Digitized by the Internet Archive
in 2010 with funding from
University of Ottawa
http://www.archive.org/details/pt2dictionnaired04dare
DICTIONNAIRE
DES ANTIQUITÉS
GRECQUES ET ROMAINES
Dictionnaire des antiquités grecques et romaines. Ce Diclionnaire est publié par fascicules
grand in-A". Chaque rascicule comprend 20 feuilles d'impression (1(30 pages). — Les quarante-
cinq premiers fascicules sont en vente. Chaque fascicule 5 fr. "
TOME I, Premiiîre partie vA-B). 1 vol. in-4°, broché 25 fr. »
TOME I, Deuxième partie (C). 1 vol. in-i", broché 30 fr. »
TOME II, Première partie (D-E). 1 vol. in-'i", broché .30 fr. »
TOME II, Deuxième partie (F-G). 1 vol. in-'i", broché 2ô fr. ••
TOME III, Première partie (H-K). I vol. ia-4°, broché 25 fr. ..
TOME III, Deuxième partie (L-Ml. 1 vol. in-4", broché 40 fr. «
TOME IV, Première partie (N-Q). 1 vol. in-l", broché 25 fr. »
TOME IV, Deuxième partie (R-S). I vol. in-i" broché 25 fr. »
La demi-reliure en chagrin de chaque volume se paye en sus 5 fr.
DICTIONNAIRE
DES ANTIQUITÉS
GRECQUES ET ROMAINES
D A P R È S LES r E X T E S El LES M 0 N U M E N T S
COi\'l'E\A.\ I' l.'KM'I.ICA'l'IO.N DUS 'l'lil;MKS
gui SE RAPPORTE.Nr AUX MŒURS, AUX INSTITUTIONS, A LA RELIGION,
AUX ARTS, AUX SCIENCES, AU COSTUME, AU MOBILIER, A LA GUERRE, A LA MARINE, AUX MÉTIKRS,
AUX MONNAIES, POIDS ET MtSURES, F.TC, ETC.
KT KX (;Ë.\ËltAI. A I.A VIE i>uiir.iQiii!: Kr PUIVriK l>KS A\i:il':.\S
Ouvrage fondé par Ch. DAREMBERG
ET RÉDIGÉ PAR INK SOCIÉTÉ D'ÉCRIVAINS SPÉCIAIX. DARCHÉOLOGLES ET DE PROFESSEIRS
SOIS H lillircTION DE
M. EDMOM) SAGLIO
AVEC LE CONCOURS DE
M. EDMOND POTTIER
OUVRAGE OBNÉ DE PLUS DE 7 000 FIGURES DAPRÈS L'ANTIQUE
IlESSlNÉES l'Ail P. SELI.IER. E T i: .
TOME QUATRIÈME
Deuxième partie (R-S)
PARIS
LIBRAIRIE HACHETTE ET C"=
79, BOULEVARD S A I N T- G E R M A I N , 79
Droits <le ]>ro|inùtc et de tr.iUuctioii
4
s
I
DICTIONNAIRE
DES ANTIQUITÉS
GRECQUES ET ROMAINES
R
BADIUS '■ — Bàlon, baguette, rayon.
1° Branche d'un pieu de retranchement. Ce sens repose
sur un texte de Tite-Live connu par un manuscrit unique,
dont la leçon a paru suspecte, peut-être à tort. Par radii
il n'est pas impossible qu'on désignât proprement les
branches pointues et enchevêtrées, les piquants qui
hérissaient les stipites et les valli, dans les palissades
des camps romains [vallum] ^
2° Baguette dont se servaient les professeurs pour
fixer l'attention de leurs élèves sur un point, une ligne,
une figure {fig. 3217). Elle était particulièrement utile
aux astronomes dans l'étude de la sphère; aussi en
avait-on fait un de leurs
principaux attributs, comme
l'atteste une peinture de Pom-
péi qui représente la muse
Uranie (fig. 5912) ^ Avec le
radius les astronomes, les
géographes, les mathémati-
ciens, les géomètres traçaient
leurs chiffres et leurs figu-
res à la surface du sable qui
remplissait le cadre de l'aba-
que ABACUS, I] S si bien que
i u le sable et la baguette, pul-
Babette de démonstralioo. «^'« «t radlUS », SOUt pOUr
Cicéron les insignes mêmes
de leur profession. Quand les anciens évoquaient le sou-
venir d'un Conon, d'un Euclide ou d'un Archimède, ils
ne les voyaient plus qu'avec le radius à la main '.
3° Navette {■As.yM), bâtonnet pointu auquel le tisserand
enroule le fil de la trame et qu'il fait passer dans la
chaîne [textrimm] *.
RADIUS. ' Peutélre crapruolé du grec jiîSo;, qui présente à peu près les mômes
variétés de sens ; Bréal et Bailly, DM. étym. lat. s. i'. ; synonyme uir^a dans Serv.
ad yitg.Ecl. III. 40. _ 2Acu(! aliusque per alium immissi radii, T. Liv. XXXIII,
5, Il ; radii du codei Bambergensis (B) a été corrigé en rami par Madvig, Entend.
Livianaei (1877), ad h. I. correction adoptée par Weissenborn. — 3 Pitt. d'Ercol.
Il, 8, p. ô3; Millin, Gai. Mylh. i3,75; Millier- Wieseler, Denkm. d. ait. Kunsl, II,
58, 740; Helbig, Wandgem. Campan, a. 889, Pjtliagore montrant avec le radius
une sphère ; monnaies impériales de Samos, Barclay Head, Calai, of the greek
coins in the Bril. Muséum, lonia, Samos, n. 237, J57, 351, 3C4, pi. ixxvii, 14.
— t Ou sur le sable des palestres edccatio. p. 47i, 473]. Voir aussi la mosaïque
dite.. l'Académie de Platon .. (fig. 2541). — = Cic. Tusc. V, 23, où il ne s'agit pas
VIII.
Û-.J
4° Rayon (àxtiç) d'une couronne radiée [fig. 646,
631, 653, 655, etc.]''.
3° Rayon (àxTÎç, xvf|[AY|, pâBi;) * d'une roue [currds,
PLAISTRI'M, etc.]. Georges Lafaye.
RADULA (KvY,!TTi«, xv?|(7Tf&v, çu7i)>T,). — Ces noms, venant
de rado, xvxoj, ;0oj, conviennent tous à des instruments
faits pour racler, frotter, polir. Le mot latin ne se ren-
contre que chez Columelle', qui mentionne une radu/a
de fer servant à débarrasser les vaisseaux destinés au vin
de la vendange de la poi.x ancienne qui y reste adhérente,
avant de les enduire de nouveau. On ne saurait, d'après ce
seul renseignement, reconnaître le
racloir ici en question parmi beau-
coup d'outils qui ont été conservés,
propres à un pareil usage. Leurs
formes variées ou les circonstances
dans lesquelles ils ont été trouvés
ne permettent que pour certains
d'entre eux, d'en déterminer l'em-
ploi dans difl'érents métiers aux
noms desquels nous renvoyons [cae-
LATURA, CORIARIUS, SCULPTOR, TIGNA-
Rius, etc.].
.Nous ne reproduirons pas ces ou-
tils dont la destination reste incer-
taine, mais nous placerons ici ce que
nous avons à dire de la râpe. La râpe à fromage est déjà
mentionnée dans Homère, puis dans d'autres auteurs qui
l'appellent xvïi<jTii;,Tupoxv-r,(rTiçetx'jêT|Xov'-. Il semble, d'après
leurs explications, qu'il s'agisse d'un instrument tranchant
(|jLa/_otipi5tov Ti, xoirtç dtS-^oS, 5u(7T"fip lîj çûo'jti tov Tupov); on
fabrique encore desràpesdece genre. Mais les anciens ont
connu comme nous les râpes faites d'une feuille de métal,
du compas [ciRciNus] ; Virg. Ed. III, 40 et Serv. Ad h. l. ; Aen. VI, 830; Boelli.
Geom. Eucl.U,f. 1352 Migne; Martian. Capell. IV, 337; VI, 580; VII, 7!8.
— 6 Lucr. V, 1352; Virg. Aen. IX, 476; Ov. Fast. III, 819; Met. IV, 275;
VI, 56, 132. — ' Flor. IV, 2, 91. — 8 Varr. H. rust. III, 5, 15; Virg. Georg.
II, 444; Aen. VI, 616; Ov. Met. II, 31«; Val. Flacc. VI, 414. K»T,i;Lr„ Poil.
I, 144, X, 157; Euslath. p. .598, 4; Hesycli. s. v. Il n'y a aucune raison de
supposer avec Rich, Ûict. d. anl., que xv<|jir, fût réservé pour une forme spéciale
du rayon. 'PàSiç, Bdicl. Diocl. XV, 5.
RADCLA. 1 a. rust. XII, 18, 5. — 2 Jliad. XI, 638 ; Eustatb. Ad (.; Aristopll.
Vesp. 998 ; Al'. 1586 ; Plut. 106 et Scliol. ; Plut. Z>!0, 38; Hippocr.ap. Gileo. Exeges;
Pollui, VI, 92, et X, 104; Ilcsycb. s. i>. x»i;aTiî.
102
f^;
Fig. 5'Jl.J. — Kâpe
RAL
— 810
RAP
ordinairement de bronze, percée de trous serrés dont le
périmètre décliiré fait saillie d'un seul côté; il en existe
de semblables dans les collections : celle que l'on voit
(fig. 5913) a été trouvée en Italie dans les fouilles de
la Chartreuse de Bologne ' avec des objets
M étrusques et grecs du vr et du V siècle av.
:: ,I.-C. : elle mesure IG centimètres et demi de
long sur 8 de large. On hachait de la même
manière des légumes et l'on chapeiait le
pain -.
Peut-être faut il mettre encore sous le titre
(le cet article des instruments de fer et de
bronze, dont le nom ancien reste incertain,
mais dont la forme indique clairement la des-
tination : faits d'une barre de grandeur varia-
ble et pouvant, au besoin, être allongée par un
manche en bois, courbés à leur extrémité, ils
servaient de ringards à remuer le combus-
tible et le métal dans les fourneaux indus-
triels (fig. 5914)\ à ramasser et retirer la cen-
dre et les charbons des foyers plus petits
(tig 3165, Focus, p. 11915). Dans quelques-uns
de ces derniers, généralement en bronze et
Fig. 5314. — j'uij travail soigné, le bout est recourbé et
Ringard de fer. ^
a la forme d'une main dont les doigts réunis
se replient comme pour ramasser les matières qu'on veut
attirer à soi (lig. .5913)*. C'est l'instrument qui figure
dans des inventaires anciens sous le nom de « tire-feu ^ ».
Rappelons encore la règle à l'aide de laquelle les men-
sores de l'annoiie rasaient le grain qui débordait la
surface des mesures officielles. Racler et 7-adoire sont
restés avec ce sens des termes techniques dans notre
langue [jiensor, fig. 4917]. E. S.\glio.
RALLU.M (de rodo), racloir. — Outil pour débarrasser
FiR. 50 10. — Aiguillon muni de rallum.
le soc de la charrue, de la terre et des herbes qui y res-
1 Zaaooni, Certvsa fit Botogna^ pi. cxi.ui, vi ; autres trouvés à Noccra (Musc-c
de Naples). Bullct. Napolet. 1856. pi. m, p. 178; à Arles, à Marseille (Musée
du Cliileau Borely). à Arceria. — 2 Alben. III, p. 511 U; XII, p. 516 d ; Eusl.
L. l. p. 87», 9. — 3 Ringard en fer, conserviS à Lmeuii. où on en a pris le
dessin de noire (igurc 5tiU; cf. fig. 321)0. — 4 Babelon et Blancliet, Bronzes de ta
Biàliolh. nationale, n' 1817; Micali, Monum. per servirc a la storia d. popoli
ilahani. Flor. I83S, pi. ciui, 3 et 4; K. Friedrichs, Klein. Kunsl und Industrie,
n. 764; Helbig. Fùhrer, \W\, 11, p. 345, n. 330. — 5 De Laborde, Glossaire, p. 51li!
H4LLIJM. I Plin. a. ual. XVIII, 177 (40, i). — 2 .Micali, .Von. ined. pi. cxiv,
l. 111, p. ilO. — 3L.CII. —'■Mittheil. d. arcli.lnst. Sez. rom. I,p. Î3. — 5 Bull.
Jnst. 1880, p. il3, n. IG37 ; Musée de .Naples, Raecolla Cumana; Gsell. .V,'cro/i.
talent adhérents '. On le voit aux mains d'un laboureur
dans le groupe connu en bronze, d'Arezzo (lig. 5916)- :
c'est une petite pelle emmanchée au bout du bâton de
l'aiguillon {sli mu l us cuspidatiis rallo. dit Pline) ^ On a
trouvé de ces outils en assez grand
nombre, en fer, à Vulci *, en
bronze, à Cumes et ailleurs ^ Tous
ont une forme à peu près sembla-
ble, celle d'une palette à tran-
chant droit ou légèrement arrondi (fig. 3917) avec une
queue où le manche s'insérait. E. Saolio.
RAPliVA, BOX.\ VI R.\PTA. — La notion de violence,
en droit pénal, fut introduite simultanément à Rome
dans la procédure des quaestiones et dans la procédure
civile, par les mesures prises en 77 ou 76 av.-J.-C. ' pour
mettre fin aux troubles occasionnés par Lepidus et
surtout aux brigandages des bandes d'esclaves et de
gladiateurs. La loi Plotia de vi eut pour pendant l'édit
du préteur pérégrin M. Terentius Varro Lucullus d'où
sortirent le délit privé de rapina et l'action pénale
privée r/ bonorum raptorum. Cette action qui suppléait
à l'insuffisance de la loi .\quilia, de la procédure des
interdits, et de la restitutio in integruin, était donnée à
celui qui avait été la victime de dommages causés par
une attaque violente, par une bande armée-. Ce délit se
rattachait au damnum de la loi Aquilia, mais aggravé
par l'adjonction des éléments de dol, de violence et
d'attroupement ^ L'appropriation par le vol, même avec
violence, ne rentrait pas d'abord dans la notion de l'édit,
mais elle y fut rapidement introduite, comme le montre
le titre de l'action vi bonorum raptorum ; le dommage a
même passé au second plan*. L'action fut encore plus
dénaturée lorsqu'on supprimal'élément de l'attroupement
et qu'on la donna pour toute détérioration ou appro-
priation violente du bien d'autrui". Elle aboutissait à
une condamnation du quadruple de la valeur de la chose,
étant ainsi rei perseruloria pour le simple et pénale pour
le triple'. Elle ne s'appliquait qu'aux meubles; pour les
immeubles, on avait les interdits et l'action publique de
la loi Julia de vi priva/a' [vis]. On put appliquer aussi
l'action vi bonorum raptorum contre la détérioration et
l'appropriation du bien d'autrui commises à l'occasion
d'une calamité publique, incendie, naufrage et contre
l'extorsion illégale d'impôts et de redevances par des
publicains*. Ch. Lécbivain.
RAPTUS. — En droit romain, le rapt est le crime
d'enlèvement d'une fille ou d'une femme de condition
honorable, malgré sa volonté ou celle de ses parents,
qu'il aboutisse ou non au mariage. Il s'est appliqué
aussi à l'enlèvement d'un garçon et même d'une esclave'.
Nous ignorons comment il a été réprimé sous la Répu-
blique ; le tribunal domestique pouvait évidemment
intervenir. Le rapt put ensuite être poursuivi par le
père ou le mari au moyen de l'action d'injure, en raison
d. Vulci. p. 13 cl 415 ; fouilles d'Arceria. Mon. Accad. d. Lincei, IX, pi. iv, 5.
RAPINA, BONA VI RAPT.A. I Ascon. Jn oral, m tog. cand. p. 64. — 2Cic.
Pto Tull. 2 el 9. — 3 Ibid. i. 7, 9, 12, 27, 39. Lucullus avait enlevé de sa formule
la clause de dommages causés à tort [injuria) pour ôter tout prétexte aui conflits
armés. — ^ Oig. 47, 8, 2 pr. 7, 17. Dans le leite le plus récent de la formule ont
disparu le mol armati, superflu, et le mot ri. dont l'omission dénature l'action.
— 5 Dig. 47, 8, 2, 7. — 0 Gic. Pro Tull. 7, 41 ; Gai. 3, 209; Insl. 4. 6, 25 ; Dig.
4, 2, 14. 1 ; 4, 2, 16, 1 ; 47, S, I, î, 13; C. Just. 3, 41, 4. — 7 C. Just. 9, 33, 1.
— » Paul. Sent. 1,3, 2 ; Oig. 39, 4, 9, 5 ; 47, 9, 1 pr. — Bibliographie. Monimseu,
StrafreclU, Leipzig, 1899, p. 652-607 (trad. franc. Paris, 1907, II, p. 370-387).
BAPTUS. 1 C. Just. 9, 20, I.
RAS
— 811 —
RAS
de l'offense qui les alteignail, ou, dans les cas les plus
graves, tomber sous le coup de la loi Julia de vi puhlica.
En ce cas, toute personne, même étrangère, pouvait
accuser, au delà des cinq ans admis en matière d'adultère,
et la peine pouvaitaller jusqu'à la mort'. Mais le rupt ne
fut puni comme crime spécial que par Constantin
en 320, avec une sévérité extraordinaire : l'élément
essentiel du crime est l'absence de consentement des
proches: à l'égard du ravisseur, le consentement de la
personne ravie est indifTérent, mais elle encourt elle-
même une peine égale. La peine est la mort, même s'il y
a eu mariage subséquent; pour les complices esclaves,
elle est accompagnée de supplices : les parents complices
encourent la déportation; la sentence ne comporte pas
d'appel-. Ces peines sont atténuées par Constance et
Julien'; Gratien, Valentinien et Valens établissent la
prescription de cinq ans'; mais la rigueur reprend le
dessus; les condamnations pour rapt sont exceptées des
amnisties". Le délit est étendu par Constance à lenlè-
vement des religieuses, filles ou veuves, et plus tard
même au cas où, ayant consenti, elles n'ont pas eu le
consentement de leurs chefs ecclésiastiques''. Justinien
maintient la peine de mort contre le ravisseur, sans
confiscation des biens, si la personne est une esclave ou
une affranchie, avec confiscation des biens au profil de
l'ingénue enlevée malgré elle, ou de ses parents, et, à
leur défaut, du fisc, si elle a été sa complice ou si elle l'a
épousé. Les parents complices encourent la déportation
et la confiscation des biens. Dans tous les cas, le mariage
est nul. Les autres complices encourent également des
peines capitales. Il n'y a pas d'appel contre la sentence''.
Ch. Lécrivain.
RASTELLL'M. — I. Diminutif de rasteb, petit raster.
Pour inaugurer les travaux du percement de l'isthme de
Corinthe, Néron se servit d'un ra.stelli/m' qui était un
raster à deux dents, ou bide.ns, car Dion, qui raconte le
même fait, l'appelle îi'xsXÀa^
IL — Râteau avec des dents en fer ou en bois', ana-
logue à nos râteaux modernes et servant aux mêmes
usages. Varron dit qu'on devait le fabriquer avec du bois
fourni par la propriété'. C'est avec le rastellum qu'on
réunissait en tas le foin coupé lorsqu'il était sec ', et que,
après la moisson ou la fenaison, on recueillait les tiges
restées à terre '^. Le rastellum en bois servait particu-
lièrement à recouvrir, après les semailles, les graines
délicates, comme celles de la luzerne " . He.sry Thedenat.
RASTER. — I. Instrument d'agriculture de la même
famille que le bidens, s'en distinguant moins par le nom-
bre de ses dents que par la manière dont celles-ci se
détachent de la traverse à laquelle s'adapte le manche. Les
deux instruments servaient aux mêmes usages et le bidens
• Dig. 48, 6, 5, i; C. Juit. 9, 12, 3: 0, 13. I, 5 ; Quintil. Inst. 9, 2, 90 ; Senec.
Decl. 2, Il ; Quintil. Decl. »i7, 270, 280 ; Calp. Flac. DecL 16, 23, 33. W, M, 49.
— 2 C. Th. 9, 2i, 1 (d'où edict. Theodor. 17-19, 92), loi remplaci^e sous Justinien
|iar C. Just. 9, 13, 1 {Inst. 4, 18, 8 ; cf. .Vov. 143',. Justinien a supprimé la
clause de la loi de Constantin punissant de la perte de ses droits d'bérilage la fille
enlevée de force. — 3 C. Th. 9, 13, i ; Ammian. 16, 5, 12. — 4 C. Th. 9, U, 3
(loi non admise par Justinien). — 3 9, 38. — 6 C. Th. 3,25, 1, 2; C. Jusl. 9, 13. 1.
3 a. 3 Ij; Sozom. C. 3: Ifov. Marcian. 6 ; -Vou. Justin. 123. 43. — ^ C. Just. 9,
13, 1; I, 3, 54; /n»(. 4, 18. 8: A'or. 123, 43; 143.— Bibliooraphie. Bein, Dos Cri.
miiialrecht der Rômer. Leipzig, 1844, p. 392-398 : Mommsen, Strafrecht, Leipzig,
H99. p. 664-605, 701-702 (trad. fr. Paris, 1907, II, p. 383, 420-430).
RASTELLCM. I Sucton. A'cro, XIX. — 2 Dio, LXIU, 6. — 3 Columell. B. rust.
Il, 13, 0. — » Varro, fl. rust. I, 22, 1. — 5 Pompa, De instrumenlis, X. — « Varro,
Ling. lai. V, 136; M. fl. rust. I, 49. — ' Colum. L. l.
RASTER. iCaio,/î. rust.X, 3: cf. Varro, Linij. lai. V, 130. — 2 Cf. Corp. Gloss.
Il, 277, 33, Raslrum bidens. — 3 Ceci, Piccoli bron:i del museo d. Xapoli, pi. s.
n'est, après tout, qu'un l'asterii deux dents. Calon men-
tionne un raster à quatre dents' ; le musée de Xaples en
conserve à deux-, à quatre et à six dents (fig. 3918)'.
Dans le manuscrit de Térence de la bibliothèque du
Vatican, une miniature représente sous la forme d'un
bidens^ un instrument qui, dans le texte de l'auteur,
est appelé raster^.
Le raster servait à briser et à réduire en poussière les
mottes de terre dans les terres labourées', dans les
Fig. 5918. — Formes du raster.
vignes \ autour des arbres*. Cette opération s'appelaît
occatio {occare. occator). Columelle, en elTet, dit qu'elle
consistait à pulvériser les glèbes'; elle se faisait immé-
diatement après le labourage '"et avant les semailles, car
une terre bien ameublie ne devait pas, une fois ense-
mencée, réclamer une nouvelle occatio". On a cependant
des exemples é' occatio faite après les semailles'-.
Quelques auteurs, s'appuyant sur des textes où le
rasier est qualifié gravis'^, iniquo pondère'^, l'ont
assimilé à une herse tirée par des chevaux'^. Ces épi-
thèles, poétiques d'ailleurs, signifient qu'on frappait
lourdement la motte rebelle '^ quelquefois sans doute en
employant, comme avec le bidens", le côté opposé aux
dents en guise de lourd marteau. Un texte de Sénèque
ne laisse, du reste, subsister aucun doute ; on maniait le
ras/er comme une pioche".
Quelquefois Voccator rencontrait des racines ; c'est
pourquoi il existait des rastri munis, sur le côté opposé
aux dents, d'une lame tranchante [ascia) ". Les auteurs
anciens disent, en effet, que mieux valait couperles racines
que les déchirer avec la charrue^", à laquelle, d'ailleurs,
était souvent suspendue une petite hache ■^'.
Le raster servait aussi à arracher les racines des
herbes^'', à remuer le fumier dans les fosses-', à racler
et à soulever la terre-'.
Le raster, les dents au moins, était généralement en
fer; cependant on en fabriquait en bois pour des travaux
plus délicats, par exemple pour recouvrir la semence de
la luzerne que le fer ne devait pas toucher-'. Le raster
en bois servait aux mêmes usages que le rastellum.
II. — A l'amphithéâtre, après un combat, on se servait
du raster pour nettoyer l'arène souillée de sang et de
débris"-': ce qui indique bien que, par sa forme, le raster
ressemblaitplusou moins à nos râteaux modernes, quoi-
qu'employé à des usages différents. Henry Théde.nat.
n. 49. — 4 Séroux d'Agincourt, Hist. de Cart par les monuments, pL xxxvi, n. 2.
— 3 Beaulontim. 1, 1. 36-37. — 6 Columell. X, 70; Varro, fl. rust. 1, 29, 2;
Virgil. Oeorg. I, 94, 111, 534; Aen. IX, 6C8 ; Orid. Uetam. 11, 287. — i Cato, R.
rust. XXXIII, 2 ; Varro, R. rust. 1, 22 et 31 ; Columell. De arbor. V, 5; Virgil.
Aen. VII, 726; Pallad. .\gr. VI, 4; Menologium rusticum, dans Corp. inscr. lat.
1, 2« éd. p. 280, XXIII, A el B, menais Junius. — * Pallad. {Agr.) L.l.—^ R. rust.
XI, 2. 60. — 10 Colum. Il, 4, 2; Varro, /ï. r. I, 31, I ; Plaut. J/ercai. prolog. 71 ;
Plin. JVat. hist. XVIll, 4P, 5. — " Colum. L. l.: Plin. N. h. XVIII, 49, 4.
— 12 Cicer. De senect. XV; Plin. XVIII, 49, 3; Colum. II, 10. 6. L'époque
de ces travaux variait suivant la nature du sol et l'époque des semailles. — 13 Vir-
gil. Georg. 1, 496; Colum. X, 71. — 14 Virg. i. /. — 1> Cf. Adam Dickson
(trad. fr.), De l'agriculture chez les anciens, t. I, p. 372. — 16 Virg. Georg. III,
534. _ n Ibid. Il, 399-400. — 18 Scnec. De ira, II, 25 : cum vidisset fodien-
tem el altius raslrum nlleranlem.... — 15 Pallad. I, 43, 3. — 20 plin.
XVIII, 49, 3. _ 21 Ibid. — 22 Colum. II, 6. — 23 Id. II, 15, 8. — 21 Varro, L. t.
\, 136. — 25 Colum. II, H, 4 — 2e Marlial. II, 75, 16.
RAT
812 —
RAT
• RA.TA.RIUS, RATIARIUS. — I. Batelier manœuvrant un
radeau pour le transport des marchandises en eau calme.
Les /■«//«/•((étaient souvent organisés en corporations ;
une inscription de Genève nous fait connaître le collège
des rafiarii superiores^, qui naviguaient sur le lac Léman
et le cours supérieur du Rhône; un texte de saint Jean
de la Porte nous apprend rexislcnce, dans la vallée de
l'Isère, des ra/iarii \'o/u(/nienses-.
II. — Passeur, faisant le service d'un bac [ratis,. Le tarif
latin du bac de Carthage à Rades indique ce que doivent
payer aux ra/arii les passagers à pied ou à cheval, les
mulets et les muletiers, les ânes et les àniers, les cha-
meaux et les chameliers'. P. Gauckler.
RATIO, RATIOXALIS. — A. Le mot ratio ' désigne
primitivement les comptes, soit privés, soit publics'-, et
par extension, sous l'Empire, une administration finan-
cière, un service avec son personnel, ses bureaux. La
ratio a souvent comme subdivision, quelquefois comme
synonyme, la statio, mot qui a passé du local aux em-
ployés'. La plupart des services impériaux ont proba-
blement formé des rationes, sauf ceux qui concernent
la levée des impôts provinciaux dus au fisc *, des impôts
spéciaux, vingtième des héritages, vingtième des affran-
chissements, des vectigalia^, et le recensement.
Les principales rationes connues sont :
I. — Le fisc, qui représente dans son ensemble les ra-
tiones imperii^, plus tard les suminae rationes'', et
dont le chef s'appelle jusqu'au m' siècle Va rationibiis
ou le procurntor a rationibus^ [fiscus, p. 1144]. L'ar-
gent du fisc était gardé à Rome en différents endroits,
dans des temples', en partie près de la statue loricata
de César, dans le temple de Castor, plus tard au forum
de Trajan '" : le titre de procurateur a loricata ex ratione
peculiare " peut donc se rapporter à une branche spé-
ciale du fisc à Rome, peut-être à une cassette particulière
du prince.
II. — Le patrimoine impérial [pATRiMOiviiM principis]. Ce
service comprend de nombreuses rationes particulières;
on en connaît une pour les domaines de Bétique'-;
chaque villa impériale possède son budget, sa ratio
[latifundia, p. 960]; les héritages laissés à l'empereur
forment une ?-atio hereditatiuin [patrimonium PRI^'CIPIs,
p. 351]. En Egypte, le mot Àôyoç correspond à ratio et
sert à désigner le domaine privé des empereurs, le >.oyoç
oûd'.axo; et il y a une i'atio spéciale pour le domaine
d'Alexandrie [patrimonium pri.ncipis].
III. — La res ou ratio prirata, créée par Seplime-
Sévère et qui constitue jusqu'à Dioclétien un nouveau pa-
aATARIUS. RATIARIIJS. I Corp. inscr. lai. XU, 2597. —2 C.i. (.XII, i331.
— 3 Héron de Villcfossc, C. rend. Acarl. d. inscr. 1006, p. 1 18 sr|.
RATIO. ICic. In Caec. 32; Pro Clu. 37 ; Senec. Ep. 82; Quiiilil. ûecl. 353.
— 2Snel. Auij. 28 {rationarium imperii), 101; Caltg. 16; Vesp. 22; Galb. 12;
FrODl. Ad. Caes. 5, 34; C. Jusl. 10, 2, 2; Dio. Cass. 59, 9; Tac. Ann. 13, 14.
— 3 Voir Hcnzen, Annali, 1843, p. 340 ; Dressel, Ad. corp. ins. lat. 15, p. !)09, Il ; [!lp.
frag. Valic. 134. — » Les banques, mensae, chargées d'envoyer à Rorae les impôts
provinciaux, av.iient nalurellcment leurs rationes. s'il faul rapporler à l'apuration
de ces comptes l'inscription, trouvée à Home, d'un affranclii impérial: tabulario a
ralionibusme(nJs(a)e(G)a(lJliarum {Corp. i. l. 0,8581). — 511 y a ualurellemeut
pour tous ces impôts des slaliones [vkctu;ai.h], — «Suel. Culig. 10. — 7 C. i. l.
6, 1364, 1598, 1115: 10, 1785 ; 3, 6574 et 7126; 8, 12543. Voir Hirsclifcld, Ùie
kaiserlichen Verwallungtlieamlen, 2« éd. p. 32-33. Ce titre est réservé, des .Néron,
à l'administration impériale (Tac. Ann. 15,35; 10,8). — » V. Hirsclifeld. Z. c. p. 31
et C. i. (. 3, I4II22; Friediânder, Sillengeschichte, I, p. 171 ; Rostowzew, /drion.
epigr. 3, p. 133. — 9 Herodiau. 3, 13, i. — 10 p|in. £■,,. s, c, 13; C. i. (. 6, 868!*,
8690, 8692; Fragm. vntic. 134. — " C. l. /. 15, 7l4.'i. — li ytid. 15, 2, i, 4111-
♦136. — 13Théori(|uenient la res prirata est un patrimoine et, en ce sens, Hirschleld
(i. c. p. 21-25) a raison contre Karlowa (flom. UecMsgesch. 1, p. 505) d'après
C. i. (. 10, 0657 cl 15, 7333 ; mais, en fait, elle ne dilTérc guère des biens de la cou-
trimoine, transmissible cependant à tous les empereurs,
comme les biens de la couronne " ; elle a comme dépen-
dance le service des biens des impératrices, la ratio Au-
gustae [latifundia, p. 153; patrimonium principis, p. 352].
IV. — Des groupes démines, de carrières impériales, dé-
pendant soit du fisc, soit du patrimoine ou de la res pri-
vala, constituent une ratio ". lien est de même d'un lot,
cédé, pour l'exploitation, soit à des esclaves impériaux,
soit à des entrepreneurs'^ [marmora, p. 1599; metalla].
V. — La ratio operum publicorum. Dès l'époque de
Trajan, à côté des curateurs sénatoriaux, il y a eu pour
les travaux publics de Rome un personnel impérial, une
fatnilia, entretenue pendant longtemps par le patri-
moine'^ 11 a donc diî y avoir de bonne heure pour ce
service une ratio*'', dirigée par le procurator operum
publicorum '*,peut être identique ausubciirator operum
publicorum'^; celui-ci avait probablement sous ses
ordres un exactor operum dominicorum, chargé de la
surveillance du matériel-", des curateurs et des procu-
rateurs spéciaux pour la construction de différents monu-
ments^', distincts des procurateurs qui sont attachés aux
monuments finis -'^, et un ou plusieurs employés pré-
posés aux statues'^' [curatores aediumsacrarum, locoru.m
et operum publicorum].
VI. — La ratio ac/uariorum'^^, probablement la caisse
qui paie le personnel impérial des eaux et des aqueducs,
dirigé par le procurator aquarum-^ [cura aquarum].
VII. — La ratio des bibliothèques impériales -°. Elles
sont dirigées depuis Claude par un procurator bijblio-
thecarum ou a bybliothecis qui, à l'époque d'.\ntonin,
n'a qu'un traitement de 60000 sesterces. Hirschfeld en
conclut qu'il n'a plus alors que la direction administra-
tive et financière et explique ainsi son titre de proc{ura-
tor) ratiionum) summ{arum) prioat[arum) bibliothe-
carum-'' ; ce service aurait donc été alimenté d'abord
par le patrimoine, ensuite par la res priimta [bibliotbeca] .
VIII. — La ratio monetae [moneta, p. 1383-1384].
IX. — La ratio castrensis. On a cru pendant longtemps
que l'intendance du palais impérial avec les nombreux
et immenses services qui en dépendaient, avait été con-
stituée par laratio thesaurorum et que la ratio castrensis
ne comprenait que les dépenses militaires de l'em-
pereur et les résidences impériales des provinces '".
Quoiqu'il n'y ait pas encore de preuve décisive, on admet
généralement aujourd'hui, d'après toutes les \Taisem-
blanccs, que c'est la ratio castrensis qui a constitué
l'intendance du palais". Le mot castra ne peut désigner
que la maison de l'empereur, considérée comme un
ronne. — t^C. i. L 13, 1808 ; tabut(arius) ration(is) ferrar(iarum) pour les mines
de Lyonnaise et d'Aquitaine. — i> Ex ratione, avec des noms d'esclaves impériaux
ou de particuliers, au génitif (Luigi Bruzza, /scriziûni,n^* 205-207,209, 182; C. i.l.
8, 14500-63). V. Hirsclifeld. L. c. p. 145-180. — 16 C. i. (. H, 3860 : o commentariis
operum publicorum et rationis patrimoni. — 17 lo, 529 ; Aug. n. dispensatoris
ratfionisj aed(ium) sacr(arum) et oper(umJ pubUcor(um); 6, 8478 : Aug. dis[p\
operum publicorum. Hirschfeld {L. c. p. 269) cite ici l'attribution aux travaux pu-
blics de Rome par Sévère- Alexandre de l'impôt des courtisanes (V((. Alex. 24,'.
— <8 f . i. ;. 10, 0657; 6, 1585.— 19 7, 1054; Noti:. dei scavi, 1894, p. 283.
— ^C. i. l. (i, 8480. — 21 C. i. l. 8, 1439; 822 ; Bull, du Comité, 1893, p. 214.
— 22 C. i. (. 6, 1585, 1173, 8686.— 23Un[adi]u(tor]rat(ioDis) stat(uarum), C. i. (.
6, 31053 ; au Bas-Empire le curalor statuarum (6, 1708). — 24 10, 1743. — 25 V.
Hirschfeld, L. c. p. 273-284. — 26 /bid. p. 298-306. — 27 C. i. L 6, 2132. Il a sous
lui des esclaves et des affranchis a bybliotheca (6, 5188, 5189, 5191). — 28 v. Ros-
towzew, Das Piitrimonimn unU die ratio thesaurorum {.Rom. .Uittlieil. 1898,
p. 108-123). — i!9 La démonstration, commencée par Eichhorst (Die proc. castrenses,
Jahrb. fur. Kl. Phil. 1865, p. 207) a été complétée par Hirschfeld (£. c. p. 307-317)
et Fairon [Musée Belge, 2, p. 241-266 ; 3, p. 1-5) et acceptée par tous les auteurs,
sauf Mommseo [Hermès, 25, p. 242; Staatsrecht, II, 3' éd. p. 807 ; Eph. epigr. 3,
p. 117) cl De Sanclis. (fli::. epigr. 2, p. 139).
RxVT
81 :i
RAT
camp' ; l'cpillièle castrensis ne peut se rapporter qu'aux
serTÎces du palais^; au Bas-Empire, le chef du palais est
lecaslrensis sacri Palatii, qui a sous lui les paedagogiu,
les minisleriales domini, les ctirae palatioruniK Une
section de l'intendance du palais accompagne probable-
ment l'empereur en voyage' el les palais impériaux des
provinces ont peut-être chacun leur ratio caslrerisis '■.
L'intendance du palais date probablement de Claude'';
elle a pour caisse générale le /îscus caslrensis, probable-
ment alimenté par le patrimoine, puis par la ratio pri-
vata, mais surveillé par le chef du fisc, l'a rationibus.
Son chef, un affranchi, est le procurator caslrensis ou
proc. rationis castrensis ou proc. fisci caslrensis' ; ses
fonctions sont importantes et mènent à de grandes
charges impériales ; il a sous lui des comptables [tabu-
lariicaslrenses ou fisci caslrensis ou rationis castrensis)
dirigés par un praepositus tabutariorum rationis cas-
trensis et des adjulores tabulariorum^, des payeurs
[dispensatores), des archivistes (commentarienses), des
pedisequi^, des a copiis caslrensibus^". 11 faut peut-
être considérer comme ses subalternes immédiats, mais
chargés seulement du palais impérial du Palatin un sub-
procuralor et un conlrascriptor domus Auguslanae"
qui aurait commandé une ratio domus Augustae ou
Auguslanae. Inversement, il faut plutôt rattacher direc-
tement au patrimoine ou à la ratio operum publicoruin
une ratio urbica qui reçoit des marbres des carrières
impériales'^, et qui ne diffère peut-être pas d'une s?a//o
iirbana mentionnée sur des tuyaux de plomb '^ De
l'intendance du palais dépendent les services suivants:
1° Table. — Ce service comprend le personnel des cui-
sines, les .cuisiniers {coqui) qui ont un praepositus co-
corum ou archiinagyrus el qui forment probablement
un collège funéraire "; les boulangers (pislores) avec un
praepositus, les sommeliers cellarii, des obsonatores^ ■;
le personnel des servants, le Iricliniarc/ia, personnage
important"', \c.sdiaetarii ou diaetarchae, les stî'uclores,
les ministralores, les esclaves a cgal/io, a potione, a la-
gttna, divisés en décuries, les praegustatores commandés
par un procu)-ator praegustatorum,\escontrascriplores,
les a mappis '\
2° Toilette. — L'empereur a différents costumes :
comme chef de l'armée le paludamenluin, pour les
triomphes la vestis triumphalis^^, pour les fonclioiis
judiciaires la vestis forensis ou la vestis manda''', pour
les grands Jeux du Capitole la vestis regia, graecula -",
pour le palais la vestis castrensis^', et d'autres costumes,
la i'. privata, \'d v. venatoria, la v. malutina--. .\ la
1 JuT. fiât, 4, 134 ; VU. Hadr. 13. Alex. 41 ; Macrob. Sal. 2, 4, 6 ; C. i. l. K,
.5324; 6, 2023, p. 571, I. 40, 42; 8520, 33469. — 2 Tertull. De cor. li ; 6, S49h,
5234, 5248, 8525, 8547. Hirschfeld rapproche le praepositus velariis castrensibus
el le praepositus velariorum domus Auguslanae (li, 5183 A, 8649;, gens de
l'office ab admissione. Il explique par des divertissements privés donnés au
palais les castrenses lurli (Suet. Tib. 721 el Vamphithealrum castrense de Rome
(Hulsen, fieal-Enajcl. 111, p. 1773). Les graffiti de la maison de Tjl.ère,
allégués par Rostowzew (Bullett. comm. 1894, p. 95) prouvent simplement des
relations entre les soldats du palais et les castrenses. — 3 Notit. dign. C)r.
15; Occ. 14. — i C. i. l. 8, 2702, 5234, 12609, 12657, 18250 (inscriplions
d'.\frique sur des castrenses); 3, 6107. — 5 Plombs de Lyon avec des télés d'em-
pereurs el la marque r. c. (Hirschfeld, L. c. p. 315 note 5). — 0 L'inscription
la plus ancienne est celle d'un afl'ranclii de Claude (C. i. l. Il, 3612). — 7 C. i.
l. 6, 8498, 8512. 8514, 33736-39; 10, 5336. 6005; tl, 3612; 14, 2932; C. i. gr.
3888. — 8C. 1. /. 6, 8527-30; 8515, 2023, 12609; 12, 12609. — 9 6, 8516-19,
8520-24. — 10 C, 8537. Hirscliteld fait observer que cette caisse, n'aiant pas de
recettes propres, n'a pas d'arcorii. — tl 6, 8640-41. — '2 Hirschfeld, p. 177, complële
ainsi Wilmanns 2771 : ex m(nrmoribas) n(oris) Caesaris n(ostri) r(ationi) d(oinus)
A{ugustij ou Afugustanae) et il rattache aux fournitures de marbre pour les pa-
toiletle des impératrices et des princesses de la famille
impériale se rattachent la plupart des esclaves dits ad
veslem, a veste, supra vestem. Cet ensemble forme la
ratio vestiaria-^. de laquelle relèvent en outre les ou-
vriers et ouvrières [vestifici, sarcinalrices), les foulons
{fullones), les gardiens des armoires [capsarii, vesliplici
ou veslispici), les baigneurs {ba/nearii), les masseurs,
parfumeurs [unctores, unguentarii, ab unguentis, Ihu-
rarii), les habilleurs {vtstilores, vestiarii), les coiffeurs
[tonsores, tonslrices, ornatores, ornatrices)^''.
3° Mobilier. — Pour le gros mobilier, il y a probable-
ment l'esclave a supellectile-^ ; on connaît trois sections :
la supellex castrensis. la s. de domu Tiberiana, la s.
domus aureae-^. L'alriensis garde probablement les
meubles de Vatrium-\ Aux musées et aux collections
des palais se rapportent les atrienses, a tabulis, a pina-
col/iecis, ad imagines, a statuis-*. Les matières pré-
cieuses, les bijoux, les objets d'or et d'argent, les perles
constituent les l/iesauri-^, administrés par le procurator
thesaurorum, personnage importani'". qui a sous lui
des tabularii et les chefs des différentes sections, le
praepositus auri escarii pour la vaisselle de table, le
pr. auri polori pour les vases d'or à boire, le pr. ab
auro gemmalo sans doute pour les objets d'or ornés de
pierreries, le pr. argenli polori pour les vases d'argent
à boire, Yab argenlo scaenico, Va Corinthis, sans doute
pour les vases de Corinthe, Vab ornamentis^', et proba-
blement aussi le chef des ouvriers (praepositus opificibus
domus Auguslanae)'-. On peut lui rattacher également
la ratio pur puraria, le service de la pourpre impériale,
[PL'RPURAj, créé probablement par Sévère-,\lexandre, qui
paraît en avoir vendu le premier les produits et pour lequel
on connaît un procurateur et un bafiis praepositus, pré-
décesseur des pi-ocuratores ba/iorum du Bas-Empire".
4° Écuries. — La présence d'employés rend probable
l'existence d'une ratio spéciale".
5° La ratio vinorum, sans doute pour la vente des
vins des domaines, non consommés à la cour^°.
6° La )-atio charlaria, peut-être alimentée par le pa-
pier de l'Egypte"'.
7° Service d'hygiène. — Il y a pour le service personnel
de l'empereur, pour chaque résidence, pour chaque bu-
reau important" un groupe de médecins, esclaves et
affranchis, avec un chef, decurio medicorum, supra
medicos, superpositus medicorum^', sans compter les
médecins spéciaux que s'attache l'empereur à des prix
considérables^'.
8" Jeux publics*". — Il ne parait pas y avoir eu de
lais impériaux C. i. l. 6, 8331 : ...adiut(oTi) tabul(aTiorum) a rat(ionibusJ m(ar-
morum) f(isei) c(astrensis). — >3 Bruzza, L. c. 258, 259 ;'C. i. l. 6, 9078. — '* C.
t. (. 15, 7826, 7793 ; 6, 455 avec la lecture d'Hirchsfeld. — '» 6, 8750, 8752, 8758,
9262. —16 6, 8745-46, 8998. — " 6, 536, 1884, 9083; II, 3612. — <!>6, 8914-26,
0003-5, 9045, 8891-92. — 19 6, 8546. — '20 6, 5193,8548; Vit. Alex. iO. — 21 Ci. (.
6, 8552. — 22 6, 8547-48 ; 14, 2832. — 23 6, 8350, 8535 ; Orelli, 2897, - 216, 8544,
5234 (les vestiarii de la familia castrensis). — 2i 0, 7281 a, 8642, 8312, 8582, 9093,
1173. _ 26 6, 3719, 4035,4036, 4357, 5336 6, 8525,8654, 8973, 9049. —27 6, 8525,
8654, 3719. —28 6, 3942, 6040, 8738-40; 10, 713; 6 3970 a, 10234, 3972, 4032. —
20plin. Bist. nat. 9, 118; 8, 136; Vil. Aur. 17; Perl. S; Ci. l. 6, 376. Les
babils précieui des empereurs y sont aussi conservés iVit.Alex. 40). — ™ C. i. l.
6, 8498 ; Eph. epigr. 7, 1262. Hirschfeld attribue cette fonction à .Macrin procurator
aerarii majoris [Vit. Diad. 4). - 31 C. i. t. C, 325, 8729-36, 5S47, 8757. _ 32 6,
8648. En outre, mflurifex, un ab auraturis (8737, 8741). — 33 Vit. Alex. 40 ;
C. i. l. 3, 536 ; Not. Or. 12, Occ. 10. Hirschfeld. L. c. p. 307, note 3. — 3* C.
i. t. 6, 8863 : disp(ensator) a jumenlis ; 8865 : arcarius a jmeiicis. — 33 6, 8*98,
8826. -l&Jlôm.AIitth. 1896, p. 319; Vrt. yl«r. 45, I. — 37 C. i. (.6,8646-47,8636,
8671, 8907, 8504, 8770-71.— 38 6, 3982 b, 3984, 8304. — 39 Galen. 14, 625 Dio.
Cass. 53, 30, l;Tac. Ann. 12, 61. — 40 Voir Hirschfeld, L. e. p. 283-297.
HAT - SU —
direction eenlrale pour ce service. Pour l'étude des jeux
propreiiienl dits et des jeux de gladiateurs, nous ren-
voyons aux articles li-di et CLADiATon; pour le service
des décors, du matériel scénique, au mot cuoracii'm ;
ajoutons seulement que la ratio summi clioragii relève
d'un prociiratov siiiiimi clwraijii, qui devient probable-
ment au m' siècle le loghta thymelae, et qui est assisté
d'adjiitores, de lahularii, de dispensn tores, de contra-
scriptores, de médecins'. Elle a probablement comme
annexe la ratio ornamentonnn, all'ectée sans doute aux
costumes des acteur» et pourvue d'un procurateur et de
son personnel-.
9° Les fêtes de la cour qui paraissent constituer la
ratio voluptatum ou vo/uptuaria, probablement créée
par Tibère » et dont la ratio aedificioruin voluptario-
riiin et la ratio scaenicorum sont peut-être des bran-
ches '.
10° Le service personnel de l'empereur auquel on peut
rattacher : l'office chargé des réceptions [admissio] ; les
valets de chambre [clbicularii] ; les a cura atnicorum
[amici] ; les ad libros et les librarii'; les a manu" ; les
iecticarii avec un praepositus ' ; les tabernacutarii,
sans doute les préposés aux campements"; les a se-
dibus"; les silentiarii [silentiarius] '°; les victimarii
pour les sacrifices privés " ; les pueri avec leurs précep-
teurs les paedagogi [paedagocudm].
B. De ratio est venu le mot rationaiis, qui a remplacé
dans beaucoup de cas le mot procurator'-. Pour le fisc
Va rationibus est appelé rationaiis dès l'époque des
Flaviens '^ puis les deux mots coexistent jusqu'à l'époque
de Dioclétien ". Le second l'emporte alors, avec l'ad-
jonction des mots summae rei vers la fin du règne de
Constantin '% jusqu'à ce qu'entre 340 et 345 le titre de
rationaiis soit remplacé par celui de cornes sacrarum
largitionum^" [nscus]. Pour la res privata, le titre de
magister privatae rei n'a été remplacé qu'après 325 par
celui de 7'ationalis privatae '\ qui vers 340 se trans-
forme en celui de cornes rei privatae. Pour les procura-
teurs provinciaux, les jurisconsultes du iir siècle em-
ploient les deux termes de procurator et rationaiis ; le
second est officiel à partir de Dioclétien ".Au Bas-Empire,
les rationales dirigent surtout les bureaux de comptabi-
lité; tels sont: soos le cornes sacrarum largitiojium, le
cornes et rationaiis summarum Aegijjiti elles rationales
summarum en nombre inconnu pour l'Orient, onze pour
l'Occident; sous le cames rei privatae les ralionales
rerutn privalarum, en nombre inconnu pour l'Orient,
dix pour l'Occident''; puis le rationaiis rinorum.
RAT
< C. i. l. «, 297, "TU, 8930, 1U0S3-S6, 33136 ; U, 861 ; 13, 1807 ; cf. Apul. De
maij. 13. — 2 6, 8950. Sur le sens des omamenla : Plaut. Pers. 159 ; Trinum. 858.
— 3C.i.;. 6,23», 856t, iil^ (splendidaioluptatum statio); 14. 2932 ; Suet. Tib. «.
— » C. i. l. 6, 10088-90, 8665 (...ab aedificis voluntaris, peul-êlre pour volupta-
ris); 33773. Les tribuni voluptatum de Rome, Milan, Cartilage ne se irouvcnl
qu'au V siècle (C. Th. 15, 7, 13; C. i. t. 6, 8565-66; Cassiod. Var. 7, 10). A ces
fêles se rattache peul-ôire aussi la ratio acfo(amatum}, et un serv. acroamat(icae)
graecae (C. i. t. 6, 9029, 8693). — 5 6, 3879-83. — 6 6, 8885-90. — 7 6, 8872-76,
5I9S, iSiS-W. — S 6, 9033. — 9 6, 9040, 2341, 3976. — tO 6, 9041-42. - Il 6,
9087-88. — 12 V. Hirsclifeld, i. c. p. 34-35. — 13 C. i. t. 10, 6092. — U 6, 9033,
1585, 6421, 1587, 1121,31354,33757; 3,325; 5,858, 867, 6421 ; 10, 1718; 11,1214;
15, 7740-47; Vit. Aur. 38 ; Euscb. ffitt. eccl. 7, 10, 5 ; 9, li, 4. En grec .«(lol,«i; ;
Oaleo. ùe aniidot. 14 ; C. i. l. 3, 7126, 6574; C. i. gr. 4892; Dio Cass. £p. 79, 21.
— I5C. i. (. 6, 1132, 1145; C. Juit. 3, 26, 7.— 16 C. Th. 12, 1, 30; U, 7, 5; 10,
10, 6, 7. Encore rationaiis summae rei en 349 (C. Just. 3, 26, 7). - n c. i. t. 3,
13569; 6, 1704; C. Th. 10, I, 2; 12, I, 14. — I8C'. Jusl. 7,45, 5; 7, 73, 6 ; S, 46,
1; 10, 1,3; 9, 8, 6; Dig. 1, 19. - 19 Nota. Or. 13, 14; Occ. 11, 12. — 20 JVo(.
Occ. 4 : C. Th. 14, 6, 3. — Bibliogiiaphie. Fairon, La ratio caslrensis ou l'inten-
dance du palais impérial; l'organisation du palais impérial « /lome Musée
Fig. 5919
do Rome, qui surveille r«?rrt vinaria'^". Ch. Lécbivain.
R.\TIS,R.\TAR1A', RATIARIA', SOUEDIA^ (-/"ii).
— R.jdeau, assemblage de troncs ou de poutres*, formant
un plateau capable de flotter avec un chargement, et se
manœuvrant à la perche, à la rame ' ou même à la voile
suivant ses dimensions.
Dans les pays où les ar-
bres étaient rares, par
exemple sur le Nil, on
ùemplaçail les bois de
charpente par des claies
de roseaux, de papyrus,
de joncs tressés ", par
des peaux gonflées, par
des jarres de terre cuite
vides et soigneusement
bouchées, moyens de na-
vigation de tout temps
usité en Orienta En Bre-
tagne aussi l'on se servait
d'outrés de cuir gonflées d'air '. On voit sur le manche
d'un miroir étrusque' Hercule voguant sur un radeau
que soutiennent des am-
phores (fig. 5919). Le ra-
deau d'Ulysse est figuré,
sur un vase de fabrique
béotienne '", par des am-
phores couchées sur les-
quelles marche le héros".
Levaisseaud'Ulysse n'était
qu'un radeau '''.
L'usage des rates a pré-
cédé celui des naves, aux-
quels les auteurs anciens les opposent souvent '^. Mais les
radeaux, étant faciles à improviser, n'ont jamais cessé
d'être employés, concurremment avec les navires propre-
ment dits. On en voit un dirigé par des Eros transformés
en pêcheurs sur un étang, dans la figure 5920, d'après la
mosaïque de Sainte-Constance, à Rome, aujourd'hui dé-
truite, qui datait du iv' siècle". En temps de guerre, ils
suppléaient à l'insuffisance des moyens de transports ha-
bituels, chaque fois qu'il fallait faire passer rapidement un
cours d'eau ou un bras de mer à des troupes nombreuses,
à un matériel encombrant, ou à des éléphants'".
S/£ota" et ratis désignent aussi un bateau d'un genre
spécial : le bac. A en j uger par le spécimen dont la mosaï-
que d'Athiburus'" (Médeina, en Tunisie) nous a con-
servé l'image, c'était une sorte de chaland, large et plat,
Radeau de pôcht
belge, 2, p. 241--6ii ; 4, p. o-i'-i) ; Hirsclifeld, Die kaiserlichen Verwallungsbeamten
bis auf Diocletian,i' éd. Berlin, 190S.
RATIS, nATARIA, R ATIARIA, SCHEDIA. > Leçon donnée par les listes d'Aulu-
Gellc, X, 25, 3. et d'Isidore de Séville, Orig. XIX, 1, 9. — 2 Serv. ad Virg. Aen. I,
43; niosaï<|ue d'Aliliiburus; larif du bac de Rades, voii' iiatahios. — 3 Le nom grec
a passé en latin, Ulpian. Dig. XIV, 11, g 6. — ^ Isid. L. c. ; F. Diac. p. 272, éd.
Mûller ; Lucan. IV, 420-422. — » Sorv. ad Virg. Aen. 1, 43 ; Varro, Ling. lat. Vil,
2, 23. — 6 Flin. Uist. nat. VU, 37, 15. La scirpea ratis de t'iaule. Aulu. IV, 1,
9, sert à soutenir l'apprenti nageur à ses débuts. — 7 Plin. /bid. VIIl, 0; Xenoph.
Anabas. II, 4, ntSia.î Si;8if(v«:;, 28; cf. Vict. Place. iVinilie et Assyrie, pi. xsiu.
— s Plin. Vil, 57, 13; Quintil. X, 2, 7; Caesar, Bell. Gall. VI, 35. — 9 Mon.
d. Jnslit. 1866, pi. xitiu; Gerhard, Elr. Spiegel,p\. cccvui. — '« Ashmohlean
Muséum, Oxford pi. xxvi, n. 202. — H Plin. Ibid. — '2 Horacr. Odgss. V, 251
[ii{ieTa> a^cSi'ai; Cf. Assmann, Floss der Udyssee, 5. — '3 Cic. l'err. Vil, 2.
— M Garrucci, Storia delf arte cristiana, t. IV, pi. cciv. — i^ Xenoph. Anabas.
II, 4, 28; Plin. a. -Y. VIII, 6; Diodor. XIX, 54, 3; Polyb. III, 46; Liv. XXI, 38;
Lucan. IV, 420 sq. — 'OTIiéocrite, XVI, 4 1, appelle iu;Eïavoxi$'''v la barque de CliarOD.
— 17 Gauckier, .Uonnm. et Mém. Piol, XII, 1905, p. 126, a' I et pi. ii, x; F.Biiche-
ler, dans llhein.Miis. LIX, p. 321, 1 ; Assmann, Jahrbuch. d. Inst. 1906, 2, p. 110.
REC — 81 S
qui se manœuvrait à la rame (fig. u921i. Sur les grands
fleuves, comme le Rliône ' ou le Danube ^ sur les lacs',
sur les canaux du délia d'Egypte* et de la Lirjuln de
Cartilage \ fonctionnaient des services de bacs réguliers,
qui donnèrent parfois leur nom aux bourgades voisines :
Fig. S'jil
S/C0Î7. sur le canal de Canope", Ratiuria sur le Danube,
dans la Mésie supérieure'; en Gaule, Ratialuvi^ dans
le pays des Pictones, et peut-être aussi l'ile de fialis; en
Afrique, Maxula-Rates " (aujourd'hui Rades), séparée
de Carttiage par le goulet qui faisait communiquer la
mer avec le lac de Tunis.
Les raies ou tr/EÔiai jouaient aussi, à l'occasion, le rôle
de pontons. Juxtaposés côte à côte, et maintenus par un
plancher transversal, ils servaient à réunir, par un pont
volant, les rives opposées d'un fleuve, ou d'un détroit :
c'est sur des u/EÔiai que les Perses de Xerxès franchirent
rHellespont'".
Entin, les poètes latins donnentau mot ra/(.s une exten-
sion abusive et l'emploient à tort pour désigner toute
espèce de navire" ; de là, le nom de ratiles donné sous la
République à la monnaie de bronze [as] qui porte au
revers l'image d'un ratis, ce terme devant être pris dans
son acception la plus étendue, navire et non radeau ou
bac '-. P. G.vucgLER.
RECEPTA. — Les objets déposés par les voyageurs
dans un navire, dans une hôtellerie, se nommaient en
droit prétorien recepta ; le maître du navire ou de
l'hôtellerie en avait la responsabilité et pouvait être
atteint, s'il ne les représentait pas, et alors même qu'il
n'y avait pas eu faute de sa part, par une action in factum
en dommages-intérêts, de receplo. Mais il pouvait prou-
ver à sa décharge un cas fortuit, comme un naufrage^
une attaque de pirates, de brigands'. Cette action difT'ère
d'une autre action in factum, donnée au double contre
le maître du navire ou l'hôtelier à raison du vol ou du
dommage causé par un de ses employés; il était tenu
quasi ex deliclo. La partie lésée pouvait en outre
intenter contre l'auteur du vol ou du dommage l'action
pénale de vol ou de la loi Arjuilia -. [On ne sait si l'action
1 C. i. l. XH, 2597 el 2331 (Isère). — i Notit. dignît. Or. «, ii s<[. : .MatquardI,
Ve largan. mitk. chez les Jiotnains, tr. fr. p. 239, noie 0. — 3 C. i. /. XII, 2357 ;
Uommsen, Jnscr. Helv. 73 = Orelli, 276. — * Slrab. XVII, 16, 1. — 5 C rend.
Acad. Jnscr. 1900, p. 118 sq. — 6 Slrab. XVII, 16, 1 ; il sagit ici d'un liacel non
d'uD ponl de baleau, conlraireoifnt à Topiaion courante. — "^ Itin. Anton, p. 219 ;
Tat. Peuling. 'PaTiafioi; Plolcm. 111,9, 4el VIII, 11, 5; Notil. dignit. or. 42, 42.
— » Plolem. Il, 7, 10; Vtcus Raiialensis, Grcg. Turon. Glor. con^ess. c. 54.
— 9 Héron de Villerosse, C. rend. Acad. 1906, p. 120, conlirmant l'hypolliése de
Mannerl, Géogr. anc. des États barbar. trad. Marcus, p. 312 qu'avait conibaltue
]£ Corpus inscr.lat. VIII, p. 131. — 10 Aeschyl. Pers. 69 ; Hcrodot. IV, 88, 89 ; Vil,
30; cf. aussi Herodol. IV, 97; VIII, 97; Liv. XXI, 47. - " Cecil Torr. Ancient
thips, p. 122. — 12 Lucil, ap. Varr. Ling lat. V. 44 ; Paul. Diac. p. 775 0. Miiik-r ;
Plin. B. nat. XXXIII, 13, 3 ; Eckhel, Doctr. num. vet. V, p. 13 : Mommsen, Bisl.
de la monn. rom. I, p. 594.
BECEPT.A. 1 Dig. 4, 9. 1, 3.-2 Ibid. 44. 7, 3, § 6 ; Inst. 4, C, 3.-3 (Voir
Leoel, Zeilschr. d. Savigny-Stift. 13, 1892, p. 403.]
REC
rfe /'('«'/j^* venait d'un pacte ou naissait sans convention'.]
G. HuMBERT [Cil. LéCRIVAIn].
RECEPTA TOR. — Ce mot' désigne en droit romain
le receleur, celui qui reçoit sciemment les auteurs d'un
délit ou les objets produits par le délit pour les sous-
traire à l'action de la justice^. Pendant la République,
les receleurs de l'objet volé, du furtum, pouvaient être
atteints par les actions pénales privées furti concepti
et obloli\ ou même furli proliihiti ex edicto, quand
ils ne s'étaient pas prêtés à la perquisition solennelle
établie en ce cas; enfin, plus tard, par l'action préto-
rienne/«rr* non exliibiti'. Le sénatus-consulte sur les
Bacchanales frappe ceux qui donnent asile ou secours
aux coupables ■'.
Sous l'Empire les receleurs des voleurs simples et des
objets volés furent assimilés aux fures nec manifesti^;
dans les autres cas, il y eut une poursuite criminelle avec
des peines variables et des circonstances atténuantes
selon l'appréciation du juge'. En règle générale, le rece-
leur était condamné à la même peine que l'auteur prin-
cipal; c'est le cas pour la rapina, le brigandage, le
péculat; pour le recel des sorciers, des magiciens, de
l'esclave coupable ou complice du meurtre du maître '. On
punit moins sévèrement la femme et les parents du cri-
minel, le receleur d'abigei\ celui qui n'a commis que la
faute de ne pas dénoncer un déserteur'", un ennemi
fugitif", ou un brigand sans profiler de ses vols'-.
G. HuMBERT Ch. LêCR1V.4IX .
RECITATIO, RECITATOR [lector\
RECTA [ti^.mca".
RECTOR PROVI^CIAE [provi.vcia].
RECUPERATIO, RECUPERATOR. — I. Quelques-uns
des premiers traités conclus par Rome avec les pays
étrangers paraissent avoir renfermé des clauses d'arbi-
trage, soit temporaires pour le règlement de litiges issus
de guerres, soit permanentes pour le jugement des dift'é-
rends futurs entre citoyens et étrangers, et appelées, par
extension du mot désignant la demande des parties, reci-
peratio ou récupération Elles figurent dans le prétendu
traité conclu par Spurius Cassius avec les Latins, mais
qui, même admis comme authentique, serait en tout cas
postérieur à la date légendaire - ; il y a plusieurs arbitres
qui doivent juger dans les dix jours. Le second traité
conclu entre Rome et Carthage à une date inconnue
paraît accorder aux Carthaginois à Rome l'emploi
d'arbitres^ On a d'autres exemples du même genre*. Ils
expliqueraient le condictus dies cum hoste, status dies
cum hoste, qui serait le terme fixé par la sommation [coti-
dictio) pour comparaître devant les arbitres.
II. — Est-ce cette procédure internationale qui a
créé, comme on le soutient généralement, les recupera-
RECEPTATOB. 1 1! y a aussi le mot receptor {Dig. I, IS, 13 pr. ; 47, 14, 3).
— 2 J)ig. I, 18, 13 pr. ; 1, 15, 3. 1 ; 47, 16, 1 ; 47, 14, 3. 3 ; 47, 9, 3, 3 ; C. Jusl.
9, 12, 9: C. Th. 9, 29, 2.-3 Gai. 3,186, 187; Inst. i, 1, 4. — i Gai. 3, 188, 191,
194. — 5 Liv. 39, 17. — 6 Inst. 4, 1,4; Dig. 47, 2, 49, 1 ; C. Just. 6, 2, 14.
— 1Dig.l.\i,3, 16:48, 3; 0,§ I. — 8Dij. 47, 9; 3, §3; 48, 17, 1; 29, 5, 3, §12;
Paul. Sent. 5,3, 4 ; C. TA. 9, 23, 1 ; 9, 10. 11; C. /uir(. 9, 28, 1 ; 9, 18, 9. — S/Ji».
48, 5, 39, § 4; 47, li, 3. — 10 C. Th. 7, 18, 4, 3, 7, 12 (confiscation du fonds).
— Il Dig. 48. 19, 40 (rclégalion, tandis qu'il y a déportation contre le recel volon-
taire). — '2 C. Th. 9, 29, 1, 2; 7. 18, 7, 8; C. Just. 9, 39, 1. — Bibliouraphie.
Kein, Das Criminalrcchl der Romer, Leipzig 1884, p. 346-353; [Momoisen, Stra-
frecht, Leipzig, 1899. p 775].
RECOPEBATJO, RECUPERATOR. ' Festus s. v. reciperatio (d'après Aelius
Gallus). — 2Diouys. 6, 95; cf. Cic. Pro BaW. 23, 5 3. — 3 Polyb. 3, 21 sq. — i Uv.
34, 57. Mais les arbitres donnés par Rome entre Philippe et des villes grecques,
entre Antiochus cl Perséc, n'ont pas du tout le roime caractère (Liv. 33, 38;
93, 26).
RED
/orrs'? On peut .soulcnir avec aiilanl do vraisemblance
qu'elle les a pris dans le droit privé romain où ils ont été
sans doute très anciens, et peut-élre employés au début
pour les procès relatifs aux délits privés. On peut les
rapprocher des trois arbitres de la loi des Douze Tables. A
l'époque historique, les récupérateurs sont des arbitres,
que les textes opposent d'ordinaire aux juges uniques-;
le magistrat en compose probablement la liste à sa guise',
tout en pouvant prendre aussi des sénateurs'; pour
chaque procès, ils sont tirés au sort en nombre impair,
soit par le préteur urbain, soit, entre citoyens et étrangers,
par le préteur pérégrin, avec le droit de récusation des
parties'. Dans les provinces les juges établis par les
gouverneurs s'appellent généralement récupérateurs ;
les magistrats municipaux peuvent aussi en instituer".
Les instances devant les récupérateurs sont parmi les
judicia imperio continentia '. La procédure est, à
l'époque primitive probablement, plus tard certainement,
la même que devant les juges uniques ; comportant éga-
lement la distinction Au jus et du Judicium^, elle n'en
diffère que par une plus grande rapidité, parla limitation
habituelle du nombre des témoins à dix, par l'indé-
pendance à l'égard de Vactus rerum ; et, comme toujours,
en cas de pluralité de juges, le partage des voix amène
l'absolution du défendeur'. En l'absence de prescription
formelle, le magistrat choisit entre le juge unique et les
récupérateurs'". On ne sait quel principe général règle
l'attribution légale des procès soit au juge unique, soit
aux récupérateurs. Ces derniers figurent dans l'action
contre l'affranchi qui a cité son patron sans l'autorisation
du magistrat", en matière de causa libe/'alis''^, dans les
actions d'injures" de rapina"', d'interdits, de radimo-
nium''; mais c'est surtout dans les procès qui intéres-
sent le peuple, les villes, qu'on trouve les récupéra-
teurs'^. C'est un conseil de vingt récupérateurs qui, en
province, d'après la loi Aelia Sentia, assiste les mineurs de
vingt ans pour les affranchissements ''. Ch. Lêcriv.\in.
REDEMPTOR. — Ce mot, synonyme de conductor.
désigne, en droit romain, la personne qui, dans un
contrat de louage d'ouvrage, se charge d'une entreprise
à faire, moyennant une rétribution [merces]^. Quoique
louant ses services à prix d'argent, elle diffère du simple
ouvrier [locntor operarum), probablement parce qu'elle
est, comme le locataire d'un objet, en contact avec la
la chose, /7! possessione rei-, et c'est elle qui obtient
— 816 — RED
l'action conducli pour se faire payer la somme convenue
par le maître {locator operis) qui lui a confié l'entre-
prise '. Le mot redimere a le même sens large que
conducere et s'applique à toutes les catégories imagi-
nables d'entreprises, par exemple à la fabrication de la
laine, au tissage des vêlements, à la construction d'un
navire, d'une maison*, au transport de marchandises
par mer'', à l'éducation d'esclaves, à l'entreprise à forfait
de certains travaux, tels que le creusement d'un canal,
l'exploitation d'un bois, la récolle des produits d'une
propriété". Il désigne également les entreprises concé-
dées aux publicains, les adjudications de travaux publics,
le recouvrement des impôLs, des douanes, des diverses
redevances dues pour l'exploitation des domaines publics
et municipaux, terres, mines, carrières, salines'. Nous
renvoyons pour ces différents points aux articles ager
PUBLICUS, CENSOR, METALLA, PORTORIUM, PUBLICANUS, VECTIGAL.
On a un contrat ou cahier des charges dressé par les
magistrats de Puteoli pour la construction d'un mur en
105 av. J.-C. Comme les actes semblables, émanés de
particuliers [leges /ocationis)^, il renferme non seule-
ment les sûretés à fournir, mais toutes les conditions du
devis, de la réception et du paiement [locatio]. Le
louage d'entreprise est devenu très commun à Rome
sous la République à la suite de la formation d'une
classe de spéculateurs qui se chargent à forfait de tous
les travaux. De grands capitalistes y consacrent leurs
nombreux esclaves dont ils louent les services'". A
partir de la loi Claudia de 291, les grandes entreprises
ont été interdites aux sénateurs" et les lois municipales
prononcent la même interdiction en certains cas contre
les décurions '^.
Outre les contrats licites d'entreprise, des spéculateurs,
des candidats aux magistratures ou des accusés ont
formé quelquefois des pactes illicites avec un entrepre-
neur qui se chargeait d'assurer aux intéressés un béné-
fice, une élection, un jugement. Ces conventions, nulles
et réprimées d'ailleurs par les lois pénales sur la concus-
sion, la brigue, l'homicide, ne pouvaient donner lieu à
aucune action en justice; les sommes versées ne pou-
vaient être réclamées"; on annulait aussi le pacte par
lequel un procureur achetait une part de bénéfice dans
le gain éventuel d'un procès {redimere litein) '* ; plus
tard, l'empereur Anastase autorisa le retrait contre les
cessionnaires de droit litigieux '^ G. Humbert.
I Plaul. Curctil. 1, I, 3; Gell. 16, 4, i; Lei. duod. lab. 2, i; Cic. Ue off.
1, li, 37: Feslus. j. n. status dies; Macrob. 1, 16, 4. — 3 Cic. Pro TuU. 10; Gai.
4, 46, i05, 109, 1S5, Momnisea conjecture que l'eipression con{^€mnare caractérise
la sentence des récupérateurs. — 3 Dans la loi agraire de 111 (C. ins. lat. I , n" iOO)
ils sont pris au nombre de onze parmi 50 citoyens de la première classe. — ^ Liv.
43, 2, 3 (cinq récupérateurs nommés par le Sénat). — 5 Dans la loi agraire de 111,
1. 37, chaque partie peut en récuser quatre. — 6 C. i. t. 1, 205, II, i. 23 (loi
Hiibria). Mommsen conjecture que dans la loi dite Julia municipalis (C i. l.
I, 206, 1. 44-45) le mot Judicium désigne des récupérateurs. — 7 (Jai. 4, 105-109.
— » Liv. 43, 2 : Hlaul. Bacch. 2, 3, 36 (s'il s'agit de droit romain). — 9 Gai. i,
1?3; Cic. Pr. Caec. 10; De inc. 2, 20, 60; Verr. 1, 00, 156; Val. Probus,
p. 12; Plin. Ep.Z, 20,9; fliff. 42, 2, 58 ; C. i.t.i.i, 5439 (loi de Geneliva) ;
10, 482 (loi sur l'aqueduc de Venafrura) ; Gromalic. vet. 1, 263 (loi Mamilia).
— 10 Cic. Verr. 3, 58, 135. — " liai. 4, 46. — li Suet. Dom. 8 ; Dig. 42, I, 36;
Grieeh. Vrk. aus dem Berl. .Vus. 611. — 13 Cic. De inv.i, 20, 60; Gell. 20, 1, 13.
— I* Cic. Pro TuU. 3, 7. — 15 Gai. 4, 141, 185. - 16 Lois Mamilia, de Venafrum,
de Genetira, L. c. ; loi de Bantia, 1. 9 (C. ins. lai. 1, 197) ; procès entre un soldat
et uo allié, procès de repetundae (Liv. 26, 48; 43, 2); restitutions à opérer après
la guerre de Mithridale {lex Anton, de Therm. C. ins. lat. 1, 204, II, 1-5 de 71
av. J.-C.!. Les juges cités dans le 5. C. de Tkisbaeis (Bruns, Fontes, 6' éd.
p. 166, n* 6) sont probablement des récupérateurs. — '7 Gai. 1, 18-20, 38-39;
Ulp Beij. I, 12-13. — BcBi.ioi.RAPHiF.. Sell, Die /lecuperatio der Rimer. 1837;
Bethmann-llollweg, Der rSm. Civilprocess, BoonT 1865, I, § 23; Karlowa,
Legisaktionen, p. 218-230; Sohmidt. Zeilsch. d. Savigny-Stif!. 1888, p. 132,
133; Accarias, Précis de dr. romain, 1891- éd. 2, 2, § 737-738; Wlassak, Pro-
cessgesetze, 2, p. 298-328; Eisele, Beitrâge, 1890, p. 37-75; Girard, Manuel
de dr. romain, î' éd. Paris, 1898, p. 934, 980, 1004, lOOS ; Histoire de l'orga-
nisation judiciaire des Romains, Paris, 1901, p. 89-104; Mommsen, Strafreehtf
1901, p. 177-178.
REDEMPTOR.' Festus. s. v. Redemptor, p. 270; Liv. 42, 3; Cic. Verr. 1, 57;
3, 7; Phil. 9, 7; Dig. 6, 1, 39: Lex Jul. mun. 2, 49. — î Dig. 29, J, 19, § 2;
22, § 2, 39 ; Varr. De re riist. I, 17 ; Cic. De off. 1,13; Pro Caec. iî; Senec. De
benef. 3, 22. - 3 Dig. 29, 2; 11, § 3; 13, § 2-3; 48, 11 ; 7, § 2. — 4 Dig. 7. 8;
12, § 6; Varr. L. c. 1, 14; Cic. Ad Quint. 2, 4, 6; 3, 2. — » On peut employer en
ce cas l'action praeseriptis verbis pour déterminer le rôle des parties {Dig. 19, 5,
1, § 1). — 6 Cal. De re rust. 16, 137, 144; Varr. L. c. 1. 17; Dig. 19, 2, 29; Plin.
Hist. nat. 36, 13. — 7 Big. 35, 4, 1 pr. § 1 ; 3 pr. 10; 12, § 3, 13; 50, 16, 103;
Polyb. 6, 17; Liv. 32,7; 3U, 44 ; Cic. De prov. cons. S; Verr. 1, 54; 3, 7; Pro
Rose. Amer. 20; Plin. Bist. nat. 10, 26; Peslus, s. v. Manceps, venditiones
Hysin. De cond. agr. p. 116. — s C. insc. lat. I n» 577 — 9 Dig. 19, 2; 13, § 10.
24 pr. 30, § 3 ; 36, 37, 51. § 1, 58 ; 60, § 3; Liv. 4, 22. — 10 plut. Cross. 2; Gai.
3, 146. — Il Liv. 21, 23; Cic. Verr. 5, 18. 45 ; Dio Cass. 55, 10; Ascon. /n tog.
cond. p. 94. — 12 Lex Jul. mun. I. 108 ; Lex Salp. c. 93. — 13 Cic. l'err. aet. I,
6; Dig. 12, 5, 3; 49, 14, 29, 34; C. Just. 4, 7, 2. — '» Dig. 17, I, 7; 50, 13;
1, § 12. — 15 C. Just. 4, 35, 72. — BiBuocBiPHiE. Rein, PrivatrechI der Rômer,
p. 333, Leipzig, 1836 ; Clamageran, Du louage d'industrie, Paris, 1856.
REG
— SI 7 —
REG
llEnillBITORIA ACTIO. — Les édiles, chargés à Rome
de la police des marchés, durent établir la garantie des
vices pour les ventes d'esclaves et danimaux faites an
marché. A une époque inconnue, mais qui parait posté-
rieure à l'introduction de la procédure formulaire', ils
introduisirent dans leur édil des règlements qui obli-
geaient les vendeurs à faire connaître, ou au moins à
garantir, certains vices cachés, physiques pour les ani-
maux, phvsiques et moraux pour les esclaves^, el les
tirent respecter par deux actions, revêtues d'abord d'un
caractère pénal', l'action en réduction de prix oianti
MiNORis .xcTio" et l'action redhibitoire. Elles furent appli-
quées, au moins dès l'époque de Cicéron, aux fonds de
terre et plus lard, peut-être dès le début de l'Empire,
à toutes les ventes mobilières et immobilières', sauf à
celles faites par le fisc"'. Ces actions supposent que le vice
diminue sensiblement la valeur et l'utilité de la chose, qu'il
préexiste k la vente, qu'il n'a pas disparu depuis la vente,
qu'il n'est pas apparent et qu'il est inconnu de l'acheteur*.
Elles ne peuvent être cumulées. En premier lieu, le ven-
deur doit promettre indemnité pour les vices connus ou
non connus de lui qu'il ne déclare pas ; s'il refuse, il tombe
sous le coup des deux actions; l'action redhibitoire peut,
ici, avoir lieu pendant deux mois; cette promesse doit
avoir lieu surtout dans les ventes d'esclaves pour les-
quelles ledit ordonne la stipulafin dxplae contenant la
clause sur l'absence de vices et la promesse de la resti-
tution du double en cas d'éviction. Celte stipulation finit
par être sous-entendue dans les ventes d'esclaves et
l'action (?j".<///J«/o/'/rf'/yj/f7epeulélresupplééeparraction
ex empto'. En second lieu, quand la stipulation n'a pas
été faite et quand un vice non déclaré apparaît, l'ache-
teur peut intenter, une seule fois, pendant six mois à
partir du .jour où il a connu ou dû connaître le vice,
l'action redhibitoire en résolution du contrat; il y a, de
de part et d'autre, une sorte de restilutio in integritm ;
l'acheteur doit rendre la chose avec les fruits et subir la
responsabilité des détériorations el moins-values issues
de son fait ; le vendeur doit rendre le prix avec les acces-
soires et les intérêts, sinon rembourser au double*.
Ch. Lecrivain-
REGEXDARILS, REGKREXDARIUS '. — On trouve au
Bas-Empire un employé de ce nom dans les offices des
préfets du prétoire, où il est spécialement chargé de la
poste et de la délivrance des diplômes postaux "- [cursis
l'LBUCis" ; dans ceux du préfet de Rome et des maîtres de
la cavalerie et de l'infanterie ; enfin de comtes et ducs en
Occident^ G. Hlmbert Ch. Lf.crivainI.
REDI1IBITORI.4 .\r.TIO. ' Les telles de l'Iaule X'apt. 4, î, «-H; ilerc. i, 3,
SU: Riid. i, 3, 4i-41; .Vil. glar. 3, I, i3i-l34 ; itoslell. i, i. lli-113) ne sont pas
probants ou concernent le droit grec. — 2 Gell. 4, 2, I ^ancien édil.); Cic. De off.
3, \^\'\D:q. SI, 1, I pr. 38, pr. 6). —3 Voira ce sujel Wlassal. Zut Geschiclile
Jer nttjotiorum gestio, 1879, p. 175; Girard. Nouvelle reo. hi.tt. de droit, 1x84,
p. ilO-415. — * Cic. L. c; Dig. îl, I, I pr. 3S, pr. 49, 63. — i Dig. 21, 1, I, § 3.
— «il, 1; I, § 6 el 8, 14, § 10; 16; 17, § 17; 48,1 5. —137, l tîl, §2; 31, §20:58.
— » Ibid. I. 19, 23, 25, 27, 31, 45, 48, 55, 60. — BiBuoGRApaiE. Ortolan, Explica-
tion hist. des Insi. de Justinien, 10" éd. Paris, 1876, 111, n" 14(16 sq. ; .Accarias,
Précis de droit romain. Paris, 1882, It, § 60:J; Girard. Manuel de droit romain^
Paris, 1901, p. 5:)8-56J.
REGE\DARICS, REGEREXD.ARIUS < La première Tornie est dans Cassiodorc
el Lydus, la deuiième dans la Notitia. il y a aussi la forme referendarius (iVol>.
1 1 ; voir Bôcking, Xot. dign. Or. p. 170,. — 2 Bôcking, .Vo(i(. Occ. 2,3; Cassiod
Var. 11 : Xot. Or. 2, 3, 29 ; 'Lydus, Demag. 3, 4, 21 les donne au nombre de deux el
dit qu'ils ont élé dépouillés de leurs attributions par le magister officiorant].
— 3 Aotit. Occ.i, 5, 25-41.
REGlFl'GItlU. 1 Ovid. Fast. Il, 125 sr|. ; cf. V. 727; Calend. Praenest.
2k mars 13; Fest. p. 279, ». i. Regifugium : .\uson. Ecl. de feriis. — 2 Plul.
VIII.
REGIFIT.IL'.M'. — La Fuite du roi, fêle annuelle célé-
brée à Rome, le "24 février'. Ce jour-là, le rex sacrorum
se rendait au coinitium, offrait un sacrifice et s'échappait
aussitôt. On a vu dans ce rite une allusion à la fuite du
roi Tarquin le Superbe et à la chute de la royauté; il
convient, en effet, de rappeler que de celte époque date
la séparation des pouvoirs religieux, seuls laissés désor-
mais au rex, à qui il fut interdit d'en exercer d'autres et
à qui il était enjoint, quand il sacrifiai! au comitium,
de quitter précipitamment l'assemblée publique dès que
la cérémonie était accomplie - ^regmm, p. 82o\
On peut aussi, avec d'autres auteurs, admettre, en
tenant compte de la date de la fête, qu'en ce dernier jour
de l'année el du mois des purifications |^februcs] le rex,
dans une sorte de drame symbolique, prenait la charge
des souillures du peuple tout entier et s'en allait pour se
purifier ^cf. septerio.x] ^. E. Saglio.
REGI A ^EGNiM;.
REGIO. — I. Territoire d'une commune, aux limites
duquel expirait la juridiction des magistrats'. Dans ce
sens le mot regio est synonyme du mot territorium,
plus généralement employé xERRiTORUir -.
II. — Divisions géographiques, circonscriptions terri-
toriales de la ville de Rome.
1° Les quatre régions de Servius Tiillius. — Après
avoir enfermé dans une enceinte continue les sept col-
lines (septiinontium), Servius Tullius divisa en quatre
régions la ville ainsi accrue et délimitée'. Les indica-
tions laissées par Varron' permettent, sinon de déter-
miner les confins des quatre régions, lout au moins d'indi-
quer leur emplacement : Regio I, Suburana, comprenant
le quartier de Subura, la partie de la Velia qui
s'incline vers le Forum, la partie du Caelius comprise
dans l'enceinte; II, Esquilina, renfermant l'Oppius, le
Fagutal, le Cipius ; III, CoUina, avec le Némélal, le
Quirinal, les colles Salularis, Mucialis, Latiaris; IV, Pa-
latina, Germains, côté de la Velia attenant au Palatin,
partie du Forum. A ces quatre régions, dit Tite-Live, le
roi lui-même qui les avait créées donna le nom de tri-
bus-. Denys d'IIalicarnasse* semble confondre régions
et tribus : suivant lui, Servius Tullius remplaça les trois
tribus primitives, Ramnenses, Titienses, Lucerenses,
par quatre régions géographiques ffioîpx), formant ainsi,
ajoute l'auteur, d'une ville à trois tribus (-s!cpu).ov), une
ville à quatre tribus i TE-piip'jXov . Varron, qui donne les
noms et la description des quatre régions \ fait reparaître
ces quatre mêmes noms dans la liste des tribus '. L'ori-
gine des quatre régions de Servius se confond donc
(Juaesl. rom. 63; cf. Husclike, Das aile rùm. Jah'-, p. 162-105. - 3 Cal. .Vaffei :
C. ins. lut. I, p. 30t : Hartuug, Ilelig. der Rôm^tr, II, p. 3î: Huschke, L. l. p. 164.
— BiBi.iocBAPHiE. Husclike, Oas allé rùmische Jahr, Breslau, 1869, p. 16* et sq.;
L. Lange, Der rôm. KalcnJer, Lcipz. 1882. p. 222 sq. ; CUrist, Sitsungberischte
d-r Slùnch. Xcad. Pliil. hist. Cl. lS70,p. 193 sq. ; Mar.|uardt, ffandbuch. Irad. fr.
de Brissaud (le Culle), II, p. 5 ; Bouché-Leclercq, Manuel de> Institutions ro-
maines, p. 486.
REGIO. 1 Siculus Flaccus, De condic. agr. éd. Lachmann, 1, p. 135, 4; 165,8:
M. Jun. Nipsus, éd Lachmann, I, p. 295, 13; .\cro, ad Horat. Carm. II. 13, 4;
Corp. inscr. lat, VI, 2730; X, 1235, 1256; XIII, 6337; XIV, 4012: Rudorff, Gro-
matisch. Inslit, édil. Lachm. p. 235; Mispoulet, Les institutions polit, des
llomainn. 11, p. 28; Marquardt, Roem. .'itaalsterwaltung, I, p. 0 ; Irad. fr. de
Lucas el Weis, Organis. de l'empire romain^ 1, p. 7. — 2Cf., pour éublir la
synonymie, la définition de regio dans Siculus Flaccus (Lachmann, 1, 133, 4) el de
(erriYoriiim dans Pompoaius {De verb. sijnif. Codex, L, 16, 239, 8); Cf. Isidor.
Origin. XIV, 5, s. f. — 3 Liv. I, 43 ; Varro, Lmg. lat. V, 45-54; Dionjs. Hal. IV, 14;
Aurel. Victor, De air. illustr. VII, 7 ; Paul. Diac. s. v. Crbaiias, p. 168, éd. Mûllcr.
— 4 Varr. L. l. — i Liv. i. (. — « Dion. Mal i. f. — ' i. (. — « Ling. lai. V,
53-56.
103
REG
— SIS —
REG
avec celle des Iribus qui furent aussi une réparlilion
géographique; peu à peu, par la force des clioses, avec
laccroissenient de la doininalion de Rome, les tribus
perdirent leur caractère géographique ; les régions le
conservèrent. Dans ces régions, étaient groupées les
familles possédant chacune sa chaumière et son champ;
ce fut l'origine de la propriété territoriale et des hérita-
ges '. Il n'est donc pas surprenant que, à côté des Iribus,
lesqualre régions aient conservé leur existence propre.
Pendant la République, jusqu'au temps d".\uguste, on
trouve trace de leur existence : aux quatre régions cor-
respond le nombre persistant des quatre édiles; César
donne ù la ville de
Rome reyionatim -,
c'est-à-dire par ré-
gions, des jeux et
des spectacles.
Mais c'est surtout
par leur caractère
religieux que survé-
curent à tous les
changements politi-
ques les quatre ré-
gions de Tullius. Ce
roi conserva, répar-
ties par six entre
les quatre régions,
les vingt-quatre an-
tiques chapelles des
ARf.Ei ' et Cicéron
rend témoignage
qu'elles furent tou-
jours entourées d'un
culte pieux '. C'é-
taient des area dé-
couvertes, consa-
crées aux dieux
Lares, situées aux
carrefours et portant
un autel sur lequel
était gravée la dé-
dicace. \\i mois
de mars de Tan-
née 1888, on a trouvé le sacellum d'un carrefour de la
regio Esquilina, avec son arca, les restes d'un mur en
tuf, des débris d'architecture moins anciens, enfin une
base d'Auguste qui, en 744 (— 10 av. J.-C), l'avait orné
d'une statue de Mercure et restauré ° ; les sacellums
de Servius avaient donc été conservés pendant la Répu-
blique jusqu'à l'Empire, et .\uguste, dans sa nouvelle
organisation de Rome, les respecta" comme Servius lui-
même, eu créant ses régions, avait respecté les chapelles
des Argei. Ce sacellum, construit sur le Cispius, appar-
tenait à la deuxième région de Servius, VEsquilina '.
I Cf. Galli, lli un sacrllo compilah; dins Bultel. comunak di Homa, .XVI, IS88
p. m. — 2 Sucton. Caes, X.\XIX : ediUil ludos etiam rer/ionatim i'rbe lola.
— 3 Varro, Linr/. tat. V, 45; Argorum sacraria qitattiior et vigenti in qualtuor
partes urbis sufil disposita ; cf. JordaQ-iiuetscn, Topograp. der Sladt liom, I, £SS
u. 50 ; II, ?3S. (»(I0. Varron nous a laissé l'iudicalion de rempiacemeiil (|u'occupaienl,
dans chacune des (juatre K'gions, quatorze de ces cliapelles. — ^ II, Leg. agrar.
U. — i HtiU. coiaan. di Homa, XVI, IÏ88, p. 149-, Notiz. degliscari. I8S8, p. 224,
2i.H; GaUi, Oi un sacello, elc. dans Bull, comun. 1888, p. 221-237, pi. xri.
— ^ GaUi, O. 1. p. 221. — ^ C'est celui que Varron désigne ainsi : Ceapius mons
aexticeps apud atdem Jununia Laciniae ; c'était donc le sixième sacellum de la
deuiiènic région de Servius Tullius; cf. Gatti, Op. t. p. 228. — 8 Galli, Bull.
RSalaria
pTiburtina
Fig. 5922
On en peut dire autant d'un sacellum connu par une in-
scription du temps de Cicéron*. .autour de ces autels
avaient survécu des traditions vénérables, des fêtes reli-
gieuses, des jeux célébrés aux carrefours' et dont la
création était attribuée à Servius Tullius '".
2° Les quatorze régions d'Auguste. — Entre les
années 744 (== lOav. J.-C.) — 750 (= 4 av. J.-C.) .\uguste
fit une nouvelle division de la ville de Rome en quatorze
régions". Le mur de Servius servit de liase à celte opé-
ration ; huit régions furent comprises dans l'enceinte,
les 11'', IIIMV», VI',Vlir, X%XI"etlaXIIP qui, plus tard,
s'étendit hors des murs jusqu'au Tibre en s'annexant la
vaste plaine où s'éle-
vèrent les greniers
ijiorrea) ; les ré-
gions I, V, Vn, IX,
XII, XIV furent ex-
tra muros. la XIV'
comprenant tout le
Translévère '^. La
ville s'était beau-
coup agrandie de-
puis le roi Servius
Tullius ; les rues ,
c'est-à-dire les con-
tinentia aedificia,
s'étaient prolongées
au loin , rompant
l'enceinte; de là. les
régions extra mu-
ros. Le schéma ci-
joint(fig.o9-2-2)dres-
sé d'après Lancia-
ni'^ donnera une
juste idée de la ma-
nière dont Auguste
procéda à la divi-
sion, remontant du
sud au nord puis,
soit à l'intérieur,
soit à l'extérieur du
mur, tournant de
gauche à droite.
Il est probable qu'Auguste, comme nous avons fait à
Paris pour les arrondissements, ne distingua les régions
que par des numéros. Dans les documents officiels et
chez les auteurs, tandis que les vici sont désignés par
des noms", les régions ne le sont que par des numéros '^;
et quand, par hasard, un auteur donne un nom à une
région, ce n'est généralement pas celui qui se rencontre
dans les listes du iv° siècle dont nous parlerons plus loin".
Les noms des régions se créèrent sans doute peu à
peu par l'usage, le peuple retenant plus facilement qu'un
numéro le nom familier d'une rue, d'une place, d'une
comun. .XV, 18^7. p. 156; des arbres, souicnirs d'un bois sacré, entouraient cet
aulcl; cf. Corp. inser. lat. VI, 32455. — 'J Dionys. Hal. IV, 14. — i» Id. Ibid. ;
Plin. XXXVI, 711, 1; Macrob. Saturn. I. 16. — " Suelon. Aug. XXX ; Dio, I.V,
8; Tacit. Annal. XV, 40; f'Iin. Nat. hist. III, 9. 13; Fronlin. De aquaed.
LXXIX, sq.; Corp. inscr. lat. V[, 973, 32453. — t2 Cf. Unciani, Bicherehe sulle
XIV regioni urbane, dans Bull. comm. XVIII, 1890, 116-117. — 13 Ibid. p. 117
et pi. ix-x. — 14 Corp. inscr. lat. VI, 449, 450, 451, 452, 453. — 's Ibid. mêmes
numéros el 975 ; Tacit. Annnl. XV, 40 ; Sueton. Domitian. I : Fronlin, De nquavd.
LXXIX, sq. Pi, dès l'origine, les régions de Rome aiaienl reçu, en même temps
que leur numéro d'ordre, UQ nom officiel, Pline n'aurait pas man(|ué d'eo donner
la liste. — ic Sueton. Caes. XXXIX ; iVero, XII.
REG
— 819
REG
porte de la ville ou d'un quartier. Puis, quand, après plus
d'un changement, les noms furent bien arrêtés par
l'usage, on établit, à une époque relativement tardive,
la liste ofticielle qui est parvenue jusqu'à nous'.
Cette listedes régions, avec leurs noms et leurs limites,
nous a été transmise par deux documents de l'époque
constantinienne : ïaA'otitia 3.54 ap. J.-C.) elleC'//v'os;///)
1.357 ap. J.-C.)-. Ces catalogues nous donnent la liste
des quatorze régions de Rome avec les noms qu'elles
portaient alors : Regio I, Porta Capena; II, Caelimon-
tium : III. Isis et Serapis ; IV, Templum Pacis ; V, Esqui-
liae : VI. .\lla Semita : VII, Via Lata ; VIII, Forum
Romanum magnum ; IX, Circus Flaminius ; X. Palatium ;
Xl.Circus Maximus ; XII Piscina Publica; XIII, .\venti-
nus;XIV, Transtiberim. Ces noms sont empruntés à des
places, des rues, des portes, des monuments, des col-
lines situés dans la région.
La Xotitia et le Curiosum nous donnent en outre,
pour chaque région, une liste de noms de monuments,
portes, rues, collines, fontaines, et aussi de quelques-
unes de ces statues qu'.Vuguste offrait aux chapelles des
Lares', les achetant avec l'argent que, chaque année, lui
offrait le peuple à l'occasion du nouvel an'. Lanciani a
démontré que tous les noms des monuments, portes,
collines, etc., sont les noms des rues des régions, noms
abrégés par la seule indication des monuments épo-
nymes de ces rues" ; il en est de même pour les statues,
soit qu'elles aient emprunté le surnom qui leur est attri-
bué à la rue qu'elles ornaient, comme l'Apollo Sanda-
liarius de la quatrième région, soit qu'elles-mêmes
aient donné leur nom à la rue ^. .\ cette liste de rues,
fait suite, dans les catalogues, l'indication dunombre des
rues, des îlots, des maisons, des édicules, des greniers,
des bains, des fontaines, des moulins contenus dans
chaque région et enfin la superficie de la région évaluée
en pieds. .\ la fin du recueil, un hrin-iarium donne, pour
toute la ville, le chiffre total de ces édifices.
Quelles graves raisons déterminèrent .\uguste à diviser
Rome en quatorze régions"? .\ucun texte ne nous l'ap-
prend. La centralisation du régime impérial, qui fit Rome
vraiment capitale et siège du gouvernement, rendit-elle
nécessaire une organisation particulière de la ville""/
Ne faut-il pas plutôt chercher dans l'organisation du
culte des Lares Aiigusti et du Génie de l'empereur la
cause de cette division nouvelle de la ville de Rome '.' On
sait que, en même temps qu'il divisa la ville en régions,
.\ugu5te divisa ep vici chacune des régions. Or, à la divi-
sion en vici est intimement liée l'organisation du culte
impérial. A deux cent soixante-cinq carrefours des vici
s'élevaient des chapelles aux dieux Lares*. .V chaque
ficus étaient préposés des hommes de basse condition,
portant le titre de magistri vicoruin et chargé.^ du culte
1 Cf. Preller. Die Jtegionen der StadI Rom, p. 7i. — ^ .Vofiiia, tteywiies
Urbis /tomae cum àreviariis suis; Curiosum Vrbis Bomae regionum XtV
cum breviariis suis, réuDis par Ciriehs. Indf^x i'rbis Bomae topographicus.
Ces deux régioiinaires se trouvent aus^i publiés avec commcutaires dans Preller.
l)ie Jiiyionen der Stadt Bom, tSW; Beckcr, Tojiographie der Stadt-Hom,
dans Uandbuch drr roem. Allerlhu-m. t. 1, p. 709, s.|. ; Otto Gilbert, Ges-
chichte und Topographie der Stadt Rom. 1883-1890, t. III, p. 3*3, sq. ;
Jordan-Uuelsen, Topograph. der Stadt Rom, t. 1, p. 30T, 314: t. Il, p. 541:
Otto Richter, Topograph. der StadI Rom. 1901, p. 371, 5i|.: Honio, Lexique
de topograph. rom. s. v. regiones : Lanciani. etc. Richerche. dans Butl. corn.
.XVIil, 1890, p. 12.5, sq. spécialement p. 1-8. — 3 Voir les références de la nott- 5,
p. 8ts. — * Suet. August. LVII : ex ea summa, pretiosissima deorum aimulacra
mercatus, vicatim dedicabttt ; Corp. iiiscr. lat. VI, 456, 457, 458, 309S4 :
Gatli, Bull, comunale, XVI, 1888, p. ÎS8. — » Lanciani, 0. l. p. 7Î5 sq. — 6 Id.
des Lari's Augiisli, de l'entretien de leurs autels et de
leurs édicules Tcompit.vli.x, genus, l.vres, vicis". Nous
verrons tout ;\ l'heure que les chefs préposés par .\uguste
aux régions, créés en même temps que les magistri
vicoruin, mais d'une condition plus élevée, exerçaient
sur ces derniers une autorité et un droit de contrôle
relatifs au culte des Lares dans les iv'c;''. Et qu'on ne
dise pas que le culte des lares n'était pas assez impor-
tant pour justifier une nouvelle division de la ville de
Rome en régions. Ce culte, le pins populaire, remontait
aux plus antiques traditions; le nom de l'empereur asso-
cié à celui des Lares appelés désormais Lares Augusti,
leur culte mêlé à celui du Génie de l'empereur donnaient
au pouvoir dWuguste un caractère divin ; c'est le moyen
détourné par lequel, après avoir repoussé les honneurs
divins, il se les fit rendre sous une forme nouvelle qui
faisait sur les masses une impression plus profonde et
plus durable qu'un culte officiel dans un temple.
En même temps qu'il créa les quatorze régions,
Auguste plaça à la tête de chacune d'elles un magistral
désigné par le sort entre les préteurs, les édiles et les
tribuns du peuple '". Sur les monuments qui font mention
de leurs actes, ces magistrats portent, non pas un titre
ayant Irait à leurs nouvelles fonctions de chefs d'une
région, mais leur titre de préteur, édile ou tribun".
Les seuls documents où nous les voyons agir nous les
montrent exerçant sur les magistri vicorum une auto-
rité, un contrôle : ils autorisent, par exemple, l'érection
ou la restauration d'une chapelle aux dieux Lares et
approuvent les travaux'-. Un sacrifice, prescrit en un
endroit déterminé et au jour anniversaire de l'incendie de
Néron, devra être offert par le préteur auquel, cette année-
là, aura été dévolue par le sort l'administration de la
région où se trouve le lieu du sacrifice '■■.
Cette organisation dura jusqu'au temps de l'empereur
Hadrien. .\ cette époque, on voit apparaître, à la tète de
chaque région, un curator assisté d'un denuntiator, lic-
teur qui proclamait les fêtes des carrefours. Une base
dédiée par les magistri vicorum à l'empereur Hadrien
donne, pour cinq régions de Rome", les noms ducurator,
de son denuntiator, des magistri vicorum, suivis de la
liste des vici de la région '^ ; elle est datée de l'an 1 36 ap .
J.-C, la vingtième du règne d'Hadrien. Outre qu'elle
nous révèle à cette époque l'existence des curatores,
cette inscription, connue sous le nom de basis Capito-
lina, nous apprend qu'il était survenu un grand change-
ment dans cette administration. Les chefs des régions
n'étaient plus les magistrats institués par .\uguste, mais
des affranchis d'aussi basse condition que les magistri
vicorum. Ils ne pouvaient donc pas exercer sur ces der-
niersuneautoritéégaleàcelle des préteurs ou des édiles:
aussi cette autorité avait été remise entre les mains du
Ibid. p. 131, sq. Cf. Ibid. p. 128. la liste des quatorze régions, avec les noms des
rues et, p. 13ti, la liste des régions avec une détermination de leurs limites, plus
exacte qu'elle n'avait été faite jusque-là : cf. Ibid. carte IX-X. — " Cf. Mispoulel,
Jnstit. pot. Il, Î6. — 8 Plin. iVal. hist. III, 9, 13 : complexa montes Vil ipsa
[Roma] dividttur in regiones XIV. compila Larium CCLXV. — '' Voir les
notes 11 et 13 ci-après. — i» Dio. LV, 8 ; Tacit. Ann. XIV, 12 ; XV, 40 : Sneton.
Aug. XXX; Corp. inscr. lat. VI, 8i6 ; cf. Ibid. ad. n. 434: Jlarquardt,
Rnem. Staatsverwall. t. III, p. Î04-205; — H Corp. ins. lat. VI, 451; cf.
Jbid. 449,4.50, 4ôJ, 453. — '2 Ibid. mêmes n"'. En l'année 116, sous le règne de
Trajan, les magistri vicorum firent, à leurs frais, et sans doute sous l'autorité des
magistrats placés à la tôle des régions, une restauration générale des cbapelles des
Lares: cf. Galti, Bull, comun., XV, 1S87, p. 34: Corp. inscr. lat. VI, 30958.
— '3 Mêmes références qu'à la note 11. — 1» Les régions I, X, XII, XIII et .\IV.
— 15 Corp. iusc. lai. VI, 975.
REG
— 820 —
REG
pi-dcfeclus vitji/um '. Au \\' siècle les fw/'rt/o/rs sont au
nombre de deux -'.
Sévère-Alexandre créa quatorze ciiriilures l'rbis, un
par ré^ioiî. Ce n"était pas les administrateurs des régions,
mais des personnages consulaires qui formaient le con-
seil du praefeclim Crbi'.
Domilien* et, après lui, Eiagabale eurent, sans tou-
tefois en venir à l'exécution, la pensée de mettre à la tèle
de chaque région un praefrcliis l'rbi. Celle mesure, dont
la conséquence eût été la suppression de la préfecture
urbaine, aurait profondément modifié Fadministralion
de Rome, le caractère de ses régions et les attributions
de leurs administrateurs.
Faule de documents, il est difficile de se rendre
compta de Timporlance administrative de rinslilulion
créée par Auguste, importance qui dut être réelle. Il est
évident que ces divisions une fois établies, l'administra-
tion dut. plus d'une fois, utiliser ce cadre tout préparé
pour des buts autres que ceux auxquels il était primili-
vement destiné. C'est ainsi que dans le Columbarium des
affranchis de Livie, on a trouvé les épilaphes de plu-
sieurs/)/7«7//'«/o/e.y a regionibus l'rbis ' et nous savons
par Capilolin que Marc-Aurèle donnaaux riiratures regio-
nis une certaine autorité pour proléger les habitants de
leur région contre les réclamations exagérées du fisc'.
La division de Rome en quatorze régions fui rapi-
dement adoptée par les auteurs : nous en avons pour
preuve l'usage qu'ils en font de bonne heure et l'habi-
tude vite prise de localiser dans les régions les faits qu'ils
racontent. C'est par régions que Tacite rend compte de
l'état dans lequel l'incendie de .Néron laissa la ville de
Rome'; parlant d'un violent orage qui s'abattit sur la
ville de Rome, le même auteur dit qu'aucune des
quatorze régions ne fut épargnée par la foudre'. C'est
par régions aussi que Frontin établit la statistique du
service des eaux'"; Domilius Aenobarbus donna des
chasses et des combats au cirque et dans chacune des
régions de la ville " ; Sévère-.\lexandre lit construire, un
par région, des liorrea où les habitants pouvaient mettre
en dépôt les valeurs et les objets précieux qui n'auraient
pas été en sûreté dans leurs maisons'^; le même empe-
reur dota de bains les régions de Rome qui en étaient
encore dépourvues '^ Ces exemples prouvent l'impor-
tance qu'avaient prises les régions dans la vie romaine
et combien celte inslilulion avait droit de cité dans la
langue et dans les mœurs.
III. — Division territoriale de l'Italie. — Auguste divisa
l'Italie en onze circonscriptions qu'il appela regiones.
Lui-même dressa la liste de ces régions en y ajoutant,
par ordre alphabétique, les noms des colonies et muni-
cipes contenus dans chacune d'elles. Seul Pline nous a
conservé ce précieux document"; aucun autre auteur,
1 Corp. inac. lut. 30960. — 2 Cl. lesiBdicalioiisdonBcesparlaA'o/i/mcllcCiiriOïiim
pour cùa>|ue régioD : curatoret II. Daus ces régioDiiaiies, il nesl pas fait nicalion
du denuntiatur iiidi.|ué sur la Basis capilotina (for//, insc. lai. VI, 375). Sur
celle méinc Use ianiiée 136). la région XII, à l'ciceplion «les autres, a deui
curatores. — 3 l.amprid. .Sein-. Alex. Xi. — * Lydus, De mayistrat. Il,
19. — 5 Laniprid. IJelioy. ia. — 6 c. i. /. VI, 40IS-Wi+. — t Capitolin.
Aniunm. philotoph. XIII. — s Tacit. Annal., XV, W. — « Jbid. XIV, 12. — lo Oc
aquaed. LXXIX, sq. — " Suel. ;V«ro, IV. — 12 Laniprid. Serer. Atexanrlei; 39.
— '3 Id. Jbid. — 1* Plin. III. li, » : auc(oreni dioum Âugustum nos seculuros.
deicriptionemguc ai eo factam tolius Jtaliae in regiones X/. — li Pliu. lil
il, I: Ci. /. X, 3S56, Iili58: VI, 1418 ; correclor Italiae Transpadanae':
KubiUcbck, De ronianarum Iritiuum origine et propagatione, p. 107; Id. Jmpe-
rtum romanum Iributim dencriptum, p. 117. _ 16 H|,„. |||, jj; Kubilschck, Oe
rom. \>l , Imp. rom. 105. — IT Min. III, 7 ; Kubilschck. Imp. rom. 100. — I» flin.
en ell'el, pas même Auguste dans ses Res geslae, ne parle
de la division de l'Italie en régions : 1° Itnlie supérieure :
Regio XI, Transpadana '^; X, Venelia et Histria "^ ; IX,
Liguria'"; VIII, Aemilia'*. "2° Italie centrale :Reg\o\U,
Etruria'°; VI, Umbria-": V, Picenum'-' IV, Samnium-- ;
I, Campania" ; cette région comprenait Rome-\ 3° Ita-
lie centro-méridionafe : Regio III, Bruttii etLucania^";
II, Apulia et Calabria -''.
(Contrairement aux quatorze régions de Rome, les onze
régions de l'Italie sont générahmient désignées non par
leurs numéros, quoi qu'.\uguste leur en ait assigné un ",
mais parleurs noms'*. Ces noms sont empruntés à la
situation géographique de la région, comme celui de la
7'egiu Transjta'/aita, aux noms des peuples qui l'habi-
taient, comme regio Piceni; la. regio Aemilia doil son
nom à la voie Kmilie qui la traversait-'; certaines
régions, comme la troisième, regio Bruttii et Lucania,
et la deuxième, irgio Apulia et Calabria, portent les
noms de deux peuples.
Aucun texte ne nous fait connaître les motifs qui por-
tèrent ,\uguste à créer celte division nouvelle de l'Italie.
Pline, comme nous l'avons déjà fait observer, est le seul
auteur qui en fasse mention et il ne s'en occupe qu'au
point de vue géographique.
Faut-il voir dans les régions d'Italie des circonscrip-
tions politiques ou administratives ? .Non, sans aucun
doute : aucun texte littéraire ni épigraphique, — et les
inscriptions relatives à l'administration sont fréquentes
en Italie, — ne nous fait connaître, sous les premiers
empereurs, un magistral dont le litre ou les fonctions
supposent l'existence d'une Italie divisée en onze régions.
Les régions ne furent pas davantage des circonscrip-
tions judiciaires de l'Italie : en dehors des tribunaux de
Rome, l'Italie n'avait d'autres tribunaux que ceux des
duumviri Juridicundo fonctionnant en vertu de la loi
Julia municipalis portée par César en l'an de Rome 709
(= 45 av. J.-C), loi à laquelle .\ugusle se serait bien
gardé de porter alteinte.
Auguste ne put avoir non plus la pensée de créer des
circonscriptions militaires pour faciliter le recrutement
des troupes; car le jus ilalicuin dispensait l'Italie du
service militaire.
Reste la perception des impôts. Le Jus ilalicuin, auss\
bien que du service militaire, dispensait les Italiens de
l'impôt foncier. Quant aux impôts indirects, ce n'est pas
pour faciliter leur perception en l'Italie que furent créées
les onze régions. Le principal de ces impôts, la vicesima
heredilatium qui alimentait la caisse militaire, est pos-
térieur à la division régionale de l'Italie. Les procura-
tores de cet impôt eurent bien des circonscriptions
formées de la réunion de plusieurs régions ■'", mais c'est
parce que l'administration utilisa une division territoriale
m, iO: c. i. l. VI, Xii; X, .ïl78; Harlial. 111. 4. î : Kubilscliek, Jmp. rom.
92. _ 19 riin. III, 8; Kubilscliek, Jmp. rom. 92. — 20 Plin. 111, 19; Ku-
bilscbek. O. l. 67. — 3' Hlin. ill, ts ; Gromalici veter<rS. éd. Lacbmano, II, 252;
Kubitschok, O. ;. Cl. — 22 flin.. III 17; Kubitschck, 0. l. 4S. — 23 plin. III, 9;
Gromal. vel. Lachni. Il, 229; Kubitschek, O. ;. 8. — 2* Plin. III, 9, 13.
— 23 Plin. III, 10-13; Kubitscliek, O. /. 45. — 26 plin. 111, 16; KubiUcbek, O. /.
36. Sur celle liste des on/e régions, cf. Marquai'dt, lîoeinisc/i. StaalsierwtlU. I,
p. 69, sq. ; trad. fraui;. Organ. de l'empire, t. 11, p. 10, sq. -- ?' Plin. III, 7 :
ftaec regioex descriptiune Auyusti nona est ; Jbid. y, 10 : regio ea, a Tiberi, prima
Italiae servatur ex descriptiune A uç/iisti. — 28 Sauf, toutefois exception ; par exemple
dans Pline {//. n. VU, 50, 4): Jn ttaliae regione octava; quelques lignes plus haut
Pline désigne la même région par des indications géographitjues. Corp. inscr. lat.
XI, 2100. Cf. C. Jullian, Les trans/urmations politiques de l Italie sous les
empereurs romains, p. *i. - a*-» Martial. 111, i. t. — 30 C. i. t., XI, 378 ; XIV, Ï9S2.
lŒG
non préparée pour elle. On en peut dire aulunt de la
viresima liberlalis ' , du domaine-, de l'imporlanle
inslitulion des alimeixla^.
Les régions créées par Auguste ne furent donc, à
l'origine, ni politiques, ni administratives, ni militaires,
ni financières*. Deux inscriptions mentionnant, l'une
un leijatus Aitgusii propraetore de Trajan dans la 7'egio
Transpadana '■", l'autre un personnage chargé, sous
Hadrien, du recrutement militaire dans la même
région', ne constituent pas une objection : il s'agit, en
efl'et, ici ou d'une situation exceptionnelle et Iransi-
loire ', ou d'une mission extraordinaire".
Pline l'Ancien mentionne quelques cas de longévité
curieux constatés dans la partie de l'Italie située entre le
Pô et l'Apennin, dans la huitième région Transpadane.
Pour les rechercher, il a consulté les registres du dernier
recensement exécuté par ordre des empereurs Vespasien
et Titus, mais seulement les registres ressortissant à
cette huitième région '. C'est donc par régions qu'étaient
centralisés en Italie les résultats du recensement.
M. Ernesl Desjardins en a tiré la conclusion qu'Auguste
créa les onze régions de l'Italie pour faciliter cette vaste
opération du recensement, pour lui fournir des cadres '°.
Quoi qu'il en soit, dans l'état actuel de nos connais-
sances, nous ne voyons pas quelle autre pensée aurait
pu inspirer Auguste.
La nouvelle institution n'eut donc pas une influence
directe sur les destinées de l'Italie.
Près de deux cents ans s'écoulèrent avant qu'Hadrien
créât, sous le nom de consulares, quatre magistrats de
l'ordre sénatorial, entre lesquels il divisa l'Italie".
.\nlonin fut un de ces consulaires, nommé dans une
région où il possédait de grandes propriétés '^ Il est
probable que, en déterminant les quatre districts des nou-
veaux consulares, on ne méconnut pas l'ancienne divi-
sion en régions; mais on ignore dans quelle mesure.
Dès le commencement de son règne, Marc-.\urèle rem-
plaça les consulares par des Jiiridici ". Ils étaient
praetorii et leur compétence était limitée'*. Leur nombre
reste incertain '^ En examinant les inscriptions où sont
mentionnés des Juridici'^, on voit que leurs circon-
scriptions judiciaires furent le plus souvent établies par
groupements des anciennes régions, mais avec des
1 Corp. i. l. V, 3331. — 2 Jb. X, ITOî; cf. Momnisen. Die libri colo;iaram.
dans Oromalic. de Laclimann, l. Il, p. 190, n. 57. — 3 Cf. Mommsen, O. /.
p. 195. — * Cf. ErDcsl l)esjaidins, tt-s ojize régions d'Auguste, dans Berne
historique, l. I, IS^f., p. I'J3 sq. — ■'. C. i. I. X, 0(168. — « Léou Keiiier,
Mélanges d épigraphie, p. "5 ; C. i. (. VIII, 703C; cf. Ibid. X, 38.5C. — ' Cf.
ErBe&t Deejardiiis, Les onze régions, p. IP*, s. s. — » Cf. Mar(|uar(ll,
Hoem. Slaalsveru: I, p. 77 ; Irad. fr. Organis. l. Il, p. 24. — 9 H. n. Vil, ii),
4. _ 10 Desjardins, O. l. p. l'JS. — " Sparlian, Uadrian. 22 : Capilolin. Antoniu.
phil. 11; Appiau. BelL cii\ I, 38; MommseD, Die libri coloniarum, dans
Grom. let. Lachmann, 11, 132; E. Ucsjardins, U. l. p. 199, s. s.: C. Julliau, Les
transformations politiques, p. 118, s. s.— <^ CifiloHn., Antonin. l'ius, i. — l^ld.
Anlonin. phil. Il; Cf. Desjardins, L. t.: Julliau, L. l. — '* Dio, LXXVIIl, Ji;
Cf. Marquardl, Staatsierw. 1, p. 73, u. 6; Irad. fr. Organisation, 11, p. 17, n. 5.
— 15 Cf. Mommscu, Die libr. colon, dans Grom. vet. Laclimann, t. Il, p. l'Ji:
E. Desjardins, O. l. p. 199, ». s. — "La liste de ces inscriptions a été donuùe par
Marquardt, Koem. Staalaverw. I, p. 77, s. s. ; trad. fr. Ori/anis. p. 20 et si(. n. ï.
— 17 Cf. Mispoulet, Jnst. polit., i. Il, p. 71-7^ ; Marquardt, Staatsverw. L. l. ; tr.
franc. Oripmis., II. p. 19-'.0. — If Mommsen, 0. l., p. 193, s. s. - 19 Cet impôt fut
établi par Maiimien Auguste, ri'sidanl à Milan. — 20 .Mommsen, 0. (. p. 198, sq. ;
Mispoulet, O. l. 11, p. 74; Marquardt, 0. l. Il, p. 80, sq. ; tr. franc. Organis. Il,
p. ti:-i'i. — 21 Plin. \at. hUt. II. 23, 4. — 22 Horat. Sat. I, 4, 30. — 23 Lucret.
De natur. VI, 732; cf. Ibid. 721; Ciccr. De nal. deor., Il, 19, i. f. — 2» Cic.
/,. l. ; cf. Oïid. Jbis. 38 ; Aralus, Frai/m. Ciceronianum, 2C4. — 2- Cic. De
tegib. Il, 8. i. f. — 26 id. De nat. deor. Il, 3; De diiinat. I, 17. — 2' N. h.
XXXVI, 19. 3. — BiBUOGRAPHiE. lo SuR LES BE<;ioss iiE RoHE : Gïtli, Di un sucello
compilale dtW anticltissima regione Esguilina, dans BuUelt. comunale XVI,
821 — HEG
changements fréquents '\ si fréquents que M. Mommsen
a pu émettre l'opinion que \esjuridici n'avaient pas de
circonscriptions fixes, mais étaient, suivant qu'il en était
besoin, envoyés dans telle ou telle région ".
.\ la fin du iir siècle, une nouvelle division de l'Ita-
lie en provinces fit disparaître ce qui subsistait des
anciennes régions, quoique quelques provinces aient
conservé les limites de ces régions. Dès lors, l'Italie,
soumise ;'i l'impôt comme les autres provinces, fut,
d'après la nature des impôts qu'elle payait, partagée en
deux régions : la rerjio annonarin (Italie supérieure) qui
subvenait à l'entretien de la cour " et la regin subiirbi-
caria (Italie centrale et méridionale), qui fournissait à
Rome de la chaux, du bois, des porcs, des bœufs, du vin '^".
IV. — En astronomie [astro.nomia', on appelait regiones
les différentes parties du ciel, spécialement les quatre
points cardinaux : la région du ciel guae est sub s^plen-
trionibus-', regto vespertina'^-, regio australis", regio
aqidlonaris -', etc.
V. — Dans la science uugurale [aioires, divin atiOj, on
nommait regio les divisions que l'augure traçait avec le
liluus, soit dans le ciel -% soit sur la terre-*.
VI. — Pline donne le nom de regiones aux divisions du
grand labyrinthe d'Egypte, subdivisées elles-mêmes en
praef'ecturae-' . IIenky Thedenat.
REGXUM (Bxct^.EÎai, REX ' (B-zciàe;;;. La royauté, le roi.
I. Royauté chez les ckecs. — On trouve la royauté à
l'origine de toutes les cités grecques, à l'exception de
celles qui furent fondées postérieurement au vu'" siècle.
Cette royauté parait aussi ancienne que la société
grecque elle-même, et elle ne disparut que dans l'âge
où cette société fut entièrement renouvelée par le régime
démocratique. Elle n'avait d'ailleurs que fort peu de res-
semblance avec l'institution de même nom que l'on trouve
chez les peuples de l'Orient ou chez les peuples modernes.
Il faut observer son origine, pour se faire une idée
exacte de sa nature, de ses attributions, et aussi des
révolutions qui l'ont lentement abolie.
L'ancienne cité chez les Grecs n'était que la famille
agrandie. Le culte et les institutions qui étaient en
vigueur dans celle-ci, s'établirent naturellement dans
celle-là. La famille avait un foyer domestique ; la cité eut
un foyer public. Dans la famille le foyer était entretenu
188», p. 221, pl. XII ; frellcr. Die lieijionen der Stadt Bom. 1840; Otto Gilbert,
GeschiclUe unU Tppographie der Sladl Bom im Alterlliiim, 1885-1907, t. III,
p. 343, sq.; JordanHuelsen, Topoi/rapfiie der Stadt Bom im AtCert/ium, 1885-
1907.t. I, p.29G:OtloRichter, Topogr. der Stadt Bom, 1901, p.6 sq.; 17, sq. ;33sq. ;
371, sq. ; Homo, Lej^iquede lopograptiie romaine, 1900,5. v. Begiones; Mommsen,
Bnemische Staatsreckt, t. Il, p. 485; trad. fr. de Girard, Le droit public romain,
t. IV, p. 213 ; Lanciani, Bichercbe sulle XI V regiojti urbane, dans Bullett. comun.,
XVIll, 1890, p. 115 sq. pl. Jx-i. 2° Sur les onze netions de l'Italie : Momraseu,
Dte libri coloniarum, dans Gromatici veteres, éd. Lacbmann, II, p. 143, sq. ;
Desjarilins. Les onze régions d'Antjuste, dans Bévue historique, t. I, 187G, p. 184
sq. ; Mispoultt, Institutions politi'/ues des Bomains, l. Il, p. 71. sq.; C. Julliau,
Les transformations politiques de l'Italie sous les enipereurs romains,^. 78, sq.
118, sq. ; W. Kuhitscbek, De romanarum Iribuum origine et propagatioue, 1882,
p. 91 sij; Id. Imperium romanum tributim descriptum, 1879, possim; Marquardt,
Boemische Staatscencaltunrj, 1. 1, p. 08 sq. ; tr. fr. de Lucas et Weiss, Organisation
de l'empire romain, t. II, p. 7, sq. ; Ernesl Desjardins. A//a5 /i/i/ori^ue de r Italie,
cai'te I : voir aussi, à la fin des volumes du Corpus inscriptionum romanarum, les
cartes des régions de ritalie.
RbGNCM, REX. Comme nous l'avons fait pour d'autres articles rédigés an-
ciennement par Fustel de Coulanges, nous insérons celui-ci sans changement.
Il a conservé toute sa valeur. Nous n'avons ajouté, entre crochets, que des indi-
cations bibliographiques et des renvois. — 1 [Sur l'élymologie de reo-, venant
du grec ooi^uy voir Curlius, Grundlugc d. griech. Etymot. à" éd. p. 185; Momm-
sen, Droit public rom. III, p. 3. Pour PK^iÀii;, Curtius. O.c. 302, G. Meycr, Griech.
Cramm. 2- éd. 65,2. Cf. Kuhn, ap. Weber, Indische Htudien, I, 334 ; Poil., Etym.
Forschungen, II, p. 250; Bergk, m N. Bhein Mus. XIX, p. 064].
lîKG
— 822 —
REG
par le père; dans la cité il le fui par le roi. Le roi,
comme le père de famille, exerça une autorité religieuse
et fui un véritable pontife. On l'appelait ^xciàsù; ou âva^,
litres qu'on donnait aux dieux aussi bien qu'aux rois;
plusieurs documents permettent de croire qu'on l'appelait
aussi du nom de prytane', titre qui indiquait plus spécia-
lement la fonction d'entretenir un foyer sacré. Le
caractère sacerdotal de ces rois des anciens temps est
marqué de la façon la plus nette par les écrivains grecs.
Quoique Homère ne représente la société que dans des
moments de guerre ou de désordre, et qu'il soit entraîné
à faire ressortir surtout les attributions militaires de ses
rois, il ne manque pourtant pas de nous parler de leurs
fonctions religieuses. Ces rais président aux sacrifices;
ils égorgent les victimes; ils prononcent les saintes
formules delà prière. Ils laissent aux devins et aux teoErç.
comme Calchas, ce qu'on pourrait appeler les annexes du
culte: mais la religion officielle leur appartient. Les
poètes tragiques d'.\thènes, ces chantres fidèles de vieilles
traditions, représentent aussi les anciens rois comme des
prêtres. Dans Eschyle, les tilles de Danaiis s'adressent au
roi d'Argos en ces termes : « Tu es le prytane suprême, et
c'est toi qui entretiens le foyer sacré de ce pays. » Dans
Euripide, Oreste prétend que comme tils d'Agamemnon,
il doit régner dans Argos; mais Ménélas lui répond :
« Es-tu donc en mesure, toi meurtrier de ta mère, de
loucher les vases d'eau lustrale pour les sacritlces? Es-tu
en mesure d'égorger la victime-? » Ainsi la fonction
principale d'un roi, celle à laquelle on songeait avant
tout, était celle qui consistait à accomplir les cérémonies
religieuses. Le roi était le dépositaire des objets sacrés,
le gardien des rites et des formules, l'intermédiaire
obligé entre les citoyens et les dieux; sans lui le sacrifice
n'était pas agréé ni la prière efficace. Il n'était pas tout
à fait un dieu ; mais il était c< l'homme qui pouvait le plus
sur les dieux », pour conjurer leur colère ou gagner leurs
bienfaits". On lit dans .\ristote cette phrase significative :
« Le soin des sacrifices publics de la cité appartient,
suivant la règle religieuse, non à des prêtres spéciaux,
mais à ces hommes qui tiennent leur dignité du foyer
sacré et qu'on appelle rois*. » Ainsi le culte du foyer ou
du prytanée semblait la source d'où dérivait le pouvoir
royal. Nous savons par Démosthène que les anciens rois
de r.\ttique faisaient eux-mêmes tous les sacrifices
prescrits par la religion de la cité', et, par Xénophon,
que les rois de Sparte étaient les chefs de la religion
lucédémonienne. A ce caractère sacerdotal de l'ancienne
royauté se rattache, suivant toute apparence, l'opinion
qui en attribuait l'établissement aux dieux mêmes.
Homère dit que le sceptre d'Agamemnon lui était venu
de Jupiter''; pareilles légendes existaient pour tous les
rois: tous ces « porte-sceptre » tenaient des dieux leur
dignité et leur pouvoir'. Bien longtemps après Homère,
Pausanias trouvait encore ces traditions chez beaucoup
de peuples grecs. On lui disait que les anciens rois de
l'Élide descendaient de Jupiter, et que ceux de Corinlhe
avaient reçu leur royauté du dieu Soleil". » Les rois de
Sparte, dit Xénophon, font tous les sacrifices, à titre de
descendants d'un dieu'. » On peut remarquer de même
' Anslol. l'olil. VII, 3, il |V1, 8); Suidas, s. v. X,fa,. ; Aescbyl. Suppl. .171
(357j ; Uiodor. VU, fragm. i. — 2 Eurip. Oresl. Ili05. — 3 Sopli. Oed. r. 31.
— ' Arislol. i. f. — B bemoslli. In AVaer. — « /liail. II, 105. — '• II. 1, 379; 11,
196. — » l'ausan. V, 1; II, 3. — » Xeaopli. Lacaed. Hcsp. 13(15). — lo pjud
que presque tous les anciens rois de l'Attique étaient
rattachés par les légendes aux anciennes divinités du
pays. La royauté primitive s'était confondue avec la
religion. Homère appelle les rois fils de Jupiter; et
Pindare les appelle les rois sacrés"*. Celte sorte de
royauté par droit divin se retrouve à l'enfance de presque
tous les peuples. Le premier roi n'est pas l'homme fort,
c'est l'homme sacré, c'est l'iiomme qui dispose du culte
et des dieux.
Un lien étroit apparaît entre la royauté et le culte du
foyer public. Le premier roi dans chaque cité fut celui
qui avait accompli la cérémonie religieuse de la fonda-
tion et qui avait posé le foyer, .\ussi dans l'établissement
des anciennes colonies, voyons-nous toujours un homme
d'une famille réputée sainte qui emporte du feu sacré de
la métropole ; il allume le foyer ; il est chargé de l'entre-
tenir, et il devient pour cette raison le premier roi de la
cité nouvelle. C'eslceque l'on voit par l'exemple de Ballos
de Cyrène et par tant d'autres. Les colons qui fondèrent
les douze villes ioniennes d'Asie Mineure n'appartenaient
nullement à la population athénienne; mais ils avaient
dû emmener avec eux quelques membres de la famille
sacrée des Codrides ; et comme ceux-ci allumèrent les
foyers des nouvelles villes, ils en furent nécessairement
les rois". Presque tous les sacerdoces dans les époques
anciennes étaient héréditaires; car ces générations
croyaient que le caractère sacré et l'aptitude à dire la
prière se transmettaient du père au fils par la volonté des
dieux. Le fondateur étant le premier prêtre et le premier
roi de la cité'-, son fils dut hériter de son culte et fut roi
comme lui. La royauté fut donc nécessairement héré-
ditaire. Elle fut aussi indivisible: à la mort du père, elle
passa à l'aîné des fils, suivant une règle que nous
trouvons également établie, à l'origine, pour le culte
domestique. Cette royauté, ayant une source sacrée, était
réputée inviolable. On peut voir dans Thucydide '^
comment les Spartiates essayèrent d'éluder à l'égard du
roi Pausanias le principe qui leur défendait de frapper
un roi; cela même n'empêcha pas l'oracle de Delphes de
prononcer qu'ils avaient commis un sacrilège. Il y avait
pourtant un cas où le roi pouvait et devait même être
déposé ; s'il avait commis un de ces crimes qui souillaient
l'homme et l'empêchaient d'approcher des autels, ne
pouvant plus être prêtre, il ne pouvait plus être roi. Un
roi de Sicyone fut détrôné pour cette raison, et l'on peut
remarquer dans l'histoire de Sparte qUe pour déposer un
roi il fallait au moins alléguer un motif religieux. Une
difformité physique, signe de la colère divine, était un
obstacle à l'exercice des fonctions sacerdotales; long-
temps ce fut un empêchement à remplir la fonction de roi.
11 y aurait assurément quelque témérité à prétendre
que, chez ces rois des anciennes cités, le pouvoir politique
découla de l'autorité religieuse. 11 yen aurait tout autant
à dire, comme on le fait souvent, que leur autorité reli-
gieuse ne fut qu'un appendice de leur pouvoir politique.
Ce qui parait plus vrai, c'est que ces deux séries d'attri-
butions furent réunies partout sur une même tète, parce
que les hommes de ces vieux âges ne les distinguaient
pas. La religion et la politique se mêlaient en toutes
Pi/:h. V. 13t. — 'I Herodol. 1, 140 el passim.; t'aus. VII. S el 3 ; Slrab. XIV.
— 12 Cela ne s'applique qu'aux villes fondées jusqu'au vu* siècle; à partir de
celle époque, le fondateur ne fut plus qu'uu prôtrc sans aulorité politique.
— 13 I, 134.
REG
— S23
REG
choses; elles s'unireat aussi et se confondirent dans la
personne des rois'. Ces chefs religieux, sacrificateurs et
pontifes, étaient en même temps magistrats, chefs d'État,
pasteurs de peuples. Ils rendaient la justice et comman-
daient l'armée. « Les rois des temps héroïques, dit
Aristote, étaient maîtres souverains en ce qui concernait
les sacrifices, ceux du moins qui n'étaient pas du domaine
des ÏESîr;; ils avaient le commandement à la guerre, et ils
jugeaient les procès^. » Le trône, Opovo;, était le siège sur
lequel le roi s'asseyait pour rendre la justice au peuple^
Le sceptre était le bâton qu'il levait en l'air chaque fois
qu'il édictait un arrêt ou qu'il prononçait un serment '
[COROXA, DIADEMA, SCEPTRUM, PIRPURA, THRONIS". La COU-
ronne de feuillage était, pour le roi comme pour tous
les prêtres, un insigne des fonctions sacerdotales °.
Cette royauté à la fois religieuse et politique n'était
pas aussi contraire à la liberté qu'on pourrait le suppo-
ser. Les prètres-rois des cités grecques n'étaient pas des
despotes, ni leurs sujets des esclaves. Comme leur
pouvoir ne dérivait pas de la force, mais qu'il reposait
sur des principes fixes et bien définis, il avait pour
limite ces principes mêmes qui le constituaient. Les rois
étaient asservis aux rites et aux coutumes plus que qui
que ce fût dans la cité. A Sparte, ils devaient jurer de se
conformer toujours aux coutumes des ancêtres". Partout
l'exercice de leur pouvoir était réglé dans le détail par
la religion, et il ne restait pas de place pour l'arbitraire.
Comme chefs religieux, ils n'avaient pas le droit de
changer une formule ni de modifier un rite. Comme
chefs politiques, ils ne pouvaient rien exiger au delà des
prérogatives que l'usage immémorial leur avait attri-
buées. Thucydide et Aristote font entendre que ces rois
gouvernaient suivant des règles établies. Ce n'est certes
pas qu'il y eût alors des constitutions écrites ; mais les
rois et les peuples se conduisaient d'après des règles
constantes que la vieille coutume religieuse avait fixées,
et dont on ne songeait guère à s'écarter. Euripide peint
assez bien cette ancienne royauté, quand il met dans la
bouche d'un roi ces paroles : « Je n'ai pas le pouvoir
absolu sur les citoyens ; mais si je suis juste envers eux.
ils sont justes envers moi ''. » Eschyle qui observait
avec plus de scrupule encore qu'Euripide les vieilles
traditions de son pays, montre un roi qui ne veut pas
accueillir les Danaïdes à Argos avant d'avoir consulté les
membres de la cité.
Ailleurs, il fait dire à Agamemnon : « Pour tout ce qui
concerne l'état et les dieux, l'assemblée des citoyens se
réunira et nous délibérerons. » Il est certain que l'insti-
tution d'une assemblée publique chez les Grecs ne date
pas du régime républicain, mais du régime monarchique.
A la vérité, les assemblées de ce temps-là paraissent
avoir été plutôt aristocratiques que populaires; elles
n'en étaient que plus fortes et plus tenaces pour résister
aux empiétements des rois. Dans Homère, .\lkinoos a
l'autorité suprême chez les Phéaciens ; nous le voyons
pourtant se rendre à une assemblée des chefs de la cité,
et nous pouvons même remarquer que ce n'est pas lui
qui a convoqué le conseil qui a mandé le roi. Dans un
autre endroit, le poète décrit une assemblée de la cité
phéacienne ; il s'en faut beaucoup que ce soit une
* On peul remarquer que c"esl ce coté religieux qui fait la difTéreuce essentielle
de la royauté et de la tyrannie chez les Grecs (tyrassus]. — 2 AristoL Polit. III.
10 (III, 9, 7). — -1 Pind. Pijth. IV. 271. —i/liad. X, 3il ; VII, 412; Virg. Aen Vil,
réunion de la multitude ; les chefs seuls, individuelle-
ment convoqués par un héraut, comme cela se passait à
Rome pour les comitia cahita. se sont réunis; ils sont
assis sur des sièges de pierre ; le roi prend la parole, et
il se sent si peu au-dessus de ses auditeurs qu'il leur
donne le même titre qu'à lui et les appelle rois porte-
sceptre.
Ajoutons qu'à tous ces rois il manquait au moins deux
choses pour être absolus : ils n'avaient ni impôts ni
armée. Car les impôts, dans ces siècles-là, n'étaient que
des contributions pour les cérémonies religieuses (d'où
vient que le mol té/o; signifia en même temps impôt et
sacrifice), et quant à l'armée, elle n'était pas autre chose
que la réunion des citoyens sous les armes pour une
guerre librement acceptée de tous. Les rois n'avaient le
droit de vie et de mort que dans le cours d'une expédition
militaire. Il ne parait pas qu'Usaient jamais eu l'autorité
législative. Enfin, il ne faut pas perdre de vue que, si le
roi réunissait en sa personne presque tous les pouvoirs
de la cité, et si l'on pouvait dire de lui, comme dans
Eschyle : « Tu es la cité, tu es le peuple » *. c'est que la
cité n'avait pas alors sur les individus toute l'étendue de
pouvoir que le régime républicain lui a, plus tard, con-
férée. Dans l'âge monarchique, la cité n'était guère
qu'une confédération de tribus, de phratries, de tév/j.
Chacun de ces corps gardait son organisation, son culte,
ses assemblées, son chef, sa justice intérieure. Sur ces
corps puissamment constitués la royauté avait moins de
prise qu'elle n'en aurait eu sur des individus isolés. La
plus grande partie de la population, répartie dans les
vÉvY, et les tribus, n'obéissait pas directement au roi et
n'était pas soumise à sa justice. De même que le roi
féodal du moyen âge n'avait pour sujets que quelques
puissants vassaux, de même le roi de l'ancienne cité
grecque était placé hiérarchiquement au-dessus de
quelques chefs de tribus et de yr/r,, dont chacun était un
petit roi sur son domaine. Chacun d'eux était individuel-
lement presque aussi puissant que lui ; tous réunis, ils
l'étaient beaucoup plus [gens, p. 1502". On peut croire
que les hommes avaient pour ce roi un grand respect,
parce qu'il était le chef principal de leur culte; mais on
peut bien croire aussi qu'ils avaient peu de soumission
à son égard, parce qu'il avait peu de force.
Cette royauté fut une des institutions qui durèrent le
plus longtemps chez les Grecs. Elle ne disparut guère
avant le vu'' siècle, et dans quelques cités elle pro-
longea son existence fort au delà de cette date. Presque
partout ce fut l'aristocratie qui la renversa. Si peu que
nous sachions de cette ancienne histoire, nous voyons
du moins clairement que les Eupatrides d'Athènes firent,
pendant plusieurs générations, la guerre aux rois. Pour
ce qui est de Sparte, en dépit des fausses appréciations
que contient la vie de Lycurgue attribuée à Plutarque,
on voit bien, par des passages d'auteurs pi us anciens, que
ce fut l'aristocratie qui attaqua et affaiblit la royauté'.
Les mêmes luttes se retrouvent à Corinthe, à Argos, à
Sicyone, dans toutes les villes sur les antiquités des-
quelles il nous est resté quelques souvenirs. .\ cette
époque, il n'existait pas encore de parti populaire; les
intérêts démocratiques, ou bien ne se montraient pas,
itO. — 5 Athenae. XV, IC; XV, 10. - 6 Stob. Serm. 4». — ' Eurip. Beracl. iii.
— 8 Acscli. Suppl. 3ii9 (355). — 9 .\rislol. Polit. VIII, 10 (V, 10; ; Heraciid. Pocl.
dans les Fragm.hist. graee. Didot, l. Il, p. ÎIO.
REG — .S2i —
ou bien étaicnl d'accord avec la royaulc. Ce fui donc
laristocralie qui, en Grèce aussi bien (lu'à Rome, com-
battit les rois, et, après des efTorls plus ou moins longs,
finit par les vaincre.
Toutefois la royauté vaincue ne disparut pas enlière-
ment. Nous avons dit (lu'elle avait été, à lorigine, la
réunion d'une autorité religieuse el d'une autorité poli-
tique. Or, l'autorité religieuse, néce.ssaire à l'exercice du
culte et à l'accomplissement régulier des rites, était
sacrée et inviolable. La religion de la cité aurait été
troublée et les dieux oITensés, si l'on avait supprimé
leurs prêtres héréditaires. On n'osa donc pas penser à
se passer de rois. On se contenta de leur enlever leur
pouvoir politique, el on leur laissa le soin des cérémo-
nies religieuses. .Arislote explique bien cette singulière
révolution : .. Dans les temps très anciens, dit-il. les rois
étaient les maîtres en paix et en guerre; mais dans la
suite, les uns renoncèrent volontairement au pouvoir,
aux autres il fut enlevé de force, et on ne laissa plus à
ces rois que le soin des sacrifices. » Plutarque dit
la même cliose ; « Les Grecs enlevèrent aux rois leur
pouvoir et ne leur laissèrent que le soin de la religion' ».
Hérodote, parlant de la ville df> Cyrène, dit : « On laissa
à Battos, descendant des rois, le soin du culte, et on lui
retira toute la puissance dont ses pères avaient joui. »
Du reste, cette royauté, ainsi réduite aux fonctions
sacerdotales, resta partout héréditaire. A Athènes, après
la mort de Codrus, il n'y eut que le pouvoir politique
des rois qui disparut; la royauté religieuse subsista sous
le nom d'arcliontal - ; pendant trois siècles encore, elle
resta dans la famille des Codrides, se transmettant de
père en fils exactement comme l'ancienne royauté, mais
n'exerçant plus aucun pouvoir réel en dehors de la reli-
gion. Il en fut de même à Argos^ A Sparte, la royauté
se perpétua pendant une longue série de siècles,
quoique, suivant l'expression d'.\ristote, la monarchie
eût fait place à l'aristocralie •. Hérodote, qui dit aussi
que de son temps Sparte ne connaissait pas le régime
monarchique", montre bien que la royauté Spartiate
n'était presque plus qu'un sacerdoce''.
I^es villes grecques dépossédèrent rarement les
anciennes familles royales de leur autorité religieuse.
On ne le fit, à ce qu'il semble, que lorsqu'on put reprocher
à l'une de ces familles de s'être souillée d'un meurtre et
d'être devenue incapable de servir les dieux. Il fallut allé-
guer ce motif ou ce prétexte pour dépouiller les Médon-
tides d'.\thènes de l'archonlat \ Au temps de Diodore
et de Strabon, il y avait encore à Éphèse, à Thespies, à
Marseille, de vieilles familles qui avaient conservé le
titre et les insignes de la royauté, le sceptre et la robe
de pourpre, el qui possédaient héréditairement la prési-
dence des cérémoniessacrées, mais qui. depuis des siècles,
n'avaient aucune autorité politique. 11 semble qu'il ait
été de règle d'attendre que ces familles royales s'étei-
gnissent d'elles-mêmes. \ mesure qu'elles disparurent,
on ne supprima pas la royauté religieuse, mais on la
rendit élective et annuelle. Athènes eut toujours des
prêlres-rois, et l'on trouve dans la plupart des cités
> Plul. Quaest. roin. n. —i Paiisan. IV, :,. 10 cl 13: Voll. Pal. I, î. I.a dUlinc-
lion trop profonde que les liistoriens modernes mcllent entre la rovaiitc^ et l'arclion-
tal parait contraire à la %-éritë historique. Archonte et roi étaient deux mots
presque synonymes dans celle anliquilé. I*ausanias (Vil. î) et les marbres de
Paros. en parKint de ces arclionlcs, se servent des mots SaffiÀu'a, pa.a-.lt-juv.
— 3 Paus. Il, \9. — l Arislol. A. c - 5 Herodol. V, 9i. — 6 Id. VI, .'îiî-59. Même
REG
grecques, sous le nom d'arcliontal, de prytanie, ou de
royauté, une magistrature uniquement chargée de
veiller sur le culte public*. Le roi, ^auiXEÛ;, de l'époque
républicaine, véritable tiérilier de l'autorité religieuse
des anciens rois, accomplissait les rites les plus sacrés
du vieux culte, présidant aux fêtes religieuses, et jugeait
aussi toutes les causes oii la religion était intéressée.
Cette magistrature ou plutôt ce sacerdoce annuel ^magis-
trature el sacerdoce se confondaient encore) fut la der-
nière forme que revêtit l'ancienne institution de la
royauté. Le respect des cités pour les vieux rites et les
anciens noms exigeait que celte royauté subsistât; réduite
aux fonctions du culte, elle put durer, à travers toutes
les révolutions, sans gêner en rien les institutions démo-
cratiques. Klle survécut même à l'indépendance de la
Grèce, et ne disparut qu'avec le vieux culte.
II. Royauté chez les Romains. — La royauté se montre à
l'origine des cités latines avec les mêmes caractères
essentiels qu'elle avait dans le premier âge des cités
grecques. Le roi était un prêtre et un pontife en même
temps qu'un chef de guerre el un juge. .\ous croyons que
Virgile, ce scrupuleux observateur de tout ce qui tenait
à l'ancienne religion, a fait une peinture aussi exacte que
possible de cette royauté dans ses personnages de
Lalinus et d'Évandre. Il les présente l'un et l'autre accom-
plissant des sacrifices, réglant les cérémonies, présidant
aux repas sacrés. Ces hommes-sont les premiers prêtres
de leur cité, et c'esl toujours par leur intermédiaire que
la cité invoque ses dieux protecteurs. Leur palais est un
temple''. Leur costume est un costume sacerdotal; Picus,
le vieux roi du Latium, porte le b;iton augurai et la
trabée '". Enfin ces rois, comme ceux des vieux temps de
la Grèce, ont leur existence tellement liée au culte que
la tradition les mêle au dieux et veut qu'ils descendent
d'un sang divin". Une royauté de même nature parait
avoir existé chez les Étrusques; ses attributions poli-
tiques ont varié suivant les temps, mais elle n'a jamais
cessé d'avoir des prérogatives religieuses; lesiucumons
étaient, à la fois, des magistrats, des chefs de guerre
et des pontifes'-; ils avaient la science des augures, ils
présidaient aux sacrifices, el leurs principaux insignes
étaient des insignes sacerdotaux.
La royauté des Grecs, des Latins, des Étrusques, nous
conduit forcément à la royauté romaine. Il serait surpre-
nant que celle-ci eût dill'éré de celle-là. Car il n'y a rien
de factice dans les institutions primitives des peuples;
elles découlent ou des aptitudes natives, ou des croyances
ou des nécessiti's sociales; el lorsque des peuples sont
de même race el que leurs croyances et leurs besoins
sociaux onl été à peu près idenliques, les institutions
aussi ont dû se ressembler. Nous avons, d'ailleurs, assez
de renseignements sur la royauté romaine pour pouvoir
la juger. Il est clair que tout n'est pas vrai dans ce que
les anciens historiens nous disent des rois de Rome ;
mais la manière dont Tite-Live, Cicéron, Plutarque et
Denys parlent de la royauté, doit être aussi exacte que
possible. Lorsque des historiens décrivant des insti-
tutions fort antérieures à leur temps, leur donnent des
à l'armée, les rois recevaient les ordres des êphores. Ils n'avaient le comman-
dement r^l qu'au cas où le Sénat les avait spécialement investis des fonctions
de général. — '' Herac. Pont, dans les Frag. hist. gr. I. Il, p. i06 ; Nico'. Damasc.
fragni. 51. — sPind. .Vem. XI ; Plut. Quaest. gr. 9»; T.-I.iv. XLV, 5. Boeckh, Corp.
iincr. passim. — 9 Virg. Aen. VllI, 174. — 10 Ibid. V, 1S7. — Il /*. Vil, «.
— li Ib. X, 175; Tit.-Liv, V, 1 ; Censorin. De die nat. 4.
HEG
— 823
lŒO
traits qui appartiennent à leur époque, nous pouvons
croire qu'ils se trompent et que la préoccupation du pré-
sent leur ôte la vue nette du passé. Mais lorsqu'ils
décrivent ces institutions anciennes avec des traits qui
ne répondent en rien à ce qu'ils voyaient autour d'eux,
avec des traits que les habitudes de leur esprit ne pou-
vaient pas leur faire imaginer, nous pouvons croire que
ces traits leur sont venus, par quelque intermédiaire que
ce puisse être, de l'époque même qu'ils décrivent, et
qu'ils se rapprochent beaucoup de la vérité. Tout ce qui,
dans ce personnage des rois de Rome, a un caractère
politique, a pu, à la rigueur, être l'invention des âges
suivants ; tout ce qui a un caractère religieux date mani-
festement de l'âge primitif.
Cicéron représente Romulus portant à la main le bâton
augurai-; Cicéron, Plutarque, Ovide, Denys racontent
quelles cérémonies religieuses il accomplit en fondant
la ville. Comme tous les rois-prêtres de l'antiquité,
Romulus est fils d'un dieu ; et, comme tous les fonda-
teurs, il devient dieu lui-même et est l'objet d'un culte. Si
ce premier roi esta la fois guerrier et prêtre, son succes-
seur Numa Pompilius est bien plus un prêtre qu'un
guerrier. « Il remplissait lui-même, dit Tile-Live, la plu-
part des fonctions sacerdotales. » Il était ainsi le prêtre
suprême et presque l'unique prêtre de la cité ; « mais il
prévit que ses successeurs, ayant souvent des guerres à
soutenir, ne pourraient pas toujours vaquer au soin des
sacrifices, et il institua les flamines et d'autres prêtres
pour remplir l'office des rois quand ceux-ci seraient
absents de Rome' ». Ainsi la plupart des sacerdoces des
âges suivants n'ont été qu'une sorte d'émanation de la
royauté ; ils ont été, pour ainsi dire, des membres déta-
chés de cette royauté qui avait été d'abord le sacerdoce
suprême. On peut se convaincre que tous les rois de
Rome, même ceux qui ont été le plus occupés de guerre,
remplissaient pourtant, encore après Numa, des fonctions
religieuses. Il paraît même que la plus grave accusation
que les patriciens portèrent contre Tullus Hostilius fut
d'avoir modifié et altéré les rites. Tous ces rois avaient
la suprême direction des choses sacrées*, tous interro-
geaient les dieux par les auspices; Cicéron croyait qu'ils
avaient tous été des prêtres '' ; enfin Jules César, dans une
harangue qu'il prononçait tout au début de sa carrière,
signalaitle caractère sacré de ces rois, sanctitasregum'' .
Ces rois prêtres étaient intronisés avec un cérémonial
religieux que Tite-Live décrit et auquel Virgile fait une
allusion très claire '. Le nouveau roi s'asseyait sur un
siège de pierre, le visage tourné vers le midi. A sa gau-
che était assis un augure, la tête couverte des bandelettes
sacrées et tenant à la main le bâton augurai. Il figurait
l [La question de l'authenlicité des traditions romaines sur la période des rois a
*^lé de nouveau disculée, lors de la découverte en 1899, dans le Forum romain, du
l'ipis niger, du tombeau de Romulus et de l'insoriplion en latin archaïque qui
l'accompagne et où se lit reuei. La controverse a été vive entre savants italiens et
allemands, les uns y voyant la confirmation des témoignages fournis par les histo-
riens latins, les autres contestant la date reculée du texte qu'ils font descendre au
v» ou vie siècle et expliquant le mot ref/i comme une allusion au rex sacrorum,
c'est-ii-dire à un prêtre de l'époque classique. Voy. pour ces découvertes : Boni,
Notizie dei scavi, 1899, p. 130: '900, P- 2U5 ; Ceci, // cippo antichissimo del
Foro romano, 189:); Pais, dans la JViiora Antologia, novemb. 1899; et Storia
ili Homa, 2* éd. I, p. 744: Comparetli, L'iscriz. arch. del Foro Homano, 1899;
Ciaraurrini, dans les Rendi conti Accad. d. Lincei, 1900, p. 181 ; Milani. Md.
p. 289: le P. de Cara, n" de février, mars, mai, juillet 1900, de la Civilta Catlo-
lica, avec les ouvrages cités et discutés; Peterssn, Jahrbuch deutsch. Inst. XVI,
1901, Anz. p. 62; Huelsen, Rômische MMImUangen, XVII, p. 22; XX, p. 40;
Nme Jahrb. f, klass. Alterlh^ 1904, 1" livr. p. 29 ; Tropea, dans Ilivislu
di storia antica, 1902, p. 157; Sludniczka, Jalireslie/'le de Vienne, 19():j. p. 129;
VIII.
dans le ciel certaines lignes, prononçait une prière, et,
posant la main sur la tête du roi, il suppliait les dieux
de marquer par un signe visible qu'ils avaient ce nouveau
roi pour agréable. Puis, dès qu'un éclair ou le vol des
oiseaux avait manifesté l'assentiment des dieux, le roi
prenait possession de sa charge [augiires]. Un tel usage
avait sa raison d'être ; comme le roi allait être le chef su-
prême de la religion et que de ses prières et de ses sacri-
fices le salut de la cité allait dépendre, on trouvait juste
de s'assurer d'abord que ce roi était accepté par les dieux.
Ce qu'on appelait i-et/in ne parait pas avoir été un
palais, même au temps des rois. La 7'egia ou atrium
regium était un petit édifice sacré qui était annexé au
temple de Vesta, c'est-à-dire au foyer public et au prin-
cipal sanctuaire de la cité [forum, p. 1291]. Peut-être
n'était-il pas un lieu d'habitation ordinaire; la tradition
dit que Numa avait son domicile sur le Quirinal et sa
i^egia près du temple de Vesta; il s'y tenait toutes les
fois qu'il avait à remplir des fonctions religieuses; c'est
peut-être aussi là qu'avaient lieu les repas sacrés*. En
tous cas, la regia des Romains correspondait exactement
au paTiXsïov des Grecs dont parlent Aristote, Pausanias
et PoUux, et qui était une salle consacrée aux cérémo-
nies religieuses à côté du foyer public ou prytanée.
L'emplacement, la destination, le nom même de cet édi-
fice montrent clairement quelle était la principale fonc-
tion que les anciens attribuaient aux rois. De même que
le roi de Rome était une sorte de représentant des dieux
sur la terre, il portait aussi dans les cérémonies solen-
nelles le costume des dieux. Il traversait la ville en char,
honneur qu'il avait seul, ou qu'il ne partageait qu'avec
la statue de Jupiter'. Il avait les joues fardées de rouge,
comme la statue du dieu ; il portait sur la tête la couronne
de feuilles de chêne, et à la main, le sceptre d'ivoire'"
[consul, p. 1469-1470, triumpuus].
Comme les rois de la Grèce, ceux de l'ancienne Rome
joignaient à leurs attributions religieuses le pouvoir
politique. Il y a même pour eux ceci de particulier que
ces deux séries de prérogatives, unies en leur personne,
ne se confondaient pourtant pas. Cicéron, dans un traité
delà République, nous montre que pour chacun des rois
de Rome, il y avait deux élections successives. Il n'indique
pas quelles différences il devait y avoir entre les procé-
dés de ces deux élections : il montre seulement que la
première conférait le titre et la dignité de re.r, et que la
seconde conférait Vimpei'ium ". Pour que deux élections
fussent nécessaires, il fallait bien que les deux attribu-
tions ne se confondissent pas. Vimperiiim désigna tou-
jours la puissance politique et militaire ; le titre de rex,
que donnait la première élection, devait donc désigner
Mommsen dans fifrufs, 1903, p. I^[ ; Krelschmer dans Wiener Slndieil: I90i,
p. 1.58; Diculafoy, C. rendus de l'Acad. des Inscript. 1899. p. 753 ; Vaglieri,
dans Bullet. comunale di fioma, 1900, p. S7 ; 1903, p. 1 15 ; Thédenat, Le Forum
romain, 3< éd. 1904, p. 77 et 242]. — 2 Cic. Oe dirin. 1, 17 ; 1, 48. — 3 T. Liv.
1. 20. — « Dionys. II. 14. — 5 Cic. De dh: 1, 40. — 6 Suet. J. Caes. 0. — 7 T.
Liv. 1, 18; Virg. Vil, 174; Dionys. II, 6 ; IV, 80 [Voir iSAUcutiATio. p. 438 sq.].
— 8 Plut. IVuma, 14; Dio Cass. Fragm. Ili ; Servius, ad Aen. VII, 153; VIII,
363; Festus, s. 1'. Eguus Ociober. [Sur la regia voir Ambrosch, Studien uiid
Andeulung, Breslau, 18.39, p. 1 sq. ; 39; F. M. Nichols, Hegia, Millheil. d.
Instit. I, 1886, p. 94; Id. Tlie Regia, tlie atrium Veslae and Ihe fasli capi-
tolini, 1887; H. Jordan, Alitth. d. Inst. I, 1886, p. 99; 0. Gilbert, Gesch. und
Topograph. d. Sladl Rom, I. 305 sq., III. 407; Hulse.n, Die Regia, Jalirb. d.
Inst. 1889, p. 228]. — 9 [Au sujet du char royal, voir Horamsi-n, Uroit public
rom. III, p. 29; Wiliems, Le Sénat de la Rép. rom. 1, p. 132, 6; Helbig, Le
currus du roi, dans Mélanges Perrol, p. 167 sq.] — lo Momnisen, Hist. rom.
1, 5; [Droit public. II, p. 62, 64, 08. Voir aussi mm.A, solium, sceptrom]. — " Cic.
De rep. Il, 13 sq.
104
REG
— 826 —
REG
plus spécialement l'aiilorilé religieuse el le privilège
d'accomplir les rites. Ces deux autorités étaient distinctes,
el lune n'entraînait pas nécessairement l'autre. On doit
remarquer aussi que l'autorité religieuse était conférée
la première; le pouvoir politique y était ajouté ensuite
par un vote tout spécial de la cité.
Le roi commandait l'armée des citoyens en temps de
guerre; il rendait la justice en temps de paix. 11 nom-
mait les magistrats secondaires, les chefs des corps de
troupes (tribiini), les juges \nférieuTS {quaeslores parri-
cidii). S'il s'absentait de Rome, il choisissait lui-même
le praefeclus urbls. Comme tous les pouvoirs de la cité se
concentraient dans sa main, nulle autorité n'existaitqu'en
lui ou par lui. Le commandement fut toujours plus
rigoureux el plus absolu à Rome que dans la plupart des
cités grecques ; il ne connut jamais de limites légales qui
fussent nettement marquées. Toutefois la cité à celte
époque n'était autre chose que l'association d'un certain
nombre de gentes, corps puissants dont chacun compre-
nait, outre les ingénus, de nombreux clients. Chaque
gens avait son chef, son paler. Ces puissants patres
n'avaient pas besoin d'imposer à leur roi un contrat for-
mel ou une constitution écrite. Il est clair que par la
seule manifestation de leur force, ils pouvaient l'obliger
à les consulter sur tous les intérêts généraux. En prin-
cipe, rien ne bornait nettement le pouvoir des rois ; en
fait, ils se heurtaient à tout moment à la force rivale
des patres, el ils ne pouvaient gouverner qu'avec
leur assentiment, patrum auctoritate comitioque, dit
Cicéron '. La réunion très fréquente de ces patres for-
mait le Sénat ; dans les circonstances graves, les génies
tout entières, groupées par curies, formaient l'assemblée
du peuple. On ne saurait dire avec certitude si les rois
avaient ailleurs qu'à l'armée, le droit de vie et de mort.
La légende de la sœur des Horaces permet de croire que
l'appel au peuple existait déjà ; mais il reste à se
demander si cet appel au peuple ou ce recours en grâce
était de droit, ou s'il devait être autorisé par le roi. On
ne peut pas dire non plus avec certitude que les rois
aient eu le pouvoir législatif; les lois qu'on a appe-
lées leges regiae furent peut-être plutôt promulguées et
sanctionnées par eux que décrétées de leur seule volonté.
Le trait le plus distinctif de la royauté romaine est
qu'elle fut élective. Rome ne connut pas la royauté héré-
ditaire des anciennes cités grecques et italiennes. Nous
n'oserions affirmer que cette différence tinta un goût par-
ticulier des Romains. Il y a une autre raison plus simple
et qui frappe les yeux ; c'est que cette royauté estd'unâge
plus récent que l'ancienne royauté héréditaire des Grecs,
et qu'elle est contemporaine d'une époque où la royauté
était partout contestée et attaquée. De même que les
cités qui furent fondées, en Grèce ou en Italie, quatre
générations après Rome, n'eurent plus de rois, de même
celles qui furent fondées vers le même temps que Rome,
n'eurent qu'une royauté amoindrie. Or, jusqu'à ce que
l'on songeât à se passer de la royauté, le meilleur moyen
de l'affaiblir était de la rendre élective. Tous les rois de
Rome furent des rois élus. Denys le dit de Romulus lui-
même ^. Cicéron et Tite-Live le disent de tous les autres.
L'aristocratie patricienne ne permit pas que le pou-
voir devint héréditaire ; à chaque vacance, elle choisit
elle-même son roi, soit par son sénat, soit par ses
• Cic. Un rtii. Il, 8.
comices curiales qu'elle dirigeait aittoritas tatrim].
Il ne faudrait pourtant pas croire que les Romains de
cette époque se fissent du droit d'élection la même idée
que s'en faisaient les contemporains de Cicéron ou de
César. Autres temps, autres pensées, autres institutions.
Les Romains des vieux âges n'avaient probablement pas
l'idée que la désignation de leur roi, c'est-à-dire de leur
chef religieux, dépendit de leur choix. Si peu nombreux
que soient nos renseignements sur cette époque, nous
pouvons cependant saisir de quelle façon les rois étaient
désignés, et en vertu de quelles idées ils l'étaient. Comme
on partait de ce principe que l'autorité sainte avait été
d'abord conférée par les dieux mêmes au fils d'un dieu,
il semblait qu'il y eût contradiction à ce qu'elle fût
ensuite conférée par les hommes. Il fallait donc que les
hommes eussent le moins de part possible à ce choix,
et que la plus grande part restât aux dieux. Le droit des
hommes était presque nul, et ne devait pas paraître.
Donc, à la mort d'un roi, l'autorité divine qui avait
résidé en sa personne, ne s'éteignait pas et ne passait pas
non plus au peuple. Elle passait de la tête du roi sur
celle d'un interroi jnterregmm., qui en en était comme
l'héritier pour un temps ou le dépositaire. Comment cet
interroi était-il nommé? Le supposait-on choisi par le roi
mourant ? Était-il désigné parmi les /)i7//'es à l'aide d'un
de ces procédés religieux usités chez les anciens, comme
le tirage au sort ou les auspices"? On l'ignore. Ce qui est
certain, c'est que cet interroi ne possédait l'autorité que
cinq jours, el la transmettait à un autre interroi qui ne
la gardait pas plus longtemps. Celui-ci, à son tour, dési-
gnait le roi, c'est-à-dire prononçait après l'accomplisse-
ment des rites el avec les cérémonies solennelles le
nom de celui qui allait régner. Il est clair que ce n'était
pas sa volonté seule qui l'avait choisi. C'étaient les aus-
pices qui le lui avaient montré; c'étaient les augures
patriciens qui lui avaient révélé l'élu des dieux. Ces
mêmes augures, dans la cérémonie solennelle de l'intro-
nisation, manifestaient en public le choix divin. On voit
bien que dans un tel système d'élection, les prédilections
politiques de l'aristocratie trouvaient toujours moyen de
se faire jour; il n'en est pas moins vrai qu'en principe
l'autorité passait d'une tête sur une autre par une sorte de
transmission mystérieuse et sacrée à laquelle les hommes
n'avaient presque point de part. L'idée que l'élection fût
un droit national, n'existait probablement pas dans les
esprits de ce temps-là. Il est vrai que l'on distinguait
dans la royauté deux choses, l'autorité religieuse et
l'autorité politique ; sur cette dernière le droit des
hommes était manifeste, et il s'exerçait librement, .\prcs
que les dieux avaient désigné le roi, la cité régulière-
ment réunie dans ses comices curiates décidait si elle
donnerait ou refuserait Vimperium, c'est-à-dire le pou-
voir politique, à ces chefs du culte. Sur ce point, elle
était libre ; mais il ne parait pas qu'elle ait jamais usé de
sa liberté au point de séparer deux choses que les
anciennes idées des hommes avaient toujours conçues
comme devant être inséparables.
Les mêmes luttes que l'histoire grecque nous montre
partout entre les rois el l'aristocratie, se retrouvent à
Rome. Les patriciens, caste à la fois sacerdotale et mili-
taire, étaient exigeants et voulaient être maîtres. Ils
tenaient non seulement au maintien de leur indépen-
REG
827 —
REG
dance vis-à-vis des rois, mais encore el surtout à la con-
servation de leur autorité sur les classes inférieures [auc-
TORiTAS PATRi'M, PATRicii, PLEBs]. Lcs rois, de leur côté,
avaient bien vile compris qu'en favorisant ces classes el
en les alTranchissant. ils augmenteraient leur propre
pouvoir. Telle fut l'origine du long conflit qui remplit
ces deux siècles de l'histoire de Rome. Romulus nous est
représenté comme aimé des classes inférieures, inulti-
tudini f/ralior quam palribus ; il fut assassiné au milieu
d'une réunion des patres. Tulhis Hoslilius, prêtre peu
scrupuleux, chef militaire aimé du peuple, auteur d'une
première loi agraire, périt frappé de la foudre par les
dieux des patriciens. Le premier Tarquin, qui altéra
l'ancienne constitution religieuse de la cité, fut assassiné.
Servius Tullius, dont le souvenir resta toujours si cher.à
la plèbe, fut égorgé sur les marches du Sénat. Tarquin
le Superbe enfin fut renversé par une révolution que les
patriciens dirigeaient.
Mais la royauté ne disparut pas tout entière avec Tar-
quin. Les Romains, pas plus que les Grecs, ne crurent
pouvoir abolir cet antique pouvoir sacerdotal que l'on
appelait la royauté. Les Grecs eurent toujours un ^lailtù;,
les Romains eurent toujours un ?'ex, même dans le
régime républicain. Seulement, ce roi n'eut plus que les
attributions religieuses, et on l'appela rex sacroriim ou
sacrificulus K II continua à remplir toutes les fonc-
tions sacerdotales des anciens rois, il fil les sacrifices au
foyer public- [agoxalia, janus] ; il eut sa regia, et sa
femme s'appela re^/Hff ^ Mais il lui fut rigoureusement
interdit de joindre à ses prérogatives religieuses aucune
des magistratures qui donnaient quelque pouvoir poli-
tique. S'il en possédait quelqu'une avant, d'être roi, il
était tenu de s'en démettre \ On ne lui accordait même
pas le droit de haranguer le peuple ; avant les comices,
c'était lui qui accomplissait le sacrifice d'usage; mais, ce
sacrifice terminé, il devait s'enfuir précipitamment de
la place publique [regifugiim] '"; pour être bien sur qu'il
n'influerait pas sur les élections, on ne lui permettait pas
d'y assister. Cette magistrature ou ce sacerdoce du roi
n'était pas autre chose que la moitié de la royauté
ancienne. On s'était décidé, en 509, à séparer deux séries
d'attributions que les générations antérieures avaient,
sans les confondre, réunies sur une seule tête. Le sacer-
doce des rois subsista ; Vimperium passa aux consuls.
Il est digne de remarque que l'ancienne royauté ro-
maine, si attaquée par l'aristocratie, ne laissa pourtant
après elle aucun sentiment de mépris ou de haine dans le
cœur des hommes. Le respect des générations continua à
s'attacher à elle On ne cessa d'invoquer le souvenir de
Romulus, le père, le fondateur, le dieu de la cité [romu-
lus] ", tous les autres rois, à l'exception du dernier, lais-
sèrent une mémoire que l'on alTecta de vénérer Encore
au temps de César, on parlait du caractère sacré qui était
inhérent à cette royauté antique, nanctitas regum. C'est
pourtant une opinion reçue que le nom de roi était odieux
aux Romains. La preuve du contraire se rencontre fré-
1 [Voir plus haul, p. 8i5, noie 1, pour linseription du forum.] — 2 T. Mv. [\,i
Varr. Ling. lat. VI, 13. — 3 Serr. VIII, 363 ; Macrob. Sal. I, 15. — VT. Liv. XL. 4i
— -o nul. Ou. rom. 6i.— 61. liy. XXXI, 11. — Bibliographie. Cuire lc5 hisloircs
générales, voir : Pour la Grèce, Olf. MGlIer, Dorier, II, 93 st| ; Buclisenschiitz, Die
Kéenig. von Athen, Berlin, 1835; Scliômann, Griech. AUert/iùmer, Berlin, IS71, 1,
23 sq. 132, 237 : G. Gilberl, Bandb. d. griech. StaatsatterUt. Berl. 1881-1885, I.
41, 116; II, 265ct372, 3î3;Hermann-Thura5er, Uandbuchgr. Staalsallerth.i.ii, ii.
52, 61; Mislsclicnco, La royauté homérique, dans Mélanges Graux, 159 S'i-:
Pauly Wjssowu, Real-Encyct. art. ëasilf.cs (V. Schaeffer); P. Guiraud, La propriétr
quemment chez les anciens. Ce mot était si peu odieux et
si peu méprisé qu'il était de règle de l'appliquer aux dieux
dans les prières. On continua aussi à le donner comme
un litre d'honneur aux hommes puissants. Les dignités
de rex sncroruin et d'interroi subsislèrenl pendant loute
la République. Vers le temps de la troisième guerre
punique, le Sénat accordait encore à ses alliés les plus
fidèles le titre de roi comme un litre précieux, et il leur
envoyait en présent le sceptre d'ivoire el la chaîne
curule, insignes de ses anciens rois'''. Les leges regiae,
qui étaient ou que l'on croyait l'œuvre de ces rois,
furent toujours l'objet d'un grand respect. Si aucun
usurpateur chez les Romains n'osa prendre ce titre, ce
n'est pas qu'il fût odieux, c'est qu'il était sacré. Il s'y
attachait une idée religieuse que les usurpateurs ne
voulaient ou ne pouvaient attacher à leur personne.
César l'essaya peut-être; il recula comme devant un
sacrilège. Les empereurs ne se firent pas appeler rois ;
leur pouvoir était trop essentiellement différent de
l'ancienne royauté pour qu'il leur vint à l'esprit d'en
prendre le titre. Fu.stel de Collanges.
REGULA. — I. Instrument rigide dont se servaient
les artisans pour tracer des lignes droites ou pour prendre
des mesures'. Dans la pratique, pour obtenir une ligne
droite quelconque, les charpentiers, les tailleurs de pierre,
les maçons employaient souvent, comme ils le font en-
core de nos jours, la branche d'une équerre [norma] ; ils
se servaient aussi du pied à mesurer, instrument com-
mode à cause des divisions qu'il porte [pes]. Mais quand
il s'agissait d'obtenir une ligne de longueur précise, il
fallait recourir à un instrument plus exactement gradué ;
c'est alors qu'on se servait de la régula. La règle en bois,
appeléeJaM^e, que les charpentiers emploient pour tracer
leurs ouvrages et couper sur le trait, peut en donner une
idée. On a découvert récemment à Este une petite plaque
rectangulaire en os qui parait être un fragment de régula
(fig. 5923). L'instrument a été brisé sur un de ses côtés-
les plus courts; une des faces, soigneusement polie, est
ornée sur le bord supérieur et sur le bord latéral à
droite de trois lignes gravées servant d'encadrement.
Sur le bord inférieur émoussé, au-dessous d'une ligne
horizontale plus profonde que les précédentes, apparaît
une série continue de petits traits verticaux, également
en creux, parallèles entre eu.x comme ceux qui, sur notre
double décimètre, servent à indiquer les millimètres. Ces
petits traits sont au nombre trente-sept et forment trente-
huit espaces, larges chacun de deux millimètres envi-
ron. La brisure de la plaque s'est produite nettement
dans une rainure assez profonde qui traversait l'instru-
ment dans sa hauteur et qui doit correspondre à une divi-
sion de la régula. Dans son état actuel, ce fragment
mesure 0",07o de longueur, soit à peu près la dimen-
sion du palinus, quart du pied romain. On peut croire
que, dans son état complet, cette règle avait la longueur
du pied el comportait quatre grandes divisions graduées
correspondant chacune à un pal/nus^.
foncière en Grèce, 1893, cliap. viu, — Pour Rome, Rubino. Von dem Komgthum,
Cassel, 1339;Terpstra, i)e;3op«/o, rfescHa^u, rftfre^e de inlerregibus, Roterdam, 1842;
Scbwegler, Rôm. Geschichte im Zeitatter der Koenige. Tubing. I8(;7-I8i;8 ; Lange.
Derrôm. Kônigsthum, Leipz. 1881; Herîog. Gesch. u. Syst. der rôm. Slaatwerfas-
sung, I, Leipi. 188i, p. 32sr(.;Madvig, Verfass. und Verwall .des rôm. Beichs, Leipr..
1881, I ; p. 363 ; H. Jordan, Die Kônige im ait. ItaCien, Berl. 1887 ; Bouché-Leclerq,
Man. d. Inst. rom. Paris, 1880, p. I3sq. ; et les auteurs cites plus haut, p. 825, n. I.
REGUL.\. I Vitruv. VII, 3 ; Pallad. 1,9; Pliii. [list. nat. XXXVl, 63, 1 ; Colum. III,
13; Cicer. ap. Non. II, 7, 18. — 2 A. Prosdocimi, iVotisie d. scaiii, 1900, p. 174.
REI
— 828 —
REI
M23. — Ri^gle jrailuf
U y avait des règles en bois, en os ou en iiuHal. Sur
les lombes des artisans ou des soldats, on trouve
(fig. iOC") des représentations de ces instruments placés
ordinairement à côté d'un /lerpendiculi/m '. Sur un tom-
beau de Burnum en Dalmatie, on a reconnu une règle à
mesurer, longue de deux pieds et portant des divisions".
II. — On donnait
aussi ce nom ù la
barre de fer desti-
née à soulever ou
i\ abaisser les pis-
tons d'une pompe ^
m. — Onappelail
reyiiltw des règles
de bois ou de métal
employées dans
certaines régions, au lieu du panier de jonc, pour main-
tenir la pulpe des olives placée sous le pressoir * 'olei m].
IV. — Des barres de fer. regulae ferreae, servaient à
fermer la soute des navires qui transportaient les blés.
Alin d'éviter les fraudes, on inscrivait au départ sur ces
lames le poids du blé convoyé par chaque bateau".
Héron tie Villefosse.
BEI VIXDICATIO, Revendication. — Droit grec. — La
théorie des actions civiles servant à garantir le droit de
propriété soulève, dans le droit attique, des difficultés
nombreuses et importantes, dont la solution est parfois
purement conjecturale. La principale raison en est que
cette théorie ne peut guère se construire que d'après les
renseignements formés par les lexicographes, à qui le
sens véritable des institutions de l'époque classique
échappait bien souvent, et dont les diverses déMnitions
fragmentaires paraissent quelquefois inconciliables soit
entre elles, soitavec le peu que nous pouvons trouver sur
notre matière dans les plaidoyers des orateurs
Une des principales difficultés consiste à savoir quelle
est précisément l'action au moyen de laquelle le pro-
priétaire peut faire valoir son droit sur sa chose, .\-t-il à
sa disposition, comme dans le droit moderne, des actions
destinées à faire respecter sa possession, abstraction
faite de la question de propriété? iN'a-t-il, au contraire,
qu'une action péliloire analogue à la rei vindicatio du
droit romain ? Ou bien encore celte dernière action se
combine-l-elle avec d'autres qui en forment, en quelque
sorte, les préliminaires ? C'est là un point très délicat
dont nous avons déjà donné incidemment la solution en
étudiant le rôle que jouent dans la procédure les actions
KNOlKlOf DIKÈ, EXOILÈS riIKK, KARPOU DIKÈ, OlSI.'iS DIKÈ.
On a pu voir que l'action réelle, dans le droit attique,
n'a pas de nom spécial, mais qu'elle s'intente dans une
forme spéciale, celle de la Sia5ixa<7t« [diadikasia.
Proil romain. — La propriété est protégée à Rome de
diverses manières. Elle a d'abord comme sanction les
interdits possessoires [imtekdictum] qui protègent la pos-
.session comme telle, mais qui, par cela même, protègent,
dans la grande majorité des cas, la propriété elle-même,
à savoir, quand elle est jointe à la possession [possession
ce qui est le cas normal. Si le propriétaire ne possède
pas, il ne peut, du moins à l'époque historique, se faire
justice à lui-même en usant de violence pour forcer l'usur-
' Cor/i. ins. lut. III. UïSi, l; voir les cicmpics réunis par Hi-ron de
Villefosw, UtttiU tfartitans romain), p. 7, cilr. des J/i"™. lig la Aoc des
Ant,q. .1. Fr. l. LXII (190*). - i C. i'. L 111. I4'.l;i8. - 3 Vitruv. X, li
pâleur à lui restituer la chose qu'il détient indûment.
Mais le droit lui ouvre plusieurs actions qu'il peut faire
valoir devant les tribunaux, actions qui varient suivant
le caractère de la propriété, c'est-à-dire selon qu'il s'agit
de la propriété quiritaire, de la propriété prétorienne
de la propriété provinciale ou de la propriété pérégrine.
1^ Propriété (juiritaire. — Abstraction faite des
actions pénales qui peuvent proléger la propriété civile
ou quiritaire (action fiirti en cas de vol [furtim], action
de la loi ■\quilia, un cas de damnum injuria datum),
cette propriété est sanctionnée par la rei vindicatio
donnée au propriétaire contre celui qui refuse de lui
rendre sa chose.
La revendication, qui est le type des actions réelles du
droil civil, ne s'est pas toujours intentée suivanlles mêmes
règles. .\ l'origine, dans le système des actions de la loi
[actio, LEGis ACTio], elle s'intentait dans la forme du SACRA-
MEiXTUM. En matière de propriété, cette procédure s'en-
gageait par une double affirmation des parties qui, en
des termes solennels, s'affirmaient toutes deux proprié-
taires de la chose litigieuse, avec un simulacre de combat
[manuum conserlio) relatif à la chose. La présence de
celle-ci était nécessaire quand il s'agissait d'un meuble.
Quand il s'agissait d'un immeuble, originairement le
préteur et les parties se rendaient ensemble sur le terrain
litigieux; dans la suite, les parties se bornaient à en
apporter une motte de terre ; enfin on n'exigea plus d'elles
que le simulacre de s'y rendre'. L'objet du litige ainsi
déterminé, les parties procédaient au sacrainenluin
[actio]. Puis, après que la possession intérimaire de la
chose avait été attribuée par le préteur à l'une des parties,
qui fournissait la caution de rendre la chose et ses fruits
[praedes litis et cindiciarum)-, le juge, saisi de la contes-
tation par suite de la formule donnée par le préteur,
avait à rechercher sur les preuves administrées par les
parties, laquelle de celles ci avait fait un sarramentum
Justiiin ou injuslum et la décision sur ce point impli-
quait comme conséquence le jugement sur le droit à la
propriété. Quant à la sanction du jugement, il semble
bien résulter d'un passage de Gaius^ que la partie per-
dante pouvait être contrainte, s'il y avait lieu, à restituer
la chose en nature.
Les formalités précitées ne passèrent point dans la
procédure formulaire [actio], où l'on ne rencontre ni ma-
naiim consertio, ni sacramentum. L'expédient de la
gageure fut, il est vrai, conservé pendant longtemps. Mais
la promesse de payer l'enjeu, Kponsio, est simplement pré-
judicielle et ne sert qu'à engager l'instance. .\ la différence
de l'ancienne procédure per sacramentum, qui était
double, qui comportait une inndicatio et une contra
vindicatio, les deux parties jouant à la fois le rôle de
demanderesse et de défenderesse, devant pareillement
prouver leur droit et étant égales au point de vue de la
preuve, la nouvelle procédure persponsionem est simple,
c'est-à-dire qu'il y a un demandeur et un défendeur : le
demandeur est obligé, pour triompher, de prouver son
droit, tandis que le défendeur qui n'a rien à prouver,
conserve la chose du moment que le demandeur ne
fournit pas la preuve qui lui incombe*.
L'emploi de la gageure étant devenu une simple for-
— i Colum. -MI. 50. — » C. i. l. 111, 14163, S; cf. Rev. épigr. V, p. 13t.
REI Vl.NDir.ATIO. I Gains. Comm. IV, IC sq. ; 1. I, § i D. Z)e rei rind. VI, I ;
Cic. Pro Murena. M. — ■• fiaius, IV, '6, 91,91. — ■< IV, 4»i.— 4 Gains, IV, 93, 94
REl
82!» —
REl
malilé, on finit par en affranchir et par agir directement
en reconnaissance du droit de propriHé, per pe/itoriam
foj'inulam, formule par laquelle le demandeur réclame
la chose comme sienne, inlen/li/ rem suam esxe'.
Dans le système formulaire, la procédure per xpon-
sionem avait d'abord existé concurremment avec celle
jier pelitoriam forinulam ". Mais cette dernière finit par
l'emporter à raison de sa simplicité et subsista seule.
Aussi la législation de Jutinien ne connaît-elle plus de
sponsio, et c'est sur le modèle de la formule instituée que
la procédure du droit nouveau s'est formée. Nous indi-
querons ultérieurement les résultats de cette procédure,
après avoir préalablement déterminé les conditions
d'exercice de la revendication.
Ces conditions se rapportent soit à son objet, soit aux
parties qui figurent dans l'instance, demandeur et
défendeur.
En ce qui concerne d'abord l'objet de la revendication,
celle-ci étant la sanction du droit de propriété quiritaire
[domimimI, exige comme objet une chose susceptible de
ce droit : elle est donc inapplicable aux fonds provinciaux
et peut-être originairement aux choses nec mancipi. La
revendication suppose, d'un autre côté, une chose corpo-
relle dans le commerce, meuble ou immeuble, fongible
ou non fongible. De plus, la propriété supposant un objet
individuellement déterminé, la revendication ne peut
porter sur une universalité de droit, unirersitas Jiiris:
celui qui réclame un patrimoine ou une quote-part de
patrimoine doit agir au moyen de la pétition d'hérédité '.
Pour pouvoir exercer la revendication, le demandeur
doit d'abord alléguer son droit de propriété quiritaire;
celte condition exclut de la revendication les personnes
qui ne sont pas susceptibles de cette propriété, les péré-
grins, ainsi que ceux qui ont acquis seulement par un
des modes prétoriens, les propriétaires prétoriens. Mais
une fois la propriété quiritaire acquise, peu importe
qa'elle dérive d'un mode du droit civil, ou d'un mode du
droit des gens '. Le demandeur doit prouver, d'autre part,
que le défendeur est en possession de la chose réclamée,
car c'est précisément cette possession qui constitue la
la lésion de droit du demandeur".
La rei vindicalio peut être exercée d'abord contre celui
qui possède, peu importe que ce soit un véritable posses-
seur, ou un simple détenteur, tel qu'un locataire ^ Mais
le détenteur actionné en revendication peut détourner de
lui la poursuite en désignant la personne pour le compte
de laquelle il détient la chose'. 11 peut arriver toutefois
dans deux cas qu'une personne soil soumise à la rei riii-
dicatio quoiiiue ne possédant pas la chose litigieuse. La
revendication est possible d'abord contre celui qui a
cessé de posséder par dol, en faisant passer la possession
à un tiers, ou bien en détruisant ou en abandonnant la
chose*. Elle l'est, en second lieu, contre le possesseur
fictif, c'est-à-dire contre celui qui, ne possédant pas, s'est
fait passer frauduleusement comme possesseur et a
assumé le rôle de défendeur, ce qui n'empêche pas. d'ail-
leurs, le véritable possesseur d'être encore passible de la
rei vindicatio^.
1 Gaius, IV, 9ï ; Cic. In Verrem. Il, 2, 12. _ 2 Gaius, IV, 91. — 3 L.
I, § 3 D. De rei rindic. — t L. S3. pr. D. Cod. Hl. — 5 Insl. Jusl. § i.
De act. IV, i; 1. 8, § 6 D. Ut. po». XLllI, 1*. — 6 L. 9 D. i)<; rti vind.
— 1 t.i c. Ubi in rem act. III. 19. — » L. 131 D. De reg.jur.; I. i: ; I. 57
I 3, De rei vind. — 9 L. 25 D. De rei viiul. — '» l.aïus, IV. 89 el 9. — Il L.
Dans la procédure per formulam petitoriatn, on main-
tient provisoirement l'état de chose existant au jour de la
litis cfinteslado, et, par suite, le défendeur, qui est pos-
sesseur de la chose, la garde pendant la durée de l'ins-
tance. Mais, en retour des avantages que lui procure
cette possession, \\ào\\.ioyirn\T\\necautiojudiv(itii7nsolvi
tendant à assurer l'exécution des restitutions ou condam-
nations prononcées parle juge '".
Dans la procédure précitée le demandeur seul affirmait
un droit de propriété sur la chose, c'est à lui seul qu'in-
combe la prétention de prouver son droit Le défendeur
qui n'élève pas de prétention rivale à la propriété, n'a
rien à prouver. Pour triompher et garder la chose, il lui
suffira de détruire les arguments de son adversaire, au
fur et à mesure qu'ils se produisent ". Cette situation
avantageuse faite au défenseur, c'est-à-dire au possesseur,
explique l'importance et le rôle des interdits possessoires
iiti po.isideti>; et iitrubi, servant de préliminaire à la
revendication et fixant par avance la situation respective
des deux adversaires dans le procès sur le fond, pour
savoir uter possidere, uter petere debeat '-.
Le défendeur peut d'ailleurs, sans contester le fonde-
ment de l'action, opposer diverses exceptions au
demandeur, .\insi d'abord, il peut paralyser la poursuite
au moyen delà praescriptio. Le même résultat peut être
obtenu, suivant les circonstances, par Vexceptio rei
judicatae, et par des exceptions analogues fondées sur
l'aveu, sur le serment ou sur une transaction '^ Parmi
les moyens de défense à la disposition du défendeur nous
citerons enfin Vexceptio rei venditae el traditne, fondée
sur ce fait que le demandeur lui-même a mis le défendeur
en possession, en vertu d'une Justa causa qui l'obligeait
aie faire". Lorsque le demandeur a fait sa preuve el
qu'il n'y a pas d'exception de prouvée à son encontre, le
juge, avant de prononcer contre le défendeur une con-
damnation pécuniaire, conformément au principe du
système formulaire, fixe en vertu de son pouvoir f«;"6(-
trium) les restitutions qu'il doit opérer et lui donne
l'ordre (jussus) de les exécuter.
Ces restitutions comprennent la chose revendiquée
avec tous ses accessoires, cuin omni causa. En ce qui
concerne la causa, le principe est que le demandeur qui
triomphe, doit, dans tous les cas, avoir la même situation
et les mêmes avantages que s'il eût obtenu satisfaction
au moment même de la lids contestât io^'". Il en résulte
notamment que le défendeur, que! que soit le caractère
de sa possession, doit restituer tous les fruits de la chose,
non seulementceux qu'il a réellement perçus, mais encore
ceux que, par sa faute, il a négligé de percevoir '^ Il doit
également l'indemnité des pertes et détériorations qui
sont arrivées par son fait et par sa faute'''. Quant à la
période antérieure à la litis conlestalio, le possesseur
de mauvaise foi, qui est responsable de son dolus prae-
teritus, du jour même où a commencé sa possession,
doit restituer tous les fruits qu'il a perçus ou qu'il a
négligé de percevoir avant la litis contestatio. Quant au
possesseur de bonne foi, à l'époque classique, il garde
tous les fruits qu'il a perçus avant ce moment et qu'il a
16 C. De probat. VI, 319. — i-' Uafus. IV. US. — n L. 30, § 1 b.
rie exeept. rei jud. XI.IV, î, I. S 6, § 2. D. De exeep. XLIl. i; I. Il
s 3 D. Dejurejur. XII, S. — '4 I-. l D. De exeept. rei vend, et trad. XXI, 3.
- 15 L. 20, l). De rei vind. — i« lusl. % i De offic. judic. IV, 17. — i: L. 13,
De rei vind.
REI
— 830 —
REL
faits sien-; dès qu'ils ont été séparés de la cliose. Mais
sous Juslinien. il ne garde que les fruits consommés et
doit rendre les fruits existant encore en nature'.
Le montant des restitutions peut être diminué du
montant des prestations dont le demandeur peut être
lui-même tenu envers le défendeur. Celui-ci, en effet,
peut, selon les circonstances obtenir le remboursement
des impenses ([u'i! a faites sur la chose revendiquée. Les
impenses nécessaires doivent être restituées à tout pos-
sesseur, le voleur excepté-. Quant aux autres impenses,
le défendeur a le droit de les enlever, s'il peut le faire
sans détériorer la cliose, à moins que le demandeur ne
préfère les garder en ofTrant d'en payer le prix. Si le
résultat des impenses ne peut être séparé de la chose, le
possesseur de bonne foi peut, en général, exiger d'être
indemnisé des impenses utiles qui ont augmenté la valeur
de la chose, l'indemnité étant fixée par le juge d'après les
circonstances, ordinairement jusqu'à la concurrence de
ce dont la valeur de la chose se trouve augmentée. Le
possesseur de mauvaise foi ne peut rien réclamer du
chef d'impenses simplement utiles. Dans tous les cas, le
défendeur doit faire insérer l'exception de dol dans la
la formule de la rei indiratio pour que le juge ait le
pouvoir de tenir compte des impenses ^
A la suite du Jussus. plusieurs hypothèses peuvent se
présenter : 1° si le défendeur obéit à cet ordre, le juge
donne une sentence d'absolution en sa faveur; 2° le
défendeur est encore absous dans le cas où il se trouve
dans l'impossibilité de restituer par suite de la perte de
la chose par cas fortuit depuis la litis contestatio. Si tou-
tefois il est en demeure, il est responsable delà perte et
doit être condamné *. Si le défenseur n'obéit pas à
l'ordre du juge, soit par mauvaise volonté, soit parce
qu'il s'est mis par dol ou faute dans l'impossibilité deresti-
tuer, le juge prononce contre lui une condamnation pécu-
niaire. Le montant en est fixé soit par une évaluation que
le demandeur était admis à faire lui-même sous serment,
quand le défendeur était it^ r/o/o ou refusait la restitution,
bienqu'il eùtla chose en son pouvoir, lejugeayant toute-
fois le pouvoir de prévenir par une taxai io une évaluation
excessive, soit par l'estimation du juge lui-même, quand
le défendeur avait cessé de posséder par simple faute '".
La menace de la condamnation pécuniaire fixée dans
ces conditions, soit par le juge, soit par le demandeur
lui-même, amène indirectement le défendeur à restituer
la chose. Mais s'il persiste à la refuser, sa résistance ne
peut-elle pas être brisée par la force manu ini/itari'!
L'affirmative est certaine dans le droit de Justinien. Mais
on se demande si telle était déjà la docirine du droit
classique ou si, au contraire, le propriétaire n'était pas
alors obligé de se contenter d'une condamnation pécu-
niaire. La question est très controversée*.
La rei viiifiiculio sert à protéger le propriétaire quiri-
laire contre toute prétention rivale de la sienne et
portant sur la pleine propriété même. Mais si un tiers.
1 Inst. Ibid. — î L. 5 C. Z*e rei vind. 111, Si. — 3 L. 36, § 35. D. De
her. pet. V, 3; I. 37, 38 et 48. D. De rei rind;,!. 3 C. De rei vind. — 4L.
15, § 3, D. De rei vind. — 5 L. 5, §§ là 3, D. De in Ut. jur. XII, — 6 Voir
sur ce point Accariag, Précis de droit rom. t. II, n» 8G7. — " Cf. Girard,
Manuel de dr. rom. i' éd. p. iJÏ. — 8 Girard, Loc. cit. p. 3*6. — Voir
sur la Jiei vindicatio : Accarias, Loc. cil. t. i, n" 804 et I ; May, Elém.
de dr. rom. 8« éd. n" 296 si|. : Maynz, fours de dr. rom. 4' éd. t. 1,
p. 767 sr[. ; Ed. Cuq. Les Jnstit. juvid. des Romains, p. 2, p. i52 sij. :
Pellat. Exposé des principes du droit romain sur la propriéti', p. 107 sq, ;
sans contester le droit de propriété, prétend avoir sim-
plement un droit de servitude portant sur la chose, le
propriétaire a contre lui Vnctio ner/atnria, dans laquelle il
nie la servitude [servitus].
IL Propriété prétorienne. — Le titulaire de la pro-
priété prétorienne ou in bonis peut recourir, pour la pro-
tection de son droit, à une action spéciale, l'action
publicienne [pi'bliciana actio], dont la théorie a été pré-
cédemment exposée.
IIL Propriété provinciale. — La propriété des fonds
provinciaux ne peut être protégée ni par la rei vindi-
catio, qui suppose un objet romain, ni par l'action publi-
cienne, qui suppose un objet de même nature. On admet
que cette propriété pouvait faire l'objet d'une revendica-
tion spéciale, conçue sur le modèle de la rei vindicatio,
avec quelques modifications dans la formule'.
W . Propriété pérégrine. — La propriété reconnue aux
pérégrins ne pouvait être protégée par les actions du
droit civil, qui supposent un propriétaire civil. Mais la
revendication devait lui être étendue, soit par la suppres-
sion des mots ex jure Quiritium dans la formule, soit
par une fiction*. L. Beauchet.
RELiVTIO. — Ce mot désigne : 1° Les propositions
faites au Sénat par les magistrats compétents et aussi
plus tard, sous l'Empire, par l'empereur [senatlsJ.
2° .\u Bas-Empire, les rapports adressés à la chancelle-
rie impériale par les magistrats au sujet des jugements
contre lesquels une des parties a intenté appel devant
l'empereur [appellatio ; judex, p. 6411.
3° Les consultations adressées à l'empereur par les
magistrats sur toutes les matières, judiciaire, législative,
administrative. Elles s'appellent aussi consultationes,
suggestiones. En matière judiciaire, au civil et au crimi-
nel, le juge peut, dans des questions difficiles, pour
toutes sortes de raisons, sauf quand il n'y a en jeu que la
plainte d'une des parties, demander l'avis de l'empereur.
11 envoie à la chancellerie les pièces de l'affaire, les
conclusions des parties, son avis personnel ; les parties
ne doivent pas se présenter à la cour dans l'année qui
suit ; c'est seulement ensuite qu'elles peuvent venir hâter
ladélivrancedelaréponse impériale expédiéeaumagistrat
sous la forme d'epistu/a ou de rescrit ^rescriptuMj '. C'est
pour les matières législatives et administratives que la
relatio a été le plus fréquemment employée, comme le
montrent les correspondances officielles de Pline, gouver-
neur de Bithynie, et de Symmaque, préfet de Rome, avec
les empereurs -. Tout chef de service, depuis les simples
gouverneurs jusqu'aux préfets du prétoire, peut et doit, le
cas échéant, demander des instructions à l'empereur ^
Elles sont rédigées et envoyées principalement par le
scrinium epistolarum Tepisti'LIs (abM; mais, au Bas-
Empire, c'est généralement la relatio ou la suggeslio des
grands magistrats, surtout des préfets du prétoire, qui est
la base de la réponse impériale, quelle qu'en soit la forme
extérieure, lettre, rescrit, loi, édit'. Ch. Lécrivais.
Welzoll, JRômische Vindicationsprocess : Pfersche, Privatrechtl. Abhandl. p. 1 sq.
RELATIO. I Cod. Theod. 1. 2, 9 ; 1 1, 29: 11, 30,34,47,53; Cod. Just. 1, 14:7,
6î. _ 2 Plin. et Trai. Ep. 10 ; Symmacli. Ep. 10. — 3 Const. Sirmond. 1 pr. et
11 ; C. Th. 1, 15, 2, 3, 8 ; 8, 4, 4; 10, 9, 2; 15, 5, 4; C. Just. I, 14, 2,
11; 7, 62, 31; 1, 50,2; Non. Theodos. 11, lit. 4, i pr.; 5, i pr. 3, 1 ; 7,
1 pr. 2; 10, 1 pr.; 15, 1, 1, 2; 18 pr.\ 36, 1, 1; Nov. Valentin. III, l,
1, i ; 2, 2, 1-3 ; 4, 1 ; 7, 1 pr. 1, 2 ; 21 ; 23. 1 ; 35, 1 ; Noi: Harltan.
2, 3 pr. 4; Nov. lUajoriau. 5, 1 pr. (où il y a le mot insinuatio); Haenel,
Corp. leg. p. 238. — 4 Corp. ins. lat. 3. 352; iVor. Theodos. II, 18.
REL
— 831
REL
BELIGIO i0£(>(7£g£La, eJoeosh . — \. Le mot, ('■tijino-
logie et signification. — Lélymologie du mot lalia
religio, dont les termes grecs OEC/déêeia, eùséêeia, ne sont
que des synonymes approximatifs, est incertaine. Les
anciens eux-mêmes n'étaient pas d'accord sur l'origine
et le sens le plus ancien du mot. Us proposent trois
solutions du problème : 1° Religio dérive du verbe rele-
gereou religere, dont la composition est symétrique de
celle des verbes diligere, eligere, inle/ligere : sous la
forme religere, on ne cite, et encore à titre exceptionnel,
que le participe religens (accus. : religenteni): mais la
forme re/egere était courante dans le latin classique.
Cette étymologie est signalée par Cicéron, qui parait
bien l'adopter ', et par .\ulu-Gelle, d'après un vers d'un
ancien poème que cite le grammairien P. Nigidius Figu-
lus^ Le sens, qui se rattache à cette étymologie, est
indiqué par Cicéron : Qui oninia, (/uae ad cultum deo-
rum pertinerent, diligenter retractarent et tanquam
relegerent, sunt dicti re/igiosi ex relegendo.... Dans ce
passage. Cicéron oppose \a religio, qui est une qualité,
à la supersiitio, qui est un défaut.
2° Religio vient du verbe religare, lier, attacher ; le
mot exprime le lien qui unit l'homme à la divinité. Cette
étymologie parait être, elle aussi, assez ancienne, bien
qu'elle ne soit mentionnée explicitement que par Lac-
tance', Saint-.\ugustin ' et Servius, le commentateur
de Virgile ^ Il semble que ce soit elle qui ait inspiré
à Lucrèce les vers souvent cités: ... et arctis... Relli-
gionitm animum nodis exsolvere pergo^; à P. Nigidius
Figulus la phrase que rapporte Aulu-Gelle : Quocirca
religiosiis /< appeltabatur, qui nimia et superstitiosa
religione.iese ulligacerat' ; à Tacite l'expression : A'una
religionibus et divine Jure populum devinxit*.
3° Religio dérive du verbe relinquere : cette étymo-
logie fut soutenue parle jurisconsulte Masurius Sabinus
dans ses Commentarii de indigenis : " Religiosum est
quod propter sanctilatem aliquain j-emotum ac repo-
situ/n a nobis est, verbum a relinquendo dirtum " » :
elle avait été proposée, dès l'époque de Cicéron, par
P. Servius Sulpicius '".
Cette dernière étymologie n'a trouvé chez les modernes
aucun partisan. Schoemann parait préférer celle (jui rat-
tache le mot religio au verbe religare: du moins, il en a
affirmé la pleine et entière possibilité". La plupart des
philologues se rallient à l'étymologie qui rapproche les
mots religio, religiosus, de religens, religere, relegere '-.
D'après Vanicek, la racine primitive lag. qui a servi à
former les \erbes légère, diligere, eligere, religere, etc..
exprimait l'idée de soin respectueux mêlé de crainte ".
Tel parait bien être aussi le sens que Cicéron attribue à
la véritable religio : il distingue, il oppose même la
religio el\& superstitio, dans laquelle, dit-il, inest timor
inanis deorum " ; la religio, pour lui, deorum cultu pio
continetur^'' ; elle existe chez les hommes;, quum rébus
divinis operain dont "'. Ailleurs, il la définit ainsi :
religio..., quae in metu et caeri/nonia deorum .s//' ;
RELIGIO. 1 De nat. deor. 11, 2S, 7i. — 2 Aoct. allk. IV, 'J, 1. — » Dhiii.
InsCilul. IV, Ï8. — » Rétractât. I, 13. — 5 kiAen. V111.3W. — 6 1,930. —TXocl.
altic. IV, 9, 2. — » Annat. III, 20. — » Uell., Noct. attic. IV, 9, 8. — '0 Macr..
Sattirn. 111, 3. — Il Vanicek, Griech-tntcin. etymol. Wûrterbuch, p. 630. — '-
Id. ibid. p. 829. — '5 Vanicek, loe. cil. « retig-ens, sicli (um die GôUer) kum-
mernd, gottesfûrchlig. ■ — >* Iir nat. deor. 1. *2, 117. — '!■ Jbid.; cf. 1, 23.
60; II, 3, 8. — '« Ibid. II, M. — n Ùe Invent. Il, 22. — '8 Ibid. II, 53. — '9
ou encore : religio est, quae superioris cujusdam natu-
rae, quam divinam vacant, curam caerimoniatnque
offert '*. Ce qui ressort de ces diverses citations, semble-
t-il, c'est que pour Cicéron le mot religio exprimait un
sentiment assez complexe : le respect, mêlé de crainte, à
l'égard des dieux et le souci de leur rendre les homma-
ges qui leur sont dus [cultus, cultus plus, cura, metus,
caerimonia). Les divers sens, plus particuliers, que le
mot a eus dans la langue latine, se rattachent les uns
(scrupule pieux, conscience, terreur superstitieuse) à
l'idée du respect mêlé de crainte ; les autres (cérémonies
et pratiques religieuses, lois religieuses, objets sacrés,
etc.), à l'idée du culte et des hommages dus aux dieux.
Ce même sentiment fut exprimé en grec par les mots
6£(/t;£0£ia, £ÙiTÉo£!a. La racine ceS exprime précisément
l'idée de respect envers la divinité. D'après Schoemann,
le mot ôù(7É?Eioi suppose la reconnaissance volontaire d'un
principe supérieur, auquel l'homme se sent au dedans
de lui tenu de payer un tribut de respect". De même
que Cicéron opposait religio à supersiitio, de même en
grec, au moins sous l'Empire, on opposait eJîéSe'.ï à
S£!<7toa!u.ov['a ^^.
Ce qu'il faut entendre par religio, eJtéSeii, c'est
donc le sentiment proprement religieux, le sentiment
qu'éprouve à l'égard de la divinité l'homme qui ne se
laisse pas aller aux terreurs irraisonnées et aux pratiques
minutieuses de la superstition, mais qui, d'autre part,
croit vraiment à l'existence des dieux et ne substitue pas
à cette croyance une théorie philosophique. Il nous
parait utile de préciser ce qu'était ce sentiment en Grèce
et à Rome, chez les individus, dans les groupements so-
ciaux et politiques. Nous renvoyons à l'article ritis
l'étude des actes par lesquels il s'exprimait.
II. Le sentiment religieu.c en Grèce. — Pour bien
comprendre ce qu'est chez un peuple le sentiment reli-
gieux, il faut d'abord déterminer comment ce peuple se
représente la divinité. Quelques mots sont donc néces-
saires ici sur la conception qu'avaient les Grecs des
dieux et des déesses auxquels ils rendaient un culte.
-Nous ne rechercherons pas quelle était, pendant la pé-
riode des origines, la forme de ces dieux et de ces
déesses; si jamais, par exemple, comme certains savants
modernes 1 affirment, les Grecs ont adoré des pierres en
tant que pierres, des plantes en tant que plantes et des
animaux en tant qu'animaux-'. Nous voulons nous en
tenir à la période historique, pendant laquelle sans
doute survivaient des concepts et des rites plutôt magi-
ques que proprement religieux --, mais où, cependant,
l'idée qu'on se faisait des dieux et des déesses présente
un caractère religieux indéniable.
A cette époque, la mythologie et la religion grecque
étaient anlhropomorphiques. Les divinités étaient
conçues sous la forme d'êtres humains, non soumis sans
doute à la plupart des faiblesses physiques de la nature
humaine, mais qui en possédaient néanmoins, à un
degré supérieur, les qualités, les défauts, les pas-
Antiq. yrecques (Irad. fr.), II, p. 189. — M Id. Ibid. p. 189. noie 1. —21 Chantepic
de la Saussaye, Manuel d'histoire dea relit/ions, Irad. Hubcrl-Lévy, p. iyô-WO ; cf.
de Visser De Graecorum diia non referentibus speciem humanam: S. Hcinacli,
Cultes, mythes et religions, i vol. passim. — 22 Sur la dislinction de la religion cl
de la magie, voir Frazer, Le Rameau d'or, Irad. franc. 1. 1, p. <)6 sq. ; sur la s'urvi-
\ance, à l'époque hislorique de l'hisloire gfccque. de riles el cODCcpls plulùl magi-
ques, 0. Gruppe, Griechische Mythologie und Reliywnyescliichie.^iS': sq.; p. 1 18 s.,.
REL
sions'. Dieux et déesses existaient, pour les Grecs des
temps historiques, en dehors, nu-dessus des phénomènes
piiysiques qu'ils personnifiaient, des idées morales, socia-
les, politiques qu'ils représentaient. Il est fort possible,
comme Gruppe l'a brillaamient soutenu, que la poésie et
les arts plastiques aient puissamment contribué à préci-
ser ainsi la physionomie de chaque divinité ; que, sans
les poèmes homériques et sans Phidias, Zeus eût été
moins majestueux, Alhèna moins pure et d'une beauté
moins idéale : mais, quelles que soient les causes qui
aient concouru à la formation de la mythologie grecque,
il nous parait incontestable que l'un de ses caractères
fondamentaux fut d'être, à tous les points de vue, pro-
fondément humaine '.
Les êtres divins, conçus sous une forme humaine par
l'imagination hellénique, n'en étaient pas moins diffé-
rents de l'homme et supérieurs à lui par leur puissance.
Cette puissance s'exerçait dans le domaine de la nature
physique, dans le monde des idées morales, sociales,
politiques. Beaucoup de divinités grecques passaient
pour présider aux principaux éléments et aux grands
phénomènes delà nature : Zeus régnait sur l'atmosphère
et lançait l'éclair; Poséidon commandait aux flots, qu'il
pouvait apaiser ou soulever à son gré ; Demèter person-
nifiait la terre féconde, productrice des moissons;
lléphaestos dirigeait la force, à la fois créatrice et des-
tructrice, de la flamme, etc . L'imagination poétique
des Grecs avait peuplé toute la nature, depuis les astres
du firmament jusqu'aux profondeurs du sol, d'êtres divins
conçus sous la forme humaine, mais plus puissants que
l'homme. Il en fut de même du monde intellectuel et
moral: la pensée, l'inspiration poétique et artistique, la
justice, le courage, etc., les qualités, les vertus, les pas-
sions, le bonheur et le malheur étaient considérés par
les Grecs comme donnés ou refusés aux hommes par des
dieux et des déesses '. En lui-même comme hors de lui,
le Grec sentait partout et à tout instant l'action d'une
divinité'. Cette action ne s'exerçait pas seulement sur
l'individu et la vie individuelle. Elle surveillait les rela-
tions des individus entre eux, présidait aux divers grou-
pements et aux manifestations variées de la vie sociale.
Que les relations des hommes entre eux fussent paci-
fiques ou guerrières, amicales ou hostiles, qu'il s'agît de
combats, de traités, d'hospitalité, de serment, etc., un
dieu était toujours censé y intervenir. La famille, la
tribu, le dème, la cité avaient leurs divinités protec-
trices; les actes les plus importants delà vie domestique,
de la vie civile, de la vie politique, s'accomplissaient sous
l'invocation et la garantie d'un dieu ou d'une déesse '.
Cette conception, profondément religieuse, du monde
matériel et moral, de l'existence individuelle et sociale,
la pensée grecque ne l'appliquait pas moins au double
problème de l'origine du monde et de la destinée de
l'àme après la mort. De là étaient nées, d'une part, les
théogonies et les cosmogonies " ; d'autre part, les doc-
trines eschatologiques ''. Dans les unes et les autres, le
principal rôle était tenu, du moins pendant la période
1 0. UrupiiC, Op. cit. § 2Si 5i|. p. 993 sq., passim. — 2 Id. lljld. § i79 sq.,
p. 9Ti sq. — 3 Nous ne rappellerons pas ici les litres des nombreuses Mtjtlto-
logies grecques où tous ces faits sont exposés eu détail : la plus récente et peut-
lître la plus complète de ces mylhologies est celle d'O. Gruppe (voir en partie,
pour clia^un des principaux dieux de la religion hellénique, §§ 291 sq., p. !tOO
g,|). _ l „ L'homme des temps homériques se croit toujours et partout entouré de
dieux; d se sent partout et toujours sous leur dépendance. >■ (Th. Ciomperz, tes
— 832 — REL
hislurique, jiar ili's êtres divins auxquels étaient prêtées,
en général, la forme et les passions humaines ; sans
doute des monstres y figuraient, comnxe les Géants,
comme Cerbère ; mais aux yeux des Grecs ce n'étaient
pas là de véritables dieux.
Ainsi, pour le Grec dont le sentiment religieux n'était
ni dénaturé par la superstition et la croyance à la magie,
ni transformé en une pensée purement philosophique,
l'homme, et la vie humaine, dans toutes les situations et
dans leurs vicissitudes, étaient soumis à l'action d'une
multitude de divinités, conçues à l'image de l'homme.
Cette action était-elle favorable, sympathique à
l'homme? Les Grecs voyaient-ils dans les êtres divins
des ennemis, des amis ou des indifférents? Si les disci-
ples d'Epicure, à la suite de leur maître, ont affirmé
l'indifférence des dieux envers le monde et les hommes,
ce ne fut là qu'une théorie philosophique'; toute la
mythologie, toute la religion, tout le rituel hellénique
démontrent, au contraire, que, pour les Grecs animés d'un
vrai sentiment religieux, la divinité ne cessait pas de
s'occuper de l'homme, de prêter attention à ses actes, à
ses souffrances, à ses joies.
Il est incontestable, d'autre part, que la divinité ne
passait pas pour être toujours bienveillante à l'égard
des liommes. Le mythe de Prométhée, complété par la
légende de Pandora [prometheus, p. 681], attribue net-
tement aux dieux un sentiment de jalousie haineuse : les
Olympiens ne pardonnent ni aux hommes ni à leur bien-
faiteur l'amélioration de la condition humaine; c'est
pour compenser ce progrès qu'ils envoient sur la terre
Pandora chargée d'y répandre toutes sortes de maux. La
même idée s'exprime, avec une portée moins générale ou
sous une forme plus philosophique, dans plusieurs
légendes mytiiiques ou héroïques, dans celles, par
exemple, de Phaéton, de Bellérophon, de Dédale; dans
celle d'Esculape, foudroyé par Zeus pour avoir tenté de
ressusciter un mort'-'; elle se retrouve encore dans les
réflexions que suggèrent soit aux historiens, soit aux
poètes, la vie et les infortunes d'un Polycrate, d'un Cré-
sus'", d'un Xerxès ". L'existence, l'importance de celte
conception a été mise en lumière, avec une force et une
clarté qu'on ne saurait trop louer, par Tournier, dans
son livre, aujourd'hui classique, sur A'émésis et la ja-
lousie des dieux : « La jalousie des dieux n'avait rien
de commun à l'origine, écrit-il, avec la justice qui régit
le monde moral : et par conséquent, si ces deux idées
ont été souvent rapprochées, presque confondues par
ceux mêmes qui les distinguent ailleurs si nettement, si
les dieux ont été représentés maintes fois par eux
comme frappant dans leur colère, non la prospérité,
mais l'orgueil qu'elle engendre chez les méchants, ce
n'est là qu'un adoucissement apporté après coup à la
doctrine qui vient d'être exposée dans sa rigueur primi-
tive. Si maintenant, dans une sphère plus haute et toute
de spéculation, l'on peut considérer la jalousie divine
comme la sanction des arrêts de Thémis, c'est là une
interprétation que les témoignages anciens souffrent
Pensfiirs lie la lirecf (Irad. h.). I, p. .11.) — 5 Voir outre Fusiel de Coulanges,
La Cilé antique, passim. Ciiantopie de de la Saussaye, Manuel d'histoire des
religions, trad. Hubert-Lévy, p. o4l sq. (surtout p. 541, p. 547-548].— 6 G.
Gruppe, Op. cit. SS 'lî'"' sq., p. 411 sq. — " Voir, eu particulier, E. Rohde,
Psyckc, i' éd. (IS9S). — » P. Decharme, La critique des traditions religieuses
chez les Grecs, p. inii. — 9 Tournier, Némésis, p. 2S, p. 69-70, p. 7>i-79, p. 81-8i.
— 10 Herodot, 1, 3i, 34. III. 40. — " Acsch., Pers. passim.
REL
8:i;i —
REL
plutôt qu'ils ne la suggèrent, et qui ne saurait, en aiirun
cas, jeter un doute sur la signification si nettement éta-
Ijlie par les textes les plus sûrs : à savoir l'attribution de
la jalousie à la divinité avec tous les caractères propres à
cette passion, et une efficacité due au pouvoir dont les
Grecs la supposaient naturellement et généralement
douée'. » 11 n'est pas possible de nier que la religion
grecque ait prêté à ses dieux et à ses-déesses des senti-
ments hostiles soit à l'humanité en général, soit à cer-
tains hommes en particulier: il n'était pas rare qu'on fit
appel contre ses ennemis à ces sentiments de la divinité,
qu'on s'efrorçàl d'attirer soit sur des individus soit sur
des groupes d'hommes la colère et la vengeance divines :
c'était là le but avoué des malédictions et des impréca-
tions'-. Mais ces dispositions malveillantes à l'égard des
hommes n'étaient pas les seules que l'on attribuait aux
dieux. Comme les êtres humains eux-mêmes dans leurs
rapports réciproques, les êtres divins pouvaient être
bienveillants pour l'humanité; ils pouvaient aimer, pro-
téger, secourir les individus, les cités, les peuples.
L'Iliade, VOdyssée, les poèmes épiques et tragiques
fournissent maints exemples de l'afTection, de la sollici-
tude vigilante qu'un dieu ou une déesse témoignent à un
héros, à une ville, à une race. Qu'il nous suffise de rappe-
ler la protection qu'étend Pallas-Athéna sur Ulysse et
sa famille; celle qu'accordent aux Grecs, sous les murs
de Troie, Pallas-Athéna et Héra, aux Troyens .\pollon,
Poséidon et Aphrodite. Pindare appelle Hermès le protec-
teur de l'Arcadie'. A l'époque historique, chaque cité
grecque rendait hommage à une ou plusieurs divinités
poliades, conçues sans aucun doute possible comme pro-
tectrices de la cité ^ Si c'étaient les dieux qui envoyaient
aux hommes les maladies dont ils souffraient, c'était
aussi un dieu, Asklèpios, qui les guérissait; si de même
c'étaient les dieux qui envoyaient aux hommes des
fléaux terribles tels que la famine, la peste, diverses
épidémies, c'étaient aussi les dieux, du moins certains
dieux, qui, par la voie des oracles, leur indiquaient les
remèdes à appliquer ou, les mesures exceptionnelles à
prendre pour faire cesser ces maux. Enfin n'étaient-ce
pas les dieux qui, de plusieurs façons, par tous les an-
ciens modes de divination, leur indiquaient avec plus ou
moins de précision et de clarté l'avenir soit tout proche,
soit plus lointain ° ?
La divinité n'était donc, dans la pensée des Grecs, ni
indifî'érente, ni exclusivement hostile, ni uniquement
sympathique aux êtres humains. Elle éprouvait à leur
égard des sentiments analogues aux passions humaines,
mais dont l'action s'exerçait, comme il est naturel, avec
une puissance bien supérieure.
Ces sentiments étaient-ils les seuls mobiles qui inspi-
raient aux dieux et aux déesses leur attitude, leur con-
duite envers le genre humain ? Les Grecs ne s'élaienl-ils
point élevés à une conception plus haute des rapports
entre l'homme et la divinité? L'absence d'une telle con-
ception serait bien surprenante: en réalité, elle existe,
elle est très distincte dans les poèmes homériques, chez
Eschyle, chez Sophocle. Nous voulons parler de l'idée, de
la notion de la Moïoa. On trouvera à l'article fatlm les
ITournici-, Op. cil. p. 61.— 2 Schoeniann, Anliq. ijrecq. (,<.r^à. fr.), II, p. 320-32S.
— 3 Pindar. Olymp. Vi, v. 129 bij. — '> Farncll, Tlie cuits of the greek States
(1896 sq.). — '^ Bouclié-Leclercq, 9ist. de la divination dans l'antiquité, passim.
— 6 Fatcm, i>. 1018. — ^ JLrs Penseurs de la Grèce, p. 30. — * J. Girard, Le sen-
VIII.
développements nécessaires et suffisants sur la Moira
grecque. Ce que nous devons en retenir, pour le mettre
ici en lumière, c'est que la Moira, personnifiée par une
ou trois déesses, représente « les lois naturelles, la règle
physique et surtout morale des choses..., la force intel-
ligente etjustequi présideau gouvernement de l'univers.
Sous sa forme la plus élevée, la croyance à la Moira
n'est pas autre chose que la croyance à la règle qui pré-
side au désordre apparent de la nature et de l'huma-
nité". » Les dieux, comme les hommes, sont soumis à
cette règle. « Une seule limite, mais infranchissable, écrit
Gomperz, vient s'opposer aux prétentions et aux volontés
contradictoires des Immortels : c'est celle de la Moira,
à laquelle les dieux ne peuvent pas plus se dérober
que les hommes, et dans raccei)tation de laquelle se
manifeste un obscur pressentiment des lois de la na-
ture ''. »
Cette Moira, d'autre part, les Grecs, obéissant à leur
génie ijpris d'ordre, d'harmonie et d'équilibre, en ont
fait, non pas une puissance brutale et désordonnée, mais
au contraire « l'expression de la force cachée qui, dès la
naissance de tout ce qui a vie, en domine le développe-
ment, en règle le cours, en marque d'avance la fin inévi-
table et fait rentrer ainsi tous les êtres dans les lois
générales de la nature*. » C'est d'elle que provient
l'ordre qui règne dans le monde ; c'est grâce à elle que
l'univers est un ensemble harmonieux.
Si les dieux, si le plus grand d'entre eux, Zeus lui-
même, sont impuissants contre la Moira, s'ils sont sou-
mis à ses lois, ce sont eux, et en particulier Zeus, qui
veillent à ce que les hommes ne transgressent pas ces
mêmes lois, et qui les châtient lorsqu'ils les ont trans-
gressées. Ceux qui agissent ici-bas ûxàp (jioïfav, ÛTtsp fjiôpov,
•JTtàf a'irav, sont tôt Ou lard punis par la divinité". Ainsi
apparaît dans la religion grecque, dans la conception des
rapports entre l'homme et les dieux, une idée plus éle-
vée, celle des cliAliments infligés par la puissance divine
pour une atteinte portée à l'ordre universel, à la règle
physique et morale que doivent observer tous les êtres et
toutes les choses. A cette idée correspond naturellement
la notion des récompenses accordées aux hommes qui se
sont toujours conformés à la Moira, aux lois générales
de la nature et du monde. Il n'y avait qu'un pas à faire,
et ce pas les pjus grands esprits de la Grèce l'ont fait,
pour substituer à la Moira primitive la loi morale et
pour attribuer à la divinité la tâche de présider à l'ob-
servation de cette loi, de punir les hommes coupables de
l'enfreindre, de protéger au contraire et de récompenser
ceux qui s'efTorcent d'y toujours obéir. Eschyle, Sophocle
ont, à plusieurs reprises, exprimé cette idée. Le sombre
drame de l'Orestie en est tout inspiré. « Poursuivez les
méchants sans relâche, dit Athéna aux Euménides ; ce
que j'ai à cœur, moi, c'est de préserver et de défendre les
bons '". » Et dans Œdipe à Colone, Œdipe ne proclame-
t-il pas que « les dieux punissent tôt ou tard celui qui
méprise les lois divines et s'abandonne à la folie " "? »
Sisyphe, Ixion, Tantale, les Danaïdes, condamnés dans le
Tarlare à des supplices éternels, ne sont point, comme
les Géants, des adversaires vaincus et terrassés après une
timent religieux en Grèce, d'Homère à Eschyle, p. 66.
p 989-931. On y Irouvera, p. 989, nol. 3, une bibliograplii
lion de la Moira. — 10 Acscli. Eumen. v. 910-912. —
V. 1336. 103".
-9 0. Grappe, Op. eit
! complote sur laques-
H Sopli. Oeit. Colon,
105
REL
— 83 i
REL
lutte implacable; ce sont des coupables cliàtiés pour des
crimes qu'ils ont commis sur terre.
La religion grecque voyail donc dans les dieux et les
déesses qu'elle adorait des ôtres, conçus sans doute sous
la forme huma-ine, mais d'une puissance infiniment su-
périeure ; présidant à tous les phénomènes et dirigeant
toutes les forces de la nature; surveillant la vie indivi-
duelle, sociale, politique; animés envers le genre humain
et envers chaque homme en particulier de sentiments
tantôt hostiles, tantôt favorables; dont l'allilude et la
conduite pouvaient être inspirés par la jalousie ou par
une alVection particulière qu'ils ressentaient pour un
mortel, mais qui souvent ne voulaient que punir les cri-
minels et récompenser les hommes vertueux.
De celle conception dérivenl logiquement les devoirs
que la religion gi-ecque imposait à l'homme envers la
divinité. Puisque les dieu.\ pouvaient faire à l'homme
beaucoup de mal ou beaucoup de bien, puisqu'ils
étaient maîtres de déchaîner conlre lui ou en sa faveur
toutes les forces physiques, de lui envoyer la santé, le
courage, le bonheur, ou, au contraire, de lui infliger les
maladies, les vices, le malheur, l'homme devait s'efforcer
de gagner la faveur ou d'apaiser la colère des divinités
en leur rendant un culte : de là, les divers rites [ritus]
par lesquels l'homme essayait d'atteindre et de satisfaire
les dieux : prières, oflVandes, libations, sacrifices, pro-
cessions, jeux, etc., etc. [ludi, pompa, sacrificium]; de là
aussi, les procédés variés auxquels l'homme avait
recours pour connaître soit l'avenir, soit la volonté
divine [divi.natio] . L'ensemble de ces rites et de ces pro-
cédés constitue le culte proprement dit. << Le culte, a
écrit Schœmann, est né de la conscience ([u'avaient les
hommes de leur dépendance et de leur misère, et ses
origines remontent à un temps où ils n'avaient pas
encore un sentiment assez élevé de la divinité et de ses
rapports avec la race humaine. Les poèmes hésiodiques
présentent le culte comme une sorte de contrat intervenu
à l'occasion d'un débat entre les dieux et les hommes, au
sujet de l'assistance que les hommes étaient en droit
d'attendre, et des honneurs que la reconnaissance leur
imposait. Il ne s'agirait donc, dans ce cas, que d'un
commerce d'échanges, et c'est là, en effet, d'après Platon,
le point de vue auquel se place le grand nombre. L'homme
emplit les obligations qui lui sont prescrites, et demande
en revanche la satisfaction de ses besoins : il donne
pour obtenir. 11 témoigne sa reconnaissance parce qu'il
craindrait d'irriter les dieux par son ingratitude et de
perdre ses droits à une faveur dont il sent à chaque
instant la nécessité. Sa piété n'est que l'accomplisse-
ment intéressée de la loi'. » Mais en outre, pour les
Grecs qui voyaient dans les dieux les gardiens vigilants
de la .Moira, c'est-à-dire de la loi physique et morale,
c'était encore rendre hommage à la divinité, l'honorer
et mériter sa protection, que d'être un fidèle observa-
teur de cette loi : aussi considéraient-ils comme une
obligation religieuse, non moins que morale ou sociale,
de remplir tous leurs devoirs envers leurs semblables
et envers l'État-. Une autre conséquence de la même
idée parait être le rite de la purification. « Tout ce qui
est impur et souillé inspire de l'éloignement aux dieux :
I Antiq. ijr. Il, p. 1S7. — 2 llmi. p. 179. — 3 Jb:<l. |i. 423. — 4/6,,/.
p. ii'i-iii. — '•> Op. cit. p. 566. — fi lîcchc'rc/ies sur l'orighie et la itaturt; itfs
peuvent seuls s'approcher d'eux les hommes purs et
sans tache; pour leur adresser des prières, pour leur
témoigner sa vénération, pour implorer leur appui, la
pureté est une condition indispensable'. » S'il paraît ne
s'être agi dans les temps les plus anciens que de la
pureté corporelle, il n'est point douteux que plus tard
celte pureté extérieure fût surtout considérée comme
symbole de la pureté intérieure. Dans certains cas, cette
pureté ne pouvait être acquise que par des rites expia-
toires, dont le plus général était un sacrifice sanglant
[ritis]. Les cités, comme les individus, étaient sou-
mises à cette condition essentielle*.
Ces notions morales, combinées avec les préoccupa-
tions ([u'inspira de bonne heure aux Grecs la destinée
de l'âme après la mort, introduisirent dans la religion
grecque des éléments nouveaux qui paraissent étran-
gers à ce que Chantepie de la Saussaye appelle « le clair
et robuste hellénisme homérique^ » : ces éléments
furent les mystères et l'orphisme. Les mystères grecs par
excellence [eleusinia, mysteria], du moins les plus
célèbres et les plus populaires de tous, furent les
mystères d'Eleusis. Il est bien difficile de ne pas y
reconnaître, avec M. Foucart, auprès d'une représenta-
tion dramatique du mythe éleusinien agraire, une sorte
d'enseignement, de révélation sur les épreuves qui
attendent l'àme après la mort". Seuls les initiés pou-
vaient recevoir cet enseignement, cette révélation. Les
profanes n'en devenaient dignes qu'après une série de
purifications, de jeûnes, de cérémonies, qui faisaient
d'eux d'abord des mysles, puis des époptes. Ils étaient
admis à voir de plus près la divinité; ils apprenaient ce
que leur àme deviendrait dans le monde souterrain et
comment elle pourrait mener à bonne fin le terrible
voyage qu'elle devait y faire. « Le résultat de cet ensei-
gnement, écrit M. Foucart, était d'inspirer aux initiés, non
pas la vague espérance, mais l'assurance certaine d'une
existence bienheureuse dans le monde souterrain''. »
Quant à l'orphisme, dont on trouvera ailleurs l'origine
et les mythes exposés avec .tout le développement
nécessaire [orpui(;i], ce qu'il paraît avoir renfermé de
plus original est précisément sa doctrine sur l'àme et la
destinée humaine. Pour les orphiques, l'àme était
d'essence divine; c'était pour elle un exil, un châtiment
d'une faute commise, que d'être enfermée dans un corps
matériel; le corps était considéré comme un tombeau
pour l'àme et la vie terrestre comme une période de
mort. « Le devoir de l'homme, écrit Chantepie de la
Saussaye, est de libérer l'àme, captive dans la prison du
corps. Cette délivrance ne se fait pas d'elle-même, la
mort ne peut l'accomplir, car elle ne fait que conduire à
de nouvelles existences. Les orphiques admettaient
l'hypothèse de la transmigration des âmes... Il faut donc
chercher des moyens pour se délivrer de cette souillure
toujours renouvelée. Ces moyens sont tout d'abord
rituels : ce sont les initiations saintes qui unissent
l'homme au dieu, à Dionysos.... A ces moyens rituels
viennent s'ajouter les prescriptions éthiques de la vie
orphique.... Il faut se tourner vers Dieu, se détacher de
tout ce qui est prisonnier de la mort et de la vie corpo-
relle.... L'àme sera libérée du corps et de l'impureté, et
mi/stères d'Eleusis, p. 3K-7'4 ; cf. U
— 1 Les Grands musUres d'Eleusis, p. 138.
'Is mijstères d'Elcusts^ p. 137-138.
REL
— 83.-
REL
sa vie réelle ne commencera que lorscju'elle aura (oui à
fait échappé aux nouvelles naissances '. » Dans les
mystères orphiques, qui se célébraienl en l'honneur de
Dionysos Zagreus, comme dans les mystères d'Eleusis,
on révélait aux initiés des formules « qui devaient leur
permettre de se guider dans leur voyage aux Enfers-».
La destinée de l'être humain après la mort était l'un des
problèmes essentiels que l'orphisme essayait de résoudre.
Ces rites, dont la fin dernière était, d'une part, de
rapprocher l'homme de la divinité, d'autre part de
fournir à l'homme une doctrine rassurante sur la des-
tinée de l'àme après la mort, n'étaient pas accessibles à
tous les Grecs indistinctement. Seuls les initiés pou-
vaient assister ou participer aux cultes à mystères. Les
profanes en étaient exclus'^. Les initiés d'Eleusis étaient
divisés en deux catégories, les mystes etles époptes; ceux
des cultes orphiques formaient des confréries ou Ihiases.
Entre les mystes et les ('poptes, entre les membres de ces
thiases, un lien d'une nature toute particulière était
ainsi créé; ce lien était puissant, comme tous ceux que
noue une communauté de foi religieuse. Ce fut peut-
être là une des raisons pour lesquelles, de tous
les cultes helléniques, les cultes à mystères furent
ceux qui survécurent le plus longtemps à la décadence
de la religion grecque : sous l'empire romain, le
sanctuaire d'Eleusis jouissait encore d'une grande
A'Ogue, tandis que ceux de Delphes, de Délos, même
d'Olympie, étaient soit délaissés soit bien déchus de leur
antique splendeur '.
L'esquisse que nous avons essayé de tracer de la reli-
gion grecque, ne laisse pas d'être un peu systématique.
Il est évident que la religion des paysans de l'Attique ou
delà Béotie, des rudes pâtres de l'Arcadie ou de l'Elolie,
des marins de l'Eubée, de l'.^rgolide ou des Cycladcs,
différait de celle que professaient et pratiquaient les
esprits les plus éclairés d'Athènes, de Corintiie, de
Smyrne, etc. Parmi ceux qui demandaient aux oracles la
révélation de l'avenir, à Asklèpios la guérison de leurs
maux, ou qui se faisaient initier aux mystères d'Eleusis,
de Dionysos Zagreus, de Samothrace, il en était beau-
coup, sans doute, dont les sentiments étaient moins reli-
gieux que superstitieux. Nous nous sommes efforcé de
montrer, en négligeant ces variétés et ces nuances, quels
étaient les caractères fondamentaux de la religion hellé-
nique; comment les Grecs se représentaient la divinité,
quels sentiments ils lui attribuaient à l'égard de l'homme
et quels sentiments ils ressentaient eux-mêmes à son
égard; enfin sous quelle forme la religion leur avait
fourni une réponse au problème toujours angoissant de
la destinée de l'àme, particulièrement après la mort.
Tous ceux qui connaissent l'étendue et les difficultés d'un
tel sujet accueilleront notre tentative avec indulgence.
IIL — Le sentimenl religieux à Rome. — Si l'on
veut déterminer avec précision les caractères distinctifs
de la religion romaine, il faut, non point étudier cette
religion à l'époque même dont datent la plupart de
nos documents, c'est-à-dire vers la fin de la République
et sous l'Empire, mais s'efforcer d'en retrouver le fonds
original sous les apports successifs qui l'ont progressive-
ment recouvert et dissimulé. L'antique religion romaine
' Op. cit. p. 365-3C6;cf. J. Girard, Le sentimenl religieux..., liv. Il, cliap.
iic-v, p. i63-367 ; 0. Gruppe, Op. cil. p. IOi« sq. § 287 sq. — 2 Art. obphjci.
p. i53. — 3 Art. nïSTEBiA, p. 2I4I-ÏI42. — i /6id. p. 2136-JI37. — 5 Une
subit, en effet, de bonne heure l'inlluence iielh'nique par
l'intermédiaire de l'Élrurie ou des colonies grecques de
l'Italie méridionale; plus tard, les Romains emprun-
tèrent directement à la Grèce la plupart des grands
dieux de l'Olympe ; puis les divinités d'Asie Mineure,
d'Egypte, de Syrie furent introduites à Rome à diverses
époques. L'érudition moderne a pourtant réussi à distin-
guer, dans la masse multiple et complexe des cultes
pratiqués et des concepts religieux professés par le
peuple romain, ceux qui lui appartenaient en propre, et
qui peuvent être considérés à raison comme les éléments
constitutifs de la vraie religion romaine °.
Cette religion était profondément différente de la reli-
gion grecque. Sans doute pour le Romain des premiers
âges comme pour l'habitant de la Grèce, l'imivers était
rempli d'êtres divins ; la divinité était présente, interve-
nait dans tout phénomène physique, dans tout acte de la
vie individuelle, de la vie domestique, de la vie sociale,
de la vie politique; il n'était point d'objet, pour ainsi
dire, où quelque dieu ne fut censé résider. Sans doute
aussi, pour le Romain comme pour le Grec, il subsistait
de l'être humain quelque chose après la mort; à certains
égards, il n'est pas impossible de dire que la religion
romaine se préoccupait de l'au delà. Nulle religion peut-
être n'a imaginé un plus grand nombre de dieux ou de
déesses; l'action de ces êtres divins était fort limitée,
mais par là même très précise'. C'étaient les dieux des
Indigitamenta [ixdigitamenta], spécialement ceux que
Varron appelait les DU cerli [du], dieux qui prési-
daient aux événements capitaux et aux principales
phases de la vie humaine, naissance, enfance et ado-
lescence, mariage, mort, dieux de la vie agricole et
pastorale, dieux protecteurs de la maison et de sa pros-
périté; c'étaient encore les Génies [genius], patrons des
individus; les Lares et les Pénates, dieux de la famille et
de la vie domestique [lares, penatesJ; les Larves, les
Lémures, les Mânes [larvae, lemlres, manesI, catégories
diverses des âmes des morts. C'étaient enfin les dieux des
curies et de la cité. Parmi ces êtres divins presque
innombrables, quelques-uns paraissent avoir acquis
de bonne heure une importance particulière : ce sont
ceux que Varron groupe sous le nom de DU selecli
[du, p. 184]. Si parmi ces dieux choisis de Varron, il y
en a dont on peut difficilement contester l'origine
grecque et l'introduction relativement récente à Rome,
d'autres en revanche sont certainement, suivant la juste
remarque de M. C. Jullian, « des dii certi, qui, plus
heureux ou plus vivaces que les autres, ont survécu
en absorbant les pouvoirs de leurs congénères, comme
Saturne, Liber ou Janus ■". » Jupiter, Mars, Vulcain,
Diana, Juno, Vesta, etc., sont également cités par Var-
ron au nombre des Diiselecti.
La religion romaine était ainsi polythéiste à im degré,
au moins égal, sinon supérieur à la religion grecque
elle-même. Mais elle n'était pas anthropomorphique. Les
êtres divins n'étaient pas conçus, du moins ne paraissent
pas avoir été conçus à l'origine sous la forme humaine
par les Romains. " Les ancêtres des Latins, a écrit
M. Bouché-Leclercq, adoraient les forces multiples de la
nature, conçues comme des infiuences occultes (««mina),
bibliographie complète du sujet se trouve daus Wisson'a, Itetigion und Kultus
lier Borner, p. t3-ll; cf. p. iO, 24. 28, 33. — 6 Chantcpie de la Saussaye, Op.
cit. p. 591 sq. — 1 Voir l'art, ou, t. Il, p. 184.
REL — '
des volontés iininaléiielles, incorporées, pour ainsi dire,
aux objets qu'elles meuvent. Le fleuve qui coule, le
vent qui passe, le l'eu qui s'allume, sont des actes, des
manifestations, des produits de ces puissances invisibles,
dont nul ne connaît l'essence et que l'on désigne par des
noms génériques, comme Génies, Lares, Pénales, Mânes,
Semons, Indigèles, Lymphes, Vires, ou plus simplement
encore parle nom commun de dieux (rf//-rf(i'/). Ces êtres,
rivés à une tâche éternellement recommencée, ne peuvent
être conçus comme des personnalités concrètes, à forme
humaine, à volonté mobile et changeante. La religion
romaine, guidée par son imperturbable logique, se refu-
sait à détacher ses dieux de la nature et à leur recon-
naître une personnalité distincte '. « En somme, ces
dieux et ces déessses sont plutôt des forces divines
{numina) que de véritables divinités. La seule dislinc-
lion que la religion romaine fasse entre les êtres divins,
auxquels elle rend un culte, c'est la distinction du sexe.
Elle connaît des dieux et elle connaît des déesses; elle
connaît des couples divins '. Ici encore, nous ne sau-
riotts mieux faire que de citer .M. Bouché-Leclercq : <• En
dépit du petit nombre des couples assortis par Varron,
je suis persuadé que le mariage à la mode romaine,
l'association par couples homonymes, était la règle pour
les dieux des /ndiijilamenfa, règle fondée elle-même sur
le fait qu'il y avait à Rome une religion pour les femmes.
Sauf exception,... les dieux masculins y étaient invoqués
pai" et pour les hommes, les divinités féminines par et
pour les femmes '. « Encore faut-il ajouter que dans
bien des cas le véritable sexe de la divinité que l'on invo-
quait était incertain, puisque l'une des formules usitées
par les pontifes dans leurs invocations était : si deux,
si dea es ou encore sioe mas, sice feniina*. On voit
donc que ce premier pas, fait par la religion romaine
dans la voie de l'anthropomorphisme, fut singulièrement
timide. En tout cas, il ne semble pas avoir été suivi
d'autres. S'il y a dans les listes de divinités romaines
des couples, on y chercherait vainement une généa-
logie "'. Il n'y a point non plus dans cette religion de
société divine, comme celle que les Olympiens forment
chez les Hellènes''. Ni les dieux des Indigitaiiwnla, ni
les Génies, Lares, Pénates, ni les .Mânes, Larves, Lémures,
n'ont de personnalité. Ils n'ont pas non plus de mythes.
A vrai dire, il n'y a ni cosmogonie, ni théogonie, ni
mythologie latine ou romaine ^ Les êtres divins n'ont ni
sentiments, ni passions; ils exercent, en raison de leur
puissancesurhumaine. une action qui peulêlre favorable
ou défavorable à l'individu, à. la maison, à la famille, à
la curie, à la cité; mais les anciens Romains ne don-
naient comme source à cette action, ni un sentiment
sympathique ou hostile à l'homme, ni la volonté de
punir les méchants et de récompenser les bons. Et de
même, si la conception des Larves, des Lémures, des
Mânes, atteste, dans une certaine mesure, une croyance
à l'immortalité de l'âme, elle ne comportait, pour les
Romains des premiers âges, rien qui ressemblât même
de loin à une eschatologie véritable.
« La religion romaine a di\ commencer comme les
autres par l'animisme, par le morcellement infinitésimal
des forces motrices de la nature, forces brutales qui ne
I Manuel des Imtit. rom. p. «O-iOl. — 2 Cf. Wissoia, Jhtiy. ,„nl
Kull der Ràmer, p. 10; Prcllcr. Itnm. i/i/tliot. (3" éd.), I, p. ji sq. — 3 Arl.
IRDICITAHENT.V, l. 111, p. ATS. — * Art. INDIGIT.WIEMA, t. 111. p. 4TtJ. — ô Prel-
;36 —
REL
peuvent être dominées que par l'incanlalion magique.
La multiplicité des puissances cataloguées dans les /ndi-
(jitamenta représente assez bien l'état primitif de la reli-
gion romaine, arrêtée à ce stade de son développement
parle formalisme de la race et la ténacité des supersti-
tions populaires *. »
Si telle était, avant l'intillralion, puis l'invasion de la
mythologie et des cultes lielléniques, la religion propre-
ment romaine, quels étaient, quels pouvaient être les
mobiles qui dictaient aux vieux Romains leur conduite
envers les êtres divins, \%f,numina '?
.^ ces forces divines, auxquelles la foi populaire ne
prêtait point la forme humaine, on ne pouvait attribuer
des sentiments bienveillants ou malveillants envers
l'homme. Il ne s'agissait donc pas de gagner ou de con-
server leur faveur, de détourner ou de désarmer leur
hostilité. Ce qu'il fallait obtenir, c'était que la force
divine, nécessaire à l'accomplissement normal et heu-
reux de tel ou tel acte de la vie individuelle, domestique,
sociale, etc., se manifestât, agît au moment précis où cet
acte était accompli. D'autre part, comme il y avait des
numina dont l'action pouvait être nuisible à l'homme, à la
famille, à la cité, il fallait détourner de soi, de sa famille,
de la cité, l'action de ces numina. Enfin, il était néces-
saire de savoir si tel ou tel acte, que l'on se proposait
d'accomplir, devait être aidé par une force divine favo-
rable ou, au contraire, devait rencontrer l'obstacle invin-
cible d'une force divine défavorable : on atteignait ce but
en observant, dans des conditions déterminées, certains
pliénomènes, certains signes spéciaux [augures, .acspicia].
Pour agir, dans un sens ou dans l'autre, sur des
forces divines impersonnelles, pour essayer de connaître
d'avance comment ces forces devaient s'exercer dans tel
ou tel cas particulier, les Romains des premiers âges
pratiquaient des rites, dont la ressemblance avec les
rites de la religion grecque était tout extérieure. Les for-
mules prononcées par tous ceux qui s'adressaient aux
divinités, individus, pères de famille, prêtres, étaient
moins de véritables prières, que des incantations, où la
forme et l'ordre des mots ne devaient être, sous aucun pré-
texte, modifiés, des carmina^. Ce qui importait dans les
offrandes, libations et sacrifices, c'était moins le senti-
ment dont s'inspirait celui qui ofl'rait la libation ou le
sacrifice que l'observance rigoureuse, méticuleuse, des
prescriptions liturgiques et rituelles [piacull'M, sacri-
FiciiMj. El tel était aussi le caractère essentiel des céré-
monies augurales [aigires, aispiciaJ : la divination
proprement romaine ne ressemblait en rien à la consul-
tation des oracles, qui semble lui avoir été inconnue, du
moins à l'origine. Outre les prières, sacrifices et rites
divinatoires, qui se retrouvent, malgré leurs différences
intrinsèques souvent capitales, à la fois dans la religion
romaine et la religion grecque, la religion romaine
comportait d'autres rites, qui ne semblent pas avoir été
pratiqués, du moins avec la même faveur, par les Grecs
de l'époque historique : telles étaient, par exemple, les
cérémonies que célébraient les Luperques, les Arvales,
les Saliens ;U'percaua, ll'perci, arvales, salii^; tels
aussi le rite de la devotio i^DEvoTio], et celui des Z.e»i«-
?'alia [lémures^
1er, Kômische Mythol., l. c. — 6 Chantcpie de la Saussaye, Op. cit. p. 59i.
— ' Boucbé-Leclcicq, .Uanuel des /iislil. rom. p. 439. — » Bouché-Leclercq,
art. iND ciKUENTA, p. 476. — 9 Voir larl. cinuEN, I. I, p. 9i2.
RKL
— S'il
HEP
« La religion romaine n'apparaît dans rhistoirc que
sous la forme de cultes (sacra), surchargés de pratiques
minutieuses et adaptés d'une façon plus ou moins artifi-
cielle aux besoins des individus, des familles, de la cité.
Elle se réduit à l'observance scrupuleuse de certains
rites, obligatoires en certains lieux et pour des groupes
déterminés '. » L'individu y joue un rôle moins
important que les groupes sociaux ou politiques, la
famille, la gens, la curie, la cité ; rien ne peut se faire
ou se décider au nom de l'Etat sans la religion. Le
double trait distinctif de la religion proprement romaine
est donc, d'une part, son formalisme rituel, peut-être
encore imprégné de magie, d'autre part, son caractère
plus social qu'individualiste.
Les influences qui modifient cette pliysionomie parti-
culière, furent surtout d'origine hellénique. S'il est vrai
que des conceptions et des pratiques étrusques furent
introduites d'assez bonne heure tlans la religion romaine,
ce qui la transforma surtout, ce qui en lit, suivant
l'expression de M. Bouché-Leclercq, « une sorte de
polythéisme international^ », ce fut l'action de la
mythologie grecque. Alors seulement les divinités
romaines devinrent vraiment anthropomorphiques; alors,
seulement, Jupiter, Junon, Diane, Saturne, etc., acqui-
rent une personnalité distincte et cessèrent d'être de
purs numina ou de simples r/enii; la foule des dieux et
des déesses, créés par l'imagination helléni([ue, parut
alors se substituer aux innombrables êtres divins de la
religion romaine primitive. Bientôt les cultes orientaux
y apportèrent un nouvel élément : avec les divinités de
Pessitiunle, d'Alexandrie, de Dolichè, d'IIéliopolis, de
Comana el de l'Iran, Rome, l'Italie et l'Occident roma-
nisé connurent une religion à la fois grossière et raffinée,
sensuelle et ascétique, matérialiste et mystique ^ Mais
il nous est impossible de voir dans l'amas confus des
cultes qui se célébraient à l'époque impériale la vraie
religion romaine. Nous avons essayé de montrer ce
qu'avait été cette religion dans la période îles origines, à
l'époque où elle n'avait pas encore subi de puissantes
influences étrangères; nous avons surtout essayé d'en
marquer les traits originaux, renvoyant pour les détails
du culte, de l'organisation sacerdotale, etc.. aux articles
spéciaux [aiGURES, AUSPICIA, du, FLAMEN, IXDI(;n'AMEN'TA,
.lANLS, Lrr>ERi:i, MA.NES, PONTIFICES, CtC.]. J. ToLTAlN.
RELIGiOSI DIES [mv.^, p. 176].
RELIQUA. — Reliquat d'une dette publique ou piivée
[vectkjalI.
1 Bouché-Lecleicr), Manuel, |). 459. — 2 /4„;. p. 4011. — 3 Cuinoiil, Les reti-
ffions orientâtes dans le pa/janisme romain, pa^sint. — BiBi.io':f<Ai>HiK. II ue saurait
élre question de dooocr ici une bibliographie mime sommaire de lliisloirc des reli-
gions grecrjuc el romaine. .Nous nous contenterons d'inilii|ucr les ouvrages les
plus importants et les plus récents, où Ion trouvera des indications bibliogra-
phiques détaillées et précises. Pour la religion et la mythologie grci-ipie : F. Ilrciizer-
Guigniiiut, Les religions de l'antii/uité considérées principalement dans leurs
formes symboliques et mythologiques, Paris, ISSi-IBôl; Lobeck. AijlaopUamus
sire de theoloijiae mysticae graecorum caiisis, Koenigsberg, 18i9; Niigcisbacb,
Uomeriscke Theoloi/ie, .Nuremberg, 18W (3" éd., IS84); Id. (tt Aullicnrielb, i» éd.
180 II, Nachhomer. Théologie, Preller, Griech. Mythologie, Leipzig, 185l{i° éd. Ber-
lin, tSUisq.); E. Gerhard, Griech. Mythologie, Berlin, 18oi-l8:i3; Jiaury, Bist.
des religions de la Grèce antique, Paris, 1837-1839 ; Welcker, Griech. Gotterlehre.
Gùllingcn, I837-I86i ; llartung, Die Ileligion unU Mythologie der Griechen, Leipz.
I805-1873; P. Dechai'me, Mythol. de la Grèce antique, Paris, 1879; E. Rohde,
Psyché, Leipz. 1894 (!■• éd.. 1898); Jliss Harrison, Prologemena in the study of
greek religion, Cambridge, 1903; farnell, The culis of the Greck States, Ouford,
1896-1907:0. Gruppe, Griech. Mythologie und Religiongeschichle, Munich, 1897-
i90(i. — Pour la religion romaine : J.-A. llartung, Die Ileligion der Itômer. Erlangen,
IS.IC; Klauscn, Aeneus und die Penaten, Hambourg et Gotlia, 1839, 1840; PreUer,
REMI, REMIGES, RE.MIGIUM [navis, sor.ll navales]"
REMUS [romulis].
RENUXTI.VTIO [divortu'M , p. 323; coMrru ; lex ,
p. 1124].
REPAGULUM [jANl a, seka].
RBPETIU\DAE (PECU.MAE). — I. Origines. — Ces
mots désignent en droit romain les sommes reçues
indûment par des magistrats ou des juges à l'occasion de
leurs fonctions, à Rome, en Italie ou dans les provinces,
elqui donnaient lieu à une action en répétition au profit
de ceux qui les avaient données. Sous cette forme de
cadeau, la concussion ne tombait sous le coup d'aucune
loi pénale et ne pouvait être atteinte que comme délit
privé par une action civile, à moins que le magistrat
délinquant ne fût accusé devant le peuple à sa sortie de
charge. Après les conquêtes d'outre-mer, les abus de
pouvoir, les exactions et les pillages des gouverneurs de
provinces amenèrent l'intervention de plus en plus fré-
quente du Sénat. En 171 av. J.-C, il institua pour juger
successivement trois anciens préteurs d'Espagne, selon
les règles du procès civil, un tribunal de cinq récupéra-
teurs pris dans son sein et présidés par un préteur spé-
cial, en donnant aux plaignants des patrons sénatoriaux,
parmi lesquels était Caton '. Il fit intenter toute une série
d'autres procès analogues-, et, plus lard, il continua sou-
vent à prendre l'initiative de poursuites confiées à des
juges spéciaux, même après l'organisation de la procé-
dure régulière^.
11. Lois. — C'est seulement en 149 que commencèrent
les mesures spéciales de répression qui allaient si pro-
fondément modifier le droit pénal de la République. Le
tribun L. Calpurnius Piso fit voter la première loi de
pecuniis repetundis, à la suite de laquelle fut probable-
ment établie la première rjuaestio permanente, celle de
pecuniis repetundis, présidée par le préteur pérégrin*.
Vinrent ensuite la loi Junia, connue seulement de
nom ■', une loi qui est probablement la loi Acilia, qu'on
peut placer en 123-2°. et qui, portée sous l'influence de
C. Gracchus, a transformé la réclamation civile en action
pénale par l'établissement de la peine du double et créé
probablement pour présider ce jury un préteur spécial ;
la loi Servilia présentée probablement un peu avant 111
par le tribun C. Servilius Glaucia' el qui a dû avoir la
même tendance que la précédente ; la loi de Sylla de 18,
très importante, mais dont on ne sait presque rien,
sinon qu'en changeant la composition du tribunal elle a
probablement maintenu la procédure et les pénalités de
hôm. Mythol. Berlin, 1638 (3' éd., 1681-1883); J.-A. Ambroscb, Studien
Andeutunyen irn Geùiete des altrômischen Bodens und Cultus, Breslau, 1839 ;
sier, Relig. romaine d'Auyast. aux Antonins. t' éd. iS78 ; Marquardt et Mo
Manuel des antiquités romaines (Irad. fr.), t. XII et XIII, Paris, 1889 sq. ; Ci. Wis-
sovva, lieligion und Kultus dtfr Hômer, Munich, 190J. On peut ajouter à cbs ou-
vrages spéciaux : CbaAcpic de la Saussaye, Manuel d'histoire des religions. ir^A.
fr., Paris, 190t; Bouché-Leclercq, Manuel des Institutions romaines, Paris. ISi^C.
KEfETVNDAË. 1 Liv. 43, i. — 2Liv. Ep. 47 (en 134). — 3 Liv. Ep. 54; Cic.
De fin. I, 7,24; Val. Mai. 5. K, 3; Gell. 13, 14. —^'Cic. Brut. i7,l06; De off. '-•,
ïl,75; \err. 3, 84, 193; 4, iâ, ôli ; i, C, iV,; Schol. Bob. p. i33 : Tac. A/m. 15, iO;
Lex Acilia (C. ins. lat. I, n" 198, I. 74). Valère Maxime, C, 9, 10. appelle à lorl celle
'oi Crcilia. — 5 Lex Acilia, I. 74. — 0 On identiric maintenant la loi, Corp. ins. lat.
I, 298, avec celle citée par Cic. Verr. 1. 9, -16 : Asccu. p. 149, 105. Voir Mommsea
ad. C. ins. lat. l. c. contre Klenze, Gôttling, Waller, qui identifiaient ce leite avec
la loi Servilia. Le préleur spécial est dans Veloqium de G. Claudius Pulcher, C.
ins. lat. i, p. 279. —1 Cic. Brut. 6ï, -224 ; Verr. 1,9. 26 : Pro Babir. Post. 4, 9 ;
Pro Balb. 24, 34; Ascon. In Scaur. p. 21 ; Val. Max. 8, 1,8; Dio. Cass. fr. 100.
Mommsen met cette loi avant 111, parce qu'à celte date la loi Acilia n'aurait plus
été en vigui.ir, la table de brouzc sur lai|uelle elle était gravée ayant été utilisé
en 111 pour une autre loi.
RKP
— 838 —
REP
la loi Serri/in ' ; enfin la loi do César, de SO, la le.r Jiilia
repotundarum ou de repelundis, qui, longue de plus de
cent un cliapilres, posait des règles détaillées, renforçait la
pénalité et devait être sur cette matière le code en vigueur
pendant tout IRmpire-. II n'y eut plus ensuite que des
compléments de détail, des extensions à différents cas et
surtout des modifications dans la pénalité. Les lois de la
République furent impuissantes à arrêter les concussions
et les pillages des gouverneurs =. Les empereurs réussi-
rent à les diminuer, surtout dans les provinces impé-
riales, et au moins pendant les deux premiers siècles, par
la sévérité de leur surveillance, par l'établissement de la
poste et des traitements fixes, par la centralisation admi-
nistrative et le contr(Me des procurateurs, par le maintien
en fonctions des gouverneurs impériaux pendant de
longues années. Sous la République la loi avait surtout
pour but la réclamation des sommes indûment versées.
Sous l'Empire, la procédure devint surtout criminelle.
III. Personnes poursuivies. — Sous la République ce
sont: les magistrats romains jusqu'aux tribuns légion-
naires: les sénateurs, en tant que chargés de fonctions
publiques, soit commeaides de magistrats, soit en raison
de leurs votes au Sénat, soit surtout comme jurés, peut-
être déjà comme accusateurs dans un procès public' :
les fils des précédents, s'ils ont reçu de l'argent pendant
la fonction de leurs pères ; quiconque exerce des fonc-
tions ayant un caractère public ^ Les tentatives pour
soumettre à la loi des chevaliers, surtout comme faisant
partie de la suite des magistrats et comme jurés, les
tribuns légionnaires, les praefecti, les scribes, les autres
personnes de l'entourage des gouverneurs, restèrent
sans résultat ". Sous l'Empire, la loi fut étendue à tous
les membres de la co/wrs du gouverneur, aux officiâtes ",
à tous les accusateurs, dans les procès publics [praevari-
CATio], aux avocats", aux juges, jurés et pédanés',
aux fonctionnaires impériaux de l'ordre équestre "', aux
provinciaux qui ont assisté des fonctionnaires " ; le mari
fut rendu responsable de l'argent reçu par sa femme ".
IV. Prohibitions. — La loi défend, en général, au ma-
gistrat de recevoir de l'argent [pecunias capere, cogère.,
coHciliare)'^. Par conséquent: 1° Il ne doit recevoir
aucun cadeau, sauf de ses proches'". La loi n'excepte
que les fournitures légales ; les présents de nourriture et
autres objets qui n'enrichissentpas ; les xenia '"', dont le
maximum a varié " et parait comporter sous l'Empire
JOOOO sesterces par an '''; les présents honorifiques, des-
< Cic. Pri) fiab. post. \. 'J. — 2 Sue!. Jul. 43; Olh, 2; Tac. Hisl. 1. 77;
Ann. 14, iS; Val. Mai. 8, 1, 10; Cic. /n Vat. 12, i^ el schol.; In Pis. 16, 21,
37, 50; Pro Se$t. 64, 135; Pro Rah. Posl. i, i; Ad div. 8, 8 ; Pro Flacc. 6 ;
Schol. Bob. p. 321 ; Dig. *S, 11 ; 1, 9, 2; 1, 18, 18 ; 1, 16, 10, 1 ; 22, 5, 13; M, 1,
I; 50, 5, 3; C. Jus'.. 4, 18, 11; Paul. Senl. 5, 28; C. Theod. 9, 27. — 3 Cic.
Deoff. i, 21.73 ;/n Verr. 1, 13, 38; Tac. Ann. I, 2; Vell. 2, 126. —^ Cic. Pro Jiab.
Putl. 3, 6: Pro Clu. 37, llH; 41. lU: Dig. 48. U, 6 ;.r. §2.-5 Dig. 48, II. 1,
3,§9. — 6 Cic. Pro fiab. Posi. 5, 12; Prn Clu. 49, 136; Ad. AU. 1. 17, 8; 2, I,
8. - 7 Dig. 48, U. 1, 3, 5. 9; Plin. Ep. 3, 9; C. Just. I, 51, 3; 1, 53, 1, 3; 9,
27, U. — 8 Plin. Ep. 3. 4; 9. 13. — 9 Paul. Sent. 5, 28; Dig. 48, 19, 38, 10.
— 10 Ils vonl surtout devant l'empereur, sauf exceptions (Tac. Ann. 4, 15; IV, 28;
Dio. 57. 28).— Il Plin. Ep. 6. 29,8. — t'^ Dig. 1, 16,4,2; Tac. Ann. 3. 33-34; 4,
20. — HLiv. 43, î.Ep.iT: Ci.-. De leg. 3. 20, 46; Verr. 3, 30, 71 ; 3, 40, 91, 94;
/.. Acilia, I. 3 « pecuniam aiif/^rre. capere, cogère, coneiliare, averterc »'. — It Cic.
De leg. 3. 4. M ; Dig. I, 16, 6, 3 ; 48, 1 1, 1, § 1 ; Dio. Cass. 72, Il ; Plin. Ep. 4,
9, 6, 7. — 15 Dig. 1, 18, 18 (pK^hiscite diiïérent des lois connues); 1, 16, 6, 3; Plin.
Ep. 5, 13, 8; Cic. Ad. AU. 5, 10, 16, 21 ; /n Pis. 90. — ISOic. Verr. 3, 80, 184;
4. 10. 22; à (. Acil. I. 2, lecliilTrc a disparu. — '" Dig. 48, U. 6, § 2 (100 nurei);
erreur dans Inst. 3. 7, 3 (1 000 sesterces'. — 18 Cic. Ad. Quinl. I, 9. 26 ; Ail Alt.
■>. 21. 7 ; Verr. 2, 57-69, 142. — 19 l,c Bas-Empire inlerdil miimc les petits cadcaus
aiii suUltcrnes ;C. TA. 11. 11. n. — 20/),,,, ts, il.ssi: -18. 1, 46 ; 49, 14, 46. S 2;
fines à perpétuer la mémoire du magistrat, mais dont le
montant doit être, d'après la loi de Sylla, employé dans
les cinq ans, sous peine d'être considéré comme cadeau
interdit". En dehors de ces exceptions", on ne tient
compte de la bonne foi, ni du receveur, ni du donneur ;
la loi poursuit tout contrat qui dissimule un cadeau;
tout achat fait par un magistrat est censé cadeau elle
vendeura le droit de réclamer la chose sans rendre le
prix^" ; elle peut être réclamée par le fisc sa la revendi-
cation légale n'a pas eu lieu dans les cinq ans^', indé-
pendamment des amendes tantôt du simple, tantôt du
quadruple''^-.
2° Sauf dans les cas d'urgente nécessité-', le magistrat
ne doit faire aucun acte commercial^' dans sa circon-
scription-'', ne doit s'enrichir d'aucune manière^''. Il en
est de même plus tard de ses subordonnés, de son office
[oKFiciALES, p. 138] ^'. Dans la plupart des cas, la loi
admet la réclamation de l'autre partie.
3° 11 ne doit extorquer ni cadeaux, ni prestations, ni
services quelconques par peur ou abus de pouvoir. Ce
délit, qui n'est pas dans l'ancien droit, est, dès le
ir siècle ap. .l.-C, soit rattaché aux repetundae., soit
traité comme délit spécial, comme concussio^'^ ; il se
développe de plus en plus au Bas-Empire et explique en
particulier les lois qui interdisent aux agents du pouvoir
central, au\ pa/atini, d'exercer des missions dans leur
pays d'origine ou dans ceux où ils possèdent des biens^'\
4° Il ne doit pas se laisser acheter à prix d'argent pour
faire ou ne pas faire un acte. Le délit de corruption,
compris auparavant dans la défense générale de recevoir
de l'argent, fut précisé par la loi Julia qui énumère
plusieurs cas. pour la nomination de juges jurés ^", pour
l'emprisonnement ou l'élargissement d'une personne",
pour un jugement, un témoignage'"-, pour des actes
administratifs, levée, logements de soldats, réception de
travaux publics ^^, remise d'impôts, de prestations",
concession d'offices publics: sur ce dernier point les
pénalités, cassation des achats, amendes '', n'ont pu
empêcher la pratique courante du suffragium des spor-
tulae, sommes payées aux possesseurs des offices, et la
vénalité des charges est devenue presque la règle au
Bas-Empire. En droit, le corrupteur peut réclamer l'ar-
gent versé.
."i" 11 ne doit pas s'enricliir par la création de nouveaux
impôts", par la levée de l'or pour les couronnes [aurum
coronarium]", par des augmentations arbitraires d'im-
C. Jiisl. 2, 19, 1 1 ; C. Th. 8, 15, 2, 5. — 21 C. Th. 8, 13, 1,8. — 22 Dig, 49, u, 46,
§2; 18, 1, 46. — 23 Cic. Verr. 9. 54, ; Dig. 12, 1, 34, I (pour un emprunt, interdit
ci'pendant par C. Just. 4, 2, 10). — 24 Dig. 18, 1, 62 pr. ; 49, 14, 46, | 2. Cicéron
LIâmc même l'acceptation d'un héritage par un gouverneur (Pro Flacc. 34, 85).
Les édits d'Hoaorius et de Valentipieu III permettant de commercer et de recevoir
des dons n'ont pas été maintenus (Valent. IVov. 31). — 2j Même en dehors de sa
circonscription d'après C. Th. 8, 13, 1. — 26 Cic. Verr. 3, 72, 169 ; 4, 4, 5 ; 5, 18,
46; Dig. 12, 1. 33; 49. 14, 46, § 2 ; C. Th. 8, 16, 1 ; C. Jusl. 1. 53, 1, 2; 4, 2, 16 ;
9, 27, C. - 27 C. Jusl. i, 5J, 1, 3; 2, 19, Il ; 4, 44, 18. — «S Emploi de la peur
{tcrrere: Paul. .Senl. 5, 25, 12; Dig. 47, 13. 1) ; Dig. I, 18, 6. § 3; C. Th. 9. 26,
6, 7. — 29 C. Th. 8,8,4. — 30 Cic. Veri-. 3, 88, 200; Dig. 48. U. 3. —31 Dig. 48,
1 1 , 7 pr. — 32 Jbid 48, 11, 3-7 ; C. Th. 9, 27, 5 ; Suct. Dom. S ; iVof. 124, 7 ; Paul
.Sent. 5, 10, 12 (peine qu'aurait dû suljir le coupal)Je contre le juge corrompu); ces
cas rentrent aussi dans le faux cl peuvent ôlre punis de mort (Dig. 48, 8, 1, 1; Paul.
.Sent. 5, 25, 2). I.a loi des Douze Tables punissait déjà de mort la corruption du
juge ou de l'arbitre (Oeil. 2», I, 7), mais elle esl rapidement tombée sur ce point en
désuétude. — 3iOig. 48, 1 1, 6, § 2, 7, § 2 ; C. Just. 4, 7, 3 ; Cic. ^rf. Ait. 5, 21, 7 ;
Pro Font. 8, 17. — 31 Dig. 48, 11,7, § 2; Cic. Verr. 3,^36, 83 ; Ad. AU. 6, I, 21 ;
C. Th. 11, I, 1. — 3iC. Th. 6, 22, t. 2; 8, 1, 1; 12, 1, 25: C. Just. 4, 2, 16; 9,
27, 0. — 36Cic. Pro Font. 9, l). — 37Sauf,piand le Sénat lui a décerné le triomphe
• fait partie du butin (i:ir. I„ /',., ;(T, 70; De leg. i, 22, 59).
REP
— 8:^9
REP
pots, de taxes, de redevances, de spor/iilae, par des
superexactiones de tout genre'. C'est l'abus le plus
fréquent, que les empereurs n'ont cessé de combattre
chez les fonctionnaires et surtout chez leurs subalternes
[oFKicuM, TRiBiTi'ji]. Il donne lieu régulièrement à ri'xla-
mation de la part des personnes lésées.
6° Il ne doit pas prêter pour son propre compte l'argent
de l'Étal-; ce délit rentre à la fois dans les repeliindae
et dans le péculat.
7" La loi a été étendue à quelques délits purement
politiques, ainsi à l'entretien de navires de mer par un
gouverneur ou un sénateur; au fait, pour un gouverneur,
de sortir des limites de sa province, de renvoyer son
légat avant son propre départ ' ; et aussi au vol commis
par un fonctionnaire*.
V. Procédure. — Sous la République, le citoyen
demandeur emploie généralement le procès privé, devant
le préteur urbain, sous la forme de la legis actio per
condictionemy quoique, depuis la loi Acilia, il puisse
aussi utiliser la quciestio spéciale, créée surtout pour les
alliés et les sujets ^ C'est seulement sous l'Empire que
celte dernière est utilisée par toutes les catégories d'in-
dividus. Conforme, en général, à celle des autres t/uaes
tiones [judicia i'ublica, p. 630-652], la procédure oifre
les particularités suivantes. Jusqu'à la loi Acilia, le dépôt
de la plainte a lieu par la formule de la legis actio sacra-
menlo'\ ensuite de la façon ordinaire. Sous la Répu-
blique, ce sont les avocats du demandeur; sous l'Empire
quelquefois, c'est le demandeur lui-même qui recherche
les preuves". Le procès a lieu soit devant l'ancienne
(/ttaes/io, soit surtout devant le tribunal impérial ou le
Sénat, soit devant les nouvelles juridictions des gouver-
neurs et des magistrats impériau,\ fji uk.ia iublica, p. Ooi-
637]. On a maintenu la règle du procès privé que la
condamnation doit porter sur une somme d'argent
déterminée ; il y a donc deux sentences qui portent l'une
sur la culpabilité, l'autre sur l'estimation du litige, litis
aestimalio * ; c'est le môme tribunal qui émet les deux
sentences, sauf, sous l'Empire, devant le Sénat qui, après
le jugement sur le fond ou l'aveu de l'accusé'', confie
restimation à des récupérateurs sénatoriaux.
VI. Pénalités. — L'estimation, d'abord simple condic-
tio, a été d'abord égale à la somme reçue ; mais la loi
Acilia l'a portée au double, comme pour le vol'". Ce
tarif a l-il été maintenu ou porté au quadruple? Nous
ne pouvons nous prononcer"; on a plutôt le double,
quoique cependant on trouve souvent la restitution du
quadruple au Bas-Empire '-. Le simple va aux deman-
deurs, le reste au trésor. Avant la litis aestimalio, le
condamné doit fournir des cautions établies d'après une
1 Cic. Verr. 3, 81, 188; P,o Flacc. 12, 27; Vit. Mme. Il; C. Th. 8, 4, 2;
8, 11; 11, 8, 3, là ; il, 16, 11, 12; C. Just. 3,2; 1, 27, I, 2, 12, 17 ; 11, 54, 1, 2 ;
12,19, 12; 12, 25, 4; 7ns(. 4, 0,25; A>/iera. fpi'j/r. 5, p. 380, n" (iSO. La loi de
C*. Jast. I, 51, 3 comporte l'obligalion pour les cancellarii et les domcstici des gou-
verueurs de rester dans la province 50 jours api-ès leur service pour répondre aux
accusations. — 2 Cic. In Verr. 3, T2. — 3 Dig. 49, 14, 46, § 2 ; 30, S, 3 ; t, 16, 10
§ I; Cic. In Pli. 21, SX). — * Cic. Verr. 4, 41, 88 (cas où Cicéron trouve Irois
délits : repelundae, péculat et lèse-ni.ijcsté). — s Cic. Pro Clu. 37, 104; /Jiv. m
Caec. 5, 18 ; l. Acil. I. 76 ; Gai. 4; 17 a. — 6 i. Acit. I. 23. — 'i Cic. Pro Flacc.
6, 13; Flin. Ep. 3, 9, 6 ; 5, 20, 1, 6. — 8 Cic. Verr. I, 38, 95: 1, 3'J, 99.
— 9 L'aveu se dit Judicea petere : Suet. ûom. 8 ; Hlin. Ep. 4, 9, 19; 2, 11,2: 0,
Î9, 10 ; Tac. Ann. 1, 74. — 10 L. Acit. 1. 59. — " C. Jusl. 2, 12, 2 (en 197;.
Moniuiseu rejette Scttol. Verr. p. 146 sur le f|uadruple ; il constate cependant
qu'Auguste a établi te quadruple pour les honoraires illégaux des avocats (Dio. Cass.
54, 18). — 12 C\ Ih. 9, 27, 3, 6 ; 11, 16, 8, 11; 11,7, 20 ; C. Jual. I, 51, 3. Il y a le
simple, avec une peine accessoire n C. Just. 4, 7, 3. — '^ L. Acil. 57, 29. — ''• Jbid.
1. 29; Plin. Ep. 3, 9, C; llig. 48, 2, M: 48, 11, 2; 48, 13, 16; 48, 16, 15, g 3; t.
estimation sommaire ; l'exécution appartient à l'Etat qui
satisfait chacun des demandeurs; si le condamné ne peut
fournir des cautions, il y a probablement vente de ses
biens; il en est de même s'il s'exile avant la condamna-
tio^'^ ou s'il meurt au cours du procès, sans que ses
héritiers demandent son héritage. L'action en resti-
tution est admise pour le simple contre les héritiers
pendant un an'*, et, sans doute depuis la loi Sercilia,
contre les tiers de tous genres, même les créanciers
payés, qui ont bénéficié des acquisitions illégales'".
Outre la peine pécuniaire, la condamnation ne com-
porte d'abord, probablement depuis la loi Sercilia, que
l'infamie "^ et, au début de l'Empire, certaines incapa-
cités telles que l'exclusion des charges et des sacerdoces,
du Sénat, des jurys, du métier d'avocat, du droit d'être
témoin '\ En outre, l'impossibilité où est souvent le
condamné de restituer les sommes énormes qui sont en
jeu, a pour conséquence l'exil et la perte des droits
civiques '*. Mais dès la fin du i"' siècle ap. J.-C, à
la condamnation pécuniaire se joignent beaucoup d'au-
tres peines arbitraires, relégation à temps, exil, dépor-
tation, confiscation des biens et même, au Bas-Empire, la
mort '■'. Ch. Leckivaix.
REPOSITOKIUM'. — Ce nom qui, dans son accep-
tion la plus large, peut s'appliquer à tout meuble et à
Fig. 5924. - Beposilorium.
tout endroit où l'on pose quelque chose, désigne par-
ticulièrement, dans la description des repas romains, un
grand plateau ou une réunion de plateaux-, quelquefois
à plusieurs étages ^ sur lesquels le dresseur [structor]
rangeait avec art les plats qui composaient un service
Just. 9, 27, a. — IS Cic. Pro Hab. Post. 4, » ; 13, 37; Cœl. Ad fam. 8, 8, 2 ; Pro
Clu. 41, 116; Plin. Ep. 3, 9, 17. — IC Val, Max. 6, 9, 10; Met. ad Uer. I, 11,
20 ; Suet. Dora. 8; 6'aes. 43 ; Dig. 1, 9, 2. Le Sénat peut faire grâce de l'infamie
(Plin. Ep. 4,9, 10-19). — llPIiu.i'p. 2, 11, 12, 20; >, 9, 16-19; Suet. ^u/. 43;
nih. 2; Tac. Ann. 14, 48; Hiat. 1, 77 ; Paul. Sent. 5. 28; Diq. I, 9, 2, 3 ; 48, 1 1,
6, § I ; 22, 5, 15 pr. ; 28, I, 20, §5.-18 Liv. 43, 2, 10 ; Cic. De or. 2, 47, 194,
Verr. 2, 31, 76 ; Pro Rab. Post. 5, Il ; Juv. 1, 47. — 19 Plin. Ep. 4, 9 ; Oio. Cass.
00,25 ; Vil. Pli. lli; Auret. 39 ; Alex. 35; Paul. Sent. 5, 28 ; Dig. 48, 2, 20; 4S,
11,7, § 3; C. TA. 8, 4, 2 ; 8, 10, 2; 11, 10, 1 ; 11, 11, 1 ; 9, 27, 5 ; 11, 8, i ; H, 7,
20 ; C. Just. 1, 27, 1, 20. — Bibliographie. Klenze, legis Strvilitie fragm.
Berlin, 1825; Laboulayc, Essai sur les lois criminelles des Jiomaiiis, Paris,
1845 ; Zumpt, De leqibus Judiciisque repetundarum, Berlin, 1843-7 ; Walter,
Rechlsgesettichte, 3« éd. Bonn, 1860, u» 814; Momrascn, StrnfrechI, Leipiig,
1899, p. 703-732.
REl-OSITOniUM. 1 Capitoliu. M.-Aur. 17 ; Jul. Valcr. Iles gest. Alex. 3, 95, éd.
Mai. — -i Petron. Sut. 33, 35, 36, 40, 49, 60 ; fliu. Hist. mit. XXXIII, 140, 152.
— 3 Petron. 36; Plaut. Alen. 1, 1, 23.
RES
840 —
RES
Ftg. 59i5, — Repositariu
{ferrtiliim']. A chaque servk-o. on lo ronouvolait -. Il Jovail
donc èire porlalif. El. en effet, il y en avait de tels, qui
pouvaient être fort simples; nous en donnerons deux
exemples. Le premier (lig. SOSi) d'après un fragment
de médaillon en terre cuite, où est représenté le dernier
banquet des Troyens surpris par les Grecs ^: le reposito-
riuin est conique, formé de plateaux qui paraissent
semboiler . Le second exemple est tiré d'une fres-
que de' bas temps, trouvée au village de Dernovo (No-
viodunum en Autriche'); on y voit une sorte de boite
carrée, à toit, surmontée d'une anse, fermée sur les côtés
par un grillage,
ayant la hau -
teur de la table
et du lit auprès
desquels elle
est placée (fig.
5925). D'autres,
dontceux qu'on
voit ici ne peu-
vent donner
qu'une idée
bien imparfai-
te, étaient des
meubles de
luxe. Aux bois communs succédèrent, à la fin de la
République, les bois précieux, puis l'écaillé, plaqués et
incrustés d'argent; on en fit, enfin, de grandes pièces
d'argenterie massive '. E. Saglio.
REPUDIATIO i^DIVORTIUMJ.
RES. — Les choses [rcf) sont tout ce qui existe dans
kl nature. Mais le droit ne s'occupe des choses qu'en
tant qu'elles peuvent procurer aux personnes une utilité
quelconque et former l'objet d'un droit. Ainsi considérées,
les choses peuvent être l'objet de nombreuses divisions,
soit d'après leurs caractères intrinsèques, soit d'a])rès
leur condition juridique. Nous allons indiquer à cet
égard les divisions les plus importantes, soit dans le droit
grec, soit dans le droit romain.
Droit grec. — Le droit grec n'a pas approfondi, comme
le droit fomain, les divisions dont les choses sont su-
sceptibles. On rencontre toutefois en Grèce, à côté de cer-
taines divisions inconnues des jurisconsultes romains,
les principales classifications des choses admises à Rome.
Les divisions que nous allons parcourir, d'après les docu-
ments qui nous sont parvenus sont celles des biens :
1° en meubles et immeubles; 2° biens ostensibles et in-
ostensihles; 3" biens productifs et improductifs ; i° propres
et acquêts; 5° choses publiques; G° choses sacrées;
7» choses in commercio ou extra coinmercium.
1" .Ueuhlrs el immeubles. — La division des choses
en mobilières ou immobilières, qui domine la plupart des
législations modernes, où elle présente un intérêt juri-
dique considérable, n'a guère dans le droit grec, comme
du reste dans le droit romain, qu'une importance de fait.
Aussi les sources ne la signalent-elles jamais d'une
manière principale et se bornent-elles toujours à l'indi-
quer par occasion.
1 HUul. /-. ;. ; Juv. vil, 184 ; Pelron. 35, .16. — 2 Le reposilorimn sur lequel on pré-
scnUil lapromiifsio s'appclail;)romufaidare; Petr. 34; Terlull. Depall. 5; Plia. Jun.
L'p. V. C. 37. — 3 nec. épiijraphique, V (1904), p. Cl. — * MitlkeH. d. Centralcom-
viiasion. Vienne, IS86, pi. i, p. 25.-6 pljn. XXXIll, 5î ; Ulpian. Dig. XXXIV. 21,9,10.
BES. 1 Voir sur celle '(uesllon Beaucliel, Hisl. du droit priné de la République
Il est assez difficile d'abord de savoir ce que l'on con-
sidérait là Athènes comme biens immeubles, par oppo-
sition aux meubles [voir ho.na']. On s'est demandé,
d'autre part, si le droit altique a connu ce que nous
nommons les immeubles par destination, c'est-à-dire les
objets qui, tout en étant meubles de leur nature, sont
fictivement immobilisés en raison du lien qui les unit à
l'immeuble dont ils sont l'accessoire et à l'exploitation
duquel ils sont destinés, comme les instruments de cul-
ture, les bestiaux. La solution négative nous parait plus
conforme aux textes, et notamment aux difTérentes défi-
nitions que les lexicographes- donnent des meubles'.
L'intérêt pratique de la distinction des biens en meu-
bles et immeubles ne parait pas considérable à Athènes,
du moins à l'époque classique. Peut-être existait-il au
point de vue de l'usucapion, mais l'existence de celte
institution est elle-même fort incertaine dans le droit
altique îusix.'M'Io]. On peut seulement conjecturer que
l'action en revendication des meubles était soumise à
une prescription plus courte que l'action en revendication
des immeubles'. Le seul intérêt vraiment sérieux de
notre distinction a trait à la publicité des ventes. Les for-
malités prescrites à cet égard par la loi attique ne concer-
nent, en principe, que les immeubles et certains auteurs
ont même voulu les limiter absolument aux imrneubles^.
La propriété foncière avait, toutefois, en Grèce, une
importance de fait bien supérieure à celle de la propriété
romaine". Il fut même un temps où la condition juri-
dique des immeubles était profondément différente de
celle des meubles, ;i savoir sous le régime delà propriété
familiale, quand la loi proiiibait le contrat de vente.
L'indisponibilité qui frappait les immeubles ne s'élendait
point alors aux meubles, sinon la vie économique aurait
été complètement paralysée. Mais celte importance rela-
tive de la propriété immobilière dut disparaître peu à
peu avec le développement du commerce et de l'industrie.
Le législateur athénien semble, néanmoins, avoir consi-
déré les meul)les comme une lulis possessio relativement
aux immeubles. C'est vraisemblablement sous l'influence
de celte idée que la loi attique obligeait le tuteur à réaliser
toute la fortune mobilière du mineur pour la placer en
immeubles '.
2° Bienx ox/ensibleg el inofilensib/es. — Celte distinc-
tion a été précédemment étudiée [apu.\>'Ès].
3° Biens productifs et improductifs. — Nous avons
également exposé la signification de celte distinction
[bona]. Elle ne présente guère d'ailleurs qu'un intérêt
de fait, notamment à propos des comptes de tutelle*.
4" Biens propres et acquêts. — Il est difficile de savoir
si, en Grèce, la coutume primitive connaissait cette dis-
tinction des biens. Mais elle ne larda pas à s'introduire
dès que le sentiment individualiste eut pénétré dans les
mœurs. On considéra qu'il était juste de reconnaître à
l'individu le droit de disposer librement des biens qui
lui provenaient non de sa famille, mais de son travail
et de son industrie. Les propres, ou biens hérédi-
taires (-à TiaTscùa, Tï -tLT.izwT.) continuèrent à faire corps
avec la famille et à demeurer indivis el inaliénables;
a<Wnicniie,p. 3,p. 51— 2£<,mo/. nm9n«ic,.5. r. riti=i«; Pollux, X. 10. Cf. Arislol.
Rhetor. I. 5, § 7. — ^ Beaucliel, Loc. cit. p. 9: Contra, Guiraud, La propriété
foncière en Grèce Jusqu'à la conquête romaine, p. 171 sq. — * Beaucliel, t. 111,
p. Il, 149. — 5 Jiiiit. p. 319 sq. -- c V. Arislol. Polit. II, i, § 12. — 7 Beauchet,
l. III, p. 27. — 8 Beaucliel, l. III, p. 23, 96 el 2ÎS.
RES
— 841
RES
mais les acquRls devinrent disponibles. Ce ijalrimoine
familial, qui ne se démembre jamais et qui passe intact
d'une génération à l'autre, c'est, dans les cités doriennes,
à Sparte et en Crète, le xX^ipoç'. Le morcellement en est
interdit soit par vente, soit par testament. Quant aux
acquêts, au contraire, les pouvoirs de leur possesseur
s'élargissent chaque jour davantage. L'indisponibilité des
propres, qui finit toutefois par disparaître, se maintint
beaucoup plus longtemps dans les lois doriennes que dans
celles des autres cités grecques, notamment que dans les
cités ioniennes. La loi athénienne, du moins après les
réformes de Solon, ne connaît plus de différence entre les
propres et les acquêts : les uns et les autres sont égale-
ment disponibles entre les mains de leur propriétaire.
Il reste cependant, soit dans le droit public, soit dans
le droit privé, certaines traces de l'ancienne distinction
et de l'indisponibilité des propres. Ainsi celui qui dissipe
ses propres, Ta Ttarpùia, est frappé de certaines incapacités,
et, lors de la docimasie [dokimasia], il est assimilé à celui
qui s'est prostitué ou qui a maltraité ses parents-, et le
prodigue est exclu des fonctions publiques-'. D'autre part,
celui qui dissipe ses biens paternels, peut, à Athènes, être
frappé d'interdiction '. Mais, à notre avis du moins, il
n'existe, au point de vue de la transmission des biens aux
enfants, aucunedifférenceentreles propresetlesacquets ■'.
5° Choses publiques. — Les choses de cette catégorie
c'est-à-dire celles qui appartiennent à l'État ou aux sub-
divisions de l'État, se divisent, dans notre droit moderne,
en deux grandes catégories, suivant qu'elles font partie
de ce que l'on nomme le domaine public ou qu'elles
appartiennent au domaine privé. Cette distinction parait
inconnue dans le droit grec, oîi tous les biens domaniaux
semblent avoir le même caractère; ils sont soumis aux
mêmes règles, et il n'existe entre eux qu'une différence
de fait provenant de la diversité de la destination".
Abstraction faite des biens que nous rangeons aujour-
d'hui dans le domaine public, les biens domaniaux, en
Grèce, provenaient à l'Etat de différentes sources. Ils se
composaient d'abord de terres réservées lors de la fonda-
tion de la cité et demeurées dans l'indivision ^ Une autre
source, et fort importante, du domaine de l'État, c'est,
dans les cités grecques, la confiscation* [demioprata].
Par contre, l'État en (}rèce ne s'enrichit point, comme
aujourd'hui, au moyen des successions en déshérence'-'.
Mais si l'État n'héritait pas, il était apte à recevoir des
donations et des legs et, à ce titre, il recueillait parfois
des sommes importantes '". Le domaine de l'État peut
enfin s'accroître par l'effet d'acquisitions réalisées par
l'Étal lui-même avec ses revenus ou avec les sommes pro-
venant des ressources extraordinaires".
Il n'y avait aucune différence, quant à leur condition
juridique, entre les divers éléments dont se composait
le domaine de l'État. En conséquence, tous les biens
domaniaux étaient aliénables directement ou indirecte-
ment'-. L'aliénation régulièrement consentie des biens
1 Cf. Fustel de Coulanges. Noweltes recherclies, p. 9iî : (Juiraud, Loc. cil. :
Daresle, Haussoullior et Reinach, Hec. des inscr. Jurid. grecques, p. 425.
— -ipollux. X, 45. —3 Platner, Process, II, p. 153; Meier, SchAraann et Lipsius,
Der attische Prorcss, p. 365; Thonisseo, Le droit pénal de la Bépubliquc
atliénienne, p. 3i>0 ; Beauchel, t. III, p. 20. — t Beaucliel, t. II, p. 389.
— . ii Beauchet t. III p. 27; Contra, Boissonade, Hist. de la réserve liéréd.
p. iiO. — <> Beauchet, t. III, p. 28. Voir toutefois Hitzig, Zeitschrift der Savigny-
Sliftung f. Rechtsgesellichte, Rôm. Abth. 18, p. 172. — ' Guiraud, p. 3H
sq. ; Beauchel, t. III, p. 29. — 8 Aristoph. Vesp. fi59. Cf. Guiraud, p. US ; Beauchet,
VIII.
de l'État se distinguait môme dos aliénations ordinaires
en ce qu'elle conférait à l'acquéreur un droit irrévocable,
et à l'abri de toutes chances d'éviction totale ou partielle,
purgeant ainsi tous les droits réels existant sur la chose,
si légitimes qu'ils pussent être, et notamment celui du
véritable propriétaire dont la chose aurait été indûment
comprise dans la vente effectuée parles agents de l'État".
Les intéressés, dont les droits sont ainsi mis en péril,
ne peuvent s'adresser qu'à l'État, soit pour empêcher
l'aliénation, si elle n'a pas encore été effectuée, soit peut-
être aussi pour lui réclamer des dommages-intérêts, si
l'adjudication est consommée". Les biens domaniaux
peuvent être également l'objet d'une affectation hypo-
thécaire '^.
Le domaine de l'État était protégé de diverses
manières contre les tentatives d'usurpation dont il pou-
vait être l'objet de la part des particuliers. Ainsi la cité
prenait soin de faire planter des cipot autour de ses pro-
priétés. A Athènes, les démarques avaient probablement
pour mission de dénoncer les empiétements commis au
préjudice de la cité. De temps en temps, on instituait,
soit à Athènes, soit dans les autres cités grecques, des
magistrats spéciaux chargés de rechercher les biens usur-
pés au détriment soit du domaine sacré, soit du domaine
de l'État '^ On cherchait, d'autre part, à prévenir les
usurpations par les conséquences rigoureuses de l'action
en revendication intentée par l'État. Enfin le vol des
choses domaniales est sévèrement réprimé au moyen
de la ypapT| xXottti; S-fiaoaîwv ypY||Ao!.To>v" [liLOPÈ, p. 828].
6° Choses sacrées. — La propriété sacrée, qui a une
importance considérable dans le droit hellénique, pro-
vient de sources différentes. Elle a été constituée d'abord
par les libéralités de l'État. Ainsi, lorsqu'on fondait une
ville, — etcette règle était encore suivie dans la fondation
des colonies athéniennes au i" siècle avant notre ère, —
l'usage était de mettre à part des terres pour les dieux à
la garde de qui on confiait la cité ". On réservait égale-
ment aux dieux une part soit dans le butin, soit dans les
confiscations". Les libéralités des particuliers n'étaient
pas une source moins importante de la propriété sacrée-".
Enfin le domaine sacré pouvait s'augmenter des acqui-
sitions réalisées par les dieux eux-mêmes, soit avec les
capitaux qui leur avaient été donnés, soit avec les éco-
nomies faites sur leurs revenus'^'. Quant à la condi-
tion des res sacrae, à leur administration, elles ont été
précédemment exposées [uonarium].
A côté des res sacrae, le droit grec parait avoir admis,
comme le droit romain", desres religiosae. Les tom-
beaux des Grecs semblent, en effet, avoir été l'objet d'une
réglementation analogue à celle qui existait à Rome. Ils
formaient l'objet d'une sorte de propriété de famille, qui
ne pouvait être employée à un autre usage que celui de
donner la sépulture aux membres de la famille. La pro-
tection en avait été spécialement assurée par une loi de
Solon2^ et l'on rencontre dans le droit grec, à une époque
LUI, p. 710 sq. —9 Cf. Beauchet, t. III, p. 2'J et 570. — lOAndocid. C.AIcib. § 15.
a. Guiraud, p. 346. — " Voir Guiraud, p. 347. — '2 Guiraud. p. 352 ; Beauchel, l. III,
p. 31. —13 Beauchet, Loc. cit. — i* Leist, Der attische Eigentumsstreit, p. 40 ;
Guiraud, p. 352; Beauchet, £oc. cit. — 15 Poilus, VIII, 59. — 16 Demosth. 6". Timarch.
§ il. Cf. Guiraud, p. 358.— " Aristot. InsM. des Atlien. c. 54; Demosth. Loc.
cit. §â il2el 127. Cf. Mcier, Scliomann et Lipsius, p. 454; Guiraud, p. 3;il). — 18 Plat.
Leges, p. 738 ; Aristot. Polit. IV, 9-7. — i» Voy. Donarium, p. 365. Cf. les
textes cités par Guiraud, p. 303 sq. — 20 Cf. Guiraud, p. 304. — 21 Guiraud, p. 363.
— 22 Voir infra. — 23 Cic. De legibus, II, 20, 04.
100
RES
— 842
RES
loutefois assez récente, une action TuiACcopu/;»; donnée
contre ceu\ qui violaient des tombeaux pour les piller'.
Le droit grec admet d'ailleurs, comme le droit romain, un
Jus .«<'/>«/(•;•/, conférant aux parents du défunt une ser-
vitude de passage sur les fonds voisins pour se rendre au
tombeau afin d"y accomplir les rites funèbres-.
7° Choses in comiuercio ou extra coiitmerciiDii. — La
division des choses fondée sur le fait qu'elles sont ou non
dans le commerce, présente son intérêt principal en
matière de vente (vendi(io). Cette division n'offre, dans
le droit altique, qu'un intérêt relativement minime.
Droit romain. — Parmi les divisions des choses données
par les jurisconsultes romains, celle qui occupe la pre-
mière place est celle des res in pn/riinonio et res extra
patrimoniuin ^ Les choses dans le patrimoine sont celles
qui sont sous la propriété privée d'une personne ou tout
au moins qui sont susceptibles de s'y trouver. Les choses
hors du patrimoine sont celles que leur nature même
rend insusceptibles d'appropriation individuelle, ou
celles qui, bien que susceptibles de cette appropriation,
ne peuvent, par des raisons d'ordre religieux ou d'ordre
public, appartenir à un particulier.
1. Kes in i>.\tri.monio. — Les choses in patriinonio sont
elles-mêmes susceptibles de plusieurs divisions impor-
tantes: 1° res corporafesel incorporâtes ; 2° res mancipi
et res nec mancipi; 3" meubles et immeubles; 4° res
(/uae pondère, numéro mensuraoe constant; a" gênera
et species; 6° res quae usa consumuntur; 1" choses
principales et choses accessoires; 8° choses simples et
choses composées, et choses collectives.
i° Res corporales elres incorporâtes. — Les choses
corporelles sont celles qui ont une existence matérielle,
que l'on peut voir Ou toucher, (/««e tungi passant*, que,
d'une manière générale, on peut percevoir à l'aide des
sens, comme un animal, un esclave, un fonds de terre.
Les choses incorporelles sont, au contraire, celles qui
n'ont pas d'existence ; ce sont des abstractions, des droits
quae in Jure consistutU', que sans doute l'intelligence
saisit, mais qui échappent à nos sens. Tels sont, d'après
Gains et Justinien, les droits d'usufruit et d'usage, les
servitudes prédiales, les créances ou obligations, les héré-
ditésjacentes. Logiquement, le plus important des droits,
celui de propriété, devrait être compris parmi les choses
incorporelles, car, comme les autres précités. Jure con-
sislit. Mais les Romains en ont fait une chose corporelle,
et cela par une confusion assez naturelle entre \esultstra-
lum du droit, son objet et le droit lui-même Les autres
droits, moins complets ou moins immédiats que le droit
de propriété, se distinguent plus facilement de la chose
malérielle à l'occasion de laquelle ils s'exercent.
L'intérêt pratique de la distinction des choses en cor-
porelles ou incorporelles, c'est que les premières peuvent
faire l'objet d'un droit de propriété et d'une possession
[possESSio'i , tandis que les secondes ne le peuvent pas".
2° Res tnanripi et nec mancipi. La portée et l'intérêt de
cette distinction ont été ailleurs examinés [m.\ncipiim|.
3° Meubtesel immeubtes. — Les meubles [res mobiles,
res se moventes) sont les choses qui se meuvent par elles-
mêmes, comme les esclaves et les animaux ou celles qui
sont susceptibles d'être déplacées sous l'action d'une
' Voir les documents cités à ce sujet par Herraann-Thalheim, JteclUsallei-
thamer, +« éd. p. 40, note 5.-2 Guiraud, p. 191; Beauchel, t. |[l, p. U, ICI.
— 5 luslil. Jusl. pr. Û? diiiis. rer. Il, 1 ; Gains, Comm. Il, 1. — » Insl. Jusl.
force extérieure, comme un livre ou une table. Les im-
meubles [res .so//, praedia. fundi) sont les choses non sus-
ceptibles d'être déplacées, comme le sol et tout ce qui fait
corps avec lui, c'est-à-dire les maisons, les plantations ".
Sans avoir, dans le droit romain, la même importance
que dans le droit germanique ou dans notre ancien droit
français, la distinction des choses mobilières et immo-
bilières n'est pas à Ftome dénuée d'intérêt pratique. Ainsi :
a) l'usucapion s'accomplit par le délai de deux ans pour
les immeubles, d'un an pour les autres choses [usucapio] ;
b) les interdits uli possidetis, unde vi,quod viaut clam,
sont spéciaux aux immeubles; la possession des meubles
est protégée spécialement par l'interdit u/rubi [inter-
dictum] ; c) le vol n'est possible que pour les meubles
[furtum] ; d) les immeubles dotaux sont seuls inalié-
nables [dos].
La division des choses en mobilières et immobilières
ne se confond nullement avec celle des res mancipi et
nec mancipi, car parmi les res mancipi figurent à la
fois des meubles et des immeubles. Toutefois, à partir du
moment où cette dernière division disparut, comme ayant
cessé d'être en harmonie avec les transformations écono-
miques de la société romaine, la distinction en meubles
et en immeubles joua à peu près le même rôle, c'est-à-
dire qu'elle partagea les biens en deux classes, ceux
auxquels on altaciiait une grande valeur, les immeubles,
et ceux de moindre valeur, les meubles. C'est avec ce
caractère qu'elle s'est perpétuée à travers l'ancien droit
jusqu'au code Napoléon, encore rédigé sous l'empire de
l'adage res mobiles, res ciles.
i° Res quae pondère, numéro, mensurave constant. —
Ces choses sont celles qui s'apprécient au poids, au nombre
ou à la mesure, comme les pièces de monnaie, l'huile, le
blé, le vin : on les appelle aussi des quantités *. A ces
choses on oppose celles qui s'apprécient d'après leur
individualité, comme une maison, un tableau, et que l'on
nomme des corps certains. Dans les usages du commerce,
les choses de la première catégorie peuvent, en général, se
remplacer les unes par les autres, chacune dans son espèce.
La division en question présente de l'intérêt à plusieurs
points de vue : a) le mutuum ne peut avoir pour objet
que des choses quae pondère ... constant j^mutiimI, tandis
que le commodat a toujours pour objet des choses consi-
dérées dans leur individualité [commudatim] ; 6) le dépôt
est régulier ou irrégulier, suivant qu'il a pour objet des
corps certains ou des quantités i^depositim] ; c) la resti-
tution de la dot est soumise à des règles différentes selon
qu'elle s'applique à des quantités ou à des corps cer-
tains [dos].
o" Gênera. — Species. — Cette division des choses en
gênera, c'est-à-dire en choses considérées seulement au
point de vue du groupe auquel elles appartiennent, ou
en species, c'est-à-dire en choses individuellement visées,
dépend de l'intention des parties qui traitent relativement
à ces choses. L'intérêt de cette division se présente au
point de vue de la libération du débiteur. Le débiteur
d'une species ou corps certain est libéré interitu rei,
tandis que le débiteur d'un genre est soumis à la règle
gênera non pereunt. Nous observerons d'ailleurs que
cette division ne se confond pas avec la précédente. Ainsi
§1. De reb. incorp. 11, ..
De acq. vet. amitt. poss. XLI, 2
111. 90.
— i Ibid. !
— 'L.
2, Gains, II, li à U. — 6 L. 3, pr. D.
93, D. De Merb. signif. L. 1(1. — s Gains,
RES
— 8i3
RES
une chose (luae pondère... constat ■pe\i\, être envisag-ée
in specie : tel le vin qui se trouve dans un cellier '.
6° Res quae usii consuinunfu?'. — Ces choses, que l'on
oppose à celles qui sont susceptibles d'un usage répété,
comprennent en général les choses qui se pèsent, se
comptent ou se mesurent. Mais il y a aussi des choses
que l'on vend au nombre, comme les moutons d'un trou-
peau, et qui ne se consomment pas par le premier usage.
L'intérêt pratique delà distinction se présente en matière
d'usufruit : ce droit ne peut être établi sur les choses qui
se consommeni p?-itno usu'^ [usiisfructus].
7° Choses principales, choses accessoires. — Les choses
accessoires, qui sont toujours de minime valeur, ne
rendent de services à l'homme que par l'intermédiaire
d'une autre chose ou par leur union aune autre chose,
qui en est la chose principale : telles sont les clefs d'une
maison, les tuiles posées sur une toiture. L'intérêt pra-
tique de cette division c'est que les actes juridiques con-
clus pour la chose principale sont, à moins de convention
contraire, applicables de plein droit à la chose accessoire;
ainsi la vente ou le legs de la chose principale comprend
la vente ou le legs de la chose accessoire '.
8° Choses simples et cotnpose'es collectives. — Une chose
simple est celle qui est faite d'un tout homogène, comme
un esclave, une poutre, une pierre précieuse. Une chose
composée (unicersitas rerum cohœrentium) est for-
mée de parties hétérogènes, mais adhérentes entre
elles, comme un édifice, un navire, une armoire.
Enfin les choses collectives [universitas rerum r/istan-
tium) sont composées de plusieurs choses demeurées
indépendantes, et qui ne sont instituées en unité que par
leur distinction commune, comme un troupeau'*. L'in-
térêt pratique de la distinction, c'est que si l'une des
choses qui sont entrées dans la composition d'une autre
appartient à un tiers, celui-ci ne pourra pas la reven-
diquer, si la chose est adhérente au corpus, tandis qu'il
en aura le droit s'il ne s'agit que d'une universitas facti^.
H. Res extra patrimonium. — Ces choses se divisent en
trois catégories: res divini juris, res communes et res
publicae.
1° Les res divini juris sont celles qui ne peuvent appar-
tenir à des particuliers en raison des droits supérieurs
que les dieux ont sur elles : on leur oppose alors les res
humani juris''.
hesres divini juris se subdivisent elles-mêmes en res
sacrae, religiosae, sanctae. Les res sacrne sont les choses
consacrées aux dii super i, c'est-à-dire aux divinités autres
que les dieux mânes : tels sont les bois sacrés, les
sanctuaires de tout genre, les statues des dieux, les tré-
sors des temples, et plus tard, après l'avènement du
christianisme, les choses consacrées à Dieu. Leur affec-
tation [consecratio) aux dieux ne peut résulter de la
simple volonté d'un particulier; elle implique une inter-
vention du pouvoir civil et une cérémonie religieuse. Leur
désaffectation [profanatio] résulte d'une cérémonie
religieuse inverse'. Les res sacrae sont hors du com-
merce et absolument inaliénables. Toute violation d'une
res sacra est d'ailleurs punie sévèrement, sous le nom
1 L. 30, D. De leg. I", .XXX, 6. — i Inst. Just. § 2, De usufr. II, 4. - 3 !.. 1 7, pr.
§S 2, 5, 7, U, D. Emti, XIX, 1. — 4 L. 30, pr. D. De usurp. XLI, 3. — ■■ L. 23,
pr. D. De usurp. XLI, 3.-6 Gaius, Comm. Il, î; \. l, pr. D, De divis. rer. I, S.
— ^ fiaius, II, 4; Insl. Just. § 8, De divis. rer. II, 1 ; I. G, § 3, D. De divis^ rer. I,
8: Noti. Just. 67, c. 1 ; Nov. 131, c. 7. - » L. 1 à 4, D. Arf. teg. Jul. pecul. XLVIll,
13. — 9 Insl. § 8. De divis. rer. Il, 1 ; ,Vou. 120, c. 10. — m Gaiu=, II, i; Insl.
de sacrilège'. .\ l'époque chrétienne, Justinien autorisa
l'aliénation des res sacrae dans certains cas exceptionnels,
notamment pour racheter des captifs'.
Les res religiosae sont les choses consacrées aux dii
inferi, c'est-à-dire aux dieux mânes, divinités propres
à chaque famille. Klles consistent, en définitive, dans les
tombeaux et dans le terrain où ils sont élevés; aussi leur
notion survécut-elle à la disparition du culte des mânes '".
A la difTérence des res sacrae, la volonté d'un particulier
peut faire une res religiosa, à certaines conditions tou-
tefois. Il faut notamment une inhumation réelle, ce qui
exclut les cénotaphes; il faut aussi que l'inhumation ait
été faite à perpétuité et que le terrain puisse légalement
recevoir une inhumation ". Ce qui devient d'ailleurs reli-
gieux, ce n'est pas l'ensemble du terrain, mais seulement
la place abandonnée au mort et son tombeau '^ D'autre
part, le caractère religieux, quoique perpétuel en prin-
cipe, peut s'effacer par l'enlèvement du cadavre". Les
res religiosae, bien que hors du commerce et inaliénables,
donnent lieu à un véritable droit privé connu sous le
nom de jus sepulcri. Ce droit emporte notamment, au
profit de celui qui le possède, le droit d'obtenir, moyen-
nant indemnité, un chemin d'accès au tombeau, lorsque
celui-ci est enclavé dans le terrain d'autrui ; il comporte
aussi la faculté de léguer le jus mortuum inforendi '*. La
violation des res religiosae n'est pas poursuivie, comme
celle des res sacrae, par voie d'action criminelle, mais
par une action entraînant l'infamie et une peine pécu-
niaire, l'action desepulcro violato'-'.
Les res sanctae, qui ne sont divini juris, d'après Justi-
nien, qu'en un certain sens [quodam modo), car elles ne
sont la propriété d'aucune divinité déterminée, sont les
choses que l'on a voulu protéger contre les entreprises
des particuliers, comme les portes et les murs des villes,
les bornes des champs '*. Aussi des peines sévères étaient-
elles portées contre les violateurs des choses saintes".
2° Les res communes sont les choses dont la propriété
n'est à personne et dont l'usage est commun à tous les
hommes, comme l'air, l'eau courante, la mer ", La nature
même de ces choses est exclusive de toute appropriation
individuelle, d'où résulte la liberté de la pêche et de la
navigation ". Les Romains considèrent également comme
communs les rivages delà mer, qui sont une dépendance
de celle-ci. On peut, toutefois, y élever une construction
avec l'autorisation du préteur, qui doit examiner si l'in-
térêt de la navigation n'a pas à en souffrir^". La con-
struction appartient à celui qui l'a édifiée ; mais si elle est
détruite, le sol du rivage redevient commun^'.
3° Les res publicae sont encore des choses dont l'usage
est commun à tous, mais, à la différence des choses com-
munes proprement dites, elles sont considérées comme
appartenant au peuple romain envisagée comme personne
morale, comme ïager publicus [ager publicus], les sei^vi
publici. Les res publicae comprennent, au sens large,
aussi bien ce qu'on appelle aujourd'hui le domaine privé
que le domaine public de l'État. Mais, au sens étroit,
ce sont par excellence les biens constituant le domaine
public, biens qui ne peuvent appartenir à aucun parli-
lUid., § 9 ; 1. 4, D. De reli,j. XI, 7. — >' I.. C, .6 1, I. 30 el 40, D. Eod. til. ; I. 3
§ 5, D. De sep. viol. XLVII, 12. — 12 L. 2, § 5, U. De relig. —i'h.l et 14 C. De
relig. III, 44. — U L. 12, pr. P. De relig.; l. 14, C. De légat. VI, 37. _ lO L. 2 cl
3, D.Desep. oio/. XLVII, 12. — 16 hist. § io, De divis. rer. ; Gaius, 11, 8. — " L. Il,
D. De divis. rer. — '8 Oie. De offic. 1, 16. — 19 L. 2 § 9, D. Ne quid in toc. publ.
XLIII, 8. — 20 L. D. De adq. rer. dont. XLI, 1. — 21 L. C, pr. D. De dvi^is. rer. I, 8.
RES
— 844
RES
culier parce qu'ils sont affectés à l'usage public, comme
les places et voies publiques, les ports, les Meuves, les
bains publics, les théâtres, les gymnases. La libre jouis-
sance de ces biens par le public est, comme celle des choses
communes, protégée par l'aclion d'injures' [injuria].
.\ côté de ces ?-es piibiicae, il en est d'autres que l'on
qualifie aussi de ce nom, mais qui sont plus spécialement
res universilads, c'est-à-dire qui appartiennent à des
personnes morales telles que les cités, les corporations.
Parmi ces res universitalis, on peut en distinguer de
deux sortes, celles qui sont dans le domaine privé de la
personne morale, et celles qui sont dans son domaine
public : ces dernières comprennent les choses qui, par
leur destination, échappent à l'appropriation individuelle
et sont alTectées à l'usage commun de tous les membres
de la cité, comme le ihédlre, le stade, les bains. publics'.
Le citoyen empêché d'en jouir a encore l'action d'in-
jures'. L. Bealchet.
RESCISSORl.\ ACTIO [iNTERCESsm].
RESCR1PTU.M. — 1. /faut-Empire. — Dès le début de
l'Empire, tandis qu'à Rome on demande des consulta-
lions juridiques surtout aux juriconsultes qui on\. le Jus
respondendi ; pride.ntilm auctorit.as], dans les provinces
les magistrats et les particuliers prennent l'habitude de
consulter directement l'empereur. Des provinciaux, sur-
tout des soldats, qui ont consulté un jurisconsulte,
veulent souvent avoir en outre l'avis de l'empereur'. Les
requêtes des particuliers s'appellent libelli. preces,
supplicationes. en grec àiioïi!? ^ ; celles des fonction-
naires relationes, sufjf/estiones, consultai loties ^ La
réponse de l'empereur a deux formes principales : c'est
soit une lettre proprement dite, une epistula, et c'est la
règle pour les fonctionnaires et les corps officiels
[epistulis (ab)] * ; soit une simple subscrip/io, inscrite
sur la requête elle-même des particuliers, sur le libel-
las'^; de là sont venues les expressions libellns rescrip-
tus et rescriptum ^. Les rescrits que renferme le Code
de Justinien, adressés par les empereurs, depuis Hadrien.
aux particuliers, sont des subscriptlones et non des
epislulae''.
La réponse de l'empereur est une coiistitutio impé-
riale; elle n'est pas une loi proprement dite et n'a pas
le caractère d'irrévocabilité de la loi, puisque c'est seule-
ment à partir de Dioclétien que l'empereur a véritable-
ment le pouvoir législatif; mais elle a, en vertu de la lex
regia', la même validité que les acia principis en
générai; et les jurisconsultes lui reconnaissent force de
loi {vtcem legis oblinet), quand, n'étant pas déterminée
par des considérations de personnes, quand netant pas
" L. 13, 7. D. fie mjur. XL VU, |0. _ s Insl. Jusl. S 6, £oU. lit. — 3 1,. î. 9, D
Ne quid in loc. publ. XLIII, 8. — Bibuograpbie. Pour le droit romain : Accarias.
Précit de droit romain, 3> éd. l. I, p. 4*7 sq. ; .May, Eléments de droit roma
6' éd. p. 13t sq. ; Pelil, Tr. de droit romain, 2" éd. p. 149 sq. : Girard, Manuel de
droit romain, i- éd. p. Î3i sq. ; Ed. Cuq, fnstit. Jur. des Homains. l. 11, p. 179 sq
Àlaynz. Cours de droit romain, 4« éd. l. I, p. 436 sq.
BCSCRIPTCH. I C. Just. î, 4, 39 ; 4, 33, 3 ; 7, 14, 3 ; 8, 40, li. — 2 Dig. 14, 2, i
Plin. Ad Trai. 105 : Dio. Cass. 54, 33. — 3 C. Just. I, 14, i ; 7, 61, 34 ; C. Theod
I, J, 9; 11, Ï9; Dtg. 4, 4, 11, § 2 ; Collatio 1. II. — l On Irouvc aussi rescrip-
tum au Bas-Ëmpire (C. Th. I, 2, 9 en 398). Voir dans Bruns, Fontes juris romani
les epistolae impériales coanues en dehors des textes juridiques. — â Gai. I
Dig. 1,4, Ipr.; 4, 8, 32.5 14; C. ,/uj(. 7, 43, I; /nst.i, iipr. — «Plin. Jd. Trai.
105 ; C. ins. lat. 3 suppl. 12330. — 7 Uenlions de la subscriptio : Gai. 1, 94 ; C
Jutl. I, 23, 3; Dio. Cass. 69, I: Vit. Tac. 6; Carin. 10; C. ins. lat. 8, 1037»
col. 2, I. 7, 12 : lettre des colons du sallujs Buranitanus à Commode; 3, suppl
12336.— 8 L. 17. — 9/)ij. 4, 2, 13; 22, 6, 9, § 5 ; 42. I, 31. Trajan est très réservé
pour les privilèges {Dig. 27, I, 17, 76 ; 48, Î2, l ; Valic. frag. 233). — 10 Uai. I,
une cfinslitutio personalis qui confère une immunité,
un privilège', elle applique le droit existant par voie
d'interprétation '". Elle échappe à ce titre à la cassation
générale qui atteint les acta des empereurs dont la mé-
moire est condamnée par le Sénat". L'interprétation ad-
mise par l'empereur peut avoir une portée générale ; les
jurisconsultes rappellent alors constitutio generalis^-;
mais le plus souvent elle ne fait que trancher un cas par-
ticulier, quelquefois en se référant à des opinions de
jurisconsultes". Théoriquement, dans tous les cas, dès
le début de l'Empire, et non pas seulement, comme on le
dit à tort, depuis Hadrien '*, elle s'impose aux autres
autorités '°. En fait, elle n'a pas toujours cette influence
prépondérante, car les empereurs ne se prononcent pas
toujours dans le même sens"; beaucoup de rescrits
sont cités au même titre que de simples décisions de
jurisconsultes '■ et sont l'objet de critiques"; faute de
codification, beaucoup n'influent sur la pratique que par
l'intermédiaire des jurisconsultes ou ne sont connus que
par ouï-dire". Cependant les rescrits ont fini par faire
prévaloir l'interprétation du prince et de ses conseillers,
surtout depuis l'époque d'Hadrien où ils se multiplient
et prennent un développement exceptionnel, .\vant
Hadrien, ils renferment surtout pour les particuliers,
des concessions de privilèges, pour les magistrats des
règlements administratifs-"; quelques-uns cependant
ont déjà trait au droit civil et au droit pénal -' et ils ont
pu théoriquement inters'enir dans des procès. A par-
tir d'Hadrien, ils interviennent dans toutes les ma-
tières et surtout dans les procès. Hs acquièrent une im-
portance capitale pour la formation de la jurisprudence,
sur l'évolution du droit romain qu'ils modifient, surtout
en matière criminelle, dans le sens de l'équité et de
l'humanité et aussi sur sa diffusion dans les provinces,
avant et même après l'édit de Caracalla: de nombreux
rescrits sont applicables à tous les sujets sans exception -"-,
corrigent les erreurs commises par les nouveaux
citoyens dans l'application du droit romain, surtout
dans le monde oriental '-^
Le rescrit n'a de valeur qu'autant que l'exposition des
faits, présentée par une des parties, est exacte. C'est
donc au juge à s'en assurer; cette obligation est énon-
cée formellement ou sous-entendue-*. Quelquefois la
partie ne soumet pas au juge un rescrit défavorable à sa
cause^^. Quelquefois, au lieu de répondre directement
au particulier, l'empereur envoie le rescrit au magistrat
avec une copie delà requête et le charge d'examiner les
faits-'. Quelquefois le rescrit tranche le débat, comme
un décret. On peut attaquer par l'appel un rescrit
5; Dig. 1, 4, 1 : C. Just. C, 23, 3; Inst. I, 2, 6. — " Dig. ^, 3, 2, § l ; 48, 16, 16;
Vit. Macr. 13. — "2fiij. 11, 4, 1, § 2; 22, 6, 9, § 6 ; 26, 4, 1, § 3 ; 28, 5, 9, § 2 ;
33, 2, 89, § 1 ; 48, 2. 22. Trajan refuse un rescrit ^néral sur les chrétiens et
Hadrien une interprétation générale de la loi Fabia (Plin. Ad Trai. 10, 98 ; Dig.
48, 13, C/)r.). — 13 Dig. 37, 14, 17 pr.: C. Just. 2, 19. 2; 3, 4, C ; 5, 14, 6; 6, 38,
1 pr. ; 6, 53, 5, §2 ; 7. 4, 10 ; 5. 37, 4 ; 9, 41, 12. — " Les premiers jurisconsultes
qui citent des rescrits sont Ceisus et Julianus {Dig. 22, 3, 13; 4, 2, 18). — 15 Front. .
Ad Caes. 1, 6. — '6 Dig. 37, 14, 17 pr.; 18, 18, 1, § 26 ; 49, 14. 6 pr. — " Dig.
3, 2, 6, § 1 ; 11,7, ipr.; 13,7, 13 pr. ; 14,6, 3, | I ; 17, 2, 23, § 1 ; 33, 2, 1, § 14;
42, 8, 10, § 1 : 48, 18, 4 ; 49, 14, 28. — <8 Ibid. 12, 6, 26 pr. ; 34, 9, 18 pr. ; 42, 4,
7, § J6;42, 8, 10, § 1 ; 49, 1, 14 pr. ; 22, 1, 17 pr.; 48, 19, 8, § 1. — 19 Gai. 2,221;
Dig. 1,22, 2: 23, 2, 50 pr. ; 35, 2. I, § 14; 41, 4, 2, §8; 49, 14, 18, § 9. — 20 /)iff.
2, 12, 9; 29, I, 24: 48, 19, 5; Vatic. frag. 233. — « Dig. 48, 16, 16; 48, 18, I,
§ 11, 12, 13, 21; 27. 1, 17, § 6; Philostr. Vir. soph. 2, 1, 2. — 22 Gai. 1, 53.
— 23 Dig. 26, 2, 26 pr. ; C. Just. 2, 18, 6. — 2V Dig. 49, t, 1 ; C. Just. 1, 23,
7pr.; 2, 18. 6; 2, 11, 4; 10, 3, 1 ; voir Brisson, De formulis, 3, 23.— 25 C. Jtat.
4, 2, 1; 4.65, 16; 5, 11, I ; 5, 40, 1 ; 6, 2, 2. — 26 Dig. 3i, 1, 3; 42, I, 33; 48,6,6.
RES
RES
envoyé à un magistrat, sauf si c'est un rescril général'.
La langue officielle des rescrits est le latin 2, sauf pour
quelques-uns envoyés dans des provinces de langue
grecque, la plupart ù des assemblées provinciales ou à
des villes'. Il a la forme d'une lettre' dont les difTé-
rentes parties sont: en tète, le nom de l'empereur et celui
du destinataire, soit au datif avec ou sans salulem, soit
à l'accusatif avec arf'; puis le te.xte ; ensuite la sub-
scriptio proprement dite, la signature de l'empereur de
sa main, avec les mots scripsi ou rescripsi, vale'^, le
contre-seing de l'employé de la chancellerie qui a vérifié
la conformité de l'acte avec la décision de l'empereur,
exprimé par le mot l'ecoynovi ou par une expression
analogue'' ; enfin l'indication du jour de la signature
impériale, précédée du mot data ou rescripla*'. Dans
les recueils juridiques les parties accessoires ont dis-
paru ; il ne reste que la date généralement précédée de
l'abréviation pp. {proposila)^. Ce mol paraît indiquer
une publication, un affichage officiel. Certains rescrits,
en effet, ont été réellement affichés à Rome, au m' siè-
cle'*. L'affichage a-t-il encore lieu sous Dioclétien",
dans les différents lieux où l'empereur ne fait souvent
que passer ? C'est peu probable ; la date est peut-être
celle de la signature et le mot proposita a pu être em-
prunté à tort au formulaire du Bas-Empire '-. La minute
du rescrit reste probablement aux archives impériales
dans les commenlarii '^, qui forment peut-être un
volume par an ou tous les six mois'' [commentarilm] :
l'original parait avoir été généralement adressé aux par-
ticuliers ou quelquefois affiché; on peut obtenir des
copies soit de la minute soit de l'original, avec le sceau
des témoins '■'.
L'empereur est assisté dans l'examen des requêtes par
son conseil [consilium prini.ipis] et par les fonctionnaires
de la chancellerie chargés de la rédaction des rescrits.
Pour les réponses aux magistrats il y a I'ab epistulis.
Pour les réponses aux particuliers on connaitsousTibère
un affranchi a subscriptionibiis^'^; il a été probablement
remplacé sous Claude par Va libellis qui a sans doute
alors en même temps les fonctions d'à studiis''; plus
tard Va studiis fait probablement les recherches néces-
saires [sTUDiis Al et l'a libellis a la rédaction ; aussi trou-
vons-nous dans cette dernière fonction beaucoup de
jurisconsultes'" [libellis (a)] ; au m" siècle intervient
également l'a memoria i epistulis (ab), p. 723-72iJ.
H. Bas-Empire. — On distingue les adnotationes,
annotations brèves, mises en marge de la requête, et les
1 Dig. M, 4, 3; ii, C, 9, § 5. ~ 2 Réponses en latin à des requêtes écrites
en grec, au tibellus des Paeanislae de Rome, par .'^évère et Caracalla (C. ins. lai.
6, 31330); à la ville de Smyrnc par Antonin (Ibid. 3, 411); au.\ Skaplopareni par
Uordieu, aui colons do Plirygie (Ibid. suppl. 12330. 14191) ; sur un papyrus bilingue
d'Egypte (Wessely, Ein bilingues .Vajestûlsi:ersuch, Vienne 188» ; Wilcken, Berl.
fhil. Wochensch. 1888. p. 1205). — 3 J)ig, i, 16, 4; 5, 1, 37, 48; 8, 3, 16; 14, J,
9: 16, 1, 2, § 3: 27, I, G, § 2, 7, 8 ; 48, 3, 3; 49, I, I, § I ; 49, 1, 25; 50, C, 6, g 2,
6; C. Juat. 4, 24, 1 (depuis Hadrien jusqu'à Sévère) ; Euscb. Uisl. eccl. 4, 13.
— Voir Brisson, De form. 3, 23-50; Bruns, Die Unterschriflen in den rôm.
HecUsurkvnâen. Berlin, 1876. — » Quelquefois il y a le mot have{C. Just. 9, i,
11). — OC. ins. lat. 8, 10570, I. 49; 3, 411, 412, suppl. 12336; i, 1423; 9, 5420;
cf. 3, 13C40 (de 527) ; Vit. Comm. 13,7: in subscribendo tordus ita ut libellis una
forma mullis subscriberet. — ^ C. ins. lat. 8, 10570 ; 3, 411, suppl. 12330, 13640.
A3. 411 on ne sait s'il s'agit du dix-neuvième employé dans les mots recognovi
undeiicensimus. — 8 A. C. ins. lat. 3, 411 il y a acl{um). _ 0 a y a quelques
formules absurdes, telles que p. p. ou subscripta sine die et consule (C. Just. 2,
11, 1 ; 8, tO, 11). — 10 C. ins. lat. i suppl. 12330 : ex lihro libellurum resci-iplo-
rum et propositorum Romae in porticu Ihermarum Traianorum ; C. Just.
2, 3, 5 ; 2, 56, I ; "8, 39, l (sous Caracalla). L'affichage serait aussi prouvé pour
l'époque de Trajan par \it. Macr. 13, eu adoptant avec Monimsen la lecture pro/'ci-
rescrits proprement dits '"; ces derniers portent, comme
les lois, en général, différents noms: lex, epislola, prae-
ceptio, oraculum, ?-esponsiim, sunctio, a/fatus princi-
pis, sacri apices, sacrae lit/erae, sacra auc/oritas,
bénéficia specialia, indulgentia, indultum sacrum,
sacrajussio-". Les rescrits adressés aux particuliers sont
de plus en plus nombreux, surtout en matière adminis-
trative; mais, n'ayant pas de portée générale (sacra
generalitas), ils ne figurent pas dans les codes. En ma-
tière judiciaire, ils renferment des indications qui lient
le juge, toujo-ars obligé d'ailleurs de vérifier les alléga-
tions, les preces-'; celui-ci les reçoit des demandeurs
avec leurs requêtes et les communique aux défendeurs au
moment de la litis denuntiatio ou même de la citation;
les défendeurs peuvent prouver que les rescrits reposent
sur de fausses affirmations [praescriptio mendaciorum),
qu'ils ont été obtenus à tort [subreplio, obreptio) ; mais,
autrement, le juge doit en tenir compte, ne pas en diffé-
rer l'exécution , l'instance [conieslatio) est commencée
dès l'envoi de la requête à l'empereur; les rescrits peu-
vent être allégués par les héritiers et pour les héritiers;
l'appel est impossible contre les rescrits, sauf s'ils ont
seulement tranché une question préjudicielle. Us ne sont
valables en général, et surtout en matière fiscale et
administrative, que s'ils sont conformes aux lois et à
l'intérêt public -^. C'est le rôle des magistrats, et en par-
ticulier des préfets du prétoire, de faire prévaloir les lois
propres contre les rescrits obtenus par la faveur, la cor-
ruption, la surprise, aux dépens du fisc, des curies, des
corporations, des offices, en général du bien public -^
L'empereur exerçant maintenant directement le pou-
voir législatif, les rescrits adressés à des magistrats sont
presque des lois; en matière judiciaire, ils ne sont
cependant encore valables que pour le cas particulier,
sauf s'ils sont conçus en termes généraux ou fixent
expressément une règle générale '-'. En matière adminis-
trative, émis comme réponses à des relaliones ou sug-
gestiones de magistrats, ils constituent des règlements
de portée générale [relatio]. Ils peuvent être envoyés
soit directement à. un magistrat ou à tous les magistrats
de la même catégorie-'', soit aux préfets du prétoire
chargés ensuite de les leur transmettre. Ils sont, en géné-
ral, affichés et portent les mêmes indications que les lois
propres, la date de l'émission pour l'empereur du lieu
de son séjour [data) -', la date de la réception par le ma-
gistrat soit supérieur, soit inférieur [accepta]-'' , la date
de l'affichage [proposita). L'affichage a lieu générale-
renlur et le sens que Trajan n'aurait pas répondu par voie d'afficiiage. — U Vet.
Jurisc. consult. 5, 6, 6, 13, 15, 17 ; 6, 17 ; Vat. frag. 275, 276 ; C. Just. 2, 3, 22,
23,25; 4, 20,6; 4, 29, 16; 4, 31, 12; 4, 34,9; 6,56,4; 6,30, 7; 7, 16, 16; 7, 32,
8 ; 8, 27, 1 1 ; 8, 55, 4 ; 9, 22, 13 ; cf. 8, 55, 4 et 8 ; 47, 6 ; 2. 3, 21 et 9, 20, 9-1 1.
— 12 Comme le mot accepta (5, 3, 5 ; 8, 38, 1). — 13 Plin. Ad. Trai. 65, 66, 95,
105. — 1* On ne sait si les Semestria des rescrits de Marc-Aurèle sont un recueil
publié tous les six mois ou un recueil annuel divisé en deux parties {Dig. 2, 14,
46; 18, 7, 10; Inst. 1, 25, 1; Basil. 11. I, 45 Schol.). — 15 C. ins. lat. 3, 411 ;
Suppl. 12336 ; C. Just. 1, 23, 3. — 16 Ibid. 6, 5181. — " Senec. Ad Polyb. 6, 4
S; 5, 2; Suet. Claud. 28. Voir Biiclieler, M. .Vus. 37, p. 327. — IS Dig. 20, 5, 12
pr.; Vit. Nig. 7. — 13 C. Th. 1, 2, 1. — 20 Voir Godefroy, Ad. C. Th. 1, 2.
— ^Ubid. 1, 2,4; Symmach. jFp. 10,32, 46. — 22 C. TIt. l, 2, 2, 3, 10 ; I, 22, 2, 3;
2, 4, 1, 2 ; 2, 7, 1 ; C. Just. 1, 19-23 ; Nov. 1 12, 3pr. ; Symmach. Ep. 5, 66; 10, 62.
— 23 C.Just. 1, 19, 7; I, 22, 6; 10, 27, 1 ; 11, I, 30; II, 13, 1 ; H, 27, 1; 11, 06,
8, 13; C. T'A. 1, 2, 2, 6-9 ; 1, 5, 3; 5, 12, 2, 5, 14, 30, 32; 8, 4, 20; 12, I, 102,
137; iVov. Valent. III, 4. — 2i C. TIt. ), 2, Il ; 8, 17, 4; C. Just. 1, 14, 2, 3.
— 25 C. Th. 1, 15, 3, 12; 1, 2, 6; 1, 16, 1 ; 6, 26, 8 ; 6, 28, 4 ; 8, 7, 11 ; 8, 8, 1 ;
H, 28, 9; 12, 1, 13, — 2ti Ou directa, emissa, subscripta. — 27 Ou recepta,
lecta apud ucla ou actis {C. Th. 2, 1, 3 ; 6, 30, Il ; 2, 12, I ; 4, 6, 3 : Vatic.
frag. 33).
H ES
— 816
RES
ment dans la résidence du magistrat supérieur' et dans
les principales localités delà province': il s'applique au
texte dclaloi et;\ l'instruction du magistratsupérieur, qui
l'accompagne yedirtum , programma , litterae, episliila] '.
Pour la rédaction et la promulgation des rescrils,
le rôle principal appartient au questeur du palais [ouaes-
TOR, p. 800 . Cependant, à côté de lui fonctionnent encore
les chefs des trois scrinia, le magis/er memoriae, le
tnagisterlibellorum, et le magisfer opiglolariim. Le pre-
mier' rédige et expédie les adnolationes, qui n'ont la
valeur ni d'un rescril ni d'une lettre; il répond égale-
ment aux requêtes (preces) des particuliers avec la
collaboration des deux autres chefs des bureaux proba-
blement charges de faire les recherches et le rapport ; le
troisième répond aux requêtes des magistrats {consul-
tationes)^ I^relatioI. Ch. Lêcrivain.
RESIDUAE PECUXIAE. — Ce mot désigne en droit
romain les deniers publics dont un magistrat est rede-
vable envers l'Etat quand il a rendu ses comptes de
gestion. Le refus de les verser au trésor constituait un
délit analogue au péculat et qui fut sans doute, à l'ori-
gine, poursuivi et puni delà même manière [pecllatls]'.
Une loi Julia, de César ou d'Auguste, qui est donnée
comme ditl'érente de la loi générale Julia sur le péculat-,
adoucit la peine : pendant un an après la fourniture des
comptes, le magistral est considéré comme un simple
débiteur: il tombe ensuite sous le coup d'une action
publique qui comporte outre le remboursement et l'infa-
mie, une amende pénale du tiers de la somme ^ L'action
principale subsiste contre les héritiers qu'atteint, con-
trairement aux règles générales, même l'amende pénale'.
Cette peine est aussi appliquée contre l'emploi illé-
gal de sommes allouées par l'Etat-. Dans le droit muni-
cipal, d'après la loi de Malaca', le comptable de deniers
publics et ses héritiers doivent, dans les trente jours qui
suivent la fin du mandat, rendre leurs comptes et verser
le reliquat ; autrement, ils encourent une action publique
avec le remboursement au double [magistratus mumci-
PALES, p. 154:2 . Ch. Lf.crivain.
RESPOXS.X PRUDEXTIL'M 'prudentium RESPO.nsaj.
RESTI.\RILS.RESTlO.n).oxc0;,XivoirXoxo;,(r/otvo:t"Adxo;,
cyo'.vo'îTSÔoo;, ffyo'.v'.odjaêoXsûç, ayo:vouç,y6i, xï^toorpôsoç,
tu.ov.oiTpôs'/i;. Cordier, fabricant et marchand de cordes '.
l. — Sur les matières végétales dont les anciens se ser-
vaient pour fabriquer leurs cordes Pline, nous a conservé
des détails évidemment puisés à bonne source'-. Les
principales étaient les suivantes :
1 t'. TA. 1,9, 1 : 6, 3i, 7; 13.3, i9; C. iiu. gr.iliî; C.ins. laH,î. 31893,31301.
— 2 C. Th. 11. Î7, I lEuseb. Hisl. eccl. 9, l, ï. — 3 C. T'A. 9, +3, U; 13, 11, U ;
JVov. Valent. III lit. 2, ïet 4, S*; 3, 5 ; *. 1 ; 18, 16. — »C. T'A. 1,2, 1; A'o(i(. Or.
19 ; Adnotation^s omnes dictât et emittit^ precihus respondet ; Notit. occ. 17.
— » \otit. Or. 19 ; Occ. 17 : Maqister epistolartim legationas civitatum et con-
sultationes et preces tractât ; magist'V libellorum cotjnitiones ut preces tractât;
Ùig.prooem. 9 ; Ammian. 20, 9, 8 ; C. Th. 1 , 2, 9. — BiBl.ior.n»l>Mm : Rein, Dos Pri-
ratrecht der Bômer, Leipzig. 1S58 ; Cuq, /^e consitium principis dWtiguste à Dio-
ctétien [Mémoires de i learf. Inscr. et Bettes-lettres, 1884); Karlowa, Rôm.Rechts-
gesehichte, Leipzig, 1885, p. 646.654; MommseD, Le droit public, trad. Girard, V,
p. 185.197; Krtiger, Histoire d<;s sources du droit romain, trad. Brissaud, Paris, 1894,
p. 12H47 ; Lafoscade, De epistulis imperatorum magistratuumgue Romonorum,
Lille ,1902; HirscUfeld.flie kaiserliclien VeTwaltungsbeamten,Betlia, I90^,p. 324-333.
ResiDCAE PECCMAE. ■ Procès de péculat en 66 av. J.-C. contre les béritiers
de Sylla pour pecunine msiduac, appelées aussi pecuniae repetundae et aussi pour
détournement d'argent public et de butin (Cic. Pro Clu. 34, 94 ; De leg. agr. I, 4,
12; 2, 22, 53 ; Ascon, p. 72). — 2 //«(. 4, 19, Il ; Dig. 48, 13, 2, 5 pr. Cependant
à Dig. 48, 13 icf. 22, 5, 13; 48, I, Il il n'y a qu'une loi. — 3 Dig. 48, 13; 11, §6;
4, § 5. — » Dig. 4S, 13, 16. — 3 Jbid. 48, 13, 2, 5 pr., S 1-2. — 6 Cap. 6 (C. im.
/i(.2, 196»).— BiBLiouRAPUic. Uotnnisen, Sirafrecht, Leipzig, 1899, p. 764-767, 771.
1° Le lin (Xi'vov, linum). Nous n'avons rien à dire ici
de la culture et de la préparation de cette plante [linùm].
Il convient seulement de remarquer que les Grecs l'em-
ployèrent très anciennement dans la corderie, comme
l'indique un témoignage de Pline à propos d'Homère ^
2° Le jonc {1/0110%, j une us] a dû rendre les mêmes ser-
vices de très bonne heure ; car le mot par lequel on
désigne cette plante désigne également la corde qui en
est faite, et a donné naissance au nom du cordier, <r/o;-
vottXoxoç '. Deux variétés surtout étaient appréciées ; le
jonc oÀoT/otvoç {scirpus holoschoenus L.), plus charnu
et plus souple, et le jonc mariscus, très employés aussi
l'un et l'autre dans la vannerie [vimi.narius] ■'.
3° Le chanvre (xs'vvaê!;, cannabis) c si utile à la fabri-
cation des cordages, dit Pline, s'arrache après la ven-
dange; on le teille dans les veillées. Le meilleur est celui
d".\labanda (Carie), dont on se sert surtout pour faire
des lilets [rete] et qui offre trois variétés : la (liasse, la
plus voisine de l'écorce ou de la moelle, est la moins
bonne ; la plus estimée est celle du milieu, nommée,
pour cette raison moyenne ([Aétr»), mesa). On place au
second rang le chanvre de Mylasa (Carie). Pour la
taille, celui de Rosea, dans la campagne Sabine, égale
la hauteur des arbres". » 11 est encore question, dans les
textes, d'une plante dite /.euxéo, XeuxoXivov ' . ou « lin
blanc », dont l'identification est mal établie. Suivant cer-
tains savants, ce ne serait pas un lin, mais un chan^Te,
parce que le lin ne serait pas assez résistant pour qu'on
en puisse former au moins les plus grosses cordes, telles
que les câbles nécessaires à la marine et à certaines
industries. Quant à l'étoupe (cttùttyi, stuppa), ce n'est
autre chose, comme on sait, que la partie du chan\Te la
plus grossière; il n'est pas douteux que les cordiers
l'utilisaient comme le reste [stlpp.ator j *.
4° La feuille du palmier ((poïvi-, palma) fournissait la
matière de cordes excellentes ; elles passaient pour résis-
ter mieux que les autres à l'action de l'eau. On en fai-
sait un grand usage dans tout l'Orient et les Grecs ne
l'ignoraient pas'-'. On cueillait les feuilles après la mois-
son; on les faisait sécher sous un abri pendant quatre
jours, puis on les étendait au soleil; on les laissait à
l'air pendant la nuit, jusqu'à ce qu'elles fussent sèches
et blanches, après quoi on les fendait pour les mettre en
œuvre '".
0° Il faut citer encore les membranes qui tapis-
sent le bois du tilleul ((^iXJpa, tilia), en-dessous de
l'écorce, quoique les cordes fabriquées avec cette matière
RESTIARICS. HE.STIU. 1 Poil. 11, 28 ; VII, 172; Epicli. ap. Diog. Laerl. 111, 14;
.Nonn. Pa'-apUr. Joh. 21, 9; Consl. Manass. CAroii. p. 93. 131 ; Gloss. gr. lai.;
Hippocr. p. 1120 f;Schol. Arislopli. Pac. 36,37, 48; Plut. Tranqu.an. 14. p. 473 c;
Poil. VII, 60; Schol. Aristoph. Han. 1297, Poil. I, 84; VII, 60; Plut. Pericl. 12;
Fronto. p. 2201 : Suel. Aug. 2; Laber. ap. A. Gell. X, 17, 2; XVl, 7,6; Plaut.
Most. IV, 2, 2. — 2 Plin. Hisl. nal. XIX, § 25-31. — 3 Plin. XIX, § 25 sur
les agrès des vaisseam homéri.|ucs : Hom. //. Il, 133. Cf. Varr. ap. A. Gell. XVII,
3, *; TJ. r. I, 22. 1 et 23. 6; Poil. V, 26: Artemid. Onirocr. III, 59, etc. ; Phot.
p. 579. 3; Hesycb. s. v. ti^fn.U; ; Etym. M. p. 753, 10 ; Zonar. 1718: Ael. .V. an.
Xll, 43 ; Anthol. Pal. IV. 1, 30. — 4 Déjà noté par Plin. XIX, § 31; Varr. fl. r. I,
22, I :23, 6. - -iTlieoplir. U. pi. IV, 12, 1 : .\eschin. Il, 21 : Ael. N. an Xll, 43;
darpocr. s. f. ; Phot. p. 329, Il ; Plin. XXI, § 112-114. — epiin. XIX, § 173-174;
Paul. p. 357. 1 ; Fcst. p. 356 A, >i ; Alhen. V, p. 206 F; Varr. R. r. I, 22, 1 ; 23, 6;
ni, 8, 2 ; Colura. VI, 2, 3 ; Xll, 52, 8 ; Plin. XIX, § 29 ; Varr. ap. A. Gell. XVII, 3, 4 ;
Poil. VII, 176. — THerodot. VII, 23 et 34; Salmas. Exerc. Plin. p. 538; Hehn,
Kulturpfl. u. Bauslh. i, p. 144; Corp. insc. gr. 155, U ; Aelian. iV. an. V, 3;
Xll, 43; Arlem. Onir. III. 59 ; AtUen. V, p. 206 F ; Eust. Ad Od. II, 426. p. 1453,
10 ; Gloss. gr. lat. iiijxat'a ; 2323 4. 1. 79. Blûmmer, L. c. p. 293, note 6. — ' Varr.
ap. A. Gell. XV11,3, 4. — sPlin. XIII, §30. XVl. §89 ; XIX, §31; Varr, fl. r. 1,22,1.
— 10 Plin. XVl, § 89; Rliimmcr, i. c. p. 299.
RES
8i7
RES
aient été beaucoup moins communes que les autres'.
6° Les décliets du papyrus, inutilisables pour la pape-
terie, avaientleur emploi dans plusieurs autres industries
[papyrus] : avec récorce la plus épaisse, impropre à
recevoir l'écriture, on tressait notamment des cordes
très solides, qui rendaient de grands services aux
Orientaux. Antigone, roi de Syrie, n'en avait pas d'autres
dans sa marine '-.
7" La cordelette de paille [stramenlum], appelée par
les Romains napiira, n'était qu'un article rustique ; on
en faisait des liens pour les porcs ^
8° Entre toutes les matières végétales aucune, le
chanvre excepté, ne pouvait entrer en comparaison, à
l'époque romaine, avec le sparte (iTtâfTY], spartum). Mais
il ne fut pas connu en Grèce et en Italie avant les
guerres puniques, du moins comme matière d'un
usage courant. Il y a, sur ce point, une tradition qui
remonte à l'antiquité même, qui a été recueillie par
Varron et par Pline, et contre laquelle il serait ha-
sardeux de s'inscrire en faux'. Le sparte, disent ces
auteurs^, croissait spontanément en Afrique; de là, les
Carthaginois le transportèrent en Espagne, quand ils
furent devenus maîtres de ce pays, et enfin les Romains,
à-leur tour, l'adoptèrent, et le répandirent dans tout le
monde ancien. Certains savants modernes identitient le
spartum avec le genêt d'Espagne {slipa lenacissima L.).
Il est plus que probable que cette plante n'est autre
chose que Valfa [lijgeum spartum L.), que l'Algérie
nous fournit aujourd'hui en si grande quantité et qui a
repris un des premiers rangs dans notre « sparlerie >''.
Pour l'arracher, comme elle est très dure et coupante, on
secouvrait les jambes avec des guêtres [ocreae], les mains
avec des gants [mamcae], et on tirait sur les tiges en les
roulant autour d'un os ou d'un bâton. Après les avoir
éparpillées au soleil pour les sécher, on les faisait rouir
[macerare) dans de l'eau, de préférence dans de l'eau
de mer; on les battait au maillet {/iiiidere, malleare),
avant de les mettre en œuvre; pourtant on pouvait aussi
se dispenser de cette dernière opération et employer le
sparte non battu {criidum]''. La réputation des cordes
de sparte sous l'Empire était universelle; Pline s'émer-
veille de ce que le sparte, qui sert en tous pays pour le
gréement des navires, les machines de constructions et
tous les autres besoins de 1 existence\ soit le produit
d'un territoire de la côte de Carthagène, qui a cent milles
de longueur sur trente de largeur : les frais de transport,
dit-il, en seraient trop élevés, si on le tirait de plus loin.
On peut douter du fait et de la raison qu'il en donne.
Déjà Caton ' mentionne les cordes de sparte que l'on
fabriquait à Capoue. L'artisan qui tressait le sparte
portait à l'époque impériale le nom spécial de an^oTon-
Xôxoç ou i7-;iapT&7rwXT,i; '". A sa profession se rattachait
' Theophr. IV, 15, 1: Allicn. .VV, p. 079 D; Fhol. p. C+9, îti : Pllu. XVI,
§ 65; XIX, § 31. - 2 Hom. Od. XXI, 391; Herod. VII, 25 el 34; VIII. 2(i ;
Theophr. S. pi. IV, S, 2; Plin. XIII, § 72, 73, 7C ; Pallad. Jl. r. III, 31.
— 3 Fesl. p. 165 el 169 A, 22. — <• Sur les ,7tàjT« d'Ilom. /(. Il, 135, voir la
discussion de Varr. ap. A. Cell. XVII, 3, 4; Plin. XIX, § 26, 32; Hehn, Kul-
turpflnnz. u. Uauslllwre^, p. 513; Lenz, Botanik. d. Or. p. 234; Yalcs, Textn-
num mit. p. 31K; Blummcr, i. c. p. 294. - 5 Cf. Mcla, II, 62; Juslin. XLIV,
I, 6. — 6 Lillré, Dicl. ». i\ ; Ameilhon, Mém. de f/nsl. LMcrut. et arts, l. Il,
p. 530, 5(2. — 7 Plin. L. c, Colutn. XII, 19, 4. — » Plin. i. c. el XIII, § 73 ;
XXXV, § 137; Cal. /i.r.3,5;T. Liv. XXII,20, 6; Varr. H. r. 1,23,6; Colum. XII,
52, 8 ; Alciphr. Ep. Il, 4, 15 ; Aelian. .y. an. XII, 43; Poil. VII, 181 ; Cratin. ap.
Poil. X, ISU. — 9 //. Jtust. 135, 3. — 10 Poil. VII, 181; Phol. p. 529, 2Ù.
— " Edict. Hiocl. XI, I, 3, BliJmraer. Nolons ici, pour finir, que Vagaur, vul-
aussi très souvent la fabrication des lilets [rete] et
de tous les articles de vannerie [viminarius].
9" En Orient, les cordes en poils de chèvre et de cha-
meau ont dû être de tout temps aussi communes qu'elles
le sont aujourd'hui. L'Édit de Dioclétien fixe à dix
deniers (Ofr. 33 environ) le prix maximum de la livre
de poils (327 gr 43) façonnée pour cet usage".
10° Dans certains gros travaux qui exigeaient un grand
déploiement de force, on adaptait aux machines des
câbles formés de lanières de cuir {lora), tordues
ensemble; c'était ce qu'on appelait funes lorei. Dans
une exploitation rurale, par exemple, cette catégorie
comprenait surtout les fuites torcull destinés au pressoir
[torcular, olea, fig. 53881, et les cordes nécessaires au
chargement des plus lourds chariots. Caton nous a laissé
des renseignements précis touchant la préparation des
cuirs avec lesquels on fabriquait ces accessoires '^
II. — Ce que nous ne connaissons guère, ce sont les
procédés usités en général dans les ateliers pour la fabri-
cation même des articles de corderie. Il est vrai qu'on
peut, à la rigueur, fabriquer à la main, sans le secours
d'aucun appareil, une corde grossière. C'est ainsi que les
artistes de l'anti-
quité ont repré-
senté le légendaire
Ocnos, tordant en-
tre ses doigts" la
corde que son âne
mange à mesure
(fig. 5926); mais
il est peu probable
que l'on se conten-
tât ordinairement
d'un procédé aussi
lent et aussi pri-
mitif. Et, en effet,
quelques textes "
nous montrent,
quoique en termes peu explicites, que les anciens ont
connu l'appareil très simple appelé « rouet », dont on
se sert encore aujourd'hui dans les campagnes et les
petites villes. On ne peut guère se figurer autrement
ce que ces textes nomment TooyOâix, (jujaÇoXeûç, op^avov
(7U[AêÔAtov, (. que l'on fait tourner pour la torsion des
cordes, aTps^o'jxevov T?| Twv ayoïviiov (T'jaTrXoxrj. >> ''. L'opé-
ration commençait, comme aujourd'hui, par la forma-
tion du fil simple ou « fil de caret » (Xivov) avec les
filaments que l'ouvrier conduit doucement entre le pouce
et l'index en marchant à reculons : c'était là la première
unité [stuppator]. Puis trois fils de caret « commis »,
c'est-à-dire assemblés et tordus ensemble (auixSxU^iv,
Tju.TtÀéxeiv, lorquere), formaient un " toron » (xdvoç,
gairciueol appelé atoés, dont la fibre serl aujourd'hui à la fabrication des meilleures
cordes, n'éUil pas connu des anciens ; il nous est venu de TAmérique du Sud.
-12 Cal. H. r. 135, 4. - 13 Pausan. IX, 39, 2 : Ui,». ,,.„..iov ; Plin. B. Nat.
XXXV, 11, 40; .. spartum tori|uens ». Ce travail est représenté dans le dessin
du Codex Pighianus, qui reproduit un sarcophage de Rome, publié par
0. Jahn. dans les Bcrichte de Siichs. Gesellsch. d. Wiss. 1856, pi. Il, d'où est
tirée la fig. 5926. Voir encore Visconti, Alus. Pio. Clem. IV, 36 ; Hofer, Oknos, dans
Roscher, Ausfillirl. Lex. d. Mijthol. col. 822. - H Dans Aristoph. Pac. 33, il ne
peut être question que des hommes de peine qui poussent devant eui sur le sol du
port les gros rouleaux de câbles destinés à la marine. Ce passage, objet des inler-
prélatious les plus divergentes de la part des scoliastes, ne nous apprend donc rien
par lui-même. — i: Scol. ad Aristoph. L. c. ; Hero, Mathem. net. p. 126 c ; Hesjch.
s. f. «unôoici;; Blijnimer, L. c. p. 301.
- 5926. — Ocnos tordant sa corde.
RES
— 848 —
RES
xwÀov, tnni.'i'. Trois torons assemblés l'ormuionl le ràble
dit pour cette raison èvv^iXivoç. puisqu'il comprenait neuf
lils de caret. C'était là l'article de grosseur moyenne.
Mais on pouvait aller jusqu'à quinze (ils par loron, ce
qui donnait des cordes à quarante-cinq tils (irsvTsxaiTeir-
<ri:axovT»>'.vo!l. Enhn, comme dans nos ateliers, il y avait
aussi des torons à quatre tils, d'où les cables à douze
et à seize (oo^osxiÀtvo! et sxxuSsxâXivot) ', Il est regret-
table que les monuments figurés ne nous soient ici
d'aucun secours. On ne peut alléguer qu'une peinture
égyptienne (fig. 59-27). où sont représentés des cordiers
Fi2. 59i7. — Cordii
i <!gj-pti(
à l'ouvrage; au fond sont suspendus contre un mur des
paquets de cordes, finies et enroulées: un ouvrier assis
tient l'extrémité dune corde, qu'un de ses camarades
debout est en train de tordre avec l'aide d'un instrument
que l'on n'a pu encore identifier'-.
Parmi les principaux centres de cette industrie, si
nécessaire surtout aux peuples navigateurs, on cite au
V' siècle .Marathon; l'air y retentissait des chansons dont
les cordiers accompagnaient leur travail^ Au temps de
Caton. Capoue était le grand entrepôt de la corderie,
principalement de celle qui se fabriquait avec le sparte *.
Carthagéne et d'autres villes d'Espagne, sous l'Empire,
tiraient aussi des revenus importants de cet article de
commerce, brut ou fabriqué '. X Rome même, les
restiones étaient assez nombreux pour former une corpo-
ration ; l'inscription qui nous en a conservé le souvenir
provient vraisemblablement de la sépulture commune à
ses membres\ Auguste, s'il faut en croire une tradi-
tion maligne, comptait parmi ses ancêtres un cordier
de Thurium". Labérius avait écrit un mime intitulé
Restio*. Georges L.\F.\YE.
RESTIS (S/oTvo;, ff/o!viov, TEipi). Corde, câble.
Le terme le plus général pour désigner une corde était
funis; il est possible qu'à l'origine restis, comme <s-/oi-
vo;, s'entendit plus particulièrement de la corde de jonc
[resti.\ru"S ' ", mais le mot a fini par s'étendre à toutes
les variétés. Ruflens s'appliquait surtout aux câbles de
la marine-. Le commerce de la corderie comprenait
aussi, parmi les articles plus petits, la ficelle, les cor-
I Hom. OtI. XIII, 4» : XVII. Iifi; .^rUIopli. Equ. :1T : .Xenoph. Anah. IV, 7, 15;
Cyneg. II. 4 cl 5 ; X, î; Poil. V, iT : Cal. li. r. 135. 4. Blûinmer. p. 3i)i. — 2 Rosel-
liiii, itonum. cir. II. 65, 1 1 : Wilkinson, Manners aiid customs, III, I4i, n. 359 ;
Blummer. p. 303. fig. M. Conlrairement à l'opinion de Bliimroer, Wilkinson a sans
doute raison d'v voir une corde de cuir. Cr. Cal. /?. r. 135. 4. — 3 .\rlstoph. Han.
t;9û el Scol. arf k. l. — i Cal. H. r. 135. 4. — s Plin. H. n. XIX, § 20. il ; Mêla,
II. 6. i; Athen. V, i06 F. — * Corp. inscr. Int. VI, yR5»i. Inscr. fausse sauvent
cil^c : Vi (/. IX [faUae). 309. — 1 Suel. /ti/J. 2. — » Labr. ap. A. Cell. X, 17 : XVI.
7 : Ribl«ck. romic. rom. fragm. M898), p. 333. — BioijoiiiiAPHiE. Hugo Blûmo.er,
deaux. cordons, lacets [linea, finiculus], etc., et les
mèches pour les lampes elles luminaires de poix ou de
cire [fi'nalis, lucerna]. On trouvera des figures dans les
articles qui concernent les machines de guerre ou celles
qui sont employées à la construction et dans les
métiers, etc. macui.nae, torsientaj. Pour les amarres et
les cordages des navires, voirsurtoutNAvis, ancora, p. 37.
G. Lafaye.
RESTITUTIO Ii\ I.VTEGRUM. — 1. Droit civil. — Ce
mot' désigne en droit romain l'acte du préteur qui, par
des considérations d'équité, contre la rigueur du droit
civil, déclare tenir pour non avenu un acte juridique et
replace une partie lésée dans sa situation primitive-.
C'est un remède extraordinaire (aiixilium extraordi-
narium), accordé par le magistrat en dehors de sa juri-
diction, en vertu de son imperium, pour venir au
secours d'un citoyen qui n'a aucun moyen de droit
commun pour se proléger contre le résultat inique d'un
fait ou d'une omission excusable'. Le magistrat jouit
d'une très large liberté d'appréciation; elle n'a été limi-
tée que dans une certaine mesure par l'usage, l'édit du
préteur et plus tard par les lois, sénatus-consultes et
constitutions, qui ont déterminé la plupart des causes
légitimes de restitution. Le droit de restitution n'appar-
tient qu'aux magistrats supérieurs et, sous l'Empire,
aux préfets du prétoire de Rome; l'empereur le possède
contre ses sentences et celles de ses procurateurs et des
juges qu'il a donnés; il n'est pas accordé aux magistrats
municipaux, aux défenseurs des ci tés, aux juges pédanés;
il peut être exercé soit par le magistral lui-même, soit
par son successeur, soit, sous l'Empire, par un magistral
supérieur'. On ignore à quelle date remonte la resti-
tution. Il n'est pas probable qu'elle ait existé sous le
régime des actions de la loi^, ni même au début de la
procédure formulaire.
La restitutio in integrum s'entend au sens propre du
cas spécial où le préteur statue lui-même, par cognitio,
en rescindant une obligation ou une aliénation, ou en
refusant une exception, ou en ordonnant la restitution
d'une possession, de manière à terminer l'affaire lui-
même, in jure, sans renvoi devant un juge*. Mais, sans
doute de bonne heure, ce mol a été appliqué au cas où
le préteur, délivrant une action fictice [actio ficticia,
rescissoria), en supposant rescindée une aliénation ou
une extinction d'obligation, laisse au juge le soin de
statuer sur le foad de l'afTaire. judicio rescissorio''.
Enfin, on a considéré comme une application de la
restitutio in integrum le cas où le préteur accorde une
action arbitraire iti factum, de dolo, quod metus causa,
etc., en confiant au juge la mission d'affirmer l'existence
de la cause de restitution, en même temps que le fond
du procès, ou en accordant une exception metus ou doli
ajoutée à l'action pour une cause analogue'.
La matière de la restitution est régie par plusieurs
principes généraux. D'abord, dans la plupart des cas
Technologie u. Terminologie il. GeirerOe \i. Kùnste bei Gr. u. B. I '1875) p. 488.
RESTIS. I De Vit, Ler. s. r. d'après Mari. XII. 32 ; Plin. XVII. 11. 2; XX. 23,
î. — iRestis synonyme de rudens dans Plaul. Bttd. IV. 3, 97.
BESTITCTIO IN INTEGRL'M. ' Aussi integri res/i(u<io (Paul. Sent. I. 7, 1).
— 2 Dig. 4, 1, 1; Paul. L. c. t. 7, 1; C. Th. 2, 16, II. — 3 J)ig. 4, 4, 16: Senec.
Controv. 4, 20. — i Dig. 4. 4, 17. § 5; 18 pi-. § 1-4, 42 ; 50. l. 26. § l ; C. Jutt. 2,
27, 3; 2, 47, 1. — 5 Le Icite de Térence {Phorm. 2, 4, 9) se rapporte au droit
grec. —6 Dig.i, 1, 7. § 1 : 4, 2, 2t,§ 6; 4.4, 13, g 1. —^ Dig. i. 4, 13. 27, § 1:
12, 2, 9, §4; 4, 2, 9, § 3; 11, 1, IS; C. Jnst. 2. 54, 3.-8 Paul. Sent. 1, 7, 4.
RES
— 849 —
RES
elle n'est accordée que cognita causa, après examen des
circonstances'. En second lieu, elle doit être demandée
dans le délai d'une année utile, à partir du moment où
on a pu la réclamer, par exemple à compter de la cessa-
lion de la violence, du retour de l'absent, de la majorité ;
pour la restitution des mineurs, Constantin porta le délai
à cinq ans à Rome et dans les cent milles de Rome, à
quatre ans dans l'Italie, à trois ans dans les provinces;
sous Justinien, le délai fut pour tous les cas de quatre
ans continus^. Il faut ensuite de la part du demandeur
une lésion d'une certaine importance, qui ne résulte ni
de son délit ni de son dol ni d'une faute peu excusable,
qui ait pour cause la rigueur du droit civil, et la resti-
tution ne doit jamais aller contre la liberté une fois
acquise ou reconnue par jugement'. En quatrième lieu,
elle n'est concédée qu'en l'absence d'autres voies de
recours ' ; sauf cependant dans les cas de dol et de
contrainte, où elle coexiste avec les actions prétoriennes.
Enlin il faut une cause équitable de restitutions
Six principales causes de restitution, dont nous ne
pouvons retrouver l'ordre chronologique, ont été établies
successivement, la première applicable seulement aux
mineurs.
1" Oh aetatem. — La restitution peut être accordée par
le préteur, selon son appréciation, aux mineurs de vingt-
cinq ans contre leurs propres actes et contre ceux de
leurs tuteurs ou curateurs, qui, sans tomber sous le coup
de la loi Plaetoria, leur ont causé une lésion, qu'il
s'agisse d'un appauvrissement ou d'un gain manqué,
que le mineur ait, par exemple, répudié une hérédité
avantageuse, négligé de faire valoir un moyen en justice,
laissé s'accomplir contre lui une usucapion, périr un
droit d'usufruit ". La libre appréciation du préteur
s'étend soit aux conditions et à la forme, soit à l'étendue
même de la restitution '. Le mineur qui a traité par
contrainte, peut opter entre la restitution et l'action quod
meliis '. Cette protection accordée aux mineurs les
mettait souvent, d'autre part, dans l'incapacité de con-
tracter ; de là vint la concession par rescrit, aux femmes
à dix-huit ans, aux hommes à vingt ans, de la venia
aetatis qui a pour effets de rendre la demande en resti-
tution non recevable pour les actes futurs du mineur, de
faire courir le délai pour les actes antérieurs, sans
cependant amener la déchéance avant vingt-cinq ans, et
de faire cesser la curatelle '
2° Ob absentiam '". — La restitution pour absence
s'applique à tous ceux qu'un obstacle légitime a empêchés
d'agir en temps utile; l'obstacle peut être, par exemple,
une juste crainte, un service public ou municipal quel-
conque, un emprisonnement, une servitude de fait et non
de droit, une captivité du demandeur", ou une situation
particulière qui empêche de poursuivre l'adversaire.
< Ibid. 1, 7, 3; Dig. 4, 1, 3; 4, 4, 16, § î-3 ; C. Jutt. i, 25, 3. - 2 Dig.i, 4,
19; 4, 6, 28, § 3, 4; 44, 7, 35; C. Just. 2, 53, 5-7; C. Th. 2, 7, i; 2, 15, i ; i. 16,
2.-3 Dig. 4, 1, 4; 4, 3, 7; 4, 4. 3, §6, 6, 7, §5, 9, § 6, 10, 16, 34, § 1,48, S 1,
49; 4, 5, 2, §4; 4,6, 15, §2, 16, §26, 18; 10,4, 9, § 2, 37, § 1 ; 39,4, 16, §9; 47, 12,
6; 49, 1, 9; C. Jutt.i, 3!, 1; 6, 23, 2.-4 Dig. 4, 4, 10; C. Juit. 11. 29, 3.
— 5 Paul. Sent. 1, 7, 2; Dig. 4, 1, I. — 6 c. Jtat. 2, 22, 1 ; 2, 23, 2, 3 ; 2. 27 ;
Dig. 4, 4, 1, 3. § 8, 7, § 6-9 et 11, 2.ï, § 5, 26, 29 pr., 47 pr.; 12, 2, 9, § 4, 44 ;
C. Gregor. 3, 1 ; Paul. Senl. 1, 9. — 7 Dig. 4, 4, 13 pr. § 1-4, 45; C. Just. 2,
24, 1-2 ; Paul. Senl. 1, 7, 4; 1, 9, 6. — 8 Dig. 4. S, 21. §6. — 9 C. /usl. 2, 43, 1 ;
2, 33, :i; 5, 74, 3. - 10 Déjà dans Cic. Verr. 2, 2, 26, 03; Dig. 4, 6; 4, I, 1.
— " Dig.i, 0, 2-7, 9-11, 33-38, 42, 43; 30, 16, 224; C. Just. 2, 64,2. — 12 Dig.
+, 6, 51-26. — 11 Dig. 4, 6, 26, 28, 33, 40. Dans le S. C. De Asclepiade le Séoat
accorde à trois alliés et amis de Rome, à eux et à leurs enfants, la restitution totale
VIII.
telle que son absence, sa qualité de magistrat, son état
d'infaiis, de fou, son défaut au procès, ou si c'est une
ville. L'obstacle peut encore provenir du fait d'un
magistrat absent, empêché, ou qui a fait traîner le procès
par négligence ou à dessein '^. Le préteur a pleine liberté
d'appréciation pour les autres cas ".
