delphes  ^^  si  le  métal  avait  été  coloré  par 
l'artiste,  mais  penchait  cependant  à  croire  que  la  colo- 
ration vert-bleu  des  bronzes  de  Delphes  n'était  due  qu'à 
une  oxydation  causée  par  l'air".  M.  Heuzey,  le  premier, 
a  attiré  l'attention  sur  la  possibilité  d'une  patine  artifi- 
cielle", et  cette  hypothèse  a  été  reprise  et  développée 
par  M.  Lechat'' ',  qui  montre  que  la  patine  est  voulue  par 
l'artiste  et  fait  partie  intégrante  de  son  œuvre  au  même 
titre  que  la  polychromie  des  statues  de  marbre.  Ces 
patines  voulues  se  partagent  en  deux  catégories  :  les 
naturelles,  qui  sont,  suivant  le  mot  de  Plutarque, 
«  exhalées  »  par  le  bronze  grâce  à  des  formules  parti- 
culières d'alliages  calculées  en  vue  de  la  production  de 
la  patine,  et  les  artificielles,  qui  consistent  en  des  vernis 
colorés  capables  de  suppléer  la  patine  naturelle  dont 
la  production  est  toujours  lente  et  capricieuse.  Plu- 
tarque cite  parmi  les  industries  d'art  d'Athènes  des  paaiefi; 
/pucoQ  qui  avaient  pour  profession  de  teindre  l'or  en 
diverses  couleurs;  peut-être  y  existait-il  aussi  des  [Jai^etç 
/aXxoij  dont  le  métier  consistait  à  teindre  le  bronze-". 
Pour  M.  Lechat,  la  patine,  qu'elle  soit  produite  par  les 
agents  extérieurs,  ou  qu'elle  soit  un  vernis,  est  toujours 
le  produit  réfléchi  de  la  volonté  de  l'artiste.  Il  n'admet 
pas  de  patine  accidentelle  due  au  hasard.  On  remarquera 
pourtant  que  les  bronzes  d'une  même  région,  faits  d'un 
alliage  différent,  ont  souvent  la  même  patine,  due  évi- 
demment à  l'action  du  sol'",  tels  les  bronzes  de  Pompéi, 
à  la  patine  vert-bleu,  ceux  d'Herculanum,  à  la  patine 
noire,  les  bronzes  étrusques  du  lac  de  Fallerone,  à  la 
patine  vert-brun,  etc.  Toutefois,   l'emploi  d'une  patine 


Toù  Kaîfou.  —  "  EU  x"o  -■■■^  "Eji.,105  !j.^»Xv■o..  —  "  Oualrcmère  de  Quincy,  p.  62  sr(. 
—  la  Re».  arch.  1896,  II,  p.  330.  —  20  Cf.  l'exposé  de  la  question:  Wallers,  Op.  l. 
p.  34;  Perrol,  Op.  l.  VIII,  p.  170  sq.;  Monum.  l'iol,  I,  p.  113;  Collignon,  Op.  L 
II,  p.  166  ;  Pernicc,  Bronze  Patina  und  Bronzctcchnik  im  Allertum,  Zeitschrift 
fur  bild.  Kunst,  1910,  p.  219  sq  ;  Dicl.  Larousse,  s.  v.  Patine  (cf.  ta.  A,  1892, 1, 
p.  411)  ;  Kekule-Winnefeld,  Op.  l.  ;  Wocli.  Idass.  Phil.  1909,  p.  853.  —  21  Itev. 
arch.  1896,  I,  p.  206.  -  -  22  Oe  Pyth.  or.  393  B.  sq.  —  23  Hall.  corr.  hell.  1891, 
p.  474  ;  Becue  arch.  1S9C,  I,  p.  67.  —  2'.  Carapanos,  Dodone,  p.  217.  —  25  Bull. 
coït.  hell.  1891,  p.  474;  Itev.  arch.  1896,  II,  p.  331  sq.;  cf.  aussi  Mon.  anlichi, 
1909-10,  p.  120  sq.  —  20  Cf.  de  Villenoisy,  Bel',  arch.  1896,  I,  p.  07  sq.;  194  sq. 
Cette  thèse  est  aussi  corobaltue  dans  KekuIe-WinuefelJ,  Bronzen  au»  Dodonu, 
p.  32.  —  27  Walters,  Op.  l.  p.  33. 


STâ 


—  1494  — 


STA 


artilicielle  semble  prouvé.  Pline  allesle  formellcmenl 
l'existence  dun  usage  qui  consistait  ;\  appliquer  sur  le 
bronze  un  enduit  coloré'.  On  avait  donc  lliabilude 
d'enduire  et  de  teindre  les  statues  de  bronze  soit  avec  du 
bitume  pur,  soit  plutôt  avec  un  mélange  dont  le  bitume 
constituait  la  partie  principale-.  Sacken  remarquait 
déjà,  sur  certaines  figurines  de  bronze  du  musée  de 
Vienne,  l'existence  d'un  vernis  foncé  qu'il  distinguait  de 
la  patine  habituelle,  et  qui  avait  pour  but,  disait-il, 
d'empêcher  l'oxydation'.  On  pourrait  rapprocher  cet 
usage  de  la  patine  de  celui  des  coroplastes,  consistant 
à  recouvrir  la  statue  ou  statuette  d'un  vernis  noir,  destiné 
peut-être,  non  pas  à  imiter  le  bronze,  mais  à  préserver 
la  terre,  comme  on  le  voit  sur  une  tète  de  Zeus  d'Olympie, 
sur  un  dauphin  en  acrotère,  de  même  provenance,  sur 
une  tète  du  musée  Chigi  à  Sienne  *.  Cette  couche  protec- 
trice affectait  aussi  l'apparence  d'un  vernis  transparent, 
comme  sur  un  sphinx  en  terre  cuite  du  Louvre  '\  Ce  vernis 
serait,  pour  les  modeleurs  si  étroitement  unis  aux  bron- 
ziers,  l'équivalent  de  la  patine  artificielle  des  bronzes. 
Peut-être  que  cette  méthode  de  patiner  le  bronze  est  ori- 
ginaire d'Egypte,  à  qui  les  Grecs,  qui  lui  étaient  déjà 
redevables  du  procédé  de  la  fonte  en  creux,  ont  pu  l'em- 
prunter. On  a  constaté  en  effet  que  plusieurs  bronzes 
égyptiens  ont  été  frottés,  encore  chauds,  d'un  vernis 
résineux  qui  en  remplissait  les  pores  et  laissait  à  la  sur- 
face une  patine  inaltérable". 

On  voit  que  l'habitude  de  la  polychromie  était  univer- 
selle dans  l'art  antique,  et  s'appliquait  non  seulement  au 
marbre,  à  la  terre  cuite,  mais  aussi  au  bronze.  «  Sous 
le  ciel  gai,  au  milieu  des  statues  de  marbre  aux  vives 
couleurs,  au  milieu  des  temples,  splendides  demeures 
des  dieux  où  l'or  étincelait  parmi  le  rouge  et  le  bleu, 
quel  air  maussade  et  attristant  auraient  eu  des  bronzes 
ternes  et  noirâtres,  comme  sont  trop  souvent  aujourd'hui 
ceux  de  nos  places  publiques  qui  paraissent  faits  surtout 
pour  les  temps  de  pluie  »  '.  La  statue  de  bronze,  pen- 
saient les  anciens,  ne  devait  pas  plaire  seulement  par  la 
beauté  de  ses  lignes;  elle  devait  être  aussi,  par  sa  poly- 
chromie obtenue  grâce  à  la  teinte  variée  des  alliages,  par 
l'incrustation,  par  la  dorure  et  l'argenture,  par  la  pein- 
ture, par  la  patine,  une  douceur  et  une  joie  pour  les  yeux. 

4°  La  slaluaria  et  la  plaslice".  —  Si  Pausanias  attri- 
buait à  Rhoecos  et  à  Théodoros  l'invention  de  la  fonte 
du  bronze,  Pline  voyait  en  eux  les  inventeurs  de  la 
plastice  '.  Les  deux  techniques,  celle  de  la  fonte  du 
bronze  et  celle  du  modelage  de  la  terre,  sont  en  effet 
étroitement  unies  l'une  à  l'autre.  Pour  que  la  statue 
puisse  être  fondue,  il  faut  auparavant  qu'elle  ait  été  exé- 
cutée en  terre  aux  mêmes  dimensions  qu'elle  doit  avoir 
dans  le  métal.  Pasitélès  disait  donc  avec  raison  que  la 
plastice  était  la  mère  de  la  statuaria,  et  Pline'"  pouvait 
afiîrmer  l'antériorité  de  la  plastique  en  terre  sur  l'art  du 
bronze.  C'est  dans  les  régions  où  la  plastique  en  terre  lut 

I  £f.  n.  XXXIV,  *,  15;  XXXV,  15,  liij;  Wallcis,  p.  35.  -  !  Jl^e.  arch.  18D6,  H, 
p.3W.—  s  Op.  t.  p.  51,118,  70.—  *Dcoiina,  p.  S-i.  —  5  /iirf.  p.  «5.  —  SMaspcro, 
L'arch.  égypt.  p.  289;  licvue  det  éludes  grecque»,  1897,  p.  309,  rem.  i. 
—  7  Léchai.  Bull.  corr.  helt.  1891,  p.  +80.  —  8  Je  résume  ici  ce  que  j'ai  eiposc 
dans  rocs  éludes  ;  Les  slat.  de  terre  cuite  en  Grèce,  p.  iO  ;  Les  stat.  de  terre 
cuite  dans  tant.  p.  i9  sq.  —  ^  U.  n.  XXXV,  152.  —  10  B,  „.  X.XXIV,  7  :  .  quo 
apparet  antiquiorem  hanc  fuisse  scienliam  quant  fundendi  aeris  ».  —  Il  Deonna, 
Les  stat.  de  1er.  cuite  en  Grèce,  p.  26.  —  12  Id.  Les  stat.  de  ter.  cuite  dans 
tantiq.  p.  26.  —  13  Ciarac,  Op.  I.  I,  p.  135:  .  quelque  solide  cl  dure  que  soit 
une  flatue  de  bronze,  si  on  considère  la  série  des  moycni  employés  pour  la 
produire,   on  sent  qu'ils  ne  sout   que   le   résullal  de  la  plastique  en    terre   ■. 


le  plus  en  iionncur  que  l'art  du  bronze  fut  le  plus  déve- 
loppé. Corinliie,  avec  ses  vases  et  ses  statues  de  terres", 
était  célèbre  à  l'époque  archaïque,  et  l'on  sait  que  de 
bonne  heure  la  fonte  du  bronze  y  fut  pratiquée.  En 
Étrurie,  où  les  bronziers  sont  renommés,  le  modelage  en 
terre  est  presque  devenu  un  art  national. 

Ouest  donc  autorisé  à  se  demander  si  les  deux  branches 
de  l'art  antique  n'ont  pas  inilué  l'une  sur  l'autre,  et  si 
l'on  ne  retrouve  pas  dans  les  produits  de  l'une  des  pro- 
cédés particuliers  à  l'autre.  Certains  détails  ont  passé  du 
métal  dans  la  terre  cuite,  tels  les  yeux  faits  en  une  ma- 
tière différente'-.  Mais  la  réciproque  est  vraie  aussi,  ce 
qui  se  conçoit  aisément,  puisque  la  statue  de  terre  pré- 
cède celle  de  bronze,  qui  n'en  est  en  quelque  sorte  que  le 
moulage  '^.  On  le  constatera  par  quelques  exemples. 
M.  Conze  a  remarqué  au  revers  de  certains  bronzes  un 
trou  analogue  au  trou  d'évent  des  terres  cuites,  qui 
pourrait  provenir  du  modèle  en  terre".  Les  incisions, 
les  lignes  tracées  au  burin  dans  l'œuvre  de  bronze,  ne 
sont  que  la  transposition  dans  le  métal  des  lignes  inci- 
sées par  l'ébauchoir  dans  la  terre  fraiclie.  Dans  certaines 
tètes  de  bronze  archaïques,  ou  dans  des  têtes  de  marbre 
copiées  d'oeuvres  de  bronze,  les  boucles  de  la  chevelure, 
surtout  celles  du  front,  s'étalent  sur  plusieurs  rangs  et 
s'enroulent  en  une  double  volute  dont  le  centre  fait  une 
saillie  assez  marquée.  M.  Collignon  a  remarqué  que  ces 
boucles  sont  produites  tout  naturellement  par  l'ébau- 
choir dans  le  modèle  d'argile  '^  ;  le  vase  de  Cléoménès"', 
la  tète  de  Zeus  en  terre  cuite  d'Olympie  (fig.  4224)'", 
en  offrent  la  preuve.  C'est  aussi  dans  la  maquette  en 
terre  qu'ont  été  conçues  les  boucles  de  chevelure  en 
tire-bouchon  que  portent  certains  bronzes,  comme  la 
tète  d'Herculanum  '*,  à  com- 
parer pour  ce  détail  avec  une 
lèle  de  terre  cuite  de  Chypre  " 
(fig.  6615),  ou  les  boucles  lon- 
gues, qui  tombent  jusque  sur  la 
poitrine,  comme  celles  de  r.\pol- 
lon  de  Pompéi.  .V  une  époque 
plus  récente,  la  chevelure 
fouillée  des  têtes  lysippiques  a 
été  créée  dans  l'argile  avant  di 
passer  dans  le  bronze  et  le 
marbre  ;  on  en  verra  des  exem- 
ples en  terre  cuite  dans  le  beau 
torse  d'éphèbe  du  Musée  de  la 

villa  Giulia  à  Rome  '-",  dans  des  statues  d'éphèbes  du 
Musée  de  Naples-'.  Ce  que  nous  venons  de  dire  suffit 
sans  doute  à  montrer  que  bien  des  détails  que  l'on  con- 
sidère comme  particuliers  à  l'art  du  bronze  sont  nés  en 
réalité  de  la  statue  en  terre.  Les  progrès  de  la  sculp- 
ture antique  sont  dus  surtout  aux  bronziers  ;  on 
pourrait  dire  plus  justement  :  au  inodeleur  que  devait 
être  tout  bronzier. 


—  liJalirb.  d.  arch.  Inst.  II,  1887,  p.  133-4.  —  1»  Bu«.  corr.  hell.  1892, 
p.  4'il  ;  Monum.  grecs,  1895-7,  n"'  23-5,  p.  01  ;  Lectiat,  Sculpture  attique, 
p.  451  ;  Reiuacli,  lïec.  de  tètes  antiques,  p.  16,  note  4  ;  Deouna,  Stat.  de  t. 
cuite  dans  l'ant.  p.  33-4.  —  <«  Monum.  grecs,  1895-7,  pi.  xvi-ivu  ;  liev. 
arch.  1900,  II,  pi.  xii  ;  Deonna,  Stat.  de  t.  cuite  en  Grèce,  p.  26  (rêfér.). 
Furtwacngler  arccounufînalenienl  raulbeulicilé  de  ce  vase  ;  cf.  Gaz.  B.-Xrts,  1906, 
11,  p.  442,  note  2.  —  17  Olympia,  III,  pi.  VII,  4;  Deonna,  Stil.  de  t.  cuite  en  Grèce, 
p.   57,  n'  9  (référ.).  —  is  Brunn-Bruckniann,  pi.  ovi  (cf.  ci-dessous),  p.   1498. 

—  isOUnefalsch-Ricliler,  Kypros,  die  Bibelund  Borner,  pi.  xliv,  I.  — 20  Deonna, 
Stat.  de  t.  cuite  dans  tant.  f.  117,  fig.  5.  —  21 /ii'rf.,  p.  203,  n»  11;  p.  208.  fig.  2: 
Gusniau,  Pompéi,  p.  443. 


Fig.  6SI3.  —  Tète  nuvlcl.v 
en  lerrr. 


STA 


—  1493  — 


STA 


5°  La  statufiria  et  la  Rrulptura.  —  Les  marbriers 
ont  emprunte  aux  bronziors  certains  détails  de  leur 
art.  De  même  que  le  bronzier  incrustait  ses  statues, 
de  même  le  marbrier,  pour  varier  l'aspect  de  son 
œuvre,  pouvait  recourir  à  des  matières  autres  que  le 
marbre.  C'est  ainsi  que  les  yeux  sont  parfois  rapportés. 
Un  exemple  de  ce  procédé  est  offert  par  la  Coré  d'An- 
ténor  [sTATiA,  fig.  05!)7|'  où  tout,  de  plus,  trahit  l'in- 
fluence du  travail  du  bronze,  ce  qui  n'a  rien  d'étonnant, 
puisqu'Anténor  était  un  bronzier.  Les  yeux  rapportés, 
fréquents  dans  les  bronzes,  sont  cependant  rares  dans 
les  marbres  S  et  on  peut  croire  que  ce  détail  a  passé 
du  bronze  dans  le  marbre'. 

L'usage  des  pièces  rapportées  dans  les  œuvres  de 
marbre  pourrait  avoir  été  emprunté  à  la  technique  du 
bronze.  \f.  Lechat  a  étudié  minutieusement  ce  travail  du 
marbre  par  pièces  rapportées  dans  les  Corés  de  l'Acro- 
pole*, et  l'explique  par  la  crainte  qu'avait  le  marbrier, 
en  entreprenant  sur  la  statue  même  la  ciselure  de  pièces 
délicates,  qu'un  coup  mal  porté  ne  gàtfit  le  marbre  ;  il  a 
mieux  aimé  réserver  ces  parties  tout  entières,  et,  sa  statue 
une  fois  terminée,  rajuster  d'une  main  sûre  les  morceaux 
manquants ^  Mais  n'est-ce  pas  l'habitude  du  bronzier 
de  procéder  par  pièces  rapportées  (cf.  ci-dessus,  p.  1490)? 
Dans  la  Coré  672  de  r.\cropole,  tout  un  pan  de  l'iiimation 
a  été  rapporté  ;  le  morceau  venait  s'engager  dans  un 
large  sillon  creusé  au  liane  de  la  statue,  et  il  était  main- 
tenu par  trois  chevilles  de  plomb;  l'orifice  des  trous  de 
scellement  était  dissimulé  par  une  petite  rondelle  de 
marbre  collée  à  la  chaux,  qui  rendait  invisible  toute  trace 
de  l'opération  ""'.  Cela  ne  rappelle-l  il  pas  les  procédés  de 
rivage  des  diverses  parties  d'une  figure  de  bronze,  que 
nous  avons  constatés  dans  l'Aphrodite  de  Dodone,  où  de 
même,  les  tètes  des  rivets  étaient  cachées  par  une  mince 
plaque  de  bronze  ?Dans  un  torse  de  marbre,  le  sculpteur 
avait  modelé  les  pectoraux  sans  se  soucier  de  la  légère 
saillie  que  font  les  mamelons  ;  le  torse  achevé,  il  a  percé 
un  petit  trou  à  la  place  des  mamelons,  et  y  a  inséré  une 
fiche  de  marbre  qu'il  a  laissé  dépasser  de  quelques  mil- 
limètres'. Le  bronzier  procédait  de  même  pour  incrusier 
les  seins  de  ses  statues. 

M.  Lechat  fait  remonter  à  la  sculpture  en  pierre  tendre 
l'origine  de  ce  procédé  '.  Cette  pierre  était  cassante,  aussi 
l'artiste  composait-il  son  œuvre  de  plusieurs  morceaux 
habilement  rajustés  les  uns  aux  autres.  Quand  le  marbre 
fut  substitué  à  la  pierre  tendre,  les  mêmes  nécessités 
matérielles  n'existaient  plus,  mais  l'habitude  était  prise 
et  subsista.  Ailleurs  cependant,  M.  Lechat  accorde  que 
la  grande  statuaire  chryséléphanline,  qui  ne  pouvaitpro- 
céder  que  par  pièces  de  rappport,  a  dû  influer  à  ce  point 
de  vue  sur  la  statuaire  en  marbre  ^  On  pourrait  croire 
plutôt  que  la  statuaire  en  bronze,  qui  procédait  de  même, 
soitpourunir  les  unes  aux  autres  les  pièces  séparément 
fondues,  soit  pour  réparer  les  défauts  de  fonte,  a  trans- 
mis cette  méthode  au  marbre.  L'influence  delà  technique 
du  bronze  sur  les  Corés  du  vi'  siècle,  où  ce  procédé  est 


1  I.eclial,    An    musée    de    l'Acrop.    p.    2V2  ;    Pei-rot,    Op.    t.     VUI,    p.    lS!i 

—  i  I.eclial,  0/1.  l.  p.  m  ;  Bull.  corr.  hell.  iS91!,  p.  4b3-4ô+.  —  3  FurtwacngliT 
Meisterv.    p.    \\.—'*0p.   l.    p.  it'i    sq.   —  i  Ibid.  p.  23t.   —   ^  Ibid.    p.    23) 

—  1 1bid.  p.  iiiO,  note.  —  8  Ibid.,  p.  238-9.  —  9  Ibid.,  p.  240,  noie  1.  —  10  lieu. 
Et.  grecq.  1903,  p.  139-140.  —  "  Sculpt.  atHque,  p.  34iî,  uole  I  ;  cf.  Deonna 
.S'(a<.  de  t.  cuite  daus  l'anl.  p.  40.  —  12  Deonna,  p.  40,  p.  36  sq.  (La  plastit|ii( 
en    terre    et   la   slaluaire  tn    pierre),    —    1-1    Ueinacli,  Rec.    de    tctcfi,    p.    70 

—  IV  Sur    les   bronzes    copiés    en    marbre,    Annal,    d.    Jst.    ISaO,    p.    239 


fréquent,  a  en  effel  été  constatée  par  M.  Pottier'",  et  se 
trahit  dans  le  costume,  la  chevelure,  les  ornements.  Ce 
serait  un  tour  de  force  pour  transporter  dans  le  marbre 
les  délicatesses  minutieuses  du  mêlai,  dont  les  statues 
ont  gardé  souventla  sécheresse  et  la  rigidité.  M.  Lechat" 
admet  cette  influence,  tout  en  pensant  qu'elle  se  sera 
exercée  d'une  manière  indirecte  sur  le  type  féminin,  par 
l'intermédiaire  des  figures  masculines  nues,  qui,  con- 
trairement aux  Corés,  ont  dû  être  plus  fréquentes  en 
bronze  qu'en  marbre.  L'influence  de  la  technique  du 
bronze  a  été  fréquemment  constatée  dans  les  œuvres  de 
marbre  de  toutes  les  époques,  et,  devant  un  marbre  d'un 
travail  sec  et  précis,  on  peut  supposer  généralement 
rimilation  d'un  original  de  métal.  La  sculpture  en 
marbre,  qui  copie  souvent  les  œuvres  de  bronze,  a  dû 
aussi,  par  ce  fait  même,  hériter  d'un  certain  nombre  de 
détails  conçus  dans  la  terre;  la  plastique  en  terre,  la 
technique  du  bronze,  sont  à  l'origine  de  beaucoup  de 
conventions  adoptées  par  les  marbriers '^  C'est  par 
exemple  la  technique  de  la  terre,  par  l'intermédiaire  de 
celle  du  bronze,  qui  a  appris  aux  marbriers  à  fouiller 
les  boucles  de  la  chevelure,  à  les  évider,  à  les  disposer 
en  pyramides,  en  torsades,  toutes  combinaisons  que  le 
travail  du  marbre  seul  n'aurait  jamais  suggérées '^ 

Les  œuvres  les  plus  célèbres  des  bronziers  anciens  ne 
nous  sont  plus  connues  que  par  des  copies  en  marbre. 
Mais,   transportée  du  bronze  dans  le  marbre,    la  statue 
nécessitait  l'emploi  de  procédés  particuliers  à  la  nouvelle 
matière  mise  en  œuvre".  Le  bronze,  par  sa  légèreté  et 
sa  ténacité,  permettait  de  réaliser  les  conceptions  artis- 
tiques les  plus  hardies,  les  mouvements  les  plus  libres, 
les  plus  violents '^  C'est  dans  le  bronze  seul  que  Myron 
avait  pu  concevoir  son  Ladas,  qui,  dit  une  épigramme  de 
l'Anthologie,  dressé  sur  la  pointe    des   pieds,  semblait 
s'élancer  en  avant.  Le  marbre  ne  permettait  pas  cette  liberté 
d'attitude,  et  la  copie  en  marbre  d'un  bronze  devait  être 
étayée  de  supports  qui  la  consolidaient.  De 
là    tous    ces    attributs   divers,    ces    troncs 
d'arbres,  ces  draperies,  qui  alourdissent  les 
copies  de  bronzes.  Comparez  par  exemple  la 
Vénus  Callipyge'%  où  la  draperie  ne  fait 
que  jouer  le  rôle  de  support,  avec  le  petit 
Hermaphrodite  en  bronze  d'Épinal'",  répé- 
tant le  même  motif,  mais  que  la  matière 
employée  a  permis  de  dégager  de  cet  acces- 
soire. Rarement  le  marbrier  s'est  hasardé  à 
supprimer  ces  supports  nécessaires.  L'Agias 
de  Delphes  cependant,  afin  d'imiter  de  plus 
près    l'allure   libre   et   dégagée  du   bronze 
original,  les  a  omis  "  ;  la  statue  n'a  pour 
appui  que  la  base  étroite  et  fragile  de  ses        '' 
chevilles,  à  peine  renforcée  en  arrière  des 
deux  pieds  par  un  accotoir  de  marbre  dont  la  largeur  est 
dissimulée  par  la  jambe. 

L'œuvre  du  bronzier  pouvait  s'allieràcelledu  marbrier. 
Les   ornements  en    métal  rapportés  sur  les  statues  de 


—  la  Sur  les  qualités  slaluaircs  du  bronze  :  Dictionnaire  de  l'Ac. 
des  Beaux-Arts,  s.  v.  Bronze;  Guillaume,  Études  d'art  ant.  et  moderne, 
p.  180,  280,  286,  402  ;  Id.  La  stat.  en  bronze  ;  Pcrrot,  Op.  l.  Vlll, 
p.     143     sq.,    180    sq.    —    '^    Bruua-Bruckmann,    ni.xiviii,    et     lexlc,    fig.    1-2. 

—  n  Id.  lexlc  de  la  pi.  dlx.wiii,  p.  5,  dg.  4-5;  Reinach,  Bronzes  fig.  de 
la  Gaule  romaine,  p.  110,  n»  118;  Conse,  Ch.-d'teurre  des  musées  de 
France,  p.  180,  fig.  et  pi.  —  l»  Bull.  corr.  hell.  1S99,  p.  444;  Ayneric. 
■lourn.  of.  arch.   1907,  p.  414  3. 


STA 


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STA 


marbre  sont  rri-quonls'.  Dans  une  slaluelte  d'Asklépios 
imberbe  du  Louvre-  i^tlg.  IIGIG),  les  parties  drapées 
élaienl  en  bronze,  et  les  parties  nues  en  marbre. 

Inversement,  à  une  époque  tardive,  les  œuvres  de 
marbre  ont  été  parfois  copiés  en  bronze,  et  à  certains 
détails,  on  peut  reconnaître  dans  quelle  matière  à  été 
conçue  l'œuvre  originale.  C'est  ainsi  que  dans  les 
bronzes  copies  des  marbres,  on  remarque  parfois  sous 
un  pied  relevé,  un  petit  support,  qui  est  nécessaire  dans 
le  marbre,  mais  sans  motif  dans  le  bronze^  Ce  sont 
surtout  les  bronzes  de  grandeur  moyenne  qui  répètent 
les  œuvres  de  la  grande  sculpture  en  marbre  *. 

L'intluence  du  bronze  sur  la  sculpture  en  pierre  a  été 
considérable.  N'est-ce  pas  par  désir  d'imiter  de  plus  près 
l'œuvre  de  bronze  que  l'artiste  a  employé  certaines 
matières  spéciales,  comme  le  basalte,  qui  rend  le  ton  du 
métal  ^  ■?  On  est  enclin,  dans  l'histoire  de  l'art  antique, 
à  accorder  une  part  trop  grande  à  la  statuaire  en  marbre, 
au  détriment  de  celle  en  bronze.  C'est  à  tort,  car  les  plus 
grands  artistes  grecs  furent  des  bronziers,  et  la  majeure 
partie  des  marbres  que  nous  possédons  ne  sont  que  des 
copies  d'originaux  en  bronze  disparus.  Comme  l'a  dit 
avec  raison  Quatremère  de  Quincy  *  «  la  sculpture  en 
pierre  ne  fut  pas  celle  qui  donna  jadis  le  Ion  aux  travaux 
et  au  goût  des  statuaires.  » 

6°  Le  moulage  et  la  slatunria.  — Dans  l'histoire  de 
l'art  grec,  le  moulage  des  statues  est  une  invention  de 
date  récente  "  i^sr.iLPTiR.A,  p.  1150].  M.  Reinach,  à  ce 
propos,  a  admis  une  dilTérence  entre  les  bronzes  et  les 
marbres,  les  premiers  pouvant  toujours  être  moulés  sans 
inconvénient,  les  seconds,  polychromes,  ne  supportant 
pas  cette  opération*.  A  cela,  nous  ferons  une  légère  res- 
triction, si  nous  admettons  que  la  peinture  était  parfois 
usitée  pour  les  bronzes  comme  pour  les  marbres  (cf. 
p.  1493).  Mais  il  n'y  a  aucun  doute  que  les  statues  de 
bronze  furent  souvent  moulées.  Tel  est  le  cas  de  cet  Hermès 
Agoraios,  que  Lucien  fait  parler  en  ces  termes'  :  «  je  me 
trouvais  récemment  enduit  de  poix  par  des  bronziers  sur 
la  poitrine  et  sur  le  dos.  Une  cuirasse  ridicule  était  façon- 
née et  attachée  autour  de  mon  cou  par  un  art  imitateur, 
modelant  l'empreinte  entière  du  bronze.  »  On  a  prétendu 
que  les  statues  en  bronze  des  Lutteurs  au  Musée  de 
Naples  sortaient  d'un  même  moule'".  M.  Pernice", 
qui  les  a  étudiées  attentivement,  montre  que  les  torses 
sont  identiques,  mais  que  les  extrémités,  pieds,  mains, 
tètes,  présentent  entre  elles,  des  divergences.  On  a 
moulé  toutes  les  parties  qui  auront  pu  l'être  avec  un  ou 
deux  moules  seulement,  comme  le  torse,  les  jambes,  les 
bras,  une  partie  du  visage.  Quant  aux  parties  plus 
délicates,    qui    auraient    exigé    l'emploi   de    plusieurs 


I  U><>>i''^n>(''°  de  IJuiucy,  Op.  l.  p.  41;  Pcrrot,  Op.  I.  VIII,  p.  189; 
Léchai,  Au  mutée  de  t'Acrop.  p.  236,  Dole  2.  —  s  Monum.  Piol,[H,  p.  65'.>,  li-.  I  ; 
neti.  Et.  gr.  1897,  p.  345-6.  —  3Alh.  Mitt.  XXIV,  p.  469;  Hie«tT  Jahresheftè, 
IV,   1901,   p.    143,    177.    —  *   BruDQ-Bruckmann,   Icxle   Je   la  pi.   dliv  (à  la  fin). 

—  5  /lec.  Kt.  gr.  1896,  p.  206  ;  cf.  slalue  dV-phèbe  du  nuisée  des  Thermes,  Bôm. 
.Vin.  X,  1895  pi.  I.  —  6  Op.  t.  p.  41.  —  ■  Sur  le  moulage  des  statues,  cf.  Blûmner, 
Op.  l.  Il,  p.  143  5c|.;  /lei:  arch.  1900,  11,  p.  381;  1902,  II.  p.  5  sq.  (référ.)  (Cultes, 
Mythes,  II.  p.  338  si|.);  Joubiii,  Sculpt.  ijrecgue,  p.  41,  note  1  ;  Wiener  Jahresh., 
I904,p.  175  sr|.  (Pernice);  Gaz.  BeauxArtt.  1902,  I,  p.  143  sq.;  Acad.imcr.  1900, 
p.  535  s<|.  ;  ner.  critique.  1910.  p.  388.  —  8  Itev.  arch.  1901,  I,  131  ;  1902,  11, 
p.  12-13;  Gaz.  des  Beaux-.irts,  1902,  I.  p.  143;  Bec.  de  têtes,  p.  130;  Loclial, 
Pijlhagorat  de  llhegion,  p.  68,  note  5  ;  Bet>.  Et.  i/r.  1908,  p.  23.  —  î'Lucian.  Jup. 
Trag.  33;    cf.    Bec.   arch.    1902,    II,    p.    8;     Wiener    Jahresh.    1904,    p.    180. 

—  10  Wiener  Jahresh.  IV,  1901,  p.  173.  —  n  Jbid.  1904,  p.  174.3;  Bev. 
d.  El.  gr.  1906,  p.  109.  —  IS  H'iener  Jahresh.  1904,  p.  174-5,  179.  —  13  i4,rf_ 
p.    157    »q.  ;     Catal.   du    musée    du    Caire,    Edgar,    Greek    iloulds  ;   Hauscr 


moules,  elles  ont  été  travaillées  à  la  main.  Jusqu'à 
l'époque  hellénistique,  dit  M.  Pernice,  on  n'a  pas  fait 
usage  de  moules  partiels  pour  copier  des  statues  de 
bronze,  et  même  après  cette  époque,  l'emploi  de  ces 
moules  partiels  fut  très  restreint'-.  Cependant,  en  ce 
qui  concerne  du  moins  les  petits  bronzes,  on  sut  em- 
ployer des  moules  divisés  en  un  grand  nombre  de  par- 
ties, comme  le  prouvent  les  petits  moules  en  plâtre  du 
Musée  du  Caire  (des  i-ii'  siècles  ap,  J.-C),  qui  ont  servi 
à  reproduire  des  objets  de  bronze.  Toutefois  leur  emploi 
était  indirect:  on  en  lirait  des  épreuves  en  cire  qu'on 
fondait  ensuite  en  métal  ''. 

Le  moulage  sur  le  vif,  attribué  à  Lysistratos'S  fut 
sans  doute  une  invention  profitable  aux  bronziers,  qui 
pouvaient  reproduire  exactement  par  la  fonte  les  traits 
individuels.  Elle  coïncide  avec  le  grand  développement 
du  portrait  réalisé  en  Grèce,  attribué  aussi  au  même 
artiste''.  Plusieurs  portraits  en  bronze  que  nous  possé- 
dons, tel  le  prétendu  Sénèque  de  Naples,  pourraient  n'être 
qu'une  reproduction  fidèle  d'un  moulage  pris  surnature. 
M.  Collignon  a  prouvé  l'influence  du  moulage  sur  le 
portrait,  en  étudiant  un  buste  en  terre  cuite  du  Musée  de 
Bruxelles,  datant  du  i"  siècle  après  notre  ère,  portrait 
funéraire  obtenu  par  un  moulage  sur  le  cadavre'*;  l'exem- 
ple peut  aussi  servir  pour  l'art  du  bronze,  étant  donnée 
l'étroite  union  entre  la  «  plastice  »  et  la  «  statuaria  ». 

II.  Lliistoire  et  les  tnonumeîils  de  la  statuaria.  — 
I.  L'histoire  de  la  statuaire  en  bronze  dans  l'antiquité  a 
été  esquissée  par  Pline",  qui  s'est  inspiré  des  ouvrages 
de  ses  devanciers,  comme  Xénocrate  de  Sicyone'*,  des 
inventaires  d'objets  d'art",  ou  qui  a  décrit  les  statues 
qu'il  voyait  lui-même.  Aucun  ouvrage  d'archéologie 
moderne  n'a  encore  été  consacré  à  l'histoire  de  la  sta- 
tuaria,  et  on  a  toujours  étudié  ensemble  les  œuvres  de 
bronze  et  celles  de  marbre.  C'est  que  les  grands  bronzes 
anciens  sont  rares,  car  le  métal  a  été  recherché  avide- 
ment de  tout  temps.  La  plupart  des  chefs-d'œuvre  des 
bronziers  antiques  ont  péri,  brisés  et  jetés  à  la  fonte. 
Lors  de  la  prise  de  Constanlinople  par  les  Croisés,  les 
statues  de  bronze  qui  ornaient  la  ville  furent  brisées  et 
converties  en  pièces  de  monnaies  par  les  envahis- 
seurs. Nicétas  a  donné  l'énumération  des  principales'-". 
C'était  la  statue  colossale  de  Junon;  il  fallut  un  chariot 
attelé  de  quatre  paires  de  bceufs  pour  en  transporter 
seulement  la  tête  dans  le  grand  palais  où  se  faisait  la 
fonte.  C'était  l'Hercule  colossal  de  Lysippe,  dont  la 
jambe  était  de  la  grosseur  d'un  homme,  et  bien  d'autres 
encore'-'.  Les  chevaux  de  bronze  que  Théodose  II  avait 
fait  enlever  de  l'île  de  Chios,  furent  peut-être  les  seuls 
objets  qui  échappèrent  à  la  fonte  ;  ils  allèrent  décorer  la 


Wiener  Jahresh.  1903,  p  83  sq.  reconnaît  dans  un  de  ces  moules  le  portrait 
de  Ptolémée  IV,  ce  qui  permettrait  de  dater  ces  objcls  des  environs  de 
200  av.  J.-C;  Edgar  {ibid.  1906,  p.  27)  combat  lopinion  de  Hauscr,  et 
maintient  la  date  <]ue  nous  avons  donni5e.  Cf.  Americ.  Journ.  of  arch.  1906, 
p.  436.—  Itl'Iin.  H.  nat.  XXXV,  153;  cf.  Bei\  arch.  1902,  II,  p.  11  ;  1903, 
I,  p.  7  [scCLPTURA,  p.  1150];  Collignon,  Lysippe,  p.  92;  le  moulage  sur  le 
cadavre  est  plus  ancien,  cf.  Bev.  arch.  1903,  1,  p.  5  sq.  ;  masque  en 
plâtre  de  ^Khouniatonou,  Maspero,  Causeries  d'Egypte,  p.  75-6.  79. 
—  ta  Bev.  arch.  1902,  II,  p.  11;  sur  le  portrait,  cf.  imago.  —  '^  Bev. 
arch.  '903,  I,  p.  3  sq.,  pi.  i-ii  ;  Deonna,  Statues  de  t.  cuite  en  Grèce, 
p.  70,  n°  23.  —  17  H.  n.  XXXIV.  —  18  Blake-Sellers,  The  elder  Plinys 
chapters,  p.  25  ;  Collignon,  Lysippe,  p.  10-11.  —  i^Jahrb,  des  arch.  Inst. 
1901,  p.  93  sq.  ;  1905,  p.  114  sq.  ;  Bev.  Kt.  gr.  1902.  p.  396;  Americ.  journ. 
of  arch.  1902,  p.  199;  Bôm.  îlitt.  1903.  p.  206  si].  —  2»  Xicct.  Chon.  ap. 
Banduri,  Imperium  orientale.  Antiq.  Constant.  I.  p.  107.  —  21  Labarte,  Hist. 
des  arts  industriels,    1,    p.   56. 


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1497  — 


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façade  de  l'église  du  Sainl-Marc  à  Venise  '.  Ce  n'est  pas 
sans  raison  que  N'icélas  donne  le  nom  de  barbares  à  ces 
seigneurs  francs  qui  convertirent  en  gros  sous  ces 
statues  inestimables.  A  Rome,  si  la  statue  équestre  de 
Marc-Aurèle  a  échappé  à  la  destruction,  c'est  grâce  à  la 
légende  populaire  qui  voyait  en  elle  le  héros  de  la  foi 
chrétienne,  Constantin  -.  Brisées  par  les  chrétiens, 
parce  qu'elles  rappelaient  une  époque  abhorrée,  recher- 
chées pour  la  matière  dont  elles  étaient  faites,  les 
statues  de  bronze  étaient  encore  attaquées  par  un  autre 
ennemi,  le  temps.  Rongées  à  l'extérieur  par  l'oxydation, 
elles  l'étaient  à  l'intérieur  par  les  restes  du  noyau  dont 
on  ne  débarrassait  pas  toujours  entièrement  la  figure '. 
2.  Ln  «  staluaria  »  en  Grèce.  —  a)  Généralités.  —  Les 
bronzes  grecs  étaient  renommés.  Pline  vante  ceux 
d'Égine,  de  Délos,  de  Corinthe,  ce  dernier  comprenant 
lui-même  trois  variétés  ^  Le  bronze  de  Délos  était  la 
matière  préférée  de  Myron  ;  Polyclèle  se  servait  exclu- 
sivement de  celui  d'Égine. 

Le  bronze  fut  la  matière  de  prédilection  de  l'artiste 
grec,  et  tous  les  grands  artistes  furent  des  bronziers. 
Pourquoi  cette  préférence^  ?  L'artiste  a  aimé  le  bronze, 
parce  qu'il  s'adaptait  mieux  que  toute  autre  matière  à 
rendre  avec  fidélité  la  pensée  créatrice.  La  création  artis- 
tique, modelée  dans  la  terre  docile  à  refléter  la  moindre 
pensée  de  l'artiste,  était  ensuite,  par  des  moyens  méca- 
niques, qui  ne  l'altéraient  en  rien,  lixée  dans  le  bronze. 
Pas  de  tâtonnements,  comme  dans  la  pierre,  pas  le  péril 
d'avoir  à  réclamer  le  concours  d'un  sculpteur  en  sous- 
ordre.  Fidèle,  la  méthode  était  aussi  rapide,  plus  que 
le  marbre,  dans  lequel  la  forme  ne  se  dégage  que  petit  à 
petit.  Le  bronze  permettait  toutes  les  attitudes  violentes 
qu'interdisait  le  marbre.  Aucun  autre  mode  de  travail 
u'ofl'rait  à  l'artiste  les  mêmes  attraits  et  ne  le  provo- 
quait plus  directement  à  multiplier  ses  ouvrages.  Si 
Lysippe  n'avait  pas  eu  le  bronze  à  sa  disposition, 
aurait-il  laissé  les  1500  statues  que  lui  attribuait  la 
tradition  '  ? 

On  remarquera  que  l'art  du  bronze  a  fleuri  surtout 
dans  le  Péloponnèse.  C'est  que  là,  on  se  plaisait  davan- 
tage à  la  représentation  du  corps  masculin,  dans  sa 
nudité  robuste,  et  que  le  bronze  plus  que  le  marbre  était 
propre  à  faire  valoir  les  contours  durs  et  les  formes 
précises''.  Au  vi"  siècle,  les  ateliers  insulaires,  celui  de 
Chios,  préféraient  le  marbre,  dont  les  qualités  spécifiques 
s'accordaient  mieux  avec  leur  sentiment  secret  de  l'art, 
qu'ils  aimaient  souriant,  coquettement  paré,  tel  qu'ils 
l'exprimaient  dans  leurs  Corés.  Le  bronze  sera  avant  tout 
la  matière  dans  laquelle  s'immobilisera  le  corps  de 
l'athlète,  et  les  grands  bronziers  du  v"  siècle,  Myron, 
Polyclète,  et  au  iv  siècle,  Lysippe,  représenteront  de 
préférence  la  forme  athlétique.  Au  iv"  siècle,  Praxitèle 
sera  le  sculpteur  de  la  grâce  féminine  et  du  corps 
ambigu  de  l'adolescent  ;  il  préférera  le   marbre,   dans 

1  Ibid.:  Friederichi-WoUcrs,  GipsabgUssc,  \t.  683, n"  1698.  —  2  Gardncr,  Hand- 
book  of  greek  sculpture,  I,  p.  0.  —  3  Monum.  Piol,  IV,  p-  23  ;  Olympia,  IV,  p.  9. 
—  4  Sur  les  divers  bronzes  [aes]  ;  Clarac,  Op.  l.  I,  p.  62  sq.  ;  yualcetnèrc  de  Quincy, 
Op.  l.  p.  68;  Bluniner,  Op.  l.  IV,  p.  183  ;  WaUcis,  Op.  l.  p.  27.  —3  l'errol,  Op.  I. 
VUI.p.  180  SI).  —  «  [Min.  fl.  nat.  X.VXU',  37  —  1  Léchai,  PAirfias,  p.  l2;Kcinacli. 
Esquisses  arcli.  p.  229,  note  I.  —  8  Carapanos,  Dodone,  pi.  lx;  Kekulê-Wiunefelil, 
Dronz.  aus  Dodoni.  —  9  Olympia,  IV,  p.  9  5(|.  —  n'  CoUignou,  Op.  l.  I,  p.  1(13, 
lig.  73;  Brunn-Bruckmann,  pi.  i.vi.  —  M  Lecliat,  .lu  Musée  de  l'Acrop.  p.  393  si|. 
_  12  Ibid.p.  403,  noie  3.  —  I3jal,rb.  des  arch.  Inst.  1899, p.  73  sq.  —  "  V.  l'espos.'- 
de  la  fiueslion  par  Léchai,  /.  c.  —  '^  DuU.  corr.  Itell,  1886,  pi.  iv;  Deonoa.  les 
Apollons  arcliaigues,ji.  153. n»  28.—  "•\.fc-M.  Op.  l.  p.  4(3:  Millier.  Nacklbeii 

Vin. 


lequel  il  pourra  rendre  mieux   que  dans  le  bronze   les 
formes  alanguies  et  douces  de  ses  modèles. 

On  verra  combien  sont  rares  les  originaux  grecs, 
dont  les  plus  nombreux  appartiennent  à  la  période 
gréco-romaine.  Les  grandes  fouilles  méthodiques  n'ont, 
en  général,  dans  ces  dernières  années,  donné  que  des 
fragments  de  statues  de  bronze:  Dodone*,  Olympie'', 
Délos,  Priène,  Pergame.  Delphes  s'enorgueillit  de  son 
.\urige,  précieux  original  du  v«  siècle. 

b)  V introduction  de  la  fonte  en  creux  en  Grèce.  — 
C'est  avec  l'introduction  de  la  fonte  en  creux  à  Samos 
par  Rhoecos  et  Théodoros  que  commence  l'histoire  de  la 
staluaria  en  Grèce.  .\u  vi"  siècle,  à  Samos,  la  matière 
préférée  est  le  bronze.  On  s'est  efforcé  de  se  représenter 
quel  était  le  style  des  bronziers  samiens  du  vi«  siècle. 
On  a  reconnu  leur  influence  dans  l'Héra  de  Samos  au 
Louvre  '"  et  dans  les  deux  statues  féminines  de  l'Acro- 
pole (n"  (J19,  077)",  dont  on  a  même  voulu  un  instant 
attribuer  l'une  à  Théodoros  de  Samos  '-.  L'abus  de 
l'incision  qu'on  y  constate  a  rappelé  les  lignes  tracées  au 
burin  dans  le  bronze  ;  d'autre  part,  M.  Winter  '^  a  voulu 
prouver  que  la  forme  même  de  ces  statues  trahissait  la 
copie  d'oeuvres  de  bronze  :  l'art  samien,  débutant  dans 
la  technique  nouvelle  du  bronze,  se  serait  efforcé  de 
réduire  les  difficultés  de  la  fonte  au  minimum,  et 
pour  cela  aurait  ramené  le  corps  à  une  forme  quasi  cy- 
lindrique, afin  que  deux  moules  pussent  servir,  l'un 
pour  la  face,  l'autre  pour  le  revers".  Ce  sont  donc,  pour 
la  majorité  des  archéologues,  des  œuvres  samiennes,  qui 
ont  servi  à  rattacher  à  l'école  de  Samos  d'autres  monu- 
ments :  un  «  Kouros  •>  du  Ptoion  (Athènes)  '%  des 
torsesdeNaucratis  ",  des  figurines  en  bronze  d'Olympia  ''', 
d'Amyclées",  d'Espagne  ",  une  tête  en  poros  de  Samos ^''. 
Mais  c'est  là  un  groupement  hybride.  Loewy  a  combattu 
la  théorie  de  Winter  et  montré  que  la  forme  cylindrique 
desdites  statues  samiennes  s'explique  autrement  que 
par  les  nécessités  de  la  fonte  -'  ;  si  la  statuette  d'Olympie 
était  samienne,  elle  devrait  être,  semble-t-il,  en  fonte 
creuse,  or  elle  est  en  fonte  pleine;  les  statues  récemment 
trouvées  à  Samos  montrent  un  style  tout  différent,  qui 
est  identique  à  celui  de  Milet  --  ;  en  revanche,  la  tête  de  la 
statue  677  de  l'Acropole  et  celle  du  Kouros  du  Ptoion 
présentent  une  étroite  ressemblance  avec  le  Sphinx  de 
Delphes-',  et  sont,  à  n'en  pas  douter, des  œuvres  naxien- 
nes,  comme  le  prétendait  déjà  Sauer,  mais  pour  d'autres 
motifs -^  Il  ne  subsiste  donc  rien  de  ce  groupe  samien, 
et  il  faut  renoncer  à  se  figurer  l'apparence  des  premiers 
bronzes  de  Samos. 

C'est  au  VI"  sii'^cle  cependant  qu'on  voit  apparaître  les 
premiers  bronzes  fondus  en  creux--'.  Le  lébès  que  les 
Samiens  consacrèrent  dans  l'Héraion-"  au  vu"  siècle, 
était  sans  doute  orné  de  têtes  de  griffons  exécutées  au 
repoussé  comme  celui  du  tombeau  de  Préneste-'  :  le  lébès 
consacré   dans   l'Héraion  au    temps  de    Crésus  -'    était 

und  Enlblôssung,  p.  112-3;  Mallel,  Premiers  établ.  des  Grecs  en  Egypte, 
p.  263-6.  —  "  Olympia,  IV,  pi.  vu,  7i.  —  18  Perrol,  Op.  t.  Vlll,  p.  290, 
uoïc  3.  —  13  Americ.  Journ.  of  arch.  1907,  p.  180,  fig.  4.  —  20  A(/i.  Mitl. 
1900,  p.  152,  Gg.  —  21  Die  Naturwiedergabe,  p.  33  sq.  ;  cf.  aussi  A/A.  Mitt. 
1906,  p.  tC7  (Curlius).  —  22  Ath.  Mitt.  1906,  pi.  1-xii,  XIV.  —  23  Fouilles  de 
Delphes,  IV,  pi.  v-vi;  Fci-rol,  Op.  l.  Vlll,  p.  395;  fig.  I8ï.  -  ii  Alh.  Mitt. 
XVII,  p.  119,  a'  3,  p.  44;  cf.  aussi  Klein,  Gesch.  d.  griech.  Kunsl.  I,  p.  133  ;  Muller- 
Wieselei-,  Denkmûler  (4'  éd.  Graef),  Apollon,  p.  272.  Sur  la  discussion  de  celle 
école  dilc  samienne,  Deonna,  les  Apollons  arcliaii/ues,  p.  285  sq.  —  2ô  Mùnch. 
Sitzungsberichte,  1897,  11,  p.  113  (Furlwaeugler).  -  2«  Herodol.  IV,  132. 
—  27  Olympia,  IV,  p.    Il9  5q.  —2»  HcrodnI.   I,  7m. 

188 


STÂ 


l'.98  — 


STÂ 


déjà  oxi'Ciik' suivanl  lo  nouveau  procédé.  Dans  un  tom- 
beau do  Corneto.  on  a  trouvé,  parmi  des  vases  qui 
remontent  au  vu'  siècle,  ou  en  tout  cas  au  commence- 
ment du  VI'  siècle,  des  têtes  de  gritTons  fondues  en 
creux'. 

Le    premier    monument   de  la  statuaria    fondu    de 
la  sorte   que    nous   possédons,    est,   au   dire   de  Furl- 

■waengler,  une 
tète  masculine 
trouvée  à 
Sparte-  (fig. 
6617),  qui  serait 
contemporaine 
d'une  protome 
de  griffon  fondu 
en  creux  trouvéà 
Olympie,  et  date- 
rait du  milieu  du 
vr  siècle  ';  cette 
date  parait  trop 
reculée '%  mais  la 
tète  appartient 
bien  encore  au 
vi' siècle.  Un  au- 
tre exemple  est 
fourni  par  une  statuette  de  Delphes^  du  type  des  «  Apol- 
lons  »  à  bras  détachés  ;  elle  date  de  la  deuxième  moitié 
du  VI'  siècle,  et  est  sans  doute  le  produit  d'un  atelier 
ionien. 

M.  Studniczka  s'est  efforcé  de  prouver'  que  la  fonte 
en  creux  n'avait  été  introduite  dans  le  Péloponnèse  que 
vers  300,  qu'auparavant  on  n'y  faisait  de  grandes  figures 
qu'au  repoussé.  Les  plus  anciennes  statues  fondues  en 
creux  de  l'art  péloponésien  seraient  l'Apollon  Philésios  de 
Kanacbos,  vers  500,  dont  serait  à  peu  près  contemporain 
l'Apollon  de  Piombino  [fig.  6619)''.  Comme  l'œuvre  du  maî- 
tre sicyonien  était  en  bronze  éginélique,  la  technique  de  la 
fonte  en  creux  aurait  été  introduite  dans  le  Péloponnèse 
par  Égine,  qui  elle-même  l'aurait  reçue  de  Samos,  avec 
qui  elle  était  en  relation*.  C'est  d'Égine  aussi  que  cette 
technique  nouvelle  serait  venue  à  Athènes,  dont  l'œuvre 
la  plus  ancienne  serait  la  tête  barbue  de  l'Acropole,  appa- 
rentée au  style  éginétique.Anténor,  auteur  du  groupe  des 
Tyrannicides,  aurait  été,  par  la  technique  de  son  œuvre, 
élève  des  Êginètes.  Les  théories  de  M.  Studniczka  ont 
été  combattues  par  Furtwaengler '.  La  tête  de  Sparte, 
qui  est  une  œuvre  laconienne,  prouverait,  dit-il,  que 
la  fonte  en  creux  était  connue  dans  le  Péloponnèse  dès 
le  milieu  du  vie  siècle;  elle  aurait  été  introduite  à  Sparte 
non  pas  par  Égine,  mais  directement  par  les  Samiens  : 
la  tradition  mentionne  en  efi'et  les  étroits  rapports  qui 
unissaient  Sparte  à  Samos  :  Théodoros  de  Samos  avait 
élevé  la  Skias,  et  Bathyklès  de  Magnésie,  auteur  du  trône 


I  Olympia,  IV.  p.    Ii3.   —    ^  Mùnch.  SilzungsOericlite,  1897,  II,  p.    lli  s.|., 
pi.  i;  l'errol,  Op.  l.  VHl,  p.  171,  fig.  92.  —  3  A/ûnch.  Silzungsb.,  1897,  II,  p.  115. 

—  i  Lcchal,  /ler.  Ét.gr.  18118,  p.  181.  —  S  Deonna,  Op.  l.  p.  271,  n»  87;  Fouilles 
dr  Delplies,  V  (!•  fasc),  pi.  iv,  p.  33,  a'  39.  —  6  Bôm.  Min.  II,  1887,  p.  108  sq.  ; 
cf.  ililncli.Sil:unosber.  1897,  II.p.  113  ;  Joubin,  Sculpl.gr.  p.  20,  noie  2.  — 7  Pwrot, 
Op,  l.  Vlll,  pi.  m;  Deonna,  Op.  I.  p.  274,  n'  102.  —  »  Furl«aenglcr  a  récemment 
constaté  l'influence  samicnne  dans  les  frontons  d'Egine,  Aegina,  p.  3i2,  603  ;  cf. 
Bev.  de  l'Arl.  anc.  et  moderne,  l'JO',  p.  190,  note  3  (Pottier).  —9  Mûnch. 
Silz.  li<-r.  1897,  II,  p    113  si|.  Cf.  Mon.  antichi,  li,  p.  771.  —  10  md.  p.  m. 

—  Il  Collignon,  Op.  l.  I,  p.  219.  —  12  Amelung,  Fùhrer  durch  die  Anl.  in  Floreu:, 
p.    2"3    8i|.,    n»   2i7   (réf.)  ;    Furlwaengler,    Meislerw.    p.    294,    rcni.    p.    C78. 

—  lîHclbig, /-'fiArerfi),  I,  p.  429,39,  n°638  ;  Baumeisler,  Ocnfona/er  s.v.Etriirien, 


d'Amyclées,  étailsansdoute  un  artiste  du  cycle  sainien '". 

Nos  connaissances    sur   la  statuaire   en    bronze   au 

vr  siècle  se  réduisent  à  peu  de  chose.  Dans  le  Pélopon- 


Fig.  C018.  —  U  Louve  du  Capitole. 

nèse  ",  Corintheest  le  centre  d'une  école  de  bronziersqui 
exporte  jusqu'en  Sicile  et  en  Elrurie.  L'école  d'Égine, 
dont  la  prédilection  pour  l'art  du  bronze  est  marquée,  ne 
nous  est  guère  mieux  connue  pour  la  période  primitive. 
De  bonne  heure,  l'art  de  la  fonte  fut 
en  faveur  à  Argos,  à  Sparte,  dont 
l'école  est  représentée  par  Gitiadas, 
à  qui  Furtwaengler  attribue  la  tête 
de  Sparte.  Le  xi'  siècle  est  pour  le 
bronzier  une  période  de  conquête 
patiente,  qui  lui  donne  une  technique 
perfectionnée,  dans  laquelle  excel- 
leront les  maîtres  du  V  siècle. 

Peut-être  est-ce  à  la  fin  du  vi'  siè- 
cle, sinon  aux  premières  années  du 
V  siècle,  qu'on  peut  rapporter  la 
Chimère  d'Arezzo  (fig.  1364),  œuvre 
grecque  qu'Âmelung  voudrait  attri- 
buer à  un  atelier  de  Corinthe  ou  de 
Sicyone  '-,  la  Louve  du  Capitole 
(fig.  66l8j  ",  qui  pourrait  être  de 
travail  ionien  (Helbig),  la  tête  de 
Cylhère  '*,  considérée  tantôt  comme 
une  œuvre  péloponésienne '',  tan- 
tôt, et  plus  justement,  comme  une 
œuvre  ionienne  "^. 

c)  V siècle.  — L'activité  d'Égine  grandit  au  v''  siècle,  et 
sa  fonte  {aeginetica  teinperatura)  est  si  renommée,  qu'à 
Sicyone,  Kanachos  ne  se  fait  pas  faute  d'en  adopter  le 
procédé.  Le  maître  le  plus  célèbre  de  l'école  éginétique 
est  alors  Ouatas  ";  l'Héraklès  Oppermann  nous  conser- 
verait peut-être  le  souvenir  de  son  Héraklès  consacré 
à  Olympie  par  les  Thasiens'^  Deux  têtes  détachées  de 
statues  de  grandeur  naturelle  peuvent  être  rapportées  aux 
Êginètes,  la  tête  d'éphèbe  d'Herculanum  '%  et  la  tète 
barbue  de  l'Acropole  ^''. 

A  Sicyone,  l'art  du  bronze  est  en  honneur  ;  Kanachos  est 


p.  510,  fig.  552;  Rayet.  Monum.  de  l'Art  antique,  ,  pi.  27;  Mari|uatdt,  Antiq. 
rom.  (trad.  fr)  XV,  l'ie  priiée,  2,  p.  314;  Martlia,  Art.  étr.  p.  303,  note  1. 
On  y  a  vu  aussi  une  œuvre  étrusque  ou  une  œuvre  carolingienne.  —  '*  Collignon, 
Op.  l.  I,  p.  240,  fig.  110;  Kelulé,  Griech.  Sculptur.  p.  49,  51,  fig.  —  15  Collignon, 
;.  c.  _  16  Klein,  Gescli.  d.  griech.  Kunst,  1;  Joubin,  Sculpt.  gr.  p.  218; 
Kekulé,  t.  c.  ;  Deonna,  Op.  l.  p.  113,  note  8.  —  17  Collignon,  Op.  t.  I,  p.  282  si|. 
—  18  Babelon,  Bronzes,  no  518  (référ.).  D'autres  archéologues  ont  attribué  cette 
ligurine  à  l'école  allique  ou  béotienne.  Maliler  a  suggéré  le  nom  d'Hégias, 
fleti.  et.  gr.  1899,  p.  432,  1900,  p.  377.  —  19  Collignon,  Op.  I.  I,  p.  303,  fig.  150  ; 
Rayet,  Moiwm.  de  fart  ant.  I,  pi.  20  ;  Wiener  Jahresh.  IV,  1901,  p.  171  (référ.)  ; 
Brunn-Bruckmann,  pi.  Lvi  (référ.);  Reinacli,  Recueil  de  tètes,  p.  19,  pi.  ixiii, 
uailmet    pas  l'attribution  à   l'école  d'Egine.  —  so  Collignon,   Op.    l.  1,   p.    301, 


6619.  —  Apollon 
de  Piombino. 


STA 


—  U99 


STA 


.  ti  iio.  —  ItcproJuclû 
dAïéladas. 


célèbre  par  son  Apollon  Philésios,  qu'on  a  reconnu  sans 
motifs  suffisants  dans  l'Apollon  de  Piombino  '  (fig.  6619  . 
Dans  les  ateliers  d'Argos,  un  grand  nom  domine  tous 
les  autres,  celui  d'Agéladas  -  ;  c'est  le  style  de  l'école 
argienne  de  son  temps  qu'on  veut  reconnaître  dans  le 
petit    bronze   de    Ligourio',  dans   le   bronze  Sciarra ', 

dans  des  statuettes 
du  Louvre  '  (fig. 
6620)  et  dans  une 
tête  déphèbe  d'assez 
grandes  dimen- 
sions, au  Musée  de 
Berlin".  On  peut 
encore  attribuer  à 
l'art  des  bronziers 
du  premier  quart 
du  V*  siècle  la  léte 
barbue  d'Olympie  ' 
(fig.    42-20  . 

En  Attique,  le 
groupe  de  bronze 
des  Tyrannicides 
[statua,  p.  1477], 
dû  à  Anlénor,  avait 
été  remplacé  en 
477  par  celui  de 
Critios  et  de  Nésio- 
lès,  dont  les  statues 
de  Naples  seraient 
des  copies*.  C'est  à  Hégias,  le  maître  de  Phidias,  qu'on 
rapporte  d'ordinaire  la  petite  tête  de  l'Acropole'.  Outre 
les  monuments  datant  du  premier  quart  du  v'  siècle  que 
nous  venons  de  citer,  il  en  est  d'autres  encore,  dont  on 
discute  encore  l'attribution  à  telle  ou  telle  école.  Ce 
sont  :    l'Aurige    de   Delphes,    attribué  à    Pythagoras  de 

Gg.  131  ;  de  Ricidcr,  Catal.  des  bronzes  de  l'Acropole,  ii"  708  ;  l'cn-ol,  Op.  l.  VIII, 
p.  526-7,  Gg.  271-2;  Kcinacli,  Hec.  de  tètes,  p.  4,  pi.  v-vi.  Celle  lôte  pouirail 
ôtre  délacliée  d'une  staluc  d  lioplilodrome,  lier.  et.  gr.  1896,  p.  251.  Dafls  ces  deux 
têtes  les  sourcils  sont  indiqu^-s  en  saillie,  de  méaie  que  dans  l'Apollon  de  Piombino, 
l'éphèbe  Sciarra,  la  pelite  tôle  de  l'Acropole,  le  Poséidon  de  Créusis,  œuvres 
attribuées  à  des  ateliers  différents.  A  cause  de  ce  détail  commun,  Arndt  les 
réunit  en  un  groupe  corintlio-sicyonien  ;  cT.  Brunn-Bruckmann,  teste  de  la  pi.  i.vi. 

—  <  Duruy,  Hist.  des  Grecs,  I,  420;  Perrot,  Op.  I.  VIII,  pi.  xi,  p.  472  ;  Lollignon, 
Op.  l.   1,  y\.  v;   Dconna,  Op.    L   p.  .339.  —  2  CoUignon,    Op.   L   1,    p.   31C  sq 

—  3  50*  Winckelmannspr.  (Berlin),  p.  123  sq.,  pi.  i  ;  Joubiu,  Hculpt.  (jr. 
p.  109,  Gg.  30;  Colli^noD,  Op.  l,  I,  p.  322,  Gg.  162.  Furlwacnglcr  a  remarqué  que 
les  bronzes  qu'on  peut  attribuer  à  l'école  argienne  sont  brillants  et  de  couleur 
foncée,  caractères  provenant  de  l'alliage  spécial  du  bronze,  ïiO^  M'inckelinannspr. 
p.  127.  —  t  Studuiczka,  Hôm.  Mitt.  Il,  pi.;  Joubin,  Op.  l.  p.  146.  fig.  41; 
p.  73,  fig,  8  :  Furtwaengler  reconnaît  en  lui  une  œuvre  ilalique  du  cycle  de 
Critios  et  de  Nésiotés.  Cf.  Mûnch.  Silzàer.  1897,  11,  p.  1)2,  128;  50'  Winc/iel- 
mannspr.  p.  151,  'noie  90;  ileisterw.  p.  77,  6SL  —  ^  Furtwaengler,  Br.  von 
Olympia,  pi.  vm,  p.  18  [jcpiter,  p.  701]  :  Monum.  Plot,  I,  p.  105  sq.,  pi.  xv-xvi. 

—  6 Furtwaengler,  Meisterw.T^.  675  sq.,  pi.  xxxii.  —  "  Olympia,  IV,  pi.  l  ;  CoUignon, 
Op.  ?.  1,  p.  326,  fig.  164  ;  Perrot,  Op.  (.  \  III,  p.  467-8,  fig.  2  J5-6.  —  »  Cf.  sur  ce  groupe. 
Léchai,  Sculpt.  attique,  p.  438  sq.  ;  articles  récents  ;  Hauscr,  îtôm.  Mitt.  1904, 
p,  163  sq  (=  Jlev.  des  Et.  gr.  1906,  p.  134);  Studniczka,  Jahrbuch.  kl.  Alt.  XVII. 
1906,  p.  344  (=  Americ.  Jotira.  ofarch.  1907,  p.  214).  Kcconslitution  au  musée  de 
Bnjnsv\ick,/<ôm.  Mitt.  1905,  pi.  xi.  —  9  Furtwaengler,  Meisterw.  p.  80,  684  ;  CoUi- 
gnon, Op.  l.  I,  p.  323,  Gg.  163  ;  de  RiJder,  Catal.  des  bronzes  de  l'Acrop.  n"  767; 
Perrol,  Op.  t.  VIII,  p.  679,  fig.  347;  Furtwaengler,  Intermezzi,  p.  9  ;  id.  HO  Win- 
ckelmannspr. p.  140-1.  D'autres  archéologues  l'attribuent  à  l'art  du  Péloponnèse. 

—  10  P'ùuilles  de  Delphes,  IV,  pi.  xlix-l  ;  Reinach,  Itec.  de  Têtes,  p.  6,  pi.  ix-x 
(référ.);  Joubin,  Op.  l.  p.  141  sq.,  fig.  4:1,  43-7;  Léchai,  Phidias,  p.  31-2,  Gg.  9. 
Articles  récents  :  Studniczka,  Jahrb.  des  arch.  Instit.  1907,  p.  133  sq.  ;  Pontow, 
Mûnch.  Silzber.  1907,  p.  2U  sq.  Pour  von  Dubn,  la  slatue  serait  un  original 
de  Pythagoras  de  Khegion  {Alh.  Mitt.  1906,  p.  421  sq.),  opinion  combattue 
par  Furtwaengler  {Miatchenersitz.  1907),  qui  y  reconnaît  le  style  de  Crilios.  Lechat 
{Pythagoras  Je  Ithegion,  p.  100)  la  rapporte  à  l'école  d'Egine.  L'hypothèse  la  plus 
récente  voit  dans  l'Aurige  l'œuvre  d'Araphion  de  Cnosse.  Cf.  liev.  arch.  1903,  i,  p.  126 
sq.  ;  1907,  II,  p.  3'30;  lier.  Et.  grecg.  1908,  p.  177,  348  sq.  ;  Ausonia,  1907,  p.  22 
(varielà)  ;  Americ.  Journ.  ofarch.  1906,  p.  132  sq.;  190S,  n"  2  (Washburn.  référ.). 


6621.    —    L'Au 
de  Delphes. 


Rhegion,  à  Calamis,  à  Onatas,  à  Glaukias,  à  Critios, 
à  Ampliion  de  Cnosse,  etc.'"  (lig.  6621);  le  Poséidon 
de  Créusis",  œuvre  éginétique  (Lechat)  ou  attique 
(Philios,  Joubin);  léphèbe  de  Sélinonte'-;  le  "  Spi- 
nario  "  du  Capitole  '■' ,  dans  lequel  on  a  reconnu  l'art  de 
Myron,  de  Pythagoras,  celui  d'Argos 
ou  de  Sicyone;  la  tête  Chatsworth, 
pour  Furtwaengler  œuvre  originale 
de  Pythagoras  de  Pihegion,  opinion 
combattue  par  M.  Lechat'*;  le  torse 
de  Florence,  trouvé  à  Livourne,  ori- 
ginal grec  que  Furtwaengler  rattache 
au  cycle  de  Critios  ''.  On  pourrait 
encore  mentionner  l'e.x-voto  de  Platées 
à  Delphes,  qui  se  trouve  maintenant 
à  Constanlinople"  et  qui,  dans  un 
autre  genre,  témoigne  aussi  de  l'habi- 
leté des  bronziers  du  premier  quart 
du  V  siècle. 

Nous  avons  mentionné  quelques- 
unes  des  hypothèses  qui  ont  été 
émises  au  sujet  de  ces  bronzes.  Mais 
aucune  n'entraîne  la  certitude.  \os 
connaissances  sont  trop  imparfaites 
pour  nous  autoriser  à  reconnaître 
dans  telle  ou  telle  œuvre  le  style  d'un  bronzier  plutùt  que 
celui  d'un  autre,  lequel  peut  être  entièrement  inconnu  '^ 
Il  faut  nous  résigner  à  ignorer  l'œuvre  des  bronziers 
célèbres  que  furent  Calamis  ",  Pythagoras  de  Rhegion  ", 
et  bien  d'autres  encore.  Les  grands  bronziers  du  milieu 
du  V^  siècle  sont  Myron  et  Polyclète.  Si  leurs  œu'vres 
nous  sont  connues  par  des  répliques  en  marbre  ou  par 
de  petits  b^onzes-^  aucune  grande  statue  de  bronze  ne 
peut  leur  être  attribuée-'.  Polyclète  continuait  la  tradi- 
tion des  bronziers  argiens,  et  les  anciens  étaient  una- 


p.  198  sq.;  221  ;  Robert,  Xachrichten  der  Gcseltsch.  d.  Wiss.  Ootiingen,  1901  ; 
Kœpp,   A'euc.   Jahrb.   1909,  p.  463;   k'craraopculos,   Ath.  Mitt.  1909,  p.  33  sq. 

—  11  Eph.  arch.  1899,  pi.  iv-v;  Itcv.  Et.  gr.  1900,  p.  374  (Lechat)  ;  Joubin,  Wp.  /. 
p  100  sq.,  Gg.  32-3.  —  12  Perrot,  Op.  l.  VIII,  p.  494  sq.,  fig.  253-3;  Arndt,  Ein- 
zelaufn.  509-572.  —  '3  CoUignon,  Op.  l.  I,  p.  416  sq.,  fig.  215;  Friederichs- 
Wollers,  Cipsabgûsse,f.  102,  n»  213;  FurUvaen^'Ier,  Meisterw.  p.  685-6;  Joubiu, 
Op.  l.  p.  131,  133  sq.;  Helbig,  Fùhrer  (2),  I,  p.  427,  n»  637  (référ.);  Anielung, 
Fûhrer durch  dieAnt.  in  I'lorenz,6g.  12;  Le:hat,  Pylhag.  de  Rhegion,  p.  101-3. 

—  IV  Furtwaengler,  Interm^^zzi,  p.  3  sq.  ;  pi.  i-iv  ;  Joubin,  Op.  l.  p.  96-7,  Gg.  20-1  ; 
Lechat,  Pythag.  de  Ilhegion,  p.  102.  —  15  Furtwaengler,  Meisterw.  p.  676, 
note  l;Mùnch.  Sitz,  berichte,  1897,  II,  p.  112;  Jahrb.  d.  arch.  Inat.  1892,  p.  132; 
Amclung,  Op.  l.  p.  273,  n»  209  (référ.).  —  IS  Fricderichs-Wolters,  Op.  l.  p.  110, 
n"   227   (référ.);   Jahrbuch,    1886,  p.  176;    Mûnch.  Sitz.    ber.    1904,  p.  413  sq. 

—  17  C'est  ce  que  dit  Furtwaengler  à  propos  de  l'.Aurige  de  Delphes,  Mûnch.  .Sitz. 
ber.  1907,  p.  160.  —  i»  Rejsch  a  voulu  prouver  récemment  qu'il  y  avait  deux 
Calamis.  Le  premier  travaillait  vers  4S0-460  ;  le  second,  sou  petit-fils,  n'étail  plus 
exclusivement  bronzier,  et  ses  œuvres  s'échelonnaient  de  385  à  .162,  Wiener 
Jahresh.  1906,  p.  199  sq.  ;  Studniczka  a  accepté  en  partie  celte  théorie,  Sâchs. 
.\bhan-il.  XXV,  p.  1  sq.  Pour  Furtwaengler,  celte  hypothèse  n'est  pas  soutenable, 
Calamis  le  Jeune  est  une  fiction,  Mûnch.  Sitz.  ber.  1907,  p.  160  sq.  Cf.  encore  : 
Jieu.  Et.  gr.  1907,  p.  250-1;  Americ.  Journ.  of  arch.  1907,  p.  216,  439; 
CoUignon.  Scopas  et  Praxitèle,  p.  16;  Deonna,  Peut-on  comparer  l'Art 
de  la  Grèce  à  l'Art  du  Mayen-àge.  1910,  p.  78,  note  23,  référ.  —  '9  Sur 
cet  arliste,  cf.  Léchai,  Pythag.  de  Ilhegion,  1903.  —  2y  Ex.  :  Le  Jlarsyas 
de  Myron  se  retrouve  dans  un  petit  bronze  du  Bril.  Mus.  :  CoUignon.  Op.  l. 
p.  468,  fig.  2i4;  Wallcrs,  Catal.  Bronzes  Bril.  Mus.  p.  35,  n'  209.  On  a 
voulu  reconnaître  le  souvenir  de  la  célèbre  vacbe  de  Myron  dans  uu  bronze 
du  Cabinet  des  Médailles  :  Babelon,  Bronzes,  n"  1137  ;  dans  uue  statue  de 
marbre  du  Palais  des  Conservateurs,  /iôm.  Mitt.  1901,  p.  42  sq.,  pi.  iv  ;  Jiev. 
étud.  Gr.  1901,  p.  420-7;  fouilles  de  Delphes,  V  (!•  fasc),  p.  53.  Un  petit 
bronze  de  Munich  reproduit  le  Discobole,  Friederichs  Wollers,  Op.  l.  p.  192, 
n"  433,  etc.  Remarquer  que  parmi  les  petits  bronzes  on  ne  trouve  aucune  réplique 
exacte  du  Doryphore  ;  Furtwaengler,  Slatuencopien.  p.  56.  —  Si  On  a  voulu 
reconnaître,  mais  sans  motifs  sérieux,  le  LaJas  de  Myron  dans  un  des  Lutteurs 
en  bronze  du  Musée  de  Naples;  Mahler,  Polgklet,  p.  16;  Amelung  a  rejeté 
cette  hypothèse;  Reinach  pense  cependant  qu'elle  n'esl  pas  invraisemblable, 
Recueil  de  têtes,  p.  36. 


STA 


l.jUO   — 


STA 


nimes  à  louer  i-ii   lui   la  pcrfeclioii   (Je    la    teclmiqui'  '■ 

Bien  que  Phidias  ne  fùl  pas  exclusivement  bronzier 
comme  Myron  et  Polyclèle,  on  vantait  certaines  de  ses 
statues  en  bronze,  comme  la   Lemnia,  la  Promachos-. 

La  statuaire  en  bronze  fut  en  honneur  pendant  tout 
le  V'  siècle,  surtout  dans  1  école  dWrgos,  oii  les  dis- 
ciples de  PolyclMe  continuèrent  la  tradition  de  leur 
maître. 

C'est  à  la  deuxième  moitié  du  V  siècle  ([uon  peut 
attribuer  les  monuments  suivants  :  les  statues  de  Tarse, 
au  Musée  de  Constantinople',  l'une  sans  tête  \  l'autre, 
réduite  à  la  tétc  et  au  haut  du  torse",  qu'on  a  rattachées 
à  la  tradition  myronienne,  et  qui  datent  de  la  fin  du 
V  siècle";  1'  '•  Idolino  '"  de  Florence,  original  grec  de 
iiO-tSO,  œuvre  éclectique  trahissant  l'influence  attique 
sur  un  type  polyclétéen  '•  ;  la  lèle  dite  de  Bénévent, 
au  Louvre,  œuvre  attique  très  apparentée  à  l'Athéna 
de  Bologne,  et  sans  doute  du  même  atelier  (Phidias?)  *  ; 
le  buste  en  bronze  de  Munich,  original  du  temps 
de  Phidias  et  de  Polyclèle  '  :  l'éphèbe  Sabouroff, 
œuvre  argienne  de  la  fin  du  V  siècle '".  Citons  encore 
une  petite  tète  de  la  Villa  Albani,  reproduisant  le  type 
de  l'Athéna  Hope",  le  fragment  d'une  statue  colossale 
d'Ares,  trouvé  en  Grande-Grèce,  au  Britisli  Muséum  et 
datant  du  milieu  du  v"  siècle  '-. 

d)  /F'  siècle.  —  L'art  du  iV  siècle  accorde  au  bronze  une 
place  moins  exclusive.  Scopas,  élève  des  fondeurs  du 
Péloponnèse,  débute  par  des  statues  de  bronze,  comme 
celle  de  r.\plirodite  Pandémos,  mais,  plus  tard,  semble  se 
vouer  à  la  sculpture  de  marbre,  qui  a  fait  la  gloire  de 
l'école  attique.  Praxitèle  est  surtout  un  marbrier,  et  les 
anciens  affirmaient  qu'il  réussissait  mieux  dans  le 
marbre  que  dans  le  bronze  '^  Le  rythme  nouveau  de  ses 
œuvres  a  été  conçu  dans  le  marbre  :  ces  torses  déhanchés, 
qui  s'appuient  contre  un  support  et  permettent  de 
mettre  la  figure  hors  d'aplomb,  de  donner  au  corps  des 
lignes  plus  onduleuses,  naissaient  tout  naturellement 
dans  le  marbre  qui  nécessite  des  appuis,  mais  ce  sont  des 
atlitudescontraires  aux  qualités  mêmes  du  bronze,  faites 
d'indépendance  et  de  mouvement.  Les  chefs-d'œuvre  de 
Praxitèle  sont  des  marbres;  c'est  dans  cette  matière  qu'il 
trouve,  sous  son  ciseau,  les  délicatesses  les  plus 
subtiles,   pour  traduire,  dans  un  corps   de    femme    ou 

1  Plin.  H.  11.  .XX.XIV,  36.  —  2  ;;ur  Mn.lias,  cf.  le*  lécenles  éludi's  .le  Léchai, 
l Acropole  d'Athènes,  Phidias,  1909.  Sur  la  Promacbos,  article  récent  : 
Jieriie  areh.  1905,  I,  p.  iil  si|.  (=  liev.  iHud..  i,r.  1906,  p.  156).  Rciiiach  reconnail 
la  Tromachos  ilans  un  petit  bronze  de  Boston  :  Bronzes  de  la  Gaule  rom.  p.  iO,  n"  It  ; 
Oa:.  U.-Arls,  1902,  II,  p.  407-9.  L'attribution  de  la  Promachos  à  l'raiitèle  LAncien 
est  abandonnée.  —  3  Ca;.  orc;(CO^  Vlll,  1883,  p.  85  sq.  pi,  i-ii  ;  Heine  areh.  1899, 
IL  p.  t9  5<|..pl.  XMi-xiv(Joubinl;  Rev.ét.  i/i:  1899.  p.  453  sq.  (Lechat)  :  Friederichs- 
Wolters,  Op.  I.  p.  197,  n"  461;  Furtnaengler,  J/eis<prir.  p.  348.  note  2.  —  »  Gaz. 
arch.  pi.  u.  —  •  /Ud.  pL  i  :  Collignon  Op.  l.  p.  479,  hg.  246,  —  0  Jouhin,  Sciilpt.  rjr. 
p.  1^5  sq.,  les  place  à  tort  vers  460.  —  7  Rcinach,  Ree.  de  tètes,  p.  57,  pi.  vu 
(référ.);  B.-unn-Bruckmann,  tcitc  de  la  pi.  Dfivii,  p.  6  sq.  ;  Furtwaengicr,  Meisterw. 
p.  497  sq.,  (Ig.  89  ;  49'  Winckelmannspr.  (Berlin),  p.  3  sq . ,  pi.  i-ii  ;  Wiener  Jahresh. 
IV,  1901, p.  179,  (ig.  ;  Amelung,  Fnhrerdurchdie  Ant.  m  Florenz,  p.  372sq.  (référ.). 
—  «  Reinach,  flee.  de  tètes,  j>.  58.pl.  i.xxn  (référ .)  ;  Collignon,  Op.  L  11,  p.  169,  pi. 
(l'attribue  à  l'école  polyclétéenno)  ;  id.  Scopas  et  Praxitèle, p.  21.  Celle  tête  provient 
en  réalité  d'Herculanum,  /lev.  et.  r/r.  1896,  p.  30i.  —  9  Furlnaengler,  Beschr.  d. 
«/i//!/.  p.  372, n»  457 (référ.);  id.  .l/eis(ei-w, p.  .507  ;  Collignon,  Oj,.  l.  I,  p.  421,  (ig.  217. 
L'éphèbe  en  ba.saltc  du  musée  des  Thermes  serait  une  œuvre  du  même  artiste  ;  Hauser 
prononce  même  le  nom  de  Calliclès,  fils  de  Tliéocosmos  de  Mégare  ;  Bôm.  Milt. 
IS95.  p.  97  sq.,  pi.  I  :  /(«■.  él.  i/r.lS90.  p.  266.  —  10  Furlwaengler,  Coll.  Saboiiroff, 
I,  pi.  viM-ii;  Ketulé,  Griech.  Sculpt.  p.  160,  lig.  :  Wiener  Jahreshefte,  IV,  1901, 
p.  1743,  Gg.  187  ;  Beschr.  deranl.  Sciilpl.  (Berlin)  n"  I,  Furlwaengler.  après  avoir 
attribué  cette  statue  à  la  tendance  péloponésienne  du  iv«  siècle,  la  rapporte  ensuite  à 
l'école  d'Euphranor,  Meitterw.  p.  583.  —  n  Ilelbig,  Ffilir'rr  (2).  Il,  p.  22,  n°  793  ; 
Furtwaengicr, a/ei8(en/-.  p.  1 1 1-2,  —  li  Waltcrs,  CatnI.  oitlte  Bronzes,  p.  33,  n°  265 
(référ).  —  13  Plin.  a.  n.  XXXIV.  19.  in:  marmore  f.licior.  —  U^tic/i.  Anz.  1903, 


Fij.  6622.  — L'Ado- 
rant de   Berlin. 


dt'phèbo,  le  moelleux  de  la  chair  et  la  souplesse  de  la 
vie.  C'est  à  la  tendance  praxitélienne 
qu'on  peut  rapporter  le  bronze  d'Hyp- 
nos,  de  Berlin",  la  tète  d'Hypnos  de 
Pérouse,  au  Musée  Britannique  ''. 
L'Athéna  d'Arezzo,  au  Musée  de  Flo- 
rence'", serait  une  œuvre  grecque  du 
cycle  de  Praxitèle;  Amelung  y  verrait 
même  une  œuvre  de  jeunesse  de  ce 
maître. 

Lysippe,  lui,  est  avant  tout  un  bron- 
zier'", et  le  bronze  lui  rendait  possible 
l'exécution  de  statues  aussi  hardies  que 
celles  de  son  Kairos,  debout  sur  une 
sphère  qu'il  touchait  seulement  de  la 
pointe  des  pieds  ;  la  tradition  de  la  fonte 
se  maintient  dans  son  école  avec  ses 
successeurs,  Daippos,  Boédas,  Charès 
de  Lindos,  etc.,  qui  continuèrent  à 
rendre  dans  le  bronze  la  précision 
du  corps  athlétique.  C'est  à  Boédas 
qu'on  attribue  généralement  la  statue  de  l'.Xdoranl  de 
Berlin"    fig.  G6-2-2), 

C'est  encore  du  iV  siècle  qu'on  peut  dater  :  la  tète 
d'ErzindJan,  au  Musée  Britan- 
nique", qui,  pour  M,  Reinach'-". 
est  une  œu\Tedu  début  du  iv' siè- 
cle, encore  inspirée  des  grands 
niaitresdu  V  siècle;  pour  M.  Col- 
lignon -',  une  œuvre  de  la  fin  du 
iV  siècle,  sous  l'influence  sco- 
pasique  ;  la  tète  de  Satyre  de 
Munich--,  onivre  du  temps 
d'Alexandre, 

.\vec  le  iV  siècle,  la  fonte  du 
bronze  a  atteint  en  Grèce  son 
apogée,  et  ne  fera  dès  lors  plus 

de  progrès-'.  Musée  ,les  Thc"rmcs. 

e)    Kpofjue    heUénistique    et 
greco-7'omaine.  —  C'est  à  l'époque   hellénisti(|ue  qu'il 
convient  de  rapporter-'  un  fragment  de  statue  féminine 
drapée    du  Musée   de   Berlin   (m*  siècle\    la   tète    de 
Lybien    du   British   Muséum  -\    trouvée    à   Cyrène,   où 

p.  33,  lig.  1  ;  K.'kulé, Gricc/i  .Skiilplm:  p.  262.  fig.  —  li  Walters,  Op.  t.  p.  34,  n"  2J7 
(référ.).  Cette  tête  n'est  nullement  de  travail  étru«(|ue,  comme  le  croit  Aiartha, 
Art  /'Strus(/ue,p.  303.  —  16  Amelung,  Fùhrer  in  Florenz,  p.  256,  n*  24S  (référ.), 

—  17  Lysippe  cependant  a  aussi  travaillé  le  marbre.  Peut-être  qu'une  tête  masculine  de 
marbre,  trouvée  à  Olympie,  serait  celle  de  Philandridas,  mentionnée  par  Pausanias 
comme  œuvre  de  ce  maître  ;  ce  serait  donc  un  marbre  original  de  Lysippe. 
L'Agias  de  Delphes  ne  serait  pas  une  copie  d'un  original  de  bronze,  mais  lui- 
même  wn  original  de  la  main  de  Lysippe.  Ces  hypothèses,  très  contestables,  ont 
été  émises  récemment  par  M.  Walter  Woodburn  Uydr.  Amer.  Jonm.  of  arch. 
1907,  p.  396  sq.  Cf.  Collignon.  Lysippe  (bibliogp.).  Un  relief  d'ivoire  reproduit 
l'Hcraklès  de  Tarente,  Furlwaengler,  .Uimch.  Silz.  ber.  1902,  p.  433  sq.; 
.imeri'c.  Journal  of  arch.  1904,  p.  475.  —  1»  Collignon,  Op.  l.  Il,  p.  483,  fig.  252; 
Kekulé,  Op.  l.  p.  266,  fig.;  Collignon.  Lysippe,  p.  96  ;  Friederichs-Wolters,  Op.  l. 
a'  1562;  Beschr.  derant.  Skulpt.  (Berlin),  n'  2.  —  19  Walters,  Op.  l.  p.  33,  n'  266 
(référ.).  —  20  Bec.  de  tètes,  p.  108,  pl.cxïxix  (référ.l.  —  21  Op.  l.  Il,  p.  477,  fig,  247. 

—  22  Fricderichs-Wollers.  Op.  l.  n,  1497  ;  RrunnBruckmann,pl.  v  b;  Furlwaengler, 
Beschr.  der  Glypl.  p.  369,  n»  430.  —  2:)  Pline  après  avoir  ènuméré  les  maîtres  du 
brome,  dit  ;  «  cessarit  deinde  ars  (il  n'entend  que  Vars  stotuaria),  ac  rur.ius 
Olympiade  ci.vi  revixit  »,  ce  qui  ne  signifie  pas  qu'il  y  ait  en  cessation  de  la 
statuaria,  puisipi'il  cite  encore  après  des  bronziers  :  il  veut  dire  ijue  l'arl  du 
bronze  avail  atteint  avec  Lysippe  et  son  école  le  plus  haut  point,  et  qu'après 
il  V  eut  arrêt  dans  les  progrès  de  la  fonte  du  bronze  ;  //.  n.  X.VXI  V,  52  ;  Baumeistcr, 
nenkmûler.  s.  v.  Perg.imon,  p.  1229.  —  ^i  Beschr.  d.  ant.  Skulpt.  (Berlin., 
n"  3;  Brunn-Bruckm,inn,  tcxie  de   la  pi.  r.i.vni,   fig.;   Kekulé,  Op.  l.  p.  267  fig. 

—  -25  Collignon,  Op.  l.  Il,  p.  567,  fig.  292;  Rayet,  Monum.  de  '.art.  ant.  Il,  pi.  57; 
Arndl-Bruckmann,  Gr.  uni  rôm.  Porir.  pi.  xii-ii.    Walters,  Op.  l.  p.  34,  n»  26s 


STA 


laOl   — 


STA 


s'anîrnie  le  réalisme  artistique  de  celte  époque.  Le 
pugiliste  des  Thermes'  est  d'un  style  déjà  plus  avancé 
(vers  200)  (fig.  66-23  ,  de  même  que  la  tête  dathlèle 
d'Olympie-,  la  statue  du  Musée  des  Thermes,  dans 
laquelle  on  a  parfois  voulu  reconnaître  Alexandre  Bala 
de  Syrie  (149  av.  J.-C.)'.  Du  ii'  siècle  date  encore  une 
belle  tète  de  Centaure  du  Musée  do  Spire  ',  décou- 
verte dans  le  Palatinat  ;  c'est  un  original  grec,  trans- 
formé en  peson  de  balance  dans  cette  région  à  demi- 
barbare,  produit  tardif,  comme  le  Laocoon  qu'elle 
rappelle,  de  l'art  pergaménien.  Citons  encore  la  têle  de 
Sophocle,    à  Londres",  provenant  de  Constantinople. 

Les  bronziers  grecs  n'ont  plus  de  souci  d'originalité  ; 
ils  se  bornent  à  copier  les  œuwes  de  leurs  devanciers. 
L'Apoxyoménos  d'Ephèse"  est  une  copie  romaine  d'une 
œuvre  de  l'école  lysippique,  à  propos  de  laquelle  Hauser 
a  prononcé  le  nom  de  Daippos,  fils  de  Lysippe.  L'Hé- 
raklès  de  la  Glyptothèque  Xy-Carlsberg  '  reproduit  un 
type  attique  du  iv"  siècle,  où  se  mêlent  les  éléments  du 
style  polyclétéen  et  du  style  scopasique  ;  il  est  parent  de 
l'Héraklès  Lansdowne,  et  montre  même  technique  que 
r.Vpoxyoménos  d'Éphèse  et  que  le  bronze  d'Anlicythère, 
son  contemporain.  La  statue  de  Dionysos  (.\pollon  '?)  du 
British  Muséum*,  qui  provient  d'Egypte  et  date  du 
1"  siècle  av.  J.-C,  est  la  copie  d'un  original  que  Furt- 
waengler  attribue  à  Euphranor.  Le  navire  naufragé  à 
Anticythère,  aui"  siècle  de  notre  ère,  contenait  une  riche 
cargaison  d'œuvres  d'arts  .\ucune  des  pièces  conservées 
n'est  un  original;  ce  sont  des  copies  libres,  faites  pour 
l'exportation,  et  destinées,  semble-t-il,  au  marché  de 
Rome'".  Parmi  les  grands  bronzes,  une  statue  d'éphèbe 
a  pu  être  restaurée"  ;  une  tète  barbue  est  la  copie  d'un 
beau  portrait  de  l'époque  iiellénislique '-. 

Le  Musée  de  Xaples  contient  un  grand  nombre  de 
bronzes  provenant  de  Pompéi  ou  d'Ilerculanum.  Plu- 
sieurs rappellent  par  leur  style  l'éphèbe  d'Anticythère, 
et  proviennent  peut-être  des  mêmes  ateliers  d'.\thènes". 
On  a  souvent  discuté  s'il  fallait  voir  dans  les  bronzes  de 
Naples  des  originaux  ou  des  copies  relativement  récentes. 
Benndorf  a  montré  que  sauf  la  tête  éginétique  d'Hercu- 


(référ.)  propose  de  1  aUribucr  à  Lysisiralos.  —  •  Collignou.  Op.  t.  Il,  p.  49i. 
Iig.  i36:  Hdbig,  Fûhrer  (i;,  II,  p.5J8,  n»  113  (K-fér.);  Kei-.  Éi.  gr.  |S59,  p.  201, 
—  2  Collignon,  Op.  l.  Il,  p.  «î,  fig.  235-3  6is  ;  Kekulé  rialc  celle  lile  du 
v«  siècle,  Ceber  fien  Bronzekopf  eines  .Siegers  in  Olympia,  190:».  Cf.  de  la  mCme 
époque  :  pied  d'une  statue  d'Olympie,  Friedericlis-Wolters,  Op.  t.  p.  915, 
n"  324;  autres  fragments  d'Olympie,  ibid.  p.  146,  n*  325-7.  —  3  Collignon,  Op.  l. 
II,  p.  49.->,  ng.  257;  Helbig,  Fûhrer,  li),  II,  p.  231.  n"  1114  (référ.)  ;  Arndl- 
Bruckraaun,  Op.  t.  pl.  cccLvni-ccci.x.  Cette  statue  n'a  pas  de  ressemblance 
avec  les  monnaies  d'Alexandre  Bala  ;  ce  serait  une  copie  romaine  d'une  statue 
d'atlilcte  du  ai'  siècle;  Journ.  hell.  stud.  1903,  p.  96,  n»  1.  —  4  Keinacli, 
Bronzes  fig.  de  la  Gaule  rom.  p.  114,  n"  117;  id.  liée,  de  têtes,  p.  189, 
pl.  r.cixxiu-iv  (référ.).  —  5  Walters,  Op.  t.  p.  153,|  n"  847;  Bemoulli,  Gr. 
tkonofjr.  I,  pl.  XV,  p.  13i  sq.  — ^-Forsch.  in  Ephesos,  I,  pl.  vi-ix,  p.  181  sq. ; 
Collignon,  Scopas  et  Praxitèle,  p.  22-3.  —  7  Furtwaengler,  Meisterw.  p.  518  ; 
Arndt,  Olypt.  Xy-Carlsberg,  pl.  lxxxiX'Xci.  —  8  Furtwaengler,  Op.  l.  p.  585, 
g.;  Walters,  Op.  l.  a'  828  (référ.).  —  ^  Eph.  arcli.  1902.  p.  143  sq.  ; 
Journ.  hell.  stud.  1903,  p.  152  sq.;/(ei'.  Et  gr.  1901, p.  445;  1904,  p.  94;  Stais. 
Ta  \t  '.\»Tiir-j9r,  wv  Èjpr,^«T«,  1905.  Cf.  aussi  Ic  navire  naufragé  de  Uabdia, 
Rer.  arch.  1909,  II,  p.  132,  455;  1908,  11,  p.  131,  416;  yourn.  des  Sav.  1909, 
p.  374  sq.  ;  t.  rend.  Acad.  d.  B.-L.,  1908,  243  sq.,  3S6  sq.,  532  sq.  ;  1909, 
p.  649sf|.,  p.  420,  436  Sf|.,  442;  1910.  p.  585  ;  Jrc/l.  ^n;eij.  1909,;p.  2C7  sq.;  À'Wo, 
IX.  2,  1909,  p.  232  sq.;  Bull.  Soc.  Antiq.  de  France,  1909,  p.  203  sij.  ;  6a:.  S.  A. 
1909,  p.  191,  195  ,Amer.  Journ.  ofnrch.  1909.  p.  102  sq.;  Rev.  Et.  grecques.  1909, 
p  290  ;  Bei:  ont.  1906,  II,  p.  22,  .308;  Woch-Klass.  P/iilot.  1908,  p.  1103;  1909, 
p.  10:  Clttssic.  /(«ieic,  19ty  nov.  p.  229.  —  10./ourn.  Af».  stud.  1903,  p.  217  sq.  ; 
Her.  Et.  gr.  1905,  p.  120.  —  "  Saus  doute  copie  d'une  œuvre  bcllénisliquc,  bien 
qu'on  ait  voulu  y  reconnaître  le  style  de  Scopas,  de  Praxitèle,  ou  même  d'Alcamène. 
{.(.Journ.  hell.  stud.  1903,  p.  221  ;  reproductions  :  /4i</.  pl.  viu-ix;  1904,  p.  1295q.  ; 
Eph.  arch.  1902,  pl.  vui-x  :  Stais,  Op.  I.  pl.  :  Collignon,  Scopas  et  Prax.  fig.  2  : 
Ilev.    Et.  gr.  190»,  p.  94.  lig.  —  12  Journ.  hell.  stud.   1903,  p.  2.'Î3,  fig.  4;  Eph. 


lanum  (cf.  p.  1498;,  et  des  portraits  d'arl  local,  ces 
bronzes  étaient  des  répliques  du  temps  d'Auguste,  faites 
sans  doute  à  Athènes,  et  importées  en  Italie  peu  de 
temps  avant  l'éruption  du  Vésuve  ".  Le  buste  du 
Doryphore,  qui  porte  la  signature  d'Apollonios,  tils  d'Ar- 
chias.  Athénien,  en  est  à  lui  seul  une  preuve  évidente. 
A  cette  époque,  il  se  passait  à  Athènes  ce  qui  se  passe 
de  nos  jours  en  Italie,  surtout  à  Naples  :  on  copiait 
industriellement  les  bronzes  célèbres  pour  l'expor- 
tation''■.  Les  originaux  de  ces  bronzes  remontent  à 
diverses  époques.  Les  Danseuses  d'Herculanum  "^ 
répètent  le  type  cher  il  l'art  de  la  première  moitié  du 
v*  siècle,  celui  de  la  femme  en  chiton  dorien  [péplos, 
fig.  Ô0Ô9  ;  r.Apollon  de  Pompéi  '''  dérive  d'une  œuvre 
argienne  antérieure  à  450;  le  buste  du  Doryphore  de 
Polyclètea  été  fidèlement  copié  par  -\pollonios '*,  tandis 
que  le  buste  qui  lui  faisait  pendant  reproduit  les  traits 
d'une  .\mazone  polyclétéenne  '''  ;  deux  bustes  d'éphèbes  -° 
sont  des  copies  de  types  polyclétéens- ';  les  deux  lut- 
teurs-' reproduisent,  diversement  modifiés,  un  original 
grec  du  V  siècle  ;  d'un  original  de  la  fin  du  v'  siècle 
dérive  la  tête  de  Dionysos  barbu'--'  longtemps  appelée 
Platon.  L'Hermès  assis  répète  un  motif  lysippique'-'*  ;  la 
tète  d'.\rtémis  (dite  longtemps  Bérénice')  dérive  d'une 
œuvre  du  iv"  siècle,  qui,  pour  lieinach,  pourrait  être  du 
Léocharès-";  l'éphèbe  de  Pompéi  reproduit  une  œuvre 
éclectique,  oti  le  style  attique  se  mêle  au  style  argien  ^'  ; 
le  satyre  endormi  est  un  type  hellénistique  du  iir  siècle -', 
comme  le  satyre  ivre  -'  ;  le  Dionysos  (dit  Narcisse)  est 
une  copie  d'un  type  attique  de  l'âge  hellénistique-'; 
l'Apollon  et  l'Arlémis  du  temple  d'Apollon"  remontent 
aussi  à  des  originaux  du  iii=  siècle. 

Les  portraits  hellénistiques  sont  nombreux.  Celui  qui 
a  passé  pour  représenter  Sénèque,  d'Herculanum,  est  le 
plus  connu".  Ce  sont  encore:  le  portrait  de  Seleucus  I 
Nicator '-,  le  buste  dit  de  Sappho",  deux  bustes  de 
princes  hellénistiques'*,  des  têtes  de  Grecs  et  de  Grecques 
inconnus,  etc.  ^'.  On  rencontre  dans  toute  l'Italie  ces 
portraits  grecs  comme  ceux  du  Musée  de  .Naples,  qui 
sont  peut-être  des  copies  importées  de  Grèce. 


arc//.  1902,  pl.  xui,  —  13  Journ.  hell.  stud.  1903,  p.  234  si|.  :  Bev.  El.  rjr. 
1903,  p.  120.  —  li  Wien.  Jahresh.  1901,  p,  109  sq.  ;  Bei:  Et.  gr.  1902,  p    VOii. 

—  "1  Mien.  Jahresh.  1901,  p,  188-9.  —  «SCollignon,  Op.  t.  I,  p.  424,  fig.  219;  te- 
chat,  Phi'iias,  p.  23  ;  Rayct,  Mon.  del' art  ant.  I,  pl.  37  à  39  ;  Wien.  Jahresh.  1901 . 
p.  180  sq.,  fig.  193  sq.  (référ.).  —  '''  .Mahler,  Polyklet.  p.  66  sq.,  fig.  16-17  ;  Colli- 
gnon, Op.  L  II,  p.  666,  fig.  350  ;  Furtwaengler,  Meisterw.  p.  79,  fig.  3  ;  Amelung. 
Fûhrer  durch  die  Ant.  in  Floren:,  fig.  38  ;  Rev.  Et.  gr.  1896,  p.  453-3  (référ.)  ; 
Furtwaengler,  Intermezzi,  p.  47  ;  Collignon,  Scopas  et  Praa  itéle,  p.  22.  —  1»  Colli- 
gnon, Op.  l.  I,  p.  493,  fig.  252;  Gaz  des  B.-Arts,  1902,  11,  p.  463,  fig.  ;  Rcinacb. 
Rec.  de  tètes,  p.  37,  pl.xi.vi-vn  ;  Friedericbs-Wollers,  Op.  l.  p.  228,  no  505  (référ.). 

—  19  Gaz.  des  B.-Arts,  1902,  11,  p.  464,  fig.  ;  Reinacli,  Op.  I.  p.  43.  pl.  i.vii  (référ.'. 

—  20  Ravel,  Mon.  de  l'art  ant.  Il,  pl.  51;  Rcinach,  Op.  l.  p.  46,  pl.  i.viii  (référ.). 

—  21  Rayel,  Op.  (.Il,pl.66;  Furtv\aengler,  J/eijferif.  p.  495sq.,  fig.  87-8.— 22  Rci- 
nach, Op.l.p.  56,  pl.  i.xx  (référ.);  WienerJahresh.  IV,  1901,  p.172-3.  —  23  Rcinacli, 
Op.  l.  p.  99,  pl.  cxiv  (référ.);  Friedericlis-Wolters,  Op.  l.  p.  464,  u»  I2S3;  Raycl, 
Op.  l.  Il,  pl.  54;  Wien.  Jahresh.  IV,  1901,  p.  172.  —  24  Rayet,  Op.  l.  Il,  pl.  36; 
Reinacb,  Op.l.  p.  176,  pl.  ceux;  Collignon,  Lysippe,  p.  121,  fig.  24.  —  25  Fricdericlis- 
Wollers,  Op.  l.  a'  1003;  Rayet,  Op.  l.  Il,  pl.  31  ;  Rcinach,  Op.  l.  p.  177,  pl.  ccxx. 

—  îi  Bei:  Et.  gr.  1901,  p.  465  (référ.);  IVien.  Jahresh.  1901,  p.  174  sq., 
fig,  186  sq.:  Collignon,  Scopas  et  Prax.  p.  12.  —  27  Wien.  Jahresh.  1901, 
p.  173;  Reinach,  Op.  l.  p.  212,  pl.  cci.i  (référ.).  —  -*  F^icde^ichs-Wolte^^. 
Op.  l.  p.  588,  a'  1199;  n'ieu.  Jahresh.  1901,  p.  172.  —  29  Collignon, 
.Sculpt.  gr.  U,  p.  451,  fig.  234;  Id.  Scopas  et  Prax.  p.  22;  Wien.  Jahresh. 
1901,  p.  172;  Amelung,  0.  l.  fig.  21;  Rayel,  Op.  l.  Il,  pl.  48.  —  30  Friederichs- 
Wolters,    Op.    I.   p.  604,   n»    1329-3'   (référ.};     Wien.   Jahresh.    1901,    p.    173. 

—  31  Collignou,  Op.  t.  Il,  p.  600,  fig.  317  ;  Raycl,  Op.  l.  Il,  pl.  59  :  Bemoulli, 
Griech.  Jkonoyr.  Il,  pi.  xxiii,  p.  161,  n»  1  (référ.).  —  32  .\rndl-Brucknianu  Cr. 
und   rôm.   Purlr.  pl.  ci-cii.  —  33  Friederichs-Wollcrs,  Op.  L  p.  6(8,  n'  1604. 

—  34  Arndt,  Op.  l.  pi.  ici-ii,  jciiiiv.  —  35  Und.   pl.  ciui-iv,  civii-viii,  .j.ix-ci.x. 


STA 


lo02  — 


STA 


3"  La  «  .ttatuarin  »  en  Etrurie.  —  La  pierre  n"a  j 
jamais  joué  un  grand  rôle  dans  larl  étrusque'; 
l'argile  fut  la  malièrc  préférée  des  artistes,  et  nom- 
breuses sont  les  statues  de  terre  cuite  qui  sont  par- 
venues jusqu'à  nous-.  On  comprend  donc,  étant  donnée 
l'union  qui  existe  entre  la  <-  plasiice  »  et  la  «  sta- 
tuaria  «,  que  celle  dernière  fut  aussi  florissante  en 
Toscane.  Les  ouvrages  des  bronziers  étrusques  étaient 
renommés:  les  signa  tuscanicu  étaient  colportés  dans 
le  monde  entier,  dit  Pline',  et  lors  de  la  prise  de  Vul- 
sinii  (-201  av.  J.-C),  les  Romains  y  trouvèrent  à  emporter 
2000  statues  de  bronze.  Vulsinii,  .Arretium  paraissent 
avoir  été  les  centres  principaux  des  bronziers  étrusques, 
car  de  là  proviennent  la  plupart  des  statues  de  bronze*  ; 
l'art  du  bronze  florissait  dans  le  pays  compris  entre 
la  haute  vallée  du  Tibre  et  la  source  de  l'Arno. 
Pendant  longtemps,  ces  ateliers  ont  été  en  pleine 
activité  et  ont  répandu  leurs  produits  dans  lllalie 
centrale  ^ 

Un  emploi  spécial  des  statues  de  bronze  en  Étrurie 
consistait  à  leur  faire  orner  le  tympan  des  temples  qui, 
en  bois,  et  placé  en  porte-à-faux,  ne  permettait  qu'une 
décoration  très  légère,  en  terre  cuite  ou  en  bronze  do^é^ 

Les  mêmes  procédés  techniques  qu'en  Grèce  étaient 
usités  en  fitrurie  ;  cependant,  les  statiiarii  étrusques  ont 
poussé  plus  loin  que  les  Grecs  le  désir  de  rendre  l'expres- 
sion de  la  vie  dans  leurs  œuvres.  Dans  une  tète  en 
bronze  de  Florence",  il  y  avait  peut-être  à  l'intérieur 
une  lampe,  dont  la  lumière  brillait  à  travers  la  matière 
transparente  des  yeux,  et  donnait  au  regard  une  vie 
intense;  de  même  dans  le  bronze  Sciarra*. 

L'art  du  bronze  a  passé  en  Étrurie  par  les  mêmes 
phases  qu'en  Grèce.  On  commença  par  le  sphyrélaton, 
dont  le  buste  de  Vulci,  au  Musée  Britannique,  qui  est 
antérieur  à  GOO,  est  un  exemple  bien  connu  (tlg.  2820/". 
La  fonte  en  creux  semble  avoir  été  introduite  dans  ces 
régions  plus  tard  qu'en  Grèce'".  Une  tête  de  la  collec- 
tion Tyszkiewicz",  de  grandeur  demi-nature,  travail 
étrusque  de  500  av.  J.-C,  ou  des  premières  années  du 
V  siècle,  est  encore  en  fonte  pleine.  La  technique 
nouvelle  fut  sans  doute  importée  de  Grèce  au  début 
du  V"'  siècle. 

Les  grands  bronzes  étrusques  ne  sont  pas  nombreux  '-. 
La  louve  du  Capilole,  qui,  pour  certains,  serait  étrusque, 
est  plutôt  de  travail  grec  '  fi  g.  66 1 8  ; ,  de  même  que  la  Chimère 
d'Arezzo(fig.  1364),  la  tête  d'Hypnosde  Pérouse,  r.\théna 
d'Arezzo,  dans  laquelle  'Winckelmann  reconnaissait  déjà 
une  œuvre  grecque.  Ceci  prouve  que,  malgré  la  renom- 
mée des  bronzes  étrusques,  les  œuvres  des  bronziers 
grecs  leur  faisaient  concurrence  dans  leur  pays  même. 
On  n'a  laissé  à  l'art  étrusque  que  ce  qu'on  ne  pouvait 
lui  otersans  in\Taisemblance.  C'est  l'Arringatore  de  Flo- 

I  ilarUia,  Art  étrusque,  p.  30î  sq.  ;  p.  49T  sq.  ;  Waltor*,  Op.  I,  p.  U  sq.  ; 
MarqiiardI,  Manuel  de»  ant.  mm.  XV,  Vie  prirée,  i.  p.  3U;  Baumeister, 
Vtnkm.  s.  r.  Etruricn.  p.  510;  Ernusci,  p.  6V0.  —  2  Sur  la  plasiice  étrusque, 
Uroona.  Slat.  de  t.  euile  dam  l'Anl.  p.  79  sq.  —  3  fl.  n.  XXXIV,  3t.  Les 
bronzes    étrusques    pén^lraicnt   môme    eu   Grèce;    cf.    Wallers,   Op.    /.    p.    49. 

—  *  llartlia,  Op.  l.  p.  499,  303.  —  ô  Terlull.  Apolog.  i5  :  ingénia  Tuscorum  fin- 
ijendiM  iiniulacris  Vrbem  inundaterunt.  —  6  Vilrur.  III,  i,  5  :  cf.  Slartha,  Op. 
l.  p.  S71S-9,  îsi,  328-9;  Dconna.  Op.  cit.  p.  93.  —  '  Amcluug,  Fùhrer  durch  die 
Ant.  in  Florenz.  p.  253.  —  »  Jiôm.  ililt.  Il,  p.  94-5.  —  9  Etbi'sci,  p.  840, 
rig.  iSîO  ;  Wallrrs,  Op.  I.  p.  59,  n'  434  (rcl.T.).  —  10  Mûneh.  Sils.  ter.  1897,  11, 
p.    llî.  ncili-   i   (Furlnacnglcr).   —   "   Frûliner,   Collect.    Tyszkieirie:,  pi.    lui. 

—  I^UarlIia.  Op.  l.  p.  303.  — 13  Erias.;!,  p.  8W,  Og.  i8l9  ;Amcluug.  Op.l.  p.  257, 
n*249  (référ.l  ;  Itaumeisler.  Op.  I.  s.  v.  Elrurien.p.  5IJ,  Og.  5.13  ;  .'Vradt-Rruckmann, 
Griech.  unff  rôm.  Porlr.  pi.  i.xxivi-MX\nii.  —  14  KTrii-sci,  p.  840,  fig.  2817;  Ravel. 


rence   lig.  66-24';  '\  portrait  de  .Metilius,  qui,  l'inscription 

l'indique,  fut  commandé  par  la  veuve  du  défunt,  Aulcsi 

Clensi,  à  l'artiste  TenineTuthinas  ; 

cette  statue  est  contemporaine  des 

guerres  puniques.  Le  Mars  de  Todi, 

au  Vatican  (fig.  2817, '*,  imite,  au 

m'  siècle  avant  J.-C,  un  original 

grec  du  milieu  du  iV  siècle.  Les 

fragments  d'un  attelage  monté  par 

des  divinités  (sans  doute  .\pollon 

et  Diane),  trouvés  à   Chianciano, 

près  de   Ctiiusi,  et    conservés    au 

Musée   de   Florence,    datent   sans 

doute  aussi   du   m''  siècle'".   Une 

statue    féminine    de    Vulci,    à    la 

Glyptothèque  de  Munich  '*,  est  un 

travail  étrusque  des  ii^-i"  siècles 

av.  J.-C,  imitant  un  type  praxité- 

lien.  La  statue  de  Zeus  imberbe  n'est  pas  antérieure 

aux  iiiMi=  siècles  et  reproduit  un  type  idéal  de  l'époque 

d'Alexandre  ''.   Les  œuvres   de  bronze  de    dimensions 

plus  restreintes  ne  manquent  pas.  .Nous  mentionnerons 

seulement  les  diverses  statues  d'enfants  (fig.  2831)  qui 

sont  un  motif  fréquent  '^ 

Les  Étrusques  furent  plutôt  d'habiles  techniciens  que 
des  artistes  et  leur  réputation  fut  surtout  celle  de  fabri- 
cants industriels,  fournissant  des  candélabres,  des  cistes, 
des  miroirs".  Dans  leurs  statues,  ils  imitent  les  œuvres 
des  bronziers  grecs,  et  leurs  imitations  peuvent  être  con- 
fondues avec  les  originaux  de  la  Grèce  ;  ou  encore,  ils 
créent  des  œuvres  d'un  goût  local  portant  la  marque  du 
style  étrusque,  tel  r.\rringatore  :  bien  que  lourd  et 
emprunté  dans  sa  démarche,  bien  que  les  plis  du  pallium 
soient  mal  rendus,  que  les  proportions  ne  soient  pas 
irréprochables,  ce  n'est  pas  une  œuvre  vulgaire,  et  le 
réalisme  cher  aux  Étrusques  et  aux  Romains  s'y  fait  for- 
tement sentir.  Les  Romains  avouaient  cette  infériorité 
de  la  statuaire  étrusque  sur  celle  de  la  Grèce  -". 

4°  La  <•  slatuaria  «  à  Home.  —  Les  mœurs  à  Rome 
furent  simples,  jusqu'à  la  conquête  de  la  Grèce  et  de 
l'Orient,  disaient  les  anciens.  La  statuaire  céramique 
suffisait  à  décorer  les  temples  et  à  représenter  les  divi- 
nités-'. On  peut  croire  cependant  que  de  bonne  heure 
les  bronzes  étrusques  pénétrèrent  à  Rome,  comme  ceux 
de  l'Italie  méridionale,  qui  possédait  des  ateliers  de  fon- 
deurs célèbres".  La  première  statue  de  divinité  faite  en 
bronze  que  Pline  mentionne  à  Rome  est  celle  de  Cérès, 
faite  avec  les  biens  confisqués  de  Spurius  Cassius-''. 

Les  grands  bronzes  antérieurs  à  l'époque  impériale 
sont  rares.  Le  Dionysos  des  Thermes,  datant  des  iir- 
II'  siècles,  serait  une  œuvre  campanienne  importée,  ou  une 
œuvre  romaine  subissant  l'influence  des  bronziers  de  la 

!l,  pi .  C8  ;  UelLig,  Fùhrer  (i..  Il,  p.  375,  n«  1382.  —  13  Aniclung.  Op.  l.  p  252-3. 
—  16  Friederichs-WoUcrs,  Op.  l.  a'  1685  ;  Furlwaengler.  B.^schr.  d.  Olypt.  p.  366, 
n»  444.  —'7  ArndUBruckmann,  Op.  /.pi.  c(.issvcn-li  ;  Furlwaengler,  Op.l.  p.  375, 
n»  463.  —  18  El.  :  enfant  assis,  avec  bulle,  Vatican,  Helbig,  Fùhrer  (2,1,  II,  p.  379, 
no  1390;  enfant  assis  tenant  un  oiseau,  Vatican,  Ibid.  II.  p.  371,  n"  1370;  méoie 
motif,  Lcyde,  Friedericlis  Wolters,  Op.  l.  p.  96,  n«  1209.  —  19  Waltcrs,  Op.  l. 
p.  48,  50  sq.  —  20  Quint.  XII,  10,  1-7:  nec  solum  specie  ut  signum  signo,  S'd 
génère  ipso  ut  Graecis  Tuscanicae  statua-*...  duriora  et  Tuscaniris  proxima 
Callon  algue  Hegesias.  —  21  plin.  B.  nat.  XXXIV,  34  :  mirumgue  mihi  lidelur, 
Cum  statuarum  origo  tam  velus  Haliae  sit,  lignea  potius  aut  fictilia  simulacra  in 
dcliibris  dicata,  iisgue  ad  dei-iclam  Asiam,  undc  tuxi.ri,i.  Cf.  Ueonna,  Les  slat. 
de  t.  cuite  dans  fantiq.  p.  86  sq.  —  22  bliîmncr.  Die  gewerbt  Tkâtigkeit 
der  Vùlker  dfs  ktass.  Alterth.  p.  1 16  (Campiuie),  p.  121  f,Rhegion),  p.  125  (Sicile). 
-?)ff.  n.XXXIV,  15. 


STA 


—  iri03 


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Fig.  602 


Campanie  '.  De  l'époque  républicaine  dale  le  Camille  du 
Palais  des  Conservateurs-,  qui,  au  dire  dUelbig,  pour- 
rail  être  la  création  d'artistes  grecs  travaillant  à  Rome. 
A  partir  de  l'époque  impériale,  les  monuments  abon- 
dent. Mais  le  bronzier  romain  est  de  beaucoup  inférieur 
au  bronzier  grec.  L'art  de  la  fonte  est  en  décadence^  et 
Pline  l'avoue  en  mentionnant  le  colosse  fondu  par  Zéno- 
dore'.  Les  bronzes  romains  sont  d'une  fonte  plus 
épaisse,  plus  lourde,  moins  fine,  d'un  alliage  moins 
parfait.  Si  la  qualité  déchoit,  la  quantité  et  les  dimensions 
des  bronzes  ne  diminuent  pas.  La  statue  de  Zénodore 
était  de  dimensions  colossales,  et  les  colosses  ou  frag- 
ments de  colosses  romains  que  nous  possédons  ne  sont 
pas  rares  :  au  Vatican,  un  Héraclès  en  bronze  doré,  qui 
date  du  temps  de  Pompée  ou  de  Tibère  %  les  fragments 
d'une  statue  de  Neptune,  du  temps 
de  Trajan  '  ;  au  palais  des  Conserva- 
teurs, une  tète  dans  laquelle  on  a  re- 
connu Néron,  Domitien,  Commode', 
un  pied  de  statue';  dans  la  collection 
OuvarofT,  une  tète  de  Zeus'  ;  au  Louvre, 
un  buste  de  Titus,  etc.  "*. 

Si  on  veut  saisir  la  différence  qui  existe 
entre  un  bronze  grec  même  de  basse 
époque,  et  un  bronze  romain,  il  suffit 
de  considérer  les  bronzes  du  Musée  de 
Naples.  Les  bronzes  de  Pompéi  et  d'IIerculanum  sont, 
nous  l'avons  dit,  de  deux  sortes:  les  uns,  copies  d'ori- 
ginaux grecs  exécutées  à  Athènes,  sont  d'un  travail  soi- 
gné et  d'une  fonte  légère;  les  autres,  des  produits 
romains,  telle  la  tête  bien  connue  deCaecilius  Jucundus 
(lig  662.3)",  sont  d'un  travail  plus  rude,  d'une  fonte 
moins  fine.  On  peut  dire  que  les  œuvres  originales  de 
Naples  sont  romaines,  et  sans  mérite  artistique,  tandis 
que  les  œuvres  artistiques  ne  sont  que  des  copies 
grecques''^.  Aussi  les  Romains  préféraient-ils  à  leurs 
bronzes  nationaux  les  œuvres  des  bronziers  grecs,  et 
recouraient-ils  à  tous  les  moyens  pour  se  les  procurer. 
Antoine  avait  proscrit  Verres,  parce  que  celui-ci  avait 
refusé  de  lui  donner  ses  bronzes  corinthiens '^  et 
Auguste  agissait  de  même '^  Les  trésors  artistiques  de 
la  Grèce  furent  mis  au  pillage  par  les  conquérants,  et 
vinrent  enrichir  l'Italie. 

A  Rome,  comme  en  Élrurie,  l'art  du  portrait  était  eu 
grande  faveur  ;  aussi  de  nombreux  bronzes  nous  livrent- 
ils  les  traits  de  personnages  célèbres  En  voici  quelques- 
uns  :  tète  de  Jules  César,  à  Berlin '^  ;  tète  de  Scipion  {?), 

1  Ik-lbig, /^S/irfir  (2),  11,  p.  233,  n"  117  (i-érC-r.).  —  ^  Ibid.  1,  p.  422,  n"  027, 
(riifcr.)  ;  FriedericUs-Wolleis,  Op.  l.  n"  1301.  Au  Musée  de  Naples  se 
trouve  une  copie  moderne  de  ce  brouze,  (pii  a  longtemps  été  considérée 
comme  antique.  Cf.  ^'le^jer  Jahresh.  IV,  l'JOl,  p.  lljy.  Une  statue  de  bronze  de 
IScw-York,  dite  Geta,  serait  plutôt  uu  Camille;  elle  date  du  i''  siècle  av.  J.  G. 
Mùnch.  Sitz.  ber.  1905,  p.  262,  pi.  u.  —  3  Quatremcre  de  Ouiocy,  Op.  t.  p.  36  ; 
Clarae,  Op.  l.  I,  p.  58  ;  Baumeister,  Denkm.  s.  v.  Erz,  p  507;  Mitchell,  Bist.  of 
anc.  sculpt.  p.  GOtl.  —  ^  H.  n.  XX.\IV,  5  ;  adeoque  exolevit  fundendiaeris  preliosi 
ratio  ;  itid.  46. ea  statua  indicavit  interisse  fundendi  acris  scientiam.  —  ^Mém. 
Um  Ant.  de  France,  1869,  p.  51  S(|.  ;  Helbig,  Fahrer  (2),  I,  p.  194,  n"  306  (référ.). 
_  C  Friederichs  Wolters,    Op.   l.    n"   1615;    Helbig,    Op.  t.    II,  p.  367,  n"    1333 

—  -■  Helbig,  Op.  l.  1,  p.  373,  n»  553  (référ.).  -  »Id.  I,  p.  426,  n"  634.  —9  Rei- 
nach,  Itec.  de  têtes,  p.  194,  pi.  ccxxxix.  —  10  Longpérier,  no  637;  Beruo.uUi, 
Itôm.  Ikonogr.  U  (2),  p.  34,  n»  22,  pi.  xi  a-b.  —  H  Viiener  Jahresh.  IV,  1901, 
p.  187;  Arndt-Bruckmann,  Op.  /.  p'.  cdlv-vi.  —  12  V,  iener  Jahresh.  IV,  1901,  p.  187 

—  13  Plin.  a.  n.  XXXIV,  6.  —  U  Suet.  Aug.  LXX  ;  cf.  Blake-Sellers,  Elder 
Pliny'a    ehapt.    XXXIV,    p.    7,    note    18.   —    15   Arndt,    Op.    I.    pi.    ccliv-vi. 

—  10  Ihid.  pi.  cxciu-iv  ;  Bernoulli,  Ram.  Jkonog.  I,  p.  35,  pi.  m.  —  n  Ànn. 
d'ist.  1803,  p.  437  ;  Helbig,  Fûhrer  (2),  II,  p.  17s,  n"  1005  (référ.).  —  i»  Helbig, 
Op.  l.  Il,  p.  232,  n"  1013.  —  19  Amelung,  Op.  l.  p.  277,  n»  276.  —  20  Helbig,  Op.  l. 
Il,    p.     172,    ni    1006   (réft'-r.V    —    31  Arnill.    O/i.  I.    pi.    cdwwv-vi,   —  22  /i,V. 


à  Naples  '"  ;  tète  d'Auguste,  à  la  bibliothèque  Vaticant!  '  '  ; 
tètes  de  Tibère,  au  Musée  de  Thermes'*  et  à  Florence'^; 
tète  de  Néron,  au  Vatican-";  tête  de  Lucius  Junius 
Brutus,  au  palais  des  Conservateurs^';  tète  de  Narbo- 
nus  Sorex,  à  Naples--;  tête  de  llamen,  à  Naples^';  têtes 
d'inconnus,  à  Naples-*,  au  Musée  des  Thermes^";  tète  de 
jeune  romaine,  à  Parme  ^'  ;  tête  de  Galba,  à  Naples  '•'',  etc. 
Ces  bronzes  datent  pour  la  plupart  du  i"'  siècle  de  l'Em- 
pire. Au  II'  siècle  appartiennent  la  statue  équestre  de 
Marc-Aurèle,  au  Capitole",  une  tête  féminine  de  Flo- 
rence-", dont  la  coiffure  rappelle  celle  de  Fausline, 
épouse  d'.\ntonin  le  Pieux,  une  tète  d'AntinoQs'".  On 
peut  attribuer  au  m"  siècle  des  tètes  de  Septime  Sévère", 
de  Balbin'-,  à  la  bibliothèque  Vaticane,  une  tête  de  Tre- 
bonianus  Gallus,  au  Musée  étrusque  du  Vatican '^  et 
une  statue  du  même  personnage,  à  New-York''. 

A  part  le  genre  du  portrait,  il  n'y  a  aucune  originalité 
dans  les  bronzes  romains,  qui  répètent  les  types  créés 
parles  Grecs.  Un  joli  buste  de  Zeus,  à  Vienne ^%  repro- 
duit un  original  grec  de  la  fin  du  iv'  siècle,  qui  sortait 
peut-être  de  l'atelier  de  Bryaxis  (Reinach);  le  cheval  du 
Palais  des  Conservateurs  pourrait  dériver  d'une  œuvre 
de  Lysippe,  qui  étaitcélèbre  comme  animalier"  ;onpeut 
le  comparer  avec  une  tête  de  cheval  de  Florence",  d'un 
magnilique  travail.  Mentionnons  encore  la  Victoire  de 
Brescia^',  celle  de  Calvatone,  à  Berlin",  un  quadrige 
monumental  d'Herculanum'",  une  tête  féminine  (Athéna) 
à  Berlin  *',  l'Iléraklès  de  Boston'-,  copie  romaine  d'une 
œuvre  hellénistique  du  m"  siècle  av.  J.-C. 

Les  copies  de  portraits  grecs,  dont  nous  avons  déjà 
cité  quelques  exemples  du  Musée  de  Naples,  sont  aussi 
nombreux,  et  remontent  à  des  originaux  hellénistiques. 
Nous  mentionnerons  ceux  d'Homère  ",  de  Sophocle  **,  de 
deux  Grecs  inconnus '%  au  Musée  de  Florence,  qui  tous 
quatre  décoraient  une  villa  romaine  près  de  Livourne  ; 
celui  de  Socrate,  à  Munich",  celui  d'un  Grec  inconnu,  à 
Madrid '^ 

L'amour  du  luxe,  le  goût  de  la  décoration  des 
demeures,  des  jardins,  favorisa  le  développement  de  l'art 
du  bronze  à  Rome.  Nous  avons  cité  les  portraits  grecs, 
qui  ornaient  une  villa  de  Livourne  ;  il  en  était  de  même 
à  Pompéi,  où  nombreuses  sont  les  statues  décoratives, 
telles  le  P'aune  à  l'outre  ''*,  le  Silène  dansant  ",  les  figures 
d'enfants,  d'Eros'",  de  iiècheurs  (fig.  5490)^',  etc. 

5°  La  «  statuaria  »  en  Gaule  et  dans  les  colonies 
romaines'-.  —  L'industrie  était  développée  en  Gaule, 
mais  la  statuaire  n'existait  pas  avant  la  conquête  de  César, 

pi.     CDLVII-HU.     —     2;      ibiJ.      pi.     CULXI-n.    —    2i     ibid.      pi.    CDLIX-LX.    —    25     Hclblg, 

Op.    l.  II,   p.    99,  n«    918   (référ.);    Friedericbs-Wolters,    Op.  l.  p.  663,    n»    1638. 

—  ^OArndl,  Op.  t.  pi.  xcviu-xc.  —  2Ï  Bernoulli,  liôm.  Ikonog.  H  (2),  pi.  1,  p.  3. 

—  28  Helbig,  Op.  l.  I,  p.  237  (réfèr.)  ;  Arndt,  Op.  L  pi.  ccxïi-ii.  —  29  Amelung, 
Of.  t.  p.  277,  n«  273.  —  31)  Ibid.  p.  278,  u»  278.  —  3'  Helbig,  Op.  I.  Il,  p.  171, 
„o  1003.  —  32  [bi.l.  p.  171,  n'  1004.  —  33  Jbid.  p.  370,  n»  1366  (rcfur.).  —  34  Bull. 
o(  the  Metrop.  Muséum  of  art,  I,  1003,  p.  12,  fig.  ;  Bernoulli,  Op.  L  I,  p.  165  ; 
Reinach,  Jiépert.  de  la  stat.  Il,  p.  571,  3;  Americ.  Journ.  of  arch.  1900, 
p.  363.  —  35  Reinacli,  Rec.  de  tètes,  p.  192,  pi.  cc.vxxvie  (réfcr.).  —  36  Helbig, 
Op.  l.  1,  p.  420,  u»  633  (référ.);  Friedericlis-Wolters,  Op.  l.  p.  082,  n»  1697;  Col- 
lignon,  Lysippe,  p.  113,  fig.  22.  —  37  Ameluug,  Op.  l.  p.  270,  n»  270  ;  sans  doule 
Friedericbs-Wolters,  Op.  l.  n»  1699  —  Si  Friederichs  Wollers,  Op.  l.  p.  56i, 
n"  1433  ;  Furtwaengler,  Meisteraierke,  p.  63.  —  39  Beschreib.  n"  3  ;  Schroeder, 
6T  Wmcketmaiinspr.  (Berlin).  —  M  Jiei'.  arch.  1007,  II,  p.  167.  —  41  Beschr.  n«  6. 

—  42  Roscber,  Lexik.  I,  p.  2180  (2);  Americ.  Journ.  of  arch.  1906,  p.  377  sq.; 
pi.    xiv-xv.  —  "Amelung,    Op.    l.    p.    276,    n"    272.  -  H  Ibid.    p.  277,   n"    274. 

—  iilbid.  p.  276,  n»271;p.277,n»273;  Anidl.  O^.l.  pl.cDV-vi.  —  »6Furtwaengler, 
Beschr.  der  Glypt.  p.  368,  n"  448.  —  "  ArnJt,  Op.  l.  pi.  coxci-U[.  —  *»  Gusman, 
Pompéi,f.  433,  fig.  —  49  Friederichs-Wollers,  Op.  l.  p.  390, n»  1504,  Gusman,Op.;. 
p.  431,  fig.  —  50 Reinach,  Bec.  de  têtes,  p.  207.  n»  269  ;  Gusman,  Op.  l.  p.  437. 
-3'  Fric.lerichs-Wollers,  Op.  I.  p.  114.  n"  Inl'J  r-fr.}.-3T.f.W.VIcrs,  Op.  l.  p.  un. 


STA 


\:m  - 


STA 


parce  que  la  ropi-i-seiilalioii  de  la  liiiuie  liumaiuc  en 
sculpture  était  probablement  interdite  par  la  religion  '. 
Aucun  monument  de  la  «  staluaria  »  n'est  antérieur  à  la 
domination  romaine. 

L'art  gaulois  du  bronze  est  représenté  par  des  monu- 
ments très  grossiers,  comme  certains  bustes'-',  le  cheval 
de  Neuvy',  qui  date  sans  doute  du  u"  siècle  après  J.-C. 
Peu  de  pièces  s'élèvent  au-dessus  du  médiocre  ou  du 
mauvais'.  Une  preuve  de  l'inhabileté  des  artistes  locaux 
à  fondre  le  bronze,  est  l'emploi  fréquent  qu'ils  font  de 
la  technique  au  repoussé,  même  pour  de  grandes  ligures, 
comme  celle  du  sanglier  de  Neuvy  ■',  de  grandeur  natu- 
relle. C'est  là  un  signe  irrécusable  d'infériorité  technique, 
qui  persistera  pendant  tout  le  moyen  âge. 

Mais  l'inlluencedes  bronziers  grecs  se  faisait  sentir  en 
Gaule.  Zénodore  avait  fondu  un  colosse  de  bronze  pour 
la  cité  gauloise  des  Arvernes,  avant  de  travailler  à  Rome 
pour  Néron  ".  Plusieurs  bronzes  trouvés  en  Gaule  ou 
dans  les  pays  du  Rhin,  du  Danube,  sont  des  œuvres 
grecques  importées  ;  nous  avons  mentionné  déjà  la  tête 
de  Centaure  de  Spire.  Au  i"'  siècle  av.  J.-C,  l'importa- 
tion des  bronzes  campaniens  de  Capoue  était  déjà  consi- 
dérable en  Germanie  ^ 

Les  imitations  d'oeuvres  grecques  par  des  bronziers 
romains  sont  nombreuses  dans  la  Gaule  et  les  pays  ger- 
mains. Nous  en  citerons  quelques-unes.  Le  Jupiter 
d'Évreux  (fig.  4"288),  du  u"  siècle,  est  conçu  dans  la  tradi- 
tion lysippique*,  comme  le  bronze  de  Coligny,  au  Musée 
de  Lyon-'.  La  tète  du  Cabinet  des  Médailles,  qui  aurait 
été  commandée  par  la  municipalité  de  Lulèce,  serait 
une  copie  d'une  œuvre  d'Alcamène  (Furtwaengler)  ou  de 
Phidias  (Reinach  '").  La  tète  de  Dionysos,  de  Lezoux,  du 
1='' siècle  après  J.-C,  dérive  d'un  type  de  Phidias";  un 
buste  d'éphèbe  trouvé  à  Saint-Barthélémy  de  Beaure- 
paire'-,  rappelle  la  copie  du  Doryphore  d'Herculanum  ; 
la  tête  d'éphèbe  de  Lillebonne,  au  Musée  de  Rouen",  bien 
que  médiocre,  trahit  cependant  aussi  l'inlluence  grec- 
que. Ce  sont  encore  :  la  tète  de  la  Maison  Carrée  à 
Nimes'*,  portrait  d'un  grec  inconnu,  la  tète  de  Junon  à 
Lyon'',  le  Zeus  de  Lyon,  du  m'  siècle '^  la  Fortune, 
trouvée  à  Aosle  (Isère),  au  Musée  de  Lyon'';  l'Apollon 
du  Musée  de  Troyes,  trouvé  à  Vaupoisson  '*,  des 
ii-iii'' siècles  ;  l'Apollon  de  Lillebonne,  au  Louvre". 

Les  bronzes  gréco-romains  ont  pénétré  plus  loin 
encore.  L'éphèbe  d'Helenenberg  (Carinthie),  au  Musée 
de  Vienne  '-",  reproduit,  au  i"'  siècle  av.  J.-C,  un  type 
polycléléen.  L'éphèbe  de  Xanten,  au  Musée  de  Ber- 
lin ■-',  date  des  i"'-irsiècles  après  J.-C.  Une  tète  d"Isis,au 
Musée  de  Vienne,  a  été  trouvée  dans  le  Danube'-.  Nous 
citerons  encore  un  griffon,  qui  faisait  partie  d'une 
statue  d'Apollon",  une  tête  de  Zeus,  provenant  du 
Tyror-'",une  tête  de  jeunehomme-%  des  pieds  destalues, 
trouvés  à  Carnuntum,  à  Vienne,  etc.  -". 

1    Reinach,  Bronzes  fig.  de  la  Gaule  rom.  p.  t.  —  2  /l,ul.  p.  iSC,  n°  il8i23. 

—  3Jbid  p.  i50,  n«  247.  —  *  lOid.  p.  23.  —  i  Ibid.  p  25i,  n»  249.  —Hlbid. 
p.  2;  Uonum.  Piot,  IV,  p.  13  ;  Jteo.  arch.  1905,  11,  p.  3li.  —  T  Rhein.  Mus,  LXU, 
1907,  p.  133  sq.  (Willcrs)  ;  Willc-rs,  .Veiie  L'ntasuchungen  «ber  die  rôin.  Bronze 
industrie  von  Capua,  1907  ;  Americ.  Journ.  of  arch.  1907,  p.  478.  —  8  Heiuacb, 
Op.   l.  p.  29.  ;  Gonsc,   ChefS'd'œttv.  des  Musées  de  France,  p.   192,  fig.  et  pi. 

—  »  Monum.  Piot,  X,  pi.  ix;  /Itl:  d.  Et.  gr.  1905,  p.  127  ;  Goliso,  Op.  l.  p.  240, 
pL;  Gaz.  des  B.-.irts,  1900, 1,  p.  344,  (ig.  —  loilcinacli,  /iec.  de  tètes,  p.  S7  ;  Ga:. 
des  B.ArIs.  1902,  I,  p.  459.  —  "  Rcinacii,  Uec.  de  tète-,  p.  83.  — 12  Jbid.  p.  50, 
pi.  Lsiii:  Bronzes  fig.  de  la  Gaule  rom.  p.  222,  n''213.  —  13  Reinach,  Bronzes  fig. 
p.  223, n«  21t.  —  li  Arndl,  Op.  l.  pi.  cuxciv-vi  ;  Gonse,  0;).  l.  p.  141,  fig  —ir^ Bull, 
d/sl.  1860,  p.  217  ;  Gonse,  O/i.  t.  p.  241,  fig.  —  16  Bull.  IsGO,  p.  210  ;  Gonse,  Op.  l. 
p.   ;ll.  _  17  Cnnse.  Op.   I.   p.  2H.  fi-r.  —  19  «id.  p.  3U,  fi-    —    l'i  l.onr'pc'iirr. 


Comme  témoignage  de  l'expansion  des  bronzes 
romains,  mentionnons  encore  la  tète  d'Hadrien,  trouvée 
dans  la  Tamise-',  le  buste  de  Julie,  tille  de  Titus,  trouvé 
à  Emporiae  (Espagne)",  la  tête  de  Gordien  III,  trouvée 
à  Rudanovo  (Bulgarie)!,  au  Musée  de  Sofia'^'. 

6°  La  décadence  de  la  «  statuaria  »'".  —  L'art  de  la 
fonte,  quoique  déjà  déchu,  et  ne  pouvant  rivaliser  avec 
l'art  des  bronziers  de  la  Grèce,  se  maintint  cependant 
encore  pendant  les  siècles  de  la  décadence  latine.  Cons- 
tantin avait  rassemblé  à  Constantinople  les  chefs- 
d'œuvre  des  bronziers  antiques.  Là  se  voyait  entre 
autres  un  Apollon  colossal,  attribué  à  Phidias,  qui,  par 
l'adjonction  d'un  sceptre,  de  rayons  et  du  globe  du 
monde,  avait  été  transformé 
en  une  statue  de  Constan- 
tin. Les  bains  de  Zeuxippe, 
commencés  par  Sévère,  et 
que  Constantin  avait  embel- 
lis, furent  enrichis  de  plus 
de  60  statues  de  bronze,  qui 
périrent  dans  l'incendie  al- 
lumé sous  Justinien,  dan& 
l'émeute  de  532.  Les  succes- 
seurs de  Constantin  sui- 
virent son  exemple,  et  la  vue 
de  tous  ces  chefs-d'œuvre 
stimula  d'une  vive  émula- 
tion les  artistes  qu'ils  em- 
ployèrent. Les  fondeurs, 
aerariifusores,  étaient  com- 
pris parmi  les  artistes  qu'une 
loi  du  Code  Ihéodosien  exem- 
ptait des  charges  person- 
nelles.  Théodose    le    Grand 

avait  fait  exécuter  sa  statue         ^^    ^^ ^  _  ^.,„,„.  wi,.==«.. 
équestre   en  bronze  dans  le  .leBaiiciu. 

Milliaire.  C'est  cet  empereur 

que  représente  peut-être  la  statue  colossale  de  Barlelta" 
(fig. 6626),  le  plus  grand  bronze  que  nous  possédions; 
bien  que  d'un  art  de  décadence,  il  atteste  que  les 
bronziers  étaient  encore  habiles  dans  les  procédés  de 
la  fonte.  Il  en  fut  de  même  dans  la  suite'-.  Procope 
décrit  la  statue  équestre  en  bronze  de  Justinien,  colosse 
élevé  dans  l'Âugusleon,  et  une  place  embellie  par  cet 
empereur  de  nombreuses  statues  de  bronze,  si  bien  tra- 
vaillées «  qu'on  les  croirait  sorties  des  mains  de  Phidias, 
de  Lysippe  ou  de  Praxitèle  ». 

Avec  les  empereurs  iconoclastes  et  la  défense  du  con- 
cile, convoqué  en  754  par  Constantin  Copronyme,  de 
représenter  aucune  figure  religieuse  sur  toile,  bois, 
pierre,  marbre,  or,  cuivre,  l'art  du  bronze  dut,  comme 
les  autres  arts,  décliner  rapidement.  Du  ix"  au  xi°  siècle, 
les  artistes  byzantins  se  vouent  uniquement  à  la  prati- 

ii»71.— 20Furlwacngler,.l/L"ii((;/'u'.p."i"ii  :  Bi-uuu-Biuckmann.pl.  cocsxv;  Schneider, 
Mbum  der  .kntiken  Sammlung,  p.  li,  pi.  iwiu  ;  Sacken,  Op.  L  pi.  ïxi  ;  Jahrb. 
d.   kunsthist.  Samml.    XV,    p.    103    sq.;  pi.  xi-xiv.   —    21  Beschreib.,    a-    4, 

—  22  Reinach,  Ilcc.  de  télés,  p.  121,  pi.  cclxiiv-v.  —  23  Schneider,  Op.  l.  p.  13, 

pi.  XISIV.  —  2W4ld.  pi.  IV,  p.  13.  —25  Ibid.  pi.  II,  2,  p.  113.  —  26 /«,d.  p.  US, 
9,  pi.   XLViii,  9.  —  27  Bernoulli,  Boni.   Ikonog.  Il  (2),  pi.  jjxix,   p.   115,   n"  92. 

—  28 /{CD.  arc/i.   1896,  II,  p.   163  sq.,   pi.  v.  —  ^i  Ibid.  1S99,  I,  p.  123,  n»  15. 

—  iO  Sur  celle  période,  cf.  Labarle,  Hist.  des  arts  industr.  I,  p.  19  sq.;  177  sq.; 
Michel,  Hist.  de  l'Art.  1  (1),  p.  280  ;  Venluri,  Storia  deU'arte  italiana,  IV, 
p.  117  sq.;  967  sq.  —  31  Mus.  Borbon.  XIV,  p.  25  ;  Baumeisler,  Denkm.  s.  v.  Tlieo- 
dosius,  p.  1763,  lig.  1846-7;  Venluri,  Op.  l.  I,  p.  414,  p.  164,  fig.  151  (réKr.)  ; 
Arch.  Zeitung,  1860,  p.  33  sq,;  pi.  cxsivi;  Bernoulli,  Itôtn.  Jkonogr.  Il  (3), 
pi.  1  VI.  p.  ?n7«,|.  —  n2|,a\,a,.(e,  Op.    .  I.  p.  29  s.]. 


STA 


—  IoOd  — 


STE 


que  des  arls  industriels'.  C'étaient  des  œuvres  pure- 
ment industrielles  que  ces  coqs,  boucs,  béliers,  qui 
lançaient  leau  dans  un  bassin  de  pierre,  devant  la  basi- 
lique de  Basile  r'  (867-884)-.  La  fonte  des  grandes  sta- 
tues ne  se  fait  plus,  et  si  le  moine  Théopiiilefx-xi"  siècle;, 
dans  sa  Schedula  diversarmn  artium,  donne  les  instruc- 
tions nécessaires  pour  la  fonte  du  bronze  à  cire  perdue, 
elles  ne  s'appliquent  qu'à  des  cloches,  des  ostensoirs. 

Il  en  fut  de  même  en  Occident.  Les  monuments  que 
mentionne  le  Liber  Ponlifira/is^,  à  partir  du  v"  siècle, 
sont  des  œuvres  industrielles,  candélabres,  portes  de 
bronze,  etc.  On  ignore  la  fonte  des  statues.  A  la  fin  du 
viii°  siècle,  quand  le  pape  .Adrien  I"  a  besoin  de  sta- 
tues, il  les  fait  faire  en  bois  recouvert  d'argent  travaillé 
au  repoussé*.  La  fonte  industrielle  décline  à  son  tour, 
et,  au  xi"  siècle,  on  peut  dire  que  l'art  de  fondre  le 
bronze  n'est  plus  connu  en  Italie.  C'est  de  Constanti- 
nople  que  l'abbé  Didier,  du  Mont-Cassin,  fit  venir  des 
portes  de  bronzes  et  des  candélabres  pour  l'église  de 
Saint-Benoit,  de  même  que  Hildebrand,  sous  le  pape 
Alexandre  II  (I061-1073j,  pour  la  basilique  de  Saint- 
Paul-hors-les-.Murs.  W.  DEo.ViV.i. 

STATU  LIBEU.  —  Dans  l'alTranehissement  testamen- 
taire, le  legs  de  liberté  peut  être  fait  à  terme  [ex  die)  ou 
sous  condition  {sitl/  condicione).  Dès  l'adiiion  d'héré- 
dité, l'esclave  devient  slatu  liber;  il  est  sous  la  puis- 
sance de  l'héritier  ;  mais  dès  que  le  terme  est  arrivé  ou 
que  la  condition  est  réalisée,  ou  dès  que  l'héritier  en 
rend  l'accomplissement  impossible,  il  devient  aussitôt 
libre,  même  s'il  a  été  aliéné'  [libertis,  p.  1202\ 

Cri.    LÉCRIVAIN. 

STATUS.  —  En  droit  romain  ce  mot,  synonyme  de 
cnpul,  exprime  l'ensemble  des  qualités  qui  constituent 
la  capacité  juridique.  On  dislingue  plusieurs  étals  ou 
degrés  de  xluliis,  suivant  qu'une  personne  jouit  de  la 
liberté  [liberlas],  des  droits  attachés  à  l'agnation  dans 
une  famille  [fuinilia],  de  la  cité  romaine  <civilas)\ 
Chacun  de  ces  états  peut  être  détruit  par  une  déchéance 
dite  cnpitis  deininu/io   capit].  G.  Humbert. 

STATl'S  QUAESTIO.  —  Ce  mot  désigne  les  procès 
relatifs  à  l'état  d'une  personne,  sur  la  question  de  savoir 
si  elle  est  libre  ou  ingénue  ou  enfant  légitime  de  tel 
individu.  Le  slatus  étantassimiléà  un  droit  réel,  l'action 
en  reconnaissance  du  status  est  considérée  à  l'époque 
classique  comme  une  action  in  rem'.  Dans  la  procédure 
formulaire  c'est  probablement  sous  la  forme  d'un  prae- 
judirium  de  libertate  ou  de  inrjenuitnte  ou  de  partu 
a'jnoscenilo,  plutôt  que  sous  la  forme  d'une  action  réelle 
que  le  procès  s'engage  pour  un  vivant,  qu'il  y  ait  en  jeu 
un  intérêt  moral  ou  simplement  un  intérêl  pécuniaire^. 
A  l'égard  d'un  mort  la  question  d'état  n'est  discutée  que 
préalablement  à  une  autre  question,  devant  le  juge 
même  de  cette  dernière  ;  et  depuis  .Nerva,  l'étal  ne  peut 
plus  être  contesté  après  les  cinq  années  qui  suivent  la 


mort,  sauf  pour  faire  donner  au  défunt  un  état  meilleur'. 
Pour  les  trois  procès  de  libertate  (ou  liberalis  cnusa), 
de  inr/enuitate,  de  partu  agnoscendo,  nous  renvoyons 
à  l'article  i'R.\Ejrr)icirM.  Ajoutons  seulement  que  pour  les 
deux  premiiTS,  il  y  a  la  procédure  extraordinaire  devant 
les  consuls  au  moins  dès  l'époque  d'Anlonin*;  ensuite 
aux  consuls  a  été  adjoint  le  préleur  de  libet  aliius  cou- 
sis [pr.\etor1,  qui  après  Dioclétien  a  seul  juridiction  en 
celte  matière.  L'Empire  a  généralement  favorisé  par  tous 
les  moyens  la  revendication  de  la  liberté  [favor  liberta- 
tis)  ;LIBERTIS,  p.  1206].  Cu.   Lécrivain. 

STELLA  ('AcTôSitrx'jç).  —  Les  anciens  arpenteurs  ;agri- 
mensores,  mensores]  désignaient  ainsi  un  instrument  de 
topographie,  qui  se  composait  essentiellement  de  deux 
règles  assemblées  par  leur  milieu  à  angle  droit,  et  à 
chacune  des  extrémités  desquelles  se  trouvait  un  fil  à 
plomb.  Ni  Columelle,  qui  appelle  de  même  la  croix  for- 
mée, dans  le  treillage  de  la  vigne,  par  la  perche  hori- 
zontale avec  les  pieux  verticaux  qui  la  traversent',  ni 
Héron  d'Alexandrie,  qui  en  a  fait  une  critique  défavo- 
rable-, ne  renseignent  davantage  sur  lastel/a.  On  sait 
seulement,  par  le  célèbre  ingénieur  alexandrin,  que 
l'usage  de  cet  appareil  présentait  des  difficultés  prove- 
nant de  ce  que  les  fils  à  plomb,  au  lieu  de  se  placer 
proraptement  dans  le  sens  de  la  verticale,  oscillaient  un 
certain  temps,  surtout  lorsque  le  vent  agissait  sur  eux. 
«  C'est  pour  cela,  dit  Héron,  que  quelques  personnes, 
afin  de  remédier  à  ce  désavantage,  introduisent  les  fils 
dans  des  tubes  de  bois.  Mais  alors,  quand  les  plombs 
viennent  frotter  contre  les  parois  de  ces  tubes,  les  fils 
ne  restent  plus  rigoureusement  perpendiculaires  à  l'ho- 
rizon. »  On  souhaiterait  d'autres  détails  et  plus  de  pré- 
cision. On  ne  voit  pas,  notamment,  de  quelle  manière 
les  tubes  étaient  placf'S,  et  il  est  probable  qu'ils  repo- 
saient à  même  sur  le  sol  ;  mais  la  Stella,  abstraction 
faite  de  cet  accessoire,  se  conçoit  sans  aucune  peine. 
Les  deux  règles  qu'elle  comportait  ne  pouvaient  être 
utilisables  qu'à  la  condition  d'être  placées  en  équilibre 
(perpensa)  dans  un  plan  horizontal,  sur  un  support  quel- 
conque, tel  qu'une  tige  reposant  elle-même  sur  un  tré- 
pied. Elles  fournissaient,  alors,  par  les  plans  perpendicu- 
laires que  déterminaient  les  fils,  le  deuxième  côté  d'un 
angle  droit  dont  on  connaissait,  ou  dont  on  se  donnait  le 
premier.  Nous  verrons  plus  loin  de  quelle  manière. 

Selon  Venturi^,  la  Stella  ainsi  décrite  ne  serait  pas 
différente  de  la  groma  dont  les  Romains  se  servaient 
pour  la  mesure  des  champs.  «  Saumaise,  dit-il,  avait 
bien  deviné  que  celle-ci  était  une  espèce  d'équerre  en  en 
faisant  venir  le  nom,  sur  l'autorité  de  Festus*  et  des 
glossaires,  du  mot  grec  vv.ôawv  ;  mais  ensuite  il  se  trompe 
étrangement  en  la  confondant  avec  le  chorobale  de 
Vitruve  ^chorob.^tesj.  Lagroma  était  précisément  l'étoile 
critiquée  par  Héron...  L'arpenteur  embrassait  de  l'œil 
deux  des  fils  opposés,  c'est-à-dire  dirigeait  par  ces  lils  un 


1  Labaplc,  op.  l.  I,  p.  49,  54.  —  2  Michel,  Op.  l.  I  (I),  p.  2«0.  —  3  Inventaire 
de  tous  les  i>l>jel5  d"art  auxquels  l'ilalie  a  donné  naissance  du  iv«  au  ix'  siècle. 
Cf.  l-abarlo.  Op.  I.  1,  p.  64  sq.,  cl  lédilion  do  Mgr.  L.  Ducliesne.  —  4  Labarte,  Op.  l. 
I.  p.  G6--  :  celle  leclini(|uc,  qui  est  un  retour  au  sphyrélaton  dea  Grecs,  a  persisté 
jusqu'au  début  du  xiV  siècle;  A.  Micliel,  Hist.  de  l'Art,  II,  (2),  p.  930.  Au 
XV"  siècle,  elle  esl  démodée,  tbid.  III  (i)    p.  87Î. 

ST.\TU  LIBEK.  1  Dig.  4iJ,  7  ;  Clp.  i,  l-li;  Gai.  2,  iOI  ;  Festus,  s.  i:  slaluliljer. 
• —  BiEu.iu(jitAi*Hn:,  Voir  celle  de  l'art,  libeiitus. 

STATtS.  I  Oig.  38,  17,  1  §  S  ;  Ulp.  Il,  13;  Intl.  I,  12,  I  ;  1,  16. 

STATCS  (Jl'AtSÏIO.  I  /nst.  4,  C.  13.  —  2  C.  Jmt.  3,  S,  2 :  7,  10,  21  ;  Dig. 
18,   14,    6;    40.    12,   24  J   4.    <Jnc!qucs-uns,  dont  l.cnel,    Edict.  perpel.  p.    3uii, 

VIII. 


tiennent  cependant  pour  l'action  réelle  d'après  Dig.  40,  12,  30  cl  Gai.  4,  44  ((ui  ne 
cite  que  le  procès  aliqiiis  libcrtua  sit.  —  3  C.  Jmt.  3.  8,  1  ;  7,  21,  3;  8,  IC,  13: 
Dig.  40,  15.  1  pr.  §  4.  —  4  Dig.  35.  1.  50.  —  Bibi.iocbaphie.  V.  art.  UDEarus, 
PKAEjuDiciu»  et  Wlassak,  Zeitsckr.de  Grfmhut,  19,  18'J2.  p.  3-20;  SclIlo^snlann, 
Zeitschr.  a.  Sangny-Sli/'t.  13,  1892,  p.  225-213. 

STELLA.  1  Coluniell.  IV,  13,  17,  26.  —  2  nto't  J.d-Tjaî,  dans  Notices  et  extraits 
des  manuscrits  de  la  Bibliolh'gueimp..  t.  .XIX,  p.  298.  —  3  Commentari  sopra  la 
sloria  e  le  teorie  delV  otlica,  Bologne,  1814,  traduit  et  cité  par  Viuceul,  ifotices 
et  extr.  t.  XIX,  p.  302.  —  4  Groma  {qruma  ap.  Nonium)  appellatur  genus  ma- 
chinulae  cujusdam,  quo  regiones  agri  cujusque  cognosci  possunt,  quod  genus 
Graeci  dicunt  ivùj^'.vu  ( Z/e  cerb.  signif.]. 


STE 


—  ir;o6  — 


STE 


^i/VEBVTIV5LL 

'^TV5MEN5(? 
iRRIAE'qi'yV\^CTAl/] 

jr   yxdRi'ET'syisiEj 


rayon  visuel  ;  et  c'est  ainsi  qu'il  dictait  les  rigo/'es  et  les 
vielne  sur  le  terrain.  Puis  il  plaçait  les  interversurac  et 
les  /cirantes  en  visant  parles  deux  autres  fils.  » 

Les  arpenteurs  romains  nomment,  sans  les  distinguer, 
la  yvomn  et  le  ferramenliim.  Venturi  lait,  de  celui-ci,  le 
support  de  la  Stella  ou  de  la  i/roma,  mais  en  reconnais- 
sant (|ue  l'appareil  tout  entier  a  pu  être  désigné  également 
sous  le  nom  de  ferra menlum.  Hase  et  Biot',el  après  eux 
Vincent',  sont  du  même  avis  que  Venturi  pour  ce  qui 
regarde  la  synonymie  des  mots  Stella  et  ;/roma,  et  les 
mots  tjroma  et  /'erra  met}  tu  m  doivent  bien  être  pris  l'un 
pour  l'autre,  seulement  ce  serait  la  groma,  qui  aurait 
donné  son  nom  au  ferramenium,  dont  elle  n'était  que  la 
pièce  principale,  c'est-à-dire,  l'ensemble  des  deux  règles 
et  deslilsà  plomb.  D'après  Hudorff  enfin,  et  son  opinion 
nous  parait  la  meilleure,  le  mol  groma,  dans  un  sens  plus 
précis,  se  serait  appliqué  à  la  lolalilé  de  l'instrument 
composé  de  deux  parties  :  les  règles,  ou  Stella,  avec 
leurs  fils  (tieroiae,  fila,  perpendiculi),  et  le  support 
ou  ferramenium^ .  En  soi,  d'ailleurs,  cette  question  n'a 
qu'un  intérêt  relatif.  Ce 
qui  importe  le  plus,  est  de 
savoir  si  la  groma  comp- 
tait une  Stella  dans  ses 
éléments,  ou  se  confon- 
dait avec  elle  ;  or,  il  ne 
semble  pas  que,  sur  ce 
point,  les  avis  soient  par- 
tagés, encore,  nous  le 
répétons,  que  tout  témoi- 
gnage précis  fasse  défaut. 
Jusqu'à  ces  dernières 
années,  on  ne  possédait, 
de  la  Stella  ou  de  la 
groma  ,  qu'une  image , 
fournie  par  Tépitaphe  d'un 
mensor,  conservée  au  mu- 
sée d'Ivrée*.  Le  person- 
nage, un  ancien  affranchi, 
appelé  Aebutius  Faustus, 
parvenu  au  sévirat,  avait, 
de  son  vivant,  fait  sculp- 
ter, sur  sa  tombe,  les 
insignes  de  sa  fonction 
religieuse,  c'est-à-dire  le 
bisellium,  garni  d'un 
coussin  et  les  faisceaux, 
puis,  au-dessous,  l'instru- 
ment de  sa  profession. 
Celui  ci  se  composait, 
ainsi  qu'on  le  voit  (fig. 
G627),  d'une  sorte  de  tige, 
représentée  verticalement,  et  de  deux  règles  croisées, 
entre  les  bras  desquelles,  à  droite  et  à  gauche,  sont 
suspendus  deux  Tds  à  plomb.  La  tige,  dont  la  forme  est 
légèrement  tronconique,  est  pourvue,  à  sa  partie  infé- 
rieure, d'un  renflement  accompagné  de  deux  volutes  et 
se  termine,  à  l'autre  bout,  par  un  bourrelet  et  un  court 
cylindre  de  très  faible  diamètre.   Les  deux  règles,  mi- 

*  Journal  des  Sac,  mars  et  avril  1S49.  —  i  Nolices  et  exir.  t.  Xl,\,  p.  205. 
—  3  Kudorff,  Gromatitche  Jnslilulionen  (tlôm.  feldmeiscr,  l.  11;,  p.  335.  —  t  Corp. 
intcript.  lut.  V,  6780.  Voy.  aussi  Uaiicra,  Mém.  de  l'Arad.  des  se.  de  Turin,  série  II, 
vol.  XIV.  p.  iô  et  pi.  1»;  Promis,  Storia  dell'  anlico  Torino,  1869,  p.  455;  |d. 


Pig.  f»627.  —  Insignes  d'un  mensor. 


partie  biseautées  sans  raison  bien  apparente,  ne  sont  pas 
assemblées  rigoureusement  à  angle  droit;  mais  cette  cir- 
constance, presque  sûrement  imputable  à  la  maladresse 
du  sculpteur,  et  aussi  cet  autre  fait,  tenant  sans  doute  à 
la  même  cause,  qu'il  n'a  été  représenté  que  deux  fils  à 
plomb,  au  lieu  de  quatre,  en  admettant,  ce  qui  serait  à 
vérifier  sur  l'original,  qu'il  n'ait  pas  existé  deux  autres 
fils  à  plomb  dans  la  partie  inférieure,  assez  endommagée, 
de  la  pierre,  n'empêchent  d'aucune  sorte  de  reconnaître 
une  groma  dans  l'instrument  figuré.  Tous  les  éléments, 
tels  que  Hudorff  les  conçoit,  s'y  retrouvent.  La  tige  tron- 
conique est  le  ferramentuni  et  les  deux  règles,  avec  leurs 
fils  aplomb,  forment  la  Stella.  Nous  avons  ainsi  l'appa- 
reil démonté  en  deux  parties;  pour  se  le  représenter 
dans  sa  position  normale,  il  suffit  de  faire  reposer,  par 
la  pensée,  la  Stella  sur  le  bourrelet  du  ferramenium,  en 
engageant  le  court  cylindre  de  celui-ci  dans  le  logement 
qui  devait  lui  correspondre  au  point  d'assemblage  des 
règles.  Le  support  étant 
tenu  verticalement,  les 
quatre  branches  [corni- 
cula)  des  deux  règles  se 
trouvaient  alors  horizon- 
tales et  se  mouvaient, 
suivant  les  besoins,  à  la 
manière  d'un  tourni- 
quet. 

Cette  explication,  déjà 
donnée     depuis     long- 
temps   par    Cavedoni  ', 
est  confirmée  par  la  dé- 
couverte d'une  groma  à 
Pfunz.près  d'Eichstaelt, 
où    elle  est    conservée 
dans  la  collection  Win- 
kelmann.  D'après  la  des- 
cription   qu'en   a    faite   M.    Schône^,    cet    instrument, 
incomplet    de  ses  plombs,  qu'on  n'a  pas  retrouvés,  ne 
diirère  que  par  certains  détails  de  celui  qui  est  repré- 
senté   sur  la    tombe  d'Ivrée. 
Les  deux  règles   non  biseau- 
tées, de  0  m.  27  de  long  sur 
0  m.  010  de  large  et  0  m.  009 
d'épaisseur,    en     fer    plaqué 
d'argent,  assez  fortement  ron- 
gées par  la  rouilleaux  endroits 
où  le  placage    s'est  détaché, 
sont  assemblées  à  angle  droit, 
en    laissant    entre    elles    un 
œilleton  etcoudées  versle  bas,  pig.  fifi29.  —  i.a  steiia. 

à  leurs  extrémités,  sur    une 

longueur  de  0  m.  032  (fig.  662R  et  6629).  Les  crochets 
ainsi  formés,  larges  de  0  m.  015  et  épais  de  0  m.  004  à 
0  m  003,  sont  percés,  dans  la  direction  de  la  règle  à 
kujuelle  ils  appartiennent,  d'une  ouverture  circulaire 
où  se  trouve  encore  engagée  (sauf  pour  un  crochet 
moins  bien  conservé)  une  tige  de  fer  assez  semblable  à 
un  gros  clou  dont  la  pointe  serait  écrasée.  Le  support 
tronconique,  comme  sur  la  tombe  d'Ivrée,  a  une  longueur 

Vocab.  lat.  di  archilett.  p.  133;  Kossi,  Oroum  e  sijnadro.  li*7T,  p.  43  et  lig.  3; 
Canlor,  Vorlesunt/en  ùber  Geschielde  der  Math'malik,  I',  p.  501  ;  Lcgnazzi,  Ve 
Cataslo  ronumo,  1887,  p.  51  et  pi.  xxvin.  —  ^  BuUet.  arch.  .\apolit.,  185i, 
p.  69.  —  <•  Jahrbuchder  deulseh.  arcliûolog.  Instituts,  1901,  p.    liT  à  US. 


La  (jroma. 