3" Ob vim ou metuin '•. — On a ici le choix, mais
nous ne savons dans quelle mesure entre la restitution et
l'action rjuod metus causa ou Vexceptio metus; la restitu-
tion parait être postérieure à l'action, mais a dû cepen-
dant la renforcer de très bonne heure '^ Tandis que
l'action donne le quadruple delà valeur, la restitution a
des effets plus larges et elle est préférable au cas d'in-
solvabilité du tiers acquéreur '^
i" Ob dolum ". — En règle générale, le préteur doit
donner contre la lésion déterminée par une manœuvre
frauduleuse {dolus malus) l'action personnelle de dol ou
Vexceptio doli'*; mais la restitution est quelquefois
préférable, par exemple en cas d'aliénation, quand
l'adversaire est insolvable". On peut faire rentrer dans
le dol Valienatio, Judicii mutandi causa, le cas où une
chose a été aliénée pour changer la situation d'une
partie au procès en lui opposant un adversaire plus
puissant-". La restitution consiste ici soit dans un refus
d'action à l'acquéreur, soit dans une action utile contre
l'aliénateur ou dans une action in factuni contre ses
héritiers, soit dans une action in factum ordinaire en
indemnité Gxée par le juge -'. Le sénatus-consulte
Juventien donne l'action directe contre celui qui avait
cessé de posséder--. Nous connaissons un autre cas
obscur-' où, contre une aliénation frauduleuse des biens
de leur débiteur, les créanciers obtiennent la rescision
de la tradition et obtiennent une action réelle simulant
le maintien des biens dans le patrimoine du débiteur;
nous ne savons si c'est une restitution spéciale ou une
action accordée pour exécuter une restitution pour dol
ou l'action Paulienne.
o" Ob errorem '". — L'erreur {errorjustus) est une cause
de restitution dans les cas où elle n'annule pas l'acte
juridique, surtout dans la procédure, par exemple pour
la conclusion d'actes avec un pupille assisté d'un faux
tuteur '-% pour la p/us petitio ou l'omission d'une excep-
tion peremptoire dans une formule":
6° Ob capitis deminutionem. — Cette restitution est
accordée probablement sans examen des faits, et à une
époque quelconque, aux créanciers de celui qui a subi
une capitis deminutio minima, par exemple une adro-
gation ; le changement d'état est considéré comme
rescindé et les créanciers obtiennent l'action utile contre
l'adrogé. Pour les dettes nées des délits, il reste tenu
d'après le droit civil -'. Sous Justinien, les créanciers pa-
raissent n'avoir plus besoin de demander la restitution -'.
relativement aux impôts, créances, héritages, jugements, ventes, pour tout le temps
passé hors de leur ville au service de Rome(C. i/is. (aM, 203, en 178 av. J. C). — H
Dig. 4, 2 ; C. Just. 2, 20 ; Paul. Sent. 1, 7, 4-10; Senec. Controi'. 4, 26. — 15 Elle
eiisteen 39 d'après Cic. Pro Flacc. 21, 49etestconnucdeLdbéoD(Z)ij. 4, 2, 14, §9).
— 16Z)ij. 4,2,9, §0.-11 Paul. Sen«. 1,8; C. Th. 2, 15 ; ûij. 4, 3, 1 ; 4, 1,7,§I ;
42, 1,33; C.Just. 2,21, 1. — 18 Gai. 4, 119; Dig. 44, 4, 2, § 1 et 5, 4, § 33; 4, 3,
1,§ 1; Cic. Deoff.i, 13, 61. — 13 Z>i». 2, 10, 3pr., §1 ;4,3, 18, §.t, 7, §9, 9, §1.
— aoZKff. 4, 7, I; C.Just. 2, 55, l. — 'U Dig.i, 7, \ pr. ;3,4, § 2-6, 8 pr. ;6, 1, .52 ;
C.Just. 10, 3, 2i. — SiZIiff. 5,3, 2, § 0. — 23 /n5(i(. 4, 6,§ 3-6. — 2* Paul. Sen(. 1,
7,2; Dig. 4, 1, 2 ; 42, 2, 2; 1 1, 1, 8, 10, It. —il Dig. il, 6, I, § 1, 7, § 3. — 26(Jai.
4. 33, 123 ; /nstil. 4, 6, 33 ; Dig. 50, 17, 42 ; 44, 2, 2 ; Suet. Claud. 14. Il y a contro-
verse pour l'omission de la simple eiceplion dilatoire {Dig. 3, 3, 57, § 1). — 27 Dig.
4, 5, 1, 2; Ciai. 4, 33; Paul. Senl. I, 7, 2. — 2i C. Junl. 3, 10, 1.
107
RES
On peut comparer avec Rudorfi" ' à celte dernière
cause de restitution les cas d'action restitutoire à la suite
du sénatus-consulle Velléien', lerélablissenient d'actions
personnelles éteintes par confusion', la restitution en
certains cas d'actions nulles'. Du reste, une clause
o-énérale de l'édit du préleur autorise la restitution dans
toutes les hypothèses non prévues où l'équité parait
l'exiger ■.
Le droit de restitution se transmet aux héritiers et
aux autres successeurs universels de la partie lésée; il
peut être même cédé avec le droit à rétablir ^ Elle
s'étend activement ou passivement, suivant les cas,
aux codébiteurs solidaires ou aux cautions: pour les
garants du mineur.
le préteur apprécie
les circonstances et
la volonté des par-
lies lorsdu caution-
nement '. La resti-
tution peut être de-
mandée contre la
sentence comme
contre tout acte de
la procédure*. Elle
comporte générale-
ment un débat con-
tradictoire et n'est
opposable qu'à
ceux qui ont été
parties au procès ' ;
contre une adition
d'iiérédité, il faut mettre les créanciers en cause'". La
restitution est un vrai jugement qui, sous l'Empire, com-
porte l'appel ". Elle remet en général le patrimoine du
gagnant dans l'état antérieur au jugement ou à l'acte
rescindé et lui restitue son droit avec les avantages
annexes, intérêts, fruits, mais aussi avec les charges
correspondantes, restitution du prix en cas de vente, de
la chose en cas d'achat'-. On a vu qu'en général, sauf
pour la minorité, ce n'esl pas le magistrat qui met à
exécution les conséquences de la restitulion; c'est à la
partie à demander les exceptions el les actions resci-
soires ou restitutoires nécessaires, soumises ensuite au
juge".
11. Droit chiminel. — Les sentences prononcées par les
jurys criminels el les comices ont toujours été théori-
quement irrévocables'^; sous l'Empire, ce principe a été
étendu aux sentences rendues par les magistrats, dans
les cas où ils ont remplacé les jurys, quoiqu'ils puissent
1 P.6m. Rechtsgeseli. S, p. 200. — 2 Oiij. 10, I,
8t, 9, 8, 17, 18: 49, 14, 29, § 1 ; i, 0, 2, § 1. — '
13, § i; 39, 6, 29; ti, 1, 5. § 3; C. Jiisl. 7, 53, 1,
i, § I, Î6, § 9, 33 pr. — 0 Jbid. 4, I, B ; 4, 4, 18,
S, § Il ; 4, 4, li. — 3 Lij.
Instil. 2, I, 3i; ûiji. 4, 4,
î; 5, M, 30. — '"' Diff. 4, G,
§ 5, 24; 26, 7, 25; 27. 3,
20,5 I; C.JusI. 2, 49. I. -1 Diii- 4.4, 3, § 4, 13; 39, 1416, g, 10, 20; 4i, I, I, § 1,
— «Ci». Pro rlacc.i\, W ; Verr. 2, 2, 23, «2 ; 2(>, 63;/)ty. 4, 4, IG. S 3, 17, I8,pi\;
1, II. I, § 2. — " Oij. 4, 4, I3pr. ; C. Just.i, ii, 1. Le magistral peul statuer par
défaut du demandeur. — '0 Wj. 4, 4, 29. § 2. — u Paul. Sent. 1, 7. 3 ; C. Jint. 2,
44, I ; Diij. 4. l, 41. - li Dig. 4, 4. 7, § 5. 2t, § I, 27, § 1 ; C. Jiist. i,4 8, I pr.,
§1. _ IJ Voir les notes i.. 7 de la p. 818, et Diy.i, 3, 46, §3 ; 4, 6,26, §5-6: C. Just.
3, 32, 24 — 14 Scncc. Controv. 7, 8, 7 ; Apul. Flor. 1,5; Dig. 1 , 1 . 10 ; 42, 1 , 43 :
42, I, 55; 48, 19, 27 pr. ; 48, 18, I, 27; C. Just.l,U, 2; 7, 50, I ; 9, 47, 15; Plut.
Ti. Graee. 16. — '5 Senec. Clauil. 29; Dig.iS. 19. 27 pr. ; 48, 18, l,§27; C. Just.
9, 47, 13 ; PliD. Ad Trai. 56, 57. — l« Coel. Ad fam. 8,3, 3 ; Dig. 47, 15, 13, § I .
— n Mommsen le conclut par analogie de Cic. Pro Flacc. 21, 49. — '8 V'j7.
Marc. 24. — 19 Plut. Cor. 29; Uionys. S, 21 : Val. Max. 0, 4, 4; Ovid. Pont. 1, 3,
S3 ; Scncc. lit henef. 6, 37 ; IJuinlil. II. 1 , 12 ; Cic. Verr. 5, 0, 12 ; De leg agr.
2. 4. 10: /'/il'/. Il, 5, II. Amnisiics {légendaires de Cimille, de Q. Caeso, d'.Miala
(Cic. lit: dmi. 32. 80: voir Monimscu, Jlùm. Forscli. 2, 213, 321 |. - •■» Cic. Pro
— 830 — RET
toujours, eux ou leurs successeurs, retirer avant l'exé-
cution une sentence rendue dans le cas de simple
cognitio'\ Mais en laissant de côté l'appel introduit
sous l'Empire [.\ppellatio], on trouve cependant une
l'estitutio in inlef/rum qui peut résulter soit d'un
nouveau procès, soit d'une disposition légale. Le procès
criminel peut, en etTet, être repris quand il y a eu préva-
rication de la part de l'accusateur "' [praevaricatio], inti-
midation el contrainte du tribunal'', et probablement,
sous l'Empire, dans le cas d'une faute du juge". La
disposition légale constitue l'amnistie. Le droit de la
République ne reconnaît pas régulièrement l'amnistie",
sauf dans le cas où un citoyen exclu du Sénat pour
corruption électo-
rale obtient la resti-
tution el sa rentrée
dans ce corps en
faisant condamner
un st'nateur pour
le même délit'-". On
ne connaît que deux
exemples d'amnis-
tie politique-' avant
les restitutions en
masse accordées ir-
régulièrement de-
puis 88 pendant les
guerres civiles '^-.
Sous l'Empire, le
droit d'accorder
l'amnistie appar-
tient régulièrement à l'Empereur ou au Sénat [abolitio,
INDULGE.NTIAj. Cil. LéCRIVain.
RETE, RETIS i.\':vov, oi/.tuov, èvoo'.ov, àpx'jc, plcifja,
rassis; àa-iioÀY,i7T:ov, cxy-r^-rr,, jaruluiil, cer/'icti/uiiv. —
Filet. On distingue deux catégories, d'après l'emplui
qu'on en faisait : les filets de chasse el les filets de pêche.
I. — Les liletsde chasse sont fort anciens [venatio]. Les
Égyptiens s'en servaient pour attraper les oiseaux dans
les épais fourrés de leurs marais'. Les Assyriens con-
naissaient le système des panneaux tendus pour prendre
le gros gibier, cerfs et daims". Un des plus célèbres
monuments de l'art préhellénique, le vase de Vaphio,
nous montre le taureau sauvage saisi dans sa course
furieuse el empêtré dans les mailles d'un grand filet tendu
entre deux arbres (fig. 5958) ^ Homère désigne sous
le nom de >,;vov le fllel de ciiasse et fait une claire allu-
sion à ce mode de capture des gros animaux '. Dans la
littérature classique les textes abondent sur ce sujets
Clu. 36.98; Uio, 36, 38 ; Appian. Bel. ci'o. 2, ii:D!g. 18, 14, 1.2. — 21 l.e rappel
de l'opilius (Cic. .9rul. 34, 128) et la resliluliou de Q. Metellus Niiniidicus en 99
(Diod. 30, lll|. — 22 Après la guerre sociale (Liv. ep. 77 ; Wiel. <id Uer. 2, 2*, 43) ;
sous Marius et Sylla (Cic. Ciim. sen. grut. eg. 15, .'W), sous César (Caes. Bel. civ. 3,
ll;Cic. Piiil. 2, 23, 56; II, 5, 11). — Bibliographie. Borcliardi. Lehre fonder
Wiedereinsetzung in der vorigen Stand, Gnltiiïg. 1831; Savigny, System, trad.
fr. VII, § 313; RudorlT, ttom. Itechlsgesch. Leipzig, 1837-59, II, S 5H ; Kellcr, Civil
process. trad. fr. p. 360; Betker, Àktionen, 1873, II, p. 77-105; Ortolan, Explica-
tion hist. des Inst. 10" éd. Paris, 1876, III, n" 2013-2022; Accarias, Précis de
droit romain, i' éd. Paris, 1891. II, 940-949; Uiiard, .1/aniu/ de droi! romain,
■•' éd. Paris, 1901. p. 407. 409, 908, 1030-33 ; Mommsen, Sirafreclil. Leipzig, 189''.
p. 478-480.
RETK, IlETIS. 1 Wilkinson. .l/.i/in.Ts aii'l Custoins, III, p. 37: cf. p. 38 et
p. 4li (pièges à lilets). - 2 place, Ninive et f Assyrie, pi. i.vi, ii» 1. — 3 Perrot et
Cliipicz, Hisl. de fart, VI, pi. xv, fig. 369. — * /liad. V, 487. On parle souvent
du lîlet dont Vulcain enveloppe Mars et Vénus pour les surpcntire; mais c'est sur-
tout uu piège, une sorte de toile d'.traignée monstrueuse et magi<|ue, plutôt qu'un
filet proprcmeiil dit; Odyss. Vllt, 271 si|. — ô On les trouvera rassem'Iilés en
majeure p.irlie dans le Texlrinnm anliiiuoritm de Yatcs (Londres. 1843). p. 4t2 sq.
RET
Rappelons surlout uo passage d'Aristopliane ' ijui énu-
inère dillerentes variétés de filets (pç.6yo;, ~%yii, écxo;,
v£(3ÉXf|, oiV.TJOv. 7rr|XTr,) et le cluipilre de Xénoplion- qui
décrit la struclure de ces engins.
La malièi-e employée est le lin, Ài'vov [lim m, p. 12(i.3],
ou le c!ian\ re [hestiarils, p. 846] ^, plus rarement d'autres
matières végétales *. Les mailles (fipd/oi, ^po/i'Ss,-, inacii-
lae') sont plus ou moins larges", suivant la nature du
gibier que l'on veut prendre. A l'époque romaine, on fil
des filets si fins et si légers, prétend Pline, qu"un homme
seul pouvait en porter de quoi enceindre un petit bois et
qu'ils auraient passé par un anneau '. Xénoplion dis-
tingue trois variétés : àçz'j;, âvootov, oiV.-jc/ * : les ipy.ucç
sont des filets petits et fins, ivvsaÀivoi, c'est-à-dire com-
posés de fils assemblés trois par trois, chaque fil étant
lui-même composé de trois brins : restiarils, p. 8481. et
ils ont une longueur de .j spilhames 'environ 1 m. loi;
— 8-)l — liET
des oi'xTja" Les cotés des filets tendus, de façon à for-
mer un espace qui va en se rétrécissant, comme un
entonnoir, sont les i.x.Qtaliv'.y., iiTSûÛYia, atae^'-. Les por-
Fig. 59i9. — Chasse au 1
les Évdoia, plus grands et plus résistants, sont owosxà/.iva,
à douze brins, et longs de 2 à o orgyes (3 m. 70 à 9 m. 75; ;
enfin les oîxtjiz èy.y.aiScj'.âXiva, à seize brins, sont longs de
10 orgyes à 30 et même davantage (18 m. 50 à 35 mèlresj.
l^a largeur des mailles ne difl'ère pas pour les trois
genres: 2 palaisles (0 m. 13). Les deux derniers genres
ont 30 nœuds de maillons, ce qui donnerait une hauteur
totale d'environ i mètres. Le filet de chasse était tendu et
soutenu par des baguettes fourchues à l'extrémité supé-
rieure ((î/a>a'oEç; voir la figure 3930), qui variaient aussi
de dimensions suivant la force du filet : les étais des apzuE;
étaient hauts de 10 palaistes (environ 0 m. 73) et, suivant
les inégalités du terrain, on en plaçait de plus petits; ceux
des âvoSta étaient le double; ceux des 5''xtuz avaient 3 spi-
lhames (environ 1 m. 13; ''. Dans les maillons supérieurs
et inférieurs étaient passées de grosses cordes lisses qui
servaient à serrer les filets et à les rouler (TtEpi'opûjjiot et
èîrics&jAot, cpldi'omi) '". Oppien distingue aussi les apy.uE;
I Av. 5»7. — 2 [)f lenat. cap. i. — 3 Xcnoph. Ùe nennl. 2. Le lin de la
région du Phase et celui de Carlha;^e sont les meilleurs. X'.-<'.v en grec et linum en
latin désigneni le filet lui-même (llom. Jliad. V, 487 ; Virgil. Georg. i, Hi : ['lin.
His(. nat. Xl.\. I (i); Ovid. AJelam. 111, 153 ; Vil, 807: Oppian, Ctjneg. IV, iii):.
I.e meilleur cljan>Te est celui d ALihanda en LIarie (Plin. .\l,V, 174). — 4 Pline parle
ilun genêt doii Ion lirait une sorte de ficelle pour faire les filets ; XXIV, 9 (40).
— 5 Aristoph. Av. 527; Pollui, V, 2»; Varr. R. rusl. III, Il ; Ovid. Heroid. V, 10.
— » Relia rara, à mailles larges; Virgil. Ameid. IV, 131. — 7 XIX, I (2). — » lie
venat. t. — y Xenopli. L. c. et VI, 7 ; (rràXi/t; dans Oppian. Cynei). IV, G7, 71, 121,
380; Pollui, V, 31. — lOXenoph. i.c. ; Pollux, V, 2S, i'3;fV\a. Hisl. na(. XIX. I(2|.
— " Cynegct. IV, 3,^1. — 12 Pollux, V, 29: Xenoph. L. c. — 13 Pollux, V, 17.— n Pol-
lui, A. cet VU, 179; Xcnoph. Op. (.11, 3; VI, I; Aelian. Hisl. an. I, 2. — IJXV 3.
Fig. 3930. — Porteurs Je filets de cliassf.
leurs de filets sont appelés otxTuàYtovoi '3; le fabricant de
filets, oiy.-uoTit/toi; OU oixTuoTtXôxo';, àpxutopô?". Strabon si-
gnale en Perse certaines localités où l'on s'adonnait avec
une habileté particulière à la fabrication de ces engins ' '.
Chez les auteurs latins, bien que les termes gardent le
plus souvent un sens général, on constate que cassis cor-
respond plutôt à àpxuç, plaga à âvôSiov. rete à Sixxuov '°. Le
mot /imbus parait s'appliquer à la grosse corde du filet,
7rspî5po[jLûi;'''. Les fourches à porter les panneaux sont les
vari et Oîicones'^. On pose et on tend les filets, re/i(i
ponere, relia tendere". On barre la roule aux bêles et
on les pousse vers les toiles en lançant sur elles les
chiens et en poussant des cris'^°, pendant que d'autres
chasseurs surveillent les filets, en se postant derrière^'.
On suspendait aussi aux cordes des morceaux d'étoires
voyantes, des plumes écarlates, pour efirayer le gibier et
l'afi'oler^''. Comme dimensions pour les filets, un traité de
cynégétique indique une longueur de 40 passas (environ
60 mètres) avec une hauteur de 10 maillons'-'. Dans les
jeux de l'amphilhéàtre, la cltJture des parcs à bêtes était
formée par des filets qui protégeaient les spectateurs-'
Le filet entre aussi dans la structure de certains appa-
reils, comme les volières, les cages d'oiseaux, etc. ".
18, p. 731. — 10 Nemesian. Cyneg. 299-302. Le terme usité est rele (Virg. Bucol.
III. 75; Georg. I, 307; Ovid. Ars amat. I, 45). Pour plaga, Horat. Epod. II, 31,
32; Lucret. V, 1249; Plin. XIX, 1 (2). Pour cassis, Ovid. Ars amat. 1,392; II, 2;
Martial. III, 58, 28; Propert. IV, 2, 32; Isidor. Orig. XIX, 5. — 17 Ural. Falisc.
Cyneg. 25. — 18 Lucan. Pharsal. IV, 439 ; Grat. Falisc. 87. — 19 Virg. Georg. 1,
307 ; Ofid. Ars amat. 1, 45. — 20 Virg. Georg. III, 411-413; .\eneid. X, 707-715;
Ovid. Heroid. V, 19, 20; Tibull. IV, 3, 12; Plin. EpUt. 1, 6. — -'' Virg. Bue. 11!,
75; Plin. L. c. — 22 Virg. Aen. IV, 121 ; Oeorg. III, 371 ; Ovid. .Vetam. XV, 475;
.\emesian. Cyneget. 303-321. — 23 Grat. Falisc. 31-32. — 2t Plin. XXXVII, 3 (11) ;
il cite une prodigalité de Néron faisant orucr de perles d'arohre les nœuds de ces
filets ; cf. Saumalse ad Solin. p. 106-167. — 2e Varr. R. rusl. III, 3 ; cf. une pierre
gravée représcnlant un oiseleur ap. Vcnuli, Coltect. antiguit. roman, pi. i.^xvni.
Fig, 503-2. — Filet de cli
RET
Lesreprésonlalions de lîlets de chasse dans l'art grec
ne sont pas très fréquentes. On les rencontre surtout au
Vf siècle, dans l'épisode de la cliasse au lièvre qui,
poursuivi par les chiens, vient se ji'ler dans le filet der-
rière lequel le chasseur
est posté, prêt à l'assom-
mer avec son lafjohnlon
(fig. o9-29^'.
Beaucoup plus nom-
breuxsonlles monuments
d'époque éirusque ou ro-
maine, sarcophages*, mo-
saïques ', fresques (fig.
2782)',vasesd'orfévrerie%
lampes', qui ofTrent des
représentations détaillées
de ces engins et de la cap-
ture des animaux, gros et
petits. Nous reproduisons
ici un coté de sarcophage, où l'on voit des serviteurs char-
gés du filet roulé et tenant en main les étais fourchus qui
serviront à le tendre' (Hg. 3930) ', une mosaïque oii le liè-
vre poursuivi se jette dans un filet tendu circulairement
(fig. 3931'!'', un vase d'argenloùle chasseur, posté derrière
le fi]el, guette un cerf el
unebiche qui viennent s'y
précipiter (fig. 5932)'.
II. — Le filet de pêche
n'est pas moins ancien.
Les Égyptiens s'en ser-
vaient et l'on a même
trouvé, dans un tombeau
de Thèbes, les restes d'une
senne encore garnie de
ses plombs el de ses
bois'". Sur un des plus
anciens monuments de la
Chaldée, le dieu Ninghir-
sou tient des captifs en-
fermés dans une sorte de nasse ou de filet comme des
poissons". Chez les Grecs, les filets de pèche offrent
d'assez nombreuses variétés. Le nom générique est encore
ôi'xTua, iXtsuTixi Si'xTua '^ OU ),iva''; mais On distinguait
plusieurs catégories qu'énumère Oppien'S à[jLç.iê).Y|(rTpa,
Yptcpot, yiYYaiJia, (mo/aî, (rayr|Vai, xa)iiJ[j.(jiJtTa.
L'à(Aï.î?XT,<rTpov (?st Tépervier, le filet en forme d'enton-
1 Coup.- â lij. noire? .le Capoiie, Arcli. Zcitimj, 1881, pi. v. Aulrcs exemples :
trépied de Taiiagre {/ùid. pi. n) ; coupe signée dCikopliélés (Froeiiner, Cutaloijue
CoUecl. rari Branlciihem, ii» 1, pi. i|; sujets estampés sur le rebord des grands
plais ou sur la panse des grandes jarres de Céré (Loeschcke, Arcli. Zeit. 1881, p. 34;
Pottier, album des Vases antiques du. Louvre, pi. ixxvin, D, 345, 347, 34») ; Mé-
langet Perrot, p, 270, pi. iv. Pour l'iiisloirc de la chasse au lièvre, la haute anti-
quité cl le prolongement de ce sujet à travers les iges, cf. Bull. corr. Iiell. 1893,
p. SÎS cl sq.; Jahrhuch fnsl. 19uC, p. 121. — 2 Lasiuio, Raccoltu di sarcofagi,
urne, etc. del Cnmpo Santo di Pisa. pi. i.xxiv, r.x, cxxxv ; de Laborde, Les Monu-
ments de la France, I. pi. i.xx (cf. Moutfaucou, Anttq. exphq. .Supplément, 111,
pi. i.xï.); I.cnoir, Slalist. nionum. de Paris. 1, pi. xxvi ; AJonuincnti insl. IX,
1869, pi. Il: Annali,XX\V. 1803, pi. A, (ig. 2 ; Michaclis, Ancient ,tfar4/es, p. 381,
n"- Ï44. 2*5 = Yales, Testrinum ttnlii/u.~p\. xvi; ]Voli:ie dei Scavi, )904, p. 47.
— 3 H. de Villcfossc, dans fiuHc/in arch. du Comité des Irae. Iiisl. \90i,p\.i.—i Mo-
numenli Inst. I, 1831. pi. xxxni (peinture d'une lombe étrusque de Tar.iuinies) ; Bar-
lolict Bcllori, Pictura antiq. p. 54, pi. sxvi, xxvir (tombeau des N'asons; cf. Ricb,
Dict.desAntiq.s.v. Rete). — '" Antiq. du Bosphore CimmérieH,f\. xui ( = Schrèi-
bcr, Bilderatlas, I, pi. i.vxx, a' 5); cf. C. rend. St-Pétersbourg pour 1867, p. 53.
— «Gauckicr, dans Bull. arch. du Comité, 1901, p. 135, fig. I. —7 .Xnnali, 1863,
pi. \, fig. 2. — » Bull. arch. du Comité, I9U3, p\.i. — » Antiq. du Bosph. Cim. pi. xlu.
— 10 WilLinson, Manners and customs, 111, p. 37, 55 ; cf. Yates, Textrinum antiq.
pi. ivi, fig. 3, p. 432, note. — Il De Sarzec el Heu/ey, Découvertes en Chaldée.
832 — RET
noir, muni de plombs, qu'on lance en l'étalant sur l'eau
et qu'on ramène au moyen d'une corde placée à la partie
supérieure de la poche'". Le filet où Agamemnon périt
enveloppé est un àu.a.i?Xï|(îTçov ". En latin, on dit /'un-
dn '' ou jaculum ".
La (jaYï|VYi est la senne
ou seine, le filet à la
traîne, composé d'un très
long rectangle, muni à la
partie inférieure de pe-
sons de pierre ou d'argile
pour le maintenir vertica-
lement et à la partie supé-
rieure de rondelles de
liège ou de bois (uoaipêiive;)
pour le faire flotter; le
cen tre s'évase en forme de
vaste poche où le poisson
est peu à peu poussé et
rassemblé ". C'est un appareil très ancien et déjà Homère
en décrit l'emploi -". D'autres auteurs font allusion à l'em-
ploi des lièges et des plombs dans ces filets (cpeXXot) '-' . Au
figuré, (j3(Yy,vEij£iv désigne une tactique de guerre qui con-
siste à dépeupler une ville ou une région entière, en pous-
sant au dehors les habi-
tants au moyen de cordons
de troupes serrées comme
les mailles d'un filet--.
Le pécheur est parfois
appelé (rayTiVEuT-riÇ ou trayTri-
veù;'". Le mot lui-même a
passé en latin, sagena-'',
mais d'ordinaire on em-
ploie les termes verricu-
lum, tra(jula, tragum-'.,
exprimant l'action de
balayer ou de traîner.
Hesychius seul l'explique
comme une nasse faite
avec des joncs'-* [nassa]. Entre l'épervier et la senne se
placent des variétés sur lesquelles nous avons fort peu
de lumières, comme le Yptepo;^' et le xiXufAjjLa. L'imo/i^
paraît être une épuisette, un petit filet rond, emmanché
à un long btilon'-*. Le y^yY^Î'-''^ ou y^yy^jat, serait un syno-
nyme de (TaYTiv/)-'.
On a déjà vu [piscatio, fig. 5689, 5690] quelques repré-
p. 183-184, pi. IV bis. Pour les terap* préhistoriques en Europe, voir Monlelius, Temps
préhisloriq. en Suéde, trad. Reinach, p. 28; S. Keinacli. Cataloq. du Mus. de
Saint-Ge7Tnain, p. 136. — 12 Athen. VU, p. 284; Oiod. Sic. XVII, 43; Antholog.
Palat. VI, II, 13, 14, 15, 24, 2(1, 30, 38. — 13 Anlhohq. Palat. VI, 12, 16. 27, 28,
29, 33. — It Halieut. III, 80 sq. ; cf. Pollux, I, 97. — 13 Hesiod. Seul, tierc. 216 ;
Herodot. 1, 141; II, 95; Athen. X, p. 450 C; Pollux, X, 132; Suidas et Hesych,
s. 1'.; Oppian. Hal. IV, 144; .Anthol. Pal. VI, 25. — 16 Aesch. Aqam. 1382;
Choeph. 492. — 17 Virg. Georg. I, 141; Isidor. Orig. XIX, 5. — 18 plaut. Asinar.
1. 1, 86; Trucal. I, I, 14. — la Oppian. Hal. III, 8i; Lucian. Piscat. p. 618;
Epist.Sat. p. 406; Tim. p. 136; Alciphr. Epist. I, I, 17, 18; Anthol. Pal. VI, 28,
38 et 192; Virgil. Georg. I, 142; Ovid. Ars. amat. I, 704. — 20 Odi/ss. XXII, 384.
— 21 Aeschyl. Choeph. 506 ; Pausan. VIII, 12, 1 ; Aelian. Hisl. anim. XII, 43 ; .int/i.
Pal.\'\, 23,6; 28, 3; 29, 3; 30,1 ; 38,4; l'\ulircb. De gen. 5ocr. p. 1050; Plin. XVI,8,
13; Ovid. Trist. III, 4, 12. — 22 Herodot. III, 145; VI, 31 ; P al. Leg. III, p. 098.
— 23 Plutarch. De solert. anim. p. 29 ; Anth. Palat. VII, 295. — 21 Manil. V, 678.
— 25 Valer. Flacc. Memor. 1 V, 1 ; Isid. Orig. XIX, 5 ; Plin. XVI, 8, 1 3. — 20 5. d. nu-tiLa
T. tx .«'Aii^uv. — 27 Plut. Moral. V, p. 838 ; Anthol. Palat. VI, 23; Etym. magn.
s. V. : Eustath. Ad Iliad. p. 633, 40. Le mot ^pnïE j; désigne parfois le pécheur ; Etym.
magn. s. v.; Anth. Palat. VII, 504, 505. — 28 Oppian. IV, 251 ; cf. le filet égyptien
reproduit par VVilkinson, Manners and customs, III, p. 53. — 29 Hesych. et Etym.
maqn. s. v. Hesych. dit aussi : Y«rr»ix!0;, iXnù; ; et ÏEtym. magn. appelle
YaYr"!*»"^^^' ^i ffttT*lv£u-«'- Le mot yàvvano. est déjà d.ins Aesch. Agam. 3(11.
5933. — Filet de poche.
RET
— 8o3
RET
sentalions de» filets de péclie, en parliculier de l'épervier.
Nous ajouterons ici une composition inédile d'un vase du
Louvre, oii Ton voit figurée la pèche à la senne, le long
filet jeté au large et ramené vers le bord du rivage
(fig. 3933 1 '. Sur des fresques figurent des pêcheurs dans
leur barque, halant sur les cordes du filet pour le sortir
de l'eau -. Les filets roulés en gros paquets déposés au
fond du bateau se voient sur une mosaïque [hùria,
fig. 3881\
Dans les jeux de l'amphithéâtre un des épisodes les
plus goûtés était le combat du refiarius, armé d'un tri-
dent et d'un filet de pêcheur, contre le seciilor ou le mur-
mi/lo, dont le casque portait comme emblème un poisson
■GLADiATOR. p. 1583 sq., fig 3581]. Dans le personnel des
jeux on remarque aussi un Jaculator, qui pourrait être
un gladiateur muni de l'épervier, jaciilum [c.ladiator,
lig. 3398;.
Le fabricant de filets. &;ztjo7:ào/.o;. o'.ztjeû; ^, est peut-
être représenté sur une intaille où l'on voit un homme
nu, assis, avec un filet suspendu au-dessus de lui auquel
il semble travailler '. E. Pottif.r.
RETEXTK). — Le mot relinere désigne, en principe,
l'attribut du droit de gage [pic.mSj. La rétention est la
faculté accordée au créancier gagiste de garder la chose
qui lui a été remise pour sûreté de sa créance, tant que
le débiteur n'a pas acquitté sa dette'. La même faculté
est accordée au créancier hypothécaire, lorsqu'il a fait
usage du jus possidendi et s'est mis en possession de
la chose hypothéquée uypotueca. p. 360, n. 20\
On emploie plus souvent le mot retinere, ou l'expres-
sion relent ionem habere-. pour désigner un droit spécial
qui existe indépendamment de tout contrat de gage, ou
même de toute convention tacite comme celle que l'on
sous-entend, à partir du ii" siècle, dans les rapports du
locateur d'une maison et du locataire uypotheca,p. 362,
n. 18 et 25\ La rétention est la faculté accordée à un
créancier, qui détient une chose appartenant à son débi-
teur, de refuser de la rendre tant qu'il n'est pas payé. On
ne s'occupera ici que de la rétention considérée comme
un droit spécial.
Le droit de rétention n'est pas admis dans tous les cas
où un créancier délient une chose appartenant à son
débiteur ^ : on exige, en général, qu'il y ait une corréla-
tion entre la chose retenue et la créance qu'on fait valoir.
Un rescrit de Gordien a, par exception, accordé le droit
de rétention ù un créancier qui a reçu une chose de son
débiteur pour sûreté d'une obligation autre que celle
dont il réclame l'exécution [uypotueca, p. 360, n. 22 . La
jurisprudence a pareillement accordé le droit de réten-
tion au créancier qui a, sciemment, reçu en gage la chose
d'autrui. Bien que le gage n'ait pas été valablement con-
stitué, le créancier pourra retenir la chose jusqu'à parlait
paiement, si elle devient plus tard la propriété du débiteur*.
En dehors de ces exceptions, le droit de rétention est
admis : 1° dans les contrats synallagmatiques parfaits ou
' Ocnochoé à décor polyclirome et à légers reliefs dorés. Ivouvce en CyrénaK|UL-
(salle SI). Elle a élé signalée par 0. Jalin, l'as, mit Goldschmuck, p. 10. n" 3i, el par
Hevdemann, Pariser Antiken, p. 40, n" i. — 2 Bcllori, Pictur. antiq. p. 'JO,
pi. vn; Helbig, V/and,iem. Cainpan. n» 1573. — 3 Pollui, Vil, 179. — i Annali
Inst. 1883, pi. H, n" 37, p. iiO (musée de Coriielol.
RETENTIO.l Pompon. 35 ad Sab. Dig. XIII, 7, 1<. — 2 Paul. 3 ad Sab. Ihy.
XLVII, î, 15, i. — 3 Diocl. Cod. Jusl. IV, i3, 4. - s Papin. Il Besp. ùiy. X.\,
1, 1 pr. — 5 Jul. ap. Paul. 39 ad Ed. Ùig. XLVII, 2, 5i, 4.-6 Jul. 17 Dig. Dig.
XXXIX, 3, 14. — ' L'Ip. Ileg. VI, 13. — 8 pauI. C ad Plaul. Dig. L, 11), 70 fr.
imparfaits tels que la vente, le commodat, le gage, et en
général dans les actes qui donnent lieu à des prestations
réciproques, comme la restitution de la dot en vertu de
l'action rei uxoriue et l'indivision; 2" dans les actions
réelles en revendication" et en pétition d'hérédité [vixdi-
catio'. Dans ces deux séries d'hypothèses, il peut y
avoir une créance connexe à la chose retenue par l'ayant-
droit. Cette créance a pour objet soit le remboursement
de certaines impenses faites par le détenteur de la chose,
soit la réparation d'un dommage causé à l'occasion de
cette chose, soit enfin une obligation résultant du con-
trat ou imposée par la loi au profit du détenteur.
I. RÉTENTio.v POUR IMPENSES. — Le débiteur ou le pos-
sesseur, qui a fait des impenses pour la chose qu'il est
tenu de restituer, a le droit de rétention à deux condi-
tions : 1° qu'il n'ait pas agi dans une pensée de libéralité,
en vue de faire une donation au créancier ^ ; 2° que la
dépense soit nécessaire ^ Les impenses nécessaires sont
celles dont l'omission entraînerait la perle ou la détério-
ration de la chose". Mais on n'en tient compte que si la
chose en vaut la peine au moment où elles ont élé faites'.
On considère parfois comme une dépense nécessaire
celle qui s'applique à des travaux neufs qui doivent
servir à la bonne exploitation du fonds : la construction
d'une grange pour conserver les récoltes, d'un moulin,
d'un four pour cuire le pain '".
La rétention pour impenses a été accordée :
J" Dès le milieu du vi" siècle de Rome au vendeur".
Les frais de nourriture de l'esclave vendu sont à la
charge de l'acheteur à dater du jour où il a été mis en
demeure de prendre livraison [mora] : le vendeur a le
droit de retenir l'esclave jusqu'à ce qu'on lui ait rem-
boursé ces dépenses
2° A l'acheteur en cas de résiliation de la vente pour
cause de vices rédhibitoires [REDHibitoria actioj : il
ne sera pas forcé de rendre la chose avant d'avoir été
indemnisé'^.
3° Au commodalaire, mais seulement pour les impenses
d'une certaine importance", telles que les frais de
maladie ou les frais de poursuite d'un esclave fugitif
]commodatum\
4° Au créancier gagiste, lors par exemple qu'il a étayé
la maison donnée en gage et qui menaçait de s'écrouler "
>IGN"USj.
5° Au dépositaire' ', pour les frais de garde delà chose;
mais ce droit lui a été retiré par Justinien "' [deposi-
TUM, p. 103].
6" .Au mari, lorsqu'après la dissolution du mariage, la
femme exerce l'action l'ei uxoriae pour obtenir la resti-
tution de sa dot''. Le mari peut invoquer le droit de
rétention, même pour les impenses utiles ou d'améliora-
tion lorsqu'elles ont été faites du consentement de la
femme'*. Cette solution équitable, contestée encore au
siècle d'.\uguste, a prévalu auii"^ siècle: on a pensé qu'il
était préférable d'accorder au mari un droit de rétention
— 9 Proc. Ccls. ap. LIp. 10 ad E.l. ûir/. III, 3, 9. — io Pompon, ap. Ulp. 31 ad
Sab. Dig. XXIV. 3, 7, 10. Lab. ap. Ulp. 36 ad Sab. Dig. XKV, 1, 1, 3: 3 pr.
Paul, î eod. — Il Sex. Aciius ap. Gels. 8 Dig. Dig. XIX, 1, 38. 1. — 12 Ulp. 1 ad
éd. Aedil. lur. Dig. XXI, 1, i'J, 3. — 13 Gaius, 9 ad cd. prov. Dig. XII, 6, 18,3;
Jul. 3 ei Minic. Dig. XLVII, i, 39. — 14 Pompon. 35 ad Sab. Dig. XIII, 7, 8.
- li Collai, teg. ilosaic. et Boman. X, i, 6. — 16 Cod. Just. IV, 34, Il ; cf.
Applelott, Histoire de la compensation en droit romain^ 1895, p. 493. — n Neral.
i Membr. Dig. XXV, I, 13. — 18 Ulp. Ileg. VI, 10; Paul. Dig. XXV, I, G ; cf.
Edouard Cuq, Institutions juridiques des Romains^ t. Il, p. 112
HET
— Soi —
RET
que de forcer la femme h vendre un de ses biens,
lorsqu'elle n'a pas d'autre moyen de se libérer'. Mais ce
droit ne peut être invoqué par l'héritier du mari en cas
de legs de la dot - [legatlm, p. 1043;. Pour les
dépenses voluptuaires ou de pur agrément \ le mari ne
peut s'en faire tenir compte : il n'a que le droit d'enlever
ce qui peut lui profiter ' ; encore faut-il qu'il ne détériore
pas le bien dotal.
7° .\u communiste qui a fait des dépenses pour la
chose indivise ' [oommim dividundo, I, 2, 1411]. Par
exception, dans les mines du lise, lorsque la chose com-
mune est un puits de mine, l'associé qui a fait des
dépenses a plus qu'un droit de rétention : d'après une
inscription du temps d'Iladrien, récemment découverte
à Aljustrel, il acquiert, sous certaines conditions, la part
de ceux de ses coassociés qui refusent de contribuer à la
dépense'. Cette exception a été étendue par Marc-Auréie
au cas où un associé a fait des réparations néces-
saires à la maison commune : si, dans les quatre mois,
les autres associés n'ont pas remboursé la dépense
avec les intérêts, leur part de propriété est attribuée à
l'associé qui a fait les frais '.
8° .K» possesseur d'une chose, lorsqu'il est défendeur à
la revendication" [vindicatio\ Le possesseur de mau-
vaise foi lui-même a le droit de rétention pour les
impenses nécessaires' : le voleur seul est excepté'". Le
possesseur de bonne foi a, de plus, le droit de rétention
pour les impenses utiles, lorsque l'amélioration subsiste
au moment de la revendication; mais son droit est
limité à la plus-value donnée à la chose " : tel est le cas
où il a construit sur le terrain d'autrui '-. Quant aux
dépenses de luxe, le possesseur de bonne foi est traité
comme le mari : il n'a que le jus toUendi. Le droit récent
a étendu cette règle au possesseur de mauvaise foi ".
9° Au possesseur d'une hérédité, défendeur à la péti-
tion d'hérédité. S'il a consolidé une maison héréditaire
qui menaçait ruine ", payé un legs à un individu devenu
insolvable '% érigé un monument funéraire au défunt
conformément à une clause du testament'", il aura le
droit de rétention. Ce droit appartient aussi à l'héritier
grevé d'un fidéicommis universel, restituable à son décès,
lorsqu'il a rebâti à ses frais une maison comprise dans
le tidéicommis et détruite par un incendie ' ' . — Le droit de
rétention appartient à tout possesseur de l'hérédité, non
seulement pour les impenses nécessaires, mais aussi,
d'après le jurisconsulte Paul '*, pour les impenses utiles.
Il a paru contraire à l'équité de permettre à l'héritier de
s'enrichir aux dépens d'un possesseur, même de mau-
vaise foi. Le possesseur de bonne foi d'une iiérédité a en
outre le droit de rétention pour les impenses voluptuaires,
car il n'est tenu de rendre que ce dont il s'est enrichi '■'.
II. Rétention pocr réparation d'in dommage. — J° Dès
le temps de Cicéron, le capitaine d'un navire, qui a dû
I Paul. Diii. X.VV, I, s. — -' Mai'cian. 3 Rcg. Uuj. X.Wlll, 4, 3. — 3 Ulp. Rcy. VI, 17.
— * L'Ip. 30 ad Sab. Dig. XXV, 1, 9. — 5 Paul 3 ad PlauC. big. X, 3, 14, 2;
cf. Audiberl, Souvetle étude sur ta formule des actions famitiac erciscundac
et conimuni dividundo, 1904, p. i4. — 6 Cf. Éd. Cuq. Vn réytement adminis-
tratif sur l'exploitation des ruines au temps d'Hadrien. I90T, p. ;!9-33. — " l'apin.
ap. LIp. Did. XVII, i. 5i, 10 sq. — « Jul. ap. Paul. 39 ad Ed. Dig. XLVII, 2.
54, 4. — '' Gord; Cod. Just. III, 3S, 5, 1. — 10 Alei. Sev. Cad. Jusl. VIII. 51, I :
Paul. 39 ad Ed. Dig. XIU, 1, 13. — " Cels. i Di». Di,,. VI, I, 3S ; cf. Cod.
Gregor. 1. — 12 Gaius, II, 7(i; Cod. Oregor. i. — 13 Ulp. 17 ad Ed. Dig. VI, 1,
37 ; Paul. îl ad Ed. eod. il, 5 ; Gord. Cod. Just. III, Si. 5, 1. — is Jul. 39 Dig.
D'ig. XII, 6, 33. - 15 Gaius, 6 ad Ed. prov. Dig. V, 3, 17. — 16 Papin. fi quacsi.
Uig. V 3, 50, 1. — n Jul. 39 Dig. Diy. XXX, 60. — 18 Dig. V, 3, 38. — 19 U p.
jeter ;'i la mer une partie de la cargaison [n.u'Fragum,
p. 7 , a le droit de retenir les marchandises sauvées,
jusqu'au paiement de la contribution ^lex riiodia,
p. 1173;.
2° Le propriétaire (jui, après avoir vendu un esclave
avec son pécule mais avant de l'avoir livré, est victime
d'un vol commis par cet esclave, peut retenir sur le
pécule la valeur de l'objet volé, alors même que cet objet
aurait péri par cas fortuit -".
3" Le mari a le droit de rétention sur les biens dotaux
pour les détournements commis à son préjudice, et en
prévision du divorce, par la femme divorcée-'.
m. RÉTENTION POUR ASSURER l'eXÉCUTION D'UNE OBLIGA-
TION. — 1° Depuis le milieu du iT siècle, le vendeur a le
droit de retenir, comme en vertu d'un contrat de gage,
l'objet vendu, jusqu'à ce qu'il ait obtenu satisfaction'--.
2° L'héritier institué a le droit de retenir la quarte
Falcidie sur les biens légués. Alors même qu'il aurait
déjà livTé une partie des objets légués, il peut retenir
sur le reste la totalité lie sa quarte-^ [leg.uum, p. 104.5;.
3° En cas de divorce par la faute de la femme ou de son
père, le mari peut retenir sur la dot la quotité que la loi
lui accorde suivant le nombre des enfants issus du
mariage-*, ou en raison de la conduite de la femme"
;dos, p. 3%;. Il peut aussi retenir sur la dot la valeur des
objets qu'il a donnés à sa femme durant le mariage -° : la
donation entre époux étant interdite, la femme est con-
sidérée comme s'étant enrichie injustement aux dépens
du mari [donatio, p. 384j. .Mais depuis le sénatus-consulte
de Caracalla, le droit de rétention ne peut plus être
invoqué par l'héritier du mari -'.
IV. Sanction du droit de rétention. — Le droit de
rétention a été consacré par la pratique judiciaire et, en
certains cas, par les lois d'Auguste sur le mariage-'
[lex julia, p. 1149'. Il est sanctionné en général par
l'office du juge'". La rétention est admise, en etTet, dans
des cas où le juge a des pouvoirs assez larges pour tenir
compte de la créance invoquée par le défendeur, sans
qu'il soit nécessaire d'insérer une exception dans la for-
mule : l'action intentée est une action de bonne foi, ou
une pétition d'hérédité que Justinien assimile à une
action de bonne foi. Dans la revendication cependant,
où le juge a un pouvoir analogue à celui qu'on lui
reconnaît dans la pétition d'hérédité, certains textes
mentionnent l'exception de dol comme un moyen de
faire valoir le droit de rétention ^''. Mais il s'agit sans
doute de cas où il avait paru nécessaire d'attirer l'atten-
tion du juge sur le droit du défendeur" : tel est le cas où
le demandeur, à qui l'on a signih'é avant le procès
d'avoir à rembourser les impenses, déclare qu'il ne doit
rien de ce chef^-. L'exception de dol se rencontre
d'ailleurs dans les actions de bonne foi, bien qu'en géné-
ral elle soit sous-entendue ^^
15 ad Ed. Dig. V, 3, i'i, U. — i" Jul. ap. Afric. 8 i|uaesl. Dig. XIX, 1, 30 pr
— 21 Ulp. Reg. VI, 9. — 'M Marccllus, ap. Ulp. 1 ad Ed. Aedil. Dij. XXI, 1,
31, 8; Ulp. 3i ad Ed. Dig. XIX. I. 13, S. — 23 Scacv. 3 quaesl. Dig. XXXV,
2, 10; Diocl. Cod. Just. VI, 49, 4. — 21 Ulp. Jlcg. VI, 10. — 2S /6,rf. m.
— 2« Ibid. VI, 19. — 27 Marcian. 3 Reg. Dig. XXXIII, 4, 3. — 28 a. Edouard
Cuq, Instit. jurid. t. Il, p. 102, n. 1. — 2» Cels. Dig. VI, 1, 38 ; XIX, 1, 8, 1 ; Ulp.
Dig. XXI, 1, i'J, 3. — 30 Gaius, 11, 76. Paul. Dig. X, 3, U. 1 ; VI. 1, i7, 5 ;
Papin. Dig. V, 3, 50, J. Dans Papin. Dig. VI, I, 48, le lexle csl interpolé; dans
Scaïv. Dig. XX.W, i, IC. l'excepLion de dol éuil nécessaire, pai-ce que laction du
lëgalaire coDlre l'Iiérilicr est une action de droit strict. — -'1 Scaev. 3 Dig. Dig. V,
3, 58; cf. Edouard Cuq, Op. cil. t. Il, p. 26f, n. i. — 32 Gaius, 7 ad éd. prov.
Dig. VI, 1, 30. — 33 Cf. Edouard Cuq, Op. cit. t. Il, p. 416, n. 6
RET
800 —
REU
Le droit do rétention est opposable aux ayants cause
du débiteur comme au débiteur lui-même, mais il est
sans effet à l'égard des tiers. Ce n'est donc pas un droit
réel; i! ne confère pas le droit de suite, ni même directe-
ment un droit de préférence. Mais les autres créanciers
du débiteur ont intérêt à payer celui qui fait usage du
droit de rétention, lorsque la chose est dune valeur
supérieure au montant de la dette.
Le droit de rétention n'est pas exclusivement réservé
à qui n'a pas d'autre moyen d'obtenir le paiement de ce
qui lui est du. Il se cumule souvent avec une action en
justice. Telle est l'action rerum amotariim donnée au
mari ', l'action contraire accordée au commodataire.
au dépositaire et au créancier gagiste -. Éholard Ccy.
RETICCLUll, RETIOLl'.M A-xtûo-ovI. Filet, réseau,
résille. — Outre les grands filets de pêche ou de chasse
ut i! a été question plus haut
[rete", d'autres de moindres
dimensions et d'un tissu plus
serré sont ordinairement dési-
gnés par le diminutif rclicu-
li) liim ou reticu/us' . Ceux-oi, on
le voit par les textes et les
monuments, avaient des em-
plois très divers.
Ils servaient à transporter
toutes sortes d'objets, pro-
visions'^, armes ^, bagages : le
filet, comme le sac, caracté-
rise dans des peintures le voya-
geur (fig. 3934) *. On y plaçait
l'attirail du bain fig. 3935) '" et Ton en avait de plus
petits (fig. 3936) ', pour l'éponge, la fiole d'huile ou
d'autres accessoires mis à part.
Les femmes, au moins
chez les Romains, avaient
pour contenir leurs cheveux
des résilles qui faisaient l'of-
fice du cécryphale grec, mais
qui ne se confondent pas
avec lui KEKRYPHALO.Nj'. Les
peintures de Pompéi et
d'HercuIanum (fig. 5937)"
en offrent des exemples.
Dans celui qui est ici repro-
duit la résille est dorée ; ce
qui s'accorde avec les pas-
ii sages de plusieurs auteurs,
qui parlent de relicu/a ou
retiola aurea^. Il y avait même de ces filets qui étaient
ornés de pierreries '".
I IbM. I 11, p. 113, n. I ; l. I", i' M., p. IT4. — 2 Cf. sur les actions con.
Iraires, Edouard Cuq. Op. cit. t. Il, p. 371, n. i. — Biblioukaphie. l'cllal. Textes
sur lu dot, ï« édit. IK53, p. 16: Erposè des principes généraux de la propriété
et de f usufruit, î- édil. 1853, p. i03 ; Grosikopff, Ziir Lehre rowi Jlfl^nlioiis-
recht, 1858; Maynz, Cours de droit romuin, i' édil. 1870, l. I el II; Oi-lo!an el
J.-E. Labbé, Explication historit^ue des Instituts de Ju^ti -ieu, ii' êdil. 1864.
t. Il, p. 717; Accarias, Précis de droit romain, i' Mil. 1884-I8!»1, I. I". p. 618:
t. Il, p. i55, Î60, 303 ; Langfcld, Die. lehre rom Retentionsrecht. 1886; Pcrnici',
Lttbeo. i. Il, i' édil. I89.i, p. 232 ; Windsclieid, Lehrbuch des Pan'leklenrechies,
9' cdil. t. Il, § 331 ; bernburg, Pandeklen, 7- édit. )9u2. 1. I" S 138; Edouard
Cu'(, Les Institutions juridiques des Homaitts, i' cdil. 1905, t. 1", p. 17 i, 2; 25; ;
1. 11. édil. 1908, p. 261, 647, 807.
ItETICCLUM. I Pour la forme reticulus. voir Non. Marc. s. v. rcliculum. p 221 ;
Varr. /(. r.cit. III, 5, 13; Pelron. Hat. 67 : Plio. H. nat. .\ll, 32, 2. — 2Horal. Sut. I.
1,47; Juven. XII, 60.-3 Reticulagalearia. Non. p. 222 (cf. oalejiiius]. — *.l/oii«n .
Fi-r. 5936. — Filet à époug
étaient des mous-
En dehors de la coiffure, il n'est question de réseau
dans le costume qu'exceptionnellement, si ce n'est au
théâtre, où il est attribué aux
devins comme un vêtement
caractéristique, qui rappelle
les bandelettes croisées sur
l'omphalos de Delphes [agre-
NON, 0MPHAL0s\ L'cntrecroi-
sement des attaches du cam-
PAGus fit donner à ce genre de
chaussure, au temps de Gai-
lien, le nom de reticuli ".
On a pu voir ailleurs que
des filets firent quelquefois partie du harnachement
des chevaux '-ciRcrs. fig. 1336 .
Cicéron '^ appelle
reticulum un sachet
de lin à fines mailles
contenant des feuil-
les de roses , que
Verres, en Sicile.
avait sur lui pour le
respirer. Aelius Ve-
rus remplit de la
même manière des
rideaux entourant
les lits; il eut des -^^--.^
imitateurs. Ces ri- p.„ j
deaux. que son his-
torien nomme minutum reticu/ant'
tiquaires 'coxopeim.
Par extension, le même nom fut appliqué à un grillage
métallique fermant une fenêtre (fig. 1069, 1070, 2944), ou
protégeant un endroit réservé'". E. Saglio.
REUS. — Ce mot, dérivé de res, désignait à l'origine
et, en général, toute personne intéressée dans un procès
ou dans un acte juridique, aussi bien le demandeur que
le défendeur'. Mais dans la suite il signifia surtout au
civil le défendeur, en matière d'obligation le débiteur-,
au criminel l'accusé.
Dans le droit criminel le reii.i est celui qui est en t?tat
d'accusation, in realii. Dans les procès soumis au peuple
cet état commençait à partir de la citation % faite à l'ac-
cusé d'avoir à comparaître au jour fixé; devant les
qitaestiones perpetuap, au jour de l'inscription, après la
nominis receplio^ ivma.K piblica, p. G3ij. .\ partir des
Sévères et plus tard, à certains égards, le point de départ
fut une sorte de ////.<; contestatio commençant avec l'ou-
verture des débals judiciaires'. L'état de prévention, de
rentus, entraine certaines conséquences juridiques, indé-
pendamment de l'usage qui existe déjà au dernier siècle
'/. Inst. 1837, pi. xivin ; llarlwig, .Meister.ichttl. pi. xi.. - â La fig. 5933 d'après une
coupe du .Musée du Louvre (Salle G 318|. — 6 Stackelberg, Crâber der Heltenen,
pi. Il, 2. — 7 Varr. Linrj. lai. V 130 ; Juven. Il, 96 ; Pelron, 67 ; Serv. Ad Aen. IV,
1.3; Augustin. Ep. 109. (2111, 10 : Pollux, Vil, 179, place le fdcl («;.t.,i., 5.«tOSh) à
côté du cécryphale. — * Pitl. tlErcolano, III, 45, p. 337 ; .l/u.t. Borb. XIV, 31 ; voir
::ussi V, 49 ; VI, IS : VIII, 4 ; XI. 2. — 9 Pelr. L. l. ; Laus. Virgin, in Hieronyra. ;
Op. Palrol. de -Migne. l. XXX, p. 169 ; cf. Pelag. Ep. ad Demetr. Ib. - «> Capitolin.
Maxim, jun. I, Uist. Aug. Paris. 1020, p. 148; cf. Anlh. Pal. V, 276. — " Trcb
Poli. Gallieni, Bitl. .iw,. p. 182; Casaubon ad l. p. 210. — '* Passeri, Lucemae,
III, 28. — 13 Cic. Yen: II, 9, 1 1. — '^ Sparlian. Ael. Ver. p. 15. — 15 Fesl. ». ».
regillis. Suf,pl. Lrsini, p. 4H Muller; cf. Varr. Jl. rust. III, 7; Ùigest. XIX. I. 17, § 3.
REIÎS. I Cic. De or. 2, 43, 183; Feslus s. r. Reus. — iDig. 44, I, 1, 2, S 2; «, 2.
1 1 : 4, 8, 34 ; 34, 3, 3, § 3. — 3 Liv. 3, 3 : 23, 4 ; 26, 2 ; Dionys. 10, S ; Appian. Bjll.
ci... I, 74. — *Cic. Verr. 2, 41-43; 4. 19 ; Adfam. 8, 8 ; Pro Ctu. 31 ; Dig. 48, 2, 3,
SI,*; Cod. Theod. 9, 36, 1-2. — 3 Dig. 48, 16, 3, .S 5; C. Jusl 3, 9, I.
REV
— 806 —
REV
de la République, que raccusé ainsi que ses principaux
amis paraissent en public en coslumo de deuil, en tenue
négligée, laissant pousser leur barbe et leurs cheveux '.
Quoiqu'en général, l'accusé ne soit pas considéré comme
coupable avant la sentence et garde son honorabilité
civique-, il ne peut intenter contre un tiers une accusa-
tion, à moins qu'elle ne soit plus grave que la sienne
propre^ ; sous la République, il peut encore, sauf dans cer-
tains cas ', être candidat aux magistratures », mais sa no-
mination n'est régulièrement possiblequesileprocèsaété
jugé avant le jour de l'élection ^ Sous l'Empire, surtout
devant une accusation capitale, il ne peut briguer aucune
magistrature '; en outre, dans ce cas, il lui est interdit
d'affranchir ses esclaves et le lise peut, après la con-
damnation, faire rescinder les aliénations et donations
frauduleuses '. Dans les procès de lèse-majesté et de
haute trahison, la condamnation est même alors réputée
rétroagir au jour du crime et l'accusé perd la libre dis-
position de ses biens': sa mort, avant la sentence, les
soumet également à la confiscation'".
L'état de prévention détermine également le délai de la
prescription de l'action, de l'expédition du procès", et,
au moins depuis le m' siècle, en cas de mort de l'accusé
avant le jugement, la responsabilité des héritiers pour
les amendes et la confiscation des biens'-. Ch. Lécrivain.
REVOCATIO. — La révocation est un acte volontaire
ou judiciaire qui a pour but d'empêcher un acte juri-
dique, parfois même un jugement de produire ses effets.
Dans quelques cas le mot revocnre a conservé son
acception littérale: il désigne le fait de rappeler une
personne d'un lieu dans un autre. Cette recocntio a reçu
deux applications: c'est d'abord un incident de la procé-
dure de l'action de la loi per sacramentum dans les
procès en revendication d'un immeuble rsACR.\MEXTUMl ;
c'est ensuite le droit concédé à certaines personnes de
décliner la compétence du magistral local et de demander
le renvoi de leur procès devant le tribunal de leur
domicile. — Dans les jeux du cirque, le conducteur d'un
quadrige était parfois revocatus\ lorsqu'une course
était restée indécise-. Les spectateurs exprimaient leur
désir de voir recommencer la course en secouant leurs
toges'. Plusieurs inscriptions mentionnent ces rappels'.
Un agitatorfactionix A Ibae fut, en douze ans (a. 76()-778 1,
rappelé quatre fois '- .
1. RÉvui;.\Tiox d'un acte jiridiole.— La révocation d'un
acte juridique résulte, en général, d'un changement de
volonté chez l'auteur de l'acte. Ce changement est tou-
jours possible dans les actes à cause de mort ; il n'est
permis qu'à titre exceptionnel dans les actes entre vifs.
A. Actes à cause de mort. — Ces actes sont essen-
I Geli. 3,4: Cic. De or. l, VI, 195; In Verr 1,58, 132; Pro Lig. Il, 32; Appian.
Bel. civ. 3, 2*; Tac. Ann. i, i9 ; Suel. Vitelt. 9 ; Martial. 2, 24, 3fi, 94; Seocc. Ep.
18. » ; Val. Max. 6, 4, 4 ; Hlin. Ep. 9, 22, 14; Dig. 47, 10, 30 ; Plut. Cic. 35. — 2 Dig.
50, I, 17, §12: 48,4, 11 ; C. Th. 9, 2, 1. — 3 C. Just. 9, 1, 1. — t Inleidiclion à
Catilina, poursuivi pour repetundae, de se présenter au consulat (Sali. Cat. 18;
Ascon. p. 89 ; Cic. Brut. 62, 224). — î Ascon. In Scaui: p. 19 ; Dio. Cass. 40, 51;
Cic. De leg. agr. 2, 3, 23. — 0 Cic. Cal. 3, 6. Dans Dion Cassius, 40. 31, Pompée,
seul consul, prend comme collègue Scipion accusé de corruption et arrête l'accusa-
tion. — 7 Oig. 50, I, 17, 5 12; 50, 4,6, § 2, 7 pr. ; C. Jusl. 2, 12, 6; 10, 60. 1. Il
ne peut uou plus plaider une cause (C Just. I, 2, 13, 6). — t Dig, 49, 14, 45;
10, 1, 8, § 1, 2 ; 39, 51, 15. — 9 C. Just. 9 8, 6. — lO Dig. 48, 4, 11 ; 48, 2, 20 ;
f. Jusl. 9, 8, 6. — 11 Dig. 48, 5, 30, § 7 ; 50, 4, 7,pr. ; C. Th. 9, 19, 2; 9, 36, 2;
9, 44. 3. On confisque les biens du reus qui ne s'est pas constitué prisonnier
dans l'année if. Ju»l. 9, 40, 2). — 12 Dig. 48, 2, 20 ; 44, 7, 33. — Bibi.iochaphie.
Lalioulaye, Essai sur Us lois criminelles des Romains, Paris, 1845, p. 340 ; .Momni-
sen SirafrtcUl, Leipzig, 1899, p. 390-392 (trad. fr. Paris, 1907, 11, p. 63-66).
tiellement révocables jusqu'au décès de leur auteur :
1° Les fidéicommis sont révoqués de plein droit par
une manifestation quelconque de volonté; aucune forme
n'est requise ,fideicom.missi'.Mj. 11 n'en est pas de même
pour les legs. Les modes de révocation des legs ont été
indiqués au mot leg.\ti'm IH, p. 1046J.
2° Les donations à cause de mort sont révocables au
gré du donateur et en cas de prédécès du donataire ^ mais
le donateur peut renoncer à la faculté de révoquer'. La
révocation, lorsqu'elle est demandée par le donateur, n'a
pas toujours lieu de plein droit ; il faut qu'elle ait été
faite sous une condition suspensive'. Si elle a été faite
sous une condition résolutoire, le donateur n'a qu'une
action personnelle pour réclamer au donataire la valeur
du bien donné', ou pour obtenir sa libération s'il a fait
une simple promesse"'. Cette différence tient à l'effet de
la condition résolutoire; les jurisconsultes classiques ne
la considèrent pas comme un mode d'extinction des obli-
gations", et ils lui refusent, en général, tout effet réel'- ;
ils estiment que cet effet serait très dangereux pour les
tiers qui traiteraient avec le donataire sans savoir que
son droit est résoluble. La législation de Justinien, s'ins-
pirant d'une opinion émise par Ulpien", n'a pas tenu
compte de ce danger ; elle accorde dans tous les cas au
donateur le droit de revendiquer le bien donné". Lors-
que la donation à cause de mort a consisté en une remise
de dette _acceptilatio], le donateur n'a que la ressource de
demander au donataire de s'obliger à nouveau enverslui ''.
3° La révocation d'un testament fut, pendant longtemps,
soumise à une condition rigoureuse : la confection d'un
nouveau testament". Le changeme'nt de volonté ne pouvait
se manifester d'une autre manière; et lorsque le testateur
faisait un second testament, il était toujours censé révo-
quer le premier. Depuis le ii'' siècle de notre ère, il n'en
est plus de même : on recherche avant tout l'intention du
testateur '', sans exiger l'emploi d'une forme déterminée.
S'il a fait un nouveau testament parce qu'il a cru mort
l'héritier institué ", le testament antérieur reste valable.
On ne tient pas compte d'un changement de volonté
causé par une erreur. Il en est de même si, après avoir
fait un second testament, il l'a détruit pour rendre sa
valeur au premier " ; on considère comme inexistant un
acte qui n'exprime plus les dernières volontés de son
auteur. Sous l'intluence de la même idée, on n'exige
plus la confection d'un nouveau testament : la révocation
résulte de tout acte manifestant le changement de volonté
Par exemple, le testateur a effacé le nom de l'héritier -",
ou bien il a détruit les tablettes du testament^'. On
admet également qu'un testament irrégulier en la forme
suffit pour révoquer un testament antérieur, lorsqu'il
REVOCATIO. 1. Le mol remissus parait avoir le même sens. Corp. inscr. iat.
VI, 10047. — 2 Cf. Friediaender, Darsteltungen aus der Sittengeschichte Roms,
6« édit. 1889, t. II, 502. — 3 Ovid. Amor. lll, 1, 73-82; Senec. Conirov. I, 3, 10.
— ' Corp. inscr. Iat. VI, 10055 ; 33950. — 5 ywrf. VI, 10051. — « Jul. 29 Dig.
XXXIX, 6, 16. — •: M.irccll. ap. Jul. 17 Dig. Eod. 13, 1. - s Jul. Eod. 14; Llp.
17 ad Ed. Eod. 29; Javol. Il E|.ist. Dig. XXIV, 1, 20; Ulp. 32 ad Sab. Dig. XXVI,
6, 11, 9.-9 Paul. 6 al leg. Jul. Eod. 35, 3. — lu Trvphon. 9 Disput. Oig. XXIll,
3, 76. — Il Paul. 74 ad Ed. Dig. XLIV, 7, 44. I. — 12 Cf. Edouard Cu,|.
Institutions juridigues^ des Romains, t. II, p. 366 et 421. — 13 Ulp. 17 ad
Ed. Dig. XXXIX, 6, 29. — 14 Cad. Jusl. VIII. 55, 2. — 15 Afric. 9 (iuaest.
Dig. XXXIX, 6, 24. — 16 Pompon, 2 ad Q. Mue. Dig. XW'IH, 3. 16; Ulp.
2 ad Sab. 46 ad Ed. Eod. 2, 11 ; Oratio de Pertinai, Inst. Il, 17, 7. — i" Gains,
II, 131. — 18 Paul. Impérial. Sent. Dig. XXVlll, 5, 92. — 19 Papin. 13 Quaesl.
Dig. XXXVII, 11, 11, 2. — '20 Jul. 24 Dig. Eod. 8, 3. Décret de Marc-Aurèle,
ap. Marcell. 29 Dig., Dig. XXVlll, 4. 3. — 21 Llp. 4t ad Ed. Dig. XXXVIll,
6, 1, 8.
REV
— 837 —
REV
institue un héritier «6 inlestat'. Au Bas-Empire on
exige, en ce cas, que le changement de volonté soit attesté
par cinq témoins-. Au v' siècle, une constitution d'Hono-
rius a introduit dans l'empire d'Occident une innovation
singulière ; les testaments qui ont dix ans de date sont
révoqués de plein droit ' ; mais celle décision a été
abrogée par Justinien '.
B. Actes entre vifs. — Les actes juridiques entre vifs
sont, en principe, irrévocables. Des exceptions ont été
admises pour certains contrats et pour quelques actes
comme la donation entre vifs, l'émancipation, l'affran-
chissement, la renonciation à une succession. Une
exception plus générale a été consacrée par l'édit du pré-
teur pour les actes faits en fraude des créanciers.
1° Sont révocables les contrats et conventions formés
en considération de la personne; tels sont le mandat',
la société ', le dépôt ', la fiducie contractée avec un
ami, le précaire '. Les règles sur la révocation du man-
dat, du dépôt, de la fiducie ont été indiquées aux mots
MANDATIM III, 2, io69-lo70j, DEPOSITUM [II, 1 , 10o[, FIDUCIA
[II, 2, 1II7[. Quant à la société, elle se dissout par la
volonté de l'un des associés ' ; lorsqu'il n'a plus con-
fiance en ses coassociés, il est libre de se retirer, sauf le
cas de dol, et sous réserve de dommages-intérêts s'il y
a préjudice pour la société '•* [societasJ. La convention
de précaire est également révocable au gré du concédant
[precarium". Le droit de révocation, qui fut à l'origine la
conséquence de l'état de dépendance dans lequel le pré-
cariste se trouvait vis-à-vis du bailleur, a été maintenu
sous l'Empire", lorsque le précaire a reçu des applica-
tions nouvelles en matière de gage et de vente à terme.
Le bailleur ne peut même pas renoncer temporairement
au droit de révocation'-.
2° La donation entre vifs a été pendant longtemps sou-
mise à la règle de l'irrévocabilité. Le donateur avait
cependant le droit de refuser d'exécuter la donation
lorsqu'elle dépassait le taux fixé par la loi Cincia [lex
ciNCiA, p. 1135]. Depuis leur siècle ap. J.-C, la donation
est devenue révocable dans quatre cas: pour inexécution
des charges, lorsqu'elle est faite par un patron à son
affranchi, pour ingratitude, lorsqu'elle est inofficieuse.
Le premier cas de révocation a été exposé au mot
MODis [p. 19o9[. Le second cas a été établi en 249 par
un rescrit de l'empereur Philippe: la donation faite à un
affranchi par son patron est révocable ad nutum ". Un
siècle plus tard, en "ioo. une constitution de Constance
et Constant a restreint le droit de révocation au cas de
survenance d'enfant".
La révocation pour ingratitude a été établie par Dio-
clétien au profit du père du donataire '% par Constance au
profit de la mère'". Elle a été étendue par Valens à tous
les ascendants'". Justinien l'a accordée à tous les dona-
teurs, mais en déterminant les causes d'ingratitude
(injure grave, attentat à la vie du donateur, dommage
important causé aux biens) '^ Ce droit de révocation ne
peut s'exercer ni contre les tiers, ni contre les héritiers
1 LIp. 2 ad Sab. Dig. XXVllI, 3, 2. — 2 A'ou. Theod. XVI, 5 el 7. - s Cod.
T/ieod. IV, 4, 6. — * Cod. Jusl. VI, i3, il. — s papin. 10 Resp. Dig. XVII
1, 57 : Certi hominis fidem etegit. — 6 Gaius, III, loi. — ^ Ulp. 30 ad Ed.
Dig. XVI. 3, 1 pr. 4. - 8 Cela. 25 Dig., Dig. XLIII, 26, lî, 1. — 9 Gaius. III,
)51. — 10 Paul. 3î ad Ed. Dig. XVII, i, 65, | 3, 5, 6. — Il Ulp. 71 ad Ed.
Dig. XLIII, 26, 2, 2. — 12 Gels 25 Dig. Eo'l. 12 pr. — 13 Valic. frag. 272.
— Il Cod. Theod. VIll, 13, 3. — 13 md. 2. — 16 Uid. I. — 1" Jbid. 6.
— 18 Cod. Jusl. VIII, 55, 10. — 19 Philip. Cod. Just. III, 29, 2. — 20 Cf. Edouard
VIII.
du donataire. Le donateur ne peut s'en prévaloir qu'à
rencontre du donataire.
Sont révocables les donations excessives faites pour
éluder la plainte d'inofficiosité ". La coutume impose
au testateur l'obligation de laisser une partie au moins
de sa fortune à ses proches parents (ascendants, descen-
dants, collatéraux privilégiés) [testame.ntlm] . Une cer-
taine quotité leur est réservée-". Cette quotité, laissée
d'abord à l'appréciation du tribunal des cenlumvirs, fut,
à l'exemple de la quarte Falcidie, fixée au quart de ce
que les parents auraient eu ab intestat-'. C'est la quarte
légitime. La partie lésée a le droit d'attaquer le testament
comme inofficieux et de le faire rescinder. Si pour éviter
la rescision, le disposant a fait des donations entre vifs
excessives, le légitimaire a, depuis Alexandre-Sévère^',
le droit de les faire révoquer pour fraude à la loi, même si
ledonateur est mort intestat-^ Dioclétien alimitéle droit
de révocation à la quotité qui excède la légitime-*, mais
il l'accorde même s'il n'y a pas eu fraude à la loi lorsque
les enfants sont nés après la donation faite par leur père -''.
L'exercice de l'action en révocation est subordonné à
plusieurs conditions. Il faut que le légitimaire ait été
injustement privé de sa part, qu'il n'ait pas d'autre voie
de recours, qu'il n'ait pas approuvé la donation^".
.3° La renonciation à une succession est révocable dans
un seul cas, lorsqu'un héritier a été institué cum cretione.
La cretio est un mode solennel d'accepter une succession ;
elle consiste en une déclaration verbale qui, à l'époque
classique, n'est obligatoire que si elle a été imposée par
le testateur. Elle doit être faite dans un délai qui est ordi-
nairement de cent jours. L'héritier qui renonce avant l'ex-
piration de ce délai peut changer de volonté et faire la
déclaration prescrite tant que le délai n'est pas écoulé".
4° DepuisConstantin, l'émancipation peut être révoquée
pour cause d'ingratitude. Cette révocation a pour effet
d'attribuer au père les biens du fils ; il recouvre même
la propriété des biens qu'il lui a donnés "' [e.mancipatioI.
.3° L'affranchissement lui-même est, en quelques cas,
révocable. Au temps de Tibère, cette idée n'était pas
eniîore admise : lorsqu'un affranchissement avait été fait
en fraude des créanciers, l'action Paulienne était inappli-
cable. La loi .\elia Sentia tourna la difficulté en décidant
que l'affranchissement serait non avenu ^' ; on respectait
ainsi la règle qui défend de révoquer un affranchissement
régulièrement fait ^''. Dans la suite, cette manière de voir
ne fut pas rigoureusement maintenue Dès la fin du i" siè-
cle de notre ère, Ariston autorise la revoratio in servi-
tutenKÏuQ esclave afl'ranchi en fraude des droits du fisc".
Cette opinion fut consacrée plus tard par un rescrit de
Sévère el Caracalla '-, et, dès lors, on trouve plusieurs cas
de révocation d'un affranchissement [libertus, p. 1214].
6° Un sénatus-consulte, rendu sur la proposition
d'Hadrien, a révoqué l'usucapion à titre d'héritier que
l'ancien droit avait admise pour déterminer l'héritier
institué à se hâter de faire adition [lsit.apioJ. La révoca-
tion a lieu de plein droit par l'autorité de la loi. Désor-
Cuq, Institutions juridiques, l. Il, p. 604-609. — 2i papin. ap. Ulp. 14 ad Ed.
Dig. V, 2, 8, 8. — 22 Ap. Paul. 14 Resp. Dig. X.XXI, 87, .3. — 23 Val. Gall.
Cod. Jusl. III, 29, 3. — 21 Cod. Just. III, 29, 8 pr. — 23 Uid. 5. — 26 /j;rf. 4 et 6 ;
Constaulius, h'od. 9. — 2" Gaius, II, 168. — 28 Vatic. frag. 248. Valcnlin. Val.
Cral. Cod. Just. Vlil, 49, 1. — 29 Gaius, I, 37 : Nihil agit quia lex Aelia Sentia
imppdil libertatem. — 30 Pius ap. Marciaa. 13 Insl. Uig. XL, 2, 9, 1 ; Ulp. 60 ad
Ed. ùig. XL, 5, 4, 1. — 31 Ap. LIp. 3 ad leg. Aeliara, Dig. XL, 9, 16, 3. — 32 Ap.
UarciaD. 3 Inst. Dig. XLIX, 14, 30.
108
REV
— 8.^S —
REV
mais l'héritier ppul cxitcci- la pélilion d'hOréditi' conln'
l'i'lui qui a usucapé un l)itMi hôiM'ditaire, et il obtiendra
gain de cause comme si l'usucapion n'avait pas eu lieu '.
7° Les actes faits en fraude des créanciers peuvent être
révoqués par le préteur. Il s'agit ici non plus d'un chan-
gement de volonté de l'auteur de l'acte, mais d'une révo-
cation judiciaire. Dès le temps deCicéron-, le préteur a
réprimé l'abus de conliancc commis par un débiteur
insolvable qui aliène un de .ses biens au préjudice de ses
créanciers. Il promet ;\ ceux-ci l'interdit fraudatoire '
pour forcer le tiers acquéreur de mauvaise toi à resti-
tuer les biens aliénés'. L'interdit doit être demandé
dans le délai d'un an utile à dater de la vente'. A défaut
de restitution, le tiers est condamné à payer une indem-
nité égale à la valeur de la chose au jour de la vente;
on y joint, s'il y a lieu, la valeur des fruits^
Cette disposition fut généralisée par un autre édit : le
préteur promet de révoquer tout acte frauduleux commis
par un débiteur'. !1 accorde au curateur, chargé de la
vente des biens de l'insolvable, et pendant un an à dater
de la vente, une action en réparation du préjudice causé.
Cette action, appelée Paulienne du nom du préteur qui
l'a proposée", est une action en révocation : elle se donne
contre le tiers qui a pris part à l'acte. Elle peut même
être exercée contre le débiteur qui, ne pouvant exécuter
la condamnation, sera enfermé dans une prison privée.
L'exercice de l'action Paulienne est subordonné à plu-
sieurs conditions : l'acte dont on demande la révocation
doit avoir eu pour efTet de diminuer le patrimoine du
débiteur' ; il doit être préjudiciable aux créanciers'". 11
faut, en outre, que le débiteur ait su qu'il se rendait insol-
vable ou qu'il augmentait son insolvabilité ", et que le
tiers ait été complice de la fraude'-. Cette dernière con-
dition n'est pas exigée pour un acquéreur à titre gratuit;
il est toujours obligé dans la limite de son enrichis-
sement'''. Le principe de l'action Paulienne a été main-
tenu par le droit moderne, et consacré par l'article 1167
du Code civil.
Cette action était insuffisante et ne protégeait pas effi-
cacement le créancier en cas d'insolvabilité du défendeur;
le préteur combla cette lacune en promettant aux créan-
ciers une in intef/rum restitiiliolorsque l'acte frauduleux
est un acte d'aliénation. Les créanciers peuvent reven-
diquer la chose aliénée, comme s'il n'y avait pas eu
transfert de propriété; mais cette restitution n'est pos-
sible que contre le tiers à qui le débiteur a livré la
chose [RESTITUTIO IN INTEGRl'Jl] ".
8° La révocation judiciaire est également admise pour
les aliénations entre vifs faites par un afl'ranchi en
fraude des droits successoraux de son patron. L'édit du
Préteur accorde au patron l'action Fabienne, si l'affranchi
a fait un testament '% l'action Calvisicnne dans le cas con-
traire '". Le patron ne peut faire révoquer les actes par
lesquels l'affranchi a manqué d'acquérir, tels que la
1 Caius, U, 57. — 2 philipp. VI, 'l, Il ; ail Atlic. I, 1, 3. — :i Papin. Il Resp.
hig. XLVI, 3, UO pr.: Valons. 3 lid. Dig. XXXVI, 1, G'J, i. - i LIp. 73 ad E.l.
Dig. XUI, », 10 pr. — i. Ibid. 10, § i, 5, 18. - 0 lt,id. 10, § 0 à 8, 19 à 23.
— 1 Ibid. 1 pr. — » Paul, G ad Plaul. Dig. XXII, 1, 3», 4. — 9 Ulp. Oig. XLII,
8, I. I; Paul. Eod. 7: cf. Jul. Eod. 17.— lO Ulp. 6C ad Ed. DUj. XLII, 8, 6 pr.
S 1, 2; 3, 1; Paul. Eod. i. — u Ulp. 73 ad Ed. Eod. 10, I. — 12 Ibid. 10, î;
Jul. 19 Dig. Eod. 13; 17. 1. Ulp. Eud. 10, § 2 à 5. — 13 Ulp. Eod. 0, § Il à
13. - I* Imt. IV, c, C: cf. Ed. Cuq, Instil. jm-id. 1. Il, p. 489, n. 2. — 15 Cf. Ulp.
44 ad Ed. Dig. XXXVIII, 5, I pr. — ii Ibid. 3, 3. — n Ibid. 1, 6. — 18 Ibid. 1, 4.
— l'J Paul. 43 ad Ed. Eod. 4 pr. Frg. de formula Fabtnna [juriconsulti, III, I,
7i4, n. 10], § G. - ati Ulp. Dig. XXXVIIl. 5, I, ;g. J-rg. de form. Fab. % I.'
répudiation d'une hérédité ou d'un legs'". Les actions
Fabienne et Calvisienne se donnent contre l'acquéreur
même de bonne foi '* ; le dol n'est exigé que chez l'alié-
nateur". Ces actions sont d'ailleurs des actions person-
nelles, arbitraires et perpétuelles-". Si l'acquéreur a lui-
même aliéné la chose, il est débiteur de la valeur vénale :
le patron ne peut jamais réclamer la valeur subjective-'.
Par exception, si l'aliénation a été faite pour doter une
femme, l'action en révocation peut être intentée contre
le mari tant qu'il n'a pas restitué la dot'-'. Mais la dot
constituéepar l'affranchi à sa tille est irrévocable-^
Les aliénations à cause de mort faites à des tiers '-' par
l'affranchi peuvent toujours être révoquées à la demande
du patron : on n'a pas à prouver qu'elles sont fraudu-
leuses -■'.
II. ItÉvoCATiox d'un jugement. — La sentence rendue
par un judex privatus n'est pas susceptible d'être
réformée. En cas de mal jugé, il n'existe pas de voie de
recours. L'erreur ou l'injustice du juge sont considérées
comme des cas fortuits ^^ L'appel n'est admis que contre
les décisions des juges délégués par l'empereur. Le
défendeur condamné par un juge investi par le préteur
du muntis Judicandi, n'a que la faculté d'arguer de
nullité [judicatum negare) le jugement qui lui fait grief
et d'en demander la révocation-".
Les causes de nullité sont assez nombreuses ; il suffit
de citer quelques exemples. La sentence est nulle :
1° Lorsque le juge ne statue pas d'une façon précise sur
kl prétention du demandeur, notamment sur les intérêts
de la somme que le défendeur est condamné à payer-*.
2° Lorsqu'il a statué sur des questions non comprises
dans la formule-', ou bien un jour férié en l'absence des
parties^", ou encore sans que le défendeur ait été régu-
lièrement cité^'; lorsqu'il a prescrit une chose impos-
sible^-, condamné une personne décédée ou incapable ^^
3° Lorsque le juge a été institué par un magistrat incom-
pétent, tel qu'un procurateur impérial qui ne fait pas
fonction de gouverneur de province et qui a nommé
un juge pour un procès entre particuliers^*. 4° Lorsque
le juge est incapable. L'incapacité de remplir la fonction
de juge résulte de la nature, de la loi ou de la coutume.
Les impubères, les sourds, les muets, les fous qui n'ont
pas d'intervalle lucide, sont naturellement incapables.
Les citoyens qui n'ont pas l'Age requis par la loi, ou qui
ont encouru urie déchéance comme l'exclusion du Sénat,
sont incapables légalement. D'après la coutume, sont
incapables les femmes et les esclaves, qui ne peuvent pas
remplir un office civiP\ 5° Lorsque la sentence a été
rendue par le magistrat dans un cas où il aurait dû
instituer un juge"'. 6° Lorsqu'une affaire a été soumise
à plusieurs juges, tels que les récupérateurs, et que l'un
d'eux a été absent lors du jugement^^ La sentence n'est
pas régulièrement rendue, car les juges avaient reçu
mission de statuer tous ensemble. On ne saurait objecter
— 21 Ulp, Loc.cil. I, 13; cf. Edouard Cuq, Oyj.ciM. H, p. 504 et 610. — 22 Qctavcnus
in Frg. de form. Fib. §2.-21 Ulp. Loc. cil. I, 10. — 24 Frg. De form. Fab.,
§ 6 ; Ul|.. Loc. cit. 1, 1. — 2b Ibid. I, 2. — 20 Cf. Edouard Cuq, Op. cil. i. ll,p. 409,
n. 6; 709, n. 5. —27 Cic. p. Flacco.c. 21, §49. — 2» Ulp. 4 de omn. tribun. 68 ad Ed.
Dig. XLII, 1, 59, i; 4, G;Gord. Cod. Just. VII, 46, .3.— 29 Alen. Sev. Cod. Jmt. VII,
48, 1. — 30 Ulp. 4 de omn. Iribun. Dig. II, 12, 1, I. —31 tinKer . Dig . XL1X,8, 1,3.
— 32 Paul, le Rcsp. Eod. 3 pr. — 33 Esclave : Papin. 2 Resp. Dig. V, 1, 4i, 1 ; Gord.
Cod. Jus!. III, 1, C. Pupille non assisté de son luleiir: Paul. Dig. XLII. 1, 4d, î.
Femme qui défend à un judiciitm legitimvm sans son tuteur : Ulp. XI, 2+ ; 27 ; Gains.
I^ 184. — 3* Papin. 91 Kesp. Dig. XLIX, 1, 23, 1. — 35 Paul. 17 ad Ed. Dig. V, 1,
12, 2. — 36 Carac. Cod. Jusl. VII, 43, 4. — 37 Cels. 3 Uig. Dig. XLII, 1, 39.
REV
— 839 —
REV
que ce juge, s'il avait été présent, aurait pu être en désa-
cord avec les autres, et que la sentence rendue par la
majorité n'en serait pas moins valable: la loi veut que
les juges assistent tous à la délibération et expriment
leur avis', cet avis se réduirait-il au serment sihi non
liquere- [jusjlrandum, III, p. "73, n. 35;. 1" Pour viola-
lion de la loi, d'un sénatus-consulte ou d'une constitution
impériale '.
La révocation d'un jugement peut être demandée de
deux manières : directement, lorsque le défendeur con-
damné prend l'ofTensive; indirectement, lorsque, pour-
suivi par l'action judicali, il conteste la prétention de
son adversaire, en soutenant qu'il n'existe pas de juge-
ment valablement rendu contre lui*. Dans l'une et l'autre
hypothèse, il encourt la peine du double, en cas d'insuccès.
De là le nom de cette procédure : revocalio in duplum'\
La révocation d'un jugement peut également être solli-
citée par le demandeur lorsque le juge a prononcé l'abso-
lution du défendeur. Il renouvellera sa demande devant
un nouveau juge ; si son adversaire lui oppose l'exception
de chose jugée, il la paralysera par une réplique fondée
sur la nullité du jugement. Mais cette faculté ne lui appar-
tient que pendant un certain délai : au bout de dix ans
entre présents, vingt ans entre absents, le défendeur
absous lui opposera la prescription •'.
III. Ri-.voi;.\Tio DOMUM. — Le Jus revocandi domum est
la faculté accordée à l'habitant d'un municipe ou d'une
cité provinciale, lorsqu'il est de passage à Rome, de
décliner la compétence du préteur II peut demander à
être renvoyé devant le tribunal de son domicile [^.ilkis-
DICTIO, III, i, 731 .
L'exercice de ce droit, qui constitue un véritable privi-
lège, a été rigoureusement limité. Il a d'abord été intro-
duit en faveur des députés [légat i\ envoyés à Rome par
un municipe ou par une cité provinciale. Il leur est
accordé pour les obligations contractées avant leur
mission'^ soit dans leur cité, soit dans leur province ',
soit même à Rome'. Le légat, qui a fait dans sa pro-
vince un pacte de constitut [cû.nstitltum, I, :2, \.\o\], ne
perd pas le jus revocandi domum lorsqu'il a promis de
payer à Rome '", à moins qu'il n'ait été spécifié qu'il paie-
rait lorsqu'il serait légat ". Il en est de même s'il a fait à
Rome un pacte de constitut pour une dette contractée en
province'-. Le légat ne peut être actionné en revendi-
cation en raison d'un objet qu'il possède actuellement '^
11 ne peut pas, non plus, être appelé devant un arbitre en
raison d'un compromis qu'il a fait ii Rome avant sa
mission'*. Pareillement, on ne peut poursuivre devant le
préteur le légat qui a fait, à Rome, adilion d'une héré-
dité qui lui est échue en province' ', ou bien celui à qui
une hérédité a été restituée en vertu d'un fidéicommis "■.
Le jurisconsulte Cassius indique la raison de ce privi-
lège des députés : on ne veut pas entraver l'exercice de
leur mission. Un sénatus-consulte leur avait défendu de
s'occuper d'autre chose'". L'intérêt des créanciers héré-
1 Marcel. 3 big.Eod. 37. — 2 Paul. Eod. 36. — 3 Modesl. De enucl. casibus,
Dig. XLIX, 1, 19. - t Gaius, IV, 9. — 5 Paul. Sent. V, 5 a, 6 a. Alex. Sev. Cod.
Gregor. X, I. — 6 Paul. Sent. V, 5 a, 8 ; cf. 0. Lenel, Essai de reconstitution
de i'Edil perpétuel, Irad. Pellier, t. Il, p. 187. — ' (Jlp. 3 ad Ed. Dig. V, 1, 2, 4.
— 8 /é,V. 2, ô. — 9 Ibid. Jul., Anton. Plus, ap. Ulp. Eod. î. i. — 1« Jul. ap.
Ulp. 27 ad Ed. Diy. Xlll, .ï, 5, 1; Uaius. i ad Ed. prov. Dig. V, I, 8; et. la cor-
rection de Mommsen sur le premier texte. — n Afric. 3 quaest. Dig. L, 7, 3.
— 12 Gains, Loc. cit. — <3 Julian. ap. Paul. 17 ad Plant. Dig. V, 1, 24. 2. — i» Paul.
3 ad Ed. Dig. IV, 8, 32, 9. — 15 Paul. Dig. V, 1, 2C. — '« Ibid. 28 pr. — 17 Paul.
ditaires n'est pas sacrifié; ils ont le droit d'exiger une
salisdation [satisdatio^ ou, à défaut, ils obtiendront
l'envoi en possession de l'hérédité à titre conservatoire"
[missio i.v possessionem, III, 2, 1938, n. 5]. Cette mesure
n'empêchera nullement le député de remplir sa mission ".
Le Jus rei'ocandi domum est refusé au légat : 1° Pour
les obligations qu'il a contractées durant sa mission, à
Rome'-'\ en Italie-', oumémesuivanl l'opinion qui apré-
valu, hors de sa province". Il en est ainsi notamment
pour les achats ou autres acquisitions faites pendant
son séjour à Rome. L'exercice du privilège aurait ici
donné lieu à un abus; le légat aurait pu en profiler pour
emporter dans sa province la chose d'autrui". La règle
qui précède a pour conséquence de permettre au légat de
cautionner toute espèce d'obligation : il ne peut, en effet,
invoquer son privilège pour une obligation contractée
en Italie-'. 2° Pour les obligations qu'il a contractées à
Rome avant sa mission, s'il séjourne dans cette ville, une
fois sa mission terminée -.3° Pour l'action en restitution
de la dot intentée par la femme du légat, après un divorce
signilié à Rome^*^. 4° Pour un recours en garantie contre
l'éviction ; le député vendeur invité à défendre l'acheteur
doit se rendre devant le juge saisi de l'action dirigée
contre l'acheteur-'. 5° Lorsque le légat a été cité en
justice avant d'à voir reçu sa mission'-'. 6° Lorsqu'il exerce
lui-même une action devant le préteur, il est censé
accepter sa juridiction pour toute demande qui pourrait
être formée contre lui -'. Exception est faite pour le cas
où l'action intentée par le légat a pour objet la répres-
sion d'un délit (injure, vol, dommage causé contrai-
rement au droit) dont il a été victime. Sans cette excep-
tion, il eût été très facile de priver le député de son
privilège : il aurait suffi d'exercer contre lui une voie de
fait ; ou bien on aurait pu l'outrager impunément'". 7° En
matière de délits ''. Le tribunal compétent est toujours
celui du lieu où le délit a été commis '^
Le privilège accordé au légat ne le dispense pas de
fournir la caution damni infecti, lorsque sa maison
menace de s'écrouler sur le fonds voisin^'. A l'inverse, on
ne peut lui déférer le serment sur l'existence de la dette
dont on lui réclame le paiement ". Le privilège du légat
est attaché à sa personne; il ne peut être invoqué par
ses ayants cause'".
L'application du Jus revocandi domum a reçu un tem-
pérament : lorsque le légal est tenu d'une action tempo-
raire sur le point d'être périmée, le préteur permet
d'engager le procès, puis après la litis contestatio,
l'instance est transférée en province '". Mais pour le
calcul d'un délai utile comme celui qui est accordé pour
demander Vin integrum restitulio, on ne tient pas
compte du temps que le provincial a passé à Rome'''.
Lorsqu'il y a doute sur le point de savoir si le légat a le
Jus revocandi domum, le préleur statue lui-même après
enquête". Le légat ne peut, en aucun cas, refuser de se
présenter devant le préteur pour justifier de sa qualité
Dig. L, 7, 8, 2; 10 pr.: Il, 1 : Scaev. Eod. 12: Modest. Eod. 15. — is Ap. Paul.
Eod. 26; cf. Jul. Eod. 24, 2. — 19 Julian. I, Dig. Eod. 27. — 2» Ulp. Eod. 2, 4.
— 21 Ulp. Eod. 2, 5. — 22 Marcell. ap. Ulp. Eod. — 23 Jul. 1 Dig. Bod. if.,
— 21 Rescr. Pii ap. Ulp. Eod. î, 4. — 2J Papin. 24 quaest. Eod. 42. — 26 Paul.
3 Resp. Eod. 49 pr. — 27 Papin. 3 quaest. Eod. 39, 1. — 28 Ulp. 7 ad Ed.Eod. 7.
— 29 Paul. 3 ad Plaut. Eod. i2. — 30 Jul. ap. Ulp. Eod. 2, 5. — 31 Kescr. Pii ap.
Ulp. 7 de offic. Proc. Dig. XLVIll, 2, 7, 4. — 32 Paul. Uig. V. 1, 4, 1. —33 /bid.
Ï8, 3. — 31 Jbid. 28, 2. — 35 ihid. 28, I. — 3« Ibid. 28, 4. — 37 Ulp. 12 ad.
Ed. Dig. IV, 6, 28, 4. — 38 Paul Dig. V, I, 28, 6. Scaev. 1 Reg. Dig. L, 7, 3, i.
REX — 860 —
cl invoquer son privilège'. L'exercice de ce privilège
est d'ailleurs subordonné ù la condilion de promettre de
comparaître en justice au jour fixé par le magistrat. On
n'exige pas de satisdalion, sans quoi la difficulté de
trouver des cautions pourrait empêcher le légat d'user
de son privilège'- s.\tisp.\tio\
Le jus rei-ocandi domum a été étendu aux habitants
des municipes ou des provinces qui ont été mandés à
Rome par le prince soit pour un procès ^ soit pour
rendre des comptes de tutelle; à ceux qui sont venus à
Rome pour juger un procès, pour témoigner en justice*,
ou même pour interjeter appel d'un jugement". On ne
peut profiter de leur présence à Rome pour les actionner
en raison d'une autre affaire ; on ne permet même pas à
un mineur de vingt-cinq ans de demander contre eux
une in integriim restilittio " restititio].
IV. Revùc.\tio romam. — Les habitants de Rome, de
passage en Italie ou dans les provinces, pouvaient-ils
réciproquement demander le renvoi à Rome des procès
qu'on leur intentait devantles magistrats municipaux ou
devant les gouverneurs de province? Divers passages de
Ciceron' prouvent que, dans les provinces, le renvoi à
Rome n'était pas obligatoire: il dépendait du pouvoir
discrétionnaire du gouverneur de la province. Quant aux
magistrats municipaux, la question du renvoi à Rome
est mentionnée dans le fragment de loi trouvé à Este
[lex rosci.\, III, 2, p. 1162]. La loi décide que les
litiges entre particuliers, qui auraient été de la com-
pétence des magistrats municipaux avant la loi Roscia,
resteront soumis à cette compétence, quelle que soit la
valeur du litige : la revocatio Romae {sic) est interdite.
La portée de cette règle est discutée : les uns y voient
une disposition visant l'avenir'; d'autres pensent que
c'est une mesure transitoire, applicable aux actions déjà
nées lors du vole de la loi'. Edouard Ciq.
REX [regnum].
REX XE.MOREXSIS. — Ce titre, chez les écrivains
anciens ', désigne une sorte de prêtre chargé du culte de
Diane Aricina, au temple situé dans le bois de Némi,
sur le versant des monts .\lbains [diana, p. 154-2".
Diane elle-même est couramment appelée .Yemo)-ensis,
et le commentateur de Virgile remarque qu'aux temps
anciens on donnait le nom de roi aux prêtres et aux
pontifes en général [reg.mm]-. C'était une étrange pra-
tique et qui sent la barbarie primitive que celle qui pré-
sidait à l'installation du roi de Némi^ Une fois remplacé,
le premier qui fut un héros silvestre en rapport avec l'être
' Pompon., Viodius ap. L'ip. 5 ad Ed. Dig. V, 1,5. - 2 Mêla ap. Ulp. 3 ad
Ed. £od. i«, 6.-3 Paul. Eod. ii pr. — i Ulp. Eod. i, 3; Rcscr. Pii.
Eod. — 5 Gels. ap. lilp. Eod. — 6 Rescr. Pii, Eod. 3, 3. — ■ Cic. Ad
fam. Xlll, 6, 3; in Verr. Ili, tiO. — 8 Karlovia, Mm. Jlechtsgesch. I, 4i2.
— S Uoniniseii, in Bermes, XVI, 34; AliLrandi, Opère, I, 400; Esmeiu, .Mélan-
ge; Î86; cf. Applelon, lier. gén. de droit, l'JoO, XXIII, p. ;«. - Bibliograpbib :
I. Glasson, Elude sur les donations i cause de mort, 1870; Serafini, Delta
reioca degti atti fruudolenti compiuti dal debilore, ls87-)889; Morjlz Voigt,
Romische Hfchttgeschichle, l. I", 189i, p. 760; l. II, 1899, p. 1013; Karlowa,
Rim. RechlsgeschicUle. I. Il, 1901, p. HOO ; Solazîi, La reroca degli alti frau-
dolenli,- HOÎ ; Girard, Manuel de droit Romain, 4" 6d., p. Mi; Edouard Cuq,
Let institutions juridiqurs des Romains, t. 11. édition 1908, p. 488. — II. Belli-
mann-llollweg, Der rôm. Civilprozess, t. Il, 1865, p. 720 ; Kuntze, Excurse ùber
rôm. RechI, i< *d. 1880, p. 402; Eisele, Abhandlungen :um rôm. Civilprozess,
1889, p. 102; Otlo LcncI, E.xsai sur la reconstitution de VÉdit perpétuel, Iraduc-
lion Pellier. l. Il, 1902, p. IR3; Edouard Cuq, Op. cit. t. Il, p. 763. - lII BelU-
mauu-Hollweg, Op. cit. I. Il, p. 12»; Edouard Cuq, Op. cit. l. Il, p. 729 et KSI
HEZ .%EHORE\$IS. I Slrab. V, p. 239 ; cf llarlung. Religion der Roemer, il,
212; Fesl. p. 1«; l'ausan. Il, 27, 4: Ov. FasI. III, 271; Pers. VI, 55 sq. avec le
comnienlaire de 0. Vaho. — 2 Scrv. .\en. III, 80. — 3 Serv. Aen. VII 776- Ov
RHA
de la déesse et portait dans la légende indigène les noms
tantôt de Manius .^egerius, tantôt de Virbius (identifiés
plus tard par les hellénisants, soit avec Oreste, soil avec
Ilippolyte, fils de Thésée), c'est un combat singulier entre
le prêtre en exercice et le prétendant à la succession qui
décidait du sacerdoce. La place était pour celui qui
assommait l'autre avec une branche cueillie sur certain
arbre caché au fond du bois '. La royauté de N'émi étant
ainsi une prime à la force brutale, ce n'était plus que
des esclaves fugitifs qui se hasardaient à la disputera
Sous le règne de Caligula, dont la folie en voulait à
toute supériorité, la place était occupée par un véritable
colosse qui s'y maintenait depuis des ans; l'empereur
n'eut de cesse qu'il ne lui eût suscité un compétiteur
plus vigoureux^ : la coutume était encore en honneur
au temps de Pausanias qui visita Némi. En réalité, le
personnage installé par de tels moyens n'était pas un
prêtre au sens élevé du mot : la preuve en est qu'à l'occa-
sion les pontifes de Rome venaient à .^ricia accomplir en
personne les cérémonies qui intéressaient l'État''. Il est
question, chez Servius, d'une image du premier des
Rois de .Némi ; Ovide parait avoir vu de ses repré-
sentations puisqu'il prête à Virbius les traits d'un vieil-
lard*. Les fouilles faites à .\ricia ont permis de déter-
miner l'emplacement du temple et ont mis à jour une
figure en pierre qui est considérée comme celle du Mex
.Yemorensis divinisé'. J.-A. Hild.
REX SACRORUM [reg.ntm, p. 8271.
RHABDOPIIOROI [PaêS&sdpoi) ; RHABDOUCIIOI (Pa?-
i'yj/oi ) — Ce nom de « porte-verge » fut donné à des
fonctionnaires dont une verge ou bâton était l'insigne.
Tels étaient à .Athènes les agents préposés au maintien du
Fig. 5938. — Surveillauls de Ibéilre.
bon ordre au théâtre'. Leur place habituelle était, d'après
les auteurs, sur la?/iy//te7e jheatrumI. Dans une peinture
de Pompéi représentant une scène de comédie -, on les
Jlelam. XV, 4»7 ; 543 : Fast. VI, 735; Luc. III. 84 sq. ; VI, 73 ; Sil. lui. IV, 366;
Mart. VI. 47; Stal. Silr. 111, 1, 53. Pour les Wgendcs de Virbius el iidenlificalioD
du héros avec Oresleet Hippolyle, voir Harlung, Op. cit. el Preller-Jordau; /îoem.
Mytkol. 1, p. 314 sq. Voir aussi les idées nouvelles développées par Frazt-r, Lec-
tures on the early kistory of fCingship, Lond. 1905. — ^ Voir la uote de Servius,
Aen. II, 116; Virgile s'inspira d"un détail de cette légende en faisant cueillir par
Énée le rameau d'or qui lui ouvre l'entrée des Enfers ; Aen. VI, 136 sq. et 196 s((.
— 5 pausan. Loc. cit. ; cf. Or. Ars am. 1, 259 el Fest. p. 143 ; celui-ci rapporte à
ce sujet le proverbe ; multi masi ariciae, inspiré par la succession rapide de ces rois
de Némi. — 6 Suel. Calig. 35. — 7 Tac. Ann. XII, S; cf. Marquardt-Mommscn,
Handbuck der roem. Alterth. VI, p. 255 sq. — s Aen. VU, 7T6; Ov. Metam. XV,
338. — 9 Pour la question topographique, voir Rosa, Mon. Annal. Bullet. deli
înstit. 1856, 5 et Henzen, BuUel. 1S71, 53. Pour cette refiréseiilation, voir
Uhden, Abhandlungen der Berl. Akadem. 1818. p. Is9 et Mus. Pio Clément.
3, 39.
RBABDOPnOROI, RHABDULT.HOI. I Aristoph. Pac. 733 et Schol. Suid. J. v.
jaSSoûto-.; Schol. Plat. p. 99 Ruhnk. Cf. Demosth. Jn Mid. 779, où ces agents sont
qualiûés de iT:r,piTo., — 2 Mus. Borbon. IV, pi. xviii ; Helbig, Wandgemàlde,
n. 1468 ; Wicseler, Denkm. d. Bùhnenwesens, pi. si, 2, p. S3 ; Id. Thymele, Gôtting,
1847, p. 43; RilTet./i/iei'n. Mus. XXIV, p. 134.
RHA
861 —
RHA
voit (fig. 5938) assis faisant face aux spoclaleiirs des
deux côtés de la scène.
On peut rapprocher de ces r/iul)douc/ioi deîi surveil-
lants du même nom, appelés aussi uaffriYoctôfoiel [aittivo-
vôjAO!, armés de bâtons ou do fouets, qui assistaient les
agonothètes dans les luttes gymniques' et rappelaienlles
lutteurs à l'observation des règles en empêchant ceux qui
avaient le dessus de faire abus de leurs forces [flagellim,
p. II06, U'CTA, PUGILATLS, p. 759]. Il y en avait pareille-
ment dans les courses' et dans les concours musicaux '.
Il y en avait aussi qui veillaient à l'exacte observation
des règlements dans la célébration des mystères. Des
rhabdophoroi sont nommés dans l'inscription d'Anda-
nia'. D'une manière plus générale, les titres de paSo&'j-
yo^, potêSoadpoç, comme les verbes f.aS3o!fopéa), iaê3ouy_Éo),
paraissent avoir été employés en parlant de tous ceux
pour qui les verges étaient la marque de leur autorité.
Les écrivains grecs qui se sont occupés des institutions
romaines s'en sont servis à propos des licteurs, qui por-
taient les fasces [lictor] '. E. Saclio.
RHABDOU Ai\ALÊPSIS ('Pàêoou àvaV/i.|/i<;). — Fête
célébrée à Cos en l'honneur d'Asclépios '. Celte dénomi-
nation se trouve dans une lettre de la collection hippo-
cratique ^ La « prise de la baguette », sans doute
symbole de l'entrée en charge du prêtre d'Asclépios,
faisait, d'après ce texte, partie de la fête annuelle d'As-
clépios à Cos, qui comportait une panégyrie et une
procession solennelle au lieu dit KuTrâptacov. C'est la fête
qu'on trouve désignée, dès le ii'' siècle avant J.-C,
sous le nom d' 'AaxXaTtieia ^ xi Év Kùi, 'AtrxXiitsix xk
lAÉyaXa'. Mentionnons, en effet, ici, comme complément
à l'article asklepieia, qu'à côté des inscriptions déjà con-
nues, d'autres inscriptions non encore publiées, décou-
vertes par les savants allemands dans leurs fouilles de
l'Asclépieion de Cos, se rapportent à cette grande fête '.
L'une d'elles donne la liste des concours musicaux et gym-
niques qui en rehaussaient l'éclat ". Em. Cahe.\'.
BHAPHANIDOSIS [adi'lterii m] .
RHAPSODUS ( 'Px'l/wSoç). — L'étymologie et, par suite,
la signilication originelle du mot paj-cuSdç sont objet de
controverse '. Mais une chose certaine, c'eslqu'à l'époque
historique ce terme désigne spécialement les chanteurs
de poésies épiques^. Toutefois le rhapsode ne doit pas
être confondu avec l'aède primitif. Il en diffère par
plusieurs traits. D'abord par la date : le rhapsode n'appa-
raît qu'à une époque relativement récente, où la pro-
duction épique est tarie. De cette première différence en
découle une seconde: tandis que, généralement, l'aède
était poète en même temps que chanteur, le rhapsode
n'est plus que l'interprète des œuvres du passé. Une
autre nouveauté, de moindre importance, c'est que le
rhapsode n'accompagne plus ses chants des sons de la
» Pollux, m, 145, 153 ; Dig. L, 4, 18, 19. Pour les ikuxai d'Olympic ; cf. hei.i.a-
NoDlKAi, p. 63. — 2 l'ausan. VI, 2, 2. — 3 Plat. Protag. 338A; Thuc. V,50; Lucian.
Adv. indoct. 9. — * Sauppe, Die Myttrieninschrift ans Aiidanie, (ioell. 1SG0;
LeBas-Foucarl, Voyage, Inscr. I. 40, 44. — 5 Polyb. V, id, 10; Dion. liai. III, CI,
02; Plut. Num. 20, etc.
nHABDUU ANALÈPSIS. 1 Cf. Nilsson, Griech. Fest. p. 411. - 2 Uippocr. III,
p. 778 Kûlin. = Littré, t. IX, p. 320. — 3 Cf. Diltenbergcr, Syll. inscr. gr. -',
n. 676. - » Cf. Ibid. n. 077. — 5 Cf. Arch. An::. 1903, p. 197. — 6 Jbid. p. l«s.
RHAPSODUS. 1 Pour les uns Télymologie est fdSSoî baguette et ài.'Ss.v chanter :
le mol aurait désigné originairement les chanteurs de poésies <5piciue5 qui, renonçai. t
à la cithare, donnèrent l'exemple de débiter ces pO'''sics en tenant simplement une
baguette à la main. Selon une autre opinion plus générale, le mot serait composé
des éléments ^ànTuv et 4<,.S/, ; mais on ne s'accorde même pas sur le sens de cette
élyiDOlogie. Kaut-il entendre « asseoibleur de morceaux délachés •', ou (selon l'usage
phorminx. En raison des progrès accomplis par l'art
musical, cet accompagnement pauvre et grêle avait fini
sans doute par paraître ridicule: on l'avait supprimé.
Mais, par tous les autres traits, le rhapsode est le succes-
seur de l'aède. Comme l'aède, il est nomade, et va de
ville en ville, de fête en fête; car c'est, pour lui, une
nécessité de renouveler incessamment son public.
Comme l'aède, le rhapsode récite, non des poèmes en-
tiers, mais des épisodes détachés qui n'ont d'autre lien
que la communauté du sujet (paittùiv ÈTrétov àoiBoi, dit
Pindare) '. Les rhapsodes ont été les propagateurs de la
poésie homérique à travers tout le monde grec. Hérodote
mentionne, au vr siècle, à Sicyone des concours de rhap-
sodes, que le tyran Clisthène abolit ^ Bientôt il n'y eut,
pour ainsi dire, pas une ville grecque qui n'admît dans
le programme de ses fêtes un concours de ce genre".
Même en pays dorien, ces récitations, après quelque
résistance, s'introduisirent à Sparte, en Crète, à Cyrènc,
à Syracuse, etc.'. Mais les concours rhapsodiques les plus
mémorables, etpar l'intervention officielle de l'État et par
l'influence qu'ils eurent sur la constitution du texte écrit
des poèmes homériques, ce sont ceux d'Athènes. D'un
témoignage, à la vérité assez obscur, de Diogène
Laerce*, il paraît résulter que Solon imposa à ces con-
cours un règlement public. Primitivement on avait laissé
les rhapsodes libres de choisir dans VIliade et dans
VOdyssée les morceaux qui leur convenaient et de les
réciter dans l'ordre qui leur plaisait. Solon les obligea à
une succession régulière, « de telle sorte que chacun
d'eux commençât au point oii le précédent s'était
arrêté'' ». Cela revient à dire que les deux épopées
devaient être chantées d'un bout à l'autre, sans transpo-
sition, ni lacune. Mais un tel règlement n'était évidem-
ment applicable qu'à la condition qu'on possédât un
texte officiel de VIliade et de YOdyssée. C'est ce que
comprit Pisistrate : il chargea, dit-on, une commission
spéciale d'établir le texte authentique des poèmes homé-
riques'". Cette commission convoqua sans doute les
meilleurs rhapsodes et écrivit sous leur dictée : son tra-
vail personnel se borna à attribuer à ces épisodes déta-
chés une suite régulière, et à supprimer ou à concilier
les divergences. C'est à cet exemplaire officiel d'Homère
que les rhapsodes, dans leurs récitations, durent
désormais se conformer. Après Pisistrate, son fils Hip-
parque prescrivit que les poèmes homériques seraient
récités dans toute leur étendue par les rhapsodes aux
Panathénées : usage qui subsistait encore au iv" siècle
[PANATHENAIA, p. 308]". Sur les conditions extérieures et
sur la mise enscè ne de ces représentations rhapsodiques,
l'/on de Plafonnons a conservé des détails intéressants.
Le rhapsode se présentait au public en grand appareil
'^ciTHAROEDUs, p. 1216], vêtu d'une robe éclatante, la tête
homérique du mot iàuTtiv) " compositeur de cliauts, poète ", ou autre chose encore ?
Contre ces deux étymologies. du reste, la même objeciion se dresse ; on ne s'expliqi'e
pas la transformation du - en ^. Voir Maurice Croiset, Littér, gr. I, p. 391, n. t.
— 2 Herod. V, 67. — 3 M. Croiset, Littur. gr. I, p. 391 sq. — * JVeni. Il, 1.
— 3 Herod. V, 67. — 6 Plat. Ion. 530 A. — 7 Max. Tyr. X.IIII, 5 ; Schol. ad Pind.
Nem. II. 1. — 8 0. 1, 2, 57. .Nous suivons rinterprétation de M. Croiset, 0. l.
p. 394. — 5 Diog. Laert. L. 1. : îrou 0 itf^To; ti.r,U-, i>!rti» «çyioSm tilv l/di»tvoï.
— 10 Cic. Ve oral. III, 34 ; Acl. Hist. mr. XIII, 14 ; Pausan. Vil, 26 ; Liban. Socrat.
apol. t. III, p. 25 Reiskc; Anthol. gr. (Jacobs), t. IV, p. 186; Suid. 5. v. 'O^f»! ;
Euslath. urf Iliad. I, v. 1 cl X, v. I. Voir Wilamowitz, Bom. Cntersuch. V part.
I, p. 235 sq. et Cauer, Grundfrag. d. Bomerkrit. p. bO sq ; Sengebusch, Dissvrt.
poster, p. 36-38 (voir la bibliocraphik). — n [Plat.J Hipparcti. p. 22S B :
'lïirtâj/.b» oç r,vivxRffe T'.Ù4 fa<î*';,5oùç IlavaOr.vtti'o;; U ûitoX/,iE,u- £=£;?;; aÙTi Stirf.i,
HHE
— 862 —
RHE
ceinte dune couronno d'or, et récitait du liaut d une
tribune ^âvwesv i:Tb toO îir,u.i-o;) '. Sa déclauuilion passioa-
nce, sa inimique expressive faisaient, dit Platon, frémir
et pleurer les vingt inille spectateurs assemblés -. La
rhaitsodique de celle époque est vraiment, comme l'im-
pliquent, du reste, plusieurs expressions d'Aristole', une
partie de V/iypocrith/ue. Par d'autres côtésaussi. notam-
ment par leur vanité et leur sottise, les rhapsodes méri-
taient d'être comparés aux comédiens*. Entendu de cette
façon dramatique, l'art des rhapsodes continua à se
produire sur les théâtres, bien au delà de l'époque
classique, à la cour des Ptolémées et jusqu'à l'époque
romaine". 0. Navarre.
lUIK.V CYBELEj I, p. 1677 sq.
HIIEA SILVIA. — La mère de Romulus el de Rémus
[homlus: mars, p. 1613;. Le nom de Rhea signifierait la
.. consacrée •- [rea voti) el désignerait clairement sa qua-
lité de vestale' ; le gentilice Silvia la rattache aux familles
albaines. Bien que mise au rang des déesses par son
alliance avec le Tibre-, Rhea n"a été l'objet d'un culte ni
à Rome, ni dans les provinces'. La plupart des monu-
ments figurés suivent la version rapportée par Ovide*.
Mars descend d'une hauteur vers Rhea endormie ° :
quelquefois, il plane horizontalement au-dessus de la
Vestale ; mais, généralement, les artistes ont renoncé à
rendre visible le vol du dieu'. G. .Nicole.
RHED.\,REDAou RAEDA'. —Voiture d'origine gau-
loise -, de bonne heure adoptée par les Romains \ C'était
un char à quatre roues *, fortement construit et capable
de porter de nombreux voyageurs et une charge considé-
rable. Des constitutions impériales en fixent^ à mille
livres le maximum ; à huit ou dix, selon la saison, le
nombre de chevaux ou de mulets qui peuvent y être
attelés. Mais il n'est là question que des transports
publics [ciRSis PUBLicis^ '. Ces réglementations jugées
nécessaires au Bas-Empire ne s'appliquent pas à toutes
I 5Î5 D-E. — î lliiil- — ' flf"^'- m. I, p. 1M3 à, U04 a; Poet. 26, p. I46Î
a. — * Xenoph. Mem. III, i. 10; Plut. De garrul. îî: Plal. Ion, passim.
— 5 Alhcn. Xll, 538 E; XIV, c. 12; Plul. Quaest. comii: IX, 1, i; Corp. inscr.
gr. 1563-1587. — Bibliograpuie : J. Kreuzer. Uomerische Rhapsoden. Kôln, 1833:
Silisch, De rhapsodis aelatis atlicae, Keil, 1635; S.-F. Dresig, De rhapsodis,
Lips. ; Wolf, Proleg. ad Bomerum, p. 96 sq.; Welckcr, Der epische Cyclus-
p. 338 sq. ; Scngebuscb (en I6lc de l'Iliade et Odyssée de Ci. Dindorf. Teubner), Dis-
sertât, prior, p. 91. lis, li' ; Disstrl. poslerior, p. 30-38; Maurice Croisel,
Lillér. grecque. 1, p. 391-398.
RIIEA. t Pour la Rhea grecque, les texles sont réunis dans Farnell, Cuits of
the greek States, 1907, III, p. 379 sq. : nous donnons ici ceux qui nonl pas été cités
dans l'article cïbele. répartis gcograpUiqucmenl : Ampliipolis, Rail. corr. hell. !S94,
4i3sq.; Orcbomène. Corp. inscr. Gr. sept. I, 3216; Chéronée. /bid. 3315, 3378;
Thcspies /bid. 1, 1811 ; Tanagra. Allien. Mittheil. III, 388 sq. ; Athènes, Bekker,
Anecdol- yr. p. iî9 ; Hesych. s. v. ■,tXtl{n: Arrian. .4nn6. 3, 16, 8 ; Aescbin. Ad<.
Tint. I 60 : Demostli. Adi: Arist. A, § 97 ; Harpocrat. s. r. jir.tjSo.; C. inscr. att.
I, 4; I, Î73; î, 607 -. S. 1J88 b; i, 1594; 3, Î062 ; Muller, t'ragm. hitt. graec. 1
p. 539 ; Cleilodemos. Fr. 1 ; Arch. An:eig. 1895. p. 1S9 ; Alh. .Uillheil. 1896, p. 275 ;
Pagai (Mégarc), Head, Hist. num. 340; Corintbe, Pausan. i, 4. 7; Head, Bist.
num. 330; Hermione, Head, 370: Epidaurc. 'E=r.;». 'Ao^. 1883, 151 ;CaTTadia5, Fouil-
le» dEpH. a' 64; Sparte, Paus. 3, 12. 9; Akriai, Athen. Mittheil. II, 329 : Arcadie,
Akekesion, F'aus. s, 37, 1 ; Mont-AIpliée. Dio Chrjs. Orat . 1, 60-61 R ; Mont Azanion.
Lact. Plac. ad Slat. Theb. 4, 292; Asea, Paus. 8, 44.3; Megalopolis, Paus. 8, 30,4:
Olrhipic, Schol. Pind. Olymp. 3. 10; Messénie, Paus. 4, 31, 6, 4, 31, 9; Délos, R.
corr. hell. 1882, p. 500, n. 22; cf. a' 25. Paros. Alh. Milth. 1901, 160, 162; Cbios,
R. corr. h. 1S79, 234; Samolhrace, Arcli. An:. 1893, 130; Head, Bisl. num. 226;
Lesbos, Coate, Lesbos, 10 ; Classical fleview, 1902, 290; Cos, Paton et Hicks, /nscr.
33; Arch. An:. 1891, 176, 44; Pliaeslos, ifusco Italiano, 111, 736; Athen. Mitth.
1893. 27 i, 1894, 290: Chypre, Ohticfalscb Ricbter. Die anliken Kultuslâtlen auf
Kyprot, ll5;B)Tance, Hesych. Miles. /^raj m. ; Muller, Frag. hisl. gr. 4. p. 149;
Zosim. JVor. Bist. i, 31; Rôm. .Milth. 1899, 8 ; Héraclée du Pont, Arr. Peripl. 13;
Nic.'o, Conze, lesbos. 45, 19 ; Nicomédic. Plin. Epist. 10, 58 ; Phrygie, Joum. of
hell ttiid. 5, 245; Platon, Euthyd. 227 D; Cyzique, Apoll. Kbod. Argon. 1. 1092,
1117, 134 sq.: Schol. 1126; Paus. 8,46. 4; Plakia. Head. Bisl. num. 465;
Pessinontc, Herod. 1, 80; Plul. Marias, 17; Anlhol. Pal. 3, 51; Polyb. 22,
20; Atli. Milth. 1897, 38; Paus. 1, 4, 5; Lydie, Lucian. Tragoedopoda, 30 ,
les redae. ni à leur usage en tous temps. Il en est fait
mention dès le temps de la République '.
Ce qu'on peut retenir des témoignages plus anciens,
c'est que la reda était une voilure lourde, opposée aux
voitures légères et à deux roues, telles que I'essedim ou
le cisii'M*; qu'elle pouvait être de capacité et de gran-
deur dilTérentes suivant sa destination. Les particuliers
en avaient de très spacieuses pour voyager en famille ou
Fig. 3939. — Rheda.
en compagnie', avec paquets et provisions"; d'autres
étaient capables de fournir de longues courses rapides;
il y en avaitaussi de louage \reda iiierituria)^'. Le nom-
bre des bétes de traits variait également'-. Ces véhicules
étaient sans luxe. .\lexandre-Sévère permit aux sénateurs
de faire couvrir d'argent celles dont ils se servaient",
comme ils faisaient déjà pour la carrlxa, leur voi-
ture d'apparat. Celle-ci était découverte; la l'eda sans
doute l'était aussi. On la garnissait de banquettes
[sedularia] et de couvertures -tapefia vel lintea '*). Le
jurisconsulte Paul, qui les nomme, range dans le mobilier
la r/ieda et les sedularia ; il en distingue les couvertures
qu'il considère comme faisant partie du bagage du
voyageur, aussi bien que les pelles qui enveloppent les
Anthol. Palat. 6, 324; Mont Sipyle, Alh. Milth. 1887, 253; Sardes, Plul. Themisl.
31; Pergame, FrSnkel, Inschrift. 334, 481 ; AncyTe, Joum. of hell. slud. 1902. 191;
Teninos, /oum. hell. slud. II, 291; MjTina, Arch. Anz. 1892, 106 ; Smyme, Rril.
Mus. cal. of Coins, lonia. pi. xxv, j; Erythrée, Slrab. 645; Dittenberger, Syllogei.
II, 600, 1. lOC; Tralles, Slrab. p. 440; Téos. Arch. epigr. Mitth. 1883, 180, 37;
Telmesse, Joum. hell. slud. 1896, 234: Ephèse, Rril ish Muséums Jnscr. III, secl.
2. p. 205; Slrab. 040; Plul. Them. 30; Laodicée, Alh. Milth. 1888, 237; Olbia,
Lalyschef, Inscr. Pont Eux. I. n" 107 ; Panlicapée, Corp. inscr. gr. add. 2017 b. La
bibliographie récente dans Frazer, Adonis, -ittis, Osiris, 1906, 165 sq.
i
RHEA SILVIA. 1 Virg. Aen.
Rôm. Mythot. .11, 345, n. 1 et I,
— 2 Pour la divinisation de Rhea
0. c. I, 95 : elle participe à l'imi
II, 376, n. 1 el 377, n. 2. — 3 Le t
137; Macrob. III, 2. 6; cf. Preller-Jordan,
13 : Wissona, Religion der Rûmer, 320, n. 3.
ar sa cbule dans le Tibre, cf. Preller-Jordan.
rtalilé des di indigeles : cf. Rohde, Psyché^,
Il de Rhea ne ligure pas dans la statistique très
complète des documents épigraphiques dressée par M. Marrochio. Rei.'. archéol.
1907, I, 270 sq. — * Fasti, III. V, 11 sq. Les textes sont réunis par Preller-Jordan:
O. c. II, 347 sq. — ô Juï. XI, 106. Voir mars, p. 1623, notes 8 el 9. — 6 Cf. Rôm.
Millh. X, 1893, pi. V, 224 sq : Ostervald, Das rômische Denkmal zu Igel, pL rv ;
Robert, Die anliken Sarcophagreliefs, III, 227 sq. ; Strong, Roman sculpture,
1907, pi. iisu, p. 239. — BiBMOCRAFBiE : Preller-Jordan, Rômische Mythologie, 1881-
83 (voir VIndej:); Mélanges de l'Ecole française de Rome, 1903, 43 sq. el Appen-
dice, 1. p. 79 (Maynial); G. CosU, Rivista di sloria antica, XI, 1907, fasc. 2, Rhea
Silvia el Tia ISiîa.
RHEDA, REDA. 1 Sur ces noms voir Revue de Cinstruclion publ. en Relgique,
1864, p. 56; 1867, p. 390. — 2 Quintil. Or. 1, 3, 37 et 68 ; Yen. Forlun. />oem. III,
17 (22); Cic. f. il/i/on. X, 28; XX, 54. — 3Cic. Ad Alt. 1,1. 1; VI, 1, m /Snc ; Varr.
R. rust. Il, 7, 13; III, 17, 7; Id. ap. Non. p. 107, 25; Suel. Caes. 37. — » Isid.
Or. XX, 12. — J Cod. Theod. VIII, 5, 8, 17. 28, 30, 47. — 6 Ajouter l'art, cobsus
pcBLicL's de Scek, dans la Realencycl. de Pauly-Wissowa. — 7 \'oir notes 2 el 3.
— 8 Cic. Phil. Il, 24; Pro Mil. 28. —9 Ibid. el Juvcn. III, 10 : tola domus reda
componitur una ; Mart. III. 47 : plena in reda omnes beali copias Irahens ruris.
— 10 Suel. Caes. 57 ; Hor. Sal. 1, 5, 85. — Il Suel. i. /. ; cf. Calig. 39. — 12 II
pouvait y en avoir vingt cl plus, Liban. Or. V. 569 ; deu\ ou quatre, attelés par
piire {duplex bijugum), suflisaient ordinairement : Ven. Fort. L.c. ; Gell. XIX, 13,
5; cf. Sulp. Sev. Dial. II, 3; SchelTer De re vehiculari, Francf. 1671, p. 347.
— ISLampr. Al. Sev. 43. — H Dig. XXXIII, 10, 4 el 3.
RUE
863 —
RHO
effets et les courroies qui les attachent. 11 sejnble donc
que les tnpetia et lintea dont il parle soient des toiles
ou des bâches que Ton étendait seulement quand il fal-
lait se mettre à l'abri du mauvais temps.
Nous croyons reconnaître une veda dans le char à
bancs découvert, à quatre roues et à quatre chevaux,
d'ailleurs simple et sans ornement, que représente
(fig. 5939) un bas-relief trouvé près de Langres '. Les
personnages qui y sont assis sont vêtus de \a /acerna
ou paenula cuciillata des voyageurs. E. S.\i.lio.
RHKDARIUS. — I. Conducteur d'une rhedfi'. — II. Fa-
bricant de r/iedae- [rhed.\\
RHEXO. — Manteau de fourrure. Le renne, animal
plus répandu en Europe autrefois qu'il ne l'est de nos
jours, a donné son nom' aux vêtements que se faisaient
de sa peau les peuples habitant les contrées du Nord, et
ce nom s'est étendu sans doute à des vêtements sem-
blables faits de la dépouille d'autres bêtes". Le rheno
est attribué aux Germains •' et aussi aux Gaulois*. Les
Romains l'adoptèrent comme pardessus contre le mau-
vais temps. C'était un manteau garni de poils épais et
impénétrable à la pluie, qui couvrait les épaules et des-
cendait par devant jusqu'au milieu du ventre'. On a
essayé de le reconnaître, mais sans preuves suffisantes,
parmi les costumes de Barbares représentés sur les
colonnes de Trajan et de Marc-Aurèle. E. S.\glio.
RHETOR ^OKIM.ASIS, p. 39^ sq., edl'catioI.
RHÉTRA ('P/iTpa). — Dans Homère', ce mot signifie
convention, pacte, accord, et il se retrouve avec le même
sens dans divers dialectes, notamment à Chypre-, sous
la forme Fç^r^TOi, avec chute du second p et à Olympie, sur
la fameuse plaque de bronze du Brilish Muséum', qui
porte comme titre : i psirpi toTo ^xlsioiç xai -o'.ç 'Esp^^'^'Ç
(traité entre les Éléens et les Héréens). Mais en Élide le
mot a certainement eu aussi le sens de loi, comme le
prouvent d'autres textes épigraphiques * et les deux
significations reparaissent dans la littérature postérieures
Cela semble indiquer que le sens primitif devait être sen-
tence, précepte, décision.
A l'époque classique, le mot rhétra est d'ailleurs em-
ployé surtout pour désigner les lois de Sparte, dont les
principales remontaient, suivant la tradition, jusqu'à
Lycurgue. Citées déjà dans tin fragment de Tyrtée °, ces
rhêtrai nous sont connues surtout par Plutarque^ qui,
directement ou indirectement, a puisé dans Éphore, dans
Aristote et dans Ilermippe', et qui croyait avec les an-
ciens, que Lycurgue, dans leur rédaction, avait été inspiré
par l'oracle de Delphes ïl.\ced.\ejioniorum respublica].
Cette tradition, généralement adoptée par les historiens,
' /(«■. Archéol. XI, IS34. pi. ccxxxvi.
RUEDARICS. 1 Cic. Pro Mil. 10. — 2 Capiloliii. Max. et Balb.
RHE.NO. 1 Inicrpr. Ad Cncs. Bibl. Gall. VI, 2:J : 'P/i.u. x./wi.|iflvù,. ;„■,«,. S.sua,-..
IvSviovTai : Aimon. Gest. Franc. \,'i: Bhenonum. id est nomen aninialis, tegumentis;
Isidore, Or. XIX, 23, i, faisait venir le nom de celui du Rhin. Rhenus. — 2 Scrv. Ad
Georg. III, 3S3 ; cf. Sid. Apoll. Ep. in. _ 3 Caes. L. c. ; Sallusl. ap. Isid. L. c.
— *Varr. Ling. lut. V, 107. — ô Isid. L. c.
RUÈTRA. 1 Od. XIV, 3'J3. — 2 Collilz, Sammt. Griech. Dial.-Inschr.. t. I, n« 60 ;
II, 2t',29 : cf. Hoilmann, Griech. Diatekte, I, p. 275. Cf. aussi Hesyeli. Plioiius cl
Suidas, s. v. — •'• .Michel, Becueil, 1 = Dillenbcrgcr, Inschr. von Olympia, n» 9, cf.
p. 795. Voir aussi .Michel, flec. 2. — t Michel, «y;, cit. 194-01195. -5 Èlien.Var. /lisl.
i, 7. l'emploie dans le sens de convention. Xénopbon, Cyr. I, 6, 33 et Anab. VI, 6,
28, dans celui de loi. Dans Lucien, Toxar. 35, il sigaiGe simplement parole.
— SBergk, foet. Lyr. Gr. 4» éd. Il, p.p. 8-i2. — T Lycurg.i; De re publ. sen.
ger. lu; Diodore (VII, fr. 13) cite aussi les vers de Tyriéc. — 8 Fliigel, Die Quellen
Plutarclia im Leben des Lykurgos, Marbourg, 1870. — 9Trieber, Forscli. :ur
tparl. Verfassungsgcsch. Berlin, 1871 : Ed. Sleyer, Forschungen, 1, p. 2i;3 sq.;
Wilamowitz-Moellendorir, Mom. Unters. p. 280 sq. — Biblioimiaphif.. Goetlling,
a été combattue par quelques savants modernes'', qui ont
été jusqu'à nier l'existence de Lycurgue et à assigner une
date très récente aux textes cités par Plutarque. Il ne
nous est pas possible d'entrer ici dans le détail de cette
controverse. Nous indiquerons simplement qu'une réac-
tion très nette contre les conclusions de l'hypercritique
sur ce point se marque dans les travaux de Tôpffer et de
MM. A. Bauer et J.-H. Lipsius. Ch. Michel.
RHIEIA('Pie!a). — Lafêtedes/?/r/e(a est attestée par un
texte de Plutarque' et une inscription de Sicyone -. Elle
était célébrée au promontoire de Rhion, sans doute en
l'honneurde Poséidon ', et comportait un sacrifice et une
panégyrie *, ainsi que des jeux gymniques ^ Em. Caiie.n.
RllODI AS, RHODIAKÈ ( "PoSiâ;, 'Poîitxx/,, s. e. cpiiX-r,). —
Vase en forme de coupe; c'est une des nombreuses va-
riétés de la xiJÀi; ' [cALixj. On en fait mention aussi dans
les inscriptions, où il est spécifié que ce vase a un pied
et des anses-. E. P.
RIIOMBUS ( 'PdaSoî, pû^uÇo;, t30/o;, Tpoy t'ixo;). — Le nom
de rhombe,qui est en géométrie celui d'un corps composé
de deux cônes réunis par des bases égales', a été donné
à divers objets se rapprochant de cette forme qui les rend
plus aptes à tourner (ps;ji?o>): tels une quenouille ou un
fuseau [fiscsj, une toupie [turboj. De même, le treuil
autour duquel s'enroule la corde qui sert à tirer les
seaux d'un puits, au lieu d'être cylindrique, est renflé
en son milieu et aminci vers
ses extrémités, dans quelques
représentations antiques [pu-
TEUS, fig. 3695].
11 semble qu'une idée su-
perstitieuse ait été attachée par
les anciens au mouvement de
rotation que cette forme facilite.
En Italie, dans les campagnes,
il était défendu aux femmes, au
temps de Pline -, de se prome-
ner sur les chemins en faisant
pirouetter leurs fuseaux : on
croyait qu'elles pouvaient par
là compromettre le succès des
récoltes. Le mot rhombus se
rencontre surtout employé par les auteurs pour dési-
gner un instrument de sortilège. Des peintures de vases
grecs nous montrent en quoi il consistait. C'est une
petite roue munie d'un double cordon, qui rappelle un
jouet autrefois à la mode, variété du « diable » ; les cor-
dons qui la traversent eu s'enroulant et se déroulant
tour à tour, quand on en tire les extrémités, lui impri-
Ueb. die fier Lykurg. Rhetren, dans Gesamm. Abha'idl. Halle, 1851, 1, p. 317
SI).; Bazia de Bezons, De Lyrurgo, Paris, 1885; Bouché- Leclercq, Bist.de la
Divin. I, p. 3CI sq. III, 113; Wilamowitz. ffomer. Unters. Berlin, 1884, p. 2so
s*!- ; Hermann-Tbumser, Lehrb. der griech. .\ntiquit. 1889, I, p. 148 sq. ; Atlinger,
Essai sur ii/curyue, Neuchàlel, 1892; Ed. Meyer, Forsch. :ur allen Gesch. Halle,
1892, 1, p. 203 sq. ; Busoll, ùrietA. Geschichte, i' (■(!. Gotha, 1893, I,p. 51 1 sq.;
Bussou, Lykurgos und die grosse Hhetra, Inspruck, 1 887 ; Gilbert, Bandb der
griech. Staatsalt. 2» éd. Leipzig, 1893, I, p. 8 ; Schœmann-Lipsius, Griech. Altert.,
Berlin, 1897, I, p. 22S sq. ; TôpOcr, OeitT. zur griech. Mtertumsw. Berlin, 1897,
p. 347 sq. ; Bauer, Forsch. zur griech. Gesch. Munich, 1899, p. 103.
RHILIA. 1 Plularch. Sept. sap. cmv. p. 162 E. — 2 Jnscr. Argol... n. 428.
— 3 CL Niisson, Griech. Fest. p. S4. — 4 CL Plut. Jbid. — 5 CL Jnscr. Argot ..
ibid.
RUODIAS, RHODIAKÈ. I Alhcu. XL 90, p. 496 ; cL Kraui^c, .Ingeiotogie, p. 373.
— 2 Bull. eorr. hell. Vl, p. HO; Vil, p. 112, 115, 119. Uu dit aussi -.^Siax!. (s. c.
noriç.ov); ibid. VII, p. 109.
RHOMBCS. I Archimed. De sphuera el cylindre. — 2 Plin. Uist. nat. XXVIII,
Fig. 5940. — Eros jouant ;
rhombus.
RHO
861 —
RHO
ment par li^ur torsion un mouvement rapiiio qui la fait
ronder et siffler '. La position des mains est rlairemenl
indiquée dans plusieurs peintures (fig. 5940; cf. fig.
-48G2)-, où l'on voit la roue mise en mouvement; on en
dislingue mieux les détails, le bord perlé ou dentelé, les
rais ou les cercles concentriques qui en remplissent,
le tour dans celles où elle est ligurée au repos ^ (tig. 5941).
S'il s'agit d'un simple jeu peut être dans (juclques-unes
des scènes ainsi représentées, il n'est pas douteux que
dans d'autres on a voulu rappeler le sortilège dont usaient
les femmes ou les magiciennes auxquelles elles avaient
recours , croyant par le tournoiement du rb.ombe ,
Fig. 5S41. — Le rhombiis elViynx.
accompagné de paroles ou d'incanlalions , pouvoir
appeler à elles des plus grandes distances un amant
rebelle '.
Le r/iombw^ est aussi appelé iijnx('iu-;l). Ce nom désigne
tantôt l'objet dont il vient d'être parlé, tantôt un oiseau ^
lynx, fille d'Écho, avait été changée, disait-on, en cet
oiseau par Héra, qui voulut la punir d'avoir, à l'aide de
philtres, détourné vers lo, ou vers elle-même, l'amour de
Zeus. Après sa métamorphose elle gardait pour con-
traindre les cœurs un pouvoir dont la magie s'empara en
l'ajoutant à celui de la roue". "luy; est devenu dans la
langue courante un nom commun appliqué à tout ce qui
a le don de séduire eî d'entraîner, au charme de la parole
ou de la poésie aussi bien qu'à l'attrait de la beauté et
aux incantations''. Il est possible que l'oiseau et le
rhombe ne soient dans beaucoup de peintures que des
symboles assez vagues des enchantements de l'amour,
mais dans quelques-unes, leur signification est précise :
par exemple lorsqu'on voit la roue mise en mouvement
par une jeune mariée ou par une des femmes qui font
I Arcliylas. ap. H. Slcph, Thcs. s. v. el Muineke, Corn. gr. frng. p. 160
Didol. — 2 Vase du Brilish Muséum; Wallers. Catalog. IV, F iii ; de même
Tisclibein, Engravings, IV, pi. x ; (Comptes Tendus du la commiss. nrchéol, de
Pélersbourg, 186J, pi. x; Slackelbcrg, Griïber der Betlen. pi. xlv, 2; Gerhard,
Etrusk. Spiegel, pi. cccixviii; cf. 3ir, ; Milani, itonum. scelti di Firenze, pi. t.
— 3 Dubois-Maisonneuie, Introd. à t'iUude des vases, pi. xl; Monum. de l'Inst.
areh, I83C, pi. xxx ; 1837, pi. vi •, Minervini, Mon. ined. pi. xvui ; voir la fig. 941,
d'après Milliiigcn, Peint, ms. pi. slv. 0. Jalin, Bericlile d. Sù'elts. Uesellseh. d.
WiM. 185*, p. 156. — i Theocr. /dyl. Il, 30; Luciaa. Dial. mer. IV, 5; Properl.
Il, Ï8, 311 ; Anthol. Pal. v, 205 — 5 Ils sont souvcnl pris l'un pour l'autre. .Servius
[Ed. VIII, 20) traduit f»;; par turbo ; Suid. s. v. fuv;, clc. ; voir luHbo. — 6 Schol.
Theocr. Il, 17: Sch. Pind. .\em. Il, 56 ; Phol. et Suid. s. i: Il y a d'autres versions :
vov. Engctmann, lynx, dans Koscher, Lexik. d. Alythol. — "^ Pindar. Nem. IV, 55 ;
Acscli. Pers. 990; Xen. Memor. III, II, 17: Aristoph. Lys. 1111 : Suid. s. t'. fu^E.
— i Slackelbcrg, L, l.\ Dnmont et Ctiaplain, Ci^ramig. de la Grèce propre, pi. xi.
— 'i Mon. ined. deilnst. :Miuervini, Waltors, Milani. L.c. Dans ce dernier exemple,
partie du cortège nuptial ^^ ^cf. fig. 4862', et quand elle
est mise dans les mains d'Éros (fig. SOW"» ou dans celles
d Aphrodite ', qui, la première, dit Pindare, apporta de
l'Olympe aux hommes « l'oiseau qui rend fou, [xatvaS'
ïpvtv », et l'attacha aux quatre rais de la roue'" Dans la
figure 59.il ", une jeune femme laisse pendre le rhombe
immobile; ses mains sont ciiargées de présents; l'Amour
la couronne; un jeune homme, assis à quelque distance,
se tourne vers elle et saisit l'oiseau par une
cordelette attachée à sa patte.
L'explication fournie par les vases peints y
concorde avec les termes dont se servent plu-
sieurs auteurs quand ils décrivent la roue tour-
nant sous l'action de fils ou de cordons [fili,
licia) ''^; d'après d'autres, il semble qu'on lui
donnait en la frappant l'impulsion (TrcsioeoEt;
y.'.v/|g£ii;) qui la faisait tourner el résonner; on la
fouettait comme un sabot d'enfant " (cf. fig.
3087). En effet, comme on le verra ailleurs,
ce jouet, le turbo, a aussi été employé dans
les enchantements; les noms turbo, r/wmbiis,
po[xêoi;, pujxêi'ov, rpo/o;, Tpo/î(Txtov, ont été pris sou-
vent l'un pour l'autre.
Le mot rhombe désigne encore un autre objet
ressemblant à celui dont il vient d'être parlé,
en ce qu'il tourne et qu'il résonne, mais ayant
une destination et un aspect différents. Des
auteurs le mentionnent avec le tyinpanum
i.'omme un instrument en usage dans les mys-
tères de Bacchus, de Cotytfo et de la Mère des
dieux '*. C'est, dit l'un, une planchette (<7av:Siov)
•lue l'on agite en l'air pour lui faire faire du
bruit'"' (on peut penser à une crécelle); pour Fig.sg^.
d'autres", il est en bronze, en or ou même
taillé dans une pierre fine. Sa forme n'est pas
nécessairement celle du rhombe, mais aussi bien celle de
la sphère, du cylindre; il peut même être triangulaire.
Peut-être possédons-nous encore deux spécimens de ces
objets : l'un d'eux (fig. 5942j est au Musée du Louvre".
Comme on peut le voir, il consiste en une boîte creuse
faite de deux cupules rapprochées par leur bord ; la sur-
face bombée en est ornée de reliefs représentant de
chaque coté deux personnages assis tenant des thyrses.
Celte boite pivote, comme le rhombe, qu'un commenta-
teur appelle (rtfoipoç ou arpétpaXoç", autour d'une lige
dont les bouts sont posés sur les branches d'une petite
fourche placée au sommet d'une mince colonnette ser-
vant de manche. On devait donc tenir l'instrument et
l'agiter comme un sistre ou comme un hochet [crepita-
CULVmI '\ E. S.^r.Llo.
le rhombe est tenu par lliméros ; cf. Jahn. L. c. noie 62. — ») Pind. Pyth. IV, 214
et srhol. — " Milliiigcn, Peinl. de vases, pi. xlv. Voy. aussi le vase de Florence,
Milani, L. c. — '2 Lucan. PImrs. VI, 2, 52, torti vertigine fili; Ovid. Am. I, 8,
1 : torto concita rhombo linea ; Id. Fast. Il, 573 : cantata iigat cum fusco
licia rhomào; Propert. VI, 26: staniinea rhomhi ducitur ille. rota; Anth. pal.
V, 205: fj-il... i»«i»«ij tf>z' l'i"»» SsOtT^a ; Hcsych. fc;;iS<iî...;u)nis.ow oî 11^7,-ni
<T;(oivtov, xa'i êv Tat; Te^£TaTç SiveTthi. Ordinairement le rombe est d'airain ; Theocr. Il,
30. — 13 Schol. Apoll. Rliod. I, 1139; IV. l-U; Eusiath. .irf. Od. p. 1387.
— U ApoU. Rhod. 1139 ; Diog. tr. ap. Athen. XIV, p. 636 A; Elym. M.s.v. fùnSo ;
Phot. et Suid, jinSo; ; Phalaec. ap. Antbol. t'ai. VI, 103. — 13 Etym. M. t. c.
— IB Nicephor. ad Synes. Ue insomn. p. 362 ; Psellns ad Orac. Chald. ;
Marin. Vit. Procli, éd. Boisson.ide, 1814, p. \ît ; Etym. M. l. c; Anthol. Pal. V,
205. — 17 Bull. Soc. des Antiq de France, 1899, Acq, du Louvre, n» 14. L'au-
Ire, peu ditlércut, au musée de Berlin (Jiilirbueh, 1894 Aiicei//. p, H7), Tous deux
passent pour provenir de Corinlhe, Ils sont entièrement en bron«e. — 18 Nicephor.
L. l. — 19 Phalaecus ap, An'liol. L. t.
RHO
— 865 —
RHY
RHOMPIIAEA {'Vo^tfiix) '. — Puissante arme d'hast,
d'origine Ihraco-illyrienne'-, que la Grèce ne semble pas
avoir connue avant la période macédonienne. Bien que
les mercenaires aient dû répandre son nom jusqu'à
Alexandrie dès le début du m" siècle, époque où les Sep-
tante se sont approprié ce vocable pour traduire l'arme
que leur dieu des Armées avait empruntée aux héros
babyloniens ^ ce n'est qu'en 2^21 qu'on trouve une men-
tion de la rhomphaia rattachée A un fait historique*
En 200, la grandeur de cette arme en rend l'usage
impossible aux auxiliaires thraces de Philippe V engagés
sur des pentes boisées^, tandis que, en 167, dans la plaine
de Pydna, balancée sur l'épaule droite des Thraces de
l'avant-garde de Persée, elle jette la terreur dans l'armée
romaine*^. C'est alors qu'Ennius parait l'avoir latinisée
sous la forme rumpia dans des vers relatifs à la guerre
islrique de 178'', vers qui servirent sans doute de
modèle à Valerius Flaccus lorsqu'il décrit l'armement
des Bastarnes, peuplade celtique qui avait pu adopter la
rumpia pendant son long séjour en Illyrie^ L'arme
semble, en efi'et, s'être maintenue longtemps chez les
indigènes de cette région^; de là, elle fut introduite
à Rome, d'abord, avecla pelle et la xica, par les esclaves
et gladiateurs, tel ce Birria qui perce d'un coup de
rumpia réjjaule de Clodius'", puis, comme les matlio-
6fl?'6i///, par les légions de l'Illyricum". Delà, elle passa
à Byzance où l'on trouve un corps spécial qui lui doit
son nom de rhomphaio phoroi '-. Bien que de prove-
nances si diverses ces textes s'accordent pour décrire la
rhotnphaia comme une pique longue d'au moins
2 mètres ", dont la moitié formée par une lourde lame à
deux tranchants '*. Ce fer, puissant et acéré, que Tite-
Live et Isidore paraissent identifier à la framée, devait
n'être qu'un grand coutelas, la harpe ou la sica des
Tiiraces, adapté à une hampe solide '°. Allongée, la
hampe donnait naissance à une faux en forme de rhom-
nbfja. rapporl.-e à la racine
, pique (cf. W. Tomascliek,
mpjoyée par tous les auteurs
RHOMPHAËA. 1 La forme originelle peut être )■
hrmh. empoigner, enfoncer, d'où le sanscrit ramhh
Die allen Thraker, II, i, p. 18). La forme jo^is»;»,
grecs (à l'exception de Flutarque, qui donne la forme macédonienne ^^r^^LZ<^la), est
due à des assimilations tentées par tes lexicographes, soit avec fà}*soî, ôahoïî,
couteau recourbé, croc, soit avec ^o;xÇo;, po;i.Siw, ^oj^çi^w, ce qui tournoie, soit avec
pÔTCTj, foT:ài<7., ^d-Tfo'., marteau, massue. Les Latins ont transcrit rhomphaea,
Tompkaea ou rumphaea, sauf Ennius (suivi par Tite-Live, Valerius Flaccus et
Ascunius) qui, sans douf- par rapprochement avec Tumpere, a écrit rumpia.
— 2 Outre les faits indiqués ci-dessus cf. Gell. X, i5 ; genus teli thracicae
nationis ; Hesych. s. v. ôp«»iov à^uvxoçtov ; Eustath. p. 947, 30. — 3 La lance que
tiennent à la main Mardouk ou Izdubar ou qui leur sort de la bouche, symbole de
l'éclair, devient la ^oixçaîa Iv 8t;iS ou èx tou «jTdjtaToç du Dieu de l'Ancien Testament
{Gen. 111, 2i; Ex. V,'»! ; EccL XXI, 4, XXVI, 27; 1er. XLl, lî; Ez. XXI, 9)
et de l'Apocalypse (I. 16; IL 12, 16 ; VI, 8 ; XIX, 15 ; XXI, 2). Arme divine, elle
devient lance de feu, çÀovfviri çonça^a, entre les mains de Jalivèh (Prudent, Cath.
Vil, 93; Peristeph. V, 189) ou de l'archange Michel (Diouys. Areop. Episl. 9,
p. 323; Hier. Epist. 31, 5; Léo M. Serm. OC, 3; Nicetas, p. 309; sur la ruwphea
ignifera cf. Jlliein. Mus. 1907, 159). A ce titre, la rlto^.pliaia doit avoir des
dimensions prodigieuses qui la désignent pour être l'arme que Joséplie {Ant. Jud.
VL 12, 4; VIL 12, 1) donne aui géants que tue David, Goliath et Akmon; cnQn,
au sens symbolique, rhomphaia paraît avoir pris l'acception de pointe, extrémité,
fon.aîei Tii; .W/ti (Luc. 11, 32); toî 'Aivou (Waltz. Rnet. I, p. 633, 2.5]. — ^ Plut.
Cleom. 26. C'est probablement en racontant l'usage que Cléouiène fit, devant Argos,
de faux en forme de rhomphaia, que Phylarque faisait mention d« ce terme
[Fragm. hist. gr. 1, p. 352). — 5 T.-Liv. XXXI, 39. — 6 plul. Aem. 18 ; cf. Liv.
XLIV, 40. — 7 Ennii fragm. éd. Vahlen, p. 7U. Si l'on n'admet pas qu'il faille
corriger de XIV en XVI le livre des Annales indiqué par Aulu-Gelle (X, 23), la
mention de la rumpia pouvait figurer parmi les armes des Tralles, peuplade illy-
Tienne qui joua un rôle important à la bataille de Magnésie (190), épisode principal
du livre XI V. — 8 Val. Flacc. Arg. VI, 98 : .^quaque nec ferro brevior nec rumpia
ligna. — 9 En 799, le duc de Frioul tombe cruentaia romphaea [Poetae lut. aevi
Carol. I, p. 132) et c'est cum romphis que l'armée de Barberousse est accueillie
devant Crème (Morena, ap. Muratori, VI, 1U3I). — '0 Ascon. Ad. Milon. 28, 4.
— 11 Claudicn emploie rumphaea [Ep. 27) comme piltim {Laus. Ser. 236) pour
VIII.
phaia comme celle dont Cléomène lit usage en 221 pour
couper les moissons d'Argos ; réduite, elle emmanchait
ce fauchard qui, pouvant servir d'estoc ou de jet, a
permis, dès l'antiquité, de voir dans la rhomphaia un
sabreplutôt qu'une pique. A.-J. Reinack.
UHYTOX (TuTov). — 'Vase à boire. Le mot ne semble
pas être entré dans l'usage avant le iV siècle : il est em-
ployé par Démosthène', par les poètes de la Comédie-
Nouvelle-. Dans les inscriptions on ne le rencontre pas
avant l'époque des Ptolémées'. On a même pu croire,
d'après un passage d'Athénée', que cet ustensile avait
paru pour la première fois sous le règne de Ptolémée
Philadelphe (iir siècle) et qu'il fut alors donné comme
attribut aux statues de la reine Arsinoé^; mais le con-
texte fait comprendre qu'il s'agit d'une grande corne
d'abondance double (ôixes-/;), que le célèbre constructeur
et mécanicien Ctésibios avait machinée comme un rhy-
ton à vin et un instrument de musique, peut-être une
sorte d'orgue hydraulique [hydraulus, p. 313]". Nous
avons indiqué plus haut combien fréquemment la corne
à boire s'est confondue avec la corne d'abondance
[coRNUCOPiA, p. 1514, 1316]. Ce qui est indubitable, c'est
que le rhyton, vase à boire, existait depuis fort long-
temps, mais il portait un autre nom, comme le note
d'ailleurs Athénée; on l'appelait krras '; dans les inscrip-
tions on trouve xÉpaç, pour exprimer la forme en corne,
et 7tfoTO[ji.'/-j, quand le rhyton est décoré d'une tête d'ani-
mal'. Le terme '^io-i-za. est équivalent à p'jT-i'.
Les monuments, dont quelques-uns remontent à la plus
haute antiquité, nous permettent de retracer avec plus
de précision l'histoire de ce vase et l'évolution qui amena
du simple xépaç au puTov plus compliqué et plus orné.
Chez beaucoup de peuples primitifs, on a donné aux
vases une forme animale ou humaine, non pas tant par
instinct artistique et décoratif que par désir de multi-
plier autour de l'homme les images des êtres utiles, sou-
opposer l'armée romaine aux Goths. L'arme y avait peut-être été introduite, comme
les mattiobarbuli, à l'époque Antonine (cf. Vegel. IH, 14 1. — 12 Const. Manassès,
Chron. v. 4701 : eujixosieov; «'./.i^^ti; SvSja; p,;.5«,oj<ijou;. Cf. Ann. Coiiinen. IX,
9; Psellos, p. 82, 19; p. 198, 16; p. 253, 3 (éd. Sathas-Bury). — 13 Tite-Live
(XXXI, 39) dit que dans les défilés boisés de l'Éordée la rhomphaea des Thraces ne
peut pas servir plus que la sarissa des Macédoniens, longue de 3 à 4 mètres. Corip-
pus en dit autant (V, 378) du pilum (serait-ce la rhomphaea ?) des soldats byzantins
surpris dans une forêt de Kabylie ; pour Justifier ces dires et la comparaison du
fer de l'arme avec celui d'une rapière, il faut que le ferrum qui, d'après Flaccus
(VI. 98i, était égal au lignum, ait eu au moins 1 mètre. — '4 L'épilhéte ?açu,iSvifoî
est donnée par Plutarque {Aem. 18) et par tous les textes byzantins; Psellos (233,3)
ajoute ixiposTo;!»; que confirment le S.'oxoiio; iit'a des textes apocalyptiques, la
comparaison instituée par Isidore (XVIII, 6) avec la framée, gladius ex utraque
parte acuius, enfin les gloses médiévales où la rhomphaea, expliquée une dizaine
de fois par gladius ou spatha et une fois par hasta, est dite ; ex utraque parte
acuta ou cavata {Corpus Gloss. V, 578). — 15 Le couteau-couse-kosa et le glaive-
gtiisarme peuvent donnor une idée de cette catégorie d'armes antiques servant, selon
l'emmanchure, de couteau de jet, de glaive ou dépique: telles la cateia associée
par Aulu-Gelle à la rumpia, don:iée par Flaccus (VI, 84| aux Coralètes, par Virgile
(Vil, 730; VIII, 550) aux Samnites et dont les noms de Teutona ou de Francisca
disent assez les destinées ultérieures ; la framea identifiée par Isidore à la rhom-
phaea (XVIII, 6 : cL Philoxen. gloss. p. 97 ; Ulpien ayant mentionné la framea
les compilateurs byzantins expliquent : id est rhomphaea, Dirj. .XLIII, 16, 3) et
que Tite-Live donne à la place de la rhomphaea aux Thraces de Pydna (XLIV,
40 : ab dextro immanem pondère frameam identidem coruscabant) ; l'aclis que
Flaccus (VI, 99| met aux mains de tribus apparentées aux Bastarnes, et Silius (VIII,
530) entre celles des Campauicns, le verutum et la falarica, etc. [falarica, secubis,
sfARDM, verl'tum],
RHTfTO.N. 1 Mid. p. 363; cf. Athen. XI, p. 496 F. — 2 Diphilos, Epinikos, cités
par Athen. XI, p. 497 ; cL Polyb. ap. eumd. XIII, p. 576 F. — 3 Bull. corr. hell.
Il, p. 322. — 4 Athen. XI, p. 497 B. — 5 Krause, Angeiologie, p. 357 ; cf. Letronoe,
Œuvres, III' série. I. I, p. 421, note 6. - 6 Cf. Tanncry ap. Revue des Étud.
grecq. 1896, p. 2t. — ' Athen. XI, p. 497 6; cf. p. 470 b. - » Corp. inscr. grec.
138, 139, 142, 131 ; Bull. corr. hell. VI. p. 47, 1. 167; p. 30, 1. 204; et Ibid. p. 41,
112, 115. —9 Athen. XI, 93 ; p. 496; cf. Krause, l. c. p. 373.
109
Fig. 594S — 'Jornet de
pierre sculpté.
RHY — f^ee —
mis à son aiUorilé et nécessaires à son existence ' : c est
pourquoi tant de vases, dans TÉgypte pi-éliistorique-,
à Chypre \ en Troade\ en Crète et à MycènesN affec-
tent soit des formes féminines, soit des formes animales.
Parmi ces animaux, les bêtes à cornes domestiques,
bœufs, béliers, jouent un rôle important. La corne, en
effet, a pour les primitifs une imporlance toute parti-
culière. Elle est une matière première pour toutes
sortes d'objets mobiliers [cormj. Elle offre aussi, par
sa cavité intérieure qu'il est facile de régulariser et
d'approfondir, un récipient naturel pour
les liquides. Entin, par sa forme poin-
tue, elle a une vertu magique spé-
ciale, la pointe ayant le pouvoir d'écar-
ler les mauvaises influences [clavus,
fascinim]'. Aussi, de bonne heure, on
voit la corne isolée, détachée du corps
de l'animal, prendre une valeur à la fois
pratique et religieuse '. Dès la période
préhellénique, les potiers de la Troa-
de ', de Chypre', de Crète et de Milo'°,
des régions mycéniennes ", imitent
dans l'argile la forme du xésa; attestant
ainsi les qualités qu'on attribuait à cet
objet. On en connaît aussi en pierre
sculptée et ciselée, de celle époque très
ancienne ^fig. 5943)'^ On voit alors se
former et se développer parallèlement
deux catégories de vases à boire, les vases en forme
de cornets et les vases plastiques à tètes d'animaux. Mais,
sous l'influence des idées artistiques et décoratives, ces
derniers gagnent de plus en plus la faveur du public.
Ce sont eux surtout que recueillera et propagera le
monde grec classique ; ce sont eux auxquels l'archéo-
logie moderne attribue de préférence le nom de rhytons.
En réalité, on devrait réserver ce mol aux vases con-
struits de la façon que décrivait Dorothéos de Sidon : le
fuTÔv est semblable au xépa;, mais il est percé par le
bas; de celle ouverture jaillit un mince jet de liquide
que l'on boit en mettant la bouche par-dessous ; de là le
nom de rhyton, ô.-ko tti; fûgeoiç (pÉ<o, couler; pûut;, écoule-
ment) ". Toutefois l'élude des monuments nous monlre
que ni les cornets, ni les rhytons ne sont tous soumis à
une règle stricte S'il est vrai qu'en général on devait
boire dans le xépa; comme dans un verre, en appliquant
' Voir la Ihéorie développée par S. Reinach sur V Art et la Sfayie dans Cultes,
JUyIlwsel Religions, I, p. 1Î7; cf. Bull. corr. hell. XXXI. 1907, p. 127.— 2J. Ca-
ptal.Les néùuts de l'Art en Egypte, p. 120 à 1 27; tod Bissing, A Itùgyptische Gefaesse
daos Zeilschrifl fur aegyptische Sprache, 1 898, p. 1 23 sq. — 3 Potlier, Vases antiq.
du loutre, pi. vi ; Catalogue des rases, p. 86, 106 ; Murray, Excavations in Cyprus,
ng. 02, 71, 72, 74. — » Schlieniann. llios, Iraducl. franc, p. 383-394, 414-418, 673-
«77, etc. — ^ Voir l'article de J. de Mot, Vases égfens en forme d'animaux, dans
/(«eue arch. 1904, 11, p. 201-224, — i> On «ait quelle est encore aujourd'hui la
puissance de cette superstition, en particulier en llalie, où l'on porte des breloi|ues
en forme de cornes de corail. — 1 I es défenses de l'éléphant, pour des raisons
semblables, oui non seulement une valeur utilitaire, mais un caractère d'ex-voto
religieux [tmi., p. 444J. — » Schliemann, Op. l. p. 450-400, (ig. 357-304. - 9 Pot-
lier, l'oses anti(/. pi. v, A 27 (I); Murmy, Excaval. in Cyprus, fig. 0, 08, 75.
10 Uaraghiannis, Anliguil. Cretoises, pi. xxxix, n" 7, 9, 11; Annmil of brit.
School, VI, p. 74, lig 10 ; Excarat, at Phylakopi in Melos. pi. xxvii. — M Furt-
wàngler el LoeschcLe, Mykenische Vas. pi. xi, n' 71 ; Perrot et Chipiez, Hisl. de
tArl, VI, Qg. 473. Pour l'Europe, voir Pic, Die Umengraeber Bôhmens, 1907, |i, 74,
fie. 35; p. 98, fig. 44. — '2 Notre (igure est faite d'après Burrows, Discoreries in Crète.
pi. ,. _ 13 Cité par Athen. XI, p. 497 E; cf. Bekkcr, Anecdot . p. 290, 31 ; Ulp. In
Demoith. contr. Mid. p. 189 B, et le commentaire de Letronne, Œuvres, série III,
t. 1, p. 418, noie 2. — >' Cf. S. Reinach, Ilépert. Sta!. I, p. 412 ; Bnttiger, Amal-
thea, 1, pi. i; Gerhard, Aus. Vasenb. III, pi. ccxxxvin ; Antiq. Bosphore Cimm.
pi. XX, 0» II. — *6 Par ex. les cornets de pierre trouvés à Cnossos, Annual British
tchool, VI, p 30. En céramique, cf. Jahrb'ich Anzeiger, 1892, p. 170 n» 169.
944. — Khylon d'argile Cretois.
RHY
ses lèvres à l'orifice supérieur ", on constate aussi que
certains cornets sont munis d'un trou à la partie infé-
rieure, pour l'écoulement du liquide '^ Et, d'autre part,
il s'en faut que tous les rhytons ou têtes d'animaux
soient pourvus d'une ouverture pratiquée dans la bouche
de la bêle, pour l'écoulement du vin"^. Il n'y a pas de
règle à poser ù ce sujet. Ce qui subsiste, c'est qu'entre
le xÉpa; et le purov, malgré les différences extérieures de
formes, la parenté est toujours resiée étroite; que le
second est une simple dérivation el comme une compli-
cation du premier. Ce qui prouve encore que le xépaç est
le premier en date, c'est
qu'il est donné par tra-
dition, dans l'imagerie
religieuse, à Dionysos
el à ses suivants (fig.
682,689) '\landisqu'on
ne voit jamais, ou très
rarement, le putov entre
leurs mains". Celui-ci
est devenu surtout un
ustensile familier des
banquets et un diver-
tissement par l'adresse
qu'exigeait la façon de
s'en servir " ; il n'a
plus du tout, à l'âge classique, le caractère d'un vase
primitif el l'on s'efforce, au contraire, de l'enrichir de
toutes sortes d'ornements. La capacité du vase pouvait
atteindre un et même deux c/iof/s (de 3 i\6 litres el demi) ^°.
Dans le matériel très nombreux des xépaxa et des purâ
nous signalerons, par ordre chronologique, quelques-
uns des spécimens les plus typiques. Nous avons cité
déjà les cornets d'argile peinte fabriqués à l'époque pré-
hellénique el rappelé que les fouilles de Crète ont
exhumé de magnifiques vases en pierre, cannelés ou
sculptés (fig. 3943), qui ont la même forme el dont les
anses devaient être rapportées en une matière différente,
peut-être en métal; l'extrémité étant percée d'un trou, ce
sont de véritables rhytons-'. C'est un grand cornet
de ce genre que porte le jeune homme représenté
sur une des plus célèbres fresques du palais de Minos ^'.
On a déjà remarqué que sur une des peintures du tombeau
égyptien de Rekhmara les tributaires du Pharaon, sans
doute des Cr-étois, apportent des vases où figure le même
— 16 Cf. Stcphani, C. Bendus St-Pélersb. 1877, p. 10 ; Lissing, Nom. vas. p. 58.
Dans la riche collection des rhytons plastiques du Louvre (salle H), on n'en compte
que deux qui soient munis d'un trou pour l'écoulement du liquide (n" 09, tôle de
clie\al, décor en figures rougfs de la I" moitié du v" siècle, femme assise jouant
de la double flûte et femme dansant avec des crotales ; no 72, tète de biche, décor
en figures rouges restaurées, femme assise sur un rocher et Silène debout). II faut
ajouter (jue beaucoup de rhytons ont subi de fortes restaurations qui ont pu suppri-
mer maladroitement le trou inférieur. — '7 Voir le Bt^pertoire des vases peints de
S. Reinach, I, p. 137, 340, 381, 462, 498, 322; II, p. 35, 36, 38, 45, 196, 209, 340;
Kurtwanglcr, Vasensammt. Antiquar. n" 16S9, 1690, 1733, 1809, IS27, 1839, 1872,
187 4, 1876, 1883, 1892, 1918, 1924, 1940, 1941, 1953, 1959, 1989, 2033, 2037, 2050,
2054, 2004, 2005, 2070, 2076, 2081, 2091, 2182, 2933, 3989, 4009. — 18 Comme
exceptions voir Panofka, Trinkhorner, pi. i, n" 3 z= Benndorf, Griech. und Sic'.l.
Vas. p. 73; Tischbein, l'as. I, pi. xi,vi ; M.irlha, L'Art étrusque, p. 52 i, fig. 360.
— 19 II est difficile de comprendre pourquoi Théophraste en faisait un vase con-
sacré " aux héros seuls » (Athen. XI, p. 497 E). Dans le-î repas funéraires et sur
les ex-voto à Esculapc, il apparaît comme vase à boire {Bull. corr. hell. I, p. 162 ;
v, p. 491 ;cf. Jàid. Il, p. 421 à 423 ; voir aussi le bas-relief du Pirée, Athen. JUitthei-
lungen. VII, pi. xiv = Duruy. Bisl. des Grecs, III, p. 101), mais ce n'est pas un ustensile
exclusivement religieux.— 20 Athen. XI, p. 497. — '^l A. Evans dans Annua/ bril.
sch. at Atfien.^. VI, p. 30 ; Burrows, Discoveries in Crète, pi. i ; Rfndi-conti Accad.
dei Lincei, XIV, 1905, p. 365 sq. fig. I. — 22 Evans, Jbid. p. 15 ; cf. le fragment de
relief, VII, p. 89, fig. 29; Collignon, .4rcA. grecque, i' édit. p. 10, fig. 3;
Burows, L. c. p. 2.
i
I
i
- Rhylon atliqu
RHY
cornet à boire'. D'autre part, les rhytons en forme
d'animaux ou de têtes d'animaux ne sont pas moins
anciens (fig. 3944) et le taureau y joue un rôle prépon-
dérant^. A l'époque du style géométrique, les deux
catégories 'subsistent, mais, à partir
des VII' et vi' siècles, c'est dans tout
le monde grec une floraison consi-
dérable de TipoTojjLïi en têtes d'ani-
maux de tout genre, et le kéras
proprement dit devient moins fré-
quent, tout en restant en usage*.
La catégorie des vases à forme hu-
maine et animale est alors une bran-
che importante de l'industrie céra-
mique, non seulement pour les
récipients à boire (fig. 1130, 1131;,
mais aussi pour les flacons à huile
et à odeurs ^ [unguentarium] ; dans
le mobilier de table comme dans
celui de toilette persiste l'idée
superstitieuse très ancienne, qu'il
faut multiplier dans la maison les
formes protectrices et les porte-bonheur représentés
par certaines figures d'animaux ou de divinités. En
Étrurie, les vases dérivés du kéras afTectent souvent des
formes bizarres et compliquées où domine la figure hu-
maine ".
De l'époque classique, notamment du v' siècle, nous
avons conservé beaucoup de rhytons, dont quelques-uns
sont de véritables chefs-d'œuvre de l'art industriel.
Panofka leur a consacré autrefois une dissertation spé-
ciale'' et tous les grands musées possèdent aujourd'hui
de beaux spécimens de cette catégorie'; nous en don-
nons comme exemple un vase à tête de cheval du musée
du Louvre (fig. 5945), d'un réalisme pittoresque ; il ofTre
cette particularité assez rare d'être muni d'un pied'.
Ordinairement les ^uri et xépaTa ont le désavantage de
ne pas pouvoir se poser debout sur la table ; on les y
plaçait couchés sur le côté'". Mais on les voit aussi
disposés sur des supports (û:TozOOu.r|V, ■jtepcTxeXi';) qui les
maintiennent verticalement".
Les peintures de vases et les fresques nous montrent
l'emploi de ces vases dans les banquets. Mais, s'il est
< SleindorlT dans Jahrbuch Anzeiyer, 1S9J, p. 13. — 2 PoUicr dans Bull,
coi-r. Iiell. 101)7, p. ISl et note 3, pi. xxui, d'où est tirée notre figure 59*4:
cf. de Mot, dans lievue arcli. 1904, II, p. 224; Murray, Excavat. in Cyprus,
pi. ui ; Maraghiannis, Antiquit. Cretoises, pi. xxsix. — 3 Louvre, salie A.
In?. CA 698; cf. Olia. Richler, Kypros, p. 245-248. — * Voy. par ex. deux
cphèbes revenant du banquet sur une coupe à fig. rouges de style arctiaïque ;
Lenormant et de Witle, Ji'lite Céramogr, H, pi. xxxvii. — 5 Nous laissons ici de
côté toute une catégorie de vases qui est considérable et apparentée aux rhytons
plastiques; voir Monuments et Mémoires de La Fondation Piot, IX, p. 133 sq. ;
pi. XI à \iv. Mais je crois qu'on a tort de ranger dans la classe des rhytons les vases
plastiques à têtes humaines qui sont aussi anciens que les rhytons à têtes d'ani-
maux et f|ui dérivent des mêmes superstitions religieuses (Murray, Excavat. in
Cyprus, pi. ni et p. 33). Ils s'allient de plus près aux formes du cantharc et l'on
doit réserver le nom de rhyton aux vases qui, dérivés du «£?«;, en ont plus ou
moins conservé la forme oblique. — 6 Potticr, Vases antiq. du Louvre, pi. xxviri,
C 719; Robinson, Cataiog. o( vases Boston, p. 110, n" 306. — 1 Th. Panofka. Die
griech. Trinkhôrner, dans les Abhandlungen d. Kônigl. Akad. der Wisscns-
cha/t. Berlin, 1850, p. 2. _ 8 Au Louvre, salle H, vitrine des rhytons; au cabinet
des Médailles, de Riddcr, l'as, de la Bilil. nat. a" 872, 1239-I2W; à .Naples, Hcy-
demann, VaKensamml. Museo Naz. n" 2932-2937, 2954-2963, etc. (voir Vlndex
au mot Rhyton); à Berlin, Furtwângler, Vasensamml. Ântiquar. n»' 2«23, 3422-
3441 ; à Londres, Vt'alters, Latalog. Vas. Brit. Mus. IV, n»> F 418 à 433 ; à
Bruxelles, Caspar, Le legs de Hirsch. (DurenJal, 1901), p. 3 ; à Boston, Robinson.
Cataiog. vas. n» 469; à .New- York, Bull, of metropolit. Mus. mai 1906, p. 79,
fig. 6, etc. — S Salle H, Inv. Camp. 3335. Cf. le rhylon en tète de bélier, monté
sur un pied, dans Collect. Sabourofie Furtwaenglcr, pi. lxx. — 10 Cf. Heydemann,
. 3940. — Emploi du rylhon da
banquet.
— 867 — RHY
vrai que la façon de boire <■ à la régalade », en recevant
directement le .jet de vin dans la bouche, est plusieurs fois
représentée, par exemple sur un vase grec à figures
rouges (fig. 3946) '- et sur des fresques pompéiennes '\
on remarque encore plus fréquemment que le vin du
rhyton débouché était reçu dans une phiale ''% afin de
boire plus commodément,
et cette observation accen-
tue le caractère de jeu et
de divertissement que le
rhylon devait avoir pris à
l'époque classique. D'après
les textes, il y avait aussi
des rhytons Stzpojva, pro-
bablement composés de
deux cornes accouplées ,
dans lesquelles on pou-
vait mettre des liquides
différents, le liquide s'é-
coulant à la base par
une double ouverture '\
D'après d'autres, ce serait
un double jet du même
liquide que devaient recevoir deux personnes à la fois "'.
Le kéras, ou simple corne, était encore en usage à la
fin du V» siècle; on voit, sur un des grands sarcophages
de Sidon, un serviteur verser le contenu d'une œnochoé
dans un vase à boire de ce genre'".
Les formes les plus diverses ont été données à l'extré-
mité décorée du rhyton: têtes de taureau, de bélier,
de cheval ou de mulet, de biche, de lion, d'aigle, de
grifTon, etc.". Les textes et les inscriptions s'accordent
à signaler la variété de ces décorations plastiques ;
iXe-j/aç, Tptrjpiriç ", ypij']/, ^puTro; TrcoTof!.-/] , XÉovtoç X£<paX-;i,
TpaYÉXaoo;, etc.^» Les vases d'argile peinte qui nous
ont été conservés ne sont d'ailleurs que les imitations
d'une vaisselle plus belle et plus riche, en métal pré-
cieux^' : il est question dans les textes et les inscriptions
de xÉpata en argent ou aux embouchures dorées '". De
ce mobilieropulent nous avons gardé de très intéressants
spécimens, comme les rhytons d'argent et de bronze, à
têtes de bouquetins, conservés au Louvre", la magni-
fique série des rhytons d'or et d'argent du musée de
Vasensamml. Mus. Naz. n" 2833, 3253 ; et Ibid .R. C. 144. — 11 Panofka. Trin-
khôrner, pi. 1, no 4; Letronne, Œuvres, série III, I, p. 419, pL xlvie; S. Reinaeh,
Répert. Stat. I,p. 125; cf. Bocckh, Staatshaush.{\, x.u, n» 37, p. 273! ._ liMilliu!
Peint, vas. Il, pi. lxxvi, scène de banquet. - 13 Antichita di Ercolano, Pitturè.
t. V, pi. XLVi, p. 201, jeune satyre nu, étendu par terre et recevant dans sa bouché
le jet d'un rhyton ; Zahn, Die schnnsten Ornam. I, pi. lc, scène de banquet.
— H Panofka, Trinkllôrner, pi 1, no 1 {= de Laborde, Vas. Coll. Lamberg, I,
pi. Lxii); cf. pi. ni, n" 2 (= Heydemann, Vasensamml. Mus. Naz. n» 2202; Guhl
et Koner, Vie .intique, trad. Trawinski, I, p. 378, fig. 513) ; Museo Borbonico, V,
pi. u; S. Reinaeh, Répert. Stat. I, p. 32. Voir dans le Dict. à l'article fcnaiibÔi.u~
la fig. 3320 et à l'article LARES la fig. 4351. Panofka voulait donner le nom de pO,,f,:
aux serviteurs chargés de cet office (Recherch. sur les noms des vas. p. 32), mais
Lftronne a réfuté cette idée {Œuvres, I1I« série, I, p. 419, note 3i. — 15 Àlbeu.
XI, p. 468 F; Pollux, VI, 97. Voir le commentaire de Letronne, L. c. p. 420, qui
corrige l'explication de Panofka. Pour les inscriptions, cf. Bull, corr.hell. Il, p. 32.'.
— 16 Voir l'explication de Stephani dans la notice de la pi. xxxvi des Antiq. du
Bosph. Cimm. (édit. franc. Reinaeh, p. Ss). - n Hamdy-bey et Th. Reinaeh, Nécro-
pole deSidon, pi. XXI. - is Voir Icsplanches des Trmkhirner de Panofka etci-dessus
la note 8; cf. encore Panofka, Griechinnenund Griech. pL i,n»4: .Miilin,fein<. Vas.
\i,f\.Lym; Museo Borbonico, VIII, pi. xiv; Guhl et Koner, Z.a vie antique, trad. Tra-
Minski, l,p. 213; Kr^use, Angeiologie. {û. v; Duruy, Hist. des Grecs. III, p. 110.
— 19 Athen. XI, p. 469 A; p. 497 A et B ; p. 500 F. — 20 Corp. inscr. jrec. 139, 150 ;
Athen. XI, p. 300 E. — 21 Voir l'Iiistoire du IjTan Agathocle. fils d'un potier, qui prend
un grand rhyton d'or pour en faire une copie d'argile ;Diodor. Sicil. XX. 63. — 22ror;i.
mscr. grec. 138, 139, 142, 131 : Athen. XI, p. 4766 et C. - 23 Salle des antiquités
orientales, Inv. AO 3093 (argent; ; AO 31 13 (bronze); cf. iïuseo Borb. VIII, pi. xiv.
RlC
868
RIP
Fig. 59«. — R)iylon d arpcnl.
Fig. 5948. — lihylon dargcut el or.
Saint-Pétersbourg (fig.'59'»7 et 3948)', celui de Tarcnte
au musée de Triesle -, celui de Sofia % etc.
A l'époque romaine le rhylon, transformé en un meu-
ble colossal, exécuté en marbre
et rehaussé de toutes sortes
d'ornements, décore les riches
villas où il servait de bouche de
fontaine [fons, p. 1236]' : on
connaît un beau vase de ce
genre (fig. 3137) signé par l'ar-
tiste Pontios S et le Louvre
possède aussi plusieurs de ces
grandes cornes de marbre qui
participent à la fois de la cor-
nucopia el du purov '. Sous la forme ordinaire, il figure
très souvent dans des fresques, statuettes, de bronze
reliefs, etc., comme attribut classique des dieux Lares
(fig. 4343 à
4331) ■>. Le mot
grec avait pas-
sé enlatinsous
la forme rhy-
liuni *. Pen-
dant toute la
période romai-
ne et jusqu'à l'époque mérovingienne, on conserva l'ha-
bitude, chez les peuples barbares du nord et du centre
de l'Europe, de boire dans des cornes ^ On connaît un
très beau zépaç de verre bleu trouvé dans un tombeau
ostrogoth'". E. PoTTiEn.
RICA, RICIi\HLM. — Pièce de vêlement. On discute sur
le sens précis du mol. Les uns y voient un manteau,
d'autres un voile ou même un simple mouclioir posé sur
la tète'. Il est probable que les définitions dilTérenles des
auteurs correspondent aux étapes successives qui, à tra-
vers les âges, ont peu à peu conduit la rica oniùcinium,
manteau, à n'être plus qu'un simple voile couvrant le
haut des épaules ou la lêle. Une description fort claire
en est donnée par Festus : vêlement de forme carrée,
muni de franges, de couleur pourpre ; c'est celui que
porlailla/?awj//i/fa, femme du flamine [flamen, p. 1170] -.
D'autres la disent de laine blanche ou teinte de cou-
leur bleuâtre'. C'était donc un très ancien costume,
une véritable pa/la, qui avait précédé la loge ronde
ï KondakofT-Reîuach, Antiq. du ùosp/iorf Cimmërifin. pi. xxxvr d'où est
tirée la fig. 59i7) ; Anlii/. de la Russit méridionale, p. 80, fig. 113; p. 197,
lig. 184: p. 318. Dg. i86 ; C. Rendus St-Pélerso. 1676, p. 157, pi. iv, n» 8
(d'où csl liréc la fig. 5948); 1877, p. Il, 15, pi. i; Jahreshefle de Vieunc, V,
1902, pi. Il et p. 120, fig. 33. — 2 Jahreshefle, l. c. p. Hi. I. p i. _ 3 74,rf.
p. liâ-l£3, fig. 3i-35. — i On peut rappeler que dès l'époque préhcitcQique
le grand rhylon de marbre, eu léle d'animal, parait avoir eu une destiualion
analogue; Annual ofbrit. school, VI, p. 31. — ô HuUettino comm. di Home, III,
pi. XLi et xui; Hauser, Neu-att. Reliefs, p. 8. — 6 Voir l'arlicle fons, p. tï36,
note 4. — Ty oir\e Répertoire de la statuaire de S. Reioacli, I, p. iHi ■ II, p. 493
à 496. —8 Épigrammc de Martial; II, 35, sur un homniu aux jambes torses qui pour-
rait se laver les piods dans un rhylon. — » Gaes. Bell. yall. VI, 29; cf. Krausc,
Angeiolog. p. 35'., noie ï; Aug. Thierry. Conquête de VArtijtcterre, I, p. 93;
Mcita des temps mérovingiens, p. 209. Slepliaui note l'emploi du rhylon jusi|u'à
nos jours dans certaines contrées, comme la Géorgie, la Catalogne (notice de la
pi. nxvi des Antiq. du Bosph. Cimm.; voir le résumé fait par S. Reinach, é,lit.
franc, du même ouvrage dans llibl. des mon. figurés, 189J, p. 87). L'usage en per-
siste aussi dans les pays sauvages, par ei. au Congo; cf. Annales du musée du Congo,
U Bruielle-, tome II des iVoles analytiques sur les coll. et/,no'/raph. 1»U7, p. 57.
— '0 Monumenti aiitichi, XII, pi. v, n" 1) ; cf. un vase de verre trouvé à Nîmes,
Bull. Comité trav. hitt. nouv. série, III, p. 393; Devil e, jUist. de la rerrerie,
p. 37. — BiBuoCRAPHlE. 0. Jahn, Vasensamml. :u .Mûnchen, p. xcix ; Krause, An-
geiologie, p. 355 sq. ; Ussing, De nominib. vasor. graec. p. 56 ; Cramer, Styl und
Berkunftd. griech. Thongef. p. 125 sq.; Panorka, Recherches sur les noms des
l'Oies grecs, p. 31 sq. ; Oie griech. Trinishorner (dans les AbhandUngen d. h.
[iwLLU'M, p. 292], et qui pouvait être même attribuée aux
hommes ; les mimes au théâtre la portaient encore et
étaient riciniali^ [mimus, p. 1906, fig. 3036]. On l'assi-
mile aussi à la toge prétexte [toga] avec le claviis de
pourpre'. Une 1res ancienne statue de Jupiter le repré-
sentait riciniatus^. Les quatre jeunes garçons patrimi
[pATRiMi], qui assistaient les frères Arvales dans leurs
cérémonies, étaient riciniatP . Les femmes romaines met-
taient ce vêtement dans les funérailles ou dans les deuils
publics pour exprimer leurs sentiments graves et doulou-
reux '. On ne peut donc pas douter que nous ayons affaire
à un manteau d'origine fort ancienne, à un pallium porté
en forme de châle, analogue, comme nous l'avons déjà
noté, au maf'ors ou mavortium [mafors, p. 1494]". D'au-
tres textes, parlant du riciniiim, que l'on porte double
et que l'on rejette en arrière, confirment le fait'".
Mais tout le monde sait que dans les temps anciens,
à Rome comme en Grèce, les femmes, pour s'abriter contre
le soleil ou les intempéries, avaient l'habitude de ramener
leur manteau en voile sur leur tête (fig. 2822, 3684,
4862, etc.)". Par conséquent, on pouvait être insensible-
ment amené, une fois la pallaei lasto/a adoptées pour le
costume féminin, à ne donner à l'ancienne l'ica ou rici-
niiim que l'aspect d'un voile, d'une sorte de mantille,
comme le xp^Ssavov et la xaXÛTiTpx des Grecs [veluji], ou
même d'un mouchoir de lête. De là, les textes qui repré-
sentent les ricae, riculae et ricinia comme des palliofa,
abritant seulement la tête '^, ou comme un simple stida-
rium''. C'est une Iransformation et une réduction de
l'antique vêtement. E. Pottier.
RIPEXSES, RIPARIEXSES. — A partir de Dioclélien
el de Constantin, l'armée romaine est définitivement par-
tagée en deux groupes principaux : d'un côté, l'armée de
campagne qui comprend la nouvelle garde [sc/wlae], les
palalini el les comitalenses, répartis dans les alen-
tours des capitales et les villes de l'intérieur ; de l'autre,
l'armée sédentaire des frontières, des confins militaires,
les ripenses ou riparienscs, appelés aussi limitanei,
castellani, castricianl\ auxquels on peut joindre les
pseudocojnitatenses^ . Celte seconde armée, considéra-
blement augmentée par Dioclélien, parait avoir été
diminuée par Constantin au profit de l'autre'; à celle-là
elle est inférieure pour la solde qui comporte un tiers en
moins d'annonae et de capitus, pour la retraite, oble-
Akad. d. Vtiss. Berlin, 1650. II, p. i sq.); Leironnr, œiieres, III- série, 1, p. 413
sq. (= Journal des Hui-ants, 1833, p. 093); Becker-Uôil, Charikles, 111, p. 91-9i.
RIC.4. 1 Voir le commentaire de Godefroy dans les Commentarii in Paul. Diac.
excerpt. édit. Lindeinaun, p. G3T-658 ; Bcckcr-Giill, Gallus, II, p. ï;) ; III, p. 204;
Marquardt. Vieprivée des Rom. trad. Henry, II, p. 218-219; Wilpert, dans r.4r/e,
II, 1899, p. 6-8; Wuesch r-Becchi, dans BuUetlino comm. arch. di Roma, XXI.IC,
1901, p. 108. — 2 Festus ap. Paul Diac. édit. Linderaann, p. 139, De signifient, verb.
XVII, s. i'. rica; cf. l'est, fragm. ibid. p. 229 et 237. — 3 Fesl. ap. Paul. Diac. L. c.
— ^?est. Fragm. ibid. p. 229, reeintati mimiplanipedes. — â /bid. Voir ci-dc^sous
note 7.-6 Aruob. Adt'. gcnt. VI, 25 (p. 1213 de la Patrolog). — ' Marini, Fralr.
Arval. p. 279 ; Henzen, Acta fralr. Arv. p 36. .38, 42. Celui-ci fait remarquer (p. 36),
avec Mommsen, qu'enlre la praetexta et la rica il devait y avoir peu de dill'érence,
puisijuedans ces Acta les jeunes garçons, servant d'assistants, sont dits tantôt prae-
textati, tantôt riciniati. — 8 .Non. Marcell. XIV, 33 (p. 542 M) ; cf. Cic. De legib. Il,
23. — 9 Non. Marcell. L. c. - lO Varr. Ling. lat. V, 132 ; Isidor. Orig. XI.X, 23 ;
Serv. ad Virgil. .ien. I, 280. — " Varron, Op. l. V, 130, indique le geste, quand il
montre les femmes se voilant avec la rica, au moment du sacrifice. — t2 Fest. édit.
Lindem. p. 136, 229, 643; Aul. Gell. X, 15. Voir le commentaire et les textes
réunis par Godefroy, Op. l. p. 637. — 13 Non. Marcell. XIV, 15, 16 (p. 339 M.).
RIPENSES, RIPARIEXSES. 1 Cod. Th. 7, 1, 18; 7, 13, 7; 7, 20, 4; 7, 22, 8; 7,
4, 14; S, 4, 17; Cod. Just. {, 27, 2 (rétablissement des /i'mtfaiiei en Afrique par Jus-
linien) : Nov. Theodos. Il, til. 24 ; Vit. Aur. 26 ; 38. 4 ; voir Godefroy Ad. Cod. Th.
7, I, 18. — 2 C. Th. 7, 1, 18; 8, 1, 10. D'après Mommsen ils auraient été séden-
taires à l'époque de Dioclélien et rattachés plus tard aux comilatenses, sans
cependant les égaler. — 3 Zos. 2, 34 ; Lactaul. Ùe mon. per. 7 ; Suid. s. v. t(T7«;:i.
RIP
— 869 —
RIT
nue seulement avi bout de vingt-quatre ans de service,
au lieu de vingt, et pour les conditions de taille et de
force. C'est l'ancienne armée romaine des castra slativa,
pourvue, dès l'époque d'Auguste et surtout depuis
Alexandre-Sévère, de terres qu'elle est chargée de dé-
fendre et de cultiver [limitanei milites]. On a généralisé
cette institution des lerrae limilaneae, fundi limi/rophi.
Ces territoires, répartis entre des garnisons et les sol-
dats, comprennent les niimeri ou fossata, résidences de
l'état-major du corps et les castra, résidences des déta-
chements annexes, lesquels constituent de petites cités
en dehors des cités, passent aux enfants des vétérans,
s'ils sont au service, reviennent au corps à défaut d'héri-
tiers mâles, peuvent être frappés d'amendes, ne doivent
être ni aliénés, ni acquis par des étrangers ' ; mais ils ne
suffisent point à nourrir les garnisons, à l'entretien
desquelles doivent subvenir en outre les fournitures des
villes de l'intérieur et surtout de la frontière-. \ la défense
et à l'entretien des petits postes, tours (burr/i, turres,
clausurae^ que renferme le limes en Gaule, en Espagne
et en Afrique, sont en outre attachés des burgarii, sortes
d'esclaves publics ^
Comme dans l'autre armée, la cavalerie et l'infanterie
des ripenses sont absolument séparées. L'infanterie
comprend, pour les pays dont l'effectif est connu', envi-
ron 40 légions réparties en détachements, -44 auxilia et
lOo cohortes de 500 hommes; l'ancienne légion de
6000 hommes, dépouillée de ses alae et de ses cohortes,
a pour chef nominal le praefectus legionis qui figure
encore dans la Notitia dignitatum ^, mais les chefs véri-
tables sont les six tribuns ; ils commandent les détache-
ments et la nouvelle légion, probablement 1000 liommes,
qui, dès le iv' siècle, remplace généralement l'ancienne
légion". Les auxilia se trouvent exclusivement dans
les duchés du Danube, en Orient et en Occident, et
sont supérieurs aux légions; issus probablement des
levées locales antérieures à Dioclétien \ ils paraissent
être entièrement barbares. Il en est probablement de
même des cohortes qui viennent après les légions, sauf
pour les duchés orientaux du Danube, et dont les noms
sont empruntés soit à la garnison, soit à la province *,
quelques-uns à une fonction spéciale '. La cavalerie
comprend trois groupes : avant les légions 46 cunei equi-
tum, probablement de formation barbare, surtout dans la
Thébaïde et les duchés du Danube, et 121 corps d'erjuiles,
probablement de 500 hommes; après les légions 65 alae,
probablement de 600 et pour les archers à cheval de
oOO hommes'". On a estimé", sauf les lacunes de la
Notitia, le chiffre total des soldats des frontières à
250000 pour l'infanterie et HOOOO pour la cavalerie
contre 150000 d'infanterie et 46000 cavaliers pour la
I C. Th.l, 15, i-*; C.Just. 1,27, i, 5 8; 11,00, 3 ; iVor. Tlieodos. II, i4. 4 ,C. >ns.
gr. 5187 (loi d'Anaslase sur les soldats de la Pentapole). — 2 C. Th. 7. 4-5. — 3 C.
Th. 7, 14; 12, 19, 2; C. Just. 1, 27, 2, §4; Oros. 7, 2.'; Vegel. 4, 10 ; Zoi. 2, 34;
Ammiao. 28,2; Sidon. Carm. 22, 119, t2û; JSov. Justin. 103 praef. ; voir Godelroy
Xd. C. Th. 7, 14. — 4 Dans la Notitia dignitatum, les données manquent plus ou
inoins complètement pour l'Italie, la Gaule, l'Afrique, la Libye: elles ne soûl com-
plètes que pour l'Espagne, les pays du Danube, l'Oi-ient et l'Egypte, — î" Dernière
loeolion réelle des praefecti legionis (C. Jiist. 8, 50, 5: 290). — 6 Aramian. 19, 2,
14; 18, 8, 3 (20 000 hommes pour sept légions et d'autres troupcsl; Procop. Bel.
vand. 1,5. — 7 Voir Mommsen, Vie ràm. Provincialmilizen {Hennins, 22, p. 547,,
— 8 Gratianenses de Gratiana; Cimbriani de Cimlirianum; Scyt/iici, .Woesiaci,
DaeUci. — 'J Les Ascarii, qui passent les lleuves sur des outres {Xotit. Occ. 31 .
— 10 Lydus, De mag. 1, 46. — n Mommsen, Das rom. Jdilitârwesen seit Dioelt-
<inn(i/ermes, 1889,p.2.i7).— 12 Pour l'époque de Justinien, Agatliias, 5, 13 ;Procop,
Bel. vand. 1,11; Bel. goth. 1, 16, 24. — 13 Notit. dign. ; C. Th. 7, 1,9; 7, 20,
13; 7, 17, 1 ; C. Just. 12, 35, 18; 12, 59, 8. — H i'/j/i. epigr. 2, S84: C. lus. lut.
garde et l'autre armée. Mais dans la réalité ces chiffres
ont dû être beaucoup moins élevés, car c'est avec des
effectifs très restreints que se font les campagnes'-,
A la tête des ripenses se trouvent pour l'Occident les
deux maîtres de la milice en résidence à la cour ; pour
l'Orient depuis Théodose I", les cinq magistri equitum
et peditum, dont les deux praesentales ont un droit gé-
néral de surveillance et les trois provinciaux un com-
mandement direct '^ Sous eux le limes de chaque
province a un dux limitis, d'abord perfeclissime, puis,
sous Théodose, clarissime et plus tard respectable ; quand
il est comte de première classe, il s'appelle cornes et
dux; il n'a que les pouvoirs militaires, sauf quand il est
dux et praeses"'. Il a sous ses ordres les chefs des déta-
chements (numeri) dont le nom générique esl tribunus,
et qui s'appellent aussi/jrne/'eca' surtout pour les alae et
les flottes, praepositi, tribuni et praepositi, praepositi
limitis'^. Pour les flotilles des lacs et des Qeuves et des
mers, pour le recrutement, nous renvoyons aux articles
CLASSIS, DILECTl'S. Ch. LtCRIVAIN.
RISCUS ( 'Pt'îxc,;) '. — Coffre, coffret, fait ou couvert de
peau et qui parait avoir été particulièrement à l'usage
des femmes, pour serrer des vêtements, des bijoux ou
d'autres objets précieux ^ D'après Nonus, le même nom
pouvait être donné à une cachette pratiquée dans un
mur^ E. Saglio.
RITUS (0=(7[A()ç, vo[j.o,-?) . — Les textes anciens ne nous
donnent aucun renseignement sur l'origine ou sur l'éty-
mologie que les grammairiens latins attribuaient au mot
ritus. Parmi les modernes, Louis Lanzi avait cru
retrouver dans un terme des Tables Eugubines erietu
l'origine du latin ri/us ' ; mais M. Bréal voit dans ce
terme l'équivalent du verbe latin porricere, dont il ne
diffère que par le préfixe'^; il n'y aurait donc rien de
commun entre erietu et ritus. D'autres ont essayé, sans
grand succès, de rattacher ritus au grec pûoj, variante de
ç£(o, couler\ L'étymologie, qui semble aujourd'hui la
plus probable, est celle que propose Vanicek: r^■<(/s serait
dérivé comme ratus, ratio, reus, de la racine sanscrite
ra, qui exprime l'idée de compte, d'appréciation, d'opi-
nion, d'adaptation, d'accommodement'. Le mot ritus ne
parait pas avoir eu en latin un sens aussi limité que le
mot français rite, dans lequel domine nettement l'idée
religieuse. Ritus était à peu près synonyme de mos,
consuetudo, comme le prouve le sens le plus fréquent de
l'ablatif rite, que Servius explique simplement par le
mol recte". Souvent, quand les écrivains latins veulent
donner à ritus le sens de notre mot rite, ils le complètent
par un terme caractéristique: ritus sacrificii'', ritus
sacrorum'', ritus piandi", comprecationes quae ritu
roinano fiunt\ sacra diis facere ritu Albano'", etc.
3, 764;53>iD; C. TA. 7, 4,30; 7, 9, 2; 8, 5, 49, 52; II, 30,33, — if: Notit. dign. :
C. Th. 7,4, t; 7, », 1-2; 7, 12, 1 ; 7, 21, I; 8,7, II; 12, 1, 113; C.Just. 12 59, (i,
— BiDuoGHAPHic : Bôckiug. Notitia dignitatum, p. 513 sq, ; Kiihn, Verfassung des
rom. Jieichs, Leipzig, 1864, 1, p. 139; Léolard, Essai sur la condition desbarbans
établis dans l'Empire romain, Paris, 1873; Fustcl de i;ouiangc3, Les origines du
système féodal, c. 1"; Mommsen, Dos ràm. Militdrwesen seit Uioctetian {tiennes,
1889, p, 195-279); Secck, Geschichte des Untergangs der antiken Welt, Brlin,
1902, I, p, 233-270.
RISCUS. 1 Donat. ad Serenl. Eun. 753 ; Hcsych. s. v. 9ai,o=»,.,,-. — 2 Pollui, X,
137; Ter. L. l. ; cf. Dig. .XXXIV, 2, 25 §19.-3 Non. s. v. p. 103 ; cf. Cujas!
Obsero, VIIJ, 1.
IIITCS. 1 Lanzi, Saggio di lingua etrusca, p. 822. — i Les Tables Eugubines,
p. 277. — 3 Forcellini, Lexicon (éd. 1890), ». r. Ritus. — 4 Griech.-tatnn^ etymol.
^'orterbuch, p. 766-767. — 5 Servius, Ad Aeneid. III, 546. — 6 Id, /bid. V, 77.
— 1 Virgil.4en.Vlll,S30;Ovid. Fast. V, 421.— «Id. Jbid. III. 291. — 9 Gell. -Voc».
Att. XUl, 22, 2. — 10 Liv. I, 7; cf. Varro, De liny. latin, VII, 5, 97,
RIT
870
A vrai dire, c'est là l'emploi le plus général du mot, et
c^estbien ce qui ressort, malgré létal mutilé du texte,
de la déllnilion qu'en donne Servius' : liitus est com-
probata in adminisiraïu/is sacrijiciis consiietiniol]....
Alii ita lie/iniunl, l'idim esse quo sacrificium uti fiât
[statiitum esr?] aitt inslilulus religiosus aut cerimoniis
consecralusl Par rittis, il convient donc d'entendre les
règles ou lois qu'il fallait observer dans l'accomplis-
sement des actes religieux et, d'une façon plus générale,
les actes religieux eux-mêmes, c'est-à-dire les actes par
lesquels l'homme manifestait ses sentiments envers la
divinité. Aucun mol grec ne répond exactement au mot
ritus: celui qui s'en rapproche le plus parait être ôscruoç,
surtout quand le sens général en est précisé par des
épilhètes telles que Oeio,-, hzôç-. Parfois aussi le mot
voao; est employé de façon analogue ^
Les rites étaient très nombreux dans la religion grecque
et dans la religion romaine; ils tenaient une grande place
dans la vie privée, dans la vie domestique, dans la vie
sociale et politique ; leur caractère n'était pas absolu-
ment identique en Grèce et en Italie. Sans entrer ici
dans le détail de chacun des rites grecs et romains, détail
que l'on trouvera dans de nombreux articles de ce
dictionnaire, nous voulons essayer de montrer: 1° com-
ment on peut classer les rites grecs et romains; 2" quelle
place les rites tenaient dans la vie antique sous ses
diverses formes; 3° à quelles conditions extérieures la
pratique des rites était subordonnée; 4" enfin, quel a
été le caractère particulier et distinctif des rites dans les
deux grandes civilisations de l'antiquité classique, c'est-
à-dire en Grèce et à Rome.
1. Cl.\ssific.\tiox des rites. — Puisque les rites, au
sens le plus large du mot, sont les actes religieux par
lesquels l'homme manifeste ses sentiments envers la
divinité, la classification des rites devra être fondée en
principe sur les diverses formes que le sentiment reli-
gieux a prises dans l'antiquité. On a vu, à l'article
KELiGio, que les anciens, abstraction faite des dilTérences
qui distinguaient à cet égard les Romains des Grecs,
cherchaient: 1° à obtenir la faveur, à détourner la colère
de la divinité; "2° à connaître la volonté divine ou, par
l'intermédiaire de la divinité, l'avenir; 3° à savoir ce qu'il
adviendrait d'eux après la mort, quelle était la nature de
l'âme, et comment ils pouvaient s'approcher le plus de
la divinité. De là trois grandes classes de rites, qu'on
peut ainsi définir : 1° les rites propitiatoires ; 2° les
rites divinatoires ; 3° les rites des mystères.
A. Les rites propitiatoires. — Pour que la divinité
pût se montrer propice aux désirs de l'homme, il fallait
d'abord qu'elle connût ces désirs: l'homme les lui indi-
quait au moyen de la prière {precatio, sj/vî)'. La
prière était dite à part ou bien elle accompagnait un
autre acte religieux, oll'rande, sacrifice, etc. De même,
quand il avait obtenu de la divinité ce qu'il désirait,
l'homme lui eu exprimait sa reconnaissance verba-
lement (r/ralulalio, =7ra;vo;). C'étaient là les deux formes
les plus fréquentes, les plus simples de la prière. Il y en
avait d'autres. Ainsi les Grecs et les Romains priaient les
1 Ad. Àeneid. VIU, 836. — - H. Estienne, TAetfaurus ting. graec. s. c.Qsg-^i:^.
— i Har eï. Diou. Halic. II, 66 et 73. — * Sur la prière dans le culte grec, voir
StcQgel, Diegrit^hischenlCultusaUertûmer, §52-53, p. 7i-74; sur la prière chez le?
Komains, Mar(|uardt, .Manuel des antiquités romaines (trad. fr.). t. \II, p. ^09 sq. Cf.
La<iaulx, Gtbetc '1er Criechen und ftônicr tims Studien dei ctassischen Attertums^
Ralisbonnc, ISil, p. 137 sq. — ^ Siengel, Op. cit. § 54, p. 75 sq. — 6 G. Wis-
RIT
dieux d'exercer leur puissance, non pas seulement en
faveur de celui qui s'adressait à la divinité, mais contre
un autre homme ou d'autres hommes nommément
désignés : c'était là le rite de l'imprécation (àpi, litapi,
xaTipQt, deprecatio, exsecratio, imprecatio, etc. ; [voirDE-
voTio, p. 114] ■. La devolio, le dévouement (au sens
étymologique du mot) de soi-même, n'était qu'un cas
particulier de cette forme de prière [devotio, /oc. cit.] ' ;
dans ce cas, on s'offrait soi-même au courroux des dieux
pour le détourner soit d'une autre personne, soit plus
fréquemment de sa patrie. Lorsque la prière proprement
dite était accompagnée d'une promesse, quand l'homme
qui implorait la divinité s'engageait d'avance à lui
témoigner sa gratitude par une offrande ou un sacrifice,
la prière devenait un vœu [votim, £'j/apicr-:T,piov] \ Dans
une certaine mesure aussi le serment7"syi/;"anrfj<wi,ôpxoç)
était une prière ' ; on prenait la divinité à témoin, on la
priait de punir le parjure [jusjlrandum]. Ces rites
purement verbaux ne s'accomplissaient pas sans gestes
appropriés; les plus usuels de ces gestes était le geste
spécial de l'adoration, une légère inclinaison de la tête,
parfois un baiser donné à l'image de la divinité qu'on
invoquait [adoratiOj.
On peut rattacher à ce premier groupe de rites propi-
tiatoires, prières transmises par la voix, le rite de la
defixio, imprécation le plus souvent transmise par écrit
et nettement distincte de [adevotio^.
Mais les anciens n'ont jamais cru que de simples
paroles, dites ou écrites, même accompagnées de pro-
messes, fussent assez efficaces pour rendre les divinités
propices. Les actes avaient plus d'importance encore que
les paroles dans le rituel antique. L'acte religieux par
excellence, du moins à l'époque historique, était le don
fait par l'homme à la divinité, l'offrande (àvi6r,uLa, </on«/«,
donarium). On trouvera à l'article donarium tous les
renseignements nécessaires sur les simples offrandes,
leur caractère, leurs rites {consecratio, dedicatio], leurs
diverses espèces, etc. Si l'offrande était le don sous sa
forme la plus simple, la libation et le sacrifice, quoique
plus complexes, étaient de même des dons de l'homme
à la divinité. A certains égards, la libation faisait partie
du sacrifice ; elle était un sacrifice sans eflusion de sang.
Au sens le plus précis et le plus limité du mot, la libatio
était le don fait à la divinité des liquides, tels que le vin,
le lait, l'hiiile, que l'on versait sur l'autel, ou encore de
l'encens et des parfums qu'on répandait dans les flammes
sacrées '". Le sacrifice [sacrificium, Ouo-îa) pouvait
comporter ou non l'immolation d'un être vivant. Lors-
qu'il n'était pas sanglant, il consistait essentiellement
dans le don à la divinité de pains, de gâteaux, de fruits,
quelquefois aussi de fromages". Le sacrifice sanglant
comportait l'immolation d'une victime dont, suivant les
cas, les dieux laissaient une partie à la disposition des
hommes ou qu'ils réclamaient tout entière [sacrificium\
Malgré toutes les différences, parfois capitales, qui dis-
tinguent entre eux les trois actes de l'offrande, de la
libation, du sacrifice, ces actes étaient inspirés, chez
les Grecs et les Romains, d'une seule et même idée :
sowa, lieligion und Kultus der liômer, p. dii. — 7 gur le caractère du votum
daus le culte romaiu, voir G. Wissowa, ()p. cit. p. 319-3it. — s Chez les Grecs,
voir Siengel, Op. cit. § 56, p. 78-80. — ^ A. .\miollent, Defixionum tabeltae,
p. XXXVI sq. — '" Sur les libations dans le culte grec. v. Siengel, Op. cit, § tiî,
p. 93-9i; cf. Marquardt, p. î03-i04. — Il Siengel, Op. cil. i 61, p. 89-9Î; Mar-
quardt, p. i03 ; Wissowa, Op. cil. p. 344-345.
1
RIT
rendre par des présents plus ou moins considérables
ou précieux la divinité propice, obtenir d'elle, grâce à
ces présents, qu'elle satisfit les désirs des hommes.
Mais à ce rite essentiel certaines conditions étaient
indispensables et des rites accessoires s'ajoutaient. La
divinité n'accueillait avec faveur les présents des
hommes, que s'ils lui étaient olTerts par des êtres purs.
I En règle générale, il fallait se purifier avant d'entrer
dans un sanctuaire, avant de procéder ou de prendre
part à une ofTrandc, à une libation, à un sacrifice. Delà
les purifications ou rites purificatoires (xiôapccç, lus-
trât io), dont on trouvera l'énumération et l'étude
complète dans l'article listratio. Mais, lorsque la tache
à effacer était grave, lorsque la souillure à faire dispa-
raître était un crime commis soit envers les hommes soit
envers les dieux, la purification prenait un caractère
particulier, devenait une expiation ; les rites expiatoires
{lustratio, piaculum) étaient plus minutieux, plus com-
pliqués, plus sévères que les simples purifications '.
D'autre part, quand les multiples conditions requises
pour la validité d'un sacrifice se trouvaient remplies, les
Grecs et les Romains croyaient augmenter encore l'effi-
cacité de l'acte religieux qu'ils accomplissaient en
l'entourant, pour ainsi dire, de cérémonies destinées à
honorer la divinité : telle parait être du moins la signi-
fication à l'époque historique des processions solennelles,
des hymnes, des jeux et concours de toute nature qui
précédaient, accompagnaient ou suivaient beaucoup de
sacrifices. [Pour les processions sacrées, on les trouvera
citées et décrites aux noms des principales fêtes, tels
que BRAURONiA, I, p. 748-749; délia, II, p. 37; eleusinia,
II, p. o67 sq. ; panathenaia, IV, p. 306 sq.; pythia,
IV, p. 792 sq. ; argei, I, p. 40o; amburbium, I, p. 226;
COMPITALIA, I, p. 1429, etc. — Pour les hymnes, voir
HYMNUS, III, p. 337 sq. — Pour les jeux, voir les mots
AGONAUA, I, p. 147 sq. ; certamina, I, p. 1081 sq. ;
LUDi PUBLici, III, p. 1362 sq., ainsi que les noms des
grandes fêtes helléniques, istumia, nemea, Olympia,
PYTHIA, etc.].
Tels étaient les rites propitiatoires le plus généra-
lement observés, ceux dont le caractère peut être déter-
miné sans hésitation. Mais nous devons, en outre, citer
divers rites, soit exceptionnels à l'époque historique, soit
d'une nature spéciale, soit encore d'une origine et d'une
signification qui ne sont pas sans laisser quelque place
au doute. Si le plus souvent les victimes immolées en
l'honneur des divinités étaient des animaux, il arrivait
parfois cependant qu'on sacrifiât des êtres humains : le
rite était célébré en Grèce dans les cultes de Dionysos
Omestès, de Zeus Laphystios, de Zeus Lykaios, etc.; il
avait parfois, mais non toujours, le caractère d'une céré-
monie expiatoire ^ Dans la religion romaine, il parait
avoir été plus exceptionnel; les Romains lui attribuaient,
à tort ou à raison, une origine grecque ' [sacrificium].
C'était encore un genre particulier de sacrifice que le ban-
quet sacré offert aux dieux, appelé par les Grecs 9îo;£v!a,
par les Latins lectisterniuin [lectisternium, theoxenia].
L'origine des sacrifices humains et des lectisternes
remonte sans doute à une époque très reculée, oîi les
conceptions religieuses étaient différentes de celles qui
avaient cours pendant la période classique : les uns et
1 Slcngel, Op. cit. 55 S5 si(. p. 138-151 ; Wissowa. p. 3î7 s'j. — 2 SIengcl, Op.
cit. §74, p. 114-117; cf. Frazer, The Golden Bougt, î' éd. 11. 34 sq. — 'J G, Wis-
871
RIT
les autres sont des survivances d'un rituel qu'inspiraient
des idées tout à fait étrangères à un Athénien du siècle
de Périclès, à un Romain contemporain d'.\\iguste, ou
même de Caton l'Ancien. D'autres rites encore se
présentent avec la même physionomie: tels ceux de
I'aiora, de l'AMPiiiDROMiA , de I'aouaelicium, manalis
LAPIS, de I'armilustrum, du bidental, du dioskodion,
de I'eiresionè, de la lithobolia, des lupercalia, de
l'ocTOBER Eouus. On saisit bien dans les uns et les autres
des traits qui permettent de les considérer, ceux-ci
comme propitiatoires, ceux-là comme purificatoires ou
expiatoires; mais dans l'ensemble, ils semblent appar-
tenir à une strate religieuse différente de celle qui cor-
respond vraiment aux temps historiques. C'est en les
comparant avec certaines coutumes encore populaires
parmi les paysans européens ou bien avec des usages
encore aujourd'hui observés par des tribus sauvages,
que plusieurs mythologues modernes, Mannhardt et
Frazer surtout, ont essayé d'expliquer le sens de ces
rites \
B. Rites divinatoires. — Les Grecs et les Romains ne
cherchaient pas seulement à se concilier la faveur de la
divinité, à obtenir d'elle la satisfaction de leurs désirs.
Ils s'efforçaient aussi de connaître d'avance ses desseins
ou, par son intermédiaire, l'avenir; ils s'adressaient à
elle pour savoir ce qu'il convenait de faire en telle ou
telle circonstance donnée. La divination, sous ses
multiples formes, a tenu une place considérable dans les
religions antiques. Les rites divinatoires n'étaient pas
moins nombreux ni moins variés que les rites propi-
tiatoires. Il a été ou il sera question de ces rites dans des
articles spéciaux auxquels nous renvoyons [augures,
fclmen, haruspices, incubatio, oraculum, procuratio,
PRûDiGiA, siGNUM, TEMPi.UM, etc.]. Sur l'ensemble de la
divination antique, son caractère, ses méthodes, son
histoire, l'article divin.^tio fournira tous les rensei-
gnements désirables.
C. Rites des mi/stêri";. — Les cultes à mystères, culte
de Déméter à Eleusis, culte des Cabires de Samothrace,
culte de Dionysos en Béotie, etc., comprenaient, outre
lesrites usuels, purificatoires, expiatoires, propitiatoires,
des cérémonies particulières, qui ne se célébraient pas
dans les autres cultes. Ce sont ces rites spéciaux, dont
nous formons une catégorie à part, sous le nom de rites
des nvjsières. L'acte essentiel, fondamental, duquel
dérivent ces rites, c'est l'initiation, la révélation à un
groupe limité de fidèles d'un secret caché jalousement
aux profanes. La nature, l'aspect extérieur, le contenu,
en un mot le fond et la forme du secret étaient variables :
à Eleusis par exemple, on montrait aux initiés des objets,
on leur faisait entendre des paroles ou des formules,
on leur faisait voir des actes représentés dramatique-
ment [eleusinia]. Les rites des mystères sont naturel-
lement ceux dont les détails sont le moins connus; les
initiés n'ontpoinl rompu le silence qui leur était imposé;
quant aux railleries des sceptiques comme Lucien, et
aux attaques passionnées des chrétiens, il est prudent de
n'y accorder qu'une confiance très mesurée. Des quelques
renseignements dignes de foi, qui sont épars dans les
documents et les auteurs anciens, on peut conclure,
croyons-nous, que le plus souvent la révélation des
sowa. Op. cil. p. 354-335. — 4 Mannhardt, Antilce Wald-und Feldkulte (iS'î);
Mythologiache FoTschungen, (1884); J. Frazer, The Golden Bough, 2» éd. (1900;.
RIT
872
RIT
myslèves avait pour objet: 1" la mise on action, sous la
forme d'un drame sacré, du raylhe ou d'un épisode du
mythe de la divinité; 2' la destinée de l'àme humaine,
surtout après la mort ; 3° comme conséquence de cette
révélation, un enseignement, beaucoup moins eschato-
logique et moral que pratique, si l'on peut s'exprimer
ainsi, sur les lînfers ; col enseignement « avait pour
objet de mettre l'homme en état de se tirer d'allaire
lorsqu'il arriverait dans la demeure d'Hadès' ».
D'autre part, on a vu, à l'article rkligio, que les anciens
connurent le désir de s'approcher le plus près possible
de la divinité, au point de s'assimiler avec elle. C'est de
ce désir que procèdent certains rites de cultes à mystères,
tels que l'omophagie [oMOPnAr.iAj du culte de Dionysos,
l'absorption du cycéon dans le culte éleusinien [cycaeon,
ELEisiMA, p. 569 sq.], peut-être certains banquets
sacrés, dans lesquels s'opérait, d'après plusieurs mytho-
logues modernes, une véritable communion des fidèles
avec la divinité'-; peut-être aussi les danses, transports
et orgiasmes bachiques.
II. Les rites dans la vie antique. — Les rites tenaient
dans la vie antique une place considérable; ils étaient
mêlés à tous les actes de l'homme, à toutes les circon-
stances habituelles ou inattendues de son existence.
Dans la vie individuelle et domestique, qu'il est assez
malaisé de distinguer complètement l'une de l'autre,
puisque l'homiie vit plutôt en Tamille qu'isolé, les actes
religieux étaient pour ainsi dire incessants. La naissance,
le passage de l'enfance à l'âge adulte, le mariage, la
mort étaient chez les anciens accompagnés de rites
spéciaux [pour la Grèce, ampbidromia; ephebus, p. 625;
UIERÛS GAMOS et MATRIMONIUM, p. 1647 Sq. ; FUNLIS, p. 139;
pour Rome, outre les renseignements réunis dans l'ar-
ticle INDIGITAME[VTA, VOir FUNUS, p. 1386 Sq., MATRIMONIUM,
p. 16.56 sq., toga].
La vie quotidienne en était de même toute remplie.
Le matin, à chacun de ses repas, le soir, le Grec faisait
une libation sur l'autel d'Hestia, la déesse du foyer;
chaque jour, « les vieux Romains et plus tard ceux qui
étaient restés fidèles aux mœurs antiques, faisaient, avec
leurs enfants et leurs esclaves, la prière du matin et
offraient un sacrifice à table »^ Avant de se mettre au
travail, on invoquait le patron de sa corporation. A la
campagne, tous les actes essentiels delà vie rurale, sous
sa forme agricole et pastorale, étaient précédés de rites :
les calendriers rustiques, les inscriptions, les auteurs
tels que Caton, Ovide, Columelle nous font connaître les
cérémonies multiples qu'il fallait célébrer dans les
champs pour s'assurer une bonne récolte, pour attirer
sur ses moissons, sur ses troupeaux, sur ses granges,
sur ses élables, la protection et la faveur des divinités,
pour en détourner les mauvaises influences et les cata-
strophes'. C'est précisément la multiplicité de ces rites,
de ces prières, de ces libations, de ces sacrifices, qui
explique la présence dans chaque demeure grecque ou
romaine d'autels, de niches occupées par des images
divines, même de petites chapelles ou d'oratoires [ara,
DOMfs, larariumJ; qui explique aussi le nombre considé-
rable de sanctuaires, le plus souvent très modestes, dont
1 Foiicart, Recherchet sur l'oriyine eC la nature des myslires d'Eleusis, p. C3 ;
cf. l'art. URPHici, p. 253 sq. Sur les mysLôrcs en général, voir l'article «ysteria ;
cf ELSusmiA, Dio.iïsos, CABini. — 2 W. Roborlson Srnitli, art. « Sacrifice .., Ency-
ctop. Brilannica, 9* édit. XXI, p. 137 sq. ; cf. Fiazcr, Le Hameau d'or, Ir. fraaç.
la campagne était remplie, ou mieux encore le caractère
sacré attribué à tant de hauteurs, à tant de grottes, à tant
de sources, à tant d'arbres [montes divini, fons, arbores
sacrae, templum, etc.]. A Rome, chaque partie de la
maison, chaque opération agricole était nommée dans
les indigitamenta ou dans les formules sacerdotales
[indigitamenta, p. 471-472]. Enfin, outre les actes cou-
rants, habituels, réguliers de la vie quotidienne, indivi-
duelle et domestique, certains événements exceptionnels,
un départ, un retour, l'arrivée d'une bonne nouvelle, une
convalescence, une récolte particulièrement bonne, etc.,
étaient l'occasion d'actes religieux, de rites.
Il est inutile, après la lumineuse démonstration de
Fustel de Coulanges, d'insister sur le caractère religieux
du lien par lequel les Grecs et les Romains se sentaient
rattachés à leurs ancêtres"^. Ce caractère nous fait mieux
comprendre la place que tenaient dans la vie antique
les rites du culte des 0£o( Ttarocôoi et des 0sol jAriTooioi ; la
fréquence de ceux qu'on célébrait, soit en l'honneur de
la déesse du foyer, soit sur les flammes mêmes du foyer,
[focus, vesta]; les invocations incessantes au Zeus
Herkeios, au Zeus Ktésios, aux Pénates, aux Lares; cer-
taines cérémonies enfin, qui attestent l'existence d'un
culte domestique des morts [lémures].
La famille n'était que le plus étroit des groupes
sociaux ou politiques dont l'individu faisait partie dans
l'antiquité. Les rites ne jouaient pas un rôle moins
important dans le yÉvoç grec el la gens romaine [gens],
dans la phratrie grecque [apaturia, puratria] et la curie
romaine [curia, p. 1627], dans les diverses associations
ou corporations de la Grèce et de Rome [collegium,
p. 1294; ERAN0S, p. 805; orgeones, tbiasus]. Comme
aucun de ces groupements, quels qu'en fussent l'origine
et le caractère, ne manquait d'être fondé sur la religion
ou cimenté par elle, il en résultait- que les actes religieux
formaient une partie essentielle de leur vie collective.
Quant à la cité ou l'État, on peut dire que rien ne s'y
faisait sans l'accomplissement de quelque rite. La vie de
la cité était, à ce point de vue, calquée sur celle de l'indi-
vidu ou de la famille : des actes religieux précédaient
ou accompagnaient tous les actes publics. Il y avait un
foyer de l'État, comme il y avait dans chaque maison un
foyer domestique : ce foyer était en Attique le Prytanée
[prvtaneum], à Rome le temple de Vesta [vesta]. Les
corps constitués, tels que la Boulé d'Athènes et le Sénat
romain, les assemblées publiques ne se réunissaient
jamais sans que la séance s'ouvrît par un acte reli-
gieux, prière, invocation, sacrifice, prise des auspices
[boulé, p. 741-742; ekklesia, p. 521; senatus ; cf . aus-
piciA, p. 583-584]. Le Sénat romain ne pouvait être con-
voqué que dans un endroit inauguré ou templum
[auspicia, loc. cit; senatus, templum]. Aucun magistrat de
Grèce ou de Rome n'entrait en fonctions sans offrir un
sacrifice et sans prêter serment [jusjurandum, p. 757
(Grèce), p. 770 (Rome); magistratus, p. 1534]. \ Rome,
tout magistrat devait d'abord procéder à la cérémonie
particulière appelée la prise d'auspices [auspicia, loc.
cit.]. Une cérémonie religieuse était célébrée au début
de toute entreprise importante, par exemple quand
L. Il, p. 130. — 3 Alarquardt et Mommsun, Manuel des antiquités romaines
(tr. franc.], t. XII, p. 152. — 1 Voir en particulier, Corp. inscr. lat. 12; Cal.
De rc rustica; Ovid. Fasti; Columell. De re rustica. — s Fustel de Coulanges,
La cité antique.
RIT
— 873
RIT
l'armée partait pour une expédition : qui m.' connaît les
lignes fameuses où Thucydide mentionne les prières, les
libations, les hymnes qui accompagnèrent le départ de la
flotte athénienne pour la Sicile'? Tout consul romain,
avant d'aller prendre le commandement des légions, fai-
sait quelque vœu à la divinité [votum] ; ces vœux étaient
spécialement appelés vota nuncupata. Nous pourrions
multiplier sans fin les exemples : qu'il suffise d'avoir mis
ici en lumière que la vie antique sous toutes ses formes,
individuelle, domestique, sociale, politique, privée ou
publique, était marquée à chaque instant par un rite,
tantôt très simple, comme la prière, l'invocation, la
libation, tantôt solennel, comme le serment des magis-
trats, la prise des auspices, les sacrifices offerts au nom
de l'État pour remercier la divinité d'une victoire déci-
sive ou d'une paix avantageuse. De même que les dieux
eux-mêmes, les rites surgissaient partout, à tout instant,
dans la vie des Grecs et des Romains.
III. Conditions de temi'S, de lieu, de personnes. — La
pratique incessante de rites si nombreux était-elle sou-
mise à des conditions impérieuses de temps et de lieu ?
Etait-ellestrictementréservéeàcertainespersonnes, inter-
dite à toutes les autres ? Cette question est fort complexe,
en raison du nombre et de la variété des rites. Elle com-
porte non pas une seule, mais de multiples réponses.
Le temps. — Il semble bien que la prière, le vœu, le
serment, l'imprécation, et, d'une manière générale, les
rites propitiatoires de caractère individuel et privé,
tels que l'offrande simple et la libation, pouvaient être
pratiqués, sauf cas exceptionnels, n'importe quel jour et
à n'importe quelle heure de la journée. Rien dans les
documents ne nous indique qu'une limitation ait été
apportée en cette matière à la libre initiative des
individus. Il n'en était pas de même pour certains rites
de la religion domestique, ni pour les rites de caractère
public ou collectif. Chez les Romains, le sacrifice quoti-
dien offert aux Lares n'avait lieu que pendant le repas :
les Lemuj'ia devaientêtre célébrésaprès minuit [lemires.
Quant aux rites du culte public, ils se composaient, en
Grèce et à Rome, à la fois de cérémonies dont les dates
étaient fixées d'avance, de fêtes fixes, — de cérémonies,
dont les dates variaient chaque année, de fêtes mobiles,
— même de cérémonies imprévues, déterminées par des
circonstances fortuites, telles que l'apparition de pro-
diges, un danger pressant, le départ d'une flotte ou
d'une armée, etc. [feriae]. A Rome, « l'indication des
fêtes mobiles et extraordinaires, dit Marquardt, était
l'affaire des consuls, et, en leur absence, celle dnpraetor
urbanus - ». C'était donc des magistrats civils, non les
pontifes, qui fixaient d'avance les dates de ces fêles. .\u
contraire, le calendrier, qui indiquait les fêtes fixes,
-était confectionné par les pontifes', qui avaient la charge
de veiller à l'observation des jours de fête. N'y a-t-il pas,
dans cette différence même, la preuve que certaines
cérémonies religieuses étaient plus particulièrement
soumises à de rigoureuses conditions de temps ? 11 y
avait, à ce point de vue, une grande variété parmi les
rites et les fêtes. Si le paysan attique était libre d'adres-
ser une prière ou d'offrir quelques fruits à une divinité
champêtre quand il le voulait, le myste d'Eleusis ne
I VI, 3Î. — 2 Marquardt, Op. cit. p. 357. — 3 Slengel, Op. cit. § 77, p. 120-121.
— 1 Id. Jbid. — '■■ Dere rustica, LXXXIII. — 6 Ibid. CXLl. — '' P. llonceaui,
La Grèce avant Alexandre, p. 26 ; Cato, /)e re rustica, CXLUI : Kalendis,
VIII.
pouvait assister aux mystères de Déméter et de Coré
qu'aux dates fixées par le rituel.
Le lieu. — En apparence, la condition de lieu semble
plus rigoureuse : la plus grande partie des rites se prati-
quent sur le foyer, dans les sacella, lararia, et sur les
autels domestiques, quand il s'agit de cultes privés ou
familiaux ; dans les sanctuaires si nombreux et si divers
que la Grèce et Rome ont connus, depuis les bois sacrés
et les sources jusqu'aux édifices magnifiques comme le
Parthénon ou le temple de Jupiter Capitolin, s'il s'agit
de cultes publics. A première vue, on ne conçoit guère un
sacrifice ou une libation en l'absence d'un autel. D'autre
part, puisque les rites sont les procédés employés par
l'homme pour atteindre la divinité, ils doivent logique-
ment être pratiqués de préférence là où la divinité
séjourne, dans les lieux qui lui ont été consacrés,
devant les images où l'on croit qu'elle aime à résider. Et
pourtant, il serait inexact d'affirmer que les anciens
n'ont prié, invoqué les dieux, offert des libations, même
de véritables sacrifices, que dans des sanctuaires ou sur
des autels. Des chevaux et des taureaux, pour être
sacrifiés à Poséidon, étaient précipités dans les flots';
c'est au même dieu qu'Alexandre fait une libation en
plein Hellespont. De même, maintes offrandes, dédiées
aux divinités fluviales, étaient simplement jetées dans les
rivières *. Des rites, comme Vaiora, se célébraient dans
les vergers, sous les arbres [aiora]. Même chez les
Romains, où la notion du teinplum paraît avoir été
d'une si rigoureuse précision, le rite de la devotio pou-
vait se pratiquer sans condition de lieu, sur un champ
de bataille par exemple et en pleine mêlée; divers rites
agraires, recommandés par Caton, se célébraient in
silva '% ou dans le champ même qu'il fallait lustrare ^
S'il est historiquement vrai de dire que la plupart des
actes religieux se consommaient dans des lieux consa-
crés, il ne faut pas en conclure qu'il y eût là une obliga-
tion rituelle absolue : nombreux sont les cas contraires
qu'on pourrait énumérer. Il n'y a là d'ailleurs rien qui
doive surprendre ; les sanctuaires étaient sur la terre les
demeures préférées, mais non exclusives, de la divinité.
Zeus était partout dans le ciel diurne, et son éclair
jaillissait de toutes les parties de l'atmosphère ; Poséidon
était partout dans la mer calme ou irritée; Cérès résidait
dans tous les sillons, Silvain dans tous les bois et dans
tous les jardins.
Les personnes. — En règle générale, les anciens n'ont
point pensé que les rites dussent être célébrés par des
personnages revêtus d'un caractère particulier perma-
nent, et spécialement préparés, par une initiation plus
ou moins longue, aux fonctions rituelles et religieuses.
On a souvent remarqué qu'il n'y avait pas eu en Grèce
ni à Rome de classe sacerdotale ^sacerdos]. Les rites du
culte domestique étaient pratiqués par le pater familias ;
dans certains cas, à son défaut, par un esclave de la
famille ^ Le culte public était célébré par des magistrats,
et les prêtres proprement dits n'y intervenaient, suivant
l'expression de Marquardt, qu'à titre d'experts : « il le
fallait, car les sacrifices les plus usuels étaient accomplis
eux-mêmes suivant des règles minutieuses qu'il n'était
pas possible d'observer sans une connaissance très pré-
Idibus, Nonis, festus dies cum erit, coronam in focum indat [vilica]. Per coa-
detr.que dies Lari familiari pro copia supplieei. 11 lui est seulement iuterdit
rem divinarti facere.
110
RIT
874
ROB
cise des rites et sans une expérience consommée' ".
Mais ce qu'il faut noter, c'est que dans la cérémonie
religieuse, dans le rite célébré au nom de la cité, pro
populo, le véritable représentant de la cité, l'intermé-
diaire entre les hommes et la divinité, c'est le magistrat,
l'archonte à Athènes, le consul à Rome, mais non l'Upcù;
ou le sacerdos. Les seuls cultes, où les prêtres aient tenu
peut-être une place analogue à celle qu'occupent les
prêtres dans nos sociétés modernes, sont les cultes à
mystères : chargés des révélations sacrées, ils ensei-
gnaient, sinon un dogme, du moins des formules
destinées à rassurer l'homme sur la destinée de son
âme après la mort. Encore convient-il de ne pas trop
appuyer sur l'analogie que nous signalons; car, les
Grands Mystères d'Eleusis terminés, jusqu'à leur pro-
chaine célébration, les membres du sacerdoce éleusinien
vivaient de la même vie que leurs compatriotes.
Sans être des prêtres proprement dits, les devins, au-
gures, aruspices, pratiquaient les rites divinatoires. Là
encore, pour reprendre l'ingénieuse expression de Mar-
quardt, nous nous trouvons en présence d'experts, plutôt
que d'hommes exclusivement chargés de ces rites, exclu-
sivement compétents pour les pratiquer. .\ Delphes, c'était
bien la Pythie qui rendait l'oracle; mais c'étaient les
prêtres du temple qui l'interprétaient. Il en était de
même à Dodone, à Épidaure, etc. [divixatio, or.acilum". .\
Rome même, où les augures jouaient un rôle si consi-
dérable dans le culte public, les magistrats étaient
officiellement investis du droit de prendre les auspices,
de la spectio ; ce qui incombait spécialement à l'augure,
était la nuntiatio [aigiresJ.
En résumé, les conditions de temps, de lieu, de per-
sonne, paraissent n'avoir été rituellement impératives ni
en Grèce, ni à Rome : en fait, elles étaient observées
beaucoup moins dans le culte privé que dans le culte
public, et l'on se ferait une idée incomplète de la dévo-
tion grecque et romaine, si l'on s'en tenait aux rites qui
étaient pratiqués à dates fixes, dans des lieux consacrés
ou des sanctuaires bâtis, par des personnages portant le
titre de prêtres ou un titre analogue. Il n'y avait point
de jour sans rites; tout lieu pouvait être le théâtre d'un
acte religieux; tout homme, à condition qu'il fût pur.
pouvait pratiquer les rites de sa religion.
IV. Le c.\ractère des rites e.n Grèce et a Rome. — Il
est évident que, par essence et par définition, tout
rituel se compose de règles qu'il faut observer. Toutefois
les sentiments, avec lesquels on se conforme au rituel,
peuvent varier ; le respect, qu'on professe pour les rites,
peut être très strict, très étroit, hostile à toute modifica-
tion même extérieure delà règle; au contraire, ce respect
peut s'allier avec l'expression spontanée d'une pensée
intérieure. Il y avait, à ce point de vue, une différence
sensible entre la Grèce et Rome. Il ne semble pas. par
exemple, que les Grecs aient eu, pour la lettre même de
leurs prières, de leurs formules rituelles, de leurs
hymnes, le respect absolu que les Romains gardèrent
I Mommsea et ilarquardi, Manuel des antiquités romaines (IraJ. fr.), i, XII,
p. iC4-ï65. —2 Manuel d histoire des Religions, trad. Huberl-Lévy p 54ti'
- 3 Val. Mai. IV, 1, to. - t .\oct. Atl. XIII, iZ (ii). - 5 a„riol. XXV '; cf. Polyb.'
M, ïC; Boissier, dans la Jievue dhistoire des Beligions, 1881. t. IV, p. 308.
— BiBi.io..K*PHiE. Sur l'ensemble des rilcs grecs et romains, éludics ind.^pendam-
nienl de la mythologie et de Thisloiie des religions, il nous parait suffisant de
ciler : Ur^^ce. .^cboemann, Griechische AUerthùmer. t. Il itrad. franc. Galuski
lomell);Stengel, Die yriechischen /Cullusatlerlhamer. ilamcU, I89S. - Rome ■
pour les leurs, au point d'en arriver à ne plus comprendre
eux-mêmes leurs antiques carmina [carmen, p. 9221. <i II
est à noter, écrit justement Chantepie de la Saussaye '-,
que pour les Grecs la prière n'a pas été uniquement une
chose rituelle, mais qu'ils l'ont enrichie d'idées et de
sentiments religieux. Peu de peuples nous ont laissé,
dans la prière, autant de manifestations de piété inté-
rieure que les Grecs. Les Spartiates priaient les dieux
de leur faire don de ce qui était bon et beau ; Pythagore
et Socrate enseignaient qu'il fallait leur demander le
bien ; Platon décrit la piété se manifestant dans la
prière. » A Rome, au contraire, la prière ne perdit
jamais complètement son caractère d'incantation ma-
gique "carme.n, p. 922". Valère Maxime cite, comme un
fait exceptionnel et unique, la modification que Scipion
Ëmilien fit apporter au carmen precationis public^;
d'après .\ulu-Gelle, les prières, qu'il fallait adresser aux
dieux immortels, formaient un recueil qui se trouvait
dans les libri sacerdotum populi romani^. En ce qui
concerne les libations, les sacrifices, les purifications et
expiations, les consultations d'oracles et procédés divi-
natoires divers, les processionset les jeux, rien n'indique
que la Grèce ait cru autant que les Romains à la nécessité
d'une impeccable observance: en tout cas, on ne connaît
point chez les Grecs de notion ni de rite qui soient com-
parables à la notion et au rite du piaculuin romain
[piacilim', quand ce terme est employé pour désigner
quelque dérogation, souvent imperceptible, aux règles
du rituel. Les rites purificatoires ou expiatoires du culte
grec étaient destinés à effacer des souillures matérielles
ou morales, mais non. semble-t-il, des maladresses ou
des oublis rituels. D'ailleurs, Plutarque, qui connaissait
fort bien la religion grecque, cite, comme un des carac-
tères particuliers de la religion romaine, le soin et la
ténacité avec lesquels les Romains recommençaient
jusqu'à trente fois les cérémonies dans lesquelles ils
croyaient avoir remarqué quelque défaut ou quelque
obstacle \ Il ressort, avec évidence, du passage de Plu-
tarque, que la même rigueur n'existait pas en Grèce. Si
donc les rites n'étaient pas moins nombreux dans la
religion grecque que dans les cultes romains, s'ils y
tenaient une place aussi grande, du moins, d'après tout
ce que nous savons, ils pesaient d'un poids moins lourd
sur la pensée et sur l'àme, ils ne comprimaient pas ou
ils comprimaient beaucoup moins les élans du sentiment
religieux. J. Toltain.
RIVUS 'AOIAE.
ROBIGUS, ROBIGALIA. — Le phénomène de la rouille,
qu'il s'attaque au fer ou aux céréales, est désigné en
latin par lemotroô/^oirad. robus^^ ruf'us, rouge)' . L'im-
portance de la culture du blé dans la banlieue de Rome
aux plus anciens temps ne pouvait manquer de surexciter
la piété des laboureurs lorsque ce fléau s'abattait sur
leurs champs. De là, une personnification divine, à face
double comme la plupart des génies de la végétation et
de la vie rustique, funeste et réparatrice tour à tour, qui
Boucbé'Leclercq, Manuel des Institutions romaines, Paris, 18S6; Marqiiardt et
Mommsen, Manuel des antiquités romaines, Irad. franc, t. XII et XIII; le Cultr
chez les Romains. Paris, 1889; G. Wissowa, Religion und Kullus der Hômer,
Munich, 1902.
nOBIGUS, ROBIGALIA. 1 Serv. ad Georij. I, 151 ; Ov. Fast. I. 68T. Dans ce der-
nier passade, consacra aux feriae Sementivae de janvier, c"est Gérés qu'invoque le
poète et à qui il demande d'écatter des semailles nouvelles le fléau de la rouille.
Les épilliêtes par lesquelles il les caractt:rise sont : scabra aspera.
ROB
875
ROM
devint l'objet d'un culte de propitiation '. Dans un des
morceaux les plus soignés des Fastes '-, Ovide, sans doute
interprète de l'opinion populaire, appelle cette divinité
Robigo ; en réalité, les anciens ne connaissaient qu'un
dieu Robigus^; ainsi que Mommsen l'a fort bien con-
jecturé, c'était moins une personnalité distincte qu'un
aspect personnifié du Mars rustique '. Caton nous a con-
servé la prière par laquelle le laboureur demande à Mars
de détourner des cultures les fléaux et les intempéries';
et le flamine qui intervient dans les actes principaux du
culte de Robigus est le flamen Quirinalis, c'est-à-dire
le ministre du Mars des Sabins''. Dans la littérature, à
partir d'Ovide, c'est Robigo qui persiste ''; mais il n'y a
jamais eu de couple Robigus-Robigo dans les livres des
pontifes. Il arrivait seulement qu'on appariait d'une part
Mars avec Robigus, de l'autre Robigo avec Flora qui
exerçait une action analogue*.
La fête du dieu Robigus, les Robigalia., instituée par
le roi Numa, tombait le 25 avril, époque où les blés
sont en fleur et où se forme l'épi. Il ne semble pas qu'on
les ait jamais célébrés ailleurs qu'à Rome; mais aux
portes de la grande ville, ils subsistèrent bien long-
temps après que les champs de céréales eurent disparu
de la région. Le flamen Quirinalis y présidait, comme
il présidait à celles d'Acca Larentia, la mère des Lares,
et aux Consualia de juillet et d'août, qui ont le même
caractère rustique'. Les Robigalia débutaient par une
procession qui, de la ville, se rendait au iucus Robigi,
situé sur la voie Claudia au cinquième milliaire'". Ovide
revenait de Nomentum lorsqu'il lui fut donné de voir la
foule en toges blanches et le flamine officiant au fond du
bois sacré; il entendit la prière rituelle et il lareproduisit
en la déformant. Il note même les accessoires du sacri-
fice, la serviette en grossier tissu de lin {man(ele), la
patère aux libations, le vin, la boîte d'encens (atwra), et,
sous la flamme de l'aulel, les entrailles des deux victimes
qui sont une brebis et un chien. Le sacrifice de cette der-
nière est caractéristique"; on trouve déjà le chien
victime propitiatoire dans le culte d'Hercule et de Mania,
la mère des Lares '-, et il figure de même dans une très
antique cérémonie qui a, avec celle des Robigalia, une
grande analogie, la cérémonie du sacri fîcium ou augu-
riumcanarium^'. On y procédait aux confins de la ville
et des champs, à proximité d'une porte qui reçut, par
là, le vocable de catularia: son but était de préserver le
blé de la rouille " ; les chiens immolés^ étaient de cou-
leur fauve, c'est-à-dire symbolique du fléau à conjurer '^
1 Plin. Bkt. nat. XXVIII, 10 ; cf. Wissowa, Religion und Kultus der Boemer, I, 4,
p. 20 sq. — 2 0». /■'as<. IV, 905 sq. — 3 Varr. Ling. Int. VI, 16;/(e rust. I, 1,6-, Fest.
£p. p.i67; Aul.-Gei:. V, ii, 14; cl'. Prellcr- Jordan, 11, p. 44, note 2. — l llomrasen,
Corp. insCT. lai. I,p. 391. — » Cat. Agr. 141 ; Preller-Jordan, Op. cil. I, p. 341.
— 6 Ov, Fast. IV, 907, 910; voir flame», 11,2, p. 1164. — •" Colura. 11, H, 4; Ter-
tull. Spect. 5; Aug. Cil', û. IV, 21; Lact. I, 20, 17; cf. Varr. Be. rust. I, 1, 6.
— 8 Ov. L.c; Fest. Epit. p. 267; Plin. Hist. nal. XVIll. p. 28.5. — 'J Aul.-Gell.
VU, 7, 7; Plut. 1)0)71. 4; Tert. Spect. 5. — lO V. Mommsen, C. i. l. p. 39, 391,
et Ov. Op. cit. IV, 907. — Il Ov. Loc. cit. 908 ; Colum. X, 342. Plut. Boni. 21 :
Quaesl. Bom. 68. — 12 V. LAriES, III, 2. p. 945, noies 5 sq. — 13 Plin. Uist. nat.
XVIll, 14. qui cite un texte emprunté aux livres des pontifes: cf. Philarg.ad Virg.
Ueorg. IV, 123; Colum. H, 21; cf. Wissowa, Behijion und Kultus der Bocmcr.
p. 162 sq. — Il Fest. Epit. p. 45 et p. 385, 31 ; Marquardt-Momrasen, Handbuch, VI,
p. 574; Preller-Jordan, Op. cil. Il, 44, noie 5 cl .lordan. Topographie, I, 1, p. 243.
— 1» Sur la question du d'!mon des céréales tour à tour bouc, reuard, chien,
Korrthund, etc. voir MannUardt. Myth. Forschungen, p. 107 sq. — 16 Arist. Hist.
anim. S, 20; Theoph. C. Plant. 3, 10 et 1 1 ; cf. Plin. H. nat. XVII, 37, 5 et f,
avec les Lciiques. — " Ni les Commentaires des Pontifes, ni Varron n'ont mis lo
phénomène de la rouille sous la dépendance de la chaleur ; le dernier le met sous
celle de l'humidité. Cf Plin. ffist. nat. XVIII, 3, 3 et 29, 69. — 18 Fast. Praen. 23
avril : Sacrificium et ludi cursoribus majoribus minoril/usque fiunt. Voir linler-
C'est probablement l'influence de l'astronomie, suivant
les Grecs, qui mit l'action funeste de Robigus en rapport
avec la constellation du Chipn. L'altération de l'épi, par
certaines conditions atmosphériques était en Grèce, mise
au compte des astres : àaTpoêXY,<7ia ou àaTpoSoXia, ce que
les Latins traduisirent par sideratio'^ ; mais la date des
Robigalia n'a rien à voir avec les jours caniculaires, et
le sacrifice du chien à Robigus comme aux Lares doit
s'expliquer par d'autres raisons '\ La fête comportait
aussi des réjouissances, sous la forme de courses d'un
caractère antique et national'*; on y voyait figurer,
comme dans le trojanus lodus, des enfants et des
jeunes gens, partagés en camps rivaux. Et même l'élé-
ment licencieux n'y fit pas plus défaut qu'aux Floi'alia
célébrés trois jours plus tard; les Robigalia étaient, en
effet, la fête des pueri lenon ii, comme les Floralia étaient
celle des courtisanes ". J.-A. Hild.
ROBUR (et plus anciennement robus). — Nom donné
d'abord à la cage de bois de chêne, où était enfermé un
criminel ; puis à la partie la plus reculée et la mieux
gardée de la prison. C'était, à Rome le cachot souterrain
du Tullianum, où étaient exécutés les condamnés à
mort [carcer]. E. S.
BOGATIO [lev, p. 1123: comitia, p. 1.377, 1379,
1385, 1394 sq., plebiscitum].
ROGUS [funus, p. 1394].
ROMA. Rome personnifiée ou déifiée. — La plus
ancienne représentation de Rama, comme person-
nification symbolique de l'État, apparaît au droit
des premiers deniers de la République à partir de 269
av. J. C. ; on la trouve presque sans interruption, et
avec de légères variantes, entre 269 et 46' (fig. 5949,
5950). C'est un profil
de femme casquée qui
n'est pas sans analo-
gie avec l'Athéna Par-
thônos gravée sur les
monnaies d'Athènes ^.
Mais la figure de Roma
est caractérisée par deux attributs essentiels : les ailes
et le protome de griffon qui décorent le casque,
ces deux motifs sont vraisemblablement empruntés
à l'art étrusque ' ; quelquefois les ailes sont rem-
placées par deux plumes*; on trouve aussi deux
étoiles sur le timbre du casque^; enfin, souvent, la
figure des deniers est parée de bijoux, pendants
d'oreilles et colliers (fig. 5950). La forme du casque
prélation chez Foggini, Fastorum retiquiae, p. 65 et les textes de Suet. Caes. 39 ;
Aug. 43; Tib. 6. — 19 Fast. Praen. Jbid.; cf. floralia, II, 2, p. 1196.
ROMA. I Mommsen, Hist. de la monnaie rom. trad. franc, t. IV, pi. xxii, xxni,
XXIV, xxvi, xxvii, xxviii et xxxi ; Babelon, Alon. de la rép. rom. I, 72, 118 : Haeber-
lin, Der Borna ttjpus, in Corolla numism. in hon. Barclay Head. p. 135 sq.
— 2 Cette analogie a prêté à une interprétation fausse ; l'effigie des deniers romains
est désignée comme une Palias par certains auteurs ; Olivieri, Saggio delV acc'id.
di Cortona, l\\ 133 ; Cavedoni, Saggio di osserraz. suite medaglie di fam.
rom. etc. Modène, 1831, p, 124; Eckhel, Doct. num. vet. V, 84; Kluogmann,
Leffig. di Borna nei tipi monet. piu antichi. Rome 1879, p. 46. En revanche Zoega
{Bassirilievi, I, 141), Aldini {Sul tipo primario délie ant. monete délia rom. rep.
Turin, 1842), Kenner (Die Boma-Typen. dans Mém. de l'Acad. de Vienne, 1857,
p. 2611, Borghesi {Osserv. numism. decad. I, 4), Mommsen {O. c. Il, 8, 19,
101), Babelon (O. c. 1. p. xix) voient Borna dans la ligure des deniers; cf.
aussi l'article denarius du Dictionnaire. — 3 Gerhard, Die Flûrjelgestalten der
ail. Kunst, in Akad. Abhandl. I, p. 196 sq. — 4 Deniers de la gens Poblicia
(Babelon, 0. c. Il, 334); de la gens Manlia (Ibid. p. 175, 179); de la gens
Lutatia [Ibid. p. 157, 158). — 5 Babelon, 0. c. II, p. 157, 158. D'après Zocga
(O. e.. 1, 145, n. 5), les deux étoiles rappellent les deux jumeaux fondateurs de
la ville; d'après Kenner (0. c), elles se réfèrent à la navigation el au commerce
de Rome.
ROM
— 876
ROM
Fig. 5U51. — Ro
couronnée par
Fidélilé.
varie peu '. Cerlains symboles figurés à côlc de l'efligie,
(line palme, une couronne de laurier -, un épi, une corne
d'abondance ^ une image de la Victoire)*, complètent
l'allégorie de l'Étal. En gravant cette tête sur leurs
monnaies, les Romains n'avaient aucunement l'idée de
représenter lioma comme une divinité, mais seulement
de créer un emblème de leur cité, sous les traits d'une
femme armée, à l'exemple de tant de villes grecques-'.
Ce sont des peuples étrangers qui, par flatterie ou par
reconnaissance, donnèrent à la personnification de Roma
le caractère et les attributs d'une divinité. Le didrachme
des Locriens qui a été souvent décrit ' présente au revers
l'image de Rome couronnée par la Fidélilé (riiiTiç) :
Rome est représentée sous les traits d'une femme vêtue
du chiton long, assise sur un siège auquel un bouclier
est appuyé et portant une épée suspendue à son flanc
gauche; debout devant elle, la Fidélité lui place une
couronne sur la tète (fig. 5951). Cette monnaie fut vrai-
semblablement frappée en 204 av. J.-C. pourremercier le
Sénat romain de l'appui qu'il avait accordé
à Locres opprimée par le préteur Q. Flami-
nius ". Le groupe locrien de Rome et de la
Fidélité se rattaclie visiblement à toute une
catégorie de monuments grecs représen-
tant un peuple ou une divinité poliade cou-
ronnés par un autre peuple ou par une autre
divinité * ; pour la première fois, Roma
apparaît dans ce groupe avec ses attri-
buts guerriers caractéristiques, le bouclier et le glaive;
par son costume et sa pose, elle participe à la fois
des trois types grecs de Pallas, de la Tyché et de
r.\mazone qui concourront à former son image défini-
tive ; enfin, la cérémonie du couronnement lui confère un
caractère divin. .A partir de cette époque, on trouve sur
les monnaies de la République romaine une image de
Roma plus complète que la tête casquée des deniers et
manifestement mspirée de la 7?07«a locrienne : les types
les plus intéressants sont Rome couronnant un trophée,
Rome assise sur des armes, Rome couronnée par la Vic-
toire, Rome et le Génie du peuple romain, Rome et l'Ita-
lie, Rome et Vénus '.
Lorsqu'en 196 Flamininus proclama aux jeux isthmi-
ques le décret qui rendait la liberté à tous les Grecs
d'Europe et d'Asie, les Chalcidiens d'Eubée, entre autres
manifestations de reconnaissance, célébrèrent dans un
même hymne le consul romain, la Bonne Foi des Ro-
mains (n-'dTiç 'Poj[j.ai'(ov) et Rome elle-même associée
comme divinité à Zeus'°. Un autel découvert à Gerace,
l'ancienne Locres, était consacré, à la même époque,
1 Voir cepeniianl Babelon, U. c, I, 395, un denier de P. Cornélius Celegus où le
cas(|ue de Roma rappelle la forme dun bonnel phrygien. — 2 Babelon, 0. c II, i73
ct44i. - 3 Ibid. I, Ui el 11, 4. - l Ibid. 1, 408 et 11. 483. - 3 Une tète de Borna,
semi)lable à l'effigie des deniers, se voit aussi sur certaines gemmes (Furiwaengler,
Geschn. Steine in Antiiju. :u Berlin, n»' 1821, 4876, 4877). — 6 Eckhel, D. n. v.
I, 176; de Luynes, Buines de Locres, dans Annali dell. Ist. 1830, p. 3 à IJ;
Millingen, Considérât, sur la r.umism. de Cane. Jlatie, p. 1S.Î; Corcia, Storia
délie due Sicilie, 111, p. 210, 411 ; Calai, of the greek coins in the Brit. Mus.,
Jtaly, p. 363; Kluegraann, U. c. p. 9; Parisotti, £'i.o(u:. del tipo di floma, dans
Ann. delta B. Societa Bom. di Stor. patria, XI, 82; Haeberlin, Op. c. pi. vi. 9.
— " T. Liv. XXIX, 6, 9, 10 à 19; Oiod. Sic. Excerpt. XXVI, lô. — 8 La lisle a
été donnée par A. Duraonl, dans les Monum. grecs publiés par rassoc. pour l'en-
eouraq. des étud. ,jrec,/ues. n' i (1873), p. 31, pi. ni. - 9 Golien, Aléd. consul.
p. 146, n» 13, pi. XII Furia n° 3, pi. xun, n« 13, pi. xiv Cornelia, 5 et 6 ; Babelon
O. c. 1,72,276, 277, 401, 40i, 417, 4t8, 472, 474, 52S, 512, 513; II. 331, i3-2,
2-.5, 25C; Mommscn, 0. c. IV, pi. xxvni, n- 12; pi. xxx, n» 9; Kluegmann!
O. c. p. 17, pi. ,„. p. 15, pi. u, p. 28, pi. IV el V, p. 31, pi. vin, p. 39!
pi. IX, p. 42, pi. X, etc. — m l'iutarch, Flamin. lu à 17. — u Monum. ined.
Jooi Oplimo Maximo Dus Deabusque Immortalibu.^ et
Romae Aeternae^^ Enfin c'est en 195 que fut élevé à
Smyrne le premier temple de Rome déesse '^. L'exemple
de Smyrne fut rapidement suivi par d'autres villes grec-
ques: Alabanda en Carie consacra un temple et des jeux
annuels à la ville de Rome"; ces jeux, connus sous le
nom de 'PiopaTa ", se retrouvent dans plusieurs cités
d'Asie Mineure, à Magnésie du Méandre '^ àLagina '*, et en
Grèce, à Athènes, Égine,Mégareet d'autres villes [romaia].
Quelquefois Roma est associée dans un culte commun à
une autre divinité locale : à Hécate, à Zeus", à la
triade Zeus-Dionysos-Maron '*. Le peuple de Mélos dédie
une statue d'airain et une couronne de bronze à Roma
« pour sa valeur et ses bienfaits » "; en 163, les Rho-
diens érigent dans un temple d'Athéna une statue du
Peuple romain et instituent en l'honneur de Rome des
jeux qui se célébraient tous les trois ans'" ; l'existence
d'un prêtre de Roma est attestée à Éphèse, à Sardes", à
Sasoba ^-, à Apamea ^^ à Délos ^*, antérieurement à l'Em-
pire. Les Lesbiens consacrent à 'Puj|jLa Ntxo^opoç une statue
d'or^^ elles Lyciens, au i" siècle av. J.-C, offrent à Jupiter
Capitolin et au peuple romain une statue de Rome".
En même temps qu'ils divinisaient Rome, les Grecs
donnaient à cette nouvelle déesse une histoire et une
personnalité définie. La plus ancienne tradition relative
à Roma, celle de l'historien Callias rapportée par Denys
d'Halicarnasse", la représente comme une Troyenne,
femme de Lalinus, mère de Romulus et de Remus "^
D'autres versions, conservées par Servius^', font de
Roma une fille de Télémaque qui épouse Ênée, une sœur
de Lalinus, une fille d'Évandre, ou une captive troyenne;
selon Agalhoclès de Babylone, Énée vint dans le Latium,
accompagné de sa petite-fille /îoma, fille d'Ascagne'".
De ces traditions contradictoires il faut retenir ce carac-
tère commun : la croyance à l'existence d'une femme
nommée Roma, d'origine troyenne, qui aurait été la
cause directe de l'installation des Troyens en Italie et
qui serait devenue l'héroïne éponyme de la ville. Enfin,
un texte littéraire important attribue à Roma une origine
divine : l'hymne de la poétesse grecque Melinno, que
nous a conservé Slobée^', célèbre Rome, fille de Mars.
Le nom de la ville et de l'héroïne dérive manifestement
du grec pwfXYi, force'- ; le nom primitif de la ville aurait
été Valent ia, traduit en grec après l'arrivée d'Évandre".
Sous l'Eihpire, le culte de Roma se développa et se
régularisa. Les Romains comprirent les avantages qu'ils
pouvaient retirer de ce culte éminemment politique et
en favorisèrent l'extension. En 29 av. J.-C, un décret
d'Octave permit aux villes d'Éphèse el de Nicée de con-
dell. Ist. I, pi. xv; Ann. dell. /st. 1830, p. 3 à 12; Corcia, 0. c. III, 210-211.
C. i. l. X, 16; Orelli, 1799 ; De Luynes, Ruine di Locri, etc. — '^ Tacit. Ann.
JV, 55 : " .. . se primos templum Urbis Bomae statiiisse — 13 Liv. XLIII, 6.
— I* Preller, Boem. Mytk. 11, 354. — 15 Mitth. des deutsch. Arch. /nst. in Athen.
XIX, 94, 97. — 16 Bull. corr. hell. IX, 450 ; Papers of the american scliool at
Athcns, I, a' 8, 21, 22. — n Ibid.; C. i. g. 2483, 1, 44; 3074. — 18 Sur 1&
dieu Marou voir Roscher, Lexik. Mytk., s. v. — i» '.^psTà; "tvtxtv xaî tiiEpYEîriaç,
Mitt/t. d. deutsch. arch. Inst. in Ath. 1, 247. — 20 Polyb., XXXI, 16; Inser. gr.
ins. mar. Aeg. I 46 el 730; Wissona, Belig. d. Rim. p. 282, n. I. — 21 Fraenkel,
Inscr. de Pcrgame. a' 268 E, 35, 36. — 22 Bull. corr. hell. XI, 94. — 23 Millh.
d. d. arch. Insl. in Ath. XVI, 148. - 24 Bull. corr. hell. X, 34. — 25 Mitth. d.
d. a. Inst. in Ath. XIII, 57. — 26 c. i. l. I, 589, VI, 372. — 21 1, 72. — 2» Cf.
aussi Plut. Bomul. 2 et Festus, s. v. Borna, f. i69. — M Ad Aen.l, 273. —30 fr.
hist. gr. iMullcr) II, 290 : cf. Arch. Zeit. XXXVll, 25, n. 6. — 31 Fhril. Vil, 13.
Sur la date et l'attribution de l'hymne de Melinno, cf. Welcker, Kleine Hchrift. Il,
160; Birl, De urbis Bomae nomme {Proem. acad. Marburg. 1887); Christ,
Griech. Liter. ."ilT. - 32 Verr. Flaccns, p. 267, M; Athen. p. 328 D, p. 260.
— 33 Serv. L. c; Solin. Pohjldst. 1. Voy. de Witte, Bei\ archcol. IS49, p. 34.
ROM
ROM
sacrer des sanctuaires à Rome el à César '. Après l'apo-
théose d'Auguste, en 14 ap. J.-C, le culte commun,
désormais officiel, s'adressera à Roma et à l'empereur
vivant, Romae et Aitguslo-. Rome et l'empereur, ainsi
associés, vont représenter la double formule politique el
religieuse qui résume au sommet de l'Empire la puis-
sance garante de la paix publique et de Tordre établie
Dans toutes les provinces de l'Empire on trouve de nom-
breux vestiges de ce culte : en Asie, les temples de
Pergame*. de MylasaS de Cyzique^ d'ApoUonie de
Pisidie ■", de Smyrne *, de Césarée' et d'Ancyre'"; des
prêtres de Roma à .Nysa", à Cymé'-, à Assus '^ à Ala-
banda ", à Bargylia'°, à Aphrodisias ", à Thyatira''', à
Euménie'* el à Sardes"; en Grèce, les temples d'Athè-
nes '^^ el de Sparte ''' ; des prêtres à Gorlyne ■^-, Thessalo-
nique" et Olympia". Des prêtres de Rome et d'Auguste
se rencontrent en .Norique^"',en Pannonie -', en Afrique^',
en Espagne" et en Bretagne". En Italie, Naples^", Aqui-
nium^', Potenlia^^, Surrentum", Terracine'*, Nola'^.
Pola d'istria '' et Trente " étaient des centres importants
du nouveau culte. Enfin la Gaule possédait à Lyon un
autel célèbre de Rome el d'Auguste, où se réunissaient
régulièrement les délégués des trois provinces [apotueo-
sis, p. 324, fig. 387^'*. L'empereur Hadrien consacra
définitivement et reconnut officiellement dans Rome
même le culte qui s'adressait à l'État divinisé en faisant
construire sur la Voie sacrée, près de l'arc de Titus, le
temple de Rome et Vénus''. Le culte de la dca Roma, de
Ruma aeterna subsista jusqu'à ce que la Tyché de la
nouvelle capitale, Conslantinople, se substituât à la per-
sonnification divinisée de l'ancienne*".
Les représentations figurées de la déesse Rome de-
viennent sous l'Empire très nombreuses. On peut les
ramener à deux types principaux: Roma guerrière, ins-
pirée du type grec de l'Amazone, casquée, bottée, vêtue
d'unchiton court qui laisse à découverllesein droit, armée
d'une hasle et d'un bouclier; /?o;7iff pacifique, inspirée du
type grec de Tyché, coiffée d'une couronne lourrelée,
vêtue d'une tunique taiaire, portant une corne d'abon-
dance, un globe ou une Victoire. Ces deux représenla-
' Dio Cass Ll, 20. — 2 Colieii, Mon. imp. Cet. Aug. 3i; Toulain, Les cultes païens
dans l'emp. mit. 1, 1907, p. m. — 3 E. Desjardins, Bev. dephilol. III (1879), p. 33.
— 4Tacil. Ann. IV, 37-, C. i. /. 3, 39'J. — = Caylus, /îcc. d'antiqu. II, 189; C. i.gr.
S696; BM.corr. h. XII, 15.— 6 Tacil. Ann. IV, 30. Dio. LVII, 24. — ^ Texicr,
L'Univers, l'Asie Mineure. U9, — 8 c. i. gr. 3187. — 9 Jos. Antiq. Jud. XV, 13 ;
BeU. Jud. 1, 21, 7. — 10 f'errol cl Guillaume, Explor. de Galatie, II, pi. nui à xxiv ;
cf.Iien. arch. 1»71, 347; 1872, 29 . Zumpl. J/oii. Ancyr. 4; C. i. j.40.19. — 11 C. i.q.
;943. — 12 C. i. g. 3524. — " C. i. g. 35H9. - 14 Liy. XLIll, C ; Bull. corr. hell. X,
307. — 15 Ibid. V, 192. — 16 Ibid. IX, 71 : C. i. g. 1068 el 3428. — n c. i. g. 3490.
— '8 C. i. g. 3887. — 19 S. Ueinacli, Chron. d'Orient, 154. — 20 Beulé, L'acropole
d'Alh. Il, p. 206, pi. i; Alitlheil. d. deustch. arch. Inst. in Athen. XII, 2f,4; C. i.
•/. 478: C. i. a. III, 232. 334. — 21 Pausan. Lacon. III, 11 ; Le Bas el Waddiuglon,
Voy. arck. Lacon. a' 176. — 22 C. i. t. III, 4. — 23 Arch. des miss, scient. 1876,
p. 207. — 24 Arch. Zeit. 1878, 103, 194. — 2b C. i. t. 3, 3443. — 26 C. i. l. 3
3308, 1422, 10470 ; Toulain, Les cultes païens, I, p. 39.-27 philo, Leg ad Caium,
II, 507; L. Renier, Jnscr. de l'Algérie, 1534, 1333, 1539; 0. Hirsclifeld, Ann.
detl Istit. 1866, 43, 53; Gagnai, Berne des publ. épigr. dans Beu. Arch. 1894, I,
n" 47 ; Toulain, U.c. p. 37, — 2i) C. i. l. 2, 4199, 4203, 4217,4222, 4224, 4223, 4228.
4235, 4243, 4247, 4248, 4249, 4250,4514, elc. - 29 C. i. l. 7, 370, 1037; Toulain,
p. 38. — 3" Dio, LV, 10. 9; LVI, 29 ; LX, 6, 2; Slrab. V, 246; Suelon. Aug. 98 ;
Claud. 11 ; Kaibel, Inscr. gr. .Sic. Ital. 748, 734, 755. — 31 C. i. l. lu. 5394.
— 32 Ibid. 131. — 33 Ibid. 088. — 3* Ibid. 0803. — 35 Suelon. Tib. 40. — 36 C.
i. /. 5, 18 ; Palladio. Archit. IV. 27; Sluarl et Kevelt, Antiqu. d'Ath. éd. fr. IV. 2 ;
Arnelh, Reisebemerk. p. 18, pi. i. — 37 C. i. l. 5, 3030. — 36 Aug. Bernard, Le
temple d' Aug. et ta national, gaul. i^G^ ; AWmer, Sur l'autel de Borne et d'Aug. à
Lyon (Bev. épigr. du Midi de la France, 1878, n° 1, p. 2-3 1; Boissieu. Inscr. anl.
de Lyon ; Marijuardl, Ùe provinc. rom. conduis et sacerdot. {Ephem. Epigr. I,
203-204); E. Carelle. Les assemblées prov. de la Gaule rom. 1895; Marlin-Daussigny,
Sur les restes de l'amphi'h. et de l'autel, d'.lug. à Lyon ; C. i. /. 13. p. 227 à 248.
— 39 Nardini. Borna antica, I, 2»7 ; Canina, EdiX:i di Borna, II, 31-36; Reber,
Fig. 5933. — Ro
Colli
lions symboliques de l'Étal alternent sur les monnaies
impériales où on les rencontre très fréquemment, depuis
Auguste jusqu'aux empereurs d'Orient de la fin du
iV siècle; effigie, tête ou buste de Rome" ; Rome assise
sur des armes *^ (fig. 5932) ou adossée aux sept collines "
(fig. 3933), Rome debout"; Rome
dans un temple*'; Rome unie à
la Victoire *^ à l'empereur*'' ou à
Conslantinople **. Les pierres gra-
vées offrent de nombreuses varié-
lés du type de Roma '- : sur le
grand camée de Vienne, la déesse
est représentée aux côtés d'Au-
guste »".
La plus ancienne statue de la
déesse Rome a été trouvée à Dé-
los : elle est l'œuvre du sculpteur Mélanos d'Athènes et
remonte sans doute au i" siècle av. J.-C.°'. De nom-
breuses statues, d'une époque plus récente el fortement
restaurées, représentent Rome debout, casquée, vêtue
de la tunique taiaire el du man-
teau =^, ou vêtue du chilon court,
avec une ceinture et un bau-
drier^', ou assise, portant com-
me attributs un sceptre", le
globe du monde ''", une hasle ^^
l'égide".
Sur les bas-reliefs, notam-
ment sur les reliefs à repré-
sentations historiques de l'épo-
que impériale, la déesse est
souvent figurée *». Elle l'était déjà, semble-l-il, sur le
fronton du deuxième temple du Capitole .achevé par Jules
César (capitolium, fig. 1147', ou sur celui du temple de
Mars''; on la trouve sur la clef de voûte des arcs de
Janus Quadrifrons, de Titus [for.mx, fig. 3235], de Sep-
lirae-Sévère el de Constantin. Un beau bas-relief de la
villa .Mbani, provenant d'un monument triomphal de
l'époque d'Hadrien, représente Rome assise sur des
trophées, devant un temple el tenant une Victoire'"; de
Die Buinen Boms, 400-405; Lalom, Mél. de [école fr. de Borne 1882, 362-37»,
pi. TM-xii ; Pelersen, BrJm. Mitth. 1893, 248 el pi. viii, bas-relief représenlanl ce
lemple cl son fronlon : cf Malz-Duhn, Antik. Bidwerk. 3519; Benndorf cl
Scliocnc, Later. Mus. 20; Lanciani, Itin. Einsiedeln, 62, 67; Id. Buins of ana.
Bom, 196-200 ; Huelsen-Jordan, Topog. d. Stadt Boni, I, III, 1907, p. 17 sq.; cf.
Dio. LXIX, 4-5; LXXI, 31 ; Vita Uadr. 19 ; Alhenae. VIII, 63, p. 361 ; Serv. Ad Aen.
II. 227; Aur. Vict.CaCï. 40, 26; Prudent. /n S\jmm. I, 214,221; Cohen. .l/on«. imp.
Hadr. 1149: Anton. 767 sij. 962 sq. ; Donaldson. Archit. Numism. n' 9. p. 37-41.
— WSchuIze, Untergang des Beidenthums, II, 281 ; Burckhardt, Die Zeit Con-
slantins, p. 421. — 41 Colien, Mon. imp. VII, 327-333 el 273-276 ; Ibid. Hadrien, 13:4;
Sept.-Sev. 397; Victorin père, 107, 138, elc. — 42 Cohen, Tibère, 7; .\éron, 278;
Galba, 168; Vespas. 406; Commode. 63», 756, elc. — '3 Cohen, Yespasien, 375.
— » Cohen, Galba, 195, 201, 209, 400; Lucius Verus, 268, 325; Marc-Aur. 908;
Phil.père, 144, etc. — 45 Coben, Caracalla. 176; Sev.-Alex. 361, 526; Phil. père,
iOl ; BosUlius,S3; Maxence,^, îl,3i,H; Constantin I, 74 à 78, etc.— «Cohen,
Titus, 190 ; Hadr. 714; Marc-Aur. 542 ; Commode, 964, etc. — 47 Cohen, Vespas.
422 ; Hadr. 79, 84, 91, 348, 350, 1504, 1505; Lucius Verus, 299, 324 ; Trajan, 599,
OOl.etc. —48 Cohen, Constance, 11,72, 108, 11 0,1 31; /u/ien, 8, 22, 31; ionien, 3, 8, elc.
VoirKenner, Numism. Zeitschrift, 1882, p. 4. — 49 Furlwaengler, Stone m .\ntig .
Berlin, 4876, 4877, 1821, 4783,4788, 4786, 2693, 8174, 8401, 6374, 2372, 2775, 2783,
3348,4400, 7159, 7170,4401, 1463, 1432, 1438, 1448,3543; Id. Die Antik. Gemmei,
XXV, 34; XL, 11, 30; XLIV, 67 ; XXVIII, 60; XXVII, 68. — 511 Voir cemmae, l. III,
p. 1477, noies 2.cl 3. — 51 Bull. corr. hell. VII, 463. — 52 Bull, archéot. 1876. 215.
— 53 Amelung, Die Sculpt. d. Vatican-Mus. p. 907. — 5t Matz et Uuhn, Op. l. 661.
— 53 2bid. 662.-56 s. Reinach, Bépert. de la statuaire, I, 168.-57 Malzel Dubn,
C6i: cf. S. Reinach, O. c. I, 450, 433. — 58 Datschke. Ant. Bitdw. in OberitaL
a' 963 a; Arch. Zeit. 31, 24; Ibid. 17, 81, pi. cxxviu, cxsix; Malz cl Duhn, 3629;
Ibid. 2244, 3684, 3«3, 2236, 3325; Zoega, B. rilievi, I. 147, n. 29; Ilcibig, Fûhrer,
n" 163, 535, 692, 3511; Arch. Xeit. 1847, pi. iv. — 59 pelersen, Ara /'oci», p. 63.
— eoHelbig, 0. c. 772; Zoega, O.c. I, 141, 153; Bunsen, Beschreib. Bom. 111,3,472.
ROM
178 —
ROM
même sur un bas-relief où sont représenlés plusieurs
monuments de Rome, on voit un arc de triomphe sous la
voûte duquel la déesse est figurée assise sur des armes';
sur d'autres bas-reliefs. Home en Amazone assiste à un
congiaire d'Antonin -, à l'apothéose d'Anlonin et de Faus-
line ' [apotueosis, tig. 390\ accueille Hadrien aux portes
de la ville *; sur l'arc de Titus, elle précède le char
triomphal de l'empereur^; sur l'arc de Trajan, à Béné-
vent, elle assiste à un congiaire de Trajan et reçoit l'em-
pereur au Capitole '^: sur l'arc de Septime-Sévère, elle
écoute les supplications des prisonniers barbares '' ; sur
l'arc deConstantin, elle précède Trajan rentrant victorieux
de la guerre contre les Daces *.
Une peinture du palais Barberini, à Home, représente
Rome assise sur un trône richement décoré ' (fig. 3954);
signalons seulement encore la mosaïque dite du prince
Colonna, où la déesse armée contemple la louve allaitant
les jumeaux '", et plusieurs diptyques consulaires sur les-
quels Rome est associée à Constantinople". E. Mavnial.
ROMA.IA ( 'Pcojjiaîa). — Jeux en l'Iionneur de la déesse
Home qui se rencontrent dans un grand nombre de villes
de la Grèce et de l'Asie Mineure. Elles consacraient par
cette fondation l'intervention protectrice des Romains
dans leur vie politique. C'est ainsi que nous trouvons, au
II' et au I" siècle, des 'P(o|jiaîa à .Athènes', à Thespies'\ à
Chalcis^ à Égine', àMégareS à Oponte*, à Oropos ', où
ces jeux apparaissent comme surajoutés et associés aux
Amphiaraia plus anciens", àCorcyre^. Du côté de l'Asie
Mineure, des Romaia sont attestés pour Rhodes, où la
fête était pentétérique'", etpour Magnésie du Méandre",
' Au musée de Latraa, Monum. d. Inst. V, 7; Uarrucci, Mus. Lateran.
X.VXIX, p. 76 ; BeDadorf et Schoene, Later. Mus. a' 358. — 2 Helbig, 0. c. 821.
— SAmclung, 0. c. 883, 803, pi. ccivi-ccxviii. — », Helbig, 0. c. 56i ; Brunn-
BruckniaDU, Denkmaeler, n» S68 a; Kossini, Archt trionf. pi. \l{\. — 5 Rossini.
Arclii trionf. pi. iisiv et xxxvi; Baumeister, Denkm. p. 1879 : Courbaud, Le bas-
relief rom. à représ. hist. p. 126 ; Philippi, Ràm. Triitmphalreliefe, dans Abli. d.
Sâcht. Gesells. Vl, 1874. — 5 Petersen, L'arco di Trajano a Benevento (ROm.
itittheil. Vil {189ij p. î;i9) ; Aliiierico Mcomaitiui, I monumenti di Benevento (les
buil premiers f»scicules consacrés à l'arc) ; Rossini, O. c. pi. xl ; Frottingham, Th-
Iriumphal arch <U Beneventum. Catalog. af tlie caies, iS93; Domaszcnski, dans
/ttltrethefte des Oetter.Arch. Inst. in Wen, II (1899). —7 Rossini, O.c. pi. n. m :
Zoega, 0. c. 1, IW. — 8 Rossini, O. e. pi. i.xx-i.nni : Zoega, Ibid. — 9 Bœltiger, A7.
Schrift. I. p. 23C; Arch. Zeitung. 18S5. pi. iv ; Monlfaucon. Antiqu. expl. I,
pi. ciciii, p. i93: cf. Malz cl Oubu, 4111, pour qui celte peiulure a été exécutée
d'après l'ancienne staluc du temple de Vénus et Rome. — 10 Bittl. dell. Jsttt.
1838, p. 112 et 1888. p. 1, pi. i; Mittlieil. d. arch. Inst., Seiione rom. I, pi. u.
— " Gori, Thés, diptych. Il, pi. m cl ix: Bull. deU. fslit. 1851, p. 82. — Biblio-
(.rapuie: Birl, Ue Boinae urbis nomine ; F. Keanei.ûie Roma-Typen. Vienne (1857 ;
Klijgmaun, L'effigie di Roma nei tipi moneturii più, anlichi dans Festschrift fur
dès la première partie du second siècle. Nous savons
d'ailleurs par Tite-Live '^ que les habitants d'.\la-
banda avaient institué, dès avant 170, des jeux analo-
gues. Les jeux Romaia étaient ou gymniques (Égine,
Mégare, etc.) ou musicaux ; à Magnésie du Méandre,
nous voyons couronnés, dans chaque àytûv, des poètes
tragiques, comiques et satiriques". Les jeux "Pcojxaîa
subsistent par la suite", à côté des jeux Caesarea et
autres jeux dédiés aux personnages impériaux. Em. Cahen.
BOMAXORUM RESPUBLICA. — L Qmiititulion_de
Rome sous les premiers rois. — Rome eut djibord, comme
presque toutes les cités anciennes, le,, gouvernement
aaanarchigue. Il ne faudrait pourtant pas nous repré-
senter cette royauté primitive comme celle que nous
voyons établie à d'autres époques et chez d'autres peuples.
Pour en comprendre la nature, pour en connaître les
attributions et en distinguer les limites, il faut se reporter
à l'état social dans lequel s'est d'abord trouvée la popu-
lation romaine ; et il faut, avant toutes choses, écarter
l'opinion qui présente cette population comme un
ramassis d'aventuriers, voire même de brigands qui,
réunis par hasard sous la volonté toute puissante d'un
homme hardi, n'auraient pu avoir en eft'et qu'un gouver-
nement despotique et n'auraient su trouver d'autres lois
que celles qu'il aurait plu à cet homme de leur donner.
Cette opinion sur les origines du peuple romain, qui
nous est venue de quelques légendes mal interprétées et
qui a contre elle les textes très précis des historiens
anciens, nous donnerait une idée très fausse du plus
ancien gouvernement de Rome. Que l'on admette ou que
l'on rejette les traditions relatives à Romulus, il est, en
tous cas, hors de doute que la cité romaine s'est formée,
comme toutes les cités anciennes, non par une réunion
d'individus, mais par une association de gentes. Chaque
gens, constituée antérieurement à la cité, avait sa religion
spéciale, son gouvernement intérieur, sa hiérarchie, son
chef. Le régime de la cité ne détruisit nullement le
régime de la gens ; celle-ci garda sa constitution interne;
son chef (que l'on parait avoir appelé d'abord pater,
patronus, quelquefois rex) conserva son autorité
absolue sur toutes les catégories d'hommes qui compo-
saient la gens, c'est-à-dire sur la partie patricienne ou
ingénue aussi bien que sur les clients et les esclaves. La
cité fut une véritable confédération de gentes, celles-ci
s'étant préalablement groupées en curies et en tribus.
Les relations de chaque groupe ou de chaque gens avec
la cité ressemblèrent à celles qui existent de nos jours
entre des États confédérés et le pouvoir central qui les
das Institut (1879): A. Parisotli, Evohtzione del tipo di Borna nelle rappresen-
tanze figurate deW ontichità classica dans \' Archivio di storia pcUria, XI (1888),
39-148; Pieller-Jordan. flom. Mythol. Il 353 ; Marquardl, Z>eprouinc. rom. conciliis
et sacerd. dans VEph. Epigr. 1; 0. Hirschfeld, Zur Gesch. d. rôm^Kaisercultus,
dans Sitz. Ber. Akad. Berlin (1888), p. 833: Cumont, L'éternité des emp.rom.
dans Rev. d'hist. e; de litt. relig. (1896), p. 449 (Roma aeterna); E. Desjardins,
Rev. de philot. [1879), p. 33: Beurlier, Le culte impérial. Essai sur le culte
rendu aux emp. rom. 1891 ; Guiraud, Les assemblées provinciales dans l'emp.
romain; Haeberliu, Der Romatypus, dans Corolla numismatica in honorem Bar-
clay Head. 1907 ; J. Toutain.Zej cultes païens dans l'emp. romain, 1' partie, 1907,
p. 19, 37, 62.
ROMAIA. I Corp. inscr. att. II. 953. — 2 Corp. inscr. ait. II. 490. — 3 Jmcr.
Megar. Orop. etc. n. 48. — 4 Jnscr. Argol. elc. 2. — 5 Jbid. 1136. — ^ Jbid.
— 7 Inscr. Megar. Orop. etc., 419, 420. — 8 Cf. Ditlenberger, Sylloge », 334,
n. 43. — 9 Ibid. 676. — 10 Cf. Jnscr. Rhodi, etc., 46, 730. Sur la première de ces
inscriptions, cf. Holteaux, Rev. de Phil. 1893, p. 171 ; sur la seconde, cf. H. von
C.acrtriugeu, Hermès. 1894, p. 18 sq. — n Cf. Kern, A th. Mitth. 1894, p.93sq. ;
Ditlenberger, Syll. 2 699. — 12 Til. Liv. 43,6. — 13 Cf. Kern, Loc. cit. p. 98 sq.
— •' Ainsi à Pergame iDillenberger. Syll.i 677), à Cos {Ibid. 678).
ROM
879 —
ROM
unil. Car la cité, qui nous parait aujourd'hui l'élément
le plus simple et le plus irréductible de l'association poli-
tique, apparaissait au contraire aux hommes de ce temps-
là comme le composé le plus complexe et comme le der-
nier terme de l'association. 11 arriva forcément que le
gouvernement delà cité fut de même nature que celui de
la. gens, de la curie, ou de la tribu. Or. les hommes de
ces anciens âges n'avaient pas précisément l'idée du gou-
vernement républicain et ne concevaient que le pouvoir
d'un seul, c'est-à-dire la monarchie, aussi bien pour
régir la cité que pour régir la famille. L'unité de pouvoir
était un principe universellement admis, et il y a grande
apparence que ce principe avait été fourni aux hommes
par les croyances relatives à la religion du foyer domes-
tique ou du foyer public. De même que la gens avait son
chef unique, son pater, la cité eut son roi. L'autorité de
ce roi comprit toutes les attributions qui composaient
aussi l'autorité du chef de gens. Il fut, avant tout, le
grand prêtre du culte commun, le conservateur du foyer,
l'intermédiaire entre la cité et les dieux. Il fut en même
temps juge des procès et des crimes, non pas de ceux qui
pouvaient se produire dans l'intérieur de la gens, mais
de ceux qui avaient lieu entre les didérenies gentes. Enfin
il fut un chef militaire ; en temps de guerre, il convoquait
les génies, les curies, les tribus, et les conduisait au/
combat. Son_pouvoir, fondé sur le droit religieux autant
que sur les idées d'intérêt public, n'élaitlimitéparaucune
loi formelle; il était aussi complet, aussi absolu, aussi
sacré que l'était celui du pater dans sa famille ou dans sa
gens. En droij. il n'avait pas de bornes, et rien ne faisait
obstacle à ce représentant des dieux de la cité. Mais dans
la pratique ce pouvoir était limité par la constitution
sociale elle-même, c'est-à-dire par l'existence de ces
groupes fortement constitués dont nous venons de parler.
Comme la cité était une confédération, le pouvoir du roi
ne s'exerçait pas directement sur des individus; il s'exer-
çait sur des groupes, curies, tribus, génies, et seulement
sur les chefs de ces différents groupesV Le plus grand
nombre des Romains étaient sujets, non du roi, mais
d'un pater qui les jugeait, qui les menait au combat, qui
présidait à leurs cérémonies saintes. Or la royauté, qui
devient aisément despotisme lorsqu'elle s'exerce sur des
individus isolés, est nécessairement faible lorsqu'elle
n'agit que sur des chefs de groupes. Chaque pater était
un personnage puissant, respecté des siens, ayant des
sujets, plus habitué au commandement qu'àl'obéissance,
et revêtu enfin du même caractère sacré que le roi lui-
même. Il pouvait être fier, car il ne tenait pas sa dignité
et sa noblesse de la faveur du roi, comme on l'a prétendu
plus tard quand on a cherché à expliquer l'origine incom-
prise du patriciat; cette dignité et cette noblesse lui
étaient venues de bien plus loin ; elles lui étaient venues
de sa naissance et lui étaient garanties par sa religion.
Chaque pater individuellement était presque aussi fort
que le roi ; tous réunis, ils étaient beaucoup plus forts
<iue lui. Ils formèrent une sorte de Sénat. Les historiens
nous présentent ce Sénat des premiers âges comme une
assemblée élective, apparemment parce que ces histo-
riens, qui vivaient dans l'âge démocratique de Rome,
jugeaient des temps anciens d'après ce qu'ils voyaient
autour d'eux. Mais l'élection était un procédé rarement
ROMA>'ORl'M RESPDBLICA. 1 Cic. De repuli. Il, S. — 2 Voir Til. Li\. XXIX,
il ; Cic. Pro Muren. 6 : .\ul.-Uell. X, 20.
employé et même presque inconnu dans cette première
période de l'existence des cités; elle était surtout incom-
patible avec le régime delà gens qui était encore dans sa
pleine vigueur. Il n'est donc pas vraisemblable que
l'ancien Sénat fût une assemblée élective, et l'on doit
croire plutôt qu'il était simplement la réunion des chefs
de gentes, c'est-à-dire de ceux qu'on appelait alors /)«/re,<;.
Il ne faut même pas se le représenter comme un corps
régulièrement constitué, à la façon des assemblées déli-
bérantes des modernes, avec des attributions déterminées
et des réunions constamment périodiques, .aucune loi ne
liaitles rois, et aucune ne garantissait non plus les droits
du Sénat. Seulement, le roi n'étant obéi des /ja?re,ç qu'au-
tant que ceux-ci consentaient à obéir, il était obligé de
les réunir souvent. Sans eux, il ne pouvait ni régler les
intérêts généraux, ni faire une loi, ni entreprendre une
guerre. Il ne pouvait gouverner qu'avec eux, et c'est dans
ce sens que Cicéron peut dire du premier roi : patrum
auctoritate consilioque regnavil'. Dans les circonstances
graves, ce n'était pas seulement les chefs des gentes qu'il
fallait réunir, c'était les gentes tout entières. Cela for-
mait les comices ou l'assemblée du peuple. Mais il faut
noter que ce qu'on appelait peuple, populus, à cette
époque, ne ressemblait pas à ce que fut le peuple romain
dans les siècles suivants. Le mot populus signifiait pro-
prement le corps politique; il désigna donc, suivant les
époques, des agglomérations d'hommes fort différents.
Dans le premier âge, populus n'était que la réunion des
gentes. La plèbe n'y était pas comprise. On voit, en effet,
par des textes anciens et surtout par de vieilles formules
religieuses, que la plebs fut longtemps distincte du
populus-, et cette distinction s'explique si l'on songe que
le premier roi, en créant la première plèbe ([uelque temps
après avoir fondé sa ville, l'avait établie et mise à part
dans Vasgle, c'est-à-dire tout à fait en dehors de la ville
sacrée du Palatin. Ce populus des premiers temps n'était
distribué ni en centuries ni en tribus locales, mais en
gentes, en curies, et en tribus de naissance. Aussi appe-
lait-on l'assemblée politique du nom de comices par
curies, comitia curiata. Les hommes y étaient répartis
par gentes, chaque gens étant groupée autour de son
chef, et les différentes gentes étant réunies entre elles
par curies. Les votes se comptaient par curies pour
l'ensemble, et par gentes pour chaque curie'. Chaque
gens figurait tout entière. Les clients, qui n'étaient pas
alors des plébéiens*, mais qui étaient des hommes atta-
chés héréditairement à chaque gens, faisaient partie de
l'assemblée aussi bien que leurs patrons. Ils votaient
aussi bien qu'eux; seulement, comme ils votaient sous
leurs yeux, comme d'ailleurs la loi ou l'usage leur défen-
dait de voter autrement qu'eux, on peut croire que leurs
droits politiques étaient assez illusoires. Telle fut donc la
constitution romaine des premiers temps/d'une part, la
gens conservait sa vie propre et en grande partie son
indépendance ; d'autre part, les pouvoirs publics étaient
exercés par un seul homme qui avait le titre de roi et qui
était revêtu de l'autorité religieuse comme de l'autorité
politique; mais ce roi ne pouvait agir qu'avec l'assenti-
ment des chefs de gentes, c'est-à-dire d'une sorte de
Sénat, ou même des gentes tout entières, c'est-à-dire des
comices curiates.
3 .\.-Uell. XV, i7. - * T. Lii
11. 64; Dion. Halic. VI, «: VII, 19;
/
ROM
— 880 —
ROM
II. Modification!! apportées xoux /f.< ;•()/.< à In consti-
tution primitire. Cette constitulion primitive de la cité
"romaine ne~dura pas longtemps sans trouble et sans
modification. Le premier élément de trouble fut l'inévi-
table rivalité qui existait entre le roi et les patres. La
I. lutte éclata dès le premier règne. Rfvmiilns créa une plèbe,
c'est-à-dire qu'il admit sur le territoire romain des hommes
sans foyer et en dehors de toute gens, des hommes par
conséquent qui n'étaient ni patriciens ni clients des patri-
ciens. Il ne les introduisit pas dans la ville, mais il les
établit à côté d'elle, sur la pente boisée du mont Capi-
tolin. Il ne les fit pas entrer non plus dans la cité ; mais
il en fit comme un peuple à part qui, étranger aux insti-
tutions politiques et religieuses, étranger aussi aux lois
civiles, vécut sous la dépendance personnelle du roi et
sous sa protection. Ce fut pour le roi une grande
force. Si dans la cité il était manifestement plus faible
que le corps des patres, les bras de la plèbe qui lui
étaient nécessairement dévoués, rétablissaient la balance
eu sa faveur. Les guerres que la situation géographique
de Rome rendait inévitables, et que la politique inté-
ressée des rois multiplia, accrurent à la fois l'importance
de cette plèbe et celle de la royauté/Ouelle résistance
opposèrent les patres, quels tiraillements durent troubler
ces premiers règnes, l'histoire ne le dit pas nettement;
mais elle le laisse deviner quand elle montre que plu-
sieurs de ces rois, particulièrement le premier et le troi-
sième, périrent de mort violente.
9 — Une nouvelle forme de gouvernement fut essayée, dès
la mort de Romulus. On supprima la royauté, et chacun
des chefs de gentes, à tour de rôle, exerça le comman-
dement pendant cinq jours, faisant les sacrifices publics
et présidant les assemblées. Celte constitution, assez ana-
logue à celle que les Eupatrides d'Athènes avaient établie
sous le nom d'.\rchontat annuel, ne dura pas longtemps
ù Rome. Les classes inférieures, c'est-à-dire la plèbe et
peut-être aussi une partie des clients des gentes la repous-
sèrent : fremere deinde plebs multiplicatam servitutem.
rentutn pro uno dominos factos '. Ces classes inférieures
n'avaient, en eflfet, rien à gagner à cette domination de
l'aristocratie, et elles tinrent tant à avoir un roi que, s'il
faut en croire Tite-Live, elles songèrent à en créer un
elles-mêmes, comme faisait le parti démocratique dans
beaucoup de villes grecques et italiennes à la même
époque. Les patres aimèrent mieux avoir un roi de leur
choix que du choix de la plèbe, et ils se hâtèrent de réta-
blir la royauté. Seulement, ils eurent soin de décider
qu'elle serait toujours élective. Même, ils entourèrent
l'élection de tant de précautions et de formalités qu'ils
espérèrent bien que la plèbe n'y pourrait jamais mettre
la main. Ils établirent, en effet, que pour créer un roi, il
faudrait trois choses, d'abord Vauctoritas des patres,
c'est-à-dire leur initiative ou la désignation par eux du
candidat; ensuite l'approbation des dieux, c'est-à-dire
des augures patriciens; enfin la nomination définitive
par les comices curiates dans lesquels la plèbe n'avait
pas accès et où les patriciens dirigeaient les votes de leurs
clients. Il est juste de dire que ces règles n'avaient rien
que de conforme avec tous les principes politiques et
toutes les croyances religieuses de cette époque.
L'avènement des Tarquins parait coïncider avec une
révolution dont les annales romaines ne nous ont pas
conservé le souvenir ; la constitution fut gravement
modifiée par ces princes. Les changements paraissent
avoir été essayés par Tarquin l'Ancien ; mais ils ne furent
accomplis que par Si^rvins Tnllius. 11 était devenu roi
par la force ou par la ruse, en tous cas en violant les
règles relatives à l'élection. Les patres devaient lui en
garder rancune. Ce qui prouve d'ailleurs qu'il fut
l'ennemi de cette classe, c'est que sa mémoire resta tou-
jours chère à la plèbe romaine. Par lui, la constitution
sociale et politique de la cité fut transformée, et l'aristo-
cratie des patres fut frappée du plus rude coup qu'elle
eût encore reçu. Nous avons montré plus haut quelle
était, dans l'ancienne cité, la signification et l'importance
de la division en gentes, en curies et en tribus ; à ces
cadres étaient attachées toute la religion et toute la con-
stitution piîlitique; c'était l'organisme par lequel la cité
patricienne vivait et agissait. Les faire disparaître était
donc une des révolutions les plus radicales qu'on piit
imaginer. Servius Tullius, à la vérité, n'osa pas les
détruire, et apparemment il n'y eût pas réussi. Mais,
sans toucher à ces anciens cadres, il établit des cadres
nouveaux et une nouvelle classification des hommes, ce
qui équivalait à créer un autre organisme et tout un autre
système de vie publique. Il partagea la population en sept
catégories. En tête était celle des chevaliers : venaient
ensuite ceux qu'on appelait les i/uinr/ue classes ; la sep-
tième catégorie était formée de toute la population infé-
rieure, infra classem.Ce qui distinguait ces sept catégo-
ries entre elles et ce qui plaçait l'homme dans l'une ou
dans l'autre, ce n'était plus, comme aux âges précédents,
la naissance et la religion, c'était la richesse. Quiconque
possédait une fortune équivalente à 100 000 as, c'est-à-
dire à 100 000 li%Tes de cuivre (la livre romaine pesait
326 grammes), faisait de droit partie de la première
classe. La vieille distinction de patriciens, plébéiens, de
clients, distinction qui subsistait encore dans les curies
et les gentes, disparaissait de la nouvelle classification
en classes et en centuries. Il ne faudrait sans doute pas
exagérer, comme on l'a fait souvent, l'importance de
cette création du roi Servius. A vrai dire, les classes et
les centuries ne furent à l'origine que des cadres mili-
taires. Les mots mêmes expriment cette vérité; la pre-
mière catégorie s'appelait celle des cavaliers ; les cinq
suivantes étaient désignées par le mot classes qui, dans
l'ancienne langue latine, signifiait corps de troupe. Ces
six catégories différaient entre elles par leurs armes et
par leur poste de bataille; la septième différait de toutes
les autres en ce qu'elle ne faisait pas partie de l'armée
régulière. Il est hors de doute que la réforme de Servius
fut bien plutôt militaire que politique ou sociale. Mais
c'était déjà un changement bien grave que celui qui
consistait à soustraire l'armée aux vieilles règles patri-
ciennes. La constitution de la cité proprement dite ne
paraissait pas modifiée ; mais la société romaine prenait
une autre face. En effet, le plébéien dorénavant figura
dans l'armée ; riche, il prit son rang dans les premières
lignes de la légion ou même dans le corps d'élite de la
cavalerie, pendant que le patricien pauvre était relégué
au dernier rang. Cela changea peu à peu les habitudes
des hommes et leurs idées. Cette admission du plébéien
dans l'armée fut le prélude de son admission dans la cité.
Lui mettre les armes en mains, c'était le rendre digne
1 T. Liv. I, 17 ; cf. Cic. De rep. II, U.
RO.M
881 —
ROM
des droits politiques et lui donner le plus sûr moyen de
les conquérir. Peu importe que Servius n'ait pas songé
à faire tout de suite de ces plébéiens des citoyens, ni de
la réunion de ces centuries une assemblée politique. \ous
pouvons croire qu'il ne les fit jamais délibérer, puisque
l'assemblée centuriate n'aurait eu, à cette époque, aucun
magistrat à élire, et que nous savons d'ailleurs par un
texte formel de Cicéron ' qu'elle ne vota sa première loi
qu'au temps de la République. Il n'en est pas moins vrai
qu'en créant les cadres d'une armée, Servius se trou-
vait avoir créé du même coup pour un avenir prochain
les cadres d'une assemblée politique dans laquelle
patriciens et plébéiens devaient être confondus. Cette
organisation militaire fut le moule d'où sortit l'organi-
sation politique des générations suivantes. Il avait intro-
duit aussi dans les habitudes des hommes une grande
innovation en donnant à la richesse la place qu'avait eue
jusqu'alors la religion. Tite-Live lui attribue l'institution
du cens ; mais le cens, cérémonie religieuse en usage
dans toutes les cités, était plus ancien que Rome
même. Servius le transforma plutôt qu'il ne l'établit, et
il le transforma surtout en ce sens que les plébéiens,
qui, autrefois, n'avaient pas été compris dans la cérémonie
religieuse, y figurèrent dorénavant. Enfin, à côté de la
division toute militaire en classes et centuries, il fonda
de nouvelles divisions toutes civiles : les tribus. Là, les
hommes furent répartis, non pas suivant leur nais-
sance comme dans les trois tribus primitives, non pas
même suivant leur fortune, mais suivant leur domicile.
L'inscription des plébéiens dans les tribus fut un ache-
minement vers leur inscription dans les curies et dans
la cité, et le temps n'était pas très éloigné où ces
tribus elles-mêmes allaient former une assemblée poli-
tique. Ainsi la population romaine prenait, si l'on
peut s'exprimer ainsi, une nouvelle physionomie; elle
n'était plus simplement une confédération de gentes ;
la plebs s'y faisait une place régulière ; elle s'infusait
insensiblement dans la cité, y apportant de nouvelles
idées comme de nouveaux intérêts et sapant peu à peu
le régime de la gens. La royauté trouvait son profit
dans ces nouveautés; chaque plébéien était pour elle
un sujet; ses forces s'accroissaient, tandis que celles
des patres, tenues en échec par cette plèbe et intérieu-
rement menacées par les altérations incessantes du
régime de la gens, allaient s'afTaiblissant. Les deux der-
niers rois, le dernier surtout, mirent sous eux l'aristo-
cratie et régnèrent en rois absolus, ne consultant plus
les paires, ne réunissant plus les curies, et abusant de
la guerre. Cicéron nous donne une idée nette de la trans-
formation qui s'était opérée dans la royauté lorsqu'il
dit de Tarquin le Superbe que de roi il était devenu
maître, ex rege dominus.
III. Constitution républicaine de Rome. —C'est contre
cette royauté amie de la plèbe et trop puissante que fut
faite la révolution de 510. Dirigée et accomplie par le
patriciat, elle ne profita d'abord qu'à lui. La royauté fut
supprimée, et la constitution républicaine qui la remplaça
fut toute à l'avantage de l'aristocratie. L'autorité, au lieu
d'être la propriété viagère d'un homme, devint annuelle
et fut partagée entre deux hommes qui ne l'eurent qu'en
dépôt. Ces chefs de la cité eurent indifféremment les
1 Derepuhl. II, 31.
2 Cic. De legib. III, 3.
VIII.
titres de praetores, d'imperatores, de constiles : ce der-
nier prévalut à la longue. Ils devaient être patriciens;
cette règle n'était sans doute pas écrite dans une consti-
tution, mais elle n'avait pas besoin de l'être ; elle semblait
alors si naturelle, si nécessaire, qu'elle s'établit de soi-
même, sans peut-être qu'on pensât à la formuler; il ne
venait à l'esprit de personne, à cette époque, qu'un
plébéien pût être le chef de la cité. Comme les patriciens
étaient surtout une caste sacerdotale, leurs consuls
durent être élus suivant des rites religieux. Cette règle
fondamentale, aussi vieille que le consulat, est encore
exprimée par Cicéron : auspicia patritm sunto, ollique
e.t se produnto qui comitiatu crenre consules rite
possint^. Il importe de voir quels étaient ces rites de
l'élection, afin de nous rendre compte de la nature du
consulat dans les premiers temps de la République.
On commençait par désigner quelque temps à l'avance,
parmi les jours fastes, celui où l'élection aurait lieu,
pendant la nuit qui précédait ce jour, un magistrat,
revêtu préalablement d'un caractère sacré, prenait les
auspices ; à cet effet, sur un emplacement choisi suivant
certaines règles religieuses, tabernaculo rite capto ; il
veillait toute la nuit, en plein air. Sa pensée était fixée
sur un candidat et ses yeux sur une partie déterminée
du ciel. Si les dieux envoyaient dans cet espace un signe
favorable, c'est qu'ils agréaient le candidat. Le magistrat
pouvait ainsi prendre les auspices sur plusieurs person-
nages successivement^. Le jour venu, le populus, c'est-
à-dire l'assemblée politique des citoyens, se réunissait.
Le magistrat qui avait pris les auspices, présidait
l'assemblée et lui disait les noms des candidats que les
dieux avaient acceptés. Le peuple ne pouvait voter sur
aucun autre nom. Si on lui présentait trois ou quatre
candidats, il choisissait librement entre eux ; ne lui en
offrait-on que deux, ces deux hommes étaient élus
nécessairement, quelle que pût être la haine du peuple
contre eux*. Si l'on observe ce mode d'élection, on
reconnaît qu'en principe le choix des chefs de la cité,
dans cette constitution que la caste sacerdotale avait
faite, appartenait aux dieux plutôt qu'aux hommes.
Celui qui nommai t réellement les consuls était le magis-
trat qui avait pris les auspices et qui possédait par con-
séquent le secret des dieux ; aussi était-ce à lui et non
pas au peuple que s'appliquait l'expression officielle créât
consules. Par là, les patriciens étaient les maîtres
absolus de l'élection ; c'étaient leurs dieux qui la déci-
daient, c'étaient leurs augures qui la prononçaient. Le
rôle du populus était alors réduit presque à rien, puis
qu'il n'avait jamais l'initiative et qu'il n'avait même pas
toujours le choix. Que ces règles fussent favorables au
patriciat, on n'en saurait douter ; mais ou aurait tort de
croire qu'elles aient été imaginées tout exprès et habile-
ment calculées par cette classe en vue de la domination.
Elles sortirent en quelque sorte spontanément des
croyances et de la manière de penser de ces hommes ;
elles étaient si conformes à leurs habitudes d'esprit
qu'ils ne songèrent peut-être pas que d'autres règles
fussent possibles.
Les consuls ainsi nommés étaient les chefs suprêmes
de la cité et avaient un pouvoir presque absolu. La révo-
lution de 510 n'avait pas été faite en vue de conquérir la
3 Plutarcli. Marcellus, 5; Val. Mai. 1, 1, 3; Cic. De divinal. II. i; Dion. Hal.
passim. — ^ Ou en voit des exemples dans Tite-Live, 11, M et II, 43-
111
ROM
— 882 —
ROM
libcrlé ou ilen élargir les limites, do donnera l'individu
des droits mieux garantis ou à l'ensemble du peuple une
souveraineté plus étendue. Elle avait seulement dépla.'é
le pouvoir royal, de telle sorte qu'au lieu d'être ronflé à
un seul viagèrement, il dût passer de main en main
parmi les élus du palriciat. .\ cela près, c'était encore le
pouvoir royal qui subsistait sous le nom de consulat.
Cioéron le dit dans un passage où il reproduit les ancien-
nes lois de Rome: regio iiiiperio duo sunto. thjue prae-
eundo. judicando, consulendo, praetores. judices. con-
sules appellantui\ militiae summum jus habento '. On
voit ici que les titres de préteur, de consul, de juge,
s'appliquaient au même magistrat, que ces titres dési-
gnaient l'ensemble de ses fonctions très diverses, et que
l'ensemble de ces fonctions constituaient un véritable
pouvoir monarchique, /•e^('«m imperium. 1° Les consuls
avaient des attributions religieuses, comme tous les
chefs des cités anciennes ; il est vrai que quelques-unes
des fonctions sacerdotales furent confiées au re.v sacro-
rum et au ponli/'ex maximus ; mais les consuls conser-
vèrent encore un caractère sacré et une partie importante
du pouvoir religieux; c'étaient eux qui prenaient les
auspices pour la cité; ils accomplissaient les plus grands
sacrifices du culte public et la cérémonie sainte des
fériés latines, qui avait autant d'importance en politique
qu'en religion >eri.*e latix.^e]. i" Les consuls avaient
des attributions judiciaires; ils étaient les organes du
dro\l,jus dicebant. Sans doute ils pouvaient être assistés
d'un judex ou d'un arbiter, mais la sentence venait
d'eux seuls. La loi, qui n'était guère écrite ou dont le
texte était tenu à peu près cache, ne se manifestait que
par la bouche du magistrat. Contre l'arrêt du consul
il n'y avait nul recours; il n'existait aucune juridiction
d'appel ni rien d'analogue à notre Cour de cassation
rappelant le juge au respect de la loi. Les Romains
n'imaginèrent qu'une seule limite à cette autorité abso-
lue du consul, et un seul cas ; en matière criminelle,
si le consul avait prononcé la peine de mort, l'accusé
eut le droit d'en appeler au peuple {provucatio ad
populum). 3° Les consuls avaient des attributions
administratives ; c'étaient eux qui présidaient à la percep-
tion des impots aussi bien qu'à l'enrôlement des soldats ;
c'étaient eux aussi qui dressaient la liste du Sénat. Ils
accomplissaient la cérémonie semi-religieuse et semi-
politique du cens, et, par là. ils décidaient si un homme
serait sénateur ou chevalier, citoyen des classes ou pro-
létaire. En tout cela, la volonté des consuls était toute
puissante, et l'on ne pouvait en appeler de leurs déci-
sions. 4° Ils avaient enfin l'autorité militaire et le
commandement de l'armée. Ici encore, et à plus forte
raison, leur pouvoir était sans limites. Ils avaient même
le droit de vie et de mort, et \a prococatio n'existait pas
dans les camps. On sait, par de nombreux exemples,
qu'un seul mot du consul pouvait livrer l'homme,
à la hache des licteurs. On peut encore remarquer dans
la formule du serment militaire qui nous a été conservée,
que le soldat romain jurait d'obéir en tout au consul; il
en était autrement dans les villes grecques, où le soldat
jurait simplement de défendre la cité et, au besoin, de
mourir pour elle.
On voit, par cette simple énumération des pouvoirs
tiu consul, que l'un des points caractéristitjues de la
constitution romaine était la grande puissance qui
était conférée au magistrat. Rome comprenait l'autorité
autrement que les cités grecques. Xvec son esprit de
discipline et ses fortes habitudes de subordination, elle
conçut toujours l'autorité publique comme une force à
laquelle rien ne devait résister. Elle se préoccupa tou-
jours beaucoup moins de garantir la liberté que de
constituer fortement l'autorité. L'idée délimiter celle-ci
au profit de celle-là ne vint presque jamais à l'esprit
des Romains. Il faut encore remarquer que les Romains,
dans ces premiers temps de la République, tenaient fort
à l'unité du pouvoir. Il nefaut pas que l'existence simul-
tanée de deux consuls nous fasse illusion ; l'autorité
n'était pas partagée; car les deux consuls alternaient
entre eux de mois en mois, se transmettant Vimperium
et les faisceaux, de telle sorte que chacun à son tour eût
la plénitude du pouvoir. On peut presque dire que le
consulat était une monarchie. L'institution du Sénat et
des comices n'était pas une barrière aussi forte qu'elle le
semblait contre cette omnipotence. Car le Sénat, dont la
liste était dressée par les consuls, ne se réunissait que
sur leur convocation et sous leur présidence, et ne volait
d'ailleurs que sur les objets qu'ils mettaient en délibé-
ration. De même les comices ne s'assemblaient que le
jour où un consul les convoquait ; ils étaient présidés
par lui ; nul n'y parlait que lui seul ou ceux à qui il vou-
lait bien donner la parole ; enfin l'assemblée ne pouvait
s'occuper de ce qui leur était proposé par le consul et ne
pouvait voler que par oui ou par non. C'étaient donc d'assez
faibles limites au pouvoir consulaire; et cependant telles
étaient les idées autoritaires de ces auteurs de la consti-
tution républicaine, qu'ils ne tardèrent pas à croire que
le pouvoir consulaire n'était pas encore assez fort. Ils
établirent donc laf
jctaturel Le dictateur ne différait
d'ailleurs du consul qu'en deux points : l'un, qu'il pou-
vait exercer l'autorité pendant six mois sans interruption
et sans partage ; l'autre, que le droit de provocado était
suspendu et qu'il n'y avait aucun appel de ses condam-
nations à mort. Le vrai nom de ce magistrat était
magister populi; et dire maître n'était pas trop dire. Il
désignait lui-même le magister equitum qui était à son
égard, non un collègue, mais un lieutenant.
Cette première constitution républicaine de Rome, à
ne regarder que ses principes et ses règles, penchait
tout entière vers l'autorité; il n'en est pas moins vrai
que, dans la pratique, la liberté se fit une place de moins
en moins restreinte. Les comices par curies se réunis-
saient plus fréquemment que sous les rois, soit pour
traiter les affaires religieuses, soit pour donner Vimpe-
rium au magistrat élu, soit enfin pour faire les lois.
Lautorité- absolue du consul s'effaçait momentanément
en présence de cette assemblée; c'est ce que signifiait
l'obligation qu'on lui imposa d'abaisser devant elle les
faisceaux de ses licteurs. .\ la même époque, c'est-à-dire
au début de la République, une grande innovation fut
opérée. L'armée que Servius avait divisée en classes et
en centuriae, où il avait fait entrer les plébéiens et où il
n'avait admis de distinction que celle de la richesse, fut
réunie pour un autre objet que pour la guerre. Le con-
sul la convoqua, non pas dans Rome même car l'armée
ne pouvait jamais se réunir dans Rome\ mais sous ses
murs, au Champ-de-Mars. rangée comme en guerre,
1 Cic. De iajib. 111, 3.
ROM
— 883
ROM
avec ses centurions et ses enseignes ' ; mais au lieu de
la mener au combat, il lui parla, la consulta, lui demanda
son avis, la fit voter. L'armée devint ainsi une asseinblé(>
politique; elle n'eut pas tout de suite l'autorité législative
qui resta aux comices curiates ; mais ce fut par elle que
les magistrats furent élus, que les lois furent préalable-
ment discutées; ce fut par elle enfin que les volontés
communes s'exprimèrent. Les consuls, qui étaient en
droit des maities absolus, ne purent guère, dans la pra-
tique, se soustraire à l'obligation de consulter cette
assemblée et ne purent rien entreprendre sans son
assentiment. Or, celte assemblée, plus nombreuse et
plus mêlée que les comices par curies, était aussi moins
souple et moins maniable. D'autre part, le Sénat, après
l'expulsion des rois, prit une plus grande importance dans
la cité. Il s'était réservé quelques prérogatives considé-
rables. C'était lui qui, par les voies indirectes que nous
avons indiquées plus haut, élisait les consuls; il pouvait
aussi, par d'autres moyens que la religion lui fournissait,
les obliger à se démettre; il pouvait encore décréter
l'établissement d'une dictature. Il avait Yauctorllas,
c'est-à-dire l'initiative de toutes les lois à proposer aux
comices, initiative qui ne se changea que plus tard en
un simple droit de confirmation. Il possédait en outre ce
qui fait la force en politique comme à la guerre, c'est-à-
dire l'administration des finances. Il était défendu aux
consuls et même au dictateur de toucher au trésor sans
l'assentiment du Sénat. Ce SénaL qui conservait ainsi
une assez grande puissance, était exclusivement patri-
cien. Rien n'autorise à croire, comme ont fait quelques
historiens, que les plébéiens y eurent accès dès l'an-
née olO. Il serait fort singulier que cette révolution, qui
était faite contre la plèbe plus encore que contre la
royauté, eût eu pour premier efTet de donner à cette
plèbe l'admission au Sénat que les rois eux-mêmes
n'avaient jamais osé lui donner. Lorsque Tite-Live nous
dit qu'au lendemain de cette révolution on créa de nou-
veaux sénateurs, il ajoute que ces sénateurs furent tirés
des premiers rangs de l'ordre équestre; or nous savons
d'ailleurs que la première catégorie des chevaliers, c'est-
à-dire les six premières centuries étaient exclusivement
composées de patriciens. Le changement qui se produisit
dans la composition du Sénat, consista seulement en ce
point qu'il ne fut plus formé uniquement des chefs des
(fentes, des patres proprement dits ; il y eut désormais à
côté de ces hommes des sénateurs conscripti ou altecti,
c'est-à-dire siégeant en vertu d'un choix et non plus en
vertu d'un droit héréditaire ^. Ils étaient patriciens
comme les premiers, mais de branches cadettes, ou plus
jeunes, et ils avaient apparemment d'autres intérêts et
une autre manière de voir les choses que les vieux patri-
ciens; car, à partir de ce moment, l'histoire nous montre
que, de même qu'il y avait officiellement deux catégories
de sénateurs, ceux qu'on appelait patres et ceux qu'on
appelait conscripti, de même il y eut presque toujours et
sur presque toute question deux avis fort distincts et
deux courants d'opinion dans le Sénat. Telle fut, en
résumé, la première constitution républicaine de Romi'.
CEuvre des patriciens, elle fut toute à l'avantage du patri -
ciat et ne tint, à vrai dire, aucun compte de la plèbe ; elle
constitua l'autorité d'une manière aussi forte qu'aurait
T. Liv. XXXIX, 13
De ling. lai. V, 91 : A. G«ll. XV, 27; Uio..r.ass.
pu le faire une constitution monarchique; mais, en même
temps, par l'établissement des comices curiates et parla
composition nouvelle du Sénat, elle ouvrit la porte à des
réformes prochaines.
)y._Prfmiprps »inrfi/icatio?is apuortées à la constitii-
tionj^éjmblicaine. — Ce que cette première constitution
républicaine de Rome avait contre elle, ce qui en était
la victime et l'ennemi naturel, c'était la plèbe. Cette
classe d'hommes existait dans toutes les cités anciennes;
mais à Rome elle était plus nombreuse que nulle part
ailleurs. Son premier berceau avait été, suivant toute
vraisemblance, l'asyle ouvert par Romulus à tous ceux
qui se trouvaient en dehors du régime régulier des
cités et des yentes. Elle s'accrut ensuite par des causes
diverses. La situation géographique de Rome, sur un
fleuve, à portée de la mer, et justement au point de ren-
contre des trois confédérations latine, sabine, étrusque,
en fit nécessairement une ville de commerce et y attira
les marchands; il y eut ainsi toute une population de
métèques qui, ne figurant pas dans les cadres des gentes,
furent forcément dans la plèbe. La guerre aussi fil des
plébéiens ; les vaincus enlevés aux cités voisines grossi-
rent un peu le patriciat, bien plus la plèbe. Ajoutez que
les cités voisines, latines, étrusques, sabines, avaient
alors une existence fort troublée et que les luttes intes-
tines en faisaient sortir beaucoup d'exilés qui trouvaient
à Rome refuge et sûreté. Il est hors de doute que la
plèbe grandit considérablement sous les rois, favorisée
qu'elle était par eux. L'ancien asyle étant devenu beau-
coup trop étroit, elle s'étendit tout autour du Palatin dont
les portes lui étaient fermées, sur l'Aventin, sur le
Coelius, sur l'Esquilin et sur la rive droite du Tibre.
Les rois lui donnèrent des champs, non sur Vager roma-
niis qui avait été partagé exclusivement entre les curies
et les gentes, mais sur le territoire enlevé à l'ennemi.
Or cette plèbe, population en dehors des gentes et qu'il
ne faut même pas confondre avec les clients des patri-
ciens, ne faisait pas partie de la véritable cité romaine.
Le plébéien n'avait pas, à cette époque, le culte de la
cité ; il ne sacrifiait pas dans les curies, il n'était pas
quirite; il n'avait non plus aucun droit politique, n'était
ni sénateur ni membre des comices curiates ; il n'avait
pas même les lois de la cité, ne pouvait pas les invoquer,
n'était pas protégé par elles. La constitution que nous
venons de décrire, n'existait pas pour lui. Le consul,
chef de la cité, commandait au plébéien et se faisait
obéir de lui, non en vertu de la loi, mais seulement en
vertu de Vimperium, à peu près comme aux époques
suivantes le praefectus ou le proconsul a commandé en
vertu du même imperiuni aux peuples déditices. Son
pouvoir sur le plébéien était donc absolument arbitraire.
Il n'existait de garantie légale ni pour la propriété, ni
pour la personne du plébéien. Il arriva donc que la plèbe
regretta les rois ; rois et consuls étaient aussi bien des
despotes à son égard ; mais il y avait cette difïérence que
les rois étaient des despotes qui avaient intérêt à la favo-
riser et à l'enrichir, tandis que les consuls étaient des
despotes que leurs préjugés de naissance et leurs idées
religieuses autant que leurs intérêts poussaient à l'oppri-
mer et à la faire tomber dans une sorte de servage.
Cependant, cette plèbe, habituée qu'elle était à vivre sans
Fragm. liv. XXXVIl; Dion. liai. Vil, 59. — 2 Feslus, s. v. tiUecti.
ROM
— 884 —
ROM
droits politiques, n'aurait peut-être jamais son{<é à en
demander, si elle ne s'était aperçue que cette absence de
garanties la plongeait dans la dernière misère. On voit,
en effet, (jue dans les quinze années qui suivirent la
révolution de .'liO la plèbe perdit les terres que les rois
lui avaient données ', cl qu'en même lempsle commerce,
qui avait été très actif sous les rois, fui tout à coup
anéanti, soit par le calcul des patriciens, soit par le fait
seul de l'absence de liberté. La plèbe, qui avait été une
classe assez riche sous les rois, puisqu'elle figurait dans
les premières classes, en vint, au bout de vingt-cinq
années, A n'avoir plus même les moyens de vivre. En
conséquence^ilÊ_:î>fforça de sortir de cette misérable
situation, et(^£7!>3)blle lit une tentative fort imprévue,
mais dont 1 imprévu eirétrangetémême caractérisent ces
vieilles époques. Elle ne pensa pas à se révolter, à com-
battre dans les rues de Rome, à forcer l'enceinte sacrée
du Palatin ou à pénétrer dans le comilium, à réclamer
enlin pour elle les droits civils et politiques. Elle aurait
pu faire tout cela, nombreuse et armée comme elle était:
mais l'idée ne lui en vint peut-être pas ; car il était si
conforme au.\ habitudes et aux pensées de tous, en
ce temps-là, que le plébéien n'eût rien de commun avec
le patricien et restât en dehors de la cité, que le con-
traire aurait paru une monstruosité et ne se présentait
à l'esprit de personne. La plèbe donc, au lieu de cher-
cher à acquérir les droits du patricien et les lois de la
cité, ne songea qu'à une chose, quitter Rome et le terri-
toire "romain et aller vivre ailleurs: Ijnisguement elle
émigra et essaya de fonder, à deux lieues de là, une ville
toute plébéienne où il n'y aurait pas de patriciens. Sin-
gulière révolution, où l'on ne se combattait pas et où
l'on se contentait de se séparer. La séparation dura trois
mois, les patriciens restant à Rome avec leurs clients, les
plébéiens essayant de s'organiser un corps de peuple sur
le mont Sacré. Mais, d'un côté, les patriciens sentirent
leur petit nombre et virent l'insuffisance des f/en tes à
former une cité puissante au milieu de tant d'ennemis
qui l'entouraient. De l'autre, les plébéiens s'aperçurent de
toutes les difficultés que l'on rencontre d'ordinaire
quand on veut fonder d'un seul coup une nouvelle orga-
nisation sociale. Patriciens et plébéiens reconnurent
qu'ils avaienlbesoin les uns des autres, et se rejoignirent.
Mais, auparavant, les plébéiens exigèrent un traité, qui
fut conclu, comme entre deux peuples, par le ministère
des féciaux. Ce traité, dont on souhaiterait que les histo-
riens nous eussent conservé un souvenir plus précis, ne
donna pas aux plébéiens les droits politiques, pas même
l'égalité civile, et continua à les tenir en dehors du vrai
popufus des quirites. Il leur accorda seulement d'avoir
certains chefs qui fussent pour eux à la fois des juges
et des protecteurs. Ces chefs que l'on appela tribuns de la
plèbe et qui ne pouvaient pas être patriciens, furent
nommés d'abord par l'assemblée centuriate; mais comme
la majorité dans ces comices appartenait aux clients des
patriciens et non pas aux vrais plébéiens '^ il fut décidé
en 47i qu'ils seraient élus par l'assemblée plus foncière-
ment plébéienne des tribus. Leur nombre fut porté de
deux à cinq, puis de cinq à dix. Sur le caractère et
l'aulorité de ces chefs de la plèbe, il y a beaucoup de
vague dans les historiens anciens. Ils n'étaient pas
) Cassius Heiiiina.ap. Non. s. v. pUrilas. - i Til.-I.iv. Il, 50. - 3 Plut. Qaactt.
rom. 81. —'T. Liv. Il, 36. — '■> III, 55. - 6 UioH. liai. VI, 89; X, 32 X, M;
réputés magistrats ^ ils étaient élus sans auspices,
n'accomplissaient aucune cérémonie sacrée, n'avaient ni
siège curule ni la robe de pourpre, ni les licteurs; en un
mot, ils ne possédaient ni Vimperium proprement dit ni
le caractère sacré de la magistrature ; officiellement ils
n'étaient que des hommes privés, privati, sine imperio,
sine maffistrntu ''. Mais, en revanche, ils étaient sacro-
sancti, c'est-à-dire qu'une cérémonie religieuse, que
Tite-Live indique sans la décrire % leur avait conféré un
caractère analogue à celui des objets dévoués aux dieux
infernaux ; il résultait de là que quiconque les touchait,
et à plus forte raison quiconque leur faisait violence,
devenait aussitôt un homme souillé et maudit '^. Cette
étrange inviolabilité fut ce qui fit la force des tribuns ;
nul ne pouvait leur résister sous peine <le souillure; les
patriciens, liés par leur religion, devaient craindre de
se commettre avec eux et devaient trembler à leur aspect.
Comme chefs de la plèbe, les tribuns exerçaient sur elle
un pouvoir judiciaire. Mais ils ne rendaient pas la
justice de la même manière que les consuls, ni en vertu
des mêmes lois. La singulière façon dont s'exerçait leur
autorité judiciaire est expliquée avec quelque clarté dans
ce passage d'Aulu-Gelle ' : Iribuni créât i non juri
dicundo (c'est-à-dire qu'ils n'étaient nullement les
organes du droit et ne pouvaient pas prononcer la loi),
nec causis querelisque de absentibus noscendis, sed
intercession ibus faciendis quibus praesentes essent, ut
injuria qitae corain /leret arceretur. Ils n'avaient donc
de pouvoir qu'à l'égard des actes qui se passaient en leur
présence, et des personnes qui étaient à portée de leur
main ou au moins de leur regard; aussi avaient-ils le
jus prehensionis et non pas \e jus rocalionis. Ce pou-
voir se bornait à une simple intercession (intercedere, se
placer entre), c'est-à-dire que, en présence d'une que-
relle entre un patricien et un plébéien, le tribun mettait
sa propre personne entre eux, et cela seul forçait le
patricien à lâcher prise. D'ailleurs, cette autorité s'exer-
çait plutôt sous la forme de protection que sous celle de
châtiment, auxilii non paenae jus datum ' ; entre
deux •:ommes, ils punissaient moins le coupable qu'ils
ne protégeaient l'innocent. Ils n'avaient d'ailleurs aucune
espèce d'autorité sur les patriciens, non jus esse in
quetnquam nisi in p/eheium. N'ayant pas Vimperium,
mais seulement Vauxilium, ils étaient mal armés pour
l'action et pour l'initiative, mais ils étaient très forts
comme obstacles. Ils n'avaient qu'à prononcer le mot
veto, et ce seul mot sorti de leur bouche empêchait
tout ; il empêchait le créancier de saisir son débiteur,
le magistrat de punir un coupable, le consul de lever
l'impôt ou de procéder à l'enrôlement. En résumé, ils
avaient une autorité fort bizarre par sa nature, fort
irrégulière dans l'application, mal définie, et qui, par
cela même, devait tendre à s'accroître.
Cette institution du tribunat de la plèbe modifia con-
sidérablement l'état poliliqueet social de la République.
Ce n'est pas qu'elle ait tout de suite changé l'ancienne
constitution. Il faut bien remarquer, au contraire, que le
tribunal restant en dehors des magistratures et n'étant
pas compté ofticiellement parmi les institutions légales
de la cité, la constitution patricienne restait intacte en
apparence. Il semble seulement qu'à côté de la cité gou-
Plut. Qiiaest. rom. 81
II, r:-.
T. Liv. m, ôo. — ^ A. Gell. XIII, 13. — 8 T. Liv
ROM
— 885 —
ROM
vernée par ses consuls, dirigéee par son Sénat,
obéissant à ses augures, il y avait un autre peuple qui se
trouvait avoir son organisation propre. La dualité de la
population romaine se trouvait ainsi plus marquée que
jamais. C'étaient deux peuples, qui, à la vérité, ne
faisaient quun à larmée et ijui avaient vi.s-à-vis de
l'étranger les mêmes intérêts et les mêmes passions,
mais qui, dans la vie civile, n'avaient rien de commun.
L'un obéissait à ses consuls et l'autre à ses tribuns.
Il semble qu'entre ces deux peuples diversement
organisés, la lutte aurait pu s'engager d'une façon vio-
lente et se manifester par des combats et des massacres,
comme cela se vit dans beaucoup de cités grecques. Il
n'en fut rien. Quand on regarde de près l'histoire
romaine en tenant compte de cette situation singulière
et des immenses dangers qu'elle présentait, on est
étonné, non pas qu'il y ait eu ces conflits que l'on
voit, mais que ces conflits n'aient pas été plus nombreux
et plus violents. C'est que la plèbe romaine, en ce temps-
là, n'était pas la foule grossière et misérable que nous
trouvons aux époques postérieures Elle était composée,
pour une bonne partie, de marchands et de spéculateurs.
Elle avait plus d'intérêt à faire la guerre aux étrangers,
pour conquérir des terres ou pour assurer ses relations
commerciales, qu'à faire la guerre au patriciat. .\utant
elle désirait obtenir les droits et les garanties qui étaient
nécessaires à son commerce et à ses spéculations, autant
elle sentait les profits de la paix intérieure et redoutait
les troubles civils. Cette classe d'hommes qui tenait la
tête de l'ordre plébéien et qui lui fournissait les tribims,
le dirigeait et le contenait plus souvent qu'elle ne l'exci-
tait. Elle paraît, du reste, s'être alliée de bonne heure à
une portion de l'ordre patricien, et cette combinaison
d'intérêts détermina la ligne dans laquelle Rome marcha
pendant deux siècles. D'une part, en effet, la plèbe ne
songea plus à se séparer et à faire peuple à part, mais
elle mit plutôt son ambition à se rapprocher de la cité et
à s'y introduire. D'autre part, le patriciat, ou du moins
une forte partie de cette caste, se résigna à accueillir la
plèbe, à faire tomber les barrières que les vieilles idées
religieuses et politiques avaient élevées entre la cité et
elle, à lui faire une place dans la société civile, à lui
communiquer enOn les lois, les droits et les institutions.
qui avaient été jusqu'alors la possession exclusive des
genCes. 11 est à noter que cette admission de la plèbe
dans la cité s'opéra graduellement, de manière à ne pas
briser l'ancien organisme social. La plèbe ne détruisit
aucun des rouages de la vieille constitution. .\u lieu
d'abolir les institutions patriciennes, elle les adopta, elle
les fit plébéiennes. Elle obtint d'abord d'avoir les lois
de la cité, et il fallut pour cela que les Décemvirs écri-
vissent un code qui fut aussi bien plébéien que patricien.
Ce fut un grave changement : la dualité cessa dans la vie
civile. En vain, ces législateurs avaient-ils décidé, par une
singulière contradiction, que les mariages seraient inter-
dits entre les deux ordres; il fallut bientôt lever celte
interdiction et l'on vit bientôt le sang patricien et le sang
plébéien se mêler. Peu à peu les familles riches de la
plèbe imitèrent le plus qu'elles purent les mœurs et les
habitudes privées du patriciat ; loin de détruire le régime
de la. gens qui leur avait été si longtemps contraire, elles
formèrent des génies à leur tour ; loin de combattre cette
religion patricienne qui les avait si longtemps honnies
et repoussées, elles l'adoptèrent et la copièrent de leur
mieux. Quand tout cela fut fait, il ne fut pas difficile aux
plébéiens d'acquérir l'égalité politique. Ici encore, leur
procédé fut le même. Ils ne mirent pas leurs efforts à
faire disparaître le Sénat, mais à s'y introduire. Ils ne
tentèrent pas de détruire la magistrature hostile du con-
sulat, mais à la prendre pour eux, au moins pour une
moitié. Ils ne supprimèrent jias les charges de censeur,
de préteur, d'édile curule ; mais, à leur tour, ils furent
censeurs et accomplirent avec la même solennité que les
vieux patriciens la cérémonie sainte du cens, ils furent
préteurs et comme tels ils prononcèrent le droit, ils
furent édiles curules et donnèrent des jeux sacrés.
Quand tout cela fut acquis, ils demandèrent le partage
des sacerdoces, au moins de ceux qui touchaient autant
aux intérêts politiques qu'à la religion, c'est-à-dire l'au-
gurât et le pontificat. Il fut décidé, l'an 300 av. J.-C, que
la moitié des pontifes et des augures seraient choisis
nécessairement parmi la plèbe. Des lors cette classe n'eut
plus rien à conquérir. Le plébéien fut réellement un
membre de la cité ; en droit, en politique, en religion,
il fut un citoyen complet. C'est sans doute à cette époque
que se fit un changement dont les historiens ne parlent
pas ; les plébéiens qui, dans les premiers siècles, n'avaient
certainement pas pu être comptés parmi les quirites,
c'est-à-dire parmi les membres des curies, y figurèrent
désormais, et nous voyons dorénavant le terme officiel
de quirite désigner également le patricien et le plébéien ;
preuve certaine qu'il n'y avait plus dans Rome qu'un
seul peuple.
V. Deuxième constitution re'pub/irninf. — L'intro-
duction définitive des plébéiens dans la cité avait trans-
formé l'état social delà population romaine. Les vieilles
formes avaient seules subsisté ; du vieux régime de la
gens, il ne restait plus que des mots, des rites, et quel-
ques prescriptions dans le droit. Le patriciat n'était plus
qu'un titre, quelquefois plus nuisible qu'utile. La clien-
tèle avait changé de sens. .\ ce nouvel état social de la
population romaine, correspondit naturellement une
nouvelle constitution politique.
La forme républicaine subsista dans cette seconde
époque, et le gouvernement se composa, comme par le
passé, de trois éléments: 1° des magistrats; 2° des
assemblées populaires; 3° d'un Sénat. Seulement, ces
trois éléments n'étaient plus de même nature ni de
même composition qu'auparavant. Les magistratures
étaient beaucoup plus nombreuses, soit que le gouver-
nement, devenu plus difficile et plus compliqué, exigeât
qu'un plus grand nombre d'hommes y mit la main, soit
qu'on eût voulu diminuer l'autorité trop forte des ma-
gistratures en les multipliant. Le consulat restait consti-
tué en apparence comme dans l'époque précédente. 11
est vrai qu'on en avait détaché la censure, la préture et
l'édilité curule ; mais on lui avait laissé de grandes attri-
butions administratives, judiciaires et militaires. II
passait encore pour la magistrature suprême, et Cicéron
pouvait dire encore qu il était l'âme de la République '.
Il est certain qu'aucune règle précise ne gênait les con-
suls, qu'aucune loi formelle ne les liait, que leurs déci-
sions étaient sans appel, et qu'ils avaient tous les dehors
de l'omnipotence. On reconnaît cependant à certains
1 Pro Muren. 35.
ROM
886
ROM
délails de l'hisloire de cette époque iju^ils n'exemiienl
plus un pouvoir aussi absolu qu'auparavant. La notion
de l'aulorité s'était alFaiblie dans les esprits. La faiblesse
des consuls ressort surtout de ce fait qu'ils n'alternaient
plus entre eux aussi réellement que par le passé; ils se
pas.saient bien encore les faisceaux et les insignes de
mois en mois ; mais ils gardaient l'autorité tous les deux
à la fois, et, soit par l'apprl/alio, soit par Vobnunliatio,
ils se faisaient échec l'un à l'autre. La fonction principale
(ltii_aiaiCiirs était d'accomplir la cérémonie du cens ou
/us/ralio, cérémonie fort importante en religion, parce
qu'elle mettait la cité en règle avec les dieux, et fort
importante aussi en politique, parce qu'elle fixait les
rangs dans la population. Les censeurs déterminaient
(|ui serait sénateur ou chevalier, qui serait dans les clas-
ses ou au-dessous des classes ; ils donnaient à chacun sa
valeur et sa place dans l'État. En les créant, on n'avait
peut-être pas songé là leur donner la surveillance des
mœurs et de la vie privée ; mais cette surveillance leur
échut naturellement, et leur autorité morale trouva sa
sanction dans le rang qu'ils assignèrent à chacun. Les
préleurs avaient la puissance judiciaire concurremment
avec les consuls ou à leur place. Ils prononcèrent le droit
(jus dicere), tandis que des judices ou des arbitri,
désignés la plupart du temps par eux, étaient les juges
du fait. Il n'y eut d'abord qu'un préteur ; on en créa plus
tard un second pour juger les procès oîi un étranger se
trouvait engagé. Le nombre des préteurs fut augmenté
ensuite, mais plus encore pour le besoin de l'admini-
stration des provinces que pour ceux de la justice dans la
cité. Après ces magistrats venaient les questeurs chargés
de l'administration financière, et les édiles curules char-
gés surtout d'accomplir à leurs frais les jeux sacrés. On
voit que dans cette nouvelle constitution le nombre des
magistrats, sans être aussi grand que dans quelques cités
grecques, était assez considérable pour que l'autorité de
chacun d'eux fût nécessairement restreinte. Car il n'y
avait entre eux qu'une hiérarchie purement fictive, et ils
étaient absolument indépendants les uns des autres. Les
lois ne fixaient même pas avec netteté les pouvoirs de
chacun d'eux; elles laissaient planer sur tous une sorte
d'incertitude et de vague qui était souvent une cause de
conflits et toujours une cause de faiblesse.
A Rome, comme dans toutes les villes grecques et ita-
liennes, le principe de la souveraineté du peuple était
universellement admis ; la cité n'était pas réputée une
agglomération sujette, mais une individualité maîtresse.
La cité se réunissait donc en assemblées publiques, et
c'étaient ces assemblées qui, du moins en théorie, déci-
daient souverainement de tout ce qui intéressait la
communauté. Mais de même que nous avons vu la cité
changer de nature, de même les comices s'étaient trans-
formés. Aujiiljjiècl^e avant notre ère, il y avait à Rome
simultanément trois sortes d'assemblées du peuple : sin-
gularité bizarre et qui semblerait un vice de constitution ;
il est bien certain que ce n'était pas l'effet d'un habile
calcul que ces trois assemblées fonctionnant à la fois ;
mais elles avaient été établies successivement, et l'on
peut dire qu'elles représentaient les trois âges par les-
quels la cité avait déjà passé. Les comicescuriates étaient
l'image d'un lempsoùla cité n'avait été que la confédéra-
tion des fjentes ; les comices centuriates figuraient
l'époque oii les plébéiens n'étant encore admis que dans
l'armée, les plus riches d'entre eux étaient du moins
consultés sur une partie des affaires communes ; les
assemblées dataient du jour oii la plèbe entière avait
commencé à former un corps politique. Les Romains qui
avaient un grand respect pour le passé, et qui, même en
fondant du nouveau, avaient du scrupule à détruire ce
qui était ancien, laissaient subsister concurremment ces
trois sortes d'assemblées fort différentes par leur compo-
sition et par leur esprit. Si elles ne se nuisaient pas l'une
à l'autre, c'est que dans la pratique elles n'avaient pas
toutes les trois une égale valeur. Les comices curigies
n'avaient plus d'autres attributions que de nommer cer-
tains prêtres, d'autoriser les testaments ou les adoptioris,
de confirmer l'élection des magistrats, et enfin de revêtir
les décisions publiques de cette sorte de caractère sacré
qui en faisait des lois. En réalité, ils n'avaient ni l'exa-
men des questions ni le droit de les discuter, ni l'initia-
tive ni le rejet. Leur réunion était si bien devenue une
pure formalité qu'on en vint à ce que les trente curies
ne fussent plus représentées que par leurs trente appari-
teurs. L'assemblée centuriate élisait les magistrats. Du
reste, le système d'élection n'était plus le même que dans
l'époque précédente. Il est bien vrai que l'on continuait
à observer les anciennes formes, qu'un consul ou un
interroi prenait encore les auspices, qu'il présidait l'as-
semblée et qu'il lui désignait les candidats agréés des
dieux, comme dans l'âge où dominait le patriciat. Mais
ces vieux rites cachaient une nouvelle manière de procé-
der ; en effet, toute l'histoire de ce temps-là montre clai-
rement que le président était tenu de faire voter sur tous
les candidats qui se présentaient; il n'exerçait plus son
ancien droit d'élimination, ou ne l'exerçait que dans des
cas fort rares et avec de très grandes précautions. De fait,
on continuait à prendre les auspices sur les candidats,
mais à la condition que les auspices seraient également
favorables à tous, et qu'ils laisseraient le peuple maître
absolu de choisir ses candidats préférés. Les assemblées
par tribus, établies tumultuairement au v'' siècle,
n'avaient eu d'abord aucune autorité légale et n'avaient
pas été considérées comme de vrais comices. Elles devin-
rent pourtant peu à peu des assemblées régulières et le
nom même de comices leur fut quelquefois donné. Elles
élisaient les tribuns et quelques fonctionnaires d'ordre
inférieur. Elles prononçaient des arrêts, et condamnaient
même à Texil ou à la mort. Leurs sentences n'avaient
peut-être aucune valeur légale, mais comme expression
de la volonté du plus grand nombre, il fallait en faire
cas et s'y soumettre. Les plébiscites étaient les décisions
prises par la plèbe dans ces assemblées ; dans les âges
précédents, il n'était certes venu à l'esprit de personne que
ces décisions de la plèbe pussent être des lois delà cité,
et l'on ne songea pas à leur attribuer un caractère obli-
gatoire. Un temps vint où ces assemblées prirent tant
d'empire que leurs arrêts s'imposèrent avec plus de force
que celles des comices curiates eux-mêmes ; il fallut alors
leur accorder force de lois. La loi Valeria-Horatia, au
IV'' siècle, établit que les plébiscites devraient être res-
pectés par le patricien aussi bien que par le plébéien;
puis la loi Hortensia ajouta qu'ils vaudraient autant que
des lois. Par là, la puissance législative qui avait appar-
tenu d'abord aux seuls comices par curies, passa à l'as-
semblée par tribus qui devint ainsi l'assemblée véritable-
ment souveraine et maîtresse.
I
I
4
ROiM
887 —
ROM
Aucune des révolutions de la sociélé romaine ne
supprima le Sénat; mais chacune d'elles donna à ce corps
une face nouvelle. Le Sénat du m' siècle ne res-
semblait plus que par le nom et les dehors au Sénat
du v^ Sa composition n'était plus la même. On ne
saurait dire au juste si les chefs des anciennes pentes, les
\'VA\s palre!^ des vieux temps, continuaient à y siéger par
droit héréditaire; cela est possible et même assez pro-
bable; mais le nombre des gentes ayant été réduit par
des extinctions, et le nombre des sénateurs ayant été, au
contraire, augmenté, nous devons croire que cette caté-
gorie des patfes de vieille roche ne formait plus qu'une
faible minorité; les conscripti étaient assurément plus
nombreux de beaucoup. D'ailleurs, le changement le plus
grave consistait en ce que les sénateurs conscripti
n'étaient plus choisis exclusivement parmi les patriciens:
les plébéiens étaient nombreux sur les sièges du Sénat.
11 y a même une remarque à faire, c'est que, dans les
récils que les historiens nous ont laissés des délibérations
de ce corps au iV et au m' siècle, nous ne voyons
jamais apparaître le vieil antagonisme entre patri-
ciens et plébéiens ; les deux ordres semblent s'être
parfaitement fondus dans le Sénat; la diversité des opi-
nions qui s'y produisent ne tient plus à la distinction
native des deux castes. Aucune loi formelle à cette épo-
que n'impose de conditions de naissance pour entrer au
Sénat; est sénateur quiconque a obtenu du peuple
l'élection à une magistrature curule ou quiconque a paru
au censeur digne d'être inscrit sur la liste.
Telle fut la seconde constitution républicaine de Home.
A n'en regarder que la lettre, à ne songer qu'aux lois
qui la composent, elle paraît tout à fait démocratique.
C'est le peuple qui est souverain ; et ce peuple n'est plus,
comme autrefois, une réunion de citoyens privilégiés, il
est la foule elle-même. C'est le nombre qui décide de
toutes choses; c'est le nombre qui fait la loi. Tous les
magistrats sont électifs, et tous sont responsables. Le
Sénat même, à ne regarder que les apparences, n'est
qu'une émanation du peuple qui paraît en nommer lui-
même les membres, puisque le Sénat se compose de tous
ceux que le peuple a élus aux magistratures curules.
Cependant, si l'on regarde les faits de l'histoire et les
mrpurs, on s'aperçoit bientôt que Rome, avec des lois
très démocratiques, avait alors un gouvernement tout à
fait aristocratique. D'abord les assemblées populaires
par tribus avaient à côté d'elles, comme obstacle ou
comme contrepoids, les comices centuriates qui avaient
encore des attributions régulières, et dans lesquels les
classes riches ou aisées avaient la prépondérance. i*uis
l'assemblée par tribus elle-même n'était pas aussi démo-
cratique qu'elle le paraissait, car les voix s'y comptaient,
non par hommes, mais par tribus ; or, sur trente-cinq
tribus, il n'y en avait que quatre où fussent compris les
prolétaires; toutes les autres se composaient des hommes
de la campagne, de telle sorte que la classe des posses-
seurs fonciers ayant trente et une voix sur trente-cinq
était absolument maîtresse dans ces assemblées. Les
magistrats, d'après la lettre de la constitution, devaient
ètrechoisis delà manière la plus démocratique; ni la plus
basse naissance, ni la dernière misère n'était, aux yeux
de la loi, un motif d'exclusion. Mais le suffrage universel
coûtait fort cher à mettre en branle, et il fallait avoir une
fortune entière à. sacrifier pour faire les frais d'une can-
didature. Ajoutez à cela qu'on commençait ordinairement
la série des magistratures par l'édilité curule et que les
fêtes à donner au peuple devaient être fort coûteuses.
Tous les magistrats sortaient donc nécessairement de la
classe la plus riche. Même les tribuns de la plèbe, à cette
époque, n'étaient plus les chefs d'une démocratie. Ils
appartenaient presque tous à de grandes et riches familles.
Le tribunat, loin d'être comme autrefois une magistra-
ture rivale et ennemie du consulat, était le marchepied
par lequel on y arrivait. Les tribuns siégeaient au Sénat;
beaucoup étaient fils de sénateurs : ils avaient les intérêts
et l'esprit de ce corps. Il faut se représenter les tribuns
de celte époque bien moins comme des chefs d'opposition
que comme des membres du gouvernement. Aussi voit-on
rarement, pendant cette époque, les tribuns faire acte de
démocrates, ou, s'il arrive qu'un tribun engage quelque
lutte avec le Sénat, il est bien vite arrêté par le veto de
ses propres collègues. Le tribunat est une magistrature
qui conserve un nom et des apparences révolutionnaires,
mais qui n'en est pas moins un des rouages du gouver-
nement aristocratique.
Quant au Sénat de celte époque, il est composé de per-
sonnages qui ont été assez riches pour se faire élire pré-
teurs ou consuls; la pauvreté n'y peut pas pénétrer. Le
Sénat romain est donc l'assemblée des plus riches. Il est
vrai que la lettre de la constitution interdit au Sénat d'être
un obstacle aux désirs de la démocratie ; car non seule-
ment il n'a plus seul l'initiative des lois, non seulement
l'ancien droit d'auctoritas s'est transformé de telle sorte
que le mot lui-même ait changé de sens et qu'au lieu
d'initiative, il signifie désormais la'simple confirmation,
mais encore une loi du m' siècle oblige le Sénat à donner
cette confirmation à l'avance à toutes les lois qui seront
votées par les tribus. Ainsi le Sénat n'a plus aucune arme
contre la démocratie, si la démocratie veut faire des lois.
Peut-il du moins, lui aussi, légiférer? Nullement, car la
constitution dit qu'un sénatus-consulte n'a pas force de
loi et n'a rien d'obligatoire. Et cependant si l'on regarde
l'histoire, on voit que les lois qui ont été faites depuis la
première guerre punique jusqu'au temps des Gracques
présentent un caractère aristocratique et sont favorables
à la classe riche et au Sénat lui-même ainsi qu'aux che-
valiers. Il y a donc un désaccord complet entre la lettre
de la constitution et la manière dont cette constitution
est mise en pratique. D'après les lois, le Sénat n'est rien
qu'une sorte de conseil d'État chargé d'examiner les
questions que le vrai souverain, c'est-à-dire le peuple,
résoudra. Dans la réalité, le Sénat fait tout et peut tout.
Il tient les magistrats dans sa main. Il a sur les consuls
et les dictateurs l'énorme avantage d'être un corps per-
manent et pour ainsi dire immortel, tandis que le consul
et le dictateur n'ont le pouvoir que pour quelques mois.
Le magistrat qui sort du Sénat et qui doit bientôt y
rentrer comme simple membre, ne peut guère avoir
d'autres intérêts que ce corps, et il ne lui vient guère à
l'esprit d'entrer en lutte avec lui. Cette constitution si
compliquée, ces magistratures si nombreuses et si indé-
pendantes les unes des autres, ces pouvoirs si mal déli-
mités, tout autorise le Sénat à intervenir presque quoti-
diennement. Le Sénat a d'ailleurs quelque chose qui
donne toujours une grande autorité morale ; c'est lui qui
examine toutes les questions; les assemblées du peuple
votent sans débat, décident sans discussion ; c'est le Sénat
ROM
— 888 —
ROM
seul qui délibèro. Les comices sont la volonté; le Sénat
est la réilexion. De là son inlluence incontestée: on sait
qu'il a la sagesse, la tradition, l'expérience politique, les
secrets de ladniinistration et ceux de la diplomatie. La
foule est pour lui pleine de respect et de soumission. Il
est le pouvoir dirigeant, et plus la marche du gouver-
nement devient difficile et compliquée, plus granditl'im-
porlance du Sénat. Subordonné légalement aux comices
et même aux magistrats, il domine, en réalité, les uns et les
autres. Il s'est réservé, d'ailleurs, l'administration finan-
cière sans laquelle les magistrats ne peuvent rien et qui
les fait tous dépendre de lui. Il se charge aussi de la poli-
tique extérieure, et il s'identifie ainsi avec les intérêts et
la gloire de l'État. C'est lui qui reçoit les ambassadeurs
étrangers et qui envoie les légations au dehors ; c'est lui
qu'implorent les rois et les peuples. Il règle le gouverne-
ment des provinces, distribue les légions, donne les com-
mandements et en prolonge ou en restreint la durée. Il
décide même presque toujours de la paix et de la guerre,
les comices n'ayant ensuite à voter que sur les faits accom-
plis. En un mot, c'est le peuple qui est souverain en droit
et en théorie, mais c'est le Sénat qui dirige ; le peuple
règne et le Sénat gouverne.
Ce Sénat n'est pas seulement un corps, il est une
noblesse; il est composé de familles qui ont exercé les
charges curules et qui restent en possession de les
exercer à tour de rôle. La corporation est parfaitement
unie en ce qui touche les intérêts de ses membres; le
Sénat, qui dirige les élections, pousse aux magistratures
les fils de sénateurs, qui deviennent ainsi sénateurs à
leur tour. C'est une sorte de roulement. Ainsi le Sénat,
électif en apparence, est réellement héréditaire ; il admet
pourtant de temps à autre des hommes nouveaux, mais à
condition qu'ils soient riches, et que leur entrée dans la
corporation lui apporte une force de plus, .\u-dessous du
Sénat est une autre classe, celles des chevaliers. C'est
encore une aristocratie. Les chevaliers, comme les séna-
teurs, sont des hommes riches ; ils forment corps entre
eux et sont comme une grande compagnie qui prend
à ferme la perception des impôts, l'exécution des travaux
publics, et l'exploitation des terres de l'État, ager publi-
cus, vaste domaine qui comprend un tiers du monde
conquis. Cette classe a une influence indirecte sur le gou-
vernement de Rome, car l'État ne peut pas se passer des
capitaux dont elle dispose, et la marche du gouvernement
s'arrêterait si l'argent de l'ordre équestre cessait de cir-
culer. Ce sont donc ces deux classes seules qui dirigent les
destinées de la cité romaine. La foule, la plèbe, est trop
pauvre et trop corrompue pour avoir quelque influence.
Il est vrai qu'elle a son droit de suffrage, mais elle ne s'en
sert guère que pour le vendre ; elle vit de ses votes et de
la sportule des riches ^sportil.^i].
Ce fut sous l'empire de cette constitution que Rome
vécut depuis le iv' siècle jusqu'au temps de César.
11 n'est pas hors de propos de remarquer quel lien
étroit il y eutentre cette constitution politique et l'histoire
de la grandeur romaine. Celte double aristocratie, celle
des sénateurs et celle des chevaliers, avait le même
intérêt à faire des conquêtes; car les conquêtes étaient
une .source de richesse. Ce fut donc sous la direction de
celte aristocratie que Rome conquit le monde. El à mesure
qu'elle le conquérait, cette même aristocratie l'exploita
avec une entente et une habileté qui égalaient sou avi-
dité. Les sénateurs l'exploitèrent par le gouvernement
lucratif des provinces; les chevaliers l'exploitèrent par
la mise en ferme des terres publiques et des impôts ; les
uns et les autres firent couler jusqu'au peuple quelque
chose de leur richesse par la sportule et par l'achat des
magistratures.
VI. Constitution iiiipéria/e. — Les abus du gouverne-
ment républicain étaient visibles. Reposant uniquement
sur la richesse et donnant tout à la classe riche, il créait
une inégalité toujours grandissante, avec peu de profit
d'ailleurs pour la liberté. Aussi ne manqua-l-il pas d'être
attaqué. On se tromperait pourtant si l'on croyait que ce
fut la plèbe qui s'insurgea contre lui. En effet, l'expé-
rience tentée par les Gracques montra clairement que,
si quelques hommes honnêtes s'élevaient contre l'esprit
de cette constitution et voulaient relever la démocratie
par le travail et la propriété, la plèbe refusait de suivre
ceux qui se disaient ses chefs. Elle ne fit rien pour sor-
tir de cette sorte de servage dont sa paresse et ses vices
s'accommodaient bien, et ce ne fut pas elle qui renversa la
domination de l'aristocratie. .Mais cette aristocratie fut
frappée et combattue de deux manières. D'une part, étant
composée de deux classes, elle s'affaiblit par des luttes
intestines; les sénateurs et les chevaliers, après avoir
été étroitement unis jusque vers le temps des Gracques,
n'eurent plus entre eux autant d'accord qu'il leur en
aurait fallu ; ils se disputèrent sur le partage des jouis-
sances de la domination. D'autre part, les peuples con-
quis ne se résignèrent pas à être exploités et pressurés
par le gouvernement de Rome. Nous ne savons pas par
des documents assez précis sous quelle forme les
attaques des provinciaux se firent jour ; du moins, des
témoignages nombreux montrent que le mécontentement
était universel ; or, ce mécontentement usa bien vite le
prestige et la force du Sénat. On ne peut d'ailleurs
s'empêcher de remarquer combien cette constitution
républicaine et aristocratique était fragile. Elle ne
reposait ni sur la force du nombre, puisqu'elle était
aristocratique, ni sur des textes formels de lois,
puisque les lois étaient absolument égalitaires. Elle
ne s'appuyait sur aucune base solide. Elle avait contre
elle ses propres lois. Démocratique en théorie, aristo-
cratique dans l'application, elle était un perpétuel
mensonge. Elle ne se soutenait que par des prodiges
d'habileté- des hautes classes. Le premier ambitieux
venu qui pouvait avoir un intérêt personnel à renver-
ser ce régime, avait beau jeu. Il ne lui était pas
difficile d'en montrer les vices et la faiblesse, de prouver
que le Sénat n'avait aucun droit à gouverner, et qu'il
gouvernait mal. Quant à réclamer le renversement des
lois, cela ne devait pas choquer beaucoup au milieu d'un
régime qui était lui-même une violation permanente des
lois. Quiconque eut la force militaire dans les mains,
essaya de détruire celte constitution, Marius d'abord,
puis Sylla, puis Catilina avec les anciens soldats de
Sylla, ensuite Pompée, César, .\ntoine. Octave. Des cir-
constances fortuites firent vivre la République soixante
ans de plus qu'elle ne semblait avoir à vivre, et il faut
s'étonner, non pas qu'elle ail été renversée par César et
Octave, mais qu'elle ail pu vivre jusqu'à eux. La consti-
tution nouvelle qui remplaça le régime républicain ne
fut d'ailleurs établie que sous Auguste.
La constitution impériale fut comme une suite nalu-
4
ROM
889
ROM
relie de la conslilulion républicaine; elle n'eut pas
besoin de la détruire et ne parut d'abord rien changer.
On peut, d'ailleurs, remarquer dans l'histoire du peuph'
romain que ses différentes constitutions naquirent tou-
jours les unes des autres et qu'aucune d'elles ne
s'annonça comme rompant brusijuement avec le passé.
La République avait conservé, autant qu'elle avait pu, les
dehors de l'ancienne royauté ; l'Empire garda longtemps
tous les dehors de la République. On a supposé que
c'était là l'effet d'un calcul habile ou d'un véritable
mensonge de la part des premiers empereurs. C'était
plutôt l'effet naturel de cette loi qui s'impose d'ordinaiie
aux esprits et aux sociétés et qui leur défend de procé-
der par bonds et par soubresauts. Les idées, même chez
les empereurs, ne se transformèrent pas instantanément,
et les habitudes du régime républicain s'imposèrent à
eux. Aussi voit-on qu'en exerçant la puissance absolue,
ils ne conçurent cependant pas tout de suite les principes
de l'absolutisme et ne songèrent pas à l'ériger en instilu-
tionj Les fondateurs de l'Empire ne formulèrent aucun
principe nouveau de gouvernement et n'imaginèrent
presque aucune forme nouvelle. Mais, de même que,
dans l'époque précédente, l'aristocratie avait pu dominer
avec tous les rouages de la démocratie, ils purent gou-
verner avec les rouages d'un régime de liberté. C'est avec
les idées et les institutions de Rome républicaine qu'ils
furent les maîtres. En effet, si l'on cherche quel fut le
principe et pour ainsi dire la base théorique du gou-
vernement, on trouve que ce fut uniquement l'idée de
la souveraineté du peuple. Ce principe était admis et pro-
clamé parles jurisconsultes eux-mêmes, c'est-à dire par
ce qu'il y avait de plus dévoué au pouvoir impérial. Si
l'Empereur pouvait tout, c'était, disaient encore Gains et
Ulpien, parce que le peuple lui conférait et mettait en
lui toute sa propre puissance. La cité ou la république
que la langue officielle appelait encore respublica ou
populus, continuait donc à posséder seule la souverai-
neté; seulement il la déléguait au prince. Il y avait
cette unique différence entre Rome impériale et Rome
républicaine qu'au lieu de déléguer cette souveraineté à
plusieurs magistrats à la fois, le peuple la déléguait au
prince seul. Les consuls et les préteurs ne cessèrent pas
d'exister ; mais ils cessèrent d'avoir Vimperiiim ; et le
prince seul, revêtu de cette puissance, porta seul aussi
dorénavant le titre d'impernlor.
Cette délégation de l'autorité n'était pas, comme on
pourrait le croire, une simple fiction. Elle s'opérait réel-
lement et formellement par la /ex regia ou lex imperii .
Il ne faudrait même pas supposer que cette délégation
de la souveraineté populaire ait été faite une fois pour
toutes, au début de l'ère impériale, pour tout l'avenir et
au profit de toutes les générations successives d'une
famille. Elle ne fut faite que pour dix ans; Auguste dut
la faire renouveler trois fois ' ; les princes qui lui succé-
dèrent durent obtenir cette délégation au premier jour
de leur règne et la faire renouveler à l'expiration de
chaque période décennale dans une cérémonie que l'on
appelait sacrn décennal io. La lex imperii n'était donc
pas une constitution permanente. Elle était une sorte de
contrat essentiellement temporaire, qui était conclu non
pas entre un peuple et une famille, mais entre un peuple
et un homme seulement. C'estce qui explique que l\|i puis-
sance impériale pendant les trois premiers siècles ne
vm.
fut pas réputée héréditaire en droit. Aucune loi de suc-
cession ne put être établie par cette simple raison que,
dans les idées des hommes, l'autorité restait toujours
élective et toujours au choix du peuple. S'il y avait
adoption, c'est-à-dire si un empereur présentait son suc-
cesseur, encore fallait-il que ce successeur fût agréé et
que la lex regia fût faite en sa faveur par qui de droit.
Il est bien vrai que le peuple ou la république n'était
plus représentée que par le Sénat, corps impuissant
dont les empereurs étaient absolument les maîtres.
C'était ce Sénat qui chaque, fois, rédigeait la /e.c, c'est-à-
dire dressait le contrat entre les gouvernés et les gou-
vernants. Ce contrai était nécessairement à l'avantage
des derniers ; si quelque réserve avait été faite pour la
liberté, cette réserve eût été tout à fait sans garantie. On
conçoit donc que ce contrat ne fut bientôt qu'une pure
formalité, une sorte de fiction ou de mensonge comme
ceux que nous avons déjà vus dans les constitutions des
âges antérieurs. Il n'en est pas moins vrai qu'il était la
seule ressource reconnue de l'autorité et le seul prin-
cipe qui la rendît légitime aux yeux de cette partie des
sujets qui raisonnait. Il est assez singulier que le pou-
voir le plus absolu qui fut jamais se soit ainsi appuyé
sur un principe toutrépublicain. Il est curieux aussi que
celle manière de concevoir le pouvoir impérial ait pu
subsister dans les esprits en dépit des guerres civiles,
des abus de la force et des fréquentes usurpations. On
voit encore un contemporain de Justinien définir ainsi
l'empereur: Pi'inceps est qui civium suorum suff'ragio
elertus eminenlem super altos furtunam sortitus est''.
Ces idées n'affaiblissaient, d'ailleurs, en rien l'autorité
impériale ; la théorie de la souveraineté primordiale de
la nation n'était nullement un obstacle au développe-
ment de la puissance monarchique, et ne garantissait
en aucune façon la liberté.
Telle était l'essence et pour ainsi dire la théorie de la
constitution impériale; voici maintenant comment elle
était appliquée. Dans la praticiue, l'empereur était l'héri-
tier de toutes les anciennes magistratures républicaines,
de toutes celles du moins qui donnaient une puissance
réelle. Comme censeur ou maître des mœurs [magister
owpraefectus morum), il nommaitàsongré les sénateurs
et pouvait expulser du Sénat; il nommait les chevaliers
et pouvait chasser de l'ordre équestre ; il donnait ou
ôlait le droit de cilé ; il assignait enfin à chacun son
rang, sa considération, ses droits politiques etmême ses
droits civils. Comme tribun du peuple, il avait deux
prérogatives inappréciables : d'abord, il était absolu-
ment inviolable et pouvait frapper de mort comme sacri-
lège quiconque portait atteinte à sa personne; ensuite,
il pouvait par son veto annuler les actes ou arrêter les
projets du Sénat, du peuple, ou des magistrats, s'il se
trouvait que ces actes ou ces projets fussent contraires à
son intérêt. Comme souverain pontifc\ il avait dans ses
mains la religion et toute l'iiitluence que la religion et
les auspices exerçaient encore sur la grande majorité
des hommes, dans la vie privée et dans la vie publique ;
il nommait les prêtres et les surveillait ; il fixait les
croyances officielles, les cérémonies et les fêtes, toutes
choses qui tenaient une grande place dans l'existence un
peu vide des hommes de ce temps-là. Étant revêtu de la
Dio. Cass. liï. LUI. — ^Lydus, Z;emajis//. édil. Ilan. 1, 15
11-2
ROM
— 890
ROM
puissanco roiisulairç' \ /n)/i'.i/as i'on>:u/iiris\ il poiivail
juger sansappi'l. convcxiiicr \e Sénat, lidicler dos arrêts,
recevoir les ainliassadeurs étrangers II n'avail pas
besoin d'èlre consul; le consulat, duquel la puissance
consulaire avait été détachée comme nous venons de le
dire, n'était plus (]u"un litre, el le prince le rehaussait
en consentant à s'en revêtir quelquefois. Les consuls
avaient, du reste, le premier rang dans les céri-monies où
le prince ne figurait pas; ils portaient, comme autrefois,
la traitée et s'asseyaient sur la chaise curtile; ils conti-
nuaient à donner leur nom à l'année. Ces prérogatives
purement honorifi(iues semblaient encore assez considé-
rables pour ((ue l'empereur tinta nommer lui-mêm(! les
consuls. Quant aux préleurs, ils ne jugeaient plus qu'en
première instance; même il arriva peu à peu que leur
pouvoir judiciaire disparut et qu'ils n'eurent plus d'autre
fonction que celle de donner des fêtes et des jeux au
peuple à leurs fi'ais; leur nomination était laissée au
Sénat, l'empereur ayant d'ailleurs le droit de recom-
mander ses candidats préférés. Ainsi toutes les magis-
tratures importantes de l'ancienne République étaient
entre les mains du prince, en sorte que la souveraineté
populaire ne put s'exercer que par lui. La Républi(|ue
subsistait encore de nom, el le popii/a.s ou corps poli-
li(|ue restait encore la puissance suprême, planant théo-
riquement au-dessus de l'empereur. Mais ce /topu/nii ne
se réunissait plus dans ses comices, à partir de Tibère,
et n'avait aucun moyen de manifester une volonté. Le
Sénat ne fut pas supprimé ; il parut même agrandi, puis-
qTi'il parut liériter des anciennes attributions des
comices, comitin e campo ad patres Iranshtla xuntK
Il avait conservé d'ailleurs ses anciennes attributions ;
il Jugeait les grands procès, les crimes capitaux ; il rece-
vait solennellement les ambassadeurs des nations et des
rois étrangers ; il discutailla plupart des affaires ; on y
parlait, on y votait comme autrefois. Seulement, ce
Sénat était nommé par l'empereur et était à sa discrétion.
L'empereur avait, à titre de princeps, le privilège de
donner son avis le premier, c'esl-à-diro d'indiquer dans
quel sens il fallait voter. Il avait de plus, parle jus rcla-
/J07u's, l'initiative ou le droit de faire toutes les proposi-
tions qu'il lui plaisait. Enfin toute décision du Sénat
devait être soumise à son approbation. En sorte qu'il
pouvait tout sur le Sénat et que le Sénat ne pouvait rien
sans lui. Mais la force principale des empereurs leur
venait de leur autorité militaire : c'était là, sans contre-
dit, le plus considérable de leurs pouvoirs et celui (|ui
servait d'appui à tous les autres. Avec le titre d'iwprra-
tor, ils disposaient de toutes les forces militaires de
rÉtal,elilsélaient les maîtres de la population désarmée.
Par eux l'armée fut transformée de deux façons ; <i'abord.
elle devint permanente ; eiyiuite, elle cessa d'êlre l'armée
de l'État pour être exclusivement l'armée du prince. Elle
lui obéit d'une manière toute personnelle; c'était à lui
qu'elle prêtait sermentde fidélité ; c'était lui qui la r( cru-
tait, qui nommait aux grades, qui donnait la solde el la
retraite. Dans toutes les guerres, il avait ce qu'on appe-
lait les auspices, c'est-à-dire le commandement suprême
et la haute direction ; après toute victoire, c'était lui qui
avait les honneurs du triomphe. Comme chef de l'armée,
il avait le droit de paix el de guerre. Le gouvernement
des provinces lui appartenait II est vrai que dans les
premiers temps on les avait partagées en provinces im-
périales el provinces s('ualoriales, mais on avait eu soin
décompter dans la première catégorie toutes celles où il
se trouvait des armées; d'ailleurs l'empereur avait l'au-
torité proconsulaire même dans les provinces sénatoriales
el exerçait ainsi sur elles un droit de surveillance. D'ail-
leurs, cette distinction ne tarda pas à être supprimée, et
l'empereur possédant toutes les provinces et disposant
des revenus el des forces qu'elles donnaient, s'imposa à
la cité romaine comme un inailre tout puissant. Dans
chaque province, il avait une autorité absolument sans
limites, comme *les anciens proconsuls; il jugeait, il
administrait, il percevait les impôts. Contre lui les pro-
vinces n'avaient, ni en droit, ni en fait, aucune garantie.
En tout cela, l'empereur était l'héritier de l'ancienne
République et gardait toutes les formes du gouvernement
républicain. Toutefois, dès l'origine même de l'Empir^,
oil_\oil germer tout un autre ordre d'instilutions_çiui peu
à peu vinrent au jour el grandirent, .\uguste établit à
côté du Sénat le consistorium. conseil peu nombreux,
absolument au choix du prince, et qui avait quelque
analogie avec le conseil d'Étal de l'ancienne monarchie
française. Il n'avait pas, comme le Sénat, une valeur par
lui-même, et ne pouvait pas même concevoir la pensée
de l'indépendance; instrument du pouvoir et n'existant
que par la volonté du prince, il l'éclairait el préparait ses
actes. )"Ce _consi_stoire. qui répondait bien à l'esprit du
régime monarcliique et à ses besoins, prit bien vite une
grande importance. Le Sénat fut peu à peu annulé; ce
fut le consistoire qui décida dans toutes les affaires ayant
quelque gravité. Le Sénat qu'il rendait inutile ne resta
debout que comme un brillant décor, jusqu'au jour où
l'empereur Léon le supprima en donnant pour motif
qu'il ne servait à rien ^, et cette vieille institution, si
longtemps respectée, disparut ainsi sans qu'on ■ s'en
apercùt.'A-En même temps que le consistoire se plaçait à
côté du Sénat et l'eiraçait, il se fondait aussi peu à peu
une administration impériale à côté ou au-dessus des
anciennes magistratures républicaines. Les premiers
empereurs, forcés de déléguer l'exercice de leur immense
autorité, nommèrent un préfet de la ville chargé d'y
maintenir l'ordre, des p£éJjMsjlu._£rélo|re qui n'étaient à
l'origine que les chefs des cohortes prétoriennes, des
procurateurs chargés de gouverner les provinces, et
enfin une foule de fonctionnaires subalternes répartis
dans tout l'Empire. Il se forma ainsi peu à peu un per-
sonnel administratif fort différent de l'ancien personnel
des magistrats républicains. Au lieu d'être élus par des
assemblées, les fonctionnaires de tout ordre furent
nommés par le prince ; au lieu d'avoir caractère de magis-
trats, ils furent des agents; au lieu d'être tous indépen-
dants, ils furent placés hiérarchiquement les uns au-
dessous des autres, et tous furent surveillés et respon-
sables; au lieu d'être des maîtres, ils furent les premiers
sujets d'un maître, el leur première qualité dut être
l'obéissance. Ce nouveau corps d'administrateurs, qui
était, en tout, l'opposé des anciens magistrats, et qui prit
de siècle en siècle plus d'importance, répandit à la longue
dans tout le corps social des habitudes de hiérarchie et
un esprit de subordination que les temps antérieurs
n'avaient guère connus. Il arriva insensiblement que les
consuls, les préleurs, les questeurs n'eurent plus qu'un
) Tacil. Ann. I, Ij. — 2 .Voi'. Lcon. 78.
\
ROM
8!)1 —
ROM
vain titre iH que l'exercice de raulorilé passa à ce nouvel
ordre de fonctionnaires (jua l'on appela patrices, comles,
préfets du prétoire, vicaires, présidents, qui n'étaient tous,
en droit comme en fait, que les agents de l'empereur.
"^ L'autorité législative du prince se développa de siècle
en siècle. D'abord il n'avait pas eu le droit de faire une
véritable loi, lex; mais on donna aux sénalus-consultes
la même force qu'aux lois, et comme les sénatus-con-
sultes étaient ou inspirés par le prince ou soumis au
moins à sa sanction, il se trouva que l'empereur eut
indirectement tout le pouvoir législatif. D'ailleurs, les
premiers empereurs, à titre de magistrats, et comme
tous les magistrats de l'ancienne République, avaient eu
le droit de faire des édits ayant caractère obligatoire. Ce
droit s'étendit peu à peu si loin que l'on en vint à for-
muler ce principe : quidquid principi plncuit lef/is liabet
vigorem. Ajoutons que l'empereur qui faisait les lois
n'était pas tenu de leur obéir; on admettait comme un
principe incontestable qu'il était au-dessus d'elles.
Par suite de ce développement continu du pouvoir
impérial, les idées que les hommes s'étaient faites de
l'autorité changèrent peu à peu. Celles que le régime
républicain avait déposées dans les esprits, après y avoir
vécu quelques générations, s'éteignirent. La théorie de
la souveraineté populaire disparut; l'élection du prince
par le Sénat, la promulgation de la lex regia, le
renouvellement de la délégation décennale, tout cela
devint pure formalité que personne ne prit plus au
sérieux et dont le sens même échappa à tout le monde.
A partir surtout de Dioclétien, les vieux principes avaient
si complètement disparu, que les empereurs commen-
cèrent à se poser comme régnant en vertu d'un droit
personnel; ils firent de l'autorité impériale ce qu'elle
n'avait jamais été avant eux, c'est-à-dire un bien de
famille qu'ils se partagèrent comme une propriété et
qu'ils léguèrent comme un patrimoine. Ce fut la dernière
transformation de l'autorité chez les Romains. A ce chan-
gement essentiel et radical correspondit un changement
dans les formes et dans le langage. Déjà le fondateur de
l'Empire s'était fait donner le nom d'Auguste, terme de
la langue religieuse (|ui répondait au cESaîToç des Grecs
etqui, jusqu'alors, n'avait été appliqué qu'aux dieux. Ce;
fut le germe d'où sortit plus tard toute une façon nou-
velle de penser et de parler à l'égard de l'autorité impé-
riale. Dioclétien et ses successeurs adoptèrent des titres
et un cérémonial par lesquels ils se placèrent en dehors
et au-dessus de l'humanité. Leurs sujets les adorèrent,
c'est-à-dire se prosternèrent devant eux et prirent en leur
présence les mêmes attitudes que devant les statues des
divinités. Tout ce qui touchait à la personne du prince
fut réputé sacré; sa maison futappeléesacrMmcM^/cM/(/w ,■
son trésor, sacrae largiliones : ses gardes, les Joviensou
les Héracléens. L'empereur n'était plus un délégué des
ROMULl'Sct REMUS. 1 Praefal. 7 ; Consecrare origines suas el ad deos referrf
auelores-.ct. Weisscnboni, Titi Livi ab Vrbe condita libri. lutrod p. 44 sq. — 2 Les
principales autorités qui dous ont transmis l'Iiisloire légendaire de Home sont, après
Ennius qui l'a chantée dans les Annales (I, v. 39 sq.) : Cicéron. Repub. Il, i, 4;
T. Livc, I, 3, S; DenysdHal. I, 7G ; II, 56 ; SIrabon, V, 3, 2; Virgile, ,te«. VUI.
630. d'après Ennius: Ovide. Fast. Il, 381 sq. III, Il sq. ; Plutarquc, Hom. 3 sq. ;
Fort. liom. 8 ; Qaaest. liom. 21 ; Justin (d'après Troguc Pompée), 43, 2. Il faut ;
joindre quelques textes île Varron, cités plus loin, et ce qui a survécu de Vcrrius
Flaccus et d aulres antiquaires, chez Macrobe, Servius, Feslus, Paul Diacre, etc.
Comme sources, Denys illlal. I, "H, cite Fabius Piclor, L. Cincius Alimentus.
P. Caton, Calpurnius Pisou ; d'une façon générale les annalistes et les juriscon-
sultes cpii, dès la seconde guerre punique, clierchèrent un fondement inslorique à
la discipline augurate et au» C'irémoaies publiques et qui ont écrit sous l'intluence de
populations; il n'était même plus un hoinmi!; il était im
dieu. Voilà où était arrivé la constitution romaine par
une pente insensible. On ne sait où cette conception
étrange de l'autorité unie à ce système administratif
aurait mené les sociétés, si, par une remarquable coïnci-
dence, cet agrandissement démesuré de la puissance
impériale ne s'était rencontré avec un décroissemenl
rapide des forces de l'Empire. Au moment où ce régime
nouveau s'établissait, il fut emporté, comme la société
tout entière, par le torrent des invasions barbares
FUSTEL DE CoULA-NGES.
ROMllLUS et REMUS. — La légende des fondateurs
de Rome est sans conteste, même abstraction faite de la
grandeur de son objet, parmi toutes celles qui, suivant
le mot de Tite-Live, ont consacré les origines de la
Ville en les rattachant aux dieux', la matière la plus
intéressante et la plus complexe qui puisse s'offrir au
mytiiologue et à l'antiquaire. On y rencontre étroitement
confondus et enchevêtrés tous les éléments d'une tradi-
tion primitive, au caractère national et populaire; mais
cette tradition est déformée et rendue méconnaissable
par l'ingéniosité à la fois subtile et puérile des anna-
listes, des poètes, des historiens de profession ^ S'il n'y
subsistait, nettement visibles, quelques faits topogra-
phiques, archéologiques, religieux, qui nous mènent à la
réalité du temps préhistorique, la fable de Romulus et
de Rémus n'aurait guère plus de droits à figurer dans le
répertoire des antiquités romaines qu'elle n'en paraissait
avoir à Mommsen de prendre place dans l'histoire.
Cependant, il y a quarante ans déjà, le critique le plus
judicieux des témoignages relatifs à la royauté romaine
a pu écrire ^ : « Ces récits plongent desracines si profondes
dans des conceptions et des faits qui ne sauraient être
que le produit du vieil esprit national ; ils sont dans un
rapport si intime avec les cultes les plus anciens, avec
les monuments les plus vénérables, avec tous les détails de
la topographie romaine, qu'il est impossible de les mettre
tout entiers au compte de la fantaisie hellénique '. •■
Depuis lors, les fouilles du Forum et celles du Palatin ont
donné à cette opinion une confirmation intéressante. Ce
sont donc ces faits qui méritent de trouver ici leur
place ; et nous ne retiendrons de la légende elle-même
que les détails qui les fortifient ou les éclairent.
Une tradition unanime a localisé les aventures de Ro-
mulus et de Rémus sur lapartie ouest du Palatin appelée
Cermalus [lupf.rcal]». Là se trouvait le (iguier Ruminai
sous lequel le Tibre débordé porta le van où avaient été
exposés les Jumeaux nés de Rhea Silvia ou Ilia, amante
de Mars [rheaJ. Là aussi était la grotte du Lupercal,
repaire de la Louve qui devait leur servir de nourrice ;
là enfin s'élevait la hutte du berger Faustulus où ils
furent élevés, et qui se confond ensuite avec la cabane
de Romulus, berceau de la royauté romaine. Le nom du
la Graecia mendux in Insloriis. — J Scbwegler, floem. Geschiclite in deni
Zeitaller der Koenigc, p. 412 et jmss. La môme théorie avait été défendue avec
beaucoup de force par Zinzow, ï)e pelasg. Roman, sacris, 1851; elle a été
reprise dans ces dernières années par Gilbert, (leschiclite und Topogra-
phie, I, 61 sq. passim et. avant lui, n un autre point de vue, par Kubino,
Vorgetehickte. Voir plus loin la bibliographie. — '' Voir plus haut, p. 825,
n. 1 ; Visconti-Laneiani, Guida, etc. -, el les nombreux travaux do Lauciaui.
Hichter. etc., taul dans le Bullet. municip. di Roma que dans les Annali et
Monumenli; Jordan-Huelsen, Topogr. d. Sladt Hom, 1878-1907 ; Kichter,
Topographie der Sladt Rom.. Munich. 1901. — '" Cf. III, 2, p. 1398;
Gilbert, Op. cil. I, p. 45 sq. ; Jordan-Huelsen. 111, p. 35 sq. ; Varr. Ling. lai.
V, 5't; Dion. liai. 1, 79; Fest. Epit.p. 55; le Cermalus est une des sept collines de
Kome primitive.
ROM
— 892
Cennalus était interprété ciiez les anciens par l'idée
même des Jumeaux. Germani ; on l'écrivait le plus
souvent (iermalus. Si le lieu est nettement déterminé
par la descente en pierre qu'on appelait l'Éclielle de
CACi's', il faut renoncer à expliquer le sens originaire
du mot qui le désigne ; car Cennalus est la seule forme au-
thentique. Quant à la légende des Jumeaux de Rome, elle
n'est pas la seule de son espèce: il s'en racontait d'autres
à Prénesle et à Tibur, deux frères y étaient également
opposés l'un à l'autre dans une rivalité d'influence-.
Si les noms de Romulus et de Rémus ne sont pas plus
clairs dans leur signilication originelle que celui du
Cermalus, ce n'est pas faute d'avoir été discutés^ Les
anciens considéraient le nom de la ville comme issu de
celui du fondateur; pour la linguistique moderne, c'est
Homu/i/s qui est un dérivé de Roina, identique à
Ritmiinux, lequel se confond sans doute avec l'appellation
des finmneis^, race indigène du Latiumqui fut le grand
facteur de la nationalité romaine. Romulus et Rémus ne
sont i)as autre chose que les chefs éponymes de cette
tribu; il est possible que la piété de leurs descendants
les ait personnifiés dans \es Lares praestites [lares] ^;
puis lecouple perdit son individualité religieuse, lorsque,
par l'extension graduelle de la cité, les Lares praestites se
confondirent dans le groupe des douze Lares, fils d'Acca-
Larentia et protecteurs divins de la campagne romaine".
Les historiens grecs des choses romaines ont donné
à Rémus le nom de Pwjjloç \ qui tend à le confondre
avec Romulus; parmi les modernes, Mommsen, d'accord
sur ce point avec Sch wegler, a conjecturé que la légende,
dans sa forme primitive, ne connut qu'un seul fonda-
teur*; et ceux qui ont fourni de la dualité l'explication
la plus plausible, y ont vu le souvenir d'un conflit entre
les deux quartiers soit du Cermalus et du Palatin, soit
du Palatin et de r.\ventin'. Dans cette lutte pour la supré-
matie, le rôle ingrat fut pour Rémus'". Elle débute par
la cérémonie des auspices où Romulus s'affirme comme
l'augure par excellence, optimus augur, tandis que les
présages tournent contre son frère". Le li/uns avec
lequel, des hauteurs du Cermalus, Romulus délimita dans
le ciel le templum oîi passèrent les douze vautours, fut
conservé à travers les âges comme la plus précieuse des
reliques; et la cérémonie qui préluda à la fondation de
la ville nouvelle, de cette Roma tninilrata qui devait être
' Pour Và'cheUe de Cacus, voir l'Iiil. ]lom. t'J, où il faul coriigcr «aXr-;
4»^i;;, <|iii n'a pas do sens, en ExiVî Koxl^; (BeUimann, Dullct. Jell.
Instil. 183i, p. 4U); Tac. Bisl. Ml, Si: Uiodor. IV, 2[ ; Solin. I, 18; cf.
Schwcgicr, p. 3W : Cilhcrt, I, p. 67 ; Jordan- lluclscn, III, p. 41, clc. — 2 Virg.
Aen. VII, 1570; Serv. Ibid. «8; cf. Mommsen, rtemiislcqende, Hrmes, XVI,
p. 8. — 3 Stliwegler, p. 4I.S, avec les le.'itcs ; les diverses lenlalives d'inlcr-
pr^lation des modernes, Ibid. noie 10 de la p. 419. Voir surtout chez les
anciens : Varr. Ling. lat. IV, 50 et lajudicieuse remarque de l'hilarg. ad Virg. Kcl.
I, 20; cf. Serv. Aen. I, 273 et Kest. Ep. 208. — l Proeliner, Philologus, ISIiS,
p. 552; Mommsen. Roem. Gescli. I. p. 43; cf. l'rcller, Roem. Mijtli. Il, 343.
— - V. T. III. 2, p. 94>. Ov. fast. Il, fil5; V, 129, 135; Fcst. Ep. p. 223, Ce ne
sont pas les foudateurs qui ont fourni lidéc des Lares, mais la dualité de ceu\-ri
qui a suggéré l'idée des Jumeaux. Voir Scliwegler, Ibid. p. 43 i sq. — C l'ieller-
Jordan, II, p. 3*2; cf. Mommsen, Zcitschrift fur AU. Wissemc/i. 1845, p. !35.
— 7 Plul. Ilom. f) cl 11; cf. Gilbert, 1, p. 02 sq. — « Die Remusleiiende, Op.
cit. p. 1 sq. ; . Les sources les plus anciennes ne parlent que de Rémus cl de
Romulus, deui formes dilTérenles du même nom. .. Les deui frères soiil confondus
chej Cat. 58, 5; Prop. Il, 1, 23; Juv. XI, lOj, où ils sont appelés : Geminns Qui-
rinos, elc. — » Gilbert, Op. cil. I, p. Cl; p. 87 sq. ; 205 sq. — 10 T. I,iv. I, 6;
Dion. Hal. I, 86; Plut. «oni. <1 ; Ov. /osf. IV,815; V, 131; Aul (lell. XIII. ui
5; Fesl. p. 276; cf. Kubina, Yon/eschichte, p. 2i3 sq. et la note 300.
— " Cic. Rep. Il, 9, 16; /)ivin. I, 2. 3, etc. et IcScliol. Bob. in Cic. Va/, p. 319;
cf. Scimegler, p. 387 sq. I.a scène des auspices était représentée au fronton du
lemplc de Ouirinus, comme on le voit dans un bas-relief rcccmincnl retrouvé, qui
appartient aujourd'hui au musée des Thermes, à liome [Riimisrhe Mitiheilunn.
ROM
le centre du monde, reçut le titre d Ai/f/iiriain Aiigu.s-
turn'-. Lorsque les amis d'Octave cherchèrent dans
l'histoire des anciens temps un vocable qui pût rattacher
au passé l'Empire nouveau en le légitimant, la plupart
proposèrent celui de Romulus; Munatius Plancus fit
adopter celui d'Auffustus, qu'un vers célèbre d'Ennius
avait consacré et qui faisait ainsi de l'héritier de César
comme le second fondateur de Rome arrachée aux
guerres civiles. Au début encore du iv' siècle de notre
ère, l'empereur Maxence, très épris des souvenirs de
l'ancienne Rome, devait donner à son fils, dans une
intention analogue, le nom de Romulus ; et le dernier
empereur s'appela, par une dérision du sort : Romulus
Augustulus ".
Les auspices pris par Rémus l'avaient été d'un empla-
cement situé à la pointe nord-ouest de l'Aventin, appelé
communément Saxum et que la chronique des Pontifes
désignait sous le nom de Remuria ou Remaria 'K On
peut établir un rapport entre ce nom et celui des aves
remores, c'est-à-dire de ceux qui. donnaient de funestes
présages ''. Il y avait des Remuria en dehors de Rome,
à trente stades en aval du Tibre, nous apprend Strabon ; et
il est probable que le lieu fut redevable de ce nom il des
auspices de conclusion malheureuse"'. Ceux dont Rémus
fut l'augure, entraînèrent sa mort violente que les anna-
listes racontèrent de façon diverse avec la préoccupation
d'en laver la mémoire de Romulus ''. Le Saxum de
l'Aventin fut considéré comme lieu de la sépulture de
Remus et même on établit une relation entre sa mort et
la cérémonie des Lemuria'^ \ mais cette identification ,
comme beaucoup d'autres traits, n'est qu'une fantaisie
des mythologues hellénisants qui ont dépensé des trésors
de subtilité pour oter à la vieille légende, au profit d'une
vraisemblance factice, son caractère naïvement national.
Mommsen, dans une dissertation justement célèbre",
en a pris texte pour démontrer que toute la fable des
Jumeaux, jusque et y compris la fondation de Rome et
le meurtre de Rémus, n'est qu'une fiction consciente de
temps relativement récents. Elle serait née dans l'inter-
valle qui sépare la chute de la royauté et l'érection par
les frères Ogulnii en29fi av. J.-C. d'un groupe en airain
qui représentait la louve allaitant les Jumeaux". Cette fic-
tion aurait eu pour but d'accentuer la ressemblance entre
le régime disparu, mais non encore impopulaire, et le
\\\, l'.iOi, pi. iv, p. 23-37; E. Strong, Rom. sculpture, 1907, pi. xcin). Ce bas-
relief n'est pas antérieur au règne de Caracalla. — '2 Ennius ap. Varr. De re rust.
111,1,2; Annat.l, 94 sq. el Linq. lat. V, 43; cf. Suet. Oct. 7: cf. Gilbert, O//.
cit. II, p. 193. — 13 V. Eckhel, Doct. niim. vet. VIII, p. 203; cf. Thédenal.
Le Forum romnin, 3" édil. p. 240. — U Fasl. p. 27'); 250 ; Ov. Fasl. V, 150 sq ;
Dion. Hal. I, 85. Sur une colonne datant du temps de Claude, on lit la forme
areha'i'que : remureink; Corp. inscr. lat. V, 1, 566. Pour les diverses variantes
du nom desiîemuria, voir Gilbert, Op. cit. Il, p. 202, n. 1. — 15 Fest. p. 276 :
cf. l'expression remoram fac^re, chez le même, p. 277 ; cf. Blura, Einleitung in
Roms alte Geschickte, p. 187. — 16 Dion. Hal. 1, 85; cf Sleoh. Bvz. p. 544, 3.
Le nom même de Rémus a souvent chez les auteurs une nuance défavorable. Voir
Prop. II, I, 23 ; V, 0. 8 ; Juv. X. 73 : turba Rémi, où l'idéo injurieuse est à la fois
dans Rémi et dans turba. — " Enn. Annal. I. 122; chez Macr. VI, 1, 15; Serv.
.\en. IX, 422; T. Liv. 1, 7; Prop. III, 9, 50; Tib. Il, 5, 23. Le meurtre de Rémus
signifie que la commune dont il est le représentant perdit son autonomie; cf. Gil-
bert, Op. cit. I, p. tli, n. 1 et 202, 1 sq. — •» Ov. Fast. V. 411 : 479 sq. Voir
i.KiiuREs, III, 2, p. 1100: Plut. Rom. 9 et If. — 'S Die Remusieyende, Hermès.
XVI, p. 1 sq: et la critique par Gilbert, Geschichtc und Topogr, I, p. 60 sq.
— 20 Pour ce groupe, voir lupkucai., p. 1398, n. 9 et 10: cf. Muller-Wieseler.
Denkm d. ail. Kunst, 3, n. 284; Rayet, jl/on. de l'art anliq. 1, pi. 27; Baumeister,
Denkmaeler. I, fig. 652 à comparer avec les monnaies et un fragment du fronton
du temple de Vénus et Rome; voir plus bas, p. 895, n. 5, ei Duhn et Matz, Ant.
IWdwerke in Rom. Reliefs, n" 3319 cl 2235. Les textes chez Tit. Liv. X. 23:
Dion. Hal. t. I. 7M ; Plin . H. nul. XV, 77. Cf. Cic. ûicin. Il, 20, 43; Dio Cass.
37, S ; .Serv. Aen. VIII, 030. "'
I
ROM
— 893
consulat républicain, celui-ci rééditant sous une forme
nouvelle la dualité primitive, puis gagnant à cette simi-
litude une légitimité plus concrète devant Fopinion.
(iilbert a raison dédire qu'une telle solution du problème
posée par la tradition est non seulement invraisem-
blable, mais impossible '. D'abord rien de plus forcé
que la ressemblance ainsi obtenue de deux régimes
politiques différents; et l'histoire entière de la Répu-
blique, surtoutà son origine, nous montre les patriciens
beaucoup plus préoccupés d'opposer le pouvoir qui a
passé entre leurs mains à la royauté que de les associer
tous deux dans une conception commune iregnlm .
D'autre part, l'affirmation de Mommsen que la fable des
origines de Rome ne repose sur aucun fondement réel
est de plus en plus démentie par les faits -.
Les fouilles opérées depuis une vingtaine d'années au
Palatin ont, sur le versant ouest de la colline, mis à
jour des substructions très anciennes, les plus anciennes
de toutes celles qui sont sorties du sol actuel de Rome,
et auxquelles on peut demander la confirmation, non pas
certes! de tous les détails dont les historiens ont encom-
bré la tradition, mais tout au moins de son ensemble
et de ses traits principaux ^ Ainsi, juste en face de la
pointe nord-ouest de l'Aventin oii il faut localiser les
Reinuria et dominant la pente qui mène du Palatin
dans la vallée de Murcia*, on a exhumé des fondations,
des restants de murs et de constructions qui semblent
remonter au delà des temps historiquement connus. Ces
ruines sont immédiatement en arrière des vieux
remparts qui les ont protégées et l'on distingue encore la
ruelle fortement inclinée qui descend vers la dépression
où s'éleva le Grand Cirque. De l'ensemble Visconti a pu
dire que ces vestiges remontent aux premiers temps de
Rome ; la ruelle est l'Échelle même de Cacus, scalae
Cad, laquelle figure dans le texte de Plutarque racon-
tant la vie de Romulus. C'est dans le voisinage de cette
ruelle que nous allons pouvoir déterminer la place de
tous les monuments qui donnent à la légende de la
fondation son objectivité nationale.
Nous y rencontrons d'abord l'emplacement où poussait
le figuier RuminaP. Cet arbre sacré, qui abrita la Louve
avec les Jumeaux, reçut son nom d'une divinité rus-
tique, celle des brebis et des chèvres dont elle gonflait
de lait les mamelles. La vieille langue latine nommait
l'organe de l'allaitement minus ou ruma et le vocable
/ÏMw/nîfs porté par Jupiter signifiait : nourricier'^. Dans
les livres des pontifes, le Tibre lui-même était appelé
Rumon, non parce qu'il rongeait et dévorait ses bords,
mais parce que, fécondant les vallées dans son cours, il
* " La légende de Romulus et de Rémus serait la pire des inventions,
si les auteurs avaient eu vraiment l'intention de forger au consulat répu-
blicain une image parallèle dans celle de la royauté. ■■ Ibùl. p. 01. — 2 Voir
le point de départ de cette démonstration (jue les fouilles récentes ont con-
tinuée, chez Schwegler, Op. cit. p. 425 sq. Les éléments réels liés ii la topo-
graphie de Rome sont pour lui l'histoire du Liipercal, de la louve, du figuier
Kuminal. de Fauslulns, d'Acca Larentia et enlin la morl de Romulus au Marais
de la Clicvre. — ■! V. Visconti-Lanciani, Guidu, passim; cf. Gilbert, Op. cit. I,
p. *5 sq.; vid. supra, n. 4 s((. . p. 891. Aux fouilles du Palalin, il convient de joindre
celles qui, sur le Forum même, ont mis à jour la Pierre .\oire, lapis niffer,
dont parle Feslus p. 177 et le prétendu lomliiau de Romulus auquel font allu-
sion les commentateurs anciens d'Horace, Epotl. XVI, 13; v. Porphyr. le comment.
Gruq. et Asconius à ce vers. On ne sera pas surpris que nous ne lassious pas ici
état davantage de la tradition de ce lombeau, dont l'épocpie classique a ignoré
l'eiistence. Pour la bibliographie spéciale de cette question, v. plus ha«t, regscm,
p. 825, n. I etThédenat, Le Forum romain, ç. 77 sq. ; S42 sq. — iPlut. Rom. 19,
iO et l'interprétation par Gilbert, Loc. cit. p. 4i), notes ; Diod. IV, 21 ; Solin. I, 18 ;
cf. Lanciani, Op. ci(. p. 131 . — .5 Varr. Li;ij. fai. V, 54 ; De re ru«(. Il, 1 , 20 et
ROM
était le nourricier par excellence''. .\ Jupiter ftiuninus
faisait pendant une Ûiva Rumina qui figure dans les
Indigitamenta * et [dont le sacellum s'élevait sur la
pente du Cermalus, non loin du figuier. L'image même
de la Louve n'est autre chose que la représentation
Ihériomorphique de cette divinité identique à Fauna
Luperca qui se confond elle-même avec Accu Larentia,
l'épouse de Faustulus Faunus et, par lui, mère adoptive
des Jumeaux". Le figuier est, lui aussi, un symbole
de fécondité dans la tradition la plus ancienne des cultes
indo-germaniques'". Les Grecs l'avaient comme tel con-
sacré à Dionysos et à Déméter, divinités chthoniennes;
et Varron rappelle, en ce qui concerne Rome et le Cer-
malus, que sur le Lupercal, sous le figuier, les bergers
faisaient des offrandes de vin et de lait
pour la prospérité des troupeaux ". C'est
ce figuier qui est représenté abritant la
Louve que tètent les Jumeaux, en pré-
sence de Faustulus saisi d'une admira-
tion religieuse, sur un denier (fig. o9o5)
queCavedoni et Cohen datent de l'an 184 Fig. 5955. - La Louve
^ .et les Jumeaux.
av. J.-C. mais qui parait être de soixante-
dix années plus récent'-. Le monétaire dont le nom est
en exergue est un certain Sextus Pompeius Faustulus
(le denier dit fostlvs), qui n'est pas autrement connu,
mais qui compte parmi lesascendants du grand Pompée.
Sous la louve, orientée de gauche à droite, on lit Roina ;
dans l'arbre, sont perchés deux ou trois (?) oiseaux, sans
doute le pivert et la huppe, et aussi la chouette iparra)
consacrée à Vesta, tous les trois apparentés dans la signi-
fication d'oiseaux ou tutélaires ou prophétiques [prcrs]".
On remarquera la position de la louve se retournant vers
les enfants : c'est celle qu'on retrouve sur les monnaies
romaines à la légende romano émises en Campanie dès
340 av. J.-C. [denarius, p. 93, et colù.ma, fig. 7'2o].
L'arbre lui-même avait sa légende; on racontait que
sous Tarquin l'Ancien, l'augure Attus Navius ■ puteal]
l'avait miraculeusement transporté du Cermalus sur le
Forum, à l'endroit du ComitiunV''. Cette translation est
sans doute symbolique; elle signifie, selon Jordan, que
de la cité restreinte du Palatin sortit la grande ville de
Rome dont Servius va bâtir l'enceinte et dont le Forum
avec le Comitium formeront le centre politique''. La
conjecture de Mommsen que le figuier Ruminai ne fut
mêlé à la fable des Jumeaux que par l'annaliste Fabius
Pictor, qui a si gravement altéré en tant de points la
vieille tradition, est moins heureuse"^. L'arbre ne figure
pas, il est vrai, sur le miroir de Bolsena qui nous offre
la plus ancienne représentation de la fable des Ju-
11,4: Plut. Rom. 4; Quaest. Rom. 57 ; Fest. p. 270 et 2f.O — c Aug. Cir. d. IV,
11 : VI, 10; Varr. ap. Non. p. 1G7 ; Sen. ap. Aug. Civ. d. VI, 10; Lacl. I, 20, 3i;
et Varr. ap. Donat. Terent. Phorm. I, 1, 14. — ' Serv. Aen. VIII, 62; cf. Jordan,
Topogr. I, I, 197 et Prcller-Jordan, Uoem. Myth. Il, p. 132. — 8 V. indicit.»mesia,
111, 1, p. 470 et Preller-Jordan, Op. cit. I, 418; cf. Mommsen. Roem. Forsch. 11,
p. 1 1 sq. — 3 Macr. 1. 12, 21 ; cf. Schwegler, Op. cit. p. 412 et toute la fahie des
Jumeaux dans ses rapports avec Acca Larentia, chez Mommsen, Op. cit. p. 10 s(i.
— 10 A. Kuhn, Die Hcrabhmft des Feuers, p. 159 ; l'arbre a son pendant dans la
légende germanique ; voir Grimm. Deutsche Mythol. 4« édit. p. 821 et suppl. 291.
— Il Varr. De re rust. II. 11, 5. — <2 Cohen, Méd. consul, p. 259, pi. xxiui,
Pompeia, t; Babclon, ^fonnaies Je la Rép. Il, 33C ; Babelon date de 129; Klûg-
mann, Annali delfinstil. 1879. p. «, de 113; cf. Mommsen, Roem. ilûnzwesen,
n. t59, qui d.lc vaguement de la 1" moilié du vu' siècle de Rome. — !< T. IV, ),
p. 471. — 1« Con. Narr. 48: Uion. liai. III, 71; Plin. Hist. m. XV, 20. 77;Tac.
Ann. Xlll, 58; Fest. p. H'.S ; forv. Aen. VIII, '.10. Il y a eu des confusions et des
erreurs du fait des deux figuiers, déjà d..ns ranti<|uilé ; ainsi Til. l.iv. 1, 4 et Tac.
Loc. cit. : cf. PKTiîAi . IV, 1, p. 7-9. - '. Topographie, I, I, p. 200. - '6 Roem.
Forschungen, 11. p. 11. note.
ROM
— 89i —
ROM
nieaux'; mais il n'en parait pas moins inséparable et
Schweglera pu, avec raison, le considérer comme for-
mant, au point de vue relij<ieux et lopographique. l'élé-
ment principal du bloc légendaire-.
Quoi qu'il en soit, le tiguier du Comiliiim lit, depuis
la tin de la royauté, tort à celui du Lupercal. Seul il
semble avoir été l'objet de la sollicitude .sacerdotale.
Pline r.Ancien ne parle du dernier que comme d'un
lointain souvenir, alors que l'autre, appelé F/cm.s ^Vor «a,
préoccupait l'opinion par les phénomènes de sa croissance
ou de son dépérissement. Sous Néron, il s'était desséché
et avait failli mourir, ce qui fut considéré comme un
fâcheux présage: lorsqu'il eutreverdi, on l'entoura d'une
balustrade en métal pour le préservera Un bas-relief
exhumé en I87i sur l'emplacement même du comice et
datant du règne de Trajan en a conservé l'image'. C'est
lui, en somme, qui, dès lors, perpétua la tradition née sur
le Palatin; et même on érigea à proximité, pour le
compléter, un exemplaire du groupe de la Louve et des
Jumeaux".
Non moins respectées et entretenues étaient les cabanes
de Fausluliis et de Romulus que les historiens semblent
distinguer, alors que le Iwjurium du berger et la casa
du fondateur ont dû, dans la réalité, se confondre ^
D'anciennes représentations nous en ont conservé la
physionomie ; s'il en faut croire Denys, l'une au moins
des constructions subsistait encore au temps d'Auguste,
soigneusement entretenue par l'autorité sacerdotale.
Elle était du type des cabanes primitives domus,
fig. ioOG, 2507j, construite en terre argileuse et cou-
verte de chaume; un historien mentionne des incendies
qui les auraient détruites, l'une en 38 av. J.-C, l'autre
vingt-six ans plus tard. .Mais déjà alors la casa liomuli'
était dénommée aedes, ce qui semble prouver qu'on
l'avait transformée en sanctuaire. 11 y faut sans doute
chercher la curie des Saliens. où le bâton augurai de
Homulus était conservé *. Lanciani l'a identifiée avec
une très antique chapelle construite à laide du tuf de la
colline et dont les pierres portent la marque des con-
structeurs. On n'a pu décider encore si ces caractères
appartiennent à l'alphabet étrusque ou au plus ancien
alphabet latin ; dans tous les cas, l'éminent archéologue
y voit avec quelque raison un vestige des plus lointaines
origines de Rome'.
Si nous montons au sommet de l'Échelle de Cacus,
nous rencontrons un dernier témoin de la royauté de
Romulus avec le cornouiller sacré'". C'est à proximité de
la casa Romnli qu'a pris racine dans le sol du Palatin la
lance jetée par le fondateur depuis la pointe nord-ouest
de r.\ventin où Rémus lui-même avait pris les auspices.
Cet acte a été interprété comme symbolisant la prise de
• ilonwn. Jmt. XI, 3 ; cf. Klûgniaun, Annnl. Jnst. 1879, p. 41. _ 2 Scliwe-
gler, Op. cit. p. ilT; cf. Cilbcrl. Op. cit. I, p. 53 sq. — 3 PIJq. loc. cil.;
Oï. Fatl. II. il»: Serv. Aen. VIII, 90; voir pltkal, Loc. cil. — » Jordan,
chez Bimlan, Forlschrilte, clc. 1873. p. 754 s<|. — '•• Fesl. p. I6R, 270: Dion.
Hal. III, 71. — 6 Dion. liai. I. 79; Plut. Jiom. iO: Dio Cass. .\LVU1, H; Sol.
I, 18: Sotil. reijion. X: cf. Preller, Jtegionm, p. 180: Lanciani. Cuida.
p. 13Ï, IM, el (iilberl. Op. cit. I. p. 49. — 7 Varr. Ling. I.it. V, :u (fragment de
la chroai.|ue des .orgies). — » Val. Mai. 1, 8. Il ; cf. Kubino. Vorg-;schichte. etc.,
p. îî\. qui essaie de distinguer la casa Romuli. idenli(|ue au lugurium Faustuli et
devenue la curie des Saliens, d une autre casa portant le nom du fondateur cl située
au Capitale près de la Curia Calabra (Vitr. Il, !, 5: Scn. Contr i, I. 4; Cou. A'aiT.
40. etc.) : c'est la première qui possédai! le lituus. — 'J Lanciani. Op. cit.
p. 133: cf. Jordan. Topographie. |, i. i59 : Brurn, .Annali deU'lnstit. 1870.
p. 7i sq. tav. dagg. IK. — lo piuL liom. io : Serv. Aen. III, 46 : .\mob.
IV, 3; M;th. lai. p. 894; texte de Laclantius flacidus, scliol. d'Ovide, ilet.
possession de la ville nouvelle". Comme le liguier Rumi-
nai, le cornouiller fut un objet de vénération pendant
toute la durée de la République. Plutarque raconte qu'il
subsistait encore au temps de Caligula et qu'alors il
périt, les travaux entreprispour la réparation de l'escalier
ayant entamé ses racines. Pour Rubino qui s'est attaché
surtout à montrer les rapports de l'histoire de Romulus
avec le culte des Lares, le jet de lance signifie, non l'occu-
pation militaire d'un territoire ennemi [ager hostHis).
mais le transfert de la religion des Lares praestites qui,
avec Faunus, Picus, Mars et .lupiter, devaient être les
divinités principales de la Roiiia quadrala '*. De toute
façon nous retrouvons une fois de plus les souvenirs
laissés par la royauté de Romulus, étayés en quelque
sorte et garantis par les plus anciens cultes de la cité.
De tous les autres faits racontés par les annalistes el,
à leur suite, par les historiens, il n'en est point qui mérite
de figurer à cette place, à l'exception de celui qui nous
est donné par eux comme étant la conclusion du règne et
la consécration de la mémoire du fondateur. Je veux
parler de sa mort mystérieuse au Marais-de-la-Chèvre
[popliflgia' '^ el de son apothéose; mais si nous le men-
tionnons, c'est uniquement pour constater qu'il laissa
l'opinion indillerente et qu'il n'a marqué sa trace ni
dans le culte officiel de Rome ni dans l'art. Il esta peu
près démontré que la poésie d'Ennius a forgé de toutes
pièces l'apothéose, par imitation de ce qui se pratiquait
chez les Grecs; les poètes de l'âge suivant ont pu con-
tinuer dans cette voie et les historiens eux-mêmes
exploiter cette fable: elle n'a jamais pris place parmi les
traditions nationales el il n'existe aucun monument, ni
temple, ni statue, ni bas-relief, qui lui ait donné la consé-
cration publique ". Romulus ne fut vénéré comme une
divinité qu'après son identification, assez tardive et dont
lapiété populaire n'a même pas du saisir
le sens, avec Quirinus' ■. La seule image
divinisée que nous ayons de Romulus
sur les monnaies de la République est
celle qu'on voit (Qg. 3956), sous le nom
de Quirinus et avec ses traits, sur un
denier de la gens Memmia "^. On peut
d'ailleurs douter que le monétaire en la
frappant ait songé à Romulus ; el les modernes n y ont
songé eux-mêmes qu'en la rapprochant de fantaisies
poétiques qui ont juste la valeur de l'apothéose selon
Ennius '".
Pour le surplus, les représentations du fondateur de
Rome sont aussi rares el insignifiantes " que celles de la
déesse Roma sont fréquentes et caractéristiques rom.\ .
Des monnaies de la période impériale nous le montrent
sous les traits d'un guerrier jeune, vêtu de la cuirasse,
XV, 4S. — " Fest. Epit., p. 1)3, coelibari Uasta, cl p. 101, haslae. four l'inter-
prétation juridique, voir Gaius, IV, 16 el ha^ta, III, I, p. 42. — 1- Rubino, Vor-
geschichte. p. 217. n. 301 ; cf. Gilbert. Op. cit. p. 47 avec la note 3. — l^ Ton».
IV, p. 579 et jusi.. III, 1, p. 085 avec les telles cités; cf. Ilor. Epod. XVI. 13
avec les notes des commentateurs ; voir aussi latinus. III, i. p. 980. — i^ Enu.
ap. Cic. Bep. I, 41, 04 : Ov. Fast. Il, 491 : Luc. Phan. I. 197 ; cf. T. Liv. I,
16; DioD. Hal. Il, 56 ; Plut. Mom. 28. Ovide cependant parait décrire Romulus
déifié d'après quelque monument : putcher et humano major trabeaqite deconisx
el Plutarque peut-être traduit le passage d'Ovide. — '^ ul-irisus, IV. p. so7
avec les textes cités. — tfi Coben, Méd. consulaires, X.ÏVII, 5 ; cf. Babeloii,
.Von. de la Rép. p. 217 : Bernoulli, /loem. Jkonographie, I, pi. i. p. 8. Le-
Memmii se prétendaient sans doute descendus de Quirinus: cf. l'apostrophe de
Catulle à Memmius. notre monétaire, xxviu. 15. — 17 Ov. Fast. Il, 5ol VI.
309; Plin. tJist. nat. 34, 23, toc. cit. — '* Pour celte rareté, voir Helbig. Cam-
pan. ^^andinalerei, p. 4 sq.
ROS
— Hm
ROS
tenant la lance de la main droite et portant do la franche
un trophée (fig. 5957); en exergue : romulo conoitori
DU ROMi'LO ArcrsTO, litres inspirés par le souvenir de
V Auguriiim Augusium et qui perpétuent les prétentions
dynastiques d'Octave et de ses successeurs'. Sous la
République, l'art s'est borné
à exploiter la légende des Ju-
meaux et Virgile donne place
à la louve sur le bouclier
d'Énée-. Sous l'intluence de
VÊnéide ont dû être peintes
les fresques sépulcrales dé-
couvertes sur l'Esquilin qui
combinent les épisodes de
l'histoire de Romulus avec les
aventures d'Énée '. On en
peut rapprocher Vara Casali ' et l'une des faces d'un
autel découvert en 1881 à Osties, qui est daté de 124 ap.
J.-C. Il faut citer encore un fragment du fronton du
lemple de Rome et Vénus bâti par Hadrien, fragment
que complète un bas-relief conservé au Musée des Ther-
mes " où l'on voit la scène des amours de Rhea et de
.Mars, avec la louve allaitant les Jumeaux. C'est sans
doute à cette œuvre que pensait Juvénal (elle était alors
dans sa nouveauté), lorsqu'il décrit le casque dont les
ornements sont fournis par cette double scène et par
les enfants qu'il appelle les Jumeaux: Geminos Quiri-
nos. Le motif parait avoir été couramment exploité dans
l'ornementation, particulièrement des armures et des in-
signes militaires jusqu'à la fin de l'Empire". J.-Â. IliLn.
ROSARIA ou ROSALIA. — Fête des roses, d'un carac-
tère généralement funèbre et qui rentrait, chez les
Romains, dans la catégorie des sacra privata célébrés
en famille pour honorer les morts'. Grecs et Latins
associaient dans une même croyance dont la gravité
était tempérée par la grâce, l'éclat des fleurs qui ne
durent qu'un jour et le mystère de la mort qui est le
principe du renouvellement des existences [cf. paren'ïalia
etFERALiAJ-. Des textes fort explicites démontrent que
les fleurs qui poussaient sur les tombes rendaient aux sur-
vivants la personnalité même de ceux qui y étaient
enfermés'. De là aussi la coutume d'y apporter des
fleurs, d'organiser des cepotaphia'', de sculpter des
guirlandes ou des bouquets au faîte des stèles. << Le
sang enfante les roses et des larmes sortent les ané-
mones », dit un élégiaque grec''; idée qui est développée
ainsi par un autre poète gréco-romain'' : « Des fleurs en
grand nombre ont poussé sur le tombeau récent, non pas
1 Cobeii, Médailles impériales. II. 773, 1095; Bernoulli, Roem. Ikon. l. c: ."lut.
flom. itj.— 2 Jen.Vlll,G30s<|;cf. Uoberl, Annali. 1878, 235et J/o/iiim. lO.Tab. L.X ;
Servius nous apprend que la description de Virgile est imitée d'Ennius. — 3 Brizio,
Pilture e sepokri scoperti siili' Esquitino, Roiiia, l«76 [voy. (jg. 21291. —t Wieseler,
Ara Casali, I8H ; du même, Denkmaeler der allen Kunst, II, 23, 2Î)3, 353 a-,
Pistolesi, Vat. Tab. 4, 9B; Bruon, Kleine Sckrift. I. p. +1 et 45 ; Notizie, I. II,
1881. — 5 Raoul-Rochelte, .1/onum. /îiW. Acllilléidc, pl.viii; Helbig, /"ueArer,
n» 1037; Roem. .Mittlieil. X, I2S)5, pi. v. p. 244; Amelung-Hollzinger, .Muséums
and ruins. (ig. W, p. 139 ; E. Slrong, Roman Sculpture, pi. i.xxil. — C Juv.
.VI, 104 sq. Claud. Cons. Prob. 96 sq. ; Sid. Apoll. Carm. Il, 393; cf. Kried-
laendcr, Juvenalis oper. 1893, II. p. 499. — Bibi.[ocr.\phie. Xous ne citons
ici que les ouvrages qui ont conservé quelque autorité dans la question, parmi la
1res copieuse littérature sur le problème des origines de Rome en général depuis
Niebuhr. Blum, Einleilung in Roms aile Gescliicllte, Berlin, 1828 ; Petersen, Dis-
tertatio de originibus historiai romanae, 1838; Zinzow, De pelasgicis Roman.
tttcris, Berlin, 1851 ; Schwegicr, Roem. Geschichte im Zeilaller der Koenige,
Tobinguc. l8ti7-68; Rubino, lleitraege :ur Vorgescliiclite Italiens, Leipzig, IS68;
Popcbhararaer, Die Grùndung Roms, Kiel, I86.S ; Mommseu, Roem. Forschunqen,
1864-79,11, 1 sq.; Acca Larentia: Id. Hermis. t. XVI, p. I sq. Die Remus-
la ronce sauvage, ni la triste ivraie, mais des violettes,
de la marjolaine, o Vibius, et du narcisse délicat : tout
à l'entour de toi la terre s'est couverte de roses! »
Ces témoignages et d'autres épigraphiques assez
nombreux nous expliquent la popularité de la fête des
roses en l'honneur des morts. Elle n'était pas à date fixe,
mais variait d'une famille, d'une association à l'autre,
sous cette réserve qu'elle était toujours célébrée dans la
saison des roses, en mai et en juin V Elle donnait lieu à un
repas, comme le novemdiale et les parentalia ; et durant
ce festin on distribuait aux convives des roses, après en
avoir déposé sur les tombes*. Les inscriptions men-
tionnent des fondations de fosaria soit par des asso-
ciations soit par des particuliers: il en est qui nous
mènent à la dernière période du paganisme romain'. Le
calendrier de Constantin mentionne pour Rome une fête
générale des roses pour le 23 mai'"; et il est à peine
besoin de faire remarquer que la pratique d'honorer les
morts par des fleurs a survécu au paganisme, par la force
des mêmes croyances. Une de ces inscriptions parle, pour
une même famille, de quatre fêtes annuelles en l'honneur
des défunts, l'une au jour anniversaire de leur naissance,
la seconde dans la période des roses (rosalioiii.i), la
troisième dans celle des violettes [violae], la quatrième
aux Parenfa/ia". Une fête des roses qui parait avoir
eu un caractère joyeux, puisqu'elle était en rapport
avec le culte de Flora, était célébrée à Capoue le
13 mai'^. Philostrate nous en explique le sens et les
rapports avec l'idée de la mort, lorsqu'il dit qu'il a vu à
Rome des coureurs portant des fleurs et qui, par la rapi-
dité de leur course, proclamaient que la jeunesse passe
vite" [floralia]. J.-A. Hild.
ROSTRUMCPùy/o;). — Ce nom qui signifie bec, museau,
groin, a été appliqué à différents objets à cause de leur
forme, par exemple à des serpes ou faux ' servant à tailler
et à élaguer
[FALX,RUNCO],
au soc de
la charrue -
i'aratrum] , à
la pince d'un
levier ^ [vec-
Tis], à la tête
d'un m a r -
teau ' [mal-
LEUs], au bec
d'une lampe' [lucerna], et particulièrement à l'éperon
('£u.6oXo(;) d'un vaisseau. On a parlé ailleurs de cet éperon
légende; Schv/AHz, Der Ursprunq, der Stamm und Grûndnngssage Roms, léna,
1878; Preller-Jordan, floem. J/j/(/iotojr!c, 3" édil. passim et II, p 341 sq; 111, 1907,
Huelsen. Topographie der Stad. Rom, 1878-1907, p. 36 sq. ; Gilbert, Geschichte
und Topographie der .'itadt Rom, Leipzig, 1883-1690, I, 60 sq. et passim, etc.
RUSARIA. I Orclli, Inscript. 4084; Corp. inscr. lat. III, 704. 707; voir 4016,
4871. — 2 Cbez les Grecs, la rose était chère à Dionysos et à Aphrodite; voir
Anacr. 53; Siinonid. Fragm. 148, 3; cf. pour les Latins, Ov. Fast. V, 194, parlant
de Flora. — 3 Pers. I, 39; Juv. VII, 208; Serv. Aen. V, 760. — l Orelli, Inscr.
4418, 4*36, 4515, 45iC. — 5 Rio, I, 06. — 6 Analecla de Brunck, III, p. 303.
— " Le Collegium Sitvani de Rome céléb.-ait les rosaria le 20 juin ; Corp. inscr.
lat. X, 444; cf. Marquardl-Monimsen, llandbuch, VI, p. 311. — 8 l'Iin. Hisl. nnl.
XXI, 11 ; cf. îlarini, .MU Fratr. An: p. 3S0 sq. — 9 Avelliuo, Opusc. III, p. Ï54,
et Bellermann, Die aeltesten ckristlichen fîegraebnisstaetlen, p. 16 sq. — 10 Fast.
Philoc. à celte date. — " Corp. inscr. lai. VI, 10, 240 ; cf. 10239 ; V, 2072, 4489,
5272; VI, 9626, etc. — 12 Feriale Cap. au 13 mai: cf. Preller-Jordan, Roem.
Mylhol. 1, p. 433. — 13 Philostr. Ep. 55, p. 300 ; cf. Ibid. I et 3. p. 343 ; cf. Preller,
Griech. Mythol. I, p. 283.
ROSTnCM. I Colum. //. rnst. IV, 25, 3 : cL 11, 20, 30. — 2 Plin. H. nat. XVIII,
48; XXXIV, 5, H. — 3 Ibid. — ' Ib. XXXIV, 14, 40. — 5 Ib. XXVIII, 40.
Fig. 5958. — Rostre
ROT
896 —
ROT
et de ses divers types ^.\avis\ La tête de sanglier est
un des plus anciens et se conserva par la suite ; on en
voit ici un exemple (fig. 5958). Cet éperon esl en bronze ;
il a été recueilli au fond du porl de Gênes ' .
Après que la tribune aux harangues à Rome eut été
décorée des proues des vaisseaux pris aux Anliales
(368 av. J.-C), on l'appela les Rostres [F0RrM,p. 2!»]. Il y
eut aussi des colonnes qui furent appelées rostrales parce
qu'elles étaient ornées de la même manière [kolimna,
p. i;}511. Des rostres décoraient encore d'autres monu-
ments'-.
Pour la couronne rostrale ou ornée de proues, voir
CORONA, p. 1536. E. Saglio.
ROTA Tpo/oç), roue. — I. Roue de char ou de voiture.
[Voir ciiRRi'S. p. 1635, pour tout ce qui concerne la roue
des chars de guerre' : plalstri'm. pour la roue pleine et
pour la roue munie de croisillons se coupant à angles
droits-. Des roues antiques à rayons sont actuellement
conservées dans plusieurs collections de l'Europe^ ; elles
Houe de bronze.
sont toutes en bronze et d'une construction identique,
quoiqu'elles proviennent de régions très éloignées les
unes des autres. Celle que représente la figure 5950 a été
trouvée à Mmes'. Elle a été fondue d'une seule pièce
(diamètre 49 centimètres;. Sur tout son pourtour est
creusée une gorge profonde, dans laquelle venait, sans
aucun doute, s'emboîter une jante en bois cerclée de fer.
Des trous pratiqués sur les faces latérales de la gorge
donnaient passage aux clous qui servaient à fixer la
jante aujourd'hui disparue. Cette disposition était certai-
nement très répandue et très ancienne; car on peut l'ob-
server sur les monuments figurés non seulement de la
Grèce, mais de l'Orient, où sont représentés des chars ;
les tètes des clous, plus ou moins décoratives, y sont
souvent très apparentes». On remarquera dans la roue
de Nimes la longueur du moyeu (34 centimètres) par
rapport à la hauteur totale; les rayons sont creux. Des
cercles en fer et des débris de jantes similaires ont été
« WelcWer. Aile DenkmSIer. V.p. 203 .Graser, Arch. Zeilung, 187i,p.«; Richlcr,
Jnhrbuch d. deutsch. arch. Instil. 1889, p. \i. —2 Voir par exemple une inscription
de |jrinia(A«i. rf. Accad. d. Lincei. 1881, p. 249) mentionnant des rosira riavaiin.
ROT\. ' Les exemples de roues à rayon* (rotae radialae) se rencontrent en très
grand nombre. V. la Table des matières. XVI, Véhicules. — 2 Autres exemples :
cc(iRU>. note \~ . — ^ Catalogui^es et reproduites par l.iodenschmit, .Mterth. uns.
heidn. Vorzrit. III (IS8I). Hefl IV.pl.ii. —'• Elle appartient au Cabinet des médailles
à Paris, Babelon et Blancliel. Catal. des bronzes ant. de la Bibl. nat. .p. 630,
n. 1823: cf. H24 : Lindeusclimit. L. c., fig. dans le teite. Ils donnent la bibliographie
antérieure ou peuvent en dispenser. — ^ Voir par ex. <:urbds. fig. 2217, 2i23; Lîn-
denschmit, /,. c. — ' Fûrstl. Hohenzoller'sche Satnmlung, pi. vu, 14; JUus.
Gregor. pi. x«ui. Char en bronze du Valican: E.-Q. Visconti, Hus. P. Ctem. t. V.
pl. B. Il ; Calai, de la coll. Gréau. pi. xiii : Cal. rff ta coll. Boffmann, î' part.
(1888), p. 13'), n. iOG : Lindenschmit. £. c. Ml. Heft III. pl. ii, n. 12. — ' Hazard.
Essai sur les chars gaulois de la Marne, Rer>. arch. IST", I, p. 154 et 21T ;
Schianiauseo, Uallische Streiticagen in tthein Hûgelgraben, Jahrb. d. Ver. d.
AH. freunde m Ilhein'. I.XXXVIII (rS89;. p. 241 ; S. Reinach, Catal. du musée de I
— Supplicié sur la roue.
recueillis sur les bords du Rhin aussi bien qu'en Étrurie'-.
Ils nous offrent un point de comparaison intéressant avec
les roues qui ont été retrouvées dans le sol de la Gaulée
II. — Instrument de supplice. Le patient était étendu à
plat sur une roue, les quatre membres attachés aux
rayons par des cor-
des*. 11 est probable
que le supplice con-
sistait surtout à les
tendre (IXxetv, tcîveiv,
SiaTEtveiv, xaTaTEi'vEtv)',
de telle sorte que les
membres fussent tirés
en sens contraire, et
même déboîtés ; il de-
vait y avoir des degrés
dans la tension ; de là
vient que la roue était
employée principale-
ment pour mettre à la
question. Cependant, comme c'était un instrument simple
et commode, qui livrait le patient au bourreau dans une
immobilité absolue, on aggravait souvent le supplice en
y ajoutant beaucoup d'autres châtiments corporels, tels
que le fouet [fla-
GELLUMj, la bas-
tonnade, le feu
(ignis), c'est-à-
dire les torche.s
promenées sur
la surface de la
peau I'tûrmenta .
et le coup de
grâce, regorge-
ment final par
l'épée '°. Les
Grecs pratiquè-
rent de bonne
heure cette ma-
nière de rouer
(Tpe/t'^Eiv) ".
C'est, sans aucun doute, le supplice de la roue qui a
inspiré l'idée du châtiment infligé à Ixion dans les
Enfers; les figures 5960 et 5961, qui reproduisent des
peintures.de vases, représentent Ixion dans l'attitude
du patient attaché à la roue : dans l'une par des poignées
et des écrous'-; dans l'autre, au moyen de cordes '\
Ixion , disent les poètes, était entraîné par le tourbillon
des vents dans un mouvement éternel de rotation". Dans
la réalité, on devait, en effet, imprimer à la roue un
Saint Germain (IS'iî), p. 136, 137, 140, 145, 148, 154, 160, 164, 170, 171, 173,.174,
203; Bertrand, Arch. celtique et gaul. (1889); 2< édit. p. 265, 332, 363, 386.
— 8 Virg. Aen. 616 (ixion) : radiis rotarum districti pendent. — 9 Suid. s. r.;
Aristoph. Pac. 452; Achill. Tat. VI. 21 ; Plul. /Je loquac. p. 500 c. Cf. Arisloph.
Lys. 846; Plut. 876; Demoslh. p. 836, 13; Anlipb. De venef. I, 20; V. 40; Ando-
cid. p. 6, 42: Lucian. Toiar. 28; Dio Chrys. Or. 31 (vol. 1. p. 611, Wakef.);
Poil. X, 187; Plut. .Vicias, 30. — 10 Voir surtout Achill. Tat. VI, 21. — Il Ad-
tiph. De venef. I. 20; Diod. XX, 71 ; Aristot. Eth. VU, 13 ; .4n(Ao/. Pal. V, 181,
3; Suid. s. v. — '2 Raoul Roclictle, Monum. inédits, pl. xiv, p. 179 = Gerhard,
Arch. Zeitung. 1843, pl. xiu. — 13 Annali delilsl. di corrisp. arch. di Itoma,
1873, pl. fK = Bauraeislcr. Oenkm. d. kl. Alterth. p. 767, fig. 821; Roscher,
Leiilc. d. Mgthol., Ixion, fig. p. 769-770. Cf. Visconti, ilus. Pio Clem. V,
pl. XIX = Rich. Dict. d. ant. s. c; Duruy, Hist. d. Bnm. Il, 764. — I* K-jiivS»|.ivoî.
Pind. Pyth. Il, 20; «a^i;esir.«.i»i-«i, Lujian. Dial. deor. VI, 5. Cf. Plut. De aud.
poem, p. 19 F; Tibull. 1, 3, 74. Le mot crftSJioJ», qui s'applique aussi à d'autres
supplices, ne si;?nifie rien de plus que torquere. torturer ; Guggenlieîm, Die Bedeu.
liing d. Folterung im Ait. Processe, diss. Zurich (1882;, p. 25.
Fig. 5961. — Ixion dan
RUB
897
RUD
mouvement circulaire autour de l'axe, de manière à
augmenter par la congestion la douleur des extrémités
tendues'. D'autre part, ce supplice diirérait de celui
que l'on pratiquait encore en France, sous le même
nom, jusqu'au milieu du xvui'^ siècle; d'après nos an-
ciennes lois, le condamné que l'on rouait devait avoir
les os rompus à coups de barres de fer : raffinement
de torture qui rendait la mort plus atroce. Chez les
Grecs, au contraire, la roue n'entraînait pas nécessai-
rement la mort. Le but semble avoir été surtout d'étirer
les muscles jusqu'à provoquer une souffrance intolérable
sans mettre en danger la vie du patient^. Aussi est- il
très rare de voir appliquer à la roue un condamné qui
doit expier son crime par la mort^ C'est, en général, un
moyen d'arracher des aveux à un prévenu ou à un
témoin \ et, pour cette raison, c'est par excellence un
supplice fait pour les esclaves. Il est peu probable que les
Grecs l'aient jamais infligé à un citoyen, pas plus qu'au-
cun autre genre de torture [tormenta] ; du moins, la tra-
dition ne nous en a conservé aucun exemple'^. Les
Romains n'ont connu le supplice de la roue que par les
Grecs; ils l'appelaient <■ un supplice grec » et s'ils l'ont
pratiqué eux-mêmes, ils ne l'ont pratiqué que très tard,
à la fin de l'Empire''. On raconte que l'empereur Élaga-
bale faisait attacher ses parasites sur une roue hydrau-
lique, rota aquaria J^machiîva], qui tournait dans l'eau;
il les appelait par dérision « ses amis Ixioniques »\
Ce récit même prouve que c'était là une fantaisie ins-
pirée par la légende grecque. En réalité, les upplice de la
roue chez les Romains n'appurait pour la première fois
que dans le récit des souffrances endurées parles confes-
seurs de la foi chrétienne*.
IlL — Roue hydraulique [rotn aqunria) [machina,
p. 1467 = ; METALLA, p. 1839, 1860].
IV. — Roue de potier [rota /iffu/a/'is)'" [kiglimim oins,
p. 1121, 1122, fig. 3033,30341.
La figure de la roue a eu dans l'art des peuples anciens
un sens symbolique; attribuée, par exemple, à la Fortune,
à l'Occasion ou à Némésis [fortuna, kairos, nemesisJ, elle
exprime la rapidité avec laquelle se succèdent les vicissi-
tudes de la destinée humaine. Sans parler ici du dieu
gallo-romain, qui a pour attribut une roue ", on pourrait
mentionner toute une catégorie de monuments, trouvés en
Grèce et en Italie, sur lesquels est figurée la roue symbo-
lique ; mais les explications qu'on en a données sont jus-
qu'ici assez confuses et n'emportent pas la conviction '-.
Pour la roue servant aux enchantements, voir riiombis
et TROCUus. G. L.^fAVE.
RUBRICA. — Bol rouge, sanguine', terre dont les
anciens se servaient pour colorer en rouge, soit en l'em-
' Le passage le plus si;,'iiilicatif est [Maut. Cisl. Il, I, 4. Cf. Martijral.
rum. 23 api-il. — 2 C'est ce qu'a bien vu notamnicub Barenius ad Mnrtyrot.
ruman. 23 april. Cf. Ducanse, s. i'. Uota. — 3 Peut-ôlre Anaciv fragm.
21, 9 (ap, Atlien. XII, p. 534 A). — '. Plut. Nicias, 30, ne fait pas excep
lion.— 5 Guggenheira.Z.. c. ; Hermaim et Thallieim, Ulirb. d. gr. Aiilii/u.
II. p. 20, not. 2 : p. 124, note 4. — <• Ititu ijraeciensi rota, Apul. Met.
III, 9; cf. X, 10; Cic. Tuic. V, 9, peut contenir une glose {rotam-<iraecos).
mais elle eonfii-me la tradition. Plaut. Cisl. Il, 1, 4, peut être traduit «lir
grec. Il n'est question que d'ixion dans Tibull. I, 3, 74; Virg. Geory. III,
3S: IV, 484: Am. VI, 61ti ; Sen. Herc. fur. 750; Herc. Oet. 1011; Clau.liau.
Itapt. Proserp. Il, ,133, — '' Lamprid. Heliog. 24. — 8 .\turtijrol. rom.
23 april. cl Baron, Ad. II. l. Martyres des SS. Félix, Fortunat et AcIiilliC-e à Valence
en l'an 212 ap. J.-C. — 5 Ajoutez aux sources Lucr. V. 517. — <0 Xcn. Conv. VU,
2; Plat. Rep. IV, p. 420 E; Aniiplion. X, p. 449 B; Polyb. XII, 15, 0; XV, 3:i,
2 ; Plut. Mor. p. 588 F; Atlien. I, p. 28 C ; Plaul. Captiv. Il, 3, 9 ; EiiUI. III. 2,
35 ; llor. Ars poet. 21. — H Voir la bibliographie de la iiuestion dans S. Reinacli,
Bronzes figurés de la Gaule rom. p. 31-3G. — i'2 Voir en particulier de Willc, Descr.
VIII.
ployanl directement sous forme de crayon-, ou en en frot-
tant un cordeau à tracer [linea], soit en la mélangeant à
d'autres substances [inscriptiones]'' destinées à la pein-
ture, à la teinture, aux fards; les potiers faisaient parfois
entrer la mibrica ou le i^iXto; dans la composition de
la terre dont ils faisaient leurs vases''.
L'habitude (jue l'on prit d'écrire en rouge, dans les
livres, les initiales et les premières lignes ou têtes de
chapitres établit, comme on l'a déjà expliqué [cinnabaris],
la synonymie entre les mots rubrica et titulus, qui s'est
perpétuée, notamment dans les recueils législatifs, et
conservée dans le français « rubrique » °. E. Saglio.
RUDIS ('PotSôo;), baguette. — • 1" Agitateur (xûxTjôpov),
baguette dont on se servait dans la cuisine et dans
l'industrie pour mélanger les divers éléments d'une
préparation liquide ou pour retourner des corps
solides sans y mettre les doigts'. Cet instrument fort
simple remplissait à peu près l'office d'une cuiller à
pot. Mais il était tout droit et ne se terminait pas par un
cuilleron^; par là, il se distinguait de la spatha, très
employée aussi pour des usages analogues. Ce n'étaitrien
de plus qu'une tige de bois léger, telle que pouvait en
fournir, par exemple, la férule (/'eruUi, v^ipOr,^^). Cepen-
dant, on en faisait aussi en fer, notamment pour mélanger
le soufre et le plomb en fusion*. A la ruil'ts on substi-
tuait, suivant le besoin, la rudiculn. plus petite -'.
2° Baguette,
bâton , canne ,
qui jouait dans
l'escrime desan-
cienslerôled'un
fleuret. On dut
l'employer d'a-
bord dans les ar-
mées pour exer-
cer les soldats
au maniement
deTépée*^. Delà,
la rudis passa
dans les troupes
de gladiateurs ;
elleydevintl'ou-
til indispensable
à leur instruc-
tion ; c'est avec
la rudis en main qu'ils faisaient chaque jour au ludu.'(
l'apprentissage de leur art difficile et périlleux [glaiha-
torI '. Mais comme ils ne devaient avoir aucune arme
offensive à leur disposition avant le jour du combat, il
est probable que ce bâton même ne leur était confié que
ffc la coll. Betignot. p. 24; Oaidoz, lleii. urcli. 18»4, II, p. 23, I3C, 141 ; 1885, I,
p. 195, 200, 365.
KUBRICA. 1 La rutinca terra est souvent confondue avec rilémalite, aiis^i
bien qu'avec le mijiiuin, <i.Vt,z'j-^ ou cinabre [coloh, p. 1329, cinnabarisJ ; voir Blil-
mner, Techn. d. Gewerbe, IV, p. 479 sq. — 2 Hor. Sal. 11, 7, 98. — 3 Plaul.
Truc. 11, 2, 39. — 4 Plin, Hist. nat. XXXV, 152 ; Suid. s. v. Koà.iSo; xr.pK^ii.,;
Bliimner, 0. c. Il, p. 30; Pottier, Catalog. vas. du Louvre, p. 053. — 6 Schol. ad
Pcrs. X. 90; Rubricum vacant minium guo tituli legum adnotabuntur; Quinlil.
Inst. or. Xll, 3, 11 ; Cic. In Vcrr. Il, 1. 45, § 116, 117 ; Dig. XLIII, 16, etc.
nUDIS. Aristoph. fac. 654; Bekker, Anecd. p. 48, 28 ; Joseph. Ant. Jud. XVII,
3,8; Cat. /(. r. 79; Pliu. H. n. XXXIV, 50, 4.-2 Sans quoi Caton, L. c. ne dirait
pas ; versato duabus rudibus. — 3 Plio. L. c; Diosc. V, 103. — '• Plin.
i. c. -s Cal. /(. r. 95; Plin. H. n. XXXIV, 54, 2 ; Colum. Xll, 48. - 6 T. Liv.
XXVI, 51, 4; XL, C, 6, iuMvi; ptoiz»^?» dans Polyb. X, 20, 3, source de T. Liv. XXVI,
51, 4. — 1 Suet. Cnlig. 32; 6v. Ars am. III, 515; Cic. De opt. gen. orat. 0;
Lucil. ap. Cic. De or. 23; Tac. Dial. de or. U; Juv. VI, 24s et Scliol. Ad. h. t. :
DioCass. LXXII, 19 (i.'=,s syi.yov, vàe8>)î).
113
'V
~ , -
" J s
^A
-
\
\
î IP
-
r^'"
' \' Mi
—
^<^-4 ^
7n \ Y )« ^
^
\J
' Vf S
W:
ÏÏ-' ■■
\ -^'
Fig. 5962. — Laniste tenant la rudis.
HUN
— 898 —
RUN
peiulaul la dunV' de lours exercices. Au contraire, leur
chef, le lanisle, en était toujours muni ' ; ce n'était pas seu-
lement pour lui un insigne, un bâton de commandement,
mais encore une arme véritable, qui devait lui être sou-
vent utile pour réduire à l'obéissance des hommes vio-
lents, brutaux par profession et toujours prêts àlarévolte.
Plusieurs monuments représentent le lanistc tenant la
riidis h la main lig. 59(5:2 ; gladiatoh, fig. 3.'j7U, 3577, SriSl) .
Le jour où le gladiateur lui-même obtient son congé,
on lui donne la rudis en toute propriété [rude donniur).
parce qu'en général, il n'habite plus au ludux et qu'il ne
peut plus y semer le désordre ; on n'a plus rien à craindre
de lui; il est rudiarius-. Ou bien encore il revient au
Indus, mais alors en qualité d'instructeur, il est gradé ;
et le bàlon, qui ne le quitte plus, est entre ses mains le
signe de sa dignité ; il commence par le titre dexcciiiida
rudis et peut s'élever ensuite jusqu'au grade de prima
ou suinma rudis [gladiator^^. D'après quelques textes,
il semble Lien que le bâton pouvait alTecter la forme de
l'épée dont il tenait lieu, et la mise en scène de la gladia-
ture était, en général, trop luxueuse pour qu'on n'ait pas
cherché à orner aussi cet objet si important. .Mais il nous
est impossible d'en juger par les monuments qui nous
sont parvenus; la rudis n'y est pas autre chose qu'un
bâton plus ou moins épais. Georges Lakaye.
RU.\CIX.\ ('PjxivY,), rabot. — Cet outil, indispensable
aux travaux du menuisier, de l'ébéniste, du charron et,
en général, de tous les ouvriers du bois, semble, si l'on
s'en rapporte à l'étymologie, avoir été emprunté aux Grecs
parles Romains'. La construction du rabot antique ne
différait pas sensiblement de celle du rabot moderne ; le
couteau (probable-
ment plana, ita'f,)"
y était inséré obli-
quement, au milieu
d'une monture rec-
tangulaire, dans une
ouverture par où
s'échappaient les copeaux [ramenla)^ . On a cru, d'après
certaines représentations figurées, que le rabot devait
être percé de deux ou plusieurs ouvertures'. Mais,
outre qu'il serait difficile d'expliquer le maniement d'un
outil ainsi construit, les spéci-
mens authentiques qui ont été
retrouvés ne justifient pas cette
hypothèse. Deux rabots en fer, de
l'époque romaine, ont été exhu-
més à Cologne '. L'un (fig. 5963), de 0 m. 363 de longueur,
était certainement entouré d'une monture en bois, comme
en témoignent les quatre clous verticaux qui ont servi à
• Charis. I, p. 115; Glo»». lat. gr. Labb. s. i: ^àSSo; <i -.:,-, i«o:iiT£v t.:v
|i««|uLi>i«. — - Oc. Phil. \\, 29; Ps. Cic. Epist. ad. Octav. 9; Hor. EpiH.
I, I, 2; Ov. Amor. II. 9, 2J ; Trist. IV, 8, ÏV; Mari. Spect. 29; 111, 36 ;
Jur. VI, 113, VII, 171 ; Suet, Tib. 7; Claud. 21 ; C. i. l. XII, «52. — 3 c.
i. t. VI, 10170, 10201, 10202; VIII, 10983; IX, 5906; X, 1U2S; Allracr cl Dissard,
tnscr. de Lyon, III, p. 8; So'ji(|L«poû$ii;, Hiila cl Scanlo, Sitzungbrr. d.
Aknd. in n'ien, CXXXII (1893), p. 17, 12; Cagnat cl Lafavc, Jnscr. gr. rom.
III, n. 215.
nUNCIXA. 1 Varr. L. l. V, 00, p. 113 M : runcinare a runcina. ciijm fu.àvr.
origo graeca ; Anlhol. Pat. VI, 201, 3; cf. 205, 2 (?;; Plin. U. nat. XVI, 22,î ;
llesvch. t. V. — 2 Arnob. VI, U; llcysch. ii-.^x. — 3 Plin. i. r. — t Hich, IHcl.
d. aniigu. s. %•. d'après un bas-rclicf de RasUdl. Voir aussi Grulcr. Imcr. p. 644,
1 ; Uelbi^, Wandgem. Campan. a. liUJi; Blûiniier, L. c. — 5 Lindensclimit, .Mterth.
un9 hcidn. Vorzeit, IV, pi. xxi. Couteaux do i-abols, Ibid. n. ■5(a^cc nom du fabri-
caol), 6 cl I. Ilcfl XII, pi. V, n. 8 — 6 Niccolini, Mon. ili Pompci, 1, Casa di
l.ucrciio, IV, 5; Ceci, l'iccoli bronzi 'del Muieo di Napoli, pl. x, 1. — " Varr.
/,. c. ; Arnob V. 28; Miuuc. Fcl. Oct. p. 23 E; Hhas. gr. lat. s. v. — 8 Ganucei,
\1
la fixer. On peut douter qu'il en fût de même du second
(0 m. 325 de longueur). On conserve au musée de Na-
ples plusieurs rabots prove-
nant de Pompéi (fig. 5964)',
dont le devant a la forme
d'une boîte carrée, avec une
ouverture au-dessus, par où
sortent les copeaux ; le der-
rière, celle d'une anse ser-
vant à pousser et tirer l'ou-
til La ligure 5965 représente '
°. . ^ . Fig. 3905. - Menuisier.
un menuisier occupe a rabo-
ter (runcinare, huxcoi'.ïie'.M) une planche sur un établi''.
La stèle funéraire d'un ébéniste grec, fabricant de lits
(xÀs'.voTiTiY!);, lectarius; voir tECTi's)', nous montre, au-
dessus des autres insignes de sa
profession, un outil dans lequel on
a cru reconnaître un rabot, quoi-
que la construction en soit assez
différente de celle qu'on a vue
plus haut. U semble se composer
d'un manche recourbé, qu'une
large bande de cuir ou de métal
fixe à une lame horizontale; pour
s'en expliquer le maniement, il
faut supposer qu'il était destiné
non pas à polir le bois, mais à y
creuser des moulures (fig. 5966)''.
Quelques textes mentionnent, en
effet, une sorte de rabot dont se
servaient les sculpteurs sur bois
pour fabriquer les statues des f'?- ''Ji'û
dieux'"; on ne peut guère voir là
autre chose que le « bouvet », dont la lame, sillonnée
d'une ou de plusieurs gorges, est propre à l'exécution des
moulures. Georges Lafaye.
RUXCO. — Instrument d'agriculture appelé aussi fal-
castrum parce que sa forme est analogue
à celle de la faux'. C'était, en effet, une
lame de fer infléchie (fig. 5967), ajustée à
un long manche grâce auquel on pouvait
l'introduire dans les broussailles épais-
ses'. La runcntio, ainsi se nommait l'opé-
ration', consistait, quand elle ne se fai-
sait pas à la main,* à enlever, au moyen
du runco, les mauvaises herbes^ et les
ronces'* dans les moissons'', les fourra-
ges*; les légumes, comme les asperges',
les fèves'". Elle devait se faire avec dis-
cernement" et à des époques déterminées'-, plus parli-
Vielri ornati di figure iii oro, pl. xxxiu; 0. Jahn, Ber. d. S'ïchs. GeseUsch. d.
Wissensch. 1S61, pl. xi, I ; Perrel, Catacombes, IV, iî, 14; Blûmner, Op. cit.
p. 344. fig. 58, n. 4. — 9 Provienl de IWrcbipel. Musée du l.omTe. Michon, BuU. de
la Soc. des Antiquaires de France, I9U0, p. 98. 100 el 300; Héron de Villefosse,
Ibid. Mém. LXII, p. 206. Stèle d'un cliarronde Chypre; Michon, X. c. p. 101 ; cl.
Bu//. 1901, p. 249 t?|. — 10 Minuc. Fel. Octav. 23 ; Terlull. Apol. 12 ; Arnob. VI,
n ; Auguslin. tic. Dei, IV, 8 ; Brunck, Anal. I, 227.
RVXCO. 1 Isidor. Orig. XX, 14, 5.-2 Id. Ibid. ; cf. Pallad. I, 43, 3. La fig.
5967 reproduit un de ces outils trouvé dans les fouilles de la villa Pisanetla. près de
Pompéi: 1/onum.d. .Accnrf. rfei iiiicei, VII, p. 439, fig. 39. Autres : Musée de .Naples,
Ceci, PiccoU bronzi, pl. x, 53 ; .l/i(//iei7. d. Aniiq. (lesellsch. in Zurich, XV, pl.
XII, 29 el 30. — 3 Plin. XVlll, 50, I ; Columell. 11,12, 9. On appelait aussi runcatio
les herbes el les ronces (lu'enlevail le runco ; Columell. Il, 12, 6. — * Colum. V, 4,
7.-5 M. Il, 11, 3; 12,6. — 6Calo, H. rust. Il, i ; Pallad. I, 43,3. —^ Varro. R.
rust. 1,30: Plin. .Wat.hisl. XVlll, .50, 1; Coluiu. Il, 12, 1; XI, 2, 4. - 8ld. XI, 2.
4; Pallad. III, 6. — 9Calo, H. r. CI.X1, 2. — <« Colum. Il, 12, 6. — n Id. Ibid. el
11, 12. 9. — 12 Varro, B. rust. I, 30; Plin. XVlll, 30, 1 : Coluro. XI. 2, 40.
n-BtlTHNOC •
fcPMHCKAeiMO
' HHrO NfcUlTtlb.
^t^AtK^.lM-Aiv I
npippAtiTA/jAief. I
Oulilsd'ébènislfi.
RUS
— 899
H US
lièrement au mois de mai ' ; il faut cependant, comme le
fait observer Columelle, exterminer en tout temps les
mauvaises herbes - ; la runcatio devait donc être fré-
quente ^ Régulièrement elle se faisait après la sarrilio'',
ou sarclage [sarculum], qui, elle-même, était précédée de
l'of c«^/o [raster]. L'ouvrier qui maniai lie /"«nco s'appelait
runcator^. Henry Thêde>at.
RUMEX. — Arme connue seulement par la mention
qui en est faite à côté dusPARUM gaulois '.
RUMIIVALIS FICUS [romulus et REMUS, forum].
RUSTICA RES. — Par cette expression, les auteurs
opposent souvent les choses de la vie rustique à celles
de la vie urbaine, et les profits qu'on lire de la terre aux
gains que l'on fait à la ville, principalement par le com-
merce et par l'usure '. Rus, c'est tout ce qui, sur terre,
n'est pas enclos dans les murs d une ville ; c'est la cam-
pagne comme la montagne, ce sont les champs et les
terres incultes, ce qu'on nommait jadis la friche et ce
qu'on appelle aujourd'hui la brousse dans les pays à
demi-peuplés -. Rura ne devint l'équivalent de ai'va que
par synecdoche et à une époque relativement récente.
La brousse défrichée prenait le nom de ager. Selon la
façon dont on appropriait cet ager, on avait l'une de ces
quatre formes^ qui correspondent aux grandes divisions
des traités agronomiques anciens' comme aux plus
récents ^ :
I. Ager salionalis. — Champs ensemencés de céréales, de plantes
sarclées alimentaires ou industrielles IAgriculture).
II. Ager consitus. — Terrains plantés d'arbres fruitiers, verger.-,,
oliveraies, vignes, etc. (Arbohicultube).
III. Ager pascuus. — Pâturages (Zootechnie).
IV. Ager floreus. — Jardins potagers, d'agrénii-nt ou cultivée
plus spécialement pour les abeilles (Horticiltube).
Grèce. — I. Agriculture. — Historique. — D'après
les Grecs, c'est en Egypte qu'il faut chercher l'origine de
l'agriculture. Isis aurait découvert le froment et l'orge
qui croissaient dans la vallée du Nil « confondus avec
les autres plantes'^ ». Osiris aurait trouvé le moyen de
cultiver ces deux céréales et l'aurait enseigné aux Égyp-
tiens ^ Diodore, cependant, après avoir rapporté ce
mythe, cite une autre tradition plus conforme aux vues
I Varro. R. r. I, 30; Colum. IX, 2, 40; Menologia rustica, dans Corp. msci-.
lat. 1, 2" éd. p. 280, memis Mains : seget[es) runcant(ur]. — i Colura. XI, :i,
19. — a Id. 11, 9, 18. — « Cato, R. r. CLXl, i ; Plio. .\al. lusl. VI. 50, 1 ; Colum.
II, 12, 9. — 5 Colum. Il, 13, 1 ; XI, 3, 19.
BCMEX. ' Lucil. ap. Fest. s. v. rume.î ; A. Gell. X, 25.
RUSTICA BES. 1 Varro, De re rust. III : Qaae conslilula sunt fructus causa.;
III, 1 ; cf. Liiii). lat. V, 40 (sans tenir compte de la fausse étymolopie) : Qtiod iti
ag7-is quoi quotannis rursum facienda eadem ut ursum capias fructus appella.ta
rura ; Plaut. J/erc. IV, 3, 15 ; Cato, H. rusl. I, pr. ; Cic. De orat. I, 58 ; 11,6;
Isid. Orig. XV, 13, 7; cf. Aristot. Polit. 1, 3. L'adverbe rustice a mieux conserv(>,
comme synonyme de înurbane, sou sens étymologique. — 2 Lucret, V. 1247 ; Virg.
Aen. IV, 527; Georg. Il, 412 et Serv. Ad h. L: Isid. Orig. XV, 13, 7. — JAristol.
Polit. 1, 4, 11 ; Isid. Or. XV, 13. 6. — «■ Virg. Georg. IV, 1-4; Isid. L. l. — ^ Voir
Progr. officiel du 27 juillet 1882. — li Diod. Sic. I, 14; Leoo. Pell. fragm. 3-4
{Fragm. hisl. graec. éd. Didot, 11, p. 331). — ^ Diod. Sic. I, 14; Plutarch. De Isid.
et Osir. 13 ; Avien. Z/e«cr. or6is, 354 ; Serv. Ad Georg. I, 19.— 8 Alp. de Candolle,
se basant sur un passage de Bérose et sur une phrase d'Olivier ( Voy. dans l'emp.
Othoman, etc., 1807, III, p. 460) a prétendu que le blé était originaire de la Méso-
potamie (Geogr. botan. rais. 1855, et Origine des plantes cultiv. 1883, p. 284)
et son opinion a été reproduite par des savants archéologues (li. Maspéro, Hisl.
anc. des peuples de l'Orient ctassig. 1895, I, p. 555 ; P. Foucart, ftecn. sur l'orig.
et la nat. des mystères d'Eleusis. (.Vém. de l'Acad. des Inscr. XXXV, 11, 1890,
p. 3). Le témoignage de Bérose a autant de valeur que les passages d'Homère (bl'-
sauvage en Halle) ou de Diodore (blé sauvage en Egypte, eu Arabie, etc.). Quant n
la phrase d'Olivier, tout botaniste peut faire la même constatation, môme à P.iris,
et Olivier l'avail déjà faite. Alph. de Candolle, après a\oir admis l'autorité île la
phrase d'Olivier à la page 284 (Orig. des pi. cuil.), la rejette complètement auv
pages 292 et 295. Eu somme, l'origine du blé est inconnue. — ^ Dureau de la
.Malle place à tort cette ville en Palestine. — '0 Diod. Sic. I, 15; Uymn. Homer.
in bacch. 8 et 9, et ap. Diod. III, 65 ; cf. IV, 2. — n Diod. Sic. I, 15 ; Plut, De
des botanistes modernes * ; ce serait d'Asie que les Égyp-
tiens auraient reçu leurs premières notions agrono-
miques; Osiris aurait appris la culture des céréales à
<> Nysa, ville de l'Arabie Heureuse ^ où cet art était en
honneur'" ». Ce serait encore à Nysa qu'Osiris aurait
trouvé la vigne et bu le premier vin ". Il est intéressant
de remarquer que les Chaldéens faisaient venir leur pre-
mier agronome, le dieu Oannès'-, du golfe Persique
dont les flots baignent l'Arabie Heureuse" et que c'est
aussi de c.elte région que vinrent les Phéniciens pour s'éta-
blir dans les vallées du Liban et sur la côte de Syrie '*.
Quoi qu'il en soit, l'agriculture était déjà florissante en
Chaldée, comme en Egypte, longtemps avant le second
millénaire'^, époque où les Grecs ne font remonter aucun
de leurs vieux mythes"; ce ne serait même que vers
le xv" siècle que les premiers éléments de la culture
des céréales et des arbres fruitiers aurait commencé en
Attique, d'où elle se répandit dans le reste de la Grèce ''.
Étudiant à nouveau les mystères d'Eleusis, M. P. Fou-
cart conclut que « l'agriculture ne s'est pas développée
peu à peu chez les Grecs, et par leurs efl'orts successifs,
mais qu'elle fut introduite d'un seul coup par des étran-
gers" »; que c'est sous le règne de Pandion, voire
même d'Amphictyon. qu'elle fut introduite par des colons
ou des fugitifs venus d'Egypte qui apportèrent les cultes
d'Isis et d'Osiris en Argolide et en Attique '" ; que pour
conserver le souvenir des bienfaits que leur avaient
procurés ces étrangers, les Grecs racontèrent que Osiris-
Dionysos donna un plan de vigne à son hôte Icarios'",
en même temps que Isis-Déméter faisait connaître les
céréales à Kéléos d'Eleusis^', enseignait l'art de labourer
à Buzygès^S celui d'ensemencer à Triplolème", et don-
nait le figuier à Phytalos". Plusieurs fois, M. P. Fou-
cart est revenu sur la distinction que l'on doit faire entre
le Dionysos attique et le Dionysos thébain"; pour
grande que soit cette ditTérence au point do vue reli-
gieux, elle n'est pas de moindre importance pour l'his-
toire agricole, car elle nous montre une autre source
où les Grecs puisèrent leurs principes agronomiques^''.
Les procédés agricoles desÉgyptiens son t trop spéciaux^"
Is. et Osir. 13 (éd. I.cemans, p. 21); I/iscr. d'/os, ap. Kaibel, Epigr. graec.
\i. 21. — 12 Beros. ap. Syncell. p. 26 B, et ap. Eiiseb. Chrome. Biparl. (éd. Au
cher), I, p. 20 ; cf. Phot. Biblioth. CCLXXIX, p. 1594. — 13 Dio;J. Sic. III, 14.
— H Hcrod. I, 1 ; Vil, 89; Justin. XVIll, 32; cf. F. Lenormant, Manuel d'hist.
anc. 1869, 111, p. 3; U. Maspéro, O. l. Il, p. 64. — IS Pour la Chaldée, cf. les
contrats de Tello et la table de la loi d'Hamraourabi, qui sont au Louvre ; Scheil,
Lu loi de Uammourabi, Paris 1904, les §§ 17, 30, 31, 36, 37, 38, 39, 40 et 41 pour
les champs, 30, 31, 30, 37, 38, 39, 40 et 41 pour les jardins, 57 et 58 pour les
pâturages, 42-47 pour les fermages, 59, 60 pour la destruction des arbres, 48-52
pour les emprunts agricoles, 53-SG pour les irrigations. Les monuments funéraires
de la v' dynastie égyptienne, comme le mastaba d'Akhoulotep qui est au Louvre,
nous fournissent do nombreux renseignements. Cf. G. Maspéro, O. c. I, p. 27 sq.
— 16 J, Brandis, De temp. graec. antiquiss. ralione, Bonn. 1857 ; Ëuseb. (éd.
de Venise, ISIS); II, Temp. canones, p. 03 sq. — " Isocrat. Paneg. XXXI, p. 28
(éd. Didot.) ; cf. Mém. de la Soc. des Antiq. de Fr. XXII, 1855, p. 323-327 ; la
lettre du proc. L. Meslrius Florus {Bull. cor. hcll. I, p. 289) ne donne aucun
renseignement sur celte (juestion. — 18 p. Foucart, L. c. — l'J Apollodor.
III, XIV, 7; P. Foucart, L. c. p. 75; Les dernières théor. sur les Dionysos
attique iJourn. des savants, 1904), p. 266; Culte de Dionysos en Atiique
{Mém. de l'Ac. des inscr. XXVII, II), 1900, p. 39, 43, 159 sq. ; Ikrodot.
Il, 171 ; Plin. H. nat. VII, 57. — 20 Apollod. III, 14, 7, cité par M. Foucart,
Culte de Dion. 1906, p. 43, 03. — 21 Apollod. III, 14, 7; Plin, VII, 57.
— 22 Plin. Vil, 57, S. — 23 Plato. Leg. VI, p. 782 b ; Paus. I, 14, 2; VIII, 4, I ;
cf. Diod. Sic. I. 18, qui fait de Triplolème un disciple d'Osiris. — 21 Pansan. I,
17, 2 ; cf. Antliol. gr. Append. cp. 109 ; Philostr. Vit. soph. II. 20 : Foucarl. Les
gr. myst. d'Eleusis, p. 23. — 2o p. Foucart, Les dsrn. théories, p. 267 ; 6'»//e
de Dionys. p. 3, 19, 55 sq. ; cf. Martin ISiIsson, Studiu de Dionysiis attic.
I.undac, 1900, p. 85-88. —26 Herodol. H, 19; Eurip. Bacch. 181. — 27 Herodol
II. 14 ; G. Maspéro, O. t. II, p. 27 sq. ; Thaer, Die ait. aegyptische Landwirthsch.
Berlin, 1907.
RUS
900
RUS
pour qu'on puisse les introduire dans d'autres régions •.
leur agriculture, adaptée au climat particulier de la val-
lée du Nil', est uniiinement basée sur la crue pério-
dique du fleuve el ses inondations annuelles'. Il fal-
lait donc aux Grecs d'autres éducateurs et ils les trou-
vèrent parmi ces Phéniciens qui s'emparèrent, avec
Cadmus, de la Béotie ' vers le temps où Danaus abor-
dait en Grèce*. Peu de pays étaient, alors, mieux culti-
vés que la terre de Chanaan "' ; et les grandes colonies
phéniciennes, Chypre ^ Sicile', Byzacène' et Bélique',
restèrent longtemps des greniers d'abondance, bien que
le sol n'y eilt rien de cette fertilité naturelle de la Méso-
potamie'" ou de l'Egypte". C'est que les Phéniciens ont
toujours été considérés comme d'habiles ingénieurs'- et
de savants agronomes '% et personne ne sut, comme eux,
aménager les eaux" ou les pentes des collines. L'âge
d'or de l'agriculture grecque coïncide avec la période
homérique'-', époque oii Phéniciens et Hellènes avaient
les plus fréquents rapports "*. Hésiode, bien que consi-
déré par Aristophane'" comme le premier agronome,
marque déjà la décadence'*; il ne craint point de don-
ner des conseils de physiologie intime", mais, comme
le remarque Cicéron -", il ne dit rien de la fumure des
terres et l'on continuera, en Grèce, jusqu'à nos jours, à
dédaigner les engrais ■'. Cela lient à ce que l'Égyple a
toujours exercé le plus grand attrait sur tous les Grecs et
que la plupart des savants, comme Thaïes, Solon. Héro-
dote, allèrent y chercher les premiers rudiments scienti-
fiques. Ces notions premières, surtout celles qui concer-
nent l'agriculture, sont erronées, bien que déduites de
faits réels. Les inondations du Nil font la fertilité de
l'Egypte ; il y a mauvaise récolle toutes les fois que l'eau
n'est pas assez abondante et que la crue n'est pas nor-
male"; de là, cette conclusion, qui se trouve chez Héro-
dote, que l'eau seule donne la fertilité ; que c'est l'humi-
dité, la pluie qui fait l'abondance -^ Théophraste le
redira-* après Aristole-^, après Hippocrate -% et ce sera
l'un des dogmes d'Épicure '-'. Cependant, quand ce phi-
losophe constatera que, malgré des pluies régulières, le
sol n'est plus aussi fertile, il formulera sa théorie de la
dégénérescence de la terre-', que les agronomes latins
refuseront d'accepter -'. Incapables de comprendre les
causes de l'épuisement de leurs champs, el en dépit des
exemples de la Perse'", les Grecs se borneronl à planter
des vignes el des oliviers, négligeant, même dans leurs
I lleroiiot. II, 35. — 2 Id. 13 et H. — s Fr. Lcoormaiil, La légende de Cadmus
(Annales de philos, chrét. 1867): Ul. Les prein. civilisât. 1874, 11, p. 3H sq. ; cf.
Hcrod. Il, +9. — * Diod. Sic. I, SS ; XI., Fragm ap. Exe. Phol. p. 542. — 5 Ùeul.
I, 25. —6 D'où son surnom d'EÙu$r,;; cf. Dapper, Descr. de l'Archip. p. 46;
Kngcl, Kijpros, 1, 58; F. Uiiger el Kolschy, Aie Jnsel Ojpern, p. 97-473; A. Gau-
dry et A. Dainur, Essai d'une carte agric. de nie de Cypre {Hecherches scientif.
en Orient, Faris, 1855). — 1 Pindar. tJlymp. I, 20. — 8 Pli,,. H. nal. V, 3 ; XVII, 3,
XVIII, 27.-3 Pliii. //. nat. XVll, 3, 6. — lo Herod. 1, 192. — n Hcrod. Il, 14.
— '2 D'où l'épilkèlc de soiuSa.SaJi'-î : cf. Hei-od. VU, 23. — 13 Renan, Mission de
Phénicie, p. 633, 634, 639 ; cf. G. Maspéro, Uisl. anc. des peuples de iOr. 1897,
II, p. 1S8 ; G. Pcrrol et Chipiez, Hilt. de l'Art. III. p. 366 sq. — '* De la Blanclièrc,
L'aménagement de l'eau courante dans l'Afriq. anc (Acad. des inscr. 18 dcc.
1891).— l5Roiigieid^ la Bergerie, Hist. d- l agric. des Grecs, 183U, p. 21.
— '6 V. Bérard, Les J'Iténidens et l'Odgssée, 1902; \V. Hclbig, A'ur In quesl.
mycén. (Mim. det'Ac. des Inscr. XXXV, II, p. 312-346). — i: /San. 1634. — 'S Roii-
giiT lie la Bergerie, O. cit. p. 229. — 1^ Op. et dies, 725-730. — 20 De senect. 15.
— 21 Gos, L'agriculture en Tltessnlie, passini. — 22 ilerodot. Il, 14. — 23 Hcrodot.
II, 13. - 2» Tlieophr. De cam. plant. Il, 1-3. — 25 Probl. XX, 20. — 2C Ue ae.
aq. loc. (éii. Coray) LXXVIII sq. — 2' Lucrel. De rer. nat. I. 251-265. — 28 I.ucrcl.
Jb. II, 1133-1157; V, 207-213. — 2'J Coliim. Ue re. rust. pr. — M Xcnopll.
Oecon. IV, 4 sq., confirmé par l'inscription grecque découverte par .MM. Uadet el
Kougùres el qui est conservée au Musée du Louvre. - 31 Ilerodot V, i'J. — 32 C.
Pcrrol Le commerce des céréales en Atliq. au l\- siècle (flee. hist. 18771.
meilleures colonies ", la culture des céréales pour se
faire importateurs du blé ", se livrer au commerce, à la
navigation'*' et dire avec l'Athénien: « Je n'obtiens rien
en travaillant la terre, mais j'ai tout par la mer'*. >>
Faisant œuvre d'érudition, Varron, cite dans la pré-
face du De re ru.ttica plus de cinquante agronomes qui
auraient écrit, en grec, sur l'agriculture '\ Nous ne
pouvons juger ces ouvrages, mais nous avons le témoi-
gnage de Xénophon qui prétend que les agronomes
de son temps <■ dissertent merveilleusement en paroles,
mais qu'ils n'entendent rien à la pratique'" ». Columelle
parle avec respect des anciens ouvrages grecs, mais il ne
leur accorde qu'une confiance relative, car « les principes
de l'agriculture de nos jours s'écartent des règles sui-
vies dans les temps passés''".- » Pline ne dit pas autre-
ment el ses meilleures références sont « Denys, traduc-
teur de Magon, Diophaneabrévialeur de Denys'' ». C'est
que les Romains se reconnaissaient meilleurs culliva-
teurs que les Grecs" el s'ils voulaient perfectionner leurs
méthodes, ce n'est pas à la Grèce qu'ils demandaient des
leçons, mais à Carthage''". Quoiqu'il en dise, Virgile,
pour ses Géorgiques, doit moins au chantre d'Ascra*'
qu'à l'Africain Magon*-. Lorsque l'empereur Constantin
Porphyrogénète, « voyant que toute politique se divise
en trois parties, le militaire, la religion et l'agricul-
ture" », donna l'ordre de compiler, en grec, les meil-
leurs préceptes agronomiques, le savant chargé de cet
office** ne fil aucune coupure dans les anciens agro-
nomes grecs et se contenta de compulser des Latins,
des Africains ou desSyriens'°. Les Géoponiques ne nous
fournissent aucun document sur l'agriculture au siècle
de Périclès, mais elles forment un véritable trésor pour
les cultivateurs de l'ancien pays de Chanaan, comme le
montre la traduction syriaque que l'on en fil dès leur
publication **.
L'esprit dorien fut toujours contraire à l'agriculture, et
le Cretois n'était pas seul à chanter : << Ma richesse est ma
lance, mon glaive el mon beau bouclier ; c'est avec cela
que je laboure, que je moissonne, que je fabrique le vin
de ma vigne". » Quantaux Ioniens, des esprits satiriques
pouvaient dire qu'ils s'adonnaient de préférence à la té/vT|
àyopaîa **, laissant aux naïfs el aux simples la culture des
champs *'. Doriens et Ioniens s'accordent à regarder
comme barbares les trois seuls peuples agricoles de la
Grèce, les Éléens, les Thessaliens et les Béotiens ''" :
p. 22. Pour les importations actuelles de céréal'S en Grèce, cf. Dem. Gcorgiadès.
La Grèce économiq. Paris, 1893, p. 29. — 33 Hesiod. Op. et d. 611 sq. — 3V.Vcn.
Hesp. Athen. Il, 12; cf. /b. Il, 7. - 35 Varro, H. rusl. I, pr. — 36 Xenopli. Oee.
XVI, 1. —37 Col. /t. rusl. pr. — 3» Voir les sources des livres XIV, XV, XVll
et XVIII. — 39 Cf. l'éloge de la culture romaine par Varroi, (fi. rust. I. 2), — «o Lc^
traités de Varron et de Columelle ne sont que des abrégés de l'ouvrage de Ma^oo.
comme le disent les auteurs. — ^1 Georg. H, 176 ; les commentateurs regardent As-
crrtcum comme synonyme de Georgicum. — 42 .MahalTy, ffermathena V; cf. le résumé
des études faites sur les sources des Géorgiques par Jalm (/M-'iH. Aïus. I, VIII, 3)
— *^ Al. Rarabaud, L'emp. grec au X^ siècle, 1870, p. 79. qui donne la traduction de
la préface des Géopon. — 4* Sur l'auteur de la compilation, cf. Fabricius-Harles,
t. VIII, p. 16-20, qui conclut (|ue l'on doit se résigner à laisser l'auteur dans
l'anonyme ; c'est l'avis de Raml).-iud, mais le dernier éditeur, M. Beckh (Teubuer,
1895), a repris l'hypothèse d'Érasme el attribue l'ouvrage à Cassiaiius Bassus.
— 45 Pour les snurces des Géopon. cf. L. de Raynal, Ètud. sur les Géop.
{Ann. de lAss. des et. grecq. 1874), p. 89. 12!; E. Oder, Beitr. :ur Gesch. der
Landuiirthsch. bei den Uriech. (Rhcin. Mus. 1890, p. 58 sq.; 1893, p. I sq). — W Cf.
P. de Lag.irde, Ge-minm. Abhandl. Leipz. 1866, p. 120 s(|. — 4' Poet. hjr.
graeci (éd. Tb. Bergk), III. p. 65. — 48 Hyper. C. Atlienag. col. XII. lig. 1-2
du papyrus publié par M. Révilluut. — 49 Arisloph. iViiA. 43 sq. — 60 » (Juelqu'un
à (|ui l'on demandait qui étaient les plus barbares des Béotiens ou des Tliessaliens,
répondit plaisamment <|ue c'étaient les Éléens. >i L. Heuzey, L'ne inscription en
diatect. thcssal. {Ann. des étud. grecq.), 1869, p. 114.
i
RUS
;»oi
RUS
même en Béotie. on déclarera que Ions les travaux ma-
nuels, ceux de l'agriculture compris, sont une honte'.
Ce discrédit dans lequel tomba rapidement l'agriculture
grecque tient à la nature du sol et surtout aux mau-
vaises méttiodes qui ne permirent Jamais aux paysans
de lutter contre les importateurs et, partant, de faire
front aux usuriers, de s'enrichir et de gagner, par là,
l'honneur et la considération que les négociants surent
obtenir.
Nature et connaissance du sol (aùci; Y'fj;, 3ox!u.a7Îa
vTiç). — " C'est lutter contre Dieu, dit Xénophon^ que de
vouloir cultiver à sa guise, ou selon ses besoins, et non
d'après la nature du sol. » Aristote recommande égale-
ment de rechercher, avant tout, si un terrain est propre
à l'élevage, convient aux céréales ou s'il est préférable
d'y faire des plantations'. Mais comment faire cette
recherche qu'on nommait ttiV cpûd'.v tt|; yTi? eiôévat *?
Xénophon conseille d'imiter les marins qui jugent de
la qualité de la terre par ses pi'oductions"' ; il suffit que
Pline ait réfuté ce procédé", admis par Virgile". Aris-
tote reconnaît que la connaissance du sol fait partie de
la pratique agricole'; c'est s'en rapporter à l'empirisme
que pratiquèrent les Romains et qui valait mieux que
les théories des premiers physiciens grecs. Ceux-ci, pro-
cédant par synthèse, au lieu d'employer l'analyse qui
devint la « méthode habituelle » d'Aristote", déclaraient
que les choses ont pourprincipe l'un des quatre éléments.
Anaximène choisit l'air'". Son meilleur disciple fut, un
siècle plus tard, Hippocrate qui considéra l'air comme
source du chaud, du froid, du sec et de l'humide, comme
cause des saisons, et celle.s-ci comme déterminant, par
leurs modifications, la nature du sol et sa conformation
extérieure". D'où sa division des terres en froides'-,
chaudes", humides'*, et sèches'". C'est réduire toutes
les sciences, même la géographie physique et l'agricul-
ture, à la météorologie; théorie funeste qu'Alexandre de
Humboldt essaya de remettre en honneur, mais cjui fut
combattue par Alph. de Candolle '". A la classification de
l'école d'Anaximène, nous devons préférer les épithèles
que les poètes donnèrent aux terres fertiles et qu'ils
liraient de leur aspect physique.
De toutes les couleurs, le noir est la plus estimée
et Déméter ", comme Gè'", reçoit le qualificatif de
mélaina '^ C'est également le nom d'un dème de l'At-
tique^" dont Stace signale la végétation verdoyante-'.
La terre noire est vantée par Homère-^, par Hérodote-\
par les Alexandrins -'^ et par ceux, d'entre les Latins, qui
les ont imités ". Est-ce parce que le limon du Nil est noi-
• AlïKjV/ ;,■, Ti,v,v n.Str-, ,./, ,,j\ ,£,.,„,«., S.ajjISii. : Heracli.l. Frngm. 4:i
{Fragm. hist. graec. 111, 224). — 2 Xcnoph. Orcon. XVI, S. — :i Arislot. Polit.
1. 4, I. — 4 Xen. Oec. .XVi, 1, Brnitcnbach, en noie à ce passage, dit :
« Leopliancm de teprae generibus ptanlis commodac indieantem memorat Tlico-
phrasl. De caus. pi. Il, S; Menestorem I, îd ; Schneider, V, Pracf. p. 3
»(. « Ce Léophanés, cité également par Aristote (Gen. an. IV, 1, â) et par
diotius l,Cod. 167), parait avoir été physicien plutôt r|u'agronon]e. .Nous parle-
rons plus loin du passage de Théophraste. — à Oec. XVI, 3. — » Plin. H.
nat. XVII, 3, «. — 7 Oeorg. 11, 251. — 8 Aristoi. Polit. |, 4, — 9 .Mi^si t.-v
à.iuyi;„.., à.ï^r, «ta.çtiv. Polit. I. 1, 3. — 10 Plut. Di- Plac. phil. 1, i ; cf.
i;ic. De nat. deor. L. 10; .icad. IV, 37, 118.— H Hippocrat. Ue aerr, aq..
locis.; cf. éd. de Coray, Paris, 1800, I, p. 71, lxxvhi sq. — '2 Edit. c. n.
-- 13 IV LXXXIll, CXX. — 14 IV, LXXIX. CXX, CXXIl, CXXV. — IH IV, LXXIX, XCH.
cxxui. — 10 Géograph. botaniq. raisonnée, 1833; cf. la note d'Alf. Maur%
dans y.Ulienaeitm franc, du 10 déc. 1833, p. 11 40 s(|. De nos jours, .M. Olck
a repris la théorie de Al. de Humboldl (Pauly-Wissowa, Hcal. Encycl. ISSi,
8. V. Ackcrban, col. 264 sq.) — n Paus. VIII, 3, 3 ; 42, 2-6. — 18 Solon (éd. Tli.
Bergk), p. 233. — 19 Alf. Maury, Relig. de la Grèce, I, p. 69. — iO Etym.
il. 533, 42; cf. Ph. Roi|ue, Topogr. d'Athènes d'après Leake, Paris, 1861, p, 331'.
ràtre-'' ou parce que la contrée grecque la plus fertile fut
l'Éolide, dont le sol, dans les cantons voisins de laTroade,
se compose d'une argile noire comme l'indiquent les
terres cuites de cette région? Nous savons à quoi est due
la fertilité de l'Egypte : celle du Nord de l'Eolide provient,
non de la couleur du sol, mais de la grande quantité de
potasse que drainent les eaux pluviales dans les mon-
tagnes granitiques des environs -\ Mais les Grecs igno-
raient ce détail, et Léophanès prétendait que toute
terre noire est bonne parce qu'elle a la faculté d'absorber
le chaud et l'humide-* : assertion et explication que les
Romains-" et même Pline'" ne voulurent point admettre,
bien qu'ils connussent la pulla campanienne.
Une autre épithète très fréquente et associée parfois à
[AeXâYYîio; ", c'est Ttis'.pot, que les Latins rendaient par
pinguis. VOc/ijsse'e vante la terre de Crète comme xa),-^
xa't ■Jtiîtpa'^, Pindare célèbre la grasse Sicile, SixeXi'cxv
TtiEipotv '■'. Platon se sert du même adjectif pour qualifier
une région de l'âge d'or", et Théophraste l'accouple à
àyœOvî '°. Cette épithète convient parfaitement aux terres
argilo-calcaires que l'on trouve dans la grasse plaine de
Marathon, /aitapk MapaSiov 'S en Béotie et dans presque
toutela Thessalie, seuls endroits de la Grèce continentale
où l'on signale le granit dans les montagnes environ-
nantes ; mais les Grecs, pour indiquer la fertilité, avaient
soin, à l'exemple de l'Iliade", de joindre à Tct'eîoa le cor-
rectif [iaXa-cT], molle ou plutôt meuble, pour mieux dis-
tinguer ces terres de l'argile pure, kçyïlo;, dont la stéri-
lité est proverbiale et qui n'est bonne qu'à faire des
briques ou des terres cuites. Rien ne pousse dans l'ar-
gile pure : T] os Tri'eioa TtajATiav oùoEvl ;u(i^ÉpEi 'fJTtyi, dit fort
bien Ménestor cité par Théophraste'*; à peine si dans
la glaise, contenant déjà un peu de sable et de cliaux, on
arrive à faire vivre des arbres ; l'argile ne sert qu'à con-
server l'humidité du sol, bien que Théophraste dise que
son grand inconvénient est de se dessécher"''. Cependant,
les Grecs réservaient àla culture des céréales leurs terres
argileuses, employant, pour mieux les reconnaître, ce
procédé du trou que les Géoponir/ues attribuent à Dio-
phane'" et que Virgile a si longuement décrit*' : ce
dont Pline le blâma indirectement'-.
Exploitation du sol. Propriétaires , fermiers et
ouvriers. — On a fort peu de renseignements sur le sys-
tème de la propriété à l'époque homérique, c'est-à-dire
antérieure à l'invasion dorienne, et on ne sait si l'indivi-
sion des biens était généralisée à la tribu entière '^
comme nous le voyons encore dans quelques pays arabes,
ou bornée à la famille ainsi que dans notre régime de la
— il Theh. XII, 019. — 22 Odyss. XIX, 111 ; lliad. XVIII, 568; Schol. ad Odyss.
IV, 336.-23 11. 12; IV, lOR. — 24 Steph. Byz.j. l'. AryuiTo;; Euslath. Arf. Dionys.
Per. 239 ; Paraphr. Dionys. Per. V, 174, p. 6 ; cf. Plirynich. Sophist. {éd. Lobeckl.
p. 298; Pilipp. (.4ii«i. Pal. VI, 231, II; Oppian. Cyneg. III, 511. — 2:. Virg.
Ceorg. II, 203. — 2* Herod. Il, 12; cf. G. Maspéro, Etud. de mytii. et d'arcli.
cqypt. II, p. 360. — ^1 C'est de ce granit que sont faits les bas-reliefs d'Assos con-
servés au musée du Louvre : cf. de Clarac, Musée descuîfit. II, 2' part. p. 1149 sq.
— 28 Ap. Theophr. De caus. plant, (éd. Didot), II, 4, p. 198. Sur ce physicien grec,
cf. î^chneider, Theoph. Er. O/). vol. IV, p. 120 et 127; Phot. Cod. 167; Aristot. Gen.
un, m. IV, 1. CFuvrcs d'Ilippocr. éd. Litlré. I, p. 879 sq. — 23 Colum. /Je r. rust.
l'r. Nonnullae cotor. fallunt. — m plin. H. nat. XVII, 3 : Invicem snOulum. mul-
lisque in locis infecundum est. — 31 Geopon. II, 5, 7. — 32 XIX, 173 ; cf. pour la
niOme épithète : lliad. XVIll, 5H ; XIX, 180, où elle qualilic des aliments.
— 33;vem. I, ïl. — 3i Critias (éd. Didoli, p. 253. lig. 37 et 40. — 35 H. pi. VIII, 6.
— 31! pindar. Ol;mp. XII!, 137. — 3" XVIII, 541. — 38 De caus. pi. Il, 4.
_ 39 Ibid. — W II, 2, 11. — 41 Geoi-u- 11, 226-237. _ 42 H. nat. XVII, 3, 3.
— 43 Cf. Esnicin, ;VoKi). reme hist. du droit. 1890, p. 821 sq., Ihéso comballue
|iar Guiraud, La propf. /'onc. en Grèce, 1 892, p. 39. On ne peut être trop réservé sur
l'application aux inslilulion^ grecques d'arguments tirés de l'orfèvrerie homérique.
RUS
— 902
HUS
communauté où la femme et les mineurs ne peuvcnl dis-
poser de leurs biens '.
Après avoir alFranflii l'Allique de la domination étran-
gère, Thésée aurait partagé la nation en trois castes ' :
les démiurges, artisans et gens de métiers; les géomores
ou cultivateurs [geomoroi] et les Eupatrides [eipatrides,
ATTICA RESPUBLICa].
Dans les pays où sVtablissait une tribu grecque, les
terres de culture étaient divisées en lots et tirées au
sort ' pour éviter les contestations et pour que le par-
tage fût sans appel ' : mais avant ce partage, on avait
prélevé la part du dieu^ et celle du chef, de l'âva; :
celle-ci était généralement située près de la ville ^ car
dans les pays grecs, formés de longues mais étroites
vallées, les terres cultivables s'échelonnent sur le bord
delà rivière, parfois jusqu'à une distance assez grande'.
Les propriétés sacrées et royales étaient plus grandes,
ê;o/oî à/.Àwv », que les autres, bonnes en terres arables, et
plantations; elles formaient un T£|i£vo; ' avec bâtiments
pour l'exploitation rurale '". Les unaktès prenaient part
à tous les travaux agricoles", même aux plus répu-
gnants'-; ils étaient aidés par des mercenaires (Ot,t£ç,
ïp-eo; ") auxquels on donnait un salaire, la nourriture et
le logement'', ainsi que par des serviteurs appelés
5;xài£; ", que l'on croit esclaves, comme ils Tétaient effec-
tivement à l'époque d'Hésiode, mais qui alors, peut-être,
n'étaient que des serfs tributaires'* analogues aux Pénes-
lesdes Lapithes. L'invasion dorienne modifia ce régime.
Les conquérants, selon la coutume grecque pratiquée
également parles Athéniens", se partagèrent les biens
des vaincus et les tirèrent au sort. Mais voulant former
une caste guerrière, ils rétrocédèrent ces lots aux vain-
cus, qui durent les cultiver sous certaines conditions.
■lacedaemomorim respiblicaI. Les riches propriétaires
émigrèrent, les uns en Attique, d'autres en Asie
Mineure, où ils s'appliquèrent tant à l'agriculture qu'on
reprocha, proverbialement, aux gens de Cymé de n'avoir
point soupçonné que leur ville fût au bord de la mer '*.
Ceux qui s'étaient établis à Athènes s'adonnèrent au
commerce et quelque peu à l'usure vis-à-vis des culti-
vateurs : d'où la célèbre crise agraire qui ne se termina
que par la constitution de Solon mektemoroi;. Ruinés
1 La loi turque. b.isêe sur le Coran, laisse a la femme mariée la libre dispo-
sition de ses biens ; le régime de la propriété collective ou individualiste n'est
donc pas produit par l'état plus ou moins avancé de la civilisation. — - Aristol.
Frag. hisl. gr. Muller 384; Plut. Thés. i5 ; cf. Curtius, Bist. grecq. Paris.
1880. p. 38J-38:< ; Duruy (Hisl. tles Grecs, 1886, p. 36J) croit celte division du
peuple antérieure à Thésée. — 3 Odyss. VI, 9 et 10. — * Cette coutume se con-
servera jusqu'à la conquête romaine: Diod. Sic. V, 59: VI, SI, 83, Si: Thucyd. VI,
4, etc. Fusiel de Coulanges a dit que >< le sort était l'arrôt des dieui » (.Voui<.
recherches, p. ^4). M. Guiraud. accordant au\ dieux plus de bonté que de justice,
combat celte opinion {Lapropr. en Gr. p. 35j ; cf. Plat. Leg. V. p. 737. — "> Aris-
lot. Polil. IV. 9, 7; Plat. Leg. V, p. 341. — « Iliad. VI, 293-204. Les jardins
d'Alcinoos soûl également près de la ville. — ~' Cléobis et Biton fout 45 stades pour
venir à !a ville, et leurs champs étaient plus éloignés encore puisqu'ils n'eurent pas
le temps d; aller chercher les bœufs (Herod. 1, 31). —8 Iliad. VI, 194. — 9 //.
VI, 194; VIII, 48; Odyss. XVII. Î99. — 10 Descripl. de la r'erme d'Ulysse (Odyss.
XVII, Î93 sq). — 11 Odyss. Il, ii; XXIV, ii7-S3l ; XVlll, 395, etc. : cf. Philo'cor.
fragm. 13 (éd. Didot) : Dion. Halic. Aal. Rom. II, 2S. — iî Coluni. 11. 16.
— 13 Itiad. XVIII, 530; pour leur condition, à l'époque homérique, cf. Guiraud,
O. c. p. 73. — li Odyss. XVlll. 360. — li Odyss. IV, 644. — 16 Guiraud n'admet
point le servage poar l'époque homérique. O. c. p. 73 sq. Mais les mots esclave.
serff tributaire, etc.. sont appliqués à des conditions si dilTérentes et si peu dans nos
mœurs que la que^tioa ne s'ëclaircit point. Ainsi Guiraud. dans la loi de Gortyne, tra-
duit toujours par serf (0. c. p. ii%) un terme que M. Dareste a rendu par colon
(ch. V. b. E. G.) et qui désigne un fermier, un locataire étranger (comme l'étaient,
naguère, tous les cultivateurs eiropéens dans l'empire Ottoman), c'est-à-dire sans
droit de pr.,priété au s.jl et sans droit politique. — l"- Les Alliériiens partagent au
sort les t.Trcs des hippobotes chalcidiens (llcrodol. VI, 100 ; après b révolte de
par des emprunts usuraires, les géomores de l'Attique
deviennent serfs, alors qu'ailleurs, à Syracuse, ils for-
meront, au iv' siècle, l'oligarchie dominante, les /.a>,-
XlXÛplOl".
La division et la répartition de la propriété immo-
bilière en lots égaux ne peut-fatalement se maintenir.
Si, comme chez les Spartiates, elle est maintenue par la
constitution, on arrive à une misère croissante, car,
ainsi que le fait remarquer Aristote"", on ne peut guère
réglementer la natalité ; on peut encore moins réglemen-
ter la mortalité des vieillards et amener une sorte d'équi-
libre entre les naissances et les décès. Il advint qu'à
Sparte on eut quelque chose de comparable à la rflrfrowg'o
serbe, et que plusieurs frères furent réduits à vivre sur
le lot-' indivis et inaliénable de leur père". La produc-
tion agricole d'un territoire étant limitée, et l'agriculture
étant la seule ressource des Lacédémoniens'^', ceux-ci ne
pouvaient que demander à leurs rois'* ou à la Pythie"
de nouvelles régions à conquérir et à lotir.
Dans l'Attique, Solon avait défendu aux citoyens
d'acheter autant de terres qu'on le voudrait^'; la pro-
priété se morcela^' et les domaines de 20 à 30 hectares
devinrent l'exception -*. Comme le travail était libre, et
que les cultivateurs étaient maîtres de leurs terres, ils
cherchèrent à en tirer le meilleur profit tout en y consa-
crant le moins de temps possible. Astyphile, client d'Isée,
doubla la valeur de son patrimoine en y faisant des plan-
tations -', ce qui ne l'empêcha pas de faire les campagnes
de Corinthe et de Thessalie, de prendre part à toute la
guerre thébaine et de partir comme volontaire à l'armée
de Mytilène^". Ces propriétés de l'Attique étaient autant
de terres enlevées à l'agriculture ; jadis, on labourait les
pentes du Lycabète^'; sous Périclès, nous voyons dans
la campagne d'.\thènes des maisons de plaisance, des
jardins de luxe^-, voire même " des propriétés remar-
quables par la magnificence des édifices et par les raretés
qui les embellissent'^ ». Les paysans d',\ristopbane ne
sont pas des laboureurs, mais des vignerons '' ou des
propriétaires d'oliveraies '° plantant quelques figuiers
dans leur petit domaine, Y-r,ô!ov"', et élevant des abeilles
qui vont butiner sur l'Hymette. Tous ces petits ruraux se
faisaient aidi^r par des serviteurs (SepaÎTriDv^', o!X£tT|;*'),
Mytilènc. ou divise en 3 000 lots les terres des Lesbiens, 300 de ces lots furent
réservés aux dieux, les 2 700 autres partagés au sort entre les citoyens d'Athènes
sont rétrocédés aux Lesbiens <|ui les prennent en ferme à raison de i mines par
i
I
1
lot (Thucyd. lU, 50), etc. Les Thùb
affermés pour dix ans. Celte coutui
voyons appliquée, antérieurenieul
Lapithes qui,
réduit les The
Ménestes: cf. Archeinach. fragni
Aristol. Polit, p. 44. 25 {éd. Bekkcr, 18
.5, 19. — »8 Duruy, Hist, des Grecs, II,
s fout de iiicnie pour les champs de Platée
i^tail si peu spécixile aux Doriens que nous la
retour des Héraclides, par tes conquérants
ou peu après, leurs combats contre les Centaures, avaient
Perrhèbes à t'émigration ou à ta condition de Fénestes ou de
(Frag. hist. graec. édit. Didot, IV. p. 3U):
Atheu. Deipn. VI, p. i64; Slrab. IX,
)0. — it) Suidas, s. v. xaUixûcioc; Diod.
Sic. Vni, Il ; Plut. Qii. gr. oT. — aOArislol. Polit. Il, 3. — 21 Polyb. XII. 6 6. S.
- 22 Aristol. Polit. VII, 2, 5; cf. Heraclid. Il, 7 {Frag. hist. yr. Didot) pour
Sparte, Leucadeel les Locriens. A Elis, Oxyle interdit d'hypothéquer les lots (Arist.
Polit. VI, i., 5). - 23 Discours de Périclès, Thucyd. i, 141. — '2* Réponse du roi
Pclydore. Plut. Apophth. lac. s. v. IL — 25 Herodot. I, 66.-26 Arislot. Polit. I,
4, 4. — 27 Cf. Guiraud ( La propr. fonc. en Grèce, p. 39i) qui a dépouillé les inveo-
laireâ de successions et les garanties hypothécaires. — "^ Le décret dressé par Alei-
biade accorde au (ils d'Ari!<tide, Lysimaque, lUO mines d'argent, 100 plèthres de
terrain planté d'arbres et une rente quotidienne de 4 drachmes; Plutarch. Aris-
tid; cf. Boeckb, Èconom. polit, des Athén. IL chap. xvni, 300 plèthres de terre en
Attique est un grand domaine; Lysias XIX, 29. — 29 Igae. IX, 28. — 30/6irf. 14 et
j5. _ 31 Diod. Sic. fr. [Excerpt. Vatic. p. 29 i). — 32 Disc, de Périclès dans Thucyd.
Il, 62. - W Thuc. Il, 05. PéricUs a des maisons de campagne (Thucyd. II. 13).
— 3I.Trygée, du dème d'Alhmone, est vigneron à^Traou^^o; Sevô; {Pax. 190).
— su Strepsiadc parle de ses ruches, de ses moulons, de ses figues sèches et du marc de
sesolivcs,A'i/6. 4;isq. — 3r./*aj-,;i70. — 37 Arisloph. Plut. i. — 38 Arisloph. Nuh.^,
RUS
— 90a
nus
dont quelques-uns sont esclaves, mais dont le plus grand
nombre est de condition libre, métèques, lydiens, phry-
giens ou autres asiatiques', percevant un salaire libre-
ment consenti comme les autres ouvriers^ et embauchés
généralement le l(j du mois anlhestérion', c'est-à-dire
au commencement de l'année tropique.
Il ne faudrait pas croire que tous ces propriétaires
athéniens, que Thucydide nous représente séjournant à
la campagne' et vivant » dans les champs » habitaient
des maisons isolées, éparpillées dans la campagne. Une
loi topologique s'y oppose, le besoin d'eau qui force à
se grouper en villages (xcÛiay,, Sti(a&:^) les habitants des
contrées jurassiques ou crétacées. En Attique, il n'y a pas
(le cours d'eau permanent"; et dans toute la Grèce, les
rivières que l'on peut qualifier de àsiva/,; forment l'ex-
reption. Les puits fournissent donc la seule eau potable
sur laquelle on puisse compter, mais ils sont rares en
Attique" et une loi de Solon en réglementait l'usage et
en réservait la jouissance aux voisins immédiats*.
On a peu de détails sur les maisons rurales. Hésiode
conserve sa récolte dans sa maison'. Hérodote dit qu'en
Grèce, les animaux sont séparés de l'endroit où mangent
les hommes, contrairement à l'usage égyptien'". Un
inventaire délien, de la ferme de Pyrgos, mentionne une
case à esclave, un hangar sans porte, une étable à bœufs
sans porte, une écurie sans porte, deux appartements
d'hommes sans porte"; ce devait être un grand /lupî&v
lomme en possédaient les temples.
Les biens de mainmorte étaient nombreux en Grèce'-;
ils commençaient à la fondation de chaque ville" et
s'augmentaient, après chaque guerre, de la dime des
biens conquis"^, parfois même delà totalité, comme après
la guerre sacrée, où tout le territoire de Krissa fut con-
sacré à .\pollon iJelphien '». Us s'accroissaient encore
des nombreux dons volontaires'", ex-voto, legs, etc., et
formaient de vastes domaines inaliénables. Pour en tirer
profit, on les lotissait et l'exploitation des lots était don-
née à bail. Nous possédons plusieurs de ces baux, ordi-
nairement emphytéotiques '\ et ils nous fournissent de
nombreux documents sur l'agriculture grecque. De nom-
breuses entraves, qualifiées de clauses conservatrices,
arrêtent l'exploitation progressive et coupent court à tout
progrès, à toute amélioration du fonds. Il en résulte que
ces terres domaniales furent délaissées, bien que les
décrets du peuple qui régl;iient toujours, dans les villes
grecques, la location des terrains sacrés'*, devinssent
plus conciliants. Sous l'Empire, Dion Chrysostome repro-
chant aux Eubéens de négliger leurs terres, leur conseil-
lait d'accorder le droit de cité à tout étranger qui s'en-
gagerait à en cultiver 200 plèlhres''\
* XeDOph. Vectigat. 11. — 2 Pour le salaire des ouvriers grecs, cf. Foucart,
Bull. corr. /lel. VIII, p. 194 sq. — 3 Mommsen, Heortologie, 1864, p. 420,
— • Thucyd. Il, 14-16. — s o'jliai (les Pélopon(!siens) ^v, -,1^ «,i^«; t-i; i!sj,oi«i8«;,
«ultTv .i7i» ASiivaioi Si 5nii»"i- Arislol. Polit. I, 1, 8. — 6 CeUc loi méconnue par
El. Reclus, qui attribue le j^roupement des Siciliens à des raisons poliliques, se
trouve dans Risler, Géologie agricole, I, p. 35 — ^ Gaudry, Géûlog. de V Attique,
p. 377. — 8 Gaudry, Op. c. p. 460. - 9 Op. et d. 599. — 10 11, 36. — n Bul.
cor, hcl. XIV, p. 424. — 12 Le xXîJpoî inaliénable et baillé à ferme est déjà une
mainmorte au sens strict du droit féodal. — '3 Plat. Leg. V, p. 341 ; Aristot.
Polit. IV, 9, 7.— liThuc. 111, 30. — 15 Pausau. X, 37, 5.— 16 Cf. fart. no.NAR.UM,
II, p. 369. — " Le bail de Munychie est de dix ans (C. insc. gr. Il, p. 600) ;
eelui d'Héraclée est viager (76. 5774). — is Foucart, fnscr. du temple d'Béraklès
{Bull. cor. helt. 1883, p. 413). — 19 Oio. Clir. Orat. (éd. Dindorf), Vlll, p. IIC.
— 20 Aristot. Gen. Il, 3, 12. — 21 Georg. I, 73. — 22 U. nat. XVIll, 52. — -'< Plin.
B, nat, XVlll, 49 : Navale est quod altenis annis seritur. — 21 Horuolle, Le
cahier des charges de la location des domaines de Zeus Temenites {Bul. cor. hel.
1892, XVI, p. i0.!-i94); résumé dans /îei'. desétud.gr. 1893, p. i83. Prescriptions
Aliinentadoii des plantes. — Les végétaux ne vivent
pas de l'air du temps, comme le croyaient les an-
ciens physiciens, mais ils se nourrissent d'éléments
particuliers contenus dans le sol, ainsi qu'.\ristote l'a
reconnu en partie'-". Ces éléments nutritifs, au nombre
de quatre principaux, ne sont pas absorbés dans les
mêmes proportions par tous les genres de plantes, d'où
ces règles d'assolement propres à chaque pays. Cette
rotation ou cycle, le mutalo sidère de Virgile-', Vordo
de Pline ^-, n'existait pas chez les Grecs, puisque chaque
terrain, chaque champ, était réservé à une culture spé-
ciale et invariable. Maintenant ces principes sont encore
observés en Grèce et il y a, par exemple, en Thessa-
lie, des terres où, de mémoire d'homme, on n'a récolté
que du blé. Pour remédier aux effets épuisants de cette
méthode, les Grecs avaient la jachère dite de deux
années l'une.
Jachère (vi-i;, norale'^). — Toute terre consacrée à l'en-
semencement est divisée en deux parts égales où l'on sème
alternativement chaque année. La moitié du territoire
agricole est donc continuellement en jachère. Tous les
contrats de location prescrivent d'observer cette règle-';
et même, pour éviter les fraudes des fermiers, ces deux
soles égales, dans les terres prises en location, sont sépa-
rées, encore aujourd'hui, par un chemin. Nouvelle perte
bien inutile de terrain, car il n'y a pas un cultivateur
grec qui oserait contrevenir à cette coutume-" plus
ancienne qu'Homère'^ et qui fut chantée par Pindaie".
Une jachère bien comprise et bien pratiquée n'a qu'une
action : restituer au sol, par les légumineuses qui croissent
spontanément-', les 38 kilogrammes d'azote que toute
récolte de céréales enlève en moyenne à chaque hectare^-;
mais elle ne peut remplacer les 26 kilogrammes de potasse,
les 16 kilogrammes d'acide phosphorique et les 8 kilo-
grammes de chaux qui ont également servi à l'alimen-
tation de la récolte précédente. Dans certains pays privi-
légiés, cette restitution s'obtient par l'irrigation d'une
eau qui a préalablement drainé ces substances, soit dans
les montagnes voisines, comme en Thessalie et en Macé-
doine, soit, comme en Mésopotamie^" ou en Egypte, " de
montagnes très éloignées. Mais, ailleurs, il faut employer
des moyens artificiels dont le meilleur, découvert par
l'empirisme, est encore le bon fumier de ferme.
Fumier (xottooç). — Le terme grec indique assez que
cet engrais n'est pas un fumier complet; ce sont simple-
ment des déjections solides. Chartodras'*'^ en a dressé,
par ordre de mérite, une liste que Théophraste a repro-
duite" ainsi que Pline, qui la cite en guise de praecep-
tum ancien'*, car les Romains en contestaient l'excel-
lence'^ En première ligne, on plaçait les déjections
relatives à la jachère, aux lignes 7 et 8 de l'inscr. (page 377). Dans d'autres contrats
(C. i. g. Il, 105:-., 1. 15: 1059, 1. 18), si une jachère est mise en culture, les pro-
duits seront saisis. — -> Cf. Bilchsenschûtz. Besit: und Erioeb. p. 301 s(|. ;
Hermann-Elimincr, Priv. Allerth. p. 102, n» C. — 26 /(. XVlll, 341. — 21 Nem.
VI, 13. 20; cf. Virg. Georg. I. 73 et ap. Plin. XVIl, 50, qui ajoute ce cor-
rectif : 5( patiantur ruris spatia. — 28 Berthclot, C. rendus de l'Acad. des
sciences, 17 nov. 1890. — 29 A. iMuntz et Girard, Les engrais, I8S8, 1, p. 120 si|.
— 30 Herodot. I, 193 : « L'eau fournit la nourriture, tô ixTjtoo,, à la racine du
grain. » Cf. Plin. XVlll, 47, 3. — 31 Herodot. Il, 12: cf. Plin. XVlll, 47. 2 ; Gra-
numque limo tanlum continetur. — 32 Sur cet agronome, dont le nom, découvert par
Scaliger, aété méconnu par Schneider (Theoph. Eres. Oper. éd. de 1818-21. vol. 111,
p. 129), cf. Kirchuer, Botau. Sehrift. des Theophr. Jahrb. f. Phihl. Suppl. Vil, 307;
Wellmann, Pauly-Wissowa, Beal Enryc. s.v.- 33 Theophr. £/. pi. Il, 7, 4. - 31 //.
liai. XVII, 0, 3. — 3b Colum. De re rust. Il, 13 ; Varro, Oe r. rust. I, 38. Ce n'est
qu'une question de mots puisque les fèces ne valent que p.ir l'alimentation. Des porcs
nourris, comme en CWce, deglandées dans la montagne font un meilleur copros que
s'ils barbotent, comme souvent en Italie, une potée semi liquide dans leurs auges.
RUS
— 90 i —
RUS
humaines, noire engrais tlaniand; comme elles conlien-
iienl beaucoup d"azotc, et, parlant, peuvent provoquer la
verse des céréales, on ne les employait que pour la cul-
ture potagère ; en Orient, c'est encore l'engrais de choix
pour les salades. Dans les champs, on répandait surtout
le copros des bêles de travail, bouses des bœufs (pdX-
6iTa) ' ou crottins des mulets- et des chevaux ^ car les
animaux de boucherie vivaient en plein air, dans la
montagne. Combien en fallait-il par hectare? 11 est sti-
pulé dans un bail* que le fermier emploiera chaque
année cent cinquante coudes, contenant chacune quatre
tiers de médimne, sous peine d'une amende de 3 oboles
par coutTe ; malheureusement, nous ignorons la super-
ficie des terres à emblaver et même si cet engrais était
destiné aux terres de labour et non aux plantations.
Quoi qu'il en soit, ce copros, mêlé aux chaumes non
moissonnés' et aux mauvaises herbes de la jachère, a
toujours constitué l'engrais classique, sinon dès le temps
d'Augias, qui passe pour l'avoir inventé", du moins depuis
Homère ■, et le paysan grec n'en a jamais connu d'autres,
pas même le parcage % puisque tous les contrats de loca-
tion défendent, sous peine d'amende ou de confiscalion,
de laisser pâturer les bestiaux dans les terres, même en
jachère'-'. Cependant, quand le sol, après plusieurs
années de culture, avait perdu le peu de potasse qu'il y
a dans la terre grecque, et ne pouvait plus fournir d'ali-
ment même aux plantes sauvages, alors on employait
un moyen suprême encore en usage dans tout l'Orient :
on réunissait sur le champ devenu stérile un certain
nombre de tas de bois mort, de ramilles, d'herbes sèches
et on y mettait le feu '" (totto; 6X-/ii;è[ji,T:pT,!jO£iaYi(;"). Ce n'était
qu'un palliatif et l'infertilité augmentait chaque année;
car les Grecs, avant Épicure, ne pouvait admettre que la
terre s'appauvrisse. Ce qu'Hésiode dit à son frère'-, ce
que tout laboureur recommande à ses enfants, ce n'est
pas de fumer le sol, c'est de le creuser de toutes façons
et le plus souvent possible " ; procédé bon pour la vigne "
en terre argileuse, mais d'une utilité plus contestable
pourlaculture des céréales.
Tracaux agricoles. — Labourage (ipoiïiç '^). — D'après
une tradition, basée, peut-être sur une légende"^ ou sur
une élymologie'', Déméter aurait ordonné de labourer
trois fois les champs avant de les ensemencer '* ; on en
vint à faire des labours surérogatoires ", et Xénophon
1 ]if)M::; Ou i-.-.^A-.i^; dans le dialecte d'.\ndros ;<■■'. C. Wcschei-, Note relative au
dial.dAndroi tAnii. desét.gr. 1871), p. 140. — 'iOdyss. XVII, 2'J7. —3 Xen. De
re eq. V, i. — v Horaolle, Bul. cor. hd. 18'JJ, XVl, p. aSO cl lignes 20-25 de l'inscr.
et' 40-44. — 5 Xen. Oec. XVIll, i. — 6 p.in. H. nat. XVII, lî, 1. — 1 Odyss. XXIV,
iS5 et ap. Flin. H. nat. XVII, U, 1 ; cf. Hesych, s, f, ; Euslal, p. 18S1, 4.1 ; Buchsen
scliutz, (). c. p. 305. Aujourd'hui, la plupart des paysans grecs se cliautTenl avec le co-
froa; cf. Gos, AgricuU. en Thessalie, p. 56. — » Cal. De r. rust. XXX cl ap. Piin.
B.nat. XVII, 0,5. — 0 Conlr. d'HéracliSe, I. liS;contr.de ZeusTéraenités, I. 33-38.
— «0 Xiuoplion Oecoii. XVIII, i) conseille de briller les chaumes après la recolle ;
cf. Plio. //. nnt. XVIII, 7î,2. Virgile énuinùre {Ueorg. I, 84-'ja) les i|ualre Iiypo-
Ihèses (|ue (ircnt les savants pour expliquer la raison de ce procédé. — 1' .\tlien. ;
elap. Onbas. Co//. med. I, 2. — 12 Op. et ilies. 443 sq. — " Xeuopli. Oecon. XVl.
U : • i!A.;^é.,; .. — 11 Acsop. XX : cf, La Fontaine, Fables, V, 9. — là //. IX, 580 ;
Odyti. IX, 138. — m Hesio I. Tkeog. 971 : Hlouios conçu v.,ù, t.i Tf.itiV,.,,. — 17 ïj,-
««ÙAr.j ( HauS. VIII, 15, -4), composé de AJW; ou Al).a; = Sillon. » Tp-.;-ai).Tis est uu
synonyme ciîcl de 'rj,-«7ii«ii»; ». Voir l'arl. cehes, p. 1037. — K Cf. le vtio:
Tj.r:«A-,î dans lUail. XVIll, 541 ; Odgut. V, 127; Hesiod. Up et d. Theog. 971 el
les scliol. relalirsà ci-s passages. — 19 Lexicog. s.v. T<Ts«-oMi — 20 Oecon. XVl, 14
— S' < Lorsque le sol rcsle nu pendant l'aulomne, les pluies liabilucllfs de celte sai-
son le dépouillent des nitrates qu'il contient. .. L. Passy.C. rendu des trav. de la Soc.
nat. dagricult. de France, 1898, p. 25. 1.e sol restait nu, en Grèce, non pendant Irois
mois, mais pendant sii mois. — '.!2 Inscr. de Thisbé, coulenanl un règlement ratihé
par le proconsul Modestus el relatif à des baux cmphytéoliquos {.\meric. Journal of
philol. (Baltimore), VI, 110 . Uans le bail des Dyalécns {C. i. ijr. 1055, I. 23), la
enseignait que plus on travaille une jachère, moins on
laisse de mauvaises herbes et meilleure est la récolte^".
Le précepte est bon ; toutes les terres argileuses ou
argiles calcaires ne peuvent produire, selon la remarque
de Moll, qu'après de nombreux labours ; mais les Grecs
avaient le tort d'échelonner ces labours à de trop longs
intervalles et le sol sedénilrifiait par les eaux des pluies^'.
Pendant les dix mois qui suivaient la récolte, on ne
touchait pas à la jachère, qui devenait une véritable
friche et portait le nom de xô àpyôv--. Durcie pendant
l'été, la terre se ramollissait par les inondations ou les
pluies d'hiver. Le premier labour, véritable défrichement,
se nommait et:'! xaÀâiAV) àpoùv -' et se faisaitau printemps**,
après l'équinoxe du 21 mars"'', alors que le sol commence
à sécher et à devenir moins boueux '". Les Romains
désapprouvaient ce système", mais ils jugeaient par le
sol et le climat de l'Italie ; en Orient, les terres de labour
sont des argiles très compactes, et, sitôt la fin des pluies
de mars, la température augmentant rapidement, elles
redeviennent très serrées en peu de jours-'. Pour faire
ce premier labour de défrichement, on employait la char-
rue composée, titiXtov âpoxpov -' [aratrum], tirée par des
bœufs, des bœufs de neuf ans, dit Hésiode ^" ; le conduc-
teur devait avoir l'habileté d'Ulysse et savoir, comme lui,
renverser complètement la tranche de terre pour mieux
enfouir les herbes de la jachère". Ce long travail, car on
ne peut défricher plus d'un plèthre carré par jour ''^, étant
achevé, la jachère, xb àpyôv, recevait le nom de guéret,
vÉoç, vervaclum'^, et les ouvriers allaient ailleurs faire la
moisson. La moisson terminée, on revenaitau vâo; pourle
second labour ou labour d'été ^'', qui se faisait avec la petite
charrue, l'araire, ou aùxÔYuov apoxpov^^ [aratruMj, tirée par
des bœufs ou des mulets •''*, mais de préférence par des
mulets qui ont le pas plus vif et avec lesquels on peut
faire des sillons plus étroits^*. Grand avantage, puisque
ce second labour se faisait transversalement au premier'-'
et avait pour but principal de briser les grosses mottes
d'argile. Xénophon donne une seconde raison de ce
deuxième labour : détruire les mauvaises herbes; aussi
le faisait-il exécuter au milieu du jour, en plein soleil
d'été ^'\ Le troisième labour, ou labour de semailles, se fai-
sait égalementavec l'araire qui agit parécarlement et non
par renversement; ce qui suffisait, puisque, le sol étant
défoncé et purgé de ses mauvaises herbes, il ne fallait
jaclicre est iiouiniée '/p|oç, qu-il ne faut pas confondre avec Tancien ternie «f^ô;
désignant une plaine d'alluvions (Hesych. s. v. — --3 Suidas, 5. v. — 2V "Kapt lïoÂetv
d-Hcsiode {Op. et dies, 400). — 25 Pline (H. nat. XVIll, 49, 2) : Quidam utiquc
ab aeguinoctio verno proscindi volunt ; Xen. Oec. XV, 12. — 26 a",]., «ât Sieçr.v
à^ôuiv ûpo^oto xaO'wfi]-/ (Hes. Op. et dies, 458), que l'on traduit par >< travaille, dan.^
la saison, le sol humide et sec ». (Bignan, Petits poèm. gr., éd. Charpentier, 1841,
p. 69) el que les Romains rendaient par sulcus varius (Cato, De r. rut. LXI), terra
varia (Plin. H. nat. XVIll, 49). — i^ Cato, H. rust. 01 et ap. Plin. XVlll, 49.
— 28 Aujourd'hui la plupart des Européens qui enfreignent celle coutume grecque
cassent le versoir en fer de la charrue. — 29 Hesiod. Op. et d. 431 (éd. Weise,
1890) et Schol. Ad. h. toc. ; Odyss. XIII, 32 ; Hesych. s. p. Aujourd'hui, on emploie
le bouyouk sabau a six paires de bœufs, t^esl une charrue toute eu bois {sauf le
contre el le soc), dont le grand versoir est composé d'une planche en bois dur
de 1 mètre de long, sur 30 cent, de large; cf. C. de Raymond, Ckroniq. agric.
du Bull, de la chambre de coin, franr. de Constantinopte, sept. 1897. — 30 Op. et
dies. 334. — 31 Odyss. XVIII, 370. — 32 Plia. H. nat. XVlll, 49, 3. — 33 /O.
XVlll, 49, 2. — 3V Hesiod. dp. et </. 460. — 35 Jb. -431 el Schol. Ad A. /oc; Schol.
ad Horaer Jliad. X, 353 et Apoll. Rod. III, 232; Hesych. s. i: aiT<i;i,o.. — 36 lliad.
X, 351-353 ; XIU, 703-707 ; Odyss. VlU, 145; Hesiod. Op. et d. 40. Euslalhe (p. 810)
prétend qu'on employait des mulets pour les terres plus légères ; il est évident que
le sol du vio; est moins compact que celui de l'ipr.);. — 3" iliad. X, 353. — 38 JUad.
X, 331. — 35 Aralione per transrersum ilerata (Plin. H. nat. XVlll, 49, 3), ce qui
ne veut pas dire de faire deux labours transversaux (Irad. Liltré, éd. Didot, I,
p. CKC); cf. Virg. Oeory. I, 97-99. — io Oecon. XVI, 14.
RUS
— 90K —
RUS
que creuser un sillon pour enterrer le grain. Ce troi-
sième labour était précédé de la fête agricole des proe-
ROSiA, Ttpô Toû àpÔTpou', et avait lieu après les premières
pluies de septembre '•^ qui coïncident avec le passage
des grues '. Hésiode donne encore une autre date, le
coucher des Pléiades ', qu'il place à l'équinoxe d'au-
tomne =, mais qui se produit plus tard dans d'autres ré-
gions". Xénophon tranchait les divergences d'opinion
des auteurs en disant qu'il faut attendre l'ordre de la divi-
nité, c'est-à-dire les premières pluies, pour ne pas semer
dans une terre sèche', pluies qui n'avaient lieu qu'en
novembre, d'après Cicéron *.
Semailles {<j-k6ç,'jç). — De suite, après ce troisième
labour, on se-
mait. Hésiode ne
donne aucun dé-
tail sur l'opéra-
tion, il n'en parle
pas, bien qu'elle
soit indiquée par
le sens : le culti-
vateur conduit ses bœufs à l'aiguillon, lient en main le
manche de la charrue, È/éxXT,, et fait son labour, -/poro;;
en arrière, ott-côev, vient un serviteur qui recouvre la
semence avec un hoyau, [xazsÀvi (fig. 5968) ^ De ce pas-
sage (vers -469-471), on a con-
clu que apoTo; signifiait se-
mailles'". Il se peut que la
charrue d'Hésiode fût munie
d'un semoir disposé de ma-
nière que le grain tombât dans
la raie ouverte par le soc. La
combinaison est assez simple
et fut souvent proposée jus-
qu'à l'invention de l'ancien
sambrador de Lucalello ".
Quoi qu'il en soit, on se-
mait, d'ordinaire, à la volée
(fig. .5969)'-, et Xénophon
e.\igeait que le semeur eut la
main aussi souple qu'un ci-
thariste; l'habileté consistait à proportionner la quan-
tité de graines avec la qualité de la terre. On devait semer
dru dans les bonnes terres et clair dans un sol moins
fertile: pratique infirmée par nos usages et nos théories".
' Hesych. s. i'. itjor.jooia. Plutarque iC'iment. Vil Sap. p. 13»), associe Démêler
Proerosia avec Zeus Ombrios et Poséidon Plijlalinios. — 2 Xen. Oec. -Wll. i ;
cf. Virg. Georg. 1, 208-211. — 3 Hesiod. Op. et d. MO: Theogn. 197; Arislopli.
Av. 710; Theocr. X, 30; Porphyr. De abat. carn. III, .î. — » Op. et dies,
382. — 5 Astrolog. ap. Plin Hist. nat. XVIIi, 37, 3. — « l'J oclobre (Thaïes);
29 octobre (Anasimandre) ; Il novembre (Euclemon); cf. Pliu. H. uat. XVIII,
37, 5. Le calendrier dressé par M. Ruelle [voir calenoabium, t. Il, p. X43]
donne les dates des 20, 21, 23 (Aelius), 28 (Lyddus) el 30 octobre (Ucmocr.
d'Abdère); 1, 10 (Euclémou) 11, 13 et 14 novembre. Pour l'opinion de f'Iine;
cf. B. nat. XVIU, 3<J et 60. — 1 Oec. XVII, 2. — » Plio. U. nat. XVlll, 60, 1.
— 9 Dans la fig. 3968, d'après une coupe du Musée du Louvre (0. Jahn,
Uericht. d. Sâclis. Gesellsch. der Wisscnchaft. 1867, pi. i. 2; Ouruy. UM.
des Grecs, 1887, I, p. 307), un homme armé d'une pioche retourne la terre,
derrière la charrue el, plus loin, s'avance le semeur, un sac suspendu au bras
(ia«.o;. Plut. De glor. Alh. IV, p. .348 A), un voit des scènes semblables
sur une coupe de Camiros, Froebner, AJtisêf;s de France, pi. xui, p. 45 ;
sur une autre au Musée de Berlin (Gerhard, Trinksehal. und Ge/'dsse, I :
0. Jahn, L. t pi. i), où le semeur, portant une corbeille (çof^id;, Hesiod. Op.
et d. 4832 ; Lucian. Diss. cum Hes. 0=1. III, p. 24'» et ScImI. ad h. I.), suit
le laboureur. — 10 H. Sleph. Thés, rjraec. ling. (éd. Uidol, 1 S-'jO) s. v. àooio;.
Cf. Theophr. U. pi. VIII, 1, 2. — n II parait qu'en Chine on emploie, depuis
plus de vingt siècles, une charrue pour semer; 0. Heuzé, Les plantes alimen-
taires, I, 183. — 12 La fig. 3969 est empruntée au calendrier sculpté de la l'auagia
Uorgopiko à Athènes; ci', calendahilm, fig, 1030, où le laboureur et le semeur
VIII.
Fig. 5969. — Semeur
Le grain répandu sur le sol serait dévoré par les
oiseaux ''^ si on ne le recouvrait de terre ; on peut le faire
avec un hoyau ou une claie de rameaux épineux.
Toutes ces opérations devaient s'accomplir entre le
coucher matinal des Pléiades et celui de la Couronne'"',
c'est-à-dire entre le 20 octobre et le 23 novembre'", et être
terminées avant la fête de Zeus rsobpYoi; ■''.
Une semaine après les semailles, la plante commence
à germer'^ et les premières feuilles apparaissent, -/\6i\!;
YsvûfjÉvYiç ", àla fin delaseconde semaine. La végétation
continue jusqu'à ce que la température moyenne de l'air
descende à -+- 5°. Alors, et pendant tout l'hiver, les
céréales restent en herbe-". Xénophon recommande de
choisir ce temps
pour remédier
aux fautes du
semeur ; il pen-
sait, comme nos
cultivateurs^que
la plus mauvaise
herbe pourleblé,
c'est le blé, et il conseillait d'éclaircir les endroits où les
semailles avaient été trop épaisses-'.
Sarclage (cxaXôta). — Cette opération se faisa;l à la
fin de l'hiver, quand la terre commence à se ressuyer.
Hérodote prétend que les Égyptiens s'en dispensaient^'-,
lin Grèce, c'était un travail multiple qui répond à la fois
à l'assainissement, au hersage, au roulage, au binage, etc.
et qui avait pour but d'enlever les mauvaises herbes, de
faciliter l'écoulement des eaux, de prévenir la pourriture
des feuilles, et le déchaussement des racines pour per-
mettre au blé de mieux taller et de passer l'époque cri-
tique'-'^ Après le sarclage, qui était exécuté par des
hommes ((TxaXeû;) '^'' se servant d'une sorte de hoyau
i'j-A'xV.q) -% on laissait les céréales poursuivre leur ado-
lescence, taller ou émettre des tiges, xaXijAYj '-", ou vul-
gairement y.'xk'x^'i.ix -", d'autant plus nombreuses-* que le
sol est plus fertile et que les pieds sont plus espacés,
contrairement à l'opinion de Xénophon-'.
Quand la température moyenne atteint -+- 16° (mars-
avril), les céréales commencent à épier (cTa/'jooixai) ; puis
ont lieu, très rapidement, la floraison, la fécondation et
la fructification qui étaient le signal de fêtes religieuses'"
ou d'expéditions militaires '' ; d'ordinaire, cependant, les
soldats ne partaient qu'après avoir fini leur moisson ".
sont placés l'un h colé de l'autre. — 13 .Venoph. Oecon. XVII, 7, 9; cf. G. Heozé,
0. c. p. ISO. — ll-Virg. Georg. I, 119-120, 1.30. - 15 Iles. Op. et d. 383 et 614;
Aral. P/iaen. 264 sq. ; cf. Cic. Arat. Phaen. V, 110-112; Philostr. Jun. Imaij.
p. 13; V^irgil. Georg. I, 221; Democrit. ap. exe. Didym. Il, 14 : xl-A tV.v xoJ
ETtoàvou Sj(7iï «ruîi'çttv 5u(>5oii'k!iii; Oidym. ap. Geopon. Il, 14, 8. Cf. Xenopb.
Oecon. XVII, 6; Theophr. H. plant. VIII, 1, 2. — IS D'après le calendrier de
M. Ruelle [cAi.E!iDAtiiuM, II, p. 849J, le coucher de la Couronne est marqué pour
les 19, 27 et 28 novembre; sur le calendrier athénien de la Panagia (fig. 1030), le
semeur est placé avant 'e sagittaire, qui corre-^pond au 25-26 novembre, — n Boct-
licher, Der ant. Festlsaknder an der Panagia Gorgopiko :u Alhen (Philologus,
1803, p. 385-420). — 18 Theoph. H. pi. VIII, 1. — 19 Xen. Oeco. XVII, 10.
— 20 Theoph. H. pi. VIII. 2. — «1 Oce.XVII, 10. — 22 llerod. II, 14; à l'époque
romaine, le sarclage, en Égypie, se pratiquail et se nommait botanismos (Pliu. U.
nat. XVIII, 47). — '23 Xen. XVII, 12-13. — 21 Ib. — 23 Pollm, X, 129; les dimi-
nutifs, -ô [Atxoov cTtaAÎStov et ff*a'Ai»7ïi3t'*w, furent employés par les Byzantins ; cf.
Uncacge. — 26 Uallim, Del. 283; Cer. 20; Dion. Hal. Ant. Itom. V, 13. Suidas
se trompe en faisant ..iÂinri = C ïTàju; toI «i'tju (cf. Schol. ail Theocr. X, 18) pro-
bablement parce que KaÀan^nat est pris avec le sens de glaner ap. Plut. Mor.
p. 182, A. — 27 Eustiit. p. 1181, 32; cf. Schol. Theocr. X, 18. — 28 Pline men-
tionne un pied de blé portant plus de 400 tiges (llist. nat. XVIII, 21) ; Duhamel,
Daïy, Tessier ont vu des pieds de blé qui avaient dt: 100 à 376 tiges. — 29 Oecon.
.XVII, 9. — 30 p. Foucart, Rev. des Et. grecq. 1893, p. 322 ; Reeh sur long,
et ta nat. des mysl. d'Eleusis, p. 14; cf. 'B^^ja. ij/.«..o/i. 1890, p. 126. — 31 Thu-
cyd. II, 10; III, 1 ; IV, 1 et 2. — 32 Id. I, 141; III, 15.
114
RUS — -^06
Moisson [hz::cu.o:;! '. — En Égyple el ea Syrie, on la
fail à la fin d'avril-, quand le coucou chante'. » Les
fellahs, armés d'une faucille courte, coupent ou plutôt
scient les tiges, javelle à javelle. Cependant qu'ils avan-
cent en ligne, un flûtiste leur joue ses airs les plus
entraînants, un chanteur donne de la voi.v, rythme les
mouvements en frappant de ses mains*. » Théocrile a
dépeint une scè-
ne à laquelle il
avait pu assister
en Egypte, quand
il parle de ces
moissonneurs
s'avançant de
front % et de cel-
le fille de Poly-
botas jouant de
la flûte à la mois-
son d'Hippo-
lion ^ Quant à
l'accompagne-
ment de la fiùle et du chant", on sait combien il était
usité en Grèce pour régler et rythmer les mouvements
dans tous les exercices et tous les travaux ^cf. gym-
NASTiCA. p. 1702 ; PISTOR, p. 496]. Théocrile nous a con-
servé un de ces chants de moissonneurs, qui commence
par une invocation à Démêler *.
Les moisson-
neurs grecs n'em-
ployaient pas la
faux, mais la fau-
cille dont on se
sert encore en
France ', en Grè-
ce '", comme dans
l'Egypte du xl'
siècle avant no-
ire ère ' ' ]falx1 .
Les faucilleurs
ou seyeurs mar-
chaient sous le
vent, (T-rk; '=v9a -vs;
Égyptiens fig. 3970)
5970. — Moissonneurs 6gypl
RUS
soit dans la seconde semaine de mai, époque que les
Grecs ont toujours considérée comme le commencement
de lété '\ c'est qu'alors, on pratiquait le javelage ; les
javelles restaient, pendant quelques jours, alignées dans
les champs, pour que les grains, tout en perdant leur
eau de végétation, finissent de mûrir, d'où l'épithète de
'A^TitJi'a donnée à Démêler ''\
A l'époque ho-
mérique, les en-
fants ramas-
saient les javel-
les, ooiyiLi''^, et
les portaient aux
botteleurs, àjxa/.-
Aoo£T7ip£; ^', qui
les liaient en
gerbes, àaaXXa-^,
'iOuÀo; -K
L'auteur du
Bouclier d'Her-
cule semble dire
erbes sur l'aire-',
on alten-
Fig. 5971. — Foulase des épis et nettoyage du grain.
av£u.o;'-, et coupaient, comme les
% les tiges à mi-hauteur, [Ascô-ofioç "
pour ne pas fatiguer d'une peine inutile les batteurs et
les vanneurs ' ' ». On perdait ainsi la moitié de la paille :
par suite, pas de litière pour les bestiaux et, parlant, pas
de fumier.
De nos jours, on moissonne, dans les plaines de la
Grèce, depuis le milieu de mai jusqu'à la mi-juin ; dans
les cantons montagneux, on ne fait la moisson qu'en
août '\ Hésiode la commençait au lever des Pléiades ",
1 A Clijpre. moissonner =■ 5a{itxtft^itv, cf. Hesycb. s. v. — - G. Heuzé.
Le* plantes alim. 1, p. Hi. — 3 Aristopfa. Aves, 303 ; d'où le dicton :
«n«u, '^uko: siSiovSi. Aristoph. Av. 506 et Schol. — ^ G. Maspero. Uist.
aac. de» peupt. de (Or. I, p. %\i. — 5 X, 13. — 6 vil, ÎO: dans 1 idylle VI,
le vers -il interpolé, — '• Itiad. XVUI, 550 s<|. Sur le bouclier d'Achitle, le
chanteur figure aui vendanges; mais, à la moisson, il est remplacé par le
batileu», qui tient son sceptre en silence «tur^ ; cf. la moisson du bouclier
d'Hercule, Aspis, Î8<. — s X, 4î sq. — » G. Heu2é, Op. c. I, p. ÎH. - lo Gos
L'agric. en Theantlie, p. 74. — >t Cf. les sculptures du mastaba d'.\khoun
lliotep(iv< dynast.l 4|uiesl au Lou\Te. — '2 Xenopli. Occon. XVUI, 1. ~ i^Cham
pollion, Mon. de C Egypte. 1833-1845, pi. 417; Perrot, Hist. de larl. I, p, 5
cf. Maspéro, Bisl. anc. les tîgures des pages 196 et 541 du vol.l. — >^ Xen
Oec. XViU, î. Dans les provinces de France oii on moissonne encore à mi-hauteur
on fauche les chaumes en novembre où on fait pâturer des moutons, ce que ne fai-
saient point les Grecs. — '^ Xen. L, c. — "> C16n Stéplianos, La Grèce au point dt
vue naturel, etc. p, 400. — 17 Op. et d. 570 sq. I.c lever des Pléiades est noté
qu'on entassait immédiatement les
En fail, et, à moins qu'un orage ne survint -
dail la fin de la moisson pour charger la récolte sur un
chariot à bœufs, comme le montre le gracieux tableau
d'Oppien ■".
Foulage [klof^ais:)'-'' . — Les Grecs ne battaient les cé-
réales ni en gran-
ge, ni en plein
air, car ils n'a-
vaient point de
fléau pour faire
sortir le grain de
l'épi. Ils em-
ployaient la
vieille méthode
égyptienne (fig.
5971) -' du dépi-
quage ou fou-
lage, qui n'est
plus guère en
usage que chez les Provençaux el les Languedociens ^'.
En juin, c'est-à-dire, à l'apparition d'Orion '", on
portait les gerbes sur une aire, qualifiée de [i.e-c^'-'i ''-
£'JxTi|X£vr) '-; âiJTpop^àXoç '\ '£pâ '', et construite, plus ou
moins, d'après le modèle de l'aire sacrée d'Eleusis '■'.
Des ouvriers, È7IaXa)(7Teç^^ dressent les gerbes à côté les
unes des autres en les inclinant un peu vers le centre el
on fait entrer les animaux: bœufs '^ chevaux, mulets'*,
parfois même des ânes '' ; ils sont accouplés deux à
deux '" et marchent en cercle*', d'abord au pas, puis au
auï a avTil, G, 7, 11, 12, 13, 15 et 30 mai, cf. Ruelle [calendariuh II, p. 839].
— l*Clôu Stephauos, 0. c. p. 371 ; cf. c&lendarioh aux 6, 7 et 11 mai. — 1^ Hesycb,
5. u. d'où le proverbe #, "AnaîaTiiv 'A'r.çt'av (xEiiiXee; Soph. ap. Bekker, Anecd.p. 348.
— 20 lliad. XVUI, 553 ; Theocr. X, 44. — 21 Hiad. XVUI, 354. — 22 Eust. Ad 11.
p. 1162, 39; Hesycli, s. t'. iiiiXai. — '23 [)'où les surnoms de Déméter : 'Isulià
{Sem. ap. Athen. XIV, p. 018; Didym. ap. Schol. Apoll. Rh. 1, 972), 'Elm'ou'ko; (cf.
Ahrens, Rhein. Mus. XVII, 353), Kanîiîouloi (Athen. XIV, p. 619). — 2« Aspis,
2>1. — 25 Plin. SisI nat. XVUI, 78. —'26 De vénal. 1, 327. —27 Elym.m. 74, 22,
s. V. à'AQif.triç; cf. H. Bliimner, Tech, und Terminal. I, 3. — '2* Voir les sculptures
des mastabas égyptiens. La figure 3971 est tirée de Wilkinson, Manner and Cas-
toms ofanc. EgypI. 1878, II, p. 423. — 29 G. Heuzé. Les pi. aliment. I, p. 295.
— 30 Mes. Op. et d. 596. - 31 /«ad. XIll, 588. — 32 Hiad. XX. 496. — 33 Hes.
O. c. 397. — 31 lliad. V, 499. — 35 Pausân. I, 38. — 36 Xen. Oecon. XVUI, 4;
cf. Lobeck ad Phryn. p. 234. — 37 lliad. XX. 495. — 3« .Xenoph. Oecon. XVUI;
4. — 39 Anihol. palal. IX, 301. — »0 TcoïiY.a, Xenopb. Oecon. XVUI, 3 et 4,
T.! Cii;r. Ili.î lliad. XX. 493. — H Anth. pal. L. l.
I
I
1
RUS
907 —
RUS
Irot ', sous la direction d'un homme, placé au centre de
l'aire, qui tient en main les guides, SeTuiâ, SoùuTpocpa
SEciii TEvôvTojv-. D'autres ouvriers, armés de fourches
en bois, rpt'va; ', régularisent la foulaison, oaiXisÏTai b
aXoT,TÔi;', en retournant la paille et en la ramenant sous
les pieds des animaux, pour faciliter le manège, b oivo;".
Après la conquête romaine, les Grecs commencèrent à
remplacer le foulage par le battage à l'aide du plostel-
lumpuniruin ou du tribulim, Tp■?oXo(;^ ce qui est moins
fatigant pour les animaux et en exige un moins grand
nombre. Le résultat est le même, le grain sort de l'épi
et la paille est réduite en petits morceaux, ce qui
permet de la donner comme aliment aux bestiaux, mais
non d'en faire de la litière et du fumier '.
Nettoyaoe du grain ()>!X[x7i(ji<;) *. — Les Grecs ne con-
naissaient point le vannage proprement dit, opération de
nos batteurs en grange, qui nettoyé simplement le grain
des glumes ou glumelles et que l'on exécute près de la
porte d'une grange, dans un léger courant d'air, mais à
l'abri du vent. .\u contraire, les Grecs attendaient que le
vent fût assez fort ' pour emporter les fétus de paille et
leur permît de pratiquer le v€?itage, qui peut se faire de
deux façons : 1° Avec une corbeille, Xtxad; '", -rrÀoxxvov "
[ventilabrvm] '-. Aujourd'hui, dans le Languedoc, l'Ita-
lie et l'Espagne, des femmes élèvent, aussi haut que
possible, de petites corbeilles remplies de grains et les
renversent contre le vent qui doit être assez fort pour
entraîner au loin la poussière et la paille, tandis que les
grains retombent aux pieds de la femme. 2° Avec une
pelle en bois, TtTÛov " [pala, fig. o434]. C'est notre
nettoyage à la roue; on jette circulairement contre le
vent et, aussi loin que possible, à la hauteur d'un
mètre au moins, une pellerée de grains qui retombent
sur le sol, tandis que la paille et les balles sont empor-
tées à l'extrémité de l'aire".
Criblage (tïi'ji;) '^ — Si bien fait que soit le ventage, il
reste toujours, avec le grain, des pierres, des épis mal
1 Anih. pal. IX, 301. — 2 Jb. VI, iO+. — 3 /t. VI, 93, 4; VI, lOt, 6: Suid. ». i-.
Le Scholiasle de Tliéocrite, VII, 135, emploie la forme t^ivinr, : cf. Schol. Ven. Rom.
quicODfond une fourche avec une pelle; 65«'va«aî =àfft, i:apà Si •A-rttxoT; titù» (l.obech
ad Phryn. p. iX) d'où, sans doute, l'opinion deM. Oick, qui dit que les Grecs vannaient
avec une lourclie : ■ oder mit einer dreizinkigen Gabel, iji'.'M.':. ». Pauly-Wissowa,
neal Encycl. 1S93. s. v. Dreschen. — ' Xen. Oec. XVIII. 3; Lobeck. ad Phryn.
p. 204, croit <|ue ô •xA.jr.Tb; est la forme altique de*) ilo^ii;; il se peut cependant que
le premier désigne l'action (la foulaison) faite pendant l'opération (le foulage). — » 'O
Stvo; = tournoiement : c'est la mai-che au trot et en cercle des animaux plutôt que
l'airée, la solade, comme le croit M. B. Weiske {.\enoph. Oper. Oec. XVlll, 5) : ou
que l'aire elle-même, ainsi que le dit L. Breitenbach en note de la p. 143 |184-,i.
— I Anth. Pal. VI, 104; Long. Paslor. III, p. 93. Le Iribolos est déjà mentionné
parles Septante; Am. I. 3; Parai. I, 30, 3. — ^ La paille des blés d'Orient n'est
paâ creuse comme celles du Nord de la France, m^is pleine ou demi-pleine et les
bestiaux ne la mangent que si elle est brisée : les Grecs qui veulent employer nos
machines à battre sont obligés d'avoir un bache-paille, d'où une opération et des
frais supplémentaires. — » Greg. Naz. l, p. 3S6 ; .VIoschop. ad llesiod. Oper. 58;^.
— 9 lliad. V, 499 sq. ; Xlll, 388 sq. ; cf. Ant/t. palat. VI, 33. — 10 Ancien mot
d'où dérive .\ixitat'«. surnom de Démêler {Antli. pal. VI, 98^ le verbe '«.iv^âu que
l'on trouve dans V/liade et les diminutifs .Vixjir.Tr.^t; (Poltux, 1, i45), Àtï;*,iTr.ot&*
,. ,. j. _ Il Varro, Li'iij. lai. V, 138; De r. rust. l, ôi, 2; Colum. Il, 10, 14.
— li lliad. Xlll. 388: Aeschyl. fr. 194; Thcocrit. VII, 150; Poil. 1, 243. — 13 lliad.
XIII, 588-391 : V, 499 s(|. Mais dans ce dernier passage, le procédé employé n'est
pas indiqué, — 14 Suid. s. v. — '^ Herodot. I, 200. — "> Suid. j-. i. 9i;TàvE'.o;.
— " Hesych. s. v. — 18 D'où les surnoms de Démêler, ^^^i-.ti ; ffymn. Orpli. L\ :
-oli^uf,; Addé {Anlh. pal. VI, 238), 3. Dans Théocrite, le mii; est formé de pailles
et de grains non encore nettoyés (Vil, loi); par contre, cf. Herodot. I, 22.
— " Hesiod. Op. et d. 398. — 'M On a trouvé à Uissarlik des pithoi [dolium.
p. 249] contenant de grandes quantités de blé, de pois, etc. Cf. procès-verbal du
30 mars 1890 dressé par M. Babin, R. Virchow. etc. — 21 Anth. pal. VI, 2ï7.
_22/6,',/. _ 23 1n5Cr. d'Éleusisdu V siècle(P. Foucart, Bull. cor. /tel. IV, p. 22:.
sq.) pi. XV, lig. 10. Ces silos devaient être construits xaxâ Ta ««toi«, ce rjui prouve
que l'usage en était déjà ancien au ve siècle. — 2t Inscript. d'Eleusis du iv siècle,
I. 79; cf. P. Foucart, Bull. cor. hel. VIII, p. 197 s(|. — 2'' Pour les greniers grecs.
foulés et non égrenés, des graines de plantes parasites ;
d'où la nécessité de cribler, cîcu'*, (rv^ôto ", les céréales
et l'emploi d'un crible ou rige, (7'ï|(rrpov '*, dont les trous
sont plus grands que ceux du blutoir. Nettoyés, les
grains restent encore en tas, «jwpôç ", sur Taire pour finir
de sécher, puis on les enferme dans des jarres, aYYoç-",
■iit8oç^',T£û/oç"^-, voire même dans des amphores-' ou bien,
on les déposait dans des silos, a-po;-', des tours, liOpyoç'--,
des greniers, ctToêcÀiôv, lôpsîov ^' 'graxarium, horreum].
La moisson se terminait, en .\ttique, par les fêtes de
DEMETRIA-'', et, dans le reste de la Grèce, pair des festins^'
où Ton mangeait du pain nouveau, eaXùfrio; âpTo; -', des
gâteaux de miel et d'orge pilée, Trpoxajvtot'", après avoir
offert à tous les dieux", et spécialement à Déméter, les
prémices delà récolte, GaÀiiiix '- [thalysia].
Nettoyé et criblé, le grain avait le nom générique de
cïToç dont l'étymologie est inconnue" ; ce terme s'appli-
quait indifféremment au blé, à lorge, au millet ou au
sésame ^'; puis, il finit par désigner toute espèce de nour-
riture solide par opposition à la boisson '^ : (jîtï xx't ttotï ^^
Plantes cultivées. — Céréales (o-itiÔôt), (j!TT,pi''j. — On
les nommait vulgairement : \f^\L-r^x'^o^ xap'rroP', oY,u.-r|Tpto!
xap'TioP', o-fi[iT|Tp''axQt cTTspaiTûc *" OU, plus simplement
BT|(jLfjp'.axo! *', que les Latins rendaient par cerealia *-.
Les Grecs ont cultivé quatre genres de céréales : le
blé, l'engrain, l'orge et le mil.
1° Blé [izu'Jji). — Usuellement, on classe les blés selon :
1° la couleur du grain ; blé rouge*' et blé blanc*' ; 2° la
contexture cornée ou farineuse du grain ; blé tendre ou
sitanique, (7T,Totvioç*°, iXeupiT-ci;'", etblé dur, ciiAtSaXiTT,?*' ;
3° selon que les épis sont, ou non, barbus : blé imberbe
et blé barbu ou aristé; 4° selon le temps que la plante
met à taller: blé d'automne ou tardif, ï'V.oç** et blé de
printemps ou hâtif, -^rpojïo; '^
Ces huit caractères, qui sont plus ou moins stables
et se transforment avec le terrain et le climat '", se com-
binent entre eux de toutes les façons, d'où le grand nom-
cf. Theophr. Hist. plant. VIII, il; De caus. pi. IV, 17 ; Philo p. 86-88 (éd. Thé-
venot). On n'a pu encore trouver le nom grec donné par Varron et que les éditeurs
transcrivent xjd.r.v (De l. lat. V, 105). — 'is Schol. Pind. 01. IX, 130. — 27 SchoI.
Theocr. VII. — '28 Atben. III. p. 114. A. — « Harpocrat. s. f. ; cf. P. Foucart, Bull,
cor. hel. VIII, p. 197 : inscript, des comptes d'Eleusis, lig. 67. — 30 JUad. l.X, 534
— 31 Theocr. Vlll. 3. — 32 Cf. Anlh. pal. VI, 36, 98, 223, 238. — 33 On a fait
dériver (ttt.>; d'un sémitique chittah qui, en français, devrait être Irauscrit khittah ;
de aiottoToi, d'où ai:r.i; = oTto; i^Etym. m. 714, 37|. — 3t Herodot. I, 193: cf.
Suidas : ET-ïo; «àq ô (rtTtxb; xapT;o;, o'-j/_ ô Tt'Jfô; nov6v. — 33 Thucyd. II, 75 ; Xenoph.
Bier. VI, 7 ; Cyrop. IV, 2 : V, 2 ; VI, 2 ; Apomn. I. 3, 3, que Cicéron a rendu par
Cibus. L'inscript. de la monnaie de Tarse à l'effigie de Caracalla (Eckhel, ùoct. Num.
III, p. 73) SwçEa jrtTo-j K. T. .V. indique une distribution de grains. — 36 Xenoph.
Cl/ri Inst. IV, 2, U. — 37 Theophr. H. pi. 1. 10, XIV, 2 : De c. pi. IV, 7 ; VI,
1 1 ; Plut. Galba, 13. — 38 Herodot. I, 193. — 39 Preller, Demeter und Persephone.
p. 316: Griech. ilythol. I. p. 474.— iO Orib. Coll. med. I. 1. — »' Preller. O. c.
p. 316. — 42 Flin. a. nat. XXIII, 1; Ovid. Met. XI, 121. —43 D'où probablement
le nom grec tiuçô;, indiquant la couleur rousse ou rouge (-'^990;) de l'épi ou du
grain de blé par opposition à Vorge blanche homérique. Le nom arabe du blé,
khintah (cf. hébreu khittah), indique la couleur rousse {khanata) du grain.
— 41 Le blé le plus blanc était importé d'Italie : cf. Sophocle dans Pline {H. nat.
XVIll, 12). — iîTheoph. a. pi. VIII, 2. — 16 Alhen. I et ap. Oribas. Coll. med.
I, 2. — « Hippocr. p. 356, 18: Callen. De alim. far. I, 2 (vol. Il, p. 310)
— 48 Theoph. H. pi. VIU, 4. — W Theopli. //. t>l. VIIl, 4. — 50 Ces transfor-
mations et ces dégénérescences fréfjuenl-'s dans la culture des blés portent sur les
caractères de la race, et non de l'espèce, comme le croyaient les anciens qui étaient
transformistes convaincus. Cf. Theophr. //. plant. H, 4; VIII, 8 : De caus. pi.
IV, 5; V, 6; V, 7 ; ps.-Arislot. ûc p/aiitis, I, 7 ; Plutarch. 5ympos. VIII, 9, 3. GalicQ
raconte que « son père avait, dans le but de résoudre la question, pris du froment
et de l'orge, qu'il en avait fait séparer avec le plus grand soin toutes les graines
étrangères, qu'il avait ensuite semé ce froment et celte ortie, mais que tous ces soins
o'empècbèrent pas qu'il ne poussât beaucoup d'ivraie dans le froment, et beaucoup
d'égilopes dans l'orge ; le père de Galien répéta encore la môme expérience pour les
autres graines. » C.b. Daremberg, note y\i. 333) pour la p. 7, l. 11, ix (tetaiSo'Aî';,
1" vol. des Œuv. dOnbttse.
Fig. 5972. — Mon-
naie de Métaponle.
RLS - 908
bre de races que Ton connaît. Il y en a aujourd'hui plus
dcsix cents, mais toutes se fécondent entre elles et peuvent
se ramènera une seule espèce dont l'origine est inconnue
et dont le représentant le moins altéré par la culture serait
le triticum sativum ou le tr. durum. selon que la plante
est originaire d'un pays froid ou chaud. Quoi qu'il en
soit, on peut conclure, d'après les auteurs et les monu-
ments figurés, que le blé cultivé par
les Grecs était une durelle. comme le
sont encore tous les blés de l'Italie
méridionale, de l'Afrique et du bassin
oriental de la Méditerranée'. C'était
une race d'automne ^ à épi simple \
régulier, barbu et allongé ;fig. o97'2,
5973 et 5974)', rougeàlre ou à grains
rouges \ effilés etplus pointus du côté du germe * que
nos poulards (/;•. turgidum ; la paille en était pleine
^^ — -^ ou demi -pleine
"'^^ï^^K puisqu'on la
broyait avant de
la donner à
manger aux bes-
tiaux ".
Ce blé dur se
divisait en plu-
sieurs races se-
condaires, KaY/puSi'a;, ct/syt"? ^ ='-"''• D'ordinaire, on dé-
signait la race par le nom du pays où on l'avait cultivée
et d'oii elle provenait'; on la difTéren-
ciait parle volume du grain et par son
poids'". Le /jo/i^/^i/e était le plus léger;
le sicilien et le béotien étaient les plus
lourds". C'est en Sicile que les Grecs
connurent les blés de printemps : 1° Le
blé de trois mois, 6 Tptu.T,voç7r'jpd;''. C'est
une durelle que les Siciliens cultivent
encore et qu'ils nomment tumminia^^.
2° Un blé de deux mois, b o:u.t,voç que l'on chercha à
acclimater en Grèce et qui réussit bien dans la belle
plaine de Karystos ; on le semait en a\Til pour le mois-
sonner en juin". Théophraste cite encore un blé que
l'on récoltait quarante jours après les semailles'».
Le rendement moyen du blé en Grèce ne peut se cal-
culer, car les terrains y sont trop variés. .\ peine, si dans
' Gust. Heuzé, Les, pi. aliment. I, p. IW sq. Cependanl Alpli. de CindoUe
{Origine, p. 289) dit que le Ir. durum de Dcsfonlaines •■ sérail une variété
obtenue en Espagne ou dans le Nord de l'ATrique. peul-ètre depuis l'ère cliré-
tienne ». oubliant que Desfontaines avait donné le nom de tr. durum seulement
au blé Irimenia barbu de Sicile et que ce n'est qu'après ()u on l'a donné aui
blés durs d'Algérie, de Grèce, de Tur<|ui*.- quand ils eurent été mieni connus.
— S Cf. le paragr. des Semailles. — 3 Voir fig. 5974, la monnaie de Mclaponte (Des
eript. des méd. gr. du cab. Pr. Dupré, pi. 1, n' «; V. Duruv, Hisl. des Gr., I,
p. 631). — t Fig. 5973, Épis dans la cbevelure de Froserpine et à l'eiergue ; Duruy,
Bisl. des Grées, 11, p. 549; Deser. des méJ. gr. de la coll. Gréau, pi. i, n" 875 et
59i. Fig. 5974. Revers d'une monnaie de Sége*lc, Uuruj, 0. c. III. p. 561. Cf. [ceres,
fig. 1308]; les épis coupés et placés dans un naos, et pboserpisk, fig. 5817, 5818, 58*0
et cEBES, fig, 1319], — 5 Athénée remarque que les blés sitaniqucs sont blancs,
"«ij»oi et les sémidaliques jaunes, ;»v»»'i. (S, I, et ap. Oribas, Coll. med. I, i : cf. Plin,
H. nat. XVIII, 12), — « Voir les grains de blé sur les monnaies d'Erélric, Mionnet,
11, 307. — 7 Toutes les races comprises sous les noms de tr. sativum et de t.
amyleum ont la paille lisse et creuse, — * Tlieopbr, H. plant. VIII, 4, — 9 Tlieopb.
L. e. cile les blés Vio-jxo:, zovcïo', t^àxe;, à7(rJ^tot, «t7Ji:Tt«t, ffi*i*o!, — *0 Ibid. et
Galcn, ap. Orib, Coll med. 1, I (éd, Daremberg I. p, 5), — 't Theophr. A, c;
Plin. H. nul. XVIII, 15, — i2Theoph, L. I. el De eaus. pi. IV. n, _ 13 G. Biundi,
Voeabolar. siciliano-ital. Palerme. IS56, s. r. — il Tbeoplir, B. pi. VIII, 4; De
eau», pi. IV, il. — 1^ B. pi. Vlll, 4, Il rapporte u:i on-dit, sasî; les cdil. modernes
indiquent les environs de *,'\t>t:av comme lieu de culture. Si le fait s'était passé
dans la Chalcidique, Théophraste aurait pu le vérilier facilement. Je crois qu'il
, 5974, — .Moni
de Ségeste,
RUS
le Péloponnèse, année moyenne, on récolte dans les
meilleures terres 8 à 12 hectolitres à l'hectare : par contre
en Thessalie, dans la plaine de ,Néochori, on obtient tous
les deux ans, sans fumier, 40 hectolitres par hectare"',
ce que donnent rarement les terres les mieux fumées des
seuls départements du Nord et du Pas-de-Calais'". Bœckh
avait calculé que le rendement total de l'Allique devait
être de 2 800000 médimnes" ; une inscription récemment
découverte montre qu'en 329 av.-J.-C. on ne récolta que
400000 médimnes'-.
Tous ces blés durs de l'Orient sont encore très recher-
chés pour les semoules et les pâtes, mais ils sont moins
bons pour la boulangerie. Le blé d'Egypte, le plus glu-
tineux de tous, donne une farine d'un goût fade, deve-
nant même nauséabond, ammoniacal, si l'engrangemenl
des grains est tardif. Ce défaut, inhérent au sol, explique
pourquoi les Égyptiens n'avaient que du mépris pour les
peuples mangeant de Forge ou du blé et pourquoi ils
faisaient leurs pains, y.'Alr,ari<;'^'' , avec la farine d'olyra-'.
2° Épeautrc, SÀjp. , î^Eia --. — Hérodote dit que
Volyra est la plante que d'autres nomment zéa ".
Cependanl, les deux noms étaient connus des Grecs par
les œuvres homériques. L'Iliade parle de l'olyra dans
deux passages identiques et relatifs à la nourriture des
chevaux : r.o'. Xe<JX.6^ kzz~-6iLeio: xae ôXûpa;'-'. L'Odyssée
parle du zéa comme servant, avec l'orge blanche, à la
nourriture des mêmes animaux'-^' et comme étant cultivé,
dans ce but, en Laconie'". Lexicographes et scholiastes
ont embrouillé la question relative à ces deux noms,
olyra et zéa*'. On croit que zéa est un très ancien mot-*,
apparenté au sanscrit désignant les premières céréales
connues'-' et d'où, peut-être on a tiré le nom de At,-
|a-(5tti:, son synonyme At,(o '" et l'épithète homérique
Ziîoujpoi;^'. Quoi qu'il en soit, nous savons par saint
Jérôme'- que le zéa et Folyra étaient notre épeaulre
{t. spelta)\ race de blé, dont la culture est délaissée
depuis qu'on a de meilleurs froments amylacés, mais
qui, pendant longtemps, en Egypte " comme en Italie^',
a donné une bonne farine ^^ qu'on ne peut extraire des
blés durs.
Le grain de l'épeautre » est allongé, triangulaire,
pointu, avec un sillon profond'" » et ressemble beaucoup
à celui qu'on voit (fig. 5975) sur des monnaies de Cumes ".
Le grand inconvénient de l'épeautre, c'est que le grain
s'agit J'Enna en Sicile, 'E>,u ou, comme sur les monnaies, Henna ; Pline {B. nat.
.XVIII, M] a lu '.\ivo; el traduit : cii'ca Thraeiae Aenum. — " Cos, Agric. en
Tttessalie, p, 23, Ordinairemeul, en Thessalie, les rendements sont de 15 à 18 hec-
lolit, par hectare, toujours sans fumier (p, 55), — *7 G. Heuzé, Les pi. aliment. I,
p. 326, <|ui cite des récolles de 45, 50 et même 55 bcct. dans ces deux départements
avant 1872, — 18 Die Staatshaushall. d. Athen. (1851) I, § lô, — '9 P. Foucart,
Bull. COÏT, lielt. VIII, p. 211. — *) Herodol. Il, 77. Les Seplaule nomment ce pain
; <;-*u;iTr.;, I, Rcg, XIX, 6, - 2' Herodol, II, 38, — 22 Theophr, B. pi. VIII. 1, 3,
— 23 Herodol, 11, 36, — 21 V. 196; VIII, 560 (564, éd. Dindorf,), — 25 [V, 41.
— 26 Odyss. IV, 604. — 27 Hesjcil, s, v. Zla = «a^Sr., f, m;oi. y^voî ; S. i: Tt'ç». =
oi ô'iùjai ; s, r, Znà = o' i»îv c'.-.oj hSo;, ol 5t -àç oiipu. — '28 A. Kuhn, Bcrabkunfl
des Feuers, p, 98, — 29 G. Curlius, Grunds. d. griech. Etym. p, 571 ; Mommsen,
Rim. Gesch. (1881), I, 15, — 30 En Cretois. 5»,«l désigne l'orge {Htym. m. p, 264,
12); Preller, Griech. Myth. I, p, 474; Démet, und Perseph. p, 317, qui admet
éi-alement Zt(a = Sr.à = scr. gawa - fur das altesie Korn . . — 31 lUad. Il, 54« ; cf .
Plin. B. nat. XVIII, 19, Etym. m. p, 410, 6. — 32 7„ Ezech. 1, 4. vers. 9 (éd.
Migoe, V, col, 47), qui établit l'équivalence : bébr, Kusemim = o'Aûpa, %dt = lai.
far =. gen'il, spelta. L'identité du far et du zéa est également donnée par Asclé-
piadc (ap, Galen. IX, 3, el par Denis d'Haï. (Ant. rom. Il, 25) , mais, en Grèce, le
mot désigne maint-înant la folle avoine (Lexiq. de G, Venloti, Vienne, 1790), tandis
qu'en Italie, le nom de farro s'applique encore à l'épeautre rose sans barbes (G, Heuzé,
Lespl. aliment. I, p, 1 32). — 31 Herodol, II, 77; Plin, B. nat. XVIII, 29, 1 et 4. — 3' Plin.
Heuié, B. nal. .XVIII, 19, 3; 29, 1-4, — 35 Notre mot farine vient du far latin.
— î6Hcuic/,«s;)(,n(im,lI(éd, 1872), I, p. 129,-37 Duruy, flis(, des GrtM. l,p, 565.
RUS
— 909
RUS
ne sort pas nu; l'égrenage le laisse enveloppé dans sa
balle, àer,p', à cause de la fragilité de l'axe des épis qui se
brise facilement, d'où la nécessité d'une seconde opéra-
tion. Les Grecs n'ont pu se résigner, comme les Ita-
liens ^, à ce travail supplémentaire et
ils préféraient donner aux chevaux
ces grains tout vêtus ainsi que les
grains d'orge ^
3° Tiphé (tiçti). — Il est difficile
d'identifier cette plante que Théophraste
range parmi ses o[jioto7tijç,ot'. G. Heuzé
dit que c'est un sorgho à épi°. Cii. Da-
remberg croyait que c'était le petit épeautre'^ ou engrain,
graminée que l'on confond avec les blés, mais qui forme
une espèce spéciale ' que l'on trouve encore à l'étal
spontané en Béolie et en Anatolie*.
Maladies des blés: jiarasites. — Théophraste consacre
un chapitre entier aux affections des céréales' ; les Grecs
regardaient la rouille, Içufri'êT, '" comme la plus désastreuse
et ils en avaient reconnu, sinon la cause déterminante qui
est un champignon, u.ijzt,î", du moins la cause occasion-
nelle qui est l'humidité de l'été '- ; pour en préserver leurs
moissons, ils adressaient des vœux à Déméter 'Epuctëïi"
ou à Apollon 'EpuOiêtoç". Les principales plantes nui-
sibles étaient l'ivraie, alpa, pour le blé'^; la folle avoine,
|ipo|xoç, pour l'épeaulre " et l'égilops, atYtXo)i|', pour l'orge ".
4° Orge 1x016/1). — C'est la plus importante des céréales
de la Grèce et celle qui convient le mieux au sol et au cli-
mat de ce pays. Les Athéniens croyaient que c'étaient une
plante indigène de l'Attique '* et l'on racontait que Démé-
ter, en arrivant à Eleusis, n'avait voulu prendre qu'une
boisson d'orge, sorte de bière '^ sucrée, le kykéon '", dont
on continua à faire usage dans certaines cérémonies
d'Eleusis [cyceonI. On conserva également la coutume
d'employer l'orge grillée^', les gâteaux d'orge ^^ dans les
principaux actes religieux, ceux dont la pratique était la
plus ancienne ; l'orge tint toujours, dans le rituel grec, la
même place que le riz chez l'Hindou ou l'épeautre, far'",
chez les Romains. Les rois de Sparte recevaient encore
leur ration en farine d'orge '^S alors qu'on se nourissait de
froment dans la plupart des villes grecques et que les
gens peu fortunés-" étaient seuls à manger du pain
' Ouruy, L. l. le donne comme un grain d'orge. Pour la renonimôc du far
ou zéa de Cumes en Campanie : cf. Slrab. V, p. 242 ; Plin. H. nat. XVlll, 2U,
2 ol 3. — - D'où la différence considérable de prix entre le scandula sive spelta et
le spelta munda dans l'Édil de Dioclélieu (C. i. /. 111, 826). Je crois que le iinji»
de Galieu (De al. fui;. 1, 13) ne désigne pas une pellicule, mais la balle, ai*;?, que
l'on enlève par le décalage, à moins que ce dernier terme ne convienne plus spécia-
lement à la balle de l'orge dont les glumelles sont arislées. — "' Pour la difiicullé
du décalage qui était faite par des esclaves enchaînés, vinctorum poenali opera^ cf.
Plin. B. na<..XVlll,29, 4. — 3 /;,'ad. V, 196, VIll, 564; Odyss. IV, 604. — *Tlieoph.
H. pi. VUI, i, 3. —s les pi. aliment. I, p. 13. — 6 Tradiict. des Œuvres d'Orih.
1, p. 27. — ■! H. de Villemorin. s. v. Froment {Dict. d'Agricult. de Barrai et 11.
Sagnier, 1888). — s Boissier (Diagnoses, l" série, vol. 11, fasc. 13, p. 09) pour la
Béolie cl la Serbie ; Balansa [Bull, de la Soc. bot. de France, 1834 ; cf. /*. IsUO,
p. 30, l'art, de J. Gay) pour le mont Sipyle, près Srayrne. — 1 De caus. pi. III,
22. — 10 Theophr. H. pi. Vlll, 10, 1 ; De caus. pi. IV, 14. — Il Tlieopli. M. pi. 1,
1, II. — 1» Athen ap. Oribas. Coll. med. 1, 2. 'Hiéophraste (B . pi. Vlll, 10, 2)
conseille de semer le blé dans des cbamps balayés par les veols pour éviter que
l'eau de pluie ou la rosée ne restent sur les liges. — 13 Etym. Gud. p. 210, 25.
Cf. Preller Oriech. .Wyth. 1, p. 474; Démet, und Perseph. p. 323. — n Slrab,
XIII, p. 613; Euslath. XXXIV, 29. — 13 Tlieopbr. B. pi. 1, 6, 3; Gai. Al. fac. I,
37, p. 551 (éd. Kahn); .\tlien. I et ap. Oribas. Coll. med. 1, 2. — 16 Tlieopbr. B. pi.
Vlll, 4, 1 : Plin. B. nat. XVlll, 44. — 17 Theophr. B. plant. IX, 9, 2 ; Ual. Al.
fac. I, 37. — 18 piato, Menexen. p. 238, éd. Steph. et 384, éd. Beklov.
— 1» Les Grecs attribuaient l'invention de la bière à Dionysos, fils de Sémélé
(Diod. Sicul. IV, 2); c'était la boisson habituelle des Égyptiens [cefivisiaJ.
— i" Anton. Libéral. 24. — 21 Odyss. 111. 441 ; Herodol. 1, 132, 160 ; Sch. Hom.
Odyss. III, 441 ; Hesych. s. l'. '0),at ; Erotian. Glos. p. 282; Pollux, I, 27; cf.
d'orge-'". Celte céréale coûtait moitié moins cher que le
blé -', la Grèce en produisait dix fois plus. C'est, du moins,
la proportion pour l'Atlique en 329 av. J.-C.-' et ce rap-
port peut être admis pour la plupart des autres contrées.
Les baux de location fixent, le plus souvent, la redevance
en orge -' ; le lotissement des terres Spartiates était établi
d'après leur rendement en orge'"; beaucoup de pays,
comme Salamine '', ne produisaientque de l'orge et d'au-
Ires, comme Rhodes'-, en donnaient deux récolles par an.
Les Grecs avaient remarqué que le froment pousse
mieux que l'orge dans les contrées froides et pluvieuses'''
et que celle-ci a besoin pour végéler d'un sol plus sec et
plus chaud, d'où le dicton : « Plante le blé dans la boue
et l'orge dans la poussière". » En réalité, cette plïinte
réussit sur les calcaires et les marnes du jurassique, les
sables et les argiles du crétacé, les terrains de transition
avec leurs schistes et leurs grès, toutes formations que
l'on trouve dans la plupart des cantons de la Grèce, de
sorte que ce pays peut être qualifié, comme l'Attique, de
xpi9o!popo; àpc'<TTT|'^ Mais, ce qui séduisait le plus les
Grecs dans la culture de cette plante, c'est qu'elle exige
moins de temps que celle des autres céréales'^ On peut
semer en octobre-novembre et récoller sept ou huit mois
après"; on a donc presque tout son été pour naviguer
ou guerroyer. Le grand inconvénient de celle plante, c'est
que le grain ne peut se nettoyer complètement au fou-
lage, il reste vêtu dans sa balle ; avant de le moudre, on
doit le décortiquer et le perler ; les femmes grecques le
faisaient griller" pour le nettoyer.
Dès l'époque homérique, on nourrissait les chevaux
avec de l'orge" et cette coutume existe encore, car notre
avoine doit être considérée comme inconnue en Orient*" ;
pour les animaux, on ne fait ni griller, ni monder le
grain, on le donne vêtu. Cependant les anciens avaient
une orge nue, •yu|Avr, xptôvj", mais il ne semble pas qu'ils
aient cherché à l'acclimater en Grèce. On possédait alors
toutes les races (xptôïj ■>) IvBtx-r,*^, /) à/i)J,Y|i;'^, \ Xeuxi^'*,
'jj ÈTEoxpiOoç)'^", que l'on cultive encore maintenant dans
l'Europe méridionale et qui peuvent se ramener à deux
principales : l'orge à deux rangs, oîstoi/oç, que l'on trouve
à l'état spontané" et l'orge à six rangs, éçàcTcii/o;, qui en
dérive. Quant aux orges à trois, quatre et cinq rangs,
Pausan. I. 41, 9 ; Atheu. Vil, p. 2'J7 U. — 22 HarpocraL s. v. i;fox™v.«. — 23 Don
les mots confarrcatio et di/J'avreatio. Dionys. Hal. Anl. rom. 11, 25 [matui-
sioNiuM, p. 1658], p. 48. — '21 Herodol. VI, 57. Chaque Spartiate devait donner,
tous les mois, un raédimue de farine d'orge pour les repas publics; Plutarch. Lycurfj.
Xll. — 25 La veuve de Socrate reçut de Xénuphon, pour passer l'hiver, 0 chéuices
d'orge, 8 drachmes et i tunique ; Ep. socr. XXI. - 26 Anth. pal. VI, 302.
— '-7 P. Foucart, Bull. cor. liel. Vlll, p. 214; d'après l'inscr. d'Eleusis, l'orge fui
vendue 3 drachmes le médimne, el le blé 6 drach. — 28 p. Foucart, L. c. p. 213.
— -20 Un contrat éléen (Dialekt. Inscr. 1I6S), relatif à uue terre de 18 plèthres,
Vwe le feimage à 22 doubles médimnes d'orge; cf. contr. d'Hëraclée. — 30 plut.
Lycury. Vlll. — 31 p. Foucart, L. l. p. 214. — 32 Theophr. B. plant. VUI, 2.
— 33 Theoph. B. plant. VI, 4. — 34 Plutarch. Quaest. natur. XVI. — 35 Theoph.
B. plant. Vlll, 8. — 36 pialo, Phaedr. Cl. — 37 Theophr. B. plant. Vlll, 2.
— 38 Cf. l'oracle du devin Lysistratc (Herodol. Vlll, 90j. — 39 Jliad. V, 19C ;
Vlll, 564; Odyss. IV, 41 ; Xcnoph. De re equestr. IV; cf. Bœckh, Staatsh. d.
Athen. I, p. 92; Biichsenschiitz, Dcsit:: und Erw. p. 210, 10 ; Hcrraann-Blûmner,
Gr. Privât ait., p. 113, n° 2. — 40 En Orient, Pavoiuc n'est encore cultivée
que pour l'exportation. Sur les 722 120 hectares de terres en culture dans le
royaume hellénique, il n'y a que 4078 hect. d'avoine pour 67 911 hect. d'orge.
— " Ualen. Al. fac. I, 15 (p. 320, Kuhn) et ap. Orib. Coll. med., 1, 1. L'auteur
semble dire que c'est la môme race qu'on nommait jh Çeonuçov en Billiynii*.
— '-s Theoph. B. pi. Vlll, 4, 2. — 43 74. Vlll, 1, 2; c'est à tort qu'on a pris
cille race pour un blé (Guiraud, Bist. de la propr. en Grèce, p. 489).
— » Theoph. De c. plant. IV, 13, 1. Cf. le xpr V.ijxbv homérique l^lliad.
XX, 496; Odyss. IV, 41, C04). — *3 Theoph. C. plant. III, 12, 2. — 16 Theophr. //.
pi. IV, 5, qui la mentionne en Bactriane. Cf. Marco-Polo (éd. Soc. de Géogr.) I,
p. 44 sq.
RUS
910 —
RUS
menlionnt'es diins Vffi.'Hoire (/es plantes', elles sont
complètement inconnues, et F. Link a eu raison de con-
jecturer quil y avait là une interpolation ; TliéoplirasU;
a trop bien vu les aroryot différenciant le blé, ïittoi/oç, de
l'orge, (tto'./>8yiç, pour' s'être trompé, et rien n'autorise
à croire qu'il ait jamais songé à présenter une vue de
L'esprit pour une observation scientifique.
Cultures d'été {^toiwoX ïpoxoi)-. — S'il avait été impos-
sible de labourer et de semer entre l'équinoxe d'automne
et le solstice d'hiver, « le mal n'était pas sans remède = »
et l'on recourait aux semences d'été, OEpivi a^iÉpixaTa*,
dont la plus importante était celle des millets.
1° Millet commun ou panic", xéY/poç% milium'' eipis-
/«/««, d'où le Tiiaxoi des Byzantins' {panicum milia-
ceuin, L.'";. Le grain de cette plante se réduit en une
farine susceptible de panification"; mais d'ordinaire
on en faisait, avec de l'huile, de la graisse de porc ou du
lail '-, une bouillie qui devaitêtre analogue àla milllasse
des Cévennes.
Pour la culture du millet, il faut labourer dès qu'on
entend chanter le coucou 'S afin de pouvoir ameublir le
sol par un ou deux labours transversaux. On ne sème
qu'en été "ou, plus exactement, en mai, quand les gelées
ne sont plus à craindre; les semailles se font à la volée.
On sarcle au moins deux fois et on peut commencer à
récolter quarante ou cinquante jours après, « lorsque
Sirius dessèche les corps et que le raisin vert commence
à se colorer'' ». On coupe chaque épi, 'id6-fi'% avec une
faucille, au-dessus du dernier nœud de la plante et à
mesure qu'il arrive à maturité. La récolle d'un petit
champ de millet dure donc plusieurs jours.
Strabon vante la culture de cette plante dans la plaine
de Thémiscyre, sur les bords asiatiques de la mer Noire '\
1° Millet à grappe ou millet des oiseaux, panouil'*,
panic", (jLÉXivo;-", eXuixoç-', panicum^- [setaria italica,
P. B.-'). Cette plante, dont le Ihyrse est velu, produit un
grain dur et petit qui n'est bon que pour la volaille. Cepen-
dant, en temps de disette-*, on en fait une farine et un
pain que Galien regarde comme plus difficile à digérer
que le pain de xé^/poç. Nous ignorons la différence qu'il y
avait entre le ixÉXivoç et l'I'Xufioç ; peut-être les distinguait-
on par la couleur du fruit.
2° Légumineuses (osTcoia, êXXoÊa, y»£opo7ta) [cibaria,
p. 1144 ; UORTIS, VILLA rustica].
1 Vlll. 4. — 2 Theophr. U. pi. vu:, I. Cf. l'Iiii. Uist. nat. .KVMI, 10. AUqm
venta, milium panicum, etc., appelant, et XVIU, It : Aestivn frumenta diximus
Ksamam, milium, panicum. etc., que LiUré a eu tort du traduire : « Nous avODS
appelé bb} d'été \e sésame, le rail, le panic... ». — 3 Hesiod. Op. et dies, 483.
— iTheoplir. De c. pi. IV, 7. — s- C'est le Gemeiiier Hirsen des Allemands. Pour
la nonicucUlure française, cf. Gillet et Magne, Nouv. flore française (3t éd.,
p. 5ii et le Diction, d'agricult. de Barrai et Sagnier, 1880). — 6 Tlicophr. U.
pi Vlll, 1 ; Dioscor. De nat. med. 11, 119. — '• Cato, De Ag. cuit. VI, i;
V»rr. De r. rust. \, 57, t; Pliu. H. nat. XVIll, 10, 24. — 8 Isidor. Hispal.
XVll, 3. 13. — 9 Sinieon Setli. p. '.IS : tiÏixo; iitoi xeT/.jo;. Un manuscrit d'Oribase
{Pam. i31o) remplace le «ijifo; du teite (Coll. med. I, 13) par ^iIoto;. La syno-
nymie est encore indiquée dans le texte publié par Ideler, Ptnjs. et med. minores,
ll,S"0, 12. — '» Fée a cru que le xinf..; était le P. italicimt de Lioué, mais cette
opinion a été comballne par Kraas (Si/nop. planlar. florae classic. 31i)l et n'a été
adapl<'c ni par Leni [Uotan. d. altin tir. und Rôm. p. 232), ni par Langliavel {Bot.
d. spaet Griech. p. 123). A l'argument invoqué par Fraas, on peul ajouter que les
Grecs avaient un blé .«ï).fj5;«; (Tlieophr. H. pi. VIII. 4) dont le grain devait res-
sembler plus à celui du millet conunun qu'au millet des oiseaux. — n Galou. .4/.
lac. 1. 15 (p. 523.3Î1, Kuhn). — •'- l'iin. H. nat. .VVUI, 24 ; mais sou milium
lies Élbiopiens est un sorglio comme le kéy/.?o; du livre XVll de Strabon, qui a
puisé à la môme source. — •■1 Hesiod. Op. et d. 486. — '* Hesiod. Seul. 398.
_ lô Ib. 399. — <6 Theophr. H. pi. Vlll, 3. — n Strab. Xll, 15. — 1« Gil-
let et Magne, IVouv. flore franc. {3> éd.) p. 522. — 19 1-. Kousch, Comment,
de riiisloire des plantes (Paris, 1549i,ch. XCIV. — 20 Theophr. U. pi. Vlll, C,
3° Plantes Ic.vtiles. 1° Lin, Xt'vov [linumj.
2° Coton (pùTOo;) [byssi's, carbasus].
3° Chanvre (xâvvœêi;). — Mentionné par Hérodote-"
comme cultivé par les Scythes et lesThraces, le chanvre
ne semble pas avoir été introduit en Grèce avant la con-
quête romaine. Pausanias dit qu'on le semait en Ëlide
comme le lin et le byssus". Celte plante est trop épui-
sante pour le sol, et comme il faut plus de I2G000 kilo-
grammes de fumier par hectare, les Grecs ont renoncé
à sa production.
IL Arboriculture. — Si les Grecs négligèrent l'agri-
culture et ne semèrent dans leurs champs que des
céréales de première nécessité et de production facile,
c'est que, par goût et par suite de la nature géologique
du sol, les cultivateurs s'adonnèrent à l'arboriculture
qui exige moins de travail, laisse plus de loisirs et donne
un meilleur profit. Dès le ix' ou le viir siècle, la Grèce
importe des céréales" et peut-être des matières textiles,
mais elle exporte ses vins et ses huiles d'abord en
en Egypte -', plus lard en Italie". La balance, comme
aujourd'hui, devait être en sa faveur'".
Ce système dominant est déjà nettement tranché dans
les temps homériques ^', où chaque t=(ji.£voç comprend un
àXoT| '^, enclos d'arbres fruitiers, c'est-à-dire de vignes
dont l'introduction parait due aux Cadméens '■', d'oliviers
qui donnaient déjà de l'huile aux contemporains d'Aris-
tée '*, de figuiers cultivés probablement dès le xV siè-
cle'^, etc. Les scènes de vendanges, qui ne figurent
jamais dans les sculptures des mastabas égyptiens,
occupent une place importante dans l'orfèvrerie homé-
rique et forment comme pendant aux travaux de la
moisson ".
La plupart des agronomes grecs sont des arboriculteurs ;
ceux d'entre eux qui composèrent des traités généraux,
yewpyixot ", reportèrent toujours, dans la partie relative
aux arbres, tous les chapitres concernant les clôtures,
l'irrigation, les engrais et même la connaissance du sol;
questions que nous sommes habitués à trouver dans la
partie agricole de nos traités d'agronomie. Il y a là une
disposition voulue, non seulement par les cultivateurs,
mais aussi par les gens de loi qui avaient à discuter les
nombreux litiges relatifs aux vergers, vignes, olive-
raies, etc. Une terre de labour ne prête pas à de nom-
breuses contestations : elle est limitée par de simples
3. — 21 Theophr. H. pi. Vlll, I, 1 : Dioscor. De mal. med. 11, 12». dont la des-
cription répond mieux à celle du millel commun, d'où l'opinion des autours modernes
depuis Fuchs jusqu'à Fée; il se peut que Dioscoride ait décrit un sorgho africain
d'Egypte sous l'un des trois noms ijue Théophraste avait donnés aux millets de
Grèce. — 22 Cato, De ag. cuit. VI, I ; Colum. fl. rust. 11, 9. 17. — 23 Le
s. italica de Palisot de Beauvois est le p. italicum de Linné et le ^Velsclte Hirsen
des Allemands ; cf. Leuz, Botanik d. ait. Gr. und Bom. p. 232. M. Olck croit pou-
voir identilier l'ri.wiJio; avec le Kolbenhirse {p. italicum, L.) mais il fait de liiXiv^
un synonyme de xêTX?o; sous prétexte que les Albanais donnent à cette espèce le
nom de Mélj. Langkavel considérait déjà ce mot comme pélasgique ; mais il vient
probablement de l'ilalieu mejo ou du vénitien mei pour Jniglio. En tout cas, l'opi-
nion nouvelle de M. OIck(PauIy-Wissowa B. Encijcl. s. v. Ackcrbau, 2ii2i ne fera que
compliquer la question à cause du ê^ûnou, o* xoi (xe^Îv^jv (ou [ae'aît.v, dans le ms. dv
Cambridge de la fin du xv s.) d.oiiàÇ^ujiv d'Oribase (Coll. med. 1, 15). — 2t Arte
midor. 1,68. — SMV, 74 et 75 ; Hesych. s. v. —20 Pausan. VI, 26, 6.-27 G. Perrol.
Le corn, des céréales [Berne hist., 1877). — 28 Herodot. III, fi. Pour l'exportation
en Scythie ; cf. Curtius. Hist. firecq. 1880, 1. p. 523. — 29 J. Marquardt, Vie prii-ée
rfes/?om.trad.rr. p. 81sq— S0Enl903, la Grèce importa pour 34 millions de céréales
et exporta pour 43 millions de raisins, vins et eaux-de-vie {Almanack de Gotha,
1906,. —31 Jliad. VI, 194. —32 lUad. IX. 634; XVII, 37. 561, 566 ; Orfyss. Vil, 122 ;
XI, 193; XXIV, 221 ; cf. ScUol. ad Odys. 1. 193; Eustalh. 772, 29; 1410, U.
— 33 Diod. Sic. III. 63. — 34 plin. H. nat. VII, 57, 8. — 35 Herodot. Vlll, 53.
30 -y/iarf. XVIll, 561; cf. Hesiod. 5'c.ii. 400. — 37 cf. Virgil. Grary. Il, 176-257; Plin.
H. nat. XVll, 3. Le même plan se retrouve dans Théophi-asle et les Géoponiqucs.
1
RUS
— 91 1
RUS
bornes, &fo; termims], dont le déplacement donna lieu
parfois à des actes criminels' mais ne servit, souvent,
qu'à exercer la verve des satiriques'^ Quant au terrain,
il est censé ne subir aucune dépréciation si le fermier
fait ses deux soles égales et laisse Tune en jachère.
Les plantations, qui doublent la valeur du fonds ^
sont sujettes à maintes causes de destruction et les con-
trats renferment toujours de nombreuses clauses rela-
tives à leur conservation et à leur entretien et à leur
accroissement.
1° Clôtures (î'pxoç). — Le premier devoir de l'arbori-
culteur est de préserver ses plants de la voracité des
animaux sauvages toujours si nombreux en Grèce* à
cause des hautes montagnes et des lieux escarpés et
incultes".
Les pauvres se contentaient d'une haie de ronces";
mais déjà à l'époque homérique, on clôturait les vergers
de murs en pierres sèches '' et une loi de Solon régle-
mente la construction de ces enceintes".
2° Connaissance du sol. — Un contrat d'Héraclée
prescrit au fermier de planter, au moins, quatre pieds
d'olivier, par schène « si le preneur conteste que la terre
puisse porter des oliviers, les polianomes en fonction,
s'adjoignant ceux des citoyens qu'ils voudront, procéde-
ront à une expertise sous serment et feront leur rapport
à l'assemblée du peuple, après avoir comparé la nature
du sol à celle des propriétés voisines' ». C'est le procédé
du marin indiqué par Xénophon'".
3° Binage (îxaTrâvïi)". — La terre des plantations doit
être travaillée pour empêcher qu'elle ne soit trop com-
pacte, pour l'aérer et pour détruire les mauvaises
herbes'-. Si les arbres sont espacés, on donne deux ou
trois labours avec l'araire; mais le plus souvent, on se
contente de plusieurs binages avec la houe fourchue,
3lxeÂXa'^ qui n'endommage pas les racines superficielles.
Le contrat d'Amorgos stipule que les figuiers seront
travaillés au moins une fois l'an, et les vignes deux fois,
aux mois d'anthesterion et d'apatourion'*.
4° Irrigation (Oopsia) '*. — L'irrigation des arbres à
fruits est d'autant plus nécessaire que le sol est moins
profond, qu'il se compose soit de calcaire, soit d'argile
compacte"^. Les céréales, accomplissant la majeure par-
tie de leur existence pendant la saison humide de l'hiver,
jaunissent dès que la saison sèche survient, mais alors
on les moissonne. Il ne peut en être ainsi pour les fruits
qui ont besoin d'une plus grande somme de chaleur et
ne mûrissent qu'à la fin de l'été. Quand le sol ne con-
1 Isac. I,V, 17. — 2 Theophr. Charact. 10. — 3 Isae. IX, 13. — '> Sangliers :
Iliad. IX, 541 ; Anth. pal. VI, 168 ; cerfs : Aesop. 65 ; renards : .\esop. 156 ; héris-
sons : Anih. pal. VI. 45 et 169 ; lièvres : Ib. VI, 72; cf. Virgil. Georrj. Il, 3T1 sq.
— îi La Grèce, dont la superGcie est moindre de 64 000 kil. carrés, a ;{5 mon-
tagnes de plus de 1000 mètres d'altitude. — » Anth. Pal. IX, 414. — ^ Ody.is.
XVIII, 3'i7-;i6I. Un bail athénien eiige du fermier qu'il clôture ie terrain et qu'il
plante ensuite 200 rejetons d'olivier (C. i. ait. IV, 53 a. I. 30 sq.j; cf. Demosth.
LV, 11 et 30; Thucyd. I, 106; dans le contrat de Zens Tem. les murs de clôture,
Ta tî ô5oj. doivent être tenus clos et remis clos ; Homollc, Bul. cor. bell. 1S92,
p. 284. — 8 Digest. X, 1, 13. — 9 DaresteHaussouIlier, Inscr. jurid. p. 205.
— 10 Oecon. XVI, 5. — » Theophr. B. pi. Il, 7 ; Caiis. pi. III, 25 ; Virgil. Geonj.
Il, 353, 400, 424, 5)3. — 12 Xen. Oec. XX. 20. — 13 Anth. pal. VI, 21,
— 1» Bull, corr.hel. XVI, p. 278. — 'ô Theophr. B. pi. Il, 7; Plat. Tim. p. 77 D.
7» B; Leg. VI, p. 761 C Le synonyme JSp.»»,? se Irouve dans Theophr. B. pi. III,
9, 5. — 16 L'irrigation des vignes se pratique encore près de Sion, dans le Valais,
oô les pluies sont rares du 15 juillet au 15 sept, et où la température monte jus-
qu'à 35 à l'ombre ; on irrigue deux fois, vers la fin de juin quand la vigne va nouer le
grain et quand le fruit commence à varier ; l'irrigation doit être termiuée trois ou
quatre semaines avant la uialurilé ; cf. la lettre de l'iulendanl Lonicos à son patron
pour lui rendre compte de ses plantations de vignes et d'oliviers et pour se plaindre
serve point d'humidité sufiisante à la vie de la plante
durant la canicule, les feuilles se flétrissent et tombent,
et alors se produit ce phénomène que les anciens sym-
bolistes représentaient parla mort d'Adonis et les autres
mythes du soleil dévorant.
L'irrigation des arbres se pratiquait déjà à l'époque
homérique ' ', et l'une des plus anciennes lois de Gortyne
réglemente les prises d'eau que les cultivateurs pouvaient
faire dans le Lethaeon'*. Les baux contiennent des
clauses relatives aux cuvettes que l'on doit entretenir
aux pieds des arbres et aux rigoles traversant les ter-
rains '''. Un contrat d'Héraclée de Lucanie défend de les
approfondir, de les saigner, de les couper par des bar-
rages, soit pour accumuler les eaux, soit pour les dériver-».
.5° Engrais (xoTipionç') ^'. — C'est à propos de la culture
des arbres que les Grecs ont étudié les différentes caté-
gories d'engrais^''. En principe, chaque espèce d'arbre
devait recevoir un engrais particulier et spécial ; mais, le
plus souvent, les contrats .stipulent la quantité et non la
qualité du copros à répandre dans les cuvettes au moment
de l'irrigation.
6'= Élagage {i.tfoiiç.e.':::; TO)v à'JM^)". — Cette opération
donnait lieu à de fréquentes contestations entre proprié-
taires et fermiers car le bois de chauffage a toujours été
très cher en Grèce : une ânée se vendait deux drachmes
à Athènes au temps de Démosthène -'' et l'on comprend
que les fermiers, à la fin du bail, aient été enclins à faire
quelques coupes sombres pour augmenter leurs revenus.
Le contrat du Pirée, dressé en l'an 321-320, défend au
fermier d'emporter, hors du domaine du Théseion, ni
boues, ni terre, ni bois^^; le bail d'Aixoné dit que le
bois, provenant de la taille des arbres ou des coupes,
sera mis en adjudication par les bailleurs -'. En Lucanie,
les preneurs ne devaient ni couper, ni brûler, ni vendre
les bois vifs ; mais on les autorise à prendre autant de
bois qu'ils voudront, dans les taillis, pour échalasser les
vignes '-'. En Crète, on autorise la coupe des arbres
épineux et des branches mortes-'. Enfin, à Chio, on
permet de couper du boisjusqu'à concurrence, en poids,
de 30 talents par an ^°.
7° Plantations {•>, tùjv îévâpojv çyreiï)^". — Tous les
baux obligent les fermiers à remplacer, sous peine d'in-
demnité pécuniaire, chaque arbre fruitier qui manquera.
Parfois, on concédait gratuitement un fonds à condition
que le preneur planterait un certain nombre d'arbres".
Toutes ces plantations étaient réglementées par la loi'-;
dansl'Attique, on ne pouvait planter à moins de 2 pieds
du manque d'eau ; J. MahalTy, On Ihe FI. Pétrie Pupyri [Mém. de VAc. roy. d'Ir-
lande. 1891, VIII), 29. _ 17 llia'l. XXI, 257 sq. ro'/.sT>;T«; creuse des rigoles avec
un boyau, ^«.ymm, pour conduire l'eau d'une fontaine jusqu'auï arbres de sou
jardin. Dans XVII, 53, un jeune Troycn est comparé à un olivier bien feuillu, planté
prés d'une source abondante; cf. Tlieogn. 479 sq. — 1» R. Dareste, Une inscr. de
Gortyne [B. des et. gr. ISSs, |, p. 86;. Les conduites ou prises d'eau sont nommées
■f,«. — 19 Dareste-Haussoullier, /nscr. juridiq. VII, 52, 56 ; XIII bis, 1. 44. Le con-
trat d'Érétrie (Ib. IX) fournit tousiles termes techniques çpiaxia, T«oçor, StEonivo.,
iîTovoiioî, «îp«. — iii Inscr. jurid. XII, I, I. 130, Le contrat d'Amorgos oblige le fer-
mier à curer les fossés tous les ans au mois d'ùcraeon ( Bul. cor. hel. XVI, p. 278) ;
un autre bail impose au preneur I obligation de creuser les rigoles et les cuvettes
nécessaires aux oliviers, figuiers et aulres arbres : Tô; 5= ê^aîa; xâi Ta; (ru»iaç xai
Td a-/.a Stv8ç« (Inscr. jurid. p. 211). — 21 Theophr. B. pi. II. 7. — 22 Ib. où
Théoplu^aste donne la classificalion classique de Cliarlodras. — 23 Theoph. B. pi.
11, 7. —24 XLII, 7. — 2' Inscr. jurid. p. 237. — 26 C. ins. al. Il, 1053, I. 32-47.
— r. Conlr. d'Héracl. (Inscr. jurid. p. 207). — 2» B. Haussoullier (Bul. cor. hel.
1««5, p. 9). — 29 là. III, p. 242 sq. I. 16 et 51. — 30 Xenoph. Oecon. XIX, 1.
— 31 Ces planlalions se faisaient souvent sous le contrôle et suivant les indications
di's bailleurs : ^<ifi:,..; t.t.. v,.,^-,,.;-, (contr. de Zcus Témén. I. 31 ; cf. 1. 1 15 sq. d un
conlr. d'Héraclée, C. i. gr. 5774). - 32 l'Ial. Leg. VIII (p. 1 12, I. 36 sq. éd. Didot).
RUS
— 912 —
RUS
dune conslruclion voisine : quand il n'y avait pas de
oonslruclion, la dislance élait dco pieds pour les vignes,
les amandiers, etc., et de 9 pieds pour les figuiers et les
oliviers'. Les trous, pô^îo;, où l'on plaçait les boutures,
rejetons, etc., -i iuri xÀiiaeva, avaient généralement 1 pied
et demi de profondeur, sur 2 à i pieds et demi de lon-
gueur et de largeur-; on remplissait avec la terre foulée
el on ajoutait du copros de clievaP.
Pour les figuiers, grenadiers, pommiers et poiriers,
on plantait des arbres sauvages déracinés dans les forets
et on les grelTait '.
8° Espèces cullicées. — Les principales sont après
l'olivier oleimI, que l'on cultive encore sur IGTOOO hec-
tares el la vigne aiNiMj, qui en occupe 123 739 : soit plus
du tiers de toutes les terres cultivées dans le royaume :
Le figuier ktjxt,)». — Cette plante parait indigène en
Grèce el sur tout lelitloral de la .Méditerranée orientale ;
en tout cas, elle y est si bien acclimatée qu'on la retrouve
à l'état spontané dans la plupart des fissures de rochers
ou de vieilles murailles. Déjà, V/liade mentionne un de
ces figuiers sauvages, Èp-.vsôç *, près de l'une des portes
de Troie". Hehn affirme que le figuier cultivé ne pro-
vient pas de ces figuiers sauvages *, mais comme le dit
.\lph. de Candolle, « tous les botanistes sont d'une opinion
contraire' >■. La culture du figuier est antérieure, en
Grèce, au viii' siècle, et bien avant .\rchiloque, YOdyssèc
parle des figues douces, c'jzét, yàuxcoy, du jardin d'Alci-
noos'". Suivant une tradition rapportée par Pausanias,
le figuier aurait été donné par Démêler au héros Phytla-
los" et un faubourg d'.-Mhènes se nommait 'hoi (tuxyi '-.
Le figuier, qui est encore cultivé en Grèce sur
6 348 hectares '\ était lune des principales et des plus
anciennes cultures de l'.Mlique. Il y prospère bien,
grâce à ses longues racines ; les feuilles ne tombent qu'en
décembre, où la température moyenne est de + 9°, 95; mais
les gelées blanches détruisent, presque tous les ans, ses
premiers bourgeons". Par suite de la sécheresse du sol,
la plupart des races cultivées sont devenues bifères et
produisent des figues-fleurs en juin et des figues ordi-
naires en septembre ; ce sont ces dernières qu'on fait
sécher. En Laconie, où l'on arrosait les figuiers durant
tout l'été", on pouvait récoller des fruits pendant quatre
ou cinq mois de l'année. Les races et les variétés de
figuiers se différencient par la couleur et la forme du
fruit et par l'époque de la maturité. Théophraste men-
tionne les suivantes : (Tuxt, \ aéÀa'.vz'^, 'r^ Xeuxr, '^, -îj
XaxiDVixv-, ", 'r^ ÀsjxoasàX'.o; ", Tj o;ç.o;o; -", /; (juxip'.voç ''.
' Plul. Sulon, 23; cf. Diijest. X, 1, U. — 2 Xen. Oecon. XIX. — 3 Theoplu-.
Caïa. pi. m, 6, i : 9, î. — 4 TUcopUr. U. pi. IV. U, 4; C. pi. 1, 6, 8. — i Thcopbr.
B.pl. I, 6, 11. - 6 Jb. I. 14, 4. — ■; VI, 433; XI. 167 : XXI. 33; XXII, 145;
cf. Odijts. XII, 103. Dans l'île ti'.Audros, ces Gguiers sauvages se nomment
encore iç.»!, el leurs fruits l:»-» au lieu de Jiavtoi (Lettre du diacre Jacq.,
mtr le dtal. d'Androt. Ann. des tt. grecq. 187t. p. 140, 14i et 143). — » Kul-
tttrpflanzen ;3« éd.', p. 513. — 9 Oriij. des pi. eull. p.i3i;. — 10 VII, 116.
— " I, 37. Diodore attribue au Bacchus Indien l'invention de la culture du
Ggnier, III. 6i. — '-• liiilostr. Vit. soph. Il, iO ; cf. P. Foucart, Les qr.
myst. d'Eleusis, p. i3. — 13 Le figuier est cultivé principalement dans les
ditiricts de Uesséne et de Calâmes, puis dans ceui d'.\ndros. de Carystie, de
Tinos, de Pjrlie, etc. — H Plularcli Demetr. li. — 15 Tlieopiir. H. pi. Il, 7, I ; un
contrat d'Héraclée de Lucanic prescrit d'iniguer les figu«rs 'Jnscr. jurid. p. il I).
I^H.pl. 11, 3,7. — <W6. — I» Oe caus.pl. V, 1,8. — 19 4. — SO /J. 0. — SI U.pl.
I 9, 7. -22 B. amm. V, 26, 4; cf. Tlieophr. H. pi. II, 8. I ; l'iin. O. nul. XVII,
4»; XV, 19 et il. De toutes les descriptions modernes, la plus etacle est
celle de Toumefort ( Voy. au Leiani, I, p. 338). Ses figues fomilès, cratitirès et
or/ii sont les trois fruits successifs du figuier sauvage dont parle Pliue : In Cea
insuta caprifici triferae sunt iX\'l,i<i). —îiAmaenil..\cad. 1. p. iiT ; Gcner.pl.
p. 770. I.a Heur du figuier n"est bien connue i|ue depuis les travaux de H. Bâillon.
Toutes ces variétés appartiennent à la même race et ne
peuvent donner de figues comestibles que par la caprili-
cation, èpivaufioç, méthode singulière consistant à rendre
les figues cultivées aussi véreuses que les figues sau-
vages. Aristote, qui a longuement décrit le procédé
employé par les paysans grecs--, prétend que cette opéra-
tion a pour but d'empêcher les fruits de tomber avant
la maturité, mais il confond les fruits i akènes), avec le sac
charnu qui les enveloppe. Quant aux explications moder-
nes, elles sont, pour la plupart, basées sur une erreur de
Linné-'. Ce qui est certain, c'est que les races de figuiers,
importées d'Italie ou de France en Grèce, n'ont pas besoin
d'être caprifiées pour donner d'excellents fruits -*.
Le grenadier, ioa, sotr,, diÔTi [cib.\ria, p. 1152\ — Cet
arbre, qui ne craint ni la chaleur, ni la sécheresse -•',
s'était si bien naturalisé en Grèce qu'il y formait
plusieurs espèces ou variétés-*. On multiplie le grena-
dier par marcottage ou par greffe sur sauvageon. Démo-
crite conseillait de le planter auprès des myrtes pour
qu'il produise plus de fruits -' ; Théophraste prétend que
le fumier de porc adoucit l'àpreté de la grenade et la rend
plus sucrée-''. La récolte des fruits se fait en août-
septembre, avant la complète maturité.
L'amandier (iu.uYOï/.îx, x'j.-j'/oxkv^ -'. — C'est le moins
important des arbres de grande culture. On ne le trouve
en Grèce que sur une superficie de 394 hectares et les
anciens auteurs ne le mentionnent que rarement^". On le
trouve cependant à l'état sauvage en Grèce ^' et en Si-
cile'*-, et les Romains appelaient l'amande, nitx graeca '\
Les meilleures venaient de Naxos, de Thasos et de Tarenle
où l'on cultivait nos deux sortes commerciales : la coque
tendre, fragili pntamine, et la coque dure, duro puta-
mine ''.
Le poirier (â:rio;)". — Le poirier sauvage, à/po; ^*, se
trouve dans les montagnes boisées du .Nord de la Grèce.
Ses fruits rie servaient qu'à exciter la soif des buveurs '".
L'Odyssée mentionne quelques poiriers, Sy/vT, '*, cul-
tivés dans les jardins d'Alcinoos el de Laërte ; le fait est
possible dans les lies Ioniennes, surtout à Corfou, où se
trouvaient les Phéaciens '^ ; mais dans les autres contrées
de la Grèce, la culture du poirier est aléatoire et ne
donne que des résultats médiocres: le sol est trop cal-
caire, le climat trop chaud et l'air trop sec pour qu'on
puisse espérer des poires de couteau. Les fruits obtenus,
de nos jours, en Thessalie, en Épire et en Macédoine, ne
peuvent se comparer qu'à notre poire d'Angleterre et ne
sont bonnes que cuites cibari.\, p. llolj.
— 21 Uella Rocca. Traité compl. sur tes alieilles. Paris. 1790, I, p. 246.
— 23 Geopon. S.. i9. — 26 Tliéopliraste en mentionne cinq (t/. pi. Il, i, 3 et 7;
m, 10, 3). — 27 Ap. Florent. (Geopon. X. i'."). — 28 Theopbr. De caus.
III, 9, pi. 3. — M Arislot. H. an. IX, 40; Theopbr. H. pi. I, 11, 3.
— 30 Ëupolis, Phrynich. etc. ap. Athen. Il, p. 3i, 53, fragm. i (éd. Didot.
fragm. corn. p. 187. — 31 Hcldreich, Nutzpfl. Griechenland, p. 67. — 32 Gus.
sone, Synops. flor. Sicul. 1, p. 55i. — 33 Colum. ft. rust. V, 10. li; cf.
Plin. XV. i4, 4 : Haec arbor aa fuerit in Jtalia Catonis aetate dubitatnr.
— 31 Pbrynicb. L. c. ; Pbiloues. Ibid. ; Plin. XV,i4, 5.-35 Theopbr. H. pi. Il,
5, 6; Athen. XIV, 63 ; Galen. Al. fac. II, il (|ui dit que dans son pays les grandes
poires se nomment menâtes ip. 605, éd. Kuhn). L'àx-Tr,; ol»o; de Dioscoriil.
(De il. mcd. V, 32) est notre poiré. — 36 Theopbr. ff. pt. I. 14, 4. Les poêles
Sophocl. Oed. col. 1596; Theocr. XIX, 90 (éd. Abrens) ; Alkai (Anth. pal. VII.
536) 3; Pliereckr. (Bekker, Anecd. graec. p. 373. 25). emploient la forme bomérii|ue
(Odyss. XIV, 10^ «/£3^o;, d'où vient probablement le nom dudéme attique 'A/tpSo:;;
Steph. Bïz. Bekker, O. c. I, 34S. — « Anth. pal. VI; 228, i32. ti. L'anecdote de
Thrasybule (Aristopb. Ecclez. 355| montre que ces poires grecques ont, comme
nos saugers, des poires de voleur ; elles prennent les gens à la gorge. — 38 Odyss.
VU, 115. 120 ; XXIV, 339. — 39 Thucyd. I, 25 ; V. Bérard, Les PMnie. el lOdyx.
sée, I, p. 345.
RUS
- !)13
RUS
Pommier {|AY,),£a) '. — On trouve beaucoup de pom-
miers sauvages dans loules les forêts des montagnes et
des vallées du Nord de l'Asie Mineure. La culture a
permis d'obtenir des fruits remarquables dans la vallée
de l'Iris, près d'Amasia, ainsi qu'en Galatie. En Grèce, on
ne peut cultiver ces arbres à cause du grand nombre
d'insectes et de la sécheresse du terrain et de l'air ; le
pommier pousse très bien sur les calcaires, mais ses
racines traçantes, et qui ne s'enfoncent jamais profon-
dément dans le sol, ne résistent pas aux chaleurs de l'été.
On a même prétendu que le (iîXsr, des jardins d'Alci-
noos ^ ne pouvait être un pommier^; c'est confondre le
climat de Corfou, où l'humidité relative moyenne ne
descend jamais au-dessous de 68°6, avec celui d'Athènes
où elle tombe à 40°3 et même à 32"-i dans les après-midi
d'août ''.
Cognassier ((AïiAéïT) xuSiûvioç) ' . — Cet arbre ne pousse
pas très bien dans les calcaires brûlés par le soleil et
dans les terres trop argileuses. Bien qu'on le trouve à
l'étal sauvage dans les forêts du Pinde et en Asie Mineure,
son centre principal de culture fut, en Crète, dans les
environs de La Canée (Kydonia) [cibaria, p. 1151].
La plupart des autres fruits dont parlent les auteurs
peuvent être considérés, même les noix et les châtaignes,
comme des fruits sauvages, otypio! xapTr&'t, que l'on allait
cueillir dans les bois ^ Pour ces fruits et ceux de quel-
ques autres arbres, nous renvoyons à l'article cibaria.
Rosier (pôSov) [hortus, p. 292].
L'étude des arbres, dont le bois sert à la construction
ou au chauiïage [ligna], formait un art spécial nommi'
'JXoTO|x!'a, qu'Aristole compare à l'exploitation des mines
et place en dehors des sciences agronomiques'.
in. Zootechnie. — La té/vt, TijoêaTeuTix-fj était consi-
dérée par Aristote comme partie essentielle de l'agricul-
ture (iruvTjTtxai Tr| YEiopyia) ; il compare même les troupeaux
à un champ vivant cultivé par les bergers *. La ligure
est d'autant plus exacte que l'élevage est toujours corré-
latif de l'agriculture et que ces deux arts ne peuvent se
développer que parallèlement. Les champs ne produisent
qu'avec du fumier; les animaux ne prospèrent que si on
a de quoi les nourrir et les abriter pendant la mauvaise
saison. Les Grecs, ayant négligé l'agriculture, yeiaoyiix
i)/iXt|, pour planter des oliviers et de la vigne, furent, de
plus en plus, contraints de reléguer les bestiaux dans
les forêts ou les montagnes; les vaches n'ayant plus dr
lait furent remplacées par des chèvres. Et, cependant, les
anciennes traditions recueillies par Aristote et son disciple
Dicéarque' montrent que primitivement les Grecs étaient
un peuple de pasteurs, ce qui n'implique nullement le
I Theopbr. H. pi. Ul, :i, I. — 2 Odyss. VII, Mo. IJI). — :i K. Kocli, OiV
Balime u. Strauch. d. ait. Griccli. 1884, 180-185 ; cf. Hcsycll. s. V. — ^ Celle
liumidité relative est due au Zé\)ïùre (Odijss. VII, 119), vent d'ouest (lui vieut
de l'Adriatique et (|ui n'est agréable que sur le versant occidental de la Grèce;
sur le versant oriental il a tous les caractères du mistral. — ^ Theophr.
H. pi. II. 5. 5; IV, 8, II. — » f'iutarci. De vit. pud. t. — ^ Polit. I, t, 2
— » Pol. I, 3, i. — 'I Varr. /?. rust. I, 2: cf. Hcsiod. Op. et d. 145.
— 10 'i La migration pt^riodique et régulière en vue des nécessités de l'industrie pas-
torale. i> Aug. Bernard et N. Lacroix, L'th'olution du Nomadisme en Algérie,
Paris 1907, p. 3. C'est l'èlat, dont Renan a Iracé le tableau dans son Hist. du
peuple d'Israël, \, p. 13-25, et qui est inapplicable â l'élevage du bœuf; les mou-
lons et les chèvres peuvent seuls faire ces longs voyages. — '1 Curtius, Hist.
(jrecq. Paris, 1880, I, p. 175. — l'i Odyss. XIV, 103-IOt; XXIV,. lôO. — 13 //,„,/.
XXIII, 30; Odyss. X, 410; XV, 233. Le meilleur exemple se trouve dans la phrase
d'Arislote comnieiu-ant par ^o-7; ô ^por^v et finissant par Tr,v êojv. De un. hist. VI. 21.
l. — H Ar'.stot. .471. ff. III, 16. — r, I,es vallées d'Auge, d'Arqués, clc. Actuellement,
la plupart des éleveurs, bouviers et bouchers de l'Orient sont Épirotes. — " Aristot.
Probl. XXV, 2. — i^î Dans une seule razzia, les Pyliens enlèvent aux Eléeus cinquante
VIII.
nomadisme tel qu'on le définit maintenant et ([ue le prati-
quent certaines tribus arabes '". A l'époque homérique,
les troupeaux constituaient encore la principale richesse
et servaient de mesure constante pour les échanges:
« C'est principalement en bœufs et en moutons que l'on
évalue les présents, les dotations, la rançon des captifs,
le prix des esclaves ". » Mais, déjà, s'était établie la cou-
tume d'envoyer paître les bestiaux, loin des terres
cultivées, sur les montagnes, dans les bois qui forment
les confins, rà 'éff/aTot '-, de tout /mooç grec.
Bœuf. — Boûç est le nom commun à tous les animaux
de l'espèce bovine " ; plus lard, on l'appliqua plus spécia-
lement aux mâles que l'on châtrait pour dompter leur
caractère et les soumettre au joug.
Les bœufs ne peuvent, comme les moutons, brouter
l'herbe rez terre ; il faut qu'elle soit haute et fournie
comme celle des prairies humides. L'élevage n'est donc
possible que dans certains pays que l'on ne trouve, en
Grèce, que sur le versant occidental où souffle le véri-
table Zéphire : 1° l'Êpire ", dont la constitution ofTre
quelque analogie avec plusieurs vallées normandes'";
2° r.\carnanie, avec ses terres alluvionnaires, -koio.-
[AÔyiixjToç /(jjpa, à l'embouchure de l'Achéloos où se pro-
duisaient ces bruits qui mettaient les vaches en rut'";
3" les plaines basses de l'Élide'^ où paissaient les trou-
peaux d'Augias ". Sur le versant oriental, il n'y a guère
que la Phtiolide, formée par la vallée du Sperchéios '■',
et la plaine de Krannon, en Thessalie, arrosée par les
nombreuses sources de Hassan-Tatar -". Dans le Pélo-
ponnèse, outre l'Élide, on doit citer la ^essénie, « sillon-
née de cours d'eau et favorable aux bœufs et aux mou-
lons -' », qui semble être resiée un centre important
d'élevage.
A l'époque homérique, le déboisement n'était pas en-
core considérable et on pouvait nourrir des bœufs dans
beaucoup de petites vallées secondaires; la plupart des
chefs achéens avaient de nombreux troupeaux de bo-
vidés ; l'étymologie du mot hécatombe indique la véri-
table portée de l'épithète itoXuS&ÛT-rjç'^^.
Les chevaux étaient rares -^ et réservés pour les chars
des chefs militaires ; le bœuf servait donc aux transports
des objets et des personnes ", aux travaux agricoles, à
la nourriture, ainsi qu'aux cérémonies du culte : c'est la
plus importante victime de la rpixToia poOao/oç^^
On élevait les bœufs loin de toute habitation; on ne
voit jamais leurs Iroupeauxdans la cour, aùX-/], delaferme,
où sont les oies-'' et oii viennent parfois les moulons;
ils demeuraient dans de grands parcs, xoTcpo^-', qui ne
devaient pas difl'érer beaucoup du poJ7Ta9[Acv de l'époque
troupeaux de bœufs, de brebis, de porcs, de chèvres, cent cinquante cavales sans
tompler les poulains; lliad. XI, 071-681; autre razzia (Xenoph. Hell. Ul, 2).
- Le pillage de l'Elide des bestiaux fut une sorte d'approvisionnement pour tout
le Péloponnèse. » — 1» Theocr. XXV (incerlor. IX éd. Ahrens, Bucotic. gruec
reliq.). — 19 Le vers du Philoctèlc d'Eschyle cité par Aristophano dans les Gre-
nouilles, 1383. Pour la description actuelle de la plaiue de Laniia ■ et de ses magni-
fiques prairies remplies de bétail et de chevaux » : cf. B. Haussoullier, Guide
Joamie en Grèce, 11, p. 47. — -o Theocr. XVI, 38 et Schol. Theocr. Ad l. ; Callim.
Hymn. IV, 138. —21 Eurip. ap. Strab. VIII, p. 360. Au nord de la Messénie, ou peut
encore mentionner les pâturages XtytToîïiî du Thermodon et de l'Asope iBacis ap.
Herodot. IX, 43). — 'iî lliad. IX, 154. Iphidamas donne a sa l'emme cent bœufs
[lliad. Xî, 94't). Ulysse possède douze troupeaux de bœufs qui paissent en Épire.
- 2S Dans le pillage de l'Élide par les Pylieus, les cent cinquante cavales et leurs pou
lanis ont plus d'importance que les cinquante troupeaux de bestiaux; lliad. XI, 071 -681.
- i* Herodot. I, 3 1 . — '21 Fr. Lenorniant, Iteclierches à Eleusis, p. S 1 . — 26 Odyss.
XV, 161. — 2'' Avec l'accent sur la dernière syllable (Eustath. p. 1103, li : 1063,
35) pour le distinguer de sou homonjrae xinfo;, fumier d'où il dérive; /liad. XVllI.
574; Odyss. K.'ui; cf. Callim. H. in Dian. 177.
lis
RUS
914 —
nus
classique' ou du vouslnsion actuel-. Le jour, les veaux
restent dans le /copros, mais les vaches et les taureaux,
conduits par un vieux bœuf, poOç vjyejxiôv, rjpwç^, se diri-
gent vers le fond de la vallée, si on est en hiver ou au
printemps, pour paître près de la rivière, du ruisseau;
mais en été, ils vont dans les bois ou les forêts *
dos coteaux pour y manger, non pas l'herbe, mais les
feuilles des arbustes '■" si nombreux dans la flore grecque.
Vers le soir, le troupeau revient au kopros et l'on assiste
;\ la scène si exacte de VOdijssée : les petits veaux, aflTamés
depuis le matin, se précipitent en beuglant contre les
clôtures alors que les vaches s'élancent en courant pour
rentrer plus vite^ Ce système d'élevage s'est continué
jusqu';\ nous; Xénophon remarque que tous les bestiaux
vivent en plein air'; mais, par suite du déboisement,
dont Platon décrit si bien les effets désastreux', beaucoup
de collines et de montagnes se dénudèrent et les bes-
tiaux ne trouvèrent plus, en été, qu'une nourriture in-
suffisante. Théocrite parle d'une vache précipitée d'un
rocher où elle essayait de manger des feuilles d'arbou-
sier". N'ayant presque rien à brouter pendant la saison
chaude, ces bêtes ont à peine de lait pour nourrir leurs
petits qui pâtissent. Mais cet inconvénient est moins
grave que si on les faisait vêler en hiver, seule saison
où l'herbe est abondante; les veaux, couchant en plein
air, ne pourraient résister aux frimas. Aristote conseille
donc de faire les accouplements dans les mois de
Ihargélion et de skirophorion '" pour qu'elles puissent
vêler dix mois après ", c'est-à-dire au printemps.
Chez nous, beaucoup de petits cultivateurs ont une ou
plusieurs vaches qu'ils nourrissent le mieux possible
pour avoir du lait en abondance. Il n'en fut jamais ainsi
en Orient où la vache a moins de lait que nos juments '^.
Les vaches sont des animaux de reproduction, et rien de
plus. Elles appartiennent à des éleveurs qui ne cultivent
pas et sont contraints d'acheter de la paille ou de l'orge
pour empêcher les bêtes de mourir de faim quand la
sécheresse est trop grande ou la terre couverte de neige.
Ces bouviers ou vachers, pojxôXoç '% et leurs valets "
forment un ordre à part parmi les pasteurs ; comme les
toréadors modernes, dont ils ont la morgue et les ca-
prices '% ils ne veulent pas être comparés à des bergers,
à des chevriers "* ; ils n'otl'rent, que rarement, leurs
vœux au dieu Pan et n'adorent qu'Apollon et les Muses •■'.
Leur principal prolit provient de la vente des bœufs
destinés à traîner les charrues ou les voitures. Hésiode
conseille avec raison d'acheter un bœuf de neuf ans'* ;
c'est alors seulement qu'ils ont le plus de force et qu'ils
1 F'olliix, I. iia; Euripide. {Heleii. 2'.1 ; Iphiij. Aul. 75) place les ?o..TviOna
dans rida. — 2 Ce sout des parcs dont les clùLures faites de branchages et
d'épines sonl très hautes (H mètres au moins) pour empêcher les fauves de
pénétrer. Le sol, ou lit, se compose de toutes les bouses, xo-oi;, accumulées
depuis la construction du parc, et ((ui. constamment pii''linéos par le li-oupeaii,
forme une masse compacte beaucoup plus chaude que le sol naturel; c'est
même pour cela que les bouliers s'opposent à ce qu'on enlève ce fumier (jui
atteint parfois une épaisseur de uu mètre sur âO à 30 ares de ^uper^cie. On
peut juger par là de ce qu'étaient, non pas les écuries, mais les parcs des trou-
peau! d'Augias. — 3 Aristot. De anim. H. VI, 21 ; Xenopli. Hell. VI. 4, ï'.i;
cf. Boeckli, C. i. (. I, 805, 3». — 4 Uoù le proverbe cité par Théocrite (XIV, Vi)
?i3«.t. T«J;.,î 4.il«y: cf. Idyl. Vil. 91. Daplinis offre à la jeune fille tout son trou-
peau de bœufs, tous ses bois et ses prés (Alirens, 0. c. inccrt. Vil, 'ii. — » Varr.
Der. r,nl. II, 5.-6 Od,/ss. X, Hfi. — l Oeetm. VII, 19. —iCriliax, p. 233 (éd.
Didot). — 9 IX, 1 1 . — lu flc nii. A. VI, 21 . 0. — H /b. — li .. D'un troupeau de cent
vaches on ue tire pas un litre de lait. . C. de Raymond, L'élevage en Tarr/uie {Bull.
fie tach. tiecomm franc, de Constantinnpte 181i8, p. tiS); cf. la réponse d<^ Corydon,
Thcocr. IV, 4.— Ullerodoi. I, HO; Aescbyl. Prometh. 677 ; Soph. Trachin. tU'.li;
Xcnoph. Insl. Cyr. I, l, 2. Pour les deui étvmologics piopos'is* pir les anciens.
égalent en vigueur un taureau de cinq ans '''. Plus jeunes,
les bœufs d'Orient ne rendent guère de services -". Cela
tient moins aux privations subies par les veaux qu'à
des accouplements trop précoces-', toujours inévi-
tables dans ces parcs où les taurillons ne sont châtrés
qu'à trois ans. Les Épirotes l'avaient si bien compris que,
pour maintenir les belles qualités de leur race bovine^'^,
ils séparaient soigneusement les sexes ; la vache restait
àTidraupo; jusqu'à neuf ans '-'.
Les Grecs choisissent, parmi les taurillons de trois ans,
les plus belles bêtes pour les émasculer el les vendre
aux cultivateurs. La destinée du bœuf est alors celle de
nos chevaux : ils travaillent tout le jour; le soir, on les
abrite dans uneétable, véritable hangar où on leur donne
une ration de paille hachée et trois à cinq litres d'orge.
Ces bêtes sont conservées jusqu'à l'âge le plus avancé et
quand elles n'ont plus la force de tirer la charrue, on les
engraisse pour les livrer au boucher'-*. Aristote indique
deux moyens d'engraisser les vieux bœufs : 1° donner
des fèves concassées, de la vesce noire, des feuilles de
fève, de l'orge pilée, des figues, du vin, etc. ; 2° inciser la
peau de l'animal et insuffler de l'air dans le tissu cellu-
laire sous-cutané -^
Cependant les anciens rites prescrivaient le sacrifice
d'animaux moins âgés que ces bœufs de labour. Les
administrateurs des temples devaient se procurer tous
les ans un certain nombre de génisses ou de jeunes tau-
reaux. Dans quelques villes, on organisait, à ce propos,
de véritables concourir el l'on n'achetait que les bêtes
primées-'. Autre part, les temples possédaient d'im-
menses troupeaux ; Diodore mentionne les trois mille
bœufs sacrés d'Engyon en Sicile '" .
Chevaux, dnes, mulets. — L'élevage de ces animaux
se pratique, en Orient, comme l'élevage du bœuf. Mais on
parait avoir pris plus de soin dans le choix des repro-
ducteurs-* [eOUI'S, ASINUS, MULIJSJ.
Mouton (oT;). — Les Grecs avaient deux races princi-
pales de moutons : 1° Les grosses queues, ai TtXaTÛxEpxoi *',
que l'on nomme moutons de Caramanie parce qu'ils pa-
raissent originaires de la côte sud de l'Asie Mineure. Ils
sont caractérisés par une sorte de tumeur graisseuse qui
envahit tout l'appendice caudal et atteint, parfois, le
poids de 10 kilos. Ce suif remplace le beurre dans toute
r.\natolie el une grande partie de l'Europe orientale.
Ces moutons sont très grands, ils résistent mieux au
froid que ceux des autres races'''" et leur laine est la plus
longue que j'ai vue. 2" Les moutons communs du Levant,
qu'Aristole nomme ai [laKpozso/.ot (fig. 5976) el dont l'un
cf. KusUlh. p. ISIT, 53 elElym. m. p. 208, 11. — it Itiad. XVIll, 5S0 ; cf. J.-R.
Gail. Idylles de Théocrite (ou VI) I. p. 0 du dise, prélim. — 15 Theocr. XX et
XXVll ou incert. Il et VII d'Ahrens. — 16 Theocr. VI. 7 ; et Tancien vers 65 de l'/d.
I : supprimé parce qu'on ne l'a pas compris : ■< Jadis tu étais un bouvier, tu n'es
plus qu'un chevrier. • — " Gail, O. c. p. X. — 18 Op. et d. iU. — 19 Aristot. De
an. h. VI, 21, G, — 20 « Le bœuf ue se développe (en Orient) qu'entre la 4* et la
5^ année. . . ici, à trois ans, le bœuf n'est absolument bon à rien. ■> C. de Raymond,
O. c. p. 02. — 2' « On a vu des laureaux et des vaches s'accoupler à quatre mois. »
Aristot. />e«n. A. VI, 21, 0. Bien que le bœuf ne soit dans toute sa force qu'il cinq
ans. les Grecs les accouplaient à vingt mois, ou à deux ans au plus tard (Aristot. O. c.
VI, 21, 2), rpiand ils perdent leurs dents de lait. (>tte coutume existe encore dans lout
le Levant. — 2> Anth. pat. VI, 233; Arislot. De an. h. III, IG. — 23 Aristot. O. c.
VIII. 7, 3. Ces vaches, après avoir vêlé, donnaient chacune une amphore et demi de
lait. — 2V Comme exception, ,lii^/i. pat. VI, 228. Par reci.nnaissance pour un vieux
bœuf de labour, Alcoii ne l'a pas conduit au billot, mais l'a mis dans un gras pâturage.
— 25 De lin. h. VIII, 7, t. Moyen encore pratiqué par les maquignons sur les vieux
chevaux, et conidéré comme frauduleux. — 2ii Journ. of Isell. stiid. IX, p. 323 sq.
— 27 IV, 80. -"Tbeogn. ISi. — 29 Aristot. U.an. VIll, 12,3.-30 Aristot. Dean,
h. VIII, 10, 3. La fig, 5'.173, d'après l.enorraaul et de Witte, Elite céram. pi. uxxxui.
RUS — 91 r; —
des plus beaux types est noire petit mouton algérien.
Les bergeries, sTaOjxô;', sont assez semblables aux
Pou(jTa9_u.a -, elles se composent de cabanes, xÀ-.ai'a', pour
les bergers et de parcs, crt^y.i:; ', u.àv5:i ' pour les ani-
RUS
F'S-
- Troupe;
maux. Mais au lieu d'établir ces enclos sur les premières
pentes de la vallée, on les place à flanc de coteaux, à
l'abri des vents froids, et sur un terrain assez incliné
pour faciliter l'écoulement des eaux. Généralement, on
choisit des vallons retirés et boisés, pf,!ria*. Les clôtures
sont plus fortes et plus hautes que celles des bouveries
ou des haras, car le mouton est sans défense contre les
loups et les chacals, 9oJ; ", si nombreux en Orient ; de
plus, elles sont fortement inclinées (45°) et forment un
abri sous lequel toutes les bêtes peuvent se réfugier en
temps de pluie ou de neige. Le parc est divisé en un
certain nombre de carrés suivant l'importance du trou-
peau ' ; mais il doit toujours y en avoir au moins quatre
pour isoler, en temps convenable, les agneaux, les brebis,
les moutons et les béliers, car les bergers prennent beau-
coup plus de précautions que les bouviers contre les
accouplements précoces, le froid faisant périr les mères
et les agneaux. Les déjections, xrirrpo;, ne sont jamais
enlevées des mandras, elles forment une couche très
épaisse destinée à protéger les bêtes contre l'humidité
du sol ou le froid de l'hiver. Dans les contrées où l'on
trouve des grottes, des cavernes accessibles, les bergers,
à l'imitation de Polyphème, y abritent leurs bêtes pendant
toute l'année '.
Les moulons ne sortent jamais du parc avant 8 ou
9 heures du matin , car l'herbe couverte de rosée
leur est funeste; on ne les conduit pas dans des
plaines humides où ils contracteraient la pourriture;
généralement on les fait pailre sur les coteaux, dans ces
forêts nommées «TxTpa'", où on ne trouve plus que des
essences arbustives, myrtes, arbousiers, lentisques, etc.
On cultivait même, spécialement pour les moutons, un
arbuste, le cytise imedicago arborea Z..), xjticûç ". Cette
légumineuse trifoliée, originaire de l'ile de Kythnos ou
Thermia, se propagea rapidement dans toute la Grèce,
car un plèthre carré planté en cytises donnait un revenu
annuel de lOOU sesterces '-. Elle passait pour augmenter
I Itmd. XVIII, 339. — 2 follui. 1, i49; 9, IC. —3 lUad. XVIII.dSO. — -Ihad.
XVIII, 589; Odtjts. I.\. il9; Hesiod. Op.etd. 785: Plal. Resp. V,p. 460, C; Theael.
|ï. 174 C. — 5 HesTclï. s. V. ffT.«iî; ; ce mot esl passé dans toutes les langues du
Levant, môme dans le français. — ^ tliad. XVIII, 588 : sur le sens de ce mot i|ui
signifie vallon boisée cf. Sirab. IX, 5, — ^ Tbeocr. 1, 115; cf. P. de Tchiliatchef,
Le Botphore et Conslantinople, 1866, p. 90 sq.— * Tlieocr. .XXV, li. — '^ Herodol. IX .
93. Cf. fig. 4939. Cet usage subsiste encore. — '0 Hesych. s. v. Ces forets ont, à pre-
mière vue, l'aspect de nos taillis de moins de dix ans ou des fourrés de moris-bois.
— Il Tbeop'.ir. H. pi. I, 6, I ; cf. Colum. De r. rusl. V, 12 ; De arbor. ii. On le
nomme aujoui-d'bui, Tpt^-jAÀoxîiaS*. — '- .Arisloniach. Allien. ap. Plin. U. nat. -Xlll,
47, i, — 13 Aristot. De an. h. III, 16; .\ristomaque conseillait d'en donner eu
infusion aux nourrices. — 1^ .\ristot. De un. h. 111, 16. — I"' Oribas. Coll. med.
le lait des brebis '\ tandis que la luzerne, plante du
même genre, avait la réputation de le faire perdre '*.
On engraissait les moutons du 21 mars au -21 juin ' • en
cherchant à les faire boire le plus possible. On commen-
çait par les faire jeûner pendant trois jours; puis on
leur donnait des concombres dans de l'eau salée, et, tous
les cinq jours, on distribuait un médimne de sel pour
cent bêtes ". Parmi les curiosités de la Grèce, on citait
deux ruisseaux de l'Eubée dont l'un blanchissait la laine
des moutons qui s'y abreuvaient et l'autre la noircissait '^
Chèvre (x'I). — Cet animal, qu'on ne trouve que dans
les pays où l'agriculture est rudimenlaire. a toujours été
nombreux en Grèce. Il y en a encore 1963 894 dans le
royaume, alors qu'on n'y trouve pas 50 000 bovidés de
tout genre". C'est que la chèvre fournit presque tout le
lait [lac, caseum] dans les contrées où la vache peut à
peine subsister. La chèvre se contente de peu ; elle vil
de lérébinlhe ", de bruyère -°; elle trouve à manger dans
les montagnes où il n'y a que ronces et chardons-'. Un
poète donne au rocher l'épilhèle de aîyiê&To;'--.
Les chevriers, dont les mœurs bestiales sont peintes
par Théocrite, adressaient leurs vœux à Pan ; le plus sou-
vent, ils lui demandaient de préserver leurs bêtes de la
dent du loup" et de leur donner deux petits par portée *'.
Cochon (5;) ^'\ — Aristote range cet animal parmi les
quadrupèdes dont le corps est tout entier poilu comme
l'ours et le chien". Cela prouve que la race porcine esl
la même qu'autrefois et qu'elle tenait plus du sanglier
Fig. S977. — Paysans conduisant leurs porcs au marché.
d'Europe et d'Asie (fig. 5977 ; cf. fig. 2115) que du
cochon égyptien '-'.
A l'époque homérique, les Grecs avaient de nombreux
troupeaux de porcs qui paissaient dans les forêts de
chênes^'; cel usage existait encore du temps où Polybe
remarquait, qu'en Grèce, les porchers suivent leur trou-
1, 3. — 10 Aristot. De an. h. VlU, lu, 1. - n strab. X, I, 14; le Kralliis p.issait
pour avoir la même vertu {VI, 1, 13). — 18 D' Clon SIepbanos, La Grèce au point
de vue naturel, p. 40S. — 19 Anth.pal. VI, 336.— 20 Theocr. I, 13. — 21 Tbeocr.
IV, B7. —TiAnth.pal. VI, 334. — 23 Anlb. pal. VI, 35, 99. — ii Anth. pal. VI,
i;9. — 25 L'étymologie proposée pai- Varrou {De re r.) n'est plus admise. — 26 /*e
an. h. Il, i, 5. Barthélémy Saint-Hilairc a eu tort de critiquer ce passage {Hist.
des animaux dAristole, I, p. 109). C. de Kayniond (0. c. p. 72j décrit ainsi le
cochon du Levant : •> Sa peau, recouverte d'une épaisse fourrure de soies noires il
fauves, rudes, longues et toujours hérissées sur le dos, est encore protégée par un
épais matelas laineux. -» — 27 Fig. 5977 d'après Dubois-Maisonneuve, /«/rorf. à t étude
des vasesprintSf pi. i.iv, 3. — 2S Odyss. XXIV, loi. Pour les douze troupeaux de
porcs d'Ulysse, cf._V. Bérard, Les Phéniciens et l'Odyssée, II. p. 45i.
nus
— î)10 —
RUS
peau, tandis qu'on Italie, ils 1(> précèdont'. Mais la fa-
cilité avec laquelle on élève les cochons fit que tous
les petits cultivateurs voulurent engraisser un ou deux
de ces animaux; en Attiqiie, le cochon devint l'animal
domestique par excellence'-; il fut même considéré
comme faisant partie de la famille^ Les anciens engrais-
saient un porc en soixante jours ; ils le faisaient jeûner
soixante-douze heures; puis lui donnaient de l'orge, du
millet, des poires sauvages, des figues, des concombres'.
Mais ce qui engraissait le plus cet animal, au dire
d'Aristote, c'est le repos et on devait l'emprisonner,
comme on le fait maintenant, dans une palissade si
étroite qu'il ne peut marcher.
IV. HoRTicuLTiRE. — Lcs Grccs, surtout dans l'Atlique,
mangeaient beaucoup de légumes, de verdure. La
plupart de ses plantes citées comme aliments [cibaria,
p. 11 V4 sq.] étaient recueillies dans la campagne où elles
croissent encore spontanément. Pour les quelques rares
léguuies que l'on cultivait alors, voir hortus etviLLA^
dojiE. — L'agronomie romaine dérive de l'agronomie
grecque, soit par les Étrusques ^ soit, plus directe-
ment, par les Campaniens. Mais les Latins, plus mé-
thodiques, plus attachés à la terre que les Hellènes,
perfectionnèrent rapidement les méthodes premières et
ne refusèrent jamais d'adopter ce qu'ils virent de meilleur
chez les étrangers.
.\u début, les choses se passent comme dans toute
colonie grecque. Le territoire est divisé en deux parts :
1° les terres de culture ; 2° celles qui étaient destinées à
servir de pâturages communs, compascua, à tous le s
bestiaux appartenant aux citoyens. Sur les premières,
on prélevait les domaines royaux et sacerdotaux, puis
on divisait le restant en lots égaux répartis viritim'' .
D'après une tradition, acceptée par tous les auteurs*,
chacun des sujets de Romulus ne reçut qu'un lot de
2jugères [centuria, p. 101], soit environ 50 ares, ce qui,
cultivé en céréales, est insuffisant pour nourrir une
famille ^ Il faut donc admettre que les premiers Romains
vivaient surtout du produit de leurs troupeaux qui
paissaient dans I'ager romanus et que ces lots si exigus
servaient uniquement à la culture de quelques arbres
fruitiers et des légumes '".
Après de nouvelles conquêtes, et surtout après l'endi-
guement du Tibre et le dessèchement des marais, la su-
perficie des lots fut portée à 7 jugères(l hectare, 76) ", ce
qui permit de faire un peu d'agriculture, de récolter de
l'orge, ou mieux de l'épeautre, far''^, dont on décortiquait
les grains en les faisant griller selon le précepte de
Numa qui avait institué à cet effet la fête des fornacalia.
1 XII, *. — 2 Al-isloph. Plut. 8iO; Par, 24, <,li7 ; Vesp. :)6 ; Lysislr. G84.
— 3 Aristoph. J'Iul. 1 100. — 4 Arislol. De an. h. Vill, 0, 3 (ùd Didot). — 5 piin.
//. nat. XIX, 22: Bortos vUtae jungendos non est dubium. — 6 G. Conestabilc,
Degli Etruschi e delV agricoUura, Pci'ugia, 1859. — ^ Varr. De r. rust.
I, 10. — » V. Duruy, ffist. des liom. 1, p. 72. L'auleur éniel une hypothèse
très ingénieuse, mais contraire aux lexlcs connus et aux coutumes aucicnnes.
Sa distribution des terres par centuries est basée sur le système arabe d'Algérie.
— 9 Voigl. liUein. Mus. a. f. XXIV, 1868, p. 52 ; A. MeiUen, Sierlelung ii.
Agrarwesen, 18'.i5, I, p. ii8. Le calcul est facile : on donnait 4 modii de blé par
mois aux esclaves (Cal. Oe aijr. cuit. 56 : Senei-. Epist. 80) ou aux soldats (l'olyb.
VI, 39), soit 48 par an ou un peu plus de 4 bectolilres: autant pour la femme et
tous les enfants, cela ferait 8 bcctolilres par famille, l'our les récolter sur 5u arcs,
la moitié étant en Jachère, il faudrait que le rendement moyen fût de 32 hectolitres
par hectare. Nos meilleures lerrcs de la lirie et de la llcauce tlonncnt, en moyenne,
de 20 il 2.5 hectolitres. — iO Liv. V. 47 ; VI, 17 ; VII, 37 ; «,11. XX, 1, 45 ; Horat.
Sal. I, 5, 65; cf. Flin. [H. nat. XIX, 19, 7| : Quippe e carnario au.1 macello liuen-
didii etse. — " C'est à peu prés la surface de la cour du Loutre. Adam Dickson
croit que ces 7 jugèrcs étaient cultivés ii la bêche et non à la charrue (Z>e l'aijricult.
C'est également à ce roi qu'on attribue les premières
bornes champêtres [termiivi'sI, et les cérémonies que l'on
faisait, avant les semailles, en l'honneur de Seia ainsi
que celles qui avaient lieu, avant la moisson, en l'hon-
neur de Segesta'^
Dans les premiers siècles de la République, les séna-
teurs et les généraux, duces, cultivaient eux-mêmes
leurs biens, comme les anaklès homériques; les censeurs
inspectaient les champs, réprimandaient les mauvais
cultivateurs"; le laboureur qui avait obtenu les plus
belles récoltes était appelé bonus agricola, ce qui était
alors le plus bel éloge'". Avec de pareilles mœurs,
l'agriculture suffisait à nourrir le pays ", et même les
armées en campagne". Mais, au iv"^ et au m'' siècle
av. J.-C. survint une crise qui transforma complètement
le système agronomique des Romains : la petite culture
disparaît et fait place à l'exploitation de vastes domaines.
J. Marquardt attribue ce changement à l'avilissement
du prix des céréales causé par les redevances en nature
que durent livrer les Siciliens et les Sardes vaincus'*.
C'est oublier que la petite culture avait pu se maintenir
en Attique, bien qu'Athènes fût devenue le grand marché
de l'importation des blés, bien qu'Eleusis eût com-
mencé à vendre, souvent à vil prix, les prémices de
toutes les récoltes des alliés et des tributaires, bien que
des rois étrangers fissent gratuitement distribuer au
peuple athénien des quantités considérables de froment.
Les Latins pouvaient, comme les Grecs, délaisser la
culture des céréales qui ne donnait plus de profit" et
cultiver la vigne ou l'olivier. Dans tous les pays, de
semblables transformations s'opèrent sans amener la
ruine des cultivateurs -".
La crise romaine du m' siècle est trop semblable à
celle qui causa la ruine des Géomores de l'Attique pour
n'avoir pas les mêmes causes. Toutes deux (comme la
crise agricole qui eut lieu en France à la fin du wiii"^ siècle)
sont dues à un essor trop rapide du commerce. Les pre-
miers négociants qui s'enrichissent ont hâte de se retirer
des affaires et achètent de la terre pour sauvegarder leurs
bénéfices. Il faut ajouter qu'à Rome, les sénateurs, les
fonctionnaires de tout ordre, enrichis de la dépouille des
peuples vaincus et ne pouvant, à cause de leur situation
officielle, se livrer à l'usure, mirent également leurs capi-
taux dans des entreprises agricoles. C'était un moyen
honnête de grossir son épargne -', tout en se conformant
à l'antique tradition de placer ses deniers sur de bons
gages ^-. Cette intrusion de la finance dans les choses
agricoles fut fatale aux petits cultivateurs du Latium qui
devinrent des o6oe?'«//, puis disparurent complètement de
des Anciens, 1802, I, p. 13). Celle Ijypollièse, bien qu'émise par un pralicien, n'est
guère admissible. Les terres de la vallée du Tibre, de la campagne romaine, étaient
très compactes, au dire de Galon. V'arron prétend qu'il fallait plus de quatre jours pour
labourer à la charrue cliai|ue jugère [De r. rust. 1, 18). — 1'^ A. -F. iMagerstedt.
Bild. aus d. rôm. Landwirlhsch, V, p. 283 sq. - !■> Pliu. H. nut. XVlll, 2. Voir
l'arL FERUE, t. II. p. 1042 cl 1048; cf. J. Marquardt, qui a dressé, d'après saint
Augustin, la liste des divinités rustiques des Latins {Le culte chez les Romains,
1889, p. 20) ; Huschke, Dus alte rôm. Jahr.. admet (p. 358) le témoignage de Lydus
[De mens. III, !'■) pour les Semenlivae célébrées après les semailles, — " Plin. B.
nat. .XVllI, 4, 4 cl 5. — ■■' Cal. De afjr. cuit. pr. Cependant Pline cite G. Furius
Gresinus, qui fut accusé do maléllces parce que ses récoltes étaient plus belles que
les autres; il est vrai que celui-là lut absous {H. nat. XVIII, S, 2), — '6 Plin, B.
nat. XVllI, i. — ''• Tacit. Ann. XII, 43. — 18 Vie privée des Rom. 1893, p. 13
sq. — l!i Sur les recolles et le^ prix du blé. cf. annona, 1, p, 274 ; cf. également
FnUaiESTAHIAE I.F.GES, FKCMENrUM EMPTtM, UUimEL'M, LAWGITIO. — 20 Oc UOS jOUrS,
on peut citer la garance remplacée par la vigne en Provence; le café par
le caoutchouc au Brésil. - -' Gat, t>e aijr. cuit. pr. — '-2 lierai. Epoë.
Il, 103 107.
RUS
itr
RUS
toute l'Italie', remplacés par le polilor^, sorte de mé-
tayer. On abandonnait à ces derniers du cinquième au
neuvième de la récolle du blé, selon que le partage étaitfait
à la corbeille ou au modius et selon que le sol était bon,
ordinaire ou médiocre ; pour l'orge et les fèves, ils rece-
vaient le cinquième ^ Celte situation précaire était
encore aggravée par l'ingérence continuelle des proprié-
taires, et c'est pour mieux guider ceux-ci que Caton com-
pose son De agri cu/lura ', qui est moins un mémento
agronomique qu'un manuel de propriétaire foncier. Le
souci de l'auteur n'est pas de rechercher ce qui convient
mieux à la terre et quels doivent être les meilleurs asso-
lements, dont il ne parle pas, que d'étudier si la vigne
rapporte plus que l'olivier et dans quelles circonstances.
Ce qui le préoccupe surtout, c'est de régler le travail du
métayer; c'est de veiller à ce qu'il ne perde passontemps^.
11 va même jusqu'à lui interdire, ainsi qu'à la métayère,
les pratiques religieuses qui peuvent les éloigner de la
propriété : " les Lares, les Mânes et les Sylvain» suffisent
à la protection de la ferme ; il n'est pas besoin d'autres
dieux "^ ». Quant aux bètes de somme, jamais chômera
Ces métayers disparurent bientôt et furent remplacés
par le villicus *, sorte de gérant que l'on faisait surveiller
par un intendant rural, le procurator''. Varron, qui
écrit égalen\ent pour les propriétaires fonciers, leur in-
dique, mois par mois, ce que le villicus devra faire et il
conseille d'afficher ce règlement dans la ferme pour que
le gérant ne puisse arguer d'ignorance'". Son avis fut
suivi et l'on a encore plusieurs de ces ménologes agri-
coles indiquant, pour chaque mois, de combien d'heures
se compose la journée de travail et les opérations à
effectuer ' ' .
.\ la fin de la République, les propriétés étaient deve-
nues si considérables qu'il aurait fallu des milliers d'ou-
vriers pour les exploiter '^ On chercha alors à réduire la
main-d'œuvre ou, plus exactement, les frais de nourri-
ture du personnel. Comme la vigne exige au moins
soixante esclaves par 100 hectares ", on l'arracha, sauf
dans les meilleurs crus, et toutes les plaines furent trans-
formées en prairies d'élevage. Déjà Varron se plaint que
le bouvier ait repris la place des pâtres de Romulus et
fait disparaître l'ancien cultivateur romain ".
1° Connaissance du sol. — Les Romains s'embarras-
saient peu de toutes les subtilités de la physique grecque*";
ils classaient les terres en bonnes, ordinaires et mé-
diocres ". Si l'on voulait plus de précision, on ajoutait
une épithète tirée de l'élément dominant : cretosa, argil-
1 Varr. Le r. rust. I, 1", qui n'en connaît plus (|u"en Asie, en Egypte et en
lllyrîe. — 2 Ulpian. Digest. XVII, 2, oi, 2 et la noie de Godefroy. — 3 Cat.
De agr. cuit. 136. — ^ C'est le titre adopté par l'un des plus récents éditeurs,
H. Keil (éd. Ibner), I8'J5; cf. du môme auteur, Comment, iii Caton. librum, Leipz.
1*94. — i Cat. De agr. cuit. 3t); cf. Virgile «[ui lui a emprunlé ces «cellentes
ina&imes, Georg. i, 273, mais les a atténuées par des réminiscences d'Hésiode.
— c Duruy, But. fies Rom. 1, p. 136, admire un peu trop ces préceptes dictés
plutôt par l'avarice que par le bien de la ferme. Il ne faut pas oublier que pour
Caton, le premier devoir, c'était de gagner de l'argent (l'iut. Cat. maj. 21), et
que cet auteur, qu'on représente à lort comme un type de cultivateur, commandi-
tait une fouleric, faisait le trafic d'oulre-mer et ne se désintéressait pas de la traite
des esclaves. Les deux Sascrna sont encore plus exigeants : personne ne doit
sortir de la propriété (Varr. De r. rust. I, 16). — 'i Cat. De ng. cuit. 136.
— » Cat. De ag. cuit. 3 et 142; Varr. H. rust. I. 14; Colum. XI. 1, 7.
— 9 Colum. 1, 6; PliD. Epist. III, 19. — «0 De r. rust. 1, 36. — » C. i. (.
VI, p. 637, mcnol. du mu^ée de Naples; p. 638 et 639 pour le mcnol. romain
dit Vallense. — i- u En 29t, il fallait déjà 2 OOU travailleurs à un consul pour
défriilicr ses bois. . V. Dnruy, 0. c. I, p. 283. — " Cal. De a. cuit. Il et ap.
Varr. /(. rust. 1. 19. — l» Varr. O. c. Il, I. — «5 Piine termine son exposé de la
nature du sol par cet aphorisme : Omnium reram sunt quaedam in alto sécréta^
losa. lapidosa, etc., modifié par un adverbe, ralde, me-
dioc}-Jler'\ Mais ce ne sont pas ces questions géolo-
giques qui les préoccupaient le plus. La cognilio fundi
envisage principalement la situation de la villa et son
exposition. C'est qu'il est, en Italie, des terres où, selon
le proverbe, « on fait fortune en un an, mais où l'on
meurt en six mois'*» du paludisme". Tous les agro-
nomes latins recommandent de ne pas acheter de biens
dans ces contrées malsaines; ils recommandent égale-
ment de ne pas trop s'éloigner des grandes villes et de
chercher les facilités de communication, les routes et les
fleuves '", ce dont les Grecs n'avaient cure.
Clôtures. Saepes, sapiinentum. — 'Varron conseille
de ne pas se contenter de borner les champs ; il vaut
mieux, pour prévenir toute contestation avec les voisins
et éviter les procès, planter des ormes ou des pins entre
les bornes; l'orme rapporte le plus; il produit des
feuilles pour les brebis; il fournit des branches pour les
ouvrages en clayonnage et du bois pour le chaufTage.
C'était l'usage à 20 kilomètres au nord de Rome; mais,
près de Naples. on plantait des cyprès-'.
Tous les vergers et les prairies étaient entièrement
clos, soit ; 1° dune haie vive, natur-ale sepimentum ;
2° d'une ligne de pieux, ex agresti ligna, dont on gar-
nissait les intervalles par un clayonnage ou des brous-
sailles ; 3° d'un fossé avec escarpe, militnre sepimentum ;
clôture employée généralement le long des routes et des
cours d'eau; 4° enfin, d'un mur en pierres (environs de
Tusculum), en briques crues (pays des Sabins), ou cuites
^Gaule), en une sorte de béton aggloméré (Espagne et
Calabre) --.
Instruments agricoles. — .\ l'exemple d'Arislote ", les
agronomes latins divisent les instrumenta en trois ca-
tégories : 1° genus vocale, ou les hommes; 2° semivocale
ou les animaux; 3° mutum ou les machines-'.
a. Hommes. Ils forment deux classes distinctes : les
esclaves et les travailleurs de condition libre.
k l'origine, tous les cultivateurs sont des citoyens qui
occupent même, parfois, les premières dignités de la
République. Le colon, colonus, romain, dont parle Caton,
est également de condition libre et maître de ses terres - %
alors qu'en Grèce, il n'était qu'usufruitier, locataire ou
partiairc (partiarius), comme le fut plus tard le politor *'
des auteurs latins.
L-Apolitio ne doit pas être confondue avec le métayage ;
le politor n'est pas un employé payé en nature, c'est un
associé, sof/us-', apportant son industrie dans une entré-
es suo cuigue corde pervidenâa {H. nat. XVU. 3, 4). — 16 Cat. De n. cuit. 136.
— I' Varr. De r. rust. 1, 9. — i» In .Maremma si arrichisce in un'anrio, si muore
in sei mesi. — 19 Les fièvre's des Jlarcmmes sont plus pernicieuses que les fièvTes
paludéennes de Grèce dont le calcaire poreux ne laisse pas à l'eau le temps de séjour-
ner en été ; dans les contrées trop malsaines, il n'y a ni village ni culture. Calon
et les autres agronomes n'écrivent pas pour des villageois, qui connaissent le pays,
mais pour des capitalistes en quête de bons placements. C'est à eux que Varron
croit devoir dire : Cbi salubritas non est, cullura non aliud est {De r. rust. I. 4;.
20 Varr. O. c. I, 16. — 21 Varr. B. rust. I. 14; Caton conseille, dans le même
but. de planter des ormes et des peupliers uti frondem ovibus et bubus habeas.
— 22 Varr. R. rust. I, 14, qui indique cette classification; cf. Colum. V, (0;
X, 3; Pallad. I, 34; VI. 3; Pline {f}. nat. XXXV, 48) donne les détails pour ces
murailles, " quos appcllant fornaceos -. Pour la question juridique, cf. Digest.
X, tit. I, finium regund. et plus spécialemenl paragr. 13 ; Gains, Ad leg. xii tab.
pour les bornes déplacées, Dig. XLVIl. Til. XXI, De term. moto. — 23 Polit.
I, 2, 4. T.:. 5'ôfY«"»- ■•'< -M- «1j7.« '« S'îl>ij/.«- — ^^ Varr. De r. rust. I, 17.
— 25 Z)e domino bono colono melius emetur (Cat. De a. cuit. I). II faut donc le
distinguer du partiarius colonus des époque» postérieures (Scaevola, Digest.
XXXIll, -, 20. par. 3). — 26 Th. .Mommsen, Jiôm. Gesch. 1882, II, 363, note; 368.
— 27 Digest. XVII. 2, 23, 2.
RUS
— \ns
prise agricole et son conlral est régi par les lois sur les
associations commerciales '. Kntre autres, le propriétaire
est responsable de toutes les dettes contractées par le
poli/or pour l'exploitation rurale'. Cette association
entre personnes qui ne sont point de la même profession
et ne peuvent avoir les mêmes idées est fatalement con-
damnée à disparaître. Les propriétaires jugèrent préfé-
rable de donner leur domaine, en tout oupartie^ àlerme,
/ocotio, contre espèces'. Le cultivateur, ro/onus, qui
devenait fermier, condiictor, faisait avec le propriétaire,
locator, un contrat de louage stipulant la durée du bail,
ordinairement cinq ans% le prix du fermage'' et, parfois,
le genre de culture". Tous les biens meubles du fermier
servaient de gage ainsi que dans les autres locations
d'immeubles». Si ce gage n'était pas suffisant, le pro-
priétaire pouvait, par une convention expresse, prendre
hypothèque sur les instruments agricoles'', bien que ce
fût, comme le remarque le législateur, un dommage
pour la chose publique. Le fermier avait toujours le droit
de sous-atiermer tout ou partie du domaine ; le proprié-
taire, n'ayant alors aucune action sur les biens du sous-
fermier '", pouvait exiger un cautionnement du fermier
principal". Le bail à ferme présente de si nombreux
inconvénients quand le cultivateur manque de connais-
sances saines et de probité parfaite, que Columelle'-,
d'accord en cela avec Thaër et les agronomes de nos
jours", n'admet ce système que pour les domaines trop
éloignés pour être exploités plus directement. Pline le
Jeune y renonça pour ses terres et les fit cultiver par un
métayer". En fait, tous les fermiers, dont nous connais-
sons quelque peu l'histoire, exploitent plutôt les do-
maines publics ou privés de l'Empereur'^ et c'est ce qui,
dans la suite, priva les colons de leur liberté'^ [colonusj.
Le métayer, colonus partiarius, n'est pas un associé
au sens juridique du mot, il est quasi socius^'' ; en réa-
lité, c'est un employé dont le salaire est payé en nature
et qu'on fait surveiller par des contrôleurs, exaclores ope-
ris et custodes fructibus'*. Les conditions du métayage
diffèrent tellement dans tous les pays, et spécialement en
Italie où, dans une province, on trouve de nombreuses
coutumes locales", qu'il est difficile de présenter ici un
résumé succinct de toutes les règles régissant cette
matière dans l'Empire romain. La classe des hommes
1 Digest. XVII, * : pro socio. — s /6. I. iT. — 3 Colum. 1. 7, 3. — * Colonus
(jiti nummis colat. Dig. XLVU, i, iù. I. — 5 Fundus in quinquenniurr, pen-
sionitius locutus, Dig. XIX, 2. U, i. Cf. IMin. Min. Efiist. IX, 37. — 6 Dig.
XIX, 2, 52. — ^ Ib. XIX, i, 51. — » Ib. Il, 14, 4 et glose sur la loi 9, Cod.
IV, 24. —3 Digett. XX, 1, 32: Cod. VIII, 17, 7 et 8. Cf. l'authent. Agri-
cuUores. Plia. Epist. III, 19 : Possessor prior soepius vendidit pignora.
— 10 Dig. XIX, 2, 24, I. — 11 Gai. IV, 14, 7. — 12 De r. rust. I, 7, 6. — "Cf.
BaroD Crud. Économie thèor. et pral. de l'agric. I, p. 26. — 1* Epist. IX, 37, 2.
— 15 C. i. l. Vi, 9273 el9i76; IX, 888 et 3674: X, 1S77-I918. Cf. Dig. L.
I. 3S, I et XLI.V, 14, 50. - 16 Cil. Reviliout, Étude sur fhist. du colonat (Rev.
du droit franc. II. p. 433 sq. : III. p. 201 sq.) — 17 Dig. XIX, 2, 23, 6. — 18 Plin.
Epist. IX, 37. 2. — 19 Ces variations provieuuent du système de culture, de la nature
du sol et de la misère des liabitants : elles portent sur la redevance lixe ou loyer, les
impôts, les avances à faire pour les semailles, la propriété et l'achat des instruments,
les bestiaux qui sont au propriétaire, au fermier ou ii des tiers, la litière des animaui,
leur nourriture, le lait, la laine, la volaille, la mortalité, la répartition des bénéfices,
le salaire et la nourriture des ouvriers. Dans le Bolonais et la Itomagne, les métai-
ries sont encore exploitées par des familles de vingt. cinq, trente et môme qua-
rante personnes, vivant réunies sous la direction du clicf de famille, le plus sou-
vent un grand-père. Cf les pauperculi cum sua progenie de Varrou {De r. rust. I,
17 1. — -'J Colum. I, 3, 8-13. — 21 Les jurisconsultes romains faisaient une distinction
entre le locataire d'une maison, inquitinus^ et le locataire d'une ferme, colonus. De
ce que ces derniers sont â la campagne, il n'en résulte pas que tous les inquilius
sont il la ville : ce serait admettre qu'on ne pouiait, dans l'Empire romain, louer,
il la campagne, une maison, une clianibre. Autant prétendre (|uc tous les villageois
étaient alors iiropriélaires, fermiers ou esclaves. Il est vrai que J. Mari|uardt
RUS
libres rournissail encore des tâcherons et des journaliers
que l'on engageait pour la moisson, les vendanges, la
cueillette des olives : villageois voisins, petits proprié-
taires'-" ou inquilins^'. Galon recommande de choisir
un domaine entouré d'une population laborieuse^-,
c'est-à-dire capable de fournir une bonne main-d'œuvre
pour les besognes temporaires. Varron conseille égale-
ment de recourir aux journaliers dans les contrées mal-
saines et pour tout travail insalubre ou pouvant nuire à
la santé des esclaves-'.
On avait encore la ressource d'employer des étrangers
qui venaient, chaque année, faire la moisson dans les
pays fertiles. Le plus souvent, ces mercenaires étaient
embauchés au delà du Fô par un entrepreneur qui les
conduisait dans l'Ombrie et le Latium et y louait leurs
services dans les grandes exploitations rurales".
Des diverses manières d'exploiter un fonds, la meil-
leure est sans contredit la culture à économie. Ce système
permetaupropriélaired'ètremaîtrechezlui,etledomaine,
tout en augmentant ses revenus, lui sert de lieux de plai-
sance-' ; il peut faire élever ses enfants à la campagne^',
y venir lui-même pour changer d'air et y chasser^'. A
Rome, la culture à économie se faisait, non par le moyen
d'hommes libres, mais d'esclaves.
Esclaves. — Les esclaves agricoles se divisaient en
deux classes comme tous les autres^'; les soluti ou
déchaînés elles vinc/i ou enchaînés; l'emploi des uns ou
des autres dépendait des coutumes locales et des goûts
personnels^', ils formaient la /"«/«('//a rustica'^'' . Le chef
de celte famille avait le titre de viUicus^^ ou d'actor'^^,
mais il était esclave ■■'; on l'achetait moins cher qu'un
cuisinier" et on le comprenait dans l'inventaire du do-
maine'\ En principe, \eviUicus ne dirige que la culture; il
coordonne les opérations agricoles et les fait exécuter
en temps voulu. Quant à la partie financière, elle est
confiée à un procurator^*, qui passe les marchés et con-
clut les affaires; il habite au-dessus de la grande porte
charretière d'où il peut surveiller si on ne sort rien, furti-
vement, du domaine el observer les gestes du villicus^''.
Dès la fin du m" siècle av. J.-C, ou voit les Romains
appliquer à l'agronomie les principes de la division du
travail", que les Grecs n'ont connu qu'imparfaitement.
Ce système, qui a dû prendre naissance dans l'armée'',
dit, qu'eu Italu?, « la classe paysanne s'éteignit .. Vie priv. des Rom. p. 13.
— 22 De ag. cuit. \. — H De r. rust. I, 17. — 2'. Suet. Vespas. 1 . — 25 Cic. De
orat. 58 : Cui nostrum non licct funios nostros obire, aut res rusticas vel
fructus causa vel dilectationis invisere? — 20 Caton, l'auteur du De agricult. fut
élevé dans la ferme de son père. — 27 Plin. Min. Epist. III. 19. — 2J CoIum. I, 6.
— 20 plin. Min. Epist. III, 19 : née ipse usquam mnetos habeo, nec ibi quisquam.
Cf. Plin. U. nat. XVIII, 4, 5. Columelle dit qu'on employait les vincti dans les
vignes (De r. rust. I, 8). — 30 C. i. t. IX. 302S. — 31 Ou d'après certains manus-
crits, Cato II, i : Varr. I, i, 14 et les inscriptions : vilicus, C. i. L IX, 3028. X, 355U.
— 32 II faut distinguer lactor qui est oîxovdiio; (C. i. t. IX, 1, 25 où Sagaris se
qualifie d'ttCtor et C. i. g. III, p. 1261, n. .5873 a. 2. de oNovifio;) de lactor
dont parle Pline, Episi. III, 19. Pour ce dernier sens. cf. C. i. /. IX, 3571.
Festus Fronlonis nilicus qui est Feslus Frontonis aetor du n. 3379, c. :
C. i. l. NI, 5616 : ^Vorrt vilica urso aclori marito, X, 6592 : aclori et agri-
colae optimo. — 33 Dig. XXVI, 7, 39. 18: XXXllI. 7, 12, 38; C. i. I. IX,
1456 : servus nillicus. l.a plupart ont des noms grecs : C. i. l. IX. 820; 2829;
3028; X, 1.H6I ; X, 1746; IX, 4053, IX, 346Cs cf. IX, 1456. 3103, 3446; X.
1561, 1746, etc. — 34 Sallust. ./iiy. I.XXXV, 39. — 35 Dig. X.XXIll, 7, 12. 38.
— 36 Colum. I, 6, 7 ; Plin. Epist. III, 19, Précédemment, le villicus était chargé
de tous ces soins : quacque emi pararigue oportet,... quo modoque cibaria ves-
timenta famitiae dari oporlet. Cat. De ag. cuit. 142. — 37 Colum. I, 6. — 38 Cal.
O. l. 5, 6, 10, 11, etc. Plin. H. nat. XVIII, 7 : Sooissimus villam posait C.
Marins, sed peritia casirametandi. — 39 Coluin. I, 7 : Censeo ne cunfun-
dantur opéra familiae. Cf. Ib. 9. où l'auteur insiste sur les différentes qualités
physiques que doivent présenter les ouvriers de chaque catégorie. C'est le sys-
tème militaire.
RUS
91 îl
RUS
reçut tout son développemenl à la tin de l.i République
el Columelle nous en montre le double avantage pour
l'exécution du travail el la responsabilité des ouvriers '.
Chaque genre d'opération est fait par des hommes
spéciaux, sous la conduite d'un magister operum - qui
répartit son monde en escouades, classift, de dix
hommes', commandées par un moniteur. Il y avait ainsi
les aratores * , les vinitores ^ bubidci '^, domitores ',
stibulcl ', usinarii ', opiliones '°, mediaslini , etc.,
pour ne compter que ceu.\ qui ont encore une spécialité
distincte dans nos fermes actuelles ".Caton recommande
de tenir tout ce monde en haleine, même par des corvées
improvisées '-. C'est confondre les ouvriers agricoles avec
les soldats dont l'entraînement fait la force. Il importe
moins d'avoir des gens toujours occupés que de propor-
tionner le nombre des ouvriers aux produits à récolter.
Ce fut là l'enclouure de l'agronomie romaine et Columelle
avoue que les 7 jugères liciniens rapportaient plus que
les immenses friches de son temps '^
Le tribun Licinius avait fait accorder 7 jugères à
chaque citoyen. Cette superficie, dont on n'ensemençait,
probablement, qu'un peu plus de la moitié '% suffisait à
une famille vivant de légumes récoltés dans les 3
jugères de jardin, du miel des ruchers, du lait des chèvres
et des brebis paissant, par droit de compascuité. dans le
saltus de Vager. Mais ce rapport de 7 jugères pour
un cultivateur servit toujours de base aux calculs des
agronomes latins '% de sorte qu'on crut, de par la cou-
tume"^, avoir besoin de cinquante-huit ouvriers pour
emblaver 100 hectares. Quel que soit le rendement, tout
bénéfice est impossible, d'oii cette conclusion que l'agri-
culture, ou l'exploitation d'un campus friimenlarius, est
au sixième rang de l'échelle des revenus agronomiques''.
Les oliveraies, que Caton place au quatrième rang,
exigeaientencore, pour 100 hectares, vingt et un ouvriers
uniquement occupés de la terre", puisque la récolte était
vendue sur pied et enlevée par les moyens de l'ache-
teur". Un vignoble de 100 hectares avait besoin de
soixante personnes sans compter celles qu'on employait
à la vinification-". On arrive ainsi au total de cent
trente-neuf personnes pour un domaine de 300 hec-
tares où l'on cultivait, en parties égales, la vigne,
l'olivier el les céréales, ce qui donne une moyenne de
quarante-six ouvriers pour 100 hectares. Celte nom-
breuse domesticité agricole est restée le fléau de la
culture italienne-'. Les propriétaires actuels, surtout dans
le Sud, n'arrivent pas à pouvoir payer tous ces ouvriers.
Les anciens ne salariaient point les esclaves, mais il fallait
les acheter, et, à l'intérêt du prix d'achat, ajouter l'amor-
tissement, au minimum 3 p. 100; il fallait les nourrir, les
1 Colum. (J. l. 1, !i ; XI. 1, 27. Magistri sinQuluritm officirn-um, —i Colum. I, 9,
Classes quas decurias appellaverunt antiqui. — -f Colum. i. 9, 3. — '* 10. « sepa-
randi sunt aratores a vinitoribus et vinitores ab aratoribiis ■>. — '' Cal. 5, t>.
— «Colum. VI, i, 6. — T Cal. 10, 11. —8 /J. _ 9 /i. _ iO Jb. — n Le syslfme de
Columelle comprend encore un ergastularius (1, 8); cf. C. i. (. X, 817.'! servus
erf/nslulariiis. Mais les occatores, sarritores, ritncatores, etc., (jue l'on donne
comme des spécialisles, ne sont que des meffiastini occupés temporairemcul
aui travaux sueccssirs de la culture des cér^al^s ; Plaul. Capt. III, 5. Quant au»
nitssores, dans tous les pays el à toutes les époques, ce sonl des journaliers on
tâcherons si le domaine est un peu vaste. Des professionnels auraient plus de
du mois de cliômage par an. — 12 /),,. ag. cuit. 39. — 13 ne r. rusl. I, 3.
— 14 Aranti quatuor sua jugera; Plin. M. nal. XVIll, 3, +. — là Saserna avait
propose"- un ouvrier pour 8 jugères; Varron {Jt. rust. I, 18) réfute celle innova-
lion qu'il croit possible seulement in Gallia. D'après Columelle, Pasenia amait dit
• lu'on pouvait cultiver un d'jmaine de 20fi jugères avec deus laboureurs cl
SIX valets, soit seize peisounts pour 100 Lectarcs non plantés {Jb. Il, I3|. Mais i
vêtir ; tous ces faux frais entraient-ils en compte pour cette
foule d'atrietise.i, de lopiarii, de fabri nécessaires dans
toute villa^-, mais y vivant dans l'assoupissement et une
quiétude voisine de la négligence-'? Et, cependant, les
riches Romains, obéissant à cette manie, que Tite-Live
nomme cupido agros continuandi'-'', empruntaient de
l'argent '-° pour acheter de nouveaux domaines ; ils
savaient qu'ils n'en pourraient tirer aucun profit pécu-
niaire; leur désir se bornait à pouvoir les conserver^*^.
Animaux de travail. — Dans la Campanie, où la
terre est légère, on labourait avec des ânes ou des
vaches -\ Dans le Latium et les provinces septentrionales,
on employait des bœufs et les laboureurs sont appelés
bubulci^'. Seulement, alors, comme au siècle dernier -'.on
avait le grand tort de vouloir se servir d'animaux trop
jeunes. Columelle réprouve ce système que Celse eut le
tort de vouloir défendre^". En moyenne, il fallait une
paire de bœufs pour 8 jugères à emblaver. Chaque jugère
exigeait quatre jours de travail ; on ne pouvait, dans la
culture intensive, commencer les labours que quarante-
cinq jours avant les semailles. Varron calcule 8 x 4 = 32.
plus treize jours pour parer aux maladies et au mau-
vais temps". En Ligurie, la nature montueuse du sol
ne permettait pas de labourer 1 hectare en quatre jours;
mais la besogne était plus facile en Gaule, où Saserna
prétend que deux attelages de bœufs suffisaient pour un
domaine de 200 jugères ou 50 hectares'^; c'est qu'il
n'y avait ni argile compacte, ni ce fléau de la culture
italienne, la terre gâtée.
On employait communément les ânes pour porter le
fumier soit avec des chariots", soit avec des paniers
attachés au bât. Les usinarii sonl toujours comptés
parmi les ouvriers indispensables à la culture des grains,
de la vigne et des oliviers".
Instruments agricoles. — Les plus importants, pour
le travail de la terre, sonl les instruments diérétiques, qui
sont destinés à pénétrer, comme un coin, entre les molé-
cules à séparer. Ces instruments se divisent en deux
classes: les instruments à lame plane et tranchant recti-
ligne, et les instruments piquants qui pénètrent d'autant
plus profondément que leur pointe est plus acuminée.
Instruments tranchants. — Les plus importants .sont :
1° La charrue [aratrum] ; 2° la pelle [pal.\] ; 3° la
bêche, d'abord bipalium; puis, dans la basse latinité'»
et, en italien, vanga; 4° la houe, qui n'est qu'une bêche
emmanchée sous un angle aigu ; le fer carré ou trapézoïde
est relié par une douille à un manche en bois. On en connaît
plusieurs types • la houe à fer plan et plein [sarculum] ;
la houe à fer plan et fourchu, formant deux larges
dents plates [bidens, fig. 853] : c'est le béchard dont se
ces cbilfres, il faut ajouter le rillicus et les bergers des troupcaui nécessaires
pour le fumier. Pour ce passage, cf. R. lieitzenstcin, De script, rei rust. libris
deperdit. Berlin, 181S4, p. 7. — "i Cal. /le agr. cuit. — " Cal. 17. — 18 Jb. 10.
19 /(,, i4t;, _ 20 /b. 11. — 21 Le baron Crud, l'un des fondateurs de l'économie
agronomique, cite un de ses voisins, dans la Komagne <i qui, pour cultiver .Si) hec-
tares, tenait loule l'année, seize à dix-huit domestiques .. {Kcon. tlu-nr. et pra-
tiq. de lagric. 183», l.p.D7). - ■2'2 Plin. Epist. III, 19.-23 74.1, 4. -2' XXXIV,
4. _ 23 Plin. Epist. Il, 19. — 20 Ih. .. unum villamcA^e et ornarc, altérant tanlum
tueri ... Cf.(Plin. H. nat. XVIII,7, 5) l'histoire de L. Tarins Kufus qui dépensa pour
acheter des terres et les cultiver » pour la gloire .. 100 millions de seslerccs. Ju
glnria internecionemeri/o famemque censemus. — 21 Varr. li rusl. I, iO. — 28 Colum.
/(. rust. Il, i. - 29 Crud, O. c. 1, p. 55. - 30 De 11. Il, a. - -31 /(. "«(. 1, 18.
— 32 Reilzcnstein, O.c. p. 7. —33 Cal. De ag. cuit. T. II.— 3lCat. /A.lOel 11, et
ap. Varr. Jl. rust. 1, 19. — 3:i Pallad. I, M, 3. Pour lepays où écrivit Palladius, voir
les curieux calculs de M. Harris, On ihe localitj/to which tlic treatise oj Palladius
de .igriculturu mu>t be ns,ign»l[A,ueric. journ. o[ pldlol. III, M décembre 188i).
RUS
— 920
RUS
servent les Provençaux pour façonner les vignes, car un
fer plein pourrait couper les racines de ces plantes', et
les Romains l'employaient au même usage-, après s'être
longtemps servi d'une pioche, le rutrum ' ; la houe à
large fer' courbe, incurvus'^, fourchu", monté sur un
long manche [noo]; a houe à fer très large', denté *,
[marra].
/nstruments piqiian/s. — Le plus simple est : a] le
pic, cil l'angle de diérèse est réduit au minimum ; c'est
une pointe effilée, mais cassante. Pour remédier à cet
inconvénient, on laisse à la pointe toute la largeur du fer
et on a : 6) une pioche que l'on monte à angle droit sur
un manche en boisfsECURis]. c) La tournée est une pioche
dont la douille se trouve au milieu du fer, dont l'une
des extrémités a la forme d'un pic et l'autre d'une pioche.
C'est la dolabra fossoria'^, employée par les terras-
siers [fossor, fig. 3281] et les mineurs [metalla, fig. 3281],
pour détacher la terre qu'on enlève ensuite à la pelle"
[dolabra, tlg. 2487]. d) Un hoyau ou tournée dont l'une
des extrémités est rudimentaire. Les deux principaux
types de ces lioyaux sont le rutrum et le rastrum.
Rouleau. Cylindrus ". — L'une des préoccupations du
laboureur est de briserces grosses mottes de terre, gleba,
que la charrue a retournées. On se servait du premier ins-
trument venu, houe, hoyau. Le mieux serait, théorique-
ment, d'employer le rouleau formé d'un tronc d'arbre
ou d'un fût de colonne comme le font encore les paysans
dans certaines régions de l'Italie et de l'Anatolie [cylin-
drus] ; mais l'emploi de cet instrument ne s'est jamais
généralisé chez les anciens, parce que presque toutes
les terres à emblaver étaient des argiles compactes
qu'on ne peut labourer que quand elles sont détrempées
par les pluies. Le roulage comprime l'argile et les champs
deviennent unis et durs'-, comme la surface d'une aire ".
Un instrument analogue au rouleau, avec lequel on
peut le confondre'', est la ploutre, barre de bois de
3 à 4 mètres de longueur que l'on fait traîner sur les blés
semés dans des terres aussi légères et aussi meubles que
la pulla campanienne. On ne pourrait herser sans
déchausser complètement la plante". A défaut de ploutre,
on peut employer une herse renversée.
Herse, ffirpex, primitivement sirpex ". — Les anciens
ont toujours donné le plus grand soin au hersage, opé-
ration qui consiste à recouvrir la semence. Hésiode se
faisait suivre p;ir un enfant qui recouvrait le grain avec
une pi.axÉXT|, sorte de hoyau (voir p. 903). Ce travail de-
vient impossible quand on sème à la volée. On emploie
alors uneclaied'osier,c/'ff/e«, que l'on fait traîner, «e/'yoe/'e,
sur le sol'", ou une herse en fer, munie de dents et for-
mant comme un système derdteau.x". On l'employait
• D'après Palladius, on pourail se servir du sarcloir ou de la dolabra pour
les rosiers ((II, SI). — 2 Virg. Geurg. 1. i'Sô el iOO. — 3 Cal. Ue ay.
cuit. Il: Ovid. Fast. IV, 843; cf. Dionys. Hal. AnI. rom. I, 87; Diod. Sic.
VUI, 4, i {éd. Didol, I, p. 319). — 4 Varr. Liny. lai. 134. — 5 Stal. Theb.
III, .380. — 6 Coluni. X, 88. - 1 Ib. X, 70. — » /A. 88. - S Isidor. Ori,,.
XVIII, 0, II. — 10 Les deux opéralioas successives sont figurées dans les
peialurcs des catacombes; cf. Marligny, Dict. des ant. chrétiennes s. v. fossores
— Il Coluni. XI, 3, 31. _ 12 ï II faut souvent plus d'une année, et l'action d'une
forte gelée, pour détruire la pression des particules du sol les unes sur les autres
et cette imperméabilité, qui ont été opérées par l'action intempestive du rouleau. .,
Crud. 0. c. I, p. 335. — '3 C'est pour construire les aires que Caton conseille d'em-
ployer le rouleau (ûe ag. cuit. 129); cf. Virg. Geory. I, 17S. — 14 La confusion a
élé faite par Cli. Fcllows qui a dessiné une de ces ploutrcs prés d'Alexandrie en
Troade; .ijourn. writt. dur. an excurs. in Asia Minor, 1839, p. 70. — 15 G. Heuzé,
Us plantes alim. I, p. iOl. — 10 Varr. De ling. lat. V, 136; cf. De ag. cuit. 11!
Calon le cilc parmi les ferramenta sous le nom de crates. — " La synonymie est
indiquée par Servius, Ad Ocorg. 1, 95 : Crates i/uam rustici irpicem vacant;
pour recouvrir la semence, pour étaler le fumier, cratex
stercoraria'^, dans les vignobles ; mais rien ne montre
qu'on hersât alors le blé en herbe.
Râteau [pecten). — Si on ne hersait pas au printemps
les céréales d'automne, — ce qui a ses inconvénients dans
les terres argileuses^", — du moins on les râtelait avec des
râteaux dont les dents étaient faites d'une mince tige de
fer, slili ferrei^^. Cette opération a pour but d'ameublir
la terre et de faciliter le tallage-^. Le râteau ordinaire,
qu'on emploie dans la fenaison, se nommait rastellus"
ou raster liyiieus'^''.
Faux, faucille.^ ou sapes. — Toutes les variétés de ces
instruments sont énumérées par Varron '■'= [falx].
Fourches [furca].
Opérations agricoles : 1° Drainage — C'est l'une des
plus importantes, car l;i plupart des terres cultivées se
trouvaient dans des plaines argileuses, ayant, parfois,
moins d'un mètre de pente par kilomètre-". On est donc
forcé de recourir à tout un système de chavessines, de
rigoles, de fossés et de canaux que l'on doit toujours
tenir en parfait état-', si l'on veut cultiver ces pingues
campi inconnus à la Grèce [kossa].
Alimentation des plantes. Stercoralio. — Ce fut le
mérite des agronomes latins de proclamer que « la
terre ne vieillit pas si on l'engraisse -' ». « D'abord
bien labourer, dit Caton, deuxièmement encore la-
bourer; troisièmement fumer ■■^\ » Les Romains furent
les premiers, dans l'antiquité classique, à entretenir
du bétail uniquement pour avoir du fumier ^''. Le
subulcus et Vopilio, que Caton range parmi les ouvriers
indispensables aux vignobles comme aux oliveraies'",
n'étaient pas chargés de fournir de la viande, ainsi qu'on
l'a dit'-, mais du fumier. N'imitant pas en cela les
Grecs qui reléguaient tous les bestiaux dans la mon-
tagne, les Romains envoyaient le moins possible leurs
troupeaux dans le saltus; ils préféraient les garder dans
des étables où abondait la litière'', ils les envoyaient
dans les champs quand cela pouvait se concilier avec la
culture. Et, cependant, malgré tous leurs soins, ils ne
savaient pas faire un bon fumier. Varron avoue que
le fumier des chevaux et de toutes les bêtes de somme
qui mangent de l'orge, contient beaucoup de graines
non digérées qui produisent des plantes parasites au
milieu des récoltes'". Columelle, qui avait appris l'agri-
culture en Espagne, cherche à réagir contre cette
erreur; u Gardez votre fumier un an dans les fosses;
alors il ne donne pas de mauvaises herbes, lierbas
non créât "^. Cette aversion des Romains pour ce qui
constitue, à notre sens, le meilleur fumier, le fumier de
ferme, faisait qu'ils remplissaient leurs fosses, sterfjuili-
Virgile Georg. 1, K, dit viminea. — 18 Varr. Ling. lat. V, 134. — 13 Cat. 0. c. II.
— 20 Crud, 0- c. I, p. 331, " les pieds des bœufs y laissent une empreinte plus
ou moins profonde ». Pour y remédier, cet agronome renonça au hersage et à
râteler ses blés. — 21 plin. il. nat. XVIII, 50, i. - 22 G. Heuzé, 0. c. 1, p. 199.
— 23 Varr. De r. rust. I, 49, 1 ; De ling. lat. V, 136. — 2t Colum. H, 27. — 25 Varr.
Ling. lat. V, 137. — 28 Crud. O. c. I, p. 382 : « Dans la plaine du Bolonais et de la
Romagne... sur une lieue d'étendue, nous n'avons pas au delà de G à 7 mètres de
pente. » —^ Varr. H. rust. 1, 25; Colum. II, 2. — 28 M. 1|, |. —29 De ay. cuil.
61 et ap. Phn. U. nat. XVIII, 49. — 30 Non solttm pratorum causa habere debent,
sed etiatn propter stercus (Varr. De r. rust. I, 19). — 31 De ag. cuit. 10 et H.
— 32 J. Marquardt, La vie privée des Dom. 1892, I, p. 163, note 1 du traducl.
— 33 Cat. O. c. 37 et ap. Plin. XVII, 6, 5. — 31 O. c. 1, 38 et ap. Plin. H. nat. XVII,
6, 4 qui dénature le sens de Varrou. Si les Romains ne laissaient pas au fumier
de cheval le temps de se faire, c'est parce que ce fumier s'échauffe beaucoup. « La
température s'élève fréquemment il 80". Certains auteurs rapportent ([ue la tempé-
rature peut être assez élevée pour qu'il y ait combustion vive. >. Muutz et Girard,
Les enyrais. I, p. 359. — 35 II, 15.
RUS
— 921
RUS
nium ' de loules les saletés qu'ils Irouvaicnt, el, en été,
la fermentation devait être considérable. C'est pour cela
qu'ils avaient hâte de l'enlever alors que Columelle, au
contraire, recommande de bien faire le mélange quo
facilius pittrescal et sil arvis idoneum - .
Ces conseils, que l'on trouve ébauchés dans Varron \
paraissent être des préceptes d'agronomie punique et les
Romains tardèrent à les adopter, car il fallait d'abord
transformer le système des fosses à fumier. Pline consi-
dère toujours les déjections humaines ou aviaires comme
des engrais parfaits'; ce sont ceux qu'on employa le
plus '. Il est donc difficile de calculer la valeur des
8 mètres cubes de fumier que Columelle conseille de
répandre dans les champs''. En fumier frais de cheval',
cela ne ferait que 3 000 kilogrammes à l'hectare, ce qui
est faible. Il est vrai que, par crainte de la verse, les
agronomes latins recommandent de fumer légèrement la
terre, mais le plus souvent possible*. En général, on
fumait tous les ans les champs '\ les prairies '", les
vignes et les oliviers, etc. ".
Ecohuar/e. — Les cultivateurs de la Transpadane
avaient un fumier si peu actif pour la terre de cette
contrée, qu'ils préféraient le brûler et en répandre les
cendres sur le sol '-. Caton recommande également, si
on n'a pas de pierre à chaux sur son domaine, et si on
ne peut vendre son bois, de le brûler pour amender le
sol'^ Mais le système que préféraient les Latins, comme
les Grecs, c'était d'écobuer à feu courant, d'incendier les
chaumes, d'où l'expression incendere agroK^''.
Parcaije. — L'écobuage ne convient qu'aux terres
argileuses, et on ne peut écobuer des champs où on a
planté des arbres fruitiers. Dans ce cas, on attirail, selon
le conseil de Caton, les moutons sur les champs mois-
sonnés, et quand ils avaient brouté les chaumes, on les
retenait en leur portant des feuilles '° que l'on prenait
aux arbres plantés sur la lisière de ces champs "'.
Engrais verts. — C'est probablement le parcage qui
conduisit les Romains à cet excellent système des engrais
verts'', que G. Ville chercha dernièrement à remettre en
pratique et d'où il tira sa théorie de la sidération. Même
ses adversaires reconnaissent que les engrais verts
réussissent beaucoup mieux dans le Midi que dans le
< Cat. De iiij. cuit. i. 3;Varr. 1, li, 4 el :)s, :i ; Colum. f, u. 21 ; VII, 3, H;
cf. Phaed. Ml. ti. I. — 2 Colum. 11. li. — 3 if. rust. I, 38. — '. U. nnl . XVIll,
t». — ^' Cal. iJe atj. cuit. 36 ; « Répandez la colombiiie sur les |)r<;s, les jar-
dins, les moissons. » D'après Varron {B. rust. I. 3K). ceux qui prenaicril «les
volières. amaHa, à loyer, payaient un prii raoiodrc ifuand le proprirlaire se
réservai! la liente pour ses terres. — 6 Colum. II, 5 et ap. Pallad. .V. I. A.
Dickson {O. c. I, p. 267) trouve 600 boiss. de Winchester pour un aci-*- anglais.
I.es fumerons étaient espacés de S pieds, soil I.j X l'»X2 ou 450 par jugero ;
il 5 modii cl)a'|ue, on a 225il ou I mètre cube, 969 pour i5 ares, 182. Les coteaux,
l'ournissant des engrais aux terrains inférieurs par les pluies et les eaux naturel-
lement drainées (Colum. Il, 18). recevaient une plus forte fumure ; vingt-quatre
voies au lieu des dix-huit que Ion répandait dans la plaine (Colum. 11, j).
A l'époque de Pline, une voie de fumier routait un denier {H. nat. XVIll,
hi, 2), mais Littré croit que le texte est altéré et qu'au lieu de denario. on
doit lire tricesimo die (éd. Didot, I, p. 709, 26). — 7 La plus grande partie
du fumier provenait des bergeries où l'on cliaugeait la litière très fréquem-
nieut, aUquot diea (Varr. fi. rust. II. 2) pour ((ue la laine fût toujours propre-
I. 'emploi du fumier trop frais a toujours été un des errements de la culture ilalieuue ,
Crud (O. c. 1. p. 312) dit avoir retrouvé, presipje intactes, des mottes de fumier me»
en terre huit ou dix ans avant. — 8 IJolum. Il, 16 ; cf. Pallad. X, 1. — 9 Plin
/y. nat. XVIll. 53 : Boc tantum enitn in confessa est, nisi stercorato sert non
oportere; cf. Colum. II. 4 et 3. On fumait les champs lors du second labour, c'est-
à-dire fin juin. C'est pour cela que Columelle recommande de ne répandre de fumier
<|ue ce que le labiureur peut enterrer dans sa journée. On croyait que la chaleur
faisait perdre ses forces au fumier, nec solis habilu vires amittat (Colum. II. .3).
— 10 On fumait les prés en février (Colum. II. 17) alors qu'on commençait ii cou-
«luire les bestiaux dans le saltus. — H Cat. De ai), cuit. 10 el II : crûtes et sirjieu
siercorariue. Cf. Plin. H. nat. XVIU. 62 : arbores stercorare. — " Plin. //. nnl.
Vin.
Nord'" : il est donc facile de comprendre pourquoi les
Romains donnèrent le plus grand soin à ce procédé
empirique de nilrification du sol.
Les légumineuses sont les seules plantes à cultiver
comme engrais vert, et parmi les légumineuses, c'est le
lupin et les vesccs" qui fournissentle plus d'azote d'après
les analyses de Wolff. Aussi, le lupin est-il la plante de
prédilection de tous les agronomes latins, et Pline en fait
un éloge un peu oratoire^". Le lupin cultivé par les an-
ciens, en Italie, est le lupin blanc [L. albus, l.) " . Aujour-
d'hui, dans les pays où la sécheresse n'est pas à craindre,
les Italiens le sèment en mai et l'enterrent à la fin de l'été ;
dans d'autres provinces, on sème en septembre pour le
retourner à la fin d'avril. D'après Pline, on semait en
septembre et on récoltait en septembre ; mais, comme
engrais vert, on l'enfouissait dès la seconde floraison,
dans les terres sablonneuses et, lors de la troisième florai-
son dans les terres argileuses. L'un des plus grands
avantages que présente cette plante, c'est qu'on peut
répandre la graine sur un terrain moissonné et parmi
les chaumes : c'est la seule culture qu'on puisse faire sans
labour et qui réussisse sur un sol couvert de feuilles, de
broussailles et de ronces ^^
Marnage. — Ce système ne fut pratiqué ni par les
Grecs", ni parles Romains, (^est une méthode de cul-
ture spéciale aux peuples de race celtique et Pline dit
fort bien : ratio quam Britannia el Gallia invenere...
quod genus vacant margam ''Al n'y a que dans la Grande-
Bretagne et en France où l'on trouve d'anciennes niar-
nières'-\ Les marnes se distinguaient par leur contexture
ressemblant à l'argile, argillacea; au tuf, tofacea; au
sable, nrenacea; ou par la couleur: alba, dont la plus
estimée était la glissomarga, son effet durait trente ans;
ru/'a, dont la meilleure se nommait aca(//iwwia;'^« et ferti-
lisait les champs pour cinquante ans. Quant à la marne
colombine, que les Gaulois nommaient eglecopala, elle
ne se délitait pas à l'air mais se clivait en minces
lamelles^''. Il est certain que toutes ces matières ne
peuvent pas être considérées comme de la marne , ces
substances, qui amendent les terres pour trente ou cin-
quante ans, étaient certainement des phosphates dont les
gisements sont assez nombreux en France^''.
XVII, 5. — 13 Ijc ai/, cuil. 3x. — i'. Virg. Geoii/. 1. si; cf. Colum. Il, 15, 4;
Geopun. XII, 4. — li /Je ai), cuil. 30 et ap. l'Iin. U. nat. XVII, 6, 5; cf. Varr,
R. rust. I, 53 et H, 2. oii il indique trois motifs pour admettre ce système ; !• en-
graisser les moutons des épis tombés ; 2" fumer la terre ; 3» broyer les chaumes sous
les pieds des botes. — 16 Cat. O. c. VI, 3. — '7 Pline semble donner une origine
historique (ff. nat. XVIII, 49), mais le texte nesl pas assez clair. — '» Muulz et
Cirard, Les engrais, 1, p. 473. — *!• .Set/etem stercorant fruf/es : lupiniim. fabu.
mcia : Cal. flc ay. cuit. 37 et ap. Plin. H. nat. XVII, 7. — 20 plin. XVIll, 3(i.
— '21 Lenr, Botanik der ait. Gr. und BOnt. p. 713. La plante que les (irecs
nomment ee^^ô;, ■aouiîT^cç, 'Agurixàptûv. Â'^unroivi est le Z. birsutus de Linné d'après
B. Langkavel {Bot. der sp. Griecben, p. 4). Cependant, Fraasa reconnu le /-. ai.-
gustifolius, L. dans le âç^tu /.oO-tva, que l'on trouve en dehors du Magne et de In
Tzaconic {Synops. flor. classic. 1843, 51). — 22 plin. H. nat. XVIll, 36 ; cf. XV, 7,
5 ; XXH. 74, 1 sq. ; XXIU, 49, t : Cat. De ag. cuil. 34, 37, 54; Varr. Oe r. rust. 1,
13. 3 et 23, 3. Colum. Il, 10. I ; Virgil. Georg. I, 75, etc. — 23 Le leucargillon
dont parle Pline {H. nat. XVII) et que les Mégariens employaient pour la culture
des concombres, ne constitue pas le marnage au sens propre ; cf. Theophr. /Je c. pi.
Il, 20, i: H. pi. Il, S, 5. —21 Plin. H. nat. XVII. 4l cf. Varr. B. rust. I, 7.
— 2j « Ou trouve encore, dans notre pays, de nombreuses excavations représenlanl
les niarnières ouvertes par les (iaulois, el l'on peul constater qu'on allait chercher
la précieuse matière jusqu'à 30 mètres de profondeur. .- F. Berthault. bicl. d'Agri-
cuit, de Barrai et Sagnier, 1889, s. v. marnage. Pline dit que les Bretons creusaient
des puits qui avaient généralement lOo pieds de profondeur (//. nat. XVll, 4, 4).
— 2fi Plin. a. nat. XVII, 4, 5. — 2' .Sur le nombre et l'importance de ces gisemenis,
cf. la communication de M. Daubrée à la Société nationale d'agriculture de France
(1889) et, depuis, La statist. de find. miner, en France publiée par le minislèi-c
des Travaux publics, où l'on peut trouver les élémcnls nécessaires pour élucitler le
texte de Pline.
116
RUS - 922
Chaii/ar/p. — Ce système nélail employé <iiie par les
l'iclons el les Êduens', probablement sur les schistes
primitifs de la Galine et du Morvan. En Italie, on ne
chaulait que la vigne et les oliviers ^
Amendemenis arénacés el argileux. — L'Espagnol
C.olumelle en avait appris les avantages chez son oncle
paternel M. Columella, qui mêlait de l'argile aux terres
sablonneuses, du sable aux sols argileux el trop com-
pactes •'. Pline qualifie ce s;ystème de dementin et il
ajoute : Quid potest sperare qui lalem colil i Ce qui
montre assez combien peu les Romains comprenaient la
pratique des amendements et les idées fausses qu'ils
avaient sur les qualités et la nature du sol.
1. AGRiaLTVRE. — Elle a pour but la production des
céréales [frumentaJ des plantes légumièrcs cultivées en
plein champ [villa rustica], et des plantes textiles.
Opérations agricoles : Labour, aralio. — C'est la
première et la plus importante de toutes. Elle consiste,
comme l'a très bien dit Virgile, à ameublir le sol.
Et oui piitre solum namque hoc itnitatnur arandoK
Pour saisir toute la portée de ce putre solum et de putris
(/leba\ il faut se souvenir que les anciens n'ensemen-
çaient guère que ces plaines el ces vallées argileuses où
se trouve le pinguis humus S qui correspond à la irieioa
yr, des Grecs; qu'après la récolte, ce sol, compacte de sa
nature, foulé par les pieds des moissonneurs, durci par
le soleil de l'été, forme une masse impénétrable que l'on
ne peut, en certains pays, entamer avec nos plus fortes
charrues traînées par cinq ou six paires de bœufs. C'est
seulement après les pluies d'hiver el les gelées qu'on
peut labourer de telles terres^ ; et il faut plusieurs façons
successives pour ameublir le sol. De là, est venu l'usage
forcé de lajachère dont les Grecs ont méconnu le principe.
Les Romains, qui n'attachaient à la jachère aucune
idée superstitieuse ou religieuse, voulurent profiter de
ces fortes averses, qui tombent parfois en été, pour
labourer leurs champs de tuf. Mais alors se présenta ce
curieux phénomène de la terre gâtée que Galon nomme
cariosa terra '^ el que Pline ne semble pas avoir connu ^;
son explication n'a fait que susciter de nombreuses hypo-
thèses. Galon dit ceci ": « N'essayez pas de labourer après
ces pluies d'été ou d'automne qui ne font que mouiller
la surface du sol. Votre terre deviendrait stérile pour
trois ans. Si vous avez carié votre champ, n'y conduisez
aucun troupeau, aucune voilure. » C'est à Adr. de Gas-
parin que l'on doit l'explication de ce phénomène qu'il a
1 l'iin. /Ai./. — aCiiluin. /Je r. rust. 11. l(i. — 3 l'iio. ff. nal. XVII, 3, iî.
— t lieorij. Il, 204 v\ apud Coluiii. Il, 2. — '■ Virg. Georg. 1, 44; cf. Aen.
VIII, 5<ir,, pulris campus; l'iopcrl. IV, 3, 39, putris tellus. — 6 Cf. Colum, Il I ;
a/jer pinguis ac putris. — '' Cf. l'iin. //. nat. XVII, 3, 3 i>l 12 : quum siccus est,
arabilem laui-is, posl imùres vili asello. — » 5 : 34 cl 37. — 9 l'Iiii. //. nal. XVII,
3, y. Si Pline avait compris la question, il n'en aurait pas parlé dans ce chapitre
du livre XVII. mais an livre XVIII, 49, après ces mois: sulco mrio ne ares. A
Dickson (/le la-ir. des anc. 1602, I, p. 394 397) a bien vn Icrreur, sans expliquer,
toutefois, ce qu'est une Icrre cariée, l'alladius rapporte le dire de Caloii avec ré-
serve ; ferlur... asseritur... {Il, 3). L'Iiypolliése que M. OIck donne comme vraisem-
blable ll'auly-Wissowa, /(. Jincyct. s. r. Aciierbau, p. 881) n'a aucun fondement.
— 10 J'ai vainement clierclié dans leqiiel de ses nombreux mémoires Ad. de Gas-
parin a décrit cette observation que l'on trouve résumée dans la Maison rustique
du .Y/.V" Jiècïc, I83>, I, p. 105. « Un labour imprudent produit un effet que l'on
désifcnc dans ce pays (la l'rovence) par l'expression de ij&ter la terre. Il consiste
dans ta sortie d'une multitude de mauvaises herbes, principalement de coquelicots
el de crucifèreE, plantes à graines oU^aginenses qui épuisent beaucoup le sol el le
couvrent pour plusieurs années de leurs semences abondantes. » — II M. F. Bcr-
tliault, professeur à Gngnon, parle d'une infénondité de trois ans : Dicl. d'ugric. de
Barrai et Saunier, I8K9, III, p. 412 h. v. Labour. Je ne sais pourquoi ni VV. Ramsay.
ni M. A.-S. Wilkins {Smilhs diction, of greell nnd rom. nntiq., ». v. igricullura).
ni M. OIck fO. c), pour ne citer que les plus récents, ne mcnliotnienl l'opinion des
«gronomis franrais el nevpliquenl In cariosa terra de Calon par la terra guasla
RUS
vu se produire en Provence'". D'après M. Berthaull, on
peuU'observer dans toutes les régions de la France".
En principe, on devait attendre le printemps ''- pour
faire le premier labour qui consiste à fendre le sol, pro-
scindere". C'était encore l'opinion de Calon, qui recom-
mandait de commencer par les terres calcaires ou sablon-
neuses et de terminer par les champs argileux'*. Mais,
par suite des changements survenus dans les méthodes
de culture el de l'aménagement en prés des sols trop
compactes, on arriva à faire le labour de défoncemenl
vers les calendes d'octobre'^ et même vers la première
moitié d'aoiit, dans les plaines humides", les terres cal-
caires, légères''' des pays oit l'on n'a pas à redouter la
prolifération des crucifères et autres plantes nuisibles".
Il fallait faire ce premier labour très profond " et ne pas
se contenter d'égratigner le sol [perstringere]^", comme
on y était contraint dans les terres pauvres et maigres,
solum exile et macrum^' .
Un homme pouvait labourer un actus, soit une dou-
zaine d'ares (12,591) dans sa journée-^; c'était l'habitude
dans le centre de l'Italie et probablement dans la Bétique,
où Columelle va prendre tous ses exemples; mais Pline,
qui connaît mieux les environs de Naples, dit qu'on pou-
vait labourer le double en un jour■-^ il est vrai qu'au
pied du Vésuve, la terre est si meuble qu'on peut faire
tirer la charrue par une vache ou un àne^'. La règle était
de tracer un sillon de 120 pieds d'une seule traite, uno
impetu juste; mais, à la tournée, on laissait les bœufs
reprendre haleine; on leur faisait boire, à chacun, un
double setier de vin'^^ el on éloignait le joug des épaules
pour éviter les plaies ^^ Le vitlicus devait surveiller si
les sillons avaient la profondeur voulue, si on n'avait pas
laissé de bans, scamnum-'' , lira-* dissimulés sous la terre
renversée par la charrue, sousl'ados, porca^^ ou tergum
de Virgile^".
Le second labour avait pour but de renverser ces ados
ou arêtes culminantes des sillons, maisplusspécialement,
de briser les grosses molles de terre, gleba, qui recou-
vraient le guérel, ?ioi''a/e". Pour cela, on le faisait trans-
versalement au premier ^^. Celle opération, que l'on dési-
gnait par le verbe offringere'^. avait lieu vers le 21 juin ;
on était forcé, dans le nouveau système, delà faire quinze
jours après le premier labour, c'est-à-dire en septembre ".
Du temps de Palladius, on se contentait d'une façon à la
main, avec la dolabra^^. C'est à ce deuxième labour que
les anciens Romains attachaient le plus d'importance, car
o arrobbiata (N. Tommaseo.-B. Beliini, Dizz. del. ling. liai. (Naples, 1869| s. v.
Oaasto. |3.) des paysans ilaliciis, la lerro gasto des Provençaux. — 12 Virg.
Georg. I. 43-4C. — 13 Varr. De r. rust. I, 29. — IV /)e ag. cuit. 131. Pline s'est
inspiré de ce passage (B. nat. XVlll, 49, 1). — 16 Colum. II, 11. — 16 Ib. 4.
— 17 Plin. O.c. XVIII, 49, 1. — 1^ C'est par crainte de ces plantes que Varron con-
seille de se conformer à l'ancienne coulumeel de faire le premier labour au printemps
(fl. rust. I, 27). — " Colum. Il, 2. Pline demande trois quarts de pied (221 milli-
mètres) -.justum est proscindi sulco dodrantali (0. c. XVIII, 49, 3). — 20 Cic. De
leg. agr. II, 25. — '-' /b. — 22 Colum. Il, 12, qui ajoute encore cette restriction, si
facilis est terra. — 23 //, nat. XVllI, 49, 3 ; mais il admet également le proscindi
semissem. —24 Varr. De r. rust. 1. 20. — 25 Colum. 11,3. — 25 /h. Ces plaies devaient
être d'autant plus fréfiueules que les bœufs étaient attelés plus court, arctissime
(Pbn. O. c. XVIII, 40, 2). - 27 Colum. II, 2; Pliu. //. na(. XVIII, 49, 2. Ces bancs
étaient plus fréquents dans les terres fouies au liqo (Colum. III, 131. — 28 /b.
II, 4. — 29 Varr. Ling. l. v. 39, qui donne le mot pour une contraction de pro-
tecta (.!.-e. terra). — W Georg. I, 97. — 3l Varr. Ling. 1. VI, 59. où ce qu'il dit
est plus exact que son explication du V, 39 ; De r. rust. 1, 29 ; cf. Virg. Georg. I.
71. _ 32 Plin. ff. nat. XVIII, 49, 5, où il dit aratione per transversum ilsrata
bien que précédemment i/b. 3) il ait écrit mo.T et obliquis subiqi débet. — 33 Varr.
/i. rust. I, 29 et 32, où il explique affrini/ere par ut franyantur glebas. — 34 Les
deux dates soûl données par Colum. 11. 4 et 11. — 35 pallad. 11. 3. Mais cette
coutume de remplacer le second labour par un travail à la main existait déjà du
temps de Virgile. Geurg. I, 93 et 94, mis en piralléle avec le labourage, 97-99
RUS
— 92n
RUS
on devait prendre garde de yàter la terre en labourant un
sol rendu humide par les orages d'été ' ; on devait bien
enterrer le fumier épandu sur le sol ; enlever les pierres,
lapides omnes egerito^; bien briser les mottes, les pulvé-
riser et rendre inutile l'opération nommée ocratio'. Et
cependant ces multiples opérations exigeaient moitié
moins de temps que le premier labour de défoncement*^.
Le troisième labour se faisait non pas comme chez les
Grecs, avant les semailles, mais après, jacto seminc'.
Cette façon que Ion nommait lirare ^ avait pour but
d'enterrer la semence, de rafl'ermir le sol et de creuser
des rigoles pour l'écoulement des eaux fluviales. On
attachait à la charrue une poutre, tabula ', sorte de
ptoutre primitive, ou des planches, tabellae^. On pouvait
se servir encore d'une claie, craten^, d'une herse (crabes
dentata}'". ou du rastrum".
Le labourage, qui fut longtemps la principale occupa-
tion des Romains, a donné un certain nombre de méta-
phores qui sont restées dans les langues romanes : arare
reî'sus^-, praevaricari'^, delirare^\ etc.
Semailles [satio). — Elles avaient lieu à des époques
différentes selon le climat, la nature du sol et le genre de
la plante. En généi-al, cependant, on semait en automne ,
^^z;
un peu plus tôt, dans les terres sèches '°; d'abord l'orge,
ensuite le blé, bien que les calendriers agricoles portent
pour novembre se;ne/i/es Iriticariae et /tordiar'^'. La cou-
tume indiquée par Varron était de commencer les semailles
au 23 septembre et de les continuer pendant les quatre-
vingt-onze jours suivants pour avoir terminé le travail
au 22 décembre''.
Dans la campagne romaine, on semait, par jugère,
4 modii de fèves: 5 de blé; 6 d'orge ou 10 d'épeautre'*,
4 de mil ou de panic, 10 de lupin ''^ On semait plus dan.s
les sols argileux, moins dans les terres calcaires ou
sablonneuses -", selon le principe de Xénophon. Les grains
destinés à l'ensemencement étaient choisis avec soin pour
I Colum. ir. 4.-2 Id. II. 11. — 3 Id. 11. 4.-4 Ib. Clin. H. nat. XVlll,
W. 3.-5 Varr. De r. rust. I, 29. —6 Ib. . Colum. II. 2; Plin. XVlll.
M, 5. — ' Ib. — 8 Varr. R. rust. I, 29. — » Plin. L. c. — lO /(,. _ il tb.
— 12 M. Bréal, Itei: des Études gr. 1890, p. Iî7. — 13 Plin. H. nul. XVlll, 49, 4.
— <» Ib. 5. — 15 Cal. De a,j. cuil. 34. — 16 C. i. l. VI. p. 637-039. — " Varr.
II. rust. I, 33. Virgile {Georg. I, 206-230) donne les dates des semailles pour le.,
difTérentes plantes : l'orge, le lin et le pavot, depuis l'équinove jusqu'aux pluie?,
de novembre ; le blé et répeautrc, au coucher des Pléiades, vers le IX^ jour des
'ralendcs d'oc:obre : les légumineuses, depuis le coucher du Bouvier Jusqu'aux
frimifS. novenilire-décenibre : la fève et la luzerne, au printemps ; le millel, au
commencement de la canicu'e. — I» Varr. B. rusl. I, 4t. — '9 Plin. U. nat. XVlll.
35. qui reproduit les données précédentes de Varron. — 20 plin. Ib. — 21 Virg.
Georg. I. I9T.Î03: plin. XVlll, 54, I. — 22 Virgil. Georg. I, 193-190. — 23 (Vr
ret. Us Catacombes de Rome. V. pi. m. —24 plin. H. nat. XVlll, 49, 5; Virg.
Georg. I, 95. — 2i Colum. II. 1. — 26 Virgil. Georg. 1, t03; Cic. Senect. 13 ; Clin.
éviter la dégénérescence de la race'-'. On leur faisailméme
subir certaines préparations -- dans le but de prévenir
l'apparition et le développement des champignons para-
sites, carie, charbon, ergot, etc.
Les Romains, comme les Grecs, semaient à la volée
(fig. 5978) '-\
Hersage {occntio). — Cette opération que l'on faisait
avec la claie d'osier, crates viminea. la herse à dent
de fer, crates dentata, avait lieu à deux époques dis-
tinctes : 1° après le second labour, quand il restait de
grosses mottes^' ; parfois même, sur les sols nalurelle-
ment meubles, elle remplaçait ce deuxième labour-';
2° après les semailles, quand on ne pouvait labourer,
lirare-^. .\ défaut de herse, les petits cultivateurs em-
ployaient la dolabra-'' ou le rastrum à plusieurs dents-'.
Binage {sarritio, saritio, sartio). — Cette opération
que les Italiens nomment sarchiatura est, à proprement
parler, le binage de nos agronomes-'. Columelle recom-
mande de le faire quand le blé n'a encore que quatre ou
cinq feuilles"* et les calendriers l'indiquent parmi les
opérations à effectuer en février ■'. Le binage a pour but
d'ameublir le sol, de détruire les mauvaises herbes,
(i'éclaircir les semis trop drus '-, de rechausser les céréales
pour leur permettre de mieux laller. Pline conseille de
biner deux fois le blé, l'orge, l'épeautre et les fèves ".C'est
également l'avis de Columelle qui compte un jour par
jugère, soit deux jours pour les deux façons ^•. Cepen-
dant, Varron prétend que cette opération était très
discutée par les agronomes '■'.
Sarclage [runcatio]. — Cette façon qui se donnait au
mois de mai'*, quand le blé est sur le point de montrer
ses tuyaux et ses épis'', avait pour but d'arracher toutes
li^s plantes parasites dont les plus importantes sont énu-
mérées par Virgile'*. On l'exécutai là la main, mais, quand
les champs étaient infestés de chardons, de ronces ou de
plantes acaules, on employait les .\rcull'm ou le runco".
Mois-fon {messio). — D'après les deux calendriers agri-
coles trouvés dans l'Italie centrale, la moisson de l'orge
et des fèves avait lieu en juillet et celle du blé et de
l'épeautre en août". Le jour précis variait avec l'état de
l'atmosphère et les conditions météorologiques du pré-
cédent mois. Columelle recommande bien, lorsque le
moment est arrivé, de ne pas remettre l'opération au
lendemain*' ; on verrait alors les épis s'entr 'ouvrir et les
grains tomber à terre.
D'après Varron, les Romains moissonnaient le blé à
mi-hauteur, comme les Grecs. Ce procédé n'est peut-être
indiqué que pour donner une étymologieà me.s.-:is : a guo
medio messem dictant puln^'. En général, comme le mon-
trent divers monuments de l'époque impériale •', on
coupait, .stringere^^, les épis aussi hautque possible pour
XVlll, 49, 3. — 27 Pallad. Il, i. — s» Virg. Ueorg. I, ')i; Plnl. XVlll, i<i. 5.
— 29 G. Heuié, Les plant, alim. I, p. 203. —3I>R, rust. I, 9; Plin. XVIII, 05. 4.
— ^1 C. i. l. VI, p. 637 et 638. — ^2 Luxuriem segetum tenera depascit in herha;
Virg. Georg. I. 112. — 3î U. nat. XVIII, I, où il emploie la forme sarcalatiu que
Ton trouve également dans Palladius, III, 24. —^Der. rust. Il, 2. — 35 Varr. De r.
rust. II, 12. — 36 r. i. l. \1, p. 637 cl 638. — 37 Qaum seges in articula est : l'Un.
XVlll, 30, 1. — 3« Georg. I, 152-134. - 39 Pallad. I. 43.4; cf. Isid. Origin. XX,
H, 5. _ 40 C. i. /. VI, p. 037 cl 639. — »1 R. rust. II, 21, cf. Plin. XVIII, 72, 2 :
Oraculum vero biduo celerius messein facere potius quant biduo serius. — 42 Oe
y. rust. I, 50. — 45 C'est ainsi que moissonnent des soldats représentés sur la
colonne Trajane ; l'rœhner, Col Trnj. pi. clxu ; cf. (fig. 2863, ; Bottari, ^cult. e pil-
ture sagre, I ; Vign. du titre, et dans des peintures ; Bottari, O. c. pi. xi.vin ;
Anth. Kich. nid. des Antiq. rom. 1861. s. v. Messor et Hanipulus ; llarrucci,
Stor. d. arte crist. Pilture, pi. Jtxi. — 44 Virg. Georg. I, 317. Catou emploie la
même expression pour cnfillir des olives ; César, pour les feuilles des arbres.
KUS
— tl24 —
nus
ménager la paille, éviter qu'elle ne soil brisée sur Taire
el rendue impropre aux divers usages auxquels l'em-
ployaient les Latins. Sur d'autres monuments et quelque-
lois sur les mêmes, on les voit eoupés à mi-hauteur ou
plus près de terre et mis en gerbes (fig. 5979, 5980). Ordi-
nairement on jetait les épis dans une corbeille, corbis ' et
on les portait sur l'aire. En somme, les Romains moisson-
naient les céréales exactement comme nous vendangeons .
Ce n'est qu'après la cueillette des épis, qu'on fauchait
ou qu'on sapait la paille, on la javelait, puis on la botte-
lait, in manipulos co/lir/are-, pour la conserver en
meule, acervus, ou en grenier. Dans la précédente figure,
ce sont des liges avec leurs épis qui sont ainsi rassem-
Fig. 5980. — M.
blées. Sur un sarcophage ^ les moissonneurs, armés de
faucilles à manche, saisissent à pleine main des gerbes
déjà étêlées par les coupeurs.
C'était également la méthode employée dans le Pice-
num, mais au lieu d'employer la faucille, on se servait
d'un instrument spécial décrit par Varron*. Le pro-
cédé ombrien était tout opposé : on commençait par
couper le blé rez terre, puis on détachait les épis de la
paille et on les transportait sur l'aire dans une corbeille \
lin Gaule, on se servait d'une moissonneuse portée sur
deux roues ^ ; ailleurs, on coupait les épis avec une
paire de ciseaux, inter duas mergites''. La diversité des
méthodes ne provenait pas seulement des coutumes
locales, mais aussi, au dire de Pline, de l'étendue des
domaines et de la cherté de la main-d'œuvre*.
Battage et dépiquage [trituratio) . — Les Romains
^ Bollari, itoma ioterr. \, 11; Bosio, Roma sotterranea. p. 139; tiarruccr,
O. t. Sarcofagi, pi. cccisii. — i Plin. H. nal. XVIII, Ti, 3 pour le botlelage du
chaume, si la paille manque. — 3 Arch. Zeitunij, iS61, pi. cxlïui, p. U5 : Car-
rucci. Miueo Laleran. pi. .«sri, 1, p. 53. — l /(. rust. 1, 50. - ■> Jb. — ^ Plin.
XVIII, 72, I. — 1 y*. — 5 Ib. 3. — a Varr. H. rust. I, 51, 2. — <0 Colum. 11,
îl. - Il Plin. XVIII, 72, 2, alibi [messis) perticis flayMatur. — 12 Ue ag. cuil.
129. — 13 Georg. I. 178-186. — 'i Varr. JJe r. rusl. I, 50. Coluraellc paile égale-
menl de faire DeUoycr le graiu sous un hangar, s'il pleut (II, 21). — ij Colum.
11. 21- — "* l*lin. XVIII, +4, 4. — l"! Ib. 5t. Kn France, pour se débarrasser de
la moutarde des champs (S. ai-vtiiiais, 1^.», on a recours à un travail spécial qui
revient à 12 ou 15 francs par hectaïc (G. Hcu/é. O. c. 1, p. 220). — •» Plin.
avaient plusieurs procédés pour faire sortir le grain des
épis : 1° Le dépiquage ou foulage employé par les Grecs.
2° Le battage avec des traîneaux ^traha, tribulum].3° Le
battage avec des rouleaux garnis de dents saillantes et
fixés dans le cadre d'un traîneau. Ce cadre était traîné
par deux bœufs que conduisait un homme assis à égale
distance du cylindre d'avant et du cylindre d'arrière'.
Cet appareil, que l'on trouve encore en usage dans le
Liban, se nommait plosielh/m punicutn. i" Le battage
au fléau, cum baculis '°. perticis'^; c'est la. /lagellatio.
Tous ces procédés s'exécutaient au dehors, et non dans
des granges. On battait les grains sur des aires dont le
mode de construction est indiqué, en détail, parCaton'^
et par Virgile". Dans la A'allée piémontaise du Tanaro,
les aires étaient couvertes d'une toiture ".
Nettoyage du grain, vantage{ventilatio\. — Ce moyen
était le plus habituel et il ne semble pas avoir difTéré de
celui que nous avons vu employer par les Grecs; en Ita-
lie, il fallait attendre que le Favonius soufllàt doucement.
Si l'air se maintenait au calme pendant plusieurs jours,
on devait présager une tempête qui perdrait la récolte,
et on nettoyait le grain par le vannage'" [vannus].
Maladies des céréales et plantes nuisibles. — La ma-
ladie que les Romains, comme les Grecs, redoutaient le
plus, est la rouille, rubigo"^. Pour en préserver leurs
céréales, on célébrait la fête des robigalia.
A propos de la cariosa terra de Caton et de Columelle,
nous avons vu qu'un labour intempestif pouvait faire
germer un grand nombre de crucifères qui épuisent le
sol. La plus commune et la plus redoutable est la mou-
tarde {sinapis alba, L.), senape bianca, « dont il est
difficile de délivrer le sol parce que la graine qui tombe
germe aussittjt'" ». Une autre plante qui, parfois, peut
devenir très nuisible, est le coquelicot, papaver erra-
ticum de Pline'*. Quand la température est chaude et
humide, il prend un tel développement qu'il étouffe les
blés d'automne et qu'on ne peut s'en débarrasser même
par des sarclages spéciaux qu'on nomme dans la Pouille
spapaverare ou spapernare. Le coquelicot est représenté
dans les peintures de Pompéi ", ainsi qu'une autre plante
nuisible, la coquelourde -" (agroslemnia githago, L.),
gottone, qui est de la même famille que la lychnis [A.
coronaria, L.) que Pline nomme fleur de Jupiter^'.
Rotations. — Dans l'agriculture grecque, les champs
restaient en jachère pendant plus d'un an, quinze ou
seize mois. Les Romains essayèrent de supprimer cette
cause de diminution de revenus et de faire alterner la
culture des céréales avec celle d'autres plantes qu'ils
considéraient comme moins épuisantes'^-. La terre qu'on
laissait, « se reposer par le seul changement de produc-
tion-' », se nommait rcstibilis"'. Virgile donne plusieurs
exemples de mutations -' : alterner le blé avec des plantes
légumières ou celles-ci avec le lin, l'avoine-" ou le pavot.
Pline'", après Columelle ^*, indique trois autres rota-
\X, 19. — 19 N" 12, 13, U et 15 de la salle I au Musée nat. de Naples. — 2I> Sur
une mosaïque de la maison du Faune an Musée de Naples. — 2t Plin. S. nat. XXI,
39, I. — 22 Varr. Ji. rusl. 1, W. — S'' Virgil. Georg. I, 82. — 2k Varr. De ling.
lai. V, 39. — 25 Virgil. Georg. 1, 71 8V. — 26 Ce passage de Virgile monlie que
c'est à tort qu'on a prétendu que l'on ne cultivait pas l'avoine {A. saliva, L.) en
Italie, tout au moins dans la Gaule Cisalpine et les environs de .Mantoue, alors
(|u'on la retrouve chez les Lacustres suisses du bronze (Heer, Pflatiz. (1er Pfahlb.
p. fi, lig. 211. La remarque de Pline, XVIII, 41, I, prouve seulement que les
Honiains n'en mangeaient pas; cf. Galen. De ahm. fac. 1, 14, p. 522, éd. Kuliii
" L'avoine sert d'aliment aux animaux cl non .-lux hommes. >■ — 2" //, nal.
XVI 11. 52. — 28 Oe r. rust. II.
RUS
— !)2."
RUS
lions pour les terres meubles, argileuses ou légères.
Culture des céréales [fruiMENTa].
Légumineuses i villa rustica].
Plantes textiles : 1° Lin [linum]. — 2° Chanvre,
cannabis '. — En Italie, on cultivait le chanvre aux
environs de Rosea-. dans le pays des Sabins. On semait
au printemps, quand le Favonius commençait à souf-
fler. On récoltait la graine à Téquinoxe de septembre,
et on arrachait la plante après les vendanges. Plus la
plante était semée drue, plus la tige était fine et haute.
Le chanvre de Rosea avait la grandeur d'un arbre, mais
ce pays, très humide, passait, bien qu'on n'y culti-
vât point les céréales, pour être d'une merveilleuse fer-
tilité depuis que César Vopiscus, plaidant sa cause de-
vant les censeurs, avait dit qu'en une nuit l'herbe y
croissait de l'épaisseur d'une perche ^
H. Arboricllti're. — Théophraste connaît tous les
arbres fruitiers de l'antiquité ; mais nous ne voyons les
(irecs, à aucune époque de leur histoire ', chercher à
acclimater, dans leur pays, les arbres qu'ils avaient pu
voir en Asie, bien que les Perses leur eussent, maintes
fois, montré le moyen de cultiver de nouvelles plantes ^
Les Romains, au contraire, étaient avides de nouveautés,
et c'est à eux que l'on doit la connaissance et l'introduc-
tion, dans notre Occident, de beaucoup d'arbres asiati-
ques ou africains. On sait le prix fabuleux que l'on
donnait à Rome, sous la République, pour avoir des
arbres rares '^, et le revenu considérable que l'on tirait
parfois de l'arboriculture''.
Principaux arbres cultivés : i° La vit/ne, dont la cul-
ture est mise au premier degré de l'échelle des revenus
par Caton * [vinum].
2° L'olivier, qu'il place au quatrième rang [olelmj.
3" Le figuier ; c'était l'arbre sacré des Romains, comme
l'olivier était celui des Athéniens. Déjà du temps de
Caton, on cultivait, dans l'Italie centrale', au moins six
races ou variétés de figuier. Les marisques, mariscae,
que l'on plantait dans les terrains crayeux ou découverts;
les figues d'hiver, les lélanes noires à long pédicule, les
africaines, les herculanées et lessagontines que l'on cul-
tivait dans une terre argileuse et fumée '". A l'époque de
Pline, les variétés s'étaient considérablement multipliées,
car beaucoup de personnes étaient désireuses de donner
leur nom à des races nouvelles ". Mais les caractères de
ces variétés sont si minimes qu'il est difficile de les
différencier sur les figues sèches trouvées à Pompéi'-
ou sur les peintures qui représentent ces fruits ".
4° Pommier [cibaria, p. 1151]. — Sa culture parait très
ancienne en Italie. M. Sordelli " a trouvé dans les pala-
fittes du lac de Lagozza, et M. Ragazzoni dans le dépôt de
Bardello (N.-O. du lac Varèse), des pommes qui semblent
plus grosses que celles qu'on trouve dans les dépôts
1 Varr. De r. rusl. I, i3 ; Coliim. Il, 10, \i, 21. — 2 P|in. XI.V, .M. — 3 Cal.
De aij. cuit. 7 ; Flin. XVIl, 3, 7. — 4 Ch. Jorct a étudié les planlea que fil cou-
naltre, à la Grèce, l'expédition d'Alexandre {Journal des savants. 1904), mais ou
ne trouve nulle pari le résultat pratifiue de ces connaissances nouvelles, $i ce n'est
l'introduction d'un citronnier dans l'Altique. — '■> Cf. /iutl. cor. hel. XIII, p. 52'.»
si|. Inscription de Magnésie du Méandre donnant le texte d'une lettre de Daruis ;
et. Xenoph. Oecon. IV; Polyb, X, 28. — 6 p|in. H. nat. XVII, I. _ 7 II y avait,
dans la banlieue de Rome, des arbres (jui donnaient un revenu annuel de 2 000 ses-
lopces (Plin. L. c). — •* /M ag. cuit. 17. — '-' Tout ce qu'écrit Caton se rapporte
spécialement aux environs de Rome comme l'a démontré ÎVitzch {2eitsch. f. <l .
Allerthumwiss. III, 1845, p. 493). — 10 Cat. Ile ag. cuit. 8. — " Sunt et auctorum
nomina Us, Liviae, Pompeiae; Plin. XV, 19, Ib. 13. — 12 Or. Comes, Illustra:,
dette plante rapprcsent. nei dipinti Pompe:. Naples, 1879, p. 3o. — ^-^ Pitt. lii
Ereolano e cent. Naples, 1757, I, pi. xi, xxii, .xxxviii, XLvn'; II, pi. x\v ; V, pi.
lacustres de la Suisse''. On les conservait entières ou
coupées en tranches longitudinales que l'on faisait sé-
cher pour l'hiver. Du temps de Caton "■', ces fruits étaient
conservés dans des tonneaux, in doliis. Le pommier, se
greffant facilement ou recevant, comme sujet, la greffe
d'un autre arbre '\ on voit le grand nombre de variétés
que l'on a pu obtenir en cultivant sur des terrains diffé-
rents ces petites pommes sauvages qui existaient encore
en Italie à l'époque de Pline ".
5" Poirier [cibaria, p. ilol^i. — Nos agronomes con-
seillent aux jardiniers de se borner, commercialement, à
la culture d'une dizaine de races de poiriers pour avoir
des fruits à vendre depuis le mois de juillet jusqu'en mai
et de laisser aux amateurs le soin de collectionner les
trop nombreuses variétés qui existent". Il en était de
même à Rome où la passion de la pomologie faisait
essayer toutes les créations que l'on peut obtenir par les
semis ou la greffe-". Une peinture de la maison de Mars
et Vénus, à Pompéi -', représente des rameaux de poirier
avec les feuilles et les fruits ; une autre peinture, dans le
triclinium de la maison de Siricus ou Salve Lucrutn,
représente des poires-- comparables à celles d'une
mosaïque trouvée dans la maison du Faune ".
6° Cognassier [cibaria, p. 1151]. — Cultivé tant pour ses
fruits que comme porte-greffe du poirier et du pommier^' .
On plantait tous ces arbres à pépins, non seulement
dans des vergers, mais aussi dans les champs emblavés '^^
comme on le fait encore dans le système campanien que
l'on peut observer entre Gaëte et Sorrente.
Les arbres fruitiers à noyau, nuclei, étaient cultivés
dans les vergers ou les prés; ils appartiennent, presque
tous, à la tribu des prunées et forment les nombreuses
races ou_ variétés des pruniers, pêchers, abricotiers,
amandiers, cerisiers, etc. [cibaria, p. 1132].
Multiplication et reproduction. — Virgile divise les
modes de reproduction en deux classes : 1° modes natu-
rels, hos natura modos primum dedit'^'' ; 2° modes arti-
ficiels, quos ipse via repperit usus ■'.
l°Les premiers sont subdivisés en trois : a. semis, sponle
.<«a^*, c'est le moyen dont on se contentait pour l'osier,
le genêt, le peuplier, le saule, etc. -'' ; b. semis àla volée,
ou plutôt, en lignes, posito de semine^" (châtaigniers,
chênes, etc. ''); c. dvs.^eons, pullulai ab radice'-, moyen
de reproduction de l'orme, du cerisier, du laurier ^^
2° Les modes artificiels se subdivisent également en
trois : a. boutures simples, prises sur des rameaux
d'antan '^ et boutures en plancon, formées de rameaux
plus forts dont l'extrémité mise en terre est aiguisée ou
fendue en quatre''^; b. marcottes'" par provignage pour
la vigne, et couchage pour les autres végétaux ; c. greffes,
ou boutures que l'on plante, non plus dans la terre, mais
sur des plantes vivantes. Virgile n'indique que deux pro-
IX ; VII, pi. XXI, auxquelles on doit ajouter les représentations plus récentes : Casa
di Sirico (Itay. VII, Is. 12, Via XI. n° 47); Casa del gallo (n« 10, lab. I, Alt.).
— fi Suite plante délia staz. delta Laggozza, p. 33; cf. Notiz. sulla staz.
d. Lagozza, 18S0. — I» Heer, Die P/lanz. der Pfahtbaut. Znrirh, 1803, p. 2i,
lïg. 1.7. — 16 De ag. cuil. 143; cf. 7. — n .. Appius, de la famille Claudia, ayant
greffé le cognassier sur le pommier de Scandius, le fruit qui en résulte porte le
nom dappien. « (Plin. H. nat. XV, 13, I, Irad. Littré.) — 1» L. c. 3. Le malttm
de Virgile {Bue. III, ti+) est la pomme vulgaire, comme le dit fort bien Bubani
(Flor. Virgil. p. 77). - 19 P. de M. quarante poires, p. 7. - 20 plin. XV, 16 et
17; Virgil. Georg. II, 88. — 21 0. Comes, O. c. p. 03. — 82 /*. — 23 put. di
Ercol. I, pi. xin. — 2'> Plin. XV, 18, 2. — K Cat. De ag. cuit. 37 : Nuclcos in
segetem ne indideris. — i^ Georg. II, 20. — 27 Ib. 22. — 2» yt. 1 1, — 29 Ib. 10-13.
— 30 Ib. 14. — 31 Ib. 13. — 3'2 Ib. Iti. — 33 Ib. 17. - '"' Ib. 18 et 23. — 3i; Ib.
24 et 23. — W Ib. '20 et 27.
RrS - 926 —
cédés : la greffe par œil, oculos iinponere ' el la greffe par
rameaux, mser^rp - . Caton ' fournit déjà un grand nom-
bre de renseignements techniques el précis sur les diffé-
rentes gretres : l'un de ses procédés a même été remis en
honneur par M . Cazalis-AUul, eta permis, ausiècle dernier,
de conserver notre vieille race des muscats de Frontignan.
La reproduction des arbres avait lieu dans des pépi-
nières, seminariuiii \ planturium '\ entourées d'une
bonne clôture, bêchées au hipaUum, épierréesavec soin,
souvent sarclées. Les jeunes plants étaient espacés d'un
pied et demi en tous sens ^ et on les protégeait contre les
rayons solaires par des paillassons ou des claies de
figuier placés à hauteur d'homme'.