STE 


1507  — 


STE 


de  0  m.  355  et  se  termine,  ;ï  chacun  de  ses  bouts,  par 
un  petit  cylindre  Celui  du  liant  s'engage  parfaitement 
dans  l'œilleton  des  règles  ;  l'autre,  d'une  longueur  un 
peu  plus  grande,  semble  avoir  été  fait  pour  entrer  dans 
du  bois.  M.  Schone  a  supposé  que  les  tiges  de  fer  qui 
traversaient  les  crochets  servaient  à  relier  les  règles  à 
un  cadre  de  bois  destiné  à  les  protéger  contre  les  défor- 
mations. Les  figures  6628  à  6630  montreraient  de  quelle 
façon  cette  liaison  se  serait  opérée;  mais  le  savant  alle- 
mand a  fait  observer,  avec  juste  raison,  que  le  cadre  ne 
faisait  nécessairement  pas  partie  de  la  r/i'oma  et  pour- 
rait tout  aussi  bien  avoir  une  autre  forme  ou  man- 
quer sans  que  l'appareil  cessât,  pour  cela,  de  pouvoir 
servir.  Partant  de  ces  don- 
nées, M.  Schone  a  donné 
de  la  groma,  découverte 
à  Pfunz,  la  restitution  ci- 
contre  (fig.  6630).  Son 
mécanisme  lui  a  paru 
plus  difficile  à  expliquer. 
Contrairement  à  ce  que 
l'on  a  cru  jusqu'ici, 
M.  Schone  ne  pense  p.is 
que  les  directions  aient 
été  prises,  en  visant  d'un 
fil  à  plomb  sur  celui  qui 
lui  était  opposé.  L'opéra- 
tion n'aurait  pas  été  pos- 
sible, à  son  avis,  en  rai- 
son de  l'épaisseur  du  sup- 
port qui  se  serait  inter- 
posé entre  les  deu.v  fils.  11  émet  l'opinion  que  les 
directions  à  angle  droit  s'obtenaient  en  visant  d'un  lil  à 
plomb  sur  le  fil  voisin,  puis  de  celui-ci  sur  le  lil  qui  fai- 
sait face  au  précédent.  Ainsi,  l'angle  droit  aurait  été 
déterminé,  non  pas  par  les  directions  des  règles,  mais 
par  celles  des  côtés  du  carré  que  formaient  les  fils  à 
plomb.  >L  Schone  s'appuie  sur  ce  passage  de  Xipse, 
indiquant  de  quelle  manière  on  devait  pratiquer  l'arpen- 
tage: "  Itfjes  f'errumentum  ad  lapidem  ilfi,  ne  in  rit/ore 
liinitis  fi(jas  :  fixa  f'erramenlo  concertes  utnbilicuin  soli 
supra  jiunctum  lapidis  et  sic  perpendes  ferruinentuin  : 
perpenso  ferramento  ab  umbiUco  soli  emittes  perpen- 
diculum  ita,  ut  in  puncto  lapidis  cadat  :  comprehendes 
[qunttuori]  signa  ea  quae  posuisii  in  limitem:  aliis 
cor/iiculis  tenebis  aliuin  limitem  '  ».  11  lui  semble, 
d'après  ce  texte  et  surtout  d'après  les  mots  ad  lapidem, 
que  le  rigor  limitis  n'était  pas  au  centre  de  l'appareil, 
c'est-à-dire  sur  la  verticale  fournie  par  l'axe  du  support 
(ferramentum),  mais  à  côté,  au-dessous  de  l'un  des  fils  à 
plomb,  celui  précisément  qui,  d'après  sa  méthode,  aurait 
constitué  le  sommet  de  l'angle  droit  et  porté  le  nom 
technique  d'umbilicus  soli.  Tout  cela  est  possible,  encore 
que  Rudorif  ait  pensé  différemment'-;  mais  la  disposition 
du  ferramentum  par  rapport  à  la  pierre  ne  ressort  pas 
assez  du  texte  pour  qu'on  doive  renoncer  complètement 
au  système  de  visées  auquel  les  auteurs  se  sont  ralliés 
jusqu'à  ce  jour.  L'argument  que  lire  M.  Schone  de  l'épais- 

i  /-'fW/nesser,  t.  I,  p.  isT.  Cf.  également  Frontio.  De  limit.  {Feldm. 
I.  11,  p.  î*T).  —  2  Fetdmesser,  t.  11,  p.  33S.  —  3  Dijî  Sio=i;«;,  daus 
?iolkys  tt  exlr.  l.  .KIX,  p.  30ci.  —  '  H.  Vincenl.  yolices  et  extr.  i.  XIX, 
p.  157  à  337. 

STEI.LIO.NATBS.  1  Les  Romains  font  dériver  le  mot  tleltionatus  de  stclliv, 
om  d'un  Iczartl  venimeux,  dont  la  peau  est  tachetée  de  points  étoiles.  Columell.  De 


seur  du  support  disparaît  d'ailleurs,  si  l'on  suppose  que 
les  fils  avaient  une  longueur  suffisante  pour  que  les 
plombs  vinssent  aboutir  au-dessous  du  plan  de  la 
tablette  du  trépied  dont  il  admet  l'existence,  et  qui, 
effectivement,  était  plus  particulièrement  de  nature  à 
donner  à  l'appareil  la  stabilité  dont  il  avait  besoin. 

Cette  hypothèse  de  longs  fils  est,  du  reste,  d'autant 
plus  vraisemblable,  qu'on  engageait  parfois  les  plombs, 
ainsi  que  nous  le  savons  par  Héron  d'.\lexandrie  ■'.  dans 
des  tubes  de  bois  destinés  à  les  soustraire  à  l'action  du 
vent.  .\vec  des  fils  courts  et  des  règles  à  hauteur  d'homme, 
il  aurait  fallu  donnera  ces  tubes,  s'ils  reposaient,  comme 
c'est  probable,  sur  le  sol,  une  longueur  trop  grande,  pré- 
judiciable à  leur  propre  stabilité. 

De  toute  manière,  l'arpentage  des  anciens  et  le  lever 
des  plans  (mensuratio)  ne  pouvaient  se  faire  que  par  la 
méthode  dite  encore,  de  nos  jours,  «  par  abscisses  et 
ordonnées  »,  c'est-à-dire  au  moyen  démesures  convena- 
blement pratiquées  suivant  des  lignes  perpendiculaires. 
L'idée  de  remplacer  les  fils  à  plomb  par  des  pinnules  et 
de  rendre  mobile  l'une  des  règles,  en  la  faisant  tourner 
sur  un  cercle  gradué  permettant,  par  rapport  à  la  règle 
Vi\e,  des  visées  de  toute  valeur  angulaire  dans  tous  les 
sens,  conduisit  à  la  dioplre,  dont  la  description  est  trop 
connue  pour  qu'il  soit  utile  de  la  rappeler  [geodesiaI^ 

Avec  les  perfectionnements  que  la  science  leur  a  fait 
subir,  la  groina  est  devenue  le  graphomètre  et  la  dioptre 
le  théodolite.  Em.  Espérandieu. 

STELLIOXATUS.  —  On  entend  par  slellionat',  dans 
le  droit  moderne,  cette  espèce  de  dol  qui  consiste  à 
vendre  ou  à  engager  une  chose  qui  ne  nous  appartient 
pas  ou  qui  est  déjà  engagée  ou  hypothéquée  à  une  autre 
personne.  A  Kome,  le  slellionat  comprenait  non  seule- 
ment le  fait  de  vendre  ou  d'engager  une  chose  apparte- 
nant à  autrui  ou  déjà  engagée,  mais  aussi  tous  les  faits 
d'escroquerie  et  d'abus  de  confiance  qui  ne  tombent  pas 
sous  l'application  d'une  disposition  positive  et  précise 
du  droit  pénal'-.  Ce  crime  est,  du  reste,  d'origine  récente 
et  on  n'en  saisit  les  premières  traces  que  sons  le  règne 
des  Sévères.  Il  donne  lieuà  une  poursuite  extraordinaire  ■' 
et  à  une  peine  arbitraire,  qui  ne  peut  toutefois  excéder 
celle  des  mines  pour  les  plébéiens,  et  qui  est  ordinaire- 
ment pour  les  personnes  revêtues  de  quelque  honneur  la 
rélégalion  à  temps  ou  l'exclusion  de  leur  ordre*.  L'ac- 
cusé peut  d'ailleurs  prévenir  la  condamnation  en  di-sin- 
téressant  la  victime '.  Bien  que  le  stellionat  ne  constitue 
point  un  .udicrim  plblicl'm,  la  condamnation  entraine 
cependant  l'infamie"^.  L.   ItEAtcuET. 

STEM.ua  (i^Teaax).  —  1°  Couronne,  bandeau,  bande- 
lette [CÛKO.NA,  DIADEM.4,  INFILA,  LEMNISCUS,  \aTTA,  SERTAS 
CONSECRATIOj. 

i"  Tableau  généalogique  exposé  dans  l'atrium  des 
grandes  maisons  romaines.  Les  noms  et  les  portraits 
des  ancêtres  y  étaient  reliés  par  des  bandes  peintes  :.s7e//i- 
inata),  indiquant  par  leurs  ramifications  l'extraction  et 
les  degrés  de  parenté  et  de  consanguinité  des  personnes 
nommées  ou  représentées'.  L'usage  s'en  est  conservé 
dans  les  arbres  généalogiques  des  modernes. 

re  rust.  IX,  7, 3  ;  Ovid.  Mer.  VMI,  +,i8  ;  Fest.  s.  f.  stellionem  ;  Plin.  Hist.  nal.  X.VX  , 
89.— ïL.  i.fliy.  XLVII.SO.Oecrim.  j(eW.  —  3L.  \.Cod.Just.\\,Zi. —  'l.  I.  i, 
3  pr.  ibid.  —  5  L.  3  §  2,  ibid.  —  «  L.  3  §  I,  X),  De  stelUon.  .XLVll,  iu  ;  I.  i,  ibid. 
STEHMA.  —  1  Senec.  De  benef.  IH,  ii;  Plin.  H.  nal.  XXXV,  2,  2;  Suel. 
iVero,  37;  Galb.  i;  Matr.  IV,  40,  1.  Voy.  Raoul-Koclietle,  Peint,  ont.  inéd. 
p.    3W;   0.  Jahn.  ad  Pcrs.  111,  28. 


STE 


!o08  — 


STE 


Les  hommes  de  loi  se  servaient  du  mémo  moyen  pour 
élablir,  au  point  de  vue  du  droit,  les  rapports  entre  les 
membres  dune  famille'.  E.  Saglio. 

STEXIA.  —  [TUESMOI'UORIa]. 

STÉPIIAXÈ  (i:t6ç,iv7,).  —  i.  —  Ce  mol,  synonyme  de 
cTÉj-avoç  avec  la  signitication  de  couronne  [corona],  a 
aussi  une  acception  plus  restreinte;  il  désigne  alors 
une  parure  de  femme'.  On  semble  s'accorder  à  y  voir 
cette  couronne  spéciale,  qui  ne  fait  pas  le  tour  entier  de 
la  tête,  mais  qui  est  posée  sur  le  devant  et  dont  le  bord 
supérieur,  décrivant  une  courbe,  est  plus  haut  ordinai- 
rement en  son  milieu  qu'à  ses  extrémités.  C'est  ce  que 
la  bijouterie  moderne  appelle  diadème  [diademAj,  s'éloi- 
gnant  en  cela  du  sens  ancien  du  mot.  Les  monuments 


Fig.  6'j3i.  —   Déesse  portaut 
une   Stéphane. 


-   Stéphane  d'or. 

et   les  te.\les  nous   le  montrent  sur    la  tête   de  Héra 
[jLNo\    d'Alhéna-,    d'Artémis  ^,   d'Aphrodite*   et   d'au- 
tres   déesses    et   aussi    de   mortelles  °  ;   de   dieux  ^   ou 
d'hommes  pour  lesquels  il  est 
.  l'insigne  d'une  fonction,  d'un 

_^  ->  oVV^  rang  supérieur,  ou  la  marque 

--,  ^      -  d'unluxe  extraordinaire,  quel- 

^:  -         \_         quefois   d'une   origine  étran» 

"  gère''.  Le  haut  diadème  d'or, 
précieusement  travaillé,  sou- 
vent enrichi  de  pierreries  ou 
de  perles,  fut  en  effet  connu 
d'abord  en  Asie,  et  certaine- 
ment il  se  passa  beaucoup  de 
temps  avant  que  des  femmes 
grecques  *  prissent  l'assu- 
rance de  mettre  sur  leur  tète 
la  tiare  et  la  couronne  d'abord 
réservées  aux  divinités  ou  à  leurs  ministres.  Dans  les 
exemples  que  nous  possédons  on  ne  distingue  pas  tou- 
jours les  stéphanés  qui  ont  pu  appartenir  aux    unes  et 


1  Isid.  Orig.  IX,  6,  28. 

STÉPHANE.  1  Kd«;.<,5  T>"«""1'«î.  ap.Scliol.  Hom.  Itiad.  VII,  1:1.  On  ne  trouve  dans 
les  poèmes  homériques  <|uc  la  forme  féminine,  l'cur  l'emploi  des  deux  formes,  cf. 
Alhcn.  V,  p.  201,  iui:  l'hol.  sf«5,i5,i,,i.»  -j,ai«.to.  ;  Bekkcr,  Aiiecd.  p.  301,  29; 
■;jo:  «ioi>oj,  l'ollui.  V,95.  —2  Pollicr,  Les  statuettes  Je  terre  cuite,  p.  41.  fig.  13; 
Wioler,  .ln(.  Terrakott.  1,  p.  230;  cf.  mcxerva,  fig.  3031;  Winler.  /.  c.  p.  4S  sq., 
pi.  cciï  ;  Heuiev,  fig.  de  terre  cuite  du  Louvre,  pi.  svni.  —  3  Di.axa.  lig.  3377  ; 
Clarac,  JUus.  de  Sculpt.  p.  284;  Winler,  I,  p.  91  sq.  —  *  Winler,  II.  p.  268  sq.: 
Btbelon  el  BlaocUet,  Bronzes  de  la  Bibl.  Nat.  a.  274,  2'.'2  sq.  —  5  Aciian.  Var. 
hisl.  1.  18.  ;=",  ri;;  jesaii;;  <r:e:d.r,v  UsrJStvTo  îl'.ir.»  aî-à  «':  siva  ««Vi:»:.  —  6  V. 
pour  Dionysos  les  lerres  cuiles  de  Tarcnle,  Winler,  1.  p.  199-206  ;  Farnell,  Cuit  of 
the  greek  stnles,  V,  pi.  xixvn,  ixxviii.  —  '  Arisloph.  Eq.  977  ;  Herodol.  Vil.  1 18  : 
Herodian.  V,  5,  4.  —  8  Ael.  i.  l.\  Luciau.  Amor.  41.  Nous  laissons  de  colé,  mais 
non  sans  les  menlionner  ii:i,  les  diadèmes  de  Slycèues  (.^clilieraann,  ilijcénes, 
fig.  281-284),  qui  oui  appartenu  à  des  femmes  d'un  autre  âge.  —  9  D'après  l'ori- 
ginal du  Louvre  ;   cf.    Kontcnay,  Les  bijoux  aiic.  et   modernes,    1S89,   p.    385. 

—  10  V.  p.  ex.  Poltier  cl  Rcioach,  Nécropole  de  .l/yrinn,  pi.  ii;  Winler,  O.  I.  I, 
p.  167;  11,  p.  219,  îtO.  —  H /liad.  Vil,  12;  X.  31  ;  XI,  96;cf.  Plut.  A'yîii;,.  Vlll.C  ; 
de  même,  Hesiod.  TIteog.  578.  —  '2  V.  Uelbig,  L'Épopée  homérique,  p.  390  de  la 
Irad.    franc.  —  '3  Vitruve,  11,  8,  emploie  de  niC-uic  coroiui.  —  H  Oeuteron.  22,  S. 

—  IS  Eur.  Uec.  '.HO  ;  Tro.  763.  —  16  Hesrcli.  s.  r.  —  i^  Apoll.  Kli.  II.  9IS  el  schol. 

—  18  Jos.  .In/.  Jud.  VUl,  3,  7.  —  19  Moscb.  11,  33.  —  '.iO  Folyb.  XII,  1«,  I)  et  18. 

—  31  Eur.  /lec.  '.'10  ;  Aull..  pal.  IX,  97,  8. 


aux  autres.  Celle  qu'on  voit  (fig.  6631)' peut  avoir  été 
portée  ou  bien  consacrée  dans  un  temple;  elle  est 
de  pur  style  grec  el  contraste  par  ses  proportions  mesu- 
rées el  le  goût  de  ses  ornements  avec  les  dimen- 
sions exagérées  et  la  décoration  surchargée,  plus  asia- 
tique qu'hellénique,  dont  beaucoup  de  statuettes  d'un 
temps  postérieur  nous  montrent  les  modèles  '".  La 
fig.  663-2  reproduit  une  petite  tète  en  terre  cuite  du  musée 
du  Louvre,  d'un  type  qui  se  rencontre  assez  fréquem- 
ment, où  est  imitée  l'orfèvrerie  des  diadèmes  de  la 
période  hellénistique,  ileuronnés  ou  dentelés,  ciselés, 
repoussés,  repercés  et  garnis  de  pierres  précieuses. 

IL  —  Dans  la  langue  homérique"  (rTSiivT,  désigne 
encore  un  casque  ou  la  partie  du  casque  qui  entoure  et 
couvre  le  front  '-. 

IIL  —  Le  même  nom  a  été  donné  aux  parties  saillantes 
qui  forment  couronnement  au  sommet  d'une  construc- 
tion quelconque  '•",  maison  ",  tour  '  ',  autel  '^  tombeau", 
d'une  table  même  "  ou  d'une  corbeille  '^,  aussi  bien  qu'à 
la  précinction  supérieure  d'un  tliéàtre  '",  ou  à  l'enceinte 
crénelée  d'une  ville  -'. 

IV.  —  Sh'jj/iani'  est  aussi  un  piège  disposé  en  couronne 
pour  prendre  les  bétes  sauvages  [pedicaj.  L.  Saglio. 

STEPHA>"ÈPHORIA,ST£7iïvï,iop'a).— C'était  l'usageen 
Grèce  de  ceindre  son  front  d'une  couronne  dans  les  fêtes  ', 
ou  quand  on  allait  offrir  un  sacrifice  xorona  -  ;  mais  en 
dehors  de  ces  cas  généraux,  certains  personnages  por- 
taient, constamment,  semble-t-il,  une  couronne  comme 
insigne  de  leurs  fonctions  :  ainsi  les  chorèges  et  les  Ihes- 
molhètes^.  L'entrée  en  charge  du  prêtre  de  Panamara, 
qui  n'a  point  le  litre  de  stéphanéphore,  se  dit  7:aoaÀT,'i'.ç 
ToCi  (TTsoav&j  '.  Il  est  donc  singulier  que  ce  titre  ait  été 
réservé  à  un  seul  dignitaire  dans  un  certain  nombre  de 
villes.  Ses  attributions,  variables  et  mal  connues,  devaient 
être  surtout  religieuses,  concerner  le  culte  du  dieu,  prin- 
cipal protecteur  de  la  cité%  et  elles  entraînaient  la  préro- 
gative de  réponymie"  [eponymosj.  Cette  stéphanéphorie 
se  rencontre  principalement  en  lonie",  à  Milel",  à  Héra- 
clée  du  Latmos',  à  .\egialè  dans  l'ile  d'Amorgos '",  à 
.\myzon",  à  Priène  où  le  prylane  est  remplacé,  comme 
éponyme,  par  le  stéphanéphore  à  l'arrivée  d'.Mexandre 
dans  le  pays'-,  etc.  '^  .\  l'époque  hellénistique  et  au 
début  de  l'époque  romaine,  elle  a  surtout  un  caractère 
très  honorifique"  ;  aussi  la  décerne-t-on  volontiers  à  un 
souverain  :  .\lexandre  fut  éponyme  de  Milet  '"";  dans  la 


STEPllA\ÈPnORIA.  1  Plut.  iVor.  184  A  ;  Dem.  XXI,  31.  Des  décrets  ordonnent 
aux  cilovens  de  se  couronner  en  signe  de  réjouissance  :  Dittenberger,  Sf/lloge'^,  175, 
190,  277ielc.  ;Monro.yourn.  »/■  Ae/i.  5<.  XlX  (1899),  p.  330  sq.  11,1.  23  el  33,  Hitler 
von  Gaeriringen,  Inschr.  v.  Priene,  Berlin,  1906,  14,  I.  2":  »T!s«vT.=ootrv  [Tj^fùJ; 
io«i'[t]«î  a-«vlï(i;]  ;  add.  1 1 ,  1.  22.  —  2Cf.  COBOSA,  p.  1 525  ;  Corp.  ins.  gr.  3595, 1.  31  : 
2144,1.7.-3  Pind.  Olymp.  VllI,  10;  Eur.  EUctr.  862;  Poil.  III,  152;  Plul. 
Mor.  358  B.  Pour  les  arclionles,  Eschine  (I,  19)  dit  :  «rsaoïvT.îdao;  *.  4o,.i.  —  *  Bull. 
coiT.  hell.  XV  (1S91),  p.  173.  I.a  couronne  de  prêtre  ne  se  rencontre  point  dans  les 
pays  de  langue  latine;  on  connaît  seulement  un  coronatus  en  Dacie  {Corp.  i.  lot.  111, 
1433);  add.  pour  l'.Wrique,  Terlull.  De  idol.  18.  —  5  Atlien.  V,  54,  p.  213  B  :  "r^o 
-f  ;  r-.^-.M-i  rtE=«.r.çiiso;  «UtSt'.î,  TO..T.5T.,  Ujlù;  'Hoixiio-j;  ;  Id.  XU,  +3,  p.  533  E,  dit 
de  Tliéniistocle  à  .Magnésie  :  tt.»  uTtçavr.çijov  4;/.r,«  «««iaSi.™  iJon  Ae^vî.  —  6  L'épo- 
nvmie  peut  être  ordinairement  supposée  là  oii  les  termes  de  l'inscriptioa  ne  l'im- 
pliquent pas. —  TMais  aussi  ailleurs, ainsiàTénos:  Corp.  inscr.  yr.  2336  ;  Laodicéedu 
l.ycos  :  ibid.  3942.  —  »  Wicgand,  Berlin.  Sitzungsber.  1903,  p.  343.  A  Milet,  les 
slépbauépliores  sont  en  même  temps  aisymnetes.  —  9  Uaussoullier,  Rev.  de  philol. 
XXIll  (1S99),  p.  162,  uole  1  et  288;  Ditlenberger,  Dr.  «r.  Inscr.  sel.  439. 
_  10  Inscr.  gr.  Xil.  7,  n»'  416-418.  —  n  Insehr.  v.  Priene.  51,  I.  3.  —  12  Ibid. 
i-i.  —  n  Cjinipléter  avec  ma  Province  d'Asie.  Paris,  1"01,  p.  161,  note  5,  et 
W.  Liebenam,    Stâdtereru-altung    im  rôm.  Kaiserreiche.  l.eipiig,  1900,  p.  336- 

55g_    U  A  Tarse,    le    sléplianépliore,    prêtre    d'Héraclès,    revêt   une    tunique 

blanclie    à    large   bande    de    pourpre   et   des    brodequins    blancs   (Atlien.   V,   54, 
p.    213   B.)   —    1»   Wicgand,   loc.   I. 


STE 


—  isng 


STI 


liste  d'Héraclée  ',  on  trouve  plusieurs  personnages 
appelés  Kaîcap,  qu'on  ne  peut  exactement  identifier,  mais 
qui  semblent  être  Auguste  et  divers  membres  de  sa 
famille;  à  Milet  encore,  un  empereur  reçut  la  même 
faveur  ^  .Naturellement,  la  stéphanéphorie  ne  larda  pas 
à  devenir  une  charge  aristocratique  et  dispendieuse, 
comme  la  plupart  des  magistratures  municipales  de  ces 
contrées.  A  P^iène^  le  stéphanéphore  Zosimos  invile 
tout  venant,  citoyen  ou  étranger,  à  un  repas  fin  {•;Xux.{'7- 
|jl6;),  terminé  par  un  concert  et  des  exercices  de  panto- 
mime ;  il  donne  des  bains  gratuits,  consacre  à  une  divi- 
nité locale  une  phiale  d'argent  de  grand  prix.  A  lasos, 
un  habitant  a  promis  de  s'acquitter  de  cette  éponymie 
dans  deux  ans  ;  les  citoyens  supportent  avec  peine  ce 
délai;  pour  les  faire  patienter,  il  donne  un  acompte  de 
2000  deniers'.  Une  inscription  de  Nysa°  constate 
les  libéralités  d'un 
personnage  qui  a 
voulu  rendre  la  sté- 
phanéphorie «  immor- 
telle >i;craignantqu'on 
ne  trouvât  personne 
pour  y  subvenir,  il 
a  fait  une  fondation 
destinée  à  en  couvrir 
les  frais".  La  dignité 
est  probablement  élec- 
tive en  principe  ' , 
mais  il  faut  avant  tout 
être  riche;  par  suite, 
une  femme  peut  être 
désignée.  Pour  faire 
honneur  aux  plus  gé- 
néreux, on  n'indique 
pas  toujours  dans  les 
inscriptions  le  nom 
du  stéphanéphore  en 
exercice  ;  les  textes 
portent    quelquefois  : 

kixl        (7Te<i(XVTj(pdpOU       TOi 

TupojTOu    (SeuTÉpou    y.z/  - 

[AETÏ     (tÔV      OEÏva)  *.       Si 

personne  ne  se  pré- 
sente, et  que  le  tré- 
sor du  sanctuaire  soit 
en  mesure  d'y  suffire, 
l'éponymie  est  con- 
férée au  dieu  le  plus  vénéré  de  la  ville".  Apol- 
lon est  stéphanéphore  à  Antandros  '",  à  Priène  " 
avec  Zeus  '-.  Quand  le  même  honneur  est  réservé  au 
héros   éponyme   d'une    tribu   (Ajax,   Acamas,   Cécrops, 

1  Ditlenberger,  loc.  cit.  1.  26  :  KaTtroiD  -h  TÉiopTov.  —  2  Haussoullier,  Étud. 
sur  l'histoire  de  Milet,  Paris,  1902,  p.  260.  —  3  Inschr.  113  (i"  siècle 
av.   J.-C).    —   4TL.  Reinach,   Hev.  d.  et.    gr.  VI  (1893),  p.    157   sq.,   n»  3  A. 

—  5  M.  Clerc,  Bidl.  corr.  hell.  IX  (ls85),  p.  128  ;  cf.  I.  4i.  —  G  Add.  les  lar- 
gesses des  stéphanéphores  de  Ténos  (Uraiodor,  Mus.  belge,  XI  (1897),  p.  107, 
no-  2-3),  d'un  autre  de  Dorylée  (G.  Mirbcau,  Échos  d'Orient,  X  (1907),  p.  77,  n»  1). 

—  7  L'oe  épigramme  relative  au  «  stépliaaépliore  d'Hestia  et  Apollon  »,  à  Délos, 
dit  S,i,Oii  {Bull.  corr.  hell.  XXVI,  (1902),  p.  509).  —  »  Le  lias,  Inscr.  p.  87 
(lasos).  —  9  Kern,  Inschr.  v.  Maijn.  Berlin,  1900,  90,  1.  1  :  5Tia.aïr,Bopo;yTo;  toJ 
ÔEoy  ;  add.  Insch,  r.  Priene,  51,  I.  2  (Héracléo)  ;  Haussoullier,  Milet,  p.  200.  n"  5. 

—  1»  Fabricius,  Berlin.  Sitzungsbcr.  lS9i,  p.  905-907.  —  "  Inschr.  o.  l'riene, 
4i,  I.  31-32.  —  ii  ibid.  1+1.  —  13  Ihid.  108,1.  79;  I.  28,  elc...,  1.  89,  1.20,  elc..., 
I.  31,  etc.  —  14  P.  Paris,  Quatenns  feminae  res  publicas...  attigerint,  Parisiis, 
1891,  p.  79-83.—  <5  Délos,  Bull.  corr.  hell.  XXIX  (1905),  p.  225,  n°  83  :  iip;»;  Tr.v 
(Tttçavy.aîôpov  àpy.»iv  ;  add.  Atben.  XII,  45,  p.  533  E.  —  IGSur  la  couronne  des  stépba- 


Fig.    6633.    —  Le  stibadium. 


Hippothon,  etc.)",  on  voit  moins  nettement  qui  en  fait 
la  dépense.  On  s'est  demandé  "si,  à  l'époque  romaine,  la 
stéphanéphorie  était  une  magistrature  ou  une  liturgie. 
'Af/f,,  disent  les  textes  plus  anciens  '^  ;  mais  la  question 
n'offre  qu'un  intérêt  théorique;  comme  toutesles  anciennes 
magistratures,  celle-ci  a  évolué  vers  la  liturgie  '". 

A  Athènes,  l'atelier  monétaire  se  trouvait,  à  ce  qu'il 
semble,  dans  un  héroon  dédié  à  un  personnage  dit  sté- 
phanépliore  etqui  devaitètre  Thésée;  delà  cette  formule, 
transmise  par  une  inscription  '^  de  drachmes  du  stépha- 
néphore [riRACU.MAE   STEPUANEPHORi].         V.  ClIAPOT. 

STEPÏERIOX  fSEPTERIONJ. 

STHE.MA.  —  Fêle  argieune '.  Au  dire  de  Philarque-, 
célébrée  d'abord  en  l'honneur  de  Danaos,  elle  fut  consa- 
crée plus  lard  à  Zs'j;  i-Oévto;,  qui  avait  un  autel  entre 
Trézône  et  Hermione'.  Emile  Caeen. 

STlBADIUM(STipi- 
ciov).  —  Le  mol  grec 
est  un  diminutif  de 
dTiSiç',  qui  signifie 
une  couche  grossière, 
li'lle  f[u'on  put  en 
I  aire  d'abord,  d'herbes 
et  de  feuillages  mis 
en  las  sur  le  sol  -.  Les 
Grecs  opposaient  aux 
lits  véritables  ces  cou- 
ches primitives,  sim- 
ples litières,  à  l'usage 
des  pauvres  gens  ou 
des  soldats  dans  les 
camps  ^ 

Chez  les  Romains, 
le  nom  de  stibadium 
fut  adopté  pour  dési- 
gner le  lit  en  demi- 
rercle  ou  sifjma  [lec- 
lus],  quand  on  com- 
mença, vers  la  fin  de 
la  République,  à  avoir 
des  lits  semblables 
pour  les  repas,  auprès 
des  petites  tables  ron- 
des dont  la  mode  vint 
dans  ce  temps-là  '. 
Trois,  cinq,  six", sept  ^ 
huit'  convives  y  pre- 
naient place  (fig.  1699,  1704,  4973);  on  en  fit  même 
pour  un  plus  grand  nombre  de  personnes,  comme  on  le 
voitsurtouldans  des  peintures  des  bas  temps  (fig.  6633)'; 
le  demi-cercle  s'y  allongeait  avec  la  table  à  laquelle  il 

ncphores  de  l'époque  impériale,  Hill,  Prieslerdiademe,  Jahreshefte  d.  Œslerreich. 
Instit.  1899,p.  2i5sq.  ;cf.  É.  Micbon, /(ei'.  art/leo/.  1901,  11,  p.  399.  —  " /«scr.  jr. 
Il,  476.  I.  29  et  31.  —  BiBi.ioGiiAPBie.  Aul.  Vau  Uale,  Dissertationes,  Amstclodami, 
1702,  p.  360-389  ;  Eckhel,  Ùoctrina  num.  IV,  p.  212  sq.;  Cl.  Gnacdinger,  De  Grae- 
corum  magistratibns  eponi/mis  ijuacstiones  selectae,  ArgeniOTaii,  1892,  p.  3  et  14. 

STIIE.MA.  1  Hcsycb.  s.  ti.  —  2  plut.  De  mus.  p.  1140  c.  —  3  Cf.  Paus.  II,  32,  7. 

STIBADIUM.  I  DeuTciS».,  fouler.  —  2Aristoph.  P/uM51,et  .Schol;  VUL  Bep.  II, 
p.  372  B  ;  Athtn.  IV,  p.  138  F  ;  Lucian.  Tox.  31  ;  Phot.  aitfd;  :  cf.  Pliii.  d.  nat. 
V.ll,  193.  —  3Iiur.  Tro.  515;  Xeu.  Hell.  VII,  2,  22;  Plut.  Inst.  Lac.  p.  237,  B; 
Philop.  4  ;  Polyb.  Il,  17,  10.  —  4  Varr.  Ling.  lat.  V,  1 18  ;  Scrv.  Ad  Aen.  I,  698  : 
Antiqui  slibadia  non  habebant  sed  strutis  tribus  Icctis  epulabmlur  ;  cf.  Schol. 
Juvcn.  V,  17.  —  SAuson.  Eph.  p.  58  Bip.;  Jlart.  IX,  59,  9.  -  6  Mart.  X,  48,  6  ; 
Athen.  Il,  p.  47,  1.  —  lllart.  XIV,  87  ;  Lampr.  Heliog.ïl;  Sid.  Apoll.  I,  U  ;  Arist. 
Mir.  anse.  1.  Il  y  en  a  neuf  dans  une  peinture  de  Forapéi  (lig.  1703)  ;  cf.  Capitol. 
Ver.  5.  —  8  D'après  la  peinture  du  musée  du  Louvre  :  cf.  Campana,  Due  sepolcri 


STl  —  ISIO  — 

devait  s'adapter;  ou  bien  toute  lahle  était  supprimée,  par 
exemple  quand  on  mangeait  en  plein  air,  en  s'élendanl 
sur  le  gazon'.  Même  à  l'intérieur  des  maisons  il  y  eut 
un  moment  où  l'on  voulut  avoir  un  stibadiiim  bas, 
poséà  terre-'.  E.  Saglio. 

STIGII.V.  —  Marque  imprimée  avec  un  fer  chaud  sur 
une  partie  du  corps.  Il  en  a  été  parlé  ailleurs  d'une  ma- 
nière générale  înota].  On  a  vu  aussi  [servi,  p.  1262,  1278] 
que  kl  i)eine  de  la  marque  était  fréquemment  appliquée 
aux  esclaves  fugitifs  ou  coupables  de  quelque  méfait  ; 
on  les  appelait  à  Rome,  notis  comprincli  ou  inscripti, 
l lierai i,  stiginatiue,sti(jinosi  '  ;  aux  termes  de  la  loi  Aelia 
Sentia,  quand  ils  étaient  ensuite  aH'ranchis,  ils  n'obte- 
naient que  la  condition  de  dediticu-.  La  marque  est  éga- 
lement indigée  aux  individus  condamnés  pour  calumnia 
(c'était  la  lettre  K  sur  le  front) ',  et  aux  criminels  envoyés 
aux  mines*:  pour  ces  derniers,  Constantin  remplaça  la 
marque  sur  le  front  par  la  marque  au  mollet  ou  à  la 
main».  Au  Bas-Empire  on  marqua  aussi,  aux  bras  ou 
aux  mains  pour  empêcher  leur  fuite,  les  recrues,  les 
ouvriers  des  fabriques  d'armes  impériales,  à  Constanti- 
nople  les  aquarii,  chargés  du  soin  des  aqueducs  ^  La 
marque  des  prisonniers  de  guerre,  quelquefois  pra- 
tiquée chez  les  Grecs  \  ne  l'a  été  que  fort  rarement  à 
Rome'.  Cd.  Lécrivain. 

STILLATUR.X.  —  De  tout  temps  il  fut  d'usage, 
sinon  de  droit,  dans  l'armée  romaine  que  les  soldats 
fissent  à  leurs  chefs  des  cadeaux,  soit  en  échange  d'exem- 
ptions de  service,  soit  dans  certaines  circonstances 
[legio].  LAStillalura  est  une  contribution  de  cette  sorte, 
prélevée  en  nature  sur  les  fournitures  touchées  par  les 
soldats  et  s'ajoutant  à  celles  qui  revenaient  aux  chefs, 
particulièrement  aux. tribuns,  ou  une  somme  d'argent 
équivalente  en  principe.  Pendant  les  premiers  siècles,  les 
empereurs,  observateurs  de  la  discipline,  tentèrent  de 
s'opposer  à  cet  abus  '  ;  il  allaient  pour  le  combattre  jusqu'à 
condamner  à  mort  les  commandants  coupables-  ;  au  v' siè- 
cle ils  Jugèrent  plus  simple  de  reconnaître  la  coutume 
en  la  i-églementant '.  Une  loi  de  406*  décida  que  la  stilla- 
tura,  payée  en  argent,  ne  pourrait  pas  être  supérieure 
au  prix  de  la  stillalura  en  nature,  calculée  au  cours  du 
marché,  et  qu'elle  devait  représenter  au  maximum  sept 
jours  de  l'annone  annuelle  d'un  soldat.  Ailleurs»  le 
prix  de  la  stilUitura  est  fixé  conformément  au  tarif  offi- 
ciel réglant  les  fournitures  en  nature  accordées  aux 
troupes.  R.  Gagnât. 


STr 


lUl  secolo  di  AiigitstOy  1843,  pi.  xiv.  Le  support  eu  niaooimei-ie  de  la  fresque 
du  Louvre  esl  couservé  dans  une  maison  de  Hompéi,  Tliédenat,  Pompéi.  1906.  1, 
p.  83.  fig.  50.  —  '  l'ar  eiLeinpIe.  sur  une  fresque,  0.  Jalin,  WawhjemâUe  des 
Columbariums  in  der  \ilia  Pamjiii^  pi.  vi,  17.  Il  n'y  a  pas  de  lable  sur  le  bas- 
relief  de  MonlfaucoD.  Ant.  expliq.  pi.  m,  p.  .57.  —  2  Lampr.  Heliog.  iO. 

STIUM.A.  >  Dig.  Il,  ♦,  i  :  Gai.  I,  13  ;  l'iaul.  Ctuin.  i,  6,  49  ;  Plin.  Uist.  nat. 
18,  3;  Juv.  10,  183;  I*.  îl-ii;  i'elron.  Sat.  103-107;  Apul.  iletam.  9,  p.  185; 
Mart.  8,  75,  9;  Cic.  Off.  8,  7  ;  Pro  Rose.  7  ;  Val.  Ma\.  6,  8  ;  Auson.  Epigr.  13  ; 
Claudiao.  In  Eulrop.  t.  344.  —  2  Gai.  I,  13;  Ulp.  /leg.  1,  II.  —  3  Cic.  Pro  Sext. 
Jlosc.  ia,  57;  Plin.  Pan.  35;  Senec.  De  ira.  3,  3.  fl;  Dig.  iî,  5,  13  (integrae 
frontis  homo).  V.  Mommsen,  Strafrecht,  p.  435,  note  2.-4  Suet.  Gai.  il  ;  Pont. 
VU.  Cyprian  7.  —  5Corf.  Theod.  9,  lo,  1.  —  6  C.  Th.  10,  Ji,  4;  Cod.  Just.  Il, 
lî,  10:  Vcgel.  1,  8  ;  2.  5.  —  7  Plut.  Per.  i'j  ;  Vilruv.  i,  S.  —  8  Ce.Ircnos,  p.  373 
(sur  des  Arménicas  par  Coostantin).  —  BuiuiucRAPuit  :  Godefroid,  Ad.  Cod.  Theod. 
9,  40,  i. 

STIIXATDRA.  <  Vila  Uadriaui,  10;  Vita  l'cscenn.  3;  Vita  Alex.  15. 
—  i  V.  Pesc.  I.  c:  V.  AIct.  I.  c.  —  3  Cod.  Theod.  VII,  4,  28,  29,  36;  Zosim. 
V,  46;  Waddington,  Insc.  de  Syrie,  1906  a.  —  4  Cod.  Theod.  Vil,  4,  28  =  Cod. 
Just.  Xll,  87,  12.  —  5  Ibid.  29,  36.  —  Bibliographie  :  Godefroid,  Commentaire 
du  Code  Théodosien  (VU,  4,  28). 

STILCS  1  Styttjs  est  certainement  une  mauvaise  orthographe  ;  «rrJlkQs  n'a  pas 
pu  donner  stilus  et  n'a  été  employé  avec  te  même  sens  qu'à  une  basse  époque 


STILLICIDIUM  [SERVITLS,  p.  1293J. 

SïILUS'. —  Style,    tige  droite,    rigide    et  pointue-. 

l°{^pï5Î;^  yoT.zitîov^,  graphium').  poinçon  à  écrire*^. 
C'était  une  tige  de  la  longueur  de  nos  porte-plumes,  en 
os',  en  ivoire  ou  en  métal,  très  finement  aiguisée  en 
pointe  à  son  extrémité  inférieure,  dont  on  se  servait 
pour  écrire  sur  du  plomb 
ou  sur  des  tablettes  en- 
duites    de    cire    (oéXro!, 

tabulae).  L'extrémité  su- 
périeure ,  ordinairement 
droite,  quelquefois  cou- 
dée (fig.  6634)  *,  était 
arrondie  ou  conique,  plus 
souvent  aplatie  en  forme 
de  palette  ou  de  racloir, 
afin  que  l'on  put  étaler  la 
cire,  lorsqu'on  voulait 
effacer  l'écriture,  d'où 
l'expression  «  vertere  sti- 
lum  »,  retourner  le  style, 

pour  dire  corriger".  L'usage  du  poinçon  et  des  tablettes 
était  aussi  commun  que  celui  du  calame  et  du  papyrus, 
et  même  certaines  personnes  le  préféraient,  notamment 
dans  les  écoles,  parce  qu'il  dispensait  de  recourir  à  l'en- 
crier "*.  Le  slilns  était  donc  un  objet  très  répandu,  qu'on 
portail  volontiers  sur  soi  avec  les  tablettes  (pugillares). 
Plusieurs  monuments  nous  en  oITrent  l'image,  par 
exemple  la  peinture 
des  catacombes  re- 
produite fig.  623,  une 
autre  (fig. 464)  au  Mu- 
sée Kircher,  etc.  "  ; 
on  remarquera 
la  forme  évasée  et 
plate  de  la  partie  su- 
périeure. La  fig.  6635 
représente  une  jeune 
femme,  dans  l'atti- 
tude de  la  médita- 
tion, qui  se  prépare 
à  écrire  sur  ses  ta- 
blettes, en  portant  à 

ses  lèvres  la  pointe  du  style '^  On  conçoit  qu'un  instru- 
ment si  acéré,  facilement  transportable  dans  un  pli  du 

comme  une  Iranscrcplion  hellénisée  du  mol  latin.  Stiius  doit  se  rattacher  à  la  même 
racine  que  stinf/uo  et  stimulus.  Bréal,  Dict.  étymol.  lat.  p.  367-368.  —  2  Pousse 
d'asperge,  Colum.  .\l,  3;  scion  d'olivier,  V,  tu.  —  3Plat.  Protag.  p.  326  c  ;  Arislot. 
Phys.  VII,  4,  4:  Anlhol.  Pat.  VI,  63,  65,  67,  66;  Athcn.  III,  106  c  ;  Schol. 
Aristoph.  «an.  1497.  —  4  Pollui,  IV,  18;  X.  59;  Athen.  Xll!,  p.  582  c;  Plut. 
Eumen.  1;  Sol.  an.  p.  968  E;  Mor.  p.  859  E,  868  c;  Schol.  Arisloph.  Vesp. 
848;  Eust.  Opusc.  p.  333,  47,  69;  p.  336,  66.  —  »0t.  .4>nor.  1,  11,  23;  ScneC. 
Clem.  I,  14;  Plin.  fl.  nat.  XVl,  73.  I  :  Suet.  Caes.  82;  Cal.  28;  Isid.  Orig.  VI, 
9,  I.  Graphiolum  :  Not.  Tir.  p.  124.  —  6  Plaul.  Bacch.  IV,  4,  63,  76  ;  Ov.  Met. 
IX,  522,  571;  Son.  Clem.  I,  14:  Mart.  XIV,  21;  Plin.  ff.  nat.  XXXIV,  139; 
Quinlil.  X,  4,  I  ;  Apul.  Met.  X;  Prudent.  Peristeph.  IX,  51  ;  Augustin.  De  ver. 
rel.  39  ;  Isid.  Orig.  VI,  9  ;  Sympli.  .ienigm.  1 .  —  "  Isid.  f.  c.  —  «  Au  musée  d'Évrem, 
Bonuin,  Anliq.  des  Eôuroriqucs,  III,  xxsvu,  6.  La  Dg.  66:i4  reproduit  aussi  un  style 
d'ivoire,  provenant  d'Érétrie,  en  Eubèe,  au  Musée  Britannique  :  Greek  and  rom. 
life,  a.  456,  lig.  1!'3;  el  un  slyle  trouvé  à  Home,  d'après  BoldeIti,  Osserv.  sopra 
i  cimeteri  di  flowd.  1720,  p.  512.  —  9  Cic.  Verr.  Il,  41,  loi  ;  Hor.  Sat.  1,  10, 
72;  Prudent,  Symph.  Augustin,  l.  c.  —  10  V.  uddcs,  p.  1362.  a.  eddcaiio,  p.  103 
et  106.  —  Il  Perret.  Calacomb.  de  fl.pl.  lsiui,  6  [c\u»>u;5,  fig.  995];  Mus.  Borbon. 
XIV,  31,  2  =  Pitt.  d'Ercol.  Il,  45,  p.  237;  Helbig,  Wandgem.  Campan.  n.  1721. 
Autres  :  Mus.  Borbon.  1,  12,  2  =  Helbig,  n.  1726;  Mus.  Borb.  XIV,  ta».  AB  = 
Helbig,  n.  1722.  —  ii  Mus.  Borbon.  XIV,  31,  1  =  Htibig,  n.  1422;  Mus. 
Borb.Vl,  lav.  xsxv  =  Helbig,  n.  1420.  Fresques  analogues  :  Helbig,  u.   1425    1426 


—  TabliUc5  et  slyle. 


STI 


iriii  — 


STl 


\l: 


vêtement,  pouvait  à  l'occasion  devenir  une  arme  dange- 
reuse et  tenir  lieu  de  poignard,  comme  nous  le  montrent 
certains  récits'. 

Nos  musées  possèdent  un  très  grand  noml)re  de  bâton- 
nets en  os,  en  fer  ou  en  bronze,  qui  peuvent 
passer  pour  des  styles  et  qu'on  a  classés  comme 
tels  -,  précisément  parce  que  la  forme,  la  plu- 
part du  temps,  devait  en  être  très  simple; 
mais  on  les  confond  trop  souvent  avec  des 
objets  similaires  qui  ont  pu  avoir  un  emploi 
tout  différent.  On  en  a  vu  plus  haut  plusieurs 
dont  l'emploi  est  clairement  déterminé.  Le  style 
représenté  dans  la  fig.  6636  a  été  trouvé  àOr- 
vieto  avec  d'autres  antiquités  étrusques;  il  est 
en  bronze  doré;  le  fût  est  orné,  en  haut,  de  la 
figure  d'un  écolier,  tenant  lui-même  un  style 
dans  la  main  droite  et  un  diptyque  sous  le  bras 
gauciie;ses  yeux  devaient  être  en  argent.  Le 
bouton  conique  qui  se  dresse  au-dessus  de  sa 
tête,  a  dû  servir  à  égaliser  la  cire-'.  Certains 
de  ces  objets  portent  des  inscriptions  qui  en 
déterminent  sûrement  l'usage  '.  On  appelait 
grapltiarium  ou  fjraphiuria  theca  un  étui, 
analogue  à  nos  plumiers,  dans  lequel  on  enfer- 
mail  les  styles  ;  les  écoliers,  les  copistes  et  les 
scribes  de  tout  ordre  en  avaient  souvent  sur 
eux  ■. 

2°  Cliausse-lrape  employée  autour  des  places 
de  guerre,  en  avant  du  retranchement,  pour 
arrêter  la  cavalerie  de  l'assiégeant;  il  y  en 
avait  de  deux  sortes  :  de  gros  pieux  aiguisés 
du  bout,  plantés  à  intervalles  réguliers  et 
dissimulés  sous  des  broussailles  [lUia]  ;  des 
bâtons  armés  de  pointes  de  fer,  complètement 
enfoncés  en  terre  [stimulus].  Le  mot  stilus  se 
rencontre  comme  un  synonyme  désignant 
soit  le  premier  de  ces  engins,  soit  le  second, 
mais  plutôt  le  second*^. 

3°  Aiguille  (aTct/siov)  d'un  cadran  solaire  ' 

[UOROLOGIUMJ. 

■i»  A    la    campagne    un  style  en    bois  ou   en  bronze 
pouvait    rendre   différents  services,  par    exemple  pour 


cf.  698.  [imago,  fig.  3975].  Nous  citerons  pour  les  Grecs  une  terre  cuite  .ircliaïque 
du  Louvre  {Pottier,  Diphilos,  pi.  vi.  no  154)  et  ([uelques  vases  peints  ;  El.  céram. 
1,77  [M1NF.BVA,  fig.  5047];  Arch.  Zeii.  XXXI,  pi.  [bducatio.  fig.  2598];  Gerhard, 
Arclt.  Zeit.  I,  pi.  u  ;  Ann.  Ist.  arch.  1809,  p.  0;  Hartwig,  ileislerseli.  p.  460. 
fig.  59,  etc.  —1  Suet,  ;.  e.  elClaud.  35;  Prudent.,  Augustin.  /.  c.  -  2  Attributions 
plus  ou  moins  certaines  :  Carapanos,  Ùo-lone,  pi.  lui,  9,10;  Montfaucon,  Ant.  ej:pt. 
111,  2,  pi.  cxcMi  ;  Grivaud  de  la  Vincelle,  Arts  et  met.  (les  anc  pi.  viii;  Oesnoyers, 
Calai  du  mus.  d'Orlmits.  p.  112,  n»'  22C-264  ;  p.  114,  n.  285-289  ;  Babelonet  blan- 
chet,  ftronz.ant.dela  BM.  nal.  p.  609, n.  1607  ;  S.Reinach,  Catal.dii  Mus.  deSainl- 
Germam  11892),  p.  86  et  97,  vitrines  27  et  5G  ;  Arch.  Zeit.  XXXVII  (1S79),  p.  104  ; 
Comarmond,  Antiqu.  de  hjon,  p.  321,  n.  409-419  ;  p  446,  n.  16,  18;  Fricdericlis, 
Klein.  Kimst.  im  Alterth.  p.  135,  n.  548-564;  Jahrh.  d.  Alt.  freunde  im  Rheinl. 
IX  (1846).  p.  33,  39;  LXXXVII  |(IS89),  p.  20;  Walters,  Cntal.  of  hronz.  British 
Mus.  2374  sq  ;  ;682  si|.  ;  Guide  lo  thc  exhib.  of  (jreek  and.  rom.  li/'e,  p.  180  ; 
Bull,  de  la  Soc.  des  Antii/.  de  France,  1858,  p.  97,  1K82,  p.  179;  Mon.  iX, 
p.  57  ;  Lindenschmidt,  Alterth.  uns.  heidn.  Vor:eit,  IV,  46,  23,  27,  28  (?)  ; 
Graevius,  Thés.  ant.  rom.  XII,  p.  961,  pi.  ix,  1.  —  3  Arch.  Zeit.  XXXV  (1877), 
pl.  XI,  n.  4=  Baumeislcr,  Ant.  Denkm.  p.  1585,  fig.  1G43.  Le  style,  comme  les 
tablettes  de  cire,  est  resté  en  usage  jusqu'au  xui"  et  au  xiv»  siècle  ;  Jahrb.  d.  Alt. 
freunde  im  Rheinl.  XLIV,  p.  133.  —  4  Par  exemple  {H)ego  scribo  sine  manu,  ou  : 
Dicta  felix,  felicior  scribe.  Corp.  inscr.  lat.  XIII,  10  027,  n.  228,  229,  233; 
10  028,  n.  3;  10  032,  n.  15.  Cf.  VIII,  22  657,  n.  3.  -  6  Mart.  XIV,  21;  Suet.  Cluud. 
33.  —  6  Hirt.  Bell.  o/V.  31  :  Sil.  liai.  X,  414.  Cf.  Caes.  Bell.  gall.  V,  18  ;  VII,  73  ; 
Bell.  civ.  I,  18.  Dans  ces  passages  il  n'est  pas  question  du  tribulus  (Veg.  III,  24), 
qu'on  jetait  à  la  main  sur  le  champ  de  bataille  au  moment  d'engager  l'action. 
—  ^  Martian.  Cap.  VI,  194.  —  «  Colum.  XI,  3,  53  ;  Pallad.  IV,  9.  Greffe  vient  de 
graphium.  —  S)  Pallad.  IV,  10. 


Fig.  6636.- 

Style  en 
bronze  dori'* 


greffer'  ou  pour  gratter  l'écorce  des  arbres  attaqués  par 
les  chenilles  et  les  insectes  nuisibles  '.        Georges  Lafaye. 

STI.VirLUS  ',  KÉvToov,  xevTocç.  —  Aiguillon,  instrument 
pointu  servant  à  piquer  les  esclaves,  les  bo'ufs,  les  ânes, 
les  mulets  et  les  chevaux.  Klvxo&v  serait  l'un  des  mots 
les  plus  anciens  de  la  langue  grecque  s'il  entre,  comme 
on  l'a  dit,  dans  la  composition  du  nom  des  Centaures'-; 
ï Iliade  l'emploie  déjà  comme  terme  générique  désignant 
même  le  fouet,  fiàiTi;^  [flagellum].  Plus  tard,  on  le  trouve 
avec  le  sens  d'éperon  '  [calcar].  D'où  cette  conclusion  que 
/cévToov  s'applique  moins  à  un  instrument  de  forme  déter- 
minée qu'à  toute  une  série  d'instruments  divers  armés 
d'un  aiguillon  '. 

L  —  Tige  rigide  servant  à  stimuler  les  chevaux  attelés '^ 
ou  montés ';  on  ne  doit  pas  la  confondre  avec  la  cravache 
des  cavaliers  (fig.  3079]  ou  avec  ces  baguettes  flexibles 
des  conducteurs  de  chars  figurées  sur  les  vases  du 
Dipylon  (fig.  2203).  Ordinairement  le  xévxpov  est  droit 
(fig.  2207,  2219)  ;  mais  on  trouve  sur  le  vase  Burgon  *  un 
spécimen  terminé  par  une  crosse  recourbée,  armée  de 
deux  pointes  (fig.  6637);  presque  toujours  cet  instrument 
est  assez  long  pour  atteindre  latête  du  cheval;  cependant 
on  voit  sur  une  stèle  de  Cyzique  '  un  spécimen  formé 


Fig.  6637.  —  Aiguillon  de  conduclou 


d'une  pointe,  peut-être  en  pierre,  s'emmanchant  à  angle 
droit  dans  une  courte  poignée  (fig.  6638). 

II. —  BotjxevTpov '",  pouxévrpiov",  ^ouTtlr^l'-,  fj.û(o']/ '^.  Les 
bouviers  ayant  l'habitude  de  placer  un  aiguillon  à  l'extré- 
mité de  leur  aiguillade,  axaiva,  les  Grecs  confondirent  les 


STIMCLUS.  1  D'après  MM.  Bréal  et  Bailly  (Dict.  étym.  lat.  1883,  p.  368)  stimulus 
serait  le  diminutif  d'un  vocable  perdu  dérivé  du  primitif  stinguo.  —  -  Ser- 
vius,  AdGeorg.  Ill,  115,  donne  pour  étymologie  «EvT£Tv-t-TaJpoç.  Cf.  Sch.ad  Pind. 
Pyth.  Il,  7S;  Beurlicr,  Mém.  des  Antiq.  de  Fr.  1887,  XLVIII,  p.  57  sq.;  Panofka 
[Ann.  de  l'Inst.corr.  V,  p.285)  a  proposèxevTelv-f-aùpoî,  lièvre.  —  3  (Juand  Ulomède 
perd  son  fouet,  ità.<rtl,  ses  chevaux  restent  sans  aiguillon,  «veu  aivTpoio  (XXVIII, 
387).  Les  Troyens  sont  qualifiés  de  «iviopi;  '.'i:!..-,  (/(.  V,  102).  Môme  confusion  appa- 
rente dans  Plant.  Menech.  V,  2,  12  et  Ovid.  Metam.  I,  127.  —  4  Cf.  Stimulare 
i^quos  calcaribus  dans  Val.  Maxim.,  Ht,  2,  9.  —  ^  Sur  les  grosses  et  très  anciennes 
monnaies  d'argent  des 'Offo"»"»  (O''"'''^  de  Mionnet,  III,  83  ;  cf.  V.  Duruy,  fi .  des 
/lom.n,  p.  34;  Babclon,  Traité  des  monn.  II,  p.  1059  sq.  pl.  xi.v,1059),  le  héros  con- 
duisant les  deux  taureaux  tient  dans  sa  droite  soit  deux  «  javelots  »  soit  un  fouet 
à  deux  lanières  termiuées  par  des  boules  ;  ces  prétendus  «  javelots  »  et  ce  fouet 
avaient  probablement  le  même  nom  de  xévtoov.  —  6  Voy.  les  conducleurs  sur 
les  monnaies  de  la  Sicile  :  Agrigente  {Cat.  P.  Dupré,  n.  101);  Camarine  (Cat. 
J.  Gréau,  n.  703)  ;  Hiéron  I"  (Ib.  n.  952);  Syracuse  (G.  Romans,  Sopra  aie. 
monete  scov.  in  Sicilia,  fig.  I  et  8);  Ros-Meikarth  (Ib.  fig.  2);  etc.  —  1  Dans 
une  course  hippique  représentée  sur  un  vase  (Gerhard,  Trinkschalen  u.  Gefâsse, 
XIV|,  le  second  cavalier  frappe  la  tète  de  son  cheval  avec  un  instrument  à  petite 
pointe  recourbée  à  angle  aigu,  alors  que  le  troisième  cavalier  tient  un  fouet  à  deux 
lanières.  —  B  Mon.  d.  Islit.  X,  pl.  XLVin  ;  Brit.  Mus.  Cat.  Il,  13ii.  —  »  Bull,  de 
corr.  hellén.  1894,  p.  493  ;  Bel',  des  et.  gr.  1910,  p.  189.  —  1»  Greg.  Naz.  I, 
p.  891  B;  Etym.  mug.  p.  43,  30  (î.aiva).  —  "  Suidas,  s.  v.  .ivif.ov.  —  l2Eus- 
tathe  explique  ce  mot  par  Poûxïvtçov.  —  13  Etym.  m.  p.  785,  le  donne  comme 
synonyme  de  poùxe.Tpov  pour  expliquer  uitiç^ïi;,  l'aiguillon  du  porcher.  Dans  l'Antho- 
logie, on  trouve  pour  l'aiguillon  du  laboureur  ;  (Anlipliil.,  VI,  95)  ^ouorpôsov ,  àxpoatSapov 
l»iu,(.  ;  (Philipp.,  VI,  104)  ,.-,tjo.  T'<in,<t9(..u,ii  ;  (Açathias,  VI,  41)  poirX,,tpov  i..,v.,. 


STI 


1512 


STI 


deux  mots  cl  les  employèrent  indifTéremmenldansle  sens 
de  poOxsvToov.  D'après  les  peintures  de  vases,  on  voit  qu'il 
y  avait  plusieurs  formes  d'aii;uillades  :  d'ordinaire,  c'est 


une  longue  gaule  droite  et  rigide  (llg.  430,  A3-2,  1943;  ; 
une  coupe  du  Louvre  représente  un  poûxEvrpov  dont 
rexlrémilé  est  recourbée  à  angle  droit  (fig.  433). 

Le  stimulus  '  du  bouvier  italien  est  une  longue 
gaule  rigide,  droite  et  de  même  forme  que  Vagolum  ou 
la  pertica.  avec  lesquels  on  le  confondrait  s'il  n'était 
armé  à  son  extrémité  d'un  petit  aiguillon  pointu. 
Stimulus  cuspidatus  rallo-  [ralum,  fig  436eto91G]. 
Les  laboureurs  y  mettaient  un  racloir  servant  à  net- 
loyer  le  soc  de  la  charrue. 

m.  —  Stimiila',  xévTpa.  Instruments  de  torture  em- 
ployés par  les  Perses*  elles  Grecs °;  ceux-ci  donnaient 
à  l'esclave  méritant   ce  supplice  le  nom  de   xévTpiov  % 
que  Piaule  traduit  par  les  périphrases  stimu- 
lorum   seffes\    stimulorum    locuhis^,   stimu- 
lorum  Iritor''. 

l'V.  —  Clou,  ï,).o!;,  ou  croc  de  fer,  hamus, 
implanté  dans  de  larges  planches  ou  des 
piquets  que  l'on  dissimulait  en  terre  à  de 
petites  distances  les  uns  des  autres  pour  pro- 
léger les  retranchements.  Ces  chansse-trapes, 
simple  modification  d'un  vieil  engin  asiatique 
employé  contre  les  éléphants  de  guerre  ">, 
furent  inventées  par  Damis  au  siège  de  Méga- 
lopolis"  (318  av.  J.-C);  Jules  César  s'en  ser- 
vit devant  Alesia  '-.  On  a  retrouvé  à  Alise- 
Sainle-Reine  six  de  ces  stimuli^^  (fig.  6639). 

SORLIN   DoRIGNY. 

STIPEXblU.M.  —  Le  mol  stipendium  se  rencontre 
dans  deux  sens  difTérenls.  Il  sert  à  désigner:  1°  la  solde 
attribuée  aux  troupes  ;  2°  une  sorte  d'impôt  direct. 

I.  — Solde.  —  L'élablissemenld'unesolde  pourl'armée 
romaine  ne  date,  dil-on,  que  du  siège  de  Véies  '.  Aupa- 
ravant on  payait  seulement  aux  cavaliers  I'aes  eol'Estre 
ell'AES  noRDEARiCM,  destinés  à  l'achat  et  à  la  nourriture 
de  leurs  chevaux  de  guerre;  pour  l'infanterie,  on  s'en 

I  Ovid.  iletam.  XIV,  647  ;  Tibul.  I,  I,  10;  Colum.  H,  i.  J6.  —2  Plin.  ff.  nat. 
XVUI,  49,  4.  —  3  Plaul.  Mo,l.   54:  Cic.  Pkil.   11,  3V.   -   »  Horod.    111.  130. 

—  5  Xcnoph.    Uell.    III,    3,  Il      cf.    n.AGr.i.njM,  p.    1155.  _  3  Soph.  fr.  309. 

—  1  Aulul.   45.    —    8  Cas.  4i7.    —   9  Pera.   784.    —    10  Diod.    Sic.    XIX,   84. 

—  Il  Ici.  XVllI,  71.  —  12  Caes.  B.  Gall.  VU,  73  el  82.  Cf.  V.  Duruy,  Hhl.  des 
Uom.  1S81,  III,  p.  213,  qui  donne  une  vue  de  la  restitution  que  M.  Al.  Bertrand 
avait  placée  au  mus^'e  de  Sl-tiermain.  —  n  Napoli-on  111  {Hist,  de  J.  César^ 
1860,  II,  p.  304  et  fig.  7,  pi.  x«vn)  en  décrit  cinq;  un  si^iiùnie  exemplaire  a  été 
découvert  l'an  dernier  par  M.  Espéramlieu. 

STIPEMDIDM.  i|.iv.  IV,  5'J,  V.  4;  Florus,  I,  12;  Diod.    XIV,  10;  Lydus,  De 


Fig.    Co:!9. 

Cliaussc- 

trapc. 


remettait  aux  tribus  qui  devaient  trouver  l'argent 
nécessaire  à  son  entretien-.  Les  choses  changèrent  en 
348=:  406.  Le  trésor  public  dut  désormais  fournir  aux 
militaires  une  indemnité,  semestrielle,  si  le  service  au- 
quel on  était  appelé  durait  moins  de  six  mois  ;  annuelle, 
s'il  dépassait  celle  mesure'.  Decelle  indemnitéon  dédui- 
sait les  fournitures  faites  par  l'Étal  pour  l'habillement, 
les  armes  et  les  vivres  ''.  Le  taux  ne  nous  en  a  été  con- 
servé par  aucun  auteur  avant  l'époque  des  guerres  puni- 
ques. 11  faut  arriver  à  Polybepour  obtenir  un  renseigne- 
ment précis  sur  la  question  \ 

De  son  temps,  le  légionnaire  touchait  par  jour  deux 
oboles,  le  centurion  quatre  oboles,  le  cavalier  une  dra- 
chme. La  valeur  de  ces  «  deux  oboles  »  a  donné  lieu  à 
plus  d'une  interprétation  qu'il  n'est  pas  possible  de  rap- 
peler ici  L'opinion  reçue  généralement,  qui  est  celle  de 
Le  Beau",  de  IluUsch  ',  de  Marquardl*,  est  que  ces  deux 
oboles  équivalaient  à  3  as  1/3.  «  Les  deux  oboles,  dit  Le 
Beau,  équivalent  le  1/3  de  la  drachme  et  par  conséquent 
du  denier  romain,  toujours  regardé  comme  équivalent 
de  la  drachme.  Je  puis  donc  supposer  avec  vraisemblance 
que  la  paye  du  soldat  fait  toujours  le  1/3  du  denier. 
Avant  la  deuxième  guerre  punique,  le  denier  contenait 
10  as  ;  la  paye  journalière  était  donc  alors  de  3  as  l/'3  ». 
Ce  qui  porte  la  solde  annuelle,  pour  360  jours,  à  120  as 
ou  120  deniers.  Le  centurion,  par  suite,  aurait  touché 
240  deniers,  et  le  cavalier  360  deniers. 

M.  Babelon  s'est  élevé  contre  celte  évaluation,  beau- 
coup trop  faible,  à  son  gré.  i<  Polybe,  a-l-il  écrit  ',  se  sert, 
comme  tout  le  monde,  de  l'as  libral  comme  monnaie  de 
compte,  et  le  terme  d'obole  signifie  dans  ce  passage  as 
libral  de  327  grammes.  Dès  lors,  nous  aurons  le  tableau 
suivant  pour  la  solde  des  soldats  romains.  Fantassin  : 
2  oboles  ou  2  as  libraux,  soit  634  grammes  ou  24  as  on- 
ciaux.  Centurion  :  4  oboles  ou  4  as  libraux,  soit  1308  gram- 
mes ou  48  as  onciaux.  Cavalier  :  une  drachme  valant 
6  as  libraux  (puisque  la  drachme  a  6  oboles),  soit 
1962  grammes  ou  73  as  onciaux  environ.  Ces  sommes, 
traduites  en  argent  romain  du  temps  de  Polybe'",  c'est- 
à-dire  dans  le  système  oneial,  nous  donnent  :  Fan- 
tassin :  2  deniers  et  4  as  onciaux  par  jour.  Centurion  : 
4  deniers  et  8  as  onciaux.  Cavalier  :  7  deniers  et  3  as  on- 
ciaux ».  Mais,  ainsi  qu'il  a  été  dit,  celte  indemnité,  quelle 
que  fût  la  valeur  des  2  oboles  de  Polybe,  n'était  pas  ver- 
sée inlégralemenl  aux  hommes,  puisque  le  soldai  devait 
payerlà-dessus  sa  nourriture,  son  entrelien  elson  équipe- 
ment. Aussi  la  solde  elTeclive  était-elle  très  inférieure  à 
lasomme  énoncée  par  Polybe.  M.  von  Domaszewski,  dans 
un  article  important  ",  sur  lequel  nous  nous  appuierons 
dans  la  suite,  l'évalue  à  73  deniers  seulement  par  an'-. 

César,  le  premier,  apporta  à  cet  étal  de  choses  des 
modifications.  Suétone  nous  apprend  qu'il  doubla  la 
solde  des  légionnaires  "  ;  c'est-à-dire,  qu'il  ajouta  un 
second  stipendium  à  celui  qui  existait  déjà;  la  solde 
entière  d'un  légionnaire  se  composa  donc  désormais  de 


mny.  I,  45.  —  2  Momnisen,  Die  rôm.  Tribus,  p.  31.  —  3  Varr.  d'après  .Nonius, 
p.  532  ;  Liv.  XXIV,  H;  XL,  41,  XLII,  34;  Diod.  XIV,  16;  Dionys.  VIII,  68,  IX,  36, 
9;   Polyb.    VI,   19.  Cf.  Langcn.   Uelier  die  H eeresverpflegung  der  Rimer,  p.  9. 

—  i  Polyl..  VI,  39.   —  5/6irf.  _    6  Mdn.  de  lAcad.  des  Inscr.   XLI,   p.    185. 

—  1  Métrologie,  p.  252  sq.  —  *  Organis.  financière,  p.  118.  —  9  C.  rendus  de 
l'Acad.  des  /iiscr.  1900,  p.  468.  —  10  A^ue  Heidelberger  Jahrbùclier,  X, 
p.  218  Sf|.  —  1'  La  proportion  du  triple  pour  la  solde  entre  la  cavalerie  et 
rinfautcrie  subsisla,  tant  que  la  cavalerie  fit  partie  de  la  légion.  Cf.  Le  Beau, 
/.  cit.  p.  195.  —  I'.!  L.  c.  p.  219.  —  13  Suet.  Caes.  26  :  leijionibus  stipendium 
in   perpetnum    duplicarit. 


STI 


lois  — 


STI 


deux  stipendia  de  l'époque  républicaine,  soil  75x2  ou 
150  deniers  par  an'. 

Auguste,  à  la  suite  des  guerres  malheureuses  qui  mar- 
quèrent la  dernière  partie  de  son  règne,  crut  devoir 
améliorer  le  sort  des  troupes;  il  ajouta  un  troisième  sli- 
penilium  aux  deux  qui  étaient  payés  depuis  César-  :  la 
solde  annuelle  fut  de  225  deniers  ou  3000  as,  soit  dix  as 
par  jour;  somme  nettement  indiquée  par  Tacite  comme 
établie  à  ravènement  de  Tibère  ^ 

Les  clioses  restèrent  en  cet  étal  pendant  plus  d'un 
demi-siècle.  Leslégionnairescontinuèrenl  à  loucher  trois 
fois  par  an  75  deniers,  tous  les  quatre  mois  ;  c'est  la 
pratique  qui  était  appliquée  pour  l'armée  d'Egypte  en 
81  ap.  J.-C,  d'après  un  papyrus  latin  '■  :  il  y  est  dit  qu'un 
légionnaire  reçoit,  en  l'année  troisième  du  règne 
de  Domitien,  «  stipendium  I,  slipendium  II,  slipen- 
diiun  III  ». 

Deux  ans  après,  un  nouveau  ciiangement  se  produisait. 
En  83,  à  la  suite  de  l'expédition  heureuse  qu'il  lit  contre 
les  Châties,  voulant  s'assurer  la  fidélité  des  troupes, 
l'Empereur  augmentait  encore  d'un  slipnedium  la  solde 
des  légionnaires  «  addidit  et  quarlum  slipendium 
militi'  »,  si  bien  que,  désormais,  chacun  d'eux  lou- 
cha 100  deniers  tous  les  quatre  mois,  soit  300  deniers 
par  an. 

L'accord  constant  qui  se  remarque  entre  la  somme  des 
stipendia  et  les  taux  desdiflerenles  gralilications  accor- 
dées par  les  empereurs  aux  troupes  dans  les  circons- 
tances solennelles  [donativa]  a  permis  à  M.  von  Doinas- 
zewski  de  suivre  jusqu'au  règne  de  Caracalla  l'histoire 
des  variations  de  la  solde.  D'après  lui,  la  réglementation 
de  Domilien  demeura  en  vigueur  pendant  un  siècle 
environ.  .\u  bout  de  ce  temps,  l'empereur  Commode, 
poussé  par  les  circonstances,  surtout  par  la  nécessité 
de  satisfaire  aux  ap|)élits  toujours  croissants  des 
prétoriens,  dul  élever  la  solde  de  ces  soldats  d'élite. 
La  solde  des  légionnaires  s'accrut  dans  les  mêmes 
proportions  ;  un  cinquième  stipendium  vint  s'ajouter 
aux  autres,  et  le  total  annuel  fut  porté  de  300  à  375 
deniers  ^. 

Nouvelle  au  gmenlation  sous  Septime  Sévère.  A 
l'exemple  de  ce  qu'avait  fait  Domilien,  ce  prince  ajouta 
à  chaque  stipendium  établi  avant  lui  un  aureus,  c'est-à- 
dire  25  deniers,  ce  qui  donne  pour  les  cinq  stipen- 
dia 125  deniers  de  plus  ;  en  toul  5(tO  deniers  ou 
2000  sesterces''.  Ce  sont  les  «  larrjissima  stipendia  », 
dont  font  mention  les  inscriptions  légionnaires  de 
l'époque*. 

Enlin  Caracalla,  voulant  faire  oublier  aux  troupes  le 
meurtre  de  Géta,  leur  accorda  un  supplément  de  solde 
égal  à  la  moitié  de  ce  qu'elle  était  antérieurement.  Dès 
lors,  les  légionnaires  reçurent  annuellement  750  deniers, 
ce  qui  esl  précisément,  comme  on  le  verra  et  comme  l'a 


1  Von  Uoinaszewski,  /.  c.  p.  iîïO.  —  3  lad.  p.  ^11  sq.  D'autres  rappor- 
tent la  mesure  à  César,  f{\i\,  au  lieu  d'un  stipendium  de  liiUU  as  anciens, 
aurait  payé  3  stipendia  en  as  nouveaux,  c'est-à-dire  une  solde  de  3ti00  as.  Cf. 
Marquardt,  op.  cit.  p.  119  avec  les  notes.  —  ^  Tac.  Ann.  I,  17;  dents  in  diem 
assihus  animam  et  corpus  aestimari.  —  4  l'apyrus  de  Genève  ;  J.  Nicole  et 
Cil.  i\oTc\^  Archives  militaires  du  i"  siècle,  I,  col.  a;  cf.  Journ.  des  Savants, 
l'JOO,  p.  378  srj.  ;  C.-rendus  de  l'Acad.  des  Inscr.  190n,  p.  4U;  Klio,  1903, 
p.  '-).  I.e  môme  document  nous  apprend  fine  pour  le  paiement  des  sommes  régle- 
mentaires OQ  tenait  compte  de  la  valeur  variable  de  l'argent  dans  chaque  province; 
cf.  Mommscn,  Hermès,  XX.VV,  p.  4W  ;  von  l'renicrstein,  Klio,  toc.  cit.  p.  SI. 
—  3  Sucl.  JJomit.  7;  Zonaras,  XI,  10;  cf.  lisell,  h'ssai  sur  le  reijne  de 
Domitien,   p.   15G.  —  6  Von  Domaszewski, /oc.  ci^  p.  -30.  —  "t   Vita  Severi,  y; 

VIII. 


fait  remarquer  M.  von  Domaszewski,  le  taux  delà  solde 
des  prétoriens  sous  Auguste  ^ 

Pour  les  auxiliaires  on  ne  peut  pas  arriver  à  un  résul- 
tat sérieux.  A  l'époque  républicaine,  onsail  que  les  .vocîî 
n'avaient  droit  à  aucun  stipendium,  mais  ils  recevaient 
gratuitement,  durant  toute  la  campagne,  les  fournitures 
de  toute  sorte  qui  étaient,  pour  les  légionnaires,  dé- 
duites de  leur  solde  théorique  '". 

A  l'époque  impériale  il  n'est  question  de  solde  qu'une 
seule  fois  dans  les  auteurs,  à  propos  de  troupes  auxiliaires, 
lescoitortes  Balaves.  Tacite  nous  apprend  qu'elles  récla- 
maient un  duplex  stipendium  ".  De  ce  passage  M.  von 
Domaszewski  conclut  que  les  iiommes  étaient  payés 
comme  tous  les  soldats  de  l'époque  républicaine,  73  de- 
niers par  an  ;  ce  qui  est  loin  d'être  évident.  On  peut,  au 
contraire,  établir  avec  quelque  probabilité  le  taux  du  sti- 
pendium ou  plutôt  des  5<«/>enf/«a  successifs  attribués  aux 
troupes  de  Rome,  prétoriens  ou  soldats  des  cohortes  urbai- 
nes. D'un  passage  de  Tacite  on  peut  déduire  que  les  pré- 
toriens recevaient,  au  début  du  règne  de  Tibère,  deux  de- 
niers par  tête  et  par  jour ''^  ;  c'est-à-dire  2  X  363  =  730  de- 
niers par  an,  s'il  faut  prendre  le  chifl're  de  Tacite  à  la 
lettre,  ou  si,  comme  le  veul  M.  Domaszewski,  l'historien 
n'a  mentionné  qu'un  chiffre  rond,  750  deniers'^.  S'ap- 
puyant  sur  cette  donnée,  confirmée  à  ses  yeux  par 
d'autres  témoignages  annexes,  ce  savant  esl  arrivé  aux 
conclusions  suivantes  :  Époque  ré|iublicaine,  solde 
annuelle  de  125  deniers,  pour  la  coiiors  praetoria  du 
général''*.  César  double  la  solde  des  légions;  la  même 
mesure  doit  s'étendre  à  la  cohors  praetoria  ;  le  stipen- 
dium est  porté  à  2.50  deniers  par  tête"'.  Sous  Auguste, 
cette  somme  est  élevée  successivement  à  300  deniers'" 
et,  à  la  tin  du  règne,  à  750  deniers  (3  stipendia).  Le 
quatrième  stipendium,  ajouté  par  Domitien,  nous 
conduit,  pour  son  époque,  au  total  de  1000  deniers '\ 
Pour  le  iV  et  le  m''  siècle,  la  progression  de  la  solde 
des  prétoriens  ayant  été  constamment  parallèle  à  celle 
des  légionnaires,  comme  le  prouvent  tous  les  textes  rela- 
tifs aux  libéralités  impériales  envers  l'armée,  nous  ad- 
mettrons que  Commode  ajouta  aux  1000  deniers  un  nou- 
veau sa'/je/u/<uwi,  soit  1250  deniers";  Septime  Sévère 
18  aurei  ou  450  deniers,  soit  1700  deniers";  et  enfin 
Caracalla  un  dernier  supplément  qui  porta  la  solde 
annuelle  des  prétoriens  à  2  500  deniers'". 

Le  sort  des  soldats  des  cohortes  urbaines,  toujours 
d'après  M.  von  Domaszewski,  se  serait  pareillement  amé- 
lioré peu  à  peu.  Au  temps  d'Auguste  elles  auraient  reçu, 
par  tête  d'homme,  d'abord  250,  puis  375  deniers^'; 
500  deniers  après  Domitien-^;  b23  après  Commode; 
850  sous  Septime  Sévère,  et  1250  sous  Caracalla -^ 

Les  différentes  soldes  successives  des  simples  soldats 
jusqu'à  Dioclétien  pourraient  donc  se  résumer  dans  le 
tableau  suivant,   qui  reproduit  à  peu   près  celui  qu'a 


qui  etiam  [ljtna]sestertiii  qwid  nemo  unquain  principum  militibus  dédit.  La  corrcc 
lion  bina  est  de  Jl.  Domaszewski,  loc.  cit.  p.  331  —  8  Corp.  ins.  lat.  Vlll,  2353, 
2304  ;  .4nn.  épifir.  1S98,  108  ;  1809,  00,  etc.  —  9  Loc.  cit.  p.  iiô  sq.  —  m  l'olyb. 
VI,  39.  —  "1  Tac.  Oist.  IV,  9.  —  12  Tac.  Ann.  \,  17  :  praetorias  cohortes  quae 
binos  denarios  acceperint.  —  '3  Loc.  cit.  p.  i-.;0.  —  1*  Le  texte  de  Kcstus  (£>!/. 
p.  i23  M)  où  il  est  dit  r(uc  Scipion  emmena  au  siège  de  Numance  une  cohors 
praetoria  et  qu'il  donna  ii  cliarjne  homme  scxquiplex  stipendium  nous  amène  au 
chiffre  de  180  deniers  annuellement,  dont  il  faut  déduire  les  fournitures  en  nature, 
comme  pour  la  légion.  —  15  Tac .  Ann.  I,  8;  Sucl.  Aug.  100;  Dio.  LVI,  32; 
LIX,  i.  —  IC  Von  Domaszewski,  p.  221,  avec  référence  à  Dion.  (LUI,  11), 
corrigé.  —  "  Ib.  p.  220.  —  1»  Ib.  p.  230.  —  '9  llj.  p.  230.  —20  /4, 
p.    333.    —   -il   Ib.    p.   220.    Cf.    Dio,    I.IX    .2.    —    22  Ib.   p.  2  S.  —    23  Ib.    23«. 

190 


STI  —   loli  — 

dressé  M.  von  Domaszcwski  à  la  suite  de  son  article  : 


STI 


Légions 

Prétoriens 

Cohortes  urbaines 

République 

75  deniers 

li'a 

■• 

César 

150 

l'bO 

■■ 

Auguste 

225 

Mi) 
750 

250 
275 

Doiuitien 

300 

lUOO 

500 

Coin  m  ode 

375 

1250 

625 

Sévère 

500 

1700 

850 

Caracalla 

750 

2o00 

1250 

La  solde  des  centurions  légionnaires  était  naturelle- 
ment beaucoup  plus  élevée  que  celle  de  leurs  hommes. 
Au  temps  de  Polybe,  ils  recevaient  une  somme  d'argent 
double  des  simples  légionnaires';  mais  l'importance  de 
ces  officiers  ne  tarda  pas  à  augmenter  dans  des  propor- 
tions considérables,  si  bien  qu'au  temps  de  la  guerre 
civile,  d'après  Appien-,  ils  toucliaienl  non  plus  deux 
fois,  mais  cinq  fois  plus  que  les  simples  soldats.  Plus 
tard,  la  solde  s'accrut  encore.  M.  von  Domaszewski  ^  se 
basant  sur  le  texte  d'Appien  d'une  part,  de  l'autre  sur 
une  inscription  du  début  du  m'  siècle*,  admet  que  le 
mipenfiiiiin  (quartier  de  solde)  pour  les  centurions,  au 
début  de  l'Empire,  est  de  1-250  deniers,  c'est-à-dire  cinq 
fois  la  rémunération  d'un  prétorien.  Dès  lors,  il  suffit  de 
se  reporter  aux  différentes  variations  de  la  solde  des  pré- 
toriens sous  l'Empire  pour  avoir  celle  des  centurions. 
Au  temps  d'Auguste,  ils  auraient  reçu  5  X  500  deniers 
=  2500  deniers,  s'ils  n'appartenaient  pas  aux  primi  ordi- 
nes,  ôOOO  deniers  dans  le  cas  contraire  ;  5  000  deniers  ou 
10000  après  Domilien;  6250  ou  12500  après  Commode. 
Septime  Sévère  n'aurait  point  amélioré  ces  derniers  trai- 
tements, puisque  ce  sont  précisément  là  les  deux  sommes 
qui  figurent  sur  l'inscription  à  laquelle  il  a  été  fait 
allusion  quelques  lignes  plus  haut  et  qui  date  de  Cara- 
calla \  La  solde  des  prhnipUi  parait  avoir  été,  ainsi 
qu'il  est  logique,  du  double  de  celle  des  primi  ordines, 
c'est-à-dire  de  10000  deniers  ^ 

Quant  aux  sous-officiers  et  aux  officiers  supérieurs 
(principales),  leur  solde  peut  se  calculer  d'après  la 
hiérarchie  qui  existait  entre  eux  :  c'est  encore  M.  von 
Domaszewski  qui  a  posé  à  cet  égard  les  règles  essentielles. 
Il  a  montré  que,  dans  les  collèges  militaires,  la  somme 
payée  sous  le  nom  d'anu/ariuw  aux  vétérans  qui  les  quit- 
taient était  en  corrélation  étroite  avec  la  solde  qui  leur 
était  attribuée  lorsqu'ils  en  faisaient  partie  et  pouvait 
servir  à  la  déterminer'.  Ainsi  les  immunes  de  rang 
subalterne  [corniceji,  tubicen)  recevaientla  même  somme 
que  les  simples  soldats  (.500  deniers  au  temps  de  Seplime 
Sévère).  Les  sous-officiers  et  les  immunes  qui  leur  étaient 
assimilés  [librarii,  exacti,  immunes  attachés  à  Voffi- 
cium  du  général  en  chef,  du  légat  légionnaire,  du  préfet 
de  la  ville),  étaient  payés  une  fois  et  demie  plus  cher 

<  Polyb.  VI.  39.  -  2  Uel.  ci,:  IV.  10».  _  3  /,„  lUngordnu.iy  de,  rom. 
aeeres.p.  I  M.  -  t  Corp.  inscr.  lui.  III,  1U16.  N„us  „..  ponvous  pas  entrer  ici  dans 
ia.liscuBsiondtfdéUiil.  -  5  Von  Uomaszcuski,  Wc /M;i,or(/n„,ij,  p.  m.  —  i  là. 
p.  IW.  -  -  ///.  p.  71.  —  »  Vegcl.  Il,  7;  cf.  von  Uoraasienski,  /oc.  cit.  p.  57 
-  '  74.  p.  7i.  -  .0  U.  p.  nu  el  I  H.  -  Il  C.  i.  t.  XIII,  3102.  _  12  Les  chiffres 


(soit  750  ou  800  deniers).  Les  bénéficiaires  avaient  double 
solde  (1000  deniers)  ;  el  les  officiers  en  passe  d'arriver 
au  centurionat  (cornicularius,  optio,  aquilifer),  triple 
solde  (1500  deniers).  C'est  aussi  le  taux  de  la  solde  attri- 
buée au  décurion  d'une  aile  de  cavalerie,  au  centurion 
et  au  décurion  d'une  cohorte  auxiliaire  qui,  eux  aussi, 
peuvent  arriver  de  là  au  grade  de  centurion,  tandis  que 
le  duplicarius  co/iorlis  était  payé  deux  fois  comme  un 
légionnaire  et  le  sesrjuiplicarius  «/oe  une  fois  et  demie*. 

Même  gradation  entre  les  ditVérentes  charges  des 
principales  parmi  les  prétoriens,  en  tenant  compte 
de  la  situation  privilégiée  faite  à  la  garde  impériale  :  au 
temps  d'Auguste,  les  sous-officiers  recevaient  1125  de- 
niers, les  bénéficiaires,  1500  deniers,  et  les  officiers 
voisins  en  dignité  des  centurions,  2250  deniers'. 

Pour  les  officiers  stipérieurs  au  grade  de  centurion, 
et  dont  lesfonclionsrenlrenldans  lacatégorie  des  milices 
équestres,  il  suffira  de  transcrire  avec  quelques  petites 
modifications  le  tableau  récapitulatif  que  M.  von  Do- 
maszewski a  dressé  de  leurs  émoluments'".  Il  l'a  établi 
en  considérant  d'une  part  la  hiérarchie  de  ces  différents 
grades  et,  de  l'autre,  leur  place  dans  la  carrière  équestre 
avant  ou  après  des  procuratèles  dont  les  appointements 
sont   connus  [sexoijenariae,  centenariae,  ducenariae). 


Tribunus  Icg.  seiuestris 

25  000                          sesterces". 

Tribunus  leg.  angusticlavius 

50  000                                              — 

l'raeleclus  caslrorum 

sous  Auguste 60  000               — 
suus  Domilien  80  000           — 
sous  Commode  100  000         — 

Praelectus  coliortis 

plus  de  25  000(40000?) '■■'            — 

l'raelectus  alae 

entre  50  000  el  60  000.                — 

Tribunus  laticlavius 

entre 6U 000  et  lUO  000(80  000?) — 

Tribunus  vigilum 

Id. 

Tribunus  cohortis  urbanae 

100  000  environ.                         — 

Tribunus  cohortis  praetoriae 

entre  100  000  et  150000(1 20  000?)— 

Prinius  pilus  iteruiu 

Id. 

.\ous  n'avons  que  peu  de  renseignements  sur  la  solde 
de  l'armée  après  les  réformes  de  Dioclélien.  Les  auteurs 
n'en  parlent  presque  pas;  et  dans  le  Code  Théodosien '^ 
qui  a  consacré  un  livre  entier  à  l'organisation  militaire, 
il  n'est  point  question  de  slipendium,  mais  seulement 
de  commoda,  c'est-à-dire  des  fournitures  en  nature 
faites  aux  troupes,  pain,  vin,  viande,  huile,  vêtements, 
armes  ;  il  n'y  est  fait  mention  d'argent  que  dans  les  cas 
oi^i  cet  argent  est  destiné  à  remplacer  des  fournitures  en 
nature,  de  même  valeur".  C'est  que,  à  cette  époque, 
en  dehors  desdites  fournitures  et  de  cadeaux  extraor- 
dinaires, il  n'existait  plus  de  solde  pour  les  troupes'". 
Le  mot  stipendium,  lorsqu'il  se  rencontre  au  w'  siècle, 
désigne  ce  qu'on  appelait  antérieurement  un  rfo7ia/ù'(/ /H  ". 

Tant  que  les  tribus  durent  verser  elles-mêmes 
l'argent  nécessaire  à  l'entretien  des  légionnaires,  c'est 


entre  pareullièscs  sont  ceux  (|u'a  liuet  M.   von   Domaszewski  dans   son  tableau. 

—  M  Sur  le  sens  du  mol  cf.  Godefroid,  C'O't.  Theod.  IV,  p.  3t»i,  à  propos  de  la  loi, 
VU,  l.  10.  —  li  l'ar  ei.  Cad.  Tlieod.  Vil,  li.  +.  —  i;  Cf.  0.  Seeck,  Gesch.  de» 
UtUergangs  der  antiken    Well,  II,   p.  iî4  et  339;  Miiller,  Philol.  1905,  p.  623. 

—  16  Par  «.  Amm.  Marc.  XVII,  9,  0  •  XXIX,  3,  37;  XXXI,  II,  I. 


STI 


i3i; 


STI 


naturellement  aux  tribuni  aeraril  qu'il  appartenait  de 
payer  la  solde.  Quand  l'État  eut  pris  la  dépense  à  sa 
charge,  ce  soin  revint  aux  questeurs'.  Plus  tard,  sous 
l'Empire,  où  l'armée  dépendait  directement  et  unique- 
ment du  prince,  les  questeurs  furent  remplacés  par  les 
procurateurs  provinciaux-. 

Il  n'y  eut  point,  au  commencement,  de  terme  fixe  pour 
l'opération.  On  payait  aux  légionnaires  l'argent  qui  leur 
était  dû,  soit  tout  à  fait  à  la  lin  de  la  campagne,  soit  seu- 
lement lorsqu'on  avait  récupéré  sur  l'ennemi  l'argent 
suffisant  pour  couvrir  les  frais  de  l'expédilion'*.  Aux 
derniers  temps  de  la  Uépublique,  probablement  sous 
César*,  on  établit  que  les  militaires  loucheraient  leur 
solde  trois  fois  par  an,  tous  les  quatre  mois  :  le  1"  jan. 
vier,  le  l*'  mai  et  le  l'"''  septembre.  La  règle  subsista 
même  après  que  Domitien  eut  augmenté  d'un  quart  le 
taux  de  la  solde  :  les  dates  de  paiement  ne  furent  point 
modifiées;  la  quotité  de  la  somme  touchée  chaque  fois 
fut  seulement  élevée  d'un  douzième". 

II.  —  Impôt.  —  Le  premier  soin  d'un  vainqueur,  à  la 
suited'une  guerre  heureuse,  est  de  prélever  sur  le  vaincu 
une  contribution  pécuniaire,  qui  le  couvre  amplement 
des  frais  de  l'expédition.  Les  Romains  oni  naturellement 
appliqué  ce  principe^:  ils  condamnaient  les  peuples 
soumis  à  supporter  les  dépenses  qu'ils  avaient  faites 
pour  les  soumettre  :  ceux-ci  devaient  même,  pendant  la 
trêve  qui  précédait  la  paix,  payer  la  solde  des  troupes 
victorieuses  '.  D'où  le  nom  de  stipendium  donné  à  la 
contribution  de  guerre,  puisque  cette  prestation  est  véri- 
tablement vicloriae  praemium  ac  puena  bclti  *.  Le 
terme,  une  fois  passé  dans  l'usage,  servit  à  désigner  les 
taxes  imposées  aux  provinciaux,  dont  le  pays  était  réuni 
au  domaine  du  peuple  romain,  comme  signe  de  sa  pro- 
priété sur  ce  nouveau  territoire,  même  lorsqu'elles 
étaient  employées  à  un  tout  autre  usage  que  l'entretien 
des  troupes.  Il  devint  synonyme  d'impôt  provincial.  La 
différence  entre  les  deux  mots  qui  caractérisent  l'impôt 
direct,  stipendium  et  tribuliim,  n'étant  pas  toujours 
nettement  observée  par  les  auteurs,  surtout  à  l'époque 
impériale  où  ils  arrivèrent  à  se  confondre  presque  com- 
plètement', il  est  très  difficile  de  séparer  l'étude  du 
stipendium  de  celle  du  tributum.  Nous  reviendrons 
donc,  à  propos  de  ce  dernier  terme,  sur  cette  matière 
délicate  et  nous  donnerons  alors  sur  le  stipendium, 
impôt,  les  détails  que  comporte  le  sujet.         R.  Cagxat. 

STIPS.  —  L'origine  et  l'étymologie  du  mot  paraissent 
avoir  été  inconnues  des  anciens.  Varron  le  dérive,  non 
sans  hésitation,  du  grec  ctoi?/,  :  slips  ab  gto  t  ê/,  fartasse 
graeco  verbo.  Il  le  rapproche  également  du  xerhe  stipare: 
a  stipando  stipem  dicere  coeperunl' .  Festus  exprime 
la  même  opinion:  stipem  dicebant pecuniam  si(/natam, 
i/dod stiparelui'-.  llesl  peu  vraisemblable  que  slips  soit, 
dans  la  formation  verbale,  postérieur  à  stipare:  le  con- 

1    l'olyb.    IV,  3!1;    Uic.    Verr.   I,  15,    40;  Pro    Flacco,    44;    Tac.    Ann.  XI.  2i. 

—  2  Slrali.  III,  te:  ;  Dio.  LUI.  15.    —  :  Liv.   V,  3i;   VIII.   i,  iH;  IX,  41  ;    X.  46. 

—  *  Marquardt,  Or^oïi/i.  financière,  p.  119;  MommseD,  Epli.  epigr.  VII,  p.  4^0  ; 
cf.  le  papyrus  de  Genève  de  l'année  81  (v.  p.  1313,  note  4).  —  ■'■  Eph.  epigr. 
VIII,  p.  4j8  (document  qui  dale  de  l'année  156).  —  6  Cf.  à  ce  sujet  Uommscn, 
Droit  pvtlic  Tom.  IV,  J,  p.  364  sq.  —  ''  Liv.  V,  27,  3i  ;  IX,  41;  Dionys. 
VIII,  6S;  IX,  17,  36,  59,  etc.  —  8  Cic.  Verr.  III,  6,  IJ.  —  S  Bouché-Leclercq, 
Man.  des  Institutions  romaines,  p.  ^33,  note  i.  —  Bibliographie.  Le  B-'au,  De  la 
paye  'tu  soldat  légionnaire,  dans  les  Mém.  de  l'.icad.  des  Jnscr.  \L\,  p.  ISl  sq.  ; 
bureau  de  la  Malle,  Économie  politiqite  des  /ïomains,  1,  p.  134  sq.  ;  Mommsen, 
Die  rôm.  Tribus,  p.  31  sq.  ;  Laogen,  Ceber  die  Heeresverpflegung  der  Borner  im 
letzen  Jahrh.  der  Ilepublik  (Brieg,  16S0),  H,  p.  1  sq.  ;  von  llomasiewski,  Dfr  Trup- 


traire  est  plus  probable.  Le  mot  peut  être  rattaché  à  la 
racine  uxtê,  d'où  sont  issus  les  mots  (îTi'So;,  cxtÇâç,  cTiip oç, 
cTispôç,  etc.  La  notion  fondamentale  exprimée  par 
tous  les  mots  de  celte  famille  est  celle  d'un  objet  ou 
d'une  matière  foulée,  d'un  groupe  ou  d'un  tas  compact. 

Le  sens  primitif  nous  est  indiqué  à  la  fois  par  la 
double  définition  de  Festus  et  par  un  passage  signifi- 
catif de  Tacite  ".  «  Stipem  dicebant  pecuniam  signatam  : 
—  Stipem  essenummum  sif/naium  testimonio  est,e\.c.,  ■■ 
nous  dit  Festus.  Quant  à  Tacite,  il  rapportequ'au  moment 
de  l'inauguration  du  Capilole  reconstruit  par  Vespasien, 
passim  injectae  fundamentis  argenti  aurique  stipes  et 
metttllorum  primitiae  nullis  fornacibus  victae,  sed  ut 
f/ignuntur.  Argenti  aurique  stipes,  ce  sont  des  pièces 
monnayées  ;  metallorum  primitiae,  ce  sont  des  lingots 
bruts.  Mais,  à  l'origine,  les  Romains  ne  monnayèrent  que 
le  cuivre,  et  le  mot  stips  fut  d'abord  appliqué  aux  as 
tibrales'.  Plus  tard,  il  resta  synonyme  de  aes  ou  aéra  ', 
et  fut  surtout  employé  pour  désigner  la  menue  monnaie, 
modica  aéra.  Va  texte  de  Pline  l'.^ncien  nous  permet  de 
croire  que  le  mot  s'appliquait  à  Yuncia  comme  àl'rts'^  ;  il 
est  vraisemblable  qu'il  pouvait  servir  également  pour 
les  autres  subdivisions  de  l'as.  Le  Cabinet  des  Médailles 
possède  un  as  romain  qui  porte  au  revers  l'inscription 
Fortunai  slipe  ''. 

C'est  du  sens  très  ancien  de  menue  monnaie  que  déri- 
vent la  plupart  des  significations,  que  le  mot  s//y«  acquit 
plus  lard.  Stips  ou  stipes,  c'étaient  les  pièces  de  petite 
valeur  qu'on  donnait  soit  aux  mendiants,  qui  tendaient 
la  main  aux  passants  sur  le  Pons  Sublicius ',  soit  aux 
membres  des  confréries  Isiaques  ou  aux  Galles  de 
Cybèle  quêtant  par  les  rues  de  Rome  '  ;  c'étaient  encore 
les  pièces  que  l'on  aimait  par  jeu  à  donner  aux  élé- 
phants'". Tacite  applique  le  mol  à  la  distribution  d'ar- 
gent que  Néron  fit  au  peuple  lors  des  ludi  Juvenales  ". 

Mais  le  sens  qui  parait  avoir  élé  le  plus  usuel  fut  celui 
>■  d'offrande  en  pièces  monnayées  aux  divinités  »'^. 
Chaque  dieu,  chaque  temple  semble  avoir  eu  une  caisse, 
un  trésor  alimenté  par  de  telles  offrandes.  Les  textes  des 
écrivains  et  les  inscriptions  nous  font  connaître  à  Remo 
une  stips Apollinis  '\ unestips  CererisetProserpinae'^, 
une  stips  Aesculapii  et  une  stips  Jovis  Jui'arii'';  dans 
le  sanctuaire  de  Diane  duMons  Tifata,  voisin  de  Capoue, 
une  stips  Dianae  '8.  Les  pièces  monnayées  offertes  à 
ces  divinités  et  destinées  à  grossir  les  trésors  de  leurs 
temples  étaient  déposées,  comme  les  epulae  et  les  liba- 
tiones,  sur  les  mensae  qui  se  trouvaient  immédiatement 
devant  l'image  du  dieu  ou  de  la  déesse  "'.  L'as  du  Cabinet 
des  Médailles,  que  nous  avons  signalé  plus  haut,  pro- 
vient peut-être  d'un  temple  de  la  P'orlune.  Les  fonds, 
constitués  par  toutes  ces  offrandes,  étaient  employés  en 
œuvres  diverses  :  on  s'en  servait  pour  desconslructions  ", 
pour  ériger  des  statues",  pour  aciieler  des  terrains-". 

pcnsold  JerKaiserzeil,  dans  les  iVeue  Heidelberger  Jultrbùckcr,  X,  IS,  p.  il8  sq.  ; 
Liebenara,art.  Exercitus,àaas  Pauly-Wissowa, /(en/encyciopai/ie,  VI,  col.  1669  sq. 
STIl'S.  1  Varr.  De  ting.  Int.  V,  18i.  —  2  6'.  e.  aiipem.  —  i  Hittor.  IV,  53. 
—  t  Varr.  toc.  cit.  —  »  bip.  Dig.  L,  16,  I.  27.  —  «  ,Y«(.  Iiist.  XXXIV,  H  :  unciara 
stipe  collata.  —  '  Babelon,  Traité  des  monnaies  gr.  et  rom.  I,  p.  679.  —  *  Sencc. 
De  vita  beata,  25;  Sucl.  Aug.  91.  —  »  Val.  Mai.  VII,  3,  8;  Cicer.  De  Ug.  Il,  9 
cl  (,;.  —  10  Plin.  Nat.  hist.  VIII,  3.  —  1'  Annal.  XIV,  15.  —  12  Sente.  De  benef. 
VU.  4,  6;  Epist.  113,  5.  -  13  Liv.  XXV,  12:  Apul.  De  magia,  42.  —  H  Jul. 
Ohseq.  Prodiij.  lib.  eu,  ct.,  cxiii.  -  15  Corp.  inscr.  lut.  I,  1105  ;  VI.  7;  Besnier, 
Uile  Tibérine.  p.  189  et  236.  —  ic  C.  i.  /.  X,  37S1.  —  "  Macrob.  Satum.  III, 
II.  16.  -  18  Besnier,  /.  cit.  -  19  C.  i.  l.  XII,  839  1840  21s6  2378,  2388,  2526, 
3,3V.    _  20  C.   i.  t.  X,  37S1. 


STI 


—  lol6 


STI 


Les  pièces  de  monnaies,  oITerles  aux  divinités  des  eaux, 
élaient  jetées  dans  les  sources  on  les  fleuves  ;  cet  usage 
était  très  répandu  :  l'expression  stipein  ou  slipesjacere 
n'est  pas  moins  fréquente  que  stipein  ponereK  l'iine 
le  Jeune  signale  les  nombreuses  pièces  visibles  au  fond 
de  la  source  du  Clitumnus-.  Sénèque  mentionne  les  sli- 
pps  jetées  par  les  prêtres  dans  les  eaux  du  Nil,  non  loin  de 
Piiilae  \  Plusieurs  trésors  de  monnaie  onl  été  trouvés 
au  fond  de  sources  sacrées,  par  exemple  à  Vicarello  en 
Italie  '  ;  dans  la  fontaine  de  la  Dea  Covenlina  ou 
Conventina  à  Procolilia,  le  longdu  îy/Z/mw  Hadriani  au 
nord  de  la  Bretagne  ^  ;  en  bien  d'autres  points  encore  ^ 

Un  autre  sens  du  mol  slips,  qui  souvent  parait  se 
confondre  avec  le  sens  d'  «  offrande  aux  divinités  »,  mais 
qui  néanmoins  doit  en  être  distingué,  est  celui  de  sous- 
cription en  vue  d'une  œuvre  ou  d'une  cérémonie  spé- 
ciale. Parfois  r(Cuvreou  la  cérémonie,  à  laquelle  la  6//7>s 
est  destinée,  a  un  caractère  religieux  :  c'est,  par  exemple, 
la  construction  d'un  temple-,  un  leclisternium  *,  un 
taurobol ium^  ;  mais  ce  peut  être  aussi  une  œuvre  pure- 
ment laïque,  des  jeux '°,  l'érection  d'une  statue",  la 
construction  d'un  pont'-,  etc. 

A  ce  sens  de  souscription  spéciale,  exceptionnelle, 
s'oppose  le  sens  de  cotisation  régulière  que  le  mol  a  eu 
également.  Le  terme  slips  menslrua  est  le  terme  en 
quelque  sorle  officiel  dont  on  se  servait  pour  désigner 
la  cotisation  mensuelle  que  devaient  payer  les  membres 
des  collèges  funéraires'^. 

S/i/is  ou  .ç///;ps,  c'étaient  encore  les étrennes  en  espèces 
que  les  Romains  se  donnaient  au  début  de  l'année 
[strenae]  ;  cet  usage  était  courant  ;  Ovide  le  signale  dans 
[esFasles'^,  et  Caligula  sut  en  profiler  pour  extoniuer 
à  ses  courtisans  des  sommes  considérables  ''. 

Enfin  il  est  possible  que  le  mot  s/(/js  ait  signifié: 
amende  en  numéraire.  Mais  le  texte  de  Valère  Maxime"^ 
où  il  semble  avoir  ce  sens,  paraît  être  corrompu  ;  dans  le 
membre  de  phrase  :  nodosam  exsolvile  slipeni,  le  mot 
nodosa  est  très  douteux.  Slips  peut  avoir  été  employé 
ici  dans  le  sens  de  <i  contribution.  »  11  s'agit  dans  le  pas- 
sage bien  plus  d'un  impôt  sur  les  célibataires  que  d'une 
amende  au  sens  pénal  du  mot.  J.  Toltain. 

STIPIILATIO.  —  Ce  terme  du  droit  romain  a  une 
double  acception  :  il  désigne  soit  une  forme  de  contracter, 
soil  le  contrai  qui  résulte  de  l'emploi  de  celle  forme. 
L'usage  de  la  stipulation  est  une  conséquence  du  prin- 
cipe de  l'ancien  droit,  d'après  lequel  l'accord  des  volontés 
ne  suffit  pas  pour  créer  une  obligation.  Le  simple  pacle 
n'est  pas  sanctionne  par  la  loi;  il  doit  en  général  être 
revêtu  d'une  forme  solennelle.  La  plus  répandue  est  celle 
de  la  stipulation'.  Elle  a  pour  but,  comme  son  nom 
l'indique,  de  rendre  ferme  l'engagement  contracté  '-. 

1. — Formes  de  la  srii'iLATioiv.  —  La  stipulation  consiste 
en  une  interrogation  du  créancier  suivie  d'une  réponse 

IS.:n.    De     lieiief.    VII,     k,     6;    Suijl.     Aug.     75     -     2  plin.     Epist.     Vlil,     8. 

—  3  Sencc.  Quaent.  uni.  IV,  i,  7,  —  *  L.  Marclii,  La  stifte  tributata  aile  acque 
ApoUinari;  cf.  L.  Milaor,  /Uritta  ilal.  di  iiumism.  IV  (1691),  p.  i7.  —S  A>A. 
Epifir.  III,  p.  3l4-3ir.  ;  Hermès,  XII  (IS7G),  p.  S57  s(|.  -  «  Babelon,  Traité 
des  monnaies  ijr.  et  rom.  I,  p.  «73.074.  —  7  Ovid.  Fast.  IV,  351  ;  C.  i.  l.  Il,  5439  : 
^  I.XXll.  —  8  Macrob.  Snt.  I,  C,  13.  —  9  f.  i.  l.  XII,43J1.  —  10  plin.  Nat. 
lisl.  XXXIII,  48.  —  Il  Id.  Ibid.  XVlll,  4;  XXXIV,  11.  —  lï  c.  i.  l.  Il, 
70U.  -  13  Ùi,,.  XLVII,  Si,  I.  1  ;  C.  i.  (.  XIV,  ill2  ;  Wallziiig.  Et.  kislor.  sur 
tes  corporations  professionnettes  chez  tes  Itoniains.  I,  p.    I4i-I43,  p.  451-453. 

-  il  1,  189  si|.  —  li  Sud.  Calig.  4i.  —  l«  Val.  Max.  Il,  9,  1. 
STII'l/'I.ATIO.  —  1  L'usage  de  la  slipulalion  au  vi'  siècle  de  Rome  csl  allcslé 

par  l'Iaule.  ftud.  V,  3,  2i  el  par  le  s^'nalus-eonsullc  des  Bacclianales  de  568  ;  Corp. 
inscr.  lit.  I,  193,  I.  13.  —      l'aul.  .SVn(.  V,  7,    1  :  Stipulum....  reteres  firmum 


concordante  du  débiteur',  l'une  et  l'autre  conçues  en 
termes  consacrés'.  La  stipulation  exige  la  présence  des 
parties,  mais  non  celle  de  témoins  solennels  comme 
il  est  de  règle  dans  la  mancipatinn.  Les  contractants 
doivent  être  capables  de  parler  et  d'entendre,  ce  qui 
exclut  les  muels,les!/!/"o?!/t's  et  les  sourds".  Il  faut  aussi 
que  la  réponse  suive  immédiatement  la  demande  :  l'acte 
doit  être  accompli  sans  désemparer  (conliittitts  aclus)'^  ; 
on  ne  tolère  qu'un  bref  intervalle  ''. 

Anciennement,  le  terme  consacré  pour  la  demande  et 
pour  la  réponse  était  celui  de  spondere^.  Le  créancier 
demandait  :  ccnlum  dare  spondesne'^Le  débiteur  répon- 
dait :  centum  dure  spondeo.  Le  mol  spondere,  dont 
l'élymologie  rappelle  un  acte  religieux,  une  libation' 
{u-KivZeiv  =  fuîidere),  désigne  uniquement  à  Home  un  acte 
formel  de  volonté'".  L'usage  en  était  réservé  aux 
citoyens  romains  ;  une  seule  exception  était  admise  pour 
la  conclusion  d'un  traité  entre  le  peuple  romain  et  une 
nation  étrangère".  Mais  d'assez  bonne  heure  on  admit 
des  équivalents  :  dabis  ?  promiltis  f  fideprotniltis  ?  fide- 
Jubes?  faciès'^  On  pouvait  même  s'exprimer  en  grec '^. 
Dès  lors,  la  stipulation  devint  accessible  aux  pérégrins. 

La  distinction  entre  les  formes  de  la  stipulation  n'a  pas 
perdu  son  intérêt  pratique  depuis  l'édil  de  Caracalla  qui, 
en  2liJ,  accorda  la  cité  romaine  aux  pérégrins.  La  portée 
de  cet  édit  est  loin  d'être  aussi  large  qu'on  l'avait  cru 
jusqu'ici  sur  la  foi  de  quelques  textes''.  Un  papyrus  du 
musée  de  Giessen,  publié  récemment  ",  prouve  que  l'édit 
ne  s'appliquait  pas  aux  déditices.  Celte  catégorie  de  per- 
sonnes est  formellement  exclue  par  Caracalla  :  elle  com- 
prend les  pérégrins  habitant  les  régions  qui  n'étaient  pas 
organisées  en  cités,  et  soumis  à  l'impôt  de  capitation '°. 
Telle  était  en  Egypte  la  situation  de  la  classe  inférieure 
de  la  population  indigène  ;  le  régime  municipal,  introduit 
par  Sévère  en  202  dans  cette  partie  de  l'empire,  n'y  a 
reçu  qu'une  application  restreinte. 

Au  111°  siècle  de  notre  ère,  le  formalisme  fut  atténué, 
dans  la  stipulation,  de  plusieurs  manières.  On  n'exige 
plus  que  la  réponse  concorde  exactement  avec  la 
demande  :  les  parties  peuvent  employer  chacune  un 
terme  difTérent'^  Si  le  débiteur  promet  une  quantité 
plus  forte  ou  plus  faible  que  celle  qu'on  lui  a  demandée, 
la  stipulation  n'est  pas  nulle  :  elle  vaut  jusqu'à  concur- 
rence de  la  quantité  la  plus  faible  ".  De  même  on  valide 
les  pactes  qui  précèdent  ou  qui  suivent  la  stipulation  : 
on  les  considère  comme  faisant  corps  avec  elle'*. 

Le  formalisme  fut  atténué  surtout  par  l'usage  de  rédi- 
ger par  écrit  les  conventions  ".  Cet  usage,  emprunté  à  la 
Grèce,  facilitait  la  preuve  en  justice;  mais  à  Rome,  où 
l'on  joignait  au  chirogvaphum  une  clause  de  stipulation 
(stipulutio  subjecln)  -",  il  eut  un  autre  avantage  :  il  dis- 
pensait en  certains  cas  de  prouver  que  les  paroles  de  la 
stipulation  avaient  été  prononcées.  Lorsque  l'écrit  avait 

apiiellaverunt  ;  cf.  /nst.  III,  19  pr.  D'autres  êtyniologies  ont  été  proposées  par 
Isidor.  Orig.  V,  24,  30  ;  Fest.  vo  slipem.  —  3  Ulp.  Diy.  XLV,  1 ,  1  pr.  —  *  Pompon. 
eod.  5,  I  :  verltorum  conccptio.  —  ■•  Gaius,  IV,  105-109.  —  ti  Venul.  Dij/.  XLV,  I. 
137  pr.  —7  L'Ip.  eod.  1,  1.  —  »  Gaius,  III,  92.  —  «  Honier.  /liad.  Il,  339;  III, 
155.  L'usage  des  libations  dans  les  temples  de  l'Egypte  subsistait  encore  à  l'époque 
romaine.  Un  papyrus  du  musée  gréco-romain  d'Alexandrie  {a«  122)  de  l'an  65  de 
noire  ère  mentionne  le  «noySsiov  ;  cf.  Vilelli,  Mél.  Châtelain,  p.  288.  —  10  Varro, 
Linij.  lai.  VI,  7,  (10.  Cf.  loi  de  Gorlyne,  S§  25  et  30.  —  U  Gaius,  III,  94.  —  12  7ft,rf. 
93.  _  13  LIp.  Vin.  '.  5,  17;  Dio  Cass.  77,  9,  4:  Augustin.  De  civit.  Dei,  5,  17. 
—  U  Oriech.  l'apyri  im  .Muséum  des  fJberhess.  Geschichtsi'ereins  zu 
Uiesseii,  1910,  I.  2,  n'  40,  1.  8-9.  —  1=  Cf.  l'aul  M.  SIeyer,  ibid.  p.  30.  —  16  Ulp. 
Dig.  XLV,  1,  1,  2.  —  17  ibid.  1,  4.  —  18  Paul.  eod.  134,  3  ;  Dig.  Il,  14,  4,  3  ;  XII, 
1,   UI  pr.  -13  Cic.   P.   Caec.  18,  51  ;  .4(;  Alt.  XI,  17,  2.  —  20  Paul.  Dig.  XLV,  I, 


STI 


—  1517  — 


STI 


élé  rédigé  par  le  débileur  ou  en  sa  présence,  on  présu- 
mait que  la  stipulation  avait  eu  lieu  '  ;  lorsque  l'écrit 
constatait  la  promesse  du  débiteur,  on  présumait  que  le 
créancier  l'avait  interrogé^.  Le  mot  stipulation  est 
employé  par  Ulpien  pour  désigner  l'écrit  {inslrumen- 
lum}^.  Désormais,  la  forme  antique  n'est  plus  indis- 
pensable :  la  présence  des  parties  est  seule  nécessaire. 

La  stipulation  ainsi  modifiée  s'introduisit  dans  les 
pays  de  civilisation  grecque.  On  la  trouve  en  Egypte, 
appliquée  à  un  contrat  de  mariage,  dans  un  papyrus 
d'Ûxyrhynchos  de  l'an  170  de  notre  ère'.  On  l'employait 
parfois  pour  confirmer  des  actes  juridiques  autres  que 
des  conventions,  par  exemple  des  testaments,  dans  un 
papyrus  du  Fayoum,  de  l'an  235  \  Ici  également,  on 
confondait  la  stipulation  avec  l'écrit  ''. 

Au  Bas-Empire,  une  constitution  de  Léon  de  472  sup- 
prima les  paroles  solennelles ';  la  présence  des  parties 
à  l'acte  n'est  même  plus  nécessaire  :  il  suffit  d'être  pré 
sent  dans  la  cité  le  jour  où  l'acte  a  été  rédigé  '. 

H.  — Caractères  et  objet  de  la  STiPiLATroN.  —  La  sti- 
pulation est  un  contrat  unilatéral  par  lequel  une  personne 
(promissor)  s'oblige  envers  une  autre  [slipulator).  A 
l'origine,  cette  obligation  devait  avoir  pour  objet  une 
somme  d'argent  déterminée.  On  put  ensuite  promettre 
une  chose  certaine  autre  que  de  l'argent,  par  exemple, 
telle  quantité  de  blé,  un  fonds  de  terre  ;  puis  on  valida 
les  stipulations  qui  avaient  pour  olijet  un  fait  ou  une 
abstention  '.  Dès  lors,  la  stipulation  s'appliqua  à  toute 
sorte  d'obligation. 

La  stipulation  est  un  contrat  de  droit  strict.  Lorsqu'on 
l'invoque  en  justice,  le  juge  a  un  pouvoir  d'appréciation 
limité  par  les  termes  de  la  formule  délivrée  par  le  magis- 
trat et  qui  reproduit  elle-même  les  termes  de  la  stipula- 
tion '".  Par  exemple,  le  débiteur  d'un  corps  certain  n'est 
tenu  que  de  son  fait  actif  "  :  il  ne  répond  ni  des  cas  for- 
tuits ni  de  ses  négligences.  Le  juge  ne  peut,  d'après  les 
Proculiens,  tenir  compte  des  faits  postérieurs  à  la  de- 
mande :  satisfaction  fournie  par  le  défendeur'-,  perte 
fortuite  de  la  chose.  Il  ne  pouvait  même  au  début  recher- 
cher si  le  débiteur  avait  été  victime  d'un  dol  ou  dune 
violence'^  [jirisco.nsulti,  p.  72il]. 

Avec  le  temps,  le  caractère  strict  de  lu  stipulation  fut 
atténué  par  l'insertion  de  la  clause  de  dol  dans  la  formule 
du  contrat  "•.  Le  débiteur  promettait  de  s'abstenir  de  tout 
dol  dans  l'exécution  du  contrat,  soit  dans  le  présent,  soit 
dans  l'avenir.  Cette  clause  conférait  au  juge  un  pouvoir 
d'appréciation  analogue  à  quelques  égards  à  celui  qu'il 
avait  dans  les  actions  de  bonne  foi  :  il  pouvait  tenir  compte 
des  événements  que  les  parties  n'avaient  pas  prévus  ' '. 

III.  —  Modalités  de  la  stipulation.  — La  stipulation,  à 
la  différence  des  actes  juridiques  de  l'ancien  droit 
romain  [aclits  legitinii),  comporte  l'apposition  d'une 
modalité,  telle  que  le  terme,  la  condition,  l'allernative, 
Vaccessio  personne.  Pour  le  terme  et  l'alternative,  voir 

i3i,  2.  Ulp.  ùi,,.  II.  I  i,  7,  \1.  Papyrus  du  Louvre,  n'  .\XI  bis.  —  1  Ulp.  ùiy.  XLV, 

1,  30.  Cr.  In.U.  III,  iO,  S.  —  2  Paul.  Stnl.  V,  7,  î.  Scv.  Carac.  Cod.  Jusl.  Ylll, 
38,  1.  —  3  Ulp.  Dirj.W,  13,  1,4  :  JCUere  stipulationem  loiam  ;  cf.  ConslanLin.  Cod. 
Jiist.  IV,  32,  i5,  où  la  sliputalioil  est  appelée  chirographum.  —  ♦Grenfell-Hunl, 
The  Oxi/rhynchos  l'apyri,  VI,  90.5.  —  ô  Wcsscly,  ^'iener  Studien,  I.X,  2*1. 
—  c  Paul.  Diy.  XVI,  3,  iii,  I.  Papyrus  .Nicole,  Jiav.  de  philologie,  XX,  50,  I.  ii. 
Papyrus  grecs  du  Muséedu  Louvre,  n"  XXI  bis,  I.  30  ;  Aetjyptische  L'rkunden  ans  den 
K.  Museen  zu  Berlin,  Gr.  U.  1,  3i9.   —  T  Cod.  Jmt.  VIII,  37,  10.  —  «  ihid.  14, 

2.  —  «  Imt.  III,  IS,  7;  19  pr.  1,  2  cl  22.  —  10  Oaius,  IV,  S3.  —  H  Paul.  là,/. 
XLV,  1,  91,  3.  —  12  Les  Sabinicns  ont  fait  prévaloir  l'opinion  contraire  :  onmia 
jitdicia  esse  absohiloria,  Uaius,  IV.  1 14.  —  l3Cf.  Edouard  Cuq,  Inslilul.Jiirid.  des 


dies,  p.  177,  et  jioDUS,  p.  19."59.  Il  y  a  «rce.ç.s/o  iiemouae 
lorsqu'on  stipule  pour  soi  ou  pour  un  tiers '".  Ce  tiers, 
adjeclus  solationisr/ra/ia,  estune  sorte  de  mandataire  ", 
chargé  éventuellement  de  recevoir  le  paiement  avec  ou 
sans  obligation  de  rendre  compte'*. 

La  condition  est  un  événement  futur  et  incertain 
duquel  les  contractants  font  dépendre  la  perfection  ou 
l'extinction  de  l'obligation.  Cet  événement  ne  doit  pas 
consister  en  un  fait  impossible,  illicite  ou  immoral,  à 
peine  de  nullité '^  Il  ne  peut  non  plus  dépendre  de  la 
pure  volonté  du  débiteur  :  la  condition  si  voluero  exclut 
l'intention  de  s'obliger^".  La  stipulation  sous  condition 
suspensive  n'est  pas,  dans  l'opinion  qui  a  prévalu,  con- 
sidérée comme  inexistante  tant  que  l'événement  prévu 
reste  incertain  -'  :  elle  produit  divers  eflets  ;  par  exemple, 
elle  confère  un  droit  transmissible  aux  héritiers;  elle 
permet  au  créancier  de  prendre  des  mesures  conserva- 
toires". Mais  le  créancier  ne  peut  invoquer  en  justice 
un  droit  qui  n'est  pas  parfait  -^  ;  de  son  côté,  le  débiteur 
qui  par  erreur  paie  la  dette  peut  répéter  l'indu  ^'.  Si  la 
condition  ne  se  réalise  pas,  la  stipulation  est  non  avenue. 
Si  elle  se  réalise,  la  stipulation  devient  parfaite  :  elle 
prend  la  dale  du  jour  oii  les  parties  se  sont  mises  d'accord. 
La  condition  extinctive  n'a  pas  d'effet  d'après  le  droit 
civil;  mais  en  vertu  du  droit  Prétorien,  le  débiteur  peut 
paralyser  par  une  exception  l'action  que  le  créancier 
exercerait  contre  lui,  contrairement  à  la  convention -°. 
C'est  ce  qui  a  lieu  dans  le  cas  d'une  stipulation  de  rente 
viagère. 

IV.  —  Sanction  de  la  stipulation.  —  La  stipulation  a 
été  de  bonne  heure  sanctionnée;  elle  l'était  au  milieu  du 
v=  siècle  de  Rome  :  le  second  chapitre  de  la  loi  Aquilia 
prévoit  une  fraude  commise  au  préjudice  du  stipulant 
[lex,  p.  H30,  n.  8,  16  à  19j.  Quelle  était  à  cette 
époque  la  procédure  à  suivre  pour  faire  valoir  l'obliga- 
tion résultant  de  la  stipulation?  La  question  est  dis- 
cutée-''.  Il  est  douteux  qu'on  ait  eu  recours  à  l'action  di; 
la  loi  par  serment.  La  stipulation  donne  naissance  à  un 
droit  très  différent  de  celui  qui  se  forme  per  aes  et 
libram  en  vertu  d'un  nexum.  Il  est  vraisemblable  qu'on 
employait  l'action  de  la  loi  per  condictionem,  créée  par 
la  loi  Silia  pour  sanctionner  les  dettes  d'argent  certaines 
{acVioa  certae  peciiniae),  puis  étendue  parlaloi  Calpurnia 
aux  dettes  qui  ont  pour  objet  une  chose  certaine  autre 
que  de  l'argent  {condiclio  Iriticaria]  [lex,  p.  1164,  n.  20  ; 
113.3,  n.  7].  Cette  action  ne  sanctionne  que  les  stipulations 
certaines,  celles  où  les  paroles  prononcées  font  connaître 
quelle  est  la  cliose  due,  quelle  en  est  la  qualité  et  la  quan- 
tité ^\  Les  stipulations  incertaines  furent  d'abord  sanc- 
tionnées indireclement  par  une  stipulation  de  peine, 
puis  directement  par  une  action  nouvelle,  l'action  ex 
stipulntu  qui  existait  au  début  du  vu'  siècle  de  Rome  (loi 
Rubria,  c.  22  :  lex,  p.  1162,  n.  14;.  Cette  action  confère 
au  juge  le  pouvoir  d'estimer  l'intérêt  du  demandeur,  de 

Romains,  II,  3"i,  n.  3.  —  H  Cette  clause  figure  toujours  dans  les  slipuiations 
prétoriennes  et  judiciaires  ;  elle  est  d'usage  dans  les  slipuiations  conven- 
tiounelles.  —  ISJul.  Dig.  XLV,  1,  53.  —  16  Paul.  Dig.  XLIV,  7,  44,  4.  —  n  Jul. 
tlig.  XLVl,  3,  51),  2.  Gains,  eod.  106.  —  1»  Scœv.  eod.  131,  1.  —  '9Caius.  III,  97. 
98.  _  20Ulp.  Dij.  XLV,  1,  17;  Paul.  eod.  46,  3.  —  2i  Ulp.  Dig.  XLIV,  7,  42; 
Paul  Dig.  XLV,  3,  26.  -  22  Gains,  Dig.  XXXV,  2,  73,  1;  Paul.  ftiq.  XVIII, 
1,  8  pr.  Papin.  llig.  XLII,  0,  4  pr.  —  2'  Marc.  Dig.  XXI,  13,  3.  lien  est  ainsi 
même  dans  la  stipulation  préposlére  dont  Justinien  admit  la  validité,  Inst. 
m,  19,  13.  Cod.  VI,  23,  23.  —  21  Pompon.  IHg.  XII,  C,  16  pr.  —  '25  Paul. 
Diij.  XLIV,  -,  44,  1.  —  2iiCf.  E.  Cu.|,  rip.  cit.  |2,  212,  n.  3.  —  27  Gains, 
Dig.  XLV,  I,  74. 


STl 


~  lîilS 


STI 


tenir  compte  des  fruits  et  des  inlérêls  moratoires, 
comme  dans  une  action  de  bonne  foi'. 

V.  —  Applications  de  la  stipilation.  —  On  ne  citera 
que  les  principales,  en  distinguante  elles  qui  résultent  de 
la  volonté  des  parties  islipulations  conventionnelles),  et 
celles  qui  sont  imposées  par  le  magistral  ou  par  le  juge-. 

A.  Stipulations  conrentionnel/es.  —  1°  La  stipula- 
tion sert  ;\  rendre  obligatoires  des  conventions  qui  par 
elles-mêmes  n'ont  pas  de  valeur  juridique. 

n)  Pacte  de  donation  [dunaïio.  p.  384].  Au  Bas- 
Empire,  Juslinien  lit  de  la  donation  un  pacte  légitime; 
dès  lors  la  promesse  de  donner  fut  oliligaloire  indépen- 
damment de  toute  stipulation  ^ 

b)  Promesse  d'une  dot  [nos,  p.  395].  La  stipulation 
peut  être  remplacée  par  une  forme  plus  simple,  celle 
de  la  (lotis  dictio.  Ici  encore,  le  simple  pacte  a  été  rendu 
obligatoire  par  une  constitution  de  Tliéodose  le  Jeune  '. 

c)  Promesse  de  restituer  la  dot.  Celte  stipulation  eut 
d'abord  une  application  restreinte  au  cas  de  répudiation 
{cautio  rei  nxoriae  ')  ;  le  mari  promettait,  lors  de  la  cons- 
titution de  la  dot,  de  restituer,  en  cas  de  répudiation,  la 
i-es  u.voria,  c'est-à-dire  les  biens  acquis  du  chef  de  la 
femme,  soit  à  titre  de  dot,  soit  par  l'effet  de  la  maniis. 
Sous  l'Empire,  le  mari  s'engage  à  restituer  la  dot,  quel 
que  soit  le  mode  de  dissolution  du  mariage'"'.  A  cette 
époque,  la  restitution  peut  avoir  pour  objet  la  totalité  de 
la  dot  "  ;  on  ne  sait  s'il  en  était  de  même  à  l'époque  anté- 
rieure, ou  si  le  mari  devait  rendre  seulement  la  quotité 
fixée  par  un  arbitre*.  Depuis Justinien,  cette  stipulation 
est  sous-entendue  et  sanctionnée  par  une  action  exstipu- 
latii,  transmissible  aux  héritiers  et  qui  ne  comporte 
aucune  retenue,  si  ce  n'est  pour  les  impenses  néces- 
saires '. 

d)  Stipulation  d'annuités  payables  pendant  un  temps 
limité.  Telle  est  la  stipulation  anima,  bina,  trima  die, 
usitée  pour  la  restitution  des  quantités  composant  la  dot 
(denrées,  argent  monnayé).  Le  mari  les  restitue  par  tiers 
dans  un  délai  de  trois  ans  depuis  la  dissolution  du  ma- 
riage'". Cette  faveur  lui  est  refusée  quand  le  divorce  a 
lieu  pour  adultère;  pour  toute  autre  faute,  le  délai 
est  réduit  de  moitié"  [divorthm,  p.  323;  lex  julia, 
p.  1149.  n.   10]. 

e)  Stipulation  de  rente  viagère.  Le  créancier  stipule 
une  certaine  somme  payable  chaque  année,  durant  sa 
vie.  Cette  stipulation  était,  en  théorie,  perpétuelle'-,  car  le 
terme  n'était  pas  à  Rome  un  mode  d'extinction  des  obli- 
gations. Mais  le  débiteur  avait  la  faculté  de  paralyser, 
par  une  exception  de  pacte,  l'action  que  les  héritiers  du 
crédi-rentier  auraient  exercée  contre  lui".  Lorsque  le 
créancier  était  obligé  d'agir  en  justice  pour  réclamer 
une  annuité  échue,  il  devait  avoir  soin  de  faire  insérer 
une  praescriplio  dans  la  formule  pour  se  réserver  le 
droit  aux  annuités  subséquentes'''.  A  défaut  de  celle 
précaution,  son  droit  était  épuisé  [litis  contestatio  . 

f,   Stipulation  d'intérêts.  Le  prêt  étant  un  contrat  à 

l  PapiD.  il,  Quae&t.  IHy.  XXII,  I.  i  pr.  —  2  Porapon.  27  atl  Sab.  Dig.  XLV, 
I,  5  pr.  —  3  Cod.  Ju<t.  IV,  il.  17.  —  »  Cod.  TUeoâ.  III,  13,  4.  —  5  A.  Uell.  IV,  3. 
—  «  Val.  Call.  Cod.  Jtut.  V,  IS,  5;  Just.  Cod.  V,  13,  I,  4  el  6.  —  7  Afric.  7,  Quœst. 
Oij.  XXIV,  3,  33.  Cod.  Just.  V,  13,  I,  7.  —  »  Boct.  lilj.  VI,  in  Cic.  Top.  17  |G5  ;  cf. 
Edouard  Cuq,  Inttitutiont  juridiques,  t.  Il,  p.  109.  —  9  Inst.  IV,  6,  37.  —  '0  L'ip. 
Reg.  VI,  8.  Paul.  Dig.  XLV,  1,  liO,  I.  —  11  LIp.  Iteg.  VI,  I2cl  13.  —  12  Pompon. 
Dig.W.V,  1,10,  t.— 13  Jul.  52,  Dig.  XLI,  I,  56,4.  —  U  Gaius,  IV,  131.—  l-îPlaul. 
Hud.  V,  3,  22.  Cf.  sur  l'usage  du  pari,  Jobbé-Duval,  Éludes  sur  l'hist.  de  ta 
procédure  cioile  chez  les  Rom.  I,  35.  —  16  Cf.  Scaev.  Dig.  XLVI,  3,  68.  Ccrlains 
auteurs  pensent   que  celle  stipulation  est  conclue  par  le  banquier  avec  les  ache- 


titre  gratuit,  le  prêteur  ne  peut  exiger  d'intérêts  qu'en 
vertu  d'un  contrat  spécial,  d'une  stipulation  jointe  au 
muluum  [mutuum,  p.  2132].  Par  exception,  la  stipu- 
lation est  inutile  et  le  simple  pacte  suffit  pour  rendre 
productifs  d'intérêts  les  prêts  consentis  par  des  cités, 
ainsi  que  le  prêt  à  la  grosse  ^nalticim  foems,  p.  13]. 

g)  Pari  '^  et  dette  de  jeu.  La  stipulation  d'une  dette  de 
jeu  n'est  admise  par  la  loi  que  pour  les  jeux  de  force  et 
d'adresse  (rirlutis  causa)  [lex,  p.  1138,  n.  111. 

/(}  Stipulât io  ai'ffenfaria,  conclue  par  le  banquier, 
chargé  d'une  vente  aux  enchères,  avec  le  propriétaire 
des  objets  vendus.  Lorsque  le  banquier  ne  lui  paie  pas 
comptant  le  produit  de  la  vente,  il  promet  de  lui  en  payer 
le  montant,  sous  déduction  d'une  commission  {cpnle- 
sitna).  Celte  stipulation''^  est  mentionnée  dans  la  lex 
metalli  Vipascensis'^' ,&iAiinîi  les  tablettes  d'un  commis- 
saire-priseur  de  Pompéi  '*. 

/;  Promesse  de  constituer  une  servitude '%  ou  de  n'en 
pas  empêcher  l'exercice  ^°  [servitus,  isusfricti'S  . 

2°  La  stipulation  sert  à  préciser  les  obligations  résul- 
tant de  certains  contrats,  tels  que  la  vente  et  le  mutuum. 
C'est  la  stipulation  debiti'-'.  Le  créancier  stipule  le  prix 
de  vente  ^-,  le  montant  du  prêt  et  des  intérêts-^  Cette 
stipulation  accessoire  facilite  la  preuve  en  justice;  elle 
est  sanctionnée  par  une  action  qui  diffère  de  celle  du 
contrat  principal  lorsqu'il  est  de  bonne  foi  comme  la 
vente.  Jointe  au  mutuum,  elle  sert  en  même  temps  à 
faire  courir  les  intérêts.  L'efficacité  de  la  stipulation  était 
subordonnée  à  la  réalisation  du  prêt,  quand  le  promet- 
tant s'était  engagea  rendre  la  somme  prêtée  -'.  Si,  aucon- 
traire,  on  avait  stipulé  l'objet  du  prêt,  le  promettant  était 
tenu  même  s'il  n'avait  pas  reçu  l'argent  ;  il  pouvait  toute- 
fois réclamer  sa  libération  ou  opposer  une  exception  de 
dor-\ 

3°  La  stipulation  sert  à  transformer  une  obligation  pré- 
existante. C'est  la  stipulation  novatoire-*.  Elle  a  lieu 
tantôt  entre  les  mêmes  personnes,  tantôt  entre  personnes 
différentes.  Dans  le  premier  cas,  on  transforme  un  con- 
trat de  bonne  foi  en  un  contrat  de  droit  strict  en  vue  de 
restreindre  le  pouvoir  d'appréciation  du  juge;  ou  bien 
on  modifie  l'obligation  antérieure  en  ajoutant  ou  en 
retranchant  un  terme  ou  une  condition  ^'.  Dans  le  second 
cas,  lastipulationnovatoire  permet  de  prendre  à  sa  charge 
la  dette  d'autrui  ^ex7J;'om/.s's/«)[iNTERCESSio,p.  ool,  n.  15]. 
Pour  être  valable,  la  stipulation  novatoiredoit  avoir  le 
même  objet  que  l'obligation  antérieure-*;  la  forme  seule 
de  l'obligation  est  changée.  Mais  celte  condition  a  été 
atténuée  vers  la  fin  duii'  siècle  de  notre  ère;  on  peut  sti- 
puler la  valeur  pécuniaire  de  la  dette  primitive-'.  Au 
Bas-Empire,  l'identité  d'objet  n'est  plus  exigée:  on  peut 
augmenter  ou  diminuer  la  quantité  due  ■"'•,  et  pour  savoir 
s'il  y  a  substitution  d'une  dette  à  une  autre,  ou  création 
d'une  obligation  co3xistant  avec  la  première,  il  faut  re- 
chercher si  les  parties  ont  exprimé  la  volonté  de  nover  ". 
La  stipulation  novatoire  a  pour  effet  d'éteindre  l'obli- 

tcurs.  Cf.  sur  celte  question,  Karlowa.  Rôm.  Reclilsgesch.  l.  I,  p.  804;  i.  II, 
p.  26.  —  17  Corp.  inscr.  lai.  II.  5181, 1.  1  ;  cf.  Flach,  .Youi-.  Réf.  Hist.  de  droit, 
1ST8,  p.  635.  —  18  Corp.  in-cr.  lat.  IV,  n»  I,  IV,  V.  etc.  :  mercede  minus.  Cf. 
Cailleraer,  .Voui\  Rev.  hist.  de  droit.  1877.  p.  401.  —  19  Cato  ap.  Paul.  Dig.  XLV. 

1,  i,  1  ;  Ulp.  eod.  72  pr.  CL  pour  les  fonds  provinciaui,  Gaius,  11,  31.  —  2«  Jul. 
ap.  Ulp.  eod.  38.  6;  Pompon,  eod.  Itl.  —  2i  AIL  Dig.  XVII,  2.  71  pr.  —  M  Corp. 
inscr.  lat.  III,  p.  396.  941,  94.H.  95».— 23 /6id.  vol.  III,  p.  935.  CL  i'Ua.  Bist.  nat. 
XXXIll,  1,28.  —  2lPaul.  Lig.  \ll,  I,  30.  —  2S  Uaius,  IV,  116;  LIp.  Dig.  XLIV,  4, 

2,  3.  -  25  Vlp.  Dig.  XLVI.  2,  I  pr.—  27  Gaius,  III,  177,  179.  —28  LIp.  Dig.  XLVI, 
2,  4.  -   29  Papin.  eod.  28.  —  30  Cod.  Just.    VIII.  42.  S.   —  31  Jnst.   III.  29,   3. 


STI 


1SI9  — 


STI 


galion  antérieure  et  de  créer  une  obligation  nouvelle'. 
Avec  la  dette  antérieure  s'éteignent  les  sûretés  person- 
nelles ou  réelles  qui  pouvaient  en  garantir  l'exécution  -. 
La  novation  produit  un  autre  efTet:  elle  arrête,  s'il  y  a 
lieu,  le  cours  des  intérêts  de  la  dette  primitive'. 

Parmi  les  stipulations  novatoires,  il  faut  mettre  à  part 
la  stipulation  AquHienne\  dont  la  formule  a  été  com- 
posée par  le  jurisconsulte  Aquilius  Gallus  [jurisconsilti, 
p.  718,  n.  17].  Elle  s'applique  non  seulement  aux  obli- 
gations, mais  aussi  aux  droits  réels;  elle  se  compose 
d'une  stipulation  et  d'une  acceptilation:  la  première  sert 
à  transformer  en  une  créance  unique  tous  les  droits  réels 
ou  de  créance  qu'on  a  contre  une  personne  ;  la  seconde 
à  éteindre  la  créance  ainsi  formée.  On  l'emploie  par 
exemple  à  la  suite  d'une  transaction,  ou  lorsqu'on  veut 
donner  décharge  à  un  mandataire  général  à  la  (in  de 
sa  gestion".  Il  s'agit  le  plus  souvent  d'un  droit  liti- 
gieux. 

La  stipulation  novatoire  peut  également  servir  à  faire 
une  tlélégution:  un  débiteur  donne  à  son  créancier  ou 
à  la  personne  qui  lui  est  désignée  un  autre  débiteur  qui 
s'oblige  à  sa  place".  C'est  la  delegalio  c/ebiloris,  qui 
exige  le  concours  de  trois  personnes  :  le  délégant  qui 
prend  l'initiative  de  l'acte,  le  délégataire  qui  en  bénélicic, 
le  délégué  qui  s'obligea  la  place  du  délégant.  Cette  délé- 
gation se  dislingue  de  la  delegalio  pecuniae,  dans 
laquelle  le  délégué,  au  lieu  de  s'obliger,  fait  un  paiement 
au  déiégataire  pour  se  libérer  envers  le;  délégant'. 

La  délégation,  usitée  dès  le  temps  de  Caton  r.\ncien'', 
se  faisait  souvent  par  l'intermédiaire  d'un  banquier. 
Elle  permettait  aux  commerçants  de  faire  ou  de  recevoir 
des  paiements  partout  où  leur  banquier  avait  des  corres- 
pondants. Les  papyrus  en  contiennent  de  nombreux 
exemples.  Les  contribuables  payaient  leurs  impôts  par 
une  délégation  donnée  au  percepteur  sur  leur  banquier  ; 
le  percepteur,  à  son  tour,  faisait  ses  versements  aux 
caisses  publi([ues  par  l'intermédiaire  de  son  banquier  '. 

4°  La  stipulation  sert  à  créer  une  obligation  au  jirolil 
de  plusieurs  personnes  qui  ont  un  droit  égal  (correi  sti- 
pulandi),  ou  dontl'unc  est  un  créancier  principal, l'autre 
un  créancier  accessoire  (adstipulalor).  Dans  le  premier 
cas,  la  stipulation  est  faite  dans  une  forme  spéciali' : 
chaque  créancier  interroge  le  promettant  qui  ne  doit 
répondre  qu'après  la  double  interrogation  '".  L'obligation 
ainsi  formée  est  appelée  corréale  ou  solidaire.  Elle  con- 
fère à  chacun  des  créanciers  le  droit  d'agir  pour  le  tout 
contre  le  débiteur  commun,  mais  le  paiement  fait  à  l'un 
libère  le  débiteur  à  l'égard  des  autres"  qui  perdent 
leur  droit.  Il  y  avait  là  un  risque  pour  les  créanciers.  Ce 
risque  était  écarté  lorsqu'il  existait  entre  eux  une  com- 
munauté d'intérêts  résultant  par  exemple  d'une  société; 
en  pareil  cas,  le  créancier  qui  avait  reçu  le  paiement 
devait  partager  avec  les  autres. 

Vadstipulalor  esl  une  personne  qui  stipule  à  côté  du 
stipulant  principal  en  qualité  de  mandataire'^.  On  a 
conjecturé  qu'anciennement  ce  mandat  était  donné  pour 
le  cas  où  le  mandant  serait  empêché  d'agir  en  justice: 

)  Gains,  111,  176.  —  2  Hanl.  Dig.  XLVI,  2,  IKcli9;  Carac.  Cod.  Jiml.  Vlll, 
40,  4.    —   3  Papiii.   Diij-  XLVI,  2,  27.  —   4  Ulp.  Dig.  Il,  15,  2;  Taul.  eod.  i:i. 

-  ■  lust.   III,   29,   2;   Flor.    VUj.   XLVI,   4,   18,  2.    —    6  Ulp.   fliV/.    XLVI,   2,  11. 

—  ^  Jul.  Dig.  XVI,  ï,  19,5;  Ncrat.  ap.  Ulp.  Dig.  XXlll,  3,  5,  8.  —  »  Calo,  De  re 
rust.  146.  —9  Cr.  frcisigkc,  Girowesen  im  griech.  Aegypten,  1910.  —  '»  Inst. 
III,  10  pr.  —  Il  Javol.  ûig.  XLV,  2,  2  ;  Veni.1.  Dig.  .XLVI,  2,  31,  I  ;  cf.  Lai),  ap. 
Paul.Z»i!/.  Il,  14,  27  pr.  —  liUaiiis,  III,  110,  111  ;  Cic.  In  Pis.  9:  l'Iin.  Uist.nat. 


c'était  un  moyen  d'écarter  la  règle  qui  défendait  d'agir 
en  justice  au  nom  d'aulrui  [leois  actio,  p.  1094, 
n.  14"j  :  Vadstipulutor  faisait  valoir  une  créance  qu'il 
avait  personnellement  acquise.  Au  ii°  siècle  de  notre  ère, 
Vadsti/julatio  n'a  plus  qu'une  application  restreinte  :  elle 
est  employée  pour  rendre  valable  une  stipulation  post 
morlem  siiain'^.  Le  droit  d'action  acquis  par  le  stipulant 
accessoire  ne  compte  pas  dans  son  patrimoine";  il  est 
intransmissible  à  ses  héritiers:  il  doit  être  exercé  dans 
l'intérêt  du  mandant.  Vadstipulatio  a  disparu  lorsque 
Justinien  a  validé  les  stipulations^^o.s'/  mortem'^. 

5°  La  stipulation  sert  à  fortifier  le  droit  du  créancier, 
lorsqu'il  se  fait  promettre  la  même  prestation"^  par  plu- 
sieurs débiteurs  solidaires  [correi  promittendi)  ou  par 
un  débiteur  principal  et  par  des  cautions  (adpromissores). 
Dans  le  premier  cas,  chacun  des  codébiteurs  est  tenu 
pour  le  tout,  mais  le  paiement  fait  par  l'un  libère  les 
autres  ''.  Ici,  comme  pour  la  solidarité  entre  créanciers, 
il  importe  de  savoir  s'il  y  a  communauté  d'intérêt  entre 
les  codébiteurs;  lorsqu'ils  sont  associés,  celui  quiapayé 
toute  la  dette  a  un  recours  contre  les  autres.  Pour  le 
cas  à'adproinissio,  voir  l'article  inïercessio,  p.  .')5i. 

6°  Stipulation  de  peine.  C'est  en  général  une  stipulation 
accessoire  qui  confère  au  créancier  un  droit  à  une  indem- 
nité, fixée  à  forfait,  en  cas  d'inexécution  de  l'obligation 
principale.  A  l'origine,  l'inexécution  d'une  promesse 
était  traitée  comme  un  délit;  le  débiteur  était  frappé 
d'une  peine  tixée  par  les  parties  lors  du  contrat.  Sous 
l'Empire,  lorsque  la  jurisprudence  distingua  les  idées 
de  peine  et  d'indemnité,  on  conserva  l'usage  de  la  sti- 
pulation de  peine,  qui  subsiste  encore  en  droit  moderne 
sous  le  nom  de  «  clause  pénale  ».  Elle  avait  l'avantage 
d'écarter  l'arbitraire  du  juge  pour  la  fixation  des  dom- 
mages-intérêts, avantage  précieux  lorsque  l'obligation 
avait  pour  objet  un  fait  ou  une  abstention  ".  —  Elle  était 
également  employée  pour  faire  un  cowîyjrowi/s.  On  donne 
ce  nom  à  une  convention  par  laquelle  deux  personnes 
s'engagent  à  confier  la  décision  d'un  dilTérend  à  un 
arbitre  choisi  d'un  commun  accord,  à  faciliter  l'accom- 
plissement de  samission  etàexécutersa  sentence '".Cette 
convention,  subordonnée  à  l'acceptation  de  l'arbitre-", 
était  confirmée  par  des  stipulations  réciproques  [com- 
promiltere).  —  La  stipulation  de  peine  servait  aussi  à 
valider  la  stipulation  pour  autrui  et  la  promesse  du  fait 
d'autrui-'.  La  stipulation  pour  autrui  est  nulle  soit  à 
l'égard  du  tiers  qui  ne  peut  invoquer  une  convention  à 
laquelle  il  n'a  pas  pris  part,  soit  à  l'égard  du  stipulant 
qui  n'a  pas  en  général  d'intérêt  pécuniaire^-.  Cette  der- 
nière cause  de  nullité  disparaît  grâce  à  la  stipulation  de 
peine  qui  prouve  l'intérêt  du  stipulant.  Il  en  est  de 
même  pour  la  promesse  du  fait  d'autrui:  on  la  rend 
valable  en  stipulant  une  peine  pour  le  cas  où  le  tiers  n'ac- 
complirait pas  ce  qui  a  été  convenu.  Dans  les  cas  de  ce 
genre,  la  stipulation  de  peine  forme  le  contrat  principal: 
le  paiement  de  la  peine  est  subordonné  à  l'inexécution 
de  la  prestation  stipulée  pour  autrui  ".  La  peine  est  due, 
même  si  le  débiteur  a  été  empêché  par  un  cas  fortuit 

XXIX,  3;  Ouinlil.  /.!.!(.  ora(.  XI,  3.  —  13  Gaius,  III,  117.  —  iilljitl.  114.  —  13  y;i5(. 

III,  19,  13.  —  16  Inst.  111,  u;  pr.  :  Uïia  res  i-crtilur;  Paul.  Uig.  XLVI,  8,  14. 
—  n  Ulp.  Dii/.  XLV,  2,  3,  I  ;  XLVI,  1,  5.  Il  en  était  de  méroe  dans  le  droit  baby- 
lonien, à  rùpoque  de  Hamraonrabi  ;  cf.  Ed.  Cui[,  N.  flev.  hisl.  de  droit,  1910, 
XXXVI,  44b.  —  18   /,ist.  111,  l;i,   7.   —  19  Paul.  JJig.  IV,   8,   1.  —  20  Ulp.  eod. 

IV,  8,  13,  2.  —  21  y.  Mue.  Ùig.  L,  17,  73,  4.  Paul.  Oig.  XLIV,  7,  11.  —  22Ulp. 
Dig.  XLV,  38,   17.  —  23  papin.  Dig.  XLV,  1,  115,  2. 


STI 


1520  — 


STI 


d'accomplir  le  fait  posé  en'xondilion  '.  Lors,  au  contraire, 
que  la  stipulation  de  peine 'pst  accessoire,  la  peine  est 
due  à  moins  que  l'inext^cutibn  résulte  d'une  cause  indé- 
pendante de  la  volonté  du  débiteur-.  Sauf  convention 
contraire,  cette  peine  ne  se  cumule  pas  avec  l'obligation 
principale ^  On  permet  seulement  au  créancier  d'opter 
entre  les  deux  actions,  et  s'il  a  d'abord  exercé  la  moins 
avantageuse,  il  peut  exercer  l'autre  pour  le  surplus  ^ 
Quant  aux  dettes  d'argi^nt,  la  peine  se  cumule,  pourvu 
qu'elle  n'excède  pas  le  taux  légal  de  l'intérêt. 

La  stipulation  de  peine  était  facultative  dans  l'action 
de  la  loi  per  condicionem  :  lo  débiteur  d'une  somme 
d'argent  pouvait  stipuler  du  créancier  un  tiers  de  la 
somme  réclamée,  pour  le  cas  où  la  demande  serait  mal 
fondée:  réciproquement,  il  devait  promettre  de  payer 
un  tiers  en  sus,  s'il  était  condamné:  sponsioel  reslipu- 
lalio  tertiae  partis  j^percondictionem  actio]. 

7°  Stipulations  de  garantie.  —  a)  Garantie  contre 
l'éviction  [tvicrio,  p.  8G5].  Celte  garantie  donne  lieu 
à  trois  stipulations  distinctes  :  1°  stipulation  secundum 
mancipium  °.  Elle  est  usitée  lorsque  l'acquéreur  par 
mancipation  veut  faire  garantir  par  des  cautions  l'obli- 
gation de  l'aliénaleur  de  lui  payer  le  double  du  prix  s'il 
ne  lui  prête  pas  assistance  contre  un  tiers  revendiquant; 
:2''  stipulation  du  double,  usitée  dans  la  vente  des  l'es 
inanctpi,  réalisée  par  une  simple  tradition  "  ;  3°slipulation 
rem  habere  licere,  usitée  dans  les  ventes  de  ?'es  iiec  ?iian- 
cipi'.  Ces  deux  dernièi'es  stipulations  assurent  à  l'ache- 
teur un  recours  que  la  loi  ne  lui  accordait  pas  avant  la 
fin  du  11°  siècle*.  Dans  l'une,  l'indemnité  est  fixée  à  for- 
fait au  double  du  prix  de  vente;  dans  l'autre,  elle  est 
égale  au  préjudice  causé  par  l'éviction  et  varie  suivant 
l'appréciation  du  juge. 

b)  Garantie  contre  les  vices  rédliibitoires.  Le  vendeur 
promet  d'indemniser  l'acheteur  du  préjudice  que  lui 
causerait  la  découverte  de  vices  non  déclarés  au  moment 
de  la  vente  et  qui  rendent  la  chose  impropre  à  l'usage 
auquel  elle  est  destinée \ 

c)  Stipulations  e/«/j;«e  et  venditae  hercditatis.  L'ache- 
teur et  le  vendeur  d'une  hérédité  stipulent  respective- 
ment, l'un  que  le  vendeur  lui  transmettra  tout  le  béné- 
fice de  la  succession,  l'autre  que  l'aciieteur  l'indemnisera 
de  toutes  les  sommes  qu'il  débourserai  titre  d'héritier  '". 

d)  Stipulations  partis  et  pro  parte.  Le  légataire  par- 
tiaire  et  l'héritier  stipulent  respectivement,  l'un  que 
l'héritier  lui  tiendra  compte  des  sommes  payées  par  les 
débiteurs  héréditaires,  l'autre  que  le  légataire  parliaire 
l'indemnisera  des  sommes  payées  aux  créanciers  de  la 
succession"  [legatum,  p.  d044]. 

B.  Stipulations  imposées  pur  le  magistrat  ou  par  le 
juge.  —  1.  —Stipulation  prétorienne.  —  Le  Préteur 
prescrit  de  faire  cette  stipulation,  en  vue  de  procurer  à 
une  personne  un  droit  que  la  loi  ne  lui  accorde  pas'^ 
C'est  un  expédient  destiné  à  combler  une  lacune  de  la 
loi.  Elle  est  imposée  parl'édil  pour  assurer  la  marche  et 
le  résultat  d'une  procédure  engagée  devant  le   Préteur. 

a)  Stipulation  de  25  sesterces.  La  procédure  ;je;'  spon- 
sionem,  usitée  au  temps  de  Cicéron  et  sous  l'Empire,  en 

1  a.    Paul.   D,g.  IV,    3,  18,  .-i;  IV,  8.  21,  9  ;  IX,  2,  22  ,„■.  -  2  L'jp.  Diy.  XI.V 

1,  63.  -   3  Paul.  /;.,.   XI.IV,  I,  46.  -  *Jul.  Dùj.  .VVll,  1,  28  ;    Ulp.  Dig.  X\l\, 

2,  H  et  42;  Papin.  Dig.  XXII,  1,  9  pr.  —&  Cic.  Ad.  AU.  \,  i  ;  C.  i.  I.  11,5042. 
-  6  Varr.  De  re  ,us(.  Il,  10,  5.  -  ^  Ulp.  Dig.  XLV,  I,  38  pr.  ;  Varr.  De  re  rusl. 
11,2,  ô.  —  SJavol.  9  Episl.  Dig.  XLI,  3,  23,  1;  Jul.  Dig.  XIX,  1,  11-14  Ulp 
Dig.  XXI,   2,  37   pr.    -  9  Ulp.  Dig.  XXI,   I,    10  pr.  ;   1,  8;   14,  10;  Plaut.    Cure 


cas  de  revendication,  s'engage  au  moyen  d'une  stipula 
tion  faite  devant  le  Préteur  :  le  revendiquant  stipule 
2.J  sesterces  de  son  adversaire  pour  le  cas  où  il  prouve- 
rait son  droit  d(>  propriété '^  C'est  une  manière  indirecte 
de  soumettre  au  juge  le  litige;  les  23  sesterces  ne  sont 
pas  elFectivement  payés  :  la  sponsio  est  préjudicielle  et 
non  pénale.  Le  montant  de  la  stipulation  est  porté  à 
123  sesterces  par  la  loi  Crepereia,  lorsqu'on  plaide 
devant  les  centumvirs '''. 

6)  Stipulation  pro  pruede  lilis  et  vindiciarum.  Dans 
la  procédure  jier  sponsionem,  le  demandeur  stipule  de 
son  adversaire  une  somme  égale  à  la  valeur  du  litige 
[uTis  AESTi.MATio.  p.  127i)],  poiir  le  cas  où  le  posses- 
seur condamné  ne  lui  restituerait  pas  la  chose  et  les 
fruits  perçus  au  cours  du  procès.  Cette  stipulation  tient 
lieu  des  praedes  litis  et  vindiciarum  de  la  procédure 
par  serment'^  [sackajie.ntijm,  p.  933]. 

c)  Stipulation  judicatum  solci.  Elle  remplace  la  pré- 
cédente dans  la  procédure  par  formule  pétitoire.  Le 
défendeur  promet  de  payer  le  montant  de  la  condam- 
nation, de  défendre  au  procès,  de  s'abstenir  de  tout  dol 
fcAUTio,  p.  979  ;  judicatum,  p.  6i31. 

d)  Stipulation  fructuaria.  Cette  stipulation  peut  être 
rapprochée  des  précédentes  bien  qu'elle  soit  facultative. 
Elle  est  usitée  dans  la  procédure  de  l'interdit  uti  possi- 
detis.  Elle  a  lieu  lorsque  les  parties  ont  fait  régler  la 
possession  intérimaire  par  le  magistrat  et  qu'elle  a  été 
adjugée  à  celui  des  plaideurs  qui  a  ollert  la  plus  forte 
somme  pour  le  cas  où  il  succomberait.  Son  adversaire  a 
la  faculté  de  stipuler  de  lui  la  somme  promise.  Le  posses- 
seur inlorimaire,  qui  perd  son  procès,  doit  payer  cette 
somme  à  titre  de  peine,  sans  préjudice  de  son  obligation 
(le  restituer  la  possession  et  les  fruits  '^ 

e)  Stipulations  in  Judicio  sisti,  amplius  non  peti, 
ralam  rem  dominum  Uabiturum.  La  première  de  ces 
stipulations  garantit  la  comparution  d'une  personne  au 
jour  fixé  par  le  magistrat".  Dans  la  seconde,  celui  qui 
plaide  au  nom  d'autrui  promet  que  le  mandant  ne 
renouvellera  pas  la  poursuite  ".  Dans  la  troisième,  le 
mandataire  promet  que  le  mandant  ratifiera  ce  qui  a  été 
fait  en  son  nom  ". 

Les  stipulations  prétoriennes  ont  une  autre  application  : 
elles  servent  à  garantir  un  droit  éventuel  ou  déjà  né. 
Telle  est  la  stipulation  par  laquelle  l'usufruitier  promet 
de  jouir  en  bon  père  de  famille  [ususfructusI,  le  tuteur 
de  conserver  intact  le  patrimoine  du  pupille  [tutela]  ; 
l'émancipé,  appelé  par  le  Préteur  à  la  succession  pater- 
nelle, promet  à  ses  frères  restés  en  puissance,  d'apporter 
à  la  masse  les  biens  qu'il  a  acquis  depuis  son  émanci- 
pation [boxorim  collatio,  p.  733].  Celui  qui  refuse  de 
contracter  l'obligation  imposée  par  le  Préteur  est  passible 
d'une  action  fictice'".  Le  magistrat  peut  aussi  vaincre  sa 
résistance  par  voie  de  coercition  [pignoris  capio]  ou  par 
un  envoi  en  possession  -'  [missio  m  possessionem].  Le 
Préteur  exige  souvent  que  la  promesse  soit  garantie  par 
des  cautions:  elle  reçoit  alors  le  nom  de  satisdatio. 

2.  Stipulation  édilitienne.  L'édit  des  édiles  oblige  le 
vendeur  d'esclaves  à  garantir  l'acheteur  contre  les  vices 

V,  2,  4  cl  67;  3,  31.  —  lUGaius,  IV.  232.  —  U  Gaius,  IV,  2.î4.  —  12  Ulp.  70 
ad  Ed.  Dig.  XLVI,  5,  1,  2.  —  '3  Cic.  2  /n  Verr.  I,  45,  135;  Gaius,  IV,  93. 
—  H  Gaius,  IV,  95.  —  <■>  Gaius,  IV,  91,  94;  Ulp.  77  ad  Ed.  Dig.  XI.VI,  7, 
g.  2.  _  16  Gaius,  IV,  166-170.  —  "Ulp.  7  ad  Ed.  l'ig.  II,  10,  I,  3.  —  18  Jul. 
Dig,  XLVI,  ,  23.  —  H  l'ompou.  20  ad  Sab.  cod.  18.  —  20  Loi  Kuhria,  c.  XX; 
Ulp.  Dig.  1,  7,  19,  1.  —  21  Insi.  I,  24,  3  ;  Ulp.  Dig.  XXXVI,4,  5pr. 


STL 


—  1321  — 


STO 


cachés  sauf  convention  contraire,  et  à  promettre  le  double 
en  cas  d'éviction  '  [aedilis,p.  97]. 

3.  Stipulation  tril)unitienne.  Les  tribuns  de  la  plèbe 
autorisent  le  mari,  qui  a  promis  de  restituer  la  dot,  à  sti- 
puler de  sa  femme  le  remboursement  des  impenses  ou 
des  obligations  qu'il  a  contractées  pour  elle  ^. 

4.  Stipulation  judiciaire  ^  Le  juge  prescrit,  suivant 
les  cas,  diverses  stipulations,  telles  que  la  stipulation  de 
dol.  qui  garantitle  demandeur  contre  la  détérioration  do 
lachose  par  le  fait  du  défendeur,  ou  contre  la  constitution 
d'un  droit  réel  ',  la  stipulation  sur  le  partage  des 
créances  dans  Faction  familiae  erciscundae  ^  la  stipu- 
lation par  laquelle  le  défendeur  à  la  revendication  pro- 
met de  restituer  la  chose  après  que  le  demandeur  aura 
prouvé  son  droit  "  [rei  vindicatio\  Il  y  a  aussi  des  stipu- 
lations communes,  qui  sont  imposées  tantôt  par  le  juge 
et  tantôt  par  le  magistrat,  comme  la  stipulation  rem 
pupilli  salca/n  fore  [titelAj.  Ed.  Ci;q. 

STLATA  ou  STLATTA  '.  —  Transport  de  commerce, 
sorte  de  chaland  servant  à  la  navigation  fluviale.  Une 
épitre  d'Ausone-  mentionne  la  sllata  parmi  diverses 
rtatJes  o/ie/'fl/'ifle  employées  sur  la  Garonne  et  sur  le  Tarn. 
La  mosaïque  d'Althiburus  fMedeina  en  Tunisie)'  place 
ce  navire  dans  le  voisinage  immédiat  du  fleuve  couché 
qui  occupe  l'une  des  extrémités  du  tableau,  l'opposant 
ainsi  aux  vaisseaux  de  mer  qui  sont  groupés  à  l'autre 
bout,   auprès   d'une    tète   d'Océan  ;   elle    le    représente 

comme  un  ba- 
teau   large    et 
plat,  ce  qui  ré- 
pond à  la  défi- 
nition de    Fes- 
=.=.      tus     :      genus 
'~°~    navigii   la  tu  m 
_„-^    magis  quam  al- 
,£,      tum  (rig.6640j. 
Fiy.  00 io.  -  La  .iiiaïa.  L'avanl  et  l'ar- 

rière sont  peu 
relevés.  La  coque  est  ronde  et  massive.  Le  bordage 
est  renforcé  d'une  préceinte  saillante  à  laquelle  sont 
accrochés  des  cordages.  Le  navire  se  manœuvrait  à  la 
rame.  Sur  la  mosaïque  d'Althiburus,  il  est  monté  par 
un  rameur,  dont  la  figure  est  à  demi-détruite,  qui  des 
deux  mains  manie  un  aviron  unique.  Au-dessus  de 
l'image  est  inscrit  le  nom  du  bateau:  stlatta  ;  au-des- 
sous un  hexamètre  d'un  poète  inconnu,  peut-être  d'En- 
nius',  qui  prouve  que  la  stlatta  était  parfois  utilisée  pai' 
les  Romains  pour  les  transports  militaires  :  hinc  legio 
stlattis  juin  transportacerat  amne...         P.  Gaucki.er. 