La transplantation avait lieu au printemps * ; avant de
déplanter, on poussait le soin jusqu'à marquer, sur
récorce du sujet, le côté exposé au nord pour que la
plante fût remise dans la même orientation'.
La profondeur, fastigium, des trous de plantation,
scrobis, variait avec la nature et la force de l'arbre ; mais
quelle que fût la plante, on recouvrait les racines de
fumier, on jetait de la terre, et on formait la couche
superficielle avec des coquilles ou des pierres spongieuses
pour empêcher l'argile de se, durcir au soleil '".
ML ZooTECUNiE. — On a prétendu que « l'ère historique
en Italie, ne connaît plus les peuples pasteurs " ». L'asser-
tion est probable au sujet des Étrusques, mais elle reste
hypothétique pour les colonies grecques, qui inventèrent
la poésie bucolique. Quant aux peuples italiotes, il est
certain que la plupart d'entre eux ont continué jusqu'à
nos jours à ne vivre que de l'industrie pastorale. Tous
les automnes, de grands troupeaux de bœufs descendent
de la Sabine pour passer l'hiver dans la campagne
romaine; d'immenses troupeaux de bœufs elde moutons
transhument des .Vpennins et vont hiverner sur ces
plateaux argileux qu'on nomme tapolierc du Capitanate.
Fr. Lenormant parle de troupeaux, punta, qui comptent
généralement dix mille tètes et il rappelle qu'à la fin
du xvi'' siècle, plus de quatre millions de bètes à laine
venaient ainsi, chaque hiver, dans la plaine de Foggia '-.
Cette coutume est antérieure aux Espagnols, aux
Normands et aux Byzantins. Vouloir la supprimer,
comme l'essayèrent les Français au commencement du
siècle dernier, ce serait ruiner tous les habitants de r.\pen-
nin, des .\bruzzes, région où la culture des céréales est
impossible, où la neige séjourne six mois de l'année, où
l'on n'a d'autre ressource que les châtaignes et l'industrie
pastorale qui y est fort prospère en été. Les Romains ont
toléré cette transhumance et l'ont réglementée par une
loi des censeurs, lerie reiisoria'^. Mais elle est plus
nus
. _ 3 /Jn n,/,: cuti iO el a. — ' Cal. De ay.
5 Plin. a. nat. XV, I, i. - « Cal. De ag.
Ueorg. Il, 3l3-3ii. — 1 Ib. II, iS'J-
Uist. rom. 1863, I, p. iW. — 12 Fr.
I Virg. Georg. Il, 74-70. — î lli. 7
cuit. 46; Varr. De ling. lat. V, 37
cuU. 46. - 7 II,. 48. — s Vu
i7I. — II) Ib. 346-334. — " Moi
Lenornianl. A travers l'Apulie et la Lucunie, 1883, I, p. 17-33. — '3 Varr. De r.
rust. Il, I. i|iii donne de iionibreut détails; cr. Horal. Epod. I, ^7 et âS. Ce
n'est donc pas, comme on l'a dit. Alfoiise d'Aragon qui >< transplanta ainsi
lie la Sierra Nevada dans les plaines de l'.^pulic, la niesta espagnole avec
tous ses inconvénients politiques, économiques et morani <■. A.-J. du Pays.
/linéraire de l liai, et de ta .Sicile. ISli'J, II, p. 3ti7. — H f/ist. des nom. I. page
xciv de l'iutroduct. — '•'■' Tli. Mommsen reconnaît que les « bandes samnites
laisseul subsister les villes grec(|ucs >-. (Hist. rom. Il, p. 148 de l'édit.
franc.). — 16 Sur la route de Capoue à Rcggio, il y avait un ager ptibticus
que le consul P. Popillius lit céder par les pasteurs aux agriculteurs ; C. i. t.
X, 1, n» *)îi50 : Eidemquc primas fecei ut de agro poptico aratoritius cédèrent
pnstores. Il est probable que la plaine de Mantoue (Virgil. Georg. Il, 198|
était une value pâture avant d'être mise en culture par les soldats des trium-
virs. IVesl du moins ce qui semble ressortir de tout le passage (195-âOâ),
des (i^^on/uiHes el delà première églogne : errare boves (10); pascite, ut ante
ancienne que celte loi romaine et remonte à l'indépen-
dance des Samnites. V. Duruy a même reconnu que ce
fut, pour ceux-ci, « une cause de guerres continuelles
avec les peuples voisins'' >>. Toutes les invasions sam-
nites en Campanie, dans la Lucanie el la plaine de Ta-
rente, n'ont d'autres motifs que la nécessité de mettre les
troupeaux à l'abri des froids de l'hiver ' ', el il est probable
que ce furent les Romains qui, ménageant les intérêts
opposés des agriculteurs el des pasteurs, canalisèrent cet
exode annuel vers les plaines dépeuplées de l'Apulie et
la campagne de Diomôde'^ On y envoyait même les
troupeaux de Reale'", ce qui avait été impossible avant
la conquête du Samnium par les Romains, le parcours
ne pouvant exister que dans les limites d'un même État '".
.\vant le traité de "290, les Sabins de Reale et les villes
voisines ne pouvaient conduire leurs bestiaux que dans
le Lalium. Fatalement, cette « large plaine » eut à
subir de la part des Sabins les mêmes vicissitudes que
les Samnites faisaient éprouver aux plaines de Campanie
et de Tarente. Cet état " dura jusqu'au jour où les pâtres
de Romulus s'installèrent définitivement sur le Palatin.
On a prétendu que ces bergers se transformèrent du jour
au lendemain en laboureurs et, comme les bina jugera
sont insuffisants pour la culture des céréales, on a émis
l'hypothèse d'un communisme agricole pratiqué dans
Vager publicus-'^. Par détinition même, un terrain de
vaine pâture, agev publiais, ne peut être cultivé. Dans
tous les pays où existent encore le parcours el la vaine
pâture , les propriétaires qui veulent cultiver doivent
enclore avec soin leurs champs '-'.
Ce n'est qu'à partir du règne de Numa qu'on com-
mence à trouver les premiers indices d'une culture des
céréales, mais les Latins cherchèrent toujours à tirer
profit de la nécessité où se trouvaient les Sabins de
recourir au parcours et de faire hiverner leurs bestiaux
dans la plaine. C'est pour cela qu'on transforma les
moins bonnes terres du Lalium en prés ou prairies.
Caton nous a conservé un modèle de location de prairie
pour riiiver, des calendes de septembre aux calendes de
mars'-. Le profit était bon; on augmenta les pâturages
et quand la petite propriété rurale fit place aux latifun-
dia, la campagne romaine reprit cet aspect si spécial que
nous lui voyons aujourd'hui et qu'elle avait conservé, au
moins, jusqu'au règne de Numa.
Troupeaux. — Les Latins distinguaient : ["Vannentutii
formé d'animaux destinés à aider l'homme dans ses tra-
vaux : bœuf, mule, cheval, àne-^; 2° le grex, composé
d'animaux dont on tire un revenu comme le lait, la laine,
la viande : brebis, chèvre, porc -'.
tïoves, pueri; sufjmittite lauros (40), etc. — ^t Varr. De r. rust. II, t. — *8 C'est
pour cela que la transhumance n'existe point en Grèce Jusqu'à l'uniftcalion dn pa\s
par les Romains. Avant la cession de la Thessalie au royaume de Grèce, les bergers
de l'OUmpe venaient hiverner dans les plaines de Bitbynie ; maintenant, il n'y a
plus que les pâtres albanais ou macédoniens ([ui puissent faire ce p,ircours .
— 19 C'est ce que montrent les anciens mythes de Saturne, le " bon semeur .., di-
Cacus, de Géryon, etc. L'histoire des colonies primitives du Latium ressemble trop
à celles des premières colonies d'.Apulie, pour que tous ces récils soient purement
légendaires. — 2» Mommsen, //. rom. Paris, 1803, I, p. Î30 el Ï51, cf. p. 50, !I5, elc.
Voir également PuchU, Cursus der Institut. 1893, I, 540; B. BiichscuschtCz,
Bemerk. ul.. die rôm. Voticswirtscli. der Kônigszeit, 1880. p. 11 qui oui adopté
cette hypothèse. — 21 H est impossible de retracer ici l'histoire des clôtures et de la
vaine piture dans tous les pays qui formèrent jadis l'Empire romain , mais, pour
les anciennes coutumes et la législation française, on trouvera un résumé sufltsaut
dans Belèie, Dielionn. de ta vie pratique, s. v. Parcours. — 22 De ag.
cuit. 149. — -3 Coluni. VI, pr. qui ajoute que tous les bestiaux qui forment l'ar-
mentum sont appelés y^men/a, de Junare aider, ou armenta, de arare, labourer.
— 2t Le porc est rangé dans celle catégorie non pour sa viande, mais pour le
revenu des codions de lait.
RUS
927 —
RUS
Bœuf [bos). — 11 esl possible que la race des bœufs à
longues cornes, que l'on voit dans la campagne romaine,
provienne des bœufs d'Épire dont parle Arislole'. En tout
cas, elle diflëre complètement des taureaux et, des vaclies
représentés sur les monuments dans lesquels on peulrecon-
naître des types italiens, notamment les lingots servant
de monnaie marqués à l'empreinte du bœuf [as, fig. 546j
ou les scènes de sacrifice [voir lig. 2474, 2488, 4692, 4872j,
sacrificium]^. Columelle compte quatre races bovines en
Italie : 1° la campanienne, pelage blanc, taille petite.
peu de force : 2° ["ombrienne, pelage blanc, parfois rouge,
grande taille; 3° Vétrusque, animaux massifs et forts:
4° Vapennine, moins belle que les précédentes, mais plus
forte et plus rustique. Toutes ces races étaient si peu
laitières qu'on faisait venir des vaches des Alpes, des
cevae pour allaiter les jeunes veaux italiens". Quand on
n'avait point cette ressource, on donnait aux petits un
supplément de nourriture composé de fèves broyées et
surtout de vin, mais il était de règle de les laisser téter
pendant un an pour qu'ils devinssent plus forts*. On
comprend que ces vaches italiennes fussent incapables
d'allaiter leurs petits pendant douze mois, puisqu'elles
devaient vêler chaque année. Elles mettaient bas au prin-
temps et on les accouplait à nouveau, au mois de juillet".
C'est qu'en Italie, comme en Grèce, les bœufs ne sont
pas, à proprement parler, des animaux de boucherie, mais
des bêles de trait, et Virgile compare toujours l'élevage
de ces animaux à celui des chevaux".
Quand toutes les vaches du troupeau avaient vêlé, on
triait les jeunes et on en faisait trois lots' : 1° les ani-
maux destinés à repeupler le troupeau, pecorisubinittere
habendo) ; 2° les victir/ies des sacrifices [ar'is servare
sacros), ou les prémices: 3° les bœufs de travail (scindere
terrain), dont la vente constituait le principal revenu des
éleveurs. Les veaux, ainsi classés, étaient marqués de
signes spéciaux au fer rouge *. A un an, les veaux
cessaient d'être subrumi^, c'est-à-dire de téter; c'est
alors que, dans certains pays, on les châtrait; il semble
cependant qu'en Italie, on ait attendu qu'ils eussent
acquis plus de force et qu'on ne faisait subir cette opéra-
tion qu'aux bovillons de deux ans'"; c'est alors qu'on
commençait à les dresser à la charrue", afin de pouvoir
les vendre à quatre ans. C'est à cet âge que les cultiva-
teurs les achetaient pour les faire travailler. Ces bœufs
de trait étaient tenus à l'etable et on les nourrissait
comme Caton l'indique en détail '^
Mouton [ovis). — On élevait les moulons pour leur
laine [lana] (si tibi Innitium curae... ").
Les races de choix étaient donc celles qui avaient la
toison la plus blanche et la plus fournie. Les moutons
devaient avoir de la laine autour du cou, sur la tête
jusqu'au nez et, surtout, sous le ventre'-. Toute brebis,
ventre glabre, était appelée apica'° et rejetée du trou-
i Uiat. anim. 111, I'); cf. Aeliao. H. an. XII, 2; Plin. H. nul. VIII, 09,
— 2 Cf. s. Reinadi, fiépert. de la statuaire, 1, p. 108 sq. Il, p. 730 sq ; III,
p. 214. sq. — J Colum. VI, 21; Virgil. Geori/. III, 176-177. — * Coliim. VI,
2V. — & Columelle admet cependant que si les pâturages sont peu abondants,
la vache ne doit vêler que de deux ans luu. — 0 Georg. III, 49-209. — 7 Vir-
gil. Georg. 111. 137-161. — 8 Virgil. Geori/. 1, 263; 111,158. — 9 Varr. J)e
r. riut. Il, 1. — 10 Colum. VI, 26. — n Virgil. Georr/. 111, 163. — 12 De
€Ui. cuil. 60. — 13 Virg. Georg. 111, .384. Le parallèle entre la brebis et
la chèvre se continue et le vers 394 commence par : At eut lactis amor qui
concerne les chèvres, puisqu'il est question nnn des afini mais des haedi au
vers 398. — 14 Varr. De r. rusl . II, 2. — lï Festus ap. l'aiil Diac. s. v.: <f.
Plin. B. nat. Vlll. 73. — lo Virgil. Geor,,. 111, 387-390. — i^ Varr. De > . rust. 11,
peau ; preuve qu'on estimait plus la quantité de la laine
que sa qualité. On rejetait également les béliers -qui
avaient des taches noires dans la bouche, à la voûte pala-
tine, parce qu'on craignait que leurs agneaux n'eussent
la laine noire ou bigarrée". C'est encore pour mieux
ménager la toison et la préserver de toute souillure qu'on
changeait si souvent la litière des bergeries'^ et qu'on
menait paître les moulons dans des endroits où il n'y
avait ni ronces, ni épines '*.
On a vu précédemment le système suivi par les pas-
teurs pour l'élevage du mouton. Les agriculteurs, au
contraire, gardaient les moutons dans la ferme et les
nourrissaient toute l'année, soit à l'élable, stabu/uin, soit
aux champs, où on les parquait après la moisson". C'est
le même système que nous suivons dans la Brie.
Chèvre icapra). — Les Italiens élevaient des chèvres
pour avoir du lait [lac]. Les troupeaux devaient donc
rester près des villes où le berger allait, dès l'aurore,
vendre la traite de la veille au soir^". Columelle recom-
mande de n'avoir que cent chè^Tes là où on pourrait
élever commodément mille moutons-'; les étables, sta-
bula, devaient être tenues avec le plus grand soin ; on les
balayait chaque matin; on enlevait les déjections, la
boue et tout ce qui pouvait y entretenir l'humidité. Les
chevriers étaient choisis parmi les bergers les plus
robustes et les plus actifs--, contrairement à ce que l'on
faisait dans les pays grecs.
On s'arrangeait pour faire naître les chevreaux au prin-
temps « quand les taillis se couvrent de bourgeons et les
bois d'un tendre feuillage" >>. De deux chevreaux, on
réservait le plus robuste pour recruter le troupeau ; le
plus faible était vendu; cetera mercantihus Iraduntur'^'' .
Cochon {sus). — Il y avait deux races de porcs ^^; les
uns, véritables cochons domestiques, à peau glabre ou à
soies blanches, étaient choisis parles petits cultivateurs
qui voulaient élever un ou deux porcs avec les débris de
cuisines et les résidus de laiterie-". Les animaux, qui
vivaient en troupeau, dans la montagne, ressemblaient
davantage au sanglier ; ils avaient les soies noires, dures,
épaisses. L'été, ils restaient dans les forêts et s'y nourris-
saient de caroubes, d'arbouses, de cornouilles, de prunes
et de poires sauvages; ils revenaient à la lin de l'automne^'
pour passer l'hiver dans des porcheries où on leur donnait
à manger des glands fumés ou conservés, soit sur des
planchers, soit dans l'eau des citernes ^'.
On cherchait à ce que les truies eussent leurs petits en
juillet; les éleveurs qui tenaient à avoir deux portées par
an, devaient vendre les porcelets de la seconde portée,
non comme sacres, mais comme cochons de lait,/>orc« -'
[cibaria, p. 11591, car ces jeunes animaux supportent
difficilement les froids de l'hiver. Les verrats n'étaient
châtrés qu'à l'âge de trois ou quatre ans '°.
Al. Sorlin Dorigny.
, — 18 Virgil. Georg. III, 385. — 19 Cal. De a-/, cuil. 30; Varr.fie r. rust. I, ô3 :
, 2; Plin. H. nat. XVII, 9 et XVIII. 23. - 2U Virgil. Georg. III, 402. — 21 VII, 6.
- 22 76. — 23 //,. cf. Plin. a. nat. VIll, 76. — 21 Colum. VII, 6. _ 25 Colum. D^
rust. VII. 9. — 26 Dans la location des troupeaux de mouton, on stipulait que
petit lait de dix brebis serait réservé pour la nourriture d'un porc {Cat. De ag.
M. 150). — 27 Virgil. Georg. 11, 520. — 2S i;olum. VII, 9. — 29 Varr. Z^e r. rust.
2; cf. De ling. lat. \, 97, où l'on indique une étymologie sabine ou grecque.
- 30 Colum. VII, 9; pour les détails sur la caslraliou, cf. /4. 1 1 . — Bibuo-
lAPHtE. Outre les ouvrages déjà cités, ou doit signaler : généralités : Mongez,
ur les instruments agricoles des anc. {Mém. de t'acad. des inscr. II.
il.'), p. 61C; 111, 1818, p. 1); F.-U. Schulze, .intiquitates rusticae, leu. 1829;
,-W. Forclihammer, Landwirttisehaftl. Mittheilung. a. d. class. Altertii. Kiel.
RUT
RUTELLLWI. — Kègle plate, prohableinenU'ii f('i-\dont
se servait le tnensor- fru-
menfariiis pour niveler au
ras de l'orilice le las de blé
versé dans le modius -. Aux
monuments déjà cités à l'ar-
licle MENSOR, p. 1727, nous
ajouterons le sarcophage du
meunier, conservé au mu-
sée du Vatican ', où le rutel-
litm accompagne trois bois-
seaux de diverses tailles, un
ralatlius cylindrique et un
van [cRiBRUM, fig. "2072], un
cippe funéraire de Bolo-
gne '' ; enfin la mosaïque
tombale d'un inensor f ru-
men tarius chrétien de Tha-
barka ( Tliabraca) en Tunisie
(fig. 5981), où le modius
Fig. 5981. — Rutellum el mod
d'un mensor fritmentarius.
est placé au-dessus du ruteUum el surmonté du buste
du défunt. P. Gaicki.er.
RUTILIAIVA ACTIO. — Cette action fut introduite dans
le droit romain par P. Rulilius, préteur au plus tard en
118 av. J.-C. ', dans le cas de la vente en masse des biens
d'un débiteur par ses créanciers, de la bnnorum venditio.
établie, selon (iaius-, par une extension prétorienne de
1S5C ; H.-D. SViskermanu, Anlike Landwirthschaft und das v. Thunen'sche Gesetz.
Leipzig, 1859 ; Fr. Staiidaclier. Antik. und modern. Landwirthschaft , Vienne,
iS98 ; J. K. Mucke, Urgeschichte des Ackerbaues, Greifswald, )898. — Orécb. Rcy-
nier. De l'économie public, el rurale des Grecs, 18J5; J. Durbach, Flora mytho-
/ojica, Francforl, 1833; Siblliorp, Flora Graeca, Oiford, ISM (10 vol. in-fol.) ;
Lenz, Zoologie der ail. Griechen und Borner, Gollia, 1S5IÎ; C. Saoderval. Die
Thierart. des Aristot. Stockholm, 1863 ; Sclimidl, Météorologie et Phénomologie
d Attique. Alhèiles, I88t; Pailiieui-Bois, Les plantes aliment, spontanées en
Grèce, Paris, 1890; Stepll. Fcllnor, Flora homerica, Vienne, 189". Pour les ou-
vrages des savants grecs, voir S. Aiislarchis, K«ti(.o|o; t.»v ■,iut£juiv 'Eilkiivca-. iit^
ôi-tiffEoiç itiy^i tojSe (ruT^vp.^ai..-u,v pt6XtwïçuffixofffToptx.ùv, Constantiuople, 1884. — Rome.
Mongez, Sur les mots Argilla, Crela cl Marga (AJém. de lAc. des inscr. III, 1318,
p. 26) : Diireau de la Malle. Sur l'affaiblissement de la population et des produits
de t Italie pendant le VII' siècle de Rome (Mém. de fAc. des inscr. IS'Mt, XII,
p. 5Î8): Hur l'AgricuU. rom. depuis Caton jusqu'à Columelle [Mém. de l'Ac. des
inscr. XIII, 18;i8, p. 413); P. Allard, Les putilicains et l'AfiricuUure, Paris, 1889 ;
H. Vosclsleiii. Oie Landwirtschafl in Paleslina :ur Zeit der Misnah, Breslau
1891; Toulain. Inscripl. dHenchir - ilettich (Mém. présentés a l'Ac. des
inscr. XI. 1897); Cuq, Le colonat partiaire dans l'Afrique rom. (Ibid.) ; Bcaur-
redon, Voyage agric. chez les anciens ou l'économie rurale dans l'antiquité.
Paris, 1898.
RUTELLUM. 1 On lit ; régulas ferreas, dans une réponse d'i
— !128 — RUT
la i^oclio bonorum dans ledit de ce même magistrat.
L'adjudicataire du patrimoine, le lionorum emptor, pou-
vait poursuivre les débiteurs de la personne frappée par
la vente, au moyen d'une action utile, dans la formule
de laquelle Vintentio mentionnait le créancier et la con-
demnatio était rédigée au profil du cessionnaire. Il pou-
vait aussi employer une action Servienne, fondée sur
une fiction d'hérédité ^ L'action Rutilienne est déjà citée
dans la loi agraire de 111 av. J.-C. Ch. Lécrivain.
RUTRUM. — 1° Instrument agricole' qui servait à
défoncer le sol - et à briser les mottes, se composant
d'une lame de fer aplatie et tranchante, au
sommet de laquelle s'adaptait un manche en
bois. D'après la légende, c'est d'un coup de
rutrum que fut tué Rémus^
2° Outil de maçon, sorte de truelle qui ser-
vait à appliquer le stuc contre les parois*.
La ressemblance qui devait exister entre les
deux objets que désignait le même mot % peut
servir à en déterminer la forme. Ce devait
être, comme le montrent quelques e.xemplai- p,, .g^^
res 'fig. 3982) qui ont été conservés'', une "-»""•'""•
lame de fer s'adaptant à un manche en bois,
plate et tranchante comme une pelle [pala], mais en dill'é-
rant par sa tige ou sa douille plus ou moins coudée
comme une truelle de maçon [trullaI.
P. Gal'CKLER.
de l'auuone, a une requôlc des naviculaircs d'Arles: C. rendus de lAcad. des
inscr. 1899. p. 383; Bull, é/jigr. 1900, u» ISIil; Corp. insc. lat. III, 14163, S.
— 2 Lucil. ap. Non. 1, 66 : Frumentarius est : modium liie secum atque rutellmi
una aferl. — 3 QUo Jalin, Berichle der Sâchs. Gesellsch. der Wissensclt. 1861,
p. 346 sq. et pi. XII, 3 ; Anielung, Die Sculpturen des Vatican. Muséums, 1, p. 778
el Album, pi. i.xïxjr. n« 685, avec la bibliographie. — ^ JVotizie degli Scan, 1898,
p. 477. — tLa Blanchére et Uauckler, Calât, du Musée Alaoui, p. 19, A, n" 68;
IJauckler, sur des mosaïques tombales d'une chapelle de martyrs a Tlialiarca, Mon. et
Mém. Piot. t. XIV, p. iOO et fig. 0.
HaTILIANA ACTIO. I Rulilius fut consul en 103. Voir Girard. La date de la
loi Aebutia (Aoiin. ren. Iiist. de droit, 1897, p. 27i-i73). — 2 4, 35 ; Theopli.
paraphr. 3, 13 pr. — 3 Gai. 4, 36 ; 3, 81. — *€. 56 (Corp. ins. lat. I, n« SOO). —
Bibliographie: Dernburg, Uber die Emtio bonorum, Heidelberg, 1830: Rein, Dus
Privatrecht der Rômer, Leipzig, 1853, p. 137,943; Belhniann-Holl»eg, Der
Civilprocess, Bonn, 1864-65, 11, § 114; Ortolan, Explication hist. des Insl.
10» éd. Paris, 1877, 111, n»' 1163, 1070, Ï0Ï8 ; Girard, Manuel de droit romain,
Paris. 1901, p. 103i, note 3.
RUTRUM. I Cato, R. rusl. 10, I I. — 2 Vairo, Ling. lat. V, 134; Pompon, ap.
Nou. 1, p. 18. — 3Uvid./^as<. IV, 843; Diou. Hal. I, 87, el Diod. Sic. VIII, 4, i,
racontant le même fait appellent l'instrument inotsetnv. — i Vilruv.- Vil. 3. C.
— spalla.l. I. 15; Plin. H. nnl. XXXVI, 177. — «Ceci, Piccoti bronzi del Mus.
di Napoli. X. 4il ; Baudol, Antiq. de la Cote-d'Or, l. Il, pi. xvu, H.
SAB
— 929
SAB
SABAIVUM (^Siêavov, (TiSiviov). — Pièce de toile servant
au bain ' et à tous les usages pour lesquels un linge, fin ou
grossier, est employé^- L'Édit de Dioclétien^ en men-
tionne de plusieurs sortes etqualités ; il place en tête ceux
de la Gaule (o-iêava yixWixi). E. S.
SAB AZIUS (SaêàÇio;) . — Ce dieu , don t la première patrie
est la Thrace', fut toujours adoré par les populations
de la péninsule balkanique^. On a fait dériver son nom
de celui de la bière, qu'on appelait en lllyrie xabaium',
tandis que Dionysos, originaire de la même région, per-
sonnifiait le vin; mais ce nom, primitivement sans doute
Savadios, prend des formes si diverses' que tout essai
d'étymologie reste incertain. Comme Sabazius était la
divinité suprême de certains cantons, on l'assimila, en
Thrace même, au Zeus hellénique '' et plus tard à Hélios'^.
Lorsque les tribus thraces franchirent l'Hellesponl et
s'établirent en Asie Mineure, elles y apportèrent leur
culte national. Sabazius trouva ainsi en Phrygie une
patrie d'adoption' et il fut accueilli de bonne heure dans
les régions circonvoisines, en Lydie*, en Bithynie', en
Carie '", enCappadoce, d'où, au début du ii'siècleav. J.-C,
la reine Stratonice l'introduisit à, Pergame " . Il fut, selon
la coutume du paganisme, confondu avec les dieux
honorés en Asie Mineure, Attis'-, Mèn", Mithra".
Sabazius pénétra en Grèce dès le v"= siècle, et si ce dieu,
qui resta toujours essentiellement barbare ", provoqua
d'abord les plaisanteries des poètes comiques", si, à
l'époque de Démosthène, ses mystères bruyants parais-
saient encore méprisables aux citoyens athéniens", le
nombre de ses adorateurs n'en devint pas moins consi-
dérable ". On le trouve dès le ir siècle av. J.-C. à Rome,
où le préteur, en 139, expulse les propagateurs de son
culte". Mais les sacra Savadia^" ou Sebadia-' devaient
prendre un nouveau développement dans le monde latin à
l'époque impériale. Inscriptions et monuments attestent
leur succès non seulement à Rome"- et en Italie '■', mais
aussi en Pannonie-'" et particulièrement en Gaule''.
SABAM'M. ' Corp. Gloss. III, ïi, I ; 193, iSI; M. Î7:l. O'J; 63», 3 ; tiU, 28 , «11,
tO ; Scliol. Juvenal. XIV, H. — S Voget, A. vet. V, 46, 11 : Marc. Erap. iO ; Apio.
V(, i (215); Pallad. Vil, 7, 3; Isid. Or. XIX, 26, 7, — 3 XXVIII, 57 sq. ; BliimnL-r,
Der Maximal Tarif, p. 17».
SABAZICS. 1 KreUchmer, Einleitung in die Gescit. der ,/riccli. Sprache, 18IIG,
p. 197. — 2 Macrob. I, 18, 11 ; Kalinka, Aiitikn Denkmdlnr in Bu-lgarien, 1!I06,
n" 18t-5 ; liobrusky. Matériaux d'archéologie en Bulgarie, Sofia, 1899, p. 79 ;
Magnat. Annw épigr. l'JOî, n» 138; Arclt. Epig. MUl. aas Oesterr. X, p. 238,
Î39, 241 ; XIV, p. IbO; XVIII, p. 119. — 3 Harrisson, Prolegomena lo the sludy
of Greek religion, 1903, p. 420. Cf. Dessau, Inscr. sel. 2189; f. III, 12429,
^ 4 EaÇi^i-);, Eao'jà^io;. Sawà^ic;, Eaoàî^io;, Eotàî^ii;, StSà^to;, Sabadius, Sebadins,
Zabasius, Sabazis ; cf. Kretschmer, /. c. — 5 Arch. epig. ilitt. XVIII, 119. 1,'idcri-
lîlïcalion avec Zeus ou Jupilcr esl habituelle aussi eu dehors de la Tbrace. — ' Ma-
crob. L. c: Arch. Ëpig. MM. X, 241 : a.î •H\lv nsfi/.,,. xj,;... StS.;;.,,. Les bas-relief»
le monlreut parfois la tète couronoée de rayODs. -- 7 Schol. Aristoph. Av. 874 ;
Orph. Hginn. 48 ; cf. les iascriptioiis ; Slerrctt, Pap. American school, II n" 37, 45,
W ; Ramsar, Ciliés and bishopries of Phrggia, I, p. 272, u° 97 ; Conze, /teise auf
den Inieln des Thrakischcn Meeres, pi. Kvii ; Wagener, Inscrip. d'Asie Mineiirr
{.Vém. Acad. Belg. t. xii), p. 3. — 8 Bull. corr. hell. I, 1877, 30S; Keiuacli, Cfirou.
d'Orient, 1891, p. 157, 159; Burcsch. Ans Lydien, p. 63, 68 sq. — 9 .Niconiédic ;
Kôrle, Atlien. Mitl. 1890, p. 421; Gagnât, Ann. epigr. 1900, n' 79. — '« Mvlas.i,
Bail. corr. hell. V, 1881, p. 100. — M Fràokel, /nsclir. v. Pergamon, 246 = Miclic.l,
Beciieil, 46 = Uittenberger, Or. inscr. 331. Dédicace sur uue maia provenant d'Asie
Mineure, Blinkenberg, Arcliâologische .Studien, 1904 p. C9, n" 1 ; cf. p. 77, ii° 16.
— 12 Buresch, Op. cit. p. 63. — '3 Proclus, In Timaeum,p. 251 C. — ". Cumonl,
i/',n. mi/st. Mitlira, I p. 23:i. I, assinijlatioa a dû se produire en Cappadoce ; cf.
VIII.
Comme Dionysos, auquel il est étroitement apparenté
et dont on le rapproche fréquemment [bacchus, p. 595] -',
Sabazius est sans doute primitivement un dieu de la végé-
tation" et l'on fêtait par de bruyantes orgies sa renais-
sance annuelle. On s'y enivrait en l'honneur de ce génie
du blé, devenu par une transition naturelle celui de la
liqueur capiteuse qui se fabrique ex ordeo vel fru-
menlo^^, Démosthène a tracé de ses thiases un tableau
caricatural, mais néanmoins fort instructif*'. Il nous
montre le cortège de ses fidèles dansant aux cris de eùof
<7a6oï ûïjç aTTTji; et agitant au-dessus de leur tête des ser-
pents sacrés. Puis, la nuit, se célébrait une cérémonie
secrète : après certaines lustrations, on figurait le mariage
mystique de l'initié avec le dieu; un serpent qui repré-
sentait Sabazios (ô Sti xôXirou 9eo;) était introduit par le
haut du vêtement et retiré par le bas^°. On a voulu voir
dans cet acte étrange un rite d'adoption'", mais il faut
plutôt y reconnaître un simulacre d'union sexuelle '- dont
les mystères offrent d'autres exemples.
La religion grossière des vieilles tribus thraco-phry-
giennes se transforma nécessairement lorsque Sabazius
eut été identifié avec des divinités étrangères et fut devenu
le parèdre d'Anâhita et d'Athéna iNicéphore^'. De toutes
ces assimilations, aucune n'eut des conséquences plu.s
importantes que celle qui s'opéra avec le Dieu d'Israël,
quand les Séleucides eurent établi en Asie Mineure une
quantité de colonies juives^'". Le xtipioç SaêaÇtoç des
Thraces fut regardé comme l'équivalent du xùptoî Saêaai9
des Septante et à Rofne même on confondit lovent Saha-
sium et le « lahvé Zebaoth » des Hébreux''. Le caractère
du premier en fut profondément modifié. Il devint un
dieu saint (ayio;, sanclus)^^, et on lui attribua le pouvoir
d'effacer par ses purifications la malédiction, analogue
au péché originel, dont le ciel frappait une race entière à
cause des fautes commises par son auteur''; son nom
même parait avoir été modifié en celui de SoiÇwv, Sau-
veur^". En même temps, il aspire à la toute-puissance,
supra, 11. U. — 'j Luciau. ûeor. conc. 9 ; Icarom. 27. — l'i Aristoph. An. 875;
\esp. 9 sq. ; Lysistr. 388. — 17 Demosthen. Pro corona, § 259, p. 313 ; cf. Strah.
X, 3, 18, p. 471 C. — 1» Theophrasl. Charact. 16, 27. Cf. Foucart, Les associations
religieuses chez les Grecs, p. 67-81. — 19 Val. Mai. I, 3, 2. — 20 C. i. t. X, M97
= Dessau, Inscr. sel. 4092. — 21 Arnob. V, 21. Cf. Apul. ilelam. VIII, 25. —ne.
i. l. VI, 429 sq. 30948-50= Dessau, Jnscr. set. 2189, 40S6 sq.; Blinkenberg, C 5; E
1-14. — 23 C. i. (. X, 5197 (Casinum); XI, 1323 (Luna); XIV, 2894 (Prénesle)
= Dessau, 4092, 4093 ; Blinkenberg. p. 116. —21 Blinkenberg, C 4; £28.— 25 C. i.
l. XIII, 4091 (Vichy), G708 (Mayence) = Dessau, 4091, 2294. Cf. von Domaszewski,
Jieligion desrom. Beeres,p. 41 sq. ; Blinkenberg, p. 116 sq. — 26 ^'ymphis, l''rag.
hist. gr. III, p. 14 fr. 11 ; Diodor. IV, 4; Cic-r. Nat. deor. IV, 23; Plut. Quaesl.
conv. IV, 6, 2; Macrob. Hat. I, 18, Il ; Lydus, De Meus. IV, 51 ; Orph, Bymn.
48;cf. Gruppe, Griech. Myllwl. 1532, n. 4. — 27 Diod. IV, 4; ,;, ^ndjo. tw-, ««js.:.
tiTtTEÀtrv. Cf. Plutarch. De Iside, 69 : Les Phrygiens croient que leur dieu s'endort
l'hiver pour se réveiller Télé. — 28 Aoimian. XXVI, 8, 2); cf. supra, n. 3.
— 29 Foucart, Associât, relig. p. 67 sq. — 30 Diodor. IV, 4; Clera. Aie».
Protrept. II, 16; Arnob. V, 21; Firmic. Mat. De err. prof. rel. 10; cf.
Foucart, L. c. p. 75; Blinkenberg, p. 106. — 31 Preller-Robert, Griech. Mythol.
p. 702. — 32 Dieterich, Mithrasliturgie, 1903, p. 123. — 33 Reinach, Chron.
d'Orient, 1891, p. 157 sq. ; Dittenberger, Or. inscr. 311 = Michel, /tec. 46.
— 3* Cf. Sabazius et le Judaïsme {Comptes rendus Acad. Inscr. 1906),
p. C3. Je résume cet article dans ce qui suit. — 3E> Valer. MaKÛn. 1, 3,2: Judaeos
qui Sabazi lovis cuttu Bomanos mores inficere conati erant. — 3S Apul. Met.
Vlll, 25; Arch. Epigr. Mitl. X, 241, C; C. i. l. VI, 30948 sq. — 37 Jambl. De
Myst. III, 10. — 38 Ramsay, Cities and biskoprics. I, 264, 269; cf. Gruppe,
Griech. Myth. L. c.
117
SAB
— 930
SAC
il est dil zavxoipivo;'. el les monumenLs de ses mystères
prouvent qu'on le regardait comme une divinité aux
qualités multiples, réunissant les puissances de dieux
divers. C'est ainsi qu'il apparaît, sur une plaque de
bronze estampée provenant de Rome (fig. 5983)-, debout
dans un temple, entre les bustes du Soleil el de la Lune,
entouré des animaux el des attributs les plus variés.
Vêtu du costume phrygien, il pose un pied sur une tète
de bélier, le compagnon d'.Mtis ; de la main gauche il
lient un sceptre, el de la droite porte une pomme de pin,
Fig. 5983,
emblème de fécondité. Dans le fronton, on voit le Soleil
sur son quadrige; et, dans les angles supérieurs, les
Dioscures personnifient les deux hémisphères célestes.
Les recherches de M. Blinkenberg ' ont, de plus,
démontré qu'une série de mains votives couvertes de
symboles, dont les plus fréquents sont la pomme de pin
et le serpent [donarium, fig. 2542, fascinim, fig. 2886],
appartiennent au culte de Sabazius; elles représentent
la main du dieu lui-même qui protège et bénit ses fidèles,
les trois premiers doigts levés, les deux derniers abais-
sés : le geste chrétien de la benedictio latina.
L'idée de l'immortalité de l'âme, qui est fort ancienne
enThrace, subit aussi, semble-t-il. parmi les sabaziastes,
l'influence du judaïsme. Nous connaissons surtout leurs
croyances eschatologiques par les célèbres fresques du
tombeau de Vincenlius, autistes Sabazis, découvert dans
les catacombes de Prétextai*. On y voit la défunte Vibia,
entraînée par Mercure^ dans le monde souterrain vers
le tribunal de Pluton [dis pater, fig. 2468\ el introduite
par un bon ange (angélus bonus) au banquet des bien-
* C. i. g. 3T9I. — 2 Plaque de brouze coostTvée au musée de Copenhague,
publiée par Bliokenberg, L. c. pi. u ; cf. p. 91 sq. — 3 Blinkenberg,
Archûologiicht Studien. 190», p. 66 sq. — * Uarruci, Tre sepalcri con
pitture dette supcrstizioni pagane. \aples. I8ôi ; cf. Maas, Orpheus, 1893,
p. SU5 S(|. — 0 Cf. C. i. l. III, \iii9: Jovi Saltazh et itercurio ; cf. Blin-
kenberg, L. c. p. 105. — 6 C'est le sens de liuscriplion manduca bibe lude Cf.
Complet rendus Acad. /nscr. 1906, p. 77. —^ Sur celle Iransformalion du colle
phrygien, cf. mes /leliijions orientâtes, 1907, p. 80. — Bibmûckaphie. Oulre les
ouvrages cilés, voyez Lenormanl, Itevue nrehéologique. X.XVlll (lS7i), 300 sq..
:i>0 sq., XXI.V (1875), 43 sq.; Prcller-Robert, Crieeft. A/i/lhol. 701 sq. ; Gruppe.
Criech. ilfilhotogie, 1S3i sq., 1603 el pasaim.; Wissona, Religion der Rimer,
heureux, auquel prennent part sept convives [bonorum
iudicio iudicali). Les mysles de Sabazius, à la fin de
l'Empire, se représentaient donc encore, aussi bien que
les anciens Thraces, la béatitude d'oulre-lombe comme
un festin perpétuel, où l'on s'abandonnait à une douce
ivresse. Seulement l'àme n'y est plus admise qu'après un
jugement, si elle a ■< pratiqué pieusement les cérémonies
saintes des dieux », pris part au repas sacré des mys-
tères" el, d'une manière générale, fait le bien [benefac).
Les bacchanales du dieu de la bière s'étaient peu à peu
spirilualisées, conformément aux tendances religieuses
de l'époque \ Franz Cumont.
S.\CCARH]S(-axxoxÀoxo;). — 1" Fabricant et marcliand
de sacsîSACCuSj. L'industrie des sacs devait être très floris-
sante dans les ports et le long des grandes voies fluviales,
par où se faisait le commerce. Ainsi une inscription men-
tionne un habitant de Trêves qui fut à la fois cuparius
et saccarius, c'est-à-dire qu'il fabriquait également les
tonneaux [cupa] el les sacs nécessaires au transport des
vins et des blés qui suivaient le cours de la Moselle '.
2° (2axxûsop&;), porteur de sacs, portefaix-. Ces hum-
bles travailleurs, si nécessaires à la vie des porls et des
marchés, formaient, à l'époque romaine, des corporations
dans un grand nombre de villes. Parmi ceux de Rome
nous connaissons notamment les saccarii salarii totius
urbis etcampi salinarum Boinanarum (an 202 ap. J.-C.)
qui faisaient le service des entrepôts de sel situés près
de la Porte Trigemina^. Les saccarii de Pompéi y ont
aussi laissé leur trace \ H y en avait certainement un
grand nom'bre à Ostie^: une curieuse peinture décou-
Ctùt'
Fis. 398*. — PorWfaii chareeanl
verte dans cette ville nous a conservé une image fidèle
de leurs travaux (fig. 5984). Sur une grande barque, V/si^
de Geminius, prête à remonter le Tibre, des portefaix
chargent le blé destiné à Rome, sous la surveillance du
pilote Pharnaces et du capitaine .\bascanlus ; l'un d'eux,
qui a fini sa tâche, s'écrie avec satisfaction : « feci /•' ».
Des associations de portefaix ont existé encore à Cyzique,
à Panormos, à Périnlhe, etc. \ Georges Lafaye.
315 sq. On atleiid l'arlicle Sabazim dans Roscher. Lvxikon lier .Vytfioloyif.
SACC*Rll'S. 1 Corp. iiisc. lat. XIII, 3700. Gloss. gr. lat. s. v. Le <i«<.ot\o«o;
sérail un fabricaiU de coilTes pour les femmes [sacccs], d'après BMraner, Tecbnolog .
I, p. 232. Peu probable. — 2 Apul. Met. I, 7: saccariam facere; Dig. 18,
40, 3 ; Cad. Theo'Jos. XIV, 22 et coramcnt. de Godefroi. — i Corp. inscr.
lat. VI, 2300; cf. 4417. — » 'bid. IV, 274. 497. — 5 Cod. Theod. XIV,
22, 1. —6 Ann. d. Jstit. areh. di Borna, 1866. pi. T, Og. 2; C. i. (. XIV,
3028. Peinture analogue dans les catacombes de Rome ; Wilperl, Rom. QuartaU-
ehrifl I, 18S7, p. 2'.", pi. iir ; IVaeis saccaria, (Juinlil. VllI. 2. 13. —7 Wallzing,
Étude sur les corporMions professionnelles chez les Romains, t. U. p. .Ï9 , IV,
p 41, MT.
SAC
931
SAC
SACCIIABOX (Siy./apov). — Dans ralimentalion ol la
médecine des Grecs et des Romains, le miel [mel] tenait
lieu de sucre; c'est seulement au moyen âge et par l'in-
termédiaire des Arabes que l'usage du sucre de canne
s'est répandu en Occident ' . On peut se demander cepen-
dant si les anciens n'ont pas connu ce produit. Les
roseaux du genre saccharum officinarum, d'où on li-
lire, ont pour pays d'origine soit l'Asie méridionale, Inde
ou Cochinchine, soit l'Archipel malais^; le nom qu'ils
portent et les noms mêmes du sucre dans les différentes
langues modernes dérivent d'un mot sanscrit, rarkara,
pràkrit, sakhara. Or, un certain nombre de textes litté-
raires grecs et latins nous parlent d'une sorte de miel
que les Indiens extrayaient des roseaux et quelques-uns
d'entre eux appellent ce miel saccharon '.
D'après Strabon, <■ on dit » (e'ipirixE) que les Indiens
peuvent se passer d'abeilles ; avec le fruit de certains
roseaux ils composent un miel qui enivre'. Strabon
n'est ici que l'écho de Néarque ; la première connaissance
scientifique de l'Inde et la première mention du miel de
roseaux remontent à l'expédition d'Alexandre, 327 av.
J.-C. De la même source proviennent les informations
de Théophraste sur le |j.ÉXt x.a),ifji.!vov, qu'il oppose aux
deux autres espèces de miel, celui que distillent les
abeilles et celui qui tombe du ciel sous forme de rosée '\
Ératosthène, cité par Strabon, note que dans l'Inde quel-
ques racines de roseaux sont douces au goût naturelle-
ment et aussi après avoir été cuites, spû^st xai vir^au^.
Varron assure que le suc de ces racines rivalise avec le
miel'. Lucain sait que les Indiens boivent le jus très
doux des roseaux'. Sénèque, comme Strabon, rapporte
un on-dit : on trouverait du miel sur les feuilles des
roseaux de l'Inde, soit qu'il tombe du ciel comme une
rosée, soit que le suc de la plante lui donne naissance".
Le mot saccharon ne fait son apparition qu'au premier
siècle de notre ère, vers l'année 75 ap. J.-C, dans trois
œuvres à peu près contemporaines, VHistoiî'e nature/le
de Pline l'.Ancien, le Traité de la matifire médicale de
Dioscoride et le Périple de la mer Erythrée. Selon Pline,
le saccharon existe en Arabie, mais celui de l'Inde est
plus estimé ; c'est un miel qu'on recueille sur les roseaux ;
il est blanc comme la gomme et se brise sous la dent;
ses morceaux ne sont jamais plus gros qu'une noisette ;
il ne sert qu'en médecine '" ; d'ailleurs, dans aucune des
receltes médicales qu'énumère Vf/istoire naturelle, il
n'est question du sucre, tandis qu'au contraire, le nom
du miel y revient constamment. A la même époque et
d'après les mêmes sources, Dioscoride, sans connaître
Pline, répète ses indications, avec cette différence toute-
fois qu'il compare la consistance du cxxyapov à la consis-
tance du sel au lieu de comparer sa couleur à celle de la
gomme ; il ajoute quelques détails sur ses propriétés
thérapeutiques". L'auteur anonyme du /'éri/ile est plus
bref : il se borne à nommer le u.kh «aXàfi'.vcv, appelé
aussi 'li/.yj.p'., parmi les produits exportés de Barygaza, le
grand port commerçant de la côte nord-ouest de l'Inde '-.
SACCHARON. I E.-O. »on Lippmaon, CeichiclUe des Zvckers, Lcipz. wm.
— 2 (v. Ritter, t/eber die geograph. Verbrcitung dcr Zuckerrohrs, dans les
Bericlile der Berl. Akad. 1839; A. de Candolle, Origine des plantes cultivées.
Paris, IS83, p. liMiT; E.-O. von Lippraaiin, Op. cit. p. 31-S8. — 3 H.O. Leni.
Botanik der allen Griechen und Rômer, GoUia, 1859, p. 207 sq. ; E.O. vou Lipp-
mann, Op. cit. p. 59 sq. — « Slrab. XV, 1, 20, p. 1016. — '■ Tlieophr. fr. 190.
— « Slrab. Loc. cit. — ' Varr. ap. Isid. Orig. XVII, 7, 58. — 8 l.iican. Pliars.
III, 2:!7. — 0 Senec. Epist. 8t, '.. — lO plin. Nul. hist. XII, 32. — ii Dioscor.
Uni. med. II. 101. — 12 Per.mar. Erylhr. U, — i J G'c;! à lorl el d'apris une mau
Les textes postérieurs n'ajoutent presque rien à ceux
du i""' siècle ". Galien décrit, en s'inspiranl de Dios-
coride, les vertus médicales du aoîx/apov, qui a l'avan-
tage, dit-il, de ne pas exciter la soif". Solin rappelli'
simplement qu'on extrait des racines de roseaux
indiens une liqueur douce comme le miel'^ Alexandre
d'Aphrodisias'* et Oribase " répètent, en les abrégeant,
Dioscoride et Galien. Isidore de Séville s'associe aux
paroles de Varron sur le suc exprimé de roseaux de
l'Inde", et dans un autre passage il prétend que les
feuilles de ces plantes sécrètent du miel". Paul d'Égine,
le dernier des médecins grecs, consacre quelques lignes
au saccharon, à ses caractères et à ses propriétés^"; il
raconte ailleurs qu'Archigénès, qui vivait au i" siècle,
ordonnait contre les enrouements le sel indien, aX?
ivSixôv, incolore, semblable extérieurement au sel ordi-
naire, mais avec la saveur du miel ; on le prenait en
morceaux de la grosseur d'une lentille ou d'un haricot ^' .
Il résulte de l'examen des textes que les Grecs et les
Romains ont été renseignés sur celte matière très lard
et très mal; si Néarque avait appris, dès le w" siècle
avant notre ère, l'existence du |j.s>,'. xaÀiaivov, le nom du
(jix/apov n'est prononcé pour la première fois en Occident
que quatre cent cinquante ans après l'expédition d'Alexan-
dre. La plupart des auteurs anciens qui traitent du miel
de roseaux n'ont fait que copier presque textuellement
leurs devanciers; les témoignages qu'ils nous transmet-
tent se ramènent, en dernière analyse, aux récils plus ou
moins véridiques de quelques voyageurs ou marchands
venus de l'Inde; comme l'Arabie était l'étape obligée du
commerce de l'Inde avec l'Europe, on a pu croire qu'elle
produisait, elle aussi, du saccharon. Celui-ci n'a jamais
été employé couramment dans le monde gréco-romain ;
les médecins eux-mêmes ne semblent guère le connaître
que de réputation.
L'insuffisance et l'obscurité des documents ont fait
naître chez les modernes d'assez vives controverses,
depuis Manardus '^^ et Saumaise ", jusqu'à Sprengel -'*,
Lassen'"etE.-0. von Lippmann''*. Le (jlé/i xaXâ(Aivov est-il
identique au cix/apov? L'un de ces deux termes, sinon
tous les deux, désignail-il notre sucre de canne? Cer-
taines contradictions sont fort singulières. Les auteurs
grecs et latins considèrent le miel de roseaux ou le
saccharon, tantôt comme un fruit, tantôt comme un
extrait des racines, tantôt encore comme une sécrétion
des feuilles ; dans quelques textes il s'agit d'un liquide,
succus, humor; dans les autres, d'un corps solide, ana-
logue au miel par son goût, au sel ou à la gomme par
son aspect. Peut-être convient-il de distinguer, avec
Isidore de Séville, deux choses tout à fait différentes,
qu'on aura confondues à distance, parce qu'elles prove-
naient également des roseaux de l'Inde : d'une part, le
(AÉXt xaXijAivov, suc liquide, doux et sucré, sortant par
exsudation de la tige et des feuilles de plusieurs espèces
de bambous et que l'on faisait réduire par cuisson pour
l'employer; d'autre part, le véritable saccharon, qui resta
vaise lecture des (iiaiiuscrits qu'on a voulu retrouver un souvenir de la caune à
sucre dans un passage de Stace, Sih. I, 6, 15. — i* Galen. De simpl. facult. VII,
p. 207. — 15 Solin. 53. — IG AlcK. Aphrod. Il, 74. — n Oribas. XI, 203. — 1» Isid.
/,. cit. — 13 Ibid. XX, 2, 50. — M Paul. Aegin. Opus divinum, éd. de Bàlc, 1532,
p. 388. — 21 Jbid, p. 9j. — 22 Dans ses Epistolae médicinales (commentaire de
Dioscoride, Paris, 1528).— i^ Dissert, de saccliaro, Utrecht, 1G79; Exercital. Pli-
nianae, Utrcchl, 1089. —21 Historia. rei herbariae, I, Amsterdam, 1807, p. 170 et
p. 245. — 25 Indi^che Mterlliumskunde, Leipzig, I, 1S07, p. 312 sq.: 111, IS58,
p. 30. ~ 2B Op. cit. p. 72-90.
SAC - 932 -
ignoré dos peuples occidentaux jusqu'au temps de l'iinc
et de Dioscoride, et qui était une substance solide, une
coDcrétion frial)le ; la plante qui produisait le saccharon
paraît correspondre au tabaschir des Indiens, bambum
iirundinacea des naturalistes modernes : les nodosités
du labasr/iir contiennent, en efTet, une fine poussière
arénacée que les indigènes recueillent et utilisent; il est
vrai que celle-ci, par elle même, n'a pas de saveur sucrée,
mais il est possible qu'on y ajoutai divers ingrédients
destinés à ladoucir. L'aXç IvStxôv d'Isidore de Séville n'est
sans doute qu'une variété de saccharon. En tout cas, ni
le ix£Ài xaXiu.!vov, ni le (jix/apov, ni l'aX; ivotxov n étaient
du sucre de canne. D'après les recherches les plus ré-
centes, la fabrication du sucre en morceaux n'a com-
mencé dans l'Inde qu'entre le m" et le vi' siècle après
notre ère, et plus près de la seconde époque que de la
première'; les plus anciennes mentions authentiques
que nous en possédions se trouvent dans les chroni-
queurs byzantins Théophane- et Cedrenus', à propos
des événements de l'année 627, et, vers 640, dans la
(léographie de Moïse de Khorène'. Malrice Besmer.
SACCIPERiUM (Saxxo:Tvîpa). — D'après l'éLymoIogie, il
faut supposer qu'on appelait ainsi un sac en poils de
chèvre ou bien en toile [saccus], qui se rapprochait de la
PERA, soit parce que certaines parties en étaient de peau,
soit parce qu'on pouvait le suspendre à l'épaule par une
corde ou une courroie. On s'en servait en voyage pour y
mettre ses efTets'. Geokce.s Lafaye.
SACCULARII. — Cette expression s'applique, d'après
Ulpien', aux filous qui s'attaquaient à la bourse des
gens (sacculum), à l'effel de la soustraire par des moyens
magiques ou par de simples tours d'adresse. Ils étaient
punis extra ordinem, sous l'Empire, comme les nrREC-
TARU, c'est-à-dire, ceux de basse condition, de la fusti-
gation [POE.NA, p. 3401 et des travaux publics à temps
[opus pubucum] et les autres, de relégation temporaire
[exsilium, p. 4491. G. Humbert.
SACCUS (Sâxo; el<7ixxoç). — Tissu grossier en poil de
chèvre employé particulièrement à la fabrication des
sacs, qui en ont tiré leur nom. Dans les parties du monde
ancien où le lin à l'origine était rare et coûteux [linum],
la toile dut être, pendant assez longtemps, réservée pour
le linge fin ; les étoffes plus rudes, nécessaires à la con-
fection des sacs et objets de même nature, se faisaient
surtout avec du poil de chèvre lissé; de là, la parenté pro-
bable du (;ïxo; et du SAGUM*. En Orient, le poil de cha-
meau élail aussi très apprécié pour cet usage comme il
l'est encore aujourd'hui . L'Édit de Dioclélien consacre tout
un chapitre aux sacs et articles similaires confectionnés
avec du poil de chèvre ou de chameau [de snetis caprinis
sive camellinis)^. 11 fixe ainsi qu'il suit le prix des ma-
tériaux qu'on y employail: 1° poils bruts, la livre 6 de-
niers (0 fr. 219); 2° poils tissés (pili neli) pour sacs, la
livre 10 deniers (0 fr. 363). Viennent ensuite les sacs
confectionnés, dont nous allons parler; notons seulement
' E.-O. von Lippmann, O. c. p. 8'.l — 2 I. p. 494. — 1 I, p. 712. _ l I, p. 364.
SACCIPKKIDH. I Plaul. Itud. Il, C, 64; Poil. X, 161 ; Non. 531, 15.
SACCOLAnil. I Dig. XLVIl, 11,7. — Bmi.iocRAPHiK. Cujas, Observât. X, 27;
Siryck, Z)e «ttccu/ariij c/ <ii'-cc/oriïs, Francfort, 1667; Ménage. Amofinitates jurii,
3'.', Paris IC61; Rein, Dns Criminalreclil der /lômer, Uipicg, 1844. p. 3îl.
SACCL'S. 1 .Saccus vienld'uij mot sC-initir|ue qui a le môme $cns. I.e a cilicc »
est un vêtement en poil de cliivrc de Cilicic Icii.iuhimI. — 2 Hdicl. Di'ctit.
XI. — 3 Mar<|uardt, Vie prine des IIom. Ir. fr. 11, p. IIS. I,a chose est ccrlaine
pour les filtres, sacci (v. plus l.as). (Juanl au cliauvrc (rannabis], lanliiiuité
n'en a tiré pour ainsi dire aucun parti dans l'inlustric tcjtdc; Yalcs, Teilrinum
SAC
5985. — Remplissage des sacs de blé
qu'on y assimile les bats [sagma] pour bêtes de somme,
évidemment parce qu'ils se composaient en partie d'un
nixo^. Malgré la précision de ce document, il est bien
probable que, quand la toile de lin est devenue plus com-
mune, elle a dû servir aussi à faire des sacs, comme elle
servait à faire des tentes, des voiles de navires, etc. '.
1° Le sac, chez les Grecs aussi bien que chez les Ro-
mains, servait d'abord à enfermer le blé, le sel, les lé-
gumes et toutes les denrées que l'on voulait mettre en
vente ou garder pour ses propres besoins *. Dans cet
usage il avait certainement la même forme qu'aujour-
d'hui, comme le montre la figure 3983, d'après un bas-
relief de la
colonne Tra-
jane ; on y voit
des soldats
romains oc-
cupés à rem-
plir, proba-
blement avec
du blé , des
sacs , que
d'autres char-
gent ensuite
sur leurs
épaules pour
les transpor-
ler°. Au nom-
bre des plus
grands parmi ces récipients, il faut sans doute compter les
saccopat/inae, qui peuventavoir, suivant l'Édit de Dioclé-
lien, 3 pieds (0",887 1 ) en long et larges en proportion et se
vendent alors à raison de 16 deniers (Ofr, 584) la livre. Puis
vient la nombreuse série des sacs de voyage, désignés dans
l'Édit sous le nom générique de zaberna, très voisin de
saccus, avec celle dilférence qu'il s'applique plus spéciale-
ment aux sacs faits pour contenir des habits; il se rap-
proche donc beaucoup aussi de mantica. Un grand bissac
jeté sur l'échiné d'une bête de somme, suivant un usage
encore très répandu en Orient et dans les contrées méri-
dionales [cLiTELLAE, SAGMAj, peut Supporter une lourde
charge ; une paire de zabernae ou de sacci en poils lissés,
du poids de 30 livres, se vend pour cette destination
40 deniers (1 fr. 46).
Les Grecs avaient des noms divers i cixxo;, cixxi'ov, iix-
raç, u.ip(7[-::7coç, OiJXixo;), pour désigner les sacs qu'ils por-
taient avec eux au bain ou au gymnase'. Nous nous bor-
nerons à rappeler dans celte catégorie le x(ipiixo;, qui n'est
pas seulement un ballon sur lequel le pugiliste exerce
ses poings [corycusJ, mais d'abord un sac dans lequel les
éphèbes et les athlètes enferment leurs vêtements, leurs
provisions et les différents accessoires nécessaires à leurs
exercices ; on le voit suspendu aux murs des palestres,
des salles de bains ' (fig. 3986; *, des dépôts d'armes [cf.
CLiPEUS, fig. 16.481. Les sacs étaient d'un usage journalier
ant. p. 29»; cf. »esti*bios. — i Aristoph. AcUam. 743, 75)5, 700. 761, 704.
822; Lys. 1212; Scbol. ad Soph. Aj. 573: Poil. VII, 191; X, 6i. 75, t6t,
186; Suid. Phol. Hcsjch. 5. ». ; Cic. Verr. Il, 2, 38: Pliaedr. Il, 7; Vegel.
Yeterin. IH, 58. — i» Froeliner, Coï. Trajane, pi. ci.x ; Cichorius, Traj. Sâulr.
pi. CXMV, n. 33S-:i39. — 6 Poil. 111. 155; X, 64; Scliol. Hom. Od. V, m,
B»i.»Euii, lig. 748: tvuNASTicA, p. 1688, 1700, 1701, fig. 3'i78, 3680; pu,;il.ATls.
fig. 5S67. — ' Poil. III, 155; X, 172, 179; Hom. Od. V, 260 et Eustatk. Ad. h.
L p. I.Ï34, 47 : p. 14)0; Suid. 5. r. ; Hesych. Soj»; : Alhtn. IV, p. 161 A; Pelerseii.
Das Cymnasinm der Griechen (1858), p. 37, n. 10. — «Gerhard. Aiiserlcs.
V«S™',.pl. CCLM,.
SAC
933 —
SAC
pour toute espèce de transports et de déménagements '.
Les vases peints offrent des exemples de sacs de ce genre
Fig. 3987. — Sac de voy;
Fig. ii986. — S
plus ou moins ornés ; ils ressemblent, d'ailleurs, aux sacs
ordinaires ; le côté où ils s'ouvrent est noué quand ils
sont remplis - et ils forment alors (fig. 3987) un ballot sur
lequel le voyageur peut s'asseoir pour se reposer ^
2" Le sac h argent (sacculm) est pour l'ordinaire de
dimensions bien moin-
dres ; mais il est plus
gros que la bourse
[marsupium], dont il ne
diffère guère par la
l'orme. Tandis qu'on
porte la bourse avec
soi quand on sort de
sa demeure, le saccu-
/«>', contenant de plus
iortes sommes, y reste
enfermé dans un meu-
ble *. Il joue un grand
rôle dans les maisons
de banque et dans les
administrations publi-
ques; c'est un des insignes des questeurs, magistrats
d'ordre financier '. Le sac que représente la figure ."SOSH
se voit sur un bas-relief du Vatican ; ce monument a
dû orner la tombe d'un appariteur (viator) des questeurs,
employé comme garçon de caisse ou de recelte au trésor
public [aerarium)''. Là surtout oii le coffre-fort est bien
garni, on inscrit sur chacun des sacs le chiffre de la somme
qu'il contient ou qu'il peut recevoir [argentarii, fig. Wo]'.
3° Sorte de coiffe dans laquelle les femmes enfermaient
leur chevelure rejetée sur la nuque ; elle doit être distin-
guée de la résille [reticulum], qui répond au même besoin
mais qui est en filet et emprisonne les cheveux sans les
cacher. Au contraire, le aàxxo; est une poche d'étoffe
1 Par ex. pour le transport des livre?, iiiioi(|u'on suspecte Theopomp. fragoi.
lis Mûller; Ps. Longin, it.îloj;, 43, 2; Atheu. p. 67 K; Birt, Buchwesen.
p. 33, n. 2. — 2 Millin, Peint, de Vases. Il, Cl ; Lenoraiant et de Witle,
Elite cramofjr. II, 9i ; voir aenëas, fig. 15i. — a Raoul Rochettc, Muit.
inéd. pi. xvir. .XX — ► Plaut. Capt. I, 1, 22; Hor. Sat. I, 1, 70; II, 3, lie.
Calull. 13, 7; Jlart. V, 39; X, 74; XI, 3; Plin. H. 71. II, 52, 2; Juv. XI, 26:
XIV, 138 ; Apul. Met. IX. 33. p. 200 ; Ulp. Dig. XVI, 3, 1 ; Paul. Ibid. 29. — 5 H.
de LoDgpéri-r, Jiccli. sur les récipients monétaires, ap. Hev. archéol. XVII (1868).
p. 113; XIX (1889), p. 131 [quaestou, fig. .n919]. — 6 Corp. inscr. lat. VI, 1932;
.Momnisea, Droit public, Irad. Girard, I, p. 411, noie 7; Rich, Dict. des ant., s. r.
Sacs à moitié pleins à côté d'un tas de pièces de mouuaies, peintures de Pompéi ;
llelliig, Wandgeni. Campan.a. 1723, 1726, 1727. — 7 Trois lignes d'écriture sur
lui sac, peinture de Porapéi ; Hcibig, L. c. a. 1703. — 8 poll. Vil, 191; IX, 39:
X, 192 ; Pbot. p. 496, 23 ; Becker et Goell, Charikles, III, p. 393, 304. — 9 Dciuoslii.
Fig. 5988.
pleine, un véritable sac, et, par conséquent, ressemble
beaucoup au kekrypualos, du moins à celui qui affecte
cette forme. En effet, les deux termes semblent avoir
été tout à fait synonymes*. Le uoîxxoi;
fut en grande faveur auprès des fem-
mes grecques au V et au iv" siècle
avant notre ère; l'ouvrier appelé <s%/.yy-
cpivTïjç n'avait pas d'autre tâche que de
tisser pour elles des coiffes de cegenre" .
A" Saccus vinarius('jixxivij^\jli(j-zrip),
sac à filtrer le vin; on en coiffait les
vases dans lesquels on versait le vin
avant de le consommer, afin d'arrêter
la lie et les autres impuretés, que les
procédés de fabrication chers aux anciens devaient y
mélanger dans une forte proportion [vinum]. On se débar-
rassait des plus grosses à l'aide de la passoire [colum] ;
l'opération s'achevait avec le filtre'". Il était générale-
ment en toile de lin; mais les gourmets se plaignaient,
avec raison, du goût désagréable que la toile, surtout
quand elle est neuve, communique au liquide " . On s'ima-
ginait aussi que l'usage du filtre avait l'avantage de ren-
dre le vin moins capiteux'-. C'était ce qu'on appelait
saccare (ffaxxiÇstv) et castrare vinum '^ Le filtre en toile
était, du reste, employé encore dans plusieurs industries".
5" Saccus nivarius, sac rempli de neige, qu'on plon-
geait dans le vin pour le rafraîchir. On pouvait aussi
verser le vin par-dessus la neige et le filtrer ainsi du
même coup. C'était un procédé très simple, à la portée
de tout le monde, et qui pouvait dispenser de recourir
au coLUM, employé pour le même usage. Mais avec les
vins fins on préférait le colum pour la raison indiquée
plus haut : c'est que la toile du saccus en altérait la
saveur". Georges Lafaye.
SACELLUM. — Lieu consacré alentour d'un autel, à
ciel ouvert et clôturé, ordinairement de peu d'étendue' ;
il y en avait cependant d'assez grands pour renfermer,
avec l'autel, toutes sortes d'édicules, chapelles, colonnes,
statues, tables pour les offrandes, des fontaines, des
arbres [arbores sacrae]. Quelques paysages pompéiens
peuvent nous en donner l'idée^ La forme diminutive du
mot sacellum ne marque pas tant, en effet, les étroites
limites de l'espace occupé, qu'un rang secondaire
dans le culte; ce mot désigne, dans l'usage, tantôt un
sanctuaire privé, qui n'a pas reçu la consécration des
pontifes [ponpifices, p. 371]^, tantôt un lieu consacré
publiquement, mais qui paraît de moindre importance
à côté des somptueux édifices [aedes, teinpht) où les
dieux dont le culte a grandi abritent désormais leurs
images. A Rome, des divinités anciennes et vénérées,
mais plus ou moins tombées dans l'oubli, n'ont qu'un
sacellum appelé aussi bien ara. fanum, aedes, aedi-
In Olympiad., or. XLVIII, 12, p. 1170; Bluraner, Teclmol. I, p. 291. — m .Schol.
Aristopli.. Plut., 1087; Poil. VI, 18; X, 73; Plut. Sijmpos. VI, 7; Senec. Ep.
I.XXVII, 16; Colum. IX, 13, 12; XII, 17, 30; Pl(n. H.n. XIV, 22, 28; XIX, 19, 4;
XXIU, 14, 1; XXIV, 1,3; XXIX, 39, 2; XXXI, 43, 4; Mart. VIII, 43; XII, 60 ; Gloss.
net. à la suite du Thesaur. d'Eslieune ; Becker et Ooell, Charikles, u. 347 : Gnllus,
III, p. 429 ; Busseroakcr et Darcmbcrg, notes de leur édit. d'Oribase, I. V. c. V, p.
634. — Il Hor. Sat. Il, 4. — 12 Plin. XIV, 22- XXIII, 4-;. - '3 Tlieophr. Caus. pi vi,
7, 41; Plin. XIX, 53. - H Plin. X\l, 122; XXXIV, 172 - ^'' Cic. De fin. il, 8,
23; Mart. XlV, 103, 101.
SACELLUM. I Fcstus.p. 2.Î1 (LinduiannI : Loca dis sacrata sine tecto ; Trebatius
ap. Oeil. VI, 12, 5 ; locus parvus deo sncrntus cum ara ; Ovid. Fast. I, 273, et V,
no ; Corp. inscr. lut. IX, 5ill9, 1420. - 2 JUus. /lorbon. X\, 20; XII, 8; Zabu, Die
schônte Ornam. und Gemûlde. II, 60, etc. ; cf. Helbig, Untersch. ueber die Cumpan.
Wandmalerei, c. ixiv. — 3 Cic. .Irf Attic. 12, 19 : Fanum quasi cotxsecratmn.
SAC
— 9;u
SAC
ruin KA.MM '. Les sncella ou ficdiculai' do? I.are.^ com-
pilâtes, même après que leur culle eut pris sous Auguste
un développement nouveau, n'étaient que des autels
en plein air, au-dessus desquels on les voyait eux-mêmes
figurés dans une niche ou sous un fronton "labes, com-
PITALIA, COMPITIMJ ■-. E. SaGLIO.
SACKXA. — Hache de sacrifice polabra .
SACEI» POENA, p. 537, PONTIFU'.fS, p. oTl. SAi:RATi0
c:apitis. SACRiruniMj.
SACERDOS ("hseO,-). — Grèce. — 1. Dé/inition du
prêtre: différentes espèces de personnes desquelles il
convient de te distinguer. — L'Etymolorjicuni magnum,
page 468, définit le prêtre en ces termes : « celui qui
adresse au dieu les sacrifices » (Uss-J; o -riç O'jch; àvaTréfnrwv
T(0!6£u)!i ; plusieurs passages d'auteurs et de scholiasles le
représentent comme » celui qui prie pour autrui »'. Si
l'on s'en tient à ces définitions, nombreuses sont les per-
sonnes qui méritèrent, dans la société grecque de toute
époque, d'être appelées des prêtres. Ce sont d'abord
tous les chefs de famille qui, chez eux, en leur particu-
lier, sacrifiaient à des dieux domestiques et priaient eux-
mêmes pour les leurs'-. Ce sont ensuite tous les profes-
sionnels de la prière et du sacrifice, ceux qu'Homère
appelle ôuoTxdo! % et dont, chez .\ristophane ', Hiéroklès
est le type : devins, charlatans, apôtres de divinités nou-
velles, qui sollicitaient la piété populaire et prêtaient
aux dévols le secours de leur compétence liturgique. Ce
sont en troisième lieu des magistrats, civils, politiques,
militaires, en qui subsistait la dignité sacerdotale des
rois el des chefs de clans primitifs. SJziv se disant cou-
ramment de celui qui fait offrir un sacrifice aussi bien
que de celui qui l'offre au sens exact du mot % on ne sait
pas toujours au juste quel fut, dans telle ou telle céré-
monie religieuse, le rôle de tel ou tel magistral. Mais
Aristote dislingue expressément des sacrifices qu'il
nomme •.-zxtixx: ôycta;* d'autres sacrifices ô'ïi; (it, toîç
• sps'jff'.v à-oo;oa)7'.v o voaiç^ ; CCS sacrifices, que lui el
d'autres écrivains, Plularque notamment, appellent t.x-
Tp'.oi', et qui paraissent s'être accomplis le plus souvent
au foyer de l'État ', étaient offerts, dit-il "\ par les héri-
I Jordan. To[.o'jr. d. SladI Rom, 11, p. iH : Id. in Hermès, XIV, p. 57T sq. :
Marquardl. Handbiicli (Irad. fr. Le culte chez les Rom.) I. p. Igi-IS*; Wissowa,
Relig. imrf KuUm de Ramer, p. 400-402. — 3 Wissowa. L. I.
SACEROOS.I Aesch. C. Clesiph. 18 : Toi; ïiotr,- .«; To; tsjt;»;... ^oi; rà; cOii;
j=c9 j;i.-» :t;'.; t'-j; •s'vj; cù/o{i£vou;. Cf. PIul. Cum princip. philos. 3. 7 ; Schol. Aris-
loph. flan. 297. — 2 Arislopli. Pax, 937 sq. : Is. De Ciron. lier. 16; elc. Voir
siCKA. — 3 //iarf. XXIV. SSl: Od. XXI, 145; Eustalli. ad I. — t Arist. Pax,
1043 sq. — 5 Cf. Marlba, Les sacerdoces athéniens, p. 7j. — 6 Arisl. Polit.
p. 1285 B. 1. 9-10. —7 Jb. p. 1322 B. — 8 /*. p. 12S5 B, 1. 14 sq. ; Plul. Quaest.
conviv. VI, 8. 1. — «Arisl. 0. /. p. 1322 B;Plut. £. /. — 10 Arist. 0. l. p. 1322 B.
— Il Paus. I, 5, I : Kai eiou»; ti ivT»:'a (dans la Iholos) »; sfuTi.!,;; cf. Kôhler,'
Hermès. V, p. 334. Sur les sacrilices précédant les délibérations de l'assemblée
(/iijrr. gr. H. 417. 459, etc. ; [Dem.l, Prooem. 54; Thcophr. Char. 211. cf. Gilbert,
Staatsallerlh. |2, p 326, n. I. — <2 Arisl. AS. ro>.. 57. l : ,; STsi; listi. »«'. Ti;
-«fîcv; i^i'.it; S.o-.»!'^ o:t.>; (larcbonte-roi) tà»a; ; Poilu». Unom. Vlll, 90 : .ai -a
rtfï T«; tatjiSa; C-jiict; Xtoîxet (ce mot S..qix£7v semble faire allusion à des fonctions
iradminislrateur. d'organisateur, plutôt qu'à des fonctions proprement religieuses);
Arisl. f>./. 5S, I :9jei ;Al«(le polémarqiie)0->9;a; tt.v te t»jt ' Aj-.ejaî 5, xr.r '.AvjoTe'pat vatTwT
'ËvuïX'Mi... x«'; 'As}t'>5V. ira' '.Xç-.ff :5*ïtT^>t -,% îv«7iT;iaT«-o..ET. — 13 plut, Quaest. conv.
VI, 8, I. — Il Dittenberger, Sijtloijei, 616. — 15 Ibid. 426. 1. 17 sq. — 16 Ainsi que
l'affirme l'auteur de la Resp. Laced. 15, 2 ; i"»r,.£ ^ij (Lycurgue) «in. ^i, Si^.un
ï;5* xdVtw; Ti ir.-^if.x âî:avT«. I.e telle d'Hérodole, VI, 57. est d'une lecture dou-
liuse [tj,\.,, ou »a»lr.v?) et d'une interprétation contestable. - 17 Hcrod. VI, sn.
— t» Hermès, XXI (1886), p. 308, note. Cf. Arrian. Anah. II. 26 ; etc. — 19 Ainsi,
â l.:alaurie. un certain Agasillès el sa femme Xikagora ayant consacré à Poséidon
iiae somme d'argent el un terrain, les citoyens décident que cliaquc année on
ctioisira deui tctiACAr.Tat qui, avec tes revenu* de la douation, n sacrilîeront à Posei-
<ion une brebis adulle el une aulre a Zeus Sotor, ayant élevé un autel devant les
siatues des donateurs à côté du bouleutériou »: llittenberger, Si/lloge-, 578.
— *> .Sur les Iifomoi', cf. Dôrmer, De Graec. sacrificulis gui '.sfoïoto; dicuntur,
dans II-. Dissertât, .irgentoralentcs, 1S83; Schclll, .4Men. Festcommisiionen,
tiers des anciens rois, ïp/ovts;, paCTÀst;, itpuTivei; [regnum,
p. 8221. De ce genre devaient être, à Athènes, certains
sacrifices offerts par les prytanes", par l'archonle-roi
et par le polémarque'-; à Cliéronée, le sacrifice offert par
l'archonte local lors de la pouXifiou È^Àaai; " ; à (".os, le
sacrifice offert à Heslia, au mois de balromios, par celui
qu'une inscription appelle Ysp^asopo; pxtsùAoïv "; à Stiris,
les sacrifices offerts par ï/iiérola>nias au nom des anciens
Médéoniens ''; elc. A Sparte, si les rois n'offraient pas en
personne tous les sacrifices publics"', ils faisaient tout au
moins fonctions de prêtres vis-à-vis de Zeus Lakédaimon
et de Zeus Ouranios ^' . En campagne, il pouvait arriver
que le général sacrifiât pour l'armée '". Enfin, des sacri-
fices étaient parfois offerts au nom de la cité, d'une sub-
division de la cité, d'un corps politique, d'un groupement
quelconque, par des commissions, permanentes ou tempo-
raires, instituées ad hoc'''. Parmi les fonctionnaires très
différents les uns des autres qui s'appelèrent è-^rijxiîvioi,
parmi ceux que désigna le nom UpoTroio!-^', il dut y en avoir
qui offrirent, à proprement parler, des sacrifices: c'est le
cas, semble-t-il, à Athènes, pour les ispoTroioî des Augustes
Déesses '^' ; pour ceux qui étaient tirés de la boulé au mo-
ment des £!7iT'/-pia-- ; peut-être pour les (lix ispoTroiol èx't xà
èx9'J(AatTa, désignés annuellement en vue des sacrifices que
pourrait ordonner un oracle et de ceux par lesquels on cher-
cherait un présage-'; peut-être aussi pour les dix iepoTioto';
xat" ÈviauTÔv ^' ; à Délos. pour les hiéropes d'.^pollon '" ; elc.
Ces divers personnages, quelque nom qu'ils aient
porté-', n'ont pas été exactement des prêtres. Dès avant
le début de la période classique-', le prêtre, au sens
étroit du mot, est le desservant attitré d'un sanctuaire-*,
l'intermédiaire officiel entre le dieu, ou les dieux, qui
régnent dans ce sanctuaire el les fidèles qui viennent les
y prier, c'est-à-dire leur offrir des sacrifices; il ne peut
exercer que là son ministère; et là, en revanche, il jouit
d'un monopole. Il arriva bien quelquefois, surtout à la
basse époque, qu'un seul prêtre desservit deux sanc-
tuaires du même dieu ". ou même plusieurs sanctuaires
de divinités différentes'". Il arriva aussi qu'il y etit
plusieurs prêtres ou prétresses attachés simultanément à
dans les Sitzunijsbericftte de l'Académie de Munich, l!l87. Sur les £7t;Ai;vi«L,
Oôrmor, O. I. appendice. — 21 Dero. C. ^JiJ. 115 : Tal; eri^t»?; «sat; 'ic;os<ti>
atpE&ÉvTs... xai vaTa9^â{*£vov Tù» ûpù* (sur la valeur de cette eipressioo, voir
ci-après, § II, 3»), — 22 /bid. 1 14 : Ettri-r^pt' ûslo -Hj? PouX^; iepoKati;sat xa'i $J(r«i, xct'i
»aTâj5«fl«fltt T.S» ;e?.T.v. — -1 Arisl. "A». To\. 54, 6 : ... o" Ti te navTEUTà ÎEçi •uo-jot». x«v
rt xal'jiiE9J;'iat SÉijt xa'A^ktE^ojT, |jiETgL T.*. (fcàvTEwv. Toutefois, sur les fonctions respectivt^
des devins et des liiéropcs, cf. Schol. Dcm. C. Aîid. 115) : isaocoiôv 3e xaVoi7(n tôv
ÊcOTTEÛoyTK TailÇ (xdvTEt^ ûTE 6ÙOUO, [*,] TÎO'J Tt XKX0upfô>9tv Êv TaT; SuTiaif. — ^ /Ô. 54, 7 :
... oï «u»;.; TÉ T..i; •liou».. — 2i Bull. corr. hetl. XIV, p. 418-410. — 26 Des mitra-
gyrtes qui couraient le monde en promenant le culte de Cybéle. des personnages
équivoques, comme Ninus, qui introduisait à Athènes, en dehors de tout sanctuaire
officiel, les fêles de Sabazios, sont appelés parfois Îe^eT;, ti^nnx. IJuelques inscrip-
tions éphébiques mentionnent des éphèbes. des enfants (eseF; (cf. Bull. corr. hell.
XV, p. 257, 278) , on suppose qu'ils étaient chargés d'accomplir, lors de certaines
fêtes, les rites et les sacrifices (jui précédaient les concours agonistiques et les jeux
(/ô. p. 278). Sur les iÊpiiai rava^-ïî d'Elcusis cf. Foucart, Les grands mystères
d'ÉUusis, p. 67. — 27 [^e prêtre tel que nous le définissons apparaît déjà chez
Homère- Témoin Tbéano, qui introduit les femmes troyennes dans le sanctuaire
d'Albéna. pré-senle leur offrande à la déesse et prononce pour elles la prière (//t'a//.
VI, 298 sq,). — 28 Ce sanctuaire ne comporte pas nécessairement un lemple, et
n'est pas toujours un sanctuaire de TËtat. Il y eut des prêtres attachés à un téménos,
à uu autel. Il y eut des prêtres do tribus, de dèmes, de phratries, de ie'vt., de thiases,
etc. — 29 Un seul prêtre pour les deux temples d'.\sklêpios sur le versant sud de
l'Acropole d'Athènes : Athen. MUtheit. Il, p. 255. Une seule prêtresse pour le
Parthénon cl l'Èrechtlicion : Jb. et Ath. AJitth. XII, p. 195. A Slratonicée, au ii«
ou fu* siècle de notre ère, le même homme est prêtre simullanémeut de Zeus Chry-
saor, de Zeus Narasos el de Zeus l.ondargos : Bull. corr. hetl. XII, p. 83, 8s.
— 3« Inscr. gr. XII. 1, 786 (Lindos) ; Bull. corr. hell. XIV, p. ,165 (Slratonicée);
'E». 'A9X- 1892, p. 20, 23, 25 (Sparte); etc. A Slratonicée. à l'époque impériale,
un seul homme exerce ii la fois les deux principaux sacerdoces du pays : celui d'Hé-
cate et celui de Zeus Panamaros (Bull. corr. nell. XII. p. 83, 86, 88|.
SAC
935 —
SAC
un même sancUiaire '. Mais ce furent là des cas excep-
tionnels-. Par contre, un même individu pouvait être
tour à tour prêtre de divers dieux; les textes qui le prou-
vent surabondent \
11. Fonctions du jjn'trc. — Les l'onctions des prêtres
Jurées peuvent être réparties en trois groupes, confor-
mément à la division que M. Martlia a proposée*.
1° Fonctions diaconales. — Les prêtres sont les
<c serviteurs du dieu » % et ils doivent veiller à ce que le
séjour dans son temple lui soit agréable. De là, l'obli-
gation de soigner sa statue, de la laver, de la parer'^ ; de
conserver propres et bien rangés le sanctuaire, les cons-
tructions annexes, le péribole''. A ces fonctions diaco-
nales proprement dites, nous pouvons rattacher certaines
fonctions de police*. Les prêtres tiennent la main à ce
que personne ne profane ou ne dilapide le domaine du
dieu : par exemple, à ce qu'on n'y coupe pas de bois ^ à ce
qu'on n'y tire pas de la pierre, à ce qu'on ne vexe pas les
animaux sacrés; ils font respecter le droit d'asile'"; ils
empêchent d'entrer, de sacrifier, les personnes qui n'en
ont pas le droit" ; bref, ils répriment tout délit, tout dé-
sordre à l'intérieur de l'hiéron'-, et imposent V E'j-*.or:tj.iix''' .
Dans l'exercice de cette première espèce de fonctions,
les prêtres sont, d'ailleurs, très souvent secondés, ou
même suppléés, par d'autres personnages. Ils le sont,
pour peu que le sanctuaire ait tant soit peu d'impor-
tance, par nombre de fonctionnaires subalternes ou
d'employés [uieroduli, neocoros, zacoros, etc.)'*, par
les membres de commissions sacrées ou de certaines
familles '^ Ils le sont aussi par les magistrats civils : la
police des cultes et des édifices religieux étant réglemen-
tée ordinairement par l'État, ou par une fraction de
l'Étal qui est propriétaire, il est naturel que les déten-
teurs de la puissance publique aient qualité pour la
faire observer. Dans une inscription attique, le prêtre
d'un culte de dème, celui d'Apollon Érithaséos, fait une
proclamation et une défense en son nom, au nom des
déniotes et au nom du peuple d'Athènes ^'^ ; si les délin-
quants qu'il saisira sont esclaves, il pourra, à lui seul,
leur faire administrer cinquante coups de fouet; mais si
ce sont des hommes libres, il devra, pour leur infliger
une amende de 30 drachmes, s'entendre avec le dé-
marque; dans l'un et l'autre cas, le nom du délinquant
sera transmis par lui à la boulé et à l'archonte-roi ; le
1 Exemples : plusieurs pi-ôtres siniiiUanés d'.^rtémis Ki^koia k Lioilos {/user.
gr. XU. 1, 88!); un prélre et une prcitresse d Arlémis Hymnia à Orchomcuc
d'Arcadie iPaus. Vlll. iH, 1) ; un prôlre el une prêtresse cliez les orgéons
du Pirée (Michel, Becueil d'inscr. '.I7H) ; etc. — '- Lorsqu'un prêtre est prêseutù
comme étant à la fois prêtre de plusieurs dieux, il arrive souvent c|ue ces
dieux soient adorés ensemble dans le môme sanctuaire : cf. Dittenberger,
Syllog^'i. 627 (...»«', ^:.<, iUuv «sS» to". évT.niv'uv ioi^y Iifôit.. i U'çiu;) ; Eç.
'Afjr. 1892, p. 20 (... «al Trây (TU»»a9!iSjJïiïvuv Bs™-, iv toï; nioYlyoaiiillvoi; 'itp^lO ;
p. tî I... >ul T.ôv iiu'/<aei.$DiiWv>o> tv TuT Ti|iiivii Si.T.v). Diodorc de Sicile dit
uettement que la multiplicité des prôtre;^ attacliés à un même sanctuaire
n'était pas ordinaire chez les (jrecs (I, 73, 5). Quebiuefois, les prêtres ou pré-
Iresses pouvaient avoir des vicaires, dont le choix leur appartenait : cf. Dilteo-
berger, SyUogei 598 ((jsiéftta) ; 7;i7 (ivôiEpEJ;). — 3 A la basse époque, il y eut en
certains pays une sorte de cwsus honorum sacerdotal : par exemple à Stralonicée,
où les prêtrises de Zeus Clirysaor et de Zeus Pana > aros étaient la préparation
ordinaire à la prêtrise d'Hécate {Bull. corr. heli. .XI, 30 ; XV, 170). — 4 Martha,
Sacurrloces athéniens, p. U. —5 pollux. On. I, 14 : 0\Sl t.;.v Js.r,-, e.j«.»!uT(il Ufiiî
*-\. Cf. Martha, 0. l. p. 51 ; Lcbas-poucarl, /nscr. du Péloponnèse, p. 213, 352 h ;
DM. corr. Ii-ll. XIV, p. 180. — 6 Encmple : Michel, Bec. d'inscr. a' 735, I.
130-132 : ... npovqoû^cvo; dtça,: <a; xt xal yoT^^QU i;pÉ7TovTo; icoi^Sv à|a'A{AÛTuv. Cf. Martba,
O. l. p. 45- 49. — 1 Exemple ; Uilteuberger, Syllogei. 594 : [Ivo,|ittv) Si t!,. Ufi|
xi, .<■« ,«;' 4i.,[oav- i,;in,]»,aOK, Si «i-i,v x.\ xiq aTo,à[i -S; zb]tTOit ' \wt.<i.Ti:d,^: Ssu.;
•«Ii=p[n T,;]. — 8 Platon (Leg. p. 75S-7.S9) rapproche les prêtres des astynomes et
autres magistrats de police. — 9 Exemple : Dittenberger, 5()8. — to Ex. : Dilten-
tout, en vertu d'un décret de la boulé et du peuple.
2" Fonctions administratives. — A l'origine, le prêtre
administrait la fortune de son dieu, entretenaitetréparail
les édifices sacrés, conservait les offrandes, affermait ou
faisait valoir les immeubles, gérait les capitaux". Cet
état de choses subsiste cà et là dans le monde grec, à
l'époque classique et plus tard'*. Les prêtres sont nommés
dans un décret attique de la fin du v' siècle parmi les
personnes qui doivent avoir connaissance des prêts
d'argent consentis par les trésors des temples". Dans un
décret du dème de Myrrhinonte, datant du iV siècle, il
est prescrit aux prêtres, s'ils prêtent de l'argent sacré,
de le prêter sur bonne hypothèque, et de placer sur le,
fonds hypothéqué un ô'po; avec le nom du dieu qui a
prêté-". Le prêtre d'Asklépios à Athènes, aux iv'etiii" siè-
cles, reçoit les ex-voto, dont il fait remise au moment où
il sort de charge-' : il aide à en dresser l'inventaire"^-;
lorsqu'on procède aune refonte partielle, s'il s'agit d'une
refonte peu importante, peut-être il s'en occupe seuP' ;
nomme-t-on une commission, il figure (de droit, à ce
qu'il semble) au nombre des commissaires'-*. De même,
en pareille circonstance, le prêtre du Héros Médecin".
A Lindos, dans le cours du ni" siècle, un prêtre d'Athéna
est chargé de payer la gravure d'un décret rendu en
l'honneur d'épistates-'^. Dans un sanctuaire de Pergame,
vers la fin du même siècle, le prêtre veille sur l'argen-
terie el autres objets précieux ; il entretient et donne à
ferme des ÈpYaaTriÇ-.a appartenant au dieu-'. \ Uion,
au W siècle, un prêtre de tous les dieux fait âx toù lEpoù
àpyiiptou un don de 15 000 drachmes en vue de la célé-
bration des Panathénées '-* ; etc. Mais, dans le domaine
administratif, la compétence sacerdotale est très com-
munément limitée par l'activité d'autres personnes ^^
[pROSODOi]. Des intendants ou trésoriers des dieux (Tajxt'ai
Tiûv îepùv ^pTijJLOtTtov, UpOTaptiat, l£pû[Ji.vYi[j.oveç, UpaTrdXoi, Upo-
Tcoioi, Upovofjioi, lepip/a'., vEioTtoTai, vaocpûAaxEç, etc.) exis-
tèrent en nombre de pays^"; ou bien la comptabilité des
richesses sacrées fut tenue par des fonctionnaires de
l'État^'. A Athènes, il y eut un collège annuel de dixUptôv
ÈTTKrxEuaaTa!^-, et un ou plusieurs architectes ètci xi
Upà^'. Un décret de 284/3 nous montre la prêtresse
d'Aphrodite Pandémos faisant faire une démarche
auprès de la boulé et du peuple pour que le temple
qu'elle dessert soit mis en tenue de fête le jour de la
berger, 053, ligne »3. - 11 Herod. V, 72; VI, 81. — li Dittenberger, 3S9, 1. 9 sq. :
'AvSiT.4 48i«it iv-ol'.ioir ;, Un; fi SriiJiiTri;, Ç^nioiiiu 0 Isptù; [li/j. lîi'vxt 8faxi»!"»»"f'";
,t'a. — 13 Dittenberger, 594, 1. 24 sq. : 'Eï.jWttoSai Si ««i xi;; lixoonîaî x^î >axi xi
•ut,iv nàTT.î xbv Iijic. xzl.. ; Michel, Bec. d'inscr. 689. 1. 10-1 1 : litini;»iÀiix«i Si «aï xi|4
x..i »aoù iû»o.T;.;a;. - It Cf. NEocoBos. HiEiioiiui.i. — 15 Ainsi Ics oacSuv-al d'Olympic,
soi-disant descendants de Phidias, qui prenaient soin de la statue de Zeus ; à Athènes
les Praxiergides, ({ui déshabillaient l'image d'Athi'na Polias au moment des Plyn-
téries ; les Loutrides et les Plyntrides, qui la baignaient, etc. — '6 Dittenberger,
568. — " Cf. S«oboda, Ucber griech. Schatzverwaltung, dans les Wiener Slu-
dien, XI, p. 80 sq. — >» Swoboda, O. l. p. 80, 82. — '9 Dittenberger, SI àioj/.-
viyio. Si x« T«rf»l'H'"« l">î ■" ^-mi »«"' I"» ht.fo«o.o'i xo', if x,î Si'aK oTSlv. — 20 Michel,
Bce. 150. — 21 JnSCr. gr. Il, 833, 1. 74 : TdSt ip<.oiiaotSo,«tv Ujsù; 'AaxÀrin.oî x«
àvax.et.ta ie U^-.tiS ; 1. 78 : TdSt tçoomçiSu.cv Ufti; 'A<n)iT,-,oi?. — 22 Michel, 821,
1. 7-8 : T«ix«; esii i 'isfiù; Ei;..«;S,i •AX.i.ù-, ii«'«aià; iX.ai ; 1. 3 : -aixa; Sit. to^
iitoSoù.o: i,o«-.;« Mufj.ïoùo.oï. — 23 Martha, 0. l. p. 109 et n. 5. — 21 Michel, 823.
Cf. Martha. 0. L p. 107. — 2j Michel, 687 ; Jnscr. gr. 11. 403, 404. — 2' Michel,
435. _ 27 Dittenberger, 604. — 2S Michel, 731 ; cf. Swoboda, Wiener Si. XI,
p. 69-70. — 29 Aristot. Polil. p. 1322 B, I. 18 sq. : i'a<, S'nSos isii»Eli!«; ii ittol ■'■'»5
Cto-Jî, oîov UieTî X£ m'i iitifn'Ar.xa'i xdv ittf'i xi 'iipi xoù ouiÇirin; xt xo S;idf,ovx« »al
4»oç(oi;ii9ai xà îic'itxoyxa xiv oUoSoarijidxiuv xaî xSv «XXiuï Sia xixaxiai itobi x-,ù; SsoiJî.
I:u|<.6ai'/ît Si xijï én.nills.aï xaixiiv ivia-/.où |»iï e'v«i (lîav, oîoy iv xnï; |»ixpat5 noltiti»,
!.[«;(•>■; Si iio'Uài »«'. x!/upi5|>£va; -:f,i uoiuaivr,;. — 30 Swoboda, Wiener Stud.
XI, p. 82. — 31 Swoboda, /6. — 32 Arisl. 'AS. IIo». iu, 1. — 33 Michel, 087, I.
29-31). Cf. Martha, O. l. p. 107.
SAC
— 93ti —
SAC
grande procession ; elce sont les aslynomos qui reçoivent
lacliarge de polir les autels, d'enduire de poix la toiture,
de laver les statues'. A l'époque impériale, un prêtre d'As-
klépios sollicite l'autorisation de réparer l'Asklépieion à
ses frais -. Quand il s'agit de fondre des ex-voto apparte-
nant à Asklépios ou au Héros Médecin, c'est la boulé ou
le peuple qui décrète l'opération ; au prêtre sont adjoints,
pour en surveiller l'accomplissement, le stratège ir.': tv
^rapadxsuT.v, l'arcliilecte èrti ri ispi, des aréopagites, de
simples citoyens'. A Oropos. en pareil cas. le prêtre
d'Amphiaraos ne parait jouer aucun rôle*. La location des
TJixÉvT, rentre, à Athènes, dans les attributions de l'ar-
chonte basileus ' ; ailleurs, nous la voyons faite par des
x-T,jiiT(ùvi!, des liiéropes, des agoranomes, etc. [prosodoi].
La préparation même des fêtes religieuses, des sacrifices
publics, n'est pas ordinairement laissée aux soins des
prêtres. Tant(M des magistrats civils en sont chargés :
par exemple, à Athènes, le basileus, l'archonte, le polé-
marque, etc. Tantôt elle est confiée à des commissions
spéciales : 'lEpoirotoî, ÈitijxeÀTjTaî, £in|XT|Vtoi, 'fioMvxi, etc.'.
C'est tout au plus si nous voyons le prêtre présider au
choix des victimes '.
3° Fonctions liturgiques. — Ce sont celles qui distin-
guent essentiellement le prêtre des autres fonctionnaires
sacrés. En général, on ne célèbre pas dans les temples
grecs de service religieux quotidien*. 11 arrive que le
prêtre soit chargé par la communauté d'offrir en son
nom un sacrifice au dieu une fois par an, une fois par
mois, ou plus ': en dehors de ces occasions, il ne fait
«(n'assister ceux qui, à intervalles réguliers ou irré-
guliers, à titre privé ou à titre public, viennent sacrifier
dans le sanctuaire ">. Mais alors, quels que soient les
sacrifiants, le prêtre doit être là et participer au sacri-
fice". Si les textes où sa coopération est stipulée,
signalée, ne se trouvent qu'en petit nombre, c'est que
la chose allait de soi et qu'elle pouvait être sous-
entendue'-. Au contraire, la faculté de se passer du
prêtre, étant une rareté, méritait qu'on la précisât en
termes exprès, et elle est précisée effectivement dans
plusieurs règlements religieux. Cette faculté existait,
par exemple, à l'Ampharaion d'Oropos, mais seulement
quand le prêtre était absent, et s'il s'agissait de sacri-
fices offerts par des particuliers"; à Milel, si un étran-
ger voulait sacrifier dans le sanctuaire d'Apollon, il
pouvait prier de l'assister, au lieu el place du prêtre,
n'importe quel Milésien " ; à Chios, dans un sanctuaire
d'Héraklès appartenant à un vivo;, le prêtre, absent.
« Dillcnbergcr, 556. — 2 Dilleoberger, 558. — 3 Inscr. gr. Il, 8.16: Michel,
Rec. «87; IntCT. gr. Il, 403, 40*, 405 4. — l Michel, 8Î7. — 5 Arist. -M.
n«i. 4". 4. — 6 A Halicarnassi-, ce soot les fenimes des prytancs en fondions
pendanl le moi» dhdrakleios qui sont chargées de préparer le sacrifice à
Arlémis l-rgiia (DiUenkergcr. 601). — 1 Par eien.ple à Cos, lors du sacri-
fice ollerl en Balroniios à Zeus Polieus (DlUenberger, 616). - » L'offrande
do sacrifices publics .luolidiens sur lautel de Zeus à Olyrapie csl signalée
par Pausanias (V. 13. 5) comme quelque chose dcxlraordinaire. V élail préposé,
â l'époque romaine, un fonclionnaire spécial, appelé ««îr.^noSJx,:; ; cf. DiLlcn-
herger. 612. n. 10. - ■• Sch5mann.Lipsius, Griech. AUer'th. I|i, p. 435-456.
- '0 Une inscriplion de Cos nous montre un prêlrc veillant à ce que cerUines
per.ounc5 onrcnl régulièrement, dans le sanctuaire qu il dessert, des sacrifices qui
leur sont imposés (Oittcnbcrger, 940). - il Marllia, O. t. p. 79. - 12 piaion le
laisse entendre dans ses Lois, où il erapruulc beaucoup de disposilions a la réalité
qui lentourait : Hobs w S,|»ia,. Tt» ti^. „•, «t, UfiS,; -.t ..\ U,-.--,.-, init^iV^^ xi
«V.Tt. ,;; ir.,U toit». i.,K,i,i; (909 D). Nous lisons dans le règlement d'un sanc-
tuaire de Mén Tvraanos (Diltenbcrger,633) : Mr,e;ïa «aaià^eiv «„j -«; «aiiij
ti ;.ai.. — 13 Dittenbcrger, 589. - U Oiltenbcrger, 627 : 'h, -il,- CJ^'^-lf-lx
■A„iv»... ,,„,,j^,. ,: i„;. .-. i. ,.!,. ; j;„. (s„^ ,^ ^^^ -^ ^,or:,i,L,. 'cf.
Frankcl. Imchr. von Pergamon. I, p. icf; Ziehcn, Mein. Mus. 1904, p. 401)
peut être suppléé par un de ceux wv al Xoy;/ai EÏtriv "■.
Kn quoi consistait l'intervention nécessaire du prêtre
dans l'acte du sacrifice? 11 n'est pas douteux que fré-
quemment il maniait lui-même le couteau, qu'il portait
à la bête le coup mortel, lui ouvrait le ventre pour eu
arracher les entrailles, la dépouillait et la dépeçait en
morceaux : des passages d'Kuripide'\ de Plularque'\
de Lucien", le rapprochement plusieurs fois répété du
prêtre avec le cuisinier", nous fournissent de sûrs
témoignages. Mais, non moins certainement, celte
besogne sanglante pouvait être abandonnée par le prêtre
à des auxiliaires ou à des serviteurs. Iphigénie, dans
Jphifjénie en Tauride, se défend de frapper les victimes :
" le soin d'égorger ((T^ày'.a) », dit-elle, « regarde d'autres
personnes » " ; et, à la question d'Oreste : « Femme, tu
immoles loi-même les hommes avec l'épée? » elle
répond sans ambiguité : « Non (où/.). »-'. Nous connais-
sons en différents pays l'existence de fonctionnaires qui
portaient le nom de ^ûttiç ou UpoôÛTT,; [hiérothytèSj ; ces
fonctionnaires durent être, au moins dans quelques cas,
des spécialistes de l'immolation, distincts des prêtres --.
Il en fut de même, selon toute vraisemblance, de plu-
sieurs des ui-j-eipot que nous trouvons mentionnés çà et
là dans le personnel d'un sanctuaire [coouus] ". Laissons
donc de côté la boucherie et la cuisine sacrées. Les
moments du sacrifice où le prêtre doit agir en personne
sont au nombre de deux-* : 1" Il voue la victime à la
mort, il la consacre et commence l'offrande. C'est ce que
veut dire Iphigénie lorsqu'elle déclare : xaT(xp;^o[xai [aév,
•75ixYta o'iXXomv [léXei. On trouvera dans l'article sacri-
FicnJM le détail des opérations que désigne le mol
xaTap/ûftat. 2" Il prononce la prière qui accompagne
l'oblation. Témoin ce paragraphe du règlement d'Oro-
pos-' : KaT£Ù/s<î8ai oè tiûv t'epwv xa'i êirt xbv flwjibv èriTiÔstv,
oTav ■Kv.ov.y Tov l'spéa; ou bien encore la question que les
fiivTEti; ituôixoi, dans Andromaque'^ . posent à Néopto-
lème : w veavia, t( iTot 6sw! xaTeu;6pL£(T9a ^'.
Ici et là, l'intervention sacerdotale a pour objet
d'assurer, par l'observance des formalités imposées, la
valeur et l'efficacité du sacrifice. Le prêtre grec est le
conservateur des rites, une espèce de vojxoipùXa^'^*. Ses
fonctions proprement religieuses ne vont pas au delà :
il ne prêche pas el il n'enseigne rien.
III. Conditions requise.'! pour être prêtre. Dési-
gnation des prêtres. Durée des fonctions sacerdotales.
Parmi les conditions physiques requises pour l'exer-
cice du sacerdoce, la plus commune est celle qu'expri-
— 1j Dittenberger. 627 '«jo,ej,;tsjtti. ; cf. FrSnkel, L. I.). — 16 Uerc. Fur. v. 451-
45Ï (t:ç îeçe-jç ; ttt, «sareù;... n... çoveûî ;). — 1" Non posse suav. viv. sec.
Epie. ît. p. 1102 C (tut Upsi «rrdtto.t.). — 1» De sacrif. 13 [i Si Ujeùt «Otb;
îimi.e. V'i»«Tl«s.«î »ti.y — 19 P. en. Plul. /.. (. — 20 Iph. T. 40-41. — 21 /fciV.
651-622. — '.S Je pense i des liiérothytes comme celui d'Aléa (Michel, Recueil,
695), comme celui de Thyrreuni (Michel, 865). ou comme ceuv de Messène (Boeckli,
Corpus, 1297). Une inscription de Magnésie du Méandre mentionne un 6ùti.,; au
service de l'État (Dittenberger, 553: la'itoiï XiitoufYoù.To; eOtou t>it liiti) ; nne
inscription de Mytilène, un fT.v tî}; «ô''e<,>; W^z.^ Rçodûta; {Inscr. gr. XII. 2,
484). Un «ytT.; figure dans uo catalogue de fonctionnaires religieux provenant
de Rhégium : Inscr. gr. XIV, 617. - 23 Cf. Athen. Mittheil. XIX, p. 43; Oilten-
bcrger, 140. note 23. — 21 Marlha, O. /. p. 82 et 84-86. — 25 Dittenber-
ger. 589. — 26 Androm. 1104-1105. — 2" Les hérauts ou hérauts sacrés
(U3oxr,p-j«E;) que nous voyons parfois prononcer des prières publiques (cf. Ditlen-
herger, 552, 553 ; Inscr. gr. Il, 57 b : Aeschin. C. Tim. Ï3 ; Thuc. VI, 32 ;
Atli. 149 E; etc.) ne le font ordinairement que si l'acte religieux s'accomplit
en dehors d'un sanctuaire 'priARcu]; s'ils le faisaient dans un sanctuaire, ils se
bornaient, je pense, à répéter plus haut les paroles qu'avait dites le prêtre.
— 2« Cf. Plat. Leg. 800 A (,o^«çil«i-; te ..l Itjt.a. ..', Uf.n) ; 877 0 (i».ti
SAC
937
SAC
ment les mots àçîXr,?, Oyiviç, ôXôxXripoç : les minisires des
dieux doivent être exempts de tares et d'infirmités
corporelles '. 11 arrive même qu'on exige d'eux Ja
beauté-. Ils doivent appartenir, suivant les sanctuaires,
à l'un ou à l'autre sexe '. Des prêtresses paraissent
avoir été affectées de préférence au service des divinités
féminines; mais il s'en faut de beaucoup que cette règle
soit absolue*. D'ailleurs, il n'est pas sans exemple que,
dans un même sanctuaire, coexistent prêtre et prê-
tresse '. Les conditions d'âge sont extrêmemeni
variables. Les règles que Platon et Aristote ont pro-
posées dans leurs ouvrages théoriques", — choisir les
prêtres et prêtresses parmi les personnes qui ont atteint
la; soixantaine, parmi ceux qui, à cause de leur âge, ont
renoncé à la vie active, — n'étaient pas observées dans la
réalité. Un proverbe fameux ('épva vswv, pouXat oà jAsawv,
BÙyoÀ 3à Y£?ovT(uv) semble bien indiquer qu'aux yeux des
Orecs les hommes âgés, ou tout au moins entrés dans la
période de la maturité, étaient les mieux qualifiés pour
la prêtrise"; mais auteurs et inscriptions nous parlent
de prêtres enfants', qui quittent leur emploi dès que la
barbe leur pousse', de prêtresses qui ne sont pas encore
nubiles'"; des règlements stipulent qu'un prêtre d'Asklé-
pios et Hygieia, à Cos, n'aura pas moins de quatorze
ans" ; une prêtresse de Dionysos, à Cos également, pas
moins de dix '-. Enfin, une condition physique exigée de
certaines prêtresses était la virginité '^ ; ou bien, elles de-
vaient n'avoir eu de commerce qu'avec un seul homme ".
Socialement, le prêtre devait être membre de la com-
munauté à laquelle le culte appartenait; s'il s'agissait
d'un culte de l'État, il devait, en règle générale, être
citoyen, et citoyen épitime [atimia] '^ On exigeait même
(}uelquefois que ses ascendants eussent été citoyens
avant lui. A Athènes, le naturalisé ou 87)fjioTCûiT|To; ne
pouvait exercer aucune prêtrise; ses fils seulement le
pouvaient, s'ils étaient nés postérieurement à la natura-
lisation de leur père, d'un légitime mariage avec une
citoyenne '". A Halicarnasse, il était de règle que la pré-
tresse d'Artémis Pergaia fût citoyenne I-kX Tpeïç yevsâç,
en ligne paternelle et en ligne maternelle". Il fallait,
d'autre part, que le prêtre eût bonne réputation, et qu'il
fût d'une famille estimée"; dans les états aristocratiques,
les sacerdoces furent sans doute réservés assez souvent
I Plal. O. c. 759 /; Anaiandnd. fr. :)» Kock (= Atli. 3au A), v. 10-11; Etym
m. s. v. à=E>.r,î ; Dittenberger, 50't, 1. 9-10; 598, 1. 9; etc. Les prûtres eunuques
i{ui ont desservi çà et là en pays grec les cultes de certains dieux, parfois dans
des sanctuaires publics (ainsi dans le sanctuaire d'Arl(?niis à Ephèse), étaient
d'institution orientale et recrutas parmi les étrangers. — 2 Cf. Fausau. VU, 24, t (a
Aiglon) ; IX, 10, 4 (à Tbèbes) ; l'olyaen. Strateg. VIII, 59 (à Pellène). — 3 Héro-
dote signale, comme contraire aux habitudes grecques, qu'en Egypte tous les
prêtres, prôtres de dieux ou de déesses, doivent appartenir au sexe fort (II, 35).
— » Cf. Pans. 11, 33, 3 (prétresse de Poséidon i Calaune) ; l.\, 27, 5 (d'HérakIés
à Thespies); Inscr. gr. III, 313 (d'Hélios à Athènes); Bull, de corr. hetl. IV,
p. 399 (des Corybaules à Halicarnasse) ; Dittenberger, 598 (de Dionysos à (Jos)
Paus. VIII, 47, 4 (prêtre dAtliéna Poliatis à Tégée); etc. - li Cf. Pans. VIII.
13, ! (sanctuaire d'Artémis Hymnia à Orchomène). Au coutraire. l'alternance de
prêtres et de prêtresses desservant un même culte est chose extrêmement rare ;
elle s'expli(|ue sans doute par la nécessité de ne préposer â ce culte que des
membres d'une certaine famille (Frankel, îvschr. von Perfjamon, commentaire du
n» 3kO). - 6 Plat. Le(j. 759 D; Arist. Polit. 1329 A, 1. 3i-34. — 7 Pour l'hiéro
pliante d'ivlcusis, cf. Arrian. Diss. Epict. III, il ; Foucart, Les grands mystères
d'Eleusis, p. 23. On préférait surtout une personne d'âge lorsque prêtre ou prê-
tresse était tenu à la continence; cf. Plut. De Pyth. orac. 20 ; Paus. VI, 20, 2
VIII, 3, 8.— 8 Paus. VIII, 47, 2 (Tégée); X, 34, 4 (Élatée) ; Bull, de corr. helt.
XII, p. 89 ; XV, p. 7ii (sanctuaire de Zeus l'anatnaros) ; etc. — 9 Paus. Vil, 24, 2
(Aigion). — <0 Paus. Il, 33, 2(Calauric); Vil, 26, 3 (Aigire); cic. — H Paton-Hicks,
/mer. 0/ Aos, n» 30. — 12 Dittenberger, 598. — 13 Ainsi, — sans parlt-r des prêtresses
impubères dont il était question précédemment, — de la prêtresse d'Aphrodite à
Sicyone (Paus. H, 10, 4) , de la prétresse d'Héraklès à Thespies (Paus. IX, il, :i)
VIII.
aux citoyens des classes dirigeantes ; Aristote en interdit
l'accès, dans sa république idéale, aux cultivateurs et aux
artisans "; à Chalcédoine, le sacerdoce d'Asklépios ne peut
être exercé que par un citoyen ojt 8a|jto(Tt&pYiaç ^>.i[-:eaz{]'"'.
Mais surtout il arriva en tout pays que les desservants
de certains cultes fussent tirés, exclusivement, de
familles déterminées ; ils étaient alors prêtres xoiTà
yévoç, Stx -cÉvouç, et les sacerdoces qu'ils détenaient
s'appelaient TtotTptat lepcouûvat ^'. Ainsi, dans la démocra-
tique Athènes, les Étéoboutades avaient le monopole de
fournir le prêtre de Poséidon Érechlheus et la prêtresse
d'Alhéna Polias ; les Thaulonides, le prêtre de Zeus
Polieus; les Eumolpides, l'hiérophante d'Eleusis; les
Kéryces, le dadouque ; les Philléides, la prêtresse de
Déméter et Koré;etc.--. Un pareil monopole pouvait tenir
à diverses raisons. Parfois la famille qui le possédait
était censée descendre du dieu même : ainsi, à Halicar-
nasse, les prêtres de Poséidon Isthmios avaient pour
ancêtre mythique et pour premier prédécesseur Télamon,
fils de Poséidon -'; en Laconie, à l'époque impériale, des
prêtres xaxà '(évoq sont désignés par des numéros d'ordre
à partir d'Héraklès ou des Dioscures ou de Poséidon *\
et l'un d'eux est appelé nettement Upeùç xaî àuo-yovoç
lloatôavo;^''. Ou bien il s'agit d'un culte qui, d'abord,
appartenait à un groupe de fnmilles, et qui est devenu
culte d'État; les familles autrefois propriétaires ont
retenu le droit de fournir les ministres ^'^. Ou bien le
culte en question a été importé dans le pays par un
membre de la famille : un certain Archias, ayant été
guéri par Asklépios à Épidaure, avait introduit le culte
du dieu à Pergame-'; ses descendants restèrent investis
à jamais du sacerdoce dans l'Asklépieionpergaménien**.
Ou bien quelqu'un de la famille a rendu au sanctuaire
des services signalés : ayant réparé à ses frais un
temple d'Apollon à Gythion, au n'^ siècle, un nommé
Philémon reçut pour lui et sa race la prêtrise perpé-
tuelle du dieu^'.
Nous ne voyons pas qu'on ait jamais exigé des candi-
dats au sacerdoce des connaissances spéciales et une
compétence préalable. Un passage d'Isocrate prouve an
contraire que les fonctions sacerdotales passaient pour
des fonctions peu difficiles, à la portée de tous ^". Chaque
sanctuaire devait posséder un rituel détaillé, gniue auquel
— I'. Ainsi, la prêtresse de Gé à Boura (Paus. VU, 23. 8). D'après Seevius{.id Aenri,'
IV, 19), les femmes mariées plus d'une fois auraient été couramment exclues des sacii-
doces. — «5 Plat. Leg. 739 C (i,iTo. ni. ad«l.ipo/ vu Tvr.er.o.) ; cf. Martha, .S',..-
atli. p. 24-25. Dans une inscription de Cos, qui est le règlement d'une associîttiu.i
religieuse (Dittenberger, 734), nous lisons, I. 144 sq. ; Sv Se t\i voe-jç wv ^^[iOJeÎî
Y.u,9Y,r |.£Ti,.a. ^S. ;ijS[v, v]rt lli^^ «Itut i^iri^s,. |U]?»au«J.. — <6 | Dem.] C. Neaer.
92. - 17 Dittenberger, 601. — 18 Cf. Plat. Leg. 759 C. (a,; 5t. iiiA.at. U .»6a-
^Euouffùv olxT)(reuv). Un client de Démosthèue dit do lui-même : tîooé.o'Bïiv êv xot;
EtiYevECTTtttoiç nî^r.çotïffOat Tîl; tEowawvifiç twT 'HpaxAEÏ (c. Exiboui., § 46); un pcrson
nage du comique Posidippe, parlant d'une réception entre gens de la bonne sociéb'-,
s'exprime ainsi : o &tS.-.ù; tTnçav^iî, Êitiçavr,^ o /«[AÔàvwv* -toûtwv ^uvaïJiEî ÎÉpEiKi 6£alf, Oehï
(fr. 26 K-Ock, V. 20-211. A Pellène, les prêtres d'Artémis Sotcira sont choisis x«tà
Sd-a. Yivouî (Paus. VII, 27, i). — 19 Polit. 1329 A, 1. 28-29. — 20 Dittenberger, 59'.,
1. 10. — 21 Plat. Leg. 759 B. Des expressions comme Iejeù; è; Ujiuv, iî ÎEfE'uv
xa', TîooYÔvwv, ix TCttTÉùwv lEfEû;, ne font pas toujours allusion à uu privilège de nais-
sance, mais constatent simplement un fait : le retour fréqueut des mêmes houucurs
dans certaines familles distinguées [Bull, de corr. hetl. XV, p. 170; lleller, De
Cariae Lydiaeque sacerdotibus, p. 222). — 2'2 Cf. Bossier, /Je gevtibus et furniliis
Atticae sacerdotatibus ; Tôpffer, Attische Généalogie ; et, pour les s.icerduces
èlousinieus, Foucart, Les grands mystères d'Eleusis . — 23 Dittenberger, OOk
— 2'. Boeckh, Corpus, 1353, 1340, 1355, 1349. — 2S Boeckb, Corpus, 1374. - '.iO Cf.
Martha, 0. (. p. 16-18. - 27 Paus. Il, 26, 7. — 28 Dittenberger, 592. — 29 Michel,
183. Nous voyous aussi quelquefois des sacerdoces héréditaires obtenus oi solli-
cités en récompense de services rendus â la communauté ; ainsi Hcrod. III,
142 : Parocmiographi. I, p. 402 ("EiiSafd; t!ni) ; etc. — 30 Nicocl. <> : •.,.■> S«!r,'«.'»v
118
SAC -
le prêtre nouveau se mellail rapidement on état de rem-
plir les devoirs de sa ciiargc '.
Au reste, beaucoup de prêtres n'exerçaient la prêtrise
que durant peu de temps. Dans les cités grecques, le
prêtre était assimilé aux magistrats'; et, comme les
magistrats, il était le plus souvent annuel. Toutefois,
j\ côté des prêtres annuels, existèrent constamment,
surtout pour les Tziioixi Upiosùvai, des prêtres nommés
i\ vie (Sià piou) ^ D'autres étaient nommés pour un temps
incertain : ceux, par exemple, ou celles qui devaient
résigner leurs fonctions au moment de la puberté ', ou
bien en se mariant», ou bien, comme les prêtres de
Messène', lorsqu'ils perdaient un enfant. Enfin, il y
en eut cà et là qui demeuraient en charge un nombre
d'années déterminé : deux ans", quatre ans', cinq ans^
dix ans'", etc."; cela se produisait surtout quand le
culte du dieu comportait, à des intervalles réguliers, le
retour d'une fête périodique. Ajoutons qu'en beaucoup de
pays le même homme pouvait exercer plusieurs fois en
sa vie le même sacerdoce temporaire'-.
Comment les prêtres étaient-ils désignés? Pour les
sacerdoces patrimoniaux (TraTpiat Usuaûvai), la règle de
succession parait avoir varié d'une famille à une autre ;
et il est rare qu'on puisse la discerner. A Halicarnasse,
parmi les descendants deTélamon, tous les frères, semble-
t-il, étaient appelés à se succéder, du plus âgé au plus
jeune; ensuite, tous les fils du frère aîné, par rang d'âge;
tous les fils du frère cadet, par rang d'âge; et ainsi de
suite; à la troisième génération, tous les fils du fils aine
du frère aîné, par rang d'âge ; tous les fils du fils cadet du
frère aîné, par rang d'âge; etc.; il va de soi que sou-
vent un membre de la famille mourait avant d'avoir eu
l'occasion d'exercer la prêtrise '^ A Halicarnasse égale-
ment, un certain Posidonios, ayant institué un culte fami-
lial, décide par testament que le prêtre sera toujours le
plusâgé de ses descendants en ligne masculine '*. A Théra,
une femme qui na qu'une fille, Épictéla. décide, en de
l)areilles circonstances, que le sacerdoce domestique des
Muses et des Héros appartiendra toujours au descen-
dant le plusâgé de sa fille'». D'autres fois, un tirage au
sort décidait entre ceux des membres de la famille qui
posaient leur candidature: c'est ce qui se passait à
.\tliènes, dans la famille des Étéoboutades, pour la prê-
trise de Poséidon"^; dans la famille des Kumolpides,
pour riiiérophantat ''.
1 Cf. Slartba, n. l. p. iS-i9. — 2 Arislote {Polil. IS99 A, I. 17 sq.) réprouve
celle assimilalioD, mais de maDicre à laisser entendre qu'elle élait communèuient
.admise. Cf. Martha, O. l. p. 6 et noie l. — 3 Variantes; ÎEpiù; èjîÎ C<"^; (Dilten-
Uergcr. 595. COI); Uçeù; he/çî ?îo-j (Dittenberçer, 603); cxaTô; îtoEJ;, înscr. gr.
\[l. I, 780. — i Paus. Vil, 2i, a ; 26, 3. — s ("ans. Vil, 19, 1. — 6 Paus. IV,
lî, 4. — 1 Inschr. ron Pergamon, a" 107 et 525 (culle J'Atliéna Niképhoios).
— 8 Bull. corr. hcll. Vil, p. 203 (Altalie, culle des Empereurs); Paus. Il, 14, 1
(Plilioiilc, culte do Déméter). — 3 Paus. X, 34, 4 (Élalée, culte d'Athéna Kranaia).
— ïO [Jiltenberger, 645 (Miuoa d'Amorgos, culle de la Mère des Dieux), I. 17 ;
• t^atixu ï-rt SÉ»a iv ^ojX»iTai. — H Le prôlre d'Atbi^na Lindia qui est demeuré en
charge treize mois {/nser. gr. XII. 1, 832i était un prêtre annuel; il avait
exercé le sacerdoce pendant une année intercalaire ; cf. Diltenberger, De sacris
nhodiorum commenlalio altéra (Halle, ISST), p. V. — 12 Par exemple, à
Slralouicéc, le sacerdoce d'tlécale [BuU. corr. heil. XI, p. 31-35), le sacerdoce
.le Zeus l'anamaros [Bull. corr. hell. XV. p. 109). En pareil cas, il était, serable-
I il, exceptionnel que te prêtre fût maintenu dans ses fonctions pendant deux
pjriodes consécutives {Uull. corr. hell. XI, p. 34). — 13 Diltenberger, 608.
— H Diltenberger, 041; cf. Uermes. XX, p. 23, n. 2. — 13 Michel, 1001 ;
cf. Hermo, L. l. — <c |Plul.) Vit. .\ orat.. Jyc. 39. — 17 Scb. Palm, dans
le Bull. corr. hell. 1, p. 52; cf. Foucart, Les grande mystères d'Eleusis,
|i. 2»-2:i. — 1» Cf. Arisl. Polit. 1299 A, l. 10-18. — 19 Boeckb, Corpus, 2884;
Inscr. gr. XII. 3, 178; cf. Plat. Leg. 759 C. — 20 Dem. C. Eubul. 40. Dans le
décret de Uélos (Michel, 103), je doute qu'il y ait une allusion à ce mode de dési-
gnation mi.xte. Après loJ S^^9u, à la ligue 19, je pense qu'il faut suppléer Uçe:;
938
SAC
Les sacerdoces ordinaires étaient attribués le plus sou-
vent par l'élection ou par le tirage au sort". Ce second
mode de désignation semblait particulièrement conve-
nable, parce qu'il permettait à la divinité de choisir elle-
même son ministre '^ D'ailleurs, les deux modes pou-
vaient, à ce qu'il semble, se combiner : dans le dème
d'Ilalimonte, le prêtre d'Héraklès était tiré au sort parmi
un certain nombre de candidats que les démotes avaient
préalablement choisis-". En tout cas, désignés par le
sort aussi bien que nommés à l'élection, les prêtres,
avant d'entrer en charge, subissaient une dokimasie'-".
Exceptionnellement, la préférence divine pouvait se
manifester autrement que par le tirage au sort: ainsi,
par la voix d'un oracle--. Ou bien, à l'élection par le
peuple, se substitue, dans les états monarchiques, la
nomination par le prince-^'.
En .\sie Mineure, dans les îles et dans les colonies du
Pont-Euxin", à partir de l'époque d'Alexandre^», les
sacerdoces s'achetèrent "^ On en achetait même, parfois,
la survivance'-'. D'autres fois, on achetait pour autrui :
un père pour son fils-*, le kyrios d'une femme pour sa
pupille ". A Erythrée, un prêtre pouvait acheter d'avance,
pour son fils, sa propre succession^". A Halicarnasse, le
sacerdoce d'Artémis Pergaia pouvait être acheté par un
homme, à charge pour l'acquéreur de fournir une prê-
tresse qui en exercerait lesfonctions^'. Une inscription de
Cos montre l'achat combiné avec le tirage au sort : la prê-
tresse de Démêler était choisie par le sort entre les candi-
dates qui s'étaient engagées à payer un prix déterminé '-.
H va de soi que prêtres et prêtresses tirant leur droit d'un
achat devaient satisfaire d'autre part à des conditions
d'âge, de sexe, etc.. qui variaient avec les sacerdoces.
Rappelons enfin que, dans des inscriptions d'Asie
Mineure postérieures à la période classique, des prêtres
sont qualifiés ainsi : UoeÙ; èï £7raYY£^i'aç, iepsùç èitiYYeiXîjjLe-
voç^^ Il s'agit alors de sacerdoces qui obligeaient à
de grosses dépenses (cf. ci-dessous, § V) ; le prêtre é^
ÈiraYYeXîa; doit être celui qui s'est offert spontanément.
L'entrée en fonctions des prêtres nouvellement dési-
gnés, surtout des prêtres à vie, parait s'être faite avec
une certaine solennité. Peut-être les poèmes de Pindare
appelés Èv9povi(jfj.oi furent-ils composés pour des fêtes
d'intronisation-". Des inscriptions attiques mentionnent
des sacrifices nommés £l<iiTT,T-r|pia, que les prêtres offraient,
comme les. magistrats, au moment où ils entraient en
T-v mtaïu. 8i.-.v. — 21 Plat. Leg. 759 C : So»,|iiÇ!,» Si to. 4t'i li.;ià«-,vt«.
Cf. Martha, 0. /. p. 39 sq. — 22 Dillenberger, .'590 ; toJ îi^oa t-,;; 'Ae,-,»;..!.
Sôv[to; i'-pia Jvai] toff 'AT»Xr|iïic.j jtaTà -r.v [jiav| TEÎav] ; les circonstances étaient, d'ail-
leurs, assez particulières. On rencontre dans des inscriptions la formule îtpeù; xaî»
Tijv TQî 6eo-j {loy'Aïi-ir., dout la valcur n'apparaît pas neltemcut (cf. Bull, de corr.
hell. XV, p. 171). — -23 Exemples : Michel, 4l',; 735, 1. 124. — 21 A Erythrée, Dilten-
berger, 000 ; à Chios, Diltenberger, 599 : à Magnésie du Méandre, Diltenberger, 5ï4 :
peut-être à Priènc, fîref^mser.i.i the British .Wus. III 1,420; à Cos, Diltenberger.
591, 597, 59S, 021 ; Paton-Hicks, Inscr. of Cos, 29, 30 ; flerzog, Koisclie Forsch.
ii« 10; à Halicarnasse, Diltenberger, 601 ; à Kasossos, Sitzungsberichtede Vienne,
1894-1895, p. 23 ; à Andros ou à Mykonos, l.ebis, 1799, 2059 ; à Chalcéuoine, Dilten-
berger, 59t, 595. 596; à Torai, Michel, 704. — 25 L'inscription de Chios, — la plus
ancienne, — est de la tin du iv* siècle. Dans l'inscription de Cos, Dill. 591, du m* siè-
cle, il s'agit d'une innovation. Probablement aussi dans celle de Tomi, qui n'est pas
antérieure au m" siècle. — '26 Voir sur celte question : Anlhes, De emptione vcn-
ditione Graecorum quaest. epigr. Diss. Leipzig. 1SS5; Herbreclit, De sacerdotii aj>.
Graecos emptione vendttione. Dissert. Argentoratenses, X, p. 1-56; Lehmann,
Quaest. sacerdotales, Konigsberg, 188S; Huiler, De Cariae Lgdia^gue saccrd.
p. 223 sq. ; Bischoir. Jllivtn. .Vus. 1899, p. 9 sq. — 27 C'esl à quoi font allusion, dans
l'inscripiiou d'Érjtbrée, les verbes tTiiTîiiîpâaituv. l^nrw'AE-.v. — 28 Dillenberger, 5:>4.
— •29 Dillenberger, 591. — 30 C'est l'opération de la Smii^Tust;. — 31 Dittenbergci-,
col. — 32 Dillenberger, 591. — 3-Cf. Lebas-Waddington, 253, 251 (lasos); Newton,
Halicarnass. n" 97 ; Bull. corr. hell. V, p. 186, 190 ; XI, p. 30, 138 (Lagina) ; XH,
p. 170 (temple de Zeus Panamaros) ; etc. — 34 Cf. Diltenberger, Bermes, XXVI, 175,
SAC
— 939
SAC
charge '. A Cos -, à Amo^gos^ à Pergame', à Clialcé-
(loine\ des cérémonies avaient lieu que nous trouvons
désignées par ces mots: TeXôTv, xaTaiitivoeiv, àvartOéva'.
IV. Titres, costume, régime de rie des prêtres. — Le
nom courant des prêtres, en Grèce, est iepeû;. Mais, de
même que ce nom peut s'appliquer parfois à d'autres
ministres des dieux ', de même des prêtres tels que nous
les avons définis peuvent s'appeler autrement que îepeï;.
A vrai dire, il est souvent difficile de savoir si tels ou
tels titres de fonctionnaires sacrés ont désigné de véri-
tables prêtres; la chose, néanmoins, parait certaine ou
grandement probable pour plusieurs : àficj/s'iroXo; ', Upa-
irôXoç', '.eç.o6iJTrii; '", UpouLvVjjjLojv ", xàt,ioo5^oç ''^, TxeçavT-
(popoç ", etc. ; çà et là, prêtres ou prêtresses portaient des
noms plus spéciaux, faisant allusion à quelque cérémo-
nie caractéristique du culte qu'ils desservaient: Sacpvacpô-
foç", àY'iÎT<i>p '^, ûit£xxaû(7Tp!a"', ÀTi'.Teipa'', ).0'jTp<;(i.iipo; '",
etc.". Le titre àp/'.tpeûi; (plus rarement àp/ispEia) se ren-
contre surtout en Asie, à partir de l'époque hellénis-
tique-"; il est porté tantôt par le plus haut dignitaire
religieux d'une province ou d'un groupe de sanctuaires,
desservant d'un culte particulièrement considérable^',
lantôt par le président d'un collège de prêtres attachés à
un même sanctuaire ou à plusieurs sanctuaires d'un
même dieu [archiereus]. L'hiéronymat, c'est-à-dire la
substitution constante du titre sacerdotal au nom propre
du prêtre, doit avoir été rare et n'apparut que tard : pour
les hiérophantes d'Eleusis, nous n'en trouvons de trace
qu'à partir de la fin du m"^ siècle '-- : il ne devint de règle
que sous l'Empire^'.
En ce qui concerne le costume des prêtres, il faudrait
1 Slicliel, 08S; Inser. gr. II. 3Î5, 326, 4534, 453c, 022. Cf. MarUia, O. !. p. 42.
— ■■! Dilicnberger, 397. 598; Falon-Hicks, Inscr. of Cos. n» 30. — 3 Ditlen-
berger, Ci3. — '' Micbel, 46. — 5 Dillcnberger, 394, 59r.. — 6 Cf. Lucian,
Lexi/jh. 10 (à propos des prôtpes d'Eleusis) : U oS^îïç w(rt.i8riffav. — "^ Voir ci-dessus,
p. 93V noie 23. — S par exemple, le prêtre de Zeus à Syracuse : Diod. XVI, TO, 0.
Cf. l'Iul. Quaest. gr. 24 (culte d'Apollon i Argos). — ■> Par exemple, le prêtre
fédéral d'Apollon Aktios, dans le koinon des AcarnanieDs; cf. Uittenbergcr, 4^2;
/mrr.gr. IX. I. 513, 515, 517. — 10 Vraisemblablement i Agrigente, à Sége.ste, à
llisliée et autres lieux, où l'^p'^ôûTiri; est éponyme. Cf. hierothytrs. — t* A Mégare, le
ppêlre de Poséidon ; cf. Pliil. Quaest. conviu. VIII, s, 4; cf. hierumîiemon. — i2PluWrl,
à vrai dire, dans la langue poétique que dans le langage officiel. — *-ï Par otemple
le prêtre d'Apollon Didyméen à Milet (cf. Goizer, De Branchidis. p. 32) : le prêtre
d'Héraklcs â Tarse (cf. Atb. 213 B) ; elc. Ce Utre est fréquent en Asie. — *'► I-c
prêlre d'Apollon à Thèbes ; Paus. IX, 10, 4. — 'j Un prêtre d'Aplirodite à Cypre;
flesych. s. v. — '6 La prêtresse d'Athéna à Soloi ; Plut. Quaest. gr. .3. — f Les
prêtresses des Ëuraénideâ ; Hesych. s. v. — 1* La prêtresse d'Aphrodite à Sicyone ;
Paus. II, 10, 4. — '9 Cf. Hermann, Gottesdienstl. Atterlh. J 35, 2; Stengcl, Kut-
lusallerthi. p. 43; Schômann-Lipsius, Griech. Alterth. II», p. 433-434. — 20 Voir
l'article ' is/isssi; dans le dictionnaire do Pauly-Wissowa iBrandisi. —21 Ainsi, dans
le royaume des Séicucides, par les prêtres du roi et de la reine ; à l'époque impé-
riale, par le prêtre du culte des Empereurs. — -- Inscr. graec. II, 949; cf. Il, 5,
p. 213. — 23 Cf. Foucart. Lus grands mystères d: Eleusis, p. 28-31 . — 21 l.a dilTé-
rcnee est nettement marquée dans quelques textes. Par exemple chez Plutarque,
.lri«/. 21, r'/oytitv des Plaléens ne doit porter en temps ordinaire que des vête-
ments blancs ; le jour où il offre un sacrifice en l'honneur des guerriers tués par les
Perses, il revêt un chitôn de pourpre. Dans l'inscriplion 735 du Recueil An Michel
il. 132 sq.), Antiochos I de Comniagène prescrit au prêtre qu'il institue de revêtir,
lors des fêtes mensuelles et annuelles, xIt^ov Ui^ix^tf.^ ÎTÔfiTo;. On sait quel costume
Ihéjllral l'hiérophante d'Eleusis revêtait lors de la célébration des mystères (cf.
Poucart. Les grands mystères d'Eleusis, p. 32). Pour le dadouque, cf. dadooghos.
— '25 Cf. Michaclis, Festschrift fur Orerbeck, p. tSl sq. La figure de la frise du
Parthénon à propos de laquelle Michaelis a écrit cet article {Part/ienon, pi. xiv,
fig. 34), n'est d'ailleurs pas celle d'un prêtre ; c'est plutôt celle d'un athlète (cf.
.Mommscn. Feste der Stadt Athen, p. 114). — 26 Cf. Herodol. Il, 30 : ol '.fin ■:■•,:
»e.«v TT.l fiî« v.\\-rii xoiiÉojff-.v, U Al^jrTji 5é vjpeo.tai. A Marathou, Kalliasle dadouque
t«l pris par les Barbares pour un roi Sià tt.v nônr.-. (Plut. Arist. 5); cf. Arrian.
Dhs. F.pict. III, 21, 16; Arlemid. Oneir. I, 18. — 21 Pollux, On. IV, 119 (dans
le catalogue des costumes de comédie) : ^ Si ïuvatxojv UQr.ç xw;nxo,-, ii nèv twv ypa'" '
[iV**'^ ^ 4toî»l» lï^*!" iipft-,v • TaÛTaiç 5-; ÂEUXr.. Cf. Diltenberger, 604 : [ô S'àel X]a)F>..y
f^îtlT.! ■/•wu.iî» ltux/,v; Plut. Arist. 21 ; Arlemid. Oneir. Il, 3. — 28 Cf. Plat. Leg.
956 A. — 29 Aesehyl. Eumsn. 975; cf. Strab. XIV, I, 41, p. 6i8 (le prêtre de
distinguer celui qu'ils portaient quotidiennement et
celui qu'ils pouvaient avoir à revêtir au moment de
certaines cérémonies du culte^'. Nous ne sommes pas
tou.jours en état de le faire. Les prêtres grecs paraissent
avoir retenu communément le costume archaïque : long
chitôn flottant sans ceinture'''. Us ne se coupaient pas
les cheveux^'"'. La couleur la plus habituelle de leurs
vêtements était la couleur blanche", qui passait pour
préférée des dieux, tout au moins des dieux olympiens-'.
La couleur pourpre aussi était assez souvent prescrite,
principalement dans le culte des dieux infernaux^";
quelquefois, la couleur safran '". Parmi les insignes de la
dignité sacerdotale, le plus ordinaire fut la couronne",
que certains prêtres portaient, à ce qu'il semble, con-
stamment, et dont le nom se trouve employé pour dési-
gner le sacerdoce même ^^ Cette couronne était, en
général, d'une espèce déterminée de feuillage, variable
suivant les cultes", quelquefois d'or". Elle pouvait
être ornée de bandelettes^'', ou remplacée par un
diadème "^. Outre la couronne, méritent d'être cités,
comme insignes des prêtres ou prêtresses : le sceptre''",
et la clef du sanctuaire ^^ C'est la clef que nous voyons
ici dans les mains d'Iphigénie, prêtresse d'Artémis
en Tauride i^fig. S989) '^ et dans celles d'une prêtresse
d'Héra (fig. 3990)'°. Il ne manque pas de monuments
où l'on reconnaîtrait volontiers des prêtres, même à
défaut de tout insigne, d'après l'acte qu'on leur voit
accomplir, si l'on n'avait à craindre de les confondre
en ce cas avec de simples sacrifiants [sacrificium] ou
avec des ministres subalternes, dont rien ne les dis-
tingue. Ainsi, sur l'autel du musée de Florence où esl.
figuré le sacrifice d'Iphigénie (fig. !j992)", Calchas
Zeus Sosipolis à Magnésie) ; ALh. 211 B (un philosophe épicurien, qui prétend être
prêtre d'Arété, demande à Alexandre '^tcw; ,:op3jç&Jv te j-ituvÎtkov çoo^uei); 215 B (un
autre philosophe, élu à Tarse stéphanéphore d'HérakIès, porte un chitôn nopaujoCTy
[jitffo/.euKov) ; etc. — 31) Le costume que Dionysos portait au théâtre (Pollux, IV, I 17 :
; U «çoxuTis !i»<itiov Atovu»o; Si ag™î ly fiiri vT*. ; cf. Aristoph. Han.K) devait être
le même qui était de règle pour ses prêtres, — 3i Dittenberger, 592 ; xa\ mezrvrt-
coptïv «ûlù.v àeï t'iv É'/OVTa Tï;v Upwffjvnv ; 394 : (jceçavaoopEtTW 51 Tiç éçÔTto; ; 604 : ô 5*
àti "AJxjriov çoçEÎTw... fftEiavov. Avec le vêtement de pourpre, le soi-disant prêtre
d'Arété annonce l'intention de porter -/ou<roffv «TÉœavov e;tovca «çôffoiTtov 'Açetî]; xaT*.
n;,,v. — 32 Dittenberger, 325, 1. 19,22, 35 ; 592, I. 22; 604, I. 17-18; 420. 1. 15-16;
RulL de corr. hell. XI, p. 375, 377 ; cf. XV, p. 173. — 33 Dittenberger, 004 : ,téç.vo»
Uaaî ; 603 : à]vBi.b; urisïv.,; ; Ath. 215 B : TtEoa-.ov Sàsvrii. Les prêtres et prêtresses
d'Eleusis portaient la couronne de myrte (Istros ap. schol. Oed. Colon. 681). Un
prêtre de Dodone est représenté avec une couronne de chêne {Bull, de corr. hell.
XIV, p. 159 [cf. COBON;., p. 15-24 sq.] — 34 Ath. 21 1 A ; 215 B. — 33 Cittenberger,
604 : (itt*. TEtiviS^ou c'*t/.x;oJ. — 3G Gcst le cas pour l'hiérophante et le dadouque
(cf. Feucart, Les grands mystères d'Eleusis, p. -2) ; à la bataille même de Mara-
thon, Kallias portait le tt;o3io/ (Plut. Arist. 5). Un TTpdstov faisait partie du cos-
tume du «uf.^oloî d'Aratos (Plut. Arat. 53). — 3'î Chez Homère, Chrysès poric le
sceptre (//. I, )5i ; de même, chez Eschyle, Cassandre {Agam. 1205). Un sceptre est
ligure, avec une clef, sur la stèle d'une prêtresse à Argos {Ath. Mittheil. IV, p. I.i3).
Dans une peinture de vase représentant la guérison des l'rœtides (Millier- Wiesclor,
Denfcm. d.ntt. Kunst I, fig. 11.= notre fig. 2367), Mélampous, prêtre et devin, lient
le sceptre — 3!i Outre les tL-xtes dans lesquels x).,it^o;x'>; est employé comme
synonyme de prêtresse (Acsch. Suppl. 291; Eur. Iph. T. 130, 1463; etc.), voir par-
ticulièrement : Eur. Troj. 250-257 ; Callim. H. Dem. 44 (xaT.,n«S;ay S'e'/e x\„:i„,
passage bien expliqué par Pelersen, Arc/i. éieitwig, XXII, 1864, p. 152). De nom-
breux monuments figurés représentent des prêtresses tenant une clef, par exemple :
S. Reinach. Répertoire de vases peints, I, p. 19, 53, 133, 158, 299, 321, 4is, 5o»;
II, p. 161, 226 ; Arch. Zeit. XV, 1837, pi, c» (relief attique), avec le commentaire do
Petcrscn Arc/i. Zeit. XXil, 1864, p. 130 sq. ; Bull, de corr. hell. XV, p. ,32 (terre
cuite de Corcyre) ; Atlien. Mittheil. IV, p. 135 ; etc. Voyez Preller. Arcn. Zeit. 181.0,-
p. 261 sq. ; 0. Jahn. Annal, d. Inst. 1828, p. 208 sq. ; Conze, Arch. Zeit.. 1802,
p. 290 ; Stephani, C. rendus de la commiss. arch. 1863, p. 213 ; Vogel, Hcenen Eurip.
Tragôd. p. 71, n. 2; Diels, Parmenides, p. 123 sq. Une clef, qu'une inscription
désigne comme appartenant au temple d'Artémis, à Lousoi, a été retrouvée récem-
ment : .•iitzungsberichte d. preuss. Akad. 1908. p. 27, pi. i. — 39 Arch. Zeit. 1849,
pi. XII ; .Monum. d. Inst. IV, pL i.c; Reinach, Répertoire, I, p. 133. — '0 Mon. d.
Inst. VI-VII, pi. LXM, 2{= Reinach, Répertoire, II, p. 101); cf. Lôwy, Eranos Vin-
doboiiensis, p. 270. Cette figure rend bien compte de l'expression employée par
Callimaque : xaTunaSîav A-Ma.. — •! Raoul Rochelle, Von. inéd. pi. xxvi, I.
SAC
n'a, comme lassislant placé derrière lui, d'antres véle-
menls que la draperie qui couvre ses jambes ; tous deux
— 940 — SAC
Quelques règlements prévoient le cas où le prêtre n»
serait point présent lorsqu'un fidèle viendrait offrir uo'
sacrifice ' ; à l'Amphiaraion d'Oropos, le prêtre n'es^
tenu d'être là que dix jours par mois, un jour par quatre
jours consécutifs, et encore seulement de la fin de
l'hiver à la saison des labours*. Mais il n'est guère dou-
teux que, dans la plupart des sanctuaires, la consigne
ait été plus stricte. Beaucoup d'enceintes sacrées com-
prenaient une habitation pour le prêtre comme pour les
autres employés du sanctuaire" ; cela nous laisse enten-
dre que le prêtre devait y résider. .\u reste, celte contrainte
n'était pas sans compensation : les prêtres, à ce qu'il
semble, furent en général dispensés de porter les armes
et de prendre part aux expéditions militaires. La dispense
paraît stipulée expressément, dans une inscription de
Sinope, en faveur du prêtre de Poséidon Hélikonios'; le
plus souvent, je pense, elle pouvait être sous-entendue
Kig. 5989. — Prèlrcssc dArtén
Fig. 5990. — Prélrissed'H?
.sont couronnés de feuillage. Au contraire, dans la pein-
ture de Pompéi (fîg. 5991) qui représente la même scène',
reproduction de l'œuvTe de Timanthe, il est vêtu d'une
tunique de pourpre violette qui descend jusqu'à ses pieds
chaussés de sandales, d'un manteau blanc à bordure
violette, croisé sur les hanches, avec une ceinture dorée,
par-dessus un autre vêtement vert à longues manches.
On ne saurait dire si ce costume a un caractère liturgi-
quî. En fait de costumes réservés à la célébration des
grandes fêles, signalons tout particulièrement les traves-
tissements rituels, grâce auxquels les ministres d'une
divinité représentaient la divinité même^.
Au nombre des obligations des prêtres, doit être men-
tionnée d'abord celle qui consistait à fréquenter d'une
façon assidue les temples dont ils étaient les desservants
I Mus. Borh. IV. pi. m; llclbig. Wandqenfilde. Camp, n' 1304. — 2 Exemples
r-aiis. VIII, 15, I (Phénéc, culte de Dèmflcr) : Polyacn. VIII, 59 (Pellcne, culte
.l'Atli«na): Plul. Qanett. gr. 58 iCos, culte d'IIéraklèsi; etc. Cf. Back. De Graeco
ritm caei-imnniis in quibus homines deorum vice fungebantur^ Diss. Berlin, 1883
— ■> P. ei. Dillcnbcrgcr. ."iOU. — » Ditlenbergcr, 559. — S p. ei. â Hâtée (Paus
\. 31. tj; à Comaaa (Slrab. XII, 8, 9. p. 575, ; à Eleusis [K=. 'hn. IS8H. p. 109
«>|. : A, I. IS, 74; a, I. 50', %.\ 60; 7, I. 9; touterois, sur ce que sont
li'S '.'.tx-ty en (tucslion, cf. Koucart. Les itrands mystères d'Kleusis, p. t;G-67)
Êpi.laure (Paus. Il, i',1; cf. Kawadias, T>, u;» t.O 'A^Ar.iiioJ £> E-tSuJeui, p.
Fig. 599Î. — Le sacrifice d'Iphigéoie. Autel de Florence.
sans inconvénient. Si Kallias, étant dadouque, combattit
néanmoins à Marathon '. c'est que le péril était alors
d'une exceptionnelle gravité. Même des ennemis victo-
rieux, s'ils étaient de race grecque, hésitaient à arracher
les prêtres de leurs temples pour les emmener en servi-
tude ou pour les vendre comme esclaves : les .Mhéniens
laissèrent à son poste, sous les murs de Syracuse, le
prétresyracusain de l'Olympieion * ; Alcibiade, vainqueur
de Pharnabaze, renvoya sans rançon les prêtres et les
prêtresses' ; après la conquête de Thèbes, Alexandre ne
les inquiéta point'".
Serviteurs et familiers de la divinité, les prêtres
devaient se garder plus soigneusement que le vulgaire
de tout ce qui pouvait les souiller. Platon, dans ses Lois,
leur interdit d'assister à des funérailles, par crainte de
la souillure qui résultait du voisinage d'un mort " . Il est
douteux que cette règle ait été observée dans la réalité;
Mais nous voyons certains prêtres astreints à des précau-
tions minutieuses, .\insi. le prêtre et la prêtresse
d'Artémis Hymnia à Orchomène d'Arcadie ne devaient
3*. t30); etc. La prêtresse que Plaute met en scène d.ins le ftudens liabite le
temple d'Apbrodite {v. 178 sq.) Déj t à l'époque bomérique, Maron. prêlre d'.ApoI-
Ion, habitait le téménos de son dieu (Orf. IX, 200). — 6 Dillenberger, «OS :
tTsai Si »a(' ct-ati]a; dTcVr.; ff.i[;a»jTt tm? sauToj. Le mot essentiel est restilu»'.
— 7 Plut. Arist. 5. De la même façon s'explique la présence des hiéropbaales
messéniens au combat décisif de Stényklapos. livré sur le sol de Messénie iPaus.
IV, 16, I); ils ne prirent d'ailleurs aucune part à l'acti'O et se conlenlércul
d'encourager les leurs. — » Paus. X, 28. 3.-9 Plut. Alcib. 29. — 10 Plul. Alex.
H.— U P. 947 C.
SÂG —
pss même pénétrer dans la^maison d'un parliculier, de
peur d'y rencontrer à l'improviste quelque chose d'im-
par'. D'autres avaient à s'abstenir de tel ou tel aliment",
de bains pris dans telles ou telles conditions'. La pro-
preté corporelle, la netteté des vêtements, étaient
cdrnmunément imposées'. La continence l'était assez
souvent, non seulement aux prêtresses qui devaient être
vierges lors de leur entrée en fonctions, mais à d'autres
aussi, et à des prêtres, tout le temps qu'ils demeuraient
en charge^. Par contre, beaucoup de prêtres ou prê-
tresses étaient mariés'; et, fréquemment, on n'exigeait
d'eux la continence que pendant quelques jours avant
les grandes cérémonies du culte'' [lusteatioJ.
V. Pi'ofits et charges des prêtres. Honneurs et pri-
vilèges qui leur étaient accordés. Considération dont ils
Jouissaient. — Parmi les profits ordinaires des prêtres
figurent en première ligne les portions des offrandes,
notamment des victimes, qui leur étaient attribuées.
Quelquefois la part du prêtre se trouve désignée, en même
temps que celle du dieu, par le mot 6£oa&ipt'a * : les
expressions propres sont UoojTuva ou vépr,. On appelle fiot],
exactement et de façon exclusive, des portions de la bête
.sacrifiée '. Les ^Épri variaient d'un sanctuaire à un
autre, et, dans un même sanctuaire, suivant que le sacri-
fice était offert par un particulier, par un métèque ou par
un étranger, isolément ou lé jour de la fête, suivant
que la victime appartenait à telle ou telle espèce, suivant
qu'il y en avait une seule ou plusieurs'". Beaucoup de
règlements conservés par l'épigraphie les énumèrent en
détail ; c'étaient le plus souvent : la peau ", une ou plu-
sieurs pattes ou portions de pattes"^; ailleurs, la
langue". Une oreille ou les oreilles'', la tête ou la
moitié de la lête'°, la queue'", tout ou partie des
entrailles''^, tout ou partie du filet", d'un, flanc", de la
poitrine^"; ou bien, simplement, une ou plusieurs por-
tions de viande-'. Çà et là, il est spécifié que les
morceaux destinés au prêtre seront découpés géné-
vL'usement". On précise d'autre part (jue, si, pour
une raison ou pour une autre, le prêtre n'assiste pas
' Paus. VIII, 11. I. — .! Plul. Quaest conow. VIII. s, 4: De- solert. anirn. 35
.ni /ïVî. ; Slrab. IX, I, M,p. 395; Atli. 375 C; Porpli. De abstin. IV, la. — îPau.e.
VIII, 13, 1 ; X, 34, 4. — '. Ponph. Deahslin. H, 10. —5 Prêtre d'HéiakIès Misogyne
cuPlioeide (Plut. />er'j/(/i.orac. 201; peut-Ctrc biéropl'ante d'Eleusis, du moins à
l'époque i'upériale {Paus. II, H, 1) ; priMre et prêtresse d'Arti^mis HymniaàOrcboraène
(Paus. VIII, 13, I) ; prêtresse de Gé à Boura (Paus. VII, 25, 8) ; prêtresse de Sosi-
polia il Olynipic (Paus. VI, 20, 2) ; prêtresses d'Hestia à Delphes, d'Atlifna Polias à
Athènes (Plut. Nam. 9); etc. — 6 Pour l'hiéroplianle dÉIeusis, cf. Foucart, 0.7.
p. 27-28. Plusieurs dos testes couramment cités dans les manuels (/nscr. t/r. II, 550 ;
[Pliit ]. Vit. X orat., ÎAjC 2y ; Paus. IV, 12, 4) prouyent bien que certains prêtres
ou prêtre'ises furent mariés .^ un monienlde leur vie. mais non pas qu'ils vivaient
en étal de mariage pendant la dur.-e de leurs fonctions sacerdotales. Dans l'ins-
cription înscr. (jr. II, 550, qui est un décret de proxéoie dciphique en l'honneur
d'une prêtresse athénienne d'Athéna, les mots aù-ar vaî ivvo.,.>i; ont pu être trans-
crits sans intention, parce cju'ils faisnient partie d'un formulaire consacré. Après
l'iq)0iiue classique, il est fri''quent de voir, -.urtotit en Asie Mineure. les femmes des
prêtres associées à la dignité de leurs maris et à l'cxeicico du sacerdoce ; rf. Bull,
'le corr. hM. X, p. 5 i-iiO ; XV, p 172 ; lleller. De Lydiae l'aria-quc sacerdotibus
p. â2l-222. — 7 Comme on l'exigeait des personnes chargées temporairement de
fonctions religieuses, ou même des simples lldëles qui entraient dans le temple
(cf. Dem. C. 4vdro/. 78; (Dcm.] C. Veoer, § 78 ; Dittenberger, 507; 633; etc.).
— 8 StcDgcI, Hermès, XXXI, p. i;42-r,43. — 9 Ibii. — '0 Cf. Ditlenberger, 589, 599,
601, 60i, 603; Michel. 979. — " iipjia. S-p-i : Dittenbcrger. 589, 592, 595, 604,
616,017: Michel. 673; etc. L'abandon au prêtre de la peau des victimes était fréquent,
surtout lorsqu'il s'agissait de sacrilices publics : Ditlenberger. 599, fiOt, 627. Mais,
dans ce cas même, il n'était pas constant, cunimc l'ont prétendu des gcholiastes
(Scli. Aristopb. Vesp., 695; Ptiil., 11851 : témoin l'inscription altique du derma-
tique. Dittenbcrger, 620 ; l'inseriptiou de Pergame, Ditlenberger, 506; ce que dit
Hcroiote, VI, 57; etc. — 12 !;,a-.;, 5î;,i>v .7»î.o; : Dittenbcrger, 592, 602, C03, 616,
lit", 911 . — «w'a,;, «u'^eâ : Scliol. Aristoph. L. l. qui, comme pour les peaux, s'ex-
prime ici on des termes trop généraux ; Dittenbcrger, 4i9, 595, 601, 64t ; — ôffjj; ;
!»4i - SAC
au sacrifice, les vépT) lui appartiendront néanmoins °'.
En plus des parts des victimes-*, les i.epiiiruva pouvaient
comporter d'autres revenants-bons, soit en nature, soit
en argent. Dans la phratrie atlique des Démotionides,
le prêtre de Zeus Phralrios recevait, lorsqu'un phrater
offrait le sacrifice appelé xo'jpeîov, une espèce de pain ou
de gâteau fait d'une chénice de farine (ÈXaxYipa /otvt-
xtaïov), un demi-chous de vin -^ Dans une scène fameuse
du Plutus, Aristophane représente le prêtre d'Âsklépios
raflant pendant la nuit les gâteaux et les fruits (toùç ij.6ot(;
)tat Txç luyioaç) déposés Sur la table sacrée-". Sans se
cacher dans l'ombre, le prêtre d'Asklépios à Pergame
retenait pour lui Ti)»À5'. TpaTreî^wjjiaTa Tiivra ri. ttootiOé-
fjiEva-'' ; le prêtre de Zeus Mégistos à lasos prélevait, soi-
disant pour le dieu, un gâteau par corbeille de ceux
qu'on apportait dans le sanctuaire-^ Les fournitures de
bois, d'huile, de vin, de miel, etc., requises pour un sacri-
fice, — celles qu'on trouve désignées par les mots Ispà^',
ôùtTTpa '", ÈTii6û[iaTa", (pepvi^-, — pouvaient être pour le
prêtre l'occasion de dépenses, plus souvent l'occa-
sion de profils supplémentaires. Elles sont parfois si
copieuses ''' que quelque chose devait en subsister après
le sacrifice, et que, données au dieu, elles enrichissaient
vraisemblablement son ministre'*. Dans un certain
nombre de textes, il est stipulé que le prêtre en fera les
frais '^; mais, alors, il arrivait qu'il fût dédommagé en
argent, soit par l'État '\ soit par les particuliers'''; et
nous pouvons croire qu'il l'était largement.
Peut-être est-ce pour subvenir à la dépense des iepi que
les fidèles, aux termes de plusieurs règlements, devaient
payer chaque fois qu'ils sacrifiaient une somme déter-
minée'' : chez les Démotionides, 3 oboles ou 1 drachme,
suivant qu'il s'agissait du (jteTov ou du xouoEiov"; chez
les orgéons du Pirée, 3 oboles ou 1 obole et demie
selon la qualité de la victime offerte, lorsque le sacri-
fiant n'était pas membre de la confrérie*"; au temple
d'Artémis Pergaia à Halicarnasse, 2 oboles par victime
adulte, 1 obole par victime de lait" ; à Olbia, 1 200 chal-
qties par tète de bœuf, 300 par tète de brebis ou de
Ditlenberger, 002, 027 ; _ nfi-.iLr,,,; : Diltenb. 603 ; — !a,;«v, à<,f,„ii„: : Dittenb. 661;
— ,",iio(, iuon'/diTTi : Dittenb. 589, 603: — ppà,;,.. : Ditlenb. 615; — iiOSt; : Dittenb. 602;
— Jai, Tof».;; : Dittenb. 617. — 13 Diltenb. 599, 603, 615, 627. — U Diltenb. 439,
616. — is Dittenb. 602; .Michel. 673. — 16 DiUenberger, 627. — l^i EcVàTzvo (cf.
Slengel, Jalirb. desarch. Instit. 189t, p. 114 sq.); DiUenberger, 599, 601, 602, 641 ;
— ytfHf.i: Michel, 673; — ii,:!-», r;«i,.j, .«Am; îin.(7u: Dittenbcrger, 616. —18 Dit-
tenb. 616, — 19 Ibid. — 20 Dittenb. 603, 617, 633. — 21 Mtçis, noTja, «fid;: — i»ipî;
S;»ftû;: Dittenb. 599; - S.'xsEa;: Diltenb. 616; — Siw.'a; xçi.r.y : .Michel, 673 (cf.
Hesyeb. s. v. !t.<ri«S».). — 22 Dittenb. 027 : i,7=àî Sa^ia (Cf. Ziehen, Alhen. Mittheit.
1899, p. 271-272); 001 : tô U\ »o.).,,t v,fii.»tvi.; 602 : .i; UTin.ixa. i lÎTji;. — 23 Dit-
tenbcrger, 589, 599. 627. — 24 Dans un sanctuaire de Démêler à Cos. les personnes
(|ui sacriliaient avaient la fdculté de verser à la prêtresse une somme d'argent à la
place des Yipr,, suivant un Urif dûment livé ; Diltenb. 591. — 2ô Dittenb. Ib. 439.
— 26 Aristoph. Plut. 670 sq, — 'il Dittenbcrger, 592. Cf. 033 (règlement d'un sanc-
tuaire de Mên Tyrannos, où le fondateur. Xantlios Loukios, (ait les fonctions de
prêtre), 1 20. Voir aussi 053, 1. 80 s(|. — 58 Diltenb. 602. — 29 Ditlenb. 010, 617
passim; 618, I. 5 : tu toO™-, «isTUL liji .t'». - 30 Dittenb. 017 ad fin. En plus des
fournitures consomptibles, les ÔJtnça comprenaient des uslcnsilcs; cf. Stengel, Iler-
linerphilol. Wochenscliri/t, 1890, p. 687. — 31 Cf. Ditlenberger, 016, 1. 21 (i-.eii'),
37 («.Suixiil. — 32 Dittenb. 938. — 3) Par ex. Ditlenb. 018 iid fin ; 938. — 3i Cf.
Stengel, 0. t. p. 688. — 35 Dittenbcrger, 016, I. 21, 47, 51. 57, 59, 62 ; 617, I. 4,
7, 16-17 ; 618,1. 7-8 ; 731, I. 39 ; Michel, 704. Les Oi^xp-/, semble-t-il, étaient toujours
fournis en oalurc par l'État ; cf. Stengel, O. L p. 087. — 36 Cf. Von Prolt et Ziehen,
Leqes Graecoritm sacrae, n" 7 B, I. 5 sq. : Uçà i\ji\ toûJtoi^ caoâùç ir» [i/ti ■ S.S-.ct&u
Se Ti»l 'itolir 0=1 tij5 T.>,\tni t1i vvaJiujilivi,, <;vùii'.v ij [:aJt>]. '«''^ doutcul. A llali-
carnasse, la prêtresse d'Artémis Pergaia est tenue de célébrer à chaque nouvelle
lune une È,:i«oupia û-tp -ïijç i:o'a£ws : elle reçoit pour cela une drachme du trésor.
— 37 Cf. Michel, 673 et Athen. Mittheit. XXIV, p. 267 sq. itcxte mal traduit par
Martlia, O. l. p. 121 sq. : les objets mentionnés au génitif soni les Iipi; les prêtres
ou prêtresses les fournissent contre le verscmenl des sommes indiq-iécs) — 38 Oit-
Icuberger, 439. — 39 Michel, 979. — '0 Ditlenberger, 601. — »1 Ditlenb. 629.
SAC
— n2 —
SAC
chèvre. 60 par lète de porc'; au temple d'Athéna Niké-
phoros à Pergame, i oboles pour les sacrifices de porcs,
2 oboles et une fraction pour les autres ' ; etc. Ces
redevances pouvaient être versées directement aux
prêtres : ainsi chez les Démotiouides et chez les
orgéons du Pirée. Ou bien elles étaient mises dans
un tronc (OT.ffaupo;). Même en ce cas, les desservants du
temple en avaient parfois quelque chose : à Halicar-
nasse, par exemple, le tronc était ouvert tous les ans, et
la prêtresse recevait une partie du contenu, qui la
dédommageait de certains frais; à Athènes, à l'époque
impériale, une prêtresse d'Athéna dédie une <7xa<pTi à la
déesse avec ce qui lui est revenu de l'argent versé au
Parlhénon^ A lasos, semble-t-il, dans le sanctuaire de
Zeus Mégistos, ce que les fidèles oIVraient en numéraire
devenait la propriété du prêtre; et les autres offrandes
seulement restaient au dieu '. L'inscription d'Halicar-
nasse nous montre une prêtresse augmentant ses profits
par un procédé plus actif : une fois par an, durant
trois jours de suite, elle est autorisée à faire une quête
(i^EpiAÔç), à la condition cependant de ne point pénétrer
dans les maisons ; et le produit de cette quête est pour
elle. Enfin, il n'est pas sans exemple que le desservant
d'un sanctuaire public ait reçu de l'Étal une somme
fixe : un décret attique du milieu du v" siècle attribue
IjO drachmes par an à la prêtresse d'Athéna .Nikè^
Les prêtres pouvaient avoir d'autre part la jouissance
de biens-fonds appartenant au temple, ou de domaines
publics. Nous avons dit qu'ils habitaient parfois, dans
le téménos, des dépendances du sanctuaire ; en même
temps qu'une obligation, cela représentait un avantage.
Il est souvent question chez les auteurs '' de terrains
consacrés dont les fruits étaient pour le prêtre ; et
quelques documents épigraphiques corroborent ces
indications. Nous lisons, par exemple, dans un décret de
Pergame réglementant le culte d'Asklépios ' : x]apirEÛ-
£(76a'. 8; aùtôv xol! -b •■s.ç,[6t] ; dans un autre texte de même
provenance ', le roi Attale I" dit avoir consacré (à Zeus
probablement) des èp^acTyipia que le prêtre affermera
à son bénéfice; à Chalcédoine, le prêtre d'Asklépios a
l'usufruit d'un BapLoaioç /ûpoç qui entoure l'hiéron de son
dieu '; etc. '". Ailleurs, s'ils ne jouissent pas d'un usu-
fruit total, les prêtres tirent des propriétés sacrées
quelques avantages particuliers : à Tégée, le prêtre
d'Athéna Aléa a, seinble-t-il, le droit de faire paître sur
les terrains du dieu un certain nonabre d'animaux" ; à
Magnésie, le prêtre de Sarapis reçoit une drachme sur la
vente du blé provenant du téménos ''- ; à Eleusis,
les poissons des Rheitoi sont réservés à la table des
prêtres ''; etc.
En différents pays, les prêtres sont exempts d'impôts,
1 Diltenberger.566. — - Peudant la célébration de* mystères, l'iiiérophanle et d'autres
membres du sacerdoce életisinien recevaieat des mystes une redevance (Dittcu-
berger, 6V6 c). Au sanctuaire de Déraéter, à Cos, les femmes qui se faisaient initier
et celles qui se mariaient (?) pouvaient se racheter, moyennant cinq oboles versées
à ta prêtresse, de toutes autres dépenses (Diltenb. 591). — 3 Bermet, XXX. (i. 6i9 :
t» To; ouva/«!y;«; iib t.:v Ji^.Sivxuv lU t»v Haftiv^v.. — i Diltenberger, 602.
— â Dittenb. 911. — A Notamment chez Strabon, passim : 'f.v (/,û^a> ïe^àv) ô ici iepeù;
««j=oJt. . — ' Dittenl.erger, 59». — » Dilleob. tlO*. — » Oittenb. 594. — 10 Dans
une inscription du sanctuaire de Zeus Panamaros, l'absence de candidats au sacer-
doce esl eiplit|uée par l'incendie imprévu des olivettes (5,4 tîiv Tf.Koixïviiv '.mpo<rS«5(ïiT'-v
T.:. i'/iaiivia, lalj.v, Bail, de corr /œil. XV, p. 186): cela peut s'entendre de la
misère des temps en général ; mais ne peut-on pas croire aussi qu'ordinairement
le revenu d'olivettes constituait un des prolits du prôlrc'? — *1 Michel, 695.
— li Ditlenberger, 554. — " Pans. I, 3>(, 1 , — 14 Diticnberger, 592 (Pergame) ; 604
(Pergame) : SUzungabericliU de Vienne, 1894-1 895, p. i'i (Ka.sossos) ; Greek inscr.
in tlu Drilith îlui. III, 4i6 a, 4J7 4 (Priène) ; etc. — >5 Jnscr. gr. III, 10Î9 sq.
de liturgies'*. D'autres fois, ils sont nourris aux frais de
l'Étal : ainsi, à Athènes, à partir d'une certaine époque,
l'hiérophante et le dadouque sont commensaux des pry-
lanes'"; ou bien, du moins, ils sont ins'ilés aux agapes
publiques'" et y reçoivent une pari privilégiée '^
En somme, les profits du sacerdoce pouvaient être, en
Grèce, considérables. Quant aux charges, elles paraissent
avoir été ordinairement, pendant la période classique,
1res peu lourdes : la fourniture des Uoi, l'acquisition de
quelques objets d'habillement et peut-être de quelques
ustensiles, furentprobablemenl les principales. Plus lard,
au contraire, l'exercice de certaines prêtrises devint très
dispendieux. On peut s'en faire une idée par beaucoup
d'inscriptions d'Asie Mineure, notamment par celles qui
ont été découvertes au sanctuaire de Zeus Panamaros :
l'entrée en charge (TiapiXT,'J/i; toO aT£<p7.vou),la célébration
des grandes fêtes occasionnaient toutes sortes de somp-
tuosités et de largesses : banquets, concours musicaux
et athlétiques, installation de (entes pour les pèlerins,
organisation de processions, distributions d'huile, de
parfums, de bois, de vin, de viande, de blé, de repas à
emporter (àTToçôpifiTa 5Eti:va), de numéraire". Seuls, les
citoyens opulents pouvaient affronter ces dépenses.
Aux profits s'ajoutaient pour les prêtres des honneurs.
La considération dont ils jouissaient a été naturellement
variable avec les époques, les pays, les milieux — et les
individus. Du moins, nous connaissons à différents
détails qu'ils occupaient dans le monde officiel une
situation élevée". Le privilège flatteur de proédrie
leur fut, semble-t-il, assez communément accordé -°. Dans
un décret du Pirée où ce privilège esl concédé à un parti-
culier ^', il est dit que le démarque introduira celui-ci au
théâtre xaftâ-^tep toÙî Upetç xat xoùc àXXouç otç SéSoTat -Jj TipoeSpîot
mapà ristpaiÉtov ; on sait qu'au théâtre de Dionysos, parmi
les inscriptions gravées sur des sièges d'honneur^*,
beaucoup sont des titres de prêtres; dans un décret de
Pergame concernant le prêtre d'Asklépios^\ nous lisons
cette clause : àvayopeûsTSai Sa ci; TtpoESpt'av tôv lepéa èv aitadi
Totç àYMo-iv ; etc. ^*. D'autre part, ce n'esl pas chose rare que
des prêtres aient été éponymes, c'esl-à-dire que les années
aient été comptées dans leur cité d'après les fastes sacer-
dotaux". El âla basse époque, lorsque tendit à s'établir,
principalement en Asie, une sorte de cursus honorum,
un sacerdoce forma assez souvent le couronnement d'une
brillante carrière. Pu.-E. Legrand.
SACKRDOS. — FI. RoME. — Le mot latin, qui corres-
pond au terme grec Upsùç, est sacerdos. L'étymologie n'en
parait point douteuse. La première partie du mot repro-
duiU'adjectif s«cer; la seconde partie dos, aétérattachée
parCorssen' et Vanicek^àlaracine rf«, qui exprime l'idée
de donner. L'un et l'autre érudit traduisent sacerdos par
— is Dittenberger, 594 (Cbalcédoinei : ir.", t* Str,iyii oomitu ra Sr,|Ld,T:> ; Greek inscr.
in the British Mus. III, 4i6 a, 427 b (Priène) : tîvii Si oùiur x«'. i|t hjutuve;»! «Iir,»,.
oT«iJL itô'Ai; Uçô roiïjr. — *'^ Sitznngsber. de Vienne, 1894-1895, p 23 (Kasossos) :
JiiiiETai Ji Iv taT; »:>v.v„,aî; ,:à,«,; S.|»«if :'«■-. Cf. Alh. H9 E. — f» UuU. rfc corr. heU.
XV, 172 sq. — " Plut. Cum princ. philos. 3, 7 : tôt; Uçtùm/ «iSi «k'l tii^îv oI
ndXln yi|l..>U5,ï. — S" Cf. Hesych. 11, p. 666 : t4; iv wt BiiTf...i toLiiSfCii J.T,^c'«n«Ti
vtvt|.T,|i!v«î ,!fi,!Se.'a; ;.jti:<7:. — •il Dittenberger, 430. - 2-2 Michel, 860. Cf. Aristopli.
San. 297 et schol. — 23 Ditlenberger, 592. — 54 Pour Priène, cf. Greek inscr. in
the Brit. Mus. 111. 426 a. — 2i C'était le cas, p. ex., à Argospour la prêtresse d'Héra :
à Oropos pour le prêtre d'Amphiaraos; à Dodone pour le prêtre de Zeus Naios: à
Syracuse pour le prêtre de Zeus ; à Agrigente, à Ségesle, à Histrée. pour les hiéro-
Ihytcs; à Rhodes pour le prêtre d'Hélios; àlMagnésie, àGambreion, à lasos, à Milel.
pour les slépharnéphores : dans les colonies niilésiennes ; de la Mer Noire, Torai.
Olbia, Istropolis, Dionysopolis, pour lesprêlresdc divers dieux; etc.
SACERUOS. — II. RoMg, — • Zeitschrift fur vcrgleichende Sprachforschung ,
t. Il (1853), p. 53. — 2 Vanicet, Griechischialein. Etymol. Wàrterbuch, p. 322.
SAC — 943 —
le mol allemand Opfergebcv. Cette élyinologie el cette
interprétation se trouvent déjà dans Isidore de Séville' :
Sacerdos nomen habet compositum ex graeco el latino,
quasi sacrum dans. 11 serait, toutefois, inexact de ne voir
dans le sacerdos romain que le personnage chargé d'ofl'rir
les sacrifices. A l'époque historique, du moins, le sens du
mot fut plus large. Deux catégories de prêtres publics
sont nettement distinguées dans les lois citées par
Cicéron : eoruni duo gênera sunlo, unuin tjuod praesit
caerimoniiset sacris, allerumquod interpretetur falidi-
corutn et vatum efj'ata incognita ^. De tous les détails
qui précèdent et qui suivent ce texte très important,
il résulte que la compétence des prêtres s'étendait à tout
le rituel el, en outre, au comput du temps: quo haec
privatim et publiée modo rituque fiant, discnnloignari
a publiais sacej'dotibus... — cursus annuos sacerdotes
finiunto^. On peut, dès lors, se demander si, en tradui-
sant par Ojjfergeber le mot latin sacerdos, Corssen el
Vanicekn'onlpoinltrop limité lasignification de l'adjectif
sacer ; el s'il ne convient pas de lui donner ici son sens le
plus compréhensif. Le sacerdos serait, dans notre hypo-
thèse, ou du moins aurait été, à l'origine, non pas seule-
ment le personnage chargé d'offrir les sacrifices, mais
le personnage à qui incombait le soin, la surveillance, le
contrôle de tout ce qui concernait les dieux, de tout
objet ou de tout être qui leur appartenait, de tout acte
quis'adressaitàeux, de toulphénomèneconsidéré comme
un signe particulier de leur volonté*.
Celle définition, toutefois, doit être pour l'époque his-
torique, limitée el précisée. Les Romains ne paraissent
avoir jamais désigné par le nom de sacerdotes soit les
magistrats qui célébraient ou présidaient au nom de
l'Étal des cérémonies religieuses, . soit les pères de
famille qui rendaient les hommages prescrits parle rituel
aux divinités domestiques ou genlilices. Le consul, qui
prenait les auspices, qui sacrifiait des taureaux à Jupiter
Capilolin le jour de son entrée en fonctions % qui célé-
brait les Feriae lalinae'^ sur les monts Albains, qui pré-
sidait les Ludi romani', n'était point compté parmi les
sacerdotes publici populi romani. De même des édiles
curules, bien que la procuratio aedium sacrarum fut
« une partie considérable de leur compétence » ",
bien qu'ils eussent à organiser et à surveiller, sous la
République, un très grand nombre de jeux, soit publics
soit privés '. Mommsen a mis 1res nettement en
lumière les différences essentielles qui existaient dans
l'État romain, tel que nous le connaissons, entre les ma-
gistratures el les sacerdoces. « Tout l'ensemble du culte
régulier des dieux reconnus par l'État est confié aux
prêtres, sans que les magistrats y aient aucune partici-
pation, ni même aient sur lui un droit de haute surveil-
lance. Les représentants de l'État ont sans doute, en celle
qualité, le droit de faire, suivant les circonstances, au
nom de la ville, les prières el les sacrifices, les vœux el
les dédicaces que les particuliers font en leur nom propre ;
mais ils n'ont que celui-là. En sens inverse, les prêtres
n'ont dans la conslitulion ni puissance théorique, ni place
juridique ; ils n'ont aucun pouvoir pour assurer l'obser-
• Orit/in. Vil, (i, 17. — 2 lie leg. II. S, iO. — 3 lie lerj. II. 8. 20.
— * Cf. Cicer. ûe legib. toc. cit. i Cerlasque fruges. certasque Lacnas bacerdotes
liutitica libanto...; (juaequc cuique divo decorae grataeque sint hosliac provi-
ilâDlo...; sacerdoles viaela virgclaque et salutem populi auguraoLo... » : etc.
— 6 Voir CONSUL, t. I, p. 1456 et 1170. — S Voir FERfAE ijitimb, l. Il, p. 1071.
— ^ Voir lUDi, t. III, p. 1372. — 8 Bouclié-Leclercci, Mamiel de» Inatit.
SAC
vation de leursdécisions.... L'organisation des sacerdoces
est diamétralement opposée à celle des magistratures '". »
El. d'autre pari, jamais non plus le nom de sacerdos ni
le caractère sacerdotal n'ont été attribués au paler
famiiias, qui offrait des libations et des sacrifices aux
Lares et aux Pénales, soil sur lefoyer même de la maison,
soit dans le lararium "; qui célébrait, dans les nuits
du 9, du 11 el du 13 mai, la cérémonie des Lemuria,
destinée à apaiser et à écarter les âmes des défunts de la
famille'^; ou encore qui rendait aux mânes de ses
ancêtres et de ses parents le culte accoutumé '^ Suivant
l'expression de Galon : Scito dominum pro tota familia
rem divinam facere"', le pater famiiias romain était,
en fait, un vrai prêtre du culte privé : cependant jamais
il ne porta, à l'époque historique, le titre de sacerdos.
Les sacerdotes étaient, à Rome, des personnages qui
exerçaient dans la société et dans l'État des fonctions
spéciales. D'autres qu'eux, magistrats et particuliers,
pouvaient pratiquer les rites habituels du culte, prières,
libations, sacrifices, vœux, dédicaces, etc., tant en leur
nom privé qu'au nom de l'Étal ; mais seuls les sacer-
dotes étaient, comme l'indique Marquardt dans une
formule aussi nette que suggestive, « experts dans
l'acte religieux »'°; seuls, ils étaient, si l'on peut em-
ployer cette autre expression, des ■< professionnels ».
« On peut affirmer, sans hésiter, qu'à toute époque, tous
les prêtres ont été chargés par l'État d'agir en qualité
d'experts; il le fallait, car les sacrifices les plus usuels
étaient accomplis eux-mêmes suivant des règles minu-
tieuses qu'il n'était pas possible d'observer sans une
connaissance très précise des rites et sans une expé-
rience consommée '" ». Aussi les sacerdotes publici
populi romani avaient-ils la charge de contrôler, de
surveiller non seulement le culte public, mais même
les cérémonies de la religion privée, domestique, gen-
tilice. A la différence des magistrats et des pères de
famille, ils étaient nommément désignés, suivant des
modes spéciaux de nomination, pour exercer leurs fonc-
tions liturgiques ; ils avaient, en tant que prêtres,
des devoirs, des droits, des privilèges particuliers.
Les sacerdoces romains étaient très nombreux et très
variés. « Ils ne sont point, écrit M. Bouché-Leclercq,
rattachés les uns aux autres par des liens hiérarchiques,
de façon à constituer un ensemble. Ce sont comme
autant de fonctions spéciales et isolées, d'origine et
d'importance très diverses, groupées autour du pouvoir
civil qui représente l'État, avec mission de l'aider, de
l'éclairer, mais surtout avec le devoir de lui obéir. De
ces sacerdoces, les uns sont individuels, les autres
collectifs: parmi ces derniers, les uns sont représentés
par des sodalités, les autres par des collèges'''. » Les
sodalités, confréries vouées à un culte déterminé,
avaient plus fidèlement conservé le type primitif des
associations gentiliees ; les collèges, créés par l'Étal
pour fixer la tradition religieuse et guider l'autorité
publique dans l'accomplissement des devoirs de l'État
envers les dieux, étaient plutôt des cénacles de théo-
logiens que de véritables confréries religieuses".
p. 73, n. 4. — 9 Id. /bid. p. 74; cf. AijDu.ts, l. I, p 98. _ 10 Mamm-
■gen et Mar(|uardt, Manuet des ant. rom. (trad. franc.), t. fU, p. 19 sq.
— H Voir LABKs, l. III, p. !141-94Î. — 12 Voir lbmukes, t. III, p. 1100. — 13 Voir
KEi.Ai.rA, l. Il, p. 1040; «ANES, l. 111. p. 1.575-1576; pahemtalia, l. IV, p. 333-334.
— H Z>e re rust., 143. — '5 Momiuseu et .Marquardt, tj. c, t. XU, p. 264.
— 16 Id. Ibid. p. 2G4-Ï(i3. — I" 0. c, p. 500. — i» Ibid. p. 501.
SAC
— 944 —
SAC
Les prêtres romains, chargés iodividuolleinent de
desservir le culte d'une divinité déterminée, portaient
d'iiabiludele litre de /lamines [klamen, t. II, p. H56sq.].
Le terme sacerdos: ou succrdotes fut cependant employé
pour désigner officiellement des prêtres attachés à divers
cultes, sinon d'origine proprement romaine, du moins
adoptés de bonne iieure par Rome: c'est ainsi qu'on ren-
conlredes sacvrdotes Alban i, Cahenses, Caeninenses, La-
nuvini, Laurentes Lavinutes, iMurentini, Suciniani,
Tuscu/ani [v. les articles ci-après]. K\i féminin, il servitù
désigner certaines prêtresses de cultes appartenant au
ritus graecus, telles que les mcerdoles publicae Gererix
poptili romani Quiritium\ les sacerdotes Bonae Deac"-,
les sacerdotes Mat ris Deum Maijnue XV virales \
Signalons encore quelques sacerdotes de rang secon-
daire: \es sacerdotes bidentales\ le sacerdos\virginum.
Vesta/ium'\ les sacerdotes sacrae Ui'bis'^.
Les sodalités officielles étaient celles des Luperci, des
Fratres Arvales, des Salii, des Titii; plus tard, sous
l'Kmpire, une sodalité fut créée, dont les membres por-
taient le titre de sodales Auffusiales, pour perpétuer le
culte de la gens Julia. [arvales fratres, p. 449; augus-
TALES, t. I, p. 560; LUI'ERCAL(A, t. 111, p. 1398; SAL1I, TITll].
Les collèges sacerdotaux de l'État romain étaient ceux : des
Pontifes, des Augures, des Féciaux, des // viri, puis A'
viri, puis A' l' i^iri sacris faciundis, des VII viri epulo-
n«;«fAUGURES, 1. 1, p. 550; epulomes, t. II, p. 738; fetiales,
t. II. p. 1095; POiNTiFiCEs, t. IV, p. 567; duumviri, t. Il,
p. i26.]^ Sur ces /lamines, sacerdotes, sodalitates, colle-
(jiu, on trouvera aux articles que nous signalons les rensei-
gnements nécessaires; mais il nous faut essayer de déga-
ger les caractères généraux des sacerdoces romains,
absiraclion faite des particularités qui distinguaient un
Hamined'un membre d'une sodalité ou d'un collège, un
Arvale d'un Luperque, un Pontife d'un Qiiindecimvir
sacris faciundis ou d'un Septemvir epu/onum!
Les prêtres romains, sous la République, n'étaient pas
tous désignés de la même manière. Ceux qui faisaient
■partie des sodalités et des collèges se recrutèrentpendant
longtemps par cooptation, et nommèrent eux-mêmes par
un libre vote leur président. Les premières dérogations
à cette règle, qui parait bien avoir été générale *, se
produisirent dans le courant du m'' siècle avant l'ère
chrétienne. Tite-Live signale pour la première fois en
l'année 212 la réunion de comices pour la désignation
du Pontifex Maximus '' ; M. Bouché-Leclercq suppose que
le premier plébéien qui exerça ce sacerdoce, T. Coruu-
canius, fut, en 252, désigné de même par des comices '".
[poNTiFiCES, p. 508j. .\ vrai dire, ces comices, composés
seulement de dix-sept tribus sur trente-cinq, ne représen-
taient que la minorité dos citoyens, et leur rôle consistait
dans la pratique à désigner d'avance celui des pontifes
que le collège devait ensuite coopter : on avait donc pris
les plus grandes précautions pour respecter, au moins
en apparence, les principes et les usages traditionnels,
tout en donnant satisfaction aux réclamations du parti
démocratique ".^Les tribuns de la plèbe ne s'en tinrent
I (J. Wissowa, Iteliijion und Kultiis der lliimcr. |i. iH-ît:i: cf. Cicer. Pro
ISalbo, .1t. — 2 Wissowa, Ih. p. 178-171). — i Ibid. p. iOi. — i Ibid.
p. lîl. — t- C. i. lat. VI, ilJO. — 6 Ibid. iUG. — ' Us VcsUles [vss-
TALKs) uc formaient pas un collège; elles dépendaient eutièrcmcnt du Pontifex
Jfaximus ci l'autorité f|u'il eicrçait sur elles était absolue. — ^ Mommscu semble
(tiftposé à croire que les Saliens élaioiit nommés par le P. M. {Manuel des ant.
romaines, tr. franc, l. III, p. :iS). Aucun texte formel ne peut être invoqué it
pas là : en 145 av. J.-C, C. Licinius Crassus propos»
une loi d'après laquelle l'élection populaire devait rem-
placer, dans la désignation des membres des collège,s
religieux, la cooptation'^. Celte loi ne fut pas volée.
Mais, en 104, le tribun Gn. Domitius Ahenobarbus réussit
à faire voter la lex Domitia, qui étendait ceteris sacer-
doliis le procédé usité depuis plus d'un siècle déjà pour
la désignation du Pontifex Maximus ". Il faut entendre ici
par cetera sacerdotia toutes les fonctions religieuses pré-
cédemment décernées par cooptation " ; c'étaient donc
les membres des sodalités et des collèges qui devaient
être désormais désignés par les comices restreints, avant
d'être cooptés suivant les règles du droit religieux. Abro-
gée par Sylla, qui rétablit l'ancien mode de la cooptation
au moins pour les deux grands collèges des pontifes et
des augures [lex Cornelia de ponlificum augurumque
collegiis; cf. lex, t. Ill, p. 1139), la lex Domitia fut
rétablie et même aggravée, semble-t-il, par la lex Atio;
cette loi, votée en 63 sur la proposition du tribun
T. Atius Labienus, confiait de nouveau aux comices des
dix-sept tribus la désignation préalable pour les fonc-
tions sacerdotales''' ; en outre, elle assignait, non plus
au P. M., mais aux consuls la présidence de ces comices
spéciaux. Les réformes de César et d'Auguste aboutirent
en fait, malgré toute apparence contraire, à la suppression
delà cooptation. L'empereur, P. M. de droit, et d'ailleurs
maître absolu de l'État, s'était fait donner dès l'an
29 av. J.-C. le pouvoir de disposer à son gré des sacer-
doces et d'ajouter à chaque collège autant de prêtres
surnuméraires qu'il le voudrait '°.
Mais, sous la République, les sacerdotes n'étaient pas
tous désignés par la cooptation. Les titulaires des sacer-
doces individuels, /lamines, le Rex sacrorum, les
'Vestales étaient nommés par le P. M., considéré comme
le chef de la religion nationale, le directeur du culte
public [ PONTIFICES, p. 567]. Il est vraisemblable, d'autre
part, que les duumviri, puis decemviri, puis quinde-
cimviri sacris faciundis nommaient les prêtres dA
cultes d'origine étrangère admis et reconnus par l'Étal
romain, par exemple les prêtres de la grande Mère
des Dieux et les prêtresses de Cérès, etc. |duum
VIRI, etc., p. 441] '\ Sous l'Empire, toutes les attri
butions du P. M. passèrent à l'empereur, dont l'autorité
s'exerçait en outre sur le collège des Quindecimvirs
comme sur tous les autres.
En résumé, les sacerdotes publici populi romani,
nommés probablement à l'origine par le roi, furent
désignés sous la République, les titulaires des sacerdoces
collectifs par cooptation, puis par une élection soumise à
certaines conditions spéciales, les titulaires de sacer-
doces individuels soit par le P. M. soit par le collège
des Duumviri, Decemviri ou Quindecimviri sacris
faciundis. Sous l'Empire, quelles que fussent les règles
théoriques et officielles, en fait, la nomination des uns et
des autres dépendait de la volonté impériale.
Quelles conditions fallait-il remplir pour pouvoir être
investi d'un sacerdoce, non pas de telle ou telle fonction
l'appui de cette oflirroalion ; cf. Bouché-LeclerC([, InsCU. rom. p. 500, u. i.
— 9 Liv. XXV, 5 : Comitia inde Pontifici maximo creando sunl habita.
— tu Iml. Hom. p. 531, n. I . — " Marquardt et Momrasen, Manuel, t. III,
p. Î9sq. — <* Cic. De amie. 25. — 13 Cic. De lege agraria, 11, 7. — it Vell.
Palerc. Il, 13, 3. — l» Art. lbx, I. 111, p. 1130. - 16 Dio Cass. il, ÎO ; cf.
art. DDDMvnti, dkckmviri, ûuinurckmviri sackis i--ACiuNDis,t. Il, p. +i9-43Û. — '7 Boii-
clié-Leclercq, Instit. rom. p, Sl.'i-Siri, 3*7.548.
SAC
— Dif) —
SAC
sacerdotale, mais d'un sacerdoce public et officiel, quel
qu'il fùl? Il y avait d'abord des conditions très géné-
rales, telles que l'absence de toute tare ou infirmité
corporel', l'absence de toute condamnation*, la posses-
sion du droit de cité romaine ', l'ingénuité'. D'autres
conditions furent, en outre, exigées pendant certaines
périodes; par exemple, sous la royauté et pendant les
premiers siècles de la République, les patriciens seuls
pouvaient être cooptés dans les collèges et les sodalités
ou nommés prêtres par le P. M. : ce fut seulement en
l'année 300 av. J.-C. que la Icx Ogulnia ouvrit aux plé-
béiens les deux grands collèges des Pontifes et des
Augures et même leur y donna de droit la majorité^. Il
est vraisemblable que la plupart des autres sacerdoces
devinrent de même accessibles aux plébéiens : seuls
paraissent avoir été réservées aux patriciens les fonctions
du Rex sacrorum, des trois grands flamines et des
Saliens''. Cette situation fut modifiée par .\uguste.
Désormais, les divers sacerdoces publics ne purent être
revêtus et exercés, les uns que par des personnages de
l'ordre sénatorial (les quatre grands collèges, la plupart
des anciennes sodalités et les sodalités nouvelles qui se
créèrent pour le culte des Divi, Aitffustnles, Flaviales
Titiales, Cocceiani, Ulpiales, etc., les fonctions de Rex
sacrorum. des trois grands flamines, des Vestales); les
autres que par des personnages de l'ordre équestre. Les
simples citoyens s'en trouvèrent donc exclus". Ilconvient
enfin de signaler qu'aucune incompatibilité formelb;
n'existait entre les difl'érents sacerdoces, sauf celles que
comportait la nature même des choses, et sauf le cas des
Saliens. Il allait de soi, par exemple, que le même
Romain ne pouvait pas être en même temps flamine et
pontife, puisque les (lamines dépendaient du collège des
pontifes, ou encore qu'une Vestale ne pouvait pas exercer
d'autre sacerdoce, puisque les Vestales étaient, à Rome,
les seules prêtresses d'État*. Quant aux Saliens, celui
d'entre eux qui était investi d'un autre sacerdoce, qui
devenait pontife ou augure, devait sortir du collège'.
Coopté, désigné par l'élection des comices restreints,
ou nommé par le P. M., le nouveau prêtre devait être
installé dans sa fonction sacerdotale. On sait formelle-
ment que le Rex sacrorum, les grands flamines et les
augures étaient inaugurés, à la requête du P. M., dans
les comitia calafa. On trouvera discutée ailleurs [i.nacgu-
RATio, t. III, p. 438-439], la question de savoir si tous les
prêtres étaient inaugurés. M. Bouché-Leclercq montri'
que ni les grands collèges, ni les confréries ou sodalités.
ne faisaient inaugurer leurs membres. Pour les autres
prêtres, l'entrée en fonctions paraît avoir eu lieu sans
prise spéciale d'auspices : dans les collèges et les soda-
lités, le chef ou président ad sacra rocabat le membre
nouvellement désigné'".
En règle générale, les sacerdoces publics de l'État
romain étaient conférés à vie "; dans la plupart des cir-
constances où il était, en fait, dérogé à ce principe, le
prêtre qui cessait d'exercer ses fonctions sacerdotales les
' G. Wissona, p. 421 et noie 4. — i Ibid. p. 4il cl n. 5. — 3 Ibid. p. 411.
cl n. C. — * Ibid. p. 421 el n. 7 ; Marquardl et Slomnisen, Manuel, 111, p. 36.
— 5 Voir 18X, t. III, p. li.iS. — 6 G. Wissowa, 0. c. p. iil-iii ; Cic. Pro
domo, 38. — 1 G. Wissowa. p. 422. — » Ibid. p. 423-424. — 9 Ibid. p. 423 ,
cf. l'art. sALii. — 1** La thèse de Vinauguratio pour tous les prêtres est encore sou-
tenue par Marquardl ap. Marquardl et Slommseii. Manuel, t. XII, p. 270-277.
D'après Man^uardl. Vinauijuratio proprement dite n'aurait élc abolie qu'au temps
<le l'Empire. G. Wissowa, au contraire, partage l'opinion de Bouclié-I.eelercq, /fe/i*;.
VIII.
quittait volontairement par démission ou abdication'-.
La dignité sacerdotale parait avoir été, en droit, inamo-
vible à Rome'^
Lorsqu'un Salien quittait son collège, lorsqu'une
Vestale usait du droit qui lui était dévolu par la loi reli-
gieuse de résigner ses fonctions après trente ans de
prêtrise, on employait les termes exaugurare, exaugu-
ratio, pour désigner l'acte par lequel ils dépouillaient
leur caractère sacerdotal ". L'emploi de ce mot n'im-
plique nullement, d'après VVissov^^a'S que les Saliens
ou les Vestales fussent inaugurés, au sens strict du mot,
lors de leur entrée en fonctions. « Ces exaugurations
ne sont, dit Bouché-Leclercq à propos des Saliens, que
des congés délivrés par la confrérie elle-même '^ « De
telles exaugurations étaient, d'ailleurs, exceptionnelles.
.Nous n'avons à énumérer ici en détail ni les fonctions
spéciales qu'exerçaient les divers prêtres publics de
l'État romain, ni les insignes qu'ils avaient le droit de
porter et qui les distinguaient, ni les serviteurs, lic-
teurs, etc., qui les aidaient dans l'accomplissement des
rites: on trouvera ces diverses questions exposées aux
articles: arvales fratres (I, p. 449 sq.), augures (I,
p. ooO sq.), Dui'MviRi, etc. S-4Cris FAauvDis(n, p. 426-442),
EPULONES (II, p. 738 sq.), FETIALES (II, p. 1095), FLAMINES
(II, p. 1156 sq.). LUPERCALiA, etc. (III, p. 1398 sq.), rex
SACRORUM (IV, p. 827), SALII, TITII, VESTALES.
Comme nous l'avons indiqué plus haut, lorsque nous
avons essayé de définir ce qu'étaient les sacerdotes
romains, leurs fonctions consistaient essentiellement à
être les experts de l'État dans l'acte religieux ; si les
insignes qu'ils portaient variaient suivant les sacerdoces,
du moins devaient-ils tous porter, quand ils sacrifiaient,
pura vestimenta, idesi, non obsita, non fulgurita, non
funesta, non maculam habentia^'. .\ux collèges, aux
sodalités, aux personnes des prêtres investis de sacer-
doces individuels étaient attachés un nombreux personnel
d'agents subalternes et de servants du culte, apparitores,
calalores, camif/i, cultrarii, lictores, popae, /ibicines,
viatores, etc. [voir ces mots"].
S'il est inexact de parler pour les sacerdotes publici
populi romani d'une hiérarchie officielle et organisée, il
ne serait pas moins contraire à la réalité historique de
nier entre eux l'existence de rapports hiérarchiques
établis les uns par la tradition, les autres par l'histoire
même du culte. Sous la royauté, semble-t-il, les prêtres
dépendaient tous du Roi, et ils se classaient entre eux
selon le rang assigné au dieu dont le culte leur était
confié ". Un texte souvent cité de Feslus nous apprend
que Vordo sacerdotum traditionnel était le suivant :
maximus videtur Rex, dein Dialis, post hune Mar-
tialis, quarto loco Quirinalis, quinto Pontifex Maxi-
mus. Itaque in [conviviis] soins Rex supra omnes
accubat : sic et Dialis supra Martialem et Quirinalem :
omnes item supra Pontificem ^". Aulu-Gelle *' et Ser-
vius^^ confirment les indications donnés par Festus,
et attestent en même temps la survivance sous l'Empire
und KM. der Rim.p. 420, n. 3. — " Marquardl et Mommsen, Manuel, t.lli, p. 20.
- 12 U. Wissowa, O. l. p. 424. — '3 Voir notamment Plin. Episl. IV, 8, I ; Plut. Qu.
Tom. 99. — <4 GeU. ,V. Att. VU, 7, 4 ; Capitol. Vita Marci. IV, 4. — 1> G. Wissowa,
0. c. p. 420, o. 3. — 16 Art. isaucoratio, t. III. p. 438 — '7 Feslus, s. !■.
pura vestimenta. — 18 Cf. G. Wissowa, 0. c. p. 42.5-427 ; Marquard'. el Momniseu,
Manuel, t. XII, p. 209 sq. — " Marquardl et Mommsen. Op. cit. t. Xli. p. 31,
J65. —20 Feslus, s. V. ordo sacerdotum. — 21 Noct. att. X, 15, 21. — a Ad
Aeneid. Il, 2.
119
' Marquardi el UomniseD, O/i. cit. l. XII, p. i66. — 2 Jbid. p. 2G8. —3 Ibid.
— ♦ /Ait/. — bitii.iocRAi>HiE. — tirècc. Krcuser, Ùer Hellenen Priesterstaat,
Mayrncc, 18ii; Adriau. />ie Pricsterinnen der Oriechen, Kiancforl. 1821 ; Ëocckli,
Jft; Graecorum sacerdotiis {repris dans les Kleine Schriften, IV, p. 331 sq.); ran
Limhurg-Brouwer, Histoire de ta cii^itisation morale et reli'/ieuse des Grecs,
i. V (183'J), p. il3 sq. ; lleimbrod, De Mlieniensium sacerdolibus, Gleiwiti, 1854 ;
Manry. Histoire des religions de la Grèce, l. Il, 185", p. 381-431; K.-V. Her-
manii. Lehrbuch livr r/ottesdiensllichen Allerthùmer der Griechen IS58, p. 304 sq. ;
SU-ngel, Die yriecliischen Sakratalterthùmer (dans le Uandbiich de Iw. von
.Mr.llerj, J* éd. (1838), p. 30-41: Sclifiraanii, Griechische Allerthùmer, t. II.
4» lil. revue par Lipsius I9ûi. p. 4I0-4S4; Marlha, Les sacerdoces athéniens
IH*!: Ilellcr, /Je Cariae Lydineque tacerdolibus, dans le xvm" volume suppli-
inentaireiles Jahrbaeher de Fleckeisen (IS9i), p. i\îiiH. — Rome. Sur rori"iiic,
les caractères géaéraui el l'organisation publique des sacerdoces romains, Jcs
ouvrages capilaui sont aujourd'hui : Bouché-l.eclei-cq. Manuel des Jiistitutions
romaines, Paris. 1886 (Sixième parlie, p. 459 sq.) ; J. MarquardI, Le culte chez les
Ilnmains, Ir. fr. Paris, 1889-1890 = Mari|uardt el llonimsen, Manuel des antiquités
romaines, Irad. franc, t. XII et XIII ; G. Wissowa, Iteligiun und Kiittus der lUmer.
lluuitli, I90i, §3 6« sq., p. 410 sq. On peut v ajouter : L. Mercklin. Lebcr die
SAC — 94fi
de cette antiijiie liiiTaixliie, tout exlérii;'iiio d ailleurs.
Sous la Kt'publique. l'organisation sacerdotale se carac-
térisa par la prédominance incontestée du Pontifex
Maximus; parmi les collèges et sodalités, les Pontifes,
les Augures, les Septeimuri Epiilnnum, U's Duuinviri
(puis Deirmriri, puis (Jainileciiiii'iri sacris faciiindis)
formaient les qtmtuor .^umma ou amplissinxi coUegia'.
Il est, en outre, évident que le P. .M. exerçait une atilorité
particulière sur les prêtres et les prétresses, sur les
llamines. sur les Vestales qu'il nommait, qu'il investis-
sait de leurs fonctions sacerdotales ; de même les prê-
tresses de Cérès et les prêtres de la Mère des dieux
dépendaient des Diiumviri, etc., sacris faciiindis. Sous
l'Empire, l'empereur, grâce à son titre de pontifex
maximus, fut, comme l'avait été le roi dans l'organi-
sation primitive de la cité, le chef de la religion oflicielle.
Tous les prêtres de l'État romain jouissaient d'immu-
nités et de privilèges honorifiques. Ils portaient la toge
prétexte-; des places d'honneur leur étaient attribuées
dans les fêtes et dans les jeux ^ Ils étaient exempts,
sauf cas exceptionnels et d'urgente nécessité, des charges
publiques, des impôts, du service militaire'. Les pri-
vilèges particuliers à certains sacerdoces sont exposés
dans les articles spéciaux consacrés à ces sacerdoces.
[P0.NTIFICES. KL.iMEX, VESTALES, etC.J J. ToUTAIN.
SACERDOS PROVIXCIAE. — Cette variété de prêtre
est une nouveauté de l'époque impériale; elle résulte de
l'extrême déférence, imitée des usages orientaux et
hellénistiques', qui fit mettre, dans les provinces, le
souverain au rang des dieux [apotueosis]. Le culte de
Home avait pris naissance beaucoup plus tôt [roma], mais
il était resté généralement municipal -. .Mors qu'à Rome
le culte des divi. c'est-à-dire des empereurs morts, fut seul
admis, le culte provincial fut celui de Rome et de J'em-
l>ereur vivant^ ; sans doute, la série des empereurs précé-
dents ne dut pas être écartée ; ainsi le temple élevé à Tibère,
sur la demande « des villes » d'.\sie, à Smyrne', dut
servir aussi à l'adoration des princes ultérieurs, mais
Tibère ne pouvait y être oublié ; l'adoption, au reste, ne
lit souvent que renforcer les privilèges héréditaires de
ilescendance directe ; eût-on osé adorer le monarque
régnant et négliger le culte de son père et prédécesseur?
Le culte provincial n'était réglé par aucune loi d'en-
semble s'appliquanl à toutes les provinces; aussi le.s
deux moitiés de l'Empire, latine et grecque, présentent
dans cet ordre de choses un certain nombre de diffé-
rences, mais il y eut aussi bien des traits communs. En
principp. les provinciaux restaient libres d'orijaniser ce
SAC
culte à leur guise ' ; pratiquement, si l'empereur ou h-
Sénat n'intervinrent que sur requête, le gouverneur dut
exercer une discrète surveillance, inspirer même officieu-
sement quelques mesures. Le sarerdolium /irovijiciar
échap])ait au système de la collégialité; il appartenait à
un seul dignitaire, élu, dans la province ou le groupe de
provinces unies pour la célébration du culte des Césars
[Très Daciae, Très Ga/liae)^, par l'assemblée provin-
ciale'^, et à temps, non à vie^. Sacerdoce sûrement
annuel en Afrique et en Narbonaise', ailleurs aussi très
probablement. Pour insignes, la couronne d'or, souvent
ornée des bustes des Césars, et la robe de pourpre, imita-
tion de la toge impériale '" ; maison pense que tels étaient
aussi les insignes du prêtre municipal des empereurs.
En Orient, le prêtre provincial s'appelait àû/iepeO; [ar-
CHiEREi's] ; en Occident, suivant les régions, flnmen (pro-
vinces alpestres, Espagne, Narbonaise, .\frique hormis la
proconsulaire) ou A'ffcc/'rfos (autres provinces, notamment
les Gaules). L'hégémonie romaine ayant partout favorisé
le régime aristocratique, ce personnage ne pouvait être
qu'un notable, citoyen d'ailleurs de n'importe quelle ville
de la province D'ordinaire, il avait parcouru le cursus
honorum municipal ; le fait est attesté pour le plus grand
nombre et put se produire dans d'autres cas à notre insu.
Beaucoup d'inscriptions qui les commémorent portent
la mention omnibus honoribus functus ou une autre
analogue". La plupart de ces sacerdofes étaient citoyens
romains''-, mais il ne semble pas que celte qualité leur fût
indispensable, comme on l'a dit en généralisant à torl
une disposition qui parait ressortir de la lex concilii
Narbonensis'^; il se peut même que la civitas romana
leur ait été accordée à leur entrée en charge, ou, mieux
encore, à l'expiration de leurs fonctions, lorsqu'ils pre-
naient le titre de sacerdotalis ou de flaminalis, impli-
quant des privilèges, honorifiques ou autres, dans leurs
villes et dans la province entière. Les municipalités
entretenaient des rapports excellents avec les conventus
civium nomanorum ; ceux-ci fournirent plus d'une fois
des sacerdotes prorinciae; on en vint même à élire des
fonctionnaires romains, d'anciens officiers, des procu-
rateurs impériaux '^ Mais surtout la noblesse, locale,
aristocratie de naissance el de fortune, pourvut à ces
fonctions qui, comme les autres, devaient être dispen-
dieuses pour ie titulaire: aussi, dans les listes qu'on
pourrait dresser pour chaque localité importante, les
noms des mêmes familles reparaîtraient constamment;
une autre catégorie très représentée est celle des rhéteurs
el des sophistes ''\ En dehors de ces attributions propre-
Anordnung und Einteitimg des rômischen Priesterthum3,^ial-PèlershouTg, 1S53:
Marquardt et Mommsen, Manuel des antiquités romaines, trad. frauç. 1. III,
p. li) sq. ; Gemoll, De coo/datione sacerdottim romanorum, Berlin, 1870; H. Oldeu-
lierp. Ue innuijuratione sacerdotnm romanorum (Comment, philolog. in honor.
Mommseni, p. 1.^9); C. Bardt. Die Priester der vier yrossen Collégien aus
rtimisehrepublikanischer Zeit, Berlin. 1871 ; .K. Houché-Leclercq, Les Pontifes de
' Home, Paris, \h'\.
SACERDCIS pnoviXCIAE. 1 Korncmann, Beitrdge zur aiten Geschichte, 1
(1901), p. 51-U6. — -^ J'en ai cit«^ nombre d'ei;emples pour TAsie, Province pro-
consutaire, Paris, 1904, p. 423. — ^ Beurlier, Essai sur le culte rendu aux
empereurs romains, Paris, 1890, p. 99. — * Tac. Ami. IV, 15. — 5 Cf. J. Tou-
Inin, Les cultes païens dans l'Empire romain, Paris. I, I (1905), p. 127 sq.
— 6 Beurlier, O. c. p. 121. — 7 Paul. .Sent. V. 30, 1. — » Beurlier, p. 145 sq.
— 3 P. Uuiraud. Les asseinb'ées provinciales dans l'Empire romain, Paris,
1887, p. 82 sq. — "> Fr. Cumonl, Jtev. des étud. grecq. XIV (1901), p. 141.
— Il C. i. Int. Il, 4189 sq. — 12 Toutaiu, O. c. p. 133. — 13 Beurlier, 140 et 148.
— '4 l.a chose est fréquente surtout en Espagne (C. i. (. II, 4188, 4203, 420C, 4226,
4Ï38, 4245, etc.). — <^ Guiraud, Àssembl. prov. p. 89.
SAC
947 —
SAC
ment cultuelles, le sacerdos en charge Jouissait de
diverses prérogatives: Au jus senlenliaedicendae, du jus
^ignandi, et d'une place d'honneur dans la curie, à
l'assemblée du peuple et au tliéàlre '. En cas de vacance
par décès, nous ne savons pas pour chaque province
lomment était désigné le subrogatus- .
Toute assemblée provinciale avait le droit de discuter
des intérêts communs de la province ; mais, en fait, elle
se réunissait principalement pour voter des honneurs
publics, célébrer des cérémonies religieuses, des fêtes et
jeux. Par suite, le grand prêtre semblait tout désigné
pour la présider; d'où la fusion qui devait tendre à
s'accomplir entre son litre et ceux que portaient les chefs
des confédérations que Rome laissa subsister en Orient.
Cette question a été déjà exposée ailleurs [asiarcua,
koinon]; nous ne ferons ici que la mettre à jour. L'itri-
dp;^Tlç se confond-il avec l'àp/tEpEÙi; 'Aai'aç? le -^xlixi^yt^',
avec l'àp/cepsù; TaXaTtaç, etc. .. ^? Peut-être a priori serait-
il prudent de ne pas chercher une solution unique ; il
put y avoir d'une province à l'autre des différences
considérables '.
Et d'abord tout titre en — âp/T|; désigne le chef d'un
groupe ethnique, et sans doute, en conséquenc.e, le pré-
sidentd'une assemblée de l"l6voç, mais non pas forcément
d'une assemblée comprenant des représentants de toute
une province, car il y a un béotarque, un phocarque,
etc., et il n'y a pas de province de Béotie ou de
Phocide. Donc si un irovripyTiç de Mésie est dit en même
temps àp;/iEp£Ùç, il n'a pas forcément la grande préirise de
la Mésie Inférieure. Seulement il y a pu avoir une grande
prêtrise du koinon pontique lui-même ; dans celte hypo-
thèse, le parallélisme serait frappant entre les koina
d'ancien type et les concilia de provinces ^ Mais cette
grande prêtrise du koinon pontique concernerail-elle le
culte impérial? Rien ne le prouve. Les koina diver.s
tolérés sous l'Empire avaient souventpour origine essen-
tielle un lien religieux; ce lien ne se serait-il pas rompu
si au culte primitif s'était substitué ou superposé le
culte des empereurs ? Ces derniers ne pouvaient prendre
ombrage d'une survivance qui, pratiquement, n'affai-
blissait en rien le loyalisme des populations : nombre de
collectivités professaient des cultes spéciaux qui n'étaient
pas le culte impérial; le culte provincial éclipsait ces
dévotions secondaires, sans caractère politique. Pour-
tant la difliculté reste entière, et diverses provinces de
l'Orient grec ont bien pu compter chacune plusieurs
grands prêtres du culte impérial, chacun à la tête d'un
koinon^ sans avoir un sacerdos provinciae, au sens strict
du mol.
Finalement, lorsqu'une inscription nomme un person-
nage agonothète et àp;i^i£pEiji; (d'une province donnée) et
— àp/Y,;, on a toujours le choix entre deux explications:
1» Simple redondance ". Beaucoup inclinent vers cette
solution, depuis que Mommsen l'a couverte de son auto-
' Beurliei-, p. 149 srj. — 2 Id. p. 148. — 3 Voir la nouicnclalure de ces litres
dans Beurlier, p. 121 sq. et ajoiiler ie MaxE5oviâj/r.;, couuu depuis peu par des
inscriptions de Tiiessalonique iJiev. des étud.grecq. XX (1907), p. 70). — 4 Cl.
Ko\sos; CUapoi, La province d'Asie, p. 46:* sq. ; Toutain. Les Pontarques de lu
Mésie Inférieure {Mém. de la Soc. des antiq. de France, 7» série, Il (I90i|,
p. 123-144). — ■> Il y eut, en effet, une assemblée provinciale de Mésie Inférieure .
mais, — Guiraud Ta montré jadis, — rien n'atlestc absolument que chaque province
eijt son assemblée, où tous les districts et cités auraient envoyé des délégués. Ainsi
il y eut un koinon de Lycie, un de Pamphylie; il parait bien certain qu'il ny
eut pas d assemblée de Lycie et Pamphylie. ni de Bitbyuie et Pont. — » .Mai^
ces pléonnsnies ne sont pys d:ins les usages: cf. Chapol. Province d'Asie, p. tT'./,
rite': le titre de lyciarque est viager; il désigne l'àp^t^-
psû; de Lycie encore en fonctions ou honoraire. Reste une
objection : comment, dans cette doctrine, expliquer les
formules ÉXXa3ap/Y|<7ïç ', irovrap/Vidai; ^, 'foriv./.ïo/r^<Ta<; '",
et surtout Xuxiap/iÎTaç " dans le pays même où Opramoas
fut, pendant de longues années, qualifié de X>jxiap/-r|?,
.sous d'autres àpyiepEïî? Il faut admettre à tout le moins
un formulaire un peu llottant. 2" Réunion de plusieurs
attributions sur la même tête. Dans divers cas, le
texte suppose un exercice simultané, non successif; en
fait, si les fonctions sont distinctes, le cumul a pu se
produire.
Le sacerdos provinciae n'avait pas la haute main sur
les autres prêtres de la province. Maximin chercha à
hiérarchiser le culte impérial en conférant à ceux qui le
célébraient suprématie et juridiction sur les autres
prêtres '^ ; mais sa tentative fut sans lendemain.
Lorsqu'après Constantin le culte impérial eut été sécu-
larisé, les sacrifices disparus, il y eut encore des jeux
et, pour les diriger, des sacerdotes pi'ovinciae^^; mais
nous ne suivons guère leurs traces qu'en ,\frique et
en Asie; à celte époque, ils sont souvent députés par
l'assemblée auprès de l'empereur ; aussi les choisit-on
de préférence parmi les advocati " ; ils continuent à être
élus comme auparavant"''. Le caractère onéreux de leur
charge les fit dispenser de plusieurs autres "^. Julien leur
rendit leurs attributions religieuses, pour les opposer
aux évêques'^; mesure dont l'effet fut aussi court que
son règne. Nous entrevoyons en somme la décadence de
l'institution; nous ne savons pas quand elle disparut.
De nombreuses inscriptions rappellent des flaminicae
ou des sacerdotes femmes ; vraies prêtresses, mais nous
ne savons pas de quel culte; il n'est point établi que ce soit
le culte impérial; .la /ïaminis uxor n'est pas de plein
droit/?awu'?i(ca; en revanche, en tant qu'épouse du grand
prêtre, elle a déjà un caractère sacré, qui se manifeste
par certains privilèges et obligations'*. Pour l'Orient
grec, la question est très obscure. Nous avons un cas de
femme asiarque", un de femme pontarque-", deux de
Xuxtâp;^i(r(jx ^' ; dans l'un, le mari est nommé, et non dési-
gné comme lyciarque; on a supposé qu'il était époux en
secondes noces. Un bien plus grand nombre sont qua-
lifiées grandes prêtresses. P. Paris -^ indique deux hypo-
thèses possibles : simple honneur décerné à la femme
en raison des mérites de son mari grand prêtre, ou tilre
récompensant une donatrice qui a participé aux frais du
culte impérial ". Victor Chapot.
SACERDOTES ALBANI, CABEi\SES, CAENIIVENSES,
etc. — Dans les premiers siècles de Rome, lorsqu'une ville
latine, vaincue et conquise par les Romains, était, sous
quelque forme que ce fût, annexée à la cité romaine, ses
cultes publics ou sacra étaient adoptés par le peuple
romain. Le soin de célébrer ces cultes incombait à des
prêtres ou à des sodalités, dont les noms rappelaient le
— 1 Oesleir. Jahresliefle, 111 (UIOO), p. 1-8; cf. Fougères, Mélanges Perrot ,
Paris, 190i, p. 103-108. —8 Inscr. gr. ad r. R. pert. III, i02. — 9 Ibid.
115. — Wlbid. 1375. — 11 Ibid. 500, 563, 739 passim. — 12 P. Monceani, De
communi Asiae, Paris, 1885, p. 114. — 13 Beurlier, Op. l. p. 290 sq. — l*Cod.
Theod. XII, 1, 46. — 15 Ib. XII, 1, 75; add. 77, (12, 148. — 16 Beurlier,
p. 295. — n Julian. Epist. 49, 62, 63. — l« Toutain, Cultes païens, p. 141 sq .
— 19 C. i. gr. 3324. —ii'Jnscr. gr. ad r. R. pert. III, 97. — 21 Ibid. 583-'i84.
— 22 Quatenus feminae res publicas in Asia Minore, Romanis imperantibus,
attigerint. Lut. Par. 1891, p. 112 sq. — 23 J'ai dressé une liste d'ifj.tfE.ai Aii»;
la plupart sont dites femmes de grands prêtres ; peut-être y avait-il là une condi-
tion nécessaire, mais non suflisante; cf. Province d'.Asie, p. 488 sq.
SAC — 948 —
s cultes avaiiMil primilivi-ment
SAC
nom de la ville à laquell
appartenu'.
I" Sacerdotes [Albani]. — A proprement parler, il
n'y avait point de prêtres ni de membres d'une sodalité
qui fussent appelés à Rome sacerdolex Albani. Les cultes
d'Albe la Longue devinrent des cultes romains : on
connaît des pontifices Albani', des Salii Albani pré-
sidés par un magisfer Saliorum \ des virgines ou
Vt'sla/es Albanae'', un /îex sacrorum [albanorum) ■'.
ti" Sacerdotes Cabenses. — Le titre complet de ces
prêtres était sacerdotea Cabeiucs feriarum Latinarum
monlis Albani^; leur nom abrégé : sacerdotes Cabenses
montis Albani'; la cité latine de Caba ou Cabè parait
nommée par Pline el par Denys d'Halicarnasse *.
3° Sacerdotes Caeninenses ou Caeninensium. —
Prêtres mentionnés par quelques inscriptions'. D'après
la trailition, Caenina avait été détruite par Romulus '".
■'(" Sacerdotes Lanuvini. — Les sacerdotes Lanuvini,
recrutés en général parmi les citoyens romains de haute
condition, formaient un collège consacré spécialement
au culte de Juno Sospita, la principale déesse de Lanu-
vium. Cette déesse, en l'honneur de laquelle un
temple avait été construit ;\ Rome, avait gardé son sanc-
tuaire de Lanuvium ; mais ce sanctuaire el le culte qui s'y
célébrait étaient devenus communs aux Romains et aux
municipes Lanuvini". Outre les sacerdotes Lanuvini,
on connaît un //awp/i maximus à Lanuvium'-.
5° Sacerdotes Laurentes Lavinates ou Laurentium
Lavinatiuni. — Après la défaite de Lavinium, en 338, le
culte antique et très révéré des Pénates, qui passaient
pour avoir été apportés dans cette ville par Énée, fut
confié à la cité voisine de Laurentum; un collège de
prêtres, dans le titre desquels figuraient les noms des
deux villes, sacerdos Laurens Lavinas", sacerdos Lau-
rentium Lavinatium^^, sacerdos apud Laurentes Lavi-
nates^'", etc., existait encore sous l'Empire. Mais il semble
que le titre de sacerdos Laure?is Lavinas fût alors plutôt
honorifique, puisqu'on trouve des personnages revêtus de
ce titrejusqu'enDacieeten Afrique"'. Auprès de ces. socer-
dotes, les inscriptions font connaître des (lamines '\ des
pontifices^^, des .mlii'^ attachés à ce même culte.
6° Sacerdotes Suciniani. — Prêtres mentionnés sur
quatre inscriptions de Rome-"; leur origine est incon-
nue. Nulle part on ne trouve citée une ville de Sucini u m
ou Sucinia dans le Latium.
7° Sacerdotes Tusculani. — Depuis l'an 371, date à
laquelle Tusculum reçut le droit de cité romaine, le culte
poliade de celte ville, celui de Castor et Pollux, fut adopté
par l'État romain. Le soin de ce culte fut confié à divers
prêtres ou fonctionnaires religieux, dont plusieurs sont
SACERDOTES ALBAM, CABKNSES, CAE\1\ENSES, 1 Mar(|uardl cl Momni-
»en (trad. franc.), l. XII, |). 47 ; l. XIII, p. 235 ; G. Wissowa, Religion und KiUtm
der Humer, p. 447 sq.; Bouchê-Leclerci), \tan. des Inst. rom. p. 516. — 2 C. i.
lat. VI, 21C1, 2108; IX, 1395; XIV, 22i;4. — 3 Ih. VI, 2170, 2171; XIV, 2974.
» C. i. lai. VI, 2172 ; XIV, 2410 ; Asconius, p. 35 ; Syminach, Bpisl. IX, 147,
!k«. — = f. i. lai. VI, 2125 = X|V, 2H3. — 6 tb. VI, 2021, 217.1 ; XIV,
2228. — ^ là. VI, 2174 sq. — 8 Plin. Nat. /iiî(. III, 04; Dion. Halic. V, 61, § 3.
— « C. i. t. V, 4059, 5128; VI, 159S; l.t, 4883 sq. ; X, 3704; XI, 2699, 3103;
XII, 071. — 10 Liv. I, 10, 5 4; Plularcli. Homul. 16. — " Liv. VIII, 14, § 2.
— lî C. i. l. V, 6992, 7814; IX, 4206, 42il7. 42')8, 4399; X, 4390; XIV, 2092.
— 13 C. i. l. IX, 4686; Noliz. degli scavi, 1888, p. +08. — " C. i. l. III, 1180,
6270; V, 0357; VI, 2176 , VIII, 1439, 7978 ; X. 73j0. — 15 Noliz. degli scaui. 1888,
p. 236. - 16 Ci. lal.lU, 1180, 0270; VIII. U39, 7978. - H C. i. I. III, 1198; X,
797; XI, 5215.— 18 /d. VI, 1435; VIII, 9368; XII, 408; XIV, 171, 3.H. —10 M.
XIV, 390 sq. ; R. Gagnai, Lannée épigr. 1896, n. 86. —2» C. i. /. 2178, 2179,
2180; IrtKr. graec. ad rcs rom. perlin. I, 143. - 21 C. i. lat. V, 27 ; VI, 2177 ; IX,
2305. — 22 Id. V, 5U30. — 21 1/nn. des Inslil. rom. p. 333. o. I. — 24 Ibid.
p. 554 s<(. ; J. TouLain, /.t'« cultes païens dans l'Empire romain, I, p. 273 sq.
désignés dans les textes épigraphiques par le titre de
sacerdos Tusculanus'" . Peut-être tous les prêtres attachés
àce culte formaienl-ilsunesodalité, puisqu'on trouveéga-
leraenl mention de sodnles sacrorum Tusculanorum '-■'.
Sacerpotes municipiorum, coloniarum. — Dans les
innombrables cités des provinces romaines, il y eut,
comme à Rome, des sacerdotes publici. M. Bouché-
Leclercq a fait très justement remarquer qu'il <> n'est pas
toujours aisé de distinguer (dans les villes provinciales)
les prêtres locaux des prêtres à la mode romaine. Sacer-
dos coloniae. sacerdos publicus sont des termes élas-
tiques, applicables aux deux catégories -^ » Les sacer-
dotes, auxquels on peut vraiment attribuer le caractère
et le nom de prêtres municipaux, furent: i" les pontifes
et les augures des colonies et des municipes, dont l'orga-
nisation était calquée sur celle des pontifes et des
augures romains^'; 2° les prêtres municipaux du culte
impérial, dont le titre le plus fréquent élail flamen, qui
parfois s'appelaient sacerdos ou pontife.v-'' ; 3° enfin les
Augustales ou Seviri Augustafes, membres ou prêtres
des confréries qui s'étaient constituées dans maintes
cités des provinces occidentales pour rendre un culte
fervent à la divinité des empereurs-". J. Tout.^in.
SACRA. — Employé comme un substantif, ce pluriel
neutre avait en latin un sens précis. Par sacra, on
entendait à Rome les cérémonies des cultes et, par exten-
sion, les cultes eux-mêmes'. Ces cultes étaient répartis
en plusieurs catégories, que distinguaient des épithètes.
Ainsi, encore sous l'Empire, on opposait les sacra pere-
grina aux sacra romana-. Les premiers étaient les
cultes étrangers qui n'avaient pas été admis dans la reli-
gion officielle, tels que les cultes égyptiens, syriens, ira-
niens ^ Les seconds étaient les cultes officiellement
reconnus par l'État romain, qu'ils fussent vraiment natio-
naux el indigènes, comme les anciens cultes romains
elles cultes latins, ou qu'ils eussent été accueillis posté-
rieurement dans la cité, comme les cultes d'Apollon, de
Cérès, de la Mater Magna deum. Les sacra romana
étaient de beaucoup les plus importants el tenaient le
plus de place dans l'organisation religieuse de Rome.
On les divisait eux-mêmes en deux grandes classes : les
sacra privata el les sacra publica^.
L Sacra privata. — Les anciens nont pas laissé une
définition très précise des sacra privata ; ils se sont
contentés dé les classer en catégories et d'énumérer ces
catégories. Le texte le plus clair, à ce point de vue, est
celui de Festus : Privata sacra, cjuae pro singulis
Iwminibus , familiis , gentibus fiunt. Nous devons y atta-
cher d'autant plus d'importance, malgré la confusion
qui se produisit plus lard enirelei familiae eilm gent es %
Essai
le culte rendu
1. 132 sq. — 26 Voirl'arl.
de l'Augustalité, Paris,
— 25 Voir HiAMtM, 6°, l. Il, p. 1182 sr|. Cl. Beurlicr,
aux empereurs romains, p. 16S sq. ; J. Toutain, Op. ci
AuGosTAi.Es, t. 1. p. 560; Mourlot, Essai sur l'histoi
1893 ; i:f. J. Toulaiii, Op. cil. p. 116 sq. ; p. 170 sq.
SACRA. 1 Liv. I. 20 ; Pontificem... e.r patribiis tegit eique sacra omnia attri-
butt ; guiôus ftostiis, quibua diebus, ad guae templu sacra fièrent. Cf. Macroli.
.Satura. I, 10, 4 : Sacra cetebritas est, vel cum sncri/icia dis offerantur, vel cum
dies divinis epulatinnibus celebratur, vel cum litdi in ho-iorem aguniur deorum,
vel cum feriae obseriiantur. — 2 Spartian. Vita ffadr. XXII, 10 : Sacra romana
diligentissimecuravit,peregrina conlempsit. — 3 Voir G. Wissowa, Religion und
Kultiis der Borner, p. 289 sq. ; Bmché-Leclercq, .Manuel des Instit. rom. p. 470,
noie I ; p. 403. — ' Liv. I. 20 : ... caetera quoque omnia publica pricataque sacra
Pontifias scitis sub/ecil. Cf. Liv. V, 52 ; Ciccr. Prodom.XL, 103; Feslus. s. v. pu-
blica sacra. — ^ Celle confusion ressort en particulier du passage de Macrobe
Saturn. I, 16, 7 : Snnt praeterm feriae propriae familiariim, ut familiae Claudine,
vel Aemiliae,seu Juliae stoe Corneliae.et si quas ferias proprias quaeque familiae
ex usu domesticae celebritatis observât. II n'est point douteux que les familiae
Claudia. Aeuiilia, Julia. Coruelia soiil des gen'es.
SAC
949
SAC
qu'il est vraisemblablement emprunli- suivant l'Iiypothèso
de Marquardt. au droit pontifical'.
Les sac7-a pro singalis hoininibus étaient les fêtes
religieuses qui se célébraient dans chaque maison lors des
épisodes les plus importants de la vie de cliacun des
membres de la famille : ces fêtes ont été énumérées et
décrites, leur caractère sacré a été mis en lumière à l'ar-
ticle FEKiAEit. II. p. 10'i6-i047; ; c'étaient, en particulier,
les yatalia. les A'oininalia, les Liberalia, les Sponsalia,
les A'upliae et les Repolia.
Les sacra pro familiix se célébraient en l'honneur
soit des divinités domestiques. Lares et Pénates, soit
des défunts de chaque famille; on trouvera l'énumération
de ces diverses cérémonies au mot feri.ae (p. 1045-1046 .
Sur chacune d'entre elles et sur les divinités auxquelles
elles s'adressaient, voir les mots caristia (p. 921^;
FERALiA (p. 1040); GENIUS (p. 1488 sq.) ; gens (p. 1.^04
sq.) ; LARES (p. 937 sq.) ; lémures (p. 1100) ; .mânes
p. 1571 sq.) ; novemdiale (p. 110) ; parentalia (p. 333);
i'ENates (p. 376 sq. ; i rosalia ^p. 895). Comme on pourra
s'en rendre compte, en se reportant à ces articles, ces
cérémonies ou sacra étaient célébrés soit dans la
maison même, sur le foyer [atrium, focus) et sur
l'autel domestique {ara), soit près des tombes où les
Mânes étaient censés résider ; le prêtre de cet en-
semble de cultes domestiques était le pater fainilias.
Parmi ces sacra, les uns, par exemple les Feralia, les
Lemuria, étaient communs à toutes les familles et tom-
baient pour toutes aux mêmes dates; les autres, au con-
traire, pouvaient être fixés dans les diverses familles à
des dates différentes : tel était le cas des Parentalia
privés, des Feriae Denicales, du Novemdiale sacri/icium
[feriae, p. 1046\
A l'origine et par définition même, les sacra pro gen-
libus ou sacra yentilicia étaient nettement distincts des
sacra pro familiis. La gens, au sens strict du mot, for-
mait un groupement social et religieux plus étendu que
Vdfamilia : chaque gens se composait de plusieurs fanii-
liae. Les sacra gentilicia s'adressaient soit aux mânes
de tous les ancêtres communs, soit à un héros fabu-
leux considéré comme le fondateur de la gens [gens,
p. 1505] ; on les célébrait, ceux-ci au tombeau commun
de la gens, ceux-là dans des chapelles spécialement con-
sacrées -. La yens, à l'époque historique, n'avait point
de chef naturel, comme le pater familias était le chef
de la famille; aussi chaque gens désignait un de ses
membres, pour célébrer les cérémonies du culte gen-
lilice, et ce prêtre portait le titre de ftanien •\ Les sacra
gentilicia ne pouvaient exister avec leur caractère ori-
ginal que dans les génies patriciennes ' ; mais, au fur et à
mesure que ces génies diminuèrent et que les familles
plébéiennes s'élargirent, la confusion s'établit entre les
vrais cultes genlilices et les cultes domestiques, Macrobe
employait le mot familia pour désigner les anciennes
gentes Claudia, Aemilia, Julia, Cornelia. Toutefois
l'énumération si précise mentionnée par Festus prouve
que sous la République les cultes gentilices et les cultes
domestiques formaient encore deux catégories très dis-
lincles. Outre les xflc;'« yjrojre/U/ÔMS proprement dits, cer-
1 Marquardl cl .Moraraaen, Man. des a'itiq. rom. (Ii-. franc. | l. XM, p. 156.
— 2 Marquardt el Moranisen, Manuel, etc. p. IdO-ICI. — 3 Ibid. — ' Ibid.
p. I56I5T. — J Serv. Ad Aen. 1\, 166; cf V, 70i ; Dionys. Ualic. VI, 69.
— ' Liv. IX, i9: Dionys. llalic. I. 40; Fcslus, s. i>. Potitium et Pinariuta.
laines génies célébraient des culles particuliers, dont la
charge leur avait été, semble-t-il, confiée parla cité elle-
même. Ainsi, le culte de Minerve incombait à la gens
Nautia^; le culte d'Hercule à VAra Maxima était célé-
bré par les deux génies des Potitii et des Pinarii ' ; la
gens Julia était spécialement investie du culte d'Apol-
lon ' ; la gens Aurélia, de celui du dieu Sol' ; les
gentes Horatia et Claudia devaient accomplir certaines
cérémonies expiatoires, piacula ou piamentu '. Faut-il
classer de tels satva parmi les cultes vraiment gentilices?
Est-il exact de les considérer, selon la définition de
Festus, comme des sacra pro gentibus'l 11 est plus vrai-
semblable el plus conforme à tous nos renseignements
de voir en eux des sacra publica, dont certaines gentes
avaient reçu de l'État la mission officielle accomplir
les rites'". Ce qui corrobore cette opinion, c'est que de
tels sacra ne s'éteignaient pas avec les gentes chargées
de les célébrer ; par exemple, quand disparut la gens des
Potitii, ce fut le préteur urbain qui lui fut substitué
pour offrir à Hercule avec \iigens des Pinarii le sacrifice
de VAra Jlaxima". L'organisation de la confrérie des
Luperci permet de croire qu'à l'origine les Lupercalia
étaient célébrés par deux gentes, celle des Fabii et celle
des Quinctilii: plus tard, sans doute quand ces très
anciennes ^en/es disparurent, on créa pour les remplacer
la double sodalité des Luperci Fubiani et des Luperci
Quinctiliani '-, à laquelle César ajouta en 44 les Luperci
Juliani. Abstraction faite de ces cultes spéciaux, qui
rentrent plutôt dans la catégorie des sacra publica, les
sacra gentilicia ont tenu dans la vie et dans le droit privé
de Rome une place très importante; il en fut de même,
d'ailleurs, mais tout d'abord à un moindre degré, pour
les sacra familiaux. Plus tard, en raison de la confusion
que nous avons signalée, les sacra pro familiis et les
sacra pro gentibus furent mis sur le même rang. Dans le
groupe social plus restreint de la famille comme dans
l'organisme plus complexe que formait lagens, les sacra,
c'est-à-dire les culles communs à tous les membres de la
gens ou de la famille, étaient l'un des facteurs essentiels
de l'unilé gentilice ou familiale, constituaient le lien
peut-être le plus étroit entre les vivants ainsi qu'entre
eux et les générations disparues. C'était à l'occasion de
ces sacra, autour du lieu, quel qu'il fût, où ils se célé-
braient, qu'apparaissait sous une forme concrète l'unité
présente et passée de la gens ou de la familia. De là, le
rôle capital que jouaient les sacra dans tous les actes,
dans toutes les circonstances dont pouvait dépendre
l'existence, la survivance de la gens ou de Va familia,
en particulier dans le mariage el dans la transmission
héréditaire. L'une des conséquences du mariage légi-
time, des justae nuptiae, était la participation de la
nouvelle épouse aux sacra privata de son mari, la
communio sacrorum[GiL^?,,^. 1509;.matrimo.mu-M,p. 1659] ;
toutefois, on ne sait pas si, en quittant sa propre gens,
l'épouse abjurait, par une detestatio sacrorum, les
sacra de sa famille naturelle [gens, Loc. cit.]. La charge
de célébrer les sacra privata se transmettait de géné-
ration en génération jusqu'à extinction complète de la
familia ou de la gens. Le fils y succédait au père.
— '' Serv. Ad Aeneid. X. HIG. — « Martiuardt et Momntsen, .Manuel, etc.
t. XII, p. 158 et not. i. —'J Ibid. el not 4 et 5. —10 Marquardt et UorDiusen,
Op. cit. p. )58. — Il V. lart. r.ENs. t II. p ISOr-ijOd. — 1-' V. larl. lupebcai.i*,
l. Ili, p. I3'J9.
SAC
— '.)riO —
SAC
Quand un pnter fonii/iax a'a.\a\ipo\n\ d'enfani, il adop-
tait un membre d'une autre famille ou d'une autre ;/pns,
afin que les sarrii de sa famille ou de sa f/e)i.< ne fussent
pas interrompus', A défaut d'enfant ou d'adopté, l'Iiéri-
lier, qui recueillait les biens da pafo!- fami/ias décédé,
était, par là même, formellement obligédecélébrerdésor-
mais les sacra du testateur; lors(iu'il y avait plusieurs
héritiers, c'était à celui d'entre eux dont la part était la
plus forte que la charge incombait. D'après Cicéron, les
jurisconsultes romains avaient examiné en détail et
résolu les très nombreux cas particuliers qui pouvaientse
présenter en cette matière-.
Mais la célébration de nacra privnta n'allait pas sans
frais; aussi avait-on imaginé toutes sortes de procédés
pour y échapper; Cicéron en cite un, malheureusement
assez obscur, dans le Prn Murena : Sacra interire illi
nohiorunl : horum ingenio senes ad coemptiones farien-
das, in/rrimendorum sacrorum causa, reperti. sunt ^
D'autre part, l'expression Ae^WZ/as sine sacris était de-
venue proverbiale pour désigner un avantage sans
inconvénient, un bonheur sans mélange'.
Le lien, par lequel chaque citoyen, ou du moins cha-
que patricien romain était rattaché à ses sacra privnta.
était tellement fort qu'il fallait une cérémonie, une pro-
cédure spéciale, pour le dénouer, quand un patricien
quittait sage7is. Ici se pose un problème dont la solution
est encore incertaine et obscure, à cause de la pénurie et
de la concision des textes. Deux expressions sont
mentionnées par les auteurs anciens : alienatio sacro-
rum % defeslalio sarrorum ^ Nous ne savons vraiment
ni en quoi consistait Valicnatio sacrorum ni comment il
y était procédé. Le sens général du mot alienatio
(transfert à autrui) n'apporte ici aucune lumière. La
detestatio sacrorum est en elle-même plus intelligible.
Il semble, d'ailleurs, qu'elle ait été définie dans cette
phrase de Servius : Consuetudo apud antiquos fuit ut,
qui in familiam vel gentem transiret, se abdicaret ah
ea in qua fuerat... ''. Le patricien, qui passait dans une
autre familia ou dans une autre gens, devait solennel-
lement abjurer les sacra de sa familia ou de sa gens
naturelle, avant d'être admis à participer aux sacra de la
familia ou de la gens dans laquelle il entrait ; sinon il y
avait, suivant les termes qu'emploie Cicéron, perturhat.io
des sacra, contaminalio des gentes*. La detestatio sa-
crorum était une formalité publique, qui avait lieu
devant les comitia calât a '.
Les historiens modernes se sont demandé si Valienatio
sacrorum et la detestatio sacrorum étaient deux actes
diiîérents. D'après Savigny, Walter, Lange, il n'y a point
de distinction à faire entre les deux termes, qui désignent
une seule et même opération, l'abjuration des sacra'".
Mommsen, au contraire, pense que la detestatio sacro-
rum avait lieu seulement en cas de transitio ad plehem,
c'est-à-dire lorsqu'un patricien renonçait au patriciai
pour entrer dans la plèbe. Cette detestatio sacrorum
1 V. I arl. Ai...pTro, t. I. p. 78. — 2 Df Ivi/ihus, 11. ISl sq. S i' sq. — 3 Prij
Murena, li. — * Feslus, s. !'. sine sacris fieredilas. — ■'> Cicer. Orat. 42;
/)e lo/ib. III, iO. — « Oeil, Nocl. allie. XV, il. § 3. — t Ad Aeneid. Il, 150.
— 8 Pro domo, 13. — ^ Ucll. ^ocl. atlic. XV, i7, 3 ; cf, dhiksiatio sAOBonuM,
1. II. p. 113. — 10 Savigny, Vermischle Scitriften. I, p. 100; Waller, Gesch.
des rôm. /Inhts, 3' éd. I, n" l,ï, 2i; Lange, Hôm. AUerthûmer, I, p. 137;
cf. arl. DETESTATro SAcnoDUM, l. II. p. 113 (bililiogi-apliie). — 11 Moinmseii, lia-
misck. Forscfiurtgen, 2« éd., I, p. 397-409. Cf. Bouclié-liCclercq, Manuel des
inal. rom. p. 385, n. 4. — 1^ V. sur la compélencc des Honlifes en ce qui
aurait été indépendante de l'adoption par un plébéien,
de l'entrée dans une familia déterminée de la plèbe ".
Les textes antiques ne fournissent pas de solution ; les
opinions des historiens modernes ne sont que des
iiypothèses plus ou moins ingénieusement construites et
plus ou moins vraisemblables.
L'importance des sacra privuta dans l'organisation
des familiae et des gentes explique que l'État ne s'en
soit pas désintéressé, que ces sac7-a aient été soumis à
l'action, à la surveillance, au contrôle des pontifes '^. 11
n'était pas indifTérent à la prospérité de la cité que les
divinités domestiques et gentilices fussent ou non satis-
faites des hommages, des prières, des sacrifices qu'on
leur adressait; négligées, abandonnées, ces divinités
pouvaient faire sentir leur colère non seulement aux
familiae ou aux gentes coupables, mais à l'État tout
entier; delà, les prescriptions des lois romaines relatives
aux sacra privata, telle que : Sacra privata perpétua
manento ", ou encore : Deorum nianium jura sancta
sunfo: hos leto datos divos habento... ". De là aussi le
droit accordé aux censeurs de punir la négligence des
sacra privata '".
II. Sacra publica. — Aux sacra privata la plupart des
écrivains anciens opposent les sacra publica '*. Festus
en donne la définition suivante : Publica sacra, quae
publico sumptu pro populo fiant, quaeque pro mon-
tibus, pagis, curiis, sacellis... '''. Les sacra, quae
publico sumptu pro populo fiunt, sont les cultes dont
les cérémonies sont célébrées au nom et aux frais de la
communauté tout entière des citoyens par des magis-
trats ou des prêtres de l'État. Quant aux sacra, quae
pro montibus, pagis, curiis, sacellis [fiunt), c'étaient
des cultes, à la célébration desquels prenaient part les
membres des antiques divisions de la cité, montes, pagi.
curiae, sace/la ; on les a retrouvés avec raison sous la
définition que Labéon donnait des sacra popularia :
Popularia sacra sunt quae omnes cives faciunt, ner
certis familiis attributa sunt ". Les sacra popularia
se distinguaient donc à la fois des sacra publica confiés
à des gentes, culte de Minerve célébrés par les Nautii,
culte d'Hercule célébré par les Pinarii et les Potitii,
etc. ; — et des sacra pro populo, dont les cérémonies
étaient accomplies par des magistrats ou des prêtres de
l'État, mais sans la participation active des citoyens, tels
que, par exemple, le culte public de Vesta, le culte de
.Jupiter Capilolin, le culte de Quirinus, etc.
Les sacra popularia étaient : pro montibus, le Septi-
montium ou Septimontiale sacrum '° ; — pro pagis, les
fêtes religieuses connues sous le nom général de sacra
paganorum, et qui comprenaient : les Feriae Sementi-
vae ou Sementinae, avec lesquelles se confondaient
peut-être les Paganalia ou Feriae Paganicae ; les .4m-
barvalia ; les Palilia *" ; les Terminalia '^' ; — pi'o curiis,
en termes généraux les sacra curionia ", dont, dans
chaque curie, le prêtre était le curio; plus spécialement
concerne les sacra prirnia, MarquarJl el Monniisen, Manuel, I, XII, p, :104-
375; Bouche- Leclercq, Op. cit. p. 510-517, p. 637-5*9; art. pontikices, I. IV,
p. 575-578. — 13 Cicer. Ùe legib. Il, 0. SS. — 1'. Uid. — is V. art. ckîisoii,
I. I, p. 997. — 1» Liv. 1, 20; V, Si; cf. Cicer. Pro domo, 40; Festus, s. «.
publica sacra; Diouys. ilalic. Il, 05. — 17 FesLus, L. l. — 18 Festus. s. v. po-
pularia sacra. Une opinion, contraire à celle (|ne nous e\primou$ ici, a 6lé formulée
à l'art. FBHIAK, t. Il, p 1051, noie 1. — ''^ Festus, s. v. Septimontium, Septimonlio.
— 20 V. l'art. FEitiAE, l. II, p. 1051. — 21 Marquardt et Mommsen, Afan. t. Xll.
p. -244. —22 Festus, s. V. Curionia sacra; cf. l'art, cuhia, t. I, p. 1037.
SAC
— 9.=;! —
SAC
les Fornacalia el les Fordicidia ' ; — pro sacellis, sans
doute 1.1 procession AfisArgaei ', en tout cas les Compi-
lalifi' et peut-être les Lara/ ia '. Outre ces fêtes, qui.
certainement ou vraisemblablement, se rapportent aux
sacra pro inontibus, pagis, curiis, sacellis, Feslus cite
encore, pariiii les popu/aria sacra, le sacrifice de la
porca praecidanea ; d'après ce que nous en savons,
ce sacrum devait être célébré pro pagis, puisqu'il parait
avoir eu pour but d'expier les dérogations au Jus
manium qui auraient pu être commises depuis la précé-
dente récolte des fruits de la terre *.
Si les sacra publica méritent d'être, au point de vue
de leur caractère, répartis en trois catégories, les»«c/'«
pro populo, les sacra popularia, et les sacra dont l'État
avait confié le soin à certaines génies, une autre division
de ces sacra se trouve déterminée parleur origine même.
Les sacra popularia étaient tous de très anciens cultes ;
parmi les sacra publica confiés au soin de certaines
génies elles sacra pro populo, la plupart partageaient ce
même caractère, mais il en était d'autres dont l'origine
étrangère n'avait pas été complètement oubliée, par
exemple le culte d'Apollon et celui de la triade Cérès.
Liber et Libéra ; plus tard, le culte de la déesse phry-
gienne, de la Mater Magna, tint une place analogue
dans la religion romaine. Ces sacra, venus du dehors,
mais accueillis et introduits officiellement dans la religion
de la cité, furent administrés et surveillés, non, comme
\fi sacra d'origine romaine ou latine, par les Pontifes,
mais par un collège d'institution plus récente, qui alla
en se développant, celui des Duumviri, puis Decemciri,
enfin (Juindccimviri sacris faciundis [duimviki, etc.,
t. H, p. 426 sq.]
Tous les sacra publica de l'État romain (Haient ainsi
sous le contrôle soit des Pontifes, soit des Quindecim-
viri sacris faciundis. J. Toltain.
SACRAMENTUM. — Dans son acception primitive, ce
mol désigne l'acte par lequel une personne, qui prête un
serment, consacre sa personne à une divinité en cas de
fausse déclaration ou de parjure. Sacramentum dicitur
quod jurisjurandi sacratione interposita gerilur^.
C'est la présence d'une sacratio qui distingue le sacra-
mentum du jusjurandum [jl's.iir.\ndcm]. Cette sacratio
n'est pas un acte privé comme le serment : elle exige une
déclaration spéciale et ne peut être faite qu'en vertu d'une
loi^; elle doit aussi s'adresser à un dieu déterminé'.
Le sacramentum s'applique dans deux cas: aux mili-
taires, lors de leur enrôlement; en matière de procédure
civile ou criminelle. L'usage du sacramentum a, de tout
temps, été maintenu pour les militaires; il a même été
étendu à tous les fonctionnaires publics. .Mais dans son
application à la procédure, il a subi d'importantes trans-
formations; il a fini par être presque entièrement sup-
primé au temps d'Auguste, sauf devant le tribunal des
1 Voirlesarl. fekiae, I.II, p. 10.51; fordicidia, t. Il, p. liil; pobs*cai.ia, l. II. p. Iii4-
MK ; cf. .MarquariJt el Mominsen. Op. cit. XII, p. i.î7-239. - 2 Voir lart. argh.
t. I, p. Wt-lOii. — 3 V. coMWTAUA, t. 1, p. I«8-Ii20. — i Feslus, ». v. popnlarm
tacra : Marc|uardl et Mommscii. Op. cit. XII, p. 2t9; cf. arl. vebiak, l. II. p. l(«l.
— ï» Voir l'art, piacui.um, t. iV, p. iô'6. — Bibmograpiiif:. Les ouvrages essentiels â
consulter, en ce qui concerne les sacra romains, sont : Marquariit et ^lommseD,
Jfanuet des antiquités romaines (iT^d. fr.). t. .XII, I, p. M> î^q. ; Bouché-Leclercq .
Manuet des Institutions romaines, p. 464 sq. ; G. VVissowa, IteUqion und KuUus
dtr /lômer, 3« partie, p. ^18 sq. passim. D'utiles renseignements pourront ètri-
reeueillis dans Fuslel (Je Goulauges, La cité antique ; Bouclii':-Leclercq, Les Pontifeii
de l'ancienne Rome: L. i'rcUei-, Bômisclie JJylholoijie, t' éd. (Jordan).
HACHAMëNTCM. — 1 I'. Diac. s. v. sacramentum. — a Plutarch. Quaest. Rom.
centumvirs, oii il a persisté jusqu'au m' siècle de notre
ère [CENTUMVIRi].
\. Le sacramentum militaire. — Ce serment est exigé
des soldats lors de la levée des troupes [dilectus, t. II,
p. 215. 219]. Au sacramento adigere'' ou rogare'° des
consuls correspond le sacramento dicere des soldats*.
Dans chaque légion, un homme prononce la formule
solennelle" qui se termine par une sacratio. Il jure
d'obéir aux chefs de l'armée, de ne pas abandonner les
enseignes, de ne rien faire contrairement à la loi * ;
puis il consacre sa personne, sa famille et ses biens à
.lupiter pour le cas oit il manquerait à son serment [pon-
TiFicES, t. IV, p. 571, n. 14j. Cette dernière clause n'est
pas directement attestée par les documents qui rapportent
les termes du serment, mais la présence d'une sacratio
résulte d'abord du nom donné au corps de troupes après
la prestation du serment: solemnis et sacrata militia'',
puis de la formule prononcée par chaque légionnaire
qui, à l'appel de son nom, s'avance eljure : Idem in me '" ;
enfin des formules de serment militaire usitées chez les
autres peuples italiques ".
Le sacramentum militaire ne doit pas être confondu
avec le serinent que doivent prêter toutes les personnes,
libres ou esclaves, admises dans un camp. Elles doivent
jurer de ne rien voler et de remettre aux tribuns tout ce
qu'elles trouveront'^ Les deux serments sont nettement
distingués, soit par Polybe, soit un siècle plus lard",
par Cincius Alimentus dans son traité De re militari.
Le sacramentum militaire est également distinct du
serment collectif, prêté par acclamation, qui devint obli-
gatoire en 338 et qui était usité lorsqu'on faisait une
levée de troupes en cas de tumulte" Iconjuratio). Le
premier serment est seul accompagné d'une sacratio : il
fait d'un citoyen un soldat, il lui confère le droit de faire
usage de ses armes contre l'ennemi "'; il modifie aussi sa
condition juridique, soit en lui permettant d'invoquer les
privilèges des militaires, soit en lui faisant perdre le droit
de se porter accusateur dans une affaire criminelle"'.
Le serment une fois prêté, le soldat est enchaîné par
un lien religieux. Il ne peut le briser sans commettre un
crime contre les dieux'', il encourt leur malédiction et
devient sacer ; on a le droit de le mettre à mort.
A l'époque antique, le soldat était délié de son enga-
gement lorsque la guerre était terminée. Il devait prêter
un nouveau serment toutes les fois qu'il était rappelé
sous les armes" [magistratus, t. III, p. 1334]. Depuis
la création d'une armée permanente, le soldat est délié
de son serment lorsqu'il a reçu son congé fjiissio,
t. III, p. 1938], lorsqu'il a été réformé ou exclu de
l'armée pour cause d'ignominie " [militum poenae,
p. 1896], en raison d'un délit-" ou d'un acte infamant-'.
Il est également délié de son serment lorsque son géné-
ral est fait prisonnier --.
39. Dionys. X, 18. Scrv. in Aen. VIII, 1. — 3 Macrob. Sut. III. 7, 5; Fesl. 318 :
alicuideorum. - iTit. Liv. IV, 5; Tac. .Inn. 1, 37; Plin. Ep. X, 38. - 5 Caes. De
bellogaU. VI, I. -6Til. Liv. IV, 33. - ' Fesl. Epit.f.î*A. - « Polyb. VI, 21;
Dionys. X, 18, XI, «. — «Tit. Liv. VIII, 34, 10. — lOKesl. Epit.s. v. praejurationes
facere. — " Tit. Liv. X, 38 ; cf. Fesl. vo Sacratae, p. 318 b. — <-' Polyb. VI, 33.
— «3 A. Gell. XVI, 4. C'est à tort que .Marquardl, liùm. Altert. II, 374, prétend
.|uc Cincius a confondu les deuï sermcnls. — '* Serv. Ad Aen. VllI, 1. — 'S Cato
.-■p. Cic. De o/f. I, 11, 37. — 10 Macer. 2 De publ. jud. (Dig. XLVlll, 2, S).
- n Tit. Liv. XXVlll, 27. — i« Tit. I.iv. III, 20. — la Ulp. 6 ad éd. Dig.
111, 2, 2, 3. Table d'Héraclée, I. 121. — 20 M.icer. 2 De re mitil. {Dig. XLIX, 10,
13, 3). — 21 Papin. De adutl. (Diij. XLVlll, 5, 11 pr,i, — '" Caos, De hello cir.
Il, 32.
SAC
!»52
SAC
Sous l'Empire, le sonuL'ul inililuire est. pièlé ;» l'empe-
reur seul par tous les soldats' Il est exigé à l'avène-
ment de chaque prince, il doit être renouvelé à chaque
anniversaire de ce jour - et au commencemenl de chaque
année'. Tous doivent jurer in verba ou innomenejus\
même ceux qui ne sont pas citoyens''.
A l'exemple des soldats, les magistrats, le Sénat et le
peuple prirent l'habitude de prêter le serment de fidélité
à l'empereur". Les sujets de l'Empire y furent contraints
par les gouverneurs. Deux tables de bronze trouvées,
l'une en Lusitanie sur les bords du Tage", l'autre en
T^oade^ contiennent le procès-verbal de la prestation
du serment de fidélité à Caligula, l'an 37 de notre ère,
par les habitants d'Arritium et par ceux d'Assos [lex,
t. III, '1. p. 1120, n. 29 et 30J. Lesermenty est qualifié
jusjurandum bien qu'il contienne une sacralio qui se
rapproche par l'idée, sinon par les termes, de celle du
sacramenlum : Si sciens fa Ko fefellerovc, tum me Ube-
rosque ineo.i Juppilei- optiinus maximus ac diviis Au-
r/uslus ceterique omneu di immortales expertem patria
iiuohimitate fortunisque omnibus f'axint. La consécra-
tion est faite ici à tous les dieux et non à une divinité
déterminée.
L'obligation pour les soldats de prêter un serment de
fidélité a été étendue aux fonctionnaires impériaux.
Ceux-ci forment la militia civilis [militia, t. III, 2,
p. 18911 ; au Bas-Empire, ils sontdeplusen plus assimi-
lés à la militia armata. Comme les soldats, ils sont im-
matriculés', ils portent un costume spécial'" et sont
soumis au sacramenlum^\ C'est pour cela qu'on appelle
parfois ««c/'ame/Ua les fonctions publiques'-; le citoyen,
nommé à une de ces fonctions, ad sacrumenta pervonit ;
celui qui sort de charge, sacramenta deponit".
Par extension, le mot sucramcntum a été appliqué à
r«i/rtora/«.s'*qui,en s'engageant envers le lanista, \»Te
uri, vinciri, verberari, ferroque necari (pati) [auctora-
MENTUMj et qui était sans doute immatriculé, comme un
soldat, car, d'après le sénalusconsulte de Marc-Aurèle et
Commode sur la réduction des frais des jeux''% il doit
faire une déclaration au tribun de la plèbe [pkofessio].
Le mot sacramentum se dit aussi de ceux qui jurent
fidélité au chef d'un complot contre le prince [facfionis
sacramentum) '" [sacrilegiumj. On l'a également appliqué
aux adeptes de la religion chrétienne [Dci summi sacra-
menta) '" ou juive [judaicae religionis sacramentum) ".
Dès lors, il a pris le sens qu'il a conservé de nos jours,
celui de sacrement; TerluUien oppose res 'Sacramento-
rum divinorum à idolorum mysteria ''•'.
Sur le serment militaire en Grèce, voir l'article .jusjii-
RANUUM, t. III, 2, p. 73i, n. 23.
II. Le sacramentum dans la procédure cicile. — Le
sacramentum areçu danslaprocédure civiledeuxapplica-
tions caractérisées parles expressions sacramento inter-
rof/ari et sacramento contendere. Sacramentum aes,
quod pocnae nomine penditur, sive eo quis interroyatur
1 Valent. Cod. Theod. VUI. 7, ti; Léo, Cod. Jiist. XII, 34, 4; An,-isUs.
Cod. Just. VI, 21, 16. — « Grat. Val. TlieoJ. Cod. Theod. XIV, 10, 1, 1.
— 3 Theod. Il, Ibid. XVI, 5.48. — 4 Arcad. Cod. Just. IX. 8, 5, t. — s cf.
.Mommseï), Slrafrechl, Irad. t. 11, p. S74. — 6 Honor. Cod. Just. XII, il, 1,
— 7 pctrou. Sattfr. H" ; /n rerba Eumolpi sacramentum juravimus : Uri,
fie. — » Bphem. epigr. VU, 154. — 9 Arcad. Cod. Just. IX, 8, 5 pr.
— "> Valent. Cod. Theod. XV, 7, I. — n Gral. Eod. III, 1, 5; Arcad. Bod.
.VVI. 8. 13. - 12 Tacil. Ann. XIV, 11; Uisl. 1, 53; Joseph. Antig. Jud.
XIX 4, S. — '■'•Plin. Ep. X, a. — H Suel. Vespas. G; Claud. (0. — I5 Tac.
sive contendifiir-". Ces deux applications que Festus
oppose l'une à l'autre n'ont de commun que la consécra-
tion aux dieux d'une somme d'argent: Sacramenti...
nomine id aes dici coeptum est, (juod et propter aerarii
inopiam et sacrorum publicorum multitudinem consii-
meljatur in rébus divinis'-'.
A. Sacramento interrogari . — On n'a pas de rensei-
gnement direct sur celte application du sacramentum.
Des divergences se sont produites sur le sens qu'il con-
vient de lui attribuer ^^ Ce n'est pas ici le lieu de discuter
les opinions émises : il suffira d'indiquer celle qui paraît
le mieux établie ^^ L'obligation de payer une somme
d'argent à titre de peine donne lieu de penser qu'il s'agit
d'une interrogation relative à un dirt'érend survenu
entre deux personnes. Le sacramento interrogari semble
être la contre-partie ùu sacramento qit aerei'e nxçniioané
par Valerius Probus -''. Ce quaerere avait lieu sur l'or-
dre du magistrat, dans le cas où l'un des plaideurs
opposait à l'autre une dénégation : si negat, sacramento
quaerilo. Il faut donc supposer que, dans un procès, se
présente une question accessoire, assez importante pour
motiver la consignation d'une somme d'argent et qui
devra être jugée avant le procès principal. Tel est le cas
où le demandeur veut s'assurer si le défendeur est l'hé-
ritier de son débiteur, ou si la personne qui accompagne
en justice le défendeur à la revendication, entend prendre
fait et cause pour lui. La teneur de cette dernière ques-
tion a été conservée par Valerius Probus ^^: Quandoque
in jure te conspicio postulo anne /ias auctor''. Dans ce
cas, comme dans le précédent, si la personne interrogée
nie, le demandeur peut, avec le concours du magistral,
la forcer à consigner une somme d'argent pour garantir
l'exactitude de sa déclaration. Cette somme sera perdue
si la réponse est reconnue fausse.
Le .mcramento interrogari a subi avec le temps une
transformation analogue à celle qui sera indiquée ci-après
pour le sacramento contendere. Mais tandis que l'action
de la loi par serment a été remplacée par une procédure
nouvelle, l'usage de l'interrogation en présence du ma-
gistrat a persisté : le sacramentum seul a disparu. L'in-
terrogatio in jure entraine désormais, sinon la perte
d'une somme d'argent, du moins des conséquences ri-
goureuses, qui ont été indiquées aumot .ius|^t. III, p. 744].
Le sacramento interrogari ne doit pas être confondu
avec ïinterroyatio lege usitée dans la procédure crimi-
nelle-". Cette dernière interrogation avait pour but de
rechercher si l'accusé reconnaissait la compétence du
tribunal institué par la loi pour juger le crime qui lui
était reproché, et s'il se reconnaissait coupable d'avoir
violé la loi '-'.
B. Sacrameitto contendere. — C'est l'expression usi-
tée pour caractériser la procédure de l'action de la loi
par serment-*. Celte action est la plus importante des
actions de la loi ; elle tire son nom du sacramentum qui
en forme le trait essentiel. Elle a subi, au cours des
Bist. I, 55; Suel. Gaiba, 10; Plut. Galba, ii. — '6 Tac. Ann. 1, T: Jiuere in
servitium. — " Corp. inscr. lat. II, I7i. — 18 Ephem. epigr. V, 154. — 19 De
prnescr. fieret. 4U — 20 Fest.'p. 344 b. — 21 ibid. s. v. sacramentum. — 22 Elles
simt rapporti^es par Huschke, /lie Mutta itnd dos Sacramentum, p. 358, u. 11 ;
cf. Huveliu, .Slipulalio, stips el sacramentum, lOoC, p. 27. — 23 Elle a élé
soutenue par Karlowa, Der rom. Civilprozess zur Zeit dçr Leyisactionen, p. 32.
_ 21 § 4, 5. — 2i § 4, 7. — 28 Cic. P. domo, 29, 77 ; Sall. Caliiina. 18 ; Tit. Liv. 38,
30, 8. — '-^Cf. Mommsen, Strnfreebt, traduction Duquesne, t. II, p. 5P. — 28 Gaius,
IV. Il; Cic. Ad. fam. VU, 32, 2; De oral. 1, 10,40, Val. Mai. VII, 7, 2.
SAC
9o3
SAC
siècles, des modilicalions qui onl l'ail perdre de vue son
caraclère primitif. Si on l'envisage sous sa forme la plus
récente, telle que la décrivent les jurisconsultes du siècle
des Antonins. elle semble consister en une sorte de pari '
dont le montant du sncromenftnn forme l'enjeu. Chacun
des plaideurs parie que son adversaire a tort; le juge
recherche lequel d'entre eux a eu raison de parier; le
gagnant reprend sa mise ; l'enjeu du perdant est attribué
au trésor public. .Mais dans cette explication il y a une
lacune : on ne voit pas pourquoi ce mode de procéder a
reçu le nom de sncrainenfum.Ce mot ne peut être qu'une
survivance d'une époque où cette action de la loi exigeait
un serment accompagné d'une sacral io. Cette manière de
voir est confirmée par le témoignage de V^arron ^ et de
Verrius Flaccus ^ Chacun des plaideurs jure que sa pré-
tention est fondée et consacre aux dieux une somme
d'argent pour le cas où son serment serait déclaré
injuste [dikè, t. II, p. 204]. Celte somme était déposée
ad ponlem^ ou, suivant Mommsen % ad ponti/icem.
Celui des plaideurs qui obtient gain de cause a le droit
de la réclamer ; celui qui succombe en perd le montant,
qui est affecté aux besoins du culte.
Le taux du sacramentum fut fixé par les Douze Tables
à 500 as pour les litiges d'une valeur de 1000 as et au-
dessus, à 50 as pour ceux de moins de 1000 as''. Il est
vraisemblable qu'à l'époque antérieure, on consignait
un certain nombre de tètes de bétail : cinq boeufs ou
cinq brebis suivant l'importance de l'affaire [pecllati's,
t. IV, p. 363\ Par faveur pour la liberté, ce taux fut
fixé uniformément à 50 as, dans les procès où l'on
revendiquait pour un esclave la qualité d'homme libre.
L'action de la loi par serment a été, de bonne heure,
dépouillée de son caractère religieux. La substitution du
trésor public au grand pontife, comme dépositaire de la
somme consignée, ne tarda pas à faire modifier l'affecta-
tion et le caractère du sacramentum . La sacrât io tomba
en désuétude et avec elle le serment qui la motivait. Le
sacramentum devint une sorte d'amende pour le plai-
deur qui perdait son procès. L'action de la loi par ser-
ment fut considérée comme une procédure périlleuse ' ;
l'obligation de déposer un sacramentum, comme un
moyen de restreindre le nombre des procès: ceux qui
n'étaient pas sûrs de leur droit devaient hésiter à courir
le risque de perdre la somme consignée. Le seul incon-
vénient était de placer dans une situation défavorable les
plaideurs pauvres qui ne pouvaient faire l'avance de la
somme requise. Mais, par une heureuse innovation, on
finit par dispenser les plaideurs de verser effectivement
le sacramentum : il suffit de promettre au préteur de le
payer au trésor public si l'on venait à perdre le procès.
La promesse devait être garantie par des cautions. Le
recou^Tement fut confié par la loi Papiria [lex, t. III,
p. 1157, n. 14] non pas aux questeurs, mais aux trium-
virs capitaux* [triumviui capitales].
C'est une question controversée de savoir quelle fut, à
l'origine, la raison d'être de cette procédure. D'après les
uns', les procès étaient anciennement soumis au juge-
' Keller, Der rôm. Civilprozest und die Aktionin, traduction Capma*, § 13;
BHchmann, Studie im Gebiete des legis actio sacramenti in rem, p. 29, n. I ; Decla-
rcuil, .VouD. revue histor. de droit 1889, p. 397. — i De ling. lat. V, 36, ISO :
Ea pecunia quae in j-idicium venit in îitibns tacramentum a sacro. — 3 Fest.
Bpil. 3 41- 6 ; V" sacramentum. — ' Varro. Ling. lat. V, 36. — 5 Htaatsrerlil,
traduction, l. III, p. 78, n. 3. La leçon des manuscrits est maintenue par Moritz
Voigl, Die Zwôlf Tafein, t. I, p. 591, n. 4. — « Gains, IV, U. — ' Gaïus
VIII.
ment de Dieu; le sacramentum serait la somme payée à
litre d'expiation, lorsqu'on prit l'habitude de soustraire
le procès à la décision de la divinité. Mais alors les deux
parties devraient payer le sarramentum ainsi que le
magistrat et le juge, car tous ont participé à l'acte.
D'autres voient dans cette procédure un expédient pour
provoquer l'intervention de l'autorité publique dans un
dilîérend entre particuliers'". Mais il est peu vraisembla-
ble que chez un peuple aussi religieux que l'étaient les
anciens Romains, on ait imaginé une procédure qui exi-
gerait la prestation d'un faux serment. Le magistrat de-
vait intervenir volontairement en connaissance de cause ;
chacun des plaideurs prêtait serment de bonne foi".
1° Forme de l'action de la loi par serment. — Ces
formes varient suivant qu'on invoque un droit sur un
meuble ou sur un immeuble, ou un droit contre une
personne. Mais celle distinction n'existait vraisembla-
blement pas à l'origine. Il est douteux que la classili-
calion des actions en réelles et personnelles soit très
ancienne ; et il paraît certain que l'action de la loi par
serment n'a été appliquée aux immeublesqu'à une époque
récente. Les expédients auxquels on a eu recours pour
adapter aux immeubles les formes de l'action mobilière
le montrent clairement.
n) En matière mobilière, r.iclion ne peut être engagée
qu'en présence de la chose litigieuse '^. Le défendeur qui
la possède ne peut refuser de la porter ou de la conduire
en juslice sans commettre un vol". L'action de la loi
s'ouvre par l'affirmation solennelle du droit du deman-
deur. Tenant à la main une baguette {festuca, vindicte),
qui représente la lance, signe de la conquête et de la
propriété 'S il touche la chose et déclare qu'il en est pro-
priétaire quiritaire ". Le défendeur en fait autant.
Ce combat simulé [manum conserere^'^) est arrêté par
le magistral : il ordonne aux plaideurs de lâcher la
chose'''. Celui qui a revendiqué le premier demande à
son adversaire pourquoi il prétend à cette chose. Celui-ci
doit alors, ou bien dire de qui il la lient {auctorem
laudare), ou bien déclarer qu'il n'a pas d'explication
à fournir. Le désaccord étant manifeste, les parties se
provoquent réciproquement au sacramentum. Puis le
magistrat attribue à l'une d'elles la possession de la
chose [viNDiciAEj duranlle procès, en lui faisant promettre
de la restituer si l'adversaire obtient gain de cause. Cet
engagement doit être garanti par des cautions [pi-aedes
litis et vindiciarutn) [praes].
6) En matière immobilière, l'objet litigieux ne
pouvant être apporté «n^w?'?, la procédure a dû être mo-
difiée. On a eu recours à des expédients qui onl peut-être
varié suivant les époques, et qui, en tout cas, sont rappor-
tés par les auteurs anciens d'une manière différente.
D'après Aulu-Gelle, lorsque la juridiction du préteur
s'étendit avec les frontières de l'Italie, et que la multitude
des affaires l'empêcha de se déplacer, l'usage s'intro-
duisit, contrairement aux Douze Tables, de procéder à la
manus consertio sans l'assistance du préleur {ex jure) '*.
Les parties se conviaient réciproquement à se rendre sur
IV, 13. —8 Fest. V» sacramentum. — 9 R. von Itering, Vorgeschichte der Indo-
EuropSer, trad. de Mculonaere, 1000. — l» Hugo Krueger, Gesehichte der capilis
deminutio. I, 217 ; Girard, Manuel, p. 984, n. î. — " Fr. Eisele, Beitrâge zur
rôm. Reclitsgeschichte, p. 219. — 12 Gaius, IV, 26. — I3 Ter. Eun. IV, 7, 809;
cf. Sal)in. ap. Gell. XI, 18, 14. — H Gaius, IV, l(i ; A. Gcll. XX, 10. — '5 Gaius,
Loc. cit. — i« Gic. P. Mvr. 12; A. Gell. Lac. cil. — n Gaius, IV, 16. — i» (icil.
XX, 10.
120
SAC
— 934
SAC
lefondslitigieux : Inde ilti egoleexjurc nuiniim conser-
titnt voco. Cet appel était suivi d'un rappel du défendeur :
l'ndetu me e.rjure manum consertuin rocasli, inde ibi
ego te revoco ' [revocatio]. Sur quoi lu niagislrat ordon-
nait aux plaideurs de partir avec leurs témoins. Les
mots: Iteviam, redite riam, consacraient le départ et le
retour des parties devant le magistrat. Elles rapportaient
une motte de terre sur laquelle allaient désormais s'ac-
complir les rites de l'action de la loi. Gaius ne fait pas
mention de ce transport sur lieux ; les parties apportaient
elles-mêmes in Jure un objet représentatif de la chose
revendiquée : une motte de terre ou une tuile, suivant
qu'il s'agissait d'un fonds non bâti ou d'une maison.
11 en était de même pour tous les cas où l'on ne pou-
vait commodément apporler ou conduire en justice
l'objet litigieux, tel qu'un navire, un troupeau, une
ciilonne, une hérédité. La procédure s'accomplissait
sur l'objet représentatif ^rame, mouton, fragment de
colonne, elc.\ comme si la chose tout entière était en
présence du magistral-.
c En matière personnelle, les solennités étaient en par-
lie les mêmes qu'en matière réelle. Mais les détails man-
quent par suite d'une lacune dans le manuscrit de Gaius.
Que l'action de la loi fût in rem ou in personam,
après le dépôt du sacramentum, on procédait à l'organi-
sation de l'instance : les parties demandaient un juge
{procare judicem)', qui était immédiatement nommépar
Je magistrat'. Depuis la loi Pinaria, la nomination n'a
lieu qu'au bout de trente jours [lex, t. lU, p. 1158, n. 9j.
Celte loi doit être postérieure à la sécularisation du
sacramentum ; il n'y avait plus urgence à statuer depuis
que le procès avait cessé d'avoir le caractère d'une cause
sacrée; et il était utile de laisser aux parties le temps de
conclure un arrangement amiable °.
Le juge une fois nommé, les parties se promettaient
réciproquement de comparaître devant lui le surlende-
main [comperendinatioY . Elles prenaient des témoins
pour constater l'accomplissement régulier des rites con-
sacrés iuTis coxTESTATio, t. III, p. 1271]. La procédure
in jure se terminait par un hommage rendu aux dieux
par le magistrat : Diis honorem dico ''.
2° Applications de l'action de la loi par serment. —
L'action de la loi par serment avait une application géné-
rale : elle devait être employée dans tous les cas où la loi
n'en avait pas autrement ordonné. Elle était surtout
usitée en manière de revendication, de servitude', de
pétition d'hérédité, et dans les procès relatifs à la liberté.
Dans ce dernier cas, elle présentait deux particularités:
l'une, déjà indiquée, relative au taux du sacramentum ;
l'autre relative aux vindiciae qui sont toujours attri-
bués à celui qui passe pour un homme libre '^ [vindiciae].
Sous l'Empire, malgré la suppression djs actions de
la loi ^legis actio, t. III. p. 1095] parles lois judiciaires
d'Auguste LEX, t. III, p. 1149], le sacramentum a
conservé quelques applications en matière réelle (suc-
cessions, libei'té) ou personnelle '"; il est resté usité dans
les procès portés devant le tribunal des cenlumvirs
[cENTUMviRi, l. I, p. lOlij. L'action de la loi peut avoir
I Cic. P. Mur. 12. — ' Gaius, IV, 17. — 3 Fesl. 2M n, 4, v procure; 27* 6, 20.
S.ir». /n .4cn. I. 5, H. — ' Pscud. Ascoii. Jn Verr. p. Kit. — 5 Cf. Eisclc, Op. cil.
p. iîî. — 6 Gaius, IV, 15. Paul-Diac. iS3, I. — ^Serv. /h Aen. I, 63J. - 8 Cf. Èloiiaid
Cm), institutions juridiques des Romains, l. I, 2o 6d p. P3, n, 2. — 9 Pompon. En-
clm-id. Dig. 1, î. î, Si. — '0 Valerius Probus. § ♦. (-3. — M Gains, IV, 31. —12 Gains,
lV,4(i;cf. .MilUisfl.'ini./'rim/reic/l/, I, W, IS, cf. Giraid, (Jrf/.jud. I, 91; fcloiianl
lieu, soit devant le préleur urbain, soit devant le préteur
pérégrin " [praetor^.
3° Effets. — Le juge, nommé par le magistrat, a mis-
sion de dire lequel des plaideurs a prêté un faux ser-
ment, ou, à l'époque récente, lequel d'entre eux a fait un
sacramentum injuslum. Il n'a pas de condamnation à
prononcer. L'exercice de la justice privée, suspendue
pendant l'accomplissement de l'action de la loi et l'exa-
men du juge, est désormais permis à celui dont le ser-
ment a été déclaré juste. En matière réelle, s ila la posses-
sion intérimaire, il garde la chose, sinon il s'adresse aux
praedes litis et vindiciarum pour se faire restituer la
chose et, s'il y a lieu, les fruits. Les praedes, qui se sont
obligés envers l'État, sont tenus sur leur personne et sur
leurs biensi Si la chose a péri ou a été détériorée, si les
fruits ne peuvent être rendus, on charge trois arbitres
d'en fixer la valeur [.iirgiim, t. III, p. 714] ; les cau-
tions doivent payer le double de l'estimation. Cependant,
certains auteurs pensent que le juge du sacramentum
pouvait condamner in rem ipsam, et ils invoquent en ce
sens un passage de Gaius'-. Mais Gaius emploie ici
la terminologie usitée de son temps : condemnare est
synonyme de Judicare; tout défendeur qui succombe est
à la fois jugé et condamné. A l'époque antique au con-
traire, la jndicatio est distincte de la condemnatio. La
Judicatio porte uniquement sur l'objet du litige. Pour
qu'il y eût damnalio ou condemnatio, il faudrait que le
jugement fit naître une obligation de payer une somme
d'argent, ce qui n'est sûrement pas le cas lorsqu'on y
exerce l'action de la loi par serment '^
En matière personnelle, le créancier dont le serment a
été déclaré juste, exerce la manus injectio contre son
débiteur pour obtenir son paiement. Si la dette a pour
objet autre chose que de l'argent, la loi .\cilia repetun-
darum [lex, t. III, 1127] prescrit de procéder à une litis
aestimatio [litis aesti.matio, t. III, p. 1169].
III. Le sacramentum dans la procédure criminelle. —
L'action de la loi par serment a été appliquée en matière
criminelle par la loiCalpurnia repetundarum de l'an 605
[le.\, t. III, p. 1133^ et par la loi Junia [le.v, p. llol,
n. 14]. Elle sert à introduire une instance contre un ma-
gistrat accusé de concussion. L'exercice de l'action de la
loi est ici exceptionnellement accordé au xpérégrins [legis
actio, t. III, p. 1095] à une époque où vraisemblable-
ment existait déjà la procédure formulaire". La loi a
voulu donner aux pérégrins une garantie contre la par-
tialité du préteur qui aurait pu refuser de délivrer une
formule contre un ancien collègue'". Elle a fait plus
encore : l'affaire est soumise au jugement d'un jury pré-
sidé par un préteur spécial; seuls les rites de l'action de
la loi sont accomplis en présence du préteur pérégrin "'.
Cette forme nouvelle de procédure, introduite parle tri-
bun de la plèbe L. Calpurnius Piso, fut, par la suite,
généralisée et appliquée à toute une série de crimes
fOL'AESTio perpétua] ; mais on renonça à l'action de la loi
par serment comme mode d'organisation de l'instance :
la loi .\cilia repetundarum deVan 631 ou 632 se contente
de la nominis delatio [lex, t. III, p. 1127].
Cuq, Op. cit. l. I, i' édit. p. IW et 1*9. — n C'est l'opinioa générale. Cf. Wlassal,
Hôm. Processgesetze, t. Il, 1891, p. 301 : Erman, Zeits. der Savigny-Stiftunij, K.
A. 18Se, p. 276 Partscli, Die Scliriftformel im rOm. Proiinzialprozesse, 1905;
Bekkcr, Zeits. der Savigny-Stiftunç, R.-A. 1906, p. 39: Wlassak, Ibid. 1907, p. tOS :
Jlitlci*, /mmisches Privatrecht, 1908, p. 50. — I» Cf. Edouard Cu(|, Institutions
juridiques, l. Il, p. 731, n. 5. — li Gaius, IV, 31. — IC Cic. Brut. 27, lOC.
SAC
— !)5S
SAC
IV. In xacruin judicare. — 11 convienl de rapproclier
(lu sacraineiitum Vin sacrum Judicaî'e, qui présente
(les traits communs à c(^)té de difTérences caractéristi-
([ues. L'un et l'autre supposent l'afrectation aux dieux
d'une somme payée par un plaideur qui a été judiciaire-
ment condamné. Mais dans le premier cas l'alTectaLion
est faite par les plaideurs ; dans le second, par le juge.
L'un et l'autre ont le caractère d'une peine ; mais dans le
sacramentum la peine est infligée à celui des plaideurs
qui a fait un faux serment ; dans Vin sacrum judicare,
à celui qui a été reconnu coupable d'une contravention.
Vin sacrum judicare n'est cité que dans deux textes :
la loi Silia de ponderibus [lex, t. III, p. 1164] et la loi
ou, suivant Mommsen, le statut colonial de Todi'.
D'après ces lois qui paraissent être de la tin de la Répu-
blique^, le magistrat a le choix entre deux moyens
d'infliger une amende au contrevenant : mu/tare (ou
popufi judicio petere) et in sacrum judicare. L'anti-
thèse, établie entre ces deux moyens de répression,
donne lieu de penser que l'amende est infligée, dans le
premier cas par un magistrat du peuple romain, dans le
second par un représentant de la plèbe.
L'iii sacrum judicare doit remonter à l'époque où
les tribuns et édiles de la plèbe n'avaient pas le droit de
condanmcr légalement un citoyen. Ils n'avaient que la
ressource de consacrer aux dieux le montant de l'amende
prononcée, de même qu'ils déclaraient sacer le citoyen
qu'ils voulaient condamner à une peine capitale. Dans les
deux cas, ils plaçaient sous la protection des dieux une
décision qui n'avait pas de valeur au regard de la loi
[tribl'ncs].
L'm sacrum j udicare cessa d'être considéré comme une
mesure extra-légale, lorsque le jugement des représen-
tants de la plèbe fut soumis à l'appel au peuple comme
s'il émanait des magistrats du peuple romain [phovoca-
Tio]. Il cessa également d'être un moyen de répression
propre aux représentants de la plèbe lorsqu'on les assi-
mila aux magistrats. Dès lors, la distinction des deux
sortes d'amendes n'a plus d'intérêt qu'au point de vue de
l'aflectalion qui en est faite par le magistrats Éd. Cuq.
SACRARIUM ('lepoïuÀajtiov) '. — Lieu (chapelle, ora-
toire, réduit, armoire-) où sont gardés, à l'abri de toute
profanation, les objets sacrés, soit dans un temple, soit
dans une demeure privée; car il n'était pas nécessaire
qu'un sacrarium fût rituellement consacré'. Pour les
cultes publics, on peut rappeler ce qui a été dit du sacra-
rium de Mars sur le Palatin, où étaient enfermés les
nncilia, et de celui de la Regia, où étaient conservées les
' Corp. iiiscr. lat .XI, '1, 4G32. — 2 MotniuseQ conjeclure qu'elles sont du
VII* siècle de Kome. — 3 Cf. Husclike, Die Multa tinti daa Sacramentum.
p. 4(i7; Mommsen, Strafrecht, trad. Duquesne, l. 1, p. 182; t. III, p. 382;
(jîrard, Hist. de l'organisation judiciaire, t. I, p. 241, ii. 1. — Bibliogra-
cHiK. Keller, Der rômischc Civilprozess uwl die Aklionen in summarisc/ier
Danlellung, 0' éd. 1883; Dam, Der sakrale Schutz im rômischen fleckts-
rerkekr, 18o7; voa BcLlimann-llollweg, Der Civilprozess des gemeinen ftecbts
m gexehicht lichen Eniwicklunrj. l. 1, 180*, § 37; Beklier, Die Aktionen des
rùmischen Priratrechts, 1871, t. I, p. 57; 0. Karlowa, Den rômische Civilprozess
zur Zeit der Legisactionen, 1872 ; Husclike, Die Multa und das Sacramentum in
ihrem lierschiedenen Anwendungen, 187i; Lotmar, Zur legis aciio sacramenti in
rem, 1876; Slarquardt. Rômische Staatsvermaltimg, 2" Mil. 187(i, l. V, p. 373;
Morilz Voigt, Oie Zwîilf Tafeln, 1883-1884, t. I, p. 300, t. U. p. 34; Fr. BuODa-
iiiici, La storia delta procedura civile romana, 1886; Bechraann, Studie im
Gebiete der legis actio sacramenti in rem, 1889 ; Wlassak, Rômische Process-
i/eselze, l. I, 1891, p. 186; Eiscle, Beitrâge zur rômischen Civilprocess. 1896;
JobbéDuval, Études sur l'histoire de la procédure civile chez les Romains, l. I,
1896, p. 13, 304-387 : Girard, .Vanuel de droit romain, 4- éd. p. 983; Mommsen,
Rnmisches Strufrecht, trad. Duquesne, 1907, I. Il, p. 59; Edouaid Cui|, U-x
hastae marliae et le liluus de Romulus [m.\rs, p. 1615] ;
du sacrarium d'Ops Consiva, qui était au même endroit
[ops, p. 212]. Les auteurs et les inscriptions en nomment
d'autres*. La famille des Jules avait, àBovillae, un sacra-
rium pour ses sacra gentilicia [sacra]. Nous renvoyons
pour le culte domestique à ce qui a été dit aux articles
LARES, p. 942, sq., et pénates, p. 377.
Les Grecs avant les Romains eurent des oratoires
privés, que les auteurs latins désignent par le nom de
sacrarium^ . On connaît par Cicéron la richesse de celui
de Heius à Messine''. Celui que Timoléon avait élevé dans
sa maison à Syracuse est appelé, par Cornélius Nepos ',
sacellum. Les deux mots n'ont pas, en effet, conservé
toujours, dans l'usage courant, leur définition rigoureuse
'sacellum]. E. Sa(jlio.
SACRATAE LEGES [lex, p. 1173].
SACRATIO CAPITIS. — Ce mot désigne dans le droit
romain primitif la consécration du coupable aux dieux.
Le crime devait, en effet, attirer sur la communauté entière
la vengeance du ciel s'il n'était l'objet, comme les
offenses directes envers les grands dieux', d'une expia-
tion publique, si le coupable n'était livré à la divinité
comme victime. La forme primitive du jugement a donc
été l'attribution du condamné à un dieu- par le repré-
sentant légal de la communauté S Ce caractère religieux
de la peine est particulièrement marqué par la consécra-
tion de la fortune*, et par les cérémonies rituelles de la
plus ancienne forme de la mise à mort, par la hache, où
le condamné, attaché à un poteau, nu, les mains sur le
dos, puis étendu sur le sol, a l'altitude d'une victime.
C'est pour cette raison que la loi parfaite, celle dont la
violation rend sacer, s'appelle lex sacrata, et qu'elle
comporte comme punition une sanclio '". Si l'État épargne
le coupable, par exemple dans le cas de l'inceste, de la
violation des jours de fêle ou des jours néfastes, de
l'homicide involontaire, il doit offrir une expiation aux
dieux ^. L'homme sacer est mis hors la loi, comme mau-
dit par la divinité à qui il appartient; chacun peut le tuer
impunément, mais naturellement en rendant compte de
sa conduite : de bonne heure, du reste, l'autorité publique
a dû se charger de l'exécution et on a poursuivi réguliè-
rement devant le peuple les délits atteints par la sacra-
lio capitis'. La personne ou sa fortune est toujours
consacrée à une divinité spéciale, surtout aux dieux
infernaux [devotioJ. Le produit des confiscations est
consacré au culte [multa].
La tradition attribue à l'époque royale la sacrât io
capitis contre la violation des devoirs des enfants envers
Institutions juridiques dus Romains, l. I, édil. 1903, p. U3 ; t. Il, édil. 1908,
p. 731.
SACR-\UIUM. 1 Dion. Mal. I, 70. — 2 Pelron. Sat. Ï9 ; cf. Plal. Protaq. 11 ;
Etym. mag. 146, 36. — 3 Ulp. Dig. 1, 8, 9, 2 : Sacer locus est locus consecralus,
sacrarium est locus in quo sacrareponuntur, quod etiam in loco privalo tssepotest:
cf. Ibid. XLIII,6, 1, 1 ; Serv. Ad Aen. XII, 199. - s- S. Bonae deae, Cic. ilil. 31 ;
se ; Fidei, T. Liv. I, 'A: Argeorum, Varr. Ling. lat. V, 43 [mau] : Cereris Antia-
ttnae : Inscr. Orclli, 1359, etc. Voir sur In mot sacrarium Jordan. 'J'opoqr. d.
Stadt Rom, III, 271 ; Gilbert, Die Stadt Rom, H, 371. — 5 Tac. Aim. Il, 41 ; cf.
Mommsen, Corp. inscr. lut. I, p. 207. — 6 Cic. In Verr. IV. 143 sq. .Sacrarium de
Hiéron à Syracuse, T. Liv. ,\XIV, 26, etc. — 7 Timol. 4.
SACRATIO CAPITIS. I Dionys. 2, 10, 74; Liv. 3, 35. — 2 Festus, p. 31»
V. homo sacer is est quem populus indicavit ob mateficium. — 3 .Aussi les exécu-
tions faites par les chefs de laplébe ne sont, au début, que des meurtres excusables
(Festus, L. c.) — i Festus, L. c. ; Liv. 2, 8, 2 ; 3, 58, 7 ; 8, 20, 8 ; Dionys. 6, 8, 9;
9, 17; Cic. De domo, +7, 123 ; Plin. Hist. nat. 7, 44, 143. — = Dig. 1, 8, 9, § 3;
Cic. De rep. t, 31, 34; Pro Balb. 1 1, 33. Le s-ns primitif de sandre est dévouer,
;i)F.voT(o]. — (i Liv. I, 26, 13; Macrob. Sat. 1,16; Festus, p. 297; v. sororium; Varr.
Ling. lat. 0, 30. — 7 Uionys. 9. 34; Liv. 2, 61.
SAC
— 9oG
SAC
leurs parents', des patrons envers leurs clients et res-
pectivement -, contre l'enlèvement ou le déplacement
(les bornes'; au début de la République, les diverses
lege.t sacratae, la loi confirmée par serment contre toute
tentative de rétablir la royauté'; la loi interdisant, après
le décemvirat, de créer une magistrature non soumise à
l'appel au peuple"; les lois qui ont constitué la plèbe
et les privilèges de ses tribuns >lebs, tribims plebis]';
l'interdiction des pririh'gifi : la loi Icilia de Aventino
/lublicando'' ; la loi défendant la dégradation de l'ancien
tribun militaire au rang de centurion ^ : la défense
d'entraîner le peuple à une secessio^. La xacratio
rapitis fut remplacée de bonne heure par Vaquas et
ignis interdiclio ^exsilum^.
Il y a eu quelques cas de sacrât io capitis sans crime, en
guise de prorural io ou comme mesure de salut public, par
exemple le jet à la mer ou l'exposition dans une île d'un
monstre '", l'ensevelissement de deux étrangers ennemis,
sur l'ordre de la Sibylle en 216". Cii. Lêcrivain.
SACRIFICIUM. — Grèce. — 1. ^intention du sacri-
fice. — Nous ne voulons pas rechercher ici à quels
sentiments obéirentles premiers hommes de race grecque
qui ont accompli des sacrifices, ni si les sacrifices qui
s'accomplirent en Grèce peuvent se ramener tous à une
même conception primitive. Il nous suffira d'exposer ce
qui se constate durant la période historique.
La grande majorité des sacrifices passaient alors pour
des sortes d'ofTrandes que l'homme adressait à des êtres
surhumains'. Mais, à la différence des ex-voto de bronze,
de marbre, de bois, d'étoffes précieuses, etc., les objets
qui faisaient la matière des sacrifices, — victimes ani-
males, fruits de la terre, aliments de toute sorte, parfums
(voir §11;, — étaient de nature essentiellement éphémère.
Offerts aux âmes des morts-, ils étaient censés leur faire
le même plaisir qu'ils auraient fait à des hommes vivants :
le mort, suivant l'opinion populaire, buvait les libations
et se repaissait des mets qu'on lui apportait \ Offerts aux
dieux, passaient-ils pour servir à leur nourriture, aux
satisfactions de leurs sens'? Quelques passages d'auteurs
d'époques diverses, depuis Homère jusqu'aux polémistes
chrétiens \ quelques épilhètes de divinités \ sont propres
à nous le faire croire. Toutefois, il est probable qu'une
pareille croyance avait cours seulement chez les fidèles
grossiers ; les autres considéraient plutôt les sacrifices
corn me des offrandes honorifiques.
I fintention du sacrifiant, dans la plupart des cas, était
( de mériter le bon vouloir de l'être surhumain ou de lui
l^lémoigner de la reconnaissance, 'kpsùsiv se dit couram-
-- Dionvs.
C. 609.
• Fcstus. p. i30v./)torare.— '^Dionys. i, 10; Plul. «om, 1 .(; .■"civ. Ad Ae
— î Paul. Diac. p. 368, v. lermino: Diooïs. i, 7t ; P!in. Hisl. nat. 8, li. — 4 Liv.
2, 8, i; i. I, 9;DiODjs. 3, 19: \-lul. Popl. Il, li. — 5 Liv. 355. — 6 Cic. De prov .
eoni. 19, 40; Pro Sat. 7, 19; Pi-o TuU. +7 ; De Ug. i, 7, 18; Liv. 3, 55, 6 ; i, 54,
9; 3, 3i, 7; 3, 11, 3 ; 30, S, S. — T Cic. De itom. 17, 43; Pro Sest. 30, 65 : Liv.
3,31, I; 3,3», 7; DioDys. 10, 3i. — 8 Li». 7. 41. — 9 Liv. 7, 16,8. —10 Liv. 31, li,
B; 39, a. 5; i7, 37, 6 ; Obseq. 30. 50; Plin. Hlit. nat. 7, 4, 36. - " Liv. ii' 57!
6: Cic. Pro Hoic. .4m. 35; Gros. 4. 13: Plul. Marc. 3. - BiBi,iouR»PHie. Rein,
Dot Criminalrechl des Itômer, Leipzig, 1841, p. 30, 1«9, 136; Lao^, De conte-
cralione capitu et bonorum, Giessen. 1807; Lûbbcrl, Commentationes ponti-
ficale: Berlin, 1859: Bouché Lcclorc<|. Les Pontifes de l ancienne Jtome, Paris,
'1871. p. 195-198 ; Uonimsca, Strafrecht, Leipzig, 1899, p. 55i, 9iJ0-905.
SICIIIFICIIJM. 1 (Mal. E„th. 14 C : -.i «i». S^jiirf.^- !«, «î, ««t;. - 2 Chez
Honiéie, le> niorls ue reooivenl pas de cullc régjlier ; mais on accomplit parfois en
leur hountur. à leur adresse, des cérémonies .|ui ressemblent singulièrement à des
sacrifices (//. XXIII, W, s-J. ; Oil. X, 518 sq. ; XI, iO sq. ; 30 s.]. ; 45 sq. ; XXIV,
<-i vy.) : c'étaieni sans doute des souvenirs dun culte plus ancien, momeulaiR-ment
négligé, qui, dans la suite des temps, se raviva, cf. Stengel, Kulluallenhameri.
p. Ii8-I30. — 3 Aesch. Choeph. 4ji3-4S5; Eur. Uec. 535-530; Lucian. Cliar. îi]
Ue luclu, 9. - ' lliad. I, 4i3; XXIII, Î05 5.|. ; Od. 1, i6; VII, iOI s<i. : Scliol
ment chez Homère en parlant du bétail que les hommes
abattent pour le manger', parce que l'immolation^tait
accompagnée de démonstrations religieuses'; et cette
habitude persista dans le cours de la période classique*,
e même, il fui toujours d'usage de faire, pendant les
anquets, des libations aux dieux'. C'est qu'on ne vou-
lait pas jouir des présents de la divinité sans marquer
- qu'on se souvenait d'elle, et sans lui restituer, par
déférence, une portion de ce qu'elle avait donné. D'autre
part, communautés et particuliers sacrifiaient très sou-
vent au début d'une entreprise quelconque pour en
acheter le succès : ainsi avant une guerre, avant un
voyage, avant tels ou tels travaux de la campagne, au
moment d'un mariage, pendant une maladie en vue d'ob-
tenir la guérison, etc.'". Ou bien, l'entreprise menée à
bonne fin, des sacrifices, promis quelquefois par un
vœu", récompensaient la divinité lutélaire'-. Sans être
en relations aussi étroites avec une entreprise particu-
lière, la plupart des sacrifices, principalement des sacri-
fices publics qui s'accomplissaient à date fixe, étaient
inspirés par le même désir: conserver l'amitié des divi-
nités bienveillantes. Pour la commodité de la classifica-
tion, nous appellerons les sacrifices-offrandes de cette
première espèce d'un nom qui, je l'avoue, traduit impar-
faitement leur nature, .sacrifices propitiatoires ". ^^.^
Une seconde sorte de sacrifices-offrandes exprimait
moins le désir de s'assurer la faveur des êtres surhumains
que celui de désarmer leurs mauvaises dispositions..
C'est le cas vis-à-vis de certains êtres qu'on se figurait
irritables, vindicatifs, méchants, et de qui on redoutait le
mal plus qu'on n'osait espérer d'eux le bien. Tels étaient,
sinon aux yeux des Grecs de la période classique, du
moins dans l'opinion de leurs prédécesseurs et de leurs
descendants ", les morts en général et en particulier les
héros. Telles étaient les divinités chthoniennes (sauf
lorsqu'elles présidaient d'une manière spéciale aux tra-
vaux de l'agriculture! : Hadès, les Euménides, Hécate,
Perséphone ; cà et là, Zeus, Dionysos, Hermès. Déméter,
Poséidon. .\rtémis et .\pollon lui-même, quand on les
considérait dans leurs relations avec le monde d'outre-
tombe ; telles les divinités des vents : Borée, Typhon,
les Harpyies ; telles, en mainte circonstance, celles de
la mer et des fleuves, .\ussi bien, de la part de tous les
dieux, la jalousie et la susceptibilité étaient à craindre.
.\ tous pouvaient donc s'adresser, le cas échéant, les
sacrifices que nous appellerons, de nouveau de noms
peu précis, sacrifices expiatoires ou sacrifices-rançons '^
Dans de pareils sacrifices, qui semblent inconnus à
v/. III, ilO; .\ri5t. Ar. 1516 sq. : Plut. 1113 sq.: Orig. f. tels. p. 397;
Psellus. De oper. daemon. p. li Boiss. : Atb. 363 D : Julian. Oral. V. p. 176 D;
etc. La pratique des t.oUvta, véritables banquets préparés pour les dieux, est assez
signiiicative ; cf. Paus. IV, 27. 1, — ^ Eiia^ii.âsïT;;, d-iooivo;, a-iosi^o;, xpiooà|o;.
»ut>osâ:o;, /oonàvii;. etc. Toutefois, et. Schômann-Lipsius, Griech. .\lterth. 11^,
p. Îi7, n. 4;p. i56-'57. — «iVeiu; Jahrbûcher, 151 (1885), p. I03. — T Voir coeva.
p. 1209sq. Cela est conlesié par Stengel iSeue Jahrb. L.I.: Sermej, XXXVI (1901),
p.321-3i8). d'après qui les hommes de l'époque homérique n'auraient sacrifié (ce qui
se disait exclusivement ôil;-., ou r^Sav) que lorsqu'ils désiraient ou redoutaient quelque
chose, — î* Stengel, Kultnsalt.-, p. 95; Schômann, Gr. Alterth. Il*, p. 59i — * Cf.
Hug, comment, de Plalon. Symp. 176 A; von Fritze, De libatione veterum Grae-
corum^ p. 39 s^l. — 10 QçoTt'*£tâ, ,c907à;Ai«, ;;aqr,ço7ca, 5;aSaTi^pta. Ice£oS-«, etviTr.a-.a.
— 1I7(. VI. 307; XXIII, 146. 195, 873 ; Xcn. Àna*. III, 2,12. — ISEutt.o-.., tj.rrii,.,
»tSr,;>tlI, U,vr»i«, y«fisTi;;i«, Tî"»£<rtr.pi«. — U Ce SOOl les e-j/n'a: T:)tr,T^;,-ii de Julien
(Or. v. p. 176 [)). les Bitt-und Dankopfer des manuels allemands. — 14 Sur l'adou-
cissement du culle des morts, de la période archaïque à la période classique, voir
l'arliclede Stengel dans le Festschrift fitr Friedlànder, particulièreraenl pages 41ts
4i3, 43 1 ; sur ta transformation des héros en méchants démons dans les croyances de
la basse époque, voir Bohde, Psyché^ p. 225, note 4. — là Sàhnopfe r. Bussopfer,
dans les manuels allemands.
SAC
957 —
I'ép0(iuf lioiiiérique, l'essentiel éUiil moins de réjouir la
divinité par un don, par un hommage, que de se dépouil-
!ler volontairement à son intention d'une partie de ce
qu'on possédait: on abandonnait ceci ou cela aux dieux
mécliants pour éviter qu'eux-mêmes ne se fissent leur
part. Ainsi agissait-on lorsqu'on était en face d'un grand
danger, par exemple au moment d'affronter les tempêtes,
de tenter la fortune des armes, en cas d'épidémie ou de
famine ; ou bien lorsqu'on craignait d'avoir, par quelque
crime, par quelque profanation, par quelque violation
des rituels religieux, offensé une personne divine.
Voici maintenant plusieurs catégories de sacrifices où
la notion d'offrande était très secondaire.
Ce sont d'abord les sacrifices purificatoires, inconnus
à l'époque homérique. Dans ces sacrifices, la victime était,
semble-t-il, substituée symboliquement au coupable de
qui il s'agissait de laver lessouillures ; son sang coulait
en place du sang de ce coupable ; elle payait pour lui.
Symboliques aussi étaient beaucoup des sacrifices qui
accompagnaient un serment. Sans doute il arrivait qu'ils
eussent pour unique but d'inviter les dieux à être té-
moins de la parole jurée'. Mais, d'autres fois, ils repré-
sentaient par avance le châtiment qui serait celui du
parjure :1e sacrifiant appelait sur lui-même, pour le cas
où il ne tiendrait pas son serment, une mort pareille à
la mort des victimes, et souhaitait que son sang fût
répandu à terre comme étaient répandues les libations -.
Enfin, parmi les intentions qui conduisaient les Grecs
à sacrifier, il faut relever celle de sonder l'avenir, d'ex-
plorer le bon vouloir divin, d'apprendre à un moment
donné, comme lorsqu'on interrogeait un oracle, ce qu'il
convenait de faire ou de ne pas faire (oti ;(pYi Tzoïeïv). Sou-
vent cette intention coexistait avec quelciu'une des
autres que nous avons signalées : ainsi dans beaucoup
des sacrifices propitiatoires, où l'on examinait les
entrailles des victimes (voir ci-dessous, § III); surtout
dans les sacrifices-rançons, qui, pour cela, s'accomplis-
saient toujours par le ministère de pivreiç. Elle préva-
lait dans les sacrifices que l'on offrait en campagne au
moment d'engager une action, de tenter une marche
périlleuse ^ Ailleurs, elle était exclusive : Vhie'roscopie,
ou examen des entrailles, a été, chez les Grecs, une
forme importante de la divination [divinatio].
Les mots les plus généraux pour désigner en grec le-
"sacrifice, l'action de sacrifier, sont 9ûe;v ', âuuia ^ Le
' Cf. Jliu'l. .\IX, 238 S((. — 2 /(. Ul, iUO-r.OI ; Eusl. Àd lliad. 111, iTi |p. 414,
4a); Uiogcn. /'l'oti. III, 60. — 3 Aescli. Sept. i30, 378; Eiir. Heracl. 400;
Hcrod. VI, 76 ; IX, 4J, 45, 01, 62 ; Xpn. BM. IV, 6, 10 ; VII, 4; 30 ; Anab. IV,
3, 18; [Xen.J. Resp. Laced. XIII, 8 ; etc. 11 airivail pourUnt qu'on sacrifiât après
laclicn engagée : TIiuc. VI, 69 ; Xen. Hell. III, 4, 23 ; Anab. I, 8, 15; VI, 5,
8; etc. — ' Inconnu chez Homère. — " Oiei. Homère, Sùify signifie eiacle-
nicnl « faire briller ■> ; 6jîc, O-jr.Aat sont des offrandes que l'on briile ; ^ihiaô; ôj^îe-.^,
l'autel où ou les fait brûler. Immoler, chez Homère et cliez les plus anciens t'cri-
vains de langue greci|uc, se dit jiXstv ou Sjiv (Atli. OiiO A). — » Hcrodiau. fr. 4S ;
Vmmon. s. u. »ùou,>, p. 72 Vaick. ; cf. Poilus, 1, 162. - ^ Bermes XXXI (1890),
p. 637-610. .\insi. on dit Stecôa-z/i'^tu HjtaHtt; et, d'autre pai-l, tiut«î6i«, -.ixirjTvifiov,
•va^liliia 6ÙLIV. — ** Sauf les cas où l'on sacrifiait ."i l'un d'eux .«; AewT. Cf.
J.-E. Harrison, Prolegomena lo the Slud;/ of ijreelt Religion, p. îiS sq.
— 9 Herod. 1!, i^ ad fin.; Diod. IV, :)9 ; Paus. II, 10, 1 ; H, 7; VIII. 3i, 2;
etc. — 10 Sur la compréhension de ce mol, cf. Bermes XX (1884), p. 307-312;
Harrison, O. l. p. 64 sq. — n Herod. V, 47 ; VII, 179 ; Paus. 111, 12, 3; etc.
— '2 Hesych. s. 0. Aïo; 6J<o.; Euseb. Praepar. evang. Il, 20 Schone ; Paus.
I. i8. 11. — 13 Plut. Quaest. sijmp. VIII, 8, 3, 0. — '4 Plat. Leg. 7S2 C;
l'Iut. L. l.. Porph. De abstin. Il, 29; Pollux, I, 26 ad fin.; etc. Un autel de
Délos où l'on n'olfrail que des sacrifices non sanglants s'appelait eO(TiÇ.T.v Sw[*o;
(Porph. De abstin. II, 28). — 15 Lo bœuf de labour qui servait de victime
n'était frappé qu'après avoir mangé du grain déposé sur l'autel, comme si la
Miorl eût été le châtiment de son sacrilège; et la hache qui servait â le frapper
\
SAC
moyen OjscOan, d'après certains lexicographes anciens, se !
serait dit seulement des sacrifices inantiques '^ : mais il 1
parait plutôt qu'on l'employait toutes les fois que le l
sacrifiant était préoccupé d'obtenir quelque chose, la j
forme active Oûeiv s'employant au contraire lorsque le k
sacrifice visait surtout à honorer ou remercier les dieux'. I
Sacrifier aux héros ou aux morts se disait èvayi'ïe'.v (d'où
èvot-ctTaot), xaftayi^siv * ; les auteurs qui s'expriment avec
exactitude opposent assez souvent ces locutions à Weiv'.
Plus généralement, en parlant de tous les sacrifices san-
glants autres que ceux que nous avons appelés propi-
tiatoires, on se servait de l'expression saiyia '" (d'où
a^>oL-(iiï,e(jQ'Xi). 'IXotaxeiOai se trouve usité lorsqu'il s'agit
de sacrifices-rançons, de sacrifices aux morts ou à cer-
tains êtres particulièrement redoutables". La valeur
propre de quelques autres termes, par exemple èvréjAvetv,
'ÉvToixa, TOfxia, sera indiquée ci-dessous (§ III).
II. La matière du .sacrifice. — Considérés au point de
vue de la matière, les sacrifices des Grecs peuvent être
répartis en deux catégories : sacrifices sanglants et non
sanglants. Des légendes athéniennes attribuaient à
Athéna elle-même, à Kékrops ou à Érechtheus l'intro-
duction des premiers'-; une autre tradition en faisait
remonter l'établissement à un oracle de Delphes '". Les
seconds ont été présentés de bonne heure, à l'instigation
des philosophes, comme des sacrifices particulièrement
pieux, les seuls qu'eût pratiqués, aux époques primitives,
l'humanité innocente". Il est possible, en effet, qu'en
UQ temps où les ancêtres des Grecs ne mangeaient point
de viande, ils n'aient pas sacrifié de victimes animales.
Les rituels spéciaux de quelques fêles (comme celui des
Bouphonia d'Athènes [dipolia, p. 270]'^ ou celui d'une
fête de Lindos '"), des légendes aitiologiques (comme la
légende thébaine relative au culte d'Apollon Spodios'^)
semblent indiquer, d'autre part, qu'on hésita longtemps à
immoler certaines catégories d'animaux, ceux qui, par
leur travail, par leur lait, par leur laine, rendaient à
l'homme des services et acquéraient des droits à sa
reconnaissance'*. Mais, dès l'époque la plus reculée que
nos documents peuvent atteindre, ces scrupules avaient,
dans le monde grec, généralement disparu'''.
Durant les temps historiques, l'immolation d'une
victime animale était, en certains cas, absolument néces-
saire-". Ainsi dans les sacrifices offerts à des divinités
sombres, cruelles, amies de la destruction, dans les sacri-
passail en jugement (Pans. I, 24, 4; 28, II; Scbol. Aristo|.h. \ub. S85 :
Porph. De abslin. 11. 10; 29-30, etc.; cf. Hermès, XXVlll, p. 497-500).
— 10 Pendant (|u'on immolait des bœufs, l'assistance injuriait les sacrifiants :
Apollod. 11, 5, 11, S ; Con. .Xarral. Il ; Philostr. Imag. Il, 24; elc. — n Paus.
IX, 12, I. — IS A cela se rallaclie l'opinion, plusieurs fois exprimée chez les
anciens, que le porc, dont la chair seule est bonne à quelque chose, avait été )a
première %i(;time, la victime par excellence : Ath. 401 C; Porpli. De abstin.
1, 14; m, 20; Varr. /le re ruitica. II. 4. 9; etc. — <« Toutefois, le bœuf de
labour ou de trait était ordinairement respecté : Aelian. V. Bist. V, 14 ; Aral.
Phaenom. 132 ; etc. — '-0 A cela près que l'animal pouv:;il èlre représenté, en cas
de force majeure, par un gâteau qui affectait sa forme. Ainsi, à Athènes lors des
Diasia, et ailleurs en pareille circontance, les pauvres, hors d'état de payer des
victimes coûteuses, olTraient des ,;Éii;ia-a î"; ^wîw. ;i">poà5 TETo,:w;i£.« (Scbol. Thucyd.
1, 126; cf. .Suidas, 5. i\ ?',>; ÏS5'...io: ; etc.; le même usage existait chez les Egyp-
tiens : Hcrod. II. 47 ; Plut. De Is. et Osir. 30). De même agissaient les philosophes
qui se faisaient scrupule de tuer un être vivant (Ath. 3 E; Porph. Vit. Pylbag. 22).
De même les assii'gés, cpii devaient ménager leur bélail (Plut. Luc. 10; Appian.
Mithr. 75). D'autres fois, la victime animale élait suppléée par un fruit. A Héraklcs,
dans le dème de Mélité, ou oll'rail au lieu de bœufs des pommes, dans lesquelles on
plantait de petits morceaux de bois réprésentant les patles et les cornes iSuidas,
s. v. Mfl\t.o; 'Hpix'/ii!;; Hesych. s. v. .M^z-o.» 'Hfaxl;:; ; Zenob. V, 22). De semblables
coutumes existaient en Locride (Zenub. V, 5; [Plut.J Pror. Alex. 24), et chez les
Béotiens (Pollux, !, 30-31;,
SAC
— 958
SAC
fices expiatoires, dans les sacrilices-raai-ons (seule,
lolTrande d'une vie pouvant racheter la vie du sacrifiant],
dans les sacrilices qu'on offrait en campagne pour
obtenir des prc'-sages. Le nom qui, couramment, désigne
ces sacrifices 10.1711, est à lui seul très significatif. D'au-
tres fois, au contraire, des offrandes non sanglantes
étaient les seules admises. Mnsi, à Athènes, lors des
fêtes de Kronos' et, d'une façon constante, sur l'autel
de Zeus Hypatos - ; à Délos, sur l'autel d'Apollon
rsvi-Ttop'; à Élis, dans le culte de Sosipolis*; etc. Dans
le culte des morts, à l'époque classique, l'immolation
d'une victime était quelque chose de rare^: chez les
Atliéniens, celle d'une grosse victime, d'un bœuf, était
même interdite par un règlement deSolon*. Également
rare était l'immolation dans les sacrifices qui accompa-
gnaient les serments, les conventions internationales'.
Au reste, comme nous le constaterons par la suite,
beaucoup de sacrifices comportaient à la fois, d'une
part l'oblation d'une victime, d'autre part celle d'objets
inanimés.
Passons donc en revue les diverses sortes d'ofl'randes
(9ù(Aa-a)*. Et commençons par les victimes animales
(iepi ou tspeîo. dans les sacrifices du type propitia-
toire', c-ixyKt dans les autres en général'", Ïvto^x plus
particulièrement dans les sacrifices aux héros et aux
morts " .
L'immense majorité appartint aux quatre espèces
suivantes : bovine, ovine, caprine, porcine. On immola
aussi assez souvent des coqs ou des poules''-. Beaucoup
plus rarement, des chiens '^ des chevaux", des ânes'"',
des oies'*, peut-être des colombes''. Les sacrifices de
poissons (anguille", thon", rouget'", etc.)-' furent
exceptionnels-'. Les sacrifices de gibier sont presque
sans exemple'-'. Un loup est nommé comme victime dans
une seule circonstance, qui, en même temps que des
Grecs, intéressait des barbares -^
Comme on peut le penser, les sacrifiants n'étaient point
libres d'immoler n'importe où et n'importe quand n'im-
1 A. Mommsen, Fcste der Sladt Alhen, p. U el n. I. — 2 Paus. 1, ii. 6:
VIII, J, 1. - 3 Porph. De abxtin. Il, iS; Janibl. lit. Pyth. V, i5; VII. 35;
Cic. De nat. rfeor. MI, 36: Macr. Soi. III, 6; Censor. D. nat. î; Diog. 1,.
VIII, 13. — * Paus. VI, 20, S. — 5 Fetschrift fur Iriedlûnder , p. 431.
— 6 plut. Sol. 21. — ~' L'expression couranle «novjà; co-.Eîtrôai ne fait allusion
qu'à de* libations. — 8 Cf. Hermès XXVII (189i), p. 447-U8. Il arrive aussi
que des offrandes quelconques, sanglantes ou non sanglantes, soient appelées
»jr,W: cf. Hermès, XXXIX (1904|, p. 615. — 9 Clie? Homère, le mot Uo.iov, em-
ployé seulement cinq fois, désignerait, d'après Sleogel (.Yeue Jahrb. 132, p. 102),
les bétes de boucherie: les victimes s'appelleraient exclusivement ÎEoâ. — lO Chez
Homère, les victimes immolées pour soleunisor un serment sont appelées osxcot (//.
III, 243 el 269). — Il Schol. Od. XI, 23 : is'. |4f vtxfSv Tciiita .«', fvTofia, ls\ ^i Si.v
(c^ira. — 1- l.ies ôsv-.tE; figurent chez Suidas (s. f. 6o-7; sSSotio; et <. r. iSa'>;) et chez
Zénobius (Miller, Mélanges, p. 357) parmi les siz E[t|ii/a que les Grecs auraient
sacrifiés. 'Pour la just.* iuterprélatiou de ces lestes, voir Bermes, 1903, p. 570 sq.
surtout p. 573). Cf. Wolff, Porphijrii de philosopkia ex oraculis haurienda. p. 187
sq.; Philologus, XXVIIl, p. 18S sq.; et ci-dessous, n.47-48 et p. 939, n. 1-4. — 13 Cf. ci-
dessous, n. 37-40et4». — "Cf. /'Ai(o/osu», XXXIX, p. 182-185: ci-dessous, n. ïS-35.
— IS Cf. ci-dessous, n. 41. — 16 Même observation que pour lesô?-.t6E;: cf. Wolff, L. /.■
el ci-dessous, n. 46. — 17 Seul exemple connu : Dillenborger, Sylloge^, 556. 1. 23-2V.
(H s'agit d'une purification : la purific:itiou du sanctuaire d'.^plirodite Pandémos ; cf.
Bermes, I9U3. p. 570-571). Le canard (v^ç»») esl nommé par un seul écrivain
(Miller. Mélnnges de littérature grecque, p. 377), dont l'autorité est douteuse (cf.
Philologus. XXVIIl, p. 189; Hermès, XXXVIIl. 1903, p. 571). - 18 Ath. 297 D.
— "9 Ath. 297 E: 303 B. — S» Alh. 323 ABF; 330 B; Cornulus, =ej'i =j,. «eJv, 34.
— 21 Anth. Pal. X, 9; 14, 16; Polaea. VI. 24. — 22 Alh. L. l.; Julian. Orat. V.
p. 176 C D. Plularque dit même : !/6ûwv Si 6Û9t)A.>; 0'J$e\; «vSè tE9tû(r:[LÔ; trr.v
{Quaett. sgmp. VIW, s, 3). Mais c'est aller trop loin : cf. Siengel, A/ermes, XXII(IS87)
p. 97-98. — 23 Cf. Bermes, XXII, p. 94-95, où sont examinés et critiquAs les quel-
ques telles intéressants (Paus. VII, 18, 7 ; X. 32, 9; Eurip. Iph. A. 1587; Porph.
De ahsi. Il, 25; Bekker, Aneedota, p. 249; Philosir. Imag. I, 6; Eust. ad //. Il,
308, p. 1 j3; Ael Hist. an. X. 34 Arrian. De venat. 33 ; Hipponax, fr. 40) el plu-
sieurs monuments figurés (.A rA. SJillh. 1883, p. 207; Arch.Zeit. 1885, p. 99: Mau.
porte quel animal. Dans ht plupart des cas, l'espèce des
victimes était détermini'e, soit par la personnalité du
dieu, de l'être surhumain, à qui le sacrifice était offert,
soit par les circonstances dans lesquelles on l'olYrait. La
faculté d'offrir une victime quelconque est signalée, là où
elle existe, en des termes formels, comme une chose qui
ne va point de soi*°. D'une façon générale, les animaux
d'espèces non comestibles ne pouvaient servir aux sacri-
fices que nous avons appelés propitiatoires nia ceux que
l'on oft'rait aux morts". Car ces sacrifices étaient comme
des banquets auxquels l'homme conviailles dieux ou les
défunts; el il n'eut pas été convenable de sa part djijîrfi-
senter des mets qu'il dédaignait. L'unique sacrifice où
nous voyons immoler un loup accompagnait un ser-
ment-". C'est en pareille circonstance que Tyndare,
d'après le récit légendaire que nous a transmis Pausanias,
immola un cheval-', et que, chez Aristophane, les com-
pagnes de Lysistrata parlent d'en faire autant-'. Les
sacrifices de chevaux que les Rhodiens offraient à Hélios'",
les habitants du Taygète à Hélios^' et aux vents'-', les
Arcadiens à je ne sais quels dieux", les Argiens à
Poséidon", celui que Mithridate offrit à ce même dieu'",
outre que la plupart ont un caractère exotique ^'^, sont
plus ou moins nettement des sacrifices expiatoires ou
sacrifices-rançons. Dans la même catégorie rentrent les
sacrifices de chiens offerts un peu partout à Hécate",
chez les .\rgiens à llithyie'* et ailleurs à Génétyllis'',
chez les Spartiates à Ares'"; les sacrifices d'ânes offerts
parles Tarentins aux dieux des vents"; etc. Lorsque
le sacrifice devait servir à une purification, la victime
ordinaire était le porc'-; quelquefois l'agneau ou le
bélier." ou bien le chien". S'il accompagnait un ser-
ment, c'était soit un taureau, soit un bélier, soit un ver-
rat ; dans les grandes occasions, tous les trois réunis ".
L'oie semble avoir été offerte exclusivement à une divi-
nité d'importation récente dans le monde grec: à Isis'*.
Les coqs et les poules, en dehors du culte domestique'"
el du culte des morts", ne le furent couramment qu'à
Pomp. Wandgem, taf. XUj. — 2i Xen. Anab. II, 2, 9 (Sacrifices de loups chez les
Perses : Plut. Is. et Os. 46). Toutefois, on rarontait que les .\rgiens avaient immolé
des loups à Apollon (Sch. Soph. El. 6: Hesych. s. v. I-j.ojtcI.o;). — 2J Paus. VIII,
37, 3: IX. 19, 5; Michel, Heeueil d'inscr. gr., 709 ; Diltenberger, Syllogei, 589 ;
603. — 26 Les sacrifices de chevaux .lux mânes de Toxaris (Lucian. Scyth. 2) sont
des sacrifices étrangers. Le sacrifice aux mânes des filles de SkMasos (Plut. Petop.
21-22) ne rentre pas dans la catégorie des sacrifices funèbres proprement dits. Sur le
sacrifice de Polyxène. cf. ci-dessous, p. 00, n. 0. — '27 Xen. Jnaô. 11.2,9. Les prétendus
sacrifices des .\rgiens se seraient adressés à Apollon, le dieu xa4âpff..o; par excellence.
— 28 Paus. III, 20, 9. - 29 Aristoph. Lys. 192. — 30 Festus, s. u. Oclober equus.
— 31 Paus. III, 20. 3. — 32 Feslus, p. 18 1 . — 33 Tietz. Ad Lycophr. 483.-34 Paus.
VIll, 7, 2; cf. Eust. Ad II. XXI, 131, p. 1227 ; XXIll, 14«, p. 1293. — 35 Appi.in.
Mitltrid. 70. — 36 Sur les sacrifices de chevaux chi^z les Troyens et les .Amazones,
chez les Perses el les Scythes, cf. Philologus, XXXIX. p. 183-184. — 37 Paus. III.
14, 9; Plut. Quaest. rom. 32, 68, 111: Aristoph. ap. Schol. Theocr. Id. Il, 12
(= fr. 204 Kock) ; Schol. Arist. Pa.r, iT. : Lycophr. Ale.T. 77 et Schol. Ad l. ;
Julian. Orat. V, p. 176 I) ; Suidas, s. r. Eai.o«e«r«T,. — 38 plut. Quaest. rom. 52.
— 39 Hesych. s. i: n.ErjU;;. — "> Paus. III, 14, 9; Plut. Quaest. rom. 111.
— {I Elym. m. s. >'. &vE[jLûTa;. Probablement aussi les sacrifices célébrés à Lampsaque
en l'honneur de Priape (Lactant. De fatsa relig. I, 21, 26 : ... hac de causa
Lampsacenos aselluni Priapo'/iiasi in ullionem mactare couâuevissei. Les sacrifices
d'ânes que les Hyperboréens auraient offerts à .\polIon (Anton. Liber. Metam. XX, 1 ;
Eust. Ad Itiad. I, 41) ont un caractère fabuleux; l'idée que de pareils sacrifices se se-
raient accomplis à Delphes à l'époque historique s'appuie sur une lecture fautive de
l'inscr. Michel, 702, 1. 14 (to; o'-«; = -roi; i-,.u4). — '2 Aesch. Eum. 282, 430: Schol.
Apoll. Rh. I\,701; Paus. V, 16, 5; Diltenberger, Sylloge^, 653, I. 68; 387, I. 120,
126: von Prott, Fasti, n» 8 B. I. 4; Bull, de corr. hell. VI, p. 22, I. 180; etc.
— 'SEurip. Iph. T. 1223: Dillenberger, 653, I. 67; Diog. L. 1. 110; Paus. I, 34,3.
— n Plut, riuaesl. rom. 68; 111. — 45 Schol. /(. XIX, 197; Xen. Anab. 11, 2,
9: Dem. C. Aristncr. 68 : Plut. Pyrrh. 6. — *6 Paus. X, 32, 9 ; cf. WolIT, Porph.
de philos, p. 101 ; Philot. XXVIIL p. 189-191. On sacrifiait aussi à Isis, excep-
tionnellemenl, des pintades: Paus. /.. /. — ^' Aelian. De nat. anim. V, 28.
— 48 Rohde, Psyché, p. 221 ; btengel, Festschrift fur friedhlnder, p. 430.
SAC
— yoi) —
SAC
Asklépios et aux dieux guérisseurs' ; parfois à Iléraklcs-
et à d'autres divinités \ surtout de la part de pauvres
gens ou d'avares*. Le thon est une ofl'rande réservée à
Poséidon par les pécheurs qui viennent de faire bonne
pèche \ Le rouget n'est offert, à notre connaissance, qu'à
Hécate', à Priape'; le bogue, le scare, l'alose, à Priape
seul*. L'immolation en masse de sangliers, de cerfs, de
daims, d'ours et autres animaux sauvages est une parti-
cularité des fêles d'Artémis Lapiiria à Palrai'. Rappro-
chons-en toutefois ce que dit Pausanias du culte rendu
chez les Messéniens aux Curâtes, en l'honneur desquels
on brûlait Çwïa xà itœvTa ô|xoia)î '". Même entre les quatre
espèces d'où l'on tirait presque toutes les victimes, le
choix n'était pas toujours libre. Les moutons ou brebis,
les vaches et les bœufs, sous réserve des bœufs de
labour ou de trait", ont été presque toujours admis;
au point que SouSuTsiv s'emploie en parlant de sacrifices
somptueux, quelles que fussent les victimes '-, et que
Upsïov, sans autre détermination, désigne assez fréquem-
ment une brebis '\ Nulle part nous n'entendons parler
d'une proscription visant l'espèce bovine en général ;
l'espèce ovine, à notre connaissance, est proscrite par deux
seuls règlements : le règlement de Thasos, en ce qui con-
cerne le culte d'Apollon et des Nymphes: le règlement de
Tithorée concernant le culte (exotique) d'Isis". Les porcs,
les chèvres et les boucs n'ont pas joui d'une faveur aussi
universelle. D'après un personnage d'Aristophane, athé-
nien, Aphrodite n'eût pas voulu de sacrifices de porcs'"' ;
et, d'après Callimaque, elle ne les aurait acceptés qu'en
Pamphylie, sous le nom d'Aphrodite KaTxviriTiç '". A vrai
dire, ces deux affirmations sont trop catégoriques :
l'Athénien d'Aristophane est réfuté séance tenante par un
Mégarien'''; Callimaque l'a été par d'autres érudits'*, et
lui-même s'est donné un démenti en parlant des 'Tc-Vipia,
fête argienne en l'honneur de la déesse". Néanmoins, il
y a apparence que le porc, dans le culte d'Aphrodite, a
été une victime d'exception-". De même, et plus stricte-
ment encore, la chèvre dans le culte d'Héra : les Spar-
tiates seuls, si l'on croit Pausanias, l'immolaient à la reine
(les dieux-'; et nous ne sommes point sûrs qu'il convienne
d'ajouter les Corinthiens'--. AthénaàAthènes-\ Asklépios
à Épidaureetù Tithorée^', refusaient également cette vic-
time. Les répugnances d'une divinité variaient souvent
de pays à pays, de sanctunire à sanctuaire; et de même
ses préférences. On nous dit bien, en termes généraux,
que Poséidon préférait les taureaux, Athéna les vaches,
Déméter les porcs, Dionysos les porcs et les chèvres,
Arlémis et Aphrodite les chèvres, etc. Mais cela n'a rien
d'absolu. Quant aux raisons par lesquelles les anciens
expliquaient préférences ou répugnances de telle divinité
• Plal. J'Imed. 118 A;^crond. Mim. IV; ArU-niid. Oneir. V, 9; Lact. 111, 11,
7; Dittcnbcrgcr, m (««Uf;)- — ^ Flul. Qii. syinpos. VI, 10, 1 ; Inscr. gr. 111, 77.
— 3 A Ares, chez les Spartiates, comme ïi»>iTiij:o« (Plut. Insl. lacon. 25 ; Ages. 33) ;
à Nephlliys et à Osiris {/nscr. gr. III, 77) ; à Apollon (Anth. pal. VI, 155) ; au»
vcnls (Paus. Il, 34, 2) ; à Aphrodite Heitho et à Hermès (Michel, 709) i Léto et Art<--
mis, Kitlenherger, 938. — * Lucian. De sacr. i ; Jup. trag. 15 ; Porph. Vit. Pytii.
3li. — 'Ath.iO- E; 303B. — 0 Ath. )i5 A, B, F ; 330 B; CorDulus, 34. — 7 .4n(A./w/.
X, 16. — * Ib. X, 9, 14, IC. — 9 Paus. VII, IS, 7. — 10 Paus. IV, 31, 7. — U Aelian.
Uisl. anim. XII, 34; Var. liM. V, 14: Schol. Arat. Phaen. 132; etc. Cette réserve,
à lï'poque hislori(|ue, est loin d'ûtrc de règle. — 12 p. ex. Arist. Plut. 81^t sq.
— " Cf. Ililtcnberger, 20 n. 13; G15, n. 17; 6i9, n. 3: etc. — I' Ib. 624;
Paus. X, 32, 9. 11 est faux que Zcus ait dédaigné les brebis; on l'a allégué en
parlant d'un passage dAristotc {Elli. -Xicorit. V, 10) mal lu et mal compris.
— >5 Aristoph. A':h. 793. — 16 Callim. ap. Strab. IX, p. 370 Didot. — n Arist.
ilcft.794sq. — 18 Strab. L. l. - f' Ath. 91'. F; Eusl. /)<;//. XI, 417, p. 853. — 20 Cf.
Paus. Il, 10, 4. — -'1 Paus. 111. 1;., 7. — 22 Zenob. I. 27 ;Hesych. s. r. »U «h»-
vis-à-vis de telle ou telle victime, elles sont parfois futiles ;
en tout cas, elles ne se ramènent point à un seul et unique
principe. Ce sont parfois de simples jeux de mots. Le
rouget (TpiYÀ-f|), disait Apollodore -'et répète Athénée'",
s'offrait à Hécate parce que son nom rappelait des épi-
thèles courantes de la déesse : xpiuioo^oi;, rçnoôlTn;, -z^i-^X-r-
voç; le porc, insinue le Mégarien d'Aristophane ^\ est
une victime qui convient certainement à Aphrodite parce
que son nom (xo'p°?J désigne aussi les parties sexuelles
de la femme. D'autres fois, on arguait d'une ressemblance,
plus ou moins réelle, entre l'humeur du dieu et celle de
de la victime : les chèvres, disait-on, étaient immolées
à Aphrodite à cause de leur complexion amoureuse'^'
(mais on offrait également des chèvres à la chaste chas-
seresse Artémis") ; les taureaux étaient offerts à Poséidon
à cause de leur caractère impétueux'*'; les chiens à Ares,
à cause de leur goût pour les querelles^'; à Hécate,
parce qu'ils aboient à la lune''^; etc. Ici, la prétendue
hostilité d'un dieu ou d'une déesse à l'égard d'une
espèce d'animaux engageait, soi-disant, à les lui sacrifier:
ainsi les porcs et les boucs à Déméter ou à Dionysos
parce qu'ils gâtent semailles et vignobles '\ Là, cette
hostilité servait, tout au contraire, à motiver l'exclusion
(le telles ou telles victimes: par exemple, si, en Altique,
Athéna ne voulait point de chèvres, c'était, disait-on,
parce que les chèvres, qui rongent l'écorce des arbres,
endommagent les oliviers **. Dans les sacrifices aux
morts, la victime, quand il y en avait une, parait avoir
été d'ordinaire une brebis '", et de même dans les sacri-
fices aux héros'", exception faite pour les braves tombés
sur le champ de bataille et à qui l'on rendait des hon-
neurs héroïques; à ceux-là on sacrifiait des taureaux ".
En outre de l'espèce, il y avait lieu de considérer, dans
le choix des victimes, un certain nombre de caractères
physiques. D'abord, il fallait, en règle générale, que ce
fussent des animaux de bonne qualité, sains, irrépro-
chables, parfaits « de corps et d'àme « '^'. Des bêtes estro-
piées, malingres ou malades, n'étaient pas des offrandes
dignes des dieux. Les Spartiates en sacrifiaient pour-
tant'' ; et on en immolait, à Érélrie, en l'honneur d'Artémis
Aramynlienneou Ko/ainis'". Mais une pareille pratique
était une rareté. Ordinairement, les victimes amenées
dans un sanctuairesubissaient, de la part des desservants,
un examen plus ou moins minutieux ; celles qu'on se
proposait d'immoler dans des fêles publiques devaient
être, souvent, agréées par des commissaires (Ufoizoïoî,
£7ci^-/|Vtot, etc.)*'. Une inscription de Kos nous montre
avec quel soin, avec quelle solennité, étaient choisis les
taureaux destinés à être sacrifiés à Zeus Polieus et à
Zeus Machaneus''^. Une fois agréées, les victimes, en
— 23 Ath. 587 A.— 24Piius. Il, 20,7; X, 32,8. lien était autrement à Cyr(-ne. Paus.
Il, 20, 7. — 25 Ath. 325 B. — 26 Ath. 323 A. — 21 Ach. 794 sq. — 28 Schol. Luci.in .
D:lU. JUeretr. VII, I. —29 Aristoph. Eq. 060 sq. ; Xen. Anab. 111,2, 12; Aelian.
Var. hist. Il, 25; etc. — »" Proclus ad Hes. Op. D. 788. — 31 Paus. 111, 14, 9.
— 32 Schol. Theocr. Il, 12. — 33 Schol. Arist. Hun. 338 ; Sch. Plut. 1 129.— 3V Ath.
587 A. — 35 Eur. El. 92, 510 ; Philostr. Her. XIX, p. 743 ; etc. ; cf. Plut. Sol.
21. La vache stérile dont il est question dans V Odyssée (XI, 30) est unique en son
genre. Cf. Zeilschr. f. Ggmnnsialw. I8S0, p. 743. — 36 paus. 1, 34, 3 ; V, 13, 2 ;
X, 39. 4; etc. Cf. Zeilachf. f. Gymn. L. t. — 37 Plut. Arist. 21 ; Paus. IV, 32, 4;
Philostr. Her. XIX, p. 741; Kaibel, Epigrammala, 4'il. — 38 'Afi.», iii>if«, «irnf;,
4»aTi, t.wl.ii. i-JIîpa, «aU.irtiiovTa, ii«6aj<i (tuî ti siitKaz^ »«'. tTiî iu/.riï), ô).()»i>iç«, ûyiil,
etc. Cf. Arist. ap. Ath. 674 F ; Plut. De def. orac. 49 ; Pollux, I. 29 ; Lucian. De
sacr. 12. -33 [Plat.] 11 Alcib. 149 A. — *0 Aelian. Bist. anim. XII, 34. Cf. Schol.
Aristoph. Av. 873. — 41 Schol. Ilem. C. Mid. 171 : Ujoso.ov. tIiv (in,«o.:oi;vT<t -.u
OC.ïi«-« i^î iSd«i|»» ««; nr.ço,. — 42 Uitlonbergcr, Sijllage^, 016, 1. 5 sq. ; 617,
I. 10 sq.
SAC
— 9()0 —
SAC
allendanl le Jour du sacrifice, pouvaient eMre marquées
d'un signe spécial, qui rendait impossible les confusions
ou les substitutions"; et elles étaient engraissées^. La
<• santé de 1 ame » s'explorait par des procédés divers.
A Delphes, on présentait aux porcs des pois cliiclies, aux
taureaux des grains d'orge; et, s'ils n'en mangeaient
pas, ils étaient réputés mal portants : les chèvres étaient
aspergées d'eau froide ; celle qui, sous la douche, demeu-
rait impassible, était laissée de côté'.
En maintes circonstances, le sexe des victimes était
prescrit. Rituels et écrivains constatent, ici ou là, que
Ion peut offrir indifTéremmenl des mâles ou des
femelles' ; c'est donc qu'en général on ne le pouvait pas.
Toutefois, la règle formulée dans des textes de basse
époque, d'après laquelle le sexe des victimes eût été
assorti à celui des divinités % ne doit pas être acceptée
sans correction". Elle vaut, à ce qu'il semble, pour
Zeus ^ Poséidon ', Héraklès ' et Asklépios '°, pour
Héra et. presque constamment, pour .\théna". Elle ne
vaut pas pour .\pollon'-, Hermès'', Artémis", Aphro-
dite'^, Déméter et Koré'S etc."; et les infractions
qu'elle subit ne semblent pas étonner les anciens '*.
C'est une erreur de croire qu'aux déités chthoniennes
on n'olTrait que des victimes femelles ou des mâles châ-
trés " ; peut-être cette règle se vérifiait-elle mieux dans
le culte des morts -". Inversement, en l'honneur des
héros, on sacrifiait des mâles ■^'. C'étaient aussi des
mâles qu'on immolait pour solenniser un serment'-;
et, toutes les fois qu'il est question d'une rpixTota, cela
doit s'entendre de trois mâles ^^ : taureau, bélier, ver-
rai*'; bouc, bélier, verrat-"; taureau, verrat, bouc'";
1 Ib. 653. 1. 71 ; cf. PorpU. De abst. I, i5,.— 2 Phileni. fr. 133 Kock ; Plut. Ckom.
36. Cf. Paus. X, 33, 4.-3 Pluï. De def. orac. 49 ; cf. Revue des Éludes grecques.
1901, p. 53. Toulefois, en ce qui couceroe les chèvres, la signification de l'épreuve
était aussi comprise autrement (Plut. 0. l. 46 et 49 inît.l. — * I^lichel, liecueil
709; Ditlenberger, Syll. 2, 624; Paus. IX, 9, 5. - 5 Arnob. Adi>. nat. VM. 19. Cf.
Euseb. Praep. evang. IV, 9 ; Porph. De antro Nymph. 6. — 6 Cf. Neue Jahrbù-
cher, 133 !lS86). p. 3i4 sq. — ' Si ou admet que dans quelques textes (//. XV.
373; von Prott, Fasli. ÎO A, 1. Il; 2C B, 1. 47; etc.). oi? désigne un moutou.
— 8 Chez Aristophane (Ai*. 5*>7), olç ne désigne pas nécessairement une brebis
femelle. — ^ Mais il faut ajouter qu'à Héraklès on sacrifiait souvent û; ï-ptit
— 1» Même observation. — Il Cf. Schol. /liad. II. 550;Sch. Soph. Oed.Col. 1600;
Comulus. iTe?; 3>.6., 20. L'aflirraation de Pausanias I, 27, 9 (tôv êv twT M«p«9.ùvt
Tnîjo».... en«0;... Sùiai 'Mjtta.. -r.i «lu!) est Contredite par Plutarque, Thés. 14.
A relever, toutefois, une exception à Ilion [.Michel, liecueil d'inscr. 731, 1. 21); une
autre à Pergame, du lemps d'Hadrien (Kaibel, Hpigr. 1035, v. 21). — 12 Cf. Ditlen-
berger, 624 ^Thasos) ; Paus. Il, 24, 1. Les hécatombes qu'on offrait assez souvent à
Apollon n'étaient sans doute pis composées exclusivement de mâles. — 1^* .Michel,
necueil, 070 (Athènes) ; 709 (l.esbos). — <* Paus. IX. 19, 3 (Aulis) ; Callim. fr. 76
Schneider; Schol. Aristoph. Ai\ 873 ; Hesych. s. w. B^augu.îa, xa:;oosdvoq ; .\nton.
I.ib. 13; LacUnl. De falsa relig. 21, 30; etc. — li Plut. Thés. IS ; Tac. Hist. Il,
3; Michel, Itec. 709 (Lesbos). — 16 Plut. .Uor. 5S6 F; Eupolis, fr. 183 Kock ;
lnscr.gr. !I, 467.468, 470 : Michel, flec.670; Ditlenberger. SijU. 2, 20. l. 37; 015.
I. 17; von Prott, Fasti, 26 B, I. 44; etc. - '7 Culte de Léto (Aelian. Hist. an,
IV, 29;; de la Mère des Dieux (Michel, Recueil. 979, I. 6-7) ; de Tyché {Corp.
inter. gr. 1464); des Moires (Ditlenberger, 641, I. 37); de Gé (von Prott,
Fasti, 26 B. 1. 17-18); de Paudrosos (Aristoph. Al'. 971 et schol. Ad l.): de
Boubroslis (Plut. Quaest. Sgmp. VI, 81); elc. — '8 Cf. Michel, Recueil, 979.
— 19 Contre cette erreur, et sur la façon dont elle est née, cf. .\eue Jalirbùcher,
123 (1881), p. 80 et 74J. Exemples de victimes raàles ofTerles à Koré : Dilt. Syll.i.
615, I. 17 ; à Despoina et à Plulou. Corpus, 1464 ; à Hadès, Kaibel, Epigr. 1034.
-2" Schol Odyss. X. 522 et XI, 30; Schol. Apoll. Rhod. 1,587; Suidas, s. r
h-ijjiii^t-.JClym.m.s. v. T-t^i».. Cf. Xeue Jalirbùcher, 133(1886), p. 328; Festsehrift
fur FriedlAndfr. p. 425; Zu den griech. Sakralalt. (dans les Xoiae Symb. Joa-
chim. 19071. p. 11. Naturellement, doivent être mis hors de cause les morts qui
recevaient des honneurs héroïques: i'Iut. Arisl. 21; Paus. I, 32, 4; Kaibel.
£/)ijr., 461. —21 Paus. IV, 32, 3; Philostr. Her. XIX, p. 741 ; etc. Dans l'ins-
cription v. Prott, Fasti, 20 B, oii la victime destinée soil à un héros soit à une
héro'inc est plusieurs fois appelée ot;, il peut s'agir d'un mouton. Pélargé, à qui on
sacrifie une brebis pleine (Paus. IX, 25, 6), n'esl app ircmmeni pas considérée comme
une héro'inc. — '22 Unique exception : lliad. III, 103 ; cf. Stengcl, Zu dfn griech.
Sakratalthert. p. 15 sq. Ce que dit Suidas s. v. Daî; ô Mo'aott-t.v, — (t4; (sic) ?ot7;), —
est sans valeur. — 23 Isiros et Pbotius : iffhui>, cùvtuv tjtiTl» ; Hésychius et Sui-
das : »iii>. Si là.™ Tola •«; Î.,B7.<>. — i* Udyas. XI, 131 et Eust. Ad l. Xen. Anab.
taureau, lioiic, bélier-". Des mâles non châtrés sont exi-
gés dans un certain nombre de règlements"*; là où cette
exigence n'est pas explicitement formulée, les animaux
châtrés étaient admis. Quelquefois, semble-l-il, il fallait
que la victime destinée à une chaste déesse (Alhéna,
.\rtémis) n'eiit pas été accouplée^'. D'autres fois au
contraire, principalement dans le culte de Déméter,
déesse maternelle, présidant à la fécondité, ce devait
être une femelle pleine", ou qui avait mis bas".
L'âge des animaux offerts en sacrifice pouvait être
également fixé par les rituels. Il arrive qu'il soit indiqué,
tout au moins de façon approximative, par le nom même
qui désigne l'animal : (ioa/oç''^, àp/iV^', àu.vo'ç'', 'épi(t.oç'^
jjoipidxoç "■, /oipioiov'', ôpOavopî'dxoç'", 5éXça| '', SijJi.aXtç"',
Txùla.l, iTX'Aàxtov", etc. Mais nombre de documents con-
tiennent ù cet égard des indications plus précises. Sou-
vent il est question de victimes adultes (UperaTÉXetc.)'^ ou
de victimes qui tettent encore (vaXa6T|vi)". Ailleurs,
sont réclamés des animaux d'un an", de deux ans*',
de trois ans '^, etc. '^ ; ici, un porc qui n'ait pas plus de
dix-huit mois '*, un veau ou une brebis qui ait déjà
perdu ses premières dents'"; là, une truie pleine pour la
première fois"". En .\ttique, il était défendu, nous dit-on,
d'immoler un agneau avant qu'il eût été tondu ^', une
brebis avant qu'elle eût mis bas '^.
Enfin, les rituels stipulaient assez communément que
les victimes seraient de telle ou telle couleur déterminée.
Lorsque les Grecs sacrifièrent des chevaux, dansquelques
circonstances qu'ils l'aient fait, ce furent exclusivement
des chevaux blancs ou de couleur claire ". Les victimes
d'autres races pouvaient être de robe claire ou foncée,
11. 2, 9; Dem. C. Aristocr. 68 ; Calliraaque, fr. 403 Schn. ; Diod. IV, 39 ; Plut.
Pyrrh. 6 ; Paus. II, 11,7; Schol. II. XIX, 197 ; Hesych. s. o. ipi.Tiia. — 25 Aris-
toph. Plut. 820; Suidas, s. ». -fiTrl;.. — '26 Etym. m. p. 768, 17 (Isiros); Pholius,
5. 11. -p.îTiiv. -- 27 Eust. Ad. Od. XI, 130 ; Theocr. Ep. 4, v. 16 sq. ; Ditlenber
ger, Syll. 2, 20,' 1. 37 (ijusi^j ov). — 2S Ainsi à Jlykouos; Ditlenberger, Syll. 2, 615,
1. 6 el 9 («pli; tvojjT.;, à|iv»; l.ofjtr.;). Cf. Jt. XXIll, 147 sq.; Lucian. Bis accus.
10; Dial. deor. IV, 2, Platon le Comique, dans sou Phaon (fr. 174 Kock), paro-
diant le langage des rituels religieux, parle d'un -"Aaxow; èvôoxr.ç- — 29 Cf.
Kaibel, Epiip-. 1035; Bacchyl, (Blass), X, 103; XV, 20. L'épilhète ÎÇai, employée
dans ces textes, peut s'euleudre d'ailleurs de différentes façons. Chez Homère
(II. X, 292-2113 ; Od. III, 382-303), foJ; 4«iir.'^. comme le prouve le contexte,
esl dit d'une bêle qu'on n'a pas encore attelée (cf. //. VI, 94). — 30 Cornutus, Ilipi
OtJ.. 28: euiuai J'C; iv.univa; iti|iiiTj, nivu obtlu;. Exemples : Ditlenberger, 615,
I. 12, 16; Bull, de eorr. hell. XIV, p. 503, n. 4; XXVII, p. 72; VI, p. 25,1. 200 ; v.
Prott, Fasti, 26 B, l. 48-19. Ailleurs, on offre à Démêler une brebis pleine: Dit-
lenberger, 610, I. 61. De pareilles offrandes s'adressent à Gé (v. Prott, Ibtd. 1.
9) ; â Da'ira (ibid. I. 12, ; ii Rbéa (Ditlenberger, 617, I. 3) ; aux Euménides (Paus.
II, 11, 4); à Pélargé (Paus. IX, 23, 6); à Athéna elle-même (Ditlenberger, 616,
1. 57) et à Artémis (Kaibel, Epigr. 872) Platon le Comique, dans le fragment pré-
cité du Phaon, prescrit un «n-jXo; Iyxû^iwv. — 31 Ditlenberger, 521, l. 16 (po-j;
-piçla; iuo); 653, l. 68 (là» iaTO..). — '32 Ditlenberger, 438, I. 203; 734, I. 36.
— '33 Paus. II, 10, 1 ; Ditlenberger, 615, 1. 33 (les ipvi; s'opposeni au Tilt.o.) ; 618;
653. 1. 67 (les âpvt; s'opposent au xfto;^. — 3V Ditlenberger, 615, I. 9 (opposé à xptô;).
— 3.' Paus. VI, 2, 2; Ditlenberger, 616, I. 46, 59; 621, 1. Il; 623. — 36 Ditlen-
berger, 633, I. 68. — 37 Meu. fr. 318, Kock. v. 3. — M Alh. 139 B. — 39 Michel,
Recueil, 692, - 40 Lucian. Dial. JUeretr. VII, I; Dillenberger. 617, I. 5 el 22 ;
653, 1. 34 el69 («àiiaM; oô;). — *" Plul. Quaesl. rom. 68; 111. — 12 Michel,
Recueil, 673; 97a; Dillenberger, 306, I. 54-35; .391, l. 11 ; 601, 1. 31; 615, I. 35,
36 ; 616, 1. 61 ; 617, 1. 15, 23 ; etc. Cf. l'expression homérique Tilir.taaa UaTinS.;. Les
victimes immolées lors d'un serment devaient être des animaux •zi'f.na : Andoc.
Myst. 98; [Dcm.J C. Aeae-. 60 ; Thuc. V, 47. Hésychins dit qu'aux yeux de cer-
tains les animaux Tat-.oi étaient ceux qui avaient uu an fait : aux yeux de certains
autres, ceux ()ui avaient plus de dix jours (!). — 43 Pherecral. fr. 28 Kock;
Heniochos, fr. 2; Alh. 139 B; Michel, Rec. 673: 979; Dillenberger, 601, 1. 32;
etc. Cf. Ditt. 591, 1. Il (iî,i.,u); lliad. IV, 120 = XXIll, 873 (Ip,;. itj<.,Toïov»«) ;
Paus. IX, 8, 1 (2; Tûv vcoyvro-/). Les porcs qui servaient aux purifications étaient
généralement de tout jeunes animaux. — 4^ Dillenberger, 615, I. 23, 24, 25.
Cf. //. VI, 94: X, 292 (J.v,;). — 45 Ditl. 633, 1. 68; Kaibel, Epigr. 1035.
— a Etym. m. s. v. Tp.irla (Istros); Bull, de coi-r. hell. XIV, 164; Kaibel, Epigr.
1035. — 47 Chez Homère, Agamcmnon sacrifie à Zeus un porc de cinq ans (//. II,
4'i3). — 48 Dillenberger, 522. — " Jbid. — 50 Ditl. 613, 1. 16. — 61 Philoch. ap.
Ath. 9 D; Audrot. ap. Alh. 375 B. — 2 Audrot. L. l. — 53 Aristoph. Lyt.
192; Plul. Mor. 774 D; Pelop. 22(;.,«r,v); Appîan. Mithrid. 70; Lucian. Scyth.ï.
É
SAC
— 961 —
SAC
suivant la nature du sacrifice et la qualité de ceux à qui
on l'otTrait. Un scholiaste d'Homère dit qu'on ne sacri-
fiait pas aux morts d'animaux blancs'; cette règle
(abstraction faite des sacrifices de chevaux) semble avoir
été générale ; morts et héros reçoivent des victimes
noires^ ; il n'y a d'exception que lorsqu'on sacrifie à un
mort (liq 6£wï'. Parmi les dieux, si l'on en croit certains
auteurs anciens, les dieux du ciel eussent exigé des vic-
times de teinte vive ; les dieux chthoniens, des victimes
de teinte sombre '. Cela n'est pas rigoureusement exact.
Comme les morts, les déités chthoniennes reçoivent en
général des victimes noires "'. Mais Hélios est le seul à
qui l'on n'ait offert que des animaux clairs". Aux autres
dieux, on offrait des victimes de teintes différentes, selon
que le sacrifice était destiné à reconnaître leur bien-
veillance ou à désarmer leur courroux''. Même dans les
sacrifices expiatoires ou purificatoires, des victimes
blanches furent quelquefois admises '.
Il arrivait souvent, surtout dans les sacrifices publics,
qu'on immolait plusieurs victimes à la fois. Le nombre
pouvait en être très variable. Signalons quelques groupe-
ments qui ont joui d'une faveur particulière, et qui furent
désignés par des vocables spéciaux. D'abord la xpiTTot'a',
dont nous avons déjà parlé; en dehors des sacrifices
accompagnant un serment, nous la voyons offerte à
Apollon'", à Poséidon", àDéméter'^, aux déesses d'Eleu-
sis et à Iakchos '^ à Asklépios", à Hélène et aux Dios-
cures '% à Héraklès'" et à Euhamérion'^ quand on leur
sacrifice <!>? 6soT;, à Priape'*; tous les dieux, probable-
ment, pouvaient en recevoir l'offrande, sauf Athéna, à
qui l'on n'immolait point de mâles". En d'autres
circonstances, les animaux sacrifiés étaient au nombre
de douze ^°; ils composaient alors une Swosxiç ou SojSe-
xiiç*' ; citons, à titre d'exemples, les dodécades que
menaient à Délos et à Delphes les théories athéniennes " ;
ces dodécades comprenaient onze tètes de petit bétail et
un bœuf, d'où les noms de ôuôexiç irpioroêota^^ oaiSexic
PoÛTtpojipoç^'. Plus connues que les dodécades et les Irit-
tyes sont les hécatombes^"'. Exactement, le mot éxa-
TÔ[ii.6T| désigne une offrande de cent bœufs. Mais il fut de
bonne heure employé par abus'-^ D'une part, il s'ap-
pliqua à des sacrifices où l'on immolait un petit nombre
de bœufs" (quelquefois un seul bœuf^*) et du menu
bétail, ou même exclusivement du menu bétail" ; d'autre
' Schol. II. XXIll, 30. — 2 OU. X, 5Î7; XI, 32; Eurip. El. 510; Plut.
jlm«. 21 ; Slrab. VI, p. 28i ; Paus. V, 13, 2; X, 29, 1; Pliiloslr. Uer. XIX,
p. 743 ; etc. - 3 Philostr. ffer. XIX, p. 741. — 4 Eus. Praep. evang. IV, a,
i: Arnob. Adv. nat. VII, 19. — 5 Jtiad. II, 103 (Gaia) ; Plut. Luc. 10 (Phéré-
pltatta); Quaest. sympos. VI, 8, i (Boubrostis) ; Appian. Mithrid. 75; Aristopli.
Dan. 8i7 (les vents) ; Scbol. Œd. Col. 42 (ies Euménides) ; Kaibel, Epiyr. 1034
(liuchaités); Dittcnberger, 615 fGé Clittionié, Zeus Clitlionios) ; v. Pioli. fas<i,
n- 26 B, 1. 17-18 (Gé). — » 11. III, 1U3; Inscr. gr. XII. 1, 892; Pliiloslr, Uer.
XI, 1, p. 309. — "A Poséidon, par exemple, nous voyons offrir tantôt des
victimes noires iOd. III, 0, avec la scholie de Uidymc ; cf. Cornulus, Titç'i cit. «iSv,
ii), tantôt des blanches (Dittenberger. 615. I. 5 et 10 ; Pind. 01. XIII, 691, tantôt
des fauves (Pind. Pyth. IV, 205). — » Aristopli. fr. 204 Kock ; Diog. L. I, 110 ;
Dittenberger, 653, 1. 67. — 9 Appelée aussi ipiTio«, ifixTO», t^ittO;. Sur ces diverses
formes, cf. Dittenberger, 20, note 11. — 10 Etym.m.f. 768,17 (Istros); cf. Boeckh,
Corpus, 1688. — Il Od. XI, 130. — 'iJnscr.gr. I, 534. — 13 Dittenberger, 20, I.
37 ; Insrr. gr. I, 5. — H Arist. Plut. 820. — '!• Eust. Ad Od. I, 399. — 16 Diod.
IV, 39. — 17 Paus. II, 11. 7. — 18 [^Theocr.J Epigr. 4, 16 sq. — '9 AVue Jalirb.
133 (1886), p. 330. — îO Cf. II. VI, 308, d'où il ressort que les dodécades n'étaient
pas nécessairement, comme les trittyes, formées de victimes raàles. — 21 Hesych.
». V. Su$tvr/ja (9ti-Tîa.^ Tiiv êk SwSêxa ÎEoEÎtuv ; les autres explications proposées' sont
fantaisistes ; cf. Bull, de corr. Iiell. XXX. p. 306.307) ; Eustatli., p. 1386, 48 ; 1670,
M. - 22 Bull, de corr. hell. XXIII (1899), p. 8.H sq. ; XXVIU ( 1904), p. 171-172;
XXX (1906), p. 306 sq. Autres esemples de dodécades à Delphes : Dittenberger,
438, 1. 199-200 ; 281, 1.9. — n Bull, de corr. hell. XXX, p. 311, n» 60. — 24 /4iV.
p. 314-316, n" 1)2, 63: Uitl. 281. I. 9. — 20 Les kehdomades ou groupes de sept
Vin.
part, on appela hécatombes des offrandes qui ne com-
prenaient pas une centaine complète de victimes'".
Inversement, le mot peut désigner des sacrifices de plus
de cent victimes, comme il s'en offrait quelquefois".
Le mot yiÀioaêT) ne se trouve qu'à une basse époque '-.
J'ai réservé, pour en parler à part, la question des
sacrifices humains. Il n'est pas douteux qu'en pleine
époque historique de pareils sacrifices aient existé chez
les Grecs. Ainsi en Arcadie, sur la cime du Lycée, lors
des fêtes de Zeus Lykaios ^' ; à Rhodes, annuellement, en
l'honneur de Kronos'"; à Leucade, annuellement aussi,
en l'honneur d'Apollon-^; en lonie^^et à Athènes pendant
les Thargélies", en l'honneur du même Apollon; etc.''*.
Dans les trois derniers cas, la qualité du dieu à qui les
victimes étaient offertes (Apollon Kalharsios) et les noms
qu'elles portaient (Trep'.'l/riiAaxo, (pap|xax&'' ou xa8âp[AaTa) indi-
quent bien l'intention des sacrifices '"; dans les autres
cas, il doit s'agir de même de sacrifices purificatoires ou
sacrifices-rançons. A une époque antérieure, le retour
périodique de pareils sacrifices avait été vraisemblable-
ment plus fréquent'". On discerne, dans le rituel de
ceux qui subsistèrent, la réprobation de ce qu'ils avaient
de barbare ou le souci d'en atténuer l'horreur : en Arca-
die, le sacrificateur des Lykaia devait s'exiler après la
cérémonie, comme un meurtrier ; à Athènes, à Rhodes,
à Leucade, on prenait pour victimes des criminels, qui
avaient mérité la mort; à Rhodes, le patient était enivré
avant de marcher au supplice; à Leucade, où on le pré-
cipitait du haut d'un rocher dans la mer, des précautions
étaient prises pour amortir sa chute, des barques se
tenaient prêles pour le repêcher s'il ne se tuait pas en
tombant et pour le conduire hors du pays. Ailleurs, le
sacrifice humain n'a persisté, si l'on peut ainsi dire, que
sous une forme réduite : par exemple à Halai, où, lors
des fêtes d'Artémis Taurique, un homme était blessé à
la gorge d'un coup d'épée " ; à Sparte, où la diainasli-
gùsis des jeunes garçons autour de l'autel d'Artémis
Orthia s'est substituée peut-être à une immolation*-.
Ailleurs , enfin, des victimes animales ont pris la place des
victimes humaines. On nous le dit nettement dans cer-
tains cas'^ Ou bien cela s'exprime par de bizarres prati-
ques traditionnelles. A Ténédos, une vache qui avait mis
bas était soignée comme une femme en couches; le veau,
avant d'être immolé à Dionysos, était chaussé de cotliur-
victimes, dont on a prétendu discerner la mention dans quelques textes altérés,
n'existèrent probablement jamais (Hermès, XXXVIII, 1903, p. 568 sq.).
— 26 D'où l'opportunité de formules comme celle-ci ; baxôtiSr.v twï ovtî ôtioa; xaî
0-; 4eu5i...0|ii.,; (Ath. 3 D). —^'Jliad.l, 315-310; Soph. Trach. 760-702.-2» •£««■:•
po-jiïçuipoî ; cf. Hesych. s. v. ; PInt. Quaest. sympos. IV, 4, 2, 10; Dittenberger,
281, I. 8. — 29 niad. IV, 120 = XXIII, 873. Cf. l'emploi abusif de eoi/luTiTv (Arist.
PhU. 819 ; etc.). — 30 //, VI, 93 et 1 13 ; Od. 59 ; cf. 7-8. Une Tci^totra l«.Tiiner,
n'est rieu autre chose qu'une hécatombe d'animaux adultes (Neue Jahrb. 131.
p. 103). — Il Diod. XI, 72; Isocr. Areop. 29 ; Plut. De malign. Herod. 20.
— 32 Eust. Ad 11. p. 49, 4; .irf Od. p. 1454, 26 ; Julian. p. 214 A ; Thcodoret. p. 2S2
Gaisf. — 33 Pans. VIII, 38, 5; Porph. De alistin. Il, 27. — 3'. Porph. O. (. Il, 5i.
— 36 Strab. X. p. 452. — ac llipjionax, fr. 37 Bergkt. — 3^ Harpokral. s. f.
ça5|i«»05. Cf. Schol. Aristoph. i'îMif. 1136; Ran. 730; Plut. 454; Suid. s. v.
•afna.dî : Hellad. ap. Phot. Bihl. 279, p. 534; Tzetz. Chil. V, 72C sq. La périodicité
des sacrifices humains des Thargélies a été contestée par Stengel, Bermes, XXII
(1887), p. 89-93. — 38 Cf. Plal. Leg. 782 C; Min. 315 C. — 39 De mémo l'ex-
pression de Strabon à propos des sacrifices de Leucade : îiïotpdttt;; x^?'^'
— 10 Voir les exemples réunis par Alaury, Beligions de la Grèce, II, p. 101-102.
— 11 Eurip. /pA. T. 1458 sq. Sur les Agiionia de Béotie, cf. Plut. Quaest. Gr. 3k.
— 42 Paus. III, 16, 7; Philostr. Vit. Apoll. VI, 20, 2. L'usage de la diamastigôsis
a toutefois été expliqué autremenl : cf. S. Reinach, Cultes, mythes et religions,
I, p. 173 sq. — 43 A l'olniai, Dionysos, disait-on, avait autorisé le remplacement du
sacrifice annuel d'un bel enfant par celui d'une chèvre (Paus. IX, 8, 1). En Achaie,
on gardait le souvenir de sacrifices humains qui, avec le temps, avaient disparu,
sans compensation semble-l-il (Paus. VII, le, 2-3).
121
SâC
— 902 —
SAC
nés, et le prélre qui l'immolait devait fuir, après le
sacrifice, jusqu'au bord de la mer. poursuivi à coups de
pierres par l'assistance ; probablement, au lieu d'un veau,
les Ténédiens avaient jadis immolé un enfant'. En
dehors des sacrilices périodiques, beaucoup de sacrifices
humains nous sont connus parla fable. Ce sont ordinai-
rement des sacrifices-rançons, moyennant lesquels on
achetait une heureuse traversée, un succès militaire, la
lia d'une famine, d'une épidémie, d'un fléau quel-
conque-; tel le sacrifice d'enfants accompli par Ménélas
en Egypte'; tels les sacrifices d'Iphigénie', de Po-
lyxène', de Macarie*^, de Ménécée', de Kodros', des
filles de Léos', des filles d'Érechtheus '", des filles d'An-
tipoinos", de la fille d'.\ristodème '-, etc. Ce sont aussi
des sacrifices purificatoires, comme celui qu'aurait
accompli Épiménide à .Vthènes'^, ou ceux qui furent
réclamés, dans de pareilles circonstances, à Sparte" et à
Syracuse'^. Les auteurs grecs qui ont parlé de ces sacri-
fices les ont qualifiés sévèrement '^. Et l'histoire ne nous
fait connaitre, à partir du v" siècle, presqu'aucun inci-
dent du même genre, .\vant Salamine, à l'instigation
d'un devin fanatique, Thémistocle, si l'on en croit Plu-
larque, dut sacrifier à Dionysos Omeslès trois prison-
niers persans'^ .\gésilas, au moment de passer en Asie,
reçut en songe l'ordre d'offrir un sacrifice humain ; mais,
se rappelant l'histoire d'Iphigénie, il se tira d'affaire en
sacrifiant une biche ". Pélopidas, avant, la bataille de
Leuctres, vit dans son sommeil les filles de Skédasos
qui réclamèrent l'offrande d'une cierge blonde ; cette
fois encore, grâce à l'ingéniosité du devin Théokritos, le
sacrifice humain fut évité ; et, en guise de rier//e blonde,
on immola une cavale ".
Parmi les offrandes non sanglantes (6J£a)^°, les gâteaux
ou pâtisseries au sens large du mot méritent, vu leur
fréquence, d'être mentionnés au premier rang. On les
nommait TtoTtava'-', TtsiAixaTi'-", zsÀavot'-', ij/a'.ffTx'"', o9oTç-°,
âsTùi-'',^iÇai-'',IXaTTip£(;",àfE!rrYip£ç-'\ÛY!'£ta"',va(îTd?",etc.
Un de ces noms, -îXavo;, appelle quelques mots d'explica -
lion. Tantôt il désigne une pâtisserie solide, une espèce de
' AcWan. Hisl. anim. XII, 34. Rappiochei' Ihisloirc d Hérakl^s oITrant à
Arlémis .Mounycliia une chèvre liabilléL- en jeune lille {Paroemiogr. yrneci,
I, p. Mil. — 2 Eurip. El. 11124 sc|. ; Plut. De def. orac. 14; Phylarcli. ap.
Porpli. De alislin. 11, 56 = Euseb. Praep. enaiig. IV, 136 D. — 3 Herod. III,
l'j. — i Slasinos, Kijpria : Aesch. Ag. Î14 («uai-.jio; e«;«): 1418 (l^tii;
e}i|i.iuv 4r..»i;i.vi. — ô Eurip. Hec. 539 sq. ; 900 sq. ; li89 sq.; etc. Peut-ètie,
chez les épiques {liutpersts)^ le sacrifice avait-il pour but de satisfaire l'âme
du héros pir l'olTrandc d'une part de buliu. Toutefois, quand le poète repré-
sente Xéoplolèmc invitant l'ombre d'Achille à venir boire le sang de la jeune
fille (v. 33.Î si|.', il prête à la société héroïque une sauvagerie de fantaisie
(cf. FesUclirift fur Friedlâmler , p. 416-417). — 0 Eurip. Heracl. 408 sq.
— 1 Eurip. l'hoenic. 690 sq. ; Apoll. III, 0, 7. — 8 Lyc. C. Leocr. 86 sq.
— 3 [Deni). fÇpilaph. SO ; Phanojeni. ap. Phol. ». t'. Ac«..ifiov. — tO [Dem].
Epilaph. 27; l,yc. C. Leocr. 99; Apoll. 111, lî, * ; Suid. ». ». .«jSivo,. — Il Pans.
IX, 17, I. — 12 Paus. IV, 9, i cl ô. Cf. Plul. Parait. ÎO. — i: Noanlh. ap. Ath.
60J CD ; Diog. L. 1, 110. — 14 Plut. Parall. 3S. — 15 Plut. Parall. 19 ; J. L;dus. De
mens. p. 113. — '6 '.v,-.^-,- (Aesch. Ag. 149); ;:a;«vo;»o;, jàf6»po; (Plul. Pelop. 21);
£t..l t-,i«(Paus. VU, 19, 3; cf. Eur. Jpli. T. 463). — 1" Plut. Them. 13 ; Ariat. U
(d'après Phanias d'Érésos ; l'anecdote n'est pas contée par Hérodote,. ~ 1» Plul.
Agen. 0. — 19 Plut. Pelop. 20-22. —20 Cf. Hermès, X.XVII (1892), p. 447-448.
— 21 Arist. Thesm. 285; Diog. I.. Vlll, 13 ; Lucian. Katapl. 2; Michel, /iecueil,
C92; DitIcnbcrgcr '2. 031 ; etc. — '22 Paus. 1, 26, 6; Vlll, 2. I ; Schol. Thuc. I,
126; etc. — 21 Eurip. /on, 226; Uet. 1334; .\rist. Plul. 661 et scliol. Ad l.;
Apoll. Rh. IV, 712 ; Herond. .Uim. IV. 91 ; Paus. Vlll, 2. 1 ; Dillenberger, 20, I. 36 ;
587, I. 280, 284, 291 ; 028 ; etc. Des scholiastes ou lexicographes confondent les
«r»»/»! avec les 5i>i«y» ou ::cyiii«a ; mais à tort {Bennes, XXIX, p. 283). — 24 Arist.
Plut. 138 et schol. 137-138 (-i.,,,;,, il mji»; iit.jo-, i).,i„, i^ii^i^i^o, ■ ..,.jp,,„,.i,
ji uï li 5i!:«vo.\ 1113 ; Anliph. fr. 306 Kock ; Herond. Mim. IV, 92; Anth. pat.
V, 17; VI, 190, 191, 300; Alh. 660 A ; 672 C; Suidas, ». v. ; Hesych. ». v. ; etc.
— 'i' Arist. Plut. 677; DitIcnbcrgcr, 616. I. 31, 38; etc. — '26 Ditleaberoer, 616
1. 48. — 21 Paus. III, 23, 5; VI, 20, 2.-28 Suidas el Hesych. ». i° Schol.'
gâteau plat, de crêpe ^- ; tantôt une bouillie, une pâte quasi-
liquide, susceptible d'être répandue comme une libation".
.\ssez probablement, le irsÀivd;, sous ces deux formes,
correspond à deux âges dans l'histoire des céréales, ou
plutôt de l'usage que l'humanité en sut faire ; le wEXavoç
liquide est un souvenir de la période oii l'on ignorait
encore la fabrication du pain'". Le TreXavo; contenait ordi-
nairement du mieP'' ; et il s'offrait le plus souvent aux
divinités infernales '^ Ces deux caractères le rapprochent
d'une espèce de gâteaux nommés u.sX'.to'jTTat ; ce sont des
liLïXiToiJTTott qu'on donnait au serpent d'Athéna sur l'Acro-
pole d'Athènes^'' ; les clients de Trophonios en tenaient à
la main '* ; etles morts en emportaient avec eux pour les
jeter à Cerbère". Citons encore une bouillie de farine et
de lait nommée yi^i;'!, qu'on ofTrait à la Mère des Dieux*".
La forme des gâteaux solides pouvait être très variée".
En outre de gâteaux reproduisant l'aspect d'un animal*^,
il y avait des gâteaux en forme de broches, c'est-à-dire
allongés, qu'on appelait oÇsXiai, et qui s'offraient à Dio-
nysos'' ; il y avait des gâteaux en forme de lune ((jeXti-
vai)'*, des gâteaux ronds autour desquels on plantait de
petites torches et qu'on offraità .\rtémisMounychia'^; il y
avait des gâteaux en forme d'arc, de flèche, de lyre, des-
tinés à Apollon"; il y en avait en forme d'autels",
d'autres en forme de cônes (■TrupafxtÔEç) pour les dieux
chthoniens et les morts'* ; il y en avait qui représentaient
les parties sexuelles de l'homme ou de la femme", etc.
Parfois, ils devaient avoir des renflements (àjjK^aXoi) en
nombre déterminé'"; et la disposition, le plus ou moins
de hauteur de ces renflements pouvaient être régle-
mentés"'. De même le volume des gâteaux, ou la quan-
tité de farine qui servait à les fabriquer'^. IlEXavoç ou
gâteaux accompagnaient souvent une victime animale à
titre d'ofTrandes accessoires"'. Ou bien, avant d'offrir à
tel ou tel dieu un sacrifice sanglant, on devait les offrir
préalablement à quelque autre"'.
Des offrandes de légumes et de fruits sont assez souvent
mentionnées. .\ Mykalessos en Béotie, Déméter recevait
chaque automne oaa h oTtiôcai TrÉ^puxsv ■ïr^ y7f çépciv"". En
Arisl, Equit. 1181 ; Ach. 24l. ; Dillenberger, 439 el n. 7: 617.— 29 Polluï, VI, 76 ;
Bekker, Anecd. 215, s. v. àp:mif ; Michel, Recueil, 676; Dillenberger, 631.
— 30 Poilus, VI, 76 ; Herond, Mim. IV, 94, — 31 Michel, Rec. 692. — 32 Hesych.
». f. {n!';i;.«-:« s!; 9j»:o,- ls.T,-is,a) ; Suid. ». v. 4-,àoT<Toi et f,i\f..<,.,. — 33 Chei
Sajinyrion (fr. 1 Kock), le -''xavo; est assimilé aux o-k^wh, qui sont une bouillie
d'orge {Eranos -\indobonensis, p. 378). Le mol se"(,avo; s'emploie abusÎTement en
parlant d'huile ou de sang qui coule ; Aesch. /*er». 816; Aj. 96 ; Choeph. 92 (cf.
87 et 149); Eum. 26? Icf. 304 sq.) ; Eurip. Aie. Soi: Or. 220; Mes. 430.
— 3* Bermes. .X.XIX (1894), p. 285. — 35 îbid. p. 623-626. — 36 Au.x mêmes qui
proscrivaient les libations de vin [Bermes, XXIX, p. 288) : Aesch. Pers. 204 et
523 sq.; Eurip. fr. 912 .\auck ; Apoll. Rhod, IV, 712; Paus. 1, 26, 5; Porpb, De
ahsi. Il, 10 et 29; Suid. s. v. Douçiv.» ; Hesych. ». ti. Aiiii<iXu>; etc. Mais Pollui
dit (VI, 76) : itt'«<l»«\ «oivoi ,:«, O.oT; ; cf. Eur, Bipp. 147 ; Aesch. Ag. 96; Dion.
Halic. Il, 7*. — 37 Herod. Vlll. 41 ; cf. Hesych. ». v. oî.oupiv içi«. — 38 Paus.
IX. 39, 3; Pollui, VI, 76; Arist. ?luli. 507-508, Cf. Inscr. gr. VII, 3035, I. 1-7.
— 39 Suid. ». V.; Schol. Arisloph, Lys. 601. — 40 Bekker, ineed. p. 229 : r«)d->. ■
éoo-i; 'Aftr.vTiai ixi^tç"! fltwv àY«:*=v»i i'^^- ■^' Mommsen. Fesle der St. Ath. p. 449 ; Inscr.
gr. II, 470, I. 13), ;, nî îiojo. tr." -a'.,»;:». ; cf, Hesych. p, 333.-41 Sur un aulel du
Pirée (Dillenberger, 631), l'aspect réglementaire des ;:ô-a,.a prescrits était représenté
par un dessin (I. 16-17). — 42 Schol. Thuc. I, 126: Michel, Recueil, 692 (SoJ.
lotvi.iaTovl ; Pollui, VI, 76 (=t;»^a «l'oaT» t>oï -[-r-.Yni',..,) ; Miller, Mélanges, p. 377
(e!; «1^(1. ?oi;); elc. Cf. Bermes, XXXVIII (1903), p. 573-374. — 43 Pollui,
VI, 75. —44 Pollui. VI. 76: Suid.». i'.4.à<rtaToi,3w ESJofio,-, «Aiîv». ; Hesych.», r.
ailr^-u.;; Eurip. fr. 350 .Xauck. — 45 Poil. VI, 75; Ath. 643 A; Philem. fr. 67 Kock,
— 46 Sleph, Byz. ». r. -«■:«?«, — *" Dillenberger, 031. — 48 Collcclion Sabouroff,
commentaire de la planche xxx. — 49 Alh. 647 A. — 50 Michel, Rec. 692 ; Inscr. gr.
II, 1661, 1665. — 51 fbid. : Sbt^txit^a.'i.'.v xa^-jn-^o» (oui spatio medio piano duodecim
sunt umttitici marginales, v. Prolt) ; ^«îîxôvsafcov èyOô-ysaXov {cujus umbiticus médius
est erectus). - -2 Poil. VI, 73 ; Michel, 692; Dillenberger, 439 ; 617. — 53 Voir ci-
dessous, p. 969, notes 26 et 27; et la figure 5997. Cf. Herond. Afim. IV; DiU. 616, 1.
37-38; etc. —54 Eurip. /on,2i6sq.; Dillenberger, 617,1. 17 ; 631, — 55 Paus. IX, 19,4.
SAC
— 96;}
SAC
Arcadie, on apportait en don dans le temple de Despoina
de tous les fruits comestibles que produisaient des
arbres, les grenades exceptées'. A Trézèue, Poséidon
recevait les prémices des récoltes'. De même, à Ttiéra,
la Mère des dieux ^ Fruits, légumes et graines pouvaient
être offerts à la divinité dans des xéovyi ou xécvoi, c'esl-à-
dire des plats divisés en compartiments'. Les Delphiens,
pendant les Théoxénia, offraient à Léto des poireaux^
A Patrai, au cours d'une fête locale, on déposait des cou-
ronnes d'épis près de la statue d'Artémis'. En Atlique,
lors des Pyanepsia, on faisait cuire des légumes iô'd-pia),
principalement des fèves (-ruavoi) ' , qu'on offrait à
Apollon*; une branche d'olivier décorée de bandelettes
et à laquelle pendaient des fruits, des pains, des fioles
pleines de vin, d'huile, de miel, Veirésioné, était portée
processionnellement au temple du dieu et placée à la
porte'. Pareilles offrandes se reproduisaient au moment
des Thargélies '". Aux Oschophories, des pampres chargés
de grappes étaient offerts à Dionysos et à AthénaSkiras".
Sur les autels de l'Altis, les Éléens, une fois tous les
mois, déposaient des rameaux d'oliviers'-. Des rayons
de miel sont mentionnés dans plusieurs inscriptions
liturgiques''; à Phigalie, on en apportait sur Fautel de
Déméter. avec des fruits et de la laine brute '\ Nous
entendons parler aussi de fromages, de gâteaux au
fromage '^
Les libations formaient une autre classe, très impor-
tante, d'offrandes non sanglantes. On les désignait, en
en général, par le mot a-Tovôai. Lorsqu'elles s'adressaient
aux morts, leur nom était /oïi'"; s'appelaient également
/ootî, ou Xoi?a!, les libations faites en l'honneur de cer-
taines divinités chlhoniennes". Des libations accompa-
gnaient presque tous les sacrifices". Elles constituaient
parfois le sacrifice à elles seules. De même que l'homme
pieux abandonnait à la divinité une part des animaux
qu'il tuait pour sa subsistance, de même il répandait en
son honneur quelques gouttes de ce qu'il buvait''-'. Les
sijmposki commençaient par une libation -" en l'hon-
neur de r'AfotOôçSïijj.cov ou d'Hygieia^', etchacun des cra-
tères que vidaient les convives était dédié à un dieu, ou
bien à un héros, qui en avait les prémices ^'. C'étaient le
' Paus. VIII, .57, 4. — 2 Plut. Tkes. 0 init. — 3 Ditlenberger, 630. — '■> Polcm.
ap. Alh. 470 E; 478 G. — 5 Alh. 372 A. — « Paus. VlU, 2U, I. Cf. Himcr.
Orat. VII. 2. — ' D'où le nom de la fête et du mois Pyanepsion; PoU. VI,
«I ; Photius s. V. r.uavoi; Suid. s. V. tif.a.,;-/.,, n.javiiiu. — » Plut. Thes. 22.
— 5 Plut. L. l.; Schol. Arist. Equit. 729; Plut. 1054; Eust. Ad II. XXII,
4!1S, p. 128.); Suid. s. V. s!ps»,4v,; etc.; cf. Mannhardt, Wald-und Feld-
kulte, p. 214 sq. Dans plusieurs textes, relptiri^v,] est attribuée à Hélios el aux
Heures; cf. Porph. De abst. II. 7. - lO Soh. Arist. Ll. Ll.\ Suid. s. i: tipsoiùvr,.
— 11 Proclus ap. Phot. Bibl. p. 322 Bekk. — 12 Paus. V, 15, 0. — 13 Dit-
teubergpr, 031 ; /nsa: gr. II, 1662 ; 1667. — n Paus. VIII, 42, 5. Même
association dans un fragment du Pohjidos de Sophocle, citi* par Porphyre, Oe
abstin. II, 19. Dans l'inscription Michel, ,692, est prescrite l'offrande d'une
««.««fi(. à Zeus Géôrgos. — is Od. IX, 232; [Xen.] Hesp. Laced. Il, 9; Alexis,
fr. 196 Kock; Ath. 658 D; Michel, 1001, 1. 30-37; 'Ae^vaio., I (1872), p. 257;
Ditlenberger, 016, I. 49; Sitzungsber. der Wiener Akad. 1895. 23. — '5 Eust.
AdOd. X, 518. Cf. le titre Choéphores: Lucian. De luctu, 9; etc. (Juelquefois,
surtout chi-z les poètes, les libations aux morts sont appelées loiSal (Soph. El.
52), cr,j«; (Ibid. 89î), sooc (Eur. Hel. 1587|, ,..1t'a« (Ap. Rh. I, 1075; Paus. IX,
17, 4). — n Eurip. Jph. T. 169; fr. 912 Nauck2. — 1» Cf. ci-dessous, § III.
— 19 /(. VI, 258-260; VII, 480; Od. III, 395 = VII, 184; Plat. Phed. 117 B;
Ath. 482 B; Plaut. Cure. 125 sq. ; etc. Rapprocher les libations d'eau des
compagnons d'Ulysse, Od. XII, 362. — 20 Xenophan. fr. 1 ; Eurip. Ion, 1032 sq. :
Plat. fr. 69 Kock; Aristoph. Vesp. 1217 sq. ; Xen. aellen. IV, 7, 2; Plat. Symp.
p. 176 A ; etc. — 21 Ath. 486 F, 693 DE; Poilus, VI, 100; Schol. Arist. Eq. 83 ;
etc. Cf. V. Fritze, De libatione, p. 40-45. — 22 Polkix. VI, LS; Schol. Pind.
/«Mm. V, 12; Schol. Plat. Phileb. p. 383: etc. Les titulaires de ces libations
successives n'ont pas été les mêmes à toute époque; cf. v. Fritze, O. l. p. 45 sq.
— 23 E^îovSjl; Ti^vî,. : Eur. Hel. 1235 ; cf. Diels, Sibill. Blâtter, p. 72 sq. A rele-
ver aussi l'expression courante fvof/ov xai s'yoçao» : Corpus, 2554 ; 2555. — 2i Thuc.
plus souvent des libations isolées qui solennisaient les
serments : d'où l'expression cTtovoi; TtoieEirOai (ou même
(77T&v3iç T£[iv£iv) pour Signifier <( conclure une trêve, faire
la paix » -'. Dans le culte des morts aussi, des libations
s'étaient substituées pour l'ordinaire, pendant l'âge
classique, aux sacrifices de victimes: on y ajoutait de
temps en temps des gâteaux ou des fruits"; mais cela
même était rare. D'autres exemples de libations isolées
se trouvent en grand nombre dans les textes el les
inscriptions. Qu'il suffise de rappeler les libations
qu'Œidipe, dans Œdipeù Cofone, offre aux Euménides " ;
les libations qui accompagnèrent la prière solennelle,
lorsque la flotte athénienne leva l'ancre pour la Sicile-" ;
les libations à Pan. à Priape, aux Nymphes et autres divi-
nités agrestes, dont il est question assez souvent chez les
poètes bucoliques el dans les épigrammes de VAîi/ho-
/o(/2e-'' ; etc. ^". Ce qui servait le plus habituellement aux
libations, c'était le vin ; el le vin mêlé d'eau, tels que les
Grecs le buvaient^". Quelquefois, cependant, les libations
devaient être de vin pur, a-Kovo-A ây.paxot : c'était le cas, par
exemple, pour la libation que l'on faisait à table en
l'honneur de r'Ayotôb; S^'iacov'"; c'était le cas pour les liba-
tions qui accompagnaient un serment^ '.On offrait aussi du
vin pur aux morts ^-, mais non pas d'une façon régulière ''.
Ou bien, au contraire, le vin était proscrit. Dans Œdipe o
Co/one, Œdipe demande de quoi il doit remplir les trois
cratères qu'il offrira aux Euménides ; el le chœur lui
répond : uoaxo;, |XEXi(j(jr,ç, [ji.-/-|3àTtpc.(js£p£tv [aé8u". Nous avons
affaire là à ce qu'on appelait cTiovBat àt&tv&t, c-ko^jZ-û vYjcpiXtot,
ou vT|(f.àXia'". De telles libations étaient de règle dans le
culte des dieux infernaux, à qui la joyeuse boisson des
vivants inspirait de l'horreur '".Elles l'étaient dans certains
autres cultes, sans que l'on puisse toujours bien com-
prendre pourquoi. Peut-être Mnémosyne el les Muses
proscrivaienl-elles le vin'', tout au moins à Athènes,
parce qu'il trouble la mémoire; Éos, Séléné, Hélios'",
déliés de la lumière, parce qu'il obscurcit l'esprit;
Aphrodite Ourania ", parce qu'il excite l'ardeur sen-
suelle ; et ainsi de suite*"; mais ce sont là de pures
hypothèses, plus subtiles que plausibles. Ailleurs, on ne
peut même avancer des hypothèses de ce genre ; el il n'y
III, 58, 4; Lucian. Katapl. 2. — 25 Qed. Col. 477 sq. — 26 Thuc. VI, 32. Cf. Od.
XIII, 30 sq. ; Apoll. Rhod. I, 534. — 21 Theocr. Id. V. 53-54 ; 58-59 ; Anth. patal .
VI, 44; 239; etc. — 28 /(. VI, 239 sq. ; IX, 177 sq. ; XVIll, 221-231; Od. II, 432;
XV, 149, 258; Arist. Pax, 431 sq. ; Xen. Anab. IV, 3, 13; Cyrop. VII, 1, 1 ; elc.
Cf. ». Fritze, De libatione, p. 20 sq. — 29 C'est par erreur que le scholiasle au
vers 1132 du Plutus (= Suidas s. r. «J'/.iEet «txfansvii) réserve au seul Hermès les
libations de vin mélangé d'eau; cf. Hermès XVII (1882), p. 328. — aOAlli. 675 R;
Ansloph. Eq. 105-106 ; etc. — 317/. II, 341 ; IV, 159; cf. .Scliol. III, 269. Apollonius
de Rhodes I, 435 parle de libations de vin pur dans une description de sacrifice
imitée, avec plus ou moins d'â-propos, de la description du chanl II de V Iliade.
— 32 Lucian. De luctu, 19; cf. Eur. El. 331, où la libation est improvisée. — 33 plul.
.4m(. 21. — 3i Oed. Col. 481. — 3:. Aesch. Eum. 107 ; Schol. Soph. Oed. Col. 99-
100 (= Polcm. fr. 42) et 481; Suidas s. r. vriaàl.o; eu,la ; Pollux, VI, 20 (où
les flumai wotvot sont opposées aux oîvoffito-.S'^i) ; etc. — 36 Porph. De antro lYijmp/i.
18. Exemples: Soph. Oed. Col. L. l.; Paus. II, II, 4; Schol. Aesch. C. Tim . 18s
(culle des Euménides); Schol. Aesch. Ag. 70 (les Moires) ; Paus. V, 15, 6 (Des-
poina) ; Dion, Halic. I, 33, 1 (Déméter); Ditlenberger, 010, I. 34, 37 (Zeus Policus) ;
Michel, 692 (Ncphthfs et Osiris, Zeus Géôrgos, Poséidon Chamaizélos, les Vents) ;
Phdoch. ap. Schol. Oed. Col. 99 (les filles d'Érechtheus) ; etc. Dionysos lui-même,
quand il était envisagé comme divinité infernale, principalement dans la religion
des mystères, recevait des ^-t,;S%\ âo.voi (Plut. Mor. 132 F; Philocbor. i. (.).
D'après Porphyre (O. l. 28), on aurait fait usage de »Tt. Soivo; dans les évocations
des morts ; contra Od. XI, 27. — 31 Polem. fr. 42 ( = Sch. Oed. Col. 100) : cf. Plul.
t'ont'. Vil Sap. 13 (p. 156 D) ; Porph. De antro Nymph. 7 ; Ditlenberger, 631. Les
libations de vin offertes à table (Pind. Isllim. V, 12; Plut. Mor. 164 D; Ath. 50:i
F) doivent être mises ici hors de cause. — 38 Polem. L. l.: Phylarch. ap.
Ath. 693 E ; Ditlenberger, 631. —39 Polcm. L. /. ; Enipcdocl. ap. Ath. 510 D;
Porph. De abst. II, 21; Anth. pal. V. 220. — *» Cf. Neue Jahrbilcher, 133
(1887), p. 051.
SAC
— 9(i4 —
SAC
a qu'il constater les faits'. Les vr,3iXia jouaienV égale-
inenl un rolc dans les c»''rémonies de purification, qu'il
s'agit de purifier un liouime ' ou un sanctuaire'. De
((uoi se composaient les dTrovoa! âoivo-. '? Parmi elles, nous
trouvons h citer quelques libations d'eau'. Mais la plus
répandue était le lisXt'xpaTov, mélange de lait et de miel".
Ce breuvage, usité en dehors du culte [mel, p. 1703]%
servait surtout, probablement, à fortifier les enfants et à
réconforter les malades' ; ce qui (ïxpliquequ'onl'aitofTert
auv morts*, conçus comme des êtres débiles, comme des
ombres sans force'. Le u.£Xixp!XTov jouait un rôle impor-
tant dans le culte des divinités infernales '". On l'offrait
également aux Nymphes et aux divinités de la campagne ,
peut-être parce que les éléments dont il était formé fai-
saient partie du luxe des campagnards". Et à d'autres
encore'-. En plus de l'eau, du lait et du miel, les aTrovSai
âotvo! pouvaient comporter de l'huile. Dans les sacrifices
ordinaires, l'huile ne servait qu'à activer la flamme (lui
consumait les chairs de la victime ; dans le culte des
morts '% elle faisait partie des libations '^
Une dernière catégorie d'offrande comprenait les par-
fums i'iûex chez les auteurs postérieurs à Homère.
9ju,tiaxTa).Il en était brûlé pendantles sacrifices sanglants,
pour combattre la mauvaise odeur des chairs grillées et
des os calcinés. Ou bien ils accompagnaient d'autres
olTrandes non sanglantes, gâteaux, fruits, libations ' '.
Ou bien ils constituaient tout le sacrifice à eux seuls '" ;
ainsi, notamment, dans le culte domestique' ', et dans le
rituel de certaines sectes '*. Primitivement, les Grecs em-
ployèrent soit le bois soit les baies d'une espèce d'arbre
indigène, une sorte de cèdre qu'on appelait ôiJov". A
partir du vn'^ siècle , ils employèrent des aromates
d'Orient, de l'encens, de la myrrhe^", etc., dont les
inventaires de quelques temples énumèrent de grandes
quantités''".
lll. Les rites du sacrifice. — Envisageons d'abord un
sacrifice du genre que nous avons appelé propitiatoire et
I Cullc (les .Nymphes (Polem. L. t.; l'aus. V, l:i, 0); de Zeiis Hypalos à
Allièms (Pans, 1, i6, 6); de SosipoMs en Élide (Paus. VI, 20, i): des Douze Dieux
à Olympie (Paus. V, 13, 6) : d'Iléraithéa eu Chersonèse (Diod. V, 02) : elc.
— 2 Ap. Rh. IV, 702 sq. — 3 Palon, Insci: of Cos, p. 81, 1. 34 si|.
— i Od. IV, 27; XI, 28. Cf. Theophr. ap. Poipli. De abst. Il, 20 (JSfomo.Sa).
— '■> Eust. Ad Od. X, 319 : in7.i«j«T0v «; jiaXaiij\ iaIjh» oacrî i»i)iito; «ai yàlaxTOî (ce
<|»'il ajoule ensuite, — o, (xî'v-ioi (aiQ' "Unr.jou v-i-l_}\ ««X àstipti yfà[4i |ii>,iToç
KŒ! îi^aTo; Tô jAîXt'xya-îov of^aTi, — parait ôtre une erreur ; cf. Pkilologus ,
XXXIX, p. 379-:)80; Neue Jakrbaeher, 1887, p. 653, n. U'. Cf. Porpli. De
aiilro nijmp/i. 28 ; Aesch. Pers. GI2-6i:t: Eiu-i|i. Jph. T. 161, 103 ; 0,: 1 U. (,)uand
le lait est nomm6 sans le miel (Soph. El. 894; Plut. De r/en. .'iocr. 6 ; Arist. il) ou
le miel sans le lait (Soph. Oed. Col. 13J ; fr. 3 m Xnuck; Theophr. L. l. : j,,»,-
«irovS»), il doit s'agir cependant du niXi^ja^ov {.Veue Jahrb. L. l. n. 17). De même.
en géni'ral, là où il est parle! de |iiiX-:;,i«Ta (Acsch. rhof/iti. 15 : É'nm. 107 ; Paus.
IX, 17. 4; etc.). — 0 Pind. ;Vem. lll, 77 ; Antimach. fr. 18 Stoll ; Aelian. Hisl.
aniin. W, 7. — ^ On donnait du niii'l auv nouveau-nés; Scliol. .Arist. Thesmopli.
SOC; Ole. Cf. Rh. Mus. LVIl (1902), p. 193 et notes. — 8 Od. XI, 27 ; Acsch. Pers.
610 s<|. ; lînr. Or. 114 sq. ; /pA. T. 138 sq. ; Sch. Hec. 237; Luciau. Char. 22.
— 9 •A;»iy^ï« .«ijr.v. {Od. XI, 29); 4=Jï*il; VI»po;, iMuia .«:i<;vtu,v {(Id. IV, 473).
— 10 l'orph. De antro nymph. 18 ; Paus. II. 11, 4; Michel, 092; Dittcnberger,
CIC, I. 34 et 37; etc. — " .Vt'Hd Jalirb. 1887, p. 630. — M Ainsi Diod. V, 02.
— 13 l.'huilecst ah-cnlc des libaliuns uirerlcs aux dieux chlhoniens; cf. Festschrift
fur Friedlânder, p. 418-419. — H Aesdi. Pei-s. 610-017; Soph. fr. 306 Nauck 2
{Polijidos) ; Plut. Arisl. 21; Pollux, IX, 03; llcsych. s. v. ..ovisiov; Dittenberger,
877, I. » : etc. Doivent «Ire mises hors de cause les libations d'huile versées sur le
bûcher (Iliad. XXlll, 170 sq. ; 237; XXIV, 7SI: Eur. //./,. T. 033 sq.; Kaibel
Epii/r. 1034; elc.) ; celles-là aussi no servaient qu'à activer la llammc. — 1= Paus.
V, 13, 0 ; VI, 20, 2. — 16 Lucian. De sacr. 12 ; Inschr. von Pergamon, 246, 1. 12-13.
— i'' Hesiod. Op. et D. 338 ; Anliphan. fr. 200 Kock ; Plaut. Aiilul. 24. — 18 Voir
les hymnes orphiques. — 1» Od. V, 00. — 2» Arist. Plut. 114t; Antiph. fr. 200;
Paus. V, 13, 6 ; Lucian. De sacr. 12; Dittenberger. 734, I. 34; 939, I. lO-ni etc.
— 21 Boeckh, Corpus, 2832 (Didymes), I. 58 sq. ; 3773 ; etc. — 22 Scliol. Apoll. Rb.
1, 387; Schol. Pind. isthm. IV, 110; Elym. m. 468, I. 31 sq. ; cf. Diels, Sibitl.
BliUter, 134. Pausaiiias signale, comme une pratique ovccplionnelle, (|uc les gens
comportant une victime animale. Voici comment les
choses se passaient.
La cérémonie avait lieu le matin--. L'autel, sur quoi
du feu brûlait''^ était orné de fleurs, de couronnes, de
bandelettes-* ; lors des grandes fêtes publiques, on avait
pris soin de le blanchir, de le polir, d'en rendre brillante
la surface-^ [ara]. Les personnes qui offraient le sacri-
fice, à l'époque homérique, ne faisaient d'autres frais de
toilette que des ablutions préalables". .\ l'époque clas-
sique, elles revêtaient des vêtements blancs^', et se
mettaient sur la tête une couronne-' de feuillage, différent
suivant les dieux à qui l'on sacrifiait [corona]. La cou-
ronne parait avoir été un symbole de pureté -' et des
dispositions joyeuses sans lesquelles la pureté n'est point
parfaite ; car, dans l'idée des Grecs, le malheur consti-
tuait une souillure. On connaît l'histoire de Xénophon
apprenant la mort de son fils pendant qu'il sacrifie et
déposant sa couronne ; puis la reprenant quand il sait que
le jeune homme a eu une belle fin^°; la nouvelle d'un deuil
le souillait; en reprenant sa couronne, Xénophon veut
dire qu'il ne considère plus la mort de son fils comme
un malheur. La victime, elle aussi, pouvait être parée de
couronnes et de bandelettes " ; toutefois, à ce qu'il sem-
ble, on ne les lui mettait souvent sur la tête qu'au moment
de l'immolation. S'il s'agissait d'un bœuf, d'une vache
ou d'un taureau, assez couramment on lui dorait les
cornes ^-. Il va de soi qu'en plus de ces parures la vic-
time, quand c'était une grosse bête, recevait des liens
qui permettaient de l'amener à l'autel sûrement. C'est
d'une façon tout à fait exceptionnelle que, lors de la
fête athénienne des Bouphonia, on l'attirait par l'appât de
friandises ''\ En général, on lui passait des cordes, soit
aux cornes, soitaux pattes (fig. 3993)^', soit même autour
du cou, au risque de l'étrangler^^. Il était sans doute de
bon augure que l'animal allât où l'on voulait sans se
faire trop prier^'^ ; mais il fallait éviter par-dessus tout
qu'il s'échappât, ce qui aurait été un présage terrifiant'''.
de Tithoréc, lors de la fétc d'Isis, sacriGaieut dans l'après-midi (X, 32, 9) ; le culte
d'Isis était un cuit.! exotique. — 23 orf. XIV, 422 ; Eur. El.SOl;lph. A. 1111, 1471.
Cf. Hermès, XXXII (1807), p. 2M. Le feu .lu sacrifice, semble-t-il, ne devait être
alimenté, au moins dans certains cas, (|u'avec des vTis'iîita. îJAa, c'est-à-dire
(.l'aprés Pliilochore, fr. 31 = Schol. Soph. Oed. Col. 99) sans sarments de vigne ni
rameaux de figuier. Çà et là, la (|ualité du bois ét;iil rigoureusement déterminée ; à
Olympie, dans le culte de Zcus, ce devait être du peuplier blanc (Paus. V, 14, 3) ; à
Sicyone, dans le culte d'Aphrodite, du genévrier (Paus. II. 10, 4). — 2V Cf. Heal
Enkyk. s. v. Altar, p. 1687 (Reisch). — 2j C'étaient les opérations appelées xp^o'î.
«Xti.}..;, x'^v'wffis, sur les(|uelles nous renseignent des inscription, de Délos {Bult. de
corr. AcH. XIII, 100; XIV, 4'I7). — 26 Cf. flermes, XLI (1900), p. 230. — 27Aesch.
C. Clés. 77. — 28 Aesch. L. l. Plut. Dio, 28 ; Ath. 674 E; etc. Les vers 477 sq.
des Thesmophoriazousai atteslent la généralité de cet usage ; une des accusatrices
d'Euripide .pii, deson métier, est niarchanile de couronnes, déclare qu'en contestant
l'existence des dieux et Topportunité des sacrifices le poète libre penseur l'a ruinée.
Quelquefois, cependant, la couronne n'était pas obligatoire, ou même était proscrite ;
c'étaient des raretés que les auteurs relèvent expressément (Apollod. III, 15, 7 ;
Paus. III, 11, 4; Ath. 137 D; Plut. Non posse suaviler..., XXI, 9|. — 29 Cf.
Hermès, XLI (1906), p. 231. — SU Diog. L. Il, 34; Plut. .Vor. 119 A; 132 V.
— ai Luciau. De sac. 12. C'est à cette habitude d'enguirlander les victimes que
fait allusion Macarie, dans les Héraklides, lors.pie, s'olTranl pour être immolée,
elle dii : ,t.«i.i«-oJti (529). A la fin d'Iphir/énie à Atdis, Kalchas couronne Iphigénie
av.int de la frapper (1567 ; cf. I477-I47,s). Voir aussi Arist. Ifitb. 250-237. — 32 /(.
X, 29! = Od. lll, 384 (cf. 438) ; [Plat.] // Aie. 149 C ; Dittenberger. 20, 1. 37 et 40.
Dans les comptes des Amphictyons de Délos vers 375 figurent, au chapitre des
dépenses, de* ^i-:«l« /oaià et le salaire d'un /.juiut/s (Ditt. 80, I. 37). — 33 Paus.
I, 24, 4. — 3t Atlas du Journal of hellenic .étudies, pi. vu. — 35 Inscr. gr. II. 3,
33 b. 1. 21 sq.; cf. Hermès, XXX (1893), p. 344, note. — 36 Aesch. Ag. 1298 ;
Plut. Luc. 24. ^31 Les liens coulinuaient à élrc nécessaires pour maintenir la victime
lorsque celle-ci élail prés de l'autel; je ne crois donc pas, avec Stengel [KiiltusaUert.^,
99, n. 11), ([u'on l'en ait alors débarrassée; eu loutc.s, cela ne ressort point du vers
469 A' 1 phig^nie en Tauride; dans ce pass,ige, Iphigénie, qui vient de recevoir du
bouvier Oreste el Pyladc enchaînés, orilonne igu'on les détache ù; o.te; Îc90! iit.xèt'
iinn Si'ffiAioi ; elle n'en est pas encore au moment de les sacrifier. Cf. Plut. Luc. 24.
SAC — 965 —
Si c'était un animal de petite taille, il pouvait être
porté à bras (lig. 3994)'. Portant ou conduisant avec
eux la victime, les sacrifiants se rendaient à l'autel
[voir ARA , fig. 427] - , munis d'un certain nombre
d'objets : principalement d'un vase et d'une corbeille ^
Le premier s'appelait, d'un nom qui en indique l'usage,
yéivii]/ ; il pouvait être de diverses matières, déter-
minées cà et là par des règlements locaux'; il conte-
SAC
Paix, les oXa; sont jetées à la volée jusqu'aux plus loin-
tains spectateurs, et on leur applique le nom xciSï;'-';
ce seraient donc plutôt des grains intacts, ou tout au
plus grossièrement concassés '" : en tout cas, les oÀa;
n'étaient pas, à coup sûr, de la farine. Comme la mola
sfflsa, elles étaient additionnées de sel" ; on l'a nié
mais à tort '-. Quant au couteau, qui dans la figure 5994
est porté par un sacrificateur avec des broches et un
Fig. 3993. — En
nait de l'eau. La corbeille (/cavo'Jv) était parfois, savons-
nous par des textes d'auteurs et des documents épigra-
phiques, en argent» ou en métal doré'; elle conte-
Fig. 5994. — l.a viclinie portée ii laiilcl.
nait, nous dit Aristophane, oXiç... /.aî (TTÉaax zal tj.j./x:-
pav''. STé[jt|ji3(, c'est la guirlande qui doit servir à parer
la victime. Les oAaî sont assurément des grains d'orge ;
et il ne peut y avoir de doute que sur leur plus ou moins
parfaite intégrité. Une phrase d'Hérodote, oîi se lit
l'expression oûXàç xpiSâiov ', inviterait à croire qu'il
s'agit de grains triturés. Mais, dans un passage de la
1 Gerhard, Antike Bildwti-kc, pi. ixi. - i Hytirie .lu Lnuvre, Cottii-r F
10. — 3 Cf. Od. Ml, 4H)-Ui ; Eur. Iph. A. 1309; Arisl. Pax, 936; Ar.
850; Pollux, X, 65; elc. •£•,«;);€(.««■. (ou t;io,,!,t«.) .«vo-r. esl une eupres-
siOD plusieurs fois employée pour pigniHer la mise en train d'un siicrifice
(Eur. El. 1142; Iph. A. I47( ; .Menandr. Samia, v. 7; Aesch. C. Clés.
120; Eur. Iplt. A. 435); on trouve aussi «rsi.v ou nT-i^i^t ..voJv (Eur. El.
800; Arist. Au. 850). Les premières locutions font allusion, je pense, à l'acte
de garnir la corbeille ; les secondes, à celui de la prendre et de l'apporter.
— ' Herod. V, 89. — 5 /„jcr. i/r. VII. 1, M3, 1. 3.ï ; 24i4 : Bocckli, Corp. 2S53,
I. 20. — c Eur. Jph. A. 1503; Schol. Arist. Ac/l. 242 — '' Fax, 94S. — » Uerod.
maillet, ce n'est pas une fois en passant que nous le
voyons placé dans la corbeille. Il en est de même dans
Y Electre d'Euripide", dans un fragment du Paidarion
de Platon le comique '\ au début delà Vie d'Apollonius;
de Tyane par Philostrate, d'après un livre ancien sur
Pythagore, etc. Et un passage de Viphigénie à Aulis
atteste l'existence d'une prescription rituelle. Pour
immoler Iphigénie, Kalchas va employer son épée; il la
tire du fourreau; mais, avant de frapper, il la dépose
pour un instant dans la corbeille'^. Le couteau du sacri-
fice devait donc avoir voisiné avec les ô/.xi ; d'après un
scholiaste de la Paix, il devait même en avoir été
recouvert '".
Arrivés auprès de l'autel, les sacrifiants, portant la
/épvt'i/ et le xavoùv, en faisaient le tour en marchant vers
la droite. C'est ce que Trygée ordonne à son esclave (t6
y.Ti'A'i Àaêiiiv eu xal T"f|V yép'rêa XESiiôi rôv pujjAov TayÉio;
liTio£;'.a)'" ; c'est à quoi fait allusion Iphigénie quand elle
dit: 7îaT-r,p èjaô; èvoeîio'JîOo) pioaôv'*. On prenait ensuite sur
l'autel un tison (SaXoç, oaX;ov), et on le plongeait dans
l'eau de la /éiv!']/", ce qui était une manière de la con-
sacrer. De nouveau, ce détail est indiqué dans \s.Pai.c-";
il l'est aussi dans ÏHéraklès Furieux. Déjà on a tourné
1. 16(1. — 1 Fax, 962 SI]. De mime, chez Straton ifr. 1 Kock. v. 34-i3i, le terme
ol.o/OTai est expliqué par »;-.9i;. — '» Suidas s. r. <,j\;/;,-.ti ; Scli. //. I. 449.
— Il Schol. Arist. Equil. 1 167 (= Suidas s. v. oXal) ; Schol. /;. I, 440 et Eust. Ad t. ;
Scliol. Od. III. 441. Chez Straton, le cuisinier réclame le sel aussitôt après les
d-Ant' (£. (. V. 36-39). — 12 Cf. Hermès XXI.Ï (1894), p. 627-029. — 13 El. 810-811.
— 14 Fr. 91 Kock. — 15 Jph. Aul. 1363 sq. (.i; .«/oîv zfjîîWTov cOr,»iv il!, ^iifl
çiTya.ov. <r=4.7«; xoit,:« t,mUv, ; cf. Bermes XXXVII (1902). p. 398-399.— 16 Schol.
Arist. P(ix, 948. — 11 Arist. Fax, 950-937. — 1» /pli. A. 1473-1473; cf. 1508-
15r.9 ; Berc. Fur. 926-927 ; Arist. Av. 958. — 19 Alh. 409 B. — 20 Fax, 959 ; cf.
Schol. Ad L
SAC
— 966
autour de l'autel : Héraklès tient à la main droite un
tison; il s'apprête à le plonger dans la xspvnl/ ; c'est à ce
moment que le délire le saisit'. Une fois consacrée
par l'immersion du tison, l'eau de la/épvnj/ servait à des
ablutions, à des luslrations'. Trygée dit à son esclave :
a'j-oç TE ytfvÎTzrou ::aça8où<; tïûtt.v (tT|V /_.) k^Loi' ; lui-même
s'est lavé, maintenant il veut faire couler de l'eau sur les
mains de son compagnon. Puis l'esclave, ses ablutions
terminées, jette le reste de l'eau sur les spectateurs*;
c'est que, dans les sacriQces réels, on aspergeait l'assis-
tance'. On aspergeait également la victime*. Lors-
qu'Oreste,dans//)/(/^e'«/ei?n rawr/rfe, s'étonne de voir une
jeune femme présider à des sacrifices aussi abominables
que des sacrifices humains, Iphigénie explique qu'elle
n'immole point elle-même les victimes : elle ne frappera
pas Oreste, mais elle versera sur sa tête l'eau lustrale
[yii-zr^v àuL&i <7t,v y£3V!'i|/ou.ai)'. C'est à l'aspersion de la
victime que font allusion ces paroles de Trygée : «teiou a'j
ra/£<o;'. Cette aspersion, en efTel, n'avait pas simplement
une valeur purificatoire; on souhaitait que la victime
eût l'air de consentir à être sacrifiée' : et on interprétait
comme un signe d'adhésion de sa part un mouvement de
la tète'". Quelques gouttes d'eau qu'on lui jetait sur
les oreilles, ou même dans une oreille", l'amenaient
d'ordinaire à se secouer. Dès lors, tout était en règle; la
victime avait consenti. Enfin, on aspergeait d'eau lustrale
l'autel même: un passage de Z,yA'(.';//"fl/a en fait foi,oiiilesl
dit des Grecs qu'aux fêtes panhelléniques ils aspergent
les mêmes autels '^ Il est, d'ailleurs, malaisé de com-
prendre cette cérémonie. Le feu qui brûlait sur l'autel
était par lui-même purificateur '^ ; le purifier parait bien
superflu. — Aux aspersions faites avec l'eau de la /.Épvt'i
sont associées, dans un grand nombre de textes, les opé-
rations qui se faisaient avec les oXai ". La nature de ces opé-
rations est indiquée par deux autres noms que les oÀai'ont
portés quelquefois, oùXo/ûta; '', irpo/'J-ai '*, tous les deux
composés de ykoi. Ainsi on répandait les oXat'''. Mais sur
quoi? A l'époque classique'*, certainement sur l'autel,
dans la flamme qui y était allumée". En jetait-on aussi
sur la victime? On ne saurait guère en douter-". .\ga-
tharcbidès, dans un fragment transmis par .\thénée,
parlant des sacrifices d'anguilles qui s'accomplissaient
en Béolie, dit que les Béotiens sacrifiaient ces poissons
!£p£!c>v Tpoirov (7T£(DavO'îvT£; xot'i xaTE'j^ô|jLEVot oùXâç t' ÊTT'.êaX-
1 Berc. Fur. 9î8.9i9. — 2 Dion. Halic. VII, 72. — 3 Arist. Pax, 961. — i /Aid.
970-67*. — 5 Atb. 409 B. — 6 Diou. Hilic. L. I. ; Plut. Alex. 50. —7 Ipk.
T. 6i2- Au d^ltut de la pièce, Iphigénie raconte qu'elle s'est vue en songe
toute prête â sacrifier le dernier rejeton de sa Tamille ; et elle eiprime celle idée en
es termes : IS;»;.!,. n'j-.n i; tzvoi^t.o.. — » Pax, 960. — 9 Dans les sacrifices
liumiins, il était de la plus grande imporlance que la pei-soone destinée à la mort
acceptât elle-même de mourir. Cf. Eur. Heracl. 549-351; Alh. fiCi CD ; etc.
— 1" Scbol. Arisl. Pax, 960 ; IMul. Qttaest. sijmpos. VUI, 8, 3, 7 ; De def. orae.
♦«; Schol. Apoll. Rhod. 1. 4i5 ; Dittentwrgcr, 616, I. 20. — n ScUol. .\poll. Rh.
L. '. — '^ iy». 11-9 (jiiàs |i 7.<Jvi5o,- ?u|><>ù; <:!;..spaivovT:;, i^ss; cjyjcstî); cf.
Iph. A. 1509. — 13 K««àfT.»» nJj : Eur. Iph. A. llij; fferc. Fur. 937;
Bel. 869; Sdiol. Eur. Or. M; etc. — " II. I, «9; Od. III. 445; Eur.
Iph. A. Illllllî; 1471-1473; Dem. C. Andr. 78 (= C. Timoc. I8C); Apoll.
Rh. I, 418 ; etc. Cf. Hermès. .XXXVII ( 190J). p. 396-397. — 15 Partout chci
Homère sauf Od. 111,441. Lé |ui>aleocc d<! ii»; et «j'^iiai est établie pir la com-
paraison des vers 441 et 145. — l« La synonymie (intermittente) de dl-..: et -ijoxit»!
ressort de c^tte phrase d'Hérodote (L 160) : o'ti oOXâ; xottiuv sço;[wfftv isotÊLTo Aeûv
-.;Si.;: cf. Hermès. XXXII il897), p. i46.i47. np«/Ot«, équivaut à iUi, par
cicmple dans /pA. T. U7i (Herro?», XXXVIH 1903, p. 38, note), chei Apollonius
de Rhodes, 1,4*5 (cf. Schol. Ad /.). D'autres fois, =so;Ot«, est dit de l'eau lustrale
(cf. Schol. .\poll. Rh. i. /.). — " Dans les passages où il est question des iiti, nous
trouvons employés quelquefois les mots «joôi'ili^tai (//. I, 458; II. 4il ; Od. III,
447), i^rr.:. (Ar. Pax, 96J), fi'a.,, (Eur. Iph. A. 1111; El. 804; Apoll. Rh.
I, 4i5). — 18 Pour l'époque homérique, les témoignages ciplicites font défaut ; il
est dit simplement que les assistants jettent devant eux les d)ia; (T:ooôi"<..)VT.>). Cet
SAC
XovTcî-' ; le régime indirect de ÈTriêiXXovTEç est certaine-
ment le même objet que le régime direct de (tteozvoîjvtê;;
ce doivent être les anguilles, c'est-à-dire les victimes.
Notons que des ôXai étaient distribuées à tous les assis-
tants; cela ressort du pluriel employé chez Homère", et
du passage déjà mentionné de la Paix^^. La similitude
d'emploi entre l'eau lustrale et les ôXat donne à penser
(juc celles-ci comme celle-là avaient une vertu cathar-
tique. Et, par le fait, Euripide les appelle quelque part
TZùoyJxxi xx9ip(Ttot. Toutefois, celte observation, vraie
pour l'époque classique, n'empêche pas de croire qu'à
l'origine les oXii aient représenté une ofl'rande : celle
du pain sous sa forme primitive, accompagnant celle
des chairs des victimes et celle du vin sous forme de
libations-'.
Les aspersions d'eau lustrale, la distribution et le jet
des oXai n'étaient pas les seules cérémonies qui précé-
dassent l'acte de l'immolation. Avant de frapper l'aaimal,
on lui coupait sur la tête quelques poils, qui étaient jetés
dans le feu. Ainsi font, chez Homère, .\gamemnon-',
Nestor-', et le porcher Eumée'"; ainsi fait Égisthe, chez
Euripide^'. Dès lors, la victime était vouée au trépas.
Quelques vers du début de VAlceste soulignent bien la
portée de ce rite. « Ceux », dit Thanatos, <■ dont mon
<> glaive a touché la chevelure appartiennent aux dieux
« infernaux-' ». Immédiatement avant, Thanatos avait
dit: « Je me rends chez Alceste côç xï-ip;(o|j.a'. ^'sEt'" ».
KaTïp/Euôat, employé seul" ou avec le génitif du nom de
la victime''-, est une expression consacrée. En soi-même,
ce mot ne veut rien dire de plus que commencer le sacri-
fice^^. En pratique, il désigne un certain nombre d'actes
préliminaires, rituels ; ceux mêmes que nous venons de
passer en revue. Le passage d'A/ceste et quelques autres
textes donnent à croire que, très exactement, xaTip/EsSai
devrait s'entendre de la seule consécration des victimes
à la mort par l'oblation des poils pris sur leur tête " : mais,
d'une façon courante, il embrasse également les lustra-
lions par l'eau et les ôXat'".
Reste la xocTEu/'f,, la prière, indispensable dans tout
sacrifice, par laquelle on demandait au dieu ou bien telle
faveur particulière ou bien sa bienveillance en géné-
ral (voTUM, SACERDOs). Elle aussi précédait l'immola-
tion^*: et même, à ce qu'il semble, du moins dans la
période classique, l'oblation des poils que l'on jetait au
acte accompagnait ou suivait la prière. Auparavant, nous dit-on, les assistants
nUiitui à.fXovTo (//. I, 419: II, 410). Selon toute vraisemblance, i>i..?[t9<>t, dans
cette phra.ie. signifie simplement « prendre à la main « {Hermès. .X.XXVIII.
p. 43). — 19 Eur. Iph. A. lui, 1471147*; El. S03-804 ; Eust. .id II. I, 449 : Schol.
Apoll. Rhod. 1, 409. — 20 Sch. Arist. Nub. 260; Eg. 1167; Schol. Od. 111,44 ;
Sch. //. I, 449 et Eust. Ad l. ; Suidas s. v. ^a-.ij-.iT, ; Dion. Halic. VU, 72. C'est a
tort qu'on a supposé dans ces textes une confusion entre les usages grecs et les
usages romains. — 21 Ath. 297 D. — 22 Jl. I, 438 ; II, 421 ; Od. III, 447. - 23 Pax,
962 sq. On ne saïu-ait assimiler cette distribution de grains d'orge aux distributions
do figues et de noix que faisaient les anciens comiques ; les o'ak. ne sont pas des
friandises. — 24 Porph. De abst. II, 6; Theophr. ap. SchoL /(. 1, 449; Suidas
s. V. oj'AojruTïTv. Les ô'ka.'. sont parfois présentées comme un î:oô6u;ia : Eu3l. Ad II. I.
449 ; Schol. Od. III, 441. Sur le changement de point de vue, en ce qui concerne
les ôWi, de l'époque homérique à l'époque classique, cf. Hermès, XLI (1906).
p. 244-246. — 2ô /(. XIX, 254. — 26 Od. III. 445-446. — ST Od. XIV, 422. — 28 Eur.
Et. 811-812. — 29 Aie. 75-76. — 30 /ftirf. 74. _ 31 Eur. Beracl. 529 : /ph. T. 40.
— 32 Arist. Ac. 959; Ear. /ph. T. 56 ; 1 1 54. — 33 Cf . Diltenberger, CominenM»io rff
Thuq/didis loco ad antiquilates sacras spectante, p. 6 infr. — 3; Cf. Hesych.:xaTâp-
Qtto^at ToJ îEjtîou ■ Tiv Tfi//ùv 4-o»-âffa;. Dans les Oiseaux, lorsque le devin dit à Peis.
thétairos ^r. xa-iflr,: To-j Tpàvo-j (v. 959j, les opérations lustrales sont, à ce qu'H
semble, déjà faites, ou tout au moins entamées. Mais peut-être le de^'in n'en sait
rien. — 35 Od. III, 445 ; Eur, Iph. T. 40 el 622 ; 54 et 56 ; 244 (où .«TisTl^'î» P»""
désigner les oiai; cf. Jph. A. 955). — 36 Dion. Halic. VII, 72 (i'=i..T« «ts^U^i'ii.
tùttv... i.iXiuov) ; il. I, 457 sq. ; II, 419 sq. ; Od. III, 443 sq. ; Eurip. El. 804 sq. ; Jph.
A. 1570 sq.: Arist. Ai. 063 sq. {cf. 959 et 1056-1057); Pax, 973 sq. (cf. 1017 sq.)
SAC
— !)f)7
SAC
feu'. Chez Homère, sinon Je la part du sacrifianl, du
moins de la pari de l'assislance qui répète quelques-unes
de ses paroles-, elle parait avoir accompagné le jet des
o'JÀo/ÙTai^ De même, dans Tj^/er/z-e d'Euripide, Égisthe.
pendant qu'il prie, lance des oXat sur l'autel*; dans les
Oiseaux, le prêtre, au moment de prier, réclame la cor-
beille'. Dans la Paix, la prière suit la distribution des
ô/ai^, mais non pas forcément l'usage rituel qu'on en
fait. Cela étant, il parait difficile de ne pas comprendre
la prière parmi les actes préliminaires que désigne le
mot xaxàp/'eaôa! ^.
C'était, je pense, au moins avant la x.aT£u/r, que l'on
recommandait aux assistants d'observer un religieux
silence (eù^tkxeïte, eù^TijAia lm<j>) '. Également avant la
xaTeu/T|, sinon plus tôt, le sacrifiant demandait, paraît-il,
tî; ttjïoe ; et les assistants répondaient : xoXX&i xàyaOot'.
De la sorte, dit un scholiaste, tous ceux qui se savaient
souillés étaient mis en demeure de s'éloigner". Cette
habitude doit être postérieure à l'époque homérique, où
un meurtrier avéré assiste à un sacrifice sans que per-
sonne s'en émeuve ' ' .
Fig. Ô995. — Nikri saciinaiil.
Pour achever le tableau du premier acte de la céré-
monie, ajoutons que la musique de la flûte devait s'y faire
entendre. Cet accompagnemeni musical, dont Homère
ne dit rien, fut de règle plus tard, au point qu'Héro-
dote en signale le défaut dans les sacrifices perses
comme un trait de mœurs étrangères '^ Nous ne sau-
rions dire avec certitude à quel moment il commençait,
ni s'il durait de façon ininterrompue. Du moins, assez de
documents nous certifient qu'il se manifestait déjà avant
l'immolation de la victime, et même avant la prière".
L'acte même de l'immolation s'accomplissait suivant
des rites précis. Il était essentiel que la victime eût la
« Eurip. El. L. t.: Arisl. Av. 805 sij. (cf. 939). Dans VOdijssée, 111,443-446:
XIV, 4S3, les deux actes semblent contemporains; dans Vltiade, XLK, 234, la prière
paraît venir en second. — 2 Cf. Hermès, XXXVIII (1903), p. 40.— 3Jl. I, 458;
II. 421 ; Od. III, 447; cf. Ud. XII, 35G-3.57. - 4 Eur. El. 803-804. - 5 Ai: 864-
(■OS; cf. 893 Stixtfo. |xfto! -/^pv.S.... U.S.,;»). — 6 Pax, 962-967. — 7 C'est l'opi-
nion de Dillenberger (0. (. p. 6-7), généralement adoptée. Elle a été combattue par
Ziehen, JUiein. Mus. LIX (1904), p. 402-403. — 8 Arist. Thesm. 295. Dans les
Ackarniens, Dikaiopolis recommande l'eû^ï^nia tandis fju'il est encore en marche
vers le lieu du sacriGce (237); et le scholiaste observe : tîjTo i il..a,dt:o'A..î aCuXuv
«ouï» Bvffiav sr.tri • -.ojto ifây r^-j È'^o;. Dans les Oiseaux, la prière est déjà prononcée
lorsque Pcislhélairos déclare =;=iifL;« ï,r-.i„ (959) ; mais, dans l'iutcrvalle, l'intrusion
du poète a troublé la cérémonie ; peut-être ejar.^tîa ï<r:<a en annonce-t-il simplement
la reprise. Sur la nécessité d'observer l'tJar.jAia pendant les prières et les sacriflces,
cf. Schol. Arist. Ach. 337; /(. IX, 171 ; Soph. Et. 630; etc. Quelques coutumes
locales contraires à celte règle sont signalées comme des curiosités: Apoll, Rh.
IV, 1728; Apollod. Il, 3, 11, 8.-9 Arist. Pax, 968 et Scbol. Ad t. (= Suidas,
». i: T.'; tr.TSs;). — lOSch. Arist. L. t. — M Od. XV, 222 sq. — 12 Herod. I, 132.
Dans les sacrifices grecs, le défaut d'accompagnement musical est quelipie chose
d'aussi eiceptionnel que le défaut de couronnes; cf. Plut. Mor. 1102 A ; 16 U;
gorge ouverte d'un coup de pointe, — on employait pour
désigner cette opération le mot peu expressif ucpaTiEiv ",
peut-être aussi le mot Tsa/TiXiÇsiv '', — et que, lorsque ce
coup était porté, elle eût la gorge tendue vers le ciel'* ;
pour cela, on lui renversait la tête en arrière, comme
le montre la fi-
gure 5995 '' .
ce qui se di-
sait aÙEDiieiv '* .
ô-KÎcio l'Xxeiv " .
ivo) TfiÉTteiv ''' .
avaiTTpé;ps[v ^' .
lia position de
l'ensemble du
corps n'était
pas , semble -
l-il, rigoureu-
sement pres-
crite. Pour les
petites vieil -
mes, on les
tenait souvent
soulevées de
terre tout entières, tantôt le dos en l'air (fig. 5996)^^,
tantôt le ventre ; — ainsi devront se passer les
choses dans le sacrifice dont la figure 5997" nous
, 5997. — Offrande i
ctime animale et de gâteaux.
fait voir les préparatifs; — ou bien le sacrificateur les
maintenait dressées entre ses jambes, reposant sur leurs
pattes inférieures (fig. 5998) -'; ou bien il les écrasait de
son poids contre le sol (fig. 5995)-'. Pour les grosses vic-
times, il n'est pas sans exemple qu'à elles aussi on ait
fait perdre pied. Dans YÉlectre d'Euripide, le jj.d<7/oç
Apollod. 111, 13, 7. Comme la couronne, la musique de la flûte était un signe de
joie; peut-être aussi croyait-on qu'elle mettait en déroute les démons infernaux ; cf.
Hermès, XLI (1906), p. 232, n. 1. Chez le^ Argiens, en vertu d'un usage local, on
jouait de la trompette pendant l'accomplissement de sacrifices (Pollui, IV, 87).
— 13 Cf. Plut. Quaest. sympos. 11. 1, 5, 8 ; Macho ap. Ath. 349 C; etc. — 1*//. I,
459 - II, 422 ; Od. III, 454 ; XIV, 42» ; Soph. AJax, 299 ; Apoll. Rhod. 1, 432 ; etc.
Cf. Jahrb. des arcli. /ns^ XVIII (1903), p. 1 19 et n. 17. -ISTheophr. Char. XXVIl;
Diog. I,. VI, 01 B. —16 Schol. n. 1,459; Scbol. Apoll. Rhod. I, 587; Orph. Aryon.
i[6; Psi:Uus,Deo/>. daem. p. 38 Boiss.; etc. — l'' Musée du Louvre, Clarac, pi. ccxiiv,
n. 303. Cette attitude est apparente dans un grand nombre de monuments, notam-
ment dans ceux qui représentent une victime immolée par une Victoire. — '» //. I,
439 = II, 422 et Eust. Ad t.; etc. ; Sch. Plat. Tim. 21 B (S--,, içis.») ; Etym. m. 98,
56 (àv.ffOi.v). Cf. Schulzc, Quaestiones epicae, p. 56 sq. — " Eust. Ad IL I. 439.
- 20 Etym. m. L. l. - si Scb. Apoll. Rh. I, 587. - 22 Hartwig, Mcisterscttaten, III,
i, _ 23 Monum. detVlnstit. Vl.Vll, pi. xxxv.i. - 2^ Mongez, Cal. de Flor. I. Cf.
(jori. Mus. Florent. I, pi. ici; Maffei, Gemme. 111, 82; Jahrb. des arch. Instit.
XVll'l (1903), page 117, fig. 3 et 4. - '« Cf. Zoega, Bassiril. Ant. Il, pi. xl; Rossini,
Arcli. triunf. pi. xi.iii; Campana, Opère in plaslica, pi. lxxxiv-lxxxv.; Jahrbuekdes
arch. Inst. XVIII (1903), p. 63 (fig. tO), 64 (fig. 11, 12, 13), 120 (fig. 5 et 6).
SAC
— 968 —
SAC
Pig. 5998. — Sacnlice à F*riape.
. 5999. — Rilucl a
lie (monnaie A'UU
qu'Kgislhe sacrifie est, lorsqu'il reçoit le coup mortel,
porté sur les épaules des serviteurs'. Des monnaies
ilUion représentent des bœufs suspendus vivants à un
arbre ou à un pilier pour être
ainsi immolés (fig. 5999)-; ce
qui pourrait être une survivance
locale du cérémonial archaïque '.
Mais, dès le temps d'Homère el à
l'époque classique, on abattait
ordinairement la victime d'un
coup de massue ou de hache ap-
pliqué par derrière sur la tête, sur
la nuque, sur l'épine dorsale';
puis on se contentait de soulever
l'avant-train pour que la gorge
se trouvât placée conformément
aux règles ; c'est ce que signifient,
dans une description de VOdyssée, les mots àvsXdvTs; kno
/•6ov6;»; el c'est à quoi fait allusion, dans plusieurs
décrets en l'honneur des éphèbes athéniens, cette
phrase souvent mal comprise ; v^pavTo
Toù; pou? ^. Quand des femmes
assistaient à la cérémonie, elles
poussaient, au moment oii la bête
était frappée, un long cri modulé,
rôXoÀuYULoç '. .\ l'époque homéri-
que, ce cri devait servir à appeler
les dieux * ; plus tard, on lui attri-
bua en outre la puissance d'écar-
ter les mauvais esprits ".
Ouverte d'un coup de couteau ([Ai/npï, d^avi;; cf. cul-
ter), la gorge de la victime laissait échapper le sang à
flots. Du temps d'Homère, dans les sacrifices dont nous
nous occupons présentement, ce sang se répandait à
terre sans que l'on y fit attention ">. A l'époque clas-
sique, au contraire, il fallait, en général, que le sang
mouillât l'autel". Les sacrifices où cela n'avait pas
lieu, — sacrifices à Eiréné '-, sacrifices dits àTroêiûfiia",
■rrpoÇiûfX'.a " OU rapaêwfn'.a'^, Oudi'oti Ttooa/âpaiO! '*, — étaient
en minorité infime. Tantôt le sang coulait directement
de la gorge béante sur le Pcojjloî, tantôt il était recueilli
I £■/. 813. — 'i Cf. Dôrpfeld, Troja uwi [lion, pi. mu. n" 08-69; pi. iaiv.
n» 85: Jahrb. des arch. Insl. XVlll (1903), p. .58. L'n passage du Critias (119 E)
semble faire allusion à quelque disposition du môme genre (cf. Woeh. f. klass.
jihilol. 1903, p. 24-25), peut-être aussi un passage de Y Iliade (XX, 403-405; cf.
Troja und Jlion. p. 565; \V. f. kl. phil. 1903, p. 26) el une gemme de
.Mycèncs reproduite dans Troja und /lion, p. 56i. —3 Troja und /lion, p. 516;
366 ; .'ahrb. d. arcll. Insl. XVIIl (1903), p. 58; 122. — » //. XVlt, 521 ; Od. III,
449-450; XIV, 425; .\poll. Rliod. 1,427, 429-430; Scliol. .kp. Rli. Il, 91 ; Soph.
Ajax, 299 ; Dion. Halic. VII, 72; etc. — 5 Od. III, 453 ; cf. Jahrb. d. arch. /nst.
XVlll (1903), p. 114. — 6 C. ei. Dittenberger, 321, 1. 10-11. Môme expression /nscr.
ijr. I. Suppl. 35 b, 1. 21 ;Tlieopbr. Char. XXVII. CJ. Bennes. XX\ (1895), p. 3*5;
Jahrb. d. arch. /nst. XVlll (1903), p. Il.=i. — T Od. III, 450; Acscb. .4j. 595;
Sepl. 2o8 et Schol. Ad I. : Eur. Or. 1137 ; Menandr. fr. 326 Kock; Herod. IV, 189;
Xcn. Anab. IV, 3, 19; Dittenberger, 530, 1. 26. — 8 //ermes, XXXVIII (1903),
p. 44. — 9 Hermès, XLI (1906), p. 231-232; «f Eur. iled. 1173. — 10 Ainsi
Od. III, 455. — 11 l'ollui. I, 27 ; Schol. Od. 111, 444 = Eusl. p. 1476 ; Lucian. /ca-
romen. 27; De sacrif. 13. — 12 Fax, 1019 el Sch. Ad l. — 13 Hesych. s. ti.
itoSiiiioî ; Eusl. Ad /l. VIII, 318, p. 727 ; Ad Od. XII, 252, p. 1728 ; Tac. Sisl. Il,
3. D'ailleurs, les tl^aiti: àT:o6û[4ia: s'accomplissaient parfois sans qu'il y eût d'autel;
cf. Pauly-Wissowa, i. r. iioi^tunUfà.— "Eur. Jon, 37C. — 15 Kaibel, Epigr. 89J.
— i« Dittenberger, 626. — 17 Schol. Od. III, 444; Poil. X, 65 ; X, 97 ; Etym. m. p. 737 ;
Eur. El. 800; Alh. 261 E. — 18 Lucian. /caromen. 27 ; De sacrif. 9. — 19 Chez
Aristophane, les dieui pri>(s de sacrifices ne regrettent que la chair des vicliœes,
les glleaui cl le vin. — 20 Voir ci-dessous, p. 971-972. — 21 Cf. l/ermes, XLI (1906),
p. 243. —'i'- et. Hermès, XXXVI (1901), p. 330 et n. 1—23 Sauf lorsque la victime
/■Uit uo porc : l'animal, dans ce cas, était flambé ; d'où le nom de e:»tôv, par lequel
on le trouve désigné : Dittenberger, 027; 'Eç. '.4j/. 1855, n. 2667; cf. Athen.
A/ittheil. XXIV (1899), p. Î68-269. — !t Eurip. El. 822-823. Les Thessaliens passaient
pour être tout spécialement eiperls dans ces opérations de boucherie, /bid. 813 sq.
dans un (r^ayefov, et, à l'aide de ce vase, on le répandait
sur l'autel'''. En dépit des insinuations de Lucien'*, il
est peu probable qu'on ait considéré ces libations san-
glantes comme des offrandes agréables aux dieux
olympiens"; on leur attribuait plus vraisemblablement,
à cause de leurs relations étroites avec le culte des
déitéschlhoniennes-", une valeur catliarlique^'.
Puis venait le dépeçage de la bête, opération qui ne
laissaitpoint d'être assez délicate et soumise à des règles.
Peut-être, avant toute autre chose, coupait-on les pieds
et la tête'^-. Ensuite, on dépouillait le corps de la peau^'.
C'est ce qu'Oreste, dans VÉleclre d'Euripide, exécute
avec maestria, en moins de temps, raconte le messager,
qu'il n'en faut à un coureur agile pour couvrir un double
diaule -'. Cela fait, les flancs étaient ouverts, les entrailles
examinées pour savoir si le sacrifice avait plu à la divinité
et s'il présageait du bonheur^". Et une première distri-
bution était faite avec ce qu'on nommait les sitXiYyva^',
c'est-à-dire certaines parties intérieures'-', telles que
l'estomac, le foie, les rognons, les poumons -'. De ces
m:\iyyy3:, une portion, qui ne comprenait point les meil-
leurs morceaux-', était prélevée pour les dieux'";
Pig. 0000. — Cuisson des os'/ioy/.»«.
on la brûlait sur l'autel ", sans addition de sel, en sou-
venir des temps anciens où les hommes ignoraient ce
condiment •^-. Le reste était, semble-l-il, grillé au-dessus
— 23 Ainsi chez Euripide, El. 826 sq. C'est à ccl esamen des entrailles que lait
allusion, dans nombre de décrets atliques concernant des prêtres ou d'autres fonc-
tionnaires, la formule suivante ; ta i^iv ivaSà ityiahat -èytYO''^'^" *^ ■coTçiepoT; oî; tfiuov
^/mcr. gr. Il, 325, 320, 373 b. 393, 417, 426, 431, etc.) ; Michel, 689 ; Ditt. 640. En
campagne, on tirait des présages non seulement dos sacrifices ad hoc («rsâxta), mais
aussi des sacrifices quotidiens ('e^û) qui fournissaient aux troupes leur subsistance :
Herod. VU, 219; Xen. 4na(.. 1. 7. 18; II, 2, 3; etc.; cf. Bermes, XXt (1886), p. 31 1.
Constater des présages favorables se disait ««X'dKpETv; le mol esl très fréquent chez
les auteurs et dans les inscriptions. — 2e Schol. Arist. Plat. 1130 (#,v(Ka ^àç
£;^yov Totijta Toî Upeto-j, -ajaûTtua È'6-jov) ; cf. Od. XX, 252, rapproché de 279 sq. ; Dion.
Halic. I, 40, 4. — 27 Les Œ^î^âT/vasont opposés parfois aux tvTEpa : Aesch. Ag. 1212;
Dittenberger. 616, 1. 34-35. — 28 Scliol. /(. I, 464. Peut-être les mots fvSoja (Dit-
tenberger, 616, 1. 48, 49; 617, I. 8, 9 ; v. Prott, fns/i, a» 8 B, 1. 7i,,-v8p«ta (Hesych.),
désignent-ils également les <ri;UT/va; cf. Bermes. XXXVl (1901). p. 335. Cela est
loulefois 1res douteux : Hermès, XXXIX (1904), p. 613. — 29 Dans le Dyskolos de
Ménandre (fr. 129 Kock). la bile (y,o\T,) est nommée parmi les morceaux qui reve-
naient aux dieu\ ; dans la .$amia (v. 186-187), la bile el la rate (on^Viv) ; cf. Soph.
Antig. 1010. C'est par suite d'un règlement spécial que, lors des sacrifices en l'hon-
neur d'Héra protectrice du mariage, la bile était rejelée (Plut. A/or. 14t). Le
scholiaslc au vers 717 de la Paix définit ainsi les /ôXtxs; : tô tS» poùi, r.s.-ji'x ivrepa'
Taffra Tôp o li x itooffvxo. — ^ Du moins à l'époque classique : Arisl. Plut.
\na;Pax, 1102 sq. ; Athenio, fr. 1 Kock (t. III, p 370) ; Men. fr. 292 ; Dion. Halic.
VII, 15. A l'époque homérique, il semble bien que les dieux ne recevaient rien des
ffiïXàYx^oc : c'élaient les sacrifiants qui absorbaient le tout {tij:\i.ijya rà^avTo ; //. 1,
464; II, 427; Od. 111, 9; 461 ; XII, 364. niTfo{xi, signifie >. manger entièrement ..).
Cf. Stengel, Zu den griechischen Sakralaltertùmern (extrait des Novae Symbolae
Joachimicae, 1907), p. 5-6. — 31 Les Ev$«fa sont brûlés sur l'autel intérieur Us'
inU,, Dittenberger, 016; 1-'. 70T ioria. !. î»i y»ut, Ditt. 617); cf Hermès, XXXVI
(1901), p. 334. — 3-2 AUienio, i. (.
SAC
— 969
SAC
de la flamme ', au bout de broches ou fourchettes à long
manche ; ce doit être celte opération que représentent
plusieurs peintures de vases, dont les figures 6000 -
et 6001 ^ offrent des exemples *. Un bronze de Do-
done ' nous montre un splnnchnoplès " armé de son
Fig. 60ÙI. — Cuisson des fnXi.-^/yi..
instrument, qui rappelle, au nombre des dents près,
les TiEixTTojëoÀa déjà nommés chez Homère'. De petits mor-
ceaux des m:Aiyy\i7., peut-être aussi sans sel *, étaient
distribués aux assistants, qui les mangeaient de suite',
avec des gâteaux d'une espèce particulière '". La majeure
partie était mise de côté"; souvent les prêtres et les
hérauts en recevaient leur part '"-.
Les chairs de la victime (xpéa ÛTtépTspï) '•* faisaient
ensuite l'objet d'un nouveau partage ". La part du dieu,
dans les sacrifices homériques, comprend les [Ji-'ip&i' ou
uLTipia, c'est-à-dire les cuisses, du moins les os des cuisses
avec quelque peu de chair adhérente '° ; on les mettait
entre deux couches de graisse '% et, par-dessus, on ajou-
tait des bribes détachées des autres morceaux''. L'en-
semble était censé représenter l'animal tout entier. Dans
la Paix, ce sont encore les u.T|pta, les (Avipoi, qui sont en
première ligne réservés pour Eiréné ". Nous entendons
aussi parler assez souvent, à l'époque classique, du crou-
pion (o(7cpùç, o(7çùç àxpa) " et de la queue (xépxoç)^". L'im-
I /(. Il, «6 : mtliYXva 5«p' insti'fnvxeî ÎTt.Ioexov "HeaîirTon.. — 2 Gerhard,
Àmerl. Vasenb. 155. Retaacb, Répertoire de vases peints, t. Il, p. 80. — ^ Le-
iiormaiit el de Witte, Élite cêramographique. II, pi. cviii. — t D'autres peintures
semblables sont «numérées Bull, de corr. hell. XIX (1895), p. 99-100. Voir
aussi Jahrb. d. arch. Inst. VIII (1893), p. 200, note 6. — s Carapanos,
Dodone et set ruines, pi. itv, 3; Alhen. Mittheil. XXXI (1906), pl. «xii.
— 6 C'est, du moins, l'opinion de ïon Salis, Atken. Mittheil. XXXI (I9u6),
p. 352 sq. D'autres explications ont été proposées : cf. Revue des Et. grecques,
XX (1907), p. 267, n. 4. — 7 II. I, 463; Od. III, 460. Sur les ni^T.iU\«i, cf. Apoll.
Lex. Rom. 129, 29; Hesycb. s. v.; Eugelmann, Jahrbuch d. arch. Inst. VI
(1891), p. 176. — 8 Cf. Hermès, XXXVI (1901), p. 629. — 9 D'où l'appcllatioji
<r*jo«Xa;tvEiJ(ivTe; qui leur est appliquée chez Aristophane, Fax, 1115. Sur le sens
primitif de cette absorption des 'ji^t-àfi-to., cf. Slengel. O. t., p. 3 sq. — 10 Eust.
Ad II. XVIII, 575, p. 1165; Suidas s. v. ivi<mTo,. — " Daprès le scholiaslc
de VJliade I, 464, les sacrilianls ne faisaient que goûter auï T,tAà|7_va (àirtvrjovToi.
Cf. Jahrb. d. arch. Instit. IX (1894), p. 115, 117. — 12 Dittenbcrger. 599, I. 3,7;
601, I. 11, 14; 602, 1.3; 641, 1. 39; Inscr. gr. XII. 3, 330; Silzungsb. Berl. Akad.,
1904, p. 636; 1906, p. 259; etc. - 13 Od. III, 65; 470; XX, 279. — H Ici, comme
en plus d'une aulre circonstance, il ne faut pas vouloir préciser trop l'ordre de
succession des différents épisodes. D'après Od. III, 9, l'absorption des rr.'i.iT/;a
piraît précéder l'offrande des chairs au dieu : d'après H. I, 460 sq, (= 11. 423 sq.),
elle l'aurait plutôt suivie. — 15 II. l, 460; 11, 423; XI, 773; Od. III, 456; XII,
360; elc, — 16 //. 1, 460-461 ; II, 423-424 ; Od. 111,457-458 ; XII, 360-361. — 17 Mêmes
passages (U' «;,;■, S'inoei-rr.oiv ; cf. sehol. Apoll. Rliod. III, 1033 : i^oBiTiTy 8i ti>^.
rt T<.7uî!.'o<,i;.ol ii«pz!»8at Tiv iitU,.); Od. XIV, 427-428 (en plus de ces menus
morceaux, Eumée, pieusemeul, attribue aux dieux un bon morceau de viaude :
V. 453 sq.). —18 Pax, 1021. 1039; 1128 (««.Xi;;). Cf. Soph. Antig. 1008; 1011 ;
Pberecral. fr. 23 Kock; Eubul. fr. 130; hymne de Delphes, Bull, de corr.
hellen. XVII (1893), p. 576; Paus. I, 34, 2; VII, 38, 6. — 15 Arist. Pax, 1033;
Menandr. fr. 129 Kock; Pherecrat. fr. 23; Scbol. Arist. Pax. iOii ; Etytn.
m. 468, ii. — 20 Arist. Pax, 1054 el Schol. .4'/ l. ; Eubul. fr. 130. — 21 Phe-
recrat: fr. 23 Kock; Arist. Plut. 1128 et Sch. Ad l. : iMenandr. fr. 129; Coraic
aJesp. 120) Kock (= Trag. adesp. 91 .Nauck). — 22 Dittenberger, 615, I. 7;
VIII.
portance de la part faite au dieu variait naturellement
suivant la dévotion et la générosité des fidèles; d'ordi-
naire, semble-t-il, elle était peu succulente^'. Toutefois,
il arrivait qu'aux termes de certains règlements, elle dût
comprendre de bonnes pièces : morceau de filet,
épaule, etc. '-. Cette part, qu'on nommait ànap/a;,
àTripYfjLaxa^', iepi^', ou, d'un mot plus précis, flsûiioipt'at ^^,
était parfois, à l'époque homérique, saupoudrée de farine
ou enveloppée de pâte ^^■. plus tard, recouverte de gâteaux
(6uÀ-/,{jiaTx)-'. On la brûlait sur l'autel extérieur, en l'ar-
rosant de libations de vin et d'eau-*, souvent aussi de
libations d'huile qui accéléraient la combustion^'. De
l'encens, ou quelque autre parfum que l'on jetait dans
la flamme, dissimulait l'odeur des chairs brûlées'". Ce
moment, où les offrandes se consumaient sur l'autel,
n'était peut-être pas le moment le plus impression-
nant du sacrifice ; mais ce devait en être le plus pom-
peux. C'est alors que l'on exécutait les plus beaux
hymnes^', et que se déroulaient les chœurs de danse
jHYMNUs, hïporchema]. On sait qu'un rythme grec avait
tiré son nom des libations : le spo?idée^^. Une catégorie
de chants religieux était celle des TïxpatrT.ovSsta, ou u;avc,i
TtapaiTiovÔEiot ■". VHymne à Zeus de Callimaque a été
chanté (ou est censé l'avoir été) Z-C|V6; Ttapi cTrc.vS-fjdtv''.
Dans un des hymnes découverts à Delphes est décrit le
décor qui devait entourer son exécution : c'est le moment,
ditl'auteur, où «Héphaistos consume sur les autels sacrés
les cuisses des jeunes taureaux » ; le parfum d'Arabie
monte en tourbillons vers l'Olympe ; la flûte de lotus fait
entendre ses sons harmonieusement modulés ; la cithare
d'or, à la douce musique, répond par ses accords à la
voix des hymnes; et tout l'essaim des théores venus
d'Athènes chante et se meut en cadence ^\
Les parties de la bête qui n'avaient été ni brûlées sur
l'autel ni abandonnées au prêtre '*, à ses aides ou à
différents employés du sanctuaire ''', demeuraient la
propriété des sacrifiants. Ceux-ci pouvaient les consom-
mer sur place ^', ou bien ils les emportaient chez eux '■".
1. 12-1.3: I. 30-31; 017, I. 19-20. — 23 Od. XIV, 428, 446; Hesjch. s. v.
etufiop.'a. — 24 Thcophr. Char. 22; lliad. XI, 775; Od. XII, 302; etc. Cf. Hermès,
XXXIX (1904), p. 610-617. — 2i. Dillenberger, 617, 1. 20; Hesycb. s. v. «tufiof.'a.
Hésychius, d'ailleurs, distingue mal la part du dieu de la part du prêtre, c'esl-
à-dire des ^tp,; (saceroos). C'est aussi par suite d'une confusion qu'il esl dit dans
les Aneedota Aç Bekker (44, 9): 'Up.içyvu • Ta toï; OeoTî (tipr, xa: ôy;itû.i*Eva ; cf.
Hermès, XXXI (1896), p. 640-643. — 1A Od. XIV, 429 (s«Xiva; aoàou àxt<;T) ; cf.
Hermès, XXIX (1894), p. 282. — 2T Plierecr.fr. 23, v. 6; ?0Tf\\. De abstin. Il, 6. Sur
les «aifLuxa (nommés par Télékleidès, fr. 33 Kock; Plat. fr. 174, v. 18; Arist. Pax.
1040; Theophr. Char. X et fr. 9 Wimmer), voir schol. Arist. Pax, 1040 ; Hesycb. el
Suid. s. V. Cf. Hermès, XXXl.V (1904), p. 615-616. — 28 /;. |, 462-403 = Od. III, 45P-
460; /; XI, 775; Apoll. Rhod. 1,1133-1134; Poilus, X, 63; Alh. 486 A; Dittenberger,
615,1. 7-8; 616,1. 49-50; elc. — 29 poil. X, 65 ; Alb.486 A. — 30 poil. X, 63 ; Bull.
de corr. hell. XVII |l893),p. 576; Dittenberger, 616, I, 37; etc. — 31 Exemples de
sacrifices célébrés, à titre excepliounci, sans chants religieux : Ath. 139 D; Dit-
tenberger, 624. — 32 Von Frilze, Z>e libatione veterum Oraecorum, p. 18-19. Pollux
mentionne aussi un «i'XT.fia «sovSiTo. (IV, 73). — 33 Philo, 11, p. 484, 13.— 3i Callim.
Bymm. I, 1. — 35 Bull, de corr. hellen. XVII (1893),i p. 576-577. — 36 Sur
celles-ci, voir l'article sacbrdùs. II faul en rapprocher les parts qui étaient réservées
soit à des familles sacerdotales (ex. : Dittenberger, 616, i. 53 ; 617, 1. 18 sq.), soilàdes
magistrats ayant uue compétence religieuse, tels que les rois de Sparte (Herod. VI, 57).
— 37 Dans un règlement d'Épidaure (Dillenberger, 938), des parts sonl attri-
buées anx hiéromnémoos, aux chanteurs làotSo-'), aux gardiens (spojpoO- Dans un
règlement de Mykonos (Dittenberger, 615), au cuisinier, i des retrSeç et à des
vu;x3toi. Dans des règlements de Cos ^ Dillenberger, 616; v. Prolt, Fasti, n. 8 B) à
un hiérope, à un héraut, à un 0 vasôp o;, à des joueurs de flûte, à des potiers et à des
forgerons, à des médecins; elc. — 38 plaul. Rudens, 61, 343 (Léo). Certains -.t^vt,
renfermaient un édifice destiné aux banquets, un é.ïTt«Tôpiov ; Plut. Afor. 146 ;
Slrab. X, 5, 11 ; Dittenberger, 016. note 37 ; Bull, de corr. hell. XIV (IS9o), p. 307
et note 3 ; XXX (1906), p. 57. Sur les cas où il était obligatoire de consommer sur
place les chairs des victimes (Hesycb. s. v. 'Effiiai e-JojAEV t^sôv tîve; Ouas'at, is 'Sv &0x
oli.T. V fiiTaSoJ.ai, ;, Utv.v.it',), voir ci-dessous, p. 972, n. 3. — 39 Arist. Plul.
227 ; Plaut. Poen. 491, 017 ; etc.
122
SAC
!)70 —
SAC
Philochore observe quW Athènes les viandes provenant
(l'un sacrifice aux Heures étaient bouillies, non rôties' ;
c'était donc généraleuienl rôties qu'on mangeait les chairs
(les victimes. Quiconque n'était pas un ladre les faisait
servir à un banquet, et en distribuait à ses amis"; les
saler est cité par Théophrastc comme un trait de grossière
impudence (àvaiTx/JVTÛl \ Si l'on en croit le même Théo-
phraste, les vaniteux, lorsqu'ils avaient .sacrifié un bœuf,
pla(:aient devant leur porte la tète de l'animal, ornée de
bandelettes, pour que tous les passants fussent informés
de leur faste '. Bref, le jour où un particulier avait
offert un sacrifice de quelque importance était dans sa
maison jour de liesse ^ Chez Homère, le soir venu, un
dernier acte religieux sert comme d'épilogue à la fête:
les convives, au moment de se séparer, brûlent en l'hon-
neur du dieu les langues des victimes immolées, en les
arrosant de libations «. Cet usage n'a point persisté
durant l'âge classique '; les langues, alors, étaient bien
encore mises de côté'; mais elles faisaient partie, très
couramment, des fh-r;^ [sacerdos]. \ la suite des sacri-
fices publics, avaient lieu parfois des xcsavoiAta-. ou dis-
tributions de viandes, etde solennelles agapes (5Yijji.o9oivia'.,
ôsiTTva 5t,[aot£X-7|) '^ Chacun des membres de la commu-
nauté recevait sa part; les magistrats et ceux ou celles
qui avaient joué un rôle pendant le cours de la fête
avaient droit à des portions de choix, déterminées d'après
des règlements ". Il arrivait aussi que de pareilles
largesses suivissent des sacrifices offerts par de simples
particuliers, lorsque le sacrifiant était très riche et
recherchait la popularité '-.
Je rappelle que la description ci-dessus concerne les sa-
crificesdu type le plus ordinaire : sacrifices propitiatoires
offerts à des dieux olympiens. Signalons maintenant ce
qui, par différence, caractérise les sacrifices d'autre sorte.
1° .4(/ point de vue de l'heure. — Les sacrifices aux
divinités infernales s'offraient le soir, ou même pendant
la nuit ''. Demême les sacrifices en l'honneur des héros '*.
De même aussi, à l'époque homérique, les sacrifices aux
morts '^ ; à l'époque classique, ceux-ci s'offrirent ordi-
nairement de jour ".
2" Au point de vuedu décor. — Dans le culte des divi-
nités infernales, on revêtait des habits ou des ornements
rouges, de la couleur du sang " ; dans le culte des morts,
des vêtements de deuil'*. Point de couronnes, point de
guirlandes, non plus que dans les sacrifices expiatoires
ou sacrifices-rançons''. La musique était proscrite des
I Ath. C5C A. — apiaut. Miles j(or. 711-712 (Luo): Plul. Aqes \T ad fin. .Arat.
15. — 3 CVinr. IX. — * Char. XXI. — ^ I.e sacrilianl conservait sur sa lêtc la
couronno qu'il avail prise pour sacrifier : Plat. Resp. 3iS C. — 6 Od. III, 332, 3*1.
Il est. d'ailleurs, inexact que celte dernière olfrande ait été adressée à Hermès (Ath.
!« B; Sch. Apoll. Rli. I, 317 ; Scli. Od. 111, 332, 3H et Eustatli. Ibid.}: elle s'adres-
sait au même dieu que le principal sacrifice. — ^ Rien de tel n'apparaît chez Platon,
Leg. HOIt E. Le passage d'Apollonius de Rliodes où l'usage en question est énoncé
(I, .517-.'îl8) contient certainement une réminiscence homérique et ne prouve point
pour l'époque de l'auteur. — » Arist. Av. 1703; Pue, 1000 ; Menandr. fr. 29î Kock.
— 'J [sacerdos]. Dans les sacrincc-t publics, les langues, paraît-il, étaient attribuées
aui hérauts: Arist. Plut. Il 10 et Schol. Ad l. — 1" Pollui, I, 34. Les exemples
abondent. Citons seulement, à cause des détails donnés sur le menu, l'inscription
de Céos Ditlenberger, 522. — u Schol. Arist. Pax, 893; Diltenberger, 634;
601, I. 21 sq.; 533, I. 34 sq. — I? Ken. Anab. V, 3, 9 ; Ath. 3 D; 332 E; Inscr.
gi: Vill. I, 2712; Diltenberger, Or. gr. inscr. 339, I. 63. — 13 Diog. L. Vlll,
33; Etym. m. 468, 34 (cf. Rohde, Psyché, 101, n. 2; Festschrift fïir Fried-
liUdtr, p. 422). Exemples : Aescll. Eum. 108 (Érinyes); Apoll. Rhod. III, 1029, cf.
1191 sq. (Hécalo); Pans. Il, 24, 1 (Apollon Deiradiotés) ; III, 14, 9 (Hécate,
Ényalios) ; IX, 39, 4 iTrophonios) ; X, 38, 4 (îioî Mt.>.';[.»0 ; Diels, Sihill. Bliitter,
134, V. « sq. (les Moires, IliUiyie, Gaia); etc. — '* Proclus ad Hes. Op. et D.
763: Diog. L. VII, 33; Schol. PinJ. Ullim. IV, 110; Sch. Apoll. Rli. I, 587;
Sch. H. VIII, 66 et Eust. Ad l. (cf. Festschr. f. Friellanrler, 422). Exemples :
sacrifices offerts aux dieux chthoniens, des sacrifices
expiatoires, des sacrifices aux morts. Pausanias, parlant
du cultedeZeus Lykaios en Arcadie, dit que les sacrifices
s'y faisaient Iv j-jtoppiîTon ^''. Un scholiaste de Sophocle
nous apprend, d'après Polémon, qu'avant de sacrifier
aux Euménides, on offrait un sacrifice préliminaire au
démon du silence, Hésychos-', ce qui est significatif;
d'ailleurs, Eschyle lui-même dit, dans \es]Euménides, que
le chant des sombres déesses était à;pdpixiYXToi; ^^, ce qui
doit contenir une allusion aux circonstances réelles de
leur culte. Des passages des Choéphores, A'Iphigénie en
Tauride, laissent entendre que les /oat funéraires
n'étaient accompagnées, en fait de musique etde chants,
que de lamentatious-'. La même absence de musique
paraît certaine pour les sacrifices qui accompagnaient les
serments, et, d'une façon générale, pour tous les sacri-
fic6s.,de l'espèce des (rcpàyta-*.
iS^Ll;* point de vue des rites préliminaires et des
offrandes accessoires. — Les oXai ne figurent jamais dans
les sacrifices offerts aux dieux chthoniens", où figure,
au contraire, IcTteXavoç. Elles ne devaient pas être usitées
non plus dans les sacrifices aux héros ou aux morts, ni
dans les sacrifices expiatoires ou sacrifices-rançons.
Toutefois, il est question d'oXai dans Iphigénie à Aulis^
à propos du sacrifice d'Iphigénie-* ; mais non point dans
Hécuhe, à propos du sacrifice de Polyxène ; la différence
peut tenir à ce que, dans le premier cas, le sacrifice
s'adresse à une divinité olympienne, Artémis ; dans le
deuxième, à un mort, Achille^'. Quant aux libations,
outre qu'elles lurent, dans certains sacrifices, de vin
pur, d'huile ou de u.E/,!xpaTov, au lieu d'être de vin
trempé", il pouvait arriver qu'elles manquassent
totalement. H y avait des ôudiat ào-TrovSoi", qu'un scho-
liaste de Sophocle définit en ces termes peu clairs : Ôuit'ai
xocTa TiJ/y|V sîç s^oç Ttp oeXôoùaai ^''. Ces mots paraissent dési-
gner, non pas des sacrifices réguliers, périodiques, dont
l'institution a eu pour cause un accident fortuit, mais des
sacrifices tels que la coutume s'est établie d'en offrir
dans certaines circonstances"; il s'agirait des sacri-
fices expiatoires, des sacrifices-rançons^-. Nous savons
que, dans ces sacrifices, on ne prétendait pas offrir
à la divinité les prémices ou une part de ses dons, mais
l'apaiser en lui immolant une vie; l'addition de cTrovSai
y eiHdonc été sans objet ^^
4°/l« point de vue des modes d' immolation . — Signa-
\6t)^ d'abord que quelquefois la victime n'était pas, à
Pind. IsthM. IV, 110; Apoll. Rhod. I, 587; Paus. II, 11, 7; Vlll, 14, 11; Plul.
Sol. 9. — 15 n. XXIII, 220 sq.; Od. XI, 12 sq. — <6 Exemples : Aesch. Pers.
609 sq. ; Choeph. début et v. 149; Sopb. El. 326 sq. ; 403; 431 ; 883 sq. ; Eurip.
tiec. 321 s<[. ; Or. 11 14; etc. Les sacrifices solennels offerts aux morts par les Pla-
téens(Plut. Arist. 21; cf. Thuc. III, 58), les Mégariens (Simon, fr. 107 Bergki),
par les Athéniens à Marathon (Paus I. 32, 4 ; Inscr. gr. II, 471), par les Arcadiens
à Phigalie (Paus. Vlll, 41, 1) n'élaient sans doute pas des cérémonies nocturnes,
nunpius que la fête des Génésia. Si l'offrande d'Oresle au tombeau de son père, dans
VElectre d'Euripide, a été faite la nuit, ce détail est commandé par les nécessités
de l'action {Festschr. f. FriedI. p. 423).— n Aesch. Eum. 1028 ; Lys. C. Andoe.
5 1 ; cf. Diels, Sibill. Bliïtter, 69 si|. — 18 Aesch. C'A. 1 1 ; Eur. Bel. 1038 ; cf. Festschr.
f. Friedl. p. 424. Jason, sacrifiant à Hécate, revôt également des vêtements de teinte
sombre (Apoll. Rh. 111, 1031, 1203). — 19 Bermes, XXV (18901, p. 322, n. I.
— 20 Paus. Vlll. 38. 3. — 'il Schol. Oed. Col. [00. — ^iEum. Î3i. — i3 Choeph. 151 sq.;
Jph. T. Ilô. - -ii Festchr. f. Friedl. p. 421.— 2i Bermes. XXXll (1897), p. 249.
— 26 Iph. A. 1417. — 2'! Uerme<: XXXII (1S97), p. 248-349. — 28 Cf. ci-dessus,
§ II. — 29 Ne pas les confondre, comme on l'a fait parfois, avec les 6u9,'ai
ïoivoi. — 30 Schol. Oed. Col. 100. — ■'" Par opposition aux eucji'ai »a9,i»ou»«'. ««ta
•t» niT?.«, aux «ujJai itdTp.oi l, Tois xaln.ou», ;(p<;.oi;. — 32 Beones, XXII
(1887), p. 647. — 33 Pour l'explication de quelques textes objectés par v.
Frilze(/>e libatione vet. Graecorum, p. 24-23), cf. Stengel, Kultusaltert.^, p. 118,
n. 12.
SAC
— 971
SAC
proprement parler, immolée, je veux dire tuée de main
d'homme à laide d'une arme quelconque, mais qu'on la
faisait périr autrement; cela se produisait surtout dans
des sacrifices expiatoires offerts aux divinités clitlio-
niennes. Ainsi, à Patrai en l'honneur d'Arlémis
Laphria ', à Messène en l'honneur des Curetés -, des
animaux de toute sorte étaient brûlés vivants. A propos
des sacrifices humains, nous avons déjà parlé d'un autre
rite: celui de la précipitation ^ A Potniai, près de Thébes,
en l'honneur de Démêler et de sa fille, on précipitait
déjeunes porcs dans un gouffre 'uévapa)'. De même à
l'ail préalablement assommée '^ En second lieu, dans
les mêmes sacrifices, la gorge des victimes n'était pas
tendue vers le ciel; elle était tournée vers le sol",
comme on le voit sur la figure 6002 '•' ; c'est ce qu'ex-
prime, par opposition à aùspJEiv, le verbe xxTafJxoicfei-t "'.
Enfin, le coup de couteau porté dans la gorge n'était pas
alors un coup de pointe, mais un coup de tranchant
qui détachait partiellement la téle'^; le mol technique
pour désigner cette manière de frapper est ÈvTÉjAVctv
(d'où evTojii pour désigner les victimes) " ; on rencontre
également le verbe simple Téave-v", ou quelqu'une des
— Sacrifice Hc Polvxène.
Alhènes, dans une fissure du sol qui s'était produite,
disait-on, lorsqu'Hadès avait enlevé Perséphone '". A
Syracuse, c'étaient des taureaux et autres animaux qu'on
jetait dans une source profonde, dont l'origine était
expliquée comme celle de la fissure d'.\tliènes ''. Les
auteurs citent encore quelques exemples de victimes
noyées dans la mer en l'honneur d'Hélios ' ou de
Poséidon* ; mais la plupart de ces offrandes ont un
caractère exotique, ou bien elles remontent à une époque
très ancienne. Dans les fleuves, les Grecs n'ont, semble-
t-il, jamais immergé des victimes, dont les cadavres
eussent souillé l'eau courante ; le sacrifice auScamandre
dont il est question chez Homère est offert par les
Troyens'; et Achille parait s'en étonner'". Dans l'im-
mense majorité des cas, la victime était tuée d'un coup
de couteau ou de hache" ; mais, par rapport au sacri-
fice que nous avons décrit, l'acte de l'immolation pouvait
comporter d'intéressantes variantes. D'aljord, lorsqu'on
sacrifiait une grosse bête aux dieux chthoniens, aux
héros ou aux morts (ce qui, d'ailleurs, était rare'-;,
il est douteux qu'avant de lui ouvrir la gorge on
I Paus. VII, 18, 7. — 2 Paus. IV, 31, 7. — 3 La lapidation est mciilionnéi-
dans i]uel>pjes légeodeâ ailiologiques (Islros ap. Harpocrat. s. r. ïofjxaxoî ;
l'aus. II, 32, 3); tuais il ne semble pas qu'à l'époque historique on l'ail prati-
quée rituellement. — * Paus. IX, 8, 1. — 5 Schol. Luciau. Dial. Meretr. Il, I
ip. i76 Rabe). — 6 Diod. V, i, 1. D après IV, 23. 4, on pourrait croire-
que les animaui étaient immolés au préalable, et qu'on ooyait seulement leurs
cadavres. — '' Festus, p. 181 (october eqlis;. — 8 Paus. VIII, 7, 1 (la fontaine
Diné esl toute proche de la mer: ûSu; -{Ktixi U iilids^,; i>i;)[o)>E>',>) : Plut.
Coiirio. VU Sap. SO ; Appian. Mithrid. 70 ; Suidas s. v. .[fi'-lr.na. — 9 //.
XXI, 132. — 10 iVeue Jahrb. U3 (1891), p. 452. L'observation d'Euslathc Ad
11. XXIII, 14S (xMm: Si l. Titî j;,.!; ;»!>i; Vii-ouî) est sans valeur ; cf. iVeii'
JahrbUctu-r, 125 (1882), p. 734. — n Sur des rites locaui, cf. Paus. Il, 35, 4;
VIII, 37, 5. — 12 Cf. ci-dessus. § II. — 13 Orph. Argon. 313 sq. ; Plul. ArM. 21 :
Eur. Bel. 1584; cf. Jahrb. des arcli. InslU. XVIII (1903), p. 121-122. — 1' Schol.
II. I, 459 (lire : à,,î'*!s,vTi| et Eust. Ad t. ; Schol. ApoU. Rhod. I, 587 (lire : ,U
".» T*!>) ; Psellus, De op. daemon. p. 38 Boiss. — 15 Journal of hellen.
studies, XVIII (I898|, p. 281, pi. xv. — 16 Plut. Pelop. 22 (cf. Jahrb. d. arch.
Inst. XVIII, p. 118-119). Cf. Od. X, 527 (e!î 'EjsSo; ^e£«.y) et Schol. Ad l.
— i'' Schol ApoU. Rh. I, 5874(4,»Tt|i»«»«ai Ti; xz-.àU;). — 18 Culte des héros et
expressions suivantes, presque toutes composées de téjjl-
vEiv : aTtooetpoTOfjLîïv ^'', ),a;u.0Tou.£tv, Xatfxov TÉiivetv^', aùve-
vtÇg;v 2-.
5° Au point de vue des cérémonies consécutives à
l'immolation. — Dans un certain nombre de sacrilices,
le sang des victimes, contenant .soi-disant le principe de
leur vie, était considéré comme l'offrande essentielle :
ainsi dans les sacrifices expiatoires, dans les sacrifices
aux morts (autant qu'ils comportaient une victime ani-
male), et dans les sacrifices accompagnant un se^ment-^
Il arrivait alors que, pour faire parvenir ce sang aux êtres
surhumains à qui le sacrifice s'adressait, on prit de parti-
culières précautions. L'une des plus habituelles était de
creuser un trou en terre, dans lequel on faisait couler le
sang'"; ou bien l'autel était percé en son milieu, et un
conduit acheminait vers les régions souterraines tout ce
que l'on répandait dessus -" ; pour le même motif, sur la
tombe de certains héros, on ménageait des ouvertures
«rf/«oc". D'autres fois, lorsque le sacrifice était oflerl
aux dieux de la mer ou des fleuves, le sang de la victime
coulait directement dans les eaux, ou bien on l'y versait
des morts : Schol. //. 1, 459 et Eust- Ad I. : Schol. Schol. Od. XI, 23 ; Apoll. Ith.
I, 387 et Schol. Ad l. ■ Tbuc. V, 11 ; Plut. Sol. 2; Pelop. 22; Lucian. Scytt, 2;
Pbilostr. Her. XIX, p. 741. Culte des vents et des dieuv de la mer : Herod. Il, 1 19;
VII, 191 ; Arrian. Ind. 20. Sacrifices accompa^ant les serments : Arist. Lys.
192 Hesych. s. v. Tvroijia. Sacrifices expiatoires ou purificatoires : Hesvch.
lùid.; Plut.; Quaest. rom. III. Cf. Zeitschrift f. dos Gt/mnasialweseii, 1S80,
p. 737-743. — 19//. III, 252, 292; XIX, 197; 266; Eur. Suppl. 1196. Cf. les eipres-
sions Sf.i. •!i|iv..y, <ri:ov54; ,<,.•„■.,. — ÎO Od. XI, 35. — '21 Eur. Bel. 1384; Suppl.
1201 ; Apoll. Rh. H, 840; IV, 1601. — 22 Soph. Ajax, 295. — '23 Sur l'imporlancd
du sang dans ces catégories de sacrifices, cf. Uermea, XLI (1906), p. 233-237 ;
241-242. En ce qui louche les sacrifices aux héros et aux morts, cette importance
ç'aflirme par le nom spécial a"[j«»ojj:a, qui leur est parfois appliqué ; Pind. 01. I,
•JO; Plut. Arist. 21.-2* Apoll. Rhod. III, 1032 sq. ; Paus. Il, 12, 1 ; IX, 39, 4 ;
Lucian. Nekyom. 9. Dans les grands tombeaux a coupoles de la période mycénienne,
il y avait de semblables poftpot ; cf. lierliner philol. Wocftenschrift, 1691, p. 706.
— 2ô Ainsi à Mycènes : cf. Schliemann, Mykenae, p. 246 sq. Même disposition pour
les amphores gigantesques qui surmontaient souvent les tombes atliques des vie et
v« siècles: le pied, fiché dans le sol, était percé, et laissait couler en terre tes liba-
tions ; cf. Athen. Mitlheilungen, XVIII, 155. — 26 Paus. III, 19, 3; X, 4, T.
SAC - î>72 -
an moyen du T^ayjtov'. S'il s'agissait de solenniscr un
serment, il pouvait arriver que le sang des victimes fût
recueilli, par exemple dans un bouclier, et que ceux qui
juraient y trempassent leurs mains ou leurs armes -.
linlin. dans les sacrifices de purification, le sang,
devant servir à laver les souillures, était répandu sur les
liommes ou les lieux qu'on se proposait de purifier
[USTRATIO].
Voici maintenant une distinction d'une importance
capitale. Dans les sacrifices que nous avons décrits, les
chairs des victimes se partageaient entre le dieu, le
prêtre et les fidèles. Dans beaucoup d'autres, — sacrifices
expiatoires et sacrifices-rançons, sacrifices en l'honneur
des dieux chthoniens, des héros ou* des morts', sacrifices
accompagnant une purification ou un serment*, sacri-
fices manliques \ — la victime entière appartenait à
l'être surhumain ; l'homme, en règle générale, n'en devait
rien consommer ; c'étaient des 6'j<7i:tt 'iyeuaz'ji'''. Les raisons
pour lesquelles il en était ainsi variaient d'un cas à l'autre ;
elles se distinguent assez bien. Dans les sacrifices-rançons,
il aurait été contradictoire de retenir pour soi-même une
part de ce qu'on afTectail d'abandonner au dieu : dans
les sacrifices accompagnant une purification ou un
serment, la victime, maudite, ne pouvait être consommée ;
dans les sacrifices aux morts, aux habitants des régions
infernales, partager avec eux eût été se ranger sous
leurs lois.
Les victimes ou uoctYia, — rappelons qu'elles pouvaien t
appartenir parfois à des espèces non comestibles, —
étaient alors le plus souvent brûlées. C'est ce qu'expri-
ment les mots ôÀoxx'jTïïv ', TrpoxauTsÙEiv ' (/cauToç) ', et
aussi le mot, moins expressif mais consacré par l'usage,
/.ïpTtojv'*'. La combustion, dans ce cas, ne devait point se
faire sur les mêmes autels où l'on brûlait la part du dieu
dans les sacrifices ordinaires, il fallait des autels spé-
ciaux, qui étaient fréquemment improvisés et brûlés
avec la victime". Quelquefois les victimes étaient
enfouies dans la terre'-, jetées dans la mer", ou anéan-
ties de quelque autre façon "^. 11 pouvait même arriver
([ue la combustion et l'enfouissement fussent combinés :
on brûlait les chairs de la victime, et les cendres étaient
enterrées '^ Ces pratiques n'excluaient, d'ailleurs, pasfor-
I llind. .VXlll, U8; Eur. Hel. ISSi; Apoll. RIiod. IV, 1595; .\en. Ànab. IV,
3, 18 ; AiTiaii. Aimé. VI, 19, 5; Tlieoplir. ap. ,\tli. 261 D (texle hien expliqué par
Slciigel, Zit lien griech. Sakrulaltert. p. IS-19) ; Uilleuberger, 615, I. 37; etc.
Pareille coutume chez les Perses : Herocl. VU, ll.'î ; Slrab. XV. 14, p. "3o.
— 2 Acsch. Sept. 41 (cf. Arisl. Lys. 188-180 ; Xcn. .\nab. Il, i, 9. Des libations île
vin et de sanij accompagnaient le serment des -Eto! et Us»:' à .\ndanie (Ditlenberger,
«53, I. :;). — 3 11 y avait toutefois des exccptious, notamment lorsque les sacrilices
s'adressaient aux dieux clillioniens prolecleurs de l'agriculture, aux dieux ou aux
h^ros dispensateurs de la santé. .Mais alors l'usiige de ta chair des victimes était
comniuncnncnt réglementé par des prescriptions spéciales. Ainsi, on devait la con-
sommer sur place et parfois dans un délai lixé; Ditlenberger, 615, 1,26,28 (SaivûtrObiv
.inj); 616, I. 46, 59, Cl («;x 4::oç,f«) ; fil", I. 4, 24; 534, 7; 632, 10-11 ; 389, SI-
SI; Faus. Il, il, 1 ; VHI, 38, 6 ; X, 4, 7 ; 38, 4; cf. Hermès, XLI, p. 239, n. 3.
Ou bien, après en avoir mangé, il fallait se faire purifier : Paus. V, 13,2. Voir aussi
llillenberger, 613, I. 23-2^ et note 18; 553, I. ;i4 s<|. Chez Athénée, p. 140 C, il
s'agit d'un sacrificejuxlaposéau sacrifice en l'honneur des héros (iVeue Jahrbiicher,
127, p. 373, u. 47|. — ISchol. //. III, 310; XIX, 268; Paus. V, 24, 2. — '< Ce
sont les itp«, et non point les t^ù.-.a, qui fournissaient aux troupes en campagne
leur nourriture quotidien ne: cf. Hurmes, XXI {1880;, p. 311. — c plul. ilor . 124 I:.
— 1 Xen. Anab. Vil, S, 4 et 3; Plut. Quaest. sympos. VI, 8, I ; Istros ap. Schol.
Soph. Oed. Col. 42. — » Uittcnberger, 617, I, 12. — 'J Ditt. 616, I. 3i ; 618, I. 9,
— 10 Ditt. 584, I. 9; 016, I. 33, 33 cl note 31 ; Jnscr. i/r. III, 77; Suid. s. v.
i^,i■,^,■. Phol. j. 0. .«>7T<;»; cf. tiennes, XXVll (1892), p. 161-164; XXXVI (1901),
p. 333, n. 2. — 11 Zosira. Hist. nor. Il, 3 ; Paus. IX, 3, 4; Theocr. Id. XXVI. 3 sq. ;
rac. Ann. XV, 30. Cf. Hermès, XXVll (1892), p. 431. — 12 Paus. Il, 34, 3 ; III, 2ii,
9. A Tilhoréc, les restes des victimes étaient lai^s'-s d'une panégyric à la suivante
dams l'ailylon d'Isis ; puis on les retirait pour les enfouir toujours au même endroit
(Pau». X, 33, 9), — 13/(m(/. XIX, 267 sq.;Theopl.r ap. Alh. 201 D ; Arrian. Aimb.
s.\c
cémenlque le cadavre, avant d'être livré à la destruction,
eût été dépecé. Dans une inscription de Cos, il est dit,
semble-t-il, qu'on brûlera sur l'autel le gros de la vic-
time et les cr7tXàY;(va, qu'on lavera le reste des entrailles
('évTEpa) et qu'on les brûlera à côté de l'autel'"; cela
implique que le corps était ouvert et vidé. Il le fallait
bien, d'ailleurs, dans les sacrifices divinatoires, pour
qu'on pût lire dans les entrailles les pronostics qu'on
cherchait. Lorsque le sacrifice accompagnait un serment,
la victime, semble-t-il, était mise en morceaux"; delà
vient peut-être l'expression Tdjxia, d'usage courant en
pareille circonstance'*; celui qui jurait mettait la main
sur les entrailles palpitantes ou les prenait dans sa
main '", ou bien il se tenait debout sur les Tojxta pendant
qu'il prononçait la formule'". Une mise en pièces brutale
est attestée de même pour un sacrifice de l'espèce des
sacrifices-rançons : celui que les Smyrniotes offraient à
Boubrostis-'. Pareil traitement était sans doute infligé
à beaucoup des victimes qu'on appelait a^oÎYia^^. En
général, ces victimes ne devaient pas être dépouillées
«le leur peau-^ Mais il y avait des exceptions-'. La plus
connue concerne les béliers qu'on immolait àZeus Meili-
chios, et dont la toison servait à des rites purificatoires
[dios kodionJ.
Rappelons, enfin, qu'après l'accomplissement de cer-
tains sacrifices, le sacrifiant devait se retirer sans se re-
tourner en arrière. D'après un passage de l'Odyssée, il
semble que c'était le cas, à l'époque homérique, après les
sacrifices offerts aux morts-^ Plus tard, le culte des morts
ayant perdu son caractère effrayant, cette coutume ne s'y
est pas maintenue. Elle persista dans le culte des déités
infernales. Chez Sophocle, le chœur prescrit à ÛEdipe,
après qu'il aura offert des libations aux Érinyes, de
revenir aTTooço;'-"; chez Apollonius de Rhodes, Jason
doit s'en aller sans regarder derrière lui après avoir
sacrifié à Hécate-'; etc.-*.
Tels furent les rites divers observés dans le cas d'un
sacrifice sanglant. Relativement aux autres genres
d'ofi'randes, nous avons peu de chose à ajouter. Rien à
dire des parfums, qui s'en allaient en fumée, des libations,
que le sol absorbait ou que les flammes consumaient.
Les pâtes, en particulier le TtsXavôç, et les autres coroes-
VI, 19; etc, — H Les tiçi Sn^fa, ixar.» des Lindiens (Pind. 01. VII et schol. au
vers 86 ; Diod. V, 56) ne comportaient probablement pas de victimes animales; cf.
Eurip. fr. 904 et [Lucian.] Am. i. — 15 Muller, comment, des £uménidis, p. 181'.
— lii Ditlenberger, 616, 1. 34-33; cf. Berm^s, XXXVI (1901), p. 333, n. 2.
— n Suid. s. i'. BoJî ; .MoiidT:». ; Dion. Hal. V, I ; VU, 50. A l'époque homérique,
on coupait simplement, pour les prendre à la main, quelques poils de la bête (//. III,
273 ; XIX, 234). — 1» Acsch. De falsa kg. 87 ; Arist. LiJS. 192 ; Plat. Leg. 733 D ;
etc. D'après Stengel {Zit deri griech. .*<akratatte't., p. 12 sq.), les tojaîw seraient
les parties sexuelles de la victime, (|u'on tranchait lors du sacrifice. — 19 Herod. VI,
68 ; Arist. Lys. 202; Antiph. De catde Herodis, 12; Acsch. C. Tim. 114; Lyc.
C. Leocr. 20 ; Apoll. Rhod. Il, 717. Sur le sens de ce rite, cf. Stengel, 0, t. p. 15.
— 20 Dem. C. Arislocr. 68; Paus. III, 20, 9 ; IV, 15,4; V, 24, 2 ; Dion Hal. VII,
50. Cf. Stengel, Z. l. — '21 Plut. Quaest. sympos. VI. 8. 1. — 22 Stengel fait valoir
à l'appui de cette opinion le passage d'Ajnx où les bêtes massacrées par le héros
sont assimilées à des cr^àvia (219 si).) et l'emploi que font les Latins du verbe
caedere lorsqu'ils parlent des victimes de ce genre [Hermès. XXV p. 323-324); cf.
Diels, Sibill. Btûtter, p. 69 sq. Chez .Apollonius, Médée stipule explicitement que la
brebis immolée à Hécate sera mise sur le bûcher tout entière (i^afiTo., III, 103.1).
— 2a Eurip. El. 413 sq.; Plut. Quaest. sympos. VI, 8, i ; Lucian. De sacrif. 13.
Dans plusieurs inscriptions (Ditlenberger, 613; 'Eip. 'Ap/. 1902, p. 31 sq. ;
Sitzungsberichte d. Berlin. Akad. 1904, p. 619 sq.), Seçt», SapTâ [victimae
pelle spoliandae est dit de victimes qu'on ne doit pas brûler tout entières, par
opposition aux :tr. 5a-.Ti, qui sont des holocaustes ; Hermès. XXXIX (1904),
p. 611-614.— 21 /liait. XXIII, 169; Od. X, 533 = XI, 46; Ditlenberger, 615,
note 21 ; Suid. cl Hesycli. s. v. iii; «oiIS,-,.. — 25 Od. X, 528. — 26 Soph. Oed. Cot.
490. — 27 Apoll. Rho J. III, 1039 '28 II en était de même après certaines cérémonies
purificatoires: Aesch. Choeph. 98-99; Theocr. Jd. XXIV, 94; cf. Kohde, Psyché,
p. 376-377, n. 3.
SAC
— 973 —
SAC
tibles pouvaient être brûlés'; ou bien on les déposait
sur la table sacrée^, [mensa], et les prêtres les y recueil-
laient, la part des ministres du dieu se confondant
alors, dans la pratique, avec la part du dieu même
ISACERDùs]. Parfois elles devaient disparaître de quelque
autre manière % sans que nous puissions dire exac-
tement comment. A Mykalessos, les fruits que Ton
offrait à Déméter passaient pour se conserver intacts, par
une espèce de miracle, d'un automne jusqu'à l'automne
suivant '. Ph.-E. Legranu.
SACRIFICIUM. — Rome. — Le mot sacrl/îciuiit, dans
son sens le plus général, désignait, au moins à l'origine,
tout acte par lequel un objet ou un être devenait propriété
exclusive de la divinité, sacer ou sacrum ' ; le verbe sacri-
/icare, don t dérive sacrificium, sigaidailsans aucun doute
xacrum facere. A l'époque classique et dans l'usage
courant, le terme sacri/icium avait toutefois un sens plus
restreint. On ne l'appliquait qu'aux actes rituels, dans
lesquels un être ou un objet était tué, brûlé, détruit de
quelque manière, en l'honneur d'une divinité, et près d'un
autel. Isidore de Séville semble confondre les deux signi-
fications du mot dans la définition qu'il donne du sacri-
flcium: Sacri/icium aulem est victima, et quaecunque
cremantur in ara seu ponuntur; omne aulem quod Deo
datur aut dedicatur aut consecratur- .
Le premier membre de phrase définit assez nettement
le sacri/icium proprement dit ; dans le second, il paraît
y avoir confusion entre le sacri/icium, la dedicalio et la
consecratio : or ces trois mots ne peuvent être considérés
comme synonymes. Si tout sacri/icium comporte, par
définition même, la consecratio de l'objet ou de l'être
sacrifié, la réciproque n'est pas exacte; il peut y avoir
consecratio sans sacrificium [consecratio, t. I, p. 1430-
1431 ]. Quant à la dedicatio, c'est un acte surtout officiel
et de caractère public, avec lequel le sacrificium ne
saurait être confondu [dedicatio, t. II, p. 42-43J. Les
donaria n'étaient pas non plus des sacri/icia; il suffira
de se reporter à l'article uo.narium (t. II, p. 363 sq.) pour
reconnaître que les offrandes n'étaient point destinées à
être immolées ou brûlées ; qu'au contraire, elles devaient
être conservées avec le plus grand soin dans les sanc-
tuaires. Sans chercher à donner une définition abstraite
du sacri/icium chez les Romains, nous dirons seulement
qu'il y &.\dÀi sacrificium toutes les fois qu'un être animé
ou un objet inanimé % offert à la divinité par un indi-
vidu ou un groupe collectif, famille, yens, association,
cité, était, soit près d'un autel, soit sur l'autel même, tué,
brûlé, détruit, de quelque manière que ce fût, partielle-
ment ou totalement.
Dans les limites mêmes de cette définition, les sacri-
/icia peuvent être répartis (m plusieurs catégories. Si l'on
tient compte de l'intention dans laquelle le sacrifice a
été accompli, on peut distinguer les sacrifices honorifi-
ques, c'est-à-dire les sacrifices par lesquels on veut hono-
• Pour le «>,»■,«;. cl. scliol. Arisloph. l'iiil. 001 ; lùiilp. /on, 2ÎI1, 707; Tra.
1063; Bel. 1331; Apoll. Rli. IV, 71i; l'aus. VIII, i, I; elc. Pour les gâteaux.
Menaodr. fr. 119 Kock, v. 4-3; Arisloph. Thesm. 283; Paus. I, 38, 7 ; X, 8, ô;
U.-liker, Anecd. 215 ». t>. àosut/,? ; /nsci: ijr. III, 23, 3 ; Boeckli, Corpus, 3599 ; etc.
- 2 Arisloph. Plut. 661 et sriiol. AU l.; Diog. L. VIII, 13 ; clc. Des labiés chargée*
ilollrandes (gàleam, fruits, etc.j sont représentées lig. 449, 2*38, 3831, 4664. — 3 A
l.ilaia de Phocide, on jetait dans la source du Cépliise des gâteaux (Paus. X, 8, 5). Ou
eu jetait de même dans une fontaine, à Épidaure Limera, lors de la fête d'Ino
(Paus. 111,23,5). - tPaus. IX, 10. 4. Voir la bibliographie à la lin de rarticle.
«ACRIFICIUM. — Rome. — I Isid. Elijmol.KW. 38 : « Sacrificium, quasi «
factum ... — i Id. Iliid. XIX, 30. — 3 M.\l. Hubert et .Mauss, dans leur Essai
rer la divinité, s'assurer sa bienveillance et sa protection,
s'acquitter envers elle ; les sacrifices expiatoires, par
lesquels on veut apaiser le courrou x de la divinité offensée ;
les sacrifices divinatoires, dont le but est de fournir, par
l'observation de diverses particularités, surtout par
l'examen des entrailles des victimes, des indications sur
l'avenir et sur la volonté des dieux. Les épithètes.
employées par les Romains pour distinguer les hostiae
honorariae, piaculares, consultatariae, paraissent
répondre à cette classification. D'autre part, on a souvent
divisé les sacrifices en deux grandes classes: les sacri-
fices non sanglants, les sacrifices sanglants. Celte
distinction porte exclusivement sur un caractère exté-
rieur de l'acte rituel; s'il est difficile de la tenir pour
fondamentale, il convient, du moins, de ne pas la négliger,
car elle permet d'établir une différence assez nette entre
la libation, par exemple, et l'immolation d'une victime.
Sans nous prononcer pour telle ou telle classification,
nous nous proposons: 1° d'examiner successivement les
libations, lessacrificesd'animaux, lessacrificeshumains;
2» de déterminer quelles étaient les conditions exté-
rieures nécessaires pour qu'un sacrifice fût valable ;
3° de rechercher quelle était la véritable signification des
sacrifices à Rome.
I. Les sacrifices, étudiés au point de vue des objets
ou des êtres sacrifiés. -^ 1° Sacrifices non sanglants:
libations. — Les mots tïbare, libamina, libntiones
s'appliquaient en latin à toutes les offrandes non san-
glantes que l'on répandait ou dont on répandait une
partie dans la flamme allumée sur l'autel, que cet autel
fût le foyer domestique ou un autel proprement dit placé
dans un sanctuaire consacré. Après avoir rappelé la
légende, d'après laquelle Liber Pater le premier, à son
retour des Indes, aurait mis à part les prémices de son
butin pour Jupiter, lui aurait offert le cinname, l'encens
et les entrailles rôties d'un taureau, Ovide ajoute :
nomine ab auctoris ducunt libamina nomen
libaque, quod sacris pars datur inde focls^.
Les offrandes, auxquelles s'appliquaient les termes de
libamina, liba, étaient de diverses catégories : elles
comprenaient des liquides d'usage courant parmi les
hommes, tels que le vin, vinum"; plus spécialement le
vin pur, merum''; et le lait, lac'^; des herbes et des
plantes odoriférantes, romarin, laurier, herbes sabines,
rameaux de pin * ; des parfums d'origine orientale, encens,
myrrhe, crocus et coslum'' ; divers produits agricoles,
considérés comme prémices des fruits de la terre, far.
farra^", fruges'\ baccae^-, spicae^-; du miel, quel-
quefois en rayons, met'', favi'''; des aliments usuels,
dapes"^; du sel, saH'' ; enfin certains gâteaux spéciale-
ment préparés pour les cérémonies religieuses suivant
des prescriptions rituelles, la mola salsa " et les liba '^
Ces diverses libations faisaient partie du culte domes-
tique comme des rites qui se célébraient dans les sanc-
nalure et la fonction dusacri/îce, di.«cnt exccllemmeut; « On doit appeler sacrifice tonte
oblation, même végétale, toutes les fois que l'oITrande ou qu'une partie de l'olTrande
est détruite, bien r(ue l'usage paraisse réserver le mot de sacrifice à la désignation des
seuls sacrifices sanglants. • {L'Année sociologique, 18U8, p. 39-40). — 4 Fas!.
III, 729-734. — = Calo, Ùere rust. 132, 134; Ovid. Fast. Il, 653 ; IV, 935. — 6 Virg.
Aen. V, 77. - 7 Schwegler, Rom. Gescliichle, I, p. 421, n. 5.-5 Ovid. Fast.
IV, 741-742. — 9 Id. lùid.l, 339 sq. — "> Ovid. Fast. I, 338; II, 519. — Il Id.
Iliid. II, 651 ; Cicer. De iegib. Il, 8; Plin. Aal. hist. XVlll, 7. — 12 Cic. Loc.
cit. — 13 Festus, s. V. floriferium, sacrima. — 14 V. l'art, mel, t. III. p. 170ù.
— IS Ovid. Fast. Il, 632-653. — 16 Cato. De re rust. 132 ; Tibull. I, 5, 28. — '^ Oviil.
Fasi. I, 338. — 1» V. l'art, mola, t. III, p. I'.i02. — i'-' Voir l'art, moum, p. 123».
SAC
974 —
SAC
luaires publics. A l'inli^rieur de rhaqiip maison, celait
au momenl des repas, au début ou entre le premier et
le second service, qu'on procédait aux libations en allant
porter au foyer et en jetant dans le feu une partie des
çuibiis/iosliis immolandum cnique deo^... On se servait
de même du mot viclima dans l'acception générale de
notre mot victime^". Outre les animaux appartenant
aux trois races bovine, ovine et porcine, les Romains
Fig. 6003. — Libation peudaiil ic repas.
aliments'. C'est ce que, dans un bas-relief étrusque de
Chiusi (fig. t}()03}, on voit faire à un convive placé près
de l'autel, dans le repas qui suit un sacrifice^. Dans
les sanctuaires et les temples, les libations étaient pra-
tiquées soit isolément (fig. 6004), soit en même temps
qu'on immolait une victime
(fig. 6005 . Plusieurs écrivains
anciens affirment qu'à l'origine
les libations seules ; c est-à-
dire les sacrifices non sanglants,
existaient dans le culte ro-
main ' ; cette assertion a été
fort justement révoquée en
doute par les savants moder-
Fig. 600*. - Libation. "es ; il y a, dans la religion
romaine la plus ancienne, des
indices certains de l'existence de sacrifices sanglants*.
1 2*iSacrifices sanglants : victimes animales. — Dans les
sacrifices sanglants, les victimes immolées aux dieux
étaient le plus souvent des ani-
maux, quelquefois des êtres
humains. Nous nous occupe-
rons d'abord des sacrifices
d'animaux. Les Romains choi-
sissaient principalement les
victimes dans les trois races
bovine, ovine et porcine " ;
les animaux de race bovine
étaient qualifiés victimae',
tandis que les autres ani-
maux portaient le nom d'hos-
tiae'. Il ne convient pas d'attribuer à cette division
une valeur excesssive : les deux mots paraissent avoir été
employés pour désigner toutes les victimes en géné-
ral ; c'est le cas, par exemple, pour hostia dans ce texte
de loi cité par Cicéron : [sacerdotes] quae cuique divo
decorne grataeque sint hostiae providento* \ et dans
cette phrase de Cicéron lui-même : Jain iUud ex ins
titntis pontificum cl haruspicum non mutandum est
' Serv. Ad Atn. I, 730. Voir encore Virg. Georg. IV, 378 sq. ; SiL liai. Pun.
VII, 181 sq. — 2 Au Loa»rc, Mon. d. Inttitut. 186t, pi. i ; Helbig, Annali.
I»6t, ; voir le dércloppement fusus, fig. 3i55. Les morceam ici jetés dans
le feu sont peut-ôtre la part faite aux dieux d'un sacrifice sanglaut. — 3 Ovid.
F(ut. I, .1i7 sq.; nion. Hali. Il, 74; Plio. .\at. hist. XVIII, 7 ; Plut. A'uma, 8.
— ' Marquardt el Mominseu, Manuel des anliq. rom. (Ir. franc.), i. XII, p. 20+-
i05. — i Ibid. Op. cit. p. iOi.it'9. — 6 C. i. lat. VI, i059 (Acla fralr. Anal.
a. 81). — ■ Ib. VI, il04 {Acla fratr. Anal. a. ÏI8) ; cf. Varro, De ling. lat. V.
98. - 3 De lejib. Il, 8. - ■* Id. Ibid. Il, li. — lO par ex. Cicer Ad Atl. 1, ]3 ;
Fig. 6005
sacrifiaient, dans certains cas particuliers, des chevaux
[ocTOBER EOLX's, t. IV, p. 149]; des coqs et des poules en
l'honneur d'Esculape" ; des chiens et des chiennes aux
Lupercales [luperc.\lia, t. III, p. 1400-1401] et dans
quelques autres cultes, tels que celui de robigo, de la
Canicule et des Lares'-; des poissons aux volcanalla".
Les victimes, de quelque racequ'elles fussent, formaient
des catégories distinctes suivant leur âge, leur sexe,
parfois aussi leur couleur. En ce qui concernait l'âge des
victimes, on distinguait les lactentes et les majores^''.
Suivant l'opinion le plus généralement adoptée, les ani-
maux lactentes étaient ceux qui n'avaient pas encore
leurs deux rangées de dents, supérieure et inférieure, qui
n'étaient point encore bidentes ou ambidentes''. Les
animaux majores étaient ceux qui avaient dépassé cet
âge. Outre cette distinction essentielle, certaines règles
prescrivaient soit de n'immoler les victimes lactentes
qu'un certain nombre de jours après leur naissance, les
porcs cinq ou dix jours, les brebis sept jours, les veaux
trente jours '*; soit de choisir spécialement pour tels ou
tels sacrifices des brebis et des moutons dont la laine
n'avait pas encore été tondue, oves altilaneae, arietes,
verveces altilanei'''. En ce qui concerne le sexe des
victimes, on immolait, en général, des mâles aux dieux,
des femelles aux déesses" ; toutefois, cette règle souffrait
des exceptions: par exemple, on sacrifiait annuellement
au nom de l'État une génisse, juvenca, à Hercule ". Ces
exceptions devraient être assez nombreuses, puisque
Cicéron attribue aux prêtres la tâche d'indiquer aux
fidèles, ex institutis pontificum et haruspicum, à quelles
divinités il faut immoler des animaux mâles, à quelles
divinités conviennent des victimes femelles'-". Il y avait
aussi des prescriptions assez rigoureuses quant à la
couleur des victimes: en général, les divinités du ciel
préféraient des animaux blancs ; les divinités qui
avaient quelque rapport avec le feu, des victimes au poil
roux; les divinités infernales n'agréaient que des ani-
maux de couleur noire ou foncée -'. A vrai dire, on ne se
gênait guère pour tourner les difficultés qui résultaient
cf. Isidor. Etym. XIX, 30. — H Terlull. Apolog. 46; Fest. ». r>. in intula.
— 12 Plut. Quaest.rom. 51, 5Î; Fesl. s. v. ealularia. — «3 Varr. De ling. latin.
VI, 20; Fesl. s. V. piscatorii ludi. — 1^ Cicer. De tegib. II, 12; Quibus hosliis
immolandum cuiquedeo, cui tnajoribus, cui lactentibus, cui martbus^ eut feminn.
— 13 Marquardt et Uommsen. Loc. cit. p. 205-206. — 16 Plin. Xat. hist. VIII
183,206; Varr. Oercrust. Il, 4, 16. — l'! Scrv. Ad .A.en. XII, 170: Ci. lat. \'\.
2099 {Acta frat. Anial. a. 183). — 18 Arnob. Vil, 19. — 19 Varr. Ling. [latin.
VI, 54. — 20 De legib. Il, 12. — 21 G. Wissowa, Beligion und Kultus der Ràmer,
348.
SAC
975 —
SAC
parfois de telles prescriptions: quand les taureaux blancs
faisaient complètement défaut, on blanchissait à la craie
la victime destinée à Jupiter Capilolin '.
Nous ne pouvons entrer ici dans le détail d'autres con-
ditions particulières exigées des victimes dans les divers
cultes : on trou
vera ces condi
tions mention
nées aux articlcb
qui traitent de
chaque divinité
Outre les con
ditions de race
d'âge, de sexe
de couleur, les
animaux offerts
en sacrifice de-
vaient remplir
l'ertaines condi-
tions générales
communes àlou
les les victimes.
Ils devaient être
sans tares; c'en était une pour les bœufs d'avoir porté
le joug ou tiré la charrue ^. A plus forte raison, un
animal boiteux, borgne, blessé, etc., était-il, par là même,
écarté de toute cérémonie religieuse. Ces qualités spé-
ciales requises de la victime étaient exprimées d'un
seul mot: elle de-
!> jU^ vait être pura ^
^ La réunion de
toutes les condi-
tions ci-dessus in-
diquées était telle-
ment nécessaire
que les animaux
destinés aux sacri-
fices, du moins aux
sacrifices publics ,
étaient soumis à un
véritable examen
officiel, la proba-
tio ; une victime
n'était admise que
si elle avait été p/'o-
bala *. La proba-
tio était faite soit
par les magistrats,
consuls ou pré-
teurs, qui offraient les sacrifices", soit par les prêtres ^
Si, le plus souvent, une seule victime était immolée,
dans certains cas, le sacrifice comprenait l'immolation de
plusieurs animaux: la plus fameuse des cérémonies de
ce genre était le sacrifice des suovetaurilia, où l'on
offrait à Mars un taureau, un bélier et un porc [fig. 6006
et MARS, p. 1617, LUSTRATIO, p. 1429].
Quand la victime ou les victimes avaient été choisies
et admises (oplatae, probatae), alors l'acte même du
• Juven. X, 05; Schol. AUloc. - 2 Macrob. III, 5, 5. — 3 G. Wissowa, Op. cit.
p. 351 et note 3.-4 Cicer. De tege ai/mr. Il, 93; Pliu. iVat. hisl. VIII,
183 ; Tertull. Ad nul. I, 10 ; Apolog. 30. — 3 Cic. L. c. ; Terlull. Ad nat. I, 10.
— 6 Bas-relief du Louvre, L. Carac. Musée de scutpt. pi. cix, n. 3liî, — "ï Ter-
tull. Apolog. 30 : quum hostiae probantur pênes vos a vitiosissimis sacerdotibus.
— 8 La figure est lirie d'un bas-rclicf de la villa Midicis, a Rome, i|ni apparleiiail
sacrifice.
parée pour le sacrifice.
sacrifice, l'opération rituelle commençait '. On peut
la diviser en trois parties ou moments : 1° la victime
est parée et amenée à l'autel ; 2° elle est consacrée
alla divinité et immolée; 3° ses chairs sont partagées
entre la divinité et les hommes, après qu'on en a examiné
certaines parties
77 ^^ "^^"^ ^vflsn pour y reconnai-
~ tre la volonté di-
vine.
C'était surtout
la tête de la vic-
time qui était or-
née: les éléments
essentiels decette
parure étaient
Yinfula^ la vitta,
plus rarement
une plaque riche-
ment décorée,
(fig. 6007) qu'il
faut peut-être ap-
peler frontale "
[ cf . FRONTALE ^
p. 1343; LNFULA, p. 515; vitta], des guirlandes de fleurs
(fig. 6008; cf. serta); les cornes des bœufs étaient dorées ',
et parfois on mettait sur leur dos une large bande d'étoffe
plus ou moins richement ornée, appelée dorsuale [dor-
SUALE, p. 387]. Cette toilette terminée, la victime ou les
victimes étaient conduites en procession jusqu'auprès
de l'autel par les ministri, popae, cultrarii, victimarii
[cuLTRARius, t. I, p. 1587]; sur les monuments, ces per-
sonnages sont représentés nus jusqu'à la ceinture ; ceux-
ci portent sur l'épaule le maliens ou la securis ; ceux-là
tiennent à la main le culter [culter, p. 1585]. Cette
procession avait une importance toute particulière dans
les sacrifices purificatoires [lustratio p. 1422 sq.] ;
mais, quelle que fût l'intention dans laquelle la victime
était offerte aux dieux, toute résistance de l'animal à sa
laisser mener à l'autel était tenue pour un indice de très
mauvais augure; à plus forte raison, renonçait-on à
sacrifier la bête lorsqu'elle réussissait à s'échapper'\
Lorsque la victime avait été amenée à l'autel sans diffi-
culté ni incident, le second moment de la cérémonie
commençait. Le magistrat ou le prêtre qui offrait le sacri-
fice procédait d'abord à une libation d'encens et de vin",
puis il consacrait la victime par le rite de V immolalio
proprement dite, c'est-à-dire en répandant sur sa tête la
mola salsa [mola, t. III, p. 1962] et une coupe de vin'^
Le sens de ce rite n'est point douteux; jusque-là la
victime n'appartenait pas à la divinité; après ['immolalio,
elle est sacra: immolare, dit Festus, est mola, id est
farre molito et sale, hostiam perspersam sacrare'^.
Après avoir été consacrée, la victime était tuée; à l'ori-
gine et peut-être dans lessacrifices privés, c'était le prêtre
lui-même qui la tuait; dans les sacrifices publics, le
prêtre ou le magistral, chargé de la cérémonie, se con-
tentait de faire un geste symbolique, par exemple, de
promener un couteau tout le long du dos de la victime,
utrefois
pi.
10 Plii
la frise de l'Ara pacis ; F'elerseo, Ara Pach
— 9 Virg. Aen. V, 360: IX, 6i7 ; cf. Henzen, Acta fr. Arv
Nat. hist. VIII, 183; Scrv. Ad Aeii. Il, 10+ et 140; Macroh. Sat. III, 5, § 8.
— Il Oïid. La figure GOOG reproduit un bas-relief du Louvre. Clarac, Musée,
pi. coxxii. Fast. IV, 953 si|. — i2 Cicer. De dhir.atione. 11, IC, 37. — «3 s.
SAC
970 —
SAC
depuis le front jusquà la queue '. L'animal iHait mis à
mort par des minîstri, ceux-là mêmes qui avaient
conduit la victime ou les victimes à l'autel, riillrarii,
popae. l'icHnwrii ffig. 6008) ; les taureaux et les bœufs
étaient frappés avec une hache, securis; les veaux et les
T
ysfï.^^- 's^-i^r
^;i'
'^)y P^^
1
1
M
_.
Inimolalioii .le ia viclinu'.
génisses étaient abattus avec un maillet, inalleus; les
bétes de race ovine et porcine étaient égorgés avec un
couteau, miter- [culter, p. 1385 ; cultrarius, p. 1587].
Loin de marquer le terme de la cérémonie, la mort de
la victime n'était, au contraire, que le prélude de prati-
ques minutieuses et compliquées, où l'extispicine tenait
une place importante. Abattue ou égorgée, la victime
était, en général, dépecée ; des chairs proprement dites,
viscera, on séparait les exla; ce dernier mot désignait
le foie, les poumons, le cœur, le fiel et la membrane qui
enveloppe lesintestins (jecia\pulmo, cor, fel, omentum).
Ces divers organes, auxquels il faut peut-être joindre
l'estomac et les reins, étaient d'abord soumis à l'examen
des aruspices ; si cet examen ne révélait dans la con-
stitution de la victime aucune anomalie, aucune tar*, on
en concluait que le sacrifice avait été agréé par la divinité
on tirait aussi de ces examens de multiples indications sur
la volonté divine, sur l'avenir, sur les événements pro-
chains, etc. [h.\ruspices divinatio, p. 299, fig. 2474 p. 23-
2ol. Quand l'examen des exta était terminé, les sacri-
ficateurs procédaient à une sorte de cuisine savante : ils
coupaient les divers exta en morceaux, que les auteurs
appellent ;j/'oscc?ff, prosiciae, prosicies, prosicium^ ; à
ces prosecta ils ajoutaient quelques autres parties de la
victime [augmenta, wff(7«!Pnto), unmorceaude la queue,
un morceau du cou, un morceau de la hanche, une sorte
de farce et des saucisses: le tout, dûment préparé, mé-
langé, dosé et cuit, composait un plat ou fercutiim, sur
lequel on répandait, comme on l'avait fait sur la tête de
la victime encore vivante, de la mola salsa et du vin.
Sous cette forme, les exta étaient placés sur l'autel, po?--
recta ou reddita '; c'était la part de la divinité; elle était
brûlée. Le reste des chairs de l'animal sacrifié était dès
lors considéré comme non sacré, et consommé soit par
les prêtres, soit par les fidèles au nom desquels le sacri-
< SuTv.Ad Aen. XII, 173. — 2 Voir les leites cités par MarquarJl el Mommsen, j/a-
nueidesantiq. rom, (Ir. franc), t. XII, p. 317 : maison ne doit pas en tirer une règle
absolue. Ain:,! le couteau était aussi employé pour les grands animaux ; cf. plus
haut. — 3 llarquardl el .Momrasen, Op. cit. p.!2l9. — 4 Id. Jbid. p. îtD-àiO.
— 5 c. Wissowa, Rehijion und Kultus der Borner, p. 353-354. — 0 Id. Ibid. p. 359.
fice avait été accompli, soit peut-être, en cas de cérémo-
nies officielles, par les magistrats et les sénateurs ".
Tels étaient, abstraction faite des cas particuliers et
des circonstances exceptionnelles, les rites du sacrifice
romain, les divers actes, dont l'ensemble, la succession,
les rapports réciproques, rigoureusement déterminés
par le rituel, constituaient le sacrifice.
Les sacrifices d'animaux n'avaient pas tous le même
caractère; ils n'étaient pas tous offerts dans la même
intention. Les uns étaient simplement propitiatoires ;
d'autres étaient des sacrifices d'actions de grâces, suji-
plicationes, gratulationes, qu'on offrait, par exemple,
pour célébrer tous les événements heureux de la vie
privée ou publique des empereurs ^ ; ceux-ci étaient
purificatoires [liistratio, p. 1413 sq.], et l'un des plus
importants était la cérémonie des suovetauritia [lustra-
Tio, p. 1428-1429^; ceux-là étaient plus spécialement
expiatoires, piacula [piaclll'm, p. 4o4-4oo]. Il n'est pas
certain', que dans les sacrifices expiatoires les victimes
fussent entièrement brûlées : Wissowa déclare que les
h otocausta élaieni inconnus dans le vieux rituel romain';
les Acta Arvaliion nous apprennent qu'à plusieurs
reprises, en cas de piacula, la part de la divinité se
réduisait aux exta et les chairs des victimes étaient
consommées par les frères Arvales'.
3° C'est à la catégorie des piacula que se rattachaient
dans la religion de Rome les sacrifices humains. La tra-
dition romaine prétendait, à l'époque classique, que l'im-
molation des victimes humaines était un rite étranger'":
c'était, d'ailleurs, dans les livres sibyllins que les pouvoirs
publics trouvaient ou feignaient de trouver l'ordre de
procéder à de tels sacrifices ". Numa, le fondateur et
l'organisateur légendaire du culte national, passait pour
les avoir interdUs '^ Quelles que fussent sur ce point les
affirmations et les prétentions des écrivains latins, il
paraît aujourd'hui démontré que la plus ancienne religion
romaine a connu et pratiqué, comme la plupart des reli-
gions primitives, sinon toutes, l'usage de consacrer des
êtres humains à la divinité, pour apaiser sa colère pro-
voquée par un crime, une faute, etc. Les rites de la pro-
cession des Argei, du culte de Mania et des Lares Com- j |
pitales, la devotio, la consecratio capitis étaient, ^M
semble-t-il, des survivances de cet usage [argei, t. I, P^'
p. 404-406; consecratio, t. I, p. 1451; devotio, t. H,
p. 113 sq. ; MANIA, MANES, t. IH, p. 1372 ; oscillum,
t. IV, p. 237 ; SATURNALiA, VER sacrum]. Non loin de Rome,
au pied des monts .\lbains, dans le bois consacré à Diana ^
Nemorensis, le meurtre du prêtre de la déesse par son
successeur était sans doute aussi l'atténuation d'un
antique sacrifice humain '^.
Tite-Live el Plularque sont d'accord pour nous ap-
prendre que soit en 222 (Plutarque , à la veille de la
guerre contre les Gaulois Insubres de la Cisalpine'*, soit
en 216 iTite-Live), après la bataille de Cannes '°, les
êtres humains sacrifiés, un Grec et une Grecque, un
Gaulois et une Gauloise, furent enterrés vivants sur le
Forum Roarium. Tite-Live ajoute : in locum saxoconsep-
tum, [jam] ante hostiis, minime ftomano sacro, imbu-
— '' Comme on l'a parfois affirmé, Hubert et Mauss, in Année sociologique, t. IIIIsyT-
lSQg), p. 31. — 8 O/i./aii-i. p. 35î,n. 6. — 9 C. i.)a(. VI, 2104, 5104 o(ann.il6); ci.
Henzen. Acta fr. Anal. p. 133. — !0 Liv. XXII, 57. — n Ibid.: PluUrch. Marcell.
3. _ 12 Bouché-Leclercq, Instit. rom. P. Si3, not. 1 et 3. — <3 J. Frazer, Le Bn-
meau d'or (tr. franc.), t. Il, p. 2 sq. — 1* Plut. Marcell. 3. — 15 Liv. XXII, S7.
SAC
turn. Si l'on se rappelle les conditions parliculières du
supplice infligé aux Vestales qui avaient manqué à leur
vœu de chasteté', on sera frappé de la ressemblance
au moins extérieure qu'il y avait entre ces sacrifices
humains et le mode d'exécution des Vestales coupables^.
La mise à mort des Vestales n'aurait-elle pas été, elle
aussi, un véritable sacrifice humain? N'y faudrait-il pas
voir la forme, peut-être la mieux conservée, de cet usage
barbare ? Par sa faute la Vestale coupable avait grave-
ment offensé la déesse dont elle était chargée de célébrer
le culte : afin d éviter que la colère de la déesse n'attei-
gnit la communauté tout entière ^ on lui sacrifiait, au
sens étymologique du mot, la personne elle-même qui
avait provoqué cette colère. La victime, retranchée
désormais du nombre des humains, était enfermée vive
dans un caveau souterrain. L'exécution de Vestales cou-
pables serait, dans notre hypothèse, anpiaculuin demeuré
immuable malgré l'adoucissement des mœurs romaines.
D'autre part, du rapprochement que nous venons de
faire, il semble résulter qu'au moins dans les temps
historiques, à Rome, les victimes humaines n'étaient
pas. à proprement parler, immolées ni égorgées, mais
plutôt livrées à la divinité : les sacrifices humains, ceux
du moins dont la tradition historique nous a gardé le
souvenir, ditTèrenl donc profondément des sacrifices
d'animaux. Plus tard, en 97 av. J.-C. les sacrifices d'êtres
humains furent interdits formellement par la loi
romaine*. Si, à une date aussi tardive, le Sénat crut
devoir promulguer une telle loi, c'est bien, quoi que
prétende Wissowa ', que les sacrifices humains n'étaient
pas absolument étrangers à la religion romaine.
— n. Conditions extérieures : personnel, réglementa-
tion, mobilier, ustensiles. — Nous avons déjà eu
l'occasion, dans les observations précédentes, de men-
tionner quelques-uns des personnages qui jouaient un
rôle dans l'acte même du sacrifice. Le plus important
était celui-là même qui sacrifiait, c'est-à-dire qui accom-
plissait en personne les rites liturgiques ou qui prési-
dait à leur accomplissemenl. Dans les sacrifices du culte
domestique, le sacrifiant était, en principe, le pater-
faniilias ; il célébrait les rites sacrificiels en son propre
nom et au nom de toute sa domus ; s'il avait besoin
d'assistants, ces assistants n'étaientautres que les mem-
bres de sa famille, sa femme, ses enfants ou ses
esclaves. Lorsque le sacrifice était offert à une divinité
dans un sanctuaire déterminé, le sacrifiant était un prêtre,
assisté, suivant les circonstances, d'un personnel plus ou
moins nombreux. Enfin, dans les sacrifices publics célé-
brés au nom de rEtat, il arrivait que le sacrifiant fût un
magistrat, consul ou proconsul, préteur ou propréteur
's.\CERDOS . Parmi les assistants du prêtre ou du magis-
tral dans les sacrifices publics, il convient de distinguer :
)° les camilli. véritables servants du culte, qui devaient
être de naissance libre |^c.\milli, p. 8.38-859^ : "l" les victi-
murii, à qui incombait le soin de tuer les victimes.
popae, cultrarii clltr.vrus, p. 1387] ; 3" les ti/jicines,
> Boucbé-Lcclercq, Les Pontifes, p. i9î-298. — 2 Celte ressemblance a été
inUiquëv par M. S. RciDacli, dans son étude sur le voile de l'oblalion, Cultes,
mythes et religions, t. I. p. 305. — 3 Bouché-Leclerc*], ïnstit. rom. p. 5ii,
not. 1. « C'est le pécheur qui doit expier sa faute, et daus sa personne: il n'est
pas évident â première vue qu'il puisse se substituer une victime animale ou
l'AVer la rançon de sou crime en sacriliaut une partie de sa propriété (paena) .>.
— l Plin. .Va(. hist. XXX, li. — 3 Itelig. und Kultus der Jiôm. p. 31, p. 354.
— *> Marquardt et Mommscn, Manuel des antig. rom. (tr. franc.), I. .VII, p, 20^-
Vlll.
977 — SAC
joueurs de (hite jibice.n' ; l" les praecones, cnlatores,
lictores. spécialement chargés de veiller à ce que la céré-
monie ne fiit troublée par aucun bruit, aucun désordre
[PRAEco, lictor] ; 5° les pistores et les coqui, qui prépa-
raient les //6«, fercula, magmentn, etc. [coouis, p. 1.503;
piSTOR, p. 499]; 6° enfin Vharuspex, qui examinait les exiu
[harispices, p. 23 sq.]. Tous ces personnages étaient
soumis, comme le sacrifiant lui-même, aux conditions
générales de pureté, physique et morale, réclamées de
tous ceux qui prenaient part à une cérémonie religieuse ".
En outre, nous savons par les monuments et les textes
que le sacrifiant et les virtitnarii étaient astreints à
certaines obligations liturgiques.
Le sacrifiant, prêtre ou magistrat, s'il voulait observer
strictement le ritus romanus, devait sacrifier velato
capite, c'est-à-dire en se couvrant de sa toge tout le haut
de la tête et la nuque; c'était là ce qu'on appelait le
cinctus Gabinus \ Cette disposition de la toge est par-
faitement visible sur un grand nombre de monuments,
comme on le voit plus haut dans les figures 6004 et 6006 *.
(v. aussi 3438). Dès l'antiquité, on a cherché la cause de
ce rite fort caractéristique ; d'après Plutarque ' on en don-
nait plusieurs raisons, que M. S. Reinach résume en ces
termes : « L'origine de cet usn-^e remontait, croyait-on, à
Énée. .\u livre III de VÉnéide, le héros troyen aborde
en Épire et consulte le devin Helenus, fils de Priam,
qui règne sur des villes grecques avec Andromaque.
" Dès que ta flotte sera parvenue au terme de sa
« course, dit Helenus, et que tu auras élevé des autels
" sur le rivage pour acquitter tes vœux, couvre-toi la tête
• d'un voile de pourpre, de peur qu'au milieu des feux
" sacrés allumésen l'honneur des dieux, un visage ennemi
'■ ne se présente à tes regards et ne trouble les présages.
" Que tes compagnons répètent ce rite dans les sacrifices ;
■ observe-le toi-même et que ta postérité s'y conforme. »
On racontait qu'Énée, sacrifiant sur le rivage de l'Italie,
fut surpris par Diomède ou un autre Grec et qu'il put
échapper au trouble que devait lui causer cette rencontre
grâce au voile dont il était recouvert. Voilà la fable étio-
logique, l'origine pseudo-historique de la coutume.
Plutarque allègue cette explication, mais il en propose
encore trois autres : 1° on adore les dieux la tête cou-
verte par humilité ; 2° on agit ainsi pour ne pas entendre
pendant la prière des paroles de mauvais augure ; 3" on
veut signifier que l'âme qui adore les dieux en dedans
de nous est couverte et comme cachée par le corps '". »
Aucune de ces explications ne peut être admise, et
M. S. Reinach, après avoir rappelé plusieurs épisodes
historiques et diverses coutumes romaines où le voile-
ment de la tête est attesté, conclut, plutôt sous forme
d'hypothèse: « On peut dire, d'une manière générale, que
le voile convient aux choses sacrées, parce qu'elles sont
" mises à part » pour les dieux, réservées à leur usage,
et, en conséquence, isolées du monde ". » Cette conclusion
aurait plus de valeur, si le voile couvrait, non le sacri-
fiant, mais la victime. Quoi qu'il en soit, ce n'était une
ïll. —' Serv. Ad Aen. V, 753; C. i. lat.W. 1420, 23. — 8 Citons particulière-
ment les statues d'Auguste trouvées à Otricoli : Hetbig, Fûhrer, 2* éd. n. 327; une
statue de prêtre au Valicau, Visconti, Mus. Pio-Cl. III, 19; Clarac, Musée de se.
pi. 7t>8 b. Plusieurs reliefs dans la coloune Trajanc ; Ed. Cichorius, pi. xxxviii,
Lxxvi, et celui du musée des Couservatcurs à Rome, où l'on a reconuu Marc-
Auréle sacriHant : Helbig, Op. cit. i' éd. n. 361. — 3 Quae. rom. X sq.
_ II) S. Reinach, Cultes, mythes el religions, p. 300-301. — il Id. Ibid.
p. 309.
123
SAC
;iT8 —
SAC
obligation pour le prèLro ou le magislrat sacrili;int de
ramener sur sa tète un pan de sa toge que dans le ri/ns
/•o«iff7iM,«; s'il sacriliait suivant le rite grec, il accomplis-
sait la cérémonie la lète découverte, aperlo capile.
Ainsi, sur les reliefs de la colonne Trajane, l'empereur
sacrifie, tantôt voilé, tantôt, au contraire, tête nue'. Sur
un bas-relief du Louvre (tig. 6009) un quindecemvir fait
une libation à .Vpollon la tèle nue. couronnée de
laurier-.
Sur les monuments, le costume des viclimarii est très
caractéristique.
Ils sont repré-
sentés le torse
nu, vêtus seule-
ment d'une sorte
de tablier serré à
la ceinture, qui
ne descendait
guèreau-dessous
des mollets , et
qui était orné
d'une frange à sa
partie inférieure
[limis, t. III. p.
i2o91. Cette dis-
position du //-
mus explique
lépithèLe de sac-
cincti. donnée
aux viclimarii. Souvent ils sont couronnés, probable-
ment de laurier ; les camilli et les tibicines le sont
aussi d'habitude^.
Les rites sacrificiels proprement dits étaient accom-
pagnés de prières ou de formules liturgiques prononcées
par le sacrifiant". Prières et formules étaient fixées par
les pontifes et reproduites dans leurs rituels '". Il y avait
même un formulaire, semble-t il, pour les prières qui
devaient être dites dans les sacrifices domestiques.
Caton nous a conservé plusieurs formules de ce genre,
telles que : Jane pater, de hac strue commovenda
bonus preces preco>\ uti sies co/ens propitius mifii Ube-
risque rneis, domo familiaeque meae, ou encore Jupi-
ter, le hoc fercto nbmovendn bonas preces precor, uti
sies volens propilius mihi liberisr/ue tneis, domo fami-
liaeque meae ??iactus hoc fercto''. Voici, d'autre part,
la prière que tout propriétaire devait prononcer, lors-
qu'il célébrait la lustralio de ses champs sous la forme
des suovetaurilia .Mars pater, te precor, quaesoque uti
sies volens propitius mihi, domo familiaeque nostrae,
quojus rei ergo agrum terram fundumque meum suovi-
tauriliacircumagijussi. L'titu morbos visos invisosque,
viduerlalem, rastitudinemque, calamitates intempe-
riasque, prohibessis, défendus averruncesque: utique
tu fruges, frumenta, vineta virgultaque grandire
beneque evenire sinas : pasiores pecuaque salva servassis
dicisque bonam salulem valetudinemque tnihi, domo
familiaeque nostrae. Harumce i-erum ergo fundi ter-
raeque agrique mei lustrandi lustrique faciendi ergo,
sicuti dixi, macte hisce suovitaurilibus lactentibus
' Par eicmplc, sur la p!. liiii de la Col. Traj. ti. Cichorius. — 2 Clara.-. Musée.
pi. SIC, n. 316. — 3 Voir les fig. 600li, 6007, 60(>8 : Col. Trajane, Ed. Cicliorius,
pi. MXïi,iAii,-i.niii, uxivi. — * PliD. Nat. hisl. XXVdl, 10. - ."^ Gell. Attic.
noct. XIII, S3, § 1. — S Cal. De re rutlic. 13*. — ^ Id. Ibid. 1*1. —8 Mar-
intmolandis esto. Mars pater. ejusdein rei ergo, macte
hisce suovitaurilibus lactentibus esto '. Le Chant des
.Xrvales était sans doute une prière qui accompagnait l'un
des rites du sacrifice à la dea-Dia*. Prières et formules
liturgiques devaient être prononcées sans qu'un mot
fût changé ni même déplacé: la plus légère modifica-
tion constituait un piaculum et la cérémonie tout
entière devait être recommencée 'pi.^culim, p. 454-453 .
D'autre part, pendant que le sacrifiant procédait aux
diverses opérations sacrificielles, libatio, immolatio,
porrectio des e.vla, etc., les assistants devaient observer
un silence parfait : ordre leur en était donné par le
praeco, le calator ou le lictor, qui disait : Favete lin-
guis ' ou bien Hoc âge '" ou encore Parcito lin-
guam'-K C'était le moment oii le libicen jouait de la
fiùte, afin qu'aucun bruit étranger ne vint troubler lacéré-
monie'-. Des prescriptions minutieuses réglaient tous
les détails du sacrifice: ces prescriptions devaient être
rigoureusement observées; la moindre négligence, un
oubli, un geste non conforme au rituel, constituaient un
piaculum.
Les sacrifices, du moins les sacrifices publics, étaient
donc, dans le culte romain, des actes fort compliqués.
Un mobilier abondant, des ustensiles nombreux et
variés y étaient nécessaires. Si, pour les libations et les
sacrifices journaliers du culte domestique, le foyer de la
maison suffisait, pour les sacrifices offerts dans les sanc-
tuaires, l'autel est indispensable '.4R.\, p. 347] ; il fallait
même, dans certains cas, que le sacrifiant le tint avec
les mains". Parfois l'autel était remplacé par une sorte
de foyer portatif ^\r.\, p. 349; Foris, p. 1 195; tiribilim'.
ou par un trépied [tripisj. C'était sur l'autel, le foyer ou
le trépied, que le sacrifiant versait les libations de vin et
d'encens. Près de l'autel se trouvait en général une fable,
anclabris. mensa, sur laquelle on disposait soit les ins-
truments du culte, soit les mets offerts à la divinité, soit
encore les exta de la victime [.a.nclabris, p. 23G et fig. 317;
MENSA, p. 1720; cf fig. 133, 317, 417, 449\ Les divers
instruments, dont il était fait usage pendant lacérémonie,
étaient :1e vase d'eau lustrale, labrum ou labellum, placé
à demeure près de la porte du sanctuaire ou mobile et
porté par un camillus [labrim. p. 881] : l'aspersoir, asper-
gillum ?, tantôt simple branche de laurier, tantôt véritable
goupillon I^LLSTRATio, p. 1408 sq., tig. 4682, 4685]; les
vases, appelés praefericulum, guttus. simpulum ou
si?npuvium, dans lesquels on apportait au sacrifiant les
liquides qu'il devait répandre en libations sur les
flammes de l'autel, et la patera, dont il se servait pour
cet acte rituel [glttis, p. 1674 ; patera, p. 341,
fig. 3322; PRAEFERiciLiM, p. 622; simpilum] ; TacéTra
ou coffret à encens, qu'un des camilli assistant à la
cérémonie présentait ouvert au sacrifiant, afin qu'il
y prît les grains d'encens [acerra. p. 22, fig. 41, 42];
la taeda ou torche, avec laquelle on allumait le feu sacré,
et qu'un camillus tient devant l'autel sur le bas-relief du
LouvTe (fig. 5908 j ; les divers instruments qui servaient
àabattre ou à égorgerles victinies. le culter, que les cul-
trarii portaient à la ceinture enfermé dans un étui
icLLTER, ciLTRARiLs, p. 1584, fig. 21 14-21 I9j ; le malleus.
(|uardl el Mommscn, Op. cil. XIII, p. 198-20:1. _ 9 f.ic. flc divin. Il, M, 83 • Plin.
\at. hisl. XXVIll, 11 ; Horal. Od. III, 1, 2; 0>id. Fast. Il, 65*. — <" Plularch.
A'iima, U; 0". rom. XXV. — Il Kesl. s. i: Parcilo tinr/uam. — H PUù. .\al.
/iij(. XXVIll, 11. — 13 Virg. Afii. IV, 219;Scrv. Ad. loc.
I
SAC
dont la masse élail, en général, Je forme ronde [Malleus,
p. 1302, lig. i803) ; la dolabra el Xa securis, à
peine ditïérenles l'une de l'autre, ol loules deux
employées dans les sacrifices [dolabra, t. 329, tig. 2488:
SECLRiSj; Voila ou aula, marmite d'assez grande capacité
dans laquelle ou faisait cuire les exta'. \ ces instru-
ments proprement dits, il faut joindre la mantele, ser-
viette à franges, portée d'haljilude par les camilli [man-
tele, p. 1381, fig. 482i].
Comme le sacrifiant, comme tous les assistants qui
l'entouraient ou qui l'aidaient dans l'accomplissement des
rites, ces instruments du sacrifice devaient être purs-.
Leur impureté constituait un piaculum. 11 fallait de
même qu'ils fussent disposés sur Vancfubris ou maniés
conformément aux prescriptions rigoureuses du rituel;
sinon, il y availencore piaculum [piaculum, p. ioi].
On voit, par tous les détails qui précèdent, combien
les rites sacrificiels étaient minutieux et compliqués, au
moins dans les cérémonies publiques. En dépit de toutes
les indications précises que donnaient sans doute les
libri sacerdotuin populi romani', il y avait de très fré-
quents piaeula; les Romains en étaient si convaincus,
qu'ils prenaient la précaution de célébrer d'avance, la
veille des sacrilices solennels otTerts au nom de l'État,
un sacrifice expiatoire en vue des fautes que l'on pour-
rait commettre le lendemain dans la cérémonie princi-
pale'; la victime immolée dans ce sacrifice préliminaire
était appelée hoslia praecidanea. De même, le sacrifice
de la porca praecidanea, que chaque année on oITrait à
Gérés avant de commencer la moisson, devait expier les
dérogations au rituel funéraire qui auraient pu être
I; . , commises depuis la récolte précédente [piaculum, p. 433].
1 l [■ III. Caractère du sacri/ire dans la religion romaine. —
Il est aujourd'hui impossible d'étudier et d'exposer les
rites sacrificiels d'un culte, d'une religion, sans parler
au moins brièvement des théories récentes sur la nature,
le caractère et l'origine du sacrifice. Même si l'on refuse
d'accorder à ces théories la solidité et la certitude que leur
attribuent maints savants, on ne peut contester qu'elles
aient attiré l'attention sur plusieurs détails jadis trop
négligés. A l'époque historique, les Romains sacrifiaient à
leurs divinités pour obtenir leur protection, pour les en
remercier, pour détourner d'avance leur courroux, ou
pour l'apaiser s'il avait été déjà provoqué. Les sacrifices
étaient les uns propitiatoires, les autres d'actions de
grâces; ceux-ci étaient des cérémonies purificatoires,
ceux-là des rites d'expiation. En outre, par l'examen des
exta, on essayait de savoir si le résultat visé avait été
obtenu; si la divinité, à laquelle le sacrifice était oH'ert,
l'agréait; si, par conséquent, elle promettait sa bien-
veillance, se montrait satisfaite des remercîments qu'on
lui adressait, renonçait à son courroux pour se réconci-
lier avec l'individu ou la collectivité qui avait pu l'olîen-
ser. Le sacrifice n'était qu'un procédé employé pour
acquérir l'appui de la divinité : la cérémonie ne réussis-
sait que s'il y avait vraiment litatio, suivant la formule
du scholiaste de Stace : inter litare et sacri/icare hoc
interest : sacri/icare est hostias inimolare, litare cero
per immolationem hostiarum impetrare quod pos-
tules' [litatio, p. 1266-1268'.
.Lin'/, lat. V, '.IS; F«t.
Mar.|iiai'dl et .Mnir
Amphitr. Ili6
-•. .lu /as.
Op.
Maiito, par ex-, emploie l'exprès-
3 Gell. .\'oct. utiic. Xlll, -2?
13-ilC. — 3 Ad Theb. X, lili .
!I79 — SAC
Si nous essayons de ramener autant que possible à
une idée simple les sentiments qu'éprouvaient, en ce qui
concerne les sacrifices, les Romains des temps histo-
riques, voici ce que nous trouvons : les divinités sont
les puissances qui envoient à l'homme le bonheur ou le
malheur, le succès ou l'échec, la richesse ou la misère ; si
l'homme veut être heureux, il doit invoquer et obtenir
la faveur des divinités; s'il veut éviter les malheurs, il
doit détourner de lui ou apaiser le courroux de ces
mêmes divinités. Ce qui est vrai de l'individu est vrai de
la far.iille, de la communauté, de l'État. D'autre part,
comment faut-il s'y prendre, que faut-il faire pour par-
venir à ce résultat? Il faut sacrifier; c'est-à-dire, il faut
abandonner aux dieux, en lui conférant la qualité toute
particulière qu'exprimait le mot sacer, soit un objet
inanimé, soit un être animé. Mais nous avons vu, au
début de cet article, que si le mot sacrificium eut à l'ori-
gine ce sens très compréhensif et très large, en fait, il
ne désigna plus tard que 1^ cérémonie spéciale dans
laquelle tout ou partie de l'objet ou de l'être otTert à
la divinité était détruit ou consommé. Le sacrificium
était conçu comme une oblatio d'un genre spécial. Il
était, pour employer une expression courante, un sacri-
fice-don '^.
Toutefois, cette conception n'explique point tous les
détails de la cérémonie, tous les rites proprement sacri-
ficiels. Pourquoi, par exemple, les objets ou les êtres
sacrifiés à la divinité étaient-ils, sinon exclusivement,
du moins presque exclusivement des fruits de la terre et
des animaux domestiques, c'est-à-dire des objets et des
êtres destinés à la consommation alimentaire? Ce carac-
tère est encore accentué par certains faits particuliers :
dans le culte domestique, pendant chaque repas, le père
de famille allait déposer ou verser sur le foyer une partie
des aliments qui composaient le repas; dans les sacri-
fices publics, la /jo/vec?/o des exta ressemblait vraiment
à la présentation d'un plat savamment préparé. Enfin,
sauf circonstances exceptionnelles, la plus grande partie
des chairs [viscera] de la victime était consommée, après
le sacrifice, par les adorateurs de la divinité. Tous ces
traits ne se rapportent-ils pas à une autre conception du
sacrifice, celle que l'on pourrait appeler le sacrifice-ban-
•luet? Cette conception a été mise en lumière avec beau-
coup de précision et de pénétration par W. Robertson-
Smith'. Les Romains l'ont eue certainement, puis-
qu'ils offraient à leurs dieux des epula, et puisqu'il n'est
pas certain que l'usage des lectisternes soit à Rome
d'origine uniquement grecque [epula, p. 738; epulones,
p. 738 sq. ; lectister.xium, p. 1006 sq.]. Ainsi, c'est par
l'otTre aux divinités d'un repas, où les hommes pren-
nent part, que les anciens Romains paraissent avoir
voulu s'assurer leur protection, les remercier de leurs
bienfaits, ou désarmer leur hostilité.
Mais, pour W. Robertson Smith et pour ceux qui
l'ont suivi, le sacrifice-banquet était surtout un sacri-
fice de communion. Seule l'organisation du clan toté-
mique peut en rendre compte, en fournir une expli-
cation acceptable. « Dans le totémisme, écrivent MM. Hu-
bert et Mauss, le totem ou le dieu est parent de ses
adorateurs ; ils ont même chair et même sang ; le rite
— '■ Hubert et Mauss, dans V.i.nnée sociologiqw;. Il (IS97-1898), p. 30; S. Reiuacli.
Cultes, mythe) et religions, t. I, p. 97 sq. — ' Art. Sacrifice, dans VEncyclop.
Britaiin. V cdit, t. XXI, p. I3i sq.
SAC
— 980
SAC
a pour objt'l d'enUi'lonir l'I de garaiilii' cette vie com-
mune qui les anime et l'association qui les lie. Au
besoin, il rétablit lunilé. L' « alliance par le sang » et le
« repas en commun » sont les moyens les plus simples
d'atteindre ce résultat. Or, le sacrifice ne se dislingue
pas de ces pratiques aux yeux de R. Smith. C'était pour
lui un repas où les fidèles, en mangeant le totem, se
l'assimilaient, s'assimilaient à lui, s'alliaient entre eux
ou avec lui. Le meurtre sacrificiel n'avait d'autre objet
que de permettre la consommation d'un animal sacré,
et, par conséquent, interdit'. » A notre avis, il n'y a
rien dans les rites sacrificiels romains, tels que nous les
connaissons, qui permette d'entrer dans la voie ainsi
ouverte. On a prétendu retrouver la trace d'un sacrifice-
communion-, dans l'usage que pratiquaient les frères
Arvales lors de la fêle de la dea Dia, de se nourrir, le
second jour de cette fêle, des deux cochons de lail
immolés le malin même de ce jour [arvales, p. 452].
Mais il n'y avait là, en véuité, rien de caractéristique,
puisque les exla des victimes avaient été, au préa-
lable, porrecla sur l'aulel situé à l'entrée du lucus deae
Diae : le sacrifice s'accomplissait comme tous les autres;
il > restait des traces plus visibles peut-être de l'antique
conception du sacrifice-banquet; il ne s'y trouvait aucun
indice du caractère communiel qu'on veut lui attribuer.
De même, certains érudits ont voulu reconnaître des
survivances tolémiques dans les rites qui prescrivaient
de sacrifier des porcs à Cérès, des béliers à Bacchus,
des chèvres à Esculape'. 11 est certain que les explica-
tions de ces rites fournies par les auteurs anciens, tels
qu'Ovide, ne sont nullement satisfaisantes ; dire que le
1 Hubert el Mauss.dans l'Année sociolog. t. Il (1897-1898), p. W-.W ; cf. licinacli.
Op. cit. p. 102-103. — 2 Rob. Smith, Loc. cit. — 3 S. Reinacli, O/,. cil. p. 30 ;
llubcrl cl Mauss. Op. cil. p. 120, 128; cf. Rend, Les Enseignes, p. 122, 123 sq.
— * ()p. taud. p. 59. — BtBLiOGHAPHiE. — Grèce. — t " Uuvrages généraux : K.-F.
Hennann. Lehrbuch der gottesdienstlicben Âlterthiluter der Griechen {2" éd.
rc> uc pai- Stark, Heidelberg, 1838), § 24-2S ; Maury, Histoire des religions de la
Grèce antique (1857). t. I, cli. [V; t. II, cli. K: Slengcl, Die griecliis-
chen Kullusallerthùmer (2« édit. Munich, 1898), p. 86-138 ; Schôraann, Grie-
cUiache Allerthiimer, Il (4' éd. revue par Lipsius. Berlin, 1902), p. 226-202. — 2»
Travaux ne concernant qu'une partie du sujet (énumèrés, autant que possible,
suivant l'ordre de l'exposé ci-dessus) : Fr. Nitzsch, Idée und Stnfen des Opferkul-
tuSy Kiel, 1889; Hubert et Mauss, Essai sur la nature et la fonction du sacrifice.,
Année sociologique. Il {1897:8), p. 29-138; MissJ.-E. Harrisou, Prolegomena
lo Ihe Stady of Greek Religion {±' éd. Cambridge, 1908), chap. I, II, III ; Stengel,
Die Speiseopfcr Ijei tiomer, Hermès XXIV (1901), p. 321-328 ; Homerisckes (U?.iiov),
.Yeue Jahrtiûcher 131 (1865), p. 102-103; Denekcu, De theoieniis. Diss. Berlin
1581 ; von Lasaulx, Die Suhnopfcr der Griechen und Rômer, Akiid. Abti. Wûr:-
biirg, ISit; Donaldson, On the expiatorg and subslitutionarg sacrifices of llie
Greeks. Transactions of E^linburgh, 1870, p. 433 sq ; Stengel, Die Einfûhning
der in homerischer Zeil nocli nicht bekannten Opfer in Griechenland, Neiie
Jahrbûrher 127 (1883), p. 361-379: S a àYi«. //ermes, XXI (1880), p. 307-312 et
XXV (18901, p. 321-323; Die Opfer der Hellenen an die Winde, Hermès. XVI
(18811, p. 310-330; Wassner, Z)ér Aeroumnpui/ Graecos cultu, Diss. Kiel, 1883;
Rohde, P^gche. Freibur^ i. E. 1894 ; Steugel, Cllthonisclier und Todtenkult,
dans le Festschrifl fur FriedUmder, 1893, p. 414-432; Prophezeiung ans den
Tjiï», Herims, XXXI (IS9C). p. 47S-4S0 et XXXIV (1899), p. 642-013; ©Oi.v und
«O.oS.., fferaies, XXXI (IS9li), p. 037-040; S vii e ■;.« :./,),«, Sud,,;, Ibid. XXVI
(1891), p. 137-159; Zum. Sûkalarorakel, Ibid. XXVII (1892), p. 411-431 ; Bupho-
iiien, Hermès, XXVIII (1893), p. 488-300 et Jllieiniscties Muséum. LU (1897),
p. ;i99-4ll ; 'H; ««Ai;; Miluy, IVeue Jahrbuclier, 123 (1881), p. 398-400; B,Js
ïSSono;, Bennes, XXXVIII (I903i, p. 307-.574 et Archiv. fur die Religions-
aissenschaft. Vil (iool), p. 437-144; Die Pferdeopfer (ter Griechen, Philologus,
XXXIX (ISSO), p. 182-183; G. Woliï, Die Gefliigehpfer der Griechen, Ibid.
XXVIII (13(i9), p. ISS.IJI; Sîengel, Ueher die Wild = ii,id Fischopfer der
Griechen. Hermès, \\\\ (1887), p. 94-100; Quaesliones sacrificales, Hrogr.
Berlin, 1879; llie Farbe uni das Geschlecht der griechischen Opferthiere, jVeite
Jahrb. 133(1886), p. 32l-'i3l; Za den griechischen Todtenopfern. Ibid. 123(1881),
p. 80 et 740; Bomtrisches. Ibid. I2i (1882). p. 240-217 et 131 (1883), p. 103 ; Die
angeblichen Menschenopfer bel der Thargelienfeier in Athen, Hernies, XXII
(1887), p. 80.93; H. A..»;, Ibid. .XXIX (18941, p. ÏSl-289 et XXXI (189C), p. 477-
478; Hcriog, ZiintXa.di./iii. XXIX (1891), p. 025-020; Benndorf, Altgriechisches
Urod, dans \' Eranos Yiniobonensis (1893), p. 372-383; 0. Bjnd Liai atlischc
porc est voué à Cérès, parce qu'il détruit les récoltes; le
bélier à Bacchus, parce qu'il est nuisible à la vigne ; la
chèvre à Esculape, parce qu'elle passe pour être con-
stamment en élat de fièvre, ce n'est point donner des
raisons bien vraisemblables. Mais le totémisme fournit-il
une exégèse plus acceptable'? <> La victime favorite d'une
divinité, écrit M. S. Reinach, n'est autre, à l'origine, que
celte divinité elle-même.... Le sacrifice par excellence
est celui du totem, dont les fidèles se partagent la chair
pour se sanctifiera » Ainsi les ancêtres des Romains
auraient été divisés en clans tolémiques, dont l'un aurait
eu pour totem le porc, un second le bouc, un troisième
la chèvre. Ce sont Là des affirmations qu'on ne peut ni
prouver ni réfuter, parce qu'elles ne sont élayées par
aucun document. Au delà de l'époque à laquelle nous
permettent de remonter les plus anciens documents his-
toriques aujourd'hui connus, tout est hypothèse ; et
chaque hypothèse n'a que la valeur d'une opinion person-
nelle. A l'époque historique, les rites sacrificiels du culte
romain, où la conception du sacrifice-banquet est encore
très visible et très nette, ne renferment aucun indice
delà conception du sacrifice communiel. J. Toltaix.
SACRILEGIUM. — Le mot sacrileg'ium a reçu deux
acceptions distinctes : il désigne d'une part le vol d'un
objet mobilier appartenant aux dieux, d'autre part un
acte d'impiété, commis soit envers les dieux de Rome ou
la religion chrétienne, soit envers l'empereur.
I. Vol u'objefs mobiliers appartenait aux diei x. — Voir
pour le droit grec l'art, hiérosvlias graphe.
En droit romain, le sacrileghnn consiste, d'après Ci-
céron, à enlever, à soustraire une chose sacrée [sacrum
Demeler-h'ore Fcsl der Epikleidia, Progr. Berlin, 1887 ; Stengel, Kûseopfer, Ncue
Jahrb. 123 (1882), p. 672 : K. Bernhardi, Die Trankopfer bei Borner, Progr.
Leipzig, 1883; von Fritze, De libalione veterum Graecorum, Diss. Berlin. 1893:
Sicngel, Weinspenden bei Brandopfern, Hermès, XVII (1882), p. 329-332 ;
Todtenspenden, Philologus, XXXIX (1880), p. 378-381; Opferspenden, Neue Jahrb.
135 (1887), p. 049-654; euaîai isits.So,, Bermcs, XXII (1887), p. 645-048:
Usener, Milch nnd Honig. Rhein. Mus. LVII (1902), p. 177-193; Barlh, Die
Bestatlungspende bei den Griechen, JVeue Jahrb. 1900, p. 177-186 ; von Kntie,
Die Rauchopfer bei den Griechen, Berliu, 1894: Stengel, Oûlai, Hermès, XXIX
(18941, p. 627-029; von Fritze, on«:, Ibid. XXXII (1897), p. 235-250; Ziehen.
Oi-AoiC.T«,, /4id. XXXVIl (19021, p. 39|.400;Stengel,OUio,.iTa,, Ibid. XXXVII,
(1903), p. 38-43 ; Opferbhit und Opfergerste, Ibid. XLI 09061, p. 230-246 ; Ditten-
berger, Commentatio de Thiicylidis locn ad aniiquitates sacras spectante. Ind.
lect. Halle, 1889-1890; Martha, Les sacerdoces athéniens (1881), p. 66-67 ; Ziehen,
Die Bedentung von nçoeonv. Rhein. Mus. LIX (1901), p. 391-400; Stengel, 2u
den atlischen Ephebeniuschriften, Hernies, XXX (1893). p. 339-346 ; von Fritze,
Zum griechischen Opferrilual: aCoEflOai und » « t a» xp £ç e,.^, Jahrb. des
archaeol. Instituts, XVlll (1903), p. 58-67; Stengel, même titre, Ibid. p. 113-123:
:;itJ.iT-/.vct, ,/a/ir6. (/. nrch. Inst. IX (1894), p. 114-117; Mayer, Splanchnoptes,
Ibid. VIII (1893), p. 218 si|. ; Stengel, Zn den griechischen Sakralaltertûmern,
extrait des Novae Symbolae Joachimieae, Halle. 1907 ; Ziehen, e;<i-:ov, Athen.
Mittheil. XXIV (1899), p. 267-274; Stengel, 'E.Soja, Hermès, XXXVI (1901),
p. 328-335; ' I tp,; ju v« lind Seo n o j la . /Sirf. XXXI (1896), p. 640.6 43 ; Paley,
Upon the sacrificial sensé of ii.T,oai and jAr,?ta, Transnct. of Cnmbr. philot.
Society, 1879, p. 202 sq. ; Stengel, Die Zunge der Opferthiere, Neue Jahrb.
119 (1879), p. 687-692; Die Opfer der Fluss = und Qucllgotiheiten in Griechen-
land, Jbid. 125(1882), p. 733-730 ; Die Opfer fiir Flussgbtter, Ibid. 143 (189i;.
p. 449-453; 'Evti>»£,v, ^ei<scAri/'( /ï»' Gynmasi'a/wesfn, XXXIV (1880), p. 737-
745; Uonieriaclies(titi...i<.^), Neue Jahrb. ii\ (1885), p. 103-104 ; Kàp^iao,;, xaç-
loûv, tferaies, XXVIl (1892), p. 101-164; a.fti, Ibid. p. 164-169; Zu den
griechischen Saci'alaltertiimern (A-jcpxà . Qjt]'io.I, flyX/inaîa. 'AvaXiffxtiv. 'Itpà).
Ibid. XXXIX (19031, p. 011-017. - Roue. Outre les ouvrages généraux sur les ins-
titutions ou la religion de Rome, ouvrages de Eouché-Leclercq, Marquardl et
Mommseu, G. Wissowa, aux((ueis nous avons, à plusieurs reprises, renvoyé dans
notre article, nous signalerons, comme traitant particulièrement du sacrilice chez
les Romains: Brissonius, De forniiilis et sollemn. pop. Rom. verbis, I, p. 1-69;
Liibbert, Commentationes Pontificales, Berlin, 1839: Henzen, Acta fratrum
Arvalium, Berlin, 1874. — En ce qui concerne les théories sur l'origine et la
nature du sacrilice, voir, outre rarli::le de W. Roberlson Smilh dans l'Encyrlo-
paedia Britannica {9* édit. t. XXI, p. 132 sq.). H. Hubert el Mauss, Essai sur la
nature et la fonction du sacrifice, dans V Année sociologique, t. Il (1897-1898),
p. 29 sq. ; S Reinach, Cultes, mythes el religions, t. I (sp.xia'.em -ni p. 90 à 104).
SAC
981
SAC
légère', auferre-, clepere, rapere^). C'est un volqualifié,
analogue au péculat, cesl-à-dire au vol dune chose
appartenant à l'État 'pecilatus. t. IV. p. 165 .
15 {"Éléments constitutifs. — 1° Pour qu'il y ait sacri-
legium, il faut d'abord que la chose volée ait été réguliè-
rement consacrée aux dieux' ^dedicatio, p. 42 . En cas
de doute, les Pontifes décident" "pomifex, p. oïl]. La
consécration faite par un simple particulier ne suffit pas^
Au m' siècle ap. J.-C. un rescrit de Gordien assimile
aux fes sacj'ae les choses destinées à la religion : celui
qui les vole commet le crimen laesae religionis''. Le
sacrilegium s'applique aussi au vol des choses consa-
crées aux dieux mânes ', même par un particulier^ {res
religiosae;. Les choses, appartenant à des dieux autres
que ceux du peuple romain, ne peuvent être l'objet d'un
sacrilegiutn à moins d'une faveur spéciale. Auguste
accorda ce privilège aux Juifs pour les livres saints et
])our l'argent appartenant à leurs temples'". Le vol des
objets appartenant aux temples des cités italiques ou
des vici ne restait pas impuni. La loi municipale de la
cité ou l'acte de fondation du temple \lex t empli) avait
soin de déterminer la peine et la procédure applicables
à ce délit. Le chapitre premier de la loi municipale
de Tarente édicté la peine du quadruple contre celui
qui aura soustrait qnocl ejus municipii pecuniae....
sacrne religiosae est erit , ou aura provoqué cette sous-
traction. Tout magistrat de la cité est autorisé à réclamer
et à exiger le paiement de celle somme au protit du
municipe". De même la lex du temple dédié à Jupiter,
dans le viens de Furfo, le 13 juillet 696, loi qui repro-
duit des règlements antérieurs, permet ù l'édile d'in-
tliger une amende arbitraire à celui qui aura soustrait
un objet sacré {qui lieic sacrum surupuerit) sauf
appel devant l'assemblée du peuple, qui, à la majorité, a
le droit d'absoudre ou de condamner '^ ^dedicatio,
p. 43;. Les bois, voués au culte, étaient également sa-
crés 'lucis, p. 1356'. Cela est certain pour le bois des
frères .\rvales ; il devait en être de même des bois de
Luceria et de Spolète, dont les leges nous sont par-
venues". La le.r du bois sacré de Spolète défend d'em-
porter quoi que ce soit qui appartienne à ce bois :
neque e.rcehito neque exferto quod louci siet. Le
magistral qui a fait la dédicace a le droit d'exiger du
contrevenant un sacrilice expiatoire et, s'il y a dol, une
amende de 300 as.
Ce fut une question controversée de savoir si les objets,
déposés par des citoyens dans un temple pour les mettre
en sûreté", participent à la protection des choses
sacrées. Devait-on traiter le vol de ces objets comme un
vol simple ou comme un vol qualifié, comme un furtum
ou comme un sacrilegium'! Si l'on devait prendre à la
lettre un passage du Rudens'", on pourrait dire que, dès
le temps de Piaule, ce vol était un sacrilegium. Démonès
a|ipelle Labrax sacrilegissime /lominum, parce qu'il
veut arracher du temple de Vénus ses deux esclaves qui
se sont mises sous la protection delà déesse. Mais Piaule
a voulu sans doute amuser les spectateurs, sans pré-
SACRILEGICM. 1 Hor. Sal. I, :i. 1 17. — 2Cic. lie Ug. II. IC. +'.'. — 3 UiU. Il,
9, 23. — l Sonec. De benef. VII, 7.-5 Macrob. Sot. 111,3, 1. — 6 Paul. De publ.
jud. Wj). XLVIII, 13, 9, I. —7 Cod.Just. IX. 19, I, —«Loi raunicip.de Tarenlc :
Oessau, 11, cnsf,. — 9 Gaius, II, C. — to Josèphe, AiUig. Jud. XVI, 6,2. — u Dessau,
ll,C08(i. ~ 12 Corp. inscr. tat. IX. 3j13. — IS /iid. IX, 7S2 ; Bruns, Fontes juris, 6,
MO. — 1» Papin. 8 Resp. Dig. XXXI, 77, i6; Pompon. 28 ad Ed. ap. LIp. IV, 7. 2
— <5 III, se. IV, 1. _ lOCic. Deleg. II, 10, 40. — 17 iliy. XI.VIll, 19, 10, 4. — i» Ap.
tendre indiquer la solution admise par les Prudents
contemporains. En tout cas, cette solution a prévalu au
temps de Cicéron : le sacro commendalum est traité
comme le sa «•?<//( '".Tel est aussi lavis du jurisconsulte
Claudius Salurninus dans son livre De poenis paga-
norum : pour lui, l'élément décisif est le lieu où la chose
est placée ''^ ; le vol commis dans un temple est un sacri-
legium. .Mais un rescrit de Sévère et Caracalla a tranché
la question en sens contraire : désormais l'action de vol
fut seule autorisée'*.
2° Le sacrilegium, comme le vol et le péculat, ne
s'applique qu'aux choses mobilières. Les textes visent
spécialement l'argent des temples [pecunia sacra)'^ ou
des tombeaux (pecunia religiosar". D'après la lex du
temple de Jupiter à Furfo. les objets donnés au temple
peuvent être vendus par l'édile. Ceux qui seront acquis
avec le prix de la vente auront le caraclère sacré, comme
s'ils avaient été compris dans l'acte de dédicace.
La notion du sacrilegium n'a pas été appliquée aux
statues qui décorent les tombeaux^'. Celui qui enlève
une statue d'un tombeau n'est passible que de l'interdit
quod vi aut clam--. Quanta la violation des sépultures,
elle constitue un délit spécial prévu parl'édit du préteur.
3" Le sacrilegium exige un fait matériel: il faut qu'on
ail touché à la chose (contaminare)-^. En général, cet
attouchement est suivi de l'enlèvement de la chose
{auferre , -'.
4° 11 faut enfin l'intention de voler [animus furandi)
et de réaliser un gain aux dépens d'aulrui. Celui qui
enlève d'un temple un objet prêté pour le décorer ne
commet pas de sacrilegium-'-'; de même celui qui a la
garde des objets et qui, à ce titre, est responsable de
leur conservation-'^ 'aeditlls'. L'intention de voler n'a,
d'ailleurs, été exigée qu'à une épo(|ue récente : l'ancien
droit romain ne se préoccupe pas de la culpabilité de
l'auteur du délit. Tite-Live en rapporte un exemple
relatif au sacrilège-'. Après la prise de Rome par les
Gaulois, le trésor n'avait pas la quantité d'or nécessaire
pour payer la rançon promise : on allait prendre l'or
des temples et commettre un sacrilège, lorsque les
dames romaines offrirent l'or qu'elles avaient pour qu'on
ne fut pas obligé de toucher à celui qui avait été consacré
aux dieux.
!; 2. Sanction. — La sanction du sacrilegium a varié
suivant les époques. .\ux premiers siècles de Rome, elle
a un caractère religieux. Il appartient au grand pontife
de décider si le crime est, ou non, susceptible d'expia-
tion-'. Dans le premier cas, le coupable est impurus
et doit apaiser la colère des dieux par un sacrifice expia-
toire ".C'est ce que le Sénat ordonna en 581, lorsque le
censeur Q. Fulvius Flaccus fit enlever les dalles de
marbre qui formaient la toiture du temple de Junon
Lacina dans le Bruttium, et qui devaient servir à couvrir
le temple qu'il avait voué à la Fortune équestre, alors
qu'il était préteur en Espagne^". Dans le second cas, le
coupable esl impius et condamné à un supplice :
mort deonecari],e.rsecratio capitis, ou confiscation des
LIp. 7, De oir. proc. Dig. XI.VIII, 13, 6. — 1» Loi niunicip. de Tarinle, I. I.
— 20 Loi iuUa. De tacrilei/iis. ap. llp. 44 ad Sab. ùig XLVIII, 13. 1. — 21 Gels,
ap. LIp. 16 ad Ed. Dig. XLVll, lî. i. — îi Cf. Edouard Cu(|, Institutions juri-
digues des Romains, I, 2' W. p. 187. — 23 Jul. Victor, Ars rlietor. VI, 3. — »i l'ip.
Dig. XLVIII, 13, I. — £i Jul. Victor, Op. cit. VI, I . — :6 Til. I.iv. V,50. — il Lab.
34 Poslcr. ap. Paul. Uc publ. jud. D,(,. XLVIII, 13, il, S. — 28Tit. Liv. XXIX, 19:
cf. Varro, Deling. lai. VI. 3U. - 2'J Macrob. Sut. I, 10, 6. — 30 TU. Lu. XLU, 3
SAC - 98-2
biens'. Dans tous les cas. les objels volés doivent être
restitués-. Telle fut, d'après Tite-Live, la sanction des
sacrilegia commis par Q. Pleminius qui, en 58(5, pilla le
temple de Proserpiiie à Locres. par M. Fulvius Nobilior
qui, en 505, enleva les trésors du temple d'Ambracie.
Le caractère religieux de la sanction du sacrilegium
n'est pas admis par .Mommsen '. D'après lui, le sacrile-
gium fut, comme le meurtre, jugé par les ijuaestores
paricidii. A l'appui de celte conjecture, il invoque un
passage du De /i'</ibus, où Cicéron propose de considérer
les voleurs d'objets sacrés comme des parricides'. Cette
assimilation ne peut se concevoir, dit Mommsen, qu'au
point de vue de la compétence du tribunal et de la peine
encourue, car on n'a jamais appliqué le mot parricide
aux délits contre la propriété.
Il est vrai que les écrivains du temps de l'Empire ne
mentionnent plus la peine religieuse encourue autrefois
par les voleurs d'objets sacrés. D'après eux, le sacrilegium
était sanctionné par une peine capitale '\ Ce n'est pas, à
mon avis, une raison suflisante pour récuser le témoi-
gnage de Tite-Live, qui cite des faits précis d'après les
anciens annalistes. Si le sacrilegium avait été puni
comme le parricide, il serait bien singulier qu'on ne
trouve aucune trace de cette assimilation dans le droit
postérieur. On ne saurait, en effet, se prévaloir d'un rescrit
de Constance et Constant, de l'an 339, qui applique la
peine du parricide aux sacrilegi nu/jliarum^', car il ne
s'agit pas d'un délit contre la propriété. Il est vraisem-
blable que Cicéron s'est inspiré, non pas des coutumes
romaines, mais des idées émises par Platon dans son
Traité des Lois '.
Aux derniers siècles de la République, la répression du
sacrilegium subit une transformation analogue à celle
qu'on observe pour le vol manifeste commis à l'égard
d'un particulier : la peine capitale fut écartée en fait,
sinon en droit. On se préoccupa surtout de la réparation
du préjudice : on en fixa le montant de manière à donner
à la condamnation le caractère d'une peine. L'innovation
fut réalisée par l'édit du préleur pour le furtum*\ par
la loi, pour le sacrilegium. Un tribunal fut institué pour
juger, sur la demande d'un citoyen qui se portait accu-
sateur dans l'intérêt général, les crimes de sacrilegium
et de péculat ^qcaestio perpetia". Mais, comme on l'a
établi à l'article peculatus, ce tribunal ne prononçait
qu'une condamnation pécuniaire. Il statuait d'abord sur
la culpabilité; puis, s'il y avait lieu, une seconde procédure
était ouverte pour estimer le litige et fixer le chiffre de la
condamnation ^litis aestimatio, t. III, 2, 1270]. D'après
Cicéron, le jury se laissait souvent influencer par des
considérations étrangères au procès qui lui était soumis
Tantôt il était très indulgent, tantôt il se montrait très
sévère dans l'estimation de la valeur du litige''.
Au temps de César ou d'Auguste, une loi .Iulia pecu-
latus et de sacrilegiis [lex, t. III, 2, p. 1150] joignit à la
condamnation pécuniaire une peine criminelle : l'inler-
diclion de l'eau et du feu qui entraîne la peine de mort
en cas de rupture de ban'". Celle peine fui remplacée
I Til. I.i.. XXXI, li. — -2 nul. \X1X, 8; XXXI, li; XLII, 3. _ :i Ilûm. Slra-
freeht (Iraducliou). l. li, p. ÏJi. n. 1. — l Cic. De kg. 11, 9, iî. — s Scnoc.
De henef. VII, 7; Jul. Viclor, krs rhet. 111. 15. ClauJ. Saluinin. Dig. XLVUI, l'.i,
16. 4. — « Cod. Just. XI, 36, i. — -i Cf. Ludwig MlUeis. Romisches Priratrecht
bisaufiU'!2eil Violiletians, fJOS, p. 16. — » Cf. Edouard Cu.|, Inslil. jurid. I. Il,
p. 471, n. 7. — 9Cic. P. Cillent. 41. 116. — m Clp. l De aduU. Ijig. XLVIU, 13, 3.
— Il Ouinljl. Inst. Or. 111, 10, I. — l2Cf. Pliil. Ep. Il, 11; Tac. .4ii;i. Il, 50 ; 111,
SAC
bientôt après par une nouvelle peine introduite par
Tibère, la déportation [riEPORTAXio .
Lorsque l'accusation de sacrilège était connexe à une
autre accusation, comme celle d'homicide, l'affaire était,
par exception, renvoyée au Sénat pour éviter la contra-
riété des jugements". C'était un moyen de remédier
au vice organique du système des r/uaestiones perpetuae.
qui obligeait à déférer chaque crime à un jury distinct.
Le Sénat, qui avait, comme le prince, une compétence
générale, pouvait statuer sur toutes les questions qui
lui étaient soumises '-.
kn cours du u' siècle, la procédure d'accusation devant
un jury spécial commença à être délaissée. Les vols dans
les temples étaient fréquents : le gouvernement jugea
utile de les réprimer administrativement, lors même que
le vol avait été commis dans un sanctuaire privé. Des
mandats impériaux prescrivent au préfet de la ville et
aux gouverneurs des provinces de poursuivre d'olfice et
de juger extra ordinem ceux qui ont commis un sacrile-
gium'^. Ils sont autorisés à prononcer une peine plus
ou moins sévère suivant le rang social, l'âge et le sexe
du coupable, suivant la condition de la chose et le lieu oii
le crime a été commis.
Ulpien constate que. de son temps, beaucoup de ces
voleurs ont été condamnés aux bètes, quelques-uns ont
été brûlés vifs, d'autres ont été suspendus à une fourche.
11 conseille de faire une distinction suivant que le crime
a été commis de jour ou de nuit ". Si le crime a eu lieu
de nuit, avec elTraction, par une bande (manu facta), la
peine devra être abaissée jusqu'à la condamnation aux
bêtes. S'il a eu lieu de jour et que le vol ne soit pas
très important, le magistrat prononcera la peine de la
déportation à temps si le coupable est honestior, la peine
des travaux forcés à temps si c'est un humilier '^ Le
préfet de la ville a, d'ailleurs, seul le droit de condamner
directement à la déportation'"; les gouverneurs de pro-
vince doivent en référer à l'empereur". La déportation a
lieu dans une île" ou dans une oasis égyptienne'^ La
désignation du lieu d'internement est faite par l'empe-
reur dans chaque cas particulier; dans l'intervalle, en
attendant sa décision, le condamné est retenu en prison^".
La peine du sacrilegium était moins sévère lorsque le
vol avait été commis dans un temple privé; mais elle
devait être plus forte que pour un simple furtum-'.
11. Impiété. — Voir pour le droit grec l'article asebeia,
t. I, 1, p. 463 et 467.
En droit romain, cette acception nouvelle du sacrile-
gium a été consacrée par le droit du Bas-Empire; elle a
passé de là dans le droit moderne. C'est la seule que le
mot sacrilège ait conservée de nos jours. La transition
entre les deux acceptions s'est opérée progressivement :
elle a été préparée par la jurisprudence qui a rapproché
du sacrilegium, au sens primitif, divers crimes tels que
ceux de magie, de majesté, de violation de sépulture.
Dès la fin de la République, on qualifie sacrilegium les
pratiques occultes de Mgidius Figulus-- i préteur en 696)
et de ses alliliés. Le .fodalicium sacrilegii .Xigidiani
22. — ISJIarcmn. 14 losl. flii/. XLVIII, 13,4, 2; L'ip. 7 Df OIT. proc. Dig.t, 18, 13|
— 14 L'Ip. Wy. XLVUI, 22, 6 pr. — !■> Cf. Paui. Seul. V, 13, I. — 16 Llp. De ^
praef uibi. Dig. '., \î. I, 3. — 17 Sev. ap. LIp. 9 De o£f. pioc. Ôij/. XLVllI, 22,
I ; 7, I; Llp. 48 ad Ed. Dig. XLVlll, 18, 2, 1. — 'S Llp. Ùig. XLVUI, 13, 6, 1 ;
XLVUI, 22, 7 pr. — i« Ibid. XLVlll, 22, 7, 5. Jusl. Cod. IX, 47, 26, 2. —20 Llp.
/>!(/. XLVlll, 22, 7, 1; 1, 12, i, 3. — il Paul. De publ. jud. Dig. XLVlll, 13, 9, I.
— 22 Dio Cass. XLV, I.
SAC
— 983
SAC
doniiM lieu ;i uiio poursuite judiciairn dans laquelle Cali-
lina fui impliqué '. Les deux autres crimes ne sont pas
express'^ment qualifiés sacrilèges, par les documents
juridiques; mais le crime de majesté est, d'après Ulpien,
voisin du sacrilège [proximxm sacrile(/io) ^ ; quant à la
violation de sépulture, l'empereur Julien alleste que les
anciens (majores) l'ont toujours considérée comme un
acte voisin du sacrilège ^ En faisant ce rapprochement,
la jurisprudence a dégagé le caractère commun de ces
crimes; elle les a classés dans une catégorie plus large,
celle du crimen Inesae religionis. Cette idée apparaît au
temps d'Auguste pour le crime de majesté, au temps de
Gordien pour celui de violation de sépulture.
Auguste punit les complices de l'adultère, commis avec
les femmes de la maison impériale, (/ravi nomine laesa-
rum religionum et violatae majestatis appe/lando''. La
])eine encourue était la peine capitale. Le fait est d'autant
plus caractéristique que la loi Julia De adul/eriis, pro-
posée par Auguste, édictait simplement la peine de la
relégation dans une ile et la confiscation de la moitié des
biens [lex, t. III, 2, p. 1149j. Il en fut de méiae pour le .
délit de violation de sépulture : pendant longtemps, il ne
fut puni que d'une amende fixée par l'édit du préteur"
SEPiLCRiMj. Lorsqu'on s'aperçut de l'insuffisance de ce
mode de répression, on chercha le moyen de traiter ce
délit comme un crime. Un jurisconsulte contemporain
d'Alexandre-Sévère, Macer*^, émit l'avis (potest (/ici) que
la violation de sépulture tombait sous l'application de la
loi Julia De vi puhlica ' [lex, t. III, 2, p. H48^ ; il pro-
posa d'étendre à la violence dirigée contre les tombeaux
la règle posée par la loi pour la violence contre les inhu-
mations. Gordien estima que la peine encourue n'était
pas assez sévère : il considéra le délit comme rentrant
dans le crimen laesae religionis^.
§ i" Impiété envers la religion rotnaine. — Aux
premiers siècles de l'Empire, ce chef d'accusation a été
appliqué aux chrétiens". L'adhésion au christianisme fut
considérée par la jurisprudence, non sans hésitation,
comme un crimen laesae romanae reliyionis, donc
comme un crime voisin du sacrilège. Tertullien, négli-
geant cette nuance, appelle sacrilège le crime imputé aux
chrétiens '". Il n'y a pas là, croyons-nous, un motif
suffisant pour récuser son témoignage; mais la question
est discutée. Elle consiste à savoir si les chrétiens ont
été poursuivis en vertu d'une loi d'exception (édit ou
sénatusconsulte)", ou en exécution des lois existantes'-.
Cette question se rattache si intimement à l'histoire du
sacrilegium qu'on ne peut se dispenser d'examiner les
raisons invoquées pour refuser à l'assertion de Tertullien
toute portée juridique. Ces raisons sont de trois sortes :
1° 11 n'y a ni au Digeste ni au Code aucun texte qui
fasse rentrer les crimes contre la religion romaine dans
la catégorie des crimes de lèse-majesté. Assurément les
' Ps. Cic. In Snllusl. V. 14. — 2 L'ip. De oll. proc. Diij. XLVIll. i. 1 pr.
- 3 Co(.i. Th^od. IX, 17, 5. — ' Tac. Ann. III, 24. — '■• Cf. Edouard Cn(|, Ins-
tttutionn juridiqueit des Homains, t. Il, p. 47s. — 6 i De publ. jud. />!>/.
XLVII, 12. 8.-7 Leuel lorf h. l.\ propose de Ure prii-ata. à cause de l'aul.
Sent. V, 26, 3. — » Cod. Just. IX. l!i, 1. — a S. Justin. Apol. I, 5 : ileo,
»«i iotSiT;. — '0 .ipolof/. iO. I : S5. 5. — il AMard, Histoire des persécutions.
i* éd. t. !•', p. 172 ; CallewacrL, Heime des questions historiques. 1903, LXXIV,
Ï8: 1904, LXXVI, 5 ; 1903, LXXVII,349. — 12 C'est l'opinion que j'ai soutenue dans
un article publié en I S»C [Mélanqes d'archéologie et d'histoire de l'iicole française
deSome, VI, 115;. Elle a été reprise en 1890 par Neumann (Ùer rôm. Staat imd die
nllgem. Kirche bis an Dioclelian), en 1S93 par Ramsay (C/iurc/i and State be/ore
». d. 17u;, en 1894 par Mommseo, avec un important correctif qui sera indiqué plus
compilateurs se sont abstenus de reproduire les décisions
qui n'avaient plus de raison d'être depuis que la religion
chrétienne était devenue la religion de l'État. C'est ainsi
qu'ils ont exclu les passages du traité dTlpiensur l'office
du proconsul qui, d'après Laclance. contenait les rescrits
contre les chrétiens [ ji'riscoxsi'lti, t. III, 1 , p. 722, n. 29].
Ils ont, du moins, recueilli un fragment de Modestin qui
prouve que la loi Julia De majeslale a été étendue aux
crimes qui doivent être punis ad exemplum legis'^.
2° L'existence d'une loi d'exception est, dit-on, attestée
par un document récemment publié, les actes d'Apol-
lonius. Ces actes, dont on possède deux versions, armé-
nienne" et grecque'', contiennent le procès-verbal des
deux audiences consacrées par le préfet du prétoire
Perrenis"' à juger Apollonius, l'an 185, sous le règne de
Commode. Us mentionnent à la fois une décision du
du Sénat exprimantl'avis « qu'il n'y ait pas de chrétiens »,
et une décision de l'empereur qui défend de les absoudre
s'ils ne changent pas d'opinion'''. La décision du Sénat
est, dit-on, un sénatusconsulte rendu au temps de Com-
mode, ou, suivant certains auteurs, au temps de Néron.
Mais si le Sénat eût proscrit le christianisme dès le
temps de Néron, Pline ne l'aurait pas ignoré ; il n'aurait
pas eu besoin de demander à Trajan s'il devait punir les
chrétiens à ce seul titre ou en raison des crimes qu'on
leurimputait. En présence d'un texte impératif, /ptcTiavoy;
|XT| eIvch!, le doute n'eût pas été permis. De même si le
sénatusconsulte eût été rendu sous Commode, Tertullien
n'aurait pas eu à discuter, dans son Apologétique com-
posée à la fin de 197, les griefs imaginaires des pa'iens
contre les chrétiens. D'autre part, rien n'est moins sûr
qu'il y ait eu un sénatusconsulte '". Le rôle du Sénat en
cette afTaire n'est pas présenté d'une manière uniforme :
d'après certains documents, le Sénat a jugé le procès";
suivant d'autres, l'afl'aire a été jugée en présence du Sénat
et du préfet^" ; seul le texte grec ne fait allusion au Sénat
qu'à la seconde audience et cite une décision rendue par
lui (to 3cYu.a TT,; tuyxX/,tou) et connue d'Apollonius. Ces
divergences ne se concevraient pas si l'avis demandé au
Sénat avait le caractère très net d'un sénatusconsulte.
Elles s'expliquent, au contraire, si on lui a soumis une
question de fait. Le préfet du prétoire a pu, comme le
pensait H. de Valois, conseiller à Apollonius de se justifier
devant le Sénat. C'est ainsi que dans les Actes de saint
Polycarpe de l'an 155, le magistrat engage l'accusé à se
justifier devant le peuple-'. Le gouvernement devait
tenir compte de l'opinion publique qui, pour un person-
nage comme Apollonius, avait pour organe le Sénat.
Le préfet du prétoire a pu également consulter le Sénat,
antérieurement au procès, sur le cas d'Apollonius-'.
Il ne parait pas douteux que Perennis siégea dans
l'afTaire comme président du tribunal impérial, en
l'absence de l'empereur. L'afl'aire, qui était de la compé-
loin {Uist. Z^ilschrift. I.XIV, p. 389; cf. Hom. Slrafrechl. trad. 1. Il, p. 278).
_ 13 Modest. 12 Pand. Dig. XLVIll, 4, 7, 3. — H Traduite en anglais par Conybeare
en 1893 {The Guardian, 1893), en alleniantl par Burcliardi [Sitzunys'ierichte der
Kon. Preuss. Akad. der Wiss. 1893, p. 72;S). — 1- Publiéd'aprés un manuscrit grec
de la Bibliothèque national.-, 1219, f» 3», dans les Anakcta Bollandiana, 1895,
XIV. 284; cf. l'édition de (i. Rauschen, Flor'deginm patristicum, III, 1905, p. «9.
— 16 Cf. Borghesi, Les préfets du prétoire, t. X, 1897, p. 64. — "'' Acics grecs,
§ 11 et -23. — IS Cf. Hîmack, fiit:ungsberichte d. l'reuss. Ak. 1893, p. 721-746;
MommscD. IbiU. 1894, p. 497-503; Klelte, Texte und Untersuchnnqen von fiebliardt
und Harnack, 1897, XV, 2. — la S. Jérôme. De ciris illustr. 42. - 2» Eusébe,
Hist. eccles. V, 21. Actes arméniens. — 21 .\lnrlijrium Polycarpi, X, 2, éd. Rans-
chen, 1904, 1, 49 : t.i',;w ;b. 8i;jiov. — 22 Cf. Mommsen, Loc. cit. p. 501.
SAC
98 i —
SAC
tence du préfet de la ville, avait été évoquée devant ce
tribunal : elle fut jugée dans le Palais impérial'. Or,
depuis la réorganisation du conseil du prince par Hadrien,
lapplicalion eirinlerprélation des lois ne sont plus faites
d"une manière arbitraire- : l'empereur est lié moralement
par l'avis des jurisconsultes membres de son conseil
[coNSiLUM pRiNciPis, t. I", 2, p. 14.i3]. Clioisis dans les
rangs du Sénat ^ ceux-ci devaient, dans les questions
délicates louchant à la politique, souhaiter d'avoir l'avis
de leurs collègues pour rouvrir leur responsabilité.
3. La procédure suivie contre les chrétiens présente,
dit-on, des anomalies inexplicables si le crime qui leur
fut imputé est un crime de droit commun. Cependant
c'est TertuUien lui-même qui les signale'. Les chrétiens
qui avouent leur qualité, ne sont pas admis à prouver
qu'ils n'ont commis aucun crime; on ne spécifie pas dans
la sentence qu'ils sont condamnés pour lèse-majesté; on
les soumet à la torture, non pas pour obtenir l'aveu de
leur crime, mais pour faire rétracter l'aveu de leur affi-
liation au christianisme ; on absout les chrétiens qui
renient leur foi, on les encourage même à nier leur
crime en leur promettant l'impunité; enfin, à certaines
époques, il fut défendu de poursuivre les chrétiens.
Mommsen a essayé d'écarter cette objection en disant
que très souvent les magistrats ont poursuivi les chré-
tiens par mesure de police en vertu de leur droit de
coercition ^ ; ils pouvaient, dès lors, agir d'une ma-
nière arbitraire. Mais il parait difficile de considérer
comme arbitraires des actes qui se reproduisent d'une
manière si uniforme au ii'^ siècle de notre ère. A mon avis,
ces anomalies s'expliquent si l'on observe comment la
jurisprudence a procédé pour appliquer aux chrétiens
les lois existantes. Suivant l'usage, elle s'est, autant que
possible, conformée aux précédents.
Pendant longtemps, à Rome, la profession d'une religion
étrangère n'a pas été traitée comme un délit : on s'est
contenté de punir les crimes dont elle pouvait être l'occa-
sion et de prendre des mesures contre les affiliés. C'est
ce que fil le Sénat en 368 pour le culte de Bacchus*. Ce
culte impie lui parut un danger pour l'État et pour la
religion. D'après Tite-Live, ceux qui ne furent convaincus
que de s'être fait initier et d'avoir répété après le prêtre
le carmen sacrum contenant l'engagement de se livrer à
tous les excès du crime et du libertinage, furent retenus
en prison; mais ceux qui s'étaient rendus coupables
d'impudicilé, de meurtre, de faux témoignage, de faux
cachets, de supposition de testament, furent punis de la
peine capitale'. Des mesures analogues furent prises,
aux premiers siècles de l'Empire., contre les chrétiens.
Comme aux adeptes du culte de Bacchus *, on leur
imputa toute sorte de crimes et d'infamies [facinora et
flagitia) : on les accusait de magie', d'inceste, d'infan-
ticide, de réunions nocturnes "*. On les poursuivit d'abord
de ce chef; mais on reconnut bientôt que la preuve était
difficile, sinon impossible à faire. Seule l'accusation de
magie aboutissait souvent, parce que les agissements des
1 Haroacii fait remarquer qu'en iuvit.iul Apollonius à sacriticr a'.ix dieuv Percnuis
cite Apollon seul par son nom. Il en couclut que le tribunal siégeait iv -za ' Xr.'iWia/i-u \
cf. Mommsen, Rôm. Slaatsr, Irart. VII, IIC, i. — 2 Cf. Edouard Cuq, Instilulions
juridt</ue», t. Il, p. 28, n. 4. — 3 Cl. Edouard Cuq, i? conseil des Empereurs,
p. 3H-3«. — i Terlull. Anol. i, S-18. — i- Itôm. StrafredU, trad. t. Il, p. i81.
— • Corp. imer. lai. I, 196. — 1 Tit. Liv. XXXl.V, 17. — » Ibifl. .^iXXI.V, 14 et
17. - » Cf. Le Blanl, ilém. soc. des .\nti(iaaires, X\.\l, 8.i6. - m Terlull. Apol.
7—11 Cf. Edouard Cu.|. Mi'lanyes de lÉc. fr. de Rome. l. VI. - li Terlull. .ipol.
chrétiens ressemblaient, à s'y méprendre, aux pratiques
des magiciens. On leur appliquait alors la disposition
des Douze Tables sur Vincantatio mali canitinis^^ peut-
têre aussi, suivant certains auteurs, la loi Cornelia De
reneficis [lex, t. HI, 2, p. !I40, n. 32]. Ce chef d'accu-
sation parut, à son tour, insuffisant; il y aurait eu trop de
magiciens. A ceux qu'on ne pouvait espérer convaincre
des crimes précités, on reprocha de s'être engagés par
serment à les commettre, de s'être fait initier à une doc-
trine dangereuse pour l'Ëtat. Telle fut la règle formulée
par les jurisconsultes ou par les rescrits impériaux : elle
entraînait l'application de la loi Julia De mojcsiate'-, qui
proscrit les actes attentatoires à la sécurité de l'État".
De là. une double différence entre les mesures prises à
l'occasion du culte de Bacchus et celles qui furent appli-
quées aux chrétiens : les premières avaient un caractère
arbitraire, les secondes étaient fondées sur la loi; puis,
tandis qu'au vi' siècle de Rome, les simples initiés au
culte de Bacchus furent retenus en prison", les confes-
seurs de la foi chrétienne furent punis comme des crimi-
nels. Mais le fait qui motivait l'accusation portée contre
eux n'établissait qu'une présomption '° de culpabilité, qui
cédait devant la preuve contraire. Celte preuve résultait
de la vénération des images des dieux ou de l'empereur '^
Celle interprétation n'a pas été admise sans résistance ;
elle se fait jour dès le i" siècle : on en trouve la trace
dans la première épilre de saint Pierre '\ puis dans une
lettre de Pline à Trajan". Trajan en restreint la portée :
il défend de rechercher les chrétiens ; il permet seulement
d'accueillir les accusations dirigées contre eux ". Hadrien
est plus strict: dans sa lettre au proconsul d'.\sie, Minu-
cius Fundanus, il prescrit de ne pas tenir compte des
demandes ni des clameurs de la foule; on ne doit
admettre que les accusations présentées au tribunal;
celles qui seront reconnues calomnieuses seront sévère-
ment punies. Les chrétiens, convaincus d'avoir commis
un acte contraire aux lois, seront frappés suivant la
gravité du délit-". Hadrien semble bien ici s'écarter de la
règle posée par Trajan, et ne pas autoriser les accusations
portées contre les chrétiens en raison de leur nom.
C'est ainsi que les contemporains comprirent sa décision,
car saint Justin demande à .\ntonin le Pieux de la
confirmer'-'. Mais ces bonnes dispositions de la juris-
prudence impériale ne se sont pas maintenues. Vers l'an
iCo, moins de quinze ans après la publication de l'Apo-
logie, saint Justin fut condamné à mort par le préfet de
la ville, Junius Rusticus, pour avoir propagé des doc-
trines nuisibles à l'Étal--.
Ces variations de la jurisprudence, ainsi que la diver-
sité des chefs d'accusation qu'on a fait valoir, suivant les
époques, confirment l'idée que la situation des chrétiens
a été réglée, non pas par un acte législatif, mais seulement
par des rescrits^'. Lactance l'affirme, et son assertion est
conforme à ce que l'on sait sur le caractère des rescrits
aux premiers siècles de l'Empire : ils interprètent la loi ;
ils ne créent pas le droit. C'est pour cela que les chrétiens
20 ; lia nos crimini majestatis addicile : cf. il ; cum ejusdem no3:^J]ae eadem
traclatio deberet intervenire. — '•i Llp. 7 De off'. proc. Dig. XLVIII, 4, I, 1 ;
.Majestatis crimen iltud est quod aduersus popuhim romanam, vel adeersus secu-
rilatem ejus commitlitur. — 1* Tit. Liv. XXXIX. — ''" Terlull. Apol. 3, 1 1 ; 16, 3.
— lii Terlull. Apol. 10, I. — 17 III, l.'). — 13 Ep. 96. - la Cf. Terlull. Apol. i, 6.
— 20 Jusliu. .Apol. I, 68, .=;. Ed. Rauschen, Floril. patrisl. 1904, 11. 73. — 21 Jbid.
1. 68, 3. — 22 Mnrti/rimn S. Juatini et sociorum, éd. Rauschen, III, 97. — 23 Cf.
Edouard Cui|, MHamjes de l'Ec. fr. de Rom.-, VI. 139.
SAC
98.Ï
SAC
pouvaient toujours espérer un revirement de jurispru-
dence. C'est pour cela que saint Justin et TertuUien ont
composé des Apologies destinées à éclairer les juris-
consultes membres du conseil impérial. Nous venons, dit
saint Justin, demander w/, diligenti delibera/io/ie ad/ii-
bita, judicium exercent is ^ .
La règle consacrée par les rescrits eut pour conséquence
de faire traiter comme des criminels les confesseurs de
la foi chrétienne, ceux qui avouaient s'être fait initier à
la nouvelle religion. Aux yeux des païens, le christianisme
est une doctrine qui enseigne le mépris des dieux protec-
teurs de l'État- et qui se propose de les détruire^ Mais
ce n'est pas un simple délit d'opinion. La volonté doit se
manifester par un acte positif : un sacramentum lS.\cr.\-
MENTi m]. Pline l'atteste On reproche aux chrétiens, dit-il à
Trajan, sacramento in scelus se obstringere'-. Il ajoute
qu'il n'a rien découvert de sacramentis eorinn', sinon
qu'ils se réunissent avant le jour pour chanter au dieu
Christ. Comme exemple des engagements que la croyance
populaire attribuait aux chrétiens, TertuUien cite le
Sfirramenfiim infanlicidii''. Lorsqu'il s'agit d'un crime
d'Étal, il esl de principe qu'on ne punit pas seulement le
crime consommé. D'après le jurisconsulte Q Cervidius
Scaivola, qui fut membre du conseil de Marc-Aurèle, la loi
Julia De majestate est applicable à celui qui, par dol, a
fait engager quelqu'un par serment à accomplir un acte
ndrersus rempiib/icain' . Ce principe est encore appliqué
au Bas -Empire par .\rcadius, au cas où des factieux ont
formé un complot et se sont engagés par un sacramentum
à tuer des membres du Consistoire ou du Sénat*. Les
chrétiens aussi étaient des factieux' et s'engageaient,
croyait-on, par un sncrnmentum. Ils n'hésitaient pas
à sacrifier leur vie plutôt que de manquer à leur pro-
messe. Leur courage à affronter les supplices était pour
les païens la preuve éclatante de leur culpabilité.
On aperçoit maintenant la cause des prétendues ano-
malies de la procédure suivie contre les chrétiens
lorsqu'ils étaient accusés en cette seule qualité. Ce sont
des conséquences logiques de l'interprétation consacrée
par les rescrits. TertuUien a donc raison de dire que les
chrétiens sont coupables d'un crime de lèse-religion
lorsqu'on les condamne en raison de leur nom et de l'aveu
de leur foi. Ils sont punis pour s'être engagés par serment
àcommeltre un crime prévu par la loi Julia Z)e «ff/"e«?a/c,
crime qu'L'lpien déclare èlre un quasi-sacrilège. En le
qualifiant sacrilège, TertuUien emploie une terminologie
qui n'est pas rigoureusement exacte, mais qui était
justifiée par l'usage suivi de son temps dans les tribunaux.
La sentence prononcée en 179 contre saint Symphorien
constate que majestatis sacrilegium perpetravif^". Cet
usage a persisté au Bas-Empire : Constance II et ses
successeurs considèrent les faux monnayeurs comme
loupables de sacrilège " et leur applique non plus la loi
Ojrnelia De falsis, mais la loi Julia De majestate^"-. Us
traitent de même les agioteurs qui spéculent sur
la «lilférence de cours de la menue monnaie suivant
les pays où on l'utilise". Le crime de sacrilège est
' Juslio. Apol. I, î, 3. — 2 Id. I, 6: Laclant. De mort, pers U. — 3 _]/ar-
tyrium Pohjcarpi^ 12 ; Hic est... deorum nostrortim eversor qui multa
docet ne sacrificent ncve a'Ioreiit. — l Kp. 96. — 3 Terlull. Apol. 2, 6.
- « Ibid. 7, t. — 7 Scaer. i Reg. Dig. XLVIU, 4, l pr. — » Cad. Just.
IX, 8. 5 pr. — a Terlull. Apol. 38. — 10 Kuinart. Acta sincera martyrum,
M. Je Ralisbonne, 1859, p. 127. — Il Cod. Theod. IX, 23. (; IX, 21,
vin.
donc, à leurs yeux, identique au crime de majesté.
Cette extension de l'usage normal du mot sacrilegium
n'est pas particulière aux Romains. Une inscription
grecque de Syros, de l'époque romaine", qualifie ispo-
TuÀoi; celui qui a violé un règlement de police religieuse.
Il en était de même à l'époque antérieure; d'après une
inscription d'iasos, du iv" siècle'-', on appliquera les lois
surles UpoT'jXoi à quiconque détruira soit la stèle portant
la loi relative au culte de Zeus Mégistos, soit le texte de la
loi. Une inscription de la tin du m' ou du commencement
du ir siècle donne une liste de faux monnayeurs qui furent
condamnés à mort comme coupables de sacrilège "■'.
§ 2. Impieté envers la religion chrétienne. — Le mot
sacrilegium est souvent employé au Bas-Empire pour
désigner un certain nombre de crimes qui ont pour trait
commun un acte d'impiété, soit envers la religion chré-
tienne, soit envers le prince. Ces crimes sont plus ou
moins graves et donnent lieu à une peine spéciale. Le
sacrilège n'est donc pas un crime déterminé: c'est une
dénomination commune à plusieurs crimes.
Il y a cependant au Code Justinien un titre De cri-
mine sacrilegii, mais les trois constitutions qu'on y a
réunies ont un objet trop disparate pour justifier la
rubrique sous laquelle on les a placées '". Cette rubrique
figurait sans doute dans le Cod/' Grégorien dont les com-
pilateurs se sont inspirés, mais les décisions qu'il devait
contenir sur le vol d'objets sacrés ont été remplacées au
hasard par quelques constitutions mieux en rapport avec
l'acception nouvelle du mot sacrilège. La confusion
commise par les rédacteurs du Code Justinien esl
d'autant plus excusable que parmi les textes qui nous
sont parvenus, il en esl qui font allusion aux peines
établies par le droit contre les sacrilèges". Mais celle
formule vague désigne sans doute les peines spéciales
aux crimes prévus dans ces textes '■' et que d'autres docu-
ments nous font connaître ^". — La même confusion appa-
raît dans les Basiliques : le crime visé par les rédacteurs
du Code Justinien esl qualifié Upo^'jXia. Les scoliastes
emploient tantôt ce mot, tantôt celui de rjxxo'.lày.ov.
U n'y a donc pas lieu de définir le sacrilège : il suffit
de dresser la liste des crimes auxquels s'applique cette
dénomination générale.
1° Troubles apportés à l'exercice du culte. — Les
troubles, commis dans une église par une bande de
personnes, doivent être dénoncés parles autorités locales
au gouverneur de la province; on lui indiquera les noms
des individus qu'on a pu reconnaître. Le gouverneur les
fera arrêter sans attendre la plainte des ministres du
culte, et s'efforcera d'obtenir les noms des complices. Si
les accusés prennent les armes pour se défendre ou se
réfugient dans des lieux d'accès difficile, le gouverneur
adressera une réquisition écrite au commandant de l'ar-
mée d'.\frique pour empêcher les révoltés de s'enfuir.
Ceux qui seront convaincus d'avoir pris part au crime ou
qui l'auront avoué, seront frappés d'une peine capitale.
Cette décision, datée du 2.3 avril 398 et envoyée par Hono-
rius au préfet du prétoire d'Italie, Theodonis-', a été mo-
5; IX, 38, 6. — 12 litid. IX, 21. 9. — 13 /bid. IX. 23. 1. — I- Diltenber-
ger, Sylloge inscriptionum graecarum, i' éd. 680. — 15 Jt/id. 602. — • 16 Ibid.
513. Cf. Dareslc, Haussoullier et Reinach, Inscriptions juridiques grecques,
1. II, p. 371. — 17 Cod. Just. IX, 29. — 18 Cod. Theod. XVI, 2, 31 ; A'or.
Valent. XVII, 1, 1. — 19 Atteinte au\ immunités donl jouissent les biens d'Église
ou aux privilèges des clercs. — 20 Cod. Theod. XVI. 2, 31. — 21 Ibid. XVI, 2, 31.
124
SAC
— 986 —
SAC
tivée par les troubles qui suivirent la défaite de
Gildon'.
'H." Atteinte aux privilèges des biens déylise. — Les
fonds de terre appartenant aux églises sont exempts
des charges extraordinaires ou sordides mi'.m s, t. III, 2,
2013\ Daprès un rescril d'Honorius au préfet d'Italie
Melitius (25 mai 412), quiconque portera atteinte à ce
privilège en exigeant des prestations indues, encourra
la peine établie contre les sacrilèges et en outre la dépor-
tation ■-. La première peine est sans doute celle de cinq
livres d"or, édictée par Honorius en 399 contre ceux qui
portent atteinte aux privilèges des églises'.
3°Atfeinteau.rprivi/è(/esdes cle7'cs quant à la juridic-
tion — Valenlinien III rétablit en 423 le privilège des
clercs aboli par l'usurpateur Jean. Il prescrivit au préfet
des Gaules .\matius d'informer les gouverneurs de pro-
vinces que les juges séculiers doivent s'abstenir, sous
peine de sacrilège, de citer les clercs devant leur tribu-
nal ; l'évèque est seul compétent S
4° Profanation du dimanche. — D'après une consti-
tution de Valenlinien II adressée en 386 au préfet d'Italie
Principius, les afTaires et les procès doivent être suspen-
dus le dimanche; il est également défendu de réclamer
ce jour-là une dette publique ou privée. Le contrevenant
est noté d'infamie et jugé sacrilège'.
5° Négligence des évêques à remplir les devoirs de
leur charge. — Un édit de Théodose I" au peuple de
Conslantinople (27 février 380) déclare coupables de
sacrilège ceux qui, par leur ignorance ou leur négli-
gence, offensent la sainteté de la loi divine ••. Godefroy.
s'appuyant sur le témoignage de saint Basile et de saint
Grégoire de Nazianze, a montré que celte disposition
vise les évêques qui laissaient l'hérésie se développer
dans l'empire d'Orient '.
6° Apostasie. — Les chrétiens, convertis au judaïsme
ou au manichéisme [apostasi.4, jidaei] , sont, en raison de
ce sacrilège, déchus du droit de tester. En 383, une con-
stitution de Valenlinien I", adressée au préfet d'Italie
Ilypalhius, limita à cinq ans après le décès le délai accordé
pour attaquer le testament de l'apostat*. Mais, en 426, une
constitution de Valenlinien III au préfet d'Italie Bassus
supprima cette reslriclion et rendit perpétuelle l'action
en nullité. Elle retira également à l'apostat la faculté
de faire des donations entre vifs, alors même qu'elles
seraient déguisées sous l'apparence d'une vente*. Dans
l'intervalle, Honorius, par une constitution de 409
adressée au préfet d'Italie Jovius, avait décidé que l'on
poursuivrait, comme coupables du crime de majesté, les
Coelicolae'" qui tenteraient de convertir des chrétiens ".
Un demi-siècle plus tôt, en 357, Constance II avait puni de
la confiscation les chrétiens convertis au judaïsme'-, et
cette peine a été maintenue par Justinien ".
7° Hérésie. — Les hérétiques, quels qu'ils soient,
Ariens", Donatistes 'S Manichéens'^ Apollinaristes.
' Cf. K. Marlrove, Gmséric, ta conquête vandale en Afrique et la destruction
<ie l Empire dUcnilent. I!ir)7, p. 35. — 2 CoDsl. Sirniond. XI. — J Cod. TlieoU.
XVI, 2, U. — ' Consl. Siruioort. VI. — 5 Cod. Theod. Vlll, g, 3. — 6 Ibid. XVl,
i, Î5; Cod. Jutl. IX, 29, I. — î Godefroy. t. VI. p. 58. — » Cod. Theod. XVl,
"• 3» '■ — ' Jtiid. T. — 10 Cf. sur celle secte nouvelle, Godefroy, t. VI, p. 210.
— Il Cod. Tlieod. XVl. 8. 1!>. - n Ibid. XVl, 8, 7. — 13 Cod. Jast. 1, 7, 1.
— " Cod. Theod. XVl, 5, 6, — 15 Jl,id. XVl, C, 4. — 16 Aor. Valenl. XVII,
1, 1. — " Cod. Just. I, 5, 8, 2. — 18 Jbid. : Diapar quidcm nomen. sed
idem tacriUgiam; Cod. Theod. XVl, 5. 20. — 19 Cf. Edouard Cui|, Jnati-
tulioKi juridiques des Homams. l. Il, p. 76. — 20 Ibid. 1. I", 2< éd. p. I«,
n. «. — 21 Ibid. I. Il, p. 786. — 22 CoDsl. Sirmond, Il ; Cod. Theod. XVl.
Eutychianistes''', sont des sacrilèges'* [uaeretici, t. III,
1, p. 31. Les peines édictées contre eux sont, en général,
des peines civiles : infamie" ûxf.\miaj, intestabilité *"
[TESTis^ déchéance du droit de tester jEST.tMEXTiMJ et
de succéder à cause de mort'-' [siccESSio]. On y joint
souvent la confiscation des biens >roscriptio, cùnfis-
CATiOj, l'interdiction du séjour dans les grandes villes et
dans les cent milles environnants --. Parfois des peines
rigoureuses (amendes très fortes", peine de mort)-' sont
prononcées contre les affiliés à certaines sectes. Les
hérétiques sont, enfin, exclus des fonctions publiques -^
et du barreau " ; ils ne sont jamais admis à profiter des
grâces ou amnisties accordées à l'occasion des fêtes reli-
gieuses " JNDlLfiENTlA, t. III, l,p. 482j.
§3. Impiété envers l'empereur. — Parmi les actes
d'impiété envers les dieux, ceux qui sont commis envers
la divinité de l'empereur [imperium, t. III, 1, p. 431" doivent
être examinés séparément. Toute atteinte à la majesté
impériale est une impiété -', mais, en général, elle
n'est punie comme un sacrilège que dans un certain
nombre de cas.
1° Refus de jurer par le génie de l'empereur. — C'est
un des principaux griefs formulés contre les chrétiens*'.
Pour s'assurer de l'exactitude de l'accusation portée
contre eux en raison de leur nom, on leur déférait ce
serment qu'il leur était impossible de prêter. Ils consen-
taient à prier pourl'empereur. mais non à reconnaître son
génie ^gexiis, t. Il, 2, p. i493j. En quoi ils commettaient
un sacrilège^". — Le faux serment prêté par le génie
de l'empereur devait être aussi un crime de lèse-majesté.
Mais Alexandre-Sévère, confirmant les décisions de ses
prédécesseurs, déclare que si le parjure a eu lieu dans
l'emportement de la colère, l'accusation ne sera pas rece-
vable^'. Un rescrit de Sévère elCaracalla prescrit d'inlli-
ger au parjure une correction : on le fait fustiger'-.
^"Inobservation des décrets de l'empereur. — La peine
du sacrilège est encourue par celui qui demande à l'em-
pereur de lui concéder les biens d'un condamné pour
crime de lèse-majesté ", ou des terres qui conviennent
mieux à la construction d'un palais impérial qu'à la cul-
ture", par celui qui demande une fonction publique dans
une province ou une ville d'où ilest originaire ^% par celui
qui usurpe une dignité supérieure à celle qu'il a obte-
nue "", enfin par le délateur qui dénonce les particuliers
qui ont régulièrement acquis des biens patrimoniaux, ou
des biens appartenant à un temple ou à une cité ''.
En certains cas la peine du sacrilège s'ajoute à celle qui
est prononcée contre l'auteur de la contravention {adjecta
poena sacrilegii f/uae in divalium scitorum violatores
palam insequitur''. — On traite de la même manière et
l'on inflige une peine semblable à celle du sacrilège aux
vicaires des préfets du prétoire d'Italie" qui refusent le
jus osculi aux domeslici et aux protectores '" [protec-
TOREs]. Quant aux magistrats, qui se permettent de cri-
2, 65; XVl, 5, 3t: Cod. Just. I, 5, 8, 6. — 23 Cad. Theod. XVl, 5, 52:
54, 3. — 21 Cod. Just. I, 0. 2.-25 Cod. Theod. XVl, 5, 25. 29, 42. etc. — 26 Cod.
Jutl. 1. 5, 12, S. — 21 Cod. Theod. IX. 38, 7 et 8. — 2» Paul. Sent. V. 29, I : cf.
Tac. Ann. VI, 47. — 29 Passio sanctorum Seilitanonmi, 5 (éd. Rauschen, III.
1904, p. 104) ; ilartyr. Polycarp. 9; Acta Apolloni. 4, 6. — 30 Terlull. Apoiog.
32, 2. — 31 Cod. Just. IV, 4, 2. — 32 dp. 22 ad Ed. Uig. XII, 2, 13, (i.
— 33 Theod. I(a.3 80), Cod. Theod. X, 10, 15: reus riolatae legis. —^Ibid.
(a. 362), X, 10, 16. — 35 Valenl. I (a. 384). Cod. Theod. VI, 5, 2. — 3t Theod.
I (a. 385), Cod. Just. IX, 29, 3. — 31 Theod. II fa. 405), Cod. Theod. X, 10. 24.
— 38 Ibid. (a. 409), II, 4, 30, — 39 La conslitulion esl adressée au préfet d'Ilalie
Eusignius ; cf. Borghesi, Œuvres, t. X, p. 502. — »" Ibid. (a. 387), VI. 24, 4.
SAE
9S7
SAE
tiquer les choix laiU par lenipereur, Valcntinien 1! con-
sidère leur conduite comme un sacrilège [sncrileijii ins-
tar) et leur inflige une peine delOlivres d"or'. Ed. Cug.
SACRORUM TURBATIO. — Une loi dArcadius et
d'Honorius. de 308. contre les injures adressées publi-
quement au culte chrétien et à ses ministres, punit de la
peine capitale tout trouble apporté à l'exercice du culte
dans les églises, toute dégradation des édifices' [s.\cri-
LEGiiM, p. 98.j". Justinien maintint cette pénalité contre la
sacroruin tnrbalio. mais ne frappa plus que de l'exil les
outrages aux prêtres ^ La violation du droit d'asile des
églises était assimilée à la lèse-majesté ^ G. Hlmbert.
SAECUL.\RES LUDI. SAECULUM. — Parmi les fêtes
de tout ordre, cérémonies religieuses compliquées de
réjouissances populaires qui, sous le nom de ludi, se
succèdent au calendrier romain 'lidij, celles qui sont
connues sous le nom de Jeux sécn/aires méritent, malgré
la rareté qui en est le caractère distinctif, une mention
toute particulière'. Leur histoire, assez sommaire pen-
dant longtemps, a grandi en intérêt du jour où une
découverte de premier ordre l'a fait passer du domaine
de la littérature dans celui de l'archéologie; cette dé-
couverte n'a pas seulement éclairé la question spéciale
des jeux publics chez les Romains ; elle a jeté des
lumières précieuses sur plus d'un problème d'ordre
religieux et même politique.
L L'idée du saeculum. — Ce qui les distingue de tous
les autres, c'est qu'en principe ils ne sont célébrés qu'une
fois par siècle-, .\insi que le proclamait le héraut chargé
de les annoncer à Rome, ceux qui allaient y assister ne
les avaient jamais vus dans le passé, ne devaient jamais
plus les revoir dans l'avenir^ Les fêtes séculaires mar-
quent la lin d'un siècle et elles inaugurent un siècle
nouveau. .Mais la notion du siècle, dans l'antiquité gréco-
romaine, n'a pas eu universellement la précision
mathématique qui s'y attache aujourd'hui. In premier
coup d'œil sur l'histoire des fêtes séculaires à Rome ne
rencontre même que confusion et incertitude*. C'est
qu'il y eut, pour le moins, trois façons ditTérentes d'en-
tendre le siècle et qu'aucune d'entre elles ne réussit à
exclure entièrement les deux autres, des combinaisons
politico-religieuses continuant de les exploiter toutes.
Il y eut la conception du siècle suivant la nature qui ne
s'astreint à aucune règle mathématique ; et il y en eut
d'autres fondées sur des calculs humains qui prenaient
leur point de départ et la mesure de leur durée dans des
faits sinon varieibles du moins contingents. De cette
espèce est le siècle juridique icici/e), le seul que
nous admettions aujourd'hui, et surtout le siècle reli-
< Ibid. (a. 384), I, 6, 9; cf. Cod. Just. IX, 29, 2.— Bibliocraphik. Van Vreden-
burck, Ve sacriiegio, tS32 ; Rein, Das Criminalrecht der liômer, 1844 ; Albert
Desjirdios, Traité du vol dans les principales législations de tantiquité et spécia-
lement dans le droit romain, Is81 : Morllz Voigt, Die XII Ta/'eln. Geschichte und
System des Civil und Criminal Redits, wie-Processes, 18S3, t. 11, p. 558 ; Mornm-
seo, Rimisches Strafreeht, 1809 çtraduclion par J. Duquesne, 1907. l. Il, p. 273;
310; t. m, p. 60) ; S. Weiss. Christencerfijlgungen, 1899 ; P. Allard, Histoire des
persécutions, t. I", 3» éd. 1003 ; i:. Callcwacrl, fleînie des questions historiques,
1903, l. LX.tlV. p. 28: 1904. t. LXXVI, p. 5: 1905, t. LXXVll, p. 349; Edouard
Cuq, Les institutions juridiques des Romains, t. 11. édit. 1008, p. 788.
SACRORUM TURBATIO. I C. Th. 16, i, 31. — 2 A'oi. 123, 31. — 3 C. Just.
i, 12, J, 5, li.
SAECCLARES LCDI. SAECDLCM. UlDl 111, i, p. 1374. — 2 Fesl. Saeculares
ludi, p. 310 ; Epil. p. 284, 283 ; cf. Censor. De die nat. 17, 2, 5, passim ; Zosim.
11, 1. — 3 Sud. Claud. 21 ; cf. acta; Ephem. epigr. VIU, lignes 54, 56. — 4 Varr.
Ling. lai. VI. 11 ; Censor. Op. cit. 17, 13 et 13 ; cf. 8 et 9 ; Aug. Civ. D. 111. 18;
Mueller-Oeeke, Die Etrusker. Il, p. 332: }i\ommsen. Chronologie, p. M^ ; Ephem.
gieux, le plus élastique et le plus arbitraire de tous.
A l'origine des littératures, à Rome aussi bien qu'en
Grèce, on mesurait la vie d'un peuple par celle des géné-
rations d'hommes qui le composaient. Chez Homère et
chez Hésiode, ce sont les mots ysvét,, yévoîcI aïwv, l'un et
l'autre se retrouvant chez les Latins, sous les formes
gênera elaevu/n, qui expriment la durée, d'ailleurs indé-
finie, d'un ensemble contemporain de vies humaines '.
La première tentative en vue de répartir l'existence de
l'humanité en général suivant la mesure des vies parti-
culières est à chercher dans la poésie hésiodique ; c'est
là qu'on trouve, formulé en mythe, un système de cinq
générations successives en qui se résume l'histoire de
l'humanité jusqu'au temps du poète*"'. De même chez les
Latins, mais sous une forme purement abstraite, c'est le
mot saecuhtm, presque toujours écv'ii saeclum jusqu'au
déclin de la République : surtout chez Lucrèce, lequel ne
connaît que celle forme), qui exprime lidée des êtres
vivants, hommes ou animaux, en tant qu'ils durent
ensemble, au cours d'une même période indéterminée '.
La linguistique moderne a ramené ce mot au radical sa,
saat, senien en latin et l'a rapproché de •[■évo; en grec*.
Au point de vue de la signilicalion, les anciens déjà
assimilaient saeclum à <tiiu'^, l'un et l'autre excluant
toute notion de durée précise. Cette indi'termination
même devait éveiller les préoccupations religieuses.
Ce sont les aruspices étrusques qui, les premiers,
cherchèrent au siècle un point de départ et une durée
mathématique; et voici comment ils résolurent le pro-
blème '. De même que l'année embrasse la vie et la mort
de la végétation, il y a, au regard de la vie des hommes,
une période au cours de laquelle s'accomplit, pour tous
ceux qui sont nés le même jour, l'évolution totale de leur
être physique et moral. Le siècle équivautcomme durée
au plus long âge d'un homme ; il commence quand cet
homme nait, il est achevé quand cet homme meurt'".
Mais si la durée du siècle est ainsi définie, théorique-
ment, rien dans la succession continue des individualités
ne permet d'en fixer le point de départ. Et, de fait, on
s'avisa que le siècle n'existait que par rapport aux
nations", de sorte qu'il est, par son début comme par
sa conclusion, un fait qui échappe à l'observation ; seule
la science surnaturelle des augures est en mesure de
dire, sinon quand un siècle commence, du moins quand
il doit finir et suivant quelles étapes "-. Partant de ces
principes, les aruspices étrusques attribuaient à leur
propre nation une durée de dixsiècles, aux autres peuplés
une durée variable qui dépendait de leur histoire, c'est-
à-dire de l'arrêt du destin. .\ la nation romaine ils en
epigr. ibid. p. 252; l'reller-Jordan, Roem. Mgthol. II, 83 sq. ; Marquardl-Mommaen,
Handbuch, VI, p. 390 sr). ; Riesc, Rhein. .Vus. 1865, p. 293 ; Helbig, Bulhlt.
dell' Instil. 1876, p. 227 sq. — 5 Hom. Jl. I, 230; 11. 707 ; III, 213 et passim ; li'
pluriel seulement une fois, dans le premier de ces passages: Hes. Op. et aies. 100
sq. ; 90-93 ; et les commentaleurs. — « Preller. Griech. Mythol. I. p. 67 sq.
— ■ Lucr. 1, 21 ; 598 ; 11, 77 ; V, 340 ; III, 734 etc. ; Cic. Sen. 7 : Serit arbores
quae alteri saeelo prosint (citation d'un vieux poète). Cf. Virg. Aen. VI, 7, 93 :
Aurea candet saecula; et Georg. 11, 293 : Multa virum volvens durando saecula
vineit. Cf. Buccheler, chez Polie, De artis locabulis Lucret. p. 37. — « Vanizcel,
Griech. Latein. Wôrlerbuch, p. 979 ; cf. Bréal et Bailly, Dictionn. étymol.
p. 317 : l'idée du siècle est sortie de celle d'âge : Jlommsen, Roemisch. Fors-
chungen. Il, p. 59. — 9 Censor. Op. cit. 17, 13 : cf. Mueller-Decke, Die Etrusker,
11, p. 309. — 10 Censor. L. c. 17, 2 et 5 : Spatium aetatis humanae longissimum.
— Il Preàler-Jordan, Roem. ilijth. II, p. 85. — 12 Censor. 17, 15; Sidon. Apoll.
Carm. VII, 55; Claud. BM. Gel. 265 sq. ; Varr. ap. Serv. Aen. VIII, 526; Cic. De
har. resp. 9, 18, Cf. Mucller-Dceke, Op. cit. Il, 314; Boucbé-Leclercq, Bist. de
la divination, I. IV, p. 90.
S.\E
— 988 —
SAE
accordaient douze et ils trouvaient ce nombre dans celui
des douze vautours que Romulus vil apparaître sur
l'Aventin lorsque, avant de fonder la ville nouvelle, il
procéda à VAugtirium Augustum '.
Cependant l'esprit romain ne se contentait pas de
cette mesure du siècle qui, tout en définissant l'idée de
génération, laissait à l'arbitraire la lixation du point de
départ et faisait varier la durée : ils cherchèrent une
moyenne et il est probable que c'est la mesure du lus-
trum, introduite dans l'organisme fiscal et administratif
de Rome par Servius Tullius, qui la leur fournit : le
siècle au sens juridique icivilei fut pour eux une durée
de vingt lustres ou cent ans-. Tous les ans, en vertu
d'une coutume, venue elle aussi d'Élrurie, le praetor
maximiis plantait un clou dans la paroi qui, au temple
de la Triade Capitoline, séparait lace//fl de Minerve de celle
de Jupiter [^clavus .Ceclouqui, au sanctuaire de Xortia à
Volsinies, exprimait la volonté immuable de la destinée,
servait ainsi chez les Romains à dénombrer les années :
indices numeri annorum^. On manque de textes précis
pour le début de cette pratique comme aussi pour la
limitation solennelle du siècle, après les cent ans révo-
lus. Cela seul est une preuve que si le siècle juridique
était accepté par l'opinion romaine comme ayant une
durée de cent ans, le siècle naturel, dont l'art augurai
avait fait le siècle religieux, gardait ses droits; et ainsi
s'expliquent les variations qui, sans doute à partir de
l'an 500 de Rome, où commença la notation régulière par
années des prodiges dans les Annales des Pontifes^,
brouillèrent le calcul des siècles depuis les origines et
(irent la partie belle aux combinaisons futures.
C'est, d'ailleurs, à celte époque que la notion du siècle
parait avoir élé exploitée pour la première fois par les
liwes sibyllins et par les magistrats chargés de leur inter-
prétation^. En l'an oOo de la fondation ;249 av. J.-C),
ceux-ci la mêlèrent au culte des dieux souterrains, Dis
Pater et Proserpine, pour la célébration des jeux laren-
tins. Avec la date de 737 (17 av. J.-C), cette année est la
seule qui nous offre, pour la détermination des siècles
avant l'ère chrétienne, un point d'appui sûr et histori-
quement garantie Mais que l'on calcule en remontant
vers les origines ou en descendant vers la fête de l'an
17 av. J.-C. ni le siècle de cent ans, ni toute autre durée
régulière du siècle ne saurait expliquer soit la date de
249, soit son rapport avec l'année 17. La confusion s'ac-
croît encore si l'on constate que des jeux séculaires ont
pu être célébrés à Rome (la chose n'est pas sûre) en 146
av. J.-C. ; si enfin, au siècle suivant, nous nous avisons
que ceux qui auraient dû tomber, soit en 49, soit en 46,
selon qu'on se règle sur le point de départ (249) ou sur
• Rouen-? FT RtMis, p. 892; Sch»egler, Itoem. Getch. de. 1. p. 440 si).; S. Rei-
nach. C. r. .4fnd. /n«(T. 1!»06, p. 1»5. — îVarr. Ling.lat.W, 11; Censor. i7.8; 13,15;
Gaius, fiijesf. 7, I. 5fi; Fesl. p. 3i8 el iî9 ; cf. Moitirnsen, Chronol. p. 175 sq. ; Mar-
«luardl-Morarasen, Handbiich, VI, p. 3ï0. — 3 T. Liv. Vil, 3; Hor. Od. I, 35, 18; III, U,
5; cf. Cic. Ve r.V, il, 53; Helr. Sa:. 71; Plaul. Asin. 1,3,4. Cf. PrcHer-Jordan, floem.
Myth. I. p. 358 sq et 11. 189 ; Sluellcr-Deeke, Op. cil. 11. p. 309. — » Sur l'imporlance
lie l'ann^ 5(i0 U. G. au point de vue clirouologique, v. BerDays. Jtliein. Mus. N. sér.
XII, p. 43r.; et pour le détail des divergences et la confusion qui en résulta, Mar((uardt-
Mommsen, L. c. p. 36" S(\. : Morarnseu. Ephem. epiçr. VIU, p. 234 sq. — » Varr. ap.
Censor. 17, 8 ; T. Liv. Spil. 49; Val. Max. II, 5. 5 ; .^ug. Cit: D. III, 18 ; Comment.
t>uq. Hor. Carm. saee. I ; cf. Carter, cher Rosclier, Ausf. Lexikon. fasc. 56, p. 3143
cl 3145. Diehis, Sibt/lliniscfie Staetter, a aftirmé, mais non démontré, que c'esl en
249 av. J.-C. que les ludi satcutares se sont substitués aux ludi tarentini; vid.
iafra^ II; le conflit des deux siècles, celui de cent ans (ctrt7e &aecliim] et celui de cent
dix {naturalt ou reliyioium), date probablement de ce moment. — <> Les jeux de 146
(«06 l'. Cl sonl cites par Censor. 17, 1 1 el T. Liv. Epit. 49; Valerius Antias lei plaçait
trois ans plus tût ; mais ce sont les auualistes subsét|iieuls, Fison Calpurnius, Cn.
la dérogation du siècle subséquent, n'ont pas eu lieu du
tout, à raison de la guerre entre César et Pompée \ Ce
n'est pas tout encore : de nombreux prodiges ayant
épouvanté le monde en l'an 88 iTiG6 de la fondation),
l'année où avait commencé la grande lutte entre Sylla et
Marius, où Mithridale en Orient menaçait la sécurité de
l'empire, les aruspices d'Étrurie avaient vu dans ces évé-
nements la lin du siècle et le début d'une ère nouvelle ^
De même en l'an 44 (710 de la fondation), le jour des
funérailles de César, une comète se montrant dans le
ciel, l'augure Vulcatius, dont le nom seul indique son
origine Etrusque, déclara devant l'assemblée du peuple
que l'étoile signifiait la fin du ix'' et le commencement du
X' siècle, non pas de Rome, ce qui est impossible, mais
d'Étrurie''. Et pour donner du poids à ses paroles, il
annonça sa propre mort, en punition d'un secret qui
aurait dû rester celui des dieux. L'histoire rapporte qu'il
mourut, en effet, devant le peuple assemblé, après lui
avoir ainsi interprété le phénomène céleste. Mais ni sa
mort, ni sa révélation ne jettent du jour sur la durée du
siècle. La seule chose qui est certaine, c'est que, sous
l'influence des livres sibyllins, on délaissa, sans doute
à partir de 666, la mesure du siècle par vingt lustres
pour adopter celle qui fut consacrée par les jeux sécu-
laires de l'an 17 (737), la mesure de 110 ans'". C est alors
que, en vertu de calculs rétrospectifs, sans souci de la
réalité historique, on créa de toutes pièces une ou plu-
sieurs traditions de la répartition des siècles ", de sorte
qu'il nous faut nous orienter entre elles, sans avoir la
ressource ni de les mettre d'accord, ni même, le plus
souvent, de nous expliquer leurs divergences. .\ nous
en tenir aux deux systèmes principaux (mais il y en eut
d'autres), l'un reposant sur la durée de cent, l'autre sur
celle de cent dix ans, nous remarquerons d'abord que
leurs points de départ diffèrent. Le premier date de l'an
245 de la fondation de Rome, c'est-à-dire du règne de
Tarquin le Superbe ; le second de l'an 298, qui est celui du
consulat de M. Valerius el de S. Verginius. Ensuite nous
notons que tous les deux aboutissent à l'an 738 (16 av.
J.-C )'-, ce qui prouve qu'ils ont été calculés en vue de
cette date, celle des jeux célébrés par Auguste. Il est clair
qu'il s'agissait de la légitimer par tous les moyens el de
mettre d'accord les siècles sibyllins ou religieux avec les
siècles civils; voici le tableau qui permet de comparer:
Saec
tum
cicile (100 ans). — Saeculum sibtjtlinu
■n (110 aosl.
Ann. U.
C.
Ante Cbr.
Ann. U. C.
Ante Cbr.
243
aO!l
398
456
34(i
40»
408
34G
SOS
U'J
518
330
608
140
638
126
737
17
738
16
Gcllius, Cassius Hcmina qui donnent la première date ; Varrou et T.-Live ont suivi
Valerius. — '• T. Liv. ap. Censor. 17, 9 ; Dio. Cass. 54, 18. Mon. Ancyr. 4, 36, 37 ;
Tac.Ann.XI.il. — 8 Cic. Hariisp. rfs.o. 9, 18 ; Serv. ilcn. VIII, 5Ï0 ; cf. Mueller-
Deeke. Op. c. Il, p. 313. Cf. Plul. Syll. 7; Suid. EiUi;. cilant Tile-Liveet Diodorc.
— 9 Serv. Bucol. 9. 47, d'après les mémoires d'Auguste [Dt memoria vîtae stiae) ;
cf. Cartaull, Eludt sur les Bucoliques de Virgile, p. 218 sc|. — 10 II n'est pas
impossible que la date de 060, si voisine de Tannée caractéristique de 666, ait pré-
cisé dans certains esprits la mesure du siècle par cent dix ans ; cf. Varr. De génie
populi romani, ap. Aug. Civ. D. XXll, 28. sur la période des quatre cent quarante
ans durant laquelle se fait la palmgénésie, le renouvellement des existences hu-
maines. — " V. Carter, chez Roscher, Op. cit. p. 3146 sq. ; Bergk, Augusti rerum
a se gestarum index, p. 75, croit (jue les séries n'oiit été calculées rétrospective-
ment que sous Septime-Sévère. lors des septièmes fêtes séculaires, suivant le canon
des cent dix ans : les chiffres ci-après et toutes les circonstances Je l'organisation
trouvée sous Auguste plaident pour l'initiative de ce dernier. Pour les divergences,
V. Marquardl-Mommsen, Hitndbuch, VI, p. 389. - 12 Vid. infra, III, les raisons qui ont
fait devancer d'un an ladalede 738 pourla célét»ralion des cinquièmes jeux séculaires.
SÂE
— 98Î)
SAE
Seule la série si/bi/line esl régulière, mais facLice ; la
série civile repose sur une base historique moins fragile.
cl c'est pour cela, sans doute, qu'elle déroge le plus sou-
vent à la règle des cent ans. On y surprend Tinterven 11 on
fréquente de la gens Valeria', au début d'abord et en
Tan 505 de Rome qui a, dans la question des jeux sécu-
laires issus des jeux tarentins, une importance particu-
lière. Pour le surplus, c'est sans doute à expliquer les
écarts et les confusions que travaillèrent, à l'aurore d(^
l'Empire, et les historiens et les archéologues. Ainsi
Varron, qui écrivit un traité De saeculis - et mourut dix
ans avant les fêtes de l'an 17 ; puis Verrius Flaccus,
dont Festus nous a conservé sommairement l'opinion,
et qui mourut l'année même des fêtes ^; enfin Aleius
Capilo, le célèbre jurisconsulte, qui conseilla l'empereur
et réussit, à force d'ingéniosité, à justifier la date
souhaitée par lui*. Constatons, d'ailleurs, que celte Ira-
dilion si péniblement forgée ne s'imposa pas à l'opinion,
malgré l'éclat dont devaient briller les fêtes qui en sont
sorties sous Auguste. Après comme avant, le calcul des
siècles resta livré à l'arbitraire, sous celle réserve qu'au
lieu de déroger à la fois à la règle des cent ans et à celle
des cent dix, ou voulut bien, sinon en fait, du moins
en principe, suivre soit l'une, soit l'autre ^
La littéralure des dernières années de la République
nous fournit sur la conception du siècle, tout au moins
chez les esprits cultivés, d'autres témoignages qui nous
ramènent d'une part au mythe des âges suivant Hésiode,
d'autre part aux spéculations pythagoriciennes sur les
révolutions (àvaxûx)i<u<nç), la décadence graduelle (aTioxa-
TÎdTasi;) et la régénération de l'humanité (TraXt^fcvEtria) ''.
Nous avons cité déjà Varron qui, dans ses Liôri rilnales,
dont faisait partie un traité De Saeculis, semble avoir
mêlé les leçons de la sagesse hellénique à l'application
de la théorie du siècle suivant les Étrusques. Un écho
intéressant de ces idées est à chercher dans la quatrième
Eglogue de Virgile qui est de l'an 40av. J.-C, c'est-à-dire
qu'elle succède, à peu d'années près, à la prédiction
de l'augure Vulcatius, le jour des funérailles de César''.
Dans celle églogue, qui célèbre l'avènement au consulat
d'Asinius Pollion, il est question du dernier siècle prédit
par la sibylle ; d'une nouvelle grande année qui va com-
mencer pour le monde, de l'âge d'or qui s'annonce; de
la naissance d'un enfant merveilleux qui doit en être
l'incarnation etque Virgilen'apas autrement déterminé*.
Celte églogue esl un curieux symptôme de l'étal des
esprits, à l'heure où la République romaine s'écroule,
* Sur rintervcQlioD des magisirals issus de la gens Valeria, vid. infra, M ; cl Val .
M«. Il, 4, 6, Si|. ; Zosim. H, 4; 111, 3: Fest. p. 319; Censor. 17, 10; Hlul.
Popi. •i.\. Cf. Preller-Jordan. Op. cit. II, p. 80 sq. Pour les fêtes séculaires
lia rëgDC de Tari|uin le Superbe, v. Fesl. p. 319 ; ils auraient été célébrés sur les
terres mêmes du roi, en riiouneur de Mars, par Valerius Publicola, consul taun.
ttë U. C). La répartition des (|ualrc fêtes séculaires apocryphes et antérieures à
Auguste, chez Censor. 17, in; cf. Rotb, /Ihein. Mus. N. série, VU, p. 365 sq.
— 2 Serï, Aen. Vlll, 5i6 ; Censor. 17, 8, ciUint Varron. — s U y a des traités de
Verrius Flaccus qui, à s'en rapporter au titre, louchaient sûrement à la question
des jeux séculaires : /terum etruscanim (Schol. Vcron. Aen. X, H3 et 200) ; Satur-
iiiu (Macrob. I, 4, 7). — '• Festus cite de lui : De ponlificw jure libri, p. 15i.
mundus. Sa parlicipalion juridique à l'organisalion des jeux séculaires n'est pas
douteuse ; Varron les ayant dénombrés suivant le canon de cent ans (Censor. 17, 9).
c'est Ateius Capito qui fit triompher celui de cent dix, et avec lui l'autorité des
liTTes sibyllins ; cf. Hor. Carm. saec. 21. — ' V. la liste complète, avec témoignages
àl'appui. chei Roscher, A'isf. Lexikon. Proser/jina (Carier), p. 3147 ; et ci-après,
IV, riiistoriiiue sommaire des jeux avec les raisons de leurs dates incohércutes.
— 6 H n'y a pas lieu de faire entrer dans celte discussion la théorie de la grande
année du monde que nous trouvons formulée chez les Lalins, sans doute d après
les astronomes grecs; Cicer. Borlms. sire de pliilosophia, Orelli, IV, p. 982; Somn.
où un pouvoir nouveau s'organise et promet la fin d'une
longue série de guerres et de désastres. Elle prouve, pour
sa part, que si les livres sibyllins, renouant le présent au
[lassé lointain, invitent à célébrer une ère meilleure,
alors que tous les calculs sur la durée rituelle du siècle
semblent exclure une idée de ce genre, cette idée était
en quelque sorte dans l'air '. Elle va mûrir pendant
quelques années encore, jusqu'à ce que Octave, devenu
Auguste, inscrive dans l'histoire des siècles la date pré-
cise qui y manquait jusqu'alors, date autour de laquelle
et parfois contre elle vont entin se déterminer et les siècles
du passé, demeurés vagues et incomplets, et ceux de
l'avenir. Et c'est ainsi que Virgile, qui n'a pas vu les jeux
de l'an 17 inaugurant l'ère nouvelle, y aura collaboré
pour sa part, vingt-trois ans avant que son ami Horace
en écrivit l'hymne officiel.
II. Jeux séculaires el jeux tarentins. — Il résulte de
cet exposé que les seuls jeux séculaires ou soi-disanl tels
qui aient été célébrés à Rome avant Auguste sont ceux
de l'an 249 av. J.-C. (505 U. C.)'". Il furent ordonnés par
les oracles sibyllins et organisés par le collège des
Decemviri sarris fuciundis ", avec la préoccupation de
remédier aux maux el aux périls dont la première guerre
punique ''^ menaçait l'Italie. Ces fêles se greffèrent sur un
culte de famille propre à la gens Valesia ou Valeria,
culte dont la tradition, moitié historique, moitié légen-
daire, a dû être établie par l'annaliste Valerius d'Antium'=.
Mais à l'imitation des annalistes de son temps (le fait esl
démontré pour Fabius Piclor ", il traitait avec une
complaisance spéciale el, au besoin, il arrangeait la chro-
nique des événements anciens pour la faire servir à la
vanité ou aux intérêts politiques de sa propre famille'".
Ainsi il établit, en remontant vers les origines, une
série de fêles analogues qui toutes peuvent se réclamer
d'un haut magistral appartenant à la gens Valeria. En
fait, celles de l'an 249 nous sont connues par des témoi-
gnages qui nous mènent seulement aux derniers temps de
la République ; ces témoignages nous ont été conservés
par Zosime, historien byzantin de la deuxième moitié du
V siècle ap. J.-C, qui les avait pris chez Phlégon de
Traites, affranchi de l'empereur Hadrien, lequel a dû
puiser chez le compilateur grec dont s'est servi Pline
l'Ancien pour la composition d'une partie de son Histoire
naturelle'^. Les jurisconsultes de l'entourage d'Auguste
s'en étaient servis déjà pour la fixation et l'organisation
des jeux de l'an 17 ; mais les oracles ne sont guère anté-
rieurs à cette date '■' .
Scip. 22 ; Scrv. Aen. 1. 269 ; 111, S84 ; Tac. Vial. 16. — 7 Virg. Ed. IV, 12 : Incl-
pient magni procedere vienses ; Serv. et le Schol. Bern. Ibid. 4: Vllima Cumaei
vemtjam carminis aelas. avec les commentalouri. Cf. Juv. Xlll, 28 sq. V.MucUer-
Deeke. Op. c. Il, p. 315; et surtout le texte de Varron, chez sauit Augustin, Cm. U.
XXU, 28. — 8 V. Cartaull, Op. cil. p. 217 sq. c|ui discute les témoignages anciens
relatifs à cette œuvre ainsi que les diverses interprétations dont elle a été l'objet
chez les modernes. La conclusion est que Virgile s'est moins réglé sur lellc tradi-
tion précise qu'il ne s'est inspiré d'une idée générale, celle qui avait cours autour de
lui et d'où va sortir l'institution des jeux séculaires. — 9 Jbid. p. 233 S(|. — '0 V.
Schoemann, JJe Roman, anno saecal. [Opusc. Aead. I, p. 50 sq.) el Roth, liliein.
Mus. N. sér. Vlll (1853), p. 336 sq. - 1' V. Carter, Op. c. Proserpitm, p. 3U6;
Mommsen, Eph. epiyr. Vlll, p. 137. — 12 Aug, Civ . D. 111, 18. T, Liv, EpU. 49 ;
Crui(, Comment. Hor. Carm. saec. 1 ; Censor. Op. c. 17, 8 ; cf. Roth, Op. c. p. 374.
— 13 Val. Max, H, 4. 6; Plut. Pop/. 21 ; Censor. 17, 10; Zosim. 111, 3 ; Fesl. p. 329 ;
cf. Preller-Jordau, Jioem. Mytiiol. Il, p. 86 s;.; Carter, L. c. p. 3145 ; Jordan,
Kritisclie BeiMigc, p. 107, 135, 358. — i*iilura, EinkitanyinRoms ulte Geschichte.
p. 71 sq. Cf. Mommsen, Roem. Forsdi. Il, 9. — )6 Carier, Op. cit. p. 3140 ; cf Hir-
schfcld, Wiener Studien, 1881, p. 100 sq. — 10 Vopisc. Saturn. 7 ; Sparl. //arfr. 16 ;
cf. Mommsen, Eph. epii/r. Vlll, p. 234. 236. - ^^ V. Idcicr, HaiMuch der Chronolo-
gie, U, 82 S(|. ; elles discussions chronologi(|uc8 déjà citées de Mommsen et de Roth.
SAE
— 990
SAE
Celte série pseudo-historique de jeux séculaires prenait
son point de départ dans la légende d'un Sabin de noble
famille au temps des rois, lequel, ayant eu sa maison
incendiée par la foudre et ses enfants frappés d'une
maladie mystérieuse, consulta l'oracle et reçut le conseil
de mener ceux-ci à Tarente, après leur avoir fait boire de
l'eau du Tibre cliautVée sur l'autel de Dis Palcr et de
Proserpine. Il s'embarqua aussitôt pour celte lointaine
destination; mais arrivé au coude du Tibre, près du
Champ de Mars, il se vit contraint d'aborder pendant la
nuit sur l'emplacement même qui s'appelait le Tarentuin.
Là. il s'acquitta des prescriptions de l'oracle; les enfants
guérirent après avoir bu, et le père reconnaissant
découvrit, en creusant la terre pour élever son ex-volt;,
un vieil autel déjà existant, dédié à Dis et Proserpine '.
Trois nuits consécutives il sacrifia à ces divinités des vic-
times de couleur sombre : ce fut l'origine des jeux dits
tai'entins ou terenlins. Ils se seraient dès lors trans-
formés en jeux séculaires pour aboutir à ceux de l'an 249,
dont Valerius d'Antium recueillit la tradition récente -.
Cette légende, rapprochée de ce que nous savons des
cérémonies propres aux jeux de l'an 17, renferme tous
les éléments qui donnent à ces derniers le caractère
d'une pratique implantée du dehors, en même temps
qu'une forme de propitiation en l'honneur des dieux
infernaux ^ Dis Pater et Proserpine sont d'origine
grecque et ont été admis relativement lard dans le cercle
des divinités romaines '; le Tarentum (car tel est le
véritable vocable du lieu), l'histoire du voyage vers la
la capitale des Messapiens, nous mènent en plein hellé-
nisme ^ Ce sont les livres sibyllins qui ont suggéré aux
Romains le culte nouveau S et l'autel élevé aux divinités
infernales est au dehors du Pomoerium, tout proche du
lieu où, au cours de la deuxième guerre punique, devait
aborder la Grande Mère des Dieux venue de Pessinonte,
en Phrvgie, pour parer aux maux de la patrie romaine ".
Quelle que soit, par rapport à l'annaliste Valerius, l'an-
tiquité de ces cérémonies et en faisant la part de ses
divagations familiales, il est impossible de méconnaître
que les jeux tarentins furent, tout au moins en 249,
comme le point de cristallisation sur lequel se déposèrent
les croyances relatives au renouvellement des siècles et
les pratiques pieuses qui avaient pour but d'y intéresser
les dieux*. Des fouilles faites en 1887 ont, d'ailleurs, mis
à jour, dans celle partie du sol qui garda longtemps la
trace de phénomènes volcaniques, sur le Corso de Victor
Emmanuel, auprès de la place Sforza Cesarini, un vieil
autel enfoui à 20 pieds sous terre, celui-là même dont
parle la légende de Tarentum ; ce qui a même permis d'en
fixer l'emplacement exact entre les A'avalia et le pont
1 Val. Max. II, 4, 5; Zosini. II. 1 sq. ; le premier, en 1
terrain portait l'inscription : diti patri et proskbpin
lisail : "AtS^j ««\ nijnsovii;. Il y avait à Rome un autn
et que l'on découvrait pour les fôles, celui de Gonsus i
utel
lit .lue l'aiilcl soii-
lo socond qu'on v
(■gaiement enfoui
.1 Cirque [cnicus,
p. 1191; cossLs, p. 148r: Dion Hal. II, 31 ; Plut. iîom. I i. — 2 V, ci-dessus, 1, la
suite chronologique des jeux ; Ceusor. 17, 10; cf. Marquardl-Momnisen. Op. cit.
p. 367. — 3 V. Ihid. p. 390 et 391. avec les textes cités. — ' V. Carter, L. cit
3142 SI), et notre art. piioserpwa, l. IV, p. 70i. — 5 Ibid. p. -'1144. Us étymologics
varient suivant l'orthographe, Tarentum ou Terentnm. Cf. Jordan, Topoi/r, I, !,
p. 181; BecLer. Topogr. p. 128 qui tiennent pour Terentum. V. les textes de Ser-
vius, Aen. VIII, 03; Fest. p. 351. Le lieu était de nature volcanique. Censorinus, 17,
7. dit simplement : In Campo Marlio. Pour le caractère exotifjuc du culte, cf.
Wissowa. lidigion uni Kiiltus. p. Ï37. Tarentum es! l'orlliographe de l'édit de
Septime-Sévère, Eph. epigr. VIII, p. 584 (fragm. III, 15). - c Censor. 17. 8; cf.
Klausen. Aeneas und die Pennten, i, p. 204 5i|. — 7 T. Liv. XXI.\, 14, 13; Dion,
liai. II, 19. — "Ephem. epiyr. VIII, p. 237 sq. — 9 V. R. Lanciani, i/on.(men(i
.\urélien'. C'est là qu'on découvrira trois années plus
tard les fragments des pyramides qui devaient consacrer
le souvenir des jeux séculaires des règnes d'.Xuguste et
de Seplime-Sévère '". La filiation de ces derniers avec les
jeux tarentins est donc garantie à la fois par les textes
littéraires, par les cérémonies pieuses et par des monu-
ments matériels. On remarquera cependant, en consultant
le tableau ci-dessus de la divergence des siècles, que les
jeux de l'an 249 font partie de ceux qui ont été calculés
par cent ans et non par cent dix, comme le demanderait
le canon des livres sibyllins. En réalité, il n'est pas sur
que ce furent des jeux séculaires au sens exact du mot;
et, comme les jeux antérieurs, ils durent être classés
comme tels par assimilation et calcul rétrospectif".
III. Lex jeux séculaires de Fempereur Auguste. —
Jusqu'en 1890, la question des jeux séculaires se dégageait
confuse et incomplète de la discussion de quelques textes
littéraires, de l'interprétation en partie très incertaine de
quelques monnaies des règnes d'.Xuguste, de Domilien et
de Seplime-Sévère. Cette année-là'-, les travaux entrepris
sur la rive gauche du Tibre firent retrouver, à 7 mètres
de profondeur dans le lit du tleuve, deux séries de tables
de marbre, relatives aux jeux célébrés sous .\ugusle en
l'an 17 av. J.-C, et à ceux qu'organisa Septime-Sévère en
204 ap. J.-C. Le groupe des tables et fragments de tables
qui se rapportent aux premiers, de beaucoup les mieux
partagés, se compose de huit morceaux qui, mis bout à
bout, atteignent une hauteur de trois mètres et com-
portent cent soixante-huit lignes d'une écriture fine et
serrée '^
Cette inscription ' ' nous apprend que l'empereur, pour
fixer le souvenir de la grande faveur des dieux, ordonna
de graver le commentaire de la fête sur deux colonnes,
l'une d'airain, l'autre de marbre, et de les ériger sur
l'emplacement même où les jeux avaient été célébrés, et
aussi qu'un crédit spécial serait ouvert aux préteurs pour
le paiement des travaux'*. Seule la colonne de marbre
devait survivre dans le mur qui en recul les matériaux;
c'était en réalité une pyramide quadrangulaire dont une
monnaie du règne d'.Vugusle, au nom de Mescinius
Rufus, nous a gardé le souvenir '". Mommsen a démontré
que l'endroil où le monument commémoratif a été ainsi
découvert, n'est guère distant que de 500 mètres de la
place où il avait été érigé " . Du même coup, l'oracle de la
Sibylle conservé par Zosime et qui recommande de
célébrer les jeux « dans la plaine, là où les flots du Tibre,
vers la partie la plus resserrée, coulent à pleins bords »,
prend son véritable sens '*. Il s'agit, non de la parlie la
plus resserrée du Champ de Mars, mais du lieu où le Tibre
est le moins large. On a trouvé, en amont du Ponte Sislo
ant. dei Lincei, 1, -140 sq. ; cf. Huclsen, Hoem. Mittkeil. VI. 127 S(|. — 10 Eph.
epiijr. VIU, p. 225 sq. — n Carter, Op. cit. p. 3145 sq. Vid. supra, l,et le tableau de
concordance des deux séries, — 12 V. cet historique, par G. Boissier, Bévue des
deux mondes, 1892, p. 75 sq. : Mommsen, ifonumenti antichi, I, 1891, fasc. 3,
p. 617 S(|. ; Eph. épiyr. VIII, 1892, p, 225. — 13 ,\vec Mommsen, nous désignons par
le mot Acta le texte do l'inscription telle qu'elle est publiée dans VEphemeris
epigrapbica ; le premier cbifl're renvoie aux lignes, le second à la page du fascicule
(227 à 232) — H Acl. 38-63, p. 229, p. 248 s.], et 226 sq. ; cf. Geoffroy, La science
archêot. à Home, [Hevue des deux mondes), 18i'2, p. 591. — 13 Sur ce point cf.
l'inscription depuis longtemps connue, sans doute relative aux jeux célébrés sous
Claude ou sous Domitien, C. itiscr. tut. VI, 877 a. — 16 Cohen, Méd. impér. n<> 461
(Auguslus); cf. Dressel, Ephem. epigr. Vlll, p. 315, n" 16, tab. I. — 17 Mommsen,
Eph. epiyr. VIII, 253; le texte chez Zosim. vers 5 et 6 ; Preller, Regionen, p. 211,
et Gesuer, De annis ludisque saecularibus, p. 3i, avaient conjecturé juste, bien
avant la découverte. — IS Galti, Bullet. commun. 1887, p. 276 sq. ; Huclsen, Mtt-
theilungen, 1889, p. 263.
SAE
m\ —
SAE
qui mène au Janicule, un autel d'excellent travail et, non
loin de là, les fragments de l'inscription. Le lieu delà l'êle,
l'atM-ien Tarentum, était ainsi nettement déterminé'.
Les Actes, exhumés et parfois restitués par Mommsen
de la façon la plus heureuse, sont d'accord, en ce qui
concerne le programme des fêtes, tant avec l'oracle
sibyllin (37 hexamètres grecs conservés par Zosime)
qu'avec les textes d'Horace, de Valère-Maxime, de Sué-
tone, de Dion Cassius, de Censorinus et de Zosime lui-
même-, qui nous l'avaient antérieurement fait connaître
ou conjecturer. L'n renseignement, cependant, y fait
défaut, celui qui expliquerait le choix de l'an 737
(17 av. J.-C. , lequel ne cadre avec aucune des dates anté-
rieures, soit que l'on calcule suivant le canon des cent
années, soit qu'on se règle sur celui des cent dix. Ce der-
nier, qui est la mesure du siècle selon les livres sybillins,
menait, ainsi que nous l'avons montré plus haut, à
l'an 738. Tout ce que l'on sait à cet égard, c'est que toutes
les questions de date et d'organisation avaient été réglées
par l'empereur, de concert avec le jurisconsulte Ateius
Capito, expert en droit religieux \ Si la fête a été
avancée d'un an sur la date régulière, ce ne peut être
que pour un motif personnel à l'empereur. Le plus plau-
sible a été conjecturé par M. G. Boissier ; l'empereur
dut vouloir faire coïncider cette fête avec la dixième
année de son principal. C'est, en effet, en Fan 27 que le
Sénat lui décerna le litre d'Aiigus/e en souvenir de
Romulus et de VAugurium Augustum; et Dion Cassius
mentionne la tradition, introduite par les successeurs
d'Auguste et à son imitation, de fêler le dixième anniver-
saire de leur avènement'. Tout, d'ailleurs, en ce qui
concerne l'organisation des fêtes, se lit par son initiative
et les Quindecemviri S. F. chargés de l'interprétation
des livres sibyllins n'entraient en jeu que par son ordre.
Ainsi nous trouvons au point de départ un rescrit de
l'empereur au collège, et ce rescrit est aussitôt suivi
d'une série d'édits et de décrets, délibérés en commun,
l'empereur et son gendre Agrippa faisant fonction de
inagistri'\ Le Sénat semble n'avoir été consulté que pour
la forme et souvent même tenu à l'écart en tant que
pouvoir politique et religieux; il figure à peine dans les
Actes et pas du tout dans la mention donnée aux jeux
par le monument d'.\ncyre ''. Il \ote cependant, sur la
caisse particulière nommée lic.^r, les fonds indispen-
sables à l'organisation des fêtes et à leur commémoraison
par des monuments ". C'est aussi le Sénat qui lève l'in-
terdit formulé par la loi De maritandis ordinibus contre
les célibataires : « afin, dit l'édit.. d'ouvrir l'accès des jeux
séculaires au plus grand nombre possible tant pour
honorer la religion que parce que personne ne doit plus
' Avant d'exposer la découverte pour les savants dans les âJonumenti cl ISphe-
merit, Mommsen l'avait racontée au grand public dans le journal la Aatton^
de Berlin ; v. Boissier, Loc. cit. p. 77. — 2 Hor. Carm. aaec. avec les com-
ment. Acron, Lrui). etc. ; Val. Max. Il, 4. 3 • Snel. Oct. M ; Dio. Cass. 34,
18 1 Ceusor. 17, 1 6<|. : Zosim. II. I 5i|. ; cf. Mon. Ancyr. 4, 3fi, 37.
— 3 V. MomtnséD, L. cit. p. i38 st\. ; et pour la participation des juriscon-
sultes, Ibid. p. 23y, u. t. L'auteur ajoute finement : Sacerdotcs ejxis attatis, ut
decet au/ifos, mentiti sunt cum aliquo pudore. — ^ Mommsen croit que les jeux
ont été avancés pour ({ue l'empereur fût libre de partir l'année suivante en Gaule,
0/1. cil. p. 252; G. Boissier, L. cit. p. 80. Marquardt (Uandbuch, VI, p. 389. n. 0),
iprés Bergk et Hirschreld, Op. cit. p. 77 et 102, calcule (|ue les jeux auraient dû
«Ire célébrés en 731. quatre ans plus lot et (|uils ont élé différés â cause de la
mort de Marcellus. L'argument tiré des Decennalia par M. Boissier est encore le
plus plausible de tous iDio. Cass. LUI, 10: cf. C. inscr. l. VI, 1S03). — '- Uomm-
scn, L. cil. p. 244 et oiluvihi, etc. II, 2. p. 430; 433 et 43S, etc., Hommsen, p. 240 ;
les membres du collège, au nombre de 21, sont nommés cinq fois, ce qui laisse sup-
jamais les revoir » *. Il interrompt de même la durée du
deuil légal, notamment celui des veuves fixé depuis les
temps de .Numa à dix et même plus tard à douze mois'.
Tous les édits préliminaires ne témoignent pas seule-
ment du souci d'amener aux jeux la totalité des citoyens
de Rome, mais de préciser avec insistance les obligations
de chacun et de les mettre en état d'y faire face. Les fêtes
devant commencer dans la nuit du 31 mai au 1"' juin, ces
dispositions s'échelonnent entre le 17 février et le io mai,
date à laquelle sont promulguées les ultimes et instantes
recommandations, par aftiches et proclamations orales,
lesquelles ont pour but d'assurer l'ordre en fixant à
chacun sa place'".
Le délail de la proclamation par la voix du héraut
public ne figure pas dans les Actes, mais nous le connais-
sons par le témoignage de Zosime ", et il est illustré par
des monnaies des règnes d'.\uguste et de Domilien. Ces
monnaies qui portent la mention des jeux séculaires,
comme la plupart de celles qui s'y rapportent, nous
offrent des personnages costumés comme des prêtres
saliens I^saliij, vêtus de la tunique relevée, casque avec
apex en tête, un petit bouclier rond au bras gauche,
dans la droite un ca-
ducée ou un bâton '-
(fig. 6010): ce sont les
serviteurs ou appari-
teurs du collège des
Quindecemvirs. Sué-
tone les mentionne,
ainsi que cette phrase
de leur proclamation,
plusieurs fois rappelée au cours des .Icles : « les jeux que
nul n'a vus encore et que nul ne verra plus jamais" ». Ces
hérauts, appelés tEsoxv-suxî; dans les textes grecs, sont
assimilés aux (ictores curiatii.
La numismatique impériale nous fournit la représen-
tation de deux autres opérations qui préludent aux jeux :
la distribution au peuple des suffimenta ou substances
purificatoires, et l'offrande par le même peuple des
fruges, prémices de la récolte prochaine, blé, orge et
fèves. Les suffimenta, qui sont appelés aussi purga-
menta et en grec ÀJ[xa-a ou zatOàina", sont analogues
aux substances qui s'employaient dans la fêle des palilia
pour la luslralion des élables et des troupeaux : ils
consistent en soufre, torches et bitume '^ La distribution
s'en faisait à des endroits déterminés; nous connaissons
le parvis du lemple de Jupiter 0. M. et celui du temple
de Jupiter Tonans au Capitule, les abords du Palatin,
notamment le portique du temple d'Apollon et le temple
de Diane sur l'.Xventin '"'. En théorie, c'est l'empereur
poser qu'on les a tous, l'empereur et .\grippa toujours en tête, — fi Acta, 1-23.
— 7 V. HisTKio 111, I, p. 224; C. i. I. VI, 577 a : (pecuiiiam) Lucaris nomine
constitutam iligne 4} ; Mommsen, p. 245 sq.; et Acta, 3?. Les Actes ne mention-
nent pas l'intervention sénatoriale : mais elle survit dans le fragment. C. i, l. V!.
S77 : et dans le cas de fêtes publlttues elle est de droit (.Marquardt-Mommsen,
Staatsiecht, III, 1038). — s Acta, 53-56. — » Uid. 111-114; cf. Fest. p. 145
— 10 Acta, 2328. — n Zosim. Il, 3 -. Herod. lil. S, 10 : Suet. Claud. il ; Claudian.
De sec. cons. Bonor. (ann. 390 p. Clir.i. — 12 Babelon, iJonnaies de la Répu-
blique. II, p. 417 (Sani|uinius) ; cf. Eckbel, Doctr. num. VI, 385: Cohen, .iug. 112,
188; //omit. 72, 73; Dressel, Ephem. epig.r p. 314 et la table 1, n" 11, 12, 14,
13: avec la noie de .Mommsen, Ibid. p. 246, 1. V. ï-raecu, IV, 1, p. 610. V. Oressel,
Ih. p. 310 ; lab. I, n° 2, cf. Cobeu, Llomit. n» 81. — 13 Suet. Clnud. (L. c):
cf. Acta, 54, 37; et lictor, III, 2, p. 1241. — 14 L'oracle dit aûjAiTa, v. 25:
Zosim. Loc. cit. xa9à?ata : les Acta emploient purgainenta (36), suffîmentfi et
suffili (63, 68). — 15 i-Aun.!*, IV, 1, 283; Zosim. Il, 5. — IC Acta, 9, 10, 31-32 ;
cf. Corp. inscr. lat. VI, 877.
SAE
kii-nième qui y procède; mais dans la pratique il lui
fallait partager cette tâche avec les Quindereînviri '.
Dans les Acta relatifs aux jeux du règne de Sévère, le
sort assigne à ces magistrats groupés par quatre des
postes dans les divers quartiers de la ville, un entre
autres près de Roina quadrata, sur le Palatin'. Il était
recommandé aux citoyens de se présenter avec leurs
femmes et leurs enfants; même l'oracle sibyllin spécifie
que les siiffimenta seront remis aux hommes el aux
femmes, particulièrement à ces dernières ^ In aitreus
du règne d'.Xuguste, au nom de L. Mescinius. porte au
droit la tète de l'empereur couronné de laurier ; en exergue
IM P. C.VESAR. TR ihiini/iae POT [estatis] IIX ; au revers,
l'image de l'empereur en toge, assis sur une estrade avec
une corbeille à ses pieds ; devant lui, deux personnages
également en toge : l'un reçoit les suffimenla de la main
de l'empereur; sur la base de l'estrade est la mention des
jeux séculaires (LVD. S.]; au-dessous : AVG. SVF. D =
Auguitiis su/pmenta dédit. L'ne monnaie analogue, en
bronze, du règne de Domitien, porte au fond un temple
d'ordre corinthien; au premier plan, sur l'estrade où
figurent deux paniers avec l'inscription SVF. P. D.. un
personnage assis, vêtu de la toge, qui fait la distribution ;
devant lui. un homme qui la
reçoit et un enfant qui re-
mercie d'un geste de la main
'fig. 6011;> : c'est le commen-
taire delà recommandation for-
mulée par les Actes : « Que
tous les citoyens libres deman-
dent les purifications, mais une
fois seulement; qu'eux et leurs
femmes ne se présentent aux
jeux que purifiés suffiti) '. »
Mais voici ;fig. 6012) les citoyens qui font une offrande à
leur tour, celle des friiges * ; la scène ressemble singuliè-
rement à la précédente, si bien que l'une des monnaies
qui nous l'a conservée se borne
à remplacer, le SVF. P. D. par
A P. FHVG. AC = a populo
fruges accepit . Devant un tem-
ple à colonnade corinthienne,
l'empereur ou l'un des Quin-
decemviri est assis sur l'estra-
de; ici, il tient une patère des-
tinée à recevoir l'offrande qu'il
déverse ensuite dans les paniers
placés auprès de lui ; là, il se
borne à remercier de la main, tandis que le citoyen
qui fait l'offrande, ouvre les plis de sa toge pour déver-
ser lui-même les grains qu'il y a apportés '. Le texte
de l'oracle tranche tout litige concernant cette cérémo-
nie, déjà suffisamment claire, sur la mention A P.
Fig. fiOll. — Distribution
des suffimçnta.
■ Offiande .les fruijes.
* V. Zosmi. Loc- cit. — 2 Acta .^ercriana [ephem. epigr. p. ^7+ sii.) : les
.léUils relatifs aiu sitffimenta. II, 1-6; 11. 7-14, p. Î82 sq. — 3 Acta, 63-68;
7:t-78; Carm. sibyll. ii-iiî, cf. T. Liv. XXU, 10, 8. — ' Babelon, Monn. de la
HépuitHqne. II. 2il : cf. Cohen. Monn. des emp. I, p. 130, w 466, frappée£en
738-9; Dressel, i. c. p. 311, n» 1, lab. 1, 1. — 5 Acta, 65-6S ; cf. Mommsen,
Ephem. [Loc. cil. p. 25û|. — 6 Mommsen, 0. cit. p. 251; cf. Acta, 7-11;
:0.33 ; cf. Acta sever. fra^m. V, 14 ; Carm. sibyU. i' sq. — " Dressel. L.
cit. p. 310, n' 3 et lab. I. 3 a; 3 6. L'cnfanl de ta monnaie précédente est remplacé
pour toutes deux par un adulte; la scéue est orientée en sens contraire ; cf. Cohen.
Op. cit. Domil. 83 el 8i. — 8 Dressel, /tid. p. 311 el Eckhel, ûoctr. num. VI,
p. 387 sq. — 9 Zosim. Il, 5. — i» Mommsen. L. c. p. Î51. — il Zosira. L. c:
Hor. C.irm saec. i3 el 24: Varr. ap. Censor. 17, « ; Val. Mai. Il, 4. 5. V. Mommsen,
— 992 — S.\E
FRVG. AC ; c'est bien les participants à la fête qui, ayant
reçu les purifications, offrent les grains *. l.e même
texte nous apprend que ces grains sont, au cours des
fêles, distribués parmi les spectateurs et entre les acteurs
qui y ont donné leur concours ''. La double cérémonie,
dans le dispositif des jeux de l'an 17, semble avoir pris
trois jours, du -29 au 31 mai '".
C'est dans la nuit du 31 mai au 1" juin que commen-
cent les cérémonies religieuses qui sont, à proprement
parler, celles des jeux séculaires : dans l'ensemble, elles
vont durer trois nuits et trois jours, alternant, durant
ce temps, avec des jeux, se continuant ensuite, après un
repos fixé au quatrième jour, par des jeux seulement".
La partie religieuse est seule caractéristique; les jeux
par eux-mêmes n'ont de particulier que d'olTrir. pour
une même fête, toutes les variétés possibles de réjouis-
sances qui sont alors en usage à Rome ; parlons tout
d'abord des cérémonies. Elles se divisent en deux caté-
gories, suivant qu'on les célèbre la nuit ou le jour; et
ces catégories s'opposent nettement l'une à l'autre,
comme les ténèbres et la lumière, comme les dieux de
signification redoutable, aux dieux de clarté, de joie et
de prospérité '^. Les trois fêtes de nuit ne sont pas seu-
lement graves, mais pénétrées d'un sentiment de tris-
tesse; elles sont la réédition quelque peu amplifiée des
cérémonies propres aux jeux tarentins et elles conti-
nuent la tradition des jeux de l'an 249 av. J.-C, qui
paraissent n'en avoir pas connu d'autres ".
Pendant la première nuit, l'empereur, doublé par
.\grippa, qui est revêtu comme lui de la puissance tribuni-
tienne, tous deux assistés par le collège des Quindecem-
fi'r/, dont vingt et un membres, y compris Auguste et son
gendre, sont nommés par les.4c/es, fait un sacrifice aux
Moerae ou Parques, sur l'emplacement du Tarentum ".
Ce sacrifice est offert successivement sur trois autels,
avec, pour chaque autel, six victimes de couleur sombre,
trois brebis et trois chèvres ; elles portent dans les Actes
l'épithète de prodigiva.^, qui signifie qu'elles doivent
être entièrement consumées, après que les autels ont
reçu tout leur sang'^;et elles sont
immolées selon 1? rite grec, acftivo ^^^^^ •' ^ .
ritu, et plus spécialement athénien, ,f^
comme, du reste, toutes lescérémo- ;^
nies nocturnes de la fêle '*. Une
monnaie du règne de Domitien nous
permet d'en restituer les principaux
détails fig. (5013) '^ L'empereur pro- ^ — -j^^
cède à la prière et au sacrifice, non Fig. sois. — SacnOce
la tète voilée comme l'exigerait •'°"' "' ^'"^ séculaires.
le rite romain, mais la tête découverte ; et il porte
non la toge, mais une tunique longue, brodée au bord
inférieur et munie de courtes manches. Il laisse pendre
le bras gauche; sa main droite tient une patère d'où
Op. c. p. 253 sq. : Acta, 4 ; 40-42 ; 90. Pour l'interruption du quatrième jour, v.
Acta, 159. — 12 Carm, sibytt. 1 V sq. Le même oracle parle de supplication aux dieux :
;*EiX«)rio;fft*. vocable auquel l'empereur a donné place dans son rescrit et qui. chez les
Grecs, convient aux dieux chlboniens. — 13 Zosim. II, 5 et l'oracle sibyllin, chez le
même, 16 ; cf. Schijlz. Horatius Flaccus. I, p. 291 ; et Mommsen. Eph. ep. p. 237.
— '» Acta, 90-99 ; Mommsen, Ibid. p. 25S ; cf. Carm. siùyll. V. 7 el 8 el Zosim.
L. c.\ Hor. Carm. saec. p. 2-^. — i'> Mommsen, p. 260 sq. ; pour pradigivas, v.
Fest. p. 250. — 16 Mommsen. p. 257. L'expression se retrouve dans les Acta
sever. fragm. VI, 6; cf. Carm. sibyll. V. 10, et Diehis, Sibyl. Blaetter, p. 53.
Pour la différence du ritus yraecus et du ritus romanus, v. Macrob. I. 8, 2 ; cf.
.Marquardt- .Mommsen. ffanUbuch, VI. p. 1S6; el sacbificicu, p. 978. — I7 Dressel, L. c.
p. 311, n» 4; cf. p. 261, lab. I, n» 4; cf. Cohen, />omi(. n»87; et Eckhel. D. .Y. VI, 386.
SAE — 993
tombe la libaLion sur l'aulel ; un minisire amène la brebis
et la chèvre, tandis qu'un joueur de flûte et un cilha-
ristc accompagnent sur leurs instruments. Le fond est
occupé par un temple à quatre colonnes corinthiennes.
Le sacrifice terminé, commencent dans le même lieu,
c'est-à-dire au Champ de Mars, des jeux scéniques à l'an-
cienne mode, sur une simple scène en bois, sans théâtre,
ni sièges; les spectateurs y assistent debout'. Cette nuit-
là aussi, cent dix matrones, dont le nombre correspond
à celui des années du siècle, organisent, sur les indica-
tions des Quindecemvii'i, interprètes des livres sibyllins,
des sellisternia en l'honneur de Junon et de Diane -.
Auguste interdit l'accès des cérémonies nocturnes aux
jeunes gens des deux sexes, à moins qu'ils ne fussent
accompagnés de quelque parent âgé '.
Les cérémonies des deuxnuitssuivantes ont été l'objet,
avant l'exhumation des Acles, de confusions causées
par l'insuffisance ou l'inexaclilude des témoignages lit-
téraires'*. Il est maintenant établi que la deuxième nuit
est consacrée au sacrifice, toujours sur le Tarentum, en
l'honneur des IlU/iijies, divinités grecques qui président
aux naissances et que Horace, dans son Carmen saecu-
lare, ramène à l'unité : I/it/iijia, afin de l'identifier avec
Junon ou Diana Lucina, donlles fonctions dans la reli-
gion romaine sont identiques^. C'est toujours l'empe-
reur qui offre le sacrifice et qui prononce la prière ; mais
le sacrifice n'a rien de sanglant: il consiste en gâteaux
de trois variétés différentes, en liba qui sont d'origine
romaine, en popana et enphtoes, ceux-ci de provenance
liellénique". Les popana semblent à peine différents des
liba; quant aux phtoes, ce sont des gâteaux ronds pétris
avec du fromage, du miel et du persil; chaque espèce
figure pour neuf gâteaux dans l'offrande ^ Il est à remar-
quer que dans lescérémonies séculaires tout est réglé par
le nombre trois, ou ses multiples neuf et vingt-sept : les
autels, les victimes, les ofl'randes, le nombre des adoles-
cents qui ont à chanter l'hymne du dernier jour *. Les
monnaies du règne de Domitien qui représentent le sacri-
fice de la deuxième nuit sont celles
où l'on voit un sacrifice sans victimes
vivantes". L'un des types (fig. 6(JI4)
compose ainsi la scène : au coin de
gauche, dans la posture habituelle
aux représentations sculpturales des
fleuves, est étendu le Tibre, tenant
la corne d'abondance; son image
rappelle que le sacrifice est offert
au bord du fleuve. L'empereur, de-
bout et faisant l'ofl'rande, est vêtu de la toge ; devant
lui, sont deux musiciens jouant l'un de la flùle, l'autre
de la cithare. L'arrière-plan est occupé par un temple à
double fronton dont les moitiés sont reliées par un tym-
pan. L'autre type, identique pour tout le reste, difl'ère du
SAE
llilliyk
' Acta, 1011-101. — 2 Ih. 101-IOi. Voir i.ectisteiima, 111, 2, p. 1010. — 3 .ï,,.!.
Oct. 31. — 'Ainsi chez Man|uarcil-.Momniscu, Bandbuch, VI, p. 393. où il csl ilil c|iic
le sacriflcc de la dnuiLiènic nuil osl en l'honneur de Tcllus. — 5 Acta, 113-118 ;
Mommsen, p. 358 cl i02 ; Carm. sibyll. 9; Hor. Carm. saec. 13 s(|. V. ii.miviA,
m, I, p. 381; et Schiilz, Uoratius Flaccus, p. 293. — 0 Le Carm. sibyll. 10
n'a pas mis en vers ces oITrandcs el les nienlionne vaguement : Ouîiiaiv îrr, Hi/.-.; ; cf.
Zosim. Il, 6. — 1 Pour les liba, v. Cato, De re rusl. 75; pour les jiopana-
I.yd. /Jd mens, i, 2; pour W'S pbloe.l. Alhcn. XIV, p. CSV rf; cf. Loljccli. Afilaopha-
mus, II, p. 1074. — 8 Les Pan|ucs et les llithyies (cf. Wilamovilz, l'kilolof).
L'niersiich. 9, p. 13, 180) sont des ilivinilés apparentées et groupées par liois. El il
semhlc i|ue les Ouindccenuirs, pour les jcu\ de l'an 17, aieul constitui; la Iriailo
Apollon, Diane, l.alone, parallélcnicnl à la triade c.ipilolinc .|ui n'y ligure pas
VIU.
[ircniicr en ce que le temple et l'iiiilel sont de construc-
tion différente et que l'image du Tibre en est absente;
on a voulu le rapporter au sacrifice de la troisième nuil;
mais cette dernière cérémonie est l'objet d'une mon-
naie caractéristique qu'il est impossible de confondre
avec aucune autre'".
Les jeux ayant continué tout le premier jour et pen-
dant la deuxième nuil, l'empereur se rend de nouveau,
pour la troisième nuit, sur le Tarentum, afin d'y immo-
ler à la Terre, Tellus, appelée Gaea dans l'oracle sibyl-
lin, identifiée avec Cérès chez
Horace et avec Démêler chez
Zosime ". C'est à ce sacrifice
que se rattache la monnaie du
règne de Domitien (fig. 6015),
oii l'on voit l'empereur, orienté
de gauche adroite, qui fait une
libation sur l'autel ; à ses pieds,
est couchée la figure de Tellus
tenant une corne d'abondance;
dans le fond, les mêmes mu-
siciens dont nous avons constaté la présence à tous les
sacrifices; devant l'autel, un ministre qui amène la
truie destinée à l'immolation '*. Avec cette cérémonie
se terminent les acles en l'honneur des dieux helléni-
ques, de caractère chthonien, c'est-à-dire apparentés
aux dieux infernaux. Mais il importe de constater que
Dis Pater et Proserpine, qui tenaient la place princi-
pale, sinon toute la place, dans les jeux tarenlins, ont
totalement disparu des jeux séculaires el que si le culte
des Parques, des llithyies et de Tellus-Gaea, célébré la
nuit, a un caractère éminemment grave, il exclut toute
préoccupation funèbre, toute perspective ouverte sur le
monde des morts'^ Cette orientation de la fêle, qui se
réclame en principe de la filiation avecles jeux tarenlins,
vers les croyances sereines et confiantes, est encore plus
marquée dans les cérémonies célébrées de jour.
Le sacrifice du premier jour est offert lui aussi, quoi-
qu'il soit en l'iionneur de la plus
romaine des divinités, à Jupiter,
achivo ritu. L'empereur y appa-
raît (fig. 6016) vêtu de la même robe
que la nuil précédente; il fait des
libations dans la même attitude ;
mais l'autel diffère et le temple est à
cinq colonnes '*. Nous savon s par les
textes que la cérémonie se déroule
au Capitole, dans le temple de la
Triade. L'oracle désigne les victimes qui sont des taureaux
blancs ; Horace de même, mais l'un et l'autre sans en fixer
le nombre; Agrippa, concurremment avec l'empereur,
off're un sacrifice analogue. Le poète officiel donne place
dans son Cfl/v/ie?i à cette cérémonie qui devait revêtir un ca-
— 'J Ces monnaies sont chez Dressel, L. cit. p, 312 et tah. I, celles qui portent les
numéros 6», G" et 7 ; il se peut cependant (pic celle derniiïre se rapporte nu sacrifice
du troisième jour (|ui ne comporte aussi que dos gâteaux (Cf, Cohen, Domit. 85),
— 10 Cf, Cohen, Domit. n. 91 ; Eckhel, VI, p. 380. — n Acta, lin. 134-130 : Terrae
mairi : Hor. Cnrm. saec. 20; Carm. sibytl. 10 et II, — 12 pour celle victime qui
est riluello quand il s'agit de Tellus, v, Fcsl. p. 238, et Arnoh. 7, 22, V, la monnaie
chez Dressel, Tah, I, 9 et p 313; cf, Cohen, Domit. n. Si; Eckhel, VI, p, 385.
— 13 Cf. Mommsen, Ephem. epigr. VIII, p. 237 : similia maijis fuertnit quam eailem,
dit-il justem''nt en comparant les cérémonies célébrées e
les l'élcs sécidaires <le l'an 17 : encore celte similitude
fôlcs de nuil. — H Acta, 103, 104; Carm. sibyll. 12 ;
Eckhel, VI, p. 380 ; Cohen, Domit. n. 89 ; Dressel, i.
249 sur le Tarentum avec
exisle-l elle que pour les
Jor, Carm. saec. V, 43;
. n. 312, n. 5 el tah. I, 3,
123
SAE
— 994 —
SAE
radère dos plus imposants. Il en prolile pour rappeler l'il-
lustre descendance do l'empereur, devenu par l'adoption
fils do Vénus et d'Anr liise. Do même, il arrange à sa façon,
en la poélisanl, la prii're très simple que nous trouvons
dans les -If/es '. C'est encore à une monnaie do Domilien
que nous pouvons demander la restitution de l'acte prin-
cipal, du sacrifice (fig. GOlO). L'empereur, debout devant
l'autel, y verse la libation ; devant lui les deux musiciens
et plus il gauche la victime maintenue par un ministre,
tandis qu'un sacrificateur love le maillot pour frapper;
dans le fond, la colonnade du temple à cinq colonnes
corinthiennes. Ici encore, les ^f/cs désignent la victime
Yiixrunc (''pilhi'lcrhueWe: borcmmarem... projjrium,cello
épithète se trouvant appliquée pour la nuit précédente
aux clièvres et aux agneaux pour honorer les Parques;
elle signifie: f/iii appartient tout entière ou bien : f/iii
est sans tache -. Le sacrifice ofTort, les jeux commencés
la nuit précédente reprennent leurs cours ; de plus, sur
un théâtre en bois élevé au Champ de Mars, non loin du
Tibre, sont donnés des ludi que les Actes nomment
latini, ce qui peut fort bien désigner des représentations
dramatiques, atellanes, mimes et exodia, du vieux
répertoire nationale Pendant ce temps, les matrones
continuent leurs dévotions auprès des sellisternla *.
La deuxième journée leur est d'ailleurs spécialement
consacrée : elle est la journée de Junon comme la précé-
dente était celle de Jupiter ^ A la tète dos matrones au
nombre de cent dix, l'empereur et Agrippa lui offrent
chacun un sacrifice; celui auquel l'empereur préside est
précédé d'une prière dont la formule est prononcée par
lui et répétée à mesure par les femmes agenouillées à ses
pieds : les actes nous on ont gardé une notable partie et
Mommsen a restitué le surplus ^ Elle demande à la
déesse, « d'augmenter l'empire et la majesté du peuple
romain des Quirites, en paix comme en guerre ; de
défondre sans cesse le nom latin, d'accorder au peuple
la sécurité, la victoire, la force, de favoriser le peuple et
les légions et d'assurer le salut de la République ». La
scène dans son ensemble revit
sur une monnaie de Domi-
tien (fig. 6017) qui, jusqu'à
l'exhumation des Actes, était
restée sans explication plau-
sible '. Auprès d'un temple à
quatre colonnes, un person-
nage en toge (l'empereur au
temps d'Auguste, le magister
Fig. 0017. - Piarc à Juiion. du collègo dcs Quindeconviri
plus tard) est debout, un rou-
leau dans la main gauche : sa main droite est tendue vers
un groupe de trois femmes à genoux devant lui, la tête
voilée dans l'attitude des suppliantes. Le sacrifice de la
vache blanche qui va suivre n'est pas indiqué; c'est que
1 V. 30-CO, avec les coramcnlalcuis. Il n'y a pas chez Hoiace d'invocaUon, au sous
propre du mol, ni à Jupiter ni à Junon; mais toute celle tirade de trente vers qui est la
plus expressive cl la |)lus personnelle de YUde csl anienc5e par la mention de Jupiter et
l'invocation à Apollon. — 2 Mommsen, p. 2U I . L'expression propria avec une victime
rcvienlencorcàl30; cf. Virg. Ed. Vil. 31;Jen. VI, 872 ; déjà eli.fz Plaul. Capt.
800, Ole. -3 Acla, lOS ; cf. Zosim. 11,5. l'our le sens tie ludi latini, v. Diomed. Gram-
mal. latin. (Keil), 1. 400. — iActa. iOO. —S Je/a, 110, lîU; C«™. 516. 15, 23-25 ;
Zosim. Loc. cit. —^Acta, 123-131 ; cf. Mommsen, p. 200 si|. ; cl les Act. Serer. fragm.
VI A, 7-11. — 1 Eckhel, VI, p. 386 ; Colien, Domit. n. 80 ; Dressel, O. c. p. 313 ; 'fab!
n.8. -» Virg.^en. VIII, 704: Hrop. V, 0,29: Ilor. Car/n. IV, 6, qui prélude au Ca;--
men saeculare ; cf. Preller-Iordau, Jlocm. Mtjth. II, p. 89 sq. ; I, p. 30 sq. — B Acta,
\ 39. 1 47. CVsl à ce sacrifice qu'on a rapporté parfois la monnaie de Domilien dont nous
avons parlé plus haut lig. 0014. — 10 l'our ce cullc d'Apollon l'alatin qui allcinl à sa
l'arlisto qui avait choisi l'épisode du sacrifice pour le
Jour précédent a voulu varier la scène, en prenant pour
lo second celui plus caractéristique de l'invocation.
Le troisième jour qui conclut la toto est aussi celui qui
suppose lo plus grand déploiement de pompe, afin d'en
souligner devant les imaginations la signification reli-
gieuse et politique. C'est le jour d'.\pollon, le dieu lumi-
neux qui depuis Actium est devenu le dieu dynastique,
celui qui représente la domination de Rome, incarnée dans
l'empereur, sur le monde entier *. Ce sont les li\Tes sibyl-
lins déposés au sanctuaire du Palatin qui ont ordonné
les jeux séculaires : ce sont les magistrats chargés de
leur interprétation qui en ont organisé tous les détails
et qui, avec l'empereur, le premier dos magistri, en pré-
sident tous les actes. La triade capitoline même s'efface
devant ce culte nouveau et elle ne figure au programme
que pour en rehausser la splendeur. La journée débute
comme les autres par un sacrifice : sacrifice non sanglant
qui consiste en gâteaux analogues à ceux de la deuxième
nuit'. L'oracle sibyllin conservé par Zosime le dit offert
à Apollon : mais les jurisconsultes qui ont collaboré avec
l'empereur ont adjoint au dieu Diane, sa sœur, et Latone,
sa mère, avec l'intention manifeste d'opposer à la triade
du Capitole celle du Palatin '" : le lieu du sacrifice est, en
vertu de la même pensée, fixé non au Champ do Mars,
mais au temple qui est comme le vestibule de la maison
même de l'empereur, le temple d'Apollon Palatin".
Le sacrifice est suivi de la procession solennelle qui,
parlant du Palatin pour monter au Capitole et revenir à
son point de départ, unit dans la cérémonie finale les
grands cultes d'autrefois à ceux dont lo pouvoir nouveau
a fait sa raison d'être et sa sauvegarde. Ce qui distingue
cette procession, c'est un double chœur de vingt-sept
jeunes gens et d'autant de jeunes filles, tous de condi-
tion libre et de naissance légitime, tous possédant encore
leur père et leur mère '-. C'est pour le double chœur que
le poète Horace composa, sur l'ordre de l'empereur, son
hymne séculaire. L'historien Zosime, qui mêle au récit
des fêtes d'.\uguste les souvenirs dos fêtes subséquentes,
dit que le Carmen était chanté alternativement en latin
et en grec : les Actes, qui sont completssur ce point, ne
disent rien de tel, mais seulement : Carmen composuit
Q. Horatius F/accus ; ils nous apprennent de même qu'il
fut chanté d'abord au Palatin, ensuite au Capitole ''. A
l'examiner on détail, il semble bien que les invocations
aux dieux aient été chantés par les garçons, les invoca-
tions aux déesses par les filles ; mais la répartition est
malaisée et peut-être même n'en faut-il tenter aucune".
En réalité, le poème se divise en deux parties princi-
pales : la première, qui s'arrête au vers 32, comporte les
invocations spéciales à chaque divinité qui ont une place
dans le rituel de la fête, à Apollon et Diane, au Soleil
distinct d'Apollon '■% à Ilithyia, aux Parques, à Cérès;
pléuilude avec les jeux séculaires, v. Preller-Jordan, 0. c. I, p. 309 sq. — " Acta, 3,
20 à 23; 147-152.Cf. Hor. Car. saec. 3 sq. ; Carm.sib.\. 20 sq.; Zosim. 11,5,0; elles
comnienlateurs d'Horace; nolammenl C. Fr. Hermann, De loco ApoUinis in carminé
Horatii saeculari, 1848. — 12 Patrimi et matrinn, disent les Actes ; \'irQines îectas
puerosque castos (Hor.) ; yov/.wv lîâvTuv ^wôvtuv, tôt? àjjiçi^a).^; t-: oJTAr, [Carm. sib.)\
cf. Hor. O'i. IV, C, 41 si|. — '3 Acta, 14. — H V. Scimlz, édit. d'Horace, p. 291 ;
Mommsen, Kphem. epii/r. [Loc. cit. p. 25ii). — 1j L'oracle de la Siliyllc fait l'idcn-
lilicalion, v, 10 : ■toîSo; AsiUuy, S; -.: .al •Iliil;o; ..»Xi;»x!tiii. Hor.nce, Ibid. 9,
ilislinguc. Y. SOL el la noie d'Orelli (1, p. 032). Au temps d'Auguste, l'aslre élail
encore honoré, en vertu d'une vieille tradition latine, comme une divinité dislinclc
avec l'épilliéle des Indiijentes [indi(;itamk>ta;. C. i. l. I, p. 398 ; Eplt. epi.jr. IV,
8, I ; et les Calendriers au 8 août. L'idenlificalion avec Apollon est de provenance Iiellè-
niqnc el dale de la fin de la Républiqqe, ce (|ui peut servir à dater l'oracle siliyllin.
SAE
905 —
SAE
Ti~. 601S. — Procès
vient ensuite une seconde invocation d'ordre général
qui débute par Apollon et par Luna, pour associer toutes
les autres divinités dans une prière commune pour le
bien de l'Empire. Peut-être aussi le chant s'adaplait-il,
dans une certaine mesure, à la religion des localités
parcourues, aux temples du Palatin et du Capitole qui
sont les stations principales de l'itinéraire'.
Une monnaie de Domilien représente la procession en
la simplifiant (fig. 6018) : un
groupe de trois adolescents en
toge (à la coifTure on reconnaît
une jeune fille dans la figure
du milieu) s'avance vers la
droite en chantant et en éle-
vant au-dessus de leurs têtes
des rameaux d'olivier; derrière
marchent deux hommes en
toge, l'empereur et le inagis-
ter du collège des Quindecem-
virs; le premier tient un rouleau, sans doute le texte de
l'hymne et des prières rituelles^. Rien ne prouve que
d'autres que les adolescents aient pris part aux chants :
que, par exemple, les Quindecemvu'i aient fait partie du
chœur'. Il y a, d'ailleurs, un précédent, celui de Lrs'ius
Andronicus, qui composa en 207 av. J.-C, sur la demande
du Sénat, pour célébrer la victoire de Séna, un hymne
en l'honneur de Junon, hymne chanté uniquement par
un chœur de vingt-sept jeunes filles*.
Ce n'est pas ici le lieu d'insister sur les qualités litté-
raires du Carmen d'Horace ; mais il convient de remar-
quer avec quel scrupule d'exactitude rituelle le poète a
tiré parti des données archéologiques de son sujet,
mettant chaque détail à sa place et n'omettant rien
d'essentiel": Apollon et Diane, dans leur signification
générale et sous leur aspect particulier de divinités
sidérales; Ilithyia identifiée discrètement avec JunOn et
Diana, Lucina et Genitalis ; les Parques et Cérès, Jupi-
ter nommé en passant, Junon plutôt indiquée que nom-
mée, malgré la place qu'ils tiennent dans les trois jour-
nées de la fête; par-dessus tout, d'une part l'empereur
Auguste avec le prestige de la descendance qui le
rattache àÉnée, fils de Vénus et d'Anchise"; d'autre part,
la suprématie de la religion d'Apollon et de Diane, celle-
ci intimement mêlée au culte national par ses temples de
l'Aventin et de l'Algide ^ Tout aussi caractéristiques
senties allusions à la le.rJu/ia de maritandis ordi?iibus,
la mention des livres sibyllins, l'hommage aux victoires
qui ont assuré la sécurité des frontières, le rappel des
réformes intérieures et finalement l'évocation de l'âge
d'or qui va recommencer avec le siècle nouveau*. Tout
' L'hymne commence el Dnit par Apollon et Diane, cl la procession pari du Icniple
d'Apollon l'alalin pour y revenir; Carm. saec. v. 1-13 ; 61 arf fin. Cf. Monimseu, Kph.
epUjr. Vlll, p. 237. On localisera de mSme, avec vraisemlilance, au Icmplc ilu Capilole,
le clianl des vers 30 à 50. — 2 Eckhcl, VI, p. 3S0 ; Cohen, Domit. 79 ; Dresscl,
'1. e. p. 313; Uh. n. 10. — 3 Fr. Plessis cl Lejay, Mil. d'Horace, p. 253, scinLIciil
noir, à tort, émis celle hypollicsc. — 4 T. Liv. XXVII, 37; Fcsl. p. 333. — = V.
u-rs I sq. ; 34, Cl, 75 pour Apollon ; 1, 26, 69-73, 75 pour Diane; 13 si|. pour
llilhyia; pour les Par.pios (Moerae), 23; Gères, 30; Jupilcr avec Juuon, dans une
■illusion au sacrifice de hœufs blancs, v. 48, el Junon, au v. 13 dans le vocahlc
Lucina ; Jupiter nommé, 73. — 0 V. les strophes, les mieux venues de loules, 30 i
eo. — 1 laid. Cl ad fin. — » V. 17 st|. ; cf. Suel. Aug. 34 ; T. Liv. Epit. 59 ; v. 5;
T. 50 si|. ; v. 43, 57 sq. ; 65 si|. — 9 V. pour le surplus, G. Boissier, Op. cit.
p. 87-93 ; cf. F]-. Heiniann, Op. cit. — iO V. Acta, 22 ; 23 à 28 ; 39 à 42 ; 83 à 83 ;
100-101; 108-109; 133; 133; 154; 156-158; 1C0-1G5. Carm. sihyll. v. 32-34.
Cf. Uommseu, Op. cit. p. 268 sq. — " .4c(a, 109: Negue sunt /(udi) intermissi ici
quinoctu coepli erunt. Ces cérémonies nocturnes dans un quartier éloigné ne pou-
Taient manr|uer de favoriser des désordres cl des distractions qui n'avaient rien de
cela constitue mieux qu'une poésie officielle, dépourvue
do conviction et limitée aux circonstances qui l'ont in-
spirée. 11 est permis d'y voir le manifeste pieux d'un
régime, fondé sur le patronage du dieu qui est symbole
de lumière, de progrès et de civilisation, pour le rajeu-
nissement des destinées de Rome et pour le bonheur du
monde rangé sous ses lois^.
Tel est l'ensemble des cérémonies religieuses, les plus
complètes et les plus importantes dont l'histoire des
cultes romains fasse mention, par lesquelles l'empereur
Auguste et le collège des Quindecemvirs inaugurèrent,
plus qu'ils ne la continuèrent, la série des jeux séculaires.
La partie populaire de la fête est celle qui lui a donné son
nom, les jeux de toute sorte qui, dans le rescril de l'em-
pereur et dans les édits rendus à son instigation, sont
l'objet d'une sollicitude égale '". Nous avons vu déjà que
de ces jeux certains fonctionnent simultanément avec les
actes de piété et cela dès la première nuit et le jour sui-
vant, puis ils se continuent nuit et jour sans interruption
jusqu'à la fin des cérémonies". 11 y en a de deux sortes,
les uns scéniques installés dans les théâtres (il n'existe
encore qu'un théâtre permanent, celui de Pompée, le
théâtre de Marcellus étant en voie d'achèvement), les
autres au Cirque '-. Les représentations théâtrales sont
ou latines ou grecques, celles-ci de deux variétés diffé-
rentes ". Les premières appelées ludi tlujmelici dans les
Actes, parce qu'elles se déploient non seulement sur la
scène mais dans l'orchestre, autour de la thymélé, à la
facondes Grecs, étaientdonnéesau théâtre de Pompée'*;
les autres, nommés astijci, qui sont les représentations
ordinaires, sans doute des tragédies et comédies imitées
du grec par la génération des vieux poètes latins, dans des
théâtres en bois construits exprès' =. Nous avons vu que, la
première nuit, il y avait d'autres représentations encore,
nommés ludi latini, sur des scènes sans théâtres, et qui
devaient être fournies par le répertoire des vieilles farces
populaires'". Quant aux jeux du cirque''', ils consistaient
en courses de chars el en exibitions de desuUores ; les
Actes ne parlent pas de gladiateurs. Mais ils nomment
les magistrats qui présidaient aux départs des courses;
durant les premiers jours, M. Valerius Potitus Messalla,
qui avait été consul en 722, probablement frère de Mes-
salla Corvinus, l'orateur célèbre, l'ami de Tibulle et
d'Ovide; plus tard, quand il n'a plus à remplir de fonc-
tions sacerdotales. Agrippa en personne ".
A mesure que les cérémonies saintes tirent à leur fin,
les jeux se multiplient et comportent toutes les variétés
connues [ludi publiciI. Aceuxqui sont obligatoires et dont
les frais sont payés par le trésor, s'ajoutent ceux que l'édi t
des Quindecemvirs appelle hojwrarii, ce qui signifie
religieux. Auguste on interdit l'accès aux jeunes gens des deux sexes, à moins (|u'il3
ne fussent accompagnés par fiuelque parent ùgé ; Suel. Oct. 31. ^ 12 Ibid. 134 :
metae positae quadriijaeque sunt missac et desultorcs misit Potitus Messalla.
— fi Acta, 15e sq.; 100 sq. — ''* V. sur l'organisation de certains grands théâtres
de l'époque macédonienne, qui furent imilés par les Romains, oii la partie de
l'iMchcstre située entre le proscenium et la tlnjmélé élait changée en une scène
plus basse, sur laquelle paraissaient des mimes et des danseurs, 0. Millier, Gescli.
der Griech. Littéral. 1, p. 299. — 1^ Acta, 161 : Gracci Ihymelici in theatro
Powpei, Graeci astici in theatro r/uod est in circo Flaminio; cf. Vitruv. V, 7, 2 ;
Suel. Tib. 6; Cal. 20. — '6 Acta, 100: Ludi... sunt commissi in scncna quoi
theatrum adjectum non fuit, nultis positis scdilibus. Sur cet usage aux temps
anciens, v. Val. Max. Il, 4, 2; cf. Zosim. II, 3. - 1' Ces jeux succèdent le troi-
sième jour aux représentations théilralcs ; Acta, 153 ; le passage est mutilé et
riinure manque; cf. Mommscu, Op. cit. p. 271, qui cite, à ce sujet. Feslus, Taren-
lum, p. 331 cl Suct. Claud. 11. Les (.Hiiudcccmvirs y jouaient le rôle qu'ailleurs
jouaient les Frères Arvales dans des jeux analogues en l'an 81. V. Henîeu, Anal.
p. 20. — 18 Acta, 134, 105.
SAE
— 996
SAE
extraoj'dinaires, de siircro/fd/ion '. Ils sonl organisés
par les magislrals, nolammenl par les Quindecemvirs et
sans doute à leurs frais, ce qui les fait appeler, par Feslus,
libérales. Kn temps ordinaire, le nombre en était limité
à trente jours par an afin qu'ils ne fassent pas ruineux
pour les organisateurs-. Les cérémonies s'élant termi-
nées le 3 juin, il y avait interruption le lendemain ; puis
les jeux de tout ordre se succédaient du 3 au il, pour se
terminer par une grande chasse qui n"est pas localisée
par les Arles ^■, le monument d'Ancyre nomme en bloc,
comme emplacements utilisés à cet effet, le cirque, le
forum, les amphithéâtres. La chasse spectacle paraît
avoir été coupée d'intermèdes fournis par des courses de
chevaux et de chars ''.
Il va de soi que tous ces jours de cérémonies et de
jeux sont déclarés fériés : les tribunaux chôment, le deuil
légal est suspendu, ainsi que l'interdiction aux céliba-
taires visés par la loi Julia. C'était une application d'un
cas de dispense plus général et dans lequel rentraient les
jeux séculaires: « Il n'y a ni deuil, ni interdiction lorsqu'on
dédie un temple, lorsque les censeurs font la clôture du
cens, lorsque l'État s'acquitte. d'un vœu formé en son
nom. » La fête séculaire rentrait dans ce dernier cas^.
Par leur durée, qui est de dix-huit jours entiers, dont
quinze de réjouissances publiques, par la variété des céré-
monies, sacrifices, prières, processions, lectislernia et
sellistemia, par la qualité des personnages qui y pré-
sident ou qui en sont les principaux acteurs, par leur
signification politique et religieuse, par l'immense
déploiement de toutes les ressources décoratives et
somptuaires, tant pour les actes du culte que pour les
amusements populaires, les fêtes de l'an 17 furent les
plus importantes de toutes celles dont l'histoire de Rome
ait fait mention. Il n'y en a point dans le passé qui puisse
leur être comparée ; celles qui leur succédèrent au
même titre ont pu les égaler en pompes et prodigalités,
jamais elles ne se sont déployées dans l'atmosphère de
confiance, de joie, de dignité morale, de distinction
artistique et littéraire qu'avait su créer pour les siennes
le fondateur de l'Empire.
W .Les jeux séculaires après Auguste. — On pourrait
croire que l'éclat même des fêtes de l'an 17, joint au
prestige d'Auguste qui en fonda la tradition, fixerait à
tout jamais la règle de leurpériodicité; ce fut le contraire
qui arriva. Les empereurs subséquents semblèrent regret-
ter de ne pouvoir célébrer des jeux séculaires chacun à sa
manière. Claude, le dernier de la lignée d'.\uguste, trouva
le moyen de les renouveler soixante-trois ans après,
en l'an 46 ap. J.-C. Il calcula que cette année-là Rome
achevait le vm' siècle de son existence et qu'en se réglant
sur la durée juridique du siècle, le droit à des jeux
solennels se trouvait établi. Comme il y avait encore des
survivants de la fête précédente, que même des acteurs
qui y avaient figuré reparaissaient, bien vieux évidem-
ment, sur la scène, ces jeux de Claude parurent sur-
' Àcla, 150 : Ludoi quos honorarias ilicriim VU a'Jjccimus twiis so-
lemnibus.... Cf. Moramscn, Loc. cit. p. 209. Pour l'expression de ludi honorarii,
V. Fcsl. £>i7. p. lOi, cl Suct. Auij. 32. Mommseii rapproche Cic. In Pis. 35,
80, et Isidor. Orig. XX, 3, 8 : //onorarium vinum quod regibus et polentibus
honoris gralia defertur. — 2 Lcdi, p. 1375. — 3 AHa, 159; 103. Cf. Suct.
Claud. il. — i Acta, 105; Jlon. Ancyr. 4, 30 sq. — s Acta, 13, H, 111-114;
cf. Kcsl. p. 151; JISTITILM, lir, I, p. -80. — C l'Iiii. Hist. nat. Vil, W, 0; Tae,
Ann. XI, 11; Suet. Clatid. 21 ; (jcusor. 17, 11; cf. Mommsen, Chronologie,
p. 19i. 0. Ilirschfcld, Wiener Sludien, III 1881, p. 101 sq. a cherché d'autres rai-
sons à celle liialion des noureaus jeux par Cliuilc : j'avoue ne pas hicn les saisir.
tout ridicules : ils n'ont, d'ailleurs, laisst; aucune tracée
Quarante ans plus lard, Domitien voulut en célébrer
pour son compte : il invoqua le canon de cent-dix ans,
celui des livres sibyllins, qui menait à les fixer en 0:2 ou 93
si l'on calcule à partir de l'an 17 ou 16, mais qui aurait
permis de les mettre déjà en 61, sous Néron, si l'on s'était
réglé sur l'an 49 av. J.-C, où les jeux de l'an 17 auraient
dû être célébrés'. Domitien les donna en 87. Pas plus que
ceux de Claude, ils ne firent sensation, mais nous leur
sommes redevables de la curieuse série de monnaies dont
nous avons pu tirer parti pour l'interprétalion des jeux
d'Auguste. A s'en tenir à ce témoignage, il est établi que
Domitien suivit fidèlement, pour leur organisation, les
exemples donnés par son prédécesseur, comme il suivit,
à peu près, son calcul du siècle*. Un témoignage unique,
qui n'a sans doute pas grande valeur, nous apprend
qu'Antonin le Pieux, reprenant le canon de cent ans et se
réglant sur l'archéologie de Claude, célébra en 146 ap.
J.-C. le neuvième centenaire de la fondation de Rome'.
Désormais, il n'est plus question de jeux séculaires
jusqu'au règne de Septime-Sévère qui, suivant le canon
des livres sibyllins, réédita ceux de Domitien et d'Auguste
en 204 de notre ère'". Dans les Actes gravés sur un monu-
ment analogue à celui que nous avons décrit, l'empereur
les appelle : iudos saeculares seplimos, alors que Censo-
rinus leur donne le huitième rang; c'est que la chrono-
logie officielle ne tient aucun compte de ceux de Claude
et parait ignorer ceux d'Anlonin le Pieux". Ils ont été
commémorés, comme les jeux d'Auguste; et l'exhumation
qui a mis au jour l'historique de ceux-ci, nous a
rendu également les fêtes de Sévère, sur des fragments
de tables enfouies au même lieu, dans les mêmes condi-
tions. Mais ces débris sonl si morcelés et de restitution
tellement difficile, qu'ils n'offrent qu'un assez pauvre
intérêt'-. Il s'en dégage toutefois cette constatation : si
les jeux célébrés par Auguste donnent à l'empereur
toute l'initiative et le rôle principal, faisant bon marché .
de l'autorité religieuse du Sénat, ceux de Septime-Sévère
consacrent l'effacemenlà peu près total de cette assemblée.
Le Sénat ne décrète même plus, sur l'invitation de l'em-
pereur, que les jeux auront lieu; mais il demande au
souverain de vouloir bien les ordonner. Le collège des
Quindecemvirs a gardé son rôle, mais le magister déclare
qu'il exerce ses fonctions sacrées : jussu mandatoque
imperatorum; et il n'y a plus qu'un seul magister^ alors
que les Actes du règne d'Auguste en
nomment cinq. La cjualilé d'Auguste et
d'Agrippa se retrouve dans celle de Sep-
time-Sévère et de son fils M. Aurèle An-
tonin, et tous deux continuent à être re-
vêtus de la puissance tribunilienne '\
Outre les actes ou nous relevons ces de- sepiime-Scvèrc.
tails, il nous reste, comme monuments
des jeux de l'an 204, diverses monnaies en or (fig. 6019),
argent ou bronze, frappés pour commémorer les fêtes.
— 7 Tac. Ann. XII, 11; Mart. IV, 1, 7; X, 03. 3: Slat. Sili: I. +, 17; IV,
1, 37; Suet. Domit. i ; Zosim. Il, 4-; Ccnsor. 17, 11. Ta.-ite y prit pari en
qualité Ue XV Vir S. F. Domitien y fit de véritables folies dans l'organisation
des courses de chevaux. — 8 y. Oresscl, Ephem. epigraph. VIII, p. 310 sq. Tah.
I ; toutes les monnaies sont du règne de Domitien. à l'exccpliou des n"* I, 13 et K».
— 9 Aurel. Vicl. Caes. 15.— '0 Ccnsor. 17, Il ; Zosim. Il, 4; llerodiau. 111,8, 10.
— Il Acla .Scier. 17 {Eph. epiijr. VIII, p. 2S3). — 12 fph. epigr. {L. cil. p. i70)
sq. Une table coniposée par Huelsen permet de se rendre compte de l'étal fragmen-
lairc et de la faible proportion des fragments recueillis par rapport à ce que nous
n'avons plus. — 13 V. Mommsen, £. c. p. 29i sq. ; Actti Scver. passim, p. 27S sq.
SÂE
— 997 —
SÂG
Fig. C02I. — Eiliibil
Lijtes rares.
Tellus-Cérès el le Tibre y rappellent le dispositif religieux
observé aux temps de Domilien et d'Auguste; à ces
vieilles divinités sont associés Hercule, Bacchus et la
Concorde, empruntés aux cultes du temps '.
Les dernières fêtes séculaires organisées par les empe-
reurs païens furent celles auxquelles présidèrent, en 240
ou 247, suivant le canon de cent ans, Philippe et son
lils : leur caractère distinctif, c'est qu'elles célébrèrent
le millénaire de la fondation de
Rome - : c'est ce que rappelle
le grand bronze ici reproduit
(fig. 6020). Cassiodore nous ap-
prend qu'à cette occasion il y eut
au Champ de Mars, pendant trois
jours et trois nuits, des représen-
tations théâtrales et que le peuple
passa les nuits en réjouissances;
les jeux du cirque surtout y fu-
rent magnifiques : on y vit une profusion de combats
de gladiateurs, d'exhibitions de bétes rares et féroces
qui figurent à leur tour sur les monnaies (fig. 6021'j'.
L'empereur qui y présidait était un
Africain, fils d'un chef de brigands;
il satisfaisait par les sacrifices et
les cérémonies à la tradition poly-
théiste, quoiqu'il fût très probable-
ment chrétien. M. Boissier cite à
ce propos la réflexion mélanco-
lique de l'historien Zosime, resté
païen convaincu : « Si les saintes
cérémonies avaient été religieuse-
ment observées, ainsi que l'ordonnait la Sibylle, l'Em-
pire romain aurait conservé sa puissance; mais comme
on les a négligées, il est tombé sous la domination des
Barbares. ■> J.-.\. Hild.
SAEPTL'JI. — Dans un sens général, ce mol signifie
toute espèce d'enclos aussi bien que l'enceinte, le mur,
la cloison, la barrière qui l'enferme. On appelait particu-
* Eph. fpiijr. [Loc. cit. p. 2T4) ; cf. Eckhel, Vil, 183 ; Cohen, iîéil. impèr. IV,
p. U, n. 103-liO; Ib. p. ItT, n. 48-52; p. 05, n" Ci3-C2C; p. 201; 555, 55C ;
p. 272, n. 170, 180. — 2 Eulrop. 9, 3; Capilol. Gord. 33; Aur. Vict. Caes. 28;
cf. EcSvlicl, Docir. Xumm. VII, p. 323 ; Corp. inser. lat. V, 488 ; les ciironogr.
p. 047, édil. Sloramsen el Bieronym. Citron, anno 217 ; cf. G. Boissier, Op.
cil. p. 94 sq. — 3 Eckhel, 0. I. Vil, p. 332. Il y a des monnaies se pappor-
lanl aux années 1012 el 1051 de la fondation de Rome r|ui, faisant allusion à
des jeux s'culaires, prouvent que Ion exploitait jusqu'à cette date le double
canon des cent et cent dix ans, mais divisii-s par deux, pour obtenir plus fréquem-
ment l'occasion d'en célébrer. V. Eckhel, VII, p. 409 et VIII, p. 20 sq. ; ceux de
l'an 1051 |U. G.) furent les derniers. — Bibliographie. Citons pour mémoire les
aacieoncs dissertations de Petrus Taffinus, D.; reterum romanorum anno saecutari
(Tournai, IC4t|, el d'On. Pauviuius, De ludis saecularibus. l'une et l'autre chez
Graerius, Thésaurus, VIII, p. 4CG et IX, p. 1001; Beryli, Augusti reriim gcst.
Jnd. Halle, J873, p. 74 sfj. ; Boissier, La religion romaine d'AugtiSte aux Anto-
niiw, I, p. 36 sq. i4* édit.) ; Id. Les jeux séculaires d'Auguste {Revue des Deux
iloildet, 1892, p. 75 sq.) ; Bouchc-Leclcrcq, Histoire de la divination, t. IV,
p. 300 sq., p. 300 sq. ; Conrad, Z*t; saccuio .flomanoniJH, prog. Posen, 1900; Diehis,
Sibytlinitclie Blaetter, 1890, p. 127 sq. ; Gcffroy, La science archéol. à Rome
(Revue des Deux Mondes, 1892, p. 590 sq.); Hirschfeld, Wiener Studien, 1881,
p. 99 sq.; les éditions d Horace, d'Orelli, II, p. 620 sq.: de Jlilscherlich. Il, p. 643,
cl de Sehûlz, I, p. 290 srj. ; Idcler, Uandbuch der Chronologie, II, p. 82 sq. ;
Xlausen, Aeneas und die Penaten, I, p. 262 sq. ; Marquardt-Mommsen, Handbnch
der Roem. Alterlhùmer (2' édil.), t. VI, p. 385 «).; Moiiimsen, TJoem. Chronologie
[V édil.), p. 172 sq. ; Iil. Die Saecula der Etrusker, dans le Rhein. Muséum,
nouv. série, XII, p. 53; Id. Ephemeris epigraphica, vol. VIII, p. 125 sq.; Mueller-
Deekc, Die Etrusker, 11, p. 29 ; 309 à 315 ; Pauly, Rcalencyklopaedie, l. VI, p. 474 si|.
el 065; cf. Id. édil. nouvelle. IV, 2 sq.; 2374; Preller-Jordan, Roemische Mytho-
logie, II, 34 sq. ; Roschcr, Ausf. l.exikon d. .Mylhol., etc., art. l'ro-
serpina (Carier), p. 3146 sq. ; Rolh, C'ebcr die Roem. Saecularspiele, Rhein.
Mut. nouv. sér. VIII, p. 305 sq. ; Schoemaiin, De Roman, anno saecut. (dans les
OpMC. Acad. I, p. 50 sq.; ; Usener, Rhein. Muséum, l. XXX (nciuv. sér.), p. 204
»q. ; WissOHa, Religion und Kultus der Roemer, p. 303 sq. Pour la partie numis-
lièrement de ce nom au pluriel, saepta, la partie du
Champ de Mars où le peuple, à Rome, s'assemblait pour
voler coMiTi.A., p. 138.'j sq., 139.3 sq.], et qui était aussi
nommée ovile, parce que les tribus et les centuries y
étaient séparées el comme parquées entre des claies ou des
planches, au moment où elles allaient déposer leurs voles ' .
Celle installation primitive ne disparut qu'à la fin de
la République. Jules César'- commença, pourla remplacer,
la construction de galeries de marbre qu'il n'eut pas le
temps d'achever. Agrippa inaugura les nou\eau\ saepla,
qui furent appelées les saepta Julia '. E. S.\r.Lio.
S.\GA. — Devineresse, magicienne [magi.\, p. 13001'.
Ce nom était donné aussi aux entremetteuses, parce que
les magiciennes en faisaient souvent le métier-.
S.\GEi\.\ [rete, p. 8o2\
SAGITTA' ('lô:, iV<TTo;-, to;cv, To;£uaa) ■\ — La flèche,
à laquelle s'applique souvent le nom générique des
armes de trait, telitm (pÉ/.o;), comprend une hampe,
calamus, ai'undo (xiXajxoç, Sôva;), pourvue à un bout
d'une encoche empennée, pennala (TïTspwTi'. vÀ'j^îoe;),
et, à l'autre bout, d'une pointe, spiculum (àxU), appelée
parfois ferinim (ci'oTipov), du nom du métal dont elle est
faite à l'époque classique'; cette pointe peut être mu-
nie de barbelures, unci, hami {ï-,'zo!, oy^ivoi), et d'un
nombre variable d'arêtes tranchantes, acies (yXu/i'vsç).
Structure et évolution de la flèche. — La flèche
est, essentiellement, un trait le plus léger et le plus
facile à lancer qui soit. Aussi a-l-elle dû commencer
par être taillée dans un bois, un roseau ou un os
mince et rigide, et, si l'on n'a conservé que de rares
pointes en ces matières friables, nous connaissons
nombre de peuples qui se servent encore, à l'époque
classique, d'une flèche de roseau avec pointe d'os°.
Cette différenciation de la tige de la flèche, toujours
facile à remplacer, et de la pointe, d'autant plus pré-
cieuse qu'elle est mieux acérée, constitue le premier
progrès dans l'évolution de cette arme. Dès le début
de l'époque énéolilhique, dans le bassin de la Méditerra-
mali.|ue, v. Drcssel, Éphem. epigr. 1. VIII (1892), p. 310 sq. ; avec les ou\rages
de Cohen et d'Eckhcl cilés.
SAEPTl'M. 1 Serv. Ad Ed. I, 34 : Septa propria sunt loca in Campo Martio
inclusa tnbulatis, in quibus stans populus romanus suffragia ferre consueverat,
sed quoniam haec septa simitia sunt ovitibus duo haec invicem pro se ponuntur.
Les snepi'i avaient été inaugurés ; Cic. Pro Rabir. IV, 2.-2 UioCass. LUI. 23.
— 3 Voir Gilbert. Topograph. d. Stadt Rom, III, p. 113 et 152; 0. Richler, Top. d.
Stadt Rom, p. 230 ; Jordan-Hijisen, Top. d. St. R. II, p: 498 ; III, p. 479.
SAGA. ICic. Divin. I, 31; Horal. Od. I, 2, 21; Ep. H, 2, 208; Tib. I, 2, 42;
Apul. Met. I, p. 106, etc. — 2 Non. Marc. p. 23.
SAGITTA. — • Sagitta, ratlat hé à tort par Grôber {Archiv. f. lat. Icxicogr.
1888, 457) â sagum, semble désigné par la terminaison itta, etta comme un mol
lydo-élrusque (cf. S. Reinach. Oriental records, 1892, 85); la racine sag, seg se
retrouve dans nombre d'armes trancliantes : sagaris, securis. Le mol fut grécisé
par les Bvzanlins : oa^ÎTa, aa-^i-rzà-vo, aaY,ToSp(>)[iov, oaTiToÇolr,. — 2 'lô; est la forme
primitive (épique el lyrique) d' i.iTo; (is-iord;); pid;, désignation homérique de l'arc,
est pcul-ôlre à 'tôç, ce qu'esta 'itu; la forme éoliennepit-j;. Sur la possibilité d'une racine
commune entre iiî-o.irTbi cl oiVoî-fiu;, cf. p. 1000, n. 14. — 3 TJ;ov-:d;i jn« sont des dési-
gnations qui, comme ?tô;-!oî, paraissent avoir passé à la flèche de l'arc dont ils dési-
gnaient le bois, (oxus, l'if, bois dans lequel cstdéjà taille l'arc préhistoriquede la tour-
bière de Cambridgeel dont lenom anglo-saxon, jew, est devenu celui de l'arc en Angle-
terre. Seul, To;ov se trouve chez Homère où il désigne à la fois l'arc et les Uèclics. Le
surnom â-{««-:'.i sous lequel on désigne la ncche(Thuc. IV, 40; Esch. fr. 129;Soph.PA.
290 ; Tr. 714), s'il faul le rapprocher de la racine de torqucre, se rapporte ou au bande-
inenl de l'arc ou à l'enroulement qui maintenait la pointe. — * ^ApSi;, semble se rappor-
ter â l'âge ou elle était de bronze, erz. — ^ Pour la classification des pointes de llcches
néolithiques, voir, outre les AHiil'ions et Cavernes de S. Reinach et le Musée préhis-
torique de G. de .Morlillet, une étude de Th. Wilson dans r.4n(/.ropa(ojie, 1901,508.
Des pointes de flèches triangulaires à pédoncule el barbelures en os el en corne de cerf
ont été trouvées en grand nombre dans les lerramares ilalicnnesde Gozzano, (^slione
el Moniale iMonlclius, Civilisation primitive en Italie, pi. XIV, 20 ; XVII, 4; XIX,
4), de Polada (Modestov, Introduction à Ihist. romaine, pi. xii, 8) cl dans les
grottes de Pollera, Famé, Arène Candide {Rullet. di. Paletn. XVI, 98; XIX, 30).
SAG
— 998
SAG
née, on fixe sur des liges des pointes foliiformes ' aigui-
sées à rexlrémité, arrondies ;": la base. La dinîculté qu'on
éprouvait, à les fixer amena à tirer de celle pointe primi-
tive les deux formes qui devaient se maintenir depuis:
1° Kn supprimant la partie arrondie el en la rempla-
çant par une base droite, on allégeait la pointe devenue tri-
angulaire, mais on ne la rendait pas plus facile à insérer
dans la tète fendue d'une tige; c'est en substituant à la
base droite une base concave- qu'on obtint un creux où
la hampe s'encastrait d'autant plus solidement que les
angles inférieurs étaient mieux eflilés et rabattus; ces
ailerons furent les rudiments des barbelures' (fig. 0023).
2° Kn taillant la partie arrondie en un angle semblable
à celui de l'extrémité perforante, on obtint une pointe
losangitiue ; en développant l'angle destiné à frapper et
en réduisant l'angle destiné à s'emmancher, elle donna
naissance à la pointe à pédoncule'', qui ne tarda pas à
se compléter par une sorte de cran d'arrêt formé par
les angles inférieurs de la partie perforante ; quand ces
angles inférieurs ne formèrent plus un angle droit avec
le pédoncule, mais un angle de plus en plus obtus, on eut
la pointe à pédoncule et à barbelures^; un trou pou-
vait la compléter, permettant le passage d'une attache^.
En même temps, la succession d'entailles qui forment les
tranchants du silex éclaté sont retouchés, ou bien de
façon à obtenir une arête unie et polie, ou bien de
façon à développer, au contraire, ces irrégularités en une
série de dents de scie ou
barbes qui rendront la pointe
plus difficile à extraire. Ce
sont les pointes à bords
^yi^ ^"^^j^ ^^ denticulés, dont les angles in-
i.2^ C^^^r^ férieurs sont effilés de façon
à en faire les plus saillantes
de ces barbes, qui semblent
avoir dominé en Grèce, surtout parce que l'obsidienne,
qui y remplaça de bonne heure le silex, paraît y avoir
< Palafillc de Uodio, Moniclius, Op. eit. pi. m, 3 ; cf. Brizio, Xolhie,
isni, 213. — 2 Palalillc de Pescliioia, Moniclius, Op. cit. pi. ii, 16. Type
semlilaLle à Rcmcdcllo, B. di Palcln. pi. si, XXIV. — 3 Jlyccncs, Sclilicmann,
Mijcéites. p. 354 ; l'crrot. JJist. de l'art, VI, p. H6. Cf. Modeslov, Op. cit.
pi. XII, ll-i. — t Silex coloré au ciuabio de Sgurgola dans le Lalium, Pinza.
J/OB. anlichi, XV, pi. i, il. Un cran darrôl très ncl se voil sur un silev de Cuma-
rola, Monlelius, Op. cil. pi. x.vivi, îi, un siles de Remedello, B. di Paletn. XXV,
pi. 11. — 5 Palafillc de Bodio, Monlelius, Op. cit. pi. iii, C-7. Cf. /éirf. X, 13 ; CXVII,
3 ; B. di Paletn. X, 148; XIV, 133 ; XV, S3. — c Acropole de Kakovalo, près Sami-
kon (l'ylos dcNeslor?), Doerprdd. Alh. ilillheil. 1907, p. ini. — 7 Voir pour sa
produclion el sa dispersion, Bosan.|uel, Explorât, at Phtjlakopi of Mrlos (1904),
p. 2JS. Les pointes en obsidienne se Irouveiit des grollcs du Portugal {Congrès
prihist. inlern. 1S89, p. S.ïlj) au\ Kourganes du Caucase (Z. f. Etîmol. XXXIII, 87,
9»; XXXIV. 156, 170; Bev. arch. 1890, 11, ISC).- 8 33 poinlcs en »n seul las dans
la i|ualrième lombe de Myccnes, Scliliemann, Mycénes, p. 334 (15 reproduites par
Sthliemann, fig. 433 ; 3 par Perrot, VI, p. 1 10 = (fig. 0023); une dizaine de pointes
beaucoup plus grossières de Tiryntlie sont reproduites par Scliliemann, Tirynlhe,
p. 102, ipii dit en avoir vu d'autres à rllèiaeuiu dArgos el à Asinè; S dans une
loinbc à fosse de l'Acropole d'Allièncs (Skias, 'Ec.'oj/. 1902, 128). On on signale
encore dans des lumulus d'Apbidna {Ath. JUitlh. 1896.3911 el de MaïaUion (Z. f.
Etimol. 1S84. p. 83 cl p. 10 des n.f.,,»y,«,; de l-inlay) ; ce sonl sans doute les
poinlcs eu silev noir c|uc Dodwell atlribnail à la bataille de 490, Tour through
Crcece, II, 159; une douzaine à Diraini el Seskio, près Volo (A/an, 1902, 76);
peut-être à lljon (.Schlieniann, Ilios. p. 309); à Pliaeslos en Crcle (.Won. n nt ' iSOî,
22), el à Kuossos {British School. Annual, VII, 44; VIII, 123). Elles sont longues
de 0,016 à 0,038. - 9 Pcrrol, Vi, p. MO d'après Dumonl, Collecl. prChist. de
l'inlay {ilélanges darch. 1892, p. 21). Cf. en bronze, British Sluseum, n. 2804
(Sardaignc), 2805 (Kcrlcli), 2800 (Marathon), 2S11 (l^iorfon), 2813 (Hi'èrapolis).
V. aussi Déchelellc, ArchroLpréhist. 1, 1908, p. 309. — 10 Ainsi, on signale une
pointe en silei dans la tholos de Thorikos en Atli.|ue (nf,,i,xà, 1893, 15^ ; une en
silei dans un tumulus macédonien [Z . f. Ethnol. XXXIV, 73); une en silex el une
en obsidienne dans celle de Vapbio {.Musée d'Athènes, n. 18i0) ; d'aulres à Mélos,
mêlées i des poinlcs de bronze (l!osan.|uel, Op. cit. p. 194). Des llècbes en silex, à
extrémité tordue, trouvées au pied de la forlercsse de Prinia, en Crète, proviendraient
{Ausonia, 1. 110) d'un siège subi parcelle place an v" siècle; mais la forteresse est
. 0023. — Poinlcs trouvées à Mvcènes.
prêté. Celle matière éruptive, dont les coulées ne se
manifestent en Méditerranée que dans la seule ile de
Mélos', se débile naturellement en petits éclats triangu-
laires, d'une apparence vitreuse et noirâtre que l'on
connaît, dans les tombes énéolilhiques des acropoles
de Mycènes, de Ti-
rynlhe et d'.\tliè-
nes, sous toutes
les formes que
nous venons de
passer en revue,
notamment sovis
forme de lami'S
minces à bords
légèrement con-
vexes et à angles
inférieurs très
saillants (fig. 6023) ; mais on les trouve aussi sous la
forme de triangles à pédoncule plus ou moins développé
(fig. 6022)* et sous la forme tout à fait primitive
du carreau à triple arête (fig. 602ii ', qui se dé-
veloppera au.x âges des métaux.
Bien que les pointes de silex et d'obsidienne
persistent à l'époque des tombes à coupole '",
les lames de bronze apparaissent dès avant pig. 0024.
cette époque proprement mycénienne, dans des
couches prémycéniennes qui remontent au moins au dé-
but du II"" millénaire ; longtemps, elles se bornent à imiter
les formes des silex" en facilitant seulement l'altache par
l'ouverture de deux trous oit passeront des lanières '^ ou
en échancrant en A la base du pédoncule ; avec ce pédon-
cule bifurqué, la pointe s'adaptait mieux à un manche
fendu, elles angles inférieurs de la lame, inutiles désor-
mais pour l'assujettir, étaient réservés au rôle de barbe-
Jures aggravant la plaie". L'allongement et l'amincisse-
ment progressifs du pédoncule permirent de développer
la lame sans craindre qu'elle rompit au moindre choc '*.
construite sur des débris mycéniens. A Rome, on a trouvé une pointe do silex al'a.
cliée par un fil de bronze (Monlelius, Op. cit. pi. ccci.v, 13). — " Surtout la forme
à barbolures dans les Icrrainares et dépôts de l'âge de bronze (Moniclius, Op. cit.
pi. XV, 6 ; i.xx, 6 ; cxiv, 13 ; cxsvi, 4-3, 10, 18 ; Modeslov, Op. cit pi. xni, 5 et 1 1 ; : a
Mycènes (Tsounlas, " Ei. 'i^j. 1888, pi. ix, 22 ; Mycencan Aije, p. 200), dans la
sixième cilé do Troie {Troja. fig. 1327 ; Troja und llion. I, p. 323), à Phylakopi do
Mélos (Bosauipiel, Op. cit. pi. xxxviii, 7-9), même dans la grotte du Diktè (.iHniini
Brit. School, VI, 110); la pointe à barbelurc en crochet sur la douille, dans la pala-
fillc de Bodio'(Monlclius, pi. m, 20, avec deux trous pour attaches), à Athènes et à
Myccnes (Ridgcway, Early âge of Grecce, I, p. 302), daus la quatrième ville de Troie
{Ilios, n. 1216); la p'ointc foliiforme avec grand pédoncule el sans barbelurc, dans la
6» ville de Troie {Ilios, n. 1423). — 12 Evans, Prehist. tomlis of Knossos, 1900, f. 28.
Pointes de ce lypo cl du type suivant, mesurant de 0,0043 à 0,0047, trouvées dans
une tombe à puils des xiv-xiii« siècles. Voir encore Brit. School. .Xnn. .X, 61 ; Anti-
quary, 1903, 440). Huit pointes semblables dans une tombe do Phaestos (de 0,003s
à 0,0018, Savignoni, Xecropoli di Ph. fig. 21) ; d autres, dans la ville basse de
Mycènes, en deux paifuels de dix (Tsounlas, Mycen. Age, p. 206). — 13 La note pré.
ccdcntc s'appli'|ucaux deux lypes. — 14 Bosanifuel, Phylakopi of Mélos, pi. xxxviu,
0 (loug. 0,11). Poinles semblables à Chypre (Ridgcway, Op. cit. p. 302; Cesnola,
Cyprus, pi. x; Cypriis Muséum catal. 363-71, British Muséum, n. 2S09), à lliou
{Troja and llion, I, 313; Ilios, fig. 103, 3- ville), à Delphes (Perdrizet, Bronzes
de Delphes, 1908, fig. 336 c; cf. Frochner, Coll. Créait, p. 142), en Ëgypic
(J. de Morgan, Bech. sur les orig. de l'Egypte, 1896, p. 210; Garsiang Bet-
Khallaf, pi. xxui). On la retrouve entre les mains d'Hcraklcs sur une des plaques
de bronze de Pérousc {Ant. Denkmider, II, pi. iv). C'est une forme qu'affectent
souvent les pointes en os {Troja und llion, I, p. 371. n*-v« slrales ; Icrramarc
de Caslione, Monlelius, Op. cit. xiv, 20). Dans Monlelius, pl. xxxv, 13 (près
Bologne), le piiloncule était encore entouré d'un fil de bronze. Le même type avec
les angles inférieurs moins accenlués à Dodone (Carapanos, Dodonc, pl. i.viii. H),
à Olympie {Bronzen v. Olympia, pl. xi.iv, 1093, 1096), à Égine (Furlwacnglcr,
Aegina, pl. cxvii. 43), à Delphes (Perdrizet, Bronzes de Delphes, p. 97, 330 b).
Cf. Frochner, Coll. Créai,, p. 142 ; de Bidder, Coll. de Clercg, III, 347 ;
Bronzes British Muséum, u. 2813 (lliérapo'is). On possède des spécimens égyp-
tiens semblables, en ivoire, de la première dynastie (Pétrie, Abydos, I. pl. lu ;
Bmjal tomlis, II, pl. xxxiv).
SAG
yyy —
SAG
Aux lames plates, acérées seulement sur le pourtour,
succèdent les lames où la partie saillante, au centre de
Tune des deux faces, se développe à son tour en aréle.
Fig. C0J3. — Poinlcs de llcclics i
bronze trouvées à Olympie.
Ces lames à quatre ou à trois
arêtes (fig. 6025), le TçiyÀcô/i;
oïffTÔç homérique, prennent
un poids tel, qu'il devient
nécessaire d'enfoncer dans
la hampe le pédoncule en-
tier, ce qui empêchait de
rendre l'arme plus meur-
trière en détachant une bar-
belure sur le pédoncule. Au contraire, en creusant da-
vantage le pédoncule bifurqué, il devenait possible
d'enfoncer la hampe dans le pédoncule et non plus le
pédoncule dans la liampe. C'est ainsi
que se développa la pointe à douille.
La douille cylindrique est simple avec
une lame lancéolée ' ou triangulaire
avec deux arêtes-, ou triangulaire avec
quatre arêtes'; elle est plus rarement
composite ou avec double cran d'arrêt
sous une lame à deux arêtes' ou avec
barbelure latérale sous une lame à trois
ou quatre arêtes '. Il semble même
qu'on ait parfois disposé jusqu'à quatre
barbelures métalliques à la partie su-
périeure de la hampe '.
Avec les pointes à douille, qu'on
coule d'une pièce dans des moules", la
tête de flèche atteint une perfection qu'elle ne dépas-
sera guère. Aussi, les pointes de fer, qui apparaissent
vers le vi^ siècle *, ne pourront-elles que reproduire
1 FurlwacDglcr, Olympia, pi. l.liv, lOTC, 1078, 108C, 1091, Aerjina, pi. cxvii, 40 ;
Brilish Muséum, n. 2»li (Eplièsc); Mus. d'Athènes, 8038-9. — 2 Monlelius, Op.
cil. pi. xxxï, 9 cl 11 (Icnamarc près de Hcggio). — 3 Olympia, pi. siiv, 1089. Même
Irpc dans Aegina, fig. 4i (3 cm.; fig. H, cm. 7, 7 et (pi-oveiiaiil de Mégalopoli*^)
reproduit daus Helbig, Epopée homérique, p. 437). — tMoîîtclius, Op. e((.pl. xi, 2
(Cottolengo, près Brescii). — â Cf. Olympia, pi. xi.iv, 1077 (Ibid. 1092) ; Bronzes
de Delphes, fig. 337 ; Coll. Gréau, p. 142 ; Bronzes Brilish Muséum, p. 347, fig. 80,
Uontclius, pi. XXXV. 10 (Ucggio d'Emilie). Ou retrouve le mémo croc caraetcris-
tii|ue à Kalymna (Keml»le, Uorae ferales, VI, 3, 4, et Brilish Muséum, n. 2803), à
ilalUUtt (Sacken, Ballstatl, p. 37), à Muzna (Tocilescu, Dacia, pi. ui)), et en Kgyple
(De Morgan. Loc. cit.). — G Voir la ficche •|u'Artêmis tient à la main sur un vase du
vie siècle (Coozc, V«5e» aus Milo, pi. iv). Lue pointe triangulaire toute semblable
daus Bronzes de Delphes, 330 a. — "• L'un de ces montes a été retrouvé dans la
première ville d'Iliou {Jlios, fig. 103). A Delphes, on a exhumé deux flèches eucorc
rèuuies par la ligne de coulée {Fouilles de Delphes, t. V, p. 97. — 8 Les pointes
de bronze, qui apparaissent dès l'époque énéolithique (ainsi dans la nécropole de
Vortan en Mysie: cf. Collignon, C. rend. Ac. inscr. 1901, 814) et qui abondent dans
les lombes à coupole (outre celles citées, p. 998, n. 10, voir pour Spata. Slamalakis,
'Al^.vaioï, 1877, 168), desccDdcnt jus<|u'aux champs de bataille de Marathon (Dodwell.