'  LIp.  Dirj.  XXI,  1,  I,  1.  —  2  LIp.  Heu.  VM,  3;  l'aul.  Dig.  XXIV,  i. 
25,  4;  b5.  Cf.  Cujas,  Opéra,  VIII,  lO.ïli.  Voir  cepcndanl  KuWcr,  Festschrtfl 
fur  BirscUfeld,  p.  52,  cl  la  coiijeclure  proposée  par  E.  Lefèvre,  Du  rôle 
des  Iribuns  de  la  plèbe  en  procédure  cirile,  l'JIO,  p.  160.  —  3  Gaius,  7  ad 
Ed.  piov,  Dig.  VI,  I,  18  et  20.  -  t  Ulp.  )9  ad  Ed.  Dig.  X,  2,  2.  3  ;  Insl. 
IV,  i7,  2  cl  3.  —5  Paul.  21  ad  Ed.  Dig.  VI,  1,  27,  4.  —  6  Pompon.  Dig. 
XLV  1,  ppr.  Ulpicn  enlcnd  aulrcmcnt  les  sUpulalions  judiciaires  :  ce  sonl 
celles  qui  assureul  la  marche  dune  iiislance,  Dig.  XLVl,  5,  I,  I.  —  Bmuo 
(.baphie:  Liebe,  Die  Slipulalion  und  dos  einfache  Verspreclien.  1840;  CncisI, 
Ùie  formelle  Vertrâge,  1845  ;  Cirlanner,  Die  Stipulation  und  ihr  Yerh.Utniss 
ziim  W'esen  der  Vertragsobli galion,  1859;  Orlolan  et  L.iLbi-,  Les  Instituts 
de  Justinii-.n,  1884,  12'  éd.  l.  III.  p.  153;  Acoarias,  Précis  de  droit  romain, 
4"  éd.  1891,  t.  Il,  p.  23;  Kariona,  Kmnische  Itechtsgescl.ichte,  t.JI,  1895, 
p.  099  ;  MorilE  Voigl,  Bômisclte  Reclilsgesckichte,  1892-I9f;,  I.  I.  p.  42  ;  399; 
I.  Il,  p.  890:  l.  III,  p.  340  ;  H.  John  Roby.  Koman  priralc  Lam  in  tite  limes  of 
Cicero  and  the  Antonines,  1902,  vol.  Il,  Il  ;  Emilio  CosIa,  Lor.io  di  slorm  del 
dirillo  romano,  1903,  vol.  11,210;  P.  F.  Girard,  Manuel  élémentaire  de  droit 
romain,  4"  éd.  1906.  p.  482;  Edouard  Cuq,  Les  Institutions  juridiques  des  Ho- 

Vin. 


STLOPPUS.  —  Jeu,  amusetlc  d'enfant,  qui  consis- 
tait à  gonfler  ses  joues  et  à  taper  dessus,  du  bout  des 
doigts,  pour  en  chasser  l'air  avec  bruit  i. 

Ce  mol  a  dû  être  à  l'origine  une  onomatopée;  un  poêle 
latin  l'emploie  par  métaphore  pour  désigner  une  parole 
retentissante  et  creuse-.  G.  Lafaye. 

STOLA  (SxoXr,).  —  Les  Grecs  employaient  le  mol 
îToXv-  dans  un  sens  1res  général  pour  désigner  le  vêle- 
ment, quel  qu'il  fût,  d'un  homme  ou  d'une  femme,  àpeu 
près  comme  nous  nous  servons  du  mot  habit.  Le  mot 
latin  ,s7o/fl,  comme  le  remarque  Nonius,  fut  à  l'origine 
d'une  acception  aussi  vague  '.  Mais  bientôt  il  ne  s'appli- 
qua plus  qu'à  une  forme  de  vêtement  déterminée.  Il  dési- 
gna la  robe  des  dames  romaines.  Le  costume  habituel 
des  matrones  se  composait  de  trois  pièces:  la  tunica  [in- 
terior  ou  intima],  qui  tenait  lieu  de  cliemise  ;  la  stola, 
qui  était  la  robe  proprement  dite;  et  la  palla,  simple 
manteau  carré,  pareil  au  pallium  grec,  qu'on  jetait 
lii)rement  sur  le  tout  [pallum,  tumca]. 

Les  textes,  on  il  est  fait  mention  de  la  stola,  nous  la 
montrent  comme  une  longuevohe[ad  lalosslolademissa-) 
qui  tombait  à  terre  avec  de  nombreux  plis'.  C'était,  sauf 
les  exceptions  qu'on  verra  plus  loin,  un  vêlement  exclu- 
sivement féminin*.  Le  droit  de  la  porter  était  le  privi- 
lège des  matrones".  Le  mol  stola  en  vint  par  suite  à 
s'employer  comme  synonyme  de  malrona''. 

Quand  on  passe  de  l'examen  des  textes  à  celui  des 
monuments,  il  apparaît  que  la  stola  est  dans  sa  forme 
identique  au  chiton  des  femmes  grecques  [tunica].  Les 
flgures,  peintes  ou  sculptées,  de 
dames  romaines  qu'on  doit  nécessai- 
rement supposer  vêtues  de  la  stola, 
ne  portent  jamais  sous  le  pallium 
qu'une  même  sorte  de  vêtement: 
la  longue  tunique  plissêe,  dont 
l'usage  s'était  généralisé  en  Grèce 
à  partir  du  vi=  siècle.  Ce  n'est  pas 
comme  le  pe'plos  dorien  un  habit 
sans  coutures  [péplos],  mais  un  am- 
ple fourreau  cousu,  retenu  à  la  taille 
par  une  i;einture.  laissant  parfois 
les  bras  à  découvert,  parfois  ayant 
des  manches  cousues  ou  agrafées. 
Cette  robe  ne  se  distingue  par 
rien  d'essentiel  de  la  tunica 
intima,  qu'elle  recouvre.  Ce  n'est  ,,  .,,,  ,,  , 
qu'une  seconde  tunique,  plus  ample  romaine, 

et  généralement  plus  longue.  Quel- 
quefois,  lorsqu'elle  est  sans  manches,  elle  laisse  voir 

mains,  t.  I,  2'  éd.  1905,  p.  208  ;  t.  Il,  1908,  p.  373,  833,  et  Vindex,  p.  930;  BekkcT, 
Vermutunyen  ûber  den  Ursprung  der  Stipulation  [Zeils.  der  Saviyny-Stiftung 
R.-A.,  1909,  XXX,  411. 

STLATA  ou  STLATTA.  1  Gell.  Noct.  attic.  X,  25.  —  2  Auson.  Efiist.  22,  31. 
—  3  |,a  Bl  inchère  et  Gauckler,  Catal.  du  musée  Alaoui,  1897,  p.  32,  n»  166;  Gau- 
ekler,  C.  rendus  de  l'Acad.  des  inscr.  1898,  p.  642,  et  Monum.  et  Mém.  Piot. 
XII, 1905, p.  UOctsniv.,n''  lOetlig.  24;  ?.Kicl\e\er,  Neptunia  prata,  Hf.  liliein. 
Mus.  LIX,  p.  325,  D°  17.  _  4  L'épithcle  stlatlaria,  dérivée  de  stlatta, 
i|u'emploicnt  Pétrone  (Sa(!/ricon,  108)  et  Jnvénal  (Salir.  VII.  131),  se  trouve  drjâ 
dans  Ennius:  Schol.  ad  Jui\  Sat.  VII,  134. 

STLOI*rLS.  1  A  la  forme  adoptée  jusqu'ici  par  les  lexicographes  on  doit 
vraiseinblableineiilsubstituer  5c/o/)/)u5,  leçon  des  m  tlieurs  manuscrits;  Pers.  V,  13, 
3-  éd.  Jahn  et  Biichclcr  (1893).   —  2  Pers.   /.  c.  et  schol.  ad  h.  I.;   Prrscian.   so. 

STOLA.  1  Nonius,  p.  337,  24;  Enn.  Frag.  285,  2S7,  Ribbeck.  —  2  lloral, 
Sat.  i.  99.  —  3  Mart.  III,  93.  —  4Sen.  Vit.  beat.  13.  —  5  Paulus  Sent.  125,  15, 
{matrouas  appellabant  ea^  fere  quibus  stotus  Itabendijus  trat)  -.  cf.  Varr.  Ling., 
Lat.  VIII,  28;  IX,  48;  X,  27  ;  Ovid.  Pont.  3,  31  ;  Mart.  I,  33,  8  ;  Ulp.  Dig.  34,  2, 
24.  —  6  Slat.  SiU.  2,  235. 

191 


STO 


1522  — 


STO 


les  manches  de  la  luniqiie  (fig.  fi641)  '  ;  lorsqu'elle  esl  un 
peu  coui'le,  elle  découvre  la  bordure  inférieure  de  celle-ci 
(fig.  mM)  •'.  Mais  à  l'ordinaire  rien  ne  dépasse  du  vête- 
menl  de  dessous,  el  par  suile  les  ligures  romaines  qui 
porlenl  la  stntn  par-dessus  la  lunica  sont  nialaisémenl 
discernables  de  celles  qui  sonl,  à  la  mode  grecque,  vêtues 
du  seul  c/iiloii. 

La  ceinture  qui  lixe  à  la  taille  cette  robe  matronale 
esl  tantôt  visible',  tantôt  cachée  par  le  pli  retombant  de 
réiofl'e    qu'elle  retient.    A    la  bordure    inférieure   et   à 


Fig.  66iJ.  —  La  di^esse  Roi 


l'échancrure  du  col,  court  souvent  une  broderie  I^pata- 
GiUM^.  Parfois,  une  large  bande  ornée  descend  dans  l'axe 
du  corps,  de  la  ceinture  jusqu'aux  pieds  (fig.  3835).  Par 
son  nom,  comme  par  sa  forme  identique  à  celle  du  c/ii- 
ton^lastola  dénonce  son  origine  hellénique.  Dans  les  pre- 
miers siècles  de  Rome  le  vêtement  commun  des  deux  sexes 
était  la  toge  [toga].  C'est  la  loge  sans  doute  que  conti- 
nuaient de  porteries  femmes  du  peuple  elles  courtisanes, 
auxquelles  l'usage  de  la  slo/a  semble  avoir  été  inlerdil  ^ 
11  faut  probablement  identifier  avec  la  utola  celle 
loiif/a  veslis  qui  esl  mentionnée  comme  étant,  à  l'époque 
de  la  deuxième  guerre  punique,  le  privilège  de  certaines 
femmes  mariées.  Pour  un  lectislerne  l'État  accepta, 
dit  Macrobe,  la  contribution  de  celles  des  libertinae  qui 
avaient  droit  à  la  longue  robe^.  On  entend  généralement 
qu'il  s'agit  ici  des  affranchies  ayant  épousé  des  citoyens 
romains.  On  ajuslemenl  rapproché  de  ce  texte  l'épi- 
laplie  d'une  femme,  d'abord  affranchie,  puis  mariée  à  un 
citoyen,  où  se  lisent  ces  mots  «  lia  leibertate  il/et  me, 
liir  me  decora(r)at  atola  ».  Dans  quelques  inscriptions 
funéraires,  du  ir  et  du  ni"  siècle  ap.  J.-C,  des  femmes 
mariées  fout  suivre  leur  nom  du  titre  de  slulata 
femina  '•.    11    n'est    pas  vraisemblable    que    ces   mois 

1  J/iK.  BorOoii.  Ml,  pi.  xjxvu.  —  i  Arcli.  Zeit.  1SS3,  pi.  iv;  voy.  homa,  ûg.  5954. 
—  3  l/us.  Uorhon,  XI,  pi.  i.ij;  Baunioisler,  Denkmûl.  p.  ISil,  Bg.  193)  [cixgdi.im, 
fig.  1506].  —  *  IJoniiiie  le  remarque  Hûliner  (Comm.  phil.  in  lion.  Alommsen, 
p.  toi  el  suiv.),  quand  Ulpien  {Dig.  47,  10,  15,  §  15)  oppose  la  meretricia 
veitia  à  rAa6i(i«  malroualis.  cela  ne  veul  pas  dire  que  les  courlisanes  avaient 
un  costume  spécial,  mais  qu'il  leur  était  interdit  de  porter  la  slola.  —  5  Ma- 
cro!). Sul.  I.C,  13. —0  Cor;/,  ins. /,i(.  I.  1 19i  =  BûcUeler,  Anthol.  epigr.  ],  i3. 
Ces  inscriptions  ont  été  réunies   par   Iliibner,    p.   HH  et  suiv.  et   Hernies,   Xlll 

1»7S),  p.  4i3  et  suiv.  ;  cf.  Corp.  in*c.    lai.  111,  52i3,    5-.!li3,  5i93,  6155.  '•  l"ro- 

perl.  IV,  11,  61.—  «Suet.  Caet,  ^i  (leclkarum  usum,  Hem  concliyliiitae  veslis  et 
margaritarum  nisi  eerlis  personis  el  aelalibus  ....udemilj;  ProporI,  III,  îi,  45. 
— 'Jllor.  Au/.  1,  1,  S9  (Cluariim  subsiila  lalos  legil  inslila  vesle  ;  instila.  M  le 
sclioliaste,  erat  teniiissima  fateiuta  qune praelexlae  adiiciebalur.  —  lOCf.  en  outre 
du  vers  d'Horace  déjà  ciW,  Ovid.  Ars  amat.  3i  {Quaeqiie  teijit  médias,  inslila 


veuillent  seulement  signilier  la  qualité  de  citoyenne.  Ils 
désignent  un  privilège  plus  rare  et  qu'on  a  supposé 
identique  au  liiîerorlm  .)i:s.  Un  texte  de  Properce,  com- 
menté par  Hïibner,  laisse  entendre  qu'un  costume 
spécial  était  l'insigne  de  ce  droit  '.  Cornélie,  femme 
d'.Vemilius  Paulus,se  vante  de  n'être  point  resiée  stérile 
el  d'avoir  ainsi  obtenu  les  generosos  vestis  honores.  Le 
titre  de  stolata  femina,  les  veslis  honores  et  le  jus 
liberorum  ne  sonl  apparemment  qu'un  seul  el  même 
privilège.  On  sait  que  ce  privilège  n'était  pas  seu- 
lement reconnu  aux  matrones  mères  de  trois  enfants  el 
plus,  mais  à  toutes  celles  qu'on  voulait  honorer  d'une 
dislinclion  officielle.  La  robe  des  stolatae  feminae 
n'était  évidemment  pas  la  slola  commune,  que  toute 
matrone  avait  droit  de  revêtir,  mais  une  slola  d'un  type 
particulier  que  sa  décoration  sans  doute  dislinguaitentre 
les  autres.  Hiibner  suppose  qu'elle  était  bordée  d'une 
bande  de  pourpre.  On  sait  en  effet  que  des  lois  spéciales 
réglementaient  l'usage  de  la  pourpre  pour  les  habits 
d'hommes  et  de  femmes  ".  Rien  d'étonnant  à  ce  que  pour 
les  femmes,  comme  pour  les  citoyens  et  les  magistrats, 
la  pourpre  ail  été  l'insigne  de  certaines  distinctions. 
La  stola  avait  pour  habituel  ornement  une  pièce 
d'étoffe  qu'on  nomme  inslila  et  dont  la  forme  prèle  à 
discussion.  D'après  le  scholiasle  d'Horace,  V inslila,  que 
les  Grecs  appelaient  Trsp'.TûÉotÀov,  était  une  bande  d'étoffe 
cousue  au  bas  de  la  robe"*.  Plusieurs  textes  semblent 
confirmer  ce  renseignement'".  Mais  il  n'est  pas  de  monu- 
ment figuré  où  Vinstita  se  laisse  reconnaître  avec  certi- 
tude. Rich  voulait  y  voir  une  sorte  de  traîne,  rectangu- 
laire, fixée  à  la  ceinture  et  tombant  de  là  jusqu'à  terre. 
Mais  la  peinture  antique  qu'il  citait  à  l'appui  de  cette 
opinion  ne  lui  était  connue  que  par  un  dessin  fort 
inexact  et  n'a  rien  à  faire  avec  Vinstita".  Le  sens  ha- 
bituel du  mol  (ceinture,  lien)  ferait  plutôt  penser  à  une 
bande  courant  en  cercle  au  bas  de  la  robe,  et  s'accorde 
avec  l'inlerprélalion  du  scholiasle. 

En  outre  de  la  robe  des  matrones,  le  mol  slola  pouvait 
aussi  désigner  la  longue  -tunique  flottante  des  cilha- 
rèdes'-,  celle  qu'on  appelle  encore  la  palla  et  que  nous 
montrent  des  images  d'.Xpollon  [pallium,  fig.  5467].  Quel- 
quefois aussi  le  même  nom  était  donné  à  la  robe  que  por- 
taient les  prêtres  ou  les  princes  chez  certains  peuples  de 
l'Orient.  Dans  Apulée  l'initié  aux  mystères  d'Isis  est 
revêtu  de  douze  slolae.  Le  plus  beau  de  ces  vêtements, 
et  le  plus  sacré,  auquel  l'auteur  applique  d'ailleurs  quel- 
ques lignes  plus  haut  le  terme  de  chlamys,  s'appelait, 
nous  dit-il,  stola  olijmpiaca.  La  Yulgate  désigne  encore 
communément  du  même  nom  le  costume  des  rois  etdes 
prêtres '^  Enfin,  dans  la  littérature  chrétienne,  la  stola 
randida  esl  le  vêtement  sacré  que  doivent  revêtir  les 
élus  el  qui  symbolise  la  pureté  du  ca:'ur".       G.  Lerocx. 

iuiiga,  pedes).  De  môme  nue  slola,  le  mol  inslila  s'emploie  comme  synonyme  de 
rnalroiia.  Ibid.  "00.  —  "  Rich,  Dict.  anliq.  rom.  s.  v.  stola.  La  ligure  reproduite 
par  Rich  est  lirée  de  Barloli,  Admirand.  /lom.  niiliq.  1693,  et  Collect.  de  pein- 
tures anliques,  Rome,  1781,  pi.  m.  L'original  (une  fres<|ue  des  thermes  de  Titus) 
esl  reproduit  dans  Ponce,  Collect.  de  tableaux  antiques,  Paris,  3*  éd.  1819,  pi. 
i.vu,  sous  des  traits  fort  din'érenis  el  la  Iraiuc  en  question  n'y  est  plus  visible. 
—  12  Varr.  Des.  riisl.  13.  —  13  Apul.  ilelam.  11.  —  1*  Vitlg.  Interpr.  Gen.  41, 
4i;  45,  ii;Eslher,  6,  lOct  \{\.Marc.  li,  38;  LeM.  16,  Si;  Luc.  15,  îi. 
Ibid.  Apoc.  7,  9  (5(o/ls  albis  )  ;  Eccl.  6,  32  [stolam  gloriae),  etc.  —  Bii)r.ioGKA- 
l'HiE.  Il  p  irait  inutile  de  rappeler  des  ouvrages  antérieurs  à  ceux  dont  les 
noms  suivent:  on  pourra  consulter  Beckcr-Liœll,  Gallus,  Ml,  p.  â5i  et  sniv.; 
Weiss,  Koslûmkunde,  Altcrt.  Il,  p.  97i  ei  s.;  Marquardt,  .Manuel  des  antiquités 
romaines.  Vie  privée,  Irad.  Henry,  p.  i\6  sq.  ;  Baumeistcr,  Denkmûl.  Klass. 
Altertk.  III,  p.  1841   sq.  (Millier)  ;  Uubner,   Comment  pliil.  in.  Iionor.  Momms. 


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1323  — 


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STOLARCHUS  (S-ôXas/oç,  (rToXàp/-f,ç).  —  Commandant 
naval.  On  ne  sait  pas  d'une  manière  certaine  si  ce 
litre,  qui  est  romain,  désignait  l'amiral  cliefd'unellolte  ' 
ou  celui  qui  était  à  la  tète  dune  de  ses  divisions,  dune 
escadre-,  dune  station  ^.     E.  S. 

STOREA  ou  STORIA.  — Couverture,  natte,  faite  de 
joncs,  de  roseaux,  de  corde,  dont  on  se  servait  pour  pro- 
téger les  récoltes,  les  machines  de  siège,  etc.  '.     E.  S. 

STRAGULL'M,  STRAGULA  VESTIS  i  ïlTçiSaaj.  I.  Cou- 
verture, tenture,  tapisserie,  rideau  [tapete,  velim, 
vESTis]  et  en  général,  tout  ce  qu'on  étend  sur  le  sol  ou 
sur  les  lits  'lectus,  coena,  funus]  '  et  sur  d'autres  meu- 
bles [CATiiEiiRA,  SELLA,  solium],  aussi  bien  que  le  long 
des  murs  et  dans  leurs  intervalles.  .Nous  renvoyons 
aux  articles  dont  les  litres  sont  ici  indiqués. 

Slragulum  est  aussi  la  housse  ou  le  caparaçon  d'un 
cheval   epiiippiim].      E.  S. 

II.  Terme  d' a rc/ii lecture.  —  Straguhun  se  rencontre 
dans  un  formulaire  mélrologique^  qui  fait  partie  de 
l'œuvre  du  géomètreromain Vitruviusliufus.oùilsignifie 
lelilde  pierre,  formant  l'assise  d'un  tambour  de  colonne. 
Il  y  a  autant  de  slragula  que  d'assises,  et  le  principal  est 
celui  de  la  première  assise  reposant  sur  la  base,  lequel 
dans  sa  taille  comprend,  outre  ses  éléments  propres, 
une  section  de  pierre  sur  laquelle  la  colonne  vient 
s'adapter  ;  c'est  l'ïosœ  des  Grecs,  point  de  départ  de  la 
mesure  du  fût.       V.  Murtet. 

STRATÉGOS  (i;TpaTY|Yoç;. —  Le  mot  désigne  tantôt, 
d'une  manière  vague,  un  chef  d'armée  quelconque,  et 
tantôt  un  magistrat  nommé  dans  des  conditions  détermi- 
nées pour  remplir  des  fonctions  également  déterminée?. 
Ce  dernier  sens  est  le  seul  à  considérer  ici.  Nous  parle- 
rons d'abord  des  stratèges  d'Athènes,  parce  qu'ils  nous 
sont  les  mieux  connus. 

I.  ATHÈNES.  — Origine  des  stratèges.  —  .\.\thènes,  les 
stratèges  constituent  un  collège  de  dix  personnages  élus 
chaque  année  par  le  peuple,  dans  le  but,  avant  tout,  de 
commander  la  (lotte  et  l'armée,  mais  dont,  de  fort  bonne 
heure,  les  attributions  se  sont  étendues  au  delà  des 
choses  de  la  guerre.  Leur  institution  remonte  à  Clis- 
thène  (501  av.  J.-C.i'.Une  fois  le  peuple  réparti  en  dix 
tribus,  ce  groupement  nouveau  dut  servir  de  base  à 
toute  l'administration  athénienne  :  la  direction  des 
all'aires  militaires  fut  confiée,  comme  le  reste,  à  des 
représentants  des  diverses  tribus,  aux  dix  stratèges.  .\ 
vrai  dire,  .\ristote  affirme  qu'au  début,  le  polémarque, 
c'esl-à-dire  celui  des  archontes  qui  avait  hérité  des  attri- 
butions militaires  du  roi,  conserva  le  commandement 
suprême  de  l'armée',  l^a  chose  n'est  pas  impossible. 
Elle  fut  du  moins  de  peu  de  durée  ;  car,  onze  ans  après, 

p.  lOt  s.|.  :  Id.  /fermes^  XUl  (187S),  p.  4i5  st|.  Sur  l'^tote,  vilement ecclésiastii|ue 
qui  u'a  de  cunimun  que  le  nom  avec  la  stola  antique,  M.irtigtir,  Dict.  des  antig. 
chri't.  s.  V.  Vêtements  ccclésiustiques  ;  Wilpeii,  i'n  capitufo  de  storia  dei 
restiarii.  Rome.  1899.  pi.  ;,  ti,  66. 

srol-ABCBLS.  "  GaiTucci,  Class.  ifisen.  mon.  n.  47  ;  Momnisen,  /nscr.  rej. 
yeap.  2685;  Corp.-  ins.  lut.  X,  3336el  p.  1131.  —  2  Orelli-Hcnzen,  Inscr.  III, 
ti.  6870  et  p.  521  ;  Marquardt,  Manuel  des  ant.  rom.  trad.  fr.XI,  p.  246.  —  3  Ainsi 
le   comiiiaDdant  de  la  slalion  du  Poiil,  C.  i.  f/r.  3694. 

STOREA  ou  SJOEIA.  I  Plio.tf.  nat.  XV,  18,  1  ;  Cacs.  Bell.  cie.  Il,  0  ;  T.  I,iv. 
XXX.  3,  9. 

STRAGILI'.M.  i  UIp.  Oig.,  16.  45  :  o  Neque  dutfium  est  quin  stragula  vestis 
sit  omne  patttuw,  quod  Graeci  cEîîcxowJa  vacant  «.  —  2  V.  Mortel,  Cn  nouveau 
texte  d'arpeitlnfje  et  de  géométrie  d' Epaphroditus  et  de  Vitruvius  Hufus, 
ins.  latin,  de  la  bibl.  roy.  de  Munich,  1896,  Notices  et  extraits  des  manus- 
crits (l.  XXXV.  i*  pari.).  Cr.  V.  Mortel,  Ca  mesure  des  colonnes  à  la  fin  de 
l'é/joqne  romnme,  extr.  de   la  flilil.  de  l'École  des  Charles,  t.  LVII,  1896. 

STRATÉGOS.  —   1  D'après   Aristote   CAt.  tioI.   IV,  2),  il  est  déjà  question  de 


l'année  de  Marathon,  si  le  polémarque  Callimaque  est 
encore  admis  avec  voix  consultative  au  conseil  qui  pré- 
cède la  bataille',  et  si,  au  moment  de  l'action,  il  a  sa 
place  marquée  à  l'aile  droite",  Hérodote  spécilie  bien 
que  les  .Mhéniens  sont  sous  lesordres  des  dix  stratèges  ■•  ; 
et  c'est  l'un  d'eux,  Miltiade,  non  le  polémaripe,  qui 
décide  du  jour  où  il  convient  d'engager  le  combat '^. 

.Wode  de  nomination.  —  Comme  pour  toutes  les  fonc- 
tions militaires,  l'élection  des  stratèges,  du  moins  au 
temps  d'Arislote,  se  fait  par  un  vote  à  mains  levées 
(/E'poTovî'al  \  Elle  a  lieu,  sur  un  avis  préalable  du  Sénat 
(^po6û'JÀ£ijij.a),  dans  l'Assemblée  du  peuple,  sous  la  prési- 
dence des  proèdres  en  exercice.  La  date  n'en  est  pas  abso- 
lument fixe  .  elle  ne  doit  pas  être  antérieure  à  la  7'"  pry- 
lanie,  soit  environ  au  début  de  février  ;  mais,  à  partir  de 
ce  moment,  il  faut  que  les  présages  aient  été  jugés  favo- 
rables *;  l'attente  peut  se  prolonger.  Ainsi  s'explique  sans 
doute  l'élection  de  Sophocle  à  la  stratégie  après  le  triom- 
phe de  son  ^;U((/ci?ie  aux  Grandes  Dionysies,  c'est-à-dire 
en  .Mars  ou  Avril  441  :  des  signes  funestes  auraient,  cette 
année-là,  retardé  d'un  mois  la  désignation  des  stratèges, 
à  moins  encore  que  l'usage  n'ait  varié  du  \'  au  iv''  siècle. 

A  l'origine,  on  avait  posé  en  principe  qu'on  prendrait 
régulièrement  un  stratège  dans  chaque  tribu.  Plus 
tard',  il  n'en  est  plus  de  même  :  on  est  libre  de  les 
choisir  parmi  tous  les  Athéniens  sans  distinction  (è; 
aTiivTtov)  '".  Nous  ignorons  à  quel  moment  précis  fut 
abolie  la  règle  primitive.  Ce  fut,  en  tout  cas,  avant  -441  ; 
car,  pour  cette  année,  nous  avons  la  liste  des  dix 
stratèges  qui  participent  à  la  répression  de  Samos  : 
Périclès  et  un  de  ses  collègues  appartiennent  à  la  tribu 
Acamantis  ".  Quant  aux  causes  qui  ont  dû  amener  cette 
moditication,  nous  en  sommes  réduits  aux  conjec- 
tures '-  ;  et  notre  embarras  est  d'autant  plus  grand 
que,  si  nous  voyons  à  diverses  reprises  deux  stratèges 
appartenir,  pour  une  même  année,  à  une  même  tribu, 
voire  à  un  même  dème,  par  contre,  après  440,  pendant 
plus  d'un  siècle  nous  n'avons  pas  d'exemple  de  deux 
tribus  possédant  chacune  deux  stratèges:  ilfaut  descendre 
jusqu'en  3-23  pour  trouver  quatre  stratèges  issus  de  la 
même  tribu  ''.  C'est  dire  qu'en  règle  générale  les  .Mhé- 
niens continuent  à  respecter  le  principe  de  la  représen- 
tation égale  des  tribus;  ils  sont  libres  d'y  déroger,  mais 
c'est  une  faculté  dont  ils  ne  paraissent  avoir  usé  que 
modérément. 

Tous  les  magistrats  athéniens,  qu'ils  soient  nommés 
par  l'élection  ou  par  le  tirage  au  sort,  subissent,  avant 
d'entrer  en  charge,  une  sorte  d'examen  appelé  ôoztaa- 
^■'a.  Les  stratèges  n'y  échappent  pas  plus  que  les  autres. 
Peut-être  cependant  les  formalités  sont-elles  pour  eux 

stratèges  et  d'Iiipparques  dès  le  temps  de  Di-aron  ;  mais  tout  le  elian.  IV,  ronsaeri 
à  la  constitution  de  Dracon,  est  des  plus  suspects.  —  2  ^j.  -,/,,.  XXII,  2.  —  '  llcrod. 
VI,  109.  —  i  Id.  VI,  lit.  —  5  Id.  VI,  103.  —  6|d.  VI,  no.  —  I  'AS.  -oi.  LXI,  I.' 

—  «  Id.  XLIV,   4.   —  '•  l.a  rédaction  de    l'A».   r.cV.   se   place  entre  331   et  325. 

—  10 'a«.  -tX.  LXI,  t.  —  'I  Tous  les  exemples  connus  de  ce  genre  sonl  réunis 
dans  Ilauvette,  Les  stratèges  athéniens,  p.  24  sq.,  ou  Beloch,  Die  attischc  Poti.'ik 
seit  Perikles,  p.  276  sq.  Sundwall  {Epigr.  Beitriïge.  p.  19  sq.l  prrseutc  autrement 
le5  choses.  D'après  lui,  il  y  aurait  à  cet  égard  trois  périodes  à  distinguer  :  1"  jusque 
vers  le  milieu  du  v  siècle,  chaque  tribu  choisit  elle-même  son  stratège;  2"  de 
441  à  335  environ,  les  dii  stratèges  sont  nommés  par  le  peuple  entier,  à  raison  d'un 
par  tribu  ;  S»  après  335  seulement,  l'élection  a  lieu  U  ir.iyi»..  Si  celte  conception 
est  exacte,  il  faut  convenir  ipie  la  loi,  dans  la  seconde  période,  a  souffert  bien  d^s 
exceptions.  —  12  Peut-être  la  création  de  phylarqucs  et  de  laxiarques  choisis  dans 
les  tribus  pour  commander  la  cavalerie  et  llufantcrie  de  chacune  d  elles  rendait- 
elle  moins  nécessaire  lappilcation  du  même  principe  i  l'élection  des  stratèges. 
Mais  la  date  de  leur  institution  reste  assez  indéterminée  :  on  hésite  entre  les 
débuts  de  la  ligue  maritime  et  4i5.  —  U  llauvell-,  p.  27  sq. 


STR  —  '«^24 

moins  compliquées    que    pour  les  arcliontes.   En   elTet 
ceux-ci  se  présenleiit  successivement  devant  le  Sénat, 
puis  devant  les  héliastes;  les  stratèges  semblent  n'avoir 
allaire   qu'aux    derniers'.    De    même,    on    fient    à   les 
savoir  citoyens  atiiéniens-;  on   ne  les  contraint  pas  à 
produire  trois  générations  dancétres  citoyens.  L'obliga- 
tion d'avoir  contracté  un  mariage  légitime  et  d'être  pro- 
priétaire foncier  en  .\ltique  est  assez  douteuse  ^  Quant 
à  la  fortune,  elle  ne  constitue  pas  non  plus  une  condi- 
tion al)solue;  et  tel  stratège,  comme  Lamachos,  devait, 
disait-on,  faire  figurer  dans   ses   dépenses   une   petite 
somme  pour  s'acheter  une  tunique  et  des  chaussures  ^ 
Mais,  en  général,  les  pauvres  aiment  mieux  se  réserver 
l'emploi  déjuges,    et  laisser  la  stratégie  aux  riches  °. 
Ceux-ci  d'ailleurs  s'en  accommodent  volontiers  ;  et,  au 
iV  siècle  encore,  les  orateurs  citent  plusieurs  familles  où 
l'on  est  couramment  stratège  de  père  en  fils".  Un  mini- 
mum d'âge  était  probablement  imposé,  et  il  ne  peut  pas 
être  inférieur  à  trente  ans,  puisque  les  stratèges  ont, 
dans  certains    cas,  à  présider    des    tribunaux.    Chose 
curieuse,  on    ne  parait  avoir  exigé  d'eux  aucune  con- 
naissance spéciale.   Sans  doute,  la  plupart  du  temps, 
le  peuple  comprenait  la  nécessité  de  choisir  des  géné- 
raux expérimentés.  Toutefois  nous  avons  déjà  rappelé 
l'exemple  de  Sophocle,  élu  stratège  à  la  suite  d'un  grand 
succès  théâtral.  Il  ne  dut  pas  être  unique  ;  car   mora- 
listes et  orateurs  se  plaignent  également  de  la  facilité 
avec  laquelle  on    s'improvise  général  à  .\thènes  ''.  Par 
contre,   les   opinions    politiques  d'un    citoyen   peuvent 
suffire  à  le  faire  rejeter  lors  de  sa  Soxiaa(7''a*. 

Cette  épreuve  une  fois  subie,  à  quelle  époque  les  stra- 
tèges prennent-ils  possession  de  leur  charge  ?  Pour  la 
plupart  des  magistratures,  l'entrée  en  fonctions  coïn- 
cide avec  le  début  de  l'année';  mais,  le  mois  Héca- 
tombéon,  premier  mois  de  l'année  athénienne,  répondant 
à  peu  près  à  notre  mois  de  Juillet,  et  les  armées 
anciennes  ayant  coutume  d'ouvrir  leurs  campagnes 
dès  le  printemps,  on  voit  de  suite  quel  inconvénient  il 
y  avait  à  ne  pas  donner  plus  tôt  l'investiture  officielle 
aux  généraux,  ou  à  les  changer  au  cours  même  des  opé- 
rations. L'objection  est  ancienne;  et  la  découverte  de 
V  '\')r^ix(u)v  -oXtTS'a  la  fortifie  encore,  en  nous  apprenant 
que  l'élection  des  stratèges  a  lieu  un  mois  ou  deux  avant 
celle  des  autres  magistrats  '".  Toutefois  les  difficultés 
ne  sont  pas  moindres  à  placer  au  printemps  l'entrée 
en  charge  des  généraux.  En  effet,  non  seulement  pareille 
conclusion  ne  se  déduit  avec  certitude  d'aucun  texte 
historique";  mais  .Aristole  n'en  dit  rien  dans  le  cha- 
pitre consacré  aux  stratèges,  alors  qu'à  propos  d'autres 
fonctionnaires  il  a  soin  de  signaler  les  exceptions  à  la 
règle  commune'-.  De  plus,  s'il  avait  réellement  existé 
à  .Athènes  une  sorte  d'année  stratégique  distincte  de 
l'année  civile,  Thucydide,  en  parlant  des  inconvénients 

'  '*'■  "^-  '■^''  2.  —  2  II  n'y  a  pas  lieu  de  tenir  pour  des  stratèges  proprement  dits 
les  trois  personnages  auiqucls  ce  litre  est  donné  par  lanteur  du  dialogue  platonicien 
de  IVon  Ip.  5*1.  c-d).  —  3  Elle  est  indiquée  par  Diuarque,  in  Demoslh.  71  ;  mais  plu- 
sieurs crili(|ues  modernes  lont  révoquée  en  doute.  Cf.  Meier-Schômann-I.ipsius,  Der 
attitehe  Process,  p.  ii'.i,  n.  \H.  —  *  l'iut.  .\  icios,  13.  -  5  Ps.  Xen.  ttesp. 
Alhen.  1.  3;  Arisl.  Polit.  III,  C,  II.  Ces  passages  montrent  clairement  que  la 
dignité  de  stratège  était  gratuite,  au  moins  en  ten)p5  de  paix  :  il  n'est  pas  sur,  Lien 
quon  l'ait  soutenu  de  divers  côtés,  que  les  stratèges  recevaient,  eu  campa-ne,  une 
solde  régulière  (cf.  Ilauvetle.  p.  137  s.|.)  -6  Haiivette.  p.  i-  n  5  -  7  Xen 
Hem.  111,5,  il:  Dem.  XIX,  i37.  -3  l.ys.  .Xlll,  10.  -»  A  vrai  dire,  cette  coïnci- 
dence n'est  iiarraiteraenl  eiacte  qu'à  partir  de  ilO  :  auparavant,  les  dii  prvtanies 
correspon.laicnt  mal  aui  douze  mois  de  Tannée,  et  l'entrée  en  fon-jlions  des  ma<-is- 


STR 

de  la  seconde  pour  sa  chronologie  '*,  n'aurait  sans  doute 
pas  manqué  de  noter  qu'il  adoptait  simplement  la  pre- 
mière. La  coïncidence  entre  l'année  civile  et  l'année  de 
charge  des  laxiarques  "  fournit  encore,  sinon  une 
preuve,  du  moins  une  présomption  dans  le  même  sens. 
Nous  admettrons  donc  que  les  fonctions  des  stratèges  ne 
commencent  officiellement  qu'au  I  "■  Hécatombéon  :  mais 
il  ne  faut  pas  oublier  qu'ils  sont  désignés  assez  long- 
temps à  l'avance,  et  qu'ainsi,  en  cas  de  campagne  pro- 
longée, ils  peuvent  s'entendre  avec  leurs  prédécesseurs. 
L'ne  dernière  formalité  est  imposée  aux  stratèges 
avant  leur  entrée  en  charge  :  ils  ont  à  prêter  serment. 
Un  texte  de  Dinarque  nous  apprend  que  la  cérémonie  a 
lieu  entre  une  certaine  statue  et  une  certaine  table '^; 
mais  nous  ignorons  si  c'est  sur  l'Agora  ou  sur  l'Acro- 
pole. La  formule  complète  de  leur  serment  ne  nous  est 
pas  parvenue.  Bien  certainement  on  leur  demande, 
comme  à  tous  les  magistrats,  de  jurer  fidélité  à  la  cons- 
titution et  de  ne  pas  se  laisser  corrompre.  Mais,  de  plus, 
des  engagements  spéciaux  répondent  à  la  nature  propre 
de  leurs  fonctions,  comme  celui  d'enrtjler  tous  les 
hommes  qui  n'ont  pas  fait  campagne  précédemment"^, 
sans  compter  les  prescriptions  que  les  circonstances 
peuvent  imposer  momentanément  :  c'est  ainsi  qu'au 
temps  de  la  guerre  du  Péloponnèse,  on  ajoute  au  serment 
ordinaire  des  stratèges  qu'ils  devront  faire,  deux  fois 
par  an,  une  invasion  sur  le  territoire  de  Mégare". 
Le  collège  des  stratèges  dispose  d'un  local  particulier, 
le  <;-oaT-/iYc?ov.  Il  en  est  plusieurs  fois  question  dans  les 
auteurs'*  ;  sa  place  exacte  ne  nous  est  pas  connue. 

Situation  respective  des  siratèf/es.  —  Une  autre  ques- 
tion serait  plus  importante  à  résoudre:  y  avait-il  égalité 
de  pouvoirs  entre  les  dix  stratèges,  ou  l'un  d'eux  avait-il 
autorité  sur  ses  collègues'.'  De  divers  ctjtés,  on  a  voulu 
établir  que,  chaque  année,  l'un  des  stratèges  est  le  pré- 
sident du  collège  '".  Il  est  vrai  que,  dans  les  inscriptions, 
on  rencontre  parfois  des  formules  comme  (jTparTiyoTç 
'l7i7To/.piT£i  Xo?\apY^'  ""■  ^uvipyouiTiv -"  ;  mais,  si  elles  indi- 
quent certainement  un  président  et  ses  collègues,  il  ne 
s'en  suit  pas  du  tout  que  les  stratèges  sont  placés  d'une 
façon  régulière  sous  la  direction  de  l'un  d'entre  eux,  ni, 
moins  encore,  que  ce  président  demeure  le  même  pen- 
dant toute  l'année.  Il  parait  plus  exact  ici  de  distinguer 
les  époques  et  les  circonstances.  En  principe,  à  la  suite 
de  leur  élection,  les  stratèges  sont  exactement  sur  le 
même  pied.  Tant  qu'ils  restent  à  Athènes,  ils  s'occupent 
donc  tous  ensemble  des  devoirs  de  leur  charge  ;  et,  jusque 
vers  le  milieu  du  iv'  siècle,  ils  sont  jugés  aptes  à  rem- 
plir, les  uns  aussi  bien  que  les  autres,  n'importe  quelle 
fonction  militaire.  Même  égalité  en  campagne,  du  moins 
à  l'origine  :  en  490,  les  stratèges  commandent  à  tour  de 
rôle,  chacun  pendant  un  jour,  l'armée  qui  doit  vaincre  à 
Marathon'-'.  Cette  stricte  observation  de  la  loi  plaisait 


trats  avait  lieu  avant  le  I*'  Hccatoml>éon  (cf.  Keil,  Atltens  Amts-und  Kalender- 
jtthre  itn  V.  Jahrh.  :  Hermès,  XXIX,  1894,  p.  32  sq.).  Toutefois  la  difîérence  est 
peu  considérable,  et  pour  nous  il  s'agit  seulement  de  savoir  si  les  stratèges  com- 
mencent leur  année  de  charge  avant  ou  avec  les  antres  magistrats.  —  '0  Celle-ci 
n'a  lieu  qu'en  Munycliion  (Avril).  Le  décret  iiiscr.  yr.  Il,  4l(i  donne,  comme  date 
précise  pour  les  ào/a-.oE(7t'a;,  le  ii  Munycliion  ;  ce  décret,  il  est  vrai,  est  du  ii«  siècle 
av.  J.-C.;  mais,  comme  tes  opéi-ations  se  font  xaTà  tr,v  [la^TE-'av,  il  doit  s'agir  d'un 
usage  ancien.  —  "  Hauvette,  p.  31  s.|.  —  12'.*!.  „«.  XLIII,  1.  —  13  Thucyd.  V,  io. 
—  I*  /lis.  yr.  Il,  lil4;  11,  5,  331  c.  —  Ii  Din.  i«  Philocl.  i.  —  16  Lys.  IX, 
15.  —  17  Plut.  Perides,  30.  —  18  Hauvette,  p.  55,  n.  i.  —  I»  Droysen  (Hermès, 
IX,  1875,  p.^3)il.'lScllcVc  (De  lilulisaliquot  atticis,p.  ii):  Belocli  [.illische  Polilik, 
p.  iSO).  —  2«/n5.  yr.  I,  J73,   a-b,   1.   3.  —21  Herod.  VI,  MO. 


STR 


1525  — 


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aux  ALhéniens  ;  vers  la  fia  de  la  guerre  du  Péloponnèse, 
nous  voyons  encore  la  flotte  des  Arginuses  '  et  celle 
d\Egospotamoi  "  passer  successivement  sous  les  ordres 
de  tous  les  stratèges  présents.  Cependant  si,  en  temps 
de  paix,  ou,  à  la  rigueur,  durant  la  période  de  prépa- 
ration d'une  guerre,  iln'j'  avait  pas  trop  d'inconvénients 
à  procéder  de  cette  manière,  devant  l'ennemi  le  danger 
était  si  manifeste  à  ne  pas  mieux  assurer  l'unité  du 
commandement  que,  dès  la  seconde  guerre  médique, 
Thémistocle  à  Salamine  ',  Aristide  à  Platées  '%  Xanthippe 
à  Mycale  °  ont  la  haute  main  sur  tout  le  contingent 
athénien.  Pareil  fait  se  renouvelle  couramment  :  dans 
beaucoup  d'expéditions,  les  armées  ou  les  flottes 
d'Athènes  ont  à  leur  tête  plusieurs  stratèges  ;  mais 
l'un  d'eux  est  le  chef  de  tous,  et  lui  seul  le  plus  sou- 
vent est  cité  par  les  historiens". 

Le  généralissime  est  nommé  non  pas,  comme  on  l'a 
dit  parfois  ',  par  ses  collègues  mêmes,  mais  par 
l'Assemblée  du  peuple,  dans  un  vole  distinct  de  celui  où 
a  été  élu  le  collège  entier  de  l'année  (àXÉcôat  arçxT-r^yh^  ix 
Twv  xE/£'.poTovY,u.£vcov)  *.  L'exprcsslon  technique  qui  le 
désigne  nous  est  fournie  par  Thucydide,  dans  des 
phrases  comme  :  n£|XT:ou<7tv  KaÀÀîav  tôv  KaÀXiiôou  Tt£[jiTCT&v 
olÙtôv  (TToaxTiYOv  ^  ;  nEicxÀéou;  ocxoctou  aÛToO  (TTpaTriYOûvxo!;, 
èvauu.»./T|i7av  '",  etc.  lîlles  signifient,  comme  cela  res- 
sort nettement  du  contexte,  non  pas  qu'au  moment 
précis  dont  parle  l'historien,  Callias  et  Périclès  ont 
auprès  d'eux,  l'un  quatre,  et  l'autre  neuf  de  leurs  col- 
lègues, mais  qu'ils  ont  alors,  pour  toute  la  campagne 
en  question,  la  direction  suprême  d'une  armée  compre- 
nant, en  dehors  d'eux,  quatre  ou  neuf  de  leurs  collègues 
qui  leur  sont  subordonnés.  En  effet,  au  moment,  par 
exemple,  de  la  bataille  navale  dont  il  s'agit  dans  le 
second  passage,  Périclès  a  détaché  une  division  de  sa 
flotte  à  Chios,  et  une  autre  sur  les  côtes  de  Carie  :  deux 
stratèges  au  moins  doivent  être  absents. 

On  trouve  parfois  aussi,  appliqué  à  un  général  en 
chef,  le  titre  de  (jTpaTTjvbç  aÙTûxpàxwp  ;  mais,  dans  ce  sens, 
c'est  toujours  chez  des  auteurs  d'époque  romaine, 
comme  Diodore  ou  Plutarque",  accoutumés  à  traduire 
parla  les  termes  étrangers  de  diciateuv  et  d'empereur  ;  il 
ne  s'en  suit  pasnécessairementque  Thémistocle,  Aristide, 
ou  même  Alcibiade  aient  reçu  ce  nom  de  leur  temps'-. 
Ce  n'est  pas  à  dire  d'ailleurs  que  l'expression  nr^x- 
TYiYÔç  aÙToxpy.Twp  ne  se  rencontre  pas  à  l'époque  classique. 
En  416,  les  Athéniens  décident  d'envoyer  en  Sicile  trois 
(TTpaTr,Y&c  aÙToxpiTopc;,  Alcibiade,  Nicias  et  Lamachos, 
pour  y  soutenir  les  Egeslins  et  les  Léontins,  et  préparer 
toute  l'île  en  leur  faveur.  En  411,  lors  de  la  révolution  des 
Quatre  Cents,  la  constitution  provisoire  prévoit  la 
nomination  d'un  collège  de  dix  aroiTr^yoX  aÙToxpàTopEç, 
auxquels  il  sera  permis  de  prendre  part  ;i  leur  gré  aux 
délibérations  du  Sénat  '^  ;  ils  sont  en  effet  installés  dans 
ces  conditions,  et  gouvernent  la  ville  de  concert  avec  le 
Sénat'*.  En  So"?  encore,  Charès  porte  le  titre  de  aTaxx-r^- 
yb;  aÙToxpâxtop,  quand  il  est  chargé  d'aller  dans  l'Helles- 

Diod.  Xlll,  ny,  6.  — î  Diod.  XIII,  106,  1.— Spiul.  Aristid.,  8.  —  »l'lul.  AristiU. 
ll._ôHerod.  VIII,  131:  IX,  114.  —  6  Hauvcltcp.  75  sq. —T  Arnold,  Z»t;i(Aeiiien- 
siiim  praloribus,  Oiss.  I,  p.  10.  —  8  Yn».  gr.  11,62,  1.  13.  —  DThucyd.  1,01,  1. 
--I0  Thucyd.  I,  110,  1.  —  •<  Plut.  Arislid.  8  (à  propos  de  Tliémislocio)  :  id.  iiiV. 
1 1  (à  propos  d'Arislide)  ;  id.  Alcibiad.  33  ;  Diod.  Xlll,  60  (à  propos  dAlcibiaile). 
_  12  Thucyd.  VI,  8.  —  "'AS.  lîoÀ.  XXXI,  i.  —  14 -Al.,»».  XXXII,  3.  —  15  Dfm.  XXIII, 
173.—  leC'étailla  théorie  d'Aruold  {de  Atheniensium  pnftoribus,  biss.  1,  p.  17  s(|.). 
Cf.  la  discussion  dans  Hauveltc,  p.  83  sq.  —  ^'^  Telle  a  été,  en  fait,  la  situation  de 


pont  imposer  à  Charidème  et  aux  princes  de  la  Thrace 
la  cession  de  la  Chersonnèse  '".  Du  seul  fait  qu'il  peut  y 
avoir  à  la  fois  trois  et  même  dix  arpax-fiYoi'  aÙToxpâxope;,  il 
résulte  clairement  que  cette  expression  n'est  pas  syno- 
nyme de  TptTo;  ou  ôÉxaroç  aÙTÔç.  Il  n'y  a  pas  lieu  d'admettre 
davantage  qu'il  s'agi-sse  de  généraux  choisis  en  dehors 
du  collège  des  stratèges,  et  dégagés  des  obligations  aux- 
quelles ceux-ci  sont  soumis  ;  car  il  est  impossible  d'éta- 
blir avec  certitude,  même  pendant  la  guerre  du  Pélopon- 
nèse, l'existence  d'aucun  cas  de  ce  genre  '^  La  solution 
la  plus  vraisemblable,  en  reprenant  les  exemples  cités  et 
en  examinant  les  circonstances  auxquelles  ils  répondent, 
c'est  que  les  nTpaT-fiyoi  aùioxpiTops;  sont  élus  suivant  les 
règles  habituelles,  mais  investis  ensuite,  soit  isolément, 
soit  en  nombre  plus  ou  moins  considérable,  de  pouvoirs 
extraordinaires.  Ceux-ci,  comme  l'autorité  même  des 
stratèges,  ne  s'étendent  pas  seulement  aux  opérations 
militaires:  ils  peuvent  comporter  des  négociations  diplo- 
matiques au  dehors,  une  action  politique  à  l'intérieur. 
Le  plus  souvent  ils  sont  limités  à  une  mission  déter- 
minée. Pourtant,  dans  les  circonstances  graves,  les  stra- 
tèges qui  en  sont  revêtus  ont  parfois  à  leur  disposition 
toutes  les  ressources  de  l'État  :  ils  exercent  alors  une 
véritable  dictature  '\ 

Durée  (les  fonctions  et  redditions  décomptes  des  slra- 
lèffes.  —  Comme  la  grande  majorité  des  fonctionnaires 
athéniens,  les  stratèges  ne  sont  nommés  que  pour  un 
an.  Mais,  à  la  différence  des  fonctionnaires  civils,  parmi 
lesquels  les  sénateurs  seuls  peuvent  exercer  deux  fois 
leur  charge,  ils  sont  indéfiniment  rééligibles  "'.  Nous 
voyons  donc,  au  V  siècle,  Tolmidès,  Hagnon,  Phormion, 
Nicias,  Démosthène,  Alcibiade  commander  trois,  quatre, 
cinq  et  six  ans  de  suite''  ;  Périclès  garde  sans  interrup- 
tion le  pouvoir  de  454  à  430;  et,  au  iv"  siècle,  Phocion, 
nous  dit-on,  a  été  quarante-cinq  fois  stratège'^". 

Cette  faculté  laissée  aux  stratèges  de  rester  à  la  tète 
de  leurs  troupes  pendant  un  temps  indéterminé  cons- 
titue, au  point  de  vue  militaire,  un  avantage  indéniable. 
Par  contre,  il  devient  assez  difficile,  s'ils  sont  réélus,  de 
leur  demander  des  comptes  précis  à  la  fin  de  chaque 
année.  Ils  ne  sont  pas,  bien  entendu,  exempts  de  tout 
contrôle;  mais  ce  contrôle  a  pour  eux  quelque  chose  de 
moins  sévère.  Leur  reddition  de  comptes  a  même,  dans 
sa  forme,  quelque  chose  de  particulier  :  ils  n'ont  pas 
affaire,  comme  les  autres  magistrats,  auxeulhynes  et  aux 
logistes  :  ils  sont  examinés  par  les  thesmothètes  -'. 

Néanmoins,  on  le  pense  bien,  une  démocratie  aussi 
soupçonneuse  que  celle  d'Athènes  ne  reste  pas  désarmée 
vis-à-vis  justement  des  plus  considérables  de  ses  magis- 
trats. Tous,  à  la  première  séance  tenue  par  l'Assem- 
blée dans  chaque  prytanie,  doivent  obtenir  du  peuple 
un  vote  de  confiance  (âTii/etpoTovia).  Pour  les  stratèges, 
cette  formalité  prend  sans  doute  une  importance  spé- 
ciale ;  car  Aristote,  après  l'avoir  signalée  d'un  mot 
en  parlant  de  rAssemblée^%  n'y  revient  plus  à  propos 
des  autres  magistrats;  il  y  insiste  au   contraire  dans 

Périclès  en  4i'J,  et  d'Alcibiadc  en  408.  Pourtant  il  n'est  pas  sur  qu'ils  aient  reçu 
oflicicllcment  le  titre  de  .ij-/.T,,r4î  «;ToxjiT..f.  I^our  Périclès,  Thucydide  dit  seule- 
ment (II,  05)  :  ,Tf«T„,o.  .i'iovTo,  «.;  K'i.t»  Ti  -fâTl»»"  isitj.i...  Pour  Alcibiade, 
Diodore  (Xlll,  69,  3)  et  Plutarque  (Afci/i.  33)  l'appellent  bien  ,if «m-ybî  aOto.sdTuj  ; 
mais  ils  ont  pu  se  servir  improprement  d'une  expression  inspirée  de  liome  ;  Xéno- 
phon  (HeU.  1,  4,  20)  emploie  une  périphi 
ito'i.  LXIl,  3.  —  19  Cf.  Hauvette,  p.  30,  i 
LIX,  2.-22  -M.  ,,),.  XUll,  i. 


.  —  '8   AO. 


.  iO  Plut,  Phoc. 


STR 


—  lî)2(j  — 


STR 


son  cliapiire  sur  les  slialôges.  «  A  cliaquo  pryUinie, 
dit-il,  le  peuple  estime  par  un  vote  à  mains  levéus  la 
façon  dont  les  stratèges  remplissent  leurs  fondions.  Si 
l'un  deux  est  mis  en  minorité,  il  passe  en  jugement 
devant  le  tribunal;  en  cas  de  condamnation,  celui-ci  fixe 
la  peine  ou  l'amende;  en  cas  d'acquittement,  le  stratège 
continue  à  exercer  sa  charge  '  ».  On  couiprend  des  lors 
à  quel  point  les  stratèges  restent  toujours  dans  la  main 
du  peuple.  11  ne  peut  guère  être  question,  h  chaque 
prylanie,  d'examiner  à  fond  leur  gestion  financière; 
mais,  (ju'ils  éprouvent  un  échec  à  la  guerre,  que  le 
peuple,  à  tort  ou  à  raison,  leur  retire  tout  à  coup  sa 
faveur,  ou  simplement  que  des  ennemis  personnels  orga- 
nisent contre  eux  une  cabale,  dix  fois  par  an  ils  sont 
exposés  à  un  votede  défiance  (iTro/sipoTovia),  et,  par  suite, 
à  des  procès,  le  plus  souvent  politiques,  où  ils  risquent 
également  leur  honneur  et  leur  vie.  Ni  Miltiade,  ni  Thé- 
mistocle,  ni  les  vainqueurs  des  Arginuses  n'y  onléchappé  ; 
une  campagne  aussi  grave  que  l'expédition  de  Sicile  est 
compromise  dès  le  début  par  le  brusque  rappel  du  géné- 
ral qui  l'a  conçue;  et  l'histoire  d'Athènes,  au  iv"  comme 
au  V^  siècle,  est  pleine  d'exemples  de  ce  genre-. 

Fonctions  militaires  des  stratèges.  —  Les  fonctions 
des  stratèges,  comme  il  est  naturel,   sont   avant  tout 
d'ordre  militaire.  A  Athènes  même,  dès  qu'une  guerre 
a  été  résolue  par  l'Assemblée  du  peuple,  ils  doivent  faire 
les  levées  prescrites  à  celte  occasion'.  Pour  l'armée  de 
terre,  s'il  s'agit  d'une  levée  en  masse  (îtavarpaTtï)  ou  d'une 
levée  partielle  parclasses  expressément  déterminées  (ffTfa- 
T£Îa  Iv  Toî:  ê7tiovO|ji.oi(;),  leur  rôle  est  des  plus  simples  :  ils 
n'ont  qu'à  faire  connaître  aux  citoyens  la  décision  de 
l'Assemblée  et  à  leur  ordonner  de  se  présenter  devant 
eux  ou  devant  les  taxiarques  au  jour  donné.  La  chose 
devient  plus  délicate  si  le  peuple  a  seulement   fixé  le 
chiffre  d'un  contingent  à  enrôler  ((irpaTsia  èv  toïç  [iépe'ji). 
11  leur  faut  alors  éviter  d'envoyer  toujours  en  campagne 
les  mêmes  citoyens,  tandis  que  d'autres  seraient  indéfi- 
niment exemptés:  c'est  à  cette  préoccupation  que  répond, 
dans  leur  serment,  la  formule:  toù;  àurpaTsÙTouç  xa-aXÉ- 
;£iv.  Pour  la   flotte,  les  stratèges  disposent  d'un  pouvoir 
analogue  ;  car  ce  sont  eux  qui  désignent  chaque  année 
les  triérarques  à  qui,  le  cas  échéant,  sera  confié  le  soin 
d'armer  et  de  commander  les  vaisseaux  appelés  à  prendre 
la  mer  '.  Hien  mieux,  au  moins  pendant  la  plus  grande 
partie  du  v'  siècle,  ils  semblent  avoir  eu  le  droit  d'assi- 
gner à  tel  triérarque  tel  navire  qu'ils  voulaient  :  on  devine 
les  abus  qui  pouvaient  en  résulter  °.  Aussi  ne  sommes- 
nous  pas  surpris  de  voir  plus  tard  répartir  les  navires 
par  le  sort  entre  les  triérarques  ",  ou  placer  à  côté  des 
stratèges,  pour  les  contrôler  dans  cette  partie  de  leurs 
opérations,  des  représentants  des  citoyens  intéressés  '. 
Quant  aux  troupes  de  mer,  les  stratèges  n'ont  à  fournir 
que  les  hoplites  embarqués,  en  fort  petit  nombre,  sur 
chaque  vaisseau  (èvtiÇiTCd)  ;  l'équipage  proprement  dit  est 
recruté  directement  par  les  triérarques  '. 

Une  fois  en  campagne,  les  stratèges  prennent  inditle- 


'  A».  -■,'..  I,X1,  2.-2  l.'inilicalion  des  principaux  procès  se  liouvc  dans 
HauvcUc,  p.  107  sq.  —  3  Limporlancc  de  ces  levées  est.  d'ordinaire  fixdc  par 
l'Assenil>l<.c.  Parfois  cependant  le  peuple  laisse  aux  slratèges  le  soin  d'évaluer 
cui-niùnies  le  coulingent  nécessaire  :  c'esl  ce  qui  arrive  pour  l'expédition  de 
Sicile  (Thucyd.  VI,  20).  —  4Au  v  siècle,  il  y  a  chaque  année  400  triérarques 
(ps.  Xcu.  Hftp.  Aihen.  III,  4).  Plus  lard,  l'organisation  de  la  marine  est 
prorondément  transformée:  mais  ce  sont  toujours  les  slraléges,  ou  du  moins 
un  d'entre  eux,  qui    président    à    la  triérarcliie    (Dem.  .XXXIX,  S;    XXXV,    4S  ; 


remment  le  commandement  des  armées  ou  des  flottes. 
A  peu  de  chose  près,  ils  partagent  la  vie  de  leurs  sol- 
dats. Sur  terre,  ils  vont  généralement  à  pied,  et  portent 
l'armure  ordinaire  des  hoplites  '.  Sur  mer,  ils  choisis- 
sent la  trière  où  ils  veulent  monter;  mais  le  vaisseau 
qui  devient  ainsi  vaisseau-amiral  (-^  cTpat-fiyt'i;^  ne  parait 
recevoir  pour  cela  aucun  aménagement  particulier  :  Alci- 
biade  fait  scandale  en  apportant  avec  lui  un  lit  do  sangles, 
au  lieu  de  coucher  sur  la  planche'". 

La  discipline,  dans  les  armées  athéniennes,  n'a  jamais 
été  bien  sévère.  Sans  doute,  en  principe,  le  stratège  est 
maître  de  ses  officiers  et  de  ses  hommes  ;  mais  d'abord 
la  loi  même,  ou  l'usage,  assignent  déjà  des  limites  à  ses 
pouvoirs.  Ainsi  il  a  le  droit  de  condamner  tout  citoyen 
placé  sous  ses  ordres,  voire  un  triérarque,  à  la  prison 
(S-rifTai),  à  la  dégradation  militaire  (êxx-fipûçai),  ou  à 
l'amende  (è7tt6o)vY|v  É'^îêaXsTv)  ;  mais  l'amende,  ditArislote, 
n'est  pas  dans  les  mœurs"  ;  et  surtout  c'est  seulement 
après  le  retour  à  Athènes  que  sont  jugés  devant  un  tri- 
bunal spécial  les  délits  graves  d'insoumission,  désertion, 
abandon  de  poste,  perte  des  armes,  etc.'-  :  l'exemple  de 
Lamachos,  faisant  périr  sous  le  bâton  un  soldat  coupable 
d'avoir  fait  des  signaux  àl'ennemi.est  tout  à  fait  excep- 
tionnel'^  Ensuite  l'Athénien  tient  trop  par  nature  à  sa 
personnalité,  il  est  trop  épris  d'égalité,  pour  obéir  aveu- 
glement même  au  chef  qu'il  a  élu.  Alors  les  soldats 
prétendent  donner  des  conseils  à  leurs  généraux  '  '  ;  leur 
a-t-on  assigné  un  poste,  ils  trouvent  meilleur  d'en  clioi- 
sir  unaulre,  quitte  à  se  voir  bientôt,  àleur  honte,  obligés 
de  regagner  le  premier '  =  .  A  tout  instant,  le  chef  doit  les 
persuader  par  des  discours,  comme  ferait  un  orateur 
s'adressant  à  l'Assemblée.  Une  anecdote  contée  par 
Démosthène  est  caractéristique  à  cet  égard  :  un  jour, 
dans  un  camp,  il  se  produit  quelque  tumulte  entre  sol- 
dats ;  on  s'adresse  de  suite  au  stratège;  et  celui-ci,  au 
lieu  de  sévir,  prononce  une  harangue,  qui  reste  d'ail- 
leurs sans  effet '^  Enfin  n'oublions  pas  que  le  stratège  se 
sent  toujours  responsable  de  ses  actes  devant  le  peuple. 
.\on  seulement,  comme  il  est  naturel,  il  doit  envoyer 
par  écrit  ou  faire  oralement  au  Sénat  et  à  l'Assemblée 
des  rapports  sur  ses  opérations'^;  mais  les  soldats,  pla- 
cés sous  ses  ordres  durant  la  campagne,  peuvent  deve- 
nir, quelques  mois  après,  ses  accusateurs  ou  ses  juges. 
Delà  des  faiblesses,  des  compromissions  trop  fréquentes. 
Un  exemple  suffit  à  en  donner  l'idée  :  un  stratège  pres- 
crit à  un  de  ses  triérarques  une  croisière  déterminée  ; 
un  simple  matelot  signale  au  triérarque  qu'on  veut  lui 
l'ait  prendre  un  banni  à  son  bord  ;  la  trière  revient  sans 
avoir  accompli  sa  mission'*.  Vers  le  même  temps,  il  est 
vrai,  Iphicrale  ose,  sans  autre  forme  de  procès,  percer 
lui-même  de  son  épée  une  sentinelle  trouvée  endormie 
à  proximité  de  l'ennemi"  ;  mais  il  a  alfaire  à  des  merce- 
naires: ceux-ci,  à  côté  de  beaucoup  d'inconvénients, 
offrent  du  moins  sur  les  troupes  nationales  l'avantage 
«le  se  plier  à  une  discipline  plus  ferme. 
Fonctions   politit/ucs   et    adininistratires    des   stra- 

A9.  na\.  LXI,  I).  —  iJ  Cf.,  sans  les  prendre  absolument  à  la  lettre,  les  menaces  de 
Cléon  dans  Aristophane  {Equit.  yi2-9IS).  —  6  Les  inscriptions  de  la  marine,  dont 
la  plus  ancienne  xenionte  à  373  {Ins.  tjr.  \{.  789),  désignent  pai'  le  mot  ivEitm^pwTd; 
toute  trière  qui  n'a  pas  de   triérar(|ue.  —  ^  1ns.  gr.  H,  804,  pars  A,  col.  6, 1.  71  sq. 

—  8  Hauvette,  p.  71.  —  9  Ilauvelte,  p.  98  sq.  —  '0  Plut.  Alcib.  10.  —  il  'A4, 
T^a.  LXI,  2.  -  12  Cf.  plus  bas.  —  "  Lysias.  Xlll   67.  —  14  Plut,  /•/locio,    25. 

—  15  Id.  ibid.  —  l«  Dcm.  LIV,   3-5.  —  "  Thucyd.   Vil,  10  ;  Xen.    Helten.  I,  7,  3. 

—  18  Dcm.  L,  46  sq.  —  19  Fronlin.  Stratag.  111,  12,  2. 


STR 


—  1o27  — 


STR 


tèges.  —  Les  stratèges  ne  se  bornent  pas  k  com- 
mander les  armées  ou  les  flottes  '  ;  leurs  fonctions  les 
amènent  fréquemment  à  jouer  un  rôle  dans  la  poli- 
tique et  dans  l'administration  d'Athènes.  D'abord  nous 
les  voyons  intervenir  au  Sénat  et  à  l'Assemblée.  Dans 
bien  des  cas,  il  est  vrai,  ils  se  contentent  de  présenter 
un  rapport,  écrit  ou  verbal;  le  projet  proprement  dit 
de  TrpoooOXsujAa  OU  de  décret  est  développé  ensuite  par 
un  membre  de  l'assemblée  compétente  -  :  ils  sont  alors 
sur  le  même  pied  que  tout  citoyen  revêtu  de  fonctions 
publicjues,  magistrat,  ambassadeur,  ou  prêtre.  Mais  ils 
peuvent  aussi  introduire  directement  leur  demande,  soit 
isolément  ^  soit  au  nom  du  collège  tout  entier  *.  C'est 
là  celle  fois  une  prérogative  qu'ils  possèdent  seuls  dans 
l'État  ".  Rien  d'étonnant  dès  lors  s'ils  sont  admis  aux 
délibérations,  même  secrètes,  du  Sénat  '\  et  s'ils  ont  leur 
place  à  l'Assemblée,  tout  comme  les  sénateurs  \  Il  y  a 
plus:  pourne  pas  rendre  illusoires  leurs  privilèges,  on  va 
jusqu'à  leur  permettre  de  faire  passer  leurs  proposi- 
tions avant  toutes  les  autres  *,  et  de  convoquer  au  besoin 
le  peuple  en  assemblée  extraordinaire  '.  Sans  doute,  ils 
doivent  recourir  pour  cela  à  l'intermédiaire  des  prytanes, 
et  ils  ne  président  pas  l'Assemblée  ;  ce  n'est  donc  pas 
pour  eux  l'équivalent  à\i  jus  arjendi  eu  m  populo  chez  les 
Romains.  Il  n'y  en  a  pas  moins  là  de  quoi  leur  assurer 
une  situation  considérable  au  point  de  vue  politique  '". 
Très  souvent  aussi  ils  ont  à  faire  œuvre  de  diplomates. 
Par  exemple,  au  cours  d'une  campagne,  ils  concluent 
avec  l'ennemi  trêves  ou  conventions  de  toutes  sortes"  ; 
ils  envoient  à  .Mhènes,  non  seulement  sur  leurs  opéra- 
tions militaires,  mais  encore  sur  la  situation  générale, 
des  rapports  qui  contribuent  à  faire  cesser  ou  continuer 
la  lutte'-;  et,  si  la  paix  se  conclut,  ils  figurent  dans  une 
forte  proportion  parmi  les  signataires  du  traité  '^  S'agit- 
il,  au  contraire,  des  peuples  amis  ".'Comme  ce  sont  eux,  en 
somme,  qui  représentent  .\lhènes  au  dehors,  de  la  dou- 
ceur de  leurs  procédés,  de  l'habileté  de  leurs  négociations 
dépendent,  pour  une  bonne  part,  l'affection  ou  la  haine 
des  alliés,  et,  par  suite,  la  solidité  de  la  ligue  maritime 
sur  laquelle  repose  la  puissance  de  leur  patrie'^.  Enfin 
ils  constituent  les  intermédiaires  habituels  entre  l'État 
athénien  et  les  étrangers  :  au  besoin  ils  les  introduisent 
devant  le  Sénat'"  ;  ils  demandent  pour  les  bienfaiteurs 
d'Athènes  des  récompenses  honorifiques '"  ;  ils  prennent 
soin  d'eux  quand  ils  leur  ont  obtenu  le  litre  de  proxè- 
nes'^;  et  ils  leur  envoient,  en  les  timbrant  du  sceau 
de  l'Étal,  la  copie  officielle  du  décret  qui  les  concerne  '*. 
Leur  rôle,  en  matière  de  finances,  ne  manque  pas  non 
plus  d'importance.  Dira-t-on  qu'ils  sont  toujours  obii- 

I  Aux  fonclioDS  mililaircs  des  siralèges  se  raltaclie  naturellement  la  mission 
de  garantir  la  sécurité  sur  toute  l'étendue  du  territoire  (1ns.  gr.  I.  Suppl.  27  u,  I. 
76),  avec  le  concours  des  éphèbes  pour  l'Attiquc  proprement  dite  ('AO.  zi).. 
XLII,  ■i'i)  ;  d'intervenir  en  cas  de  révolte  grave  des  esclaves  (comme  c'est  le 
cas  au  Uurium,  >ers  la  fin  du  ii<  siècle  :  Athen.  VI,  p.  ilî,  e;  Paul  Gros.  V, 
2);  de  répricner  la  piraterie  (»«-'»  «iXarra.,  na-i  ijorOlv  çi,l««ji  :  Ins.  gr.  Il, 
80*  B,  col.  4.  I.  32;  Dcm.  VII,  1H5);  et  de  protéger  les  convois  de  blé 
destinés  au  l'irée  (sa^ason-r.  toî  »i'tou  :  Ins.  gr.  II,  SOS,  col.  a,  1,  37  ;  Dem.  L, 
17).  —  2  I)e  là  des  formules  comme  ;  un  tel  tt-t>"  cEgÈ  wv  "aé-jh,  à=o=ŒtvÉi, 
Ui.ttaiv,  i«^in«oTOfT,xc-  ;  sTj.TTji;  (/«».  çt.  Il,  55,  ISO,  100  b  AJd.,  389). 
—  3  lns.gr.  1,  Suppl.  61  o.  1.  2'i  ;  026,  1.  6;  1ns.  gr.  11.  5,  54  6.  1.  4.  -  ilns.gr. 
11.  5,  II  e  :  T"^ii.T^  (TipaTr.Ywv.  —  ^  Les  ;uYY5a=Eîç  du  v«  siècle  l'ont  possédée 
également;  mais,  avec  euv,  il  ne  s'agit  pas  d'un  collège  permanenl.  —  C  Flut. 
Nicias,  D  ;  Diod.  XIII,  2,  0;  Uem.  XVlll,  105.  —  '•  Uem.  XVIll,  170.  -  »  Nous 
en  avons  la  preuve  pour  l'Assemblée  [Ins.  gr.  I,  40,  I.  54)  ;  i  devait  en  être  de 
même  pour  le  Sénat.  A  l'époque  des  Ouatre-Cents,  le  même  privilège  leur 
est  d'ailleurs  expressément  reconnu  ('A6.  t.i>..  XXX,  3  :  XXXI,  3).  —  9  Tliucyd. 
IV     lis,    U;    Plut.    Phocio,   13.    Le   Sénat,  se    réunissant    à  peu   près   tous   les 


gés  de  faire  voter  par  r.\ssemblée  les  crédits  dont  ils  ont 
besoin'',  qu'ils  doivent  justifier  de  toutes  leurs  dépen- 
ses-", et  que  d'ailleurs  ils  ne  sont  pas  libres  de  tenir 
leurs  comptes  sans  l'intermédiaire  de  trésoriers'-'  et 
d'esclaves  publics --,  dont  l'aide  ressemble  un  peu  à  un 
contrôle  '?  Malgré  tout,  en  temps  de  guerre,  la  meilleure 
part  du  budget  passe  entre  leurs  mains.  En  outre,  assez 
souvent  nous  les  voyons  chargés  de  lever  les  tributs  des 
alliés  "  :  on  sent  tout  le  parti  qu'ils  peuvent  tirer 
d'une  pareille  mission.  Dès  le  v' siècle,  Alcibiade  prétend 
déjà  trouver  chez  les  sujets  d'Athènes  l'argent  nécessaire 
pour  assurer  à  ses  soldais  une  solde  égale  à  celle  que 
Lysandre  donne  auxsiens,  grâce  aux  libéralités  de  Cyrus  ; 
et,  une  fois  engagé  dans  la  voie  des  percepfions  arbi- 
traires, il  en  profile  pour  s'enrichir  personnellement'-''. 
Le  mal  ne  fait  qu'augmenter  au  iv°  siècle,  quand  Athè- 
nes recourt  de  plus  en  plus  aux  armées  mercenaires, 
sans  s'inquiéter  de  les  payer.  Elle  ne  peut  plus  dès  lors 
être  bien  sévère  sur  la  gestion  financière  de  ses  géné- 
raux ;  ceux-ci  mêlent  étrangement  les  razzias  aux  opé- 
rations stratégiques  ;  il  faut  s'en  remettre  à  leur  cons- 
cience du  soin  de  distinguer  l'intérêt  de  l'État,  celui  de 
leurs  soldats,  et  le  leur  -^ 

Les  stratèges  ont  encore  des  pouvoirs  judiciaires  assez 
étendus.  Qu'un  soldat  soit  accusé  d'insoumission, 
d'absence  illégale,  de  désertion,  de  trahison  ou  d'espion- 
nage"; qu'un  citoyen  se  croie  illégalement  appelé  à  rem- 
plir les  fonctions  de  triérarque"  ou  à  faire  l'avance  des 
contributions  extraordinaires  de  guerre  {npoetc-f opi)  2*  ; 
qu'à  ce  propos  il  réclame  le  bénéfice  de  ràvTiôo<7iî  ^' ;  ou 
qu'il  ail  des  difficultés  avec  l'Élat,  au  moment  où  il  doit 
rendre  le  vaisseau  qui  lui  avait  été  confié  "  :  dans  tous 
ces  cas,  les  stratèges  ne  tranchent  pas  eux-mêmes  la 
question;  il  faut  avoir  recours  à  un  tribunal  soit  d'hé- 
liastes  ordinaires,  soit  de  citoyens  dont  l'.Vthénien  incri- 
miné était  ou  aurait  dti  être  le  compagnon  d'armes  ;  mais 
les  stratèges  sont  chargés  de  recevoir  les  plaintes,  d'ins- 
truire l'affaire,  de  convoquer  le  jury  compétent,  et  de  le 
présider^'.  En  outre,  ils  exercent  une  sorte  de  haute 
police,  en  aidant  à  réprimer  toute  entreprise  touchant  à 
la  sûreté  de  l'Élat.  Un  décret  du  m'  siècle  résume  assez 
bien  leurs  attributions  à  cet  égard  :  un  certain  Phœdros 
est  félicité  d'avoir,  en  qualité  de  stratège,  <c  travaillé  au 
salut  de  l'Étal,  et  contribué  à  garantir  l'indépendance  de 
la  ville,  l'intégrité  du  gouvernement  démocratique  et 
l'aulorilé  des  lois"  >■.  Dans  cet  ordre  d'idées,  le  peuple 
ordonne  aux  stratèges  de  veiller  àla sécurité  deMénon, 
l'accusateur  de  Phidias";  en  4H,  au  temps  des  Qualre- 
Cenls,  la  constitution  nouvelle  prévoit  que  tout  magis- 

jours,  n'a  pas  besoin  de  convocations  spéciales.  —  ">  Sur  ce  point,  cf.  Snoboda, 
Bemerkungen  :ur  poUtischen  SuUung  d<:r  uthenischen  Slrategen  Uth.  Mus. 
XLV,  1890,  p.  288  sq.;.  —  "  Ces  conventions  ont  toujours  besoin  d'cl.-e  ratifiées 
par  lé  peuple  (//H.  «r.  1,  Suppl.,  61  a).  -  i2/ns.  yr.  Il,  109;  Isocr.  VII,  SI.  -  "Thu- 
cyd.  V,  U  :  sur  17  ambassadeurs  qui  signent  la  paii  de  Nicias,  Il  ont  été  slralèges 
après  ou  avant  421.  —  It  Timolliée,  en  particulier,  rendit  ainsi  les  plus  grands 
services  (cf.  Hauvetle,  p.  127).  -  '»  1ns.  gr.  II.  5,  3S5  c,  I.  34.  —  "i  1ns.  gr.  II, 
55,  I.  6.  -  "  Textes  dans  Hauveltc,  p.  128,  n.  4.  —  1»  1ns.  gr.  11,  443.  -  19  Thu- 
cvd.  VI,  22;  VI,  93.  —  20  l'Iut.  Pericl.  23;  Nioias.  15.  -2'  Aeschin.  I,  56. 
1  î2  Dem.  VUI,  47  ;  Scol.  ad  Dem.  H,  23,  19.  -  23Tbucyd.  Il,  69  ;  111,  19;  IV,  50 
et  75  _  24  Plut.  A;ci6.  33-30.  —  25  Les  orateurs  se  plaignent  souvent  des  abus 
commis  par  les  slralèges  (Dem.  VIU,  21-25;  Isocr.  VIII,  134;  elc).  -  26  Sur  lo 
noM.bre  des  chefs  d'accusation  de  ce  genre,  cf.  Hauvclle,  p.  140  sq.  -Nous  avons 
parlé  plus  liant  des  alTaircs  disciplinaires  soumises  directement  aux  slralèges. 
_  27  Ins.  gr.  Il,  S09,  col.  «,  I.  205sq.  -2S  Uem.  XLII,  25:  L,  8.-29  Dem.  XLIl.S. 
-  M  1ns.  gr.  Il,  soi  A,  col.  6,  I.  ,03  sq.  -  31  Ils  peuvent,  au  besoin,  se  faire 
suppléer  par  les  laxiarques  (Dem.  XXXIX,  17).  -  32/;is.  g<:  II,  '.H,  I.  38.  _  3!  Plut. 
Peric.  31. 


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Irai  coupable  d'avoir  voulu  empêcher  un  ciloyen  de 
présenter  une  proposition,  même  réactionnaire,  sera 
amené  aux  stratèges,  qui  le  livreront  aux  Onze  pour 
être  punidemort';  et,  parconlre, Tannée  suivante, après 
l'écliecde  celte  révolution,  les  stratèges  encore  arrêtent  et 
traduisent  ses  auteurs  devant  le  tribunal  démocratique-. 

Enfin,  dans  maintes  circonstances,  les  stratèges 
sont  mêlés  aux  cérémonies  religieuses.  Au  moment 
d'entreprendre  une  campagne  \  avant  d'engager  une 
bataille  ',  aprèsavoir  remporté  un  succès  %  en  concluant 
une  trêve  «,  ils  oll'rent  des  sacrifices  en  compagnie  de 
devins  qui  leur  sont  indispensables,  mais  sur  lesquels 
la  loi  leurdonne  oflkielleiuenl  le  pas'.  Ils  ontégalement 
leur  place  dans  les  grandes  fêles  de  la  cité.  Bien  entendu, 
ils  sont  d'institution  trop  récente  pour  en  avoir  la  prési- 
dence et  l'organisation  ;  mais,  comme  ces  fêtes  compor- 
tent presque  toujours  une  procession  dont  on  lient  à 
rehausser  l'éclat  par  le  concours  de  la  cavalerie,  les  stra- 
tèges, en  tant  que  chefs  de  l'armée,  sont  à  la  tête  de 
cette  escorte.  L'inscription  du  oEptiaxixov  nous  atteste  leur 
présence  aux  grandes  Panathénées,  aux  Dionysies  du 
Pirée,  aux  Lénéennes,  à  des  sacrifices  en  l'honneur 
d'Hermès  Hégémonios,  d'Eirènè,  d'.\mmon,  de  la  Démo- 
cratie et  de  la  Bonne  Fortune  '.  Xous  savons  qu'ils 
prenaient  même  part  à  des  processions  hors  d'Athènes, 
comme  celle  qui  se  rendait  à  Delphes,  au  sanctuaire 
d'Apollon  Pythien  "  ;  et  sans  doute,  dès  le  iV  siècle,  le 
plus  clair  de  leur  activité  se  dépensait  de  ce  côté,  puis- 
que Démosthène  leur  reproche  dépasser  leur  temps  avec 
les  hiéropes  plutôt  qu'à  la  guerre  '". 

Place  des  stratèges  dans  l'Etat.  —  Telles  sont  les  prin- 
cipales fonctions  des  stratèges.  Quelle  place  leur  don- 
nent-elles dans  l'État?  11  est  assez  malaisé  de  la  définir 
d'un  mot;  car  leur  pouvoir,  d'après  la  constitution 
même,  olTre  un  singulier  mélange  de  faiblesse  et  de 
force.  D'une  part,  en  effet,  faire  dépendre  leur  nomina- 
tion d'un  vote  où  la  faveur  du  moment  n'a  pas  moins 
d'importance  que  le  mérite  ;  les  laisser  ensuite  à  la 
merci  d'une  assemblée  populaire  dont  rien  ne  garantit  le 
sang-froid  ni  l'impartialité,  c'est  d'avance  rendre  bien 
difficile  au  talent  de  s'affirmer,  à  une  personnalité  quel- 
conque de  former  et  de  poursuivre  un  grand  dessein  poli- 
tique. Mais,  d'autre  part,  ces  hommes  qui  déjà  tiennent 
en  mains  l'armée  et  la  flotte  se  trouvent  appelés  encore 
à  conduire  des  procès  considérables,  à  mener  des  négo- 
ciations diplomatiques,  à  manier  des  sommes  fort  élevées, 
à  jouer  même  un  rôle  actif  dans  les  délibérations  du 
Sénat  et  de  r.\ssemblée  ;  et,  plus  ils  restent  de  temps  en 
charge,  moins  ils  ont  de  comptes  précis  à  rendre  de  leur 
conduite.  De  ces  contradictions  résulte,  dans  la  situation 
des  stratèges,  quelque  chose  de  forcément  incertain.  En 
fait,  leur  imporlance  a  beaucoup  varié  suivant  les  époques. 

A  l'origine,   dans  la  pensée  de  Clisthène,   ce  sont  de 

1  -A»,  r.l.  XXIX,  4.-2  Ps.  l'Iul.  .Y  Urat.  Antiphi,  H  si|.  —  3  Tliucyd. 
VI,  32.  —  *  Hcrod.  VUl,  01.  —  û  /«s.  fjr.  I.  Suppl,  27  a,  1.  IJ7.  —  0  Tl.ucyd.  V, 
19  et  47.  —  ^  Plal.  Lach.  199  a.  —  8  Jns.  gr.  U,  741.  —  9  Cf.  G.  Colin,  Z.J  ciitte 
d'Apollon  Pythien  a  Athmes.  —  10  Dcni.  IV,  îi  ;  35-36.—  Il  C'est  le  jugc- 
mcnl  de  Thucydide  {II.  05).  On  s'est  demandé  souvent  si,  une  fois  au  moins,  Périclès 
n'a  pas  outrepassé  se*  pouvoirs,  >piand,  pendant  l'invasion  d'Aixliidanius,  par 
défiance  d'un  coup  de  tùle  de  la  foule,  il  évitait  avec  soin  loulc  réunion  do  l'Assem- 
blée (Thucyd.  Il,  iî).  La  loi,  il  est  vrai,  prescrivait  aux  prylanes  do  réunir  h 
peuple  quatre  fois  par  prytanie  ('A6.  tm.  XLIH,  3).  Mais  Alljcncs  se  trouvait  alors 
dans  dcâ  conditions  particulières  ;  lotis  les  citoyens  valides  étaient  occupés  à  la 
garde  des  remparts  ;  et.  comme  l'armée  péloponésiennc  n'est  pas  restée  plus  de  25 
à  30  jours  en  Attit|uc  (Busolt,  Griech.  Gescit.  III,  2,  p.  931),  pendant  cette  période 
relativement  courte,  où  tout  était  à  organiser,  on  dut  songer  a<sez  peu  à  délibérer 


simples  chefs  militaires,  aux  fonctions  strictement  limi- 
tées. Peu  après,  surviennent  les  guerres  médiques,  et  la 
subite  expension  de  l'empire  athénien  qui  en  est  la  con- 
séquence. On  rêve  sans  cesse  de  s'agrandir  ;  on  doit 
défendre  ce  qu'on  a  acquis;  de  toute  façon,  on  vit  dans 
un  état  de  guerre  presque  continuel  qui  met  les  stratèges 
en  relief:  et,  comme  la  démocratie  ne  répugne  pas  encore 
à  accepter  un  guide,  s'il  fait  sa  force  et  sa  gloire,  Péri- 
clès  peut,  pendant  quinze  ans  de  suite,  rester  à  la  tête 
des  affaires,  et,  sans  sortir  de  ses  attributions  légales, 
jouir  d'une  autorité  presque  absolue".  La  chose  s'expli- 
que fort  bien.  A  ce  moment,  les  anciennes  magistratures 
ont  perdu  leur  prestige;  les  archontes  sont  tirés  au  sort; 
l'Aréopage  est  dépouillé  de  ses  prérogatives  essentielles; 
les  stratèges  représentent  le  pouvoir  exécutif.  Que  l'un 
d'eux  ait  assez  d'autorité  pour  grouper  autour  de  lui  des 
collaborateurs  de  son  choix  :  il  devient  le  vrai  chef  du 
gouvernement.  C'est  l'époque  la  plus  brillante  de  leur 
histoire.  Périclès  mort,  pendant  quelques  années  les 
hommes  qui  dirigent  Athènes  sont  parfois  encore  des 
stratèges  (Nicias,  Alcibiade)  ;  mais,  déjà  avant  la  fin 
de  la  guerre  du  Péloponnèse,  la  démagogie  l'emporte. 
Les  projets  de  constitution  oligarchique,  en  411,  compor- 
tent bien  le  rétablissement  des  privilèges  des  stratèges; 
après  l'échec  de  cette  révolution,  l'autorité  passe  aux 
mains  des  orateurs.  Désormais,  les  stratèges  en  sont 
réduits  de  nouveau  à  n'être  plus  que  les  commandants 
de  l'année  et  de  la  flotte  ;  ils  peuvent  se  rendre  célèbres 
par  des  innovations  tactiques,  par  leur  habileté  à  tirer 
parti  des  troupes  mercenaires  qui,  de  plus  en  plus,  se 
substituent  aux  soldats  citoyens  ;  mais, à  de  rares  excep- 
tions près,  ils  perdent  toute  influence  politique.  Il  faut 
attendre  l'époque  romaine  pour  les  trouver  de  nouveau 
à  la  tête  de  l'État. 

Modifications  apportées  à  la  stratégie  après  l'époque 
classique.  —  Dans  l'exposé  qui  précède,  nous  avons  sur- 
tout considéré  les  stratèges  à  l'époque  classique,  c'est-à- 
dire  dans  la  seconde  moitié  du  v°  siècle  et  la  première 
moitié  du  iV.  Au  temps  d'Aristote,  la  constitution  du 
collège  est  assez  profondément  modifiée.  Désormais  les 
stratèges  n'exercent  plus  indifféremment  un  commande- 
ment ou  un  autre  :  chaque  année,  le  peuple  assigne  à 
cinq  d'entre  eux  une  mission  bien  définie.  L'un  (ÈTtl  toùç 
ôTTÀtTaç)  commande  les  hoplites  en  eus  d'expédition  au 
dehors  ;  un  autre  [i~\  tt,v  /ojoïv)  est  chargé  de  protéger 
l'Altique  contre  toute  invasion  du  côté  de  la  terre,  tandis 
que  deux  de  ses  collègues  (iîç  ty|v  Mouvt/i'av,  e!ç  tY|V 
'AxTr^vj  surveillent  les  côtes  et  les  arsenaux  du  Pirée  ; 
un  cinquième  [Itzi.  tkç  (iu[A|xopia;)  dresse  la  liste  des  trié- 
rarques,  et,  au  besoin,  procède  aux  échanges  de  fortune, 
ou  instruit  les  contestations  auxquelles  donne  lieu  cette 
liturgie;  les  cinq  derniers  reçoivent  des  missions  diver- 
ses,  suivant  les  nécessités  du  moment'"^.    Les  choses 

sur  l'Agora.  En  tout  cas,  ce  sont  les  historiens  modernes  qui  ont  soulevé  la  ques- 
tion ;  les  contemporains  de  Périclès  ne  semblent  lui  avoir  adressé  aucun  reproche 
à  ce  sujet.  —  '2'Ae.  iîoà.  LXI,  I.  Ces  indications  sont  confirmées  par  nombre  de  tes  les 
épii,'raphiqucs,  postérieurs,  en  général,  à  Arislote  (cf.  les  noies  de  l'édition  de 
Sandys).  Nous  connaissons  aussi,  par  les  in-criplions,  quelques-unes  des  missions, 
plus  ou  moins  temporaires,  qui  étaient  coniiées  aux  cinq  derniTS  stratèges:  par 
exemple,  la  garde  de  la  paralie  {Ins.  ^r.  Il,  1 19V,  1195)  et  du  territoire  d'Eleusis  (/«s. 
ijr.  Il  5,  014  6,  019  6t,  la  surveillance  du  matériel  de  guerre  (Ins.  gr.  II,  331,  985), 
le  commandement  de  la  marine  {Ins.  gr.  Il,  331)  et  de  la  cavalerie  (fiuH.  corr.  lied. 
XXX,  1900,  p.  226),  les  procès  concernant  les  élrangers  {Ins.  gr.  Il,  331),  Enfin, 
(lès  les  trente  dernières  années  du  iV  siècle,  nous  trou>  ons  également  des  siralèges 
chargés  du  eommandemeiit  supérieur  dans  certaines  clérouchies,  à  Salamine,  à  Myrina 
et  à  IlépbzBstia  dans  l'ile  de  Leiimos,  à  Syros  (renvois  dans  Gilbert,  Uaudbuch  d.  gr. 


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sont  ainsi  réglées  à  parlir  de  325,  au  plus  tard'.  Mais 
nous  ignorons  à  quelle  date  remonte  l'organisation  nou- 
velle; car  aucun  historien  ne  nous  renseigne  expressé- 
ment sur  ce  point,  et  nous  trouvons  peu  de  mentions 
fortuites  de  stratèges  à  attributions  distinctes  avant 
325.  Notons  du  moins  un  droaTriVÔ;  ô  l-i  tY|V  auÀx- 
y.Y,v  TT,;  /'ipaç,  dès  352-.  Démosthène,  en  351,  parait  con- 
naître le  stratège  des  hoplites,  bien  qu'il  ne  le  désigne 
pas  expressément  ';  et,  pour  les  symmories  triérarchi- 
ques,  tandis  qu'en  325  il  existe  un  7-:poi.TT,Ybi;o  ètû  xiç  cju.- 
jjLopi'aç  ■/■|pï|U.ivoç  *,  en  334  elles  sont  encore  sous  la  sur- 
veillance de  tout  le  collège  des  stratèges'.  De  ces  faits 
il  semble  résulter  deux  conclusions  :  la  spécialisation 
des  stratèges  n'a  pas  été  décidée  d'un  seul  coup,  et 
on  ne  s'en  est  guère  avisé  avant  le  milieu  du  iv'^  siècle. 

Par  la  suite,  une  seule  chose  esta  relever  dans  l'his- 
toire de  la  stratégie,  la  prépondérance  croissante  du  stra- 
tège des  hoplites.  Elle  se  marque  déjà,  dès  le  premier 
quart  du  m'  siècle;  car  nous  connaissons,  à  celte  date,  la 
carrière  d'un  certain  Phaidros  :  il  n'arrive  à  la  charge  de 
cTTsaT-riyoç  iiù.  ri  otzXx  qu'après  avoir  été,  successivement, 
età  plusieurs  reprises,  •y-ç.xTrijoi  èti'!  tyjv  ■ira|;a(jxEu-/-v,  £7:1x7,7 
/(ôpav  et  ÈTti  Toù;  çevù'j;  ".  Elle  apparaît  mieux  encore  un 
peu  plus  tard  :  le  stratège  des  hoplites  devient  éponyme 
à  côté  '' ,  ou  même  à  la  place,  de  l'archonte  principal  '  ; 
plus  d'une  fois,  le  simple  mol  de  nzz,3.-:-r,-;6:;  suffit  à  le 
désigner";  et,  seul  parmi  les  stratèges,  il  possède  un 
siège  réservé  au  théâtre  de  Dionysos'".  Ce  n'est  pas  à  dire 
pourtant  qu'il  reste  seul  survivant  de  l'ancien  collège"  ; 
mais  lui  seul  désormais  fait  figure  dans  l'Élat.  Cliargé, 
au  moins  dans  certains  cas,  de  convoquer  le  Conseil  et 
l'Assemblée  du  peuple'-,  d'assurer  l'approvisionnement 
de  la  ville  en  vivres  et  en  blé  ",  de  surveiller  les  poids 
et  mesures  et,  en  particulier,  de  punir  les  esclaves  publics 
employés  à  la  fabrication  des  monaies",  de  présider 
aux  éludes  des  éphèbes  et  à  leurs  examens  '%  il  occupe 
de  nouveau  dans  Athènes,  avec  le  héraut  de  l'Aréopage, 
un  des  rangs  les  plus  considérables.  Mais  alors,  il  est 
vrai,  ses  fonctions  ne  sont  plus  guère  que  des  fonctions 
administratives  ;  et  le  commandement  d'une  milice  locale 
est  tout  ce  qui  répond  au  titre  uième  de  sa  charge. 

II.  HORS  D'ATuiiNES.  —  llors  d'Alhènes,  le  titre  de  ttoï- 
TfiYoç  se  rencontre  aussi  fort  souvent,  et  cela  indistincte- 
ment dans  toutes  les  parties  du  monde  grec,  qu'il 
s'agisse  d'Étals  continentaux  ou  insulaires,  ioniens  ou 
doriens,  démocratiques  ou  oligarchiques.  Ces  stratèges 
peuvent  être  soit  les  magistrats  particuliers  d'une  cité, 
soit  ceux  d'une  confédération,  soit  môme  ceux  d'un  des 
royaumes  issus  de  l'empire  d'Alexandre.  Pour  les  villes, 
les  exemples  sont  extrêmement  nombreux  '^  Citons  : 
dans   la  Grèce    centrale    et    le    Péloponnèse,   Mégare, 


Slaatshausall.  I,  p.  ÔO'J,  n-,  I)  cl.  à  Samos  (H.  v.  Gacrlringcn,  Inschr.  i\  Priene, 
n'^  :  peu  a^aiit  3-6j.  —  »  Nous  avons  déjà  rappelé  que  la  coniposilioa  de  r'AÔTi-aîcv 
iioli.Tt.'K  se  place  entre  334  et  323.  —  2  1ns.  gr.  H,  5,  104  n,  1.  19.  —3  Dcm.  IV, 
Ï6.  On  a  voulu  parfois  trouver,  des  le  v*  siècle,  la  trace  de  ce  stratège  ;  mais, 
en  réalité,  on  ne  peut  tii-er  une  telle  conclusion  ni  de  Lysias,  XXXIl,  5,  ni  de 
Xen.  Hell.  IV,  5, 13.  — 4/ns.  gr.  M,  809,  col.  a,  I.  208.  _  ô /nj.  gr.  11,804  A,  col. 
b,  1.  73.  —  6  Int.  gr.  II,  331.  —  1  1ns.  gr.  Il,  481.  —  »  Ins.  gr.  H,  393  ;  Samml. 
gr.  dial.  Inschr.  n«  2089.  De  même,  le  nom  du  stratège  des  hoplites  parait  avoir 
été  gi-avé  le  premier  an  revers  des  monnaies  d'argent  du  nouveau  style  (TIi.  Keinach, 
dans  hev.  des  et.  gr.  1,  1888,  p.  103,  sq.)  —  9  C'est  le  cas  dans  les  deux  dernières 
inscriptions  mentionnées  ci-dessus.  —  l"*  Ins.  gr.  III,  248.  Le  siège  porte  seulement 
le  mot  •Tiaxr.-oj  ;  mais  nous  ne  pouvons  guèi'e  douler  qu'il  s'agisse  du  stratège  des 
lioplites.  —  u  Vers  128  av.  J.-C-,  cinq  stratèges  viennent  à  Delphes  pour  la 
Pythai'de  ;  ils  portent  les  titres  de  Ir.i  ta  SnÀK,  è-t  t^  vauTtxôv,  Izi  tb  Îiï-ixôv,  It.X 
in  Dufa.S   et  iT.\  'EitueTïva  (G.  Colin,  Le  culte  d'Apol.  Pytk.  à  Âth.  p.  72).  En 

VIII. 


Corinthe,  Argos,  Tégée,  Messène;  en  Thessalie,  Lamia, 
Phères,  Larissa,  Oloosson  ;  en  Eubée,  Erétrie  et  Carys- 
tos;  dans  l'Arciiipel,  Imhros,  .\ndros,  Coresia,  Carthaia, 
Tenos,  Paros,  Minoa,  Arcésinè,  Calyinna  ;  en  Asie 
Mineure,  Cyzique,  Lampsaque,  Ilion,  Mytilène,  Per- 
game,  Stralonicée,  Temnos,  Erythrées,  Smyrne,  Sardes, 
Téos,  Ephèse,  Magnésie  du  Méandre,  Nysa,  Milet,  Aphro- 
disias,  Sébastopolis,  Laodicée  du  Lycus,  Hiérapolis, 
Cos,  Rhodes  ;  dans  le  Pont,  Olbia  :  dans  les  îles 
Ioniennes,  Corcyre  ;  dans  la  Grande  Grèce,  Tarente,  Thu- 
rion;  en  Sicile,  Tauromenion,  Syracuse.  Pour  les  confé- 
dérations, sans  compter  les  lignes  étolienne  et  achéenne 
dont  les  stratèges  sont  bien  connus,  nous  trouvons 
des  fonctionnaires  de  ce  nom  chez  les  Acarna- 
niens  et  les  Phocidiens  (dès  l'époque  classique),  les 
Arcadiens  (après  Leuclres),  les  Béotiens  (quand  ils  sont 
rattachés  à  la  ligne  étolienne),  les  Épirotes  (après  la  sup- 
pression de  la  royauté),  les  Thessaliens  et  les  Magnètes 
(au  temps  de  la  conquête  romaine),  les  Lacédémoniens 
(après  la  chute  de  Nabis).  Enfin  il  existe  aussi  des  stra- 
tèges parmi  les  hauts  dignitaires  créés  par  les  Séleu- 
cides,  les  Atlalides,  ou  les  Lagides. 

Est-il  besoin  de  le  dire?  à  ce  titre  uniforme  répondent, 
malgré  certains  points  communs,  des  fonctions  assez 
diverses.  Empruntons  simplement  un  exemple  à  chacun 
des  trois  groupes  que  nous  venons  de  distinguer.  Chez 
les  Étoliens  '\  le  stratège  est  le  magistrat  le  plus  élevé 
de  la  confédération.  Nommé  chaque  année,  sous  la  seule 
condition  d'êlre  Élolien  et  âgé  d'au  moins  trente  ans,  et 
rééiigible  ensuite  indéfiniment  après  un  intervalle  d'un 
an,  ses  pouvoirs  sont  avant  tout  d'ordre  militaire  : 
dès  qu'une  guerre  a  été  décidée,  il  convoque  les  troupes 
qui  doivent  y  prendre  part,  se  met  à  leur  tête,  et  dirige 
les  opérations  ;  après  la  victoire,  il  préside  au  partage 
du  butin,  et  décide,  en  cas  de  besoin,  de  la  légitimité 
des  prises  ;  dans  le  même  ordre  d'idées,  il  veille  aussi  à 
ce  que  les  princes  étrangers,  en  quête  de  mercenaires, 
ne  fassent  pas  en  Étoile  des  levées  d'hommes  capables 
de  compromettre  le  recrutement  de  l'armée  nationale. 
En  même  temps,  avec  le  conseil  permanent  des  i.iiix.Ar^- 
Tot,  il  a  une  part  importante  dans  la  direction  des 
atlaires  extérieures  de  la  confédération,  traite  avec  les 
puissances  étrangères,  introduit  leurs  ambassadeurs 
dans  l'Assemblée,  et  envoie  des  Ihéores  chargés  de 
représenter  l'Étoile  aux  jeux  des  États  alliés.  Il  joue 
également  un  rôle  dans  la  politique  intérieure  ;  car,  de 
concert  encore  avec  les  àTiozXT|Toi,  il  convoque  l'Assem- 
blée et  peut  y  faire  des  propositions.  Enfin  il  intervient 
dans  le  jugement  de  certaines  afiaires,  et  son  nom  figure 
en  tête  de  tous  les  documents  officiels.  —  Tout  autres  sont 
les  attributions  d'un  stratège  chez  les  Lagides'*.  Celui-ci 


102-94,  la  liste  des  à-ap/af  de  l'ennéotcridc  delphiqne   lait  mention  du  ■yzf^zr.yhi 

i-l  -i   ï-'«a,   du    i;TsaTr,v4î    UX    Tr,-.    sajuinîJV'   tr.v  Iv     Utih  et  du    OTpaTr.j'o;     i-'i     xi 

vauTixdv  {Ins.  gr.  Il,  983).  Kiihier  suppose  que  le  otouttit'os  l-'i  ii  îi'a»  subsiste  seul 
après  Pharsale  ;  mais,  dans  une  inscription  éphébique  postérieure  à  48,  il  est  question 
d'ordres  donnés  iri  te  toû  i.o.i.iiit«j  xa'.  -.'«w  »ij«T7-,Y.-y  {1ns.  gr.  Il,  481,  I.  52).  Enfin, 
vers  la  lin  du  i"  siècle  de  noire  ère,  une  liste  de  prylanes  mentionne  encore  un 
,rTî«T,7is  à  côté  du  oTfair.YOî  iiîi  t4  ô'bU  {/ns.  gr.  m,  1020).  Il  n'en  résulte  pas, 
bien  entendu,  que  le  collège  comprenait  encore  dix  membres,  conmie  autrefois. 
—  12  Ins.  gr.  111.  38,  I.  49.  —  «3  Philoslr.  Vit.  sophist.  I,  23.  —  '4  Ins.  gr.  II, 
470, 1.  4li.  —  li  fini.  (Juaest.  conv.  IX,  I,  I.  —  »'•  Il  est  impossible  ici  de  donner 
toutes  les  références  ;  je  nie  borne  à  renvoyer  aux  .Manuels  d'institulions  (en  parti- 
culier a  Gilbert,  Uandàuch  der  gr.  StaatsaU.  t.  Ill,  et  ^mlndices  des  deux 
SiiHoge  de  Diltenberger.  —  11  M.  Dubois,  Les  lignes  étolienne  et  achéenne, 
p.  194  s(|.  :  Breen,  De  Aetolorum  institutis  publias  (.1/nem.  XXIX,  1901,  p.  400 
sq.).    _   18  Bouché-Leclercq,    Hist.\des    Lagides,   t.    III,  p.    137  sq.  Le    mot 


192 


STR 


lo.iO  — 


STH 


est,  au  nom  du  roi,  le  gouverneur  d'une  province.  Dans 
les  limites  de  son  nome,  il  réunit  à  peu  près  tous  les  pou- 
voirs; l'adminislralion  tinaneière  lui  échappe  seule, 
parce  qu'elle  est  fortement  centralisée  sous  la  direction 
du  dioccète  d'Alexandrie  ;  mais  il  commande  les  troupes, 
s'occupe  de  la  police,  reçoit  les  pétitions,  rend  la  justice, 
s'intéresse  à  l'agriculture,  et  administre  spécialement  le 
domaine  royal. — Quant  aux  stratèges  particuliers  des 
villes  d'.\sie  Mineure',  s'ils  restent  bien,  en  générai, 
même  sous  la  domination  romaine,  les  premiers  magis- 
trats de  leur  cité,  de  bonne  heure  ils  perdent  tout  carac- 
tère militaire.  Ce  sont  de  simples  administrateurs  :  ils 
instruisent,  discutent,  soumettent  à  l'Assemblée  les  me- 
nues questions  d'intérêt  local  où  se  réduit  alors  pour  eux 
toute  la  vie  politique  ;  leur  activité  se  dépense  en 
paroles  ;  ils  n'ont  guère  en  outre  qu'à  ofl'rir  des  sacrifices, 
à  présider  des  jeux,  el  à  faire  ériger  les  statues  votées 
par  le  peuple. 

Dans  tout  cela,  on  le  voit,  les  attributions  des  stratèges, 
en  exceptant  peut-être  les  fonctionnaires  royaux,  ne 
dillerent  pas  essentiellement  de  celles  de  leurs  collègues 
d'Athènes.  Mais,  d'un  pays  à  l'autre,  telle  de  ces  attri- 
butions prend  une  importance  plus  ou  moins  grande  : 
tantôt  nous  avons  affaire  à  un  stratège  unique,  et  tantôt 
à  un  collège  plus  ou  moins  nombreux  ;  ici  le  stratège 
est  éponyme,  là  il  ne  l'est  pas  ;  et  d'ailleurs,  dans  le 
même  pays,  les  choses  peuvent  changer  avec  les  époques. 
Bref,  pour  nous  faire  une  idée  précise  de  la  situation 
des  stratèges  hors  d'Athènes,  le  problème  devrait  être 
posé  successivement  pour  chaque  État.  Dans-  bien  des 
cas,  les  documents  sont  trop  rares  ou  de  date  trop  ditlé- 
rente  pour  permettre  pareille  étude;  et,  dans  les  limites 
mêmes  où  elle  est  possible,  elle  dépasserait  de  beau- 
coup l'étendue  de  notre  article. 

Mentionnons  seulement  encore  le  sens  du  mot  cTcaT-r,- 
Yo;  dans  les  textes  relatifs  à  l'histoire  romaine.  Employé 
seul,  cTpaTT^yô;  est  la  traduction  de  praetor.  Mais  on 
trouve  aussi  les  expressions  composées  c-piTYiYo;  û'xotToç 
et  <7Tpx-Y^-pî  àvOÛTraTo;;  dans  ce  cas  le  second  terme  a  seul 
une  valeur  précise  :  il  rend  consul  ei proconsul  \<i-ziJa.Tf^- 
fôç  n'est  qu'une  addition  imaginée  pour  marquer  aux 
yeux  des  Grecs  que  le  consul  ou  le  proconsul  agit  comme 
chef  militaire-.  G.  Colin. 

STRATOR.  —  Ce  nom  était  dans  l'armée  romaine 
celui  des  soldats  chargés  du  soin  des  chevaux  elde  l'écurie 


o:;«-r.-.-i;.  Cil  Egjpic,  peul  d'ailleurs  di'siguer  aussi  des  cumiuaudacils  de  U-oupcs 
spéciales     (police,    apparilcuis,    clc),      ou     même    des    officiers    de     vénerie. 

—  '   V.    Cliapol,    La    province     romaine    proconsniaire   ifAsie,     p.    iiO   si|. 

—  a  H.  Koucarl  (flen.  de  Philo!.  XXUI,  ISO'.i,  p.  SJl  s((.).  —  BiuuouBAraiE, 
Arnold,  fie  Atheniensium  saeculi  a.  Chr.  n.  qiiinti  prœloribus  (Uiss.  1  et  II, 
Dresde,  l(iT4  et  1876);  Droyscn,  Bemerkungen  ûter  die  atlischen  Slralugcn 
{Uermi's.  IX,  1875,  p.  1  sq.)  ;  (iilbert,  Beilrâge  ziir  innent  Geschichle  Atlltns 
iin  Zeilaller  des  peloponnesisclien  Krieges,  Leipzig,  IS77;  Fischer,  Quaestionum 
de  praetoribiis  alticis  saeculi  quinli  et  guarti  a.  Chr.  n.  spécimen.  Kônigsberfr, 
1881  ;  llauvellc-Uesuaull,  Les  slratéges  athéniens,  Paris,  1881  (le  travail 
d'ensemble  le  plus  complet  sur  la  question;  ;  Beloch,  Die  attiédie  t'olitik  seit 
Perikles,  Leipzig,  1884  (avec,  en  appendice,  un  essai  de  liste  chronologique  des 
stratiges  connus)  ;  Swoboda,  Uemerkmgen  zur  polillscheit  Stellung  der  alhe- 
nischen  .Strategen  {/them.  .Vus.  XLV,  1890,  p.  288  sq.);  Sundwall.  Epiyru- 
phische  Beitrûye  zur  sozialpolitischeit  Geschichle  Athens  im  Zeitaller  des 
Ùemosthenes,  Uipzig,  lOno,  (liste  des  stratèges  conuus  de  360  à  3i3)  ;  iNcubauer, 
Atheniensiii7n  reipublicae  guaenam  Ilomanoram  temporibus  fai-rit  condicio  (Diss. 
Halle,  1»8i)  :  Spaugeabcrg,  fie  Atheniensium  pnblicis  institutis  aetale  Alaced. 
commutalis  iDiss.  Halle,  188V);  Sundnall,  De  in.ilititlis  reipublicae  Atheniensium 
post  .iriHolelis  actatem  commutalis,  HehingfoTS,  l'ioiî;  Guâdin-er,  VeGraecorum 
magistrat,  cpongmis  (Diss.  Strasbourg,  JS9â). 

STRA-roil.   I  Eph.   epigr.   IV,  p.  4«C,  n"    1-18;    /nsc.   gr.  rom.  III,   liS7. 

—  s  Hid.  p.  407,  D"  19,  iO,  îl,  i4,  J5.  —  3  Jbid.  w  28-30.  _  4  J„sc.  gr.  rom. 


des  officiers  généraux,  leurs  écuyers  (en  grec  àvaSoÀsû; 
ou  cxptoTT,;).  On  en  rencontre  à  côté  des  commandants  de 
corps  d'armée'  et  des  légats  légionnaires-,  mais  non 
auprès  des  tribuns,  auprès  des  procurateurs  gouverneurs 
de  province',  auprès  des  préfets  d'ailes  auxiliaires*, des 
préfets  du  prétoire^  et  même  de  certains  gouverneurs  de 
provinces  dépourvues  de  garnisons  ^  par  exemple  de 
proconsuls'.  En  ce  cas,  on  les  détachait  d'une  armée 
voisine;  c'est  ce  qui  advenait  en  Afrique  donlVof/icium 
était  composé  de  soldats  venus  deNumidie'. 

Les  stratores,  que  mentionnent  fréquemment  les  ins- 
criptions, étaient  les  uns  des  soldats  d'élite  {iiitinunes)^, 
qui  continuaient  à  taire  partie  des  cadres  réguliers  des 
cohortes'"  et  passaient  de  cette  fonction  à  quelque 
autre,  les  autres  des  décurions  ",  des  centurions '-,  même 
des  priinipiles'^.  11  est  évident  que  ces  derniers  étaient' 
les  chefs  du  groupe  que  formaient  les  premiers "^. 

Les  empereurs  avaient  aussi  leurs  slralores^'.  A  la 
lin  de  l'Empire,  ceux-ci  formaient  une  scola  '",  à  la  tête 
de  laquelle  était  un  /ribuiius  stabuli,  dépendant  du 
magisler  of/iciorum  ".  Ces  stratores,  comme  aussi  sans 
doute  les  siralores  de  l'époque  antérieure,  s'occupaient 
de  la  remonte  ;  ils  étaient  envoyés  en  mission  dans  les 
différentes  provinces  pour  vérifier  la  qualité  des  chevaux 
demandés  comme  impôt  aux  provinciaux  {equorum  col- 
latio]  et  eu  prendre  livraison"*.  R.  Gagnât. 

STREXAE.  —  Présents  que  les  Romains  échangeaient 
à  l'occasion  de  certaines  fêtes,  et  particulièrement  aux 
calendes  de  janvier  (élrennesy.  —  L'origine  du  moistrena 
est  fort  douteuse  :  pour  certains  auteurs,  c'est  un  mot 
sabin  synonyme  de  Snnitas'  ;  d'autres  le  rapprochent 
de  stfenuus-  ou  même  de  (remis  pour  ternus',  par  une 
hypothèse  plus  ingénieuse  que  vraisemblable.  Mais  tous 
s'accordent  à  lui  donner  le  sens  primitif  de /jo/îmw  o»ie;(, 
heureux  présage,  qu'il  a  notamment  dans  deux  passages 
de  Plaute '.  11  semble,  d'autre  part,  qu'une  confusion  se 
soit  anciennement  établie  entre  l'usage  des  strenae  et  le 
culte  de  la  déesse  Slrenia,  personnification  de  la  santé, 
qu'il  faut  rapprocher  de  Sahis  '  :  Symmaque  "  fait  remon- 
ter à  l'époque  du  roi  Sabin  Tatius,  l'habitude  d'olTrir 
comme  don  de  nouvel  an  des  rameaux  sacrés  coupés 
dans  le  bois  de  S t renia  '.  Un  sacellum  Streniae  entouré 
d'un  luciis  devait  exister  au  commencement  de  la  voie 
sacrée,  près  du  Colisée  '  ;  mais  il  est  impossible  d'en 
fixer  l'emplacement  avec  plus  de  précision. 


m.  loai.  —  3  Corp.  ins.  Int.  VI,  3W8.  —  6  Ibid.  III,  i06T.  —  ^  Ui,j.  I.  Iii,  4^1. 
Xeyno  proconsulum  stratores sitos  habere potest  ;  sed  vice  eorum  milites  ministeno 
in  provinciis  fiinquntur.  Aussi  en  trouve-t-ou  auprès  du  proconsul  d'Afrique 
(Uuiuarl.    .\ct.   sincera,  p.  il7).  —   »  Cf.    mon   Armée    d'Afrique,    p.    Sût    sq. 

—  3  Dig.  L,  G.  7.  —  10  C.  i.  /.  Vlll,  2307,  25C8,  2309,  etc.  —  "  Jbid.  9370.  On 
pourrait  rependant  admettre  <iue  le  personnage  mentionné  dans  ce  texte  n'a  èlé 
promu   décurion    (ju'après    avoir    ({uitté    la    charge    de  strator   ilu    gou\erncur. 

—  '^Ibid.  II.  4lli  :  Vlll,  2749.  —  '^  Ibid.  Vlll,  7030.  —  H  Cf.  Mommsen,  Eph. 
epigr.  IV,  p.  409.  —  15  Vila  Curacallae,  7  ;  Vi/o  Macrini,  4  ;  Animian.  XXX,  3  ; 
C.  i.  l.  X,  3757  :  ;)ri»io//î(oris  [/es.]  X\'I  militans  sllrator  in  praetorio]  imp. 
CncsaWs  (reslilulion  de  M.  von  Domaszewski).  —  "^  Cad.  Theod.  VI,  31  (cf. 
Codefroid,   t.   II.  p.  242).    —    !■!  Anmiiau.    XXX,    S:    Sjramach.    Episl.    X.    31. 

—  18  Ammian.  XXIX,  3,  5  ;  Cod.  Tlieod..  loc.  cil.  ;  Syniniach.  loc.  cit. 
STHENAK.  I  Elpidian.  ap.  J.  I.yd.  De  mensitr.  4,  4.  —  2  Pompon,  ap.  Non.  t, 

.30;  Svmmach,  Ep.  10.  33.  —  3  Fest.  s.  v.  Strena,  Millier,  p.  313.  •■  Utrenam 
vocamus  quae  datur  die  religioso,  ominis  boni  gratta,  a  numéro,  quo  signifi- 
catur,  alterum  tertiumque  vtulurum  similis  commodi,  veluti  trenam  praepo- 
sila  .V.  littera,  ut  in  loco  et  lile  solcbaiit  anliqui.  »  —  t  l'Iaul.  Slich.  .';,  2,  24  et 
3,  2.  8.  Cf.  Ovid.  Fast.  I.  l^:  :  »  Omeil  causa  est  .,  etc.  —  ^  Preller,  Itœm. 
Mijlh.  2,  231,  Voy.  sALUs,  p.  1037.  —  6  ioc.  Cl*.  —  7  Cf  Lyd.  et  Fest.  (oc. 
cit.  —  «  11.  Jordan,  Topogr.  d.  Stadt  Rom  im  Atterth.  1907,  I  Bd.  3  Ablh. 
p.  259,    Der  Esquilin;  cf.  Varro,  Lin'i.    lai.    V,   47;    Fest.   293;    August.   Civ. 


D. 


16. 


STR 


—  IS-'^I  — 


STR 


De  tous  ces  témoignages  il  résulte  que  les  slrenae  ont 
toujours  eu  une  valeur  symbolique  et  une  significa- 
tion religieuse.  La  nature  même  des  objets  qui  étaient 
offerts  comme  présents  confirme  cette  interprélation  ;  à 
l'origine,  on  donnait,  outre  les  rameaux  sacrés  [verbr- 
ii(ii')  de  laurier  ou  d'dlivlcr,  des  dattes,  des  figues,    du 

miel  ',  "  pour  que 
I  "ann(''e  dans  son 
cours  soit  aussi 
douce  que  le  don;  ■> 
quelquefois  les 
IVuits  étaient  revê- 
ius  d'une  mince 
couche  d'or  :  Mar- 
tial mentionne  no- 
tamment des  dattes 
dorées  ^.  Mais  les 
fruits  ne  tardèrent 
pasà  être  considérés 
comme  un  présent 
trop  humble,  que 
seuls  les  pauvres 
gens  pouvaient  se 
permettre,  en  l'ac- 
compagnant d'une 
petite  pièce  de  mon- 
naie ^  L'argent  peu 
à  peu  se  substitua 
...    ,.,,,      ,.       ,,  aux  cadeaux  primi- 

[■1^.  (.1.4!.  — \(i'n\  il  .■Irciiiii's.  _  ^ 

lil's,  dignes  de  la 
simplicité  de  l'âge  d'or;  Ovide  fait  dire  plaisamment  au 
dieu  Janus,  que  l'argent   est  encore  plus  doux  que  le 

miel*^.  On  donnait 
suivant  ses  moyens 
des  pièces  de  cuivre 
ou  d'or '.Enfin,  sous 
l'Empire,  on  échan- 
geait des  coupes  '^ 
ou  des  lampes  de 
terre  cuite  portant 
l'inscription  :  An- 
num  nomnn  faus- 
luin  felicem  tnihi 
(ou  filti), ou  simple- 
ment :  A7inum  no- 
vum,  Annitm  fauKlum  feliceiii\  et  quelquefois  des 
représentations  d'objets  qui  semblent  figurer  des  cadeaux 
d'étrennes,  tessères,  fruits,  guirlandes,  as  portant  un 
Janus  bifroîis,  et  autres  monnaies,  cornes  d'abon- 
dance, etc.;  sur  d'autres,  on  voit  ifig.  (1643)  une  Vic- 
toire qui  tient  un  bouclier  ou  un  médaillon  contenant 
la  formule  des  vœux».  On  possède  aussi  des  tablettes  en 
terre,  en  verre,  en  métal  ou  autres  matières  ',  notamment 

*  Qyiii.  Fast.    1,   Is5-i88;   ."^en.   JTp.   >7.    —   2  Jlai-L    VIII,  .i3,    11;    XIII,   il. 

—  ^  Ibid.  -  4  Ovid.  Fast.  1,  1(1»  ;  cf.  Spon,  Des  élrennes.  dans  Heclierches 
ciirieusfs    dnnt.    p.  480,    4.S7.   —   5   Qiid.    Fast.    1,  îiO-iiV,.    —   6  Orclli,   4306. 

—  ''  Cor/j.  ins.  lai.  X,  8M3  à  S0.5.Ï  ;  XV,  l)i»C,  à  6210  ;  Opclli  4304,  .4303,  «07, 
Sur  un  fragmenl  de  terre  cuilc,  on  lit  :  Anniim  novim  faustum  felicem  mihi  el 
/ilio,  Caylus.  Hec.  d'ant.  IV,  pi.  i.sxxvu.  3.  Cf.  BœUigor,  Kleine  Scht.  III,  3lii. 
pi.  IV  ;  Jahrb.  des  Vereins  von  AUerthumslrem.de  im  Jiheinl.  iî,  36-40;  Huit. 
Neap.  i  (1843-1844),  1.3'.i.  —  »  p,isseri.  Luceriiae  ficliles,  I  ;  BôUigcr.  /.  c.  pi.  iv, 
p.  316  ;  Bull,  des  ont.  de  Fr.  ISDil,  p.  140.  —  9  Tour  les  diplyques  d'ivoire,  qui 
^-taienl  aussi  envoyés  aux  calendes  de  janvier  v.  diptycuox.  —  '0  Gori.  Thés.  dipt. 
1.  p.  iOi;  voy.  encore  MalFei,  Gemme  anl.  I,  p.  113;  Cay'us,  /.  c.  ;  KurtwHengler, 
Beschreih.  ge-ichnitt.  Steiiie,  n.  8100.  —  u  Eior,.,«  se  trouve  une  fois  dans 
Atiien.    97  D,  qui  blàroe   l'emploi    dans  ce  sens  du  mol  Im.o^;,,  gratification; 


plusieurs  en  cristal,  où  sont  représentés  les  cadeaux 
d'étrennes,  comme  celle  qu'on  voit  (fig.  6644),  qui  était 
destinée  à  l'empereur  Commode,  d'après  l'inscription 
qui  l'entoure  et  celle  de  la  médaille  qui  y  est  gravée  '". 
Mais  l'argent  demeura  le  présent  caractéristique,  le  plus 
en  vogue;  c'est  ce  qui  explique  pourquoi  Dion  Cassius 
ayant  ;\  parler  des  slrenae,  pour  lesquelles  il  n'exis- 
tait pas  de  mot  équivalent  en  grec",  dit  simplement 
'/pyùotov  '". 

L'iuibitude  d'échanger  des  cadeaux,  chez  les  Romains, 
n'était  pas  limitée  aux  calendes  de  janvier;  certaines 
fêles  servaient  de  prétexte  ;\  des  largesses  réciproques  et 
les  riches  qui  traitaient  luxueusement  leurs  hôtes  les 
comblaient  de  présents  [apopuoreta,  saturnalia.  xe.nia]. 
Mais,  à  cause  de  leur  signification  symbolique  d'heureux 
présage  [ominis  boni  gratia^'),  on  réserva  presque 
exclusivement  les  slrenae  pour  le  début  de  l'année  con- 
sulaire, c'est-à-dire  pour  les  calendes  de  janvier  {die 
re/iffioso'^);  ces  étrennes  sont  parfois  désignées  sous 
le  nom  de  calendariae  sfrenae''^.  Cet  usage  s'étendit 
sous  l'Empire  à  toutes  les  classes  de  la  société;  la  modi- 
cité même  des  cadeaux  le  prouve;  des  souhaits  oraux, 
des  festins  souvent  licencieux  et  des  mascarades  com- 
plétaient la  fête  "'.Sous  forme  d'étrennes,  certains  collèges 
religieux  faisaient  des  distributions  d'argent  [slrennas, 
p.  s/renas,  dividere),  soit  au  début  de  l'année,  soit  pour 
la  fête  d'un  empereur".  Mais  les  étrennes  devinrent 
aussi  une  pratique  vexatoire,  qui  dépouillait  le  pauvre 
pour  le  riche,  l'écolier  pour  le  maître,  le  client  pour  le 
patron  et  le  citoyen  pour  le  prince'*.  Dès  le  commen- 
cement de  l'Empire,  la  coutume  s'établit  d'offrir  des 
strenae  aux  empereurs  :  en  vertu  d'un  sénatus-consulte, 
,\uguste  put  recevoir  des  présents  en  argent,  qui  lui 
étaient  portes  au  Capilole,  le  jour  des  calendes  de  janvier, 
même  quand  il  était  absent  de  Rome;  il  employa  cet 
argent  à  l'achat  de  statues  qu'il  répartit  entre  les  divers 
quartiers  de  la  ville".  L'emper(iur  devait  rendre  ces 
cadeaux,  et  cet  échange  s'appelait  strenarum  commer- 
cium.  Tibère  rendait  au  quadruple  ce  qu'on  lui  donnait  "'; 
mais  bientôt,  obsédé  par  la  foule  des  donateurs  qui  se 
succédaient  pendant  tout  le  mois  de  janvier  sans  inter- 
ruption, il  limita  l'échange  des  slrenae  au  jour  des 
calendes,  puis  s'absenta  de  Rome  pour  échapper  à  la 
cérémonie,  et  enfin  ne  rendit  plus  rien  ^'.  Par  cupidité, 
Caligula  fit  revivre  la  coutume  et  reçut  en  personne 
l'argent  qu'on  lui  apportait  dans  le  vestibule  de  son 
palais--.  Claude  supprima  cet  abus-^  mais  sans  faire 
disparaître  l'usage,  puisque  nous  le  retrouvons  encore 
sous  Commode,  sous  Claude  H,  sous  Théodore  et  sous 
Arcadius  •'''.  Sous  ces  derniers  empereurs,  c'él;iit  le 
praefeclus  urbis  qui  apportait  des  strenae  solemnes  au 
prince,  de  la  pari  du  sénat,  et  le  prince  en  faisait  dis- 
tribuer aux  fonctionnaires  du  palais  et  à  ses  amis. 

5i<iov  signifie  présent  en  (jinéral;  tOaj/.Tiiis  n'est  pas  do  la  bonne  grécité, 
non  plus  que  (l«U'o;,  rameau,  pris  avec  l'acception  particuliiire  de  verbena, 
rameau    sacré.     —    12    Mio    Cass.    37,      17,    —    13     Festus,    (.     c.    —    I*    Ibid. 

—  lo  llicronyni.  Comm.  .1  in  ep.  ad.  Ephes.  C,  4.  —  1»  Ovid.  Fast.  I,  17i'.  sq. , 
Hlin.  H.  nat.  XXVUI,  51;  Augustin.  Serm.  3211;  1.  Chrysost.  Bomil.  XXIII: 
Faustin.  in  Ad.  Sanctar.  I,  p.  3.  —  ^'  Statuts  d'un  collège  d'Esculape  et 
d'Hygie,  Fabretli,  p.  7i5,  n«  442,  1.  12;  Orelli.  2417;  Tinscription  est  com- 
mentée par  Spon,  0.  c.  p-.  23>i  sq.  —  '8  Jlaxini.  Turin,  Homil.  ap.  Mabillon, 
Ber.  ital.  Il,  p.  18.  —  19  Suct.  Aug.  S7  ;  Oio  Cass.  54,3  5.  Cf.  Friediaendcr, 
Sittenr/esch.  Itoms,  I,  p.  SI.  —  'JO  Suct.  Tib.  34.  —  21  Suct.  Ibid.;  Dio  Cass. 
37,    9  :     Friedlaender,   /.    c.  —  'i^  Suet.    Calig.    42.    —    2:1   Dio   Cass.    60,    6. 

—  2*Auson.  Ep.  18,  4;  Symmach.  £>.  10,  28,  Cod.  Theod.  VU,  24,  1;  Cod. 
Just.   XII,    49. 


STR 


—  1532  — 


STR 


La  coutume  des  étrennes,  pour  parvenir  jusqu'à  nous, 
eut  A  vaincre  la  résistance  el  rinterciiclion  formelle  de 
l'église clirétienne  qui  condamnait  dans  les  réjouissances 
et  les  libéralités  du  déliiil  de  l'année  la  persistance  d'un 


usage  païen 


E.  Mavnial. 


STREi\IA  [SALUS,  p.  10:i7  ;  strenae,  p.  1530]. 

STIIEPTIKDA  (ïlTpETCTÎvoa).  —  Jeu  en  usage  chez  les 
Grecs,  ainsi  décrit  par  Pollux  :  «  On  lançait  une  coquille 
sur  une  coquille,  ou  une  monnaie  sur  une  monnaie,  de 
façon  à  retourner  (uTpÉsEtv)  avec  la  pièce  qu'on  lançait 
celle  qui  était  à  terre  »  '  ;  ce  qui  nous  oblige  à  supposer 
qu'on  dressait  le  but  sur  un  support.  Ce  jeu  pouvait  soit 
se  jouer  pour  iui-méiiie,  soit  servir  de  prélude  à  I'epue- 
DRiSMOS,  qui  en  est  une  variété.  D'autre  part  il  dilTère  un 
peu  du  simple  jeu  de  palet,  où  il  ne  s'agit  que  de  se 
placer  le  plus  près  possible  du  but.  C'était  en  somme 
notre  jeu  de  bouchon.  Georges  Lafaye. 

STRICTORIUM  [SPINTUER  II;  tunica]. 

STKIGILlSi  (StXsyyi;^).  —  Strigile,  curette  longue  à 
bord  mousse  ^  On  ignore  l'origine  de  cet  instrument,  dont 
on  n'a  point  encore  trouvé  de  spécimens  parmi  les  anti- 
quités égyptiennes  ou  mycéniennes  ;  les  trois  plus  anciens 
auteurs  qui  en  parlent  sont  contemporains*  et  vécurent 
dans  les  v'  et  iv""  siècles. 

Le  strigile  servaitprimitivement  à  enlever  cette  grande 
quantité  d'huile  dont  se  couvraient  les  lutteurs,  non  pas, 
comme  on  le  dit  trop  souvent,  pour  s'assouplir  les  mus- 
cles et  les  articulations,  mais  uniquement  pour  empêcher 
de  donner  prise,  liè-ri,  à  l'adversaire^  [LUCTA,*p.  1346]. 
Un  homme  couvert  d'une  couche  huileuse  glisse  dans  la 
main  comme  une  anguille'";  on  ne  peut  le  saisir  qu'après 
l'avoir  renversé  dans  le  sable.  La  lutte  finie,  vainqueur 
et  vaincu  brillants  d'iiuile,  (jtiX6(ov  \  XtTrapô/pio;  ',  ou 
maculés  de  boue,  se  rendaient  au  bain  où,  dans  une  salle 
près  la  porte  d'entrée',  on  procédait  à  un  premier  net- 
toyage mécanique  avec  le  strigile.  Si  la  consommation 
d'huile  dans  les  gymnases  était  considérable'"  et  si 
c'était  un  titre  de  gloire  c  immortelle  »  que  d'en  faire  les 
frais  pendant  une  année  " ,  les  raclures  d'h  u  ile,  u-:Xéynuii.a, 
vX&iôi;  '^,  ToC  ÈXai'ou  yXoCo!;  pÛTtoi;'',  strigmenta  olei,  don- 
naienL  de  grands  profits  :  Pline  parle  de  80  000  sesterces 
de  raclures  vendues  pour  faire  des  pessaires  ainsi  que 
des  liniments  contre  les  douleurs  névralgiques  ou  rhu- 
matismales'*. 

1  Tcrlull.  Du  ulolalr.  10  et  14;  Frudent,  C.  Symmach.  I,  I3G  et  sq,;  Augustin. 
Serin.  19S.  2  [de  kaleiid.  Januariis  ;  Ilieroiiym.  O.  c.  3,  0,  7,  p.  60G  :  Ciirysost. 
BomiL  23.  BiBLiocnAPHiF..  —  Pii.  Horst,  De  strenis^  Jena,  1032  ;  M.  Liponius, 
ùe  strenis,  dans  Thcs.  antiqu.  de  Gra;vius,  XII,  p.  409-552;  Spon,  Hecherches 
curieusesd'antiquité,  Lyon,  IGS3,  30"  dissertât.  Des  Estrenes,  p.  4S5  et  suiv.  ; 
Spon,  De  origine slretiarum,  dans  T/ies.  Antigit.  de  Grouovius,  IX,  p.  208  ;  llieron. 
Ross.  Janotatins  de  strena,  dans  Thés,  dntiyu.  de  Sallengre,  11,  p.  1410,  1  US  ; 
Boeltigcr,  Amatlhea,  III,  p.  IbS  sq,;  Morgenhl.  1846,  n»  tiO  sq.;  Sclicin'clc,  Die 
Gelûbde  der  Allen,  der  erste  Jannar  im  allen  liom,  Strenae,  Jamts,  Àcsciilnp. 
Stuttgart,  1851,  4,  p.  15-17;  PrcUer,  Ilœm.  Myth.  I,  180  et  11,  234;  Mari|uardt, 
Staatsverwalt.  III,  14;  et  Priratlehen  der  Jicemer,  I,  251  sq.  et  I,  9t,  n.  0; 
Fncdlacnder,  Sitlengesch.  Homs,  T  Au!\.  I,  p,  81  ;  Martigny,  Oicl.  </<;.s  anHij. 
cftri'tiennes,  s.  v.  étrennes  et  janvieh  (cai.endks  dr). 

STIIKPTINDA.  I  Poil.  IX,  117,  —  Biiu,ioi,baphii:,  V.  celle  de  i.ui.i,  jeux  imiives, 
STnUllLIS,  I  De  slrinrjo  ;  Bréal  et  Bailly,  Oict.  éljim.  lai.  1885,  —  2  Héraclide 
de  Tarente  écrivait  «TTjtv;,'^,  forme  plus  voisine  du  latin  {Erot,  Gloss.  p,  328).  Sous 
l'Empire,  on  employa  le  mot  l'jtrx^i  avec  le  môme  sens  et  Lucien  considère  comme 
une  alTcctation  d'archaïsme  de  dire  4-ï,(TT'fcE7Yi'fTaoeni  au  lieu  de  àT:'j;û<Ta(rOat  {Jihet. 
praec.  17).  —  3  Bien  que  notre  mol  étrille  soit  un  doublet  de  strigile  et  dérive  de 
strigilis  par  «/ri/Za  [Coitslil.  P'red.  régis  .Sic,  113),  on  ne  devrait  pas  remployer 
dans  le  sens  de  <n'AEYY<;,  puis(|uc  il  désigne  un  instrument  toujours  denté. 
—  ^  Hippocratc,  Aristophane  et  Platon,  —  li  Pour  la  même  raison,  les  lutteurs 
albanais  et  les  pelilivants  orientaux  se  versent,  pour  cliaijue  lutlc,  sur  le  corps 
et  le  caleçon  de  cuir  plus  de  300  grammes  d'huile,  alors  ([u'il  en  faut  à  peine 
25  grammes  pour  masser  un  aduhe,   —  G  Lucian.  Anacit.   I.  —  7  Theocr.  Il,  80. 


Fig.6645.- 

Mauche 
de    strigile 


Ouand  il  fut  de  bon  ton  de  se  livrer  aux  exercices  du 
corps,  et  quand  tout  le  monde  y  prit  part,  chacun  eut  son 
strigile  qu'il  faisait  porter  au  bain  par  un  esclave'''. 
Tous  ces  désœuvrés  qui  hantent  les  étuvcs  se  font  don- 
ner un  coup  de  strigile  soit  pour  enlever  le  peu  d'huile 
ou  de  ceroma  qui  reste  sur  le  corps  après  le  massage, 
soit  même  pour  enlever  la  sueur  et  ces  débris 
épidermiques  nommés  «  copeaux  balnéa- 
toires""'  ».  Bien  que  cette  coutume  fût  nuisi- 
ble''', on  l'appliquait  même  aux  malades  con- 
trairement aux  conseils  d'IIippocrate  '*.  Les 
femmes  avaient  également  leur  strigile",  qui 
servait  au  bain,  pour  enlever  surtout  la  pâte 
épilatoirefpsiLOTiiuLMl,  dont  elles  s'enduisaient 
le  corps  ^''. 

Bien   que    le  strigile  se   compose   toujours 
d'une  longue  cuillère  creuse  [luiula]  et  d'un 
manche,  capulus,  la  forme  de  cet  instrument  a 
subi   de    telles   modifications  qu'on    ne   peut 
encoreessayer  une  classification  chronologique 
et  géographique^'.  Cependant,  on    reconnaît 
déjà  que  les  plus   anciens  spécimens  sont  faits  d'une 
feuille  de  métal  bronze  ou  argent  travaillée  à  la  lime  et 
au  marteau.   La  cuillère  dessine   un 
demi-cercle-'^  dans  sa  longueur;  elle 
est  fortement  concave  dans  sa  largeur 
et  se  termine  en  s'évasant.  «  Le  manche 
est  en  forme  d'anneau  long  où  l'on 
passait  les  doigts-^  ».  Plus  tard,  les 
deux  tiges  du  manche  sont   rappro- 
chées :   la    première    est    une    table 
plate;  la  seconde  est  ronde,  filiforme 
et  vient  se  terminer  sur  le  dos  de  la 
cuillère,  sans  y  adhérer  toutefois,  par 
une  petite  plaque  lancéolée  ou  foliée'^* 
sur    laquelle    on    appuyait    soit     le 
pouce,  soit  l'index  (fig.  6643).  Quand 
l'usage    prévalut  de  fondre  les  strigiles  au   moule,  la 
cuillère  forma  un   angle  droit  avec  la  poignée,  qui  se 
composait  de   deux  longues   tables    semblables,  paral- 
lèles,  distantes   de    3   ou   G  millimètres   sur    les    neuf 
dixièmes   de    leur  longueur,    mais  adhérentes  l'une  à 
l'autre   aux    deux    extrémités    (fig.     6646)  -^    Souvent 
même  le  manche  est  cylindrique  '■^^  ou,  comme  dans  les 

—  »  Ib.  102.  —  9  Probablement  la  pièce  nommée  destriclarium  (cf.  balneum, 
notes  130  et  179j.  —  10  V,  oïiinasiari;hia,  p,  1082;  cïms/.sium,  p,  1089),  —  "  Rev . 
iltiid.  qr.  1890,  p,  09.  —  12  Scol.  Aristoph.  Nub.  4i9.  —  1^  Ib.  ;  cf.  Galcn.  (éd. 
Kuhn,  XIII,  p.  225),  —  H  H.  nal.  XV,  ,5  et  XXVllI,  13.  —  16  Voy.  balneum,  fig.  lU  ; 
Lucian.  Lexiph.  2  ;  Pcrs.  Soi,  V,  126.  —  '6  Théoph.  Gautier,  Consinntino- 
pie.,  1853,  p.  239.  —  17  Cf.  Suet.  Ocl.  80,  —  l»  De  acut.  morb.  31.  »  On  doit 
se  servir  d'épongés  au  lieu  de  strigiles,  »  Cependant  Aristole  constate  que  la 
sudation  est  plus  abondante  avec  le  strigile  (Prahl.  Il,  12,  éd,  Didot,  IV, 
p.  121).  —  19  Aristoph.  Tliesm.  550.  V,  Stephani,  C.  rend,  de  la  comm.  arcli.  .S. 
Pvtcrsbourg,  p.  1803,  p.  149;  p.  1S05,  p.  191;  p.  1870-1871.  p.  28,  —  20Galen. 
.S'ec,  loc.  1,  4  {éd,  Kiihn,  XII,  p.  435)  :  .<  Elles  s'enduisent  le  corps  (d'un  épila- 
toire),  ensuite  elles  se  rendeiit  dans  une  chambre  tiède  du  bain,  et  quand  elles 
commencent  à  transpirer,  elles  enlèvent  avec  un  strigile  le  médicament  d'une 
parlic  du  corps.  »  Traduct,  Cli.  Darcmberg.  (Eufres  d'Oribase,  1854,  II,  p.    687. 

—  21  Voir  le  classement  adopté  par  H.  15.  VValters  [Calai,  bronzes,  Brilish  .\fus. 
1899).  Sa  série  la  plus  ancienne  remonte  à  550-460  av.  J,-G,  Feruique,  Étude  sur 
Préneste,  1880,  p,  140,  a  pu  écrire  qu'à  Prénesle  :  «  les  strigiles  sont  loujours 
exécutés  d'après  le  même  modèle  »  :  il  n'en  est  pas  de  même  à  Pompéi,  si  l'on 
compare  seulement  les  deux  types  donnés  l'un  par  E.  Breton  {Pompeia,  1809, 
p.  170)  et  l'autre  par  A.  llich  (Oict.  des  antiq.  1S61)  s.  v.  ci.ausula.  —  22  Uennis, 
The  cities  and  cemeteries  uf  Etruria,  1848,  H,  p.  426.  —23  A.  de  Ridder,  Cal. 
des  br.  de  la  Sou.  archéol.  d'Athènes,  p.  105.  —  21-  Ce  détail  est  bien  visible 
dans  la  lig.  06 15;  l'arapanos.  Dodone  et  ses  ruines,  pi.  xxvr,  8  bis.  —  25  Strigile  de 
Pompéi,  Mus.  Borbon.  Vil,  pi.  .^ivi.  —  2e  Babclon  et  Blanchet,  Cat.  des  br.  de 
la  llihl.  nat.   1811  et  1814;  /Jril.  Mus.  guide.  Cr.  and.  rom.  life,  fig,  98,  p,  113, 


Fig,  6646.  —  Strigile 
de  forme  coudée. 


STR 


—   133:^ 


STR 


Fig.  OCi 


sirigiles  des  musées  d'AiiUin  '  el  de  Bourges-,  il  se 
compose  d'une  seule  lable,  à 
arêtes  vives  et  angles  droits, 
dont  la  largeur  est  double  de 
l'épaisseur.  A  Cyzique  (cime- 
tière de  Bulgar  Keuï),  les  spéci- 
mens les  plus  récents  ont  une 
poignée  formée  de  deux  tables 
plates,  parallèles,  longues  de 
10  centimètres,  adhérentes  à 
leurs  extrémités;  la  cuillère, 
longue  de  27  à  28  centimètres, 
forme  d'abord  un  angle  obtus 
avec  le  manche,  puis  se  recourbe 
presque  à  angle  droit  au  pre- 
mier tiers  de  sa  longueur,  là 
où  se  trouve  la  plus  grande 
largeur. 

Lalongueur  desstrigiles varie 
d'ordinaire  entre  16  et  30  cen- 
timètres ;  M.  A.  de  Ridder  en 
décrit  un  u  de  provenance  inconnue,  long  de  7  centimè- 
tres, manche,  3  centimètres,  percé  d'un  trou  »  et  le  con- 
sidère comme  un  monument  votifs  ;  de  semblables 
olfrandes  '•  étaient,  on  le  sait,  dans  les  habitudes  de  l'an- 
tiquité. 

Les  strigiles  se  faisaient  ordinairement  en  fer  et  les 
plus  renommés  venaient  de  Pergame'  ;  mais  la  plupart 
de  ceux  que  l'on  conserve  dans  les  collections  sont  en 
bronze.  On  en  trouve  aussi  en  argent'',  en  électrum  \ 
en  plomb',  en  corne  ^,  en  ivoire'",  en  os"  ;  les  Lacédé- 
moniens  en  avaient  en  roseau,  zaÀaiAi'vai  ' -  ;  les  Agri- 
gentins  en  or  ou  en  argent''.  Dans  l'Inde,  on  les  fabri- 
quait en  ébène  '*. 

Les  strigiles  portent  fréquemment  des  inscriptions''. 

L'ornementation  est  le  plus  souvent  formée  de  lignes 

sinueuses,  de  (leurs,  de  cannelures'",  de  masques '';  il 

y  a  aussi  de  véritables  sujets  :  .\pollon  assis".  Centaure 

dressé  et  jouant  des  cymbales '%  Hermès,  etc.-".  On  a 

I  Musée  Rollni,  vilr.  L.  —  2  Hroveuaace  intonilue.  —  3  O.  c,  n.  575.  —  *  Antli. 
pal.  VI,    »8S  ;  Sciic-c.    Epist.    'J5,     17.   cf.    dusakia,    p.   370.  —  i  Mari.   XIV,   51. 

—  tJ  Musée  (lu  Louvre,  salle  des  bijoux,  n.  73:19  ;  Aniiq,  du  Ùosphore  cimmêrien. 
|il.    xixi.  ±.  .1.  —  7  Haoul-RochcUe,  ilém.  de  L'Ac.  dut  Jnscr.  1838,  XIII.  p.  032. 

—  8  Bull,  il:!  riml.  Ifciï),   p.  204  ;  1830,  p.  236  (peul  ùtro  volifs;  ;  Mart.  XIV,  ni. 

—  9  Brelon,  Pompeia,  1809,  p.  170.  —  m  Ib.  —  Il  CouloD,  De  l'usat/e  des  slrir/. 
dans  l'antiq.  Paris.  1895,  p.  0  et  45,  pi.  m,  ii.  3.  Spécimen  trouvé  dans  le  Camhrcsis. 

—  12  Hlut.  Inslit.  lac.  p.  239,  A;  Scol.  Plal.  CItarm.  p.  324.  —13  Uiod.  Sic. 
XIII,  8i;  Aelian.  Var.  hist.  XII,  29.  —  I*  Slrab.  XV.  907.  —  15  Dédicices  à 
Ai-lémis,  liev.  arclièot.  1900,  p.  450.  Noms  de  fabricanls  ou  de  possesseurs  ;  la  plus 
ancienne  de  ces  inscriptions  parait  être  la  marque  du  Corinlliien  Kalistralos 
(vi'  siècle),  Brit.  Muséum,  a'  254;  cf.  P.  Kretsclincr,  Ùie  griech.  Vaseninsclir. 
Gulersloh.  IVJ4,  p.  241.  Parfois  le  nom  est  au  nominatif,  'Eoji.,..,  Bril.  Mus.,  322  u; 
cf.  322  //.  Parfois  au  génitif  précédé  de  iiiç,  suivi  ou  non  de  iV^i  .-ainsi  t:».^  EajiiAà/oj, 
pi-ovenanl  de  ituvo,  ih.  325.  Les  inscriptions  sont  ^Tavces  au  pointillé,  au  trait  et 
même  incrustées  en  argent,  comme  la  maripie  arcliaiV|'je  de  KO.uv,  flritish  Mus. 
n.  250  ;  ou  bien  elles  sont  accompagnées  ou  remplacées  par  des  ligures  poinçonnées, 
homme  barbu  dansant  (strigile  de  Kalislratros  (hippogrilfc)  musée  do  Saint-Uer- 
raiin,  a.ilrefois  au  Musée  de  Cluny,  Catal.  1S83,  u.  ;90l)  ;  parfois  t'est  un  nom 
propre  qui  est  poinçonné  (Frfibner,  Catal.  des  hr.  de  la  coll.  Gri'-au,  1885, 
n.  402.  V.  encore  Friedrichs,  BerLin  Ant.  Bildwerke,  II,  lîronz.  p.  89  sq.  ; 
de  Witle.  Coll.  Beuijnot,  1840,  n.  327,  etc.).—  •"  Pottier-Hcinach,  Cn(.  des  l. 
cuites  de    AJyiina.  n'  483,    p.  220.    —    1'   Babelon   el    Blancbcl,    O.    l.  n,  IslO. 

—  18  De  Ridder,  Cal.   des  br.  de  la  S.  areh.   d'Athènes,  n.  .542.  —  l'J  Jb.n.  543. 

—  20  l'otlier-Reinacb,  Nécropole  de  .Myrina,  p.  201.  lig.  20;  Collignon,  il/an. 
d'urclieol.  ijr.  !■  éd.  lig.  13»;  de  Ridder,  O.  c.  n.  531.  —21  Fornique,  lit. sur  fré- 
nésie, p.  140.  —  ii  tb.  n.  132  el  134  de  la  coll.  Barberini.  —  23  British  Mus. 
n.  005  ;  autre  spécimen  ap.  Friibner,  Catal.  des  bronz.  Coll.  Gréau,  1885,  n.  582. 

—  -^  Voy.  Décbeletlc,  Hev,  archéol.  1902,1,  p.  248.  K.  Brizio,  romôe*  expt.  ùAion- 
teforttno  ;  deux  strigiles  eu  fer  dans  la  tombe  40  de  Monteforlino  :  Iroison  bronze 
ddus  une  tombe  à  Boissiércs  (Gard),  Corp.  îns.  lat.  XII.  3098,  13  ;  A.  Aurês,  Alarq. 
de  (abriq.dumusée  de  Nimes,  1870,  p.  Sl,n.  223  el  224,  pl.  ixui;  Pollicriieinach, 


6048.  —  Trousse 
de  baigneur. 


Fig.  0649.  —  Alhl;-le 
se  frollaul  avec 
le  sirigilc. 


trouvé  à  Préneslc  plusieurs  strigiles  dont  le  manche 
rapporté-'  est  fait  d'une  figurine 
en  bronze^-.  Le  plus  célèbre  re- 
présente une  femme  nue  tenant  un 
petit  strigile  dans  la  main  gauche 
\fig.  6647)  ". 

On  a  découvert  des  strigiles  dans 
toutes  les  parties  de  l'ancien 
monde,  etsurtoutdans  les  lombes. 

En  règle  générale,  on  peut  dire 
que  les  strigiles  sont  d'autant  plus 
nombreux  dans  la  nécropole  d'une 
ville,  que  les  habitants  ont  mené 
une  vie  de  mollesse  et  d'oisiveté. 

En  Asie  Mineure,  comme  en  Eu- 
rope, il  n'est  pas  rare  de  rencontrer 
deux  ou  trois  strigiles  dans  la 
même  sépulture'":  quelques-uns 
ont  encore  la  courroie  de  cuir  qui 
les  reliait"  ;  d'autres  sont  réunis  par  une  chaînette^ 
un  anneau  -^  ;  on  a  trouvé  de  véritables 
trousses  (fig.  66iH)  qui  répondent  à  l'ex- 
pression consacrée  «^'/(/(/«e^  a/«/JM//a-'. 
C'est  ainsi  que  les  peintres  représentaient 
sur  les  coupes  à  figures  rouges  le  ctÀ£yy''ç 
zai  ),r|)cu6oç -'  OU  ;u(7TpoÀ7,>'.ii9o;  appendu 
aux  murs  des  gymnases  et  dans  les 
salles  de  bain  ifig.  748,  5936),  à  côté 
de  sacs  à  iponges  ^".  Ces  mêmes  vases 
montrent  également  comment  on  tenait  le  strigile  à  la 
main  et  comment  on  s'en  servait  ".Le  type  de  l'éphèbe^- 
ou  de  la  femme^',  destrint/ens  se^*,  se  rencontre  aussi 
sur  les  miroirs"^,  les  intailles  fig.  6649)^'^.  Le  sujet  fut 
traité  au  v"  siècle  par  un  sculpteur  inconnu'''  et  par 
Polyclète  ^' ;  au  iV  par  Lysippe  ".  L'Apoxyoménos*"  de 
Lysippe  est  célèbre.  Agrippa  l'avait  placé  à  Rome  devant 
ses  thermes  ;  on  en  possède  une  bellecopie  dans  l'homme 
au  strigile  du  Vatican ''.  En  Grèce  '•^  et  en  Anatolie  on  a 
trouvé  plusieurs  apoxyomènes"  ;  il  en  existe  également 

Nécrr,p.  de  Myrina.  p.  93.  —  i-  Geffroy,  Lettre  de  Borne  du  W  juin  1879  {C.r. 
Acad.  inscr.  1879,  p.  152).  -  2S  Antiq.  du  Bosphore,  XXXI,  3  ;  Catal.  Coll. 
Euy.Piot  (1864),  p.  55,  n.  13.  —  27  Fig.  6648,  it/us.  Borbon.  VII,  pl.  xvi  ;  De  Wille, 
Catal.  de  la  coll.  Castellani,  Paris,  1806,  n.  270  ;  De  Ridder,  Catal.  des  br.  de  la 
Coll.  de  Clercq,  p.  351,n.  044  ;  Bril.  Mus.  Gr.  and.  rom.  life,  p.  113.  —  28  pJaul. 
SlicU.    230;  Cic.   Fin.   IV,    12.    four  ampulla    olearia,    cf.    fig.    292,    :93,    544. 

—  29  Aristopli.  fr.  Dactal.  ap.  scol.  Eq.  577;  Plat.  Hipp.  min.  p.  368  c; 
Heysch.s.  v.  Pour  le  sens  des  mots Tïy.-YiSo"/.;.»j6-.ï  et  wiTT9oir,.ueo;,  cf.  H.  Estienne, 
Thés,  liiitj  gr.  s.  v  ct>î-.tÎî;  Letronne,  Brcompense  promise,  p.  46  sq.  —  30  Ga- 
lerie Pourtalès,  n«  290  ;  dans  le  Dict.  lig.  74S,  307S,  3891 ,  5936,  0552,  etc.  ;  Gerhard, 
Auserles.  gr.  Vaaenbild.  IV,  p.  277,  280  el  283,  n.  1.  On  les  voit  aussi  (fig.  939)  dans 
l'atelier  d'un  fondeur.  —  31  Caylus,  ftecueil,  11,  pi.  xsxvn  ;  cf.  Grivaud  de  la  Vin- 
celle,  O.  c.  ;  Catal.  J'ourtales,  n»  200,  293  (Briinstcd,  V'oj/.  de  la  Grèce.  I,  p.  287  : 
f'anofka,  Antiq.  du  cnb.  l'ourlaHa,  pl.  v,  p.  28-30),  297,  29S,  361  ;  on  portait  sur 
l'épaule  tous  les  ustensiles  de  bain,  voir  lig.  774.  Jamais  le  baigneur  n'est  repré- 
senté, comme  on  l'a  dit,  avec  la  trousse  suspendue  à  sa  ceinture.  —  22  Tischbein, 
O.  c.  pl.  [.XIV  ;  L.  Muller,  Descr.  du  Musée  Thorwaldsen  (Coponh.  1S4T)  I,  n»  112, 
p.  81  sq.  ;  le  n.  797  du  musée  de  Berlin  (Gerhard,  Antik.  Btldw.  pl.  i.xm;  Coll. 
Lichtcnstein.  Arcli.  cpigr.  Mittb.nus  f;e*itr.  1881,  pl.  iv).Surles  vases  à  fig.noin  s, 
les  éphèbes  emploient  ordinairement  l'éponge  et  non  le  strigile;  cf.  Cat.  Gai. 
Pourtalès,  n»  294.  —  33  Arch.  Anzeiij.  z.  Jahrb.  des  d.  arch.  Instil.  1893,  p.  90, 
n.  30  et  invcnL  3218.  — 34  E.xpression  de  Pline  pour  traduire  'a-o;u»(«i»«î.  B.  nat. 
XXXIV,  19.  6  et  I3i.  —  3r.  Mon.  d.  Inst.  IX.  pl.  xxvcii  et  Anit.  1871,  p.  117  ;  cf. 
notre  lig.  749.  —  3li  Coll.  de  Sloscli  ;  Furtwângler,  Gesch.  .Sleiue,  Berlin,  n.  195. 

—  :nAihléledeThcspies,.fleu.  élud.gr.  1888,p.  405.  —  3»  plin.  II.  nat.  I.c.  —  3i/li. 
19,  13.  —  40  'Ai:i>;vi|*ivoç  =  inooTisjri!;»!'»'»';  employé  encore  i  l'époque  d'Aristole 
{Prob.  11,  12,  éd.  Didot,  IV.  p.  121);  Plin.  B.  nat.  xxxiv,  19,  13.  -  il  Mon.  d. 
/nst.  V,  13;  liruriii-Bruckmanci,  Benitm.  n.  2.S1  ;  Coilignon,  f/ist.  de  la  sc.ulpt. 
gr.  Il,  p.  218;  V.  Duruy,  B.  des  Bom.  I8.S0,  II,  p.  203.  —  S2  Bas-reliefs  de 
Delphes,  du  Pirée  (Cavvadias,  Catal.  888  :  Le  Bas.  pl.  i  xii,  2  ;  Coulon.  O.  c.  pl.  i  ; 
U.  Kiiblcr,  Torso  eines  Apoxyom.  ap.  Milheil.  d.  déutsch.  Inst.  in  Athen,  1877. 

—  13  0.  Benndorf,  Forschung.  in  Ephesos,  Vienne,  1906,  p.  181.  sq.  et  fig.  127-129. 


STR 


—  1534 


STR 


en  lerro-cuile  provenanl  de  lÉolide'.  Les  sculpteurs 
gallo-romains  ont  reproduit  ce  thème  dans  la  décoration 
archilecturale  de  Mediolanum '-.  En  Italie,  les  peintres 
décorateurs  se  servirent  également  de  ce  motif  pour 
l'ornementation  des  palestres'  -.on  trouva  au  viii'  siècle 
dans  une  cliambre  sépulcrale  de  la  voie  Appienne  «  une 
fresque  représentant  une  esclave  en  train  d'étriller  la 
cuisse  d'une  femme  avec  un  slrigile  »  ((ig.  223)'.  Des 
slrigiles  ont  été  figurés  sur  quelques  stèles  funéraires 
(flg.  3GG8)  d'athlètes   ou    de  gymnasiarques^ 

SORLIN  DûRir.NY. 

STRIGI.IS,  stria'.  PàÇôo;-,  oioL-uc^in'.  —  Noms  donnés 
aux  cannelures  ou  moulures  curvilignes,  parallèles, 
creusées  à  la  surface  des  colonnes,  pilastres,  baignoires, 
tombeaux,  etc.  Vitruve'  considère  cet  ornement  comme 
l'imitation  des  plis  de  la  robe\ 

I.  Cannelures  verticales.  —  On  les  trouve  à  Mycènes 
sur  les  demi-colonnes  du  ii'  tombeau  à  coupole'^  et  sur 
des  colonnettes  d'ivoire  provenanl  de  meubles'.  Toutes 
les  colonnes  doriques  grecques  étaient  cannelées  verti- 
calement ainsi  que  les  plus  anciennes  colonnes  ioniques  ' 
[coLUMNAj.  Les  peintres  de  vases  n'oubliaient  point  de 
figurer  ce  détail  par  des  lignes  droites'. 

La  l'orme  des  cannelures  est  toujours  une  courbe  con- 
cave ou  ondulée,  mais  jamais  une  entaille  abords  droits 
ou  en  biseau  '"  comme  celle  des  triglyphes.  La  courbe 
varie  selon  les  ordres  :  dans  le  dorique,  elle  est  moindre 
qu'un  demi-cercle  ;  on  peut  regarder  les  cannelures  du 
Parthénon  comme  des  sixièmes  de  circonférence";  celles 
du    grand  temple   de    Pestum    (fig.  6G50),   comme   des 

'  l'ollicr-Ficiuach.  Catal.  lies  t.  cuites  de  Mijriiut,  issiî,  n°  298  (salle  B  du 
Louvrej:  à  C)  tiii^,  Keinach,  Cat.  Alusèe  de  Constantino/ile,  1882,  p.  81  ;  «  Er-os 
se  frottant  avec  le  strigile  >'.  —  2  Espérandieu,  /îeetieil des  bas-rel.  de  la  Gaule, 
1908,  M,  p.  274;  L.  Audiat,  Calai,   du  musée  de  Sainles,    1888.  n.  183  cl  ISi. 

—  3  H.  Tliédenat.  PompéiJ\,p.  92.  —  *  Ficoi-oni,  La  bullad'oro,  p.  43.  —  SMordl- 
mann,  Inscr.  de  Brousse  [Sup.  archéol.  du  Syllogue  de  Constant inople,  1875, 
|..   Vlll  ;  le  P.  Gcrmcr-Uurand,  Moniteur  Oriental  du  23  juillet  1897),  etc. 

STRIGI.IS.  1  Vitruve  nomme  indifféremment  stria  la  concavitt'-  de  la  cannelure, 
l'ariïle  vive  et  le  listel;  pour  mieux  préciser,  il  appelle  5in'/;/i5  la  concavité  et 
stria  le  listel  :  striglium  cuva  et  angulos  striarum  ilV,  4,  3).  —  2  La  signification 
longtemps  indécise  (H.  Eslienne,  7'hes.  graec  ,  s.  v.  'PùSSiutri;)  est  précisée  par  les 
inscr.  de  rErechlliéion  distinguant  les  colonnes  non  cannelées,  toù;  xi<)-/«;  àfia5â,^Tou<; 
[Corp.  inscr,  attic.  vetust.  n.  322,  1.  66)  d'avec  les  colonnes  coucliécs,  xstï^É.wv 
.•.ivo.v  (/é.   I.  49).  Cf.  Aug.  Choisï,  Etud.  sur  farchitect.   <jr.   1SS3,  p.  91  si|. 

—  3  Diod.  Sic.  XIII,  82.  —  *  IV,  1,  7.  Celte  tbéorie  ne  scnihlc  plus  admise.  On 
peut  croire  (lue  les  cannelures  sont  les  témoins  transformés  de  l'ancienne  coutume 
de  recouvrir  les  colonnes  d'un  enduit  prolecteur,  ou  d'une  enveloppe  métallique. 
Charles  Blanc  {Gramm.  des  arts  du  dessin,  {ïè'G,  p.  139)  les  considérait 
comme  une  réminiscence  des  colonnes  primitives  formées  de  liges  liées  ensemble. 
Léonce  Reynautl,  Traité  d^archit.  1867,  p.  226.  y  voyait  une  pratique  d'exécution. 
Sa  théorie  adoptée  par  Aug.  Choisy  {Bist.  de  l'Archit.  I,  p.  300),  développée  par 
Ch.  Chipiez  et  fi.  l'crrot  (Bisl.  de  V.krt,  I,  p.  544  et  549:  II,  217  ;  VI,  525  sq.  ; 
vu.  424),  semble  contraire  à  ce  que  l'on  sait  de  la  lcchnii|ne  primitive.  On  a 
montré  à  l'art.  scuLprcn.v,  p.  1139  que  la  gouge  [caecum)  servit  d'abord  à  abattre 
les  arêtes  des  surfaces  sciées  (fig.  0224)  cl  non  ii  faire  des  cavités  que  l'on  obtenait 
par  un  procédé  analogue  â  celui  Au  menuisier  creusant  une  mortaise  ,  pratique 
ancienne  que  l'on  peut  étudier  dans  les  ornements  de  répo(|uc  Ihinite.  Les  monu- 
ments de  la  v"  din.-istie  conservés  au  Louvre  montrent  que  toutes  l.>s  moulures  caves 
sont  limitées  par  des  faces  planes  alors  que  les  courbes  ne  s'obscr\enl  (pie  dans  les 
reliefs,  comme  celle  frise  formée  de  bagueltes  demi-rondes,  convexes,  parallèles  cl 
contiguës,  véritables  '{«iSSiii  que  l'on  retrouve  dans  les  merlons  sur  la  Al-\e  du  roi 
Serpent,  le  mastaba  d'Akhoutolep,  le  linlcau  du  sépulcre  de  Meri  (R.  49,  a),  elc, 

—  s  Dans  la  statuaire  archaïque,  les  plis  ne  sont  jamais  rendus  par  des  moulures 
(aves,  mais  par  des  baguettes  convexes,  ■pàôSo(,  comme  le  montrent  deux  statues 
du  Louvre  ;  la  liera  samienne  que  Chéramyès  consacra  au  vi'  siècle  et  l'image  de  la 
reine  asiati(|ue  NapirAsou  du  xvc  siècle  (Salle  de  Susc).  —  0  H.  Schlieniann,  AJycénes. 
1879,  p.  218,  fig.  214  a.  CL  Bull.corr.  hell.  1891,  p.  (i52.  —  7  '£=»,;..  1888.  pi.  vin, 
fig.  8;  G.  Ferrol  et  Chipiez,  O.  c.  VI,  p.  525,  (ig.  204  et  205.  —  8  Alex.  Murray, 
Sculpt.columns  of  Ihe  temple  of  Diana  Epites.  lap.  Jouni.  instit.  ofbrit.  archit. 
III,  2;  FI.  l'cirie,  Naukratis,  I,  pi.  ill.  —  9  Kig.  iSO,  506,  610,  921,  1308, 
U2C,  147",  1790  sq.  —  10  Une  exception  apparente  se  voit  daijs  les  grandes 
colonnes  en  biiques  de  l'enlrée  de  la  Basili(|ue  à  Honipéi  (H.  Thédenat,  Pompéi, 
II,  p.  34.  fig.  40).  —  Il  Cet  arc  do  cercle  csl  décrit  du  sonunct  d'un  triangle 
équilat(>ral   .ayant    pour    base   la    soustendantc  de   la  cannelure;  .Noiau,    Antiq. 