Tour through Greece, II, p. 759) et de Platées (Denkmûler de Baumeislcr, III,
p. 2043). Bien que ces dernières flèches, si leur provenance était certaine, dussent
plutôt être attribuées aux Perses (Wolters, Ath.Mitth. XV, 233; 10 flèches de fer
auraient été trouvées en 1830 dans une tombe de Marathon, Jahrbuch, Anz. 1907,
383): les poinlcs de fer du Diklè et de Dodone en Grèce, celles de Scsto Calende et
Bisenzio en Italie ne peuvent guère être antérieures au vi« siècle. — 9 Grotte du
ilililè, Museo ilatiano, II, p. 76i. — 10 Cara|ianos, Dodone, pi. i.Mn, 14 (long. 0,10).
— " La plus ahon.lante collection de p jiulcs de flèche ilalierurs préhistoriques est an
g. C02C. — Pointes de
flèches en bronze.
les formes de celles de bronze. Les pointes grecques
telles qu'elles nous sont connues par les monuments,
semblent être des lames triangulaires, à douille ou à
pédoncule, aux angles inférieurs prononcés ; la grotte
du Diktè et Dodone ont livré deux spécimens (fig. (5020)
de la pointe foliiforme ' et de la pointe pyramidale à
pédoncules allongés '".
Italie. — Les nombreuses pointes de pierre, de bronze
ou de fer rencontrées dans les tombes suffisent à attester
l'usage de la flèche dans toute
l'Italie primitive ". Du vu" au
iv'^siècle, à défaut de textes, des
œuvres d'art et des monnaies
montrent que l'arc reste une
des principales armes des Ombriens '-, des Lucaniens'^
et des Sardes" (fig. 6027); des peintures (fig. G028) '%
des bas-reliefs ", des empreintes monétaires ''confirment
le vers où Virgile met les flèches aux mains des Étrus-
ques '*. C'est d'Étrurie peut-être que Rome a reçu le mot
même de sagitta ; mais les archers n'apparaissent pas
dans ses armées jusqu'aux guerres puniques.
Dans l'Italie primitive, les premières pointes de fer
appartiennent aux types des lames à douille avec lame
lancéolée " ou triangulaire -". Les flèches de l'ar-
mée romaine, depuis les premiers spécimens qui pro-
viennent du siège d'.Viésia (an 52) -' et du siège d'Os-
Museo Preistorico de Rorae, salles .\XVII-.\XXV. Au Musée des Thermes, à fînme,
sont les flèches votives en bronze des temples de Juuou à Norba et de Diane à Nénn",
les plus anciens documents pour l'emploi de la flèche dans le Lalium à la période his-
torique. Cf. Monum. antichi. 1903, 333. — '^ Garrucci, Monele anticlii d/talia,
pi. ivi.— 13 laid. pi. en cl l'hippotoxote lucanien ou campanien dans S. Reinach-
Béjjert. de la stal. II, 530. — li Perrot, Hist. de l'Art, IV, p. 07, OS (notre fig. 0027),
73; Taramelli, Aotizie d. scam, 1905, p. 228. Pour la Sicile, on ne peut distinguer
entre les indigènes et les Grecs, voir p. 1002, a. 17. — 1^ k\i Louvre, Mon. d. Inst.
arch. 1859, pi. xix. (Martha, L'art, étrusque, pi. iv (notre fig. 0028). .\ côté de ces
fresques de Caere, il faut citer les archers semblables de celles de Chiust {Annali,
IbôO, 259). — lii Sur des urnes (Brunn, Bilievi d'urne etrusche, l, pi. i.xxil, 8) ;
des plaques de terre cuite de Tarquinies iR. Rocliette, Mon. ined. pi. i.xxvi,
VI, de Vellelri I Helbig, Bhein. Mus. 1903. p. 500); une statuette de bronze
(Babelon et Klanchet, Bronz. de la Bibl. nationale, p. 393): une coupe de
Palcstrina (Montelius, Op. cit. pi. cccr., xvni, 5); un fourreau du trésor de
Prénesle {Monumenli, X, pi. xixi, 5); un bronze de la Cerlosa (Bultel. di Cor-
resp, arch. 1872, 116). .A ces archers à pied, on peut ajouter connue exemple
d'archers à cheval Monum. V, 25 et Bull, du Musée de iVew-i'ork. 1907, 37.
— I' Monnaie de Populonia, Garrucci, Op. cit. pi. lxxiv, 3, et Samhon, Monn. ant-
d'Italie, (1903). p. 71. — 1» Aen. X. 108. Sur Vcdiovis, archer, cf. p. 1002, n. 1.
— 19 Bisenzio, près Rome, Montelius, Op. cit. pi. cclvii, 0. — 20 Sesto Calende, Mon-
telius, Op. cit. pi. Lxn, 5. — 21 Quatre types : triangulaire à section carrée; folii-
forme ; barbelé de part et d'autre ; croc d'un seul côté. Longueur variant de 0,06 à
O.OS (au Musée de Saint-Germain, salle XIII, vitrine 26). Le type triangulaire se
retrouve dans les oppirfa gjulois (cf. Mém. de la Soc. des Anliq. 1907, 3) et dans
celui de Stradonitz (Pic-Déchelettc, Stradonitz, pi. xxix, 11); le type à croc latéral
dans les tombes de llallstalt (Sacken, Hallstalt, p. 37)
SAG
— 1000 —
SAG
a
suna (43) ' jusqu'à roux des postes du limes", se répar-
lissenl entre des types ditlerenls qu'illustrent les ligu-
res (jO-29 et ()(W : pointes pyramidales el coni-
ques il douille ou petit jiédoncule'; à quatre
arêtes et pédoncule plus développé ' ; trian-
gulaires à petite douille ^, à grande douille *
el à fort pédoncule '. Il semble même qu'on
se soit borné parfois à entourer la tète de la
liampc d'un cercle
de métal pourvu
d'un dard acéré *;
enfin, l'on connaît
des pointes en
plomb* (peut-être
les plumbatae) ,
type d'où est issu
ce maltlobarbuhis
dont les soldais
des légions d'illyrie portaient cinq exemplaires à l'inté-
rieur de leur bouclier (fig. 6031)'".
'/i
- PO'DlCS
romaines.
Fig. G030.
Fig. 6031. — ililtliobai-bnliis.
Sur un sarcophage romain (fig. G032) ", on voit des
flèches armées d'un fer en croissant employées à la chasse
aux autruclies : c'est ainsi
que Commode les décapi-
tait dans ramphithéàlre '-.
On est malheureusement
très mal renseigné sur la
matière dont était faite la
hampe des flèches : elle était
Fig. C03Î. — FiècUe à fer en croissant, en bois de comouillier cliez
les Lyciens et les Sarmates '^,
en bois d'if chez les .\nglo-Saxons, les Irlandais et les
Scandinaves, et, si l'on en croit l'explication de t(î;ov par
taxas, chez les Latins primitifs. S'il n'y a pas de trace
que To;ov ait désigné également l'if en grec, il est pos-
sible que iôç, qui semble un nom plus ancien de la
flèche, el la forme dérivée oVctoç (ôc-.gtô?), soient en
rapport avec ïicoç, linûi, qui désignent ou le saule,
le bois flexible et résistant par excellence'*, ou cer-
tains roseaux. C'est au roseau que nous ramènent aussi
1 Cf. p. Taris, Archives <(« missions, t. XUI(I'J06), pi. xxx olxxjvn. I.a plupar! sont
lies pointes à pi'dnncule avec fer plat en forme de feuille lancéolée ou rie fuseau al-
longé, fera i|uatre faces avec arél's barlielécs ; rares exeniplaircs àilouilic. La longueur
varie de 0,00 àO.IO. On reraar.|ue sur la plupart (ng.iili3(i)i|uun côté es! plus développé
que laulre; celte asvraétrie est sans doute intentionnelle : les pointes en silex biseau-
lécs d un seul ciité accompli-sent un mouvement giratoire (Wilson. AiilhropotOQii;
tSOI.p. 584). — S On ne connaît liicn r|ue les pointes du limes gerniauii|ue publiées
dans Jacolii, .Sn<i76iira, pi. xxxix et dans Der Ober^ermanische- llnelisclie Limes (11!,
p. 13 ; IV, p. 8 : VU, il ; X, 13 [prèsdc 800 dans Varmamenlarium de Bucli]- XII, S •
XIII, 15 : XIV, 23, 3-, 74 ; XV, 14 ; XVI. 18 ; XVIll, 13 ; XIX, 13 ; XXII, 3i XXV 3r, •
XXVI.34.39;X.\Vll.2::XXIX,21):de3àl0centimMres,avecdeux.lroisou,|uatré
arêtes, un ou deux crocs latéraux, pédoncule ou douille. Dans sou Ha^Much </«
Deuisch. Atlerlh.p. 153-4. I.iudensclunit publie une série de pointes de basse époque
romaines ou barlarcs se rapporlanl à ccsdilTérenls types. — 3 Lindenscliniit, Traclit
und /lewaff'nuny. pi. xi, SG (40 millimètres). Slayencc (= OOiO c.: /4/rf. pi. ji, 24
(88 mm.) ; Ma; ence ( = C0i9 ni— i Croller, Derrôm.'Umes in Oestei-rèich, VlU ( 1907).
p. 138 (55 millimétrés), Lauriacum. — 5 Lindenscbmil, Op. cil. pi. xi, 25 (15 milli-
métrés), Mayenre (= 0027 b). - c p. Paris. Op. cit. pi. m, 13 || lo millimètres;,
Ossuna: Cf. Lindenscbmil, Allerlhùmer, 11, VIII, pi. v, 9 ; Crolbr, Loc. cil. (05 mil-
limètres). — 7 p. Paris, O/,. c/7. pi. xxivii, 9(IIOmm.), assnna(= 6030). — 8 Lin-
denscbmil, Alterlh. heidn. Vorzeit. I, XI, pi. iv, 8 (30 millimètres;. - 9 Gabelon
et lilancliet. Bronzes de la DM. nat. p. 071 (55, 57 el 04 millimètres), avec ins-
criptions mutilées sur les bases. Des inscriptions grecques se lisent sur la face de
pointes de brome de la Collection de Clcrcq. III, 347. Les Déclics garnies de
plomb (pour souder la poinle ?) «laieiit déjà connues du lerap* dAristote! Ve caelo
11, 7, 29S. Cf. 1 lin .V,i(. /„.(. X, ÎO, 2 : /Aumbatis saijiltis nidos miuni deenti.ml
oi-iil. xiÀiuLo;, ariindo, calanuts. Si ces désignations de la
hampe ont fini par passer pour poétiques, l'antiquitéclas-
sique ne conservait pas que le souvenir du temps où la
hampe de la flèciie était faite d'un roseau. Pline, après avoir
énuméré les peuples archers de l'Orient, conclut que la
« moitié du monde vit sous un Empire imposé par les ro-
seaux »; il ajoute que le roseau de l'Inde est trop fort, celui
de Belgique trop ligneux, mais que ceux du Rhcno, dans
lePicénum, l'emportent même sur ceux de Crète par leur
rigidité qui, grâce à l'abondance de la moelle, n'exclut
pas le poids nécessaire pour n'être pas emporté par le
vent ''. On emmanchait donc, encore au i" siècle, les
pointes de flèche sur des roseaux : c'étaient sans doute
seulement des flèches de chasse, puisqu'on trouve sou-
vent des fragments de bois à côté des pointes, dès
l'époque du palais de Knossos'^ et qu'on voit, à Orcho-
mène, les archers de Mithridate se servir de leurs
flèches, comme de poignards, dans la mêlée, ce qui im-
plique une hampe plus résistante qu'un roseau ".
Pour remédier à la légèreté du roseau primitif et l'em-
pêcher de tourner sur lui-même dans sa course, on garnit
de bonne heure l'extrémité qui reçoit l'encoche de
plumes disposées le plus souvent en deux rangées
opposées, parfois réparties une par une '*. « Ailée » [--,'.-
fôsi;) est une épilhète ordinaire de la flèche chez Homère,
et, Hésiode, décrivant les flèches d'Héraklès, parle de
« leurs grands bois lisses que couvrent, par derrière,
les plumes du vautour solaire »''.
Ainsi empennée et pourvue d'une pointe fixée, par un
clou si elle est à douille, par un boyau ou un lil de métal
si elle est pédonculée, la hampe ne dépasse guère
30 centimètres, donc 00 centimètres pour la flèche entière
en prenant les pointes les plus longues. Cette dimension
ne résulte d'aucun texte positif; Homère lui donne le nom
deTTYi/u; (une coudée, 0,48), mais elle est facile à consta-
ter sur les monuments et l'on sait que les anciens s'éton-
naient de la grandeur des flèches des Indiens ou des
Carduques, longues de 9J centimètres-"; enfin, les plus
petites flèches que lancent les machines ont de 46 à
67 centimètres -'. .\.-J. Rein.^cu.
S.\G1TTARII (To;oTai). — LeS .\RCUERS D.\XS LES ARMÉES
GHECOiES. — C'est en Egypte qu'un trait de roseau appa-
raît pour la première fois lancé, non pas à la main, mais
sur la fibre ou le boyau reliant les deux bouts d'une tige
— 10 ReconsliluLion tentée par Lindenscbmil {.Alterlh. I, V, pi. v), d'après la pointe
(fer engagé dans du plonibj de 200 millimètres el le texte de Végèce (1, 17). bien
qu'il compare aux sayitlarii les soldats des deux légions (jui onl reçu de Dioclélion
le nom de matlio-tmrtuli à cause de celte arme, il est prol>able qu'on les Jetait à la
main, mais ils peuvent ilonner une idée des plumbatae. 11 y a lieu de croire que Ici
ceslfophendonne qui apparaissent dans ranuée de Persée sont des llècbes semblables
qu'on lançait avec une fronde [cESTitospuENnuNF.j p,^ul-élrc aussi les çélosphcndonae
des Romains 5 Cliérouce, Plut. Sylla, 18. — " Anuali d. Jnst. 1SC3, pi. A ; ilelbig,
Fûhrer (1891), p. 403. — 12 Herodiau. 1, 47. — 13 Herodol. Vil, 09 ; Pans. 1, 21, 5.
— 1^ C'est à une idée de flexibilité que parait se rapporter la racine de ces différcols
mots. C!f. les Dicliounaires étymologiques, grec de Prehvitz f. v. irj;, et lalin de
Walde, s. v. vinien. Si !o; est apparenté à ijr, yeic, ibar qui désignent à la fois rif el
l'arc en Scandinave, anglais el irlandais, l'if ne poussant pas à l'est du 23' degréde
longitude, iva eu -lave, désigne le saule ; il dut en cire de même pour !ô; en Grèce.
— lô Vlm. H. n. XVI, 05. - 16 Voir p. 998, n. 12.— -"7 Plut. Sijtla, 21. — "C'csl
ce qu'on voit nolaniment sur une ampliore d'Amasis, Ame}'ic. joiirn. arcliaeol.
1907, pi. xii. La cesirophendone a Irois ailes courtes (Liv. XLII, 03). Sur ladifli-
cnllé et les moyens de rendre et maintenir droits les bois de flcclie : Scbumaclier,
Archiv. f. Anlhropol. 1877, 300. — 19 Aspis, 133-4. Plumes daigle : Aes.ip. t'ab.
4 llalm; Aescbyl. Fraijm, 135: on se conteulait de pennes plus modestes rognées
en demi-cercle, cf. p. 2, .Aitnali, 1871, pi. f ; Gcrbard, .Aitserl. Vasenb. pi- cxi.iv
[lig. 247]. De Luyncs, a'5Cri>/ion, pi. xxiv. —-20 llerod. Vil, 09; Xen. ,lno4. IV, ^
Les poinlts des flècbes indiennes auraient eu 4 doigts de long sur 3 de large ; Plul.
De fort Alex. 345 n. — 21 Textes cités pas Droyscn, Ueerwesen der Griech. p. 189:
Diod. XVI. 74; Arrian. 1, 3, 8 ; 1, 20, 8 et 22, 2; Atben. p. 538 B. Pour les ûècbcs
empoisonnées, voir vemlxlm el A.-J. I\eiua<-li, L'anthropologie, 1908.
SAG
1001
SAG
suffisamment élastique'. Dès le vi" millénaire, en pleine
période néolilhiiiue, on y voit des chasseurs posant, sur tles
arcs d'une seule pièce, légèrement concaves, de grosses
(lèches, empennées et encochées à l'extrémité inférieure;
à l'autre extrémité, la hampe est fendue pour recevoir la
pointe d'une lame de silex dont le tranchant transversal
ira déchirer plutôt que percer les chairs de la victime "-.
L'arc restera l'arme favorite des chasseurs ' égyptiens, et
les archers la force principale de leurs armées '. Durant
tout l'ancien Empire, jusqu'à l'invasion des Hyksôs, l'arc
et son trait ne diffèrent guère en Egypte de ceux que
les monuments égyptiens ou les gravures rupestres d'Al-
gérie prêtent aux Libyens''. C'est au même type que
se rattachent l'arc du chasseur d'un relief en stéatite de
Knossos ''', et celui que tiennent, sur des sceaux et des
gemmes de la Crète minoenne, les dieux archers prédéces-
seurs d'Apollon et d'Artémis'. C'est encore le même arc
qu'on retrouve sur des monuments bien connus des lom-
bes de l'Acropole de Mycènes, le sceau de la Chasse au
cerf", le poignard de la Chasse au lion (fig. 58()7), surtout
le fragment du vase d'argent représentant la Défense d'une
ville par des frondeurs et des archers (fig. 3322)', tous
monuments dont il y a lieu de croire qu'ils ont été
exécutés en Crète vers le milieu du u' millénaire. L'au-
teur du Bouclier d'Héi^klès, dans sa description de la
ville assiégée, paraît avoir eu sous les yeux une repré-
sentation semblable à celle du vase des archers. Teukros,
dans V Iliade, qui décoche sa flèche à l'abri du grand bou-
clier d'Ajax'", n'agit pas autrement que l'archer de la
dague de la Chasse au lion. Dans l'ensemble des poèmes
homériques, malgré les transformations qu'on leur a fait
subir pour les adapter au goût de la société aciiéo-
éolienne qui tenait l'arc en mépris, le fond premier de
l'épopée exalte les hauts faits d'une époque où c'est
celle arme, et non la lance, qui domine. Non seulement,
la masse des Achéens tire de l'arc", mais les Locriens
d'AjaxOiléide'%lesPhtiolesdePhiloctète'%lesPïeoniens
SACITTAniI. I 11 est protialjle i|ue, dans une phase inlermCdiaire, on a lanci!
ce Irail avec une longue lanière seniblahle à Vtimentum des javelots. Un grand
os(lelle était d'après Tacite. Germ. iO, la Hêclie des Finnois), auquel étaient attachés
plusieurs mètres de fil de bronze, trouvé près de Kiel, est publié par M. Jiibns,
Enlwicklunr/sf/escliichtc der TrutzKaffen, 1899, pi. xxxui, 3. I.cs plus anciens
débris d'arcs apparaissent en Occident, dans les stations lacustres (à Cambridge,
Robenhauscn, Sutz et Castione). Sur les origines possibles de l'arc et la diffusion
des deux types asiatique (composite) et africain (simple), voir surtout, Balfour,
Jomn. anthrnp. Inst. XIX et XXVI; Ratzel, Abhandl. d. Sâchi. GeseUsch. d. Wis-
tenschaflen, 1891 et Bericlite, 1887; B. Adler, Inl. Archic. (. Antlirop. suppl.
au t. XIV (1901); Longman et Walrond, Arclmry, 1901, p. 55; L. Frobenius,
WeltgesckiclUe des Krieges, 1903, p. 2Ci. — 2 Heuzcy, Dullel. de la Soc.
des antiquaires de Fr. 1890, p. 182; A.-J. Reinacli, L'Egypte préliislorigue,
1908, p. 51. Pour la diffusion des pointes à trancbet, voir Déehelcttc, Archi'ol.
préhistorique, ï, 1908, 5L'I ; pour le plus ancien monument égyptien représentant
une chasse avec des flèches de ce type, J. Capart, Les débuts de l'art en Kgypte,
1904, pi. I, p. 223. On trouve des flèches à pointes arrondies entre les mains d'Ama-
lones, Monumenti, I83li, pi. i.. — 3 Voir Maspero, ffist. anc. des peuples de l'Orient,
passim. — * Maspero, Ibid. — ^ Pour les monuments égyptiens, voir K. Rlac-
Iver, Libyan notes, 1901; pour les gravures rupestres, Tissot, Géographie de la
prov. d'Afrique, 1, p. 337, 379, 491. Comme la Xuuiidia des images des nationes à
Rome (Arch. Jahrb. 1900, 13), les Kefti-Crélois ou Chypriotes sont représentés le
carquois au cijté sur les mon. égyptiens (Virey, Le tombeau de Hekhmara, pi. v).
— 6 Le P. Lagrange, La Crète ancienne, 1908, (Ig. 85. Ct. Annual Dritish school. VII,
p.2l;VIII,p.U.— 1 Jnnaii', 180, pi. S ; Mosso, A'snirs. in Crp/a, 1907, p. 53 ; Furt-
wacnglcr, Antike Gemmen, pi. n, Si- (Mycènes). Dans une des caves ouvertes sous la
parlic du palais de Knossos r|ue M. Evans considère comme sacrée, on a trouvé une ré-
duction votive en ivoire avec coche et pennes, et d'autres pennes en os {Annual, \\,i\).
Une pointe de flèche en or, également votive, provient de la 3" ville d'IIion {Ilios,
n. 902). — » Schliemann, Mycènes, n. 33i — 9 Perrot, Hist. de l'Art, VI, flg. 85.
— 10;(. VIII, 269, passage dont parait se souvenir Tyrtée, IX; 35. Comme Pandaros,
Teukros a appris l'arc d'Apollon (11,821 ; XV, 441). — Il /;. III, 79 ; XI, 85 ; XV, 313 ;
XVI, 339, etc.; de même les Troyens, XI, 810. — 1^ 11. XIII, 710.— 13y(. II, 713.
— I* II. Il, 8i8. — 1^ Cette position est celle d'Ulysse dans le massacre des préten-
dants, Od. XXII, 4. L'épreuve fameuse qui précède cette scène appartient bien à une
VIII.
de Pyraichmès '* conservent l'équipement des archers
mycéniens : court vêtus, sans casque ni bouclier, une
peau de bête pour toute arme défensive, ils tirent, un
genou en terre, les flèches à leurs pieds dans la position
qui restera classique pour l'Héraklès du relief d'Olympic
ou les guerriers du fronton d'Égine *'. De part et d'autre,
les héros qui conservent leur caractère d'archer, Philoc-
tète, Teukros, Mérionès, Ulysse parmi les Achéens, Paris,
Pandaros, Dolon chez les Troyens, placent, sur le boyau
de bœuf d'un arc simple qu'ils ramènent de la droite con-
tre leur poitrine '\ l'extrémité d'un roseau profondément
encoche et garni de plumes'*; un autre boyau maintient,
à l'extrémité opposée du roseau, une pointe de bronze
à pédoncule et à triple arête "; parfois, des barbelures
viennent augmenter encore le poids de la pointe'" qui,
la hampe brisée par le choc, s'enfonce dans la plaie sans
qu'on puisse l'en arracher. Le poison, dont on l'imprégnait
à l'origine, achevait de rendre la blessure mortelle '■'. La
mésestime que professaient pour l'arc les conquérants
achéens et doriens n'amena pas seulement à effacer de
l'épopée toute trace des flèches empoisonnées, à faire
expier cruellement à Philoclète la possession des flèches
envenimées d'Héraklès ou à incriminer comme une
preuve de lâcheté la préférence de Ptiris pour le combat
de l'arc; l'arc lui-môme disparut peu à peu comme arme
de guerre pour ne se maintenir, semble-t-il, qu'en Alti-
que, où on croit le retrouver à l'époque du Dipylon^% en
Crète, qui resta la pépinière des archers mercenaires, en
Chypre, où le voisinage de la Syrie avait introduit le char
pour archer avec l'arc asiatique".
C'est, en effet, au cours du ir millénaire, que divers
envahisseurs. Assyriens -',. Scythes -", Ilétéens, Hyksôs-'',
étaient venus apporter, dans les vallées du Nil et de l'Eu-
phrate et dans toute l'Asie Mineure, l'arc asiatique, plus
puissant par la détente de ses cornes qu'il faut, pour tirer,
ramener d'avant en arrière, et qu'on ne manie plus seule-
ment à pied, mais à cheval aussi et en char. Reprenant l'œu-
époquc où l'arc est en grand honneur. Pour les archers d'Égine et leurs prototypes,
voir en dernier lieu FurtHacngler,4e9;na, p. 299.— I» NiJja Jis.o, //. IV, 122. — n v;ur
la question de l'arc homéri(|ue, je ne puis que renvoyer à F. v. Luschan, Festschrift
Demidorf, 189; W. Reichel, Homer. '^'affen, 1901, p. lli ; Th. Day Seymour,
Life in the homcric âge, 1907, p. CC9 et à un travail sur Les archers d'Homère à
paraître dans la lîee. d. et. grecques. — i^ II. IV, 1 17 ; -Tïptiuç, 122 ; y^uçîSe; (cf.
Eurip. Or. 274, zi-m iits}wTi; vlust'Sciî). La hampe elle-mômc se dit li; ou Sdva;, ce
qui implique ([u'elle était en jonc, ou Tïîjyu;, ce qui lui donne une coudée (0,48).
— 19 C'est ainsi (ju'on parait devoir interpréter l'épithôtc Tfiv/.ii/t; (cf. Simonid.
if.fKiL/ti iifrz'K, 248 Hiller) ; on trouve aussi -scL^u-^XJiyii, o;u5É).r.î. — 20 C'est à cause
de ces J'yxoi que la flèche est dite /«Xxr,;r;î;î, ya'ixoSajV.î. II n'est question qu'une soûle
fois, par adjonction tardive, d'un triSr.fov de flèche (//. IV, 231. — 21 Ce fait ne résulte
pas seulement de l'analogie avec tous les peuples primitifs qui empoisonnent leurs
flèches, mais de la légende d'après Iaf[uclle Ulysse serait allé demander du poison
au roi d'Éphyra, (lui le lui aurait refusé, puis au roi des Taphiens, Od. I, 200.
— 'i2 Combats d'archers du haut d'un navire sur des vases du Dipylon, AJonumenti,
IX, 4, 34, 33, 40(40= Hirschfeld, AufsiitzeE. Curlius, p. 304); Gazette arch.
VII, pi. vu ; '£.. 4}/. 1898, pi. v ; PoUicr, Album des rases du Louvre, pi. \s, A.
3G0 et 519. Un archer est également figuré sur un vase chalcidien du vi» siècle,
ap. Ridder, 'Vases Dibl. nationale, p. 109. — 23 Perrot, Op. cit. 111, 717;
Holbig, L'épopée homérique, p. 173. Cf. Jbid. p. 51 ; Cesnola, Cyprus, p. 133;
Murray, Enkomi, pi. v, p. 12. — 21 Bas-relief du palais de Nimroud, lers 884,
au British Muséum, souvent reproduit; bas-relief de Pendschirli (v. 730), cf.
Mélanges Benndorf, pi. vin; cf. plus haut. lig. 2199 et Maspero, Hist. anc.
des peuples de l'Orient, II, 623, i;36; III, 9, 11, 203, 297, 407, 412 (archers 1
pied) ; 11, C21, 02C ; III, 37 (en char) ; III, 8 (il cheval). — 23 G. Loeschke, aonner
•Studien, p. 250. Cf. p. 1003, n. 3-3 cl, eu général, les monuments indiqués à l'ar-
ticle amazones; elles sont toujours armées de l'arc ou de la bipenne. Pour les repré-
sentations des dieux et héros archers, je me borne à renioycr au\ articles Apoi.r.o,
i.lANA, HEiicLT.ES. — 20 Qutre Ics figurcs de The Bittites de Saycc et de Messer-
schmidt et, pour les llyksijs et aulres nomades syriens, Maspero, Histoire, I 409,
voir von Luschan, Verhandl. Derliuer Anlhrop. Ces., 1893, 206. C'est après la
soumission des Hyksoset pendant les guerres avec les Hittites que l'arc asiatique
apparaît dans les armées de la xviu" dynas-tie, surtout dans la charrerie, cf. Mas-
pero, Hist. anc. des peuples de l'Orient, II, 222.
126
SAG
1002
SAG
vre de ces coiuiiu-raiits, les toxopliorcs médo-perscs eurent
bieiUùl fait de réunir sous leur domiiKilion le monde orien-
tal. 11 ne leur restait à conquérir que la Grèce, qui avait si
bien conscience de leur supériorité comme archers qu'elle
faisait de Scythes ou de Persée linvenleur du tir de l'arc ' .
Sur la cinquantaine de peuples que Xerxès menait
contre la Grèce, près de la moitié étaient pourvus d'arcs- :
les Perses, d'abord, qui se mettent àlabri pour tirer der-
rière de grands boucliers d'osier', à l'intérieur desquels
est suspendu le carquois dont ils extraient les flèches de
roseau qu'ils placent sur leurs grands arcs*: tel était
l'équipement des insulaires du golfe Persique, des Ariens,
des Saranges, des Ilyrcanicns, des Mèdes^ surtout, de
qui les Perses l'auraient reçu '^. A côté des arcs compo-
sites de ces peuples, des roseaux indigènes suffisaient à
constituer arcs et flèches des Parthes, Saces, Choras-
miens, Sogdiens,Gandariens, Dadices, Pactyens, Utiens,
Myces, Paricaniens ' ; ces mêmes Paricaniens fournis-
sent, comme les Médes, des hippotoxotes à la cavalerie* ;
à sa suite, marchent les dromadaires du haut desquels
les Arabes manient leurs longs arcs qui appartiennent
au même type que les arcs scytho-perses '■'. Les arcs
des Indiens ne sont pas moins longs '", bien qu'ils soient
faits de roseau ainsi que leurs Itèches à pointe de fer".
Ce sont, par contre, des pointes de silex que les Éthio-
piens placent sur leurs arcs en palmier hauts de 4 cou-
dées'-. Enfin, les Ciliciens delà Milyatide, comme les
Lyciens montés sur cinquante vaisseaux de la flotte '^
portent des arcs en cornouillier avec des traits de roseau.
En face de ces masses profondes d'archers qui, aux
Thermopyles ou à Platées, allaient obscurcir le ciel de
leurs traits", la Grèce, depuis la conquête dorienne,
avait relégué l'arc au rang des armes de chasse. Sans
doute, peut-on trouver cette arme plus en honneur, au
V' siècle, dans les cités de la région pontique et helles-
ponlique en contact immédiat avec les archers scythes ou
1 ï'iin.H.n. VI, 56. Plus lard, les Grecs donuèrent à l'arc comme inventeurs ou Apol-
lon, ou Eurylos, pcrc de Tovos, bien ((u'Héraklès leûl vaincu à l'arc (c'est à cause de
sou nom, équivalent de goi'ytos Apotlod. 11,4,9; Anecd. ox. W. 25o) ou Krolos, (ils de
l'an (llyg. Fnh. ti^\ Poet. asir. Il, il). Les Romains mettaient des ficelles dans la
main Je leur Vcdiovis r|ui fnt identilié à Apollon, liell. V. IJ.Ovid, /'(mMI, +37, 399,
— 2 Les indications suivantes sont tirées d'Hérodote. VII, GO, — 3 C'est une iiabitude
assyrienne; cf. nolaninicnt, Maspero, Histoire, Hl,p, -03. — 4 En marcbe, Iecarr[uois,
reçoit l'arc détendu : voir les frises des arcbers de la garde de Suse et de Pcrsépolis
(Perrol, Uist. de l'art, VI, p. 3il, 828 ; cf. plus baut, les fig, 1171, 927, 930), Outre
la niosa'ique de l'ompéi et le sarcophage de Sidon, voir dans Maspero, Op. cit. III, 58,
475, 421, 07.7 ; dans Pcrrot, Op. cit.^ les cylindres et sceaux, p. S5I-4 ; et les dari-
iiues, p. 8*i0-3. L'arcber, dont sont frappées ces pièces perses, leur valurent en Grèce
le nom de To;oTai (références dans Babelon, Traité de ninit. 1, p. 471). — -■> Sur les
toxopitores mcdes, cf, les épigrammes de Simonide (137 Bergk) et de Bakis (ap.
Herod. IV, 43). Les Mèdes et Elamites sont représentés comme arcbers sur les monu-
ments assyriens (Maspero, Op. cit. m, 230, 400-9). — 6 Selon Hérodote (1, 103), c'est
Cyaiarc qui aurait organisé le premier les toxopbores dans son armée. — 7 A ces
peuples appartiennent encore les archers gélo-scylbes en général (cf. Herod. IV,
94; Curt. VII, 1,2), les archers mardes (Arr. A'r/j. Alex. III, 8), les arcbers
kos^écns (Slrab. XI, 324); les Soancs du Caucase, ciui se servent de flèches empoi-
sonnées (Strab. XI, 429); les Arméniens (Oppian. Cyneij. III, 22 ; Luc. Pliars. VIII,
221 ; Zosim. Il, 51, etc., les l'artyens (llerodian. 1, 15, 4 ; Arriao. Tact. 4), et les
archers cardouipies. que Xéno|d]On tAnab. IV, 2, cf. Diodor. .VIV, 27) montre lançant
sur des arcs de près de 3 coudées des flèches de plus de 2 coudées. — » Sur ces bip-
pnloioles, Aesch l'ers. 20, 235. - 9 na/,;.,Tova, dit Hérodote (cf. Acsch. Clioeph. 100,
^i jtKx saKiTovo). Il y aurait eu deux toiotes par dromadaire (Cijrop. VIII, 5, 5). Le
bois de CCS arcs est le nabach, sorte de grande épine. Leurs flèches sont parfois empoi-
sonnées (Pollux, I, 10, 138), les Arabes s'en servent également sur nier(Plin. VII, 10).
— «0 Sur leur habileté au tir, Plut. Apophl. isl B; Clés. Ind. 23 ; Apul. Flor,
1. 0. (Juinlc-Curcc (Vlll, 9, 28; 14, 19; IX, 5, 19; 8, 20, donne 2 coudées à leurs
flèches ; longs en proportion, les arcs dcv.iienl être appuyés à terre, sans doute
aiaient-ils I m. 83 . comme les arcs des Wcddahs de Ccylan, qu'on peut bander avec
le pied (Anthropologie, 1891, 307). — Il Hérodote ne spéciflant ce délail que pour
les Indiens, il faut en conclure que les pointes des autres peuples n'étaient pas
en fer, mais en bronze, comme il le dit de celles des Massagèles (I, 215) et des
Scythes (IV, 81). ou en os, comme Pau^allias le dit des Sarmates (I, 21, 5) et
thraces, si l'on en croit les sagittaires gravés sur les mon-
naies de Thasos (fig. 477), d'Héraclée. de Phanagorie, de
Cyzique, ainsi que dans les grandes colonies doriennes de
l'Ouest où les luttes avec les indigènes ou avec les Étrus-
ques et les Carthaginois ont pu développer l'usage de
l'arc qu'on connaît à Corcyrc '^, à Camarine '", à Syracuse
surtout, où Gélon proposera d'aller se mettre à la tète des
Grecs avec les 2 000 archers '' qui devaient contribuer à
la victoire d'IIimère. D'ailleurs, si Lacédémone s'obstine
dans son mépris de l'arc '*, l'expérience de Marathon ''■'
a bientôt fait de convaincre les Athéniens de son utilité.
Par une tradition qui remonte peut-être aux garde-côtes
de l'époque du Dipylon, chacun des quatre-vingts navires
athéniens est muni de quatre archers à Salamine-"; ce
sont eux qui massacrent les Perses de Psyttalie et c'est peut-
être en souvenir de leurs exploits que les héros archers,
HéraklèsetTeukros, figurent sur le fronton d'Égine. A Pla-
tées, les 300 arcliers athéniens, les seuls de l'armée, font
merveille contre les hippotoxotes perses-'. Si l'on peut
faire fond sur ce chiffre, il semblerait que, dans chacune
des dix tribus, on ait levé parmi les thètes 30 archers,
tandis que les trois premières classes fournissaient
600 hoplites et 10 cavaliers par tribu. Cette répartition
par tribu parait confirmée, en 460, à la fois par l'ins-
cription de quatre toxotes à la suite de la liste des décès
que la tribu Erechtheis avait subis en Egypte'-^-, et par
la mention, dans une garnison garnison envoyée par
Athènes à Érythrées, d'un toxarque sous les ordres
duquel seront placés 10 toxoles, sans doute 10 par tribu ^^
Avec l'augmentation de la population athénienne vers le
milieu du V siècle, il devint possible de porter à 160
la quotité des archers que devait fournir chaque tribu ; le
cliifTre de 1600 archers, que Thucydide'-' et Aristole '''
donnent pour l'an 431 doit correspondre aux 16000 ho-
plites inscrits alors sur les rôles-*. C'est apparemment par
exception que ces toxotes étaient appelés à un service de
comme semble l'impliquer le nom iranien de la flèche asti (ôffTÉov). Dans les lumulus
des chefs scylbcs, ou a trouvé à la fois jusqu'à cinq cents flèches de roseau à pointe
de bronze {H. archéid. 1904, 1, 11). — *'- Sur les archers éthiopiens, cf. Diod. III,
8 et 33 (il donne également 4 coudées à leurs arcs qu'ils banderaient avec le piedi ;
Slrab. XVII, 3, 7; Plin. VI, 33, 16; Claudùin. Stilich. I, 254, 351; Aupt. lion.
221 ; Cons. Hon. 21. Les pointes des Pygmées seraient en os (Plin. VII, 2, 19). On
connaît plusieurs représentations de nègres comme archers (Rcinach, Itépcrt.
Vases, I, 412; Alh. Millh. 1890, 244). — 13 Les Lyciens sont vantés comme
arcbers par Virg. Aen. VIII, 166, et représentés comme tels sur les monnaies de
Soloiet sur le monument de Gôlbaschi (Beundorf, Das Heroon von G. 142). C'est
sans doute à eux (|u'il faut rapporter les passages de la Bible, los. LXVI, 19 :
1er. XLVI, 9. Sur les flèches des Hébreux, habiles archers comme plusieurs
peuples syriens ; les Ituréens, notamment, fourniront à Rome une bonne part de
ses sagittaires, voir l'art. Archers du Dict. de la Bible (Vigouroux). — ** Herod.
VII, 218, 225-0 ; IX, 61, etc. Plut. Arist. 320 F. — '5 Thuc. IV, 49. Il s'agit de
la bataille de Sybota (433) où les 1 10 vaisseaux corcyréens et les 150 corinthiens sont
également chargés d'archers. — 1» Thuc. VII, 33. — 17 Herod. VII, 158. Cf. Thuc. VI,
20, 07, 09 et Liv. XXII, 43, 7; X.XVII, 38, 12. — 18 plut. Apopht. Lac. 234 E. C'est p.ir
exception que Sparte lève 400 arcbers après Pylos (Thuc. IV, 33); comme ceux i|u'on
trouve daus leurs armées au iV s. (Xen. Hell. III, 4, 16; IV, 2, 10; 7, 0), ce
sont des périoeques, des bilotes ou des Cretois (avec qui ils sont alliés depuis les
guerres de Messénie, à en croire Pausanias, I, 23, 4; IV, 8, 3, 12), en tout cas
depuis Agis en 331 (Diod. VVII, 02, 7) jusqua Nabis (liv. XXXIV, 279, Polyh.
X.XXIII, 140). — 19 Hérodote (VI, 112) constate que leur infériorité venait de ce
qu'ils n'étaient pourvus o;t! firso-j o^s To-tu^ià™.,. — 20 Plut. Them. 44. Cf. Esch.
Pers. 739 ; Timotb. Pers. 32. Dans le vers cité d'Eschyle, on voit les Grecs faire
périr Toîixî;? T'i-ô ôù^Aiy^o; les Perses de Psyttalie ; or Hérodote (VIII, 95) nous
apprend que ce fut un exploit des Athéniens. Plusieurs fois, dans les Perses, le
To;oS«nvoç 'Ap»;;, l'à'/.nï; -tolouîixô; de l'armée de Xerxès sont opposés aux 'ixx', <r:aS«i«
des Grecs Jouflx'iuToi. —21 Herod. IX, 22 et 60. C'est en souvenir de leur rôle que
Simonide composa l'épigrammc Anth. pal. VI, 2 (143 Bergk). — 22 Corp. i. atl. I,
433 = Dittenbcrger, Syll.i, 9. — 23 C. i. o. 1, 9 = Dittenberger, Syll.i, 8. La divi-
sion par tribus est certaine dans C. i. a. I, 54-5 et 1V3, 26 a. — 24 Thuc. Il, 13. 7.
— 2"' Arist. Polilria Mlien. 24, 12. — 2C Sur ces questions numériques, onlrc les
références indi((uées à l'article KxBucirus, voir Ed, Mcyer, Forschanyen^ 11, 149;
Wilauiowitz, .4i« Kijdathen, p. 73 et Aristoteles imd Athen, I, 212; Busoll,
SAG
1003 —
SAG
garnisaires comme à Érytlirées ou de gardes, comme à
Athènes même pour surveiller, en 447, les travaux de
l'Acropole '.Ces fondions de police étaient assignées à un
corps d"esclavespublics [demosioIj -, formé à cet effet, corps
qu'on a généralement confondu
avec celui des archers d'origine
athénienne. Ce sont ces archers
d'origine servile et étrangère,
dits aussi Speiisinioi, du nom
de celui qui avait eu l'idée de les
constituer, qui sont surtout con-
nus sous la désignation de Scij-
t/ies '. La plupart sont, en effet,
des barbares, achetés en Thrace
ou sur les côtes du Pont, d'abord
au nombre de 300, vers -450;
vingt ans après, ils furent portés
à 1200. Casernes au début sur
r.\gora, ensuite sur l'.Vréopage,
...i^w. .,,t,.i. ^;i„i. gijjjpgés (Je maintenir le bon or-
dre dans les rues, les places, les assemblées et les tribu-
naux, exécutant les ordres des magistrats de police et
Griech. Gescli. III, i. 879; Bdocli, Klio, 1906,330. ['oui- coinpromlrc coniiiicnl
on De levait que f 600 ai'clters sur leg tbètes qui étaient au moins 30 000, tandis
<|u'on deiuauilait IG 000 hoplites au& trois premières classes qui ne de\aient
guère dépasser Î5 000 lionimes, il faut rappeler que c'est sur les tlièles que reposait
le scr» ice de la flotte (|ui réclamait au moins 20 000 hommes. Dans la guerre du
Péloponnèse, les toxotes nstoi paraissent avoir surtout le caraclôre de soldats
de marine : 6r.Tï; "e-iSâTa-.. On signale comme une evception l'occurrence où 700
d'entre eux sont équipés en hoplites (Thuc. VI, 43t. Les textes et monuments seront
réunis dans un mémoire Toxotes et hipjjoloxoles at/ièntens auquel je me permets
de renvoyer par avance pour toutes les questions q-je je ne puis qu'indiquer ici.
— 1 C. i. a. IV, 3 iC n = Syll. 16 : ça.a.a; Si tîva. Tf.f: ToEixa; t» ~.f.i ew-nî Ifs
c;jia>ii>où9r,;. C'est probablement à tort i|uc M. Foucart {Bull. corr. Iiell. 1690,
177), considère ces toxotes comme des Scythes; s'ils étaient tels, ils ne pourraient
être membres d'une p//y/é (cf. Wilamowiti, Arislolcles und Athen, II, ÎUi; Wcr-
uiclc, //ernies, X,VVI, 51 ; Keil, Anonymus Argent. 146). Il parait très probable
que les gardes appointés pour cette sur\eillance spéciale sont prélevés sur les iv
T?, toiiti spo-jçol -i^-f.^v.-.n dont parle Arislote, Loe. cit. — 2 Outre cet article,
voir Waszinski, De sertis ptiblicis Alhcnimisium (Berlin, 1898) p. i5. — 3 Pollui,
VIII, I3i: E.iJiu Ualo:»TO .«\ ToiiTai x«\ Esij,,:-,..»! àco loù ,t8«T«j irj.Ti;av-o! ;
Scbol. Aristoph. Acii. 51 : imX Si o'i -nli-tn Sriiiouioi ûsiijiTii, Harpocration, Sui-
das, Photius, Lexic. Seg. iF/ym. wia^H. 5. u. To;ÔTai. Scythe finit par caractériser,
connue Tareutin, la désignation d un armement spécial d'archers à cbeial (cf.
Asklepiodotos, ap. Koechly, Griech. KriegschriftsI. II, 134). Quelques-uns
venaient de Thrace, dont les habitants étaient réputés comme archers (Virg. Aeii.
V. 311; VIII, 7J5); mais la plupart des rives scylhiques du Pont. Dès 4Î8, on
voit l.csbos attendre pour se révolter l'arrivée d'archers du Pont (Thuc. III, 2);
les mille archers de Polycrate de Samos venaient peut-être aussi de Scythic (Hcr.
III, 39, 45), inépuisable réserve d'esclaves et de mercenaires. Sur l'adresse comme
archers des Scythes qui auraient même adoré l'arc sous la forme de leur dieu ou
héros Toxaris, ideutiriue à Scythes, l'invenleur de l'arc, sur leurs arcs de cornes,
leurs llèches de roseau à poiules de bronze, leur art de tirer des deux mains,
à pied, à cheval, en fuyant, les textes sont nombreux : Aesch. Cfioeph. 160 ;
lleroil. I, 214; IV, 81, 131 ; Plato, Leg. VII, 793 A; Xenopb. Anab. 111. 3, 9; 4,
l.ï; llor. I, ±0, 10; Plin. VI, 56, tOl ; XI, 33, 115; Curt. VU, 8, 17; X, I, 31 ;
Plut. .fepl. sap. conv. 163 F; Amm. Marc. XXII, 8, 37 : EusUtli. Ad Lion. 137.
— i Aristophane se plaît à les montrer escortant les prytancs (.4c/(. 54 ; Tltesm.
9Ui) ou les proboiiloi (Cysislr. 441). — J La figure 6033 d'après Cerbrard, Auserl.
Va», pi. ccsxiv , voir aussi la coupe d'Or^iéto, Dokimasiat fig. 2464 et les
vases à Scythes dans les Antiquités de lu Jtussic Méridionale de Tolslo'i et S.
Rcinach (fig. 130, 158, 104, 179, 192, 338, 359, 373. 379, 386). Outre les réfé.
rences indiquées à l'art. .uicLSp. 389, n. 3, cf. Jalirbucli. Arcll. Inst. 1S88, pi. IV ;
1804, p. 180; 1895, p. 71; 1899, p. 67; 7(ôm. J/i«/i. 1887, pi. ix : S. \\t:mîc\\, Réper-
toire. I, 35, 4; 120, 1 ; 310, 2; 428, II, 97, 1 ; 131, 4; 219, 237, 3. — 6 Comme
Arislote, Loc. cit. éuumère, pour le milieu du v« siècle, 50 gardes pour l'Acropole
500 pour les arsenaux, 2 000 pour les garnisons, les 1600 toxotes ne peuvent
suffire à assurer ces divers services. On a 'donc oécessairemenl recouru aux 10 à
IGOOO hoplites. — 7 Le synchronisme de ces deux séries de faits est attesté par
Andocide, De pace, 3 et 7 (répété par Eschiue. Fais. leij. 173-4). Après l'armis-
tice de 450-49: UjiTov -On -.f:ax„,imi \xr.ia.-, »«TiiFTT,a«;vie« »al To;ot«; Tfi.xoiri'iH.;
ï^'jtff; is9iâ;tEttt ; après la paix de Trente ans conclue en 443 : Xt'Aîou; vaè S[a>o9-!o-j;
iïici./; ic«: T5;6Taç Éîipo-j; T'.aoJTo-j; «aTtffT/.uaiic/ (cct encore autant ne peut se
rapporter qu'au nombre précédent, 1 200, et non, comme on l'a dit [EyuiTKs, p. 756],
aucliiUrc de 300, énoncé 20 I. plus haut). Malgré ce texte formel qui place entre
4iû et 445 la constitution du corps des Scythes, Gilbert {HandlMClii 1, 192) ^
voulu la faire tiesccndre jusqu'à l'expédition de Périclès dans le Pont qu'il place.
des présidents du Conseil, ces Scythes, dont le costume
national excitait la verve des comiques '* et des céra-
mistes (fig. 6033) '\ ne semblent avoir été qu'une gendar-
merie, parfois montée, le plus souvent à pied.
Ce n'est pas à ces esclaves publics, mais seulement à
des corps de citoyens que pouvaient être confiées la garde
de r.\cropole et des arsenaux, l'occupation de certains
points fortifiés de r.\ttique, de ses colonies ou des états
alliés ; on a vu que les toxotes ont tenu garnison à l'Acro-
pole et à Érythrées °. Pour la surveillance de r.Xtliquc
même et des frontières, on ne se borna pas à porter les
hippeis à 300, puis à 1 200, en même temps que les
archers Scythes subissaient la même progression", ce qui
laisse supposer que les Scythes servaient d'écuyers aux
cavaliers, sinon en campagne lointaine, au moins en
.\ttique ' [eouiteS:. On leur adjoignit encore un corps
spécial de 200 hippotoxotes athéniens', qui sont proba-
blement, par rapport aux cavaliers, ce que les toxotes
sont par rapport aux hoplites.
Si l'on peut chercher au viii' siècle les premières
traces des toxotes, les hippotoxotes remontent peut-
être au temps de Pisistrate '" ; qu'ils aient été ou non
avec Dunekrr, eu 444; mais Beloch (l, 304) et Busolt (III, 1, 3S3) ont montré <|U0
cette expédition n'avait pu avoir lieu avant 438-7, date à laquelle on s'accorde à
placer l'aclièvenient de la frise du Parthénon où la procession des cavaliers ferait
allusion à celte réorganisation. Par sa réussite financière, il est donc possible que
l'expédition du Pont, placée en 438, ait permis à la fois l'achat de 900 nouveaux
Scythes, la solde de 900 nouveaux cavaliers et une reprise des travaux du Par-
Ibénon. Si l'organisation des 1 200 peut être fixée à 438, celle des 300, vu les
erreurs chronologiques d' Andocide et le rôle de la cavalerie athénienne à Tanagra
(457), peut remonter jusque vers 465 ; il y avait, d'ailleurs, des écuyers scytbes à
Athènes depuis le temps de Pisistrale (cf. Helbig, Sitz.'bcr. d. Bayer. Akad.
1897, II, 260). Outre la coupe figurant la revue passée par Pisistrale (Reinach,
Bépert. des Voies, I, 182), il faut surtout citer une amphore ehalcidiennc do la fin
du VI* siècle où l'on voit de même des archers scyllies mêlés à des cavaliers (Pol-
tier, Catat. des vases du Louvre^ II, 531). — 8 Des archers scytbes apparais-
sent fréquemment sur les vases peints du v« siècle ou bien accompagnant
par deux un cavalier athénien (cf. S. Reinach, liépertoire, II, 220) ou bien
isolés assistant à rarmement ou au départ de cavaliers ou d'hoplites (Bépert. I,
311 ; II, 109, 8; 131,4.8, 10; Pottier, Op. c. Il, pi. ixxv, 151; pi. lxixvii, f.
388). M. Helbig a essayé de démontrer que, depuis le temps des Pisistratides,
des archers scytbes, à pied ou à cheval, servaient d'-jT:r,p;-a[ aux cavaliers
athéniens ; ceux-ci ne seraient (|uc des hoplites montés, pour les.juels le cheval
serait plus un moyen de transport ([ue de combat. Cf. Helbig, Les ;,:t:£ï; athé-
niens (,Mem. .ic. insc. XXXlll, 1902). Aux objections de Pelersen (Oest. Jahres-
hefte, 1903, 77), Helbig a répondu [Ibid. 1905, ISS) ; cependant, s'il a montré que
les hippeis ont parfois combattu à pied et qu'ils sont parfois accompagnés d'ar-
chcis scytbes, ces deux faits semblent encore plutôt exceptionnels r[ue réglemen-
taires. — 9 Comme Périclès, en 431, estime les \--LJi à 1200 =iv :s,TOTo;iiT«.5 cl
que le chiffre réglementaire de 1 000 cavaliers parait assuré par Philochoros
(fr. 100 de Mûller), Aristophane (Eq. 225), Xénophon (Hipp. 9, 3) et Démoslhèue
(XIV, 13), on en a conclu avec vraisemblance que les 200 cavaliers qui viennent
s'ajoutera ce millier soûl les hippotoxotes: mais c'est certainement à tort que, à
la suite de Bœckh (13, 264), on a généralement identifié ces hippotoxotes aux
Scythes. S'il est certain (juc la cavalerie athénienne, affaiblie de 300 hommes
par la peste de 430 iThuc. III, 87), a ilû faire appel, pendant la guerre du Pélopon-
nèse, à des cavaliers thessaliens ou Ihraces 'cf. MKacEN.vnii, p. 1788] et si
.Vénophon, vers 370, conseille aux .athéniens, pour se refaire une cavalerie de 1 000
hommes, d'enrôler 200 '1=11-5 ;ivou; (Bipparch. IX, 3), on ne peut s'appuyer sur
des faits pareils pour considérer les hippotoxotes comme des mercenaires, S'iîs
étaient tels et, à plus forte raison, s'ils élaienl esclaves, Thucvdide ne les énumé-
rerait pas parmi les citoyens athéniens et ils ne figureraient pas, précédant l'iiip-
par<|ue, dans les processions de la cavalerie (Xcn. ilém. III, 1). En admellanl ce
chiffre de 200 hippotoxotes, il faut supposer qu'Andocide et qu'Eschine (Loc.
cit.) les comprennent parmi les 1 200 cavaliers dont on a placé l'institution en 43S ;
d'ailleurs, il résulte de leurs textes comme de celui de Philochoros que la force
des hippeis a varié. Le premier témoignage formel sur les 1 000 cavaliers étant
celui d'Aristophane en 124, il n'est pas impossible qu'entre ce chiffre et les 300
cavaliers antérieurs à 443, il ue faille placer les 600 cavaliers dont parle le schol.
d'Aristophane {Eq. 624). Si telle était la force des hippeis do 443 à 430, c'est une
force égale de 600 hippotoxotes qu'il faudrait supposer dans les textes de Thucy-
dide et d'Andocidc. Toutefois, il est possible (juc ces 600 cavaliers doivent s'ap.
pliquer à la période antérieure à 445 (30O hippeis, 300 toxotes scythes).
— 10 C'est la théorie développée par W. Helbig, Op. laiid. H s'appuie sur-
tout sur une amphore du dernier tiers du vi« s. (pi. 1 de son mémoire), ou il croit
voir un combat entre deux hoplites montés, acconq^-ignés chacun d'un archer
scylhc monté; sur une coupe de même époque où se voit un hippoioxotc on
SA G
lOOi —
SAG
constitués alors sur le modèle des archers à cheval scylhes,
toujours est-il qu'ils sont citoyens et ligurent, au w"
comme au i\' siècle, dans les délilés de la cavalerie athé-
nienne'. Ces hippotoxoles n'étaient guère plus utiles que
les /lippeis dans les expéditions maritimes ; aussi, pour
remédier au petit nombre des toxotes à pied, on eut
recours aux archers les plus fameux en Grèce avec les
Scythes : .les mercenaires crélois apparaissent en 425-.
Ainsi, au début de la guerre du Péloponnèse, on connaît
à la fois, à .Vthènes, les toxotai xénthoi et les toxotai
skythai d'une part, les toxotai astiAoi ou politai et les
hippotoxotai de l'autre. Des 200 hippotoxotes on sait
seulement que 20 d'entre eux figurèrent dans l'expé-
dition de Mélos ' et quelques-uns peut être parmi les
deux cent quatre-vingt cavaliers envoyés en Sicile*.
A la fin du v' sècle.Xénophon en fait encore mention ^
mais aucun monument ne nous a conservé d'eux un
souvenir certain ou précis. Les toxotes nous sont, par
contre, assez bien
connus, par des va-
ses (fig. 6034)', des
stèles', des statuet-
tes même *, avec
leur équipement qui
rappelle celui des
Scylhes ou desThra-
ces. Très court vê-
tus, un justaucorps
collant s'arrêtant au
haut des cuisses et
laissant les bras
Fig. Cû3l. — Krchev g.cc. ,
nus, sur la tête
l'ulôpé/xis thrace ou une sorte de bonnet phrygien à garde-
joues, les pieds nus ou protégés par de hautes bottines
thraces, sans armure ni armes défensives, le carquois à
la ceinture ou rejeté sur le dos, ils tirent le plus souvent
de la main droite, le genou droit en terre'. Soigneuse-
ment distingu("3 des psi/oi et autres troupes légères [ve-
LiTES^, ils comptaient, on l'a vu, parmi les troupes régu-
lières et paraissent avoir reçu une solde de 3 oboles par
jour '". Peut-être leur corps de 1 UOO hommes était-il divisé
coslunic scvllje iJnhrbucli, 1S9I. p. i'i<l) el sur les fragnieuls d'une stalue poly-
cliromo CQ marbre (Irouvés sur l'-Acropole parmi les débris aiilérieurs à 4SU) d'un
liippoloiole en cusiume scylhe dont il rapproche une dédicace d'un Diokhidès
LlioklèoiiS de la (in du v.' s. {Jafirùiich, !S91, 239; IS93, 133); mais lapparle-
nance de linscriplion aux fragmenis esl aussi sujeUe à caulion que l'inlerpréla-
lion de l'amphore el que l'idonlificalion du Mt'ATtdSr.c xai.o; qui s'v Irouve inscrit
au grand .Uilliade. — < Pour le vi' s. l'amphore dite de la revue de Pisislrale (cf.
Cg. -VSV); pour le v« s. la frise des cavaliers au Parlliènon, où le premier des sept
groupes de six cavaliers dilTorc un peu par l'Iiabillenicut (cf. fig. îî9) des
autres, sans que l'absence d'armes permette de l'identifier avec certitude aux
hippotoxotes; pour le iv» s. le texte de Xénoplion {ilem. ill. 3, I). — 2 Thuc. VI,
Î5 el 13. — 3 Thuc. V, 84. — l Tluc. VI, 2i. 43, 93. — 5 À/em. Ill, 3, I. En
414, Aristophane les nomme, Aves, 1179. Sur les repréentalions possibles d'hippo-
loxoles, n. S. — 6 La fig. 6031 d'après ilonum. il. Insl. VI, 33 = Arch. Jalirbuch,
t89û, p. 71. On trouvera une série de références dans cet article; dans Hartwi*',
iteitteisclialtn, p. 107, 389; dans Feslschiift Uenndorl', p. 60. — 7 L. v.
Sybel, Kalal. d. Hculpluren v. Athen. J6i-3 ; Polticr, Bull. corr. hell. ISSO,
p. 414 (an «rchcr tégéatc ?) — 8 Babelon, Bronzes de la Bibl. nationale,
p. 394. Arcliaeoloi/ia , XXX, pi. xxn. Un archer agenouillé sur le genou droit,
tirant de la droite, le carquois à gauche sur une applique d'Olympie (O/ym/iin,
Bronzen, pi. xi). Voir encore S. Keinach, Bt'perl.dela Slat. Il, 185; I9i; iOI ; 200.
— *J L'archer nu bandaul son arc de la fig. 472, coiJTé de Valofièkis, ou l'ar-
cher nu sans coilTure, le cari|uois relenu par une corde à la ceinture, du vase
du Louvre (Poltier, Àlhiim des vases du /.ouvre, pi. i.xxsix G. 5; de Ridder,
Vases de la Bibl. nationale, p. 195, n, S96) représentent plutôt des éphèbcs
qui s'exercent comme ceux de la fig 480. — 10 C'est ce qui semble résulter de
l'inscr. C. i. a. I, 79, ou on ordonnerait de i>ayer cette somme tojî ■r'.;«;T«; t6Î;
Ti 49-:[(-«j; xai l'.ù; ;t>ixe-j;]. Tandis qnc, en général, il semble que l'Iioplite rece-
Tait quatre oboïcs el le cavalier six ; dans le traité d'Athènes avec Argos, Elis et
en quatre toxarchies" : c'est au nombre de 400 qu'on
les envoie à Mélhone, en 420, soit quatre archers pour
dix hoplites sur chacun des 100 navires de l'expédition '-.
En 427, Démosthène perd un grand nombre d'archers
en Étoile ; les 60 qui lui restent contribuent, l'année
suivante, à la victoire d'Olpai ' '. En 423, le même géné-
ral en commande 400 devant Pylos, et Cléon lui amène
un renfort d'autant d'archers mercenaires ". En 423,
Nicias, avec 600 archers, tente l'assaut de Mende'^;
en 420, Alcibiade pousse une pointe, d'.\rgos à Patras,à
la tète d'une poignée de toxotes"^. Dans l'expédition de
Mélos, on retrouve la proportion de quatre archers pour
dix hoplites, 300 sur 1200''; ils sont 300 pour 3 000,
plus 80 Crélois, sur l'escadre de Sicile; avec la flotte de
renfort, Démosthène semble en avoir amené autant'*.
De ces 2000 à 2300 archers, au total, mobilisés par
Athènes pendant la guerre du Péloponnèse, bien peu
durent rentrer dans leur patrie. La dernière mention
des archers scythes est de 411 '■'; c'est vers cette époque
que les hippotoxotes sont cités également pour la der-
nière fois par Xénophon, et des paniers à flèches, (jiûsaxoi
ro;£uu.iTtov, recensés dans la Chalcothèque en 362 -", ne
suffisent pas à attester la persistance des toxotes ni des
hippotoxotes dans r.\thènes du iv'= siècle.
Dans la grande transformation de l'art militaire
qu'Athènes subit alors comme la Grèce entière, si le
recrutement national continue à fournir des hoplites, de
moins en moins nombreux et de moins en moins solides,
on s'adresse surtout aux troupes plus légères et mieux
entraînées qui ont fait de la guerre leur profession : divi-
sés selon leurs armes, les mercenaires comprennent des
toxotes au même titre que desakontistesou despellastes
[mercexariij. La première armée de mercenaires, celle
des Dix Mille, contient au moins 200 archers crétois'^'.
Ce sont leurs dernières bandes qui se distinguent sous
Iphicrate, pendant la guerre de Corinthc (394-3)--.
Contre elles, Sparte se décide, à son tour, à faire
appel à 300 archers crétois-'. C'est, en efTet, de Sicile-',
d'Étolie'-% de Rhodes''', mais surtout de Crète, que
viennent les archers qu'on a vus, dès 425, pris à la solde
d'.\thènes -". Équipés crelico armatu -', ils portent le car-
Mantiuée, une payé de 1 drachme d'Égine est spécifiée pour le cavalier, 3 ob.
d'Egiuc pour le toxole, le psilos et l'hoplite (Thuc. V, 47). Sur celte question de la
solde, cf. Boeckh, |3, i63, 3i6, 330; A. Martin, Les cavaliers athéniens, p. 351.
— il Dans r. i. a. I, 79. il est question de ri;aç)roi : dans Dittenbergcr, Sylt. S
d'un toiarque. — 12 Thuc. Il, 23. — 13 Thuc. III, 98, 107. — u Thuc. IV,
28, 31. —15 Thuc. IV, 129.— liThuc. X, 52. — 1^ Thuc. V, 84. Chacune des trente
trirèmes en porte dix. Cf. C. i. a. I, .54 : xsT'ij^'jXà; To;[o-:ai Six«. — i^ Thuc. VI,
22, 43; vil, 42, 60. Cf. C. i. a. I, 55 : ,a-.à zjXài] To-iT.; Tfj-.à.ovt.. — 19 Ouand
l'oligarque .Aristarchos, emmenant d'.Mliènes les archers ^ -.^SaQu-âtoi, s'empare
d'Œuoé (Thuc. VIII, 98). — 20f. ,-. a. 1|1, 61. Dans un comple de la marine il est
question d'ôxxo; T'.;fj.aâTwv que Boeckh {Heeurkunden. p. 570) prend pour des
nerfs à arc. C'est Xénophon, Hem. III, 1, ijui mentionne pour la dernière fois les
hippotoxotes. AVernicke, qui les identifie à tort aux Scylhes, suppose qu'ils ont été
transformés en prodromoi. Ces èclaireurs seraient une partie des peripotui (non
pas éphèbes dans la seconde année de leur ser» ice mais mercen .ires cantonnés dans
les places) qui assurent au iv s. la sécurilé de l'AUique {Hernies, XXVI. 51 ; cf.
Brueckner, Arch. Jahrbuch, 1890, 209). — 21 Xen. .4na6. I, 2, 9 : 111,7, 15; IV,
2, 38; 8, 18. —22 Xen. Hell. IV, 2, 14; Plut. A/iopht. 187 B — 23 Xen. Hett. IV,
2, 10. F'cul-élre doit-on considérer comme des Crélois les archers qu'.\gésilas a eu
Asie (III, 4, 16), où on le voit demander aux ailles ioniennes de lui fournir un lochos
d'hoplites, loxotes el pellasles (IV, 2, .">). On retrouve des archers Cretois dans l'iinnéo
de Cléomène, Plut. Cleom. 21, 3. Cf. p. 1"02, n. 18. — 2VCf. p. 1002, n. 17. —2- Cf.
Thuc. III. 94-8. C'est sans doute à ce titre iju'ils paraissent comme mercenaires dans
l'expédition de Sicile (VII, 57,8) ; ils sont surtout réputés comme akonlisfcs. — 2Cl.es
lihmliens sont surtout frondeurs (Thuc. VII, 43; Xen. .4na/,. IV. S, 15). — '27 Voir
encore Thuc. II. 9, 3 et Vil, 57, 8. — 28 Liv. .\I.II,55. En dehors d'une stèle, malheu-
reusement peu instructive, d'un jeune archer de Kydonia {Jahreshefte, VI, 9), les ar-
chers Cretois nous sont surtout connus par les monnaies. On peut l'cmarqucr que, sur
les monnaies Cretoises, l'arc simple est donué à Apollon, l'arc coniposile à llêraklès.
SAG
— lOÛo
SAG
quois sur le dos, un bouclier léger au bras gauche, et ti-
rent de la droite leur arc simple en bois souple, de moin-
dre portée que l'arc recourbé des Perses', mais qui leur
vaut encore une réputation telle qu'on prétend qu'Apollon
lui-même leur a donné des leçons '. C'est à l'effigie de
l'archer que la plupart des villes Cretoises frappent leurs
monnaies; le tc);ov xpT,T!X!)v est presque proverbial chez
l'historien des Dix Mille', les Gnossia spicula' passe-
ront de la poésie alexandrine aux poètes latins.
Ces Cretois contribuèrent puissamment au succès des
armées macédoniennes. Sans doute, Philippe avait déjà
trouvé d'excellents archers, montagnards comme les Éto-
liens et les Cretois, chez les Agrianes du Rhodope '. Ce
sont eux qui, dans la campagne de Thrace et du Danube,
se distinguent à la suite d'Alexandre ''. Mais celui-ci, bon
archer lui-même \ ne se contente pas, pour la guerre
d'Asie, de son millier d'Agrianes; il forme un corps spé-
cial de toxotes Cretois mêlés de Macédoniens et comman-
dés par un toxarque macédonien *. A côté de ces toxotes,
divisés en deux chiliarchies, il engage au moins un
millier d'hippotoxotes thraces '. Cretois, Thraces et
Agrianes sont également utiles contre l'immense archerie
perse'". Au Granique, les Cretois et les Agrianes passent
le fleuve à la tête de l'aile droite; à Issos, ce sont eux qui
engagent et soutiennent le combat pendant que l'armée
se déploie ; à Arbèles, divisés en deux corps d'un millier
d'hommes, ils forment la pointe des ailes; c'est à leur
tête qu'Alexandre force le passage du Taurus; c'est sous
la protection de leur tir que s'opère la traversée du Tanaïs.
Cette victoire sur les Scythes assura à Alexandre les
services de la peuplade des Dahes qu'on comptait parmi
les meilleurs des hippotoxotes scythes"; un millier
d'entre eux, joints aux Agrianes et aux autres archers, en
accablant les chevaux et les éléphants indiens d'une
grêle de traits, décidèrent de la victoire de l'Hydaspe.
C'est, en effet, l'un des résultats de la conquête
d'Alexandre que de faire entrer, dans les armées de ses
successeurs, ces redoutables archers de l'Orient qui
avaient fait la force des Perses. Si, en Egypte '- et en
* XeiJ. Anab. NI, 3, 7, V, i, 2'J. On a vu qu'au v s. encore les Cretois parais-
sent sôtrc servis de poink-s en silex (p. 998, n. 10). — 2 Uiodor, V, 74. Cf. l'ind.
Pyth. V, 41; Epicliarni. Ap. schol. 11. XIX, t; Simonid. ap. Atli. XIII, p. 573 E;
Anth. pril. XIII, 7; ['lato, Leg. VIII, 834 D (ils sauraient également tirer à che-
val); Pans I, 23, 4; Vellcius, II, 34, etc. La catapulle à llèclies serait d'inven-
tion Cretoise, Flin. VIII, 36. — ■> Xen. Hell. IV, 2, 5; Poilus, I, 10, 149. — 4 Virg.
Jicl. X, 59; Ciris, 299; cf. Propert. I, 3,2; 11,12,9; Lucan. 111, 186, etc. —■■Voir
les t'*xtescliez H. Droysen (i/w/ersucA. ueb. Alex, l/eerwesen, 1885, p.20)quianion-
Iré que les Agrianes étaient bien des archers, non dcsakontistes. Cf. encore, Krause,
Hermès, 1890, p. GO ; Kroniayer, Ibid. 1900, 216. — » Arr. Exp. I, 2, 4 ; 3, 8 : 6, 1 ;
8, il. —7 Plut. Alex. 23. — » Arr. 1, 22, 9 ; III, 12, 2; V, 23, 7 ; Curt. IV, t, 38 ;
VlU, 13. — OCurt. V, 4, 14. Diodore (XVIII, 11.'.) parle des images de deux archers
agenouillés dressées de part et d'autre du calafal(|uc d'Héphaeslion. — 10 Je crois
inutile d'énumérer les textes qu'on trou\era facilement dans V Histoire d'Alexandre
de Droysen ou dans la Oesch. der Kriegskitnsf de Uelbriick, 1 (1900), p. 105.
— Il Arr. IV, 24 1 ; 17, 4 ; V, 11, 3; 12, 2. — 12 Cf. l'olyb. V, 36, 4 ; 05, 7; 82,
+ ; XXXI, 27, 3; Uiod. 111, 37. Cf. P. Jl. lleyer, Das Hecrwesen der Ptolemâer,
l-cipzig, 1900. — l;l Polyb. 11, 03-6; V, 3, 2; 7, 11 ; X, 42, 2; XXIX, 6;
Diod. XVllI, 7-12; Liv. XXXI, 35, 37, 39 ; XLIl, 35, 51 ; XLIII, 7 ; Plut. Flamin.
370 E ; Aeinil. 32, 5. — H Diod. XIV, 14, 17. —15 plut. Pyrrh. 15, 396 E. Pour
les sagittaires montés sur éléphants, cf. Liv. XXXVII, 40 ; Strab. 709; Veget. III,
24; Cassiod. Ant. 12, 14. — 10 Polyb. V, 79, 6 ; Liv. XXXVII, 40 ; App. Syr. 32.
Des Agrianes figurent dans la bataille. Antiochus IV pouvait encore passer 5 OOO
Mjsicns en revue à Dapliné avec 3 COO Cilicicns dont Polybe dit i'.i rtv tu.» tjÇ'i"»»
TfoBov »«Oai,ti.ii|ii>cii (XXXI, 2, 3); peut-être faul-il admettre qu'ils étaient dus
archers puisque Titc-Li\e dit des 1 500 Cariens et Ciliciens de Magnésie qu'ils
étaient placés avec 1 000 Néocréto's codcm armacix (XXXVII, 40, 8). .«ous Démé-
trius iNikalor, on parle encore d'Êlyméeus (Justin. XXXVI, 1, 4) et l'on sait i|ue,
sous son nom. les Crélois de Lasihénés régnèrent à Antioche. Les monnaies des
Séleucides portent souvent lare et le cari|Uois (Babelon. Itois de Si/rie, p. 210) ;
c'est probablement pour favoriser la fusion avec les archers diiins Mardouk et
Mithra ipills ont choisi Apollon comme prolecicurde leur Empire. — 11 l'olyb. V,
Macédoine '\ Agrianes et Cretois sont encore seuls à
représenter cette arme, dès 310 les gouverneurs des
hautes satrapies lèvent 10000 archers perses '^ Pyrrhus,
qui, à Asculum, disperse 2 000 archers entre ses élé-
phants'", dispose trois ou quatre tireurs d'arc sur le
dos de ces animaux à la manière indienne, comme
Antiochus III le fera encore à Magnésie ; dans cette
journée décisive pour sa puissance, le roi Séleucide peut
grouper, autour de sa phalange, des sagittaires arabes
montés sur leurs dromadaires, 1200 hippotoxotes dahes,
2 500 archers mysiens et 2000 archers élyméens à côté
d'environ 3000 Cretois". Contre ces auxiliaires, les rois
de Pergame ont recours à des Mysiens'' comme à des
Cretois". Ce sont leurs archers crétois qui contribuent à
la victoire des Romains à Magnésie et au mont Olympe '\
Bientôt, les Romains, qui connaissent leur valeur depuis
les guerres puniques '", s'adressent directement à la Crète ;
contre Persée, le Sénat somme la confédération Cretoise,
d'abord, de mettre à sa disposition autant d'archers
qu'en a enrôlés le roi de Macédoine, puis, de rappeler
tous ceux qui étaient à son service-'.
C'est seulement à cette époque hellénistique qu'on
commence enfin à faire à l'arc une place dans l'éducation
militaire de la jeunesse grecque. Alors que Lysias tient
encore l'archer en mépris ", Platon, plus clairvoyant, cite
aux Athéniens les Crélois et les Scythes comme modèles
à cet égard et les exhorte à faire apprendre le tir à leurs
enfants dès l'âge de six ans -'. Bien que l'arc fût enseigné
depuis longtemps dans les palestres, ce n'est qu'en 282
qu'un maitre d'arc figure parmi les maîtres éphébiques
d'Athènes -'* et ce n'est qu'à la fin du m'' ou au ii° siècle que
l'on trouve des toxotes ou des p/tarétrites mentionnés
dans les tironum catulogi béotiens'-» et des concours de
toxikè institués à Téos", Samos-\ Koressos de Kéos",
Sestos -^ Larissa'", Olbia^'. L'usage de l'arc se déve-
loppa si bien, même dans le Péloponnèse, que Pompée
aura, à Pharsale, des archers laconiens ; et la Crète, sinon
la Grèce propre, restera une des pépinières où se recru-
tera l'archerie des armées impériales '^. A.-J. Rein.acii.
77, 7 ; cf. mon mémoire sur les Mercenaires de Pergame, Jieviie arckèol. 1908,
II. — 18 Liv. XXXVII, 39; XXXVllI, 21. — 19 Liv. XXXVU, 39; cf. App.
Mlthr. 32; Uio Cass. XXXVI, 49, 2. — 20 Liv. XXIV, 30, 13; Polyb. 111,
i5, 7. — 21 Liv. XLIII, 7. — 22 Lys. XV, 6. L'arc faisait partie de rarraeraent du
matamore de la Comédie nouvclie (Athen. X, 422). — 23 Plato. Aie. Il, 143 C ; Pol.
IV, 439 B; Leij. 623 D; 794 C ; 813 D ; 814 A. Dans la constitution idéale de l'Atlan-
tide, chacun des 60 000 lots entre lesquels les terres élaieut réparties, devait fournir
huit soldats dont deux archers I^Crit. 119 A). D'ailleurs, le vase des éphcbes tirant
sur une cible en forme de coti (fig. 480; ajoutez Ilartwig, Meisterschuleji, p. 121)
prouve que le tir était praliiiué par les éphèbes athéniens dès le v^ s. et Aristote
(Put. Alh. 42, 23) dit qu'on leur apprend To;iitt« xa\ Ixo.xiït.v. — 21 C'est un Cré-
tois nommé Sondros [C. i. a. Il, 316). Dans la période 112-100, on conn.iit une
série de toxotes athéniens (,/ùid. 403, 407, 469, 470, 471). De la même époque on
possède un fragment en l'honneur d'un stratège d'Élcusis qui s'est occii|)é to;e'"ç
{Ibid. IV, 2, 614 d). c'est un éphèbe vainqueur au concours de l'arc que représente
la lig. 478 (du début du V s). — 2ô Toxotes à Orchomène (/. G. Sept. 3190) ; jilia-
rélrites à Akraiphiai {Ibid. 2714) et Tanagra {Alh. ilittheil. 1906, 435). Dés le
siège de Platées, ou voit les fugitifs écarter les Lacédénioniens à coup de llèches
(Thuc. 111, 23). PourThèbeson peut voir un indice d'emploi de l'arc à la même
époque dans Thuc. VII, 30 et sur ses monnaies du iv= s. au type de l'archer ;
pour Corinthc en 433 ddns Thuc. I, 49. Enfin, un toxarque est mentionné à Iler-
mioue au ii" s. de notre tre (/. g. Pel. 693) et, au siège de Marseille par César, il
est (|uestion des archers des assiégés {D. C. II, 14, 3). — 26 C. i. g. 3059 = Sgll.
523, le maitre d'arc est payé 250 dr. — 27 Syll. 673. — 28 Syll. 522. Le gagnant
du concours, qui aura lieu trois fois par mois, recevra un arc et un carquois
garui d'une valeur de 13 dr. — 29 Or. gr. inscr. sel. 339. — 30 Syll, C70-I.
- 31 Latyschew, Inscr. P. Eux. n. 460; Oest. Jahrcshefte. 1091, Beibl. 57. Les
monnaies d'Olbia sont au type d'HérakIès archer. Plutarque trouvera nécessaire de re-
prendre les arguments de Platon en faveur de la toxiké {.Voral. p. 440 //). — 32 Cf.
l'IIyperanor de Lappa de la coh. I sagittnriorum, p. 1005, fig. 0037. Pour les
archers crétois de Pompée et de César, Hell. gall. 11.7, I ; 10, 1 ; IV, 10, 4 ; VII,
40, 5 ; Hell. A lex. 1,1, Dell, cil: III, 4, 3 ; 45 ; 50 ; 62 ; Appian. Dell. cif. 11, 49 ; V, 30.
SAG
1006 —
SAG
Les ARciiEns dans les armkes romaines. — Il n'est
miùre question d'archers dans les armées romaines avant
l'époque de la deuxième guerre punique; Tile-Live en
parle, pour la première fois, à propos des événements de
l'année 207'. 11 est naturel, qu'au contact des peuples
qui combattaient avec des arcs et des Hèches, les Ro-
mains aient compris les avantages de cet armement et
aient demandé à leurs auxiliaires de leur fournir des
corps de celte sorte. Végèce rappelle que Galon recom-
mandait l'usage des archers et (jue Scipion l'Africain, en
Espagne, avait mélangé aux légionnaires, dans chaque
centurie, un certain nombre de sagitiurii -.
Nous retrouvons ensuite des archers crélois employés
contre Persée', puis dans les guerres d'Asie'; il y en
a dans l'armée que Cicéron commande en Cilicie ° ;
César, dans la guerre des Gaules, employa des archers
Cretois S dans celle d'Afrique, des archers Ituréens et
Syriens'; au début de l'Empire, Germanicus avait em-
mené avec lui, contre les Germains, des archers montés*.
Les documents épigraphiques montrent que l'institu-
tion s'était régularisée à l'époque impériale ; les troupes
irrégulières d'archers étaient devenues des ailes et des
cohortes inscrites en permanence sur les contrôles de
l'armée romaine. Il est facile de dresser la liste de celles
qui nous sont connues :
Ailes : Ala I Thracum veteranorum sagitlario-
rum civiian romanorum (mentionnée au iv siècle en
Pannonie) '.
Ala III Aufj. Tliracum sagittariorum (en Pannonie
supérieure) '".
CouoRTES : Cohors I Apamcnoritm sagittariorum
equitata (en Egypte)".
Cohors I Flavia Chalcidenorum equitata sagittario-
rum (en Syrie)'-.
Cohors III Cgrenaica sagittariorum '\
Cohors I Fkiria Da-
mascenorum miliaria
equitata sagittario-
rum (en Germanie) ".
Cohors I Ilamiorum
sagittariorum (en Bre-
tagne) '».
Cohors I jniliaria
Hemesenorum sagitta-
riorum equitata '° ci-
vium romanorum (en
Pannonie Inférieure).
Cohors I Augusta
Ituraeorum sagittario-
rum (en Pannonie)''.
Cohors I turaeoru7n
sagittariorum equitata (en Cappadoce) '*.
Cohors I milaria nova Surorum sagittariorum (en
Pannonie) ".
Cohors I Thraium sagittariorum (en Dacie)-".
1 Liv. XXVII, 3S. — 2 Vfgol. 1, i;i. Cf. aussi, à propos des archers employés
daus les guerres d'Espagiie : Liv. XLII, 35 (archers Cretois). — 3 Liv. XLIII, 7.
— t Jd. XXXVU, 39 ; flularch. Luc. 27. — ^ Ail fwn. XV, 4, 10. — c BeU ijjll.
Il, 7, l ; 10, i : 19, 4. — '' BuU. afr. 20. — 8 Tac Ann. Il, 10. — 9 Keil, De Thra-
cum auxiliis, p. 19. — 10 Ibid. p. 30. — H Connue par les papyrus. Cf. Pauly-
Wissowa, Ileal. encycl. IV, col. 2H. — 12 C. i. l. III, C65S. — «3 ^nn. epijr. «90,
10. _ 14 Brambacli, 1412 ; cf. l'auly-Wissowa, col. 279. — 'â C. i. l. III ( Dipl.
XLIIIi;VII, 748, 758, 773, clc. — <« 76.^. III, 3331, 10303; cf. Tauly-Wis-
towa, col. 295. — 17 C. i. l. III (Uipl. XXXVII); cf. Pauly-Wissowa, coi. 305.
— 18 Arrian. 'E.tï;,;, 18 ; et. C. i. t. XI, 2113. — 19 C. i. l. ill, 3(;3S, 3039, 3040,
Cohors I Tgriorium sagittariorum fen .Mésie Infé-
rieure) -'.
Cohors I sagittariorum (en GermanieV".
Cohors I sagittariorum miliaria (en Dacie)-^.
Cohors I Aelia sagittariorum milaria equitata (en
Pannonie) '-'.
Cohors I L'ipia sa-
gittariorum equi-
tata (en Egypte) ^'\
Cohors III sagit-
tariorum-^.
Ainsi qu'on le voit,
ces troupes avaient
été recrutées origi-
nairement dans les
pays où l'usage de
l'arc était le plus ré-
pandu : la Thrace
(trois corpsj et sur-
tout la Syrie (huit
corps ). Un grand
nombre d'entre elles étaient des cohortes mixtes de fan-
tassins et de cavaliers.
A ces ailes et à ces cohortes, il faut ajouter des troupes
à pied et à cheval, de formation irrégulière, des nu-
meri, recrutés aussi dans les mêmes régions ; numerus
Palmgrenorum sagitta-
riorum, en Egypte -^ ;
numerus Palmyrenorutn
sagittariorum, en Xu-
midie-*; îiumerus Sui'o-
rum sagittarioru?n, en
Dacie", etc.
Le nombre des corps
d'archers augmenta forte-
ment, semble-t-il. à l'épo-
que post-dioclétienne. On
trouvera dans la A'otice
des dignités la liste des
7iumeri de fantassins ou
de cavaliers armés de l'arc
qui existaient alors.. \cùti
d'une seule cohorte, la
cohors prima sagittario-
rum campée à Narthu (?),
en Egypte '", peut-être
l'ancienne cohortel Ulpia
sagittariorum •^', elle ne
mentionne pas moins de
soixante troupes de sa-
gittarii à cheval'^ et de
treize troupes à pied ", répandues dans toutes les par-
ties de l'Empire, surtout dans les provinces orientales.
.\ l'époque byzantine, les troupes impériales conte-
naient encore un grand nombre d'archers ^'. On reconnaît
10381, 10387. - 20 ibul. (Dipl. LXVI el LXVi;). - 21 Ibid. XXX : cf. c. i. l. III.
8716; XI, 1934; cl f'auly-\Visso«a,col. 313. — 22C. i. /. XIII. 7313, 7314 ; cf. Pauly-
Wissowa, col. 329. — 23 C. i. /. III, 0279, SOIS. — 2' Ibid. 5643, 5647 ; cf. l'auly-
Wissowa, col. 329. — 23 Ibid. 600. — 21i Ibid. III, 335 ; XIV, 3955. — 2Î Insc. i/r.
rom. I, 1109. — 2S Aun. épigr. 1900, 197. — 29 C. i. I. III, 7493, 8033, 12001 o
et 6, 12603; cf. Ann. épiijr. 1890, 27 (vexillarii saijiltarii exercitus Daciei).
— 30 .Vo(. diijn. Or. XXVIII, 40. — 31 Ibid. COS. — 32 .\ot. dign. éd. Sccct,
Indices, p. 319; cf. Animian. XV, 4. 10; XVIII, 9, 4. — 3J Xot. diijn. Indices,
p. 325; cf. C. i. I. 111, 8762. — 31 l'rocop. DcU. Pers. I, 1, 8. Cf. sur les arcliers
chez les Byzantins, Cliapol, La frontière de VËuplirate, p. 141.
i\mi. IIEI leLAFPA-MILCHO
ri/XANN-LX-5TIPXV1il
H s £
, — Ai'clior crt-lois dune colioile
de GerniaDÎc.
SAG
1007 —
SAG
avec plus ou moins de probabilité à leur costume des ar-
chers et Dacie ou de la Tlirace (lig. 6035) ', de la Syrie ou
d'autres provinces d'Asie (fig. 603H)'- sur les bas-reliefs
des colonnes du Trajan et de Marc-Aurèle et sur d'autres
monuments: une tombe de Zahlbach^ aujourd'hui au
Musée de Mayence, et deux autres de Bingerbrïick, con-
servés au Musée de Kreuznach ' (fig. 6037). R. Gagnât.
SAGMA i'm-fii.x), bât pour les bêtes de somme. — On
doit admettre que. comme aujourd'hui, le bât se compo-
sait essentiellement d'une armature en bois, sur laquelle
on pouvait suspendre ou poser les fardeaux. Cependant,
cette armature était rembourrée par un tissu en poils de
chèvre ou de chameau ^saccls], destiné à préserver l'ani-
mal des écorchures' ; il formait même une partie très
notable du bat; car, dansl'Édit de Dioclétien, les saginae
sont rangées au nombre des articles confectionnés avec
des tissus de poils, et ces étoffes entrent certainement
pour beaucoup dans le prix total de la marchandise.
Le tarif maximum en est établi comme suit : bât de
mulet, burdo \\o\t jiulis", 330 deniers (12 fr. 773); bat
d'àne, 250 deniers (9 fr. 123) ; bat de chameau, 350 de-
niers (12 fr. 775). Le bat de chameau se vend le même
prix que le bât de mulet; si on l'en distingue, c'est évi-
demment qu'il était d'un autre modèle, en rapport avec
la conformation de l'animal ]c.\melis, fig. 1050]-. On
remarquera aussi qu'il n'est pas question d'un bat de
cheval, parce que le cheval servait plus rarement de bête
de somme. En Grèce et dans les pays d'Occident, l'âne
et le mulet, chargés de leur bât, étaient les compa-
gnons ordinaires du voyageur; ils faisaient partie des
longs convois que les riches traînaient avec eux dans
leurs déplace-
ments. Ilélio-
gabale légiféra
pour détermi-
ner quelles se-
raient les fem-
mes qui au-
raient le droit
de monter un
cheval bâté,
equHs sagina-
riits '■' ; car la
selle de femme
dans l'anti-
quité étaitplu-
tùt un bât très
lourd, sur le-
quel l'amazone était complètement assise [ eol'it.\-
Tio, lig. 2716, SELLA EOUESTRis^ '. Mais c'était surtout
I Bi-lloii, Cot. M. Aur. Anl. pi. u, .\.xi. xxxvii, us, Lixvni, xcix ; Fiochncr,
Col. Traj. pi. «iri, lïi. —2 Froelmer, O. c. pi, i.xvii. — 3 C. i. l. XIII, T04I.
— ' Ibid. 7513, 7314. La figure d'après une pliolographic ; cf. Lindcnschmil, Tra-
ehtsnud Seteaffinmg d. rùm. //e^ius, 188», pi. v, 1. J. Beckcr, GraOschrifUines
Schrift; cims Vanzerscite officiers^ Francf., 1808, pi. u, 3.
$.\GMA. 1 Vcgct, A. vêler. 111, 59. — 2 Edict. Diocl. 11, i, C, BlGniucr.
— 3 Lanipr. Heliog. 4 ; cf. Vopisc. Aiirel. 7 et Sauniaise, Ad h. /. — l Uiparamma
mularis [Edicl. Diocl. 10. 3) semble avoir élé une selle de cavalier, plulôt qu'un
bat pour les paquets. Blûmncr, Ad h. l. — ^ Plut. .Irai. i5 ; Pomp. 41 ; Vopisc.
Aurel. 7; Veg. .Vil. H, 10 ; III, 6; Léo, Tact. IV, 36; V, 7. V. encore Vcg. Vel.
III. 3'J ; Isid. X.X, 10, 3; Suid. s. r. ; l'oll. X, 101. — 6 Fri'.liner, Col. Traj. pi.
41 ; cf. pi. 73 = Cicliorius, Iteliefs d. Trajanssaûk pi. xiv, n' xv ; cf. pi. ixxvr,
n» xLii-i.. — 1 PiUtire iCErcolano, I, 48 ; p. i53, II, pi. 13 = Helbig, Wandgem
Campan. n. 370, 507, 790, 1482, 1483, 1308; voir aussi l'art, canpona, fig. 1258 ;
Giuzrot, 11, pl. Lxxxvi, 3 ; et pi. i.xxxv. — 8 Prince de Biscari, Itayionam. sopra
gli anlichi ornam. trastiilli. Firenie. 17S1, pl. .x, un l.àl semblable dans Fudol,
Fig. 0038. — Bât double
iL^
dans les armées que le bât jouait un rôle important;
il permettait au train des équipages de transporter les
munitions et les approvisionnements là où, à défaut
de routes, les chariots ne pouvaient pas passera La
figure 6038 représente,
d'après un bas-relief de
la colonne Trajane, un
cheval ou un mulet de
l'armée romaine em-
ployé à ce service °. Le
bât est muni de pièces
de bois saillantes for-
mant support \ ou il
peut même consister en-
tièrement, comme on le
voit (fig. 6039), en un
bâti de bois sur lequel
les fardeaux sont char-
gés; la figure reproduit un vase en terre cuite, représen-
tant un cheval qui porte des amphores *. GErniGEs Lakaye.
SAGMARIUS. — 1° Bête de somme chargée d'un bât
[sAGMAj*. — 2° Fabricant et marchand de bâts, sellier,
bourreMer (GxyiLx-'j-o'.iç) - . G. L.
SAGMI\A. — Ce mot, dans les livres rituels des
Fétiaux I FETiALis, p. 1093 et 1097 , désignait une herbe
sacrée, d'ordinaire la verveine', ([u'ils emportaient
comme symbole de leur mission et garantie de leur
inviolabilité, lorsqu'ils allaient ou déclarer la guerre,
ou faire la paix, ou conclure un accord en pays
étranger Elle leur était remise, à l'origine, par le roi;
plus tard, par l'un des consuls ou préteurs; la cérémonie
est décrite par Tite-Live qui en a dû emprunter les
détails à l'annaliste Cincius, à l'occasion du traité qui
devait mettre fin aux rivalités de Rome et d'.\lbe par le
combat singulier entre les Horaces et les Curiaces -. L'un
des Fétiaux prend les ordres du roi Tullus à qui il
demande les sagmina ; et il les cueille sur le sol sacré
de la citadelle'. La dernière mention de cette pratique
est de l'an 201 av. J.-C. pour la conclusion de la paix
entre Rome et Carthage, à la fin de la seconde guerre
punique. Le cérémonial est le même, mais avec l'herbe
sacrée les Fétiaux reçoivent encore des cailloux. La
verveine est, d'ailleurs, arrachée avec ses racines, en
toufTe, de manière à conserver la terre où elle a poussé.
Ces pierres et cette terre sont l'emblème du sol de la
patrie que les magistrats emportent ainsi avec eux pour
ne pas la quitter; et l'ensemble de ce bagage symbolique
est désigné par Tite-Live sous le nom de vasa, évi-
demment archaïque avec ce sens. Celui des Fétiaux qui
portait les mgmina é\.?i\\. appelé verbeiuiriu.<! ou verôe-
Figur. d'argile, pl. Lxii ; cf. iDgliitimi, Pitliire rfi fasi, pl. cccli. — ëlumui.h.W'Hii:.
ScliclTer, De re rehieulari letertim. 11, 6; Ginzrot, Fuhrwerke d. Griech. u. liômer,
II, p. 488.
SAGMAniUS. 1 Lampr. ffeliog. 4: Vopisc. Aurel. 7; Saumaise, Ad h. l.
— - Gloss. gr. lat. 8. r.
SAGMIiVA. t Plin. Bist. nat. XXV, 105 et XXII, 3 ; clic est appelée encore f.'ii-
robotané. — 2 T. Liv. I, i4, 5 ; cf. 32, 0 cl 38, î. Le roi recommande que la loulTe
d'herbe (graminis herbam) soit cueillie puram. C'est à tort qu'où a voulu corriger
pitram en privam\ cf. les éditions de L'ssiug, de Madvig, etc. et Weidner, Progr.
de Mersebourg, 1608, p. 73. V. Festus, p. 321 : Sagmina vocanlur verbenae, id
esl herbae purae, quia ex loco sanclo carpebantur fpour arccbanliir; corr. de
Mercklin, /nd. Lect. Dorpat. lSi:0, p. 13; d'autres arcesaeOnntur). — 3 T. Liv. 1,
2, 4 sq. ; et les notes de Weissenboru ; cf. XXX, 43, 9, où le Sénat rend uu décret :
ttt privos lapides silices privasque i-erbenas secitm ferrent. L'adjectif privus
exprime précisément cette notion d'exterritorialité. V. une autre iuterprétation chez
Wissowa, Iteligion und Knltiis der Hoemer, p. 420 sf].
SAG
— 1008 —
SAG
nntux '. Oiianl aux licrhcs, elles sont assimilées, par le
Diijcsle, aux xT;:ùx£tï des ambassadeurs grecs, cl par ^ ar-
ron au caducée, emblème de paix -. Le texte le plus ancien
qui en fasse mention, dans la littérature pure, est un vers
de ^aevius parlant du droit sacré dont Jupiter a la garde
et que confirme le serment sous la garantie du sagmen.
Kn dehors des historiens, des juristes et des antiquaires,
on ne peut citer d'autre allusion aux sagmina que dans
le passage de l'Enéide où Virgile décrit les préparatifs
de l'accord entre Rutules etTroyens: il y a là des person-
nages analogues aux Féliaux', couronnés de bandelettes
et de verveine'. La pratique des sagmina suit la destinée
de l'institution des Fétiaux ; elle est tombée en désué-
tude bien avant la fin de la République ^ J.-A. IIild.
SAGL'M C^y-yoi;). — Le sagum était un vêtement gau-
lois, de nom et d'origine'. On fabriquait des sagum à
Arras% à Tournai ^ à Langres', chez les Bituriges \
C'était le vêtement des Germains* et des Ligures '. De
la Gaule, ce vêtement s'était répandu dans les autres par-
ties de l'Empire, en Espagne ', en Afrique ', en Egypte '".
Les inscriptions nous révèlent l'existence, dans des
régions diverses, de sagarii ou de negotiatores sagarii :
en Gaule, à Vienne", à A'arbonne'-, à Lyon où ils
formaient une corporation'^; en Italie, à Milan'*, à
Rome'% à Terracine", à Pouzzoles'', à Pompéi'*, etc.
Le sagum était une pièce d'étoffe carrée". C'est ce
qu'attestent les textes cités, et ce que confirment cer-
tains usages exceptionnels que l'on fit du sagum : on
s'en servit, en effet, pour ber-
ner '-", pour remplacer des voi-
les de vaisseaux en en cousant
plusieurs ensemble ^' ; pour
enlever les terres, à défaut de
panier--. 11 se jetait sur les
épaules et s'attachait par une
fibule -^ C'est ainsi qu'il est
porté par le Dispater ou dieu
au marteau des Gaulois -*.
Une statuette , de Resan-
çon-% en offre un bel exemple
(fig. 6040). Les pauvres, dans
les campagnes, remplaçaient la
fibule par une épine ou un
nœud-''. Les riches avaient quelquefois des fibules en
or -■; il en existait, en effet, de bien ornées, de pour-
pre ou de couleurs variées '-*, même chez les peu-
ples barbares ^'.
1 Dig. I. 8, 8, I : Varr. ap. .Non., p. 3iS, 18; Plin. H. nat. XXll, 8, 3. Br6al et
Bailly (Dict. étymol. p. 369, stipula) croient pouvoir établir un rapport outre la pra-
tique romaine des sagmina et l'usage de rompre une paille en sijiDe de promesse
<|ui eiistail déjà chei les anciens. V. Isid. Orig. V, Ji. — 2 Cité par Fest. p. 3il :
jus sacratum Jovis jttrandum sagmine. Les anciens expli<|uaient sagmen par
sancimen, de «ancio et le rallacliaienl au môme radical i|uc .^ocer. V. Isid. Orig.
XVII, 9, 53; Scrv. Aen. XII, liO. Cf. Bréal cl Bailly, Op. cit. p. 316. — 3 Virg. Aen.
XII, liO; avec le commentaire de Scrvius ijui rappelle les Féliaui, la ver»cine et les
sagmina. Cf. Wissowa, Jletigion und Kultus der Roemer, p. lOi. — » Fetui.is,
Loc. cit. p. 1101.
SACIM. I Varr. ling. lat. V, 1C7 ; Polvb. II, 28, 7; III, 62, 5; Strab. IV, i, 3 ;
Diodor. V, 30, 1 : Edict. Dioclet. XIX, 60, dans Corp. inscr. lat. t. III, suppl.
p. I0«; Waddington, Edit de DiocUt. I8C1, p. 31, n. iC; Bliinmer, .Vaximatarif,
p. 136: Isidor. Orig. XIX, 24, 13. — 2 Ed. Diocl. XVI, 23; Trcb. l'ollio, Gallieni
duo, VI, 0 ; cf. Vopisc. tarin. XIX ; Suidas, s. i: 'ATçaSaTuiç. — 3 I.a fabrique est
mentionnée dans la .Xolitia dignit. Occid. X, 12 ; cf. Mommsen, Edicl. Dioclet.
p. nT-88. — l Martial, I, 54, 5; XIV, 159, 2. — i Edict. Viocl. XIX, 60. — 6Tacit.
Oerm. \'[; XVIII; l'omp. ilel. 111. 3, 2. — " Strab. IV, 6, 2. — » Liv. XXVIl, 19;
XXIX, 3 ; cf. X, 30 ; Strab. III, 3, 7 ; Appian. Hispan. 42 ; Diodor. V, 33.-9 pijn.
VIII, 21, i;Ed. Diocl. XIX, 61 : Héron de Villefossc, le tarif de Zraia, 13 (dans
Compt. r. delà Soe.de numismatique et d'archéologie. I. VI, 1875) ; Corp. inscr.
Un sagum grossier était le costume habituel du peu-
ple ". Il était généralement d'une étoffe de laine rude",
à longs poils '-, quelquefois rayée ". Columelle recom-
mande aux agriculteurs de défendre leurs employés
contre le froid et la pluie, en leur faisant porter un
sagum à capuchon [saga cucu(lata)^^ [cicillis].
On portail le sagum noir en signe de deuil '". Il y
avait des saga épais et lourds pour l'hiver, plus légers
pour l'été '^
Chez les Romains, ]e sagum (al l'habit militaire par
excellence, de telle sorte que les expressions : saga
sumere ", ire ad
saga ^', ad saga ^1
converti ", sont
synonymes de par-
tir en guerre; esse
in sagis^", être en
étal de guerre ;
saga ponere ou
deponere, ou 7'eji-
re;'e",fairelapaix.
Dans des textes
nombreux, les
mots sagum et
loga sont opposés
comme symboles,
le premier de la
guerre, le second de la paix '-. Le sagum était un
habit militaire très pratique, laissant à celui qui s'en
couvrait toute la li-
berté de ses mou-
vements. On voit
dans la figure 6041
un frondeur vêtu
du sagum, prêt à
lancer une pierre
de son bras droit dé-
gagé, l'autre tient le
bouclier. Dans la fi-
gure 604-2, un soldat
romain, les bras
étendus, pousse de-
vant lui un prison-
nier barbare : le premier porto le sagum attaché comme
une chlamyde; le second un manteau analogue, qui peut
être ce qu'on appelait sagoc/ilamys. Il n'a pas été pos-
sible jusqu'à présent de déterminer avec précision ce
lut. VIII, 450S. — 10 Peripl. mar. Enjlhr. VIII. — » C. i. l. XII, 1928, 1930.
— 12 Ibid. 4509. — 13 Jbid. 1898. — 14 C. l. (. V, 5923, 5928, 3929 ; et prés de Vcr-
cellae, 6773. — «5 /bid. VI, 1282; 1868, près du lliéàlre de Marccllus, 9864; 9872,
derrière le temple de Castor. — 16 Jbid. IX, 8263. - '7 Jbid. 1872. — 18 Jbid. IV,
733. _ 19 Afranius ap. Cliaris, Insl. gram. I, 13, p. 103, 17, éd. Keil ; Isid. L. t.
— 20 Martial. I, 34, S; Suet. Otho, II. — 2' Tacit. Uist. V, 23. — 22 Caes. Bell.
çall. V, 4. — 23 Varr. ap. iNon. XIV, 10. — 2V S. Reinach, Bronzes figurés de la
Gau'e rom. p. 137 sq. — 25 Montfaucon, Antiq. expliquée, III, 2, pi. cscu; Appian.
Bispan. 42; Diodor. V, 30, 1; Trgi. tyrnnni, Vlll. —26 Tacit. Germ. XVII; cf.
Virgil. .ien. III. 39i; Ovid. Melam. XIV, 166. - 27 Lit. XXX. 17; XXXVII, 19.
— i C. 1. ;. Vlll 4, 508; Héron de Villefossc, L. /.; Liv. L. l. — 29 folyb. III, 02, 5;
Diodor. V, 30, 1 ; Tacit. Bisl. II, 20 ; V, 23. — 30 Cat. Jl. rust. 39 ; Digest. XXXIV.
2, 23, §2.-31 liachana. Ed. Diocl. VU, 60. — 32 Strab. IV, 4, 3. — 33 Diodor.
V, 30, 1 ; Virgil. Aen. Vlll. 660. — 31 Colum, I, 8, 9; II, 1, 21. — 33 Plularck.
Moral, p. 201 c ; llorat. Epod. IX, 28, cl Porphyr. Ad toc. — 36 Diodor. V, 30, I ;
cf. Trig. tyr. XU. — 37 Varr. Ling. I. VII, 37, et ap. Non. p. 538, 20 ; Liv. Epitom.
LXXll, CXVIII; Cicer. Pldlipp. V, 12, Vlll, 2. — 3S Cic. Ibid. XIV, 1 ; Vell. Pa-
tcrc. Il, 10. — 39 Isidor. Orig. XIX, 24, 13. — 4» Cic. Philipp. VIII, 11. — »l Liv.
Epitom. LXXIIl; Cic. Jn. Pison. XXlll : Lamprid. Sever. Alex. LIV. — *2Cic.
Philipp. Vlll, 11 ; Jn Pis. XXIII, 55; Tacit. JJist. Il, 20; Non. Marc. XIV, 10;
.Non. Marc. XIV, 20; Isid. Orig. XXIV, 13.
de soldat romain.
SÂL
— 1009
SAL
qui distinguait pour les anciens des vêtements à peu près
semblables, tels que I'abolla, la lacerna, la chlamyde
[cHLAMYs], qui s'attachaient sur l'épaule ou devant le cou;
il en est de même de [a.saffOc/ilaini/s. Comme on ne con-
naît pas bien la différence du aagum et de la chhnntjs, on
ne saurait non plus dire ce que tenait de l'un et de l'autre
le vêtement qui réunissait les deux noms. Nos dessins
sont empruntés à la colonne Trajane ' ; on trouve de nom-
breux exemples du saginn , aussi bien que sur la colonne
Antonine, sur les arcs de triomphe et sur les monuments
funèbres ifig. 1493. 37-29, 44.39, 4483, 3684).
Le sagum du soldat était le sagiim gregale'-. Le sri-
gtim des officiers s'appelait aussi sagum ■\ mais plus
souvent 6Y/^(//w//( ; il ditTérait de celui du soldat par une
couleur plus éclatante*. Celui du général en chef était
rouge % et aussi celui de ses licteurs pendant la guerre''.
Il y avait, pour la troupe, des sagum d'hiver et des
sagum d'été". Le sagum du général en chef ne devait
pas différer du paludamentim.
On appelait également sagum des couvertures de
cheval*, couvertures parfois luxueuses'. On donnait
aussi ce nom au morceau d'étoffe que l'on place sous
la selle pour que le bois ne blesse pas le cheval '" [sella
EQl'ESTRIS'. H. ThÉDENAT.
SALCAXç). — Lesel.— Origine. — Pline l'Ancien distin-
gue deux sortes de sel, qu'il appelle, la première, sel natif,
xal naticus, (juigignitur; la seconde, sel factice, sal facti-
cius, qui lit ; elles se forment l'une et l'autre de différentes
manières, mais elles résultent toujours de la condensa-
tion ou de la dessiccation d'eaux chargées de sel dissous'.
Le sal natirus est un produit naturel; on le trouve soit
en grains, dans des dépôts d'origine marine, lacustre,
fluviale ou thermale, soit en blocs dans des gisements
souterrains. L'écume que les eaux de la mer laissent sur
les rivages et dans les rochers donne, en se condensant
par évaporation, un résidu salin'. L'été, sous l'action
du soleil, le lac marécageux de Tarente, qui com-
munique avec la mer, se transforme tout entier en sel.
in salem abit ; en Sicile, les exlrémitésdu lacus Cocanirus
et d'un autre lac près de Gela se dessèchent pareillement
et donnent aussi du sel; à Chypre, aux environs de
Citium, en Afrique, notamment aux environs de Mem-
phis, et dans différentes régions de l'Asie, en Phrygie,
en Cappadoce, à Aspendos, en Bactriane surtout, il y a,
loin de la mer, des lacs sur les bords desquels on
recueille du sel ' ; le même phénomène est signalé par
Hérodote à propos du lac d'.\nava en Phrygie ' et par
Vitruve à propos de lacs de la Libye, entre le temple de
Jupiter Ammon et l'Egypte ^ Plusieurs fleuves et rivières
d'Asie charrient des parcelles salines qui se condensent
1 Froehner, Col. Traj. (lô7i-7-ll, pL xci. — 2 Liv. VU, 34; Non. itiarc.
XIV, 10. — 3 Saliust. Fragm. p. 173. — t Suelon. .\ug. XXVI; Sil. liai.
IV, 517, XVII, 5i7; Valer. Mas. 111. 2, il: Trig. Tyr. XXVll. — o Hirl.
Bell. Afr. LVII; Sil. 11. IV, 517. — 0 Sil. 11. I.X, 420. — 7 Trig. Tijr. XII.
— 8 Vcget. Art. vet. III, 13, IG ; Hippiatr. p. 240. — 9 lui. Capilol.
Verus, VI. — lo Vcget. Art. vet. II, 39, 2. — Bior.iocnAracE. Le Beau, iJém. île
l'Acad. des inscr. t. XXXIX, p. 509 ; Marquardl, Vie prirée des Romains, Irad.
Victor Henry, t. Il, p. 207; voir encore Musée gallo-romain de Sens, pi. i;
Hûlincr, Relief eines rom. Kriegers, Winckclm-inus progr. Berl. ISSO, p. Il; Id.
Kriegen-relief aus Florenz, p. 30, pi. vxix, dans Archaeol. Zeitung, n. série,
t. III. 1S70 ; Uetlner. dans Dirk's Monatschrift, III, p. 4-10; cf. Id. Jjie
rocmischen Steindenkmaeler des proi'in:ial Muséums :u Trier, Trùves, IS'.iS.
S \L. 1 Plin. .Va(. Ilist. XXXI. 73-83. — 2 Ibid. 74. — 3 Jiid. 74 ; 7r. ; Isid. XVI.
2, 3. Sur le Tatta palus de Cappadoce, cf. Sirab. XII. 3, 4. — 4 Herod. VU, 30.
— 5 Vitruv. VIII, 3.-6 Plin. Loc. cit. 75; Isid. L. c. D'après Vitruve {L. c),
l'eau d'un des bras du fleuve Himère en Sicile «tait «gaiement salée. — 7 Espagne :
VIIL
à la surface: c'est le cas des flumina salis qu'on voit
près des portes Caspiennes, chez les Mardi, en Arménie;
c'est le cas aussi de l'Oxus et de lOchus, en Batriane* ;
on sait que différents fleuves antiques portaient le nom
de salsum /lumen'; à l'emboucliure du Borysthène, le
sel se déposait de lui-même en abondance, ôîXsç aÙTÔfiaxot
TT-z-yvovrai*. Parmi les sources thermales dont les eaux
fournissent du sel, Pline ne cite que les fontes Pagasaei
en Thessalie'. Les gisements salins se rencontrent soit
dans les montagnes, comme au mont Oromenus en
Inde'", soit dans certaines plaines, au-dessous des cou-
ches superficielles de terre végétale et de sable déser-
tique, comme en Sicile, en Cappadoce, en Arabie, en
Libye" ; dans celte dernière contrée, on exploitait, aux
alentours du temple de Jupiter Ammon, un sel très
recherché, le sal ammoniacus, de Jaaoç. sable '^, enfoui
dans le sol, àXeç ôpiixTot, à l'intérieur de buttes de terre,
autour desquelles se groupaient les habitations humai-
nes '^ ; les mêmes tertres salins existaient aussi, plus à
l'ouest, chez les .\ugiles, lesGaramantes, les Atarantes '*.
.\ristote parle des mines de sel d'Utique'-'; et Caton'%
Pline '^ Solin", Sidoine .\pollinaire ", des mines de sel
de l'Espagne citérieure, à côté d'Egelesle. Partout le sel
était taillé régulièrement en blocs, ù la façon des pierres
dans les carrières ; les .\rabes '" et les Libyens-' s'en ser-
vaient même en guise de matériaux de construction
pour bâtir leurs maisons.
Le sal farticius est un produit de fabrication artifi-
cielle. Dès l'époque préhistorique, au temps de la civili-
sation de Halstatt, les hommes savaient extraire le sol
des eaux qui le renferment. On a retrouvé en Lorraine,
dans les briquelages de la vallée de la Seille (près de
Vie et de Burthécourt), en Belgique près de Bruges, au
Giebichenstein en Thuringe, à Magdebourg, ailleurs
encore, les vestiges de plusieurs exploitations de sources
salées : des perches en terre cuite, supportant des tuiles
plates munies d'une rigole, étaient disposées parcouche?
au-dessus d'un foyer; l'eau des sources, versée de haut,
ruisselait d'étage en étage et s'évaporait sous l'influence
de la chaleur ; toutes les pièces de terre cuite se cou-
vraient d'un dépôt salin que l'on en détachait ensuite
sans peine--. Peut-être faut-il voir un souvenir de ces
coutumes primitives dans certains procédés grossiers
de fabrication encore en usage à l'époque classique : les
Gaulois et les Germains jetaient de l'eau salée sur des
bois enflammés-'; il en était de même en quelques par-
ties de l'Espagne"; les Chaoniens d'Épire faisaient
bouillirTeau de leurs sources salines''^", et les Ombriens
une eau dans laquelle ils avaient jeté des cendres de joncs
et de roseaux'^'''; les .\rdiaei d'illyrie se contentaient de
Hirl. Bell. aléa:. 7, S ; .Maurélaiiie cnsaiienne : PInl. V, 10; il.Ant. p. 13:
Arabie: Plin. VI, 147; Carnianie : Ibid. VI, III. — » Herod. IV, 33. Cf. Dio
Chrysost. Orat. XXXVI, p. 437 M.—» Plin. L. c. 7e. - M Ibid. 77.— njh.
l''l*è\ Isid. L. c. A propos de la Sicile, Vilruve {L. c.) emploie les expressions
salis fodinae, areae salinariae, terres d'où l'on extrait du sel, et Solin, V, 19, l'ex-
pression salinarum metalla, sel minéral ; dans le même sens, Varroo [Ve re
rust. I, 7, 8| disait : sal fossicius. — 12 Plin. L. c. 79 ; cf. Dioscor. V, 12i ;
Colum. VI, 17, 7; Ovid. .Medic. fac. 94. — 13 Herod. IV, 181 ; Arrian. Anab. III,
4; Eralostll. ap. Sirab. I, 4, 3; Synes. Epist. 147. — 14 Herod. IV, 182-18.>.
— li Aristol. De mir. auscull. 134. — 16 Cat. ap. Cell. Il, îi, 29. — 17 Plin. L. c.
*0. — 18 Solin. XXIII, 4. — 19 Sid. Apoll. lipi.it. 9, 12. — 2" A Cerrliae : Sirab.
XVI, 3, 3; Plin. VI, 147; XXXI, 7*. — ^1 Herod. IV. 1S5; Plin. V, 34. — ^â A.
Schliz, dans \a. Zeitsch. f. Etbnologie, XXiiV, I903,p. liii sij. ; L. Laloy, dans
l Anthropologie, 1904, p. 479-480. — 23 Varr. De re rust. I, 7, 8 ; Plin. XXXI, 83 ;
Tac. Ann. XIII, 57. — 2t plin. /,. e. - 2b Aristot. .Veteor. 11,3, 40 ; Plin. L. c.
S2. — '26 Aristot. L. c. 42-33; Tlieophr. ap. Plin. L. c. 83.
127
SAL - 1010
laisser évaporer à lair l'eau salée (jiii jaillissait de
leurs montagnes'. Le sel tiré du bois nétait ni blanc,
ni pur '-.
La plus grande partie du sel que consommaient les
peuples anciens provenait de salines ou marais salants,
établis généralement sur le bord de la mer^ Le sel était
considéré comme un produit de la mer, OaÀi-Tiov*, un
don de Poséidon '■> ; dans Vodyssée, Tirésias annonce à
Ulysse qu'il verra, en se dirigeant vers les Enfers, des
peuples de l'intérieur des terres, qui ignorent l'exis-
tence de la mer et qui ne salent par leur nourriture \
Les Grecs appelaient les marais salants kÀonvcia ^ de
aÀ,-eliT/|YVj,tAt, lieux où le sel se solidifie, et les Romains
salinae*, salsae pahtdes'; les ouvriers qui y travail-
laient étaient les âXo:iT|VO': '°, salarii^' ou salinatores'-,
presque toujours de ciuidition servile'^ Les salines
romaines d'Oslie, Sa/iiuie roinanae, mentionnées dès les
temps légendaires des rois'*, sont les plus célèbres du
monde antique; elles approvisionnaient la ville de Home
et toute l'Italie centrale '^ 11 y avait beaucoup d'autres
salines dans les difTérents pays du bassin de la Médi-
terranée ; quelques-unes se trouvaient même à une
distance plus ou moins grande des côtes " et ser-
vaient à l'exploitation des eaux de rivières ou de sources
salées, comme par exemple en Babylonie et en Cappa-
doce'''. Le nom de Salinae que portaient plusieurs villes
et villages faisait allusion tantôt à l'existence de sources
salines, tantôt à la présence de marais salants'*. Ruti-
lius Namatianus nous a laissé la description détaillée
d'un marais salant de la côte occidentale d'Italie, près de
Voltalerra : « l'eau de mer pénètre par des canaux creu-
sés en pente sur le sol, et de petites rigoles {fossae]
arrosent d'innombrables réservoirs (lacus) : quand
arrive Sirius avec ses feux brûlants, quand l'herbe se
flétrit et que la campagne est partout altérée, on ferme
les écluses (ca^fl/'ac^f/e , la mer n'entre plus et ainsi l'eau
devenue immobile, se durcit sur le sol échauffé ; sous la
vive influence de Phœbus, les éléments se coagulent en
une croûte épaisse" ». D'après Pline, on mélangeait le
plus souvent dans les salines de l'eau de rivière et de
l'eau de pluie à l'eau de mer; parfois cependant, comme
en Crète et en Egypte, celle-ci avait seule à intervenir ;
aux abords des marais, notamment à Utique, les tas de
sel amoncelé et durci à l'air formaient de véritables
petites collines". On donnait le nom de flos salis, fleur
de sel, au sel très léger et très blanc qu'on recueillait,
surtout en Egypte, à la surface des salines -' ; et celui de
salsugo ou salsilago, au liquide salé qui restait au fond,
sous la croule de sel solidifiée --. Caton donne une recelte
pour purifier et blanchir le sel commun et en dégager la
/los sa/is ; on le fait fondre jusqu'à saturation dans une
' Aristot. Oe mir. ausc. 138. — i Plin. L. c. — i /6.81. — 4 f'Iut. Symp. IV,
4, 3. —5 Lykophr. (33. — 6Hom. Od.Xl, Ii2. — " Slrab. VU, i, 7 (Chersonnèse) ;
XIU, 1.48(àTrasasae, enTroade;cr. Pliu. X.KXI, 76 el S6-, Poil VI, G3); Plut. flom.
25 (près de Rome, au bord du TibreK Peut-ôtre le mot ài-ix-içiSt; a-l-il aussi quel-
ilUL'fois ce sens (Hesycb. s. v.\ Corp. inscr. atlic. Il, 1059). — S Varr. Liny.
l'I. vu, i5 ;Colum. Il, i, 15 et les textes cités dans lesnotes suivantes. — 'J Kutil.
Namal. I, 476. — 10 Nicand. Alex. 519. — " Corp. inscr. latin. X, 557 : 7860
(in<icription trilingue de Sardaigne : salarius est traduit par ô tri tùv ftXuv; il s'a-
git d'un esclave). — *2 îbid. XII, 5300 ; Gloss. de Papias. Les mois salarius et sali-
nator sont pris aussi dans d'autres textes avec le sens de marchand de sel : voir plus
loin. p. inii, n. 12 à 15. — I3 Cic. De imp. Pomp. 6 ; familiae in salinis. — '* Dion.
Hal 11, 55: Liv. I. 33. a.Iàid. V, 45; VII, 19; XXIV, 47. Voir ci-dessous, p. tfii.
u. !. — 15 Plin. XXXI, 89: Fesl. p. 3i6 .M. — '6 Cic. De iial. deor. Il, 67, 13».
— '7 Plin. L. e. Si. — IS Bretagne ; Plol. II, 3, 21 ; Gaule méridionale : ]bid.
III, I, 42; Dacie : Ib. III, 8, 7 ; Apulie : //. .4n(. p. 314, Tab. Peut.; Picenum :
SAL
amphore pleine d'eau, que l'on expose ensuite au soleil
pour laisser évaporer le liquide -^
Propriétés et usages. — Le sel, natif ou factice, ne pré-
sentait pas partout exactement les mêmes caractères; sa
couleur, son aspect, son degré de sécheresse et de solu-
bilité, son goiit variaient selon les pays d'origine et les
modes divers de préparation ; les anciens appréciaient
surtout, comme les modernes, le sel blanc, sec, friable et
piquant, qui se prêtait le mieux aux besoins de la cui-
sine et de la médecine-'. Pline l'Ancien nous dit que les
hommes ne peuvent vivre sans sel ; c'est un élément
nécessaire de leur existence -°. La possession de sources
salines était souvent la cause de conflits sanglants entre
peuplades voisines". De là vient le caractère divin que
le sel avait primitivement, comme l'eau, la lumière, la
'erre -'' (Homère l'appelle ôeioç àXç -'), et le rôle qu'il
jouait dans les sacrifices religieux ; les Romains ne fai-
saient aucune offrande à leurs dieux sans qu'y figurât
un gâteau salé, mola salsa-^ [mola, p. 196^]. Platon
déclare que le sel est agréable aux dieux, parce qu'il
développe harmonieusement la faculté du goût^". Delà
aussi la valeur symbolique qu'on attribuait au sel: il
était l'emblème de l'amitié, de l'hospitalité^', de la fidélité
à la parole donnée ; on jurait par lui ''-. De là vient enfin
le sens métaphorique du mot sales pour qualifier les agré-
ments de l'esprit, le charme riant de la vie, voluptas
animi, vitae lepos et summa hilaritas^^.
Il faut remarquer cependant que le mot servant à
désigner le sel, arménien al (ag/i), grec aX;, latin sal,
ancien iranien sahuin, vieux slave soli, gothique sait,
ne se rencontre que dans les langues où existe aussi un
vocabulaire développé de la vie agricole". La consom-
mation du sel est liée étroitement à la culture des
céréales ; le chlorure de sodium fait contrepoids à l'excès
de potasse que renferment les végétaux; les peuples pas-
teurs et chasseurs, qui se nourrissent exclusivement de
viande et de laitage, n'en ont pas besoin. Même à l'époque
historique, les Xumides, qui n'avaient pas encore dépassé
ce degré de civilisation rudimentaire, ne connaissaient
pas le seP\ Chez les Grecs, les viandes animales offertes
aux dieux ne devaient jamais être salées; Agathion,
cité par Athénée, voit en ce fait un souvenir du temps
où l'usage du sel ne s'était pas encore répandu'". On
comprend le sens profond des locutions proverbiales qui
associaient, dans l'antiquité comme dans les temps mo-
dernes, le pain et le sel".
Les Grecs et les Romains utilisaient le sel, dans leur
alimentation, de différentes manières : d'abord comme
condiment, obsonium, pulmenfarium^^ ; ils en saupou-
draient leurs mets pour leur donner plus de saveur.
Quelquefois ils ajoutaient au sel certains ingrédients
Tab. Peut. ; (ianipame, près d'Hercuianum (salinae Hercuteae) ; Colura. X, \Zri;Sali-
num en Pannonie : Plol. Il, 16, 4 ; /(. Ant. p. 243 ; "Ai», en Attique: Steph. Byi.
— 19 Rulil. Xaniat. I, 475-484 (éd. et trad. Vessereau, Paris, 1904). — 20 Plin. U,
233 ; XXXI. 81 ; XXXIV, 12.H. Les salines des environs d" Clique sont citées par César
{Bell. civ. Il, 37, 5). — 21 Cat. De re rust. S5; Plin. XIII, 9 et 14; XXXI, 91-92;
XXXll, 134; Uioscor. V, 127-128. — 22 Vilruv. I, 4; Plin. XXXI, 92. — 23 Cal.
L. c. — 24 Plin. XXXI, 84-89 ; Solin. V, Is ; Isid. HVl, î, 6. — 25 plin. L. c.
88. — 2«Tacit. Ann. XIII, 57; Amm. Marc. XXVIll, 5. — 21 Plut. Symp. V,
10. 2. — 28 Hom. /;. IX, 214. — 29 Plin. Loc. cit. 89. — 33 Plat. Ti/n. p. 60.
— 31 Aristot. Eth. Eudem. Vil, 2, 40: Etli. yicom. VIIl, 3, 8 ; Cic. De amicit. 19.
07 ; Eustaih. Ad II. 1, 4i9. — 32 Archil. fr. 98 (éd. Bergk) ; Demosth fle falsa légal.
191; Lyloplir. 133. — 33 plin. £.c. 88. — 34Schrader. ap. V. Hehn, Bas Salz.
î' éd. Berlin. 1901. p. 98. — 3i Sallusl. Jug. 80, 7. — :I6 Agath. ap. Athen. XIV,
p. 601. — 37 Varr. ap. Pliu. XXXI. 89; Horat. Sat. 11,2, 17. — 38 plat. Hep. VI,
p. 372; Xeuopb. Oecou. VIII, 9 ; Plin. XXXI, 87-88 ; Athen. VII, p. 277.
SAL
ion
SAL
destinés à exciter l'appétit ^condimentlm] ; le sel ainsi
accommodé s'appelait sa/ conditum, en grec craÀazovSsTTov
ou àXaffisTUTov '. D'autre part, ils composaient avec les
intestins de quelques espèces particulières de poissons,
maquereaux et thons, marines dans le sel, des sauces
piquantes dont ils étaient très friands et qu'ils appelaient
GARUM et MiRiA ; ils donnaient le nom d'a/ex à une sauce
de qualité inférieure et bon marché, faite avec les résidus
de la fabrication des deux précédentes. Enfin, le sel ser-
vait aussi à la préparation de conserves de viandes et de
poissons [SALGAMA, salsamentum].
D'après un vieux proverbe latin, il n'y a rien de plus
utile à la santé que le sel et le soleil, nihil esse ittillus
sale et sole -. Aussi les médecins prescrivaient-ils con-
stamment l'usage du sel. soit seul, soit associé à d'autres
substances (graisse, miel, huile, farine, raisin, vin,
vinaigre surtout), sous forme de boissons, de frictions, de
cataplasmes, de liniments, de collyres, d'applications
sèches ou humides. Astringent et corrosif, il purifie les
corps et les préserve de la destruction^ ; il avive l'appé-
tit, guérit la morsure des serpents, des scorpions, des
guêpes, fait disparaître les verrues, les abcès, les déman-
geaisons, les brûlures, combat les maladies de peau, les
maux de dents, les douleurs nerveuses, la goutte, l'hydro-
pisie, les coliques, la fièvre, la toux, etc.*. C'est une
panacée universelle. On l'emploie également en médecine
vétérinaire, contre la gale des moutons et des bœufs % et
l'on recommande d'en faire manger aux bêtes laitières,
pour que leur lait soit plus abondant et plus savoureux *.
Commerce. — Nous ne possédons qu'un petit nombre
d'indications sur le commerce du sel dans l'antiquité.
Cependant la circulation et la vente d'un produit aussi
universellemeut nécessaire devaient donner lieu à d'im-
portantes transactions. Comme presque tout le sel con-
sommé pour l'alimentation était tiré des salines marines,
les peuples qui habitaient loin des côtes devaient s'appro-
visionner auprès de ceux du littoral' et donner en
échange les produits de leur propre territoire. Suidas
nous dit que le mot aÀcûw^Tov, littéralement « vendu pour
du sel «, signifiait» esclave ■), danslalangue des barliares,
parce que les marchands qui apportaient le sel dans
l'intérieur des terres le troquaient habituellement, sur-
tout chez les Thraces, contre des esclaves*. L'une des
grandes voies qui se dirigeaient de Rome vers les con-
trées du centre de l'Italie, s'appelait via Sala?'ia : elle
servait à conduire chez les Sabins le sel recueilli dans
les salines d'Ostie'. Les textes littéraires ne parlent
que do l'exportation des variétés de sel utilisées spéciale-
ment en médecine. Le .*«/ Tattaeus, des marais de Tatla
en Phrygie, et celui de Caunus en Carie entraient dans la
composition de collyres et de cataplasmes; celui de Cap-
padoce, débité en tablettes (Jaterculi), servait pour les
soins de la toilette; celui de Tragasae enTroade, pour laver
1 Plin. L. cit.; Apic. I. 27 (29): Edict. Dioclet. III, 9 : Corp. glosa. III, 184,
13; ÎS5, I. — 2 Plin. XX.XI, 102. —3 Ibid. 98; Plut. Symp. IV, 4, 3. - ' PIm.
L. c. 98-105; Plin. iim. 33, 20; 111,9-10; 102, 18-20 ; 28, 4-7; Uioscor. Df
mat. med. V, 125: Eupor. I, 43; 123; II, 63; Marcell. De medicam. 12, 21 : Isi.l.
XVI, 2, 6. — 5 Plin. L. c. 103. - 6 Anstot. Hist. anim. VIII, 10 ; Xeij.
Georg. III, 394-397 ; Plin. L. c. 88. — 7 Dio Chrys. Oral. 36, p. 43 M : les Scythe-*
allaient chercher leur sel à l'embouchure du Borysthène. Sur l'eiportation du sel
gemme de l'oasis d'Ammon vers l'Egypte, cf. Arrian. Aiiab. III, 4.-8 Suid. s. v.
4»»yrTo.. — 3 Plin. XXXI. 89; Fest. p. 336 M. — 10 Voir surtout Plin. Loc.
cit. 73-105 et, pour chaque centre de production, les textes cités plus haut. Aris-
tophane (Acharn. 760) fait allusion à l'importation du sel de Mégare à Athènes.
- Il Plut. Deir.-lr. 33. - ii Ed. Dioclet. 111,8 et 9 (éd. Mommscn-Blûmii.-r,
les yeux des animaux; la fleur de sel d'Egypte, le sel de
Memphis, de Thèbes, de Péluse, le sal ammoniucus de
Cyrénaïque étaient très recherchés, à tel point que l'on
falsifiait ce dernier en y mêlant du sel de Chypre ou
de Sicile. L'Ile de Chypre exportail le sel du lac de Ci-
lium et celui des salines de Salamine. En Grèce, on pré-
férait pour la table un sel très soluble et assez doux,
comme celui de l'Attiqueêt de l'Eubée, et pour les salai-
sons, au contraire, un sel acre et sec comme celui de
Mégare. En Italie, les principaux centres de production
et de commerce du sel étaient, outre le Latium avec
Ostie, Tarente et la Sicile, avec le laciis Cocanicus, le
lac de Gela, Centuripes, Agrigente. Le sel gemme d'Es-
pagne passait pour le meilleur au point de vue médical '".
La seule donnée numérique qui nous ait été transmise
sur le prix du sel à .\thènes se rapporte à une époque
tardive et à des circonstances exceptionnelles, au temps
de la guerre de Démélrius : la ville était bloquée et
toutes les denrées s'y vendaient très cher ; le médimne
de blé coûtait 300 drachmes, le médimne de sel
40 drachmes" ; il faut retenir seulement de ce texte
que le sel en Grèce valait environ sept fois moins
que le blé ; le bon marché de ce produit ressort aussi de
la notice de Suidas sur le mot âXœvYjTov : les esclaves que
l'on appelait de (.'0 nom étaient les plus communs et les
moins chers. A Rome, l'éditde Dioclétien sur le maximum
fixe le prix du sel ordinaire à 100 deniers le modius
castrensis, soit 2 fr. 50 les 17 lit. 51, et celui du sal
conditum à 8 deniers le sextiarius, 20 centimes les
54 centilitres'"; en 389 ap. J.-C. une loi du Code Theo-
dosien évalue le modiiis italique de sel à un douzième de
sn/idus^^, soit 1 fr. 25 les 8 lit. 75, ce qui correspond
exactement au chifl're donné par l'édit du maximum.
Dans beaucoup d'États du monde antique, l'exploitation
des gisements salins ou des salines et la consommation
du sel étaient la source de recettes importantes pour les
finances publiques'*. Les rois de l'Inde tiraient de gros
revenus des carrières du mont Oromenus '°. Un passage
d'Aristophane mentionne l'existence de décrets de l'as-
semblée du peuple athénien au sujet du sel"; peut-être
organisaient-ils un monopole et prescrivaient-ils des
mesures, dans l'intérêt des pauvres, contre l'élévation des
prix'^ .\ l'époque hellénistique, Lysimaque frappa d'un
impôt le sel de Tragasae en Troade'*; le monopole du
sel existait à Byzance", en Syrie-", à Palmyre-', en
Egypte surtout, où fonctionnait un système de ventes
forcées au bénéfice du fisc, par l'intermédiaire des
à>.07tùi).ai ou fermiers de la gabelle ^'\
Chez les Romains, les salines de l'Italie et des pro-
vinces étaient la propriété de l'État ; elles faisaient partie
du domaine public, au même titre que les mines ; et les
recettes pécuniaires qu'elles procuraient au trésor
constituaient un vectigal-^ Celles d'Ostie auraient éti'
Berlin. 1893, note à la p. 72). — 13 Cod. Theod. Vlll, 4, 17. — n M. Rosto\yze«,
(iesch.der Staatspackt in der rdm. Kaiserzeit, dans le Phitoloyus, Supplement-
l.nnd IX, 1904, p. 411-414. — 15 Plin. XXXI, 77. — 10 Aristoph. Ekkl. 809 (8Ui et
Srhol. — 17 Bœckh-Fraenkel. Slaatshaushaltung der Atltener, 3" éd. Berlin, 1886,
1 p. 126. — is Athen. III, p. 73. — i» Aristot. Oecon. Il, 2, 3. Cf. Dumont-
Homolle, Mél. d'archéol. Paris, 1892, p. 432 (inscription relative au monopole de la
pioche, associé par le Ps. Aristote à celui du sel). — '2» Jos. Ant.WW, 2:3; Maccalt.
1, 10. 29. — 21 Tarif publié et commenté par Dessau, dans VBermes, XIX, 1884,
p, 518. — 22 U. Wilcken, Ostraka, Berlin, 1899, I, p. 141 s.|. ; 188 sq. — 23Ulpian.
Digest. L, 16, 17, 1 ; Gains, Ibid. III. 4, 1. Cf. J. Marquardt, Organis. financ. chez
les Romains, Irad. franc. Paris, 18S8, p. 203-203 ; p. 334 : 0. Hirschfeld, Die kaiserl.
Vn-waltioif/sbeamlen bis auf Dioclelinn, 2' éd. Berlin, 1903, p. 130, n. 4.
SAL
— 1012 —
SAL
créées. d"après Pline, dès le temps du roi AncusMarcius ',
qui fit au peuple une distribution gratuite de 6 000
modii de sel-. L'institution du monopole de la vente
ilalerait du lendemain même de la ciuite des Tarquins:
en .508, des spéculateurs firent monter les prix très haut ;
le Sénat intervint pour interdire aux particuliers de se
livrer désormais au commerce du sel'. En 204, les cen-
seurs M. Livius et C. Claudius modifièrent les conditions
dans lesquelles était prélevé le vertiijal relatif à Van-
nona salaria ; c "est à la suite de cette réforme, dont les
détails ne sont pas nettement établis, que M. Livius
reçut le cognomen de Salinator''. En général, TÉtat
n'exploitait pas lui-même les salines, mais il les affermait
à des concessionnaires nommés conductores sa/inarum °
ou salarii^ et groupés ru sociétés, corpora '' ou socie-
lates^. D'après Mommsi-n, une double préoccupation
inspirait les censeurs dans la rédaction des contrats
qu'ils passaient avec les fermiers: il fallait que la mise
en valeur des biens du domaine rapportât un certain
i)énéfice au trésor, de là la fixation d'une redevance
payée par les conductores ; il fallait, d'autre part,
assurer aux populations romaines des approvision-
nements abondants de sel à bon marché, de là des pres-
criptions relatives aux quantités que devaient renfermer
les magasins des fermiers et aux prix de vente'. D'après
M. Rostowzew, les conductores salinurum, à l'époque
républicaine tout au moins, ne faisaient pas eux-mêmes
le commerce du sel ; ils le fournissaient seulement à des
marchands spéciaux, qu'un texte de Caton appelle
salinatores aerarii '" : l'épitliète aerarii semble indiquer
que ces salinatores affermaient eux-mêmes leurs em-
plois". Arnobe emploie le mot salinatores dans le sens
de marchand de sel'^ ; un mime de Laberius était inti-
tulé Salinator '^ Deux inscriptions de Rimini ont été
rédigées, en l'honneur d'un officier romain, par les sali-
natores des deux cités gauloises des Menapii et des Mo-
rini '* ; il s'agit sans doute, dans ces documents, de spé-
culateurs romainsqui faisaientle trafic du sel sur les côtes
de la Belgique '\ A Rome, les marchands de sel avaient
leurs magasins, salinae, hors de la porta Trigemina "^.
C'est dans ces greniers que puisèrent Agrippa, en l'an
721deRome(33av. J.-C.)'',et l'empereur .\u rélien " pour
faire au peuple de la capitale, à l'imitation d'Ancus
Marcius, des distributions gratuites de sel.
Une inscription du règne de Septime-Sévère, décou-
verte dans la Campagne romaine, au lieu dit Campa
Saline, près de Porto, fait mention d'un collège de sac-
carii salarii totius urbis {et)campi sal[inarum) roma-
1 D'autres textes attribuent même leur foudaliou à Romulus (Dionys. Hal.
Il, 55; Liv, I, 33; cf. F'iul. Kom. 25). — 2 Flil). XXXI, S'J ; .\urel. Vict. De
vir illuslr. 5. — 3 Liv. Il, 9, 6. Cf. E. Fais, Sloria di Borna, I, Rome, 1897,
p. 490. — l Liv. XXIX, 37, 3. Cf. Kniep. Sodtlas piMicaMrum, léna, 1896,
p. 75 sq. D'après Dio t^ss. fragm. 1, p. 108 Dind., la réforme aurait consisté à
mettre un impôt sur le sel, ((ui jusiju'alors en était exempt. — ^ C. inscr. lat.
m, 1209, 1303. — 6 Inscription de répo<|ue républicaine, sur pâte de verre au
Musée de Berlin, citée par 0. Hirsclifeld, Loc. cit. — "î Gains, Digest. Loc. cit.
— fe L'inscription sur pâte de verre porte, d'après 0, Hirschfeid, les mots
&oc{ior)xm) saliarioritm). C'est donc à tort que J.-P. Waltzing, Étude histor. sur
les corpor. proftssionn. chez les Homains, II, LouvaiOj 1896, p, 226, conteste
l'existence de collèges de salarii. — 9 Th. Mommsen, Droit public romain, trad.
franc. IV, Paris, 1894, p. 127, n. 2. — lOCat. ap. Serv, Ad Aen. IV, iU. — n Ros-
towzew, Loe. cil. — 12 Aruob. II, 38. - u Gcll. 111. 12. — H C. i. latin. XI,
390, 391. — là Waltiing, Loc. cit. L'emploi du nml salinator parait exclure les
interprétations proposées par Marquardl, (Jp. cit. p. 2ui, et par M. Rostowzew,
Loc. cit. p. 414, n. 2. qui voient eu ces personnages, le premier des fermiers des
s.ilines, le second des ouvriers travaillant dans les saline>. — 1*1 Liv. .\.XV, 47 ;
I ronliu. Oe ai/uaed. 5. — 17 Dio i:ass. XLIX. 43. — 1» Chronoi/r. ann. 334,
[narum]. placé sous l'autorité de trois procurateurs
impériaux, ainsi que d'un aerarium et d'une arca sali-
narum administrés par un conseil de seize membres " ;
les saccarii étaient des portefaix ; ceux-ci devaient être
chargés de transporter à Rome le sel des salines de l'em-
bouchure du Tibre. Une autre inscription, trouvée à
Rome, a été dédiée à Constantin, après sa mort, par le
corpus salariorum-°. Du rapprochement de ces deux
textes, M. Rostowzew conclut que les saccarii salarii
appartenaient à la grande corporation des salarii, char-
gée, sous la direction d'agents impériaux, de mettre en
valeur les salines d'Ostie ; au m'' siècle de notre ère, le
système de la régie aurait été substitué, dans la banlieue
de Rome, au système de la ferme -'.
Dans les derniers temps de l'Empire, on constate l'exis-
tence à Rome d'une autre corporation, celle des man-
cipes solinaruin'--, préposés à la vente du sel, dont ils
avaient dans la ville le monopole (comme les salinatores
aerarii del'époque républicaine) ; une constitution d'.\r-
cadius et d'Honorius défend d'acheter et de vendre sans
passer par leur intermédiaire ^'. On entend par manceps
un marchand auquel l'État afferme la jouissance d'une
boutique-' ; les mancipes salinarum sont donc les fer- .
miers ou locataires des magasins de vente du sel, sali-
nae; ils étaient à la fois mancipes salinarum et man-
cipes thermarum; l'entretien et le chauffage des
établissements publics de bains leur étaient confiés, en
même temps que la gestion des salinae^' ; leurs éta-
blissements ne payaient pas l'impôt-^ M.\crice Besnier.
SALAKIUM. — Ce mot dérivé de sal ' désignait pri-
mitivement, chez les Romains, le sel fourni aux soldats
par le trésor: puis il a signiûé l'argent pour les vivres,
la solde elle-même avec les prestations en nature -
et finalement toute espèce de traitement, de salaire ^
L Traitements des magistrats et fonctionnaires. —
Sous la République, les magistrats n'ont pas de traite-
ment proprement dit. Ils ne touchent que des indemnitétf
pour certaines missions. Les commandants en chef, ma-
gistrats ou pro-magistrats, reçoivent d'abord de l'État
les objets d'équipement nécessaires, chevaux, mulets,
tentes, tapis, vêlements, argenterie, anneau, cachet en
or, fournis avant le départ par voie d'adjudication pu-
blique*; c'est le vasarium. En second lieu, le Sénat
inscrit à leur budget une somme déterminée pour leurs
frais de voyage (viaticum) et d'entretien, frumentuvi
in cellam^ [aestimatum]. Les auxiliaires du magistrat en
province ont eu aussi droit de bonne heure aux vivres,
au logement et aux moyens de transport * ; pour les prin-
éd. Mommsen, Monum. Germ. Auct. antiq. IX, 2, Berlin, 1891, p. 148. Cf. L. Homo,
Kssai sur le règne de l'empereur Aurélien, Paris, 190i, p. 179. — 19 K. Lanciani,
dans le fiu//e«.con!un. 1888. p. 83 sq. — ^"C.i.lat.W, 1132. — 21 M. Rostonzew,
Loc. cil. p. 413. — 22Symm. Epist. IX, 103; X, 38 et les textes juridiques cités
ci-dessous. Cf. Waltzing, Op. cit. Il, p. 123-126, p. 426-427. — 23 Cod. Justin. IV,
61, H : persona mancipum, id est salinarum conductorum (Kniep, Op. cit. p. 78 sq.
considère les quatre derniers mots comme interpolés). — 21 Fest. p. 131 M ; Plin.
.Xat. hist. X, 122; Corp.inscr. latin. VI, 8435; IX, 4796; XIV, 3642. —25 Cod.
Theodos. XI. 20, 3; XIV, 3, 1. — 26 Ibid. XI, 20, 3. — Bibliographie. M. J.
Schleiden, Das Sah, seine Geschichte und Symbolik, Leipzig, 1873; V. Hebn,
Oas Salz, eine kulturhistorische Studie, 2< éd. par 0. Schrader. Berlin, 190 1 .
S.\LARIl'.M 1 Plin. Bist. nat. 31,7,41 ; 34, 3, 6. — 2 Dio. Cass. 52,23; 78. 22;
Vit. ProO. 4 : Aur. 9 : Claud. 14. — 3 Vit. PU. 7, 6 ; 1 1 , 3 ; iVig. 7, 6 ; Alex. 44, 4 ;
Clod. 10,8; Oig. 19.2,19, 10.— 4 Liv. 30, 17 ; 42, 1 ;4t,22:Cic. Verr. 2,5, 32, §83 ;
i,4,3,§9:Zonar. 8, 6; Plut. Cat.maj. 6 ; Gell. 15,4, 3; Dio. Cass. 53, 15, 3: Dig.
33, 10, 7; Suet. .\ug. 36. L'opinion de Mommsen qui fait du vasarium une somme
fixe payée an commandant ne repose que sur Cic. In Pis. 35, 86, où il s'agit évidem-
ment de tout le budget piovincr^il. —5 Cic. V'eiT. 2, 3, 84,93; AdAtt. 7, I, 6 ; Val.
Max. 4, 3, U ; Plut. Cal. rr.uj. 4. —0 Liv. 44,22, 13; Cat. m Front, .id .4)1/. 1. 1.
SAL
1013 —
SAL
cipaux d'entre eux, questeurs, tribuns, li'gats, membres
de la co/ioi'S, l'usage s'est établi très tôt de remplacer ces
prestations en nature par une indemnité quotidienne eu
espèces, cibaria ' ; en outre, dès l'époque de Cicéron, le
gouverneur leur alloue, sous le nom de cotif/iarium
(frais de vin) ou desalarium, des gratifications- propor-
tionnées au grade et au temps de service et qui sont
portées parmi les bénéficia sur les comptes officiels des
dépenses ^ Les personnages envoyés en mission ont
droit aussi ta l'équipement, aux moyens de transport
qu'ils obtiennent par l'exhibition de leur anneau d'or',
et, en outre, à des frais de route {ciaticuin) ' ; le Sénat
alloue des indemnités journalières aux commissaires
agraires*. Enfin, l'État paie un salaire proprement dit,
inerces, aux appariteurs des prêtres et des magistrats
rAPPARiTORESj'' ; mais nous n'avons de chiffres que pour
les appariteurs de la colonie Julia Genetiva en Espagne*.
Sous l'Empire, apparaît immédiatement le principe des
traitements fixes, .\uguste alloue à tous les magistrats
provinciaux de rang sénatorial et aux légats impériaux
des traitements; le taux en est inconnu "; nous savons
seulement que le proconsul d'.\frique a un million de ses-
terces '". Il se peut qu'on ait conservé en outre les
anciennes fournitures en nature, dont une partie seule-
ment doit être rendue au trésor". Le tribun militaire
a 25000 sesterces par an'^ Les membres de l'escorte
du gouverneur touchent également des ribaria, trans-
formés peu à peu en traitements fixes '^ et peut-être
encore le vasarium '\ Il est question du salaire des
assesseurs depuis l'époque de Septime-Sévère '^ de celui
des questeurs attachés au prince '^ et des avocats du
fisc'''. Ces salaires gardent quelque chose de leur ancien
caractère de gratifications et ne peuvent être réclamés
qu'extra ordinem^*. iN'ous ignorons les traitements des
emplois inférieurs du palais et de l'administration '',
parmi lesquels il y avait beaucoup de postes très lucra-
tifs ■-". Pour le traitement des procurateurs et la solde
militaire, nous renvoyons aux articles proci:ratok
(p. 663-G64) et stipendil.m -'.
Au Bas-Empire, toutes les fonctions, sauf les charges
municipales, sont salariées de la même manière. Dès la
fin du iv= siècle'-, l'incertitude et les variations de la
valeur des monnaies ont amené l'usage général du paie-
ment en nature et non plus en argent dans toutes les
relations sociales. On établit une unité pour ce qui est
1 Cic. Ad Alt. 0, 3, tl; Ad fam. 5. 10. 9; Wrr. I, 1+, :i6. Les cibaria soiil
la ratiOD journalière du soldat (Nep. Eutn. >.; Caes. Bel. ijal . t, 5). — ~ Front.
L. c. ; Plin. Uist. nat. 31, 7, 89. — 3 Cic. Ad AU. 7, 1, 6 ; Ad fam. 5, 30, 9 ;
7, 8, i ; Pro Balb. 28, 63 ; Verr. 1, li, SS ; Diodor. p. 610. Porter en compte se
dit déferre ad aerarium. — * Plin. ffisl. nat. 33, 1,11; Cic. Ad Att. 15, 18,
1 ; Plut. Ti. Grâce. 13. — i Zonar. 8, 6; Cic. .VI fam. 13, 3, 2. — 6 Plut. Ti.
Grâce. 13 (9 oboles par dérision); Cic. De leg. agr. 2, 13, 33. — 7 Cic. Verr.
3, 78, 79. 182, 18i; Nep. Eumen. l ; Plut. Cat. min. Ifi: Plin. Ep. 4, 13; Fronlin.
De ai). 10(1 ; Dionys. 2, 6 ; C. ins. lai. 1, 108, 1, 1. — 8 C. ins. lat.i, 343'J :
pour les duumvirs, chacun des deux scribes, 1300 sesterces; Vaccensus 70i';
chacun des deux licteurs. 600 : l'haruspice, ^00; chacun des deux viateurs,
400: le librariiis, le joueur de flùle et le héraut, 300; pour les édiles, le scribe,
800 ; l'haruspice, 500 ; le héraut et le joueur de llùte, 300. — s Suet. ^117.
36; Dio. Cass. 53, 15; cf. 53, 33. Les objections de Merkel contre ces textes
ne portent pas. — 10 Dio. "8, 33; cf. Tac. .Auric. 43. Le chilTre de 100 ourei
(10 000 sesterces) pour un praeses dans Vit. .-l/eJ". 43, 4, paraît trop faible.
— 1' Vit. Claud. 14; Prob. 4, 4-7; Alex. 42, 4; textes d'ailleurs suspects,
avec corifusion des institutions du Haut et du Bas-Empire. Mommsen admet encore
la réquisition du frumentum in cetlam: mais le texte. Tac. Agric. 19, nous parait
s'appliquer plutùt aux réquisilions pour les soldats. — '- C. ins. lat. 131, 3613:
Vit. Claml. 14, 3. — lîSuet. Tib. 40. Porter en compte se dil toujours déferre ad
aerarium ou ad commentariitm principis iDitj. 4, 6, 32; 27, 1,41, 2; Ephem.
epigr. 4. 530; 5, p. 4). Ces cibaria s'appellent encore resliaria, diaria, calcitiria
{Dig. 10, 2, 39, 2 ; 34, 1, 20-21). — 1* V. note 1 1. Il n'est plus question de vialicum
nécessaire par jour soit au soldat uu à l'ofricier, soit nu
fonctionnaire ; ce sont les annonae pour l'homme, les
capitus ou capita pour ses bêtes ^', sans compter le
matériel nécessaire, la veatis-'', et une petite somme d'ar-
gent, complément du traitement -\ C'est donc le paie-
ment en nature qui prédomine au iv' siècle-'. Mais l'em-
pereur pouvant en certains cas avoir besoin de plus de
numéraire et les contribuables pouvant aussi, pour dif-
férentes raisons, préférer les versements des impôts en
argent, on voit se développer la pratique de l'évaluation
des denrées, et de leur versement en argent, de ïadae-
ratio: largement pratiquée pour les fournitures mili-
taires'^^ elle n'est encore que l'exception pour les
fournitures civiles-*. Mais au v° siècle se produit une
nouvelle révolution économique, c'est le paiement en
numéraire qui reprend définitivement le dessus sous la
forme de Vadaeratio, d'abord pour rarmée-% puis pour
les fonctions civiles; les annonae ci les capitus sont
payés soit aux prix du marché, soit le plus souvent
d'après des tarifs fixés par les préfets du prétoire'". \
l'époque de Justinien, les fournitures pour l'office du
prétoire d'Afrique sont estimées en sous d'or", et les
annonae des fonctionnaires aux tarifs suivants : 100
livres d'or (7 200 sous d'or) pour le préfet du prétoire
d'Afrique, 40 pour le préfet d'Egypte, un peu plus de
20 pour le duc de Libye, 20 pour le proconsul de Cap-
padoce, 13 pour le gouverneur d'.\rabie'-, de 11 à 9
pour d'autres gouverneurs. Pour le salaire des offi-
ciales. nous renvoyons à l'article officiales, p. 156 ;
pour les traitements publics des professeurs, à l'article
EDiCATio, p. 489-490.
IL Salaires des ouvriers libres. — Nous avons peu de
renseignements sur ce point, les salaires des ouvriers à
Rome [pour la Grèce, voir artifices, p. 445 sq.l. Cicéron
donne 12 as comme salaire quotidien d'un journalier^'.
Dans l'édit du maximum de Dioclétieu en30l '*. il y aune
longue liste de salaires journaliers et de prix de travaux
estimés en deniers ; ainsi, l'ouvrier de ferme et le palefre-
nier ont 25 deniers; le berger nourri, 20; le maçon, le
charpentier, l'ouvrier boulanger, le charron, le forgeron,
le charpentier de bateaux de rivière, 50 ; le charpentier de
navires, le marbrier, le mosaïste, 60; le peintre en bâti-
ments, 65; le peintre d'images, 150; le cureur d'égouls
et d'aqueducs, 23 ; le barbier, 2 par tête d'homme ; le
tondeur 2 par tête de bétail ; le capsarius et le bai-
(|ue pour les légations municipales [Vig. 50, i, IS, 12 ; 50, 7, 3). — 15 Dig. i. 11,
4; 50, 13, 4; Vit. Nig. 7. 6; Alex. 46, 1. — IC Zeitsch. der Sar. Stift. 23, 190.,
p. 56; frag. de jure fisci, 16-17. — 17 Dig. SO, 13, 1, § 8. — '8 Les proxi'i i
des bureaux touchent 40 000 sestfirces (C. ins. lat. 0, 8619). — 19 Suet. Ot/i.
5; Vesp. 23; Vit. Alex. 41, 3. — 20 Les salariarii des légions sont des sol-
dats qui reçoivent un solarium, comme Vevoeatus salnriarius (C ins. Int. 3,
4308 ; Orelli, 3464). — 21 Vers 390, le magister memoriae touche encore en
argent 300 000 sesterces (Eumen. Pro instaur. sch. 11); mais la réforme est
supposée par lo texte de Victor {Caes. 39, 31-32), vers 393. Les mots ducenarii,
centenarii. sexagenarii n'indiquent plus le trailement, mais le rang (C. Th. 13, 1,
3; 11, 1, 12; 11, 7, 1). —22 C. T'A. 8, 1,3; 6, 34, 2; 7, 4-3 et la note 11. — 23 (,'
Th. 6, 20. 18 ; 6, 30, 11 ; 3, 4, 19, 32, 35 ; 8, I, 3, 10 ; 8, 5, 3, 31. — 2i Ammian.
22, 4, 9. _ 25 Voir pour l'ÉgypIe Wilcken, Ostraka, p. 665-681. — 26 c. Th. 7, 4,
10,14, 22-23. —27 Ibid. 11. 2,4-5: 11, 28, 17 ; Ammiao. 31, 14, 2. —28 C. Th.
7, i, 28-30, 35, 36 ; Nov. Valentin. III, IS, § 3. - '29 C. Th. 7, 4, 35 (423. en Oricnlj ;
32 (412 en Ulyrie). C. Just. 1, 52, (. an. (439 en Orient). — 30 c. Just. 1,27. I.
— 31 Edict. Just. n, 3, IS; 4, 1 ; Nov. 24-31 ; 103; f. Just. 1, 27, I, 8. Les
assesseurs ont, en général, une livre d'or ; auprès des préfets d'Egypte et du pré-
toire de 3 à 20 livres. — 32 pour les honoraires publics et privés des méde-
cins, voir MEoicus, p. 1694-1095. — 33 Cic. Pro Rose. com. 10, 28. — 3'. C. ins.
lat. 3 suppi 3, p. 1938-1953. Voir Mommsen, Pas Edikt Diocletians (Ber. d. K.
Sàchs. Ces. d. Wiss. phil. bist. Cl. ISil, l-.-o, 381-400; Le Bas-Waddingloo,
Voy. iirch. 3, 533, p. 143-191 ; Bliimner, A'eue fragmente des edictam Diocle-
tiani (Philolog. N. F. 13, p. 384-501;.
SAL
— 1014 —
SAL
teneur, -1 par client; le scribe. 10 par cent lignes; l'avocat,
2:i0 pav postulatio, 1000 par cognitio; les ditTérents
maîtres touchent par tète d'élève et par mois : \epaeda-
gof/ux. le libraritis ou anfiquarhis et le maître institn-
tor litterariim. 50 deniers; le calculator, le notarius,
75; le grammairien grec ou latin et le maître de géomé-
trie, 200; Vorator ou sophiste, 200; le maître de
dessin, 100. Nous ignorons malheureusement la valeur
exacte du denier de cette époque '.
m. Autre sens. — Le mot salarium désigne encore
une subvention annuelle, accordée par exemple par
l'empereur à des sénateurs pauvres- ou à des membres
de sa famille^; ou bien léguée à un homme honorable'.
11 s'applique encore à la rémunération accordée à un
mandataire en échange de ses services, et qui peut être
réclamée extra ordinem °. Ch. Lécrivain.
S.\LG.4MA ('A>.fiiara). — Les Grecs désignaient sous le
nom d'à/.iAïTi ', et les Romains sous le nom de salgama\
les conserves salées de légumes et de fruits. Columelle
donne des recettes nombreuses et minutieuses pour con-
fire les laitues et autres salades, les câpres, les asperges,
les oignons, les poires, les pommes, les prunes, les
olives, les raves, les navets, etc. [condimentum] '. Dans
toutes ces préparations entraient, en proportions varia-
bles, et parfois avec d'autres condiments accessoires, du
vinaigre et de la saumure lMiriaI ; on se servait, pour
les fabriquer, de vases de taille médiocre, en terre cuite
ou en verre, à grande ouverture, aussi larges au sommet
qu'à la base, afin que les conserves qu'ils renfermaient
fussent toujours recouvertes également de liquide ; on
avait soin de déposer ces vases dans des endroits frais et
secs, à l'abri du soleil'. Les gens qui préparaient ou
qui vendaient des fruits et légumes confits, s'appelaient
a.X^iu-%i'^,salgamarii^ on salgamentarii''. Un certain
Caius Matins avait composé un ouvrage intitulé Saïga-
?>iarius, le Confiseur^.
Le mot salgamum, au singulier, ne se rencontre
qu'à une époque tardive et avec des sens nouveaux.
Dans un passage d'une lettre de saint Grégoire le
Grand, le salgamum est le cellier où l'on garde les
snlgama^. Un titre du Code Théodosien '", dont les dis-
positions sont reproduites dans le Code Jiistinien",
traite De salgamo hospitibus non praebendo; une loi
de l'année 393 défend aux soldats de rien demander à
leurs hôtes comme salgamum. c'est-à-dire dr leur ré-
clamer du bois, de l'huile et de la literie'-; on entendait
donc Tpur sa/gamiiin, sous le Bas-Empire, l'ensemble des
1 Waddinglon l'estime à 2SS par caitreus, c'est-à-dire à eii\irou 0 fr. Û6:i ;
Mommsen n'admet guère que le tiers de celte valeur; Huitsch [Jahrb. fur Phil.
l-iKO. p. i7-3l) admet 30 000 deniers à ta livre d'or, ce qui donnerait environ
0 fr. 0203 pour le denier. — 2 Suet. Ner. 10. — 3 ri(. Marc. 15, 3.-4 Dig.
i. 15, 8. § J3. — 5 Ibid. 17, l, 7 ; C. Just. 4, 35, 1. — BrBLiocnAPHiE. Dureau de
la Malle, Économie politique des Bomains, Paris, 1840, I, p. 97-134; Hofmann,
De provinciali sumplu populi romani, Berlin, 1851 ; Kulin, Die sld'dl. inld bù7'y.
Verfiumng, Leipzig, 18i)4, I, p. 94-103; Merkel, l'eber die Entstehung der rôm.
Beamtengehaltei. Halle, 1888; Monimsen et Marquardt, Manuel, trnd. fr. 1,
p. 330-345, 378, p. 38-39, C4-65 ; Seeck, Geschichte des Cntcrgangs der antiken
W'elt, Berlin, l'.>02, 11. p. 191-299.
SALGAMA. I Arisloph. Pac. Ii53; Nicand. ap. Athen. IV, p. 133 E; Dioscor.
II. 205. Le verbe i'/.iiii-.ï veut dire « confire .. iDioscor. 1, 172; II, li7, 134.
130; III, [t, et le mol i'i.f.i\ii:i caractérise la fabrication des conserves (Dioscor.
III. 91). — 2 Colum. De re rusl. X, 117; XII, 4, 4; 9, 2; Greg. SI. Episl. V, 44.
— îColum. Op. cit. XII, 4 sq. — 4 Ibid. XII, 4. — i Dioscor. I, 27. — 6 Colum.
Op. cit. XII, se, 1 ; cf. Concil. Clialcedon. acl. 1 1 : ,aY«|iaj,'oj;. — : Salv.
Adi: .irar. IV, 7. — 8 Colum. Op. cil. XII. 40, 1. - 9 (ireg. M. Loc. cit.
— 10 Cod. Theod. VII, 9. — il Cod. Just. XII, 42. - 1-2 Cod. Theod. VII. 9, 3.
— 13 Du Cange, Ghssarium s. v», éd. de Paris, 1846, VI, p. 3s ; H.-E. Dirksen,
objets de première nécessité que les hôtes étaienttenus do
fournir à ceux qu'ils hébergeaient'^. Mai rice Besmer.
SALII. — Les Saliens sont au premier rang des con-
fréries ou sodniités sacerdotales qui, dans l'organisme
du culte de Rome, sont chargées d'accomplir certains
rites pour le bien de l'État tout entier. Ils se partagent
ces fonctions avec les li perci, les arvales fratres, les
soDALES TiTii et les TETiALEs'; ils l'emportent sur eux
en importance, non seulement parce qu'ils sont les
ministres de Mars, dieu fondateur de la cité, mais parce
que le culte auquel ils président devait être, dès les com-
mencements de Rome, le lien le plus puissant des com-
munes, d'abord indépendantes, puis groupées dans une
cité unique autour du Capitole ^
I. Origines, organisation. — L'histoire légendaire
rapporte l'institution des Saliens au roi Numa, comme
elle lui attribue la création des Flamines, du collège
des Vestales et généralement toute l'organisation de la
vieille religion des Romains^. Les témoignages les
plus dignes de foi, parce qu'ils sont confirmés par les
actes mêmes du culte et par les vocables portant la mar-
que d'une vénérable antiquité, prouvent que leur ori-
gine est antérieure à la période dite du synoecisme,
c'est-à-dire de l'unification de Rome sous l'autorité
de ses rois '. Comme celle des Luperques, leur corpo-
ration se présente à nous sous la forme de deux con-
fréries distinctes et semblables ; mais tandis que la
dualité des premiers s'explique par leur origine genti-
lice^, celle des Saliens tient à des raisons nationales.
L'une des confréries représente la religion de Mars
Gradivus, telle que la pratiquaient les habitants du
Palatin et du Germains, qui furent des Latins " ; et l'autre,
cette même religion chez les Sabins de la Colline, qui
honoraient Mars sous le vocable de Quirinus. Ce dernier
vocable passa à une partie du quartier peuplé par eux,
ainsi qu'à la confrérie même des Saliens Sabelliques '.
Il y eut donc des Salii Palatini et des Salii Quirinales
ou Collini ^ ; et même ceux-ci, dans la langue rituelle,
étaient désignés sous le nom de Agonenses ou Agonales.
parce que le 17 mars on célébrait, au sanctuaire de Qui-
rinus, une cérémonie que les .\nnales des Pontifes appe-
laient Agoniiim Martiale ou Agonia'\ Ce collège des
Saliens du Quirinal ne jouit jamais de la même considé-
ration que celui du Palatin, ce qui démontre pour sa
part que l'élément latin eut dans l'action religieuse, po-
litique et militaire de Rome, une influence prépondérante
dès l'origine '". Quand il est question plus tard des
Manuale latinitatis fontium juris cii-ilis Bomanonim, Berlin, 1S39, s. v», p. 857.
SALII. 1 Sur le rôle de ces confréries, envisagées dans leur ensemble, v. Preller-
Jordan, Roem. Mythol. I, p. 125 sq. — 2 Gilbert, Geschichte und Topographie, I.
p. 139 sq. — 3 Cic. Rep. Il, 14, 26; T. Liv. 1,20, 4; Dion. Hal. Il, 70; Ov. Fast.
III. 239 sq; 387, /bid. Cf. Enn. Annal. II, 80 (Baelirens) et Varr. ling. lat. Vil,
13; Fest. Epit. p. 131, Plut. .\um. 13; Lyd. De mens. 4, 2; Aur. Vict. De vir.
itlustr. 111, 1 ; Serv. Aen. VIII, 283; Lactant. Inst. I, 22, 4. — * W. Helbig, Attri-
buts des Saliens, p. 211; Gilbert, Loc. cil. — ô Lcperci, III, 2, p. 1399 sq. Cf.
Lange, Roen?. Alterlhùmer, I. p. 31s sq. — 6T. Liv. I, 20, 4; V, 52, 7 ; Serv. Aen.
VIII, 663 ; cf. Preller-Jordan, Op. cit. I, p. 348 sq. — 7 Qumiscs, IV, l,p. 807. cf.
Corp. inscr. lat. VI, 1383, 1422, 1439, etc. ; IX, 1 123 ; X, 505S, 6322 ; Ephem. épigr.
\^ 458. La noie de Servius, Aen. VlU, 285, est entachée d'une grave erreur eu
ce qu'elle distingue les Collini des f.}uirinales, et qu'elle oublie les Palatini ; cf.
Wissowa, Religion und Kultus, p. 133, n. 2. — 8 Dion. Hal. Il, 70 ; III, 32; Varr.
ling. lat. VI, 14. Cf. Gilbert, Op. cit. I, p. 298; Corp. inscr. lat. Il, 1406; V.
1S12, 4347; VI, 1339, 1553, 2158; IX, 1687, Î43C, 3154. 4853; X, 5061. —3 Ma-
crob. l, 4, 15; Fest. Epit. p. 10; il y a d'autres dates au calendrier caractérisées
par Agonia, sacrifices en l'Iionneur de Jauus, de Vejovis, d'Inuus; V. ilarquardl-
Mommsen, Handbuch, VI, p. 323, note 5. — lo Ambroscli, Studien und Andcf
tungen, p. 193 sq.
SAL
1015
SAL
Saliens sans épilhèle, il faut presque toujours penser à
ceux du Palatin, de beaucoup les plus notoires'. La
légende même fait, d'ailleurs, des autres une copie des
premiers. Ils auraient été institués par le roi TuUus,
sous le coup des préoccupations que causa la guerre avec
Albe ; et, en même temps, aurait été édifié sur le Quirinal
un sanctuaire à Paror et à Pallor. divinités symboliques
qui rappellent les daemons Asiao; et Oooo; d'Hésiode^;
un commentateur de Virgile va même Jusqu'à appeler
les nouveaux Saliens Pacoril et Pallorii, e.vpressions
qui ne se retrouvent nulle part ailleurs '.
J^es Saliens sont redevables de leur appellation à l'acte
principal du culte dont ils sont les ministres, à la danse
sacrée qu'ils exécutent publiquement en l'honneur de
Mars durant le mois qui porte son nom^ Cette danse et
le collège des Saliens ont leur légende, dont le caractère
naïf garantit l'antiquité. Dans la période même où ils
s'offrent en spectacle à la piété des Romains, tombait la
fête des equirri-^ ou eci"rri.\, courses de chars orga-
nisées au Champ de .Mars, qui recurent dans la suite le
nom de Mamuralia ^ Mamurius. surnommé Veturius,
est un forgeron divin qui, à la prière du roi Numa,
fabriqua, sur le modèle d'un engin tombé du ciel ou
mystérieusement déposé dans la Beyia, onze boucliers
absolument semblables qui furent appelés ancilia et
conservés dès lors, avec un soin religieux, comme un
des gages de la future grandeur de Rome''. En réalité.
Mamurius est le prototype du prêtre salien et très pro-
bablement une incarnation populaire du dieu .Mars lui-
même ; la procession au cours de laquelle le collège tout
entier accomplit ses rites, commémore, en l'idéalisant,
l'aventure qui lui a valu cet honneur'. Son nom figure
parmi ceux des divinités qui sont invoquées dans les
chants propres aux Salien^iJ Lue statue élevée entre le
Capilolium Vêtus et le temple de Quirinus reproduisait
son image*. Nous renvoyons aux mytiiologues de pro-
fession el aux f'olfilorisles pour l'interprétation du nom
et des réjouissances populaires qui. à c<jté des Equirria.
rappelaient les aventures du héros. Disons simplement
qu'un personnage accoutré de peaux de bête était expulsé
de la ville à coups de bâton par la foule et que cet usage
se retrouve encore aujourd'hui en divers lieux, dans les
démonstrations qui ont pour objet de chasser, de brûler
même et d'enterrer en effigie le bonhomme Carnaval.
Aelius Stilo, aux débuts du i"'' siècle avant notre ère,
expliquait par ces pratiques les cérémonies publi-
ques des Saliens ; au déclin du paganisme, ce sens rus-
1 Gilbert. Op. cit. p. Î93. — 2 Til. Liv. I. 27, 7 : cf. Id. VIII, 8, 7 ; .X, 28,
16; Fesl. Epit.f. Wï. — 3 Scrv. Aen. VIII. £83; idenliDés avec Picus et
Faunus et désignés sous le DOra de Hostilii Lares. Od a voulu retrouver des
représeniations de Pavot' et de Pallor sur certaines monnaies [palloh, pavob,
fig. 5Mi, 5483] ; à tort, voir Babelon. Monnaies de la Républ. I, 552 ;
Frochner, Philol. suppl. V, »i, et Monal, /lerue numism. 1891, p. 279 gq. : cf.
Wissova, Ilelirj. itnd Kull. p. 133. — ^ Varr. Ling. lai. V, 85; Ov. Fait. III, S"*:.
— 5Le U mars; Varr. Ling. lat. VI, 13; Ov. Fast. III. 317 sq. ; Fesl. Epit. 81 :
131 cl les Calendriers. — 6 Serv. Aen. VII, 188 : Lyd. De mens. 4, 36 ; 3, 29 ; Ov.
Fast. 111, 373; Plut. .Vum. 13; Dion. Il, 71; cf. Gilbert, Op. eil. I, p. 295 sq.
— 7 Varr. Ling. lat. VI, 43; ef. L'sener, nhein. Mus. 1875. p. 209. qui a donné
du mythe une interprétation aussi lumineuse qu'eiacte; Ui'bert, Op. cit. I, p. 141,
note 1 : Mïnnhardt, Baumkitltus. p. 5ii'. sq. — 8 Plut. Loc. cit.: Fesl. £>i(.
p. 131 ; Cnriosum Urbis Rom. chez Becker, Topographie, p. 713. — 9 Serv. Aen.
VII. 188 ; Slinuc. Fel. Octav. 24, 3, où alii est à corriger en Salii ; Fesl p. 210 :
pescia in Saliari carminé Aelius Stito clici ait capilia es pellibiis agninis fada.
a. Lsener. Op. cit. p. 212 ; Mannbardt, Antike li'aUl „nd Feldkulle, p. 266, 297 ;
Id. Mythol. Forschuni. p. 153 sq. ; 198, etc. — '0 l.yd. De mens. 4, 2, avec le
commentaii-e de Corssen, Origines poesis romanae, p. 23 sq. : cf. Gilbert, Op. cit.
1, p. 141, note 1; et L'sener, p. 209. — u Ambroscb, Studien, etc. ; p. 213 S(|. ;
tique de leurs origines ne s'était pas perdu encore '.
ij^es deux collèges des Saliens comptaient chacun douze
membresj tout comme le collège des .\rvales, ceux des
Luperques et des Flamines minores. Ce chitlre a été
expliqué par des raisons astronomiques ; il correspon-
drait à celui des mois de l'année et il serait symbolisé
dans la légende par les douze boucliers, l'un tombé du
ciel, les autres fabriqués sur ce modèle"', .^mbrosch
nous semble plus dans la vérité des choses en l'expliquant
par des considérations politiques, c'est-à-dire par la di-
vision de l'ancienne Rome en un certain nombre de
quartiers qui auraient fourni aux corporations sacerdo-
tales un nombre égal de représentants". Les douze
membres de chaque collège restèrent longtemps de fa-
mille patricienne; ils étaient, à ce point de vue, sur le
même rang que le fiex Sacrorum et que les Flamines,
choisis également parmi les Patriciens'-. Les Saliens
devaient de plus, au moment de leur choix, être patrimi
et matrimi, c'est-à-dire nés de père et de mère vivants,
mariés par confarreatio^^ . Enfin, ils pouvaient être
recrutés parmi de tout jeunes gens, sans doute après
qu'ils avaient revêtu la toge virilea) l'exemple de .Marc-
Aurèle qui fut choisi à l'âge de huit ans est unique et
s'explique par sa qualité de César ".y_usqu"à la lin de la
République, le recrutement se faisait par cooptation ;
sous l'Empire, il y a des exemples de Saliens nommés
sur la désignation du prince, mais rien ne démontre
qu'antérieurement le Grand Pontife ail exercé un pou-
voir analogue '^.
En principe, la dignité de Salien 'saliatus] était con-
férée pour la vie "■ ; mais il arrivait dans la pratique que
les obligations en étaient difficilement conciliables ou
avec les grandes magistratures électives, préture et con-
sulat, ou avec les fonctions du flaminicat et du ponti-
ficat : pour ces circonstances était prévue une exaiifju-
ratio. Les Fastes des Saliens du Palatin nous offrent trois
cas où il est procédé par cooptation au remplacement de
confrères, l'un décédé, d'autres élevés à la dignité de
flamine, de pontife et d'augure, un autre encore nommé
consul '". La preuve que les devoirs du Salien pouvaient
se trouver en conflit avec des charges ou civiles ou mili-
taires, nous est fournie par le cas de Scipion l'.^fricain
qui, en 190 av. J.-C, comme légat de son frère en .\sie,
fut contraint à une inaction militaire de plusieurs jours,
parce que sa qualité de Salien l'obligeait à respecter les
fêtes de sa confrérie'*. On peut même remarquer que,
pour la même raison, le sacerdoce salien fut le seul que
pour le nombre des membres dans les confréries comparé à celui des augures et
des pontifes, v. Wissona, Op. cit. p. 415. — '2 Luc. Phars. IX, 477 ; Juv. VI, 604;
Dion. Il, 70 ; déjà Cicer. De dom. 14, 38. a. C. i. lat. I.X, 1123. — 13 Dion. II, 71,
&|i«i9<xXer;. Pour le chœur des Jeux séculaires, v. les Acta, 146 dans VEptlem. éptgr.
Vlil, 2, p. 233; cf. Tac. Hisl. IV, 53. — 14 Capit. M. Aur.phil. 4. 2; Dion. 11,
70; Corp. inscr. lat. VI, 1439 (Salien âgé de 20 ansi ; IX, +855 (de 24 ansi.
— 15 C. inscr. lat. V, 3117 : ab imperatore adscitus in numeriim Saliorum;
cf. Wissowa, Op. cit. p. 417, note 4; et 419. note 2. Pour la cooptation dans
les collèges sacerdotaux, v. Mercklin, Die Cooptation der Jtoemer, Leip. 1848. et
Gemoll, Decooptationesacerdotum romanorum, Berlin, 1Ç70. — i6Macrob. III, 14,
14; Val. Max. I, 1,9. Pour le terme de Saliatus (cf. pontificatus. auguratuSyelc),
V. Cicer. Pro Scaur. 7. — 17 L'n assez gracd nombre d'inscriptions sont relatives
à des personnages qui. ayant été Saliens, ont ensuite rempli des charges qui leur
rendaient la fonction difiîcile ; C. i. l. VI, 1339, 1422, 1333; XI. 5743; XIV, 2301,
2803. 3804. Ces inscriptions n'impliquent pas que les titulaires aient cumulé. V. les
Fasti des Salii Palatini, C. i. l. VI, 1977-83 ; un cas â'exaiiguratio men-
tionné à 1978, 13; cf. 1980, 9. — I» Polyb. XXI. 13, 10 sq. ; T. Li». XXXVII,
33, 0. Huschke, Das Roemische Jahr. p. 363, a démontré que l'événement se
produisit aux fêtes d'octobre, pour \'armilustriun\, non pour celles du mois
de mars.
SAL
— 1016
SAL
les empereurs n'aienl pas cru devoir revêtir, comme ils
le firent, à roccasion, de tous les autres'. Il arrivait
cependant que d'éminents personnages refusassent de
quitter le collège, après avoir obtenu des dignités et des
fonctions qui invitaient à ïexaur/uratio. Appius Clau-
dius voulut jusqu'à la lin de sa vie remplir ses fonctions
de Salien et, tout vieux déjà, comptait comme un titre
d'honneur, la persistance à se distinguer parmi ses con-
frères en qualité de danseur sacré. Furius Bibaculus,
nommé préteur, resta Salien à la requête de son père et
remplit toutes les fonctions de ce sacerdoce, même celle
de danser en public -(., En fait, s'il y a des cas de dis-
pense, il dépendait de l'intéressé de les faire valoir.
Nous avons dit qu'on pouvait entrer jeune dans la CQn-
frérie ; celle-ci Se partageait même en deux classes, celle
des Jiiniores et celle des Seniorey, on n'est pas fixé
sur la limite d'âge. Le rituel des prières, des chants et
des danses étant assez compliqué, il était important que
l'on s'y façonnât de bonne heure ; et les anciens ensei-
gnaient la tradition aux nouveaux venus'. Virgile, qui
a mêlé les Saliens au culte d'Hercule, les partage en deux
cliœurs : l'un des jeunes, l'autre des anciens : un gram-
mairien du iv» siècle, épiloguant sur les qualités du mètre
spondaïque que le roi Numa aurait appelé /j/y/f ////(•«/. nous
parle déjeunes Saliens qui se livrent aux danses sacrées
el, sur un rythme grave, chantent les dieux hidigètes'.
iTrois dignitaires présidaient aux actes et aux chants
de la confrérie ; c'étaient, probablement, dans l'ordre
ascendant, d'abord le praesu/, coryphée de la danse,
•puis le va les, coryphée du chant; finalement le mat/ister,
qui est le maître de la confrérie chargé de régler le détail
de l'administration intérieure, de l'organisation des fêtes,
de l'admission et de Yexauijiiratio des membres. C'est,
du moins, dans cet ordre que les cite l'historien deMarc-
.\urèle, en faisant remarquer que le prince remplit ces
dignités successivement et qu'il eut, comme magister, à
admettre et à exaiigurer un grand nombre de confrères^
nous avons dit que lui-même entra dans le collège à huit
ans et, sans doute, il n'usa point de la dispense après
être parvenu à l'Empire ^|Toutefois. la danse sacrée étant,
aux yeux du public, la fonction principale du Salien,
c'est le praegul, mol qui signifie danseur en premier,
qui fut le personnage le plus en vue ^ Il est impossible
de ne pas tenir compte de l'ingénieuse interprétation
qu'on a donnée du mot consal, la seule en détinitive qui
satisfasse aux règles de la linguistique et à la nature des
faits : il signifierait confrère de danse dans le chœur des
Saliens. Par là, il nous ramène aux temps où les deux
confréries du Palatin et du Quirinal préludaient par la
danse sacrée, et à l'entrée en campagne des deux contin-
gents au mois de Mars, et à leur retour triomphal
au mois d'octobre : les deux chefs auraient été rede-
vables de leur nom au rôle qui leur était dévolu dans
' WisMwa, Op. cit. p. 423, noie 8; el 415. noie 5.-2 Macrob. el Val. Mai.
loe. cil. Le père de Furius Bibaculus éUH magister du collège. — 3 Preller-Jordan ,
Op. cit. 1. p. 337. — t Uioni. {lirammal. lat. de Keil, p. 476, 15 aJ Virg. Aen. VIII,
i»3 sq. — 3 Capilol. J/. Aur. phil. 4, 4; cf. Val. Mai. I, I, 9. — 6 Aur. Vicl. De
n>. illualr. 3, I : Snlioê, Jtartis sacerdotes. quorum pi-imus praasiil vocatur.
Fesl. p. 570; et Lucil. fragra. IX. 37 (éd. Mueller). — ^ V. celte interprétation
du niot consul cliez Uilberl. ô/,. cil. I. p. SOS : et Moinmseu. Hoem. Oesch. I.
p. il6(S' éd ) : . Consules sont ccuv <|ui saiilcnl ou dansent ensemlilc, comme
l>iaetul est le corrpliée de la dai.se. exsul celui qui saute dehors, etc. » L'oneinalilé
de l'interprélalion est de rattacher la niagistralurc aux fonctions du sacerdoce
salien qui est le sacerdoce mililaire par evcellence. — 8 MuellenholT. Ceber den
.^cliwerttanz. p. 6 sq. et .Mannhardt, Op. cit. voir ccreies. I, 2, i6i6'. — 9 Dion.
Hal. II, 71. Cf. Gilbert, Op. cit. p. 141. — lo .*us exemples nombreui cités
les cérémonies en l'honneur du dieu des arméesl,/
Les recherches du folklore ont établi que la danse
guerrière à la façon des Saliens était pratiquée dans
l'antiquité gréco-romaine pour obtenir la protection de
divinités solaires, .\pollon, Hercule, Jupiter, Mars, et que
la même coutume se retrouve chez un grand nombre de
peuples appartenant à la race indo-germanique*. C'est
généralement vers l'équinoxe du printemps, c'est-à-dire
dans la saison où les armées se mettaient en campagne,
après que la terre a reçu les semences des futures ré-
colles, que cet acte de religion nationale était célébré.
Les historiens grecs des institutions romaines n'ont pas
manqué de souligner la ressemblance que la danse des
Saliens ofTrait avec celle des Curetés en Crète el à Éphèse,
laquelle s'adressait à Zeus enfant ou à -\pollon^ Nous
en retrouvons d'analogues chez les Celtes et les Germains
de l'antiquité et, dans les temps modernes, parmi les
populations rurales des pays italiques, slaves, romans
et germaniques : partout ces danses s'inspirent de préoc-
cupations à la fois guerrières el champêtres'''. Chez les
Romains, la pénétration de ces deux ordres de sentiments
est si intime qu'on a pu, avec une égale vraisemblance,
faire des Saliens une confrérie agricole fournissant un
pendant aux .\rvales ou une corporation exclusivement
militaire ". C'est cette dernière opinion qui, aujourd'hui,
tend à prévaloir, alors que l'autre a été bien longtemps
en honneur. Wissowa et, à sa suite, Helbig ont démontré
tant par des faits d'ordre général que par l'étude des
attributs el des cérémonies propres aux Saliens, que
l'institution même de cette confrérie est d'un temps où
le Romain a dépouillé le caractère primitif du berger el
où il se présente devant nous avec l'allure du guerrier
combattant '-^es cérémonies auxquelles les Saliens pré-
sident sont accomplies pour le salut de l'armée et leurs
attributs sont déterminés (nous en fournirons plus loin
la preuve) par l'armement dont les patriciens faisaient
usage dans l'Italie centrale au ix' siècle avant notre èruJ
D'aussi loin que la tradition permet de se faire une opi-
nion raisonnée. a pu dire Wissowa, Mars n'a jamais été
pour les Romains que le dieu de la guerre ; et s'il est en
même temps le protecteur des champs, ce n'est pas tant
pour en assurer la récolte que pour en écarter les
ravages de l'ennemi en armes '^^es Saliens, qui sont
ses ministres, dira à son tour Helbig, officient originai-
rement comme les représentants sacerdotaux du con-
tingent des citoyens qui avaient les pleins droits poli-
tiques ; et c'est pour cela que Denys les a définis : les
ministres chargés de célébrer les divinités guerrières'*.
\Ce qui prouve l'importance de leurs fonctions, c'est
que nous ne les rencontrons pas seulement à Rome, mais
dans diverses villes du Latium et qu'elles s'adaptent,
dans certains cas, à d'autres cultes que celui de Mars. Une
note de Servi us, qui est, d'ailleurs, un mélange assez
par MuellenholT, Op. cil. on peut ajouter les observations de Mannhardt. Myt*ot.
Forschumjen, p. 19» : et Antike ««M i/ii'f Fehlku.'te, p. 136. Cf. pour la survi-
vance de pratiques de ce genre, Zeitschrift fiir deutsches Atterihum. 1876, p. IS
st|. ; et un article de la revue La \atifre. i3 ocl. et 13 nov. 1886, sur une ancienne
danse guerrière dans les Hautes-.\lpes. près de Briançon. — tt V. Corssen. fjp.
cit. p. -5 sq. ; celui-ci contre Klauseii. .lenens und die Penaten; Hartung.
Heligion der Hoemer. II. p. IGi sq. ; Preller, Roem. Mylhol. I, p. 334 avec les
rcclificalions de Jordan. Pour .Mars, dieu agricole, v. Rosclier, Le.rikon de Mythol, II.
p. 2379 sq. et MAKS, 1^, 2. p. 1613 sq. — '2 Wissona, Iteli). und Kull., p. 131 sq. ; 382
s [. ; 480 : Helbig, .Sur les allribuls des Snliens, p. 203. 261, etc. Déjà Gilbert, O/i.
cil. I, p. 141 sq. 143 et passini. L'élude de M. Helbig tranche délinitivement le i1,-
bat ; elle répond au vœu exprimé par Preller-Jordan, Jioem. ityth. I, p. 256. — '3 0.
cit. p. 131. — 1» Op. cit. p. 201. Dion. Hal. Il, 70 : ■;^»r.ti; t.ïv S.o-iîuv M..
SAL
— 1017
SAL
incohérenl de fables helléniques et de Iradilions nalio-
nales, signale des Saliens à Tibur, qui les aurai l connus
anlérieurement à Rome '. Ils y étaient au service d'Her-
cule, vénéré sous le vocable de Victor et d'/nvictus,
c'est-à-dire envisagé comme un dieu guerrier. C'est cette
tradition que Virgile a transplantée à Rome même^
quand il nous montre les Arcadiens d'Évandre fêlant, à
l'arrivée d'Én('eJ Hercule auprès de r^?"« Maxiina. Les
minisires du dieu sont des Saliens qui, la tête couronnée
de feuillage de peuplier, évoluent autour de l'autel en
chantant. Le même auteur cite desSaliensA^'^eïes, ville
étrusque oii leur collège aurait été organisé par un roi
ancien du nom de Morrius ^ Ceux de Tibur fonctionnent
encore aux temps historiques, et il en est de même,
comme le prouvent des inscriptions, à Albe, à Lavinium,
à Tusculum, à Anagnia, villes du Latium*. D'autres
plus lointaines, situées dans le Nord de l'Italie, Brixia,
Opitergium, Patavium, Ticinum, Vérone, pouvaient les
avoirreçus de Rome ou transformés, à l'imitation des col-
lèges du Palatin et du Quirinal, en sacerdoces locaux ^
Tel est aussi le cas de Sagonte en Espagne qui, sous la
domination romaine, possédait un collège de Saliens,
avec une organisation qui semble calquée sur celle de la
métropole". En revanche, il faut dénier toute valeur
scientifique aux élucubrations anciennes qui tendent à
faire des Saliens de Rome une implantation d'origine
grecque, soit qu'on les rattache au culte des Cabires de
Samothrace, soit qu'on les présente comme les ministres
de celui des Pénates qu'Énée aurait apportés de Troie en
Italie''. On a transformé les Saliens en ministres des
Lares publics, identifiés avec Picus et Faunus au sanc-
tuaire de la Regia '.
II. Culte. — De même que le culte de Mars fut un des
liens qui unirent entre elles les diverses peuplades de
l'Italie centrale sous l'hégémonie de Rome,/ainsi la Cm?vV/,
où les Saliens gardaient les boucliers sacrés, doitêlre con-
sidérée comme le centre religieux de leur fédérationjV:^
\Cette Curia est un local distinct du Saci'arium A/artis,
aussi souvent cité qu'elle parce que les Saliens y offi-
ciaient, et, pour cette raison, confondu avec elle, tant à
cause du mot sacrarium qui se prête à qualifier tous
les édifices du culte, qu'à cause de l'expression arma
ancilia par laquelle les calendriers désignent, tantôt les
boucliers seuls en vertu d'une apposition, tantôt séparé-
ment les lances et les boucliers '°. La Curia Satiorutn,
située surle Palatin, était la résidence des 6'ff/f« Palatini
et l'arsenal des ancilia. Il s'y trouvait aussi une statue
de Mars armé de la lance, puis une relique vénérable, le
lituus ou bâton augurai de Romulus". C'est dans ce
sanctuairequeles Saliens, aux dates rituelles, etlegénéral
1 Scrv. Afi Aen. VIII, 2)-5: cf. Macroh. III, 12, 7, citant un livre d'Oclavius
Hersennius (?) intitulé : De sacris Saliaribus Tiburtium. Cf. C. i. l. p. 577,
n» 3543, 3348, 4234; 3353 et p. 577; Mommscn, Ibid. I, p. 150; Orclli, Inscr.
2249, 2701. — 2 Virg. Aen. VIII. Ad loc. CS. .«cliol. Horat. Carm. I, 27. — 3 Serv.
Aen. Loc. cil. Cf. Marquardt-Mommscn, Handliuch. \l, p. 430; Roscher, Lexikon,
II, 2, p. 2427, qui voit dans Moi'i-ius une coiTuplion do Mars. U. Helbig s'autorise
de ce témoignage pour i'interprètalion de lasardoine représentant les boucliers des
Saliens dont il sera i|ucstion plus loin (III). — 4 C. i. I. VI, 2170, 2171 ; X, 707,
5923 et 5920. On a ciu reconnaitre des Saliens sur un petit bas-relief d'Anagnia,
représentant des lioinmes casqués qui portent des boucliers oblongs avec la télé de
Gorgone; Annali delf tnstit. 1S09, pi. E. L'identilicatiou est plus que douteuse;
voir plus loin, p. 1020. — 5 C. i. (. V, 1978, 2831, 0431 ; 4492. — 6 ll,id. Il, 3833,
3855,3839; un magisler, Ib. 3814 et 3805; conlusores (membres) à 3853. — 7 Fcst.
p. 326 et 329; Plut. Siim.. 13; Serv. Aen. Il, 323 et VIII, 283. — 8 Kubino, Bii-
traeue zur Vori/eschiclite Italiens, p. 239 : die Salier als Penatendiener. Cf. /leal-
encyclop. de l'auly, t. VI, p. CS9, où sont entassées comme à plaisir toutes les assi-
milations erronées de l'institution des Saliens avec les cultes exotiques. — 'J Gilberl,
VIII.
en chef, lors d'une entrée en campagne, allaient faire ré-
sonner les boucliers [commovere arma ancilia) et tou-
cher la lance du dieu en l'interpellant : Mars, vigila '-.
Le Sacrarium Martis n'étant pas un édifice distinct, mais
une chapelle de la Regia, Mars n'y avait ni statue, ni
boucliers; mais on y déposait les lances sacrées qui
avaient également leur rôle et dans les cérémonies des
Saliens et dans les préliminaires d'une déclaration de
guerre.vCésar y était allé dormir au début de la lutte
contre Pompée, et il y fut réveillé par le bruit des lances
qui s'entrechoquèrent miraculeusement '^^^Là aussi in-
tervenaient des Vierges Salieiuies. prêtresses d'occasion,
dont le caractère est mal connu, mais dont on sait qu'elles
assistaient le Grand Pontife en compagnie des Saliens
pour l'oblation d'un sacrifice; elles étaient alors vêtues
du pa/MrfrtWie/i/wm, manteau militaire, et, comme les Sa-
liens eux-mêmes, coiffées de Vapex '*. Le sacrariutnde la
Regia el\a.Curia Saliorum appartenaientoriginairement
à la confrérie du Palatin; celle du Quirinal avait sa Cui'ia
propre, très vraisemblablement une annexe du temple
de Quirinus, au sommet de la Colline.. Denys, en la dési-
gnant par le terme de UpoauXâîciov, indique qu'on y de-
vait conserver d'autres objets vénérables servant au culte
du MarsQuirinus '°. Enfin, rappelons les sanctuaires qui,
au dire de Tite-Live, auraient été élevés à Pavor et à
Pallor par TuUus Hostilius, quand il créa la confrérie
des Saliens du Quirinal; si ces sanctuaires ont jamais
existé, il est impossible d'en découvrir des traces'".
Aux temps historiques, il n'est question que d'un
groupe de fêtes, célébrées en l'honneur de Mars par les
Saliens, sans que l'on distingue, à ce point de vue, les
deux confréries. 11 est probable que certaines cérémonies
leur étaient communes, tant à la Curia Saliorum que
dans la chapelle de la Regia ; si, ensuite, elles se sont
séparées (mais nous n'en savons rien au juste), ce devait
être pour se partager l'itinéraire des processions suivant
leurs quartiers respectifs'". (Ces fêtes se célébraient en
mars et en octobre ; celles du printemps sont de beaucoup
les plus importantes, puisqu'elles s'étendent sur un mois
presque entier '*; celles d'automne sont une rapide con-
clusion qui tient dans une seule journée, celle de VÂrmi-
lustriian ". Les premières avaient pour objet de mettre
en mouvement [movere] les armes et les boucliers: les
secondes de les rendre au repos (condere). La légende
fixant au 1"' mars le miracle de Vancile tombé des nues
aux pieds de Numa, c'estce jour-làque commence la fonc-
tion pieuse des Saliens. Ils vont à la Curia du Palatin
invoquer Mars et tirer de leur réduit les douze boucliers ;
de là, ils se rendent kla. Regia, assister au sacrifice offert
par le Grand Pontife en compagnie des Vierges Saliennes
Gescli. vnd Topogr. I, p. 139 sq. — 10 Cic. Divin. I, 17, 30 ; Dion. XIV, 2 et II, 7 ;
Plut. Niim. 13 ; Cam. 32 ; Val. Max. I, 1, 39 ; Serv. Aen. VIII, 3 ; Vil, 003. Pour la
question topograpliique, v. Becker, Topographie, p. 229 sq.: Jordan, Topogi: U,
p. 271 sq. et tlilberl, 1, p. 346 sq. Cf. Roscber, Lexikon, II, 2388. — " Varr.
Ling. lat. V, 143; T. Liv. I, 44; Plut. nom. Il; Fest p. 252. Cf. i.iiuus,
p. 1278, 1. — 12 Serv. Aen. VII. 603 et VIII, 3, avec les calendriers au 9 mars;
Lyd. De mens. III, 15 et IV, 29; les ancilia et les lances par leurs bruits spon-
tanés annoncent les périls publics. T. Liv. Epit. 08 ; Jul. Obseq. 44. — 13 Serv.
Ihid. II, 323; Aul. Clell. IV, 0, 1 ; Uion. Cass. 44, 7; cf. T. Liv. XL, 19 et
Jul. Obseq. 00-91 et ailleurs. — 1* Fest. p. 329; cf. Ambroscli, Op. cit. p. 8,
note 32; p. 1 1 et 1», note 56. — 15 Dion. Hal. Il, 70; cf. m-iniKus, p. 807, et
Serv. Aen. I, 292. — IS Gilberl, I, p. 139 si|. ; et supra. — " Wissowa,
Op. cit. p. 482. — is l'olyb. XXI. 10, 12; Dion. Hal. H, 70. Les trente jours de
Polybe sont moins exacts «[ue le grand nombre de jours dont parle ce dernier.
— 13 T. I, p. 43S. Cette dernière félc était également sous la direction des .Sa-
liens; Varr. Ling. lat. VI, 22; V, 133; Fest. Epit. p. 19 et les Calendriers au
19 octobre.
128
SAL
1018
SAL
cl s'assuror des lances qui devaient compléter leur arme-
ment '.iLes calendriers désignent ce jour par Ferine
Martis ou A'ata/is Martis-; la première manifestation
publique du collège ne devait avoir lieu que huit jours
plus tard, le î) mars, qui, dans les calendriers, figure sous
la rubrique : nriiia anci/ia movent, et ([ui marque en
réalité l'ouverture des processions par la ville ^ Dans
l'intervalle du l" au 0 mars, tombait la fêle des Matro-
nalin qui, à partir de l'an 375 U. C, jouit d'une popu-
larité considérable'. Les fêtes en l'honneur de Mars
continuent ensuite pendant une quinzaine. Polybe s'est
donc trompé en donnant aux cérémonies des Saliens
une durée de trente joursJ La procession, qui est l'acte
capital de leur culle, senible s'être déroulée pendant
dix jours au plus, du 9 au 19 mars, date des Quinqua-
Iries [oiiNOUATRtsl ^ ; et c'est le 2i que figure au calen-
drier le dernier épisode de la fêle; ce jour-là, le Rex
sacroruin mettait lin aux cérémonies en déclarant close
la série des jours reliyiosi ouverte le 1" mars % Quant
aux détails de l'organisation, les témoignages anciens
manquent de précision ; seule la procession qui mettait
la ville en rumeur parait avoir frappé les imaginations.
Comme celle des argei, dont les stations nous sont
connues, et celle des luperci, dont nous savons le parcours,
la processionjifisSaliens devait suivre un itinéraire dé-
terminé. Elle étaiticoupée par des haltes dans une même
journée et s'arrêtait chaque soir dans un édifice amé-
nagé à cet efTet>Du moins, une inscription de l'an 382
de notre ère parle des mansiones « bâties par les
anciens pour la garde des armes sacrées et qui, tom-
bant en ruines de vétusté, parce qu'on s'en était dé-
sint(Tessé, avaient été réparées aux frais des Pon-
tifes ' ».^\ux haltes de la journée était donné à la foule
le spectacle de la danse sacrée et les Saliens chantaient
leurs hymnes, sans doute en offrant un sacrifice*. Une
de ces haltes avait sûrement lieu sur le Comitium et
l'on peut conjecturer qu'il y en eut une au Capitole ■',
et une autre sur le pont Sublicius '" ; il devait y en
avoir beaucoup d'autres. La procession impliquait le
concours des grands sacerdoces et celui de la cavalerie
des Juniores commandée par le tribun des Celeres " ; un
bas-relief nous en a peut-être conservé une représenta-
tion réduite. Elle s'ouvre par trois hommes portant une
corjjeille; suivent quatre joueurs de trompettes et, der-
rière eux, cinq Saliens de taille plus petite (sans doute
la section des Juniores); le cortège est fermé par six
I Lyd. De mens. III. 13 ; Ovid. Fast. III, 239 ; 373 et les leilcs cités plus haut.
— 2 C<l(. Praen. Fast. Philocali ; Pliol. Amphil. 13i. — 3 Fttst. Philoc. — '' Voir
jtNo, III, 1. p. 084, 2. — ô IV, p. 802. 1 ; les (Juinquatries, à l'origine, (|uaiid elles
étaient eu rapport, avec le seul culte de Mars, ne duraient qu'un jour, le iO mars, et
étaient une fôte de purification; Cliaris. p. 81, 20 (Grammnt. lut. de Keil); quingtia-
trtis... a ijuinquando, id est histrando^ guod eo die arma ancilia lustrari siitt
aotita. Celte journée correspondait à l'Armilustrîum du l'J octobre. Cf. Marc|uardt,
Momnisen, VI, p. 434; et Husclike, Das Jioem.Jnhr. p. 355, avec la restitution du
telle. Cal. Praen., salu faciunt in comitio sai.tus SAcnincAXTUîus pustificiuus i-t
Tiiiiic.Ms cEfKrirM. — 6 Le 23 avaitlieu le tuuu.ustrom; V. v. Le 24 mars est désigné
dans les calendriers par : quando iif.x comitiavit fas ; ef. Fest. p. 238, 278 et Varr.
Lhtf/. lot. VI, 31; une mention identique se retrouve pour le 24 mai. La céré-
monie rouvre le cours des affaires judiciaires ; T. Liv. ,\XXV1I, 33, 0 ; cf. Mar-
quardt-iMommsen, VI, p. 430, note tu. — ^ C. i. l. VI, 2138. Ce sont les prêtres
de Vesta, c'csl-ii-dire les Pontifes de la /tegia qui les rétablirent. — 8 Vid.
infra; sauf le sacrifice du premier jour, nous ignorons tout de celte partie de la
cérémonie; Fest. p. 239. — 'J Varr. Ling. lat. V, 83; Dion. liai. Il, 70. — to
Kn ce qui concerne cette station, située sur le chemin du Jnuicule (jui repré-
sentail devant l'opinion, par rapport à Rome, la ville hostile, elle permet de sou-
ligner une fois de plus le caractère guerrier de l'institution des Saliens. V. Cic.
Ug. ugr. I, 3, )6; II, 27, 74; T. Liv. I, 33; Plin. Hist. N. III, 5, 'J, où le Jani-
culecst appelé :il/t^ipo^'s. Cf. Husclike, Verfassunr/ des Serritts TuUius, p. 471, 01
jeunes filles portant des encensoirs, dans lesquelles il
est permis de voir les Vierrjes Salieiines23^
Les auteurs latins qui parlent de la danse des Saliens
emploient tous le terme de tripiidium en le relevant par
l'expression plus générale de saltattis. Tite-Live et Tacite
recourent au même mot pour les danses des soldats bar-
bares, l'un des Espagnols, l'autre des Germains '^ Le
rythme en était des plus élémentaires et rustiques ; Sé-
nèque le compare avec les mouvements des foulons pilant
sous leurs pieds les étoffes dans la cuve ; Catulle, qui y fait
allusion, semble insinuer qu'il mettait la solidité du pont
Sublicius à unB dure épreuve". Mais Lucien, peu cou-
tumier de respect religieux, l'appelle la plus majestueuse
et la plus sainte des danses, et dit qu'elle est exécutée
par les plus illustres des Romains en l'honneur du dieu
guerrier '° [saltatio\ Nous avons vu que des personnages
de la plus haute gravité tenaient à honneur d'y figurer
jusqu'à un âge très avancé "*. Corssen croit que le t?'i-
pudium, en général, et celui des Saliens, en particulier,
se dansait sur le rythme anapeslique, qui suppose
trois mouvements : les deux premiers brefs, frappés par
un pied, le troisième égal en durée aux deux autres, ce
qui constituait une sorte de repos sur l'autre pied '"„ Il
résulte d'un passage de Vcrrius Flaccus, qui s'est docTT-
menlé dans les Fastes des Saliens, que le coryphée de la
danse [praesul) danse la figure en solo et que le collège
faitlareprise, d'abord par les jeunes et les anciens sépa-
rément, puis par tous ensemble"; c'est ce que signifie le
vers du satirique Lucilius : « Quand le praesul a dansé,
il faut que la confrérie danse à son tour de même. »
L'évolution du chœur devait se faire autour de l'autel du
sacrifice ", et les danseurs frappaient les boucliers avec
la lance, leur chant, accompagné par les trompettes,
contribuant à scander le rythme de la danse.yil n'est pas
douteux que ce rythme fut en rapport avec celui du vers
national des Latins, le vers saturnien, sur lequel il
semble que le chant des Saliens, comme celui des Arvales,
ait été composé^". D'autre part,(l_es termes de antruare
et de redanlruare, employés par Verrius Flaccus pour
désigner les figures de la danse des Saliens, rattachent
cette danse au ludus trojanus, qui n'esl troyen que par
une corruption du mot [trojae ludis], et le carrousel
des jeunes Latins que Virgile a idéalisé dans VÉnéide
trouve son pendant dans la danse sacrée des Salien^j^.
11 est difficile de savoir ce que furent les mansiones
dans lesquelles, chaque soir, les Saliens déposaient, pour
et Klausen, Aeneas uud die Penaten. p. 947. — II Cal. Praen. 19 mars, cl supra,
note 3. — 12 Kdité par J.-B. Casali, De profanis et sacris veteribus ritibus
opiis (Home, 1044), p. 140. V. Matz, Monatsberichte der Berliner Akad. 1871,
p. 443 sq.; et Schulze, Handzciclmiing eines Reliefs mit Darsteltuug eines Sa-
lieritmzitgs, Pétersbourg, 1873. Le bas-relief a été, par conjecture, présenté comme
originaire de Tibur. Vid. supra, note 4, p. 1017. U n'est, d'ailleurs, pas sur (ju'ii
représente la procession des Saliens suivant le rituel romain. — t3 T. Liv. XXV,
17, 3; Tac. Annal. IV, 47. — 14 Scn. Epist. 13, 4; Catull. 17, 5; Uor. Od. I,
30, 12; IV, 1, 28; cf. Fest. p. 270, 320; Serv. Aeii. VIII, 283, 003: 0. Miicllcr-
Ueekc, Die Jitruster, 11, p. 217. — 15 Luc. iJe sallat. 20. — 16 Vid. supra,
Macrob. III, 14, 14; Val. Max. I, 1, 9. — 1^ Op. cit. p. 44 sq. ; il cite encore
Hor. Od. III, 18, 13, où il est dit du laboureur : Gaudet invisam pcpnlisse
fossor ter pede terram'. Cf. Lucr. V, 1399 : extra numerum procedcre membra
moventes ditriter et dura terram pede pellere matrem. — 1** Chez Festus,
p. 9 et 220 ; cf. Nonius, p. 103 avec les citations de Pacuvius et de Lucilius et
l'inlerprétalion de Klausen, Op. cit. p. 823, note 1324. — l'J Des sacrilices à l'occa-
sion de ces ilanscs ne sont pas douteux ; dans les fragments de l'hymne chanté, il
est question de i ictimes vivantes dont on consultait les entrailles cl partageait les
chairs; et aussi de iHo/a 5a(sn; V. Fest. p. 141 ; Varr. Ling. lat. V, 110; pour la
mola salsa k laquelle fait allusion le premier de ces textes, Serv. Bucol. VIII, 82,
qui en donne la recette et l'emploi dans le culle. — 20 Corssen, Origines etc.
p. 200 sq. — '-t Virg. Atn. V, 380 sq. et Klausen, p. 820 sq. ;^v. TnoJAv; ludi:s].
s AL
1019 —
SAL
la nuit, les armes sacrées et tout l'atlirail de la proces-
sion, ce qui suppose que le lendemain ils partaient delà
pour une station nouvelle. Wissowa suppose que des
locaux quelconques étaient aménagés pour la circon-
stance' ; avecFextensiondu périmètre de la ville, le retour
à la Curia du Palatin eût imposé au collège des fatigues
excessives ou contraint à négliger certains quartiers
éloignés. C'est dans ces mansiones que les membres
de la confrérie prenaient, après la tâche accomplie, un
somptueux repas-. Les repas des confréries et des sacer-
doces sont cités fréquemment comme des modèles de
luxe gastronomique, .\ugures, Pontifes, Arvales ' s'en
offraient d'aussi plantureux que ceux des Saliens et
tous ensemble méritèrent de passer en proverbe*.
Si la danse des Saliens a frappé l'imagination des
foules, leurs chants ont attiré de très bonne heure l'at-
tention des érudits; ils constituaient, en effet, un des
plus anciens monuments de la langue nationale'. .\ ce
litre, il fut très fidèlement transmis à travers les âges;
mais il devint de très bonne heure inintelligible, même
aux prêtres qui en avaient la garde/Dès la fin du ii" siècle
avant notre ère, le savant .\elius Stilo sentit le besoin
d'en écrire un commentaire qui devint lui-même obscur
pour les écrivains de la fin de la République. L'œuvre fut
mise à contribution par Varron et par Verrius Flaccus ;
les fragments que nous possédons du chant, grâce aux
abréviateurs de ce dernier, sont à ramener à cette source.
Les linguistes modernes n'en ont guère déterminé que
le sens général et quelques expressions isolées "./Ces
chants des Saliens étaient appelés axainentn, mot qu'on
explique de diverses manières, soit qu'on le rattache à
axis, rouleau sur lequel ils auraient été écrits, soit qu'on
fasse du verbe axare un synonyme ou de agere au sens
sacré ou de invocare : dans ce dernier cas, axamenta
serait très semblable à indifjitamenta' . L'examen des
fragments a permis d'établir que ces chants étaient une
sortede litanies, invocations sommaires où l'on ne trouve
guère que des noms de divinités avec les vocables ritue^sy
On rencontre ceux de Mars Gradivus, de Mars Quirinus,
de Janus Quirinus, de Jupiter Lucetius, de Saturne, de
Minerve, de Junon, de Diane, de Liber, de Salus, de Con-
cordia, de Pax et celui du forgeron divin Mamurius Ve-
turius*. Macrobe remarque que Vénus seule parmi les
dieux célestes n'y avait pas trouvé place °. Plus tard, on
y accueillit les noms des empereurs (le premier qui obtint
cet honneur fut .\uguste) et des princes de la famille im-
périale'". Un passage fort discuté de Verrius Flaccus a
permis d'y distinguer des invocations aux divinités en
I Op. cit. p. i29. — 3 Fcsl. p. 329, 7 ; Suct. Ctaud. 33 : en train de juger dans
l'une des basili'|ucs qui bordaient le forum, cet empereur perçoit lodeur du festin
i|uc l'on préparait aux Saliens dans le temple voisin de Mars: il abandonne le
tribunal et se joint au collège, dont, sans doute, il faisait partie. .\pulée^ IV, 22, par-
lant d'un cheval qui a de l'orge à foison, dit de lui ; Saliares te cenasse cenas cre-
deret. Cf. .\us. K/iisl. I.\, 13; Symmach. Epist, I, 23 ; Tert. Apol. 30; Cicer. £p.
Ait. V, 9, 1 ; llor. Od. I, 37, 2.-3 Henzen, Aolar. An., p. 16, 45. — 4- Varr.
Ùe re rusl. III, 2, IC; Cic. Epist. fam. VU, 20, 2; Hor. Od. Il, 14-, 28;
.Mari. XII, W, 11; Hin. Hist. n. XXVIll, î'I. — i Varr. Linij. /a/. VII, 2;
Fesl. p. 141, t4C, 210. 329 ; Cic. De orat. 111, 107 ; llor. Ep. Il, 1, 80 ; (Juint. I,
10, 20, et 6, 49. Cf. Bergk, De carm. .Saliar.; Corssen, Origines poesis roman. ;
WordsKortli, Etirlj/ Latin, p. 564; Jordan, Kritische Beilraeye :ur Gcsch. dcr
Lat. Sprache, p. 2tl. — G V. surtout Corssen, Op. cit. p. 55 sq. ; 199 scj. ; cl
Bcrgk, Op. cil. — 7 Fesl. Epit. p. s. Glossar. Labh. ; (Julberleth, Ve Saliis
Martis saccrjotibus, p. 114; Corssen, p. 43 sq. : Bergk, Op. cit. et Hallische
Litteraturzeitung, 1842, p. ÎÎ4; Wissowa, Helig. und JCultus, p. 4S3 et passim ;
Gilbert, Op. cit. I, p. 144, note. — spcstus, Loc. cit.; Varr. L. c. ; .Macr. I, 9;
11, 15; Corssen, Op. cit. p. 55 sq. : probablement aussi Komulus et Remus, Dion,
liai. I, 79; Plut. A'um. 5.-9 Macr. I, 12. — lO J/oiium. Anci/r. Il, 2S ; Tac.
particulier et d'autres qui s'adressaient à elles d'une
façon collective ". Mais ce n'est que dans un sentiment
de chauvinisme littéraire que Cicéron, parlant de ces
vénérables restes de la poésie nationale, a pu se hasarder
à dire : « que l'élément artistique n'a pas été négligé
dans le culte ni par Xuma lui-même, souverain très
éclairé, ni par les vieux Romains, ainsi que le prouvent
les lyres et les cithares dans les festins, avec les vers des
Saliens dans le culte'- ».
\ côté des textes sacrés de prières et d'invocations qui
étaient pour les membres du collège un objet d'études
difficiles,} il_eiista|t, pour chacune des sodalités du Pa-
latin et du Quirinal, des livres rituels où étaient consignés
tous les détails relatifs à la pratique du culte/Comme les
xVrvales, ils avaient leurs Fastes, sorte de journal qui
fixait les faits intéTëssanls de leur histoire 'y/. 11 n'est pas
douteux que les deux collèges, tout en collaborant aux
mêmes fêtes, restèrent indépendants l'un de l'autre jus-
qu'au déclin du paganisme et qu'ils réussirent à garder
la marque distinctivede leurs origines". Les Fastes, dont
nous avons des fragments qui vont de 170 à:202ap. J.-C,
sont ceux des Saliens du Palatin. Les réparations faites
aux mansiones en 3S:i, sous le règne de Gratien et de Va-
lentinienll, prouvent que les danses des Saliens se main-
tinrent,comme la course des Luperques (condamnée par le
pape Gélase en 494), jusqu'en plein christianisme offi-
ciel, àraison de leur caractère dedistractionpopulaire '^
III. Attributs. -|- La description, d'ailleurs très som-
maire, que Tite-Live nous a léguée des manifestations
publiques du culte des Saliens, nous montre les mem-
bres de la confrérie du Palatjn, vêtus d'une tunique de
couleur bigarrée et, par-dessus la tunique, d'un rouvre-
poitrine en métal; c'est dans cette tenue qu'ils sortent
les armes tombées du ciel qu'on nomme ancilia, et
qu'ils les portent par la ville en chantant des hymnes
accompagnés de danses à trois temps et de gesticula-
tions pieuses [cum tripudiis solemnique saltatu) "^. A
ces attributs, il faut joindre une coiffure spéciale, une
lance et une épée dont il est question ailleurs ou qui
sont figurées sur des monuments^. M. Ilelbig y a
compris encore le ceinturon, la chaussure et jusqu'au
char de guerre". Ces derniers attributs ne peuvent
être restitués que par conjecture et ne sont pas parti-
culiers aux Saliens.
\La pièce la plus importante est le bouclieiynon pas
seulement à cause de lu légende qui en a fait la raison
d'être de la confrérie ",• mai^ cause de sa forme qui le
distingue de tous les autres engins de même ordre. Le
Annal. II, 83; IV, 9. Glossar. Cijr. Salins... u-.t-j; Kseîrajo;. Capilol. il. Auret.
Phil. 21,5 ; Spart. Caracall. Il, G; cf. Marini, Atli Fratr. An. p. 597. — n Fest.
p. 3. Le texte a été corrigé de diverses manières, dont aucune ne donne un sens
satisfaisant. V. llarquardt. Op. cit. p. 437, note 2. — 12 De orat. III, 31.
— 13 Varr. Linq. lat.Xl. 14; cf. Ambroscb, A'/u</icn, p. 146, note 62. l'ourle
recueil des Salii Palatini, C. i. l. VI, 1977-1983. Cf. Borglicsi, Œuvres, t. IV,
p. 310 sq. — It Gilbert, Op. cit. I, p. 297, et surtout la note commentant T. Liv.
V, 52. — <ô C. i, /. VI, 2158, du régne de Gratien. Voir lcperci, p. 1402, not:s 10 sq.
— i« T. Liv. I, 20, 40. — 17 Dion. Hal. Il, 70; l'iut. A'um. 13. Des ustensiles spé-
ciaux qui servaient au culte intérieur des Saliens nous n'en connaissons, et de nom
seulement, que deux : capides, vasa fictilia Saliorum [c.\pis\ V. les frai^menls du
clianl des Saliens <6aelirens). p. 32. IG, et le molucrum qui servait à offrir 1j mola
salsa >oi.i]. Vid. supra et Md. 13. — IS Op. cit. p. 235. 261 ; 270 s([. four le cein-
turon, V. Plut. iVuni. j 3 : ya'/ixaT ;AtT5«i K'i.a-:i'ai, avec le commentaire d'Helhig et les
n.çures 29, 30 et 31, surtout la ligure 30 rcprésontaul un guerrier, peut-être Mars,
qui tenait au bras gauclie un bouclier et brandissait une lance de la main droit£
(Martlia, L'art étrusque, p. 502, lig. 336 ;— 1» Dion. liai. 11,71; Ov. Fatt.
III, 239-392 : Plut. Num. 13. Cf. Peler, P. Ovidi Naionii faili, 2« édit.
p. I2S.
k
SAL
— 1020 —
SAL
nom d'(inci/e, qui lui est parliculier, a été expliqué très
naturellenienl par Varron et Verrius Flaccus;\ils l'ont
défini .. un bouclier court dont l'ovale est échancré de
chaque côté dans la partie médiane y ce qui fait que les
parties inférieures et supérieures sont de diamètre sen-
siblement plus fort que celle du milieu '. Seul Ovide, dont
l'exactitude technique ne fut nulle part la qualité domi-
nante, l'a décrit autrement, cela en vertu d une étymo-
logie erronée-. Son erreur a été partagée, dans une cer-
taine mesure, par Piutarque, qui assimile Vancile au
bouclier thrace (tîéXtt,), lequel est échancré à la partie
supérieure et rond par ailleurs [clipeus, p. 1257] ^ Pour
Ovide, r«7(f//e est un ovale parfait et sans angle [ab omnî
parte recisitm), alors que pour les antiquaires de son
temps il est : recisum uti-imque, découpé de chaque
côté. Les monuments figurés ne confirment que cette
dernière définition; en elTet, les monnaies du règne de
Domitien, sur lesquelles on a cru reconnaître des Saliens
coitTés de l'apex et portant le bouclier rond, représen-
tent les hérauts chargés de proclamer les Jeux sécu-
laires, avec lesquels les Saliens n'ont rien de commun '■ ;
et il n'y a aucun fond à faire, pour la question des ancilia
de Rome, sur deux bas-reliefs, l'un d'Anagnia, l'autre
rapporté par hypothèse à Tibur, où l'on a voulu recon-
naître des Saliens armés du bouclier rond^. L'ancile,
bouclier échancré, est l'attribut de la Junon de Lanu-
vium figurée sur des deniers
de la gens Procilia, sous
la réserve que l'échan-
crure est arrondie aux bords
(fig. 6043)% et de la gens
Cornificia (fig. 604-i) ■> ; et
le Picus de Laurente, que
décrit Virgile d'après une
statue archaïque, devait porter au bras gauche un bou-
clier identicjue, appelé, d'ailleurs, ancile par le poète, la
main droite tenant le bâton augurai*. Picus était, déplus,
vêtu de la Irabea, ce qui contribue à lui donner de tous
points l'allure d'un Salien. Cette trabea, qui n'est qu'une
variété de la toge aux plus anciens temps, est le costume
réservé aux citoyens (jui occupaient dans l'État une
situation éminente, sacerdoce ou magistrature'. Elle dif-
férait de la toge en ce que sur le fond blanc du vêtement
se détachaient des bandes de couleur, dans l'espèce, de
pourpre, et en ce qu'elle était moins ample que la toge
des âges postérieurs [tr.\be.\]. Par là, elle était plus
appropriée à un rôle actif de combattant ou de dan-
seur, ce qui devait en faire l'habillement propre aux
Chevaliers et aux Saliens '" ; mais revenons à Vancile.
Le plusancien spécimen connu nous estdonné (fig. 6045)
par une sardoine, aujourd'hui à Florence, qui porte en ca-
ractères étrusques le nom à'Attius et au-dessous le terme
de sens douteux : alce. Attius est sans doute le nom du
< Varr. imj. lat. Vll, 43; Fest. Epit. p. 131 ; Serv. Aen. VII, ISS; Lyd. Z)e
ment. III, i9; cf. Uion. et Plul. Loc. cil. — 2 ^ast. 377. — 3 Dcuvs et Plularque
emploient tous deui le mot KîÀTr,, le premier seul y accotant la di5nomiDalio'a de
Thrace. V. la discussion de ces passages chez Hcibig, Op. cit. p. 215 Si].; et
CLIPKCS, I, i, p. 1257, lig. 166i â 16'»4, — * ColiOD, Àlêd. impér. I, p. 47G,
n" 7i; et sAKccL.\HEP irni. p. 00, note li. Cf. Mommsen, Ephem. epiyraph. VIII,
p. iiW, note I , et Pelerscn, Hoem. Mittheitungen, 1892, p. 259 st\. M. Helbig
admet que sur l'une des monnaies du règne d'.AugusIe commémorant les Jeux sécu-
laires (fig. 7, p. 225] le personnage portaut un caducée a au bras gauclie un an-
cile ; mais il n'est mâme pas sûr qu'il tienne un bouclier. — -' Bcundorf, Annati d,
Inslit. 1869, p. 70 sq.; E. Schuize, Aile Hand:eichnung eines Reliefs. Péters-
bourg, 1873. p. 259 sf(. : cf. supra, p. 1017, note 4. — 6 Babtiun, Monnaies de la
Hép. Il, p. 38C, no' 1 cl 2 ; Overbccl, Kunstmijllwlogie, lliinitafel, 3, 7t.
Fig. C043. Fig. 6044.
L'aneile de Junon.
Fig. 6045. — Transport des ancilia.
Fig. 6046. — Transport des
propriétaire qui, sur son cachet, avait fait graver l'em-
blème de sa dignité sacerdotale". M. Helbig suppose
qu'il la remplissait dans quelque colonie romaine ou
latine établie dans
une ville où l'al-
phabet étrusque
était encore en hon-
neur et où fonc-
tionnait un collège
de Saliens analo-
gue à celui de
Rome ; il est très
possible que la sar-
doine remonte au
IV' siècle avant no-
tre ère. Un cachet
en cornaline, de style moins archaï<iue, fournit à la
gemme de Florence un curieux pendant (fig. 6046), tant
pour la forme
des boucliers
que pour la ma-
nière dont ils
sont portés '-.
Échancrés sur
les bords com-
me celui de la
Junon de La-
nu viu m, ils
sont suspen-
dus au nombre
de cinq, par
des courroies, à une longue perche qui repose à chaque
extrémité sur les épaules de deux hommes, lesquels
ne sont pas sûrement des Saliens ; le costume même
invite à ne pas les considérer comme tels. Les per-
sonnages gravés sur la sardoine sont vêtus de tuni-
ques courtes tirées sur l'occiput et de courts man-
teaux serrés; ceux de la cornaline ont des cuirasses
en cuir et des casques de type attique. Quoique nous
sachions par des témoignages formels que les Saliens
eux-mêmes portaient ainsi les ancilia suspendus à
des courroies '^, les personnages de nos pierres gravées
sont à interpréter par un texte de Denys, où il est dit
que, dans cette fonction, des serviteurs spéciaux (OnYipÉ-at,
7ninistri, apparitores] se substituaient parfois aux
membres du collège". Les boucliers (jui figurent sur les
deux gemmes ont ceci de particulier qu'ils donnent
l'impression de véritables armes de défense, travaillées
solidement, d'une seule pièce.
Il n'en est plus de même de ceux qui sont représentés
sur des monnaies, l'une du règne d'Auguste, portant le
nom de LiciniusPublius Stolon ifig. 6047), l'autre d'Anto-
nin le Pieux (fig. 6048); \esancilia y ont un caractère plu-
— 7 Babelon, Ibid. I, 43k et II, p. -tSS. — 8 Aen. Vll, 188; cf. Mccs, IV, 1,
p. 472. — 9 Uion. Hal. Il, 70: cf. Serv. Aen. VII, 196; Helbig, Op. cit. p. 529
et Bennes, 1904, p. 161 sq. — '0 T. Live désigne ce vêlement par les mots tunica
picta (I, 20, 4) ; Denys dit : /.;»>!, soixiloi; Piutarque, .\um. 13, ^,t^.„,o. oo,v..oi' ;
Wissowa, Op. cit. p. 480, donne à la couleur rouge sang une signiticatiou symbo-
lique : cf. Helbig, p. 260. — *i Furiwaengler, Die antiken Oemmen, I, pi. xxii. 64 :
II, p. 111, 64; III. p. 222 ; Helbig, p. 206, fig. I. V. la discussion. Jàid. sq.
_ 1^ Ibid. p. 218, fig. 3; Furiwaengler, Ibid. I, pi. ixn, 62; II, p. Ut. Helbig rap-
proche de plus une sardoine du musée de Berlin (p. 223, fig. 6| qui représente deu^
guerriers en train d'élever un trophée dont un ancile décoré d'ornements forme-
le motif central. Cf. Furiwaengler, /bid. I, pi. x«[i, n» 63 ; II, p. 118; III, p. 245,
qui a le tort de les considérer comme des Saliens. — U Val. liai. I, 1, 9 ; Luc.
Phars. I, 603 ; Juven. Il, 124. — 14 Dion. Hal. 11,71; cf. HcIbig, Jbid. p. 221.
SAL
1021 —
SAL
tôt décoratif '. Au lieu d"èlrelailk's dans une seule pièce,
ils semblent formés de trois pièces assemblées ; celle du
milieu est ovale, les deux autres afl'eclent la forme d'un
disque que le gra-
veur a tourné en or-
nement. M. Heliiig
remarque que la cu-
rie des Saliens fut
incendiée à diverses
fois, la dernière en
36 av. J.-C, c'est-à-
dire dix-neuf ans en-
viron avant la frappe
du denier de Licinius Stolon'-; que les anciens boucliers
ont du périr dans le désastre et que les nouveaux ont dû
être fabriqués sur un modèle nouveau, mais le même
auteur observe ailleurs que les Romains, foncièrement
conservateurs en tout ce qui se rapportait au culte, ne
devaient pas changer d'une façon radicale un attribut de
leurs prêtres'; il vaut donc mieux admettre une fantaisie
d'artistes monétaires qui s'en sont permis bien d'autres.
Sous une influence qui, sans doute, n'avait pas encore
pris conscience d'elle-même, et qui laisse subsister dans
tous les accessoires du culte des Saliens le caractère
national (M. Helbig s'empresse de constater qu'ils ne
trouvent aucune analogie dans le culte hellénique), les
ancilia et, avec eux, toutes les parties de l'équipement
militaire des Saliens offrent des ressemblances frappantes
et difficilement dues au hasard avec les objets analogues
de l'art mycénien. On dirait que Vancile naquit d'une
modification apportée au bouclier des soldats de My-
cènes*. Les dimensions en sont plus petites; elles cor-
respondent au scM^MWô/'ei'e, dont la longueur ne dépassait
pas 73 centimètres, et qui descendait parfois à GO».
Nous ignorons ce que fut au juste Vaeneum pectorix
tegumen, ce qui veut dire le couvre-poitrine en bronze,
qui complétait l'armure défensive des Saliens, au dire
de Tite-Live''. Il est évident que l'historien n'aurait pas
employé cette périphrase pour désigner la cuirasse ;
celle-ci ne vint, d'ailleurs, en Italie qu'au cours du
vu" siècle, importée par les Grecs qui l'avaient adoptée
au siècle précédent''. Le tegumen était plutôt la pièce
dont les légionnaires se servaient environ cinq siècles
plus tard, afin de protéger le thorax et que Polybe décrit
sous le nom de xaoSi&cfûXaxov, que les auteurs latins
nommèrent pectoraUa'. Elle était de bronze, épou-
sait la forme du corps et était assez résistante pour
amortir un coup de lance ou d'épée. M. Ilelbig en a étudié
quelques spécimens (fig. 6049), beaucoup plus anciens
que Polybe, puisqu'ils ont été découverts dans des
tombes à puits, des tombes à fosse étrusques et dans les
<om6e arfarca qui furent trouvées à Rome sur l'Esquilin,
monuments qui remontent à une période rapprochée de
celle où fut fixé l'équipement des Saliens '. Plus récent,
mais de destination identique, i^slle pectoral An guerrier
1 Babelon, Monn. de la Ilép. Il, p. 1 3S fi|. ; n»> 28 et 29: Colion, .1/crf.
contxd. pi. xxiv, ;i, 10 el Mid. impér. II. p. 3U, ii" 407 ; Ecklicl, Docir. iwmiii.
VII, p. 13 et Helljig, Ibid. p. 218, Ilg. 4 cl 5. — 2 md. p. 219; T. I,iv.
XXVI, 27; XXVII, 11; Jul. Obseq. 19; Dio. Cass. «, 42. — 3 Jbid. p. 238.
— t V. ccUc (It-monstralion, Op. cit. p. 230 sq. ; cf. Reicljcl, Ueber home-
rische Waff'en, p. 1 sq.; Robert. .Studien zur Jlias. p. 2 .=q. — » Fesl. E/iit. 131 ;
cf. Helbig, p. 215 et S31. — 0 T. Liv. I, 20, i et le commentaire de Helbig,
p. 245 sq. — '' Reichel, Nom. Waff'en, p. 80 sq. ; cf. i onic*, III, 2, p. 1302 sq. ;
XIV et V. — 8 Polyb. VI, 23, 14; VaiT. ling. lat. V, 110 ; Tlin. Hist. nal.
XXIV, §18.-3 Helbig, Op. cil. p. 240, avec les figures 22 à 27. L'cxenqilaire
Fig. 0049. — Pectoral étru:
italien, vêtu de cuir que représente un tombeau de
Paestum'". Avec M. Helbig, nous pouvons rappeler
encore, d'après une urne étrusque représentant le
mythe de Troïols,
la broche en forme
de rosette ijui cou-
vre le sternum
d'un guerrier en
défense; cette bro-
che est soutenue
par une courroie
dont la partie su-
périeure estrepliée
autour des épaules
du guerrier et dont
les extrémités infé-
rieures disparais-
sent sous la cein-
ture (fig. 60o0j ".
Comme aucun mo-
nument ne nous
donne la représen-
tation totale d'un
Salien sous son équipement, c'est par conjecture seule-
ment que nous pouvons interpréter ainsi Vaeneum te-
gumen que leur prête Tite-Live.
(_La coiffure des Saliens dans
l'exercice de leurs fonctions,
était le pileus haut, de forme
conique, \que les Grecs nom-
maient )cup6at7Îa'-.(Elle devait
se fixer à la tête par une jugu-
laire qui l'empêchait de vaciller
pendant la danse, à plus forte
raison de tomber, ce qui eût
constitué un mauvaisprésageJJ'.
La calûlle n'était pas de bronze,
comme le dit à tort Plutarque,
mais de cuir ou de grosse laine,
renforcée seulement par des
cercles en bronze qui for-
maient ornement'*; l'analogie
avec le casque mycénien n'est pas moins frappante que
pour le bouclier. Le pileus se terminait à la partie
supérieure par Vapexyins\Qnii distinctif des coiffures
sacerdotales, jiarticulièrement de celles des (lamines '■■.
Le denier de Licinius Stolon, où elle forme trophée
avec une paire d'ancilia., et la cornaline qui repré-
sente deux guerriers portant les cinq ancilia sus-
pendus à une perche, nous en donnent une image assez
complète! Le soldat qui marche en tête lient dans la main
gauche, par la jugulaire, la coiffure conique qui se ter-
mine en apex. Sur le denier, on distingue nettement
l'anneau qui rattache cet appendice à la calotte du cas-
que'S^ Nous renvoyons au travail très documenté de
que nous reproiluisons est celui qui porte le n° 25, li-ouvii dans la tomba del
giierriero (Mmuim. deW Instit. X, 1874, pi. j; Annali, 1871, p. 249 si|.: cf.
Martha, L'art élrusi/ue, p. 102, fig. 98|. — 10 LuniCA, p. 1313, fig. 4.Ï43, 4344.
— 11 Helbig, Op. cit. p. 251, fig. 28, d'après Brunn, Urne Elrusche, I, pi. xi.viii, 2.
— 12 Dion. Hal. 11, 70 ; v. pu.eus, IV, 1, p. 479, (ig. 5669 sq. — 13 Plut. lUarc. 5 ;
pour les mentonnières consolidant Vajtex, v. les représenlalioDs diverses de
fiamines sur l'.4ra Pacis (Afonum. delï Instit. 1881, pi. xxxir, a" 6), etc., chez
Helbig, p. 233, note 2. — 14 Id. Num. 13; cf. Helbig, p. 238 sq. — 15 Fi.am.nes,
11, 2, p. 1107, fig. 3093 sq. Cf. Helbig, SUzimijsberichte der bayer. Âkad. 1880,
t. 1, p. 492 sq. — 10 Babelon, Monn. de la nép. II, p. 138, n" 28, 29, et supra.
0050. — Le tfniin
SAL
— 1022 —
SAL
Fig. 6051. — Casque
étrusque.
M. Ilelbig pour tout ce qui explique, à l'aide des casques
étrusques et mycéniens et par les vestiges d"un équipement
guerrier étrusque, dont le casque est
ici reproduit (fig. 6051), la matière et
l'agencement de la coifTure des Sa-
liens, laquelle fut celle de la milice
patricienne au temps de la royauté '.
Nous avons dit que les Saliens scan-
daient leur danse en frappant sur leurs
boucliers suspendus au bras gauche ;
Denys dit qu'ils frappaient ou avec
une lance ou avec une baguette qu'ils
tenaient de la main droite -. Il va de soi que la lon-
gue lance des guerriers mycéniens ne convenait guère
à cet usage ; l'hésitation même de Denys, à défaut de
monuments figurés, nous invile à chercher cet acces-
soire parmi les types de lance courte, de préférence dans
celui de la hasta pura que nous trouvons reproduite
sur un denier de la gens .\rria et qui affecte plutôt la
forme d'une forte baguette terminée par une boulet
Une arme plus pesante et plus longue n'aurait guère
convenu à la danse qui était l'acte par excellence du
culte public des Saliens. M. Helbig a démontré, d'autre
part, que ceux-ci portaient en plus l'épée, que cette épée
était courte et que c'est seulement aux plus anciens
temps que les guerriers, soit grecs, soit romains, dispo-
saient simultanément de la lance et de l'épée. Cette der-
nière faisait partie de l'équipement des patriciens capa-
bles de porter les armes et elle passa à ce titre dans celui
de leurs représentants sacerdotaux'.
Une remarque qui a son importance, puisqu'elle trouve
sa place dans l'historique même des armées romaines,
c'est que ces prêtres, personnifications sacrées de l'esprit
militaire, sont des fantassins, et que si, au cours des
siècles, des pelotons de cavalerie escortaient leurs pro-
cessions comme ils prenaient part à la course des Lu-
perques autour du Palatin °, l'origine même de la cava-
lerie est postérieure à celle des grandes confrérie-s
religieuses. Ceci concorde avec le fait qu'il était défendu
au llamine de Jupiter de monter à cheval**. Aussi, sur
les monuments de style archaïque exécutés en Italie,
n'y a-t-il pas d'exemple certain d'un soldat cavalier ^
Nous revenons ainsi, par l'examen des attributs et du
rôle actif des Saliens dans le culte, au point de départ
même de leur institution. llls sont par définition, pour le
Palatin, les ministres de -Mars Gradu-us, c'est-à-dire du
< Furlwacnglcr, Antik. Gemmen, I. pi. xxii, C ; Ilelbig, Op. cit. p. ilS, fig. 3
et 4. — - Helbig, Ibid. p. i33 sq. Voir encore Xotizie d. scavi^ tî)07, p. 5S ;
Jlilani, Sliidi e Materiali, I, p. 140. Cf. Dion. [lal. U, 70. — 3 H.tsii. III, 1, p. 33 ;
surtout 37, i ; cl Helbig, Op. cit. V. à lirt. hasta, la fig. 3734, d'après une mon-
naie lie la tjcns An-ia; Colien, Monnaies de la Républ. pi. vu, 1,2; Babclon,
Monn. de la Jlép. p. 218. — 4 P. 243 s.]. ; cf. 254. — i> Vid. supra. II,
p. 1018; Calcud. Praeo. 19 mars; Lcpcnci, p. 1402, note 4. — 6 Aul. Gell. X,
15, 14; Plia. Bist. n. XXVllI, I4fi. — " Mm. de VAcad. des inscript. tWî,
p. 170. Cr. Helbig, Op. cil. p. 265 sq. — 8 Tit. Liv. I, 20, 4 ; V, 52 ; Fesl. Epit.
p. 97; Serv. Aen. 1 , 292 ; Val. Mai. I, 8, 6 ; Juv. Il, 125-128 ; Anim. Slaic. XXIV,
4, 24; C. i. I. V, 823ii; XIV, 25SO, 25SI. Corssen, Ori'j. p. 31, s'est donne beau-
coup de peine pour expliquer gradiviis par le pliénoniène agricole de U germina-
tion : gramme ortus ou ijerminans. V. Laclimanu, Comment. Lncret. p. 360.
— 9 Cf. 01 iRi.tLs p. 807 cl les textes cilC-s, notes 3-3; cf. Corssen, Origines, etc.
P- !"• — '"V. les représentations sur les monnaies ; Babelon, I, 94; 301.534 sq.;
11. 377. — Il Helbig, Op. cil. p. 265. - 13 Itiid. p. 275. — Bibuoi,fiaphir. AmbroscU,
Iloemische Sludien, Brcslau, 1839, 1, p. 143 sq. passim ; Bccker, i/andbuch der
inem. Alterlhûmer, l. I, p. 4 si(. : Bcrgk, De carminum Saliorum reliquiis,
.Marburg, 1847; Corssen, Origines poesis romanae, Berlin, 1846, p. 15 si|. :
du ni«mc, De Saliorum carminibus, (Ibid. 1844); Fragmenta poetarum roma-
narum (édil. Baehrens), Numae Saliare carmen, p. 29 sq; Gilbert, Geschichte
anJ Topographie der Sladl Rom, etc. t. I, p. 139-146; 294 sq. et /lajsini.
dieu qui s'élance à grands pas dans la bataille * et, pour
le Quirinal, ceux du Mars Qtiirinus, le divin porte-
lance^, tous les deux figurés avec persistance comme le
type idéal du soldat qui combat à pied, plus rarement
du haut d'un char de guerre'"; Le guerrier primitif de
Rome, celui qui est contemporain de l'organisation reli-
gieuse de la cité où ses aspirations et ses exercices tien-
nent déjà une place prédominante, est le fantassin".
Concluons sur la parole même par laquelle l'archéologue
dont nous venons de résumer les recherches a terminé
l'œuvre qui a si heureusement renouvelé et élargi le
problème du sacerdoce militaire : « Le pas ferme et
rythmique avec lequel les guerriers latins marchaient à
la rencontre de l'ennemi, a laissé son reflet idéalisé dans
la danse des Saliens'-. » J.-A. Hild.
SALLXAE [sal:.
SALINUM. — Chez les Romains, le sel était toujours servi
sur les tables des repas dans un petit vase spécialement
destiné à cet usage et appelé 5a//nww(, salière, que l'on re-
gardait comme l'un des objets essentiels du mobilier do-
mestique et que l'on se transmettait pieusement de père en
fils. Il était de règle que le salinum fût en argent, même
dans les familles de condition modeste ; les pauvres cepen-
dant se contentaient d'un vase en terre cuite'. -V l'époque
républicaine, les plus sévères prescripteurs du luxe et
des dépenses somptuaires, comme Fabricius, permettaient
aux citoyens de posséder deux pièces d'argenterie, une
patelin et un salinu7n-, eWes jouaient toutes deux un
grand rôle dans les sacrifices adressés aux divinités de
la famille. .\vec le salinum le paterfamilias, au com-
mencement de chaque repas, saupoudrait de sel le gâteau
traditionnel, mola salsa [mol.\j, qu'il offrait aux dieux
Lares ^; la présence obligatoire de la salière sanctifiait
la table et attirait sur les convives la protection du
ciel '. Des petits vases d'argent découverts, les uns en
France, les autres à Bosco Reale, près de Pompéi, parais-
sent être des salina'^. .Maurice Besmer.
SALPIX.V [tib.\:.
SALSAMEXTU.M (Tipi/o;). — Les Grecs donnaient
aux conserves de légumes et de fruits le nom d'iÀ[Aaïa;
les Romains celui de s.\LG.\M.i; ils appelaient rapi/T,
el salsamenta les conserves de viande et de poisson'.
Tous les peuples anciens faisaient usage, dans leur
alimentation, de viandes salées, préparées avec la chair
d'animaux domestiques ou sauvages- [cib.^rh, p. 1157-
1162 . Les Romains paraissent avoir eu beaucoup plus
Gutberlctli S. Tob. De Saliis .Vartis sacerdotibus, 1704 et dans le Thésaurus
anlifjuus de l'oleni, l. V, p. 793 sq. : Marquardt-Mommsen, Handbuch der roe-
mischen Alterlhûmer, t. VI (2' 6dil.), p. 427-42S ; W. Helbig, Sur les attributs
des Saliens, Mêm. de VAcad. des insc. et b. -lettres, t. XXXVII, 2* partie
(1906), p. 204-276; Th. Mommsen, Roem. Geschichte, t. 1. p. 52, p. 166;
Mûllenhotf, Ueber den Schirerttan;, Berlin, 1671, p. 6; passim, et dans les
Feslgaben fur Homei/er, p. 1 1 1 s<i.) : Preller-Jordau, Roem. Mythol. 1. 1, p. 1 15 sq .:
346 sq. et passim ; Roscher, Lexikon der Gr. und Roem. Mythol. art. mars, p. 2400
sq.,2420 sq.; ScbeilTelc, dans la Renl-Encyclopaedie de Pauly, t. VI, 1, p. 688 sq.,
art. SAI.U ; Uscner, die Fabel des Mamurius Veturius, dans Rheinisches Muséum,
uouv. série, t. XXX, 1875, p. 209 sq. ; Wissowa, Religion und Kullits der Roemer,
p. 480 sq. passim.
SALI.NCM. 1 Hor. Sat. I, 3, 14 et Schol. Ad loc. ; Carm. H, 16, 13, el Scliol. Ad
loc; Pers. III, 24-26. — S Plin. Aal. hist. XXXIII, 153; Val. Mai. IV, 4, 3.
— 3 Liv. XXVI, 36; Slat. Silc. I, 4, 130; Acro ad Hor. Carm. /. c. — 4 Arnob. II,
67. Cf. Plut. Qu. convii: VII. 4, 7 ; Fest. s. D* salinum. — ^ Cf. Gazette archéolog.,
1885, p. 333 (au Britisb Muséum); Aton. et Mém. Fond. Piot, V, 1699, p. 96,
pi. XXI, n** 4 et 5 (au LouxTC).
SALSAME.\"TUM. t Tâst/oç et ses dérivés désignent parfois les momies : Herod.
IX, 120; Lucian. -Vecyom. 15, etc. Sens général ie salsamentum : WSlflIn, ii-cAir.
f. Latein. I.exikojr. XII, 366. — 2 Cf. Diod. Sic. XIX, 19, 3; Allicn. IV, p. 137;
Didym. Cea/ion.XlX, 9,5-6et 13, etc.
SAL —
de goùl que les Grecs pour ce genre de nourriture; ils
apprijciaiont surtout le porc salé, qu'ils trouvaient très
substantiel et facile à digérer '. Varron, Columelle, Api-
cius nous ont transmis la formule de différentes recettes
pour le confectionner -; Apicius recommande de ne le
servir aux repas qu'après avoir pris la précaution de le
dessaler en le faisant bouillir d'abord dans du lait, puis
dans de Feau^ On distinguait deux sortes de jambons,
perna elpetaso, la première fortement salée et fumée, la
seconde moins salée et plus fine, mais peu susceptible
de se conserver longtemps '. Les meilleures salaisons
de porc étaient celles que fabriquaient les peuples celti-
ques : dès l'époque républicaine, les Romains en faisaient
venir de Gaule, Cisalpine^ et Transalpine % des provi-
sions considérables ; en particulier, les jambons de
Belgique^, notamment du pays des Ménapiens'; ceux
qu'expédiaient les Cantabres et les Cerretani du Nord de
l'Espagne ou de la région de Bayonne' avaient une
grande réputation ; Varron parle aussi de porcs envoyés
de Lusitanie à Rome '".
Les poissons tenaient la première place dans la nour-
riture des Grecs [cibaria, p. 1162]. Aussi le mot xioi/o;
et, par suite, le mot salsamentum étaient-ils pris
le plus souvent avec un sens restreint, pour désigner
uniquement le poisson salé. C'est sur cette catégorie de
salaisons que nous sommes le mieux renseignés ".
En principe, tout poisson, à la condition d'avoir une
chair suffisamment épaisse et chargée de suc, mais sans
excès'-, pouvait être transformé en râpc/oî et l'on em-
ployait à cet usage les poissons des rivières et des étangs
aussi bien que ceux de la mer". Mais, en fait, les fabri-
cants de salaisons ne se servaient guère que de ces der-
niers, etpresque exclusivement d'esturgeons "et de thons
d'espèces variées"^ {pelamijs et thyniius^^, sarda'\
coracynus ou saperdes ", xESToeû; ou mugil ", scomber-",
colins -\ opxuvoç -'■'). Pour les préparer, ils les faisaient
séjourner, plus ou moins longtemps, entiers ou en mor-
ceaux, dans des vases de terre ou des bassins cimentés
remplis de saumure. On a découvert de nos jours sur les
cotes d'Espagne et de Portugal les vestiges d'un certain
nombre d'anciens établissements de fabrication; les plus
intéressants sont situés dans la province de l'Algarve en
Portugal ; ils consistent en bassins rectangulaires de
dimensions variables, longs de l^joO à 3", 90, larges de
1"',03 à S^ioo, profonds de 0",79à 1",8S, disposés par
séries le long de la plage ; des cannelures convexes,
destinées à empêcher l'écoulement de la saumure, les
I Galon. De alim. fac. III, 2 ; AcI. Amidcn. Tetrab. I, 2, 151. — s Varr. De ra
ruét. Il, 4, 10; Colum. XII, 53; Apic. VU, 0. — 3 Apic. I, 10. — ^ Vair. Loc.
cit.; Hor. Sat. Il, 2, U7 ; Martial. III, 77, 0; XIII, 64 et 55; Athcn. XIV,
p. 657 c: Augustin. De mor. manich. XIII, 30; Edict. Dioclet. IV, 8 (avec le
commentaire de Bliimner, p. 74 de son (■■dilion). — 5 Polyb. Il, 15, 3 ; Slrab. V,
p. 218. -6 Varr. £<ic. c/(. ; Slrab. IV, p. Iii2. Daus les monnaies de Nimcs carac-
térisées par radjonction d'une sorte de patte coulée en môme temps rpie le (lan
(A. Blanclict. Ti-aiLé des monn. r/nuloises, II, p. 438); M. Svoronos {Journ. d'ar-
chéol. numism.. IX, 1906, p. 207-217, fig. 20), propose de voir l'image de jambons,
par allusion au commerce des viandes salées que l'on exportait de .Nîmes.
— 1 Strab. IV, p. 197. — 8 Martial. XIII, 54; Ed. Diocl. {Loc. cil). — » Slrab.
III, p. 162 ; Mart. L. c; Ed. Diocl. (L. cit). — 10 Varr. L. c. — " La principale
source est le Iraité de Xénocrate, De alimentis ex (luv atilibus, reproduit par
Fabricius dans sa Bibtiotheca graeca, IX, p. 455 sq. et par Darcmberg, dans son
édition d'Oribase, I, p. 124 sci. Le meilleur travail sur la question est encore celui
de Koeliler, Tip./o;, dans les M6m. de VAcad. de S. PiHersbourrj, 1832, p. 347-
488. — <2 (Jalen. De alim. fac. III, 41. — 13 Hippocr. De diaet. II, 19. 32. Sur
le céplia'.e de rivière mariné et salé : (ïalcn. Op. cit. III, 20; Paul. Aegin. I, 90;
Acl. Amiden, Tetrab. I, 2, 137, — H Tipixo; i.ta.aro- : Antioli, ap. Atbcn. III,
p. 118 d. Cf. Ilcrod. IV, 53; Strab, Vil, p. 307. — l'o Énumérécs par Xenocr. .ip.
Oribas, éd. Darcmberg, I, p. 129 (avec les notes). — iiJ Strab. VU, p. 320; Pliii.
102:] —
SAL
renforçaient aux angles ; une couche de ciment les ré-
vélait à l'extérieur et à l'intérieur ". Plusieurs locali-
tés du monde antique, une ville de Palestine -', une
bourgade du delta du Nil-% un groupe d'ilôts sur la
côte delà Tripolitaine^», s'appelaient Tnriciteae : elles
devaient leur nom à l'existence de pareils établisse-
ments sur leur territoire.
On distinguait les différentes sortes de Tâp^oç d'après
leur mode de préparation, leur degré de salaison, la
nature des poissons avec lesquels elles étaient faites et
la forme qu'elles affectaient. Le xàpiyo; tiXtov, fabriqué
avec des poissons dont on avait enlevé les écailles, s'op-
posait au ripi/ûç XETrtScoTÔv 2'. Le TÉXsioi; '*, complètement
salé, s'opposait à rr,[iiTâpi/oçou vi(xivy,po<; =', à moitié salé,
et à l'àxpoTraffTOî'", légèrement salé. Les Tapî/-/i Ttt'ova,
salaisons grasses, s'opposaient aux maigres, Tasi/y,
âTTi'ova " ; toutes les espèces de poissons et toutes les par-
ties du corps d'un même poisson n'étaient pas égale-
ment grasses ni, par suite, également recherchées ^-. On
appelait ôûvvsia^', ôuwdoe; ou ôuvvîSe;'*, les quartiers de
thon en conserve (c'était le meilleur des Tapt'/-^ Tui'ova) ;
à)[xùTâp..;('o; '% le Tucpt/o; fait avec les parties du thon les
plus voisines de la tête ; oûpaîa ^\ celui qui était fait
avec les parties les plus voisines de la queue ; xy|TT,ua=',
un wjAOTapt/oç de qualité inférieure fait avec de gros pois-
sons ; Tapi/o; (ûpaïov OU ojpatOTap'./oi; '*, unTaptyo; fabriqué
au printemps avec de jeunes poissons, le meilleur des
Totpiy-^ aTTi'ova. Le xp^yiovov, le xeTpâyojvov, le xûêtov '^'' étaient
des salaisons de grands poissons débitées par morceaux
de forme triangulaire, quadrangulaire ou cubique; les
'^^m.Ay de petites tranches de poisson salé'°; les (JiEXav-
Spua, de longues tranches dorsales d'esturgeon ou de
thon, salées et séchées, qui ressemblaient, disait-on, à
des planches de chêne".
Les principaux centres de production du Tâpt/oç'^
étaient les pays riverains du Pont-Euxin, qui approvi-
sionnaient la Grèce, et l'Espagne méridionale, où se
fournissaient les Romains. Chaque année, au printemps,
des bandes épaisses de poissons migrateurs descendaient
le long des cotes septentrionale, orientale et méridionale
du Pont-Euxin, se dirigeant vers le Bosphore de Thrace ;
les habitants du littoral faisaient des pèches fructueuses "
et salaient, pour les exporter, la majeure partie des estur-
geons et des thons capturés [piscatio], p. -491] ; les textes
antiques mentionnent fréquemment les Tapi'/v, rfcvr-xà".
Au nord, il y avait des fabriques de salaisons à l'embou-
chure de tous les grands fleuves, Ister ", Tyras ", Bory-
IX. 47 sq. ; Galen, Op. cit. III, 31. — n p|i„. XXXII, 151 ; Galen. L. c. — 1» Pcrs.
V, 134; Galen. L. c. Athen. III, p. 118 A; Hesych. s. v. — 19 Alben. III, p. 118 r ;
VII, p. 307 *; Schol. Aristopb. Nub. 338. — 20 Strab. III, p. 159. — -21 Plin
XXXII, 146; Atben. III, p. lia c. — 22 Alben. L. cit. et VII, p, 303 b. — -a Mes-
quito de Figuereido, dans le Bullct. Iiispan. 1906. p. 109-121. — 21 Slrab. XVI,
p. 704; Plin. V, 71; Suel. Tit. 4. — 2:i Herod. II, 113; SIeph. Brz. s. i,.
— 26 Slrab. XVII, p. 834. — 27 Poil. Onom. VI, 49; Hesycli. 5. V. — 23 Atben.
III, p. 120 rf. — 2'J Ibid. p. 1 19 a ; Xenocr. Op. cit. V, 76. — 30 Sopat. ap. Alben.
Loc. cit. ; Xenocr. Loc. cit. — 31 Alben. III, p. 120 e. — 32 Voir les textes réunis
par Koeliler, Op. cit. p. 308-379. — 33 Atben. L. c. — 31 Hesycb. s. i'. — 3. Dios-
cor. De mat. med. II, 33; Xenocr. Op. cit. IV, 73. — 30 Xenocr. O. c. I, C.
— 37 Alben. III, p. 121 b. — 38 Plaut. Capt. 851 ; Alben. III, p. 110 a, e, f\ p. 120
e, /'; Xenocr. Op. cit. IV, 67; Hesycli. s. v. —39 Alben. III, p. 118 a, 6; p. 120 e,/'.
— 40 Scbol. Arislopb. IVub. 338. — *l Plin. IX, 48; Atbcn. VII, p. 313 d; Xenocr.
Op. cit. IV, 03. — 42 Cf. Koeliler, Op. cit. p. 357-367; H. Blumner, Die ijewerbl.
Thûtigkeit der Vôlker des Idass. Aitertli. Leipzig. 1869. — 43 Arislot. ffist.
anim. VIII, 19; Aelian. De nat. an. IV, 9; XV, 5; Peripl. Pont. Eux. I, p. 9 ; Plin.
IX, 47;49sq. ; 176 sr|.; Poil. VI, 48 sq. — " Strab. III, p. Ui; VII, p. 320; Plii-
lostr. Imag. I, 13: Plin. XXXII, 146; 152; Alben. I,p. 27 c ; III, p. 110 /'; p. 117 n;
p. 119 b: VII, p. 295 c; p. 319 a; p. 320 f, etc. — 43 Allien. 111, p. ll'.l ,;.
— 46 Scymn. Cli. Orb. descr. 798.
SAL
— 102i —
SAL
sthène', TanaïS". Olbia, à remboiiclmre de lllypanis,
parait avoir été le plus important marché de Tis'./o; de
loute la région ' ; les sujets représentés sur quelques-
unes de ses monnaies font allusion à ce commerce : on y
voit au revers soit une tête de poisson accompagnée du
mot o.Miio', soit un aigle enlevant un poisson °, ou les
J'Olbia, au type du taricho
quatre rayons d'une roue avec, dans le champ, le mot
lAPix, abréviation de apixos, forme dialectale pour Taçt/o;
(fig. 6052; ". De petits poissons en bronze fig. 60o3\
Fig. 6053. — liions de brouzc dOILia.
esturgeons et thons, découverts à Olbia, servaient sans
doute de jetons de distribution ou de monnaie locale;
les uns, convexes des deux côtés, sont anépigraphes;
les autres, plats surTune de leurs faces, portent quelques
lettres, QT pour 9û(vvo;), 6û(vvoi), ou 6u(vvi3£;), S'jfvviSc;^
OT pour o'Xpaîï), APixo pour (T)i:i/o(îl ". Plus à l'est, il
faut citer encore, comme lieux de fabrication de salai-
sons, la Chersonèse Taurique et le Bosphore Cimnié-
rien *, avec les ports de Théodosie' et de Panlicapée
ou Bosporus'", Dioscuriasen Colchide " ; au sud, la côte
du pays des Chalybes '-, Trapézonte'\ Sinope'\ Amas-
tris 'S Tieum et Héraclée du Pont", le Bosphore de
Thrace '' avec Chalcédoine" et Byzance'-', la Propon-
tide^", l'Hellespont^'. Les salaisons de l'Espagne méri-
dionale étaient encore plus renomrnées que celles du
Pont-Euxin --. L'industrie et le commerce des poissons
salés contribuaient à enrichir les trois grands ports
< Herod. IV, 53; Poinp. SIel. II, I, 6; Plin. IX, W; Scymn. Cli. O. cit. 8l3sq.
— i Strab. XI, p. 493 : N'iccpb. Creg. IX, 5, p. 417 ; XIII, li, p. 686, éd. de Bonn.
— 3 Scymn. Ch. O. c. 804 sq. — 4KocliIer. O. c. p. iï7 : planclie.fifr. 7. — S Duruy,
Bist. des Grecs, l. III, p. '311. — 6 Koebler, p. 4i8-4i9 ; pi. fig. 8-14;
von SaKet, Zeilsch. f. Namism. X, p. 145 sq. et pi. ; Head, B'tst. num. p. 533.
— 7 Kocbler, p. 4Ji-lJ7; pi. fig. 1-6. — 8 S'rab. VU, p. 311. — 9 Dcmoslli. Adr.
Lacr. 32 et 34. — fO Strab. VII, p. 307 el 310. — " Id. XI, p. 506 ; Const. Porpli.
De adm. imp ii.— '2 Strab. XII, p. 519.— " Id. VII, p. 320.- ItM. Loc. cit. cl
XII, p. 545; Alben. III, p. 118 e: VII, p. 307 6. Des poissons sont figurés sur les
raonoaies de Sioope : Eckhel, Doctr. tuim. II, p. 390; Head, Hist. iium. p. 434.
— <» Aelian. De nat. nn. XV, 5. — i» Ps Arislot. .Virab. 73 ; Aelian. L. c: Alben.
VIII, p. 331 c. — <' Eutlivd. ap. Alben. III, p. I IC 4 : Arcbeslr. Ibid. VU, p. 284 -:
Liban. Hpist. Si, p. 43, éd. Wolf. — IS Arcbeslr. ap. Alben. 111, p. 92 e: Geli. VI,
10, 5. — l'J Polyb. IV. 38, 4; Alben. III, p. 1 16 <( si|. ; Dio Cbrys. Il, p. 11 ; Tacit.
Ann. XII, 63. — SI Aelian. L.c. — 21 Hermipp. ap. Alben. I, p. 27 c. — 22 Sur les
pôcberies d'E-jpagne : Strab. III. p. 145; l'oljb.ap. Atben. VII, p. 302 r; VIII, p. 331 a:
Plin. XXXI, 2i; XXXII, 14'), elc. Sur le Tdf./o; d'Espagne : Strab. III, p. 141; Plin.
;CIX, 49: Galcn. De alim. facutt. III, 31 ; Xenocr. Op. cit. IV, 61. — 23 Ps. Aristol.
Mirab. 136; Atbcn. III, p. 116 c; p. 1 18 d ; VII, p. 302 c; p. 315 c; Eupol. ap. Slepb.
B. s. v. rdS..f«; Poil. VI, 41; Hc-sycb. t. i-«. r.S..ç,.i. Tij^o;. Tlions sur les mon-
naies de Cadès : Head, Htst. num. p. 3. _ 21 Strab. III, p. 156. — 25 Ibid.
p. 158. — 2« Ibid. p. 140. — S7 Ibid. p. I3IJ. — 28 Strab. Il, p. 90. Tbons figuras
sur les monnaies de la ville de Lixus ; 1,. Millier, Xmnism. de l'ancienne Afrique,
III, n" 238-23.1, p. Iljl. C. Mûllcr, éd. de Ptoléméc, I, 2, p. âS'.i, suppose que le
de Gadès", à l'entrée de l'Océan .\tlantique ; de Ma-
laca^' el de Carthagène", sur la mer Méditerranée,
ainsi que les stations intermédiaires de Baelo et de Mel-
laria'^*, de Carteia et des Exelani-', aux abords du
détroit des colonnes d'Hercule. Une partie des poissons
préparés dans les ports espagnols étaient péchés sur les
côtes de la Maurétanie Tingitane; nous savons que les
marins de Gadès descendaient dans l'.^tlantique jusqu'à
l'embouchure du lleuve Lixus'-*. C'est par Pouzzoles que
le riz'./'j; d'Espagne entrait en Italie-^.
En dehors du Pont-Euxin et de l'Espagne, tous les
pays du monde antique possédaient des établissements
de salaisons plus ou moins importants, dont les produits
alimentaient la consommation locale et donnaient même
lieu quelquefois à un certain commerce d'exportation.
Les textes littéraires mentionnent notamment les Tapî/Tr]
de Sardaigne, supérieurs à ceux du Pont-Euxin et aussi
réputés que ceux d'Espagne'", de Sicile '', de Grande-
Grèce'-, d'Épire ", de Macédoine", d'Asie Mineure'^,
d'Egypte'*^, peu estimés '", et de Tripolitaine'".
Les poissons salés étaient livrés au commerce dans
des vases de terre de formes et de dimensions variables '%
que l'on désignait sous différents noms: iaçope;;*",
Tapt/o'jçxspiuLia*', xspiixiotTapt/Tiçi '- chezles Grecs, salsa-
mentariae testas'^, salsamentarii cadi^', l'Cisa salsa-
mentaria '"' à Rome ; on brisait le vase pour en retirer le
poisson", qu'on débitait enveloppé dans des feuilles de
figuiers *'. En Grèce, les fabricants de xapi/r, s'appelaient
TaptyeuTa;'* ; les commerçants qui les importaient, rapt-
yT|Yoi*'; les marchands au détail, Tapi/o'TtùiXï'. =" ; ceux
qui vendaient en particulier de l'wcïîov, (ipaioTtû'Aa! ^' ;
ceux qui vendaient des Tsaà/Y,, Tsao/oTTàjÀit '- ; ils ap-
partenaient tous aux basses classes^' et ils étaient fort
peu considérés ^' ; on tournait en ridicule à Athènes
les fils du marchand de poisson salé Chaerephilos, qui
avaient été faits citoyens en récompense des services
rendus par leur père dans un moment de disette °^. Chez
les Romains, les salsamentarii^'^ elles cetarii''' étaient
à la fois des fabricants et des marchands de salai-
sons; le nom des celarii vient du mot grec xY,Tï,u.a,
sous lequel on désignait, comme nous l'avons dit
plus haut, une espèce grossière de Totpi/o; faite avec
de grands poissons.
Le Tap'./oç de qualité commune ne coiitait pas cher ;
un proverbe grec prétendait qu'on le payait une obole
nom du ficuve Molocbalb ou Muluclia vient tiu sémitique metach ou malach, sel,
et fait allusion .i d'ancieiis établissements de salaisons fondés à son emboucbure.
— 29 Aelian. De nal. an. XIII, 6. — 30 Galcn. De alim. fac. 111, 31 ; Poil. VI, 48.
— 31 Atben. V, p. 209 6. A. Syracuse : Ibid. p. 206 /". - 32 ps. Hesiod. ap. Alben.
III, p. 116 c. Elea (Velia) : Strab. VI, p. 252; Hipponium : Arcbeslr. ap. Alben.
VII. p. 302 a ; Tliurii : Atben. VI, p. 274 d. — 33 Strab. VIII. p. 327 ; Atben. VII,
p. 305 c; p. 311 n; p. 328 a. — 34 Atben. VII. p. 298 b. — 33 Cymé : Xenocr.
Op. cit. IV, 73; Pbasclis : Atben. VII, p. 297 c ; Pbrygie : Poil. VI, 4S. — 36 pjod.
Sic. I, 36, 1 ; 52, 0; Xenocr. O. c. V, 76-77 ; Lucian. Savig. 15 ; Poli. Loc. cit.
— 37 Atbcn. 111, p. 1 18 c. — 38 Strab. XVII, p. 835. — 3» Koebler, 0. cit. p. 2T9-
iSO. — M) .Vlben. III, p. 117 a. — H Demoslb. .4rfi-. Lacrel. 34. — 12 Geopon.
XIII, S, 12. — 43 Plin XXVIII, 140. -:- « Ibid. XVIII, 308. — 43 Coinm. II, 10, 6.
— *o Synes. Epist. U7, p. 2'*5. — *" Aristopb. .Acharn. 1114; Suid. i. v. Opta.
— 48 Herod. II, 89 ; Dio<l. Sic. 1, 91 (spécialement avec le sens d'embaumeur, fabri-
cant de momies).— M Alben. III. p. 120 6. — 50 Ibid. p. 1 18 e; p. 1 19 6 ; p. 120 a,
VII. p. 339 d\ Plut. Quaest. conr. II. 1, 4; Lucian. Vit. auct. 11 ; Poil. VII, 27;
Hesycb. J. f. 'Q j«.os»»i.î . — »' Hesycb. s. r. — 52 Antipb. ap. Atbcn. III, p. 120 o.
— 53 Plat. Charm. p. 322 ; Luciao. Necyom. 17. — 5V Diog. Laerl. IV, 46 ; VI, 36;
Euslatb. Ad H. VI. 511 ; VIII, 451. — "^ Hyper, et Alei. ap. Atheo. III, p. 119 ^sq.;
Ibid. VII, p. 339 d. — 36 Auct. ad llcrenn. IV, 51, 67; Suet. Vit. Uorat. p. 44;
Macrob. Saltim. VIL 3. 0; Scbol. ad Pcrs. I, 43; Corp. inscr. latin. VI, 9676
(negotians saUamentarius c' rinaniri»*) ; cf. Ibid. 9677 (salsarius) et 9873 {saU.).
— 57 Varr. ap. .Xon. 49, 15 ; Tercnt. Eunucli. Il, 2, 26; Cic. De off. I, 42, 150;
Colum. VIII, 17, 12; Plac. Giass. XIII, 9. 22.
SAL
I02ri
SAL
et son assaisonnement deux oboles '. Dans une comédie
allique, un personnage se vanlail d'avoir eu pour deux
oboles un poisson salé de forte taille, capable de nourrir
plusieurs hommes pendant trois jours ^. Il semble, d'a-
près Athénée, qu'un plat de t-ipi/oç ordinaire, pour une
seule personne, valait habituellement deux ou trois
oboles''; un morceau d'côpaîov, une obole^; un morceau
d'cufioTipi/oç, cinq yaXxoO; (un peu plus d'une demi-
obole) " ; un morceau de z'Joiov , trois oboles". Kn
revanche, le prix des variétés les plus fines et les plus
rares était très élevé'; Galon se plaignait que ses
contemporains allassent jusqu'à donner trois cents
drachmes pour un xsfiiuitov de Trapi/v) novTtxà *. Le
Tïp'/o? commun était en Grèce, comme le porc salé
en Italie, la nourriture des petites gens, esclaves'',
paysans'", soldats en campagne ". Les gourmets, d'autre
part, appréciaient beaucoup certaines sortes tout au
moins de salaisons, qu'ils accommodaient à dillérentes
sauces piquantes'-. On servait les tapi/vi comme
entrées''', et on les mangeait, en général, crus ", après les
avoir fait tremper dans de l'eau douce '\ pour les dessa-
ler, ou dans de l'eau de mer ""', pour leur donner au con-
traire plus de goùl; on les assaisonnait, selon les cas, de
moutarde, de vinaigre, d'huile, de mi'ria ". A chaque
espèce de poisson convenait une préparation particu-
lière'". Le thon de Byzance était saupoudré de sel,
arrosé d'huile fine, grillé, trempé dans la muria, et
mangé chaud'"; l'ôipatov était frit à la poêle avec des
lierbes odorantes et des aromates, arrosé de vin blanc et
d'huile; d'autres poissons salés devaient èlre frits dans
la graisse, bouillis ou cuits sous la cendre '-". Apicius
et Cicéron vantent le lyrolnrichum ou turnlaricha pa-
tina '', mélange de poisson salé, d'œufs durs, de foies de
poulets et de fromage, bouilli à petit feu dans l'huile,
arrosé de vin et d'hydromel, saupoudré de poivre et de
cumin; le ÇwfAOTipt/oi; était une soupe au poisson salé^'-;
enfin les anciens connaissaient le caviar, dont parle
Diphile dans un passage cité par Athénée, mais ils ne
paraissent pas en avoir fait grand usage '^^
Le ript/oç, par suite de sa forte saveur et de sa caus-
ticité, servait aussi en médecine'". Mauricf. Biisxncn.
SALTATIO ('Op/T|<7tç, /opEi'a). — Les anciens dé-
signent par ces termes une pratique et un art assez
étendus, comprenant l'exécution sur un rythme de divers
mouvements gymniques, la danse proprement dite et la
I Mitliacl. Aposl. XIV, n. Cf. Arislopli. Vesp. .ÏU. — 2 Ap. AUicn. III, p. I IS e.
— 3Jbid.\'l,p 230 a. — Wi. III, p. 117,/. — B 76. ||I, p. 1I7<-. — û /i.lll.p. m f.
— 'Cr. Drpliil. cl Alcx.ap. Allicn. Vl,p. Î26eel/'. -SCal.ap. l'olyb. X.XXI, 24 et
AUien. VI, p. 27i/'et273a. Cf. l'Iut. Q.com. IV, 4. —9 [-lai. corn. ap. Poil. VI, 50.
— 11 Dcni. Adt'. Lacrit. 32. — M Arislopli. Acharn. 978 elscliol. — '2 Koehicr, 0. c.
p. 381-380. — 1» Plut 0. conv. IV, 4, 3 ; Cels. 1,2; Atlien. III, p. 1 16 n. — H Arisloph.
Ecoles. 1213; Xenocr. Op. cit. V, 36 et 06, etc. — <5 Atlicu. III, p. 121 c; p. 117 d.
119 c: Plaul. Poen. 241. — 16 Plut. Op. cit. I, 9, 1. — 17 Hippocr. De fliael.
III, 24; Arclreslr. ap. Atlien. VII, p. 303 c ; Xenocr. Loc. cil. - 18 Voir les recettes
de sauces donni*>es par Apicius, IV, 2; IX, 11-13. — 19 Arislopli. E:/uit. 353;
Archcstr.s. i: ; Seiiec. li/iist. XCV, 26; Suid. s. i: euwtra. — 20 Calen. De alun,
fac. III, 31; Athen. III, p. 119 c; Vil, p. 27S 6; Xenocr. 0. c. V, 03, etc.
- 21 Apic. IV. 2; Cicer. Ad famil. IX, 10, 7; AU Attic. IV, S; XIV, 16, I.
- 22 Ailien. III, p. 123 b. - 23 Dipl.il. ap. Atlien. III, p. 121 c. — 21 Plio. XXI,
76; XXXII, 4-., 80, 100, 108, 119, 127; Galen. llp. cil. III, 38; Dioscor. De mat.
med. Il, 30 el 33 ; Xenocr. Op. cit. IV, 03 ; Aiela.>. De caus. el sign. murh. I, 13 ;
Paul. Aegin. VII, 1. i;f. Kocli'er. Op. cit. p. 409.410. — Biui.iuuraph.e. Koeliler.
Tij.,.o;, /iecherches sur l'Iiisl. el les anliquilés des pcdieries de la /litssie
méridionale, dans icsAfém. del'Acad. de .S.-Pétersbourg, 0» série, I, 1832, p. 347-
488; 11. Blumner, Die gewerbliche 'Ihàtigkeit der Vollcer des klass. Altertimms,
Lcipiig, 1869 ; Bocckli-Krhnliel. Slaalshnuslmllnng der Allicner, 3' éd. Berlin,
1880, I. p. 129; J. Mari|iiardt, Vie prii-ée des Itomains, trad. franc. Paris, 1893,
II, p. 60-03 et p. 97 ; Monimscn-Blaniner, Der Alaximaltarif des Diocietian,
VIII.
pantomime. 'OpyeîîSai, yopeùeiv, expriment l'action du
danseur, de celui qui se meut en mesure, op/Y|(iT/iç,
/opE'jTvîç. Ces mois parfois employés indifféremment'
comportent dans certains cas une nuance-, op/sîTOai
s'appliquant à la danse d'un individu isolé, /opeùsiv à
celle d'un ensemble choral.
I. liistorif/ue. L'opinion îles Grecs sur la danse.
Les éléments constitutifs de l'orchestique grecque et ses
caractères généraux. — Les Grecs faisaient remonter
l'orchestique à la plus haute antiquité ^ Lucien se
borne A traduire plaisamment l'opinion courante en
déclarant que la danse date de l'origine même du
monde et qu'elle est aussi ancienne que l'Amour*.
Dès l'époque homérique, on la voit florissante el
honorée : elle est un des plaisirs favoris des Piiéa-
ciens '-, dont Ulysse admire les pas rapides el élin •
celants'; les frères de Nausicaa \ les pri'tendanls de
Pénélope' s'y adonnent également. Chez les Troyens,
comme chez les Grecs, le héros Mérion est fameux
par son habileté à la danse '; la souplesse et l'agilité
qu'il doit à cet exercice le distinguent dans les com-
bats'". Il n'est pas jusqu'à la fabuleuse décoration du
bouclier d'Achille qui ne révèle un goût très vif pour
l'orchestique; trois chœurs y représentent les plaisirs de
la vie civile et de la paix". La danse ne parait pas en-
tourée d'une moindre faveur dans les pays de civilisation
dorienne : le Péloponèse el la Crète ont souvent été
considérés par les anciens comme le berceau de cet
art'-. La Crète dorienne ne faisait d'ailleurs que conti-
nuer sur ce point la tradition de l'âge préhellénique où
l'orchestique a, semble-t-il, occupé une grande place
dans la vie des peuples crétois'^ C'est aussi dans les
pays doriens, el particulièrement à Sparte, qu'elle conser-
vera le plus longtemps son ancien caractère éducatif*.
Enfin la danse a certainement joué un rôle important
en Attique; rien n'est plus caractéristique à cel égard
que la considération où la tient Platon, el la place qu'il
lui laisse dans son système d'institution individuelle el
sociale'^. Peul-èire y eut-il même de bonne heure
dans ce pays des concours de danse; l'inscription d'un
vase du Dipylon mentionne une victoire orcheslique
remportée par un défunt". En tout cas, la danse armée
fut introduite, dès le vi"^ siècle, de Sparte à Athènes, et
l'orchestique sous ses diverses formes s'y montre très tôt
liée aux fêles et aux cérémonies du culte'''.
Berlin, 1893, p. 74; A. i\Iesf|uilo de Tiguereido, Ruines d'antiques établissements
li salaisons sur le littorul sud de Portugal, dans le Bulletin hispanique, 1906,
p. 109-121
SALT.VTIO. I Dans les passages suivants par exemple, yootûnv est applirpié à un
seul danseur : Eiirip Uarclt. 184 ; Arist. Pax, 325 ; Atlienae. Deipnosoph. I, 20 ; cf.
.Nonn. Dionysiaca, 19, 190; 19, 223; etc., cf. M. Emmanuel, De saltationis disci-
plinaap. Graetos.p 93. - 2 Luc. Deor. bialog. I 8, 1. Cf. Emmanuel, Op. cit. p. 93-94.
— 3 Krause, Gymnastik und Agonistik der Hellenen, II, p. 814. La danse est une
des formes initiales de l'art les plus importantes. Les hommes primitifs y trouvent
ta joie ta plus inteiis'i et la plus complète dont ils sont capables ; oulre des
salisfaciioiis gymnast(i|ucs, la dausc leur olTrc la satisl'aclion de l'instinct d'imi-
tation qui est très développé cliez eux ; cf. Y. Hirn, The oriqins of art. p. 87 ;
E. Grosse, Les Débuts de lart, p. 167 sq. — * Luc. De sait. 7.-5 Od. VIII,
102 ; 248. — 6 Od. VIII, 204; 383. — 7 Od. VI, 65. — » Od. XVIII, 304; il est
encore (luestion de danses, tjd. XXIII, 133 si|. — 9 //. XVI, 617; Luc. De sait.
7. — 10 II. XIII. 249-50 ; 270 ; 275 ; 528. — Il Jl. VIII, 492-493 ; 567-372 ; 590-007.
— '2 Alli. V, 181 L. Voir plus lo-n les nombreuses danses dont on plaçai! l'ori-
gine dans ces p;iys. — 1'^ Cf. Angelo Mosso, Scavi di Creta, p. 259, fig. 144.
— 14 La pyrrliique, par exemple, deviendra avec le temps une danse bachique, saufà
Sparte. Cf. Atb. XIV, 631 a. b. — "^ Plat. Leg. VII, 796, c; 803. e; 813, b, etc.
— 16 Helbig, Les vases du Dipylon et les Aaucraries (Mém. de l'Jnst. de France,
1898, p. 389) ; cf. Ath. Mitlh. 1881, pi. III, p. 106 sq., et 1693, pi. x, p. 225 sq.
— n Krause, Op. cit. Il, p. 814; Dem. In Mid. 530, 23 sq.
129
SAL
^ 1026 —
SAL
C'est au V sii'clf quL- l'arl orchesliiiue réalise, en
Grèce, sa plus grande perfection '. Les innovations
postérieures dont il fui presque partout robjet ^ ne
lardent pas à transformer son caractère. L'élément
mimétique, fort important dès le début, tend chaque
jour à y prédominer davantage. La danse proprement
dite disparait dans les raftinements de la pantomime
auprès desquels, si nous en croyons Lucien, lorches-
lique qu'avait connue Socrate n'était qu'un art dans
l'enfance'. \ vrai dire, la pantomime, florissante sur-
tout sous Auguste \ est un art nouveau qui, par une
évolution naturelle, se dégage de l'art ancien qui le
contenait en germe. Moins poussé dans quelques détails,
celui-ci était certainement d'un caractère plus riche,
plus complexe, et d'un efl'et plus harmonieux.
Si l'on examine les idées des Grecs sur l'origine et la
nature de l'orcheslique, on est frappé de la dignité, de
l'excellence qu'ils reconnaissaient à cet art. D'abord la
danse est l'expression du plus beau des états de l'âme ;
elle est l'expression du plaisir ou de l'extase '■" ; le nom de
chœur (/opo;) dérive naturellement du mol qui signifie
joie (/iii) *. De plus, si tous les animaux sont doués de
mouvement el peuvent manifester, avec plus ou moins
de clarté, ce qu'ils ressentent, l'homme seul a l'idée de
l'ordre, de la mesure, el s'en est servi pour constituer
l'orcliestique^ Platon nomme rythme l'ordre et la pro-
portion qui s'observent dans les mouvements du corps ;
ce même ordre et celle même proportion par rapport aux
sons, il l'appelle harmonie, et il donne le nom de c/foree,
/opsta, à l'union de l'harmonie el du rythme'. Ce senti-
ment de la mesure et de l'harmonie a été donné à
l'homme par la divinité; on peut donc dire que la danse
s'est développée sous la direction des dieux '. Ainsi
l'orcheslique n'est pas seulement le propre de l'homme ;
le sentiment d'où elle lire sa forme a une origine
divine. Souvent même les Grecs en ont attribué direc-
tement l'invention aux dieux. Selon Lucien, c'est Rhéa
qui, la première, charmée par cet art, l'enseigna aux
Coryhantes, en Phrygie, et aux Curetés, en Crète '°. On
disait parfois que la pyrrhique avait été trouvée par
Atht'na ou par les Dioscures", à qui l'on attribuait aussi
quelques-unes des danses Spartiates les plus renom-
mées'-. On comprend dès lors que les danses réjouissent
les divinités; elles ne dédaignent pas d'y prendre part
el d'instituer des chœurs ". Pan, Dionysos, Ares, Apollon
sont souvent appelés danseurs " et c'est par la prédi-
I titirpllc, De la diinse des anciens, p. Ins. — 2 Icg, ||, ocll i; aci
livre VM, -ys e, l'IaLoii prescrit d'éviter autant ipie possible tnus les change-
ments dans la danse et dans la miisii|ue. — 3 Luc. De &aU. 25. — ^ Luc.
De sait. 3i. — 5 C. Siltl, Me GeMrden der Criecli. u. Ilim. p. 2i4 ; Flacli, Der
Tanz l/ei d. Griech. p. 2, 3. — « Leg. Il, 054 a; VII, 815 d. — 1 Leg. Il, 653 e.
Los idées d'ordi-e, de mesure sont toujours restées comme le fondement de In
conceplion que les lîrecs onl eue de l'orchestiiiue ; c'est ce que montre très bien
Lucien, disant que « le chœur des astres, la conjonction des planclescl des étoiles
files, leur société harmonieuse, leur admirable concert, sont les modèles de la
première danse ». De la dnuae, 7 ; Au livre Vlll de Y Economique, le premici-
cicmpic que choisit Ischomachos pour montrer à sa femme l'ulilité et la
beauté de l'ordre est celui du chœur de danse qui se meut et chante avec
ensemble; cf. Fiat. Proliig. p. 315 c. — » Burette, De la danse des anciens.
p. lOS. — •> Le,,. Il, f.54 (1. — 10 l.uc. De sali. S. — <l Voir plus loin les textes
re'alifs au» origines de la pyrrhique. — 12 Les danses de Karjai étaient parfois
attribuées aui Dioscures; cf. Luc. De sait. 10. — 13 M. Lmmanucl, IJssai suf
l'orcheslique grecque, p. i85-i99. — H Krause, Op. cit. Il, p. SIC, noies 14 el
15; V. particulièrement Athcn. l, 22 4, c. — 15 Plat. Crutijl. p. 407 a.
— 10 Bcrgk, Fraijm. 75. — 17 |les. Tlicog. i sq.; Luc. De sait. 24. — '« Eurip.
Troad. 2. — 19 Ui/mn. in Art. IS sq. — 20 Ath. I, 22 c. — 2' Leg. Vil, 790 c;
803 e: 8n d. — 2-' .Xcn. Conr. Il, 15. 17. Athénée rapporte (I, 20, f) que Socrate
aimait p.irticulicromcnl la danse appelée Memphis. — 2J Xcn. itjid. ; Luc. De
lection d'Athéna pour la danse armée qu'est expliquée
la dénomination de Pallns ' '. Pindare montre les
Nymphes dansant au retour du printemps en compagnie
des Grâces "■' ; Hésiode a surpris le chœur mené par
les Muses sur l'IIélicon, auprès de la source sombre,
autour de l'autel de Zeus'''. Les Néréides forment aussi
des chœurs ", Artémis danse avec ses compagnes" : la
sévère Héra el Zeus lui-même prennent part ;\ ces plai-
sirs -". La danse inventée et pratiquée par les dieux inter-
viendra tout naturellement dans leur culte; elle est le
meilleur moyen de leur plaire et de les honorer-'.
Mais la danse ne permet pas seulement à l'homme de
se rendre les dieux favorables; elle a de plus, selon les
anciens, une haute valeur éducative. Fondée sur le mou-
vement, elle développe les forces du corps, et c'est par
les avantages qu'elle offre à ce point de vue que Socrate
justifie surtout son penchant pour l'orcheslique ''-.
Convenant à tous, sans distinction de sexe ni d'âge,
elle est un exercice modéré pour l'organisme dont elle
ne laisse pas la moindre part inactive'". Elle procure
la santé utile à l'homme", el la vigueur nécessaire au
guerrier^'. Les mouvements orchestiques étant soumis à
l'ordre et à l'eurythmie, elle développe aussi la beauté'-*
D'autre part, intimement liée à la musique" el à la
poésie, elle n'intéresse pas moins l'esprit que le corps ^'';
elle imite la parole de la Muse ^°, elle instruit par ce qu'elle
représente. Platon peut dire que l'homme convenable-
ment élevé saura bien chanter et bien danser "", que
la chorée prise en entier embrasse toute l'éducation".
A ne considérer que celte opinion des anciens sur les
origines et la nature de leur orchcstique, celle-ci nous
apparaît déjà comme foncièrement différente de la danse
des époques postérieures. C'est ce que nous saisirons
mieux encore en étudiant la danse grecque elle-même
dans ses éléments constitutifs el ses caractères généraux.
L'orcheslique grecque se compose de deux éléments
essentiels, les mouvements {ifoç.a() ; les gestes, figures,
attitudes ((r/r,[xaTa)'^. Presque tous les mouvements
gymnastiques du corps sont du domaine de l'orches-
tique^'' ; Socrate peut faire un mérite à la danse de
mettre tout le corps en action, le cou, les jambes et les
mains '*. Les mouvements de l'orcheslique ne diffèrent
pas de ceux que les enfants exécutent au son de la (lùte
dans la palestre, les éphèbes el les athlètes dans les
gymnases''. Certains de ces mouvements qui tendaient
à l'assouplissement du corps se retrouveront au pro-
salt. 69 el 73. — 2* Xen. Conr. Il, 15-17 ; l'Iul, De rai. tuend. VI, 15; cf. l'incl.
Pytli. X, 59-65 ; après avoir mcnlionné les danses des Hyperboréens, le poète parle de
leur résistance aui maladies et à la vieillesse; T'iaton {Leg. VU, 790 e) insiste sur
la valeur cur,Ttive de ta danse. C'est à ces divers titres (|ue la danse était en
honneur dans la discipline de F'yihngore (Porphyr. Pythag. 32) ; cf. Burette, Op.
cit. I, p. 128. — 25 U,j, VU, 796 c ; 803 e ; Xen. Conr. Il, 17 ; Ath. XIV, 62S f.
— 26 Xen. Conv. Il, 15. Rien ne montre mieux combien les Grecs onl été sensiLies
à la beauté des mouvements orchestiques, (|ue le nombre relativement considérable
des œuvres du grand art dont le motif ou les attiUides étaient empruntes à la d.mse.
V. Emmanuel, Essai sur lorcli. p. 325-20. — 2^ La dausecst régulièrement accom-
pagnée par la musique; cf. Luc. De sait. 26, la (lùle et la cilhare sont déclarées
liiçïl -f,; toi dçzïijtoù J.iipio.'a; ; cf. 63 ; 72. — 28 |.uc. De sait. 6 ; 09 ; 72 ; Ath. XIV,
628 c, d. — 29 Leg. VII, 795 e, elle contribue aussi à adoucir les mœurs; cf. Ath. XIV,
626 d,e; Polyb. Hist. IV, 21 —^»Leg.n, 05la, c. — 3' Leg. Il, 672 rf, c: VII,
817 *, c. — 32 La distinction de ces deux éléments est faite, dès l'époque classique,
par Platon et Xénopbon ; on la retrouve chez Plularque ; cf. M. Emmanuel, De
saltationis disciplina ap. Graecos, p. 3. — 33 Emmanuel, /liid. p. 4. — 3' Xen.
Conr. Il, 15 et 11, 22; Ath. I, 21 a. — 3.ï Emmanuel, Op. cit. p. 8. Ou trouvera,
aux pages 22-24, la liste d'un grand nombre de =ojai appartenant à la gymnastiipic
proprement dite, et qui sont absolument ideulif|ucs aux oopai de l'orcheslique. Ce
sonl tous ces mouvements que Platon réunit sous l'expression de|u;jiva<y(«Siarovr,n«ïa
(Z.ej.813 d).
SAL
1027
SAL
gramme des baleleurs et danseurs de profession dans
des séances proprement orchesliques. Quelques-uns
n'allaient pas sans dilticuUé, ni péril. L'éphèbe cour-
bait son corps en arrière (xaix-itr,) ; il lormait un cercle,
les pieds louchant les épaules (xûxXoç) et dans cette
position il imitait la roue (too/ô;)'. A côté de cela figu-
raient des sauts, des voltes et quelques mouvements
plus calmes des jambes et des bras, du buste et de
la tête-. C'était aussi dans les palestres que les enfants
apprenaient la pijrrinque enseignée par l'oTtX&aiyoi; et la
c/iiroiiomic que les épliébes et les athlètes pratiquaient
également dans les gymnases ^ La chironomie, au sens
particulièrement gymnique du mol, était l'exécution
rythmique des mouvenienls de bras et de mains propres
à la lutte et au combat '. La pyrrhique et la chironomie
sont à la fois des exei-cices gymniques et orchesliques, et
rien ne montre mieux le lien étroit qui unit la danse à la
gymnastique. En réalité, la danse n'est pour les Grecs
qu'une partie de la gymnastique % ou plus exactement
il y a. selon eux, deux grandes variétés d'orchestique dont
l'une qui a surtout en vue le corps lui-même sert à déve-
lopper sa vigueur, sa souplesse et sa beauté". Par cette
danse gymnique, ou si l'on préfère par cette gymnastique
rythmée et musicale, chaque individu devenait capable
de régler ses propres mouvements et de les coordonner
avec ceux d'autrui pour former un ensemble harmonieux.
Ainsi était réalisée une double beauté plasti(|ue, résidant
en chaque danseur pris à part, et résultant aussi des
savantes évolutions du chœur. D'ailleurs, la beauté de la
danse ne résulte pas seulement de l'exacte adaptation
des mouvements les uns aux autres; elle vient aussi
de leur appropriation parfaite à l'état d'àme du dan-
seur, au sentiment, à l'idée qui le guide et qu'il veut
traduire. La danse grecque est foncièrement expres-
sive, et c'est des çopaî qu'elle tire ses premiers moyens
d'expression : « Elle peut, par la lenteur ou la vitesse
des mouvements, par leur harmonie plus ou moins
sévère, éveiller simplement dans l'àme des émotions
conformes au caractère général de ces mouvements...
Une danse grave, noble, imite par là même la beauté
morale, la noblesse, la gravité d'une âme que les
passions ne troublent pas. Au contraire, des mouve-
ments très variés qui se succèdent avec vivacité expri-
ment l'excès de la joie ou des passions' ». Cette
diversité des mouvements constituait de véritables
modes qui existaient dans la danse comme dans le
rythme et la mélodie: « Il y avait la danse grave, calme,
religieuse; puis la danse vive et gaie; enfin la danse
passionnée, rapide, entraînante. Dans le drame ces
trois types étaient représentés par l'emmélie, par la
cordace et par la sicinnis. Dans le lyrisme propre-
ment dit, ils s'appelaient la gymnopédie, l'hyporchème
et la pyrrhique " ».
< Clal. Ley. VII. 795 e; Xen. Coiw
miel, De sait, diacipl p. 16-17 — :
manuel, ili- sait, itincipl. p. 31-65. -
i-elle, Du Iri danse, p. \±i\ Emman
II, i\-H\ Liban. Pro xalt. ii; cf. Emma-
\ oir le ijélail de ces mouvements diins Ëm-
a Emiuaiiuel, Ofi. cit. p. 18-19. — 4 Bu-
el, dp. cit. p. i9. Platon {Lei,. 830 c)
applit|ue le 1er
contre un aJvt
<le là vient. |ue
cf. Alh. XIV, 631 c; Plut. Ce
cr;t>f;; Sjo ti {aèv 03/r,ffi;, T^ S
/ttoQ,o[jLtTv aux allilëles (tvik^g
liclir. La cliironomie est une :
sonl souvent étroit
probl. IX, 15. —
KT,. — 6 Leg. Vil,
des nnciena, p. 108. — 7 A, Croisel, Ln poésie de Pindare,
p. C9; Emmanuel, lie sait, discipl. p. 7. — » A. tJroiset, dp. ci', p. 70 , v. Boeckli,
Encycl. der Philoloij. W issensch. y. 498. — » Poil. 11, 153 : li, t.itï /ipoiv iv
ûv,.;, c'esl-a-dire combaltaul
■le de pyrrhique sans armes ;
■eut unis et parfois confondus:
leç/. VII, 795 U; li Si jujlvc-
Dans certains des cas nombreux où les danseurs
n'étaient pas des professionnels, la danse n'avait évi-
demment pas d'autre valeur expressive que celle qui se
dégageait des mouvements orchesliques. Mais la danse
grecque est un ca't en même temps qu'une pi-a/ii/ue; à
ce litre, elle visait à une expression plus détaillée, plus
raflinée, et elle était imitalive dans l'acception la plus
rigoureuse du mot. La chironomie ne consiste pas uni-
quement dans l'exécution des mouvements propres à la
lutte ou au combat. Au sens large que lui donnent souvent
les Grecs, elle comprend tous les mouvements des bras
et des mains. X£ipovo(j.£îv, c'est agiter les mains en
mesure ° ; ces mouvements des mains et des doigts
seront le facteur essentiel de la mimique si importante
dans l'orchestique des anciens. C'est ce qui explique les
expressions de danser avec les mains, xaîi; /spuiv ôç/EïçOai,
de parler avec les mains. Ta?; /Efj't ÀaXsïv '", et les épi-
thètes de /Eip&vôjAot, /£ido(;o-^&i, appliquées parfois aux
danseurs ".
La chironomie joue un rtjle important dans la con-
stitution des a/7;fiaT(x '- qui caractérisent la danse pro-
prement dite, dégagée de la gymnastique et devenue
capable d'imiter la parole de la Muse". C'est la connais-
sance des îryf,ixaTa qui dénote le véritable danseur. Les
lopat, les Yuavan-tixai ooy-/|(;çiç sont connues de Socrate par
exemple ; Charmides l'a surpris en train de les exécuter.
Mais il ignore les c/rifiaxa puisque, dans le Banquet de
Xénophon, il déclare au maître de danse qu'il les appren-
drait voloatiers de lui'". Charmides, convaincu par les
arguments de Socrate, s'exerce, lui aussi, à l'orchestique ;
mais en vérité il ne danse pas, chose qu'il n'a jamais
apprise, il s'adonnesimplementà lachironomie, entendue
au sens restreint d'exercice gymnique '°. Les c/Yip-axa sont
d'abord les gestes qui expriment les divers sentimenls de
l'àme; ils donnent une traduction imagée des caractères,
des passions et des actions '". En ce sens, ils sonl si étroi-
tement unis aux ipopai qu'il n'est pas toujours possible
d'établir entre ces deux éléments une ligne de démar-
cation précise". Ce qui les différencie en général des
mouvements el des gestes spontanés, c'est d'être dirigés
par une intention mimétique déterminée et accomplis
selon la formule expressive de l'art. A ci;ité de ces <r/v^p.aTa
mobiles qui constituent la ressource ordinaire du dan-
seur grec, nous distinguons des cyr^ix'xzy. plus stables qui
imitent la forme, l'aspect d'un être humain, d'Apollon,
de Pan, ou d'une Bacchante'*. Ces c/VKJiaTa eux-mêmes
ne sauraient être détachés des précédents, non plus que
des simples ^opaî; ils sont le lerme oii ceux-ci abou-
tissent" et le point d'où ils reparlent-". Dans une suite
de mouvements, de gestes, le danseur arrive peu à peu
à ébaucher une attitude; puis l'attitude se précise, elle
acquiert une vigueur, une nellelé qui lui permettent
de rivaliser d'expression avec les œuvres de l'art plas-
iuV" »i"l«i;"«'- — '" l'Iul. On libid. et aeqritudine, s, 5: Luc. Du sait. 113; Alli.
IV, 134 6; Noun. Dionijs. XIX, p. 339 et 341 ; cf. krause, Dp. cit. Il, p. Slil.
u. C ; Emmanuel, De sait, discipl. p. 19; Essai sur forcli. p. 94 si|. — " llesych.
yttoovoii'»;, ôoyTi«r; ; Lesbonax de Mitylèiic d'après Lucian. De sait. 69 Sur la chi-
ronomie des anciens ». de Jono. In Mimica dei/li .inticlii. — 12 Si les »/>■(.«;■. ont
pris, avec le temps, de plus en plus d'importance dans l'orchesliiiue, ils existaient
dès l'époiiuc classique et même antérieurement, La danse grecque a évolué, mais
les principes sont demeurés identiques: cf. Emmanuel, De sali, discipl. Praefat. .\.
- la Le,/. Vil, 795 e. — Il Xen. Conr. U, 15. — 15 Xeu. Coiw. Il, 19. — lu Arist.
Poetica, I. [m Ô9/,in(rt«;] Sitt tm.v ir/r.iAnxtî;')-AJvw* ^jB;*™-/ (Aift-.ùvrui na'i t,9t„ nat Tïâ'lT,, vai
,-,a;!i;: cf. Emmanuel, De sait, discipl. p. 6 sq. — 17 Emmanuel, Op. cit. p. 1 - 1» Hut.
Coiii'. prohl. 9. 15. T» <r7.ii!»a |i,|i.|x..c;v lit. fiosoii: ,«". lSi«î... ; cf. Emmanuel, Op. cit.
p. 7. _ ISFlul. Conv. prubl. 9, 15; Liban, /'ro sait. 24.— 2" Plut. Liban. Ibid.
SAL
— 4028
SAL
lique '; elle satlénue ensiiile, se dégrade et se décom-
pose en simples gestes el en mouvements d"oii elle
renaîtra comme d'elle-même sous une apparence nou-
velle-. Mobiles ou stables, gestes ou attitudes, les
<r/T|ULaTa ont donc une valeur représentative particu-
lière, qui l'ait d'eux le facteur fondamental de la danse
grecque.
L'imitation {a^:^L■r^'7^.i) est, en ellel, pour les anciens
l'essence même de l'art orchestique ^ « Le danseur grec
parle avec tout son corps el s'adresse à des spectateurs
qui attendent de lui autre chose qu'un plaisir des
yeux'. » 11 oIVre le simulacre d'une action, il repré-
sente un personnage; il vise à exprimer des sentiments
el des idées, non seulement par les jeux de pliysionomie,
mais par ceux du corps tout enlier. Plalon note dans les
Lois que l'homme qui chante ou qui parle ne peut se
tenir tranquille; il se livre à une mimique naturelle et
c'est l'imitation des paroles par les gestes et les altitudes
qui a produit toute l'orchestique". La danse est donc
révélatrice de la pensée"; aussi contribue-l-elle, avec la
musique el la poésie, à former l'art des Muses (u.ojci-
xf,) ■". Nous savons, d'ailleurs, que la danse antique
est généralement unie au chanl, soit que les danseurs
chaulent eux-mêmes, soit que d'autres chantent pour
eux*. Ce caractère mimétique de la danse, qui ira
toujours en s'accenluanl, esl un des traits originels de
l'orcheslique grecque; les a/vjaaTa y apparaissent
très tôt : Phryniclios en avait inventé un très grand
nombre', Eschyle en enseignait lui-même à ses cho-
reutes "', etl'on rapporte que Téleslès.sonchorodidascale,
était arrivé, dans les Sept contre Thèbes, à une incroyable
puissance d'expression ".On verra, parla suite, à l'occa-
sion des diverses danses, combien celles-ci étaient expres-
sives dans le sens large ou rigoureux du mot que nous
avons successivement déterminé.
On peut relever encore deux traits distinclifs de l'an-
cienne orchestique dans le groupement qu'elle fait des
individus el dans les rapports qu'elle établit entre les deux
sexes. Préparant à la guerre ou employée au culte des
dieux, elle est, à l'origine, une pratique essentiellement
collective, et c'est sous la forme chorale qu'elle semble
s'être développée lout d'abord. Les chœurs y conserve-
ront, d'ailleurs, une place prépondérante jusqu'à la fin
de l'époque classique. Dans ces chœurs, la disposition
des individus esl variable : tantôt tous les danseurs
se tiennent par la main ou par le poignet; ils s'avan-
cent alors à la lile en une sorte de farandole guidée
1 Emmanuel, Oe sait, ilislipl. p. SO; l.uc. De sali. 35; Alli. XIV. C29 ft. — 2 l.c
danseur, qui peut imiter tous les élres el môme «ioiiner I impression des divers éU*-
niculs naturels, est un ï(!iitable l'rolée : of. Luc. Ùe suit. t9. — 3 Notons qu'il en
est de même pour la dause de tous les peuples primitifs ; cf. Grosse, Les débuts de
fart, p. 157, le", etc. — » Emmanuel, Jissai sur l'orcli. p. iU ; cf. De sait,
discipl. p. tj ; Platon a bien noté le vaste champ de l'iuiilalion dans t'orcliesliquc
(Leg. ti55 d). — ^ Ceg. VU, *<|ti rt, |Ai(i»îfftî tw. âiyoi*ïvihv air,^aai vtvojit'v»! Tr,v ôpify,-
«Ti.r., lUf-jàcoto Ti/..r,, EO;.ro»«v. — « Luc. De sait. 36; 69;Eiliau. P. sait. 24.
— 1 C'est ce qui est dit dans le premier Alcibiade ; cf. Leri. VII, 795 e. — 8 Flacli.
Der Tanz bei d. Criech.n, p. 3. — 9 l'Iut. Conr. probl. 9, 3. — iii Atli. I,
il e, f. — " Ath. I, ïl f; ii a. Sur le témoignage de Plularque (C'o/n.
probt. 9, I"»), on a parfois admis, outre les çoçat el les ff/^>ota, un troisième élé-
ment conslilutif de rorcliestique grecque, les S(i;€.; (v. par ex. Siltl, Op. cit.
p. 24.1.). La Sfi;i{ était uoii pas mimétique, mais indicative, le danseur désignanl de
la miiin un objet ou un des assistants, la mer, le ciel, etc. Scion M. Emmanuel (De
sait. dise. p. »7-98), la <i,i,; ne se serait introduite dms l'orcliestique (|u'a
une époque très postérieure, el elle n'aurait rien à voir avec la dause propie-
nieut grecque. — «^ IJf. Emmanuel, Essai, p. 245 sq. ; Sitll, Op. cit. p. 226; cf. le
Vase tranrois, Furlwiiogler-Reicliliold, Grieeh. Vasenmal. pi. ini ; ,Uon. rf.
Inst. IX, 30; AJus. Horbon. Vlll, 58, etc. — 13 Baumeister, /Jen/tm. des Klas.
Atterth. p. 1032. — >* Cette forme du cliœur ainsi que la précédente est dé-
par un chef de chœur indépendant ou non du cortège'^.
Les danseurs peuvent aussi être disposés en rangée",
ou bien encore former une ronde". Quelquefois, les
personnages placés à la file ne se tiennent que par
l'extrémité de leur vêtement'". Enfin, les danseurs peu-
vent présenter les mêmes dispositions par file, par ran-
gée ou en cercle, tout en étant complètement séparés les
uns des autres". Le nombre des personnages des chœurs
est variable; sur le Vase François (fig. 6059) quatorze
danseurs suivent Thésée. Les Grecs ont aussi connu
des formes plus simples de danse, mais qui, chez eux,
étaient peut-être moins fréquentes, le pas de deux cl
la danse d'un seul personnage isolé.
La danse antique n'est pas basée, comme une grande
partie de la nôtre, sur le rapprochement de personnes de
sexe différent'^ Il esl possible mêmeque les plus anciens
chœurs de danse aient été exclusivement composés
d'hommes ou de femmes'*. On attribuait parfois à Dédale
ou à Thésée l'institution de la danse àvicut;; où étaient
réunis les deux sexes'-'; une telle opinion iiaiplique
peut-être, dans la tradition, le souvenir vague que cette
sorte de danse n'était point primitive. Les peintures céra-
miques de style archaïque représentent souvent des
chœurs uni-
opposées l'une à l'autre'-- (lig. 6054). Cependant, chez
Homère déjà, jeunes garijons et jeunes filles dansent
ensemble dans les chœurs en se tenant par la main '-^
Les danseurs et danseuses du Vase François se sui-
vent tous, les mains unies; ils alternent dans un ordre
parfait, et il est certain que beaucoup de chœurs reli-
gieux el populaires devaient être composés ainsi ^'. Par
contre, dans le pas de deux, l'homme et la femme ne
paraissent jamais se toucher ; seuls quelques monuments
d'époque assez tardive nous montrent une union plus
étroite entre le danseur el la danseuse". On a bien expli-
qué cotte particularité de la danse grecque par son
crile dans ry//n</e (XVlll, 500 sq.) ; cf. Longpérier, ;1/iis. .Va/»;. o)i III, pi. xv ;
Mon. d. Just. XI, 41, etc. — 1^ Aniwti. I8U.-), tav. L. 2; Bullet. de corr. Itrll. 1881,
pi. VII. — 16 Pour les danseurs en file. v. Emmanuel, Essai, p. 254-256 ; De sait,
discipl. p. 86 ; Uullet. de corr. Iiell. 1893. p. 427, fig. 2 : pour les deux autres dis-
positions, V. Emmanuel, Essai, p. 256-258 ; De sait, discipl. p. 86, — n Flacli,
Der Tanz beiil. Grieeh. p. 4. — 18 On a reconnu ces mômes caractères aux danses
des peuples primitifs. V. E. Grosse, les Débuts de l'art, p. 167 cl 172; K. Groos.
Hessische Ulôtter (. Volkskunde B. 111, 1905, p. 105-IOC. Toulefois, la séparation
des deux sexes ne peut èlre afiirmée d'une manière absolue (V. ilirn, T/ie origins
of art, p. 230-231) et la cliose pour les Grecs, cnx aussi, demeure hypollirti(|ue.
~ 19 Eusialli. Ad Iliad. XVIll, 590. — W V. par ex. Jabrb. d. Inst. XIV {1899),
p. 84, fig. 42. — 21 Jahrb. d. Inst. XIV (IS''9,, p. 86, fig. 45; Ath. .Mitth. XVlll
(1^93), p. 113, fig. 10. — 22 Oenoclioé d'Analalos, Jattrb. d. Inst. Il (1887). pi. m.
Une autre peinture de vase nous monlre le principal groujic des danseuses encastré
en bloc parmi les danseurs ; cf. .il/on. d. Insl.W, 39. —23 //. XVlll, 594, iUr.X.,» is'i
xct^-ç -^teTçaî i^ovte . — '-* llerod. III, 48, à propos des Samiens, '•.azuLav.-t /odoù;
icaçSivkiv TE «ai r,i(l,-io'.. Il n'est p»s ^ùr pourlaut (pie Jeunes gens el Jeunes filles fus-
sent réunis dans les mêmes chœurs ; cf. Folyb. IV, 21,4: -^oooù; naoOivuv ôfioù «d
icaîSwv. — -^ Emmanuel, Essai, p. 238-240; v. en particulier Pan et Jeune fille
dausar.t. Mus. Itlucas, xxlii Notons de plus que les autres couples signalés par
M . Emmanuel ne sont pas, à |'ro|>rcmenl parler, des couples de dauseui-s.
SAL
— 1029
SAL
caraclère mimétique : le danseur lient à conserver une
liberté qui lui permet de tout imiter à. sa guise par des
altitudes et des gestes appropriés. Celle liberté, il ne
" consent à la perdre que dans les ensembles où la figu-
ration chorégraphique exigeait que chacun pliât àla règle
commune dans linlérét de Timilalion en masse. En tout
autre cas. il se faisait libre, pour rester maître de son im-i-
lalion individuelle. Par suite, la danse a deux, homme
et femme, aurait paru aux Grecs un non-sens. Elle trans-
forme, enelTel, le couple en un personnage hybrideà qui
tout geste devient impossible ; l'indépendance est si
chère au danseur grec que l'homme et la femme formant un
couple orchestique paraissent craindre de se toucher ' ».
II. Les positions, les mouvements, les temps et les pas
dans rorc/iestifjiie cjrecque. — Positions. — Les
danseurs grecs ont connu les cinq positions fonda-
mentales des jambes dans la danse moderne ainsi que
leurs variélés. Ils savent prendre ces posiLions sur la
plante, la demi-pointe et la pointe. Mais ils en usent
avec liberté et ne s'astreignent même pas toujours à
tenir la cuisse et le pied en dehors-. Les posilions des
bras ne sont pas systématisées comme dans nos danses;
la tenue des bras comporte toutes les nuances du geste
décoratif et expressif. Les danseurs les raidissent ou les
ploient à leur gré; leur main demeure active et libre ^.
Les Grecs ont connu les cinq posilions fondamentales du
corps, mais ils montrent une véritable prédilection pour
celles qui sont le moins employées
dans la danse moderne : corps penclié
en avant et corps cambré*. Ils pren-
nent aussi toules les posilions cor-
respondantes de la tète ; les positions
de la lèle penchée en avant ou ren-
versée eu arrière, exceptionnelles
dans notre danse, sont très fré-
quentes chez eux'". A la comljinai-
son de ces positions entre elles, une
seule loi préside, celle de {'opposi-
tion qui est une condition essentielle
de la stabilité et de la grâce orchestiques (fig. (iOoj ;
CLPiDO, (ig. 2187). Cette loi, cependant, ne s'applique pas
aux danses bachiques ".
Mouvements. — Les mouvements de l'orchestique
grecque révèlent la même richesse et la même liberté.
Nous y trouvons les diverses formes de dégagés, les batte-
ments, même les grands ballemenls, les dilléren les espèces
de ronds-de-jambe. Le danseur grec, comme le nôtre,
semble éviter avec soin la pointe relevée. Toutefois,
Bacchantes et Satyres dans leurs gambades n'observent
nullement cet usage ". C'est surtout dans les mouvemenls
des bras que la spontanéilé du dansent grec éclate : tandis
que dans l'orchestique moderne ils se réduisent toujours
à quelques formules convenues, chez les Grecs ces mouve-
menls, facteurs essentiels de la chironomie, sont infini-
ment variés*; il en est de même pour les mouvements
' Eminauuel, Essai, p. 3Î8-3Î9. — 2 Emmanuel, Essai, p. G9, 79. — s Ibid. p. 7a-
99. — t/A p. 99-101. — 5 Ib. p. I0;-I04. — 6/6. p. lOt-llO. — ' /*. p. lll-liS,
— 8/6. p. Ii3-li4. —9/6. p. Ii5-li6. — 10 /4. p. l;C-li7.- H On sùil que les (ct«/>s
sont les mouvcnicDls coinposanls d'un pas (V. EmniauucI, Essai, p. 13^). — I- Ih.
p. 131-170. — '3/6. |i. ISi. — H/6, p. 183-lSt: V. de plus aux p. lii, 1«, lOi quel-
ques exemples de telles séries. — '^ Joli. Mcursii ftrcheslrasive destittationiOus cetn-
rii/n {Thésaurus ijraec. Antiq. Gronovius. t. VIlIi : Sealiger. Po'-/i^ue. c. 18. a aussi
cnlalogué de nombreuses danses ; il eu indique môme quelques-unes qui ont échappé â
Alciirstus. — '"J [I est jiisie dajouter que p'usicurs de- danses mentionnées par Meur-
siiis soDl des panloiuimes de I époque romaine. — 1^ Cf. Scalif^er, De comoedia et tra-
: 0055. — Opposition
de mouvements.
du corps et de la tête; on doit signaler pourtant le fré-
quent usage des mouvemenls qui aboutissent aux posi-
tions penchées ou cambrées du corps et de la tête'. \ la
combinaison de ces mouvemenls préside une certaine
eurythmie fondée, elle aussi, sur l'opposilion. Celle
eurythmie ne se manifeste généralement pas dans les
danses orgiastiques et bachiques'".
Temps et pas". — Notons seulement que le danseur
grec se déplace sur la plante, sur la demi-pointe et sur la
pointe; il pratique les glissés, les fouettés, les jetés, les
temps ballonnés, balancés, les assemblés, les change-
ments de pied et, sans doute aussi, les entrechats. Les
Grecs affectionnaient parliculièrement les temps et pas
eiTeclués en tournant, bien qu'ils aient été, sur ce point,
moins habiles que nos danseurs; ils ne pratiquaient
guère que le tournoiement par piétinement. La pirouette
était, chez eux, très fréquente '-.
M. Emmanuel a très bien montré qu'il était possible
de reconstiluer, grâce aux images antiques, un grand
nombre de temps et par suite de pas de la danse grecque.
Souvent, en effet, les monuments figurés représentent le
temps essentiel d'un pas qui, dès lors, se laisse aisément
reconnaître et décrire '■*; parfois même, ils nous offrent en
plusieurs motifs toute la série des temps qui constituent
un pas de danse déterminé". Par contre, il sera beau-
coup plus difficile de préciser quelle était la suile des pas
dans l'exécution de telle ou telle danse. Sans doute, pour
chaque variété orchestique, onsebornait à reproduire le
même pas ou un nombre restreinl de pas fondamentaux ;
mais il n'y avait point là derépélilion pure et simple, ni
de liaison rigide d'éléments toujours repris dans le même
ordre. Un ou quelques pas typiques étaient pris comme
le thème sur lequel on brodait avec la plus grande
liberté, selon les dispositions du moment, selon l'inten-
tion mimétique du danseur ou de l'ordonnateur de la
danse; ces pas eux-mêmes n'étaient choisis que comme
l'expression la mieux appropriée à l'état d'àme ou au
dessein des exécutants, .\insi le caraclère des diverses
danses se détermine beaucoup moins d'après une com-
binaison mécanique de pas, que d'après les sentiments
qui les inspirent et la lin où elles tendent.
111. Variété des danses: leur classification. — Les
danses des Grecs étaient fort nombreuses. Meursius'-^ a
pu en cataloguer près de deux cents, dont beaucoup, il
est vrai, ne sont guère connues que de nom '^. Les danses
sontdésignéespar les anciens d'après le pays où l'on pla-
çait leur origine, d'après leurs prétendus inventeurs,
d'après les ressemblances qu'elles évoquent avec un être
ou un objet, d'après les accessoires portés par les per-
sonnages qui s'y livrent, etc. ''. Ces danses ont naturelle-
ment pris naissance en plusieurs points du monde grec;
à la diversité des races correspondaient des variélés
dans l'orchestique comme dans la musique et le
dialecte ".Il est impossible pourtant de dresser en détail
une classification ethnique des danses''. Plusieurs ont
i/uri(ia, elc.(6Vonou. 7"/ie-. t. VIII. col. I5i4). — 18 Krause, 0/). cit. Il, p. 819, n. 2
et 3. — 19 Les anciens nous doDiieot peu de renseigu"*menls snr ce sujet. Athénée
(I, ti 6) mentioune les danses lacoiiieiiu' s, Irézéniennes, épizéphyrieuiies, cré'oises,
ionienius et manliiiécn.is ; Allipnée (XIV, lii;9 c) cile rti!..v',4.<i; et l'ofoin;; coin-ne
Cretoises. On connaît un grand nomlire de danses lacédèinonieiines (iîoSi'»ja, jaAvâSat,
ÎB-jiiï-.î. *i=oSla, fîSn'FiO s:iiis compter la karyatis, la pyrrhiquc et la danse des gymuo-
pédits. Sur l'imporlauce de lorrh. Cretoise et siartiate, v. Krause, Op. cit. Il, p. 820
cl n. C : Flach, Op. cit. p. 7, s, 13, etc. l'our les danses ioniennes, v. Arist. Eccl. 918 ;
I oll. IV, 104; Ath. XIV, Gi9 e. Ces danses, molles et voluptueuses illor. Curm. III,
6, 21), s opposaient au\ danses doricnnes, surtout militaires et gymniques.
SAL
1030 —
SAL
une origine obscure ou contestée, et l'on ne saurait,
d'ailleurs, toujours saisir entre elles des diflerences de
caractère correspondant vraiment aux diversités de pays.
Certains textes indiquent simplement qu'une large part
revient au Péloponèse et à la Crète doricnne dans
l'élalioration et l'expansion des principales danses des
Grecs. Bien qu'Hérodote distingue les (r/T,(j.iTia 'Attixci
et les <;/T|UiàTia Axxwvixi', l'Altique elle-même a subi en
plusieurs points celle sorte d'hégémonie orchestique
des pays doriens '. A limporlanl groupe de danses
laconien et crélois, on ne peut guère opposer, en gé-
néral, que le groupe mal connu des danses ioniennes
et asiatiques.
Platon fournit quelques éléments de la classifica-
tion la plus salisfaisanle des danses. Après avoir séparé
l'orclieslique sérieuse de la danse frivole et boufl'onne, il
reconnaît dans la première deux grands genres qui
correspondent à ses deux principales fonctions sociales,
la (/anse guerrière et la danse pacifique^. Par danse
guerrière, nous devons surtout entendre la danse armée;
l'ialon désigne la danse guerrière par le terme de pyr^
r/ii(/ue^, et l'on peut considérer celle-ci comme le type
le plus caractéristique de la première catégorie. Mais il
y faut aussi comprendre les danses (jymniques qui, bien
qu'exécutées sans armes, s'inspirent des mouvements de
la lutte ou du combat. Toutes ces danses expriment la
situation d'un corps bien fait, doué d'une dme généreuse
à la guerre et dans les autres occupations pénibles.
Quant à la danse pacifique, elle représente, selon Platon,
l'élal d'une àme sage dans la prospérité et dans une joie
modérée; elle embrasse toutes les danses graves et
mesurées par où l'on honore les dieux et les enfants des
dieux % et qu'on peut ramener au type de Vemmélie'^. De
la danse guerrière et de la danse pacifique qui constituent
les deux espèces de belles danses\ Platon a séparé avec
soin celles qui ont un caractère douteux et contestable*.
Ce sont les danses bachiques et toutes celles qui tirent
leur nom des Nymphes, des Pans, des Silènes et des
Satyres; ce sont aussi les danses secrètes des initiés,
inspirées par l'enthousiasme orgiaslique'. Il y a là tout
un genre qu'il est malaisé de déterminer, qu'on ne peut
définir ni comme guerrier ni comme pacifique, ni par
quelque caractère que ce soit. Ce qui le dislingue le
mieux, c'est qu'il n'a rien de politique'"; le législateur,
l'Iiomme d'État, peut donc le laisser de côté. Quant à la
danse boulVonne et comique, Platon se borne à en pros-
crire la pratique sinon le speclacle pour tous les membres
de la cité ". En somme, Plalon n'a guère tenu compte
que des danses armées ou gymniques et des danses qui
servent à honorer les dieux. Bien plus, sous les termes de
danse pacifique, Plalon n'embrasse qu'une catégorie, fort
importante assurément, mais non pas unique des danses
religieuses; il existe, en effet, parmi ces dernières, un
grand nombre de danses plus vives, plus passionnées que
1 llerod. VI, i;!i. — 2 |.a pyrrliic|ue, par tïiniple, fui iniporlée de Pparle à
AlhiiKSau vi'siicle; cf. A. Mommscn, Feste dur Slwtt Athen, p. 00. — 3 Hlat. I.eg.
VU, 814 e. Tr,i lAÎv x«Tà 1!Ô€;iOv *at iv fj.ai'ttç I[i,iÀa.iyTu» itÔm ii; (i«i;»àTwv [tj-. xdîlwv
i-jjl?; S'ivSpi»?;, ■!*.» Siv lùcpaTcan ti oior,; lu/i;; (r™;povni Iv *,!o».r4 Ti i;i|«itjon
.>«..,..r,. 4. T.? Ail». '«■* ci""» ".» to..i„. ;„,,,. Vi-o.. Cf. VU, 8li; b. — l Leq. VII,
814 e ; 815 a. — s U,j. vu, 815 i/. — 6 Leg. VU, «16 b. — ^ Leg. VU, 816 b :
Si, Si-, -•■■. ln'."<" '"' »«>.™' «fS',... ; cf. 814 e. — » Lev. VII, 815 c. — » Leg.
vil, 815 c. isr, (liv p«.)ri;« x'iiTl .«'■ i.T.v T«ÙT«n iii<.|«iyu., à; Nùi»=a; Tt .a. Diva; «aï
!;ii«T..oC.« .ai ïatifou; Ico.oiidîo.ti;, .i; se.»., |»,^(,i;.T«. «a-:..,.i.i|iivou;. ,!cf; .«««piioi;
-.: ..-; T.-. -.,, T V.; i,..-.a,j-r^, . ... — l'i le,,. Vil. M 5 C. .'. - Il Ltg. VII, 810 d. e.
— 1- HIaLuu élaLlil lui-niôiiic uDc ruiatiou culie la daube ariu^c el les bouucui-s
i'emmélie, el même des danses nettement orgiasliques.
Il faudra donc, tout en gardant le principe de la classi-
fication platonicienne, la compléter et en modifier légè-
rement les termes, ou en élargir le sens. Sous le terme
de danse guerrière, nous grouperons l'ensemble des
danses qui visent à développer l'organisme en s'inspiranl
des mouvements de la lutte el du combat, ou qui du
moins comporlent un appareil guerrier. Ces danses,
notons-le dès mainlenant, ont peut-être une origine reli-
gieuse; certaines d'entre elles, à l'époque classique, ont
fait le principal ornement des fêles des dieux où elles
furent introduites'- ; quelques-unes aussi, par une dévia-
lion postérieure, ont été parfois exécutées dans les
réjouissances de la vie privée. Mais leur fonction essen-
tielle n'en a pas moins toujours été d'exercer le corps
en vue de la guerre. Quant au terme de danse paci-
fique, qui était chez Plalon l'équivalent d'emmélie reli-
gieuse, nous le remplacerons par celui de danse reli-
gieuse, sous lequel nous pourrons grouper les danses
rituelles, appartenant aux difterenls modes orches-
tiques. Nous devons enfin tenir compte des danses
des fêtes el cérémonies publiques qui ne se rattachent
pas directement au culle, des danses de la vie privée et
des réjouissances populaires ; nous y trouverons plu-
sieurs exemples de cette orchestique bouffonne proscrite
et négligée par le philosophe. Remarquons, d'ailleurs,
que ces trois derniers groupes de danses pourraient
être réunis sous le terme platonicien de danse paci-
fique, mais pris alors dans un sens très différent de
celui qu'il avait chez Plalon. On le déterminerait par
la simple opposition de pacifique à guerrier, et l'on ferait
ainsi rentrer dans celle catégorie très large toutes les
danses de paix, c'est-à-dire ne comporlant ni mimique
ni appareil guerriers.
IV. La danse GUEiiRit:RE. — Danses armées et danses
gymniques. — 1. Les danses armées. — Ces danses que
l'on retrouve chez presque tous les peuples'' sont très
anciennes chez les tirées'*. Une de leurs formes les plus
primitives semble être la danse des Curetés [curetés] ;
elle constitue une variété typique des danses armées,
d'origine religieuse, dans lesquelles les armes ne ser-
vent qu'à produire un bruiléclalant qui favorise l'enthou-
siasme délirant des danseurs. Nous sommes mal rensei-
gnés sur les personnages mythiques des Curetés. Les
anciens les rallachenl au culle de Zeus et de Démêler '^
Ils exécutaient une danse bruyante en choquant violem-
ment leurs armes elen ébranlant le sol de leurs bonds "^.
Selon la légende, c'était grâce au tumulte de cette danse
que les cris enfantins de Zeus avaient échappé à
Kronos'^ Les danses de Curetés attachés au service
des dieux étaient certainement, des danses armées
rituelles '*. Il n'en est pas de même de la pyrrhique, la
plus célèbre des danses armées de la Grèce, qui était
un véritable exercice guerrier. Cependant lapyrrhiquea
rendus à la divinité. Leg. VII. 706 b. — 13 V. E. Grosse, Les débuts de l'art,
p. Hi6 ; V. Ilirii, The orig. of art, p. 266-i67. — 14 Cf. R. Voss, Der Tans
imd sei'ie (lischichle, p. 35. — 15 SlraU. K. c. 466, p. 655 ; c. 469, p. 650.
— i*» Emmanuel, Essai, p. iOI. Noler les expressions qui caraclértsenl les Curâtes
dans leur danse : r''i^<» <i>'-><:<!:»-, Orph. U. St.O: r.o',n>.oTo,, Or,Ai. H. 30,2
_ n Sliab. X, 468, p ^59 ; Luc. Ile sali. » ; Dionys. Hal. VII, 7i. Des monuments
nous moulrenl les Curèh s daiisaul auluur df Zi-us enfant. \v. amai.thka. 11;;. iV.ï,
246; cUKtTts, lii- iU^S, iCni]. — '» A rôle des L-ureles légendaires el m)lllii|ues,
nous trouvons dans le culle des prêtres appelés du même nom. Un collège de Curetés
était allaclié au temple d'Arténiis d'ÊpIièsc. Ce rollè^rc fut composé de sli, puis de
sept peisouuages; cf. Jalireslie/le d. û.,ler. .Arcli. /us/. Vlll (1005), Heibl. p. 77.
SAL
— 1031 —
SAL
été parfois confondue parles anciens avec la danse précé-
denle. C'est ainsi que plusieurs auteurs rapportent que la
pyrrhique fut d'abord dansée par les Curèles crétois '
à qui Rhéa l'avait enseignée-. Le plus souvent, on
lui attribuait une origine divine : à Sparte, les Dioscures
le Crétois Thalétas en avait composé pour celte danse-'.
On a pu reconnaître, non sans raison, une représentation
archaïque de la danse armée sur un canlhare de style
du Dipylon orné de plusieurs scènes de combat si-
mulé ^- (fig. 6O06). D'un côté, deux adversaires nus
étaient cités comme les inventeurs de cette danse ';
on disait parfois qu'ils l'avaient exécutée avec un
accompagnement de flûte, joué par Alhéna *•. La déesse
fui, elle aussi, considérée comme l'auteur de la pyr-
rhique qu'elle avait dansée elle même, en signe de
triomphe, après sa victoire sur les Titans '. On en a
fait encore remonter l'origine à Dionysos ^. Mais de
simples mortels sont aussi donnés comme les inven-
teurs de cette danse. On l'attribuait à Pyrrhus, fils
d'.\chille', ou encore au héros Pyrrichos. Ce Pyrrichos
était crétois selon les uns, laconien selon les autres*.
En fait, la pyrrhique parait bien être originaire de Crète'-';
de là, e'Ie aurait ensuite passé dans la Laconie'". Nulle
part, d'ailleurs, celte danse n'a été plus en honneur que
dans ces deux pays où les enfants l'apprenaient à partir
de l'âge de cinq ans". On la considérait à Sparte
comme un entraînement à la guerre, TrpofùfivxTfia xoCi
itoÀÉjio'j '-. Introduite à Athènes dans le courant du
vi" siècle '^ elle y fut tenue en grande estime". Platon,
dans les Lois, la recommande à la jeunesse '\ \ propos
d'elle surtout, il était juste de penser el de dire que les
meilleurs dans les chœurs de danse sont les meilleurs
dans le combat".
La pyrrhique est rangée par les anciens dans la caté-
gorie des danses qui dépendent de la poésie lyrique'".
On l'exécutait généralement sur le rythme de la flûte, et
plusieurs peintures de vase nous montrent l'aulète à
côté du danseur". Il est très probable que la pyrrhique
était aussi accompagnée par la lyre". Elle comportait
de plus un chant fort vif, qui pouvait être exécuté par
les danseurs ou par d'autres personnages ^°. En elfet,
les hyporchèmes étaient fréquents avec la pyrrhique, et
1 Leg. VII. 796 b : Dionys. Hal. VII, Ti : Scliol. Pind. Pylh. Od. Il, 127, eir.
— 2 Luc. Dtsall. 8. — 3 Lerj. \\\. 79li (, ; Schol. Piod. />y//t Od. Il, )J7.
— ' AUi. IV, 164 /■; Scbol. l'jnd. Pyth. Od. Il, IÎ7. - 5 Uf/. VII, 796 *,
Dionys. Hal. VII. 7î. — 6 Euslalh. ad lliad. XVI, f.l7; un Silène porlail le nom
de noçpv.oi (t'aus. 111, 25). — ' F'rocl. Clirest. p. 3în-JI, Bekkcr; Luc. //i
sali. 9. - 8 l'oll. IV, 99; Slob. Flor. 42; Schol. Pind. Pylh. Od. Il, 12":
Alb. XIV, 630 c. Ces attributions proviennent éiidemnienl du d6sir deipliquei
le nom de la pyrrlii()ue. Les anciens lui ont donné d'aulres étymologies : 'a^'.
t«; S.àsjjov .;.«, ou iri tiii rupi; de Palroclc; cf. Mcursius. Op. cil. col. IJRI.
— 9 Luc. De tait. 8; Euslalh. ad /liai. XVI, C17. Solinus, cap. 17, dit de la
Crèle : prima mari poluit navibus el sagillis. prima Itlleris jura jutixit.
pyrrhichen dncttil, etc. Voir plus liant tous les auteurs (jui font d'abord exé-
cuter cette danse par les Curetés crétois. La pyrrbique est parfois appelée simple-
ment la danse Cretoise. — 10 Cf. G. Mûller, 1). Varier, II, 331 ; Krause, Gyn.n.
und .Agoiiislik, II, p. 820, n. C: Flach, Ver Tan: bei d. Griedien, p. 7; Albénee
se rattache à l'opinion qui fait de la pyrrhique une invention de Sparte {XIV, 030
e, f.) — " Alb. XIV, 630 d, 631 a ; — 12 AUi. XIV. 631 a. — 13 Cf. A. Moinmsen,
Fale der Sladl Alhen, p. 99. — " On connaît lanccdole relative à Pbrynichos,
sont aux prises; leur main droite est armée du glaive
et ils semblent parer les coups avec la main gauche.
Ils se livrent probablement à un de ces duels or-
chestiques comme il s'en pratiquait fréquemment chez
les Arcadiens el les Manlinéens'-'. L'autre partie de la
peinture offre deux groupes intéressants : à droite,
un danseur nu saute; il est suivi de deux autres person-
nages également nus qui s'avancent avec rapidité en
frappant leurs mains l'une contre l'autre. Ces der-
niers scandent ainsi la mesure de la danse el accompa-
gnent un joueur de lyre qui est également représenté.
A gauche, deux personnages, recouverts du bouclier et
portant chacun deux lances, exécutent, disposés face à
face, un pas de danse assez vif. .Nous avons là sans
doute un exemple de pyrrhique hyporchéniatique -' : les
deux personnages du groupe de droite chantent l'air sur
lequel les deux personnages armés exécutent leur danse.
Un texte de Platon permet de se faire une idée encore
plus exacte des mouvements de la pyrrhique : l'auteur
nous la dépeint comme une mimique guerrière offrant
l'image des diverses passes d'un combat^''. Elle compre-
nait d'abord les parades que l'on exécute soit en se dé-
tournant de côté (ÉxvE'jiTii;), soit en reculant (uTteiit^), soit
en sautant (£)C7rT|OT,(7tç èv 'j|£'.'], soit en se baissant (TaTtsi-
voiTiç)^^ On peut illustrer chacun de ces termes par des
monuments figurés. Ici, par exemple, le pyrrichiste saute
en même temps qu'il brandit sa lance -', ailleurs il rampe
pour éviter d'être atteint et loucher lui-même son adver-
saire ^'. La pyrrhique ne comprenait pas moins les
mouvements d'attaque que les postures de la défense,
mouvements du guerrier qui décoche une flèche, lance
le javelot ou porte quelque coup à l'ennemi-'. Tout cela
élu stratège parce qu'il avait bien ilansc la pyrrhique; cf. Krause, 11, p. 83S.
— !■• Leg. VII. 790 c; 803 e. et 813 * el e. — l« Alli. XIV, iï-i f. — il Alli. X.IV,
630, d; Pollm, IV, 99. - 15 Cf. Emmanuel. Essai, p. 202, fig. 531 ; Slackclberg,
Grâb. d. Hell. pi. xiii : C. Jiendu de bi Commis, areh. de Sl-Pélersbourri, \i'-\.
pi. VI. — 19 Furtwiingler, Arch. Zeil. I8«.'i, p. 137-138; Wolters, Jultrii. d.
Insl. XI (1896), p. 9. — 20 A cette danse se rapportait la mélodie dite ^«fi.Krît.i ,
Poil. IV, 73. — 21 Schol. Pind. Pylh. Il, 127; KurlwSngler, Arl. cit. f. 138;
Flach, Op. cit. p. 7-8; A. Mommscn, Fesle der Stadl Alhen, p. 99. — 22 Cantharc de
style du Dipylon; FurlwSngIcr, Arch. Zeil. ISS.î, p. 131 sq. pi. viii, 3. Autre
représentation très intéressante de la danse armée sur un vase d'argent vraisemb'a-
blemeat cypriote, trouvé en Etrurie, de date un peu plus récente; cf. Furtwiingler,
Arl. cit. p. 138. Keprod. par MQIIcr-Wieseler, Denkmll. d. ait. Kmst. p'. i.\.
302 b; Inghirami, Mon. Elrusch. III, 19, 20. — 23 Alh. IV, 154 d. — 2k Furt-
wNnglcr, Arch, Zeil. 1885, p. 138. — i- i«y. VII, 813 a. — 20 Cf. la métaphore
d'Euripide, Ajidr. 1136, à propos de Xéoplolcrae, Sn^à; 5'àv iliti iriioity.a; çpiuj-.-j-
|jiv>j jr^iiiv. r.a-.Sii. — ^'- Lenormaut et de Witle, Elile céramographique. II,
pi. mi. — 28 Stackelberg, Grâber d. Uellen. pi. xixviii, 4; v. cLipset, fig. ir.Ci.
— 2'J Ley. VII, 813 o.
SAL
— 1032
SAL
rhiqu
enlrcmèlédenomLireiisesvolle-facesqiicron voil ligurées
sur les vases peints'; les inouvenienls êlaii'iit accom-
pagnés d'appels du pied et du choc vibrant des armes,
par où la danse des pyrrichistes se rapprochait de
celle des Curetés. Ainsi la pyrrhique était un » exer-
cice mimétique très actif, fait de pas courus, de pas
sautés, de pas rétrogrades, de pas tourbillonnants, d'age-
nouillements, de mouvements de bras infiniment variés,
en un mot de tous les arlilices de la lutte et de la
danse '. » La pyr-
rhique s'exécutait
soit contre un adver-
saire fictif, comme
cela parait être par-
fois le cas dans les
exercices de la pa-
lestre ' (fig. 6037),
soit contre un ad-
versaire réel repré-,
sente par un autre
danseur*. Elle pou-
vait prêter matière
à de véritables en-
sembles orchesti-
ques : sur un bas-
relief en marbre de
l'époque hellénis-
tique ^, deux groupes de pyrrhichisles sont aux
prises; les adversaires y sont opposés deux à deux.
Selon M. Emmanuel, les danseurs tournoient par piéti-
nement, tout en se déplaçant sur une piste circulaire
d'un faible rayon et en so maintenant respectivement aux
deux extrémités d'un même diamètre du cercle qu'ils
décrivent'. Nous allons trouver à .\thènes, dans la fêle
des Panathénées, le meilleur exemple de pyrrhique
exécutée en masse.
La pyrrhique, qui était la plus célèbre des danses ar-
mées, devait surtout son renom à la faveur oii on
la tenait dans les deux principales cités de la Grèce.
Elle figurait à Sparte à la fête des Dioscures\ et sans
doute aussi à celle des Gymnopédies*. Imitant l'usage
Spartiate, les Athéniens l'introduisirent dans les grandes
et dans les petites Panathénées'. Des chorèges étaient
chargés de veiller à l'organisation des chœurs et de
subvenir aux dépenses. Au temps de l'orateur Lysias,
il n'en coûtait pas moins de sept mines pour former
un seul camp d'éphèbes '". Les pyrrichistes étaient
divisés en trois groupes, hommes, éphèbes et en-
fants; chacun de ces groupes se subdivisait lui-même
en deux camps de huit personnes qui étaient opposés
l'un à l'autre". Quand il y avait un engagement simul-
I Emmanuel, Eisai, fig. 531; Slaclelbcrg, Grâb. ci. Hellen. pi. xxn. .Noler
les eiprrssious fréquemment employées à l'occasion de la danse armée ; ;;=■!
•r>«irv (Nonn. Dionys. I.\, 16k , ««.lo-dio. «'<.ii«, le saut dans lequel le bouclier
Tibre (.Non. lOid. III, 63|; T«t; J,>.,. rt., i.7--«a .foin. (Liban. Pro sallalor.
SO). — 2 Emmanuel, Eiaai. p. iiî: cf. AUi. XIV, 630 rf. — 3 Plusieurs de ces vases
où figurenl des prrrliicbistcs représentent, en cfTel, des scènes de palestre. Un des
plus caracléristiques est celui qui est publié dans le t". Henitii de Samt-Pélersb.
iSfti. pi. VI (V. fig. 6057). Cn éphêbe casfjué, portant le bouclier et la lance, esriuissc
une (igure de pyrrhique sur laccompagnement de la double flùle. De chaque côté,
deui éphèbes au repos semblent alleiiilre leur tour deiercice. Le maître de danse
préside el, do sa main levée, règle la lue-surc. On a peut-être encore un pyrrliicliiste
isolé, J. Hell. aiiid. 18» k. pi. nui. — l Voir dcui pyrrbicliistes opposés l"uo à
l'autre dans Tischbcin, I, pi. i.x ; Krause, II, fig. K9. Mais on a pu douter
de raullienticilé de ce vase (cf. Keinacb, hé/jertoire des itue» peints. II,
293). V. encore Reiuach, HépiTt. Il, 3J7. _ 6 Visconti, Mus. Rio Clenent.
tané des trois groupes, chacun des partis comprenait
donc vingt-quatre danseurs, ce qui constituait un très
bel ensemble orcheslique. Une inscription assigne
comme prix aux vainqueurs de chaque groupe un bœuf
de la valeur de cent drachmes'^. Les chorèges qui
avaient obtenu la victoire en consacraient un souvenir
dans les sanctuaires. Un bas-relief, trouvé sur l'Acro-
pole, nous montre la troupe de huit pyrrichistes victo-
rieux, disposés en deux rangs de quatre qui se suivent
[p.\N.\TiiE\'AiA, fig. 5501]. Les éphèbes nus s'avancent
au pas de marche savamment rythmé; leur bras gauche,
encore armé du bouclier, est tendu en avant; le bras
droit, légèrement soutenu, tombe le long du corps.
Le chorège, en tunique lalaire, accompagne sa troupe
triotnphante ".
Il existait à côté de la pyrrliicfue d'autres variétés de
la danse armée, dont les principales au moins doivent
être retenues; certaines de ces danses ne diffèrent de la
pyrrhique que par le nom. Ainsi la ^fOXiç, ternie par
lequel on désignait la pyrrhique dans la langue des Cy-
priens ", ou la TsXEi'.iç, très en faveur en Macédoine et
qui avait reçu son nom de Télésias, qui fut le premier à
la danser'". L'op(7;'Tr,ç, V iTz<.y.zffi:'j^ étaient peut-être des
danses armées Cretoises'*. Quelques danses armées pa-
raissent s'être distinguées de la pyrrhique par leur ca-
ractère plus dramatique, sinon plus mimétique. Tel était
le xoXaÇot<radi;'\ danse des Thraces et des Cariens, qu'il
est possible de reconnaître dans une description de
Xénophon". I>es Thraces, raconte-t-il, se mirent à danser
en armes au son des flûtes; ils sautaient fort haut, légè-
rement, et s'escrimaient avec leur glaive. L'un d'eux
frappa son adversaire de sorte que tout le monde crut
qu'il l'avait blessé. Celui-ci tombe avec adresse, le vain-
queur le dépouille de ses armes. Les autres Thraces em-
portèrent le vaincu comme s'il eût été mort, mais il
n'avait soufl'erl aucun mal. Xénophon donne aussi quel-
ques détails sur la xapzaia", danse des .Enianes et des
Magnètes : l'un d'eux, déposant ses armes, sème et fait
avancer des biïufs accouplés, tout en se retournant
souvent comme s'il avait peur. Un voleur s'approche;
dès que le laboureur l'aperçoit, il saisit ses armes,
s'avance et combat avec lui. Tout cela au son de la
flûte. A la fin, le voleur lie le laboureur et enmiène
l'attelage. Quelquefois, c'était le conducteur de bœufs
qui faisait prisonnier le brigand, el l'entraînait attaché
à son char. On peut voir par là combien le xoXaÇftîuidç
et la xapTraii. surtout sont déjà diirérents de la pyrrhique.
Ce n'est plus le noble exercice qui prépare à la guerre
el qui n'est pas indigne d'être introduit dans les fêtes
des dieux. Aussi ces danses armées décrites par Xéno-
phon font-elles partie des réjouissances d'un festin;
IV, 9 : Krause. Op. cit. Il, fig. SS. — 6 Emmanuel, Essai, p. 26*. — 7 .Niisson,
Griech. F-ste v. relig. Uedeidung. p. 420. — » Atli. .\IV, 631 e; cf. Krause,
Op. cit. Il, p. 830; Flach. Op. cit. p. S; Wollcrs. Jahrb. J. Jnst. XI (18%),
p. !>. — 9 A. Mommsen, Ffste Jer Stadl Atlun. p. 98. Remarquons avec Furt-
wangler {Arch. Zeit. I8S5, p. 138) que dans les anciennes représentations de la
danse armée, celle-ci parait aussi liée à des cérémonies religieuses. — *0 Lys. XXI, 4.
— Il A. Mommsen. Op. cit. p. 100-101. — «2 Cf. A. Mommsen, Op. cit. p. 99,
„. 4. _ 13 Cf. Beulé, L Acropole d'Athènes, t. II. p. 31V sq. pi. iv. On lit cette
inscription : ... i.-*iiriil-j y_opr,^.T,-, ,:-.*oit7i(r:ir; vtir.aa;" 'ATasSi; A-Jfft,-j t.UeT, Kr.si-
«iSujo; iio t. (ol : 103, 3 OH lli, 2). — » Schol. Hiud. Pijth. Il, 127. Ctilimaque
désigne sous ce nom la danse armée des Curetés Cretois (Bymn. in Jov. -SI), el
celle des Amazones dans le culte de l'Artémis d Eplièse (Btjnm. in Di'in. ÎW).
— IS Ath. XIV, 029, d : Poil. IV, 99; Hacb, Op. cit. p. 8. — « Ath. XIV, 629 rf;
Situ, Op. cit. p. 238. — >7 Alb. XIV, 629 d: Poil. IV, 100. — 18 Xen. Anub. Vl,
1, 3-C ; Alb. I, 15 e. — f Xen. .4iiai. VI, 1,7-8; Atli. I, 15 f.
SAL
— i(i;{;{ —
SAL
l'une do celles dont il parle encore ressemble fort ;ui
joyeux oxXaaax, et telle antre, où le danseur tient un
bouclier dans chaque main, comporte des voiles et
des culbutes étranges'. La danse armée est souvent
devenue dans runti(|uilé une simple danse de ban-
quet; la pyrrhique dégénérée fut même parfois exé-
cutée par des femmes-. Une peinture céramique repré-
sente une jeune pyrrliicliiste qui danse en face de
la joueuse de llùte^ et Xénoplion rapporte dans le
récit de banquet précédemment cité qu'on vit aussi
pour divertissement une op/YiUxpîç danser la pyrrhi(]Me,
armée d'un léger bouclier \ A peu près partout, sauf
à Sparte, la pyrrliique cliangea complètement de carac-
tère. \ l'époque d'Atliénée, elle ressendjlait à une
danse bachique ' ; un vase peint où l'on voit des pyi'rhi-
cliistes entremêlés avec des satyres offre un symliolc,
sinon une image, de celte transformation".
2. Les danses //ijiniiit/iies. — Les danses des Gi/ziiiki-
pédles Spartiates " peuvent être considérées comme le
type des danses guerrières non armées, ou danses gym-
niques. Ainsi que la pyrrhique, ces danses paraissent pro-
venir de Crète *, mais les anciens ne nous donnent sur
elles que des renseignements assez imprécis. .\thénée
les assimile à l'ancienne àvaitiXT," ; les danseurs nus
auraient mimé les dill'érents gestes de la lutle et du
pancrace; quelques textes semblent même faire allu-
sion à un combat véritable'". En réalité, les dansi's
des Gymnopédies avaient un caractère beaucoup plus
calme que ces témoignages ne le laisseraient sM|)p()-
ser. Tout en s'inspirant des mouvements agonisti(|ues,
elles ne les adoptaient que paciliés en quel(|ue sorte;
et rendus aptes à faire valoir par leur noble harmonie
la beauté robuste des corps. Athénée ne dit-il jias
aussi que les danses des Gymnopédies correspon-
daient à r£[i[ji.£X£!'a tragique par ce qu'elles avaient de
majestueux et de grave " '? Ces danses étaient du ressort
de la poésie lyrique'-; on les accompagnait du son
de la llùle ou delà lyre'". Elles étaient exécutées par des
chœurs d'enfants et d'hommes''* qui chantaient les péans
de fête composés par Tlialètas, Alcman, Dionysodotos,
Xenodamos, Xenocrilos, Polymnastos, etc. '^ Les chnnirs
étaient dirigés par des danseurs couronnés de pal-
mes", dont une statuette de bronze peut nous donner
une idée : le personnage, complètement nu, porte la
couronne de palme caractéristique, et l'on distingue,
dans sa main gauche, les vestiges d'un instrument à
cordes, probablement une Iyre'\ Ces danses avaient
lieu dans une partie de l'agora, qui avait reçu le
nom de /ofôç ". Parmi les chœurs Spartiates si renom-
'Xcn. -tim/.. VI, 1,9-13. — 2 Wolk-is, ./a/iri. </. /ns(. XI (1S%). p. 1(1 et la noie.
— aSlackelbcrg, Grnlmd. HeUai.f\. .imi. - i\i-a. Anab. Vi, i, li, — 5 Alli. XIV,
631 a, 6. Ailleurs, Alliénée ranj.'0 la pyrrhique parmi Icsip//;,.,; Ya^rar. cf. XIV. ni'.l f.
— 0 Krausc, dp. cit. Il, pi. xxiv, fig. 9:;. — " 1-lacli, Op. cil. p. 8. a ; Krause, Op. cil.
Il, p. Si8 SI). — ' Flacli, Op. cil. p. ». Selon Hucli, lesdauscs ilcsli) mnopédicsonl pent-
UreM iulroduil.is, de Créle à Sparte, par Tlialétas. — â Alli. XIV, Ô31 k. — I" Hal.
Lug. I, 033 C, a. iT. Si «i./ T«ri; Yuj.ïoiiK.S.V.î Siiva'i «aftipo"'.; "«?' 5|«r./Ti'r.»vTa., tr,
ToJit.,>u; ^tijLT, S.«i.<.//.;iiïu«, Cl scol. — " Atli. XIV, 630 //, e. llcsyclj. au mot
1ui»osaiSiii. iusiste sur ce caracKrc »*r,-ii', Si .,ù Y'r""''" "*'« =»i)ct- S-i /■.!.;■,
TiTunvi«i»!viiiv. Les coulradicUous s'cxplii|ucn( peut-être par ce fait qu'il y avait dans
la f«le des iiymnopédies deux parliis successives (comparer ce (|U0 dit l,uc. Ùc
tait. II)). La pyrrhii|uc y flail, elle .lussi. exécutée à côté des danses des
Gymnopédies proprement dites (v. plus haut, p. 1032, n. 8) el de lii provicudiait
la contusion. - >i Atli. XIV, 1130 rf. - 13 Cf. Wollers, Jahrii. d. Inst. XI ilxoii),
p. 7-9; on a vu plus haut que les danses des (iynuiopédies avaient poulétre une
origine créloise. Or ,M. Wolters noie avec raison que la lyre el la cithare oui été
communément employées en Crèle à côlé de la llùle (Strab. X, iS3; Alh. .VII, îlT
a; XIV, OiT b: l'Iul. De mus. i(i). — n \, Krause, Op. cit. Il, p. Si9 ; c'. Xoil.
Vill.
mes '", ceux des Gymnopédies étaient puilictilièrcmenl
célèbres. On veillait, avec le plus grand soin, à leur
belle ordonnance, et ils attiraient à Sparte une grande
affluence d'étrangers-^ [fiYJiN'OPAiDiAij. Les danses des
Gymnopédies paraissent d'abord avoir été essentielle-
ment gymniques-'; mais elles prirent vite une signili-
cation plus profonde; elles furent accompagnées de
péans en l'honneur des Spartiates morts dans l'allaire
de Thyrea '" et aux Thermopyles--'. Des péans étaient
chantés aussi en l'honneur d'.\pollon Pythien'", qui avait
un temple sur l'agora de Sparte -% et les danses des
Gymnopédies sont très souvent intimement reliées par
les auteurs anciens au culte d'Apollon".
Nous devons joindre enlin à l'orchestique guerrière
ijuelqucs danses armées qui, à vrai dire, sont plutôt
des cortèges ou des marches fortement rythmées.
'fcllcs sont les cinbatérics Spartiates auxquelles est
resté; attaché le nom de Tyrtée ■"; elles étaient exé-
cutées sur un rythme anapestique avec accompagne-
meni de llùte. A ces danses-marches, d'un caractère
militaire, s'oppose un type de danse-marche dont
la nature est plutôt religieuse; tel est, par exemple, le
priisodion ou enoplion, auquel on se livrait en agitant
les armes -^ On peut voir par là combien le rapport
était étroit entre certaines formes de la danse guer-
rière et de la danse processionnelle en l'honneur des
dieux. Le prosodion était très ancien en Grèce, et les
poètes les plus considérables, Eumèlos, Pindare, Siino-
nide , Bacchylide avaient composé des cliaiils pour
l'accompagner -".
Nous allons entrer maintenant dans le domaine de la
danse pari/ù/ne. Comme nous l'avons fait remarquer, on
peut entendre sous ces termes, pris au sens large, toutes
les danses qui ne comportent aucun appareil guerrier,
dont les mouvements et la mimique ne rappellent pas la
lutte ou le combat. Ces danses, fort nombreuses, présen-
taient un caractère varié selon les circonstances où elles
étaient exécutées.
V. Les danses reli (lieuses. — La danse inventée par
les dieux, développée sous leurs auspi<:es et pratiquée par
eux-mêmes, s'appliquait naturellement à leur culte'".
Si l'on ne peut ariirmer avec certitude que toutes les
danses aient une origine religieuse, il est sûr du moins
que les plus anciennes et les plus importantes sont liées
aux cérémonies rituelles. Selon Lucien, on ne saurait
trouver d'antiques mystères qui n'aient eu un accompa-
gnement orcliestique, Orphée Musée, et d'autres encore
qui les étalilirent, ayant prescrit comme une chose très
belle que l'initiation eût lieu avec le rythme et la danse
llelt. VI. V. ir. .Atliéin-e |XV, C7S. ,) uieulionue deschœurs dV'phèl.eseld'homnies ;
au livre .\IV, 0.1 1 , b. il ne parle .|ucdes thaurs d'enfants. D'ailleurs avec le t.nqis
de nombreuses modilicalions lurent apportées aux Oyninopfdies. (Hlul. J yc. c. il :
Jusl. Lac. II. 10; l'oll. IV, 104 ;cr. Krause, Op. cit. Il, p. 831, n. 10). — là Atli.
XV, 078, c; Krause, Op. cit. Il, p. SiO. — '6 Ath. XV, 678 *. l'aus. Il, 38, .ï ; III, J,
7 : X, 9, 6. — fi Cf. Wollers, Art. cit. {Julirb. rf. Inst. IS9I1), lig. p. 8. — i» lie-
sycli. s. V. p]jivo;!»,S,a ; Paus. 3, 11,9.— l'J Xcn. fleip. Lac. VIII. *; X, 3 ; l'Iut.
Afifs c. 21. — 20 Sur l'iniportance que les Spartiates allachaieul à ces chœurs,
V. Krausc, Op. cit. Il,p, 8i9-83l et les noies, —ii Cf. Mlssiui. Op. cit. p. HO-IH.
— 2i .<ur l'air.iirc de 'l'hjrea, V. Herod. I, 8i; relalivement à cel honneur rendu
pal- les danses aux guerriers morts, v. Suidas au m. Y"i*v-)jt«iS-'« ; les couroinies
des chefs de chœur s'appelaicnl eji.at.xol otésocvo. (Ath. XV, 078 4). — '« litiim.
M. Y":",^a,S;a. — 2'. l'.ti/m. M. ibid. ; Niisson, Op. cit. p. I tl . — 2= Paus. III, 11,
9. — 2ii Niisson, Op. cil. p. 141. --il Flach, Op.cit.f.i); Alh. XIV, 630/'. — 2» h'.ach.
Op. cit. p. I.'J. — '29 l-lach. Op. cit. p. 1 0. — 30 /,eg. VII, 798 e ; 799 a, o. Des cliœms
avaient élé inl«oduils dans un grand nombre de cuites et de félcs religieuses,
selon les prescriptions >lc la^oi ou des oracles. Cf. Dem. /n i\.,id. p. 53 i, iJ sq. ;
Krause, (Jp. cil. M, p. 8i5.
130
SAL
108i —
SAL
De là viondrail cetU- expression que ceux qui i-évè-
lenl les inyslères aux profanes dansent hors du clifeur
sacré'. Les anciens cultes agraires comprenaient sou-
vent, eux aussi, des chœurs, et c'est là peut-être qu'il
faudrait chercher les formes primitives de l'orchestique
reli{<ieuse des Grecs -. 11 semble, d'ailleurs, que sur
ce point la tirùce ait profondément subi les iniluences
de l'extérieur. En même temps que les danses guerrières,
Thalélas avait sans doute introduit à Sparte des danses
religieuses Cretoises; c'est pour les accompagner qu'il
avaitcomposédespéans, hymnes très anciennement usités
en Crète et dans quelques lies '. Nous verrons, d'autre
part, que les danses orgiastiques des Grecs sont tout à
fait analogues à certaines danses qui étaient pratiquées
en Asie, et que quelques documents les caractérisent
comme étrangères.
1. Si les danses guerrières elles-mêmes ont été
introduites dans les fêtes des divinités, les danses
religieuses par excellence relèvent de la danse paci-
/itjitc; ce sont celles surtout qui, par leur allure noble
et mesurée, semblaient convenir particulièrement au
culte des dieux. Ces danses, calmes et graves, que Platon
réunissait sous le nom d' iii.^eleia., sont la variété la plus
importante de l'orchestique religieuse. C'est sous cet
aspect que les Grecs concevaient les cortèges des divi-
nités', et les fidèles en ont reproduit le caractère dans
leurs danses. Se tenant par la main et portant des
palmes, adorants et adorantes, séparés ou réunis dans le
même chœur, évoluaient autour de
l'autel du dieu. Une peinture de
vase du Dipylon ofl're un bel exem-
ple de ces processions orchesti-
ques ■'^ : quatre femmes sont ran-
gées en file ; elles se tiennent par la
main, ou, plus exactement, elles
sont réunies entre elles par l'inter-
médiaire des rameaux qu'elles por-
/i 11 II) ] 1^^ n ''^"'■; '•! première adorante qui con-
yililliilil 'xZ/t^ tl'iil le chœur élève dans sa main
libre une couronne qu'elle semble
ollrir à la divinité assise devant elle
sur un trône. Ces danses ne com-
portaient guère qu'une mimique
d'attitude; par leurs mouvements
solennels et leur sévère harmonie
dont quelques œuvres d'art posté-
rieures nous donnent une plus
juste idée (fig. 0058), elles n'expri-
maient que la sérénité de l'àme pénétrée du sentiment
religieux. Elles étaient accompagnées de clianis, du
1 Luc. Jle .««((. 15. - 2 Krause, Op. cil. Il, p. Sl.'i, ,,. G. - :! Flacli. Op. cil.
p. n, 14. — » On eu lioiiio un giand nouiljje dans l'arl crée. V. par c«. le cnr-
lègc des Irois Grâces sur laulcl des douie dieux. (Emmanuel, fsmi, (ig. 5li.)
— s Ath. ililth. XVIII (18113). p. 113, (ig. 10: voir une curieuse danse ana-
logue sur une palère didalie Itev. Arcli., I87i, pi. xxiv. - c 11 a dfrju ce carac-
lire cliM Homère. //. XXII, 3'Jl. — ' l'Iacli, Op. vit. p. 14. — 8 Cf. Hijmn.
in Ajiul. 33li. — » Xcn. Ai/ea. Il, 17; le péan el les danses riguraieul aiu^si
à Delphes à la féU< du :;,i,;t/,f,o». V. I>. Koucarl, Mém. sur les raines el l'Iiist.
lie Helphet (Archiri des Missions icieiUi . 18li5). p. 4G cl 180-81. — 10 l'rncl.
p. Ï4.. — Il Find. Fray. 37-no. l.e pOan fui aussi chaulé en llionucur de
simples n.orlels; cf. Ilul. Lijs. c. 18; Alh. XV, 600 e, f ; 6'J7 a. La chose
devient courante au temps des diadoi|Ucs. Alhéute (XIV, 031 d) dit que le
p'au ùlait Isiilùt dansé. lanUit non dansé. Celle dernière forme ne se rapporle
sans doute qna une époipie très postérieure; cf. l'Iach, Op. cit. p. 31, ii. 4i.
— 12 Th. Keiuach, Oict. des Antiquités art. nvPuiicHEiiA. — 13 plucli. O/i.
Cit. p. 15; krause, Op^ cit. Il, p. 8^3 el n. ï. — It Alh. IV, 13'J e, f; I laJi,
péan surtout, qui est un hymne d'action de grâce ',
animé d'une joie contenue' [paean]. A l'origine, lepéan
était surtout chanté en l'honneur d'Apollon '. C'est
ainsi par exemple qu'il était exécuté par des chœurs
d'hommes à la fête des "TaxivOia '. Mais par la suite, on
l'adressa aussi à Artémis, à Ares, quelquefois même à
Poséidon'", et l'on sait que Pindare avait composé un
péan célèbre en l'honneur de Zeus Dodonien". Les
danses graves que lepéan accompagnait devaient donc
prendre place dans le culte de plusieurs dieux.
.\ côté du péan, Vliijporchèini' jouait un grand rôle
dans les cérémonies religieuses de la Grèce, [uypor-
cuKMA J L'iiyporclième est un <■ hymne orchestique où le
ciiœur se divise en deux fractions dont l'une chante en
se tenant immobile ou en dansant une simple ronde,
tandis que l'autre exécute en silence une danse expres-
sive, figurée, qui sert, en quelque sorte, d'illustration au
texte de l'hymne'- ». L'hyporchème dillérait par là du
péan, où tout le chœur chantait en même temps qu'il
dansait. Il s'en distinguait encore par une vivacité plus
grande" et par un caractère mimétique beaucoup plus
accentué. Si l'on s'en rapporte à la description qu'Athé-
née donne des "Taxivôia", il est vraisemblable qu'une
partie des danses de ces fêtes appartenaient au genre
hyporcliématique. Des jeunes garçons, s'accompagnant
de la lyre, chantaient Apollon sur un rythme fort ra-
pide; certains faisaient entendre les chants du pays
(ÈTti/uipia Ttoi/ijAaTa) et d'aulres, qui se réglaient sur la
tlùteetle chant, exécutaient d'anciennes danses'".
L'hyporchème était surtout un élément essentiel des
fêles de Délos '° [délia], où tous les sacrifices, dit Lucien,
se célébraient avec la danse el la musique '''. Dès la plus
haute antiquité, des chœurs y étaient envoyés d'Athènes
et de différents points du monde ionien '*. Les cérémonies
du culte de Délos donnèrent ainsi naissance à de vérita-
bles concours orchestiques dont les vainqueurs recevaient
des palmes cueillies à l'arbre sacré. Selon Lucien, les
cliœurs hyporchématiques de Délos étaient composés
d'enfants '\ l'hymne homérique à Apollon Délien ne fait
allusion qu'à des chœurs déjeunes filles qui ciianlaient
en l'honneur d'.\pollon, d'.Vrtémis et de Latone '■^" ; il
résulte enfin d'un hymne de Callimaquc que jeunes gar-
çons et jeunes filles étaient mêlés dans ces hyporchèmes,
les uns chantant, les autres se bornant à danser -'. Mais
la description de Callimaque ne s'applique piîut-être qu'à
la yipxyoç, la plus célèbre des danses détiennes, et où les
deux sexes étaient, en efVet, étroitement unis"''-.