Les  colonnes  corinthiennes 


quarts  de  circonférence 
ont  les  cannelu- 
res les  plus  con- 
caves '■' ,  attei- 
gnant parfois  les 
deux  tiers  d'une 
circonférence  ". 
La  colonne 
d'acanthe  trou- 
vée à  Delpiiesest 
canneléedefaçon 
particulière  : 
c'est  une  courbe 
symétriquement 
ondulée  compa- 
rable à  l'arc  en  '''*-'■  '^■''^"-  "  '^""""i'"'''-  'i-nqucs. 
accolade  '^ 

La  largeur  des  cannelures  ne  dépend  pas  seulement 
de  leur  nombre  et  de  la  grosseur  de  la  colonne  '"  ;  elle 
varie  également  dans  une  même  colonne  selon  l'étage  des 
tambours  et  diminue  depuis  le  sol  jusqu'au  chapiteau  '''. 

Le  nombre  des  cannelures  est  toujours  divisible 
par  4,  de  sorte  qu'une  cannelure  correspond  au  milieu 
de  chacune  des  faces  du  chapiteau  ".  Le  dorique 
comporte  de  seize"  à  vingt-quatre-^"  cannelures'-'  ;  on  en 
trouve  44  sur  la  colonne  asiatique,  qu'elle  soit  perse'--, 
éphésienne -^  ou  naxienne^'.  Au  v^  siècle,  on  adopta  le 
plus  souvent  "JO  cannelures  pour  les  deux  ordres ^^ 

La  séparation  des  cannelures  est  toujours  une  arête 
vive   dans    les  monuments  archaïques-'''.   A  partir  du 

d- Athènes,  Alb.  Is50,  pi.  xxvii,  fi-.  I;  F'cnrose,  An  inresti,/.  of  Ihe  princ. 
of  Athen.  archit.  1851,  pi.  xxi,  fig.  14  et  15;  cf.  Diet.  de  l'.icad.  des  beaux- 
arts,  s.  v.  Cannelure,  lig.  B;  L.  Reynaud.  O.  c.  pl.  ix,  fig.  3;  mais  comme 
le  fait  remar(pier  Fein'ose  [L.  c.  p.  52)  ces  courbes  u'ont  jamais  la  sécheresse  que 
donne  le  compas.  —  12  Arc  de  cercle  décrit  du  centre  d'un  carré  dont  le  côté  est  la 
sous-lendante  de  la  cannelure  (Dict.  dx  l'Ac.  des  b.-a.  I.  c.  fig.  A).  Vilruvc  indique 
ce  procédé,  IV,  3.  9.  —  '3  Pour  l'ordre  ionique,  Vitruve  recommande  de  donner 
à  la  courbe  des  cannelures  la  forme  d'une  demi-circonférence,  c'est-à-dire  d'un  arc 
de  cercle  dont  la  sous-lendaule  esl  l'hypotbénuse  d  un  triangle  rectangle  isocèle  qui, 
en  pratique,  était  une  équerre,  nouma  (111,  5,  13).  C'est  la  forme  adoptée  pour  les 
trois  colonnes  corinthiennes  du  temple  de  Castor  et  Pollnx  à  Rome,  dont  le  moulage 
esl  à  l'École  des  Beaux-Arts  ;  ces  cannelures  ont  une  corde  de  1 54  mill.  et  une  llèclie 
de  77  mill.  —  14  Temple  de  Vespasien  à  Rome;  la  corde  qui  sous-lend  l'arc  esl  la 
base    d'un    Irianglc    équilaléral    inscrit.    Cf.    Diet.    de    CAc.    des  b.a.    lig.     C. 

—  IS  Courbe  qui  semble  formée  par  deux  talons  de  cymaise  adossés  ;  chacune  des 
deux  parties  symétriques  est  convexe  dans  son  tiers  postérieur  et  concave  dans  les 
deux  tiers  antérieurs.  Moulage  au  Louvi'e  ;  Fouilles  de  Delphes.  II  pl.  xv.  —  16  Les 
colonnes  de  l'Olympieion  d'Agrigcnte,  plus  grosses  (lue  noire  colonne  Vendôme, 
avaient,  d'après  Diodore  de  Sicile  ()CIII,  82),  «  des  cannelures,  ti  SiaEùoii-jTo,  pou- 
vant contenir  chacune  le  corps  d'un  hotnme.  u  Près  du  chapiteau  ces  cannelures  ont 
encore  51  centimètres  de  largeur.  —  17  Les  cannelures  de  la  colonne  d'acanthe  de 
Delphes  ont  107  mill.  de  larg.  à  la  base  du  premier  tambour  cl  90  seulement  au 
sommet  du  cinquième  :  Th.  Homolle,  Bull.  corr.  hell.  1908,  p.  207.  —  '»  L.  Rey- 
naud, 0.  c.  p.  2.U.  On  cite,  comme  exception,  les  colonnes  du  pronaos  .\  Assos 
(pii  ont  18  cannelures,  (Tacher  Clarke.  A  dorie  shaft  and  base  found  al  Ass., 
.\m--r.  journ.  o/  Archueol.  II),  .ilors  (lue  celles  du  pteruiua  (fig.  1752)  n'en  ont  que 
18.  Est-ce  pour  ohlenir  cet  elîel  d'optique  signalé  par  Vitr((ve  (IV,  4,  2)  * —  ISTemple 
(le  Suniuin,  Artemisiou  de  Syracuse,  ancienne  colonne  dans  l'IIeraion  d'OIympie 
(Baudenkm.  pl.  xxi,  fig.  1),  colonne  trouvée  à  Vulci  (lig.  1773).  —  20  Temple  sur 
l'Acropole  (le  Tareule,  de  Poséidon  à  Pestum  (fig.  1753)  el  celui  de  Démêler  (C.  Perrot 
et  Chipiez,  O.  c.  VII,  (ig.  223),  etc.  —  21  G.  Perrot  et  Chipiez  (O.  c.  VU,  p.  429, 
n.  I)  signalent  connue  des  exceptions  28  cannelures  «  dans  (me  colonne  Irouvée 
parmi  les  fondations  du  temple  d'Kphèsc  el  32  dans  deux  fûls  de  Samos  décrits  par 
Ross.  »  L'exception  n'est  qu'apparente,  puisque  ces  monuments  sont  asiatiques. 
22  Une  colonne  perse,  an  Louvre,  portant  le  nom  d'Arlaxerxès,  a  18  cannelures. 

—  23  Al.  Murray,  O.  c.  ;  Perrot  el  Chipiez,  O.  c.  VU,  pi.  x,  fig.  C.  —  2i  Moulage 
au  Louvre  ;  colonne  du  Sphinx,  Fouilles  de  Delphes,  \\,  p\.  xiv.  —  2r,  Colonnes 
de  l'IIeraion  ("lympia,  Baudenkm.  pi.  xxe,  fig.  2  sq.),  du  temple  de  Zcus  ; 
colonnes  ioniques  (M.  pl.  i.xxn)  et  corinthiennes  (/4.  pl.  (.ixv)  de  la  Palestre; 
colonnes  du  I'rylan(?iou  (//).  pl  xi.iv,  fig.  3  b),  du  Philippeion  (/6.  pl.  i.xxx(); 
à  Olympie  ;  lemple  du  vi»  siècle  à  Delphes,  l'ancien  et  le  nouveau  Parthénon 
d'Athènes;  cf.  Choisy,  Uist.  de  l'Archit.  I,  p.  314.  —20  Les  colonnes  perses 
des  Akhéménides  sont  à  vive  aréle  comme  celle  des  Xaxicns  à  Delphes  et 
celles  de  l'Arlémision  d'Ephèse  recoiiilruit  avec  l'aide  de  Crésus  (llerodol.  I,  92). 


STR 


—  13:;<3  — 


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y"  siècle,  ce  mode  ne  fui  conservé  que  pour  le  dorique 
^lig.  6650).    On     remplaça   dans    la    colonne     ionique 

l'arête  vive  par  un 
lilet  ou  listel  (fig. 
66olj,  dont  la  lar- 
geur égale  le  tiers 
ou  le  quart  de  celle 
de  la  cannelure'. 
Sur  la  colonne 
d'acanthe  de  Del- 
phes, le  listel  est 
creusé  en  son  milieu 
d'une  rainure  à  sec- 
tion triangulaire;  sur  les  deux  colonnes  en  marbre 
phrygien  du  Panthéon  à  Rome,  il  est  orné  d'une  baguette 
en  relief-;  sur  un  pilastre  sassanide,  le  listel  est  chargé  1 
d'un  filet  décoré  d'une  mince  baguette'.  Parfois  à 
l'époque  romaine,  le  listel  seul  est  indiqué  et  fait  l'effet 
d'un  filet  posé  sur  une  colonne  lisse;  la  partie  convexe 
comprise  entre  deux  listels  se  nomme  cannelure  plate. 
On  en  voit  un  exemple  au  tiers  inférieur  des  colonnes 
de  l'intérieur  du  Panthéon  à  Rome^ 

La  lerminaison  des  cannelures  vers  la  base  elle  cha- 
piteau se  fait  par  une  section  horizontale  %  une  calotte 
sphérique*  ou  un  amortissement  insensible  sous  la 
courbe  de  l'échiné''.  D'après  Perrault,  au  palais  des 
Tutèles,  à  Bordeaux,  la  cannelure  s'échancrait  en  demi- 
cercle  pour  laisser  voir  le  fût  lisse  de  la  colonne  ^ 

Les  rudentures  sont  des  moulures  planes  ou  convexes 
qui  semblent  enchâssées  dans  les  cannelures  pour  en 
rendre  les  arêtes  moins  saillantes  et  les  protéger.  Les 
Romains  employaient  ces  cannelures  rudentées  dans  le 
tiers  inférieur  de  leurs  colonnes  et  de  leurs  pilastres". 
Les  Hellènes  avaient  préféré  émousser  les  arêtes  vives"* 
ou  laisser  lisses  les  tambours  inférieurs  qui  conservaient 
alors,  en  Asie,  la  forme  tronconique  "  et,  en  Europe, 
celle  d'un  tronc  de  pyramide  à  base  polygonale'-.  Ces 
spécimens  sont  très  rares  et  on  les  attribue  d'ordinaire 
au  non-achèvement  de  l'éditice". 

La  sculpture  des  cannelures,  'piôooj^i;,  se  faisait  quand 
les  colonnes  étaient  dressées  en  place  ;  il  aurait  été 
difhcile  de  bien  raccorder  les  tambours  à  cause  de  la 
diminution  progressive  des  cannelures  dont  le  dessin 
est  plus  artistique  que  géométrique.  On  connaît  les 
noms  de  la  plupart  de  ceux  qui  cannelèrent  les  co- 
lonnes de  l'Erechthéion  et  le  prix  qu'on  paya  à  ces 
sculpteurs  ". 

'  L.  Reyuaud,  0,  c.  p.  23G.  Les  colouoes  du  Didymeioil  milésieu.  dont 
deux  bases  furenl  rapportées  au  Louvre  par  CL  Rayei,  ont  uu  listel  de  31  millim. 
pour  des  cannelures  larges  de  2i  ceulimètres.  —  2  Dici.  de  t'Ac.  des  ti.-a.  t.  c. 
lig.  L  —  3  Moulage    au    Louvre  des   pilastres  du  Tagli-i-Bostan    de  Chosrocs  II. 

—  4  Dicl.  df  l'Ar.  des  B.-À.  I.  c.  (Ig.  M.  —  5  Temple  rond  à    Tivoli,  fig.   I7T*. 

—  6  Coloimes  du  Uidymeiou  milésieu  au  Louvre.  —  7  Colonne  Paladiiie  à 
Mélaponte  (G.  l'errol  et  Chipiez,  O.  c.  Vil,  fig.  240).  —  »  Les  X  tiircs 
d'archit.  de  Vitruve,  p.  2IU.  Même  système  sur  les  pilastres  des  angles  du  sarco- 
pliaçe  791  du  Lou^Te  iCIarac,  pi.  ci.i  bis)  et  sur  une  colonne  de  Pérouse,  fig.  G337. 

—  y  Nomltrcux  exemples  dans  i'arcliilccture  romaine  :  le  plus  souvent  cité  est  celui 
ilu  tombeau  de  C,  Cestius  [coh-mnAj.  En  Afrique,les  pilastres  d'une  maison  romaine 
de  Bulia  Kcgia  sont  rudenlôs  dans  la  moitié  ioférieuic;  K.  Gagnât,  ('arthage^ 
limgad,  l'JO»,  p.  110.  —  '«  Aug.  Clioisy  {O.  c.  I,  p.  314)  en  cite  un  exemple  pro- 
bant â  Sélinoiitc.  —  *'  Les  colonnes  ioniennes  semblent  avoir  été  taillées  d'après  le 
sjstème  employé  par  les  Mycéniens  pour  les  colonnes  du  Trésor  d'Alrée.  de  la  l'orte 
de^  lions,  etc.  Le  fût  était  rendu  curviligne  avec  la  gouge,  alors  que  les  Doriens  se 
cuulentaient  d'en  faire  un  tronc  de  pyramide  à  ba=e  polygonale  avant  de  le  canneler  ; 
mais  de  celte  façon,  ils  obtenaient  un  fût  moins  grêle  avec  des  pierres  de  même 
dimension.  —  '2  Colonne  à  Olympie  {Bandetikm.  pi.  xliv,  fig.  3  b):  portique  à  Porto- 
Mandri  (route  de  Sunium)  ;  temple  de  Ségesle  ;  temple  de  Cora  â  15  kil. 
de  Velletri  (L.  Reynaud,  O.  c.  p.  i31).  —  13  Perrot  et  Cbipiez,  O.  c.  Vil,  p.  «3. 


.  —  Cannelures  liari 
zontates. 


On  en  distingue  deux 


H.  Cannelures  horirontales.  —  Elles  sont  creusées 
circulairemenl  autour  des 
bases  de  colonnes.  Signalée 
déjà  dans  l'ancien  Héraion 
deSamos  '"'cette  base  cannelée 
fut  retrouvée  en  Perse,  à  Pa- 
sargade(tig.6652;  parM.Dieu- 
lafoy  '^,puis  à  .\aucratis  dans 
le  plus  ancien  temple  d'Apol- 
lon '''  et  enfin  à  Locri  '*  en 
Calabre. 

m.  Cunnelurex  hélicoïdales.  — 
genres  selon  que  la  colonne  est 
à  fût  droit'"  (fig.  66,')3)  ou  torse; 

dans   ce    dernier  cas,   les   mou- 
lures sont  dites    cannelures 

torses-". 

IV.   Cannelures  ondulées.   — 

Elles    décorent     principalement 

les  faces  planes  des  baignoires 

(lig.    6654)  et   des    sarcophages 

romains  (lig.    6111)  ^'.    Chaque 

cannelure  est  bordée  d'une  arête 

qui    la  contourne   de  sorte  que 

deux  cannelures  contiguës  sont  toujours  séparées  par 

deux  arêtes  distinctes.   Souvent  l'ondulation  est  svmé- 


Fig.  Gli 


Fig.  G654.  —     Cannein 


triquement  dirigée  vers  la  figure  placée  au  centre  du 
monument".  Si  cette  figure  centrale  n'en  occupe  pas 
toute  la  hauteur,  l'artiste  a  recours  à  diverses  combi- 
naisons pour  raccorder  les  courbes  divergentes  de  ces 
cannelures.  C'est  la  difficulté  du  raccord  qui  empêcha 
d'employer  cet  ornement  pour  les  colonnes  ;  ou  eu  pos- 
sède cependant  un  bel  exemple  dans  un  monument 
funéraire  qui  est  au  Louvre'^'.      Sublin  DoRni.NY. 

STROBILUS  [kHOMBUS,  TURBO.] 

STROMATODESMOS  (SxpwiJLïTÔSe'ju.oç).   —  Sac,  enve- 
loppe de  bagage  ^sarclsa,  p.  1063]. 

—  "  Corp.  inscr.  vetust.  3ii  ;  Clioisy,  Elud.  sur  l'arch.  rjr.  p.  146.  Ces  cannelures 
ont  été  étudiées  par  Penrose  (O.  c.  pL  xii,  fig.  16)  qui  trouve  que  leur  courbe  a 
4  centres.  —  lïTourncforI,  Yoy.  du  Levant,  1717,  II,  p.  I-.3;  Anliq.  of  lonia, 
I8il,  II,  ch.  V.  pi.  T.  L'une  des  bases  a  des  listels  entaillas  comme  ceux  de  la 
colonne  d'acanthe  de  Delphes.  —  '^  Base  du  portique  du  tombeau  de  Cyrus;  Flandin 
et  Cosie,  Perse  ancienne,  pi.  clxxvii;  Dieulafoy,  Art  antiq.  I.  fig.  46  ;  Perrot  et 
Chipiez,  O.  c.  V,  fig.  51.  —  11  FI.  Pétrie,  O.  c.  I,  pi.  m.  —  1»  Pctersen,  Tempel 
in  LocrUÀlittheil.  d.  d.  arck.  ram.  Jnst.  181ID,  p.  161  sq).  — '«Très  nombreux 
exemplaires  à  répartir  en  3  classes  :  1°  monuments  funéraires  romains  d'Italie  et 
d'Afrique,  tels  que  ceux  de  la  fig.  6343;  de  Cn.  Turiiilius  Bioticus  (Clarac, 
pi.  cci.nc,  n.  602);  Qiuntilia  {/6.  pi.  ccxLix.  n.  513;  Licinus  ;  Cornélius  Satiir- 
ni'îiw,  etc.  conservés  au  Louvre):  i"  Sarcophages  asiatiques  {lig.  6115)  dont  les 
plus  beaux  proviennent  d'Aphrodisias  (TexiiT,  Asie  mineure,  pi.  iiix)  ;  deux 
fragments  au  Louvre  donnés  par  M.  Gaudin;  sarcophage  Richmond  {Bev.  étud. 
i/recq.  l'JOS,  p.  35'J);  3-  sarcophages  chrélicns,  qui  semblent  dériver  de  ceux-ci 
(Le  Blaat,  Sarcoph.  chrél.  de  la  Gaule,  1886,  pi.  ir,2  cl  3  ;  pi.  vu,  1  :  pL  ix,  i,  etc.) 
Voir   la   thèse  de  V.  Chaiiol,  La   Colonne  torse  et   If  décor    en  hélice,    1907. 

—  20  Le  Diction,  de  l'Acad.  des  Beaux-Arts  (1.  c.)  nomme  torses  toutes  les  can- 
nelures hélico'idalcs  que  le  fut  soit  droit  ou  torse.  —  -'  Sur  le  travail  préliminaire  au 
forci,  cf.  scoLPTCBA,  p.  1 1  4  sq.  —  22  Clarac,  pi.  ccliv,  n»  64;  pi.  cclïi,  n"  624  et 
623.  Pour  le  raccord,  Ib.  a."  6i5,  628,  etc.  —  ^3  Musée  du  Louvre,  n»  965. 


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1536  — 


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STIIOIMIII'M  (ï;Tpoa.'.ov),  diiii.  smoruioMM.  —  Cordon 
ou  lini;i'  (Miroulé,  principalement  l;i  bande  employée  par 
les  femmes  pour  soutenir  les  seins,  fascia  pcclorath, 
dont  l'usage  a  été  suffisamment  expliqué  ailleurs 
[fascia,  p.  !).S0\  C'est  aussi  le  bandeau  que  l'on  porto 
comme  une  couronne  autour  de  la  tète',  une  corde 
quelconque,  un  cable-  [struppi's].  Ce  nom  est  donné  à 
une  courroie  formant  anneau  autour  des  doigts  du  pugi- 
liste [pir.iLATis,  p.  136].  \l.  S. 

STRl'OTOR.  TÉXTiov,  otxoodfAo;,  otxo-otdç'.  —  Nom 
commun  de  tous  ceux  qui  ont  part  à  la  construction  d'un 
édifice,  architecte,  maçon,  charpentier,  leur  emploi  spé- 
cial  pouvant   être 


d'ailleurs  indiqué 
plus  précisément  par 
une  épithèle  ou  un 
nom  particulier,  tel 
qwQpariclarius^car- 
pentaî-ius,  lapida- 
rius'-.  Celui  qui  diri- 
geait l'ouvrage, archi- 
tecte, conducteur  de 
travaux,  contremaî- 
tre, s'appelait  chez 
\eiiWoma.ins  iiin  ff  i  s/  er 
.....o.L  .,  un  «,,uiu,.  xtruftor^.    Plusieurs 

.tlnirtores  dont  les 
tombeaux  ont  étc'  conservés,  y  sont  représentés  avec 
les  instruments  de  leur  profession.  Celui  qu'on  voit 
(fig.  66o5)  provient  d'Autun'.  Le  personnage,  Caius 
Getuli  (filius),  tient  une  règle  et  une  truelle  ;  il  a  auprès 
de  lui  une  scie  et  une  ascia. 

Structoren  latin,  TpaTreÇoîTot'i;  ouTpxTici^oxou.ôç  en  grec% 
est  encore  le  nom  d'un  esclave  chargé  dans  les 
grandes  maisons  de  dresser,  c'est-à-dire  de  disposer  les 
plats  sur  la  table  ou  sur  des  plateaux  [ferculum,  reposi- 
torium]^,  quelquefois  aussi  de  découper  et  de  servir'. 
Il  pouvait  y  avoir  plusieurs  de  ces  serviteurs  sous  les 
ordres  d'un  cbe^praepositus  struclorum)*.      E.  Saglio. 

STIirCTUR.-V.  —  De  précédents  articles  ont  déjà 
traité  plusieurs  questions  qui  se  rapportent  à  l'archi- 
tecture antique  [mlhus,  paries,  columna,  camara,  fornix, 


.  Struppus  :  Tcrl.  Ce 


STROPIIIUM.  I  Plin.  flisl.uat.  XXI,  2  (5);  Fcst 
15.  —  iApul.  Met.  XI,  16  (p.  2ii3). 

STRUCTIIR.  1  Pti-Mi  a  eu  chez  les  Grecs  un  sens  général,  comme  fuber  chez  Icî 
Romains,  aianl  de  d.'signei-  phis  paiaiculiih-emcnt  louvricr  qui  travaille  le  bois, 
Voy.  fAbEU  et  lîiedenauer.  Uandwerk  m  dvr  liomer.  Zeittn.  Erlaugcn,  1873, 
p.    10*.  0-.<,J<;;ios  et  o..«o„„d;  dans  Carp.  Gloss.  Il,  1S9,  33  ;  111,  iOI,  3i;  d7l,  34. 

—  2  Promis,  Architettura  pri-sso  i  liomnni,  p. 
p.  155  :  Corp.  inscr.  lat.  VI,  '.191.  Il  y  en  avait 
^3  Mommsen,  Insc.  reg.  Neap.  iOOO  ;  Pro 
musée  de  .Saint-Ucimain  ;  Uuruy,  Hist.  des  Ho 
raadieu,    B.-reliefs  de    la   Gaule   rom.  III,  p. 

—  t  Serv.  Ad  Aen.  I,  70 
Sat.  35;  Lampr.  Heliog 
5;Jinr.  V,  liO,  XI;  130. 


>;  Id.  Vocaboli  di  archîtetlura, 
collogc  à  Rome,  C.  i.  l.  VI,  44*. 
,  Architettura,  p.  34.  —  *  Au 
ins.  V,  p.  037  ;  Mieux  dans  Espé- 
3.-5  AUienac.  IV,  p    170-171. 

ferculorum  composHor  :  cf.  Juvca.  VII,  I.Si.  PcIron. 

;  Corp.  mscr.  lat.  VI,  4034,  4i;  si|.  —  ''  Mart.  X,  48. 

>  C.  i.  l.  VI,  9043. 


STRCJCTUnA.  I  Choisy,  UUt.  de  V Architecture,  I,  p.  22S  ;  cf.  Durm,  Handbucli 
der  Arcldteklur, die  Baukunst  der  6')-iecAe/i (Darrasladt,  189â).  2«  éd. p.  27.-2  Les 
moellons  des  murs  de  Tirynlho  ont  en  moyenne  une  longucurdc  1  m.  50  à  2  métrés 
cl  une  haulcur  de  \  mètre.  Le  linteau  de  la  porte  des  Lions  mesure  12  mètres 
cubes,  celui  du  trésor  d'Alrée  43  mètres  cubes  et  pèse  une  centaine  de  tonnes. 
—  3  Les  Egyptiens  balaient  de  même  les  matériaux  de  leurs  édilices  sur  des  plans 
inclinés  à  pente  douce.  [Is  se  servaient  pour  les  pierres  de  plus  petites  dimensions 
de  machines  élcvaloircs  à  bascule  :  ce  sont  dos  cerceaux  en  bois,  composés  de  deux 
joues  en  segment  de  cercle  réunies  par  des  traverses;  on  les  mauiEuvrait  avec  des 
leviers.  Maspéro,  Guide  du  visiteur  au  musée  du  Caire,  p.  181  ;  Moret,  Hevue  de 
Paris,  dcc.  1906,  p.  «33-4.  Nous  ignorons  si  les  conslruoleurs  de  tnossos  et  de 
Tiryothe  connaissaient  des  machines  de  ce  genre.  —  »  On  travailla  d'abord  les 
pitrres  tendres  (gypse  à  Cnossos,  luf  â  Athènes)  en  se  servant  du  môme  outillage 


CAEJiENTUM.  ctci.  Nous  reprendrons  ici  l'étude  de  la 
construction  et,  pour  cela,  nous  suivrons  pas  à  pas  le 
travail  de  l'entrepreneur,  depuis  le  moment  où  il 
reçoit  les  instructions  de  l'architecte  jusqu'à  celui  où  il 
livre  le  monument  aciievé  aux  fonctionnaires  cliargés 
de  la  réception. 

Grèce.  I.  Période  primitive.  —  Les  procédés  de  cons- 
truction s'expliquent  par  l'insuffisance  de  l'outillage. 
On  emploie  les  matériaux  faciles  à  travailler,  l'argile, 
qui,  mélangée  à  de  la  paille  hachée,  sert  à  la  fabrication 
des  briques  crues  [later],  le  bois  qu'on  débite  avec  la 
hache  et  la  scie  [ligna].  En  combinant  ces  deuxéléments, 
on  obtient  la  construction  en  «  brique  crue  armée  ».  Pour 
la  construction  en  pierre,  on  utilise  les  éclats  de  rocher, 
ou  bien  on  extrait  des  blocs  en  introduisant  des  coins 
dans  les  fissures  naturelles  des  bancs  de  carrière  et  en 
les  chassant  à  coups  de  masses'.  Les  moellons  restent 
à  l'état  brut  ou  sont  sommairement  dégrossis  sur  leur 
face  externe.  Les  interstices  entre  les  gros  blocs  sont 
remplis  par  de  petites  pierres.  Le  tout  est  lié  par  du 
mortier  de  terre  [mlrus].  La  construction  se  réduit  à  un 
empilement  de  blocs.  La  seule  difficulté  résulte  des 
dimensions  des  matériaux-:  les  pierres  étaient  sans 
doute  montées  sur  des  rouleaux  de  bois  et  poussées  sur 
de  longs  plans  inclinés  jusqu'à  la  place  qu'elles  devaient 
occuper.  On  suppléait  à  l'absence  de  machines  par  le 
nombre  de  travailleurs  ^ 

Les  perfectionnements  de  l'outillage  et,  enparticulier, 
la  substitution  des  outils  de  fer  [ferrumJ  à  ceux  de 
bronze  permirent  de  travailler  la  pierre  *  et  d'établir  des 
faces  de  joint  pour  assurer  la  parfaite  adliérence  des 
moellons  entre  eux^  La  construction  appareillée  sera  dès 
lors  le  type  classique  de  la  construction  grecque. 

11.  Période  helléniffue.  1°  Préparution  des  travaux. 
—  Lorsqu'une  cité  veut  élever  un  monument  ^,  et  que  le 
peuple  a  voté  la  mise  en  adjudication  des  travaux', 
l'architecte  officiel  [ARr.uiTECTi'sj  établit  un  devis  détaillé 
et  minutieux  sous  la  forme  d'un  contrat  (<7UYY?a?"'i) , 
passé  entre  la  ville  et  l'entrepreneur  [ergolabos].  Au 
devis*  sont  joints  des  croquis,  des  plans  cotés  (ûtto- 
Ypaç-iî',  forma),  des  modèles  en  relief  (îrapioEiYua) '". 

L'entrepreneur  doit    se    conformer  exactement    aux 


que  pour  le  bois.  IJf.  pour  les  œuvres  de  sculpture,  Lechat,  Au  Musée  du  l'Acro- 
pole, passim.  —  »  L'ne  des  variétés  les  plus  intêrcssautes  au  point  de  vue  du  travail 
est  l'appareil  polygonal  â  joints  courbes  (mur  de  la  terrasse  du  temple  de  Delphes). 

—  6  four  les  travaux  des  |iarticu'.icrs,  celui  qui  Taisait  construire  passait  sans 
doute  un  contrat  analogue  avec  le  directeur  des  travaux  qui,  le  plus 
souvent,  devait  être  à  la  fois  l'arcliitectc  et  l'entrepreneur.  Plat.  Leg.  Xî, 
920.  —  7  Les  marchés  d'entreprise  sont  régis  par  une  loi  générale,  comme 
celle  de  Tégée;  Le  Bas-Foucarl,  340  e.  Sur  les  entreprises  do  travaux  publics, 
vuir  Guiraiiri,    La  main  d'œurre   industrielle    dans  l'uncienne   Grèce,  p.  78-86 

—  8  Comme  exemples  de  devis,  voir  celui  de  l'arsenal  («suo^x,;!  du  Piréc 
{Jnscr.  i/r.  Il,  i,  1034;  Foucart,  Bull.  corr.  hell.  VII  (1S82),  p.  540;  Fabricius, 
Hermès,  XVII  {tSS2),  p.  oïl  ;  Choisy,  Etudes  èpigr.  sur  l'arclnt.  grecque,  p.  1) 
on  celui  du  dallage  du  temple  de  Lébadée  | /user.  gr.  Vil,  3073)  ;  Dareste.  Ann.  de 
l'Assoc.  pour  l'vncourag.  des  étud.  grecques,  1877,  p.  107  ;  Fabricius,  De  archit. 
graeca  commentationes  epigraphicae,  p.  5;  Choisy,  Et.  épigr.  p.  173.  —  9  Ho^; 
tè  [vÉTpa  vaX  Ti;v  ûitoyçaïiiv  Ti;v  [SoftETuav  ûitô  toS  àp/iTÉxTovoç],  inscr.  de  Délos 
Bull.    corr.    hell.     XIV    (1890),    p.     463.    —    10    Taôt»    Kita,,»    i;.f74.ovT«-     =': 

oji;^  0  iç/iTÈxTMï,  devis  de  Lébadée,  1.  94-96.  A  Délos,  un  modèle  de  la  porte 
du  Propylée  est  fait  d'une  tablette  en  bois  de  palmier,  Bull.  corr.  hell.  XIV 
^1J^90^  p.  395,  1.  74-.S.  Ou  établit  des  modèles  en  cire  pour  certains  ornements 
d.- rÉrnchlheiou,  tnscr.  gr.  I,  3i4,  fr.  c  col.  II.  I.  1.  Cf.  Bull.  corr.  hell.  \l 
(I8K2),  p.  133,  XXIX  (19031.  p.  461,  467;  Jnscr.  gr.  Il,  807,  col.  Il,  I.  ïuj, 
I.  126,  1051  f,  1.  22,  elc.  l'hilon  de  byzance  (IX.  3,  Jlev.  de  philologie.  11! 
(IS79),  p.  140  et  la  note)  reconunande  d'établir  pour  la  taille  des  pierres  des 
gabarits  de  bois  (;;xSoV,tî;  -ùX.ïo.)  qui  pcrmctiroul  aux  ouvriers  de  ..  Iraiailler 
bien  et  vite  n. 


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1337  — 


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indications  données  (àirEiSoTrûisiv)  '  :  lout  est  prévu  dans 
le  devis,  mesures,  matériaux,  méthodes  de  travail, 
outils.  Le  choix  des  matériaux  est  dicté  par  la  nature 
des  constructions.  Pour  les  habitations  privées,  on  use 
de  la  maçonnerie  à  petits  éléments,  et  on  continue  la 
technique  de  la  brique  crue  armée-.  On  réserve  aux 
édifices  publics  les  matériaux  les  plus  solides  et  les  plus 
beaux.  Les  parties  non  apparentes,  les  fondations, 
sont  construites  en  matériaux  moins  précieux  que  le 
reste  de  l'édifice  :  le  Parthénon  a  des  subslructions  en 
tuf  (irwpo;),  le  temple  d'Athéna  Aléa  à  Tégée  des  fonda- 
lions  en  conglomérat  et  en  calcaire  tendre'.  On  uti- 
lise les  matériaux  légers  et  moins  résistants  pour 
les  refends  et  pour  les  murs  de  l'étage  qui  supportent 
une  charge  moindre'.  De  plus,  on  a  préféré,  selon  les 
époques,  telle  ou  telle  pierre  de  construction  ;  le  choix 
des  matériaux  peut  souvent  fournir  un  indice  chrono- 
logique pour  dater  le  monument.  Ainsi,  à  Athènes,  on 
employa  d'abord  le  calcaire  de  l'Acropole  et  des  collines 
voisines,  le  tuf  jaunâtre  ou  poros  de  la  presqu'île  d'Akté 
(àxTtTT|Ç  Ài'9o;)  ;  au  VI''  siècle,  la  pierre  de  Kara,  travertin 
dur,  gris  bleu,  de  l'Hymelte  est  en  faveur'  ;  pendant  la 
période  classique,  le  marbre  du  Pentélique  élimine  à  peu 
près  tous  les  autres  matériaux  "  ;  à  l'époque  helh-nis- 
lique,  on  emploie  le  marbre  gris  bleuâtre  de  l'Hymette'^; 
à  l'époque  romaine,  la  pierre  de  Kara  est  de  nouveau 
employée  [lapis,  marmor]*. 

En  principe,  on  choisit  les  matériaux  que  l'on  trouve 
sur  place  pour  éviter  les  frais  de  transport".  Les  car- 
rières de  Saraki,  à  une  heure  d'Olympie,  ont  fourni  le 
calcaire  coquillier  du  temple  de  Zeus;  celles  de  Doliana, 
à  deux  heures  et  demie  de  Tégée,  le  marbre  tirant  sur 
le  gris  bleu  du  temple  d'Athéna  Aléa;  celles  de  Saint- 
Élie,  à  huit  heures  de  Delphes,  le  calcaire  bleuté  du 
temple  d'Apollon.  Les  carrières  de  Kara  sont  à  environ 
6  kilomètres,  celles  du  Pentélique  à  environ  17  kilo- 
mètres d'Athènes.  A  Délos,  une  centaine  de  carrières 
ont  fourni  les  gneiss  et  les  granits  qui  ont  servi  à  l'édifi- 
cation de  la  ville'";  souvent  on  a  extrait  les  matériaux 
d'une  maison  du  sol  même  qui  allait  la  porter.  Au  besoin, 
on  fait  venir  des  matériaux  de  l'étranger:  ainsi  des  mar- 
bres de  Paros  sont  apportés  à  Délos,  des  tufs  de  Corinthe 
à  Delphes".  Dans  ce  cas,  les  achats  ne  se  font  pas  sur 
échantillon  ;  mais  on  envoie  au  pays  d'origine  une  com- 
mission  chargée    de    faire    la  commande  '^ 

Les  travaux  sont  exécutés  sous  la  surveillance  de  l'ar- 


I  Insc.  du  DidymeioD,  Haiissoullier,  Edai.  sur  l'hist.  de  Milet  cl  du  Didymnion. 
p.  IfitJ.  —  2  Xéaoplioii  (.l/em.  111,  1,  7)  indique  les  éléments  dont  se  composent 
les  murs  ordinaires  :  le  souba:^âcment  en  pierre  ((Àt'ôoi),  le  corps  du  mur  en  brique 
crue  armée  (;jAa  xal  îtXtvfloi),  le  Loit  en  luiles  cuites  («toaixoç).  Les  murs  d'euceinte 
étaient  souvent  construits  en  brirjue  crue  armée,  avec  un  socle  de  pierre  (devis 
pour  les  murs  d'Athènes, /nscr.  fjr.  Il,  1G7  ;  Clioisy,  Et.  épig.,  p.  43);  ainsi 
établis,  ils  supportaient,  pensaiî-on,  plus  aisément  les  coups  de  bélier  sans  se 
rompre.  —  3  /Jutl.  corr.  hell.  XXV  (19UI),  p.  217.  —  *  A  Uélos,  le  luf  est  em- 
ployé à  l'étage,  dans  les  galeries  supérieures,  dans  les  murs  de  refend,  Uult.  corr, 
hell.  XXIX  (I9U3),  p.  43,  490  ;  XXX  11906),  p.  4S8,  520.  —  S  11  est  employé  par 
exemple  au  vieux  temple  de  Dionysos  Elcutliereus  ;  Judeicli,  To/jographie  von 
Atheti,  p.  283.  —  •>  Le  calcaire  bleu  foncé  d'Eleusis  n'est  employé  qu'acces- 
soirement pour  obtenir  des  effets  de  polychromie  {par  exemple  Irise  de 
rÉrechthcioo).  —  7  Par  exemple  à  la  stoa  d'Attalc  ;  Judeich,  Op.  l.  p.  301. 
—  8  Judeich,  Op.  L  p.  2-4.  Les  marbres  de  couleur,  tachetés  et  veinés,  ne  sont 
employés  qu'à  répof|ue  alcxandrine.  A  Delphes,  l'usage  de  la  brèche  du  l'amasse 
date  surtout  du  iV  siècle,  Huit.  corr.  /le//.  XX.iilll  (1909),  p.  210,  223.  — 'J  Vitruve, 
I,  ri,  S,  recommande  d'avoir  égard,  pour  la  construction  des  murs  d'enceinte,  aux 
ressources  du  pays.  Les  mêmes  préoccupations  ont  existé  à  l'époque  primitive, 
alors  surtout  que  l'absence  de  machines  rendait  plus  difticile  le  transport  des  blocs 
de  pierre  :  les  matériaux  de  Tirynthe  proviennent  d'une  carrière  située  à  environ 
une  demi-heure  de  là;  Durm,  Bauk.  der  Criech.,  p.  22.  —  10  De  même  les  lato- 


chitecte  et  de  commissions  nommées  à  cet  effet.  Ils 
avancent  lentement.  Périclès,  qui  disposait  de  ressources 
considérables  en  argent  et  en  hommes,  pouvait  en  treize 
ans  faire  construire  le  Parthénon.  Mais  souvent  des  diffi- 
cultés de  tout  genre,  des  embarras  financiers  faisaient 
traîner  l'entreprise  en  longueur  et  obligeaient  parfois  à 
laisser  le  monument  inachevé  '^  Afin  de  jouir  le  plus 
tôt  possible  de  l'aspect  général  de  l'édifice,  on  exécute 
d'abord  les  parties  les  plus  apparentes  :  à  Ségesle,  la 
colonnade  extérieure  est  élevée  avant  la  cella  ;  au  grand 
temple  de  Sélinonte,  on  commence  par  la  façade  princi- 
pale '*;  à  l'arsenal  du  Pirée,  on  part  de  l'extrémité  qui 
regarde  le  propylée  de  l'agora,  c'est-à-dire  du  point  qui 
est  le  plus  en  vue,  et  on  avance  par  tronçons,  en  établis- 
sant la  toiture  à  mesure  que  la  galerie  s'allonge'". 

2°  De  la  carrière  au  chantier.  —  Le  premier  travail 
est  fait  dans  la  carrière.  Une  fois  extrait,  le  bloc  de 
pierre  est  sommairement  dégrossi  et  reçoit  la  forme 
générale  de  ce  qu'il  doit  être,  architrave,  tambour  de 
colonne,  chapiteau,  statue:  on  allège  ainsi  la  masse  à 
transporter  [jietalla]  '". 

La  carrière  est  desservie  par  des  chemins  spéciale- 
ment aménagés  pour  le  transport  des  pierres.  Au  Penté- 
lique, la  carrière  ouvre  sur  une  piste  dallée;  les  blocs, 
montés  sur  des  rouleaux  de  bois,  glissaient  sur  les 
dalles  et  étaient  retenus  par  des  câbles,  qu'on  roulait 
autour  de  gros  pieux  plantés  de  distance  en  dislance  '■". 
Sur  les  chemins  qui  menaient  au  chantier,  on  se  servait 
de  chariots",  ou  de  machines  spéciales  {\i.-r;/ a.-^-\  ÀiOa- 
vcoi-o;)",  comme  celles  que  Chersiphron  el  Métagénès 
avaient  inventées  pour  le  transport  des  colonnes  et  des 
architraves  [machl\a,  fig.  4753,  4734].  Par  suite  du 
mauvais  état  des  routes-",  les  charrois  étaient  longs, 
difficiles  et  coûteux.  Pour  mener  du  Pentélique  à  Eleusis 
(40  kilomètres  environ)  un  tambour  de  colonne  qui 
mesure  au  plus  2  mètres  cubes,  il  faut  un  attelage  de 
37  à  40  paires  de  bêtes  de  trait,  le  voyage  dure  de  2  jours 
et  demi  à  3  jours,  la  dépense  s'élève  de  230  à  4(J0  dra- 
chmes"'. Le  transport  de  Kirrha  à  Delphes  d'un  bloc  de 
tuf,  qui  a  coûté  Gl  drachmes,  revient  à  240  drachmes, 
soit  près  de  quatre  fois  le  prix  d'achat^-.  11  fallait  des 
voies  aisées  et  bien  entretenues  pour  que  le  coût  du 
transport  descendit  à  23  drachmes,  comme  pour  les  blocs 
menés  du  port  au  hiéron  d'Épidaure-''.  Les  transports 
par  mer  étaient  moins  coûteux  et  on  y  avait  recours 
chaque  fois  que  la  chose  était  possible''. 

raies  de  Syracuse.  —  H  Bull.  corr.  liell.  XXVI  (1902),  p.  31.  —  12  Bull.  corr. 
hell.  XlVi  IS90),  p.  406.  —  13  Les  Propylées  (DBrpfcld,  Mheu.  Milt.  X  (1883),  p.  38, 
131),  l'Ércchtheion  (A/.,  ibid..  XXVIU  (1903),  p.  465)  n'ont  pu  recevoir  lout  le  dé- 
veloppement prévu  dans  le  plan  primitif.  —  14  Choisy,  ffist.  de  l'arch.,  L  p.  284. 
A  Ségeste,  Koldcwey  et  Puchstein  admettent  (jue  la  cella  a  été  complètement 
détruite,  Griech.  Tempel  in  Unteritalien  und  Sicilien,  I,  1899,  p.  133.  Au 
Didymeiou,  la  colonnade  est  établie  peu  à  peu  et  on  y  travaille  encore  à  l'époque, 
impériale,  HaussouUier,  Op.  l.,  p.  I»9.  -  lo  Choisy,  Et.  épiyr.,  p.  27.  —  lt>  Les 
carrières  du  monde  romain  sont  étudiées  dans  Dubois,  Et.  sur  l'administration 
et  l'exploit,  des  carrières  dans  le  monde  romain,  Paris,  1908.  Celles  de 
Grèce  y  sont  mcnlionnées,  et  la  plupart  des  détails  sur  l'exploitation  sont  valables 
pour  la  période  licllénir]ue,  comme  pour  la  période  romaine.  — l''  Les  trous,  où 
s'encastraicut  ces  pieux  sont  encore  visibles,  Ross,  Ùas  fentelikon  bei  Athen  und 
seine  Marmorbrûche,  Kunstblatt,  IS37,  n"  2-4.  Cf.  sur  des  mines  de  Sardaignc, 
Léger,  Trarau.i  publics  des  Domains,  p.  704.  —  I»  Jnscr.  ;,r.  M,  S34  c.  1.  11-44. 

—  19  Pollux,  X,  148.  —  20  Les  comples  de  construction  du  grand  temple  d'Eleusis 
meationnenl  des*  travaux  faits  pour  remettre  en  élat  les  routes,  Inscr.  gr.  11, 
834    c,   I.    4.    —  21  Ibid.    I.    64-87.    —   22    Bull.  corr.    hell.  XXVI  (1902),  p.  57. 

—  23  "E  oïit*.  âp/atoÀ.  1S92,  p.  96.  —  2V  Ainsi  étaient  transportées  sans  doute 
les  tuiles  de  Corinthe  à  Athènes  :  la  tuile  qui,  prise  sur  place,  vaut  5  oboles 
revient  à  une  drachme  rendue  à  Athènes,  soit  1/3  du  prix  d'achat  pour  le  trans- 
port  (Inscr.  gr.  Il  834  b,  1.  71-73,  p.  .^24).  Pour  le  bloc  de  tuf  mentionné  plus 

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Le  cluinlier  de  construction  est  réservé  aux  ouvriers 
et  isolé  du  public  :  un  chantier  de  Délos  est  entouré  d'un 
mur  en  briques  crues  que  Ton  démolit  à  la  fin  des  tra- 
vaux'. On  établit  des  ateliers  (ÈpYaTTT,ota),  où  travaillent 
tailleurs  de  pierre  et  sculpteurs.  On  montrait  à  Olympie 
l'atelier  de  Phidias,  dont  toutes  les  dispositions  corres- 
pondaient à  celles  delà  cella  du  temple  et  qui  avait  per- 
mis, disait-on,  à  l'artiste  de  juger  l'ell'el  produit  par  sa 
statue  avant  la  mise  en  place-.  Près  du  Parlhénon,  un 
bâtiment  allongé,  divisé  en  plusieurs  salles,  est  peut-être 
l'atelier  établi  pour  la  construction  de  l'ancien  temple  et 
utilisé  pour  les  travaux  ultérieurs'.  .\  Delphes,  l'atelier 
est  établi  assez  loin  du  temple  en  construction,  dans  le 
faubourg  de  tiuiat '.  A  l'atelier,  les  travailleurs  sont 
groupés  par  équipes  ^.  Bien  que  la  division  du  travail  ne 
soit  pas  poussée  aussi  loin  que  de  nos  jours,  les  ouvriers 
ont  le  plus  souvent  une  spécialité  :  au  Didymeion,  ils  se 
divisent  en  deux  catégories  d'après  la  nature  des  maté- 
riaux qu'ils  travaillent,  les  uns  ne  taillant  que  les  car- 
reaux de  marbre  qui  forment  les  parements  du  mur,  les 
autres  que  les  blocs  de  pierre  qui  en  constituent  le 
noyau  central".  Les  ouvriers  sont  sous  la  surveillance 
de  l'architecte  et  des  épimélètes  qui  suivent  l'exécution 
des  travaux:  à  Lébadée',  l'ouvrier,  convaincu  de  malfa- 
çon, est  expulsé  du  chantier,  et,  s'il  refuse  d'obéir,  il  est 
passible  d'amende,  ainsi  que  l'entrepreneur.  Les  pierres, 
dégrossies  à  la  carrière,  sont  taillées  à  l'atelier.  Les 
lignes  à  suivre  sont  tracées  en  battant  sur  la  pierre  une 
corde  frottée  de  couleur  [lixea]  ;  les  angles  sont  vérifiés 
avec  l'équerre  [norma].  Les  blocs  sont  débités  à  la  scie, 
■izo'Mi  Xi6oTïp!'^ï,«*  [serra],  attaqués  avec  un  marteau 
courbe  et  tranchant,  tûxoç  '  [ascia,  dolabra],  aplanis 
avec  le  ciseau  (;ot;,  ^Xaplç,  etc),  chassé  à  coups  de  maillet 

[lAPICIDA,   CAELIM,  MALLEUS]. 

Le  travail  de  taille,  exécuté  à  l'atelier,  n'est  pas  déti- 
nitif.  Le  principe  est:  «  ne  s'exposer  jamais  par  un  rava- 
lement anticipé  aux  risques  d'une  épaufrure  ;  ajourner 
les  ravalements  autant  que  les  exigences  du  chantier  le 
permettent"  «.Les  parties  qui  resteront  visibles  et  même 
la  face  supérieure  du  bloc  sont  seulement  ébauchées  : 
seules  la  face  inférieure  et  les  faces  verticales  de  joint 
sont  achevées.  Au  vi'  siècle,  les  joints  sont  aplanis  sur 
toute  leur  étendue;  puis,  au  v°  siècle,  pour  éviter  les 
accidents  que  pourrait  produire  l'interposition  de  corps 
durs  entre  les  deux  moellons,  on  évide  la  partie  centrale 
et  on  se  contente  d'aplanir  le  rebord  du  lit.  De  même 
les  tambours  de  colonne  ne  portent  que  par  les  bords  et 
par  le  cintre.  Les  opérations  de  la  taille  sont  nettement 
définies  dans  le  devis  de  Lébadée  (fig.  6656).  La  face 
inférieure  et  les  faces  verticales  de  chaque  dalle  compren- 
nent u  ne  partie  centrale  grossièrement  taillée  (r,  g  )  avec  un 

haut  lUutl.  corr.  hcll.  XXVI  (l'-'O^),  p.  57),  le  Iransporl  par  mer  île  Lecliaeon  à 
Kirrba  revieul  à  2i4  drachmes  :  celle  somme  élevée  comprend  sans  doule  des  frais 
accessoires  qu'il  nous  esl  impassible  d'évaluer.  —  '  Bull.  corr.  hell.  XIV  (1890) 
p.  394,  1.  55-6.  —  2  Pausan.  XV,  13,  1  ;  Krazer,  Pausaniass  descr.  of  Greece, 
III,  p.  565.  Un  b&timeut  silué  enlrc  le  Parlliénou  el  le  mur  de  Cimon  a  pu  de 
môme  servir  d'alelier  (DôrpfeUI,  Atlt.  JJitt.  XII  (I887j,  p.  iH  ;  XXVII  11902), 
p  401):  une  des  pièces  a  les  dimensions  de  la  cell.i  du  ('arlliénon.  —  3  Kawerau, 
fieiitsche  Bauzeitung,  1884,  p.  4;  Judeich,  Oj,.  I.  p.  235-6.  On  connail  aussi  un 
Ifirairrripiov  pour  les  travaui  de  l'Éreclilheion,  Jnscr.  yr.,  I,  suppl.  p.  74,  u»  ii\, 
col.  111,1.  38.  —  »  Bull.  corr.  hell.  XXVI  (190i),  p.  48-9.  —  5  Les  tailleurs  de  pierre 
qui  travaillent  aui  cannelures  des  colonnes  de  l'ÉrecklIieiou  sont  par  groupes  de  5  à 
7  ;  /mer.  gr.  I,  3i4,  fr.  c,  col.  I,  1.  33  sq.  —  >•  Haussoullier,  A«i'.  île  philolotjie, 
XXIX  (I90S),  p.  254.  —  7  Devis  de  Lébadée,  I.  19-i;.  Nous  reproduisons  ce  levle 
d'après  Choisir,  El.  é/,igr.  I,  p.  191,  ainsi  que  le  croquis  explicatif  (fig.  665C). 
—  »  Pollui,  X,   llK.  Les    outils    sont   énumérés  par    Pollux.    Vil,    Ii5;    X,    147. 


outil  à  grosses  dents  (;oiç/aoaxtT|  xia/sîi")  et  un  enca- 
drement soigneusement  ciselé (rt,  6,  ;«,  7i\  dressé  avec  la 


plicalif  ilu    devis   de  l.éliadce. 


laie  fine  à  dents  serrées  (;oiç  /asaxTv,  Tt^xv-r,  £7tT,xovTfi[j.svT,  '^), 
le  taillant  à  profil  en  biseau  (iotç  àp-t'crofio; ''),  avec  le 
ciseau  sans  dents  (XsicTciov  Aeîov  è7rY,xovr,y.Évov '^).  Les 
faces  verticales  d'attente  des  anciennes  dalles  avaient  été 
laissées  brutes  ;  le  ravalement  n'en  est  fait  qu'au  moment 
de  la  pose  du  nouveau  dallage  et  exécuté  sur  le  même 
modèle  avec  une  partie  centrale  ébauchée  («',  //)  et  un 
cadre  bien  dressé  [v'). 

Pour  vérifier  les  surfaces  de  joint  {Tp<.y.^L3.T:o/.o-(eïv  ''), 
on  use  du  procédé  dit«  dressage  au  rouge  >>  (jjhàtoÀ&yeïv  '*). 
On  présente  contre  la  surface  à  dresser  un  plateau  ou 
une  règle  de  marbre  (xavwv  Xi'S'.voi;),  que  l'on  a  enduit  de 
sanguine  délayée  dans  de  l'huile.  Tous  les  points  où  la 
sanguine  décalque  sont  en  saillie  et  doivent  être  retail- 
lés'\  Le  dressage  au  rouge  s'applique  aux  pièces  de 
charpente,  comme  aux  pierres'*. 

Dans  le  chantier,  il  est  utile  de  pouvoir  reconnaître 
facilement  les  pierres.  De  là,  les  marques  qu'elles  por- 
tent et  qui  leur  constituent  une  sorte  d'état  civil.  Les 
unes  permettent  de  savoir  par  qui  a  été  fait  le  travail. 
.Vu  Didymeion,  les  carreaux  portent  soit  le  nom  de  l'en- 
preneur  ou  de  l'ouvrier  qui  les  a  livrés,  soit  la  mention 
îEsov,  c'est-à-dire  fourni  par  les  esclaves  du  dieu  ".  11 
esl  impossible  le  plus  sou  vent  de  dire  à  quel  travail  se  rap- 
porte l'inscription,  extraction  de  matériaux  dans  la  car- 
rière ou  taille  de  pierres  sur  le  chantier:  on  retrouve 
sur  des  pierres  du  temple  de  Delphes  le  nom  d'entrepre- 
neurs qui  ont  fait  faire  la  taille  dans  la  carrière-". 

D'autres  marques  sont  destinées  à  faciliter  la  mise  en 
place,  en  indiquant  où  doit  se  poserchaque  pierre.  Dans 
l'appareil  isodomon,  les  moellons  de  même  dimension 
peuvent  être  remplacés  indilïéreinment  les  uns  par  les 
autres  :  les  carreaux  ou  les  parpaings  des  murs  du  Par- 
thénon  sont  interchangeables.  11  n'en  était  pas  de  même 
dans  un  édifice  comme  le  trésor  des  .\théniens  à  Delphes, 
où  les  assises  n'ont  pas  exactement  la  même  hauteur-'. 

Voir   Bliimner,  Technol.   und  Termin.    dtT    Gewerbe    u.    Kùnste,  II,  p.  186  sf]. 

—  9Arisloph.  Av.  113S,  et  schol.  —  10  Choisy,  Et.  épiyr.,  p.  207.  —  )1  Devis 
de  LébaJéc,  I.  107,  121.  —  12  lt,id.  I.  104,  163.  —  li  itiid.  1.  168.  —  H  Mirf. 
I.    119,     136,    ir.8.    —  i"  Ibid.    I.    162.    —   1^  Jbid.    1.     120,    123,  133,    136,     164. 

—  *■  A  Lébadée  les  règU-s  dont  on  se  serl  sont  comparées  à  une  règle  étalon 
déposée  dans  le  temple,  devis  de  Lébadée,  1.  124-5.  —  IS  Bull.  corr.  hell.  XXIX 
(1905),  p.  463; /nser.  gr.  I,  suppl.  p.  74,  n.  321,  col.  11,1.  17,42.  —  13  Haus- 
soullier,  i'(.  sur  l'hist.  de  .Milet.  p.  52;  Ilev.  de  Philologie,  XXIX  (1903), 
p.  233.  A  Uélos.  deux  pierres  du  Petit  Portique  portent  l'une  linscription  ôj^aal 
jjil',  l'autre  une  indication  de  mesure  semblable  et  un  nom  d'entrepreneur  {Butl. 
corr.  hell.  XXVI  (1902|,  p.  543  ;  XXIX  (1903),  p.  243).  Cf.  Bru/za,  Annal,  dell.  Isl. 
archeol.  XLII  (IS70),  p.  100  si|.  ;  Dubois,  El.  sur  l'admin.  et  l'exploitation  des 
carrières,  \>.  XLV.  —  M  Bull.  corr.  hell.  XXVI  (1901),  p.  46;  cf.  XX  (1896) 
p.  650,  688  ;  C.  rendus  de  l'Acad.  de»  insc,  1695,  p.  332.  —  21  C.  r.  du 
Congrès    intern.    d'archéol.,  Athènes,    1905,   p.    167.   Les   différences    d'épais- 


STR 


—  1539  — 


STR 


Il  importait  en  ce  cas  de  ranger  séparément  sur  le  chan- 
tier les  pierres  appartenant  à  une  même  assise.  On  eut 
assez  tard  l'idée  de  graver  sur  la  pierre  des  marques 
d'assemblage'  :  tantôt  on  inscrit  la  même  lettre  sur  les 
deux  blocs  qui  doivent  êti-e  conligus  ^  tantôt  comme 
au  portique  de  Philippe,  à  Délos,  on  donne  un  numéro 
d'ordre  à  chacun  des  membres  de  la  construction. 

Avant  d'èlre  mises  en  place,  les  pierres  doivent  être 
acceptées  par  l'archilecte  et  les  épimélètes.  A  Lébadée, 
on  vérifie  par  le  son  si  les  plaques  de  dallage  n'ont  ni 
défaut,  ni  fêlure  'K  Au  Parthénon,  des  tambours  de 
colonne  ont  été  refusés  et  enfouis  comme  rebuts  dans  les 
remblais. 

3°  Le  gros  œuvre.  —  Les  murs  peuvent  être  construits 
soit  en  pierres  appareillées,  soit  en  pierres  non  appa- 
reillées, soit  en  briques  et  en  terre.  Nous  étudierons 
surtout  le  premier  type,  auquel  appartiennent  la  plupart 
des  monuments  publics. 

Après  avoir  établi  les  fondations  {û-KoAoyr^),  on  construit 
le  corps  {Tzltiiç,i)  de  la  muraille  [taries].  A  mesure  que 
la  construction  s'élève  au-dessus  du  sol,  il  est  nécessaire 
d'élever  des  échafaudages,  ixp'ojjjLa',  y.ocv8f|),io;^  ê-r/a- 
peïov".  En  cas  de  besoin,  on  établit  des  constructions 
provisoires  pour  faciliter  le  travail  :  au  temple  de  Delphes, 
on  bâtit,  entre  les  deux  jambages  de  la  grande  porte, 
un  mur  provisoire  qui  aide  à  la  mise  en  place  des 
grosses  pièces  d'architecture''.  On  prend  des  disposi- 
tions pour  protéger  des  chocs  et  des  dégradations  les 
parties  déjà  construites  :  ainsi  on  habille  de  planches  les 
chambranles  d'une  porte  pendant  la  pose  de  statues*. 
Dans  les  travaux  de  réparation,  on 
soutient  par  des  étais  (âvtripi'ç)  les 
parties  voisines'. 

Les  échafaudages  servent  non 
seulement  à  porter  les  ouvriers  [ma- 
cuiNA,  fig.  4738],  mais  aussi  à  sou- 
tenir les  machines  employées  au 
levage  des  pierres.  Pendant  long- 
temps, on  continue  à  user  du  plan 
incliné  :  au  temple  d'Éphèse,  au 
vi"  siècle,  Chersiphron  fait  rouler  les  architraves  sur  des 
plans  inclinés  faits  de  sacs  de  sable  '".  Mais  les  progrès 
de  la  mécanique  font  adopter  des  machines  élévatoires, 
chèvres  ou  grues",  comme  celles  que  décrit  Vitruve 
[machina,  fig.  4744,4751].  On  use  de  divers  procédés  pour 
lever  les  blocs  *^.  Le  plus  simple  est  de  lier  la  pierre  par 
desélingues;  pour  faciliter  l'attache  des  cordes  on  mé- 
nage des  tenons  saillants  (fig.  G6o7),  que  le  ravalement 
fera  disparaître '^  Un  procédé  plus  perfectionné  consiste 

seur  entre  les  trois  murs  sont  assez  minimes  pour  qu'on  les  atlriliue  au  travail 
de  ravalement.  —  1  Les  pierres  des  grands  éditiccs  de  l'époque  classique  ne 
portent  pas  de  marques  d'assemblage;  elles  ont  pu,  il  est  vrai,  en  avoir  (|ne  le 
ravalement  des  faces  externes  aurait  fait  disparaître.  —  '^  C'est  le  procédé  fré(iuem- 
mcnt  employé  pour  les  bases;  voir,  par  exemple,  Bull.  corr.  hell.  XXXI  (l'.IOT), 
p.  4U,  lig.  l'i,  7.  —  '.1  Devis  de  Lébadée.  I.  103,  ItiS.  —  4  InscT .  gr.  1,  3i'4,  1.  14. 
Une  inscription  décrit  1  écliafaudaKe  avec  une  plate-forme,  Tçà^iti^ï  et  des  échelles 
ou  plans  inclines,  «X.'^a.iî  (////</.  I,  319,  1.  C-aO).  Le  môme  dispositif  est  appelé 
[4r,/_«Yï;  T£Tpo.»wAo;  dans  nnc  inscription  du  Didymeion,  Haussoullier,  EL  sur  ikist. 
de  Milet,  p.  164.  —  S  Jnscr.  gr.  11,  167,  1.  73.  —  o  Jijid.  Il,  834  b,  [col. 
Il,  1.  96.  Le  terme  È<r)r«po.  désigne  aussi,  semble-t-il,  un  échafaudage  ou 
une  machine  à  porter  les  pierres  dans  une  inscription  de  Uélos  (Bull, 
corr.  hell.  VI  (ISS2),  p.  135)  où  il  faut  lire  S»,àj«v  iit,vi,,  au  lien  de  U/épav 
i,i8;.v'.  —'•  Bull.  corr.  Ml.  X\\[  (I90ij,p.  62,  1.  18-20,p.  68.  —ilnscr.  ffr.1,319. 
-  9  Ibid.  Il,  167,  I.  49.  -  10  Plin.  hist.  nat.  XXXVI,  21  (14l.  -  H  Bull, 
corr.  hell.  XIV  (1890),  p.  395,  1.  66.  Une  inscription  du  Didymeion  mcnlionne 
une  machine  à  deux  pieds  (nr./avii  A'tKwV.o;)  ou  bigue,  qui  sert  à  monter  un 
linteau  de  porte,  Haussoullier,  Et.  sur  l'hisl.  de  Milet,  p.  104.  —  12  Voir  l'errot 


Fig.   6637.  —  Tenons 
d'attache. 


à  creuser  dans  les  faces  de  joints  des  rainures  par  où 
passeront  les  câbles  :  telles  les  rainures  en  U  que  pré- 
sentent les  triglyphes  et  les  chapiteaux  du  grand 
temple  d'Agrigente".  Un  chapiteau  trouvé  sur  l'Acro- 
pole nous  fournit  l'exemple  (fig.  0659) 
d'un  conduit  creusé  dans  l'épaisseur  de 
l'abaque'";  il  est  difficile  de  dire  s'il  était 
destiné  à  recevoir  une  corde  ou  les  deux 
branches  des  tenailles  de  fer,  xapxtvot  'S 
dont  on  se  servait  aussi  pour  soulever  les 
pierres  forceps,  fig.  3167].  Enfin  la  pierre 
pouvait  être  soulevée  au  moyen  d'une 
louve  (fig.  66601,  coin  en  fer  calé  dans  une 
mortaise,  dont  le  fond  va  en  s'évasant''. 
Avant  de  poser  les  pierres  d'une  nou- 
velle assise,  on  doit  achever  de  dresser  la 
face  supérieure  de  l'assise  précédente. 
Ainsi  à  Lébadée,  la  face  de  lit  des  sub- 
slruclions  (fig.  6636,  A)  est  laissée  brute  et  n'est  ravalée 
qu'au  moment  de  la  pose  des  nouvelles  dalles'*;  àl'Érech- 
theion,  le  lit  supérieur  exige  un  ravalement  sur  tas,  avant 
de  recevoir  une  nouvelle  assise'".  Pour  que  le  contact 
soit  aussi  parfait  que  possible,  les  deux  joints  sont  tra- 
vaillés selon  les  mêmes  procédés  et  avec  les  mêmes 
outils-".  Pour  les  colonnes  du  Parthénon  on  a,  sem- 
ble-t-il, imprimé  aux  tambours  un  mouvement  de  rota- 
tion sur  une  couche  de  sable  fin,  afin  d'obtenir  par  usure 
des  faces  de  lit  bien  planes  ^'.  Une  fois  le  ravalement 
exécuté,  on  vérifie  l'horizontalité  du  lit  avec  le  niveau, 
StaSTÎTr,; -'- ;  le  devis  de  Lébadée  invile  les  fonctionnaires 
chargés  de  la  vérification  à  se  méfier  des  procédés  de 


Fig.(i65S. 


Procédés  de  le\a;;e 


calage,  qui  dispenseraient  l'entrepreneur  de  dresser 
exactement  les  surfaces". 

La  pierre  est  généralement  posée  sur  lit  de  carrière  : 
toutefois,  lorsqu'elle  doit  porter  une  lourde  charge,  elle 
est  posée  en  délit.  On  diminue  les  chances  de  rupture 
d'une  architrave  en  remplaçant  le  bloc  unique  par  plu- 
sieurs  dalles    accolées  :    l'accident   arrivé   à    l'un   des 

et  Chipiez,  Hist.  de  l'art.  Vil,  pi.  xmi  —13  Dans  les  édifices  inachevés,  les  tenons 
ont  subsisté,  par  exemple  aux  Propylées,  Bohn,  die  Propylâen  der  Akrop.  zu 
Athcn  ;  Choisy,  Sist.  de  l'archit.  I.  p.  23;  Art  de  bâtir  chez  les  Romains,  p.  109, 
fig.61.—  UChoisy,  ff.  rfeTarc/i.  p.  274.  —  15  Durm,  Bnu/,;.  i/er  GrifcA.  p.  80.  fig.  63, 
1.  Cf.  les  chapiteaux  de  l'ordre  supérieur  de  la  relia  d'Égine.  —  10  Pollux,  X,  148  ; 
Vitruv.  X,  i.  —  "  /*.  La  louve  est  employée  pour  les  pierres  du  temple  A  de 
Sélinonte.  —  l»  Devis  de  Lébadée,  1.  147-S.  —  19  Inscr.  gr.  I,  321,  1.  17;  Choisy. 
Et.  épii/r.  p.  102.  —  20  a  Lébadée,  la  substruclion  longitudin.ale  (fig.  06.i4.  A)  est 
taillée  avec  le  même  outil  que  la  bordure  de  la  dalle  (m)  ijui  doit  porter  sur  elle, 
1.  148,  168  ;  de  même  les  éperons  transversaux  (B|  et  l'encadrement  {n),  1.  147,  104, 
163.  —  SI  Choisy.  Sist.  de  l'arch.  I,  p.  Ï72.  Dans  un  fragment  de  devis  pour  les 
substructions  d'un  temple  de  Lesbos  (Ephem.  epigr.  II  (1875),  n"  XVI),  Choisy 
{Et.  épii/r.  p.  228)  voit  dans  l'expression  Sia-lc«niA..'.iaî  «maJou;  un  indice  de 
l'emploi  du  sable  pour  aplanir  les  faces  de  lit.  L'inlerprétaliou  n'est  pas  certaine. 
On  n'a  pas  coutume  de  prendre  de  telles  précautions  pour  les  assises  de  fondation, 
et  l'emploi  du  sable  peut  s'expliquer  si  l'on  se  rappelle  i|ue  certains  édifices  reposent 
sur  une  couche  de  sable  ou  de  gravier  de  rivière;  Durm,  Bauk.  der  G>  iech. 
p.  69.  —  2i  /nscr.   yr.  Il,  1034,  I.  9-10.  —  '-i»  Devis  do  Lébadée,  I,  164. 


STR 


—  1S40  — 


STR 


6661.  —  Procédés  d 


en  place. 


Fig.  6062. 


éléments    n'entraîne    pas    la    ruine     de    l'ensemble  '. 
Les  appareils  de  levage  permettent  rarement  de  poser 

du    premier 

coup  un e 
pierre  à  sa 
place  défini- 
tive. On  doit 
l'y  amener  et 
la  serrer  con- 
tre la  pierre 
voisine  au 
moyen  de  pin 
ces  et  de  le- 
viers-. Aussi  adopte-t-on  diverses  dispositions  qui  puis- 
sent donner  prise  plus  facilement  à  ces    outils.  Ainsi 

l'assise  inférieure 
présente  des  enco- 
ches où  s'engage  la 
pince  (fig.  6661);  ou 
bien  le  bloc  porte 
un  tenon  où  vient 
s'appuyer  le  levier  et 
qu'il  faudra  faire 
disparaître  après  la 
pose  ffig.  6602)  ;  ou,  si  l'on  veut  éviter  ce  dernier  tra- 
vail, on  ménage  à  la  partie  inférieure  de  la  pierre  une 
cavité  qui  recevra  l'extrémité  du  levier  (fîg.  6663).  Pour 
la  mise  en  place,  on  est  parfois  guidé  par  des  lignes 
de  repère  :  dans  les  maisons  de  Délos,  on  trouve, 
tracés  sur  les  dalles  du  péristyle,  des  traits  qui  corres- 
pondent à  d'autres  traits  sur  les  tambours  inférieurs 
des  colonnes  ^ 

Durant  toutes  les  opérations  de  levage  et  de  pose,  il 
faut  veiller  à  ce  que  la  pierre  ne  subisse  aucune  dégra- 
dation ;  les  parties  les  plus  exposées  aux  accidents  sont 
les  arêtes,  où  l'intervention  du  moindre  corps  dur  peut 
faire  éclater  la  pierre.  De  là  les  précautions  prises  au 

moyen  de  certains 
artifices  de  taille.  A 
Ségeste,  pour  les 
blocs  du  stylobate, 
on  a  ménagé  une 
ciselure  tout  le  long 
de  l'arête,  sauf  aux 
angles,  qu'une  ré- 
serve cubique  pré- 
serve des  chocs  (fîg. 
blocs    de    l'architrave    ont  des  bourrelets 


6664) 


protecteurs  en  bordure  partout  où  ils  doivent  être  mis 


«  Au  iri-  siècle,  rarcliilrave  est  le  plus  souvent  d'un  seul  bloc-  au  v  elle  est 
faite  de  dalles  accolées  de  champ,  deux  au  Th.'.seion,  trois  au  Pai-thénon. 
-  2  Cho.sy,  H.  de  Varch.  p.  294.  _  3  Bull.  corr.  hell.  XXX  (190(i|,  p.  303. 
-*  tr  Choisy,  HUl.  de  Varch.  I,  p.  273,  fig.  6  V.  _  ;.  Perrot  et  Chipieî,  Hist.  de 
larl.  VII,  pi.  I,.,,  „.  ,„.  _  6  Les  termes  r|ui  désignent  la  liaison  des  blocs  sont  énu- 
mérés  par  Collux,  IV.  12  V.  -1  Devis  de  Ubadée,  1. 171.  -  »  Judeich,  Top.  von  Uh.n 
p.  1.  A  Delphes,  les  crampons  en  double  queue  darondc  datent  du  v.»  siècle    ceux 

!"  lt\  :';  """■  """■  '""■  '^^•'""  <"""'•  P-  -'«--"■  -  '  U""^  ^^  Lèbadèe,  I. 
7f.  U.  1  bilon  de  Bjiance.  ttev.  de  philotof/ie,  III  (1879),  p.  lU.  _  lOQn  trouve 
des  seellemenU  faits  uniquement  de  plomb,  lorsquil  sagit  de  firer  des  pièces 
d  appl„|ue  légères.  Perrot  et  Chipiez,  //,„.  de  far,.  Vil,  p.  .,,3.  _  Il  Les  colonnes 
du  Parthénon  ont  des  crapaudines  en  bois  de  cyprès,  dont  quelques  exemplaires 
sont  conservés  au  musée  de  lAcropole.  A  Délos,  la  même  disposition  est  emplovce 
pour  un  pilier  des  Propvlécs  :  iù,,,  ,!;  ,à.  ii.s,.  .,,.  ,      j..  ,    ,  g' f. 

eorr.  Heil.  XIV  (.890;,  p.  393,  I.  7.  p.  474-5.  A  Orvmp:e,  les  colonnes  rîrn;ple"de 
iem  oni,  outre  les  crapaudines  de  bois,  des  tenons  de  métal,  Olympia  TeUband 
1,   p.  6.  Les  bases  des   colonnes  ioniques  de    la  façade  ouest   de   lÉrechllieioù      I 


f)iiC4.    —  Saillie  de 
protection. 


en  contact*;  le  tailloir  du  chapiteau  présente  aux 
quatre  angles  des  prismes  rectangulaires  qui  protègent 
les  arêtes ^  On  protège  encore  les  parties  saillantes 
du  chapiteau  en  ménageant  un  vide  entre  l'abaque 
et  l'architrave,  qui  repose 
sur  une  partie  surélevée 
[abacus]. 

Malgré  les  précautions, 
des  accidents  arrivent  et 
endommagent  la  pierre.  De 
là  des  réparations,  qui  con- 
sistent le-  plus  souvent  en 
pièces  rapportées  par  incrus- 

lalion.  Ainsi,  au  portique  nord  de  l'Érechtheion,  les 
caissons  du  plafond  nous  fournissent  plusieurs  exemples 
d'ornements  sculptés  sur  une  baguette  de  marbre  et 
glissés  dans  une  rainure  en  queue  d'aronde. 

Dans  la  construction  appareillée,  les  carreaux  sont 
posés  les  uns  sur  les  autres  à  joints  vifs,  sans  interposi- 
tion de  mortier  [paries].  Pourassurerla  parfaite  cohésion 
de  toutes  les  parties  de  l'édifice,  on  les  lie  les  unes  aux 
autres  (Tuvosiv)  ^  par  des  scellements  de  fer.  Les  uns 
sont  des  crampons  (o£(j[xi)  réunissant  les  pierres  d'une 
même  assise  horizontale,  les  autres  des  goujons  (yôix^oi) 
réunissant  verticalement  les  pierres  d'une  assise  à  celles 
de  l'assise  supérieure.  La  forme  en  varie  selon  les  épo- 
ques. A  .\thènes,  les  scellements  en  ~L  sont  de  la  plus 
ancienne  époque  et  se  rencontrent  jusqu'au  vi' siècle;  du 
vi'^au  iv'siècle,  on  emploie  les  crampons  en  Xi  à  l'époque 
hellénistique  ceux  en  ri,  dont  les  deux  pointes  s'enfon- 
cent verticalement  dans  les  pierres.  Les  tenons  en  queue 
d'aronde  (TreXsxtvoç)  '  sont  faits  primitivement  de  métal, 
plus  tard  de  bois  et  rarement  de  pierres '.  Les  scelle- 
ments de  fer  sont  noyés  dans  un  bain  de  plomb  (TtEpijjto- 
ÀuêooyETv)  '  :  des  rainures  sont  creusées  sur  la  face  de  lit 
pour  permettre  la  coulée  du  plomb  de  l'extérieur  aux 
cavités  où  sont  placés  les  tenons  '".  Les  tambours  de 
colonne  sont  le  plus  souvent  réunis  simplement  par  des 
crapaudines  de  bois  (à'iiç")  ;  dans  les  colonnes  ioniques 
ou  corinthiennes,  qui  sont  plus  grêles,  on  y  ajoute  sou- 
vent des  crampons  '-. 

La  construction  en  pierres  appareillées  est  celle  des 
grands  édifices  publics  et  sacrés.  Les  murs  des  maisons 
sont  faits  le  plus  souvent  en  pierres  non  appareillées, 
en  moellons  de  dimensions  variables  '^  reliés  par  un 
mortier  de  terre  et  de  sable,  sans  chaux'*  [paries,  mûris]. 
La  construction  non  appareillée  exige  moins  de  soins. 
Les  moellons  sont  grossièrement  taillés,  disposés  en 
assises  plus  ou  moins  régulièrement  parallèles,  de  hau- 


portcnl  la  trace  des  crapaudines  qui  les  reliaient  aux  colonnes  primitives  et  de 
crampons  de  métal  qui  ont  été  placés  pour  les  demi-colonnes  engagées  dans  le  mur 
à  l'époque  romaine.  D'après  un  devis  d'Eleusis  (/»s.  gr.  Il,  3,  p.  236,  n.  1U54  f.), 
l'ajustage  des  tambours  est  fait  au  moyen  de  crapaudines  cylindriciues,  •^0)101, 
engagées  dans    des  dés    cubiques,   t^x-ô'^îa  ;    les    deux    pièces    sont    de   bronze. 

—  12  A  rolympeion  d'Athènes,  les  tambours  de  colonne  ont  quatre  goujons, 
Durro,  Op.  t..  p.  2S9,  lig.  206.  —  13  Par  exemple,  à  Athènes  (quartier  du  versant 
ouest  de  lAcropole),  Athen.  Mittlml.  XX  (1895),  p.  164-5,  lig.  1-3:  à  Délos, 
Bull.corr.  hell  .XXX  (1906),  p.  487-493  ;  à  Tliéra,  Hiller  von  Gartringen,  Tliera.iU. 
p.  139  ;  à  Magdola,  Uiill.  con:  hell.  XXV  (1901),  p.  388,  Og.  3.  On  trouvait  aussi 
dos  murs  de  clôture  en  pierres  sèches,   a'ijiaoîa,  Ilerod.  I,  180  ;    Tbucyd.    IV,  43. 

—  1*  La  iiuestion  du  mortier  de  chaux  a  été  traitée  [paries].  Aux  exceptions 
citées  dans  cet  article,  il  faut  ajouter  (juclqucs  rares  exemples  observés  à  Délos, 
Bull.  corr.  hell.  XXX  (1906),  p.  391.  A  Goulas,  on  a  noté  en  quelques  points 
l'existence  d'un  mortier  formé  de  chaux  pétrie  avec  de  petites  pierres  et  de  menus 
morceaux  de  briqoe,  /ùid.  XXV  (1901),  p.  293,  297,  fig.  4:  mais  c'est  peut-èlre  là 
un  levéleiueut  sériant  de  soutien  ii  des  peintures  murale>,  Evaus,  Ami.  of  Ihe  Brit. 


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—  1541  — 


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leur  inégale;  les  interstices  laissés  entre  les  pierres  sont 
remplis  par  de  petites  cales.  Ce  système  de  construction 
a  le  défaut  de  répartir  inégalement  les  charges,  ce  qui 
peut  amener  des  tassements  et  des  ruptures.  A  Délos,les 
murs  sont  faits  de  deux  parements  sans  aucune  cohésion 
entre  eux.  Il  y  a  là  un  procédé  de  construction  encore 
usité  aujourd'hui  en  Grèce.  Les  maçons  établissent  deux 
échafaudages  de  part  et  d'autre  du  mur  à  élever  et  mon- 
tentséparément  chacun  des  parements.  Le  travailavance 
ainsi  plus  vite,  mais  les  parements  sans  boutisse  n'ont 
aucune  cohésion  et  peuvent  se  dissocier  '. 

Les  murs  de  brique  crue  -,  si  fréquents  à  l'époque 
primitive,  sont  encore  communs  à  l'époque  classique, 
soit  dans  les  habitations  privées ^  soit  dans  l'architec- 
ture militaire  '.  La  construction  n'en  présente,  semble- 
t-il,  aucune  particularité  intéressante.  Les  briques  sont 
liées  par  un  mortier  de  terre.  Pour  les  réparations,  on 
opère  par  repiquage  (TiÀtvOoSùXeîv)^ 

On  rencontre,  dans  quelques  maisons  de  Délos  %  des 
murs  faits  simplement  de  terre,  d'une  terre  argileuse 
mélangée  de  sable  assez  gros.  On  peut  conjecturer  com- 
ment ils  étaient  construits.  Sur  l'emplacement  du  mur 
à  élever,  on  dressait  une  forme  en  madriers  et  en  planches, 
et  on  y  versait  en  la  pilonnant  la  terre  préparée  comme 
pour  la  fabrication  des  briques  ''  [^figlinum  opls].  Lorsque 
la  masse  était  suffisamment  séchée  et  consistante,  on 
retirait  la  forme  de  bois"  et  il  ne  restait  plus  qu'à 
poser  les  stucs,  qui  donnaient  au  mur  de  terre  l'appa- 
rence des  murs  de  maçonnerie  '. 

Les  murs  portent  les  plafonds  et  le  toit.  L'étude  des 
bois  de  construction  et  de  la  charpente  a  sa  place  ailleurs 
[materia,  LACuiVAR,  tectum].  Lcs  procédés  de  la  construc- 
tion en  bois  rappellent  ceux  de  la  construction  en  pierre  : 
ainsi,  au  plafond  de  l'Érechtheion,  les  surfaces  supé- 
rieures des  poutres  sont  dressées  au  rouge  et  égalisées 
après  la  pose,  comme  les  blocs  des  assises'". 

4°  A  chùvement  des  travaux.  —  Pour  éviter  toute  dégra- 
dation au  moment  de  la  pose,  on  a  laissé  à  l'état  d'ébau- 
che les  faces  à  parer.  Le  ravalement",  qui  est  «poussé 

achool  at  Alhens,  t89S-6,  p.  188.  Dans  les  consiruclions  i|ui  devaient  lître  en 
coalact  avec  l'eau,  on  emploie  un  mortier  de  chaux  :  ainsi  dans  les  citernes  de 
UMos  ou  de  Théra.  dans  les  constructions  maritimes  de  Di-'los,  Cayeux,  Ann.  de 
géographie,  XVi  |1!I07),  p.  100-8.  —  i  Bull.  corr.  Iiell.  XXX  (1006),  p.  4'JI. 
—  2  L'emploi  des  brir|ues  cuites  est  très  rare  avant  Alexandre.  Pausanias  cite 
par  erreur  le  Philippeion  d'Olympie  comme  construit  en  briques  cuites  ;  les 
fouilles  ont  montré  qu'en  réalil(î  l'édifice  est  de  tuf  revôtu  de  stucs  rouges, 
Uurm,  Op.  /.,p.  17.  —3  Wiegand  cl  Schrader,  Prime,  p.  3Ui.  —  4  Devis  des 
murs  d'Athènes,  Inscr.  gr.  Il,  167.  Pour  les  temples,  «oir  Mums,  pAniEs.  Dans 
les  murs  de  fortification,  on  voit  dans  la  maçonnerie  des  poulres  de  cliène, 
formant  des  chaînages  séparés  pour  n*i/,ei;,  Philon  Byz.  III,  3  {Hev.  de  Ptiii. 
III  (1879),  p.  ils).  —  ^  Inscr.  gr.  Il,  167,  1.  53,  08.  Enlever  des  briques 
se  dit  èxTCAivQtjoj,  Isac.  ap.  Harpocr.  s.  v.  — 6  par  exemple  maisons  de  Kerdon, 
de  rinopos.  —  7  Pour  la  fabrication  des  briques  crues,  on  se  sert  de  moules 
en  clayonnage,  t.jooI  «aiifiuv  (Suid.  s.  v.),  flM.  corr.  Iiell.  XXVI  (19Ui)  p.  41, 
I.  10-15,  p.  45-6,  —  S  Des  murs  en  terre  sont  signalés  par  les  écrivains  latins 
en  Afrique,  en  Espagne  (Plin.  Uist.  nat.  XXXV,  48),  à  Tarente  (  Varr.  Hes  rust.  I, 
H).  Ces  murs,  dits  formacei  mûri  [foumaj,  devaient  être  consiruils  comme  ceux 
de  D''Ios.  —  y  Notons  encore  nue  parfois  le  rocher  même  est  entaillé  et  dressé 
pour  former  la  paroi  d'une  chambre:  ainsi  à  Délos  dans  la  maison  de  l'inopos, 
à  Théra,  dans  la  maison  de  «  Pothilos  ..,  à  Goulas,  Bull.  corr.  hell.  XXV 
(l!)OI),  p.  a99.  —  10y,iscr.  gr.  I,  suppl.  p.  74,  n.  321,  col.  II,  I.  17,  42;  Choisy, 
Et.  épigr.  p.  149  ;  cf.  Bull.  corr.  hell.  XXIX  (19Ù5),  p.  460,  465.  —  H  Suidas, 
s.  V.,  distingue  la  ÀtQouoTtxi-  (-rix-r,)  et  la  )ii6îToi8i»r,  ;  le  pi-emier  terme  désigne 
le  travail  des  carriers  ;  le  second  celui  des  tailleurs  de  pierre  qui  achèvent  la 
décoration.  Le  travad  de  ravalement  est  exprimé  par  les  composés  de  ;£ïv, 
iv.îiî»  (Inser.  gr.  I,  suppl.,  321,  col.  Il,  1.  45),  à,o;.lv  {ibid.  II,  834  6,  col.  Il, 
I.  41),  xaTaierv  (àxaxi-cjto;,  non  ravalé,  ibid.  I,  322,  I.  54).  L'ouvrier  qui  tra- 
vaille au  ravalement  est  dit  Siaido;,  Bull.  corr.  Ml.  XXVI  (1902),  p.  64,  I.  1-3, 
p.  73.  Le  ravalement  des  faces  verticales  est  dit  xaTaTo[ji,i  {Inscr.  gr.  I,  322, 
1.  27-8,52),  celui  du  dessous  d'une  pierre  ;„oTotLn  (Devis  de  Lébadée,  1.  1130,11, 
114).  —  12  Choisy,  Hist.  de  l'arch.  I,  p.  284.   —  13 /feu.  de  philol.  1905,  p.  257. 


jusqu'au  polissage  »  [murus],  n'est  exécuté  que  lorsque 
la  construction  même  est  achevée,  et  il  est  commencé 
par  les  parties  supérieures  de  l'édifice  '-.  C'est  alors  que 
disparaissent  les  tenons  qui  ont  servi  pour  l'attache  des 
cordes,  les  marques  gravées  sur  les  blocs  ". 

Le  travail  de  ravalement  est  préparé  avant  la  pose.  Sur 
le  pourtour  de  chaque  bloc,  on  taille  le  long  des  joints 
(àvaOup&Ov)'''  une  ciselure  qui  encadre  la  partie  centrale 
laissée  à  l'état  d'ébauche,  et  qui  servira  de  repère.  11  suf- 
fit en  effet,  lors  de  la  pose,  d'aligner  toutes  les  ciselures 
directrices,  et  on  n'a  plus  ensuite  qu'à  ravaler  le  champ 
qu'elles  circonscrivent.  Pour  les  faces  horizontales,  il 
faut  s'assurer  que  toutes  les  ciselures  sont  dans  un 
même  plan  horizontal.  Pour  cela,  on  pose  sur  elles  des 
dés  en  bois  (xtJSo'.)''\  et  sur  ces  dés  une  longue  règle,  qui 
peut  ainsi  franchir  les  parties  rugueuses  (fig.  CG06).  Le 
niveau  est  appliqué  sur  la  règle '^  Pour  les  colonnes,  les 
cannelures  sont  généralement'' amorcées  au  tambour  in- 
férieur et  au-dessous  du  chapiteau  ;  grâce  à  ces  lignes  di- 
rectrices, elles  sont  achevées  facilement  après  la  pose'*. 

Les  refends  ciselés  qui  encadrent  la  pierre  n'ont  été 
d'abord  que  des  entailles  directrices,  destinées  à  faci- 
liter les  travaux  de  pose  et  de  ravalement.  Ils  sont  plus 
tard  conservés  comme  ornements,  soit  sur  les  lignes  de 
lit",  soit  également  le  long  des  joints  verticaux.  Le  sys- 
tème décoratif  qui  en  résulte  devient  d'un  emploi  si 
liabituel  qu'on  le  retrouve  régulièrement  dans  les  revê- 
tements de  stucs,  qui  imitent  la  construction  en  marbre 
[tectoru'm].  La  partie  laissée  en  bossage  est  taillée  plus 
grossièrement  quelerefendsoigneusementaplani,etcette 
opposition  des  deux  parties  est  encore  un  élément  déco- 
ratif-" :  une  maison  de  Priène  a  sa  façade  construite  en 
gros  blocs  à  bossages  qui  rappellent  l'appareil  rustique 
des  palaisflorentins-'.  L'amorce  des  cannelures  peut  elle- 
même  devenir  un  élément  décoratif--. 

Il  ne  reste  à  faire  subir  au  mur  de  marbre  qu'une  der- 
nière opération,  celle  de  la  yivoiaîç.  Après  l'avoir  lavé 
avec  de  l'eau  mélangée  de  nitre  ^',  on  le  frotte  avec  de 
l'huile  et  de  la  cire  ■'■'.  L'application  de  cet  enduit  avait 

—  '»  Devis  .le  Lébadée,  1.  121,  142.  —  lô  V.  une  inscription  de  Délos,  Bull.  corr. 
helt.  XXXIl  (1908),  p.  13,  no  3,  face  B.  fr.  6;  p.  46.  —  16  Devis  de  Lébadée, 
1.  187.  Les  xùSoi  de  Lébadée  sont  en  olivier,  bois  très  résistant,  qui  ne  joue  ou  ne 
se  déforme  presque  pas  (Vitruv.  I,  5,  3).  —  HA  Ségesle,  ces  cannelures  ne  sont 
môme  pas  amorcées.  —  1»  Un  fragment  de  fût  dorique,  trouve  à  Olympie,  a, 
sur  une  moitié  exacte  de  la  circonférence,  des  cannelures  achevées,  sur  l'autre 
des  facettes  {Olympia,  pi.  33).  Faut-il  voir  là  une  colonne  inachevée  et 
supposer  qu'on  commençait  par  tailler  des  facettes  et  qu'on  y  creusait  ensuite  les 
cannelures!  11  y  aurait  là  un  surcroit  de  travail  peu  utile,  car  il  suffisait  de 
tracer  sur  le  fût  des  lignes  correspondant  aux  arêtes  pour  délimiter  nettement 
les  cannelures.  Dans  les  autres  exemples  do  colonnes  inachevées,  nous  ne  trou- 
vons que  l'amorce  des  cannelures  en  haut  et  en  bjs  et  le  reste  du  fût  est  lisse. 
On  peut  donc  se  demander  si  le  fragment  d'Olympie  ne  nous  fait  pas  connaître 
un  type  spécial  de  colonne,  cannelé  sur  sa  face  antérieure  et  simplement 
à  facettes  sur  sa  face  postérieure.  On  trouve  à  l'époque  hellénistique  des  colonnes 
à  simples  facettes,  par  exemple  à  Délos,  Bull.  corr.  hell.  XXVI  (19U2),  p.  494. 
_   19  Monument  de   Lysicratc,  Stuart  et  Revett,    Antiq.   d'Athènes,  I,   p.   139. 

—  z(i  Murs  de  Messéne  {Expédit.  de  Marée.  I,  pi.  xxxiv),  mur  d'enceinle  de 
Delphes,  Bull.  corr. hell.XWm  (1909),p.  233.  — 21  Wiegand  et  Schrader,  Priene, 
p.  300,  Ug.  318.  —  2i  L'amorce  des  cannelures,  à  Rhamnonte,  est  raccordée  à  la 
partie  lisse  par  un  profil  soigneusement  établi,  Choisy,  Uist.  de  farchil.,  I,  p.  289, 
Certaines  colonnes  (par  exemple  à  l'agora  de  Pergame,  au  ..  petit  portir|ue  ..  de 
Délos,  Bull.  corr.  hell.  XXVI  (1902),  p.  545)  présentent  la  disposition  suivante: 
au  pied  les  cannelures  amorcées  sur  quelques  centimètres,  puis  une  partie  du 
fût  lisse,  enliu  les  cannelures  reprenant  à  une  certaine  hauteur.  L'identité 
des  colonnes  prouve  que  nous  ne  sommes  pas  en  présence  d'un  travail 
inachevé,  mais  d'un  parti  adopté  sans  doute  pour  des  édifices  consacrés  au 
commerce,  où  la  manutention  des  marchandises  pouvait  amener  des  heurts  et 
endommager     les     arêtes    des     cannelures.    -   23   Devis    de    Lébadée,    1.    169. 

—  2:  Vitruv.  VII,  9,  3  ;  Plutarch.  Qituest.  rom.  p.  287  b  ;  Bull.  corr.  helt.  XIV 
(1890),  p.  184,  497  ;  BIHraner,  Techn.  und  Terminal.  111,  p.  201.  Le  raéioe  procédé 
était  appliqué  aux  statues. 


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pour  oft'et  d'atténuer  Féclal  du  marbre  et  de  lui  donner 
un  ton  analogue  à  celui  de  fivoire. 

Pans  les  murs  de  maçonnerie,  l'appareil  jj;rossier  de  la 
construction  était  masqué  par  des  stucs,  destinés  à 
imiter  tant  bien  que  mal  la  construction  de  marbre.  Les 
procédés  de  stucage  seront  étudiés  à  l'article  tectoru'm. 

Rome.  —  Les  populations  primitives  de  l'Italie  élevaient 
des  constructions  analogues  à  celles  de  la  plus  haute 
antiquité  grecque.  Les  villages  sur  pilotis  des  Terra- 
mare  étaient  formés  de  huttes  rondes,  aux  murs  de 
branciiage  et  de  pisé,  telles  que  nous  les  représentent  les 
urnes  cinéraires'  domis,  lig.  ^oOS-iiolOl.  Les  murs  d'en- 
ceinte rappellent  les  murailles  cyclopéennes:  l'appareil 
polygonal  se  rencontre  à  .\orba,  à  .\latri;  il  devient  de 
plus  en  plus  régulier  (murailles  de  Vollerra)  et  aboutit 
aux  assises  bien  réglées  des  murs  de  Paieries,  d'Ardée. 
Les  Étrusques  construisent  à  Cervetri,  à  Orvieto,  des 
voûtes  en  encorbellement,  semblables  à  celle  du  trésor 
d'.Mrée;  ils  connaissent  la  voùle  à  claveaux,  mais  n'en 
usent  que  rarement,  dans  les  aqueducs,  les  ponts,  les 
portes  de  ville  [korxix. 

Les  Romains  appliquent  les  mêmes  modes  de  construc- 
tion. La  cabane  de  Romulus,  que  l'on  conservait  pieuse- 
ment sur  le  Palatin,  était  une  «  paillolte  »  analogue  à 
celles  des  Terramare'.  Les  architectes  étrusques,  appe- 
lés par  les  rois,  avaient  appris  aux  Romains  à  construire 
des  voûtes  appareillées,  comme  celle  de  la  Cloaca  Maxima 
[cloaca],  et  des  murs  de  grand  appareil  en  assises  bien 
réglées,  comme  le  mur  de  \ARoma  (juadruta  du  Palatin  ', 
ou  celui  de  Servius  Tullius*.  A  l'époque  républicaine, 
les  édifices  privés  et  publics  restent  très  simples  :  on  ne 
connaît  guère  d'autres  matériaux  que  le  tuf  du  sol 
romain^,  le  pépérin  des  monts  Albains*  [lapides],  et 
surtout  la  brique  crue';  on  fait  grand  usage  de  la 
charpente.  Vitruve*  énumère  les  matériaux  employés 
dans  les  maisons  :  pierres  pour  les  fondations  [pilae  lapi- 
deae),  briques  pour  les  murs  {strtictiirae  testaceae), 
éclats  de  pierre  pour  les  refends  {parietes  caeinenticii), 
bois  pour  les  planchers  et  la  charpente  [contignationes). 

Les  progrès  de  l'architecture  romaine  sont  dus  à  l'in- 
fluence de  la  Grèce.  Les  architectes  grecs  transmettent 
aux  Romains  leurs  types  architectoniques,  leurs  maté- 
riaux ',  leurs  procédés  techniques.  Ainsi  nait  et  se 
développe  l'architecture  gréco-romaine  de  l'Empire.  C'est 
surtout  dans  les  monuments  de  l'époque  impériale  que 
nous  pouvons  étudier  les  méthodes  de  construction  des 
Romains.  Nous  n'insisterons  que  sur  les  procédés  qui 
leur  sont  propres.  La  construction  romaine  diffère  de  la 


I  Pour  NoacL  (Oralliaus  unrf  Palwst  in  Kreta),  les  palais  crélois  dériveut  d'une 
maison  primitive  ovale.  A  ce  lype  se  rattachent  peut-être  les  sanctuaires  arcliaî<|ues 
circulaire!^,  comme  ceu\  de  Thermos,  d'Égine  cl,  à  répO(|ue  classique,  les  liio,. 

—  2  0vid.  III,  113,  VitruT.  Il,  1,  5  :de  Rossi,  Pianle  di  Jioma,  p.  3.  —3  Middieton, 
Thfremaim  ofanc.  flome,  1.  p.  It5,ng.  17  ;  Richler,  Topogr.der  Sladt  Itom,f.Zi. 

—  *  Parker,  The  primitite  fortifie,  of  the  city  of  Home,  î'  éd.  pi.  iiu;  Lanciani, 
The  ruin$  and  eicaral.  of  anc.  Rome,  p.  67,  fig.  if.  —  5  Brocchi,  Dello  stalo 
fisico  det  iuolo  il  Roma.  Les  murs  de  la  Roma  i|uadrala  et  ceui  de  Servius  Tullius 
sont  en  LIocs  de  tuf,  assemblés  sans  mortier.  Les  blocs  portent  des  maripies  de 
maçon.  Bruzza,  Ann.  deW  Istit.  arch.  LUI  (1878);  Jordan,  Topogr.  der  ."iladt 
Rom  im  Mierth.  1,  p.  259.  —  6  par  eiemple  à  la  Cloaca  Uaxima.  Le  travertin  de 
Tibur  est  employé  â  la  fin  de  la  République  et  Iris  estimé.  Sur  les  pierres  de 
construction,  voir  Vilruv.  Il,  7.  —  1  Les  briques  cuites  ne  deviennent  d'un  usa^e 
courant  qu'à  l'époque  d'Auguste.  On  continue  encore  à  cette  époque  à  construire 
hors  de  Rome  des  murs  de  briques  crues,  parietes  Uitericii.  —  »  Vitruv.  II.  8, 
17.  —  9  Sur  les  marbres  grecs  apportés  à  Rome,  voir  Bruiza,  Ann.  d.  Istit.  ar- 
eheol.  XLVll  (1870),  p.  106- S04:  Dubois,  El.  <suriadmm.  et  lexploU.  des  carrières 
dans  le  monde  romain.  On  continue  cependant  de  se  servir  pour  le  tos  œuvTe 
d«»  matériaux  d'autrefois.  Auguste  se  vantait  d'avoir  troové  une  ville  de  brique  cl 


construction  grecque  par  la  technique.  Les  Grecs  pré- 
fèrent la  construction  appareillée,  où  les  pierres  sont 
superposées  à  joints  vifs  ;  les  Romains  emploient  plus 
volontiers  la  maçonnerie  faite  de  petits  éléments  et  don- 
nent une  importance  spéciale  au  mortier  de  chaux, 
«  sorte  de  gangue  plastique,  propre  à  réunir  des  cailloux 
en  une  agglomération  artificielle»'"  i^mlrisj.  Les  Grecs 
disposent  les  éléments  de  la  construction  en  plates- 
bandes;  les  Romains  font  de  la  voûte  de  multiples 
applications  et  s'en  servent  couramment  pour  couvrir 
leurs  édifices  [forxix]. 

La  construction  romaine  diffère  encore  delà  construc- 
tion grecque  par  les  méthodes  de  travail  et  les  préoccu- 
pations di;  l'entrepreneur.  Les  Grecs  ont  su  donner  à 
tout  ce  qu'ils  faisaient  un  caractère  artistique  et  ont 
toujours  recherché  le  fini  de  l'exécution,  la  perfection 
du  travail.  Les  Romains,  plus  ingénieurs  qu'artistes, 
demandent  surtout  à  leurs  monuments  d'être  solides  et 
durables.  Ils  veulent  que  l'exécution  en  soit  aussi  facile, 
aussi  rapide,  aussi  peu  coûteuse  que  possible.  Ils 
recherchent  les  procédés  les  plus  simples  et  évitent  sys- 
tématiquement tout  ce  qui  n'est  que  provisoire,  tout  ce 
qui  peut  ralentir  le  travail,  tout  ce  qui  ne  mène  pas 
directement  au  but  qu'ils  ont  en  vue".  Ils  restreignent, 
autant  que  possible,  les  travaux  qui  exigeraient  des 
ouvriers  spécialisés  et  expérimentés  :  ils  peuvent,  pour 
leurs  constructions  simples  et  grossières,  se  contenter 
de  n'importe  quels  manœuvres;  les  corvées  de  provin- 
ciaux, les  légions  fourniront  par  tout  pays  une  main- 
d'œuvre  peu  habile,    mais  abondante  et  à  bon  marché. 

1°  La  construction  de  grand  appareil.  —  C'est  celle 
qui  rappelle  le  plus  la  construction  grecque.  Les  murs 
sont  faits  de  blocs  réguliers,  de  dimensions  à  peu  près 
constantes  (2  pieds  en  hauteur  et  en  profondeur  sur 
4  en  longueur),  disposés  en  assises  alternées  de  car- 
reaux et  de  boutisses.  A  l'époque  républicaine,  on  ne  se 
sert  que  des  pierres  du  pays,  tufs  calcaires  ou  volcani- 
ques, très  faciles  à  débiter  '-,  mais  peu  résistants,  par- 
fois gélifs  et  attaquables  même  par  la  pluie  ".  Sous 
l'Empire,  on  utilise  les  marbres  italiens  et  grecs  \marmorL 

Dans  les  constructions  les  plus  anciennes,  on  trouve 
parfois,  entre  deux  assises,  une  couche  de  mortier,  des- 
tinée non  à  lier  entre  eux  les  blocs,  mais  à  égaliser  les 
surfaces  de  joint  et  leslits".  Lorsqu'on  sutmieux  tailler 
la  pierre,  on  n'eut  plus  besoin  de  recourir  à  cet  expé- 
dient; sous  l'empire,  les  pierres  sont  à  joints  vifs  et 
scellées  le  plus  souvent'"  les  unes  aux  autres,  comme 
en  Grèce '^  par  des  goujons  el  des  crampons  de  métal 


den  avoir  laissé  une  de  marbre  (Suet.  Aug.  28);  toutefois  ses  architectes  construi- 
saient l'enceinte  du  forum  d'Auguste  en  gros  blocs  de  tuf  et  de  travertin, 
revêtus  d'un  placage  de  marbre  (Borsari.  Il  foro  d'.itignsto,p.  \0t).  —  10  Clioisy, 
.\rt  de  bâtir  chez  les  Rom.,  p.  115.  Auv  murs  de  pierre,  il  conviendrait  de 
joindre  les  murs  de  bois,  employés  dans  les  cloisons  cl  les  refends  (\'itruv.  Il, 
8};  la  construction,  qui  se  rapprocherait  plutôt  de  la  cliarpeute,  n'eu  présente 
aucun  caractère  spécial.  — U  Jttid.  p.  20.  —  12  Les  tufs  blanchâtres  de  l'Ombrie, 
du  Picenum,  de  la  Vénétie,  étaient  assez  tendres  pour  se  couper  à  la  scie, 
comme  du  bois,  Vitruv.  II.  7  ;  Piin.  H.  nal.  XXXVI,  +8.  —  13  Vitruv.  II,  7,  i-2. 
A  l'ompéi,  les  murs  anciens  sont  construits  en  gros  blocs  de  calcaire  ou  de  tuf 
(Overbeck-Mau,  Potnpei.  p.  500,  502)  ;  la  façade  d'une  maison  présente  un 
travail  extrêmement  soigné,  avec  des  moellons  de  tuf  soigneusement  encadrés 
lie  refends  ciselés  (/6irf.  p.  502).  —  U  par  exemple  au  temple  de  Jupiter  S'.ator, 
sur  le  Palatin,  ou  dans  le  mur  de  pépérin,  au  pied  du  Tabularium  (Middieton, 
Remains  of  anc.  Rome,  I,  p.  377,  lig.  48;  II,  p.  94,  llg.  61).  —  là  Us  pierres 
de  l'arc  de  Titus  ne  sont  pas  liées  par  des  scellements,  Valadicr,  Aarrazione 
artist.  deli  operato  finora  nel  ristauro  deli  arco  di  Tito.  Roma,  1812. 
—  i>i  Les  Étrusques  n'ont  pas  connu  l'usage  des  scelIcmeDts;  Cboisy,  Biat.  de 
larch.  I,  p.  514. 


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—  1543 


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noyés  dans  du  plomb  (lig.  66t}3).  Les  scellements  sont  en 
forme  de  I  ou  de  (-i[mirl'S,  lîg.  5197].    On  en   trouve 


Kig.  G665.  —  Procédés  de  sccllcmenls. 

aussi  en  queue  d'aronde,  faits  de  métal,  de  bois  ou 
même  de  marbre  ' . 

2°  La  construction  en  blocage.  —  La  construction 
appareillée  présentait  aux  yeux  des  Romains  l'inconvé- 
nieal  d'exiger  trop  de  soins  et  de  nécessiter  des  travail- 
leurs habiles,  tailleurs  de  pierre  et  maçons.  Aussi  lui 
préférait-on  la  construction  en  blocage,  sorte  de  matière 
plastique,  qui  s'élevait  au  gré  de  l'architecte,  sans  qu'il 
fallût  recourir  à  des  ouvriers  spéciaux. 

Les  éléments  dont  est  constilué  le  blocage  sont  de 
petites  dimensions,  éclats  de  pierre  ou  morceaux  de  bri- 
que. On  utilise  les  déchets  que  l'on  trouve  sur  placée 
On  emploie  même  des  vases  de  terre  cuite  hors  d'usage 
que  l'on  noie  dans  le  blocage  ^  La  liaison  de  tous  les 
éléments  est  assurée  par  le  mortier.  Tandis  que  les 
Grecs  n'ont,  sauf  de  rares  exceptions,  connu  que  le 
mortier  de  terre',  les  Romains  ont  employé  de  très 
bonne  heure  le  mortier  de  sable  et  de  chaux  ^  Four 
fabriquer  ce  mortier,  on  se  sert  soit  du  sable  «  fossile  », 
soit  du  sable  de  rivière,  soit  du  sable  marin.  On  pré- 
fère le  sable  «  fossile  »,  dont  il  existe  quatre  sortes, 
distinguées  par  la  couleur,  et  qui  est  sans  doute  une 
sorte  de  pouzzolane  [arena]  ;  il  a  l'avantage  de  sécher 
rapidement,  mais  il  doit  être  employé  dès  qu'il  est 
extrait  du  sol,  sinon  il  perd  ses  qualités.  Le  sable  marin 
est  long  à  sécher,  et  le  sel  qu'il  contient  détériore  les 
enduits  ;  aussi  vaut-il  mieux  le  lavera  grande  eau  avant 
de  l'utiliser.  Le  bon  sable  ne  doit  pas  contenir  de  terre  el 
se  reconnaît  à  ce  qu'il  crépite  lorsqu'il  est  frotté  dans  la 
main".  On  connaît  aussi  l'usage  de  la  pouzzolane,  qui 
donne  un  mortier  particulièrement  résistant  et  qu'on 
emploie  dans  les  constructions  élevées  sous  l'eau  ^  La 
chaux  est  fabriquée  avec  les  pierres  calcaires*.  Celles 
qu'on  extrait  des  carrières  donne  de  la  chaux  meilleure 
que  celles  qu'on  prend  sur  les  bords  des  fleuves  ".  La 
meilleure  chaux  provient  de  la  pierre  meulière'"  ;  celle 
qui  est  faite  avec  les  pierres  denses  et  dures  est  meilleure 

I  Choisy,  Art  de  'jàtir  chez  les  Rom.  p.  115.  Lorsque,  au  .\vi'  siècle,  on  déinolil 
une  partie  de  l'enceinli'  du  forum  d'Auguste,  on  retrouva  les  crampons  de  bois, 
laillés  en  iiucue  d'arondc,  qui  reliaient  les  pierres  entre  elles;  leur  état  de  con- 
servation était  remari|ualile  iBorsari,  Il  furo  d'Aniju$to,f.  40:).  l'Iiue  avait  signale 
Icicellence  des  bois  employés  à  la  construction  du  forum  d'Auguste  :  on  les  avait 
coupes  au>  époc|ues  où,  disait-on,  le  bois  se  conservait  le  mieux  (Plin.  Uist.  nal. 
XVI,  "V).  — 2A  Rome,  fragments  de  tuf,  de  travertin,  de  marlire  ;  à  Siniitlu  (Afrique), 
éclats  de  marbre  numidique,  Cagnat,  Exptor.  en  Tunisie,  \\,  p.  Itl9.  —  '■'Cbnisy, 
Op.  L,  p.  96-7.  —  l  Les  Romains  ont  également  usé  du  mortier  de  terre,  i|ui  est 
la  liaison  naturelle  pour  les  murs  en  briques  crues.  A  Pompéi,  on  trouve  couram- 
ment le  mortier  de  clikux  et  le  mortier  de  terre  (Overbeck-Mau,  Pompei,  p.  4'J0|. 
—  s  Voir  les  eiemples  donnés  plus  haut,  pour  les  substructioDS  du  Tabularium,  le 


et  utilisée  pour  la  construction  ;  celle  que  donnent  les 
pierres  poreuses  sert  pour  les  enduits  "  .  La  chaux 
devient  meilleure  à  mesure  qu'elle  vieillit  ;  d'anciennes 
lois  interdisaient  à  l'entrepreneur  d'employer  de  la 
chaux  qui  eût  moins  de  trois  ans'-.  Le  mortier  se  fait 
en  mélangeant  2  ou  3  parties  de  sable  pour  1  de  chaux. 
Lorsqu'on  emploie  du  sable  de  rivière  ou  du  sable  marin, 
on  peut  ajouter  de  la  brique  pilée  et  passée  au  tamis". 
Pour  la  construction  des  citernes,  on  prépare  le  mortier 
avec  3  parties  de  sable,  2  de  chaux  et  des  fragments  de 
silex".  On  verse  le  sable  et  la  chaux  dans  un  augel 
[iMORTARiUM,  LACus],  et  OU  gàchc  le  mortier  avec  un  outil 
fait  d'un  fer  recourbé  et  d'un  manche,  que  l'on  appelle 
ascia,  parce  qu'on  s'en  sert  comme  de  l'ascia  pour  le  bois 
ou  la  pierre  [ascia,  fig.  563,  564].  Pour  la  confection 
du  blocage,  le  mortier  est  étalé  à  la  pelle;  lorsqu'on 
veut  crépir  les  murailles,  on  se  sert  de  la  truelle'" 
[trulla]. 

Les  Romains  ne  mélangent  pas  à  l'avance  les  pierres 
et  le  mortier  pour  en  faire  un  béton,  qu'il  suffit  ensuite 
de  couler  dans  des  formes.  Ils  connaissent  pourtant  cette 
méthode  qu'ils  emploient  pour  les  monuments  cons- 
truits en  mer.  Mais,  pour  les  murs  ordinaires,  ils  esti- 
ment que  la  fabrication  du  béton  est  une  perle  de  lemps 
et  accroît  sans  profil  le  nombre  des  travailleurs.  Aussi 
évitent-ils  ce  surcroit  de  besogne  et  de  dépenses'*.  Le 
mortier  el  les  pierres  sont  posés  séparément  à  mesure 
que  la  bâtisse  avance.  Le  mélange  et  la  liaison  en  sont 
faits  selon  deux  procédés:  ou  bien  la  maçonnerie  est 
établie  par  compression  [fartura,  caementim],  ou  bien 
elle  est  établie  sans  compression,  par  lits  alternatifs  de 
mortier  et  de  moellons. 

La  maçonnerie  par  compression  s'exécute  entre  deux 
parois  rigides,  qui  constituent  comme  un  moule,  une 
forme,  où  le  blocage  est  versé  et  se  prend.  Entre  les  deux 
parois,  on  commence  par  étendre  une  épaisse  couche  de 
mortier,  puis  on  verse  à  la  pelle  des  fragments  de  pierre, 
de  façon  à  obtenir  une  seconde  couche  de  même  hauteur 
que  la  première.  On  soumet  le  tout  à  un  battage 
énergique,  sans  doute  avec  l'appareil  en  forme  de 
pilon,  appelé  fisti'ca  '''.  Pour  éviter  que  le  mortier 
n'adhère  aux  inslrumenls  ou  aux  pieds  des  travail- 
leurs, on  a  soin  de  saupoudrer  le  tout  de  poussière  de 
pierre  ". 

La  maçonnerie  par  compression  a  l'avantage  d'être 
aussi  simple  que  possible  et  peut  être  exécutée  par  n'im- 
porte quels  manoeuvres.  Mais  le  pilonnage  a  l'inconvé- 
nient d'exercer  de  fortes  poussées  latérales.  Si  l'on  veut 
y  avoir  recours,  il  faut  d'abord  établir  un  châssis  de  bois, 
capable  de  résister  aux  efl'orts.  C'est  ce  qu'on  fait  pour 
les  murs  de  larve,  foritiacei  mûri  [forma].  Mais  le  plus 
souvent  on  cherche  à  éviter  ces  travaux  supplémentaires, 
assez  difficiles  à  bien  exécuter,  el  on  réserve  l'emploi  de 


vieux  temple  de  Jupiter  Stator.  Le  mortier  de  ciiaiix  est  mentionne  dans  l'inscripliuri 
arciiaïque  de  Houzzoles,  Corp.  ii,scr.  lat.  I,  577.  —  6  Vilr.  Il,  4,  1-3  ;  Pallad.  I,  10. 

—  7  Vitr.  Il,  0,  i  ;  V,  12,  2;  Plin.  Hisl.  nal.  XXXV,  47.  —  «  Sur  rétablissement 
des  fours    à   cliaux,    Cat.  De   re    riist.    :)8.  —  9  Plin.   XXXVI,    53.  —  10    Ihid. 

—  11    Vilr.   Il,    5,  I;  Plin.    XXXVI,|d3;    Pallad.   1,    10.   -  12  Plin.  XXXVl,  45. 

—  13  Vilr.  Il,  6,  I  ;  Plin.  XXXVl,  54;  Pline  conseille  d'ajouter  la  brique 
pilée  dans  la  proporlicn  d'un  tiers.  —  H  Plin.  XXXVl,  52.  —  15  bliimner,  Op. 
L,  III,  p.  no,  fig.  7;  p.  183,  fig.  23.  —  1»  Choisy,  Op.  !..  p.  19.  —  n  Vilruve 
signale  l'emploi  de  la  fistnca  pour  pilonner  les  terres  meubles  où  l'on  veut  établir 
des  fondations,  III,  3,  1  ;  cf.  Cat.,  De  re  riist.  18;  Pline  conseille  de  pilonner 
le  fond  et  les  parois  des  citernes  avec  .les  masses  ferrées,  ferratae  vecles 
(ffi5<.  nat.  XXXVl,  53).  —   1»  Choisy,  Op.  L,  p.  13-14. 


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1544  — 


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la  maçonnerie  par  compression  aux  seuls  cas  où  l'on  dis- 
pose déjà  d'une  enceinte  très  résistante  pour  recevoir  le 
blocasc.  Lesarcliiteclesromainsréduisentcescasàdeux  : 


1°  entre  deux  parements  de  pierre'  ;  2°  dans  les  fonda- 
tions-. Le  premier  type  est  assez  fréquent  et  associe  à  un 
noyau  en  blocage  des  parements  de  pierres  appareillées  ^ 
Dans  les  parements,  on  fait  alterner  une  assise  de  car- 
reaux et  une  assise  soit  de  boutisses  seules,  soit  de  bou- 
lisses  et  de  carreaux  mélangés*.  Les  boutisses,  en  péné- 
trant dans  la  masse  du  blocage  (fig.  6666),  assurent  la 
liaison  des  deux  parties  du  mur,  sans  toutefois  morceler 
à  l'excès  le  mortier  puisqu'elles  ne  reparaissent  que  de 
deux  en  deux  assises.  La  maçonnerie  par  compression 
s'emploie  encore  dans  les  fondations.  On  creuse  une  tran- 
chée à  parois  verticales;  mais,  bien  que  ce  travail  soit 
facile  dans  les  tufs  qui  composent  le  sous-sol  de  Rome, 
on  est  souvent  obligé  de  soutenir  les  bords  de  la  tran- 
chée en  les  habillant  d'un  revêtement  de  planches  et  de 
poutres.  Des  traces  de  ce  blindage  se  voient  nettement 
dans  certaines  substructions  du  Palatine 

Dans  la  plupart  des  cas,  les  Romains  ont  recours  à  la 
maçonnerie  sans  compression,  au  blocage  ordinaire,  où 
alternent  régulièrement  un  lit  de  mortier  et  un  lit  de 
pierres.  Le  travail  est  presque  aussi  facile  et  marche 
aussi  rapidement  que  dans  la  maçonnerie  par  compres- 
sion. Une  équipe  d'ouvriers  répand  àla  pelle  une  couche 
de  mortier,  une  autre  équipe  pose  au  fur  et  à  mesure 
les  moellons  ;  on  se  sert  du  pilon  pour  renfoncer  les 
pierres  dans  le  mortier  et  établir  l'horizontalité  du  lit". 
L'épaisseur  de  la  couche  de  mortier  varie  selon  les  épo- 
ques: en  général,  plus  le  lit  est  mince,  plus  la  construc- 
tion est  ancienne  ;  au  m"  siècle,  dans  les  murs  de  brique, 
la  couche  de  mortier  est  plus  haute  que  la  brique  elle- 
même  \  Comme  dans  la  maçonnerie  par  compression, 
les  éléments  constitutifs  du  blocage  sont  de  petites 
dimensions.  Tandis  que  dans  notre  maçonnerie  moderne 
la  quantité  de  mortier  est  très  inférieure  à  celle  de  la 
pierre  de  taille,  dans  les  murs  romains  mortier  et  moel- 
lons sont  mélangés  à  peu  près  à  volume  égal.  Les  archi- 
tectes romains  voulaient  éviter  que  les  pierres,  souvent 
poreuses,  dont  ils  se  servaient,  absorbassent  aussitôt 
l'humidité  du  mortier  et,  en  le  desséchant,  ne  le  réduisis- 
sent en  une  poussière  incapable  d'assurer  la  liaison.  On 
prévenait  cet  inconvénient  en  augmentant  la  masse  du 


Vilr.  n. 


2   Vilr.    Vlll, 


3  On    lu 


«pic 


outre  somcnl  dans  les 
Scus,  Bull.  arch.  du 
eom.  des  trav.  kist.,  1903,  p.  2^5,  lig.  1,  —  S  Choisy,  (/p.  l,,  p.  112-3  fig.  65. 
—  ^  Jt/id.  p.  16,  fig.  i.  —  c  SoUlal  occupé  à  pilonner  une  assise  d'un  mur 
(FrùliDcr,  Col.  Trajan.  pi.  xi.i  ;  ustica,  fig.  3059).  —  ^  Lauciani,  The  ruin 
ofanc.  llom,pM.  —*  Vilr.  Il,  7    IV,  i.  —  9  Pour  les  types  de  revùtement  {opus 


mortier.  «  Les  murs  pénétrés  dans  toutes  leurs  parties  et 
comme  abreuvés  de  mortier  de  chaux  et  de  sable,  dit 
Vitruve,  se  conservent  plus  longtemps*.  » 

Dans  cette  maçonnerie  de  petits  éléments,  il  importe 
d'assurer  la  liaison  de  l'ensemble.  Or  les  murs,  construits 
sans  compression,  n'ont  pas  de  parements  où  les  bou- 
tisses puissent  jouer  ce  rôle.  Le  parement  n'est  qu'une 
enveloppe  protectrice,  un  revêtement  de  pierres  et  de 
briques  disposées  plus  ou  moins  régulièrement".  Pour 
liaisonner  le  blocage,  on  établit  à  divers  niveaux  des 
assises  isolées  de  très  grandes  briques.  Celles  dont 
Vitruve  recommande  l'emploi,  soit  carrées,  soit  oblon- 
gues,  ont  30  centimètres  environ  sur  leur  plus  grand 
côté".  Un   autre  procédé   de   liaisonnement  consiste  à 


t'ig.    0067.  —  Blocages  liés  par  des  madriers. 

introduire  dans  l'épaisseur  du  mur  des  pieux  de  bois; 
Vitruve  conseille  l'usage  des  pieux  d'olivier,  passés  au 
feu,  qui  sont  très  résistants  et  ne  se  corrompent  ni  dans 
la  terre,  ni  dans  l'eau".  On  peut  aussi  pour  cela  aban- 
donner dans  la  maçonnerie  les  traverses  des  échafauda- 
ges (fig.  6667)  :  au  lieu  de  les  retirer,  au  risque  d'ébranler 
la  construction,  on  les  scie  au  ras  du  mur  à  mesure 
qu'elles  deviennent  inutiles,  et  ces  poutres  en  formant 
soit  parpaings'-,  soit  boutisses '^  contribuent  à  lier 
les  divers  éléments  du  mur  ". 

La  maçonnerie  présente  toujours  un  aspect  grossier  et 
peu  artistique  ;  aussi  est-elle  masquée  soit  par  des  pla- 
cages de  marbre,  soit  par  des  stucs  peints  [tectoril'mI, 
ou  sculptés. 

3°  La  voûte.  — Pour  couvrir  leurs  édifices,  les  Romains 
ont  fréquemment  recours  à  la  charpente  ;  ils  inaugurent 
des  procédés  plus  perfectionnés  que  ceux  des  Grecs, 
comme  la  ferme  à  tirant,  et  savent  même  déjà  remplacer 
le  bois  par  le  métal '^  [tectum].  Mais  ils  ont  encore  un 
autre  système  de  couverture,  la  voùle,  dont  ils  semblent 
avoir  emprunté  le  principe  aux  Étrusques,  mais  dont  ils 
ont  beaucoup  étendu  l'emploi  [fornix].  Ils  usent  de  la 
voûte  en  berceau  pour  couvrir  les  surfacesrectangulaires, 
de  la  coupole  pour  les  surfaces  carrées  '".  Les  voûtes 
romaines   sont  construites  selon   deux    méthodes  :    ou 


incerlum,    reliciilalutn,  elc.),  v.   muiu-s.  —   m  Vilr.  Il,    3,    1-4;    l'Iin.    XXXV, 
49   fFiGLisu.M    opns].    —    11  Vitr.    I,    b,   3.    —  12  f.    ci.    à    la  villa   d'Iladricn. 

—  13   P.    ex.    dans    les    thermes   de   Caracalla.    —    t4  Choisy,    Art    de    bâtir 
clie:  les  Rom.,  p.  23-5,  fig.  7.  —  lô  Choisy,   Uist.   de  l'arch.   1,  p.  530,  533-4. 

—  16  Us  connaissent  également  la  voûte  d'arôte,  mais  évitent  autant  ijue  possible 
de  l'employer,  parce  qu'elle  est  plus  difficile  à  cODSlruire. 


STR 


—  1545  — 


STR 


bien  ce  sont  dos  voûtes  appareillées,  où  chaque  claveau 
doit  être  soigneusement  taillé  et  s'adapter  exactement 
aux  claveaux  voisins:  ou  bien  ce  sont  des  voûtes  non  ap- 
pareillées, construites  comme  les  murs,  par  concrétion, 
constituant  une  agglomération  de  cailloux  et  de  mortier, 
telle  que  «  la  voûte  fait  corps  avec  le  mur  et  les 
deux  ensemble  ne  sont  pour  ainsi  dire  qu'un  mono- 
lithe .)'. 

Le  problème  qui  se  pose  pour  la  construction  des 
voûtes  est  celui  du  cintrage,  c'est-à-dire  de  l'armature  de 
bois  qui  doit  soutenir  les  matériaux  pendant  la  cons- 
truction. Bien  que  les  voûtes  romaines  soient  faites 
autant  que  possible  de  pierres  légères  '\  elles  exercent 
une  pesée  qui  nécessite  l'établissement  de  cintres  solides 
et  indéformables.  En  particulier,  dans  les  voûtes  par 
concrétion,  qui  n'ont  pas  de  claveaux  appareillés,  la 
masse,  tant  qu'elle  n'est  pas  solidifiée,  repose  unique- 
ment sur  le  cintre,  dont  le  moindre  fléchissement  entraî- 
nerait des  ruptures  et  la  ruine  de  l'édifice^  Les  cintres 
sont  donc  nécessaires  et  doivent  être  établis  avec  le  plus 
grand  soin.  Mais  ce  sont  là,  précisément,  de  ces  ouvrages 
temporaires  qui  répugnent  à  l'esprit  pratique  des 
Romains  ;  ils  sont  difficiles  à  établir,  exigent  des  ouvriers 
spéciaux,  des  charpentiers  très  habiles  ;  ils  causent  une 
perte  de  temps  et  un  surcroit  de  dépense.  Aussi  la  préoc- 
cupation constante  des  architectes  romains  sera-t-elle 
d'échapper,  dans  la  mesure  du  possible,  à  «  la  sujétion 
des  cintres  provisoires  »  *. 

On  essaie  de  construire  les  petites  voûtes  sans  cintre. 
Dans  un  aqueduc  d'Eleusis  %  la  voûte  est  formée  de  trois 
briques  en  forme  de  secteur  circulaire  :  les  deux  pre- 
mières se  posent  facilement  à  la  naissance  de  la  voûte, 
et,  dès  que  le  mortier  en  assure  l'adhérence  aux  murs 
qui  les  portent,  la  troisième,  faisant  clef  de  voûte,  est 
posée  dans  l'intervalle  laissé  vide  (fig.  6668). 

Mais  ce  procédé  se  prête  à  de  trop  rares  emplois  ;  il 

faut  bien  en 
venir  au  cin- 
trage. On  en  re- 
tarde la  pose 
autant  que  pos- 
sible :  on  conti- 
^  nue   à  élever  le 

^  ;    YJ.i^''-'^         ■""!'  ^t  1"^  voûte 

direc  tement, 
Fig.  (iOGs.  -  Voùie  .lo  bii.iiics.  aussi  longtemps 

que  la  résistance 
du  mortier  peut  contrebalancer  la  pesanteur  et  que  les 
pierres  restent  en  surplomb  sans  tomber  fùrnix].  Au  Pont 
du  Gard,  on  ne  cintre  que  la  partie  haute  de  la  voûte,  et 
l'on  dispose  à  certaine  hauteur  des  voussoirs  saillants 
pour  recevoir  le  cintrage*.  On  réduit  au  minimum  la 
charpente  du  cintre  ''.  El  surtout,  on  établit  rapide- 
ment une  arinature  faite  d'arcs  de  pierre  ou  de  brique, 
qui  formeront   comme  la  carcasse  de  la  voûte,  et  sup- 

f  Choisy,  tlist.  d.  l'arch.,  I,  p.  521.  —  2  p.  ex.  la  pierre  ponce,  <|ue  l'on  Irouvc 
daoslesvoùlcs  des  Ihermes  de  Subies  à  Poropéi  (Ovcrbeck-Mau, /"omp^i,  p.  +!i(ii. 

—  -^  La  maçonnerie  des  voùi.es  n"esl  jamais  établie  par  compression  ;  car  le  pilonnage 
énergique  que  nécessite  ce  procédé  aiigmenlerail  encore  la  poussée  de  la  voùle  vers 
le  cinlre.  —  '  Clioisy,  Art  de  bàlir  chez  tes  Ilom.  p.  39.  —  5  Iliid.  p.  «1,  fig.  nj. 

—  6  Ibid.  p.  liT,  (ig.  77.  — 7  .Nous  n'avons  pas  de  documents  sur  la  façon  doul 
élail  établie  la  cliarpenle  des  cintres,  et  nous  devons  la  conjecturer  par  l'exauien 
de  la  voùle  elie-niême.  (>boisy  rappelle  plusieurs  procédés  presque  ruilimcntaires, 
employés  aujourd'liui  en  Italie  ou  dans  le  midi  de  la  France,  où  il  voit,  non  sans 
vraisemblance,  la  survivance  d'usages  romains  'tonNrxJ.  —  SJd.  yjst   de  l'arch 

VIII. 


SiJ:-^ 


pléeronl  aux  cintres  de  bois  en  soutenant  eu.x-mèmes  la 
masse  de  la  voûte  et  en  empêchant  la  maçonnerie  de 
peser  sur  la  char- 


■^:::IZ 


WS^"1 


.^rr 


// 


Fig.  6069,  —  Voûte  à  arceaux. 


penteprovisoire. 
Ce  procédé  est 
employé  dans  les 
voûtes  appareil- 
lées. Au  Pont  du 
Gard,  la  voûte  est 
formée  d'arceaux 
étroits  juxtapo- 
sés  :    on   a  pu, 

pour  chaque  tronçon,  ou  bien  réemployer  successivement 
le  même  cintre*,  ou  plutôt  réduire  le  cintrage  à  des  fermes 
posées  au  joint  entre  deux  arceaux,  de  façon  que  chaque 
claveau  s'appuie  directement  par  ses  deux  extrémités  sur 
deux  fermes  successives  ^  Une  simplification  consiste  à 
espacer  les  arceaux,  qui  jouent  alors  le  rôle  de  nervures 
et  supportent  des  dalles  clavées  (fig.  6669;  voy.  for.mx, 
fig.  3224,  3223)  '°. 

Le  même  procédé  est  plus  utile  encore  et  plus  souvent 
employé  dans  les  voûtes  par  concrétion.  L'ossature  en 
est  constituée  par  des  arcs  de  brique  dont  les  joints  sont 
convergents,  comme  dans  une  voûte  appareillée,  tandis 
que  la  maçonnerie  de  remplissage  est  établie,  comme 
dans  les  murs,  par  lits  horizontaux  ".  Ce  système  avait 
le  double  avantage  de  soulager  les  cintres  de  bois  et  de 
simplifier  le  travail  :  seuls  les  arcs  nécessitaient  l'em- 
ploi d'ouvriers  habiles,  le  corps  de  la  voûte  pouvait 
être  exécuté  par  les  mêmes  manœuvres  que  les  sim- 
ples murailles.  L'armature  la  plus  complète  consiste 
en  une  séries  d'arcs,  espacés  de  deux  pieds  d'axe 
en  axe,  et  reliés  deux  à  deux  par  de  grandes  briques 
carrées'-.  Par  économie  on  en  vient  à  substituer  au 
réseau  continu  de  simples  nervures  engagées  dans  la 
maçonnerie  ". 

Un  autre  procédé  consiste  à  constituer  une  armature 
ininterrompue  avec  des  briques  de  grand  échantillon, 
(de  0  m.  43  à  0  m.  60  de  côté),  posées  à  plat,  et  formant 
comme  un  dallage  courbe".  Sur  les  fermes  du  cintre, 
on  cloue  des  tringles  espacées  selon  la  dimension  des 
briques,  et  on  y  pose  le  dallage  à  grands  carreaux '°.  On 
peut  même  se  dispenser  du  cintrage  et  exécuter  le  tra- 
vail directement  dans  le  vide  :  on  commence  par  les 
quatre  coins  et  on  avance  par  redans,  de  façon  que  cha- 
que brique  se  trouve  toujours  maintenue  par  deux  côtés 
aux  briques  déjà  posées".  On  se  sert  pour  sceller  les 
briques  d'excellent  plâtre  ou  d'un  mortier  à  prise  rapide. 
On  double  le  dallage  d'une  seconde  enveloppe  sembla- 
ble en  briques  de  plus  petites  dimensions,  soudées  aux 
premières  par  un  lit  de  plâtre  ou  de  mortier.  Dans 
l'épaisseur  de  ce  carrelage,  on  fiche  d'autres  briques 
debout,  qui  pénètrent  dans  le  blocage  et  assurent  la  liai- 
son entre  le  dallage  et  la  maçonnerie  ''. 

Outre  les  voûtes  de  maçonnerie,  les  Romains  construi- 

1,  p.  616.  —  'J  Id.  Art  de  bâtir  chez  les  Rom.  p.  Iî9,  Hg.  80.  —  lO  Par  exemple 
au£  «  bains  de  Diane  ..  de  Mmes  (/rf.  Art  de  bâtir  chez  les  Bom.,  p.  130, 
lig.  81),  dans  un  aqueduc  entre  Conslantine  el  Biskra  Ud.,  Hist.  de  l'arch. ^\^ 
p.  517).  On  peut  comparer  ce  système  à  celui  du  moyen  âge,  à  la  croisée 
d'ogives,  par  exemple,  où  les  arcs  forment  un  réseau  de  nervures  sur  lesquelles 
reposent  simplement  des  carreaux  légers.  —  U  Id.  Art  de  bâtir  chez  tes 
Rom.   p.     34,    fig.     8.    —   12     md.,  p.    47,     Gg.    IS;   pi.    l.   —    '3   Ibid.  p.    49. 

—  "  Par  exemple  au  cirque  de  Maxence.  Ibid.,  pi.  iv,  lig.  I.  —  '5  Ibid.,  p.  63. 

—  16  Cboisy,  Hist.  de  larch.,  I,  p.  5S5,  fig.  Il  C.  —  <7  Id.,  Art  de  bàlir  chez 
les  Rom.,  p.  60-63, 

194 


STU  —  lSi6 

sent  dos  voûtes  légères  où  la  carcasse  est  faite  soit  de 
solives  réunies  par  des  lits  de  roseaux*,  soit  de  bandes 
et  d'arceaux  de  métal-,  et  recouverte  ensuite  de  mortier 
ou  de  stuc  'camahaI.  A.  Jardk. 

STRri'PLiS,  STnOPPlTS(du  grecdToôio;).  —I. Cordon, 
lacs,  bandeau.  Tel  le  bandeau,  simple  ou  garni  de 
feuillages  et  de  fleurs,  dont  on  se  couronnait  dans  les 
cérémonies,  et  les  faisceaux  qui  remplaçaient  dans  le 
lectisterneles  tètes  des  dieux  [lectistermlm,  p.  1010  ets.J  ' . 

II.  Le  même  mol  désignait  une  courroie  servant  aux 
porteurs  d'une  litière  [lectica]  ^  et  sans  doute  encore 
d'autres  fardeaux  [sarcina,  fig.  6097]. 

On  le  trouve  aussi  appliqué  à  la  corde  qui  attache  un 
aviron  àsonlolet\  E.  Saglio. 

STruilS  (.\).  — Il  est  probable  que  les  citoyens  riches 
et  instruits  de  Rome  avaient  des  esclaves  chargés  de  faire 
pour  leur  compte  des  recherches  dans  les  bibliothèques, 
sur  des  points  de  droit,  de  science  ou  de  littérature  '  ; 
mais  de  ces  studia  privés  aucun  souvenir  n'est  parvenu 
jusqu'à  nous,  et  nous  n'avons  qu'une  idée  assez  vague 
d'un  service  de  ce  genre  auprès  de  l'Empereur^. 

Le  cabinet  du  prince  s'est  formé  et  agrandi  peu  à  peu  •. 
la  plupart  des  charges  qui  en  dépendaient  se  trouvent 
constituées  sous  Claude  ;  au  début  de  son  règne 
apparaît  Va  studiis;le  premier  qui  porta  ce  titre  fut 
un  de  ses  affranchis,  Polybe,  ce  lettré  à  qui  Sénèque, 
vers  43-44,  adressa  une  consolatio^.  Il  semble  qu'il  ait 
eu  en  même  temps  les  fonctions  d'à  libellis  [libellvs], 
c'est-à-dire  le  devoir  d'examiner  les  pétitions  adressées  à 
l'Empereur  par  des  particuliers  ;  ou  bien  peut-être  y  eut- 
il  d'abord  combinaison  des  deux  emplois,  plus  tard 
séparés.  Suétone  '',  en  effet,  ne  donne  à  Polybe  que  le  pre- 
mier titre;  au  moment  donc  oîi  fut  rédigé  le  document 
qui  a  servi  de  source  à  l'historien,  a  sl.udiis  était  son 
seul  titre  officiel,  et  dans  le  jeu  de  mots  de  Sénèque^:  ut 
te  velitabducere  ab  occcupationibus  tuis,  id  est  a  studio 
et  a  Caesare,  le  mot  studio,  venant  avant  Caesare,  ne 
peut  faire  allusion  aux  études  personnelles  de  l'affran- 
chi. Ailleurs  ^  Sénèque  mentionne  au  contraire  surtout 
les  libelli  à  examiner  et  à  classer.  Polybe,  mis  à  mort 
en  47,  eut  pour  successeur  Calliste,  qui  peut-être  aussi, 
d'après  lépitre  dédicatoire  de  Scribonius  Largus^  réunit 
les  attributions  de  Va  sludiis  et  de  Va  /ibelli.s.  Celles-ci, 
en  tout  cas,  furent  ensuite  distinctes. 

L'a  sludiis  était  une  sorte  de  conseiller  du  prince,  non 
point  tant  dans  ses  travaux  littéraires  ou  philosopliiques 
que  dans  son  activité  administrative  et  juridique,  pour 
laquelle  il  le  documentait.  Aussi  Hadrien  mit  à  ce  poste 
(Èict  Traioeiaç)  le  savant  L.  Julius  Vestinus,  d'abord  direc- 

1   Vjlr.  VII,   2,    i;   8,  1-3;    Pallad.,    1,    13;  Cic.    Atl.   0"i"t-  /'■■    III,     I,    I- 

—  2  Vitr.,  V,  10,3  ;  l'alla.1.  I,  10. 
STBUI'I'US,  STROPPUS.  1  Fcst.  p.  313  :  Stroppus  est,  ut  Attcius  Philologus 

existiinat,  guod  ijraecc  azii^m-r  vocatur^  aut  (/uod  pro  insigni  liabent  in  capite. 
Quidam  coronam  esse  dicuni  aut  ijitod  pro  cofona  insigne  in  caput  imponatur, 
quale  sit  strophium.  llaque  apud  Faliscos  diem  festunt  esse^  q'ii  vocatur  strup- 
pearia,  quia  coronati  ambulant  et  a  Tusculanis,  quod  in  pulvinari  imponatur 
Castoris  struppum  cocaii.  l'Iiil.  U.  nat.  XXI,  3,  cf.  Pollux.  VlU,  94.  —  SGraccli. 
ap.  Gell.  X.  3.  —3  Liv.  Aiidroii.  ap.  Isid.  Or.  XIX,  4,  2;  cf.  Ricli,  Dict.  des  Antiq., 
s.  r.  Slnippus. 

STUDII.S(A.).  <  De  mime  dans  l'induslrie  du  livre  ;  cf.  K.  Dziatzko,  L'ntersuch. 
iber  ausf/ew.  Knpitel  des  antik.  Buchwesens,  Leipzig,  1900,  p.  161.  —  2  Fried- 
làndcr,  Sittengesch.  Itoms^,  III  (1890),  p.  139.  —  3  M.  1  (18S8),  p.  106-109,  177 
sq.  -  i  Claud.  ix.  —  '•>  Cons.  ad  Pol.  V,  2.  -  6  Ibid.  VI,  4.  —  T  F.  Bûclicler, 
HUein.  Mus.  XXXVll  (1882),  p.  327  s<|.;  cf.  les  doutes  espiiinés  par  Fricdiander, 
loc.  cit.  —    8   Corp.  inscr.    graec.   5900;    Kaibel,   Jnscr.    gr.   Sic.     It.    10S5. 

—  9  Epigr.  V,  5.  —  1»  Friedliinder,  Op.  cit.  1,  p.  lO'l.  Mommscn  (ap.  Harnack, 
Texte  und  Vntersiichungen,  N.  F.  IX,  3  (19031,  p.  111  sq.)  place  sous  le  coulrôle 


STU 

teur  du  musée  d'Alexandrie,  bibliothécaire  en  chef  et 
secrétaire  du  cabinet  grec  de  l'Empereur'  ;  de  même  le 
Sextus  auquel  s'adresse  Martial'  paraît  avoir  cumulé  la 
direction  de  la  bibliothèque  Palatine  et  les  fonctions 
d'«  sludiis  pour  Domitien  '".  U  fallait  à  l'Empereur  un 
auxiliaire  au  courant  des  publications  littéraires  ou 
scientifiques,  et  pouvant  indiquer  l'opinion  des  auteurs 
sur  la  question  à  résoudre",  notamment  en  matière 
religieuse  :  un  haruspice  devint  magisler  a  studiis'"^. 
On  comprend  que  les  Grecs  soient  nombreux  dans  ce 
groupe  d'agents-secrétaires.  Au  i"  siècle,  on  les  prend 
parmi  les  affranchis  ''  ;  la  charge  est  déjà  assez  absor- 
bante pour  qu'on  voie  apparaître  un  proximus  a  studiis 
avec  son  ofpcium  '*.  Mais  là  comme  pour  tout  le  reste  de 
son  cabinet,  Hadrien  donna  un  privilège  à  l'ordre 
équestre  '^.  Au  m"  siècle,  l'a  studiis,  pareillement  à 
l'a  cognilionibus,  devient  un  PR0CURAT0R'^  et  plus  tard 
il  prend  régulièrement  la  qualification  de  mar/ister  ''  ; 
ses  appointementsatteignaientprobablement  200000  ses- 
terces :  ce  grade  figure  dans  un  cursus  honorum  '*,  après 
celui  de  proc  ducenarius  stalionis  hereditatium,  et, 
bien  qu'inférieur  à  celui  d'à  cog?iitionibus'^,  il  devait 
être  trop  élevé  pour  un  simple  centenarius.  Par  excep- 
tion, on  le  trouve  cumulé  avec  la  fonction  d'à  consi- 
fiis^".  Au  début  de  sa  carrière,  sous  Dioclétien,  Caelius 
Saturninus  est  dit  sr.ragenarius  studiorum  adjutor-', 
et  c'est  bien,  semble-til,  la  dernière  trace--  laissée  par 
ce  service  des  studia,  qu'aura  supprimé  la  réforme 
conslantinienne.  Plus  tard,  en  362,  la  formule  magistri 
studiorum  doctoresque-'  désigne  simplement  des  pro- 
fesseurs-'. On  a  supposé  -^  que  l'a  memoria  dérivait  de 
de  Va  studiis  ;  mais  les  deux  fonctionnaires  se  rencon- 
trent simultanément,  et  leurs  deux  titres  ne  supposent 
pas  le  même  genre  de  travail'-'*.  Victor  Chapot. 

STULTORL'M   FER1.\E  |  forxacalia]. 

STL'PP.\.  Étoupe  [li.nlm,  p.  1263]  '. 

STUPPATOR     {ST-UTlTIStOTTwXTjÇ,       (ÏTUTITIIÛTIOIÔ;,     (jTÛïTTta?), 

marchand  d'étoupe'.  — Il  fournissait  la  matière  néces- 
saireàla  fabrication  des  cordes [restiarius]  etsansdoute 
lui  donnait  la  première  façon-,  qui  consistait  surtout  à 
battre  et  à  peigner  le  lin  [linuaiJ  et  le  chanvre.  Peut- 
être  même  faisait-il  quelquefois  le  premier  fil,  dit  «  fil 
de  caret  »  ;  Pollux  en  effet  mentionne  un  appareil  de 
filage,  que  les  s/ayj/ja/o/vs  appelaient  «  le  vieux  »  (yÉpiov)  ; 
c'était  une  colonnette  i'xiôviov)  de  bois,  ayant  la  forme 
d'un  hermès  à  quatre  faces  et  surmontée  d'une  tête  de 
vieillard.  L'ouvrier  s'en  servait  «  pour  filer  l'étoupe  qu'il 
y  avait  suspendue.  »  Nous  n'avons  aucune  idée  du  rôle 
que  jouait  cet  appareil  dans  la  fabrication  du  fil  (cf.  res- 

clc  la  studiis  les  bibliollièques  impériales  non  publiques  ;  mais  lexislencc  miîuie  de 
celles  ci  est  assez  douleuse.  —  >'  Gell.  Noct.  att.  111,  10;  Lamprid.  Alex.  Sev. 
10,  3.  Alexandre  Sévfrc  rechercliait  ce  qu'avaient  di!cidé,  dans  des  cas  analogues, 
ses  prédécesseurs  ou  les  souverains  élraugers.   —  J2  Corp.  inscr.   tat.  X,  4721. 

—  13  Ibid.  VI,  8636.  —  Il  Jbid.  837.  —  15  /*.  XIII,  1779.  —  16  74.  VIII.  1 1  340, 
18  909  :  procurator  ad  studia;  VI,  3839  =  31776.  —  17  Jb.  VI,  1608;  X, 
47J1.    _    )S    /b.    X,    4721.   —    1"/*.  V,  8972.    —  20  Cf.    note    19.   —  ,21  /é.    VI, 

1704.  22  Dans  un  document  de  338  {Cod.  Theod.  XII,  I,  20),  la  leçon  magistri 

studiorum    est    à   corriger   en  seriniorum,    d'après  l'opinion   la  plus   rfpiindue. 

—  23  f.  Th.  XIII,  3,  6.  —  2V  Mommsen,  .Vemor.  d.  Istituto,  Il   (1805),  p.  329. 

2.Ï  Id.  ap.  Harnack,  Texte  und  Untersuch.  loc.  cit.  p.  112.  —  26  Friedliiuder, 

Op.  cit.  I,  p.  100,  note  5.  —  Bibe  ioubapuie.  Éd.  Cuq,  Mém.  sur  le  consilium 
principis  (.Uem.  Acad.  des  Inscr.  Saxi.  étr.  1-  Sér.  IX,  i  [(1884),  p.  171-173)  ; 
0.  Hirsclifeld, />ie  A-aisei/icAm  \erwaltunijsbeamten  bis  anf  Diocletian,  Berlin, 
190"),  p.  332-334. 

STL'PPA.  .^jouter  l'arl.  usvsi  dans  la  Hcal-EncyclujiûUie  de  Pauly-Wissowa. 
STUPPATOR.  1  Arisloph.   h'qu.    129;  Poil.   VII.  72.  —   2  Poil.  (.  c.    l'appelle 
Ttyvi'tiis. 


STU 


—  1347  — 


STi^ 


TiARiis)  '.  LessUippalores  formaient  à  Ostie  une  corpora- 
tion, qui  semble  avoir  eu  beaucoup  d'importance.  On 
les  a  pris,  tantôt  pour  des  calfats,  tantôt  pour  des  mar- 
chands en  gros,  tantôt  pour  des  cordiers.  Il  est  assez 
probable  que,  sans  fabriquer  eux-mêmes  les  cordes,  ils 
centralisaient  dans  leurs  entrepôts  et  apprêtaient 
l'étoupe,  dont  le  port  d'Ostie  devait  faire  une  très  grande 
consommation  -.     G.  Lafaye. 

STUPRl'M.  —  En  droit  romain,  ce  mot  désigne  au 
sens  large  le  commerce  illicite  avec  une  personne  de  l'un 
ou  de  l'autre  sexe,  et  en  ce  sens  il  comprend  même 
l'adultère,  auquel  plus  lard  il  s'opposa;  au  sens  étroit 
les  rapports  illicites  avec  une  fille  ou  une  veuve  de  vie 
honorable,  ou  avec  une  personne  du  sexe  masculin  '. 

I.  Stuprun  cum  feminis. —  Sous  la  République,  ce 
délit  commis  par  une  fille  ou  veuve  de  vie  honorable,  à 
l'exclusion  des  courtisanes, des  esclaves  et  des  affranchies, 
pouvait  être  puni  par  le  tribunal  domestique,  même  de 
mort  -  ;  le  complice  mâle,  qu'il  fût  ou  non  marié,  pouvait 
aussi  être  condamné  par  son  tribunal  domestique,  s'il 
était  sous  la  puissance  paternelle,  ou  par  le  peuple,  sur 
la  poursuite  des  édiles  ^,  ou  en  cas  d'attentat  à  la 
pudeur  sur  une  inalerfamilias  ou  un  enfant*,  considéré 
comme  une  injure,  être  l'objet  d'une  action  pénale  privée 
comportant  une  condamnation  pécuniaire.  En  18  avant 
J.-C,  laloi  d'Auguste  atteignit  le  stupruin  comme  l'adul- 
tère Iadulterrm].  Elle  épargne  encore  le  concubinat  et 
les  relations  avec  les  courtisanes  et  les  femmes  de  con- 
dition vile,  esclaves,  affranchies,  comédiennes^,  tout  en 
laissant  subsister  l'action  que  le  maître  peut  exercer  pour 
injure,  dommage  ou  corruption  de  son  esclave"  ;  elle 
traite  comme  sluprum  les  relations  entre  fiancés"  ;  elle 
exige  les  mêmes  conditions  que  pour  l'adultère,  inten- 
tion délictueuse,  consommation  de  l'acte;  elle  assimile  au 
délit  principal  la  complicité  [lexocinicm]  ;  elle  fixe  le 
délai  de  cinq  ans  à  partir  du  délit  pour  l'extinction  de 
l'action  '.  La  peine,  qui  atteint  également  les  deux  délin- 
quants, est  la  rélégation  et  la  confiscation  de  la  moitié 
du  patrimoine,  la  correction  corporelle  pour  les  per- 
sonnes de  basse  condition,  et  dans  tous  les  cas  l'in- 
famie''; des  circonstances  aggravantes,  telles  que  la 
corruption  d'une  fille  impubère,  d'une  pupille  par  son 
tuteur,  amènent  des  peines  encore  plus  sévères  '".   Au 


Bas-Empire  la  peine  est  la  mort,  nlie  stupruin  est  excepté 
des  amnisties  comme  l'adultère". 

II.  Sluprum  cum  moxcu/is.  —  La  pédérastie  '-,  vice 
très  répandu  à  Home  de  bonne  heure  '\  et  surtout  à  la 
fin  de  la  République"  et  sous  l'Empire'",  dans  les  plus 
hautes  classes  de  la  société,  fut  immédiatement  l'objet 
d'une  répression  sévère,  soit  devant  le  tribunal  domes- 
tique qui  infiigeait  la  peine  du  fouet  "^,  soitsous  laforme 
d'une  action  publique  de  violence  et  d'une  action  privée 
d'injure,  soit  devant  le  peuple,  sur  la  poursuite  des 
édiles  qui  demandaient  la  mort  ou  des  amendes,  ou  des 
peines  infamantes '\  Ce  crime  pouvait  aussi  entraîner 
l'expulsion  du  sénat'*.  A  la  fin  de  la  République  une  loi 
Scalinia  ou  Scantinia,  de  date  inconnue,  mais  antérieure 
à  Cicéron,  le  frappa  d'une  amende  de  10000  sesterces", 
peut-être  sous  la  forme  d'une  action  populaire  devant  le 
tribunal  civil.  La  pédérastie  ne  paraît  pas  avoir  été  visée 
directement  par  la  législation  d'Auguste'-"  ;  mais  dans  la 
suite  les  pénalités  furent  aggravées;  il  y  eut  la  peine  de 
mort  contre  la  corruption  d'un  jeune  garçon  libre,  contre 
la  violence  exercée  sur  un  homme  ;  la  déportation  dans 
une  île  contre  la  simple  tentative,  la  confiscation  de  la 
moitié  des  biens  contre  le  patient  volontaire  '-' .  Alexandre 
Sévère  et  Philippe  tentèrent  vainement  de  supprimer  la 
prostitution  publique  des  exoleti  -^  Les  empereurs  chré- 
tiens poursuivirent  la  pédérastie  avec  une  extrême 
rigueur.  Constance  et  ses  successeurs  prescrivirent  la 
mort  contre  les  patients,  Justinien  contre  tous  les 
coupables '^^ 

III  Viol.  —  Ce  crime  fut  d'abord  puni,  d'après  le  droit 
commun,  tantôt  comme  une  injure,  tantôt  comme  une 
violence  [injiria,  vis]-*.  Laloi  Julia  sur  l'adultère  ne  le 
punit  pas  spécialement,  mais  décida  que  la  femme  vio- 
lentée ne  devait  pas  être  considérée  comme  adultère-^ 
L'auteur  du  viol  tomba  sous  le  coup  de  la  loi  Julia  de  vi 
pub/ica,  mais  put  aussi  être  puni  extraordinairement 
dans  le  cas  d'attentat  à  la  pudeur  sur  homme  libre-'. 
Pour  l'enlèvement,  voir  l'article  baptl's.  Ch.  Lecrivain. 
STYLIS  (StuXi;),  —  Ce  mot, dont  le  sens  ordinaire  est 
petite  colonne  [columna,  pila],  est  devenu  le  nom  d'un 
petit  mat,  dressé  sur  la  poupe  des  navires  grecs'.  Son 
rôle  primitif  consiste  à  servir  de  support  aux  aphlasta, 
[aplustreI,  mais,  de  bonne  heure,  on  parait  avoir  pris 


I  Poil.  VII,  73;  Slob.  Floril.  LXXXVili,  6  :  Bliimncr,  Technol.  ii.  Terminol.  il. 
Gewerbe  u.  Aùnste  bei  Gr.  ti.  J1.  I,  p.  180,  183.  V.  surlout  p.  182,  note  6. 
-  2  Corp.  inscr.  lut.  XIV,  44,  257  et  aussi  287  (7)  Pcul-dire  lin^cr.  de  Rome, 
Ibid.  VI,  îiH?,  vient-elle  d'Ostie:  Waltzing,  Corpor.  pTofessionneites  chez  les 
Rom.  t.  IV,  p.  «. 

STUPRUM.  1  Festns,  s.  h.  «.;  Non.  Marc,  lï,  «;  Isidor.  15,  i6  ;  Dig.  48,  5, 
34,35  :  50,  16,  101.  —  2  Suel.  .\ug.  55;  Val.  Maj.  6,  1,  3.  6;  Plut.  Paraît.  27; 
Plaut.  Ciircul.  I,  1,  25  ;  JUercat.  4,  6,  1.  —  3  l.iv.  8,  22  ;  10,  31  ;  25,  2  ;  Val. 
Max.  8,  1,7'J  (amendes  et  exil).  —  *  Gai.  3,  220;  Dig.  47, 10, 10. —  ô  Tac.  Ann.  2, 
85  ;  Suet.  iVer.  26;  Gell.  9,  2:  Hor.  Sut.  I,  2,  47;  Augustin.  Serai.  153,  5; 
HierOD.  Ep.  84;  Dig.  23,  2,  43  pr.  §  1-3;  48,  5,  13,  2;  47,  10,  13,  15;  25,  7; 
Cod.Jutt.  9,  9,  29;  Imt.  1,  10,  13.—  6  Dig.  47,  10,  9,  4  ;  H,  3,  2,  4,  9;  I,  18,  21. 
Plus  lard  il  y  a  même,  en  ce  cas,  poursuite  criminelle  contre  les  décurions  (C.  Th. 
6,  23,  6).  —  7  Le  mariage  du  Gis  avec  la  concubine  du  père  passe  aussi  plus  lard 
pour  sluprum,  ainsi  que  le  mariage  d'uu  rouclionnaire  supérieur  avec  uue  femme 
de  sa  province  iC.Just.  5,  i,  4;  Oig.  23,  2,  ti3  ;  24,  1,3,  1).  —  ^  Dig.  48.  5,  12, 
4:  48,  18,  1.  10;  48,  3,  30,  5-8;  C.  Just.  9.9,  27.  —  ^  Jn.it.  4.  18,  4;  Paul.  .Sent. 
2,  26,  13;   f.  Jual.  9.  9,  18,  20;    Collât.  3.  2  ;  Dig.  23,  2,  43  g  12.  —  10  Dig.  48, 

19,  38  I  3  ;  48,  5.7;  C.  Just.  9.  Il,  I  ;  Paul.  Sent.  5,  4,  14.  —  "  C.  J h.  9,  7,  2; 
9,  38,  7,  8  :  Insl.  4,  8.  14;  Non.  13V,  10.  —  12  Appellations  du  prostitué  masculin  : 
pellex.  bimarilus,  exoletus  (Paul.  Diac.  s.  r.  pellices,  intercutem  ;  Cic.  Pro  Plane. 

12;  Priscian.  6,  p.  719).  —  13  Dionys.  7,  2.  —  U  Gell.  7,  12;   Liv.  39,  13;  Cic.  pro 

Sest.7,  8,9;  Pro  Jtabir.perd.  3;  Phil.  2,  18;  13,9;  Pro  rerf.  i;Pro  dom.  24,  28; 

l'Iul.  Apoph.  rom.  Cic.  4;  SgtI.  2;  Suet.   Caes.  2,  22,49,  ;i2  ;  Oct.  68,  83;  Dio. 

Cass.  43,  20;  Catull.  29,57.  —  15  Suet.  Tib.  43;  Gai.  36;  Claud.  29;  Oth.i; 

Vitell.  12  ;  Dom.  8  ;  Tac.  4nn.  4,  1  ;  5,  3  ;  6,  5  ;  1 1,  36  ;  I  5,  37  ;  Senec.  IJuaest. 


nat.  I,  10;  Cons.  ad  Marc.  17;  Dio.  Cass.  59,  U;  63,  13;  68,  7;  77,  iO  ;  79,  3, 
13-16;  Vit.  Hadr.  2,  U  ;  Ver.  3;  Macr.  4;  Commoi.  3,  10;  Reliog.  5,  10,  12, 
20  ;  Herodian.  1,  16:  3,  10;  Cyprian.  Ep.  1,  10  ;  Lactant.  De  mort.  3,  9  ;  6,  23  ; 
Auson.  Epig.  90:  Salv.  Deg«b.  Dei.-,  19.— I6  Polyb.  6,37,  9.  Il  y  ala  mort  dans 
Val.  Mai.  6,  1,  3.  — "  Val.  .Max.  6,  1,3,  9;  Diouys.  16,8,  9;  Plut.  J/arc.  2;  Liv. 
8,  28  ;  Sext.  Emp.  Hypot.  I,  152.  —  '8  Liv.  39.  42  ;  Plut.  Cat.  mnj.  17  ;  Flam.  19. 
—  10  Cic.  4d  div.  8,  12,  14  ;  Phil.  3,  6:  Ad  Quint.  2,  13:  Suet.  Dom.  8;  Juv.  2, 
29;3,44;  Tertull.  De  mono/.  12;  Ka^ou.  Epigr.  89;  Prudent.  Perist.  10,204; 
Quintil.  4,  2,  69;  7,  4,  42  ;  Scnec.  Contr.  4  pr.  I.  —  20Cependaut  à  Dig.  48,  5,  8 
pr.,  celui  qui  prèle  sa  maison  pour  le  stunrum  d'un  jeune  garçon  libre  encourt  la 
mdme  peine  que  le  fauteur  de  l'adultère.  —  21  Paul.  Sent.  3,  4,  14;  Inst.  4,  18,  4; 
Collât.  5,  2, 1-2.  —  22  Vit.  Alex.  24,  34,  39  :  Vicl.  Caes.  28.  —  23  c.  Th.  9,  7,  3, 
6  ;  Collât.  5,  3;  Firm.  Mat.  De  error.  prof.  rel.  p.  24  ;  C.  Just.  9,  9,  31  ;  Aon.  77, 
141.  _  2t  Cic.  Pro  Quel.  30.  —  25  Dig.  48,  5,  39  pr.  -  21  Paul.  Sent.  2,  26,  12. 
BiBLioGHAPHiB.  —  Rciu,  Das  Criminalrecht  der  Rômer,  Leipzig,  l«4l,  p.  858  sq.  ; 
Christius,  Histor.  leg.  Scandn.  Halle,  1727  ;  Mommsen,  Strafrecht,  Leipzig,  1899, 
p.  688-698,  431-432  (Irad.  fr.  U,  1002.  p.  411-426);  Esmiers,  J/e/any.  dhist.du 
droit  et  décret,  p.  201,  sq. 

SrïUS.  i  Le  sens  de  ot-j"m;  rèsuUe  surlout  des  passages  d'Eustathe,  1039,  37, 
et  de  Pollui,  i,  90  (li  Si  i«j«  xil;  noùji»!;?  â=Xa<rta  »aXir-«.,  S.  i«ib;  ïùiov  opO'.v 
sii.r.vEv,  S  .»i.î«.  <rT<//.;J«    oi  -.■■,  U  f.i<,1-^  .,l;.i|X.v,.  f  d.->;  tai.;«  i-oni^tx..)-  UésychiuS, 

».  i:  le  désigne  seulement  comme  une  partie  de  lliéméolie;  Eraloslliène,  Calast.  35, 
semble  y  voir  plutôt  4a  pointe  du  grand  mal.  Dans  le  passage  où  Plularquc  (Pomp. 
24,  2)  montre  les  pirates  ornant  leurs  bateaux  de  irpi^.'ii  xe"««T;.  •'  pcut  s'agir  de 
mâts  aussi  bien  que  de  banderoles.  Toutefois,  on  a  pris  l'habitude  de  désigner  par 
stylis  le  vexillum  naval. 


STV 


—   lois 


STY 


Fig.  6670.  —  Stylis  soulciianl 
lapluslre. 


l'iiabilude  d'attacher  une  flamme  à  son  sommet;  on  croit 
la  distinguer  déjà  sur  des  vases  du  Dipylon'.  Grâce  à 
celle  flamme,  même  quand  le  grand  mal  était  baissé,  les 
marins  étaient  constamment  renseignés  sur  la  force  et 
sur  la  direction  du  vent.  Comme  il  fallait  souvent  abais- 
ser le  grand  mât,  il  n'eût  pas  été  pratique  do  fixer  celte 
banderole  à  son  sommet-  ;  c'est  probablement  pour  cela 
que  l'on  fut  amené  à  rallaciier  de  préférence  à  la  poutre 
qui  étançonnait  l'apluslre  ;  grâce 
à  cette  taenia  qui  l'ornait,  stylis 
a  pris  le  sens  de  pavillon  alors 
qu'elle  n'était,  à  l'origine,  que  le 
support  de  l'apluslre.  Le  pavil- 
lon proprement  dit  se  nomme 
-apiistov  ^  ou  Taivîa  '. 

La  forme  de  la  stylis  résulte  de 
son  rôle  primitif:  ellea  éléd'abord 
et  est  parfois  restée  une  simple 
poutre  verticale  soutenant  la  re- 
tombée des  aphlastes  ;  plus  sou- 
vent, elle  est  munie  d'une  traverse  sur  laquelle  les  aphlas- 
tes semblent  reposer  ou  même  s'eraboiter  (fig.  6670). 
Cette  s/y/<s  cruciforme  présente  de  nombreuses  variétés  : 
la  traverse  peut  être  plus  ou  moins  proche  de  l'extrémité 
de  la  hampe,  ou  fixée  sur  cette  extrémité  même  ;  des 
boules  peuvent  orner  ou  le  bout  de  la  hampe  ou  les  bouts 

^^        y.       y  '^     f- 

Fig.  6671.  —  Slylis  (igiirée  sur  des  monnaies. 

de  la  traverse  'fig.  6671),  ou  les  trois  bouts  à  la  fois  ;  fré- 
quemment, les  extrémités  de  la  traverse  sont  coudées, 
ce  qui  donne  à  l'enseigne,  au  lieu  de  l'apparence  d'un 
T  ou  d'une  croix  -|-,  la  forme 
d'un  trident;  quand,  entre  ces 
bras  et  la  pointe  de  la  hampe,  on 
intercale  d'aulres  dents  l'aspect 
devient  celui  d'un  râteau.  Il  est 
possible  que  ces  formes  en  trident 
ou  en  râteau,  qui  ne  s'expliquent 
guère  autrement,  soient  dues  à 
la  schématisation  du  vexillum  à 
bord  dentelé  qui  y  aurait  été  atta- 
ché. Une  longue  flamme  flotte 
souvent  au  haut  de  la  stylis  :  parfois  elle   figure   au 

'  Furiwaengicr-Lœscbckc,  ilyken.  Vasen,  pi.  xiii;  Annati,  1880,  |,l.  i  su  ; 
Walters,  Calai.  Brit.  Mus.  greek  vases,  p.  372,  f.  85.  Au  Yiu'-vn'  s.  on 
le  Irouve  aussi  dans  uu  baleau  grave  sur  une  Gbule  béotienne.  Mm.  des 
Autiq.  de  Fr.  1894,  170.  R.  Dussaud,  Les  ckilisations  préhelléniques, 
1909,  p.  J76,  veut  déjà  roconnaîlre  une  flamme  à  l'arrière  d'un  navire  sur  un 
tesson  bas-mycénien  de  l'bylakopi  de  iMélos.  —  2  On  Irouve  aussi  la  flamme 
alUchéc  au  grand  mal.  Cf.  Babclon.  La  stylis,  lig.  13;  Uraser,  Oemmen  mil 
Schitfe,  pi.  1,  «0,  90  ;  ilûnz.n  mil  àchiffe,  pi.  D,  ;39  6,  arl.  navis,  lig.  5i93. 
Cf.  Luc.  Xarig.  5  :  ;,;  ;,-,j  ,^  casàm»»  cj^aj^i;.  Daus  la  description  du  navire 
de  Ploléniée  l'hilopalor,  l'iv>.,  i;  ,.j.„,o,  (Athen.  V,  S06  c)  parait  designer  plutôt 
la  bordure  de  la  voile  i|u'une  banderole.  —  V  Outre  le  passage  de  ['oUux  cité  p.  1 547 
n.  1,  voir  Uio  Chrys.  Or.  74,  l.  1 1,  p.  397  :  i„,p  ,.»  à,  -.i.  i,..„  ,r,^„l....„..  ,.,.;... 
—  "'routes  les  monnaies  dont  ces  indications  sont  tirées  sont  réunies  par  E.  Babelon 
dans  son  article  sur  /<i  Slgtis,  dans  la  /ternie  Aumismalique,  1907,  1-39.  Les 
principales  sont  les  slatéres  d'or  d'Aleiandre,  les  didrachmes  de  Leucas,  les  mon- 
naies d'argent  d'Histiée  et  de  l'hasélis  (lig.  6670).  Quelques  autres  monnaies  sont 
reproduites  dans  B.  Graser,  Dieaetteslen  Schiffsdarstellunyen  aufantiken  Àlfmzen 
(Berlin,  1870|  et  des  gemmes  dans  l/te  Gemmen  des  kùn.  .Muséum  ;u  Uerlin  mit 
Uarstetlunijen  antiker  Scitiffeda  même  (Berlin,  l«67)  ;  notre  lig.  667i  est  tirée  de  la 
I.  I,  89.  (.(uelques  bateaux  à  stylis  cruciforme,  vertical,  traversant  l'apluftre,  sont 
peints  dans  des  maisons  de  Délos,  cf.  Cliamonard,  Bull.  corr.  Iiell.  l;i06,  550.  La 
stylis  avec  la  pi/na  est  reproduite  à  lart.  »»vis.  lig.  5i73-4;  la  itijlis  avec  les 
Victoires  dans  Babelon,  Op.  cit.  Og.  1,  35,  ainsi  «jue  la  stylis  de  la  pourpre  rupestre 


Fig.  667Î.  —  Slylis  à  boule  et 
double  banderole. 


. —  Stylis  cruciforme  à 
cordelettes. 


sommet  de  la  hampe  dont  la  traverse  porte  le  vexillum 
(fig.  6672).  Pour  fixer  la  traverse,  ses  extrémités  pou- 
vaient être  reliées  au  sommet  de  la  hampe  par  deux  cordes 
l^fig  6673)  ;  parfois  ces  extrémités  sont  richement  ornées, 
une  pigna  ou  de  riches  volutes  forment  celle  de  la  hampe, 
des  Victoires  s'élancant  de  celles  de  la  traverse^. 

La  présence  de  ces  Victoires  se  comprend  d'autant 
mieux  que  lastylis  estellc-même  devenue  de  bonne  heure 
un  symbole  des  succès  emportés  sur  mer.  L'apluslre, 
dont  elle  fait  partie,  était  comme  le  pavillon  des  navires 
que  l'on  essayait  de  s'arracher  dans  les  batailles  navales. 
Bien  que  l'existence  de  pavillons  nationaux  soit  attestée, 
chez  les  Grecs  comme  chez  les  Perses,  dès  l'époque  des 
guerres  médiques  "  [signa;,  la  stylis  ne  nous  est  guère 
connue  que  par  les  monnaies  d'époque  hellénistique  où 
elle  ligure  soit  dans  saposilion 
naturelle  à  la  proue  d'un  vais- 
seau, soit  entre  les  mains 
d'une  A'iké  debout  sur  cette 
proue.  On  a  même  voulu  con- 
sidérer comme  une  stylis  la 
hampe  cruciforme  que  porte 
la  xNiké  qui  occupe  le  revers 
des  statères  d'or  d'Alexandre, 
les  uns  la  croyant  copiée  de 
l'Athéna  .Niké  peinte  sur  les  amphorespanathénaïquesde 
336-5  et  de  313-2,  les  autres  y  retrouvant  la  hampe  sur- 
montée d  un  croissant,  combinée  ou  non  avec  un  globe, 
qu'Astarté  porte  sur  des  monnaies  phéniciennes  '. 

On  n'est  guère  mieux  renseigné  surle  rejnllum  navale^ 
des  Romains.  Sur  les  quelques  monuments  qui  repré- 
sentent leurs  navires,  on  peut  distinguer  : 

1°  Les  hampes  placées  obliquement  de  manière  à 
servir  aussi  de  support  à  l'apluslre,  et  qui  se  combinent 
parfois  avec  une  autre  hampe  verticale  ;  la  hampe  se 
termine  en  un  bouton  sculpté  où  s'enroule  une  flamme  ; 
au-dessus,  une  sorte  de  lablette  portail  sans  doute  le 
nom  du  commandant  ;  quand  elle  est  absente,  c'est 
apparemment  que  le  vaisseau  n'est  pas  un  vaisseau  amiral 
(fig.  o273-4,  5-278;. 

2°  Les  hampes  dressées  perpendiculairement  à  l'aplus- 
lre, elles  ont  de  même  une  sorte  de  pigna  à  l'extrémité 
d'où  part  une  double  (lamme  (fig.  5272,  5273). 

3°  Les  hampes,  dressées  de  même  sur  l'apluslre,  qui 
portent  un  morceau  d'étoffe  carré  à  franges,  le  vexil- 

de  Lindos.  p.  29  ;  la  stylis  aux  volutes  est  celle  de  la  Balustrade  des  tropliées  à 
Pcrgame  (S.  Reinach,  Répertoire  des  Reliefs,  I,  p.  215,  2,  4).  —  6  Le  navire  de 
Tliémislocle  se  reconnaît  par  -■,  «r.fiH^iv  tî;;  (rc?aT,i-:S<i;,  Hcr.  VIII,  9i.  Cf.  VII,  128; 
Tliuc.  I,  49  ;  11,  90  :  Uiod.  XIV,  46  ;  Polyaeu.  1,  4S,  2.  —  7  Voir  l'article  cité  de 
Babelon  où  il  reprend  ce  <(u'il  avait  écrit  dans  ses  Mélanges  numism-itiques,  I  (ts02). 
p.  203,  et  où  il  répond  à  E.  Assmann,  Zeitscnr.  f.  Num.  1906,  p.  215,  et  à  Hifl, 
xbid.  331,  qui  pensent  que  c'est  à  l'Astartêdes  monnaies  pliéuiciennes  qu'Alexandre 
aurait  emprunté  sa  Nikè  portant  \s.slylis.  Babelon  a  publié,  pi.  u,  les  deux  vases  sur 
lesquels  se  fonde  sa  tliéorie  \^Monum.  d.  Inst.  X,  47  a  et  6  :  Walters,  Brit.  Mus. 
catal.  Vases.  Il,  B.  607-8):  .Alexandre,  en  mettant  la  .Nikè  porteuse  de  Isl  stylis  sur 
ses  monnaies, aurait  cbercbé  à  flatter  l'amour-propre  des  Albéuions,  et  ses  succes- 
seurs l'auraient  imité  sur  leurs  monnaies  en  donnant  la  stylis  ou  à  la  Victoire 
isolée  (ajoutez  Batielon-Reinach,  Recueil,  Bithynte,  pi.  xxxi,  16,  et  Macdouald, 
Bunter.  Cat.  Il,  pi.  xxxii)  ou  à  la  Victoire  montée  sur  un  avant  de  navire,  à  partir 
de  Démétrios  Poliorcète  et  de  sa  victoire  à  Salarainc  qu'aurait  commémorée  la  Victoire 
de  Samotbrace  (sur  cette  hypothèse  et  sa  restitution  une  stylis  sur  l'épaule,  cf. 
J.  HatifeUl,  Reu.  arch.  1910,  1,  133).  Il  faut,  avec  il.  Th.  Reinach  (C.-r.  du 
Congrès  du  Caire,  1909,  269)  distinguer  les  Xikè  isolées  du  type  des  statères 
(l'Alexandre,  (|ui  portent  la  liamiic  d'un  vexillum  ordinaire,  de  celles  qui  sont  posées 
sur  des  rostres:  ce  u'est  que  pour  ces  dernières,  symboles  des  victoires  navales,  que 
la  hampe  cruciroriue  qu'elles  tiennent  doit  être  prise  puitr  un  vej:illum  naval. 
—  »  Suct.  Cal.  15;  Clau  lian.  De  laud.  Stil.  I,  17.1.  On  ignore  si,  d,-ins  l'équipage 
des  vaisseaux  de  guerre  romains,  il  existait  des  matelots  à  qui  la  garde  du  cexittum 


STY 


1549 


STY 


lum    ordinaire    (fig.    H86,    1187,   5381,    5293,   5294)'. 

4°  Les  hampes  qui  sont  placées,  non  à  l'arrière,  mais 
à  l'avant  du  navire  (fig.  6072,  6673)-. 

Chez  les  Grecs  comme  chez  les  Romains  la  pourpre 
parait  avoir  été  la  couleur  du  pavillon  de  l'amiral  ^  ;  il  en 
fut  de  même  chez  les  Byzantins,  à  en  croire  celui  qui 
flotte  à  l'arrière  des  navires  peints  sur  des  manuscrits*. 
Le  drapeau  amiral  servait,  comme  de  nos  jours,  à  com- 
muniquer les  ordres  par  des  signaux  [voir  navis,  si- 
gm'm]  ".  A.  J.-REiNAcn. 

STYLOBATES  (ou  Stijlobala).  ^T^Xo^A-rfi,  eù^u-i--r^Uy., 
xpT|Ti;';.  —  Les  architectes  et  les  historiens  modernes  de 
l'architecture  appellent  souvent  slijhbate  le  soubasse- 
ment tout  entier  de  l'édifice  kpéristasis,  le  massif  à  degrés 
qui  sert  de  piédestal  au  temple'.  Le  mot  grec  !itu)vo6!ïtt,ç 
avait  un  sens  plus  restreint.  Il  désignait  tantôt  le  degré 
ou  l'assise  sur  quoi  repose  directement  la  colonnade-, 
tantôt  les  dalles  dont  se  compose  ce  degré  '.  On  disait 
«  construire  le  stylobate  »  et  u  tailler  les  stylobates  '  ». 
Quant  à  l'ensemble  du  soubassement  à  degrés,  aucun 
texte  ne  permet  d'affirmer  qu'on  lui  ait  appliqué  le  terme 
stylobate.  Dans  une  inscription  d'Eleusis,  on  appelle  rb 
È!7Tp«)fi£vov,  TÔ  Toïç  xiô(T!v°.  DaHS  les  couiptcs  de  i'Érech- 
theion  c'est  lui,  semble-t-il,  qu'on  nomme  xpr.'ztç". 


Fig.  61574. 


Primitivement  le  mot  cruXoSirriç  ne  dut  se  dire  que 
delà  dalle  qui  supportait  un  fût,  que  de  la  pierre  qui, 
dans  l'architecture  préhellénique,  servait  de  base  à  la 
colonnedorique.  l'nbloc  carré  s'interpose  entre  son  fût  et 
la  terre.  Telle  est  la  disposition  que  nous  montrent  les  édi- 
fices in  antis  représentés  surle  vase  François  (fig.  G674et 
327)  \  Telle  est  celle  qu'on  observe  encore  dans  les  ruines 
de  Troie  et  de  Thermos,  et  que  l'on  conserva  par  la  suite 
pour  les  ordres  placés  à  l'intérieur  des  édifices*.  Chaque 
colonne  avait  son  stylobate.  Quand  on  donna  pour  support 
à  la  colonnade,  non  plus  des  dalles  isolées,  mais  une 
plate-bande  continue,  faite  de  blocs  parés  à  joints,  c'est 

était  particulièrement  confiée.  C'est  parce  ([u'ils  sont  formés  en  légion  f|up  l'on  voit 
des  marins  réclamer  un  aigle  et  des  enseignes  tSuet.  Galba,  ii).  De  même  le 
vexillam  et  les  enseignes  qu'on  voit  à  l'arriére  des  bateaux  sur  la  colonne  Trajanc 
(fig.  5281)  sont  celles  des  troupes  qui  les  montent.  —  t  On  croit  voir  doux  ensei- 
gnes :  l'une  à  la  poupe,  l'autre  à  la  proue  sur  une  monnaie  d'Alexandrie  (Torr, 
Ancient  sitips,  fig.  27)  et  sur  uue  monnaie  de  Kios  en  Bitliynic  {BaLclon-ncinacli, 
Hecueit.  1,  p.  SIG)  d'ép0f|nc  impériale;  une  sorte  de  vexillum  fixé  à  l'avaut  sur 
une  monnaie  de  Tarse  (Uraser,  Mûnzen  mit  Sckiff'sffarsteltuiiffen,  29  b)  ;  le  môme 
à  l'arrière  sur  une  monuaie  d'Alexandrie  (ibid.  6t4  6).  —  2  (iraser,  Gemmen  mit 
DarsteUungen  antiker  Schiffe,  pi.  i,  82.  —  3  Polyaen.  I.  48,  2;  l'iin.  N.  hist. 
XIX,  5;  Tac.  Bist,  V,  22.  —  4  Voir  notamment  G.  Sclilumberger,  Nicéphore 
Phocns,  p.  55,  57.  —  i  Cf.  Lco,  Tact.  XIX,  41  elles  textes  cités  par  Torr, 
Ancient  s/iips,  p.  101  et  art.  navis,  p.  39. 

STYLOBATKS.  i  Perrol  et  Chipiez,  Hist.  de  iÀrt,  Vil,  p.  415  ;  Uurm,  Uaulcunst 
dcr  Griechen3,  p.  iu9  si|.  —  2  Cf.  le  devis  de  l'Arsenal  du  Pirée,  Dillcniierger, 
Sijllof/.iôi,  4U  =  Inscr.  Ilo,  1054:  nf,TU  toù;  «.'ova;  ùtioSi'i;  i7tu)ioSàTïiv.  —3/nscr. 

yr.  113,  105^  c  1.  29  {<rTu"/io5àTa;  Ê;epyâ(raT6Ki)  ;  Cavvadias,  Fouilles  d'Epidaure, 


h  cet  élément  nouveau  que  passa  le  nom  de  stylobate'. 

Dans  l'inscription  d'Eleusis  déjà  citée,  qui  décrit  par 
le  détail  les  premiers  travaux  de  la  construction  d'une 
colonnade,  les  blocs  de  cette  plate-bande  ne  sont  pas 
appelés  <TT'j>,oSàT7.!,  comme  on  l'attendrait,  mais  xaraXT)- 
7tTï,p£ç.  L'assise  continue  que  forment  ces  x3;TaÀT,7tTr,pEç  est 
nommée,  non  pas  (7TuXo?àTT,i;,  mais  £Û6uvTY,p''a.  KaTaÀ-f)7rTT)p 
semble  bien  être  exactement  synonyme  de  (T-u),&6iTï|; 
désignant  un  bloc  du  degré  où  pose  la  colonnade.  Le  mot 
£u9'jvT7-,p!0f,  d'un  emploi  plus  fréquent,  est  d'un  sens  plus 
large.  Il  se  dit  de  toute  surface  aplanie,  nivelée  pour 
servir  de  base  à  la  construction  '°. 

Dans  sa  forme  la  plus  ancienne,  alors  qu'elle  consiste 
en  un  simple  pieu  fiché  dans  le  sol,  la  colonne  ne  com- 
porte pas  de  stylobate.  Mais  on  reconnut  la  nécessité  de 
faire  porter  le  fût  en  bois  sur  une  dalle  de  pierre  avant 
qu'on  eût  songé  à  le  dégager  entièrement  du  sol.  Dans 
le  vieux  mégaron  de  Dhimini  ",  qui  nous  montre  l'édi- 
fice grec  à  colonnes  sous  son  aspect  le  plus  primitif,  les 
cavités  du  sol  qui  marquent  l'emplacement  des  fûts,  con- 
tenaient des  débris  de  pierres,  ayant  servi  pour  eux  de 
cales  ou  de  coussinets  '-.  A  Délos,  dans  une  ruine  très 
archaïque  récemment  découverte,  exemple  plus  clair 
d'une  colonnade  enfoncée  dans  le  sol,  des  dalles  rondes 
sont  encore  en  place  au  fond  des  cavités  circulaires  Ce 
sont  ces  dalles,  qui  ramenées  à  la  surface  du  sol,  quand 
la  colonne  cesse  d'être  un  pieu,  deviennent  les  slyloba- 
tes.  A  Hissarlik  dans  le  mégaron  à  double  vaisseau  de 
la  VI' couche  de  ruines  (époque  mycénienne),  le  stylobate 
précise  et  complique  sa  forme.  Chaque  bloc  support  de 
colonne  se  compose  de  deux  éléments,  une  large  dalle 
rectangulaire,  et  une  rondelle  saillante,  qui  s'en  détache, 
marquant  la  place  et  l'amorce  du  fût".  Le  même  type 
de  socle  se  retrouve  dans  les  ruines  Cretoises  et  mycé- 
niennes. A  Knossos,  avec  le  stylobate  continu,  sur  quoi 
les  fûts  de  bois  reposent  directement,  apparaît  un  mo- 
dèle singulier  de  base  avec  trou  d'encastrement".  Un 


pa  I  0  1    h 


lOlj     p 


long  bloc  rectangulaire  porte  à  sa  face  supérieure  une 
sorte  de  coussinet  saillant  et  carré,  mais  qui  est  recreusé 
d'une  cavité  circulaire  oij  le  fût  était  maintenu  comme 
dans  une  mortaise. 

Dans  les  plus  anciens  temples,  doriques  à.  péris/nsis, 
le  degré  supérieur  servant  de  stylobate  comprend  des 

n.  242.  —  4  De  même  qu'on  appelait  triglyplic,  tantôt  chacun  des  blocs  de  la  frise, 
tantôt  la  frise  tout  entière,  et  do  même  que  le  mot  geison  peut  désigner  l'assise 
de  corniche  ou  l'un  des  blocs  qui  la  composent.  Cf.  Lalermann,  iT/io.  VI,  p.  154,  n.  4. 

—  5  Ib.  p.  140  sq.  —  6  Choisy,  Études  épigr.  p.  91.  —  ^  Perrol,  0.  I.  Vil, 
p.    410,    443;    fig.    221,    222,    VUl,    p.    58    sq.,   fig.    42;    et    v.    notre    lig.    327. 

—  8  Durm,  0.  l.  p.  425.—  9  Klio,  p.  140  sq.  —  1»  Sur  ces  divers  mots,  cf.  sur- 
tout Latcrmann,  U.  l.  p.  1  53  sq.  ;  les  commentaires  do  Clioisy  (El.  epigr.  I),  et 
Dittenberger  (.%/(.  332)  sur  le  devis  de  l'Arsenal  du  Pirée  ;  Hesycli.  s.  o.  .à6uv- 
,,ç;„.  _  U  Tsountas,  n  p  o  ioto  f  .  «  «'.  à»  j on  i  )...  ;  a  >  |xr,v  îo  u,  Athènes,  1908, 
p.  .50  sq.,  fig.  9  (fin  du  3"  millénaire  av.  J.-C).  —  '2  On  a  contesté,  d'ailleurs  sans 
raison  suffisante,  que  ces  cavités  fussent  des  trous  de  colonnes  (A.  Jolies,  Anzeig. 
1909,  p.  406).  Comme  plusieurs  contenaient  des  débris  d'ossements,  on  s'est 
demandé  s'il  ne  s'agissait  pas  de  ^dS?,.,  de  fosses  à  sacrifier,  telles  que  celles  des 
maisons  préhistoriques  d'Orchomène.  La  position  des  trous,  accouplés  suivant  le 
grand  axe  du  bâtiment,  position  (|u'on  retrouve  ideutit|ue  dans  la  ruine  de  Délos 
citée  plus  loin,  confirme  l'interprétation  de  M.  Tsouutas.  -  13  Springcr-.Michaclis, 
Uandbmh  (Altert.i),  p.  93,  fig.  195.  —  H  Durm,  L.  c.  p.  59,  fig.  3C. 


Sl'B 


—   looO  — 


SUB 


blocs  de  dimensions  1res  variables,  assemblés  sans  souci 
de  symétrie  par  rapport  aux  colonnes  qui  portent  sur 
eux.  Il  en  est  ainsi  à  l'Héraeon  d"01ympie(fig.6673)  '  et  au 
temple  dAssos'^.  Les  architectes  de  Paestum  el  d'Égine 
réalisent,  dès  le  vi'  siècle,  le  type  de  stylobate  régulier^ 
Chaque  colonne  repose  en  plein  centre  d'une  dalle  carrée, 
de  dimension  constante.  Les  dalles  intermédiaires  entre 
celles  qui  supportent  les  fûts  sont  aussi  semblables  entre 
elles.  .\  Paestum  (temple  de  Poséidon)  ces  dernières 
sont  ornées,  en  pourtour,  d'une  ciselure  à  leur  face  supé- 
rieure. .\ux  Propylées  de  r.\cropolu  d'Athènes  les  dalles 
où  posent  les  colonnes  sont  légèrement  ravalées,  avec 
un  étroit  rebord,  percé  d'une  échancrure  pour  l'écoule- 
ment des  eaux.  Jusqu'au  iv"  siècle,  il  est  exceptionnel 
que  les  tambours  inférieurs  des  colonnes  soient  scellés 
sur  le  stylobate,  même  alors  que  les  scellements  inter- 
viennent aux  autres  joints  du  fut. 

Vitruve  emploie,  comme  en  grec,  le  mot  stylobaies  au 
pluriel,  pour  désigner  les  blocs  directement  placés  sous 
les  colonnes'.  Le  mot  de  forme  similaire  slereobata, 
signifie  chez  lui  le  mur  appareillé  qui  dans  le  temple  à 
podium  règne  sur  trois  côtés  de  l'édifice,  servant,  par 
l'intermédiaire  des  slylobatcs,  de  soutien  à  trois  côtés 
de  la  peristasis"  [templim].  G.  Leroux. 

SUADA,  SUADELA.  — Déesse  de  la  persuasion  chez 
les  Romains,  la  même  que  peitho  chez  les  Grecs  ' .  Elle  est 
souvent  associée  à  Vénus  et  à  son  cortège-.  Suivant  Ser- 
vius',  elle  n'aurait  même  été  qu'une  incarnation,  un 
simple  nom  de  Vénus  ,  mais  cette  assertion  est  contre- 
dite par  l'assimilation  que  l'on  fait  généralement  de 
Suada  et  de  Peitho,  laquelle,  d'après  Hésiode,  était  lille 
d'Océan  et  de  Thétys*.  Andrk  Bauhrillart. 

SUARIUS  [la.MUsI. 

SL'BAEDIAXUS  [intesti?,tmoi'IS,marmorarius,  p.  1G061. 

SUBALABE.  — Ceinture,  baudrier  passant  sous  l'ais- 
selle [al(i)  '. 

SCB.'VBMALE.  —  Partie  du  vêtement  ou  équipement 
qui   passe   sous  l'épaule  {annus)    [balteus,   ciNcruM, 

PALUIM,  TOGA,  zona]. 

SUBCBllNDA.  —  Avance  du  toit,  auvent  'tectlmj. 

Sl'BGRUXDABllJM.  —  Endroit  où  l'on  déposait  le 
corps  des  enfants  morts  avant  leur  quarantième  jour 
FiMS,  p.  1393\ 

SUBtlGACULUM,  SUBLIGAR.  l\eyX,i^^%,  5iiî;a)[jLa.  — 
Il  a  été  dit  ailleurs  [cinctis]  que  les  hommes,  en  Italie 
aussi  bien  qu'en  Grèce,  quand,  pour  travailler  ou  pour 
éviter  la  chaleur,  ils  se  débarrassaient  de  tout  autre 
vêtement,  en  conservaient  ordinairement  un  très  élémen- 
taire, qui  couvrait,  comme  on  le  lit  déjà  dans  Homère, 
les  parties  du  corps  qui  doivent  rester  cachées'.  Ce 
pouvait  être  une  simple  pièce  d'étoffe  passée  entre  les 
jambes  et  nouée  autour  de  la  taille,  comme  celle  qu'on 
voit  sur  les  vases  grecs  aux  athlètes  (fig.  6676;  cf.  5860), 


1  Olijmpia,  Baudenkm.  1,  pi.  xvcii.  —  2  l'crrol,  L.  c.  Vil.  pi.  x\siv. 
—  3Furlwângler,  .^Faina,  pi.  xxxïi  ;  Perrol,  VII,  pi.  v.  —  »Vilru».  111,  iv.  •—i'ibid. 

SUADA,  SUADELA.  1  Cic.  Brut.  15,  59;  de  Senecl.  14,  50;  Ennius,  ap. 
Ciccr.  Drut.  l.  cil.  :  Aul.Gell.  li,  2  ;  cf.  IJuinlil.  Jnst.  or.  i,  5,4.  —  2  lierai.  Ep. 
),   11,   3  8:  Capella,  9,   307.   —  3  Sciv.  Ari  Aen.  1,731.  —  i  Hesiod.    Thcor,.  934. 

SUBALAHE.  t  Edict.  Dioclet.  X,  12.  Voy.  le  coinmcnlaiio  de  BUimner  et  la 
Gg.  5809,  au  mol  PUGlo. 

SUDLIGACl/XrM,  SUBLIGAR.  >  Itiad.  Il,  2C2  :  »  tViSù  i|k9i«a>0iCTC>.  Non. 
&1arc.  p.  29  :  subligaeulum  est  quo  pudendae  partes  corporis  teguntur^  et  il  cite 
Ciccr.  Jie  off.  I.  35,  qui  dit  que  les  acleurs  le  porlaieut,  de  peur  de  se  découvrir  à  la 
scène  par  quelque  mouTemenl  di'sordonné.  Aiusi  encore  lioninies  el  femmes  au  bain, 
Uarl.lll,  £74.  Les  enraots.sousleur  tunique  à  l'école  (lig.  2614),  ainsi  que  les  esclaves 


sont    pas    entièrement    nus    [athleta, 


quand  ils  ne 
p.  321]  =.  C'est 
la  forme  de  ce 
vêtement  qui 
répond  le  plus 
exacteme  nt 
aux  noms  pla- 
cés en  tête  de 
cet  article; 
mais  on  a  vu 
qu'il  pouvait 
aussi  bien  con- 
sister en  une 
draperie,  un 
pagne,  un  ju- 
pon envelop- 
pant le  haut 
des  cuisses.  De 
véritables  ca- 
leçons   ajustés 

sont  figurés  sur  quelques  vases;  sur  un  miroir  gravé 
on  en  a  vu  un 
pareil  porté  par 
Âtalante,  luttant 
contre  Pelée  [ata- 
LANTA,  fig.  o'J2]  ; 
mais  ordinaire- 
ment ce  sont  des 
acteurs  ( fig . 
1462)^  des  dan- 
seurs (fig.  6057), 
des     faiseurs     de 

tours        [CERNUUS], 

des  baladins  des 
deux  sexes*,  qui 
exhibent  ce  vête- 
ment,  souvent   ri-  ^''g•  SBTT.  -  Danseuse  avec 

chement    orné   et  '  ' 

certainement  destiné  à  être  vu.  L'exemple  que  nous  en 
donnons  (fig.  6677),  est  tiré  d'un  vase  peint  du  iv'  siècle, 
du  Musée  de  l'Ermitage  à  Saint-Pétersbourg  ^    E.  Saglio. 

SLIBSCRIBEXDABIUS.  —  Officier  ou  employé  chargé 
sous  le  Bas-Empire  de  faire  distribuer  aux  soldats  les  den- 
rées tirées  des  greniers  militaires  Phorreim,  p.  275],  où 
l'on  déposait  le  produit  de  l'impôt  en  nature  [anno.n'a  mi- 
LiTARisJ.  On  ne  connaît  pas  exactement  la  différence  qui 
séparait  les  fonctions  du  subscribendarius  de  celles  de 
I'actuarius.  Les  nctuarii  sont  mentionnés  souvent  dans 
le  code  de  Juslinien  ;  il  n'y  est  plus  question  du  subscri- 
bendarius. G.   HlMBERT. 

SUBSCRIPTIO.  —  Ce  mot  désigne:  1°  la  signature 
soit  des  parties  contractantes,  soit  des  témoins,  qui  sert 
à  valider  un  acte,  des  comptes  et  constitue  une  preuve 


quand  ils  servaient  nus.  Ciai.  111,  192  :  c  .  Suit.  Calig.  26.  —  2  De  méuie  à  Rome. 
Dion.  Hal.  VI,  72.  La  fig.  6fi70  d'après  de  Riddir,  Vases  de  "a  BiOl.  mit.  252,  fig.  22. 

—  3  Dans  celle  peint  ure  les  acteurs  du  drame  salyrique  ont  revêtu  le  caleçon  de  peau 
velue  e|ui  leur  esl  liabituel,  cf.  fig,  1420,  mais  l'un  d'eux  (Eu*ixoî)  porle  un  calei^on 
brodé.  —  *  Des  monuments  du  temps  de  l'Empire,  lampes  (Barloli,  Liicern.  I.  44), 
peinluies  (Jahn,  Wninlgenuv'lc  der  Villa  Pamfiti,  pi.  iv,  12),  pierres  gravées, 
montri'nt    des    danseurs    grotesques    portant    un    linge    noué    en   stihligactilitm. 

—  '•>  C.-r.  de  la  commiss.  imp.  archéot.  1864,  p.  239  sq. 
SCBSCBIBENDABIUS. Bibliographie. —  Godefroy,Piira(i(/.adCorf.7'/(forfo«.VII, 

I,  p.  25';,  236  el  Vlll,  1,  p.  170,  éd.Killcr:  Gaupp,  6'ernion.  .4 iisierf/.  p.  79  à  81  ;  Ser- 
rigny,  Droit  public  et  administr.  romain,  tome  1,  n"'  414,  417,  l'aris,  lï'62  ;  Reio, 
article  Actv-arius,  dans  Pauly,  Jtealencyctopadie,  I,  I,  2»  éd.  p.  148,  Stutlg.  188Î. 


SUR 


1531  — 


SUB 


en  justice  '.  Elle  est  généralemenl  accompagnée  du  sceau 
cachet  [signlim,  signaculum].  Au  Bas-Empire  la  souscrip- 
tion des  parties  et  des  témoins  et  la  rédaction  par  les 
tabellions  [tabellio,  tabulakuis]  sont  devenues  peu  à 
peu  des  conditions  de  validité  des  actes  importants-. 

2°  Ce  nom  désigne  spécialement  la  signature  de  l'Em- 
pereur dans  les  rescrits  [rescriptum,  p.  845]. 

3°  Dans  la  procédure  accusatoire  de  la  République  et 
du  Haut-Empire,  quand  se  présentent  plusieurs  accusa- 
teurs, il  devait  y  avoir  un  accusateur  principal,  prin- 
veps  in  agendo  '  ;  les  autres  qui  signent  aussi  l'acte 
d'accusation  (in.icriptio)  sont  les  subscriplores^.  Cette 
hiérarciiie  est  déterminée  soit  à  l'amiable,  soit  par  le 
niagistrat,  de  sa  propre  autorité  ou  selon  la  procédure  de 

la  DIVINATIO  ■'. 

Le  mot  suùscriplio  désigne  quelquefois  aussi  la  cause 
spéciale  de  la  poursuite  dans  l'acte  d'accusation  '•,  et  par 
extension  la  poursuite  elle-même  '  [judicia  publica, 
p.  631]. 

4°  L'apposition  de  la  nota  par  les  censeurs  se  dit  aussi 
subscriiiere,  suiiscriptio  ^  [ce.nsorI.       Cn.  I^écrivai.n. 

SUBSELLIUM  (Biepov).  —  Siège  en  forme  de  banc;  il 
est  plus  simple  et,  quand  il  est  honorifique,  il  l'est  à  un 
moindre  degré  que  la  sella  (s«6.'(e//a)',  généralement  plus 
bas  et  sans  scabellum  pour  les  pieds,  mais  moins  étroit, 
assez  long  pour  porter  plusieurs  personnes-,  ou  une 
seule  étendue  '.  Si  d'ordinaire  il  n'a  pas  de  dossier,  l'ex- 
pression subsellia  calhedi-aria  '  paraît  impliquer  des 
exceptions  à  cette  règle.  C'est  une  question  délicate  de 
savoir  si  scamnum  équivaut  à  subsellium  ;  pratiquement 
il  en  a  pu  être  ainsi,  mais  le  dernier  terme  seul  appar- 
tient au  langage  officiel. 

Il  y  désigne  le  banc  des  chefs  de  la  plèbe '.  César 
reçut  en  70tî  le  privilège  de  s'asseoir  ètti  toO  o7i[4.ap;(ixoD 
pâôpou'',  expression  technique  de  son  droit  au  siège  Iri- 
bunicien.  Bien  que  .ùibselliinn,  comme  piôoo-j,  soit  sou- 
vent employé  au  pluriel  à  propos  des  tribuns,  le  collège 
paraît,  dans  sa  réunion  plénière,  s'être  régulièrement 
assis  sur  un  banc  unique;  ce  qui  n'empêche  point  de 
déplacer  le  subsellium  sur  l'ordre  d'un  seul  d'entre  eux'. 
En  dehors  des  tribuns',  les  édiles  de  la  plèbe  ont  droit 
à  ce  siège  et  à  nul  autre;  une  monnaie  de  deux  édiles, 
M.  Fannius  et  L.  Critonius',  les  montre  [aediles,  fig.  139] 
assis  tous  deux  côrte  à  côte  sur  le  même  banc'",  dont  la 
faible  hauteur  et  le  caractère  collectif  expriment  la  condi- 
tion de  ces  personnages  :  ils  ne  sont,  pas  plus  que  les 
tribuns,   magistralus  populi  Romani.   Le   subsellium 

SCBSCniPTIO.  1    Dig.   2,    13,  6;  20,   (i,   8;    3S,    1,   80;  40,   7,  40;    48,   10,  5. 

—  2  Bruns,  Fontes  Juris.  5' éd.  p.  253;  Cod.  Just.  4,  21,  17  ;  4,  38,  15;  Mabill.  de 
re  HipL  3ttppl.  p.  89  ;  Marini,  Papiri  diplom.  n"  92.  Voir  Bethmann-HoUweg,  Der 
rom.  Civilproeess.  111  §  144;  Bruns,  Die  Unterschriftcn  in  den  rôm.  Rechtsur- 
kundeik  {Kleine  Schriften,  II,  37,  118).  —  3  Cic.  Div.  in  Caeec.  15,  47,  48;  Pro 
Ftacc.  33,  82.  —  ^  Siibscriptor^  suhscribere,  sultscriptio,  Cic.  Pro  Font.  16,  36; 
Adftuint.  i,  1,  5,  i%;  Ep.Z,  1  ;  4, 1  ;  Ascon.  p.  19,  30,  54;  Vcll.  2,  69;  Tac.  Ann. 

1,  74  ;  l'iin.  Ep.  5,  I  ;  l'Iaul.  Poen.  3,  6,  5.  —  5  Ùiy.  48,  2,  16;  48,  5,  2,  9  ;  Gcll. 

2,  4;  Cael.  Ad  fam.  8,  8,  3;  Cic.  Oiu.  13,  4S  ;  10,  50;  Ep.  2,  1  ;  Verr.  1,  6,  15. 
Ce  classetnonl  ne  d(!-lermine  peul-ôtre  pas  toujours  l'ordre  des  plaidoiries  ;  on  préfère 
quoiquorois la  dcinicre  place  (Tac.  Ann.  2, 30).  —  6  Cic.  Z)e  irni.  2,  19,  58.  —  7  Dig.i», 
2,7  pr.;  47,  i,  3  ;47,2,  93  ;  V.  Just.  9,2,  13;  !),  20,  3;  Tac.  Agric.  45  ;  Apul.  Apoi. 
79  ;Senec.  Benef.  3,  26  ;  Apocol.  fin.  —  8  Cic.  Clu.  42,  45.  —  Biùliographie.  Voir 
celle  de  l'art,  jurnci*  puhlica.  Add.  Monimscn,  Strafrecht.  Leipzig,  1899,  p.  373 
(trad.  fr.  1,   p.  42-43);  Giry,  Manuel  de   diplomatique,   Paris,   1894,  p.  592-593. 

SUBSELLIUM.   1    Varr.    De    l.    lat.    V,    12S  :    quod    non  erat    plane    sella. 

—  2  C'est    donc   une  variété  du  BisF.r.r.aiM  (Varr.   ibid.).  —  3   Gels.    VII,    26,    I. 

—  4  Paul.  Dig.  XXXIII,  10,  5,  pv.  —  5  On  dit  qnelquerois  :  des  magistrats 
inférieurs,    qui     n'ont    pas     le     siège   curule,    en    se    fondant    sur    Ascon.    Jn 

Verr.  15,  48  (p.  118  Orelli)  :  sunt  tribunorum,  triumvirorum,  quaestorum 
et   hujuamodi  minora  iudicia  exercentium ;  cette  scholie,  acceptée  par  II.  de 


symbolise  la  subordination,  la  sella  le  commandement. 
En  réalité,  le  premier  a  eu  souvent,  dans  l'État,  plus 
d'importance  que  la  chaise  curule;  la  distinction  spéciale 
accordée  à  César  est  très  nette  en  ce  sens";  Auguste 
eut  la  même  prérogative,  lorsqu'il  reçut  en  718  la  puis- 
sance tribunicienne  '■-,  comme  conséquence  de  cette  potes- 
tas,  et  également  ses  successeurs  ;  Claude  en  fit  souvent 
usage  au  Sénat. 

Les  sièges  des  sénateurs.,  aux  séances  de  la  curie,  s'ap- 
pellent aussi  subsellia^^,  et  encore  ceux  où,  dans  les  tri- 
bunaux, s'asseoientlesjurés,  avocats,  témoinsetparties" 
Tibère,  assistant  à  un  procès  criminel  dirigé  par  un 
autre  rjuaesitor,  ne  prenait  pas  toujours  place  au  tribu- 
nal, mais  parfois  sur  les  bancs  des  jurés  '^  et  parlait 
ensuite  e  piano  '". 

Siège  subordonné,  le  subsellium  est,   dans  les  repas, 


.Subsellium  décoré. 


Fig.  6678.  —  B; 

celui  des  parasites  '^  parfois  qualiliés  imi  subsellii 
viri  '*  ;  on  y  admet 
l'élément  servile  "; 
Térence  esclave  fai- 
sait, sur  un  pareil 
banc,  la  lecture  i'i 
Caecilius  attablé  -". 

Pourtant  dans  le 
théâtre,  l'amphi- 
théâtre ou  le  cir- 
que, on  désignait  de 
ce  nom  toutes  les 
rangées  de  sièges 
entourant  en  cercle 
l'intérieur  de  l'édi- 
fice {cavea),  par  gradins  superposés-'. 

iMous  resle-l-il  de  l'antiquité  des  subsellia'!  Ce  nom 
paraît  convenir  à  quelques  sièges  bas  retrouvés  à  Pompéi 
ou  figurés  dans  des  peintures  campaniennes^^;  peut-être 
la  plupart  étaient-ils  en  bois,  matière  périssable  ;  d'autres 
en  métal.  La  fig.  6679  reproduit  un  subsellium  en 
bronze,  très  élégant,  trouvé  au  théâtre  d'Herculanum"  ; 
la  fig.  6678  un   banc  conservé  dans  le  tepidarlum  des 

Longpérier,  Recherches  sur  les  insignes  de  la  questure  {Rev.  arch.  1868, 
11,*  p.  64),  est  dénoncée  comme  erronée  par  Moramsen,  Droit  pabl.  rom.  II, 
p.  40,  noie  1  :  Asconius  a  confondu  avec  la  procédure  des  questions  [judicia 
rOBLicA]  et  les  quaesilores.  -  6  Uio  Cass.  XLIV,  4,  2;  par  opposition  il 
Si.o»,  if,..'<i5.  «Ha  curulis.  Id.  LX,  16,  3.  -  7  Id.  XXXVII,  SO,  2.  -  S  Suet. 
ciaud.  23,  2.  -  9  Longpérier,  ;.  ci(.  pi.  wii,  n»  9;  Babclon,  ilonn. 
de  la  Rép.  rom.  Paris,  (1885),  1  p.  443.  -  l»  Alors  que,  sur  leurs  pièces, 
les  questeurs  Cèpion  et  Pisoa  ont  chacun  leur  sc//o  ;  ndd.  Plut.  ilar.  5,  1-2. 
_  il  Suet.  Caes.  78,  2;  Dio  Cass.  XSII,  20,  3.  Au  théâtre,  sa  place  était  l%\ 
x,ù  S,,.„.«.;  ?i8eo.  ^.xà  X.-V  4.-,  S,n.;,oOvw.  (Id.  XLIV,  4,  2).  -  M  Id.  XLIX, 
15  6-  LUI  27,  6.  -  13  Cic.  Catil.  I,  7,  16.  -  "Md.  Brut.  84,  289  et  200; 
De  Orat.  1,  8,  32;  62,  264;  II,  33,  143;  .4d  fam.  III,  9,  2;  XIII,  10,  2  (iiersatus 
in  utrisque  subselliis,  à  la  fois  judex  et  patronus]  ;  Divin,  in  Q.  Caecil. 
15,  48;  Phil.  V,  7,  18;  in  Vatin.  14,  34;  Pro  Rose.  6,  17;  Pro  Cluent.  34, 
93';  40,  lit;  Sen.  De  ira,  11,  25,  4;  QuiiHiL  Inst.  or.  X,  5,  18.  -  15  Dio 
Cass.  LVU,  7,  6.  -  16  Suet.  Tib.  33.  -  "  Plaut.  Stich.  93,  489,  703.  -  18  Id. 
Capt.  471.  -  "Sen.  De  const.  ad  Seren.  15,  I.  -  2»Suet.  Vit.  Tcrent. 
p  292  Roth.  -  21  Plant.  Amph.  prol.  65;  Poen.  prol.  5;  Martial.  I,  29, 
1  ;  V,  8,  2;  27,  3;  Suet.  Auq.  43,  4;  44,  I  ;  /Ver.  26,  2;  Auson.  Gripli.  72. 
-  22  Pitt.  dErcolano,  II,  p.  167  ;  III,  p.  221  ;  Mus.  Borb.  VU.  53  ;  IX,  18  ;  XI,  5 
et  47  ;  Overbeek,  Pompei,  1884,  p.  426,  fig.  227.  -  23  Mus.  Borb.  H,  pi.  xxx,  3. 


SUB 


1352  — 


SUB 


FiK.  liCSO  et  COSI 


ancinns  bains,  à  Pompéi  ;  il  est  onn-  de  peliles  têles 
df  vaclics,  allusion  au  nom  de  Nigidius  Vaccula,  quj 
en   ('lait   le  donateur'.    Des  siil):<cl/ia  innrmorea    sont 

mentionnés  dansles 
Actes  des  Frères  Ar- 
vales  -.  Les  mon- 
naies seules  don- 
nent des  représen- 
tations certaines, 
mais  minuscules, du 
siibxellium  oftii'iel  : 
un  denier  de  L.  Ca- 
ninius  Gallus  ((ig.  GG80)^  montre  que  le  dessus  était  un 
treillage  à  claire-voie ';  sur  un  autre,  de  Sulpicius  Pla- 
lorinus  (fig.  6681)  '\  on  voit  Auguste  et  Agrippa,  en 
même  temps  titulaires  de  la  tribunicia  potestas  ;  leur 
subscl/ium  est  sur  une  estrade  à  piédestal  orné  de  trois 
proues  de  navires.  Il  est  connu  que  ce  banc  pouvait, 
comme  le  siège  curule,  être  placé  n'importe  où"  ;  nous 
ne  savons  si  des  dispositions  spéciahîs  en  facilitaient  le 
déplacement,  mais  le  souvenir  a  survécu  d'un  pnb/icyus) 
a  subsel{/iis)  tinbiinorum' .  Vicron  CriAPor. 

Sl'BSTIxrTIO.  —  I.  Droit  grec.  —  Le  droit  attique 
admet  plusieurs  espèces  de  substitutions.  Le  testament 
peut  d'abord  renfermer  ce  que  l'on  nomme  une  substitu- 
tion vulgaire,  c'est-à-dire  une  institution  d'héritier  subor- 
donnée à  la  condition  que  l'héritier  institué  en  première 
ligne  ne  pourra  ou  ne  voudra  pas  recueillir  la  succession. 
Les  plaidoyers  des  orateurs  en  renferment  plusieurs 
exemples  '.  On  rencontre  du  reste,  en  dehors  d'Athènes, 
notamment  dans  une  inscription  laconienne -,  d'autres 
exemples  de  substitutions  vulgaires. 

Le  testament  peut,  en  second  lieu,  contenir  une  dispo- 
sition semblable  à  la  substitution  pupillaire  du  droit 
romain.  L'adoptant,  en  ell'et,  même  en  ayant  des  enfants 
légitimes,  peut,  dans  le  but  d'assurer  la  continuation  de 
son  culte  domestique,  faire  par  testament  une  adoption 
conditionnelle,  subordonnée  à  la  circonstance  que  les 
enfants  mineurs  qu'il  laissera  atteindront  leur  majorité. 
L'adoption  sort  alors  son  efTet  si  ces  enfants  viennent  à 
mourir  avant  d'avoir  atteint  leur  dix-huitième  année  et 
d'avoir  pu  eux-mêmes  prévenir  par  un  testament  l'ex- 
tinction du  culte  ^  [adoptio].  C'était  la  substitution  pupil- 
laire que  la  pratique  romaine  avait  admise  de  même 
pour  empêcher  que  le  patrimoine  et  les  sacra  fussent 
transmis  à  des  indifférents,  et  qui  a  peut-être  été  em- 
pruntée au  droit  attique  par  la  coutume  romaine. 

Le  droit  attique  a  connu,  d'autre  part,  les  lldéi-com- 
mis[FiDEicoMMissuM].  On  en  trouve  des  exemples  dans  les 
plaidoyers  des  orateurs*  et  dans  d'autres  sources'.  Les 
dispositions  de  ce  genre  ne  paraissent  pas  toutefois  avoir 
eu  un  caractère  obligatoire  pour  le  grevé,  mais  ils  appa- 
raissent, de  même  que  dans  le  droit  romain  primitif, 
comme  un  simple  vœu  adressé  à  la  bonne  foi  du  grevé  ^ 
II.  Droit  romain.  —  En  matière  de  succession,  le  mot 
sub.sli/ulio  désigne  une  institution  faite  en  sous-ordre  \ 

'  Mus.  Uorb.  Il,  pi.  uv;  Monimscn, /nsT.  Neap.  2308.  —  2  c.  i.  lut.  VI,  2104, 

I.  30.  —  3  Longpéricr,  pi.  xvil,  n'  G  ;  Cohen,  i)(d.  cons.  pi.  .\,  Canin.  1  ;  Borglicsi, 
Œmr.  Il  (I80*),  p.  lïa  sq.  ;  Bobeloii,  0/,.  I.  I,  p,  311,  n»  2.  —  i  On  devait  y  poser 
des  coussins;  cf.  ùif/.  l.  cit.  —  t.  I.ongpéiier,  n"  8  ;  Cohen,  Sulp.  6-7  ;  Babelon,  II 
(1886),  p.  470,  n-  II.  -  6  Val.  Max.  Il,  2,  7.  —1  llonien,  6554.  —  Bibl.ocmiaphif. 
H.  do  Longpérier,  Ilei:  arch.    1868,  II,  p.   61-72,  100-103;  Bccker-Gœll,  (Jalhts, 

II,  p.  106  et   348;  Mommsen, /)roi7pué(ic  rom.  Ir.  fr.   11  (1802).  p.  40-41. 
SUUSTITUTIO.   1   Isac.    Va    Uagn.   hered.   %  S;  De  Philoct.   hered.   §  7. 


c'est-à-dire  destinée  à  produire  son  effet  pour  le  cas  où 
l'institiilion  ne  le  produirait  pas.  A  l'époque  classique 
on  distinguait  deux  sortes  de  substitution  :  la  substitution 
vulijnris  (vulgaire),  et  la  substitution  pupillaris  (pupil- 
laire). Justinien  y  ajoute  une  troisième  substitution 
ijuasi-pupillaris  [fideicommissum]. 

1°  La  substitution  vulgaire  ainsi  nommée  parce  que 
c'est  la  plus  usuelle,  par  opposition  à  la  substitution 
pupillaire,  plus  rare,  plus  anormale,  avait  été  imaginée 
pour  écarter,  autant  que  possible,  les  chances  de  mourir 
intestat.  Sous  sa  forme  la  plus  simple  elle  est  ainsi 
conçue:  Tilius  hères  esta:  si  Titius  hères  non  erit, 
Maevius  Itères  esto.  L'institué  est  donc  institué  en  pre- 
mière ligne,  primo  grudu  ;  le  substitué  est  institué  en 
seconde  ligne,  secundo  çjrada.  A  son  tour  le  substitué 
peut  recevoir  un  second  substitué,  et  le  testateur  peut 
ainsi  continuer  autant  de  fois  qu'il  le  veut*,  en  ayant 
habituellement  soin  de  mettre  à  la  fin  de  la  série  des 
substitués  un  de  ses  propres  esclaves,  affranchi  par  le 
testament,  qui  sera  ainsi  un  héritier  nécessaire,  dans 
le  cas  où  tous  les  institués  précédents  viendraient  à  faire 
défaut  '^ .  Les  substitutions  étaient  aussi  usitées  pour 
empêcher  que  les  hérédités  ne  restassent  trop  longtemps 
vacantes,  car  X^crelio  était  ordinairement  accompagnée 
d'une  substitution  pour  le  cas  où  l'héritier  institué 
primo  gradu  ne  ferait  pas  adilion  dans  un  délai  déter- 
miné. L'usage  des  substitutions  devint  plus  fréquent 
après  les  lois  caducaires  ;  elles  fournissaient  un  remède 
aux  nombreuses  causes  de  caducité,  dont  ces  lois  frap- 
paient les  institutions  d'héritier. 

La  substitution  vulgaire  n'étant  au  fond  qu'une  insti- 
tution conditionnelle  est  soumise  d'abord  à  toutes  les 
régies  de  forme  requises  pour  la  validité  des  institutions. 
D'autre  part,  l'effet  de  la  substitution  vulgaire  pour  le 
cas  où  elle  s'ouvre,  c'est-à-dire  quand  il  est  certain  que 
l'héritier  institué  primo  gradu  ne  fera  pas  adition,  est  de 
permettre  au  substitué  de  prendre  exactement  la  situa- 
tion qu'aurait  eue  l'institué,  activement  et  passivement. 
2°  La  substitution  pupillaire  destinée  à  remédier  à 
l'incapacité  de  tester  des  impubères,  est  la  disposition 
testamentaire  par  laquelle  un  père  de  famille  nomme 
un  héritier  à  l'enfant  impubère  placé  directement 
sous  sa  puissance,  pour  le  cas  où  cet  enfant  viendrait 
à  mourir  sui  juris  et  impubère,  c'est-à-dire  pupille, 
sans  avoir  pu  tester  :  c'est  là  une  exception  notable 
à  la  règle  générale  d'après  laquelle  il  n'est  pas  permis 
de  tester  pour  autrui.  Elle  apparaît  comme  un  attribut 
dernier  et  remarquable  de  la  puissance  paternelle  se  pro- 
longeant dans  son  effet  au  delà  de  la  mort  du  père,  car 
le  substitué  pupillaire  est  en  réalité  un  héritier  du  père, 
un  substitué  que  se  désigne  celui-ci  pour  remplacer 
l'impubère  au  cas  où  ce  dernier  mourrait  ante  puberta- 
tem.  Elle  s'expliquait  à  l'origine  par  l'idée  que  le  père 
de  famille  en  donnant  un  héritier  à  son  enfant  impubère 
ne  faisait,  en  réalité,  que  disposer  des  biens  provenant 
de  lui  '".   Mais    ultérieurement  l'institution  s'élargit  et 

—  2  Rœhl,  Inscr.  graec.  aiilii/.  08  B.  —  3  Deniosth.  C.  Steplian.  Il,  I2t;  Isae. 
De  Cleon.  hered.  §4.-4  Isae.  De  Cleun.  Iwred.  §4.-6  Uillenbergei-, 
S!/Uo(/e,  w  m  ;  Diog.  Laerl.   V,  1,   13,  et  14.  —  6  Guiraud,   p.   238;  Beauchet, 

I.  111,  p.  706.  —  BiBMOiMiAPHiE.  Guiraud,  La  propriété  Conciére  en  Grèce  jusqu'à 
In  conquête  romainet  p.  225  sq.  ;  Beauchet,  Histoire  du  droit  privé  de  ta 
/1,'piiUique  athénienne,  t.  III,  p.  704  sq.  —  ''  De  sub.  instituere  ou  sutj  statnere  ; 
Accarias,  t.  I,  p.  713,  note   1.  —  3  Gains,  II,  174.  —  3  Instit.  De  vutgari  substit. 

II,  15.  —  to  Cicer.  De  innent.  rhetor.  Il,  21. 


suc 


1553 


SUC 


le  père  pouvait,  à  l'époque  classique,  disposer  de  louL  le 
patrimoine  que  l'enfant  laisserait  à  son  décès,  mèmedes 
biens  provenant  d'une  autre  source  que  la  succession 
paternelle.  Il  put  même  faire  la  substitution  pour  l'en- 
fant qu'il  aurait  exhérédé '. 

La  substitution  pupillaire,  de  même  que  la  substitu- 
tion vulgaire,  est  une  institution  conditionnelle.  Origi- 
nairement, le  père,  pour  pouvoir  instituer  un  substitué 
pupillaire,  devait  d'abord  instituer  son  enfant  comme 
héritier;  mais  celte  condition  disparut  à  l'époque  clas- 
sique, puisque  le  père  pouvait  désigner  un  substitué  à 
l'enfant  qu'il  exhérédait.  Comme  institution  la  substi- 
tution vulgaire  est  soumise  aux  formes  ordinaires  des 
testaments.  Le  père  de  famille  peut  la  faire  soit  avec  son 
testament  et  dans  la  même  forme,  soit  plus  tard  et  dans 
une  forme  différente.  Mais  la  substitution  pupillaire  étant 
une  dépendance  du  testament  paternel,  toutes  les  causes 
qui  anéantissent  le  testament  du  père  entraînent,  par 
voie  de  conséquence,  la  nullité  de  la  substitution  pupil- 
laire'. Mais  la  nullité  de  la  substitution,  à  l'inverse, 
n'entraîne  pas  celle  du  testament  paternel.  D'autre  part, 
le  père  peut  désigner  comme  substitués  pupillaires  tous 
ceux  qu'il  peut  se  choisir  à  lui-même  pour  héritiers,  alors 
même  que  le  fils  ne  pourrait  les  instituer'. 

Les  militaires  jouissaient  entre  autres  privilèges,  en 
matière  de  substitution  pupillaire,  de  celui  de  faire  la 
substitution  même  à  un  fils  émancipé '. 

3°  Substitution  quasi  pupillaire.  —  La  folie,  comme 
l'impuberté,  peut  rendre  impossible  la  confection  d'un  tes- 
tament. Aussi,  dès  avant  Justinien,  des  décisions  isolées 
des  empereurs  avaient  permis  à  des  ascendants  de  nom- 
mer des  héritiers  testamentaires  à  leurs  descendants 
atteints  d'aliénation  mentale.  Justinien  permit  d'une  ma- 
nière générale  à  tout  ascendant  de  donner  un  substitué 
à  son  descendant  atteint  de  folie  (furiosus  ou  mente  cait- 
lus  )^C'eslla  substitution  quasi-pupillaireou  exemplaire, 
c'est-à-dire  faite  ad  exemplum  pupillaris  subslitu- 
tionis.  Elle  diffère  de  la  substitution  pupillaire  en  ce  qu'il 
n'est  pas  nécessaire  que  le  descendant  auquel  on  donne 
un  substitué  soit  impubère,  et  en  ce  que  la  substitution 
quasi-pupillaire  peutétre  faite  non  seulement  par  l'ascen- 
dant qui  a  la  puissance,  mais  par  tout  autre  ascendant, 
quelque  soit  son  sexe.  L.  Bkaixiiet. 

SUBUCULA  [tu.mcaI. 

SUBULA.  —  Poinçon,  alêne  à  l'usage  des  cordonniers 
et  des  autres  ouvriers  qui  travaillent  le  cuir  [sutou]. 

SUBUXCTOR.  —Ouvrier  de  la  flotte  romaine ',  donton 
ne  peut  que  conjecturer  l'emploi  d'après  le  nom  :  grais- 
seur, calfat''';on  peut  aussi  supposer  qu'il  était  attaché  à 
des  bains;  un  pareil  emploi  existait  dans  l'armée 
[l'.nctorI.  E.  s. 

SUCCESSIO.  —  Droit  grec.  —  I.  Généralités.  —  A  l'épo- 
que oii  le  système  de  la  propriété  familiale  était  encore 
en  vigueur  dans  le  droit  grec,  il  n'était  pas  question  de 
succession,  dans  le  sens  moderne  du  mot.  Les  enfants 
n'étaient  point,  à  proprement  parler,  les  héritiers  de 
leur  père,  car,  du  vivant  de  ce  dernier,  ils  étaient  déjà 

1  Insl.  §  4  ;  /Je  pupiU.  suhslit.  Il,  16.  Cf.  Gaius,  Comm.  M,  ITli-lsV;  L'Ip.  Kt-. 
XXIll.  7-1  ;  Dii/.  De  viily.  et  pupille  sulistit.  il,  a  ;  (J.  De  impuh.  et  aliissiihsiu.  fi, 
2.  —  2  inst.  §  b,  ht.  —  3  L.  10  §  t,  L.  lit.  cit.  —  »!,.  15  Z>.  (/(.  cit.  —  iL.  1, 
C.  De  impub.  et  aliis  suistit.  6,  26;  §  1  Inst.  tit.  cit.  —  Bibi,iocii»puie. 
Accarlas,  t'récis  de  droit  romain,  3*  édit.  t.  1,  p.  3to  sq.  ;  May,  Éléments  de  droit 
romain,  8<  édit.  p.  411  sq.  ;  Tctit,  Tr.  élém.  de  dr.  romain,  ï'  éiiil.  p.  5t3  s<i.; 
Girard,  Manuel  de  dr.  romain,  t'  édit.  p.  806  sq.  ;  Cuq.  Les  instit.  jurid.  des 

Vin. 


réputés  copropriétaires  du  bien  familial'.  Mais  le  régime 
familial,  qui  excluait  toute  dévolution  véritable  de  suc- 
cession, disparut  peu  à  peu  sous  l'inlluence  du  senti- 
ment individualiste  qui  prévalait  chaque  jour  d'avantage, 
et  l'apparition  de  la  propriété  individuelle  entraîna 
l'établissement  d'un  régime  successoral  où  cliaque 
membre  du  groupe  plus  restreint  qui  se  formait  autour 
du  père  par  la  réunion  de  ses  enfants,  reçut  son  lot  dis- 
tinct à  la  mort  de  celui-ci, l'indivision  n'étant  plus  qu'un 
étatexceptionnel  et  toutvolontaire  de  la  part  desliériticrs. 

Toutefois,  même  à  l'époque  où  le  droit  grec  admit  une 
véritable  dévolution  des  successions  au  profit  soit  des 
enfants,  soit  d'autres  parents,  dans  l'ordre  établi  parla 
loi  ou  par  l'usage,  l'intérêt  collectif  de  la  famille  demeu- 
rait encore  sauvegardé  par  l'impossibilité  où  se  trouvait 
le  père  de  famille  de  transmettre  son  patrimoine  à 
d'autres  personnesquecellesqui,  par  la  proximité  de  leur 
parenté,  étaient  légalement  appelées  à  le  recueillir.  Le 
testament  est,  en  effet,  en  Grèce,  une  institution  relati- 
vement récente  [testamentum]. 

Nous  ne  reviendrons  pas  sur  ce  que  nous  avons  dit  de 
la  succession  ab  intestat  dans  la  loi  de  Gortyne,  où  l'on 
trouve  des  traces  de  la  communauté  primitive  [gorty-mo- 
RiM  LEGES,  p.  I(j3!)l  ;  nous  bornerons  notre  étude  au  droit 
atlique.  La  matière  des  successions  est  une  des  plus 
délicates  et  des  plus  obscures  de  ce  droit.  C'est  ce  qui 
explique  les  nombreux  procès  soumis  aux  tribunaux 
athéniens  concernant  les  questions  d'héritage-.  Les  ora- 
teurs athéniens  avaient  prononcé  sur  ces  procès  un  grand 
nombre  de  discours,  malheureusement  perdus  ;  mais 
nous  possédons  encore  pour  nous  éclairer  onze  plaidoyers 
d'Isée,  trois  de  Démosthène  et  un  d'isocrate. 

D'une  manière  générale,  au  surplus,  il  n'y  a  point  in- 
compatibilité entre  l'hérédité  testamentaire  et  l'hérédité 
légitime,  et  une  succession  peut  être  déférée  tout  ensemble 
à  des  héritiers  légitimes  et  à  des  héritiers  testamentaires. 
La  règle  romaine  neino  pro  parte  testatus,  pro  parte  in- 
testatus  decedere  potest,  est  étrangère  au  droit  atlique'. 

II.  Ouverture  des  successions.  Qualités  requises  pour 
surcéder.  —  La  mort  seule  peut  ouvrir  la  succession. 
L'atimie,  qui  se  rapproche  de  la  mort  civile  du  droit 
moderne,  ne  produit  pas  cet  effet.  En  effet,  de  deux  choses 
l'une  :  ou  l'atimie  est  accompagnée  de  la  confiscation 
des  biens,  et  le  coupable  n'a  plus  de  patrimoine  à  trans- 
mettre ;  ou  elle  n'en  est  pas  accompagnée,  et  alors  elle  a 
seulement  pour  effet  de  priver  le  coupable  condamné  de 
ses  droits  civiques  et  politiques,  mais  elle  lui  laisse 
celle  des  droits  civils  [atimia] '. 

Dans  le  droit  attique,  comme  dans  le  droit  romain,  il 
n'y  a  lieu  à  l'hérédité  ab  intestat  qu'à  défaut  de  l'héré- 
dité testamentaire,  du  moins  à  partir  de  l'époque  oii  le 
testament  fut  autorisé.  Seulement,  à  Athènes,  la  déla- 
tion de  l'hérédité  s'opère,  dans  tous  les  cas,  à  la  mort  du 
de  cujus  '.  En  ce  qui  concerne  la  propriété  des  étran- 
gers, les  principes  du  droit  attique  sont  plus  libéraux 
que  ceux  du  droit  romain.  Ainsi  d'abord  un  métèque,  et 
même  un  simple  étranger  peut  laisser  une  succession,  et 

flomains,  I.  Il,  p.  55i  sq.  ;  Mayiiz,  Cours  de  druU  romuin,  4"  édil.  t.  III,  p.  336  sq. 

SUBU.NCTon.  I  Corp.  insc.  lat.  X.  3498.  —  2  Cf.  Vcgcl,  IV,  37  :  itngere  soient 
naws.  —  3  Fcrrcro,  Vordinamento  délie  armate  rom.  1870,  j).  60. 

SCCCESSIO.  1  Cf.  Guicaud,  La  propriété  /oucim  en  Grèce,  p.  51  ;  Ecauclict, 
Hist.  du  dr.priié  de  la  HépiMique  athénienne,  t.  III,  p.  123  sq.  —  'J  Arislol. 
Const.  des  Alhen.  c.  9.  —  3  Boauchet,  t.  III,  p.  432.  —  *  Beauclicl,  t.  III,  p.  437. 
V.  toutefois   Guiiaud,    p.    102.  —  5  Bcauchcl,    III,  p.  498. 

193 


snc 


—  i:m4 


suc 


celle  succession  esl  régie  par  la  loi  allM'iiienne.  11  ii'esl 
pas  nécessaire,  daulre  pari,  pour  pouvoir  succéder, 
davoir  le  droit  de  cité  athénienne.  Les  étrangers  n'ont 
point  cependant,  à  cet  égard,  une  capacité  aussi  grande 
que  les  citoyens,  car  ils  ne  peuvent,  sans  en  avoir  obtenu 
la  concession  spéciale,  devenir  propriétaires  fonciers, 
n'étant  pas  citoyens  [egtésisI.  Ceux-là  seuls,  d'ailleurs, 
peuvent  recueillir  une  hérédité  qui  vivaient  déjà  au  jour 
de  la  mort  du  de  cujus.  Mais  la  conception  équivaut  sur 
ce  point  à  la  naissance'. 

III.  Den  divers  ordres  de  succession.  —  A  Athènes, 
comme  dans  la  plupart  des  cités  antiques,  le  législateur 
règle  la  dévolution  des  successions  en  tenant  compte 
moins  de  l'allection  présumée  du  défunt,  que  de  l'organi- 
sation sociale  et  des  institutions  politiques  ou  religieuses 
de  la  cité.  11  en  résulte  que  certains  parenls  qui,  d'après 
le  droit  naturel,  devraient  marcher  au  premier  rang,  sont 
rejetés  assez  loin  d'après  le  droit  positif  et  même  sont 
complètement  exclus.  Le  texte  qui  sert  de  base  à  la 
théorie  de  la  dévolution  des  successions  est  la  loi  de 
Solon,  citée  dans  le  discours  attribué  à  Démosthènes 
contre  Macarlalos-.  Il  en  résulte  que  le  système  succes- 
soral du  droit  atlique  esl  fondé,  non  point  sur  la  proxi- 
mité du  degré  de  parenté,  mais  sur  le  principe  des 
parentèles,  combiné  avec  le  privilège  de  masculinité 

a)  Des  descendants.  —  Le  législateur  appelle  en  pre- 
mière ligne  la  parentèle  du  de  cujus  lui-même,  c'est-à- 
dire  les  lils  et  leurs  descendants  et,  à  défaut  de  fils,  les 
filles  et  leurs  descendants. 

Les  descendants  appelés  tout  d'abord  comprennent 
non  seulement  les  enfants  légitimes  nés  du  défunt,  mais 
aussi  les  fils  seulement  adoptifs,  car  l'adoption  confère 
au  lils  adoplif  tous  les  droits  d'un  fils  légitime  [adoptioI. 

Les  enfants  légitimes  succèdent  tous,  sans  distinction 
entre  les  dillérents  fils  et  sans  que,  par  exemple,  les 
enfants  du  premier  lit  aient  un  privilège  quelconque  sur 
ceux  du  second  mariage.  Dans  l'élude  du  droit  de  suc- 
cession des  descendants,  il  y  a  lieu  d'examiner  trois 
hypothèses  suivant  que:  1°  le  défunt  ne  laisse  que  des 
fils;  2°  le  défunt  laisse  en  même  temps  des  fils  et  des 
filles  ;  3"  le  défunt  ne  laisse  que  des  filles. 

i°  Si  le  défunt  ne  laisse  que  des  lils,  ceux-ci  et  leurs  des- 
cendants succèdent  indéfiniment  et  par  portions  égales, 
les  descendants  de  lils  prédécédés  venant  par  représenta- 
tion de  leur  auteur.  L'opinion ^  qui  prétend  limiter 
la  successibililé  des  descendants  aux  trois  premiers 
degrés,  les  autres  étant  exclus  et  primés  alors  par  les 
collatéraux,  ne  repose  sur  aucune  base  sérieuse  et  elle 
est,  du  reste,  aujourd'hui  généralement  abandonnée'. 

Les  descendants  (abstraction  faite  de  la  représentation) 
succèdent  par  portions  égales,  sans  qu'il  y  ait  lieu  à 
l'application  d'un  droit  d'ainesse,  comme  dans  d'autres 
législations.  Dans  la  société  grecque  primitive,  le  privi- 


<  Bcaudicl,  t.  I,  p.  3'JC  ;  l.  III.  p.  4W.  —  s  Dcnioslb.  C.  JJacart,  §  51. 
—  3  Uoicr,  ScbûDiann  et  Lipsius,  Ùer  atliselie  Process,  p.  5li,  note  il3  ;  Her- 
niaiin-Thalboiin,  Rechtsalterlùmer  ,f.  61,  noie  i  ;  Bcaudicl,  I.  III,  p.  447.  —  t  Bunsen, 
Oe  jure  heredilario  Atheniintsium,  p.  17.  —  5  Gans,  Dos  Erbrecht  in  wellget- 
chiehtticher  Enteviclcelung^  p.  351  ;  Grassliof.  Symbolae  ad  doctrinamjuris  atlic. 
de  heredilatibua.  p.  15  et  19  :  Guiraud,  p.  ilo  ;  Darcsic,  Plaid,  cir.  de  Démoslh.  l.  I, 
p.  27  ;  B.  W.  I.eist,  Oraeco-italiscke.  HeclUsgeschicftte,  p.  Ti  ;  Schelliug.  De  Sohnis 
tegibu»  aj'itdoratores  atticos,  p.  106  ;  Mcier,  Schoniann  el  Lipsius,  p.  574;  Milteis, 
Heichtrecld  und  Volkrcchl  in  den  ôtttic/icu  Pruvinzen  <ltr  rôinisdt.  Kaisereicits, 
p.  319;  Caillemcr,  Z.t'  droit  de  succession  légitime  â  Athènes,  p.  10;  Hermann- 
Thalheim,  p.  67,  noie  3;  Bcaudicl,  l.  III.  p.  4«9.  —  6  Meicr,  Opusc.  aco'l.  1,  p.  2J7  ; 
ScbulUicss,  Vormundschaft  nach  attisehem  Recht^  p.    lâO;  Klcicr,  Scbômaan  et 


lègedel'ainé  n'a  jamais  eu  qu'un  caractère  religieux  et, 
par  suite  aussi,  politique^.  Quant  aux  droits  que,  pos- 
térieurement aux  réformes  soloniennes,  on  prétend  avoir 
appartenu  au  fils  aine,  ils  sont  fort  contestables  ou  tout 
au  moins  ils  sont  insignifiants.  i\insi,  d'abord  rien  n'éta- 
blit d'une  manière  certaine  l'existence,  au  profit  de 
l'aîné,  d'un  préciput  légal  nommé  i^çin'pv.x,  préciput  qui, 
à  notre  avis,  ne  pouvait  résulter  que  d'un  testament*. 
Rien  ne  démontre  non  plus  que  l'aine  ait  eu  lors  du  par- 
tage des  biens  héréditaires,  le  droit  de  choisir  le  loi  qu'il 
préférait \  L'ainé  ne  retire  de  sa  primogéniture  d'autre 
avantage  que  celui  de  porter  le  nom  de  l'aïeul  paternel  ". 
Il  peut  tenir  aussi,  sinon  de  la  loi  générale  de  succes- 
sion, du  moins  d'un  décret  spécial  du  peuple,  le  droit 
de  succéder,  par  préférence  à  ses  frères  mêmes,  à  cer- 
taines distinctions  honorifiques  concédées  à  son  père'. 

Lorsque  l'un  des  fils  du  défunt  est  mort  avant  son 
père  en  laissant  lui-même  une  postérité,  les  petits- 
enfants,  issus  de  ce  fils,  viennent  alors  à  la  succession  de 
leur  aïeul  par  représentation  de  leur  père  prédécédé.  Le 
partage  s'opère  en  conséquence  par  souche  entre  eux  et 
les  fils  survivants'".  Rien  ne  prouve  que,  comme  on 
l'a  prétendu",  la  représentation  soit  limitée  à  certains 
degrés.  Elle  doit  plutôt  être  admise  à  l'infini'-. 

i"  Lorsque  le  défunt  laisse  des  fils  el  des  filles,  lalégis- 
lation  athénienne,  conformément  aux  idées  admises  chez 
presque  tous  les  peuples  anciens,  consacre  le  privilège 
de  masculinité  :  xpaTefv  ok  toÙç  ipcevaç  xat  Toùç  Èk  Tiùv 
àppÉvtov,  dit  la  loi  précitée  de  Solon.  L'exclusion  des  filles 
par  les  fils  n'est  pas,  du  reste,  spéciale  au  droit  atli- 
que ;  elle  esl  admise,  au  contraire,  dans  toutes  les  cités 
grecques  ".  Peut-être  le  droit  grec  comportait-il  cer- 
taines exceptions  au  privilège  de  masculinité  :  ces  excep- 
tions sont,  en  tout  cas,  fort  contestables  '*.  La  loi  de 
Gortyne  seule  parait  avoir  fait  aux  filles  une  situation 
plus  favorable  [gortymorim  leges". 

Le  privilège  de  masculinité  produit  ses  effets  non 
seulement  dans  les  rapports  respectifs  des  descendants 
au  premier  degré,  fils  et  filles,  mais  encore  vis-à-vis  des 
descendants  d'un  degré  plus  éloigné '°.  Il  entraine  aussi 
celte  autre  conséquence  que  les  descendants  par  les  fils 
excluent  les  filles  et  les  descendants  par  les  filles,  alors 
même  que  ces  derniers  se  trouveraient  à  un  degré  plus 
rapproché  du  défunt"^. 

3°  Le  défunt  ne  laisse  que  des  filles.  Celles-ci  sont  alors 
héritières  de  leur  père  en  qualité  d'épiclères  îepikleros  . 
Les  descendants  des  filles  décédées  avant  leur  père 
viennent  à  la  succession  de  leur  aïeul  maternel  par  repré- 
sentation de  leur  mère,  avec  tous  les  droits  que  celle-ci 
aurait  eus.  Les  descendants  par  les  filles  passent  ainsi 
avant  les  collatéraux  ''.  Il  ne  parait  nullement  prouvé, 
d'ailleurs,  que  les  filles  soient  obligées  de  partager  avec 
leurs  propres  enfants  la  succession  paternelle,  el  nous 


Lipsius,  p.  575,  noie  i57  :  Caillemre,  p.  30-,  Guiraud.  p.  i30  ;  Gra&sbof,  p.  il. 
Contra  Daresle,  Op.  cit.  Il,  p.  107,  noie  16;  Bcrniaun-Tballicim,  p.  62,  noie  2.  Cf. 
Boissonade,  Hist.  de  la  réserve  héréditaire,  p.  4S,  —  7  Bcaucbcl,  l.  111,  p.  45t. 

—  8  Caillemcr,  p.  33  ;  Bcaucbcl,  l.  III,  p.  455.  —  3  Bcaucbcl,  tbid.  —  '0  Grasshof, 
p.  t5;  Scbelliug,  p.  117  ;  Meicr,  Scbôniann  cl  Lipsius,  p.  574,  noie  255;  Caillemcr, 
p.  32  ;  Bcaucbcl.  l.  III,  p.  456.  —  n  De  Boor,  i'eber  das  atlisclu-  Intestaterbrecht ^ 
p.  31.  —  12  Grassbof,  p.  19;  .Meicr,  Scbûmauu  el  Lipsius,  loc.  cit.;  Caillemcr, 
p.  33  :  Bcaucbcl,    t.  III,  p.  457    —  13  Bcaucbcl,  l     III,  p.  460  el  les  textes  citis. 

—  it  Girauil,  Ùtt  droit  de  succession  chez  les  Athéniens,  in  /férue  de  législation^ 
I.  XVI,  p.  3;  Bcaucbcl,  t.  III,  p.  461.  —  lô  Caillemcr,  p.  33;  Beauchet,  t.  111, 
p.  465.  —  16  Caillemer.  p.  33  ;  Beaucbet,  p.  464.  —  17  Cailleroer,  p.  15  ;  Bcaudiet, 
t.  111,   p.    468. 


suc 


looo  — 


SUC 


croyons  que  Ips  lUios  oxcluonl  leurs  enfants  '.  Enfin, 
lorsque  le  défunt  laisse  à  la  fois  des  filles  et  des  pelits- 
enfants  issus  de  filles  prédéeédées,  les  petils-enfantsonl 
le  droit  de  venir,  par  représentation  de  leur  mère,  à  la 
succession  de  leur  aïeul,  en  concours  avec  leurs  tantes  '. 

b)  Des  ritllalérnux  paleriwls.  —  Après  la  parenlèle  du 
de  cujus,  le  législateur  athénien  appelle  la  parenlèle  du 
père  du  t/e  ciijiis.  Mais  une  dilTiculté  a  été  soulevée  tout 
d'abord,  celle  de  savoir  si  le  droit  attique  plaçait  le  père 
lui-même  au  nombre  des  héritiers.  La  majorité  des 
auteurs,  s  appuyant,  soit  sur  l'esprit  du  droit  attique. 
soit  sur  certains  passages  des  orateurs,  admettent  le  père 
au  nombre  des  héritiers,  mais  ils  sont  loin  de  s'accorder 
sur  le  rang  à  lui  attribuer,  les  uns  disant  qu'il  exclut 
tous  les  collatéraux,  même  les  frères,  les  autres,  le  trai- 
lanl  moins  favorablement'.  Dans  une  seconde  opinion, 
tout  en  ri'connaissant  que  les  lois  de  Solon  n'avaient 
attribué  au  père  aucun  droit  sur  la  succession  de  ses 
enfants,  on  enseigne  qu'à  l'époque  des  orateurs  on 
s'elTorcail  d'arriver  par  voie  d'interprétation  à  faire  attri- 
buer aux  ascendants  le  droit  que  leur  avait  refusé  la 
législation  solonienne'.  Enfin  une  dernière  opinion 
n'admet  pas  le  père  au  nombre  des  héritiers,  et  elle  se 
fonde  principalement  sur  le  silence  que  gardent  à  l'égard 
du  père  les  lois  de  succession  qui  nous  sont  parvenues, 
et  notamment  la  loi  de   Solon  citée  par  Démosthène  °. 

La  parentèle  du  père,  à  qui  la  succession  est  dévolue 
à  défaut  de  descendants,  comprend  tous  les  parents 
collatéraux  qui  se  rattachent  au  père  du  défunt  par  un 
lien  direct  de  descendance.  Elle  comprend  donc  en  pre- 
mier lieu  les  frères  et  sœurs  germainsou  consanguins  du 
défunt  et  leur  postérité. 

Lorsque  le  défunt  laisse  à  la  fois  des  frères  et  des 
neveux  issus  de  frères  prédécédés,  les  neveux,  grâce  au 
bénéfice  de  la  représentation,  viennent  à  la  succession 
en  commun  avec  leurs  oncles,  mais  ils  ne  peuvent 
réclamer  que  la  part  qui  aurait  été  attribuée  à  leur  père, 
si  celui-ci  avait  vécu'''.  C'est,  du  reste,  une  question  très 
délicate  de  savoir  si  le  droit  de  représentation  est  limité 
aux  fils  des  frères  prédécédés  et  si  les  petits-neveux 
peuvent,  en  cas  de  prédécès  de  leur  père  et  de  leur 
grand-père,  venir  par  représentation  de  ceux-ci  à  la 
succession  de  leur  grand-oncle,  concurremment  avec  les 
frères  et  les  neveux  de  celui  ci". 

Lorsque  le  défunt  laisse  des  sœurs  consanguines, 
celles-ci  ne  viennent  qu'en  seconde  ligne  après  les  frères 
et  leurs  descendants  ^  Le  privilège  de  masculinité  s'ap- 
plique en  ligne  collatérale,  comme  en  ligne  descendante, 
et  s'y  explique  par  des  raisons  semblables.  Ce  privilège 
n'emporte  point  toutefoiscetle  conséquence  qu'un  parent 
mAle,  même  d'un  ordre  ultérieur,  l'emporte  sur  une 
femme  comprise  parmi  les  successibles  d'un  ordre  anté- 
rieur'*. 

Lorsque  tous  les  successibles  sont  des  sœurs,  celles- 

1  Cf.  CD  ce  sens  Grasfhof,  p.  24:  Caillenicr,  p.  12;  tlcicr,  Sckômaiin  cl 
Lipsius,  p.  376,  noie  !!61;  Beaucliel,  I.  Ul,  p.  469.  Contra  bunsen,  p.  16  $<|.  : 
Gains,  p.  38i.  —  1  Isac.  /)e  Apollod.  her.  §  ÎO.  Cf.  Bcaudicl.  I.  III.  p.  47», 
—  3  Bunscu,  p.  il  ;  de  Boor,  p.  47  ;  Hcrniann,  v.  nolamment  Griech.  nntit]. 
III  (i-  M.t  p.  497.  501:  Van  Slcfrcren.  IJe  comlil.  eirili  ftrtnin.  atlm.  p.  110. 
1-5;  Scliclliu^',  Ve  Solotus  tegibni  apud  orat.  attic.  p.  lOS;  GirauJ.  p.  11$: 
Caillcmcr,  p.  6t.  —  4  ï'crrol,  Etoq.  politique,  p.  377.  —  6  Scbôinauu  sur  Iséc. 
p.  3it  :  Ueier,  Scliôniaun  et  Lipsius,  p.  578;  L'arcstc,  Op.  cit.  I,  p.  iS;  Guiraud, 
p.  iiu  :  B.  \V.  Lcist,  Craeco-itatiscke  Btchttyrtckichte,  p.  4i  et  7IS;  beauchet, 
I.  III,  p.  474sq.  —  <  Caillcmcr.  p.  83,  93:  llcaucliel,  I.  III,  p.  5«j.  —  '■  Cf.  beauchet. 
t.  III,  p.  503  et  les  autoritiïs  cit^s  en  divers  sens.  —  8  Isae.  De  Uagn.  htr.  t  -■ 


ci  partagent  également,  sans  qu'il  puisse  être  question 
d'un  privilège  quelcomiue  au  profit  de  l'une  d'elles,  de 
l'ainée  par  exemple'".  S'il  existe  à  la  fois  des  sœurs  et 
des  neveux  issus  de  stvurs  encore  vivantes,  celles-ci  ne 
sont  pas,  bien  qu'on  ail  prétendu  le  contraire,  exclues 
par  leurs  propres  enfants  ". 

A  défaut  de  successibles  dans  la  parentèle  du  père,  la 
loi  appelle  la  parentèle  de  l'aïeul,  c'est-à-dire  les  succes- 
sibles qui  ont  le  même  aïeul  paternel  que  le  défunt. 
Quant  à  l'aïeul  paternel  lui-même,  la  question  de  savoir 
s'il  est  au  nombre  des  successibles  est  discutée  comme 
elle  l'est  pour  le  père.  En  tout  cas,  le  droit  de  l'aïeul  ne 
peut  se  fonder  sur  aucun  texte'-. 

On  s'est  demandé,  d'autre  part,  si  l'on  doit  comprendre 
parmi  les  successibles  les  oncles,  Ssîo:,  et  les  tantes,  tt,- 
6:oE;du  défunt.  La  vocation  héréditaire  de  ces  personnes, 
quoique  contestée,  paraît  cependant  justifiée  '^  :  à  défaut 
de  l'oncle  et  de  la  tante,  la  succession  est  déférée  à  leurs 
enfants  ou  petits-enfants,  cousins  germains  ou  enfants 
de  cousins  germains  du  de  ciijti.i  ".  Entre  les  divers  suc- 
cessibles de  la  parentèle  de  l'aïeul  on  applique  d'ailleurs 
le  privilège  de  masculinité'*. 

.\  défaut  de  successibles  dans  la  parentèle  de  l'aieuI, 
la  loi  appelle-t-elle  les  parents  compris  dans  la  parentèle 
du  bisaïeul  paternel,  c'est-à-dire  ceux  qui  se  ratta- 
chent à  ce  bisaïeul  par  un  lien  direct  de  descendance'?  La 
question  n'a  jamais  été  sérieusement  examinée  que  pour 
l'un  des  parents  compris  dans  cette  parentèle,  le  cousin 
issu  de  germain,  et  elle  paraitdevoir  être  résolue  négati- 
vement '  •.  Aplus  forte  raison,  doit-on  écarter  le  bisaïeul'". 

c)  Des  rollntéraux  maternels.  —  Lorsque,  dans  la 
ligne  paternelle,  il  n'existe  aucun  successible  pouvant 
se  rattacher  au  défunt  par  le  père  ou  l'aïeul  de  celui-ci, 
la  succession  passe  aux  parents  maternels'*.  Mais  la 
mère  parait,  comme  le  père,  devoir  être  exclue  de  la 
succession  par  ses  enfants,  car  les  lois  athéniennes  gar- 
dent le  silence  à  son  égard  ".  Si  l'on  admet  que  la  mère 
ne  succède  pas  à  son  fils,  l'ordre  à  suivre  entre  les  colla- 
téraux maternels  doit  être  calqué  sur  celui  que  nous 
avons  indiqué  pour  les  collatéraux  paternels.  En  première 
ligne  donc  viennent  les  frères  et  sœurs  utérins  du  de 
cujus  et  leurs  enfants.  A  défaut  de  successibles  se  ratta- 
chant à  la  mère  du  défunt  par  un  lien  de  descendance, 
on  appelle  les  parents  compris  dans  la  parentèle  de  l'aïeul 
maternel,  c'est-à-dire  les  oncles  et  tantes  maternels  du 
défunt  et  leurs  descendants.  Lorsqu'il  ne  se  rencontre 
pas  de  successibles  dans  la  parenlèle  de  l'aïeul  matt-rnel, 
on  ne  peut  remonter  plus  haut  et  appeler  la  parenlèle  du 
bisaïeul  maternel.  La  succession  est  alors  dévolue  aux 
parents  paternels  non  compris  dans  l'anchistie-". 

d)  Des  successibles  non  compiis  dans  l'anc/iistie. 
Des  5JYV£V£!ç.  —  D'après  la  loi  de  succession  citée  par 
Démosthène,  lorsque  la  ligne  maternelle  n'a  aucun 
représentant  jusqu'au   degré  de  Traîç  àvEj/t&u  du  défunt 

—  9Cf.  Caillcmer,  p.  18,  90j  Beauchet,  t.  III,  p.  511.  —  lO  Caillenier,  p.  96; 
Beauchet,  t.  III,  p.  5i3.  —  n  Cf.  Caillcmer,  p.  toi  ;  Bciuchct,  t.  ill.  p.  5i7.  —  "âCf. 
Caillcroer.  p.  105  :  Beauchet,  t.  III,  p.  531.  —  «3  Caillcmer,  p.  105:  Beauchet,  t.  Ill, 
p.  533.  —  "'  Isae.  /oc.  cil.  —  «s  Beauchet,  t.  III,  p.  537.  —  16  V.  eu  ce  sens  nolam- 
ment :  Schclliug,  p.  liS:  Giraud.  p.  ISO:  Darcslc,  Op.  cil.  I,  p.  i9  :  Moy,  Étuilcs 
sur  Ut  plaidoyers  disve.  p.  i6i  ;  .Meicr,  Schriuiaiin  et  Lipsius,  p.  586,  telle  et 
noie  276-,  Grasshof.  p.  35;  Hcrmann-Tlialhcim.  p.  68.  noie  I  :  Caillenier,  p.  113; 
Miltcis,  p.  321  :  Beauchet,  I.  III,  p.  538  s<|.  —  <"  Beauchet.  t.  III,  p.  517.  —  IS  De- 
mosUi.  C.  i/aearl.  %  31.  —  19  Cf.  en  ce  sens:  ScliSmaon  ap.  Isae.  p.  V5I  :  Darcslc, 
/ourn.  (fet  5aran<t,  I8S5,  p.  269:  Guiraud,  p.  222  :  M.ier.  Schùniann  et  Lipsius. 
y.  580  ;  Beauchet.  I.  III,  p.  548  s.].  —  »'  Caillcmer,  p.  lit  ;  Beauchet,  t.  III.  p.  559. 


suc 


IS'iG  — 


SUC 


inclusivomont,on  revient  à  la  ligne  paternelle,  et  la  suc- 
cession est  déférée  au  parent  le  plus  proche  parmi  ceux 
qui  se  rattachent  au  défunt  par  son  bisaïeul,  par  son 
trisaïeul,  et  ainsi  de  suite'.  Ces  parents  ne  sont  point 
toutefois  appelés  suivant  les  mêmes  principes  que  les 
ÔL-r/icrt'.a.  Pour  ceux-ci,  en  elfet,  ce  n'est  pas  la  proximité 
du  degré,  mais  la  place  dans  telle  parcntèle  qui  déter- 
mine le  rang.  S"il  sagit,  au  contraire,  de  simples  cognais, 
c-jffsts'.^,  c'est  le  plus  proche  par  le  degré  qui  passe 
avant  les  autres.  .\  défaut  de  simples  cognats  paternels, 
la  succession  ne  revient  point  une  seconde  fois  à  la  ligne 
maternelle,  c'est-à-dire  aux  simples  cognats  de  cette 
ligne-.  11  parait  conforme  à  l'esprit  du  droit  successoral 
athénien  ainsi  qu'aux  termes  généraux  de  la  loi  qui  éta- 
blit le  privilège  de  masculinité,  d'appliquer  ce  privilège 
entre  les  parents  appelés  à  litre  de  simples  cognais^. 

e)  Droits  du  yé^jo-,  et  de  la  phratrie.  Successions  en 
déshérence.  A  défaut  des  héritiers  que  nous  avons  précé- 
demment nommés,  la  succession  est-elle  déférée  au 
■(•Évoç  'ge.ns]  ou  même  à  la  phratrie  [puratria]?  En  ce 
qui  concerne  d'abord  cette  dernière,  on  ne  peut  sérieu- 
sement affirmer  sa  vocation  héréditaire,  car  elle  ne 
repose  sur  aucun  texte*. 

Quant  au  ^évoç,  certaines  considérations  paraissent 
militer  en  faveur  de  sa  vocation  héréditaire.  Mais  elles 
sont  fort  contestables.  A  supposer  d'ailleurs  que  le 
YÉvoi;  soit  appelé  à  succéder,  des  difficultés  sérieuses 
s'élèveraient  en  ce  qui  concerne  la  manière  dont  doit 
s'opérer  à  son  profit  la  dévolution  de  la  succession». 
En  écartant  le  droit  de  succession  du  y^voç  et,  à  plus 
forte  raison,  celui  de  la  phratrie,  ce  n'est  pas  une  rai- 
son pour  dire  que  la  succession  de  celui  qui  est  mort 
sans  laisser  de  parents  successibles  va  tomber  en  déshé- 
rence et  être  acquise  au  fisc.  Le  maintien  d'une  maison 
et  d'un  culte  domestique  a  toujours  paru  plus  désirable 
aux  Athéniens  que  le  profit  que  le  fisc  pourrait  retirer 
d'une  succession  en  déshérence.  A  supposer  que  le 
défunt  n'eût  pas  pris  soin  de  pourvoir  par  un  testament 
à  la  continuation  de  sa  personne  et  de  son  culte  domes- 
tique, on  peut  admettre  "  que  l'archonte  est  chargé  de 
pourvoir  par  une  sorte  d'adoption  posthume  à  la  trans- 
mission de  l'héritage  et  du  culte  menacé  de  s'éteindre. 
L'iiéritier  ainsi  désigné  devait  s'engager  à  continuer  le 
culte  domestique  du  défunt". 

Ce  n'était  point,  du  reste,  la  présence  du  conjoint  sur- 
vivant qui  aurait  pu  faire  obstacle  aux  droits  des  simples 
cognats  ou  même  du  trésor,  car  à  Athènes  la  loi  ne 
reconnaît  aucun  droit  de  succession  au  conjoint  survi- 
vant, qu'il  s'agisse  du  mari  ou  de  la  femme  *.  Il  ne  paraît 
pas  non  plus  qu'en  dehors  d'Athènes,  bien  qu'on  ait 
prétendu  le  contraire,  la  femme  ail  un  droit  sur  la 
succession  de  son  mari'. 

f;  Des  surressions  eclraordinaires.  —  1°  Succession 
des  affranchis.  L'esclave  aflranchi  [apélkituéroij  ne  pou- 
vant avoir  d'autre   famille  légale  que  cette  qu'il  se  crée 


1  lit-auchcl,  I.  III,  p.  539.  —  îMcicr,  ScliSmann  fI  Lipsius.  p.  387;  Braiichct, 
I.  III.  p.  5<i3.  —  1  Beauchel,  t.  III,  p.  565.  —  t  Cf.  Bcauchel,  t.  III,  p.  564. 
—  -Cf.  Boaiichcl,  I.  III,  p.  368  sq.  —  «Uac.  /te  Apoll.  htr.  §31.-7  Sclmoidor, 
Oe  jure  hered.  Athen.  p.  Ï4;  i:aillcnicr,  p.  133;  Guiraud,  p.  ïi\\  Bcauclicl, 
I.  III.  p.  571.  —  »  l.ewy.  De  cMli  condil.  mulier.  graecarum.  p.  63: 
Guirauil,  p.  ill  ;  Bcauchel,  t.  III,  p.  37i.  —  9  Bcauclicl,  /iirf.  —  10  Bunfcil, 
p.  51;  Urassliof,  p.  8i;  Schômaan  sur  ls*e.  p.  ÎH:  Guiraud,  p.  145; 
Caillemcr,  p.  135  ;  Hermann-Tliallicini,  p.  ts  ;  Bcauchel,  l.  III,  p.  574.  —  Il  Caille- 
incr,  p.  137  ;  Bcauchel,  I.  III,  p.   575.  -  1!  Foucarl,  Mëm.   sur  ra/franchhsem. 


par  le  mariage,  les  descendants  de  l'affranchi  sont  seuls 
appelés  à  recueillir  la  succession  de  leur  père  mort  intestat 
et,  à  défaut  de  descendants,  la  succession,  par  une  sorle 
de  continuation  de  la  puissance  dominicale,  revient  au 
patron  de  l'atlranciii'".  11  semble  même  que  les  héritiers 
du  patron  aient  eu  le  droit  de  recueillir  la  succession  de 
l'alTranchi  mort  sans  postérité".  Les  actes  de  Delphes 
relatifs  à  des  affranchissements  sous  forme  de  vente  à  la 
divinité,  font  souvent  allusion  au  droit  de  succession  du 
patron.  Ils  mentionnent  aussi  cerlaines clauses  spéciales 
destinées  à  garantir  le  droit  de  succession  du  patron,  et 
interdisent  à  l'afTranchi  d'aliéner  tout  ou  partie  de  son 
patrimoine,  clauses  qui  vraisemblablement  devaient  être 
également  en  usage  à  Athènes  "^. 

2°  Succession  des  métèques.  —  Les  métèques  sont,  au 
point  de  vue  du  droit  privé,  dans  une  situation  bien 
supérieure  à  celle  des  affranchis.  La  cité  charge  un 
des  plus  hauts  magistrats  athéniens,  le  polémarque,  de 
veiller  sur  les  héritiers  et  les  héritières  (épiclères)  des 
métèques".  Lasuccession  des  métèques  est  doncdévolue 
en  première  ligne  à  leurs  descendants,  fils  et,  à  défaut, 
lillesépiclères.  Adéfaut  de  descendants,  la  succession  est 
dévolue  aux  autres  parents  du  métèque.  Mais,  à  défaut 
de  descendants,  il  est  fort  douteux  que,  à  l'exemple  de  ce 
qui  se  passait  pour  le  patron  de  l'atTranchi,  la  succes- 
sion du  métèque  soit  dévolue  à  son  prostate  [metoikoi]  '*. 

Quant  aux  étrangers  proprement  dit,  çsvo;,  c'est-à-dire 
à  ceux  qui  ne  sont  même  pas  compris  parmi  les  métè- 
ques, il  est  vraisemblable  qu'ils  avaient  le  droit  de  trans- 
mettre leur  succession  non  seulement  à  leurs  propres 
enfants,  mais  encore  à  leurs  autres  parents,  le  rang 
héréditaire  de  ces  derniers  étant  même  déterminé  d'après 
les  principes  de  la  loi  athénienne''. 

3°  Succession  au  pécule  des  esclaves  i^SERvus]. 

IV.  De  l'acquisition  des  slccessioxs.  —  C'est  une  ques- 
tion assez  délicate  que  celle  de  savoir  si  l'on  rencontre 
dans  le  droit  attique  des  héritiers  à  qui  s'impose  la  dévo- 
lution de  la  succession,  ou,  suivant  l'expression  romaine, 
des  héritiers  nécessaires.  Pour  les  successeurs  autres 
que  les  enfants  légitimes,  y  compris  les  enfants  adoptés 
par  acte  de  dernière  volonté,  on  est  d'accord  pour  dire 
qu'ils  sont  libres  d'accepter  l'hérédité  ou  de  la  refuser. 
Mais  pour  les  enfants  légitimes  ainsi  que  pour  les  en- 
fants adoptés  entre-vifs,  on  a  voulu  les  considérer  comme 
des  héritiers  nécessaires".  Si  toutefois  cette  théorie 
renferme  une  part  de  vérité,  en  ce  sens  qu'elle  a  pu  être 
celle  du  droit  attique,  et  même  du  droit  grec,  en  géné- 
ral, à  une  époque  où  le  régime  de  la  propriété  familiale 
était  encore  en  vigueur  en  Grèce,  et  où  il  n'y  avait  pas,  à 
proprement  parler,  de  dévolution  successorale,  elle  nous 
parait  clairement  contredite  par  les  textes  '^  à  l'époque 
des  orateurs.  Elle  est  d'autant  plus  difficile  à  admettre 
à  celte  époque  que  la  loi  de  Gorlyne  '*  consacre  formel- 
lement le  droit  de  répudier  la  succession '^ 

Pour  qu'un  successible  puisse  renoncer  à  la  succcs- 


des  escinvcs.  p.  24;  Beauchel,  t.  III,  p.  378  sq.  —  i3  Arisl.  Conslit.  des  Athèn. 
p.  68.  —  "  Cf.  Bunsen,  p.  50;  Caillemer,  p.  141;  Beauchel,  l.  III,  p.  581. 
—  15  Caillemer.  p.  14i.U3  ;  Beauchel,  l.  III,  p.  338.  —  '6  Fuslel  de  Coulaugcs, 
Cité  antique,  liv.  II  c.  7;  Giraud,  p.  101;  Scliulin,  Das  griechiache  Testament, 
p.  17;  t'errol.  Op.  cit.  p.  373;  Meier,  Schômaun  cl  Lipsius.  p.  573,  noie  27i  ; 
llcrmann-Thalheini,  p.  83,  note  1  ;  Caillemer,  p.  149  ;  Schneider,  De  jure 
hered.  athen.  p.  48.  —  "  Denioslh.  Sauaim.  §  7.  —  i»  XI,  l.  I.  —  I»  Uaresle, 
Plaid,  ci».  I,  p.  19,  cl  Journ.  des  savants,  /oc.  cil.  ;  Guiraud,  p.  iîô;  Beauchel, 
l.  m,  p.   591  sq. 


suc 


lSo7  — 


SUC 


sion  qui  lui  est  déférée,  il  est  nécessaire  qu'il  n'ait  point 
manifesté  l'intention  de  l'accepter,  car  l'acceptation  est 
irrévocable.  Cette  manifestation  de  volonté  peut,  du 
reste,  être  tacite,  etrésulter,  par  exemple,  de  la  prise  de 
possession  des  biens  héréditaires  '. 

Si  les  descendants  légitimes  ne  sont  pas  liéritiers 
nécessaires,  ils  se  distinguent  cependant  profondément 
des  autres  successibles  à  un  autre  point  de  vue  fort 
important,  en  ce  sens  qu'ils  sont  investis  de  la  saisine 
légale,  c'est-à-dire  qu'aussitôt  après  l'ouverture  de  la 
succession,  ils  peuvent,  sans  aucune  formalité,  et  sans 
avoir  à  recourir  au  magistrat,  se  mettre  en  possession 
des  biens  paternels  au  moyen  de  ce  que  l'on  nomme  une 
È|j.paT£U(7ii;'''.  Les  autres  héritiers,  au  contraire,  c'est-à- 
dire  les  enfants  adoptés  par  testament  et  les  collatéraux 
doivent,  avant  de  prendre  possession  des  biens  hérédi- 
taires, s'adresser  au  magistrat  compétent  et  se  faire 
autoriser  par  lui  au  moyen  de  la  procédure  èir'.otxQtu'a,  à 
appréhender  l'hérédité^. 

Si,  dans  la  prise  de  possession  à  laquelle  l'autorise 
la  saisine  légale,  l'héritier  saisi  rencontre  un  obstacle  de 
fait,  provenant  d'une  violence  légale  ou  simulée  exercée 
par  un  tiers  {klxyuiyri),  il  peut  agir  contre  ce  tiers  au 
moyen  delà  ôix-r]  s;otJ>,Y,(;  [exoulès  dikéj.  De  plus,  si  l'hé- 
ritier saisi  est  un  mineur  ou  une  femme,  l'auteur  de  la 
violence  peut  être  poursuivi  par  une  eiTay-i'EXta  zaxujijEwç. 
[eisaggélia],  action  susceptible  d'entraîner  contre  lui 
des  conséquences  très  graves'. 

Lorsqu'un  tiers  s'oppose  à  la  prise  de  possession  par 
l'héritier  saisi,  en  élevant  lui-même  des  prétentions  sur 
la  succession,  l'héritier  peut  répondrepar  une  procédure 
incidente  nommée  ^  diamartyria,  procédure  qui  n'est 
pas  du  reste  spéciale  à  la  matière  des  successions. 

La  saisine  ne  nous  parait  pas  d'ailleurs  conférer 
à  l'héritier  qui  en  est  investi,  l'acquisition  de  la  posses- 
sion elle-même,  sans  qu'il  lui  soit  nécessaire  de  faire 
aucun  acte  d'appréhension.  La  théorie  contraire"  repose 
sur  une  notion  assez  délicate  de  la  saisine,  notion  qui  a 
fini  par  être  consacrée  par  le  droit  moderne,  mais  que 
le  législateur  athénien  ne  parait  pas  avoir  aperçue  ^ 

Quant  à  l'héritier  non  saisi,  il  est  obligé  de  recourir 
à  la  procédure  d'èiriôijcauia,  qui  peut  elle-même  provoquer 
celles  de  StïStxaai'a  [diadikasia]  et  d'àu.',f.t(7J3-jÎTT,ctç  [amphis- 
BÉTÉsis].  La  décision  de  l'archonte  qui  homologue  la 
>.Yi;tç  du  demandeur  lui  confère  par  cela  même  une  sai- 
sine,judiciaire  dont  les  etTels  sont  identiques  à  ceux  de 
la  saisine  légale  accordée  à  l'héritier  sien.  Lorsque  d'ail- 
leurs l'héritier  non  saisi  meurt  sans  avoir  fait  l'adition  qui, 
selon  nous,  résulte  du  fait  de  présenter  laX-?i;t;,  son  droit 
s'éteint  avec  lui,  et  les  continuateurs  de  sa  personne  ne 
peuvent  l'exercer  de  son  chef;  ils  sont  alors  exposés  à 
être  exclus  par  d'autres  successibles  qui  auraient  été 
obligés  de  subir  le  concours  du  leur  auteur,  s'il  avait 
v('cu  et  fait  adilion*. 

Toute  personne  qui  croit  avoir  des  droits  préférables 
à  ceux  du  possesseur  de  l'héritage,  peut  les  faire  valoir 
au  moyen  d'une  action,  qui  est  une  sorte  de  pétition 
d'Iiérédité.   Les  personnes  qui  peuvent  agir  ainsi  sont 

1  Caillcmcr,  p.  (53.  —  2  Isac.  De  Pyrrh.  her.  102.  —  3  Cf.  Bcauchet,  l.  III, 
p.  595.  —  4  Caillcmer,  p.  155;  Beaucliet,  loc.  cit.  —  s  igae.   De  Philoct.  her. 

—  6  Dubois,  Nom.  rev.  hist.  du  droit,  18SI,  p.  133.  —  ^  Boaiichct,  t.  III, 
p.  398.  —  8  Caillcmci',  p.  174;  Beauclicl,  l.  III,  p.  ili.  —  9  Mikt,  ScIiS- 
mann    et  Lipsius,  p.    612;    Caillpmer,  p.  160.    —    10  Beauchet,   l.    III,    p.  02^. 

—  11  Isae.  De    Pyrrhi   her.  §  58.   Cf.  Bunsen,  p.  'Jl;    Uaresle,  Pluld.  civ.  l.  I, 


celles  qui  n'ont  pas  figuré  dans  la  procédure  d'envoi  en 
possession,  car  on  ne  peut  plus  leur  opposer  une  épi- 
dicasie  à  laquelle  elles  sont  demeurées  étrangères'. 
Celles  qui  ont  figuré  dans  la  procédure  d'épidicasie,  ou 
plutôt  de  diadicasie,  peuvent  aussi  quelquefois  excep- 
tionnellement former  ultérieurement  une  pétition  d'hé- 
rédité contre  le  possesseur,  notamment  quand  l'envoi  en 
possession  a  été  prononcé  par  défaut'".  L'action  en  péti- 
tion d'hérédité  se  prescrit  par  cinq  ans,  comme  les  autres 
actions  en  général". 

L'héritier,  quand  une  fois  il  a  accepté  la  succession, 
devient  activement  et  passivement  le  continuateur  de  la 
personne  du  défunt;  il  succède,  en  principe,  à  tous  les 
droits,  mais  aussi,  par  contre,  à  toutes  les  obligations 
de  son  auteur.  Il  peut  donc,  notamment,  intenter  contre 
les  débiteurs  du  défunt  les  mêmes  actions  que  celui-ci 
aurait  pu  exercer'^.  Toutefois,  un  droit,  même  d'ordre 
pécuniaire,  peut,  par  exception,  être  intransmissible  aux 
héritiers  si,  par  sa  nature  ou  d'après  la  convention  des 
parties,  il  doit,  comme  le  droit  d'usufruit, être  considéré 
comme  ayant  un  caractère  exclusivement  personnel. 
D'autre  part,  les  distinctions  honorifiques  qui  ont  pu  être 
accordées  au  défunt,  même  si  elles  ont  pu  comporter  un 
avantage  matériel,  ne  sont  pas  transmissibles  à  ses  héri- 
tiers. Tel  est  notamment  le  droit  si  recherché  par  les 
Athéniens,  de  prendre  chaque  jour  ses  repas  dans  le 
Prytanée  aux  frais  du  trésor  public'^. 

L'héritier,  s'il  recueille  tous  les  droits  du  défunt,  suc- 
cède par  contre  passivement  à  toutes  ses  obligations  et 
il  en  est  tenu  comme  l'aurait  été  le  de  ciijus  lui-même. 
Les  créanciers  du  défunt  peuvent  donc  s'adresser  à  l'hé- 
ritier pour  lui  demander  le  remboursement  de  ce  qui 
leur  est  dû,  et  cela  quelle  que  soit  l'origine  de  la  dette. 
A  ce  principe,  l'action  prononcée  contre  les  débiteurs 
du  fisc  ou  contre  ceux  qui  s'étaient  rendus  coupables  de 
certains  crimes  d'une  gravité  exceptionnelle,  est  trans- 
missible  à  la  postérité  du  condamné  [atimiAj  ''.  Lorsqu'il 
y  a  plusieurs  héritiers,  les  dettes  se  divisent  entre  eux 
proportionnellement  à  leur  part  héréditaire '^ 

L'héritier  est  tenu  des  dettes  du  défunt,  non  seule- 
ment sur  les  biens  héréditaires,  mais  encore  sur  ses 
biens  propres.  L'acceptation  d'une  succession  insolvable 
(û^iô/pecoç)  pouvait  donc  compromettre  sa  fortune  person- 
nelle'^. Le  droit  attique  ne  paraît  pas  avoir  connu  le 
bénéfice  d'inventaire. 

Outre  les  obligations  précitées,  et  qui  sont  la  contre- 
partie des  droits  pécuniaires  auxquels  il  succède,  l'hé- 
ritier est  tenu  envers  le  défunt  de  certaines  obligations 
d'ordre  religieux  ou  moral.  Ainsi  d'abord,  l'héritier  non 
seulement  est  tenu  de  donner  au  défunt  une  sépulture 
convenable,  mais  en  outre  il  doit  accomplir  ce  que  l'on 
nomme  ri  vo[ji.tÇou.£va,  c'est-à-dire  faire  à  la  tombe  du 
défunt  les  visites  prescrites  par  l'usage,  et  ofTrir  chaque 
année  à  ses  mânes,  ainsi  qu'à  ceux  de  ses  ancêtres,  le 
repas  funèbre  et  les  libations  destinées  à  assurer  le  repos 
et  le  bonheur  des  morts.  L'accomplissement  des  rites 
funèbres  est,  dans  les  idées  des  anciens,  indissoluble- 
ment lié  à  la  transmission  de  l'héritage".  Les  visites  et 


p.  49  :  Meier,  Schômann  et  Lipsius,  p.  013;  Hermaun-Thalheim,  p.  14,  note  2; 
Caillemer,  p.  168;  Beauchet,  t.  III,  p.  030.  — 12  Beaucliet,  t.  III,  p.  031.  —13  (Jail- 
leraer,  p.  188;  Beauchet,  t.  III,  p.  032.  —  i*  Beauchet,  t.  III,  p.  388  et  634. 
—  'a  V.  infra.  —  It»  Isae.  De  Arist.  her.  §  10.  —  nCf.  Schœmann,  sur  Isée,  p.  222  ; 
Meier,  Schômann  et  Lipsius,  p.  598,  noie  307  ;  Becker  (Hermann),  Cliariklès,  t.  III, 
p.  I2U  srj.  ;  Hcrmauu-Blunnier,  Privataltcrlûmer.  p.  372. 


suc  —  •3-^8  — 

les  offrandes  à  la  lomhe  du  défunl  sont  rigoureusement 
oblis;aloires  pour  riiérilier;  l'absence,  la  maladie  ou 
lage  ne  peuvent  len  dispenser.  Il  doit,  s'il  est  absent 
ou  malade,  être  remplacé  par  un  de  ses  parents  ou  par 
ses  amis'.  Si  l'héritier  est  mineur,  c'est  un  tuteur  qui 
doit  accomplir  à  sa  place  et  en  son  nom  les  vouiÇôiieva-. 

Pour  mieux  assurer  l'accomplissement  des  cérémonies 
funèbres  et  se  prémunir  contre  la  négligence  de  ses 
héritiers,  le  mourant  peut  charger  un  de  ses  afîranchis 
du  soin  d'accomplir  les  vofiiCoiAEva.  Les  actes  d'affran- 
chissement de  Delphes  témoignent  des  préoccupations 
des  maîtres  à  cet  égards 

V.  Du  PARTAOE  DES  siiXESSiûxs.  —  Le  partage  des  suc- 
cessions donnait  lieu,  à  Athènes,  à  de  nombreuses  con- 
testations, et,  sous  la  pression  de  cet  esprit  processif  et 
intéressé  qui  soulevait  tant  de  litiges  en  matière  des 
successions,  les  cohéritiers  se  comportaient  souvent  en 
ennemis  plutôt  qu'en  frères\  Pour  prévenir  les  discus- 
sions entre  ses  descendants,  le  père  de  famille  peut  faire 
lui-même,  de  son  vivant,  le  partage  de  sa  fortune.  Il  y  a 
là  une  sorte  de  démission  de  biens  dont  on  trouve  des 
exemples,  dans  les  orateurs  °.  La  démission  de  biens 
n'est  d'ailleurs,  dans  le  droit  attique,  qu'une  faculté 
pour  le  père  de  famille  et  jamais  elle  ne  peut  lui  être 
imposée.  A  Gortyne,  au  contraire,  la  loi  ^  autorise,  dans 
un  cas  exceptionnel,  un  enfant  à  exiger  le  partage  anti- 
cipé du  patrimoine  paternel  [gûrtyniorim  leges\ 

Les  cohéritiers  ont  la  faculté  de  rester  dans  l'indivi- 
sion, et  les  orateurs  athéniens  signalent  plusieurs  cas 
de  frères  vivant  en  communauté',  et  l'on  peut  même 
supposer  que  l'état  d'indivision  était  assez  fréquent  à 
Athènes,  comme  d'ailleurs  dans  d'autres  cités  grecques. 
Cet  état  pouvait  toutefois  faire  naître  entre  les  cohéri- 
tiers, en  ce  qui  concerne  l'acquittement  des  charges  pu- 
bliques, des  difficultés  auxquelles  le  législateur  avait  dû 
pourvoir*.  Au  surplus,  en  aucun  cas  l'indivision  n'était 
obligatoire,  même  entre  frères,  et  les  cohéritiers  avaient, 
pour  en  sortir,  l'action  en  partage,  eU  BaT-fiTtov  aïpcstv, 
[datètai].  D'autres  actions  peuvent  aussi  concourir  avec 
celle-ci  pour  le  règlement  des  contestations  que  provo- 
que un  partage,  notamment  la  oix-r,  tooixôç*. 

Droit  romain.  —  A.  Généralités.  —  A  Rome,  la  suc- 
cession ou  hérédité  constitue  un  des  modes  d'acquisition 
per  universitatem  du  patrimoine,  mode  organisé  par  le 
droit  à  la  suite  du  décès  d'un  individu.  Ce  patrimoine, 
nommé  dans  l'hypothèse  heredilas,  continue  après  la 
mort  de  son  propriétaire,  à  former  une  unité  juridique, 
composée  de  droits  et  d'obligations,  qui  passe  à  un  nou- 
veau titulaire  nommé  hères,  héritier  [beres,  hereditas]. 

Comment  sont  désignées  les  personnes  appelées  à 
recueillir  cette  hérédité,  comment  celle-ci  s'acquiert-elle 
et  quels  sont  les  effets  de  cette  acquisition  ? 

1°  Délation  de  l'hérédité.  —  Les  fiomains  ont  connu 
les  deux  modes  de  délation  de  l'hérédité  que  l'on  nomme 
la  succession  testamentaire  et  la  succession  ab  intestat, 
l'une  réglée  par  la  volonté  du  défunt,  l'autre  par  la  loi. 

Il  est  probable  qu'au  début,  les  Romains  n'ont  connu 
que  la  successionabintestat  comme  les  anciens  Hindous, 

1  Isae.  De  Aslyp.  lier.  §  i.  —  2  Kcauchcl.  l.  Il,  p.  2î0;  l.  III,  p.  037. 
-JWcschcr  cl  Foucarl.  /nsrr.  iMipli.  n"  i4,  66,  131,  elc.  —  «  Flularcli.  De 
frai,  amore,  li.  —  ^  Di'moslli.  Adv.  .Vacurt.  §  19.  Cf.  Hernu-iiniTliallicini, 
p.  63  ,  n.  S.  —  6  IV,  i9-31.  Cf.  Daresle.  Haussotillier  cl  Roinacli,  /user.  jiir. 
p.  *6i.  —  1  Acsch.  C.  Timarch.  g  tdi.  Cf.  Rrauchct,  I.  III,  p.  039  si|. 
—  8  Cf.  Thumser,  De  civ.  alhen.   niuneriàut,   p.  119,  Caillenier,  p.  3i;   Beau- 


SUC 


Germains  ou  Grecs.  Ce  dut  être  la  conséquence  de  la 
pratique  à  Rome  du  régime  patriarcal  dans  lequel  la 
famille  constitue  une  unité  puissante,  ayant  seule  des 
droits  sur  le  patrimoine  familial  dont  le  pater  n'est,  en 
quelque  sorte,  que  le  dépositaire  et  l'administrateur  pen- 
dant sa  vie.  Mais,  après  sa  mort,  ce  patrimoine  retourne 
à  ceux  dont  il  était  le  représentant  temporaire,  aux  mem- 
bres survivants  du  groupe  familial,  sans  pouvoir  modi- 
fier celte  dévolution  par  un  acte  de  sa  volonté  '". 

Une  faut  pas  croire  cependant  que  la  succession  testa- 
mentaire n'ait  été  introduite  à  fiome  que  par  la  loi  des 
XII  Tables  par  le  texte  célèbre  et  ainsi  conçu  :  <•  Uti  paler- 
familios  legassit  .tuper  pecunin  tulelare  suae  rei,  ita 
jus  esta '^  ».  Il  est  plus  vraisemblable  que  la  succession 
testamentaire  a  existé  beaucoup  plus  tôt,  et  même,  si  l'on 
en  croit  la  légende  de  la  nourrice  de  Romulus,  Acca 
Larenlia,  instituant  celui-ci  son  héritier'-,  la  société 
romaine  aurait  connu  le  testament  dès  son  origine.  Quoi 
qu'il  en  soit,  la  loi  des  XII  Tables  n'a  fait  que  consacrer 
une  coutume  depuis  longtemps  en  vigueur.  Mais,  avant 
celle  époque,  le  testament  apparaissait  plutôt  comme  un 
rite  anormal,  et  d'une  pratique  peu  courante,  car  il  ne 
pouvait  se  faire  que  dans  l'assemblée  populaire  et  avec 
l'autorisation  de  celle-ci  [testamentim].  La  loi  des 
XII  Tables  vint,  par  le  texte  précité,  soustraire  au  con- 
trôle du  peuple  les  dernières  volontés  du  joa/e;*,  décla- 
rées suivant  les  formes  solennelles  requises.  Mais,  à 
défaut  de  cette  déclaration,  la  loi  consacre  les  droits 
attribués  anciennement  à  la  famille,  aux  heredes 
legitimi. 

A  partir  de  laloidesXIl  Tables,  qui  consacrait  ainsi  la 
prééminence  de  la  succession  testamentaire  sur  la  suc- 
cession légitime,  l'emploi  du  testament  se  généralisa 
tous  les  jours  davantage,  el  cela  d'autant  plus  que  les 
liens  de  la  famille  se  relAchèrent  et  que  les  formes  du 
testament  devinrent  d'un  accès  plus  facile.  Aussi  presque 
toujours  le  palerfamiUas  testait-il  avant  de  mourir,  et 
mourir  intestat  finit  même  par  être  considéré  comme 
une  déchéance,  presque  un  malheur. 

La  succession  ab  intestat  fut  donc  de  plus  en  plus  relé- 
guée au  second  plan,  el  l'on  chercha,  par  tousles  moyens, 
à  écarter  l'arrivée  des  héritiers  légitimes  et  à  donner  à 
la  volonté  du  défunt  le  pas  sur  la  désignation  de  la  loi. 

Celle  prééminence  de  la  succession  testamentaire  sur 
la  succession  ab  intestat  aboutissait  à  ce  principe,  consa- 
cré du  reste  par  la  loi  des  XII  Tables  elle-même,  que  les 
héritiers  ab  intestat  ne  peuvent  venir  à  la  succession  que 
s'il  n'y  a  aucun  espoir  d'un  héritier  légitime  '^  Les  juris- 
consultes en  avaient  déduit,  d'autre  pari,  cette  règle  logi- 
que, mais  rigoureuse,  qyi  est  ainsi  formulée  par  Justi- 
nien  :  nemo  ex  parte  teslafiis  ex  parte  intestatii.^ 
decedere  potest^^,  c'est-à-dire  qu'il  ne  peut  y  avoir  à  la 
fois  pour  une  même  succession  un  héritier  testamentaire 
et  un  héritier  ab  insteslat.  Soit  qu'ils  se  présentent 
ensemble,  soit  qu'ils  viennent  l'un  après  l'autre,  la 
prétention  de  l'héritier  ab  intestat  est  écartée. 

B.  Détermination  des  héritiers  légitimes.  —  La  suc- 
cession   ab   intestat  doit    revenir  aux   membres    de  la 

chel.  t.  III,  p.  641.  —  '  Mcier,  Scbômann  el  Lipsiiis.  p.  4S*;  Eeaucliel,  l.  III. 
p.  647.  —  10  Cf.  May.  Élnnents  de  droit  romain.  8»  éd.  p.  481  ;  Girard,  J/anue/  de 
droit  romain,  i'  éd.  p.  "7i  ;  Sumnicr-Maine,  L'ancien  droit,  p.  86  sq.  —  •'  .VII  Ta- 
bles, 5,  3:  (iaius,  2,  224;  lusl.  pr.  De  leg.  Falc.  II,  ii;  Llpian.  XI,  14,  —  12  Aiil 
Oeil.  Vil,  7,  1.  —  13  Ulpiaii.  XXVI,  §  I  ;  I.  89,  Dig.  De  r,-g.ji:r.  L.  IT.  —  1*  liisl. 
S  5,  De  hered.  insl.  Il,  14;  I.  7,  1).  De  reg.jur.  I.  17. 


suc 


1539 


SUC 


famille  du  défunl.  Mais  ces  parents  ne  sont  pas  lous 
appelés  en  bloc.  Or  la  notion  méine  de  leur  parenté  qui 
sert  do  base  à  leur  vocation  héréditaire  n'a  pas  toujours 
été  la  même,  et  elle  a  subi  le  contre-coup  des  variations 
qui  se  sont  produites  à  Rome  dans  la  notion  même  de  la 
famille.  Quatre  systèmes  ont,  à  cet  égard,  été  successive- 
ment ou  même  simultanément  en  vigueur,  depuis  la  loi 
des  XII  Tables  jusqu'à  Juslinien:  1"  c'est  d'abord  le  sys- 
tème du  droit  civil  ancien,  tel  qu'il  est  consacré  par  la 
loi  des  XII  Tables  et  dont  nous  avons  précédemment 
exposé  les  traits  généraux  [ukhes,  uerehitas]  ;  2°  c'est 
en  second  lieu  le  système  du  droit  prétorien,  imaginé 
par  le  préteur  en  vertu  de  son  droit  indirect  de  législa- 
tion [edictl'm]  pour  remédier  aux  iniquités  du  droit 
ou  pour  combler  ses  lacunes,  et  qui  se  réalise  au  moyen 
des  bonoruin  possessione.i  [bonorum  possessio];  3"  puis 
les  sénalus-consultes  et  les  constitutions  impériales 
vinrent  continuer  et  développer  l'œuvre  du  préteur 
[iiERES,  liEHEDiTAs]  ;  't"  enfin  les  Novelles  de  Justinien 
vinrent  consommer  ce  travail  de  transformation  et  con- 
sacrer détinilivement  les  droits  méconnus  ou  restreints 
de  la  parenté  naturelle,  en  adoptant  un  nouveau  sys- 
tème de  succession  entièrement  fondé  sur  la  cognation 

[UERES,  UEHEDITAS]. 

C.  (Juveriure  et  acquisition  de  la  succession  ab  intes- 
tat. —  (a)  Ouverture.  —  La  succession  ab  intestat  ne  peut 
s'ouvrir  cjue  s'il  n'y  a  pas  de  succession  testamentaire. 
Il  en  est  ainsi  lorsque  le  défunt  n'a  pas  de  testament  ou 
n'a  pu  en  faire,  étant  incapable,  ou  lorsque  son  testa- 
ment est  devenu  ineflicace  jure  civili  pour  l'une  des 
causes  que  nous  indiquerons  ultérieurement  [tesïamex 
tum],  ou  enfin  lorsque  l'héritier  institué  est  incapable, 
refuse  ou  est  insLituésous  une  condition  qui  ne  se  réalise 
pas'.  Le  moment  de  la  délation  delà  succession  ab  intes- 
tat ne  coïncide  point  d'ailleurs  nécessairement  avec  le 
jour  du  décès,  car  l'inefiicacité  du  testament  peut  n'être 
pas  reconnue  immédiatement-. 

C'est,  d'autre  part,  au  moment  de  l'ouverture  de  la 
succession  ab  intestat  qu'il  faut  se  placer  pour  apprécier 
la  capacité,  la  qualité  et  le  degré  des  héritiers  légitimes  '. 
C'est  ainsi  que  celui  qui,  étant  citoyen  romain  (qualité 
nécessaire  pourrecueillir  une  succession  légitime  au  jour 
du  décès)  a  perdu  le  droit  de  cité  au  jour  de  l'ouverture 
de  la  succession,  ne  peut  la  recueillir'.  Il  est  nécessaire 
d'ailleurs  que  l'héritier  légitime  soit  au  moins  conçu  lors 
du  décès  de  celui  auquel  il  succède,  la  durée  la  plus  lon- 
gue delà  gestation  étant  alors  reculée  jusqu'à  dix  mois-'. 

b)  Acquisition  de  Vhérédité.  —  l..a  manière  dont 
s'acquiert  l'hérédité  varie  suivant  la  qualité  des  divers 
héritiers  appelés  à  la  recueillir. 

S'il  s'agit  d'abord  d'héritiers  siens,  sui  [uehes,  ueredi- 
TAs],  ils  sont  en  même  temps  héritiers  nécessaires 
[sui  et  necessarii),  et  ils  acquièrent  la  succession  ab 
intestat  à  leur  insu  et  malgré  eux''.  C'est  là  une  consé- 
quence de  la  communauté  familiale  ayant  existé  entre 
eux  et  leur  auteur.  La  possession  est,  du  reste,  acquise 
à  l'héritier  nécessaire  sans  qu'il  ait  besoin  de  faire  un 
acte  d'appréhension  matérielle. 

Pour  les  autres  héritiers,  étrangers  à  la  communauté 
de  famille,  simples  agnats  ou  rjentiles,  quuliliés  en  ce 

1  liisl.  pr.  De  heredU.  quae  ab  intest,  dcfer.  III,  I.  —  2  Insi.  lOid. 
—  3Ciaius,  III,  13.  —  »  Faul.  Sent.  IV,  10  §  3.  —  5  D.  3  §11  D.  De  suis  et  leg. 
her.  XXVIII,  16.  —  6  Gaius,  II,  I56;lnsl.  §  i,De  hered.  quae  ab  intest.  —  T  Gains, 


sens  d'e.iiiranei,  ils  sont  héritiers  volontaires  et  peuvent 
accepter  l'hérédité  en  faisant  adition,  ou  la  répudiera 
Dans  l'intervalle  entre  la  mort  du  défunt  et  le  moment 
où  l'héritier  accepte  la  succession,  l'hérédité  est  dite 
jacente,  hereditas  jaret,  situation  fâcheuse  pour  l'héri- 
tier futur,  notamment  en  ce  que  les  esclaves  héréditaires 
ne  peuvent  augmenter  la  succession  par  leurs  acquisi- 
tions, faute  d'un  maitre  dont  ils  pussent  emprunter  la 
capacité.  Mais  les  jurisconsultes  remédièrent  aux  incon- 
vénients de  la  jacence  par  une  fiction  généralement 
admise  à  l'époque  classique,  et  en  vertu  de  laquelle  l'hé- 
rédité tient  la  place  du  défunt,  qui  est  censé  survivre  en 
elle:  hereditas  personam  defuncti  sustinet^. 

A  l'origine,  aucun  délai  n'était  imposé  aux  héritiers 
volontaires  pour  prendre  une  décision.  Mais  pour  remé- 
dier aux  inconvénients  que  pouvait  entraîner  une  incer- 
titude trop  prolongée,  le  préleur,  à  la  demande  des 
créanciers  héréditaires,  pouvait  imposer  à  l'héritier  un 
délai  de  cent  jours  pour  délibérer.  Ce  délai  expiré  sans 
qu'il  eîit  pris  parti,  il  était  exclu  de  l'hérédité '■•.  Justi- 
nien, tout  en  conservant  à  l'hérilier  volontaire  le  droit 
de  délibérer,  lui  donne  un  délai  de  neuf  mois,  passé 
lequel  il  était  réputé  acceptant'". 

Si,  après  avoir  délibéré,  l'héritier  se  décide  à  accepter 
l'hérédité,  son  acceptation,  ou  adilion  d'hérédité,  doit, 
au  début,  comme  lous  les  actes  juridiques,  être  orale  et 
solennelle,  suivant  les  formes  de  la  cretio".  Mais  plus 
lard,  on  se  contenta  d'une  simple  manifestation  de  volonté, 
7iuda  voluntns,  résultant  d'une  déclaration  verbale  ou 
écrite,  faite  en  termes  quelconques.  On  admit  enfin  l'adi- 
lion  tacite,  pro  herede  gestio,  résultant  de  tout  acte  de 
l'héritier  impliquant  chez  lui  l'intention  de  se  compor- 
ter en  maître  de  l'hérédité,  comme,  par  exemple,  du  fait 
d'aliéner  la  chose  héréditaire  '-.  L'hérilier  peut  d'ailleurs, 
à  l'inverse,  répudier  la  succession  par  une  simple  décla- 
ration de  volonté  ' '. 

Les  effets  de  l'acquisition  d'hérédité  peuvent  se  résu- 
mer en  celte  proposition,  que  l'héritier  devient  le  conti- 
nuateur de  la  personne  du  défunt.  En  conséquence,  tous 
les  biens  du  défunt,  corporels  ou  incorporels,  sauf  ceux 
qui  étaient  allachés  à  sa  personne,  comme  l'usufruit, 
passentà  l'héritier.  Celui-ci,  par  contre,  succède  à  toutes 
les  charges,  comme  l'entretien  des  sacra,  l'acquittement 
des  dettes.  Celles-ci  viennent  augmenter  ses  dettes  per- 
sonnelles, de  sorte  qu'il  y  a  confusion  complète  des  deux 
patrimoines,  les  créanciers  du  défunt  venantau  concours 
avec  les  créanciers  personnels  de  l'héritier. 

Cette  confusion  des  patrimoines  pouvait  porter  préju- 
dice soit  aux  héritiers  légitimes,  soilaux  créanciers  héré- 
ditaires. Le  droit  civil  et  le  droit  prétorien  remédièrent 
à  ces  inconvénients  par  difl'érents  bénéfices,  à  savoir  le 
Jus  abstinendi,  le  bénéfice  d'inventaire  et  la  séparation 
des  patrimoines.  Le  Jus  abstinendi,  ou  bénéfice  d'abs- 
tention, permettait  aux  héritiers  siens  et  nécessaires  de 
se  soustraire  aux  charges  d'une  hérédité  qu'ils  savaient 
mauvaise.  Ce  bénéfice  s'obtenait  par  une  simple  déclara- 
tion de  volonté  de  l'héritier  devant  témoins  de  son  inten- 
tion de  s'abstenir,  mais  à  la  condition  de  ne  pas  s'immiscer 
dans  la  succession  et  de  n'en  rien  détourner'*.  L'hérilier 
qui  usait  de  ce  bénéfice  soustrayait  ses  biens  personnels 

II,  161,  162.  —  8  !..  34,  D.  De  adq.  rcr.  dom.  XLI,  I.  —9  Ciaius,  II,  1C3,  164. 
—  10  L.  22  §  13,  14,  C.  De  jure  delib.  VI,  30.  —  "  Gaius,  II,  166.  —  12  Gaius, 
II,  167.  —  13  Gaius,  11,   169.  —  i*  L.  12,  D.  De  adq.  vel.  omitt.  her.  XXIX,  î. 


suc 


—  ISliO  — 


suc 


à  la  poursuite  des  créanciers  héréditaires  el,  d'autre  part, 
il  échappait  à  l'infamie  si  ces  créanciers  faisaient  vendre 
les  biens  du  défunt,  ces  biens  étant  vendus  au  nom  du 
défunt.  Le  bénélice  d'inventaire  a  pour  but  de  protéger  les 
héritiers  externes  contre  les  conséquences  fâcheuses  que 
pouvait  entraîner  pour  eux  l'acquisition  d'une  hérédité 
acceptée  par  eux  dans  la  croyance  qu'elle  était  solvable, 
alors  qu'elle  ne  l'était  pas.  Juslinien,  en  établissant  à  leur 
profit  ce  bénélice,  s'efforça  de  concilier  la  faveur  due  à 
l'héritier  externe  avec  les  intérêts  légitimes  des  créan- 
ciers héréditaires.  Moyennant  l'observation  de  cer- 
taines formalités,  et  notamment  la  confection  d'un 
inventaire  destiné  à  constater  exactement  les  forces  de  la 
succession  et  à  prévenir  une  dissimulation  de  l'actif,  les 
deux  patrimoines  du  défunt  et  de  l'héritier  demeurent 
séparés,  etl'héritier  spécialement  n'est  tenu  depayerles 
délies  héréditaires  que  jusqu'à  concurrence  de  l'aclif 
constaté,  et  il  ne  peut  être  poursuivi  sur  ses  biens  per- 
sonnels'. La  séparation  des  patrimoines,  6ono?'t</«  se/ia- 
ralio,  est  enfin  un  bénéfice  accordé  par  le  préteur  aux 
créanciers  de  la  succession  et  aux  légataires,  lorsque  l'hé- 
rédité est  acquise  par  un  héritier  moins  solvable  que  ne 
l'était  le  défunt.  Grâce  à  cette  séparation,  qui  doit,  du 
reste,  être  demandée  dans  les  cinq  ans  qui  suivent  l'ac- 
quisition de  l'hérédité,  et  sous  la  condition  qu'il  n'y  ait 
pas  eu  confusion  de  fait  entre  les  deux  patrimoines,  les 
créanciers  iiérédilaires  peuvent  se  faire  payer  sur  l'actif 
de  la  succession  avant  les  créanciers  personnels  de  l'hé- 
ritier, mais  en  revanche,  les  créanciers  personnels  de 
l'héritier  passent  avant  les  créanciers  du  défunt,  sur  les 
biens  de  l'héritier  ^ 

La  succession  prétorienne  [bonorum  possiîssio]  ne  s'ac- 
quiert qu'autant  qu'elle  est  demandée,  et  le  préteur 
n'impose  à  personne  la  qualité  de  bonorum  possesso?'. 
Mais,  pour  éviter  les  inconvénients  d'une  incertitude  trop 
prolongée,  le  préteur  exigeaitque celui  à  qui  \d.bonorum 
possessio  était  offerte  prît  parti  dans  un  certain  délai, 
délai  qui,  comme  celui  de  la  credo,  était  de  cent  jours. 
Ce  délai  écoulé  sans  que  les  successibles  appelés  eussent 
pris  parti,  leur  vocation  s'évanouissait  et  le  droit  à  la 
bonorum  possessio  passait  aux  successibles  du  degré 
suivant,    conformément  au  successorium  edictum. 

L'acquisition  de  la  bonorum  possessio  confère  au  bono- 
rum possessor  le  titre  d'hères  avec  tous  les  avantages 
effectifs  qui  dérivent  de  la  si<ccew/o  inuniversumjus^. 
Mais  si  le  bonorum  possessor  était  sûr  de  les  conserver 
quand  la  bonorum  possessio  était  cum  re,  il  n'en  était 
plus  de  même  quand  elle  était  si?ie  re.  Au  surplus,  ainsi 
que  nous  l'avons  précédemment  expliqué,  tous  les  bono- 
rum possessoi-es  finirent  par  devenir  cum  re,  et  l'on 
aboutit  sous  Justinien  à  une  fusion  de  la  bonorum  pos- 
sessio et  de  Ylieredilas,  de  sorte  que,  soit  pour  l'acqui- 
sition, soit  pour  les  effets,  il  n'y  eut  plus  de  différence 
entre  l'une  el  l'autre  [boxorl'm  possessio]. 

D.  Partage  de  la  succession.  —  Depuis  la  loi  des 
XII  Tables,  lorsque  plusieurs  personnes  sont  appelées  à 
une  même  succession,  chacune  d'elles  est  autorisée  à 
demanderle  partage  des  biens  héréditaires.  Telest  l'objet 
de  l'action  familiae  erciscundae  [familiae  erciscundae]. 

La  masse  à  partager  comprend  quelquefois  des  biens 
qui    n'appartiennent  pas  au  de  cujus  :  c'est  ce  qui   a 

1  L.  îî  G.  De  jure  delib.  VI,  30.  —  2  L.  1  J  I  D.  /le  séparai.  XI.M,  C.  —  i  L. 
p.    ùe     bon.    poat.    XXXVIl,   1.    —    ♦    L.     9,     D.    Ile    hered.    pet.    V,     3. 


lieu    en   cas  de  collatio  bono7'um  [bonorum  collatio]. 

Lorsque  d'ailleurs  plusieurs  personnes  sont  appelées 
simultanément  à  recueillir  une  même  succession  ab  intes- 
tat, la  part  de  l'héritier  qui  fait  défaut  estdévoluesuivant 
les  règles  du  droit  d'accroissement  [accrescendi  ji;s]. 

E.  Sanction  du  droit  héréditaire.  —  Le  droit  hérédi- 
taire est  sanctionné  d'une  manière  différente  suivant 
qu'il  a  sa  source  dans  le  droit  civil  ou  dans  le  droit  pré- 
torien. Le  droit  héréditaire  sanctionné  par  le  droit 
civil  est  protégé  par  la  pétition  d'hérédité  el  par  l'action 
en  partage  [familiae  erciscundae].  La  pétition  d'hérédité 
est  donnée  à  celui  qui,  se  prétendant  hères,  veut  faire 
reconnaître  ce  titre  qui  lui  est  contesté,  et,  en  consé- 
quence, demande  la  totalité  ou  une  quote  part  de  l'héré- 
dité. C'est  une  action  analogue  à  la  revendication  [rei  vin- 
DiCATio]  ;  elle  en  diffère  seulement  par  l'étendue  du  droit 
du  demandeur.  La  pétition  d'hérédité  est  une  action  uni  ver- 
selle  tandis  que  la  revendication  est  une  action  spéciale, 
ayant  pour  objet  des  choses  envisagées  à  titre  particulier. 

La  pétition  d'hérédité  est  donnée  à  celui  qui  se 
prétend  héritier,  en  vertu  du  droit  civil,  testamentaire 
ou  ab  intestat,  et  qui  n'est  pas  en  possession  de  l'héré- 
dité ou  qui  n'en  possède  qu'une  partie.  Il  doit,  pour 
triompher,  prouver  sa  qualité  d'héritier.  L'action  ne 
peut  d'ailleurs  être  exercée  contre  tout  possesseur, 
mais  seulement  contre  ceux  qui  possèdent  pro  herede 
ou  pro  possessore.  Possède  pro  possessore  celui  qui 
détient  un  bien  héréditaire,  ou  refuse  de  payer  une 
dette  en  se  disant  héritier.  Possède  p)-o  herede  celui 
qui  retient  un  bien  héréditaire  sans  produire  d'autre 
litre  à  l'appui  de  sa  possession  que  le  fait  de  cette  pos- 
session elle-même*.  Tout  autre  possesseur,  invoquant 
un  titre  spécial  d'acquisition,  vente  ou  donation,  par 
exemple,  ne  conteste  pas  la  qualité  d'héritier,  chez  le 
demandeur,  et,  par  suite,  ne  peut  être  poursuivi  par  la 
pétition  d'hérédité,  mais  seulement  par  la /t/  vindicatio. 

La  pétition  d'hérédité,  commelarevendication,  s'intenta 
successivement  per  sacramentum  [actio,  legis  actioJ  ,  par 
sponsio  et  par  formule  pétitoire  [rei  vindicatio],  tout  en 
passant  un  peu  plus  lentement  par  les  différentes  phases. 

Quant  aux  effets  de  l'action,  ils  sont  également  les 
mêmes  que  dans  la  revendication.  Les  deux  actions 
diffèrent  toutefois  en  ce  qui  concerne  les  restitutions  à 
effectuer  par  le  défendeur.  Notamment  depuis  le  séna- 
tusconsulte  Juventien,  rendu  conformément  à  une 
oratio  d'Hadrien ^  le  possesseur  de  bonne  foi  de  l'héré- 
dité, de  même  qu'un  possesseur  de  mauvaise  foi,  ne  doit 
rien  conserver  des  profils  qu'il  a  pu  retirer  de  sa  pos- 
session. Ainsi,  il  est  tenu  de  restituer  le  prix  des  choses 
héréditaires  qu'il  a  aliénées  avant  d'être  actionné  parla 
petitio  hereditatis.  Il  doit  également  restituer  les  prix 
des  fruits  qu'il  aperçus,  s'il  ne  lésa  pas  encore  consom- 
més :  ces  fruits  sont  considérés  comme  un  capital  qui 
vient  augmenter  l'actif  héréditaire''.  Par  contre,  dans 
la  pétition  d'hérédité,  tout  doit  être  réglé  suivant  l'équité, 
et  le  juge  est  investi  d'un  pouvoir  plus  large  que  dans 
la  rei  vindicatio.  C'est  ainsi  notamment  que  le  posses- 
seur de  mauvaise  foi  peut  réclamer  une  indemnité  à  rai- 
son de  ses  impenses  nécessaires  ou  utiles,  sous  la  con- 
dition que  la  plus-value  qu'elles  ont  occasionnée 
subsiste  encore'. 


—  5  L.  iO, 
D,  Ibid. 


D.    De   hered.  pet. 


L.  iO,  §  6,    1.  40  §  1,  Ibid.  —  IL    38, 


SUF 


—  Uifil   — 


SUF 


Le  montant  des  restitutions  à  opérer  par  le  défendeur 
à  la  pétition  d'hérédité  fait  l'objet  du  Jussux  Judicis, 
suivi,  à  défaut  d'exécution,  de  la  condamnation,  comme 
dans  la  rei  vixdicatio. 

Le  bonoriun  possessor,  n'étant  pas  héritier,  n'avait 
originairement  ni  les  actions  particulières  du  défunt  qui 
passent  à  l'héritier  du  dioit  civil,  ni  la  pétition  d'héré- 
dité fondée  sur  la  qualité  d'héritier.  Mais  le  préteur  lui 
donna  l'interdit  olûrim  boxorum,  dont  l'objet  et  le  but 
ont  été  indiqués.  La  protection  accordée  au  bonoriun 
/tossessorful  complétée  parl'inlerdit  qundlegatorum,  lui 
permettant  d'acquérir  la  possession  des  biens  hérédi- 
taires dont  s'est  emparé  un  légataire  '. 

Les  actions  fictices  permirent  aussi  au  bonoriun  pos- 
xessorde  faire  valoir  les  droits  réels  et  de  créance  appar- 
tenant au  défunt,  en  agissant  sous  la  fiction  de  la  qua- 
lité d'héritier,  ficto  se  herede.  En  même  temps,  le  préteur 
permettait  aux  créanciers  héréditaires  de  le  poursuivre 
avec  la  même  fiction-. 

Enfin,  le  préteur  alla  plus  loin  en  créant  V/iereditali.s 
petitio  possessoria,  donnée  au  bonorum  possesnor  dans 
les  mêmes  conditions  que  la  pétition  d'hérédité  à  l'héri- 
tier, à  savoir  contre  les  possesseurs /j/'o  coherede  ou  pro 
possessore  pour  réclamer  toutes  les  valeurs  héréditaires 
rentrant  dans  le    domaine  de   la    pétition  d'hérédité*. 

L.  Beaiciiet. 

SUCCIXGULUM  [cingi-u-m]  . 

SIJCCIIVUM  [electrum]  . 

SUDARIUM  [orarium]. 

SL'FFIBULUM.  —  Etoffe  carrée,  rica,  servant  de  voile, 
attachée  au-dessous  du  visage  au  moyen  d'une  broche 
{/Ibuta).  Cette  pièce  de  l'ancien  costume  romain  resta 
l'attribut  de  certaines  fonctions  religieuses';  c'était  le 
voile  des  vestales  [velim,  vestales'.  E.  S. 

SUFFI\IEi\TA.  —  Substances  que  l'on  brûlait  dans 
certaines  cérémonies,  chez  les  Romains,  pour  des  fumi- 
gations purificatoires  [lustratio,  p.  1426,  1432;  palilia, 
p.  283;  SAECVLARES  ludi,  p.  991,  sq.]. 

SUFFLAMEX.  —  Enrayure,  frein  de  voiture.  C'est 
G.  Budé  qui  détermina  le  sens  propre  de  ce  mot,  que 
les  auteurs  emploient  métaphoriquement ';  on  ignore 
si  c'est  un  terme  général  ou  s'il  désigne  le  z^oyoïzior^,  plus 
particulièrement   que  le   sabot. 

Le  xpo/orÉo-fi  ^,  nommé  également  Itio/eûî^  n'est  pas 
un  instrument  spécial  ;  les  charretiers  se  servent  d'une 
barre  de  bois,  [ao/Xôç,  ou  simplement  de  leur  bâton 
qu'ils  mettent  entre  deux  rayons  de  la  roue  et  qu'ils 
inclinent  de  façon  que  la  pointe  bute  contre  le  sol. 

Le  sabot  est  formé  d'une  plaque  en  fer  de  la  forme 
d'un  trapèze  oblong  et  dont  les  deux  bords  latéraux, 
sont  relevés  à  angle  droit  sur  la  dernière  moitié  de  la 
longueur,  de  façon  à  emboîter  la  partie  de  la  jante  la 
plus  rapprochée  du  sol.  On  a  découvert  un  de  ces  sabots 

1  Dig.  Oi(od  lerjatorum,  XLIII,  3.-2  Oaius,  IV,  31.  —  3  l).  /je  pos- 
sessoria  hercditatis  possessione,  V,  5.  —  BiDLiocnAPHip.  (partie  citEcttuE). 
BcftucheL,  /list.  du  droit  privti  de  la  Itépubligue  at/irni/mne,  t.  IV,  p.  423  sf].; 
de  lioor,  Uubcr  dus  attische  Jntestate?-brt;cfU,  liamhouT^,  IS'iS  ;  Buiiscn,  ZVe  Jure 
hereditario  apud  Athenienses,  GôtUil°cn,  I(il3  ;  Caillcmcr,  Le  droit  de  succession 
légitime  a  Athènes,  Paris,  1879  ;  Gans,  Das  Erbrecht  in  W'eltqcschiclUlicher 
K ntwickcluntj ,  Herlio,  1824;  Giraud,  Du  droit  de  succession  chez  les  Athéniens, 
in  Ileeuede  législation,  t.  XVI,  p.97(si|.  ;  .'^cliiicider.  De  jure  hereditario  Athenien- 
sium,  Monacliii,  18ÔI  ;  Soiferl,  De  jure  haeredilario  Athemensium,  Gve'dswM, 
1842.  —  (pAiiTiF.  HoMAi>E).  SuF  Ips  succcssious  ab  ioLcslal  à  Rome  :  Accarias,  l'récis 
de  droit  romain,  i'  édil.  t.  Il,  p.  1  sq.  ;  Cui|,  Les  Institutions  juridigues  des  Ro- 
mains, t.  I,  p.  2T8  sq.  et  l.  Il,  p.  Cl  1  sq.  :  Gir.ird,  Manuel  de  droit  romain,  V  édil. 
p.   6l'J   sq.  :  May,  Eléments  de  droit  romain,  8'  édil.  p.  4'J8  si|.  ;  Maynz,  Cours  de 

VIII 


en  Italie,  mais  ce  n'est  probablement  pas  une  pièce  uni- 
que, comme  on  l'a  dit';   elle  présente  la  plus  grande 


Fi^'.  MHi.  —  Saliot  de  voiture. 

analogie  avec  deux  fers  que  Grivaud  publia  comme  des 
socs  de  charrue  [aratrim,  fig.  437]".  Ceux-ci  sont  de 
forme  losangiqueel  les  bords  latéraux  sont  relevés  dans 
la  partie  médiane;  toutefois  l'absence  de  dessin  coté  et 
le  manque  de  renseignements  sur  les  proportions  des 
instruments  empêchent  de  contredire  formellement  l'opi- 
nion du  savant  châlonnais. 

On  a  prétendu  que  les  anciens  enrayaient  avec  une 
chaine.  Il  se  peut,  mais  on  a  tort  de  citer  comme  exemple* 
le  bas-relief  découvert  à  Langres'  en  1759  i  fig.  0682).  De- 
vant la  roue  de  derrière  du  chariot,  il  n'y  a  pas  «  deux 
chaînes  >>  et  l'objet  suspendu  horizontalement  n'a  pas  cette 
forme  de  «  crochet  »  ou  de  faucille  que  lui  donne  Caylus  '. 
C'est  un  fuseau,  long  de  3.5  millimètres,  pointu  à  ses  deux 
extrémités,  renflé  en  son  milieu  oîi  le  diamètre  est  de 
8  millimètres;  cet  objet  ne  figure  donc  pas    un  crochet 


Fig.  (!683.  —  Sabol  poi 


d'enrayure  à  la  chaine,  mais  on  peut  y  voir  le  profil 
horizontal  d'un  sabot.  Une  mosaïque,  découverte  à  Orbe, 
en  Suisse  (fig.  6683)  ',  représente  un  char,  sous  lequel  est 
suspendu  un  fer  courbé  dans  lequel  on  reconnaît  mieux 
la  forme  du  sabot.  Sorlin  Dorigny. 

SUFFRAGI.\  SEX  [eqlites,  p.  772;  comitia,  p.  1378, 


1396]. 


droit 


Mil.   l.    III,  p.    193    sq.;    l'clil,  Tr.  de   ilr.  romain,  i'    édil. 


79  sq. 


SOFFIBULUM.  1  Varr.  De  lintj.  lai.  VI.  il  ;  Fost.  Ep.  340. 

SUFFLAMEN.  1  Juven.  Vlll,  148;  Prudenl.  Psychom,  417.;  Senec.  Lud.  de 
mort.  Ctaud.  XIV,  3;  Ej:c.  contr.  IV,  praef.—  2  lier.  Allie,  .ipud  Atlicn.  III,  99  e 
et  Scliweighaôser  ad  l.  —  3  Simarisl.  De  synom/m.  ib.  Euslalhe  (p.  1944,  26) 
donne  la  forme  Uo/lii;.  —  4L.  A.  Milani,  Studi  e  matcriali.  1S99,  I,  p.  138, 
fig.  42.  —  s  Grivaud  de  la  Vincelle,  Arts  et  métiers  des  Anciens,  1819,  pi.  xxv, 
n«'  3  et  5.  —  6  Ricli-Chéruel,  ùict.  des  Antiq.  s.  v.  —  7  Au  musée  de  Laugrcs  ; 
notre  fig.  a  été  dessinée  d'après  un  moulage  du  musée  de  SainlGcrniain,  n»  2.Ï849. 
—  8  Rec.  danliquit.  Paris,  1761,  IV,  pi.  cxxic,  n.  2  et  3.-9  Mittheil.  d.  antiguar. 
Oesellsch.  in  Zurich,  XXXII,  1868.  Voir  aussi  un  bas  relief  au  musée  de 
CbaUllon-sur-Seine,  Espérandieu,  B.-relie/s  de  la  Gaule  rom.  t.  III,  p.  i87. 

196 


SUG 


1562  — 


SUM 


SUFFRAGIIIM.  —  On  a  dit  dans  do  prôccdenls  articles 
en  quelles  circonstances  cl  de  quelle  manière  on  volait 
dans  les  assemblées  d'Athènes  et  de  RonKî  [ekklêsia, 
niKASTAi,  AiiKOB'AGiis,  coMiTiA,  soRTiTio].  Nous  ne  revien- 
drons ici  que  sur  le  nom  même  et  sur  sa  signilication 
]wcimL'ro,(\mreslci]ou\Quse.  Siiff'rngi  11171  ou  sitbfrnf/ii/))!, 
qui  veut  dire  fragment,  semble  indiquer  l'emploi  de  tes- 
sons de  poterie',  mais  cette  indication  ne  s'accorde  pas 
avec  la  nature  du  vote  romain,  qui  est  une  réponse  à 
une  question  posée  par  le  magistrat-.  Cette  réponse  a 
été  orale  jusqu'aux  derniers  temps  de  la  République,  où 
fut  introduit  par  les  legks  ïabellariae  le  vote  par  écrit 
au  moyen  de  tablettes  [tabvllae).  Il  n'est  jamais  fait 
allusion  à  l'usage  de  tessons  de  poterie.  Divers  passages 
des  auteurs  anciens  autoriseraient  à  penser  qu'avant 
ces  lois  on  votait  tantôt  de  vive  voix,  tantôt  en  se  servant 
de  cailloux  blancs  ou  noirs'.  Denys  d'IIalicarnase,  même 
pour  les  premiers  temps,  se  sert  des  verbes  ÈTtKpépetv*, 
àvioiorivï!,  àTioTiôstrôat,  àvaXa[ji.6iv£iv,  porter^  j^eniettre  le 
sufl'rage;  il  ne  fait  qu'user  sans  doute  des  expressions  que 
lui  fournissait  la  langue  grecque  ou  qui  étaient  en  usage 
à  l'époque  où  il  écrivait.  On  disait  :  sup'raf/ium  ifiire  ', 
sii/f'rnghim  ferre^.  Les  mots  su/fraglum,  suff'ragave 
étaient  depuis  longtemps  courants  et  classiques'. 

Celui  qui  avait  à  Rome  \c  Jus  su/frcif/ii  était  en  pos- 
session delà  cité  complète,  ojitimo/ia'e[i..ivn as,  p.  12lSj. 

E.  Saglio. 

SUGGESTUS.  —  Nom  de  toute  élévation  formée  de 
matériaux  apportés  [sub  gero),  et  en  particulier  : 

I.  —  La  tribune  du  président  des  comices  et  celle  d'où 
les  orateurs  adressaient  la  parole  aux  membres  de  l'as- 
semblée [coMiTiUM,p.  138'<  et  1394].  La  tribune  aux  haran- 
gues, qui  était  consacrée  par  les  anciens,  par  conséquent 
un  temple  [tejiplumI,  n'a  pas  d'autre  nom  connu  avant 
l'époque  où  elle  fut  décorée  des  proues  des  vaisseaux 
pris  aux  Antiales  ;368  av.  J.-C,)  ;  on  l'appela  alors  les 
Rostres  '  [forum,  p.  1297  sq.]. 

IL  —  Le  podium  supportant  le  cubiculum  d'où 
l'empereur  assistait  aux  jeux  publics-;  c'était  une  loge 
close  de  toutes  parts,  sauf  sur  le  devant;  de  là  il  voyait 
sans  être  vu  [ampqitueatrum,  p.  215],  Un  autre  suggestus 
constituait  le  tribunal  judicum  de  ces  jeux  [circus, 
p.  1188]. 

III. —  La  chaire,  dominant  les  auditeurs,  oùse  tenaient 
les  lettrés  qui  se  faisaient  entendre  dans  les  lectures 
publiques  '  [lector],  et  la  «  barre  »  de  l'avocat*. 

IV.  —  Le  tribunal  d'où  le  préteur  rend  la  justice 
[triru.\al]  ^  et  sur  lequel  est  posée  lasella  curulis  [sella]  . 

V.  —  L'estrade  d'où  un  général  harangue  son  armée". 
Ce  suggestus  est  très  nettement  indiqué  sur  plusieurs 

SUFFRAGIUM.  1  On  lu  rapproché  aussi  de  su/frago,  un  osselet;  cf.  Wunder, 
Codcj:  Erfurtemis,  p.  i.r.ïxvir,  Var.  lect.  p.  167.-2  Mommsen,  Droit  public  rom . 
VI,  1,  p.46S  de  lalrad.  fr.  —  3  0vid.  A/e(.  XV,  41.  —«-Dion.  Hal.  [1,14;  IV,  12;  V, 
0;  VII,  174;  X,  41  ;  XI,  5i,  elc— 5T.  Liv.  I,  17,  9  ;  II,  S6,  10  ;  III,  17,  4;  VI,  33, 
7;  X,  i:i.  11.  —  6Cic.  De  rfom.XVII,  45;  Hep.  1,  31;  Ad  fam.E  il ,1  :  Pro  Sesl 
51,  100.  l'oniponius  et  Siscnnaap.  Non.  Marc.  p.  4C8.  -  ^  Sitffragalor  àsLr.s  IMaul. 
t'ajin.  Il,  420.    Suffragiim  se  rciiconlrc  conslanimcnt  chez  Cicéron. 

SUGGESTUS.  I  Flin.  H.  nat.  XXXIV,  5,  20  :  C.  Maenius  in  suggestu  rostra, 
deviens  Antiatibus,  fixerai  ;  Liv.  VIII,  14,  12.  —  2  Suel.  /.  Caes.  7C,  1  ;  cf.  Aer. 
12,  I  ;  l'iin.  Pan.  Tr.  51,  4-.5  ;  Klor.  Il,  10.  —  3  pers.  I,  17.  —  «  Cic.  ùivin.  I,  54  : 
iltuj  SMjijeatuw,  in  quo  causant  dixernl,  ascenticns  :  aild.  T'use.  V,  20.  —  5  Liv. 
XXXI,  2'J,  9.  —  6  Cao9.  n.  Gall.  VI,  3,  0  ;  Tac.  l/isl.  I,  30  et  55.  —  7  H.  A.  Oiueher 
et  R.  s.  PooIc,  Jloman  iledallions  in  Ihe  Dr.  Mus.  London,  1874,  pi.  xxxvu,  2  ; 
XXXVIII,  5  ;  XLI,  S  et  0.  —  »  C.  Cichorius,  Die  Heliefs  der  Traiansàule,  Berlin 
1896,  pi.  XI,  XXI,  i.vi,  Lxxvii;  S.  Rcinach,  Dépert.  de  reliefs,  Paris,  I  (1909)i 
p.  333si|.  —  9pt.iersen-Doniaszcwski,Z>ie  .Marcus-Sûule,  Mûni-hen,  1S90.  pi.  LXniA  : 
Reiuath,  0.  l.  p.  308,  5i;  cl  31 1,  U7.  —   10  Dûlschke,  A„l.      iUtw.  iii  Oberitulieti, 


monnaies  ou  médaillons,  qui  représentent  Vndlocutio 
(fig.  106,  2837)  del'Kmpereur,  chef  militaire  \  et  dans  plu- 
sieurs scènes  de  la  colonne  Trajane  '  et  de  celle  de  Marc- 
Aurèle'.  C'est  de  cette  hauteur  que  le  général  assiste  à 
une  bataille  et  dirige  les  opérations,  comme  le  montrent 
divers  bas-reliefs  de  sarcophages  '°  ;  qu'il  lient  un  conseil 
de  guerre".  Il  y  reçoit  des 
ambassadeurs'^,  préside  à  un 
congiaire  ou  à  toute  autre 
distribution  (fig.  6011,  6012). 
Des  médaillons  et  d'autres 
monuments  représentent 
l'Empereur  assis  sur  le  sug- 
gestus, où  l'on  peut  accéder 
par  des  degrés  (fig.  6684  et 
5876)  '^  [congiariumJ. 

Dans  les  camps  permanents,  f-„  6684.  -  Estrade. 

le  suggestus  consiste  en  une 

maçonnerie,  qui  compte  de  quatre  à  sept  assises  de 
pierres  de  tailles'^  ;  il  atteint  à  peu  près  sur  les  monu- 
ments le  tiers  ou  la  moitié  d'une  hauteur  d'homme, 
mais  l'échelle  en  est  peut-être  réduite  à  cause  de  l'étroi- 
tesse  du  cadre.  Vlmperator  y  est  souvent  entouré  de 
plusieurs  officiers '^ 

VI.  —  L'échafauil  sur  lequel  un  condamné  est  exposé 
ou  subit  son  supplice  [crux,  siipplicium].      Victor  Ciiapot. 

SUMMA  IIONORAUIA  [uonoraria  summa]. 

SUMMAIVUS.  —  Ce  vocable  religieux  qui  en  rappelle 
d'autres  semblables,  tous  s'appliquant  à  d'anciennes 
divinités  romaines  ou  latines  [sorani's],  se  rencontre 
pour  la  première  fois  chez  Plante  :  le  dieu  qu'il 
désigne  est  invoqué  par  un  esclave  voleur,  et  le  verbe 
summanare  est  employé  ailleurs  comme  un  synonyme 
pittoresque  de  furtum  facere  '.  Dans  l'histoire  du  culte, 
il  ne  remonte  pas  au  delà  des  guerres  contre  Pyrrhus  ; 
c'est  en  278  av.  J.-C.  qu'une  statue  en  argile  qui  le  repré- 
sentait, ou  sur  le  fronton,  ou  au  faite  du  temple  de  Jupi- 
ter Capitolin,  fui  frappée  de  la  foudre  et  la  tête  projetée 
dans  le  Tibre  où  on  la  retrouva  plus  tard-.  Pour  expier 
ce  prodige  on  voua  à  Summanus  un  sanctuaire  auprès 
du  Grand  Cirque,  dans  le  voisinage  de  celui  de  Juventas; 
la  dédicace  en  eut  lieu  le  20  juin,  date  à  laquelle  on 
continua  de  lui  offrir  des  sacrifices.  Parmi  les  prodiges 
de  l'an  197  av.  J.-C  ,  au  cours  de  la  seconde  guerre 
Punique,  on  mentionne  que  la  foudre  frappa  également 
le  sanctuaire'.  Tous  les  témoignages  des  historiens  sont, 
en  ce  qui  concerne  la  nature  du  dieu,  ou  obscurs  ou 
ambigus  ;  pour  les  uns  Summanus  est  une  divinité  spé- 
ciale, pour  les  autres  seulement  un  vocable  donné  à 
Jupiter  Capitolin*.  On  les   peut  concilier  en  admettant 

I,  60  ;  11,  105  el  401.  —  "  Cichorius,  Trainnsûnle,  pi.  ix  et  lsxviii.  —  12  Marcns- 
Sûule,  pi.  ivi  A.  —  13  Gruebcr  et  Poole,  Op.  cil.  pi.  xlvm,  2;  Frœhncr,  Les 
médaillons  de  l Empire  romain,  Paris,  1878,  p.  175  (add.  fig.  1800).  —  t»  Traian- 
siïule,  Murcus-Sûule,  loc.  cit.  —  '5  Sur  un  médaillon  de  l'robus,  Krœhner,  0.  c. 
p.  86,  09  (p.  238),  des  captifs  sonl  groupi'S  au  bas  de  la  tribune  comme  s'ils  la  sou- 
tenaient. Sur  l'arc  de  Conslantin  à  Rome,  ou  voit  l'empereur  faisant  une  allocution 
du  haut  d'une  tribune  eu  bois  ;  les  clous  sont  indir|uiis  très  netlcmeut  (Reinach, 
Op.  cit.  p.  241-243,  247,  248;  cf.  la  colonuc  Aurélienne,  ihid.  p.  325,  n.  123). 