D'après la tradition, la yÉsai/oç avait été instituée par
Thésée, victorieux du Minotaure. Il la dansa pour la
première fois en compagnie des jeunes garçons et des
Op. cit. p. 17; ^ilssoii, Ofl. cil. p. 13i; si|. — li' Notons <|uc les femmes devaient
piendre une part iiiiportaiite a ces danses des Tavi'vâtu. Quelipies textes anciens
lonl allusion à des enlèvements de jeunes filles qui formaient des chœurs dans ces
fêles (cf. liurip. Hel.n. 1405 s.(. ; llierunym. Adv. Joiinian. 1, 308, Migne). lue
stèle trouvée à Ainyclées représ, nlo peul-éLre ces danses de fenmies (cf. llr.
Schr.lder, Arch. An:. 1903, p. ^03), Athénée, d'ailleurs, nientionue la présenne
des jeunes lillcs dans le cortège de ces fêles (IV, 139 /). — 16 llomolle, Bull, de
curr. Iiellen. 1890, p. Mi si|. et l'article hf.iia, dans le Dict. -les Antiqnilès;
.Niisson, Op. cit. p. 144. — " Luc. He sait. 10. — •» Voir art. ukma dans le Oict.
des Antiq. : cf. Thucyd. 111, 104; Ui/mii. in Apol. 140 sq. — »! Luc. Ue sait. 10.
— ioaijmn. in Apoll. 136 sq. — 21 Call. Hyiim. IV, 304-300. — li II y avail
aussi à Délos cerlaines danses rituelles sur lesipjelles nous somincs mal jeiisci-
^Miés. Telle élail la danse des llagrilés que I on exécutait encourant sous les coups
.iiitour de l'ulivier sac.é. Comparer tes praliquesdu culle d'Arlémis Orthia à S|uirle
l'aus. VIII, j3, I); llesychius allrihiio à Thésée l'iusliluliou de la danse des lla-
ijcII.'S (cf. .Meur»iu=, Op. cil. col. Ii4.i).
SAL
— I0:io
SAL
jeunes filles qu'il venait de sauver en Crète '. Les tours
et les détours de la farandole imitaient la marche
errante du héros dans le labyrinthe-; le nom de yspavo;
fut appliqué par les Déliens à cette danse dont les
otidulations et les reploiements rappelaient le vol d'une
troupe de grues. Dirigés par le yspavoûXxoç ', les jeunes
garçons et les jeunes filles*, qui se tenaient par la main,
évoluaient autour de Vaiitel fies cornes (xepaTwv). La
danse était surtout exécutée en l'honneur d'Aphrodite
dont la statue était ornée de fraîches couronnes. Le
chœur se déroulait le soir.
aux flambeaux, les jeunes
(illes dansant en silence,
tandis que les jeunes gar-
çons, tout en dansant eux-
mêmes, chantaient un
hymne consacré '\ Une
des scènes du Vase Fran-
çois que nous avons déjà
citée Jig. 60.j9; est inspi-
rée sans doute par le sou-
venir de ce chœur mythi-
que. En présence d'Ariane •* et de sa nourrice, Thésée,
vêtu d'un beau chilôn, s'avance en jouant de la lyre; il
est suivi par une troupe de quatorze personnages égale-
ment revêtus d'habits de fêle ; tous sont désignés
par leur nom. Régulièrement alternés, les jeunes gens
des deux sexes dansent en se tenant par la main; mais
Fig 0059. — Danse de la gérattos.
avaient composé des Parlliénies*, et il se peut que
les danses exécutées dans Argos aux fêtes de liera
.Vntheia, par des jeunes lilles chargées de Heurs, aient
appartenu à ce genre orcheslique '. Les danses des
Parthénies ont peut-être laissé un reflet de leurs grâces
légères et chastes sur un célèbre bas-relief du Lou-
vre", et la description que donne Philostrate de la
danse des Heures pourrait bien rendre l'impression qui
devait être procurée par la vue de ces chœurs gracieux :
Les Heures dansent les mains enlacées, et la terre « pro-
duit sous leurs pas les ri-
cliesses de toutes les sai-
sons. Je ne dirai pas aux
Heures du printemps : ne
foulez pas l'hyacinthe et
les roses; car, foulées par
elles, ces fleurs n'en pa-
raissent que plus char-
mantes et retiennent je ne
sais quel parfum émané
des Heures mêmes. ..Je ne
dirai point aux Heures de
l'hiver : ne marchez pas sur la terre molle des sil-
lons; car Jes épis naîtront là où elles auront posé leurs
pas. Celles-ci qui sont blondes marchent sur la pointe
des épis sans les briser ni les courber, tant elles sont
légères, tant elles pèsent peu sur la moisson " ». Les
Parthénies sont essentiellement des chœurs de jeunes
Fis. 60C0. — I.a f.irandolc antiti
le peintre, encore malhabile ou qui visait simplement à
une certaine régularité décorative, n'a nullement rendu
la souplesse et la mobilité du chœur.
C'est surtout par la vivacité que la vÈpavo; se distin-
guait des danses-cortèges précédemment étudiées. Il
en est de même pour quelques danses religieuses qui,
sans relever nécessairement de l'hyporchème, doivent
être distinguées des danses accompagnées du chant du
péan. Tels étaient les chœurs des Parthénies [^pahtiie-
nkia] exécutés sans doute en divers points du monde
grec '. Déjà, la poétesse Sapho célèbre ces danses
auxquelles se livraient les jeunes Cretoises ; plu-
sieurs poètes, comme Alcman, Bacchylide , Pindare
I l'Iiil. r/,e» c. il. : Poil. IV, toi sur limage d Aplirodllc, v. l'aus. l\,M. 3.
- 2II11I. riitK.H ; Poil. IV, loi. Oubicncfllcdcl.aloneilraversles ilcs cl Iccou-
linenl: cf. i.ei.ia, llict. des AuliquUrs. — 3 llesych. ». r. :.p.,.ùi.«. — k Tel
.•>l liicii le sens de ^iTi t.;, r/«i.,y, chez Plul. Tins. il. — â Call. t/ijm». IV
V. 30:t-:ilil. — s Sur le c.iraclciedAr/anc r|ui ..ime la danse, cf. MIsson, Op. cil. p. :iSi.
- '1 Flach, tlp. cit. p. 10 ; FurUiiingler-Heicliliold Griecli. Vasenm. p. »0 cl 81 ; cf.
Ari«l. An. 919 ; Sujd. ». r. ,.fi,t,!io. — » Flacli. Op. cit. p. 17. — 9 .Xiisson, Op. cit.
p. 4i, Poil. IV, 78. — 10 Bas rolief des danseuses Borglicse, S. Rcinacli. liépert. I.
p. 58. Ce lias-relier est. d'aillc::rs, ,1 rpoijue tardive ; Furlwiingler voil un exemple de
Parlbénie sur une curieuse peinture de vase (Griecli- Vastnm. p. SO-el. pi xvii,
XVIII), — Il Pliilosl. tmagines, Irad. Bougol, p. 507. Une autre description de Pbi-
lostrale parait bien convenir aussi au caractère de ces danses : » Au milieu d'un
fr«iB hosquct de myrtes, de frafclies jeunes lilles chantent Aphrodite Eléphanline...
elles ciianlent, et, l'une d elles perdant la mesure, la maîtresse du chœur la regarde
en battant de» mains pour lui faire retrouver le véritable mouvement. Leur cos-
filles; mais il est probable que des chœurs religieux,
d'un caractère analogue, pouvaient être exécutés par les
deux sexes réunis '- (fig. t)060).
A ces danses religieuses qui se présentent géné-
ralement sous une forme chorale ou processionnelle,
on doit joindre une catégorie de danses surtout indi-
viduelles ''■', dont la gravité s'atténue parfois en une
sorte de vivacité décente, et qui se caractérisent par
le rôle qu'y joue le vêtement des exécutants. Quel-
ques-unes des danseuses voiiées, dont l'art grec a
si souvent reproduit l'image, ne se livreraient-elles
pas à une danse consacrée aux dieux ""? Certaines
statuettes offrent des analogies avec les divinités
tome, ijui est des plus simples et ne les gi>nerail pas si elles voulaient jouer, leur
cointurc qui serre élroilemcnt le corp^, la tunii|iie i(ui ne rouvre pas les bras, la
façon joyeuse dont, pieds nus, elles loulent l'herbe leiulre loul huniiite encore d'une
rosée rafraîchissante, leurs vêlements lleuris comme une prairie... tout cela a été
divinemenl rendu. I.a peinture a représenté aussi quehpic chose dit chanl. Elles
disent qu'Aphrodite est sortie de la mer fécondée par une pluie céleslc ; eu quelle
île elle est abordée, elles ne le disent pas encore, mais elles uommeront Paphos.
Oui. c'est bien la naissance de la Déesse qu'elles célèbrent; leur altitude le montre
nssez; liser les yeui sur le ciel, c'est indiquer (|u'elle en est descendue; relever
doucenicnt les mains en tenant la paume ouverle en haut, c'est moutrer qu'elle est
sortie des (lots; sourire comme elles le font, c'est rappeler le calme de ta mer. o (Plii-
losl. 'wi'ij. Irad. Bougot. p. 333-54;. — 12 ^J,.s. Borli. VIII. 38. — u Heyde-
mann, Ueb. eine verhûlUe Tûnzerin, p. 16. — li Heuzey. AJoniim. Grecs,
1873-1874 {Rfich. sur les figures de femmes vO'lêes dans l'art grec; i* article,
p. ij-i3).
SAL
1 o:^i)
S\I-
voilées et dansanlcs r|iii lij;ui-ent sur di'S l)ns rclit'ls
votifs '. On a remaniui' di' [)his (|iie lo lypcdi' la tlaii-
seiise voilée semblait liéri ver, dans certains cas, d'iiiuiKes
de la déesse Koré elle-iiiénie-. Une de ces danseuses,
au lieu du lanil)oui'in, lient à la main un petit porc, ce
qui rend indéniable le caractère religieux du sujet'.
D'autre part, on a souvent reconnu Déméter et Koré dans
les groupes de lerrc ciiile montrant une mère accom-
pagiK'e de sa Mlle; or ces grou-
pes, eux aussi, ont parfois
donné naissance à des l'epn''-
sentati(ms de danseuses '.
M. lleu/.ey a rappelé, à ce pro-
jins, l'étroite liaison établie par
Lucien entre la danse et les an-
ciens mystères, et la mention
(|ue tail ce dernier de la lé-
gende d(; Démêler parmi les
thèmes des danses et des pan-
tomimes. On voit kl conclusion
(|Mi résulte de ce rapproclie-
menl : si l'on ne peut aflirmer
(|Me les figurines voilées nous
montrent les grandes déesses
donnant elles-mêmes l'exemple
el la forme des danses sacrées ',
il est possible que ces danses
voilées aient eu, dans certains cas, un rapport avec le
culte de Déméter ou celui d'autres divinités (lig. tiOlH) ''.
Nous savons, en effet, par un passage de Pliilostrate
qu'au mois d'antliestèriôn, pendant la fête des Dionysies,.
les hommes, travestis en Bac-
chantes, Nymphes et Heures, se li-
vraient dans le théâtre d'Athènes
à des danses oii le voile jouait
un grand rôle ■. Il est probable
que des danses du même genre
étaient exécutées par des hommes
pareillement costumés, au début
de l'hiver, à. la fête des maimak-
TiiRi.v. Celte fête était consacrée à
Zeus Mx[(AàxTY|Ç, c'est-à-dire Per-
turbatear des éléments. " l^a
forme même de l'ajustement, fait
observer M. Heuzey, la tète et le
,,„ ,ia,nt.|,s,.. corps étroitement enveloppes, le
mouvement des draperies vo-
lantes, tout, jusqu'aux chaussures fermées battant le sol
(tig. (iOti-i), y rai)pelait la saison froide; tout y était com-
■M. Ilcu/oy iiKj.,|„.- I„,,,i, pnr t-
• ssiiiil.li- fort à la .Njiiiplio rjui,
iipic, ,|ii<- 1,1 ,:ansL-nso vniliV .1 Ang. Tilriu
r un lias ri-lief \olif, daiist- eu prOseuce du
dieu l'on. cf. Ilutl. d^ corr. hdl. Iis'.ii, p. :s ; cf. Vny. arch. de l.c lias; AJon.
fig. pi. iix ; lleuicy. Art. cit. lig. de la p. 7U. Il exislc, d'ailleurs, plusieuis lias-
reliefs de ce Ivpc reprfsrulant des ilanseirses plus ou nioius analosues ; cf E. ['ol-
lier: Hatretief dis Nymphes tromé à Eleusis; Bull, de con: lietl. V (IS8I),
p. 345. — 2 lleuzey, Arl. eil. .1/on. Grecs, l8:3-IK7i, p. 2i 23. — 3 Ounioul-
CliapUiii. Céram.dcla Grèce propre, ll.p.îa.ï. — V Heuzey, Art. cit. (Mon. Grecs).
p. ii; Dunionl-Cliajilaiu, 0/<. cil. p. 233. — ■> Kappelons ici i|ue Sluclniczlia,
dans son Cnlamis, rallaclic le Ivpc de la danseuse voild'C à la rflôbre Sosandrn.
Celte opinion, très disculalilc, ailé coud(.illue par lurlwfiugler. —0 lleuzey, iirl .
cit. {Muii. Grecs), p. 21. Celle opinion a été coulcslée. V. Ileydiinanu. VerhûtUe
Ton:, p. 23, n. 3. Elle a été reprise par M. Heuzey dans sou élude sur la Danseuse
voili'e d'Aui/uste Titeux. liutl. de corr. hetl. XVI il'i'J2), p. 73 si(. pi. iv. — 7 Heu-
zev, arl. cil. p. 80; cf. A. Momnisen, l-'este d. Sladt Allien. p. 3!)l. — .1 Heuzev,
arl. cil. p. 86, 87. La fig. 60f.2 symbolise le mois .Vlaimaklcriôu sur uu raleiidriêr
lilurgiijuc dAtliéues fcAiESDAnliii lig. 10.10;. — » V. le texte de l'hi oslrale ;
iu..»;»,C.; ij,.c;.T«.; cf. l'ollux, IV, 96, 98. — 10 lleuzey, ,trt. cif. p. 87 M. lleuzey
inaiidi' |)ar elle. Il fiiul ajouter que cet instant de l'année
est le point mort de la culture, la saison oit la terre,
dépouillée de ses derniers fruits, attend la reprise des
travaux. Par là, les allégories dansantes de l'hiver se
rattachaient aussi de très près au symbolisme de la Démê-
ler voilée *. n 11 est vrai que ces danses, celles des
Dionysies surtout, n'avaient pas le caractère de gravité
(|ue laisse supposer la discrète altitude de la statuette
du Louvre"; il est vrai encore qu'elles sont exécu-
tées seulement par des hommes. Mais elles répondent
certainement « à des danses de femmes, qui devaient
se produire dans d'autres circonstances et dans un
autre milieu, soit à la suite des mêmes fêtes, soit pour
des fêtes diirérentes dont les détails nous sont moins
connus » '". Ces danses de femmes qui se rapprochaient
les unes des autres par l'usage ilu voile, pouvaient appar-
tenir, quant aux mouvements et au rythme, à des modes
différents. Vives parfois, entraînantes el passionnées,
elles prenaient souvent un caractère plus souriant el en
même temps plus calme el plus conforme à la nature des
personnes qui l'exécutiiient.
2. Si riiyporchème et les p;irthénies se rattachent encore
plus ou moi ns directement à l'e/zu/ft'Y/e, telle que l'entendait
Philon, certaines des danses voilées s'éloignent déjà sen-
siblement de ce type ".Cet écart s'accentuera encore avec
un nouveau genre d'orcheslique religieuse, individuelle
plutôt que chorale, dont les danses de Karijai peuvent
être considérées comme l'expression la plus intéressante.
Par leur vivacité et leur rapidité d'allure, elles forment
une transition naturelle entre les danses précédenles et
les danses inspirées par l'enthousiasme orgiastique que
nous étudierons ensuite.
Les danses de Karyai jouissaient, dans l'antiquité, d'une
grande renommée ''. Elles figuraient aux fêtes d'Artémis
Karyatis'^ à Karyai, lieu situé sur les confins de la
Laconie el de l'Arcadie et qui était consacré à Arlémis et
aux Nymphes. Des jeunes filles, appartenant sans doute
aux meilleures familles lacédémoniennes, les exé-
cutaient chaque année en l'honneur de la déesse".
L'idée que plusieurs auteurs se sont faites de ces
danses des jeunes Caryatides, KapûatiÔE; a été faussée
par le souvenir trop immédiat des figures architecturales
appelées du même nom [caryatis] '^ Rayet suppose,
par exemple, que les fêtes d'Artémis s'ouvraient par
une procession allant de Sparte à Karyai. « En tête
marchaient les magistrats, les prêtres, les victimes, et
leurs conducteurs ainsi que les jeunes filles consacrées
à Artémis et chargées aujourd'hui de porter les objets
ni'cessairesà son culte, demain de danser en son honneur...
ajoule ; ■< .^aus pouvoir cili-r aucun lexlc posiLif, je continue à croire que le culle
de Déméter était un de ceux (|ui l'ournissaicnt le plus naturellement aux femmes
l'occasion de se livrer clles-inôme.-i à de pareilles danses où les alljludes voilées
présentaient d'intimes rapports avec la légende el avec le costume même de la
déesse .. — Il Hcydemann, Ueb. e. Verl.id. 7im:. p. H, rallaclic les danses voi-
lées au gcui-e de rtti|ieXt>'«. Cela est juste pour la plupart des tianseuses voilées; mais
riuclqUL's-unes se livi-enl à des danses btaucoup plus mobiles et rapides (|ue l'em-
luélie cl ijui ne sont pas uéccssaiicmcnt des danses profanes. En particulier, le
culte de l>émélei' ijui a donné lieu, nous te verrons, à des danses orgiasliqucs, com-
portait faus doide aussi r|uebpies modes assez vif^ de 'a danse voilée. — '2 Selon
Altiénéo, IX, S'.l2 /; l'ratnias avait écr.t une pièce inl lulée iiua„«, ;, K.ouàt.Si;.
Des Cary (tides dansantes étaient gravées sur l'auneau de Kléarclios (Plul. Arlax.
18) et l'on verra (|uc l'art anlir|ue s'est complu à repruduiie leur image. — 13 Hesycli.
s. V. K«pj«7i«: Hliol. s. i: t<i,j>«Ti,« ; l'oll. IV, lot; Arlémis est, par exccMencc, la
dressa de la danse : HoJ yàp *| *Aç.T£ntç oj« ê/dpiu(Ttv, selon un dicton d'Ésope.
— 14 Paus. III. to. 7. — Ii La condition élevée des jeunes fidcs )|U' prena.ent parte
ces danses semble prouvée par l'anec lole que Pausanias rapporte rc'ativemcnl à
Aristoniénes (\, IC. U).
SÂL
I0:i7 —
SAL
Vêtues de leurs plus riches liabils, elles s'avaneaienl
lenlement portant sur la tête les corbeilles sacrées'. »
Pour concevoir et créer les Caryatides architecturales,
les sculpteurs n'auraient eu qu'à s'inspirer directement
du noble maintien des adoratrices d'Artéinis ^. Quant à
leur danse, il était naturel de lui supposer la même gra-
vité qu'au cortège et de la rattacher au type derÈjxjxeXeia'.
Mais on a fait valoir là contre deux objections fort impor-
tantes : tout d'abord, l'existence d'une pompe sacrée
allant de Sparte à Karyai reste purement hypothé-
tique'; d'autre part, la danse des Caryatides est loin
d'être solennelle et calme. Ainsi que l'indiquait déjà
0. MOller et comme on l'a admis depuis*, elle n'est
en elTet qu'une variété d'une danse dont les nombreuses
représentations, dansl'art
antique', attestent la po-
pularité, la danse du xaXa-
Oi'(7xc/;. Cette danse est ainsi
nommée d'après la coif-
fure ordinaire des jeunes
filles qui l'exécutent, le
zàXa6oc, sorte de diadème
[CALATUUS, (ig. lOO.j] qui
n'était sans doute à l'ori-
gine qu'une couronne
composée de feuilles poin-
tues dressées vers le haut,
et se croisant en diago-
nale''. Les danseuses por-
taient avec le xaXaOo; un
costume caractéristique :
(fig. 6003), quelques-unes, le buste nu ", n'ont qu'une sorte
de jupe courte; mais, en général, elles sont revêtues d'un
léger chilôn qui ne dépasse pas les genoux'' et retombe en
apoptygma'". Toutes ces danseuses de /.2/.aOi7i'.o; procèdent
invariablement par des pas menus, rapides, toujours exé-
cutéssurla pointe ou la demi-pointe". Le plus souvent,
elles tournoient rapidement comme l'indique l'envol de
leurs vêtements ; les positions des bras et des mains, qui
généralement sont libres, sont des positions de pirouette.
Par exemple, les bras sont serrés sur la poitrine, les
deux mains sous le menton'-; ou bien une seule main est
placée soità la taille, soit au-devant du corps, tandis que
l'autre est franchement portée au-dessus de la lête'^;
m. I,
nl>lc bil
, p. 5 cl C. — 2 Raycl, iOiJ. - 3 Br,t.
r (p. I.Ï3) ilit ,|iic CCS danses olaictit
: Ravel ait eu des danses de Karyai uiie
: article i|tic les danseuses d'Ilcrcula-
ides. - i .\ilsson. Op. cil. p. l'.lT.
Il, p. 3il ; cf. Meincclie, Ad Eiiplior.
Bull.
presen-
idu. de
MUIIer-
1 Raycl, Mon. de VArl
liger, Amatlhea. III, p.
analogues à rennn^lic. Il
idée analogue : il déclare d;
Dum rcprèscDlcnl pcut-ôlrc
- 5 0. Mûller, D. Varier,
Iraq. Xl.ll, p. D.l ; Wclcker, Ant. Denkm. II. p. IW, cf. Iloi
de rorr. Itelttn. 1897, p. G0."> S'|. — •» Voici la liste des principal
talions de danseuses de calatliiscos : Anh. Zeit. I8i.'.i, pi. xni. C
Sl-Pélersàouri), IS63, pi. nr (v. notre (ig. 877) el 18CC. pi.
Wiescler, Denkm. der ail. Kimsl. Il, 17 el ÏO ; Dunionl Cliaplain, Céramiq.
di' la Grèce propre, pi. \, n" i. Danseuses sculptées de l'Iirrôon de Trvsa :
Collijnion, Hiiloire rie la .Scnlpl. ijrecq. 11. p. 201, fig. 97. Deui lias-reliefs
aUi<|ucs de la première moitié du \« s. (Kurtwangicr), Jahrb. d. Inst. VIII
(Ib93) An:, p. 7C et 77. Has-relicfs sur des bases de candélabre, de l'épor|ue
liellénislii|ue. Clarac, J/u«. de Scuïpt, pi. clxvu-ci.vui ; Winckchnann, Mon. ant.
med.Vi, 49; Visconti, Mus Pio Clément. III. pi. M (cf. Krause, II. fig. R.5).
l'n bas-relief d'autel, Claiac, Mus. de Sculpt. pi. ci.xvi. Voir cnc. Xol. d.
Scavi, 1884, pi. vn : 188», p. 100. Uauscr, Aeiialt. /leliefs, p. 90, c!c.
— ^ Xilsson, Op. cil. p. 198. Celle primilivc couronne de feuillage, rappelle
la couronne tliyiéatique en usa^'C aux Gymnopédies sparliales, mais rien ne nous
dit (|ue cette coill'urc des danseuses fui formée de feuilles de palmier, t^cul-
«tre élail-elle faile de joncs el de roseaux ; cf. U. Muller, i>. Dor. Il, p. 3»1 ;
Uumont-t^baplain. Cèram. de la Grèce j-ropre, I, p. 236. — 8 Voir les deux
bas-reliefs de Berlin, Arch. Anzeig. 1893, p. 76-77; V. aussi C. rendu de
parfolslesdeux mains sont élevées comme pour soutenir le
Calathos'*. Celte danse rapide, tourbillonnante, agitée, res-
semble par certains côtés à celles des Bacchantes et des
Ménades'".Une danseuseàcalathos tient mêmeàlamain
des crotales "^, une autre porte un tyinpanon ' '. Le carac-
tère religieux de ces danses du xaÀaO'V/.o; est aujourd'hui
nettement établi ; elles se rapportaient à plusieurs cultes,
à celui de Déméter, d'.\tliéna et d'.-Vrtémis'*. Quelques-
unes de leurs représentations ont été trouvées dans le
tombeau d'une prêtresse '"; certaines d'entre telles sont
sculptées sur des bases d'autel ^''. Une de ces danseuses
semble présenter une offrande à la
divinité, telle autre évolue auprès
du feu sacré en faisant un geste
d'adoration '-'. Sur un bas-relief de
terre cuite d'époque tardive, deux
jeunes filles appartenant à la même
catégorie dansent vivement autour
delà statue d'.\théna qu'elles implo-
rent en élevant les mains [minehv.^
fig. oOOO^^-. Les fouilles de Delplies
ont apporté un document d'une va-
leur particulière pour l'étude de cette
danse; on a découvert un groupe
de trois danseuses -' (fig. GOGii coif-
fées d'une sorte de polos évasé à
la partie supérieure et déconi d'une
garniture de feuilles de roseau ou
de palmier; leur vêlement consiste
en un court chiltjn serré à la taille el
ne dépassant pas le genou. Le bras ^'^' """''le'ijji'pf,,.!'"^''^'"''''
gauche abaissé pour saisir les plis
flottants du chitonisque et le droit doucement arrondi
au-dessus de la tête, elles menaient leur danse légère au
sommet d'une belle hampe végétale, effleurant à peine
l'extrémité des feuilles d'acanthe '-'•. Bien que la vivacilé
des mouvements décrits plus haut ait été atténuée par
le sculpteur en une sorte de noble eurythmie, le costume
des jeunes filles ne permet pasde douter que nous n'ayons
sous les yeux des danseuses de /.aXaOtffxoç -^ Le fait
est d'autant plus intéressant, que si ces danseuses à
calathos ne remplissent pas, à proprement parler, la
fonction de caryatides architecturales, elles rentrent du
moins dans l'ordonnance de la colonne qu'elles sur-
Sl-Pétersbourg, 1866, pi. III. — 9 Noter Tanalogie de ce costume avec celu
des jeunes filles de S|jarte tel i|ue nous le montre la statue du Valican. (Cf. cunsus,
lig. 2233). — 10 Les danseuses de Trysa porlenl un cliitôn lout d'une venuedes
éjiaulcs aux genoux, marquant à peine la laiUo. Les cary.itidcs de Delplies ont
un cbilôn nna'ogue, mais serré piir une ceinlure. — " Ptepbani, C. rendu de
St-Pétershuury, 1805, p. 00; Emmanuel, Essai sur l'orcli. ijrccque, p. :iol. Il y
avait dans le culle de l'Arlémis d'Epbèse un collège des àx^i^ûTai dont le nom
vient peut ôlre de ce qu'ils exécutaient sur les pointes des danses sacn'es ana-
logues k celle du ,«>.o,«;«<o;. Cf. Insc. du Brilish .Uns. n" 4SI, ligne 374. II esl
encore question d'un àsaoSàir,; dans l'inscription n" 589 b du Brit. Muséum.
— 12 Ce détail est très accusé, par exemple, sur les bas-reliels de Berlin el sur
les figures de I llérùon de Trysa. — 13 V. krause. Op. cil. Il, pi. xxii, fig. 85.
— Il Voir un des bas-rcli. fs de Berlin cl Clarac, Mus. de ficulpl. pi. Cl.xviii.
— 15 Clarac, Op. cit. pi. ci.xni. — IG Cr. 0. Mullor, l). Dor. II. p. 341. — n Emma-
nuel, Essai, fig. .587. — 18 Clarac, Op. cit. pi. Cl.xvii. — 19 Homolle, Bull, de
corr. Iirll. 1897, p. 608; Milsson, Op. cit. p. 187. — 20 St'-pliani, C. rendu
de Sl-Pétersbourg, 1863, p. 21 st|. — 21 Clarac, Mus. de Scuipt. pi. ci.xvi.
— 22 Welcker, Antik. Denkm. Il, pi. vu, 12. - 23 Jliiller-Wies-ler, Oenkm.
d. ait. Kunst. 11. 20. — 2t Fouilles de Delphes, l. IV. pi. i.x el i.xi. Cf.
Bull, de corr. hell. 1897, p. 603 sq. M. Homolle indique comme aulcur possible
de ce groupe de danseuses Paeonios de .Mendée. Mais il reconnaît que le nom de
Lacaenue raltantes par lequel ou désignait une des œuvres les plus célèbres de Calli-
roaque leur conviendrait très bien. M. Lecbat \Ln scuipt. (/reique araul Phi'lias,
p. 4911), voit dans les caryatides de Delplies une réplique des Lucaenat saltuntes de
Callimaque. Cf. FurlwiiDgler, Meisleruerke, p. 202. — 'i'> Cf. Homolle, Loc. cit.
SAL
— 1038 —
SAL
montonl ; la posilinn tle li'iir l)ias Irvé poul cire rappro-
chée de ralliltide qui sera notée parfois comme carac-
lérislique des ligures monumenlalcs ', el l'on peut dire
qu'en apparence elles eontribuaienl à soutenir par leur
fçesle lex-voloqui les couronnait. 11 reste donc possible
qu'à l'origine, la sculpture se soit inspirée de la danse
des Caryatides qui était une des plus célèbres variétés
de la danse du xiXiOtdxc;. Kn se répandant et en s'ap-
pliquanl à toute sorte d'édifices, le motif populaire de la
Caryatide se serait transformé, et adapté de plus en plus
étroitement, par les détails du vêtement el de l'attitude,
aux grands ensembles architecturaux -. Aussi les Carya-
tides du type classique immobilisées et comme stylisées
dans leurs voiles ne peuvent-elles plus nous donner la
moindre idée des danses, même si elles en dérivent.
D'autres monuments, parmi lesquels le groupe des
danseuses à calalhos de Delphes figure en première place,
nous permettent heureusement de les retrouver.
'.i. La danse des Caryatides représente pour nous toute
une série de danses qui sortent déjà du domaine de
l'eumiélie telle que l'entendait Platon. Elle nous fait
passer naturellement aux danses d'un caractère orgias-
tique très nombreuses dans la Grèce antique ".
Ces danses tenaient une grande place dans les cultes
d'Artémis'. Celui d'.\rtémis Korythalia à Sparte, où la
déesse apparaît avec un caractère très net de déesse de
la fertilité, de la fécondité, et de divinité courotrophe,
est particulièrement intéressant à cet égard'. Artémis
xopyOaÀîa était honorée par les danses des xop'jOaXîCTpiai el
des xup'.TTot dont la vivacité allait souvent jusqu'à l'indé--
cence*. Une danse fort analogue est celle de la xaÀalÎ!;^
qui consistait surtout en des mouvements immodérés
des hanches, parfois suivis des grands écarts. Ces
danses étaient proi)ablement accompagnées de chants,
tels que les xa/.ajoj-o-., chantés en l'honneur d',\rtémis
Déréalis et qui accompagnaient sans doute, dans le culte
de cette déesse, l'exécution de la xaXaptç^ On doit rap-
procher de cette danse celle des po-A'kiyicxxî, exécutée
surtout en Laconie par des femmes ou par des hommes
portant des vêtements et des masques féminins'. Selon
Pollux, elle était dansée non seulement en l'hon-
neur d'Artémis, mais encore en l'honneur d'Apollon'".
Divers cultes d'.Vrtémis, nous ofl'rent encore des danses
d'un caractère orgiastique; ce sont par exemple, les
danses d'Elis, en l'honneurd'Artémis Kordaka", ou celles
qui prenaient place dans les cultes d'.\rtémis Limnatis '-
et d'Artémis Alpheiaia. .Nous retrouverions des danses
analogues en plusieurs points du monde grec ' '.
On a vu que les danses voilées intervenaient sans doute
dans le culte de Démêler; or si la plupart de ces danses
• Alli. VI, H{ ,1. — 2 .. I.a slaluairc ainsi incorporce h raicliilcc--.re isl
Iraitéc dune fa^on viainicnl nionumcnlalc : poinl de gesle violent i|iii conliastc
avec l'immobiliU d'une consiruction de marbre. - A. Uboisy. Hist. de l'Archi-
tecture, l. I, p. 3T7. — ' Ces danses inlerveiiaieul fr^quemmi'iil dans les rilcs
des diverses associations reli»ieusi-s. Cf. I'. Foucarl, Les Assac. relig. chez
les Grecs, p. 59, 07, elc. — ' Les danses Ir6s vives el libres des jeunes filles
lacétlénioniennes en l'honneur d'Arb'-mis étaient fort connues des anciens; cf.
Scliol. Eurip. //ec. 931: on a parfois voulu voir un souvenir de ces danses cliez
Virgile (Ceori/. 11, M7i: Virijinilius bucchnta lacaenis Taijgela. — 5 Artémis
Koryllialia est la déesse de la .ojuSi'af, ou »»}j«o)i!;. Ces noms, en Laconie et
dans le» colonies dorienncs d'it&lie, désignent la branche de Mai appelée lîfm.i.r.
dans les pays ioui.ns [FlllF.5lo^F.). Cf. Niisson, Uj,. cit. p. 18.1 si|. — 6 llesych.
«. r. .^fvi.'i.Vtj... et .jfiTMi'. Cf. Niisson, Op. cit. p. IS4. — 7 Alli. XIV,
«30 a. llesych. ». r. .«X.ei; et ...•A-.Si.u; : Pbolius. .«ù.S.S.jTb Si«S.:„ ,
*»7.'.;««~5 •«'• <u"«»i./ -.i !»7;« 7«r; Jlfil». — ' NiIssOD, 0/1. cit. p. 188.
— 9 IbU. p. 187. — 10 Poil. IV, )0i. — il Pays. 6, îî, I ; Niisson, Op. cit. p. 187.
étaient assez proches de lemmélie, quelques unes appar-
tenaient certainement à un tiioi/c beaucoup plus vif".
Nous savons, d'autre part, qu'aux fêtes de Thesmophories.
les femmes dansaient particulièrement l'oxy-otTu.! '^ elles
s'accroupissaient, les genoux à terre, et brusquement
rebondissaient avec vigueur. Les danses exécutées en
l'honneur de Déméter se distinguaient généralement
par leur rythme entraînant et passionné; celles des Cory-
bantes, ministres légendaires de la déesse '*, bien que
distinguées par les anciens des danses dionysiaques '■,
sont très analogues à ces dernières. Elles comportaient
un bruyant accompagnement de cymbales et de crotales,
et sur tous ces points les rites du culte de la Mère des
Dieux sont souvent rapprochés des rites du culte de
Dionysos'*. Il n'y avait d'ailleurs pas entre ces deux
espèces de danses que des ressemblances fortuites; les
unes et les autres nous ramènent toujours vers les peuples
•del'.^sie, qui semblent avoir eu une grande part dans leur
constitution et leur expansion".
Passons donc à l'étude des danses dionysiaques qui
sont pour nous le type le mieux connu des danses orgias-
tiques-". On se fera une idée assez exacte de ce genre
orchestique en considérant les danses du thiase bachique
exécutées par les Bacchantes, les Ménades. les Satyres et les
Silènes. Un grand nombre de monuments ligures et plu-
sieurs passages des Bacchantes d'Euripide-' nous les
représentent d'une façon très vivante. Les danses diony-
siaques sont caractérisées beaucoup plus parles positions
du corps el de la tête que par les pas eux-mêmes ; la cheve-
lure di-nouée et couronnée delierre, danseurs et danseuses
se penchent ou se cambrent en jetant violemment la tête
en arrière ou en avant'-'. Une peinture de vase nous en
donne une belle représentation d'ensemble. On y voit
plusieurs Bacchantes qui se livrent à des mouvements
très vifs ; trois d'entre elles se tiennent penchées, la
tête baissée et semblent suivre des yeux le mouvement
du pied qu'elles allongent en avant-' ilig. 606.3). Mais
les Bacchantes ne sont pas toujours ployées sous le
poids de l'ivresse et de l'extase ; plus fréquemment
encore, nous les voyons danser le corps cambré el la
tête renversée en arrière-' (fig. 6066); elles exécutent
alors un ensemble de mouvements que M. Emmanuel a
restitué ainsi : la danseuse s'avançait rapidement à
petits pas courus, ou sautés, sur la demi-pointe. .\u bout
de trois ou quatre pas, elle prenait, en pliant légèrement
sur la jambe droite, un élan plus vigoureux, et jetait sur
la jambe gauche, en retirant fortement la jambe droite,
pendant que le corps se cambrait violemment comme si
le pied et le dos allaient à la rencontre l'un de l'autre.
Celte cambrure très forte ue pouvait nalurellement être
— 12 Elle avait un lem, le sur les confins de la Laconie el rie la SIessénie et un aulie
encore à Patrai ; cf. laus. 7, io, 7; .XiUson, Op ctl. p. ilO sq. — u Niisson. Ofi
cit. p. 187. — Il Cf. p. 1036, note Iî. V. le groupe de Jlilo. llcuiey, Fig. de terre
cuite du Louvre, pi. xxxvii, u" i. — l- poil. IV, liio. pfuhl. be Aheniensum
jiompis stlcris, p. .'>7. — *i Luc. De sait. 8 ; Strab. X, c. *ti9, p. G59. — *' l.a
distinction est bien failc par le scoliaste de IWJnx de Sophocle. Cf. Krause,
0/1. cit. 11, p. 83i. — 18 Strab. ,V, c. 4<;9, p. 6i;o. StraLon 't'appuie du témoignage de
Pindarc et d Euripide. Cf. les fig. il9S, il97 el îOil. — '9Slrab. X, c. W9. p. 659;
EnripiH.Z/occ/i. v. *8i si; àv!i<ojeit. J'jSio»- ràS' ^o^.»; lous les barl arcs célèbrent
par des danses les mystères de Dionysos. — 20 Notons, d'ailleurs, que le caractère
orgiastique cl. par suite, les danses de la même nature ont fini par s'étendre
dans la Grèce méu.c au culte de plusieurs divinités. Cf. Strab. X, c. 468,
p. 058. — 2' Cf. Oaecli. v. 183, 188, i»0, 7i*, 913, etc. — 22 Emmanuel, Essai,
p. 101-103. — 2! Emmanuel, Op. cil. p. iu3 et lig 438-439. V. cnc. Hauser,
- Scu-att. Ileiiefs, pi. u, n" iî. Celle altitude cnractcristi.|ue se retrouve iloH.
d. Imt. Supplément, pi. xxiv-xxv. — 2', Slackelherg, Grûb. d. tiellen. pi. siiv.
SAL
103!) —
SAL
quinlermiltenle ; après les mouvements qu'on vient de
décrire, la jambe droite retombait, la cambrure s'elTacail
par le redressement progressif du torse ; la danseuse
recommençait alors une série de petits pas. bientôt inler-
avant ou un arrière', et il est curieux d'observer que la
danse des Bacchantes se métamorphose parfois en une
sorte de danse des voiles"*. Dans l'agitation de la
danse, les manches des danseuses, largement ouvertes,
Danse lie Mi'nades.
rompus par un nouveau jelé-cambré '. Il est possible que
dans certains cas les jetés-cambrés aient été alternés avec
des flexions du corps en avant-. Ces attitudes et ces pas,
chers aux Bacchantes et aux Ménades, se retrouvent
sur un grand nombre de reliefs' et de vases peints.
Scopas avait popularisé leur aspect par sa célèbre statue
qui représentait une Ménade en délire'. Bien avant
lui d'ailleurs, l'art s'était inspiré de ces danses comme
semblent les parer de grandes ailes " i Tig. 4766) ; ou bien
les Ménades déploient leur pardalide ou leur himation ''-.
Parfois enfin, les danses dionysiaques sont exécutées
par des danseuses presque complètement voilées, mais
dont la rapide allure écarte toute idée d'£u.u.£ÀEia ".
Quand les danseuses ne sont pas occupées à déployer
leurs voiles, elles portent souvent leurs attributs ordi-
naires, tliyrse", lympanon'', crotales'", ou torche et
le prouve la série de bas-reliefs publiés par M. ^^■i^ter^
Les principaux traits que nous avons déterminés se
compliquaient, d'ailleurs, s'enriciiissaient d'une inlinité
de détails : c'est ainsi que pendant la cambrure, les bras
de la danseuse sont croisés derrière son cou ^ ou
écartés sur les côtés', ou élevés au-dessus de la tète*.
Ailleurs, la danseuse accompagne son mouvement du
déploiement de son écliarpe tenue des deux mains en
' Emmanuel. Essni, p. I'.i7. L'analyse poilc sur les mnuvemenls de la cin-
•[uiime danseuse de la planclie de Slackelherg (Gmlj. d. HeVen. pi. xiivl,
— 2 Ces deux mouvements sont Lien marqués dans deux figures successives, cf.
Baumeisler, Dtnkm. p. (i48. — 3 Hauser, Xeiintt. Ueliefs. pi. ii, fig. i4 à 31. —
* Cf. G. Treu. Zur MaenaUe des Skupas. Mètan'ias pL'rrut, p. 317 s<|. pi. v.
— â Winler, Cet. ein Vorbild nenalt. fle/ie/V(50' Winckclin. Progr. Hall. 1S90,
p. 96-lii); cf. Pollieiv .Vo... Grecs. 1889-90. p. ii s.|. M. Wintcr considère les
bas-reliefs qu'il a publii^s comme des originaux j;recs du vc siècle. — ^ Slaekel-
lierg, I). Grab. d. Heilm. pi. xxiv, lig. 4. — ': Ibid. lig. 5. — » Uuinoiil-Cliaplaiu,
thyrse en même temps''. Avec des flexions en avant et
des cambrures, les danses dionysiaques comprennent
un grand nombre de pas tourbillonnants, elTeciués
sur les pointes ou les demi-pointes '*. Une peinture
de vase donne une juste idée de la vivacité de ces
pirouettes. Dressée sur les pointes, les bras levés au-
dessus de la tète, une Ménade tournoie au son du lym-
jiunon, tandis (ju'une de ses compagnes, à qui sans doute
Crvnm, dt ta Grèce propre, I, pi. xu. xui.
glcr-Rcicliliold, Griech. Vaseiim. pi. xx
pi. iT ; Heydemann, Ueb. e. Verliûl. Ta
pi. xxxu. — 12 Furlw.nngler Keichliold. I
Vasennml. pi. l.xx. — )t Grîech. l
9 Ibid. lig. I ;V. eue. pi. i.u ; Furlwnu-
— 10 a. rendu de St-I'i'tersb. 1869,
. p. G. — '1 Harlwig, MeUterschalen
iech. Vasenm. pi. Mix. — '3 Griech.
L pi. XXX. — '^ Griech. VaaenmaL
pi. ixsx; Mon. d. Inst. IV, pi. xvi. — 16 Griech. Vasenmal. pi. xiiv: Aton. d.
Innt. IV, pi. XVI. — 1' C. Ke/.rfu de Sl-Pétersb. 18GI, pi. v; J/n». Chiaramonli,
I. pi. xxxvi-xxxix. — '8 Slackelberg, 0. Grab. d. Uell. pi. xxiv, Bg. 5; Mon. d.
1„U. IV, 10.
SAL
— lOiO —
SAL
elle vieni de siicci-ik-r dans la (iaiise, lomhe épuisée
dans les bras d'une autre Méiiado '. Ajoulons que le
caractère religieux de ces danses est indi'iiiable : on
les voit souvent exéculées auprès d'un autel ou en
présence uiénie de Dionysos'. C'étaient avant tout des
danses de mystères, auxquelles se livraient les initiés
en délire, comme les Bacchantes d'Euripide nous per-
mettent de le supposer. Il est, d'ailleurs, possible que
les danses dionysiaques n'aient pas toujours été con-
sacrées à Dionysos. Une belle peinture céramique du
Louvre représente la danse que nous avons décrite exé-
cutée par les Nymphes en présence d'Aphrodite ^ el
c'est Aphrodite encore qu'on y voit présider sur une
base sculptée du Musée Chiaramonli '.
Les Satyres et les Silènes praliquoiil aussi la danse à
inflexions du corps en avant et à cambrure '-. Mais géné-
ralement, leur danse est plus simple et plus animale.
Accroupis à terre, ils sautent juste assez haut pour avoir
le temps, avant de retomber, d'allonger la jambe qui
était repliée sous eux et de replier la jambe allongée ".
Surtout, ils se livrent à des sauts et à des gambades
mêlés de postures el de gestes obscènes. On les voit dan-
ser entre eux ou en compagnie des Ménadcs . Sur toute
une catégorie de vases peints, qui sont en général de
fabrication corinlhienue ', Satyres et Silènes sont rem-
placés par des personnages burlesques (fig. 385!») qui exé-
cutent une danse fort animée à la(iuelle assiste parfois
Dionysos '. Velus d'une tunique serrée au corps et
d'une sorte de caleçon très court, ils se dépensent en
force gambades, el font des contorsions si ellrénées que
leurs déhanchements ont souvent l'air d'être accusés
par des posticlies. Les mouvements accentués el très
anguleux de leurs bras el de leurs mains ne sont pas
moins caractéristiques. On pourrait considérer ces
personnages comme de simples mortels s'adonnant à
des réjouissances bachiques, ou comme des adorants
humains de Dionysos '". Mais M. Dummier, le premier, a
soulevé la question de savoir si ces danseurs n'étaient pas
de véritables démons dionysiaques", el celle opinion
tend à prédominer aujourd'hui'-. Leur danse aurait
ainsi une valeur el une signilication religieuses particu-
lières. Souvent, d'ailleurs, sur les vases peints, à côté
des danses exécutées par ces démons dionysiaques,
celles de leurs imitateurs humains peuvent tigurer
sans rien qui les en distingue ; les décorateurs eux-
1 nuinoiit-Cliaplaiii, Ceram. de la Grèce propre, I, pi. xu-xiii. Noire (Ig. 4772.
Mdme délail, Wclckcr, Ant. Denkm. H, pi. v, U. — 2 Lciiorniaiit et de VVillc,
Elite Céramoij. IV. 01 ; l'anork.!, Mus. Ulacas, XV; .hiis. liorbonieo, Xh,
SI; Vorlegetittider, l»9l, VII. (Jueli|iierais ik-imés est adjoiril à Dionysos;
cf. Gerhard, Ausei-l. Vas. 285, 286. — 3 l'ollier. Mon. Grecs, Il (1889-90),
p. 23, pi. IX. X. — * Mus. Chiaramonli, I, pi. xxxvi-xxxix. — n Voir par ex.
le beau caniOe du caliinel des .Méd. liibcloii. Calai, pi. x. n. Oi; Emmanuel,
Essai, llg. ÔT'J; cf. Ilauser, Neu-alt. Itel. pi. i, (ig. 19. — c Euiiiiaiiuel, Essai,
p. 193 ; ï. DOS (ig. 332ll.J3il ; cf. Mus. Horb. VII, 30. — 7 Itoulcz, Vases de
Leyde, pt. v, 2. — » DumODt-Ctiaplaiii, Céruui. de la Grèce propre, I, p. 240.
n. I ; on les trouve aussi dans la ccraiiiiiiuc altupie, au temps où celle-ci subit
riuflucnce de Corinllie, cf. Kôrle, Arcli. aiud. :ur ait. Komôdic { ahrb. d.
Iiist. VIII (1891), p. 91), [Hrsriiio, p. 22IJ. l'our les principales peintures de vase
rcprésenlaiil ces danseurs Lurlusr|U<>s. cf. Aunnli d. Inst. 18s.. lav. L) ; (Korlc
art. cit. p. 91, lig. s), l'ollier, Vasi-s antii/. du l.ourre. p. .W, E. 632; Benndorf,
Oriech. u. Sicil. Vas. pi. vu ; Dumont-Cliaplain, Op. cit. I, p. 239, Ci'^. 50; 'Eo. àiy_.
I. pi. vil : ya/ir6. rf. Jiisl. XIII (1898), Anz. p. 131, n» II; Arch. Zeit.lflM,
pi. XII. 1, et un, 4.-9 Kôrle (nr(. cit. p. 92) lienl pour vraisemblable ipie sur
le plal publié par Beninlorr, c'esl Dionysos lui-inôuie qui est r,-prèsflité au-
dessous des .laiiseurs. — 10 hui-lwânglcr. Annali, 1877, p. 4i0; Uliodcn ap. liaii-
■neislcr. JJenkm. 111, p. H«>2 ; cf. l.ocsclicle, 4(/i. .Miich. XIX 11S94), p. .is.
— Il Annali, 1885. p. 129. — lî Sur le vase du Louvre (l'olticr. las. anti,/.
p. Ï5, E lil2; (iT. Annali, loèi, lav. D) les danseurs soni disig.iés par .les
mêmes ne savaient sans doute pas toujours exac-
tement quelle élail la nature des personnages qu'ils
représentaienl '•". Ouel([ues peintures paraissent bien
nous montrer de simples kômastai s'adonnant à une
danse tout à fait identique à la précédente" et qui est
alors une danse de réjouissance bachique beaucoup plu-
tt'ît qu'une danse religieuse. Nous aurons occasion d'y
revenir à propos des danses du kômos. Mais ajoutons,
dés maintenant, que ces danses bachiques, au sens le plus
courant du mot, intervenaient aussi dans les solennités
religieuses; elles accompagnaient la procession des
Lénéennes '^ et les phallophories des Dionysies des
champs et du Pirée"' [iho.xysia, p. :233]. Des danses
diverses, parmi lesquelles on doit noter les danses men-
tionnées plus haut qui étaient exéculées par des hommes
déguisés en Nymphes Bacchantes et Heures, figuraient
aux Antlieslèries '^
Mentionnons enlin, parmi les danses dionysiaques, une
danse d'un aspect assez particulier, justement nommée
dan.^c (/es miiins jointes''', que. plusieurs monuments
nous montrent exécutée par des personnages revêtus
d'habits asiatiques. Leurs pas et leurs gestes oll'rent
une grande diversité. Tanlôl le danseur ou la dan-
seuse court sur les demi-pointes", tanlôl il exécute des
dégagés très nets'-"; ou bien il dégage el plie, saute el
retombe en jetant '-'. 11 arrive aussi qu'un des genoux du
danseur touche la terre comme dans les danses accrou-
pies signalées précédemmenl-- ; son corps est souvent
courbé en arc de cercle à droite ou à gauche ^^ ; par-
fois, au contraire, dressé sur les pointes, il tournoie
rapidement [B.\cciirs, lig. Glii] ^'. Mais en général ces
danseurs se rapprochent par un Irait commun : tous
élèvent leurs bras tendus et leurs mains unies au des-
sus de la tête. Dans quelques cas seulement, ils se
bornent à porter leurs mains jointes sur le côté du
visage ". Un exemple caractéristique de cette danse
esl offert par une peinture de vase représentant deux
Amazones qui évoluent autour du trône où est assise leur
reine '^^ (lig. 0067). « Elles tournent de chaque côté du
haut siège, en face l'une de l'autre, et en sens inverse,
si l'on s'en rapporte à l'aspect du coup de vent qui gonlle
leur tunique courte... La danseuse A n'exécute qu'un
tournoiement par piétinement sur la demi-poinle; la
danseuse B semble se livrer, tout en tournant, à des
glissés simultanés des deux pieds. De plus, elle accom-
noins. L'un d'eux appelé "O.xS^ivo; qui esl un nom de Dionysos à Ilalicainasse,
est évideninienl ici un démon bacliique. Cf. Korle, art. cit. {Jahrb. d. Inst. I>i93,
p. 91); M. Loesclirki'. apporte un nou\el argument en faveur de crlle Uiôse en pu-
bliant un lasc sur lequel des danseurs analogues foui partie du cortège d'ilépliaislos
relournanl dans fOlympc (cf. Alh. Mitth. XIX (l89Vj, p. .H18 el pi. tiii); V. enc.
Arch. Anz. de 189s, p. 131. n" 1 1 ; cratère corinthien décoré de six j;roupes de
danseurs grotesques analogues ; le nom d'un des danseurs esl le même t|uc
celui que porle un Silène sur une amphore de Chalcis et le nom d'une des dan-
seuses esl celui qui désigne une Bacctianle sur une coupe de Naples. — 13 Kortc,
art. cit. p. 9i. — 1» .1/on. d. Inst. X, 32 ; Itoiilei, Vases de Leijdc, pi. v. n" 2 ;
eurlwiingler. Coll. Sabouroff, pi. m.hu ; IloUveida, Jnhrb. d. mst. V (1890,
fig. i la p. 2.Ï1, etc. — '•' l'fuhl, D.i Mil. pompis sacris, p. «7. — 16 Ffulil. Op. cil.
p. 83, 6V. Ou lrou\e une parodie de ces cortèges dans les Acliainicns, v. 241 si|.
— 17 Cf. H. Foiicart, tii/(e de ûiomjsos en Atliqiie. p, 119 el 130. Aux fêles
de Dionysos, on exéculail aussi parfois des danses en l'honneur des autres
dieux. V. A. Mouiinsen. Feste d. Stadt. Allien, p. 437 (Dionysies Urbaines).
Xenoph. Uipp. 3, 2. — m Emmanuel, Essai, p. 210. — 19 Emmanuel,
Esnai, lig. 403. — iO C. rend,i de S.-Péterst>. 1860, pi. m. — 21 V. Emmanuel,
Essai, p. 212, 213 cl les (igures. — 22 Antiq. du Uuspli. Cimmériea, pi. i.xiv el
i.xx-, cf. Wiiiler, ,ln(iyt. lerrakotlm. Typen, III2, p. 157, n» .ï. — 23 Inghirami,
Ins. Etruscli. Il, 18i; Kekulé, Terrakolten «. Sicil. 58; Hcuzcy. Fig.antiq. du
Mus. du f.oiirre, pi. xxxvn, 2. — 21 Mon. d. Inst. I, 50. — 25 PoUier-Kcinacli.
Avcr. de Mijrina, XXVIII. 3. — 26 Mon. d. M^l. l\\ 43.
SÂL
— 1041 —
SÂL
Fig. 6067. — La daiisi
i joiiilos.
pagne ses mouvements de jamlies d'oscillations lylhini-
ques du corps et de la tête, alternativement de droite à
j<auche, de
gauche à
droite '. »
Celle forme
de danse était
d'origine
étrangère ',
mais on ne
peut douter
de son carac-
tère diony-
siaque. Sur
un beau vase
du IV'' siècle
où se déroule
le cortège de
Dionysos,
[baccuus,
fig.GTGl nous
voyons à côté des Ménades qui frappent leur tympanon,
des personnages qui exécutent auprès du dieu la danse
des mains jointes, telle qu'on vient do la décrire'.
VI. Danses dos fêtes et cérémonies publiques. — Chez
les Grecs l'orcheslique n'intervenait pas seulement dans
lescérémoniesrituelles et à l'occasion desfètes des dieux,
elle trouvait encore sa place dans les fêtes publiques,
qui, tout en ayant généralement une origine religieuse
ne se rattachaient plus directement au culte d'où elles
étaientnées. Nous étudierons spécialemenlles f/«/i.«e.v du
chœur cijclique et les danses du théâtre.
1. Ladanse du cluear eijclique. — La danse du cho'ur
cyclique qui exécutait le dithyrambe [cyclicls chorus;
DiTUYRAMBUs] est assez mal connue. Nous savons que le
chœur cyclique se mouvait en cercle et formait une
ronde; quanta la danse dithyrambique, Poliux rapporte
qu'elle était appelée Tupf^-jtiria', nom qui parait indiquer
des mouvements et une mimique d'un caractère assez vif.
Quelques documents permettent de croire que la danse
du dithyrambe était analogue à celle du drame satyrique:
TûpSa? est parfois le nom d'un satyre ^ ; Athénée fait
mention d'une mélodie, la uixiwoTÛpêyi, qui accompagnait
une danse portant sans doute le même nom ". Le mot
de (j'.jtivvûTijpëTi est particulièrement intéressant, puisqu'il
unit le terme qui désigne la danse satyrique (dixiwi;) et
celui de TÛoêv), très prociie de T'jpSïiTia ''. Bien que le
chueur cyclique ait été l'objet de nombreuses transfor-
mations, on peut dire qu'il y avait une liaison cerlaine
entre la danse propre au dithyrambe et celle du drame
satyrique à laquelle nous allons arriver. Remarquons
toutefois, avant d'entreprendre l'examen des danses de
théâtre, qu'en dehors des divers hymnes religieux et du
< Emmanuel, Essni, p. 2I4-21Ô. — 2 V. Hc-uzey, rig. antii/. île terre cuite du
Louvre, p. 13 et 22 ; PolUer-Keinacli. /Vécrop. de Myr'ma.y. 394; Emmanuel, Essai,
p. 2lf.-SI8, Ole. — 3 jl/o//, d. Insl. I, 30 ; el FurtwSngler-Rcichhold, Griech. Vasenm.
pi. C.XXVJll. — V Poil. IV, toi, tjjSo.»;». S't.iAou» ti> ô;/>-.|»« S.Oufa^Sixiv ; llesycli.
« II. tu-,8i.,;a. — 5 i/o», d. Inst. Il, 38 — c Tryph. ap. Alh. XIV, 018 c. —'' \\y
avait, près d'Argos, une fôtc de Dionysos nommée Tû&Sïi (Paus. 2, 24, 0). Lks dan-
seurs i|ui figuraient à celle ttle liaient vraiseniblablcnienl des .Satyres (cf. Nils-
son, Op. cit. p. 303). — 8 Selon Athéui-c (XIV, 031 d) les plus belles œuvres
lyrii|ues étaient celles i|ue la danse accompagnait. — 9 A. Croiset, La poésie
de findare, p. 71 . — 1» Cf. A. Croisel, Op. cil. p. 108-1 1 1. — " V. en général
Hermann-Muller, (Iriech. lialmenallerliimer p. 220 sq. ; Iwaa von Miillcr,
Handbuch. Dus Bûlinvnweaen dtr Griech. und Uômer. p. 293. — 12 La tragédie
Vin.
dithyrambe, la plupart des formes de la poésie lyrique
chorale qui intervenait si fréquemment dans les fêles et
réjouissances des Grecs étaient également accompagnées
de danses*. C'est ainsi qu'à l'exéculion des odes triom-
phales d'un Pindare ou d'un Bacchylide, le chant était
soutenu de figures orchestiques ou de mouvements
rythmés. Par exemple, le début de la première Pythique
nous montre la cithare donnant le signal du chant et
de la danse, et les danseurs, qui semblent être ici les
mêmes que les chanteurs, attentifs à ce signal et tout
prêts à lui obéir''. L'ode triomphale faisait l'ornement
d'une fête publique ou d'une fête privée amenées par
une victoire agonistique'". Mais les danses qui accom-
pagnaient le chant, même exécutées dans une fête par-
ticulière, ne sauraient être considérées comme rele-
vant de la vie privée. Elles étaient exceptionnelles et
d'une somptuosité rare ; au surplus, la cité entière
s'intéressait au vainqueur et aux réjouissances qui en
célébraient la gloire.
2. Les danses du théâtre " . — Au théâtre, les chants du
clia-ur sont étroitement unis à la danse '-. L'endroit où le
chœur accomplit ses évolutions est, à proprement parler,
le lieu où l'on danse opy/idTpa ". Les anciens poètes tra-
giques se sont beaucoup occupés de l'orchestique ; selon
Athénée, quelques-uns d'entre eux étaient appelés dan-
seurs, oo/'C|'JTaî, non seulement parce qu'ils faisaient dan-
ser leurs pièces, mais encore parce qu'ils enseignaient la
danse à ceux qui le désiraient'''. Rappelons aussi que
Phrynichos se vantait d'avoir introduit dans les cha'urs
un nombre considérable de (i//,[jiaT(x '^ ; Eschyle aussi
en inventa plusieurs qu'il indiquait à ses choreutes, el
il déterminait lui-même l'ordonnance el les figures de
ses chœurs ""'.
Les théoriciens grecs ont divisé les danses du théâtre
en trois grands genres, d'après les trois genres drama-
tiques : ils distinguent Vemmeleia propre à la tragédie,
le kordax propre à la comédie et la sikinnis, parti-
culière au drame satyrique ''. Ils indiquent le caractère
général de ces trois danses dramatiques par compa-
raison avec celles qui sont du domaine de la poésie
lyrique. Uemmeleia est rapprochée de la danse des
gymnopédies, le hordax de l'hyporchème, el la siAin-
nis de la pyrrhique ".
Les danses de la tragédie. — Laissant de côté toutes
les questions générales relatives à la disposition des
chœurs [cuoRUs], nous ne nous attacherons qu'à déter-
miner le domaine et la nature de l'orcheslique théâtrale.
En ce qui concerne la tragédie, c'était quelquefois par
une marche orchestique, exécutée sur le rythme des
anapestes avec accompagnement de flûte, que les cho-
reutes faisaient leur entrée dans l'orchestra '^ Ce défilé,
assez vif, exécuté en bon ordre ^'', le chœur qui était
arrivé à sa place commençait à chanter et à danser. Les
découle du dilhyrambe (cf. M. Croiset, Ùe la li'tralo{/ie dans l'hist. de la trai/.
ijrecq. n. Et. grecij. 1S88) el l'on a vu i|ue la danse était liée à ce genre lyricpic.
— 13 MUIlcr, Griech. lUihnenalterl humer, p. 221. — " Atli. I, 22 a. — I» PluL Conv.
Probl. VIII, 9, 3. — I» Atli. I, 21 e, /. — n Luc. Lie sait. 22 et 20. Aup. ÏC, Lucien
dit que la comédie admel aussi la sikinnis. - '« Alb. XIV, 030 d, e: cf. Flach,
Op. cit. p. l'J ; Boeekh, Encycl. iler Philoloy. W'issensch., p. 4i)8. — '9 Macli,
Op. cit. p. 20. Nous possédons treize tragédies dans Icsipicllcs le cliœur faisait
son entrée au son de la llùle sur le ryllime des anapestes (v. Masr(ueray, Les formes
lyriques de la Iraij. grecq. p. *2). — 20 Notons que dans les Sept contre Thibes, les
anapestes sont remplacés par des dochmia.|ues. Les jeunes lillesdu chœur, remplies
d'effroi, faisaient séparément leur entrée en couranl dans l'orclieslra (cf. Masqucray,
Op. cit. p. 27).
i:n
SAL
1042 —
SAL
ilaiiSfS poiivaienl, d'ailleurs, s'iulcrralcr dans le didili;
même, comprenant alors qucdques arrêts. Tel semblebien
être le cas pour la parodos de VAntigone de Sophocle,
où les anapestes du coryphée sont placés entre les
strophes des choreules '. Le chœur délilail pendant
les anapestes, et les strophes chantées par les choreules
étaient, comme le texte l'indique, accompagnées par la
danse exécutée sur placée On avait donc quatre défilés
partiels au lieu de l'unique, et qui étaient séparés les uns
des autres par des danses. Ajoutons que dans les paro-
doi sans systèmes anapestiques, le chœur se rendait en
silence à sa place, sans aucun accompagnement de chant
ou de llùte à sa marche orchestique; dans quelques
pièces, enfin, il n'y avait de défilé d'aucune sorte, le
chœur étant censé se trouver dans l'orchestra, dès le
début de l'action ^ Quant aux chants de l'exodos, qui
relevaient du domaine de la parnkatalofjî-, ils ne parais-
sent jamais avoir été accompagnés de danses, au moins
dans la tragédie*.
Les danses les plus importantes du chœur étaient celles
qui figuraient dans les stasima^. C'est là surtout qu'on
trouvait la danse tragique proprement dite, Vemmélie
(ÉjjLjjLsXsia)'. Les stasima sont, en général, remarquables
par leur caractère serein et calme \ et ce caractère se
reflète sur la danse. Toute pénétrée des sentiments
sérieux et dignes qui convenaient au rôle moral et mora-
lisateur du chœur *, elle se distinguait avant tout par la
noblesse et la gravité '. Très contenue dans ses mou-
vements, c'était plutôt une suite de pas et de gestes
rythmés que ce qu'on appelle une danse'"; elle ne
comportait que des évolutions lentes et symétriques sans
rien de brusque ni de saccadé". L'emmélie tragique
devait donc être fort semblable à l'emmélie religieuse, et
c'est aux représentations de cette dernière que nous
devons demander une idée de la danse de la tragédie '-.
Tout en restant fidèle à son caractère général, l'emmélie
olTrait de nombreuses variétés ou figures '^ Parmi les
<jyr,u.aTa qu'inventaient sans cesse poètes ou chorodidas-
cales, plusieurs, naturellement, étaient du domaine de
l'emmélie. Essentiellement mimétique, comme la plu-
part des danses grecques, sa diversité devait répondre
à la variété des sentiments et des idées qu'il lui fallait
exprimer. Telestès, le chorodidascale d'Eschyle, ima-
gina des (r/75[i.aTa qui, dit-on, montraient les paroles ".
Dans les Sept contre T/ièbes, ils rendaient visibles par
la danse les spectacles que décrivait le poète '=". Il
1 .Mas.|ucray, p. HO. — 2 cf r. Bi sr|. ik la cleiniorc aiilislrophe. — 3 Dans
VOfesiie, par exemple, la parodos se présente suceessiM-inent sous ces trois
aspects. — * Mûllcr, Oriich. Bûlmenall. p. iii. Cf. Mas(|ueiay, Op. cil. p. 9.
— 5 Oo sait f|iie Texpression de sTacriVov u'implique nullement, comme on l'a
cru parrois, que le chœur deiiieurail immobile. Les stasima sont les chants accom-
pagnés de danse i|ue le chœur enécutait une fois arrivé ù sa place. Le texte de
certains stasima fait, d'ailleurs, allusion à ces danses ; cf. Mûllcr. Op. cil. p. 2ïl.
— « Alh. XIV, ti.li) e ; Luc. Ile sait, ii et îf, ; Poil. IV, 99. — 1 Mas-
qucray, i,p. cil. p. 11. — » llor. Art. poet. v. 193. — 9 Alhe. XIV, 030 e,
caractérise cette danse |.ar to J«pi ««; li cir'-"', XIV, 631 d. f, S'iiiiiau» aitouSoi'a.
— 10 Cf. Buchholtz, Oie lanzkuiist des Euripides, p. 9i. — H A.Croiset, Litl.yrecq.
III, p. 79. Celle lenteur et celle gravité fout que les anciens considèrent à peine
l'emmélie comme une danse ; ils opposent parfois la danse des aTâaiiia à l'iiypor-
cliëme en disant rjuc celui-ci est accompagné de danse, c'est-ii-dire de mouvements
orclie5lii|ues proprement dits; cf. Alli. X1V,C3I c. Sch. Sopli. Trach. 216; Prokl.
Cliresl. p. 3io 6, 33 (Bekkcr). Le chœur évoluait de gauche à droite pendant la
strophe, de droite à gauche pendant l'antistraphe, cl revenait à son point de départ
pour chanter l'épode. Cf. .'^chol. Eurip. Hecnb.W.— 12 S). Croiset (/oc. ci(.) rappelle
précisément, à propos de I emroélie, le bas-relief où une nymphe danse devant le dieu
l'an. ( Voyai/e arch. de Le Bas, Mon. fii/urés, a' 59, éd. Keinacli). — '^ Krause, Op.
cit. Il, p. »i8;cf. Kirchhoir, /Jie orclieslische Eurythmie der Hellenen, l't part-
p. 5 si|. — UAlh.l, i\ f. — 15 Atli. l,ïi a. — 1« Masquetay, Op. cil. p. 13; Flacli,
est possible que celte tlanse du chœur des Sept ait été
assez dilTérente de l'emmélie ordinaire ; il n'en est
pas moins vrai que l'emmélie pouvait offrir l'expres-
sion mesurée de tous les sentiments de l'âme, y com-
pris les plus violents.
11 n'y avait, d'ailleurs, pas uniquement dans la tragédie
des chants lyriques pendant lesquels le chœur dansait
l'emmélie. On y trouve encore le.péan et ïhi/porc/ièine"',
et l'emprunt de ces formes au lyrisme est d'autant plus
intéressant pour nous que, dans l'hyporchème au moins,
l'élément orchestique, secondaire dans l'emmélie, passe
nettement au premier plan ''. L'hyporchème de la tra-
gédie n'était sans doute pas exécuté d'autre faç'on que
l'hyporchème lyrique '^ Si parfois le chœur entier chan-
tait, comme dans les stasima, tout en dansant, le plus
souvent, semble-t-il, il se divisait en deux parties dont
l'une chantait, tandis que l'autre dansait'". Mais dans les
deux cas, par son animation et sa vivacité, la danse
était très dilTérente de l'emmélie -".
On sait, que dans les commoi, le chœur tragique
entrait en relation directe avec l'acteur. Le commos était
proprement un thrène, c'est-à-dire un chant de deuil;
mais peu à peu son caractère se modifia et l'on finit par
en faire usage chaque fois qu'une émotion violente, de
quelque nature qu'elle fût, s'emparait des acteurs et des
choreutes-'. Comme les chants des stasima, ces chants
alternés des acteurs et des choreules paraissent bien
avoir été liés à des mouvements orchestiques^', mais
il n'est guère possible de préciser la nature de ces
derniers".
Nous devons enfin tenir compte des danses des acteurs
eux-mêmes. Chez Eschyle et chez Sophocle, l'acteur fai-
sait ses entrées et ses sorties par une marche orches-
tique, souvent accompagnée des anapestes du chœur-'.
Mais il y a plus, et nous trouvons chez Euripide de véri-
tables danses exécutées par les acteurs ^^ Lorsque Jocaste,
dans les Phéniciennes, revoitson fils Polynice, elle danse
sous l'action de lajoie'-''. Electre danse aussi dans 0/r.s?e''^",
et le rôle d'Agave des Bacc/ianles est, par excellence, un
rôle dansé-*. .\gitée du délire orgiastique. Agave exécutait
la danse des Bacchantes, telle que nous l'avons décrite.
On a pu voir, avec quelque raison, dans ces danses-
solos des acteurs d'Euripide, le germe de la pantomime
du théâtre romain-'.
Telles quelles, toutes ces danses, exécutées par le chœur
ou par les acteurs, ne contribuaient pas médiocrement à
Op. cit. p. a. Selon M. Masqueray on a un exemple de peau dans le cliantdu chœur placé
après le premier épisode des Trachinienucs (v. 205-i-24). D'autres y voient un exemple
d'hyporclième (Flac.li). Les hyporchèmes sont fréquents surtout chez Sopliocle. Placés
avant la catastrophe qu'ils précèdent souvent de quelques instants à peine, ce sont
des chants et des danses joyeuses que le chœur exécute sans pressentir le malheur
imminent. L'exemple le plus typique est celui de l'.ljai (v. r.93-718). Les matelots de
Salamine, trompés par les paroles d'Ajax, croient que sa colère est VTaiment calmée,
et V. 693), ils invoquent, en dansant. Pan et Apollon. V. encore un hyporchème dans
i'Anlii/one de Sophocle (v. 113 sq ) cl pout-èlrc dans Œdipe-Roi (v. 1086 sq.) et
Philoctète (391 sq. .507 sq.), etc. — H Mïïller, Grieeh Bûhnenalt.p. 2S3; Croisel,
LUI. i/recq. Il, p. iTi. — '* Sur l'hyporchème, v. Luc. De Sait. 30. — 19 Flach,
Op. cit. p. -I, ajoute que parfois le coryphée chantait seul, tandis que le chœur
dansait. — 20 Le chant et la danse de l'iiyporchèmc sont essenliellement joyeux
(cf. Sch. Ajax. v. 693). Leur animation et leur vivacité expliquent le lien établi par
les anciens enlre l'hyporchème et le cordax ou encore la danse des satyres. Alh. XIV,
f.3û e ; Cramer, Aneed. Paris. I. p. 20. — 21 Masqneray, Op. cit. p. 17. — 22 Mûllcr,
Griecli. Bûhnenalt.p. iij. — 23 Le chœur de l'ancienne tragédie se livrait donc à de
nombreux mouvementa et pratiquait une mimique assez active. Mais, avec le temps,
l'importance de la danse du chœur diminua beaucoup; cf. Atli. .XIV, 628 e. — 2V Flach,
Op. cit. p. H. — '-* Flach, lijid. Les danses s'étaient étendues aux acteurs comme le
chant lui-même. V. Masqueray. Op. cit. p. 18-20. — 20 Phocn. 316. — 2i Or. 982.
— ^-» Flach, Op. cit. p. ii, v. p ex. Bacch. 1166 sq. — 29 Flach, Op. cit. p. 22.
SâL
1043
SÂL
la beauté et à la vogue des représentations tragiques;
grâce à leur puissance d'expression, elles soulignaient
le sens, elles renforçaient la voix ; par l'exactitude et la
belle eurythmie des mouvements, elles réjouissaient les
yeux des spectateurs et constituaient à la tragédie un
décor vivant et animé.
Les danses de la comédie. — Les danses tenaient,
dans la comédie, une place au moins aussi importante
que dans la tragédie '. Comme dans la tragédie, elles
accompagnaient l'entrée des choreules, elles étaient liées
aux divers chants du chœur, et il n'est pas rare de les
voirexécutées par un acteur. Un élément orchestiqueassez
important figure dans une partie spéciale à la comédie,
dans la parabase- \ ajoutons qu'au point de vue orches-
lique, Ve.rodds de la comédie n'a plus du tout le même
caractère que celui de la tragédie. Presque toujours,
Vexodos d'une comédie grecque est un xw[jt&ç'; on a
remarqué avec raison chez Aristophane une tendance à
faire de l'exodos un spectacle à part, imprévu et
amusant. Aussi les danses y jouent-elles parfois un grand
nMe. A la dernière scène des Guêpes, les trois lils
de Karkinos exécutent des danses échevelées dans l'or-
chestra; à la lin de Lijsislrala, des danses laconiennes
sont exécutées par des chœurs de jeunes gens ; V Assem-
blée des Femmes se termine également par des réjouis-
sances orchestiques. On a même très justement indiqué
que les dernières comédies d'Aristophane semblent
témoigner de la faveur, toujours plus grande, où était
tenue la danse. L'Assemb/ée des Femmes et le l'iulus lui
font une bien plus grande part que les pièces précédentes ;
dans ces deux comédies, en efTet, à l'endroit où l'on
s'attendrait à trouver la parabase ou au moins un chant
du cho'ur, les manuscrits portent simplement la mention
yaooù. C'est ce qu'on retrouve dans tout le reste des deux
pièces aux passages où un /osijtov serait de mise. Ces
/optxi absents n'ont probablement jamais été écrits;
on les remplaçait par des intermèdes musicaux et or-
chestiques mieux adaptés au goût du jour. Il y eut
ainsi des ballets sans aucun accompagnement de chant,
et l'on peut interpréter le mot yoç.où par « ici le chœur
danse * ». De la sorte, et sans compter les danses de
l'exodos, il y aurait trois intermèdes orchestiques dans
la deuxième partie de VAssemblée, et sept intermèdes
dans le Plutus °.
La danse comique, par excellence, était le kordax
qu'Aristoxène rapprochait de l'hyporchème lyrique.
C'était une danse très animée et lascive, comportant
surtout des mouvements de hanches immodérés ".
Théophraste considère comme un signe de véritable
démence de danser le cordax h moins que l'on ne soit
' Dans la conif<die, Icnlrce des choreules ne se fait fénéraicmeni, plus jiar un
dénié orclieslù|uc. On trouve une grande variété de ryllime et d'allure. I.e nièlrc
le plus fréffucnitueul entployé est le trochée, car le plus souvent le chœur arrive
en courant ou eu dansant fort vivement : cf. Mazon, Essni sur la composition
des comédies H'Ariitophime, p. 17i. — 2 Mûller, Oriech. Bûhnenalt. p. 223;
Flacli, Op. cil. p. i3. — 3 Maion, Op. cit. p. 178. — V Mazon, Op. cit. p. 155 sq.
— 5 Mazon, Op. cit. p. ICO et 1*37. On trouve aussi riiyporchèmc dans la comé-
die, cf. Miiller, Op. cit. p. ii't. — « Alh. XIV, ti31 d; llesycli. s. >■. .JpS.; ct.opSo-
«iîouaa; cf. Arisloph. Nub. 5+0 el scli.; l'ax 3i8 ; \esp. 1487. — 7 Tliooph.
Cliar. VI, 1. — 8 Oem. Ohjnth. Il, 18. — 'i Xeu. Xnab. VI, 1, 10: Poil. IV, 100.
— in Poil. IV, lOi. llesycli. ». e. ixTiaxit,;.»;. - " Poil. IV. lOS; Arisl. Lijs. lîi.
— 12 \csp. 1487 si|. ; cf. Mazon, Op. cit. p. 77-70. bans ce commcnlaire orcli''s-
tique, nous suivons M. Mazon i|iii a Lien mis en lumière l'inlention qu'avait Aristo-
phane de parodier les exagérations orchestiques alors en vogue. Sur la personne de
Karkinos et sur ses lils, M. Mazon renvoie à Tarlicle de M. Mcole, dans les Mélnn-
ijes Graux, p. 163 sq. Il es( encore question des danses du ces personnages, chez
ivre ' ; Démosthène l'associe pareillement à l'ivresse
et voit dans l'exécution de cette danse la marque
d'une vie déréglée **. Le cordax était accompagné, dans
la comédie, de pirouettes, de gambades et de sauts
empruntés aux danses populaires telles que Voklasma^ ,
Vekluktisma^" et la bibasis". Rien ne saurait nous
donner une plus juste idée de la folle vivacité de ces
danses que le tableau des exploits orchestiques de Philo-
cléon par où se lerininenllcs Ouépes'^ : Pliilocléon com-
mence par exécuter le kordax ; il courbe violemment ses
flancs, ses vertèbres résonnent, ses narines mugissent;
passant ensuite à l'eklaktisma, il lance sa jambe vers le
ciel par une véritable ruade; puis il risque un grand
écart; il s'accroupit et rebondit par le mouvement
propre à l'oklasma; il tourne vivement sur lui-même "
et, fier de sa valeur, provoque ses rivaux à la lutte. Les
trois fils de Karkinos paraissent ; ils bondissent, ils
décrivent de rapides ronds de jambe, qui se terminent
par une ruade vers le ciel. Tous les danseurs se frap-
pent le ventre, lancent encore la jambe en l'air, et tour-
nent comme des toupies'*. Ils sortent enfin de l'or-
chestra, en continuant leurs pirouettes et entraînant
après eux tout le chœur '\
Si nous cherchons une représentation antique des
danses de la comédie et particulièrement du kordax, rien
ne nous en fournira une meilleure que les peintures de
vase à scènes bachiques'". Les danses du xwfioç, exécu-
tées par des démons ou par des hommes, ressemblent
beaucoup au kordax et présentent le même déiianche-
ment caractéristique'''. On y trouve aussi les écarts des
jambes '* et les folles gambades ". Dans la comédie le
caractère grotesque de ces mouvements était encore accen-
tué par l'accoutrement des
acteurs et des choreutes. Cet
alTublement se retrouve en
partie sur les peintures de
vase qui représentent des
scènes de phlyaques [pulva-
KEs], et certains personnages
dansants qui y figurent nous
offrent une image tout à fait
expressive des danseurs de la
comédie-^» (fig. 60G8). Ajou-
tons que les danseurs ne se
présentaient pas toujours
sous cet aspect grotesque '^' , l-jg i;o68. — Danse de comédie.
pas plus qu'ils n'exécutaient
uniformément les danses que nous avons décrites; il est
évident, par exemple, qu'Aristophane n'a pas fait accom-
pagner du kordax les chants sérieux de ses chœurs ^-.
Arislophane, Pa.r(775: 705; 864).
rellemeiil les lils de Kiirknios c\c(
les uns des autres. Penl-étre mém
le môme temps et sur la même n
13 Vesp. 1487-05 — ''> Vesp. 1520-1530. .\aln-
aient ce pas de trois complètement séparés
;xécutaicnt-ils chacun des pas dillérenls dans
ure. Cf. Emmanuel, De saU. discipl. p. W.
— 1 ' On a noté, avec raison, qu'une telle exhibition orchestique, â la lin d'une comé-
die, constituait une grande hardiesse. Le poète s'en rendait bien compte, el c'est ce
qui explique les trois derniers vers des Guêpes. — ^^ Les acteurs de raiiciciiiic
comédie attiquc et les acteurs de phlyaques sont les véritables successeurs des démons
bachiques qui forment la suite de Dionysos sur plusieurs vases arcliaï(|ues : ils en nnt
emprunté l'aspect extérieur et le caractère ; cf. Kôrle, 7a/ir4 r/. /»s; . VIU (1 803|. yl ic/i.
Sliid. ztir ait. KomSdie, p. 92 [histiito, p. lîl \. — " -l/on. (/. Jnst. X, 52; Roulez,
l'uses de Leyde, V, 2. Nous savous, d'ailleurs, par deux passages de Théophraste
que le cordax était dansé par les buveurs (Char. 0 et 12). — '8 Emmanuel, Essai,
lig. 215. — l'J Emmanuel, Essai pi. i « et 1 6. — 20Ileydemanu, l'hlyakendarsteU. au/'
licm. Vas. {Jahrii. d. Inst. I, 1««0, p. 200 sq.). V. fig. de la p. 285. — 21 Emmanuel,
Essni, p. 258-250. — 22 Mullcr. Grieclt. UùhnenaU. p. 225 ; cf. Ariet. Nub. 5 iO.
^->
SAL
_ inii —
SAL
La danse du drame sali/rifjiie. — Lailanse du drame
satyriqiie était la si/xinnis', plus mobile que la précé-
dente, semble-l-il, et que les anciens rapprochaient de la
pyrrhique -. I"!lle comprenait des bonds et des sauts de
Fig. COl)!l. — Danse du drame salyriquc.
chat (lig. G0()9), mais sans rien qui rappelât les mouve-
monls de hanches du cordax \ La sikinnis était la
danse des satyres. Le célèbre vase de Ruvo [chorus,
flg. 1426] ' nous fournit une représentation très sûre
de l'alTublement des sikinnistes, et de quelques-unes de
leurs attitudes caractéristiques. On y voit satyres et
silènes; les silènes enveloppés, des pieds jusqu'au cou,
d'un manteau à long poil, les satyres portant simplement
un caleçon de fourrure qui ceint les reins. La sikinnis
était accompagnée des chants du chœur des satyres ; dans
le Cj/r/ope d'Euvipide, c'est en dansant la sikinnis que la
troupe cabriolante du chœur fait irruption dans l'orches-
tra. « Leur chant a l'allure bondissante et saccadée qui
estaussi celle de leur danse ; desappels gais etmoqueurs,
des cris, des sifflements même ^ » L'exécution de la
sikinnis figurait naturellement plusieurs fois dans le
cours du drame satyrique''.
VII. Les danses de la vie privée et les danses popu-
laires. — Les danses ne se rencontrent pas unique-
ment dans les cérémonies du culte et dans les fcles
publiques. L'orchestique intervenait encore dans plu-
sieurs circonstances de la vie privée, par exemple à
l'occasion des funérailles, d'un mariage, ou simplement
d'un banquet.
1. Danses funèbres. — Déjà dans les scènes funèbres
des vases du Dipylon nous voyons de longues files de per-
sonnages qui dénient gravement, les mains placées au-
dessus de leur tête [funis, fig. 3342] '. De leurs gestes
rythmés, ils accompagnent les lamentations, Sp-rivoi. Ces
peintures nous offrent une traduction schématique des
anciens rites de la protliésis et de l'ekphora. A l'origine
• l.cs anciens ont fait parfois dériver ce lenne du mol «n'ioea. l/it. M. s.
V. ot'xtvvi;). D'autres reconnaissaieul dans ce nom celui de l'inventeur de
celle danse, qui était un Cretois on un Barbare (Atli. 1. iO e). Au livre XIV,
030 6, Alliénte dil i|uc c'est Tliersippos qui, le premier, dansa la sikinnis.
Cf. A. Gell. iVoc(. Att. XX, III, :). L. Accius poêla appellari « sicinnistas .. ait
ehuloso twmine^ credo propterea iicbiUoso « i/itod sicinnium n cnr diceretur obscu-
rum esset. l'eut-ôtrc la sikinnis éUit-ellc d'abord chez certains peuples une
danse religieuse (cf. SittI, Op. cil. p. 340). Fuslallie rapporte qu'elle était exé-
cutée par les f'brygicns en l'bonneur de Zeus Sabasios, et il ajoute que
son nom lui venait d'une des Nymphes, compagnes de Démêler. ~ 2 Ath. XIV,
630 rf. — 3 Flach, Op. cil. p. 2*. — t Mon. d. Insl. III, 31 ; v. eue. Mon. i/recs,
n' 3, pi. lu ; Leuormant cl de Witte, Élite céramoy. III. !iu. M. Emmanuel
fait observer que les trois satyres de celle peinture oITrcnt les trois positions
caractéristiques du sniil de chat (cf. Essai, p. I»4). V. enc. un acteur eos
lumé en Silène dansant et jouant île la double llùtc, lleydemauu, l'hli/ukfU-
011 manifestait sa douleur en s'arrachant les ciieveux ',
en se frappant violemment la poitrine, et nous trouvons
encore dans VAlceste d'Euripide la mention de ces pra-
tiques '. Avec le temps, ces manifestations extérieures
s'atténuèrent et donnèrent naissance à des attitudes
conventionnelles '": On posait simplement les deux mains
sur la tète, ou bien on les élevait au-dessus de la che-
velure. Parfois, les personnages qui prennent part à la
lamentation funèbre touchent leur tête d'une main, en
élevant l'autre en un large geste; ou bien ils portent
simplement la main droite en avant de leur visage
comme pour accompagner le tiirène. Grâce à l'eurythmie
de leurs attitudes, ils constituaient un bel ensemble
orcliestique, dont quelques peintures de vases nous
permettent de nous faire une idée" (fig. 6070).
2. Danses nuptiales. — Les danses nuptiales paraissent
fort anciennes en Grèce. Cliez Homère déjà, un gracieux
cortège de jeunes filles accompagne les chants d'hyménée,
pendant que de jeunes garçons exécutent des danses au
son de la flûte et de la lyre '-. Ces usages se perpétuèrent
jusqu'à l'époque classique ; cortèges et chœurs sont l'or-
nement naturel des noces; dans V/phiç/e'nie d'Kuripide
il y est fait de nombreuses allusions à propos du
mariage de la fille d'Agamemnon '■'. De même, Cassandre,
dans les Troi/ennes, invile sa mère et ses jeunes com-
pagnes à danser les danses d'hyménée ' '. Les chants et les
danses avaient lieu le soir, à la lueur des torches, pendant
et après la reconduite des époux ''. tles danses étaient
sans doute exécutées, le plus souvent, par les deux sexes
réunis ou disposés en deux chœurs distincts.
3. Danses du banquet. — L'art orchestique apparaît
enfin chez les Grecs comme un élément essentiel des
réjouissances du banquet. Homère parle souvent des
darst. (Jahrh. d. Inst. ISSU), lig. à la p. 273; Wieseler, TIteateri/ebûude, pi. vi.
— •■ Croiset, Lilt. grecq. III, p. il)''. — 6 Cf. Cijclop. v. 3i6 sq. ; 608 sq. ; cf.
Flach, Op. cit. p. a. — ■! Mon. d. Jnst. IX, 39. — 8 On voit encore sur une
hydrie corinlbienue du Louvre des pleureuses qui saisissent leurs cheveux à poignée.
ËinnianucI, Essai, lig. .S43. — 9 Aîcest. y. 8ti : KÂùttTt; \ <r«v«Tfnbv r, /,tp"iv xTJnov.
— 10 Emmanuel, lissai, p. -270-73; Mon. d. Jnst. VIII, pi. iv. — Il V. loulropliore
du Louvre, Emmaouel, Essai, lig. 552 ; Mon. d. Jnst. III, pl. i.x ! 'Eç. 'Aj^. 1888,
pi. M. Ces cortèges étaient accompagnés par la flûte ; cf. funus, (ig. 3340. — *2 Jt.
XVIII, 590; XXIU, 133; Hes. //ci-c. scuj. 274 sq. —13 /phiij. Aul. 435 sq. C76; 1036.
— It Troj. 308 sq.; cf. Theocr. XVU, 7 sq. — 15 Procl. p. 278 : /l. XVllI, 590 et
Troj. 308. Ou voit souvent de* lorches dans les cortèges nuptiaux [M.»Tni>ioaiuMJ. V.
la flg. 1 de l'art, de Brueckucr (.-K/i. .Vill. 1907), Athen. Hoclizeilsgeschenke : cf.
.Mon. d. insl. X, 38, 39. Heul-ôtrc faut-il rccoiuiaître une danse nuptiale dans
celle qu'exécutent des jeunes lilles sur une pyxis du Musée tiritannii{ne ; la scène voi-
sine représente la toilette duue mariée. V. l'ottier, .Von. yrecs. Il (1889-90), p. il.
SAL
— 1043 —
SAL
chanls et des danses exécutées dans les festins '.
Cette coutume, que l'on trouve de bonne heure en lonie,
se répandit ensuite dans les autres pays grecs [acroamaj.
Les danses du banquet se divisent en deux catégories:
en premier lieu, les danses exécutées par des artistes de
profession et qui consistaient en exercices d'adresse
rythmés sur la flûte, ou en véritables pantomimes, puis
celles auxquelles se livrent les convives eux-mêmes dans
le cours et surtout à la fin du symposion.
Donnons d'abord quelques exemples des exercices
exécutés par les artistes de profession, qui étaient le plus
souvent des femmes : Ployant le corps en arrière et le
courbant complètement de façon que sa tète vint toucher
ses talons, la danseuse imitait la roue ^ ; ou bien c'était
une habile jonglerie exécutée au son de la flùle; on
passait à l'op/rjTTpî; un certain nombre de petits cer-
ceaux; tout en dansant, elle les lançait en l'air juste à
la hauteur requise pour qu'elle pût les recevoir en me-
sure '. Mais l'exercice orcheslique le plus renommé était
celui des kubistélères qu'on trouve déjà mentionnés
dans VUiade et dans VOdi/ssée ^ L'art du kubistélère
consiste essentiellement à se jeter sur les mains, la léle
en avant (x'jSî'ttïv) '\ Le danseur revenait ensuite à la
position normale, soit en rabattant ses jambes, soit en
achevant un tour complet. Il pouvait faire ainsi une
série d'évolutions rapides en substituant les pieds aux
mains dès qu'ils avaient passé au-dessus de la tète.
Peut-être même l'appui des mains était-il parfois sup-
primé, le danseur exécutant alors de véritables sauts
périlleux '"'. Souvent, la tête en bas et les pieds en l'air,
le kubistétère restait en équilibre; dans cette position
difficile il se livrait, avec ses jambes et ses pieds, à des
exercices variés, comme mimer des pas de danse ou les
mouvements de la chironomie'', tirer de l'arc ou saisir
quelques objets* [cehnlts, cermator]. Ces exercices de
kubistétères se compliquaient parfois d'une façon assez
dangereuse.
Au cours du
Banquet dé -
crit par Xéno-
phon, on ap-
porte à la
danseuse un
cercle garni de
glaives dres-
sés verticale-
ment '■' . La
danseuse sau-
tait dans cette
enceinte la tête en avant, en faisant la culbute par-
dessus les glaives (Èx'jÇicTi); elle en sortait en franchis-
— ' Od. I. 13i, le chant it la dan«o sonl les oincmcnls du fcsiiii iy««;,;i«Ti.
«».«;; c'. Od. IV, 13; VIII, ÎW. — 2 Xcn. Coiii'. II, 21. Sur les danses el
les réjouissances du banf|uc(. V. Becker, Charikles, l. 1, b, p. Itil sq. ; cf.
ibid, Anmerk. p. i8t-85, t. M, Zweit. Ej-C'tra zur 6' scène; Dit Symposien,
p. iTO sq. — 3 Xcu. Coin: II, 7, 8. Comparer le jeu de balle rythmé auquel
se livrent les dan^^eurs phéaciens, Od. VIII. 370 sq. — * //. XVIII, (i05; Od.
IV, 1$ : S,,,itiï, S.viTy dans ces deux passages doivent signifier faire la cnibiile ;
cf. Emmanuel. De sait, discipl. p. 47. — 5 Emmanuel, Essai, p. i76; cf.
Plat. Conv. p. 190. — c C'est dans ce sens que M. Emmanuel (Z/e sait, dis-
cipl. p. 58) interprète un Icite de fhiloslrate. Vit. Apoll. Tyan, i, iS.
— " Herod. VI, lit). — 8 Tischbein, I, 60, Krause, Op. cil. Il, pi. xïui, Bg. 89.
(L'authenticité de ce vase a été suspcctéei : v. encore Tischbein, V, (>3 : Inghirami
Vas. eirutch. I, 87 ; Gerhard (.4rcA. /rit. 184s. p. iii) signale une antre peinture
où la kubrstétêre est accompagnée de la joueuse de llùte. — 9 Xen. Conv. Il, M ;
Plal. Euthyd. p. i94. — 10 Emmanuel (De sait, discipl. p. 47). — " Ath. IV,
sant la redoutable barrière par une culbute au sens
inverse (I;exu6!(7ti)'°. On voit encore des femmes se
livrer à cet exercice dans le récit qu'Athénée fait du ban-
quet de mariage de Karanos". Une peinture de vase
nous montre une kubistétère franchissant des épées
disposées en file '^ (fig. 6071).
Une grande place était faite dans les festins à la panto-
mime proprement dite. C'est ainsi que dans le BaiifjUPt
de Xénophon, un jeune garçon et une jeune fille
représentent la rencontre el les amours d'Ariane et
de Dionysos '^ Ariane s'avance parée comme une
jeune fiancée, elle s'assied sur le siège qu'on a disposé
pour elle. Dionysos reste encore invisible, mais voici
que le rythme bachique a retenti sur la flûte, et toute
l'attitude d'.\riane exprime aussitôt le plaisir qu'elle
prend à ces sons. Elle ne va pas à la rencontre du
dieu, elle ne se lève même point, mais qu'il lui en
coûte de rester immobile ! Dionysos l'aperçoit et s'ap-
proche en dansant d'une façon très amoureuse ; il se
met à genoux et l'embrasse élroitement. Ariane, malgré
le sentiment de pudeur qu'elle laisse deviner, n'en
répond pas moins à ses caresses. Ils échangent les
serments d'un amour que tous les assistants jureraient,
eux aussi, véritable. Les convives ne peuvent qu'admirer
l'habileté du maître de danse qui a formé des artistes
capables de leur causer la vive émotion ijue Xénophon
note malicieusement. Il est probable qu'un grand nombre
des pantomimes analogues, dont les anciens nous ont
laissé les titres, figuraient de même parmi les réjouis-
sances des festins ".
Les exercices des kubistétères et la pantomime étaient
des spectacles orchcstiquesofferlsaux invités qui avaient
pris part au festin. Mais si l'on ne peut dire que ces
attractions, même celle de la pantomime, aient été excep-
tionnelles dans les banquets, il est évident que le diver-
tissement le plus courant y était procuré par d'autres
danses, auxquelles participaient souvent les convives'^,
et qui n'avaient d'autre but que d'aviver l'orgie du sym-
posion. Elles étaient exécutées par ces danseuses que
nous voyons représentées sur bon nombre de vases
peints avec les joueuses de flûte'". Elles accompagnent
leurs mouvements assez vifs du cliquetis des crotales,
qu'elles tiennent parfois des deux mains rabattues aux
hanches'^ ou élevées au-dessus de la tète'*. Fréquem-
ment, rôi/TiiTci; lient une main élevée à la hauteur
du front el l'autre abaissée vers la taille ; le cliquetis
des crotales était alors alterné plutôt que simultané; la
danseuse l'exécutait sans doute au moment oit chaque
main s'abaissait vers le côté opposé, soulignant ainsi un
déhanchement caractéristique'^ Les danseuses de cro-
tales étaient vêtues de tuniques légères et courtes,
IJO, ./. — 12 Baumeister, Denkm. d. kl. .\lt. p. 385. — 13 Xcn. Coric. IX, 3-7.
— u Platon et Xénophon indiquent qu'on représentait ainsi les Charités, les Heures,
ks Nymphes, fan, les Silènes, les Satyres. V. dans Meursiu5(0p. cit.) les nombreuses
danses ou pantomimes qui représentaient l'histoire des dieux ou des héros : Kronos
dévorant ses enfants, Sémélé, Promélhéc, les couches de l.aloue, la mort de Python,
Dionysos mis en pièces, la dispute au sujet de rAltif(ue, etc. Cf. Luc. De sait, 37 à
61. U se peut que plusieurs de ces danses n'aient été exécutées cju'à une époque très
postérieure, mais les modèles en existaient certainement dès l'époque classique.
— 1» Xen. Dier. VI, i -, Alexis ap. Ath. IV, 134a. Ce sont les s.joî.-.ot ou «fisoTirnî
ojX.iat.;. Platon proteste contre ces habituiles. Cf. Conv. p. 176: Protai/. p. 347.
— 16 V. les planches des JUeisterschakn de Harlivig. — n .innali d. Inst. 1849,
pi. m. Keinach. Uépert. I, p. 281. — '» Coupe de Hiéron, Harl«ig, Meiilersch.
pi. xxM. — I» [MEHETKicKs, (ig. 4971]. Ravel. .Von. de l'art anliiiue. H, pi. i.xxi»
(avec indication d'autres monuments analogues); cf. Potlier-Reinach, i\écr, de
Myrina, pi. xxsiv, i ; C, rendu de S,-Pétersb. 1869, p. 173.
SAL
— I0i6
SAL
llottantcs itig. G07-2V nu st-rri-es autour du torst- dont elles
moulent les formes'; qiieli|uefois, elles étaient nues ou
t'ig. 607J. - Dan
Je baii<|ticl.
presque nues'. Ajoutons que souvent éplièbes ou hommes
faits dansent, eux aussi, dans les banquets en s'accom-
pagnant, des crotales '. Une autre danse commune aux
danseuses el aux convives est celle qu'on pourrait appeler
la danse des vases; ils s'abandonnent aux mouvements
les plus désordonnés en tenant des coupes ou des plais
en équilibre sur la léle el sur les mains". Aussi bien
n'esl-celàsansdoulequ'unedesformesdu^omos qui élail
la principale réjouissance du symposion. Les danses du
kômos sont fort anciennes en Grèce, el on les trouve, dès
le vil" siècle, sur un grand nombre de vases peints. Elles
se rattachent
étroitement aux
rites dionysia-
((ues, et les kô-
inastai, à l'ori-
gine, exécutent
à peu près les
mêmes mouve-
ments et les
mêmes figures
que les satyres
ou les ménades
du thiase bachi-
que (fig. 6073) ;
[maexades,
fig. 4760] * et surtout que les démons dionysiaques dont
nous avons parlé plus haut. Leur danse apparaît aussi
fort analogue au kordax de la comédie ". Mal équi-
librés sur leurs jambes flageolantes, ils se livrent, eux
aussi, à des contorsions effrénées dont l'elTel s'augmente
I Kciiiach, llpp. des Vas. pcinls. 11, p. i. — 2 l'ollù'i-Rchiach, Nécr. de
J/yrinn, pi. y.xxi,, i; Rayel, L. cit. Winler, Ant. Terrakoll. U. p. H3, ISO, 139,
160. — 3 Coupo il'HpikWlos, Furtn.ïnglorRcicliliold, Griecli. VasennmaUrei. Il,
pi. i.iiiM ; Ibid. IV, pi. xcm (lig. *9CC). — 4 Ih. pi. lxi ; Hail«ig, ifeistertch. pi. it
cl II. — 5 C. rendu de Sl.Péleisb. 1809, p. 161 ; 0. Jahii, Abl,andl. d. Sachs.
Gesellsch. d. Wissensch. 111, 1861, pi. m; Gerhard. Ans. Vasmbilder, pi. cict-
cxcvi; llarUig. O/j. cit. pi. viii, xi, .x\, xiix. Poul-Mrc le jeu <lu kollalie coni-
porUil-il aussi certains raouvcmcnlr. oiciieslii|ucs [kottauos, fig. i.tuii] ; (cf. Erania-
Dcul, Essai, p. ili). — 6 Le nom de Kômos csl plusieurs fois alliibué à l'un
dessalyres du Ihiasc l)aclii.(uc («g. >i8i):cr. Gerhard, Jus. Vasenbilder ; f[. ,.v, ;
à la pi. cci.xxxvi des satyres sont miles à des kômastai. Il arrive aussi i|uo le
nom de Kômos désigne l'un des kùmaslai, Arcli. Zril. 185i, 37. 3. Poitier,
.Woiiura. grecs, 1889-90, p. 18. — 7 On a vu ()uelle étoit la raison de cette ana-
logie, p. inu note i. — » Mon. d. Jnsl. X, 5i ; Roulez, l'ose» de l.eyde, pi. v,
n° î ; Jaltrb. d. Inst. V (1890\ fig. à la p. i51 ; Jahrb. d. Inst. X (189.-,) p. i3.
Fig. 0U73.
baclii|u
de la mimique expressive de leurs bras et de leurs mains *.
Leur geste favori consiste à lever en avant un de leurs
bras légèrement plié, la main tendue la paume en dehors,
tandis que l'autre bras, dont le coude est très accusé, se
trouve abaissé en arrière ; ou bien nous voyons la dis-
position inverse, le bras placé en avant étant abaissé,
la paume de la main en dedans, tandis que celui qui est
en arrière s'élève, la main portée contre la tète '. Les
kômastai exécutent aussi parfois la danse des mains
Join/es'"; mais ils alTeclionnent surtout les positions
anguleuses des bras laissés indépendants l'un de
l'autre, et nous les retrouvons dans toute l'époque
classique avec des combinaisons diverses". La danse
du kômos était mouvementée et bruyante'-; les dan-
seurs frappaient leurs mains et s'accompagnaient de
murmures etde chants'^. Généralement, tous les convives
prenaient part à ces danses; hommes et femmes pou-
vaient y être mêlés" et un des grands amusements
était même de faire des échanges de vêlement'^ ou de
parure. Souvent les kômastai sortaient de la maison où
ils avaient banqueté ; ils se répandaient par la ville en
cortèges tumultueux, dont un souvenir persiste sur
quel([ues peintures de vase""' et dans la description d'un
tableau donnée par Philoslrale''. »
i. Danses populaires. — Les cérémonies des funé-
railles et du mariage, les réunions du banquet étaient
des occasions fréquentes mais précises où intervenaient
les danses dont nous avons analysé quelques types. Il
existait encore un grand nombre de danses populaires
pour lesquelles il n'est pas toujours possible de déter-
miner les circonstances où elles étaient exécutées.
Certaines étaient vraisemblablement liées au retour
d'une saison de l'année, et inspirées quelquefois
par les travaux qu'elle ramenait avec elle. Une des
plus gracieuses, toute pénétrée de la joie des beaux
jours renaissants, est l'ivÔEjjLï ou danse des Heurs". Elle
était rapide et gaie, et on l'exécutait peut-être en se
divisant en deux chœurs ". Les uns chantaient avec les
gestes de personnes en quête de Heurs : « Où sont les
roses".' Où sont les violettes? Oit est le bel ache"?» et l'autre
chœur répondait, avec les attitudes de la cueillette ou de
l'offre: » Voici les roses! Voici les violettes! Voici le bel
ache ! » C'était une danse du même genre sans doute qui
accompagnait la jolie chanson de l'hirondelle que chan-
taient des cortèges déjeunes Rhodiens-".
L'époque des vendanges était aussi l'occasion d'un
grand nombre de danses rustiques. Les danses du
kômos, telles que nous les avons décrites à propoi du
symposion, devaient tenir une large place dans ces ré-
jouissances populaires. Mais, à côté de ces danses à ca-
ractère bachique, il y en avait d'autres simplement
f. G: Iliill. de eorr, heiien. 1893, p. iS7, fig. i, etc. — 9 Mon. d. Inst. X, 32, etc.
Ces gestes sont déjà cliers aux Ménades et aux Satyres. V. Emmanuel, Essai.
lig. 160. — 10 Gerhard, Ans. Vasenbilder IV, 280 A; C. rendu de S. Pclersb.
1868, pi. V ; De Laborde, Coll. Lemberg. I, 21 : Jalirb. d. Inst. IV (1889;, fig. à la
p. 26; FurlwâuglerReichliold, Griech. Vaseninalerei, pi. ixi. — « J/o„. a' inst. V,
33 ;Slackellicrg,Cr«4.(/.«e;te)i. pi, i: Gerhard, .lus. Vasenbilder.M, l88;Emm»-
nuel. Essai, pi. i a ; 1 ô ; etc. Peut-être élait-ce celte position coudée (|ui constituait
la ligure de danse dite ln«j»,iv.it|ioî. — 12 Poli. IV, 100, [ifznirt;; (.d.r.vxa, «.ix»5
iyoua. ; cf. Arch. Zeit. 1870, pi. nxii. — 13 Holwerda, Jahrb. d. Inst. IV (1889)
p. 27. — 1* Cf. par ex. Mon. d. Inst. X. H2 ; Gerhard, Aus. Vasenbilder, IV, 286.
— 15 l'hilost. Imag, I, 2, -i i^Stlltirta:, Tb tijXj pii'vttv. — 16 Arch. Zeit. IS8I, pi. m.
n" 4; C. rend. S.-Pétersb. 1868, pi. cv. etc. «Ent.TBlcKS, fig. 4972) ; cf. Alh. XIV,
617 d; Eurip. Cycl. 532 ; Isae. Or. p. 39, 21. On se souvient de l'arrivée rf Alcibia.le
dans le Bnnguet de Plalon. — " Philosl. Imag. I, 2. — 18 Alh. XIV, 629 e. — '»Flach,
Of,. cil. p. 11. — 20 Alh. Vlll, 300 4, e. Flach, i. (.
SAL
— 1047 —
SAL
joyeuses el vives, comme celle que décril Homère ' :
Jeunes giirçons et jeunes filles portent des corbeilles
chargées du fruit de la vigne; au milieu d'eux, un mu-
sicien joue de la phorminx et chante un beau linos,
que les danseurs accompagnent en trépignant. Peut-
être y avait-il là déjà une imitation des mouvements du
fouleur dans la cuve. Le travail des vendanges prêtait
aisément à la mimique orcheslique ^, et nous savons
qu'il existait une £TrtXT,vioç of/Y|<7iç, ou danse du pressoir,
qui reproduisait les divers épisodes des vendanges. Le
danseur mimait la récolle du fruit, portait les cor-
beilles, foulait les grappes, remplissait les outres et
buvait le vin ; tout cela avec tant de vérité, s'il était
habile, qu'on croyait voir et les vignes et le pressoir et
les outres et un vrai buveur '. Il est certain que beau-
coup d'occupations rustiques avaient dû donner nais-
sance à des danses mimétiques analogues. N'est-ce pas
ce caractère que nous devons prêter à la danse des bou-
viers que rappelle
Athénée *, ou à la
danse du moulin
mentionnée par He-
sychius"?
11 se perpétuait
aussi, dans la tra-
dition popul.iire, une
foule de danses dont
la plupart étaient exé-
cutées en dehors de
toute occasion et de
toute époque préci-
ses, au seul gré de la
fantaisie des dan-
seurs. Parmi ces dan-
ses, beaucoup tou-
chaient à la panto-
mime. On représen-
tait Pan, les Titans,
les Corybantes, les Satyres, les Silènes, les Charités, les
Heures, les Nymphes et les Bacchantes (fig. 607 i)", la
légende d'un dieu ou de quelque héros " ; ou bien on
ligurait le larron surpris ', ou la démarche des vieillards
qui s'appuient sur leur bâton'. Enfin on imitait souvent
les animaux, le lion '", le renard ", la chouette '•'. Une
de ces danses, le |j.opij.a5[i.&(;, faisait défiler plaisamment
toutes les espèces d'animaux ".
En dehors de ces danses-pantomimes, on doit men-
tionner les nombreuses farandoles où souvent les deux
sexes se trouvaient réunis. Nous en avons, dans VIliade,
un exemple caractéristique " : jeunes garçons et jeunes
< //. XVIII, ôfiT : Flach. Op. cit. p. 6 ; Kliilosiralc le Jeune, lma(j. ii. Kayser,
p. W») décril une danse analogue. — ^ Panofka, Terrakotten :u Bal. 43. .. Les deux
danscurft, jambes enclie\-ôlrée*;, lournenl rapidement de droite à gauche ou de gauclie
â druitc, autour d un axe de rotation vertical, qui passe par le centre de la couronne
à la(|ucllc leurs mains se retiennent. Ils écrasent sous leurs piétinements les grappes
qui remplissent la cuve circulaire. Un joueur de double flùlc les accompagne. ..
Emmanuel, Essai, p. îii; voir encore deux fouleurs, Mus. Borb. VIII, 3i, etc.
— 3 Atli. V, 199, a. Krause, Op. cit. Il, p. 83i, n. 2. — ' Atlj. XIV. 6i9 c.
— 5 Hesjch. S«o»;ti.o; 7ooi;. — C V. la pi. donnée par M. U. Marx, Une rénovit-
Irice de la danse. IBM. du Musée, Paris, 1907, avec d'intéressants rappro-
cliements entre certaines formes de la dause antique et de la danse contemporaine).
— '' Leg. VU, 813 c; Luc. De sait. 37 i CI et 79. — 8 poil. IV, 103, i.i|».,nxV,.
— » Poil. IV, 1114. _ 10 Poil. IV, 104: .^tl'. XIV, 629 f. — " Hcsych. 4,.^.:,;.
— <!Alh. XlV,6i9/-;Hesycli.Ta),0;.— "Poll.lV, 103; Alli. XIV, Ci! A Ces danses,
irailant les animaux, qu'on retrouve chez tous les peuples primilifs, doivent être fort
anciennes en Grèce. Cf. Grosse, Déituts de l'art, p. 163 ; K. Grooss, Art. cit. p. 106.
— '* //.XVIII, 590. Homèrecoinparc cette danse au chœur iiue Dédale lit pour Ariane
(illes dansent ensemble en se tenant tous par la main;
ils tournent ainsi en une ronde agile comme la roue sous
la main du potier' ' ; puis la ronde se dénoue et les dan-
seurs se disposent en deux rangs qui s'a vancenlrapidemeiil
l'un vers l'autre '^. L'aède les accompagne et donne la
mesure avec sa lyre. Ce type de danse, décrit par Homère,
s'est maintenu pendant toute l'antiquité ; il est fort sem-
blable à celui que Lucien appelle op[ji.oi;'\ C'est, dit-il, une
danse commune aux éphèbes et aux vierges qui dansent,
un par un, en formant une sorte de chaîne. Un éphèbe
conduit le chœur, exécutant les mouvements propres
au jeune homme et dont il devra plus tard se servir
à la guerre. Puis vient une jeune fille, à pas modestes,
et montrant comment doivent danser les femmes, en
sorte qu'on a une chaîne tressée de virilité et de
modestie. Peut-être devons-nous ranger ici une danse
assez analogue à la traita de la Grèce contemporaine;
elle nous est représentée par la peinture d'une tombe
Fig. 6073. — La farandole.
de Ruvo '* (fig. G075). Deux files de danseuses, dirigées
par un homme, s'avancent d'un pas décidé. Les danseuses
forment une véritable chaîne croisée, chacune d'elles
donn;int la main non à ses voisines immédiates mais à
la compagne qui précède et à celle qui suit ces dernières.
L'allure de la danse consistait sans doute, comme dans
la tratla, <i en balancements de toute la chaîne produits
par l'alternance des pas en avant et des pas en arrière,
exécutés obliquement » ''\
Peut-être avons-nous enfin quelque vestige des danses
populaires, dans certaines figurines de dan.teuses voilées.
Nous savons qu'à l'époque classique, les femmes se
montraient souvent vêtues comme ces statuettes-"; elles
n'auraient fait que tirer parti, pour leurs danses, des
ressources offertes par leurs légers voiles qui prolon-
geaient chaque mouvement en lignes souples et fuyantes,
ou qui, moulésétroitement sur lecorps, laissaient deviner
la pureté de ses formes. Sans doute les coroplastes se sont
souvent inspirés des œuvres d'un art supérieur pour la
confection de leurs figurines-' ; nous n'en retrouvons pas
à Knossos. Le scoliaslo explique ce détail eu disant que le célèbre chœur où s'étalent
réunis jeunes garçons et jeunes lilles sauvés par Thésée, avait été formé sous la
direction de Dédale. Mais Homère parlet-il au juste d'un chœur formé pour Ariane
par Dédale ou d'un bas-relief attribué à cet artiste et représenlant une danse?
Le second sens parait bien préférable, (voir Uollignon, Scul/it. grecque. I, p. III).
D'autre part, peut-on, avec le scoliasle, assimiler ce cliu-ur de Knossus à celui qui
fut institué à Dclos par Thésée (.iiavo;.) .' Pbiloslrate le Jeune, ipii décrit un
chœur semblable à celui d'Hoinère en s'inspiranl ilu passage de V Iliade ou ques-
tion, dit <|ue ce chœur était semblable à celui que Dédale avait donné à Ariane,
il y a là rpielque confusion. On en peut toutefois conclure ipic ces danses po-
pulaires du type de l'ijiio; n'étaient pas très différentes de certaines farandoles
religieuses. — '" KuxlioTtpr,: Sfifio; dit le se. ; cl'. Emmanuel, De sait, discipl.
p 85. _ 16 Emmanuel, Jl/id. Pbiloslrate le Jeime (/mni/. p. 410, éd. Kayser)
décrit les mômes mouvements el les mômes ligures. — 1' Luc. De sait. 12.
_ I» R. Rochelle, Peintures ant. inédites, pi. xv. — Il Emmanuel, Essai, p. i60.
_ W Heydemann, Ueb. eine Verhxlllte Tânzerin. p. 14. — 2' Heydemann {O. cit.
p 17), ramène à sept types tous les exemplaires de ce ligurines. Par réaction artistique
S.VL
lOiS
SAL
moins en elles le souvenir vivant des charmantes allitULles
que prenaient les danseuses grecques dans le libre
épanouissement de leur jeunesse et de leur beaulé'. A
côté de ces danses modestes et gracieuses, il y avait natu-
rellement un grand nombre de danses populaires d un
caractère assez grossier. Telle était Vapoidnox exécutée
par les femmes et réputée comme lascive -; ou lahibosis
commune aux jeunes garçons et aux jeunes filles; elle
consistait surtout à sauter et à toucher le bas des reins
avec les talons; des prix étaient même décernés aux plus
habiles dans cet exercice'.
Ajoutons, en terminant, que quelques-unes de ces
dan.ses étaient peu distinctes des jeux proprement dits
dont beaucoup, comme le jeu de la tortue si célèbre chez
les Grecs, admettaient un accompagnement rythmé'.
Voici, par exemple, un de ces jeux orchestiques auquel se
livrent deux jeunes tilles les mains croisées et dressées
sur les pointes ■ (tig. (iOTG) : « La femme B tournera sur
elle-même, de gauche à droite, sans quitter les mains de
sa compagne, en faisant passer ses épaules et sa tète par-
dessous ses bras. Le croisement des mains des deux
femmes se ti'ouvera alors interverti. La femme A tournera
sur elle-même,
de droite;"! gau
elle, par le
même procédé
que sa compa-
gne. Le croise-
ment des mains
des deux fem-
mes redevien-
dra ce qu'il
était primitive-
ment ''. » Les
jeunes II 1 1 e s
peuvent varier
le jeu en se li-
vrant successi-
vement ou si-
multanément à
lexercice qu'on
vient de décrire.
VIIL Condition sociale desdan.'seui'S et l' enseignement
delà danse. — 1. Il faut distinguer ici entre les danseurs
de profession et les citoyens qui s'adonnent à la danse
en des occasions diverses de la vie publi(jue ou privée.
Ces derniers sont nombreux et peuvent avoir dans la cité
une situation plus ou moins élevée qui n'est nullement
déterminée par leur qualité de danseur. Figurant dans
les cérémonies du culte et dans les fêtes, l'orchestique
est un exercice et un plaisir nobles auxquels tout homme
coiid'C les ligures nues, ou ri'viiul au vùlemciil. mais eu garilanl, grâce à sa lOgérclé
et à sa souplesse, lous les altialls du la nudilé. L'original ou ks uriginauv de ces
slalueUes daLei-aient de l'éponuc de Scopas et de Praxilèle. iMais ou pourrait peut-
âlre. selon lleydtuiann, rappoi-tcr ce changement à I initiative de l'raxitèlc lui-
m6nic ; selon Kurtw.ïngler, Coll. Sabouro/f, i omment. à la pi. cxxxix, ces liguiines
i|ui tirent leur principal elTel du Jeu du plis innomliraMes révi^leraicnt plutùl
uire iniluciicc de la grande peinture. — I V. Coll. .Sabouro/f. pi. cxxxis; llcyde-
mann. Op. cit. planche. V. encore les rlanscuscs voilées du Musée de Conslanti
nople. Iluisli. Greck lerra-colla slaluetlcs, pi. lxhi. — 2 poil. IV, lOt ;
Ath. XIV, 6i9 f. Chez A'ciphron, c'est dans cette danse que riialisenl Mynliiua
et Thryalis (cf. Meursius, col. liVl). _ 3 Poil. IV, loi; Arist. Vcsp. 7%.
— * riach. Op. cit. p. II. Comparer eliez Homère le jeu de balle de iNausicaa et
de ses compagnes \0J. VI, 100 aj.). — i" Emmanuel, Jisstti, lig. 565. — C Em-
manuel, lissai, p. iSO. — 'i Ath. I, iO f. — » Les komastai, par exemple, sont
lies citoyens athéniens, et il y a sans doute heaucoup de femmes lilires parmi les
peut se livrer sans déchoir : Les Spartiates s'honoraient
de prendre part aux Gymnopédies ; les danses de Karyai
étaient exécutées par les jeunes filles des meilleures
iamilles lacédémoniennes, et il est probable que les
jeunes gens qui formaient les chœurs de Délos étaient
d'une condition assez élevée. La tradition rapporte
aussi que Sophocle, après la victoire de Salamine, dansa
auprès du trophée, au son de la lyre '. Même en des
occasions moins solennelles, les citoyens athéniens ne
dédaignaient pas les danses*, et nous savons que les
plus hauts personnages se plaisaient aux passe-temps
orchestiques \
Mais il y avait aussi en Grèce des danseurs de profes-
sion dont la condition sociale peut être assez bien déter-
minée. Parmi eux, on doit compter d'abord de véritables
artistes qui étaient les maîtres de l'art orchestique ; à
l'origine, ils se distinguaient peu des poètes "•, etquelques-
uns jouirent d'une grande célébrité ; à toute époque, les
ôp/Y,(;T&3ioi(7xaXot,qui enseignaient leur art en même temps
qu'ils le pratiquaient, semblent avoir eu généralement
une place honorable dans la cité". Certains, comme Té-
lestès le chorodidascale d'Eschyle, gardèrent une grande
réputation d'habileté ''-. A côté de ces maîtres de l'orches-
tique et de leurs disciples immédiats '\ il faut mentionner
toute une catégorie de danseurs et de danseuses d'une
condition inlime, et dont la principale fonction était de
relever l'agrément des banquets par leurs exercices
d'adresse, des danses plus ou moins libres et peut-être
aussi des pantomimes. Certains de ces artistes étaient
vraisemblablement groupés sous la direction d'un chef
de troupe, qui était en même temps le maître de danse.
Il est permis de reconnaître une de ces compagnies dans
celle du Syracusain qui figure au Bant/uel deXénophon.
Elle comprend une joueuse de lltite, une danseuse équi-
libriste et un enfant habile à danser et à jouer de la
cithare. 11 est probable que danseurs et danseuses de cet
ordre pouvaient aussi exercer individuellement leur
métier pour leur propre compte; mais, dans les deux cas,
ils appartenaient évidemment à une classe sociale fort
basse: ils se recrutaient parmi les esclaves ou dans un
monde assez douteux. En particulier les joueuses de tlùte
et les danseuses, si fréquemment représentées sur les
vases peints, se distinguent peu des courtisanes".
2. Les artistes de profession recevaient naturellement
de maîtres ou de camarades plus avancés un enseigne-
ment approprié, par oii se transmettaient les principes de
l'art orchestique '•■. Mais y avait-il, en Grèce, un enseigne-
ment officiel de la danse rentrant dans les plans d'édu-
cation de la jeunesse [educatioJ '" '.' Il importe de distin-
guer : sous la direction du pédotribe, tous les enfants
apprenaient les ipopai dans la palestre; ils recevaient
danseuses dont l'art grec nous a laissé limage. Cf. Emmanuel, Essai, p. 313-31».
— 9 Cornélius Nepos a noté i|u'Epamiuondas aimait la danse ; un renseignement
donné par Alhénée nous montre que la téWsias était exécutée dans l'cutourage
des princes de Macédoine: Athénée dit aussi que, selon Déméirius de Scepse,
dans un repas donné par Antiochus le Grand, les amis du roi et Antiochus lui-même
dansèrent tout armés. — to Ath. I, ii a. — u Ath. I, i2 c. d ; Emmanuel, Essai,
p. ii9. — 12 Ath. I, ii n et e; cf. Emmanuel, De sali, discipl.f. 74, 75. — 13 Ath. XIV,
6iS f/. — t^ Emmanuel, Essai, p. 313, dès l'époiiuc classique, Jongleurs et jongleuses
ne jouissaient pas d'une excelluiile réputation lef. iilavélUon, .ipotelesmatika. 11,
270). — *'' V. une leçon de danse sur une coupe du v« siècle, Vorleyeàtâttei; Sér. '.\,
pi. V. l.a Jeune danseuse • rythme au bruit des crotales les jetés qu'elle exécute. Uaitté-
tria, assise sur un siège somptueux, est une musicienne de profession ; elle fait par-
tie d'une corporation assez mal famée ; il faut admellre que la scène se passe dans
une de ces maisons ot'i joueuses de tlùle et danseuses apprenaient leur métier. -
el, Essai, p. iiO. — 16 V. P. Uirard, VEducatioii athénienne, p. il3-il7.
s AL
— lOi'J —
SAL
jiinsi un enspigm^ment orchesLique oli'menlairp aïKiiipl
font allusion Platon i-t X('noplion '. On leur enseif^nait
aussi la pyrrliique et la cliirononiie qui élaienl des
exercices gymniques et des danses -. Telles étaient,
semble-l-il, les seules leçons régulières et suivies
par tous les enfants, auxquelles on doit joindre
peut-être un enseignement domestique. Mais il parait
sur que bon nombre de Jeunes garçons et de jeunes
filles, désireux de perfectionner leurs connaissances,
s'adressaient à rôp/YidT&SioiirxaÀoç ' ou à une maîtresse
de danse'*. C'étaient là des privilégiés qui pouvaient, à
leur tour, initier aux finesses de l'art orcliostique les
camarades et les compagnes qui partageaient leurs
danses et leurs jeux.
ÉTiu'RiE. — On ne saurait dire si l'orchestiquc a eu
exactement, en Étrurie, la même importance sociale
qu'en Grèce. Toutefois, il est probable que la danse
jouait un rôle dans le culte de certains dieux" et elle
intervenait certainement dans plusieurs circonstances
de la vie privée °. En particulier, les cérémonies
funèbres comportaient, comme en Grèce, une mimique
orcliestique : le bas-relief d'un cippe de Gliiusi nous
montre les rites de la prot/iésis, les pleureuses qui
accompagnent leurs lamentations du geste des bras
traditionnel, sur le rytlime de la llùte (voy. iig. 3332) \
Dans une autre scène analogue, nous voyons à côté des
pleureuses un personnage nu où l'on est tenté de recon-
naître un danseur do profession qui exécute un véritable
pas de danse *. Le banquet funèbre oii des femmes dan-
sent au son de la llùte est représenté sur les bas-reliefs
d'un sarcophage, qui appartiennent au musée du Louvre
(fig. 3^o5) '. Enfin le bas-relief d'un deuxième cippe
de Cliiusi nous fait probablement assister aux jeux funè-
bres en l'honneur du défunt'" : on remarque un joueur
de flûte, une ballerine à jupe courte, tenant des crotales,
et un pyrrhichiste. Sur une estrade se tiennent les
juges qui décernent les prix du jeu. On a surtout re-
connu dans ces danses des jeux en l'honneur d'un
défimt, parce qu'elles figurent sur un cippe ; mais par
leur caractère, elles n'ont plus qu'un lointain rapport
avec les rites des cérémonies funèbres. Il en est de même
pour celles qui sont si souvent représentées sur les belles
peintures des tombes étrusques; les scènes de ces pein-
tures sont moins une reproduction des détails du repas
funèbre qu'une image de la vie et de ses plaisirs, dont
on veut réjouir le mort. Elles nous montrent le lian-
quet de fête, joyeux et riche, avec les danses qui en
faisaient le principal ornement.
l.Dès l'antiquité, les Étrusques étaient renommés ])our
leur amour du luxe, et en particulier pour la magnificence
et l'extrême liberté qui régnaient dans leurs festins".
Cela nous explique le nombre considérable de scènes de
banquet et de danses qu'on trouve dans les tombes de
1 Emmanuel, De snll. UiscifU. p. l.i si|. ; Exmi sur l'orcli. i/rucq. p. 2JX.
— -i Emmanuel, Ùe snll. discipt. p. 18, l'J. Parfois mime le pàdoirihe pouvait
èlre choisi comme arliitre dans des concours d'orcliesli([uc. Cf. Plut. Cuin\
nrob. 9, lj. Emmanuel, De sait, discipl. p. lli. — a Emmanuel, Essai, p. HH i
De sait, discipl. p. 74. — * Emmanuel, De sait, discipl. p. 73, n. !i. Il est
diriicilc de dire à quelle sorte de leçon de danse nous fait assister la peinture
de vase publiée par Gerhard Anlike Bil-dwerke, pi. i.xvi, (voy. Er.ecATio,
fig. i600;. — £■ Dcnnis, The cities and cemeleries of Etruria, I, p. MJ, n. .S.
— n Les Etrusques scmlilent s'(!tre distingués des peuples de lanciemic Italie
par leur amour pour l'orcliestique. C'est de l'Ëtrurie ipio les Komains liriiit
d'abord venir leurs histrion». Cf. Sitll, Op. cit. p. tU. — '• Martha, VAit Hius-
qite, p. 279. Iig. 187. — 8 Mun. dinsl. Il, pi. ii. — 9 Mon. d'inst. VIII, pi. n.
— 10 Annali, 1864, tav. d'agg. A B; cf. Dcnnis, Op. cit. Il, p. 3lu; Martha,
Vin.
l'IOlnirip ; toutes ces danses offrent, (l';iilli'iirs, enlrp elles
des analogies frappantes, et il sera d'autant plus facile
d'en dégager les caractères essentiels. Les peintures de
la tombe di-i nifriulDri sont particulièrement intéres-
santes pour nous'- : plusieurs hommes dansent en plein
air; la plupart sont à peu près nus et ne portent qu'une
espèce de pagne. Séparés les uns des autres par des
arbres ou des rameaux de feuillage, ils se livrent u des
mouvements frénéti<[UPS sur le rythme entraînant
de la double flûte. On reconnaît aisément les folles
gambades et l'exagération, dans les mouvements angu-
leux des bras, qui caractérisent en Grèce les danses bachi-
ques ; un des personnages exécute peut-être une danse
des mains jointes un peu analogue à celle des komasiai
ou des suivants de Dionysos. Dans la tombe degliaiiguri^^
nous voyons une danse analogue exécutée par quatre
personnages dont trois paraissent complètement nus; le
iiuatrième est vêtu d'une sorte de justaucorps qui s'ar-
rête aux hanches et porte un bonnet pointu. Les pein-
tures de la tombe del cilm-edo montrent la troupe
(les danseuses opposée à celle des danseurs '''. Les che-
veux épars et quelquefois ornés d'une couronne, les
hommes nus ou vêtus d'une simple chlamyde se livrent
toujours aux mêmes pas et aux mêmes gestes exagérés,
au son de la double flûte. La rangée des femmes com-
prend un joueur de lyre et une flûtiste. Trois femmes,
dont une tient des crotales, dansent les coudes très
accusés, avec une main souvent portée au-dessus de leur
tête baissée à terre; comme certaines Bacchantes, elles
semblent suivre leurs pas du regard. Elles sont vêtues de
robes légères qui laissent transparaître leurs formes, et
dont l'évasemenl près des chevilles indique bien l'allure
vive et tourbillonnante de leurs mouvements. Enfin, nous
voyons souvent danseurs et danseuses disposés en couples
ou du moins alternés. Dans la tombe dellti leonesse, un
homme nu danse en face d'une femme qui n'est guère
vêtue davantage''. Une autre peinture contient deux
couples intéressants" : les danseurs presque nus, avec
un pagne noué autour des reins, exécutent la danse
que nous avons décrite. La seule danseuse dont l'image
soit suffisamment conservée accompagne ses pas du
cliquetis des crotales qu'elle tient d'une main à la hau-
teur de sa hanche, et qu'elle élève de l'autre au-dessus
de la tête. Comme d'autre» danseuses étrusques, elle
est coiffée du tutulus, et elle porte, outre le léger vête-
ment qui moule son corps, un chàle ou manteau plus
épais et de couleur foncée rejeté en arrière '\ Ici encore,
c'est la double flûte qui accompagne les danseurs. Enfin
la tombe del Iriclinio oflre encore une représenta-
tion caractéristique de ces danses '* (fig. 6077). Sur
deux parois de la tombe, se faisant face, figuraient
deux groupes de cinq danseurs, les iiommes alter-
nant avec les femmes. D'un côté, un des danseurs
O),. cit. p. Ui, llg. 323. — U Ath. IV, 153 d ; XII, 517 ./, e\ Dio.l. Sic.
V, 411-, cf. lieorg. Il, 193, pini/uis Ti/rrlienu^ ; Catull. XXXIX, 11, obesus
Elruscus, etc. ; V. Des Vergers, VÉtrurie et les Étrusques. I, p. 145 ; II. p. 260.
— 12 Mon. dinst. XII, pi. xui ; cf. Dcnnis, Op. ci(. I. p. 311; Martha, Dp.
cit. p. 3S7. — 13 Mon. d'Inst. XI, pi. xxv. — P» Mun. d'Inst. IV, 79; cf.
Dcnnis, Op. cil. I. p. 377. — 15 Aiit. Oenkmdler, 11, pi. r,\u. Là aussi on cons-
lale la présence d'un flûtiste et d'un cilharède. — '6 Tomba delta dei vusi
dipinli; Mon. d. Insl. IX, pi. xui ; cf. Dinnis, Op. cit. I, p. 358-362. - n Com-
parer le costume des danseuses, Mnn. d. Inst. I, pi. jxxin; Ant. LenkmUler,
II, pi. xi.ii. Dans ses traits essentiels, ce costume est analogue à celui des femmes
c|ui prennent part au banquet. V. Mun. d. Insl. IX, pi. xni, n" I. — 1" Mon.
(i'/ii5M,pl. xxxu; cf. Denuis, 0(j. cit. 1. p. 318.32U ; Martha, Ojo. cit.\i. 389-90
et Iig. 264.
132
SAL
— 1030
SAL
joue de la double lli'ile el de l'aulre de la lyre. Les
hommes sont velus d'une simple chiainyde, les feaimes
portent un chiton orné de broderies au tissu transparent
et léfçer. Klles ont, en outre, un riclie manteau dont les
extrémités passées sur les épaules retombent à longs
plis devant la poitrine. Parfois au contraire, le manteau
appliqué sur la poitrine semble rejeté par derrière en
larges ailes, en passant sur chaque épaule. Ces combi-
naisons ne sont, d'ailleurs, pas les seules dont aient usé
les habiles danseuses qui connaissaient toutes les res-
sources que leur art pouvait trouver dans le jeu des dra-
peries. Hommes el femmes se livrent toujours à la même
danse vive et rapide accompagnée de gestes très accusés
des mains et des coudes; une des danseuses joue des
crotales; une autre, le bras levé sur sa lêle penchée en
au\ Curetés", e.xécutaienl souvent la danse armée*.
Rome. — I. Historique; les in/lue7ice.i de l'élranf/er. La
danse el la tradition romaine. — 1. En ce qui concerne la
danse comme pour la littérature et les arts, Rome a reçu
de nombreuses influences extérieures. On y constate
pourtant un certain fond d'orchestique nationale auquel
appartiennent la danse rituelle des Saliens, fort ana-
logue à celle des Curetés', la danse des Arvales el
sans doute aussi la bellicrepa, une danse armée insti-
tuée, disait-on, par Romulus'". En dehors de ces danses
guerrières ou sacerdotales, il existait vraisemblablement
dans l'ancienne tradition romaine des danses de fêtes et de
réjouissances publiques ou privées ; elles étaient sans art,
viriles et graves, assez semblables à celles que Scipion
exécutait encore parfois, au témoignage deSénèqiie".
^K ^<^f^
f-'iï. C077. — Danseurs el di
arrière, se cambre à la façon des Ménades et des Bac-
chantes '. Ces peintures nous donnent une idée des
réjouissances des Étrusques et une image vivante des
danseuses magnifiquement velues qui figuraient à leurs
voluptueux festins-.
2. Bien que les monuments ne nous aient guère con-
servé que des représentations de la catégorie de danses
que nous venons d'étudier, la prédilection des décora-
teurs pour ces motifs laisse à penser que les Étrus-
ques n'ont pas ignoré les autres formes d'orcliestique.
Nous savons au moins, d'une façon certaine, qu'ils con-
naissaient et pratiquaient la pyrrhique ou une danse
armée analogue ; la présence d'un pyrrhichiste, sur
un cippe de Chiusi (voy. fig. 185), a été mentionnée
plus haut. La danse armée est encore attestée par des
peintures de la tombe del colle Casuccini ^ et de la
tombe délia Scitnia'. Dans cette dernière, à côté de
deux pugilistes nus qui boxent avec le ceste, on voit le
pyrrhichiste armé du casque, de la cuirasse, des cné-
mides, de la lance et du bouclier; auprès de lui, se
tiennent deux minuscules joueurs de flûte '\ .\thé-
née dit aussi que les Étrusques se livraient, par jeu, à
des duels orchestiques dont l'usage aurait ensuite
passé à Rome ", et l'on a pu émettre l'hypothèse que
les histrions étrusques, comparés par Valère-Maxime
' Sur un miroir de Florence est représenU'e une danse qui, par le coslunio
el les alUludes des dau^urs, rappelle la fresque de la tombe del Iriclinio;
cf. Gerhard, Elr. Spiei/et pi. xciii, 99. — 2 On trouve encore des danses
de ce genre, Grotla Jei Cnccialuri (Denais, 1, p. 311): Caméra del Morto
(Dcunis, 1, p. 37l-7i!); GroHa delk Bii/he (I)euuis, I, p. 373); Tomba del
colle Casuccini (Dennis. Il, p. 3i4), etc. — 3 Dennis, Op. cit. Il, p. 3i4.
— ' Dennis. Il, p. 332 et la ligure. — ô Une amphore élrusiiuc, qui n'est, il
est vrai. f|ue la copie de modèles atliques. nous montre un guerrier armé du
caséine, du liouclier el de la lance, e\éculanl une sorte de marche dansée. Il
est acrompai:iié par un joueur de llùle : cf. Arch. Anz. iS98, p. 13k, n" M.
— 6 Ath. IV. 153 f. — 7 Val. «la». Il, V, :i. — 8 Millier, j;tntsk. IV, 17.
— SLucr. Il, lii'J. — iiiFestns, Oc verb. sif/mr. !.. iil, Lindcmanu : Ili^niocpiiin
C'est sous la double action de la Grèce d'abord et en
partie aussi de l'Élrurie, que la pratique de la danse
s'étendit à Rome, en même temps que l'orcheslique s'y
conslituait en un art proprement dit. Aux Étrusques,
par exemple, les Romains empruntèrent la coutume de se
livrer à des duels orciiestiques par où fut relevé l'éclat
de leurs fêtes et de leurs banquets'-. Sur un point très
dilTérent, c'est l'introduction du graecits ritus à Rome
qui amena la participation directe des fidèles à divers
chœurs religieux'^; dès lors, les jeunes garçons et les
jeunes filles des meilleures maisons s'adonnèrent beau-
coup plus communément à la danse sous la direction des
maîtres grecs". D'autre part, Tite-Live mentionne
qu'en l'année 390 = 364, les jeux scéniques ayant été
inaugurés dans laville, des ludions, histrions et danseurs
furent appelés de l'Élrurie'"'; ces artistes étrangers exer-
cèrent natureUement quelque influence sur le développe-
ment de l'art orchestique à Rome. On sait, enfin, que
la pantomime, qui représente la forme la plus parfaite
de cet art, ne s'est dégagée de l'ancien canticum des
Romains et ne s'est constituée en un genre indépen-
dant qu'en s'appropriant les éléments essentiels de l'or-
cheslique grecque"* ; les véritables origines delà panto-
mime romaine remontent, peut-on dire, à la belle
époque classique '', et son épanouissement sous le règne
saltalionem dicebatit, quando cnm armis saltabant, gitod a Romulo instituttim
est ne simite pateretiir, quod fecernt ipse, cnm a ludis Sabiilorum virifine.i râpait.
— II De Tranq. 15 : Scipio Iriumphate illud et militare corpas moi'it ad numéros,
non motliter se infringens ut mine mos est, sed ut illi antiqui viri solebant inter
lusum ac [esta tempora virilem in modum tripudiare. — t- Ath. IV, 153 /" el 154 a.
— '1 Marquardl, Vie privée des nom. I, p. 139; Culte eh. les Bom. I, p. 223.
— 11 Marquardl. Vie privée, p. I iO. Friedlander. Mœurs Romaines du rèqned'An-
r/iiste à. la/in des Antonins, trad. Ir. Il, p. 235. — lôT. I.iv. VII, 2 ; Ludioncs, tti
/•Uriirin acciti ad tibicinis modos saltantes haud indecoros motus more Tiisco du
baiil. Val. Max fjict. nicmor. H, 4, V ; l'Iul. fjnaesl. liom. 107. — 16 Krause, Op.
cit. Il, p. Stti ; Alh. 1, 20 e. — t' Ou se souvient des pantomimes qui figurent au
Banquet de Xéuuphou.
SAL
— lOol —
SAL
d'Auguste où Lucien place son apogée', nesL que Tex-
pression dernière des tendances mimétiques inhérentes à
la danse grecque. A côté des anciennes danses des
Itomains, simples pratiques rituelles ou guerrières, un
art orcliestique s'introduisit donc, qui, de même que la
musique, dérivaitdircctement delà Grèce. Aussi la danse
romaine présenle-t-elle des caractères généraux analo-
gues à ceu.x de la danse des Grecs, ce qui nous dispensera
d'y insister longuement ici. Bornons-nous à rappeler que
pour les Romains, comme pour les Grecs, l'art orcliestique
est avant tout un art (F expression, et que la mimique y
Joue un rôle capital. C'est pourquoi le mol sa/latiu ne dé-
signe pas uniquement, comme on l'a dit parfois-, l'art
de bondir ou de sauter; il ne se fut appliqué, pris dans
ce sens, qu'aux danses primitives de Rome. Nous voyons
que les Romains ont même essayé parfois de dégager le
mot d'une étymologie qui en restreignait par trop la por-
tée'. Les Romains entendaient par ««//«//o l'art du geste
dans son acception la plus générale'; la cliironomie, en
particulier, dont nous avons vu toute l'importance en
Grèce, fut amenée à Rome à sa dernière perfection ■.
2. L'orcliestique des Romains étant pour l'essentiel
d'importation étrangère, nous comprenons aisément
qu'elle n'ait pas eu chez eux la fonction éducative qu'elle
avait remplie en Grèce, et qu'on ne lui ail pas reconnu la
même importance nationale. Seul un art fut introduit,
ayant désormais sa fin en lui-même, détaché de l'ensemble
d'idées et de coutumes qui, ailleurs, en avaient assuré
le développement et réglé le juste exercice. On doit
ajouter que dans la Grèce même, à l'époque où ce pays
exerça une réelle action sur Rome, la danse, comme la
gymnastique, était bien déchue de l'ancien caractère
qui avait fait sa valeur et sa fortune. L'orcheslique
et la gymnastique des Grecs ne parvinrent à la connais-
sance de Rome qu'au moment où « ces nobles arts, sur
la pratique desquels la sagesse d'anlan avait fondé la
prospérité et le progrès de l'Étal, avaient perdu leur
signification originaire, cessé d'être soutenus par une
grande pensée; ce n'était plus qu'affaire d'habitude,
d'amusement el de parade'' ». Aussi la danse apparut-
elle surtout aux Romains comme un art d'agrément,
sans relation directe avec l'éducation nationale, comme
un plaisir superllu et souvent peu compatible avec la
gravité des anciennes mœurs. C'est ce qui explique la
méfiance, l'hostilité même que plusieurs d'entre eux
témoignèrent d'abord à l'orcheslique, el qui contras-
• l.uc. De sait. 'H. — 2 Cf. .«illl. Die Geb/inlen itér Oriech. ur,,l llûm. p. 2t3.
— 3 V. f)c l'Aulnayc, De la saltaiion tliéàlrulf, noie I. — ' l.cs mains cl lis
liras jouent toujours un rôle essentiel dans rorclicstir|ue. Cf. Ov. Am. t, 505:
Si mx est, caïUa. si mollia brachin. salla ; Ov. Am. Il, 30fi : Bracira sat-
tantis, vocem mirare canentis. — ■» L'art du geste était égalemenl cultivé à
Itoine par les dansuiirs et les acteurs. Kosciiis y excellait, et Cicéron se plai-
sait â rivaliser avec lui en emprunlanl les ninyc-ns de l'éloifuence verbale; cf.
Macr. .Sat. 11.20 : El certe satis constat conlendere eum ciim histrione solUuni,
iitrum ilte saepiiis eamdem sententiam variis yestibus. efficeret, an ipse per
eIo(fuentiae copiarn sermone diferso pronuntiai'el. L'art du geste était, d'ail-
leurs, important pour l'orateur lui-même. Cf. Cic. De orat. 111. 5G, 216; (Juint,
Inst. orat. 1, 11-13; XI, 3, 87 ; XI, 3, «1 ; clc. Il y avait à Rome une vérilaUe
éloipience de la danse {manu, puer /ofuox, dit Pétrone, éd. buclieler, p. iii).
La chironouiie était l'élément essentiel de la pantomime romaine (V. Fried-
l»nder, Mœurs romaines, 11, p. 223 sii.: cf. Juv. .S'«(. VI, 153. Sur sa perfection,
cf. Luc. De sait. 63, t;4, 69 ; chez les Romains. ré<|uivalent de ■,..,^.„fix-. est
gesticulari : cf. .Suet. Nera. 42; Colum. Praef. 1; Val. Jlax. 11, e. 4. On ne
trouvait pas la cliironomie qu'au lliéàtre ; Juvénal {Sat. V, I2U) parle d'une sorte
d'écuyer tranchant cliironome. Cet art du gesie, ou du moins sa réputation, se
prolongea 1res loin; Cassiodore (Ep. I, 20) l'appelle une musique muette :
Hanc partem musicae Uiscipliuae mutarn majores nostri nominaverunt , scilicet
quae ore claaso manibus loqidtur et qnibusdam gesticulationibus facit inteUiyi
lent vivement avec l'estime où la tenaient les plus
sages des Grecs. Sans doute, dès l'époque qui précède la
troisième guerre punique, le goût public est assez favo-
rable à la danse ; des enfants de naissance libre, des fils
de sénateurs, des je unes filles même, fréquentent les écoles
des maîtres grecs [ludi saltatorii) '. Mais nous connais-
sons la vive indignation de Scipion Émilien contre les
danses, un peu libres parfois il est vrai, qui y étaient
exécutées*. Bien qu'ami de la Grèce, ce Romain condam-
nait le chant el l'orcheslique, et, pendant sa censure, il fil
fermer tous les lieux où on les enseignait". Un peu plus
lard, Cornélius Népos dit en propres termes que danser
est considéré, à Rome, comme un vice, et il oppose sur ce
point l'opinion de ses contemporains à celle des Grecs '"
Pour Cicéron, la danse est minislra voluplatis ", et
lorsqu'il défend Muréna contre Caton qui l'avait ac-
cusé, entre autres choses, d'être un danseur, il marque
bien que la danse est le plus souvent un témoi-
gnage d'ivresse ou de folie '^ Il faudrait, d'ailleurs, se
garder d'exagérer la portée de ces témoignages, et d'en
conclurt! que la danse était absolument proscrite des
mœurs romaines. Sans sortir de l'époque où nous nous
trouvons, Gabinius, l'ennemi deCicéron, M. Co^lius,pour
lequel Cicéron plaide, sont renommés comme habiles
danseurs '". .\vec la politesse croissante des mœurs, et
à mesure qu'on se relâche davantage de la sévérité
d'autrefois, l'antique opinion se modifie à Rome. Di'jà
Salluste, malgré ses affectations de moraliste, reprochait
moins à Sempronia de danser que de danser mieux qu'il
n'est nécessaire à, une honnête femme '\ En dépit de
quelques protestations soulevées, de temps à autre,
par le penchant excessif des jeunes gens pour la panto-
mime'■', le changement d'idées est tout à fait notable à
partir d'.\uguste "'. La danse arrive à être considérée
comme l'exercice naturel de toute personne bien élevée ;
elle fait partie de divertissemenls de la bonne compa-
gnie '^ Horace, célébrant, sous le nom de Licymnia, la
femme de Mécène, faitl'élogede sa voix, puis ajoute qu'il
ne lui messied pas non plus de se mêler aux chœurs de
danse'*. Slace pourra bientôt compter parmi les talents
de sa fille, qui la rendent digne du choix d'un époux, son
habileté à jouer de la lyre et à danser '". Mais notons bien
qu'à cette époque de culture affinée, la danse est admise
et louée au même litre fju'elle était dénigrée d'abord au
titre d'arl d'agrément. On est toujours fort éloigné delà
pensée de Socrate el de Platon.
tjiiod l'ix narrante linijua aiit srripturae textu possit agiiosci; et IV, 51 : //ic
suitt odiitae orchistrarum loqna.cissimae manus, linquosi dif/iti, claniosum
silentium, e.rpo8itio tacila, qunm Musa Polymnia rept;rlre narratur, ostcndcns
hommes passe sine oris ajfatu suum relie declarare; v. encore Cyp. De Spect.
p. 370 : Vir ultra muliebrem mollitiem dissolutits cui ars -sit verbu manibus
expediie. Ajoutons que chez les Romains cet art du geste ne se limitait pas aux
inoyeus d'expression fournis par les bras et par les mains. V. Apul. {Met. X.
32, 12 (éd. van der Vliet). Danse du Jugement de Paris : Xonuunquam saltnre solis
oculis. — 6 Marquardt, VVe privée, I, p. 137. — ^ Macr. Sat. 111, 14. 4-
— s Macr. Ibtd. : Vidi puerum bultalum cuni crotalis sattare, quam saltationem
impudicus servulus honeste saltare non posset. — 9 Cf. G. Boissier, La reti-
i/ion rom. d'ÂuQusle aux Antonins, 11, p. 245. — '0 Corn. Nep. Epam. 1, 2.
Scimus enim, musieen nostris moripus abesse a principis persona, saltare vero
etiam in vitiis poni ; quae omnia apud Graecos et grata et laude digna. — tl />e
tl/f. I, 42, 150. — ta Pro. Mur. 6. 13. — l» Cf. De l'Aulnaye, De la saltation théâ-
trale, p. 70-71. — 14 Catil. 25 ; cf. Macr. Sat. 111, 14, 4 : Adro et ipse Semproniam
reprehendit non qtiod saltare sed quod optime scierit. — '^ Sen. Contr. 1. praef.
H. p. 40 (Bursian) : Torpent eece ingénia desidiosae jurentutis... cantandi saltan-
dique obscena studia effeininatos tenent. — "> G. Boissier, t>p. cit. p. 251 sq.
— " Ov. Am. i, 595; llor. .Sat. I, 9. 23; Manilius, IV, 525. — I» Od. II, 12. (8.
_ 19 Silv. m, 5, 64. La véritable passion de Caligiila pour la danse (Suet. Calitj.
55) ne fil qu'accentuer encore le goût des Romains pour l'orcliestique.
SÂL
— ior)2 —
SAL
II. /.('.s- danses des /iomnins. — 1. I^cs plus ancionnps
danses des Romains sont lios danses guerrières el sacer-
dotales. La /><•// /c/Y'/w, insliluée par Uouuilus, élailvrai-
senil)Ial)lemenl une danse armée préparant à la guerre
et ofl'rani peul-èlre, dans ses grandes lignes, une repré-
sentation mimétique du eombat. Les Komains ont
aussi connu la pyrrhique des (îrees', mais chez eux,
comme dans la Grèce de la même époque, elle nous
apparaît, le plus souvent, dépourvue de son caractère
guerrier '. Le nom de pyrrhique fui appliqué par les
Romains ù des danses de fête très diverses sur lesquelles
nous aurons occasion de revenir. Il est possible pourtant
qu'une danse assez analogue à la jiyrrhique de l'Age clas-
sique ", la « pijrrliique mililaire », ail été parfois exé-
cutée à Rome et donnée en speclacle public ^ En tout
cas, il parait certain que la conception d'une orclieslique
proprement guerrière remontait aux origines de la tra-
dition romaine et qu'elle y subsista
longtemps, en dehors même de toute
pratique. Celte idée se traduit bien,
par exemple, dans le type célèbre de
Mars dansant, connu sous le nom de
Mars ('/for du Capitole, qui nous a
été transmis par un grand nombre d(!
médailles, de gemmes et par une cu-
rieuse statuette de bronze (fig. (iOTS)'.
Le culte de Mars comportait, d'ailleurs,
des danses rituelles à appareil guer-
rier, qui sont pour nous une des va-
riétés les mieux connues de la danse
armée chez les Romains.
2. La danse des Saliens [salii] est
peut-être la plus antique des danses
sacerdotales qui appartenaient au
vieux culte romain ". Les Saliens sont avant tout des
danseurs, et les anciens font dériver leur nom de cellt;
fonction essentielle '. Aux fêtes de leur dieu, ils exécu-
taient leur danse qui était, selon Lucien, pleine de no-
blesse et de sainteté*. Vêtus d'une tunique de pourpre
brodée (^Mn/c« picUi), portanl le casque, la cuirasse et
l'épée ', les Saliens formaient un cortège précédé des
trompettes ((u/)ici7ies)"^. Ils tenaient d'une main le bou-
clier sacré, de l'autre une sorte de bâton dont les extré-
mités étaient munies de deux grosses boules". La pro-
cession s'arrêtait dans tous les lieux sacri's de la ville ; la
troupe des Saliens évoluait alors autour de l'autel'- ; ils
se déplaçaient jirobablement d'abord de la gauche
) IJiiinl. Jnst. oral. I, 11. Lacaaiemonios ipiidcm cliam saltntionem guam-
dam, tnnqunm ad bclla qiioqiie utilum, halniisse inler excercilalionem acce-
pimus. — i Sur le Winoignasc ilc Sei-vius {Ad .Xen. V, Oui), on a parfois assinijll:
la |)yiThi(tiic (les Humains airx jeux Iroyens. Mais les jt-ux troyens sont des jeux
essenliolIcmenL éi|uesli'ns que 1rs anciens cu\-niôincs ont opposé à la pyrrliiijue;
cf. Suet. CaifS. cap. 30. Cf. Mem-sius, Orchestra c. X'ih-'t ; Krause. Op. cit.
p. H30, n. 17. — 3 Marne mililaire, la pyrrliiipic est ilc plus en plus, à Home, un
simple eiercicc de parade. César parlant avec mépris des jeunes partisans de
Fompéc les appelle t-ù; t^Uii ioOtou; .«! ivO^ifoCs ,u;f.,.ia,d; (Plut. Pomp.
c. 69|. — * Ael. Spart. Hadr. c. 19: MiUtari's pyrrhichas populo rmquenler
exltibuii : Agalliias, De Aarset. Il, 5, itufpî/ïiv tivà îvôiîÀtftv ; cf. Suet. Cnes.
c. 39. — C (X Bruno .Scliroder, t)w Virloriit von /'ulruloiif, p, lu, fi};. 4. (Wiu-
Ckelm. Progi-. Berlin, 19U7). — 0 IJnint. Jiist. or. I, 11. Is ; i-erv. .\d Bnr. V,
73; cf. Seidcl, De saltatiomhiis sacris reti-riim /lumanoi-iim. Berol. ISili. l..-i
musique fait aussi partie du vieux rituel romain ; cf. Marquardl, Culte, 1, p. il I,
n. 8; p. Ïi3 ; p. t'i; H, p. 168; Vie priri'e. 11, p. 6U8. — TA satiendo ou
salitiindo, Varro, Ling. Inl. 5, S5; Serv. Ad Aen. Vlll, -285, (iiJ3 ; V. les
autres témoignai^es des auteurs anciens dans Manjuardt, op. cit. p. I0.>, n. -1.
- 8 l,uc. De aalt. iO, a,^.,,Tit,v t< ti|i« »»' Ufux.tr,-,. — 9 T. I.lv. I. :i(i, 4.
cf. Injîliirami, Mon. eirusc.hi. VI, lav. B, 5, n» C ; Aunnli d. Inst. ISOU, lav.
E. ; Slai(|uar.ll, Culte des llom. 11, p. 103 SAiiiJ. — lU Hu Ij-LS-reiief de Tihur,
viM's la droite, puis de la droite vers la gauche, et
faisaient ensuite un tour complet". Toutes ces évolu-
tions étaient accompagnées de sauts ou plus exacte-
ment de trépignemenis analogues à ceux du foulon'*.
Les Saliens frappaient la terre du pied beaucoup
plutôt qu'ils ne dansaient'^; au praestil, ou chef de
la danse, appartenait de donner le signal et l'exemple
de ces mouvements (ampiriiare), et les Saliens l'imi-
taient ensuite {redanipti'uare)"'. Tout en dansant, les
Saliens faisaient résonner leur bouclier qu'ils frap-
paient soit avec le bâton dont nous avons parlé plus
haut, soit avec leur glaive'^. Ils accompagnaient aussi
leur danse d'un chant exécuté sous la direction du
iHiles ou chef du chant.
La danse des Arvales [arvalks], qui est aussi fort
ancienne, nous est beaucoup moins connue. Au deuxième
jour de leur principale fête, en l'honneur de la déesse
nommée Dea Din, après le sacrifice, restés seuls dans le
temple, les Arvales y exécutaient une danse sacréeaccom-
pagnée d'un hymne en vers saturnins".
A côté de ces danses sacerdotales, il y eut encore,
parla suite, à Rome, comme nous l'avons déjà signalé,
des danses religieuses exécutées par les fidèles. C'est
ainsi que les jeunes gens des premières familles pre-
naient part au chant et à la danse aux f(?les d'Apol-
lon et à l'occasion des Supjilications '". Pour les Sup-
plications, nous savons que, dès l'année 3-47 ^= 207,
trois chœurs, comprenant chacun neuf jeunes filles,
chantèrent et dansèrent un hymne en l'honneur des
dieux-". Cet usage s'introduisit fréquemment dans le
culte. Le Carmen saeculare d'Horace est un témoi-
gnage curieux de cette pratique qui se perpétua à
Rome et que l'on peut constater encore, par exemple,
sous le règne de Caligula^'.
3. A Rome, comme en Grèce, la danse figurait aussi dans
bon nombre de fêles et de cérémonies publiques-^ en
relation plus ou moins directe avec le culte. La plupart
des grands jeux de Rome étaient accompagnés d'un cor-
tège, pompa ; il avait lieu aux Liidi Matjni, au Ludi Apnl-
(inares, aux Ludi Megalenses et Aiiijasta/es-'. Or ces
cortèges étaient l'occasion de réjouissances orchestiques,
si nous en jugeons par la description que fait Denys
d'Halicarnasse des Ludi Magni-'' : Après le défilé de la
jeunesse romaine, celui des chars et des cavaliers qui
devaient prendre part aux jeux, on voyait s'avancer
d'abord trois groupes de danseurs armés, celui des
hommes, des jeunes gens et des enfants. Ils étaient suivis
aujourd'hui perdu, représentait cette procession. V. iMarf[uardt, Culte chez tes
nom. Il, p. IS3, u. 4 [Cf. sAui). — " Annali d. Inst. 1SC9, p. 70, Uv. li. — 12 Serv.
AdAen. Vlll, 1163: ctica aras saliunt et tripudiant; Vlll,iS5: Tun, Snlii nd cantus
iuceuas nllaria circum, Populeis adsunt eitincti tempora ramis. — '3 Cf. Meur-
sius, Orchestra co\. 1207. — 'V Senec. Kp. XV, 4; /i7 sntlus, vet itle qui corpus in
allum levai, vel ille qui in longum miltit, vel ille ut ita dicajn saliaris, aul, ut
contumeliosus dicam, fullonius. — IS Hor. Od. IV, 1, i8, pede candido, in morem
.Saiium, 1er quatient Immum; cf. Plularrli. Nunm 13; l'eslus, Ï70 b, 3i. — 16 cf.
Meursius, Orchestra col. 1297. texte de Keslus : fledamptrunre d-citurin Salioruiu
exsultalionilius, cuin praesul amptruavit, quod est motus edidU ; et referuntur
invicem iidem motus. — " T. I.iv. I, 20, 4; Plnlarcli. Numa, 13; Uionys. Hal. Il, 70.
— I» Marquar ,t. Culte chez l. llom. Il, p. loi. Il exislail nalurcllementdHuties danses
sacerdotales ou religieuses dans les cultes proprement romains ou iniporiés en Italie.
Mais nous les connaissons mal. Une peinture irllerculanum, aujourd'hui au Musée de
Naples, représente peut-être nue danse sacrée du culte d'isis. V. Gusman, Pompvi,
p. 92-03. — f'JMarquarill, Cu/Zec/ie: (. Hum. 1, p. 223; Viepriv. desltom. I, p. 1 39; lier.
Oli. IV,C,3I, Virginum primae, puerique Claris patribus orti; Carm. Saec. 5: Vir-
gines lectns. elc. — '■ÎO T. Liv. XXVII. 37, (»T novenac virgines...per manus reste dita
souum vocispulsupedum modulantes incesserunt. — ^' Suet. Calig. 16. — 2'^ Cf. De
l'Aulnaye. De lu saltulion thihltrale. p. 50. — i3 Marquardt. Vie i-ric. d. llom. II.
p. ;ius; Culte des llom. U, p. ÏTO. - 21 Ujoiiys. liai. Vil. 72.
SAL
— 1053 —
SAL
de danseurs comiques revêlus de Uiniqiies grossières en
peau de mouton ou de bouc (sruteae ou chortei) au-
dessus desquelles élait passé un léger manteau tissu de
fleurs'. Ces danseurs burlesques exécutaient la xiLinnh
grecque ou danse des satyres-.
A l'époque impériale, la danse est un élément essentiel
des fêtes et spectales de la ville et de la cour. On y voit
exécuter notamment plusieurs danses, désignées sous le
nom général de pijrrhlque, mais assez difl'érentes les unes
des autres \ Une des formes les plus célèbres de cette
pyrrhique élait celle qui était dansée en lonieetdans les
provinces d'Asie Mineure, aux fêtes solennelles, par les
jeunes gens des plus nobles familles '. On rapporte que
plusieurs fois ces danseurs furent appelés à Rome par les
empereurs, et que le droit de cité leur fut souvent octroyé
en récompense de Tliabilelé qu'ils avaient montrée '.
Nous savons, d'ailleurs, que dans la maison impériale, des
esclaves des deux sexes étaient entraînés à ces danses.
Il semble bien que la pyrrhique dégénérée pouvait être
dansée soil par des jeunes garçons seuls, soit par des
jeunes garçons et des jeunes filles; le plus souvent, ces
exécutants étaient des esclaves ou des artistes de profes-
sion". .\pulée nous donne un exemple intéressant d'une
pyrrhique exécutée par des danseurs des deux sexes, lors
d'une fête donnée dans la colonie romaine deCorintlie ".
Des jeunes garçons et des jeunes filles d'un âge floris-
sant se livrent à des évolutions savantes et mesurées ;
ils forment d'abord une ronde souple et mouvante, se
déroulent en chaîne, puis se disposent en coin, el enfin
se séparent en deux troupes*. Comme on le voit, il n'y
a dans une telle danse ni mimique, ni appareil spéciale-
ment guerrier. Quelquefois pourtant, danseurs et dan-
seuses se livraient à des combats simulés', mais tout
à fait dépourvus de caractère d'exacte réalité quofirait
l'ancienne pyrrhique grec(iue. Le plus souvent, les
pyrrhiques romaines n'étaient que des danses joyeuses,
erotiques'" ou bachiques"; dans certains cas, elles
se compliquaient d'un argument mythologique qui
les rapprochait alors tout à fait de la pantomime pro-
prement dite '-.
La pantomime figurait surtout dans les spectacles du
théâtre. .Nous n'avons pas à insister ici sur cet art qui
représente la forme la plus parfaite de l'orchestique à
Rome" ^i'A.\T0Mi.Mis\ Rappelons seulement que ce furent
Pylade et Batliylle qui, sous le règne d'Augusle, firent
de la pantomime un genre à part dont ils empruntèrent
les principaux éléments à l'orcheslique de la Grèce ". La
' De TAulDaye, Op. cit. noie il . — 2 Dionys. Haï. îoc. cit. La (Jausc ne ligurail pas
moins dans les nouveaux jeux qu'aux anciens. C'est dans les Juvennles instihn^s par
Néron, qu'on vil danser .\clia Calella, femme très riche el de liaule naissance, alors
ig^dequalrc-vingls ans ;cf. De l'AuInaye, Op. cit. p. 59. — 3 Friedliindcr, Mœurs
de> llomaim II, p. 2^0. - » Suel. Caes. 39. — S Dio Cas. 60, 7 el i3. — 6 hricd-
Under, U/,. cit. Il, p. i:iO. - '' Apul. Mctam. X, i9, 18 : Pelli puellaeque vireiili
florcnles aelatata, forma conspicuiy vitte nitiili^ incessu gestiiosi ffraecanicnm
nattaturi pyrrhichtm liisposttis ordinationtims decoros ambitus inerrattaut, elc.
— >> Apul. lôid. Nous a^ous vu, d'ailleurs, ctiez les Grecs eux-mômes l'origine de
ces IransFornialious ; cf. Xen. Anafi, VI, I, lï. — 9 Friedlandcr, Op. cit. II.
p. i30 : Antli. lat. éd. Meyer, 859 ; lit spatio Vencris simulantur protliu ilar-
/i«, elc, — 10 Elles étaionl parfois exéculécs dans les festins (Sucl. Ncru, 12) oii
on se livrail aussi à des duels orclieslii|ues, selon la coulunie des Hlrnsques (Alli.
IV, 153 /-el 154 a). — H Alli. XIV, 031 a. flinc (//. jV. VIII, 2, 1) dil qu'on
apprenait aux élépliants à exécuter la )iyrrln((ue. — >^ Friedlandcr, Op. cit. Il,
p. 231. — 1* V. partie. Krause, Gijmnastik tind AtfOnistik d. Helten. It, p. 846 sq.;
Ue l'Auluaye, De la sattatiun théntrate, p. 62 S(). ; Friedl.iiider, .\t(Kurs des
/tumains. Il, liv. 6, p. 2l2 sq. ; Siltl, Ùie Gelnirdcn dcr Uriecli. und Itûm. p. 246 si|.
- I» Ktausc, Op. cit. Il, p. 816.— 15 Alli. I, 20 e. — 16 Mut. t'ono. l^robl. Vil.
S; Atb. I, 20 e; Scnec. Hhtit. /tecl. 111, proeui. Pytadcs in comoedia, iiathyllus
danse de l'Italie (ixaXixvî) fut constituée par eux de l'union
des trois danses du théAtre grec, l'emmélii;, le kordax
et la sikinnis'". La danse de Batliylle, di-coulant de ces
deux dernières variétés orchestiqiies, élait vive et gaie
el difiérait profondément de celle de Pylade". Celui-
ci, qui avait écrit un ouvrage sur son art, fut le
fondateur de la pantomime tragique, majestueuse et
grave''. La pantomime était dansée soit par un seul
acteur qui remplissait alternativement ou successive-
ment plusieurs rôles, soil par plusieurs qui jouaient
simultanément. Pylade inlroduisit, pour la pantomime,
un accompagnement à grand orcheslre avec flùle, fifre,
lyre et cymbales '^
4. Chez les Romains, de même que clie'/. les Crées, la
danse se retrouvait encore dans quelques circonstances
de la vie privée, comme les cérémonies de funérailles,
les réjouissances du mariage ou simplement du banquet.
Danseurs et mimes apparaissaient dans le cortège funè-
bre". Nous savons, par Denys d'IIalicarnasse qu'aux
funérailles des grands personnages, des ciiœurs de saty-
risles exécutaient la siLinnis; ils bouil'onnaienl à l'envi
comme dans les cortèges triomphaux, et imitaient, de
façon burlesque, les danses sérieuses '-". Il est probable
aussi que la naenia qui, jusqu'à l'époque des guerres
puniques au moins, était chantée par des pleureuses
(l)raepc(ie), était accompagnée de mouvements orches-
tiques. Il en était de même sans doute pour les chants
({u'enlonnait le cortège nuptial qui s'avançait à la
tombée de la nuit, sur le rythme de la Hùte, dans la
cérémonie de la deductio'^K
La danse élait, surtout à Rome, un élément imporlant
des réjouissances du banquet. Dès la fin de la Répu-
blique, il y avait dans les riches maisons des troupes
d'esclaves mimes et danseurs qui servaient à ces spectacles
domestiques"--. On y employait aussi des mimes ou des
danseuses de profession qu'on faisait venir pour l'occa-
sion. Les danseuses de Syrie -^ et de Gadès-'' étaient parti-
culièrement célèbres à Rome; elles se livraient à une
orchestique voluptueuse et lascive consistant surtout en
d(''tianchemenls scandés du cliquetis alterné des cro-
tales-'. On se souvient que lorsque Properce s'efiorcait
d'oublier Cynlhia, c'était la joueuse de crotales Pliyllis
qu'il fai.sait venir de l'Aventin -". Une peinture du musée
de .\aples représente une de ces danses de banquet; on
y voit une femme entièrement nue qui danse sur un
accompagnement de flùle devant les convives assem-
blés-'. 11 est probable que c'élait aussi dans les festins
in tragoedin, multum a se nberant. l'erse dans la Sat. V. appelle Balhyllc un
satyre; il veut signifier par là qu'il dansait la sikinnis (Meursius). — ft Alli.
1, 20 e; etc. — '* Cf. FriedISnder, Op. cit. H, p. 219-220; SiUI, Op. cit. p. 250.
Sur l'incroyalile passion des Romains pour la paiiloniimc, v. Friedl.inder, II, p. 223 ;
Siltl, p. 250 251, elc. - 19 Marquardl. Vie prœéedes Rom. 1, p. 412. —2" Dionys,
liai. VII, 72; Suel. Caes. 84; De l'AuInaye, Op. cil. noie 41. Un de ces raimes
représeulail sans doute le défunt et ses actions (.Sud. Vesp. 19i. — 21 Marquardl,
Vie privée des liont. I, p. 64. Les cliatits d'Iiyménée tels que ceux que nous trou-
vons chez Catulle étaient prohablement accompagnés de mouvements orcliestiqnes.
— 22 Marquardt, Vie privée des Jlom. I, p. I7S cl n. I. Sur ces speclacles orclics-
liques privés, V. Becker-Ciôll, Galtus, III, p. 373. — 2J Virg. Copa, 1,-2' Mari. V,
78, 26; VI, 71, 12 ; Juv. XI, 162. — 25 Virg. Copa 1 sq. : Copa Syrisca, capul (irnia
redimita mitella^ Crispurn sut/ crolalo docta movere talus Ebria fumosa saltut
lasciva taberna^ Ad cubitum rancos excutiens calamos. Juv. XI, 162 : Fovsilan
expectes ut Gaditanu canoro Incipial jiriirire citoro, ptausut/ue probato Adlerram
tremulo descendant dune puellae ; Mari. V, 78 : Aec de Gadihus improbis puetlue
Vibrubunt sine fine prurientes Lascivos dociti tremore lumbos. — 2ti l'rop. V, 8,
29. — *7 (jusman. Pompei, lig. p. 351. Il y avail aussi dans les fesUiiS des acro-
bales el danseurs de corde. V. funambules de Pompéi. .Vus. /Jurbouico, \ll, pi. l.
S\L
io:;i —
SAL
(lut'laiiMil e\('cul('('s. l'iitre aulros Ofcasions de fiHcs ou
spectacles privés, certaines des (linisi's roi/r'rs d'où les
peintres de Pompéi ont tiré un motif si fré(|iienl de dé-
coration intérieure '.C'est A tort qu'on cherclierail, pour
la plupart des ligures dansantes qu'il ont tracées, une
interprétation mythologique'-; le plus souvent, au moins,
ce sont des mortelles que nous avons sous les yeux, se
livrant aux danses mimétiques si chères aux Homains, ou
simplement à la danse du voile admirée pour sa propre
Fig. 0070. — Danseuses voilccs.
beauté. Velues de légères étoffes de Cos, leur corps libre
transparaissant à travers la trame aérienne etfrémissanle,
elles dessinent quelques gestes qu'amplifie et idéalise
l'envol niagnilique des voiles^; ou bien, groupées deux
à deux, elles unissent leurs bras dans une courbe gra-
cieuse qui participe au rythme enveloppant de leur
danse* (,lig. 61)7!)). N'oublions pas, d'autre part, que les
convives s'adonnaient eux-mêmes aux passe-temps
orchestiques et exécutaient des danses parfois très
libres^; ils représentaient aussi des combats singu-
liers* ou diverses sortes de pantomime. On rapporte
que le consulaire Plancus, teint en bleu de mer,
affublé d'une queue de poisson et la tète ceinte de
roseaux, exécuta la danse du dieu marin Glaucus dans
un festin de Cléopàtre\
' Ovcrbccli.f'ompei, p. 381 : (Jiisnian, Pompei,p. 354-335.— 8 Oveibeck, Loc. cit.
— ^Atiis. Borbniiico,\'H. M; Hcibig, Wandgemiîhle. eic. n" l'Hit; Oveibeck. Op. cit.
fig. 304. — »J/iis. «orionico, VII, 33; Cusman, /"ompei, lig. p. 198 ; Eimiiaiiuel, iFs-
stii sur t'Orche^tique, p. S37 ; voir d'aulres danseuses voilées: Mus. Bovbo nico, VU,
•SS (Gusman, lig. p. 403) ; Mus. llorbonico, VII, 37 et VM,34(cr. Gusman, lig. p. 401),
elc. —^Cic.Pr. Oej. 9: bejotamm vino se ûttniisw in convivioffue nudum salta-
visse. In Pis. 10, î±: Cum collegae tui domus cantu et cymbalis pcrsonarat,
cumque ipse iiurfiis in conoirio saltarel : cf. Oie. Cat. Il, 10, i!, elc. — 6 .Mh. IV,
l'.3/-el 154 il. — 7 Vell. Pal. Il, 83. — 8 Apiil. Met. .\, S9, ii. — 9 IIU.
lil, 0, il : Motus doceri gaudet lonicos tnnturn virrjo. — ") Sut. I, 5, 03 ;
Virg. Hcl. v. 73, .Snltantes .fatyros imitabitur Mphesibrrus. — " T.ic.
Ann. XI. 31, 10. — 12 Jlari|uardt. Vie privi^e des /(oiiiniiis, I, p. 139. u. 3.
— 13 l>lin. H. liai. VII, 48, 159; Suel. Aug. 15.— U V. Manpiardl, Viepiiiée
des Homains, I. p. 140. — Bu.i iocbaI'hii:. Origines et nature de la danse :
aénrrnlités. Hini. llie origiiis of art, l.ond. 1900; E. Grosse, Les débuts de
rarl, Irad. fr. Paris, 190i. _ Histoire de la danse: R. Voss, Der Tan: uiid s.
fleschichte, Kifiirl, 1879; F. de Meiiil. Uist. de la danse à travers les âges.
Paris, 1905; ail Irouiera dans ces ouvrages <pieli|ues indicalions giiiiérales sur
orcheslique des anciens. — /.n danse ries Grecs et des Jiomains : I. Bieckli, h\i-
ryetop. und Metliodol. d. pliilolog. Wissensch. I.eipz. 1877, p. 498 ; Culil el
Knhner, La rie antique, Irad. fr. Paris, 1884, p. 391; S. Reiii.ncli, Manuel de
pliilolog. î- fd. Paris, 1904, I. I, p. 190-93 ; Paulv. /leal F.ncyclop. d. clas.
sisch. Alterlimsvitsensch. SluUg. I83Î, arl. Hattatio. — Oiirr. spi'ciaux :
1. Meursii, firriiestra sir. de sait, teleriim, dans le Tbessaur. graec autiq.
deGrouovius. 1018, t. VIII : réunion des principaux levles anciens : Burclle. Z>e /a
danse des anciens, deux disserl. dans les Mém. de lAcad. d. Inscript, el U.-
n'un grand nombre de danses de réjouissances privées
et de danses populaires inspirées surtout par la tradition
grecque, le souvenir vague est seul parvenu jusqu'à
nous. C'étaient des farandoles du type de V/iormos,
analogues à l'une des figures de la /)y;v7//(/M(' décrite par
Apulée *, ou les molles danses ioniennes qui char-
maient la jeunesse de Rome^; des danses rustiques enfin
commme colles qui imitaient les pas des Cyclopes et des
Satyres'", ou comme la danse baciiique des vendanges
qu'on voit exécuter avec des raftinements d'orgie par
Messaline et son entourage ".
Nous avons peu à ajouter sur la condition sociale des
danseurs el l'enseignement de l'orcliestique. A côté des
amateurs de danse, nombreux surtout à partir de l'époque
impériale, on trouve, à Rome ainsi qu'en Grèce, des dan-
seurs de profession. Ce sont à l'origine des professeurs
grecs auxquels s'ajoutèrent ensuite des maîtres ro-
mafns". Quelques-uns de ces artistes étaient fort con-
nus, comme ce Sléphanion que Pline mentionne pour
avoir dansé aux Jeu.r séculaires célébrés par Auguste
el par Claude'-^; les pantomimes en particulier, tels que
Balhylle, Pylade ou Piiris jouirent d'une incroyable
faveur [pantomimis]. il y avait aussi, comme on l'a noté
plus haut, des danseurs et des danseuses esclaves ou
appartenant à une classe fort humble. Nous savons,
d'au Ire part, qu'on ne trouverait rien à Rome qui ressem-
blât à cet enseignement de la danse gymnique que les
enfants chez les Grecs recevaient dans les palestres. Si
la musique finit par entrer dans rèvxiJxÀî&i; TtaiSeia des
Romains, la danse demeura toujours à leurs yeux un
art de luxe et ne fut jamais un élément véritable et con-
stant de l'éducation nationale". Loeis Sëch.^n.
SALTUS. "AXu.%. Le saut. — I. Il a été parlé déjà de cet
exercice; nous compléterons ici ce qui en a été dit aux
articles iialtfr et oii-xoiertiim. Durant la période clas-
sique, le saut ne donnait plus lieu chez les Grecs à des
concours spéciaux ; il faisait partie du penlathle [oiiN-
ulehtum]. Voici comment on le pratiquait.
C'était un saut en longueur'. Les sauteurs s'élançaient
du PaTr,p -, que nous trouvons délini comme il suit : r,
Ïp/Tj T05 TO)V TTEVTiOXtOV <Jxâf/U.aTOÇ ^, el TÔ ïxS&V TOÙ TÔlV TTEV-
TaÉOÀiov <7xiajji.aToç *. Le rapprochement de ces deux défi-
nitions prouve bien (jne le |3ïT;-p n'iHait pas, comme on
lettres, Paris 1717 ; II. Krause, Oymnastik und Agonistik der ffellenen, Leipz.
ISH, I. Il, ch. 3; C. Situ, Die Gebilrden d. Griech. und /làmer, I.eipz. 1890.
cil. XIII. I.a danse romaine passe an premier plan dans De ï'.Aulnayc, De ta Saltalion
théâtrale, ou recli. sur l'origine, tes progrrs et les effets de ta pantomime ch. les
anc. Paris, 1790. Les ouvrages suiv. sont exclusivement consacrés à la Grèce : Flacli,
Der Tanz bei d. Griech. Berl. 1880; Heydemanu. Vb. eine rerhùllte Tùnzerin, Win-
ckelinanns, Progr. Halle, 1879 ; M. Emmanuel, De Saltationis discipl. ap. Graecos.
Id. £ssai sur l'orch. grecque, Paris. 1895. A consulter encore pour les danses drania-
liiiues : Hermann-Miiller, Lehrb. d. Griech. ttùhnenalterti'imer, Fribonrg, 1886,
p. iîa se) ; I «an von Millier, llandlmch ; das Bfihnenuesen d. Griech. und Borner.
JInnicli, 1890, p. iOi sq.; C. Kii-cliholT. IHe orchestische eurythmie d. Griech.
Alloua, 1873; H. Bucholtz, Die Tan:l,iinst des L'uripides. Lei|.z. 1871; Masipie-
ray. Théorie des formes lyriques delà traff. grecque, Paris, 1893; Mazon, Jîssai
sur la composition des coméd. d'Aristophane, Paris, 1904. Pour les danses lyriipies,
A. Croisel, la l*oésie de l'indare et les lois du lyrisme grec, Paris, 1880. Les
renseigneinenls i|uc donnent les ouvrages précédents sur le rôle de rorrliestii|ue,
dans la vie publi([ue et privée des anciens, sont complétés par d'autres travaux
i|u'(ui trouvera cités dans les notes.
SAl.TL'S. I Aucun document écrit n'atteste <|iie les Grecs aient cultivé le saut
en hanleur. ni le saut en profomleur; les monuments ligures (|ue l'on a rapportés
(iueli|ucrois à ces deux genres irexercices •'Ont d'une interprétation contest.'tbie
icf. Journal o/ bellenic Studies. 1904, p. 180-181 ; 187; 193194). En tout cas.
ni le saul en hauteur ni le saut en profondeur ne furent admis au programme
des concours. — 3 Poil. Ononi. III, 151 : ,«\ s«,v ïUovt».. ?«rr.!.. — 3 Suid. s.
,.. j„,;p. _ 4 lles;cb. s. e.; Anon. ap. Bekker, .Anecd. l. ii4(tirédu codex Coislin.
345, Lej-ic. Sei/utr.l, d'après le grammairien Séleukos d'Alexandrie.
SAL
— 10.":; _
SAL
Fig. 0080. — Alhlcle atlendaiil le
l'a souvent prétciulu ', uni' uslrade surélt'vét'-; xo axpov,
dans la seconde, équivaut à /■, àp/vi dans la première;
le fiaTY|p était tout simplement le point de départ, le seuil,
pour ainsi dire ', de la
carrière des sauteurs. En
arrière de lui, ceux-ci
prenaient leur élan, non
pas sans doute en cou-
rant, mais en exécutant
quelques bonds '*. Ils sau-
taient les mains chargées
d'haltères ' , masses de
matière et de forme di-
verse '■ qui, habilement
maniées, accroissaient
leur force de propulsion et les aidaient à retomber
d'aplomb sur le sol '. Leurs exercices s'accomplissaient
au son de la flûte ".
La llg. COSO " re-
présente un flûtiste
et un athlète qui
attend le signal.
La llg. «081 ">. un
allilètc qui prend
son élan. Sur la
lig. (;08i>", l'athlète
est au moment de
commencer le saut :
arrivé près du paTY|p,
il s'est arrêté brus-
(]uement, h; corps
rejeté en arrière, les
bras lancés d'abord
en avant et en haut (personnage de gauche), puis ramenés
en bas (personnage de droite). La fig.()()83 '- nous le mon-
tre sautant, jambes et
bras en avant, presque
horizontaux et paral-
lèles entre eux. Sur la
fig. 0084'-' il va repren-
dre pied; de nouveau,
les haltères sont repor-
tés en arrière. On obser-
vera que, sur ces deux
figures, le sauteur a les
jambes rapprochées, ce
qui était de règle ''. En-
fin, les deux athlètes de la fig.()085'^' viennent, semble-lil,
de retomber à terre, et leur élan les emporte en avant"'.
' CeUi. idéofaii-se est encore cxpriiiiée dans la 4' édilion des Gi-kchischc Allcr-
tiimer de Sclifirnanii, Il (lUOli), p. (ii. — 2 Encore moins un tremplin. Le tremplin
(nixa-pivjD'a pas Hi inconnu des Grecs, el leurs acrobates s'en seivaieut (Cf. Krausc,
Ui/mtmslik rier f/cllenen, p. 'iiô.n. 3; Injliirami, A/iis. Chius. f.ii.) Mais riei'ni'invitc
h croire qu'il ait 6lé utilisé par les athlètes. — 3 Le mot paxiip signifie souv nt seuil :
cf. Poil. Onom. Il, 200 ; Anou. ap. Bekkcr, Anecd. l. l. ; etc. — t Cf. Journ. of
hell. Stiid., 1901, p. IS7-I89. — '■'> Dans les gymnases, les athlètes s'exerçaient à
Muter sans l'aide d'haltères, et parfois de pied forme: cf. Joimi. of hell.
aiud., 1901, p. 193-194. — 6 Cf. Fcddc, Ueber den Funfkampf der HMeneti,
p. 14-15, el l'article h.m.tkb. — ^ Arist. Hijl ^lopt.'-x; W"-"< 3 ; 1U,S'', V,
8; Philoslr. /lymn. 55. — » l'hiloslr. L. l. ; Paus. V, 7, 10; 17, 10; VI,
14. 10; PInt. De musica, io. _ 9 D'Hancarville, Antiq. etr. qr. el rom.. III,
pi. cx»iv =Joiirn. of liellen. Slud.. 190i, p. 185, lig. 0. - 10 Klein, Euphru-
nio», p. 300 = y. of hell. .St., 1904, p. 188. — U Annali, 1846, tav. d'agg.
M = Journ. ofhell. Slud., PJOi, p. 183, lig. 7. — 12 Arch. Zeilimri. 1884. pi. xvi.
= Klein, Êii,ilironios, 'ie é.l., p. iSO. — 13 Jahrlmch des arch. Jnsl., V. p. 243.
-'*Lauoticesurlepcnlathlcpulilii'oparl'iuder(/'e6errfer Fûnfk. der Hell.,\>.ii),
d'après un manuscrit de la Laureulienne (plut. LX.VIV, cod. 13, p. 308 b), contient
'ig. 0081.
Alhlèl
i'our amortir le chue, le sol, dans la ri'gion oit le saut
devait se terminer, était ameubli à la pioche; d'où le
nom de Ta È(jxa[jt[Jt£va'''. Plusieurs textes nous apprennent
Athlète sauUmt.
que l'extrémité de cette région ameublie était ordinaire-
ment à 50 pieds du pax/ip ". Phaylios de Crotone '", à ce
qu'on raconte, aurait dépassé cette mesure ^", sautant
oô pieds -' ; auparavant '\ le Laconien Chionis en aurait
sauté o2 -'\ 11 est inadmissible que de pareilles distances
aient été franchies d'un
seul bond ^■. Nous de-
vons donc admettre, ou
bien (|ue ce qu'on a ra-
conté sur Chionis et
Phaylios est inexact, ou
bien que les sauleurs
de l'ancienne Grèce s'y
reprenaient à plusieurs
fois. La première opi-
nion est celle de M. Gar-
diner". D'après lui, l'é-
pigramme célèbre où il est question du saut de Phaylios,
épigramme qui, peut-être, est antérieure de pou à
Antike Tumgeridhe, 10 = Journ. ofhell. Sliul. I90i, p. 180, fig. 8. — I» On a
aussi supposé qu'ils se préparaient à un saut en profondeur, ou bien rfu'ils se livraient
k un exercice d'assouplissement. — ■ t" Poil. Onom. III, 151 : ...o SâSpo;, Ti £ff'«(n*£va.
lit.«». Cf. Plat. Crutijï. 413A; Lucian. Somn.tt; Zenob. Proi). VI, 33; Paroe-
miogr. Or. Gaisford, p. 115 et 384; Suid. a. v. 'jni^ -cà ëuxaiiné/a ; blustalh. ad
<)d., p. 1391 ; Phol. Lexic. Il, p. 243 N. — l» Schol. Plat. L. l. ; Schol. Lucian.
L. L ; Zenob., Suid., Kustalh., Pliot. — l'> Sur Phaylios de Crotone, cf. liei^ue
des Ktudea t/rccques, 1899, p. 9 sc|. ; Journ. of hell. Slud., 1904, p. 77 sr],
— '20 Zenob. L. i. : ûnip t-.ùç t(TXK|A)JLïvou; nEvT<i»ovTa roSa; tU xô OTep îô/ r.XaTO ; Schol.
I.ucian., Suid., Euslath. — 21 Paroem. Gr. Gaisf. L. l. ; epigr. ap. Schol. Aristopb.
.4c/i. 214, Schol. Plat. L. /., Suid. L. t., Pliot. (.. t., etc. (Congny, Suppl. Antli.
Ptiltit., III, 28; Preger, Inscr. gr. metrieae. n» 142). — '22 llaus la 29« Olympiade,
— 'a Kuseh., Xoo/. I, p. 40 Scalig.), d'après .Iulius Africaiins. Le même auteur
attribue également cette longueur de 32 pieds au saut de Phaylios CUtoj. aj.«T.,
p. 330 Scalig.), probablement par suite d'une confusion. — 2i Kedde, Ueher den
fùnfk. der Hell., p. 18-22. — «• Journ. of hell. Slud., 1904, p. 79-80.
SAL
l'i-pociue de Zi'nol)ius,si'niit li- U'\toK> plus aiioirn où on
lui ail atlribiié celte prouesse; or, dans ce texlc, il y a
une recherche évident(? de symétrie : Phayllos, dit lépi-
grauuiiatiste, a franchi ."iOpieds plus 3. il a jeté son disque
— 1056 — SAL
de ces mari|n('S qui sont représentées sur la figure 0083,
au-dessous du sauteur. On mesurait aussi, au moyen
d'un xaviûv, les distances franchies'"; la fig. GO!SC "
FIg. 60S.1. — Athlùlcs rolomliés
aune distance de 100 pieds moins 5; M. Gardiner conclut
de là (lue les chillres sont de pure fantaisie. Four ce qui
est de Chionis, il observe que, dans la traduction armé-
nienne d"Eusèbe, la longueur du saut est fixée à 2"2 cou-
dées ; le texte original, pense M. Gardiner, devait porter
2:2 pieds. M. Fedde est moins sceptique. .\ ses yeux, les
mots TÔ TtpwTov, qui figurent dans une des délinilions du
PatTv-p, citées plus haut, prouvent ijue les pentathlèles sau-
taient plusieurs fois de suite. El la même hypothèse esl
suggérée, dil-il, par ce qu'ajoute l'anonyme de Bekker:
^ùinLiyoç 5k TÔ iaÉgov (toO Tùiv TcevT. i7xiu.u.aToç\ àï." ou àXXi-
[isvoi Tiï/.iv £;o(À),ovTai); Symmachos se trompait cerlaine-
ment en plaçanl le PaTT,s au milieu de la carrière de saut;
mais cet Alexandrin, qui lire souvent sa science des ou-
vrages de Didyine, n'a sans doute pas employé au hasard
l'expression iriXiv êîàXXovTai. Le saut des penlathlètes
aurait donc été un saut multiple', le triple saut (deux
enjambées et un saut à pieds joints) qui est encore pra-
tiqué dans certains pays de la Grèce -, le « hop, slip and
jump » des Anglais et des Américains.
On peut se demander si l'espace entier de nO pieds que
comprenait la carrière était ameubli à la pioche. Les
termes en lesquels Poil ux parle des È<;xa[j[A£va, — o 3 à opoç
TkÈi7xaa(i.£va, — semblentsignilier (ju'il ne s'agit qued'une
zone extrême; et, sans doule, si nous admettons la
théorie du triple saut, nous ne saurions méconnaître
qu'un sauteur rebondit mieux sur un sol ferme que sur
un sol défoncé'. Mais, d'aulre part, l'ensemble de la
carrière est souvent appelé cxàu-aa ou c-xâ(ji.[jLaTa ' ; ces
mots, dans les textes relatifs à Phayllos, alternent, sans
distinclion de sens apparente, avec xi è(7xau.|jL£va = ; et
plusieurs de ces textes contiennent des expressions telles
que ÛTcàp TO'j; è<rxajjL[Ji.£v</'ji; TisvTriXovra Tïooaç', Tojv Ttpô aÙTOu
cxaitTÔvTwv v' TcoSaç'; ce qui parait décisif.
Le saul devait laisser dans la terre remuée des âdxaji.-
(jL£va une empreinle manifeste*. Par les points (ju'indi-
quaient les dillérenles empreintes, des raies parallèles
étaient tracées sur le sol à l'aide d'un bâton, et servaient
à classer les concurrents '; peut-être sont-ce trois
1 Fedde, O. (., (>. 2i-i4; 3.5, ii. 5i. — 2 Eulli. Kaslorcliis ap. Fedde, O. l.,
p. 2S-23 ; G. Loukas, 4>âoX»|i>ù Umij'li; tûv iv TuT fiat tùv veutéçuv Kus^i'uv
i...ii«!i'«v tSï «j/«;-v (Athènes, 1874), p. 106. — 3 M. Fedde pensait que deui
rubaus carrelés dans la palestre d'Olynipie (cf. Frazer, Pausanias, IV, p. >9) re-
présentaient la partie antérieure de deux carrières de saul, celle où s'accomplis-
saieut les premiers bonds (0. /., p. 23 si|.). Cela esl bien peu vraisemblable (Journ.
uf htll. Sl„d., 1904, p. 75). — » Suidas, IKsych. s. v. p.TVif ; Suid. s. r. S.i; ta
i,n>ajA;it«tt; Eustalli. ad Od. p. 1591 ; Bekker. Anecd., I, iii ; Liban. Hts'i ôg^r,<rTp.,
•173 KeisWe. — '- Journ. of hcll. Stud., l'.lu», p. 73. — e Zenob. Pnv. VI, i3 ;
nous montre un paidotribe occupé à cette opération.
II. Tel était le saul pratiqué régulièrement dans les
gymnases et dans les concours publics. Nous n'avons pas
à parler ici d'autres genres de saut, dont on rencontre
l'image sur les monuments, ou qui sont nommés par les
auteurs: mouvements de danse ^saltatioJ ; jeux d'enfants,
comme celui que nous appelons saute-mouton, comme
le saut à la corde ou du cerceau [li'di, trochisI; quel-
quefois d'hommes faits, comme I'askoliasmos; tours de
force et d'adresse auxquels s'amusaient parfois les con-
vives dans les banquets, le plus souvent abandonnés à des
saltimbanques ou baladins qui se donnaient en spectacle
[acroama, t:ERNHS, peïaurista, saltatio, etc'. A l'une de
ces catégories appartienne saut, exécuté, à ce qu'il semble,
à l'aide d'un trem-
plin, d'un homme
par-dessus un au-
tre homme debout
lig. G087), repré-
senté sur une pierre
gravée '-, à l'expli-
cation de laquelle
ou ne peut rappor-
ter aucun texte.
Le saul d'obsta-
cle ou de rivière à Fig. 6o87.
l'aide d'une perche,
servant de point d'appui, était pratiqué chez les Grecs
dans les gymnases '% comme il le fut chez les Romains
dans l'amphithéâtre [contomoxobolon] ; mais il n'esl pas
sur que l'on doive reconnaître cette perche dans le bàton
tenu par des éphèbes sur les vases (fig. (3082) où sont pein Is
des sujets de ce genre ''; il esl certain que sur la plupart,
c'est un javelot qui esl tîguré [jacclum'. Pn.-E. Lecrano.
SALTUS. — Bois et pâturages [latifundia, p. 958 sq. ;
silva].
SALUS. — Cette divinité romaine et latine, dont le
culte a laissé des traces dans les plus anciennes tradi-
tions nationales, appartient au groupe très nombreux de
oem. (ir. Gaisf. p. 381. — 7 Schol. Luci;
I Schol. Piod. Aem. V, 19; IJuinl. Smyn
in. SoiiiH. 6.-8 Philostr. Gymn. 53.
1. IV, 466. — 10 Poil. Onom. III, 151 :
Ta Si nÉT&ov Toû «nS^ji^-oî, »«vwv. — 1' ArchatoL Zeitung^ 1878, taf. H.
— 12 Caylus, liecueil d'anliq. V, pi. i.xxxvi, m. — 13 Lucian, Anach. 27. — 14 Jaltn,
Vasensammt. su Mùnchen, n* 408 el 515 a. — Bibi.iu<;haphie. Fr. Fedde, Cebcr
dm fùnfkampf der Hellenen, l..cipzig, 1889; E. Norman Gardiner, Phayllns
and fiis record Jump {Juuni. of hcUenic Studies^ 190V, p. TO-Mi) /'«WA*.'r noUs
on the grevkjwnp {Ibid, p. 179-194). Ou trouvera dans ces travaui récents l'in-
dication des travaux plus anciens.
SAL
— ior;7
s AL
colles qui, représenlaiiLune idée ahslraile, sont devenues
un objet do vénération parce qu'elles sont une tnfluoirc
personnifiée^ Au sens le plus ancien du mot, elle n'a
aucun rapport direct avec la santé des individus. Salua
Puhlica, qui parait avoir été invoquée dans les chants
des Salions, à côté de Pa.r, et de Concordia, et à qui on
offrait un sacrifice public dans le sanctuaire qu'elle pos-
sédait au QuirinaP, a une signidcation politique, on
pourrait même dire sociale : elle procure le bien-olrc de
l'État en paix et en guerre, ce qui la fait associer à Janus
dans une vénération commune. Si elle veille sur celui
des individus, c'est que l'État ne peut cire heureux que
par le bonheur des citoyens ; et dans la langue populaire
les appels à la Salus personnelle gardent toujours leui'
signification collective ^ C'est ainsi qu'il faut interpréter
les passages assez fréquents où les anciens comiques
usent de son intervention. Quand un parasite, chez Piaule,
s'écrie, pour attendrir son interlocuteur : « Dans ma per-
sonne, je réunis à la fois Salus, Fortuna, la Joie, la
Lumière clVA Uégresse » ; quand, ailleurs, Salus est oppo-
sée soit à Spes, soit à Fortuna Obsequens; quand nous
entendons des réilexions comme celle-ci ou d'autres sem-
blables : « Salus même ne saurait procurer notre salut,
si elle le voulait'* », nous avons l'idée d'un pouvoir divin
qui vient en aide à l'homme, alors que sa vie, ses inté-
rêts, son bonheur sont en danger. Salus n'est donc, on
définitive, qu'un aspect de Fortuna limitée aux circon-
stances critiques de la vie.
Une cérémonie qui remonte aux époques les plus loin-
taines et qui dut avoir longtemps une importance excep-
tionnelle, puisqu'elle suppose la coopération des grandes
magistratures et du collège des Augures, s'inspirait au
regard de l'État tout entier des sentiments que mani-
festaient ainsi à l'occasion les individus en péril : c'est
celle qu'on nommait l'.l^^/Mrfwwi Salutis'\ En principe,
elle se célébrait chaque année et débutait par une con-
sultation des dieux, dans le but de savoir s'ils jugeaient
à propos de solliciter Salus en faveur du peuple". Il
n'était procédé à ces prières que si la permission en était
formellement accordée par les auspices ; et pour les
oll'rir, on était tenu de choisir un temps où toute opéra-
lion de guerre, tout trouble domestique étaient sus-
pendus'. La foule s'associait aux sacrifices, aux prières
et aux vœux officiels pour le bonheur de l'État, en échan-
geant des vœux et aussi en se livrant à des plaisanteries
satiriques sur le compte des fonctionnaires, qui les pre-
naient avec philosophie*. A l'origine, les productions de
SALCS. I NUzscli, Anmerlcmgen :ur (Mijss. Pracfal. p. xv ; I'itII.i- .lonlaii,
Hocm. Mythologie, I, p. 130. Ce sont les divinités que TerLulli™ [Ad mil. II. Il)
a appcll^us : umbrae incorporâtes et noniina de rehiis. — 2 Con-sen, Orifjini'fj
poesis romanue, p. 23, H: cf. Ov. Fast. 880 sq. ; Dio Cass. 1,1V, 35 et les Calen-
driers au 30 mars; pour le tciuptc pid. infr. Mart. C.ip. I, IG, dans la division
augurate du ciel en seize régions, attribue la première à Jupiter, aux OU Consentes,
aux Pénates, à Sains et aux Lares. — 3 n y a dans les formules latines de salutation :
salutem, satve, satutem Uicere, satvere jubere, salvum sospitetnque servari, etc.,
une nuance religieuse. V. Plant. Cist. IV, 2, 7(1, etc., plus encore dans la coutume
romaine de porter, en buvant, la santé d'un convive. V. Apnl. .1/^/. 10 : Satin
yenialiter grandissimum iltnm calicem perhausi. Clamor exsurgit consona voce
cunctoriim saiute me prosequentiwn. I.e sai.utès pocoi.om [Corp. inscr. lut. I, W),
trouvé à Hortanum en Étrurie a rapporta cette coutume et, peut-être, aux pralir(ues
des iir.niTuiNAUA (111, i, p. 1700); cf. Kest. lipit. p. 123.— i Plaut. Capt. 866 s.|.
516 ; Asin. 713 sq. ; Pseud. 709 ; Poen. prol. 128, etc. ; cf. Ter. Adelph. 761 ; et
Cicer. Pro Font. G : Salus ipstt virorum fortium innocentiam tiieri non potest.
-~ 5 Fesl p. Itîl ; Suet, Oct. 3t ; Festus nous apprend que dans cette cérémonie
liguraienl les préteurs, majores el minores. — <> Dio. Cass. XXXVU, 21 et 25.
— 1 Dio. /,oc. cit. et Cic. Divin. 1,47 ; cf. Jb. IG, 29 et 58, 133. — » liyd. De mens.
IV, 10. - a Macrob. .fiif. I, 15, init. Cf. Cic. De lerj. Il, 8, 21 : Vineta eirgetaqiie
VIll.
la terre élaient comprises dans colle supplication, et il
semble qu'on l'eiit fait concorder de préférence avec
l'époque des semailles'-'. VerriusFIaccus remarque expres-
sément qu'elle avait pour objet, non le bien-être dos per-
sonnes, mais la force même de l'empire : non ad aetalem
scd ad vim imper ii pertinere'" ; c'est-à-dire que la divi-
nité invoquée était ^S'«/i<.s-PMi/(t«, Salus Populi Romani,
non une personnification de la Santé".
Les conditions prescrites par le rituel eurent pour effet
de rendre la célébration de l'yl ufjurium très intermittente
et de la réserver pour des circonstances spéciales. Les
historiens en parlent, pour la première fois, à propos de
la conclusion de la guerre contre Mithridate, en l'an 63 '^;
puis il n'en est plus question jusqu'au lendemain delà
victoire d'Aclium, en l'an 29 ; mais Cicéron mentionne la
consultation préalable des auspices par .\ppius Claudius
Pulcher, consul en 54. Les présages étant contraires
puisqu'ils laissaient entrevoir une année féconde en évé-
nements fâcheux, VAurjurium ne dut pas avoir lieu".
C'est l'empereur Auguste qui le remit en honneur avec
beaucoup d'autres cultes et cérémonies, et Claude, qui
continua la politique religieuse de son prédécesseur, y
procéda en l'an 49 '''. Tacite fait observer à ce sujet qu'il
y avait eu une interruption de soixante-quinze ans; tou-
tefois, un passage d'Ovide, d'ailleurs fort peu précis mais
corroboré par d'autres témoignages, mentionne, à la date
du 30 mars, une cérémonie commune à Salus, à Janus, à
Concordia et à Fax, qui fut l'occasion de générosités
spéciales de la part du Sénat et du peuple. Ils votèrent
ou fournirent une somme pour qu'on élevât des statues à
l'empereur, en même temps qu'aux divinités qui étaient
l'objet de la fêtc'°.
Salus, chez les Romains mêmes, était considérée
comme une divinité sabellique ; mais ni son nom, ni ses
rapports avec deux autres personnifications de la Santé et
de la Vigueur, Slrenia eliUedilrina, ne confirment cette
opinion'*. A Rome même, elle est invoquée de concert
avec .lanus et avec la Triade Capitoline; son culte était
pratiqué en divers lieux de l'Italie, particulièrement dans
les villes du Latium". Ce qui lui valut d'être rattachée
à la religion Sabine, c'est qu'elle avait un temple, le plus
ancien et le plus vénérable de ceux qui lui furent érig(%,
sur la colline du Quirinal, laquelle lui fut redevable d'être
appelée, dans sa partie nord, la Collina Salutaris; une
des portes de la ville, celle qui débouchait sur les Jar-
dins, s'appelait 6'«/«<<a?-iA' ". Ce temple a une histoire:
en l'an 317 av. J -C, Junius Bubulcus consul le voua
el Snliitcm Poputi auguranlo. — 10 Clic/. Fcst. p. 101. — U T. Liv. IX, 43; 31 et
X, 1. A celle époque, c'est toujours en temps de guerre que les liomains recourent
à Snliis: plus tard en temps . l'épidémie; vid. infr. — 12 Dio. Cass. Ll, 20: cf.
Suct. Oct. 31. - 13 Cic. IHein. I, t7. — l^Tae. Ami. XII, 23. — 15 Ov. Fast. III,
880: Dio. Cass. UV, 35. — 1» Slrenia est à expliquer par slrenmis (V. Preller-
Jordan, Op. cil. II, p. 234) cl Meditrina par mederi ; cf. Gilbert, Geschichte und
Topographie, I, p. 279; 0. Jahn, J)ie aeilgoeltèr (dans les Annales des Vereins
fur Nassau. Allerlhiimer, 1859) — ^T Act. fratr. an. I, 23, 41 ; 32, 1, 8 ; cf. Marini,
p, 98. Pour le culte ancien de Salus en Italie. Corp. inscr. lai. I, 49 {Hortanum
en ÉIrurie); 179 (f'ianiiriim eu Ombrie) ; Orelli, 1827 et 1829 (Signa et Feren-
tinum dans le Utium). — '» Varr. Ling. lat. V, ti ; Ab Salulis aede; V, 51 ;
les cinq collines de la troisième Région ont toutes reçu leur nom d'une divinité ;
cf. P. Vict. Deg. urb. VI. Fest. p. 327; et pour la topographie, Becker, De Ro-
mae vêler, mûris algue portis, p. Cl sq.; Topographie, \i. 132 et 578; Prellcr,
[legionen, 134; Laneiani, Uullett. Munie. 1, 228, qui croient en retrouver
renTphacement sur une hauteur à proximité de la place Barberini ; Bunsen,
Beschreibung, etc. I, 120, et Uriichs, 111, 2, 377, l'identifient avec les ruines
exhumées prés de Santa Suzanna. Atticus habilait au voisinage, Cic. Ep. Alt.
IV, I, 4 : luae vicinae Salulis. Lib. Pout. 231, mentionne un clivus salutaris au
même lieu.
133
SAL
10o8
SAL
dans une guerre parliculièreiuenl lieuroiise contre les
Samniles; il en adjugea les travaux, l'année d'après,
comme censeur et il en lit la dédicace en 303 comme dic-
tateur, le 5 du mois d'août, date à laquelle tous les ans
on oH'rait, un sacrifice public à Salus^. C'est ce temple
que Fabius Pictor décora de fresques qu'il signa de
son nom. Celles-ci subsistaient encore sous Vispasien
où Pline l'Ancien les vil-, ce qui prouve que l'incendie
dont le sanctuaire avait eu à souffrir sous Claude les
avait épargnées : le temple élevé en 317 avait remplacé
un ancien sacellum''.
Tous ces éléments du culte de Sains sont nationaux ;
il n'en est pas de même de ceux dont il nous resie à
parler. Lorsqu'en 293 av. J.-C. fut introduite à Rome,
sous l'influence des livres sibyllins, la religion d'Escu-
lape [aescul.\pius, hygieia] importée d'Épidaure ', on
comprend sans peine combien il fut aisé d'identifler
l'antique Saliis latine avec la figure expressive d'Hygieia.
Dans la triade hellénique des divinités qui procurent la
santé, entre Apollon et .\sclépios, la piété romaine rem-
plaça Hygieia par Sains, ce qui eu t pour effet de dépouiller
celle-ci de son caractère propre, tout au moins de faire
prédominer dans son être la notion de la santé, en obli-
térant celle plus générale et plus vague du bien-être
public. La fusion, opérée plus encore à la faveur des
représentations plastiques que de la mythologie, fut
bientôt si complète que les modernes, après les Romains
eux-mêmes % ont pu prendre la Saliis du Quirinal comme
une doublure d'Hygieia. Dans la littérature de la pre-
mière période, les exemples ne manquent pas de Salus
traduisant simplement Hygieia; et il va de soi que les écri-
vains grecs qui ont traité des choses romaines ont inter-
prété toujours Salus par Hygieia'' : mais les archéologues
ont gardé le sens de la différence. L'opinion des classes
éclairées a même cherché,
pour traduire Hygieia, un
mot distinct de celui de
Salus, quoique souvent as-
socié à lui, le mot de Va-
letudo ''. Un denier de la
gens Acilia (fig. 6088) nous
offre au droit une tète de
Salus, divinité romaine, au revers la figure en pied de
Valetudo avec les attributs d'Hygieia '. Lorsque Pompée
tomba malade à Naples, au début de la guerre civile, le
Sénat pompéien ordonna des prières publiques pour sa
guérison.Cicéron parle du fait sans nommer Salus ; Dion
Cassius dit que les prières s'adressaient à Hygieia'.
iNous possédons, de celte façon de concevoir Salus, un
' T. I,iï. IX, 13; X, I. l'J; pour la fôlc du 3 août. v. les Calendriers; Vall. Capr.
Amil. Anliat. ; cf. Babelon, Monn. -ie In République, II. p. 107 el les monnaies de la
gens Junia, p. lOC el lOU, n" 17 cl 18 i l'effigie de Saiu$. — 2 Val. Mai. VIII, i, 6 ;
l'iin. Uisl. nnl. XXXV, 7, I. —3 [Min. Ibi.l. XXXV, + el IG; Uenzcn, Actn An:
p. 91. Cf. Jordan, Topographie, I, 1, p. 489, noie 8. Il avail élé frappe de la foudre
en 807 (T. Lir. XXVIII, 10) ; Orosc, IV, 4, dit qu'il fui détruit en 277 ap. J.-C. les
Régionuaires le nommant plus tard, il fut certainement réëdilié aprf>s. — * T. 1, 1,
p. li.î et III, 1, p. 331 el les leites, T. Uv. X, I et 43, Id. epil. XI; Dion. Hal. V.
13 ; l'Iin. Uist. n. V, 29, 16. — ^ Gerhard, Griech. ilythol. I, § 313. V. la dis-
tinction oetlemeot établie, chez Rosclier, Auif. Leiikon, I, p. 2786, I cl 626, 2
(uYiiiKU, ASKi-Kpios). — 6 Clicz Tércuce notamment ; liecyr. III, 2, 3 el ailleurs ;
cf. Tliraemer, chez Kosclier, Op. cit. p. 27S5 s.|. Dion Cassius, Loc. cil., traduit
r.4uf/i.riumSn/u/ispar oîùvioi.. Tii; 'rri.;.; Si.irr.f;«;; cf. Id. XXXVll, il. — 7 Galon
l'Ancien, De re rust. 141, dans la prière à-Mars, demande : Honam salutcm valc-
tudinemqne. En 172 av. J.-C., sur la proposition du censeur Postumus, cul lieu une
consultation des livres sibyllins : Pro caleludine coUeqae. Fesl. p. 234, Cf. Corp.
inscr. A. III, ICI d : i.. Airiiiies bassis... aescclapio et ïji.eti disi : T. Live,
XL, 37, à propos du temple élevé à la triade hellénique des dieux de la Santé, tra-
Fig. 6088. — Salus el Valetudo.
témoignage pittoresque dans un plat en argent, trouvé près
de Santander'", souvenir ou offrande pieuse commandée
par un malade qui devait la guérison à. Salus l'mevitana,
c'est-à-dire à la divinité cjui personnifiait l'action bien-
faisante des eaux d'f '///(';■/, localité, d'ailleurs, inconnue.
On y voit 6'r//«,'; sous les traits d'une jeune femme couchée,
tenant une urne; elle épanche l'eau salutaire dans un
réservoir maçonné, des ouvriers en remplissent une
cruche, un tonneau. C'est l'expédition à dislance de l'eau
pour ceux qui ne la peuvent boire à la source. Un per-
sonnage en toge fait une libation à Salus sur un autel
allumé; sur un second autel, un autre d'humble condi-
Fig. 6089. — Es-volo à Salus.
lion, en tunique, répand des grains de blé. Enfin, un jeune
serviteur apporte à un malade l'eau qui doit lui rendre
la santé (fig. 6089).
Plus lard, les divinités grecques personnifiant la santé
furent appelées Salutares, et même ce vocable fut accolé
aux Dioscures, protecteurs des marins en péril". Néron
voulant, apfès la conjuration de Pison, rendre grâces
aux dieux qui lui avaient sauvé la vie, prescrivit
d'élever à l'endroit même où les assassins devaient le
frapper, c'est-à-dire auprès du Grand Cirque, un temple
à Salus'-. La politique impériale avait, d'ailleurs, rendu
facile la confusion de Salus Publica, incarnation du
bien universel, avec Salus personnifiant leur bien-être
duil Hygie par Salus; v. encore Corp. inscr. Int. I, 49 ; VI, 17 à 20, le denier de
de la gens Acilia ci-conlre et Mueller-Wieseler, .-Intike Denkmaeler, li, p. 779.
— f Cohen, Médailles coiisulaires. p. 5, n* 1 1 ; Allas, pi. I, n» 3; Babelon,
-l/onn. de la Ilép. t. I, p. 105 et 106, n" 8. — 9 Cic. Tusc. I, 33, 86 ; Dio
Cass. XLI, 6. Le sens du mot salus se modifie dans la Lingue commune sous
l'inflencc de ces faits religieux. V. les Lexiques ; une expression particulière-
ment curieuse à relever chez Tacite, Bisl. Il, 93 ; Ne salutis quidem cura,
sans se soucier même de la santé. — 10 Arcli. Zeitung, n. série, 1873, p. 116
et Tab. 11 (Hûbner) . Le plat semble appartenir à l'art des orfè\Tes dn
II" siècle ap. J.-C. Il porte gravé le nom de son propriétaire (L. Forapeius
Coruelianus), avec l'indication du poids de métal. Pour le transport à dislance
des eaux thermales, v. Plin. Uist. n. XXXI, 68 ; 83; S7; 94; 113. — " Orelli,
Inscr. 158U; Schol. German. Aral. p. 68, 127 cl 29. Jupiter porU-ût probable-
ment dans les livres sibyllins le vocable de Salutaris; Trcbell. Poli. Gall. B ;
el l'inscription citée par M. Toulain, les cultes Païens, dans le t. XX de la
Bibliothèque de l'École des Hautes Etudes, p. 447 ; cf. Klau.sen, Acneas und
die Penatcn, p. 260, noie 409. — 13 Tac. Ann. XV, 74; cf. 53; Dio. Cass.
LXl, 21.
SAL
— 1039 —
SAL
particulier : d'oi!i les inscriptions votives en l'honneur
de Sa/ us Auijusln, Commodi, Caracal/ne, Aiiyns/o-
rum, etc. '. Concurremment avec elles et gardant la
signification traditionnelle, nous
trouvons sur les monnaies et sur
les monuments épigraphiques
les dédicaces à Salus Publica,
Populi Romani, Ilumani Gene-
ris - ; cependant Salus est le
plus souvent représentée sur les
premières sous les traits d"Hy-
gieia avec l'attribut du serpent
(fig. 6090) '. Les Régionnaires
continuant de mentionner, pour le Quirinal, le templum
Salulis, on peut en inférer que le culte s'est maintenu
jusqu'à l'aurore du moyen âge*. J.-A. IIild.
SALUTAÏIO. — Les mots salulatio, sa/ulan\ -npore-
aYÔoeud'.ç, a(j7ta<7|ji.ôç, T:po(7a-|'op£Û£cv, àcTCai^EcOai, signifient
l'acte de saluer quelqu'un, n'importe oii et n'importe
quand, par paroles ou par écrit. Les formules ordinaires
de lasalutation orale sont, au début de la journée ou de
l'entretien, /aipEj salve (ou ave); à la fin, ùyi'xïws (ou
'Éppaxjo), vale '. La personne saluée répond au salut
initial, xœ't au yjnçie, salve et tu ; au salut final, xai cù
OyiacvE, vale et tu. Le plus souvent on ajoute à la for-
mule soit le nom, soit le titre de l'interlocuteur^. Pour
la salutation écrite, les formules initiales sont du type :
OÛToç Èxêivio yai'psiv CkifEi), hic llli salutem (dicit), les
formules finales étant les mêmes que pour le salut parlé.
I /user. Orelli, 089; H71 ; i:i77 ; 2193 ; 6121. Cf. Corp. mscr. M(. III, U:i7 ; 4102 ;
V, «8; Vin, 830b. —2 \.Cohen-fm&tdQal,Dr.scriptionhistorique,ei<:., 1. 1, p. 300,
n»' 313, 319 (Néron). Id. t. 111, p. 07 sq. n« 679, 680 et souveul ailleurs ;cf. ]bid.
avec l'exei'iîue : Saluti Augusti, p. 56, ii"' 513 sq. ; 553 : Saluti Angustornm, Ole.
i'our le type monétaire de Sutus, sous la Uépublique, v. Babelon, Op. cit. Introd.
p. XVU ; 11, 107 à 109. — 3 Monnaie dAclius Verus, du Cabinet de France ; Colieu,
Atonn. de l'Empire, II, pi. ix, 51. — 4 V. sujn-a et l.ib. Pont. 221.
SALUT ATIO. 1 Textes importants : Dio Cass. LXIX, 18; Lucian. Pto lapsu,
1, 3, 6 et 10; Kustath. Ad Hom. lliad. IX, 197, p. 746, 28; l'iaul. Mcn.
I07G ; Cic. Ad AU. V, 2, "2; Cael. in Cic. ad fam. VIII, 16, 4; Mart. I, 55, 0 : 11,
67, 2; Suel. Aug. 53; Tib. 72; Galb. 4, etc. I'our le surplus, voir Estienne-Din-
dorf, 2'hes. ling. gr. et Forcollitii-De Vit, Lex. totius Int. aux mots cités.
— 2 Aristoph. Eccles. 477; Plut. l'omp. 8; Caes. Dell. civ. III. 71 ; Cic. Phil. Il,
a, 58; T. Liv. III, 26; Mari. II, 68, 1 ; V, 21 ; V, 51, 7; Plin. Pau. 23; Tac. Ann.
XII, 41 ; Uist. II, 80; III, 86 ; Suet. Aug. 53 et 58, etc. —3 Suet. Cl. 21 ; Dio Cass.
LX, 33. En Grèce, du moins au temps de Lucien, on saluait les malades par la for-
mule : xaA.r,(é,t (f>e sait. 70). Il va sans dire que la fantaisie individuelle, la mode
locale ou momentanée, les circonstances spéciales jouèrent un grand rôle dans
l'invention et l'adaptation des formules. — iSittl, llie Gelifirden. p. 36 sq.; 102 Sc|.
Stepljani, C. rendus de ta Commiss. firc/i. de S. Pèlersh. 1867, p. 09 sq. La lig. 6091
Un cas particulièrement intéressant est le salut des gla-
diateurs à l'empereur, avant le combat : Ave, imperator,
moriluri te salutant'.
On a déjà énuinéré, à propos de l'adoration envers les
dieux ou les rois [adoratioI, un certain nombre de gestes
et d'attitudes qui soulignent la salutation orale et parfois
la remplacent. Comme gestes de salutation, l'embrasse-
ment (à(r7carr(j.ôç, complexus) le baiser (cpfX-fijAoi, osculum)
donné ou envoyé de la main (fig. H091), dont le mode varie
avec la condition respective des personnes, la nature de
leurs relations et les époques*, apparaissent dès l'âge
homérique S concurremment avec la poignée de main '•
(oe;'.o0(70ai, S£;i'av Sioovit ; dextranx dare, tendere, porri-
f/ere). La poignée de main (fig. G092) fut de tout temps en
6092. — La poignée de main.
usage chez les Grecs et chez les Romains ^ En Grèce,
le baiser courtois ne devint usuel, semble-t-il, qu'après
la conquête macédonienne, sous l'influence des mœurs
asiatiques*. A Rome, cette habitude, importée de Grèce
et d'Orient, ne s'acclimata guère avant la fin de la Répu-
blique ^ Lorsque Caton d'Utique quitta l'Asie, ses sol-
dats lui baisèrent les mains, honneur encore peu usité,
dit Plutarque'" ; on voit cet honneur rendu à l'empereur
sur un bas-relief de la colonne Trajane (fig. 6093)". Le
baiser aux mains, au visage, à la poitrine, aux genoux
fut très répandu aux premiers siècles de l'Empire, dans
les relations des citoyens, soil entre eux, soit avec l'em-
pereur'^. A partir de Dioclélien, le baiser impérial de-
vint très rare et fut réglé strictement, comme tout le
cérémonial aulique'^
On saluait aussi (fig. 116 et s.) d'un geste de la main'*
reproduit un miroir gréco-étrusque (Gerbard, Etrusk. Spieyel, pi. xxin), où l'on voit
Castor (castvd) prenant dans ses bras son frère, qui lui adresse un baiser de la
main. Le même geste est fait par une des femmes présentes à cette scène. — 5 Od.
XVII, 35, XXI, 224; XXII, 499. — G//. X, 542. — 7 Xen. Cyr. IV, 2, 9 ; VII, 3, 8;
Aristopb. NuO. 81 ; Plut. 753; Acscliin. 85, 40 ; Lys. 194, 11; Plut. Cic. 36; Ant.
s(l ; Brut. 43 ; De amie. vmlt. 3 ; Diod. XVI, 43 ; Lucian. De sait. S ; Zeux. 1 ; Hcro-
ilian. I, 16, 17; II, 13,6; Diog. L. III, 98: Mart. Il, 21, 1 ; Tac. Ann. XV, 28 ; Amm.
Marc. XXI, 5, 12 ; Serv. Ad Aen. l, 412 ; VIII, 467, etc. La fig. 0093, d'après le vase
de la collection de Luynes (De Luynes, Descript. pi. xxi ; Monum. de l'Inst. I,
pi. i.i) représente Poséidon et Thésée. Sur un vase de la collection du Vatican
[Mus. Gregor. Il, pi. r.iv, 1) à côté d'Atliènô et d'Hercule se donnant la main, on lit
le mot XAH'K. La poignée de main est surtout très fréquente sur les bas-reliefs funé-
raires de l'Alliquc ; voy. Conze, Attische Grabreliefs; ColligDOn, Sculpt. grecq. Il,
p. 1.50.— «Situ, p. 78 sq. —^CicAdAtl. XII, 1, 1; XVI, 5, 2.— 10 l'iut. fa/. Ut.
12 (18). — 11 l'roebner. Col. TraJ. pi. ni.xx. — 12 Sen. De ira, II. 24 ; Quintil. IJerl.
V, 18: Mart.l I, 10, 1; 12, I ; 21, 1 ; VU, 9,=;; XI, 08; XII, 59; Plin. Pan. 23 et 71;
Tac. Ann. XIII, 4; XV, 28; Aff. 40; SueU Tib. 34: Cal. 55; Ner. 37; (M. 0 et 10;
\pu\.Apol. 7; llieronym. i?p. 22, 16; Dio Cass. LIX, 27;LXII, 14, etc. V. Sitll, yiirf.
— '3 Cad. Theod. VI, 24, 4 ; XXI, 1, 109; Pacat. Pan. Theod. 20, 2. — u Mari.
VIII, 65, 6; Suet. Ct. 12.
SAL
— llKiO —
SAL
6093. — Eaiso
Ou d'un signe de l'index qui, pour celle raison, s'appelait
diffitiis sntiilaris' . Saluer d'une inclinaison de lèle ne
semMa jamais di-
gne d'un lioninie
lilu-e-. l'ouï- les ri-
tes de In salutation
aux dieux et les
houiinages seuiMa-
bles que l'adula-
tion l'endit aux
rois, empereurs l't
autres grands per-
sonnages, nous
renvoyons à Mn>-
IIATIO '.
Le salut militaire
romain est figuré,
seml)le-t-il, sur une
lampe ', par un
geste de la main
droite portée vers
la tète (H g 6094).
Quand deux flot-
tes ou vaisseaux se
rencontraient, les
marins se saluaient de la rame". Au cirque le cocher
saluait le président des jeux en abaissant son fouet ''.
La coutume grer-
que et romaine veut
que le simple ci-
toyen se lève (ÛTtaviT-
xaT^st! , asxiirf/rrr'
devant le magistral,
le roi ou l'empereur,
l'inférieur devant le
supérieur, le jeun(?
Iiomme devant le
vieillard ". Ainsi, à
Rome, les sénateurs
se lèvent quand
l'empereur ou un
magistrat entre dans
la curie ou en sort*.
La coutume romaine
veut qu'on se décou-
vre et qu'on se range
pour saluer un ma-
gistrat ou une personne que l'on désire exceptionnelle-
ment honorer, et que l'on mette pied à terre, si on est
en voiture ou à cheval, à moins qu'on ne soit accompa-
< Suel. Auy. SO; Marlian. Cap. I, 30 ; Isi.l. .'^cv. Or. XI, I, 70. Voir li^
geste liHciculc [hebcui.es, fig. 377SJ. — 2 Lucian. Nigr. il; Vila AIct.
Sev. 18; Joli. Clirys. Hom. 80, 4.-3 Voir aussi Silll, p. 1S6 sq. ; liiS sq.
— ' Besnier el liiaiiclicl, CoUect. Forges, pi. in, n. 6 ; La lilanclièrc cl Gauc-
kler. J/ir<. Alaoui, p. 171, ii. 2i3. Conip. le gesle de Gcrmailicus sur le graud
camée de France [ckmmae, lig. 3518J. — s p|„t. AnI. 76. — 6 Dio Cass. LXXVII,
10. — " llerodol. Il, SU: Xcn. Lac. 15, Mem. Il, 3, 16: Arislopli. Aiib. 991 ;
Pl.ll. C. Grarch. i; Pcr. *; Paus. VIII, .'iO, 3 ; l.ucian. C>,m: 7; Dio Cass.
XXXVI, 24 cl 36; Cic. /'M. li, iO; Pclroii. 65; Sen. Ep. Oi, 10; Pliii. E/i.
I, i3, 2; .Suel. Auy. 36; Veip. 13; Vila AJarim. iim. i, olc. Eo particulier, le
même honneur esl rendu chci les Homains aui lilulaires de la couronne civique;
Plin. Uist. uat. XVI, 13. — « Plul. Dr. 17 ; Suet. Aiig. 53. Sur les applaudisse-
meuls, cris cl chants qui accueillaient Tenipereur, el parrois d'autres personnages,
à leur cnlri^c dans les licui de spectacle, voir acci abatui. — 9 Val. Max. Il, 2, 4 ;
11, 3, 9: VIII. .5, 0: S<n. Ep. 61, 10; Tac. Aun. XV, 27; Apul. Elor. IV, 21;'
Arnoh. VII, 13; Keslus, p. 154 (0. Miillcr) ; Plut. Eab. .Uni. il; l'omp. S; Dio
(Jss. XXVI, 3/.; XLV, 16, etc. — 10 Son. Exe. Conlr. 6, S; Plul. Pvmr. 19 :
Fig. 6094. — Salut mililair
gné de sa femme; s'il s'agit d'un magistrat, on y est
même invité par le licteur". D'après cette coutume, les
magistrats en fonc-
tions ne doivent le
salut qu'aux ma-
gistrats supérieurs
et aux Vestales ;
devant ceux-là et
celles-ci ils font
abaisser leurs fais-
ceau X '" ( fa.<<ces
.iiihi/iitfere). S'ils
sont assis, la poli-
tesse les oblige à
se lever pour ré-
pondre au salut
des citoyens ou des
magistrats infé-
rieurs ; de même
l'empereur se lève
pour répondre au
salut des séna-
teurs "'.
Il peut arriver
que le salut soit
beaucoup plus qu'un témoignage de déférence ou de cour-
toisie. Donner à quelqu'un pour la première fois, en le
saluant, le titre de roi, d'imperalor, etc., c'est souvent le
proclamer roi, impcra/or, etc.. kGT.i^Etshai pot<;!).ia, aÙToxpi-
-'jyj.;s<ilutare regem, iiiiperalorem^elc.'^. Bien qu'à Rome
le titre à'imperalor appartint en droit à tous les géné-
raux investis de Vimprrhim '■', en fait ils ne le prenaient
qu'après l'avoir reçu du Sénat par un décret, à la suite d'une
victoire, ou après en avoir été salués sur le champ de
bataille par leurs soldats '*. A partir du règne de Tibère,
cette sorte de salutation fut réservée à r.\uguste et aux
Césars'^. Il en faut distinguer celle par laquelle l'armée
ou une partie de l'armée conférait, non plus simplement
le litre dlmperalor à la personne qui en possédait déjà
les droits el pouvoirs, mais, autant que cela dépendait
d'elle, à une personne quelconque la qualité d'empereur".
Lorsque le prétendant ainsi proclamé réussissait à faire
légaliser son élection par le Sénat, il datait son avène-
ment du jour de la salutation ' ^
Enfin, très souvent, salutare et snlutatio désignent
spécialement la visite matinale qu'il était d'usage de
faire, chez les Romains, aux personnes que l'on devait
ou voulait honorer. Parce que le grand nombre de visi-
teurs quotidiens'* attestait la considération ou l'in-
fluence, tout citoyen en vue tenait beaucoup à la sahttatio,
Cic. Br. 6, 22 (emploi figure;. — " T. I.iv. E^il. 116; IMron. 6; 5 ,^uel. Cacs.
7S; Tib. 31; Ct. 12; Dio Cass. XI.IV, 8; I.VII, H. — 15 T. Liv. I, 7; 111, 26;
XXXVI, 14; Tac. .\nn. 11,56; Hisl. III, «6; Suel. Aug. 58; Dion. Ilalic. Ânt.
rom. IV, 39 ; Dio Cass. XLV, 32, etc. On dit aussi sposavcptùctv g, appellare r.
— 13 Voir iMpcRAToii, III, p. 423 sq.; Mommsen el llarijuardl, iinn.desanl. gr.
et rom. trad. h: 1, 144. — I» Cic. Ad Alt. V, 20. 3; Cacs. Bell. fie. Il, 26 ; III. 71 ;
Bell. hhp. 19: Plin. J'an. 12; T.ic. -4nn. III. 74 ; Appian. /?»'/. cio. II. 44;
Plul. Apophl. Pomp. 4; Dio Ciss. XLIll, 44; LU, 41, cic. — 13 Plin. Pan. 56;
Tac. .4i,n. Il, 1.-^; III, 7t; Xlll. 41 ; Suet. Tit. 5: Dio Cass. LIV, 33 ; I.V, 6; LX,
21. _ 16 Tac. Ann. XII, 69; HIst. I. 27 cl 37; II, 80; Suel. Cl. 10; Ner. »:
Galb. 10; Olh. 6; \'i7. S; Vila Uadr. 0; Flav. Jos. BM. Jud. IV, 10, 4; Plul.
r,alb. 25 ; Dio Cass. LX. l ; Herodian. H. i,9, etc. Voir Mommsen el Marqiiardl,
V. 53 si|. — 1^ Tac. aist. Il, 79; voir Momniscn et Marquardt, V, 61 sq.
— 18 Cic. Ad AU. I, 18, I ; Ad Br. II. 4. 1 ; Virg. Georg. 11. 401 sq. ; Senec. De
iea. VI, 33, 4; 31, 4; Ad Marc. X. 1 ; Epist. 19. H : S4. 12 ; Mari. IX, 22, 10;
Tac. llint. II. 92; Aim. XIV, 56; Diul. oral. 0 ct 11 ; A. Cil. XVI, 5; Plul. Ue
midi. amie. 3; Epict. Diss. IV, 4, :I7.
s AL
— 1061
SAM
bien qu'elle fùl un hommage moindre que la dcdurtio el
que Vasseclatio, qui consistaient, l'une à lui faire cortège
hors de sa maison, l'autre à ne le point quitter de la
Journée'. Parmi les sa/iitalores, les uns, ses amis, ses
égaux, ou même ses supérieurs en dignité -, venaient
chez lui volontairement: leur visite était soit un témoi-
gnage d'aU'ection, soit une démarche de politesse plus
ou moins désintéressée. Elle était une obligation stricte
pour les autres, pour les clients. Comme, dans la vieille
coutume romaine, le père de famille recevait chaque
matin le salut de ses enfants, de ses esclaves et de ses
affranchis ', le patron eut droit de tout temps à celui de
ses clients [^cliexs, pathoms]. .\près que la primitive
clientèle familiale, de plus en plus rare, se fut ell'acée,
dès l'époque républicaine, devant la clientèle politique
et celle-ci, sous l'Empire, devant la clientèle mondaine,
l'obligation ne fit que changer de nature : ce qui était
d'abord un devoir de piété devint une lîiche payée. Les
hommes qui, sous la République, jouaient ou aspiraient
à jouer un rôle dans l'État, se faisaient saluer chez eux,
chaque matin, par la coterie de leurs agents et de leurs
créatures qu'ils rémunéraient soit en espèces, soit en
services de toute sorte. Aussi exigeanteque leur ambition,
la vanité des riches imposa la même corvée quotidienne
aux clients de l'époque impériale, aisément recrutés
dans la multitude des besogneux, nés pauvres ou déclas-
sés, que la paresse détournait d'un gagne-pain plus
honorable*. Levés de très bonne heure, quelque temps
qu'il fit, en toge^ vêlement coûteux et incommode, ils
se liàtaient, craignant de manquer l'audience ^ et la
distribution de leur maigre salaire en vivres ou en
argent ^ la simihtila. Mais les jours de chômage étaiimt
fréquents, soit que le maître fût absent ou malade, soit
qu'il leur fermât sa porte sous un prétexte i|uelcon(iue*,
et le métier était si peu lucratif, en somme, que, pour
arriver à gagner leur vie, beaucoup de clients s'atta-
chaient à plusieurs patrons, allaient olfrir. toute la
matinée, d'un bout à l'autre de la ville", leur hommage
mercenaire '". L'accueil fait aux saliilatores variait
naturellement selon leur condition et selon le caractère
dupersonnage visité. Dès la porte on les rangeait en deux
classes : ils étaient jtrimae ou secundac admissionis" .
Les uns, amis intimes et gens de qualité, pouvaient être
reçus individuellement ou par petits groupes dans une
pièce close, parfois dans la chambre à coucher '-. Le
vulgaire, massé dans Vatrium, défilait simplement
devant le maître ". Tel personnage prodiguait la poignée
I Q- Cic. Depelti. !>, 31 sq. — 2 cic. Ad fam. VII, :;>s, i, I.V. iO, 3 ; Slal. Silr.
r, S, i3i: Mart, X, 10; XII, i6 : Juv. I,9'Jsi|.; 111, ISTsq.; i3'>si|. ; VU, 'JO S(|. ; l'Iin.
t'aneg.lM ; Epicl. Uias. IV, IO,,ili. — 3 Fioul. Ad M. Cais. IV, 6; Sud. OiMa, +.
■ — 'Manil. V, Cl sq. : Juv. III, liii; V, I3U s.). ; Tac. Ann. XIII, il. — 5 Sali. Cul.iS:
Slal. Sifc. IV, 9, i»; Mari. I, 108,7; lll,3CeU6; V, i!i, 1 1 ; IX, 100; 9i, 5;X,70, 5;
7k. i; 82, 2sq.: 96, 1 1 ; XII, 18,5; i6; 08; Juv. I, 96; III, Ii7, U9, S17; V, 19 sq. ;
76 sq. ; l'Iin. Epist. III, 12; Galen. VI, 738; Lucian. Ni.jr. il sq. — 6 Juv. V,iO sq.
— '• Colum.l, /jrac/'. 9cl li;Marl. 111.30; Juv. I, 9j sq. ; 118 sq. ; V, 108 sq. ; l.uciaii.
Mgr. ii. — S lloral. Episl. I,ii, 31 ; Stuec. De brev. vil. t i, V ; Mail. V, Si, 10 : IX, 7,
3 ; Juv. I, 132 sq. — 9 Sclicc. fit- /'ici', vil. H, 3 ; Mari. 1, 108 ; V, 22 ; VII, 39, I ;
VIII, U, i; IX, 22, 5; X, 10; 70, 5; XII, 18, 5; 20, 3; Lucian. Nigr. 21 sq.
— lOColum.l, j,ra<:f. 9 : mercenarii saiiitatoris: St^acc. De brev. vit. i*,3:»(cT(-
torinm salutationem. — H Sencc. De ben. VI, 33, 4; 3*, 2. Voir aiiuissio.
— 12 Sencc. De ben. VI, 3t, 2; l'Iin. Uist. ual. XV, 38 : salutaloriis cuhilihus;
Dio Cass. I.XXVI, .■>. — 13 lloral. Epist. I, .ï, 31 ; Scncc. De ben. VI, 3i, 3 ; Mail.
III, 31*, Il ; IX, 100, 2; Juv. Vil, 91. - I* Mari. VIII, W, 5; XII, 26, +; cf. Sud.
lib. n. — ii Scncc. De ben. VI, 31, 3: Mari. I, .M, 0 ; I, 108, iO; IX, 7, 4 cl
10, etc. — IC .Mari. Il, 08 ; VI, 88 ; IX, 92, 5 ; X, 10, 3. — n Scncc. De lircv. vit.
It, *; Lucian. Sigr. 21 sq. — '« Colum. I, prarf. 9; Sen«?c. Ad Rer. I i. 3 sr(. :
Ut ira, III, 37,2; Kpist. 84, 12; Juv. III, 184 sq.; Lucian. Sigr. 21 sq. ; Kpicl.
J/an. 33. 13; Diss. I, 30, 7. — H Sud. Galba, 17; A. Ccll. IV, II; XIX, 3, I;
(le main et même le l)aiser '' ; tel autre ne répondait pas
au salut obséquieux des clients («ly'' ', domine ou rcx '"),
ou bien répondait à peine, répétant mal les noms que
lui soufflait un à un le nomenclatoh ''. Encoreles malheu-
reux, avant d'être admis, avaient-ils fréquemment dû
subir les insultes et les exactions de la valetaille".
La foule des snlutatores était plus grande que partout
ailleurs chez l'empereur", et plus nombreux le person-
nel domestique chargé de régler la réception {ofpcium
admissioni.^, adini'^sionales)-". Outre la visite de ses
amis, pour qui cette démarche quotidienne était un de-
voir dont ils ne se dispensaient pas sans motif grave'-',
l'empereur, prince du Sénat, recevait souvent celle des
sénateurs, qui se présentaient individuellement les jours
ordinaires, en corps dans les occasions solennelles".
Parfois leurs femmes etleurs enfantsles accompagnaient,
semble-t-il -^ Des chevaliers et même de simples plé-
béiens pouvaient être admis à la salutation -*. La récep-
tion ouverte, ptiblica ou pj-omiscua salulalio, parait
avoir été de règle à certains jours de fête, par exemple,
l'anniversaire de l'avènement et les calendes de janvier".
Les jours de spectacles, la représentation commençant
de bonne heure, ou bien la saluUilio était supprimée, ou
bien l'empereur passait la nuit et donnait son audience
matinale dans une maison à proximité'-^ La facilité de
l'accès-^ variait avec le caractère de l'empereur, comme
l'affabilité de l'accueil -*. Claude institua et Vespasien
abolit l'usage de fouiller les visiteurs avant de les admet-
tre-'. Normalement, le prince répondait par un baiser au
salut de ses amis, des sénateurs et des hauts fonction-
naires équestres ; il tendait la main aux autres cheva-
liers'". Le baise-main et d'autres formes d'hommage plus
humbles, déjà acceptées ou provoquées par Caligula,
Commode, Élagabale, devinrent ensuite de plus en plus
fréquents^'. Les audiences privées étaient rares; presque
tous les visiteurs dédiaient devant l'empereur dans l'ordre
de leur dignité'-. Ils étaient en toge; l'empereur aussi,
sauf exceptions, du moins jusqu'au iV siècle^'. Les
femmes et les mères des empereurs ne recevaient pas, en
généraFS les visites de corps ; mais les personnages consi-
dérables se firent de tout temps un devoir d'aller leur pré-
senter fréquemmentdes hommages individuels'^ L'usage
de la salufatio se maintint, à la ville comme à la cour,
jusqu'à la fin de l'antiquité romaine'". Philippe Fabia.
SAMBUC.\ (Sd;u.Sùxv-|). — L Instrument à cordes [lyra,
p. 14491. — IL Machine de siège, pont volant [oppignatio,
p. 2117], rappelant l'instrument précédent par sa forme
XX, I, ». — 20 Voir ADMissjo. — 21 I lin. Lpist. 3, 3, 9 ; Fronl. Ail .M. Caes. I, 3 ;
V, 48, 03; Dio Cass. LXVI, 10; Aurcl. Vicl. IX, 15. — -22 Tac. Ann. XV, 23;
SucL Aug. 53; Dio Cass. LVI, 20; LVII, 11. — 23 Sud. Galba, 4; Claud.
35. — 2t Tac. Ann. IV, 41 ; SucL Aug. 53; Nero, 10; Dio Cass. LVI, 20; LXVI,
10. — 25 Sud. Aug. 57 ; Calig. 42; Vesp. 4 ; hronl. Ad Ant. Pium. 3 ; Dio Cass.
LIV, 33; LVI, 41; LVII, 8. Voir sriiENAE. — 26 Dio Cass. LVII, 11; LXIX, 7.
— 27 plin. Paneg. 47 sq. ; Dio Cass. LXVI, 10 ; Yil. Alex.Sev. 4. — 2» Plin. Puneg.
48; Sud. Tié. 29; Dio Cass. LVII, 11: LXXVII, 17; VU. Alex. Scv. 18; Vil.
PirliK. U. — 29 Tac. Ann. XI, 22; Sud. Claud. 35 ; Vesp. 12 ; Dio Cass. I.X. 3.
— 30 Tac. Agric, 40; Plin. Paneg. 23; Sud. Nero, 37 ; 'itlio. 6; Dio Cass. LXXII,
14 ; Vila M. Anton. 3. — 31 Philo, Leg. ad Gaium, p. 502 (Mangey) ; Scncc. De
ben. Il, 12; Plin. Paneg. 24; Sud. Vitell. 2; EpicL Diss. IV, 1, 17: Vil. Alex.
.SVti.l8; Vil. Maxim. Jun.i; Vil.Aurel. 14, de. — 32 ï'!/...|(ct. SVi'. 31; Ï'i7. .1/.
Anton. 3. — 33 Dio i:ass. I.XIII, 13 ; LXII, 17 ; Vil. Hndr. 3 : Vil. Gallien. 10.
— 31 Exceplions : Liviesous Tilicic (Dio C.iss. LVII, 12); Agiippinc sous ClauJc et
.Ni'ron (Dio Cass. LX, .33 ; Tac. .4n)i. XIII, 8 el 18) : Julia Domna sous Caracslla (Dio
Cass. LXXVII, 18). — 35 Tac. .\nn. XIII, 8 ; Vila .Mex. Sa: 23: llicronjui. Episl. 22,
6. — 30 Hicronyni. Epist. 4 :, 2 ; Syinniacli. Episl. 8, 41 ; Sidon. Apoll. Episl. I, 9.
— Hcm.ior.nAPHiE. L. FricHlanilcr, Dnrslell. aus der.'iiltengeich. Itonis, IV. 140-137,
338-371, 420-427 ; C. Silll. /Ile Helmrden der Gnerhcn mid ll;m,-r, l.cip/ig, 1890.
SAMBCCA. I Polyh. VIII, 3 ; Vill-uv. X, 22 ; Vcgd. II. milit. IV, ïl ; Icslus, ». v.
SAM
— 10G2 —
SAP
et par la manière de placer les cordes au moyen des-
quelles on le mellail en mouvement.
SA.MI.V (VASA). — Lesauleurs latins, comme Plante et
Lucilius, désignent sous ce nom une catégorie de vases
dont le caractère n'est pas encore nettement déterminé.
On sait seulement qu'ils étaient d'usage populaire ', faits
d'argile-, faciles à brisera Or la poterie la plus répandue,
à l'époque de Plante et de Lucilius (fin du m" et ii" siècles
av. J.-C), est celle des vases ;Y reliefs de terre noire et
grise*, puis de terre rouge lustrée", dont nous avons
conservé de très nombreux spécimens [cymbè, fig. 2:iG8 ;
p.\rELLA, fig. 5521]. On a donc pensé que l'ile de Samos
avait pu être la patrie d'origine de cette fabrication; de
là, le nom de Samia vasa^. Mais, comme l'a remarqué
M. Cari Robert', il ne s'en suit pas que tous les A'ases
à reliefs d'époque gréco-romaine soient des Samia vasa.
Plus tard, différentes fabriques locales ont dû se grefl'er
sur la première et répandre en tous lieux des vases à
reliefs de toutes formes et de sujets infiniment variés ' ;
de là, les noms de Campana supellcx, Cumani calices,
Arretina casa, que l'on rencontre aussi dans les textes ou
les inscriptions et qui désigneraient des variétés ou des
descendances de la même industrie' [vasa]. E. Pottier.
SAMIATOR, SAMFARIUS ( Sajjitipto;) • — L'emploi
qu'on faisait de la pierre de Samos, pour polir des objets
fabriqués en métal, a fait appeler assez lard, au temps
des Romains,.v««H'«/o?'el «a//u'a?'n<s les fourbisseurs qui
s'en servaient'. C'étaitsurlout pour donner del'éclat aux
armes^. et aussi pour les aiguiser \ que l'on en faisait
usage; les soldats devaient savoir les tenir brillantes',
et il y avait des samia/ores dans toutes les légions '. On
polissait aussi l'or avec la terre de Samos. E. Saglio.
SAXCT10[lex, p. 1123].
SAlXCUS [SEMO SANCUS].
SAKDALIUM [solea].
SANDAPILA. — Civière munie d'un colTre', bière
grossière sur laquelle on portait le corps des plus
pauvres gens [fun'us, p. 1390], des gladiateurs tombés
dans l'arène, des condamnés à mort -. Les porteurs de
cercueils étaient appelés 6-a/ir/«yj(7a/'/P. E. S.
SAXXACRA (i^avvixpal. — Vase à boire, d'origine
perse, ce qui explique l'aspect étrange du mot, dont
l'auteur comique Philémon s'amusait en l'accouplant à
d'autres noms de vases baroques'. E. P.
SAKIVIO. — L'origine du mol saniiio parait être le
SAMIA (VASA). 1 Lucil. Sut. XIII, 3S2, Wit. I.achni. ; Plaul. Sticli. V, 4, 12 (C9i) ;
Ciiplip. Il, 2, Il (i'il). — 2Tilmll. Il, 3,47; Isiilor. Ûrig. XX, 4, 3: cf. l'Iiii. Oisl. nal.
XXXV, 100. — 3 Plaul. niicch. 11,2, 2i(202|; Meiuiecltm. I, 2, 05(17U). — S licnndoif,
Grieck. und Sicil. Vus. Il, p. 117, pi. i.ix s(|. ; Uumoiil cl Chaplain, Cih-amiq.
Grèce propre, I, p. 3'J2 3'Ji ; E. Pollicr, dans les Mon. pubt. par l'Assoc. élud.
yri-c'/. 11. I8SS-SS, p. 48; WallcrsBircli, Hist. of une. po/lcnj, 1, p. 4911; G. Ko-
biTl, f/amerisclic Ileclier, 18'jn. — !. UragcndorlT, Ile vnscntis Romanorum rubris,
1894; TiTra sii/illala dms \es Jionncr JahrOùcher, isil.ï,p. 18-155; Di!cliclellc, Les
rases céramir/iics ornés lie la Gaule romaine, 1904; Wallcrs-Birch, Hislorij of anc.
polterij. II, p. 474 S(|. — 6 Isidor. /,. c. J''ictilia vnsa in Samo insula pritis inventa
traduniur, fada ex crela et indiiraln iffne, vnde et Samia rasa ; cf. 0. Jalin,
/lericlite d. sàclis. Gescll.d. Wiss. 1854, p. 33; Mai'(|uardl, Vie privée des Romains,
Irad. Ilcnry, II, p. 315; Wallers, Op. l. Il, p. 473; Blûmiier, Tccimol. und Ter-
min. der Oeuterlir, 11, p. 09 ; C. Koljcrl, //oînerisc/ic /ïec/ier(Winckclraanns Progr.
IS'.Hi), p. 3. — ' Uobcrl, Riil. _ 8 Voy. surloul les ouviagos cilOs dcj. D(5clielclte
cl de ll.-B. Wallers. — 3 C. Robert, /,. c. p. 4; Wallers, p. 478-479.
SAMIATOR, SAMIARIUS. I Non. Marc. p. 398 ; Vopisc. Aurel. 76 ; Kdict.
Oiocl. VII, 33 sq, ; ct.Journ. of liellen. slud. 1904, p. 198. — 2 Vegel. De milit.
Il, M; Ed. Oiocl. yi. — 3 5,imiaioresl Ir.idiiil par ixovy.T^;, Oioss. Labh. -- 4 Veg.
i. r. — 5 J. l.yd. De magist. I, 40. — 0 plin. //. n„(. XXXVI, 40; Dioscorid. V,
171; Isid. Or. XVI, 4.
SAXDAPII.A. I Cf. Moral. Sut. I, 8, 9 : ril, i„ „rra ■ Djo Cass. I.XV, 18, 2;
LXXII, 52 : idp.a;. — 2Sucl. /hmil. 17 ; .Mari. Il, M ; VIII, 75. li ; Scliol. Juvcn.
grec divvot; ', synonyme peu usité de ixojooç, sot, fou-. Le
nom propre Sawtcjv est, du reste, fréquent dans l'ono-
mastique athénienne' ; et il est porté, en outre, par deux
personnages du théâtre de Térence, un esclave ' et un
feno '. En latin, ce mot désigne une sorte de mime, qui,
par des grimaces, des contorsions de tout le corps, des
imitations grotesques, excitait l'hilarité du public'^. Il
est à présumer, bien qu'aucun texte ne le dise expressé-
ment, que le sannio s'exhibait, comme nos paillasses et
nos clowns, dans des théâtres et des cirques. Eustalhe
dit que, de son temps (xii" siècle), on nommait ces bouf-
fons xi^àvoi ; et il est vraisemblable que ce sont les ancê-
tres des zanni italiens modernes. 0. N.w.^rre.
SAPO. — Ce mot se rencontre, pour la première
fois, chez Pline l'Ancien, mais avec un autre sens que
celui qu'il a pris plus tard : on désigne sous ce nom,
nous dit Pline, une invention des Gaulois pour colorer
les cheveux en rouge; c'est un mélange, tantôt liquide et
tantôt solide, de suif et de cendre, particulièrement de
suif de chèvre et de cendre de hêtre ; les Germains en
font une plus grande consommation que leurs femmes'.
Une épigramme de Martial est intitulée Sapo ; le poète y
parle de la mousse caustique, caustica spuma, à l'aide
de laquelle les Teutons avivaient la couleur de leurs
cheveux'-; une autre pièce fait allusion aux mattiacae
pilae, boules de savon de Maltiacum, en Germanie, qui
remplissaient le même office^ ; un troisième passage du
même auteur nous apprend que les Latins avaientrecours
à la mousse batave, bataca spuiiia, pour changer l'as-
pect de leur chevelure*. II résulte de ces difî'érents textes
d'abord que le sapo, au i'"' siècle ap. J.-C, était une
teinture capillaire, et ensuite qu'il provenait de Gaule ^ ou
de Germanie ^ Les Romains l'ont adopté avec empresse-
ment ; on sait qu'ils eurent de tout temps une grande
admiration pour les chevelures blondes ou rousses des
peuples du Nord [coma, p. 13G9] et qu'ils s'efl'orcaient, à
l'aide de préparations artificielles, de donner aux leurs
les mêmes nuances'. Les femmes étaient les plus ar-
dentes à suivre cette mode ; Caton, dans ses Origines,
rapporte déjà qu'elles se frictionnaient la tête avec des
onguents dans la composition desquels entraient des
cendres'; Valère Maxime' et Serenus Sammonicus '"
confirment son témoignage. D'après Ovide, elles se tei-
gnaient avec des herbes de Germanie", c'est-à-dire soit
avec le suc extrait de ces plantes, soit avec les cendres
VIII, 175; Fulgcnt. Erp. serm. p. 55S. - 3 Sid. Apoll. Bp. Il, 8; voir vkspim.o.
SANNACHA. 1 Alhcu. XI, '.is, p. 497. Lu vers cilé de Plillénion esl emprunté à
SAIMNIO. 1 Employa par le poi-lc dv raucieuile comiSdic Cralinos. Pliot. p. 499, 21 :
Eustalli. Ad 11. p. 777, lil; .4(/ Od. 1009, 45; 1701, 20. — J Élymologics moins iTai-
senjblables : de «xaivM Itptod et caudam movere atque hinc blandiri et adnlari siyni-
ftcat, et terrere, quod et saumonés faciunt ergo plieros. Forccllini, Lexic. s. v.
sanna) ; ou d'un pcrsonn.igc de ce nom, célèbre pour sa sollisc (Ëusl. Ad Od.
p. 1009, 45) ; ou du peuple asialiipic des Sanni (llwpSajtxoù; ôvt«; xaî .iî ttxô; tùf.Stt;
s; iisa.Stuota.. Eusl. .4d Od. 1701, 20.) Cf. Eorcellini, Lexic. s. ». SA^.^A
H. EsUenne-Dindorf, Tlies. s. v. (rùvva^. — 3 Pape, Vi'ôrterb. der gr. Eigennamen,
s. V. Savv'wv. Ùo trouve aussi le diminutif Zawupiwv, el Tàv-zo; Sa^vioç. — * Eunuch.
4, 7, 10. — » Adelph. 1, 2, 2. — 0 l,cs procédés comiques du sannio sont dé-
crits, par Cicéron, De orat. 01 cxtr. : Ore, vultu, imitandis moribus, voce,
dcnique cnrpore ridetur ipso ; cf. Ad famil. IX, 16 ; Juven. Sat. 6, 306; Pers. 1,
61; 3, 91. — 1 Cicérou {De orat. 61), compare le sannio à un mimus. — » Ad Od
1701. 20.
SAPO. I Plin. Nat. Iiist. XXVIII, 191. — 2 M.irlial. XIV, 20. — 3 Jbid. 27.
— * Jbid. VIII, 33, 19. — o Voir encore en ce sens Arel. Cappad. De
diulurn. morb. Il, 13; Tlicod. Priscian. I, 3. — c Voir encore en ce sens Oribas.
p. 69 éd. Mai. — 7 Ovid. Amor. I, 14 ; Properl. Il, IS, 20 ; Terlull. De cuUu femin.
2, olc. — » Cal. ap. Serv. jlrf /len. IV, 698. — 9 Val. Mai. Il, 1, extr. 3. — logercn.
S;immon. IV, 35. — " Ovide. Ars. amat. III, 103.
SAR
— 1063
SAR
produites par leur combustion. Dioscoride, sans pronon-
cer le mol sapo, donne la formule de plusieurs mélanges
de cendres et de graisse ou d'huile, qui rappellent celui
dont parle Pline et qui doivent en être rapprocliés; Tun
d"eux avait la propriété de colorer les cheveux en jaune ' .
En même temps que de teinture, le sapo servait aussi
de remède. Au ni"" siècle, Serenus Sammonicus conseille
des frictions de sapo pour faire disparaître la pâleur
des joues et effacer les cicatrices^. A la même époque,
.\rétée de Cappadoce signale, entre autres remèdes des
Gaulois contre Félépliantiasis, des boulettes de nilre ou
semblables aux boulettes de nitre (le mot viTpoJôet; est
équivoque) avec lesquelles on frottait les vêtements et
qu'on nommait «ji-wv '. Moschus donne les mots vtTpov
et caTToiviov comme synonymes.
Pour les soins de la toilette et le nettoyage des vête-
ments ou du linge [lavatio], les Grecs et les Romains
employaient un certain nombre de substances minérales
ou végétales, poudres ou pommades, que l'on réunissait
parfois sous les noms génériques de p'J|xu.aTa, siJTiTtxi,
(iu.-riY|xaTa, et dont les principales étaient la racine de
saponaire ou struthium, la terre à foulons, creta fullo-
nica [creta; fullo.mca, p. 1380', le nitrlm, la lessive de
cendres ou zovîa, le lomemlm. C'est seulement à partir
du iV siècle de notre ère que le savon, xnpo ou ciTtcov,
fut rangé couramment parmi les bùixu.x-%^ . Il ne semble
pas que jusqu'à cette époque les anciens l'aient jamais
fait servir aux mêmes usages domestiques que les mo-
dernes. On a retrouvé à Pompéi, sur l'emplacement de
deux ateliers de foulons, une matière grasse, de cou-
leur grise, donnant une mousse légère au contact de
l'eau ; on crut qu'il fallait y reconnaître une sorte de
savon"; mais l'analyse chimique a montré que cette
matière ne renfermait aucune trace de corps gras d'ori-
gine organique, et que c'était tout simplement un résidu
d'argile à foulons'^. Mairice Besmer.
SARAPIEIA (SapaTTsEia). — Fêtes en l'honneur du dieu
égyptien [serapis]. Nous en trouvons la mention à Mé-
thymna, dans l'île de Lesbos', et à Tanagra^, en Béotie,
où, dès le m' siècle av. J.-C, s'étaient répandus les
cultes alexandrins ^ D'après l'inscription de Tanagra,
les Sai'apieia comportaient les nombreux concours
« musicaux » qu'on retrouve dans beaucoup d'autres
fêtes grecques : concours de hérauts, de rhapsodes,
d'aulètes et d'aulodes, de citharistes et de citharodes, de
poètes satyriques et comiques, etc. En. Caoex.
SARAPIS [SEHAl'ISj.
SARCliXA ou S.ARCIXAE, au pluriel (ilzeCioç, crxs'Jr.).
I. — Le bagage, les paquets que l'on porte soi-même,
particulièrement en voyage et à la guerre', ou que porte
un serviteur dont on se fait suivre ou un valet d'armée
(ixEuo^&po; à/.dXouOoç)'- [cALO.XEs] '. La fig. 6005 reproduit
1 Dioscor. De mat. med. V, 131 ; voir aussi Ibid. Mi et 131. — 2 Sercn. Sam-
niOD. XI, 157. — 3 Arcl. Cappad. Loc. cit. — » Oribas. I.oc. cit. ; Schol. Lucian.
Lexiphr. i ; Zonar. p. 1660;Tlicod. Priscian. 1,3; Cass. Fcl. IG; Paul. Acgin.
On Irouve dans Theod. Priscian. I, IG, le mot saponatum, qui désigne une solu-
tion de sapo fondu dans de IVau. Plin. Valerian. III, 13 et S. Gregor. Episl. 8,
20, mentionnent des saponarii, fabricants ou marchands de savon. — 5 Bliimncr,
Ttc/inot. uud Terminal. I, p. 17V; E. Presuhn, Pompci, Leipzig. 1875, 1881, IV,
p. 3. — 6 Hoiïmann, dans les Wiener Sliidicn, I88i, p. iC3-i7l). — Biiiuocha-
piMK. Beckniann, flei(r. .-«r Ge»c/i. der h'rfindunijen, Leipzig, 1T86-IS05, IV,
p. 1-35 ; H. BISmner. Technol. und Terminal, der Gewerbe und Kûnsle bei Grie-
chen mdittrnern. Leipzig, 1874-1887, I, p. lOi; Becter-GôU, Gallm, HP, p. 117:
K.-B. Hoffmann, Ueber VermeintUche antike Seife, dans les Wiener Studien,
IV, 1882, p. 2(i:i-î70.
SARAPIEIA. I hi$cr. gr. Lesbi, Nesi.... 511. — 2 Inscr. yr. Mvgur. Orop.
un fragment de terre cuite du Musée du Louvre, où l'on
voit le (Txsuocpopo;, coill'é d'un TtîXoç de cuir, à côté de son
maître, que dislingue le cas-
que dit corinthien [galea,
piLECsl. Les suivants étaient
en grand nombre, surtout à
partir du iv'^ siècle, indépen-
damment des chariots et des
bêtes de somme, dans les
armées grecques [exercitus,
p. 90i ; MERCE.NARII, p. 1792^,
dont les soldats traînaient
avec eux toutes sortes de
meubles, d'ustensiles, de cou-
vertures et de vêtements.
Ces derniers ((irptôftaTa, stra-
gulae vestes) étaient enfermés dans un sac [saccus,
fig. 5987] ou une enveloppe ((jTp(o[ji.aTÔo£0[Aov, (jTpo)u.aTEÙ;)*
de cuir ou de toute autre étoffe, liée en ballot', que
l'on chargeait sur son épaule ou que l'on plaçait, pour
plus de facilité, au bout d'un bâton (àviiopov, (Txsuoçop'.ûv)^.
kN^r-
Valet d'armée.
Fig. 60%. — Hercule et
leur chargé du bagage.
Dans la fig. 6096 ', le porteur qui accompagne un
voyageur est monté sur un une, comme Xanthias dans
les Grenouilles d'.\ristophane'. Il ne parait pas qu'en
Grèce, ou au moins à Athènes, on trouvât convenable
d'avoir plus d'une personne pour cet office '. Le fardeau
était lourd quelquefois pour celui qui en était chargé '°.
La fig. 6097 est tirée d'une fresque, d'art et de sujet pure-
ment grecs, retrouvée dans une maison du Transtévère,
à Rome ".Le personnage qui y est représenté n'a pas
recours à la perche ou au bâton fourchu [furcilla,
aerumnulae) dont il sera question plus bas à propos
des soldats romains ; il lient suspendu, au moyen d'une
courroie, un coffret devant lui et un lourd paquet der-
rière son dos. E. Saglio.
II. — On a dit ailleurs [impedimentim] que les bagages,
particulièrement les bagages militaires, chargés sur des
/yoeo(. 340. Cf. fiuH. decorr.Ae/f. 1878,p.5O0; 1881, p. S6I. — 3 Cf. Lafaye, Uist.
du culte des divinités alexandrines, p. 33.
SARCIiSA ou SARCINAE. > Xenoph. Hl, 3, 38 ; Mem. Hl, 13, 6: Arisloph. Aan.
li; Pollui, X, 14. —2 Xen. Mem. L. c. : Cyr. III. 1, 4»; Arisloph. ttan. 509;
Aeschin. l-ah. Leg. Il, 09, p. 59; Theophr. Char. ïxx, 7; Poil. VU, 130.
— 3 Gloss. Cyrill. lotaoçifo;, bajulus. - 4 Plat. Theaet. p. 173; Xen. Mem.
L. l. ; Aeschin. i. /. ; Plul. .ipapht. p. 189 B; Poil. VII, 19. — ■> Ou dans des
coH'res comme dans la hg. ltU97. On trouve, mais tardivement, le mot (r;pw|iaT«.6>ixii ;
II. Estieune cile Niccl. Ann. 10, 6, p. 189 D. — « Arisloph. Itan. S et Schol.
ad l. ; Poil. X, 17; Phol. ». v. muoçif.ov. — 7 Arch. Zeilung, 1849, pL m;
lleydemann, Jahrb. d. K. Inalit. 1886, p. 203, se refuse à y reconnaître
la première scène des Grenouilles. — 8 [)e même chez Lucien {Asin. I).
— » Aeschin. et Theophr. L. l. — 10 Theophr. L. c. cl Casanbon. Ad h. l.;
Arisloph. L. c. — H Mon. d. Jnst. XII, pi. x.\xiv ; cf. PKHSOiNA, fig. 593.
SAH
— lOfii —
SÂR
cliariols ou à ilos d'animaux, se nommaiont impedi-
menta \ cç\\\ (]ui élaionl porlôs par les voyageurs eux-
mêmes ou les soldais élaien l
appelés snrcinae.
Les légionnaires romains
en avaient beaucoup; car
ils devaient garder avec eux
tout ce qui leur était néces-
saire pour les marches et
les expéditions '. Outre
leur équipement et leurs
armes, une provision de
vivres-, blé ou, plus tard,
biscuiL^pour quinze jours
au moins S parfois pour
dix-sepi ■' et mémo pour
vingt-deux jours"; de la
boisson, des outils, des
ustensiles de cuisine, des
jiieux \ Tout cela était fort
F,.- iiiiM- — i;,.-.v 1,- 1 ,vi"iur lourd: pour habituer les
recrues à semblable fati-
gue, on les dressait à marelier au pas militaire, chargés
d'un poids de soixante livres *.
Une autre difficulté était d'arranger commodément ces
dilVérenls objets. Les
voyageurs avaient ap-
pris de bonne heure,
par expérience, à se
tirer d'atraire : il les
fixaient à des bâtons
fourchus nommés
(lerumnulae qu'ils ap-
pu y aient sur leur
épauIe'MVlaiscet usage
ne fut introduit dans
l'armée qu'à l'époque
de Marius, ce qui fit
plaisamment donner à
ses soldats le sobri-
quet de midi Ma-
riani '". Depuis lors,
les fantassins com-
posaient des cho-
ses qu'ils avaient à
transporter une série
de paquets qu'ils atta-
chaient ensemble au
sommet d'un long
pieu ". Nous en avons un exemple bien connu dans les
représentations de la colonne Trajanc. On y voit (lig. 0098)
des légionnaires eu marche : ils tiennent de la main
gauche, reposant sur leur épaule, une perche que ter-
mine, à sa partie supérieure, une traverse; h celle Ira-
I Vegcl, I, 19: VilaScv. /Ura. 47, —2ll,id. — 3 Vila Pcsceim. lu ; Aniiuian.
XVII, 8, 2. — * Cic. 7u3c. Il, 10, :)7. — 5 Vita Sei: Alex. 47. — 6 Cacs. Bel. civ
1,78; l.iv. X1.IV, ï. — 1 Joseph. Ilel. Jud. m, 5, 5; Kionlin. Siral. VI, I, 7.
— 8 Vegcl. I, 19. — 9 Fcst. /ipit. p. i\ : AerumnHl,ts J'Inulus referl furcUlas
qnibu» religatas snrmtas viatores ijercliant. — l'i Fusl. Ibid. ; cf. p. 148 ; Fi'ontin.
Strat. IV, ), 7. - Il Fronlin. Ibid.: Vasn et cilmria militum in fasciciilos
ttpta'a farcit imposait ; Fcsl. Epil. p. 148 : In furcu inlcr/iosila tabella. — '2 Col.
Traj. III (M. Krnlinc.', in-8, p. 70). — 13 Fronlin. Slrat. IV 1,7.
SARCIIVATOn, SAIICINATRIX, SAItTOIl, SAKTIUX. ILucil. ap. Non. p. 17.;
Viirr. Linij. lai. W, lit; Froulo, De di/fer. roc. il. iV.)î l'ulsch; (Jaiiis, 111, I4;i;
Xc-n. Cyr. I, 6, 16 ; Ulym. m. p. 42, .14 cl les aulrc* kïicographcs. Voir les Icitcs
verse pendent différents objets (|ue des liens retiennent
les uns aux autres : une outre pleine d'eau, en haut; un
havre-sac suspendu au moyen de cordes croisées, un
Miel contenant de la viande, une marmite et une cuiller
[trnlln) '-; sitb t/iii/iii.^, dit Frontin, et Itahile onus et
farilix re<]uivs e.'iset '^. R. Cognât.
SARCIXATOB, SARCIIVATRIX, SARTOR, SARTRIX.
'AxEUTrî?, àxÉuTcia, r^-K-q-cr^ç , •/jTr/|Tp;a. — Ouvrier qui coud
et répare en se servant de l'aiguille '. Dans cette ac-
ception, savciniilor vient de sarcio. Il paraît avoir été
employé aussi dans le sens de portefaix, dérivant alors
de sarcina'-. E. S.
SARCOPHAGUS [Zo^^iç, raûxocpàyo;). — Cet article est
consacré à l'étude des sarcophages de bois, de terre
cuite, de métal, de pierre ou de marbre, destinés à rece-
voir les corps inhumés. Ce qui a trait à l'inhumation et
à ses rites a été traité à l'article funus; ce qui concerne
l'aménagement des sarcophages dans les chambres funé-
raires, aux ensembles architecturaux dont ils pouvaient
faire partie, se trouvera à l'article sepulcui'm.
I. Pkhiode PRÉUELLÉNiorE. — Le mode de sépulture
exclusivement pratiqué à l'époque mycénienne ou
égéenne est l'inhumation [funis]. Mais elle n'entraîne
pas alors l'usage commun du sarcophage de pierre, de
bois ou de terre cuite. En règle générale, dans les tom-
beaux de Mycènes,
comme dans tous ceux
i|ui appartiennent à la
même civilisalion, les
corps sontsimplement
déposés sur le sol de la
chambre funéraire, et
non renfermés dans un
cercueil '. Cependant,
c'est à la fin de la pé-
riode dite minoenne
(aux environs du
XV'' siècle avant notre
ère) que se rapportent
les réceptacles funé-
raires dont il a été dé-
couvert en Crète — et
nulle part ailleurs —
un certain nombre
d'exemplaires ^. A
cause de leurs dimen-
sions restreintes,
M. Orsi y voyait de
simples ossuaires, oii
l'on aurait rassemblé les ossements dont on débarras-
sait les caveaux funéraires, pour y faire de la placée
Mais de nouvelles observations ont montré qu'il s'agis-
sait de sarcophages où les corps étaient enfermés avec
les jambes repliées''. Quoi qu'il en soit de leur destina-
pl inscriptions indiqnis par II. Hiiinnicr, Teehiiol. ». Teniiinoloijie der Gcmcrb.
I, p. 202. — 2 Gloss. Cyrill. E.iuo.ojos bajuhis.
SAncOl'IlAGUS. 1 En Crèle, M. Evans a conslalé que, dans la même chambre
funi^Taire, les corps ëlaienl déposés sur le soi ou placi^s dans des larnakes ; les deux
usages onl cocxisié (The preliistoric lombs of Knossos, p. 7 ci 32, lig. 29 ; = Archeo-
loijia, t. L1X|. Cf. Tsonnlas el Manall, The mijcenaean uye. p. 130. — 2 Evans, Op.
I. p. 133. Cf. Orsi, dans Mon. dei Lincei. I, p. 201 scj.; Joubin, Bull, de corr. hell.
p. 295 s(|.; t'errol, Bist. de l'Art, t. VI, p. 930. — a Cf. Orsi, Ibid. p. 219 s(|.;
Joubin, Jbid. p. 298.-4 Evans, Op. l. p. 10, fig. 3 el 88. On remarque aussi (|uc dans
CCS sarcophages des trous sonl souvcnl pralirpifs au fond de la cuve, sans doute
pour facililcr lYcoulemeiil des liquides ri^^suHanl de la dcîconiposition des corps.
Lcgionnaircs portant Icu
SAR
1065
SAR
lion primitive, les urnes créloises sont les prototypes
des sarcophages de l'âge suivant. La forme la plus fri--
quente ' est celle d'une cuve prismatique, portée ])ar
Fis. C09D. — Sarcophage crùlois.
quatre pieds et munie d'un couvercle à quatre pentes
I fig. 6099). L'arête supérieure se termine des deux côtés en
forme d'éperon. La base du couvercle est percée de trous
auxquels correspondent, à la partie supérieure de la cuve,
d'autres trous ou ansettes; par ces trous et ces ansettes
passait sans doute un fil métallique servant k fixer le
couvercle sur la cuve. Les faces de la cuve et celles du
couvercle sont décorées d'ornements mycéniens. L'autre
forme est toute différente- ; c'est celle d'une baignoire
à cuve arrondie, à rebord proéminent, munie de quatre
poignées. On a rappelé à l'article pyelos le rite très
ancien du bain du mort ; c'est la baignoire même où il
était plongé que rappelle l'urne funéraire de Milalos. La
forme des autres est identique à celle soit du meuble
où l'on renfermait les objets familiers, le )>oipva; ou
xiêioTÔ; [arca], soit de la maison primitive [domus, voir
aussi SEPULCRDM pour les tombeaux-cabanes des Étrus-
ques'] avec le toit à double pente et à fronton et la poutre
maîtresse qui sépare les deux versants'. C'est ainsi
comme une copie religieuse de la vie terrestre qui se
retrouve dans la vie d'outre-tombe.
En somme, à l'époque mycéno-crétoise ou égéenne,
l'emploi du sarcophage, sans être exceptionnel, n'est
pas très répandu. C'est à l'âge suivant qu'il devient
commun, sans doute sous l'influence du nouveau pro-
cédé de sépulture qui conquiert alors le monde grec,
l'incinération^. Tandis, en elTet, qu'avec l'inhumation, le
réceptacle funéraire n'apparaissait pas comme indispen-
sable, il devient nécessaire avec l'incinération : d'où les
urnes cinéraires en pierre, qu'on trouve dans les nécro-
poles à incinération de l'époque hellénique la plus
ancienne, par exemple à Théra'. Elles ont la forme d'une
caisse rectangulaire à couvercle. Quand reparait, à
l'époque archaïque et classique, le rite de l'inhumation,
employée concurremment avec l'incinération, la caisse
rectangulaire, appropriée par simple agrandissement à
son nouvel usage, devient le sarcophage proprement dit,
qui renferme le corps du défunt. Le sarcophage est donc.
' Cf. Orsi, Ibid. pi. i; Evans, fig. 3, li'.. — ± l irio de Paloio-Kaslro cii Crclc;
Annual Brit. school Alhens, VIII, pi. xii , cf. Orsi, Itiitl. pi. ii. — 3 Cf.
aussi PoUier, Vases du Louvre, pi. xxix D, 'ii, — * M. Evans n'admet pas
pour les larnakcs l'inleulion de copier les formes d'une maison: il y voit une
imitation du colTre de bois, en usage dans tes maisons pour dcposer les vête-
ments, qui figure aussi parmi les offrandes fun/'raires dans l'Egypte contem-
poraine {Op. I. p. 9)., — 5 Sur ce point, cf. Dragcndorff, Therâisclw Graeber,
p. 90. — 0 Cf. UragendorlT, Ibid. p. 2S et p. 5G. — 'i Ibid. p. 90. — « Ibid.
vni.
de par son origine, purement grec, non pas oriental ou
égyptien ''. Ossuaire en forme de coHret' ou d'habi-
tation, accessoirement en forme de baignoire, de
ri''pof[ue mycéno-crétoise, caisse cinéraire rectangulaire
de l'époque homérique et géométrique, ce sont là les
prototypes et les tètes de série de tous les sarcophages
de l'époque classique, qu'ils soient de forme simple et
géométrique, ou architecturale et compliquée, qu'ils
soient sans décoration, ou ornementés et historiés.
II. Grèce. — ■ Nous prenons ici le mot de sarcophage
dans l'acception la plus large; il convient cependant d'en
préciser le sens particulier et originel. Le mot, avec la
signification générale de réceptacle funéraire, n'apparait
qu'à l'époque romaine; sarcophagus se trouve, avec ce
sens, chez Juvénal '. A l'époque grecque, on ne trouve
pas d'autre mol que ceux qui désignent le « cercueil ».
O/jx-ri'", Xâpva; ", surtout copôç ''. Quant à capxoaotYoç,
« mange-chair >>, ce n'est que l'épithète habituelle des
animaux carnivores '^ Cependant, à en croire une cita-
tion de Pollux '.*, dès le temps de Platon, l'épithète
(70fpxo(j/âYoç pouvait s'appliquer aussi à un cercueil en
pierre. Quel était alors le sens exact du mot'? D'après
un texte de Pline l'Ancien '°, l'épithète désignait une
espèce de pierre calcaire, extraite des carrières d'Assos
en Troade, qui avait la propriété de consumer les corps
en un court espace de temps. Il faudrait donc admettre
que le nom de « sarcophage » aurait été réservé d'abord
aux réceptacles funéraires faits de cette matière spéciale,
et se serait étendu ensuite à tous les autres. L'explica-
tion, même au point de vue scientifique et technique,
parait assez douteuse"^. M. Dieterich en propose une
toute difl'ércnte '^ Pour lui le texte de Pline n'est que
l'écho d'une historiette faite à plaisir. 11 faudrait chercher
le sens vrai de l'épithète « sarcophage », dans de très
vieilles croyances populaires, d'après lesquelles certaines
divinités infernales se repaissaient matériellement de la
chair et du sang des morts. En fait, dans des hymnes
orphiques, il est dit d'Hécate qu'elle « a son repas dans
les tombeaux » et l'épithète même de capxosi-c'Jî lui est
souvent décernée '". Elle aurait ensuite passé au tombeau
lui-même, où le mort est la proie des divinités « sarco-
phages ». On comprendrait bien dès lors comment un seul
mot a pu désigner toute espèce de réceptacles funéraires,
quelle qu'en soit la matière ou la forme.
Nous venons de voir, par les exemples de la période
préhellénique, que le type primordial dont dérivent tous
les autres, est la caisse rectangulaire, munie d'un cou-
vercle droit ou bombé en dos d'âne. Ce type simple se
retrouve sur tous les points du monde grec ; la matière
seule varie et aussi la plus ou moins grande exactitude
dans le profil et la plus ou moins grande perfection
dans le travail. 11 faut mentionner ce type simple avant
d'en venir aux types ornementés.
Ce sont, en majorité, des sarcophages en pierre ou
en marbre que les fouilles ont ramenés à la lumière.
Les plus beaux exemplaires des monuments de cette
(sur le 'Aàçva^ emplojé comme réceptacle funéraire). — ^ Juv. X, 1-tJ. — "^ Plat.
Leg. p. 947 B. — H Hom. //. XXIV, 795; Tliuc. Il, 35. — 12 Déjà .dans llora.
II. XXIII, 91. Les fabricants de sarcopliages sont les «ro^oicotQ^ Poil. VU, 160,
ou oojoisiiYoi ; Poil. Ibid., Ar. Nub. 846. — 13 Cf. Bonitz, /nd. Arislot. s. v.
.«j.o.iyo;. — " Poil. X. 150. — 1= Cf. Plia. XX.Wl, 131 ; II, ill. Cf. aussi
Tlieopbr. De iyne, 4G, avec la correction de cv xûxlb. en iv "Aovw. — 16 Cf. Bliimoer,
Ocw. u. Kùnsl. III, p. CO, n. 2. — " Cf. Dietcricli, Ifekyia, p. 53. — <8 Cf. Die-
terich, Jbid.
134
SAU
lUOI)
SAU
série, auxquels on peul donner, avec Itenan, le nom de
t/iécas, proviennent non de la (irèce propre, mais de
rOrienl fîrec el f^rrco phénicien ; il en a élé Irouvc- un
grand nombre dans les hypogées de Chypre ou de Tlié-
nicie ' ; plusieurs ont
été extraits de la né-
cropole de Sidon -.
Les uns sont en mar-
bre blanc, les autres
en calcaire ; le cou-
vercle s'adapte à la
cuve par une saillie
épousant une dépres-
sion correspondante ;
quatre poignées sont
placées sur les petits
côtés'. Parmi les t/té-
cas rapportées par Re-
nan au Louvre, plu-
sieurs sont en marbre
de Paros et, bien que dépourvues de toute ornementa-
tion, décèlent, par la seule perfection de la matière et
le lini du travail, qui en font dt'jà des œuvres d'art, la
main d'artistes grecs. Ces Ihécas atteignent quelquefois
de grandes dimensions; l'une d'elles, trouvée à Sidon,
en pierre noire, et qui se distingue par la forme anthro-
poïde de la cavité intérieure, mesure 2",G0 de longueur,
l^.aO de largeur et l^.SG de hauteur'.
Ces thécas de pierre ou de marbre, sans ornement,
type universel et comme international, se retrouvent en
Asie Mineure comme à Chypre ou en Phénicie; et on les
rencontre dans les iles de la mer Egée comme dans la
Grèce propre, où l'inhumation a été, dès l'époque ar-
chaïque, pratiquée en même temps que la crémation et
plus qu'elle [fixus^ Ainsi les fouilles opérées par
M. bœhlau dans les nécropoles de Samos-' ont ramené
au jour un très grand nombre de sarcophages en pierre
calcaire, souvent monolithes; le couvercle est soit plat,
soit voûté en dos d'àne, soit même déjà en forme de
fronton. Dans un exemplaire, la cavité intérieure est de
forme anthropoïde ; dans d'autres, elle est de forme tra-
pézoïdale, comme dans les grands sarcophages de terre
cuite de Clazomènes, ou encore arrondie à la place de la
tète^ Dans l'Ile de Rhénée ont été trouvés un grand
nombre de sarcophages du même type, en poros, prove-
nant sans doute de Délos '. Pour l'Altique, M.M. Rrue-
ckner etPernice en ont décritplusieurs, enpierre poreuse
ou en marbre, trouvés dans le cimetière qui s'étendait au
nord-est de la région du Dipylon «. Ils datent du v'^ et
surtout du iv= siècle. Le corps y reposait sur le dos,
couché sur un lit de feuillage.
A côté de la pierre ou du marbre, le bois et la terre
cuite ont été les matériaux le plus fréquemment em-
ployés dans la confection des sarcophages de type simple.
Il semble qu'il y ail eu aussi des sarcophages en plomb''.
1 Par cierapic, Renan, Misa, de PMn. pi. l. = Perrot, Hist. de [art,
l. III, (ig. liu; Ccsnola, Cyprus, p. i7i, S8i. - 2 Péjà par Renan ; cf. Hiss.
p. «7. = Porrol, tbid. fig. 135. - 3 Hanidy Be» ol Rcinacli, Nécr. de
Sidon. p. 30, fig. 10. - * ibid. p. 3i, ng. 11. - 5 cr. Boclilau, Aus •oniseli.
1. ital. .\eJiTop. p. 14 s<|. - 6 //„,/. ng. 9-11. — 7 Cf. Ath. JJilth. 189S
p. 301. -»Cf. AU,. Mitth. 1893, p. 165; 179 5.|. - 9 Nonihreui en Plicni-
eie; cf. ferrol, f>p. cit. III, p. 177; sarcopl.at-f . 'le plomb pliénico-gpecs au
Mus/fc de Uoston; cf. Areh. Anz. 1897, p. 73. Fragment .le «rcopliagc en
plomb, provenant de Mynna; cf. Arrli. Anz. 1900, p. 160. - 10 Dans le e<51èl>r«
fragiDCut de Slraonidc sur la mort di' Daiia^^, le Ido.»; «..Siisoc csl en même
Fig. 6100. — Sarcophage eu bois peint
Les sarcophages en bois se rencontrent dans toutes les
parties du monde grec et oriental. C'est, comme nous
l'avons dit plus haut, le Xipva; ou coffret transféré de
l'usage domestique à l'usage funéraire '" ; mais le plus
souvent, ces sarcopha-
ges de bois ont mal
résisté à l'injure du
temps; on en a trouvé
un grand nombre de
débris dans les fouil-
les du tumulus de
Koul-Oba, près de
Kertch, en Crimée "
(fig. 6100 et GlOl). A
côté de ceux qui por-
taient une riche dé-
coration ou reprodui-
saient un type archi-
tectural, et dont il
sera parlé plus loin,
d'autres ont la forme simple d'une caisse en bois de
genévrier, de cyprès ou d'if, dont on connaît la signi-
fication funé-
raire'^ ; le corps
y reposait quel-
quefois sur des
feuilles de lau-
rier. Des trou-
vailles analo-
gues ont été
faites dans des
lieu.x très diffé-
rents du monde
gréco- oriental ,
en Asie Mineure,
à Gordion-de-
P h r y g i e " ; en
Egypte, à .\bu-
sir, près de Sakharah ". Pourl'Attique, Thucydide men-
tionne l'usage des cercueils en bois de cyprès'^; un de
ces sarcophages en bois, munis de pieds, parait sur un
loutrophore à figures noires [finis, fig 3346] ''. Les
fouilles en ont fait découvrir beaucoup de débris '".
Quelquefois, la caisse en bois était renfermée dans un
sarcophage plus grand en marbre '*. Les sarcophages en
terre cuite, de petites dimensions et non ornementés,
se trouvent dans les nécropoles grecques à côté des sar-
cophages en pierre, mais souvent en beaucoup moins
grand nombre; dans une des nécropoles de Samos,
M. Do'hlau compte 6 sarcophages en terre cuite à côté
de 128 sarcophages en marbre". On en a trouvé éga-
lement à Myrina -"; pour la Grèce propre, à Tanagra-',
à Érétrie, à Sparte, en .\ttique'--. Ce sont souvent des
sarcophages de petites dimensions, en forme de cuves
ovales, destinés à des corps d'enfants'-' ; ici encore, le sou-
lemps coffret cl cercueil. — ** Notre ligure reproduit un sarcopliage de Kertch,
eu bois, souvent publié; cf. Keinacli, Antig. du Bosph. Cimm. p. lâtî, pi. lxxxi,
avec la bibliographie; voy. aussi. Antiquit. de la Russie mtfrid. fig. W, W.
— 12 Cf. Plin. Bisl. nat. .XVI, 33: Virg. Aea. IV, 506; Ov. Trist. III, 13,
il. — 13 Cf. Arclt. An:. 1901. p. 6. — l* Cf. Arch. Anz. 1903. p. 78.
— r, Thuc. II. 35. — 16 Mon. Jnst. VIII, pi. iv, v. — 17 Cf. Ath. Mitth. 1893.
p. 183 H]. — <»/*id. —19 Boehlau, Op. cil. p. 13.— 20 Cf. PoUier-Reinach,
Nécr. de Myrina, p. 70, Hg. 1*. — -il Cl. liull. de corr. hell. 1888, p. 508; Arch.
Zeit. 1876, p. 1«. — 23 Cf. Ath. Mitth. 1893, p. 163. — 23 Cf. Slackclbcrs,
Gnïb. d. IJell. pi. vu cl vni.
Fig. 6101. — Côté du sarcophage eu bois.
SAR
— 1007 —
S AH
Fig. 6102. — Sarco
phage anlliropoïde.
J
venir de la baignoire parait avoir sul)sislé par tradilidii.
Sarcopluif/es antliropo'ides. — Après le Lype simple
et commun du sarcophage sans ornementation, il
faut étudier les sarcophages décorés. Il convient tout
d'abord de mettre à part les sarcophages « anthropoïdes »
phénico-grecs, parce que le type en est isolé et qu'il
dérive d'une tradition non hellénique. La série des
monuments désignés, depuis Renan ', par ce nom tiré
d'un texte d'Hérodote " a été étudiée en détail par
M. Th. Reinach, à propos des deux-
sarcophages de ce type trouvés dans
la nécropole d'Ayâa '. Nous n'avons
qu'à résumer en quelques lignes les
résultats de cette étude. Les sarco-
phages anthropoïdes, dont les Phéni-
ciens ont emprunté le type à l'Kgypte,
reproduisent, de plus ou moins loin,
par la forme de leur couvercle et de la
cuve à laquelle il s'adapte, la confor-
mation même du corps humain. Seule
la tête se détache nettement de l'ensem-
ble et est sculptée dans tout son détail.
Pour tout le reste du corps emmaillotii'
dans son linceul, les indications sont
très sommaires (fig. 6102) \ Quelque-
fois cependant, dans les plus vieux
exemplaires, les bras et les mains se
détachent en demi-relief °. D'une ma-
nière générale, il semble que l'évolution du type du
sarcophage anthropoïde ait consisté à effacer toujours
davantage la silhouette anthropoïde, d'abord sur la
cuve, où elle est particulièrement choquante pour l'oeil,
ensuite sur le couvercle lui-même; il n'y a plus que la
tête sculptée et détachée en médaillon pour en garder le
souvenir. Tous ces sarcophages, sans exception, pro-
viennent des territoires habités ou colonisés par les Phé-
niciens. Ils sont donc, même à l'époque grecque, des
produits de la civilisation phénicienne. Mais ils doivent
figurer dans une histoire des types de sarcophages dans
l'antiquité grecque. La matière d'abord, dont ils sont fa-
briqués, qui est le marbre de Paros, et qui les distingue
très nettement des anthropoïdes égyptiens, dénote un
travail grec, el, plus encore, le style des têtes'.
Aussi bien il seraitexagéré de dire que le type anthro-
poïde est resté complètement étranger à la nécropole
grecque; on a mentionné plus haut, à Samos, en terre
grecque, un sarcophage à cavité intérieure anthropoïde " ;
el il y a, en somme, dans le type des sarcophages de
Clazomènes quelque chose de l'adaptation du réceptacle
funéraire à la forme du corps humain '.
Depuis les fouilles de Sidon, une nouvelle série de
découvertes a fait connaître une autre classe de ces mo-
numents'. Les fouilles du P. Delaltre dans les vieilles
nécropoles puniques de Carlhage ont ramené au jour,
avec des sarcophages purement grecs, quatre sarcophages
anthropoïdes. Le premier porte sur son couvercle
l'image sculptée, en haut-relief, d'une jeune femme vêtue
d'un long vêtement plissé et d'un voile ramené en
' Cf. Kcnan, Op. cit. p. Ui. — i llurocl. Il, .SC. — :< llaïudy licy cl lieiiulcli.
Nécr. rf« Sillon, p. I3t sq. i'niir voire ligure, ïoy. pi. xxxxil, a» 3.-4 Ibid.
p. ICC. — S Ainsi pour les n- 3, is cl 44 du Calahgiœ de M. Reinach. — G [{ci-
Dacli, Mécrop. p. 170. — 1 liochlau, Op. cil. lif;. 8. — » Cf. Winler, Arch.
Anz. 1838, p. 173. — 9 Cf. Comptes rendus Acatl. inscr. 1902 ; Mon. Piot. 1005,
p. Tl 5r|. Us deux premiers sarcophages sont aujourd'hui au .Musée du Louvtc.
avant par la main gauche. Le type de la statue est
analogue à celui des statues funéraires attiques du
iv siècle. Le second offre l'image d'un homme, un prê-
tre sans doute, en costume d'appa-
rat, étendu de son long sur l'arête
faîtière, la main droite levée à hau-
teur de l'épaule, la main gauche ou-
verte. Le couvercle du troisième
sarcophage porte une image ana-
logue, mais d'un type différent. Le
quatrième est le plus curieux de
tous ces monuments (fig. 6103) : la
statue de prêtresse qui le décore,
toute phénicienne de costume et
d'altitude, était encore parée, au mo-
ment de la découverte, d'une écla-
tante et admirable polychromie "'.
On pourrait dire" que dans ce
groupe s'exprime le mieux le type
anthropoïde, puisque la personne
humaine y est représentée toul en-
tière, dans tout son détail. Mais,
d'autre part, il semble que les sar-
cophages de Carlhage montrent la
désorganisation de ce même type,
puisque la figure humaine y est sculptée pour elle-même
el entièrement détachée du couvercle, dont la forme est,
au contraire, toute géométrique el hellénique : la figure
se trouve assez singulièrement placée, toul le long de
l'arête faîtière. D'ailleurs, on a trouvé dans la nécropole
de Sainte-Monique, à côté de ces sarcophages anthro-
poïdes, de beaux sarcophages en marbre du lype archi-
tectonique grec ordinaire'-. Il n'est pas douteux que
dès l'époque où nous reportent tous ces monuments,
iV el 111= siècles av. J.-C, le type grec ne prit peu à peu
la première place; la forme anthropoïde dut -disparaître
bientôt pour ne renaître qu'aux temps chrétiens.
Sarcophages de forme architecturale, à décor peint
ou sculpté. — Tous les autres types de sarcophages à
caractère monumental sont des variantes du lype pri-
mitif de la caisse rectangulaire en bois ou en pierre. Les
formes particulières, trop nettement distinguées dans le
travail d'Altmann sur les sarcophages'^ (sarcophages-
temples, sarcophages-maisons, sarcophages-autels, sar-
cophages-lits) se ramènent à cette forme originelle. Elle
est compliquée et' diversifiée de deux manières ". En
premier lieu, il y a un développement arcliitectonique.
La caisse rectangulaire est pourvue de supports et d'un
toit à double pente. On peut expliquer le fait par l'imita-
tion voulue, comme en Egypte, de la maison ou du
temple, le sarcophage étant conçu comme la demeure
du mort ; on peut l'expliquer aussi comme un emprunt à
l'architecture du sarcophage en bois, où le toit à double
pente et à fronton pouvait être nécessaire comme résis-
tance à la poussée des terres ; celte disposition se trouve,
d'ailleurs, même sur les coffrets de bois, Xàpvaxsç, qui
font partie du mobilier grec [ahca] ' '. Ce premier déve-
loppement appelle naturellement les autres additions
— l'i Mon. Piot, lOO.i, pi. vm. — H Cf. Th. Reinach, AVer. p. liiC. — 12 Cf. Mon.
l'iol. toc. cit. lig. 3. — lï Allinaun, Architektur u. Ornumenlik il. anli/ccn Sar-
koplmije, Berlin, 1002.— •' Cf. les inléressaulcs ohsenalions de Bulle, dans une
criU<|ue du livre d'Allmann : Uerl. pldl. Woch. 1894, p. UOO. — !■• Sur le rappro-
chement à élablir enlrc le IdçvaE, collret, el le '*.«jva;, récepUclc funéraire, cf.
lioehlau, Op. cit. p. 14.
SAR
— lOtiS
SAR
quicoinplètenl la forme architecturale : piliers, colonnes,
moulures ; et ainsi se trouve réalisé le sarcopliage en
forme de naos, qui est la forme achevée du sarcophage
grec. D'autre part, il y a développemenl décoratif; on
orne la caisse du sarcophage el souvent aussi son cou-
vercle de peintures (Cla/.oniènes), d'appliques (Crimée)
ou de reliefs (sarcophages hellénistiques el gréco-
romains). L'histoire du sarcophage grec et gréco-romain
est l'histoire de ces deux développements parallèles.
Il n'y a pas lieu de distinguer, comme fait Altmann,
entre les sarcophages « architecturaux » elles sarcophages
" ornementés » ; la plupart des sarcophages participent
à la fois des deux caractères. L'union en est parfaite dans
des monuments comme ceux de Sidon. A l'époque hellé-
nique et gréco-romaine, l'équilibre commence à se
rompre en faveur du caractère ornemental el ligure; il
sera tout à fait rompu à l'époque romaine.
Dès le Vet le vi« siècles, les artistes grecsont construit
et décoré des sarcophages monumentaux. Mais il reste
vrai qu'ils n'ont pas travaillé pour la Grèce propre, où on
n'a connu, à l'époque classique, que les sarcophages à
dimensions modestes et sans ornementation, les simples
t/iécas dont il a été parlé plus haut. Tout le luxe funéraire
se portait alors sur l'extérieur de la tombe souterraine ',
sur les c/j^iaToi, qui marquaient l'emplacement de la
sépulture, luxe considérable, d'ailleurs, et dont l'excessif
développemenl amena la législation restrictive de Démé-
trius de Phalère [sepulcbum]. Au contraire, dans l'Orient
grec, Asie Mineure et les îles, c'est la demeure immé-
diate du mort, le coffre, qui contient ses membres, qui
de bonne heure a été embelli el décoré. On avait vu les
artistes grecs accommoder à leur génie national le
type étranger du sarcophage anthropoïde ; ce fui le
type hellénique lui-même que les Grecs d'Ionie déve-
loppèrent, imposèrent au monde phénicien el liront pé-
nétrer jusqu'en Élrurie.
Les deux sarcophages chypriotes d'Amathonte el
d'Athiénau (Golgos) montrent déjà, au moins par leur
forme, le type classique du sarcophage grec : cuve rec-
tangulaire sur supports, moulures netles au haut et au
bas de la cuve, couvercle bâti comme un toit à double
pente, avec fronton el acrotères. Le sarcophage d'Ama-
thonte-, avec ses bas-reliefs encadrés dans une orne-
mentation compliquée! et lourde, où se mêlent les motifs
orientaux el les motifs iiellénii[ucs, a, d'ailleurs, encore
un aspect quelque peu barbare. Le sarcophage d'Athié-
nau ', plus sobre de lignes, est plus rapproché du goût
hellénique; les bas-reliefs des longs côtés représentent
une scène de chasse et un banquet funèbre; sur un des
petits cotés, ligure une légende purement grecque, la
déca[)ilation de Méduse ])ar l'ersée ; sur l'autre, une
scène symbolique: le défunt, sur un char, accomplissant
le dernier voyage au terme duquel l'attend la vie dont les
scènes sont retracées sur les grands côtés du monument.
Les grands sarcophages peints de Cla/.oniènes, pro-
I Cr. Itcinach, Nècrop. p. 183. - 2 Ccsnola, Cy/irus, p. 256 cl pi. xiv, xv
= Pcrrol, O/t. cil. p. COB sq. ; lig. 415 s<|. — 3 Ccsnola, Cyprus. p. 110 el
pi. I = l'crrol, Ihid. p. 615 sq.; fig. 41'J sq. — 4 l'our la figure vov. Bull,
corr, lietl. 1895, p. 71. Cf. Jouhiii, JJe sareoph. (.'tazom. p. 1 sij, ; Keinacli,
Jlcv. (let et. gr. Vlll, p. 101 sq.; Kjellberg, Arch. Jahrh. 1904. p. 151; 1905,
p. 188 sq. ; cf. Arcli. An:. 1903, p. 210. — S l'as mime dans la région dn
golfe de Smyrne, en dehors du pays clazoïnéiiicn ; cf. Kjellberg, Arclt. Jahrb.
1905, p. 201. — G Sur la dislinclion de ces deux séries, cf. surtoul Winlcr,
dans Ant. fleiikm. Il, p. 1. — 1 Sur ce point, cf. Mturcr, Arch. Jalirb.
I90i, p. 55. — » li'aprds Murrav, Tevriic. mi-cu/il,. p. lu, la cavil,'- mlc;.-
ijltit. — Sarcopliaj
cuite peinle.
duils directs de l'art ionien, sont plus anciens peut-être
que ceux de Chypre'. 11 .semble qu'il y ait eu là une
fabrication toute locale; du moins, aucun monument de
ce genre, de grandes dimensions, n'a été trouvé sur un
autre point do l'Asie Mineure
(lig. 0104)''. Les sarcophages
de Clazomènes se compo-
sent d'un réceptacle en lerre
cuite, long de plus de 2 mè-
tres, où était déposé le corps;
la paroi supérieure forme
marge, plus large en haut el
en bas que sur les côtés el
en haut plus qu'en bas. Dans
une première série de ces
sarcophages ", qui comprend
de beaucoup le plus grand
nombre de monuments, la
largeur du réceptacle est sen-
siblement plus grande du
côté de la tête que du côté
opposé; il y a là comme un
dernii-r souvenir de la forme
anthropoïde des sarcopha-
ges orientaux. De la struc-
ture particulière de la cuve
M. Meurer a tiré l'ingénieuse
conclusion '' que ces sarco-
phages étaient faits pour être dressés verlicalement sur
la face antérieure servant de base, ainsi que le corps lui-
même, lors de la cérémonie de la prot/iésîs '. Aussi bien,
c'est seulement dans celte position que les peintures qui
remplissent les quatre marges de la cuve prennent leur
valeur ". Dans l'autre série '" des sarcophages, plus
purement helléniques, la cuve forme un rectangle exact,
et c'est le développement régulier, en terre cuite, du
typeprimilif eu bois ou en pierre. Le sarcopliage du Bri-
tish Muséum, le plus richement orné de tous, a conservé
son couvercle en forme de toiture à fronton ". Le décor
peint, réparti tout autour de la cuve, parfois même dans
l'intérieur et sur le couvercle, comprend des animaux
du style rhodien, mêlés à des ornements en torsades et
en palmettes, de nombreuses scènes de combats, ou de
chasses, des jeux el des courses de chars.
Un sarcophage, comme celui du Brilish Muséum,
montre déjà presque réalisé, dans la première partie du
VI'' siècle, le type du sarcophage hellénique, avec sa belle
construction architecturale et sa riche décoration. Plus
récent, mais du vr siècle encore, est un sarcophage en
marbre dr l'ilede Sainos, connu depuis assez longtemps
(h'jà'-, et dont M. Wiegand '•' a donné récemment une
deseiipliiiii délaillée ; c'est lepremier exemple parlait du
sarcophage en forme de naos à fronton. Haut et large de
1 mètre environ, long de plus' de 2 mètres, c'est un vrai
temple ioniijue en miniature, avec dix colonnes engagées,
ricure du sarcopliage ainsi dresse aurail figuré la porle même de l'Hadèe.
— 9 Sans cela, la disposilion des pciuliires sur la ti-auclic supérieure de la
cuve eùl été chose « singulière », comme dit M. Tli. Heinacli, Nécrop. p. 1S4.
— 10 Représentée par les n»* 24 et 25 du Corpus de M. Joubin. — u Cf. Joii-
bin. Op. cit. p. 02 sq. ; Murray, .\Jon. Piot. IV, p. 27 sq. el lig. I. La Iranclic
inférieure même du couvercle est ornée do peintures ; il faut donc croire que
lors de ia prot/trsis, il était exposé à côté du sarcopliage. — 12 Signalé par Wol-
Icrs, Atli. Mittlt. p. 224. — 13 Alh. JUiltli. 1000, p. 209. Wiegand, Loc. cit..
signale rexislencc, au Musée de Girgeuti, de sarcophages analogues, mais du
slyle dorique.
SÂR
— 1069 —
SAR
trois sur les grands côtés, deux sur les petits, à base en
forme de trapèze ; la corniche est ornée d'un dt-cor folié ;
les frontons ont leurs acrotères en volutes ; les détails
architecturaux rappellent ceux des édifices archaïques
d'Athènes; lacornicheet les acrotères montrent des restes
de couleur; peut-être des peintures remplissaient-elles
- Sarcopl,
de Icmpic
autrefois les panneaux d'entrecolonnement (fîg. 6105).
On retrouve la même union heureuse de la composition
arcliilecturale avec rornemenlalion peinte ou sculptée
dans un curieux monument qui semble contemporain
des sarcophages de Sidon : c'est un cercueil de bois,
trouvé en 1874 à Kertch', en forme de cella ionique à
antes, ornée de sept colonnettes sur les grands cotés,
trois sur les petits, élevée sur un socle à trois degrés et
couronnée d'un entablement architrave; sur les pan-
neaux, en arrière des colonnettes, étaient fixées des figu-
rines des Niobides, en plâtre colorié. De la même région
\lumulus de Koul-Oba, à Kertcli) proviennent des restes
de sarcophages en bois, décorés d'appliques ou de pein-
tures sur fond blanc- ; un cercueil en bois de cyprès et
d'if, avec des panneaux à figures peintes et dorées', est
tout particulièrement intéressant pour l'étude de la
menuiserie et de la marqueterie dans la Grèce antique '.
Les plus beaux de tous les sarcophages de type grec
sont les grands sarcophages à reliefs sculptés et poly-
chromes, découverts à Sidon et transportés au Musée de
Constantinople ; nous renvoyons à l'étude très complète
que leur ont consacrée Hamdy-bey et Th. Reinach ''.
Outre ces merveilles de sculpture, les deux hypogées
contenaient un assez grand nombre de simples t/iccas et
de cuves antliropoïdes qui attestent la prolongation, à
travers les âges, de ces formes anciennes. Les quatre
grands monuments sont le sarcophage du Satrape,
placé vers 450 av. J.-C. (départ sur un char, scène de
chasse, banquet funèbre) ; le tombeau lycien, de la fin
du \' siècle, dont le type rappelle la structure des sépul-
tures monumentales de la Lycic (animaux orientaux,
chasse d'.\niazones en quadriges, chasse au sanglier par
des épiièbes cavaliers), le sarcophage des Pleureuses,
datant de la première moitié du iv" siècle, où la cons-
truction architecturale est réalisée avec le plus de goût
et d'Iiarmonie dans les entrecolonnemenls, grandes
< Cf. lUinach, Antii/. de la liiissie mérid. flg. 4G; Th. Rcinacli, Nécro/}.
p. Î49. — 2 Cercueil avec des peintures représeutant renlèvemenl des Leucij»-
pides ; cf. Reinach. Aiitig. du Bospk. p. M', el pi. i,xx.\ii[. — 3 Jfjid. p. liti:
pi. I.XX11. — V Sur la leclmique de ce mouumeDt, cf. liliimner, Tccittiol. u. Ter-
mi»i. II, p. 335. — 5 Une Xêcropole royale à Sidon, lexte et planches, 1S0J
— fiCollignon, Sculpt. grecq. Il, d^. il4. — 7 Deux (|Ucslions sont coutroversées :
1« les sarcophages de Sidoo étaient-ils destinés à ta nécropote où ils ont été trou-
vés ?;2« pour quels personnages avaient-ils été fabriqués ? M. Studniezka soutient
que c'est la nécropole des rois de Sidon et que le sarcophage dit A' A teiandre a été
(ait pour le roi Abdalouvme, allie des Macédoniens (Jahrbuch des deiitsch. Inst.
figures de femmes traduisant toutes, dans des attitudes
diverses, leurs sentiments de tristesse et de deuil ; sur la
cuve et sur le couvercle, petites frises décorées de scènes
d'enterrement, épisodes de chasse) ; le sarcophage dit ■
d'Alexandre le Grand {i\g. 6106) ', le plus considérable
parses dimensions (3 m. 18 sur 1 m. 61), le plus richement
décoré et le plus remarquable par la conservation des
couleurs dont il était peint; combats entre Macédoniens
el Perses, scène de chasse au lion, où le héros macédonien
est représenté trois fois (fig. 3968). Ce qu'il faut noter,
c'est que déjà sur le sarcophage d'Alexandre la richesse
de l'ornemenlation sculptée fait quelque tort au dessin
Fig. 6I0G. — Sarcopliage dit dAl
architectural de l'ensemble ; par là s'annonce déjà l'im-
portance toujours plus grande que prendra, dans la suite,
la décoration plastique, au détriment du « bâtiment ».
Que sont enfin les sujets représentés sur les reliefs
des sarcophages de Sidon, dans leur rapport avec la des-
tination funéraire du monument' ? Sur le sarcophage
d'Alexandre règne sans conteste ce qu'on peut appeler la
décoration biograpliique, empruntée aux faits et gestes
du défunt; sur les autres, domine la décoration réaliste,
où les scènes figurées sont de la vie réelle, quelquefois
avec une signification symbolique plus ou moins préci-
sée. La décoration mijthologi<jHe, plus employée qu'au-
cune autre sur les sarcophages de l'époque postérieure,
apparaît à peine ici*.
Le type du sarcophage grec, au profil architectural
nettement accusé, persiste à travers toute l'époque
romaine, à côté du type proprement « romain » (voir
plus loin, section VI). Ici trouve place un monument
qui était autrefois considéré comme le plus ancien de
tous les sarcophages à reliefs: c'est le sarcophage des
Amazones de Vienne ' (fig. 6107). La forme architectu-
rale y est encore bien marquée, mais très simplifiée,
cependant, el réduite. La composition mythologique,
sans rapport précis avec la destination funéraire du
monument, a tout envahi : sur les quatre côtés est
tSitV. p. i04). M. Th. Reinach pense, au contraire, que ces magnifiques sépultures,
primitivement destinées à un satrape perse et à sa famille, ensevelis dans uu
hérùon funéraire, ont été enlevées, pillées et déposées plus lard dans les souter-
rains de rhypogée sidonien {Nécropole royale, p. 36S). Le premier occupant du
sarcophage d'Alexandre pourrait avoir été Mazaios, gouverneur de Bahylone, mort
en 3-28, et le sculpteur serait un contemporain de Scopas et d'Eutliycratès, peut-
être Euthycratcs lui-même (/*. p. 3tl). — 8 Dans le sarcophage « lycien ..
sur les petites faces de la cuve (combat de Centaures). — ' Robert, sarkopk. 11.
pi. \xvir Wolters, Oipsaby. I82i; cf. Altniann, Arch. u. Ornant, d. ont. Sark.
p. 15.
SAR
1070 —
SAR
Fig. 610
i'cj)i-i'scn(ée la même Imlaille d'Ama/.onO!;. Par le Ptyli'
dos sculpluros, le sarcophage de Vienne peut être à peu
près conlcmporain du sarcophage <l'Alexandro' . Mais
c'est en même temps la tèle de série de tous les sarco-
phages " grecs » d'époque
romaine.
Nous n'avons pas ren-
contré, à l'époque grec-
que, le type du sarco-
phage en forme de lit
funéraire, de xXîvtj. On
en peut noter cependant
quelques exemples isolés
en pays grec -. Il en a été
trouvé en Macédoine, à
Palatitza'. et tout récemment dans une chambre fu-
néraire à Érétrie '. Nous allons le trouver très fréquent
en ÉIrurie ''.
III. ÉTiuRiE. — Comme les Grecs et comme les Latins,
les Étrusques semblent avoir toujours pratiqué concur-
remment l'incinération et l'inhumation ^iMs], sauf
pendant la première période de leur histoire, celle des
tombes a posso''. On trouve donc, dans toutes les né-
cropoles étrusques, à côté des sarcophages, des urnes
linéraires. Nous ne traitons ici que des premiers. Les
urues cinéraires sont, d'ailleurs, souvent, par leurforme,
comme des sarcophages en réduction.
Les tombes a /'ossa ", intermédiaires entre les tombes
à puits et les caveaux funéraires, contiennent déjà des
sarcophages. Tantôt, dans les fosses, le corps est déposé
à même la terre, tantôt il est placé dans un réceptacle en
pierre. Mais c'est surtout des tombes a camere qu'on a
retiré un grand nombre de sarcophages. On trouvera
à l'article etrisci et à l'article sepulcrlm des renseigne-
ments sur la disposition de ces tombeaux *. Tantôt
les corps étaient déposés à nu, tantôt ils étaient ren-
fermés dans des sarcophages placés soit dans des
niches, comme celles de la tombe dei Tarquinii ^,
à Cervetri, soit sur une banquette à fer à cheval fai-
sant le tour de la chambre funéraire, soit sur le sol
même de la chambre. La matière des sarcophages étrus-
ques est, comme pour les sarcophages grecs, la terre
cuite, le bois, la pierre et le marbre, .^ucun sarcophage
en bois n'a été conservé, mais on a retrouvé des fer-
rements et des clous "'. Les sarcophages de pierre ou
de marbre sont très nombreux; on y employait toutes
les pierres du pays".
Le type le plus simple est la cuve rectangulaire munie
d'un couvercle plat. Le premier développement est le
sarcophage en forme de maison ou de temple, avec toit
à deux pentes, muni ou non d'accessoires décoratifs,
acrolères et antéfixes. Mais ce type, si fréquent en Grèce,
n'est pas représenté en Étrurie par un très grand nombre
d'exemplaires. Les plus intéressants sont le sarcophage
de Bomarzo au Brilish Muséum '^, qui porte sur la crête
' cr. Keiuach, Op. cit. p. 335 : nombreux rapprochemenls de détail. — 2 Cf.
AllmaoD, Op. cit. p. 39. — 8 Cf. Heuzejr, Gn:. des Beaux-Arts, 1873, p. 305-3li ;
50|.."iU. — 'Cf. Eç. 4?;. 1899, p. Î2I cl pi. XI. — ô Seul un curieux sarco-
phage Je Cnossos, public dans le livre d'AIlnianu (p. W cl pi. il, reproduit très
ciaclcincnl la forme et les détails de la «x;>^, avec un grand drap funéraire ca-
eliaiil tout le fond de la paroi antérieure de la cuve; devant ce drap, postés sur
la pliutlie eu relief, sont livrés i|uatre personnages ; le mort, sous l'apparence
d'un s<|ueletle, et un serviteur, de part cl d'autre d'une table de bau<|uel ;
puis un bomme <|ui semble déclamer cl un joueur de llùte. Ce roonumeut, unique
en son genre, esl cerlainemeni postérieur à répo<|ue grecuue classique. — G Cf.
du toit une paire de serpents entrelacés, un sphinx à
chaque pignon, et, aux extrémités des tuiles de couver-
ture, des masques de femme en antéfixes; et un sarco-
phage du musée de Florence ", en marbre ou en albâtre :
à chaque coin de la toi-
ture est une tète de
femme; dans chaque tym-
pan, un groupe repré-
sentant un homme atta-
qué par des chiens; sur
les quatre faces est peinte
en couleur à la détrempe
une bataille de Grecs et
d'.Vmazones.
Le type de sarcophage
le plus fréquent en Étrurie est le sarcophage en forme
de xÀivT|, rare dans la Grèce archaïque et classique. Sur
le couvercle est figuré le défunt ou le couple défunt, en-
dormi ou étendu au lit de banquet. On peut bien ad-
mettre '* que le sarcophage-lit n'est, en somme, qu'une
variante du type ordinaire : on a eu d'abord l'idée de
placer sur le couvercle de la cuve l'image du mort
endormi". De là, on a tiré ensuite l'idée de donner à
tout l'ensemble du sarcophage la forme d'un lit; il
n'y aurait, en somme, là qu'une conception tardive et
secondaire ; ce qui le prouverait, c'est que le nombre
des exemplaires oîi cette forme est poussée dans tout
son détail est très restreint. Mais on peut penser aussi "^
que le sarcophage-lit est fait à l'image de la couche
funéraire elle-même, niche ou banquette, des caveaux
étrusques. Ce qui vient à l'appui de cette hypothèse,
c'est que souvent, sous chaque niche, des traits de
couleur dessinent le bois d'un lit ''. Dans la tombe dei
Rillevi. à Cervetri (fig. 2802), la niche qui fait face à la
porte d'entrée, au fond de la salle, est garnie d'un lit
Sarcopbage étrusque en forme de lit.
richement décoré, à montants sculptés; sur la paroi, au-
dessous de la niche, sont peintes les figures de Cerbère
et de Charon. Les plus anciens et les plus curieux des
sarcophages-lits étrusques sont ceux trouvés à Cervetri,
Martlia, Art (Irusque, p. 32 si|. — " Ibid. p. 98 sq. — 8 Jdid. p. IS5 sq.
— 9 /bid. p. 191 ; Dennis, Citiej and cemet of Etr. I, p. 2*î. — '<• Cf.
Dcnnis. Ibid. 11, p. li, î«, 518. — u Cf. Martha, Op. cit.f. 134, 30i. — 12 llar-
llia. Iliid. p. 198 ; Dennis, Op. cit. 1, p. 170. — 13 Cf. Dcnnis. Ibid. U, p. 96 Si\. ;
Aiiiclung, Fùlirer durch. d. ant. in Flori:n:.p. 187; Martba, Op. cit. p. ÎHi
(pour les peintures). Les peintures sont décrites et reproduites dans Jour», of
hcll. stwl. 1883, p. 3î4 5<i. et pi. xxxvi-x\iïu. — 1' Bulle, dans Oerl.phil. WocA.
189», p. 130i. — 15 Cf. l'urne de Cornelo, Martha, Op. cit. lig. i38. — " Cf.
Allmann, Op. cit. p. 31. — '^ Ainsi dans la tombe dei ÎTar^uinii à Cervelri ;*cf
.Martha, Op. cil. p. 291.
SAR
1071
SAR
l'ancienne Caeré ifig. G108) '. L'homme et la femme, sur
lous ces sarcophages, sont figurés côleàcôle, les jambes
allongées et le buste droit ; tous deux ont le coude gauche
appuyé sur un coussin. (Pour la forme du lit et de sa
<■ fourniture », matelas, couverture, coussin, voir l'ar-
ticle LECTis.) Quant au type des visages, au caractère
de l'accoutrement et de la chevelure, tout rappelle, sur
les sarcophages de Cervetri, l'archaïsme gréco-ionien. 11
est vrai pourtant que l'Ionie archaïque ne semble pas
avoir connu ce type du sarcophage-lit; mais elle a traité
en bas-relief le sujet du banquet, qu'on trouve par
exemple sur les bas-reliefs d'Assos, où les physionomies
et les attitudes ne sont pas sans ressemblance avec celles
des sarcophages de Caere. 11 faudrait en conclure que
ces monuments sont grecs de facture, et sont l'œuvre
d'artistes ioniens établis en Étrurie^. C'est l'opinion
aujourd'hui assez communément adoptée '.
Le lit funéraire ou de banquet est représenté de façon
beaucoup moins complète dans les sarcophages de
l'époque postérieure. A côté de la représentation du
banquet (fig. 2810), on trouve aussi celle du sommeil;
ainsi le couvercle d'un sarcophage de Cornelo porte
un couple embrassé (fig. 2811) '; ou bien le défunt,
complètement enveloppé
de son linceul, est cou-
ché et comme endormi
(fig. 6109) ^. Souvent
aussi, à côté du défunt,
sont figurés d'autres per-
sonnages, serviteurs ou
génies de la mort, comme
sur un cinéraire deChiusi
du Musée du Louvre'.
Un type plus récent en-
core est représenté par
deux monuments qu'on
peut dater, avec sûreté, delà fin du m' siècle \ La morte
estétendue sur le couvercle, relevant son voile de la main
droite, tenant un miroir de la main gauche (fig. 124G).
La caisse du sarcophage est de la forme d'un autel plutôt
que d'un lit; elle est ornée, comme une frise dorique,
de piliers triglyphes séparés par des métopes, dans le
champ desquelles sont des rosettes ou des patères.
Il n'y a plus ici, à proprement parler, de x)a'vf,, mais
seulement, sur le couvercle, une statue couchée. C'est,
avec la cuve ornée de bas-reliefs, le type des nombreux
sarcophages ou urnes cinéraires du iv" et du iir siè-
cles*. Ces statues-couvercles ont souvent un carac-
tère individuel assez marqué ; on peut croire qu'elles
étaient faites à part de la cuve, qui souvent même n'est
' .M,irllia. <Jp. cil. p. 330, ii. I; Mun. dtll lus!. VI, pi. i.ix ; Dciinis, dp.
ni. I, p. 279-, Longpcricr, Musée SapoU-on. pi. i.sxx. L'exemplaire du Brilisli
Musoiim est suspiîcl par certains délails, siirlotit des has-reiicfs de la cuve; on
doit admettre tout au moins qu'il a sulji de profondes retourhes. L'exemplaire
du Louvre est le cùlèbre sarcophage Campana ((ig. 2SI2). M. Savignoni {Mon.
liai Lincei, IS98, p. 5il, pl. xin-xiv) a publié récemnieut un autre monument
du même type, pur de toute restauration et d'une grande Onesse de travail, i[ui
fst à Home. — 2 Cf. Savignoni, Loc. cit. p. 530 sq.; l'ollier, Calai, des vases
du Loutire, II, p. 414. — 3 Mon. Piot. IV. p. 20. — 4 Cf. Martlia, Op. cil.
p. 3tC. — 5 Mon. d. Inst. VIII, pl. xvrii. — 0 md. 340; Mon. d. Insl.
VI, pl. i.x. — 7 Cf. y*oem. Milth. I, p. 217 ; Ant. Denkm. I, pl. xx ; Mon. d. Jnst.
XI, pl. 1 : Altmann, Op. cit. p. 35 et fig. 11 ; Amclung, Fûhrer, p. 189, v" 212.
— » Cf. Martha, Op. cil. p. 344 s.]. — 9 Cf. Dcnnis, Op. cit. I, p. 4»0.
— 10 Cf. Mon. VIII, pl. XIX. — » Martlia, Art. Ur. p. 333. — >2 Ainsi Micali.
Mon. ined. pl. xi.viii, 1; .Mon. per serv. alla stor. d. nnt, pop. ital. pl. i.x en
Martlu, Art. étr. (ig. 24s. — 1.3 Cf. Mon. d. Inst. IV, pl. xxxii ; Deuiiis. Op.
Fig. 6109.
pas de la même pierre, ou que le travail n'en était
qu'ébauché dans l'atelier du marbrier, pour être ensuite
parfait à la ri'ssemhlancc du mort '. Les bas-reliels se
déroulent surl'une des faces longitudinales etsur les deux
faces latérales. On peut, avec M. MarLha, distinguer trois
séries de ces reliefs. La première comprend les représen-
tations réalistes, tirées de la vie quotidienne : mariage
(fig. 28ii) '", cortège de magistrat ", déjuge. La seconde
est celle des représentations symboliques, qui se ratta-
chent directement à l'idée de la mort et des funérailles
(fig. 3359), et où la sombre imagination des Étrusques
se donne libre carrière ; la jeune fille ou la jeune femme
arrachée à ses parents ou à son mari par les démons de
la mort'-, le voyage vers le monde infernal ou la proces-
sion funèbre'''. La troisième série comprend les représen-
tations mythologiques : ce sont les plus nombreuses.
Comme sur les sarcophages romains, les sujets sont
empruntés aux traditions héroïques de la Grèce, popula-
risées en Étrurie, dès l'époque archaïque, par les vases
peints '*. La question se pose du rapport entre les mythes
représentés et la destination funéraire des monuments. Il
n'est pas niable que les marbriers étrusques choisissaient
de préférence ceux qui, par leur caractère tragique, com-
bats, morts de héros,
rendaient le mieux l'idée
de la fragilité terrestre
et du risque perpétuel
où vit l'humanité. Et la
présence, souvent inat-
tendue, des démons et
des génies de la mytho-
logie étrusque dans ces
scènes grecques, montre
que les Étrusques en
avaient pénétré et se plai-
saient même à en accen-
tuer le sens religieux. Les sarcophages étrusques à
sujets mytiiologiques sont de la période la plus récente
de l'art étrusque ; ils en marquent la décadence et en
annoncent la disparition devant l'art romain.
IV. lloME. — L'inhumation semble avoir été le mode
de sépulture pratiqué à Home aux temps les plus anciens
'fu.\'us]. Mais la pratique commune de la Rome républi-
caine était l'incinération; il n'y eut sans doute (jue
quelques grandes familles pour conserver plus longtemps
que les autres le rite primitif; nous trouvons par exemple
i[ue, dans la gens Cornelia, Sylla fut le premier qu'on
brûla au lieu de l'enterrer'-'. Le cercueil, urca ou ca-
pulus, de bois, de pierre ou de plomb, était donc rare-
ment employé comme réceptacle définitif du corps. On a
cil. Il, p. «2, inlerpii''lo le lias-relief comme lepriî-sr-ntant le retour d'une expé-
dition guerrière, avec les cajitifs encliaînâs. — 't Voir la liste dressée par
M. Martlia.Op. cit. p. 362, note 1. Enlèvement d'Hélène, .Sacrifice d'Ipliigénic,
l'Iiiloctôto à Lemnos, Télèplie au camp des Grecs, Funérailles d'Antiloclios. Mort
de Tro'ilos, Paris menacé de mort par ses frères, Hector traîné derrière le char
d'Achille, Combat autour du cadavre d'Achille, 'Cheval de Troie, Prise de Troie,
Mort d'Astyanax, Ulysse et le Cyclope, Ulysse et les sirènes, Ulysse et Scylla,
Ulysse et Circé, Jlassacre des prétendants; Mort d'Agamemnon, Orestc et Electre
au tombeau d'Agamemnon, Oreslc et Pylade eu Taiiridc, .Mort de Néoplolème,
Mort de Clytcmnestro et d'Égisthe, Orcste et les Furies, Mort de l.a'ius. Supplice
d'Oedipe, Sept dev.int Thèbes, Mort d'Amphiaralis, Etéocle et l'olynicc, Centaures
et Lapitlies, Grecs et Amazones, Thésée elle Minolaure, Morl d'Ilippolyte, Alccslc
et Admèl«. Morl d'Oenomaos, Sanglier de Calydon, Le héros (i;adinos ou Jason)
combattant avec un soc de charrue, Actéon dévoré par ses chiens, Massacre
des Niobides, Hercule cl Glaiicos, l'ollux et Amycos. — 15 l'iin. Hist. nnt.
VII, 1«7.
SAR
— 1072 —
SAR
Iroiivé dans dos fouilles à Romo, sur lemplaccmenl d"une
nôcropolo archaïque ', des cercueils de pierre, faits de
pièces rapporlées, et nuinis d'un couvercle plat. D'autres
fosses à cercueils ont été dégagées sur le mont Esquilin'-.
C'était encore dans un capulus du même genre que le
corps était placé, dans le cas de l'incinération, lors du
transport au lieu où elle était pratiquée^ [r:m's]. Le
seul grand sarcophage, à caractère monumental de l'é-
poque républicaine, est le sarcophage en péperin de
V^R/VE1.| [
cw- F- SCI no.
iiiHiBiiiiBiPiai
"-'-'' .11! l:.C)RNELIVS-LVClvrjCirî!S-0ÂR.B:*.TVJC^4ivoO-PXTR.Ë
PQr\r\ik'rv^* rr)fiTi«-viD.UPlE .V$ OVE— OVplVJ-FCr.Vi/, VlftTVTTI-PASlJV>»A
LlAwOOriT-TSVBICITOMJïE'LOVCAKyorSIOiSiJVI' ABOOVCIT
i,
Fig. 01 10. — Sarcophage de Scipio Barbatup.
Cornélius Scipio Barbalus, consul en ^98 (tig. tJllO) '.
Les volutes ioniques qui ornent le couvercle, à ses deux
extrémités, donnent à tout l'ensemble la ressemblance
d'un autel, avec son soubassement où est gravée l'ins-
cription en vers saturniens. Ce type semblé emprunté
à des monuments de la Grande-Grèce ; il se retrouverait
sur deux sarcophages du Musée de Girgenti, signalés
par Wiegand ^
Avec l'Empire, l'inhumation prit de nouveau place, à
côté de l'incinération, dans l'usage normal. Aussi, à
pai-tir de cette époque, les sarcophages se multiplient.
Un texte do Macrobo dit que, de son temps, l'incinération
n'était plus en pratique ^. Les progrès du christianisme
en amenèrent la disparition complète. La foule des sar-
cophages à reliefs qu'on trouve dans les collections est
donc contemporaine de répot[ue impériale, particulière-
ment de l'époque des .\ntonins '.
Il faut mettre à part des autres sarcophages de l'époque
impi-riale un type qui se trouve reproduit à de nombreux
exemplaires, mais qui ne dérive pas de la forme rectan-
gulaire commune à la plupart des sarcophages antiques.
C'est le type des sarcophages « striés » ou à <> strigiles » *,
ainsi désignés parce que toute leur surface est décorée
de sillons parallèles creusés dans le marbre, en forme
d'S distendus et allongés ^ Leur forme est celle du
bassin ovale à presser le raisin, ÀYiVÔç ; à l'époque grecque
déjà, ce mol se trouve comme synonyme de (jopoç'". La
décoration comporte ordinairement, en plus des stries
parallèles, deux létes de lions qui représentent les bou-
ches par où s'évacue le moût dans le pressoir". Quel-
quefois, à la place des létes de lion, on voit deux lions
< Cf. Laiiciaili, Uull. d. coiiim. arch. munie. Ul, p. VM. — 2 Cf. Dtdt. d.
eoinm. )»85, p. 39. — i Ainsi, pour les funérailles d'Augusle. Cf. Dio Cass. 56,
31. — t Voir tutiuii, p. 58+. Cf. llelkig, f'ùhrer, |2, p. 73 ; AUmann, Op. cil. p. 44.
— ■' Cf. Wie-anil, Alh. .Millh. l'.iOO, p 3011, el les ileui s.ircopliagcs île Sciaulicilés
plus liaul, uolc 14, p. 11170. — K Macr. Sal. Vil, 7, 5. — 7 U publication iluu
Corpiuilcces monuments a £16 entreprise par M. larl Robert ; ce n'est ipi'aprés son
achèvcnieul qu'on pourra «luilier en ilcHail toulesles questions relatives à l'évolution
lies formes, au choit des sujets, au caractère artistique des reliefs. Oui paru : le
tome II, contenant les « cycles > ; deui parties du tome III, contenant les légendes
particulières {Einzelmjlhen); le tome I comprendra les reliefs à sujets empruntés
à la vie r/clle ; les autres loines, les reliefs décoratifs ou relatifs à Dionysos
et à ^on lliiise. — » Cf. Allmann, Oji. cil. p. Wi. — » Clarac (Mut. de scul/il. Il,
p. 990), pense ,pic ces cannelures, ipii ont assez de rap,,ort avec la forme des slri-
lotirnanl de ciiaque côté sur l'ovale de la cuve, et atta-
quant un agneau ou un bélier'-; ou bien le milieu d'une
des grandes faces est occupé par un groupe plastique
ou, plus simplement, par un médaillon reproduisant les
Iraits du défunt. Sur quelques exemplaires enfin, c'est
l'ornemenlalion striée qui disparaît, remplacée par la
décoration ordinaire à sujets mythologiques; il ne reste
du type du sarcophage XT,vd; que la forme ovale et les létes
de lions". Beaucoup de sarcophages à strigiles appar-
tiennent à l'époque chrétienne el sont décorés d'emblèmes
chrétiens". L'n curieux bas-reliefreprésente la fabrication
d'un sarcophage à strigiles'': le sarcophage est suré-
levé sur deux
blocs; un ou-
vrier, assis sur
un siège à
plusieurs gra-
dins, tient en
main deux
longues liges
munies à leur
extrémité de
pointes de fer,
qu'avec l'aide
d'un autre tra-
vailleur il dirige le long de la cuve pour y creuser les
stries parallèles i^fig. 61H).
Depuis Matz, on divise les sarcophages de l'époque ro-
maine en deux classes'". Les sarcophages « grecs » qui
sont les moins nombreux, produits de l'art des pays
grecs à l'époque impériale, conservent les particularités
du sarcophage grec classique. Le profil architectural est
nettement dessiné; de fortes moulures encadrent la cuve.
Le couvercle est généralement en forme de loit à double
pente el à fronton, avec décoration « écaillée ». Les bas-
reliefs s'étendent sur les quatre côtés du monument,
destiné, au moins en principe, à l'exposition en plein
air, le petit ctjté gauche étant associé pour la représen-
tation avec le grand côté antérieur, le petit cijté droit
avec le long côté postérieur ". Quelquefois deux côtés
sont occupés par une représentation mythologique, deux
autres par des motifs ornementaux'*. Sur un certain
nombre de monuments qui semblent former groupe,
ainsi sur un sarcophage du Musée de Constantinople "
(histoire d'HippoIUe), qui est un des beaux exemples du
sarcophage « grec », la représentation figurée est enca-
drée, aux deux extrémités de la face principale, par des
caryatides ou par des personnages qui jouent un rôle
analogue-". Enfin, sur le sarcophage grec, le relief même,
par le petit nombre des figures bien isolées, leur dispo-
sition classique sur un même plan, rappelle directement
la tradition grecque. Les sarcophages « romains » pré-
sentent des caractères opposés-'. Le profil architectural
giies^ pourraient bieu avoir u
— 10 l'oU. X, 130. — Il Ainsi s
pi. cxxxvi= Uciuach. Hrp. l.it.
Slud. 1900. p. 97 ; un exemplail
= Keinach. /tt'-p. l. p. l-i
Cla
■ symbolique et désigner la pureté de l'âme,
bas-relief du Louvtc. Clarac, A/us. de seulpt.
— 12 Cf. sur ce type Robert, Jottrn. of hall.
-ouvre, dans Clarac, Uns. de scutpl. pl.cctvi
(Ib. Il, p. 9'Jl) que c'étaient
pei
des
emblèmes 1res expressifs de la mort et de l'abus de la force sur la faiblesse! >
— 13 Ainsi sur un sarcophage avec la représentation du mythe d'tindymion, Kobert,
Sark. rel. IIM, 83. — H Exemple sur la pi. cclvi de Clarac = Rcinach, Rép, I, p. lii'.
— 15 Cf. Jahn, Ber. d. Sâchs. Gesells. d. Wiss. ISCi, p. î9.-> sq. pi. vu. Repro.luit
dans U. BHimucr, Techn. u. Termin. d. Kunsl. III. p. SiO. — 16 Matz, Arch. Zeil.
lS7i. p. 1 1 sq. Cf. Altmami, Op. cit. p. S6 sq. — '7 Robert, Sark. Il, SO. - 1» l'ar
exemple, le sarcophage de Constantinople avec la légende d'Mippolyte, Robert.
Sar*. 1112, n. 1 J4. — '> Ibid. —^D Jl,id. III '2, 13i, 15». — 21 Cf. Koberl, .SarA. passim.
SÂR
— 1073 —
SAR
est presque entièrement efTacé; il' n'y a ni plinthe ni
corniche; on pourrait dire que la cuve se compose sim-
plement de quatre plaques ouvragées, adaptées en rec-
tangle. Le couvercle plat, peu élevé, orné de masques
aux extrémités, ofTre une composition décorative sur la
paroi antérieure très rarement en rapport avec celle qui
figure sui' la cuve. Les bas-reliefs de celle-ci ne s'étendent
que sur le long côté antérieur et les deux côtés latéraux,
qui complètent la représentation principale, ou r|ui tous
deux lui restent étrangers. Le long côté postérieur reste
fruste, le sarcopliage étant destiné à être appliqué contre
le mur de la chambre funéraire. Un certain nombre de
sarcophages romains ont, au lieu du couvercle plat, le
couvercle-statue imité de la xXi'v-ri étrusque (lig. tjil2) ',
mais il est plus rare qu'en Ktrurie de voir le motif du
personnage couché comme sur un lit(hg, 230:2). lilnlin.
Fig. 01 12. — Sarcophaf^e
vec couvercle à pcrsonnag
les reliefs s'écartent de la tradition grecque par la com-
plication des groupes, la multiplicité des plans qu'ils
forment, et qui donne à la représentation, dans un cer-
tain nombre de sarcophages -, l'apparence d'être à
plusieurs étages: emprunt fait, selon Robert, à l'art de
la mosaïque'.
L'ornementation sculpturale des sarcophages de
l'époque romaine estdécorative ou figurée. Le type essen-
tiel des sarcophages à relief décoratif est le type des
sarcophages à guirlandes '*. La forme la plus simple est
la guirlande unique, soutenue aux deux extrémités par
des bucrânes, ou redoublée ^ ou même triplée ". Mais
cette forme élémentaire est rare. Elle se complique de
telle manière que la guirlande n'est plus que le moins
important dans la décoration, oii l'attention est attirée
surtout par les figures, traitées comme de petites statues
en haut-relief qui, au lieu des bucrânes, soutiennent les
guirlandes; ces figures sont des Amours, des Victoires,
lies Satyres. Quelquefois un groupe apparaît au milieu
du relief; le caractère purement ornemental de la déco-
ration s'efl'ace. De ce développement dérivent les sarco-
1 Cr. AUina
on, Op. cit. p.
41. Noire figure d'api
es Lluruy
[HM. A
es no-
moin», VI, p.
329 = d'Escampcs. Diiscr. tl
■5 marbre
î AJusce
Campana
CVlll).
— 2 Exemples
: sarcophage
d'Endymioo,
(Roherl,
lin 83)
sarcopl
âge de
Mars et Rlica
(Robert, U12,
S8, 190). -
3 Cf. Robert, Ar
/,. Jakrb
1890,
p. 2ai sc|. Dan
le premier vol
jmc publié di
Corpus d
s sarcopl
âges, M.
Robert
formait une s
rie spéciale rie
sarcophages
" greco-ro
mains .. (
ui, conser
vaut la
construclion a
rcliitccturale (les sarcophages
" grecs »
se rapp
rocliaieiiL
par la
composition et la technique de
s reliefs des
sarcophage
s « romai
ns ». M. Altmann
(t. c. p. 88) a
uoniré que ces s
ircopliages ne sont qu'u
ne subdiv
Lsion de 1
1 série
" grerriue ». h
xemple .le ces
sarcophages
de type
lixie dai
s le sarc
ophagc
pliages à guirlandes avec sujets figurés dans les deux ou
trois compartiments que la courbure des guirlandes
laisse libres. Ces reliefs minuscules sont d'un style ana-
logue à celui des bas-reliefs dits hellénistiques, avec leur
observation réaliste du monde champêtre, des animaux
et des plantes '. Ce type forme la transition entre les
sarcophages à décoration ornementale, qui remplissent
le i''' siècle ap. J.-C, elles sarcophages à décoration
figurée, qui se multiplient à l'époque des Antonins.
Parmi ces derniers, les uns sont décorés de scènes
de la vie réelle, les autres de scènes mythologiques. Les
Vlll.
Fig. 6113. — Sarcophage romain.
scènes de la vie réelle sont très variées ; scènes des
diverses professions, scènes de chasse ou de guerre
(fig. 6113) ', scènes de la palestre, scènes de la vie
littéraire. Sans doute, les reliefs de ce genre étaient
choisis parmi les modèles existants, en accord avec la
personnalilé du défunt; ainsi Trimalcion, dans le Saty-
ricoii ", demande qu'on sculpte pour lui « des nefs
voguant à pleines voiles •>, et qu'on le représente «sié-
geant au Iribunal, vêtu de la prétexte, avec, aux doigts,
cinq anneaux d'or, et versant au populaire un sac
d'écus »... Il est vrai qu'il s'agit ici expressément d'un
mausolée funéraire et non d'un sarcophage ; mais on
peut conclure de l'un à l'autre. Certains reliefs figurent,
en succession idéale, une série de scènes de la vie : épi-
sodes de la vie enfantine'", allaitement, première en-
fance, jeux, instruction (fig. 2608, 260y, 2611), mariage
(fig. 4871, 4872), chronique de la vie d'un Romain de
haute condition, à l'armée et dans la vie civile et fami-
liale ". Sans doute, tous ces types existaient dans l'atelier
du marbrier; il suffisait de donner aux têtes, laissées
frustes, la physionomie convenable pour approprier
exactement tout l'ensemble à sa destination. Il faut si-
gnaler ici, comme intermédiaires entre les représenta-
tions de vie réelle et les représentations mythologi-
ques, tous les reliefs de sarcophages où l'on voit des
amours se livrer aux diverses pratiques de la vie hu-
maine; Amours chasseurs. Amours ouvriers (lig. 6112),
Amours luttant dans le cirque, combattant, banque-
tant''-; etc.. [cupiuo, p. 1600]. Us figurent très souvent
aussi sur les reliefs du couvercle '^
d'Ilippolylc il Arles (Robert, ll|2, 100). — i Altmann, Op. cit. p. S9 sq.
— ^ Ainsi sur un sarcophage de Berlin, d'un beau style. Cf. Ileaclir. d. ant.
.Sctiipt n. 843 (d'aucuns y voient un travail de la Renaissance). — 6 Forme
fréquente en Orient; cf. Bissing, Arc/t. Jahrh. 1901, p. -J07 scj. — 1 Clarac,
Mus. de sculpt. pi. r.am; Kcinach, Jlép. 1, p. 3; Robert, Sur/c. Il, 1, 1112, 190.
— » Musée lin Capitole. Moji. d. Inut. pi. xix ; llelbig. nlirer \\i, n. 430.
— 'J l'etr. Satijr. 09. — 10 Arcli. Zeit. 1885, pi. .\iv. — n Amelung, Fulirtr,
p. 18 ; A. Rossbach, Jlôm. lihedenkmàler, Lena. 1871. — 12 Cf. un sarcophage
(le .'^parle, Arch. Zeit. 1880, pi. xiv. — '3 Cf. Allmann, Op. cil. p. 90 et
lig. 30; E. Sirong. /lom. .scidpl. ]i. iOi.
135
s.\n
— 1074
SAR
Les reliefs il sujets inytliologknies, empruntés soil aux
grands cycles liéroï(|ues, soil aux légeudos particulières
des liéros grecs, sont les plus nombreux de tous, (tn les
trouvera classés dans le Corpus de M. Hobert ; les reliefs
se rapportant à Dionysos et il son tliiase (fig. 691, 0li2,
ti'J3^ doivent former une division à part. Ce n'est pas ici
le lieu d'indiquer d'après quels souvenirs d'reuvres d'art,
suivant quels types et quelles variantes, les artistes ou les
artisans ont exécuté leurs compositions. On trouvera,
d'ailleurs, des indications sur ce sujet dans les articles de
mytiiologie de ce Dictionnaire, où les sarcophages sont
mis il contribution pour l'étude des représentations figu-
rées des mythes grecs'. Les représentations les plus
nombreuses se rattachent ii l'idée de la fragilité des
choses d'ici-bas : mythes d'TIippolyte, d'Alcesle, d'Adonis
(fig. Ho), de Méléagre, de Proserpine (fig. 1300), où l'on
voit la vie humaine tranchée il la fleur même de l'âge;
d'autres mytiies très populaires, comme celui d'Hercule
(fig. Gllo) -, sont cependant moins souvent traités. Il est
donc certain queco-n'esl pas au hasard que les fabricants
de sarcophages puisaient dans le trésor de la mytholo-
gie grecque, sûrs que leurs clients cherchaient dans ces
représentations plastiques des suggestions religieuses ou
philosophiques. Il importe seulement d'être prudent
dans ce système d'interprétation, et de ne pas oublier
qu'f'i côté de scènes significatives, un grand nombre d'au-
tres ne le sont ;i aucun degré. Quel rapport, par exemple,
établir entre la légende de Dionysos, si fréquemment
représentée, et la destination des sarcophages'? Appli-
quera-t-on à cette série d'ouvrages le mode d'interpréta-
tion symbolique qu'on a depuis longtemps rejeté pour
les vases peints et les terres cuites'? Voudra-t-on y voir
l'espérance des joies élyséennes ou le souvenir du Dio-
nysos infernal? Nous admettons que si, dans certains
cas. le sujet des reliefs a fait l'objet d'un choix raisonné
chez le fabricant comme chez l'acheteur, souvent aussi
on s'est plus soucié de son r(Me décoratif que de sa
signification religieuse.
Sur quelques exemplaires les physionomies sonlpous-
■ Sarcopli
io pori,
sées à la ressemblance du défunt' ; du moins ont-elles une
expression réaliste et individuelle très marquée. Souvent
aussi, ces intentions biographiques se résument dans un
médaillon qui reproduit les traits du mort (lig. GH i • ;
' Voici une lislc, cmprunlc'c à la llirsc laliiie de Marllia, Quid significa-
lerint sqjulcrales IVercitlum figurai:, p. III. HisLoire d'Acliille, Acléon dévoré
par SCS cliicus, Mort d'Adonis, LuUe d'Ajai et d'Ulysse pour les armes
d'Achille, Alceslc, Combats d'Amazone, Ariane enlevée par Bacclius, Castor et
l*olIux, Diane et Endymion, Enlèvement d'Europe, Ganyméde, Travaux d'Hercule,
Mort d'Ilipimlylc, Enic'vemcnl des l.cucippidcs, Jason cl Médée, Chasse de Mc--
léaj-re, Massacre .le Niohides, Oreslc pou^^uivi par lis Furies, Fuilc d'Ilellé et de
l'hryxos, Orphée et Eurydice, Fuite d Hélène, Hippodamie et Pélops, Peuthéc et Us
Méuades, Mort de l'haétoii, Priam aux pieds d'Achille, Prométhée, liapl de Proser-
pine. Psyché et l'Amour, les Sirènes. — '.! Les représenUtions des Travaux sont
très peu nombreuses; la plus connue est celle du sarcophage Torlonia (Robert,
IIP. Ii6), oii les exploits du héro» sont figurés dans des arceaux formés par des
colonnes, peut-être souvenir tardif de l'ancien sarcophage naos à colonnes.
— 5 Exemple : sarcophage de C. Junius Euhodus, avec la représentation de l'his-
cf. 1873); quelquefois, ellesseretrouvenlsur les reliefsdu
couvercle, où sont sculptées des scènes sans rapport avec
les scènes retracées sur la cuve\ et qui doivent faire
allusion k la profession ou aux goûts du défunt ".
Souvent enfin, à partir du ir siècle, le couvercle
porte, en son milieu, unt; plaque où est inscrit le nom
du personnage inhumé, et qu'encadrent des emblèmes
appropriés à sa condition \ Sur quelques couvercles,
où la paroi antérieure est divisée en une série d'ar-
ceaux juxtaposés, l'un des arceaux est occupé par un
portrait du mort ".
Il faut mentionner ici un type très particulier dont les
exemplaires semblent s'échelonner du ii" siècle ap. J.-C.
jusqu'au IV ou au V^ : c'est le sarcophage monumental ii
niches et Èi colonnettes (fig. 0115)". Un sarcophage de la
Fij;. 6115. — Sarcophage romain à niches.
collection Torlonia, sans appartenir précisément à ce
type, l'annonce déjà '" : en forme de xXîvr,, il porte sur
son couvercle les statues couchées des deux époux; aux
angles sont sculptés des amours. Trois des faces de la
cuve sont divisées en compartiments par des colonnes
corinthiennes ii spirales, surmontées d'arceaux dont les
retombées portent directement sur les chapiteaux; dans
chaque entrecolonnement est représenté un des travaux
d'Hercule. Les exemplaires principaux du type <à niches
et à colonnettes sont : un sarcophage de Séleucie", un
sarcophage de Melli'^ un sarcophage du palais Riccardi
à Florence"* et le grand sarcophage de Sidamaria". On
trouvera dans l'article de M. Th. Ueinach, avec la descrip-
tion complète du sarcophage de Sidamaria, la liste de
tous les autres monuments ou fragments connus du
même type. Rappelons seulement ici, d'après MM. Slrzy-
gowski '^ et Reinacii, les caractères communs ;i tous ces
monuments : 1" surface à décorer (sur un ou deux côtés)
divisée en une série de « tabernacles » à coquille sup-
portés par des colonnes et surmontés d'un fronton
loirc dAlcesIc (Pvobcrt, III, t, 2fi). — i MalTei. Miism Veron. p. cr.ccxx, 2.
— ^ Cf. Altmann, Op. cit. p. 96. — 6 Ainsi sur le couvercle d'un sarcophage de
Berlin [Bcschr. d. ant. Sculpt. a. 844) sont représentées des scènes ilc la vie
littéraire. — "' Exemple ; le sarcophage d'Alcesle mentionné ci-dessus, n. 88.
— 8 Exemple : le sarcophage d'Endymion déjà mentionné (Robert, III', 83).
— « Cf. Altmann, Op. cit. p. 52. Notre lig. 6115 d'après un sarcophage de la villa
Uorghèse ; Duruy, Uist. des Ilomains, VI, p. 5S0. — lO Cf. Robert, Sark.
111. I, n. liS; Uuruy, Op. I. V, p. 419. — n Cf. Joubin, Cal. des mon. funi!r.
p. 3'.l, et Mon. Piol. IX, p. 215, fig. 4. — li Cf. ,4,<;/i. Zeit. 185"; An;, p. 6
et Mon. Piot. IX, p. 209, fig. 2. — n Cf. Diitschke, AnI. Bildw. II, 105 et
Mon Piol. IX. p. 215 et fig. 5. — " a. Th. Reinach, dans Mon. Piot. IX,
p. 189 sq. et pt. xvn-xix; et X, p. 91 sq. Cf. aussi un important arlicle de
M. Mendel, dansle Sull. coi-r. hcll. 1902, p. 232 sq. — i.ï Cf. SIrzygowski, Orient
oder Itom.
SAR
1075
SAR
triangulaire ou cintré ' : les personnages sont placés
alternativement en avant des niches et entre les niches-;
2° colonne cannelée en spirale, et chapiteau à volutes
dédoublées ; 3° entre le ciiapiteau et le fronton est
une imposte à prolil convexe, divisée en deux registres,
l'ornementation de l'imposte se continuant sur le nu du
mur; 4° feuillages du chapiteau et de l'entablement
exécutés à la virole, non au ciseau. On retrouve, en
somme, dans ces sarcophages le principe tout hellénique
de l'union de la construction architecturale et de l'orne-
mentation sculptée (sarcophage des Pleureuses à Sidon);
mais l'application est loin d'en être heureuse dans le
détail. La provenance géographique et artistique de ce
groupe de monuments fait débat entre les archéologues :
pour M. Strzygowski ', tout le groupe est d'origine
gréco-asiatique; pour d'autres, il est italique *. M. Tii.
Reinach aboutit à des conclusions éclectiques. S'il est
indéniable que l'idée du type est hellénique et constitue
une réaction « contre la tendance qui avait prévalu dans
le sarcophage purement romain du iV siècle, à sacrifier
complètement l'élément architectural de ce genre de
monuments funéraires, à n'en faire qu'un prétexte à bas-
reliefs », par contre, la forme précise qu'elle revêt est
romaine : les « tabernacles » du sarcophage de Sida-
maria et de ses congénères seraient une imitation des
niches abritant des statues, employées par les archi-
tectes romains pour la décoration intérieure et extérieure
des édifices. Ainsi ces monuments funéraires, plus frap-
pants pour l'œil que satisfaisants pour l'esprit, seraient
des exemples d'une espèce de contamination artistique^.
L'étude artistique des reliefs de sarcophages ne rentre
pas dans notre cadre '^. Pour être souvent désœuvrés
médiocres, ces reliefs n'en forment pas moins une
imposante série, fort utile pour l'élude chronologique
du style décoratif et plastique dans l'Empire romain.
Beaucoup d'entre eux témoignent de l'elTort des artistes
pour <c romaniser » les légendes grecques et y introduire
ce réalisme très prononcé qui est un des caractères sail-
lants et vraiment originaux de l'art latin. Ce qui fait
aussi l'intérêt de ces monuments, c'est qu'ils sont une
des voies par oii l'antiquité païenne s'est le mieux per-
pétuée au sein môme du christianisme. Les sarcopliages
chrétiens '', que nous n'éludions pas ici, continuent les
sarcophages romains que nous venons de passer en revue.
Kl aux jours de la Renaissance, les moins imparfaits de
Ml y a souvent sur la face principale Irois de ces tabernacles, celui du milieu i^'tanL
à fi-onlon li-iaiigulaire, les deux autres à fi-onlun cintré (ainsi à Sidamaria). — ^ Sur
le sarcophage Hiccardi, charpie personnage ou groupe de personnages repose sur un
socle particulier et fornie ainsi roumie un tout indi^pnndant. — 3 cf. Strzygowski,
')!). cit. p. 51 si|. — * Ainsi pour M. Graef; cf. AJun. Plot. X, p. 92; M. Graof
lire argument liu couvercle eu forme de xâc.t] éirusipic qui app.irait dans heaucovip
lie ces monuments. — t; Cf, Mendel, Loc. cit. p. iii5, — G \J. Altmann, (Jp. cit.
p. 0 sq : Riegl, Oie SpRlrôm. Kunst-indastrie. Vienne, 1901 ; WickholT, in Jalirl,.
il. kunstsninml. de Kaiaurhaiis, Vienne, 1895 = Irad. angl. Ilom.nnI. 1900.
— "i Cf. surtout Grousset, Etude sur l'iiist. des sarc. chrétiens, l'aris, 1885, et Le
Ulant. Ces sarcophages chrétiens de la Gaule, l'aris, IS86. — ** Nous avons sur ce
piint le témoignage de Vasari, Vies p. 130 de la traduct. Weiss, parlant de Niccola
t'isauo ;
l'isans pi
ville.. Sur l'u
i-)alydon, dan
parfait et d'ui
i:. Hoherl ; il
trouva parmi une multitude de marbres amenés parla flotte de
sarcophages antiques qui sont aujourd'hui un Campo Santo de cetti
d'eux, extrêmement beati, était sculptée la chasse du f
un style admirable, car les uus et les draperies étaient d'un dessii
exécution merveilleuse.... [C'est le n*» toi du tome III du Corpus di
^présente la légende d'Hippolyle et non celle de la chasse de Caly
don).... Niccola. considérant la beauté do ce monument qui lui plaisait fort, l'étudii
avec tant de soin, pour en imiter la manière, ainsi que celle de belles sculpture:
ornant d'antres sarcophages, qu'il fut bientôt regardé comme le plus habile sculpleui
lie son temps. » — Biiu.iochapuie. Le seul travail récent sur l'ensemble de la qnes
ion est celui irAllmai.n, Arehitektur uiid Oniainenlik der nntiken .'iarkopliuiie
de
ces monuments contribuèrent à révéler aux premiers
sculpleiirs ilaliens la beauté antique*. Smile Cmien.
S.VUCULlJiVI. — Sarcloir. Instrument d'agriculture'
servant à couper, entre deux terres, les mauvaises herbes
des champs et des jardins-, les racines de poireau \ les
racines superficielles des oliviers', etc.; à nettoyer les
prairies et à curer les fossés pour faciliter l'écoulement
des eaux pluviales ■'.
Le sarculum se compose d'un manche en bois et d'un
large fer plein, tranchant et quadrangulaire comme celui
de nos bêches; mais le manche, au lieu d'être dans
l'axe du fer, forme avec celui-ci un angle plus ou moins
aigu: l'Antinous Richelieu'* tient un sarculum dont le
tenon du manche pénètre, presque à angle droit, dans
la mortaise forée dans une languette pyramidale
qui surmonte la lame
(fig. G1I6)'; l'angle est
plus aigu dans les
sarcloirs de Pompéi
(fig. 5452), parce que
la languette de la mor-
taise est légèrement tor-
due sur l'axe ; enfin, un
troisième type (fig. U117) est muni d'une douille re-
courbée en tiers ou en quart de cercle', comme celle
de nos sarcloirs.
Les montagnards, cultivant f"^^
v.ntlim
des terrains graveleux où les bêches et les socs s'émous-
sent facilement, employaient un sarculum'^ à fer plein
et triangulaire {fig. 6118)'", semblable à celui de l'outil
que les paysans des îles rocheuses de l'Archipel nom-
ment encore uxaTràw, ".
Pour planter, décliausser et nettoyer les vignes, on se
Berlin, 1902. Cf. aussi Fredrich, Sarkophugstudien (Nnclir. d. k. Gesells. d
Wiss. zu Gôttingen, Phil. kist. Klasse, 1S95). — Pour la Grèce, v. liecker-Gidl,
Charikies, III, p. I 39 sq. : II. Bliimner, Griech. Privatalt. p. 370 ; et pour chacune
des divisions du sujet (sarc. de Claiomcncs, de Sidon, etc.), les ouvrages et articles
signalés dans les uotes. — Pour l'Ktrurie, Slartha, L'art, étrusque; Dennis, The
cities nnd cemeleries of Elruria, 2' éd. Londres, 1878. — Pour Rome, en atten-
dant l'achèvement du Corpus de G. Kobert, cf. les catalogues des diverses collec-
tions d Italie, de Benndorfet Schocne, Heibig, Malz-Duhn, Diitschkc. etc.; Espé-
randicu, Jiec. général des bas-reliefs de la Gaule romaine, t. I. 1907; cf. aussi
Springer-Michaelis, Bandb.d. Kuvslijesch. I, p. 362; Overbeck. Cesch. d. griech.
Plastik m-, E. Strong, Rom. Sculpture, 1907, c. ii.
SAKCUUUM. 1 Horal. Carm. I, 111; Ovid. Melam. XI, 30; Fast. II, 927.
— sColum. Der.rust. II. 11; X,91; Plin. H. nat. XVII, 41; XVIII, 65,2; Pallad.
Il, li. - 3 Plin. H. nat. XIX, 33, 2. — * Cat. De ag. cuit. 61 ; cf. Jb. 10. - 5 Co-
luni. 11,17 ; Cat 105. — 6 Au Louvre, BonalTé, llcch sur les coll. des Richelieu,
1883, p. 111 et 130; Uoiigez, Mém . de l'Institut. Uist.etlitt. III, ISI2, p. 13, pi. ir.
— 7 Mongez, L. l.—* Exemple découvert en Espagne ; II. Sandars, The Linares bas-
relief {Arcluteologia. London. 1905, vol. 59, pi. i.xx, fig. 2); autre en Suisse, Mit-
Iheil. d. Aniiq. Heseltsch. in Zurich XV, pi. XII, n- 38. —9 Plin. fj. nat. XVIIl, 4», 4.
_ 10 II. Sandars, O. c. pi. lxx. flg. 4. — " Ce mot désigne indistinctement aujour-
dhui dis outils tranchants ou piquants iRanghabé, dans sa traduction du Wrt. d'.inli-
gmlés de Hich, a rendu dolabra fossoria par «.«niivTi (.1. v. Ojinni! = fossor) ; le sa-
n.'ur, dans l'armée grecque, se nomme «..i.viù; ; cf. Ch. Byzantins, Dicl. Fr.-Grec.
SAR
1076 —
SAR
servait d'un bidcus ', oixsXÀa, (fi;». 854 i-l 859) à dents
rondes Pt pointues, ou d'un sfirrii/iis biroj'iiis-, cy-iw-r^ ■*,
à dénis larges et plaies ' ;lii<.S55), comme celles du (rxi).i;
des vignerons de la Grèce uioderne. Soulin Duhigny.
SAUISSA (ilapicca)'. — La sarisse est larme caracté-
ristique de la phalange maci^donienne'. Comme cette
phalange a été rattachée à la phalange homérique % la
sarisse parait descendre des grandes piques de ÏJliade,
elle lËYZ^'î ÉvS£xx:rT|/u (5 mètres d'Hector ' ; elle ressemble
à celles des Chalybes"', Sarmates et autres riverains
barbares du l'ont'. Peut-être Philippe n'en apprit-il
l'usage, comme celui du contis, la pique de la cava-
lerie macédonienne un peu plus courte que la sarisse',
qu'à la suite de ses guerres contre les Thraces ; c'est à
ceux-ci qu'il aiiraitempruntélesforinations en coin qu'ils
avaient eux-mêmes reçues des Scythes *. Toujours est-il,
que c'est dans la campagne de Philippe contre les Scythes,
en ;j:]!), que la sarisse est mentionnée pour la première
fois'^ ; l'année suivanle, les sarissophores jouent un rôle
important à Chéronée '". Alexandre, qui maniait lui-
même la sarisse", compléta leur instruction'-. Leur
phalange, qui lui rendit de si grands services", ne dis-
parut pas avec lui. Eumène de Ivardia, ", Pyrrlius
d'Épire '^ en font usage ; les Lagides et les Séleucides
heurtent leurs phalanges de sarissophores"' à Raphia;
en Macédoine, les sarisses forment un mur hérissé de
fer à Sellasie", à Cynocéphales", à Pydna ". Dans
cette dernière journée, on ne les voit pas seulement entre
les mains des plialangiles, mais aussi des troupes plus
légèrement armées'-". Kn même temps, les trois autres
nations militaires de la Grèce ont adopté ces piques
macédoniennes, les Spartiates sur les conseils de Cléo-
niène'-', les .^chécns sur ceux de Philopoemen --, les
Êtoliens sans doute à l'instar des Aehéens -\ Bien que
les sarisses ne figurent plus dans aucune bataille après
Pydna.le souvenir de cette arme s'est perpétué chez les
tacticiens romains et byzantins-'.
1 Virg. Geory. Il, 335 el 400. — 2 Palla.i. I, 43, 3.-3 Aiistopli. jV«4. i486
cl 1500; Av. 6oi: Pac. oie. — icr. II. ik' Villifossi-, La mosa'iq. des quatre
saisons I^Gaz. Arch. 1879, pi. xkii) ; Artaud, Hisl. de taptint. en mosaïq. pi. i.v(i.
SARISSA. 1 Zà^iaaa serait une glose macédonienne à la façon tic .Vâstoov, dont
le rapproche VElifmol. Gudiamtm, p. 364 (une ville de GordyêDC s'appelle Daçsiva,
Strali. XVI, 1, 21), ou bien uu adjectif de forme homérique, tra^i-Eotra (^ôrz^,)
comme «t^raÎLÔEsira (Â<7=i;). le radical devant être rapproché Je aa'.^in, balayer. Cf.
(lolTmann, Oie A/akedonen, I9cl6. p. 87. D'autre part, on mentionne en Etolic
une plante de ce nom, rà>ira îi«tï5 ««foiioio; (Slobae. Floril. 100. 1.5; l'seudo-
Arist. Hirnli. 171 ; l'seudo-Plut. de Flur. 8). — i Cic. .!■/ Herenn. IV, 43 ; Serv.
Ad. .Un. VII, ii04 : Arrian. Tact. 3 ; Liv. I.X, 19 ; Lucan. Phars. VIII, J9S ; X, 47 ;
Fesl. Ilosych. Etym. mag. s. v. — 3 Polyb. XVIII, i9 ; Diodor. XVI, 3. — <• 11.
VI, 3|y. Le Xijston d'Ajax a ti coudées (W, fi7S); il est intéressant de remar-
quer que les l'éoniens sont prci-isémcnt quatiHés de SoÀi/ETx^a; (X.\l,15>).