SUMMANUS.  1  Plaut.  Bacchid.  895;  Curcul.  413,  543.  —  2  Cic.  Diein.  I,  10  ; 
T.  Liv.  Epit.  XIV.  —  3  Ov.  Fast.  VI,  729  sq.;  T.  Liv.  XXXll,  29,  I;  Plin. 
Hist.  n.  XXIX,  67;  Corp.  i.  lut.  12,  p.  320;  Kal.  Venus.  Esq.  Amit.  summan  (o)  ad 
orne  (um)  MAXIM  (um).  Pline,  par  erreur,  a  placé  l'image  en  argile  du  dieu,  non  au 
Capitolc,  mais  au  sanctuaire  du  Grand  Cirque.  —4  De  mOmo  dans  les  inscriptions 
OrelU,  1216,  juvi  alto  summano  que  Preller-Jordan,  floem.  Myth.  I,  p.  244,  corrige 
et  explique  à  lorl  :  Jori  alto  tonanti  et  Summano.  L'inscripliou  chez  OreHi.  3250, 
est  en  l'Iiouneur  de  Jupiter  Summanus.  Cicéron,  loc.  cit.,  dit  expressément  que  ce 
fut  la  statue  de  Summanus  qui  fui  renversée  par  la  foudre  :  Tile-Livc,  Epit.  XIV, 


SUM 


lf)63 


SUO 


qu'à  l'origine  Summanus  exprimait  une  fonction  de  ce 
dernier  et  que  peu  à  peu  le  vocable  se  délaciia  du  dieu 
pour  désigner  une  personnalité  distincte 

D'après  Varron,  Summanus  est  un  dieu  d'origine 
Sabine,  introduit  dans  le  culte  romain  par  T.  Talius 
et  qui  personnifia  ou  le  ciel  nocturne  ou  la  foudre  qui 
frappe  durant  la  nuit'.  Il  semble  avoir  fait  partie  du 
groupe  de  terminus,  de  juviî.ntas,  de  fides,  dont  les 
noms  sont  également  des  vocables  donnés  à  Jupiter  el 
transformés  ensuite  en  divinités  distinctes  de  lui-.  Dans 
la  discipline  des  auspices  postérieurs,  on  distingua  la 
foudre  diurne  attribuée  à  Jupiter  (fuUjur  diuin)  et  le 
fulfjur  noclurmtm  qui  était  lancé  par  Summanus  ;  et 
même  Summanus,  interprété  par  sub  mane,  se  serait 
appliqué  au  seul  phénomène  qui  se  produisait  vers  le 
matin.  Les  uns  et  les  autres  étaient  l'objet  d'une  céré- 
monie d'expiation  qui  se  résumait  dans  le  verbe  coii- 
dere^.  On  enterrait  les  foudres  diurnes  en  immolant  des 
béliers  blancs,  les  autres  en  sacrifiant  des  béliers  noirs  ^ 
Tout  à  fait  au  déclin  du  paganisme,  le  vocable  Summa- 
nus était  mis  en  rapport  avec  les  Mânes  et  le  dieu  qu'il 
désignait  identifié  avec  Dis  Pater  ou  Pluton". 

On  comprend,  à  la  lumière  de  ces  faits  que,  de  très 
bonne  heure,  la  religion  populaire  ait  fait  de  Summanus 
un  dieu  des  voleurs.  Ce  fut  par  une  association  d'idées 
semblable  à  celle  qui  donnait  Laverna,  forme  double  de 
Lara,  la  mère  des  Lares,  comme  patronne  aux  voleurs  : 
l'un  et  l'autre  devinrent  leurs  protecteurs  à  la  faveur 
des  ténèbres  qui  couvraient  leurs  méfaits''.  Au  déclin 
de  la  République,  on  avait  cessé  d'avoir  du  dieu  une  idée 
précise,  et  Ovide,  quand  il  rencontre  son  culte  dans  les 
Fastes,  se  tire  d'afi'aire  par  un  quisquis  is  est,  qui 
témoigne  de  son  embarras".  Comme  Cicéron  remarque, 
en  parlant  de  la  statue  frappée  par  la  foudre  en  278, 
qu'elle  était  alors  en  argile,  il  faut  admettre  qu'on  la 
remplaça  par  une  image  en  bronze  :  elle  devait  se  dresser 
sur  le  toit,  probablement  dans  la  partie  ouest,  le  qua- 
drige de  Jupiter  couronnant  le  fronton*.  Outre  les 
victimes  animales  qui  étaient  immolées  au  dieu,  d'après 
les  actes  des  Frères  Arvales,  on  offrait  à  Summanus  des 
gâteaux  nommés  suinmanalia.  Ils  avaient  la  forme  d'un 
disque,  symbole  du  char  du  tonnerre,  et  ils  rappellent 
les  disques,  ceux-ci  en  métal,  qui  figurent  dans  le  culte 
de  Dius  Fidius  [semo  sa.\cus]\  J  -A.  Hu.d. 

SL1MPTITS,  SUMPTUARLAE  LEGES.  —  L'Ëlat  romain 
lutta  de  bonne  lieure  contre  les  excès  du  luxe,  surtout 
pour  le  costume,  la  table,  le  mobilier,  les  funérailles  el 
les  tombeaux.  En  laissant  de  coté  des  textes  apocryphes 
de  l'époque  royale,  interdisant  certains  poissons  ou 
l'usage  d'arroser  de  vin  le  bûcher  funéraire,  c'est  dans  la 
loi  des  XII  Tables  qu'on  trouve  les  premiers  règlements 
de  ce  genre,  pour  les  funérailles  [kim's,  p.  1392-1398]  '. 
Sous  la  République,  les  progrès  du  luxe,  l'invasion  des 


p.  124 
Fidea, 
Hisl. 


fut  la  statue  de  Jupiter;  Pline,  avec  Cicéron  ;  Summanus  in  fastif/io  Jovis 

—  *  Varr.  Ling.  lat.  V,  74 2  cf.  Wissowa,  Religion  und  KuUus,  etc., 

;  dans  le  Dict.  fidbs,  II,  2,  p.  IIIC  ;  jlvf.stas,  III,  t,  p.  7S5.  Cicéron  nomme 
de  off.  m,  104,  vicina  Jovis  0.  M.  —  ^  Pest.  p.  ^29;  Paul.  D.  p.  75;  Plin. 
n.  Il,  l3s;Aug.  Cio.  D.  IV,  23;  Corp.ins.  lat.  VI,  206:  purcua  summamm 
■h;  BuUett.  arcll.  comm.  I.X,  1881,  8;  et  Wissowa,  ibid.  p.  107.  V.  encore 
i,  lYotizic,  1880,  p.  405;  et  les  articles  eidestal,  puteai..  —  '»  llenzen,  Acta 
rv.  p.  140;  et  Acta,  .\LIII.  C.  i.  l.  V  .'ioeo.  —  5  Summanus  Summus 
m;  Arnob.  V,  ."  et  VI,  3;  llart.  Cap.  II.  161;  Aug.  Civ.  D.  IV,  ii. 
'.  l'reller-Jordan,  Op.  cit.  I,  p.  2i4.  —  J'\t8t.  \'l  731  reddita,  guisquis 
,  Summano  templa  feruntuT.  —  Gilbert,  Gcschichte  und  Topoyr.  III, 
,  note  2;  surtout  p.  382,  note  4  p.  -iSZ,  note   1.  Pour  la  f|uestion    lopo,!,'ra- 


mœiirs  grecques  et  orientales  amènent  successivement, 
el  d'ailleurs  sans  aucun  résultat  sérieux,  les  lois  somp- 
luaires suivantes  :  Ojipia,  Orchia,  Fania,  Didia,Aemilia, 
Licinia,  Cornelia,  Antia,  Pompeia,  Licinia  (simple 
projet),  Julia  (de  César,  renouvelée  par  un  édil  de  Marc 
Antoine) ^  [lex,  p.  1J56,  ll'ii,  1142,  1128,  1152,  1141, 
1128,  HOO,  1147],  Les  édiles  et  les  censeurs  étaient  char- 
gés de  les  faire  appliquer  el  pouvaient  aussi  dans  leurs 
édils  prendre  des  dispositions  analogues  (aedilis,  cen- 
sor].  Sous  l'Empire  nous  trouvons  d'abord  une  loi  Julia 
d'Auguste  [lex,  p.  1L51].  Tibère  restreignit  les  dépenses 
des  jeux  de  gladiateurs  et  des  spectacles  el  demanda  au 
sénat  de  diminuer  le  luxe  du  mobilier  et  de  fixer  tous 
les  ans  le  prix  des  denrées  ;  les  édiles  devaient  surveiller 
les  cabarets  el  les  tavernes  et  empêcher  la  mise  en  vente 
des  pâtisseries;  un  édit  restreignait  en  outre  aux 
calendes  de  janvier  l'échange  des  étrennes''.  Au  début 
du  règne  de  Néron,  une  loi  du  même  genre  et  aussi  inu- 
tile restreignit  les  dépenses  el  défendit  la  vente,  dans  les 
cabarets,  d'autres  plats  que  des  légumes  cuits  '.  Les 
dernières  mesures  analogues  sont  des  règnes  d'Antonin^ 
et  de  Marc-Aurèle  sur  les  jeux  scéniques  et  de  gladia- 
teurs ;  Marc-Aurèle  défendit  de  donner  plus  de  dix  pièces 
d'or  aux  acteurs  et  provoqua  un  sénalus-consulte  qui 
diminuait  en  dehors  de  Rome  les  frais  des  jeux  de  gla- 
diateurs [gladiator,  p.  1570-72]  ^  Cu.  Lécwv.^ix. 

SUOVETAURILIA,  SOLITAURILIA  '.  —  Sacrifice  où 
les  trois  pièces  principales  du  ijccus,  porc  (.sms),  bélier 


Fig.  068 


(oti/.v),  taureau  (/a«/'Ms)  étaient  réunies  comme  victimes. 
Les  Romains  l'oflraient  à  Mars,  le  dieu  protecteur  de  leurs 
champs  el  de  leurs  armes  [mars,  p.  561],  dans  toutes  les 

phique.  V.  encore  Bcckcr,  Topogr.  p.  473  et  Jordan,  Topogr.  I,  2,  p.  08.  —  9  Ecst. 
p.  318;  cf.  T.  Liv.  VIII,  20,  8;  Hesych.  U..r;Sfovta  et  5e>fi.  SA^cus,  p.  1184;  pour 
la  signification  des  disques  de  ce  genre,  Crimm,  DeuUche  lilylholog.  1.51. 

SUMPTUS,  SUMPTDARIAB  LEGKS.  1  Plin.  Hist.  nil.  32,  2,  10;  14,  12 
Testus,  p.  2.Ï3,  V.  po«uccre.  —2  .M acrob.  2,  13.  —  3  Suet.  Tib.  34.  —  iSuct.  Ner 
10.  _  5  V,(.  PU.  12,  3.  en  lisant  avec  llirsclifcld  imminuit  pour  imtUuit.  Cf.  C 
ins.  lat.  5,  7637.  -  6  C.  ins.  lat.  2,  6278  ;  Vit.  Marc.  1 1 ,  4  ;  27,  6.  -  Bidiiocoa 
PHie.  (iormîu,  De  legibus  flomanorum  sumpluariit,  Leydc,  1810;  Rein,  art, 
Sumplus,  dans  Pauly's  lieat-Iincijclop.  VI,  2,  1505-1511. 

SUOVETAUBILIA,  SOLITAURILIA.  '  Sur  ces  deux  noms  dont  le  rapport  ne 
parait  pas  délinitivement  établi,  ».  Feslus,  p.  161,  189,  293;  Val.  Ma».  IV, 
1,    10. 


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1364 


SUP 


circonslances  où  lalustralion  élailjugéc  nccessaiicpour 
la  purilkalion  et  la  préservation  des  terres  du  pagus,  de 
la  cité,  de  larmée  '  [listratio].  Les  animaux  avant  d'être 
immolés  étaient  promenés  [pompa  trois  fois  autour  de 
ce  qui  devait  être  purifié. 

On  a  vu  (fig.  4G9-2;  la  procession  des  trois  victimes 
autour  du  camp.  l,a  ligure  6G8.5  représente  les  stioretau- 
rilid  au  retour  de  l'armée  à  Home.      E.  Saglio. 

SUPELLEX.  —  Les  opinions  des  jurisconsultes  sur 
la  signilïcalion  du  mot  supellex  sont  réunies  dans  le 
Digeste  (XXXllI,  10,  de  supellcctile  Icrjata).  Daprès  ce 
texte,  la  supellex  comprend  les  meubles  nécessaires  au 
train  ordinaire  de  la  maison,  lits,  tables,  sièges,  appareils 
d'éclairage,  armoires,  la  batterie  de  cuisine,  la  vaisselle  '. 
Elle  ne  comprend  pas  les  objets  qui  servent  à  l'exercice 
d'un  métier  déterminé,  non  plus  que  les  livres  et  tablettes 
à  écrire  -.  La  supellex  est  distincte  de  Vargentum  et  de 
la  veslis^  :  entre  elle  et  ces  deux  autres  catégories  d'ob- 
jets la  démarcation  est  difficile  à  préciser.  Dans  le  langage 
courant  il  peut  arriver  que  vestis  se  confonde  avec 
supellex  '  :  les  jurisconsultes  s'ingénient  à  être  plus 
exacts.  Il  va  de  soi  que  la  supellex  ne  comprend  pas  les 
vêlements".  La  literie  rentre  dans  la  supellex,  exception 
faite  pour  les  couvertures  {strngulaj,  qui  font  partie 
de  la  vestis  °.  Les  tapis  des  sièges  sont  compris  dans 
la  supellex,  mais  non  les  tapis  employés  dans  les 
voitures  '. 

Le  progrès  du  luxe  ne  permit  pas  toujours  de  faire  la 
même  distinction  enlr  la  supellex  et  Vargentum  :  ce  ne 
fut  plus  la  matière,  mais  la  forme  et  l'usage  de  l'objet 
qu'il  fallut  considérer*,  .\insi  les  meubles  inscrustés  d'ar- 
gent, d'or  et  de  pierres  précieuses,  furent  compris  dans  la 
supellex,  au  même  titre  que  les  meubles  de  bois  sans 
ornements  de  métal.  L'objet  ne  cesse  pas  de  faire  partie 
de  la  supellex  même  quand  il  est  tout  entier  en  métal 
précieux^.  Les  vases  murrhins  [mlrrhina]  font  partie  de 
la  supellex  au  même  litre  que  la  verrerie'".  11  serait 
logique  aussi  que  la  vaisselle  de  métal  précieux  fût  com- 
prise dans  la  supellex  au  même  litre  que  la  vaisselle 
d'argile  ou  de  bronze  ;  mais  l'accord  ne  s'est  pas  fait  sur 
ce  point  Tandis  que  la  langue  courante,  suivant  les  pro- 
grès de  la  civilisation  et  du  luxe,  a  étendu  peu  à  peu  le 
mot  supellex  des  objets  d'argile,  de  bois,  de  verre  el  de 
bronze,  aux  objets  d'ivoire,  d'écaillé,  d'argent  et  d'or", 
la  langue  juridique  n'admet  pas  cette  extension.  Cepen- 

1  Pour  le  champ  privé  on  pouvait  avoir  dos  sitovetaitrilia  lactentia  {porcus) 
aynua,  titulus.  Cal.  fi.  rust.  141  ;  ordinairement  on  sacrifiait  des  hostiae  ma- 
jora. T.  Liv.  XXX,  21,  16;  XXII,  1,  15  ;  XXX,  ïl,  10  ,  XL,  2,  i;  XLIll,  13,  7.  Cf. 
.VXXVU,    3,  G.  Voy.  Cal.  /.  c.  la  prière  adressée  au  dieu. 

SUPELLEX.  1  Dit].  /..  c.  .5  3  (énumération  de  ï'aul).  Mais  quoique  les  boilesel  1rs 
armoires  en  général  Tassent  partie  de  la  supellex,  celles  i|ui  sont  spécialement 
alTectécs  à  des  objets  distincts  de  la  supellex  , livres,  outils,  vêtenientsi  sont 
attribués,  non  au  légataire  de  la  supellex,  mais  au  légataire  de  ces  objets  {ibid.  ; 
cf.  Paul.  Senl.  III,  6,  G7,  Jurispr.  antejustin.,  éd.  Husclike,  p.  468).  —  i  L.  c. 
§  G  (opinion  d'Alfenusj  :  Supettectilis  eas  esse  respecta,  guae  ad  usinti  communem 
patris  familias  paralae  essent,  quae  nomen  sut  generis  separalim  non  haberent  : 
quare  quae  ad  artificii  yenus  aliquod  pertinerent  7iegue  ad  communem  usum 
patrts  familias  aecommodatae  essent,  siipe'lectilis  non  esse.  Hed  nec  pugillares 
et  codicea  m  supellectili  sunt.  Cf.  le  §  3,  où  Paul  eiclut  de  la  supellex  :  libres, 
vestes,  armamenta.  Et  voy.  Ulp.  ùig.  XXXÏII,  7,  lî.  —  3  £.  c.  §  I  (défmition  de 
Pomponius)  :  supellex  est  domeslicum  pntris  familiae  instrumenlum.  guod  negue 
aryento  auroce  facto  rel  vesti  adnumeretur.  (.Argentum  seul  s'emploie  avec  la 
môme  valeur  que  argentum  aurumve  factum).  Cf.  g  7  (définition  de  Tubéron). 

—  *  V.  l.  e.  §  10  (cas  cité  par  Labéon)  :  gui  i-cstem  omnem  rt  res  plurium  generum 
supetlectilis  expenso    ferre   solitus  erat,   etc.   Cf.   g  7    (opinion    de    Scrvius». 

—  5  i.  c.  §  7  (Scrvius).  —  6  i.  c.  §  3,  el  §  5  (opinion  de  Paul).  —  '  L.  c.  ^  S, 
(opinion  de  Paul).  Pour  les  tapis  des  voilures,  dicendum  est  potius  instrumenti 
viatorii  ea  esse.  —  f  i,.  c.  §  3  (Paul)  et  §  7  Itjelsus)  :  speciem  potins  rerum  guain 
materiam   intueri  oportet.  —  ^  L.  c.  g  3  (Pautj  et  §  y  (Papinicu;.  C'e>t  |iar  iiuc 


danl  la  limite  ne  peut  être  qu'arbitraire  :  l'embarras  des 
jurisconsultes,  quand  ils  ont  à  la  fixer,  se  traduit  par  le 
vague  des  critères  qu'ils  indiquent  :  Trebalius  et  Labéon 
excluent  de  la  supellex  «  ce  qui  est  fait  pour  le  plaisir 
plutôt  que  pour  l'utilité  "  '-  ;  Servius  veut  qu'on  ait  égard 
dans  une  certaine  mesure  à  l'intention  du  testateur". 
En  définitive,  l'opinion  qui  prévaut  est  celle  qui  exclut 
de  la  supellex  Vargentum  escarium  vel  potorium  ". 

Le  serviteur,  esclave  ou  afifranchi,  qui  est  chargé  de  la 
surveillance  du  mobilier  ainsi  défini,  s'appelle  a  supel- 
leclile'^.  Le  Digeste  mentionne  les  supellecticarii 
serci'^;  ce  texte  mis  à  part,  l'existence  de  l'a  supel- 
lectile  ne  nous  est  connu  que  par  des  inscri  plions.  Toutes 
celles  qui  nomment  celle  fonction  se  rapportent  à  des 
esclaves  ou  à  des  afl'ranchis  de  la  maison  impériale'''. 
On  trouve  des  a  supellectile  parmi  les  serviteurs  de 
Livie,  de  Tibère,  de  Caligula,  de  Marcella  Minor '*;  on 
rencontre  aussi  un  a  supellectile  clumus  aurine  (sic)  ", 
un  affranchi  de  l'empereur  qui  est  a  superlectile  (sic) 
p{uerorum)  Cae{saris)  nostrif,  un  autre  qui  est  a 
supell.  castrensi-^.  Enfin  le  titre  de  ad  supellect.  (sic) 
se  lit  sur  l'épilaphe  d'une  femme'-.  E.  .Xlbeistim. 

SUPERFICIES.  SUPERFItlUM'.  — Lasuperficie  dans 
le  langage  desjurisconsultes  romains,  super/icies,  est  une 
surface  en  hauteur,  distincte  de  la  surface  horizontale 
ou  soluni  au-dessus  de  laquelle  elle  est  élevée". 

A  Rome  la  propriété  du  sol  entraînait  en  principe 
celle  de  la  superficie.  Mais,  de  bonne  heure,  le  proprié- 
taire du  sol  a  pu  concéder  à  un  tiers  le  droit  d'y  bâtir 
une  maison  dont  il  jouirait  pendant  un  long  terme  ou 
à  perpétuité  comme  un  vrai  propriétaire,  en  payant 
une  redevance  dite  solarium,  ou  aussi  pensio,  merces'. 
Dans  un  second  cas  moins  fréquent,  c'est  le  pro- 
priétaire du  sol  qui  construit  la  maison  et  en  con- 
cède la  jouissance,  moyennant  le  remboursement  du 
prix  et  le  paiement  du  solarium.  Dans  les  deux  cas 
la  lex  locationis  sire  conductionis  peut  sans  doute 
prévoir  que  si  la  redevance  cesse  d'être  payée  pendant 
un  certain  temps,  le  propriétaire  aura  le  droit  de  vendre 
l'immeuble  '.  Selon  le  droit  civil  le  superfîciarius  n'avait 
aucun  droit  réel  sur  l'édifice  élevé  sur  le  sol  d'aulrui  ; 
il  ne  pouvait  qu'agir  contre  le  concédant,  comme  loca- 
taire dans  le  premier  cas  {ex  conducto\  comme  acheteur 
dans  le  second  {ex  empto),  et  obtenir  des  dommages- 
intérêls  si  le  trouble  venait  du  concédant  ou  la  cession 

faute  de  langage  qu'un  candélabre  d'argent,  par  esemple,  peul  se  trou\er,  dans  un 
testament,  classé  parmi  Xargentum  (cf.  g  3  ;  error  jus  facit,  et  g  »).  —  10  /,.  c. 
S  3  (Paul),  et  g  1 1  (Labéon).  —  *1  L.  c.  %'  :  nec  mirum  est  morihus  cicitatis  et 
usu  rerum  appellationem...  mutatam  esse:  nam  fictili  aut  lignea  aut  vitrea  aitt 
aerea  denigue  supellectili  utebantur,  nunc  ex  ebore  atque  testudine  et  argenlo, 
jam  ex  auro  etiam  algue  geinynis  supellectili  utuntur.  —  *2  ^.  c.  g  11  :  Si  guid.. 
magis  deliciarum  quam  usus  causa  paratum  esset.  Exemple  :  les  fontaines  de 
bronze.  —  IS  £.  c.  §  7.  —  i^L.  c.  g  7  (Servius)  et  g  8  (Cbrodestiuus).  En  sens 
contraire,  v.  Paul.  Sent,  lll,  6,  67.  —  15  La  maison  impériale,  à  côté  des 
a  supellectile,  comprend  des  officiâtes  rationis  vestiariae,  des  ab  argento,  nb 
auro  gemmato,  ab  auraturis,  des praepositi  auri  escari,  potori,  argenti  potori,ele. 
iCorp.  inscr.  lut.  VI,  8729  sq.).  Il  semble  doue  que  les  divisions  établies  par  les 
juristes  aient  été  observécsdans  la  répartition  du  travail  entre  les  dilTérenls  serviteurs. 
—  *ô  Oig.  XX.XlIt,  T,  §  12,  31.  — '''  Exception  faite  pour  uu  certain  Philargyrus 
qui  est  dit  simplement  supellect{icarius)  dans  une  inscription  de  Pouzxoles  {Corp. 
inscr.  tat.  X,  l'J60).  M.  Dubois  {Pouzzoles  antigue,  p.  13l|  fait  de  lui  un  fabricant 
de  meubles  (eu  rétablissant  supellectiliarius).  — **■  Corp.  inscr.  tat.  VI,  4035,  4036, 
5358,  8654,  4-357,  4471.  —  19  Ib.  VI,  3719.  —  20  /*.  VI,  8973.  _  21  Ib.  Vi, 
8335.    _  22  U.  VI,  904<1. 

SUPERFICIES,  SUPERFICIDM.  1  Voy.  les  inscriptions  où  se  trouve  cette 
ortliograpbc,  réunies  p.ir  Promis,  l'ocflô.  tat.  di  archttettura  (i/em.  delV  Accad. 
d.  Se.  di  Toriuo,  Ser.  Il,  t.  XXVIII)  1875,  p.  192.  —  »  Dig.  43,  18,  1  :  cf.  39,  i, 
B;  Cod.  Theod.  13,  1,9.  —^  Dig.  43,  18  :  13,  7,  16  §2;  6,  t,  74.  —  »  Ibid.  13,  7, 
IG  g  2.   Ce   temjis  est   |ieut-èlre  de  deui   ans. 


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—  1565 


SUP 


de  ses  actions,  et  interdits  si  le  trouble  venait  d'un 
tiers'.  Mais  de  bonne  heure  le  préleur  est  venu  à  son 
secours  en  lui  accordant  d'abord  un  interdit  spécial,  à 
l'exemple  de  l'interdit  lUi  possidetis  et,  probablement 
plus  tard,  des  actions  réelles  utiles.  L'interdit  qui  pro- 
tège la  jouissance  {f'rui)  est  double  et  suppose  l'absence 
dos  trois  vices  vi,  clam,  precario.  L'action  n'est  accordée 
que  cofjtiita  causa,  probablement  parce  que  dans  Yin- 
tentlo  de  la  formule  la  location  doit  être  de  longue  durée 
ou  perpétuelle-.  I^a  reconnaissance  au  superficiairc  de 
la  propriété  prétorienne  de  l'édifice  lui  a  donné  peu  à 
peu  tous  les  droits  afTérents  à  la  propriété,  droits  d'alié- 
ner, de  transmettre,  d'hypothéquer,  de  créer  des  servi- 
tudes, et  toutes  les  actions  qui  les  protègent  ^  L'origine 
du  droit  de  superficies  se  trouve  probablement  dans  le 
droit  de  bàlir  sur  un  terrain  public,  concédé,  moyen- 
nant redevance,  par  l'Etat  ou  les  villes  [solarius]  '\  Mais 
il  y  a  toujours  eu  des  dilTérences  entre  ces  deux  droits. 

Cii.  Lécrivain. 

SUPERIIVDICTIO.  —  Ce  mot,  qui  a  de  nombreux 
synonymes,  superindictum,  superindiriitium,  superin- 
dictilii  lituli,  augmenlum,  extraordinaria  indiclio, 
désigne  au  Bas-Empire  les  taxes  supplémenlaires  ajoutées 
en  cas  de  besoin  à  l'impôt  foncier  ordinaire,  à  Vindiclio  ' 
[thibutum].  Théoriquement  l'Empereur  se  réserve  le  droit 
de  les  établir,  sur  le  rapport  des  préfets  du  prétoire  ; 
mais  en  fait,  comme  le  montrent  de  nombreuses  lois, 
qui  répriment  cet  abus,  ces  fonctionnaires  les  ont  sou- 
vent levées  de  leur  propre  autorité^  Les  textes  con- 
fondent souvent  avec  la  superindictio  proprement  dite 
les  tnunera  exlraordinuria,  prestations  extraordinaires, 
ajoutées  aux  prestations  ordinaires  qui  complètent 
l'impôt  foncier,  telles  que  les  angariae,  les  operac,  les 
fournitures  de  chevaux  et  de  soldats'.  La  superindictio 
frappe  régulièrement  toutes  les  terres,  sauf  celles  du 
domaine  impérial  et  de  quelques  catégories  de  fonction- 
naires, tels  que  les  chefs  des  bureaux  de  la  chancellerie 
et  les  silentiaires*.  Cii.  Lkcrivain. 

SUPPARUM  ou  SIIPPARUS  '  (i:i7:ap&;j.  —  l.  Voile 
de  navire,  triangulaire,  que  l'on  hissait  au  haut  du 
mat,  au-dessus  de  la  grande  voile  carrée,  pour  proliter 
de  la  plus  légère  brise,  quand  le  vent  était  faible 
[velvmJ. 

IL  Vêtement  de  femme-,  en  toile',  introduit  à  Rome 
dès  le  111°  siècle  av.  J.-C.  '.  11  venait  peut-être  de  la  Grèce 
et  de  l'Orient,  si  l'origine  du  mot  est  aiTtapoç  ou  l'hébreu 
sepher  (voile);  d'après  une  indication  de  Varron,  il 
aurait  passé  par  la  langue  osque°.  C'était  une  tuni- 
que'',  un  indusium,  à  mettre  par  dessus  la  tunique  inté- 
rieure, subucula  \  qui  se  portait  sur  la  peau;  elle  cou- 

'  43,  18,  l  §  I.  —  2  43,  18,  1§  2-3.—  3  6,  2,  12  §  3  ;  10,  2,  10  ;  39,  1 ,  3  §  3  ;  30, 
2,  13  §  8;  39§2;43,  18, 1  §  8-9;  13,  7,  IC  §  2.  —  ^  V .  Degmkôlb,  Plat::rechl  und 
Miele,  p.  103.  —  BiDuoGRAPiiiE.  Pcllat,  Propriété,  i'  éd.  Paris,  1833,  p.  97  ;  Dcrn- 
burg,  Pandelclen,  Leipzig,  1894,2°  (îd.,  pi.  23,46;  Karlowa,  Itnm.  RechtsgeschiclUe, 
Leipzig,  1901,  I,  3.  p.  1260-1208;  Aecarias,  Précis  de  dr.  romain,  Paris,  1882,3'  (jd. 

I,  p.  689-091  ;  P.-r.  Girard,  Manuel  de  droit  romain,  Paris,  1901,  3-  éd.  p.  381-383. 
SUPKUIKDICTIO.  )  Cod.  Theod.  H,  6  ;  6,  23,  3,  4;  G,  20,  14;  11,  1,  23,  29,  30  ; 

II,  5,  2;  11,  16,  1,  3,  16,  20,  23;  11,  19,  4  ;  11,  S,  2;  11,  20,  3;  15,  1,  33;  No«. 
Major.  2,  1  pr.  ;  Cassiod.  Var.  1,  20;  3,  14;  9,  10  ;  Sidon.  Ep.  2,  1  ;  Syncs.  Ep. 
79;  Arabros.  Ep.  24.  —  2  c.  Ih.  Il,  10,  1,7,  8,  11;  Araraian.  17,  3;  Salv.  De 
ijub.Dei,  5,0;  Anibros. /)e  obil.  Valent,  c.  21.  —  3  C.  Th.  Il,  10.  —  4  Ibid.  Il, 
l.  36  ;  11,  10,  I,  2,  9,  13,  20;  C,  23,  4;  0,  20,  IV;  II,  19,  4.  —  Iiiiii.io..ic.M'iiii:. 
Godefroy,  ad  Cod.  Theod.  XI,  6  et  16. 

SUPPAnUJI.  1  On  trouve  aussi  siparum,  sipharum,  sipharis,  ^îiaso;. 
—  ipesUis,  Ep.p.  311;  Afranius,  ap.  Non.  p.  140  ;  Ilibbcck,  Corn.  lut.  /r.  I|2,  p.  180; 
Verba  Achillis  inParthenone,  iuWernsdorf,  Poet.lat.  minor,  l\,  p.  425;Tertull. 
De  pall.  c.  IV.  —  3  Novius  ap.  Non.  p.  540,  s,  et  Afranius,  Comm.  Bern.  Lucan.  Il, 


vrait  les  bras  que  lusubucula  laissait  nus,  et  descendait 
des  épaules  jusqu'aux  talons*. 

Il  ne  faut  pas  essayer  sans  doute  d'en  trouver  le  type 
dans  les  œuvres  de  la  sculpture  antique.  Le  supparutn 
plus  ample,  moins  serré  au  corps  que  la  stola, 
serait,  semble-t-il,  plus  facile  à  reconnaître,  mais  il  de- 
vait être  négligé  par  les  artistes  parce  qu'il  n'offrait  pas 
pour  draper  une  statue  les  plis  abondants  et  harmo- 
nieux de  la  palla.  Nous  en  chercherions  plutôt  des 
exemples  dans  les  rares  peintures  qui  représentent  des 
scènes  de  la  vie  familière  au  temps  où  déjà  \&  palla  et  la 
stola  disparaissaient  de  plus  en  plus  dans  l'usage  jour- 
nalier. Ainsi  dans  des  peintures  de  Pompéi  "  on  voit  des 
femmes  hors  de  chez  elles,  vêtues  d'une  robe  qui  est 
comme  un  large  surtout  couvrant  les  épaules  et  tombant 
droit  jusqu'aux  pieds  {fig.  4922). 

On  rencontre  encore  le  mot  supparus  '"  à  la  fin  de  l'an- 
tiquité, mais  alors  avec  le  sons  de  tunique  de  dessous 
[subucula,  camisia).  E.  Saglio. 

SUPPLICATIO.  —  D'après  l'étymologie,  le  mot  sup- 
plira/io  désignait  en  latin  l'acte  de  s'adresser  à  la  divi- 
nité, de  l'implorer  en  prenant  l'attitude  d'un  suppliant, 
supplex.  Celte  altitude  est  définie  par  les  termes  précis 
que  Tite-Live  emploie,  quand  il  décrit  les  matrones 
romaines  parcourant  les  sanctuaires  en  l'année  tâ4-  '2,  l"^ 
av.  .1  -C,  au  moment  où  l'on  apprend  la  marche  d'ilan- 
niijal  sur  Rome:  ...  circa  deuui  délabra  discurrunl... 
nexae  r/enibus,  supinas  rnanus  ad  caelum  et  Deos  ten- 
denfes'.  En  fait,  le  terme  supplicalio,  supplicationes, 
a  été  surtout  appliqué  à  un  rite  public  cl  collectif,  que 
les  principales  autorités,  politiques  ou  religieuses,  de 
l'Etat  romain  décrétaient  dans  certaines  circonstances, 
sinon  exceptionnelles,  du  moins  particulières  et  déter- 
minées. 

Les  sup/)licationes  étaient  célébrées  lorsque  des  pro- 
diges, des  calamités  publiques,  des  malheurs  extraor- 
dinaires semblaient  attester  la  colère  de  ladivinité  envers 
la  cité  romaine.  La  plus  ancienne  supplicalio  de  ce 
genre  que  nous  connaissions  paraît  être  celle  de  l'an 
464  av.  J.-C.^;  la  plus  récente,  que  les  textes  signalent, 
date  de64ap.  .I.-C,  l'année  même  de  l'incendie  de  Rome 
qui  en  fut  la  cause'.  Outre  les  prodiges  proprement  dits 
[prodigia],  donnèrent  lieu  à  supplicatio  des  épidémies 
meurtrières*,  des  paniques  provoquées  par  de  graves 
insuccès  militaires  ou  la  crainte  d'un  siège",  plus  rare- 
ment des  disettes".  La  supplicatio,  dans  tous  ces  cas-là, 
était  destinée  à  apaiser  les  dieux  irrités  :  Tite-Live  se 
sert  à  deux  reprises  difTérentes  de  la  formule  caracté- 
ristique :  pacein  deum  exposcere''. 

Parfois,  mais  rarement,  semble-l-il,  une  supplicatio 

36  4.  —  i  Naevius  ap.  Fesl.  Ep.  p.  310,  13.  Naevius,  L.  t.  dit  :  et  puniceum,  ce 
qui  peut  s'entendre  soit  de  l'orifjine  carlbaginoise,  soit  de  la  couleur  rouge  ; 
Novius,  (.  c.  (cf.  Ribbcck,  Comic.  rom.  fr.  2,  1898,  p.  321)  parle  d'un  supparus 
parus  melitensis  linteus.  Pour  la  «pialification  de  l-elit^nsem  ou  beltiensem  dans 
les  manuscrits,  cf.  Isid.  Orig.  XIII,  21  :  vetensis  tunica  est  quae  nffertur  ex  insulis. 
V.  aussi  Ock  s.  i).  Flaclis.  dans  Pauly-Wisaowa,  Iteal-Encycl.  —  6  Varr.  Ling. 
lat.  V,  131.  —  c  ,\ov.  Naev.  Afranius,  l.  c.  ;  Plant.  Epid.  Il,  2,  48.  —  ^  Varr. 
/.  c.  ctap.  Non.  p.  542,  22;  cf.  p.  539,  32.  —  «Lucan.  Phars.  II,  363  humarisque 
haerentia  primis  suppa>-a  nudatoi  cingunt  attgusta  lacertos;  Nonius,  p.  310,  8  : 
Supparum  est  linteum  fémorale  (lire  humorale  avec  Ruper,  Varron.  Eumenid. 
reliq.  Il,  p.  12  s<|.  Gcdani,  1802)  usque  ad  talospcndens.  —^Pitt.  d'Ercolano, 
III,  41    et  42;   0.  Jahn,   Ahhandl.  d.  sûchs.  Gesellsch.   V,    1808,  pi.  i,  I  et  n,  I. 

—  10  Corp.  gloss.  lat.  VII,  p.  310. 

SUPPLICATIO.    I  Liv.    XXVI,   9.   —  2   I.iv.  III,   5.  -  3  Tacit,    Ann.    XV,   41. 

-  4  Liv.  III,  7;  IV,  21  ;  X,  47;  XXVII,  23;  XXXVIII,  41;  XL,  .37  ;  XLI,  1\  ;  Jul. 
Obscq.  LXXll,  LXXXI.  —  =  Liv.  V,  18;  XXII,  9  si].;  XXVI,  9.  —  Mul.  Ubsc.|. 
LXXII,  LXXXI.  -  7  Liv.  III,  5  et  7. 


SUP 


—  1566  — 


SUP 


av.iil  lieu  au  dél)ut  d'une  guerre  importante,  pour  assurer 
aux  aruies  cl  à  la  politique  romaine  l'appui  de  la  divi- 
nité. Les  consuls  et  le  sénat  décrétèrent  une  siijip/icatio 
en  20(),  lorsque  la  décision  eut  été  prise  de  déclarer  la 
guerre  à  Philippe  de  Macédoine'  ;  de  même  en  191,  au 
moment  de  la  rupture  avec  Antiochus  de  Syrie  -. 

Beaucoup  plus  fréquentes  furent  les  siipplicationes 
décrétées  pour  remercier  les  dieux  des  victoires  rem- 
portées par  Home.  Les  textes  nous  en  font  connaître 
une  longue  série  depuis  le  premier  siècle  de  la  Répu- 
blique romaine'  jusqu'au  temps  de  César'  et  d'Octave". 

\  celte  dernière  catégorie  doivent  être  rattachées  les 
supplicationes  en  l'honneur  d'Auguste  et  des  empereurs. 
Ce  ne  fut  plus  seulement  après  des  victoires  remportées 
sur  les  ennemis  du  peuple  romain  et  une  fois,  ce  fut 
à  propos  de  tous  les  événements  heureux  qui  se  pro- 
duisaient dans  la  vie  du  prince  et,  dans  certains  cas  au 
moins,  tous  les  ans  au  jour  anniversaire  de  l'événement. 
Sous  Tibère,  une  supplicalio  fut  votée  par  le  Sénat  après 
l'échec  du  prétendu  complot  de  Libo  Drusus'^;  sous 
Néron,  des  supplicationes  eurent  lieu,  à  la  suite  des 
victoires  de  Corbulon  en  Arménie^;  après  le  meurtre 
d'.Vgrippine';  après  l'exécution  de  Sylla  et  de  Plautus 
accusés  d'avoir  conspiré'  ;  et  même  si  nous  en  croyons 
Suétone,  lorsque  Néron  fut  monté  sur  la  scène  pour  y 
déclamer  des  poèmes  lyriques  '".  Des  supplicaliones  du 
même  genre  furent  encore  célébrées,  au  ni''  siècle,  au 
temps  deMacrin"  ;  après  le  meurtre  de  Maximin  et  de  son 
fils  Maxime'^  ;  lors  de  l'avènement  de  l'empereur  Tacite '\ 
1/existence  de  supplicationes  annuelles  est  attestée  par 
plusieurs  documents  épigraphiques.  Le  calendrier  des 
Frères  Arvales  et  celui  d'Amilernum  signalent  pour  le 
troisième  jour  avant  les  Nones  de  septembre  (le  3  sep- 
tembre) :  Feriae  et  supplicationes  ad  omnia  pulvinario 
quodeo  die  Caesar  Aug.  in  Sicilia  vicit^^.  Un  fragment 
de  calendrier  religieux  trouvé  à  Cumes  énumère  seize 
jours  de  supplicationes  en  l'honneur  et  en  souvenir  soit 
d'Auguste  lui-même,  soit  de  membres  de  sa  famille, 
par  exemple  les  jours  anniversaires  de  la  naissance 
d".\uguste  (le  23  septembre),  de  la  naissance  de  Drusus 
(le  o  octobre),  de  la  naissance  de  Germanicus  (le  24  mai), 
de  la  naissance  de  César  (le  12  juillet),  de  la  naissance 
de  Tibère  (le  IG  novembre);  ou  encore  les  jours  anni- 
versaires de  la  dédicace  de  VAra  Fortunae  lieducis 
(le  13  décembre),  de  la  dédicace  de  VAra  Pacis  (leSO  jan- 
vier), de  la  première  salutation  impériale  d'Auguste 
(le  13  avril),  etc.  ' '.  Enfin  une  inscription  connue  de  Nar- 
bonne  "  nous  apprend  que  dans  cette  colonie  des  suppli- 
cationes avaient  lieu  chaque  année  le  neuvième  et  le 
huitième  jour  avant  les  Kalendes  d'octobre  (23-24  sep- 
tembre), aux  Kalendes  de  janvier  (le  1"  janvier),  le 
septième  jour  avant  les  Ides  de  janvier  (le  1  janvier)  et 
la  veille  des  Kalendes  de  juin  (le  31  mai).  De  ces  dates 


I  l,iv.  .\XX1,  8  5i|.  -  2  Liv.  XX.XVI,  I  5q.  —  3  La  plus  ancienne  i|uc  Tite-Livc 
mentionne  fut  célébrée  à  la  suite  d'une  double  victoire  remportée  sur  les  Sabius  en 
■USav.  J.-C.  :  Liv.  111,63. —  *  Caes.  De  B.  fi.  II,  35;  IV,  38;  Vil,  00.  Cf.  Cicer.  iie 
prov.  cons.  10;  Suetoo.  Caesar,  îi.  —  5Cic.  Pkilipp.  XIV,  5,  8,  11,  14;  cf.  Ad 
Famil.  XI,  18.  — 6  Tacit.  Ann.  11,32.  —  1  Id.  ibid.  XIII,  41.  —  8  Id.  ibid.  XIV,  Ii. 

—  9  Id.  ibid.  XIV,  59.  —  10  Siieton.  Aero,  10.  —  'I  Hcript.  Hist.Aug.  XVI,  3.  —  12  Id. 
XX.  if,.—  13  Id.  XXVII,  \î.—nCorp.  imcr.lat.\ï,  p.  3J8.  —  I5C.  i.  (o(.  X,  8375. 

—  '«  C.  i.  lat.  XII,  4333.  -  "  Le  9—  jour  avant  les  kalendes  d  octobre  (le  23  septembre) 
était  le  dies  natalis  A  uyiisti,  le  7"»*' jour  avant  les  ides  de  janvier  (7  janvier)  était  le 
jour  où  il  avait  pour  la  première  fois  revêtu  les  insignes  du  consulat.  —  18  Pridie 
K(alendas)  Junias,  quod  ea  die  T.  Stalilio  Tauro  M.  Aemitio  Lepido  cos.  judicia 
plebi»  deciirionibut  conjunxil.  —  19  Obsecratio  :  Liv.  IV,  il;  XXVI,  23  ;  ,XLII,  20  ; 


les  unes  étaient  importantes  dans  la  vie  d'.\uguste  ";  la 
dernière  n'avait  d'intérêt  que  pour  la  juridiction  muni- 
cipale "  ;  quant  à  la  date  du  i"  janvier,  elle  avait  depuis 
longtemps  dans  la  vie  romaine  un  sens  analogue  à  celui 
qu'elle  a  chez  les  modernes.  Les  supplicationes,  qui  se 
célébraient  tous  les  ans  à  des  dates  flxes,  différaient, 
précisément  par  ce  caractère  régulier,  des  supplicationes 
de  l'époque  républicaine,  que  le  sénat  ou  les  magistrats 
décrétaient  à  propos  d'événements  spécialement  graves 
ou  importants  et  qui   n'avaient  lieu  qu'une  fois. 

Si  l'on  fait  abstraction  des  variétés  et  des  dilTérences 
de  détail,  les  supplicationes  peuvent  être  divisées  en  deux 
classes  principales  :  les  oôsecrationes,  ou  supplications 
destinées  à  apaiser  les  dieux  irrités  ;  les  gratulationes, 
ou  supplications  destinées  à  remercier  les  dieux  de  leurs 
bienfaits.  Les  deux  termes  obsecrationes  et  gratula- 
tiones  sont  parfois  employés  pour  désigner  ces  deux 
genres  de  supplications". 

En  général,  les  supplicationes  s'adressaient  à  tous  les 
dieux  qui  possédaient  un  temple  dans  Home  ;  les  expres- 
sions omnia  dclubra -";  ad  ou  circa  omnia  pulvi- 
naria  '-'  ;  omnibus  diis,  quorum  pulcinaria  lîomae 
essent^'-;  par  cornpita  tota  Urbe^^  \  in  omnibus  cotn- 
pitis^^;  circa  omnia  templa-'^,  ne  laissent  aucun  doute 
à  cet  égard.  Parfois  cependant  la  cérémonie  était 
limitée  à  une  divinité  ou  un  groupe  de  divinités  ;  elle 
n'était  célébrée  que  dans  un  sanctuaire  :  en  292,  la 
supplicalio  décrétée  à  l'occasion  d'une  peste  ne  fut 
adressée  qu'à  Esculape-''  ;  en  218,  l'année  où  les  légions 
furent  vaincues  par  Hannibal  sur  les  bords  delaTrébie,  il 
y  eut,  outre  une  supplicalio  générale  universo  populo 
circa  omnia  pulvinaria  indicta,  une  supplicalio  à  la 
Fortune  sur  le  .Mont  Algide,  élu  ne. ';i/y>y;//cff//o  particulière 
à  Rome  même  au  temple  d'Hercule-'  ;  plusieurs  autres 
csiS  de  supplicalio  ainsi  limitée  sont  mentionnés  parles 
textes".  Dans  certains  cas  graves,  \a.  supplicalio  était 
décrétée  non  seulement  dans  Rome,  mais  dans  tout  le 
territoire  romain  et  même  chez  les  peuples  voisins'-'. 

La  durée  de  la  supplicalio  était  de  même  variable. 
Souvent  elle  ne  durait  qu'un  jour'";  déjà  au  iii®  et  au 
II'  siècle  avant  J.-C,  des  supplicationes  furent  édictées 
pour  deux  ou  plusieurs  jours  ''  ;  mais  à  la  fin  de  la  Répu- 
blique, les  supplicationes  décernées  en  l'honneur  des 
victoires  remportées  par  Pompée,  par  César,  par  Octave, 
se  prolongèrent  pendant  10,  io,  20  et  même  50  jours'-. 

Si  la  supplicalio  consistait  essentiellement  dans 
l'acte  d'adresser  aux  divinités  des  prières,  de  s'age- 
nouiller dans  les  temples  et  dans  les  lieux  consacrés  en 
tendant  les  mains  vers  le  ciel,  elle  était  souvent,  semble- 
t-il,  accompagnée  d'autres  rites  qui  faisaient  corps  avec 
elle.  Tile-Live,  à  deux  reprises  diflérentes^',  décrit  les 
matrones  romaines  balayant  les  temples  de  leurs  cheve- 
lures dénouées,  crinibus  passis  aras  verrenles,  crifiibus 


Sueton.  ClauJ.  22.  Cf.  Liv.  XXXI,  9.  Gratiilatio  :  Liv.  VIII,  33  ;  XXX,  40  ;  Ciccr. 
Catilin.  IV,  10.  —  20  Liv.  111,  5  et  7.  _  -21  Liv.  XXII,  I  ;  XXVII,  4,  1 1  ;  XXXII,  l  ; 
XXXIV,  55;  XL,  19;  XLIII,  13;  XLV,  10;  Jul.  Obse.|.  LXlll,  etc.;  C.  i.  tat.  12, 
p.  328. —  22  Liv.  XXIV,  10. —  23  Liv.  XXVII,  23.  —  2iLiv.  XXXVIII,  30.  -  2iJuL 
Obseq.  CIV.  —  26  Liv.  X,  47.  —  2;  Liv.  XXI,  62.  —  28  Liv.  XXVII,  4  ;  XLI,  13,  28  ; 
Tacit.  Annal.  XV,  64;  Val.  Mav.  I.  8,  G  ;  II,  7,  I  ;  C.  i.  lat.  X,  8375  ;  XII,  4333. 
—  29  Liv.  VII,  28  ;  XXII,  10;  XL,  19,  37  ;  cf.  Jul.  Obseq.  CIV.  —  30  Liv.  X,  47  ; 
XXV,  7  ;  XXVI,  23;  XXVII,  4,  11,  23,  37;  XXIX.  14  ;  X.XXII,  I,  9  ;  XXXVI,  37  ; 
XXXIX,  22  ;  XL,  2,  etc.  -  31  Liv.  X,  23  ;  XXII,  I,  10  ;  XXX,  17,  21,  10  ;  XXXIV, 
42.  55;  XXXV,  40;  XXXVIII,  36,  44;  XL,  19,  28,  37,  53;  XLV,  2,  3.  —  32  Cicer. 
De  prov.  cons.  10  sr|.  ;  Cacs.  De  B.  G.  II,  35;  IV,  38  ;  VU,  90;  Ciccr.  Philipp.XlX, 
11,14.-33  Liv.  III,  7;  XXVI,  9. 


SUP 


—  1567  — 


SUP 


templn  verrentes.  C'était  là  une  marque  de  désespoir, 
tout  à  fait  exceptionnelle  même  dans  les  obsecrationes  et 
qui  ne  se  serait  nullement  trouvée  à  sa  place  dans  une 
(jratulatio.  Quelquefois  le  peuple  se  rendait  en  proces- 
sion dans  les  temples,  et  cette  procession  était  guidée 
par  des  magistrats'.  Parfois  aussi,  les  suppliants 
devaient  être  couronnés  ou  tenir  à  la  main  des  brandies 
de  laurier-.  Mais  on  se  tromperait  fort,  si  Ton  géné- 
ralisait ces  détails  exceptionnels.  Plusieurs  textes  nous 
apprennent  au  contraire  que  le  plus  souvent  la  foule  se 
répandait  librement  dans  les  temples  ^  Il  est  vraisem- 
blable que  le  plus  souvent  les  si/pplicaliones  étaient 
accompagnées  de  sacrifices,  les  uns  expiatoires  lorsqu'il 
s'agissait  d'apaiser  la  colère  des  dieux*,  les  autres 
d'actions  de  grâces  ou  honorifiques,  lorsqu'il  s'agissait 
de  remercier  la  divinité  [sackificium]  '.  Ces  sacrifices 
étaient  ofTerts  au  nom  de  la  cité  par  des  magistrats". 
Parfois  l'Etat  fournissait  aux  particuliers  l'encens  et  le 
vin  nécessaires  aux  libations'.  Mais  d'autre  part  il  faut 
se  garder  de  confondre  la  supplicalio  avec  d'autres  céré- 
monies, qui  furent  parfois  célébrées  en  même  temps  et 
dont  le  caractère  était  tout  à  fait  dissemblable,  telles  que 
les  lectisternia,  les  sellisternia  et  certaines  processions 
de  vierges,  dont  le  sens  lustratoire  ressort  sans  aucun 
doute  possible  des  textes  qui  les  mentionnent*.  Mar- 
quardt  nous  parait  commettre  une  erreur  très  grave 
lorsqu'il  considère  comme  partie  intégrante  de  la  suppli- 
cation célébrée  en  l'an  207,  \a. pompa  extraordinaire  men- 
tionnée pour  la  même  année  par  Tite-Live  '  ;  il  suffit  de 
lire  attentivement  le  chapitre  de  l'historien  pour  constater 
que  la  supplicalio  d'une  part,  la  pompa  d'autre  part 
sont  deux  cérémonies  tout  à  fait  distinctes,  qui  n'ont 
pas  été  célébrées  pour  la  même  cause  et  qui  n'ont  pas 
eu  lieu  en  même  temps.  Toutes  les  conclusions  que 
Marquardt  tire  de  cette  confusion  sur  le  caractère  de  la 
supplicalio  sont  par  là  même  réfutées  '". 

Si  nous  avons  insisté  sur  ce  point,  c'est  parce  que  la 
supplicalio  a  été  considérée  par  divers  savants  comme 
appartenant,  dans  la  religion  romaine,  au  l'ilus  graecus. 
Telle  est  l'opinion  de  Marquardt,  adoptée  par  Wissowa". 
Les  arguments,  sur  lesquels  cette  opinion  a  été  fondée, 
sont  les  suivants  :  les  supplicaliones  sont  inséparables 
des  lectisternia,  parce  qu'elles  avaient  lieu  ad  omniu 
pulvinuria  ;  or  le  mot  pulvinar  est  le  terme  technique 
qui  désigne  les  lieux  où  les  lectisternia  étaient  célébrés  ; 
—  les  rites  des  supplicaliones  sont  étrangers  :  les  célé- 
brants portent  des  couronnes  de  laurier  ;  on  chante  et  on 
joue  de  la  lyre  ;  les  suppliants  parlent  du  temple  d'Apol- 
lon ;  —  enfin  la  célébration  des  supplicaliones  était 
ordonnée,  quelquefois  présidée  par  les  decemviri  sacris 
faciundis,  dont  on  sait  qu'ils  étaient  tout  spécialement 
chargés  à  Rome  des  cultes  et  rites  étrangers '^  Aucun 
de  ces  arguments  ne  nous  semble  irréfutable.  En  pre- 
mier lieu,  le  rapport  étroit  que  l'on  veut  établir  entre  les 
supplicaliones  et  les  lectisternia  n'a  jamais  existé.  Il  y 


I  Liv.  IV,  21  ;XLI,  21  :  Suelon.  Claud.  22;  Jul.  Obscf|.  LXXXI,  C.IV.  —  2  Liv. 
XXXIV,  55;  XXXVI,  37;  XL,  37  ;  XLIII,  13;  Val,  Max.  1,  8,  G.  —  3  Liv.  III,  5,  7, 
C3;  V,  18,  23  ;X,  23;  XXII,  )0  ;  XXVI,  9;  XLV,  2;  Val.  Mal.  III,  7,  1.  —  4  Liv. 
XXXll,  1,9;  XXXVII,  3;  XL,  2;  XLII,  3,  20;  XLIII,  13  ;  XLV,  16.  Cf.  Jul.  0bsec|. 
LXIll.  —6  Liv.  VIII,  33;  XXX,  21;  XXXVIl,  47;  XLI,  28;  C.  i.  lai.  X,  8375. 
_  c  Liv.  XXXII,  9  ;  XXXVIl,  3  ;  XLIII,  13  ;  XLV,  10;  XXXVIl,  47.  -  1  Liv.  X,  23  ; 
cf.  C.  !.ia/.XII,4333. -8Jul.01.se(i.LXXXVI,  XCIV,  XCVI,  CIII,  CVI,  CVIII,  CXIII. 
Dans  tous  ces  textes,  les  VirQÎnes  viginti  septem  ou  Virgines  ter  jiovenae,  t[ui 
parcourent  la  ville  en  chantant  uu  carmen,  accomplissent  un   rite   de   lustratiun. 


a  eu  à  Rome  des  supplicaliones  avant  que  le  rite  du 
lectisternium  y  fût  introduit  :  Marquardt  lui-même  le 
reconnaît  :  «  nous  savons  d'une  façon  sûre  que  le  pre- 
mier lectisterne  eut  lieu  en  l'an  S-'ir)-.*?!)!)  av.  J.-C,  con- 
formi'ment  aux  prescriptions  des  Livres  Sijjyllins  '•'». 
Or  Tite-Live  mentionne  des  supplicaliones  en  i6i,  4(33, 
449  et  436  av.  J.-C.  Marquardt  ajoute  :  «  Si  les  suppli- 
caliones ont  été  pratiquées  dans  la  Rome  primitive,  les 
lectisternes  en  ont  changé  le  caractère.  »  Pour  que  cette 
raison  fi'it  valable,  il  faudrait  que  les  supplicaliones 
aient  toujours  eu  lieu  en  même  temps  que  les  lectis- 
ternia. Il  n'en  est  rien.  Bien  au  contraire,  les  textes  ne 
mentionnent  presque  jamais  le  lectisternium  en  même 
temps  que  la  supplicalio  :  nous  n'en  connaissons  que 
deux  exemples  ".  Quant  à  la  formule  ad  ou  circa  omnin 
pulcinaria.  elle  est  sans  doute  fréquente,  mais  elle  n'est 
pas  employée  exclusivement;  dans  plusieurs  passages, 
les  supplicaliones  sont  dites  avoir  eu  lieu  dans  les(/e/M- 
bra'^,  dans  les  templa  '^  dans  les  compila''',  dans  les 
sacella".  En  outre,  il  est  exagéré,  pour  ne  pas  dire 
inexact,  d'attribuer  au  terme  pulvinaria  la  valeur  que 
Marquardt  veut  ici  lui  donner.  Ad  omnia  pulcinaria 
n'a  point  dans  les  textes  le  sens  exclusif  :  dans  tous  les 
sanctuaires  de  rite  grec.  En  168,  lorsqu'on  apprend 
à  Rome  la  victoire  décisive  de  Paul-Emile  sur  Persée,  le 
consul  en  résidence  à  Rome  ordonne  que  tous  les  temples 
(otnnes  aedes  sacrae)  soient  ouverts  ;  la  foule  s'y  préci- 
pite pour  rendre  grâces  aux  dieux;  puis  le  Sénat, 
siégeant  dans  la  Curie,  décrète  cinq  jours  de  suppli- 
caliones circa  omnia  pulvinaria'^.  Si  l'on  ne  veut  pas 
admettre  dans  ce  passage  la  synonymie  des  deux  termes  : 
omnes  aedes  sacrae,  omnia  pulvinaria,  il  faut  en  con- 
clure que  le  sénat  aurait  limité  aux  sanctuaires  de  rite 
grec  les  supplicaliones  que  déjà  le  peuple  avait  com- 
mencé de  célébrer  dans  tous  les  temples  sans  exception. 
Celte  conclusion  est  invraisemblable.  Aussi  bien  Servius, 
le  commentateur  de  Virgile,  nous  apprend  formellement 
que  le  mot  pulviiiaîna  était  employé  couramment 
comme  synonyme  de  templa-".  Nous  ne  pensons  pas 
que  les  supplicaliones  aient  eu  à  Rome  des  relations 
plus  étroites  avec  les  lectisternia  ou  avec  les  cultes  grecs 
qu'avec  d'autres  cérémonies,  telles  que  les  sacrifices 
proprement  dits,  ou  avec  les  anciens  cultes  romains. 
Quant  aux  rites  étrangers  qui,  d'après  Marquardt, 
caractérisaient  les  supplicaliones,  la  plupart  de  ceux 
qu'il  cite  ne  sont  point  mentionnés  par  les  textes.  Nous 
avons  noté  plus  haut  la  confusion,  qui  se  trouve  à  l'ori- 
gine de  celte  erreur.  Nulle  part,  il  n'est  dit  qu'une  pro- 
cession de  suppliants  soit  partie  du  temple  d'Apollon, 
que  les  célébrants  aient  chanté  ou  joué  de  la  lyre,  que 
la  supplicalio  se  soit  terminée  au  temple  de  Juno  in 
Aventino^'.  Le  seul  détail  exact,  dans  l'argumentation 
de  Marquardt,  est  celui  qui  concerne  les  suppliants  cou- 
ronnés ou  tenant  à  la  main  des  branches  de  laurier.  Ce 
détail,    qui   n'est   signalé  par  les  textes  qu'exceplion- 


Urlmn  luslraverunt  est   l'expression   constante   donl    se   sert   Julius   Obsequens. 

—  9  Liv.  XXVII,  37.  —  10  Marquardt,  le  Culte  che:  les  Romains  (tr.  franc.) 
I.  p.  et  et  p.  224,  n.  2.  —  il  Marquardt,  Op.  cit.  I,  p.  59  sq.,  223  sq.  ;  G.  Wissowa, 
lieligion  und  Kultns  der  Mmer,  p.  358  sq.  —  '2  Marquardt,  Op.  cit.  I, 
p.  59  sq.  —  13  Marquardt,  Op.  cit.  I,  p.  50.  —  "'  Liv.  XXII,  9,  10;  XXXVl,  t. 
- 15  Liv.  111,5,  7  ;  VIII,  33.  -  16  J.  Obs.  CIV  ;  Liv.  XXX,  40.  -  "  Liv.  XXVII, 
23;  XXXVIII,   36;  J.    Obs.   LXXIl.   -  1»  J.    Obs.    LXXll.  -   '9  Liv.  XLV,  2. 

-  20  Ad  Gearg.  III,  533.  —  21  Tous  ces  détails  sapplbiuent  à  la  pompa  extraordi- 
naire de  Tannée    207   av.  J.  C,  qui  na  rien  de  commun  avec  la  supplicalio. 


SUP 


—  1S68  — 


SUP 


nellement,  est  Iransformc  par  Marquardt  en  un  trait 
général,  commun  ;\  toutes  les  sujip/icntiones.  Il  y  a  eu 
quelques  cas  fort  rares  où  les  suppliants  ont  porté  des 
couronnes  ou  tenu  des  branches  de  laurier'.  On  n'en 
saurait  conclure  que  ce  fût  là  une  habitude  et  qu'en 
raison  de  ce  fait  la  siippUcn/io  f lU  ;\  Rome  un  rite  grec. 

Quant  au  rôle  des  decemviri  sacris  faciundis,  il  est 
exact  qu'en  plusieurs  circonslances  les  textes  en  font 
mention;  mais  d'autres  autorités  soit  religieuses,  soit 
politiques  sontraentionnéesavec  eux  ;  en  outre  il  convient 
de  bien  préciser  le  rôle  qui  leur  est  attribué.  Il  est 
d'abord  toute  une  catégorie  de  supplicalioiies,  et  ce  ne 
sont  pas  les  moins  nombreuses,  ;\  propos  desquelles  les 
decemviri  ne  sont  jamais  nommés  :  ce  sont  les  supp/icn- 
tiones  d'actions  de  grâces.  Les  textes,  relatifs  à  ces 
.lupplica/iones,  sont  assez  nombreux  et  assez  précis 
pour  que  l'on  puisse  reconstituer  la  procédure  adoptée 
en  pareil  cas.  Il  s'agissait  presque  toujours  de  remercier 
les  Dieux  à  l'occasion  d'une  victoire  remportée  sur  les 
ennemis  du  peuple  romain.  La  nouvelle  de  la  victoire 
était  apportée  au  Sénat;  le  Sénat  délibérait  et  décidait 
ou  non  que  des  suppiicationes  auraient  lieu^.  Si  la 
plupart  des  textes  signalent  des  suppiicationes  décrétées, 
nous  savons  par  Cicéron  que  le  Sénat  les  refusa  à  Gabi- 
nius^  C'est  encore  à,  Cicéron  que  nous  devons  quelques 
détails  précis  sur  la  discussion  qui  se  produisit  alors 
dans  le  Sénat.  Lors  de  la  guerre  de  Modène  en  43, 
Octave,  après  avoir  vaincu  Antoine,  sollicita  du  Sénat 
une  siippliciilio.  A  cette  occasion,  Cicéron  prononça  la 
14=  Philippique;  là  nous  trouvons  la  formule  employée 
par  cliaque  orateur  pour  résumer  son  opinion  : 
«  C.  Pansa,  A.  I/irlius  consules,  imperatores,  aller 
ainbove,  aut,  si  aberunt,  M.  Cornutus,  pi-aelor  urba- 
niis,  suppiicationes  per  dies  quinquaginla  ad  omnia 
pulvinaria  constituât  »''.  Sous  l'empire  encore,  ce  fut 
le  Sénat  qui  décida  les  suppiicationes  extraordinaires 
en  l'honneur  des  empereurs  ^ 

La  même  procédure  était  appliquée  aux  suppiicationes 
préventives,  si  l'on  peut  appeler  ainsi  les  prières  publi- 
ques décrétées  au  début  d'une  entreprise  importante, 
pour  assurer  à  Rome  l'appui  bienveillant  des  divinités". 

Lorsque  le  sénatus-consulte,  décrétant  les  suppii- 
cationes propitiatoires  ou  d'actions  de  grâces,  avait  été 
volé,  l'exécution  en  était  assurée  par  les  plus  hauts 
magistrats  présents  à  Rome,  consuls  ou  préteurs 
urbains '.  Dans  aucun  cas,  à  aucun  moment  de  ces  céré- 
monies les  decemviri  sacris  faciundis  n'apparaissaient 
ni  n'intervenaient. 

Il  n'en  était  pas  de  même  dans  les  suppiicationes  des- 
tinées à  apaiser  les  dieux  irrités.  Mais  ici  le  problème 
doit  être  étudié  de  près.  Et  d'abord  les  decetnviri  ne  sont 
pas  mentionnés  dans  tous  les  cas  que  rapportent  les 
textes.  Si  nous  laissons  de  côté  les  cas  pour  lesquels 
aucune  autorité  religieuse  n'est  signalée,  et  qui  par 
conséquent  ne  fournissent  aucune  indication  précise, 
nous  constatons  que  parfois,  quand  des  prodiges  ou 
des  calamités  extraordinaires  se  produisaient,  le  Sénat 

1  Cf.  p.  ir,67,  n.  i.  —  2  1.1,.  111,  (,3;  V,  23  ;  X,  21  ;  XXX,  17,  21;  XXXIV, 
42;  XL,  28;  XLV,  2,  3;  Cic.  Catilin.  III,  0;  IV,  lO;  De  prof.  cous.  tO  sq.  ;  Caes. 
De  B.  G.  IV,  38.  —  3  Cic.  Ve  prov.  cons.  6  :  Hoc  slatuit  senalus,  quum  freqtiens 
sufiplicationem  Gahinio  denegavil.  —  *  Cic.  Philipp.  XIV,  14.  —  5  Tacit.  Ami. 
Il,  32;  XIII,  41  ;  XIV,  12,  59;  Script,  hùt.  Aug.  XXVII,  12.  —  6Liv.  XXXI,  S  ; 
XXXVI.  1,2. -7  Liï.  XXXI,  8;  XXXVI,  2;  XXXVII,  47;  XLV,  2;C>ccr.  P/iilipp. 
XIV,  14.  —  8  Liv.  XXVII,  4,  37;  XXXIX,  22.  —9  Liv.  XXIV,  10;  XXXll,  1  ;  XL,  2 


consultait  les  Pontifes'  ou  les  Haruspices'  ;  les  suppii- 
cationes étaient  alors  décrétées  e.x  décréta  Pontifîcum  ou 
bien  ex  Aruspicum  responso.  Plus  souvent,  il  est  vrai, 
le  Sénat  ordonnait  aux  Decemviri  de  consulter  les  livres 
Sibyllins,  afin  de  savoir  comment  il  fallait  procéder 
pour  apaiser  le  courroux  des  dieux'";  dans  ces  cas-là, 
les  suppiicationes  étaient  décrétées  conformément  à  la 
réponse  des  Decemviri.  Mais  plusieurs  passages  de  Tite- 
Live  précisent  leur  rôle;  ils  sont  consultés;  leur  avis 
est  fidèlement  suivi  ;  néanmoins  c'est  le  sénat  qui  vote 
et  ce  sont  les  magistrats  romains  qui  édiclentles  suppii- 
cationes. En  344  av.  J.-C,  libris  iiispectis,  le  Sénat 
décide  la  norainalinn  d'un  dictateur  feriarum  consti- 
tiiendarum  causa  ;  et  c'est  ce  dictateur,  P.  Valerius 
Publicola,  qui  ordonne  la  supplicatio  ".  En  292,  les 
livres  Sibyllins  ordonnent  l'introduction  à  Rome  du 
culte  de  l'Esculape  d'Epidaure.  Mais  les  consuls  étant 
absorbés  par  la  guerre  cette  année-là,  rien  ne  put  être 
fait  ;  on  se  contenta  de  célébrer  une  supplicatio  d'un 
jour  en  l'honneur  d'Esculape '^.  Le  rôle  des  Decemviri 
ressort  ici  nettement  du  texte  :  ils  sont  chargés  de  con- 
sulter les  livres  Sibyllins,  mais  ils  ne  peuvent  présider 
à  l'exécution  de  l'ordre  qu'ils  en  tirent.  En  217,  l'année 
de  Trasimène,  les  Z>ece//a?/ri  consultent  les  libri  fatales 
sur  l'injonction  du  Sénat;  ils  rapportent  au  Sénat  ce 
qu'ils  y  ont  lu  ;  mais  la  seule  cérémonie  à  laquelle  ils 
président  en  effet  est  le  lectisternium^^.  En  181,  les 
Decemviri  consultent  les  livres  Sibyllins  :  «  eorum 
decreto  supplicatio  circa  omnia  pulvinaria  Romae  in 
diem  unum  indicta  est;  iisdem  auctoribus  et  se?iatus 
censuit  et  consules  edixerunt  ut  per  totam  Ilaliam  tri- 
duum  supplicatio  et  feriae  essent'^  ».  Le  rôle  des  divers 
pouvoirs  est  ici  encore  précisé  avec  une  netteté  parfaite: 
les  Decemviri  consultés  indiquent  quelles  sont  les 
mesures  à  prendre  ;  le  sénat  censet,  les  consuls  edicunt. 
Les  Decemviri  n'interviennent  dans  tous  les  cas  pré- 
cités que  parce  que  le  Sénat  juge  nécessaire  de  consulter 
les  livres  Sibyllins;  c'est  la  consultation  des  livres  Sibyl- 
lins qui  explique  le  rôle  des  Decemviri;  la  supplicatio 
en  elle-même  ne  les  regarde  point  directement. 

En  ce  qui  concerne  l'accomplissement  ou  la  présidence 
soit  de  la  supplicatio  soit  des  sacrifices  qui  se  célé- 
braient en  même  temps,  les  textes  nous  apprennent  que 
l'un  et  l'autre  revenaient  parfois  aux  Decetnviri*', 
plus  souvent  aux  magistrats,  spécialement  aux  consuls  '". 

On  doit  conclure  que  la  supplicatio  était,  à  l'origine, 
de  rite  romain  ;  que  plus  tard,  à  mesure  que  les 
influences  lielléniques  pénétrèrent  davantage  et  plus 
profondément  dans  la  vie  romaine,  des  éléments  grecs 
se  mêlèrent  à  l'antique  cérémonie,  sans  cependant  l'en- 
vahir tout  à  fait  ni  obscurcir  complètement  son  caractère 
primitif.  J.  Toutain. 

SIJPPLICIUM.  —  Ce  mot  qui  vient,  comme  supplex  et 
supplicare,  de  plicare,  pleclere,  a  désigné  primitivement 
l'acte  de  plier  les  genoux  pour  la  décapitation  par  la 
hache,  c'est-à-dire  la  peine  de  mort  '.  Mais  de  bonne 
heure  il  est  appliqué  à  la  peine  en  général,  à  différents 

XM,  13;  J,il.  Û1jsc,|.  cm.  —   I"  Liv.  VII,  2S;  X,  47  ;  XXI,  02;  XXII,  ri;  XXXIV,  53; 

XXXVI,  37  ;  XXXVII,  3;  XXVII,  3,  4;  XIXL,  19,  37,  43;  XLl,  21;  XLII,  2; 
XLIll,  13;  XLV,  16;  Jiil.  Obseq.  LX,  LXXII,  LXXXI,  CIV.  —  "  Liv.  VII,  428. 
—  12  Liv.  X,  47.  -  13  Liv.  XXII,  9,  10.    —   H  Liv.  XL,  19.  —  15  Liv.  IV,  21  ; 

XXXVII,  3  ;  XLV,  16  ;  Jul.  Obsoq.  LXXXI  (?).  —  1»  Liv.  XXXV,  7;  XXII,  ;  XLl, 
21  ;  Xl.lll,  13  ;  Jiil.  Obscr|.  LXIII,  CIV  ;  Sueloii.  Claml.  22. 

SliPPLIClUM.  1  FestUb,  p.  309. 


SUP 


—  1569  — 


SUP 


genres  de  peines  ',  el  alors  les  épilhèles  summiany  capi- 
tale, uKlmum,  opposent  tantôt  le  supplice  comme  peine 
de  mort  aux  peines  non  capitales  ■',  tantôt  la  peine  de 
mort  aggravée,  à  la  peine  capitale  simplet 

Pour  l'étude  des  peines  en  général  et  de  la  pénalité, 
nous  renvoyons  à  l'article  poena,  aussi  bien  pour  le 
droit  grec  que  pour  le  droit  romain. 

A .  — A  Rome,  sous  la  République,  des  huit  catégories  de 
peines  connues,  mors,  servitus,  rincu/a,  verbera,  lalio, 
ignomuila,  exsiliuin,  damnuin  ',  trois  seulement,  la 
mort,  les  coups,  le  talion  rentrent  dans  lacatégorie  des 
supplices  ;  les  coups  ne  sont  alors  que  des  peines  de  coer- 
cition [MAGiSTRATUS,  p.  lo:î3  ;  LicTORj  ;  le  talion  de  l'époque 
primitive,  en  cas  de  blessure  à  la  figure  et  de  rupture 
d'un  membre,  est  déjà  remplacé  par  l'amende  à  l'époque 
républicaine  ^talioj  '.  Sous  l'Empire,  il  y  a  dix  catégories 
de  peines:  mort;  perte  de  la  liberté  ;  condamnation  aux 
travaux  publics  et  au  métier  de  gladiateur;  perte  du 
droit  de  cité;  emprisonnement;  exil,  déportation  el  rélé- 
gation ;  peines  corporelles;  contiscalion,  amendes; 
dégradations  civiques;  seules  sont  considérées  comme 
supplices  la  mort  et  les  peines  corporelles. 

1.  Il  y  a  eu  dix  formes  principales  de  la  peine  de  mort 
sous  la  République  et  sous  l'Empire  [poexa,  p.  539". 

i°  La  décapitation.  Elle  a  lieu,  d'abord  par  la  hache, 
symbole  de  Vimperium  ;  la  légende  la  mentionne  pour 
les  fils  du  premier  consul  de  la  République^;  mais  le 
droit  d'appel  au  peuple  [provocatio]  la  fait  disparaître 
dés  le  début  de  la  République,  sauf  pour  les  sentences 
prononcées  à  Rome  sans  appel  contre  des  citoyens  par 
le  dictateur^  et  à  l'égard  des  prisonniers  de  guerre'  ; 
et  en  dehors  de  Rome  pour  les  exécutions  ordonnées  par 
des  magistrats  romains,  soit  de  citoyens',  soit  d'étran- 
gers'". L'emploi  de  la  hache  disparait  après  l'époque  de 


Claude  "  ;  elle  est  remplacée  par  l'épée  [gladius).  Dans 
le  supplice  par  la  hache,  le  condamné,  attaché  nu  à  un 
poteau,  les  mains  liées  sur  le  dos,  est  d'abord  battu  de 
verges,  puis  couché  sur  le  sol  et  décapité'-. 

I  Plaul.  Asin.  2,  4,  75  ;  Mil.  glor.  2,  6,  22  ;  Caes.  Bell.  gall.  7,  4  ;  Cic.  Mnnit. 
S  ;  Phil.  10,  13;  Tac.  Ann.  6,  20  ;  Plin.  Hiêl.  nat.  29,  14, 1  ;  C.  Th.  12,  I,  108. 

—  2  Paul.  5,  23,  14;  3,  12,  2;  Plin.  Ep.  2.  11,8;  S,  14,  24;  10,  3!i  ;  Tac.  ^nn.  3, 
49;  15,  61  ;  Dig.  1,  5,  18;  47.  12,  H  ;  48,  I,  13  ;  48,  19,  21,  2S  pr.  29.  —3ûig. 
48,  9,  9,  1.  -4  Augustin.  De  civ.  Dei,  21,  11;  Cic.  Veorat.  1.  43,  194.  —  s  Feslus, 
p.  303  ;  Ml  Tab.  8,  3  ;  Priscian.  0,  09  (Cal.  Orig.).  —  6  Uv.  2,  5  ;  Dionvs.  5.  8,  9. 

—  '•  Liv.  2,  18  ;  8,33.  —  «Liï.  8,  20,  7  ;  26,  13,  15;  9,  24.  13;  Epit.  Il  ;  Polyb.  I, 
7.-9  Liv.  2,  59,  Il  ;  8,  7,  19;  28,  29,  11.  —  10  Liv.  9,  16.  10;  24,  30;  Cic.  Verr. 
1,  1,30;  5,27,C8;3,43-46;Plul.  Anton.  36.  —  n  Scnec.  De  ira,  2,  5,  D;JohaDn. 
Apocal.  20,  4  ;  Suet.  Ctaud.  25;  Vit.  Carac.  4  ;  Dig.  4<,  19,  8,  1.  —  12  Liv.  2,  5  ; 
8,  7,  19;  26,  13,  13;  28,  29,  11;  Cic.  Verr.  5,  46,  121  ;  Sencc.  Conlrov.  9,  2,  21. 

VIII. 


2°  l.,a  crucifixion  [cRix,  furca]. 

3°    Le  CM//t'M.V  I^CLLLEtS,  PARRICIDIUM^ 

4°  La  crémation,  où  on  attache  le  condamné,  nu,  à  un 
poteau,  au  pied  duquel  on  allume  un  bûcher"  [poexa, 
p.  539j. 

o°  La  décapitation  par  l'épée  [poena,  p.  .o39].  On 
paraît  avoir  continué  jusqu'à  la  fin  de  l'antiquité  à  faire 
plier  le  genou  à  ceux  qui  devaient  avoir  la  tète  tranchée, 
et  les  récitsde  divers  martyres ''attestent  qu'on  leur  ban- 
dait les  yeux.  C'est  ce  que  montre  aussi  une  peinture 
(fig.  6686]  exhumée  à  Rome,  oii  l'on  voit  trois  person- 
nages agenouillés,  les  mains  liées  derrière  le  dos,  les 
yeux  bandés  au  moment  de   leur  exécution  '"'. 

6°  La  livraison  aux  bêles,  besliis  objici  [venatio],  ou 
aux  jeux  de  gladiateurs  [ad  gladium  ludi)  [gladiator, 


p.  1572-1573  ;  poe.xa,  p.  540].  Dans  le  premier  cas,  où  la 
peine  est  souvent  réclamée  par  les  spectateurs  aux  cris 
de  «  ad  leonem  «  *^,  les  condamnés  sont  généralement 
livrés  aux  bêtes,  attachés,  sans  armes,  à  un  poteau'^- 
C'est  la  scène  représentée  (fig.  6687)  sur  une  lampe  ro- 
maine du  musée  de  Lyon  ",  où  le  supplicié  et  ses 
bourreaux  sont  remplacés  par  de  petits  .\mours,  et  les 
bêles  féroces  sortant  de  leur  cage  [carcer,  circus,  p.  1189] 
par  des  colombes;  le  médaillon  est  divisé  en  deux  regis- 
tres; on  voit  dans  celui  du  bas  le  cortège  qui  conduit  le 
condamné  au  poteau  fatal  ;  on  porte  à  sa  suite,  sur  un 
brancard,  ses  dépouilles,  son  arc,  son  casque,  ses  flam- 
beaux. —  La  peine  peut  être  aggravée  arbitrairement". 

7°  La  précipitation  du  haut  de  la  roche  Tarpéienne 
[poEXA,  p.  5-'iO|.  Elle  est  précédée  de  la  ilagellation  par 
les  verges  et  faite  sous  la  République  par  le  tribun  seul, 
sous  l'Empire  par  le  bourreau -''. 

8°  L'exécution  non  publique,  en  prison  [poena,  p.  540]. 

—  i3Tac.<lnn.  15,  44  ;  Ac(o  Po/ycarp.  13-14;  Aeta  Pion.  H.  —  ^^  Acta  »ineera, 
p.  208,  218,  248,  235,  236  ;  cf.  Le  Blant,  Rev.  archéol.  1889  (Eilr.  p.  16).  —  15  Ger- 
mano,  .Ausgrahung.  dans  liôm.  Ouartalschrift,  1808  ;  cf.  Le  Blanl,  £.  c.  —  16  Vit. 
Comm.  18  ;  Terlull.  Apol.  4041  ;  De  apect.  21.  —  "  Amraian.  29,  3,  9;  Eusnb. 
Hist.  r.ccl.  5,  I,  41  ;  Acta  Perpet.  17.  —  18  Lafayc,  dans  .Vél.  de  l'École  fr.  d. 
Rome.  X,  1890,  pi.  i;  cf.  Id.  ih.  XII  {Mil.  de  flossi  ,  p.  9.  —  19  Martial.  Epvir.  7; 
Stiab.  p.  273  ;  Tcrtull.  Apol.  15  ;  Sud.  Gai.  27.  Crucifiiicn  et  crémation  des 
chrétiens  (Tac.  .\nn.  15,44).  —  20  .Y/7  Tab.  8,  13;  Liv.  24,  20,  6;  25,  7, 
14;  Scnec.  Conirov.  1,3,  1,0,  7.—  Bibliooraphce.  Voir  la  bibliographie  des 
art.    jUDiciA  puBr.icA,    poena,  et   Mommsen,   Strafreekl,    Leipzig,    1899,   p.    Il, 


916-1030. 


197 


SUT 


—  1570  — 


SUT 


9°  Le  suicide  par  ordre,  dont  les  moyens  principaux 
sonl  le  poison,  Touverlure  des  veines  [poena,  p.  S40]. 
10°  l/exéeution  populaire  mise  hors  la  loi  (POE^A.p.oiOj. 
II.  Peines  corporelles  [poena,  p.  540  ;  flagellim]. 

B.  —  Supplices  des  esclaves  [crix,  firoa,  poena. 
p.  541  ;  SKRvis,  p.  1277]  ;  des  soldats  [militim  poenae]. 

C.  —  Supplices  et  tortures  pour  obtenir  des  aveux  ou 
des  témoignages  [01" AESTio  per  tormenta].    Cn.  Lécrivaiin. 

SI'PI'OSITIO  PARTi:S.  —  La  supposition  d'enfant 
était  considérée  comme  un  faux.  LatEX  c.ornelia  de  kalsis 
autorise  la  poursuite,  mais  de  la  part  de  ceux-là  seuls  qui 
y  ont  un  intérêt  personnel  ' .  E.  S. 

SUSCEPTORES.  —  Receveurs  chargés  dans  les  pro- 
vinces de  l'Empire  romain  de  recueillir  les  impôts,  soit 
en  numéraire,  soit  en  nature,  qui  étaient  dirigés  vers  les 
dépôts  de  la  province  ou  de  l'armée  [ax.nonariae  species, 

ANXOXA   MILITARIS,    ARCA   PRAEFECTURAE]. 

SL'SPE.NSl'R.V.  —  Bâtiment,  chambre  ou  plancher 
soutenu  par  des  piliers,  des  massifs  de  maçonnerie,  des 
arcades.  Ce  nom  est  surtout  appliqué  au  sol  de  chambres, 
suspendues  pour  le  chauffage  au-dessus  d'un  hypocauste, 
particulièrement  dans  les  bains  [balneum,  p.  655;  uvpo- 
CAisTiM,  p.  347J.  E.  S. 

SUTOR,  cordonnier;  SUTRIXA,  atelier  ou  magasin  de 
cordonnerie.  —  Les  cordonniers  recevaient  le  cuir  [co- 
rium],  tout  préparé,  des  mains  des  tanneurs  ',  corroyeurs, 
mégissiers  [coriariisI.  Pourtant  le  même  mol,  en  Grèce, 
(TxuTOTÔjxoç  (ou  sKuTEÙç)  désignait  à  la  fois  lous  ceux  qui 
travaillaient  le  cuir  (<7x3-oç)  et, plus  étroitement,  les  fabri- 
cants de  souliers-  ;  cxu-o-op'a^  ou  (rxuTOTou.'.y.r;  (t£/vT|)  '  tout 
travail  du  cuir,  et  la  cordonnerie  ;  même  largeur  de  sens 
pour  les  ateliers  (txutotojjleîov  ou  «txuto-ojjliov  =).  Tailler  le 
cuir  est  la  première  opération  du  savetier  ;  coudre,  la 
seconde,  celle  qu'ont  surtout  retenue  les  Romains,  dont 
les  termes  les  plus  communs  sonl  en  l'espèce  su/or  *,  ars 
sulrina',  taberna  sutrina',  [pour  le  corroyeur  voy.co- 
riarius,  II],  tandis  qu'elle  ne  se  manifeste  en  grec  '  que 
dans  les  formes  de  basse  époque,  comme  Û7:ooT|[j.a-o3- 
piao;  '".  Le  latin  n'a  pas  de  terme  général  désignant 
n'importe  quelle  chaussure,  mais  en  grec  on  rencontre 
isolément  OTrooTijxaTci-otôç  " ,  et  ÛTtoor^irr^z iç\oq  dans  une 
inscription  de  Thessalie  '-.  Peut-être  d'ailleurs  le  x.p,Tu- 
SoTtoiôî"  ou  xpT,7nàoupYÔç  '*  ne  faisait-il  pas,  et  le  xo-r^izi- 
So:rwÀY,ç  ''  ne  vendait-il  pas,  que  des  crépides.  Chez  les 
Romains,  on  peut  croire  que  la  spécialisation  fut  pous- 
sée très  loin  :  on  connaît  caligarius,  CREPinARiis,  gal/i- 
carius[GALLWA\,calceolarius'^,  solearius  '"  ousandalia- 
rius  '*,baxearius''\  dont  il  faut  distinguer  les  sobriquets 
créés  par  les  auteurs  comiques  :  diabatitmrius  -"  et 

Sl'Pl>OSITIU  PABTCS.  I  Dig.  X.XV,  3,  1  ;  Xl.Vlil,  ici.  30,  I. 

SITOR.  1  HcroDilas,  VII,  Î9,  -  2  Aristoph.  Av.  491  ;  Eq.  740;  Plat.  Hesp.  X. 
601  C;  Gorg.  UT  D,  491  A;  .Xen.  ilem.  I,  i,  37;  IV,  4,  5  ;  Cyr.  VI,  i.  37; 
Aristol.    fol.    IV,   3,    li;  Lys,    414,  416;    Poil.    VII,    80;    Herood.    VU    (lilrc). 

—  3  Plal.  Hesp.  III,  397  E;  X,  COI  A  ;  Charm.  173  D.  —  *  Aesch.  XIV,  1  ;  Plal, 
Theael.  HàC;  Pot.  iso  C.  i8S  E;  Aristot.  Eud.  Il,  1.  —  i  Ljs.  I7C,  9;  Athen. 
XIII.  5»!  D.  —  6  Plaul.  Au/.  1,  1,  34  ;  Mari.  IX,  73  ;  Gell.  XIII,  il  ;'juv.  III,  293  ;  Cic. 
Flaec.  ;\Corp.  >n$cr.lal.[\\  l'.l93  ;  V,  2728,  5919,  7265;  VI,  9050;  VIII,  812,9329, 
IX,  3702,  —^  Vilr.  VKpraef.  7;  Varr.  ap.  Non.  p.l68,  17;  Plin.  VII,  196,  Sulrinum 
ap.  Senec,  Ep.  90,  23,  —  «Tac,  Aim.  XV,  34;  ou  sulrina  tout  court  :  Plin. 
VII,  196;   X.    121;    XXXV,    112;  Scnt-c.    de    Ben.  VU.  SI;  TertuU.     Pall.  5. 

—  i  Cf.  Poil.  VII,  81  :  f«:.,».,  îito5.ii»«-i>.  —  10  Chrysosl.  vol.  Il,  p.  317  ;  Synes. 
117  A;  Arcacl.  p,  84,  26  sq.  ;  cf,  Hesycli,  ja^SosoJo.,  —  H  Cbrys,  /.  c:  add.  Plat, 
Corg.  447  0:  Ji^Sr.^it.y  S«n.oiifii;.  —  12  /nscr  gr.  IX,  2,  n«  16,  —  U  Athen. 
III,  568  E,  —  11  Poil.  VU,  183.  —  15  Synes.  Ep.  52,  —  16  Plaut,  Aul.  III,  5,  38. 

—  nibid.M.  —  '»Corp.imcr.  <a/.X,  3981.  —  l'J  Id,  VI,  9404  [pABni],  —  20p'laul, 
Md.  39.  —  Jl  Poil,  VU.  82  ;  Allien,  XV,  669  C  ;  Uoroud.  VU,  39  ;  latelicr  ,„i,j,o.  : 
Poil,  ibid.;  Pliol.  p.  431,  2.  —  22  poU.  ibid.  —  M  plat.  Eulh.  294  B  ;  Poil,  ibid.; 


TtiiTuYYoç",  l'homme  qui  manie  la  poix  {tUggx).  Un  com- 
merce à  part,  sans  doute,  était  celui  des  raccommodeurs 
qui,  travaillant  dans  le  vieux  (■:i3.Ay.:o\)oyo(--),  n'avaient 
guère  que  deux  opérations  à  accomplir:  appliquer  de 
nouvelles  semelles  (xittûeiv  ou  xao'<7tJEtv,  è^tiKaTTÙe'v,  tites- 
vt'teiv-'),  ou  consolider  en  recousant  avec  des  nerfs  (veS- 
pov),  veupoppaçEïv  ^\  d'où  vEupoppiao;".  On  désignait  chez 
les  Romains  cet  artisan  inférieur  en  ajoutant  à  sutor 
le  mot  certlo,  qui  indique  un  métier  déprécié,  ou 
encore  t'ele- 
rainen/ariiis-". 
Le  cordon- 
nier opérait 
assis-'  devant 
sa  table,  (fig. 
6688  ".  Il  tail- 
lait le  cuir  avec 
son     Iranchet, 

T0U.£Ù;0U7:£p!T0- 

[AEÛ;  -',  culte?' 
rrepidarius  ^"^ 
OU  encore  (tjaiat, 

ou       CULÎXtOV     ^', 

scalpru?H   '- 

[SCALPTURA,  II]. 

Cette     dernière  Fg.  or.SS,-  Cordounicràlouvrage, 

variété       avait 

probablement  le  tranchant  droit,  le  toueùç  lavait  en  demi- 
lune^',  comme  on  le  voit  dans  nos  figures.  Il  est  possible 
que,  parmi  les  instruments  de  bronze  de  forme  courbe, 
que  l'on  considère  généralement  comme  des  rasoirs 
[novacula],  il  y  en  ait  qui  aient  servi  à  couper  le  cuir  ;  tel 
est  celui  de  r.\ntiquarium  de  Berlin,  provenant  de  Pom- 
péi,  ici  reproduit  (llg.  6689)".  Il 
y  avait  du  reste  un  grand  nombre 
de  types  de  ces  outils  tranchants, 
ainsi  qu'il  ressort  do  la  trouvaille 
faite  à  Mayence  en  1857  ^'.  On 
aiguisait  ces  instruments  à  l'aide 
de  T.('/y.x.zz  en  bois  dur  (souvent  en 
poirier  sauvage,  à/piç^'^),  ou  en 
pierre''".  Pour  toute  cette  techni- 
que, il  fut  fait  de  larges  emprunts 
aux  usages  égyptiens  •"*.  Souvent 
le  travail  de  l'artisan  se  bornait  à 
donner  à  la  sandale  le  contour  du 
pied.     Sur    un    vase    attique  ^'i 

on  voit  (hg.  6690  une  boutique  de  cordonnier  :  le  client 
pose  une  jambe  sur  la  table,  et  l'ouvrier,  avec  son  cou- 

Arislopli.  Eq.  314  ;  Pliot.  p,  130.  |s.  La  pièce  rapportée  s'appelle  r.aXivSojîa  (Plat. 
Coni,  in  Com.fr.  U,  0i;7)  ;  Poil,  VI,  164;  VII,  82;  Hesycli.  s,  v.  :  Phol,  p,  373.  14. 

—  2»  Plat,  ibid.:  Xen.  Cyr.  Vlll,  2,  5;  Poil.  VU,  81.  —  î5  AristopU.  Eq.  739; 
Plat.  Re$p.  IV,  421  A  ;  Lucian.  Gall.  26.  —  26  Suct.  ViUU.  î.  —  27  Aristoph, 
Plut.  162  ;  Suid,  s,  v,  <r»uTo-d[io;,  — 2»  Coupe  du  Musée  Britannique;  0,  Jahu, 
Berichle    d.  sâchs.    Gesellsch.   1867,   pi.    iv  :  Blûmner,    Op.  c.   p.  283,  lig.  31. 

—  29  Plat.  Aie.  1,  129  C  ;  Poil,  VU,  83  :  X,  141,  —  30  Gell,  XIU,  22,  S.  —  31  Plat. 
l.  c.  et  Pol.  I,  353  A;  Lucian.   l.  c.   et    Catapl.   15  et  20;  Hcrond,    VU,  119. 

—  32  Horal,  Sat.    II,   3,    106,    —   33  Olympiod.  210;  Schol.  ad  Plat.  Pol.  t.  c. 

—  31  Blunmer,  lerminol.  nnd  Technologie  d.  Getcerbe  und  Kùnste,  I,  p.  282, 
lig.  30;   add.    p.  280,   fig.   27,   cl  Friedrichs.   Bertins  ant.   Bildw.    Il,   pi.  liv. 

—  33  Blunincr.  p.  281,  Gg,  29  a-e  [comuii,  p,  1506  sq,],  —  36Theophr,  H.  pi.  V, 
5,1  ;  Schneider  ad  Theophr,  III,  p,  436.  —  31  Hesych,  s,  v,  «îyaxa;,  —  33  Bliimner, 
p,  285-6,  Gg.  33-41.  —  39  A  lAshraolcan  Muséum  dOxford,  J.-D.  Beaziey,  yourn. 
of  hell.  studies  XXVIII  (1908j,  p.  313  sq.  pi.  xix  a  (notre  lig  6684); 
cxenqilairc  analogue  à  Boston,  anc.  coll.  Boui^uignon  de  Naples,  Mon.  d. 
Islit.  XI,  tav.  XXIX;  Schreibcr,  Atlas,  p.  71;  S.  Reinach,  Bépert.  des 
vases  peinls,  1,  p.  224. 


Fiï,  6689,  —   Tranchel, 


SUT 

teaii,  coupe  le  cuir  loul  autour  du  pied;  sur  la  lablc, 
la  meule  à  aiguiser;  à  cùlé,  le  vase  où  tombent  les 
débris  de  cuir'  ;  le  chef  d'atelier  surveille  l'ouvrage;  au 


mur,  h  un  rayon,  sont  suspendus  les  outils  nécessaires. 
Pour  un  soulier  montant,  il  fallait  une  semelle  et  une 
empeigne,  qu'une  fois  taillées  on  cousait-.  Parfois  ces 
différentes  opérations  étaient  accomplies  par  divers 
ouvriers  ^  mais  en  général  par  le  même.  Il  perçait  les 
trous  dans  le  cuir  avec  une  alêne  (oTrsaç,  ôuy^tiov  ', 
xevTY|Tr|ftov  ''),  siibitlu  '^ ,  fhtula  suloria  '', 
outil  dont  on  a  trouvé  un  modèle  ;fig.  (1G91)  à 
Pompéi  ',  et  cousait  avec  des  nerfs  d'animaux 
[nervus]  ^. 

La  plupart  des  chaussures  étant  à  deux  for- 
mes, il  est  probable  qu'on  en  faisait  aussi  sur 
mesures  ;  une  peinture  ancienne'"  parait  avoir 
pour  sujet  un  artisan  prenant  la  mesure  du 
pied  de  son  client.  On  travaillait  sur  la  forme, 

x.aliTzouQ,    xxlô-KOuç,   xaXoTToSiov   [forma    SUTORIS, 

p.  l^oS],    peut-être  appelée   encore    mitutri- 

cula'^  :  une  statuette  de  Ciialon-sur-Saône '^ 

Alêne         représente  un  savetier  appliquant  sur  la  forme 

des  pièces  de  cuir.  On  égalisait  ainsi  la  peau 

et    on   faisait    disparaître    les    plis    avec   un 

instrument  dont  Platon"  ne  donne  pas  le  nom   grec 

(tentipellium   en  latin),  et  qui  devait    être  une   forme 

revêtue  de  fer'*.  La  semelle  peut  être  en  bois  ou  en 

liège  [solea],    alors  non  cousue,  mais  clouée   [caliga]. 


1  Kc,a.u'<,;.iTi».  (Ai-islopli.  £Vy.  4'J  ;  llfsycll.  cl  Sujd.  s.  v.).  i<i.6afY,i  (Nie.  Ther. 
«i:  Hesycli.  8.  v.)  ou  ^f.Tix.a  (Moer.  20tl,  30).  —  2  Coll.  VII,  81.  —  3  Xon.  Cyr, 
Vlll,  2,  3.  —  *  Holl.  VII,  83;  X,  141  ;  llerodot.  IV,  70;  Hippocr.  tl33  U.  —  Si  Lu- 
cian.  Calapl.  50;  Ualcii.  Gloss.  Hipp.  XIX,  131.  —  6  Jlait.  III,  16,  i  ;  Apul. 
Flor.  9,  p.  44-7.  —  ^  Hlin.  H.  n.  XVII,  100.  —  «Celui  quo  l'on  voil  ((ig.6li85)  re- 
produit, d'après  l{ic\i,  Dict.  des  ant.,p.  61 1,  une  alône  j^ravéc  sur  la  lombe  d'un  cor- 
donnior  Irouvée  sur  la  via  Cassia;add.  Blumner,  p.  280,  lig.  28.  Autre  (douteuse)  : 
Espérandieu, /fec.  des  bas-rel.  de  ta  Gaule  rom.  n"  1872.  —  'J  Des  nerfs  de  boeuf  dans 
Hesiod.  07J.S44-.  De  Iàvtuoo9fiooî(«i/p™,  p.  1570, n.  2.5);  add.  fo^oiï;  (llesycli.  s.v.). 

—  10Jahn,4Wi.  d.sSclis.  Ues.d.  Wiss.  pli. -h.  Cl.  1808, pi.  i,  2, p.  272-6.  —  Il  41'ian. 
ap.  Fest.  ;  Paul.  p.  U7.2;Keller,  iVeue  ./«/.r6. /. /'/litoi.  t.  GXXXIII,  10.  —  12  Rei- 
nach,  lUp.   de   la    stal.  Il,  p.  815,  1.  —  13  Sympos.  191  A.  —  !'•  Test.  304,   16. 

—  '6  Hlin.  U.  n.  XV,  34.  —  ic  Galcn.  XII,  962  et  983;  add.  201.  —  n  II  y  avait 
aussi  dos  chaussures  rouges  (««««.'«.î)  ;  cf.  Hcrond.  VII,  Cl.  —  IS  Aristot.  Pol.  IV, 
1;  Dioscor.  V,  117;  l.ucian.  C'adip/.  1-5  :  ScriLon.  Comp.  2US.  —  19  Cic.  Ad 
fam.  IX,  21,  3  ;  Pliu.  H.  n.  XX,  123  ;  XXXIV,  112  et  123;  Cels.  V,  8.  —  20  Marc. 
Empiric.  VIII,  2.  —21  Slrab.  p.  103  cl  048  ;  Dioscor.  V,  88,  114  et  117  ;  Orph.  An;. 
963  ;  Galen.  Comp.  med.  p.  490  4  et  790  d  ;  add.  Plin.  U.  n.  XXXIV.  123  ;  Cels.  V, 
4.  Blumner,  p.  278,doaue  le  détail  de  la  préparation.  — 22  Rapprocher  une  peinture 


—  1S71  —  SUT 

Pour  assouplir  la  peau,  on  la  trempait  dans  riiuile''; 
celle  des  souliers  de  femmes  était  polie  avec  un  mi- 
néral, l'ày/ipaToc;  "^  ;  puis  On  colorait  avcc  un  noir '^  dit 
u.eXavTTipia"',  atrarnentum  sutorium''  ou  xutoricium'"', 
tiré  du  sulfate  de  cuivre  (yaXxavOéç  ou  /âXxavOov^'). 

Le  vii°  mime  d'llérondas(ï)xuT£ijç)  met  en  scène  un  cor- 
donnier, Kerdon,  établi  probablement;!  Cyzique,  posses- 
seur d'un  riche  assortiment  de  chaussures,  invitant  et  re- 
cevant la  clientèle,  clientèle  féminine '"et  peut-être,  à  en 
juger  par  ses  libertés  de  langage, recrutée  dans  le  monde 
de  la  vie  galante.  U  a  treize  ouvriers  qui  paraissent  être 
ses  esclaves,  car  il  les  nourrit  mal  et  les  traite  brutale- 
ment ^^  Chaque  variété  de  chaussures  formt;  un  groupe 
à  part-'  ;  les  divers  rayons  sont  enfermés  dans  une 
armoire-^,  d'où  on  les  retire  pour  les  mettre  sous  les 
yeux  de  la  cliente  (fig.  3197). 

Pollux^*  parle  d'un  cordonnier  qui  avait  dédié  à 
Athènes  l'image  en  pierre  d'une  sandale  (ô  ètci  pXaûxri). 
On  a  retrouvé  sur  une  pente  de  l'Acropole  une  stèle 
votive  avec  une  sandale  en  relief-\  où  quelques  per- 
sonnes voudraient  reconnaître  ce  monument:  mais  c'est 
plus  probablement  un  ex-voto  offert  pour  la  guérison 
d'un  mal  de  pied^'. 

A  l'époque  romaine,  le  métier  de  cordonnier  était  fort 
peu  considéré 2';  il  était  pourtant  exercé  principalement 
par  des  hommes  libres,  même  par  des  ingénus'".  Comme 
les  tanneurs,  ces  artisans  formaient  un  des  plus  anciens 
collèges,  dont  l'institution  était  attribuée  à  Numa^'.  Ils 
s'assemblaient  à  Rome  dans  Yalrium  xulorium,  où 
s'accomplissait  le  23  mars  la  cérémonie  du  tubilus- 
trium'^;  l'emplacement  exact  en  est  mal  connu,  mais 
voisin  de  VArgiletum  où  se  tenaient  beaucoup  de  sutri- 
nae  "  ;  près  de  là,  au  quartier  de  Subure,  se  trouvait  le 
iiicus  Sandaliariim  ",  orné  d'une  statue  élevée  à 
VAjiollo  Sandaliariiis^-.  Il  existait  d'ailleurs  des  col- 
lèges par  spécialités '^  Certains  de  ces  artisans  font 
le  commerce  en  gros  et  vendent  surtout  des  chaussures 
de  fabrication  étrangère  ;  l'un  d'eux,  coinpnrdtor  mercis 
suloriae^'',  a  réalisé  une  belle  fortune;  il  compte  dans 
son  entourage  des  affranchis  des  deux  sexes.  D'autres 
prennent  à  bail  les  boutiques, /a^ernr/e^' ;  dans  le  i1/e/fl/- 
lum  Fïyoa.5ce«.s-e  [mei'alla,  p.  1871],  toute  la  cordonnerie 
est  affermée  par  contrat  à  un  conductor^^.  A  Bologne, 
un  savetier  opulent  donne  des  jeux*";  un  autre,  à  Béné- 
vent,  eut  sous  Néron  une  véritable  influence*'  ;  l'empe- 
reur'Vitellius  lui-même  était  originaire  d'une  famille  de 
cordonniers  '-.  D'autres  corporations  du  même  ordre 
sont  signalées  sur  divers  points  du  monde  romain*'  ;  il 

canipanicnnc  :  uii  ronlonnier  offrant  des  chaussures  à  des  femmes  assises  (Jahn, 
tor.  cil.  pi.  11,  2;  Uusnian,  Pompéi.  Paris  [1900],  p.  281).  —  23  Esclave  nègro 
nettoyant  un  soulier,  au  Brit.  Mus.  {Guide  to  grcek  aiid  roman  life,  Lond.  1908, 
fig.  122,  p.  134).  —  21  Cf.  V.  19  cl  53  :  ««pL6.io(.x>l.,  »a|.6«iou,.;Sa;.  —  25  v.  15  : 
,tii[plYrSa.  — 20VII,  87.  —27  Tsoundas, 'Eç.  if/..  1900,  p.  243.2i8.  Voy.  aussi  lasltle 
de  Xanthippos  au  British  Muséum  et  les  discussions  aux(|uellcs  elle  a  donné  lieu  : 
Ancient  marhles.  X,  pi.  xsxiii.  p.  70  (Hawkins)  ;  Smith,  Catal.  I.oudon,  I  (1892), 
n"  628  ;  Michaelis,  Arcli.  Zeit.  1871,  p.  4,  Anm.  U  ;  P.  Carihier,  Scidpt.  tovibs, 
(1890),  p.  105;  Friedrich-Wollers,  1019;  Conze,  AU.  Grabreliefs,  pi.  cxix, 
no  696,  p.  147.  -  2S  H.  Sehradcr,  Ath.  Milth.  XXIX  (1904),  p.  212.  -  29  Cf. 
Juv.  III,  293.  —  30  Un  apprenti  ingenuus  fut  blessé  par  son  patron,  qui 
voulait  le  punir  d'un  travail  mal  exécuté  (Ulpian.  IHg.  IX,  2,  5,  3).  -  3'  Plut. 
Aum.  17.  —  32  Varr.  L.  l.  VI,  14  ;  Fest.  p.  332  A,  22  ;  Culend.  Praenest.  (C.  i.  l- 
I,  p.  313).  —  33  Mari.  Il,  17,  3.  —  34  C.  i.  l.  VI,  448.  —  35  Suet.  Aug.  57;  Jord.m, 
Topoyr.  I,  2,  p.  452:  J.  Jung,  Geogi:  v.  Italien,  Miinclien,  1897,  p.  307. 
_  36  Cf.  le  coller/ium  fnbrum  soliarium  et  baxiarium  (C.  l.  /.  VI,  9404)  [fabhi]. 
_  31  lbi,i.  V,  5927.  -  38  Manceps  M(rinae  (Plin.  H.  n.  X,  122).  -  39  C.  i.  L  II, 
5181,  I.  25  sq.  -  «0  M,irt.  III,  16  et  59.  -  41  Tac.  Ann.  XV,  34:  Juv.  V,  46, 
_  li  Suet.  \Uell.  2.  -  43 Pompéi  (C.  i.  l.  IV,   1995)  ;  Usama  (Tarracon.),  id.  II, 


SLIU 


1572  — 


suu 


y  avait  à  Philadelphio  ili'  Lydie  une  Upk  (puÀJ)  twv  cxu- 
TÉtov'  et  à  Apamée  Kilj("ilos  une  «  place  des  cordon- 
niers" ».  VlCTOn  CllAPOT. 

SUUS.  —  L'adjeclif  .«««s  reroit  une  signiRcalion  par- 
ticulière dans  certaines  expressions  de  la  langue  du  droit 
romain.  On  groupera  ici  celles  qui  présentent  un  inté- 
rêt pour  l'histoire  des  inslilutions  juridiques. 

1.  Suus  /lercs.  —  Suus,  qualiliant  /wres,  désigne  une 
classe  d'héritiers  qui  se  rallachentau  decujits  par  le  lien 
de  l'agnation.  Les  héritiers  siens  sont  lesagnatsles  plus 
proches',  ceux  qui,  au  jour  du  décès,  sont  placés  sous  la 
puissance  immédiate  du  dectijus:  l"  les  descendants  nés 
en  légitime  mariage,  fils  ou  fdles,  petits-fils  dont  le  père 
est  mort  ou  sorti  de  la  puissance  du  de  cujus\'2,°  les 
enfantsadoplifs  -.3°  la  femme  i?i  manu  qui  esl /il in eloco'. 
La  jurisprudence  a  de  bonne  heure  étendu  la  qualité 
d'héritier  sien  au  posthume^  [postuumus,  t.  IV,  p.  60.j]. 
L'adoption  et  la  manns  produisent  le  même  effet  que 
iemariage,  quant  à  la  création  d'un  héritier  sien.  Mais 
il  ne  dépend  pas  d'un  chef  de  famille  de  donner  à  son  lils 
des  héritiers  siens  malgré  lui'.  D'où  l'on  a  conclu  : 
1°  qu'un  petit-fils  ne  peut  se  marier  avec  le  seul  consen- 
tement de  son  grand-père,  chef  de  la  famille  :  il  doit 
obtenir  en  outre  le  consentement  de  son  père  ;  2°  qu'on 
ne  peut  adopter  un  enfant  à  titre  de  petit-fils  sans  le  con- 
sentement du  fils  °. 

La  puissance  paternelle  et  la  7nanus  étant  des  droits 
réservés  aux  hommes,  les  femmes  ne  peuvent  avoir 
d'héritiers  siens  °. 

La  qualité  d'héritier  sien  n'est  pas  indélébile  :  elle  se 
perd  par  la  capitis  deminuiio  ''  [caput,  t.  1,  p.  913]. 

Les  héritiers  siens  ont  une  situation  privilégiée  à  plu- 
sieurs points  de  vue  :  1°  ils  recueillent  la  succession 
légitime  à  l'exclusion  de  tous,  autres  agnats  *  ;  2°  ce 
sont  des  héritiers  nécessaires  '  :  ils  acquièrent  la  succes- 
sion légitime  ou  testamentaire  de  plein  droit,  sans  avoir 
besoin  de  faire  adition  '".  D'où  la  dénomination  qu'ils 
ont  reçue  dans  la  loi  des  XII  Tables  :  ils  semblent 
recueillir  des  biens  qui  leur  appartenaient  déjà  "  ;  c'est 
une  conséquence  du  régime  de  la  propriété  familiale 
admis  par  l'ancien  droit  Romain '^  Les  héritiers  siens 
ont  conservé  cette  dénomination  dans  la  suite,  alors 
que  le  régime  de  la  propriété  familiale  avait  fait  place 
à  celui  de  la  propriété  individuelle;  3"  la  qualité  d'héri- 
tier nécessaire  entraînait  pour  l'héritier  sien  une  consé- 
quence rigoureuse,  en  cas  d'insolvabilité  de  la  succes- 
sion :  il  était  tenu  de  payer  les  dettes  du  défunt  ultra 
vires  '^  ;  il  n'avait  pas,  comme  l'héritier  externe,  la 
faculté  de  répudier  la  succession.  Les  Préteurs  jugèrent 
équitable  de  tempérer  la  rigueur  du  droit:  ils  accordèrent 
à  l'héritier  sien  le  bénéfice  d'abslenlion  ".  Ce  bénéfice 
lui  appartient  de  plein  droit,  sans  qu'il  ait  besoin  d'en 
faire  la  demande'^  mais  il  ne  peut  s'en  prévaloir  qu'à 
laconditionde  ne  pass'imiuiscer  dans  rhérédité'\  Celte 

Ï8I8  ;  Thyïlira  {Bull.  corr.  Iiell.  X  (IsisC),  p.  4iS,  n«  i)  ;  Mylilèue  (Ath.  Miilli. 
XI  (1880),  p.  28i,  n"  43)  ;  Terniessos  (Laiickoronski,  Htôdte  Pisid.  Il,  p.  iso. 
n"  93).  —  1  M,»..  ,.  p,S>..  T.  il.Yr.  o/.  I  (l!s73-.n),  p.  131,  n"  50.  —  2  fiei'.  et.  gr. 
Il  (I88'J),  p.  30.  —  BioLioGBAPHiK.  II.  lilïïiniici-,  Technol.  und  Terminal,  der 
Gewerbe  und  Kùnste  bei  Griechen  und  liùmern,  Leipzig,  i  (1875),  p.  i!<i8-â86  ; 
Mari|uardt,   Vie  privée  d.  tiom.  Il,  p.  :!-i:î  S(]. 

SLUS.  >  Paul.  Difj.  XXXVllI,  10,  10,  3  :  P,oiimio,;s  tx  aynntis  sui  dicun- 
tur.  —  2  Gaius,  Cutlal.  lerj.  Mot.  et  Itom.  XVI,  i,  i-i.  —  3  /iirf  XVI,  ï,  4. 
—  '  Imt.  I,  11,  7.  —  s  Jul.  ap.  Haul.  Ùifi.  1,  7,  ij.  —  c  Gains,  III,  51.  —  ^  Paul. 
Diij.  XXXVll,  1,6, 1.  — 8roHu(.  XVi,4, 1.  — SGaius,  11,  lifi.  —  I0(iaius,  II,  157. 
Faul.  6ctiMV,8,  5.  — u  Uaius,  ibid.  ;  bip.  Diy.  XXX VIII,  9,  \,lî:Paene  ad  propria 


condition  était,  il  est  vrai,  écartée  pour  l'impubère '\ 
et  c'était  un  danger  pour  les  créanciers  de  la  succes- 
sion :  on  leur  permit  de  demander  qu'un  délai  fût  fixé 
pour  délibérer  si  l'impubère  avait  intérê ta  conserverl'hé- 
rédité.  Jusqu'à  l'expiration  de  ce  délai,  aucun  bien  héré- 
ditaire ne  peut  être  aliéné  sans  la  permission  du  magis- 
trat et  l'avis  d'un  homme  de  bien  '*. 

L'héritier  sien  ne  garde  que  le  titre  d'héritier  "  ; 
en  fait  il  est  étranger  à  la  succession.  Il  peut  revenir 
sur  sa  décision  tant  que  les  biens  n'ont  pas  été  vendus 
par  les  créanciers-".  En  général,  le  bénéfice  d'abstention 
ne  se  conçoit  pas  lorsque  la  succession  esl  solvable.  Ce- 
pendant, si  l'héritier  sien  a  eu  de  justes  raisons  de 
s'abstenir  d'une  succession  parce  que  les  afl'aires  étaient 
trop  compliquées,  la  jurisprudence  a  admis,  sous  l'in- 
fluence de  Papinien,  qu'on  lui  permettrait  de  réclamer 
le  legs  fait  à  son  profit-'. 

4°  L'héritier  sien  doit  être  formellement  institué  ou 
exhérédé  --  :  le  testateur  ne  peut  le  passer  sous  silence, 
à  peine  de  nullité  du  testament.  L'héritier  sien  est  ainsi 
protégé,  au  moins  en  la  forme,  contre  une  exhérédation 
injuste.  Cette  règle  fut  introduite  parles  Prudents,  pour 
le  cas  où  le  testateur  avait  cru  que  son  fils  était  mort-^ 
On  l'a  étendue  au  cas  où  il  l'aurait  omis  ^'.  L'institution 
ou  l'exhérédalion  doit  être  nominative  :  cette  prescription 
a  toujours  été  maintenue  pour  les  fils.  Pour  les  filles  et 
pour  les  petits-fils,  le  tribunal  des  centumvirs,  dès  le 
temps  de  Cicéron  ^%  n'exige  plus  une  exhérédation 
individuelle;  il  suffit  qu'elle  soit  collective  ■-"  {inler  cèle- 
ras) [EXHERED.4TI0,  t.  II,  p.  924], 

3"  L'héritier  sien  est  également  protégé  contre  une 
usucapion  pj'o  herede'^''  :  aucun  bien  héréditaire  ne  peut 
être  usucapé  à  son  préjudice  [usucapio]. 

6°  Les  héritiers  siens  ont  droit  à  la  bonorum  posses- 
sio  iinde  liberi.  Ils  conservent  ce  droit  même  s'ils  ont 
perdu  la  qualité  âe  suus  par  une  capitis  deminuiio'^', 
comme  celle  qui  résulte  de  l'émancipation  [bonorum  pos- 
SESSiu,  t.  I,  p  733].  Les  héritiers  siens  peuvent  aussi 
demander  la  bonorum  possessio  unde  legitimi,  s'ils  ont 
laissé  écouler  le  délai  d'un  an  utile'",  fixé  par  l'Edit  pour 
demander  la  bonorum  possessio  unde  liberi.  S'ils  négli- 
gent de  demander  la  bonorum  possessio  unde  legilimi 
dans  le  délai  prescrit,  ils  ont  encore  un  an  pour  solliciter 
la  bonorum  possessio  unde  cognati. 

7°  Lorsque  l'édit  du  Préleur  appela  l'enfant  émancipé  à 
la  succession  paternelle  concurremment  avec  les  ««/,  il 
donna  aux  héritiers  siens  une  compensation  pour  le  pré- 
judice qu'ils  allaient  subir.  L'émancipé  doit  promettre, 
sous  caution  ^^  {satisdalio),  d'apporter  à  la  masse  à  par- 
tager tous  les  biens  qu'il  a  acquis  depuis  qu'il  est  de- 
venu sui  Juris  et  qu'il  possède  encore  au  décès  de  son 
père  :  c''eslla. collutio  bonorum  ^'.  Cette  collatio  n'est  pas 
admise  dans  les  successions  testamentaires^-.  Peuvent 
seuls  l'exiger  les  héritiers  siens  qui  ont  obtenu  la  bono- 

bona  veniunt.  Paul,  Oig.  XXVIIl,  2,  1 1  :  quasi  olim  hi  domini  essent,  qui  etiam 
lÎL'opatre  quodammodo  domini  existimantur.  —  12  Cf.  Edouard  Caf[,lnititutions 
juridiques  dis  Ilomaiiis,  l.  \",  i'  é.l  ,  p.  73  et  1S3.  —  13  Ulp.  Dig.  XXIX,  2,  8  pr. 

—  H  Gaius,  11,  13«,  159  ;  Jul.  Vig.  XXX,  89  ;  Paul.  Dig.  XXIX,  i,  7,  1.  —  16  Ulp.  Dig. 
XXIX, -i,  li. —  '<i  Gaius,  eo(i.  57,  1.-  17  Ulp.  ùiy.  XXVIIl,  8,  7  pr.  —  18  Gaius,  flij. 
XXIX,  2.  12  pr.  —  '9  Ulp.  Dig.  XXXVIll,  17,  2,  8.  —  -20  Paul.  Dig.  XI,  1,  12  pr. 

—  2lpapin.  ùig.  XXX,  87.  —22  Ulp.  XXII,  llel  16.  —  23  Cic. /»e  or.  I,  if.  —  iitnst. 
Il,  13,  1 .  -  25  cic.  De  Or.  I,  38,  57.  Val.  Ma».  VII,  7,  1.-26  Cod.  Just.  VI.  28, 
i  ,„..  _  27  Gaius,  II,  58.  —  28  Ulp.  XXVIIl,  8.-29  Jbid.  XXVIIl,  11.  —  30  Pompon, 
ap.  Ulp.  Diy.  XXXVll,  f>,  1,  9.  —  31  Ulp.  Diq.  XXXVII,  6,  1  pr.  Cf.  Edouard  Cuc), 
Jnslit.  jurid.  t.  Il,  p.  030.  -  32  Alex.  Sev.  Cod.  Just.  VI,  20,  1  ;  Diocl.  eod.  9. 


suu 


—  1573  — 


SUU 


l'iun  possessio  contra  tabulas  ou  unde  /iberi  et  à  qui  la 
présence  de  l'émancipé  cause  un  préjudice '. 

L'émancipé  a  la  faculté  de  faire  son  apport  en  nature 
ou  en  moins  prenant-:  tel  est  même  l'usage  au  Bas- 
Empire.  En  cas  de  refus  de  l'émancipé,  la  succession 
paternelle  reste  aux  mains  des  héritiers  siens.  Par  une 
interprétation  bienveillante,  la  jurisprudence  admit, 
sous  l'inlluence  de  Papinien,  que  l'émancipé  pourrait 
revenir  sur  sa  détermination  et  offrir  la  caution  pendant 
un  an,  à  dater  de  la  délation  de  la  bonoritm  possessio  ^ 
Si  l'émancipé  ne  peut  pas  fournir  caution,  on  nonime  un 
curateur  pour  administrer  sa  part  en  attendant  qu'il 
trouve  des  fidéjusseurs  *. 

8"  Les  héritiers  siens,  sauf  les  femmes,  succèdent  aux 
droits  de  patronat,  même  s'ils  ont  été  exhérédés".  La 
loi  Papia  Poppaea  [le.x,  l.  III,  p.  1137]  assimile  aux  héri- 
tiers siens  le  fils  de  la  patronne,  lorsqu'il  a  un  enfant*^ 
[liberorum  jus,  t.  III,  p.  1294,  n.  4]. 

y  Les  héritiers  siens  sont  exempts  de  l'impôt  du  ving- 
tième établi  sur  les  successions  par  la  loi  Julia  heredi- 
tatlum^-  [lex  julia,  t.  III,  p.  1150,  n.  3].  Cette  exemption 
fut  d'abord  réservée  aux  anciens  citoyens  :  les  enfants 
d'un  pérégrin  ne  pouvaient  l'invoquer  lorsque  leur  père 
avait  obtenu  la  cité  romaine  après  leur  naissance.  iNerva 
accorda  l'immunité  à  ceux  dont  le  père  avait  obtenu  la 
puissance  paternelle.  Trajan  étendit  aux  nouveaux 
citoyens  sans  distinction  la  règle  établie  pour  les 
anciens ^  Un  édit  de  Domitien  de  l'an  87/S8  avait 
exceptionnellement  accordé  aux  vétérans  qui  avaient 
pris  part  au  siège  de  Jérusalem,  à  leurs  femmes  et  à  leurs 
enfants,  le   droit  d'être   oplumo  jure   cives  romat^i^. 

10°  Au  Bas-Empire,  d'après  une  loi  de  Valentinien, 
Théodose  et  Arcadius,  les  petits-fils  furent  appelés  à  la 
succession  de  leur  grand-père  maternel  à  la  place  de  leur 
mère  prédécédée  :  c'était  une  atteinte  aux  droits  des 
héritiers  siens  du  de  cujus.  On  en  limita  la  portée  en 
accordant  aux  nouveaux  successibles  les  deux  tiers  seu- 
lement de  la  part  de  leur  mère  '". 

II.  Sui  juris.  —  Y.s\.  sui  juris  la  personne  qui  a  la 
capacité  juridique  ",  le  chef  de  famille.  On  dit  aussi 
qu'elle  est  suae  potestatis  parce  qu'elle  n'est  pas  sou- 
mise à  la  puissance  d'autrui  '■'.  On  l'oppose  aux  per- 
sonnes alieni  juris  qui  sont  soumises  à  la  puissance 
paternelle  ou  dominicale,  à  la  manus  ou  au  mancipium. 

Une  personne  sui  juris,  capable  en  droit,  peut  être 
incapable  en  fait  :  tels  sont  les  impubères  et  les  femmes, 
placés  en  tutelle,  les  fous,  les  prodigues,  certains  mineurs 
de  vingt-cinq  ans  pourvus  d'un  curateur  '^.  Une  per- 
sonne sui  juris  \>ii\\\,  être  dans  une  certaine  dépendance, 
comme  l'affranchi  vis-à-vis  de  son  patron  [libertus]. 

Un  tils  de  famille  devient  sui  juris,  soit  à  la  mort  de 
son  père,  lorsqu'il  était  sous  sa  puissance  immédiate, 
soit  par  une  émancipation.  L'esclave  devient  sui  juris 
lorsqu'il  est  all'ranchi  ;  la  femme  /«  manu,  au  décès  de 
celui  qui  a  sur  elle  la  manus.  Lorsfiue  lu  manus  a  été 
acquise    par  cueintio,  lu    femme  devient  sui  juris   par 

1  Ulp.  Diy.  XXXVII,  6.  1,  5;  XXXVII,  8,  1,  13.  —  2  Ulp.  Diq.  XXXVIl,  «,  ,1 
§§  11  el  M.  —  3  Fapin.  eod.  S.  Ulp.  eod.  1,  §  10.  —  *  Ulp.  eod.  Paul.  eod.  2, 
9.  —  5  ijaius,  m,  .58.  —  6  Gaius,  III,  53.  -  ^  Plin.  Paneg.  37.  —  8  Ibid.  38. 

—  9  Bntletïu  (te  ta  Société  archéologique  d'Alexandrie,  1910;  Rev,  archéol. 
1910,  XVI,  336,  n.  75.  —  10  tW.  Tlieod.  V,  1,  i.  —  n  Gaius,  I,  48  ;  Dig.  I.  C,  1  pr. 

—  12  Ulp.  ûig.  m,  2,  17;  XLVIII,  5,  îl.  Paul.  Dig.  XUV,  7,  42.  —  "  Ulp.  Dig. 
XXXII,  50,  1  et  2.  —  U  Uaius,  I,  115  a.  —  'ii  Ulp.  Dig.  XXVI,  7,  9,  1.  NeraU 
Dirj.  XXVIII.S,  55;Javol. /'i».  XXVIII,6,  39pr.  :Ulp.  Dig.  XXX,32pr.  ;  Paul.  Dig. 
XXXII,    5,   §    4.    -    '<;    i'apin.   Dig.  V,  1,    39   pr.   —  n    dp.  Dig,  XXXII,  50  §  6. 


une  remancipation  suivie  d'un  airranchissement  ".  On 
cesse  d'être  sui  juris  lorsqu'on  est  adrogé  on  qu'on 
devient  esclave  à  litre  de  peine. 

L'acquisition  de  la  capacité  de  fait  s'exprime  d'une 
manière  analogue  à  l'acquisition  de  la  capacité  de  droit. 
L'impubère  sui  juris,  qui  devient  pubère  et  par  consé- 
quent cesse  d'être  en  tutelle,  devient  suae  tutelae,  ou 
in  tulelam  suam  pervenit^'.  Le  fou  qui  recouvre  la 
raison  est  suae  mentis^'',  le  mineur  de  vingt-cinq  ans, 
qui  devient  majeur,  est  suae  aelalis'''. 

III.  Sua  lis.  —  Dans  l'expression  jude.x  litem  suam 
facit  [lis,  t.  III,  p.  H&\,sua  lis  indique  la  responsabilité 
encourue  pour  le  juge  qui  ne  se  rend  pas  au  forum  au 
jour  fixé  par  le  magistrat":  il  fait  le  procès  sien,  c'est- 
à-dire  qu'il  s'expose  à  la  manus  injeclio  que  le  deman- 
deur aurait  exercée  contre  le  défendeur,  alors  que  la 
procédure  des  actions  de  la  loi  était  en  vigueur  [manis  in- 
jECTio,  t.  III,  p.  lo87].  Le  Préteur  a  étendu  cette  respon- 
sabilité à  d'autres  négligences  (inobservation  des  délais 
d'ajournement",  ou  des  instructions  du  magistral  rela- 
tives à  la  condamnation)^",  et  au  dol  commis  parle  juge 
dans  l'exercice  de  ses  fonctions-'.  En  même  temps,  le 
Préleur  a  modifié  la  sanction  :  le  juge  est  passible  d'une 
action  en  réparation  du  préjudice  -%  action  in  bonum 
el  aequum  qui  se  donne  contre  les  héritiers^^. 

IV.  Suo  nomine.  —  En  droit  classique,  on  peut  exercer 
une  action  en  justice  ou  y  défendre  en  son  nom  personnel 
ou  au  nom  d'autrui.  Il  en  était  autrement  au  temps  des 
actions  de  la  loi:  sauf  quelques  exceptions  on  devait 
toujours  agir  suo  nomine  [legis  actio,  t.  III,  p.  1094, 
n.  14].  A  l'époque  classique  elau  Bas-Empire,  il  n'est  pas 
indifférent  de  savoir  si  l'on  agit  en  son  nom  personnel: 
1°  il  y  a  des  personnes  qui  peuvent  plaider  suo  nomine, 
mais  qui  ne  sont  pas  admises  à  plaider  au  nom  d'au- 
trui ^'  ;  tels  sont  les  mineurs  de  dix-sepl  ans,  les  femmes, 
les  sourds,  les  aveugles,  les  infâmes  en  général'-'  ;  2°  il  y 
a  des  actions  qui  sont  infamantes,  uniquement  lorsque  le 
défendeur  est  condamné  suo  nomine:  actions  de  fiducie, 
de  société,  de  mandai,  de  tutelle  -^  ;  3°  les  fils  de  famille 
peuvent  exercer  certaines  actions  suo  nomine'-'. 

V.  Pro  suo.  —  Pro  suo  possidere  désigne  toute  posses- 
sion tendant  à  l'acquisition  delà  propriété,  soit  en  vertu 
d'un  acte  juridique  tel  que  la  vente,  la  donation,  le  legs^', 
soit  en  vertu  d'un  acte  d'occupation  (animaux  pris  à  la 
chasse  ou  à  la  pêche)  ou  par  application  de  la  théorie  de 
l'accession  (alluvion)  ^^.  Dans  le  premier  cas,  la  posses- 
sion pro  suo  se  cumule  avec  la  possession  pro  emtore, 
pj'odonato,  pro  leijato.  Il  n'en  est  pas  de  même  dans  les 
cas  de  la  seconde  espèce,  où  il  n'existe  pas  d'acte  juri- 
dique motivanU'acquisition. 

La  possession  pro  suo  (côç  l'oiov)'"  est  une  possessio 
civilis  ^'  [possessio,  l.  IV,  p.  603].  Il  y  a  des  cas  où, 
lorsqu'elle  est  de  bonne  foi,  elle  fait  acquérir  la  propriété 
par  usucapion,  bien  qu'il  n'y  ait  pas  de  juste  titre:  le 
possesseur  croit  à  la  validité  d'une  vente  qui  est  nulle 
parce  qu'elle  a  pour  objet  une  chose  volée^-  ;à  la  validité 

Modest.  Dig.  III,  5,  20.—  1»  Macroh.  Sut.  H,  12.  —  ISA.  Gell.  XIV,  2,  1. 
—  il  Gaius,  IV,  Si.  —21  (Jlp.  Oig.  V,  1,  15,  1.  —22  Gaius,  Dig.  L,  13,  6.  — 23U|p. 
loc.cit.  cf.  Lenel,  Edit  perpétuel,  I,  180;  Karlowa,  Jlom.  Rechtageschichte,  II, 
1349  ;  Edouard  Cuq,  Instit.  jurid.  2«  édil.  I,  148.  —  2i  Cf.  Edouard  Cuq.  Op. 
cit.  Il,  747.  —  25  Ulp.  Dig.  ill,  1,  1  §§  3,  5,  6.—  26  Frg.  dEsle,  I.  1.  Ulp.  Dig. 
III,  2,  6,2.  Cf.  Cil.  Appleton,  Revue  générale  de  droit,  XXIV,  193.  —  27  cf.  Ed. 
Cuq,  dp.  cit.  Il,  121 .  —  28  Ulp.  Dig.  XLI,  10,  1 .  —  29  Paul.  eod.  2.  —  M  Basilic,  lib. 
L,  lit.  X  (éd.  Heimbach.  t.  V,  p.  7(l).  —  31  Paul.  Dig.  XLI,  2,  3,  21.  Cf.  Riccoliono, 
Zeitschrifld.  Navigiig-Sliftnng,  R.-A.,  lOlû,  XXXI,  333.  —  32 Pompon,  eod.  4  pr 


SYC 


—  1574 


SYC 


d'un  partage  dascendanl,  comprenant  des  choses 
appartenant  ;i  autrui'  ;  à  la  réalisation  prochaine  d'une 
condition  tacite  :\  laquelle  est  subordonnée  une  dation 
à  litre  de  dot-. 

Les  jurisconsultes  classiques  ont  discuté  la  question 
de  savoir  quelle  portée  il  convenait  d'attribuer  à  l'usu- 
capion  pro  sito\  Les  uns  exigeaient  que  l'erreur  ail  été 
motivée  par  un  fait  positif  (fausse  déclaration  d'un 
mandataire  qui  dit  avoir  acheté  l'objet  délivré  au 
mandant').  D'autres  voulaient  que  la  bonne  foi  de  l'ache- 
leur  persistât  jusqu'à  l'achèvement  de  l'usucapion 
[usucAi'io]  \  Edouard  Ccq. 

SYBÉiVÉ  (ïupT-vT,).  —  Etui  en  peau  de  cochon  (su?), 
servant  à  renfermer  ou  une  flûte  [tibia],  ou  des  flèches 
[puARETRAj  '.  Plus  rarement  ce  terme  aurait  désigné  une 
de  ces  casaques  de  matelot,  qu'on  n'a  pas  cessé  de  tailler 
dans  le  même  cuir'^  lien  est  fait  mention  dans  deux 
vers  d'Aristophane',  qui  montrent  que,  de  son  temps, 
sybéné  était  un  nom  populaire  du  carquois. 

La  sijbéiié  a  été  dès  l'antiquité  confondue  avec  le  jave- 
lot appelé  siGVXA.  A.  J.-Reinwch. 

SYCOPHA.NTA,  SuxooivTr.ç,  sycophante  '.  —  Il  n'exis- 
tait à  Athènes  aucune  magistrature,  chargée,  comme 
notre  ministère  public,  de  rechercher  les  délits  et  les 
crimes  -.  Le  soin  de  la  répression  étant  ainsi  laissé  à 
l'initiative  individuelle,  il  se  forma  une  classe  d'accusa- 
teurs de  profession:  les  sycophantes\  qui  ont  laissé  un 
fâcheux  renom.  Non  pas,  pourtant,  que  le  rôle  d'accu- 
sateur volontaire,  à  Athènes,  emportât  par  lui-même 
aucun  déshonneur.  Des  personnages  d'une  haute  valeur 
morale  et  d'une  intégrité  reconnue,  comme  l'orateur 
Lycurgue,  Font  plus  d'une  fois  assumé'  ;  mais  toujours 
ils  avaient  grandsoin,  comme  le  montrent  les  plaidoyers 
conservés,  de  justiiier  leur  poursuite  par  l'un  ou  l'autre 
de  ces  deux  mobiles  que  la  morale  grecque  regardait 
comme  presque  également  honorables:  le  dévouement  à 
la  chose  publique,  ou  la  vengeance  personnelle  '.  Le 
sycophante,  au  contraire,  est  un  dénonciateur  de  profes- 

1  Ibid.  4.  I.  —  2  Jul.  Dig.  XLI,  9.  1,  J.  —  3  Dapris  Inst.  i,  6,  11,  l'erreur 
sur  la  cause  exclut  l'usucapion.  —  *  Afric.  I>ig.  XLI,  -V,  II.  —  ^  Pompon.  Dig, 
XLI,  10,  4  pr.  Cf.  Edouard  Cuq,  Jnstit.jurid.  Il,  S47. 

SYBÉN'É.  1  Hesych.  :  «ujr.vn-  a.jUtf,ty^,  TOÎoev-.r.  J,  i  vaui,»o;  j,t,iv;  Suid.is  : 
av^ri^Ti  ti'  Sc^t&aTÏvr,  aj«.oftijxr,,  î{  fi  çaaÉT^a;  PhotiuS  :  ^.j^i^vii'  -r,  SEai&a-ivîj  aiï^odijii]  i^ 
^  s<(iT;a  :  Pollui.  VII,  153  :  f,  ii  t;:>  a:X~>  tr.xr,  svSiivr,.  —  ^  Hcsycll.  I.  c. 
—  3  Arislopli.  7'hesmofth.  1197.  A  Euripide  réclamant  de  l'argent,  l'archer 
scythe  répond    :  &'f./'oùx  cvûSev    >  i'tXi  -i  trjSiivr,,  /.âSÉ.   Le   sclioliaslc  explique  : 

SVCOPilA\TA.  1  Les  anciens  eus-mèmcs  ne  s'accordaicul  pas  sur  l'étymoiogie 
du  mot  <Tuit.>ïàvT,î;.  Leurs  essais  d'interprétation  i>euvent  se  répartir  en  deu\ 
groupes.  D'après  certains  auteurs,  l'exportation  des  figues  hors  de  l'Attique  aurait 
été,  à  une  certaine  époque,  prohibée  par  ta  loi  ;  il  y  eut  des  contrebandiers,  el  ceux 
qui  dénonçaient  la  fraude  furent  appelés  sycoplianles  (Plut.  Sol.  24;  ûe  curiosit. 
16,  p.  5i3:  Athen.  III,  p.  74  E  ;  .SchoL  Plat,  fietp.  p.  340  1):  Schol.  Aristoph. 
Plut.  31.  873;  £'(./!«.  .Varjn.  s.  v.  «-j.oçïv:.:.).  Selon  d'autres,  il  existait  à  Athènes 
des  figuiers  sacrés,  dont  les  fruits  ne  devaient  pas  être  utilisés  pour  la  consom- 
mation. Une  année  de  disette,  fpielques  airanu's  osèrent  voler  de  ces  figues  ;  on 
nomma  sycophaotes  leurs  dénonciateurs  (Schol.  Arisloph.  Plut.  31  ;  Suid.  s.  v. 
ffuYosâyrn;  ;  Cf.  Kest.  p.  303,  éd.  Muller).  Les  modernes,  à  leur  lour,  ont  imaginé 
des  explications  très  diverses.  Boeclh,  reprenant  une  idée  de  Dacier,  |tensait  (|ue 
le  sycophante  est  «  celui  qui  accuse  a  propos  de  figues  >,  ou,  comme  nous  dirions  «  à 
propos  de  boites  »  {Boeckh,  Staatshauihalt.  d.  Athen.  éd.  Fr.inket.  I,  p,  56  note  0). 
Siltl  se  demande  si  le  sycophante  n'a  pas  été  primitivement  celui  qui  outrage  en 
faisant  le  geste  qu'on  appelle  «  faire  la  figue  ».  par  suite  un  -jp^KrTr,;  (Siltl, 
Geb'lrden  der  GriecU.  und  Rômer^  p,  103,  note  1).  Plus  récemment,  M.  S.  Heinach 
a  attribué  au  mot  »-jx!,oi»Tr„-  une  origine  religieuse.  De  inèrae  que.  dans  le  culte 
Eleusinien.  riiiéruphante  révélait  aux  fidèles  les  ttsd  et  eu  particulier  l'épi  sacré 
de  même  le  sycophante,  à  l'origine,  était  le  préire,  qui  dans  le  culte  athénien  du 
figuier  célébré  |iar  la  famille  des  Phytalides,  réoélait  la  ligue.  Si  le  mot  sycophante 
a  pris  dans  la  suile  un  seus  iléfavorable,  c'est  i|u'une  antre  fonction  de  ce  prêtre 
Iconiiiie  aussi  de  l'hiérophaulei  itait  la  «iiif>i»i5,  ou  proclamation  par  laquelle  il 
excluait  des  mystères,  el  parfois  en  les  dénonçant    nonnuémcnt,  les  sacrilèges, 


sion,  inspiré  par  le  seul  appât  du  gain  '.  Nombreuses 
étaient  pour  le  sycophante  les  sources  de  profit.  Dans  cer- 
tains procès  (tels  que  la  çiii;,  l'àTro-cpïtivi,  etc.),  une  part 
des  biens  du  condamné  ainsi  que  de  l'amende  prononcée 
revenait  à  l'accusateur'.  Bien  qu'assez  mal  famé*,  ce 
moyen  de  s'enrichir  était,  du  moins,  strictement  légal. 
11  n'en  était  pas  de  même  de  maintes  pratiques  malhon- 
nêtes, couramment  employées  par  les  sycophantes.  Par 
exemple,  après  avoir  intenté  un  procès,  ils  vendaient  à 
l'accusé  leur  désistement.  Bien  souvent  même,  ils  n'a- 
vaient pas  besoin  d'entamer  la  procédure  :  une  sim|ile 
menace  amenait  la  victime  à  composition  '.  Parfois 
encore,  sans  poursuites  ni  menaces  préalables,  les  cou- 
pables prenaient  les  devants  et,  par  un  pot-de-vin  olTerl 
aux  sycophantes,  s'assuraient  leur  silence  complaisant'". 
Enfin  beaucoup  de  ces  individus  n'agissaient  pas  pour 
leur  propre  compte  :  ils  étaient  aux  gages  d'un  patron, 
ordinairement  d'un  homme  politique,  qui  les  employait 
contre  ses  rivaux  et  ses  ennemis  ".  Délation,  escroquerie 
el  chantage,  ces  trois  termes  résument  assez  exactement, 
comme  on  le  voit,  l'industrie  complexe  du  sycophante. 
Ses  victimes  désignées  étaient  les  riches  '-.  Les 
riches  vivaient,  à  Athènes,  sous  le  régime  des  suspects. 
En  vain  la  plupart  s'abstenaient  systématiquement  de 
toute  participation  i\  la  politique'^.  Il  ne  leur  servait  pas 
davantage  de  mener  une  vie  irréprochable  ",  d'ouvrir 
largement  leur  bourse  à  tous  les  solliciteurs  ''.  Pour  peu 
que  l'un  d'eux  fût  connu  comme  timide,  ennemi  des 
tracas,  dépourvu  d'éloquence,  il  devenait  la  proie  des 
sycophantes".  Généralement,  il  était  trop  heureux  de 
transiger.  Qu'eùt-il  gagné  à  aller  en  justice?  «  Les 
tribunaux,  dit  un  client  d'Isocrate,  ne  prononcent  pas 
toujours  comme  on  s'y  attend;  c'est  le  hasard  plus 
souvent  que  le  bon  droit  qui  règle  leurs  décisions.  Mieux 
vaut,  pour  une  somme  médiocre,  se  délivTcr  d'une  grave 
accusation  que  de  courir  de  grands  dangers  »  '\  Parmi 
les  riches  .\théniens  dont  toute  l'existence  fut  ainsi 
empoisonnée  par  les  sycophantes,  on  peut  citer:  Nicias, 

blasphémateurs,  espions,  etc.  En  se  laïcisant,  le  mot  serait  devenu  synonyme  de 
dénonciateur  frivole  (flco.  des  élud.  grecq.  t.  XIX,  1906,  p.  335-358).  Enfin 
M.  P.  Girard,  se  tenant  plus  près  des  traditions  anciennes,  propose  de  recoun.-iître 
dans  le  sycophante  «  celui  qui  apparaît  dans  le  figuier  u,  c'est. à-dire  le  voleur  qui 
est  pris  sur  le  figuier  uiéuie.  en  flagrant  délit.  Comme  le  vol  de  figues  élait  un 
incident  des  plus  comniuns,  le  coupable  ne  manquait  pas  de  renvoyer  l'accusation 
à  son  dénonciateur,  et  «ruxooavTtcv  aurait  pris  aussi  le  sens  de  dénoncer  sans 
preuves,  à  tort  et  à  travers  \Rev.  des  étud.  grecq.  t.  XX,  1907,  p.  143-163).  On 
trouvera,  dans  ce  dernier  article,  tous  les  textes  cités  et  commentés.  —  2  Lycurg. 
Arfc.    Leocrat.    3-3;   Arisloph.    Plut.  911   sq.    —    3  Synonymes    de    o'jxoçivîr.;  , 

ajxtKTT,;;,  ff-jxoSio;,  ff-jxwoo;,  <rjxo.Sr;,  ffuxoloYo;,  çtVoffjxo;  {£tym.  magn.  S.  V. 
«nixooivTa:),  auxo<r=«S;«;  (Hesych.  S.  V.),  rjx.iaodfo;  (Id.  S.  V.).  Mais  cc  sont  là, 
vraisemblablement,    des  termes  forgés  par   les  comiques.  —  *  Voir  art.    ghaphè. 

—  â  Le  second  mobile  est,  ualurel'ement,  de  beaucoup  le  plus  souvent  invoqué  : 
Lys.  .idi:  Eratosth.  1  ;  Ado.  Aijorat.  I  ;  Ad«.  frument.  1  ;  Adi:  Alcib.X.  l-i  ;  Uem. 
.Ùv.  Androl.  I  :  Ade.  Timocrat.  S:  Adi:  Mid.  i;  Aih:  Aicostr.  1  ;  [Adv.  Theocr.], 
l,  59  ;  [Adv.  .Xeaer.],  1  ;  Aesch.  Adv.  Tim.  I  ;  [Arist.;  Rhel.  ad  Alex.  p.  75  Spengel. 
Cf.  0.  -Navarre,  La  rhétor.  grecq.  av.  Arist.  p.  i33.239.  —  6  Définitions  du  syco- 
phante :  Lys.  Sr.iA.  xa-at..  àxo'A.  3  ;  Isocr.  Adv.  Eiithyn.  5;  Antid.  24;  Dem.  .\dv. 
Eubulid.  34.   —  7  Exemples  :   Lys.   Adr.   .Aijorat.   63  ;    De  caed.  Eratosth.  4t. 

—  8  c'est  ce  que  prouve,  par  exemple,  la  déclaration  préalable  d'.\pollodoros,  dans 
une  affaire  de  ce  genre  :  «  Les  trois  quarts,  tjue  la  lot  accorde  au  dénonciateur, 
je  les  abandonne  à  l'Etal  :  c'est  assez  pour  moi  de  me  venger  >.  (Dem.  Adv. 
Xicostr.  i).  —  9  Antiph.  Tetral.  I,  i,  13;  De  caed.  Herod.  SO  ;  Lys.  P.  Polyslr. 
15;  Isocr.  Adr.  Callim.l  ;  Adv.Euthgn.  ô,S;  Antid.  ;4;Dera.  Arfr.  Arislog.\,H  : 
[.\dv.  Theocr.],  28,  32  sq.  ;  Aesch.  De  fal.  Leg.  93;  Plat.  Crit.  43  A.  —  10  (Dem. 
Adv.  Theocr.  64;  Isocr.  Anlid.  24.  —  H  Dem.  .4rfe.  Arislog.  I,  39;  .idr.  ilid. 
103  ;  [Adv.  JKeaer.\,  43  ;  Xenoph.  Slem.  Il,  9,  1 1.  —  <2|socr.  Adv.  Eulhyn.  5  ;  Xe- 
noph.  Com.  IV,  30  ;  ilem.  L.  l.  ;  Arisloph.  Equit  258,  261  Arist.  Polit.  :  Vlll(V),  5, 
1.  _  13  Xenoph.  Mem.  L.l.  —"Lys.  Sf>.  .«To.i.  «=oi.,3;P.  Catl.i;  Isocr.  Anlid. 
24;  Adi'.  Callim.  22.  —  !<•  Plut.  Xic.  4.—  16  Arisloph.  Equil.  264  :  Tiv  «oi.TCv  îir:.; 

ÊT^iv    àavoxûv,  x^LoùffLO;  xut   |ir,  «ovr,^b;  xai   raÉ]4feiv  Ta  iipd^aTa  ;  cf.  258  ;  IsoCr.  Adv. 

Euthyn.  5  ;  Xenoph.  Mem.  L.  l.  —  «7  Isocr.  Adv.  Callim.  9  sq.  ;  Lys.  P.  Polyslr.  13. 


SYC 


—  1573  — 


SYC 


Charmide,  Crilon.  Nicias  donnail  à  tous  venants,  amis 
et  ennemis.  «  Sa  pusillanimité  était  un  revenu  pour  les 
sycophanles.  Telle  était  la  crainte  qu'ils  lui  inspiraient 
qu'il  n'acceptait  aucune  invitation,  ne  prenait  part  cà 
aucune  réunion  d'amis,  et  se  renfermait  chez  lui  le  plus 
qu'il  pouvait'  ».  Quant  à  Ciiarmide,  les  sycophantes, 
alors  qu'il  était  riche,  lui  avaient  rendu  la  vie  si  insup- 
portable que,  léduit  à  la  pauvreté,  il  se  félicitait,  comme 
d'un  bonheur,  de  ce  revers  de  fortune-.  Enfin  Crilon, 
en  butte  à  des  accusations  incessantes,  avait  dû,  sur  le 
conseil  de  Socrale,  prendre  à  sa  solde  un  individu  de 
cette  espèce,  moins  malhonnête  que  les  autres,  qui, 
«  comme  un  chien  vigilant  écarte  les  loups  »,  donnait  la 
chasse  à  ses  ennemis^. 

(1  ne  faut  pas  croire  que  le  fléau  dos  sycophantes  fût 
spécial  à  Athènes.  C'était  un  mal  endémique  de  toutes 
les  démocraties  grecques.  "  On  ne  conçoit  pas  plus  une 
démocratie  sans  sycophantes,  disait  Simonide,  qu'une 
alouette  huppée  sans  huppe  »  '.  Et  Aristote  énumère 
plusieurs  États,  Ces,  Rhodes,  Héraclée,  Mégare,  Cumes, 
où  les  excès  des  sycophantes,  en  forçant  la  classe 
riche  à  s'unir  et  à  conspirer  [uetairiai],  avaient  pro- 
voqué la  chute  du  gouvernement  populaire  \  Ce 
n'est  pas  que  la  loi  ne  prescrivit  des  peines  contre  les 
accusations  calomnieuses.  Selon  Diodore,  le  législateur 
de  Calane,  Charondas,  avait  édicté  que  tout  citoyen 
convaincu  de  ce  crime  serait  promené  par  les  rues, 
la  tète  ceinte  d'une  couronne  de  tamaris,  «  comme 
ayant  remporté  le  pri.x  de  la  scélératesse  »'.  Ce  qui  est 
plus  sûr,  c'est  qu'à  Athènes  l'accusateur  qui,  dans  un 
procès  criminel,  n'obtenait  pas  le  cinquième  des  sufl'ra- 
ges  encourait  une  amende  de  1000  drachmes  et  une 
atimie  partielle,  emportant  déchéance  du  droit  d'accuser 
à  l'avenir,  et  que  la  môme  peine  atteignait  l'accusateur 
qui,  sans  motif  légitime,  s'était  désisté  de  sa  plainte. 
Dans  certaines  actions  privées,  le  demandeur  qui  suc- 
combait sans  avoir  réuni  un  cinquième  des  voix  était 
frappé  également  de  I'épôhélia  ''.  Malgré  ces  précautions, 
les  sycophantes,  à  Athènes,  pullulaient  *.  Il  y  en  avait 
de  plusieurs  sorte».  Tout  au  bas  de  l'échelle  il  faut  pla- 
cer ces  pauvres  hères  qu'Aristophane  nous  montre  par 
courant  la  place  du  marché,  flanqués  de  leur  témoin 
instrumenlaire  (xXyit-^p),  et  épiant,  pour  les  dénoncer, 
toutes  les  contraventions  de  police  ^  Un  peu  supérieurs 
peut-être  à  ceux-là  étaient  les  sycophantes  qui  vivaient 
de  procès  privés  '"  ;  tout  en  les  méprisant,  on  les  redoutait 
fort,  et,  à  l'occasion,  on  les  flattait".  Enfin,  bien  au- 
dessus  de  ces  chicaneurs  vulgaires,  il  y  avait  les 
sycophantes  politiques,  dont  la  fonction  consistait  essen- 
tiellement à  intenter  des  actions  d'illégalité'^.  Généra- 
lement, ils  étaient  aux  gages   d'un  parti,  dont  ils  ser- 


1    Plut.    Nie.    i.  —   2   Xenoph.    Conv.  IV.    30.   —  3  M.    AJem.    II.    9,   t    s,|. 

—  *  Plut.  Timol.  37.  —  5  Arist.  Polit.  VIII  (V),  3,  I.  Selon  toule  appa- 
rence, Héraclée  fur  le  l'ont,  et  Cumes  en  Campanie.  —  ^  XII,  12.  —  ''  Voy. 
DIKÊ  et  FPOUEI.IA.  —  8  ALhen.  VI  234  B:  QtôiïoiAiîOî  ô  çvi-raq  iïX»içeiç  tlvai  xâ; 
'Aeijv.;  «u»o=«.T.r,v.  —  fi  Acharn.  818  st|.  90S  sq.  Plut.  850  sq.  —  l»  Xen. 
Mem.  L.  t.:  Deni.  Adv.  Aristog.  1.  40.  —  11  Aristopli.  Av.  1430,  1435,  1450. 
Plut.  903.  910;  Deni.  Adv.  Mid.  103;  Xen.  Com.  IV,  30.  —  12  Deni.  Adv. 
Mid.  L.  l.;[Adv.  Neaer.].  43  ;  [Arfu.  Theocr.],  45;  Ipocr.  Antid.  24;Aristot. 
Polit.  L.  I.  —  13[Dera.J.  Adv.  Neaer.  43.  —  I*  Isocr.  Antid.  314  sq.  —  is  Ibid. 

—  Il»  Voyez  chez  Aristophane,  Plut.  911,  l'apologie  très  spécieuse  que  fait  un 
sycophanle  de  sa  profession.  —  n  Isocr.  Antid.  315;  Dem.  Adv.  Àristoi/.  I,  42. 

—  <»[Dem.],  Adv.    Theocr.  43;   cf.   34,  63.  —   19  Dem.   Adv.   Aristoi/.    I,    40. 

—  20  Arisloph.  Plut.  900  :  [Dem.],  Adv.  Thmcr.  30.  —  21  II  faut  lire  dans  Démos- 
tliène,  Adv.  Aristor/.  I,  51  sq.,  le  portrait  d'Aristogiton.  —  22  C'est  ainsi  que  dans 
les  Oiseaux  d'Aristophane   (v.  415)  un   sycophante   s'intitule    t'kr,ir,^    vt,.>.uxi»dî. 


valent  les  intérêts  et  les  haines  ".  Sur  leur  compte 
l'opinion  publique  était  très  partagée.  Certes,  personne 
ne  méconnaissait  leur  impudence,  leur  méchanceté, 
leur  vénalité  ".  Pourtant  c'est  dans  cette  classe  que  le 
peuple  allait  chercher  de  préférence  ses  accusateurs  offi- 
ciels et  ses  nomothètes  '°.  Et  il  n'était  pas  éloigné  de  les 
considérer  comme  un  des  rouages  nécessaires  de  l'Êlat. 
Sans  l'accusateur  volonlairequileurlivrailles  coupables, 
qu'auraient  pu,  en  efl'el,  la  loi  et  les  tribunaux?  Et  pour 
une  telle  besogne,  dont  ne  se  chargeaient  pas  volonliers 
les  honnêtes  gens,  ne  fallait-il  pas  des  hommes  sans 
scrupule  et  sans  vergogne'*.  Par  leurs  vices  mêmes,  les 
sycophantes  rendaient  donc  service  à  l'État''.  Ils  ne 
manquaient  pas  eux-mêmes  d'affirmer  et  de  faire  sonner 
haut  l'utilité  de  leur  mission.  L'un  d'eux  se  représentait 
comme  un  «  soldat  à  son  poste  »,  qui  monte  la  garde 
contre  les  auteurs  de  propositions  illégales  ".  Un  autre 
se  proclamait  «  le  chien  du  peuple  »,  laissant  entendre 
qu'il  aboyait  pour  la  défense  de  la  démocratie '*•.  Tous 
se  donnent  pour  de  zélés  patriotes  ((piXÔTroXi;)  ^''.  Certains 
de  ces  sycophantes,  comme  Théocrinès  et  Aristogilon, 
ont  eu  une  sorte  de  grandeur  sinistre^'.  Us  ne  bornaient 
pas,  du  reste,  leur  action  à  la  mère  patrie.  Ils  s'atta- 
quaient même  aux  alliés,  les  forçant  à  venir  à  Athènes 
défendre  leur  fortune  ou  leur  vie'-'^  Les  vexations  des 
sycophantes  furent,  selon  Isocrate,  une  des  principales 
causes  qui  rendirent  impopulaire  l'empire  d'Athènes  et 
qui  poussèrent  ses  alliés  à  la  défection  ^'.  Ajoutons  que, 
comme  toutes  les  injures  indéfiniment  répétées,  le 
terme  de  sycophante  avait  fini  par  perdre  son  sens  précis, 
pour  ne  plus  désigner  qu'un  coquin^'.  Les  orateurs 
politiques,  en  particulier,  se  renvoient  à  l'envi  cette 
épithète  -".  0.  Navarre. 

SYCOPHAIVTIAS  GRAPHE  (Xluxotpavxîa;  ypaipiî).  —  On 
a  vu  plus  haut  [sycopuanta]  les  peines  édictées  par  la  loi 
contre  l'accusateur  qui  avait  laissé  tomber  sa  plainte,  ou 
qui,  devant  le  tribunal,  n'avait  pas  obtenu  le  cinquième 
des  suH'rages.  Mais  l'amende  de  1000  drachmes  et  l'atimie 
partielle  étaient-elles  encourues  ipso  facto,  ou  fallait-il 
pour  cela  une  décision  judiciaire?  La  question  est 
obscure  [grapeé,  II,  p.  I63'i].  11  existait,  en  tout  cas,  une 
(Tuxocciï.vTiai;  Ypacpii,  dirigée  spécialement  contre  celui  qui, 
en  vue  d'extorquer  à  une  personne  de  l'argent,  ou  pour 
tout  autre  motif  intéressé,  lui  intentait  ou  menaçait  de 
lui  intenter  un  procès,  sans  motif  sérieux'.  C'était  une 
action  à  estimation  (àytov  Ti|xT,Tdi;)  ■^  présidée  par  les 
thesmothèfes  '.  La  peine  pouvait  être  très  élevée  :  c'est 
ainsi  que,  d'après  Lysias,  Agoratos  fut  frappé  d'une 
amende  de  10000  drachmes*.  Mais  il  n'est  pas  croyable, 
quoiqu'on  en  ait  dit,  que  jamais  la  peine  de  mort  ait  été 
prononcée  -^  Outre  la  a'jxotpavTÎa;  Ypaï-zî  ^  la  loi  permettait 


—  23  Isocr.  Antid.  315.  —  2'.  Aesch.  De  fnl.  kg.  99.  Cf.  Dem.  Adv.  Arxslog.  I, 
45,  lia,  97  ;  [Adv.  Theocr.],  27.  —  25  Aristoph.  Equit.  442  ;  Aesch.  De  fais.  leg.  93  ; 
Adv.  Ctesiph.  51,  2i2.  —  Bibliographie.  Pauly,  Healencyclop.  art.  Euxoçàvtïiî 
(Westermann)  ;  W.  Smith,  Diction,  of  greek  and  roman  Antiquities,  art.  Syco- 
phantes (Kennedy);  S.  Reinach,  Sycophantes,  dans  Itevue  des  Etudes  grecq. 
t.  XIX,  1907,  p.  335-358  ;  P.  Girard,  Quelques  réflexions  sur  le  sens  du  mot 
sycophante,  laid.  l.  XX,  1907,  p.  143-163. 

SYCOPIIANTIAS  GRAPHE.  1  Meier-Schiimann-Lipsius,  Der  attische  Process, 
II,  p.  413-414.  —  2  Lys.  Adv.  Agorat.  65.  —  3  Harpocr.  s.  v.  iJYefiovîa  S,»a,t,.p;ou  ; 
l'oll.    VIII,   88;    lex.  Heguer.  p.   310,   4.    Le  renseignement  remonte  à  Aristote. 

-  4  Lys.  L.  l.  -  s  Dans  deux  des  textes  allégués  (Plut.  Pkoc.  38,  et  Andoc.  Mysl. 
20),  il  ne  s'igit  pas  d'une  uunooavT.'a;  Yfuji-  Quant  aux  condamnations  capitales 
prononcées  contre  les  sycophanles  par  le  Sénat  sous  la  tyrannie  des  Trente,  c'était 
là  une  mesure  révolutionnaire  et  exceptionnelle  (Xen.  tiell.  II,  3,  12).  —  *•  Isocr. 
Antid.  3t4;PoU.  VIII,  47. 


SYM 


—  1576  — 


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encore  contre  les  sycophanles  d'autres  procédures  :  Iei- 

SANGÉUA,  la  PROBOLÉ,  la  PHASIS.  0.   NavaBRE. 

SYGKLÈTOS  [SY.NODOS]. 

SYLAI  (SùXi!).  —  Droits  de  représailles  reconnus  en 
Grèce,  entre  des  cités  ou  des  individus  leur  apparte- 
nant [koedis,  p.  1204  . 

SYLLOGEIS  (i;-jXXoY£ïç)  —  Ce  mot  désignait  à  Mhènes 
deux  catégories  distinctes  de  fonctionnaires. 

I.  —  Les  lexicograplies  '  donnentle  nom  de  si/llogeis  à 
des  commissaires  spéciaux,  élus  par  le  peuple  pour 
dresser  Tluvenlaire  des  biens  qui  devaient  être  vendus 
au  profit  du  trésor.  Les  procès  qui  résultaient  de  ces 
enquêtes  étaient  portés  devant  les  syxdikoi'.  Bien  que 
les  textes  ne  le  disent  pas  formellement,  il  est  probable 
que  ces  fonctionnaires  n'ont  été  nommés  que  dans  le 
cas  particulier  des  poursuites  exercées  contre  les 
oligarques  après  l'expulsion  des  Trente  Tyrans'. 

II.  —  Les  inscriptions  seules  nous  font  connaître  les 
cuXXoYeï;  toO  oijulou*.  C'était  une  commission  du  Conseil, 
composée  de  trente  membres,  trois  par  tribu,  et  présidée 
par  les  trois  représentants  de  la  tribu  qui  avait  la 
prylanie.  Les  syllogeis  du  peuple  étaient  ciiargés  de 
convoquer  les  membres  du  Conseil  et  de  l'ecclésia  ».  Avec 
l'aide  des  lexiarques'',  munis  des  listes  des  citoyens, 
ils  contrôlaient  les  présences  et  distribuaient  les  jetons 
(si/mbola)  qui  donnaient  droit  aux  misthoi  [ekklésia, 
p.  518].  Ils  avaient  aussi  à  accomplir,  au  nom  de 
l'État,  des  sacrifices  à  Athéna\  et,  lors  de  la  fêle  des 
Olympia,  à  Zeus  Olympien*.  A  leur  sortie  de  charge, 
ils  pouvaient  obtenir  des  couronnes  honorifiques'. 
Kœliler"'a  supposé  que  cette  institution  remontait  au 
V  siècle  av.  J.-C.  Les  témoignages  épigraphiques  sont 
du  IV' siècle.  On  ne  sait  pas  jusqu'à  quelle  époque  les 
sijllogcis  du  peuple  ont  subsisté.  Ch.  Michel. 

SYMBOLA,  SYAIBOLOX  [siGMM,  UOSPITIUM,  tessera, 
DIKASTAI,    SYNALLAGM.'V]. 

SY.MBOLAIOX  ^SYXALLAGMA,  SYNTUÈKÈ,  SY.XTHEKON, 
PARABASEOS  IiIliÈ. 

SYM.MACHIA  (luu.u.œ/!'a).  —  Tliucvdide  nous  a  con- 
servé les  instruments  diplomatiques  qui  règlent  ce 
qu'on  a  appelé  la  Paix  de  Xicias,  conclue  entre  Sparte  et 
Athènes  à  la  (in  de  la  première  partie  de  la  guerre  du 
Péloponèse.  Il  y  a  d'abord  un  traité  d'armistice  pour  un 
an,  Èxs/£tpta',  conclu  au  printemps  de  -422  ;  avant  l'expi- 
ration de  l'année,  un  traité  de  paix  est  conclu,  aizovZaî-, 
pour  une  durée  de  cinquante  ans;  enfin,  peu  après,  les 

SYLLOGEIS.  -  I  Bekker,  Anecd.,  p.  304,  4  :  avilovtt,.  ijj„Ti;  isb  -.j  Sr,,ioj 
IiifoTovTiTo',  oitivi;  à=îT5à=5,To  Ta;  oiuiiî  tJv  dXiYaçj.xiy.  Cf.  Harpocr.  s.  1-. 
—  2Meier-Scliocmanu-Lipsius,  Oer  attisclie  Praccss,  p.  Ii5.  —  3  Scbocmann. /îe 
eomitiit  Athéniens.,  p.  317  ;  Smilh,  Diction,  of  greek  and  rom.  Ant..  3-  éd..  Il, 
p.  733.  ScboemaDD  adjstingué  cessyUogcis  des  syllogeisdii  peuple,  tandis  que  Boeckh 
les  avait  coDfondus,  Staatsh.  rler  Athen.,  Il,  p.  115.  —  '  Koebler,  Athen.  Mitt., 
VII  (ISSi),  p.  loi  sq.;  Michel,  Rec,  8i4,  1029;  Inscr.  Gr.,  Il,  607;  Ditlenbergcr, 
Syll.,  i'M.,  Il,  p.  110.  —  5  LjiUjr.  Ti;;  ?<,/*ii;  ,.\  toî  ^^^j  :  /nicr.  Gr.,  Il,  390, 
40S,  417,  4i5,  etc.  —  6  Poil.,  VIII,  lot  :  )i,=;.pj,.. î;  ..«;„.,„  ,;,  «i„3,  irr'Tf'i'- 

|uv.>  è>  livià;utTt,    »«î  T;iù<vtiz    i.i^i,    «ÙTot;  <;oiiai9I<f>-t>iv  Toi;  |»T,   ij.lllaiiîo.TO; 

IÇiiiiTsav  ..\  T«i;  ti.lii»id;o.-:«;  Ur.taX»,.  —  7  Jnscr.  Gr.,  Il,  607.  —  8  Michel, 
Recueil,  854.  Ils  remettaient  au  Trésor  le  produit  de  la  vente  des  peaux  des  vic- 
times ;  A.  Morornsen,  Feste  der  Stadt  Athen,  p.  46f.  foLvsipiA,  p.  194'.  —  9  Michel. 
Recueil,  1029;  cf.  A.  Wilhclm,  Athen.  Milt..  ï\l  1896),  p.  435;  Le  même,  Irk. 
dram.  Auffûhr.,  p.  ill.  _  10  Athen.  Mitt.,  VII  (1S8Î),  p.  108.  —  BiBiiocRAPBif. 
KuehIer,  /oc.  cil.  :  Gilbert,  Handb.  der  griech.  Staatialt.,  2'  éd.,  I.  p.  322  s<i.  ; 
Ueier-Schoemaua-Lipsius,  AU.  Process.,  p.  tir.,  310,  759,  959;  Boeckh,  Stants- 
hawsh.  der  Athen.,  3-  éd.,  I,  p.  192  sq.  ;  p.  272;  II,  107  sq.  ;  lUsq.;  123, 
Wilaraowitz,  Ari<<ot.  undAthen.  il, p.  166  sq.;  Schœniaan-Lipsius,  Griech.  Atlert. 
1,  p.  394  sq. 

8TMHACHIA.  1  IV,  118.-2  V,  1819.  -  3  V,  23-24.  Les  ,™«.S.;  furent  con- 
clues au  commencement  du  printemps,  après  les  Dionysies  urbaines  (V,  29)  ;  la 


deux  peuples  s'unissent,  encore  pour  une  durée  de  cin- 
quante ans,  par  un  traité  d'alliance,  a^ju-^nx/ix'.  Mais  un 
an  ne  s'était  pas  encore  écoulé  après  cette  alliance 
avec  Sparte,  que  les  Athéniens  s'alliaient  avec  les  enne- 
mis de  Sparte,  les  .\rgiens,  les  Éléensetles  Mantinéens'. 
Thucydide  nous  a  conservé  aussi  ce  traité;  et,  par  un 
hasard  heureux,  un  fragment  du  texte  officiel  a  été 
trouvé  sur  r.\cropole^  Thucydide  a  pris  soin  de  bien 
indiquer  le  nom  particulier  qui  désigne  chacun  de  ces 
quatre  traités.  Il  emploie  pour  cela  les  mêmes  expres- 
sions, on  peut  dire  la  même  formule,  qui  revient  ainsi 
chaque  fois  avant  etaprès  le  texte  de  chaque  traité,  .\insi 

IV,  117,  3:  •[{•{yeT'xi  oùv  £Xê/£ip;'a  "rfiî.  119,  2:  V]  [iàv  OY, 
èx£/£[p;'a  auTT;  èyé-jezo.  De  même  pour  CTtovSat,  V,  18,  i  et 
20,  i;  et  pour  cju.u.rty(x,  V,  22,  1  et  24,  2. 

Pour  le  traité  conclu  par  .\thènes  avec  Argos,  Elis  et 
Mantinée,  la  formule  change  un  peu  ;  il  est  question  à  la 
fois  de  <77:ov5it  et  de  'jj^u.a.yix^.  C'est  qu'en  effet  le  traité 
comprend  les  deux  choses  :  d'abord  des  (rit&vSï'',  qui  sont 
conclues  pour  cent  ans,  et  en  vertu  desquelles  les  peu- 
ples contractants  s'engagent  à  s'abstenir  de  tout  acte 
d'hostilité  les  uns  envers  les  autres;  ensuite  une  TuptuLa- 
/l'a,  qui  est  aussi  conclue  pour  cent  ans  et  qui  n'est  autre 
chose  qu'une  alliance,  dont  les  clauses  sont  réglées. 
Cette  fois  encore,  Thucydide  distingue  donc  les  rj-ovoxide 
la  iju-iLa/ix.  Il  en  est  de  même  pour  le  traité  conclu  entre 
Argos  et  Sparte  après  la  bataille  de  Mantinée  ;  les 
Argiens  du  parti  aristocratique  veulent  conclure  un 
traité  de  paix  pour  arriver  ensuite  à  une  alliance''. 

Le  mot  <j7tov3a!,  en  vertu  même  de  son  sens  primtif, 
signifiant  «  libations  »,  prenait  un  sens  plus  étendu 
que  celui  qui  lui  est  attribué  ici  et  s'appliquait  à 
toute  convention  qui  devait  être  ratifiée  par  une  céré- 
monie de  ce  genre:  Thucydide  lui-même  l'applique  au 
traité  d'armistice  dont  nous  avons  parlé.  lien  est  de 
même  des  mots  opxoc,  <!•J'l^r^x.x■.,  ojAOÀovta';  le  mot  e;p/;VT, 
ne  parait  dans  les  textes  épigraphiques  qu'à  partir  du 
iv  siècle'.  A  côte  de  la  .'njminachia.  Thucydide  parle  de 
Vépiinachia,  qui  serait  un  traité  d'alliance  purement 
défensive  '"  Le  mol  ne  s'est  pas  encore  rencontré,  avec 
ce  sens,  dans  les  inscriptions. 

La  sijminacliia  est  de  beaucoup  la  plus  fréquente  de 
ces  conventions  internationales".  Dans  nos  textes,  ce 
mot  est  souvent  accompagné  des  mots  '6'i:f.o;,,  ot/.i'a,  bjio- 
XoYi»'".  La  formule  la  plus  usitée  consiste  à  dire:  nous 
aurons  les  mêmes   amis  et  les  mêmes  ennemis  ''.   On 


»un;ia/.;i  le  fut  où  soliôi  OVisfov  (24,  2  et  28,  1).  —  4  V,  47.  —  ô  Corp.  insc.  att. 
IV,  1,  46  i;  V.  Scala,  Staatsvertr.  p.  76  ;  Uicks-Hill,  A  Manual  of  gr.  hitl.  intc. 
î'  éd.  n»  69.  —  6  Thuc.  V,  46,  5;  48,  1  :  \\  i«sv  »i:ovi<£\  .«!  i,  ni;i(i«/.;i  oÎt»;  ^i^i.n-i>. 
—  7  V,  79, 1  :  llKovSà;  xccl  <r>;i(ia^tav.  —  8  Sur  tous  CCS  termes  et  leurs  divers  sens, 
cf.  P.  Graetzel.  De  pactionum  inter  çraecas  cil'itates  fact.  p.  18  sq.  —  9  On 
trouve,  pour  la  première  fois,  ce  mot  employé  avec  ce  sens  dans  le  traité  conclu 
par  les  Alhéiiiens  avec  Cbios  en  3S6,  Corp.  insc.  att.  IV,  2,  p.  9,  n.  15  c  et  11,  15; 
Dittenberger,  Syll.  75  ;  Scala,  122.  Le  sens  n'est  pas  le  même  dans  C.  in^c.  att.  IV, 
2,  1  6,  I.  14  el  21,  et  II  1  *;  Dittenberger,  56:  Michel,  80.  —  lO  I,  14i,  1  ;  V.  4S,  2; 
Xeo.  Cyr.  m,  2,  23;  Aristot.  Resp.  III.  5,  13  =  liSO  6  7.  Le  sens  est  différent  dans 
Th.  V,  27,  2  ;  VI,  79.  I.  Cf.  Graelicl.  p.  42.  —  n  Les  deui  traités  les  plus  anciens 
qui  nous  ont  élé  conservés  par  des  inscriptions  sont  celui  qui  a  été  conclu  entre  les 
Héréens  et  les  Eléens  (Roehl,  Insc.  i/r.  ant.  110;  MicheL  1.  .Scala  27)  el  celui  entre 
les  Anéléens  et  les  Mélapiens  (RochI,  118  ;  Michel,  2  ;  Scala,  33j.  Le  premier  est 
une  symmacbia.  le  second  une  philia.  —  *'-  ^lu^^a^-a  ïaî  Saxot,  Corp,  insc.  att.  IV, 
p.  13  iSic  :67);ibid.  IV,  33  a  (Oillenberger.  24;  Michel,  4  ;  Scala,  48).  Le  traité  avec 
les  Boltiéens  de  l'an  422,  fournit  les  noms  de  çi>ji:*ay!a,  çtÀîa,  ôito'Ao-rt'a.  Corp.  ins. 
att.  I,  52  ;  Dittenberger,  36;  Scala.  82.  Dans  le  Irailé  avec  Uhios  cf.  n.  9)  on  trouve 
e!jiivT„  5j»ot,  oi'«i'«.  Cf.  encore  C.  i.att.  Il,  108.  —  l3Traité  avec  les  Bottiéens, 
cf.  n.  12;  traité  avec  Sélymbria,  C.  i.  att.  IV,  1  p.  18,  61  a;  Dittenberger,  53  ; 
Scala,  93.  a.  Thuc.  III,  70,  6  ;  75,  1  ;  VII,  33,  6  ;  Xen.  Anab.  Il,  5,  39  ;  Aesch.  III, 
100  ;  les  autres  textes  dans  Graetzel,  p.  45. 


SYM 


—   1377 


SYM 


promet  aussi  d'exécuter  le  traité  loyalement',  d'être  des 
alliés  fidèles  et  sûrs'.  Le  plus  souvent  les  conditions  de 
l'alliance  sont  indiquées  en  détail:  elles  consistent,  en 
général,  dans  l'obligation  de  se  porter  mutuellement 
secours  en  cas  d'attaque  et  de  ne  pas  faire  la  paix  sépa- 
rément''. 11  ne  s'agit  le  plus  souvent,  nous  l'avons  dit, 
que  d'une  alliance  défensive.  Souvent  ces  conditions 
sont  répétées  dans  la  formule  de  serment  que  les  deux 
parties  doivent  prêter*.  La  durée  des  traités  à  partir 
du  iv=  siècle  est  généralement  pour  un  temps  indéfini  ". 

Tout  traité  était  sanctionné  par  des  cérémonies  reli- 
gieuses, qui  consistaient  en  un  sacrifice,  des  libations  et 
un  serment".  Le  serment  comprend  une  invocation  aux 
dieux  protecteurs  de  chacune  des  cités  qui  contractent 
alliance''.  Il  est  prêté  par  les  magistrats,  les  autorités 
militaires,  par  des  corps  entiers,  comme  les  cavaliers,  les 
juges,  tous  les  citoyens  adultes  *.  Il  est  quelquefois 
stipulé  que  le  serment  sera  renouvelé  '. 

Les  décrets  atliéniens  sont  assez  souvent  gravés  au- 
dessous  de  bas-reliefs,  dont  les  sujets  sont  empruntés 
aux  décrets  eux-mêmes  ;  ce  sont,  en  général,  des  figures 


Fig.  6692.  —  Corcyre  et  le  Démos  atliéuicn. 

allégoriques.  Ainsi,  pour  le  traité  conclu  en  375  entre 
Athènes  et  Corcyre  '",  la  sculpture  représente  (fig.  6092) 
un  homme  assis,  qui  est  le  Démos  athénien:  devant  lui 
une  femme  debout,  qui  est  la  cité  de  Corcyre,  et  qui 


1  Cf.  Iraité  de  paix  avec  Sparle,  Thuc.  V,  18,  2;  la  première  partie  du  traité 
avec  Argos,  Elis  et  Maiitiuée,  ncsl  .lu'un  traité  de  paix,  Jbid.  47,  I.  —2  Traités 
avec  les  Bottiéens.  cf.  n.  \-l  de  la  p.  1576  ;  avec  Léontini  {Corp.  inscr.  ait.  I,  33 
et  IV,  I,  I,  p.  13;  Uillenberger  25;  Scala,  681:  entre  les  cités  Cretoises  Ûlos  et 
Latos,  C.  insc.  gr.  255i;  de  même,  2556.  —  3  Traité  entre  Athènes  et  Sparte, 
Thuc.  V,  2,  1-3;  entre  Athènes,  Argos,  Elis  et  Manlinée.  V.  47,  3-6;  avec  Corcyre 
{C.  att.  11,  p.  398,  n.  49  b  ;  Uiltcnberger,  84  ;  Michel,  9  ;  Scala.  143)  ;  entre  Hiera- 
pytna  et  Rhodes,  Caiier,  Delectus,  181,  1.  73;  entre  Hierapytna  et  latos,  Cauer, 
117.  —  *  f .  es.  l'insc.  de  Chalcis  {C.  i.  att.  IV,  1,  1,  p.  10,  270;  Ditten- 
bcrger,  17  ;  Michel,  70)  et  celle  des  Bottiéens,  cf.  n.  12  de  la  p.  1576.  —  b  Le 
traité  entre  les  Eléens  et  les  Héraiens  (cf.  n.  11,  p.  1576)  est  conclu  pour  cent  ans; 
de  même  entre  Alhènes,  Argos,  Elis  et  Manlinée,  Thuc.  V,  47,  1.  Poiu'  cin(|uaute 
ans.  les  Anétécns  (même  note)  ;  les  deux  traités  de  paix  et  d'alliance  d'Athènes 
avec  Sparte,  Thuc.  V,  18,  2  ;  47, 1  ;  avec  Corcyre  (cf.  p.  1576,  n.  3):  avec  Denys.  C. 
i.  att.  52  ;  Dittenberger,  90  :  Scala,  159  ;  avec  les  Arcadiens,  les  Achéens,  Elis  et 
Phliunte,  C.  i.  ait.  11,  57  6  p.  4o3  ;  Dillenb.  105;  Scala.  171;  avec  les  Thessaliens, 
C.  i.  att.  IV,  2,  59  6,  p.  21  ;  Dittenb.  108;  Scala,  176;  Michel,  11.-6  Sch.imann- 
Lipsius,  Gr.  Altrrtii.  II,  253,  278;  K.  F.  Hermann-Thumser,  Lehrb.  der  gr. 
Anliq.  I,  aiaatsattert.  p.  71  ;  P.  Stengcl,  Ùie  gr.  KuUiisalterl.  (Manuel  Iw. 
Millier};  p.  121  ;  Fuslel  de  Coulauges,  Cité  antique,  248.  Pour  ce  qui  concerne 
les  ambassadeurs  chargés  de  concluie  et  de  sanctionner  les  traités,  M.  Hey^o,  De 
légation,  attir.is,  Golt.  1882  et  surtout  Fr.  Poland,  De  légat.  Grâce,  pulilicis, 
Leipzig,  1885,  —  7  On  me  permettra  de  renvoyer  à  mon  ouvrage  cité  à  la  Bibliogra- 

VIII. 


semble  lui  parler;  Athéna  debout  préside  à  la  scène. 
Le  bas-relief,  qui  décore  le  décret  conclu  en  362  entre 
Athènes,  les  Arcadiens,  les  Achéens,  Élis  et  Phliunte", 
représente  Zeus,armé  de  la  foudre  et  assis  sur  un  trône; 
deux  femmes  debout  représenteraient  l'une  le  Pélopo- 
nèse  '-  ou  la  Symmachia  ",  la  seconde  Athéna.  Sur  le  bas- 
relief  (fig.  6693)  du  décret  relatif  à  l'alliance  avecNéapolis 


Fig.  6693.  —  .Néapolis  et  Athènes. 

de  Thrace,  en  3oo,  la  jeune  fille,  riapfiÉvoç,  qui  représente 
Xéapolis  '*,  est  beaucoup  plus  petite  qu'Athéna.  On 
admet  cependant  que  c'est  une  figure  d'.\rtémis.  C'était 
l'usage  de  représenter  les  États  par  leur  divinité  protec- 
trice'".Dans  un  décret  d'Athènes  relatif  aux  Samiens'% 
les  deux  peuples  sont  représentés  par  leurs  déesses, 
Athéna  et  Héra.  L'usage  de  ces  bas-reliefs  commencerait 
vers  le  milieu  du  V'  siècle '^ 

Nous  n'avons  pas  parlé  des  symmachies  qui  ne  sont 
autre  chose  qu'une  réunion  d'états  fédérés.  Telle  fut  la 
symmachie  à  laquelle  présidaitSparteaux  vi»  et  V  siècles. 
Le  lien  fédéral  était,  en  somme,  assez  lâche.  Il  n'en  fut 
pas  de  même  de  la  confédération  athénienne,  organisée 
par  Aristide:  de  bonne  heure,  les  alliés  furent  réduits  à 
l'état  de  sujets.  Au  iv'  siècle,  Athènes  tenta  de  rétablir 
ce  système  d'alliances,  mais  sur  des  bases  nouvelles  et 
sans  succès  durable.  C'est  surtout  à  partir  de  l'époque 
des  diadoques  que  les  ligues  fédérales  se  multiplièrent  ; 
les  plus  connues  sont  lesliguesdesNésiotes,  desÉtoliens, 
des  Achéens  ".  Albert  Martin. 


phie:  cf.  cil.  ii-iv.  -  S  Ibid.  ch.  vii-viu.  —  9  Cliap.  vi.  —  10  Voir  n.  3.  Alb. 
Dumont,  Bull,  dccorr.   hell.  II,  1878,  p.  539;  MMheil.  d.  arch.  Inst.  1,  197. 

11  Sur  ce  traité  v.  n.  5.  —  *-  Explication  de  Koeliler  (C.  iîi«.  att.  II,  57  b),  adoptée 

par  A.  Dumont,  Op.  /.  561.  —  la  Explicat.  de  Hicks-HiU,  Manualof  gr.hist.  insc. 
n,  110.  _  14  C.  i.alt.  Il,  66;  Ditteub,  115;  Hicks-Hill,  132;  Scala,  191  ;  Sclioene, 
Griech.  fteliefs,  Vil,  48  ;  A.  Dumont,  L.  l.  562.  —  là  A.  Dumont,  563.  —  16  C.  i. 
att.  IV,  2,1  b;  Dittenberger,  37;  Michel,  80  ;  Erunn-Bruckmanu,  Denitmtiler, 
n.  475  a;  Collignon,  Uist.  de  la  sculpt.  gr.  Il,  117.  Le  bas-relief  du  décret 
relatif  à  Denys  (voir  n.  5)  représente  Athéna  et  la  Sicile.  —  '^  Sur  toutes  ces 
questions,  cf.  Dumont,  L.  I.  —  1»  Il  suflH  de  reuvoier  à  Schomann-Lipsius, 
Griech.  Slaatsalt.  II,  80-92  et  101-163,  et  à  G.  F.  Hill,  Handhook  ofgreek. 
a.  rom.  coins,  p.  lOO-tlS.  —  Bhu.iogbapuiiî.  VVachsrautll,  Jus  gcntium  quale 
obtinuerit  apud  Graecos  anle  bellorum  cum  Ferais  gestorum  iiiilium,  1822; 
Id.  Hellen.-Altertumsk.  I,  183;  F.  Laurent,  Hist.  du  droit  des  gens.  II,  p.  23, 
117;  C.  F.  VV.  MuUer,  De  ritibus  et  cerimoniis  qutbus  Graeci  commercia  publica, 
foedera.  belli  pacisque  sanxerunt,  1854;  E.  Egger.  Eludes  hist.  sur  les  traités 
publics  chez  les  Grecs  et  les  Romains,  1866  ;  M.  Heyse,  De  legationibus  alticis, 
18S2;  Kr.  Poland,  De  légation.  Graec.  publicis,  1885  ;  P.  Ciraetzd,  De  pactionum 
inler  graecas  civilates  faclarum  ad  bellum  pacemque  pertirientium  appellalio- 
nihus  formulis  ratio'ie,  1885  ;  Albert  Marliu,  Quoinorto  Graeci  ac  peculiariter 
Alhenienses  foedera  publica  iureiurando  sanj-erint,  1886;  Schi'miann-Lipsius, 
Griech.  Alterth.  II,  244,  253,  278  ;  (lermann-Thumser,  Lehrbuch  der  gr.  Anliq.  !, 
Staats  allert.  p.  71,  80  ;  G.  Gilbert,  Handbucli  d.  gr.  Staatsalterl.  Il,  367. 

198 


SYM 


—  ir)78  — 


SYM 


SYMMETRIA  (SufjiixETpia). — Tunique  longue  dont  le 
pourtour  inférieur  était  bordé  [cf  cyclaSi'.       E.  S. 

SYMIMIOXIA  (i:ju.i.u)V!a). —  Le  inol  cuti^iovi'a  dans  le 
grec  classique  n'a  jamais  que  le  sens  d'accord  consonant 
ou  celui  de  concert  de  roix  ou  d'htslriimenls  :  nous 
n"avonspas;i  nous  en  occuper  ici  ;misica].  Mais  il  semble 
bienqu"à  l'époque  post-classique  et  plus  particulièremeiil 
dans  les  derniers  siècles  de  l'antiquité  on  ait  également 
désigné  sous  ce  nom  un  instrument  de  musique  spécial, 
dont  la  nature  reste  assez  énigmatique  en  présence  de 
témoignages  contradictoires.  Pour  Fortunal  c'est  un 
instrument  à  vent'  et  tel  parait  être  aussi  l'avis  des 
scholies  de  Berne-  sur  Virgile  l'V  siècle).  D'autres  glos- 
sateurs  en  font  une  espèce  de  lyre  '  ou  de  harpe 
isambyque)'.  Kniin  d'après  Isidore  de  Séville,  qui  en 
a  donné  la  définition  la  plus  explicite,  la  symphonie 
serait  un  tambour  à  deux  faces,  recouvertes  d'une 
peau  tendue,  que  l'exécutant  frappait  en  même  temps 
de  ses  baguettes  de  manière  à  produire  1'  »  accord  >> 
d'un  son  grave  et  d'un  son  aigu  :  d'où  le  nom  de 
l'instrument".  Il  semble  bien  que  déjà  Prudence,  qui 
attribue  aux  Égyptiens  l'emploi  de  la  symphonie  à  la 
bataille  d'Actium,  la  considère  également  comme  un 
tambour*. 

Chose  singulière  :  cette  multiplicité  de  significations 
attestée  pour  le  mot  latin  se  retrouve  pour  ses  dérivés 
dans  les  dilTérentes  langues  romanes.  C'est  ainsi  que  le 
français  chifonie  ou  cifoine  «  instrument  dont  les 
aveugles  jouaient  en  chantant  les  chansons  de  geste  »  ' 
parait  désigner  tantôt  une  vielle,  tantôt  un  tambourin*, 
tandis  que  l'italien  sampogna,  dont  l'étymologie  est 
d'ailleurs  contestée,  est  toujours  un  instrument  à  vent, 
flûte  de  Pan.  pipeau  ou  cornemuse'. 

On  a  cru  trouver  une  mention  de  cet  instrument  bien 
plus  ancienne  que  toutes  celles  que  nous  avons  men- 
tionnées :  c'est  dans  un  verset  deux  fois  répété  du  livre 
de  Daniel  (m,  o  et  loi  où  on  lit  :  <i  Dans  l'instant  où  vous 
entendrez  le  son  du  cor,  des  Iliites,  des  cithares,  de  la 
sambyque.  du  psaltérion,  de  la  symphonie  (n»3301D)  et 
de  toute  espèce  (d'instrument)  de  musique  ».  La  Septante 
traduit  par  duiAsouviaç,  la  vulgate  par  symphoniae,  et,  en 
effet,  le  mot  hébreu,  vocalisé  çoumponya,  parait  bien 
n'être  qu'une  transcription  du  grec  (jju.^covtx  :  on  sait  que 
Daniel  esi  contemporain  d'.Xntiochus  Epiphane,  et  dans 
le  verset  même  qui  nous  occupe  il  y  a  plusieurs  autres 
noms  d'instruments  transcrits  du  grec.  C'est  à  tort  que 
certains  commentateurs  modernes '",  se  fondant  sur  le 


SYMMtTRIA.-l  Poil.  IV,  liO  :  ,..Tiv  ^oSr.jr,;  i/ioupir.î  .i"»  :  Jiev.  de,  É(ud. 
gr.  1899,   p.  Ml. 

SVMPBO.MA.  —  I  Fortuual.  De  vila  J/arfini',  IV,  48  «  doncc  plena  suo 
cecinit  symphonia  llatu  ».  Tout  le  passage  éUnI  mélaphoriquc,  il  est  impossible  de 
savoir  <|uel  ÏDslrument  précis  le  poêle  a  eu  vue  :  il  pourrait  mi^me  s'agir  simpteraenl 
del'orcbeslre.  —  iSchol.  Bern.  aii  Georg.,  Il,  193:  •  apud  Tiiscos  enim  a  Tyrrlieno 
symphonii  ysic)  el  libiae  usus  inventus  -.  —  3  Mamolreclus   ad    I  Paralip..  12  : 

-  Uris  id  esl  srnipboniis  »  (cité  par  Du  Gange).  —  l  (Jloss.  Hrov.  (ms.  rcg.  76  571): 
•  symphonia,  sambuca  •  (Du  Clange).  —  S  Jsjd.  Qrig.  111,  21  fin.  «  Sym- 
phonia vulgo  appellatur  lignuni  cavum,  e\  ulra(|ue  parte  pelle  eilensa,  i|Uara  vir- 
gulis  hinc  cl  inde  musici  feriuut.  Ilb|iie  et  ea  concordia  gravis  et  acuti  suavissimus 
canlus  ».  Cf.  le  canoniste  Ugulio  cité  p.ir  Du  Gange  :  •  tynipanuni  est  média  pars 
sympboniae,    in   simililudiueni    cribri,    et    virgula    percutitur   ut    svmphonia    <• 

—  6  Prudent.  Adr.  Symmacli.,  11,  527  :  .  Fluotibus  Acliacis  signum  symphonia 
belli  Aegypto  dcdcral.  clangebat  bucina  conlra  „.  —  ^  Corbichon  ap.  Godefrov, 
s.  y.  chifonie.  —  »  C'est  le  tambourin  chifonie  que  M.  Heck  croit  retrouver  dans 
dem  figures  de  mss.  reproduites  à  la  pi.  i  (p.  ',li  de  sa  Miisii/iie  des  Iroiiha- 
do'jri  II9I0).  —  9Tommasco  et  Bellini,  Oizion.  ibU.  s.  v.  Cf.  Caiiello,  ,lrc/i.fio 
gtollologieo,  III.  3S9.  Les  dilTérentes  formes  romanes  données  par  Koerting 
llMleinitcli-romanisches  Wùrlerbueh,  1891,  ».  ».  symphonia)  sont  :  italien  zam- 


verset  m,  10  où  le  mot  est  écrit  X':ï'D  isiphnia],  ont 
voulu  le  rattacher  à  un  prétendu  mot  grec  iriçwvta  (de 
distov,  le  tuyau);  à  plus  forte  raison  ne  saurait-on  accepter 
les  étymologies  fantaisistes  qui  tirent  ce  mot  d'une 
racine  hébraïque".  Le  contexte  où  apparaît  ici  la  sym- 
phonia, dans  une  énumération  d'instruments  de  mu- 
sique, mène  naturellement  à  penser  qu'elle  doit  éga- 
lement être  rangée  dans  cette  catégorie,  et  telle  parait 
avoir  été  de  tout  temps  l'opinion  des  rabbins.  La  Mi- 
schna,  qui  l'accouple  avec  la  nùte '-,  parle  d'une  "  gaine 
de  symphonie  »  '^.  Saadia  y  voit  une  cornemuse  '*  comme 
l'italien  sampoyna.  Des  rabbins  juifs  cette  interprétation 
a  sans  doute  passé  chez  les  plus  anciens  commentateurs 
chrétiens  de  la  Bible.  AJale  quidam  de  Latinis,  écrit 
saint  Jérôme,  symphoniam  piitant  esse  geniis  organi, 
cum  concors  in  Dei  laiidibu.i  concentus  hoc  vocabulo 
signi/icetur^'°.  Malgré  cette  contradiction,  la  plupart  des 
interprètes  modernes  persistent,  probablement  avec 
raison,  à  voir  dans  la  symphonia  de  Daniel  un  instru- 
ment de  musique.  Les  uns  en  font  avec  Saadia  une  corne- 
muse (quoiqu'un  joueur  de  cornemuse  se  dise  àffxaûÀY,? 
en  grec,  itriculariis  en  latin),  d'autres  un  orgue  "  ou 
une  tlùte  de  Pan'".  On  a  voulu  même"  retrouver  une 
autre  mention  de  notre  instrument,  à  peu  près  contempo- 
raine de  Daniel,  dans  un  texte  de  Polybe",  où  il  est  dit 
qu'.\ntiochus  Epiphane  aimait  à  surprendre  des  jeunes 
gens  en  train  de  festoyer  en  se  présentant  inopinément 
parmi  eux  jie-à  xEpa-iou  '"'  (fifre  en  corne?)  xa't  Tunstovia;. 
Ici  encore  le  contexte  est  favorable  à  l'idée  d'instrument 
el  l'on  pourrait  en  conclure  que  le  nom  et  la  chose  sont 
d'origine  gréco-syrienne.  Th.  Reinach. 

SY.MPHO.\IACUS,  AÙXtiTt;?,  Tcrr.oxùÀï,;.  —  Sur  les  na- 
vires antiques,  les  rameurs  réglaient  la  marche  et  entre- 
tenaient leur  ardeur  par  un  chant  accompagné  le  plus 
souvent  de  la  tlùte.  Le  flûtiste,  sur  les  navires  grecs, 
s'appelait  aù/.T,TT,ç,  TpiT|SatOX-f,;  '.  Ce  joueur  de  flûte  semble 
avoir  été  employé  chez  les  Romains.  A  propos  d'un  pas- 
sage du  plaidoyer  de  Cicéron  contre  Q.Caecilius,  où  l'ora- 
teur rappelle  qu'un  commandant  des  vaisseaux  d'.\ntoine 
avait  enlevé  à  une  certaine  .\gonis  de  Lilybée  des  esclaves 
syimphonlsies.  symj)hon iaros  serras,  qu'il  voulait,  disait- 
il,  employer  sur  sa  flotte,  .Vsconius  Pedianus  s'exprime 
ainsi-:  «  Cani  remigibus  celeusma  per  symphoniacos 
solebat  el  per  assam  vocem,  id  est  ore  prolatam,  et,  ut 
.\rgo  navi,  percitharam'  ».  On  voit  que  le  symphoniacus, 
s'il  se  servait  de  la  voix,  s'accompagnait  d'un  ou  plusieurs 
instruments,  sans  doute  ordinairement  de  la  flûte'  [cf. 


potjnn,  sampogna  :  roumain  cimpoae  :  provençal  sinphonia  :  français  symphonie, 
chifonie;  espagnol  zaïnporia  ;  portugais  snnfonha.  Le  sens  de  cornemuse  pour 
zampognn  ne  parait  pas  primitif  :  le  mot  aurait  d'abord  désigné  le  tube  à  soupape 
qui  sert  à  gonfler  l'oulre  de  la  cornemuse.  —  *0  p.  es.  Behrmann  p.  I.\  dans  le 
Handkommentar  zitm  alten  Teslament  de  Nowack,  III,  3,  i.  —  H  Gf.  Fiirst, 
BebrTiisch.  iind  chald  Wôrterbuch  (IS7C),  s.  i:  —  12  Mischna,  Kelim.  c.  10, 
§6.  —  t3 /tid.,  c  18,  §  8.  —  li  Ad  Dan.  (.  c.  —  lô  Ep.  ïl  ad  Damasum, 
n.  29.  —  16  S.  Cahen,  Bchrmauu.  —  ''  Bar  Bablul.  Gf.  Ugolini,  fhes.  3î, 
p.  39-42;  Benzinger,  Hebr.  Archâotorjie,  p.  276;  J.  Wciss,  Die  musikal. 
Instrumente  in  den  heiligen  Schriften  des  A.  T.  1895,  p.  85.  —  18  Gesenius, 
s.  ,..  —  19  Polyb.  fr.  XXVI,  1.  Bûllner-Wobsl  ap.  Alh.  V,  193  E  et  4.39  A  : 
Diodor.  fr.  XXIX.  32.  —  20  Les  mss.  d'Alhénée  ont  iesh^ii'ou,  qui  donnerait  un  sens 
ivoir  le  conim.  de  Schweigbauser);  la  correction  «tçùTtoj  est  fournie  par  Diodorc. 
.\  la  rigueur  xeçotiov  pourrait  être  une  petite  corne  à  boire. 

SVMPIIO.MACDS.  —  I  Demosth.  De  corona,  129;  l'hilodeni.  De  mtisica,  col. 
VII.  in  Hemil.  ruliim.  (/une  sitpersunt,  I,  N'apl.  1793,  p.  39;  cf.  aussi  l'édition 
lie  Kemke  ap.  Tcubner:  Duris  ap.  Athcnae.  Xll.  p.  533.  —  2  /n.  Q.  Caeeil.  divinat. 
XVll.  —  3  Sur  le  vaisseau  de  Cléopàlre  sur  le  Gvdnus.  il  y  avait  des  flûtes  el  des 
cithares.  Plut.  ,-l«/on.  133;  les  rameurs  répondaient  par  un  chant  cadencé; 
cf.  Sil.  11.  VI,  3S3.  —  *  Mai.  Tyr.  Dissert.  XXXIX,  t.  Il,  p.  243,  éd.  Reiscb. 


SYM 


—  iS79  — 


SYM 


s«iphoma].  Le  symjj/ioniacus  mentionné  plus  lard  dans 
des  inscriptions  serait  le  TpnfipaûÂY|Ç  des  Grecs. 
C.  De  La  Berge. 

II.  Le  même  nom,  symphoniacus,  désigna  des  musi- 
ciens de  toutes  sortes,  chanteurs  ou  instrumentistes, 
dont  il  fut  de  mode  à  Rome,  au  dernier  siècle  de  la 
République  el  au  premier  de  l'Empire,  de  former  des 
troupes  dans  les  riches  maisons '.         E.  S. 

SYMPOSIUM  (SujxTto'uiov).  —  Le  symposton  (littérale- 
ment «  buverie  en  commun  »)  était  une  coutume  parti- 
culière aux  Grecs.  On  appelait  ainsi  la  seconde  partie  du 
souper(o£ï7tvc,v|.  Pendant  toulela  première,  qui  constituait 
le  repas  proprement  dit,  les  convives  mangeaient  sans 
boire*  ;  le  vin  n'y  faisait  apparition  que  tout  à  fait  à  la 
iin,  sous  la  forme  d'une  libation  religieuse  «  au  Bon 
Génie  »  ou  <<  à  la  Santé  »:  chaque  convive  avalait  alors 
une  gorgée  de  vin  pur  (âxpaTov),  en  prononçant  la  for- 
mule 'A-caOcû  Aa''u.ovoç  OU  'Tyisi'aç  '^.  Puis,  après  que  les 
serviteurs  avaient  enlevé  les  tables  (àipatosïv,  èxcpâociv  riç 
TiscTTÉÇaç),  el  nettoyé  le  sol  de  tous  les  débris  et  reliefs 
qui  le  souillaient,  le  symposion  commençait  ^  II  se  pro- 
longeait souvent  jusqu'à  l'aurore. 

On  ne  saurait  énumérer  toutes  les  occasions  dans  les- 
quelles se  donnaient  les  symposia.  Citons,  en  particulier, 
les  différentes  cérémonies  de  famille,  mariage*,  fête  du 
dixième  jour  (oexiTc,)  °,  anniversaire  de  naissance  °,  les 
victoires  remportées  aux  jeux'',  le  départ  ou  le  retour 
d'un  ami*,  et  cent  autres  événements  de  ce  genre.  En 
toutes  ces  circonstances  on  conviait  parents  et  amis  à  un 
souper,  toujours  suivi  d'un  symposion.  Mais  souvent 
aussi  le  goùl  du  plaisir  tenait  lieu  de  tout  prétexte.  On  a 
vu  ailleurs  [meretrices,  p.  1828]  la  vie  dissipée  que 
menaient,  à  Athènes,  la  plupart  des  jeunes  gens  de 
famille  riche,  dans  les  années  qui  séparaient  l'éphébie  du 
mariage.  Les  soupers,  en  compagnie  des  courtisanes,  y 
tenaient  la  première  place. 

Les  convives  du  symposion  n'étaient  pas  toujours 
exactement  ceux  du  Seî^vov,  qui  l'avait  précédé.  Après 
celui-ci  les  personnes  graves  avaient  coutume  de  se 
retirer.  Par  contre,  il  n'était  pas  rare  qu'une  bande  de 
jeunes  fous  (xw[ji.o;)*,  plus  ou  moins  avinés,  fît  soudain 
irruption  dans  la  salle  du  banquet,  et  s'invitât  d'elle- 
même  sans  façon:  cet  incident  se  produit  même  deux 
fois  dans  le  fia«7we/ décrit  par  Platon  '".  De  ces  réunions 
les  honnêtes  femmes  elles  enfants  étaient  naturellement 
exclus  ".  En  revanche,  les  courtisanes  en  étaient  une  des 
principales  attractions  :  dans  les  buveries  de  jeunes 
gens,  chacun   amenait  sa  maitresse  ou  du  moins  une 


1  Cic.  Ad  fam.  VI,  '),  3:  P.n  j)Jil.  XXI,  55;  In  Vcrr.  V,  29.  6i  ;  Pro  Hosc. 
Am.  XLVI.  I3t;  Pelroii.  5n(.  ii,  :I3,  47;  Macrob.  II,  i,  iS  ;  Corp.  inscr.  lui. 
VI,  «7-!,  904U.  ar.SO;  V.  Marquai-dl,  Privalall.  Irail.  Ir.  I,  p.  I7S;  Fiicillhn.lt.r, 
.Sittengeschiscli.  lioms'',  III,  353,  337. 

SYMPOSIUM.  —  1  Au  Icmps  de  Plularquc  sélail  inlioduilc  la  mode  de  Vnpf- 
rilif  (-coi^-^.^x)  avant  le  repas  (Quaesl.  conv.  VUI,  9,  3).  Voir  les  levles  recueillis 
dans  Beckci-Goll,  Charihles,  II,  p.  3J5  et  335.  —  2  Ibid.  p.  3i3.  —  3  Plat.  Conv. 
îii  C.  —    i  Isac.   Ùe   fyrrhi  hered.  70  ;  Arisloph.   Ai-.  493.  —  S  Luc.  Call.  9. 

—  6  Xenoph.    fonr.    I,    1;    l'Iat.    Conv.    173    A;    183    A;    Plut.    Phoe.     20. 

—  7  Anliph.    A'owrc.     IG;    Plut.    O.    l.    IV,    3,   2;    V,   5,    1;  Luc.    Amor.    9. 

—  8  Plut.  Pericl.  7  (.ï,»,  ,;.v  ,„.,S,;.v).  —  9  Voy.  sur  le  nom  xo,,,,,-,  Welcker 
ad  Philoslial.  Imai/.  1825,  p.  2(i2  cl  sq.  —  10  21i  C  el  223  B  :  cf.  Zenob.  Il,  40  ; 
Luc.  Lexi/.h.  9.  —  11  Arisl.  i^o/i(.  VII.  17;  Cic.  1er;-.  I,  26,  CS.  Dans  Xénoplion 
le  jeune  vaini|ucur  Autolycos,  qui  est  le  héros  de  la  fêle,  assiste  au  bancpicl,  en 
compagnie  de  son  père,  mais  assis  et  non  couché  (I,  S),  et  se  relire  avant  la 
pantomime  linale  (IX,  I).  —  12  Luc.  Ùial.  menlr.  I,  1  ;  1 1,  1  ;  1».  1  ;  là,  I . 
Voyeï  lari.  MrnKTi.iCEs,  p.  1829.  -  13  Diod.  Sic.  I  V,  3  ;  Alheu.  Il,  p.  is  I)  ; 
XV,  p.  G7d  c.  —  U  Plat.  Conv.  171  A;  Xenoph.  Conv.  2,  1  ;  Plut.  Sejjt.  sap. 
cofto.,'5.   —  li  Xeoophan.    frag.  I  Bergt ';  Alljeo.    XV,    6B5  D;   Coru.    Nep. 


hétaïre  louée  pour  la  circonstance  '-.  Ce  sont  ces  femmes 
que  nous  voyons,  dans  tant  de  scènes  bachiques  repré- 
sentées sur  les  monuments,  au  milieu  des  hommes  :  leur 
mise  et  leur  attitude  dénoncent,  du  premier  coup  d'oeil, 
leur  profession  (lig.  WtiG-4907,  4970,  4971,  6G90;. 

De  même  que  la  fin  du  oeTtivciv,  le  début  du  symposion 
était  solennisé  par  une  libation  faite  cette  fois,  non  avec 
du  vin  pur,  mais  avec  du  vin  mélangé  (x£y.pa|xÉvoç),  en 
l'honneur  de  Zeus  Sôter  (Atb;  i)<uTT|poç) '•'.  Ensuite  avait 
lieu  le  chant  du  péan  (TraiaviÇeiv**,  des  couronnes  étaient 
distribuées  aux  convives,  souvent  même  on  leur  répan- 
dait sur  la  tête  des  parfums  '°.  Restait  enfin  à  élire  le  pré- 
sident du  banquet,  (ju|X7co(n'ap/o;,  padiÀeûç,  généralement 
désigné  par  le  hasard  des  dés  "'.  La  première  (onction 
du  symposiarr/ue  était  de  déterminer  le  dosage  de  l'eau 
el  du  vin'\  Les  Grecs,  en  effet,  ne  buvaient  pas  le  vin 
pur,  ce  qui  s'explique  par  la  force  alcoolique  de  la  plu- 
part de  leurs  vignobles  [vinum].  Boire  pur  (ixpaTov)  était 
regardé  comme  une  pratique  barbare,  digne  des  Scythes 
ou  des  Thraces'*,  et  qui  produisait  des  effets  funestes, 
tels  que  la  paralysie  el  la  démence  ".  Même  le  mélange 
du  vin  et  de  l'eau  à  parties  égales  ('tcov  tVioi  passait  pour 
excessif  et  dangereux  -".  Les  mesures  généralement 
admises  étaient  :  3/4  d'eau  (proportion  recommandée 
par  Hésiode,  mais  que  les  plaisants  appelaient"  un  breu- 
vage de  grenouilles  »)-',  ou  plus  ordinairement  2/3  ou 
3/5  -'-.  Selon  la  saison  el  le  goût  des  convives,  on  se  ser- 
vait, pour  tremper  le  vin,  d'eau  chaude  ou  froide  ^•'. 
L'usage  des  vases  réfrigérants  était  déjà  connu  [psycter]. 
On  employait  aussi  dans  le  même  but  la  neige  et  la  glace, 
qu'on  savait  conserver  jusqu'en  plein  été,  en  l'envelop- 
pant de  paille  ou  d'étoffes  de  laine  non  foulées'^'.  Le 
mélange  se  faisait  d'avance  dans  un  grand  vase,  appelé 
pour  celle  raison  crater.  L'esclave  puisait  dans  le  cratère 
à  l'aide  du  cyalhe  ou  d'un  autre  vase,  oivo/dY|,  àpuuT/ip, 
xjaOoç  f^r.YATUus  et  fig.  109.5],  et  versait  ensuite  dans  la 
coupe  ".  Des  échansons  (oivo/ooi)  étaient  dressés  spécia- 
lement à  ce  service,  qui  demandait  beaucoup  d'adresse 
et  de  célérité-".  Quelquefois,  surtout  dans  li^ssymposia 
de  jeunes  gens,  le  service  était  fait  par  des  hétaïres". 
Il  appartenait  aussi  au  symposiarque  de  fixer  d'avance 
le  nombre  de  coupes  que  devrait  vider  chaque  convive: 
cela  s'appelait  iriveiv  irpbç  p.'av'-*.  Il  fallait  avaler  tout  le 
contenu  d'un  seul  trait  el  sans  reprendre  haleine  (à(xuc;T!, 
àTrvEutTTt  TtivEtv,  àauiTTiÇEiv)  "" .  A  Athènes  l'usage  était  de 
débuter  par  de  petites  coupes  et  de  finir  par  des  grandes^", 
en  sorte  que  le  banquet  dégénérait  presque  inévitable- 
ment en  orgie  ^'.  Ce  n'est  que  par  exception,  quand,  d'un 

.iijesil.  8.  —  l'Plal.  O.  (.  213E;  Luc.  Saturn.  4;  Cf.  Plat.  lc<,.  I,  (;4li  II.  Il  parait 
y  avoir  eu  aussi  un  «m|i»fx<>4.  J»!'"!  Vasen-^amml.  378;  licrhard,  Aiisdries.  Vas. 
188  ;  Klein,  (ir.  Vas.  mit  Lieblingsnamen,  p.  67  et  fig.  9  ;  et  notre  fig.  1  V;!9,  oii  le 
chef  du  x.T.iio;  est  désigné  par  ce  nom.  —  17  «  Leges  quae  in  poculis  poncltanlur  - 
(Cic.  Yerr.  V,  11,  28),  «  leges  insanae  »  (Hor.  .Sut.  Il,  6,  (57).  —  18  Plal.  leg.  1, 
037  E;  Athcn.  X,  427  B.  —  '9  Athen.  Il,  30  B;  Herodot.  VI,  84.  —  2»  Atlien. 
L.  l.  ;  cf.  Arisloph.  Plut.  1132.  —  21  Hesiod.  Op.  et  D.  590;  Allicn.  X,  p.  43U  C  ; 
Zenob.  Il,  7S.  —  22  phit.  Qaaest.  conv.  111,  9;  Alhcn.  X,  420  C;  Euslalh.  ad 
Odyss.  IX,  2ur.  (p.  1024);  cf.  Bccker-Cftil,  Gallv.s,  I,  p.  200,  n.  7.  -  2^1  Plal. 
Resp.  IV,  437  D;  Xenoph.  il/em.  111,  13,  3:  Athen.  III,  p.  121-123.  —  21  Xenoph. 
O.  (.  11,  I,  30  ;  Plut.  Quaest.  conv.  VI,  0,  1  ;  Atlien.  III,  124  A  ;  Cf.  Beckcr-Ufill, 
Charik'.W,  p.  340.  —  25Theophr.  Char.  13  ;  Poil.  Onom.  VI,  9  ;  X,  75  ;  Pro.l.  ad 
Hesiod.  Op.  et  d.,  744.  Plus  raremenl,  le  mélange  se  faisait  direclomciit  dans 
chaque  coupe  (Xenophan.  fragm.\,v.  8).— 26  Xenoph.  f.onr.  Il,  20  ;  6>r.  I,  3,  s; 
Luc.  Dial.  deor.  IV,  5;  Poil.  Onom.  VI,  95.  —  27  Voy.  un  bas-relief  dans 
Micali,  L/talin  avanli  il  dominio  dei  Romani,  p.  107.  — '  2*  Plat.  Conv. 
p  )7C  B.  —  29  Plut.  Quaest.  conv.  III.  3,  p.  650  C;  Luc.  Lesiph.  8;  Suid.  s.v. 
l,l..,t;:  Schol.  Arisloph.  Ach.  1229  -  30  Alh.  XI.  403  E.  -  31  Diog.  LaerL  I, 
103. 


SYM 


1580 


SYM 


commun  accord,  l'assemblée  l'avait  préalablemenl  décidé, 
qu'il  était  permis  à  ctiacun  de  boire  à  son  gré.  11  en  est 
ainsi,  par  exemple,  dans  le  Banquet  de  Platon,  où  les 
convives,  qui  tous  se  ressentent  encore,  plus  ou  moins, 
d'une  orgie  de  la  veille,  ont  besoin  de  se  ménager'. 
Mais,  hors  ce  cas,  chaque  convive  devait  absorber  la 
mesure  prescrite,  sinon  s'en  aller  [aut  hibat,  aut 
abeaty-,  ou,  du  moins,  subir  une  pénitence  intligée 
par  le  symposiarque  \  Ces  pénitences  n'étaient  pas 
toujours,  on  le  devine,  du  meilleur  goût  :  on  obligeait, 
par  exemple,  le  récalcitrant  à  s'accabler  lui-même  des 
injures  les  plus  malséantes,  il  danser  tout  nu,  à  faire 
trois  fois  le  tour  de  la  salle  en  portant  dans  ses  bras 
la  joueuse  de  llùte:  on  commandait  à  un  bègue 
(ij/cUoç),  de  chanter,  à  un  chauve  de  se  peigner,  à 
un  estropié  de  sauter  à  cloche-pied,  etc  *.  Une  autre 
occasion  encore  de  boire  avec  excès,  c'étaient  les  toasts  ; 
chaque  convive  était  tenu  do  porter  successivement  la 
santé  de  tous  les  membres  de  la  réunion  (TipoirivEiv  çùotyi- 
ci'aç)  '.  Cet  usage  était  même  si  caractéristique  des 
banquets  grecs  qu'à  Rome,  où  il  fut  plus  tard  adopté,  on 
appelait  cela  yraero  more  bibere''.  Les  écrivains  anciens 
nous  ont  rapporté  plusieurs  exemples,  véritablement 
stupéfiants,  des  prouesses  accomplies  par  certains  bu- 
veurs. Dans  le  £««(/?/?/ de  Platon,  nous  voyons  Alcibiade 
et  Socrate,  qui  ont  déjà  bu  pendant  toute  la  soirée,  tarir 
tous  les  deux  d'un  seul  trait  un  vase  qui  contient  huit 
cotyles,  c'est-à-dire  un  peu  plus  de  deux  litres.  On  con- 
taitmème  qu'.\lexandre  et  Protéas  ayant  parié  un  jour  de 
vider  chacun  une  coupe  d'une  capacité  de  6  litres  et  demi 
(oi'/ûuv),  Protéas  vainquit  le  roi  en  renouvelant  immédia- 
tement le  même  exploit'.  Pour  entretenir  la  soif,  en 
même  temps  que  pour  donner  au  vin  plus  de  saveur,  on 
servait  pendant  le  sijinposion  certains  mets  très  simples, 
sucrés  ou  piquants,  analogues  à  nos  hors-d'œuvre  ou  à 
nos  desserts  :  miel,  fromage,  fruits  frais  ou  secs,  sel 
pur  ou  pilé  avec  du  thym,  cumin,  ognons,  ail,  silphium 
et  surtout  gâteaux  salés  (ÈTtiiradTa).  Plus  lard  on  ofirit 
même  aux  convives  un  véritable  second  souper 
(SeÛTEsat  TpâireCîtO,  OÙ  l'on  servait  de  la  viande:  ragoûts, 
volailles,  gibier.  Mais  ce  sont  là  des  excès  de  gourman- 
dise, propres  à  l'époque  macédonienne". 

Les  banquets,  comme  ceux  que  nous  décrivent  Platon 
et  Xénophon,  où  l'esprit  et  l'imagination  des  convives 
eux-mêmes  tiennent  lieu  de  tout  divertissement  matériel, 
étaient  assurément  très  rares.  Ce  sont  là  des  peintures 
fort  idéalisées.  Nul  doute  cependant  que  le  charme  d'une 
conversation  légère,  vive,  enjouée,  ne  fût  pour  les  Grecs 
l'un  des  principaux  attraits  des  sijmposia.  Ce  qui  le 
prouve  à  l'évidence,  c'est  cette  littérature  symposiaque, 
si  riche,  dont  les  auteurs,  sous  la  forme  fictive  de  propos 
tenus  à  table  par  des  personnages  illustres,  ont  traité, 
ou  du  moins  eflleuré,  les  sujets  les  plus  divers,  philoso- 
phie, politique,  lettres,  sciences,  arts.  De  toute  cette 
littérature  il  nous  reste  encore  les  Banquets  de  Xéno- 
phon, Platon,  Plutarque,  Lucien,  Athénée.  Mais  ce  n'en 


IPUt.  Conr.  176  A-C.  —  2  Cic.  Tusc.  V,  41,  lis.  —  3  Luc.  Satiirn.  i.  —  i  L.  L; 
Plut.  Quaest.  coni'.  I,  4,  3.  —  6  l.uc.  Oitll.  ii.  Alciplir.  Episl.  III,  .ïï;  Ikliod. 
Aelhiop.  111,  Il  ;  Alh.  X,  Mî  D  ;  1.X,  WS  C.  —  '  Cic.  Tusc.  I,  40;  Verr.  I,  2(i  ; 
l'Iaul.  Cure.  Il,  3,  81.  0*^1  usage  étail  interdit  â  Sparte,  comme  uoe  provocation  à 
1  ivresse  (Alh.  X,  43»  0).  —  '■  Conv.  213  E:  Alli.  X,  4:U  A.  —  »  Voir  les  leiles 
recueillis  par  Berker-GBU,  Charikl.W,  p.  327  sq.  —  9  Plut.  Quaest.  conv.  1,  praef. 
p.  012  U.  —  '"  Plat.  Protag.  3k7  C.  —  "  Plut.  Sept.  sap.  conv.  5;  Com. 
Vil,  8,    4.    —   '•;   Plat.    Conr.    170     E;    Protag.     347    C;     Xonoph.    Conv.    2,    1, 


est  que  la  moindre  partie  ;  il  existait  également  sous  ce 
titre  des  écrits  d'Aristote,  Speusippe,  Épicure,  Prytanos, 
Iliéronymos,  Dion'.  Toutefois,  en  dehors  de  la  conver- 
sation, il  y  avait  un  certain  nombre  de  divertissements 
traditionnels  en  usage  dans  les  banquets  grecs,  et  qui, 
aux  yeux  des  convives  vulgaires,  avaient  plus  de  prix'". 
Au  premier  rang  il  faut  nommer  la  musique.  La  flûte 
était  indispensable  pour  les  libations  et  le  péan"  ;  il  y 
avaitdonc,  dans  tout  banquet,  des  joueuses  de  flûte  (aùX-ri- 
xpiosç)  '■-,  souvent  aussi  des  joueuses  de  lyre  (']/a)>Tp;ai)  '^ 
A  ces  instruments  on  voit  joints  dans  les  peintures, 
les  crotales  et  le  tambourin'*.  Tous  sont  souvent  aux 
mains  des  convives  eux-mêmes  et  accompagnent  la  danse 
aussi  bien  que  le  chant.  La  danse,  d'ailleurs,  était  un  art 
beaucoup  plus  étendu  en  Grèce,  comme  on  sait,  que  chez 
nous:  il  comprenait,  outre  les  mouvements  rythmés  des 
pieds,  ce  que  nous  appelons  mimique  et  pantomime'" 
[sALTATio,  p.  104S1.  Dans  le  Banquet  de  Xénophon,  c'est 
une  véritable  troupe  dont  le  riche  Callias  olïre  le  spec- 
tacle à  ses  hôtes  :  elle  se  compose,  sans  compter  le  Syra- 
cusain  qui  en  est  le  directeur,  d'une  joueuse  de  flûte, 
d'une  danseuse  acrobate  et  d'un  jeune  garçon  à  la  fois 
cithariste  et  danseur.  Les  trois  artistes  font  admirer  d'a- 
bord, chacun  séparément,  leurs  talents.  Puis  la  représen- 
tation se  termine  par  une  pantomime  passionnée,  jouée 
par  toute  la  troupe,  qui  figure,  en  une  série  de  tableaux 
vivants,  l'hymen  d'Ariane  et  de  Dionysos  ".  Outre  cette 
orchestique  savante  exécutée  par  des  professionnels,  les 
convives  eux-mêmes,  surtout  dans  les  banquets  d'éphè- 
bes  et  d'hétaïres,  se  livraient  souvent  aussi  au  plaisir  de 


la  danse.  Les  danses  symposiaques  (ôçyj^aBi^  Ttapotvtot, 
(7U[X7:GTixat''')  [sALTATio,  p.  1045]  ne  restaient  pas  toujours 
sava  ntes  et  régulières  Elles  dégénéraient  facilement,  sous 
l'empire  du  vin,  en  mouvements  désordonnés  ;  ou  bien,  au 
contraire,  les  buveurs  se  plaisaient  à  montrer  qu'ils 
étaient  assez  maîtres  d'eux-mêmes  pour  accomplir  d'ex- 
traordinaires tours  de  force  et  d'adresse;  par  exemple, 
ils  tenaient  en  équilibre,  en  dansant  (fig.  6(j94j  ou  en  se 
plaçant  dans  les  positions  les  plus  risquées  (fig.  6695), 
les  vases  contenant  le  vin  ;  c'est  ce  qu'on  voit  dans  beau- 
coup de  représentations  de  banquets'*.  Les  femmes 
qu'on  y  amenait  s'en  mêlaient  aussi  (fig.  4966).  11  y  en 

—  13  Plat.  Protag.  347  D.  A  leur  art  de  musiciennes  ces  femmes  joignaient, 
d'ailleurs,  presque  toutes  le  mi-ticr  dliétaïrcs.  —I'  Millin,  Peint,  de  Vases,  I,  i7  ; 
Millingen,  Vases  de  CogliiU.  pi.  vni  -,  Harlwig,  Meisterschalen,  II,  1  ;  voy.  nos 
fig.  4905,  4071.  —  1  ■  Chez  Homère  di-jà,  la  musique  et  la  danse  fiaient  l'ornement 
des  banquets  (Orf.  1, 132).  —  16  IX,  2  sq.  —  "  Alhen.  XIV,  p.  029  E  ;  Lucian.  Oall.  34. 

—  18.1/1,5.  Borbon.l.  XV.pI.xv;  C.  re  ni  us  de  Saint-PétersO.  1881,  p.  63  ;  .1/oniim. 
Piot,  t.  IX,  p.  157  et  104;  Harlwig,  0.  c.  II,  pi.  vin;  cf.  II,  1  ;  Gerhard,  Trinkschal. 
u,  GeAiss.  vu,  vm,ïiv;Pollier,  Vas.  ant.  du  Louvre,  pi. 73  F120;et97G  79. 


SYM 


—  1581 


SYN 


avait  qui   étaient    des  acrobates  de  professions    [voy. 

CERNLLSj. 

Tout  ce  qui   pouvait  conlriluior  au   charme  ou    à   la 

gaitéde  laréunion 
y  était  bien  venu 
[acroama].  Le 
chant  y  avait  une 
place  d'honneur. 
La  chanson  de  ta- 
ble, variée  et  trans- 
formée dans  le 
cours  de  plusieurs 
siècles,  a  été  pour 
les  Grecs,  en  même 
temps  qu'un  amusement,  un  genre  littéraire  qui  a  son 
histoire  '  [skouo\\ 

Nous  n'énumérerons  pas,  après  Pollux,  uno  cinquan- 
taine de  jpuxque 
ce  lexicographe, 
en  un  chapitre 
spécial  (Tteo!  -Mv 
év  (TujATiûaî&'.i;  Ttai- 
Suôv)  ^ ,  nomme 
comme  ayant  été 
en  usage  dans  les 
banquets. Laplu- 
part,  à  vrai  dire, 
ne  sont  que  des 
amusements 
d'enfants.  De 
cette  liste  rete- 
nons cependant, 
en  particulier, 
les  jeux  d'esprit 
qu'on  divisait  en 
deux  genres 
principaux  :  aivt- 
YLiaTa  (énigmesK 
et  YP'ï'O'  (devi- 
nettes, attrapes) 
[GRipuLS',lesjeux 
d'adresse,  cotta- 
bos,  dés  [kotta- 
Bos,  tau],  etc. 
Chaque  joueur 
prenait  son  tour 
comme  pour  le 
chant,  en   allant 

de  gauche  à  droite  [kmoilix)  '.  La  proclamation  du  vain- 
queur avaitlieu  à  lasuited'un  vote,émisparfoisau  scrutin 
secret  ^  Les  récompenses  étaient,  outre  les  applaudisse- 
ments de  l'assistance,  des  couronnes,  des  ténies,  des  gâ- 
teaux, un  baiser  °.  Quant  au  vaincu,  sa  pénitence  consistait 

1  A.  el  M.  Croiset,  Hisl.  de  la  litt.  gr.  lr2,  p.  121-214;  1112,  p.  i:5T-C5S. 
—  2  Onom.  IX,  7.-3  Plut.  Quaest.  conv.  I,  1,  5;  Hesych.  s.  v.  t»,v 
U:St;i.v.  —  4  Xenopli.  Conv.  5,  8.  —  5  Poll.  L.  l;  Xcnoph.  2.  /.  —  6  Alh. 
X,  457  c;  Poll.  L.  L  —  '  Becker,  Anecd.  1,  p.  298;  Pbol.  et  Suid.  s.  v. 
lw>.o»9««.a;  Stephani,  C.  r.  de  la  Commis,  arch.  d.  Pelersti.  1S66,  p.  89; 
Bcnndorf,  Gr.  tind  iicil.  Vas.  p.  93.  —  »  Mus.  Ureç/or.  II.  pi.  i.xxxv;  Duruy, 
Jlist.  des  Grecs,  II.  p.  603.  Les  peinlures  représenlant  le  symposiun  et 
le  cômos  sont  1res  uombreuses.  —  t  On  en  conserve  dans  les  colleclions, 
mais  elles  ne  sont  pas  toujours  de  celles  uue  Tou  peut  exposer.  Nous  nous 
contenterons  de  citer  une  peinture  qui  a  été  publiée  (4rcA.  Zeitung, 
l»70,  pi.  xxiix).  où  l'on  voit  les  convives  dausant  au  son  des  llùtes  el  l'un 
d'eux  se  précipilant  de   son  lit  pour  frapijer  ses  compagnons  à  coups  d'oreiller. 


Fig.  6096.  —  Scènes  de  banquet. 


d'ordinaire  en  une  rasade  de  vin,  mélangé  de  sel,  à  vider 
d'un  trait".  A  ces  jeux  ajoutons  encore  toutes  les  plaisan- 
teries etles  farces,  plus  ou  moins  spirituelles,  que  l'imagi- 
nation et  l'ivresse  inspiraientaux  convives.  Quand  un  des 
buveurs  s'endormait  avant  d'avoir  absorbé  la  ration  pres- 
crite, il  était  d'usage  de  le  réveiller  en  lui  versant  sur  la 
tête  les  sauces  du  repas  de  la  veille  ;  cette  plaisanterie 
traditionnelle  avait  un  nom,  ï(û\oy.^y.<!ir>.' . 

La  fig.  6696  représente,  d'après  une  coupe  du  musée 
du  Vatican  ',  un  de  ces  banquets  par  écot  [xno  cTruptotov) 
où  chacun  apportait  sa  part  dans  un  panier  [spyrisj,  pareil 
à  ceux  que  l'on  voit  suspendus  aux  murs.  Les  convives 
chantent  ou  mêlent  leurs  voix  au  son  des  flûtes  et  des 
lyres.  L'heure  n'est  pas  encore  venue  des  danses  et 
des  plaisirs  qu'entraîne  l'ivresse.  Les  représentations 
figurées  montrent  jusqu'à  quel  excès  on  pouvait  se 
laisser  aller'.  Enfin  la  description  d'un   symposion  ne 

serait  pas  com- 
plète, si  nous  ne 
faision  s  au 
moins  allusion 
aux  scènes  de 
jalo  usie,  aux 
querelles,  aux 
rixes '"mêmequi 
souvent  écla- 
taient, surtout 
dans  les  ré  u- 
nions  de  jeunes 
gens  [meretri- 
CESj".  Il  a  été 
traité  des  ban- 
quets romains  à 
l'article  cùmissa- 

TIO.    G.    N.W.^RRE. 

SYMALLAGMA 

(SuviXXayjJLa).  — 
Il  n'y  a  point, 
dans  le  droit  at- 
lique,  d'expres- 
sion technique, 
comme  celle  de 
contractus  à  Ro- 
me, pour  dési- 
gner les  contrats 
et,  sur  ce  point, 
comme  sur  beau- 
coup d'autres,  la 
terminologie  est  très  incertaine.  L'expression  la  plus 
généralement  employée  est  celle  de  auvaUaYH-"'-  On 
trouve  également  les  expressions  b^olo'[ia,  cuv9Y)xifi, 
(7ufi.pdÀatov.  Le  mot  biAoÀovt'a  parait  plutôt  réservé  aux 
contrats  purement  oraux.  Mais  il  est  aussi  employé  pour 

-  10  Rixe  sanglante,  Harlwig,  Meisterschalen,  pi.  lx.  -  "  Luc.  Dial.  meretr.  3, 
1  ;  12,  I  ;  15,  1-2.  Mémo  dans  les  aijmposia  de  personnages  murs  et  dislingués,  ou 
l'on  gardait  plus  do  Icnuc,  il  n'était  guère,  cependant,  de  convive  qui  pùl  échapper 
à  rivressc.  Cela  ncnlrainait,  du  reste,  aucune  mésestime  (Plal.  Conv.  176  \;Leg. 
1.  637  A;  VI,  755  B).  -  B.buograpuie.  Cornarius  Ue  conviv.  Graecorum  (dans 
Gronovius);  S lern,  ^îerizm  convivalium  adumOralio,  1833;  A.  Maltos,  n.p.  t». 
5u^ito.;«..  tSv  •£«»,.•■»,  1660;  Pauly,  ReaUncycloijadie,  t.  Il,  p.  1^99  sq.  s.  v. 
coNv.vitjM  (Naehtrâge  lum  zweilem  Bande);  Becker-Uôll,  Chariktes.  Il  (18. 7;, 
p.  335  sq.  .1,  T   fi 

SïiNALLAGMA.  I  Phot.  s.  v.  ,i|.sa,,.:  Demoslh.  907  R.  f.  r.mocr.  p.  7^6  , 
C.  Onetor.  p.  S60-nig.  Il,  14;  16,  19,  V.  Uaresle,  HaussouUier  et  Remach,  Hec. 
des  inscript.  Jurid.  grecques,  p.  2SÛ  el  294. 


SYN 


—  15S2  — 


SYN 


désigner  les  contrats  écrits  '.  Le  mol  cJu^olov  ou  (TÙ[ApoXoi 
pitrait  exclusivement  réservé  aux  conventions  interna- 
tionales-, et  c'est  seulement  aune  époque  récente  qu'il 
est  appliqué  aux  contrats  entre  particuliers'.  Le  fait  de 
contracter  est  alors  désigné  par  les  mois  (iu[ji.paXÀ£iv' 
ou  duvaXÀixEtv  »,  elplus  rarement  par  le  mol  (juvriOscOai''. 
Au  surplus,  les  expressions  ffuvàÀXayjjia  et  nufifiôXaiov,  bien 
que  désignant  habituellement  la  convention,  sont  aussi 
appliquées,  mais  à  une  époque  ultérieure,  à  l'écrit  dressé 
par  les  parties  pour  constater  leur  convention  '. 

Le  mol  (TuafioXaiov  a,  dans  le  droit  atlique,  un  sens 
large  et  désigne  tout  acte  juridique*.  C'est  ainsi  que  les 
testaments  sont  compris  dans  les  auiAfioXaia",  d'oii  il  ne 
faut  pas  conclure  que  les  Athéniens  aient  considéré  les 
testaments  comme  des  contrats'".       L.  Beauchet. 

SVXAXOUBI.ASTAI  (SuvavouSiaaTat').  —  Membres  d'une 
société  religieuse  qui  existait  à  Smyrne  au  commence- 
ment du  m"  siècle  av.  J.-C.  Quatre  des  associés  étaient 
des  Égyptiens  ;  la  plupart  étaient  probablement  des  étran- 
gers'. Dans  les  pays  grecs,  Anubis  est  presque  toujours 
honoré  avec  Isis,  Osiris  ou  Sérapis  ;  cependant  c'est  à  lui 
seul  qu'est  consacrée  l'olTrande  des  SiJvavouo[a<iTat  '. 

P.  FoUCART. 

SYIXDICUS  (ilûvôixoç).  — Ce  nom  littéralement  signifie  : 
qui  prend  part  à  un  procès,  inlervienldans  une  cause  (aùv. 
Six-/)).  Aussi  est-il  parfois  synonyme  de  duvY-yoûo;  [auvo- 
c.Mio,  SYNEGOROS]  et  désigne-t-il  quelqu'un  qui  plaide  la 
cause  d'un  autre,  en  justice  ou  ailleurs'  ;  «iuvôixeïv  s'em- 
ploie alors  inditféremment  pourijuvfiyopEïv,  cuvaY'ovt'ÇEijôai, 
ouvsraeiv'-.  Les  états  %  corporations,  simples  particuliers', 
peuvent  se  faire  ainsi  représenter.  Les  cinq  orateurs  pu- 
blics ^  chargés  à  Athènes  de  défendre  les  lois  anciennes 
contre  les  innovations  [nomoi]  sont  appelés  (jùvôixot  '^  ou 
ffuvYÎYOfoc''  ;  d'autres  plaident  la  cause  de  leurs  compa- 
triotes devant  le  conseil  des  Amphictyons;  Eschine  eut 
cette  mission  à  propos  du  len'iple  de  Délos,  mais,  pour 
une  raison  mal  connue  ',  l'Aréopage  le  rappela  et  le  rem- 
plaça par  Hypéride';  ces  envoyés  spéciaux  s'opposent 
aux  pylagores,  députés  amphictyoaiques  ordinaires  [am- 
l'HiCïvoNES,  p.  236]  ;  leur  élection  était  entourée  de  garan- 
ties et  prescriptions  spéciales  ;  elle  ne  pouvait  être  renou- 
velée'" et  de  bonnes  mœurs  étaient  exigées  ".  Des 
syndics,  élus  chaque  année,  prenaient  part  à  la  SoxijAaffia 
des  nouveaux  membres  d'une  association  '-  ^eranos]. 

Une  autre  catégorie  de  syndics  apparaît  après  le  i-en- 


1  Meier,  ScliiimaDii  et  Lipsius»  Der  attische  Process,  p.  678,  note  538  ; 
(iineist.  Die  formellen    Vertrûge   der  neuen   rôm.   ObligalionenreclUs,   p.   435. 

—  !  Harpocrat.  s.  v.  oùpijoia.  —  3  Corp.  inscript,  allie.  IV,  ii»  Cl,  a.  1.  17. 
Cf.  Mcier,  Schumann  et  Lipsius,  p.  676,  note  530.  — i  V.  nolammeut  Isae.  De 
Arisl.  her.  §  10.  —5  Cf.  Bcaucliet,  Hist.  du  dr.  privé  de  la  Ilépub.  athén. 
l.  4,  p.  16.  -  6  Meier,  Sclioniaim  et  Lipsius,  p.  076.  —  1  Gneist,  p.  435,  430  ; 
Meier,  Schôraaiin  et  l.ipsiiis,  p.  684.  —  «  Meier,  Schnriiami  el  Lipsius.  p.  395, 
noie  i97.  —  9  Isae.  De  Micottr.  Iiered.  §  12  ;  l'ialo,  Leqes.  p.  9iL  b.  —  '"  Bunsen, 
De  jure  hered.  Alh.  p.  53  ;  Beaucliet.  l.  Il,  p  364;  t.  III,  p.  071. 

SVNANOUUIVSTAI.  —  I  Foucarl,  Assoc.  religieuses  chez  les  Grecs,  p.  117 
cl  i34.  —  2  Un  petit  bronze  du  Musée  du  Louvre  représente  le  dieu  avec  la  tôle  de 
cliacal  couronné  d'un  diad&mc,  tenant  de  la  main  droite  une  torche  et  de  la  gauche 
une  épée;  t)e  Louj;péricr,  Bronzes  antiques  du  .Vus.  du  Louvre,  n»  537. 

SVNOICUS.  I  Hesych.  et  Suid.  «.  v.:  Aeschyl.  .'Suppl.  7i6  ;  £um.  761;  l'ind. 
Ut.  IX,  148  ;  Plat.  Leg.  9i9  e  :  »iJv8ixoi  nàotu?!;;  938  b  :  ,uvSi«:..  —  2  Plal.  Leg. 
9.17  a  ;  Eur.  Med.  157  ;  Dcm.  XX,  153  ;  XXXII,  12  ;  XLV,  84  ;  LI,  16  ;  Andoc.  I, 
150.  —  3  (juand  ileux  villes  soumettent  â  l'arbitrage  leurs  contestations,  chacune 
choisit    des     «ivSi.ot    (SchœmannLipsius,    Grierh.     Altert.    Il     (1901),    p.    7). 

—  *  Leurii  syndics  sonl  choisis  ordinairement  dans  leur  Iribu  (Andoc.  L.  t.  ;  Uem. 
XXIII,  406).  —  5  Dem.    XXIV,  23    {lex).   —  6  bl.    XX,  ii.   —  1  Id.   XXIV,  36. 

—  *  Philostp.  V.soph.  I,  18.  4.-9  Dem.  XVIll,  134  :  aivS.xo;  ;  ll'lut.J.  Vit.  .V  m: 

840  E;  ,r..^Y,j,;.  —  10  Dem.  XX,  152:  ^i,  i-iTva,  zi.foto.^di.O'  S.b  toJ  S/;h«u 
■Xiiov  i,   «maj  iruiSixtloui.  —  1'   AescblD.  1,    19   :  ûi  i.ç  'A«iiï«iiov  ÏKUpr.r/i   ...    nr.Sj 


versement  des  Trente;  ils  durèrent  peu,  à  tout  le  moins 
de  398  à  387  '^  Leur  juridiction  s'étend  sur  tous  les 
procès  dans  lesquels  les  biens  d'un  particulier  sonl 
revendiqués  par  l'Étal,  et  ceux  dans  lesquels  un  particu- 
lier revendique  contre  le  lise  ses  biens  conlisqués  [diaih- 
kasia|  '*  ;  c'est  à  la  pitié  des  syndics  que  fait  appel  celui 
qui  prétend  retirer  des  biens  d'Ératon  une  somme  de 
trois  talents  que  son  aïeul  avait  prêtée  au  condamné  '■  ; 
à  une  autre  époque,  ces  contestations  ont  dû  rentrer 
dans  la  compétence  des  Onze  [hendeka].  Ces  syndics 
tenaient  des  piiylarques  leur  information  contre  les  per- 
sonnes qui  avaient  servi  sous  les  Trente  comme  cavaliers 
el  qu'un  décret  du  peuple  avait  obligés  de  restituer  la 
xaTiijTaai;  à  eux  fournie  par  le  trésor  pour  leur  équipe- 
ment'*. 

Lorsqu'un  dème  altique  ne  recevait  pas  le  loyer  que 
lui  devait  un  de  ses  fermiers,  celui-ci  se  voyait  pour- 
suivre devant  l'assemblée  des  démotes  par  le  démarque, 
assisté  de  syndics''.  Nous  ignorons  leur  mode  de  dési- 
gnation elles  conditions  d'âge  et  de  moralité  auxquels 
ils  étaient  soumis'*.  La  sentence  rendue,  l'assemblée 
pouvait  les  récompenser  de  leur  zèle  dans  la  défense  de 
ses  intérêts,  leur  accorder  les  éloges  et  privilèges  ordi- 
naires'^  Des  TÛvoixoi  assistent  aussi  le  démarque  quand 
il  défend  le  dème  attaqué  devant  les  héliastes  [dèmos,  p.  86J. 

Il  y  avait  à  Sparte  des  ctùvSixoi,  dont  la  qualité  reste 
obscure;  Roeckii  inclinait  à  y  voir  des  magistrats  véri- 
tables et  de  haut  rang,  faisant  office  de  juges -".  AOrclio- 
mène,  le  mot  prend  un  sens  tout  autre,  celui  d'IyY"''' î  ^'^ 
trésor  public,  asséché,  avait  été  obligé  d'emprunter  ;  des 
citoyens  s'étaient  portés  garants  sous  ce  nom-'. 

A  l'époiiue  romaine  -^,  le  dûvàixoç  est  un  avocat  du 
peuple'-',  élu-*  et  envoyé  devant  l'Empereur  ou  le  gou- 
verneur de  la  province,  pour  plaider  une  cause  où  la 
ville  est  engagée  -^  ;  le  sens  s'est  restreint",  et  il  esl 
devenu  un  peu  flottant.  En  principe,  le  syndic  s'oppose 
à  l'ambassadeur  (Troetrêsû;),  qui  ne  fait  qu'une  visite  d'éti- 
quette, et  aussi  à  l'exSixoç  [ekdikoiJ,  qui  reste  dans  sa 
ville  et  sert  d'avocat  permanent  devant  les  juges  que  le 
pouvoir  central  y  envoie;  le  syndic,  lui,  désigné  ad  li- 
tein'^',  va  plaider  au  dehors-*  et  peut  recevoir  souvent 
■  celte  mission  '^^  Pratiquement,  la  distinction  s'atténue  ;  le 
même  personnage  a  d'ailleurs  peut-être  éléuuvôixo;,  sans 
cesser  d'être  'éxotxoç'";  il  ne  serait  même  pas  impossible 
que  le  sens  eût  ciiangé  de  ville  à  ville".  On  retrouve 


(7ovS.»r,oiTi.>  TfflS>iiio'';'{'.  —  ^^Corp.ins.  n«.  111,23  :Beauchel,  Hist.  du  dr.priv.de 
la  rèp.  alh,  Paris,  1897,  IV,  p.  356;  F.  Poland,  Gesch,  des  '/riecft.  Vereinsu^esens, 
Leipzig,  1909,  p.  405.  —  13  Meier-Schœmann,  Der  ait.  Process,  I,  p.  124  ;  ils 
étaient  élus  ou  tirés  au  sort,  ce  point  esl  controversé  ;  Lys.  XLK,  32.  —  1*  Add. 
leur  rôle  (temporaire)  dans  rAPoCRAi'HK  (Meier-Schœmann,  p.  310)  el  dans  la 
PHASis  (/6ii;.  p.  2991.—  li'  Lys.  XVII,  10;  Sigou.  De  rep.  Alh.  IV.  3  (Opcra 
Mediol.  (936),  V,  p.  170)  ;  Beauchel,  Op.  cil.  III.  p.  72ii.  —  16  Lys.  XVI,  7  ;  Harpocr. 
s.  V.  —  17  Corp.  inscr.  ait.  II,  009,1.  12  sf|.  —  '»  B.  Haussoullier,  La  lie  7nunicip. 
en  Atlique,  Paris.  1883,  p.  88-90.  —  19  Lolling.  Ath.  .Vitlh.  IV,  1879,  p.  196  ;  cf.  203. 

—  20  Corp.  i.  gr.  I,  p.  610.  —  2I  Darcste,  Haussoullier,  Reiuacb,  /nscr.  jur.  gr.  I 
(1891),  p.  304,  I.  10  :  «oOvS..»o(,].  —  22  Cf.  I.icbenam,  Slndteverwalt.  I.eipz.  1900, 
|,.  303.  —  23  s  ,oOrS<i:iou(.4?-c/(.  ep.  iUi7(/i.  XVIII.  p.228).  — 2V  Le  Bas-W,iddinglou, 
499:  aoiOii't.  — 2i  Ex.  Corp.  inscr.  ait.  III.  38  là  propos  de  Lédil  d'Hadrien  sur  les 
exportations  d'huilc);  le  sophiste  Polémon  est  s.  de  Smyrne  dans  uue  alTaire  con- 
cernant un  temple  (Pbilostr.  V.  soph.  I,  25.  8).  —  26  pourtant  toute  collectivité 
peut  encore  se  faire  représenter  par  un  syndic  (Gaius,  ûig.  III,  4,  I,  1  ;  LIIp.  ibid. 
XLIII,  24,  5,  10).  —  27  Arcad.  Charis.  Dig.  L,  4,  18,  13  :  Defensores,  quos  Graeei 
sj/nilicûs  vocant,  el  gui  ad  certani  causant  agendam  vel  Jefendendam  eligunlur. 

—  25  Philostr.  toc.  cit.  —  29  2i.,S.x,-,avT«  ^o'»>.ix.;  (Le  Bas-VVadd.  1176).  —  30  Le 
Bas,  499,  1176;  Arch.  ep.  Mitlh.  XV,  p.  94.  —  si  D'où  les  confusions  des 
jurisconsultes  tardifs  :  Herinogen.  Dig.  L,  4,  I.  2  ;  Defensio  cioitutis,  id 
est,  ut  sijndicus  fiai;  el  Juslinien  (.Vor.  15)  traduit  par  «S.xo^,  de/'ensor 
civitalis. 


SYN  —  1383  — 

encore,  au  lieu  de  tjvoixo;  elde  duvoixi'a,  T'jvrivopo;  el  t'jvy,- 
yopt'a'.  Récemment,  on  a  découvert  en  Syrie  la  mention 
d'un  ff'Jvôixo;  voaaowv  ;  c'csl  à  tort  qu'on  a  vu  en  lui  un 
«  cheikh»  reconnu  vassal  de  l'Empire ^  carie  nom  qu'il 
porte  ;Théodoros)  n'est  pas  arabe;  c'est  plutôt  un  Grec 
clioisi  comme  porte-parole  par  une  tribu,  ou  par  son 
etlinarque  ou  stratège^.  Victor  Ciiapot. 

SYXÉDROS  (SOvEopo;).  —  Le  mot  (jùvô5o&;(qui  siège  avec 
cjv,  Éopa)  est  employé  dans  ce  sens  en  poésie;  c'est  ainsi 
que  Sophocle  dit  que  la  Justice  est  la  7Jvcoç,o;  de  Zcus  ' .  Ce 
sens  implique  ici  que  les  personnes  qui  siègenteusemble 
sont  en  petit  nombre'-.  Il  en  est  de  même  dans  les  pre- 
miers exemples  que  nous  fournil  la  prose.  Dans  Hérodote, 
le  mot  uùvîSfOî  désigne  les  conseillers  de  Cambyse  '  et  le 
mot  duvéopiov  le  conseil  de  guerre  tenu  par  les  généraux 
des  Grecs  avant  la  bataille  de  Salamine'.  Le  sens  est 
encore  plus  précis  dans  Thucydide.  Quand  les  Spartia- 
tes, au  moment  de  l'alFaire  de  Sphactérie,  se  résignent  à 
faire  aux  Athéniens  des  propositions  de  paix,  ils  leur 
demandent  de  nommer  des  sijnèdi'es,  en  petit  nombre, 
pour  qu'ils  puissent  discuter  avec  eux,  loin  des  agita- 
tions de  la  foule".  Le  mot  cruv€opiov  gardera  ce  sens  un 
peu  restreint;  c'est  par  là  qu'il  se  distinguera  des 
termes  comme  cûvoôoi;,  ÈxxÀT,(j!a,  quoique  tous  ces  mois 
soient  parfois  employés  comme  synonymes.  Au  iv'  siècle, 
les  orateurs  désignent  plus  particulièrement  par  le  nom 
de  cuvéôpiov  le  conseil  Amphictyonique  et  l'.Xréopage^  Le 
premier  de  ces  deux  corps  ne  comprenait  que  vingt- 
quatre  membres  ;  nous  ignorons  le  nombre  moyen  des 
membres  de  l'Aréopage  ;  on  peut  cependant  admettre  que 
ce  corps,  recruté  en  grande  partie  par  les  anciens 
archontes,  était  sensiblement  inférieur  en  nombre  au 
conseil  des  Cinq  Cents.  Pour  les  associations  de  parti- 
culiers, tels  que  les  thiasotes,  éranistes,  artistes  diony- 
siaques et  autres,  le  mot  «rtjvsopoç,  et  encore  moins  le 
mol  (ïuvÉopiov  sont  rarement  employés;  de  telles  associa- 
lions  sont  désignées  généralement  par  les  termes  -h  xoi- 
vôv,  Tj  (T'Jvooo; ' .  On  trouve  assez  souvent  le  mot  cuvsoptov, 
pris  dans  un  sens  général  pour  désigner  une  assemblée, 
un  Conseil  ;  c'est  ainsi  qu'Eschinedilque  tous  les  grands 

corps   de    la   ville,    tï   [AÉvujTa    -rwv    èv   t?,   -ilt\    Tuvsopiiuv, 

doivent  des  comptes  aux  logisles  ;  et  par  le  mot  cuvé- 
ôpta,  il  désigne  l'Aréopage  et  le  conseil  des  Cinq  Cents'. 
Le  plus  souvent  cependant  le  mol  synèdre  désigne  le 
délégué  à  un  congrès,  si  l'on  entend  par  ce  mot  de  con- 
grès une  assemblée  composée  des  députés  de  plusieurs 
Étals,  qui  se  réunissent  pour  régler  des  alfaires  inlerna- 

iCorp.  inscr.  r/r.  i7!iô;Le  Bas,  1598  6.-2  Hrenlice./'ui/.  ofan  American  arch. 
Erped.  lo  Sijria  in  IS99-IV00.  \e«-Vork,  Pari  ll>  (190S),  ji.  303,  u»  3«i. 
—  3  Waddinglon,  Inscr.  de  Syr.  2196;  cf.  ilM.  —  Bibuugraphie.  R.  Schœll, 
Qttestiones  fiscales  Juris  Attici  ex  Lysia>i  orationihiis  iUustratae,  Beroljni, 
1873  :  Heier,  Schcemanu,  Lipsius,  Der  attische  Process,  Berlin.  1  (1883-87;, 
p.  li3-5;  SmiUi,  Dict.  o(.  gr.  and.  rom.  antiq.  -i  s.  v.;  Is.  Lévy.  Itev.  et.  gr.  XII 
(ISI'l),  p.  i75  5.|. 

SV.'VEDROS.  1  Œd.  Col.  13S3.  —  2  Calclias  fait  partie  du  stjnedrion  des  rois 
lirecs,  Soph.  Ajax.  749;  cf.  aussi  Eur.  Iph.  A.  l'Ji  :  HIat.  frotag.  317,  [i.  l,c 
mol  parèdre  est  pris,  en  poésie,  comme  svDOnynie  de  svnèdre  ;  mais  ce  mol  a  le 
plus  souvenl  le  sens  d'assesseur,  ce  qui  marque  un  d<?gré  d'infériorité  envers  la 
personne  prés  de  laquelle  siège  l'assesseur  (Aristoph.  Ares,  1753).  —  3  Herod.  Vlll, 
34,  —  4  Ibid.  75,  79.  —  -^  TIi.  IV,  li.  Le  sens  du  passage  est  confirmé  par  V,  27, 
i  :  47:o5îf;ai  i-ySfBi;  o'^-'^oj;  'ioyr.v  aÙTOKpaT'.ja;.  Le  mot  synèdres  est  employé 
pour  désigner  les  délégués  des  Mélie:is,  qui  sont  venus  discuter  avec  les  Athéniens. 
Tli.  v,  85,  -.  Pour  le  premier  de  ces  deux  textes.  Xriiger,  dans  son  édition  de 
Thucydide,  donne  comme  explication  ■■  un  comité  ".  Le  terme  serait  exact  si  les 
délégués  Mélieus  avaient  été  pris  dans  un  corps  plus  nombreux,  analogue,  par 
exemple,  au  Conseil  des  Linc]  Cents,  dans  Athènes  ;  mais  cela  n'est  pas  dit.  Isocrale 
(Areop.  58)  emploie  le  mot  dans  le  môme  sens  ;  il  rapproche  les  synèdres  des  dix 
ffi>YTP«?«'r»  à^  **1.  —  ^  'n  ^ow'*r,  n  i;  "Afitou  lïâ^ou  (Corp.  inscr.  att.  Il,  ioi)  est 


SYN 

tionales,  politiques,  religieuses,  commerciales.  Ces 
étals  peuvent  régler  ces  allaires  de  deux  façons.  Ils 
s'enlendentpourun  temps  plus  ou  moins  long  et  pour  un 
but  précis,  la  guerre,  les  échanges  monétaires,  l'admi- 
nistration d'un  temple  ;  c'est  là,  sous  une  formule  géné- 
rale, des  Élals  alliés.  Ils  s'entendent,  d'autre  part,  pour 
constituer  une  association  permanente  ;  ils  forment  ainsi 
un  seul  Étal  collectif,  pour  ce  qui  concerne  toute  la  poli- 
tique générale  :  ce  sont  des  États  confédérés. 

Les  Amphiclyonies  [ampuictyones]  sont  les  plus 
anciennes  de  ces  associations.  Nous  connaissons  des 
amphiclyonies  à  .\rgos.  Chestos,  Calaurie,  Délos,  Del 
phes.  La  mieux  connue,  et  aussi  la  plus  imporlanle, 
est  celle  de  Delphes".  Sur  cette  question  de  l'amphic- 
tionie  Delphique,  nous  n'indiquerons  que  les  particula- 
rités qui  concernent  notre  sujet.  La  ligue  tenait  par  an 
deux  sessions,  l'une  au  printemps,  l'autre  à  l'automne, 
TtuXaiot  âapivT,  etiruXaiï  ÔTroji'.vT,  ;  avec  ces  adjectifs  féminins, 
il  faut  sous-entendre  le  substantif  uOvooo;.  .\  la  session 
d'automne  avaient  lieu,  chaque  pentétérie,  les  grands 
jeux  pylhiques.  Aux  deux  sessions,  le  ouvéoptov,  ou  Con- 
seil de  l'Amphiclyonie,  tenait  ses  s<;ances.  Il  était  com- 
posé des  délégués  des  douze  peuples  ou  races  qui  for- 
maient la  ligue  ;  chaque  peuple  avait  deux  voix  dans  les 
délibérations  et  par  là,  très  probablement,  deux  délé- 
gués'"; ces  délégués  nommés  hiéromnémons  auraient 
donc  été  au  nombre  de  vingt-quatre.  A  Athènes,  le  hiéro- 
mnémon  était  désigné  par  le  sort  ;  ses  fonctions  duraient 
un  an,  soit  deux  sessions  ".A  côté  d'eux  siégeaient  les 
pylagores;  pour  Athènes,  ils  étaient  ordinairement  au 
nombre  de  trois,  élus  à  main  levée  et  pour  une  seule 
session.  C'étaient  le  plus  souvent  des  hommes  politiques, 
qui  étaient  chargés  de  défendre  les  intérêts  du  pays. 
Dans  les  assemblées  du  synédrion,  ils  n'avaient  que 
voix  délibérative;  les  hiéromnémons  seuls  sont  maîtres 
du  vote  '-.  Le  nom  de  pylagore  n'a  pas  été  fourni  par 
les  inscriptions.  A  l'époque  étolienne,  nous  trouvons  à 
leur  place  les  kyooxz'.oi.  Ainsi  le  synédrion  amphictyo- 
nique était  composé  de  vingt-quatre  hiéromnémons  ayant 
seuls  droit  dévote,  et  d'un  certain  nombre  de  pylagores 
qui  n'ont  que  voix  délibérative.  Dans  les  textt-s  officiels, 
le  synédrion  est  désigné  par  les  noms  des  hiéromné- 
mons présents  à  la  délibération;  les  àyopiToo!  sont  sou- 
vent nommés.  Quelquefois  nous  trouvons  dans  ces  textes 
les  mots  cJvcôpr^i  et  duvÉoptov'^  Dans  le  langage  courant, 
ces  derniers  mots,  plus  souvent  employés,  désignent 
tantôt  les  hiéromnémons  seuls,  tantôt  les  hiéromnémons 

désignée  sous  le  nom  de  ,„^Sf,o.  par  Eschine.  I,  82  ;  L;c.  C.  Leoe.  H,  5t  ;  Dioarch. 
C.  Item.  9,  66-67,  83-87  ;  [Ucm.].  C.  Seaer.  8J:  cf.  aussi  les  textes  de  la  note  8. 

—  -  Foucart,  Assoc.  relig.  chez  les  Grecs,  voir  les  textes  à  la  (in  du  volume  ; 
le  mot  le  plus  usité  est  xoivi,  ;  il  y  a  quelques  exemples  de  ,ivo8o;.  Sur  le 
sens  de  ces  mois,  voir  Poland,  De  collegiis  artificum  Uionysiacorum,  1895,  p.  7. 

—  8  Aesch.  III,  19  ;  cf.  encore,  I.  9i  ;  Isoc.  Areop.  37  (ce  corps  est  excellemment 
recruté  £(r:t  tlx'âTu;  S.s.eYitî.  t™v  i.  'E'^r,»!  ..av.Sj.'uvI  ;  Lyc.  C.  Leocr.  12.  Il  n'est 
pas  question  de  l'Aréopage  dans  iLySj.  IX,  U;  Xcn.  Bell.  I,  1,  31.  -  «  Nous  ren- 
vovons  aussi  à  larlicle  Amphictyonia  de  Caucr  dans  Pauly-Wissowa.  I,  p.  1904. 
11  nous  suffira  de  renvover  ici  aux  ouvrages  généraux  ;  K.  F.  Heimann-Thuraser, 
.'itaatsaltert,  p.  96  ;  Gilbert,  Handbuchd.gr.  Staatsalt..  Il,  Wi,  Scl.omanu-Lipsius. 
Griech.  Alterl.  Il,  33;  Busoll,  Griech.  Gesch.  I,  672  ei  Oie  griech.  Staats  und 
Rechtsalt.  (Manuel  Iwan  Mûiler),  p.  60.  -  «0  Le  texte  principal  est  celui  d'Eschine, 
H    116    Sur  la  question  des  24  hiéromnémons,  cf.  (Jilbert,  Haudb.  11.  413,  n.   2. 

—  11  P.  Foucart,  Dfcrels  des  Ampliictyons  de  Delphes,  dans  le  Bul.  de  cor.  helt. 
VII,  4H  ;  voir  à  la  p.  436  un  exposé  sur  la  composition  du  Conseil  au»  d.nérentos 
époques  —  12  Sch.  ad  Dem.  XXIV,  130  :  ■>\...  <,...«?«  ».;  -i?^'»  '■■•'•  '''.?"'  "'t»»" 
:.„^>Ti.,vi-  -  13  Cauer,  op.  laud.  p.  1926,  conlesle  ce  fait.  Le  texte  de  Dem. 
XVIII,'  154  n'est  pas  aulhenlique,  mais  ou  a  les  quatre  inscriptions  en  Phonneur 

■isloclès;    Michel,   n-cueil  d'inscr.  gr.    241-244  :  de  même  le 
m.  Jbid.  252,  I.  19  :  ces  insc.  sont  du  m"  siècle 


du  héraut  i 

décret  en  l'honneur  d'Auliochus, 


SYN 


—  1584 


SYN 


et  les  pylagores  ou  les  agoralroi.  On  ne  peut  dire  si  le 
xotvôv  (Tuvéoçtov  est  distinct   du  xotvbv   tùjv    'AjiipDCTiôvwv  ' . 

Au  moment  où  éclateront  les  guerres  contre  la  Perse, 
Sparte  était  devenue  le  plus  puissant  État  de  la  Grèce.  Elle 
avait  formé  une  grande  confédération  qu'elle  dominait  et 
qui  comprenait  la  plus  grande  partie  des  peuples  du  Pélo- 
ponèse.  Dans  l'automne  de  l'an  -Wl,  à  la  veille  de  l'inva- 
sion de  Xerxès,  les  députés,  ou  probouloi,  des  villes  bien 
disposées  pour  la  Grèce-  se  réunissent  en  synédrion  ^ 
à  Corinthe  ;  le  nom  de  ces  trente  et  une  cités  nous  a  été 
conservé  sur  la  colonne  de  TAlmeidan  '.  Le  synédrion 
décida  que  les  Spartiates  auraient  le  commandement  sur 
terre  et  sur  mer,  la  plupart  des  alliés  refusant  d'obéir  à 
d'autres  qu'à  des  Spartiates".  Dès  que  les  hostilités  ont 
commencé,  nous  ne  trouvons  plus  mention  de  ce  syné- 
drion des  probouloi.  C'est  le  synédrion  des  stratèges  qui 
a  la  direction  générale;  il  est  toujours  présidé  par  le 
général  Spartiate.  Ce  général  a  le  droit  de  donner  des 
ordres  aux  chefs  des  contingents  alliés  ".  C'est  lui  que 
Thémistocle  fait  agir  pour  amener  le  synédrion  à  ses 
vues'.  Le  synédrion  n'avait  pas  seulement  la  direction 
des  opérations  militaires;  il  pouvait  aussi  conclure  des 
conventions,  régler  certaines  affaires,  admettre  de  nou- 
veaux alliés  dans  la  ligue*.  Après  la  bataille  de  Platées, 
les  Grecs,  sur  la  proposition  d'Aristide,  décidèrent  qu'un 
synédrion,  composé  de  probouloi  et  de  Ihéores,  se  réu- 
nirait à  Platées  pour  y  faire  des  sacrifices,  et  qu'une 
fête  penlétérique  serait  instituée.  Plularque,  qui  nous  a 
conservé  ce  renseignement,  ajoute  que  cette  réunion  se 
tenait  encore  de  son  temps  '  ;  et  son  témoignage  est 
confirmé  par  une  inscription'". 

.\u  printemps  de  477,  la  flotte  des  Grecs  alliés  était 
réunie  à  Byzance,  quand  les  chefs  des  contingents 
Ioniens  rompirent  violemment  avec  les  Spartiates  et  se 
mirent  sous  la  direction  d'Athènes.  La  Grèce  se  trouva 
par  ce  fait  divisée  en  deux  grands  systèmes  d'alliances, 
qui  présentaient  ce  trait  commun,  qu'un  des  États 
alliés  exerçait  l'hégémonie  sur  tous  les  autres. 

Sous  l'hégémonie  de  Sparte",  les  alliés  gardaient  leur 
autonomie;  ils  ne  payaient  pas  de  tribut  et  n'étaient  obli- 
gés qu'à  fournir  des  troupes  en  cas  de  guerre.  Le  conseil 
de  la  ligue  était  composé  des  délégués  de  chaque  cité: 
par  un  usage  que  nous  verrons  appliqué  presque  cons- 
tamment, ciiaque  cité,  qu'elle  soit  grande  ou  petite,  a 
le  même  droit  dévote'-;  les  décisions  de  l'assemblée  sont 
obligatoires  pour  tous,  sauf  empêchement  de  la  part  des 
dieux  ou  des  héros'".  Nous  voyons,  dans  Thucydide'*, 
que  lorsque  ces  réunions  se  tenaient  à  Sparte,  ce  qui 
était  le  cas  ordinaire,  il  y  avait  d'abord  une  assemblée 
des    Spartiates,     È/.xÀTiTÎa,    qui    examinait  l'affaire    en 


V.  J.-C.  Il  faut  citer  aussi  Tinsc.  203  du  Delectus  de  L.  Cauer.  —  I  Busolt, 
Griee/i.  Gesch.  1,689;  Cauer,  Op.  laud.  1926.  —  2  Herod.  Vil,  I7i  ;  cf.  Ibid.. 
143.  —  3  Gilbert,  Uandb.  Il,  94;  Busolt,  Gr.  Gesch.  I,  667.  —  *Rôlil,  /nsc.  rjr. 
anl.  1  ;  Dillenljergcr,  Sylloge,  7;  Michel,  Hecueil,  1118.  —  B  Herod.  VIII,  i; 
cf.  VII,  ICI.  —  6  Herod.  Vlll,  61,  C3,  —  1  Sur  le  synédrion  dos  stratèges,  voir 
surtout  Busolt,  Uie  Lakedaimonior  u.  ihre  Bundesgf^nossi:n,  p.  408.  Sur  les 
séances  du  synédrion  à  Salaminc,  Herod.  VIII,  49,  50,  .58,75;  Hauvelle,  Hérodote, 
p.  400.  —  »  Herod.  VIII,  123  ;  IX,  81,  90  ;  Tl.uc.  Il,  71  ;  III,  00  ;  cf.  Busolt.  ùie 
Laked.  413.  —  9  Hlut.  Arist.  19  et  il  ;  confirmé  par  Thuc.  11,71  sq.  —  lODillen- 
berger,  Hylloge.  393.  —  1<  Sur  la  ligue  lacédémonienue,  cf.  Schômann-Lipsius.  Gr. 
Allen.  Il,  loi  ;  Hermann-Thumser,  Staatsalt.  213;  Gilbert,  Handb.  I,  97  ;  Broiclier, 
iJesociia  Lacedaemonii.rum,  1867;  Busolt,  Uie Lakedaimoiiier .  —  12  Thuc.  I,  123, 
I  :  K.i  ^.;!;<„i  ,«',  r»«»»ovi  ndXn;  I,  141,  l  :  i.y,.;  !«;,,=-,..  —  13  Thuc.  V,  30,  2. 
—  liThuc.  I,  67;  118,3;  119.  —  15  Thuc.  I,  96-97;  Aristol.  Pol.  4M.  23,  3; 
Plul.  Arist.  25;  Schômann-Lipsius.  Gr.  Allert.  Il,  107  ;  llerniann-Thuraser, 
StcMlsalt.  064;  Gilbert,  Handb.  468  ;  Busolt,  5(oo/«.  u.  Hechlsalt.  320;  H.  Nothe, 


question  et  prenait  une  décision;  ensuite  cette  aflFaire 
était  soumise  au  Conseil  des  alliés.  Après  la  défaite 
d'.\thènes,  Sparte  victorieuse  fit  sentir  plus  lourdement 
sa  domination  sur  les  alliés  :  on  sait  de  quelle  manière 
rigoureuse  furent  traitées  Manlinée  et  Phlionte. 

La  confédération  athénienne  '"  fut  constituée  à 
Byzance  par  l'entente  des  ciiefs  Ioniens  avec  .\ristide.  Elle 
avait  pour  objet  la  continuation  de  la  guerre  contre  la 
Perse.  Pour  cela,  chaque  ville  alliée  devait  fournir  un 
contingent  en  hommes  et  en  vaisseaux,  ainsi  qu'une 
contribution,  adoo;,  dont  le  chiffre  fut  fixé  par  Aristide. 
Les  alliés  avaient  pensé  qu'ils  garderaient  leur  autonomie 
et  que  les  résolutions  seraient  prises  dans  les  assemblées 
communes  '*.  Ces  assemblées,  cûvoSo;,  truvÉôpiov  '\  se 
tenaient  à  Délos,  centre  de  l'ancienne  amphiclyonie 
délienne.  Ici  encore  toutes  les  cités,  grandes  ou  petites, 
étaient  'ino-yr^aoi  ".  Le  synédrion  réglait  les  affaires  com- 
munes; il  pouvait  aussi  agir  comme  tribunal  ".On  sait 
combien  celte  situation  fut  debonne  heurechangée.  Les 
alliés,  sauf  quelques  peuples  qui  surent  conserver  leur 
autonomie,  devinrent  de  véritables  sujets;  le  trésor  de 
la  ligue  fut  transporté  de  Délos  à  Athènes  ;  le  tribut 
payé  par  chaque  cité  fut  augmenté.  Quant  au  Conseil 
des  alliés,  en  admettant  qu'il  ait  encore  subsisté,  il  ne 
devait  guère  se  composer  que  des  délégués  des  cités 
autonomes  et  n'eut  plus  aucune  importance^". 

En  378,  .Athènes  essaya  de  former  une  seconde  confé- 
dération -'.  Les  conditions,  sauf  quelques  restrictions 
contre  la  domination  d'Athènes,  étaient  à  peu  près  les 
mêmes  que  celle  de  la  première  ligue.  l..e  Conseil  de  la 
confédération  était  un  synédrion  composé  de  députés  de 
chaque  cité  ;  le  principe  de  l'égalité  du  suffrage  était  ici 
encore  appliqué  ^^  Nous  voyons  cependant  quelques 
cités  importantes,  tellesque  Mytilène,  Carystos,  Ténédos, 
envoyer  plusieurs  synèdres-\  Il  semble  bien  que  la  cité 
qui  avait  l'hégémonie  de  la  ligue,  Athènes,  n'aurait  pas 
été  représentée  dans  le  synédrion^'.  U  était  permanent 
et  siégeait  à  Athènes.  Les  inscriptions  nous  fournissent 
quelques  renseignements  utiles  sur  ce  Conseil  des  alliés. 
Quand  une  affaire  se  présentait,  il  avait  le  droit  de  pro- 
poser une  résolution,  îdyjjLa,  qui  était  présentée  au  Conseil 
des  Cinq-Cents;  celui-ci  la  transmettait  au  peuple  .athé- 
nien, qui  prononçait  en  dernier  ressort".  Le  Conseil  des 
Cinq-Cents  peut  aussi  demander  au  synédrion  de  porter 
directement  l'affaire  devant  le  peuple".  Le  synédrion 
décide  de  la  guerre  et  de  la  paix  de  concert  avec  le 
peuple  ^^  ;  il  prend  part  à  la  confirmation  des  traités  par 
serments  réciproques  '"  ;  il  a  des  fonctions  judiciaires  et 
peut  juger  et  condamner  ceux  qui  violent  les  traités  d'al- 
liance ".  Au  bout  de  vingt  ans,  la  guerre  sociale  porta  un 


Der  delische  Bund,  1889-1890;  L.  Guiraud,  Condition  des  alliés  pendant  la  pre- 
mière confédération  athénienne,  1882.  —  16  Thuc.  I;  97,  1.—  n  Thucydide  emploie 
le  mot  «il.oSoî,  I,  97,  1  ;  Diodore  le  mol  de  synédrion,  XI,  70,  4.  Cf.  Bocckh,  Htaals- 
aush.  d.  Ath.  H,  353.  —  '»  Thuc.  III,  11,3;  de  môme,  10,  5.  —  19  Gilbert,  Handb. 
469,  n.  3.  —  20  Nothe,  Der  delisclie   Hnnd,  II,  5  ;  Busolt,  Philologus,    41,  700. 

—  21  Schômann-Lipsius,  Gr.  Ait.  113;  Hermann-Thumser,  Staatsalt.  740; 
Gilbert,  Handb.  494  :  Boeckh,  Staatsausli.  I,  494;  A.  Schacfer,  Den'osl.  u.  s. 
Zeit.  I,  25  ;  Busoll,  Der  zw.  ath.  Bund.  dans  Jahrb.  f.  k.  Ph.  Supplbd.  VII, 
C64;  Man.  Iw.  MuUer,  Gr.  Staats.  329.  —  22  Diod.  XV,  28,  4;  Plut.  Mor.  850. 

23  Mytilène  envoie  plusieurs  synèdres  (Corp.  insc.  Att.  Il,  32  c  ;   Diltenberger 

Syll.  91,  28)  ;  Carjstos  et  Ténédos  n'en  envoient  qu'un  {Corp.  insc.  Att.  II.  64  cl 
117,  32  c;  DiUenbcrgcr,  Si/ll.  109  et  146.  —  2i-  Busolt.  Gr.  Staats,  p.  334,  n.  2. 

—  25  Corp.  insc.  4".  Il,  57  b;BusoU,  Staats,  334.—  26  Corp.  i.  Att.  11,31  (alliance 
avec  Dcnys).  —  27  Ibid.  49  b  ;  Xen.  Hell.  VI,  3,  19  :  de  même  pour  l'admission  de 
nouveaux  membres  de  la  ligue,  Corp.  insc.  .Ut.  Il,  51,  57  b.  —  '2»  Jbid.  IV.  2, 
18  b;  49;  Aesch.  Défais.  leg.iS.—  ^^ Ibid.  17,1.41,51  Cette  inscription  est  le  ducu- 


SYN 


lo8a  — 


SYN 


rude  coup  ù  l'œuvre  nouvelle  des  Alliéniens  ;  la  défaite 
de  Cliéronée  la  fil  disparaître. 

Signalons  seulement  encore  ce  fait  que,  pendant  la 
guerre  lamiaque,  Tirnoslhène,  député  de  Carystos  au 
synédrion  de  la  ligue,  et  proxéne  d'Athènes,  avait  été 
envoyé  au  camp  des  Grecs  et  des  alliés  et  qu'il  y  avait 
défendu    très  activement  les   intérêts  des  Athéniens'. 

I.aconfédération  béotienne  était  unedes  plusanciennes 
de  la  Grèce-:  elle  était  aussi  une  des  plus  imjiortantes 
[boeoticlm  foedus].  Elle  était  composée  d'abord  de  quatre 
cités,  plus  tard  de  quatorze.  Il  est  fait  mention  des  quatre 
Conseils^:  peut-être  formaient-ils,  réunis,  le  synédrion 
de  la  ligue  ''.  Ce  synédrion  est  mentionné  par  Xénophon  ■• 
et  par  une  inscription''.  Dans  une  série  de  textes  épi- 
graphiques  du  second  siècle  av.  J.-C,  les  synèdres  de 
diverses  villes  sont  mentionnés  comme  agissant  tantôt 
avec  le  peuple,  tantôt  avec  les  polémarques  ou  les  ar- 
chontes''. Mais,  comme  nous  le  verrons  plus  loin,  il  s'agit 
ici  de  sénateurs,  non  de  délégués  à  un  congrès. 

L'époque  de  Philippe  et  d'Alexandre  est  marquée  par 
la  constitution  de  la  grande  ligue  nationale  des  Grecs 
contre  les  Perses".  Bœckli  pense  même  que  c'est  à  par- 
tir de  cette  époque  que  le  mot  de  5'jvÉoptov  s'est  surtout 
répandu'.  La  ligue  a  pour  objet  de  venger  l'impiété 
commise  par  le  barbare  contre  les  temples  de  la  Grèce  '". 
Elle  était  constituée  sur  le  modèle  des  anciennes  symma- 
chies  péloponésienne  et  athénienne.  Chaque  cité  était 
autonome,  exempte  de  tribut;  un  synédrion,  composé 
des  députés  de  chaque  cité,  siégeait  à  Corinthe  ;  dans 
celte  assemblée,  le  système  de  l'isopséphie  était  encore 
la  règle  ;  pour  la  guerre  prévue,  chaque  cité  devait  en- 
voyer un  contingent  de  soldats  ;  le  roi  de  Macédoine  était 
CTpaxYjYO;  aÙTOxpaTcop  ". 

Des  ligues  si  nombreuses  qui  se  formèrent  à  partir  de 
celte  époque,  nous  parlerons  surtout  des  deux  ligues 
achéenne  et  étolienne  [acuaicum  foedl's,  aetûliclm 
FOEDLs].  Dans  la  première  de  ces  ligues''',  il  y  avait  deux 
assemblées,  l'une  restreinte,  l'autre  générale.  L'assem- 
blée restreinte,  appelée  généralement  synédrion''', 
était  composée  des  députés  de  chaque  peuple,  ayant 
tous  même  droit  de  vote'*.  Elle  siégeait  à  Aegion,  jus- 
qu'en 169,  et  tenait  deux  sessions  par  an,  l'une  au 
printemps,  l'autre  en  automne,  à  l'exemple  du  Conseil 
Amphictyonique.  Elle  réglait  les  affaires  courantes, 
nommait  les  magistrats,  s'occupait  des  affaires  exté- 
rieures: son  action  fut  de  plus  en  plus  réduite  par 
l'action  des  stratèges.  L'assemblée  générale  est  ouverte  à 
lousles  Achéens  âgés  de  trente  ans;  elle  est  convoquée 
selon  les  circonstances  el  siège  trois  jours;  le  vole  est 

ment   le   plus  iniporlanl  que  nous  poss^-dions   sur  la  seconde  ligue  allK^nJeniie. 

—  l/«irf.  il9;  DiUi-nbeiger,  180  ;  l)i-oysm,  Uist.  de  l'hcll.  Il,  5i,  473.  —  2Gill.erl, 
HanM.  Il,  45  ;  Busoll,  Slitats.  :i:i5  ;  Freemann,  Hisl.  of.  fcU.  i/ov.  —  3  Tliuc.  V,  3»  ; 
d'après  Gilbcil,  loc.  cil.  57.  —  *  D  après  Gilberl,  Hamlb.  Il,  p.  57.  -  &  /Jell.  VII, 

I,  i:'.  —  «Gilberl,  Han'lhuch,  58,  2,  d'aprè,  B.  Keil,  Insc.  liocot.  n.  31.  —  1  Synè- 
dres nienUonnès  avec  le  peuple,  Corjj.  insc.  Gr.  Sept,  à  Tliisbi^*,  41  39  ;  Michel,  2^0  ; 
à  Acraei.hia,  t't/r/j.  Ï708  ;  Michel  2'i3  ;  avec  les  archonles.  à  Acraephia,  Corp.  4127 
el  4132;  Michel  234,  230  ;  avec  le  polémari|UC,  i  Orclionn'-ne,  à  Thi'bcs,  Michel,  232. 

—  S  Droyseii,  fJmL  de  VUellén.  I,  41  cl  III;  A.  Scliai-fer.  Uem.  u.  s.  Zeil,  III, 
51  et  07;  Nicse.  GescA.  d.  gr.  u.  AJaked.  St.  I.  3S  ;  Weil,  Les  haraiiijues  de 
Oém.  401.  On  ne  sail  si  l'insc.  rolalive  i  une  décision  arbitrale  des  Argiens  se 
rapporte  à  la  ligue  de  Corinlhe  ou  au   Conseil  Amphictioni(|ue;  Insc.  mar .  Aeg. 

II,  123!);  Ilitlenherger,  428;  Michel,  14.  —  9  Staaisaiish.  1,  4'J4.  —  10  Oiod.  XVI, 
«g.  _  Il  Diol.  XVI,  89;  XVIII,  50;  Slrab.  VIII,  301,  365,  —  12  Noua  renverrons 
simplement  à  Freemann,  Hisl.  of  [éd.  Goo.  ;  Uroysen.  his/.  de  l'hell.  Il,  617  sq., 

III,  319  si(.  ;  Dubois,  Les  Ugu.es  acii.  et  élril.  113;  Gilberl,  Uandh.  Il,  110;  Busolt, 
Stnals.  3i7.  —  1^  Polybe  emploie  les  nomsde;ioj'/.r,,  dûvoior,  Uy'Aiivi'a.  La  question 
est  assez  embrouillée  :  cf.  Dubois,  Op.  luud.  113-148;  Busoll,  p.  357-358;  Gilberl, 

VIII. 


compté  par  peuple  el  non  par  tête  de  citoyens  présents. 

La  constitution  de  la  ligue  étolienne'^  i)résenlail  avec 
la  ligue  achéenne  bien  des  traits  communs.  Le  premier 
magistrat  était  un  stratège  annuel,  éponyme  ;  il  avait 
près  de  lui  un  synédrion  permanent,  dont  les  membres 
sont  appelés  ordinairement  cûveôso!,  quelquefois  SouXeu- 
Tït"^.  Chaque  ville  est  représentée  par  un  nombre 
différent  de  synèdres''';  ils  ont  dû  être  environ  600; 
la  présidence  est  exercée  par  les  irpouTÎTat  twv  «jijvéîpoiv  ; 
il  y  a  un  'iç,<x\LUL(x-:i6^  éponyme.  Là  aussi,  une  assem- 
blée plénière  se  réunissait  au  printemps  et  à  l'automne. 

A  partir  du  iv'^  siècle,  les  confédérations,  comme 
nous  l'avons  dit,  deviennent  de  plus  en  plus  fréquentes; 
elles  prennent  un  nom,  qui  lui  aussi  devient  d'un  emploi 
de  plus  en  plus  fréquent  ;  c'est  le  koino.n.  Pour  la  plupart 
de  ces  ligues,  nous  voyons  que  le  Conseil  fédéral  est  un 
synédrion  ;  c'est  ainsi  pour  les  Mésioles  ",  une  des  plus 
anciennes  de  ces  confédérations,  pour  les  Magnètes  ", 
les  Phocéens-",  les  Cretois^',  les  Ioniens-^,  les  villes 
de  Troade^^  etc. 

Dans  tous  les  faits  que  nous  avons  cités  jusqu'ici, 
nous  voyons  que  le  mot  synédrion  a  gardé  le  sens  par- 
culier  de  congrès,  réunion  de  députés  de  divers  pays. 
De  bonne  heure,  cependant,  ce  sens  s'élargit  el  nous  le 
trouvons  employé  aussi  pour  désigner  soit  des  députés 
d'un  même  pays  réunis  pour  former  une  assemblée 
politique,  soit  les  délégués  d'associations  privées,  qui, 
sous  la  forme  d'un  comité  ou  d'une  commission,  s'oc- 
cupent des  affaires  de  celle  association. 

Nous  avons  vu  que  pour  Athènes,  c'est  l'Aréopage, 
plutôt  que  le  Conseil  des  Cinq-Cents,  qui  est  qualifié  de 
synédrion.  Dans  la  plupart  des  autres  villes,  ce  nom  est 
donné  à  l'assemblée  politique,  Conseil  ou  BouXvî,  char- 
gée des  affaires  publiques'^*.  Ainsi  à  Élalée,  le  peuple, 
après  une  première  décision  des  synèdres,  vote  l'affran- 
chissement de  l'esclave  Sléphanos  ^'.  A  Chalcis,  en 
Eubée,  une  donation  est  acceptée  par  acclamation, 
d'abord  par  les  synèdres,  ensuite  par  le  peuple  ".  La 
même  procédure  est  constatée  aussi  à  Érétrie  ",  àTré- 
zène-*.  A  Épidaure  -''  les  synèdres  sont  mentionnés  après 
les  archonles  ;  enfin  les  synèdres  sont  seuls  nommés  à 
Dymé^",  à  Andanie",  à  Acraephia  '-,  dans  le  discours 
de  Néron  rendant  la  liberté  à  la  (îrèce. 

Nous  voyons,  par  plusieurs  textes,  que  les  synèdres 
ont  un  YpaixpLaTEÙ;".  Quelquefois  ils  sont  désignés  par  le 
nom  de  leur  président  ". 

Nous  trouvons  enfin  des  synédria  pour  des  sociétés 
privées,  ainsi  à  Astypalée'^  tô...  (ruviSpiov  tïç  ysçoijutaç;  à 
Théra ''  l'iîpov  T'jvéop'.ov  tt,i;  èv  Ci;».  TraXxtCTçaç. 

p.   ili.   —  14  T.-I.iv.    X\XII,  22.23;  XSXVIII,  32.  —  15  Gilbert,   Uandb.  Il,  21  ; 
Dubois,  Op.   laud.  p.    Ib3;  Busolt,  Slaala.  362;  art.  do  Wilchcn,  dans  la  Heal 
encijclop.  Pauttj-Wissowa,  I,  119.  —  iS  Sanclius  conailium,  T.  Liv.,  XXXV,  24; 
de  nièmc  senatus,   dans  les  insc.  ciiviSpo.  el  pouiiuTai  ;  Polybe  àid»'*»,m  el  d'après 
lui  Tite-Live,  apocleli.  La  question  des  Apoclèlcs  est  très  discutée.  —  "  Busolt, 
Op.  laud.  309,  n.  8.  —  1»  Dittenb.  Syl.  202  et  47  I  ;  Miche    373  cl  370.  La  ligue 
était  sous  la  dépendance  des  rois  d'Egy|ite.  —  19  Insc.  en  l'honneur  du  -}«iinaTtii;  des 
synèdres,  Michel,  3u7.  Cf.  art.  kotson,  p.  S38.  —  2"  Michel,  277,  278  ;  art.  koino», 
p.  839.  -  'il  Michel,  439.  —  22  ||  g'agil  du  xo.vb.  T.r,.  t.<,<7.«(8.»«  r.àU^v.  Ditlenb. 
I89;arl.  KoiN0!i,«42.  —  2.1  Dittenb.  109  cl303;  Michel,  522.  —  'il  .Nous  avons  déjà 
relevé  le  fait  pour  certaines  villes  de  la  conrédération  thébaino,  voir  note  7  de  celle 
page.  -  25  Ditlenb.  842  ;  Michel,  2i3.  —  21.  Dittenb.  CU7  :  1.  13,  iîdi.sa»  '.i  «0.,tSo...... 

I.  28,  i5i,,f-  ;  S^ii.,,-.  —'27  Ditlenb.  93-..  —  2S  /nsc.  Gr.  t.  IV  (Argolide)  :  2,  les 
svnèdrss  el  le  peuple;  738,  les  archonles  cl  les  synèdres.  —  29/4,'rf.  948  ;  cf.  924. 
_  30  Dittenb.  316.  —  31  Lebas-Foucart,  320  a;  Uiltenb.  033;  Michel,  69». 
_  32  Hollcaux.  But.  de  cor.  hall.  XII,  p.  5lu;  /use.  Gr.  Sept.  I,  2713;  Dillrn- 
bcrger,  376.  —  33  Imienh.  316,  053,  il2,  elc.  —  34  Dittenb.  310.  —  35  J„sc.  mur. 
Aeg.  Il,  12.  -36;6W.  531,  S. 

l'jy 


SÏN 


—  1386 


SYN 


En  somiiu'  deux  idées  essenlicllcs  sont  oxpi-iiiiéos  le 
plus  souviMil  par  le  mol  synèdroi. 

1°  Ce  sont  (les  délégués  de  divers  Klats  iiui  se  réunis- 
seiil  et  forincnl  ce  que  nous  appelons  un  congrès  des 
puissances;  mais  bienlol,  nous  trouvons  sous  ce  nom 
di's  députés  d'un  même  pays  réunis  pour  former  une 
assemblée  politique;  enfin  des  membres  d'associations 
particulières. 

i"  Ces  réunions  sont,  en  général,  peu  nombreuses;  c'est 
le  conseil  ampliicljoniciue  qui  ne  comprend  que  vingt- 
quatre  membres;  c'est  un  conseil  de  guerre  formé  des 
généraux  d'une  armée  d'Étals  confédérés  ;  dans  un  sens 
plus  général,  c'est  un  Conseil,  un  Sénat,  et  il  s'oppose  au 
mot  comices;  quelquefois,  mais  très  rarement,  il  sert  à 
désigner  les  comices.  La  ligue  atlié'nienne  de  378  est 
dirigée  par  les  synèdres  des  alliés  ;  pour  la  ligue  de 
Délos,  au  siècle  précédent,  le  mot  synédri(m  est  employé 
par  Diodore,  mais  Thucydide  ne  se  sert  que  du  mol 
synode.  Polybe  désigne,  par  ce  nom  de  synédrion,  le 
Si'nal  de  Rome,  le  Sénat  de  Carthage  ;  dans  le  Nouveau- 
Testament,  c'est  le  sanhédrin  des  Juifs:  toujours  un 
corps  politique  composé  de  députés,  et  en  nombre  le 
plus  souvent  restreint.  Ai.bkrt  Martin. 

SY.XÉGOKOS  (Ijv/.voso;).  —  Ce  mot,  formé  de  !7jv  et 
ày&pc'Ju),  désigne  ordinairement  à  Athènes  des  orateurs 
chargés  de  porter  la  parole  au  nom  de  l'État,  .\insi,  quand 
une  loi  nouvelle  était  proposée,  et  qu'après  certaines  for- 
malités remplies  la  question  était  portée  devant  un  tri- 
bunal de  nomothètes  NO.Mor  convoqué  à  cet  ellel,  la  con- 
stitution voulait  qu'avant  de  voter  la  nouvelle  loi,  celte 
espèce  de  corps  législatif  abrogeât  l'ancienne  '.  Or  on  ne 
pouvait  admettre  que,  devant  les  nomothètes,  la  parole 
appartint  seulement  à  celui  qui  attaquait  la  loi.  Il  serait 
peut-être  arrivé  parfois,  pour  un  motif  ou  pour  un  autre, 
que  personne  nese  présentât  pour  la  justifier  et  la  défen- 
dre ;  on  lui  donnait  donc  des  avocats  d'office,  qui  étaient 
chargés,  avec  le  titre  de  tuv-z-vcsoi  ou  de  cJvû'.x&t  (ces  deux 
mots  sont  employés  souvent  comme  synonymes  -),  de  la 
soutenir  devant  le  tribunal.  C'était,  on  le  voit  par  Démos- 
Ihène,  le  peuple  qui  désignait  ces  orateurs^;  mais  on 
ne  sait  s'ils  étaient  toujours  en  même  nombre.  La  loi  de 
Lepline  avait  quatre  de  ces  patrons,  que  Démoslhène 
réfute  l'un  après  l'autre*.  Ces  avocats  étaient  naturelle- 
ment choisis  parmi  les  plus  capables  et  les  plus  sérieux 
des  orateurs,  parmi  ceux  qui  jouissaient  de  la  plus  réelle 
considération.  Comme  il  y  avait  là  une  excellente  occa- 
sion de  faire  apprécier  son  talent  de  parole  et  de  se  mettre 
en  vue,  on  devait  presque  toujours  s'acquitteravec con- 
science de  la  lâche  que  l'on  avait  acceptée  :  à  eux  tous, 
ces  quatre  ou  cinq  avocats  arrivaient  certainement  ci  réu- 
nir toutes  les  raisons,  bonnes  ou  mauvaises,  que  l'on 
pouvait  alléguer  en  faveur  de  la  loi  menacée.  Cette  com- 
mission avait  une  telle  importance  el  était  si  recherchée 
que,  d'après  la  loi,  une  même  personne  ne  pouvait  en 


SV>tllcr.nnuS.  _  l  l)H,no5th(ne  insiste  sur  ruIiJilé  de  celle  disposilion, 
C.  Timocr.,  31,  :t3.  —  ■!  l)iSmoslli,Mie  if.  Timoc.  .llî)  appelle  ,„v...ofo.  ces 
d^reiisciirs  élus  de  l'ancienne  loi.  Ilans  la  Lepliniennc  (liii,  loi,  133i  il  se  serl 
p.irlau(  du  mol  «ivS..»;  [svNoiccs].  —  »  C.  Timocr.,  W  ;  C.  Lirplin.,  loi.  —  t  La 
loi  conlciiuc  dans  le  discours  contre  Timocrale  (J  23)  lixc  à  cinq  le  nombre  de  ces 
patrons  de  la  loi.  En  adniellanl  niAïue  que  oc  k-xie,  comme  la  plupart  des  docu- 
ments prétendus  aullienli(|ues  insérés  dans  les  u-uvres  des  orateurs  al  tiques,  eût 
été' composé  à  une  époque  postérieure  par  ud  grammairien,  c'est  là  un  détail  iiu'il 
était  facile  de  prendre  chel  T'hilocllore,  cliei  Arisloto.  ou  dans  quelque  autre  des 
auteurs  qui  avaient  di'crit  la  conshlution  alliéuienue.  —  i  l)cni.  C.  Leptiu.  )5i. 
—  s  £lem.  De  corona,  13*.   Démosllièue,  de  même  que  l'auteur  incouim  de  la 


être  chargée  deux  fois  dans  sa  vie\  On  avail  craint  sans 
doute  que  certains  orateurs  ne  lissent  d'une  aussi  hono- 
rable fonction  un  métier  ou  une  alVaire,  qu'ils  ne  l'exploi- 
tassent dans  l'intérêt  deleiir  ambition  ou  de  leur  eu  pi  dite. 
Nous  voyons  pourtant,  par  Démosthène,  que,  dans  la 
pratique,  on  ne  tenait  pas  toujours  compte  de  celte  pres- 
cription. C'est  que  l'on  devait  sentir  le  besoin  de  dési- 
gner pour  cette  mision,  quand  on  en  trouvait,  des 
hommes  de  mérite  et  d'expérience  qui  eussent  quelque 
connaissance  des  lois.  Le  nombre  des  citoyens  remplis- 
sant ces  conditions  n'était  pas  grand;  on  revenait  donc, 
en  dépit  de  la  loi,  à  ceux  qui  avaient  déjà  joué  ce  rt')le 
avec  quelque  distinction. 

Ce  titre  de  (TJvSixij;,  que  nous  pouvonsconsitlérer  comme 
synonyme  de  T'jv/i-ppo;  [sv.vdicis\  nous  le  trouvons  encore 
donné  à  l'orateur  qui  est  chargé  de  soutenir  les  droits  de 
la  cité,  engagée  dans  une  contestation  avec  quelque 
autre  ville,  devant  l'arbitre  auquel  a  été  contit'  le  juge- 
ment du  procès".  On  appelait  de  même  ceux  qui,  dans 
certains  cas  dWioLf^E/AoL,  quand  la  république  prenait  en 
main  la  cause  et  se  portait  partie  contre  ceux  qui  étaient 
inculpés  de  trahison,  recevaient  la  mission  de  dévelop- 
per l'accusation  devant  le  tribunal.  D'après  un  décret 
que  nous  a  conservé  l'auteur  inconnu  des  Vies  des  dix 
orateurs,  ces  accusateurs  publics,  dans  le  procès  d'An- 
tiphon,  étaient  au  nombre  de  dix.  Dans  le  procès  de 
Démosthène  el  dans  celui  d'.Xristogiton,  lors  de  l'alTaire 
d'Harpale,  nous  trouvons  le  même  nombred'accusateurs  ■". 

Tous  les  (fuvVjvopo!  que  nous  venons  d'énumérer 
n'étaient  choisis  qu'accidentellement,  et  leurs  fonctions 
cessaient  avec  le  débalmême  où  ils  avaient  à  représenter 
la  république.  Il  parait  y  avoir  eu  d'autres  synégores  qui 
formaient  un  collège  de  magistrats  adjoints  au  collège 
des  logistes  el  des  euthynes  [logist.\i].  C'étaient,  autant 
qu'on  peuten  juger  en  l'absence  de  tout  détail,  les  orateurs 
qui  portaient  la  parole  devant  le  tribunal  présidé  par  les 
logistes,  quand  ceux-ci  avaient  découvert  de  graves 
irrégularités  dans  une  reddition  de  comptes  et  décidé 
qu'il  y  avait  lieu  à  poursuivre*.  C'est  peut-être  ce  même 
collège  que  nous  voyons  employé,  sous  le  nom  de  triJvSt- 
xoi,  après  le  rétablissement  de  la  démocratie,  à  faire 
rentrer  les  sommes  que  certains  citoyens  avaient  indû- 
ment touchées,  au  détriment  du  trésor,  des  mains  des 
Trente'.  Ces  magistrats  auraient  appartenu  à  la  catégo- 
rie de  ceux  que  désignait  le  sort. 

Enfin  on  nommait  dJv/iYOfoç  celui  qu'un  accusé  appelait 
à  son  secours,  qu'il  chargeait  de  prendre  part  au  procès 
à  ct')té  de  lui,  pour  l'aider  et  le  suppléer  ;  c'était,  avec 
certaines  différences,  ce  que  nous  appelons  un  «rocrt/'". 
On  aurait  donné  le  même  nom  à  celui  que  l'accusateur 
aurait  appelé  à  son  aide;  mais  le  cas  parait  avoir  été 
bien  plus  rare,  l'accusation  ne  pouvant  invoquer,  pour 
se  fortifier  ainsi,  les  mêmes  prétextes  que  la  défense". 
Georcks  Perkot. 


première  vie  d'Eiscliioe.  se  scrveni  de  l'evpression  «JvSi.oî;  mais  Polliu  (111.  lia) 
cile  un  discours  d'Hypéridc,  qu  il  appelle  .juvr.-ooi»oî,  qui  ne  peut  guère 
être  (|ue  le  discours  prononcé  par  llypéride,  nous  ne  savons  devant  ipiel  arbitre, 
<|uand  il  avait  élé  chargé  par  r.\ri'opase,  à  la  place  d'Escliinc.  de  soutenir  coulre 
les  Déliens  les  droils  d'Athènes  sur  le  temple  de  llélos.  —  '  \  il.  .V  ur.  Anli- 
phon,  iô.  Uuand  il  s'agit  de  ce  rôle  d'accusateur,  on  emploie  plus  rréquemnieni 
le  mol  .a-Viïofoi.  Aeschin.  C.  Clesiph.  5i  ;  llinarch.  C.  Ùemoslli.,  31,  i.s.  ll4, 
C.  Arislogit.  6.  —  »  Scliol.  Aristoph.  Vesp.  liSl  ;  BcUer.  Aneclol.  p.  301,  ^. 
—  «  Lysias,  XVI.  7  ;  .VVllI,  iï  ;  llarpocraliou,  s.  v.  «i.Si.c.  —  '0  Voy.  Eggcr.  A'i  tet 
Atlit'niens  ont  connu  lu  [irofession  d'aeocat  (Mémoires  de  Littérature  ancienne, 
XI V).  —  11  U;perid.  Pro  Eaxen.  10.  M    Eggcr  ue  parait  pas  avoir  counu  ce  passage 


SYN 


—  loS7   — 


SYN 


SYXGRAPIIÈ  (S'jyyoï^y;).  —  Droit  nisF.r..  Lo  mol  ^vcc 
Ypaï.Tj,  absiraclion  faite  du  point  do  savoir  s'il  possèdi^  un 
sens  leclinique,  désignait  probablement,  à  l'origine,  lus 
actes  écrits  au  moyen  d'un  style  sur  des  tablettes  de  cire, 
par  opposition  à  ceux  qui  étaient  écrits  avec  de  l'encre 
sur  un  papyrus  '.  A  l'i-poque  des  orateurs,  la  syngraphè, 
quel  que  soit  son  mode  de  rédaction,  est  un  écrit  sur 
lequel  les  parties  constatent  leurs  conventions  -. 

C'est  maintenant  une  question  fort  délicate  et  très 
controversée  que  celle  de  savoir  si  l'expression  o-'JYvpa'i/, 
ne  possède  point  dans  le  droit  grec  un  sens  spécial  et 
teclinique  et  si  l'on  doit  considérer  la  syngraphè  comme 
un  contrat  sui  generis.  doué  d'une  force  ou  d'une  vertu 
particulière.  Dans  une  première  opinion,  on  enseigne  que 
les  Grecs  entendaient  par  là  un  acte  ayant  un  caractère 
public,  au  moins  par  l'assistance  de  nombreux  l('moins 
et  emportant  exécution  privée,  c'est-à-dire  pouvant  être 
mis  à  exécution  sans  jugement  à  terme  échu  '. 

Une  autre  opinion  voit  dans  la  (TDYYr^'f'î  d"  droit  grec 
une  sorte  de  contrat  littéral  et  formel,  analogue  au  con- 
trai liflcris  du  droit  romain  et  permettant  même  de 
réaliser  dans  la  pratique  certaines  des  combinaisons  aux- 
quelles se  prétait  ce  dernier'.  Mais  cette  théorie  est  fort 
contestable.  Il  est  certain  tout  d'abord  que,  dans  le  droit 
grec,  l'expression  (j'JYYP^'fi  "C  désigne  point  une  caté- 
gorie spéciale  de  documents:  c'est,  au  contraire,  une 
expression  très  générale  et  applicable  à  toutes  sortes 
d'actes,  non  seulement  au  contrat  de  prêt',  mais  à  d'autres 
contrats  comme  le  louage  ou  la  vente",  et  même  à  des 
actes  comme  les  formulaires  des  locations  des  biens 
sacrés'  ou  à  des  règlements  pour  les  sacrifices".  Le  mot 
<7JYY?3ti-r,  est  usité,  d'autr(;  part,  dans  les  contrats  bilaté- 
raux, tels  que  la  vente  ou  le  louage,  aussi  bien  que  dans 
les  contrats  unilatéraux''.  11  est  donc  impossible  d'at- 
tribuer un  sens  technique  à  l'expression  syngraphè,  et 
elle  apparaît  à  Athènes,  de  même  que  dans  d'autres 
cités  grecques,  comme  synonyme  de  TuvOr,zyi  ou  même 
d'ôaaoYta'». 

Il  est  difficile,  d'autre  part,  d'admettre  que  l'écriture 
renfermée  dans  une  <:\>y;o3.Yh  ou  dans  un  autre  acte  ait 
eu  par  elle-même  une  force  obligatoire  suflisanle  pour 
sup[)léer  à  l'absence  de  cause.  On  doit  plutôt  dire  que 
dans  le  droit  grec  les  écrits  ne  servent, jamais  (\\ie  ad pro- 
hiitioiieiti.  La  question  ne  se  poserait  même  pas  sans  le 
texte  sur  lequel  on  se  fonde  dans  l'opinion  précédente, 
et  qui  est  une  scholie  de  Pseudo-Asconius  sur  les  Ver- 
rines  de  Cicéron  ",  qui  attribue  aux  syngrapliae  le  pou- 
voir d'obliger  même  contra  fulem  verttutis.  Or,  il 
semble  bien  difficile  d'attacher  une  grande  autorité  au 
ti'moignage  d'un  scholiaste  qui  vivait  au  V  siècle  après 
J.-C,  à  une  époque  par  conséquent  fort  éloignée  de  celle 
où  les  institutions  grecques  fonctionnaient  dans  toute 
leur  pureté  et  qui  a  pu,  par  conséquent,  en  méconnaître 

iiiiporl.iiil.  'lui  proii\e  i|iic  chaque  accus-  avail,  an  moins  du  temps  d'Hypéi'ide, 
siiinu  le  di'oil.au  moins  la  lilierlé  de  faire  cnlemli'c  un  dérenseur  oflicieux.  l'oiirvn 
qu'il  demandai  une  permission  qu'on  ne  lui  rel'iisail  pas.  il  appelait  un  vërilahle 
avocat  H  sa  défense.  Acschin.  Ile  Légat.,  170;  Ucmoslli.  In  A'(e/<A.  Il,  in;  In 
,Veaer.  14.  —  12  Acscliin.  C.  Ctesiph.  199. 

SYNGRAPIII::.  I  Uneist,  /lie  formelUn  \o  tri'ige  der  ncui^ren  nmischen 
Ohlif/ationenr..chls,  p.  423.  — 2  /6..p.  432;  Mei»r,  Scliiimann  et  Lipsius,  /Jcf 
altisrhe  Process,  p.  iîT»*-  —  •'*  Dar-esie,  Hidl.  'le  corresp.  hetlénique,  VIII  (18»t,, 
p.  3'ii  sq.  :  Dareslc,  HanssouUier  et  iieinacli,  Itecueil  des  iitscripl.  juridiques 
firecques,  p.  oOO.  —  4  Millets,  Itticlisrecht  uiid  Yotkrecht  in  den  ôstlichen  Pru- 
rinzen  der  rôm.  Kaiserreicks,  p.  468  sq.;  .Sieveking,  Das  Seedarlehun  des 
Mtertiims,  p.  28  sq.;  Heimann.Tlialheim.  /lechlsnllerlûmi-r,  p.  109.  -  S  Ue- 
moslh.  C.    Laeril.  §10.-6  Dem.    Pro  cor.  §  132.  —  "  Bii«.  cor.  hel.   Vlll, 


le  caraclèri'.  La  Iht'orie  ilii  contrat  littéral  grec  ne  nous 
semble  point  siiflisainmenl  justifiée,  jusqu'à  présent  du 
moins,  ni  surtout  par  les  documents  grecs  de  la  pure 
époque.  Peut-être  y  eut-il  dans  les  usages  grecs  quelque 
chose  d'analogue  à  Vexpensilatio  romaine;  mais  cela 
n'est  nullement  prouvé  '-. 

Dhoit  romain  —  Gains,  après  avoir  observé  que  les 
pérégrins  ne  peuvent,  sauf  dans  un  cas  exceptionnel, 
s'obliger  par  les  nomina  tra.nscrii'Titia,  ajoute  que  cepen- 
dant il  semble  y  avoir  pour  eux  unelillerarum  ob/ir/atio 
à  la  suitt^  d'actes  qui  leur  sont  propres  cl  dont  les  noms 
mêmes  indiquent  qu'il  devait  s'agir  de  pérégrins  de  civi- 
lisation grecque:  les  cliirograplia  et  les  s ijii(/raj)/iae  '■'. 
Ces  deux  sortes  d'actes  paraissent  avoir  dillëré  matériel- 
lement en  ce  que  les  premières  étaient  des  écrits  éma- 
nant du  débiteur  seul,  et  les  autres  des  actes  émanant 
des  deux  parties,  revêtus  du  sceau  des  deux  contrac- 
tants, et  remis  par  eux  à  un  tiers,  à  un  homme  de  con- 
fiance qui  en  aura  la  garde. 

Le  rhirogru/ihum  n'est,  selon  toute  vraiseinblanci", 
qu'un  simple  titre  probatoire,  constatant  une  obligation 
préexistante  et  valable  d'après  le  droit  grec.  Quant  aux 
sgiif/rap/iae,  d'après  la  scholie  du  Pseudo-Asconius,  elles 
oliligeraienlmémewn^/Y/  /idem  verilntis,  de  sorte  qu'on 
n'aurait  pas  à  rechercher  si  la  remise  de  valeurs  qu'elles 
mentionnent  est  réelle  ou  fictive. 

La  même  controverse  s'est  élevée  néanmoins  sur  le 
caractère  des  sijngrap/me  que  celle  que  nous  avons 
exposée  dans  le  droit  grec.  L'opinion  qui  voit  dans  ces 
écrits  de  simples  titres  probatoires  est  celle  qui  s'accorde 
le  plus  littéralement  avec  le  texte  de  Gaius. 

Kn  tout  cas,  à  supposer  qu'il  y  ait  eu  là  un  contrat 
formel  propre  aux  pérégrins  de  langue  hellénique,  il -a 
dii  disparaître  avec  la  constitution  de  Caracalla  confé- 
rant le  droit  de  cité  à  ces  pérégrins'*.       L.  Bealchet. 

SYXODOS  (i^'Jvooo;).  — Des  acceptions  diverses  de  ce 
mot  qui  se  rattachent  à  l'idée  de  réunion,  nous  en  re- 
tiendrons seulement  deux  en  matière  d'institutions 
grecques  :  1°  assemblée  politique  des  ligues  étolicnnc  et 
achéenne  ;  2"  association  privée. 

L  —  Chez  les  ÉLoliens  [  aeïolicl.m  koeuus],  toute  assem- 
blée fédérale  peut  être  inditVéremmenl  appelée  ky.x.A-i,a(cLOu 
.7JV000;'.  En  dehors  des  assemblées  extraordinaires,  qui 
n'ont  ni  date  ni  lieu  fixe,  il  en  existe  deux  régulières 
chaque  année  :  l'une  se  tient  toujours  à  Thermos,  aussitôt 
après  l'équinoxe  d'automne  [i)  twv  0£ç,[jiixwv  .jOvùSo;)  -  ; 
c'est  là  qu'on  procède  à  l'élection  des  stratèges  et  des  au- 
tres magistrats  de  la  ligue  ;  l'autre  siège,  à  la  fin  de  l'hiver 
ou  aux  premiers  jours  du  printemps,  dans  une  des  prin- 
cipales villes  de  la  confédération,  désignée  sans  doute  à 
tour  de  rôle  {î]  twv  Ilava-TioÀixtôv  (.-^Jv&o&ç)^  Leur  nom  leur 
vient  des  deux  grandes  fêtes  étoliennes  avec  lesquelles  on 
les  fait  co'incider,  les  ÔEpixixî  et  les  navotiTo..Aizi '.  Leur 

p  523.  —  s  l/'i'l.  IV,  p.  227,  1.  +7  ~q.  —  a  Cf.  Beauchcl,  Hi-tt.  du  dr.  prM  de 
la  Hép.  ttlliéii.,  l.  iV,  p.  77.  —  i»  l'hilippi,  Symbolac  <.d  doctrinam  Juris 
atlici  de  ei/ngraplns,  p.  5  ;  Glieist,  p.  480.  —  "  l's.  Ascouius,  In  Vcrrevi,  11,  1.  ib. 
—  1-2  Cf.  Ueauchet,  O/i.  cil.  t.  111,  p.  70  sq.  —  '»  Gains,  III.  134.  Cicéron.  dans 
une  de  ses  lettres  â  Atlicu6(Vl,  l,  15),  fait  aussi  allusion  aux  syngrapliae.  On  joint 
ordinairement  a  ces  textes  la  scholie  précitée  du  Iseudo-Asconius,  In  Verr.,  Il, 
I  37  _  11  Cf.  sur  les  atingraphae  en  droit  romain  :  Uirard,  iVan.  de  dr.  romain, 
2«  édit.  p.  4S'J  ;  Cuq,  Us  instit.jurid.  des  fiomams.  t.  2,  p.  379  ;  Gncist,  loc.  cil.  ; 
Savigny,  Vermischle  Scliriften,  I,  23t)  ;  Gide,  Aoialion.  p.  219;  Milleis,  toc.  cil.; 
Uarcste,  toc.  cit.;  Kcvilloul,  /.es  oblig.  en  droit  njijptien,  p.  .-1. 

SV.MIUOS.  1  t'olyb.  (éd.  Uidol,  IV',  15.  S;  .'iXVlll,  l,  1  (U>V.r,,-'«)  :  IV,  26,  ti; 
(.i.oSoî).  —  -  l'ol-  livill,  31,  5.  —  3Liv.  .V.V.M,  32  (avec  l'inlcrprétalion  de  .Nissen, 
Kirt.  Unlerauch.  p.  29)  ;  Lebas-Wadd  ,  Asie  Min.  83.  — »  Kern,  Jnsclir.  von  Mu- 


SYN 


_  I088  — 


SYN 


mission  osl  de  prendre  les  résolutions  graves  ',  ou  d'ap- 
prouver les  acles  du  stratège  et  du  conseil  des  à1:oxXY|TOl^ 
Chez  les  Achéens  [acuaicim  foedis^,  nous  trouvons 
deux  assemblées  désignées  par  les  noms  de  ctùvoSo;  et  de 
BÙyxlr^xo^;  el,  si  nous  sommes  assez  bien  fixés  sur  la  se- 
conde, nous  le  sommes  beaucoup  moins  sur  la  première. 
La  (rOvxÀvo;  est  formée,  suivant  les  époques,  soit  par 
l'armée  tout  entière  constituée  en  assemblée  \  soit  par 
l'ensemble  des  citoyensàgés  de  plus  de  trente  ans*  ;  elle 
ne  se  réunit  pas  régulièrement,  comme  la^jùvoSo;  -;  mais, 
dans  certains  cas,  il  est  indispensable  de  recourir  à  elle, 
en  particulier  quand  il  s'agit  de  délibérer  sur  une  alliance 
ou  sur  une  guerre,  ou  encore  (au  ii"^  siècle),  d'entendre  les 
messages  du  Sénat  romain*.  Il  est  donc  clair  que  la  aOvoîo; 
est  une  assemblée  moins  nombreuse  et  de  compétence 
plus  restreinte  que  la  (tûyàxt,t&;\  Mais,  dès  qu'il  s'agit  de 
préciser  sa  nature,  les  opinions  se  partagent  :  pour  les  uns 
(Belocli),  5'Jvooo;  est  toutà  fait  synonyme  de  pcjÀ/,,  c'estle 
Conseil  sous  deux  noms  dilTérents  ;  d'autres  (Busolt)  voient 
dans  la  tùvoBoç  une  sorte  d'assemblée  privilégiée  dont 
l'accès  est  réglé  par  des  conditions  de  cens  ;  d'autres  enfin 
(Lipsius,Francotle)  en  font  l'assemblée  générale  ordinaire 
des  Achéens.  Nous  ne  pouvons  entrer  ici  dans  le  détail 
de  ces  discussions  '  ;  d'ailleurs  les  textes  dont  nous  dis- 
posons, avec  leur  terminologie  variable,  n'ont  rien  de 
décisif,  et  il  n'est  pas  invraisemblable  que  chacun  des 
systèmes  proposés  contienne  une  part  de  vérité.  Ainsi, 
dans  plusieurs  passages,  Polybe  semble  confondre  la 
5ÛV000Ç  avec  la  po'jXr, ';  il  est  difficile  de  croire  que,  cha- 
que fois,  il  y  ait  simplement  là  une  erreur  de  Polybe  ou 
de  l'auteur  des Excerpta,  d'autant  plus  que  nous  voyons 
le  pouXcUTTjpiov  servir  de  lieu  de  réunion  pour  la  aûvoSo;'". 
Mais,  d'autre  part,  si  la  tjvooo;  est  simplement  le  Conseil, 
comment  expliquer  qu'elle  soit  désignée  aussi  par  les 
expressions  oi  'A/aioi'",  oi  -o),Xo;'^  tô  -âXtiOo;",  et  même 
TolOvoc"?  Dans  aucun  État  la  nation  tout  entière  n'a 
accès  au  Conseil  :  on  exige  au  moins  des  pouXeuTai  un  cer- 
tain âge.  Or  précisémentil  est  question  chez  les  Achéens 
d'une  vEpouaix;  elle  essaie,  par  exemple,  de  calmer  les 
esprits  dans  la  (tOyxXyj&ç  où  Critolaos  pousse  la  Ligue  à 
rompre  avec  Rome'°  ;  n'est-il  pas  naturel  d'y  reconnaître 
le  Conseil?  Admettons,  si  l'on  veut,  que  le  Conseil  est 
nombreux  ",  qu'il  assiste  en  corps  à  chaque  (njvoôo;,  et 
qu'il  y  constitue  une  majorité  assez  forte  pour  jouer  un 
rôle  prépondérant;  mais,  à  côté  de  lui,  pour  former  la 
(rùvoSoç,  doivent  figurer  aussi  d'autres  citoyens.  Ceux-ci 
pourraient  bien  être  les  Achéens  qui  atteignent  un  cer- 
tain cens;  car,  si  Polybe  nous  vante  comme  égalitaire  et 
démocratique  la  constitution  de  son  pays'\  on   n'était 

ynetia,  91  c;  Lcbas-Wadd,  Asie  Min.  83  ;  Bull.  curr.  he/t.  X,  ISsil,  p.  I>.7.  —  1  Liv. 
/.  /.  —  2Pol.  XX,  10,  II.  —  ai'ol.  IV,  7,5.  —  M'ol.  XXIX, 9,0.  -  .■•  l'ol.  XXXVIll, 
4,  2  (l'arrivée  d'une  ambassade  roraainc  coïncide  par  liasard  avec  une  a'j-^ti.r^ia^\ . 

—  6  pol.  XXIII,  ii,  ti.  C'est  ainsi  qu'eu  ll>8  les  ambassadeurs  des  deux  t'ioicmées, 
iuvo(|uanl  l'appui  de  la  Lij,'ue  contre  Antioclius,  sont  renvoyés  de  la  ojvo^o;  de 
(^orintbe  iiunc  aj^n'Ar^To;  convoriuée  à  Sicyoue  (Fol.  XXIX,  8-9,i,  ou  que  les  Oropiens, 
en  155,  sollicitant  le  secours  de  la  Ligue  contre  Alliènes  devant  la  (rjvoSo;  de 
Coriutlie,  doivent  aller  ensuite  devant  une  aOvx.r.-toi  à  Argos  {Inscr.  qr.  Vil.  4H). 

—  ''  C'est  sans  doute  pour  cela  que  le  terme  d'àvo^i  se  tt-ouve  appliqué  exclusi- 
vement à  la  5Ù,o«oî  (Pol.  XXVIll,  7,  3;  XXIX,  9,  5),  tandis  que  celui  d'i«<'iT.»;a 
sert  indisliuctcraenl  pour  la  smaW,  (l'ol.  IV,  7,  I  ;  V,  1,  C;  XXI,  7,  ï)  el  pour 
U  <r:t>'AT,Tot  (XXIII,  10,  10;  XXIV.  5,  Ifi).  —  il  Cf.  les  articles  cilés  à  Id  biblio- 
graphie.  —  9  Pol.  IV,  26,  7-8;  XXVIll,  i,  7-10;  XXIX,  9,  6.  —  10  pol.  II,  50,  4 
cl  10:  XXIIi,  S),  6.  —  Il  Pol.  IV,  26,  7;  IV,  37,  I  ;   V,  311,  7.  —  1'!  Pol,  XXV,  1,  3. 

—  13  Pol.  V,  1,  7;  XXVIll,  7,  It.  —  Il  Pol.  XXIV,  12,  12.  —  fôpol.  XXXVIII,  5, 
I.  —  1C>  Ëuméne  propose  de  lui  afTecler  la  rente  de  12lt  talents  iPol.  XXIII,  7.  3). 

—  l'!  Pol.  Il,  38,  C.  —  I»  Imcr.  gr.  VII,  188  :  des  arbitres  sont  choisis  ,!X.,uT;vSa 
lù  icKtivia.  Cr  aussi  ce  que    Polybe  (X,  ïi)  et  Plularque  [Pliilop.  7;  disent  de 


pas  sans  y  tenir  compte,  dans  les  élections,  delà  richesse 
en  même  temps  que  du  mérite";  et  on  s'expliquerait 
mal  sans  cela  comment  Eumène,  pour  s'attirer  les  bonnes 
grâces  des  Achéens,  leur  offrait  de  payer  non  pas  tous 
lescitovens  qui  prendraient  part  aux  ndvoôo:,  mais,  parmi 
eux,  les  seuls  membres  du  Conseil". 

Bref,  nous  entendrions  assez  volontiers  par  cJvooo;, 
chez  les  .\chéens,  une  sorte  d'assemblée  primaire",  com- 
prenant tout  le  Conseil,  assisté  de  représentants  des 
dill'érentes  villes  élus  parmi  les  possesseurs  d'une  for- 
tune déterminée.  Cette  cùvoSo;  suffit,  sauf  dans  les  cas 
graves  énumérés  plus  haut,  àassumer  la  responsabilité 
des  actes  politiques  de  la  Ligue:  en  ce  sens,  elle  con- 
stitue l'assemblée  ordinaire  des  Achéens,  élit  les  magis- 
trats^', décerne  les  distinctions  honorifiques'-,  et  appa- 
remment ratifie  les  mesures  prises  par  le  stratège  et  les 
oifAtopyo'!  au  sujet  des  afi'aires  courantes.  Elle  tient  au 
moins  quatre  sessions  par  an  (oi  Ix  xwv  voawv,  ai  xaO-/|xou- 
(rat  cùvoSoî)  en  avril-mai,  juin,  fin  juillet  et  octobre". 
Elle  se  réunitpour  cela  jusqu'en  189  à  ,1'^gion  '^'•;  ensuite, 
sur  l'initiative  de  Philopœmen,  dans  les  diverses  villes 
de  la  Ligue  à  tour  de  rôle  -". 

IL  —  Le  mot  trùvoooc;  sert  aussi  à  désigner,  dans  tout  le 
monde  grec,  bon  nombre  d'associations  privées  ;  en  ce 
sens,  il  se  rencontre,  semble-t-il,  dès  le  iv'' siècle-''  ;  mai.s 
il  ne  devient  courant  qu'à  l'époque  romaine.  Peut-être,  à 
l'origine,  était-il  réservé  de  préférence  aux  sociétés  assez 
restreintes.  En  tout  cas,  à  partir  du  n"  siècle,  la  distinction 
disparait  :  cOvoSo;  devient  exactement  synonyme  de  xoiviv, 
de  OiïToi;,  d"épavoçOU  d'opYEÙive;^' [koino\,  eranos,  orgeônes, 
TiiiASOsJ.  Il  y  a  là,  onlevoit,  une  terminologie  assez  vague  : 
elle  se  complique  encore  du  fait  que  le  terme  (xùvoSo;,  déjà 
employé  à  propos  de  l'association  entière,  s'applique  en 
outre  à  l'assemblée  générale  de  ses  membres,  au  comité 
directeurqui  en  forme  pour  ainsi  dire  le  bureau,  et  même 
parfois  à  un  groupe  détaché  de  l'ensemble^*. 

Il  ne  peut  s'agir  ici  d'énumérer  toutes  les  associations 
qui,  à  notre  connaissance,  portent  le  nom  de  gûvoooi -''. 
iNoLons  seulement  qu'il  s'en  rencontre  à  peu  près  dans 
tous  les  genres.  Les  plus  importantes  sont  les  associa- 
tions religieuses  vouées  au  culte  d'un  dieu  ou  d'un  prince 
divinisé,  et  les  sociéti's  d'acteurs  et  d'auteurs  dramati- 
ques, au  temps  où  les  gens  de  théâtre  se  groupent  sous 
le  nom  pompeu.x  d'artistes  dionysiaques  [dionysiaci  arti- 
fices]. Mais  d'autres  sont  des  corporations  profession- 
nelles de  commerçants  ou  d'artisans  ;  d'autres  s'occupent 
d'assurerune  sépullureà  leurs  membres;  d'autres  réunis- 
sent, dans  une  ville,  les  jeunes  gens,  les  chasseurs,  les 
vieillards,  ou  simplement  les  amateurs  de  joyeuse  vie;  les 

l'imporlancc  des  Ir.^iX;  —  1»  Pol.  XXIII.  7,  3.  —  20  Sans  doute  cette  juxtaposition 
d'une  ?oa)ir„  d'une  »ivoSoi  et  d'une  oj»»'/.r,ii,-,  est  peu  fréquente;  mais  Sparte  n'a- 
t-elle  pas  eu 'pend.inl  assez  longtemps  une  v.oojffîa,  une  ;*i.ûi  Ux^r.aia.  el  nue 
i,i'a«'?  -  21"  Pol.  V,  30,  7;  XI-,  2,  I.  -  22  Pol.  Vlll,  14,  S:  XXVIll,  7,  li. 
—  23  Krancotle,  La  Polis  gre'que,  p.  245,  n.  I  (risunianl  les  conclusions  de  Lipsius 
et  de  Belocb).  —  21  Pol.  V,  1,  7.  -  S5  Liv.  XXXVIII.  30.  -  2»  Isocr.  .Mcocl.  54  : 
il  s'agit  là  de  clubs  politiques  analogues  aux  hélairies.  Je  ne  vois  pas  de  raison 
pour  écarter  cette  inlerprélalion,  comme  le  fait  Poland  (Gesch.  d.  gr.  Vereins- 
wcseiis,  p.  159).  —  2"  Par  exemple,  l'association  tSv  Tuj™-/  'Hfii»Vtiir:.l;ï  iujidjuv 
.a',  yaux'tôei..v,  à  Uélos,  est  .ippïlée  dans  la  même  inscription  81»«oî,  xi.vd«  et  aO.oSo; 
(Inscr.  ■/>•.,  2271.  I.  26,  35  et  4'J);  celle  des  SuT^ip  «ht»;  d'Athènes  se  nomme  tô 
xoivôv  ou  *i  ir-jvo5o;,  tandis  que  Ses  membres  se  qualilieul  d'î.avnTa,',  et  ont  pour 
chef  un  «;zeo«vi»tV,5  {Inscr.  ijr.  11,  52,  630  *)  ;  les  ;;7c.r,vi;  du  Piréc  félicitent  leur 
secrétaire  de  son  zèle  envers  leur  «Jvoio;  {Inscr.  (jr.  II,  5.  IV2,  62»  b);  etc.  Ici 
encore,  je  doute  de  l'exactaudc  des  distinctions  établies  par  l'oland  entre  tous  ces 
mois.  —  2»  e,i//.  corr.  hell.  XXIII.  1699.  p  M  et  s.].  —  23  On  en  trouvera  le  cata- 
logue dans  les  ouvrages  cités  à  la  biblograpliie  ;  la  plus  grande  partie  d'enire  el'es 
ne  nous  sont  connues  que  par  les  inscriptions. 


SYN 


i:i8î)  — 


SYN 


citoyens  d'un  même  pays  vivant  à  l'étranger  peuvent 
former  des  aûvoîoi  ;  et  nous  trouvons  encore,  toujours  sous 
le  même  nom,  des  sociétés  de  savants,  comme  les  hôtes  du 
Musée  d'Alexandrie  ou  certaines  écoles  philosophiques. 
Bref,  le  mot TÙvooo;  parait  pouvoir  s'appliquera  la  plupart 
des  associations  de  l'antiquité  grecque  ;il  répond,  suivant 
les  cas,  à  ce  que  nous  appellerions  aujourd'hui  confrérie, 
corporation,  syndical,  cercle  ou  société  quelconque. 

On  le  pense  bien,  les  statuts  de  ces  TÛv&oot  varient  de 
l'une  à  l'autre.  D'une  façon  générale,  elles  ont  une  orga- 
nisation très  complète,  calquée  sur  celle  de  l'État'. 
S'agit-il  d'abord  d'y  être  admis?  Les  formalités  ne  sont 
guère  moins  compliquées  que  pour  l'obtention  du  droit 
de  cité  :  il  faut  faire  par  écrit  acte  de  candidature,  subir 
une  oox[[iai7i'a,  être  accepté  par  un  vote  des  membres,  par- 
fois prêter  un  serment.  Dès  lors,  on  appartient  à  une 
véritable  république  qui  a  ses  règlements  à  elle  (elle  les 
appelle  vo|ji.&i),  son  administration  centrale,  son  lieu  de 
réunion  (le  plus  souvent  un  temple),  ses  assemblées,  ses 
fonctionnaires,  sa  juridiction,  ses  archives,  ses  finances. 
Suivant  les  temps  et  suivant  les  pays,  l'Étal  exerce  sur 
les  associalions  une  surveillance  plus  ou  moins  étroite  ; 
en  général,  il  se  contente  d'exiger  que  leurs  statuts  spé- 
ciaux ne  heurtent  pas  les  lois  proprement  dites  du  pays. 
Celle  réserve  faite,  la  (tùv&ô&i;  peut  rendre  des  décrets 
rédigés  sur  le  modèle  de  ceux  des  villes,  conférer  des 
distinctions  honorifiques,  les  proclamer  officiellement 
dans  ses  réunions  ;  elle  envoie  même  des  ambassades,  el 
celles-ci  parviennent  parfois  à  intéresser  à  leurs  affaires 
les  gouverneurs  romains  et  jusqu'au  Sénat  de  Kome. 

G.   CoLIM. 

SYi\OIKIA  (Suvoixta).  —  Fêtes  célébrées  à  Athènes, 
en  mémoire  de  la  concorde  établie  par  Thésée  entre  les 
cités  atliques  el  de  leur  réunion  autour  d'un  seul  foyer 
et  d'un  seul  prylanée'.  Ces  fêtes  formaient  une  sorte  de 
prélude  aux  Panathénées  el  avaient  lieu  le  16  du  mois 
d'Ilécalombéon^.  Nous  n'avons  guère  de  renseigne- 
ments sur  les  cérémonies  qu'elles  comportaient.  Nous 
savons  seulement  qu'on  y  faisait  un  sacrifice  à  la  Paix^ 
Le  sacrifice  était  olVert  sans  doute  dans  l'ancien  pryla- 
née, au  nord  de  l'Acropole,  devant  la  statue  d'Eiréné  que 
Pausanias'  y  a  signalée  [i'RYTankion].  Au  témoignage 
d'Aristophane  %  ce  sacrifice  se  faisait  sans  effusion  de 
sang.  Cependant  une  inscription  de  l'an  333  av.  J.-C' 
mentionne  un  sacriiiceà  Eiréné,  qui  doit  être  celui  des 


1  Cf.  la  i'  partie  ilii  mi-nioirc  de  Zicbaitli,  ou  les  ciiap.  ]v  el  v  de  clui  .le  Polaiid. 
BiBr.iuGRAHHiE.  —  l.  M.  Duhois,  Les  ligues  t^tolienne  et  ac/téennc,  p.  113  ;  llollcaux, 
Sur  les  assemblées  onlinaives  de  In  ligue  étolienne  (fini',  corr.  hell.  XXi.V, 
IJiJj. -p.  362);  Busolt,  Griech,  Altertfiiim.  2'  éd.  p.  3.ïG  ;  Lipsius,  Beitrnye  zur 
Gcsch.  griech.  Bnndesverfassungen  (Jter.  Si'ichs.  Gcs.  d.  Wiss.  zu  Lei/izig, 
I8!I8,  p.  143);  Belocli,  Griech.  Oesrh..  III,  2,  p.  181  ;  l'iancollc,  le  Conseil  el 
t' .issemblée  générale  chez  les  Achêens  {Wusèe  belge^  1906  =  la  Polis  grecque, 
1907,  p,  231).  —  II.  Foucarl,  Des  associations  religieuses  chez  tes  Grecs,  l'aris, 
1K73  ;  Zicliartii,  Bas  griech.  Vereinswesen,  dans  les  Pr,-issckviften  gekrônt  und 
herausgegeben  von  der  fûrstlichJablonowskischen  Gesellschaft  zu  Leipziy,XX.\\\\ 
UU6.  (Oii  trouvera  dans  ce  mémoire  la  biljlio<,'raplMe  spéciale  des  diverses  sortes 
d  associations)  ;  Id.,  Zu  den  griech.  Vereininschriften  {/fhein.  Mus,  1900, 
p.  501);  (Eliler,  Zum  griechischeu  Vereinswestn,  Vieuue,  1905  ;  Poland,  <ies- 
chichte  des  griech.  Vereinswesens,  dans  les  Preisschriften  d.  kùnst.  Jahlu- 
nowskischen  Gesellsch.  z.  Leipzig,  XXXVIl,  1909. 

SVNUIKIA.  —  1  Thucyd.,  il,  13;  flot.  Thés.  24.  C'est  par  erreur  que  les  mss. 
nomment  ces  fêtes  Metoiliia  ;  voir  Wilamowilz,  Aus  Kydathen,  p.  1.0,  n.  36. 
—  2  Scol.  Arislopli.  Pax,  v.  1019,  Le  scol.  parle  de  Synoikesia,  mais  c'est  sans 
doute  une  erreur;  cf.  A.  Mommsen,  Fexte,  p.  30.  —  3  Jàid.  —  ''  l'iusau.  I,  18,  3. 
niioi<|ne  Fniisanias  ne  le  disr^  pas,  il  n'est  pas  lém6rairc  de  suppuser  ip.e  la  Paix 
a\ait  nu  autel  au  l'rylanêe,  conmie  llestia.  —  ^  fax,  v.  1019  sq.  —  t^Alichel. 
Jlecueil,  824,  1,  I.  30.  Cf.  Boeckli,  Staatsh.  der  Athencr,  i'  éd.,  Il  p.  1,11.  —  ^  La 
vente  des  peaux  des  victimes  avait  rapporté  cette  aunëe  874  drachmes  (inscript. 


SijnoUdu,  puisqu'il  a  lieu  au  début  de  l'année,  peu 
avant  les  Panathénées,  mais  qui  implique  un  grand 
nombre  de  victimes''.  On  a  supposé,  pour  expliquer 
celle  contradiction,  qu'à  l'ancien  sacrifice  non  sanglant 
des  Sijnoikia,  offert  au  prytaneion,  sans  doute  par 
l'archonte-roi,  on  avait,  lors  de  l'institution  du  culte 
officiel  d'Eiréné  en  371  av.  J.-C,  ajouté  un  sacrifice 
avec  immolation  de  nombreuses  victimes.  Isocrate'  et 
Cornélius  Népos'  nous  apprennent,  en  effet,  que  le  culte 
d'Eiréné  fut  introduit  en  Atlique,  après  les  batailles  de 
Naxos  et  de  Leucade  gagnées  par  Chabrias  et  par  Timo- 
thée,  lors  de  la  paix  qui  suivit.  Il  ne  peut  s'agir  que 
d'un  renouvellement'",  d'après  ce  que  nous  avons  vu. 
La  cérémonie  nouvelle  a  d'ailleurs  un  caractère  très 
différent  de  l'ancienne.  Elle  est  célébrée  par  les  stratè- 
ges", ce  qui  ne  pouvait  pas  être  le  cas  pour  la  vieille 
fêle  traditionnelle  du  prylanée.  Le  sacrifice  sanglant  est 
offert  en  plein  air  près  de  la  Tholos  el  des  images  des 
héros  éponymes'-,  à  l'endroit  même  où  vient  de  s'éri- 
ger une  nouvelle  statue  de  la  Paix  portant  dans  ses 
bras  le  jeune  Ploulos,  el  due  à  l'art  de  Céphisodote '■' 
TpAxl.  Cil.  .Michel. 

SYNTIIESIS  (ilùvOer;:;).  Littéralement  ce  que  l'on  met 
ensemble.  —  On  donna  ce  nom  à  des  objets  que  l'on 
avait  l'habitude  de  réunir  pour  l'usage  que  l'on  en  faisait  : 
telles  les  pièces  qui  composent  un  service'  ;  celles  qui 
sont  assorties  pour  un  costume  ^  Le  nom  est  particulière- 
ment employé  dans  celle  acception  par  les  Romains,  sous 
l'Empire.  La  Hijntkesis  était  pour  eux  un  vêlement  d'inté- 
rieur. La  loge  encombrante  ne  semblait  plus  bonne  que 
pourle  dehors  et  pour  l'apparat  [i'oga];  dans  la  maison  on 
se  contentait  de  la  tunique  el  dans  les  circonstances  oii, 
sans  cesser  de  se  mettre  à  l'aise,  il  fallait  être,  comme  nous 
disons,  plus  habillé,  on  avait  la  sy/i//«esis.  C'est  ainsique 
lesARVALES  l'RATRES,  OU  Ic  voitpar  leurs  acta^ ,  quand  ils 
avaient  accompli  les  cérémonies  du  culte  de  Dea  dia,  se 
débarrassaient  de  la  robe  prétexte  ;  mais  pour  le  repas 
qu'ils  prenaient  en  corps,  ils  avaient  soin  de  revêtir  la 
sijnlkesis.  Ce  vêtement,  ])lus  commode  pourle  long  loisir 
du  souper,  est  ailleurs  nommé  cenatoriuin  ''  ou  accubi- 
toriuinve.^tiineiUum\C'esl,auUnl  qu'on  en  peut  juger 
par  les  textes  el  par  les  monuments  oii  des  repas  sont 
représentés  (fig.  tiO!)")'',  une  robe  [Indunentutn]  qui  se 
mettait  comme  une  tunique  ^  souple  et  fiollante  {sine 
cinctu);  un  palUumesl  étendu  sur  les  jambes. 


citée).  Pour  éviter  la  contradiction,  .M.  G.  liobcrl  (l'rcllor,  Griech.  Mylh.  I,  4'  éd. 
p.  479)  suppose  que,  par  dérogation  a  l'usage,  le  sang  de  ces  victimes  n'était  pas 
répandu  sur  l'autel  et  que  c'est  ainsi  i|u'il  faudrait  comprendre  le  passage  cite 
d'Arislopliane.  —  8  Isocr.  Antidos .,  109  sq.  —  3  Corn.  INcp.  Timoth,  2. 
—  '0  Plut.  Cim.,  13,  nous  apprend  (|ue  déjà  des  fêtes  en  l'Iiouneur  de  la  Paix 
avaient  été  instituées  à  la  lin  des  guerres  Médiques.  —  H  n«pi  (rtsatf.j.;-,  dit 
l'inscription  citée.  Cf.  VVilamowitz,  Aus  Kydathen,  p.  120.  -  12  Pausan.  I.  5.  1  ; 
S.  2.  _  13  Pans.  IX,  16,  2.  Voir  la  statue,  pax,  fig.  5520;  cf.  S.  Reinacli,  ftépert. 
de  la  Htat.,  I,  374,  4  ;  Collignou,  Hist.  de  la  sculpt.  gr..  Il,  p.  180  ;  Kurlwai-nglcr, 
Masterpieces  of  grcek  sculpture,  p.  293  sq.  —  BiDiiuiiiiAi-Hif.  M.  Collignon, 
Annuaire  de  fAss.  des  lit.  gr.,  1882,  p.  106  sq.  ;  Brunn,  Kleine  .Schriften,  II, 
p.  328  sq.;  Schoemann-Lipsius,  Griech.  Attrrl.,  II,  p.  484;  A.  .Mommsen,  Feste 
der  Stadt  Alhen,  p.  35  sq. 

SY.M'IIUSIS.  —  1  sut.  Sylv.  IV,  9,  44;  Mart.  IV,  40,  |.>.  —  2  Digest. 
XXXIV,  2,  38  §  1  ;  Sauniaise,  ad  Vopisc.  Honosus  p.  477,  éd.  Paris,  1640.  —3  Corp. 
insc.  lat.  VI,  2067  lad  ann.  219,  v.  7)  et  2068,  7,  lleuzcn,  Acla  Are.  p.  12, 
15  el  27.  -  *  Mari.  X,  87,  12,  XIV,  135.  —  6  Pelron.  .Sa(.  .30.  —  6  Sujet 
fréquent  sur  les  tombeaux.  Nous  rappellerons  celui  qu'a  déjà  publié  Monl- 
raucon,  Ant.  expliquée.  Suppl.  III,  66;  on  le  retrouve  fort  tard,  dans  les 
pio>i[ices  éloignées;  voy.  Mém.  de  fAcad.  d'Amsterdam  (noire  (ig.  6697) 
t.  VIII,  pi.  11.  Cf.  Allmann,  Bom.  Grahallûre,  p.  190.  —  7  X. :,;.>«.  ;  c'est  par  ce 
mot  que  Uion  Cassius  (LXIll,  13)  traduit  ce  ((ue  Suélouc  (Nero,  51)  appelle 
synthesis,  el  sine  cinctu  par  i><,to; 


SYX 


—   1o90 


SYR 


Le  tissu  el  la  couloiir  '  du  vèlonu-nl  vnriaiont  suivant 
'a  IcmptTalure  -,  ou  suivanl  le  j^oùl,  la  ricliessc  de  la 
personne  qui  le  portait.  La  même  pouvait  en  posséder 
un   grand   nombre  el  en  changer  souvent  pendant  un 


Hep:. 


ftynlhesis. 


-'-J^. 


repas'.  Il  y  en  avait  pour  lus  feinines  comme  pour  les 
hommes';  elles  consliluaient  tout  un  vestiaire". 

Il  paraissait  clioquanl  de  se  montrer  en  public  avec 
la  si/nl/iesis  ;  maison  sortait  ainsi  vêtu  aux  Saturnales  '^, 
Dù  rexhibition  de  la  toge  eût  été  non  moins  inconvenante. 

E.  Saglio. 

SYXTIIÉi;Ô.\  PAB.XBAStÔS  IHKÉ  (AJxr,  (;uv9t.xwv 
-ïçx'j-j.7u<>:.  oixf,  (Tjaoo/.xHov  .  —  Dans  le  droit  altique,  ou 
nomme  ainsi  l'action  générale  qui  est  à  la  disposition  du 
créancier  pour  faire  valoir  les  droits  qui  naissent  à  son 
prolilde  l'inexécution  du  contrat '.Celte  action  appartient 
d'ailleurs  au  créancier  dans  tous  les  cas  oii  il  y  a  violation 
de  la  convention,  et  son  exercice  n'est  nullement  subor- 
donné à  l'exislence  d'un  contrat  écrit.  Les  mots  c:'jv6t|Zt, 
el  (jufiSi/aiov  ont,  en  ell'et,  un  sens  large  el  s'appliquent 
aussi  bien  à  la  convention  même  des  parties  qu'à  l'écrit 
qui  la  constate'-. 

L'emploi  de  la  Sixy,  cjvOf/.wv  -içaoi^soj;  est  très  fréquent 
et  nous  est  signalé  dans  les  sources,  notamment  à  propos 
de  la  constitution  de  dot,  du  louage,  du  prêt,  de  la 
société,  du  si'-questre  el  des  diverses  conventions  qui 
peuvent  intervenir  en  matière  d'hypothèques.  Cette  action 
peut  être  mise  en  mouvtîuient  toutes  les  fois  que  le 
créancier  se  prévaut  dune  violation  directe  ou  indirecte 
des  engagemenls  contractés  par  le  défendeur.  Elle  peut 
concourir  avec  d'autres  naissant  également  au  profil  du 

'  L.i  Mjnthesis  des  Anales  est  lilaiiclie  (t.  p.  1569  noie  3);  on  en  cilc  de  pour- 
prées (['elrou.  3u),  «le  vcrles  (prmina.  Mari.  X,  S9,  ♦)  ou  couleur  de  safran 
(Alhanas.  Il,  p.  4CI);  il  y  en  a  de  loutcs  couleurs  (.Mari.  Il,  46,  4);  celle 
lie  Néron  (Mail  semée  de  lleurs,  i.'iiviv  /..-r.i.,,.  (l)io  Cass.  /.  /.)  —  2  Mari.  X, 
71'.  —  3  JOid.  —  »  Mari.  X,  i9.  4.-5  Toutefois  il  uest  pas  sur  que  les 
ayiithesi!  de  femme  daus  le  telle  cité  note  i,  p.  1589,  comprenant  des  niauleauii 
cl  des  tuniques,  fussent  appareillées  pour  les  repas.  —  6  Mari.  VI  il  ;  XIV, 
I.  el    141. 

SVKTIIKKU.'M  PAHAIIASÉÙS  DIKK.  -  t  l'ollux,  VIII,  31  ;  Meier,  Scbômann  el 
Lipsius.  Oer  allische  P.occss,  p.  S'.'T.  _  2  licauchcl,  Hi^t.  du  dr.  privé  de  la 
Hèpuhl.   Alhi'menni!,    t.  IV,   p.  53.    —  ■<  Meier,   Scliomanu   el    Lipsius,   p.    097. 

—  *  Beauchel.  l.  IV,  p.  4lii  et  416.  —  à  Aesch.  C.  Timarch.,  Illi:!.  —6  V.  en  ce 
sens  Meier,  Scliô.nanii  el  Li|)5iu5,  p.  Îi3  et  634  :  Ilermauu-Tliallieim,  Rechtsal- 
terlnmtr,  p.  lil  ;  lliuig,  0<u  grieschische  PfandreclU,  p.  107  ;  Uarestc,  Plaid, 
civ.  d<  Oémotihénc,  l.  Il,  p.  1  :  Beauchel,  /l,st.  d„  dr.  privé  de  la  Répubt. 
Athén.,   t.  III,  p.    395   sq.    V.  toutefois  su^ra    larticlc  de  Gide,    blasés  diké. 

—  7  Beauchel,  t.  IV,  p.  396  cl  417. 

SVvrHOPlIul.  -  1  Xen.  A«ab.,  I,  9,  3  ;  Cyrop.  I,  i;  ||,  |  ;  E.  Mever, 
GiKhichte  ./e.  Alterihumt.  III,  p.  3(i.  -  i  I.  Belocli,  Griech.  Getcltichtè 
III.  I,  p.  390  ;  E.  H.  Bcvau,  The  house  of  Seileucui,  II.  p.  Js3.  —  3  Suidas  s.  v. 
Mi;iù«(  ni;i«>S;ou;  cf.  la  tradition  <|ui  montre  Alexandre  p.irlageanl  son  empire 
entre  ses    ri.-!fo=«i,    Chronica  Minor.t  (éd.    Fricki,  I,   p.  417  ;    j    JJacc,   Il     G. 


créancier  du  même  lait    iuridi(jue,  comme  en  matière 
de  prêt  '. 

La  compétence,  eu  re  qui  concerne  l'action  (7'jvOf,x(ôv 
Tixzx^ii.'îU'):  doit  varier  suivant  les  circonstances  de  la 
cause,  car  il  s'agit  d'une  action  très  générale  qui,  comme 
l'aclion  fiXior,;  [blaiucs  dikk;  ne  peut,  a  priori,  être  attri- 
buée exclusivement  à  l'hégémonie  spéciale  de  tel  ou  tel 
magistrat.  L'hégémonie  devait  appartenir  aux  divers 
magistrats  compétents  pour  connaître  des  faits  sur  les- 
quels était  fondée  l'action  en  violation  de  la  convention '. 

En  ce  qui  concerne  la  procédure  de  la  Sî'xy,  5i»v6t,xôjv 
7rapa,8i(7£o)î,  on  esl  autorisé  à  conclure  d'un  texte  d'Es- 
chine  'que  la  partie  perdante  est  condamnée  à  l'épobélie 
[epoeélia]  lorsqu'elle  n'obtient  pas  au  moins  la  cin- 
quième partie  des  suffrages. 

On  peut  se  demander  si  le  créancier  ne  peut  point, 
pour  obtenir  la  réparation  à  laquelle  lui  donne  droit  la 
violation  du  contrat,  exercer  une  autre  action,  la  5;xt, 
oXà?r|Ç.  C'est  là  une  question  controversée,  mais  qui  nous 
parait  devoir  être  résolue  aflirmativement  ^.  11  faut 
admettre  d'ailleurs  que  si  l'action  êXiSY,;  est  exercée 
pour  ce  motif,  le  créancier  ne  peut  obtenir  qu'une  con- 
damnation in  id  i/itod  in/ercst,  et  que  la  loi  qui  pro- 
nonce la  condamnation  au  double  en  cas  de  GàiSo; 
=xou<;t'<,v  est  étrangère  à  cette  hypothèse^.     L.  Bevichet. 

SY.\TIU)l»IIOI  ÏJvTpoiO'.i.  —  A  la  cour  de  Perse',  il 
était  d'usage  délever  avec  les  princes  des  enfants  de 
familles  nobles.  La  même  coutume  se  retrouve  à  la  cour 
de  Macédoine  el  dans  les  empires  hellénistiques*. 

L'historien  Marsyas  de  Pella  passe  pour  avoir  été 
c;iJvT|;oi,c.;  d'.Mexandre  ^  ;  le  lils  de  Uoxane  esl  élevé  avec 
d'autres  enfants';  Samos,  lils  de  Chrysogonos,  est  syn- 
trophos  de  Philippe  V  de  Macédoine-'. 

Même  usage  à  la  cour  séleucide  °,  chezles  Lagides  ',àla 
cour  de  Pont  ^  et  particulièrement  à  celle  de  Pergame'. 

Ces  enfants,  privilégii's  parmi  les  ïa^tÀixo';  Traîos;  so.ma- 
TOPnvLAKEs\  recevaient  la  même  éducation  que  les  princes 
et  les  princesses  '"  de  sang  royal  ;  ils  étaient  sans  doute 
plact's  sous  la  direction  du  même  gouverneur  (Tooï.ej;j  "  ; 
plus  tard,  leur  familiarité  avec  le  prince,  encore  plus  que 
leur  naissance,  les  désignaient  pour  les  postes  impor- 
tants et  les  missions  difticiles,  comme  on  le  voit  pour 
Andronicos  à  la  cour  de  Pergame.        L.  Jalabert. 

SVIU.V  l)K.\  ou  Deri  Si/rin,  traduction  de  il'jpi'a  6ôô;  ', 
que  la  prononciation  populaire  corrompit  en  Diaxura  e[ 
inême  en  lasura  -,    est  le  nom  communément  appliqué 

—  *  Diod.  XIX,  5i,  4.  —  ^  l'ol.  V.  9,  4.-6  DiUenherger,  Orientis  graeci  inscr. 
sel.,  *47  ;  Dull.  corr.  fiell..  111,  p.  3('.4  ;  Col.  V.  Si,  8;  .XXXI.  SI,  2:  11.  Hacc,  IX. 
il.— iPol.  XV,  33,  1 1  ;  Lunitiruso,  Recherchcssar  l'Economie  polit,  de  C  Egypte, 
p.  208.  —  8  Ditlenherger,  Op.  cit.,  37i  :  cf.  Strab.  X.  4,  10:  Diltenberger,  373: 
cf.  Plut.  Pomp..  4i  ;  Tb.  Kcinacli,  MithriJate  Eit/ja/or,  p.  :,i  et  J5J  ;  Bevan. 
(/p.  cit..  Il,  p.  J83,  3.-9  Diltenberger,  3i3  {probablement  .\ndronicos:  cf.  App. 
Mithr..  4:  Pol.  XXMI,  iS,  i  [iS,  23]);  331  (Sosandros,  cf.  Pol.  .XXII,  27.  lo 
[i.5,  lOj;  Diltenberger,  315  C.  VI;  334  :  Fraentel,  Inschri/ten  ron  Pergamon,  II. 
p.  504,  D*  176  a.  où  il  faudrait  rétablir,  non  pas  <rj-;-ji^f„  comme  fail  Kraenkel, 
mais  »i.-5o=ov  (Slrack,  /Ifiein.  Miu.,  LV  (1900)  p.  180,  5  ;  cf.  G.  Cardinali,  //  regno 
di  Pergamo,  p.  ÎO",  li  :  .Itittheit'-Àthen.  Abt.,  1904,  p.  174,  n"  16  (cf.  Cardinali, 
Op.  cit.,  p.  207.  1):  Cardinali.  Op.  cit.,  p.  207.  —  10  Pol.  XV,  33,  II.  —  "  A  la 
cour  des  Séleucides,  Dillenbergcr.  250;  Diod.  XXXI,  20,  3;  des  Lagides,  Dilten- 
berger, 14;  Bevan,  Op.  ci(..  II.  p.  283. 
SVIIIA  DEA.  —  '  .Siiria  dea  :  Cor,,,  inscr.  lot.  IX,  6099  ;  Dea  Syria  :  III,  78G4  ; 

VI,  116;  VU,  272,  759;  Gagnai,  Aim.  épigr..  190.=;,  n.  29.  Ùea  Suria:  VI,  399; 

VII,  758.  Lesauieurs  donnent  ùia  Syria  :  Apul.,  Aletam..  VUI,  24,  25  ;  9,  10;  Suel., 
Xero,  56  ;  Florus,  II.  7.  Kn  grec,  sur  les  monnaies  »i.i  £uji«  (cf.  iofra  fig.  6700); 
i,iiii*,  E»Bi'«:  Corp.  inscr.  tir.  7041;  >;  Sjsi>i  «li;  :  Lucian.  ;  «sb;  ÏJîi«  :  Pausan., 
IV,  31.2,  cf.  VII,  20,  7.-2  Ùiusuria,  gen.  Diasiiriaes  :  Ephem.  Epiijr.  IV,  873  : 
dal.  Diaauriae:  Corp.  inscr.  lat..  III.  10393;  ^t■.I■t^,y.ll  :  Zeitschr.  Veutt.  Morg. 
Ges.,  1885,  p.  43.  Oiasyr.a)  :  X,  1554  ;  Oiaiura  :  VI,  1 15  ;  Jasura  dans  Chronica 


SYR 


—  1591   — 


SYR 


en  OccidfiU  à  la  déesse  Alargalis  ou  Dercoln'.  \l/(ir'(tUi 
est  proprement  \'A(t)lar  (ou  AslarU')  femme  du  dieu  Atè-, 
el  l'on  a  voulu  considérer  ce  dernier  comme  l'équivalent 
de  l'AUis  phrygien.  Son  culte  aurait  été  importé  en  Syrie 
parles  Hittites;  ainsi  s'expliqueraient  les  ressemblances 
qu'il  oITre  avec  celui  des  temples  d'Asie  Mineure  ^ 
D'autres  indices  tendraient  à  le  faire  regarder  comme 
d'origine  babylonienne  '•.  Des  inlluences  diverses  s'y  sont 
certainement  déjà  confondues  avant  que  nous  puissions 
l'étudier.  Un  fait  est  certain  :  quoique  le  nom  d'Attar 
soit  une  variante  dialectale  de  celui  d'Astarlé,  el  qu'en 
certains  lieux  les  deux  déesses  aient  pu  être  confondues, 
il  faut  distinguer  la  «  déesse  syrienne  »  Atargatis=  de 
l'Astarlé  phénicienne'''.  A  Ascalon,  dans  le  pays  des 
Philistins,  chacune  d'elles  avait  son  temple  particulier''. 
Atargatis  y  a  probablement  été  introduite  à  une  date 
relativement  tardive,  comme  dans  quel([ues  autres  villes 
de  Palestine  ou  de  Phénicie  où  elle  s'installa  *.  Ce  n'est 
pas  dans  celte  région,  mais  dans  la  Syrie  proprement 
dite,  qu'elle  règne  en  souveraine  avec  son  époux  Iladad. 
A  l'est  du  Liban,  on  les  adore  dans  les  grands  temples 
d'iléliopolis  (Baalbek)',  et  de  Damas'",  et  les  inscrip- 
tions qui  les  mentionnentsont  assez  nombreuses.  Notam- 
ment une  dédicace  à  Atargatis,  pour  le  salut  d'Agrip- 
pa  II  et  de  sa  sœur  Bérénice,  a  été  relevée  à  Qal'at 
Fakra".  La  déesse  avait  des  prêtres  à  Kefr-Ouar'-,  et 
même  h  Palmyre,  elle  est  associée  à  Malachbel  et  à  la 
Tychè  Taïmi  comme  divinité  nationale '^ 

Mais  le  sanctuaire  le 
plus  célèbre  de  la  Dea 
Si/ra,  s'élevait  à  Mam- 
bog  ou  Bambykè,  qui 
pour  ce  motif  fut  appe- 
lée par  Séleucus  Nica- 
tor  Iliérapolis  ".  Déjà 
Ki\-.  06'js.  —  A  lardai  i~.  Ctésias  Connaissait  la 

légende  de  la  déesse 
de  Bambykè  '  '  et,  à  l'époque  d'Alexandre,  le  buste  de 
'Alar'atha  apparaît  sur  les  monnaies  à  légendes  sémi- 
tiques frappées  par  le  dynaste  local  Abd-Hadad 
(lig.  0G98"^.  Sa  tête  est  coiffée  d'une  mitre  richement 
ornée  et  elle  porte  au  cou  un  collier;  les  longues  tresses 
de  sa  chevelure  pendent  symétriquement  sur  ses  épaules  ; 
parfois  le  disque  solaire  et  le  croissant  lunaire  sont 
gravés    dans    le   champ.    Nous   retrouvons  à  peu  près 

minora,  I.  p.  Ii7,  ii,  Monirascn  ;  rf.  Jordan,  Hermès,  VI,  p.  315.  —  1  Atargatis, 
aiirég/^  en  1  ar^atha  par  les  Syriens,  a  donné  en  grec  Atax£T<i.  J'ai  réuni  dans  l'auly- 
Wissowa,  Itealenc.  s.  u.  eL  supplément,  les  formes  diverses  du  nom.  Cf.  Gruppe, 
Griech.  Mythot..  p.  1.Î85.  n.  4.  —  2  Nfildeke,  Xeilschr.  Deuts.  Morij.  tivs-, 
XXIV  (1870),  p.  'ii;  Eli.  Meyer,  Ibid.,  XXXI  (1S77),  p.  730.  —  3  Edouard  iMiycr, 
Gesch.  des  Allerlums,  I.  î.  p.  650  sq.  {i'  éd.).  —  4  Dnssaud,  Notes  de  mytlio- 
lofjie   syrienne,  p.  llSel  pass.  —  î^Terlull.,  Adr.  nat.,  11,8  :  Atarijatin  Syrorum. 

—  I' Kaelligcn,  Beilrilge  zur  Semitisclien  Jleliyionsyeschiclite,  188S,  p.  74; 
Diissaud,  Xolcs,  p.  8i.  —  7  l'rès  de  la  ville,  ii'colédun  grand  élaiisr,  se  trouvail 
le  Ti'iAtvo;  lie  Uerkelo  suivanl  Diodore(ll,  4,  i;  cf.  I.uciau.,  De  dea  S.,  \'t;  Pliilo, 
l'e  frovid..  Il,  «46  M.)  Ce  leniple  élail  distincl  de  l'Ipiiv  Oùoavia;  'AsioSiTr,; 
iiui  pas>uit  pour  le  plus  ancien  fancluaire  d'Astarlé  (Herod.,  I,  lOj  ;  Pausau.,  1, 
1  4  ,li  ;  cf.  Slark,  Oazo,  p.  Î30  sq.  ;  i5S  si|.  el  Uussaud  Aotes,  p.  VU).  Une  dédicace 
lia  Oùpiwi  xai  'ATTàpT,i(  IWha.i'nivTr.i  xoil  'A5&o4iT,)i  Oùoavt'ai  découverte  à  Délos  semble 
identincr  de  niOmc  les  deux  déesses,  cf.  Ciermont  Clanneau,  C  r.  Acad.  Iiiscr., 
l'.iU'.!,  p.  3ns  ;  1910,  p.  412:  Leroux,  Fouilles  de  i'étos,  fasc.  H,  p.  58.  —  «A  Kar- 
nion  (AshlaroCh  Karnaïni)  s'elevail  un  'A-î«si«Tttc,v  suivant  II,  AJocchab.,  12,  26. 
Dans  la  même  région,  on  trouve  Atargatis  à  Namara  (Le  bas-Waddniglon,  2l72i. 
Mais  la  fabulusa  Ceto  adorée  à  Joppe  selon  Pline,  iV.  h.,  V,  OU,  n'est  proliablo 
meut  pas  une  DL-iceto,  mais  nn.î  déesse  poisson  (»iito,-,  cf.  Plin.,  IX,  5;  Hygin. 
Astron.,  Il,  31).  Atargatis  pénétra  à  lialiala  p.ir  la  voie  de  Répliauée,  et  ailleurs 
eu  Pliénicie  ( Unssaud,  Ao/«,  lli;).  —  9  Jlacroli.,  I,  33.  18.  U'Héliopiilis  elle  passe 
dans    la  colonie    rumaiuc  de    Béryte;    cf.  Cagnal,    Année   épiyr.,    Itlûa,   n.    29. 

—  lu  Elym.  Magu.,  s.  v.  a«n«»,i;.  Cf.  luslin.,  XXXVl,  2,  où  il  faut  lire  Atbares 


le    même  type   sur  une    terre   cuite  de   style  archai(|ue 
découverte  à  Hiérapolis  (lig.  titi!»!»  )  ' '.  Mais  on  voit  de 
plus  que  la  déesse,  conservée  jusqu'à  mi-corps,  se  pres- 
sait des   deux  mains  les  seins  pour 
rappeler  sa   fécondité,   un   geste  fré- 
quent dans  la  plastique  orientale. 

Le  vieux  temple  dont  les  légendes 
locales  attribuaient  la  fondation  à  di- 
vers dieux  et  héros'*,  fut  rebâti  peu 
après  l'année  300  par  Slralonice, 
femmede  Séleucus,  en  style  ionique  '^. 
et  passa  dès  lors  pour  le  plus  grand 
et  le  plus  riche  de  la  Syrie  '-".  Ses 
trésors  furent  convoités  par  Antio- 
clius  IV '^',  et  il  fut  mis  au  pillage  par 
Crassus,  dont  la  défaite  parut  une 
punition  de  ce  crime  •'■-.  Mais  la  piété         '  -'» 

des  populations  rendit  bientôt  au 
culte  son  ancien  éclat,  comme  en 
témoignent,  au  commencement  de  l'Empire,  Strabon  et 
Pline '-^  Au  11°  siècle,  Lucien  donne  dans  le  traité  De 
dea  Syra  (c.  28,  30,  ss.),  considéré  parfois  à  tort  comme 
apocryphe,  une  description  du  vaste  sanctuaire,  laquelle 
est  pour  nous  un  précieux  rapport  d'un  témoin  oculaire, 
bien  qu'elle  soit  due  à  un  observateur  superficiel  et  iro- 
nique. Plus  lard,  il  n'est  plus  question  qu'incidemment 
de  la  ville  sainte  d'Alargatis'-'.  Un  fragment  d'Eunape 
sur  une  prêtresse  de  la  Supîa  Osoç  se  rapporte  probable- 
ment au  passage  de  l'empereur  Julien  à  Hiérapolis  en 
363  après  J.-C. '^''.  Nous  ignorons  quand  le  temple  l'ut 
détruit  ou  désall'ecté.  On  n'en  voit  aujourd'hui  à  la 
surface  du  sol  que  des  restes  insignifiants,  mais  l'étang 
sacré,  qui  se  trouvail  à  coté,  subsiste  encore,  large  el 
profond,  alimenté  par  des  sources  vives,  qui  dans  un 
pays  désolé  durent  sans  doute,  dès  les  temps  les  plus 
lointains,  donner  à  ce  lieu  un  caractère  sacré.  Des  fouilles 
pratiquées  à  Membidj  —sous  cette  forme  survit  le  vieux 
nom  sémitique  de  Mambog  ou  Mabbog—  seraient  certai- 
nement très  productives  el  très  instructives'-^*. 

La  renommée  de  ce  temple  d'Hiérapolis  s'étendait  au 
loin.  Non  seulement  les  Syriens,  mais  les  Cappadociens, 
les  Arabes  et  les  Babyloniens  s'y  rendaient  en  pèleri- 
nage -■".  Les  écrivains  syriaques  elle  Talmud  de  Babylone 
parlent  de  Tar'atha  comme  la  déesse  de  Mabbog-*.  C'est 
probablement  de  là  que  le  culte  de  celle-ci  fut  trans- 

pour  Aratins.  a.  PaulyWissowa,  lieaU,ic.,  s.  v.  «  Uamasceuns  ..  ;  Jalahort, 
ilél.  fac.  or.  Heyroiith,  11,  p.  2»3  ;  Uussaud,  Xotes,  p.  100.  —  O  l'uclislein, 
Jabrb.  /nst.,  19Ù2,  p.  49;  cf.  Dussand,  p.  110,  n.  3.  -  12  Fossey.  ««//.  cor,-. 
helL,  XXI,  1897,  p.  60.  —  13  Le  Bas-Waddington,  2588:  Vogué,  Inscri/itions 
sémitiques',  i.  —  !4  liabelon,  fatal.  Bibl.  Nat.  /lois  de  Syrie,  p.  81.  -  '»  Slrab. 
XVI,  4,  27,  p.  785 C;  cf.  in/Va,  P-  HO l,  note  13.—  16  Babelou,  (.'«(a/.  Bi/jl.  Xal .  les 
Perles  Àcbéménides,  pi.  vu.  10,  17,  p.  i.i,  p.  45.  Cf.  Uussaud,  Xotes,  p.  U7, 
n».  24.  La  coilVure  me  parait  être  une  milre,  nou  Iccalalhos.  —  n  Ua|ircs  llogarlb, 
.\tln.  Dritish  school  .iCIiens,  XIV  (l'JO?),  p.  100.  —  <»  Lucien,  Ue  d.  S.,  12  s(|., 
les  appelle  Ucucalion,  Atlis,  Bacchus.  —  I»  Lucian.,  10.  19  sq.,  30  (J<oio..  .r.où;  iv 
■l„.,i>,  ,.!.isoi,<i,)  :  cf.  Ael.,  Nat  an.,  XII.  2.  —  20  Luc,  10  sq.  —  2'  Cranius  Lie. 
p.  9.  éd.  Bonn.  Cf.  cependant  Preller,  /iom.  .Uyllt.,  I|3,  p.  397,  1.  —  -'2  Plut., 
Crass.,  17.  —  ■"  Strab  ,  XVI,  I,  27,  p.  748  C;  Plin.,  H.  n.,  V,  87.  —  "  l.'4jj,i, 
Nïvo;  d'i.nt  parif  Pbilostrate,  Vit.  Apoll.,  I,  19.  est  peut-être  Hiérapolis  ;  cf.  K<\- 
deke',  Hermès,  V,  p.  403.  —  25  Ennap.,  fr.  94  {/■rai/m.  bist.  Or.  IV,  p.  54). 
La  description  que  donne  Macrobe,  I,  17,  UG,  de  la  slatue  d'Apollon  dans  le 
leraplc  d'Hiérapolis  (cf.  Luc,  De  dea  A'.,  35)  est  probablement  tirée  de  Porphyre 
ou  do  Jamblique,  comme  tout  ce  passage,  et  remonte  donc  à  une  époque 
aulérieurc.  -  'if'  Sur  l'histoire  et  les  ruines  de  llenibidj,  cf.  Kitler,  Erdicmde, 
VII  (Zehnter  Teil),  p.  1U31  sq.  :  Sacbau,  Iteisr  in  Nord  Syrien,  1883,  p.  347  ; 
Hogarth,  Amuml  Uritisb  school  Athens,  XIV  (1007),  p.  180  sq.  ;  Cumont, 
Itevue  bist.  religions,  XLII  (I91U),  p.  119  sq.  -  27  Luc,  Ùe  d.  S..  10.  13. 
-■i»  Doctrine  of  Addal,  éd.  Philipps.  p.  24;  Jacqurs  de  Saroug  dans  Zeitscbr. 
Dsut.  Morg.  Ues.  XXIX,  p.  132;  Talomd  Bab.,  Aboda  Zaro.,  Il  b. 


SYR 


—  lo92  - 


SYR 


porte-  au  delà  de  IKiipliraU"  dans  l'Osroène,  où  le 
roi  Abgar  aurait  mis  fin  aux  inutilation.s  cruelles  de  ses 
galles,  et  à  Carrhae  (llarràn)'.  On  signale  même  sa  pré- 
sence à  Nisihis  et  jusqu'à  Besechana  (Begezi  en  Mésopo- 
tamie-.  D'autre  part,  en  Kgyple  une  colonie  hellénique 
avait  établi  depuis  le  m'  siècle  dans  le  Fayoum  un  culte 
en  l'honneur  de  la  déesse  syrienne,  associée  à  «  Aphro- 
dite Bérénice  »  •'. 

De  même  en  Occident  le  culte  de  la  dea  Sijra  s'éten- 
dit jus(|ue  dans  les  contrées  les  plus  lointaines.  La  pro- 
pagation y  fut  favorisée  par  l'existence  d'un  bas  clergé 
nomade,  qui  parcourait  le  pays  en  accomplissant  devant 
une  image  portative  de  la  déesse  ses  cérémonies  rituel- 
les. Un  des  serviteurs  de  celte  <■  maîtresse  »  se  vante 
dans  une  inscription  de  Kefr-Ouar  d'avoir  rapporté  de 
chacune  de  ses  tournées  soixante-dix  sacs  d'offrandes  '. 
Ces  prêtres  mendiants  étendirent  leur  champ  d'opérations 
dans  les  pays  d'outre-mer.  On  connaît  les  descriptions 
peu  édifiantes  que  Lucien  et  Apulée"  nous  ont  laissées 
de  ces  galles  de  mœurs  équivoques  [galli,  p  1438]  qui, 
après  s'être  livrés  à  leurs  exercices  de  derviches  dans 
les  bourgs  ou  les  cours  de  fermes,  faisaient  parmi  les 
assistants  une  fructueuse  collecte  et  savaient  augmenter 
leurs  prolits  par  d'habiles  larcins  ou  en  débitant  pour 
un  prix  modique  des  oracles  familiers.  Ce  tableau  pitto- 
resque, qui  remonte  à  un  roman  de  Lucius  de  Patras,  est 
sans  doute  poussé  au  noir.  En  réalité,  les  prêtres  itiné- 
rants satisfaisaient  les  besoins  de  dévotion  des  nombreux 
esclaves  syriens  dispersés  dans  les  exploitations  agricoles 
et  restés  fidèles  à  leur  grande  déesse  nationale.  Déjà  les 
guerres  contre  Antiochus  le  Grand  avaient  provoqué  le 
transfert  en  Italie  d'une  foule  de  prisonniers  syriens 
(190  av.  J.-C),  et  durant  le  w"  siècle  la  traite  continua  à 
peupler  les  latifundia  de  serfs  de  même  origine  "'.  La 
grande  révolte  servile  qui  désola  la  Sicile  en  134  av.  J. -G  , 
fut  provoquée  par  un  esclave  d'Apamé,  serviteur  d'Atar- 
galis,  qui  simulant  une  fureur  sacrée  appela  ses  com- 
pagnons aux  armes'. 

En  même  temps,  ou  peu  antérieurement,  la  déesse  était 
transportée  par  les  marchands  syriens  dans  les  Cyclades 
el  sur  toutes  les  côtes  de  la  mer  Egée  :  à  Mylasa,  à 
Smyrne,  à  Nisyros,  à  Astypalée*.  Au  Pirée  on  voit  les 
orgéons  de  la  Grande  Mère  partager  depuis  le  u=  siècle 
l'usage  de  leur  temple  avec  les  fidèles  de  r'AcpooS'TYi 
Supîa  ou  Oùpavi'ï',  et  l'on  y  trouve  mentionnée  à  l'épo- 
que impériale  une  prêtresse  Supiaç  ôeoO '".  Pausanias 
signale  des  sanctuaires  de  la  même  déesse  sur  l'Acro- 
pole de  Thuria  en  Messénie  et  sur  la  côte  d'Achaïe 
à  Aégira".  Toutefois,  on  peut  se  demander  s'il  ne 
s'agit    pas    plutôt    ici    de    l'Astarté    phénicienne    que 


1  Bardesane  daos  Curelon,  Si.icil.  Suriac,  p.  iO,  IraJ.  p.  31.  Cf.  Dmal,  Histoire 
tl't'desté,  i89i,  p.  65,  78  ;  Jaci|ucs  du  Saroug  /.  c.  -  2  Nisibis  (Meiizpiiii  : 
Moïse  de  Cliorèiie  dans  Laiiglois,  Hisl.  Arm.,  Il,  p.  94:  cf.  Léroubiia,  /bid.  I, 
p.  3iO  ;  Charax,  Ceogr.  gr.  min..  I,  p.  iVi  (It^v  'A-cf.i^i  à  Bcsccliana).  —  3  OUo, 
Priester  und  Tempet  im  heltenintisi-hen  Aegypten^  I,  p.  172.  —  4  Fosscv,  Buil. 
corr.  Ml..  XXI  (1897),  p.  60  .  cf.  Ileissniann.  Urht  ion  Oaten.  IWS,  p.  73. 
—  5  Luc.  Lucitti,  35  s.|.;  Apul.,  ilaam..  VIII,  H  5<|.  -  C  Cf.  mes  Btliyions 
orientaUi.  i'  éd.,  p.  In6.  -  7  Oioil.  Sic.,  (r.  XXXIV,  i,  5  ;  Flor.,  Il,  7  (III,  19)  : 
Fanniico  furort  simutalo  dam  Syriae  deae  comas  iavlal  (cf.  l.uc. .  De  d.  S.,  liu)  ; 
Til.-Lîv..  Perioch..  LVI.  Un  sodalicium  de  la  dea  Syra  se  trouve  plus  lard  à 
Syracuse  (Kaibel.  Jnscr.  .Sic.  liai.,  9).  —  8  .Mylasa  :  '.ntù,-  As^oSi-r,:  Ejoi«; 
Alhen.  JUitt.  XV,  p.  259.  Stnyriic  :  cf.  DiUenl.ergcr,  .Sijll.l,  5Si;  sur  l'.tplirodile 
E-f«-«»;»i';,  cf.  Creller-Roberl,  Gi:  Mylli..  I.  p.  3so,  ii.  ;  Nisyros  :  Tlilase 
•Aso<.Ji5iMtJ»  ïûjiu-.  x«l  Aib;  Miài/ianTiv,  Allien.  Mitt.  XV,  p.  131.  Aslypalée: 
dc^dicace  'AtiiiiaTtrt-,  Bu//,  corr.  hell..  III,  p.  407.  -  9  Corp.  tnscr.  atl-,  11,  168; 
cf.  136,011  (i,  615  c;  Foucarl,  Associations  religieuses,  p.  68  sq.;  196  sc|.  ;  Maas, 


d'.Vtargatis,  ou  plutôt  il'une  assimilation  des  deux  divi- 
nités '-.  Particulièrement  nombreuses  et  instructives  sont 
les  inscriptions  de  Délos  où,  depuis  la  fin  du  n'  siècle, 
non  seulement  des  gens  d'Hiérapolis  font  des  dédicaces  à 
"  leurs  dieux  nationaux  lladad  et  Alargatis  »,  mais  où 
des  citoyens  Atliéniens  adorent  cette  dernière  sous  le 
nom  de  àyvYi  Oei  'AcppooiTY,,  contribuent  à  orner  son 
temple  et  y  sont  même  revêtus  de  la  prêtrise  ''.  Le 
téménos  des  divinités  syriennes,  voisin  de  celui  des 
divinités  égyptiennes,  a  été  en  partie  déblayé,  mais  nous 
ne  possédons  encore  que  des  indications  provisoires  sur 
ces  fouilles  qui  se  poursuivent  ". 

Esclaves  el  marchands  orientaux  introduisirent  sans 
doute  vers  la  fin  de  la  Hépublique  '^  le  culte  de  la  déesse 
syrienne  à  Rome.  .Néron  eut  un  caprice  dévot  pour 
cette  étrangère,  que  bientôt  il  délaissa  '*.  C'est  probable- 
ment au  règne  de  ce  prince  que  remontent  certaines  ins- 
criptions qu'on  a  reconnues  depuis  longtemps  provenir 
d'un  temple  de  la  dea  Sijra  situé  trans  Tiberim  en 
dehors  de  l'enceinte  du  pntnoerium^' .  Ce  temple  a  été 
retrouvé  par  M.  Paul  Gauckler  sur  le  versant  nord  du 
Janicule  près  du  lucits  Furrinae,  où  coulait  une  source 
sacrée,  et  les  fouilles  qui  y  ont  été  exécutées  durant  ces 
dernières  années  ont  amené  des  découvertes  du  plus 
haut  intérêt'*.  On  y  a  trouvé  les  ruines  de  trois  édifices 
superposés  :  le  premier,  qui  date  sans  doute  du  temps 
de  Néron,  était  un  téménos  à  ciel  ouvert  entourant  une 
humble  chapelle,  et  fait  face  à  un  vivier  où  l'on  pouvait 
nourrir  les  poissons  sacrés.  Au  ii'  siècle  fut  élevé  un 
second  sanctuaire,  semblable  au  premier  par  sa  disposi- 
tion, mais  construit  avec  plus  de  luxe.  Sous  le  règne  de 
Commode  un  Syrien  hellénisé,  Gaïonas,  cisliber  Augits- 
toriim,  l'avait  édifié  ou  tout  au  moins  enrichi  de  ses 
oflfrandes.  Ce  monument  parait  avoir  été  détruit  par  le 
feu.  Au  commencement  du  iv^  siècle,  ou  peut-être  sous 
le  règne  de  Julien,  fut  enfin  bâti  un  troisième  temple, 
dont  le  plan  a  pu  être  très  exactement  relevé.  Il  conti- 
nuait à  s'appeler  temphim  deae  Sijrae  {/asurae),  parce 
que  celle  ci  y  avait  été  la  première  installée".  Toutefois 
déjà  au  II"  siècle  on  adorait  à  côté  d'elle  non  seulement 
son  parèdre  Hadad,  maisd'autres  dieux  syriens  {Jupiter 
Maleciabrudus,  etc.),  tout  comme  à  Hiérapolis.  Puis  au 
iv'  siècle,  le  syncrétisme  régnant  fit  admettre  à  la  fois 
des  images  de  divinités  grecques  comme  Dionysos, 
Hécate,  Hadès,  et  jusqu'à  une  statue  en  basalte  d'un 
Pharaon.  Le  modeste  téménos  de  la  déesse  exotique  était 
devenu  le  lieu  de  rendez-vous  de  tout  le  panthéon  païen. 

Le  culte  de  la  dea  Syra,  dont  nous  pouvons  en  quel- 
que mesure  suivre  l'histoire  à  Rome,  s'établit  aussi  en 
Italie,  non  seulement  dans  les  ports  de  Brindisi  et  de 


Orpheus,  lS95,p.  72  si).  —  lu  Corp.  inscr.  (Ut.,  III,  1289  6,  40.  —  H  Pausan.,  IV, 

31,  2;  Vil,  26.  7.  —  12  Cf.  Corp.  inscr.  ait.,  l  «,  615   c:  Michel,  Hecueil,  546  I. 

32.  —  13  BuU.  corr.  heU.,  VI,  p.  490  s(|. ,  VU,  p.  473;  VIII,  131  s(|.  :  Dillen- 
berger,  SyU.^,  767.  769,  771  ;  cf.  Schoeller,  De  Deti  insulae  reliai,  p.  191  5i|.,  237. 

—  >'•  Cf.  Holleaui,  C.  r.  Acad.  des  Inscr.,  1910,  p.  300.  —  '5  Cf.  Plut  ,  V.  Starii, 
17,  et    mes    Religions    orientales,   2*    éd..    p.   Ii7    sq.  —    '6  Suet..    yero,    50. 

—  n  Corp.  inscr.  lut.,  VI,  115,  116;  cf.  399  (du  marché  des  esclaves',  3U970, 
32  462:  cf.  Mommsen,  Cliron.  minora,  1,  p.  147.  23  :  {ttmplum  /asurae)  el 
Jordan.  Hermès,  VI  (1872),  311  sq.  —  18  Ces  fouilles  cl  leurs  résultais  onl  élé 
exposés  dans  une  monographie  de  MM.  ÎVicolc  et  Uaricr,  Le  sanctuaire  des  dieux 
orientaux  au  Janicule  {.ViH.  h'c.  Franc,  t.  X\1X,  Rome,  1909)  el  dans  une  série 
d'articles  de  51.  Paul  Gauckler,  BuUetlino  communale  di  Borna.  19117,  p.  5  s(|.  Cf. 
Iialsen,  .\liU.  Insl.  Bom.,  XXII,  1907,  p.  225  sq.  ;  C.  r.  Acad.  Jnscr.,  1907, 
p.  135  sq.;  1908,  p.  5l0s(|.  ;  Mélanges  Éc.  Borne,  XXVIII,  1908,  p.  283  sq.  ; 
C.  r.  Acad.  Jnscr.,  1909,  p.  617  sq.  ;  i910,  p.  378  sq.  —  <9  .Uoniaiseu,  Cluun. 
min.,  l.  c. 


SYR 


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SYR 


Pouzzoles,  mais  au  cœur  de  la  péninsule'.  Il  pénétra 
même  dans  les  provinces  :  on  le  trouve  à  Salone,  en  Dal- 
malie,  à  Philippopoli  en  Thrace%  et  les  Iroupes  le  propa- 
gèrent en  Dacie,  en  Pannonie  et  en  Bretagne  jusqu'aux 
confins  septentrionaux  de  l'empire  '. 

Conformément  à  la  conception  que  le  paganisme 
sémitique  se  faisait  des  dieux*,  Atargatis  était  regardée 
comme  l'épouse  d'un  Baal,  adoré  à  C(Mé  d'elle,  qui  por- 
tait le  nom  de  Hadad.  Elle  était  la  maîtresse  (xupia) 
comme  lui  était  le  «  maître  >>  [ba'al],  et  ses  serviteurs 
étaient  conçus  comme  ses  esclaves'.  C'est  pourquoi  en 
Occident  on  unit  souvent  la  dea  Syria  à  un  «  Jupiter  °» 
et  les  Grecs  l'identifient  avec  Héra'.  Au  couple  primi- 
tif on  adjoignit,  au  moins  dans  certains  temples,  un  troi- 
sième membre  pour  former  une  de  ces  triades  qu'afl'ec- 
tionnait  la  théologie  babylonienne,  qui  marque  ici  son 
influence  '.  Ce  fut  le  cas  à  Hiérapolis  comme  à 
Héliopolis  dont  les  trois  divinités,  Hadad,  Atargatis  et 
Simios,  deviennent  dans  les  inscriptions  latines  Jupiter, 
Vénus  et  Mercure'.  .\  l'origine,  le  couple  souverain 
était  regardé  comme  protégeant  spécialement  la  tribu 
ou  la  communauté  qui  l'adorait  :  Atargatis  resta  toujours 
en  Orient  la  patronne  des  villes  (TtoX-oO/o;)  qui  lui  ren- 
daient un  culte,  et  elle  portait  pour  ce  motif  la  couronne 
lourelée '".  On  voyait  en  elle  la  fondatrice  de  la  cité  et 
les  dynastes  locaux  faisaient  sans  doute  remonter  à  elle 
l'origine  de  leur  race".  Elle  passait  pour  avoir  organisé 
la  vie  civile  et  religieuse  en  enseignant  aux  hommes 
la  justice  et  le  culte'-,  et,  plus  généralement,  on  la 
célébrait  comme  la  divinité  bienfaisante  à  qui  l'on 
devait  toutes  les  inventions  utiles".  Elle  était,  d'autre 
part,  comme  épouse  de  Hadad,  une  déesse  de  la  géné- 
ration et  de  la  fécondité".  Dans  les  parvis  du  temple 
d'Hiérapolis  vivaient  en  liberté  des  animaux  de  toute 
espèce,  consacrés  à  la  déesse  de  la  reproduction,  et 
selon  Lucien,  qui  s'étend  sur  ce  sujet  avec  complai- 
sance, le  phallus  jouait  un  rôle  capital  dans  son  culte''. 
On  comprend  dès  lors  sans  peine  que  les  Grecs  aient 
assimilé  la  dea  Syra  à  leur  .\phrodite,  et  les  Latins 
à  Vénus  '*. 

Ce  caractère  d'Atargatis  explique  la  transformation, 
accomplie  de  bonne  heure,  de  l'antique  déesse  tutélaire 
d'une  tribu  en  une  grande  divinité  delà  nature,  dont  les 
théologiens  interprètent  diversement  le  caractère  compli- 

1  Corp.  inscr.  lat.,  IX,  CogS  (Brindisi)  ;  X,  1354  (Pouzioles)  ;  IX,  4IS7  (Aiiii- 
lernuni).  -  2  Salone  :  Corp.  inscr.  lat.  IH,  1961.  Philippopoli  :  lli. 
Rcinach,  lier,  études  grecques,  XV  (lOOÎ),  p.  îî.  _  3  En  Dacie  :  Corp. 
inscr.  lat.,  III,  7S6i,  cf.  950.  En  Panoooie  :  Jbid.,  1039:)  (Ai|uincum)  :  Tem- 
plum  Battis  et  Diasuriae.  En  Bretagne  :  VII,  iïi,  736.  759  =  Biicheler,  Carm. 
epitjr.,  ii  (par  des  olGciers  d'uoe  cohorte  Hamiorum;  cf.  Uoroaszewski,  ftetiyion 
des  rû'm.  Ueeres,  p.  5ii.  Cr.  aussi  Inscr.  Sic.  It.,  i5a3.  —  V  Cf.  mes  Religions 
orientales,  ï'  éd.,  p.  174  sq.  —  5  Kusia  et  S-.Jiio;  dans  l'inscr.  de  Kefr-Ouar 
(BuH.  COÏT.  lielL,  XXI,  1897.  p.  eO).  —6  Corp.  insc.  lat.,  VI,  116  sq.,  399:  lori 
O.  il/,  et  deae  Suriae;  cf.  Luc,  31  el  supra,  s.  v.  jcpiteh,  p.  700.  —  ^  Luc. 
De  d.  S.,  I  sc(.  ;  liul.,  V.  Crass.,  17.  —  8  ftelig.  orient,  p.  183.  Sur  l'influence 
babylonienne  à  Hiérapolis,  cf.  infra,  p.  1594.  —  9  Hiérapolis  ;  Luc,  De  d.  S.,  33  ; 
cf.  Dussaud.  .Voies,  p.  115.  Héliopolis:  Perdrizcl,  Rev.  et.  anciennes,  111(1901), 
p.  358  ;  Dussaud,  .\otes,  p.  i4  ;  Jalabert,  C.  H.  Acad.  inscr.,  1906,  p.  97  s<j.  el  Mél. 
foc. orient.  Beyrouth,  I,  (1900),  p.  175  sq.—  lOLuc.fl.  d.S.,  13  el  32  (sjoTosopii,). 
—  11  Juslin,  XXXVI.  î  (lire  Atliares  pour  JraMis).  Oerkelo,  mère  de  Sémiramis, 
Uiod.,  Il,  4,  3  sq.;  Luc,  De  d.  S.,  14;  Hyg.,  Fab.,  îîZ;  Muaseas,  fr.  3i,  dans  Fr. 
hist.  Gr.,  III,  p.  155.  Cf.  n.  IS.  -  12  Corp.  inscr.  lat.,  VII,  759  =  Bucheler, 
Carm.  epi'jr.,  24  ;  lusti  inventrii,  urbium  conditrix,  ex  quia  muneribus  nosse 
eontigit  deos.  —  13  .Mgid.  Figul.,  p.  1Î6  Swoboda  ;  Plut,  CraM.,  17:  ir.v 
KavTuv  lî;  4v6fù-'^iiï  ào/r,v  kf<xH«,-*  xataScUaTav.  Ceci  est  conforme  au  caractère  des 
dieux  asiatiques  ;  cf.  Relig.  orient,  p.  49,  323,  n.  4.  —  I4  Plut.,  l.  c.  :  ttv 
*?/.»!  "'  ««t?l>»-«  "if"  «;  àr?-"'  »«î«<rx.o7««'  a'.zUv  »al  çii»iv.  Apul.,  .t/e(.,  Vlll, 
25  :  Omniparens ;  Corp.  inscr.  lat.,  VU,  759  :  .Spicifera.  —  15  Luc,  De  d.  S., 
16,  28  s.|.  -  16  Plut.,  (.    c.  :    Plin.,   Bitt.  Nat.,  XXXII,  17;    Luc,  De  d.   S.. 

Vlll. 


que  '".  .\  cause  de  ses  rapports  avec  l'eau  et  avec  les 
poissons  (cf.  p.  1594  ,  quelques-uns  voulurent  recon- 
naître en  elle  le  principe  humide  qui  produit  la  vie  dans 
tout  l'univers".  D'autres  la  considéraient  comme  la 
Terre  nourricière",  et  on  l'identifiait  alors  avec  Rhéa 
ou  la  Cybèle  phrygienne,  la  Grande  Mère  des  dieux-". 
Les  deux  cultes  se  confondirent  parfois"^',  et  peut-être, 
nous  l'avons  dit  (p.  1391),  la  tradition  qui  établissait 
de  vieilles  relations  cultuelles  entre  Hiérapolis  et  l'Asie 
Mineure  repose-l-elle  sur  un  fondement  historique. 
Certains  exégètes  voyaient  en  elle  la  lune  el  l'adoraient 
comme  une  Diane  syrienne".  Mais  celte  assimilation  et 
d'autres  encore-'  ne  sont  jamais  exactes  que  partielle- 
ment, et  les  Grecs  avaient  conscience  qu'aucune  divinité 
de  leur  Olympe  n'avait  un  caractère  aussi  complexe  que 
celui  de  la  déesse  d'Hiérapolis-'. 

Les  images  que  nous  possédons  d'elle  sont  variables 
comme  les  aspects  de  sa  nature  multiforme.  Certaines 
monnaies  impériales  d'Hiérapolis,  datant  du  111*=  siècle, 
nous  montrent  .\targatis,  assise  sur 
un  lion  :  complètement  grécisée,  elle 
est  vêtue  du  chiton  et  du  péplos  et 
porte  sur  la  tête  le  calalhos  (fig. 
6700)  ".  D'autres  monnaies  la  repré- 
sentent comme  Cybèle  :  assise  sur 
un  trône  accosté  de  deux  lions,  elle 
tient  le  sceptre  de  la  main  droite 
et  le  tambourin  de  la  gauche-*.  La 
statue  du  temple,  telle  que  nous  la 
décrit  Lucien^',  se  rapprochait  de  ce  type:  Héra-.\targalis 
s'y  trouvait  à  côté  de  Zeus-Hadad,  la  première  soutenue 
par  des  lions,  le  second  par  des  taureaux,  tous  deux 
dorés^'.  La  déesse  tenait  d'une  main  unsceptreelde  l'au- 
tre un  fuseau,  emblème  du  Destin  ;  elle  avaitla  tête  entou- 
rée de  rayons,  comme  divinité  astrale,  et  surmontée  d'une 
couronne  tourelée,  comme  patronne  de  sa  cité  sainte: 
ses  vêtements  étaient  d'or  et  surchargés  de  joyaux,  et 
elle  portait  la  ceinture  brodée  d'Aphrodite  ;  enfin  sur  sa 
tête  étincelail  une  pierre,  dont  la  nuit  les  feux  illumi- 
naient le  temple.  C'est  à  peu  près  de  même  que  la 
déesse  était  représentée  à  Héliopolis,  autant  que  nous 
pouvons  en  juger  par  la  description  de  Macrobe-%  à 
Néapolis  1  Naplouse),  et  dans  d'autres  temples  de  Syrie  '". 
.Mais   parfois,  par  exemple  à  Gabala,  des  sphinx  sont 

32.  A  llelos,  à^vi;  'Aiço^i-rr.  :  cf.  note  9.  —  17  Le  nom  même  d*'Atartate  ne 
désigne  peut-être  pas  seulement  1'  *Alar  épouse  d'  'Aie.  mais  celle  qui  a  absorbé  le 
dieu  adoré  d"abord  à  côté  d'elle  cl  est  devenue  ainsi  une  dirinité  universelle 
(Bâlhgen,  Beilrâge  :ur  .Semit.  Jleligionsgtscb..  p.  73).  —  18  Plut.,  Cross.,  17 
et  Symp.  Probl.,  Vlll,  8,  p.  730  E;  Cornut.,  .V«(.  rfeor.,  6.  —  "  Jlacrob., 
Sut.,  I,  23,  18  sq.  —  20  Kbéa  :  Luc,  De  d.  S.,  32;  Cornut.,  Aal.  deor.,6; 
Euscb.  l'raep.  erang.,  VI,  10,  42,  où  Tar  'atha  est  traduit  par  'Pia:  cf.  Corp. 
inscr.  sem.,  I,  17",  el  Etym.  magn.,  s.  v. '.4,i;»«.  Cybèle:  Bull.  corr.  r.ell.,  VI, 
p.  502  =  Dillcnbcrger,  Sijll.^,  771  :  Mr,Ti.i  |Kl^iX■r„  Ibid.,  p.  300  :  Mr.f/.  ti~-,  : 
Corp.  inscr.  lat.,  VII,  759  :  .Mater  dicum;  VI,  30970:  Mater  deorum  et  .Mater 
Syriae;  Apul..  Alet.,  IX,  10:  deum  Mater  soror  deae  Syrine.  Comparer  la 
figure  6700.  Au  Pirée.  cf.  p.  1392,  n.  9  ;  à  Brundusium,  Corp.  inscr.  lat..  IX, 
4137  :  Sacerdos  Matris  magnae  et  Suriae  deae  et  sacrorum  Jsidis.  Cf.  Ditten- 
berger,  Syll.'^.  771  ;  ««TosfsoTaYiia  'Oott'fiSo;.  —  21  Luc,  De  d.  5.  15.  -  22  Diane: 
Luc,  De  d.  S..  32;  Corp.  inscr.  lat.  IX.  4137:  Diana  Syra;  Granius  Licin.,  p.  9. 
Cf.  iufra  la  figure  0701  avec  le  croissant.  —  23  Corp.  inscr.  lat.  VII,  759  :  Pax. 
Virtus.  Ceres.  —  2'  Luc,  De  dea  S.,  32;  Plut..  Crassus,  17.  —  25  VVrolh,  Greek 
coins  Br.  Mus.  Gnlatia  Syria,  pi.  inu,  13  (Caracalla);  p.  145  (Philippe;; 
cf.  Dussaud,  ;Vo/es,  p.  97.  —  26  Wroth,  Op.  cit..  pi.  x'ii.  14  et  17.  Cf.  Uussaud. 
Ibid.  —  27  Luc,  De  dea  S.,  31-32.  —  2»  Sur  le  sens  de  ces  animaui  voir  Dussaud,. 
A'otes.  p.  181  sq.  —  29  Macrob.,  I.  23,  18  :  Simulacrum  Adad  insigne  cerniiur 
rndiis  inclinatis...  Adargatis  simulacrum  sursum  rersum  reclinatis  radiis 
insigne  est...  sub  eodem  simulacro  spccies  leonum  sunt.  La  source  de  ce  passage 
est  Jarablique  de  Chalcis  ou  Porphyre  (Rcinliardt,  De  Graecorum  theologia,  1910, 
p.  101).  —  30  Dussaud,  Notes,  p.  loO  sq. 

200 


SYR 


—   lo9i 


SYIl 


substitués  aux  lions'.  Au  contraire,  à  Ascalon,  Derce'.o 
était  adorée  sous  la  forme  dune  femme  à  queue  de 
poisson,  sans  doute  par  suite  d'une  idenlilication  avec 
quelque  déesse  marine-. 

C'est  du  premier  type,  où  se  combinent  des  éléments 
grecs  et  orientaux,  que  se  rapprochent  les  images  de  la 


I  II-.  f.7iil.  —  Aulcl  Jii  Mi.sée  du  CapiUili-. 

dea  Si/ria  sculptées  en  Occident,  comme  le  montre  un 
bas-relief  du  musée  du  Capilole  (fig.  6701)'.  La  déesse 
y  siège  toujours  entre  des  lions  —  à  Délos  son  trône 
était  doré';  —  mais  elle  tenait  de  la  main  gauche  le 
miroir  d'Aphrodite  et  de  la  droite  une  grenade,  ce  semble, 
symbole  de  la  fécondité,  ou  peut-être  un  fuseau  garni  de 
lin,  comme  à  Hiérapolis.  Sa  coiffure  étrange  est  formée 
d'une  sorte  de  mitre  triangulaire  où  (les  trous  de  scelle- 
ment l'indiquent)  des  ornements  étaient  fixés  et  qui  est 
munie  de  deux  côtés  de  sortes  de  fanons  et  surmontée 
du  croissant  lunaire.  Sur  un  autre  monument  romain, 

'  Ibid.,  p.  I»3.  Comparer  Ki  slaluc  de  Baaibek  publiée  par  S.  Reinacli,  Het. 
archéol.,  1902,  I,  p.  19-33.  =  ttèp.  de  Ut  Stttl.  III,  {i\  9—2  Luc.  De  d.  S., 
\i.  Cf.  Diod..  II.  ♦,  î:  Oiid.,  Met.,  IV,  46;  V,  331.  Cf.  Dussaud,  Xoles, 
p.  99.  —  3  .Nous  devons  une  pholo^aphie  de  ce  monument  curieui  à  M.  Haui 
tiauckler,  rjue  nous  remercions  sincèrement  de  nous  avoir  autorisé  à  le  repro- 
duire ici.  Cor/,,  inscr.  lat.  VI,  115,  cf.  116  sq.,  30  970.  —  ^  DuH.  corr. 
helt.,  VI.  p.  V-'*  :  litùtvii*  Ti»  Ibok»*  -ri;;  Sîâ;.  Cf.  aussi  Corp.  inscr.  tat.^  X, 
1Ô5V  :  leonloiama.  —  5  Corp.  ituûr.  lai.  VI,  il3.  Ce  monument,  qui 
provient  probablement  du  temple  du  Janicule,  est  reproduit  par  Gauckler,  Bail, 
areh.  communale,  1907,  p.  27,  lig.  5;  .^meluag.  Dte  Sculpt.  des  Iode. 
3/useiimt,  I,  p.  279  et  pi.  ixx.  n»  133.  —  6  Cf.  tlelijions  orientales,  î'  éd.. 
p.  183  si|.  —  7  Luc  ,  De  dea  S.,  Ui:  f,i,  Si  „  Xtiié«.«;  ,«1  Mo.jiu....  y(,f',  f,„ 
iîjïito..  Cf.  Eralosth..  Caiasl.,  '.';  Schol.  Uermanic,  63,  éd.  Breysig  :  Virginem 
diciinl  atii  Arlargalin,  alii  Fortunam:  cf  I3.î.  lnvo>|uée  i  côté  de  Tvchè  : 
Corp.  inser.  Sem.,  3.  Ainsi  s'explique  l'étymologic  transmise  par  Simplicius  (/n 
Arial.  physic,  IV,  6»l,  39,  Oiels)  :  -.i,,  Sjs;..,,  '.v,»,,..-,- i<  -isov  (,l,  .  .i.»;,:., 
c'est  â-dire  •  Alliar  Gadé  ■  •>  lieu  des  Fortunes  •  ;  sur  l'emploi  du  pluriel,  cf. 
l'ayne  .^roith.  Thés.  Syriac,  I.  619:  .Vildeke  dans  Hastings.  Diction,  of  Reliy., 
1.  661  (Manavvâl).  —  »  Apul.,  Met.,  VIII,  i5  :  Omnipoleiis  et  omniparens 
dea  Syria;  B'jU.  corr.  hell.,  VI,  p.  30i  =  Dillenberger.  Syll.i,  771  :  -f 
riYt»v  ïç.ioio,..  tf.  Macrob.,  I,  S3,  18.  —  »  Corp.  inscr.  lat.  VII,  759.  Ces  vers 
que    Biicheler    lui. même  n'a  pas    compris    (Carm.   epigr.,    n^    ue   peuvent   être 


au-dessus  d'une  colonne  portant  une  dédicace  au  Jupiter 
Héliopolitain,  elle  est  représentée  debout,  toujours  entre 
ses  deux  lions,  coilTée  du  calathos,  tenant  de  la  main 
gauche  une  corne  d'abondance  et  posant  la  droite  sur 
un  gouvernail  '",  c'esl-à-dire  qu'on  lui  prête  les  attributs 
distinctifs  de  Tychè. 

Ce  rapprochement  avec  la  divinité  du  Destin  se  pro- 
duisit sous  l'action  de  l'astrologie  babylonienne,  qui 
transforma  peu  à  peu  tout  le  paganisme  syrien*.  L'an- 
tique Baalat  sémitique  ne  devint  pas  seulement  une  divi- 
nité lunaire,  comme  le  montre  le  croissant,  ou  stellaire, 
comme  l'indiquent  les  rayons  qui  entourent  sa  tète,  elle 
fut  regardée  comme  la  Fatalité  souveraine  qui  gou- 
verne toutes  choses',  comme  la  cause  «  toute  puissante, 
et  toute  féconde  »  qui  produit  les  phénomènes  de  l'uni- 
vers, où  elle  éveille  la  vie*.  Dans  un  poème  curieux  qu'un 
officier  syrien  composa  en  Bretagne  en  l'honneur  de  sa 
déesse  nationale,  elle  est  célébrée  à  la  fois  comme  la 
Caelestis  punique,  la  Mère  des  dieux,  la  Paix,  la  Vertu  et 
Cérès,  et  de  plus,  conformément  à  de  très  vieilles  idées 
astrologiques,  cette  Vénus  devient  l'Épi  de  la  Vierge,  le 
signe  zodiacal  voisin  du  Lion,  son  animal  sacré'. 

L'infiuence  de  ces  doctrines  «  chaldéennes»,qui  durent 
pénétrer  de  bonne  heure  à  Hiérapolis  '",  se  manifeste 
aussi  dans  les  légendes  qu'on  racontait  de  la  déesse 
syrienne  ".  Nigidius  Figulus  rapporte  d'après  une  source 
inconnue  '-  que  des  poissons  ayant  trouvé  dans  l'Euphrate 
un  œuf  d'une  grandeur  merveilleuse,  l'auraient  déposé 
sur  la  rive  où,  couvé  par  des  colombes,  il  aurait  donné 
naissance  à  ]adea  Siji'ia  :  plus  tard,  la  déesse  reconnais- 
sante aurait  obtenu  de  Jupiter  que  les  poissons  fussent 
placés  dans  le  zodiaque.  Ovorinn  pfogenies  dii  Syri, 
dit  Arnobe,  et  peut-être  les  œufs  retrouvés  près  d'une 
statue  entourée  d'un  serpent  dans  le  temple  du  Janicule 
rappellent-ils  celte  croyance '\  Suivant  une  autre  tradi- 
tion qui  remonte  à  Ctésias  ",  .\targalis  serait  tombée 
dans  l'étang  de  Bambykè  et  aurait  été  sauvée  par  les 
poissons,  qui  auraient  ensuite  été  transportés  au  ciel. 
D'après  une  troisième  version,  évidemment  remaniée, 
la  déesse  se  serait  jetée  dans  l'Euphrate  avec  son  fils 
Cupidon  pour  échapper  à  Typhon;  tous  deux  s'y  se- 
raient changés  en  poissons,  singulier  mélange  des  my- 
thologies  grecque,  syrienne  et  égyptienne  '\  A  Asca- 
lon  avait  cours  une  autre  légende  encore"".  Accablée 
de  honte  après  une  faute  commise  avec  un  jeune  Syrien, 
la  déesse  se  serait  jetée  dans  l'étang  sacré  et  aurait  été 

expliqués  que  p;ir  les  théories  astrologiques.  Ishlar  se  manifeslait  à  la  fois  dans 
Vénus,  la  plus  brillante  des  planètes,  et  dans  l'Épi  de  la  Vierge,  la  plus  brillaute 
des  étoiles  voisines  de  l'écliptique  ;  voir  Kugler,  Sternkunde  und  .Stemdienst, 
II,  p.  83  sq.,  et  Im  Bai.nkreis  Babels.  1910.  p.  123:  cf.  aussi  Boll,  Sphaera, 
p.  480.  Les  mots  Lance  iura  pensilans  rappellent  que  la  Vierge  céleste  est  sou- 
vent figurée  portant  une  balance.  —  '<>  Les  plus  anciennes  monnaies  portent  déjà 
les  signes  du  soleil  et  de  la  lune  (supra,  p.  1391).  Dans  Mélilon  de  Sardes  (Cor/i. 
apoloy.,  I.\,  p.  426)  .Nébo  et  Zardusbt  [Zaralliustra,  qui  est  identiljé  avec  le 
dieu  Hadraii,  sont  mentionnés  comme  recevant  un  culte  à  Mabbog.  —  '•  Ces  mytlics 
ont  été  étudiés  en  détail  par  Roberlson  Smilb,  English  nistorical  reoietc,  il  (1887), 
p.  303  s>|.  —  12  Schol.  Gerinan.,  81.  145,  éd.  Brevsig  ;  Ampel.,  Il,  12;  Hvgin. 
Faà.  197.  Cf.  Aigidii  rel-,  éd.  Swoboda,  p.  120.  —  '3  Arnob  ,  I,  36.  Cf.  Gauckler, 
La  nalicilé  dAtargalis  (C.  /I.  Acad.  Inscr.,  1910,  p.  424).  Autre  evplicalion 
dans  Nicole  et  Dirier,  op.  cit.,  p.  61.  -  H  Eratoslh..  Catast.  3«,  128  sq..  éd. 
Robert  ;  Schol.  Gcrman.,  176,  éd.  Breysig  où  il  faut  lire  Bamhyce  pour  hoec- 
mice;  Tlieon.,  Schol.  in  Arat.,  239,  p,  282  Buhle:  Hygin.,  .Kstron.  Il,  41: 
Athenag.,  leg.  ad  chr.,  156;  Anonym.  dans  Weslermann,  Paradoxogr.,  213. 
—  15  Hygin.,  .4s(ron.,  Il,  30;  Ovid..  Fast..  11.  460:  Manilius,  II,  397  sq.  La 
source  sérail  un  certain  Diogène  d'Érytlirée  :  cf.  Mûlier,  Script.  Alexandri 
Magni,  p.  134  note.  —  t^  Celle  légende,  déjà  connue  de  .Xanthos  le  Lydien 
{Fragm.  hist.  graec.  I,  38).  est  racontée  aussi  par  Diodore,  II,  4,  3.  CS.  Ovid., 
Met.,  IV,  46;  V,   331;  Tretics,  Chil..  IX,  302. 


SYR 


139r 


SYR 


métamorphosée  en  poisson  ;  la  fille  née  de  cet  amour 
coupable,  Sémiramis,  aurait  été  nourrie  par  des 
colombes.  Tous  ces  mythes,  selon  la  remarque  de  Robert- 
son  Smith,  ont  un  caractère  étiologique  et  veulent 
expliquer  le  fail,  souvent  signalé^  que  les  Syriens  ne 
mangeaient  pas  de  poissons  et  tenaient  la  colombe  pour 
sacrée  :  c'est  ainsi  que  finit  d'ordinaire  le  récit.  «  De 
tous  les  oiseau.x,  dit  Lucien  ^,  la  colombe  est  le 
plus  saint  pour  les  gens  d'Hiérapolis  :  ceux-ci  ne  se 
croient  pas  permis  d'y  toucher,  et  s'ils  en  touchent  une 
involontairement,  ils  sont  impurs  durantcette  journée  ». 
La  colombe  appartenait  à  la  déesse  de  l'amour,  dont  elle 
est  restée  le  symbole,  et  elle  était  nourrie  dans  les 
sanctuaires  d'Astarté  comme  dans  ceux  d'Atargalis'.  Les 
poissons,  au  contraire,  étaient  propres  à  celle-ci.  Ils 
étaient  nourris  dans  des  viviers  à  proximité  des  temples'* 
et  personne  ne  pouvait  ni  les  pécher  ni  les  manger^, 
car  la  déesse  punissait  le  sacrilège  en  couvrani  son 
corps  d'ulcères  et  de  tumeurs''.  Mais  dans  certains  repas 
mystiques  les  prêtres  consommaient  cette  nourriture 
prohibée  et  croyaient  ainsi  s'unir  à  la  divinité  elle- 
même''.  Cette  vénération  et  ces  usages  répandus  dans 
toute  la  Syrie,  et  qui  n'y  ont  pas  complètement  disparu 
de  nos  jours*,  ont  probablement  inspiré  à  l'époque  chré- 
tienne le  symbolisme  de  Vlchtliijs'' 

Nous  dépasserions  les  limites  assignées  à  cet  article, 
si  nous  voulions  nous  étendre  sur  les  autres  prati- 
ques et  cérémonies  décrites  par  Lucien  dans  son  livre 
sur  la  déesse  Syrienne.  Un  commentaire  de  ce  curieux 
traité  nécessiterait  un  exposé  détaillé  de  la  théologie  et 
du  rituel  sémitiques.  La  grande  fête  du  printemps,  que 
marquait  un  sacrifice  solennel  (c.  -49),  se  rencontre  sous 
des  formes  diverses  dans  tout  l'Orient;  les  solennités 
qu'on  allait  célébrer  sur  le  bord  de  la  mer  (c.  48), 
rappellent  celles  de  Maiouinas  que  les  Romains  accom- 
plissaient à  Ostie  '°.  Le  sacrifice  de  la  chevelure  (c.  60;, 
comme  le  rite  qui  obligeait  à  revêtir  la  peau  d'une 
victime  immolée  c.  33)  pour  s'identifier  avec  elle,  se 
retrouvent  fréquemment  chez  les  Sémites  ".On  pourrait 
multiplier  ces  rapprochements.  Nous  nous  contenterons 
de  noter  que  les  prostitutions  sacrées,  qui  sont  tradi- 
tionnelles dans  le  culte  phénicien  et  punique  d'Astarté, 
ne  se  rencontrent  nulle  part  dans  celui  de  la  déesse 
Syrienne  '^,  mais  que  par  contre  ici  régnait  l'usage  de 
s'émasculer  en  l'honneur  de  la  déesse  ".  Ce  rite  cruel 
fut    probablement,    comme    l'affirme    Lucien    (c.    13), 

1  F'oissons  :  Xenoph.  Anab.y  I,  4,  sq.  :  Cic,  Nat.  rf.,  111,  39  ;  Plut.,  Si/mp.  probL, 
VIII,  8,  p  T30  D;ClcmensAlei. ,CoA.,  iâ  ;  cf.  Pofpli.,Z)e  aisim.,  IV,  7.  Colombes: 
XeDoph.,  /.  c.  ;  Sexlus  Emp.,  Byp.,  III,  223;  Clenieiis,  l.  c.  Cf.  Hehn,  Cultur- 
p/f<in:en6  p.33li.  —i  DeileaS.,  li  ;  cf.  34  ;  Jup.  Irag.,  ii:  Diod.  11,4,  6:  Cornulus, 
A',  rf.,  6,  Cf.  Baudissin,  Slud.  -»r  sem.  Beiii/ionsg.,  Il,  p.  170.  —  3  A  Ascalon  : 
Pliilon.  De  provid..  Il,  1U7  (H,  6 16  11.)  ;  cf.  Tibull.  1,  7.  Au  moiU  Eryx  en  Sicile  :  Ael., 
Aa(.  An..  IV,  2,  etc.  —  '  A  Ascalon  :  Diod.,  Il,  4,  2;  Luc,  De  d.  S.  14  ;  à 
Hiérapolis  ;  l.uc,  Ib..  43;  Ael.,  Hist.  an..  XII,  2;  Plin.,  U.N.,  111,  17;  à  Èdcsse  : 
Duval,  Hisl.  d'Édesse.  p.  65,  78.  Cf.  Charax,  Geogr.  Gr.  Min.,  I,  p.  239,  avec  la 
noie  de  JlûUei- ;  à  Rome,  Gauckler,  C.  R.  Acad.  Inscr.,  1910,  p.  3S0  sq.  ; 
cf.  Baudissin,  Sludien,  11,  p.  I6.i  sq.  —  5  Ditlenbergei-,  Syl!.'2,  384  ;  Alhen.,  Vlll, 
310  C;  Anlhol.  Pal.  VI,  24;  Arlemid.,  Oneirocr.,  1,  18  [qui  écrit  'A^tiativ  pour 
'Arào|aTi-.].  —  "^  Les  auteurs  anciens  font  souvent  allusion  à  cette  superstition  des 
Syriens.  Les  textes  ont dcijà  été  réunis  par  Selden,  Dédis  Sijris,  II,  C.  3,  p.  268  sq., 
éd.  de  1072.  —^  Muas.  Patar.,  fr.  3Î  {Fragm.  hist.  Gr.,  111,  p.  153);  Diog. 
Laerl.,  VIII,  34;  cf.  Dillenberger,  (.  c  ,  H  infra,  p.  1306,  n.  2.  —  8  Cf.  mes  Reli- 
gions orientales,  i'  éd.,  p  337,  n.  30.  —  9  Usener,  Sint/lutsaf/en,  1899,  p.  223  sq. 
Cf.  5.  Kcinacli,  Cultes,  Mythes,  111,  1908,  p.  43  sq.  —  10  Lydus,  Demensib..  IV, 
80  ip.  133,  Wiinsch).  Cf.  Drexicr  dans  Rosclicr,  Leiikon,  s.  v.  ■■  Maiumas  ».  Voyez 
aussi  Is.  Lévy,  Cultes  syriens  dans  le  Talmud  {Revue  Études  juives,  XLUlj,  1901, 
p.  13.  —  'iRobertsonSmitli,  Religion  of  the  Sémites,  î'  éd.  p.  436  sc|.  —  i^Eusub., 
Praep.erany..  IV,  10,  22,  confond  probablement  llc-liopolis  et  Apbaca,  où  les  pros- 


importé  à  Hiérapolis  d'Asie  Mineure,  car  les  galles  sont 
communs  au  culte  de  la  f/ca  Siji-a  et  à  celui  de  la  Grande 
Mère  et  absolument  semblables  dans  l'un  et  dans  l'autre 
[galli,  p.  1438].  Autrefois  on  admettait  généralement 
que  l'origine  de  ces  castrations  sacrées  devait  être  cher- 
chée chez  les  Sémites  et  que  ceux-ci  les  auraient  intro- 
duites en  Phrygie  ",  mais  l'opinion  contraire,  conforme 
à  la  tradition  antique,  est  beaucoup  plus  probable  si, 
comme  on  l'admet  aujourd'hui,  les  cultes  du  nord  de 
la  Syrie  ont  fortement  subi  l'influence  des  Hittites''. 

Nous    savons    que    ces    galles    servaient    la    déesse 
Syrienne  en  Occident  comme  en   Orient,  mais,  sauf  ce 
point,  nous  ignorons  à  peu  près  complètement  comment 
ce  culte  exotique  fut  organisé  dans  les  t/iiases  grecs  et 
les  sodalicia  romains '*.    Les  fouilles  du  Janicule  ont 
prouvé  que  la  liturgie  des  dieux  syriens  était,  comme  on 
pouvait  s'y  attendre,  restée  conforme  en  Italie  à  celle  de 
leur  pays  d'origine".  La  découverte  au  fond  de  l'abside 
du  temple,  dans  une  cavité  rectangulaire  ménagée  sous 
la  statue   divine,  d'une  calotte  crânienne,  semble  bien 
prouver  la  persistance  du  vieux  rituel  de  fondation  qui 
faisait  enterrer  des  victimes  humaines  sous  les  murail- 
les  des  constructions   nouvelles"*.  .\    la  vérité,   il  est 
fort  invraisemblable  qu'on  ait  pratiqué  encore  dans  la 
Rome   impériale   ces  immolations  abominables,   inter- 
dites  par   Hadrien  sur    toute    l'étendue  de  l'empire '^ 
mais  un  simulacre  peut  avoir  remplacé  l'ancien   sacri- 
fice et  le  crâne   d'un   mort  avoir    été  substitué    à   la 
victime.    Plus    énigmatique    encore   est  la    découverte 
d'un  dépôt  de   consécration,  qui    était   caché   dans  un 
autel  ou  soubassemment  triangulaire,  situé  au  centre 
d'une  chapelle  octogonale  qui    paraît  avoir   servi  aux 
initiations.  On  y  trouva  cachée  une  statuette  de  bronze, 
étroitement  engainée,   entourée  sept  fois  par  les  replis 
d'un  serpent  dont  la  tête  vient  se  placer  sur   le  crâne 
de  l'idole.  Entre  les  circonvolutions  du  reptile,  sept  œufs 
de  poule  avaient  été  déposés  sur  le  corps  -°.  Est-ce  une 
figure  masculine  semblable  au  »  Kronos  »  ou  «  Éon  »,  qui 
dans  les    mystères   de   Mithra    personnifiait   le   Temps 
principe  de  toutes  choses  [mitura,  fig.  3090]  ?  Faut-il  au 
contraire  la  rapprocher  des  statues  féminines  «  ceintes 
de   l'enroulement    sinueux   d'un    dragon  »   qui,    selon 
.Macrobe'^',  étaient  placées  dans  le  temple  d'Hiérapolis. 
Les  œufs  rappellent-ils  la  naissance  d'Atargatis  et  en 
général  celle  des  dieux  syriens  (cf.  p.  1594)?  Ou  sont- 
ils  simplement   un  symbole  de  fécondité  et  de  résur- 

titutions  sacrées  se  maintinrent  jusqu'à  l'époque  de  Constantin  (Euseb.,  Vit. 
Const.,  111,  53)  ;  Sozom.  11,  3;  cf.  Mûllcr,  Geogr.  Min.,  Il,  318..  30.  —  13  Luc. 
De  d.  S..  15,  27,  50  sq.  En  Occident  :  Corp.  inscr.  lai.  VI,  32162  : 
Galtus  Diasyriues;L\iQ.,Lucius,3i;Aptil.,.Vet.,  VIII,  26  sq.  —  liCf.  Hcpding, 
Altis,  1903,  p.  102,  178.  —  13  Ed.  Meyer,  Gesch.  des  .iltertums,  |2,  p.  051; 
cf.  Kau,  De  loris  Doticheni  cuitu,  1901,  p.  2  sq.  A  la  vérité,  on  a  voulu 
retrouver  la  castration  rituelle  à  Babylone  (Lagrange,  Etudes  sur  les  relif/ions 
sémit.,  2«  édit.,  p.  241)  et  chez  d'autres  Sémites  (Hcpding,  p.  101.  n.  C).  Sur  les 
diverses  explications  qui  ont  été  proposées  de  cette  pratique  religieuse,  cf.  Pauly- 
VVissona,  Realencycl.,  s.  v.  »  Liallus  »,  §  111.  —  10  A  Uélos,  on  trouve  un  prêtre 
élu  cliaque  année,  x.iooio.ïiO.'t;  Uotii;  {Bull.  corr.  hell.,  VI,  489  sc|.,  493;  cf.  Athen. 
Mitl.,  XV,  p.  239)  et  un  Çixofo;  également  annuel  {Bull.  corr.  hell.,  Jbid.  497  Sfj.i. 
En  llalie,  un  sacerdos  {Corp.  inscr.  lat.  X,  6099  ;  cf.  Inscr.  Sic.  il.,  9)  et  des 
praesidenles,  ii;05T«Tai,  du  collège  {Ibid.).  —  "  Cf.  Macrob.,  I,  23,  §  Il  :  ili(u 
.issyrio.  Sur  la  persistance  des  rituels  orientaux  en  Occident,  cf.  mes  Mon.  miist. 
Mitnra,  I,  p.  314.  —  18  Gauckler,  C.  r.  .icad.  Inscr.,  1908,  p.  59  sq.;  1910, 
p.  380  sq.  ;  Dussaud,  Revue  hist.  retig.,  1908,  p.  330  sq.  Cf.  Uuaues  Vincent. 
Canaan,  p.  191  sq.  ;  Nicole  et  Oarier.  Op.  cit.,  p.  9,  32,  84,  émettent  l'hypotlièse 
dune  inhumation  partielle  analogue  à  l'os  resectum  des  Romains.  —  19  Porphyr. 
De  Abstin.,\l,  56.  Cf.  Tertull.,  ApoL,  9.  —  20  .\icole  et  Darier,  Op.  cii.,  p.  20, 
p.  50  sq.  et  pi.  x;  Gauckler,  C.  r.   Acad.  /nsc,  1909,  p.  424  sq.  —  2i  Macrob.,  1, 


SYR 


io96 


SYR 


reclion'?  Il  faudrait,  pour  pouvoir  proposer  une  inter- 
prétation quelque  peu  certaine,  que  le  bronze  de  la 
slatuelle  eût  été  préalablement  dépouillé  de  la  gangue 
(]ui  en  empâte  les  formes. 

L'épi taphe  du  Syrien  qui  bâtit  ou  meubla  le  second 
temple  du  Janicule,  Gaionas,  nous  fait  pénétrer  plus 
sûrement  dans  les  croyances  des  fidèles  qui  s'y  ras- 
semblaient. Il  dit  qu'après  avoir  présidé  à  l'allégresse 
des  banquets,  il  git  dans  sa  tombe,  «  n'étant  dû  en 
rien  à  la  mort  -  ».  iNous  voyons  ici,  comme  dans 
d'autres  cultes  orientaux,  la  participation  à  des  repas 
sacrés  devenir  pour  les  mystes  le  moyen  d'obtenir 
une  immortalité  bienheureuse  ^  Des  découvertes  faites 
récemment  à  Hiérapolis  ont  prouvé  que  les  sectateurs 
de  la  déesse  Syrienne  se  figuraient  qu'après  leur  décès 
un  aigle  emportait  leur  âme  vers  le  Soleil,  source  divine 
de  toute  vie  terrestre'.  Franz  Clmont. 

SYRIARCHA  [asi.\RCUA,  p.  469;  koinon',  p.  848'. 

S"i'Rli\X.  —  La  syrinx  ou  flûte  de  Pan  (uapiv;  ou 
cùsty;,  fislula,  le  c.  sifflet  »,  de  supiÇo)),  est  un  instru- 
ment à  vent  portatif  qui  remonte  à  la  plus  haute 
antiquité  et  se  rencontre  chez  un  grand  nombre  de 
peuples  indépendants  les  uns  des  autres.  On  l'a  trouvé 
en  Chine,  au  Mexique  et  au  Pérou  avant  la  conquête 
espagnole.  Pollux  '  le  signale  chez  les  Celles  et  les 
0  habitants  des  iles  de  l'Océan.  »  En  Allemagne  on  a 
recueilli  les  traces  d'une  syrinx  préhistorique'-.  On 
reconnaît  le  même  instrument  dans  la  maschrokitha  du 
livre  de  DanieP.  Au  moyen  âge  il  a  été  fort  répandu 
dans  toute  l'Europe,  particulièrement  en  Angleterre,  où 
il  est  encore  usité  dans  les  exhibitions  populaires.  Les 
Roumains,  qui  le  connaissent  sous  le  nom  de  naïou,  y 
ont  acquis  une  grande  virtuosité.  Dans  la  plupart  des 
pays  civilisés  la  syrinx  est  aujourd'hui  retombée  au  rang 
d'un  modeste  instrument  rustique,  qui  annonce  le  pas- 
sage du  chevrier.  Ce  fut  d'ailleurs  de  tout  temps  son  rôle 
principal  et  son  signe  particulier  :  elle  est,  essentielle- 
ment, l'apanage  des  bergers  qui  l'ont  inventée  et  qui 
en  conservent  la  tradition. 

Pollux  en  a  donné  une  définition  exacte,  au  moins 
pour  le  modèle  usité  de  son  temps  :  «  La  syrinx  est  un 
assemblage  de  roseaux,  reliés  à  l'aide  d'une  ficelle  (Xi'vo)) 
et  de  cire,  j'entends  la  syrinx  improvisée  {auToc/éôtoç'j  ; 
elle  se  compose  d'un  grand  nombre  de  tuyaux  placés  en 
retrait  les  uns  des  autres,  de  manière  à  diminuer 
insensiblement  depuis  le  plus  long  jusqu'au  plus  court  ; 
du  côté  de  l'orifice  ouvert  (TTÔaaTa)  ils  sont  de  niveau;  à 
l'autre    bout,  par    suite  de  leur  longueur  inégale,    ils 


1  Nicole  cl  Danci-,  p.  01.  —  2  Oaiimas,  iiuuiie  iiiscn|iliou  appelle  Ss  cvo.jtt:, 
(Uauckicr,  C.  H.  Acad.  Inscr.  1907,  p.  14i),  dil  dans  son  épilaplie  {Corp. 
iascr.  lat.,  VI,  32316;  Kaibel.  Epiyr.  Gr.,  389)  ;  Si-tvo!;  »;i;.«î  loUà 
ii(t'  tls^^ffjvr,;  xttiJL«t  tç  &avàt.;i  (at.Sèv  ùscùojLtvo;.  Nous  ne  savons  pas  ce  que 
Gaionas  "  jugeait  »  dans  les  lian<|uels  sacrés  (cf.  cependant  le  repas  des  Oonorum 
iadicio  iudicati,  s.  v.  saba^ids,  p.  930],  mais  le  sens  du  dernier  membre  de 
phrase  est  certainement  celui  que  nous  lui  attribuons:  cf.  Aidh.  Pal.,  XI.  103  : 
eavâï.,»  «àvTe;  ôsttAo^itta;  Hor.,  Epist.  l'ison.^  6i  :  debemur  morti,  etc.).  —  3  Pour 
les  cultes  s6mitii|ues,  cf.  mes  /lelig.  orient,  i'  éd.,  p.  3.59,  et  en  géniïral,  p.  32li, 
u.  33.  —  t  Cumont,  L'aigle  fMéraire  -les  Syriens  (/ieii.  kist.  des  relig.,  XLU, 
p.  119  sc|.),  1910.  —  BiDuocRAPHiR  :  Sclio;i.  Uôlzendienst  und  Zauberwesen  bei 
den  Hebrûem,  IS77,  301  sq.  ;  Bftibgcn,  Ueilriuje  ziir  Semit.  Religionsgesch. 
1S8S.  p.  08  sq.  ;  von  Baudissin  dans  Herzog-Hauek,  llealencycl.  [.  piot.  Théo- 
logie, II3,  J).  171  sq.  (où  l'on  trouvera  citts  les  ouvrages  plus  ancicnsi  ;  Dussaud, 
Xotes  de  mythologie  syrienne,  1903,  pp.  77  sq.,  81  sq.,  96  sq.  et  passim. 

SYillNX.  1  l'oll.  IV,  -7.  —  i  Zeitach.  r.  Ethnologie,  29  (1907),  189,  trou- 
vaille de  Klein-Kulinau  près  Dessau.  Celte  trouvaille  n'est  pas  mentionnée  par 
il.  DL^clieletle,  ipii  rappelle  en  revaucbe  les  découvertes  «  de  petits  tubes  en  os 
d'oiseau,  polis  à  l'orifice  et  dont  quelques-uns  porleut  un  Irou  latéral  »  où  l'ictte 


forment  des  gradins,  de  sorte  que  l'ensemble  rappelle 
l'aspect  d'une  aile  d'oiseau*.  » 

Les  tuyaux  (aùÀot,  xaÀau.oi',  calami,  acenae  '")  sont 
ouverts  à  leur  embouchure,  qui  parait  avoir  été  taillée 
en  biseau  ;  l'exécutant,  appliquant  sa  lèvre  contre  le  bord 
extérieur,  donne  à  l'instrument  une  direction  oblique  et 
souffle  "  non  pas  dans  le  sens  du  tuyau,  ce  qui  ne  pro- 
duirait aucun  son,  mais  contre  une  paroi  de  ce  tuyau, 
laquelle  renvoie  le  courant  qui  lui  arrive  en  biais  et  met 
ainsi  en  vibration  la  colonne  d'air  intérieure"  ».  Les 
tuyaux  sont  taillés  dans  des  tiges  de  canne  ou  de  roseau '. 
La  variété  de  roseau  employée  de  préférence  en  Grèce, 
dite  CTupiYyi'aç,  avait  la  lige  très  creuse,  presque  dénuée 
de  pulpe  et  de  fibres  ligneuses'.  Quelquefois,  au  lieu  de 
roseaux,  on  employait  des  tiges  de  ciguë  ^  A  son  exlré- 
mité  inférieure  le  tuyau  est  bouché  à  l'aide  de  cire'". 
C'est  aussi  de  la  cire,  aussi  blanche  et  lisse  que  pos- 
sible dans  les  instruments  soignés,  qui  opère  la  cohésion 
des  tuyaux  accouplés"  ;  dans  les  pays  du  iNord,  la  poix 
remplaçait  la  cire'-. 

Pour  assurer  la  stabilité  de  cet  assemblage,  on  serrait 
la  galette  de  roseaux  à  l'aide  d'un  cordon  de  lin  ou  de 
toute  autre  substance  propre  à  cet  usage  ".  Tantôt  il  y  a 
un  lien,  tantôt  plusieurs;  ils  sont  minces  ou  renforcés, 
lisses  ou  ornés  de  rondelles,  largement  espacés  ou  très 
rapprochés,  conligus  même.  Parfois,  au  lieu  de  plusieurs 


■  Types  di 


courroies,  il  y  a  une  sorte  de  large  gaine  ou  enveloppe 
unique,  qui  couvre  toute  la  surface  de  l'instrument  et  ne 
laisse  émerger  que  les  extrémités  des  tuyaux  :  cette  gaine 
peut  être  décorée  d'ornements  ou  de  reliefs  ;  elle  peut 


voit  les  éléments  d'une  flùle  de  fan,  l'abbé  Breuil  des  éluis  à  aiguilles  (Déclielede, 
Manuel  d'arcin-ol.  prêhist.  I,  202).  —  3  Dan.  III,  5;  7  ;  15.  La  racine  de  ce 
mol  signifie  «  siffler  ».  On  n'a  pas  constaté  avec  certitude  la  flûte  de  Pau  en 
Egypte  malgré  l'eiislcnce  d'un  signe  biéroglyphique  (|ui  parait  en  reproduire  la 
forme.  Cf.  V.  Lorct,  Les  flûtes  égyptiennes  antiques  (Journ.  astat.  1890),  p.  21. 

—  t  Follux,  IV,  69  (leile  de  Bethe).  —  »  J'ai  pêne  à  croire  que  dans  les  telles 
assez  nombreux  où  les  tuyaux  de  la  syrini  sont  désignés  sous  le  nom  d'at^ena 
(Ovid.  Trist.  V,  10,  25;  Tibull.  II,  I,  53,  etc.,  cf.  Bliimner,  Technol.  II,  393),  il 
s'agisse  véritablement  de  tiges  d'avoine  :  un  spécialiste  m'écrit  qu'il  est  impossible 
de  siffler  dans  une  lige  pareille  ;  tout  au  plus  pourrail-on,  en  pinçant  l'extrémité, 
s'en  servir  comme  d'un  Iiaulbois.  —  6  Loret,  loc.  cit.  p.  25.  —  7  Virg.  Ed.  VI,  8  ; 
Hom.  Btjmn.  in  Pan.  13  ;  Thcocr.  VIII,  2i,  etc.  D'où  l'inslrunient  tout  entier 
s'appelle  en  poésie  xu'/.a^o;,  arundo,  calamus,  canna  ;  voir  les  références  dans 
Blumner,   loc.    cit.    —  »  Tbeophr.   Bist.    plant.    IV,    II,    10    =   flin.   XVI,   26. 

—  9Lucret.  V.  1381  ;  Vivg.  Ecl.  Il,  36;  V,83  ;  Calpuruius,  passim  :  Sid.  Apoll.  I,  15. 

—  10  Arist. /»ro6.  XIX,  23.  —  "  Ovid.  ilet.  I,  703;  Alli.  IV,  184  A,  etc.  —  «2  Ovid. 
Trist.  V,  10,  25.  —  13  Dans  la  flùle  de  Pau  anglaise  du  Conseivaloire  de  Bruxelles 
(Calai.  Mabillon  n°  202)  les  1 3  tuyaux  de  roseau  sont  rallacbés  par  «  des  liens  deroseaui 
Ircssés  ..  Kien  n'empéclie  de  croire  que  les  bergers  grecs  aient  employé  ce  procédé. 


SYR 


se  terminer  par  des  bourrelets  renforcés,  quelquefois  elle 
paraît  être  maintenue  elle-même  par  un  fil  dont  les  brins 
viennent  se  croiser  en  X  sur  sa  face  extérieure.  Enfin  un 
cordon  d'attache,  fixé  par  ses  deux  bouts  aux  sangles, 
sert  à  suspendre  l'instrument  ou  à  le  porter  en  sautoir 
(fig.  6702  abcdef}'. 

A  côté  de  ces  flûtes  de  Pan  «  improvisées  »,  rustiques 
et  fragiles,  l'époque  hellénistique  et  romaine   a  connu 
des  instruments  plus  perfectionnés',  exécutés  dans  des 
matières  plus  durables,  et 
dont   quelques    spécimens 
nous    sont    parvenus  :    le 
bois     (syrinx     d'Alésia)    ^ 
(fig.  6703),  le  bronze{syrinx 
duMusée  d'Agen)\ l'ivoire, 
matière  du  petit  sifflet  qui 
tempérait    la     voix-   ton- 
nante de  Caius  Gracchus^. 
Quand  il  s'agit  de  bois  (ou 
d'ivoire),  l'instrumentnese 
compose   plus    de    tuyaux 
taillés  séparémentet  assem- 
blés   après    coup   :    on 
l'obtient  en    perçant  dans 
une   tablette    compacte    le 
Fig. 6703.  —  Syiinx  cnbois,  dAiésia.     nombre   de  canaux  néces- 
saire, puis  on  alèse  la  ta- 
blette à  l'épaisseur  voulue,  et  l'on  en  décore  la  surface 
de   lignes   et   d'ornements    géométriques    rappelant  la 
gaine  et  les  sangles  de  la  syrinx  de  roseaux. 

Les  dimensions  de  l'instrument  sont  généralement 
modestes.  La  flûte  d'Alésia  ne  dépasse  pas  1 15  millimètres, 
celle  d'Agen  64-;  sur  bien  des  monuments  la  syrinx  parait 
avoir  la  longueur  de  la  main  (18  centimètres  environ). 
Cependant  on  en  voit  de  plus  grandes  et  qui  atteignent 
•40  centimètres  *.  Mais  on  hésitera  à  donner  le  nom  de 
syringes  aux  deux  instruments  en  bronze  découverts  à 
Pompéi  en  1876  et  en  1899  et  que  conserve  le  Musée  de 
Naples^:  ni  leurs  dimensions  (environ  50  centimètres 
sur  40),  ni  leur  structure  ne  paraissent  justifier  cette  déno- 
mination. Les  tuyaux  —  9  dans  un  cas,  11  dans  l'autre  — 
de  longueur  décroissante,  émergent  d'une  haute  boite 
rectangulaire  en  bronze  dont  ils  laissent  libre  près  de 
la  moitié.  La  surface  de  la  gaine  est  décorée  de  trois 

1  a  Garrucci,  Mus.  Lat.  pi.  sxix  iBeiinilorf-SclK'me  n»  24);  b  Mon.  dell 
Inst.  IV,  14;  c  Paiiolka,  Mm.  Blactis.  pi.  vi.  ;  d  Mon.  IX,  52;  e  FuilwSiigler- 
Rcichliold,  Vasenm.  Il,  89  ; /■  Stepliani,  Compterendit  de  la  comm.  arch.  pour  18!)2, 
pi.  IV.  Noter  aussi  (fig.  67u8)  la  gaine  de  la  syriuï  du  groupe  Pau-Uapliuis  de  N'aples 
(0320,  n"  255  Ruescii),  décorée  d'un  joli  bas-relief  (Eros  tendant  une  couronne  à  Pan  ; 
à  dr.  Priape}.  Des  interprètes  ou  des  dessinateurs  peu  familiers  avec  ces  transfor- 
mations de  la  syrinx  ont  parfuis  pris  cet  instrument  pour  un  diplycjue  (Gerhard, 
Aput,  Vasen,  pi.  xi,  etc.).  —  2  D'après  Martial,  XIV,  G3,  c'est  seulement  la 
syrinx  primitive  {primuni)  qui  était  failede  roseaux  et  de  cire.  —  3  Tli.  lleinacli, 
Pro  Alcsia,  mai  1907.  Trouvée  eu  I9ui;.  —  '•  Th.  Kcinacli,  Iliid.  Trouvée  en  1890. 
—  5  L'instrument  est  diversement  dénommé  :  fiUtila  eburneola  (Cic.  De  oratore, 
111.  00,  T^-àfiov  (Ouintil.  I,  10,  27),  lusî^ov  (Plut.  Mor.  456  A),  o«,va,7..>'ov  oo-a-ov 
(Plut.  Tib.  Grac.  2).  11  n'est  pas  sûr  qu'il  s'agisse  d'une  syrinx  polycalame.  —  6  Urne 
de  Vollerre,  supra  fig.  65,  etc.  —  '  Musée  de  .Naples,  u»'  H  1055  (découvert  en  1876; 
Mau,  Bull,  delf  inst.  1877,  99;  fig.  86  dans  A.  Rucsch,  Guida  illustrata,  etc., 
n»  1708)  ;  et  125  187  (découvert  en  18'.i9,  Sogliano,  .Vo(.  scavi  1899,  p.  442  et  fig.  6). 
Je  n'ai  pas  |iu  mesurer  ces  instruments  placés  dans  une  vitrine.  Les  dimensions  mar- 
quées par  Mau  (4.90  X  3.60)  sont  incomprélicnsiblcs.  —  »Sic  déjà  Abdy  Williams, 
Ciass.  Heview,  1902,  409;  Tillyard,  Jour»,  hell.  stud.  27,  168.  C'est  exactement 
l'instrument  décrit  par  Poilux,  IV,  70,  sous  le  nom  de  T'j&jr.vôî  «j'aû;,  àvT£iiT9«(iiAïvr, 


—  1597  —  SYR 

petits  temples.  Les  tuyaux,  ouverts  au  sommet,  présen- 
tent en  outre,  près  de  l'embouciiurc,  un  trou  latéral.  Il 
semble  impossible  que  de  pareils  instruments  aient  été 
mis  en  jeu  par  le  souffle  humain.  Les  tuyaux  ont  dû  être 
mis  en  vibration  par  en  dessous,  la  boite  formant  un 
sommier  où  pénétrait  un  courant  d'air  lancé  par  un 
soufflet  ou  un  appareil  hydraulique  :  ce  ne  sont  pas  des 
syringes,  mais  des  orgues  de  salon'  [hydraulls]. 

Revenons  à  la  syrinx  proprement  dite.  Le  nombre  des 
tuyaux  y  est  extrêmement  variable.  Le  chifl"re  le  plus 
fréquent  est  7,  ou  8,  de  même  que  pour  les  cordes  de  la 
lyre,  dont  la  syrinx  est  en  quelque  sorte  le  pendant 
parmi  les  instruments  à  vent'-*.  Sur  quelques  monuments 
on  compte  5  ou  C  tuyaux  seulement'".  La  syrinx  de 
9  tuyaux  est  fréquente  à  l'époque  où 
la  lyre  atteint  ce  nombre  de  cordes  '  ' . 
Celles  de  10  à  13  tuyaux  sont  rares ''^ 
Je  n'en  connais  pas  au-dessus  de  ce 
chiffre  :  seul  le  Polyphème  d'Ovide" 
manie  une  flûte  de  Pan  à  100  roseaux. 
Quant  aux  syringes  à  deux  rangées  de 
tuyaux  ",  ce  sont,  sans  exception,  des 
restaurations  modernes. 

En  ce  qui  concerne  la  forme  exté- 
rieure de  la  syrinx,  il  importe  de 
distinguer,  avec  Furtwiingler,  entre 
l'époque  archaïque  et  classique  (avant 
Alexandre)  et  l'époque  postérieure.  /.£  .'  jl 
Sur    les    plus   anciens    monuments,      il  -.. 

depuis  le  vase  François  (fig.  6704)  \{ 
jusques  et  y  compris  les  belles  mon-  ]k 
naies  arcadiennes  du  iv=  siècle  '',  la        m^ 

syrinx,  vue  par  une  de  ses  faces,  a        P^,  .1;^ ^ 

la  forme  d'un  rectangle  parfait,  tantôt 

'-'       *  ,  l-ig.  6.U4.  —  Musc 

plus   large  que   haut,   tantôt   à   l'in-  avec  syrinx. 

verse  '",  dont  tous  les  tuyaux  sont 
égaux  :  cette  disposition  «  hellénique  »  ofl're  une  analogie 
frappante  avec  celle  des  cordes  de  la  lyre.  Pour  obtenir 
d'un  pareil  instrument  une  progression  sonore,  on  ne 
pouvait  profiter  de  l'inégalité  du  calibre  des  tuyaux,  dont 
l'influence  sur  la  hauteur  du  son  est  insignifiante'',  ni, 
comme  on  se  l'est  imaginé'*,  de  l'emplacement  variable 
d'un  nœud  naturel  du  roseau  qui  arrêterait  la  vibration. 
Eu  réalité,  on  introduisait  dans  le  fond  de  chaque  tuyau 


r 


(la  correction  ûSît/aô;  de   Saun 


adn 


par   Bekiie 


est  pas 


grecque  :  c'est  avec  raison  r|ue  Betlie  l'a  rejelée).  —  9  Sept  ;  syrinx  de  Corydon  (Virg^ 
Ed.  II,  Ï6),  d'Apollon  (Ovid.  Met.  111,  682)  ;  relief  Zoega,  I,  14  ;  syrinx  d'Agen,  etc. 
Huit  :  .Naples  6800  (table  de  marbre),  1 1881  (peinture)  ;  relief  de  Sainte-Colombe  (Es- 
pérandieu.n»  384);  syrinx  d'Alésia,  etc.  —  10  Cinq  tuyaux  :  Hermès  archa'ique  au  Musée 


de  l'Acropole  (Lechat,  Au  Musée  de  l'Acropole,  p.  Il  1);  sarcophage  421  du  Lalran 
(4  tuyaux  seulement  d'après  Garrncci  pl.i)  suivant  Benndorf-Schëne  ;  sarcophage 
du  in«  siècle  ap.  J.-C.  au  Musécdejaormine.  Six  tuyaux  (?)  :  Millingen,  Vases  Cogitill, 
pi.  xc.vi  [Elile,  1,  pi.  xxvi).  —  11  Theocr.  VlU,  19.  Naples  0329  (statue).  Monnaies 
arcadiennes  du  iv«  siècle.  —  12  10  lujaui  :  coupe  en  verre  de  couleur  (Naples:. 
il  tuyaux  :  une  des  syringes  de  la  coupe  dos  Ptoléraées  à  la  Bib.  Nat.  (Baumeisler, 
lig.  478)  ;  Naples,  6022  ;  Mon.  111,  5  (Naples).  12  tuyaux  :  peinture  d'ilcrculanum, 
Héraclès  et  Téléphe,  Helbig  1143,  llerrmann-Bruckmami,  pi.  lxx.s;  cralére  de 
Naples,  Cat.  p.  91.  13  tuyaux  :  autre  syrinx  de  la  coupe  des  Ptolém.'es.  —  "  Ovid. 
Met.  XUI,  78*.  -l'>  P.  ex.  Amelung,  Mus.  CInaramonti,  5S8.  -  1^  Exemples. 
1»  Vases.  Calliope  (noire  lig.  6704)  du  vase  François,  Mon.  IV,  54  =  Furtwhnglcr 
Reichhold,  1,  pi.  i  :  Dr.  Mus.  Cat.Wl  pi.  ix  (liydriede  Cyrène,  Og.  rouges)  .Arch.  Zeil. 
1883,  pi.  VI  (vase  apulien  vers  380)  ;  Vasede  Canossa,  funérailles  de  Patrocle  (Naples 
3254.  .1/ on.  IX,  32=  FurtwSngler  Reicbhold,  II,  pi.  lxxxix).  2»  Marbres.  Vase  delà 
villa  Borghése  (Annali,  1865,  lav.  d'agg.  L,  1)  ;  groupede  l'an  tt  Daphnisaux  tlflices 
(Clarac,  Mus.  deSculpl.  726  B,  ce  qui  semblerait  indiquer  une  époque  préalexandrine 
pour  l'original)  ;  relief  Nani  (Cal.  Berlin,  n"  709)  ;  3«  Miroirs,  i/o».  X,  lav.  d'agg.  M 
(lierlin)  ;  Gerhard.  Etr.  Spiegel,  150.  4"  Monnaies.  Monnaies  de  la  ligue  arcadieiine 
depuis  380  (British  Mus.  Cat.  Peloponnesus,  pi.  xxiii,  10  sq.)  ;  Syracuse,  bronze  (ib. 
xxxn,  1 7,  mal  classée)  ;  monnaies  de  la  ligue  acliéeiiuc  frappées  à  Mégalopolis  (ib.  11, 
8)  ;  monnaie  de  Messana,  fin  du  V  siècle,  Percy-Gardncr.  Types,  II,  42  =  Ilill,  Coins 
of'sicily,  VUI,  13.-16  p.  ex.  sur  le  lampadaire  de  Cortone,  i/on.  III,  42  [j  uceiixa, 
fig.  4602].  —  17  Les  tmaux  plus  élroits  donueut,  à  dimensions  égales,  des  sons  plus 
<^aves.  Plut.  Mor.  1095;  Gevaert,  Prob.  d'Arislole,  p,  123;  Nicom.  Enchir.  10 
Tp  253  Jan) ne  s'explique  pasclairement.  -  liTillyard.yown.Ae;.'.  «(ud.XlCVII,  156. 


SVR 


lo!)S  — 


SV1{ 


un  l)Ouolion  de  firc  qui  limilail  la  liaulcur  de  la  colonne 
dair  vihranle  el  l'on  réglait  l'épaisseur  de  ce  bouchon 
de  lUiUiière  à  obtenir  l'intonation  voulue.  Les  «  accor- 
deurs de  syringes  »  savaient  que  le  bouchon  de  la  nète 
devait  monter  jusqu'à  moitié  du  tuyau,  celui  de  la  quinte 
au  tiers,  tandis  que  celui  de  Ihypate,  se  réduisante  une 
mince  plaquette  de  cire,  fermait  tout  juste  roritice  infé- 
rieur'. 

Au  contraire,  à  l'époque  hellénistique  et  romaine,  la 
syrinx présente,  en  général,  iadisposilion  décrite  par l*ol- 
lux,  comparée  par  les  grammairiens  et  les   poètes  '^  à 
une  aile  d'oiseau  :  les  tuyaux  res- 
tant alignés  par  leurs  bords  supé- 
rieurs, les  bords  inférieurs  sont 
successivement  en  retrait  \  des- 
sinant un  escalier  (fig.  6703)  qui 
descend  de  la  nète  à  l'hypate  '. 
Ce  dispositif,  qui  rappelle  celui 
des   instruments  à  cordes  d'iné- 
gale longueurde  type  asiatique  % 
(trigone,  magadis,  etc.),  a  proba- 
blement été  adopté  pour  alléger 
„.    ....      ,  ,     ,  des  instruments  dont  les  dimen- 

Fig.o.Oa.  ~.\uIoselsynnx. 

sions  étaientdevenues  plus  gran- 
des ou  la  matière  plus  lourde  qu'à  l'époque  antérieure; 
peut-être  aussi  s'était-on  aperçu  que  les  gros  bouchons 
de  cire  fondaient  à  la  chaleur 
et  désaccordaient  l'instrument. 
Pour  accorder  la  syrinx  du  nou- 
veau modèle  en  roseau,  on  pro- 
cédait probablement  comme  pour 
la  sjrinx  rectangulaire,  puis  on 
coupait  toute  la  partie  du  tuyau 
occupée  par  le  bouchon,  sauf 
un  mince  opercule'.  Quand  l'ins- 
Irumentélait  en  bois  ou  en  métal, 
la  longueur  des  canaux  à  forer 
était  déterminée  par  le  calcul  ou 
le  tâtonnement  ;  on  pouvait  corri- 
ger l'incertitude  du  résultat  en 
introduisant  après  coup  dans  les 
tuyaux  trop  longs  des  graines  ou  du  plomb,  comme  font 
les  joueurs  de  naïou  roumains. 

X  côté  de  ces  deux  formes  vraiment  typiques,  on  peut 
signaler  des  formes  bâtardes  ou  irrégulières: 

1°  Dispositif  en  paliers  :  les  extrémités  inférieures  des 
tuyaux  dessinent  une  succession  de  plans  en  retrait 
comportant  chacun  un  ou  plusieurs  tuyaux  de  même 
longueur  (type  de  Sainte-Colombe)  (lig.  6700)  ". 

'2°  La  syrinx  commence  comme  une  aile  d'oiseau  et 


I  Arislol.  Prob.  XIX,  2:1:  50;  Acliau.  ap.  f'orpli.  in  Plol.  Hurm.  p.  ii:, 
Wallis.  —  2  l'ollux,  IV,  ca;  0>i.l.  Mel.  I,  170;  VIII,  loi;  Tjhull.  Il,  5,  31  ! 
Clauilian.  Epilhal.  Pall.  3V.  I.e  poiiiie  aUribui!  à  Tliéocrite  (e.o.jï^j  ,<,■,:■,■,), 
Anlh.  Pal.  XV,  il,  composé  de  10  couplets  de  vers  dactyliqucs  de  longueur 
décroissanle,  présente  la  rorinc  dune  syrinx  en  aile  d'oiseau,  mais  lallribulion 
est  forl  doulcuse,  et  l'on  peut  se  demander  si  Théocrile  connaît  déjà  ce  type 
de  syrini  :  les  vers  VIII,  19  paraissent  faire  allusion  ii  la  forme  rectangulaire 
"«y  «4;«,  Ito»  àvi.9tv.  —  3  Bien  entendu,  la  dilTcreucc  entre  deuï  giadins  suc- 
cessifs n'est  pas  conslanlc  comme  le  prétend  Achille  Tatius,  VIII,  0.  —  4  Exemples. 
Kelief  d'un  autel  d'AUis.  villa  Albani  (Zoëga,  lia.isirtlien,  I,  14;  notre  fig.  STO.î). 
Pied  d'autel  eu  marbre,  .Xaples,  ÛC7i.  Base  de  candélabre  au  Louvre"  {su/.ra 
(ig.  3Ht).  l'our  l'art  'gallo-romaiu  :  manche  de  patère  en  brome,  n-  403 
(Musée  de  Saint-Oermain,  p.  319  du  Cal.  des  bron:e.s).  Pour  l'art  éirusquc  : 
brunn,  ItUieei  délie  urne  elr.  I,  pi.  xccr,  3.  11  y  a  cependant,  a  l'époque  romaine^ 
quelques  exemple»  de  syringes  recUngulaires  (liguriaes  de  Pan,  Babelou-Blanchel' 
bronzes  de  la  B,b.  Xat.  n"  %\i  k  415),    tandis  qu'on   Irouverail  difficilement,  i! 


Kip.  0706.  —  Sy 


linit  (aux  tuyaux  les  plus  longs)  comme  une  syrinx  rec- 
tangulaire (type  de  la  syrinx  gallo-romaine,  lig.  6907)'. 

3°  Rectangle  terminé  par  une  sorte 
d'éperon  ou  de  bec  où  viennent  se 
loger  les  extrémités  des  plus  longs 
tuyaux  (type  du  groupe  Pun-Dapli- 
nis  de  Naples,  fig.  6708)  *;  peut-être 
cette  apparence  est-elle  due  à  une 
fracture  et  y  avait-il  simplement 
deux  paliers. 

La  syrinx  se  compose,  nousl'avons 
dit,  de  tuyaux  fermés  ,  or,  l'on  sait 
que  les  tuyaux  de  ce  genre  sonnent 
l'octave  aiguë  du  tuyau  ouvert  de 
même  longueur.  ^Néanmoins,  la 
syrinx  avait,  en  général,  une  tes- 
siture fort  élevée,  en  raison  de  la 
petitesse  de  l'instrument '%  ainsi 
qu'un  timbre  perçant*'.  La  hauteur  '-i^.  «'"■•  -  Syinx 
absolue  de  chaque  son  est  donnée  g^Uo  romame. 

par  la  formule  :  h  =  . — 

4  / 

où  n  représente  le  nombre  de   vibrations  complètes  à 
la   seconde,    v   la 
vilessse     du     son 
(environ   340  mè- 
tres à  la  seconde), 
l  la  longueur   du 
tuyau.  Pour  la  sy- 
rinx d'Alésia,  dont 
les  tuyaux  onl  de 
17  à   3i    millimè- 
tres,    on    obtient 
ainsi  approximati- 
vement la  gamme    mi  bémol  '"  à    mi   bémol  ',  placée 
immédiatement  au-dessus    de   la 
limite    supérieure  d'une  voix   de 
soprano.  Nos  flûtes  de  chevrier  ont 
à  peu  près  le  même  diapason.  Les 
petites  syringes  de  7  ou  8  tuyaux 
embrassent  l'étendue  d'une  octave, 
el  les  intervalles  en  sont  probable- 
ment ceuxde  la  gamme  diatonique, 
selon  le  mode  du  pays.  Quant  aux 
syringes  de  plus  de  8  tuyaux,  on 
s'est  demandé  si  les  notes  supplé- 
mentaires servaient  à  insérer  des 
intervalles    chromatiques    ou     à 
étendre  l'amplitude  de  la  mélodie; 
l'analogie  delà  lyre  nous  incline  vers  la  seconde  opinion. 


Syrinx  d  u 
u  et  Uaphi 


Fig.  6709.  —  Syrinx  d'un 
groupe  de  Satyre  et  Bacchus. 


l'époqu 


lile   d'oi! 


5  II  est  peut-être  lui-même 
d'origine  asiatique,  spécialement  phrygienne  ;  le  fait  qu'on  ait  attribué  l'in- 
vention de  la  syrinx  à  Marsyas  ou  à  Cybèle  prouve  que  cet  instrument  était 
indigène  en  Plirygic,  mais  je  ne  connais  pas  de  monument  préalexandrin  qui  re- 
présente la  forme  d'une  syrinx  phrygienne.  —  6  Gevaert,  Proh.  dWristote,  p.  121. 
—  'I  Naples,  >i800  {table  en  marbre,  8  tuyaux  en  deux  paliers)  ;  1 1  S8I  (peinture;. 
Statue  de  Saiule-Colombe  au  Musée  de  Vienne  (Espérandieu,  Bns-relie/s  de  la 
Oaiile,  n'  3S4,  notre  fig.  CTOli;.  —  »  Figurines  en  argile  blanche,  Mus.  de  Saiul-Ger- 
main.n"  6663,  6CS+  (noiro  fig.  6707),  Ï3  183  ;  syrinx  d'Alésia;  Satyre  et  Bacchus, 
marbre,  Naples  n»  0  0i2  (Mus.  Borbonico,  H,  pi.  xxv,  notre  fig.  6709).  très  bien 
décrite  par  Barthobnus.  —  «Groupe  n°  6  329  (S.  Reinach,  Bip.  Il,  70,  3  ;  Kuesch, 
n"  255)  ;  le  dessin  donné  dans  la  plupart  des  ouvrages  est  inexact;  xoyezia  pbot. 
brogi  5166,  que  reproduit  la  fig.  6708  —  '0  Aristot.  Prob.  XIX,  1  4  (qui  compare  la 
syrinx  au  phœnikion);  Prob.  iiied.  Par  91  Ip.  1 1 1  Jan).  Dans  le  fr.  d'.irchytas,  Diels, 
Vorsokraliktr,  p.  271  (Porph.  In  Ptol.  harm.  p.  237  W.),  fajiav  {conjecture  vrai- 
semblable de  Mullach)  n'a  (lu'un  sens  relatif.  —  "  Ion,  fr.  45,  aS^t-fl  'iSaTo;  iXlit-nto. 


SVR 


—  \;m  — 


SVH 


On  jouait  de  l'instrument  assis  ou  debout,  en  le  tenant 
verticalement  ou  obliquement'  des  deux  mains,  appli- 
qué contre  la  lèvre  inférieure. Sur  plusieurs  monuments 
on  voit  les  tuyaux  les  plus  longs  (c'est-à-dire  donnant  les 
sons  les  plus  graves]  à  la  droite  de  l'exécutant-,  contrai- 
rement à  l'usage  moderne  qui,  dans  les  orgues  et  instru- 
ments semblables,  veut  que  les  sons  graves  soient  tou- 
jours à  gauche.  La  face  interne  était  parfois  légèrement 
concave,  pour  s'adapter  à  la  forme  de  la  lèvre'.  Le  jeu 
de  la  syrinx  consistait  surtout  en  gammes  ascendantes 
ou  descendantes,  sortes  d'arpèges,  obtenus  en  promenant 
la  bouche  d'un  mouvement  rapide  successivement  sur 
toutes  les  embouchures  '.  .Mais  des  artistes  habiles 
savaient  aussi  sauter  d'un  trou  à  un  autre,  assez  éloigné 
du  premier,  et  exécuter  ainsi  des  dessins  mélodiques  plus 
variés",  .\ristote  parle  de  «Fart  des  syringes  «qu'il  place 
d'ailleurs  après  le  jeu  de  la  cithare  et  de  Taulos*^.  Dans 
un  autre  texte",  il  signale  l'impression  de  solitude 
(èsTiaia)  que  produisait  le  chant  de  la  syrinx,  et  qu'il 
attribue  à  son  acuité  :  n'est-ce  pas  plutôt  le  résultat 
d'une  involontaire  association  d'idées  "?  En  tout  cas, 
tenons  pour  certain  que  de  chaque  tuyau  l'exécutant  ne 
lirait  qu'un  son  unique,  le  son  premier  et  fondamen- 
tal, car  les  tuyaux  bouchés  ne  font  pas  entendre  d'Jiar- 
moniques  *.  Rien  ne  prouve  non  plus  que  les  Grecs 
aient  su,  comme  les  Roumains  actuels,  abaisser  d'un 
quart  de  ton  ou  d'un  demi-ton  tous  les  sons  en  cou- 
vrant l'orifice  davantage  et  en  relevant  le  plan  de 
rinstrumenf. 

D'origine  rustique,  d'emploi  pastoral  et  cela  dès 
les  temps  homériques'",  la  syrinx  a  conservé  pendant 
toute  l'antiquité  ce  caractère  "  :  elle  charme  les  loisirs 
des  bergers,  réveille  ou  endort  les  troupeaux,  hypnotise 
dit-on,  les  cerfs  eux-mêmes '-.  Si  le  Socrate  de  Platon, 
qui  proscrit  de  sa  république  tous  les  instruments  à 
vent,  fait  exception  en  faveur  de  la  syrinx,  c'est  pour 
les  bergers  seulement  '^  Toutefois,  en  dehors  de 
cette  sphère  traditionnelle,  la  syrinx  trouve  quelques 
applications  :  elle  règle  des  danses  populaires  ",  figure 
dans  certaines  processions  très  anciennes  '',  s'intro- 
duit dans  des  pompes  dionysiaques  '",  tient  même 
sa  place  dans  certains  festins  '  \  Nous  venons  de  voir 


I  Mais  jamais  IjorizoïUalcini-ut  comme  le  croil  Cevaerl,  Pio'j.  U'Arisl. 
t±i.  —  '-  Voir  nolammenL  les  ligunues  citées  du  Musée  (1*:  Saial  Germain, 
p.  Ib'JS,  noie  8.  —  3  niai  /lUo;  iii.Td-..  TheOCr.  I,  liT.  —  4  llaji-t.v  is:'  «Ot^; 
To  irriiu.  »at  T«j»5£çi.y,  Poll.  IV,  C9.  —  5  Ach.  Tat.  VIII,  6  i.iT«=«*î  a./.oï' 
ÎTï*  àV;.ov  0Z9Î  -ot'  à.  avTov  ^  Tov  xoo'j^a-o;  ij;i'.v'a  la  mélopée  du  morceau) 
.•'.ï..  Claudian.  Epilhal.  Pall.  U.  —  6  Poet.  1,  3.  —  ■;  Prob.  ineJ.  ['aris.  91 
(p.  111  jan).  —  1*  Gevaert,  loc.  cit.  p.  121.  C'est  encore  un  trait  commun  avec  la 
lyre.  Dans  la  syrinx  d'Agcn  (comme  dans  les  >•  syringes  »  de  Pompéi]  certains 
tuyaux  présentent  cependant  uu  trou  latéral  ou  même  deux.  —  9  .Mahillon,  Catal. 
Conjero.  UraxelUs,  \t.  *T  ;  Gevae.-t,  p.  lil.  Un  texte  de  Plut.  Mor.  1096  ;.  semble- 
rait dire  qu'en  ri-levant  l.i  syrinx  on  haussait  le  son,  mais  ce  texte  ne  concerne  (as 
(comme  je  l'ai  cru  jadis  a^ec  Gevaert)  la  flûte  de  Pan  'tibia'.  —  '"^  Iliad.  XVIII, 
525.  —  Il  Apoll.  liliod.  1,577;  DionyS.  Perieg.  961);  Tlieocr.  Virg.  Longus. 
passim.  —  12  Plut.  Mor.  691  E;  713  B.  —  13  Jlesp.  111,  399,  C-D.  —  Il  Hesiod. 
.Sent.  278.  —  r.  Celle  des  ..  HypcrI.oircns  -  a  Délos.  Plut.  D".  .»/./s.  c.  14. 
—  <6  Diod.  XVII,  70  (Alexandre  à  Perscpolis).  —  '^  Urne  de  Volterre,  supra 
lîg.  65.  —  >8  Mais  raut-il,  avec  Jan,  compter  dans  le  nombre  Mimnernie  à  cause  du 
fr.  d'Hermesiaoax  (Atb.  XIII,  71]  ::«'a'av  S  'j-zt  s-.VAâv.  V.miù;?  >.u-o;  en  parlant  de  la 
syrinx  serait  insolite.  —  I'  Pàus.  VIII,  3),  3;  .InM.  Val.  IX,  341  ;  .Nonnus,  27, 
2il4,  etc.  Les  bergers  consacrent  des  syringes  à  Pan, cf.  Longus,  IV,  26.  — 20  Cf. 
WernicU,  art.  Pan  dans  Roscber,  Li-xik.  p.  Ii02  sq.  Huprà,  fig.  5188,  5492, 
5494,  clc.  —  21  Pans.  Vl:l,  30,  r..  —  22  Virg.  Ed.  VIII,  21  ;  Plin.  VII,  ïnsi;  Horat. 
Carm.  1, 17, 10  (Fauous  =  Pan).  —  23  Marsyas d'apri-s  Métrodore  de  Chios  (Fr.  h.  gr. 
III,  205).  Silène  d'après  Eupborion  ifr.  33),  Marsyas  n'ayant  invente  que  de  lier  les 
tuyaux  avec  de  la  cire  flcxlcs  conservés  par  Athénée.  IV,  1S4  A).  Il  est  faux, 
comme  on  l'a  prétendu  'Jessen,  art.  Mars'jus,  Roscber,  2410),  que  Platon  {/iesp. 
III,   399  E)  attribue  l'invention  de  la    syrinx   à  Marsyas.   —  ■:!*  Ilom.  f/ijmn.  in 


qu'elle  a  eu  ses  virtuoses,  qui  n'étaient  pas  tous  des 
bergers  ". 

Dans  la  Grèce  d'Europe,  le  pays  par  excellence  des 
bergers  est  r.\rcadie  :  aussi  est-ce  de  ce  canton  qu'on 
disait  la  syrinx  originaire,  et  elle  figure  comme  emblème 
national  sur  les  monnaies  frappées  dans  l'Arcadie  à  la 
plus  glorieuse  époque  de  son  histoire.  Le  grand  dieu  arca- 
dien  Pan  est  le  cuptxTYjç  par  excellence  ".  Il  n'est  presque 
jamais  représenté  sans  cet  accessoire  -";on  croit  l'en- 
tendre en  jouer  dans  la  grotte  de  r.\cropole,  sur  le 
Ménale  -'  ;  on  lui  en  attribue  l'invention  '''.  quoique 
d'autres  récits  en  fassent  honneur  à  Silène  ou  à  Mar- 
syas ",  ou  encore  à  Hermès  '-'  ou  à  Cybèle  '■'.  Une 
légende,  d'origine  sans  doute  érudite,  fait  de  Syrinx  une 
nymphe,  fille  du  lleuve  arcadien  Ladon  :  poursuivie.'par 
le  dieu  Pan,  elle  échappe  à  son  étreinte  en  se  muant  en 
roseau;  le  dieu  se  console  en  taillant  sept  liges  de  l'ar- 
buste qu'il  relie  avec  de  la  cire  ;  la  flûte  de  Pan  esl 
créée  ^°.  Une  monnaie  en  bronze  de  Thelpousa  (.\rcadie  , 
du  temps  de  Septime  Sévère,  représente  ce  mythe  gra. 
cieux  '■'''.  D'après  certaines  versions,  l'invention  aurait  eu 
lieu  à  l'endroit  dit  yii'/..-.=<.7.  près  de  Lycosoiira,  où  s'élevait 
un  sanctuaire  du  dieu'*. 

Du  dieu  Pan,  l'usage  de  In  syrinx  passa,  dans  l'art  et 
la  poésie,  aux  Panisques  et  Panines,  qui  sont  comme  la 
monnaie  du  grand  dieu-bouc  arcadien  ;  puis  aux  Satyres 
et  aux  Silènes,  purement  dionysiaques  à  l'origine,  mais 
que  l'époque  alexandrine  revêtit  d'un  caractère  champê- 
tre et  bucolique  -^  Daphnis,  élève  et  amant  de  Pan, 
symbolise  le  berger  sicilien,  aussi  épris  de  la  syrinx  que 
son  confrère  d'Arcadie'".  Plusieurs  autres  divinités  ou 
demi-dieux  sont  représentés  avec  cet  instrument.  Nous 
avons  déjà  mentionné  Marsyas  '',  Hermès  '-,  Cybèle. 
Ajoutons,  sans  prétendre  épuiser  la  liste,  Apollon  •■% 
.\ttys  "'',  Cadmus^',  Argus '%  le  cyclope  Polyphème  '',  les 
Sirènes  '',  les  Grâces  ",  les  Amours  '•". 

n.  .\  côté  de  la  syrinx  polycalame  que  nous  venons 
d'étudier,  et  qu'il  faut  généralement  entendre  lorsqu'il  est 
question  de  la  syrinx  tout  court",  on  désignait  égale- 
ment sous  le  nom  de  syrinx  (avec  l'épithète  distinctive 
monocalame)  '-  ou  encore  de  iijnx  ",  un  flageolet  com- 
posé d'un  seul  tuyau,    percé   de  trous  latéraux,   dont 


Merciir.  512  (interpolation).  —  21  Diod.  111,  58.  Reilzenstein  (Epiijr.  iinJ  .Sko- 
lion,  244)  se  trompe  en  dc.iuisanl  de  Tlicocr.  1,  126,  que  les  Siciliens  revendi- 
quaient l'invention  pour  Daphnis.  —  2G  Virg.  £cl.  Il,  31  ;  Georg.  III,  391  ;  Ovid. 
Met.  I.  691  ;  Martial,  IX,  63  :  Hygin.  274;  Serv.  ad.  Virg.  Ed.  II,  31  ;  X,  2(5  ;  Ach. 
Tat.  VIII.  6  ;  Longus,  II.  39  ;  Mylb.  Vat.  I,  127,  etc.  —27  Brit.  Mus.  Cal.  Pelo- 
pounesus,  pi.  xxxvii,  23  ;  Imhoof,  Zeilsdi.  (.  Xumism.  I,  134.  —  28  Pans.  VIII,  3v, 
1 1 .  —  29  F urtwacngler,  JJer  Salyr  icn  Pirgamon,  p.  30  s<|.  Pour  la  syrinx  associée 
aux  satyres  cf.  la  lampe  reproduite  ci-dessus  (ig.  708,  le  lampadaire  (tig.  4602), 
peut-être  aussi  le  ■  torse  »  du  Belvédère  (Schreiber,  Cenlralblalt,  1895, 
503).  —  Sf'  Theocr.  I,  124  ;  Vlll  passim.  Serv.  ad.  Ed.  V,  20,  etc.  .Nombreuses 
répliques  du  groupe   Pa»  et   Oapbnis  (Wernicke,   Pan  dans  Roscber,  col.  1454-5). 

—  31  .^arcophage  du  Louvre.  sii;,r«  lig.  6138.  —  32  Ov.  Met.  I,  714  (il  s'en  sert 
pour  endormir  .\rgus)  ;  Apo  lodor.  III,  I  15.  Cylix  à  fig.  noires  de  Xénoclés  (Over- 
beck,   Gatlerie  Iwroischcr  Uidic.    IX,   2j  ;  Lcchat,  Au  mus.   rfc  i'Acrop.  p    III. 

—  33  Ovid.  Met.  II,  682,  —  3»  La  syrinx  est  fréquente  sur  les  aulels  consacrés  à 
Cybèle  et  à  Atlys  ou  à  .\ltys  seul.  Cf.  Dessau,  Inscr.  sel.  H  I  4,  U43,  4145  (Paris), 
4152-3,  4162(Latran),elc.  —  35,\onn,  1,413.  —  36 Gerhard.  Ai/«  /Jildw.  ll^>: 'Elite 
céram.  I,  25).  — 3^  Ov.  Met.  XIII,  784.  —  38  Bruun.  Irneetrusdie,  pi.  xcsq.  ;  Pcrrol, 
H.  de  /'Aî-^,  IILCUO,  fig,  410  (Louvre,  Chypre  vi- siècle  :  lasirènecst  mâle  et  barbue, 
l'instrument  carré),  —  39  PUit,  De  mus.  c,  14  (slaliie  primitive  d'Apollon  à  Dêlos), 

—  MMonum.  X,  lAV.  d'agg.  M.;  Hermann-Bruckmaim,  pi.  i.xxix,  .Mais  il  n'est  pas 
exact  que  sur  l'hydric  de  Berlin  représentant  le  ii.ythe  d'Io  {Cal.  BeHin,  3l6i; 
Lenormant  elJ.de  Wilte,  Elite,  l.pl.  xxv  :  Overl.eck,  Allas  :ur  Kimstmyth,  VII,  8) 
Pan  olfre  la  syrinx  a  Eros.  —41  Mais  non  toujours,  p.  ex,  Aristot,  Prob.  XIX,  23, 
où  le  mot  est  successivement  pris,  sans  prévenir,  dans  les  deux  sens,  —  42  Eupborion, 
fr,33(AtUen.  IV,  184  A),  —  »3  Etym,  Magn,  4)'0.  I  :  'ii-ivaiii  ».  i?»;;  ,Op,j-  >io,.,,i- 
\a.^t^\  Bckker,  Aneed.  I,  205  ;:uv;  ^^^t^;  {to>ox«Xfi[t4;  xaîôovEoy,  Cet  oiseau  Cut  d'abord 


SYR 


1600  — 


SYS 


l'exécutant  débouchait  lanlol  l'un,  tantôt  l'autre  de  ma- 
nière à  obtenir  un  son  plus  ou  moins  aigu.  Cet  instru- 
ment qui,  d'après  certain  textes,  sérail  plus  ancien  que 
la  .syrinx  polycalame  ',  se  rapproche  par  son  aspect  exté- 
rieur et  notamment  par  l'évasement  de  son  bout  infé- 
ri  -ur  S  qui  parait  avoir  été  ouvert,  du  monaulos  et 
ipcme  de  l'aulos  double  avec  lequel  on  l'a  souvent 
confondu'.  Il  se  distingue  de  l'aulos  par  l'absence  d'une 
embouchure  spéciale'  munie  d'une  anche  battante  :  on 
l'insuflle  directement  par  une  ouverture  biseautée  % 
comme  la  lli'ite  de  Pan.  Son  étendue  normale  est  d'une 
octave',  sa  matière  ordinaire  le  roseau.  Il  doit  avoir 
été  en  usage  spécialement  chez  les  barbares  du  Nord,  à 
en  juger  par  la  tradition  qui  en  attribue  l'invention  à 
deux  héros  maediques  ■. 

III.  Enfin  on  appelailencorctfjpiY;,  en  raison  desares- 
semblance  avec  la  syrinx  (polycalame),  un  appareil  spé- 
cial, de  nature  obscure,  adapté  à  l'aulos  perfectionné  et 
dont  nous  parlerons  à  propos  de  cet  instrument  [tibi.^J. 

Théodore  Reixach. 

SYH.MA,  YRTOS  (SOpaa,  cuotôç)-  —  Longue  robe 
Iraiuanljusqu'à  terre '.C'était  le  costume  spécial  et  carac- 
téristique des  tragédiens  -  [uistrioI  ;  à  tel  point  que  le 
mot  sijrma.  chez  les  poètes  latins,  désigne  parfois  par 
métonymie  la  tragédie  elle-même  ^  Non  pas  que  ce 
vêtement  ne  pût  être,  à  l'occasion,  porté  par  les  co- 
médiens. Mais  le  grammarien  latin  Donat,  qui  le 
mentionne  parmi  les  pièces  du  vestiaire  comique,  laisse 
entendre,  toutefois,  que  l'adoption  du  Kijrma  dans  la 
comédie  datait  d'une  époque  tardive,  où  le  luxe  avait 
envahi  la  scène  \  De  plus,  il  parait  y  avoir  été  unique- 
ment réservé  à  certains  rôles  exceptionnels  d'essence 
tragique,  dieux,  héros,  rois,  ou  aux  personnes  en 
deuil °.  S'autorisant  d'un  témoignage,  à  la  vérité  peu 
explicite,  de  Pollux^  M.  .\lbert  Millier  a  cru  que  le  syrma 
était  un  costume  exclusivement  féminin'.  C'est  là. 
certainement,  une  erreur;  les  poètes  latins,  en  efTet, 
altribuenl  le  syrma  à  Bacchus  et  à  Thyesle   aussi  bien 

u'à  .\ntigone*.  Quant  à  la  question,  jadis  discutée,  de 
savoir  si  le  i'yrwirt  était  un  c/iilo)i  ou  un  manteau',  cer- 
taines peintures  pompéiennes  (fig.6710)'°  permettent  au- 
jourd'hui de  la  trancher  dans  le  premier  sens.  Mais  les 
textes  eux-mêmes  sont  décisifs  :  le  syrlos  y  est  maintes 
fois  appelé  cupToç  /itojv". 

Autre  problème:  le  syriiia  étail-il  un  c/iiton  de  coupe 


.Chiusap.  .411).  IV.  ISiA, 


uucmmphe.GllcdePancld  KchooiidcPeilho.—  <  Melrodo 

Marsyas  invente  la  syriux  polycalame,  à  Cètèues,  tùv  t;9ote9wv  l-A  xaAàiiu,  o-js-.^ovtuv  ; 

Elipliorioil,    iltùt.    -ir.'.    tiiv    tts.oxà'ikait'ïv     'Ef-^fy    tjSEÏv,    T!»à;     S'IoioDiTv    ïlEuOr.v    ra\ 

'Puvà«>)>  Tij;  >lat5'.-j;.  On  a  cm  reconnaître  divers  «  sifflets  «•  préhistoriques  de  ce 
genre,  en  os  de  renne,  de  cerf,  de  cygne,  ou  de  lièvre,  tantôt  perforés  d'un  seul  trou 
{Uéclielelte,  Manuel.  I,  fig.  82)  tantôt  de  plusieurs  :  Guide  o/  the  lirit.  Mks. 
Stoneage^  fig.  71  fKeni'sliole]  ;  Pélis.  //Ut.  géncrale  de  ta  MusJque^i^iG  =  Maliil- 
lon,  op.  cit.  p.  43  ^Poitiers,  copie  à  Bruiellcs  .  Cf.  S.  Keinacli,  .Allueions  et 
cavernes,  p.  iiO  cl  i95  irintcrprélaliou  de  beaucoup  de  ces  prétendus  sifflets  est 
douteuse).  —  2  P.  ci.  Elite,  1,  pi.  cm  A.  —  3  Suprà  lig.  5*95;  Roscher,  col 
1 168,  etc.  —  *  Cela  résulte  de  l'anecdote  de  .Midas,  Scliol.  Pind.  Pgth.  XII 
—  5  Exemplaire  de  Poitiers.  —  6  Arislol.  Prob.  XIX,  23.  —  ^  Eupliorion 
/.  c.  —  K1111.101.RAPH1C.  I^asp.  Barlholious,  De  liOiis  velerum  (Amst.  1079), 
p.  210  s(|.;  (ievaert,  IJixI.  de  lu  mus.  dans  tantiq.  Il  (1881),  p.  275  sq.;  Furtwaen 
l-lcr,  Annali  deW  /nslitulo,  1877,  p.  212  sc|.;  Bliiniuer.  Tedmologie,  II,  395 
Th.  Kcinach.  Pro  Alesia,  mai-juillet  1907;  J.-W.  Tillyard,  /nstnimenlal  music 
■'.  (/.«  romau  âge.  Journ.  hell.  sliid.  XXVIl  (1907),  p.  160  sq.;  R.  Wallaschek, 
Anft'inge  der  Tonkunst  (l'.'03),  p.  99  (syrio?es  des  sauvages  actuels). 

SVnMA,  SVRTOS.  I  1,'idenlificatiou  du  »«[..  cl  du  „j,-.i-  résulte,  non  seu- 
lement de  rélymologie  («rûpw,  tirer,  traîner),  mais  encore  des  délinitions  données  par 
les  leiicographes.  Poil.  VII,  67  :  »Oa(i«  Ji  îtt-.  xça-i»Jv  oifijn»  i=i<rjji,.i,o«  ;  Suid. 
8.  V.  ôsî^irrâSttt*  '.i  ■frctt'it  /iT.T,vt;  ôfd«cr:â{(oi,  o:  Si  wsôj&tvot  c-jf^o:  ;  cf.  Hesych.  s.  V. 
ist.— .*„.  ;  Phol.  ».  eod.  V.  :  Scliol.  Arislopli.  I.ysist.  U.  —  i  hw.  VIII,  2i9  : 
Sonec.  Oed.,  423  ;  llerc.  Inr.  474.  On  («l'ait  romonler  jusqu'à  Fscliylc  l'iincntion  ilu 


spéciale,  ou  bien  ce  nom  désigne-t-il  simplement  le 
chlton  talaire,  porté,  par  exception,  sans  ceinture 'Celte 
seconde  opinion,  défendue  par  Becker'%  parait  peu  sou- 
lenable.  Le  chiton  talaire,  sans  ceinture,  porte  en  grec  le 
nom  de  /itÙjv  ôp9ûC7Ti3io;;  or,  comme  Vorllwstadios  et  le 
syrtos  sont,  dans 
plusieurs  textes , 
opposés  l'un  à 
l'autre  '\  il  faut 
bien  que  ce  dernier 
ait  été  autre  chose. 
En  réalité,  le  syrma 
ou  syiHos  était  une 
tunique  d'apparat, 
plus  longue  par  der- 
rière que  la  per- 
sonne qui  la  por- 
tait, cequ'on  appelle 
clieznous  une  «  robe 
à  queue».  Le  terme 
syr/;ia,pris  dans  un 
sens  plus  étroit, 
semble  avoir  été 
aussi    le    nom    de 

cette  queue  ou  traîne".  La  longue  robe  traînante,  en 
grandissant  la  taille  des  acteurs,  leur  prêtait  plus  de 
majesté  :  c'est  pourquoi  elle  avait  été  adoptée  pour  les 
héros  de  tragédie.  Elle  était  généralement  de  couleur 
pourpre,  symbole  de  la  puissance  souveraine '^  Chezles 
personnes  en  deuil,  le  syrma  avait  toutefois  une  autre 
signification"'  :  il  était  le  signe  de  la  mise  négligée  qui, 
dans  les  idées  des  anciens,  convenait  à  la  douleur  (syr- 
mala  in  lurtuosis  personis  incuriam  sui  per  negligen- 
tiam  sigiii/icanti  '\  En  ce  cas,  la  couleur  n'était  plus 
pourpre,  mais  noire".  0.  Navarre. 

SYRMAIA  ii:upu.ai'ï).  —  D'après  Hésychius',  c'était,  à 
Lacédémone,  le  nom  d'une  lutte  [îifw-j)  dont  le  prix  était 
une  espèce  de  brouet  portant  le  même  nom,  fait  de 
graisse  et  de  miel.  E.  S. 

SVSSITI.A  (Sjttltiï).  Repas  en  commun.  —  2j(r7iTia 
àv5ç£!0(,  oiSiTix  sont  les  noms  donnés  particulièrement  à 
Sparte  et  en  Crète  aux  repas  que  les  citoyens  étaient 
tenus  de  prendre  ensemble.  L'origine  et  la  persistante 
coutume  de  ces  repas  dans  le  monde  grec  ont  été  expli- 
quées ailleurs  [epula].  En  Crète,  où  tous  les  hommes 


Fig.  0710.   —  Acteur  \i\a  du  si/r 


sijnna,  Cramer,  Anecd.  Par.,  I,p.  19;  Porphyi 
XII,  95;  IV,  49,  8;  Juv.  XV,  30.  —  4  Don: 
dicta  sunt  ab  eo  quod  traliuiitur,  quae  res  a 
—  S  Ibid.  —  6  Pollux  semble  bien,  en  deux 
syrma  au  sexe  féminin  :  -vuvatcc'a;  Si  ((Pfiui;;) 


.  ad  Hor.  Art  poeL.i'S.—  SJIart. 
t.  De  corn,  et  trag.;  «  syrmala 
I  sceuica  luvuria  inslituta  est  ». 
passages,   attribuer    en   propre  le 

•jfTi.;   -«f=uoovs  ;IV,    lis);    Ti;;  S'i. 

oai«=oj«  0  iiîv  »jjT>,;  i«iAit;  [ibid.).  Mais,  d'autre  part,  la  délinition  générale,  don- 
née VIL  ^7  (voy.  plus  haut  n.  1),  ne  comporte  aucune  distinction  de  sexe. 
—  1  Lehrb.  der  griech.  Bùhnenalterih.,  p.  232,  n.  2.  —  8  Sen.  Oed.  423  :  •  et 
sinus  laxi  fluidumf|ue  syrma  u  ;  Juvcn.  VIII,  229  :  ><  longum  lu  pone  Thyestae  syrma 
vel  Anligones  ».  —  SBoclliger  {Kl.  Schrift.  1,  p.  40>,  32,  33)  el  Schneider  {Alt. 
Theat.  p.  160)  prenaient  le  syrma  pour  un  manteau.  Cf.  Dierks,  Oe  tragic.  tiis- 
trion.  habitu  scaenico  ap.  Graecos,  p.  37,  n.  4.  —  lo  Monum.  deti'  Inst.  XI, 
pi.  30,  31,  32,  fig.  3,  6,  11,  15,  17.  Cf.  Wicseler,  Denkm.  des  Bùhnenwes.  VIII, 
12;  XI,  5  et  p.  51,  86.  —  n  Suid.,  Hesych.,  Phot..  Scol.  .Arisloph.  L.  l.  noir 
n.  I).  —  12  Charikles,  H,  p.  îi».  —  13  Voir  note  1.  Poil.  VII,  48  ;  j«i.  JjtoTriS.o; 
0  où  ^uvvù-^Evo;;  Sommerbrodt,  Scaenica,  p.   189,  n.  I.  —  •*   Hesych.  a.    v.  wuj*- 

^.TO.V      r.So,..      v„,...,.To.      ^o5i;oe;     où.     i,...     «Jj^L..     PoU.     VII,     54.     -     "3    Poil. 

IV,  118  (voir  n.  6).  —  '«  Ibid.  —  n  Donat,  L.  l.  11  est  possible,  cependant, 
que  dans  ce  cas  on  Jono;it,  par  abus,  le  nom  de  syrma  à  la  tunique  talaire, 
portée  sans  ceinture.  —  '*  Poil.  L.  l.  —  On  trouvera  la  bibliographie  du 
sujet  dans  Alb.  Mûller,  Lehrbucli.  der  griech.  Bùhnenaltertbumer,  p.  232, 
n.  2. 

SYRMAIA.     1  Hes.    s.  V.  Le   même  nom  est  donné    par  les  auteurs  médicaux  à 
diverses  boissons  pi'rsjalives.  V.  H.  Eslienne,  Thésaurus,  s.  r. 


SYS 


—   1601   — 


SYS 


étaient  formés,  jeunes  garçons  dans  les  agelai,  adultes 
dans  les  hétairies  [uetairia,  hetairos^  qui  en  étaient  la 
prolongation,  à  la  discipline  militaire  ;  à  Lacédémone. 
où  cette  discipline  réglait,  dès  l'enfance,  toutes  les  actions 
comme  dans  un  camp,  les  compagnons  de  table  étaient 
réellement  des  compagnons  de  tente  (>;j(rxY,vo'.)  '. 

Lessyssities  étaient  le  repas  des  hommes  (àvôpeîa)  ;  les 
femmes  n'y  prenaient  pas  part-.  A  Sparte,  les  citoyens 
se  rassemblaient  chaque  soir  \  dans  l'ivoocïov  ou  otôi- 
Ticv*,  par  tables  de  quinze  plus  ou  moins,  que  présidait 
un  àp/u)>''.  S'il  s'y  faisait  un  vide,  on  volait  pour  rem- 
placer le  manquant;  le  vole  devait  être  unanime ^  On 
mangeait  assis'.  Personne  ne  pouvait  manquer  à  la 
réunion,  ceux-là  seuls  étaient  excusés  que  retenait  le 
soin  d'un  sacrifice  domestique  ou  qui  n'étaient  pas,  à  la 
tin  de  la  journée,  revenus  de  la  chasse*.  Les  rois  de 
Sparte,  s'il  est  vrai  qu'ils  furent  un  temps  dispensés  de 
venir  au  ocoixiov,  y  furent  ramenés  par  les  éphores".  Ils 
y  avaient  pour  commensaux  ceux  qu  i  les  accompagnaient 
ordinairement  à  la  guerre'"  L'ne  double  portion  leur 
était  servie,  et  l'Étal  en  faisait  les  frais";  les  autres 
hommes  avaient  à  fournir  chaque  mois  un  médimne  el 
demi  d'orge,  onze  à  douze  choés  de  vin,  une  certaine 
quantité  de  fromage  et  de  figues  et  un  peu  d'argent, 
environ  dix  oboles  d'Égine ''^.  Le  fameux  brouet  noir  " 
(uLÉXaç  Ç(ou.ô;),  fait  de  sang  et  de  viande  de  porc  (aifjiiTia, 
8âi.a)  accommodés  au  sel  et  au  vinaigre,  était  le  plat 
obligatoire  et  de  fondation  :  chacun  en  recevait  sa  part 
exactement  mesurée  ;  après  quoi  il  était  permis  '*  de 
goûter  d'autres  mets,  (â-iuXa),  que  l'on  faisait  quel- 
quefois venir  de  chez  soi  ;  on  se  faisait  volontiers  hon- 
neur des  produits  de  son  champ,  de  sa  chasse  ou  de 
son  troupeau  '".  Avec  le  déclin  des  mœurs  le  frugal 
repas  primitif  se  changea  en  un  festin  luxueux  "'. 

.\  Sparte  il  fallait  être  en  état  de  soutenir  toutes  les 
charges  de  la  syssitie  pour  garder  sa  place  parmi  ceux 
qu'on  appelait  les  Égaux  ('Oacot)''.  Les  cités  en  Crète 
y  pour  «oyaient  Chaque  citoyen  versait  à  son  hétairie 
le  dixième  de  ce  qu'il  pouvait  récolter  '*,  lui  ou  ses 
tenanciers,  et  un  statère  d'Égine  par  tête  pour  tout 
homme  à  son  service  '^  La  masse  ainsi  formée  était 
partagée  en  deux  moitiés,  dont  l'une  était  réservée 
pour  la  syssitie,    et    de   cette  manière   servait  à   l'en- 

SVSSITIA.  —  I  Xcnoph.  Jicsp.  Lac.  V.  S  ;  VII,  4  ;  IX,  4  ;  XV,  I  ;  Plat.  Lerj.,  II. 
p.  666;  Isocr.  Arched.,  81;  Uioll.  Hal.  II,  23.—  2  l'Iul.  Lyeurrj.  13  cl  i5  ;  Apojih. 
lac,  p.  2il.  —  3  i^es  \ieillards  liaient  reconduils  clicz  eux  avec  des  flambeaux, 
Xen.  0.  c,  73;  Plut.  iyc.  12.  —  *  El  plus  lard  o.S  t«  ou  sE:5ma,  Arislot.  /'ol., 
II,  20.  Sur  ces  noms,  v.  (iotlIiaT  ad  Arist.,  Oecon.  p.  190  ;  0.  Miillei-,  Dorinr, 
11,278;  Scliûmann,  Gr.  Altertiiùmer,  3«  éd.  I,  p.  280;  Bielschowsky,  O^.  Spart. 
Syitit,  p.   12.  —  5  IMul.  L.l.\  Hcracl.  Pool.  3,  ap.  Mïïllci-,  Fr.  hisl.  gr.  2,  212. 

—  c  Plul.  Lijc.  12;  Scliol.  Plat.  Leg.  I,  p.  22.t.  —  ''  Longtemps  eucorc  après  qu'où 
cul  pris  rbabilude  de  manger  couché,  Heracl.  Pont.  /.  c.  ;  Atlien.  IV,  p.  142  u, 
XII,  p.  .Ï12  e  ;  Cic.  Pro  Muren.  33.  —  8  plut.  ;.  c;  .Xeo.  R.  Lac.  XV,  4  ;  Hesycb 
àçiS.o;  t.fif,.  —  9  Plul.   (.  c;    cf.    Herod.    VI,  37.    —   1»  Xen.    O.   c.  XIII,    I. 

—  "  Plul.  l.  c.  ;  Xen.  XV,  4.  —  12  Dicaearch.  ap.  Alhen.  IV,  p.  141  ;  ce  sont  là, 
il  le  dit,  les  mesures  atti<|ue5  ;  Plutarque,  t.  c.  donne  les  mesures  de  Sparte. 
ï.  Bielcliowsky.  O.  !..  p.  23  sq.  —  13  plul.  /.  c;  Id.  San.  pracc.  î  ;  Dicaearcb. 
/.  c.  ;  r.ic.  Jusc.  V.  32;  Pollux,  VI,  5.  —  H  Sur  le  ^y.uiiii-.^.i,  t|ui  partageait  les 
viandes,  r.  Plul.  Symp.  quaest.  11.  s.  v.,  2  ;  c'était  un  oflicier  public;  de  même 
la  cbarge  de  pétrir  le  pain,  celle  de  taire  le  mélange  du  vin  étaient  ofncielles  et 
héréditaires.    Herod.    VII.    130:   Wide,  Lakon.    huile,   p.  2:«.    l'Iularque    nomme 


tretien  des  familles  :  en  effet,  les  femmes,  les  enfants, 
les  esclaves  n'avaient  pas  de  place  au  repas  public;  mais 
les  hommes  qui  y  étaient  admis  avaient  droit,  quel  que 
ftit  leur  apport,  à  une  part  égale,  el  ainsi,  riches  ou  pau- 
vres, l'hétairie  subvenait  aux  besoins  de  tous.  '• 

Il  y  avait  en  tout  endroit,  dit  l'iiistorien  crétois^",  deux 
maisons  pour  les  syssilies:  l'une  était  l'àvîpcïov,  la  salle 
du  repas  des  hommes,  où  deux  tables  étaient  aussi  dres- 
sées pour  les  hôtes  de  passage^'  ;  l'autre  où  ceux-ci  pou- 
vaient coucher,  le  xo'.u.Y|T'ripiov.  Les  jeunes  garçons  n'at- 
tendaient pas,  comme  à  Lacédémone,  d'avoir  l'âge 
d'homme  pour  entrer  à  l'à'/Spîîov  ;  ils  s'y  tenaient  assis 
sur  des  escabeaux  auprès  de  leurs  pères,  on  leur  donnait 
une  demi-portion  de  viande  et  ils  ne  recevaient  pas 
autre  chose;  les  orphelins  avaient  droit  à  une  part 
entière -^  Les  plus  jeunes  faisaient  le  service.  L'ne 
femme  était  chargée  de  le  diriger  avec  l'aide  de  trois  ou 
quatre  hommes  du  pays,  cliacun  accompagné  de  deux 
serviteurs,  qu'on  appelait  les  porteurs  de  bois  (zaX&tpô- 
poi).  Elle  devait  choisir  les  meilleurs  morceaux  jiour  Ips 
présenter  aux  hommes  qui  s'étaient  distingués  par  leur 
valeur  à  la  guerre  ou  par  leur  sagesse  dans  les  conseils.  Le 
vin  était  mêlé,  à  chaque  table,  dans  un  cratère  commun  ; 
les  jeunes  garçons  avaient  le  leur,  mais  qui  n'était  pas 
renouvelé,  comme  il  l'était  pour  les  hommes  plus  âgés, 
s'ils  le  désiraient;  on  buvait  toujours  sans  excès  -''. 

Ces  repas  des  Cretois  passaient  pour  être  gais.  On  y 
célébrait  les  exploits  guerriers,  on  y  faisait  l'éloge  de 
ceux  qui  avaient  mérité  d'être  loués  ;  on  s'y  entretenait 
aussi  des  alTaires  publiques. 

Les  syssilies,  chez  les  Cretois  aussi  bien  que  chez  les 
Spartiates,  apparaissent  comme  une  institution  militaire  et 
politique  organisée  dès  la  conquête  ou  conservée  parles 
émigranls  doriens  pour  maintenir  parmi  les  populations 
qu'ils  avaient  désarmées  le  sentiment  d'une  supériorité 
fondée  sur  la  force  elsurla  richesse.  Les  groupes  étaient 
plus  étroitement  fermés  à  Lacédémone,  où  les  membres 
se  recrutaient  au  choix  et  se  gardaient  le  secret  ;  plus 
ouverts  et  penchant  vers  la  démocratie  en  Crète,  où  les 
hétairies  comprenant  un  grand  nombre  de  personnes 
devinrent  plus  facilement  (ce  fut  cependant  assez  tard) 
des  assemblées  populaires  (Èxy.),f|aiat)  -',  disposées  à  se 
révolter  contre  l'antique  autorité  des  xotiaoi.     E.  Saglio. 

aussi  un  V;i-.«iri;,  Apoph.  lac.  p.  214.  -  1''  .Xen.,  Plut.,  Albeo.,  /..  (.  —  '«  Pli» 
larch.  ap.  Alhen.  IV,  p.  142.  —  "  Arisl.  Pol.  II,  C,  21.  —  18  V.  ce  que  'dit  pour 
Lyklos,  Dosiadas  ap.  Alhen.  IV,  p.  143;  Arislot.  Pol.  II,  7,  4;  Plat.  Leij.  Vlll, 
847  ;  Ephor.  ap.  Strab.  480  ;  cf.  Jlûllcr,  Dorier,  II,  203  ;  cf.  Schfimann,  Gr.  Atterlh.. 
p.  323  ;  Gilbert,  Gr.  Stanlsalt.  Il,  p.  22S.  -  19  Esclaves  ou  ipHAMioTAi,  cf.  0.  Mûl- 
ler,  Oorier,  II,  p.  31;  Gilbert,  O.  c.  Il,  p.  219-20;  Dosiad,  /.  c.  i«.ti/oï 
*xTà  Ti-.v  KsiîTiiv  'iZtt:  5j'j  T«?;  TjffT-.TÎa  (.  —  20  H  ne  s'agil  pas  d'étrangers,  mais  de 
Crétoià  d'une  autre  ville  ;  cf.  Corp.  inscr.  gr.  2534.  49  ;  2)36,  39  sq.  —  '2'  Pyrgîon 
ap.  Alhen.  IV,  p.  143  e.  Le  président  de  la  syssitie  (îf^o.-,)  av.nil  quadruple  part;  Hcracl. 
Pont.  3,6.—  22  Plat.  .)/,„.  p.  320  ;  cf.  Plat.  Leg.  1,  367  a.  —  23  Plul.  (Ja.  symp. 

Vil,  p.   332:  ,3ou>.E-j:r.j.oi   in^jsr.T»    ««■  (7J.i?;:«  4jiiT0«>iT-.«i.  —  2'>  [OBF.TESSIUM     HES- 

pubuca;,  Gilbert,  0.  c.  p.  226.  sq.  —  Bnji.tocBAPHiE.  Olf.  Mûller,  Die  Dorier, 
Breslau,  1824,  t.  II,  p.  201,  273  sq.  ;  Hoeck,  Kreta,  t.  III,  120,  sq.  Goelling. 
1826;  Schômann.  Griech.  AUerthûmer.  3'  éd.  Berlin,  1871,  I,  p.  254,  334; 
Fustel  de  Coulanges,  .Acad.  des  se.  morales,  1879  (nov.  et  déce(nbre)  ;  Id.  A^oii- 
velles  recherches,  p.  85,  sq.  :  Bieischiwsky,  De  Spartanorum  syssitiis,  Breslau, 
1SG9;  Gilbert,  Uandbuch  d.  griech.  Staatsalterlh.  Leipi.  1881-1883,  I,  p.  70; 
II,   p.  222. 


Vlll. 


201