— 5 Xeooph. Anab. IV, 7, 15 ; lance de 15 coudées. Le Mèdc Arsace a une lance de
ÏO coudées, Lucian. Dial. mort. XXII, 3.-6 Les pii|ues des cavaliers Sarmates
ligurées dans S. lieinacli. .\ntiq. de la Russie Méridionale, passim, oui au moins
13 coudées. Ou peut rappeler les caç.:!;»; i^o'^o^ des Pouliiiues à Chéronée (Plut.
Sijlla, 19, 6) el les £i«('<nias «an'ssns d Ovide, J'unt. I, 3, 5S, _ ' Vcgcl. III, 2i :
sarisas, hoc est lom/issimos conlos. Il semble résulter ilc Lucien, loc. cit. qu'on
donnait aussi le nom de saribse à la pique île la cavalerie macédonienne. Cf. note 2
de la p. 1077, la mosaïque d'Issus — « Aniau. Tact. XVI, 6.-9 Didynic (/il Pliilipp.
col. III, I. 7j, d'après Mars^tas, •'onne au.\ com|iagnons de Philippe la sarisse qui
aurait blessé le roi ; Justin, L\, 3, d'après Trogne- Pompée, attribue la blessure
aux Scythes. — mplul. /'elop. 18,7.— " Plut. AI,t. us. 3; Arrian. .lii.i*. IV.
8. — lîArrian. Jnai. I, fl, S. — 13 Arr. .4iiiiA. I, 13.6; III. 14; polyb. XII,
19 el SU; Uiodor. XVII, 88 el 100; Curt. III, i, 10; VIII, 14, 16. Alexandre
donne aux l>arbares qu'il reçoit dans son armée 3é^a;a .MavcSovcsà. .Arr. .4f)a6. 111,6
."î; VII, 6, 1. — 't Plut. /ium. 14, 6. — 15 plut. P,jrr/i. il. S; Polyaen. U, S9, i.
— 16 Polyb. V. 85, 9. U phalange syrienne est de M Ouo hommes à Raphia: de
161)00 à Magnésie; de 20 000 dans la revue de Ilaphnè ; la phalange égyptienne
est de 25 01)0 hommes en moyenne (cf. P. M. llcyer, Hieriresen dcr J'iolemâer,
p. 5). — 17 Polyb. Il, 69, 9; Plut. l'Iiilop. 6, 2 ; Cleom. 28, 4. — I» l.iv. XXXI, 3U.
12; Plut, riamin. 14, 1 ; Polyb. XVIII, 24. — '9 Plut. Aemil. 19, 20 el 32. U pha-
lange de Pcrséc roinptait 20000 hommes (Liv. XLII, 51). — 2" Liv. .'^LIV, 40 :
Théophraste, qui écrit à l'époque des Diadoques, nous
apprend que les plus belles branchesdti cornouilliermîïle,
longues uu plus de douze coudées (i8 pieds, 5 m. -40),
atteindraient la hauteur des plus gnindes sarisses-".
Polybe-' et, d'après lui, Ëlien -^ afiirment, par contre,
que la sarisse, qui aurait mesuré d'abord seize coudées
(7 m. 25), aurait été réduite en pratique à quatorze
coudées (G m. 10). Polyen-* et Arrien ^'' lui donnent éga-
lement seize coudées. Tenues droites, la poinleenl'air^",
les sarisses étaient abaissées d'un seul coup, au moment
d'entrer en ligne, probablement à la façon des piques
des lansquenets qui mesuraient pareillement de o à
7 mètres. Aussilùl l'extrémité inférieure, garnie d'un
talon, appuyée en terre de manière à ce que les mains
pussent saisir la hampe à la quatrième coudée"' les
sarisses du premier rang le dépassaient de 12 coudées;
celles du deuxième rang arrivaient à 10 coudées de la
première ligne ; celles du troisième à 8 coudées ; celles du
quatrième à 4 coudées; celles du cinquième à 2 coudées.
Seul, .\rrien mentionne l'abaissement des sarisses du
sixième rang en ajoutant qu'on allongeait parfois celles
des rangs postérieurs pour leur permettre d'atteindre
le front. D'après Polybe et Êlien, du sixième rang
inclusivement au dix-huitième, les sarisses étaient
seulement appuyées sur l'épaule du phalangile de la
même lile au rang précédent. Ce véritable hérisson de
fer, i/ta velut ferreu xaepes, devenait plus redoutable
encore quand on serrait les rangs, ne gardant que
trois pieds d'intervalle dans la tuûxvoxjiç, qu'un pied et
demi dans le n^jtxn-'.'j^i:,.
On a calculé qu'une sarisse en frêne de 11 coudées,
ayant inférieurement 5 cm. el supérieurement U cir.. de
diamètre, pèserait 5 kg. 631 ^-. En cornouillier, le poids
serait beaucoup plus considérable, le poids spécifique de
ce bois étant de 0,81 contre 0.59 pour le frêne. Aussi,
le fer même ne devait-il pas être très développé. C'est ce
qui engage à rapporter à la sarisse des pointes à douille
caelrali Aîacedones et ipsi sarissas qrrentes. — 21 Plut. Cleom, 1 1 et 23. Les
Spartiates ont la sarisse à Sellasie (Po!}b. Il, 6'.), 9) et à Mantinée iPolyb. .\l, 15, 6).
— 22 Plut. Philop. 9, 2. Les Achi-ens Vonl à Manlince (Polyb. XI, 15,6). — M On
la voit cuire leurs mains en 189, Polyb. XXI, 28. — 2* En dehors des auteurs cités
note 2, voir tes anonymes byzantins publiés par Koeclily, Griech. Krietjs-
schriftsteller. II, 254, 237,323; 111,215, 223. La sarisse y est qualifiée de Sos»
«Eoiji^iKcirtioi»^. Voir encore Schotia ad Liicianum, éd. Habe, p. 263, 7 el 283, 26.
Dans ce dernier passage, la sarisse est qualifiée de (lÉvaulov. Cclapnx. formé sur le
modèle de [iivat/ttr,; (uvÉ'r/.i;;, signifie probablement ; à la douille, à la pointe ioé-
branlablc. — ^ Hist. plant. III, 12, 2. L'absence de moelle de ce cornouillier, abon-
daiiL en Macédoine, qui lui donnait la i-êsistancc el la solidité de la corne, selon
Théophraste, devait augmenter encore son poids; on pourrait invoquer cette i-aison
pour expliquer les 12 coudées; mais. Théophraste parlant de xiv çafiff-nv f, i*e-jéffTii,
il est vraisemblable qu'une erreur de copiste a donné 12 à la place de 16 cou-
dées. — '2B Polyb. XVIII, 29 (12). — 21 Aelian. Tact. XIV, 2. — 2» Polyaen. Il,
29, 2. ^ 2y Arrian. Tact. XII, 7. — 3U c'est par le coinmandemeul Hiacédonien
à;7,«sti9v (â-.a ;^a-.tia>, pointe en l'air) qu'on obtenait bçOà; Ta; ouoÎQTa; (Polyb.
XVIII, 26. 9). Leur abaissement s'exprime par T«Tf saçtTcai; x'AttEiaai; (Plut. .4e-ii.
19, 1). inclinalisqne i.lio sarissis (Liv. XLI V, 40). — 31 La tenue de la sarisse avec
les deux mains résulte du texte de Polyaen, il, 29, 2, et du fait que les bourliers des
sarissophores étaient attachés au col par un baudrier (Liv. XLIV. 40). L'existence
d'un lalon est mentionnée daus des .\Hecdula byzantins, Kœclily, Gr. Kriegssclirifst.
III, 215. La description ci-dcssnsest tirée des textes cités de Polybe, Êlien cl Arrien
qui soûl très clairs dés qu'on ne modifie pas eu s. ù; certains v^^u; des textes,
comme l'ont fait Hiistow el Kœcltly, Geseh. dex yriech Kriegswesens (Aarau,
1852), p. 238. L:i plupart des auleiirs o:it compliqué la (|ucstion p.ir des niodili-
calions pareillemeut arbitraires ; Droyseii, iJerrwe^en der Gritch. p. 159; bauer.
Griech. Krieysalterth. p. 425; Delbriick, Oesch. der Ariegskitnst. l, p. 37-{-
Itiessing, Fteckeisens Jahrbùchcr, 1SS9, p. 141; Ed. Lanimert, /'o/yiios und
die rôm. Taktik (Leipzig, 1889), p. 19; Kud. Schneider, Leyion inid Phatanr,
Bi^rlin, 1893. p. 89. Je ne pense pas qu'on doive se fonder sur un texte imprécis
de Strabou (X, 1, 12) pour admettre l'cxislencc d'une sarisse -rédutle qu'on
pouvait lancer comme le pilum. — 32 Lainmcrt, O. cit. Il, aurait pu s'autoriser
pour cette recherche du vers où Stace parle des fraxineas Macetum snrissas
{Theb. VII, 269).
À
SAR
— 1077 —
SAT
longues de 0 m. 38 (fig. G119), dont les tranchants sont
distants au plus d'une dizaine de centimètres, qui ont été
trouvées dans le tombeau des Macédoniens lombes à
Pointe de sarisse.
Cliéronée', et qui rappellent les proportions des lames
des piques données aux cavaliers macédoniens figurées
sur la mosaïque de la bataille d'Issus^. A.-J. UEiNAcn.
SAROMA (ïasùJvia). — Les fètes des Saronia étaient cé-
lébrées annuellementau temple d'Artémis Saronia, situé
au bord de lamer,prèsde Trézcne '. Nous ne savons, d'ail-
leurs, rien sur les rites de cette fêle, qui pourraient nous
éclairer sur le sens primitif du mythe du chasseur ïâpwv -
et d'Artémis Sxpwvia'' ; cette légende semble apparentée à
cellede l'Artémis Diclynna de Crète [diana], en l'honneur
de qui on célébrait également, dans un temple situé sur
un promontoire laconicn, une fête annuelle*. Em. Caiif.n.
SAUUACUM. — Mot populaire', par lequel on désignait
une sorte de chariot lourd, de la même catégorie que le
PLAi'STRUM, servant surtout au transport des récolles, des
matériaux de construction, elc.^ Juvénal se plaignait
qu'on vit trop sou vent passer dans les rues de Rome, qu'il
encombrait, ce véhicule « chargé d'un long sapin' ». D'où
l'on peut conclure que le sarracum didérait du pluus-
trum par sa forme ; comme notre baquet, il devait, par
l'allongement du train, se prêter spécialement au trans-
port des poutres, des troncs d'arbres, etc. Comme beau-
coup d'autres véhicules lourds et grossiers, il pouvait,
à l'occasion, être utilisépourletransporldes personnes '.
L'Édit de Dioclétien'' fait mention d'un chariot qu'il
appelle capàyaDov; ce mol a vraisemblablement le même
sens que sarracum ou son diminutif aarracu/uiii, sar-
racliim''. Le tarif vise d'abord le bois du chariot ouvré,
sans pièces de fer (/,a)fi; Tto-/|p&u), notamment sans les
bandes qui protègent le cercle des roues [currus, rota].
Kn second lieu, les prix varient suivant que le cercle est
fait d'un seul morceau de bois courbé au feu [lhIus,
ÎTuç et P'Toçj'', ou qu'il se compose de plusieurs jantes
(â'^ïoEç)* assemblées par des tenons ; dans le premier cas,
la roue est dite piTojtdi; ou àirb pirou; dans le second,
i'|ioa)TÔ; ; le prix du chariot est beaucoup plus élevé si
I Sôliriadis, Atlien. Mitliil. 1903, pi. xi i, 7. I.a Ji'.signation de cis poinics
comme provenant de sansses a reçu l'assentinienL de Kroinayer, Wiener Sttidifn,
190"», p. 10. l'eut-ôlro esl-ce la môme arme que porle la Mace hnia des mon-
naies du Koinon macédonien (Gaehlcr, Atitikf-.iJûnzen Nord-Oriechenlanffs,
pi. IV, 22). Selon Kœclily, Op. cit. III, il5, la sarisse était T:ooixTi«e; zh ct-.Syjçov; il
faut supposer le fer en toi-mc de lame plate à double Iranclnnl pour expliquer le
ffitàOr, p«f6apix/i (le la glose d'Ilesyctiius. — 2 A Pompéi, souvent reproduile, il/»5.
Dorbon. VIII, pi. xxxvi : Muller-Wicselcr, [Imkm. d. nll .Kunst. pi. lv, i::) etc.
Voir «u^ivuM, p. il03, noie I.
SAnuNIA. 1 l'aus. Il, 3Î, 10, — 2 l'aiis. Il, :10, 7, ci. l'n-llcr-l!ol.orl, final,.
Myth. p. 613. — 3 On a trouvé à Kpidaurc d.Mu dédiraces à Arlémis !;<«fuv.V :
Inscr. (jr. Aeg... Argol... 1083, ll'JS. — '• l'aiis. 111, 21, '.l. Sur les Saronia, cf.
.Niisson, Grieclt. Feste, p. iiîll.
SARRACUM. I Sordidiim noniCTi ; (Juintil. Vlll, 3, 21. — 2 Sisenn. ap. ."«on. III,
p. I'J5; Vilr. X, I : Capilolin. .1/. Aiirel. 13; Sidon. lip. IV. 18; Amm. Marcoll.
X.VX1, 2. IK ; (orp. filoss. 111, 178, 53. — 3 Juv. III, ï.iV; cf. V, 22. — 4 Cic. In
l'isnn. fiagm. ap. (Juiutil. L. c. Tout ce ipie (iiiizrot et Rich, Dirl. des Anl., s. v.,
ajoutent à cette définition no ressort pas directement des textes. On ne voit pas
pourquoi le sarracum aurait eu nécessairement des ridelles sur les côtés; le con-
triire est plus probable. Les roues pleines [tympana)^ dont il n'est question nulle
part à propos du sarracum, n'en sont pas davantage un élément essenlicl : elles
conviennent lout aussi bien au i-mustiium. — ï J!dict. Dioclct. XV, 31 a, 32, 311,
éd. Bliimner el Corp. inscr. Int. 111, Suppt. (iWi), p. 2208. — 0 Mss. d'Amm.
Maroell. ;,. c. — 7 Hom. 11. IV, 485 ; Tbuc. 25, 247; Plut. De lit,, educ. 4, p. 2 D ;
l'iob. hisl. art. p. 1111, 22 K.il ; Mar. Victoiin. Ars ijr. l, l.j, p. 30, 17 ; Cur/i. ijluss.
les roues en sont Pitojtoi', parce qu'elles durent davan-
tage. Le tarif est donc établi comme suit : 1° baquet du
plus beau travail, avec cercles des roues d'une seule
pièce, sans fer, (jOOO deniers ^21!l francs): "i" littquet avec
jantes assemblées, sans fer, 3 500 deniers (127 francs).
Enfin, viennent les véhicules pourvus débandes (xav6oî,
cantld)'' sur les cercles des roues, et autres pièces de
fer. Les baquets avec cercles de roues d'une seule pièce,
et autres chariots avec bandes et fer, doiventse vendre,
fer compris, 7 000 deniers (253 francs). G. Lafave.
SARTAGO. Tv-yavov. — Poêlon', poêle à frire, ordinai-
rement enmétal, cuivre, fer-, argent'. On conserve dans
les musées* des poêles de bronze semblables à celles qui
sont encore en usage, rondes ou allongées, avec un
-rebord pourvu d'un bec pour l'écoulement des liquides et
une queue fixe. L'exemplaire qu'on voit ici, en bronze,
trouvé en France, à Reims-', estpourvu d'une queue mo-
bile qui peut se rabattre sur le bassin (fig. G120). Cette
queue joue, comme sur une charnière, autour d'une
goupille qui tra-
verse l'appendice
placé à l'une des
extrémités; on peut
la fixer, quand on
veut s'en servir, au
moyen d'un cou-
lant qui glisse le
long de la lame.
E. S.VGLI...
s A T I s D A r I O
, ACTIO].
SATRAPA. —
I . Kh H h a t rap a ni n
« lemaitredupays»,
dont les Grecs ont fait i;aTpiTrY,ç ', TarpiTtY,; OU (jaopà7rY|Ç'^,
était le nom donné par Cyrus aux gouverneurs des vastes
provinces qu'il créa dans son nouvel empire. Presque
aussitôt après l'avènement de Darius, le nombre des
satrapies fut porté à vingts mais il varia souvent sous les
successeurs de ce principal organisateur de l'État perse.
Les satrapes, représentants du Grand Roi, avaient une
cour princière elune puissance presque absolue. Ils réu-
nissaient entre leurs mains tous lespouvoirs administra-
tifs et judiciaires. Ils devaient, en particulier, veiller au
II, l'.l.l, 34; 334, 2; 338, 27; Ps. Augiisliu. De princ. diul. éd. Wauriii, 1, p.015 F;
Momrosen, lier. d. .S'rïcAt. Akad. d. Wiss. ls:il, p. 75; Waddiiiglon iMldict.
L. c. et Marquardt, Privatleb. d. linm. p. 732, ont donné une autre explica-
tion, qui se trouve aujourd'hui condamnée par un meilleur déchiffrement du
texte. V. Loring, Joarn. of liell. studies. XI, p. 309 et Bliimner. Ad h. L
— » Plut. Consrd. nd. Apoll. 5, p. 103 F: Scliol. ad llom. //. V, 724; liée. Ofj.
et d. 420; Eur. Hipp. 1232; fragra. 770, 2 (Nauck); Poil. I, 144; Archcslr.
ap. Ath. vu, 320 B. — 3 Pcrs. V, 71 ; M.art. XIV, 108, 2; Pr.,b. ad Virg. Geo.
l, 103; Corp. f/loss. Il, 338, 27; Cf. Hesych. 5. v. ii^ivisj; Hom. //. V, 723 et
Schol. Ad h. l.\ Suid. Hesych. s. v. i>t.'a«.,rfa ; Poil. I, 144 : Corp. gloss. 111,
103, 37: 202, 45; Quint. I, 5, 8. — BiBl.ior.liAPinK. Scheffer, Oe re vehiculari
veterum (1C54), p. 60 ; Ginzrol, W'ac/en und Fa:.rwerl;e d. G. u. II. (1817). 1, eap.
XXX, fias .Sarracum, p. 248 et pi. xv, 3 irccoustitulions de l'uuteur d'ajiris des
exemples modernes).
SARTAGO. i Sid. Apoll. Jlii. IX, 14 : friclmi in sarlin,ine: Isrd. (Jr. XX, S,
') : .Sartago al- strepitn soni vocula i/iiando ardcat in eu oleiim ; cf. Plin. I/.nal.
XVI, 22. Pour le grec -.rn«L^n, vnir Pollux, X, 08 el les comment. — 2 Aleiand. ad
Aristol. .\Jeteor. IV, 3, p. 129. — 3 Digest. XXXIV, 2, 19, § 12. - * Notamment à
Naples ; Mus. Borbon. V, pi. S8, 595 ; Ceci, Piccoli bronzi del AIiis. di Napoli, pi. i,
20, 27. —SI Huit, de la Soc. des Antiq. de France, 1813, p. 294.
SATRAPA. 1 Tlieopomp. ap. Phot. Dihl. cod. 177, p. 120 a 24; Lcbas-Wad-
dington, 388.2; cf. 377 ss., 1631 ; Slicliel, /(cci(ci(, 471 ; 804 = Uiltenhergcr, A'y/-
loge', 93 ; 573. — i n«f xSv <T«Sfin«v : Michel, Recueil, 303, 19 = Ilitlcnbcrger,
Orienlis inscr. 4 et iiole 9. Tôt; (r«Sfoii>i<7[v : Comptes rendus Acud. Jnscr. 1005,
p. 00. —3 Herod. 111,89.
SAT
1078 —
SAT
mainlien de l'ordre et assurer la sécurité publique, et ils
jugeaient au civil et au criminel. Ils levaient les impôts,
dont ils versaient le montant au trésor royal. Us com-
mandaient aussi les troupes deleur province etexcrçaicnt
leur autorité non seulement sur les sous-gouverneurs,
qui leur étaient subordonnés, mais sur les dynastes
locaux et les villes de leur territoire. Généralement, ces
hautes charges étaient réservées à des nobles perses, bien
que le souverain y admit exceptionnellement des fonc-
tionnaires de toute race et de toute origine. Nous n'avons
pas à insister ici sur les détails du système de gouver-
nement des .Xcliéménides '.
La division en satrapies se perpétua dans l'empire des
Séleucides, mais leur étendue fut fortement réduite.
Séleucus en établit soixante-douze-, triplant ainsi leur
nombre etdiminuant, en proportion, lapuissancededigni-
laires qui auraient pu devenir dangereux pour sa Mai-
son'. Toutefois, ce morcellement ne paraît avoir alfecté
que le centre de l'Empire, le pays où furent fondées les
villes nouvelles * : la satrapie ne comprend souvent plus
ici que le territoire d'une cité ^ Seulement, le gouverneur
ne porte plus le titre officiel de ffarpàzY,!;, qui n'apparait
pas, comme (TaTfaTtc'a, dans les textes épigraphiques^ ;
mais, semble-t-il, celui de arpaT-z^yôç [strategos]. Le
stratège, au moins dans les grandes provinces, a sous ses
ordres des uTiap/o;, chefs d'une ÛTrap/t'a'.
Si dans les pays hellénisés, le vieux nom oriental dis-
parut, il se mainlint, au contraire, dans l'est de l'Asie
Mineure, qui était au pouvoir de dynasties et d'une
noblesse d'origine iranienne *. Des satrapes héréditaires
y gouvernaient les cantons où s'étendaient leurs domaines
et qui formaient do véritables fiefs. Tandis que l'ancien
titre des grands officiers des Achéménides n'est plus guère
usité chez les Partlies' et qu'il est remplacé dans l'Em-
pire sassanide par celui de nuir:b(ln'", il subsiste en
Arménie" et dans les régions voisines jusqu'àlaconquèle
musulmane. On voit les uaTpixai xa't ^aGiXs?; de la fron-
tière apporter des présents à Trajan'^; une loi de 387,
adressée au satrape de Sophène, parle de l'or coronaire
que paient secundum consuetudinem moris antiqui
oiniics satrajiae pro dei-otione quae Roviano debetur
iinj)erio". Ln effet, cinq satrapes, héréditaires jusqu'au
règne de Zenon, plus tard viagers, recevaient l'investi-
ture des empereurs romains", et quand Justinien
constitua la province d'Arménie quatrième, il enleva leur
pouvoir aux « satrapes » indigènes qui gouvernaient
encore les tribus du territoire annexé '^ Au delà de la
' Je me borne à renvoyer à Maspero, fJist. des Peuples de l'Orient. III (IS!i',l|,
p. 688 cl à Ed. Mcycr, Geschichle des Allertums, l. III, l'JOI, p. 50 si|. Ou Iroii-
ïera la (p. li) la bililiograpliic anliîriourc (Knimbholz, JJe Asiae Minoris sntrn-
piis pcrsicis, Leipzig, I8S3 ; liuchliolt, IJe t'ei-sarum salrii/jiis. Leipzig.
189*. clc.l Mcyer prouve |p. 71 sq.) (pic le salrape iSlait un cliel militaire aussi
bien i|uc civil. — 2 Appian. Sijriac. Oï. — 3 Krihler, SU:iingsb. Akad. Ber-
lin, 1891, p. 4:iu; Ilaussoullicr. f/istoire de Milet et du Didijmeion, 1902,
p 92 sr|. -.4 Niese, Geach. der i/ricch. Slaalcn seil der ScUlac/it von C/iaeronea,
l. Il (1899), p. 93 s.|. — 5 Slrab. XVI, S, 4, p. 749 C; cl'. DiUeribelger, Orieutis
inscr. p. 204, 7 : Ti;? T.,f\ 'A.aH"'»» ««(«^i.»?. Ki'.liler, i. c. : ï.r„ t£ Eol,;^,. ,«;
o«Tf ««[«u loJ ?] «ùt;»!». Cr. Iliibscliniann, Armcnisclie Elymolor/ie, p. 208, n" 461.
— » On Irouve dans les inscriplions des SiMeucidcs onTfajiiioi : Michel, Recueil, 33
I. 29 = UiUenberger. Or. inscr. :Tr;. U' 'EViltjiivtu «atja,:i;« ; cf. Michel, 40, I. 4
= DiUcnbcrger, 224, 4. SiiT;à,i,|( n'apparail que dans les textes littéraires: Poljli.
V, 40, 7, etc. — 1 llaussoullier, L. c. p. 90 sc|. — * C. rendus Acnd.
Inscr. 1905, p. 102 s<|. — 8 Je trouve seulenicnl la mention d'un o«Tfà;iti5 „;„
5atj«.;. (Dittcubcrger, Orient, inscr. 431, 3), mais on ne voit pas i rpioi riîpond
celle dignitii. — ^0 Hi'Mekc, Zeilschr. d. ilorijenlnml Gesellsch. XXXIX, |i. ici,
et 7'o6an,p. 440. —H 11 y a enarradnien deui niotsdiMivfsdu perse A/Lî/iu/m/wiod :
l'un directement, sahap; l'autre, par rinlcrmédiaire du grec, satrajr, cf. Iliihsch-
raann, Armen. Ktijm. p. 208, n» 41(1. Les principaux satrapes d'Arménie so((i iau-
frontière, l'Arménie indépendante garda sa constitution
féodale et l'assemblée des satrapes continua à y exercer
sur les affaires poliliques une influence souvent décisive '".
II. On ne voit pas clairement quel est le rapport du
titre perse de satrape avec le nom du dieu Sarprâ-riç,
assimilé à Poséidon, dont Pausanias''' vit à Élis une
statue qui passait pour avoir été apportée de Samos". On
a rapproché ce dieu grec d'une divinité sémitique, Sha-
drapha, adorée en Phénicie", àCarthage-"et àPalmyre-' ;
mais dont la nature et l'hisloire sont encore fort olis-
cures. Fr. Cumon't.
SATURA'. Le féminin de l'adjectif saliii' (plein, ras-
sasié, saturé) a fini par s'employer substantivement et
est resté comme substantif dans certains cas.
I. Satura lanx [lanx], plat chargé des prémices de la
terre, qu'il était d'usage d'offrir aux dieux dans l'an-
cienne Rome ; c'était, en même temps qu'un tribut de
reconnaissance, un symbole d'abondance et de fertilité-.
II. Satura, sorte de farce {farcimen), fabriquée avec
des raisins secs, de la polenta, des pignons et qu'on
imbibait de vin miellé; certaines personnes y ajoutaient
des grains de grenade. On en bourrait la volaille au
moment de la faire cuire. Le nom de satura donnait
l'idée de la variété des ingrédients ^
III. Satura lex, loi qui portait sur plusieurs objets
différents. En l'an 98 av J.-C, sur la proposition des
consuls Caecilius et Didius, il fut interdit de faire
voter des textes, où des prescriptions disparates auraient
été réunies pêle-mêle, per saturam. On a prétendu que
l'expression le.x satura était une invention des gram-
mairiens de l'époque impériale. Mais cette conclusion
parait hasardée, quoique, en effet, on ne rencontre,
avant eux, que la locution adverbiale per saturam ^.
\N . Satura, satire, genre poétique dont les origines
sont, pour nous, enveloppées d'obscurité ; nous aurions
moins de peine à la dissiper, si nous pouvions détermi-
ner par quelle dérivation le mot a pris ce sens particu-
lier ; mais les anciens eux-mêmes ne s'accordaient pas
sur ce sujet. Les explications qu'ils nous ont laissées
sont lessuivantes : 1° la satura aurait été, àl'origine, une
poésie plaisante et grossière, rappelant lesquolibets que
peuvent échanger entre eux, à la fin de rustiques orgies,
des convives repus, saturi ° ; 2° ce nom aurait été choisi
par comparaison avec la satura lanx; il évoquerait
ainsi une idée de libre production, de fécondité;
3° comme la farce des cuisiniers, la satura serait un
mélange d'éléments divers ; -4° d'autres ont pensé que la
n(en:-spar Fa((slc de liyzancc, 111, 12 llrad. Lallglois, flist. arrn. t. I, p. 221).
— 1-' 1)(0 Cass. LWIII, 13 (III. p. 2ui;, Bo:s>cvai(i). — '■> Cod. Thcodos. XII, 13,
(( ; cl' Annuian. ftlacc. XVII, 12,2: optimales et sntrapas. — 1* l'rocop. De .\edif.
m, 1 (p. 247, Honn). — 1- Novell. XX.\I, 1, § 3. — 16 Voyez p. ev. Stcphanos von
Taion, lr,id. (ieizer, 1908, p. 53, 55. 01, etc. — " Pausanias, VI, 25, 5. — 'S Cler-
mont-Ganneau, Le dieu Satrape et les Phéniciens dans le Péloponèse, 1878.
— 19 Renan, Mission de I lubiicie, p. 241 = Inscr. res Dom. pcrt. 111, 1059 : De.»
St<Tfà«f,. Cf. CIcrmout-Ganneau, Hec. archéol. Orient. IV, 334. — 20 C.-H. Acad.
Inscr. 1906, p. 122. — 21 Wiener Zeitschr. Kunde Morgenl. VIII, Il sq.
SATURA. I La graphie salira n'est probable(nent pas anti(|ue; satyra, qu'on
rencontre (jnehiueîois dans les mss., peut être consid(^r6 comme un équivalent de la
l(0((iie forme latine. Tous les textes ancie((s relatifs aux origines de la satire ont
été rassen(blés par Fr. Marx (voir la bibhographie), p. cxx ; sur l'orthographe, v.
p. IX. — s Diom. dans les Gramm. lat. éd. Kcil, 1, p. 485, 34 ; Porpliyrio ad
Ilorat. Epist.l, 11, 12;lsid. Orig . VIII, 7, 7, etc.. (Miirx, p. cxx). — 3 Verr. Flaccus,
ap. Fest. p.314; Varr. Plautin.quaest . ll.ap. Diom. Z.c, âpropos dePlaul. Am;)/li/r.
0(17. —i Per saturam, Lucil, 1. 48 ; Sali. yj/j. 29, 5 ; Annius et Laelius in Oral. ro7n.
fnujm. M. Il, p. 104 Meyer ; Corp. inscr. !at. I, 198, 72: Lex satura: Verr. Flacc.
ap. Fest. p. 314; Paul, ex Fest. p. 315; Isid. Orig. V, 16; Diom. L. c. ; Marx, p. xi.
— ■"■ l)(0(n. e( Poi-phyrion, A. c. Dans res textes on doit lire sa^irris et non A'afi/r)«,
coiU[i(c (111 l'a reeoni((( depuis ongtemps; IVloranisen, Jlfim. Gesch.l^t P- 28.
SAT
1079
SÂT
comparaison avait dû se faire pliiliM avec la Satura lex' ;
3° enfin la satire aurait eu, à l'origine, un rapport avec le
drame satyrique des Grecs, d'où elle serait dérivée-.
Entre toutes ces hypothèses, on peut grouper celles qui
tendent à faire de la satura un mélange (n"' 2, 3 et 4) ;
ce sont de beaucoup les plus vraisemblables^. Elles se
réduisent à une seule et même hypothèse : c'est que la
satura a été, avant tout, une farce, un pot pourri'. Mais
un pot pourri de quoi'? Tite-Live raconte qu'en l'an 364
av. J.-C, pour conjurer une peste qui désolait la ville
de Rome, on célébra des fêles, où. pour la première fois,
trouvèrent place des jeux scéniques. De perfectionne-
ment en perfectionnement on en vint, quelques années
avaut Livius Andronicus, à substituer dans ces diver-
tissements publics aux vers fescennins rudes et primi-
tifs des satires en vers d'une mesure régulière [inpletas
modis saturas), qui se chantaient avec un accompagne-
ment de flûte et une pantomime appropriée. Nouveau
progrès quand parut Livius Andronicus ; le premier,
laissant là les satires, il osa nouer une action sous forme
de pièce {ab saturis ausus est primus argumento fabu-
lam screre)^ . Si l'on accepte la tradition qui a inspiré ce
passage, on doit admettre qu'il y a eu à Rome, antérieu-
rement à toute littérature, une satura dramatique et que
son existence a été très courte, puisqu'elle aurait com-
mencé vers la fin du iv' siècle avant notre ère et cessé
brusquement lorsque fut jouée la première pièce de
Livius Andronicus (an 240). En ce cas, on aurait appelé
sutura cette association spontanée de plusieurs arts, la
poésie, la musique et la danse, qui précéda la première
pièce imitée des Grecs. Mais le témoignage de Tite-Live
ne suffit peut-être pas pour que l'on admette l'existence
éphémère d'une satura dramatique ". Il est fort pos-
sible, en effet, que Tite-Live, par un anachronisme d'ex-
pression, ail voulu désigner des railleries versifiées, des
morceaux d'un tour satirique analogues à ceux que l'on
écrivait de son temps. Ils n'auraient fait que remplacer
les vers fescennins, dans l'ensemble du spectacle, sans
constituer à proprement parler un genre.
En réalité, l'iiistoire de lasatura romaine ne commence
pour nous qu'avec Ennius. En quoi la satura (poesis) esl-
elle, à partir de cet écrivain, une poésie mêlée? Varron
avait publié, à l'imitation du philosophe grec Ménippe,
des satires Ménippées, où les vers étaient mélangés à
la prose ; nous avons encore des spécimens de ce genre
de composition dans le roman de Pétrone et dans VApo-
colokijntose de Sénèque. .Mais ce n'est là qu'une variété
de la satire et ce n'est même pas la plus ancienne. Si
nous considérons la satire chez Ennius et chez Lucilius,
qui en ont donné les premiers modèles, il semble bien
que les saturae ne furent, à l'origine, rien de plus que
des recueils de Mélanges en vers, de pièces détachées
* Diom., Porphyrion, Isid., elc. L. r, — 2 Evanlliius, De comoedia, p. 16,
WessDcr. H}']ioU)j;sc fondée surtout sur la fausse leçon Satyris, mais de nou-
veau défendue par Ribbeck, Gesch. d. rôm. Dichtung. 12, p. 9 ; 0. Kcller, Lat.
Volkselijmotog. p. 395; Philoloijus, XIV (1886), p. 3»1. — 3 Dietericli, Putci-
neila, p. 75, professe une opinion moyenne; c'est que la « farce » populaire élait
tout aussi bien en usage chez les Grecs de l'Ilalic Méridionale. — 4 Bréal, ùiel.
étijmol. lat. s. v. ; TeulTcl, Gesch. d. rôm. LUI. ô' éd. I, § 6 ; Munk, Maguiu,
Mari, ;. c., elc. — '- T. Liv. VII, 2, 6-s. — 6 Val. Maï. Il, t, 4, n'a fait que
copier Tite Live; 0. Jalin, Uermcs, il, Ï25; Valilen, Ennianae poesis reliq. 2' éd.
(19031. pi. ccxiv; Mari pi. %. — ^ Valilon el Mari, (. c. ; Kicssiing, i' éd. des
Satire» d'Horace; Proley.pl.xix. —8 Marx, L. c. pi. xvu. — 9 Vahicn, pl.ccviv;
c'est aussi ce que disent plus confusément les anciens : Diom. A. c. ; Scliol. Ilor.
Hraef. Ad. Sermon. I. — 10 Hor. Snt. I, 7, 32; Epist. II, 1, 139, 155; T. I,iv. L.c.
Sur les Tcrs fescennins en particulier, v. Tculfcl, Op. cit. § 5. — Il Lie. Jlep. IV,
sur toute espèce de sujets, présentées sans suite el sans
ordre, comme les "ATaxTz et les Sù[ji[ji£!x-a des Grecs".
Qu'une seule de ces pièces, considérée isolément, ait
fait l'efl'et d'un mélange, d'un pot pourri, on le com-
prend même assez bien, quand on songe aux éléments
multiples dont se compose la satire. Il faut aussi ne pas
perdre de vue que chez Ennius la satire était écrite en
1 mètres variés; chez Lucilius lui-même, sur trente livres
de satires, le dernier seul ne comprenait que des hexamè-
tres dactyliques '. Une telle diversité n'a pas été sans
influer, à l'origine, sur le nom assigné à ce genre de
poésie '. Il est remarquable, au contraire, que les attaques
personnelles, qui en sont pour nous l'élément essentiel,
ne semblent pas y avoir été introduites du premier coup.
Ce fut Lucilius qui fixa une fois pour toutes le type de la
satire ; il en fit ce qu'elle est restée depuis, une disserta-
tion familière en vers, sur des sujets de littérature et de
morale, comportant des railleries contre certaines per-
sonnes désignées par leur nom.
La satire a toujours été dans les goûts et dans les
mœurs des peuples italiques. Le vinaigre italique, Ilalum
acetum, aurait pu aisément s'épancher dans la comédie,
et il semble bien que pendant assez longtemps il eut un
libre cours en effet dans les divertissements populaires '".
Mais, dès l'an 451 avant notre ère, la loi des Douze Tables
contint, dans de justes limites, cette verve moqueuse. Elle
n'établissait rien de moins que la peine des verges contre
les auteurs de vers injurieux [in.jiri.4j ". Aussi lorsque
Rome commença à avoir une littérature, il ne fallut pas
songer à imiter sur la scène la licence de l'.-Vncienne
comédie atlique. Le poète Naevius, pour l'avoir essayé
(an 206 av. J.-C), fut jeté dans une prison '-.Cet exemple
rendit prudents Enniusetson neveu Pacuvius, lorsqu'un
peu plus tard ils s'essayèrent à la satire '■'. Ce fut Luci-
lius qui le premier", dans des compositions du même
genre, publiées entre l'an 131 et l'an 103 av. J.-C, osa,
malgré les menaces de la loi, bafouer sous leurs noms
réels des contemporains vivants, et même, parmi eux,
les personnages les plus considérables de l'État, tels
que Q.Mucius Scaevola l'augure, ou L. Cornélius Lenlu-
lus Lupus el C. Caecilius Metellus, ces deux derniers
honorés du consulat. Bref, nous savons qu' « il s'attaqua
aux premiers du peuple et au peuple lui-même, tribu
par tribu », prenant en cela modèle pour la première
fois sur la comédie Ancienne, « dont il dépendait tout
entier'-' ». On s'est demandé comment Lucilius avait pu
jouir d'une pareille immunité et pendant si longtemps '".
Mais il ne faut pas oublier que la satire personnelle a
survécu à Lucilius; il est probable que les commotions
profondes, qui agitent la société romaine au temps des
Gracques et qui vont se perpétuer pendant un siècle jus-
qu'à l'établissement de l'Empire, ont été la véritable
10, 12; Augustin. Civ. iiei. II, 9 = Bruns, Fontes juris rom. 0« éd. p. 28. La
peine capitale {caput)^ d-.ut il est question là, n'est pas nécessairement la peine de
moil. Cf., d'ailleurs, Cic. Titsc. IV, 2, 4; Hor. Epist. II, 1, 152; Sa!. Il, I, 82 el
Porphyr. Ad. h. l. ; Fest. 181; Arnob. Adv. gent. IV, 34; Paul. Sent. 5, 4, 6 ;
Cornul. in Pcrs. I, 137 ; Mommscn, Strafrecht, p. 794 et 800; Cuq, Inslil. juri-
diques des Homains, l'Ancien droit, 1891, p. 340, note 2. — 12 Plaul. Mil. 221 ;
A. (Jell. III, 3, 15; l's. Ascon. aii Cic. Verr. I. 29. — "Enn., éd. Valilcn, pi. ccm»
el 2l>4.2il ; Pacuvius, TculTel, L. c. § 105, 5. Il n'y a pas trace de persotinalitrs
dans les fragments d'Ënnius. La loi atteignait aussi la satire, car elle disait uon
seulement si guis occentavissel, mais encore siée carinen condidisset, quod infa-
miam faceret flagiliumve alleri. — 1^ C'csl seulement ainsi que peut s'expliquer
Hor. Sat. II, 1, 62 ; Lucilius ausus Primus in hune operis coniponere carminu
morem. — lô Hor. Sat. Il, 1, 68. I, 4, 1 ; Hinc omnis pendet Lucilius. — 16 Voir
les explicatious de Marx, L. c.
SAT
— 1080 —
SAT
cause du celle audace loule nouvelle. Kn elVel, on voit
alors la même liberU; s'introduire dans les mimes, ce qui
amena, enlan ll.j,rexpulsioudesacleursqui lesjouaienl
[miju's]'. Que la vieille loi ne fui pas appliquée dans
loule sa rigueur, malgré ces mesures de repression pas-
sagères, c'esl ce que prouvenl, entre autres exemples,
cerlaines épigrammes de Catulle -. Horace, à son tour,
s'esl aulorisé de l'exemple de Lucilius pour justifier les
railleries très mordanles dont il a poursuivi ses contem-
porains' ; mais il est évident qu'il aurait été obligé de se
les interdire s'il n'avait eu pour complices l'opinion
publique el les mœurs '". Lui-même cependant il a peu
à peu adouci sa manière ; il y a moins d'attaques per-
sonnelles dans le second livre de ses Satires que dans le
premier, et aucun de ces poèmes n'esl postérieur à
l'an il av. J.-C.= ; d'où l'on peut conclure, avec vrai-
semblance, que l'Empire, en rétablissant l'ordre dans
l'État, a rendu à l'ancienne loi la force que lui avaient
fait perdre, à la fin de la République, les passions dé-
chaînées par les guerres civiles ^. C'est peul-èlre à
Auguste lui-même qu'il faut rapporter une loi Julia, qui
défendait << de s'en prendre aux vices de personnes
vivantes ' ». Martial a eu recours à des pseudonymes '.
Juvénal n'a exercé ° sa verve que contre les morts '".
11 esl donc très probable que les prescriptions de la loi
des Douze Tables, tombées en désuétude depuis Lucilius,
furenl remises en honneur au début de l'Empire, mais
atténuées par des dispositions plus clémentes". El ainsi
la satire directe el personnelle, dont Lucilius el Horace
ont donné le type, n'a eu, dans l'histoire des lettres
latines, qu'une existence assez courte; peut-être même
n'aurail-elle jamais été tolérée sans les troubles profonds
qui ont transformé la société romaine entre le temps des
Gracques el celui d'Auguste. G. Lafaye.
SATURXALIA. — Fêle romaine en l'honneur de Sa-
turne'. Les antiquaires de la fin de la République lui
onl consacré des monographies dont les résultats les
plus intéressants sont venus jusqu'à nous-; le gram-
mairien-Macrobe, au V siècle, dans les premiers chapitres
des Salurnaliorum libri, en discute l'histoire el en
raconte les pratiques essentielles'.
Il esl assez malaisé de distinguer celles qui remon-
Icnl aux temps anciens de celles qui furenl innovées
plus tard ■•; l'origine même en esl diversement expli-
I Procès d'Accius cl de Lucilius lui-njdrae ; lihet. ad Her. I, U, H; II, 13,
19; Mari, pi. xivii. — 2 Satire violente de Lcnaeus coutrc Sallustc (an 33/3i) ;
TcufTcl, § îll, .1. Sylla, cependant, avait dû viser ce cas dans la Lex Cor-
nelia de- injuriis (an 81) : Cic. Episl. Ill, 11, i. Cf. ixjcr[a. — 3 Cartault,
Étude sur tes satires d'Horace (1839). cliap. Vil; TEmploi des noms pro-
pres, notamment, p. 3i2. — l Hor. Sut. Il, I, SO-SO. — ~> Cailaull, L. t.
— 6 V. l'anecdote significative racootie par Macrob. Salurn. Il, 4, i{ ■: Schol.
Jiivcn. I, ici ; cf. isjuHU, p. 5i4. — » TeufTel, § 30i, 4.-9 /bid. § 3i2, 6 ; Car-
tault dans les ilélanijes Boissier (1903], p. 103. — 10 Juv. 1. 170. U La rt-Ié»^-
tion et la déportation ; Mommsen, Strafrecht, l. c. — Bidi.iocrapuie. Oacier, Dis-
cours sur la Satire, A/ém. de lAcad. des /nscr., t. Il (1717), p. l'ii); MunV,
Ùe fabulis Atcllariis (1840), p. 13; W. Corsscn, Origines poesis romanne (184C).
p. 146-150; Uagnin, Les O'^'yi^cs du r/icd(re (1868), p. 304; Lezins, Wochenschr.
fur klass.philol.{' ocl. 18'Jl); Heudrickson.Amenc. >ournai o/pAi/o;. XV (1894),
n. 57; Dieterich, Pulcinelta (1897), p. 74; de la Ville de Mirmont, Études sur
l'anc. poésie latine (1903), p. 349 ; Fr. Marx, Lucilii carminum reliquiae, 1 (1904),
Prolegomena.
SATURA'ALIA. I Varr. Liny. lai. VI, 2; : Saturnalia dicta ab Saturno, quod
eo die feriae ejus. Cf. T. Liv. Il, il. 1. Les Latins employaient indilTérerament
deux formes pour désigner la fiite : Haturnalia-Saturiiatioruni. Saturnales-Satur-
nalium. V. Macr. I, 4, 1. — 2 Les calcnd. onl Saturnalia, Feriae Saturno, Sa-
turno ad Forum et Feriae servorum. Le premier qui traita des Saturnales au point
de vue historique fut Luc. Mallius, Maulius ou Uanilius, un des rares patriciens
qui, au temps de Sylla, firent de la littérature : viennent ensuite par ordre de date
Verrius Flaccus, Julius Modcstus, dans uu traité : Dr feriis : le jurisconsulte Masu-
quée. Les fables qui la rattachent soil à Janus roi, en
compagnie de Saturne, du Lalium primitif, soil à Ro-
mulus qui, en instituant la fête, aurait entendu commé-
morer ses propres débuts '; celles aussi qui en font une
imitation des kro.ma aliiéniennes, sont d'invention assez
récente''. Les ressemblances avec les A>on/n sont réelles:
elles s'expliquent, moins par une transmission formelle
de la Grèce à l'Italie, que par la coexistence, au sein de
deux races apparentées, de fails identiques qui menaient
à des usages analogues ; plus encore, pour la période re-
lativement récente des guerres puniques, par une trans-
formation de la fête sous l'influence des livres sibyllins''.
Ce qui parait véritablement latin dans l'histoire de ses
débuts, c'esl la tradition qui la met en rapport avec le
roi Tullus Hoslilius el avec Tarquin le Superbe. Le pre-
mier aurait institué la fête pour la dédicace d'un sanc-
tuaire voué à Saturne, au cours d'une guerre glorieuse
contre les Albains el les Sabins. Le second aurait songé,
dans les derniers mois de son règne, à remplacer ce
sanctuaire, fort modeste, par un véritable temple dont il
choisit l'emplacement sur le forum ^ Mais l'honneur de
le construire, de le dédier et, à cette occasion, d'orga-
niser la fête avec plus de solennité, fut réservé à la Ré-
publique, deux ou quatre années après la chute du tyran'.
Durant les trois siècles qui suivirent, les Saturnales ne
furent, selon toute vraisemblance, qu'un épisode des
fêtes agricoles qui, ommencées en aulomne, au moment
des semailles, se prolongeaient jusqu'au solstice d'hiver'".
Elles succédaient aux semextivae feriae el aux coxsualia,
et elles avaient pour conclusion les larentalia el les
paga.nalia ; fixée au 17 décembre, la fêle religieuse ne
durait qu'un jour". A l'interpréter par la nature même
du dieu dont elle commémorait les bienfaits, elle était
la fête du génie caché des profondeurs, incarnation de
la force qui envoyait d'en bas la prospérité aux semailles
déposées dans la terre'-. Elle fut donc une cérémonie,
comme toutes les autres du même groupe, de caractère
nettement romain el latin, et inspirée surtout par des
préoccupations champêtres ".
Les Saturnales reçurent leur organisation définitive
en 217 av. .I.-C, l'année même de la défaite de Trasi-
mène, sur l'intervention des livres sibyllins, consultés
pour remédier à une série de désastres el de prodiges
qui avaient surexcité le sentiment religieux ''. C'esl à
rius, elc. V. Macr. I, 10, 4 sq. — 3 Ces chapitres (de 7 à ti), très riches en docu-
ments de toute sorte, sont écrits dans l'esprit de la religion d'EvIiémère. L'ouvrage
entier reproduit des propos de table, tenus entre hommes instruits, pendant la
fôtc des Saturnales : 3'empus solemniler feriatum députant colloqtiio libvrali, 1,
I, init. — 4 Cf. MarquardI -.Mommsen, Bandbuch, VI, p. 586, 17 décembre. — ^ Macr.
I. 7, 8 ; Aram cum sncris (Janus) tamquam deo condidit qune Saturnalia nomi-
navit. Voy. chez le raôme les légendes <iui mêlent Hercule à l'institution de la fôtc.
Pour Komulus, v. les fasti Sic. et Coelius Khod. XXVM. 24. — 6 V. l'art, krosta.
111, p. 871 et les textes cités, note 2. — '> V. clici Macr. 1, 7, in fin ; (cf. I, 10), les
vers tirés d'une œuvre d'Accius où ta filiation des deux fêtes est établie sur leurs
ressemblances extérieures. Pour les livres sibyllins, v. infra el T. Liv. XXII, 1 : et
siBVLLisi I.IBHI. — 8 Macr. I, S. Varr. Lib. VI, Antiq. {qui est de aedibus sacrisj;
T. Liv. Il, 21 ctsATiusus, II. ~ 9 Pour ces dates différentes, v. Marquardt-Mommsen,
Op. ci», p. SS6; elles varient entre 301 et 497 av. J.-C — «OMacr. I, 2 en appelle au
Sotstitialis dies qui Salurnaliorum [esta consecutus est : cf. Mannbart, Mytholoi/.
Forschungen, p. 161, et Gvimm, Deutscïte dJythol. 1, p. 321 (4« éd.). — 1* Fest.
p. 254, 34 et la discussion chei Macr. 1, 10, 2. Pour la succession de ces fêtes,
toutes inspirées par une piété de même nature, cf. Prellcr, Itoem, Alt/tb. Il,
p. .5 sq. p. 13, etc. Pour le jour uuii|ue, le témoignage de Masurius chez Macr.
Loc. cit. 3. — l'2 Beç -sç ^aflôvTi, Hcrodian. 1, 16, 2 et l'inlerprétatiou par latere
de Latium, Virg. Aen. Vlll, 322, avec les commentateurs. — '^i Le caractère rus-
tique de la fétc se retrouve dans une tradition conservée par Porcins Latro, in
Catilin. 17, qui dit que, au jour des Saturnales, toute la ville, mise en liesse par un
édit du Sénat, se portait sur le mont Avenlin pour y goûter une sorte de villégia-
ture champêtre Irusticari). — U l'. Liv. XX!1, I.
SAT
— 1081 —
SAT
Cfitle occasion que la croyance hellénique dans un âge
d'or, auquel Kronos avait présidé chez les Grecs, se
transforma au contact des choses romaines ; alors se
vulgarisa la fable de Saturne, roi du Latium primilif,
qui lui aurait été redevable d'une période de paix, de
bonheur et de prospérité'. La fête traditionnelle deve-
nait l'image idéalisée de ce règne, embellie de tous les
bienfaits dont les malheurs présents faisaient désirer le
retour-. Cette fête comportait un sacrifice au temple
de Saturne, un lectialernium organisé par les sénateurs
en personne, un repas public suivi de réjouissances popu-
laires ^ Et l'on s'avisa que la religion de Saturne était
en harmonie avec celle d'Ops dont la fête tombait deux
jours plus tard [ops], ce qui eut pour résultat de faire
identifier cette divinité avec RheaCybèle, puis de réunir
les deux cérémonies en une seule : d'où une première
prolongation des Saturnales*. Elles allaient en recevoir
d'autres encore: ou plutôt, après la chute de la Répu-
blique, on régularisa les prolongations successives qui
étaient antérieurement déjà passées en coutume.
Lorsque César réforma le calendrier, il fit bénéficier
les Saturnales des deux jours qu'il fallut ajouter au mois
de décembre, lequel n'en avait jusque-là compté que
vingt-neuf". Caligula en ajouta deux autres aux vacances
des tribunaux, disposition qui fut confirmée par un
édit de Claude ; et c'est sous Domitien que la durée totale
fut fixée officiellement à sept jours. Comme aux temps
anciens, elle commençait le xiV jour avant les Calendes
de janvier ^17 décembre], englobait les Oym^/a qui tom-
baient le \i\' jour, et se terminait aux Larenlalut,
le ■23 décembre. Ces additions successives qui eurent leur
raison dans la popularité de la fête, semblent être deve-
nues proverbiales : du moins est-ce par un proverbe que
s'explique le mieux l'expression de extendere Salur-
nalia, dont Pline fait un emploi plaisant dans une lettre
à Tacite'. Seul le premier jour, pendant lequel on ollrail
à Saturne et au Genius individuel le sacrifice d'un
porc\ avait un caractère religieux; les autres n'étaient
pas f est i, suivant la distinction formulée par Macrobe,
mais feriuti*. Le sacrifice était ofTert fjraeco rilii, le
prêtre y procédant la tête découverte'. Aussitôt après, la
foule se précipitait par les rues en poussant le cri joyeux :
lo Saturnalia ! bona Saliwnaliat dont nos souhaits
d'heureuse année continuent la tradition '°. El ce cri
retentissait non pas seulement sur le sol de la patrie,
mais à l'étranger, où il était comme le mot de ralliement
< Cato Cens. ap. l'risc. VUl, 3, 12; Dion. liai. I, 38; Welcker, Griech. Goetterlehr,;
I, p. 156 ; Prellcr, Griech ilylhol. I, p. i4, nol. 3.-2 BuUmann, AJtjtholoi/. Il, p. :ii;
cl 31 ; Schwenl, ilythol. der Boemer, p. )8I. — 3 T. Liv. Loc. cit. H ne s'agit loii-
joups <|ue d'un seul jour de fôtc : populus... eum diem festum haber'e ac servure in
perpetnum est Jussus. C'est à celte occasion (lue nous rencontrons pour lapremit'-re
fois la coutume de crïer(c/rt mare) les Saturnales par la ville nuil et jour. Vov. noie lu.
— t V. 0P5. IV, I, p. Hi; Macr. I, 10, 9; Fesl. p. 185; Merkel. Àd Oit. fast.
p. XX. Dans la pratt()uc, chacune des Tôles a dû être portée à doux jours. — ^ Macr.
I, 10, 1 s(|.; Suet. Caliy. 17; Dio Ciss. LIX, 6; LX, iJ. L'un des jours ajoutés à
la fêle parCalijfulasappi'Iail/ui'cnafù. Ce n'est, d'ailleurs, qu'à partir'de la réroriiie
du Calendrier que le 17 déccmbri' correspond au XIV a. Kal. Jaii. Pour les diver-
gences V. .Macr. loc. cit. el Marquardl, Op. cit. p. 5S7. — f- £p. VIII, 7 : ï'k
rnaf/ister^ eyo contra; atque adeo tu in sc/iolam revocas, eqn adhuc Snturunlia
ex/eric/o. Auguste, en réorganisant la justice, obligeait les magistrats à siéger assi-
dûment, ne leur concédant que tout juste : ut solitac ayi novembri ac ducemliri
tnente rcs omitlerentiir ; Suet. Auy. ii; Macr. I, 10, 3. — ' Hor. Od. III, 17, H ;
Dion. Hal. VI, 1 ; Mari. XIV, 70; Lucian. Sal. 14. — » Macr. I, 10, 24. — 9 Fesl.
p. 322; Fesl. tipit.p. ll!l; llacr. I, S, 2 ; Dion. liai. 1,3 tel VI, 1 ; cf. mtos. p. 871.
— '0 Mari. XI, 2, 5; XIV, 70; Arr. Epict. diisert. IV, 1, 58 : ici ce sont les
enfants qui parcourent les rues en criant : E/.n.jov Eaiouj.àlia iy-iU. Cf. Cal. XIV,
15 : Saturiialilnts, oplimo dierum ; T. Liv. XXII, 1 ; l'elr. Sut. 58 ; Macr. I, 10,
H. — " Dio. Cass. LX. l!i. — 12 L'eïpression de Seplnn S-nl„r„„li„ était coo-
VIII.
auquel se reconnaissaient les Romains. Les soldats en
campagne le faisaient entendre parmi les barbares, en
revendiquant le droit de fêter le dieu dans les mêmes
conditions que les citoyens et les esclaves de Rome".
Partout ces sept jours des Saturnales ''^étaient le temps
de liesse par excellence. .\ Rome on prenait son bain dès
le matin, afin d'avoir toute liberté de banqueter jusque
dans la nuit'^ L'on s'invitait les uns les autres à deplan-
tureux repas qui étaient l'occasion de cadeaux échangés
entre amis et connaissances ". Il est vrai que les hommes
seuls y participaient, mais les femmes avaient leur tour
aux Malroiialia. où elles s'en faisaient offrir surtout par
leurs maris '". Sous la République, ces présents avaient
un caractère fort simple : ils consistaient en chandelles
de cire (cerei) et en poupées d'argile ou de pâte,
nommées sigillaria ; les uns et les autres avaient une
signification symbolique qui a exercé la subtilité des
antiquaires. Les cerei qui, allumés en grand nombre,
égayaient la salle du festin, n'étaient sans doute qu'une
sorte de protestation contre les longues nuits, un appel
au retour du soleil obscurci par les brumes, dans la
période du solstice d'hiver "^. Les sigillaria, qu'il faut
rapprocher des oscilla et des maniae, celles-ci vouées à
Mania, la mère des Lares, pendant la fête des Compila lia,
pour la conservation des membres de chaque famille,
sont une des formes du sacrifice simulé qui, à la place
de victimes humaines, en ofi'raitaux dieuxdes équivalents
pacifiques, afin d'adoucir leur colère et d'obtenir leur
bienveillance. Un mauvais jeu de mot sur '^wç, qui en
grec signifie lumière, mais à qui la poésie épique a donné
aussi le sens d'homme, a fait entrer les cerei dans la
même catégorie ". D'autres, plus simplement, racontaient
que pour remédier à l'abus des cadeaux onéreux, un
tribun du peuple du nom de Publicius avait fait voter
une loi (dont il n'est, d'ailleurs, resté aucune autre trace)
obligeant tout le monde à n'échanger aux Saturnales que
les cerei traditionnels avec les sigillaria^* [sigillum].
Ces derniers donnaient lieu, durant les sept jours, à
un commerce assez actif; el même on raconte que la pro-
longation des Saturnalia se justifiait dans une certaine
mesure par le désir de le favoriser : une rue à Rome,
celle où se dressaient les tentes des marchands, lui était
redevable de son nom ". On y débitait d autres objets,
généralement de prix modique, destinés également à
être ofTerls en cadeaux. Nous en trouvons la preuve dans
les deux livres entiers d'épigrammes que le poète
ranic: elle clonnail son litre à un mime de Laljcrius. Aul. (iell. XVI, 7, 1 l ; cf.
Slacr. I, m sq. qui cile une Alellane de Novius : Cnim expi'ctala vimiunt se/i-
tcjn Saturnalia ; et une d.- Mumniius (du temps de Caligula), célébrant la sagesse
dr-s anciens qui : nptime a friyore fecere snmmo septem Saturnalia. — 13 Tert.
.1/30/. 42. — 1* Ilin. Hist. n. XIII, 3 : Mari. XI, C ; XIV, 1, 9, etc.; Stal. Sitv. 1,
6, 5; Scn. Ep. 18 ; le môme (Apokot. 12) a le proverbe : non semper ertmt Satur-
nalia ; ne n'est pas tous les jours fôtc. — '^ Pour les cadeaiis, v. Mart. IV, 4(1, 8s :
V, IX: VII. 33; VIII, 41; X, 17; Suel. Vesp. 19, el plus bas; les deux livres XIII et
XIV de Martial en entier. Pour les jVainom/in, v. junu. III, 2. p. 024. — h'. Macr. 1,7,
2S sq.; H, 39 ; Varr. Ling.lat. V, 04: Dion. Hal. I, 10;Kesl. A>(. p. .i4; Mari. V,
18, 2; Lacl. I, 21, 0. Celle coulume encoreadouué lieu à une expression populaire:
Liiccm facere Saturne (citée par Feslus). Cf. Marquardl, Op. cit. p. 387 et Prellcr,
lloem. Mytiiol. Il, p. 17. — n Macr. I, 7. 28. Sur ces substitutions en maliére de
sacrilices, v. msmîs, III, 2, p. 1370 et .iscu.i.A, p. 257; cf. Bull, de In Faculté
des Lettres de foitiers, 1880, p. 118 s(|. — 18 Macr. /Oid. Ce Pidilicius nous mène
à l'an 209 av. J.-C. où il exerça ses fonctions île tribun. Pour les siyillaria dont
le nom s'appliqua colleclivement à tous les cadeaux échangés aux Saturnales,
v. Sen. Ep. 12; Mari, vil, 53; Sucl. Claud. 5; Spart. Hadr. 17; Cnrac. l.
— 19 Macrob. I, 10, in fin. ; 11, I cl 24. Ces lîgurincs étaient aussi des jouets pour
les enfants, il en est resté des échantillons assez nombreux. V. Marquardl, Bas
Priratleben der lîoemer, p. 041 ; et sigii-lum. Pour le marché où elles se débitaient,
V. Aul. Gell. Il, 3, 5; v, 4, 1 ; Suel. Claud. 10 : Ner. 28; rHyest. XXXII, 102, 1.
13G
SAT
1082 —
SAT
Martial composa sous le lilre de Xrnin cl iVApop/wreta '.
Au temps de noinili(Mi,l'('poque de laplus grande voguedes
Saturnales, ils sont en forme de distiques, le plus souvent
dans les deux langues, grecque et latine, au nombre
de trois centcin-quanle, et donnent l'impression d'une
œuvre faite sur commande, à l'intenlion de quelque dona-
teur, peut-être même d'un marchand qui voulait relever
la valeur de sa marchandise par une épigraphe littéraire -.
11 est à peine besoin de faire remarquer que nous aurions
là le plus ancien spécimen de nos devises pour objets
de bazar et de confiserie. Les cerei et sigillaria n'y figu-
rent pas, étant d'usage vulgaire, mais on y trouve une
variété invraisemblable, dans les A'enia, de denrées
alimentaires, de parfums, d'encens, de combustible, etc. ;
dans les Apop/wreta, d'objets fabriqués, meubles,
livres, ustensiles, bibelots, etc. Le titre même des deux
livres en souligne l'intention; il implique que les con-
vives les emportaient chez eux au sortir des festins et
réunions de famille.
Les empereurs se conformaient à la coutume géné-
rale, distribuant et se faisant envoyer par leurs intimes
les menus cadeaux qui entretiennent l'amitié. Auguste
y mettait une fantaisie d'où la gaieté n'était pas absente ^
C'étaient tantôt des envois de tapis, d'étoffes, d'or et d'ar-
gent en lingots, des monnaies curieuses par leur an-
cienneté ou leur provenance exotique; tantôt, au con-
traire, de défroques grotesques, d'épongés, de pelles et
pincettes, le tout accompagné de désignations obscures
ou équivoques qui éveillaient les appétits et procuraient
des surprises amusantes. Au palais même, la distribu-
tion s'en faisait par le tirage d'une loterie dont, sans
doute, on payait les numéros; les résultats imprévus
égayaient les participants '*.
Pour mieux vaquer à ces festins et à ces distractions,
la consigne était de se mettre à l'aise °. Porter la toge
en période de Saturnales était le fait d'un sot; le vêtement
préféré était la synt/iesis [ïi.mca] qui laissait les mou-
vements libres et prêtait à un aimable abandon ^ Pour
rapprocher les distances, tout le monde coiiïail le jii le us''
et les esclaves, ijui avaient été admis au sacrifice du pre-
mier jour, vivaient sur un pied d'égalité parfaite avec leurs
maîtres*. Saturne n'élait-il pas le dieu de Tàge d'or où
il n'existait pas de distinction de classes, où il n'y avait
pas d'esclaves et où même la propriété individuelle était
inconnue? Pour mieux rappeler ces temps, on allait
jusqu'à renverser les rôles, les maîtres servant leurs
esclaves à table et ceux-ci se permettant vis-à-vis d'eux
une franchise de langage qui allait jusqu'à la critique
de leurs travers ou de leurs vices ; c'était la liberté de
Décembre, pour parler comme Horace '. D'autres licences
' V. l-'riedlaciKlcr, M. Vrt/trii A/artiulis trpiyrammaton tibri, l. Il, p. 269; si|.
cl les noies desconimcnlateurs, en parliculierdeTuniùbc, lib. IX.cliap. 23. Lcsdisli-
«pies oui éU- composes pour les Saturnales des années 84 et 85. — 2 Us furont pu-
bli^-s par le libraire Tryplion, le môme qui édita les u'uvres de Quinlilien, dt' Mar-
liai. etc. V. Epig. Xllï, 3. 4; cf. IV, 7i. — 3 Suet. Aug. 75; cf. Spart. Uadr. 17 ;
SUl. Sih. I, 6; Hlin. Ep. IV, 9, 7; Lucian. Cmnosol. 14-16. — 4 Le fait ressort
du passage de Suétone, Aug. 75. — 5 Mart. XIV, i. Cf. J. l.ipse, Safurnal. I, 1.
— « Mart. IV, 44, où il est dit d'un personnage groles<|ue : A'iZ lasck'ius est Clia-
risiaiio : Satiirnalibus amhutat togatus. ï'our la synikesis, v. Id. V, 79 et XIV,
141 : les prères Arvales la revotaient également pour leurs festins. — 7 L'Empe-
reur donne l'exemple ; Mart. XIV*, I. 2; cf. VI, 3 : Pit''ata Jioma. Cf. Turnèbc
VllI. 4 : Satui-natium tempore serci relut domini pileati incedebnnt. — » Macr.
1, i4, Ï3; Just. 43, 1, 3; le fragment d'Accius chez .Macr. 1, 7,37 et Uaehrens,
Fragment, poet. rom. 3. p. 2G7. — 5 Sat. II, 7, 4. La part des esclaves était si
grande dans la fétc (|u'elle est désignée dans certains calendriers (Kal. Polem. Silv.)
par Feriae seroorum. — il Mart. V, 30, 8 ; Macr. I, 7, io-37 ; 8, Il ; Atlien. XIV,
encore étaient permises aux esclaves, celles notamment
de pratiquer les jeux de hasard, qui en tout autre temps
leur étaient interdits '". Au palais de l'Empereur, et sans
doute ailleurs aussi, on jouait de l'argent et les mises
étaient fortes. Auguste, qui ne détestait pas le jeu, distri-
buait à ses hôtes, pour la partie qui succédait au repas,
leur première mise de fonds, 250 deniers par tête, et il
en envoyait l'équivalent à sa fille qui n'avait pas assisté
à la fête ". Ces sommes, on les jouait aux dés qui étaient
la grande distraction des Saturnales, à pair ou impair
[par imparj, à pile ou face [capita aut navia] '-. L'enjeu
des esclaves et des petites gens était fourni par des noi.x,
saturnaliciae nuces, aussi indispensables à la fête que
les cerei et les sifjillaria ".
Pour que la joie de cette semaine fût complète, l'auto-
rité publique en écartait toute préoccupation de labeur,
de tristesse, de guerre. Les écoliers elles maîtres avaient
congé ; on interrompait les opérations militaires au dehors,
le cours de la justice au dedans ". Des amnisties libéraient
les prisonniers qui vouaient leurs chaînes à Saturne; on
choisissait de préférence l'approche des Saturnales pour
afTranchir les esclaves [libertus, servis] qui, en recon-
naissance, offraient au dieu des anneaux de bronze'".
La fêle était si nettement de caractère pacifique, aimable
et joyeux, que les premiers apologèles du christia-
nisme eurent peine à y trouver ce qui, à leurs yeux,
était la tare propre du paganisme, la cruauté associée
à la débauche. Ils l'y ont trouvée, cependant, sous la
forme des combats de gladiateurs qui finirent par se
mêler, sous l'Empire, à toutes les réjouissances popu-
laires'^. La première mention qui en est faite, à l'oc-
casion des Saturnales, l'est par le poète Ausone qui
explique ces tueries comme étant destinées à apaiser le
dieu parce que, avec la harpe, il avait mutilé son père
Ouranos. Laclance renchérit en attribuant à Saturne
l'invention des chasses dans le cirque et des combats de
gladiateurs ; plus lard. Juste Lipse, dans sa monographie
des Saturnales, a eu le tort de faire sienne celle affir-
mation ". La religion de Saturne ne fut pour rien dans
la coïncidence de sa fêle annuelle avec des spectacles
sanglants; cette coïncidence est purement fortuite et
sans doute exceptionnelle. Macrobe, qui écrit sous Théo-
dose, n'en fait aucune mention ; dans les provinces, où
l'influence de Rome s'est exercée le mieux, la fête a gardé
son caractère clément et humanitaire, là même où
l'esprit local aurait pu favoriser des instincts tout oppo-
sés. C'est ainsi que l'on a démontré, par des faits sans
réplique, qu'en .\frique même, où l'idenlilicalion de
Saturne avec Baal-\loloch devait acheminer à mettre dans
son culte des pratiques sanguinaires, le dieu n'a jamais
p. 039 B; Arr. Epict. dissert. IV, I, 5S. Celle parlicipalion des esclaves aux
réjouissances des Saturnales ne date probablemenl (|ue de la seconde guerre puiiii|ue.
V. Macr. I. G, 13; Sen. Apokol. S, où l'empereur Claude est appelé Saturnaliciits
princeps parce que, lout le temps de son règne, il fut à la discrétion de ses affran-
chis : Saturne n'a rien à lui refuser. — 1' Suet. Aug. 71. Saint Jérôme, Ad Ephes.
6, 4, parle d'une Suturnalicia sportula, laquelle, pour les enfants, était représentée
par un lot de friandises. — 12 Mart. IV. 14,7 ; XI, 6 ; XIV, l, 4 ; Tac. Ann. XIII,
15 ; Arr. Op. cil. I, 25; Lucian. Snlurit. 3, 4; Macr. I, 5, 11. 7. Chez Tacite, nous
voyons la royauié du festin jouée aux dés dans l'entourage de .Néron, à l'occasion des
Saturnales. — '3 Mart. V, 84, 9 sq. ; XIV, i, 3 et passiin . Les noix étaient un sym-
bole de fécondité el d'abondance: v. Preller. floem. Mylhol.l\,p. I7.0n interpréUil
de môme la faucille de Saturne ; Vitae melioris auctorem simulacrum ejus indicio
est, cui falcein \nsigw messis adjecit (Macr. Loc. cit.). — " Mart. VIII, 84, I ;
Plin. Ep.XlW.I, 1 ;Suet. .4My.3i;Macr. 1,10, I. — l=Marl. V,85, 1 ; Lucian. .ÇoM 3 ;
Macr. I, m, 16. — 10 Auson. De feriis rom. 33 ; Laclanl. VI, 20, 35. — 1^ Sntarn. I,
5, et après lui Zimmermann, De grnccor. veteribus dis. I, De Saturno, Halle, 1834.
SAT
1083
SAT
tiU'objet, sous la domination romaine pendanl lEmpire,
que d'hommages simples et rustiques'. J.-A. IIii.u.
SATURXL'S (Kpovôç). — I. Le dieu Kronos des Grecs,
qui devait, peu s'en faut, perdre sa personnalité dans le
Saturne des Komains, occupe dans l'histoire des religions
anciennes une place à part. Les plus vieilles légendes de
THellade, celles qu'a chantées Hésiode et dont les poèmes
homériques ont recueilli l'écho, le présentent comme la
divinité suprême d'une génération qui a précédé celle
des Olympiens et dont celle-ci est issue'. Ce point de
vue généalogique suffit à concilier à Kronos quelque
vénération, à lui faire une certaine part dans les céré-
monies du culte et dans les manifestations de l'art. Mais
comme il est un roi détrôné et déchu, forcé de s'effacer
devant les enfants qui ont pris sa place, il est relégué
avec les Géants et les Titans, avec Ouranos, Gaïa, Hélios,
Okéanos, personnifications comme lui des forces de la
nature primitive, tantôt dans l'Empire du Tartare parmi
les révoltés, tantôt aux extrémités fabuleuses du monde.
dans une région fantastique où il jouit d'un bonheur et
d'une considération dont Zeus et les Olympiens ne
sauraientêtre jaloux. Chez Homère, sa légende est réduite
à ces conceptions très simples et dont le sens religieux
des foules n'a jamais cherché à discuter l'incohérence;
chez Hésiode et ses continuateurs, il a une histoire plus
complexe. On raconte ses démêlés avec sa lignée et avec
Ouranos, son père. 11 a mutilé ce dernier; il a tenté, en
les dévorant, de supprimer les enfants qui devaient lui
ravir le pouvoir. Rhéa, son épouse, l'abuse en substi-
tuant au plus éminent d'entre eux une pierre enveloppée
de langes-. Du sang d'Ouranos tombé dans la mer naît
Aphrodite, principe de la fécondité universelle^; et la
ruse de Rhéa assure à Zeus. contre son père, désormais
rejeté du monde dont il troublait l'harmimie, la supré-
matie sur les dieux et les hommes ^ Sous ces images,
d'une barbarie naïve, on voit des concepts théogoni-
ques et cosmologiques qui, à défaut de la vénération
des foules, assurent dès lors à Kronos une place privi-
légiée dans les spéculations de la philosophie religieuse :
de sorte qu'il sera dans la destinée du dieu d'être d'autant
plus en faveur auprès des penseurs qui cherchent à
interpréter l'anthropomorphisme par des systèmes ralio-
nels, qu'il est plus négligé par la piété des masses et par
l'art religieux, son interprètes
H y a cependant dans la fable de Kronos un trait qui
fait de lui une figure populaire, c'est celui de sa royauté
ciillii, Paris, 1891, p. lOi; s.|.
1 V. Toulain, De Satumi dei in Afn
surtoul p. 113.
SATURNCS. 1 Hom. II. XIV, 204, 274, 279 ; XV, 223 ; VIII, 478 s<|. : 13 ; V, 898.
Pour les divers systèmes d'inlerprélatioD, v. enlre autres Nacgeisbach. Homt-
rische Théologie, p. 75 sq. (2* <!-(lil.): Scliocmanu, Opxtsc. Il, p. 114 s(|.; Wcicker,
Griech. Goettertthre, I, 262 sq. ; Mayer, Kronos, cIiez'Roscber, A usf. Lviikon, etc.
Il, 1452 sq. ; Preller, Griech. Myttioi. I, p. 43 sq. Hn réalité, Hésiode esl la source
unique pour la mylhologie de Kronos ; la Bibiiothèque d'ApoHodore en esl un tra-
vcslisscmenL (M. .Mayer, Ib, p. 1430 el, du même Giganten undTilanen, p. 22'J sq.).
Le passa<:e capital d'Hésiode esl dans la l'héogonie, 439-309. Cf. /b. 173, 188 : 619;
pour le mythe des âges. Op. et d. 106 sq. ; et. Plut. Plac. Phil. 1, 0, et Naegels-
bach. Atuhhom. Théologie, p. 9S, 4.-2 Hes. Theog. 424 sq. ; Aesch. Prom. 219 ;
l'Iul. Ùef. or. 21 ; Macr. Hal. I, 8, 3 sq. — 3 Pour Aphrodite, v. Joli. I.yd. Pe
ment. 78, 13. — 4 Pour la lignée des Kronides, v. //. II, 203; IV, 75; IX, 36;
XVI. 431 ; XVIII, 293; Od. XXI, 415; cf. Jl. V. 721; Î^IV, 194. On y surprend le
mélange de ileux traditions ditl'éreates mal aisées à rapporter à leurs origines,
plus encore à concilier, mais qui prouveui la vieille popularité du dieu. tï. Wel-
cker, 'Ip. cit. I, p. 140 et Mai. Mayer, Loc. cit. 14G1 sq. — 5 C'est au temps de
Pindarc el de Phérécyde que Krouos grandit dans la poésie orphique el la philo-
sophie; Rumpel. Lexikon pindaricum, s. v. L'Odyssée avait Tait la Iransilion
(IV, 563), par l'invention d'un séjour de délices dans un Elysée silué aux contins du
monde sur lequel règne Kadamantbe : Kronos y prend plus tard sa place. Pind.
idéale, dans un monde de délices, qui l'a dédommagé
du pouvoir suprême confisqué par Zeus. La fête des
KRONiAdII, l,p.870 sq.) n'est pas autre chose que l'image,
transportée parmi les cérémonies du culte, d'un âge d'or
qui met aux origines de l'humanité l'état de perfection et
de félicité dont l'avènement des Olympiens a marqué la
fin. Les caractères mêmes de cette fête démontrent que
Kronos fut peut-être, aux temps primitifs, le dieu en qui
se personnifiait, d'une part la croyance universelle à une
déchéance graduelle de l'homme et d'autre part la force
latente qui doit ramener au bonheur originel ^ Ces ima-
ginations, Hésiode les a chantées dans le mythe des
âges; et la preuve qu'elles agirent fortement sur les
âmes, c'est, avec la popularité des A>on/«, qui eurent leur
pendant en Italie dans les Saturnales, ce fait que les
comiques grecs, durant la période où l'art dramatique,
sous ses diverses formes, exploita les légendes anciennes
dans touslessens. en firent plusd'une fois la caricature".
Cependant, la qualité de Kronos, roi de l'âge d'or, n'est
jamais comparable à la suprématie nettement divine et
universelle de Zeus. Kronos reste un roi terrestre, dont
le domaine s'étend sur les lieux lointains que les Grecs
entrevoyaient à travers les brumes du mystère; il va de
la Libye à Gadès, en passant par la Sicile, la Sardaigne,
l'Italie, c'est-à-dire par cette Hespérie qui, avant d'être
bien connue d'eux, leur apparaissait comme une sorte de
terre ou comme un groupe d'iles fortunées*. Kronos n'a
vraiment régné que sur des hommes, et Pindare déjà
l'installe dans un château fort, rûpotç', tandis que les
Olympiens régnent dans le ciel, au sein des nuages
d'où jaillissent la lumière et l'éclair. Lorsque Evhémère
rabaisse toutes les divinités de l'anthropomorphisme
hellénique au rang de rois, de chefs d'armée, de légis-
lateurs, Kronos devient un dieu à la fai-On des héros
qui s'appellent Minos, Codrus, Cadmus.etc. '" : un ancêtre
reculé de quelque dynastie humaine. C'est en marchant
sur ses traces que les poètes alexandrins ont acclimaté
à leur manière cette conception de sa personnalité, que
les annalistes el les poètes romains ont fait de Saturne le
premier roi du Latium, en compagnie de Faunus, de
Picus, de Lalinus; et c'est sous l'influence des mêmes
idées qu'ils l'ont associé à Hercule dompteur des monstres
et civilisateur des régions de l'Occident ".
La forme de religion hellénique qu'on a appelée l'or-
phisme et dont les conceptions sont pénétrées de philo-
sophie mystique, s'est attachée, en ce qui concerne
Pylh. IV, 291: Aesch. Eiim. 632. Cf. Preller, Op. cit. I, 671. Levers 111 des
Œuvres et des Jours, où la génération de l'âge d'or esl appelée : o', ;iiv i;;'. Kfivoj,
est considéré comme interpolé, de même que le vers 169 cjui fait allusion a celle
croyance. Cf. E. Hoffmann, Mythen aus der Wanderzeit, etc. Kronos iinrf Zeus,
1870. —«Danscettc conceplion nouvelle de la légende de Kronos, sa physonomic
s'idéalise ; il est jeune, vigoureux, beau ; au lieu d'être vaincu par les Titans, c'est
lui r|ui les dompte et qui est couronne avant Zeus ; l'iat. Phil. 270 rf; les Orpln-
uues, chei I.obeck, Aglao,,hamus, p. 311 ; Tertull. De cor. 7 ; f>rph. fragm. 43 ;
Pind. 01. Il, 124; Py(/i. IV, 291 ; Aesch. l'ragm. 190 (Nauck) ; plus lard les Aleian-
.Irius s'inspirèrent de ces idées. V. Aral. Phaen. 16, 100 sq. : Apoll. Kliod. Argon.
11, 13. Cf. Plat. Leg. 269 a et 270 a; Uraf, Ad aureae aelatis fabulam symb.
p. 02. (Leipziger Sludieu, Vlll); kkosia, 111, I, p. S70. — 7 Pour les comiques,
ï. Aristoph. Plut. 381 ; Alhen. 111, 113 a, etc. ; cf. Mayer, Loc. cit. p. 1456 sq.
avec les textes cités. — » Iles. Tlœog. 1011, avec les notes de l'édition Goeltling;
Cic. i\at. d. 111, 17,44; cf. Ilild, La légende dÈnée, p. I8s.|. -» Pind. Olymp. Il,
124 et les commentateurs; cf. Dion. Hat. I. 36; Charai, fragm. 10 el 17 (chel
Mueller, /-nigm. hist. gr. III) el Diod. III, 61 ; Orph. fragm. 243 (édil. Ahel).
Un écho chez llor. Epod. XVI, 63; Varr. P.; r. rusl. III, 1, 3. - '0 V. l'exposé
el le commentaire chez Max. Mayer, Loc. cit. p. 1407 s.i- ; pour les leilcs,
surtout Virg. Aen. VIII, 320, Georg. II, 536, avec les commentateurs: Aurel.
Vicl. Origin. I, I, 3; Jul. Firm. p. 27. - " Vid. infra II, notes, el Macr. I, 7,
27, etc.
SAT
— 108i —
SAT
Ki'Oiios,;ï J('i-liari^Of la dyiiaslif des Olympiens de l'iidieux
que la relégation de l'ancèlro dans le Tarlare a jelé sur
eux. Chez Pindare, /eus en personne délivre les Tilans,
comme, eliez Eseli.yle. Promélliée esl détaché de son rocher
et réconcilié avec les nouveaux dieux; le sens de la
royauté idéale accordée à Kronos est le même. Mais
comme sa ligure garde néanmoins un je ne sais (|uoi de
mystérieux et de lointain, on s'avise déjouer sur le mot
même qui le désigne' ; on identifie l'idée de Kronos, (jui
n'a jamais été déterminée d'une façon précise ni chez les
anciens ni chez les modernes, avec celle de Chi-onott ; pour
les esprits grossiers, il est le dieu vieillard par excellence,
pareil au vieux des jours, El Olam, de la kabbale-. Pour
les philosophes, interprètes des fables religieuses, il est
la personnilication de la notion de temps, ce facteur
obscur de l'ordre universel : « Dans la haute antiquité,
a dit fort bien un des historiens les plus subtils de ces
manifestations de l'esprit hellénique, il est le maître de
l'ordre des choses devant l'imagination naïve des foules ;
il en règle l'arrangement successif et la disposition dans
le temps; il les répartit en séries régulières et fixe l'heure
de leur naissance et de leur mort^ » AVwv, qui incarne
l'idée de la durée indéfinie [draco, fig. 2584], est un fils de
Kronos-Chronos et de la dryade Fhilyra, c'est-à-dire du
tilleul, arbre plusieurs fois séculaire; et la légende d'Ar-
cadie fait de Pan, dieu suprême et d'antiquité véné-
rable, un de ses rejetons ''.
Pour revenir au Kronos plastique des poètes, bien
différent de celui des philosophes, nousaurons achevé de
le caractériser en constatant qu'Homère le désigne par les
deux seules épithètes de grand et de 7'usé ([iéyaç, àyxuXo-
|j.T)TY,;) ^, et qu'Hésiode lui donne comme attribut la
haî'jji', faucille ou serpette qui, dans la Théogonie, n'a
rien d'agreste. Le poète dit qu'elle est terrible et den-
telée comme une scie. Elle fut, en effet, dans la légende
cosmogonique, l'instrument de la mutilation que Kronos
fit subir à son père Ouranos'''. Sous l'influence des
mêmes sentiments de convenance religieuse que nous
avons définis, elle devient l'emblème des fonctions agri-
coles dévolues au dieu représentant l'âge d'or; elle n'est
que l'insigne du divin moissonneur', .\illeurs, celte
signification se complique d'allusions à la configuration
de certaines localités, telles que Zanclé et Drépane en
Sicile, Drépane de Bithynie et de Corcyre. Des mytholo-
gues y ont vu le symbole de l'éclair déchirant les nuages *.
1 La lingiiislii|iie iiioiicnic it'admcL pas celle usiiniilaliou, quoi(|uc le dialecte
crclois n'ail pas connu les aspirines. V. Curlius, Grundzûge, p. 189 : les mjlliologues
ysoul plulôl lavorables. W Welckep, Op. cif. p. 140. Ovcrbeck la rombal» Abliamil,
(ter saechs. Oesellsh. i8G5, p. Gi sq. Kllc date de Findare cl des pyllia^urictcns.
V. Ot. Il, n et fragm. 135 ; le philosophe Scylhiiios, chez Mullach, Fraf,m. phil.
gr. Il, li:i. Kllc Mail connue des Lalins : V. Dion. liai. 1, 31, p. 1:2. Cr. Hlul.
()„msl. romAÎ; Ariiob. Ml, 29 ; Cic. Nnl. d. Il, 25 ; Aug. Civ. d. IV, 10, clc. - « El
Olam, au livre de Daniel, 7, 13 ; 9, Si ; cf. Welcker, Up. cit. I, p. Ui. l'Iiérccyde
commençait son iruvre par ce vers : iiiùî nsv «al Xfi/o; tlç 4«'i xaî XSûv iiv (Diog.
Laerl. 119). — ^ A. Ritaud, Le prol/tème du devenir et la notion de la matière.
F'aris, 1906, p. 7V, g 55. — * Eurip. Hère. 900 ; cf. pour Kronos lui-même iden-
tique à C/ironos, Suppl. 788 ; Délier, fragm. 26. Cf. .Mayer, Loc. rit. p. 1*02 6, c.
Oulrc l'interpri'lation de Kronos par la notion de temps, les interprèles anciens
et les linguistes modernes ont lait dériver ce nom de xçÉac;, de xpouvd;, de xo^o;, de
Tpaivitv. Celle dernière èlymologic seule a joui de quel<iue faveur ; le dieu serait
celui r|ui fait raùrir, aboutir : Herniann a traduit pdrperficus, (|ui se trouve dans les
Indifjitamenta. m^is pour tout antre chose. V. les textes cl la discussion chez Mayer,
p. 15*6 sq. Pour l'hilyra, v. Iles. Tlieoi/. 1002; llyg. /•'««. 13S cl ApoU. Rhod. 11,
1231 ; pour Han, Kurip. illies. 30. — 6 Jl. IV, 59; pas ailleurs; sur le sens Oc
celte épilhôte, v. Welcker, Op. cit. I, p. 265; elle est puisée dans l'idée générale de
rouerie, d'astuce perfide (ju'on retrouve souvent quand il s'agit des Tilans ; Sisyphe,
l'romélhée, Atlas, Chiron. — « Tlieqg. 175 ; 180 ; le commentaire de celle légende
chez Alayer, Luc. cit. p. 1*70 sq. — " Virg. Oeorg. Il, 406; vid. infra, pour le
Salurnc.les Latins, l'our les inlerprélalions diverses dont cet atlribut a été l'objcl.
Quelque sens qu'on doive lui donner, cet attribut ne suffit
pas pour que nous reconnaissions toujours Kronos dans
les personnages qui en sont munis; il appartient encore
à, Zeus en lutte avec les Géants, à Hercule combattant
l'hydre, à Hermès tuant Argus, à Persée surtout, coupant
la tète à Méduse^ Le sens qui domine, particulièrement
aux temps romains, est celui d'un instrument rustique
qui est tantôt la faucille servant aux moissons, tantôt la
serpette, l'outil des vignerons. Quant à la mutilation
d'Ouranos, elle signifie que Kronos met fin, pour le
bonheur de l'humanité, à la fertilité funeste par ses
excès et qu'il inaugure la période normale d'épanouis-
sement des forces fécondantes'". H y a un fonds mythique
et une croyance plongeant ses racines jusque dans les
plus lointaines traditions, dans cette idée que Kronos est
au point de départ de toutes les semences utiles à
l'homme. Les orphiques encore ont poussé celte idée à
l'abstraction en faisant du dieu le générateur, tour à
tour, et le dévoi'Utcur universel et, si l'on veut nous
passer une expression empruntée à la science moderne,
le principe du tourbillon vital".
Tel esl, d'ailleurs, le sens de l'oracle qui nomme Kronos
un compagnon (TcapsBpbç) de Ilélios, le Soleil titanique :
Tilania astru^'; de l'autel aussi, qui à Elis lui est
commun avec ce dieu"; des vers d'un poète alexandrin
qui dépeigilent Zeus le Kronide s'avançanl sur le char
de son père substitué à celui d'Hélios lui-même "^. Les
représentations diverses qui, en Afrique, sous l'inHuence
des religions phéniciennes, l'identifient avec Baal, nous
le donnent sous la figure d'un lion à la tète couronnée
de rayons '^ Par là même, cet art na'if a ouvert la voie
aux assimilations de Melkarl et de Baal avec le Kronos
des Grecs, lui-même, absorbé parle Saturne des Romains.
Dans ce cas, il arrive que souvent Saturne se rajeunit;
il prend l'air d'un héros dans la vigueur de l'âge, ainsi
qu'il convient à celui qui préside à la vie heureuse dans
une région privilégiée"^.
Il ne reste du culte de Kronos en Grèce que des vestiges
plutôt rares et qui ne mènent jamais ni à des temples
célèbres ni à des cérémonies imposantes. Dans Athènes
il est vénéré à l'ombre de l'Olympiéion, avec Rhéa plus
populaire que lui'''. On y montrait une fenle du sol à
laquelle se rattachait le souvenir du déluge de Deucalion,
et deux statues en airain représentant Kronos et son
épouse. Ils y étaient vénérés le 15 du mois Elaphébolion,
8 Macroh. I, 8, 12; Scrv. Aen. IW, 707;
Sleph. Byz. y. ûpi,tàv>). La Bithynie est appelée
le de la T'Atfovo/iîV d'Hésiode, 485, place
c de Rhéa. — 3 pejiskds, p. 405 et fai.x,
cholii
le 1.
légende populaif
v. Mayer, Ofi. cit. p. 15H sq. ■
Lykophr. 701 ; cf. Paus. Vil, 23, 4
Kronia : Plin. U. nat. V. 143 ; et 1
dans une île de la côte la scène ■
p. 970. — 10 V. Proller, Griecli. Myth. I, p. 45, qui cil
identique chez les Néo-Zélandais. — U Orph. hymn. 13, 5; Aug. Civ. d. 7, 3;
Lyd. De estent. 22, l'appelle t^ç Ttvtffïwç afTtoç. Pour Kronos, en rapport avec les
divinités de la naissance, Cic. Nat. d. V, 20. — ta Oracle chaldéen cité par
Welcker, d'après Stanley, Op. cit. I, p. 145. Cf. Virg. Aen. VI, 725, et les commen-
tateurs. — '3 Etym. magn. p. 426, 18 ; cf. Visconti, Jconogr. rom. I, p. 269.
Sous l'inllueuce orientale, celle ideulificalion avec Hélios va se faire tout naturel-
lement en Afriijue par l'intermédiaire de Baal. V. plus bas, il, in fin. cl Expédit.
scienlif. en Afrique, 90, 1. — i* Nonn. Dion. 11, 422; XXXVl, 422 ; Jul. Or. 4,
p. 156. Chez Euripide déjà, les deux pcrsonnaUlés de Kronos et d'Hélios sont asso-
ciées. V. chez Macr. I, 22, 8, comment l'idée est exploitée dans le sens abstrait et
rattachée à la notion plus générale de temps. — ISA un point de vue tout opposé,
Kronos est un dieu de l'humidité, du froid et de la morl. V. Ma\er, Op. cit.
p. 1471 se). L'astrologie s'en empare et, par l'éloilc (]ui porte son nom, l'associe aux
horoscopes; Anth. pat. XI, 114, et adleurs. — *6 V. plus bas ta légende de
Salurne, roi du Latium, 11; Welcker, Op. cit. I, p. 155 sq. — lî Paus. I, 18. 7;
Philarch.chezLyd. fleo4«en(. p. 276;Macr. Sn/ur. I, 10 ; Paus. IX, 39, 3, soit avec
Rhéa, soit sans elle. Cf. kiio.ma, III, 1, p. 870, pour Athènes et Olympie, où cette
félc était également en honneur ; Demoslh. Adv. Tim. 708, 13 ; Accius chez Macr.
(v. SATIIOAI.IA): l'iul. Adr. Epie. 10.
SAT
— 1083 —
SAT
par roffrande d'un gâteau à douze tranches qui signifiait
la division de l'année '. A Olyinpie, les sacrifices étaient
accomplis par un collège de prêtresses nommées pâu-Xai,
vocable sous lequel Rhéa elle-même était désignée. Parmi
les six autels dédiés aux douze dieux dans le temple très
ancien appelé le Métroon, Kronos avait le sien, toujours
en compagnie de Rhéa ; cet autel était, par la fable locale,
mis en rapport avec la légende de la naissance de Zeus.
Il était situé sur une hauteur, Kronos étant en Grèce,
comme Saturne le sera en Italie, une divinité des hauts
sommets et des phénomènes qui s'accomplissaient dans
le ciel^.
En dehors de ces deux centres religieux du continent
hellénique ^ c'est la Sicile qui fut par excellence le pays
de la religion de Kronos : sa religion y subit, au cours des
âges, outre l'influence des fables et des pratiques hellé-
niques, celle des traditions phéniciennes qui le confondent
avec Melkart et Baal-Moloch, et bientôt aussi celle des
fables italiques par le Saturne des Latins ^ iVon seule-
ment on y localisait le châtiment des Géants emprisonnés
dans le cratère de l'Etna [GIgantes], mais aussi la muti-
lation d'Ouranos dont le sang aurait fécondé l'ile'. Nous
avons dit que Kronos régnait sur la Libye, sur les îles de
la mer Tyrrhénienne, comme il régnait sur la Sicile elle-
même et sur l'antique Hespérie. Des hauteurs y avaient
reçu le nom de Kronos, et l'on vénérait des tertres qui
passaient pour son tombeau. Ce fut la cause qui le fit
vénérer cà et là comme divinité chthonienne, et cela
jusqu'en Illyrie, en Bretagne et même dans l'île de
Thulé^ Une ile de l'Adriatique s'appelait Kronia, et la
mer du Nord envahie par les glaces est désignée par le
nom de wier de Kronos : Kiov.ov TtéXavo;. Dans Thulé, on
se représentait le dieu plongé dans un sommeil mysté-
rieux et rendant des oracles aux pèlerins qui s'endor-
maient dans son sanctuaire '.
En Sicile même', le culte du dieu n'avait rien de cet
appareil sombre; la fertilité de File invitait surtout à
faire de lui un génie rustique, le protecteur des céréales
et de la moisson : ainsi naquit l'interprétation de Zanclé
et de Drépane par la faucille. Une légende racontait
qu'IIephaistos avait fait don de cet instrument àDéméter
qui en aurait enseigné l'emploi aux Titans réconciliés
avec Zeus et devenus les premiers moissonneurs''. Une
monnaie d'Himère, datant du v* siècle, représente une tête
d'âge mur, à la chevelure abondante, retenue par un
diadème ou une bandelette, à la barbe toufl'ue, à l'aspect
grave et majestueux, qui pourrait faire pensera Zeus ou
à Poséidon ; mais si on la compare avec une autre
monnaie, à peine plus récente et en tout seiiibkible, qui
I Corp. imscr. atl. n' 5i3, VA. — 2 .\cnoph. Bell. VII, 4, tt; D.0.1. XV,
77; m, 57; Paus. VI, 20, I ; V, 20; Dion. liai. I, ii; Schol. Pind. 01. V, 8,
I**. — 3 A Delphes, on vénérail la pierre sacrée f|Uc Kronos avait reçue «les
mains de Rhéa et avalée à la place de Zeus. <• C'est une pierre 1res grosse, dit
Pausanias, et les Dclpliieiis l'arrosaient d'Iiuilc, l'cnveloppanl de laine brûle au\
jours de fôte; cette pierre s'appelle tiétyle. a [v, iiaf.tyi.us, I, p. 6i5, et la repro-
duction d'une scène de vénération d'après un vase peint, lig. 74Jj. — i Diod.
III, 61 ; V, r.6. I.vd. De mena. IV, 4S et 116; c'est près d'un lieu dit K|><;..oy i|ue
DeDvs de Syracuse livra bataille aui Carthaginois; Diod. XV, 16; Polyaen.
V, 10, 5. — S Arnob. Adv. f/ent. IV, 25 ; Clem. Alei. Cohort. ad genl. p. t»,
citant l'historien Philochore. Cf. Lobeck, Aglaoph. II, 1180, et Mayer, Op. cit.
p. IWO. — 6 Plut. Dç fac. lun. 26: Uefect. orac. 18; cf. Mayer, p. 118.'.
— 7 Ëuslh. Perlpl. Dion. 32 : Aesch. From. 838; Scliol. Apoll. Khod. IV, .327 :
Plin. H. nal. IV, 94, 104. Sur ces oracles, v. Tcrl. De anim. 46; cf. E. Khodi-,
Rhein. Alua. 1S80. p. ICO et Wcicker, Kleine Schririen, 11, p. 24. — 8 V. Max.
Mayer, Op. cil. p. 1484 sq. ; et les textes de Diodore cités plus haut. — 9 Lykophr.
761 et Tietzès à ce passdge, citant les ArT,«, de Callioiaque. — '0 Imhoof-Bluracr.
BloKller fur MfiHzkundt, 1870, p. 46, u° 5, et .Monnaies greciiues, pi. b, 4 ; Tor-
porte en exergue le nom de Kronos, la tète doit être inter-
prétée par Saturne'". L'une et l'autre peuvent servira
déterminer le statère de Mallos en Cilicie sur lequel on a
voulu reconnaître de préférence ou Zeus, ou Poséidon,
Héraklès aussi et Dionysos".
Il n'est pas douteux que la légende etle culte hellénique
de Kronos aient été fortement influencés par les religions
sémitiques, comme ils le furent plus tard par celle de
l'Italie'-. Mais Kronos n'est pas plus d'origine phéni-
cienne ou égyptienne, qu'il n'est de provenance latine;
seulement il y avait, grâce au mystère des légendes
cosmogoniques, de telles ressemblances entre l'être de
El, dieu des Sémites, de Baal-.Moloch, dieu des Phéniciens,
et du Kronos grec, que le mélange des races devait forcé-
ment s'exercer sur les pratiques et les croyances, par une
action, d'ailleurs, réciproque. Dès le iv" siècle, les Grecs
s'en rendaient assez compte eux-mêmes, pour que les
esprits éclairés s'eflForcassent de réagir et d'empêcher que
la religion n'en fût corrompue par des éléments étran-
gers''. Sophocle flétrit la coutume qui existe chez les Bar-
bares de sacrifiera Kronos des victimeshumaines; dans le
même temps, Platon oppose cette pratique cruelle à la
pieuse et clémente piété des Grecs. Plus tard, on parle de
la fin de ces immolations sous l'influence de Gélon de
Syracuse. Il est, toutefois, certain que les sacrifices
d'enfants à Moloch, identifié avec Kronos, continuaient
encore aux premières années du christianisme. En Crète
et en Sardaigne, les victimes étaient des prisonniers de
guerre et aussi des vieillards; chez les Carthaginois,
c'étaient toujours des enfants, le plus souvent jetés dans
le ventre d'une idole d'airain chaufTée à blanc. Une
expression proverbiale, venue de Sardaigne (iraiodv.o;
ysÂwç), désignait l'affreux rictus de ces victimes, immo-
lées en temps de peste, de sécheresse, de désastres mili-
taires, pour conjurer la colère du dieu". Ce sont les
empereurs qui mirent fin, à partir du règne de Tibère, à
ces sacrifices inhumains; et r.\frique, où ils avaient si
longtemps sévi, ne devait plus honorer Kronos-Saturne
confondu avec Baal, que par des offrandes rustiques et
des pratiques inofTensives '°. Quant à l'Egypte dont la
religion a, de tout temps, eu horreur du sang, elle s'était
bornée à reconnaître dans Kronos-Saturne son Sérapis "^.
Macrobe, qui a longuement disserté sur l'être du dieu et
sur ses fêtes chez les Romains et les Grecs, s'inscrit en
faux contre toute assimilation de ce genre : <• Le culte de
Saturne, que vous nommez le roi des dieux, diffère de
ceux de la religion d'Egypte. Les Égyptiens eux-mêmes
se sont abstenus d'accueillir dans le secret de leurs
temples non seulement Saturne, mais Sérapis lui-même,
rcranzza, 11, 3, 8 ; M. Mayer, Lnc. cit. p. 1.503, n» 5. — " Chez Mayer, Ibid.
n° 4 et p. 1572 avec les discussions citées : Zeitschrif! fur Numis. XII, 333, 2,
Tab. 13, 13; 14, 13, Tab. 1, 6. — *2 Sur celte importante rjuestion à laquelle les
découvertes archéologiques faites eu Afri<iuc (voir les deux ouvrages de M. Ton-
tain, cités plus bas, II) ont apporté une précieuse contribution, v. Jlayor, Op. cit.
der Orientalische Kronos, p. 1498 sq. —13 Soph. Androm. fragm. 122; l'Ial.
Alin. 315 c; Theophr. chez le schol. Pind. Il, 3. Cf. Enn. Ann. 278, 8 ; Dion. liai.
1, 38 : Au^». Cil', d. VII, 19 ; Tert. Apol. 9 ; Minuc. Fel. Oclao. 30 ; Sext. Empir.
Hijpol. III, 208, 221; Plut. De superst. 12. — it Porph. Il, 56; Schol. Plat. /lep.
337 A;IJ. Curtius, 4, 14; Dracont. Carm. V; 148. Pour le aaoSiv»; yi-u;, Paraem.
gr. I, l-')4; Pliot. Lexikon, s. v. ; pour la description du supplice, Diod. XX, 14.
— I'' Voir SATUiiMALiA, m fin ; et infra. 11. Cf. le taureau de Plialaris. Juv. VIII, 81,
avec les coninientatcurs. — "^ Cf. Mayer, Op. cit. 1508, 1516, 1526 sti.; .Minut.
Fcl. 27; Corp. inscr. graec. addit. 3. p. 1232, double invocation à Isis protectrice
de Philae et de Sérapis, pour qu'ils fassent aborder lieurcnscmenl les dédicanis ;
t; Koo/ou t;iKÔoiov, ce ijui pcut désigner Alexandrie. Si, comme Mayer le conjecture,
on lisait Tj'f.jff-.o., nous aurions là un sens mystique fort séduisant, uisqu'il nous
ramènerait à Rronos léguant sur les iles Fortunées ou sur l'Elysée des héros.
s AT
— 1086 —
S AT
coliii-ci just]u"aux temps d'Alexandre le Grand. C'esl
que Saturne s'odrait à eux comme une divinité cruelle et
sanguinaire, et leur religion propre n'admettait comme
hommages (jne la prière et l'encens, l^orsqu'ils accueil-
lirent enfin la diviniti' éiiuivoquc de Sérapis confondue
avec Saturne, ils en reléguèrent les temples et les pra-
tiques hors de l'enceinte de leurs villes'. »
H. Le Saturne des Romains, sous les traits, d'ailleurs,
assez peu nets dont l'ont marqué les plus anciennes
traditions nationales, est une ligure plus simple, plus
humaine que celui des Grecs avec lequel il allait peu à
peu se confondre, et son culte se présente à nous avec
une réalité plus vivante, plus populaire. Sa divinité est,
chez les Latins, sur le même rang que celles de Janus, de
Jupiter, de Faunus, de Picus, de Silvanus, c'est-à-dire
qu'il est comme eux de la lignée des esprits qui président
à la vie agricole dans la maison et dans les champs^.
Son nom a été interprété tantôt par le mot salur, tantôt
par celui de sator ; il est le dieu qui exprime l'abondance
de tous les biens, celui qui est plein de toutes les forces
d'où jaillit la joie, comme sa compagne Ops est une per-
sonnification des richesses de la terrée L'explication
que donne de son être Cicéron : quod saturarelur (uinis,
est une adaptation prise à la légende hellénique qui a fait
do Kronos le dieu-vieillard, et elle ne correspond à
aucune idée qui soit purement latine. Les archéologues
de la lin de la République ramenaient Saturîiiis à l'idée
des semailles : a satu dictum.La forme la plus ancienne du
nom parait avoir été Saetuimus; c'est celle que nous
donne le Saetur/ti Pocolom, coupa d'argile qui date du
temps des guerres contre Pyrrhus, roi d'Épire*. De
toute manière, Saturnus est une figure d'origine latine
et romaine; le lexique de Festus fait de lui le laboureur
divin qui a reçu son nom des semailles et comme attribut
la faucille, instrument des moissonneurs, ce qui contri-
buera à l'assimiler au Kronos dos Grecs. Varron, faisant
allusion aux générations d'agriculteurs qui ont colonisé
l'Italie primitive et fait succéder l'exploitation sédentaire
du sol à la vie nomade des bergers, dit que les culti-
vateurs sont de la race du vieux roi Saturnus ^ Ici encore,
sinon pour le fond des choses, du moins pour la forme,
cette caractéristique du dieu se sent de l'intluence
grecque. Mais si Saturne devient ainsi, même dans le
Latium, le représentant d'un âge d'or où l'agriculture fut
en honneur, c'est la piété des anciens âges, incarnant en
lui etdans sa compagne la prospérité des céréales confiées
à la terre, qui, indépendamment delà tradition grecque,
l'avait conçu ainsi. La faucille, qui est aussi la serpette,
convient, d'ailleurs, aussi bien au vigneron qu'au labou-
reur; et Saturne est, à l'occasion, un vigneron : vitisator.
' Macr. 1, 7. 15 ; Allicu. III, 110 B. - 2 Van-. Ling. lat. V,37 cl Gi; Aug.
Cw. d. VI, 8; VII, 13; Macr. .SV,(. I, 10 (l-cst. p. ISO cl Zii : Saturnm aij'rorum
cultor hnl.elur, nominalus a salu tencnsqm falcem cffini/ilur r/une est insigne
agricolae). Cf. l'iul. Quaeat. rom. 32; Tcrl. Ad liaL. Il, 12; Isid. VIII, 11, 30
- 3 Cic. l\at. deor. Il, 23, 64; iV. 62 cl Lact. 1, 12. Voir ops, p. 211 sq. ; pour
Scliwcglcr. Hoem. Gesch. p. 223, Saluruus tIcdI ilc salur = ,)i,,p<^,i;5 ,i,„; ijs«,-
lM-.;.ç! la source de toute abondance heureuse. Daus Dion. Hal. I, 3«, il faut corriger
Ksi.o, en K6,o, =: satietatem ; et c'est pour cela .(u'il est en rapport avec Pluton-
Dis, dieu chtlionien qui donne la richesse; cf. Macr. I, 11, 48; T, 31. — 4 Corp.
iuscr. lai. I, 48 ; cl le commentaire de Rilschl, De fictiliàas lilteral. latin, ant.
Berlin, 1853. Aaed.niu» comme Caecua, Caeculus pour Cacia. La question proso-
dique esl (.cartée par Kitsclil, Ibid. ol Optiac. IV, p. 270 sq. Cf. l'inscriptiou de la
môme tpoquc: joVKi sATunso i.eiv,,,. etc. Annali deltlml. 1880, p. 158 sq. ; et
Jordan. Hermès, 1881, p. 22,, qui a démontré (|uil faut lire Saeturnn. Voir encore
l'inscription S'nturno, trouvée dans une lorabc sur l'Esquilin: Annali, 1880 p 305
et Jordan, £oc. cit. p. 241.-5 De r. rmt. III, I, 5 ;i|'lut. Quaest. rom lî et 34-
Macr. I, 7, 23; Isid. XVII, 1,3; Aug. Cii: d. XVIII, 15. -6 En plus de la serpette,'
Il fut même le dieu qui préside à la fumure des champs:
Slercutius; et celte vague divinité des Indigitameiila
peut fort bien ètri^ sortie d'un vocable donné tout d'abord
à Saturne".
On comprend aisément ainsi comment chez les anna-
listes et, bien avant toute littérature, chez les esprits peu
initiés aux subtilités des fables grecques, celle divinité
latine de Saturne se soit transformée, sans d'ailleurs
perdre sa nature propre, au contact du Kronos importé
des Grecs. La ressemblance de la fête des kronia avec
celle des saturnalia acheva de l'identifier avec lui''.
Alors l'âge d'or, chanté par Hésiode, fut transplanté en
Italie, et Saturne en futconstitué le roi ; exilé par Jupiter,
il se cacha [latuit] dans le pays qui lui fut redevable de
son nom [Latium]., et il y inaugura une période de félicité
parfaite, par le culte d'une vie simple, facile et ver-
tueuse*. Le poète Ennius fui probablement le premier
qui donna à cette conception son expression littéraire;
les poètes du siècle d'Auguste l'exploitèrent en l'illustrant
de tous les traits que leur fournissaient Hésiode et les
Alexandrins qui avaient rajeuni à leur façon les mythes
augustes de la vieille épopée".
C'est sans doute à ces sources où avaient puisé les
annalistes qu'il faut ramener la tradition recueillie par
Varron, en vertu de laquelle Rome aurait été, à son point
de départ, la ville même de Saturne '°. On plaçait le centre
de cette cité primitive non loin du Forum, h la montée du
Capitule, là même où s'éleva plus tard, sur l'initiative
des Tarquins et dans les premières années de la Répu-
blique, le plus ancien sanctuaire du dieu. On racontait
que la légère élévation du sol à l'angle nord-ouest du
Forum et même que la hauteur du Capilole dont elle
formait l'accès, étaient le Mons Satuimiiis ; tous les abords
furent nommés Saturnia teî'î'o, expression qui s'étendit
à la région Romaine tout entière, plus tard à l'Italie.
Outre le très vieux sanctuaire de Saturne qui subsista,
contigu au temple projeté par L. Tarquin, on citait,
comme vestiges de cette royauté, une Porta Saturnia,
qui menait à la cité du Palatin (on la nommaitaussiPo/'^a
Paiidana), dont le nom resta visible sur un vieux mur
conservé derrière le temple". Ennius qui sut mélanger,
non sans habileté, les éléments de la fable grecque aux
antiquités du sol romain et latin, invoque Jupiter sous
le vocable de Saturniu.'i, et Junon sous celui de Satur-
nia, ce qui correspondait à la notion des Kronides,
patronymiijuesous lequel les poètes grecs, dès les temps
épiques, désignaient les grands dieux Olympiens. On
rencontre chez les annalistes des assimilations plus
précises encore ou plus étranges, mais qui témoignent
de l'importance de Saturne, au regard de la légende
le dieu lient sur un moniimenl un sarment de vigne ou rejeton d'arhre que broute
un bouc ; une iuscripliou du pays des Pclignéi-ns lui donne répithéle de àuTti'AoowTTt;,
Iraduclionde vitisator. Voir Serv. Aen. VIII, 319; Arnob. III, 117. Corp. inscr.
graec. III, 5877 ; cl les inscriptions latines où il est appelé fruciff-h ; Corp. inscr.
tat. VIII, 2806; 4581, etc. Pour .Slercutius, les leïtcs d'Isidore, de Macrobc cl de
saint Augustin. — 7 Khonia, III, 1, p. 870 sq. cl satliisalia. — 8 Dion. Hal. I,
38; Diod. III, 31; V. 66. Cf. Schwenck, Mythol. der Rocmer, p. 181 et Voss,
Landbau, II, 173. p. 342. — 3 Ennius, Varr. Ling. lat. V. 74 et 42 ; Pliiut. Cistell.
II, I, 39 ;0v. Fast. VI, 279; Virg. Aen. VIII. 357. 319. Cf. Terl. ,(rfr. nat. II,
12 ; l.act. I, 13 ; Minuc. tel. Octav. 21. Les vers des .Annales où il est fait allusion
à CL'lle fable, sont I, 51, 32, 207; cf. \' Erhémére du même, chez Lacl. Loc. cit. ; et
Baehrcns, Fraijm.poet. rom. p. 126 S(|. — 10 Dion. liai. I, 34; Varr. Ling. lat.
V. 42; Virg. Aen. VIII, 355 sq.; et Serv. Jbid. 319; Macr. I, 7,24; Fest. p. 322.
Pour les débris d'antiques constructions trouvées à cette place, v. Notizie, 1899,
p. 49. Cf. Prcller, fioem. Myth. II. p. 14 et Thédenat, Le Forum romain,
p. 113 SCI. 3' éd. — tl V. Gilbert, Geschichtc und Topogr. I, p. 246 sq. ; et III,
p. 40J sq.
SAT
- 1087
SAT
primitive du Latium'. Oreste n"a pas seulement émigré
à Aricia près du lac de Nemi ; on fixait à Rome même, sur
l'emplacement du plus ancien sanctuaire de Saturne, le
tombeau où auraient été transportés ses ossements'.
Une autre forme de la légende est celle qui conduit
Hercule dans la région du Palatin et lui fait ériger au pied
du Capilole, par une colonie de Pélasges, un autel à Sa-
turne, pour consacrer le souvenir de sa royauté déjà dis-
parue ^ Cet autel est sans doute à identifier avec celui qui
se trouvait placé aux temps histori(|ues devant le Senacu-
lum, et sur lequel on sacrifiait, graeco ritu, c'est-à-dire la
tète découverte rsACniFiciuM, fîg. 6009]; il subsistait encore
sous le règne d'Auguste'. Dans le sanctuaire très ancien
qui fut remplacé par le temple dont les Tarquins devaient
fixer l'emplacement, se dressait une image du dieu que
l'on enchaînait par des bandelettes de laine, comme pour
l'empêcher de quitter les lieux qui s'étaient mis sous son
patronage : une fois l'an seulement on déliait ces liens,
durant la fête des Saturnales °. Les antiquaires les
expliquaient par les chaînes dont Jupiter avait chargé
son père, lorsqu'il l'eut détrôné; mais la pratique a une
signification toute populaire etelle survit, en pleinmoyen
âge, dans le culte de certains saints, retenus de force
parmi les fidèles qui leur rendaient hommage".
Nous avons, à l'article satvrnalia, raconté les circon-
stances dans lesquelles fut projeté, puis bâti et dédié, à la
montée du Capitole, le temple qui resta, jusqu'au déclin
du paganisme, le centre par excellence du culte de
Saturne à Rome ''. Il est représenté aujourd'hui par
l'imposante ruine des huit colonnes ioniennes, dont six
sur la façade, qui se dresse entre le temple de la Con-
corde et l'arc de Septime-Sévère, et qui touche d'autre
part aux restes, entièrement exhumés, de la basilique
Julienne. Les vicissitudes de cet édifice à travers les
âges sont inconnues; il est probable seulement que la
ruine actuelle est à rattacher à une reconstruction, qui
peut n'avoir été qu'une restauration, sous Auguste, et
dont Munalius Plancus fut chargé par l'Empereur *. Le
temple figure sur le bas-relief, datant du temps de Domi-
tien, qui représente la destruction par les flammes des
registres de délation '■'. On sait qu'il fut incendié en
partie et restauré sans doute au début du m' siècle
par l'empereur Carinus'" ; les caractères de, l'ornemen-
tation qui subsiste mènent à cette époque. On sait,
d'ailleurs, qu'au moyen âge une église en l'honneur des
saints Serge et Bacchus devait avoir empiété sur l'édifice
païen, et qu'en lo3G, pour l'entrée de l'empereurCiiarles-
Quint à Rome, on démolit les marches de la façade.
Le temple fut, de bonne heure, destiné à recevoir le
trésor de l'État dont le numéraire était déposé dans ses
1 Varr. Ling. lai. V. ii; Dion. Hal. X, 14; Soi. I, i:i, cl Gilbeil, loc. cil.
I, p. 258 et 330. — 2 Hyg. Fab. p. 261 ; cf. Tbédeual, Op. cil. p. Ilf. fl pour
la légende, Mai. Mayer, chez Hoscher, Kronos, p. 153*. — 3 Dion. Hal. I, 38,
VI, 1 ; Macr. I. 8, 2 ; Plut. Quaest. rom. 32; Ucl. 1, 21. Cf. Ancsi, saujinam.» ; cf.
Koscher. irai Aon, I, p. 224«ct 1182. — * Feslus, p. 322; Epit. 119; cf. Marquardl-
Mommscn, UanMucli, VI, p. 18a. — 5 Macr. I, 8, 5; Lucian. Kron. 10; Stiluni.
7 ; Oe tiiUat. 37 ; Flul. IJanesl. rom. 61 ; LoIjocW, Aglaopham. p. 275. — 6 V. Mar-
qaardt-Mommscn, Jbid. p. 252, avec les auteurs cilés et ScheifTeté, /lealencyclop.
VI, 1. p. nu, note. — '' Four ce Icmplc, v. Tliédcnat, Le Forum romain, p. 227
»(|. ; Rcbcr, Die Jtuinen der ^taJt liom, p. 91-98. — » Iles gest. IV, 12, 13. Cf.
Varr. Ling. lat. V. 42 ; Dion. Hal. I, 34 ; Hlio. H. nat. III, 66 ; Tac. Hist. I, 67;
Fcstus, p. 322; Serv. Aen. Il, 116; VIII, 319; Hyg. Fab. 261, in fin. Cf. Jordan,
Epllem. epigr. III, 67 sq. elF.-M. Nicliols, The roman Forum, p. 23 sq. — 9 V.
P0K0y,p. 1298, fig. 32C1. — 1U Corp. inscr. lat. VI, 937. Cf. 1316; X, 6087 et Sucl.
Aug. 29. — Il Varr. Ling. lat. V. 183; Fesl. p. 2; Scrv. Aen. VIII, 322; ('lut.
Popt. 12; Sol. I, 12, elMacrob. I, 8, 3 ; Til. Liv. XXII, 1. Cf. Gilhcrt. Geschiehle
vnd Tupagr. n\, [t. 100 sq. Cf. akiiahiom 1,1, p. 1 10 ; 1 12. — 12 T. I.iv. III, 69 ;
caves". S'il en faut croire Pliilarque, c'u.st Yalerius
Publicola qui le premier l'adapta à cet usage; on y
déposait aussi les enseignes des légions dans l'intervalle
des campagnes'^. La raison qui fit choisir ce sanctuaire
comme aerarium n'a pas été donnée par les historiens;
mais il est probable qu'on l'y trouva plus approprii-
qu'un autre par sa situation; il était, en effet, voisin du
Sénat qui avait la gestion des finances publiques, et la
forteresse du Capitole constituait pour lui une sécurité".
L'importance du culte de Saturne à Rome est affirmée
surtout par la fête des saturnalia. Pour le surplus, il ne
semble pas que le dieu en personne ait été jamais l'objet
d'hommages très fervents, après la première période où
il était redevable de sa popularité à son caractère agricole.
Si Denys dit que ses sanctuaires furent fréquents en
Italie, l'affirmation semble quelque peu téméraire". On
a remarqué, en effet, que, sauf en Afrique, les inscriptions
en son honneur sont des plus rares; à Rome même, à
part celles qui sont relatives au temple plus qu'à la
personne du dieu, elles font jusqu'ici entièrement
défaut'^. En réalité, les témoignages littéraires qui le
concernent, comme on peut voir par la place que lui fait
Ovide dans ses /as/cs'", s'inspirent presque uniquement
de la fable hellénique et sont sans liens avec la tradition
nationale. Ceux-là mêmes qui le mêlent à la pratique
des Arr/ei, à celle des Maniae et qui représentent le dieu
comme ayant introduit en Italie la pratique des sacrifices
humains, ensuite abolie par Hercule, sont des fantaisies
d'archéologues et non des manifestations de religion
populaire". En y regardant de près, on s'avise que les
rapports des Romains avec Carthage ont du modifier, à
l'époque des guerres puniques et pendant la lutte contre
Jugurtha, leurs idées sur la personnalité de Saturne,
comme les avait modifiées déjà, dans un autre sens, la
pratique des lettres grecques. De là l'incohérence des
points de vue, relativement à la nature du dieu, qui
apparaît tantôt comme le souverain, père d'une humanité
pacifique et clémente, tantôt comme le premier auteur,
en Italie, des sacrifices humains. On sait comment les
premiers apologètes du christianisme tentèrent d'exploiter
contre la religion païenne en général ce dernier point de
vue [saturnalia].
Ce qui est démontré, c'est que le culte de Saturne ne
se répandit, dans celles des provinces romaines où ne
s'était exercée ni l'influence phénicienne '*, ni celle de la
littérature grecque, que dans la mesure même où ce culte
était en honneur à Rome, c'est-à-dire en y laissant des
traces rares et peu profondes. L'.Xfrique, naturellement,
où il trouvait un terrain tout préparé, échappe à cette
remarque; c'est là, en efl'et, que nous rencontrons les
IV, 22; VII, 23. — 13 V. Cilhcrt, Op. cit. III, 160 sq.; il était de plus voisin du
temple de la Concorde qui servit souvent de lieu de réunion au Sénat ; Cic. Verr. I,
49, 129. — U Dion. Hal. I, 34 ; cf. Prcller, Itoem. JUythol. Il, p. 10, 3« édit. la noie
de Jordan. — 'à Les principales inscriptions jusqu'à présent connues, en dehors de
l'Afrique, ont été trouvées dans le Treutin, Corp. inscr. lat. V, p. 1180; dans le
Tyrol, /6. V, 50 sq. : à Ferrarc, Itiid. 2382 ; à Vérone, 3291. Cf. Momnisen, Her-
mès, IV, 101. Cf. l'autel |de la Uaule romaine avec le Saturne à léte de tau-
reau. Ch. Robert, Epigr. de ta Moselle, pi. ri, m et Dits, p. 172, fig. 2i03.
— 16 Ov. Fast. V, 62 sq. ; VI, 29 sq. ; avec les commentateurs Merckel, if'ro-
leg. civ et ci.xx: Peter, Ad loc; Jordan, Topographie, II, p. 2n2, et Anctri.
— 17 Tert. Apol. 9; Ad nat. II, 12; Aug. Cm. d. VII, 19; Jlinuc. Fel. Octav.
.57; Lact. I, 13. Déjà dans l'Evliémére d'Ennius. fragm. 10, p. 169, é.lit. Valilen :
Salurnum et Optm cetero&que. tune homines liumanam carnem solitos vorare.
Cf. Max. Mayer, Op. cit. p. 1466 sq. — !•* Sur celle iniluenrc que nous ne pou-
vous loucber ici qu'en passant, v. Max Mayer, Oer Orientatische Kronos, chez
Koscber, Op. cit. p. 1498-1507; cf. liaal. Itiid. I, p. 2867 sq. ; et plus liant, I,
m fin.
SAT
— 1088
SÂT
(('■moignagos les plus iiomhriMix cl les ])1ms drcisifs (Tiiiu'
religion de Salurneavec Ions les caraclères qui doinon-
Irent la populariti' '. On n'y compte plus les has-relicls
votifs el les inscriptions, datant des temps romains, oi'i
ligure le nom de Saturne, sur les(|nels le dieu est repr('-
senlé, le plus souvent en busle, la tête voilée, el ù ses
côtés les images des principales divinités indigènes.
Le Saturne africain n'est pas le même que le Kronos
des Grecs ni que le Saturne des Latins; d'autre pari, il
diffère, sur beaucoup de points, du Baal-Moloch vénéré à
Cartilage chez les Phéniciens. Il esl une adaptation loule
spéciale à un état moral el religieux qui a été déterminé,
pour une large pari, par l'intluence combinée de la
Grèce, de Home et de la religion phénicienne. Appelé
Doiiiiiiiis, Aii!/ii.i/iis, Saricltis, Magniis, Invirtus, ce
Saturne est la divinité suprême, universelle, très sem-
blable à Zeus et à .lupitcr Capitolin -. Il est en même
temps, sous un aspect dilTérenl et qui se rapproche du
Saturne priinilif des Latins, le dieu qui procure la fertilité
champêtre : Frugifer". Mais les monuments ('^igés en
son honneur ne lui conservent pas moins une physio-
nomie spéciale et franchement indigène. Les fidèles
adjoignent à sa figure, empruntée le plus souvent au
type gréco-romain, des symboles tels que le disque, la
lune, l'éloile qui rappellent Baal*. Un même bas-relief le
représentera même sous trois aspects dillerents, l'un qui
a été importé d'Ila-
^ \^,-^^<^<li rS^'**' ir i lie nous donnant le
dieu barbu, chevelu,
à la face de vieil-
lard morose, avec
l'attribut de la fau-
cille el de la palère,
puis l'encadrant
comme dans une
niche, d'un côté par
un dieu solaire cou-
ronné de rayons et
uauni d'un fouet, de
l'autre par une divinité féminine dont la tète est sur-
montée du croissant (fig. 6121)^ Pour les Gréco-Ro-
mains, celle triade est celle de Saturne, d'Ilélios-Sol el
de Séléné-Luna; pour les indigènes, si Saturne se borne
à rappeler Baal, dont il a pris la place, Ilélios suggère
Baal lui-même et Séléné, la déesse Tanit ou Isis. Nous
avons dit ailleurs quelle est la nature du culte que les
Africains rendaient à Saturne et aux dieux qui lui font
I Pour cctloiiiirusion du Saturne romain identifié à Baal-Moloch, nous ri'nvoyojis
àJ.Toulain,ifs Cités romaines de la Tunisie, l'aris, 1805 : v. surtout, p. 2(3sq, où
le culte de Saturne en Afrique est caracli'risé de la façon la plus sûje et la plus corn-
pU-le ; du niônio: Ùe Salurni ttei in Africa romana cultu, l'aris, 1894. — 2 Tonlain,
Op. cil. p. 27s(|.;cr. Corp. inscr. lut. VIII, suppl. 2070 ; 12136 ; /A;rf. 4512. etc. !
«4i'J, etc.; iCG7; auppl. 12Ui. -^Ibid. p. 30 sq. ; Corp. inscr. (oi. VUI, 20C6 '
«81 ; SSiC. _ 1 V. chez le mime la Tab. I, p. U avec le commentaire, p. 33 s(i.;
cr. .Mélanges trarchéol. rom. 18'JS, p. \03, pi. i à iv. - ô lti,1. p. 38, tab. Il,
fig. 2; cf. les fig. I et 3 ; sur ce dernier bas-relief, les personnages sont plus
africanisi's : le Saturne esl imberbe, despression prest|ue féminine et voilé il la
façon .les vieux xoan,, d'AUiéna ou dU.'w. Cf. Max-Mayer, Op. cit. p ISOO el
letudesur Baal, cbc7. Hosober, Op. cil. I, 2. p. 287S ; cf. /IM. 1226. I,e Kronos
dans le sanehiaire duquel llannon a écrit de sou vo>'age (/'«■!;;(. I)cst un Baal
hellénisé. - C Liician. AVan. 10; V. le lexle de l.ac'tance avec les, autres plus
haut. — 7 Cf. l'reller-Jordan, Jloem. Mytii. Il, p. (3; 1, p. 3st; y. sai.u; Enii
Annnl. (fr.ign>.;, iil el V.irr. Un,,. Int. VII, 30; Test. p. 321 ; Co'rssen, Origines
poesis romon.p<M»i/«. — » l'ourlliisloriqucdu culte de Saturne et cebri des supers-
titions populaires <|ui en sont issues, rien de plus intéressant r|ue la caracléristique
de celui des Juifs qui auraient fêlé le 7- jour en son bonueur. V. Tac. //isl. V, i,
avec le. conmientateurs et notre étu.lc, Les Juifs à Home demnt fnpinion el
dant In lillcrature, /leviie des éludes Juives, t. XI, n" 22, p. 175 s,,. I.a rélébra-
corlège; comment aussi, par une caricature poussée au
noir, Laclance fait du Saturne romain un dieu mangeur
lie chair humaine. La contre-partie nous en est fournie
par le portrait iiu'a tracé dt; lui Lucien, quand il le décrit
comme un rui bonhomme qui abdique sa royauté lors-
qu'il se sent trop vieux el fêle sa libération dans la bom-
bance des Snturnalia ''.
Cet exposé des pratiques et des croyances relatives au
culte du Saturne romain serait incomplet si nous ne
rappelions, d'une part, que la plus ancienne forme de ver-
sification latine lui esl redevable de son nom el que le vers
Saturnien a été considéré par les Romains eux-mêmes
comme le rythme barbare dans lequel chantaienl les
Faunes et les devins '; d'autre part, que dans la dénomi-
nation par les divinités des jours de la semaine [dies, II,
p. 171 sq.]' il obtint tout d'abord le premier Jour et plus
tard, sous l'influence judaïque, le septième, le premier
étant attribué au dieu Soleil. Nous renvoyons aux monu-
ments reproduits elcommenlésà l'article DiEs, pour l'ico-
nographie spéciale du dieu à ce point de vue. 11 y figure
avec ses traits traditionnels, ici muni de la faucille,
aillcuirs portant la faucille d'une main et de l'autre une
tète de taureau » (fig. 2402, 2103).
111. L'histoire des représentations figurées de Kronos-
Saturne est à la fois pauvre en documents et encombrée
d'interprétations difficiles. Comme l'a fort bien remarqué
Overbeck '", elle manque à son point de départ, aussi bien
dans la légende que dans les premiers essais de l'art
religieux, d'un type précis qui l'oriente; les seuls traits
qui y peuvent mettre une individualité distincte, c'est
d'une part la vieillesse, de l'autre le caractère soupt-'on-
neux, sournois et morose qu'Homère a exprimé par
l'épithèle de àYxuXoixviTïjç " . L'attribut de la harpe, ser-
pette ou faucille, lui est commun avec d'autres person-
nalités divines ou héroïques; la barbe fournie et la
chevelure abondante se retrouvent chez Jupiter, Neptune
et Pluton, ses fils ; le pan de manteau ramené par l'occiput
vers le front, qu'il laisse à découvert, convient aux sacri-
ficateurs suivant le rite romain. En réalité, une repré-
sentation de Saturne n'est franchement certaine que si
l'un ou l'autre de ces traits et môme tous ensemble sont
éclairés par quelque détail emprunté à la légende ou mis
en relief par les circonstances de l'acte représenté.
De même que les représentations de la Grande Mère
des dieux sont parties de l'aérolithe, celles de Kronos-
Saturne ont eu pour point de départ le bèiyle [baetylia,
I, p. G12 sq.]'-. La pierre que Rhéa substitue à l'enfant
lion du -•" jour esl un sujet do plaisanteries dès le temps d'Auguste ; v. Tib. I, 3,
18 ; Hor. Sal. \, 9, 09 ; Ov. Ars am. I, 415; Ilem. am. 219; el elle défraie les
satiriques de lâge suivant; Pers. V, 184; Juv. XIV, 96. — 9 Sur le vase de Wel-
lingen (Gnz. arcliéol. 1879, 1), Saturne lient d'une main la faucille, de l'autre des
épis. Ajoutons une rnosa'ique afi icaine conservée à Tunis, où le busle de Saturne,
placé au centre, est entouré do six autres divinités de la semaine, Cataî. du musée
.Maoui, mosaïques, pi. n, 10. — 10 II semble qu'au moyen âge, sans doute comme
un écho des superstitions clialdéennes et judaïques [(Saturne a. d'ailleurs, joué un
l'Ole, non seulement diins la pratique des horoscopes, mais dans les opérations de
magie), le jour de .Saturne aitcouservé la répnlaliou d'un jour néfaste. Grimm cite
un poème du ix" siècle sur la bataille de Fontenay livrée un ."-amcdi el où il est dit
(jup- ce jour ne fut pas celui du Sabbatum, qui signifie repos, mais d'un dolium
■'ialunii, expression qui équivaut à celle de 4am du diable ; (irimm, Deutsche
mythol. 1, p. 105, ba citation d'après Dom Bouquet, VII, 304 : SiMatum non
illnd futt dse dolium Satnrni. Cf. /Sid. p. 20't;lll, p. 83. On peut rapprocher
l'èpigramme d'un poète belléuisant. Anlhol. pnlat. XI, 114; cf. 257, sur l'aveulure
d'un certain lléliodoio à qui l'horoscope dévoile l'inimitié de la planète Saturne
el qui arrache du temple la statue du dieu afin de le rendre inoffensif. — " Kimst-
mytholofiie. I, p. 252; cf. Max. Maycr, Op. cit. p. 1544 el 1549. —12 Hom. //. V,
59 ; cf. supr. I. V. encore Mayor, Op. cit. p. 1522 el Ed. Meyer, chez Roschrr,
I, p. 2875.
SAT
1089 —
SAT
Zeusalin de Iroinpor son père, n'estpasautre chose qu'un
bi'/ijte, et elle fut la première idole suggérant l'idée du
dieu par l'acte le plus frappant de sa légende. Puis elle
figura, de concert avec le dieu, dans la scène qui repro-
duisait cet acte. Une peinture de vases à figures rouges
de style attique ', mais dont la partie antérieure parait
seule à l'abri de toute contestation, représente trois
personnages féminins dans des attitudes diverses avec
une figure de vieillard vêtu d'un long manteau et
appuyé sur un sceptre. La figure féminine, qui lui fait
face, lui présente à la hauteur de sa tète un objet caché
dans les plis où elle se drape, objet qui peut bien corres-
pondre à la pierre sacrée. Mais rien n'est moins certain
que l'explication de la scène par la ruse de Rhéa, et le
vieillard au sceptre, tout barbu qu'il soit, n'est pas mani-
festement Kronos. Il en est de même de la figure de
vieillard pensif qui est assis derrière le char d'Oenomaiis
parmi les personnages qui composent le fronton oriental
du temple de Zeus à Olympie -. Des arguments exposés
par M. Ma.x. Mayer en faveur de l'identification avec
Kronos, un seul a quelque valeur, c'est celui qu'il lire de
la place occupée par le dieu et sa compagne Rhéa dans
les cultes de ce sanctuaire ^
Pour en revenir à l'épisode de la pierre, il nous reste
le bas-relief de l'autel du Capilole, manifestement inspiré
par une œuvre grecque, peut-être par un relief de Praxi-
tèle, qui l'avait sculpté pour le temple d'Hérn à Platées*.
Kronos, assis sur un trône, dans une attitude et avec une
expression qui font penser à certaines représentations
Fig. 6lîi. — Ivi-unos et Kliia.
classiques de Zeus, reçoit des mains de Rhéa debout
devant lui la pierre enveloppée de langes (fig. G122). Pau-
sanias a décrit la scène dans des termes qui suffisent à l'i-
dentifier avec le bas-relief romain". M. Mayer, qui a
consacré à Kronos la seule étude complète que nous possé-
dions, en a rapproché, pour ce qui concerne le personnage
l Au Louvre; PoUier, Catuiog. p. 1092, G 36;; De Wille! Ca:. archéol.
lS-.'>, pi. IX ; Éliti: céramogr. I, p. iilfi; Annali delflnst. 1875, 404; 1877,
pi. xviii el Icite, p. 117. Cf. Mai. .Mayer. p. 1351 sq. — 2 V. Collignon,
/Hat. de la Sculpl. gr. I, p. 434 sq. :;surlout ill, fig. 228 cl 229; avec la biblio-
^rapliie de l'inlcrprClation, p. 437. Ce vieillard est le plus souveul idenlifié avec
.MyrLilos. V. Lopsclicke, Ùorpnter Programm, 1885, p. 8, qui conclut à une divi-'
nilè locale. — 3 Schol. Pind. 01. VI, p. 116 et le poète lui-mèrac, Ul. ill, 51.
— ' Helbig, Fûhrer, n» 311; reproduit par Ovcrbeck, Kunstmythol. Atlas,
Zeus, III, 24 el souvent ailleurs. V. Max. Mayer, p. 1564, fig. 14 cl l'inlcrprétation.
Overbeck, Ibid. I. p. 32tl ; cf- M. .Vaycr. Loc. cil. p. 1366. — 5 pans. l\, 2, 3,
— ^ Trouvd-e en Macédoine, original perdu et dessiné avec plus ou moins d'exacli-
lude chez Max. Mayer, p. 1537, lig. 3; cf. Gaz. archéol 1870, le va^c de Wcllingcn
(f. aiipr.) el Maver, p. 1569, qui rapproche de plus un Saturne figiu-anl sur un bra-
vm.
du dieu, une coupe en argent, originaire do Macédoine,
dont l'original est, d'ailleurs, perdu, et qui montre Kronos
assis, nu, tenant la harpe dans la main droite el étendant
la gauche vers la pierre placée à coté de lui pour rappeler
la ruse de Riiéa". Des historiens de l'art grec mentionnent
encore, comme ayant défrayé la sculpture à certaines
époques, la participation de Kronos à la lutte des Géants
contre l'Olympe, sur les frises du temple d'Héraà Argos,
où figuraient également la naissance de Zeus avec Rhéa
couchée, la pierre présentée à Kronos. la danse des Curetés
et Zeus nourri par .\malthée [amaltiiaea, curetés] \ A
cette énumération, qui nous fournit, d'ailleurs, pour
l'iconographie de Kronos, des documents sans portée, il
faut ajouter une statue de Tebessa, sur laquelle se lit
une dédicace à Saturne. L'attitude et le geste sont sem-
blables à ceux de Saturne en tête à tête avec Rhéa sur
l'autel du Capitole, ainsi qu'avec le bronze du musée
Grégorien dontil estquestion plus loin'.
La seule œuvre représentant Saturne suivant les pro-
cédés de la statuaire grecque est le fragment en calcaire
du Musée du Vatican (tête
et buste jusqu'au ventre,
la tête légèrement incli-
née à gauche et soutenue
par le bras en partie con-
servé) (fig. 6123)^; la che-
velure el la barbe, forte-
ment ondulées, sont d'un
homme dans la force de
l'âge ; l'e.xpression est
pensive et mélancolique.
Le torse est nu, mais les
plis du manteau remon-
tent dans le dos et sont
ramenés sur la tête de fa-
çon à l'encadrer de lignes
harmonieusement dra- f'?- '''-3- — siaïuc de Kronos.
pées. De celte œuvre on
peut rapprocher un certain nombre de bustes qui tous sont
d'attribution conjecturale, puisqu'ils peuvent également
convenir aux rois Kronides, particulièrement à Neptune,
à Pluton et même à Sérapis. C'est ainsi qu'Overbeck a
mis parmi les représentations de Jupiter le buste voilé
du musée Grégorien, que M. Mayer revendique avec
conviction pour Saturne, sans qu'il soit possible de
décider entre les deux'". Une petite tête en marbre, de
la collection Xelidow, nous laisse dans la même incer-
titude" ; mais il y a quelque probabilité pour qu'une tête
en calcaire exhumée à Clés, en Tyrol, tête barbue, chevelue
et voilée comme les précédentes, doive être identifiée
avec Saturne : elle a, en efTet, été découverte parmi des
fragments d'inscriptions relatives à ce dieu'-. Citons
encore la statuette en bronze du musée Grégorien
celet de Syrie (Gaz. archéol. IK77, 8, 3), en compagnie de Tyché, d'Iléhos el
de Séléné. Cf. les divers Saturnes reproduits à l'article Dies, II, 2, p. 172 et 173;
cl la statuette de marbre. Malz-Duhn, Antik. Bildtrerke, 1, n« 48. — ^ Over-
beck, Kumtmylhol. Zens. p. 328, 331 sq. ; 333-337. Cf. l'relier, Gricch.
.Vylhol. 1, p. lût, 3" édil. — » Aoliees et Mémoires de la Société de Cons-
lantine, 1879-80, pi. xivm. — 9 Braun, Yorachule der Kunstmythol. pi. ixxv ;
Helbig, Fùhrer, i.' éd. 1899, n= 138 cl Max. Mayer. p. 1501, (ig. 12. — lo Over-
beck. Kunttmyihologie, Zeus, Allas, III, 2 ; Brnnn Bruckmann, Sali de busti,
iiô ( ùenkmaetcr der griech. und rneni. Skulptur). Cf. M. Mayer, Op. cit. p. 1301
et Helbig, Die oeffeatlichen Sammlimgen, I, p. 237. — I' Chez Mayer, p. 1361,
fig. 11. — 12 Reproduite pour la première fois par .Max. Mayer. p. 156"), fig. d après
Archaeol. epigr. ilittheil. aus Oesterreich, 16, p. 74. Les iuscriplious au Corp.
i:iscr. lat. V, 3C67 sq.
137
S\T
qui a celle pai-lii-ulariU- inléressanle d'èli-o à peu près
inlaele et de nous représenter le dieu assis, le torse nu,
le bas du corps enveloppé dans une ample draperie qui
est ramenée par derrière, sur la tète, en forme de voile et
soutenue à la hauteur des yeux par le bras levé dans le
geste même qui caractérise le Saturne de lautel du
Capitule '.Toutes ces représentations ont ceci de commun
qiH' Saturne n'y a rien de l'air décrépit (a'jyu.o'j:tX£w;) qui,
suivant Lucien, aurait été sa caractéristique chez les
peintres-, mais. au contraire, une expression de vigueur
et de virile majesté. Il est le senex ohvohilo capite dont
parle I(> commentateur de Virgile, expression qu'il con-
vienl de corriger parce vers de Virgile lui-même, pei-
gnant Charon, le nocher des enfers : cnida dco viridisque
senectitx '. Une peinture de Pompéi, de toutes les représen-
lalions de Saturne la plus connue et la plus expressive,
nous en a légué le type idéalisé
ilig. 61:2i;. Le dieu est représenté
debout, suggérant l'idée des sta-
tues-portraits si fort en faveurdans
l'art gréco-romain; son altitude
est noble; il est drapé dans un
manteau donl les plis rappellent
la loge romaine; une partie de la
poitrine est à découvert; la main
droite, qui tient la serpette, est en-
veloppée jusqu'au poignet par la
draperie qui contourne le cou, de
droite à gauciie, et retombe, large-
ment traitée, sur l'autre bras, la
main soutenant l'extrémité de
l'étoffe '.
Il y a peu de chose à tirer, en
mettant à pari les monnaies de
.Mallos et d'Himère que nous avons citées pfus haut,
des diverses reproductions de Saturne sur des monnaies,
soit grecques soit romaines. Pour les premières, les
attributions sont toujours fort incertaines. Mention-
nons toutefois la monnaie de Tarsos qui date du règne
de Valérien r.\ncien et où la draperie, la tète et la fau-
cille désignent suflisamment Saturne^ ; une monnaie de
Flaviopolis, du règne de Domitien, qui le représente en
buste, la tète voilée et avec la faucille; une monnaie
dlladrumète où, voilé également, il tient deux épis dans
lu main. .\ Rome même, il figure, sur les monnaies des
familles Apuleia, Calpurnia, Cornelia, Marcia. Memmia,
.Neria el Nonia, au déclin de la République; puis, sous
I Cbei liai. Mayer, p. IbOi, fig. 1.1; cf. la Ogurc demi-grandeur nalnrclle chez
Clarac. p. .193, Hg. 660. — î Kron. 10. — i Serv. Aen. III, 41 7 ; Mylhogr. Val. II, I ;
Aiig. Consol. tnaiu). I, 23, U; Virg. Aen. VI, 30t. — i Helbig, Wamigemaelde,
n- 96; et. Ibid. 1003; Muellcr-Wjcselcr, II, 6»; 800: cf. M. Maycr, Loc. cit.
p. 1558. L'élC-gaule staluetlc en brome du .Musée de Florence, reprOsenlaiil un
liéros nu. dans une allilu.le n.édiUlivc, coilTédu pileusel tenant une «crpeltedans
la main gaucUe (Mucller-Wiescler, 11. Ci. SOI ; cf. iiutlieilunnen, clc. IS92, p. 166).
ne~l pas un Salunie ; la ser|ieUe oii reslituée et le piteus ne convient pas au dieu;
i\ faut y voir un Ulysse; cf. la ligure de gauche du bas-relief en stuc, Monumenti,
VI, 51 I', i|ui représeulc le rapt du Palladium ; le corps, la tête, la coilTure sont
ideuli.|ue9 ; seules leipression et le geste dilTéreut. - â Celle monnaie, très rare et
que Mayer a le premier fait connailrc, se trouve au Cabinet des médailles à Athènes :
irproduilc chci Mayer. p. I33S. lig. f. Celle de t-laviopolis, Zeitichrifl fur Au-
"ii,m. .\ll. 33i, Tab. li, I ; celle d'Iladruméle, .Mueller, Numism. de Vanc.
Afrique, II, 5i, 29. — 6 V. pour les monnaies de l'tmpire, Eckhel, Doctr.
num. VII. p. 381 ; pour les monnaio de la Uépnbli(|ue, les traités de Cohen
et de balielon, pnttim. — '> Froelmer, MediiUtom de VEmp. rom. p. 191.
— BiHi.ior.iiAi.KiE. ISultniaim, dans sa Mythologie, 11, 36 sq. : AVonos oder
SiUurnut, ISU; Gerhard, Grilch. Mijikoloyie. I85i. 106 sq. passim; G. Hcr-
mann, ùe theologia Graecorum, p. 176 si|. ; E. Ilofmaun, Alythen nu» der
Wandeneit dcr graeko-italUchen Staemme, 1" partie : Krunos und Zeus, 1875-
Fig. Clit. — Salnn
lOltO — SAT
riùnpire, sur quelques monnaies de Valérien, de Gai-
lien et d'.\lbinus (fig. Gl-2o)''. Le médaillon reproduit
ci-contre", el qui date du
règne de ce prince, rend
à Saturne sa significa-
tion primitive de divi-
nité agricole, mais sous
les traits pompeux d'un roi
qui ramène la prospérité de
l'âge d'or. J.-A. Hild.
SATYRI, SILEM (Situ-
foi, 'S,^\r^■^<jC). — I. Origines
el caractères du type. —
Les Satyres sont des per-
sonnalités mythologiques
qui furent associées, de bonne heure, au thiase de Dio-
nysos. L'étymologie du mot Satijrus nous est incon-
nue. Les tentatives des grammairiens ' pour expliquer
ce vocable, qui n'est probablement pas d'origine hel-
lénique, n'ont donné aucun résultat satisfaisant. On
a proposé d'identifier les Satyres avec les Satrae de
Thrace -, dévols de Dionysos mentionnés par Héro-
dote'; mais il faut écarter cette hypothèse évhémériste
qui se fonde sur une confusion initiale des Satyres avec
les Silènes. D'autres croient plus juste de rapprocher
Satyrus du latin Satura. L'idée de plénitude et d'abon-
dance caractériserait bien des démons protecteurs de la
richesse agricole '. Mais, dès leur apparition dans la reli-
gion et dans l'art, c'est leur caractère agreste et libre
qui domine. Hésiode ^ y voit une race fainéante el tournée
au mal : ils sont à la fois pétulants et poltrons. Euripide
les appelle Otioeç^ ; leur nom dorien de xirupo! ' est syno-
nyme de boucs. On pourra donc faire rentrer les Satyres
dans la grande famille des génies thériomorphes, décrite
par Mannhardt*. Pour tous les peuples indo-germa-
niques, les énergies naturelles des eaux, des vents, des
forêts el des montagnes apparurent sous la forme de
génies-animaux, dont la mythologie préhellénique. Cre-
toise el mycénienne, nous ofTre aujourd'hui tant d'exem-
ples. Ces croyances, légèrement modifiées à la vérité,
survivent chez les montagnards de la .Macédoine.
Le Péloponèse el, en particulier, r.\rcadie paraissent
être la patrie d'origine des Satyres'. Les cantons pas-
toraux de l'Arcadie ont très anciennement adoré Pan,
le divin chèvre-rpieds [pax]. On lui emprunta ses cor-
nes, sa queue et ses ongles fourchus, pour les donner
à la troupe des Satyres, êtres mutins et lascifs qui ont
Naegelsbach, Uomerische Théologie, î' éd. p. 75 s*!- ; yachhomerisehe Théo-
logie, p. 98 sq. ; Overbcck, Abhandlimgen der Saechs. GcselUchaft der H"i»-
$ensch. 1863, p. *7 sq. : 6* sq. ; Preller-I'lcw, Griech. Mythologie, I, W sq. cl
passim; Scliwegler, Jioâin. Geschichte, I, p. 233; Sippel, Ùe cullu Salumi,
disscri. ioaug. IStS; Roschcr, Ausfuerliches Lexikon der grieeh. uiid Itoem.
Mylhol.: Kronns, art. de .Mai. Mayor, III. p. U52- 1573; J. Toutain, /.es Cilét
romaines de la Tunisie, 1895, p. 207 sq. ; 213, passim.; Id. De Saturni deiin
Africa romana cullu, 1894, particuliéremfnt p. 27 sq.: Wah, De religionibus
romanis antiquissimis, 1845, p. 12 sq. ; Wcicker, Griech. Gnetterlehre, I, 155 sq.
el passim.
SATTBI. iSchol. Theocr.i.6î-. ciir„ synonyme desito;; Loeschckc, Ath. Mit-
Iheilung. 1894, 523, se fonde sur le latin satur; Scliol. Platon, Conrie. 215 b;
»e9r,3^vat, montrer les dents. — 2 Head, Hist. jKum. p. 176; Harrison, Protogo-
mena to the studij of greek religion, p. 380. — 3 Hcrod. VII, 3.-4 Voir lartirle
de Loeschcke, Ath. .Villheilung. .\IX, 1894, p. 523. WilamoniU, cité par le même
(p. 522), pense que le mol désignait à l'origine un bouc, Tçâro;, el repousse las*
siniilalion entre «jàTujoi el satur. — 5 Ap. Strab. X, 471. — ^ Cyelop. 624;
cf. Hesychius, s. v. <ri-»f^t. La glose sur l'herbe appelée aa-vfi^v dérive évidera-
mcnl du caractère lascif prêté aux Satyres. — ~* Hesychius, x. r. TÏTufot; Schol.
Tbeocrit. III, 2; cf. Lœsclicke, /. c. p. 521. —S Anlike Wald-und Feldkulle,
136 sq. — 9 La'schckr. L. c. p. 52 4.
SAT
1091
SAT
toujours conservé quelque chose delà nature caprirKî.
Nous reconnaissons encore ces démons péloponésienssur
une série de vases à figures rouges du v" siècle, qui les
représentent avec des cornes de bouc, des sabots et
une queue
esprits des solitudes rocheuses, tenaient de la chèvre
leurs principaux traits ; les Silènes sont des démons
chevalins, étroitement apparentés aux Centaures. Ils ont
les oreilles velues, la queue fournie, et le sabot des
solipèdes. Satyres et Silènes sont traités de Ô-rjOEç; mais
les auteurs di'nomment les Silènes « chevaux »,Ï7r7toi\
tout comme ils appellent « boucs » les Satyres (Tpàyoi) '.
Esprits des sources et des landes marécageuses, les
Silènes sont les parèdres masculins des Nymphes [mae-
NADEs] auxquelles ils s'unissent « dans la fraîcheur des
cavernes», dit l'hymne homérique".
C'est à Athènes que les démons-boucs du Pélopo-
nèse (les Satyres) furent assimilés aux démons-che-
vaux de FAnatolie (les Silènes), et cette confusion
voulue eut une portée panhellénique. Nous verrons plus
bas que les artistes attiques donnèrent aux Satyres
introduits dans la tragédie le type exact des Silènes
avec leurs oreilles et leurs queues de cheval. Pour
les écrivains aussi, Satyres et Silènes devinrent syno-
nymes". L'usage courant de la langue ne distingua
plus des êtres que l'art avait étroitement mêlés. Le
plus célèbre de la troupe, Marsyas, est appelé tantôt
Satyre et tantôt Silène, et l'on dit quelquefois drame
silénique ' au lieu de drame satyrique ' [satyricl'm
dramaJ, pour cette forme particulière du drame consacré
à l'essaim pétulant des Satyres. L'essai de démarcation
tenté par Pausanias '■* est un témoignage de la confusion
générale des deux conceptions mythologiques.
Si l'on confond communément Satyres et Silènes, il
arrive aussi qu'on les dislingue. A côté des innombra-
bles Silènes, on fait une place spéciale au vieux Silène, le
père nourricier de Dionysos. Une légende d'Argos
raconte le combat d'un Satyre arcadien, sorte de monstre
analogue à Nessus, contre Héraclès '". Une fois le pré-
1 Uoscher, I.exik. lier gr. imd. rùm. Mi,th. an. pan, p. 1410. .Noire figure
d'apris un cralire ilu Musée brilaniii(|iic. Journal of. hell. stuil. .\I. ISOIi,
pi. XI. Cf. Cataloi/iie Durand, i4î ; Calaloijiie Puurlalé!, 3'J'J ; Jalill, Vasen-
tamml. 08i ; Hôm. ilitlli. tS'J", p. 91, 'J2, 93 ; liristish Miisciim, Catalogue
E. 735; Noël (les Vergers, Etruri^, pi. x ; Annali d. I. 1»84, lav. d'agg. M; Mon.
d. I. IV, pi. iiiiv; Arch. Zeilg. IS53, 70 ; Belhc, Prolegomena, fig. p. 339.
— 2 M. p, de Saussure me fait rcniartjucr que E[/.»ivo( rappelle élroitcmeiil par la
lerniinaison ijvoi les noms cUiniiiues lliraco-phrygiens ; on retrouve celle dési-
nence dans Tuoor.voî, ce qui indifiue l'origine analolicnne des litrusques. — ^ Dit-
tonhergcr. Syllog. inscr. grave. ^ 11, w 737, n. 77; Bgm. Urpinc. XLVUI,
♦, XLIX, 1 ; cf. Maas, Orpheus, p. 18 sq. ; C. I. G. 4, 7400; Wide, Alh. Milthei-
lung. 1894, p. 281 ; Lœsclickc, Ibid. p. 521. —4 Etijmol. îlagn. s. v. Toar..,S;. ;
cf. Acscli. Fragm. iu7, n. S ; llesjch. s. ». «i^ou;; cf. Pollul, 'Efiitnaùnaia,
Notice des manuscrits de la UiUiothéque nationale, XXllI, i' parlie, 1S72,
p. 55 : AÎ^Erj-o;. seniicaper, satyre. — û l/ym. ad Veuer. i-d'i. — C Hesycli. s. r.
cepteur de Dionysos devenu un vieillard, on rajeunit
d'autanl les Satyres qui passent pour ses enfants dans
le (Ujclope d'Iùiripido. C'était dans la tragédie que
s'était faite la confusion des Silènes et des Satyres".
C'est aussi
au drame
satyrique
athénien et
à des con-
venances
s c é n i q u es
que M. Ro-
bert fait re-
monter le
personnage
mytholo-
gique du
vieux Silène '^ Pour introduire Silène au nombre des
acteurs, on l'aurait chargé d'années en l'opposant ainsi
aux jeunes Satyres-Silènes.
Quoi qu'il en soit, il se créa une légende du vieux
Silène ^Y^f">'''% TtaTCTrôç'*). Fils d'une Nymphe '» et de
Pan '^ il est élevé à Nysa, dont il devient roi". Les Nym-
phes lui contient l'éducation du jeune Dionysos qui avait
échappé à leur surveillance '^ Il accompagne son élève
en Attique et, laissant le dieu visiter les bourgs favorisés
de Sémachidai et d'Icaria, il va goûter sur l'Acropole
l'hospitalité de Pandion'^. La sagesse de Silène est pro-
verbiale : il a le don prophétique et on lui arrache ses
oracles par ruse'", carl'ébriété est lacondition essentielle
de ces révélations. L'imbécile Midas capture Silène dans
son jardin de roses du Bermios, l'enivre et apprend de
lui la vanité de l'existence humaine-'.
Le vieux Silène fatidique, ainsi que les Satyres-Silènes
des chœurs tragiques, sont déjà étroitement associés à
Dionysos. Mais, à l'origine, ceux-ci étaient tout à fait
indépendants du dieu. Silène lui-même a comme proto-
types, certains démons archaïques, bienfaisantset nour-
riciers, qui n'ont rien de commun avec le dieu du vin^^.
L'alliance des Satyres-Silènes avec Dionysos n'est
donc point primitive. Elle s'explique par l'irrésistible
attrait de la religion dionysiaque, qui adopta peu à peu
les génies secondaires des eaux , des forêts et des
sources ". Selon les vues intéressantes de Wilamovitz 2*,
les Satyres reprirent pour Dionysos les danses rituelles
qu'ils avaient exécutées autrefois pour Cybèle-^ Les
cérémonies de ce culte extatique produisaient chez les
lidèles des crises d'enthousiasme : ils se croyaient pos-
sédés par la' divinité et métamorphosés en animaux
sacrés, boucs ou chevaux (Satyres ou Silènes).
Quand les premières ferveurs du culte nouveau se
SiiiivoJEàtufoi. — 1 Mat. Conviv. 215 *. — 8 Allicn. Il, 55c. ; Diou. Hal. /l/,et. 3, C ;
Arist. Poet. 4, 18. — 9 Paus. I, 23, 5 ; cf. Elymol. Magnum s. v. E„J,,voî, p. 710 ;
Servius ad Virg. JS'jiri. VI, 14. —10 Wilamowilz, Oriechise/ie Tragordien, 111. Pré-
face du Cycloye d'Kuripide, p. 7. — Il Welcker, Aachtrag der Aeschgl. Trilogie.
— 12 Der MUde Silen, 23» tiallisches n'inckelm. J'rogr. p. 18. — 13 Nonnusf, 17,
27 ;I9, 27!. — n Pollux, 4, 142.— 16 Aelian, Var. Iiist. 3, 18; Xenopli. Conv. 5,
7. — 11- Scrv. Virgit. Eel. 0, 1 3. — n Diod. Sic. 3, 72 ; Catul. Eleg. 64, 253. — i» Eurip.
Cyclop. 4.-19 fausau. I, 23, 2, 27. Virg. Egl. VI. - 20 Pausan. I, 4, 5. La légende
est étudiée par Bulle, Ath. Mitth. 1897, 389. — 21 Cf. liliode, Griech. Jloman,
204 sq. — 22 KurtwSngIcr, Arcliiv. fur licligionswissencliaft, 19U7, p. 331; Bulle,
Die Silène in der archaisclien Aunst, p. 71. — 23 M. Lci-schcke a très bien mon-
tré comment l'association s'est faite, par l'entremise de la religion de Uionysos,
entre les démons péloponésicns (Satyres) et le lliiaso venue d'Ionic (Silènes);
Ath. Mittheil. 1894, p. 518 si(. Cf. Milclihnfcr, Anfange der Kunst,13 noie I.
- ■•!'» Griech. Tiagiidien, III. p. 9 sip — 2û Strali. X, 4Cû;Hurip. Oacch. 130.
SAT
— 1092 —
SAT
furonl atliédics, les Satyres-Silènes continiiérenl leurs
danses aux reprt^sentations symboliques de la mort de
Dionysos ; mais ils n'élaient plus Iransligurés par Tex-
lase; on ne voyait plus en eux que des hommes tra-
vestis'. C'est dé ces danses des Satyres-Silènes que sont
nés le dithyrambe, la tragédie et le drame salyrique des
Athéniens [ciioius, dithyhamiU'S, cyclici? chorus, saty-
RicrM DRAMAj. La comédie dorienne tire son otigine des
ébats plus débridés d'une autre catégorie de démons,
analogues aux phlyakes de la Grande-Grèce-. Ainsi,
les Satyres-Silènes, libres habitants des forêts, à l'ori-
gine, sont définitivement enrôlés à Athènes dans le thiase
bachique. Jusqu'à la fin de l'antiquité, ils demeureront
attachés au dieu, dont ils constituent les servants atti-
trés, la maison et la suite.
Nous n'entrerons pas dans le détail des mythes
secondaires où les Satyres jouent un rôle. La légende en
fait les (ils d'Hermès et de la Nymphe Iphthimé^; elle
les associe aux Curetés de Crète ', auprès de Zeus,
et plus tard leur attribue comme patrie des terres loin-
taines, les Iles des Satyres ', où les navigateurs les
entrevoient. Certains savants modernes ont ajouté foi à
ces fables et en ont donné des explications rationalistes;
les explorateurs anciens auraient pris pour des Satyres
les gorilles de la côte africaine ou les sauvages de l'Inde °.
Il sera bon de compléter par les monuments figurés le
témoignage des écrivains : la prodigieuse richesse de
l'imagerie nous fait comprendre beaucoup de conceptions
que les textes littéraires passent sous silence ou laissent
seulement entrevoir. Le diable des chrétiens garde,
d'ailleurs, plus d'un trait du satyre antique, auxquels les
artistes de la Renaissance et des temps modernes res-
tèrent souvent fidèles par humanisme'.
II. Représentation dans
l'art. — Nous avons distin-
gué plus haut les démons-
chevaux anatoliens (Silènes)
t'' -MÉl^MÊBBi ^^ '"^^ démons-boucs pélopo-
f / \'^^pÊ^SUB^M nésiens (Satyres). Ce sont
\/ J } r--^^^^^^ les Silènes que nous ren-
controns les premiers dans
les monuments. Ils ont un
visage large, complètement
entouré par la barbe et les
cheveux, un nez camus, une
queue et des oreilles de cheval (fig. 6127; *; des sabots
non fendus indiquent clairement leur nature bestiale
(fig. ei-iSj'. On appelle généralement ionien cet ancien
type du Silène parce que l'origine en est bien établie
par des monuments ioniens : monnaies de la Grèce du
1 Sur les origines de la tragédie allique, cf. Hermès, XXXII, p. 290; Xeue Jahr-
bùcher, 1906, p. ICI sq.; Archh. fur Helii/ionswiss. 190S, p. ir.i et 105. Sur
les prSlres de Oionysosel les loliaclioi. df nommas .itnot, cf. Herwerdeu. Lexicon graec.
tuppl. t. V. \,T.„i : DiUenbergcr, SijUoije i, n. 739, 10; 743.29 : 717 n. 7. — 2 Voir
larlicle cité de I.oe'clicke. — 3 Nonnus, 14, 105. — 4 Inimiscli. dans Lerikon
ilytholog. de Rosclier, art. Kurelen, p. 159»; Wide, Alh. Milth. 1894, p. 2*1.
— 6 SIrab. X, ieit. — 6 On se fonde sur deux Icxles : l'un. Periplus-Hannon,
§ 18, cilé par Perrol, JJisl. de l'Art. 111. p. SOB, el par Clernionl-C.inncau.
Jmaijerie phénicienne, p. 31 et noies; laulrc. l'aussan. I, i3, 5, invoqué par
Schubarl, Fleckeisen Jahrbùc/.er, 1S75, p. 415 sq. ; cf. Lalîleau, .Vo'iirs rf.s sau-
raqet américains, Paris 172V, 1, p. 31 ; de Rosnj-, Les Antilles, 188G. p. 24.
Dans la coupe de l'réncslc. Fcrrol, 0. c. III. fig. 543, qui dale du vu" siècle, le
siii^i' anlhropoïdc a des allures de Silène; sur Tobélisque de Saimanasar 11, du
Uriislè .Muséum (Nimroud Cenljal Saloon, n. 98). donl la date esl 800 à 833,
on voil dis Iribulaircs ameuer des singes de grande taille; ces animaux auraient
pu conlnl.uer àla rornialiou du Silène ionien. — 7 liev. de l'Art anc. et muderne,
19U7, II. p. 117 (l'crdriwl-. - «l{;l,ou. Aus ioniscli. A'ekrop. pi. xui, n' 0.
Fig. 6127. — Siléue du type
àÂ^
.6128. — Silène à [[ueuo
et sabot de cheval.
Nord'", vases de Rhodes" et deTanis'-, sarcophages
de Clazomène '\
A. Période archaïque. — Le Si-
lène ionien à sabot do cheval''' est
très proche parent du Centaure, qui
n'est autre chose qu'un Silène pro-
longé par une croupe chevaline '\
Certaines monnaies archaïques de
la Thrace '" portent à l'avers une
Nymphe enlevée, tantôt par un Si-
lène, tantôt parunCentaure. Quand
le sabot de cheval du Silène est
remplacé par un pied humain, le
Centaure adopte aussi le membre
antérieur de l'homme. Mais géné-
ralement, le progrès de l'art ar-
chaïque fait ressortir la nature ani-
male du Centaure tandis que le
Silène s'humanise. Ce sont là deux solutions différentes
d'un même problème artistique : la fusion harmonieuse
des formes de l'homme et du cheval, qui avaient été plutôt
juxtaposées que liées par les premiers imagiers. On
observe la même évolution dans les types du sphinx, de
la sirène, etc., êtres tout à fait hybrides àl'origine, mais
auxquelslesartistessurent, peu àpeu, donner des formes
plastiques. Les Silènes du Vase François ^'' ont non seule-
ment des sabots, mais aussi des hanches de cheval; cette
innovation de Clitias n'a pas eu de succès.
A côté du Silène à sabot de cheval, il faut mentionner
un autre type complètement velu " que l'on considère, à
bon droit, comme l'ancêtre du Papposilène du drame
attique (fig. 3849, ."iSoo, oo9i); chez ce dernier, les par-
ties pileuses sont remplacées par un maillot spécial, le
/ooTaîoç /iTcûv, sorte de chiton où l'on collait du foin. Une
célèbre coupe ionienne de Wurzbourg'^ (fig. 4759),
d'autres vases ■^°, un casque de bronze chalcido-ionien ^'
nous offrent de bons exemples de Silènes hirsutes, au
corps complètement piqueté de points. L'art archaïque
attique ne les connaît pas. Sansdoute, lesartisteschalcido-
ioniens auront voulu caractériser, par cette villosité
excessive, la sauvagerie des Silènes, en les dépeignant
comme devrais habitants des forêts. On peut supposer
aussi un parti-pris décoratif de peintres ou de graveurs.
Comme les Silènes sont souvent placés deux à deux,
les corps velus, tachetés ou piquetés se détachent en
vigueur sur les surfaces lisses de leurs voisins^'-.
Nous avons dit que, chez les Silènes, des jambes
humaines se substituent aux sabots de cheval. L'art
archaïque attique, sauf sur le Vase François, donne aux
Silènes la tournure d'hommes affublés d'une queue et
— 9 Carapanos, Dodone,f\. i.x, p. 171 ; De Wilt-, Gaz. archéol. 1877, p. 124,
pi. XX : Micali, Mon. inéd. nnl. popoli ilal. IS44, pi. ivn. — lO Gardner, Tijpes of
qrek coins, pi. m, 1 . — n Journ. . hell. stud. IV, p. 188. — 12 Jahrb. des K. tnstit.
1893, 43. fig .5 — " Journ. of hell. stud. IV, p. 21 ; Anlike Denmâl. I, 46,3.
— 14 Bulle, Die Silène in der archa'ischcn fùinst der Griechen, p. 2 st]. ; Furl-
wângler. Die ant. Gemmen. lli, 102 sq. ; pi. viii, 4; cf. Brûckner, Anakaly/tteria,
p. 16. qui établit un rapport entre ces groupes et l'usage sparlialc décrit par Plu-
laripie, /.ijcurij. 13. — '5 Bulle, O. c p. 2; Jlihlibhfor. Anfihuje der Kunst. 172.
— 10 Gardnei', Types of i/r. coins, III, 9 : llcad, Uist. num. 171. Môme niolif sur
des pierres gravées : FurlwSngler, Ant. Gemmen, p\. xv, 17, VII, 57 et p. 102,
note 2. Pour ic lypede la Nymphe enlevée par un ('cataure, cf. G. .Nicole, A/cidiat
et le style fleuri, (ig. 2 et 3. — " l'urlwSnglerUeichhold, Griechische Vasen-
mat. pi. xi-xuE. — IS Bulle. Die Silène, p. I.i sq. — l'J Furlwiingler-Reichhold,
Griech. Vasenmnl. pl.xi.i. — 2» Wuriburg, 1,'rliclis. III, n» 331 ; Munich, Jahn, n« 605
et 6S5 ; Pi'lersbourg, Stephani, 216 ; Hcydemanu. III' Winckelmonns proyr.pt. ii,
3; Briiio. Vnsi del museo di Uoioijna. 1.4. —21 GerUanl, AnlUe /lildw. pl.i.vi.2,
= Ha-.imcisler, Dcn '.mrïlcr, n" S des l'iauclu s supplénioulaires. — 22 Bulle, O. r. p. 23.
SAT
— 1093 —
SAT
d'oreilles de ciieval. Ils ontune clievelure en désordre,
une longue barbe pointue, le nez camus et Tair bestial.
Ces traits, rendus familiers par les monuments attiques.
sculptures', gemmes- el vases à figures noires, doivent
sansdoute une grande partie de leur popularité aux fêtes
baciiiques. Aux grandes Dionysies, des processions
bruyantes d'hommes costumés en Silènes parcouraient
les rues d'Atliènes. Nous avons quelque chose de ces
mascarades dans les tableaux figurés sur les vases'.
Le type ionien courant se modifie sensiblement, dès
l'origine, dans les terres cuites. L'n masque du Musée
Britannique ' donne au Silène un front chauve sillonné
de rides, et le faciès des négroïdes. .\ l'époque archaïque,
le Satyre, c'est le suivant de Dionysos, gros, ventru,
danseur jovial, que l'on voit figurer surtout sur les vases
de Corinthe, de Cyrène et de Samos", véritable ancêtre
des histrions de la comédie attique et du Silène ventri-
potent adopté par l'îige classique'^.
B. Période classique. — Le type du Silène arcliaïque
s'adoucit au v siècle dans les vases à figures rouges où
foisonnent les sujets ba-
chiques. Dans ces scènes
^MAENADESj, Ics Silènes,
très nombreux, sont en
général chauves ; leur
barbe encore fournie n'a
plus la forme triangulaire
d'autrefois (fig. (3129':
elle est traitée indépen-
damment de la chevelure.
D'ailleurs, la calvitie ne
sévit pas chez tous; plu-
sieurs gardent les che-
veux relevés sur le front.
Leur visage laid et expres-
sif, n'a plus un caractère aussi bestial; il revêt même
parfois une certaine noblesse*. La statuaire a fixé dans
un chef-d'œuvre le type du Silène barbu : le Marsyas de
Myron ' tombé en arrêt, paralysé d'étonnement devant les
(lûtes d'Athéna, offre des formes élancées et nerveuses,
qui se dessinent déjà dans les Silènes du Vase Fran-
çois. Le Silène barbu, aux cheveux redressés sur le front,
restera en faveur jusqu'à l'époque liellénistique et ro-
maine'". C'est le plus fréquent et le plus familier. Héritier
direct de l'art archaïque, il se maintient sans grand chan-
gement jusqu'à la fin de l'antiquité. Toutefois, M. Furt-
wàngler a établi " (jue de ce type du Satyre-Silène barbu
l Relief de luf, Âth. Mitlh. 1SSC, |>1. ii. 78 (Sludniczka). — 2 Furlnanglcr, Die
aniik. Gvmmen, pi. vu, CO : VIII, ÏO ; VI, 53. elc. — » Le li'nioijnagc le p'iisdirecl
est donné par un col\le où l'on voit des Satyres assistant ù la fôte des I> onysics
célébrées par des jeunes filles nobles d'Atliènes, Amer.Journ. of Arch. 1907. p. 4i:i,
lig. 5: cf. aussi ['ottier, Catalogne, p. 905. — * Boclilau. Aus ionischeii uiid ital. .Vecr.
fig. -i;cl pi. \ni. I et 6; Loeschckc. Alli.A/iUli. 1894 , pi. vin, p. 510. — ôCorintlic:
Loesrlicke, L.c. Duiuont el Cliaplain, Céramiques de tu Grixe. p. 239; cf. Wilisch,
Die Attk-rinttiiseh. Tlioniiulitstrie, p. 48 ; Cyrénc : Arch. Zeitg.liii\, pi. Jii. 1 ;
)3, 1 et 4 : Sanios : Loelilau, Aus iontsc/ten Aecrop. fig. 2G-28, p. 71 . — c M. Heii-
zey a rappioclié le Silène ionien du dieu Bês des Égyptiens, Catalogue des
fiijurmes de t. c. du Lnuvre, p. 77 cl /Jull. corr. hell. 1SS4, ICI si).; cf. Furt-
wângler, Ârchiv. fur Itelhjionswistienchaft^ 1907, p. 325, et Antik. Cemiiten,
III, 40 sq. SI. Kf.ite. Jairbucit. d. arch. Inst. IS93, p. 89 si| , voit dans uns
dénions le proloUpe l'es PIilyaLcs ilaliotes [phlyakes]. — 7 Frœliner, âJusées de
/■'rance pi. vin. — » Potlicr. Catalogue des ras. du Louvre, p. 1099, li 401.
Vatiran, Musi-c Elrus<|iic, ci-atèi-c cainpanicn, n** MO, ï'apposilcne, endoi-mi au
prcmiiT plan d'un banquet d'acleurs. Cr. aussi, n" 161, f'apposilène dansiint.
— 9 BruOD-Bruckinann. Deiikmûler, pi, ccviii : statue du Latran, Helbig, /'uhrtr,
n- 68Î. — 10 Ami. (/. Jnst. 1877, p. îii sq. — U .inn. dell. Inst. 1877, p. i77 s.)
— '- i'ausan. I, 20. 1. — 13 Louvre, Brunn-Bruckoianii. DenAmûler, n*' 120, ii' ■_
Itonic, I apil.,li-, !hid. p'. lictixxvii : llcibig, /-o/.rcr.n- 539; Vatican, //ml. n" S'i,
Fig. — 6129, Silèl
se détachent, par une évolution facile à suivre, deux
nouveaux types appelés également à jouir d'une grande
vogue: le Satyre juvénile, imberbe, el le vieux Silène
ventripotent. Créés tous deux au iv"^ siècle, ils n'otent rien
de sa vigueur au type fondamental du Satyre-Silène barbu.
C'est à l'image du Pan juvénile [pa.\^ que Praxitèle
fil ses statues si vantées de Satyres qui, si l'on ajoute
créance à un passage malheureuse-
ment suspect de Pausanias'-, or-
naient à Athènes la rue des Tn''-
pieds. Il y avait alors dans l'art
une tendance à rajeunir les divi-
nités masculines : Hermès, Diony-
sos, Fan, et les Satyres sont entraî-
nés dans ce courant général. C'est à
un original de Praxitèle que l'on rat-
tache les nombreuses figures de Sa-
tyres accoudés en une pose alanguie,
dits Satyres au repos '^ (fig. G130).
La belle statue de Satyre échanson
de l'Albertinum de Dresde est
peut-être une réplique du Satyre
periboetos du même sculpteur, L
connu par une anecdote célèbre de "^'s *'^''- ~ ■'™'"' ^^'i'"'
Pline'*. Dès lors, le type du Satyre
juvi'nile est bien établi; il est imberbe et porte les che-
veux relevés sur le front '»; ses oreilles pointues et quel-
quefois des protubérances peu ac-
centuées sur le front '% tenant lieu
de cornes '\ sont les seules sur-
vivances de la nature animale, plus
clairement exprimée aussi dans cer-
tains cas par des cornes, des glan-
des caprines [fjullae] et une queue
de chèvre'*.
C'est au w" siècle que se précise
le type attique du vieux Silène, per-
sonnage au masque socratique, à la
fois laid et jovial, àface chauve, aux
oreilles de porc", aux membres
gras, au ventre replet. Les sta-
tuettes de terre cuite montrent
bien les rapports étroits de ce nou-
veau type avec l'ancien Papposilène Fig. 6111. — r.ippcilèoe.
archaïque (fig. 6131) -". D'abord
exclusivement théâtral, le Silène est devenu une figure
populaire, comme père nourricier de Dionysos (voir plus
p. .M; Michaelis, Aucient Marbles. Petnortli,u> 8, p. 601. — U Furlnanglcr, J/eis-
terwerke. fie. p. 333 ; et J/on. ined. ,\I, pi. vu, fig, 2 ; cf, Micliaelis, Ancient Mac-
lues, Orent Britain, p. CiOO, n» 6; à Itoinc, Musée des Thermes, Helbig. fûhrer,
n°926 = Brunn-Bi-uckinano, Ilenkmâler, n' 376. Voir Plin. Nat. hist. IV, 31, 69.
— Ib Keinacli. Itépertoire de hi statuaire. 11, p. 134, 1-7 ; 133, 3, 3-7. — «S Sa-
tyre piaiitélien de l.ainia, Arndt et Anielung, Ein:eherliauf, 247, 041-042.
— 1^ Sur lus corne des Satyres, cf. Stcpliani, Comptes liendus de Saint- Pétera.
1ÏS74. 66-81. Sur un Palyre â trois cornes, Zoega, liassiritievi, II, pi. nxxii.
— 18 Brunn-Bruckinann, DenkmMer. 11, 59V ; liueseli, Uuula il'ustrala det museo
di .\apoli (1907), n> 84; Furtwangler, Satyr aus Pcryarnon. t. 111; cf. le Satyre
appuyé de Berlin, Beschreibung dcr antik. Sculpturrn, n' 260 ; /lô'ii. Mitt.i.
1903, p. 1 Kl (Anieliing) ; cf. deux Satyres en marbre rouge, l'un au Vatican,
l'aulrc au Capilolc; Helbig, fûhrer^. a' 259 et 33i. Voir encore llcibig, Fillirer,
319 et Anielung. Moderne Cicérone, llom, 1, p. l9s. Pour les .'^atyros lysippéens,
cf. Pline = Overbeck, Schriftguellen. a' 1402. — ''J Brunn-Biuckniann, Denkinû-
ler, n° 433; Furlwiînglcr, Annafi d. I. 1877, p. 199: noter un musqué double, du
Silène ortlinairc et du type arcbai'quc ; Helbig, Fùhrer, n" 77, où sont réunis les
deux types. — 20 .4,c/iie. fur Beliijionswissens. 1907, pi. ii cl p. 331 ; cf. Hcuzcy.
Bull. corr. hell. 1883, pi. is: Wintcr, Vie Anliken Tcrrakutten, II, 398 sq.
Dans notre figure le mas |uc siléni<|uc a des cornes d'Ainmon qui se rclrouvenl
sur un ti'ssoii arréUii di- ma colledioii parliciilière.
s AT — 101)1
haut). Un groupe du Muséo dAllièncs éclaire l'origine
scénique de celle création, en inellant dans la main de
Dionysos un niasi|ue Iragique ' . Dans le vase de Prononios,
qui est du début du iv' siècle-, Silène, placé parmi les
acteurs d'un drame (iig. 1426), ne dill'ère des autres
Satyres-Silènes que par son cliiton depaille et son masque
à barbe blanche. Un autre vase du iV siècle ne distin-
gue Silène des autres Satyres-Silènes barbus que par
l'absence de la queue '.
L'époque hellénistique a usé avec abondance de tous
les types créés par les âges précédents, mais en diversi-
fiant, à l'infini, les motifs. La campagne triomphale
d'.Mexandre aux Indes fut transposée en voyage de
Dionysos en Orient ', et la merveilleuse procession de
Ptolémée Philadelphe, décrite avec tant de précision par
Callistliènes ' , dé-
roula dans les rues
d'.\lexandrie le cor-
tège imposant du
dieu accompagné des
Ménades et des Sa-
tyres ; ces derniers
avaient des vête-
ments rouges ou
bien le corps enduit
de vermillon ; ils
portaient sur la tête
des couronnes de
lierre ; on voyait
aussi de vieux Si-
lènes vêtus de pour-
pre et chaussés de
brodequins blancs.
Si beaucoup de mo-
numents conservent
Fig. 6132. - Satyre jouanl avec m, chien. le SOUVeuir de CCtte
glorieuse apothéose,
il en est aussi du genre plus familier et comme idyllique,
mis à la mode par les poètes alexandrins. Un bas-relief
du Louvre, représentant un chasseur Satyre jouant avec
un chien, est pénélré de cet esprit bucolique (fig. (3132) ^.
A Pergame, se révèlent des tendances très marquées
au naturalisme : les Satyres deviennent de jeunes rustres
chez qui l'on exagère la vulgarité campagnarde. Plus
rien de la rêverie des Satyres de Praxitèle. Tels la
< .\rndt el Amcluiig, Ein:eherhauf, n« C« = Wollers, Gipsabijùsse, 1303
— ï J/on. itell. Intt. III, pi. iiii ; G. Nicole, .l/eWioï et le slijle fleuri (1908), fig. 29.
— 3 Alon. delt. Inst. IV. 10. — t (îraer. Oe Bacchi erpeditione. — S Overbeck,
Schrifiquellen n» 1990. — e Schreilier. We Hillrnislischen HeUefbHiler. pi. xxii;
Seite JahrbOcher fur daa Klasu. Altert. 1905, p. 120 (Wascrj; Knrliner, Notice
Heulpt. aitt. n* 281 ; cf. dans le même genre, Schreiber, O. c. pi. xvit, xxi et xxiv.
— 1 Furlwângler, /ler Saltjr nus Perijamon, \0' Winckelmamis l'rogr. pi. i.
— « Amclun;:, Fùhrtr durtli /■'loren:, n' «5. — 9 ISruunbruckmann, Denk-
viâler, pi. IV ; l'urlMiiugler. lieschreibuny der Giyptvtfwk. p. 205, II» 218 ; cf. uu
salyre de liasallc vert, pcrgaiiiénirn, à la (iljpotlii''i|ue de Munich, ilùnehener
Jahrbueh, 1907, p. 130, o. 1 ; el le lorsc de Florence, Kruun-Bruckmann. pi. xxix;
AmeluDg, f'ùhrer, m 153. — lo Paul Milliet, Mélanges Nicole, p. 361.
— 1' Puchslci», Ueschreibiing der Oigantomachie, p. 14. — 12 Hclliig, /'ùhrer,
n» 616, p. 4li; l'ctersen. Vont alten Rom, fig. cl p. 170-3. — <3 FurtwSnglcr,
Annali d. I. 1877. 211. — ** Brunn-Bruckmann, Ilenkmâler, pi. ctjxxxv ; Helbig,
/■'filirer, W 987. Hcibig, Colleciion llnrracca, pi. i xv. — IS S.ityrc de iVapIcs.
Mau-kelsey, l'ompei, Iig. 2*8.— l<i Hicliaëlis. Ancienl ilarbles in Great llrilain,
llolkhara. o" 15 cl Ifi, p. 30* el 305; Clarac, IV, 708 U -, Frfihncr, .Vo(i« Sculpt.
ant. u. 263 ; Sotice sommaire, a' 595 ; Helbig, Fùltrer, n" 19 et 4H = Clarac,
p. 710 B. — 17 Cr. Silll, Die Gebûrden bei der Griechen, p. 227 ; l'olluv,
Onomast. 4, 105; Fnrlwiiugler, Jter Salyr aus Pergam. pi. n ; el JUaster-
pieeet, 330, noie 4; Collection Sabourof, pi. Lxxrn-txxix. — I» Anielung,
f'ùhrer durcb die antik. in t'iorenz, ». 58; Fiirluiiu^ler, Der Salyr aus
<X1
statuette du Musée de Berlin représentant un Satyre
eflfravé '. le Satyre au scabi'l/um de la Tribune de Flo-
rence ', ou le prétendu Faune Barberini de la Glyplo-
thèque de .Munich, ' vautré dans une attitude qui manque
totalement de bienséance'". Ce même goût réaliste des
artistes fixés à la cour des .\ttalides se retrouve dans les
figures de Satyres de la frise de l'autel de Zeus", dans
une lête de Satyre en or récemment découverte et dans
le groupe de deux Satyres combattant contre un Géant, au
palais des Conservateurs '^
Beaucoup d'œuvres charmantes de celte époque ne
peuvent être rattachées avec certitude aune école déter-
minée. Elles forment le trait d'union entre les œuvres du
ix" siècle et les peintures de Pompéi, oii l'on ne trouve
presque plus que des Satyres juvéniles et de vieux
Silènes '^ Parmi les plus célèbres, citons le Satyre dan-
sant de la villa Borghèse'* et le bronze du Musée de
.Naples ''. Au ii= siècle, ce type disparaît presque complè-
tement et fait place aux Satyres juvéniles qui acca-
parent la faveur des artistes; on donne plus de sou-
plesse aux motifs de Satyres accoudés "^ ; on croise leurs
jambes etl'on glisse une ttùle entre leurs doigts; on a une
prédilection marquée pour les Satyres dansant les jambes
croisées ''', ou qui se liissentsur la pointe des pieds, les
mains tendues vers une grappe de raisins dans un geste
de maraudeur'*. L^ne des inventions les plus amusantes
est celle du jeune Satyre virant sur les hanches pour voir
sa petite queue". La plupart de ces figures prêtent aux
Satyres une grande jeunesse, une expression enfantine'"
et naïve, etl'on voit souventdes images de Satyres enfants
ou Satyrisques, ainsi que des Satyres féminins analogues
auxPanines et aux Centauresses (voir plus bas, p. 1100).
C'est l'elTet de cette même mode poétique qui, dans
les peintures de Pompéi, multiplie les figures de Psyché
aux côtés d'Éros (psycué, p. 749].
Les représentations de Silène sont aussi extrêmement
fréquentes; on les emploie volontiers comme figures de
fontaines-' [fû.ns, fig. 3138], comme supports dans l'archi-
tecture el le mobilier (fig. 608, 609, 1097], etc. -^ Platon
parle de cofTres-forts en forme de Silène, qui servaient à
serrer des statuettes de prix-'. La tête seule est constam-
ment mise à réquisition pour des mascarons'-', des
vases -% des hermès '-'', des réchauds-", etc. .\ Rome, la
vogue de ce motif décoratif est plus grande que partout
ailleurs; Satyres el Silènes abondent sur les sarco-
Pergamon, pi. m, a" 2 et 3. — 19 Helbig, Fùhrer^, W 377 (Vatican): Jlicliaelis,
Ancient Marbles, lVilton-House,n° 151; bronze de la Bibliolli^quc nationale.
Ileydemann, Pariser Antiken, p. 71, u. 20; Mariani c Vaglieri, Guida del Afuseo
naz. délie Terme, n' 362. — 20 Amelung, Fùhrcr durcli die Sammlumj. n» 38 A :
type des monnaies de lu ville de Césaréc, Arch. Zeit. 1869, pi. xxiii, n** 2-3 et
p. 97. — 21 Hcibig, Fùhrer, 201, 357, 619, 679, 783, Silène: 0verl)eck-5Iau. Pom-
peji, 4' éd. Kg. 285; Fni'liner, NoticeSculpt. Ant. n°* 272 el 275. t'ne statuelle
de Silène du Uiisée de Naples, n" 120362, dans la position du JUankenpiess de
Bruiellcs; cf. Furtniinglcr. die Antiken Gemmen, pi. xxvii, 2023; )lalz-Duhn.
Antike liil'lloerke, III, n» 3iil7; Catalogue A/usée Alaoui suppt. pi. xi-, n" 4.
— 22 Reliefs de la scène dn tliéùtre à Athènes, von Sybcl, Catalogue, n" 962 et
notice, Hg. 609; Helbig, Fahrer, U, n» 1334, 1504; cf. I. n° 139; Frûhner,
Notice Sculpt. ont. n' 259. — 23 p|at. Coni'in. §215 b; cf. Plin. Nal. hist. 35.
10; 3(i, 4, 5. — 21 Helbig, Fùhrer, 1, 533; 11, n" 863 et 924 ; Mieliaclis, An-
cient marbles in Gr. Brit. Wiltôn U. n' 9, p. 60; Ibid. Ovford, n" 109 el 220,
p. 591. Dans les vases plaslifpies archaTrjues. Treu, 31* Winckelinannsprog. pi. n,
I et 3. — 2S Fneliner, Notice Sculpt. Ant. n" 316 cl 235; Jbid. el Catalogue
sommaire, n" 86. Iig. Vase Borghèse; Micbaelis. Ancient Marbles in Gr.
Brit. Wolium Abbey, n« 1 47, p. 741 ; Helbig. Collection Uarraco. pi. xxxiii.
— 20 .Michaelis, Ancient marbles, p. 221 et 258; Helbig. FCihrer, I, n' 570:
Wandgemiïlde, n" 371, 386. 413, 414, 442. — 27 Jahrbueh. des Arch. Inst. V.
pi. el p. 122 ; cf. Ibid. VI, p. 120 ; Bull, de corr. Iiell. 1905, p. 400 el fig. 20 sq.
(Majence).
SAT
— 1095
SAT
pliages ', les mosaïques -, les lampes^, les candélahres *
(fig. 1097, 1098), les boucliers ou disques d'ornement
(fig. (1133) ", les cachets % les monnaies ", etc.
Nous n'avons étudié jusqu'ici que les varialions du
Fig. 0133. — Salyre cl paullx
type des Satyres-Silènes. 11 nous reste à examiner leurs
rapports avec les autres dieux, et les composilions où ils
se mêlent à d'autres personnages.
A. Satijres-Silihies et Silène dans le tliiase bachique.
— Un très grand nombre de représentations ont élé énu-
mérées dans les articles BACCDUs'et jiaenades, auxquels
on devra se référer On peut, toutefois, en classer de
nouvelles sous les chefs suivants.
Dans l'éducation de Dionysos, c'est surtout Silène, le
père nourricier et le précepteur du jeune dieu, qui est
ligure ; Heydemann a classé les monuments où on le
voit*: mais les Satyres assistent aussi parfois à la nais-
sance et aux jeux enfanlins du dieu (fig. 081), ou ils
balancent le van qui lui sert de berceau (fig. 207)'.
I Ilclliig, ruUrer, I, n" lOD et 704 ; Micliaelis, Ancient marbles in Gr. Hi-it.
Ince Blundell, no 228; /bid. Willon-Uoiise, n» 153; Ibid. Oxford, n" 109, p. 366;
Furlwanglcr, Besclireibung der Giyplolhek, 223, pi. lxi. — 2 HoUiig, Fùhrer,
n» MOI; Sclimidt, Recueil d' Antiquités suisses, pi. xyii ; Gauckler cl Gouvet, Musée
de Souase, pi. ixxi, n. 6; pi. lx; Kotiz. degl. scavi 1901, pi. xxv; Gauckler.
Mutée Alaoui, Supplément, 1907, n» 193, p. 8-9; et n» 180, p. 6. — 3 Wal-
lers, Histonj of ancient Pottery, II, p. 4ii ; British Muséum, n" 181 ; satyres
itansaiit ou jouant de la double flûte, d^* 102, 180, 579; Kcnner, 34: portant des
outres ou des coupes, Ibid. 102, 182; masques de Silènes sur des lampes, Brii.
mus. 184, S74, 275, 320, 462, 300. — 4 C. 1. Lat. VI. 18 = Dcssau, Uclectus
inscr. lat. n» SS-Sl. Silènes ailés sur une base de candélabre de Dresde, l^olli-
pion, Bist. de la seulpl. ijr. Il, fig. 341 ; Friederichs-Wolters, Gipsabcpisse,
n" 420 ; palais des Conservateurs à Rome, cour d'entrée no 28 ; Vatican, galerie
lies Candélabres, n°' 241, 243; Kieserilsky, Catalogue sculpt. Hrmitage, 297,
298. — 5 Cf. ciU'Eus, p 1259 si). — C Grenfcll et Hunt, Oxyrinch. papijri, 111,
n»491, ligne 20; FurtwSngler, Die antik. Gemmen. pi. iwi, 3; iivii, xxnn, 4-
18; Musée de Florence, n** 72, 17. — 7 Acs grave d'Hatria, au musée de Flo-
rence. Cf. Mîscetlanea Satinas (Gabroci) ; Grecclii, 2ï/n' monetarii di Homa impe'
riale, p. 31. — » Heydemann, Dionisos Geburl und Kindheit, 10' Winckel-
mannsprogr. ; cf. Helbig, Fùhrer, II. 801; Wandgemàlde, 374 sq. ; un Salyre
enfilant une bolline à Dionysos enfant: Helbig, Fiihrer, n» 431. — 9 Waltcrs-Bir.h,
Uistorg of ancient pottery, II, pi. i.xi, 2. — fO Stepijani, C. rendus de la cam-
iniss. nrch. 1867, p. 173 ; Frœlmer, Musées de France, pi. vi el vui. — n FrSIincr,
Ibid. pi. VIII. — 12 Dionysos découvrant Ariane, Frœlmer, Notice, 242; Gardiier,
Vases of Ihe Fitzu-illiam Mus. pi. x, n" 48 A ; Vases of Bril. Mus. III, E. i'i . ;
F. 272 = Mon. d. Inst. 1854. pi. xvi ; Sarcophage Casali, Mûller-Wicscler, Deiik-
mrïler, 11, pi. xxxvii, 432; Michaelis, .Ane. marbles, p. 382, n» 249; 533. n" 3'i:
Helbig, /■fi/ircp, n» 196; Frôhner, .Sculpt. antig. n" 240-241; Pellcgriui, Vus,
ilA musfo cie. di llologna, fig, 64: Palroni, Ceramica ant. p. 120 et fig. 84.
— '3 Helbig, Filtrer-, II, u» 1224, p. 305; Furtwaugler, Deschreib. der Glijpto-
itien de plus fréquent que les Satyres .iccompagnant
Dionysos. Ils l'aident à s'équiper pour aller comballre
les géants (iig. 01r>9), et eux-mêmes n'hésitent pas à se
lancer dans la bataille '". Ils luttent avec lui contre les
pirates Tyrrhéniens (Iig. 088). Ils figurent dans les scènes
d'omophagie [omopiiagia] " ; dans le mariage de Dionysos
et d'Ariane (fig. 510) '-, la fête nuptiale affecte souvent
la forme d'une pompe grandiose où les Satyres ont leur
part(fig 511, 't375)". Très souvent le cortège revientdes
Indes, avec des panthères et des éléphants (fig. 093) ".
Les àncs de Silène'^ constituent aussi l'attelage du
dieu ; mais ils sont parfois remplacés par des Satyres
et des Ménades dociles "* (fig. 083).
Nombreux sont les Satyres soutenant Dionysos (fig. 084).
L'n passage de Pline '^ nous fait connaître un groupe de
Praxitèle représentant Dionysos légèrement pris de vin
et s'appuyant sur une figure de l'Ivresse etsur un Satyre;
on peut se faire une idée de ce groupe par une fresque
de l'ancienne collection Barone". Dans un groupe de
Thymilos", de la rue des Trépieds, un Satyre tendait
une coupe au dieu que soutenait Éros. Quelquefois, Éros
est remplacé par Pan-" ; mais le Satyre reste un élément
fixe de la composition; si le dieu n'a besoin que d'une
seule de ses béquilles vivantes, on voit l'autre person-
nage le charmer d'un pas de danse ou du jeu de la
syrinx; tantôt c'est le Satyre qui sert d'appui el Pan qui
joue'-', tantôt c'est le Satyre qui danse et Pan qui prend
la relève '-^ D'autres monuments n'offrent plus que le
seul groupe de Dionysos et du Satyre -^ Les groupes de
marbre représentant Dionysos soutenu par un Papposi-
lène ont été dénommés abusivement « Socrate el Alci-
biade » par les anciens antiquaires ^'.
La présence de Dionysos-" n'est pas toujours nécessaire
pour constituer le thiase bachi(jue. Les jeux des Satyres-
Silènes et de leurs compagnons on tété largemenlexploi lés
par l'art de toutes les époques. Beaucoup de monuments
ont élé déjà mentionnés dans un autre article [maenades],
et le sujet relève, à proprement parler, d'un sujet à traiter
ailleurs [tuiasos]. Le commerce des Satyres-Silènes avec
les Ménades est tantôt enjoué et paisible (fig. 4772)-",
Ihck. n" 223 ; Friibner, i\olicc de la sculpt. n° 232 ; Micliaëlis, .inc. marbl. Fitzw
.l/«s. p. 252, n" 31; Lansdownu, n» 23, p. 442 : Newby Hnll, n° 34, p. 533.
Woburn Abbey, n» 144, p. 739; Ballet, comun. 1377. PI. xir, xiii ; Dutschkc.
Antike Bildw. im Oberilal. I, 26 (Fisc.. — '4 Cf. Graef, fle Bacchi expedi-
tione. Le tbiase combattant contre des Indiens, Helbig, Fùhrer, II, n° 1137.
- lu (Anes de Silène) Gerhard, .Ant. Biidu-erke, 112, I ; Diiischke, Ant. Bildw.
1, 23 (Pise). — '6 (Silènes lormant le cortège) Millier Wieseler, llenk. II, 48,
005; Jahn, Vasenmmml. 1119; Friihner, Choix de vases grecs, pl. v; Musées de
France, pi. vi et p. 24. — " Plin. Hist. nat. 34, 49. — 1» Minervini, Monum. di
Barone, pl. xiv. Voir aussi Mûller-Wieseler, Deuk. Il, 44. 348. — m Pausan. I,
20, 2 : Roseher, Lexik. der Mith. p. 1449 [pan]. Camée du .Musée de Florence,
„. 17. _ 20 Mon. d. Inst. IV, 35; Michaelis, Ane. marbles, p. 203, n» 77;
Ath. Mith. 1877, p. 333 ; Ann. d. Inst. 1840, pl. xii. — 21 Irahoof-BIumer, Griech.
Mùnzen, pl. vi, IS. — 22 Gerhard, Nenpels antik. Bildw. n» 189. — 23 Ann.
d. I. 1877, 211; Amelung, Fùhrer dnrch die Antik. n» 140 et Milani, Museo
italinno, III, 788 ; Frôhner, Notice de la sculpt. n' 204, Dionysos s'appuie
sur un satyrisque ; Millier- Wieseler, Dcnkmâler, II, 50. n" 024; Michaelis, Ane.
marbles in Gr. Br. Ince Blundell, n» 200, p. 388; Helbig, Fiihrer, n« 697.
— 2t Michaelis, Aucieut Marbles in Gr. Br. p. 624, n" 6 = Journ. of hell. Stud.
1908, p. Il et pl. IX, 12 (Stning); Cf. An.lreas Fulvius, Antiguitates Urbis, 1327,
XXXV. — -22 Dionysos avec des Silènes, Klein, Vasen mit Meisti-rsign. Pam-
phaios, 18; Epictétos, 5, 22; 2i;0ltos. p. 134; Hieroii, II: Andokidès, 1:
Assteas, 2 ; Klein, Vasen mit Lieblingsinseh. Sostralos, 1 ; Erasippns, Mcninon,
15, 28; Lcagros. 22; Diogenes, 3; Dionokles, 4; Lykos. Louvre G, 114. Dio-
nysos avec des Silènes el des Monades : Klein, Meistersignal. Nicosthèncs.
3, 23. 26, 61, 70; Cachrylion, 6; Leagros, 3; Ollos, 2; Phiutias, 2; Her-
nioiia\. G; Astcas, 1, 3, 4; Python, p. 210. Klein, Lieblingi. Stcsileos, 1:
llippocralès, 2; Lykis ; Aiscliis, 2; Memnon, 22; Lysis, 9; Polyphrasmou.
Euaion, 8; Alkimachos, 4. — 2C Helbig, Fiihrer, SCI; cf. Michaelis, Ancient
marbles, p. 479, n" 27.
s AT
— 109G
SAT
parfois plus ajîiU', mais cncoro paciliquc : les Satyres-
Silènes accompagnent sur leurs instruments les danses
(les Ménadcs ', ou se lancent avec elles dans des entre-
chats d'une verve tout à fait débridée'- (fig 47tJO et
i7661. Ils
procèdent
ensemble]
aux tra-
vaux de la
vendange
(ng.6i;u?
et c'est
l'occasion
de toutes
sortes de
jeux et de
poursui-
tes, repré-
sentes
dans tou-
tes leurs
phases,
depuis la
surprise
des lym-
phes (lig. 'i7o9/ jusqu'au succès tinal '; les Satyres-
Silènes embrassent leurs compagnes'', les enlacent', les
saisissent pour les porter sur leurs épaules ou leur tête *;
ils les prennent en croupe dans leurs chevauchées " ; le
plus souvent vainqueurs'", quelquefois ils sont repous-
sés à coups de thyrse". Sur les peintures de Pompéi,
on voit de nombreux groupes de Ménades et de Satyres
planant dans les airs et purement décoratifs'-.
Dans le thiase, les Satyres sont souvent groupés avec
Pan'^ [cf. PANj. Un groupe du Vatican'' montre Pan
tirant une épine du pied à un Satyre '».
D'autres motifs interviennent également, banquets ou
bachanales, pour lesquels nous renvoyons à un autre
article [tuiasos]. Les Satyres-Silènes sont très souvent
associés à Ampélos'" ou au vieux Silène, qu'ils sou-
tiennent dans son ivresse''', poursuivent de leurs espiè-
gleries,non sans en être souvent châtiés '*.
' Klein, Mtisters'ijnat. l'aropliaios, U; Hievon, i0-:3; Soladss, p. 187; Polygnolos,
p. 199 ; F'aoailios, n. 0 ; Ueiliard. Ans. Vasciib. pi. i.jm, n» 2. — 2 Klein, O. c. K\-
coslliéncs, 17, 19-i4; Camphaios, 18; Meninon, 13; 2C : Oltos,4; Cutal. of vases in
the Br. mm. E. HT, «7, 439 ; F. 49 ; Klein, LiehUnijsinschr. Timoilieos, 1 ; Prosa-
goreuo, 3; Lcagros, ii ; Epidromos. 9; Euaion. 9; Cliarmides, 7 el 8: Cleinias, 3;
Hclbig, Fûhnr 11, 794; Wandgemillde, n ' 538-540. — 3 Voir m.\enai)f.5, lîg. 47i)2,
— 4Cf. Annali, «878, p. 92 sq. (Furlwanglei), p. 88 ; Berlin, n« 22H ; .Ndpics, S. A.
313-, de Ridder, \as. Ililil. nation. 852 ; Louvre, G. 200 cl 251 ; origine du type scul-
ptural de l'Ariane du Vatican; Reinach, Jlépert. ili-s vases, I, 340: Jour. of. hell.
tlud. 1905, pi. E, lig. 534, lig. 4702. — R. Nicole, Aleidias et le style fleuri ; (1908),
lig. 3ii, renochoc- d'Oiford. 11 ne faut cliercliei- aucun symljolisme dans le nom de la
.Nymphe endormie, TPAraiilA. Hcibig, n'andjemnWe, n» 542, p. 123 n" 546,
p. Ii3. — <• Furlwiingler.Reieliliold, Griech. Vasenmalerei, p. 210-217 (fig).
— 6 Klein, 0. <r. Epilylos. 1 ; Clielis, 3 ; lliéron, 12 et 13 ; /.ici/injs. Panailios, 4;
Lcagros, 22 ; Vases of Brit. Mus. I'. 192; Kurlwiingler-Rcioliliold. Griech. Vasen-
mater. pi xlvi ; Adamck, Vasen von Amasis, pi. ji ; llelbig, Wandgemà'lde,
n'.iai: Catal. of vas. in tlie Br. Mus. B. 2i.5; F. 308; [)c Ridder, Vases de la
Bibl. nat. 539; Elite ceram. I, 45 ; Winler, Tijiienkalal. I, p.' 217, 5. — 1 Helbig,
WandjemrtWe, 547-551. — 8 Vente Drouot, 1903, n" 62 : Louvre, Calai. F. 101
= Vases ant. du Louvre, pi. i,ixvi ; Mouum. aulichi dei Lincei, 1907, pi. .sxxvn et
fig. 348, p. 482. Vase à f. n. au Mus^e municipal d'Arezzo; ficrliard, Aus. Vasenb.
172 ; Panofla, t'arodien, pi. u, 4; Jahu, Vasens. 540, 051. 134s ; Schôuc, iluseo
Uocchi, 93 ; de Wille, Catal. Durand, 95 ; Millingen, Vases Coyhill, 41. — 9 Win-
Ut, Typenkalalog. il, 398, n' 9. — m lleydcmann, Pariw Antiken, p. 25, n" 42.
— 11 Ballet, dell. comm. mun. 1889, p. 400 ; llelbig, Fuhrer, n' 7i0. — 12 Furt-
wângler-Reiclihold, Griech. Vasenmalerei, pi. n ; Gerhard, .inlik. Bildiv. 46, 3.
— IJ Helbig, WandgemUlde, n' 513-51 : 532-537. — U Cf. Roscher, lexikon der
Mylhol. III, p. 1440 el s.|. (Werniclc). — 16 Ibid. lig. 19 el Viscouli, àlus. Pio-
B. Satijres avec /es dieux. — Les Satyres-Silènes sont
parfois groupés avec d'autres divinités; avec Hermès
(fig. 49W;", avec llépiiaistos (fig. 313:ii, dont ils accom-
pagnent le retour triomphal dans l'Olympe ^'^. Des tètes de
feu et les Satyres-Silènes. Il vaut mieux invoquer la
vertu prophylactique que l'on attribuait aux Silènes,
comme à Pan : ils inspirentaussi la terreur « panique »--
et sont employés comme amulettes. Ce ne sont point des
mascarons de Cyclopes-^ comme on l'a prétendu.
C'est à Héraclès, après Dionysos, que les Satyres-
Silènes sont le plus souventassociés; ils l'accompagnent
dans ses travaux^'", le secondent dans ses actes de dévo-
tion -", lui font un cortège triomphal " : c'est au milieu
de leur turbulent essaim qu'Héraclès goûte les joies
du repos -'. Héraclès, le héros boulTon par excellence,
est le personnage principal de nombreux drames sa-
tyriques '-* [satyricim dramaj. Dans maintes peintures
de vases, où Silène et Héraclès sont réunis^', les Silènes
sont de mauvais génies poursuivant le héros de leurs
espiègleries '" ; ils lui volent ses armes pendant son
sommeil^', ou tandis qu'il supporte le poids du ciel, à
Clementino, I, 48. Un groupe analogue au Louvre, Frùlincr, Notice de la Sculpl.
n"20l, p. 272, omis par Wernicke. 0. c. — 1 fi Terres cuiles archiicclurales. Brilish
Muséum, D n« 526, 534-52. — 17 Journ. of hell. stud. 1908, pi. \r, 31 el
p. 21 (Strong). — 18 Helbig. fâhrer, n» 569. Bisellium de bronze du Capilole.
— 19 SlackelLerg, Grâber der Bellenen, pi. xl; Mon. del Jnst. Suppl. XXIV;
Antike Denkmâler 1, pi. xxi. Musi^c d'AUi6nes, n" 11703. — 2" Amelung, Fùhrer
durch die Ant. in Florenz, n- 220, p. 197; Bulle, Dit Silenen, p. 50; Pol-
lier, Catalogue Vases, G. 135 iLysis). — 21 Conze, JalirOuch des K. ïnst. V,
134: Furtwaogler. Ibid. VI, 110. —22 Bull. corr. /icH. 190.Î, p. 3.Î7 iMavence).
— 23 Locsclicke, -Ans der Cnteru'elt, p. 12; Jalin, Vasensaml. u''731: tcle de
Silène sur un four de potier, Antike Oenkmfit. pi. xi.iv el xi.vi, 2. Silènes sur des
boucliers : cf. Apollon. Il, 12 el Preller, Griech. Mylhol. I. 000 ; Aachricht. der
Gesell. Gottimjen, 1897,75 : Ibid. 1834, 49. — 2'> Gerhard, Etrusk. Vas. VIII,
p. 10; Journal of. hell. stud. 1901, pi. i; Pottier, Catalogue, p. 1018, G.
185; De Rid.!er, Vases île la Bibl. nat. 220; Jahres. SMcn. 1900, pi. xu, iv ;
Hcydcmann, Millheilung. n" M , p. 60; Heydemann, Vasensaml. w" H'Z ; Helbig,
Wandgemùlde, 1141, Iralioof-Blumer, Griech. Mùuzen, p. 624. — 25 Jahrbuch
des Inst. 1893, pi. n. 16 el 107. noie U ; Ibid. p. 163 ; Furtwângler, Vasensam.
n" 2523; Collection lan Branteg'em. n» 65. — 26 Michai-lis. Ancient marbles in
Gr. Br. Woburn Abbey, n» 144, p. 739 el 1331.— 27 Aroelung, Fùhrer durch die
Antik. in Florenz, n» 242, p. 237 ; Helbig. Fùhrer, II, 789. — 28 Welckcr, Aachirag
zu Aeschyl. rri/o^lf. p. 318 si].: Heydemann, Va-ù Caputi mit Theaterdarstellun-
gen, p. 12. — 29 Furlniingler-Reiehhold, Griech. Vasenmal. pi. xlvii, 2 cl
p. 243; Arch. Anzeig, 1893 (Harlnig) ; Pollier, Cal. III, p. 833, G. 11. —Pour les
scènes de Busiris, cf. Heydemann, Terracotten aus dem Museo nazionale, pi. n,
2 el p. 8, noie 20. — 30 Schreiber, Die hellenist. Jteliefbilder, pi. xxx, I ;
.\eue Jarb. f. dus. kl. Alt. 1905, pi. iv, 3. — 31 Millingen, Peintures de
Vases, pi. sxsv ; PoUier, Catal. Louvre, III, G. 558.
SAT
— 1U97
SAT
la place d'Alias'. Sur un bas-relief iiellénislique -, un
Salyrisque, juché sur une échelle, boit dans la coupe
du héros assoupi. Quelquefois, le liéros a un terrible
réveil et fait fuir devant lui la troupe efl'rontée ^
qui s'amusait à le faire berner par des hélaires, à parodier
ses grands travaux*, à le charger de liens '■'.
C. Sati/res dans le drame satyriquc. — Il est certain
que le drame satyrique i^moKis, s.\tyricim iir.\m.\], en
général, a eu une grande inlluence sur les peintures de
vases '. « Comment ne pas songer, dit M. Poltier ', à
Pratinas et au grand succès de ses Silènes bouffons en
présence d'Hercule couché au milieu des Silènes et des
Ménades dansant, ou de l'épisode d'Héra et d'Iris assaillies
par la troupe pétulante des Satyres* ».
Le chœur rustique des Satyres, dans son décor idyl-
lique de campagne et de bois, est associé à des épisodes
mythologiques; les héros et les dieux se mêlent à lui, se
dérident à son contact, se mettent à l'unisson de sa verve
bouffonne. Nous avons sans doute le souvenir du S/j/iinx,
drame satyrique d'Eschyle, dans une peinture de vase,
où Papposilène est debout devant le sphinx perché sur
un rocher'. Sur un cratère de Florence'" sont figurés
deux Silènes détruisant à coups de pic le rocher mau-
dit. Le supplice de Lamia", le châtiment infligé par
Dionysos à des Satyres '^, la parodie grotesque des
exploits de Thésée'^ de Jason en Colchide'^, les aven-
tures d'Héra et d'Iris '° sont autant de scènes inspirées
aux potiers par le drame satyrique.
Enfin, les nombreuses représentations du Papposilène "^
avec son maillot hérissé de paille, sa perruque blanche
souvent en désordre''', montrent aussi la popularité
dont a joui le costume théâtral du Silène adulte ". Un
cratère célèbre du Musée de .Naples [cuorls, fig. 1426]
nous offre Silène et les acteurs d'un drame mêlés au
chœur des jeunes Satyres.
D. Satyres-Silènes avecd'autres personnalités myllio-
loyiques. — Les Satyres se rencontrent avec des divinités
moins ordinairement rattachées au thiase: avec Apol-
lon", avec Coré-°, dont ils contemplent l'anodos
(fig. 5826), avec Poséidon-' avec Éros-^: ils luttent
dans les Gigantomachies'"; un groupe du palais des
Conservateurs les met aux prises avec un Géant-'.
1 Hcydeiuaiin, Vasi Caputimit Theaterdarstetlungen. p\. ii. — 2 Ciirlius, H'ï/j
ketmanns proyr., Héraclès, der S'attjr und Dretfiissraùber. — 3 Schreiber. Bildcr
Atlas, f\.\s. —iJoum.oflwll.stud. 1 887, pi. i.xiiii ; Hclbig, i^ïiArer, U, n« 1268 ;
Cambridge, Vases of Fit zwiliam Muséum, n" 83. — " Coltignoo et Couve, V'dse*
d'Athènes, a" STO. — « Festschrift fur Gomperz, p. 439 ; Dûmmler, Kleine Schrif-
ten,[l, 29-30; FurUâDglerReicbhoId, CriVc/i. Vasenmal. iiu sq. —'' Catalogue
des vases du Louvre, III, p. 833. — 8 Ravel et Collignon, Histoire de la céram.
grecque, fig. 77 ; FurtwânglerReichhold, Griech. Vasenmaler. pi. xivri ; Polliei-.
Douris, p. 77. — 9 Cf. VVilamowilz. Griechische Tragédien. III, p. 1). iioli- I.
— ïO Heydemaun, Yasensammlung, 2846 ; voir aussi Furlwangler, Die antiken Gem-
men, pi. uni, I el fig. 69, p. 102: Jahn, Archaeolog. Beitrâge. pi. vet vi ; Helbig,
Fthrer, II, n» 1274. — 11 Milani, Studi et materiali, I, p. 71 s<|. — '2 Collignon cl
Couve, Vases d'Athènes, n<> 961. — 13 Reiuach, Répertoire des vases, I, 416 ;
J/onum. antich. dei Lincei, -WIl, 1907, pi. xmv, p. 511 : cf. Wilaraowilz, Littcrar.
Centrait. 1907, p. 150". — i* Heydemann, Vasensammlg. in .\eapel, 2749.
— 15 Zannoni, Certosa di Bologna, pi. cxxii, 3 el 4 ; Heydemaun, Jason in
Kolchis, pi. I, lig. 4. — 16 Voir p. 1091. — 17 Reinach, Répert. des vases, I. 144 ;
11, 301, 3; Collignon et Couve, Vases d' Athènes, n' 1614; Musée dAlliènes. n° 12251.
12255. — Heydeniaon, Vasemamml. 3249, B; Musée de la Société d'Odessa, III.
pi. V, n" 32 ; Heydemaun, Terracotlen ans dem Mus. naz. pi. i ; Museo Gregoriano,
11, pi. xivi. — 18 Hcuzey, Bull. corr. hell. 1884, 161 : Harlwig, Meisteschalen,
pl. xxxviu et xxxcx ; Pollier, Catal. III, 1118. — 19 Heydemann, Vascnsammlunii,
n< 3222. Frôliner, .Vod'ce sculpt. ant. n" 88, p, 110. — 20 Heydemann, Ibid. 690.
— 21 Musée d'Athènes, n- 12196, 12252 cl 12546. — 22 Collignon et Couve.
Catalogue. 1917; Helbig, Wandgemglde, n' 420, p. 104; Helbig, Fùhrer, 11,
n" 847. p. 53. Cf. Plin. Bist. A'al. XXXVI, 29 ; groupes de Satyres el Corc. Wic-
seler, Denkmnler, 11,42. Ï16; Helbig, /"ii/irer, 11, n« 873. p. 08 ; /Wrf. n» 649-
650; Hauscr. Die neuattischen Reliefs, p. 43, p. 10-; Helbig, Fùhrer, II, n" 810,
VIII.
Leur présence ne s'explique guère dans certaines
scènes, comme la di'collalion de la Méduse par Per-
sée-'. l'enlèvement d'.\rnyinone'-* ou le supplice d'Ac-
léon '-'. Orphée aussi est représenté entouré de Satyres -*.
.\illeurs. les Satyres-Silènes assistent avec surprise au
lever d'Hélios -'. D'autres vases nous offrent Silène con-
duit prisonnier devant le roi .Midas'". Dans un de ses
tableautins, le peintre athénien Timantheifin du v' siècle)
avait montré des Satyres nains occupés à mesurer de
leur thyrse " le pouce du Cyclope endormi.
Nous avons louché plus haut la question des rapports
des Satyres-Silènes avec les Centaures^'. .\ l'époque
hellénistique aussi, les Centaures ont un type (fig. 4776i
tout à fait satyresque ". Les groupes de Satyres et
d'Hermaphrodite^* remontent à cette même époque et
sont d'une inspiration sensuelle.
E. Jeux et occupations des Satyres-Silènes — .Nous
venons de voir le rôle que jouent les Satyres-Silènes
dans le thiase bachique. Livrés à eux-mêmes, ils mon-
trent une très
grande ferti-
lité d'inven-
tion dans
leurs jeux et
leurs occupa-
tions. Tout
naturelle-
ment, la ven-
dange et la
préparation
du vin cons-
tituent une
de leurs fonc-
tions princi-
pales; ils cueillent les grappes, juchés dans les treilles
comme des singes'^ (tig. 1432 et 6134) ; ils entassent le
raisin ''^ ou le foulent dans des cuves ^^ (fig. 3860 et
6135), et l'écrasent sous le pressoir '". Le vin est leur
constant mobile, et l'ivresse, la source de leur verve
intarissable. Les ébats des Satyres ivres sont un des
sujets favoris des peintres de vases attiques '^ ; le
psycter de Douris '" ofire une scène tout à fait surpre-
p. 31. Terres cuiles arcbilccluralcs : Walltr-Birch, llistorg of iincient poltery,
II, 369. — 23 FrMiner, .Vusées de France, pl. m. — ''' Helbig, Fùhrer, 11, u» 618,
p. 414 ; Bull. comm. XVlll, 1889, t. 1, II, p. 17-23 ; Reinach, Répert. 11, 1, p. 146,
n" 3 : Petersen, l'on alten Rom, p. 170, 171, 173. — 2ô Heydemann, Vasensaml.
:ulfeapel, I, 767,2562. —28 Heydemann, O.c. 1980. A. — 2Î Heydemann. .ftie V'a-
sensamm. zn Neapel, S. A, 31 A. — 2» Annali de ïnst. 1845, pl. m; .Michaelis,
Ancient Marbles in G. B. Ince Blundell.n» 290, p. 394, 5; .Archaeot. Zrit. 1877,
pl. XXII, 2. — 29 Roscher, Lexicon Mythol. I, p. 19sS. — 30 Mon. d. I, IV, pl. x.
cf. Pollier, Catalogue, F 166; Vases of British Muséum, E 447; cf. Bulle, Athen.
Mith. 1897, 389. — 31 plin. A'a/. hist. 33, 743 ; Brunn. Kûnsllergesch.^,
î, 82. — 32 Voir p. 1092. — 33 Cf. Furlwangler, Beschreibg. der Glyptothek,
p. 214 sq. La prétendue télé de Faune (Brunn-Bruckmann, Denkmûler, pl. v a) est
une réplique du jeune Centaure du Capilole. — 3; Michaelis, Ancient marbles in
G. B. n» 30, p. 343 ; Annali, 1877, p. 234 ; P. Cauckler, Musée de Cherchell, pl. x,
n» 3: Berlin, Beschreibung, n» 195; Museo Torlonia, pl. xxxviii, n» 131 et pl. xi,
n" 157. — 35 Cf. Pottier, Vases antiq. Louvre, F 3.14; Helbig, Fùhrer, H, 808,
p. 30; III, 26; Gerhard, AA-ad. Abhdl. pl. Lxvni ; yoiirn. hell. stud. 1899, pl. v.
Noire figure = fig. 4762 [waenaoesJ. — 3»i Gerhard, Ans. \asenb. pl. xv. 2 ; Inglii-
rami. Vasi fittili, III, 262. — 37 Notre fig. 6135 d'après Mus. Gregor. II, 24. 1,
He'big, Wandiiemûlde, n° 435, p. 106 ; FrSbner, n» 306 ; Helbig, Fùhrer, I, n» 297 .
Disques d'argeut au Musée de Naples, n» 75435 el 36. Terres cuites architecturales.
WallersBirch, Uistonj of ancient pottenj. 11, p. 369. Silène seul écrasant du
raisin dans une coupe, fragment de poterie an Musée municipal d'Arczzo, fabrique
de Perennius. — 38 Helbig, Wandgemâlde, w 439, p. 107. — 36 Klein, ileis-
tersign., Anakles, 4; Cachrylion; 3, Sosias : 1, Epiclelos; 10; Klein, Lie-
blingsns. Krales; 1, Lcagros; 12, Paiiailios; 3. Aphrodisia; 2; Gerhard, Aus.
Vasmb. 94-96. — M) Furlw.ingler-Beiclihold, Gr. Vasenmal. pl. xi.tiii, p. 246;
Poltier, Douris, p. 73.
138
jj. 61vl5. — Satyres fabriquant le i
SAT
— lOOS —
SAT
nanlc, où les Silènes déploient d'étranges qualités d'é-
qiiilibristes. Une fresque de Pompéi olFre tout un réper-
toire de Satyres
funambules sai- !:• .\^ -
sis dans les ino-
menlsles plus va-
riés 11?. Oiati) '.
Ailleurs, sur des
vases, on voit les
Satyres jongler
avec des cou-
pes-, des outres,
ou des jarres '
ou même des tor-
ches * : faire des
libations •' , ver-
ser du vin dans
un vase ' ou le
puiser dans un
cratère''. Si l'ou-
tre est le récipient favori des Satyres * et surtout de Si-
lène ', ils usent également et très volontiers de l'am-
phore'", du cratère" (tig. 6135), du canthare'-, du cotyle '\
du rhyton ' ', de la situle '=, etc. Un vase de N'aples '* et un
cratère d'Atliènes'^ nous montrent, détail inattendu, des
Satyres puisant de l'eau à la fontaine : c'est que les ar-
tistes aiment à montrer les Satyres sous tous les aspects
variés delà vie humaine; l'intention boufl'onne perce
dans beaucoup de ces tableaux. 11 y a, parmi les Satyres,
des athlètes" et dès guerriers" qui goûtent les servi-
tudes et les grandeurs du métier militaire -".Tel exerce
aussi la profession de pêcheur-', ou de portefaix--, tel
autre est un potier tisonnant un four-^; on voit des Si-
lènes mercenaires astreints aux travaux domestiques,
lavant du linge'', entassant des matelas-% portant des
chaises-*, ou tenant l'ombrelle d'une jeune maîtresse -''.
Kn qualité de suivants de Bacchus, les Satyres-Silènes
aiment fort la danse et la musique-' : flûtes (fîg. 4375,
■i7«6, 6137; •-', lyre (fig. 6136)'», cithare", tambou-
rin ■•'-, croupézion, crotales " : aucun instrument ne
leur est étranger.
Mais ce sont leurs jeux qu'on figure le plus fré-
* Notre ligtiro d'après un ijcssiu fail devanl l'ori^'inal ; cf. Future WEi-cotano,
III, |>l. iixii. sixiii; Kuesch, Guida Mustrala det miisio i^'az. a" 9iiS, 9ii9,9l±i ;
cf. fîg. 33^0 cl il du Diction, [fu.n.mibcll's]. — ^ tlartwig, Meisterschalen, pt. ii,
I : Klein, .Vehiersign. Duris, i3. — 3 Cases of. Dr. Mus. E. 35: E. 330 ; E. 76S ;
Heydcniauu, Vascnsammt. îiOl. — ^ Berlin, Vasensainmt. a* -578. — 5 Heyde-
mana. Va-^enstimml. 3051. — 6Tiselibein, Vases of Hamitton, II, pI.xLviii. — ' Cat.
de renie Duurijuignon, 57; Louvre, U. 91 : Pollier, Cat. 9H; Naples, no 2907.
— ** Vases of. /Jr. il/us.E. 24; E. 261 ; Hartwig. Meisterchat, pi. ilv; Mon. ant. dei
Lincei, XVII, fig. 272 et pi. ivi el xlv. — 'J t'urtwiingler, Cotlect. Sabouroff, pi. cxiviii ;
Hichaëlis, Ane. marbtes, p. 623, n« I ; ituseo Torlonia, no 27i. — 10 Furtwân-
glcr, Beschreib. der Vas. 2240. — il Wiener Vorlegebl. série G, pi. vti, 1 ; Hiibner,
Ant. Bildir. in Madrid, n- 289. Notre fig. reproduit la fig. 63 [acratophoro»].
— 12 Mead, fJist. num. p. 452. Terre cuite de la collection de Cumes, n" 84.915, au
Uusi'e de Naples ; le Silène porte un pilos macMonien ; Coltigiion el Couve, Vases
iC Athènes, 1265. — «3 Jbid. 1600. — 1* Harlwig, Meislersch. pi. xiv et p. 28.
Smith, Forman. coll. Calai, a- 331 : Helbig. Wandgemâlde, n» 433. — ta Vases
of. Br. Mua. f. 365; lleydeniaan, VnsensamI. 1901, A; SA, 20 A. — <6Ucrdeniann,
n' ÎO W, parodie dune course de char; Burlington Club. 1904, pi. icvi. — I" CollignOD
et Couve, 1317. — <> Silène pugiliste de la cisto t'icoroni (fig. 305); Helbig, Fûhrer,
II. n* 1504, p. 431 ; Siltl, Oie Gebârden, p. 299. — 13 Jahn, Vasensamml. .Munich,
348 et 542 ; Stackelberg, Die Grûber der Uellenen. pi. xxiv ; C(i(a/ojue Durand,
n' 194; Burlington Club, 1904, pi. xcv, H. 54.— 2U .Sonnant de la trompette : Pottier.
Calai. 6, 73, 89. 93 ; Frôhner, Musées de Frnnte, pi. vi-va ; combattant et cas(|uê,
Monum. d'Inst. IX, pi. vi. Avec la pelta macédonienne; Vases of. Br. Mus. E. 3 ;
Pottier, Cat. 0. 89 ; Collignoo et Couve, Calai. 1165. Avec une double hache,
Berlin, Vasensamlg, 1928 ; Gerhard, Akadem Abhandlg, pi. lxiv. 2. — 21 Vases of
llrit. Mus. E. 108. — î« FrShner, iVofire fteulpt. ant. 2.')8 ; p. 270 ; Sitll, Die GebiTr-
den, 267,3.-23 Waltcrs-birch. Ancient h'ottery, fig. C8 = Vente Drouot, p. 903;
quemment: ils balancent l'escarpolette (fig. 6137), ou se
balancent eux-mêmes'', jouent au cheval fondu'», lan-
cent la paume'*,
grimpent sur des
arbres'' ou des
tables ", sautent
du haut de stè-
les ", marchent
sur des outres
[askoliasmos
fig. 5721, ou
bien, récréation
moins innocente,
font la maraude
dans les ver-
gers *°.
Parmi les mo-
tifs rares signa-
lons un Satyre
contrefaisant un
invalide qui s'appuie sur une jambe de bois"; un
Satyre affligé d'une gibbosité '*- ; un Pappositène aveu-
gle, des Si-
lènes dressant
un tronc d'ar-
bre pour y
suspendre un
trophée ",
destiné sans
doute à per-
pétuer le sou-
venir des vic-
toires de Dio-
n y s 0 s, des
Silènes assis
sur une grève
marine ". Les représentations de Silènes ou Satyres
ailés peuvent être citées aussi comme exceptions; elles
sont sans doute à rapprocher du Dionysos ailé et des
génies bachiques ailés, symbolisant l'ivresse légère '^.
Quelquefois, les Satyres ou Silènes sont associés aux
phallophories'* et à la célébration de mystères bachiques"
cf. un Satyre soufllant le reu: Helbig, Fùhreri, I, n» 697. — 2Slni;hirami, J/^i/s. Chiu-
siu. 208.— a-'' Vases of. Br. Mus. E. 487. — 26|Dghirao)i, Vasi filtUi, II, pi. cxcix .
— 27 Berlin, 2599; Baumeister, Denkmàler, p. 1684. — 2» Klein, J/eis(ersijna/.
Nicoslhènes, 6, 19, 20, 21, 23, 33; Epictetos, 2: Lieblings. Charmides, 10; Lyandros,
1.-29 Pellegrini, Vasidi Bolof/na, fig. 38, 39; Reinach,iî«7). (te lases, II, 301, n" 5;
Gardner, Vases of Fitzwilliam Muséum, pi. xxxn ; Michaelis, Ane. marbles,
Fitztc. Mus. — 30 Gerhard, Auserl. Vasenb. pi. ui; Klein, Meislersign. Epictetos, 17.
Frôhner, Notice, u* 262, 263 ; no 33, p. 255 ; Panofka, Vasi di premio, pi. ni.
— 31 Helbig, Fûhrer. H, no 1219. — 32 Vases of. Br. Mus. F. 623. — 33 Amelung,
Ffthrer durch die Antik. in Florenz, no 65 ; une réplique, Journ. hell. stud. 1908,
pi. VI et p. lO(Stroug).— 3* l'oses o/'^riti»/. Mus. E. 387. La fig. 61 37 d'après Gerhard,
Trinkschal. u. Gefâssof, pi. xivn, voir encore fig. 3440. — Jbid. E. 467. — 35 Musée
d'Atliènes,nM2l39.— 36 Frôhner, .Vo(icescu<p(. an/, n» 31 2: Bouillon, t. III, candéla-
bres, pi. I. — 37 Jatta. Ca(a(. pi. x ; Bull. d. Insl. 1878, p. 64. — 3S Heydemann, Pariser
Antiken, p. 41. n» 4 ; — 3' Lenorniant cl de Wilte, Elite céramogr. IV, pi. ixxi.
— 40 Heydemann, Vasensammlg, 2462. — 41 Rev. Arch. 1866, p. 151 ; vase italo-
grec du Louvre, cf. i:HmuBr;iA I, p. 1114. note 46. — 42 Satyre bossu, Heydeaiaun,
Vasensammli/ a' 926. Voir plus bas note 14, p. 1100. — 43 Helbig, Fûhrer, H,
no 859. — " Pollier, Culal. G. 92. - ^^ Voy. l'étude de A. de Ceuleneer, Les
télés ailées de Sali/re trouvées à Angleur (Bruxelles, 1882, Bull. Acad. royale),
Collignon, Hist. de la sculpt. gr. Il, fig. 341. — i6 Coupe de Floi-eucc ; Hey-
demann, 3' Unit. Winckeltnanns progr. pi. «, 3; cf. Bulle, Die Silenen, p. 66;
Milani, Studi e materiali. II, 78; Nillson. Griechische Fcsie (1906), p. 261.
— 47 Frôhner, .Xotice sculpt. antiq. D* 249, p. 254; Michaëlis, Ancien/ marbles
in Great Brit. Broadiands, n" 11, p. 220 : Wilton House, no 76, p. 6S8 ; Helbig,
Fûhrer, H, n" 1 107 et 1 121, p. 237 ; Amelung, Fûhrer durch die .\nt. in Florenz,
n" 243 p. 240. Fragment de poterie sigillée, au Musée municipal d'Arezzo,avec timbre
de Tigranus.
Jeu de lescarpolelle.
SAT
1099 -
SAT
(lig. 700. 708), à (les scènes d'initiation ', etc. Ils célèhrent
des sacrifices sur les autels sacrés -, et apportent des
gâteaux aux Hermès, ou les décorent ; ils ne sont pas
exclus des représentations de la vie d'outre-tombe, mais
ils portent des eidnla', séjournent dans les Champs-
Elysées' ou hantent les cimetières ^
Malgré leur caractère pétulant, les Satyres-Silènes sont
souvent figurés dans des poses calmes : debout % à cali-
fourchon sur des outres', étendus*, souvent endormis',
assis'", agenouillés", accroupis'-, ou tombés à terre ";
maison les voit aussi marcher à quatre pattes ", courir'%
s'enfuir'"; leurs danses et gambades sont le motif le
plus fréquent ''. D'autres sujets sont plus rares: le Satyre
apoxkopeuon '* regarde au loin en protégeant ses yeux ",
d'autres Satyres élèvent les bras dans le geste de la
prière ^°, tournent sur leurs talons pourvoir leur queue ^\
ou se font traîner en voiture par d'autres Silènes -^
Quant au gros Silène ventripotent, nous le trouvons
souvent muni de son outre, debout -^ la jambe appuyée
sur une hauteur'-*, assis '^» ou accroupi-*; il est figuré
buvant'-'', ou bien étendu et dormant du lourd sommeil de
l'ivresse-'. Parfois, cependant, les effets du vin com-
mencent seulement à se faire sentir : Silène, qui ne peut
guère se fier à ses jambes, chancelle'-', s'appuie sur un
cippe'", s'affaisse sur son àne favori^', ou sur les jeunes
Satyres'^, compagnons de ses débauches.
Silène a sa place marquée dans le thiase bachique: il
accompagne d'un pas mal assuré le retour triomphant de
* Hevdemann, Vasensammlg NeapeU n" 1774: Jahrb. d. K. Jnst. 1803, pi. i, cl
Frôliiier, Notice sculpl. anl. n"256,p. 265; Helbig, Fûlirer, II, n» 1112, p. 167, noie;
cf. p. 163; Monuments Piot, II, pi. viii ; Frôliner, Collection Ùutttit. pi. clxxii, n" 230.
— 2 Collignon et Couve, Calai, vases d'Athènes, n» 130J: Helbig, Fùlirer, n' 1*43;
Pollier. Cat. G. 2i7 ; cf. pi. i,xin-c.xvi ; Slephani, Compte rendu, 1868, p. 147.
— 3 MilliD-Reinacli, Peintures de vases, I, 2s. — i Pellegriui, Vasi del .\fuseo
civico di Bol'jtjna, iil et 428. — à Heydemann, Vasensamly zu Xeapel, n° 7">2:
Jattreshefte Wien, Vlll, p. 143. — 6 Klein. Meistersignat. Nicoslliènes, 41 ;
l'amphaios, 20; Epiclelos. 2, p. 3 et 113:Cl]elis, 2; Pliillias, 1; Lieblingsinschr.
Hipparchos, 8 et fig. 7; Craies. 1 ; Panallios, 4; Leagros, 12; Helbig, ^'andge
mâlde, n" 428 ; Brunn-Bruckmann, Denkmâler, 377; Michaclis, Ancient Mitrbles,
p. 306. n» 19. — 7 Frôhner. Xotice sculpt. anl. n» 310, p. 301. — 8 Klein,
/.ieblingsinschr. Leagros. 26; Heydemann, Vasensamm. 28ïl ; Helbig. Fiihrer,
1 129 : Mon. d. Inst. XII, 20 ; FrShncr, Notice sculpt. n» 308 ; Helbig, Wandgemâlde.
n» 436. - 3 Salyrc endormi du Mus6c de .Napics, bronze, Gargiulo, Hecueil. 11,
pi. VII; une répli(|uc à Madrid, Catalogo del Museo arqueologico I, n" 2714.
— 10 Bull. corr. hell. XIX, 1895, pi. xii ; Welckcr, Antik. Denkm. Il, p. 129;
Helbig, Wandgemâlde, 434; Head, Historia numor. p. 452; Aluseo Gregoriano, I,
pi. Vlll, 4. — ^1 Benndorf. Grieck, und. Sicil. Yasenb. pi. xlv, 26; Head,
ffist. num. p. 452; Heydcmaun, AJittfteil. aus Oberital. n" 22, p. 41; Helbig,
Wandgemâlde, n" 435 ; Ruescli, Guida del museo nazionale di Napoli, no 6334
(Papposilène). — '2 Klein, Meistersign. Epiclelos, 1, 2; Slarlcelberg, Grûber der
Helleuen. pi. sxv; Winlcr, Typenkr.tal. I, p. 217 ; II, 392, n» 5. — 13 Heydemann,
Vasensamml. 2324, 3273; Silll. Die Gebûrden, p. 298. — U Heydemann, Na-
ples, Vasensamm. R. C. 47; Monumenti antichi, 1907, pi. (Papposilène).
— 15 Klein, J/e!s(ersijn. Memnon, I (1); Hiéron, 22 (1); Epiclelos. 17 (1); Cbélis,
2 (1); Paraphaios, 1, 9; Epiclelos, 7; Heydemann, iN'apIes. Vasensamm. 732;
Welckcr, Ant. I/enkm. Il, p. 122. — «6 Furl\v;inglcr, Anl. Gemmen, pi. vm, 33.
— 1-, Cf. MjENADEs, p. 1488, 2" col.; de Wille, Uotel Lambert, pi. xxviii ; Bi-. llus.
Catnl. E. 736; Bull. corr. hellen. 1803, 423 ; Gardner, Vases fitzwill. pi. x, 48 B. ;
Klein. Meistersign. Nicosibènes, 6, 19, 23 ; Pampliaios, 89 ; Klein, Lteblingsinsck.
Slcphanos: Bologne, Pellegrini, Calai. 294 ; Furlwânglcr, Berlin Vasensamm. 22i3 ;
Clame. Mus. sculp. pi. cxi , n" 146 ; pi. clixix. n» 170 ; Athènes, Satyre de Lamia ;
Berlin, Beschreib. n° 262 ; Mon. del. Inst. m. 59; Overbeck, Gr. Plast. 4» éd. II.
383; Brunn-Bruckmann, Denkmûler, p. 433; Michaëlis, .4 iicien? morifes, n" 39,
p. 514; Overbeck-Mau, Pompei, IV, !• éd., 1884, p. 530, lig. 287 ; Rome, l.alran,
Helbig, Fùhreri, I. n° 662, p. 446; Hauser, Die neu atlisch. Beliefs, p. 61, n. 68;
Ann. del Inst. 1877, p. 213,n. I ; Helbig. Wandgem.,n' iiî. — 18 Tableau d'Anliplii-
los, Plin. Kal. Iiisl. xxxvi, 1 38 ; cf. Furlwacngler, Satgr aus Pergamon. — 19 llevde-
mann, Vasensamm. 1759 ; CollignonCouve, Catul. 1295; Wcrnickc, Hoscher, Lexi-
*on, p. 1472, 19 et art. /"an ; Overbeck, /"om/je;, IV, 1884, p. 319; Pollier-Rcinacb,
Xécropole de Myrina,p. 381. —20 Annali, 1807, pi. e. —21 Voir plus haut. p. 1094,
n. i9. — -^i hosion, Beporl. 1900, 14. — 23 Rei„acli,./?(iper(. de la statuaire, U.ji. lii
sq.; Helbig, Wandgemâlde, n" 415; Winler, Typenkalal, 11, 403, 34 ; 403, 6, elc.
— 24Hichaêlis, Ancient marliles in Gr. Rr. n" I, p. 523. — 2-> Helbig, Fûhrer'^,
n« 456, p. 297: Micliaelis, Ibid. w 19, p. 28C-2S7 ; Helbig, Wandgemiildf,
n" 418. - 26 Slicliaelis, Ancient marhles in G. Br. n» 02, p. 086. — 2' Helbig,
Dionysos" et s'associe aux bacchanales*'. Il participe aux
cérémonies mystiques '''\
F. Satyres-Silènes avec des nniiiuiux. — Ce que nous
avons dit de la nature animale des Satyres et des Silènes
justifie les groupes fréquents de Satyres et de chèvres'*,
de Silène avec un àne^'' ou un porc-", des biches^'; on
les voit encore avec des mules '", des chevaux ", des
taureaux'^, des panthères", des lions", des lièvres ",
des oiseaux'", des souris'", des serpents'* et, dans le
thiase, avec des éléphants ".
G. Le costume des Satyres-Silènes et de Silène. — La
nudité est la règle, surtout à l'époque archaïque; signa-
lons comme exceptionnel un bronze archaïque représen-
tant un Satyre-Silène ceint de la mitra""; sur les vases
et dans les peintures de Pompéi, nos démons sont volon-
tiers munis d'une nébris^', ou d'une pa^dalis^^ qui con-
viennent bien à des êtres rustiques. Le vêtement est jeté
sur l'épaule comme une chlamyde", ou bien il barre
transversalement la poitrine ^'. On voit aussi des Satyres-
Silènes drapés dans un manteau" ou une chlamyde''".
Us corinaissent l'usage des chaussures et notamment
des cothurnes"". Silène, le plus souvent nu, porte aussi
la peau de panthère^* ou l'himalion"'; dans le drame
satyrique, il revêt le chiton de paille (/opxaîoç /itoîv), aux
mailles serrées, qui lui est particulier*". Comme mem-
bres du thiase bachique. Satyres et Silène sont couron-
nés de lierre*' ou de pin*^. Leurs attributs ordinaires
sont la syrinx *' et le pediim *', qu'ils partagent avec
Fûhrer'^, 20436, p. 297; Micbaolis, 0. c. n" 62, p. 686. — 28 Winter, Tijpen-
kalog. H, 391, n" 2; Friihner, Notice sculpt. ant. n» 253, p. 254; n» 255,
p. 269. —23 Ibid. n« 252. p. 268. — 30 Frrthner. Ibid. n» 232, p. 268. —31 Mi-
chaclis, Ancient marhles in G. Br. n» 61, p. 724-725. — 32 Michaclis, O. e.
n" 31, p. 252-254; a' 288, p. 394; n» 202; p. 747; Joum. of. hell. slud. 1908,
pi. XV, n' 31 (Slrong). — 33 Frôhner. Notice sculp. ant. n» 251. p. 267 ; Helbig,
FiVirerï, no 702-471. — 31 Helbig, Wandgemâlde. n» 395-398, 404, 408.
— 35 Helbig, Fûhrer II, n» 1107, p. 226; Amelung, Fùhrer in Florenz, fig. 43.
— 3ii Mon. del Inst. X, pi. xuv. tav. dagg. M.; cf. Annali, 1877,222; cf.
Slephani, Compte rendu, 1869, p. 67, 5 ; Clarac, Mus, de sculp. n" 731. 1759;
733, 1768; Ad. Michaclis, Ancient marbles in G. Br. n» 33, p. 348: Clarac,
Ibid. IV, n. 709, 1670 A ; Helbig, Wandgemâlde, no 440, p. \01;Mus. Borb.
V. 5C; Lampe, Brilish Muséum, n» 518. — 37 Michaèlis, 0. c. n" 36, p. 723;
et U, p. 505, 506; Clarac. Mus. scalp, n" 696, 1610 A; Mon. Matth. I,
pi. xiii ; Heydemann, Mittheilungen (!• Winckelmanns Progr. Halle, 1879);
Neapel Vasensamm. t. III, n» 172 ; Catalogue British. Mus. E, 102, B.
168; Collignon-Couve, Catalogue, 1008: Ibid. 796; Millingen-Reioach. Peint.
39; Gauckler, Mus. Alaoui Suppl. 1907, no Î87, p. 23, pi. xi ; cf. Roberl,
Der mùde Silen. - 38 Winler, Typenkatal. Il, 391 ; Compte rendu de Sl-Pétersb.
1S63, pi. vi, 1 et 2 : sur la nature porcine de Silène, cf. Schumacher, Pracnesti-
nisctie Ciste im Rarlruke, pi. m; Gerhard, Etruskisctte Spiegel, V, pi. cxx ;
Vases British Mus. E. 139. — 39 Klein, Meistenignat ; Hipparchos, 9 ; Epiclelos.
24 B; et Milcbh'ifer, Anfânge der Kunst, p. 73, note 1 ; Berlin, Beschreibung der
.Sculpluren. n" 831, p. 338 ; Michaclis, Ancient marbles in G. B. Woburn Abbey,
n" 144, p. 7393: Catalogue Durand, 150 et 151 ; Gerhard, Etrusk. Camp. Vas.
pi. Vlll : Miiller-Wieseler, Denkm. Il, pi. xi.i. — W Vases Bril. Mus. E 338.
— 'I Collignon-Couvc. Catalogue, 660. — 42 Furlwiingler, Anl. Gemmen, pi. vni, 42.
— 43 Klein, Meistersignat.; .Nicosthènes, 22, 31 ; Heydemann, iVea/)f/ Vasensamm.
1979 ; Br. Mus. 168. — 44 Helbig, Fûhrer, I, n" 636. — 'ô Heydemann, Vasensamm.
zu Nea/.el, 1541 : l'aies British Mus. B, 1, 46. — 16 Collignon-Couve, Catalogue,
1118, no- 739 et 1268; Heydemann, Millheilungen, 57, p. 97. — 47 S. Reinacli,
Bépert. des vases, I, 300. — 48 Berlin, Beschreibung der Sculpturen, n° I04i,
— " Michaëlis, Ancient marbles in Gr. Brit. p. 333, Newhy Hall, n' 34.
— JO Stron», Catalogue of the Burlington Club, 1904, pi. L, B. 32. — '-l Scllône,
.Museo Bocchi, pi. xv, 3, n. 1 13 ; Helbig, Wandgemâlde, n° 538-540. — ô2 Schône,
O. c. no 171; Hartwig, Meisterschalen, pi. vi; xxxi-xxxiii; lxxvi. — 53 Hart-
wig, 0. c. pi. VI. — J4 Frôhner, Notice, n» 260. — 55 Heydemann, Vasensamml.
1739, 2494 ; S. A. 240 ; Jatta, Calai. 1442. ; Matz-Duhn, Aniike Bildwerke. III,
n» 3722. — 56 Helbig, Wandgemâlde, n" 548. — il Heydemann, Vasensamml.
n" 1772; Furtw;ingler-Reichhold, Gr. Vasenmaler. pi. xi.viii; Monum. d. Ins. V, 3;i;
Gerhard, Aus. Vas. V. 57; cf. A. Kôrle, Fesischrift zur 49 Versammlung der
tieutsch. Philolog. 1907, p. 204. - »8 Roberl, Der mùde Silen, 23 Hall. Winc-
ketmannsprogr. p. 19, 2. — 59 Helbig, Wandgemâlde, W 416, p. 103; ii"421,
p. 104. — 60 Voir plus haut, p. 1097, noie 18. — 61 Helbig, Wandgemâlde. w 430,
p. 105. — 62 Itiid. no 437, p. 105 el 437, p. 106. — «3 Ann. dell. Insl. 1877,
p. 214. — " Ibid. p. 208, par ex. Helbig, Fùhrer, I, 300-307 ; Michaclis, ancien*
marbles in Greal Britain, n" 308, p. 402.
SAT
— HOO
SAT
Pan [pan '. L'inllhulalion. n"esl pas iirgligùo par los
Salyres '.
11. SnUjres féminins. — Les artistes donniM-piit aux
Salyri's dos parèdres fi-niiiiines analogues aux Centau-
resses et aux Panines; la liste de ces représentations a
été dressée par Wieseler^.
I. Satijris(/ucs. — La même mode multiplia les figures
de Satyres enfants ou Satyrisques. Ils sont associés à
Dionysos dans le lliiase*; mais s'y retrouvent aussi
sans lui"; Silène les prend dans ses bras " ou sur ses
épaules'; les Ménades leur donnent à boire'; ils se
livrent aux jeux habituels des enfants, tels que le cer-
ceau', portent des outres avec une gravité comique'" ou
se reposent en s'adossant à un tronc d'arbre". Quelque-
fois, Éros est assimilé à un Salyrisque '-.
K. Satyrex vieillards. — D'autres satyres jouissent
tout d'abord mise au service de Cybèle [c.ybele], [AT,Tp<pov
auXT|[Aa ". Les exégèles montraient son tombeau à Pes-
sinonle, sanctuaire par excellence du culte de Rhéa'^
Une autre localité de Phrygie, Kelainai, servit de théâtre
à la célèbre joute musicale entre Marsyas et Apollon'-".
Les arbitres sont le mont Tmolus-', qui juge en faveur du
dieu, et Midas, qui est afTublé d'une paire d'oreilles
d'ànes pour avoir donné à Marsyas son suffrage de roi
barbare--. Selon certains récits, les Muses-', Cybèle^*
ou Mhéna^% constituent aussi le tribunal. Toute la
légende symbolise la victoire de la cithare sur la flûte
phrygienne. La provocation est venue de Marsyas, enivré
d'un sol orgueil. Les circonstances du concours et de
l'expiation sont racontées diversement. Selon une ver-
sion, Apollon aurait usé de subterfuge, en exigeant de
Marsyas qu'il jouât, comme lui un même air sur l'ins-
Fig. CiSS. — Liillo dApoIlon et do Ma
d'une vraie longévité : les artistes leur donnent une barbe
blanche et une tête chenue '', parfois ils sont aveugles '^
L. Noms (les Sat y /•es-Silènes. — Les documents céra-
miques et les textes littéraires nous ont conservé les noms
que les Grecs donnaient aux Satyres-Silènes. La liste qui
en a été dressée '° peut être encore allongée '". Il faut rele-
ver, vu leur importance, les noms de Marsyas et d'Olympos.
Marsyas, en véritable Silène, a sa patrie d'origine en
Asie Mineure; un torrent qui vient confluer avec le
Méandre près de Kelainai, porte son nom '''. La légende
anatolienne faisait de Marsyas l'inventeur de la flûte,
I Voir cel article. — 2 Compte rendu de SntJit-P^lersb. 1801, p. 140 Sf|.
— 3 Voir cotte liste dans Xticlirichten Guseîtsch. d'ir Wissench. zu Cuettinfjen,
1890. Sur des vases. Etile des mon. ciram. IV, p. 300 cl 368. I, pi. xr.v.i
(avec rcprod.). p. 3>6 s(|. Monnaie d'or do Lanipsaipie : Barclay Head, Uist. niim.
|i. 450, n. iSî. Pierre gravd'e d • Florence : MûUcr-Wicseler. Denkm. d. ait. Kiiul.
II, 45, 563. Brome (hustc). lins, britannique : Specim. of ane. sculpt. V, II,
pi. lïui. Bas-reliefs marbre : Uûlsclickc, Ant. /tildtcerke in Oberilal. II, l.ï3. IV,
SGO; Beundorr-Scliôno, Ant. llildw. d. Later. Mus. m 373, 40S ; Stephani,
Parerrja archeol. 26. Peintures murales : Helbig, WandyemCddc. n' 4Vi. Candi!-
labres: Vûthaer, Notice de Ittsculp. ant. n° Mi, p. 304, note. Double Iicmiès :
Overbeck'Mau, Pompei. IV. p. S9i ; Benndorf-Scli.ine. Antike Bililwerke, p. Sti,
n" 140. TiSlcs: Mûller-Wieseler. O. l. Il, pi. \LV.3Ci ; Benndorf-Scbône, O. c. n- 86,
174, Î73et 594. n. 110, pi. m. fig. î. etfig. l et i ; Jlalz-Dubn, Ant. Bildw, in
Itom. !)• 160, Musée Kirchcr. — ' Heydomann, Xascrisnmm. n» 6SS; W. Frœliner,
Notice, n' iii: Uerhard, Ant. Billwerke, pi. i.xxxvni, 5; Helliig, Wundyem.
400, p. 100. — 5 Klein, Lieblinysinscll . (ig. 36. — » Furtwiing'er, Beschrb. d.
Vatentamm.n' 4830. —7 Helbig, Fùlirer, no«403cl837; Reinacb, lUpeit. Stat.
Il, p. 130. — 8 Helbig. Ib. Il, n" 39k cl 6V8 ; Scbrciber, Hellenist. Delief-
bilder, pi. jxviii et \\t. — 9 Gerhard, Auserles. Vas. 61, î; Journ. nf liet.
stad. 1890, pi. XVI. — 10 furlwnngler, Beschr. der Glijpt. Ï32 ; Hundevt Tafein,
4«, i.— Il Krôbner, Notice, n" iii4,î78; Sliebaëlis. Ane. marblcs in G. Br.n. 3,
trument, debout puis renversé -".Selon d'autres, le dieu
dut sa victoire au chant dont il accompagna la musique
des cordes -\ Après la défaite de Marsyas, Apollon l'at-
tacha à un pin-' et l'écorcha do sa main; selon une
tradition plus répandue il abandonna celte basse be-
sogne à un Scythe -'. On croyait à Athènes que la peau
du Silène avait été suspendue dans une grotte de l'Acro-
pole au-dessus de l'agora ''". Élien rapporte que la dé-
pouille de Marsyas était agitée de soubresauts chaque
fois que les vibrations de la flûte phrygienne ébranlaient
l'air^'. Enfin, le fleuve Marsyas passait pour être issu ou
p. .ÏI7. - 12 Helbig, y^û/irer, n» 810; Sclireiber, 0. /., pi. xxv, Pauly-Wissowa,
Beal Encyclop. t. V, p. 514. — '3 Klein, Va&en mit Lieblingsinsch. Cbainiides,
n" 9 ; Boston, n» 424: Stem, Musée de ta ■'ioc. arch. d'Odessa, III, pi. v, n» 32.
— 14 Cratère à f. r. dn Musée dAlbènos, n» 12255. — "» Heydemann, Salyrund
Ilachkcnnamen, 5* HalUsches Winckelinannsproyram. — 18 Simades, proche de
Simos, allusion au profil camus des Silènes ; .\mphore de Cornolo. Furlwjingler-
Beichold, Griecti. Vase7imat. II, p. 169, n. 91. Voici, d'après Xonnus, Dionys. 14,
105 sq. les noms des .Satyres nés du commerce d'Hermès avec Iphthimé : Poimenios,
Thasios, Hypsitreros, Orestes, Phlegraios, Napaios, Gemon, Lykon, Petraios,
Pbereus, Lainis. Lenobios, Skrlos, Oistros, Pbcrespondos, Lakos, Pronoos.
— 17 Xen. Anabas. I. -2, 8 ; Slrab. XII, 577; Plin. H. n. V, 100: XXXI, 19.
— is Pausan. X, 30, 9. — 19 Steph, Byz. s. v. — io Heiod. VU, 20: Xcn. Anab.
I, 2, 8. — 21 Myth. Vat. I, 90; II, 110; III, 10, 7. — '22 Ovid. Metam. VI.
— 23 Weslerman, Mytiiour. Graec. Appond. XLVII, I ; Lucian. Diai. deor.
XVI, 2; Schol. Plat. 7}cp. 399 E: .Vin. 318 B; Apul. riorid. I. 3. — 2i Uiod. Il,
SS, 3; cf. Furlwiingler, Coll. Sabnuroff; II, pi. xxxvn. — ïî Apul. Florid. I.
— 26 Voy. par exemple, Ilygin. Fnb. 165. — 27 plut. Qu. conv. VII 8, 11 ; Myth.
Vat. Il, 113. — 2» Nicand, Atexipb. 301; Anthol. Pal. VU, 696; Philostr. Jma-
gin. II; Lucian. Tragodopud.iM ; ^oaa. Dionys. VI', 106. — 29piin. H.n. V, 106.
— 30Herod. VII, 26 ; Anthol. Pal. VII, 20 ; Claudian. X, 278. —31 Aciian. Var.hisl.
XIII, 91.
SÂT
1101 —
SÂT
du sang de la victime ', ou des larmes répandues par les
Nymphes et les Satyres sur leur chef d'orchestre-.
Les représentations du mythe d'Apollon et de Mar-
syas ofTrent souvent le combat, sans en bien dé-
terminer le moments Mais, sur plusieurs monuments,
les phases de la lutte sont représentées. Sur un vase de
Berlin ' et un cratère du Louvre '• nous voyons le défi et les
préparatifs du concours; les célèbres dalles sculptées, re-
trouvées à Mantinée (lig. 5208)", montrent la lutte elle-
même. Les Muses sont les juges; Apollon, déjà vainqueur,
est assis, les traits empreints d'une sévérité olympienne;
un esclave scythe, personnifie la fin cruelle réservée au
vaincu. Marsyas a la même attitude sur un beau sarco-
phage du Louvre (fig. 6138) '.Apollon estdeboutcouronné
par la Victoire ; une Muse ou une Nymphe est le juge du
concours, auquel assistent Athéna, le Tmolus, le fleuve
Marsvas. Plus loin, le Silène est attaché à un pin par un
Phrygien ; un esclave accroupi aiguise sur une pierre son
couteau. On peut en rapprocher du sarcophage du Louvre
une coupe d'argent trouvée à Bizerte ", où la même
lutte à pour témoins Olympos et Cybèle, ainsi qu'une
Muse, juge impartiale; .\pollon et Athéna sont en face
de Marsyas soufflant à grand elTort dans sa flûte'. Les
peintres deva-
seschoisissent
de préférence
le moment où
Apollon est
l'exécutant '" ;
souvent une
Niké lui dé-
cerne la cou-
ronne en pré-
sence des Mu-
ses. Dans un
seul tableau,
on a figuré un
autre mode de
concours, qui
contraint Mar-
syas à prome-
ner son plectre
hésitant sur
les cordes de
la cithare ".
La procla-
mation du vainqueur est faite, tantôt par Apollon lui-
niême'% tantôt par Athéna'^ ou l'une des Muses'*. On ne
voit jamais que les préparatifs du supplice '* ; l'écorche-
menl n'est jamais représenté Une statue célèbre de Flo-
< Scol. t'Ial. Symp. J14B: Itep. 399 E; Min. 318 B; Hygin. Fnb. 105. — 2 OviJ.
llel. VI, 3S3 sq. — 3 Helbig, WaiidjtnmWe, n«> ISi, ii*, i31; llcad, Hist.
ni/ni. 45.Ï. —4 Vusensamml. n° 2G38; Overbeck, Kunslmylhol. pi. xxiv, n» ill.
— - Elite céram. Il, 70.— ^ Huit. corr. hell. XII, pi. i-iii. — ' Froliner, A'odce </e /a
te. a. 85. Voir aussi, 83 el Sk — » Uauckler, ilonuments Piot, II, pi. viii cl p. SC.
— 9 Autres rcprésentalions de celle phase du comhai: Elite des mon. cérimi. II, TU,
ce. 67,69; jyon.d. /ml. VIII, iï,i; Epfiém. arch. 1886, pi. i el n; Froelnier, ilusées
lie France, pi. m; Duruy, Hisl. des Grecs, I, p. 610 ; .Mon. d. Inst. VI, pi. xvn; =
Koberl, Die anliken Sarcophar/reliefs, III, pi. i ir, 1. — 10 Elite cér. Il, 63, 65 ; sar-
copliage d"Hcrmogén£'S, tîev. arch. 1888, pi. vu. Pour un groupe de Marsyas avec
une Muse, Jahreshe/t des ôsler. Inst. 1907, I, 3li ; l,a Blaiiclicrc, Musée d'Oran,
pi. IV et p. 03; Antiq. du liosph. Cimm. pi. lvu ; C. rendu de S.-Pétersb. 1862,
pi. \i, î. — " Mon. d. Inst. VIII, 42, 1. — 1^ UichieVis, Anaglyphi Valic.explicalio,
pi. 1 _ 13 Malz, Monatsber. der Berlin. Akad. 1871, p. 486, ii» 186 ; Robert, Jalirb.
des Inst. V. p. iiè. — Michaelis, Verurteilung des Marsyas^ pi. ii: Arch. Zeit.
1809. pi. xvu. — It Elite céram. Il, 04, 74; Gerhard, Etrusk. Spiegel.W. pi. cci.xcvi.
rence, celle qu'on appelle communément le Re'mou/eiir"^,
appartenait à un groupe figurant le supplice de Marsyas.
Le même musée possède deux statues de Marsyas écor-
ché el pendant à rjuluc '', dont en connaît bien d'autres
répliques '*;
trouvant la flijte d'Atht^na.
place d'honneur dans les cortèges bachiques " (fig. 43"5'i.
Les légendes grecques mettent aussi en rapport
Marsyas avec Athéna '". La déesse a trouvé la fiùte
et s'essaie à en jouer. Puis, ses yeux étant tombés
sur son image reflétée dans le Méandre, elle s'offusque
d'être défigu-
rée par ses
joues gonflées;
d'un mouve-
ment de dépit
elle précipite
la flûte dans
le fleuve, où
Marsyas la re-
trouve.
L'n célèbre
groupe de My-
ron '* avait po-
pularisé la
rencontre de
Marsyas et
d' Athéna.
Athéna vient
de jeter son
instrument et
levisagedu Si-
lène exprime
l'étonnement
et la convoitise. La statue du Latran ^' et une tête de
la collection Barracco ^^ sont les meilleures répliques
de l'œuvre de Myron. Trois monuments attiques "
nous en ont conservé des copies anciennes (fig. 6139).
— i:. Brunn-Bruckmanu, DenknuU. pi. 4i5 ; llolbig, Fûhrer, I, p. 400; cf. i.vha,
lig. 47i4. — lu Amelung, Fuhrer in Florenz, 86 et 87. — n Helbig, /"û/i'-er, I,
5!>3 : II, 890 ; Frohner, Notice Sculpt. ant. 86 ; FurlwâDgler, Beschreib. der
Glyploth. n'î»0; Monuments Piot, VI. pi. xiu ; cf. Hevdeniaun, Vasensamml.
Il" i99l. I,e Silène esl allaclié au pied d'un palmier ; Helbig. Wandi/ermilde, 231
6el c; Minervini, Ifoniim. di Uarone, p. 75 el pi. xvi ; Helbig, Fûhrer, I, 274,
351, 352; II, 1113; Duruy, Uist. des Grecs, I, fig. 610; Bull. eomm. municip.
XIX. pi. \i. — '» C. rend, de St-Pélersbourg, 1603, pi. v, 3, 4: Slephani, Vo5«i-
saiiiml. n' >Sôô; Elite, céram. I, 41. — 19 PIul. Alcibiad.2; AuluGcll. XV, 17;
Alhen. Ùeipnos. XIV, 010 c. — 20 Plin. H. n. XXXIV, 57. — 21 Rayct, Monuments
de l'art antique, I, pi. xxxui ; cf. Brunu, Annali 1858, p. 374 fi|. — 22 Helbig,
Collection Barracco, pi. xxxvu el p. 30; cf. un bronze de Fatras, Gaz. arch.
1979, pi. xxxiv. — 2» a. Vase à f. r. Notre figure 0138 d'après Beaumeister, Denk-
mal. Cg. 1209, b. Vase de marbre, Bull. dell. Inst. 1«73, 169; c. Monnaie, Helbig,
Fûhrer, I, p. 455, lig. 37. Pour la figure d'Alhéna, cf. Sauer, Woehenschrift fur
kl. phil. 1907, p. 1240-1246.
as el d'OIympos
SAT
M 02
SAT
D'après un travail récent ', le famoux torse du Belvé-
dère- serait un Marsyas assis, en joute avec Apollon.
Marsyas est aussi figuré comme simple auditeur des
essais musicaux de la déesse'.
.\ Rome, outre un tableau de Zeuxis, représentant le
châtiment de Marsyas et dédié au temple de la Concorde*,
une statue de Marsyas était placée sur le Forum cl jouis-
sait d'une grande popularité '' ; on en érigea des copies
sur les places des villes de province qui avaient le droit
italique'' [coloma, fig. 17-2G; forlm, fig. 32(51, 3263\
Olympos est l'élève favori de Marsyas ' (fig. 6140).
Comme les disciples de Socrate, il assiste à la mort de son
maître *. Il intercède et supplie Apollon d'adoucir la
sentence '. Polygnote l'avait placé auprès de Marsyas
dans son tableau de la A'eki/ia^îx Delphes '". Les fresques
de Pompéi s'en sont inspirées plus d'une fois ". On
nommait autrefois « Olympos et Pan » ces groupes de
marbre qui représentent le dieu chèvre-pieds lutinant
un Satyre adolescent'-. C'est une confusion dont Pline
semble s'être rendu coupable le premier". Georges Nicole.
S.\TYRICITM DRAMA (Saruptxov Sp ïaa , caTucixov,
cirupot '). — On a dit à l'article dithyrambis comment la
tragédie grecque était issue du dithyrambe. C'est de la
tragédie primitive que s'est, à son tour, dégagé le drame
satyrique [tragoedia]. Les érudits de l'antiquité ratta-
chaient la naissance de ce genre à une circonstance
précise. On racontait que, se trouvant à l'étroit dans le
cycle légendaire de Dionysos, les poètes tragiques des pre-
miers temps s'étaient permis de prendre pour sujets des
fables empruntées à d'autres cycles. Dans de telles pièces,
il va de soi que le chœur traditionnel des Satyres dionysia-
ques n'avait plus de raison d'être et devait faire place à
un chœur approprié ^soldats, serviteurs, vieillards, etc.).
Mais cette innovation ne fut pas accueillie sans protesta-
lions. « Cela n"a point de rapport avec Dionysos ■> (oùoèv
Ttpô; -ôv Aiôv'j(7ov) -, murmuraient les dévots : par là, ils
entendaient qu'on frustrait le dieu d'un hommage rituel,
auquel ilavait droit. Pour donner satisfaction à ce pieux
scrupule, il fut entendu que désormais, dans toute re-
présentation tragique, on verrait paraître, à la suite
des chœurs héroïques nouveaux, le chœur antique des
Satyres. Ainsi serait né le drame satyrique. De cette
anecdote qui, manifestement, simplifie, outre mesure,
une évolution longue et complexe, ce qu'il faut sans
doute retenir, c'est que la constitution du drame satv-
I Jahresheft det ôiter. Inst. 1907, p. 31 sq. (H;i.iaciek) ; cf. Saucr, Torso im
Beltedere. — 2 Brunn-BruckniaDU. Denkâml. n» 2iO. Cf. des vases rcpréscnlanl Mar-
sjas assis dans sa joule, avec Apollon, 0verbeck,A((airfcrÀ'un5l»ijf(to/ojl>, pi. xiiv.
fig. 18-ii, i4-J6; pi. ixv, fig. 1-3; Villa du t'apo Jules, n" 6473 610476.— 3 Ann.
d. Imt. 1879. pi. D. - l Plio. B. n. XXXV, 36. - 5 Thcdenal, Forum romain,
p. 134. — 6 Bœswiswald el Gagnât, Timgad, p. 63. — 'i Plul. ûe musiea 7 ; Roscber,
Lexikon der Mythologie, III, p. 860 s<|. Noire figurc6139, dappès J/on. d. inst. 11,
pi. n«ï.i, cf. Roscber, 0. c. Gg. p. 862. — 8 Ovid. ilétam. VI, 393. — 9 MuIIer-
Wiescler,/)^iiAm<!(. Il, XLI, 491; Helbig, /«/»■«■, II, n- 11 15 ; Dupuy, fljs/. dej
Grtcs, \, p. 610. — 10 l'ausan. X, 30, 9. — Il Helbig, WandgemiMde. 2i6-i29.
— 12 Clarac. Mus. de sculpt. 716 B, 726 B cl C. — " l'Un. H. n. XXXVI, 29 ; cf.
Slephani, Compte rendu, 1862, p. 97 sq. — Bibliocbapbik. IJuaranla, La mytkologia
di Silène, .Naples, 1828 ; Olfr. Mûller.i/anrfJucA der Arehaeologie, 1835, § 383 sq.;
Wie^eler, bat Salijrtpiet.tms = Gôttinger Studien, 1847; V,' elckcr, Aachlrag sur
Aesehyleit^hen Trilogie, t^H : Slephani, Rompre rendu, 1869, p 20 et 1874, 66 sq. ;
Wieseler, Commentatio. de Pane et Paniscia algue Satyriscornutis, Progr. Gôt-
lingue, 1875 ; Uannhardl, .\ntike Waldund h'eldkulte, 1877, 136 sq. ; Annali delV
Initituto, 1877, 184 sq. (Furlwângler) ; Furlwângler, Der Satyr aux Pergamon, 40
Berliner W'inekelmanns progr. 1880 ; Heydeinann, Dionysos Geburt und Sin-
dheil, 10« Hallischea Winckelmannsprogramm, 1885, 40 sq. ; Wieseler W'eibliche
Satyni und Pane in der KunsI, Nachriehten des Gesell. der \ViM..Côtlinger,
IS90 ; Balle. Die Silène in der archaischen KunsI, 1893; Reiscli, Festsehrift
fur Gomper=. 1893, 458 sq. ; Loeschcke, Athen. Mitth. 1894, 518 sq.: Bull, cur-
rique en genre distinct fut le résultat d'un compromis
entre le développement naturel de la tragédie et le con-
servatisme religieux du public grec.
Quoi qu'il en soit, c'est du dithyrambe que le drame
des satyres lient son caractère essentiel, le mélange de
l'héroïque el du comique. Dans le dithyrambe, en effet,
les deux éléments déjà existaient côte à côte. Rien de
plus pathétique que les chants exaltés du chœur, évo-
quant à larges traits les épreuves el la passion de Diony-
sos. Mais quoi de plus incongru, à l'occasion, que les
faits et dits des Satyres, ou hommes-boucs 'satyrT ? La
tragédie commençante hérita de cette double nature. On
en trouverait, au besoin, la preuve dans plusieurs frag-
ments tragiques d'Eschyle, dont le contenu très réaliste
nous étonne '. Mais le goût des Hellènes était trop épris
des distinctions précises et tranchées pour ne point
tendre, de très bonne heure, à une forme épurée de la
tragédie d'où l'élément bouffon serait banni. Du jour où
le drame satyrique se fut constitué en un genre indépen-
dant, la tragédie put enfin réaliser librement cet idéal *.
Mais il était naturel, en revanche, que le drame saty-
rique conservât l'exubérante gaieté, qui n'était pas seule-
ment un rite dionysiaque, mais qui, en face de la tra-
gédie épurée, constituait son individualité propre et son
droit à l'existence. C'est ainsi que, par l'évolution natu-
relle du genre, non par la volonté des poètes, qui, au
contraire, ont, de plus d'une façon, tenté de se soustraire
à celte obligation gênante, le mélange de l'héroïque el
du bouffon est devenu la loi du drame satyrique. On ne
sait rien de précis sur l'histoire du drame satyrique
avant l'institution des concours de tragédies à .Mhènes.
Ce que l'on peut conjecturer, c'est que ceux-ci, à
l'origine, ne firent que codifier et ériger en règlement
l'usage antérieur. Or, aussi haut que nous puissions
remonter dans l'histoire des concours athéniens, nous
trouvons que le nombre des poètes concurrents y est
fixé à trois, chacun d'eux présentant une tétralogie,
c'est-à-dire un groupe formé de trois tragédies, plus un
drame satyrique qui termine le spectacle ^. Mais le lien
de ce divertissement satyrique avec les drames précédents
s'est de plus en plus relâché. Rappelons, en effet, que, dès
le v"= siècle, on dislingue deux sortes de tétralogie ^. La
plus ancienne est la. lélralor/ie liée, où les quatre drames
sont le développement d'une même légende. Tels sont
les groupes suivants d'Eschyle : une Oedipodie, jouée
resp. hell. 1895, 229, Le SatjTC buveur (Pollier); Belbe, Prolegomena zur Ges-
chichtedes Theaters, 1896, 339 sq. : Harlwig, Rom. Mitth. 1887, 290 sq.; Robert,
Der mùde Silen, 23 Hallisches Winckelmanns pr. IS99; Amelung, Satyr's Bilt
durch die ^'ellen(Strena Helbigiana, 1898) ; Furlwângler, Die antiken Gemmen,
1900, voir l'indei ; Dielerich, Pulcinella, 1897, p. 56 sq. : Rosclicr, Lexikon derilgth.
III, 1407 sq. (p.ïN. Wernictc) ; Hermès, 1897, 302 sq. ; Wilamoniti, Griechische Tra-
p/k^i'en, m, 1906 ; Préface du Cyc/o/x; d'Euripide; Gruppe, Griech. Mythologie und
Beligionsiciss. 1906. 1387 sq. ; Klein, Geschichte der yriecliischen Kunst, III (1908),
Die Satyrbildangen der neuen Zeit . Pour Marsyas : La bibliographie ancicnue dans
Mioerviai, Monum. di Barone, p. 75 sq. ; Annali delV Jnst. 1858, p. 298 sq. ; Jabn.
Berichte der Sâchs. Gesell. 1869, p. 15; Arch. Zeit. 1809, p. 41. pi. -xvn el sviu;
Micbaelis, ,itnua/t d. Inst. XXX, p. 323 sq., 340 sq.; Kosclier, Zexiiton '/«< .l/y(/ia/.
s. r. Marsyas et Olympos ; Overbcck, Griechische Kunstmythol. 3" partie, 5« livre,
p. 420-4^2; Gauckler, Monuments Piot, II, p. 81 sq. ; Kerbaker, Marsia. Xa-
ples, 189S ; Jahreshefte des. ester. Instituts, 1907, p. 312 sq. Je dois des remercie-
ments très vifs à M. G. Darier qui a bien voulu réunir pour moi un grand nombre
de références.
S.^TVHICCM DRAMA. I Dion. liai. Bliet. 3, 6: Xcn. Conv. 4, 19; Arisloph.
Thesm. 157. — 2 Suidas, s. v. ; Zenob. V, 40. — 3 Voir par ex. \auck, Tragic. graec.
fragm. 2« édit. frag. 275; cf. Choeph. 7.".2 sq. — « Arislol. Poelic. 4, p. l«9 a.
— »Suid.».i*. npoT!v«; ; Argum. Aeschyl. *>/>;., Ayam. ; Argum. Eurip. Med., Nip-
pât.; Schol. Arisloph. Tlifsm. 135. — <> Maurice Croisel, De la tétralogie dans
l'hist. de ta trag. gr. t^Bev. des et. grecq. I, p. 369).
I
SÂT
— 1103
SAT
en 467 {Laios, Oedipe, les Sept contre Thèbcs. le Sphinx),
VOrestie, représentée en 458 {Agamemnon, les Choé-
phores, les Euménides, Proteus), une Lycurgie [les
Edons, les Bassarides, les Jeunes Gens, Lyeurgue), et
enfin, une Prométhéide (Prométhée enclininé, Promè-
thée délivré, Prométhée porteur du feu, drame saty-
rique inconnu) '. Dans deux de ces groupes, ÏOrestie
et la Prométhéide, le rapport du drame satyrique avec
la tétralogie tragique ne saurait être exactement déter-
miné K Mais, pour les deux autres, on remarquera que,
si le sujet satyrique est tiré de la même légende que les
trois tragédies, il ne leur fait pas suite, cependant, chro-
nologiquement. C'est un divertissement final, pris libre-
ment à un moment quelconque de la légende ^ Dans la
tétralogie libre, qui n'est qu'un assemblage arbitraire de
quatre drames, sans lien, l'indépendance absolue du
drame satyrique devient, naturellement, ipso facto, la
règle. Nous en avons un exemple, dès 472, dans la tétra-
logie présentée par Eschyle: Phineus, les Perses, Glau-
cos, Prométhée ^ Et il est bien probable même qu'an-
térieurement déjà, la P7'ise de Milet (494?) et les
Phéniciennes (476), de Phrynichos, pièces historiques et
d'actualité, faisaient partie de deux groupes libres. Cette
manière de faire est la seule qu'aient pratiquée les poètes
de la génération de Sophocle et d'Euripide ". Aussi bien
il apparaît, dès ce temps, à plusieurs indices, que le
drame satyrique perd de plus en plus la faveur du pu-
blic. C'est ainsi qu'en 438 nous voyons Euripide ter-
miner sa tétralogie (les Cretoises, Alcmaeon à Psophis,
Télèphe, Âlcesle), non par un drame satyrique, mais
par YAlceste, tragédie héroï-comique destinée à en
tenir lieu '. Et il n'est guère douteux que, non seule-
ment Euripide, mais aussi Sophocle et les tragiques
contemporains, n'aient eu maintes fois recours à ce
subterfuge \ Une autre preuve, plus évidente encore,
du discrédit oîi est tombé le drame satyrique nous est
fournie par les inscriptions didascaliques. L'une de ces
inscriptions, qui se rapporte, semble-t-il,aux Lénéennes,
nous a conservé le programme du concours tragique des
années 419 et 418 : le drame satyrique n'y tient aucune
place '. L'autre inscription, qui date des années 341 et
340, se rattache aux Grandes Dionysies : le genre saty-
rique y figure encore, mais il n'est plus représenté que
par une pièce unique, jouée, en guise de prélude, au
début de la représentation '. S'il était permis de géné-
' Arçum. \c8chy\. Sept., 4^ani.; Schol. Arisloph.T'/iesm. 135. — 2 Qn a conjecturé
que dans VOrestie le sujetdu Proteus était l'aventure de Jlénélas et de Protée (Od.
IV, 3oi S([.). Mais, cela mùme admis, il convient de remarquer, avec M. Groiset, que
l'événcraent mis en scène, bien qu étant postérieur à l'ensemble de la trilogie, n'en
formait pas la suite immédiate (^is(. de lalitt. gr. III, p. 396). IJuant à la Pronu'-
Ihéide, il existait bien un Prométhée satyrique d'Eschyle, mais ce drame, comme on
le verra plus bas, terminait un groupe libre, joué en 472. — 3 Dans VOedipodic, le
sujet du Sphinx se plaçait avant la troisième tragédie, peut-être même avant la se-
conde. Dans la Lycurgie, on ne peut déterminer avec certitude à quel moment de la
légende se plaçait le sujet du Lyciirgue; il venait probablement avant la seconde
tragédie. — 4 Argum. Pers. Les contemporains d'Eschyle ont cultivé, comme lui, les
dent sortes de tétralogie. En '.67, c'est-à-dire l'année môme où Eschyle fut vainqueur
a\ecYlledipodie, Aristias fut second avec un groupe libre iVerseus, Tantale, \mc
tragédie inconnue, et les Lutteurs), Polyphrasmon troisième avec une Lycurgie
(Argum. Sept.). — 5 On sait, par exemple, qu'Euripide, en 438, eut le second rang
avec les Femmes de Cri:te, AIcméon à Psopliis, Télèphe, Alceste ; qu'en 431, il fut
lvoisii'men\tiC AI édée,PIiHoctète, Dictys, ]c% Moissonneurs; (lu'en 415, il fut second
avec Alexandre, Palaméde, les Troyennes, Sisyphe. Eu celle même année, Xénoclès
remporta le prix avec Oedipe, Lycaon, les Bacchantes, Athamas (Argum. Alcest.
Med. ; Aelian. Var. hist. Il, 8). Les trois tragédies présentées en 415 par Euripide
semblent, cependant, avoir formé une sorte de trilogie liée. — 6 Maur. Croisel,
Bist. de la litt. gr. III, p. 394. — 1 Voir plus bas ce qui est dit de la dispropor-
tion entre le nombre des drames satyrii|ucs el celui des tragédies chez Sophocle cl
raliser d'après des documents si fragmentaires, il faudrait
donc conclure que dès la fin du V siècle, le genre saty-
rique avait disparu du concours des Lénéennes '", et
qu'aux Grandes Dionysies mêmes il avait été réduit au
strict minimum. A partir de cette époque, tout rensei-
gnement nous fait défaut sur le programme des concours
tragiques d'Athènes ". Il y a lieu de croire, néanmoins,
que le drame satyrique n'en fut jamais complètement
banni, car nous connaissons ailleurs, dans le monde
grec, maintes fêtes où il conserve sa place à ctjté de la
tragédie et de la comédie. C'est ainsi que, sur les listes
de vainqueurs aux cuaritesia d'Orchomène (début du
II' siècle av. J.-C), un certain Aminias, Thébain, est
qualifié de itoiriTriç (jaTÛpwv '-. Vers le même temps, l'an-
tique concours des MorsEiA de Thespies est transformé et
s'enrichit de représentations dramatiques, oti l'on cou-
ronne chaque année, outre un poète tragique et un poète
comique, un (raTupo-cpâs/oç '^ Au i" siècle av. J.-C, les
ROMAEA de Magnésie du Méandre comprenaient également
dans leur programme un concours de o-otTupoi ". Enfin,
à peu près à la même époque, une inscription nous
montre l'acteur ou chef de troupe, Alkimachos d'Athènes,
donnant à Rhodes une reprise d'une tétralogie de
Sophocle, terminée par un drame satyrique (Péleus,
Ulysse furieux, les Ibères, Télèphe) '\ A Rome même,
les satyres Hmveni, à la suite des autres genres drama-
tiques grecs, par se faire place sur le théâtre, à côté de
l'atellane indigène. Le premier qui les y introduisit fut,
dit-on, Pomponius de Bologne, auteur d'une Atulante,
d'un Sisyphe, d'nne Ariane ^^. Et c'est ce qui explique
qu'Horace, dans son Art poétique, ait cru devoir donner
la théorie et les préceptes détaillés du drame satyrique ".
Tous les tragiques grecs ont été, par là même, poètes
satyriques. Au vi° siècle, Chœrilos était déjà renommé en
cet art '*. Mais sa réputation fut bien dépassée par son
contemporain Pratinas, de Phlionte, que les critiques
anciens reconnaissaient, sinon comme le créateur, du
moins comme le véritable initiateur du genre nouveau ".
Chose curieuse, Pratinas avait écrit près de deux fois
plus de drames satyriques que de tragédies (32 con-
tre 18) -". Étant donnée l'organisation des concours, telle
que nous venons de l'exposer, cette disproportion ne
peut guère s'expliquer que si l'on admet que ce poète,
maître incontesté du genre, fournissait de drames saty-
riques ses confrères ^'. Ce qui autorise cette hypothèse.
Euripide. — 8 Corp. inscr. att. II, 972, col. dr. Dans ce concours le nombre des
compétiteurs était de deux, et chacun présenta trois tragédies. — ^ C. i. att. Il,
073 ; cf. Ad. Wilhelm, Vrkunden dramat. Au/fuhrung. in Athen {Sonderschr. des
oesterr. arch. Instit. in Wien. Bd VI, 1906), p. 39. En 341, les trois rivaux firent
jouer chacun une trilogie ; en 340, ils ne présentèrent plus que deux drames.
— lOMais on pourrait également supposer que le drame satyrique n'a jamais figuré
à ce concours. — " 0. Navarre, Dionysos, p. 34-35. — l'2 C. i. Gniec. sept. 3197
(= C. i. graec. I, 1584). Outre le poète, est cité également son acteur, Dorothéos
de Tarente. — 13 C. inser. Graec. sept. I, 1760,1. 26-27, I, 1773,1. 29-30 (= C.
in. gr. I, 1585); Bull, de corr. hell. 1895, p. 336, n° 10, 1. 13 (Jamot) ; cf. 1 art.
MCSELiM. — l4A/i«Aei(. des deutsch. Arch. Instit. in Athen, 1894, p. 99 sq. Tous
les drames représentés dans ce concours, tragédies, comédies, pièces satyri-
ques, sont expressément désignés comme nouveaux. — 'iJ Jnsc. gr. insut. maris
Aegei, I, 125. 1. 7-10. J'adopte ici l'interprétation de P. Foucart, Journ. des
sai: 1907, p. 601. Mais cf. Bcthe, Prolcg. ;ur Gesch. des Theal . im Attcrth.
p. 215, n. 21 : il s'agirait, d'après Bethe, d'un Sophocle beaucoup plus récent, qui
vivait au i" siècle av. J.-C. (C. in Graec. seplentr. 3197, 1. 29). — 16 Acron ad
llor. Ep. ad Pis. 221. — " Horat. Zip. ad Pis. 220-250. U. Boissier {/lei: de
philolog. XXII, 1898, p. 14 sq.) croit à un simple projet d'introduire à Rome le
drame satyrique. Mais voyez Acron, l. e. — <* PJotius, De metris, p. 507 Keil.
— l'J Suidas, s. v. nçaiiv»; dit : >ii.,r,T0î l-jf^it ir«tijouî, ce qui no doit pas être
pris au pied de la lettre ; Pausan. H, 13,5.— 20 Suid. s. v. — 21 Maur. Croisel,
/Jisl. de la lilt. gr. 111, p. 394.
SAÏ
— 11 Oi
SAT
c'est que nous savons qu'en '»07, Aristitis, lils de Pralinas,
présenta au coneours une tétralogie, dont le drame
satyrique, Les Lui leurs, était l'anivre de son père '.
Eschyle ne brilla pas moins dans les (rixupoi que dans la
tragédie ; il y éclipsa même le vieux poète de Plilionte -.
Nous connaissons de lui huit titres satyriques'', auxquels
les modernes en ajoutent, avec plus ou moins de probabi-
lité, une demi-douzaine d'autres*. Sophocle lui-même ne
dédaigna nullement le drame satyrique. Douze titres
certains'' et cinq autres très vraisemblables* témoignent
de son activité en ce genre. Toutefois, ce nombre n'est pas
en proportion de celui de ses tragédies connues (dl3) :
ce qui a fait supposer que Sophocle avait dû maintes
fois, comme Euripide avec Alceste, substituer au drame
satyrique proprement dit une tragédie d'un ton spécial'.
Le même fait explique sans doute que nous ne connaissions
d'Euripide que sept titres satyriques, y compris le
Cijclope^. Du reste, le poète le plus réputé de ce temps
dans le drame satyrique, ce n'est ni Sophocle ni Euripide;
c'est Achaeos d'Erétrie (8 titres) % au-dessus duquel on
ne mettait qu'Esciiyle. Citons, enfin, Ion de Chios, auteur
d'une (hnphale '" et vers la fin du V siècle, lophon {les
Aulèdes) " et Xénoclès (^//mwas) '■^. Nous avons dit
le peu qu'on sait du drame satyrique à partir de cette
date, .\joutons un détail intéressant, qui nous est révélé
par les listes de vainqueurs aux romaea. Même au T'' siècle
av. J.-C, tout lien entre la tragédie et le drame satyrique
n'est pas rompu, en ce sens que les poètes tragiques con-
tinuent à cultiver à la fois les deux genres".
De cette production satyrique, si prolongée et si riche,
il ne nous reste, exception faite de quelques fragments
peu étendus ", qu'un exemplaire complet, le Cyclope
d'Euripide. C'est assez pour porter sur ce genre un juge-
ment d'ensemble, non pour suivre avec précision son
évolution. Le trait essentiel du drame satyrique, c'est,
nous l'avons dit, l'intrusion du burlesque dans l'hé-
roïque. Et, à cet égard, il n'y a nulle distinction à
faire entre les auteurs. Le délicat et noble artiste qu'est
Sophocle ne s'interdit pas plus qu'Eschyle ou qu'Eu-
ripide, dans le drame satyrique, les incidents vulgaires,
les jeux de scène indécents, les plaisanteries scato-
logiques'". Il est manifeste que c'est là une loi du
genre, à laquelle aucun poète ne saurait se soustraire.
Toutefois,
la réparti- T ^ fi - .J^ft
tion des
éléments
héroïque
et bouiTon
n'était pas entièrement livrée à l'arbitraire personnel ;
elle était soumise, sinon à des règles précises, du moins
à une tradition. A ce point de vue, les personnages
du drame satyrique peuvent se diviser en trois caté-
gories. Les uns sont purement héroïques et presque
I Argum. Acscliyl. 5e;)(. — a Paiisan. L. c. ; Diog. Laerl. Il, 133. — 3 lycur-
gue, Prométhét allumeur du feu (ny^ieati;). le Sphinx, i'rolcus, Circè, les
Héraut», Cercion, l.éon ou le Lion. — * Glaucos marin, .S'isy/j/ie fugitif,
Amymone el, avec plus de doiile, les Aourrices de Diojiysos, les Tkéores
ou les Fêtes de l'iUhme, les 'Ocro/.ôvot (ceux qui recueillent les os dans les cen-
dres du bûcher). Cf. M. Croisel, O. t. p. 39G. — « Amycos, Amphiaraos le
Ùrame dionysiaque, \c Maria'/c d' fféléne, Héraclès au Tênare, hs Chercheurs
de piste [l/>i:.:a.:),/iédalion, le Jui/ement (de Paris?), les Sourds-muets (Kujoi),
Alômos, Salmoneus. YOutrage ("rSfn). — !■ Le Bassemblement des Grecs, les
.kmants d'.ichille, Inachos, Pandora, les Bergers ; cf. M. Croisel, U. l. p. 397.
— ' M. Croisct, O. t. p. 398. — » .Xutolijcos, Busiris, les Moissonneurs, .Sisyphe,
exempts de tout méhmge comique ; ce sont les iiéios et
les dieux. Tel est le cas, par exemple, d'Ulysse dans le
Cijiiope. A travers les aventures burlesques qu'il tra-
verse, non seulement sa dignité reste sauve, mais encore,
par son courage, son sang-froid, son esprit avisé, il
excite, autant que dans n'importe quelle tragédie, notre
sympathique admiration"'. Exclusivement comiques,
au contraire, sont les Satyres, qui forment ordinairement
le cineur. Au pliysique, ce sont de jeunes animaux,
débridés, ivres de mouvement et de bruit, sans cesse
gambadant, sifllant et chantant; au moral, de mau-
vais drôles, ciiez qui tous les vices s'épanouissent à
l'aise, poltronnerie, gourmandise, mensonge, impudeur.
Et pourtant, avec ces défauts, ils ne laissent pas d'être
sympathiques : d'abord, parce que, dans leurs pires
incongruités, ils gardent la tranquille inconscience de
l'animalité ; ensuite, parce qu'ils ne manquent pas d'une
certaine grâce spontanée d'êtres jeunes et ingénus ; enfin,
parce qu'ils sont espiègles, malicieux, et, à l'occasion,
pleins d'esprit. A côté d'eux, il faut citer leur père, Silène
ou Papposilène [satyri, p. 1097], comme on disait au
théâtre". Chez ce Satyre, épaissi et alourdi par l'âge,
tous les vices de jeunesse ont subsisté et se sont aggravés,
mais la grâce a disparu. Menteur autant que lâche,
ivrogne, lubrique, ignorant de tout principe moral. Silène
serait le plus abominable coquin, s'il n'était, de toute
évidence, un fantoche, que son irréalité même sauve de
l'odieux. Outre ces types consacrés, l'élément comique
est représenté encore par toute la tribu des monstres,
géants etbrigandsmythologiques, que le drame satyrique
mettait volontiers en scène : le Sphinx, Proteus, Circé,
Cercyon, Glaucos, Sisyphe, Amycos, Salmoneus, Âuto-
lycos, Busiris, Sciron, Syleus, le Cyclope, etc. Par le
Cyclope d'Euripide, on peut juger la façon dont les poètes
satyriques représentaient ces êtres fantastiques. On ne se
mettait guère en peine, semble-l-il, de leur prêter des
sentiments humains. Leur âme était aussi exceptionnelle
et monstrueuse que leur figure : c'étaient des croque-
mitaines et des ogres, très horrifiques et très invrai-
semblables. Enfin, à côté de ces rôles tranchés, tout
héroïques ou tout boutTons, il nous faut ranger à part
les personnages dans lesquels le boull'on et l'héroïque
se mêlent. De ces personnages, qui n'ont jamais dû
>!??. ^i:^^^^c^^ nombreux,
un seul
'^^^^f^ \ ■—:> .y:^ C\ nous est
bien con-
le cliœur des Salyres.
nu, C est
Héraclès. Ce liéros était un des types favoris du drame
satyrique, comme de la comédie. Quelques peintures
de vases nous ont conservé le souvenir de pièces oii,
près de lui, le chceur des Satyres jouait un rôle
bouffon (fig.(>14I"l, épiant son sommeil, lui dérobant ses
Sciron, Syleus, le Cyclope. — 9 Ethon, Alcméon, Bêphaistos, Iris, Linos,
les Parques, Afômos, Omphale. — •<* Naunk, Trag. graec. fragm. p. 735 sq.
— 11 Cleni. Aie». Sirom. 1. p. 329. — IJ Aelian. Var. hist. Il, 8. — " Mitlheil.
desdeutscli. arch. Jnstit. in Athen, IH'JV, p. 96 A, I el p. 97 B, 1-3 : la Iragédie et
le drame satyrique couronnés sont, sur le premier fragment, du poète Théodoros,
sur le second du poêle Folémaéos. — I* Les plus importants sont tradtiils dans
r<^tude de J. Denis, Drame salyriq. {.Ann. de la Fac. des lettres de Caen,
1889, n. 2, p. 152 sq.). — 'o Voir par exemple dans Nauck, Trag. graec.
fragm. Aescli. frag. 180: Sopli. frag. 140, 295, 388, 390, 444 : cf. Eurip. Cyctop.
327 sq. 439-440, 328. — 16 Cf. Maur. Croiset, 0. c. 111, p. 41 1. — 11 l'ollux, Onom.
IV, 142.
SAT
— 1105
SAT
armes, etc. '. Mais, par le rôle qu'il jouait dans VÀIceste
et dans le Si/leus (autre pièce perdue d'Euripide, dont une
analyse anonyme nous a été conservée-, nous voyons
clairement que l'Héraclès satyrique n'était point le benêt
et le pleutre, perpétuellement esclave de son ventre, dont
s'égayaient les comiques. Sans doute, il y gardait en partie
la physionomie traditionnelle et populaire, sans lai|uelle
il n'eût pas été lui-même. Goinfre, mal appris, brutal,
voilà les traits sous lesquels, d'abord, il faisait rire ^.
Mais, daas l'une et l'autre pièce, un incident soudain sur-
venait, à l'occasion duquel se révélait brusquement sa
nature héroïque : alors il apparaissait généreux, magna-
nime, admirable de force morale autant que physique *.
Il est impossible de retracer, même à grands traits, les
transformations qu'a subies le genre satyrique dans le
cours de sa longue histoire. Tout au plus y distingue-
t-on quelques tendances générales. Le premier fait à
signaler, c'est qu'en dépit de ses origines, le drame
satyrique, à son tour, s'aventura, de bonne heure, hors du
cycle dionysiaque. Il y avait nombre de sujets tragi-
comiques qui tentaient la verve des poètes, mais où les
Satyres n'avaient véritablement rien à faire. On rem-
plaça, dans ces sujets, les Satyres par un chœur, à peu
près équivalent, de personnages vulgaires et boufTons.
Ainsi avait fait, par exemple, Sophocle dans son lleraclcs
au Ténare et dans ses Bergers, dont les chœurs étaient
respectivement composés d'hilotes et de pâtres troyens°.
Dans le drame satyrique, ainsi entendu, la proportion du
sérieux et du comique n'était point, malgré tout, sensi-
blement modifiée. Mais il n'en est plus de même dans
d'autres drames, dont r.4/ces^e d'Euripide peut être prise
comme type. Le chœur de cette pièce est composé des
vieillards de Phères; et, par suite, l'élément bouffon,
relégué exclusivement dans le rôle d'Héraclès, s'y réduit
au strict minimum *'. Nul doute qu'il ne faille recon-
naître là l'influence de la tragédie. .\ l'imitation de celle-
ci, le drame des Satyres tendait lui-même à se hausser à
une forme ennoblie. Tentative condamnée d'avance,
puisque, sous peine de perdre son originalité et sa
raison d'être, le drame satyrique ne pouvait la pousser
jusqu'au bout. L'imitation de la tragédie se marque
encore d'une autre façon. On pourrait déjà a priori sup-
poser que l'art des péripéties, des reconnaissances, des
coups de théâtre, qui alla toujours se développant dans la
tragédie, eut son contre-coup sur le drame satyrique. El,
de fait, nous trouvons dans le Cyclope une reconnais-
sance, dans YAlceste l'explication d'un malentendu ; et
maintes pièces perdues (en particulier, le Si/leus) '
laissent deviner, par le titre ou par les fragments con-
servés, d'autres effets dramatiques du même genre *.
Mais là encore la limite où devait s'arrêter le drame saty-
rique était d'avance fixée. Il lui était permis, certes,
I riauclie II de la dissertation d'O. Jahn., Salyni und Salyrdrama nuf
\aten (dans le Philologut, t. X.\ VU, p. 26). Sur les souvenirs que le drame
satyrique a laissés dans la peinture céramique du v» siècle, cf. Hotlier, Catalogue
des Va»ct rfu LoMi-re, p. S33, 105i à I05S. — 2 Cramer, Xnecd. paris. I, p. 7;
.N'auck, 0. c. p. 575 sq. — 3 Selon EusUUie (Ad lliad. p. 987, +7) on donnait à
Héraclès, dans le drame satyrique, le nom Tamilicr d"H;i/.ioî, un peu, sans doute,
comme l,a FonUine appelle Jupilcr, Jupin. — *['liil. Alet. Il, p. 461 Slaogey ; cf.
Maur. Croiiet, O. c. III, p. 411 sq. ; J. Denis, O. c. p. 170 sq. Sur la reprcscnlation
d'Héraclès satyrique sur les vases peinls et aussi sur celle de Persée, etc., voir
0. Jalin, dans Pltilolot/us, XK\ll. 1868.— ô Euslath. Ad lliad. p. »'.I7, 37;
iNauck, O. c. p. U\ ; Hermann, Philolog. II, p. 135. — » Il en était apparemment
de même dans VOmphale d'Ion de Cliios. Les Satyres y étaient remplacés par
un chœur de joueuses de luth lydiennes, i«i.Tç;«i (Nauct. O. c. fr. ii : Athen. .\1V,
634 F). — ' Philo Alex. L. c. — 8 Dans le Susiris d'Euripide, par exemple, « on
VIII.
d'émouvoir à l'occasion, mais à condition que ce pathé-
tique ne fùl ni trop profond ni trop durable. Une double
loi du genre satyrique, en effet, c'était premièrement
d'être un spectacle gai (■^z.xyMoU naiÇoysa) ', et, en second
lieu, de se terminer par un dénouement heureux'". On
voit par là combien il fallait, pour y réussir, de dexté-
rité et de tact délicat". C'est que, par sa constitution ori-
ginelle, le drame satyrique était un genre équivoque, où
deux tendances contradictoires se combattaient, sans que
l'une ni l'autre put franciiement triompher. Enfin, il
suffira de mentionner d'un mol certaines innovations qui
n'ont été, semblet-il, que des tentatives isolées, ou même
des fantaisies individuelles. Citons en ce genre VAgen
du poète Python, joué en Asie (probablement en 327)
devant Alexandre le Grand, aux Dionysies célébrées
sur les bords de l'Hydaspe '-. La pièce abondait en
allusions au trésorier infidèle du roi, Harpale, à ses
maîtresses, à sa fuite vers Athènes. Le drame satyrique
« devenait ainsi satirique, au sens moderne du mot,
c'est-à-dire agressif et moqueur » ". Le caractère opposé
se montrait dans le Ménédème de l'Alexandrin Lyco-
phron, qui était un éloge du philosophe de ce nom ".
Enfin Dioscoride, dans une épigramme, proclamait son
contemporain Sosithéos comme le restaurateur du genre'".
Les conditions matérielles d'une représentation saty-
rique étaient à peu près les mêmes que celles d'une repré-
sentation tragique. Disons quelques mots seulement du
décor. A la place du palais ou du temple, qui servait tra-
ditionnellement de cadre à la tragédie, on voyait en
général dans le drame satyrique un paysage « formé, dit
Vitruve, d'arbres, de grottes, de montagnes et de tous
les autres objets naturels » "^. Ailleurs encore, le même
écrivain détaille, avec plus de précision, les éléments
essentiels d'un paysage satyrique : <( ports, promon-
toires, rivages, fleuves, sources, ruisseaux, sanctuaires,
bois, collines, troupeaux et bergers » ''.Tel est, en effet,
le décor que réclame le Cyclope : l'action s'y passe sur le
bord de la mer, au pied du mont Etna, devant l'antre à
deux ouvertures habité par Polypiième". Et c'est aussi
un cadre champêtre de ce genre que la plupart des titres
conservés nous autorisent à reslituer. Sur les machines
employées dans le drame satyrique aussi bien que dans
la tragédie, voyez l'article machina. On trouvera aux arti-
cles uisTRio ^III, p. 217 et 219j et perso.va IV, p. 410] les
renseignements utiles sur les costumes et masques des
acteurs et du chœur. Il est probable que le nombre des
acteurs, dans le drame satyrique, a suivi les mêmes varia-
tions que dans la tragédie [tragoedia] ; c'est-à-dire que,
porté à deux par Eschyle, il fut définitivement fixé à trois
par Sophocle ". Ce qui est sur, c'est que trois interprètes
sont nécessaires ■" et suffisants pour jouer le Cyclope : le
protagoniste représentait Ulysse, le deuléragoniste
peut être à peu près certain qu'Héraclès, d'abord inconnu, se révélait brusque-
ment, au moment où Busiris et ses sacrificateurs s'apprêtaient à l'immoler ".
(M. Croiset, U.c. III, p. 418). — 9 Celle définition est de Démélrius, De elocut.
169. — 10 Argum. Eurip. Alcest. : to il Sfi^i icrr. 5aTi,pi»,iTt9oï îti iïî /«fd »«;
T,Savf,v xaTainséçE;. — 1' .ilceste même laisse, en dépit de la virtuosité de l'auteur,
une impression équivoque. — • '2 Athen. Mil, p. 593 F. — '3 M. Croiset, O. c. HI,
p. 403. — 1' Diog. Lacrl. II, 140, Athen. X, p. 4S0 B. Lycopliron avait trouvé
cepL-udanl le moyen de faire paraître di
tionnel des Satyres. — t5 .\nCh. pal. Vil
que, même au l*f siècle av. J.-C, le dra
sujets qu'à répof)ue classique. Les piêci
IIji.,Te5;'.«o;, un n«l«ii»,S,iî. — 16 V, 7
— 19 Diog. Laert. 111, 36, Arist. Poet.
V. 197 sq., scène qui met eu présence les trois personnages.
139
cette pièce d'actualité le chœur tradi-
07. Le catalogue des Ilomaea prouve
2 satyri(|ue r
?S5assait encore les mêmes
couronnées
ont un euTT,;, un .ifn-,, un
- 17 VU, 3.
_ 1» V. 20, 83, 100, 707.
p. 1449 A.
— 20 Voir, en particulier.
SCÂ
1106
SCÂ
Silène, le Iritagonisle Polyplième. Le vase de Ruvo, qui
tigure lesapprèls d'une représenlalionsalyrique [chorus,
lig. 1426J, semble aussi témoigner dans le même sens :
car, outre les Satyres, on y voit trois acteurs, Héraclès,
Silène el un héros inconnu'. Rappelons, du reste, que
le drame salyrique n'eut jamais d'interprètes spéciaux:
tout tragédien (en raison de l'union primitive des deux
genres) était, à l'occasion, acteur satyrique -. Quant au
nombre des choreutes, il parait certain que, comme dans
la tragédie, il fut successivement de douze, puis de
quinze '. La danse ordinaire du chœur salyrique était la
«ri'xivviç ou (nV.tvi; * ; c'était une agitation violente et ra-
pide, qui, sous une forme sans doute plus réglée,
reproduisait le cj/zios bacliique^ [saltatio].
La structure technique du drame satyrique n'a rien
d'originale Calquée trait pour Irait sur celle de la tra-
gédie, elle comprend des parties dialoguées [prologos,
cpeisodiii, exodos) eldes parties chantées (parodos, sta-
simu, etc.). Le Cijc/ope, comme la plupart des tragédies
grecques, a cinq actes. Mais tous les éléments de ce
drame, si on les compare aux éléments correspondants
d'une tragédie, apparaissent singulièrement rétrécis. Les
parties lyriques surtout (à l'exception de ]a. parodos qui
comprend une quarantaine de vers) s'y réduisent presque
à rien. Du reste le Cyclope n'a, au total, que sept cents
vers, ce qui est environ la moitié de l'étendue normale
d'une tragédie. Cette brièveté s'explique d'elle-même
dans un genre qui ne servit jamais que de divertisse-
ment final ou de lever de rideau. 0. Navarre.
SAUROTER( SaupwT-zjp). — Nom grec du talon de la
lance' [uasta, p. 311, 38, 40].
SCABELLUM, escabeau [scamni'm].
S<:ABELLUIVJ, SCABILLUM ('KpouTiÉ^ia, xpouTtÉ^iov). —
Instrument servant à donner la mesure aux pantomimes
et aux danseurs'. 11 consistait en timbres placés entre
deux planchettes
que faisait agir le ^ "^~^^^ > ~
pied auquel il était "'
attaché comme
une chaussure (fig.
était fixé au sol, et ' '""-■-
la personne qui ""
marquait la mesure
appuyait fortement surlaplanchette supérieure (fig. 194)^
Le scabellitm annonçait aussi la fin du spectacle'. On
* Alceste, li-agédic jouée en guise de drame salyrique, ne comporte toulefois que
deux acteurs. — 2 Dans Icsdidascalics de 34l-3iO, l'aclcur qui a inlcrpiété le drame
sat; riqne n'est pas meutionné ; mais il est à peine douteux que, comme pour le drame
ancien, c'est l'un des acteurs tragiques nommés ensuite. — 3 Si Pollux, Onom.lV, 109,
se tait sur le chœur satyrique, c'est qu'cvidemmcut il ne le distingue pas du cliœur
tragique. C'est par une double erreur i|ue Tzetzés {Proleg. ad Lyc. p. 234 M et
Proleg. ad Arhtoph. p. XXIV, v. 109 Didot) attribue au drame satyrique comme à
la tragédie seiie clioreutes. — * Etymol.magn. s. u. a.'xiwi;, Atlicn. XIV, p. 630 c;
cf. Alb. Mûller, Griech. BùhnenaUerth. p. 2i4, n. 2 et 5. — S> Foucart, Le culte
de Dionysos en Attiq. p. 184-193. Parfois aussi, les satyres, Taisant trcvc à leurs
cabrioles, parodiaient la gravité de Ptixiiiac;» tragique (Dion. Hal. Antiq. rom. Vil,
72). — 6 Maur. Croiset, O. c. III, p. 415 sq. — Bibiiocraphle. Casaubon, I)e poesi
satyriea, 1603; Brumoy, Théâtre des Grecs, Disc, sur le Cyclope d'Euripide el
sur le spectacle satyr. 1730 ; Buhie, /te fabula salyr. Graecorum, 1788 ; Pinzger,
/h dramatis Graee. salyr. origine, 1822; G. llerniann, Epist. de dram. corn,
sat. Comment, societ. l'kilohg. t, I. 1881 ; Id. 0/iusc. t. I, 1827; Rossignol, Dis-
sertât, sur le drame que les Grecs nppclnienl satyrique, IS30; Welcker, Griech.
Tragôdien, p. 1361 sq. 1841 ; Wicseler, Das Snlyrspiel, 1848; Patin, Études sur
les trayiq. grecs (III, p. I sq. et 442 sq.). 1841-43; Piu\y, Healencyclop/idie,
VI. art. sATïjir.r.ïMi (Witzscbel) 1832 ; 0. Jalin, Satyrdruma auf Vasen, in Phi-
lolnyus, XXVII, 1 ; Eggcr, Observations sur te genre de drame appelé satyrique
(Anu.de l. Association des études grecq. 1873); Maur. Cioiset, De la tétralogie
connaît un certain nombre de monuments figurés repré-
sentant le scabellum ~\ La figure 6L42 reproduit une
mosaïque conservée à la bibliothèque du Vatican.
Fig. 6142
de llùte s'accompagnant du
Fig. 6143. — Escaliers de l'hacstos,
Les joueurs de scabillum ou scabillarii étaient orga-
nisés en collèges*. H. Thédenat.
SCAEIVA [tueatrum].
SCAEIVICI ARTIFICES [uiSTiuo, Mi.Mi's, pehsona, mo-
NYS1ACI artifices].
SCALAE. KXrixa; '. Escalier, degrés, échelle. — I. Du-
rant toute l'antiquité classique, les architectes ont
attaché peu d'importance aux escaliers des habitations
particulières ; mais les édifices publics offrent, de bonne
heure, des rampes monumentales et une disposition
majestueuse des marches. On admire à Phaestos de
larges gradins se coupant à angle droit, où venaient s'as-
seoir les spectateurs des taurobolies sacrées (fig. 6143) -.
Dans le même palais, on accède au mégaron par des
degrés monumentaux. Pour l'époque classique on peut
citer les rampes monumentales de Préneste' et l'escalier
menant d'une rue
dans l'autre à As-
sos*.
Pour les mai-
sons, les passages
les plus récents
d'Homère mention-
nent un premier
étage (ÛTcepioov), ac-
cessible par des degrés''; mais, primitivement, l'habita-
tion grecque ne devait comporter qu'un rez-de-chaussée;
dans l'hist. de la tragédie grecq. {Bévue des étud. grecq. I, 1888, p. 369) ; Id.
Hist. de la littérat. grecque, II|2, p. 34 sq. 389 sq. ; J. Denis, Le drame salyr.
(.inn. de la Fae. des lettres de Caen, V. 1889, n» 2, p. 132 sq.).
SAVROTEH. 1 Pollux, i, 136; x, 143 ; Hesych., .Suid., Phot. s. r. Eust. Ad. 11.
s, 183; Polyb. vi, 23, 6.
SCABELLUM, SCABIIXDM. 1 Pollux, VII, 87 ; ittiioti|»tvo, its ivSi^.nov yopoî.
— 2 0. Jalio, Abliandl. d. Bayr Akad. VIII, 2, p. 232. Pour la description et l'em-
ploi de cet instrument, cf. pastomimus, p. 317. — 3 S.Augustin, 10 ; De musj'cfl, III,
1 ; cf. PANTOMIMUS, fig. 9S04. — 4 Cic. Pro Coel. XXVII. — 5 Cf. des représentations
de scabellarii dans Monlfaucon, Antiq. fig. I, pi. ci.sxvi, 9 {p. 272) ; Caylus, Bec.
d'antiq. t. III, pi. i.xxiv, p. 271 ; Museo Pio-Clem. t. V, pi. c; Mus. Capitolin.
t. III, pi. XXXVI. — 6 Wallzing, Etude sur les corpor. professionnelles, l. IV, pi. xir,
cxix. — BiBLiucRAPHiE. Sdumaisc, Ad script, hist. Aug. Paris, 1620, p. 501 sq.; Dom
Martin, Explic. de divers monu7n. singuliers, p. 47, F'aris, 1739; Boctligcr, Opus-
cula, Dresde, IS3S; p. 303 ; Id. Kteine Hchriften, I, p. 325 sq.
SCAI.AE. 1 Le mot est presque toujours employé au pluriel. Il est pour scandla,
Bréal, Dict. étymologique latin, p. 323. — 2 Maragliianuis, .\ntiq. Cretoises, l^\. i.
— 3 Canina, Gli ediflzi ttntichi, VI, pi. cm; cf. Mélanges École de Borne, \[,
1R82, pi, m, IV, p. 168 (Blondel). — * Bacon. Insvestigat. al Assos, p. 31, fig. 2.
— sorfyss. 1,330; X, 538 ; XI, 63; XXI, b; cf. Koîcii, Bomerische Palcïste, p. 67sq.
Aujourd'hui encore, les Athéniens logent pour la plupart au rez-dc chaussée ou môme
dans des sotis-sols.
SCA
i 1 07
SCA
l'escalier, 1res simple, n'est généralement qu'une suite de
marches soutenues par deux murs d'écliiffre; il n'y a ni
palier, ni changement de direction. Toutefois, on observe
à Cnossos ' déjà, pour l'antiquité préhellénique, et dans
louraaiit, dans une maison de Délos
les maisons hellénistiques de Délos (fîg. 6144)-, des esca-
liers à quatre volées, avec ou sans palier. Dans les mai-
sons athéniennes à deux étages (ôiiTEv^'a) la yJJ.a^l menait
à l'appartement des femmes, installé à l'étage supérieur '.
A Athènes comme à Rome, les locaux indépendants
du reste de l'étage et les boutiques étaient ordinaire-
ment accessibles par des degrés extérieurs (àva6a6[j.o0 ',
qu'on retrouve à Pompéi, où prédomine cependant, pour
l'escalier intérieur, le simple emmarchemenl appuyé h
deux murs parallèles''.
Certains auteurs" donnent le nom de scalae rjraecae
à des escaliers dont les marches étaient entourées d'ais
pleins, de manière à dérober à la vue, au moins en partie,
les personnes qui y montaient. Les cages des escaliers
intérieurs étaient étroites et sombres; c'était, à Rome,
avec les cenacula auxquels ils menaient, la cachette
favorite des esclaves fugitifs''.
La matière de l'escalier était le plus souvent le bois ;
la pierre ou la brique étaient plus rarement employées ;
à Délos, on trouve communément de larges dalles de
schiste superposées ; mais plus d'une maison de File
possédait un ou deux escaliers de bois.
Les temples et sanctuaires grecs ont rarement des esca-
liers d'apparat. A l'Acropole d'Athènes, une chaussée en
lacets serpentait jusqu'à l'entrée des Propylées; elle fut
remplacée au premier siècle de notre ère par une rampe
monumentale en marbre. L'autel de Zeus, à Pergame,
avaitaussi des gradins d'une somptueuse ordonnance*. .\u
temple d'Héra à Agrigenle', on avait multiplié lespaliers :
il y en avait un toutes les trois marches. Dans plus d'un
temple grec, des escaliers étaient ménagés aux angles de
l'édifice et conduisaient sous les combles ou dans les ga-
leries qui régnaient au-dessus des bas-côtés de la salle '".
I Evias, Annual of britU/t School.. VII, p. 111 ; VIll, p. 32. — 2 tlaison de Dio-
nysos, Bulletin de corr. hell. 1906, p. îU (Jardi); cf. 1907, p. *9J, 498 (Bigard).
— 3 Pour les SioTîTi». Wieseler, NacUriclU der Gesell. in Gotting. 1890, 406 ; SiUI,
Handhuch der Arclt., p. 345, 5 ; la x)ir|ia; est mentionnée par I.vsias, Aih. Eriil.
éd. Thalheim § 9 ; cf. Bocker-Gôll, Charikles, II, 140 sq. ; Wiegaud. Schrader,
Prient, p. 291 ; Nicole, Meidiaa, (1908), p. 148, n. 2; cf. aussi G. Lefebvrc,
frag. d'un manuscrit de ilénandre, Sumienne, vers 17, p. 147 ; »«Tif«.vt
«t' Cueftôou TU -ju-ïi ôÎvuSev. — * Arislot. Oeconom, II, 5, p. 1347 a; Baumeisler,
Dcnkmâler, p. 152 sq. — ^ Weiss, Kostamkunde, p. 1177 ; Nisson, Pom-
peian. Slud. p. 4fli ; Mau-Kciscy, iig. tlî, Pompeii. — 6 A. Gell. K, 15; Sorv.
Ad Aen. IV, 64fi. — 1 Cic. Pro Mil. 15; Phil. 11, 9; Horat. Epist. Il, 2, 15.
I.iv. XXXIX-14: pour les cenacula, cf. Fcstus. P. Diacon. M. Miiller, p. 51.
— » Ponlrcmoli et Collignon, Pergame, pi. ni, 3.-9 Durm. Die Baukunsl
der Griecheu, fig. 30i. — 10 Au Paillii-nou ; au Icmpk- ,Je Pacslum. Puchsliin el
L'invention de la voûte permit aux architectes romains
des constructions savantes. On put faire porter les
emmarchements par des arcs et couvrir l'escalier. Au
Colisée", on observe un escalier voûté à triple rampe
sur segment de voûte : les deux premières rampes sont
affrontées el, au premier palier, une troisième rampe
perpendiculaire conduit au deuxième palier; le départ
de l'escalier marque la naissance de la voûte. Le premier
exemple d'escalier voûté se trouve au gymnase des éphè-
I 1.
Fig. 6145. — Escalier voûté de Pergame.
bes de Pergame(fig. 6145)'-; la voûte sert à supporter
une rampe supérieure, de même qu'à la basilique de Per-
game et aux Thermes de Caracalla'^ Un des plus beaux
escaliers couverts de Rome était celui du Tabularium, au
Capitole'*; les deux rampes n'avaient pas moins de
soixante-six marches: la couverture était constituée,
pour la rampe inférieure, par six courtes voûtes en ber-
ceau, horizontales et étagées, et par une seule voûte
continue pour la rampe supérieure.
Les anciens ont construit des escaliers suspendus.
Callixènos signale un escalier à vis dans la luxueuse
galère de Ptolémée IV '^. La colonne Trajane renferme
aussi un escalier à vis [cochlka et colu.mna, fig. 1789],
qui lui a fait donner par les auteurs le nom de columna
cochlis '". C'est la même image que dans l'expression
française : l'escalier en colimaçon. A Byzance, les archi-
tectes ont également connu la courbe sisso'ide des esca-
liers suspendus ; on trouve un escalier à vis, au pont du
Sangarius, bâti par Juslinien'''. Dans les théâtres et les
amphithéâtres, la circulation était assurée par des esca-
liers rayonnant en éventail, entre les cunei . Vilruve
dénomme ces gradins scalaria '* [the.atrlm' .
Koldcwcy, Die Tempel im Unteritalien, p. 28, pi. xv, xxiv, xxv. — il Durm,
Bauknnst der Elrusker und Borner (1905), fig. 394. — 12 Alhen. Mithl. 1904.
pi. II. — 13 Durm. O. c. fig. 391 6. —H Delbriick , Bellenist. Baatrn im Latium,
1907, pi. VI et p. 31. — lô Atlienae. V. p. 29. — 16 Tliédenat, Forum romain, 4- éd..
p. 201, 380. Rappelons encore les colonnes de ilarc-Aurèle, de Tliéodose; Jahràuch,
1893, [I. 230 ; Monum. Piot, II, 99 ; Cliapol, La colonne torse et le décor eu Ulxce,
p. 145-147. — 17 Texier. Descript. de l'Asie Min., pi. iv. Voy. encore pour ce
lype d'escalier : Koldcweyet Puehstèm., op. l., p. 114, pi. xv ; Clioisy,.4W de bâtir
chez les Byzantins, fig. 51 et 51 bis; Isabelle, Édifices circulaires, pi. xxxiii ;
Hûltscli, Bie altchristlich. Kirchen, pi. vu, 1 . — 18 Vitruv. V, 6 ; IX, ï ; cf. DBrp-
feld. Das griech. Theater, p. 43 sq.; Defra^se et Lecliat, Epidaure, |il. xiii el
p. 195, 197; Pontremoli et Collignon, Pergame, pi. iv ; VViegand et Schrader,
Priene. p. 240, fig. 230: Boissonnas-Baud-Nicole, En Grèce, figure de la biblio-
giapliie.
SCA - 1108
Les degrés ou perrons sont le plus souvent de simples
marches superposées : loulefois, dans les maisons de
Délos, on observe des perrons ornés à profil courbe.
SCA
Fig. 01411. — Escalier de boi;
Quelques temples ronds ont des degrés circulaires: tels
le temple de Marmaria, à Delphes', dont les marches
sont rehaussées de listels d'une admirable netteté, la
Tholos d'Épidaure, etc. ^. On gravissait la tribune des
^ harangues, à Rome,
par quelques degrés
circulaires ^
II. Scalae signifie
aussi échelle. A vrai
dire, ce sont de véri-
tables échelles qui ont
précédé, dans les ha-
bitations, les esca-
liers soutenus par de
la maçonnerie, échel-
les de bois à marches
suffisamment larges
et unies, appuyées au
mur et, au besoin,
étayées. Nous pou-
vons nous en faire
uneidée par une pein-
ture (fig. lil 40) où Ton
voit une échelle semblable placée à l'entrée de la mai-
son'; on s'en servait aussi dans les théâtres [ïheatrum].
1 llmie de farl nncieu et modenii:, 1901, p. 36i (Honiolle). — 2 Anlike Den-
kmâleTt II, pi. ii-v. — 3 iluc-tsen. Forum romairtt lîg. 76. — Noire figure d'après
Elite céramot/r. Il, pi. i.xnv, scëoe de comédie; cf. Wieselcr, Theatergeàtinde
pi. IX, ta ; cf. IJôrpfcld, Griech. 7healer, p. 3S; Scllieiber, Uilderallas, pi. v, 11 ;
cf. ibid. pi. V, a' C0«. — S Monunienl des Néréides, Mon. d. 1ml. X, pi. xv (noire
fig. 6146): Beuiidosf et Niemaiiii. Das Heroon von GolbacUi^ p). xxiv, 4: Micali,
Mon. ined. (IS33), 2 ; Ingliirarni, Mus. Chiiisinos, 89 ; cf. Tliucyd. IV, 135 ; Arislopli.
Aies, m, 1160: Plut. Aiat. 07; l'olvaen, IV, 2, 11; Polyb. IX, 10; Robert,
Die antiken Sarcophai/reliefa, III, pi. lx\ Allien. ap. Thévcnot, Vit. Mathem.
Paris, 1U43, p. 8. — li .Ni-trc fig. 6147, d après le vase de Talos, Fin Iwiingler-
Fig. 614N. — iLchelle d'embar((iiemenl.
Fig. 6149.
Échelle de miue.
Fig. 6150. — Échelle de jardinier.
Signalons seu-
Telles devaient être aussi, assez fortes toutefois pour
soutenir le poids de nombreux combattants, les échelles
employées à l'assaut des places fortes
(fig. 6147)°.
Des échelles faisaient aussi l'office de pas-
serelles pour l'embarquement et le débar-
quement des passagers sur les navires
(fig. 6i48)«.
Il y en avait dans les mines pour la
descente et la montée des ouvriers [me-
TALLA, p. 1833]. On a retrouvé récemment,
encore en place dans celles d'Aljustrel, en
Portugal, des poteaux de chêne (fig. 61 W)
à encoches, dont la partie inférieure est
fourchue et s'appuie sur une sorte de pa-
lier qu'on a ménagé en creusant le puits '.
11 parait inutile de passer en revue toutes les échelles
pareilles à celles qui sont encore en usage, dont on
trouve la mention
chez les auteurs et
des exemples sur les
monuments, servant
à l'agriculture, à la
cueillette des fruits
(fig. 6130), à la ven-
dange ", à la construc-
tion (fig. 466), à toutes
sortes d'arts et de
métiers ; ou ayant
dans la vie domes-
tique son emploi journalier (fig. 113
leinent encore une peinture de
Pompéi, où est figuré Dédale as-
sis au sommet d'une échelle ou
escabeau à quatre étages, qui
montre (fig. 6131)'" que ce genre
de meuble était déjà connu
des artistes anciens [cf. scammim,
p. 1112].
III. On voit sur plusieurs pein-
tures de la grande Grèce un instru-
ment de musique qui semble fait de
pipeaux ou de cordes espacées ré- Fig.eisi.-Escabeanàdegrés.
gulièrement entre deux baguettes
parallèles; on en a fait surtout, en l'appelant .scala, un
attribut d'Éros
ou d'Aphrodite;
Wieseler " y
voyait un sym-
bolisme qui sem-
ble aujourd'hui
chimérique. Une
seule fois '-, la
srala mélodieuse est figurée en face d'un oiseau pris au
piège i^fig. 6152); le décorateur aura voulu indiquer que
Reichliold, Griech, Vasenmal. pi. xxxviii ; cf. fig. 1344 ; Helbig, Waiulge-
mtilde, no 1308; Mitseo Borbon. Il, 37; Ruescli, Gnida illtistr. del Museo
Naz. n» 9108 et 119 690. — 1 Daubrée, Étude sur l'exploitation des mines
de la Gaule, p. 206; Bull, des Antiquaires de France, 1907, p. 59 iCuq).
— 8 Peintures du cimetière de Houlianus ; Bosio, Borna sotteranea, p. 139.
— 9 Digest. XXXUI, 7, iî, 22; G. Nicole, Meidias et le st'jle fleuri, pi. vin,
3, 4 et 5, et pi. IX, lig. 42 ; p. p. 148; Alhen. Mitlh. 1907, p. 97 sq. ; Chapot, La
colonne torse, p. 14.î. — 10 Millheil. d. arcli. Inst. .'îez. roni. VI, 1890, p. 260.
— " Descala symtiolo apud Graecos, Proyr. Gôtting. 1873. — 12 Hcydemann,
Pariser Antiken, Malle, 1887, p. 64.
Fig. 6152. — Inst
SCA
— 1109 —
SCA
les sons de l'instrumenl avaient suppléé au chant de
quelque oiseleur. G. Nicole.
SCALPRUM >CALPTLRA ir.
SCALPTITRA. AaxT'jXi&Y'-uf'î'- La gravure sur gemmes'.
I. Le nomdecetart chez les Grecs, 2axTuX!OYÀ'J9{ot,dési-
goe plus spécialement la gravure en intaille, c'est-à-dire
celle des cachets de pierre dure((7cppaY;ç)^ qui formaient la
plupart du temps le chaton des bagues (oaxTÛXioç) '. Les
Latins appelaient scalptiira ' non seulement l'art de la
gravure sur gemmes, mais encore les gemmes gravées
elles-mêmes et jusqu'aux sujets qui y sont figurés ;
l'expression de scalpturae ectypae ' s'appliquait aux
gemmes gravées en relief que nous appelons camées et
les distinguait ainsi des gemmes gravées en intaille
auxquelles était réservé le terme de scalptura ; nous
ignorons si, chez les Grecs, un terme propre s'appliquait
aux camées, l'expression tûttoi èyyeyÀuu.u.£voi qu'on a
parfois traduit par ce mot s'appliquanl à tous les reliefs
gravés et sculptés, quelle qu'en fût la matière ".
L'étude des monuments nous montre que la technique
de la gravure sur gemmes 'gemmae" n'a guère varié dans
l'antiquité, et l'origine en est trop ancienne pour qu'on
en sache préciser la date. Cette technique dérive naturel-
lement de celle des travaux de la pierre polie et n'en est
que le perfectionnement, et l'avance qu'on voit partout à
la scalptura sur la gravure des métaux n'est que l'avance
habituelle des arts de la pierre sur les arts du feu et du
métal. En Egypte, des scarabées de cristal de roche,
prototypes à la fois du camée et de l'intaille, attribués
par M. Maspero '' à la sixième dynastie, et des cylindres
chaldéens datant de plus de 3500 ans avant notre ère *,
supposent l'emploi des instruments et des matières dont
nous savons, par Pline, que les lithoglyphes de l'époque
classique se servaient, à savoir le foret de fer mousse,
imbibé de poudre d'émeri, et peut-être la pointe de
diamant ou d'ostracite. L'émeri(i7ft'jpii;)"est une altération
granulaire de corindon qu'on trouve à Naxos '" (va;îx
/ïOoç, naxhim), en Asie Mineure et en Espagne ; pulvé-
risé et mêlé d'huile, il servait aux lapidaires à tailler et à
polir les gemmes : sans doute aussi employaient-ils dans
leur travail la meule et la lime" . Une fois sortie des
mains du lapidaire qui lui donnait sa forme (cylindre,
scarabée, scarabéoïde, cône, etc.), la pierre devait être
gravée par le lithoglyphe : pour ce travail, les modernes '-
emploient outre la pointe de diamant, maniée à la main,
des forets d'acier, terminés par un boulon plus ou moins
SCALPTURA. f Pliu. XXXVIl. — 2 I.e mot jjjcj,-; a Aisigoé non seulement
les caeliels. mais encore, p-ir extension, leur empreinte et même la pierre
précieuse gravée. Cf. Herod. I, 195, Vil, 69; Arisloph. Aiei. 560: Plat. Uipp.
maj. 368 c ; Arislol. Meleor. IV, 9, 30 ; Pollui, XXIV, 4, 10 ; Tbeoplir. Lap. 4i.
— 'Ilerod, III, tl ; Diog. I.aerl. 1.57. — '* Malgré la confusion constante que font
les manuscrits entre les mots scatfitiira et sculptura, scatptor et scttlptor, scalpere
et scu/pere, il est certain que les Latins distinguaient très nettement par ce< ternus
la gravure de la sculpture : Horace {<M. XI, 51) oppose larl de graver, scalpere, à
celui de modeler, /înjov. La lecture scalptura, scalpere, scalplor, n'est pas dou-
teuse dans tous les textes qui out trait à la gravure sur gemmes ou glyptique, cf.
Plin. XXXVIl, 60, 63, 101, 17*; Suel. Aarj. 50; Id. A'er. 46; Id. Galba, 10.
V. aussi B. Crusius, Claris Sncton., v. scalpere; Ernesti ad Suclon. Aug. 50 et
Ner. 46 ; Oudendorp, Ad Sueton. lialb. 10 ; Bremi ad Siœton. Aug. 50; Heindorf,
AdHor. Sat. Il, 3, ii. — 5 pli„. XXXVIl, 174; Scnec. De benef. III, i6, 1. V. E.
Babelon, Catalor/ue des camées aniir/ue et modernes de la Uibliothèqite yatio-
nale, p. III. Vu le peu de telles où celle eipression. scalpturae ectypae, parait, il
rest* douteux qu'elle fut d'un usage courant. — 6 Ilerod. il, 1*4; E. Balclon,
Jbid. p. II. — 7 Maspero, Archéoloijie égypt. p. 237. — » Menant, Catal. de la
coll. L. de ClercQ. I. I, p. 49, pl. V, 40. — 9 Uioscor. V, 165, 166 ; Calen. XII,
205 *; Isidor. Orig. XVI, 4, î' . — 10 Pind. Isthm. V, 70; Dioscor. V, 167, I6S;
riin. XXXVI, 164. - II Plin. XXXVl. 54 ; Id. XXXVIl, 109. - 12 Cf. Mariette,
Traiti des pierres gracéet, t. I, p. 195 et sq. — 13 .Marielle, L. l. : Natter,
gros, qui creusent des trous hémi-sphériques (ce sont les
bouterolles), et de fines rondelles d'acier plein montées
sur un axe et dont la tranche creuse, en tournant, des
sillons plus ou moins profonds (ce sont les scies) : la tige
des bouterolles et l'axe des sr/essont fixés àl'essieu d'une
sorte de roue appelée touret, mise en mouvement par une
pédale; les bouterolles et les scies tournent ainsi dans le
même plan avec une grande rapidité, et il suffit de les
imbiber de poudre d'émeri ou de poudre de diamant
(dite égrisée) et de les mettre en contact avec les gemmes
destinées à être gravées pour qu'elles y creusent des
trous et des sillons. On a supposé '^ que les anciens avaient
connu ces divers instruments; en réalité, les textes ne
mentionnent comme outils du lithoglyphe que la pointe
de diamant, les forets de fer émoussé et, peut-être, le
touret, outils qui suffisaient sans doute aux artistes,
patients, de l'antiquité. Nous savons par le témoignage
des monuments figurés [gemmae, fi g. 3483, terebr a], qu'ils
ont beaucoup employé l'archet '% qui seul peut suppléer
au tour pour l'emploi des forets ; seulement, il est pro-
bable que dans la gravure des gemmes ils imaginèrent d'y
substituer le touret, dès une antiquité très reculée, car
le touret est un instrument aussi simple que la meule et
le tour, connus depuis une date immémoriale. Tel est
l'avis de Soldi, '% de François Lenormant "^ et de
Bliimner '% qui ont discuté la question. C'est au touret
sans doute que Pline " fait allusion lorsqu'il écrit que la
plupart des gemmes qui ne peuvent être entamées qu'avec
un fer émoussé, ferrum retusum, le sont surtout à l'aide
de ce qu'il appelle lerebrarum fervor. Il n'est pas, du
reste, nécessaire de supposer que ce touret ail tourné au
moyen de la pédale ", car la main-d'œuvre humaine -^
était chez les anciens à un prix assez bas pour rendre
inutile l'invention d'un perfectionnement semblable.
Des tours à poteries étaient mis en mouvement à la main
ViGLiNUM opus, p. 1121 et fig. 3034\
Nombre d'inlailles orientales -^ portent la trace très
nette du ferrum retusum, c'est-à-dire du foret composé
d'une tige de fer émoussé qu'on imbibait d'émeri coagulé
avec de l'huile : ce foret creuse les trous par lesquels
sont représentés, dans beaucoup de cylindres ou cônes
chaldéens et surtout perses, les jointures des membres et
les parties les plus saillantes du modelé ; ces trous sont
parfois d'un travail irrégulier et mou, comme on le
voit dans cette intaille orientale (fig. 6152) --, ébauche
composée uniquement d'une suite de ces coups de forets :
Traité, p. 8 et 9: King, Antique gems and rings, Londres, 1872, p. 33.
— I* Murray et Smith, Catal. of engraved gems in the British Jluseum, n- 305.
Blûmner, Technologie, t. Il, p. 344, fig. 58 e. — «5 Soldi, Itei: archéol. 1874,
t. XXVIII. p. 147 et sq. — 16 F. Lenormant, /tev. archéol. 1874, t. XXVIII, p. 1-3.
— 17 Blûmner, Op. l. t. III, p. 293. Cf. Furlwaengler, Antike Gemmen, t. III,
p. 4, n. 3. — 18 Plin. XXXVIl, 200: . Jam tanta (gemmarum) differentia est, ut
aliae ferro scaipi non possint, aliae non nisi retuso, omnes autcm adamante ; plu-
rumum vero in is lerebrarum proficit fenor. .. — '9 Blûmner {Op. l. t. III, p. 294)
croit cependant â l'emploi de la pédale par les lithoglyphes. Il est possible que ce
perfectionnement ait été imaginé â une assez basse époque. Sur l'adaptation des
pédales aux tours, cf. Blûmner, Op. t. t. Il, p. 333-335 et Pernice, l'ntersuehungen
zur antiken Toreutik {Jahreshefte des ôsterreichischen arclt'ïologischen Insti-
tûtes in Vien, t. VIII, 1905, p. 51-60). — 20 Un exemple de cette division du
travail nous est fourni par un relief de sarcophage chrétien où est ligure le travail
même du marbrier (S. d'Agiucourt. Hec. de sculpt. VllI, 19; Grivaud de la Vin-
ccllc, Arts et métiers, 22V, 130): on y voit le marbrier appli<|uanl sur le sarcophage
fiu'il décore un foret qu'un autre ouvrier fait tourner au moyen d'uue couiToie dont
il tient un bout de chaque main. On peut imaginer par analogie comnicnl un aide
faisait tourner le touret du lithoglyphe. — 21 on en verra des exemples dans Babe-
lon, Lagrarnre en pierres fines, fig. 2, 14, 23, 28, cl Furtwaengicr, Antike Gem-
men, t. I, pl. i, 6, pl. Il, 3, 8, 12, 18, 20, pl. xil, 15, etc. — 22 Bibl. Nation.,
n> M 0674.
SCA
— IHO —
SCA
Fig. 6153. — Ti
rail au Torel s
un oacliel orit
le l'orel a dû, dans ce cas, cire manie à l'archet. Dans
d'autres pierres, d'un travail moins barbare, les trous du
foret apparaissent, au contraire, d'une
netteté parfaite, comme dans la plupart
(les cylindres perses, et il semble impos-
sible que le foret, pour un tel travail, n'ait
pas été fixé à l'axe d'un tourel. Peut-être
dans ces cas, les forets se terminaient-ils
déjà par un bouton ', comme la boute-
rolle moderne : mais, à vrai dire, des tiges
rondes de fer émoussé peuvent suffire à
creuser les mêmes cavités hémisphériques.
Le même instrument, très simple, creusait aussi sans
doute les sillons qui dans la gravure des inlailles
(igurent le modelé, et il n'y a pas lieu de supposer que
les lithoglyphes de l'antiquité aient imaginé et employé
la scie ^ des graveurs modernes. Le fevrum rvtusum
manié par un artiste patient suffisait à ce travail, et, en
fait, toutes les intailles chaldéenncs, mycéniennes et
perses, d'une matière très dure, comme la calcédoine,
sont uniquement gravées en trous hémi-sphériques et
en lignes grasses qui ne supposent que l'emploi de
ces forets de fer
^ f'-J ^ ' :^'^'"^^"f V •'^ émoussé, les-
y\\ 'C^Vki-Wfe^ , ''5^1' > quels, imprégnés
d'émeri, usaient
peuàpeulapierre
plutôt qu'ils ne
la gravaient.
Seuls certains
cylindres chal-
déens ou perses,
d'un travail som-
maire ^ sont en
outre gravés de sillons larges, et d'une régularité sans
souplesse, qui ont pu être exécutés avec la meule du
lapidaire (fig. 6153i.
Toutefois les cylindres hittites ', puis, à une date
moins ancienne, toutes les pierres, même les plus dures,
perses, phéniciennes ^ ou grecques, portent la trace
d'outils coupants ou pointus, généralement très fins :
c'est la pointe du graveur qui, pour entamer les stéatites,
les hématites, les serpentines, pierres peu rebelles à
l'outil, devait être d'une sorte d'acier ou de bronze
trempé [ferrim, p. 1077] et, pour graver les corindons,
devait être de diamant. C'est elle qui dans les inlailles
creuse ces traits extrêmement déliés, qui deviennent sur-
tout fréquents dans les inlailles grecques. L'emploi de la
pointe de diamant par les graveurs antiques nous est
attesté par Pline ^ [gemmae, p. 1461] : les éclats de
diamant, dit-il, sont enchâssés, sertis, au bout d'une
lige de fer, induduntur ferro '', et, maniés ainsi par le
1 On trouvera dans Mariette, Traité des pierres gravi^es^ t. I, p. 208, fig. iù,
parmi les rcpr^cnlations des outils du graveur de gemmes au xvui" siècle,
celle d'une bouteroltc, et m^rac page, fig. iO, la repr^'sentalioii d'un » outil
appelé charnière, propre à faire des Irons ou à enlever de grandes parties », et
i|ui n'est autre que le ferrum retimim dont pnrle Pline. — 2 MaricUe, Jbid.
fig. i* et 25. — 3 Cf. Chabouillct, Catat. des camées et pierres yrarées de lit
mbt. Impériale, n" 823 et 950; Bibl. Nat. n" 950 iis. Cf. Kurtwaengler, Aniil.e
Gemmen, t. IM, p. 4. — * Les entrelacs 1res déliés qui caractérisent les intaillcs
hittites n'ont pu être gravés qu'avec une pointe très acérée et d'une résistance à
toute épreuie. Cf. Babelon, Guide illustré ou Cal. des Médailles, fig. 16 et 18 et
Id., la gravure en pierres fines, p. 61, fig. 31. — 5 liabxlon. La gravure en
pierres fines, p. 70, fig. W. - 6 Plin. XXXVII, 60 : cf. aussi J. Solin, XXXI, 163,
et MarbO'l. Lap. c. 1 et 1 1. — ' l.e mot includrre veul dire ici proprcnienl sertir
(blûmner. Op. l. 1. III, p. 312); on se rendra compte liu scriissago de l'éclat de
6 loi. — Travail à I
r. 6135. — Travail
i la pointe sur une
niaille Cretoise.
graveur, ils entament les matières les plus dures.
Bltimner' suppose que les anciens ont pu utiliser
souvent, ;i la place des éclats de diamant, des fragments
d'oslracite, que certains auteurs " citent à côté du
naxium et de l'émeri, et dont la dureté est extrême.
Avec cette pointe qui entame directement la matière
à graver, sans l'aide du tour ni du marteau, l'outillage
du lithoglyphe (1res simple, on le voit"} est complet '".
Les graveurs de l'époque mycénienne " ont emprunté
leur technique aux graveurs chaldéens : comme ceux-ci,
ils gravent volontiers des pierres assez molles; lorsqu'ils
gravent des pierres dures, ils se servent surtout du
ferrum reliiftiiin ; trèsexceplionnellement, quelques-unes
de leurs inlailles semblent terminées à l'aide de pointes
très dures, éclats de diamant ou d'oslracite. Dans la
période qui suit l'invasion dorienne,
toutes les intailles — qui forment la sé-
rie dite des pierres des fies — sont en
stéatite, pierre très molle, et gravées ou
plutôt écorchées à la main avec une
pointe de fer ''^ (fig. 6155). Toutes les in-
tailles du vi= siècle sont des scarabées,
où la technique égyptienne est visible-
ment imitée '■' : l'emploi du ferrum re-
tusum et de la pointe de diamant y sont flagrants. Une
foule de scarabées italioles " (fig. 6loo\ imités des sca-
rabées archaïques grecs, ne sont gravés
qu'avec le ferrum relusum, comme beaucoup
de cylindres et de cônes chaldéens, et la plu-
part ne sont que des ébauches composées
de trous hémisphériques creusés avec cette
boulerolle primitive. Enfin au y" siècle, la
technique grecque devient trop souple pour
que la trace des outils reste visible sur les
intailles et les camées ; gravés, à l'aide du tourel, avec le
ferrum retusum et la pointe de diamant, ils étaient
ensuite polis '-^ avec soin à l'aide du naxium ou de la
pierre à aiguiser '% que les Grecs appelaient àxovT,, et les
Latins COS. Les chefs-d'œuvre de la glyptique antique nous
prouvent, d'ailleurs, qu'avec un instrument aussi simple
que le ferrum retusum, imprégné d'émeri et fixé au
iQuret, les graveurs de gemmes savaient atteindre à
d'extraordinaires souplesses de modelé.
IL Sc.\LPRUM. SjAiX-»!. — Il semble que l'outil essentiel de
la scalptura '" doive être le scalprum dont l'exact équi-
valent en grec est caîXvi ". Mais nous ignorons si les
lithoglyphes désignaient par ces termes leur pointe de
diamant, et nous savons, au contraire, que les noms de
(7(x.!Àf| et de sffl //;?■(/ //(étaient don nés à d'autres instruments
très ditTérents, appartenant à des arts absolument
étrangers à la sca/ptura. Le ciseau des graveurs d'ins-
criptions sur marbre est quelquefois nommé (J[L(lr^ ", et
diamant à l'extrémité d'une tige de métal par la figure de Mariette, Op. l. p. 208.
1,. il. _ 8 Blûmner, Op. (.t. III, p. 296. — 9 Plin. XXXVll, 177; Dioscor. V,
164; Galen. .XII. 266. — 10 11 faudrait ajouter à ces outils lous les procédés, parfois
très simples, que chaque arlisle imaginait pour son compte: c'est souvent avec des
instruments très primitifs que les meilleurs artistes ont accusé leurs plus person-
nelles inlcntions. — " Kurtwaengler, Anlike Gemmen, t. III, p. 28. — 12 Furl-
waenglcr, Jbid. p. 61 et p. 71, et I. I, pi. iv, n" 21-54. — 13 Jbid. t. III, p. 78,
Babelon, La grav. en pierres fines, p. 92-104, et Journal des Savants, 1900.
p. 657-639. — '» Furtwacngler, Op. l. t. 1, pi. %ix, el t. II, p. 92. — 15 Blûmner,
Op. l. t. m, p. 284-288. — 16 Tlieophr. Lapid. 44 ; Pliu. XXXVll, 109.
- n Fronton iEpist. IV. 3) attribue comme outils au lilhoglvphc le caetum el le
marculus : mais ce n't-sl que dans un passage métaphorique, où il esl f.icilcde voir
qu'il a confondu par ignorance les outils de la loreutique avec ceux de la glyptique.
— 18 Cf. aloss. lut. gr. Scalpiuni (pour Scalprum'. — l'J Anlliul. VII, 429.
SCA
11 li
SCA
des textes latins appellent ces graxeurs scalptores inur-
tnorum ' ; Tite-Live ^ parle d'un scalprum fubrile qui,
manié au maillet, servait aux cornacs àtuerles éléphants
de guerre devenus furieux : ce peut être le poinçon des
tailleurs de pierre, mais aussi bien la tarière des charpen-
tiers ou le foret des forgerons^ [terebra]. La lancette des
chirurgiens [cuirurgia, p. 1109] est appelée tantôt (tij.O.ti*
et tantôt tpÀeêoTÔiAov ^. Celse ^,qui emploie scalprum dans
le même sens, l'emploie aussi comme équivalent de
scalpel/uni \ qui est notre scalpel. Le tranchet des cor-
donniers, qui sert à couper le cuir [sitor], est habi-
tuellement appelé uaiXi) * et scalprum ' ; les mêmes
mots désignent aussi le canif "• avec lequel les scribes
taillaient le calamus, ainsi que la serpe" des arbori-
culteurs et des vignerons; toutefois, Columelle '- ré-
serve le nom de scalprum à la partie tranchante de la
faix viniloria [falx].
ScALPTOR MONETAE est dans une inscription latine "
le nom d'un graveur de coins monétaires. L'art mo-
nétaire est, d'ailleurs, issu tout naturellement de la
scalplura : les premières monnaies frappées en Asie
Mineure sont identiques de style '' aux scarabéoïdes
gravés dans le même temps en cette région,
et la trace ronde et grasse du ferrum re-
tnsum y est très visible, comme dans le
statère d'électrum '^ figure 6157 ; c'est tout
_ à fait exceptionnellement qu'on a signalé
sutère dYkc- parmi les premières émissions monétaires
irpomir*^ " ^^ ^'^ Sicile des pièces dont les coins ont
été gravés au ciseau '" à l'imitation des
reliefs xylograpliiques. La seule différence entre la gra-
vure des cachets de pierres dures et celle des coins
monétaires provient de la différence de la matière : il
n'était besoin ni de diamant ni d'émeri pour graver le
métal, mais seulement, en dehors du ferrum relusum,
d'une simple pointe d'acier maniée soit à la main, soit
au maillet''; le travail était donc exactement le même
que celui du graveur d'intailles sur chatons de bagues
en métal [moneta, p. 1970 ; monetarii, p. 1982]. On sait,
du reste, que souvent le même artiste était à la fois
graveur de gemmes et graveur de coins monétaires",
comme ce Phrygillos '" dont nous possédons à la fois un
cachet de cornaline, signé de son nom en toutes lettres,
et de belles monnaies, également signées, émises à Syra-
cuse à la fin du v"^ siècle [gemmae, p. 1474]. J. he Fovili.e.
SCAMMA [gymnasium, p. 1691; saltcs, p. 1054].
SCAMIXUM, SCABELLUM. TtiotioBiov, pi6pov, Opivoç.
I Hlin. XXXVI, 4i (ou scnlptores) ; Mariiii, Fralr. Arval. Inscr. n. 43. Ccrlahis
inanuscrils de Pline {XXXVI, 185) nomment pavimentum scalpturatum le pave-
ment r|uc les meilleurs manuscrits appellent scntulatum, c'est-à-dire orné de
dessins incrustés (^?*a/yi7i)- Gf. Bliimnor, Op. l. I. III, p. 3o9. Quant à l'expression
de Vitruve, zopliori scalpturis ornati, {Vilr. IV, 1), il n'est pas douteux qu'il
Taille y rélalilir sculpliiris. — 2 Liv. XXVIl, 49. — 3 Blumncr, Op. l. t. Il,
p. 173, n. I, p. 175 et 176, 213 et 214. — * Lucian. Adv. indoc. 29. — 5 Lucian.
IbiJ.; Orib 180 Mai. — 6 Gels. VIII, 3 et 4; Jul. Poil. IV, 181; X, 141. Voy.
les exemples réunis par J, Slewart-Milne, Greefc-rojnnn surgical instruments,
Oxford 1907. — 7 Gic. .Sexl. C3 ; Golumell. VI, 32; Plin. XXVIII, 110; Gels. Il,
10. — » Plat. Pr. Alcib. 129 c. — 9 Horat. Sut. Il, 3, 106; Jul. Poil. VII, 83.
— 10 Aristopli. Thesmopk. 779; .ln//,o/. VI, 07, VI, 295; Tacit. Ann. V, 8;
Suet. \'ilM. II. — Il Geoponic. V, 33, 1 ; Plin. XVII, 119. — IS Golumell. IV, 25.
— '3 Uarini, Jicriz. Alb. 139. — 14 Babelon, Traité des monnaies (jrecq. et
ram., 1" partie, t. I, 916. — 13 Babelon, Ibid. 2c partie, t. I, pi. v, 20. Cf. aussi,
Ibid. pi. m, 9, pi. IV, 28, 31, pi. v, 5, 7. — 16 Ilev. numisjn. 1906, p. 432 et sr|i|.
— 17 Lemaire, flen. belge denumism. 1802, p. 101 ; Babelon, Traité des monnaies
ijr. et rom. i" partie, t. I, p. 917-919. — 1» Babelon, La gravure en pierres
fines, p. 96. — 19 Ibid. p. 123; Slreber, Die syrahusanischen .Stempeischneider
Phrygillos, Sosion imdËumelos, Miinicb, 1863; Furtwaengler, .lii(. Gcmmen. t. I,
I. — i,es sièges et les lits avaient pour accessoire, c\\vl
les anciens, un marchepied qui aidait à y monter quand
ils étaient hauts, ou sur
lequel, étant assis, on
pouvait poser les pieds.
Cet accessoire, dans les
monuments de tout
genre où il est repré-
senté, tantôt est indé-
pendant du meuble
principal (fig. 6158)' et
tantôt fait corps avec
lui ^ ; souvent même
ce n'est qu'un prolon-
gement de la base
(fig.6159)^ une marclii;
à un ou plusieurs de-
grés, et les noms de
pàQpov ou de fiadtç s'y
appliquent exacte-
ment '.
Déjà chez Homère, ceux qui s'asseoient sur le ôpdvoi; ou
sur les sièges moins élevés appelés, xXtciJ.dç, y-XiaÎT,, xXivx'/ip,
ont devant eux un appui pour les
pieds, auquel le poète donne les
noms de 9pf,vui; et de ccpÉXaç, sans
indiquer ce qui fait entre les deux
la différence. Dans rOr///.ç.fef, les pré-
tendants en ontà table ; celui qu'An-
tinoos saisit pour frapper Ulysse est
appelé Op-fivuç'^; (îçdXaç", celui qu'Eu-
rymachos lance à la tête du men-
diant. Un Opï|vuç est fixé à la xXktîyi
d'Hélène et de Pénélope ^ Par la
suite, la forme du nom change, on
ne trouve plus que Opiv^:, Ôpavi'ov,
Opotvtotov, signifiant un banc ou un
tabouret fait pour s'asseoir, aussi
bien que pour mettre les pieds '.
D'autres noms, ÛTtoTidSiov, ÛTtoôpô-
viov ', indiquent plus précisément celte dernière destina-
lion. On rencontre aussi le mol Gx&Aùôptov, qui désigne
un escabeau bas '". Il faut enfin signaler, d'après les
vases peints, des meubles non point aussi bas que ceux
(|ui sont figurés auprès de la plupart des sièges, mais, au
contraire, construits de façon qu'il était nécessaire pour
s'en servir de hausser la jambe, comme on le voit faire.
pi. XIV. 6; t. II, p. 07, 6; Id., Gemjnen mit Kimsllerinschriften (Jahrb. d.K. deut-
sclien arcluiohg. Instituts, t. III. 1888, p. 1971. — Bibliographie. Natter, Traité
df ta méthode antique de graver en pierres fines comparée avec la moderne;
Kluge, Handbuch d. Edelsteinkunde ; Leipzig, 1860 ; Si^hrauf, Uandbuch d. Edels-
teinkunde. Vienne, 1869; Soldi, Les Arts méconnus, 2' éd, Paris, 1881 ; Bliimncr,
Technologie imd Terminologie der Gewerbe und Kûnste bel Griecliern und
^fimern, t. III, p. 289 et sc|.; Babelon, La gravure en pierres fines, p. 26 et suiv.
SCAMNUM, SCABELLUM. 1 ;i/on. d. Inst. IV, pi. .xxni ; voy. les fig. 126
1233, 1319, 2822, 3822, 3780, 3789, 3936, 4388, 4390, 5040, .'5042, etc., du Dict
— 2 V. fig. 4217, voir aussi runoNus. — 3 Jahn-Micliaelis, Arx Athen. pi. xxxvi
Winter, Antik. Terrakotten, I, pi. xlvjii; i.xx ; i.xxxinsq. ; i.xx\ix s(|. cxx, cxxii sq
Gomp. les statues de la voie des Branchides, Newton, ùiscoveries at Halicar
nassus, pi. i,xxiv, i,xxv ; Cerbard, Anl. Bildmerke, pi. xcv, xcviii. — 4 De paîvu
V. Elicnne. Thésaurus, s. h. v. et faOfo.iSr.î. — 5 Hom. Od. XVII. 409. — 6 Od
XVIII, 394; Apoll. Mod. III, 1159. —7 Od. XIX, 57 ; IV, 130; de même, Jliad.
XVIII, 390. — 8 pollux, X, 47et48; Ilesych. Sja.îov ; Schol. Aristoph. Han. 121
cf. 87. C'est le banc des rameurs «ja.tTai. — » Gliarés. ap. Albon. XII, p. 514
Schol. Aristoph. Plut. 543 ; Eguit. 368 ; Hesych. L. l. et s. v. yilmT, ; Etym. M.
p. 718, 40. — lO Taiiî..ïd./, Plat. Kuthyd. p. 278 : Scbol. ap. Rubnken, Ad Timae
p. 96; Poil. X, 48; Hesycb. s. v.; Etym. m. s. r.
Fig. 6159. — Rase prolongée
SCÂ — 1112
dans la ligurc> (ilM!) ', à une femme assise auprès d'une
corbeille d'où elle lire une bandelelle ou un écheveau de
laine. Le meu-
ble consiste
en une la-
bletle munie
d'un rebord
l'I posant sur
des pieds lé-
gers. Il res-
semble à la
sellette des
sculpteurs et
au chevalet
des peintres,
appelés xiXki-
6o«; et oxpiêa;^.
On donnait
le même nom
au support
qui soutenait le bouclier quand on cessait de s'en ser-
vir^ et peut-être ce nom convient-il aussi à l'escabeau
ici ligure.
Comme auprès des sièges, on voit auprès des lits, quelle
que soit leur destination, lits faits pour dormir, lits
funèbres, lits où l'on se couchait pendant le repas, des
marciiepieds de hauteur et de longueur variées. Aux
Fig. lîlGO. — Haut escabeau.
exemples qu'on a pu voir ailleurs (lig. Go, 3780, 4388,
4390), nous en ajoutons un (fig. 6161)* remarquable
par le soin avec lequel sont rendus tous les détails de
la forme et de l'ornementation de la table et du lit aussi
bien que de l'escabeau, sur lequel sont déposées les
chaussures de l'un des personnages. E. Saglio.
H. — Le même meuble existait chez les Étrusques et chez
les Romains, peu différent de ce qu'il était chez les Grecs,
I Gerhard, Trmkschal. und Gefàsse, pi. xiv, I. — 2 l'oll. Vil, 129; X, 163;
riiot. el Sui.l. ». i: ««p.'e«i; voir 0. Jalin, Ber. d. Sâchs. Gesellsch. d. Wis-
seiiach. 1861, p. i'j3, note 17. — 3 Arisloph. Acharn. Hiî et Scliol. ; cf. caela-
TUHA, fig. 9jt; Jahreshtfte de Vienne, ISOi, p. 170. lig. 43 iHarlwig), cl ib. 1905,
p. Hl (llauser). — ^ Gazette arclwol. 1887, pi. xcv, 1. - s Scrradifalco, Antich.
delta Sicilia, V. 33. Voir les fig. 65, 105, 716, lil9, 1319, 3356, 3789, 3822,
55*3, clc. Varr. Ling. tut. 168 ;lsid. Orig. XX, 18,8. — «Ed. Mai, ISÏD.pl. xxxviii ;
SCA
ou plutôt il en était l'imitation. Les formes et les dimen-
sions en étaient variées : bloc tout uni ou construc-
tion élégante artistement sculp-
tée (fig. 6162) =. Il y en avait
à plusieurs marches (gradus,
scansilia) ; un véritable esca-
lier est adapté au lit, où Didon
va se donner la mort (fig. 6163),
représenté dans une miniature
du Virgile du Vatican ^. Ordi-
nairement le scamninn '' ou sca-
bellum ', destiné à être mis sous
les pieds et, à cause de cela,
nommé aussi auppednneum '\
hijpopodium '", était léger et
mobile.
C'est une question de savoir si
le mot scamntim a été employé
comme synonyme de subuellium,
qui signifie proprement un siège
bas ou un banc [srnSELLlUM]. Fig eiei. — Tal.ouiclde Irùno,
Comme l'on s'asseyait souvent
sur des bancs ou des gradins de peu de hauteur, les
deux noms, dans l'usage, ont été pris facilement l'un
pour l'autre". Ovide '^ appelle scamna des bancs sur
lesquels les vieux Romains se rangaient pour le repas
autour du foyer (cf. fig. 1691). Martial donne ce nom"
aux gradins des chevaliers au théâtre; une inscription
fait mention de scamna en marbre '* ; des scamna avec
leurs hijpopodia figurent dans l'énumération du mobi-
lier des bains '^
III. — En agriculture, on appelait scamnum la ban-
quette ou bande de terre que laisse non retournée entre
deux sillons la charrue ou la houe"; et aussi l'espace
de terrain non remué entre les pieds de vigne '''.
Les branches d'arbres naturellement ou artificiellement
étendues pour servir soit de banc'*, soit de support
pour la vigne ", s'appelaient aussi scamna.
IV. — Dans les terres afTermées par l'État et, par là
même soumises à la mensuration [ager vectigaus], les
agrimensores&'^'peXaÀ&nV scamnum une portion de terrain
cf. Serv. Aen. IV, 625.-7 Varr. L.L; Uvid. A. am. I, 16i, II, 211 ; Isid. L. l.
— 3 Varr. L. l; Quinlil. Jnst. or. I, 4, 12 ; Isid. L. l. : Cato, R. rust. X, 4; Isid.
X. i. — 9 Is. Ib. ; Laclant. Jnst. du: IV, 12. — i« Ib. ; Paul. Sent. III, 6, 45.
— Il Cod. Tlicod. III, 1, 2 ; Subsellia vel, ut vulgo dicunt, scamna. — '2 Fast.
VI, 305. — 13 Mart. V, 41, 7. — i* Corp. ins. lat. VI, 1066. — IS Paul. L. l.
— 16 Plin. Bist. nat. XVIII, 49, 4; Colura. Il, 2, 25 ; III, 13, 10. — n Colum.
III, 13, 2. — l« Plin. a. nat. XII, 5, 2. — '9 Jb. XVII, 35, 38, 44.
SCA
1H3 —
SCA
tracée en largeur de l'est à l'ouest, par opposition à la
slrif/a tracée en hauteur du nord au sud [coLOMA,fig. 1722]' .
V. — Dans les camps, la partie réservée aux officiers
supérieurs, légats, tribuns''. Elle était située en face du
pruetorium, de l'autre côté de \a. via princi palis [castra,
fig. 1220, p. 9o3j. Ces officiers se trouvaient ainsi dans le
voisinage du commandant en chef. Près de là, on déposait
l'aigle et les enseignes^. H. Tiiédenat.
SCAXDULA. — Bardeau, latte d'un toit ltectim].
SCAXSORIA MACHIXA ( 'AxioÇaTizov). — Échafaudage
fait de poutres verticales et horizontales sur lequel les
ouvriers peuvent travailler à toute hauteur ' [machina,
p. 1479].
SCAPHA (SxâçY,, cxai.!?, ffxâio;). Esquif {skiff', en
anglais). Canot léger, sans mât, se maniant à l'aviron
[voy. CARABis, EPUOLKiox]. Au sens technique du mot,
scapha désigne une chaloupe assurant les communica-
tions avec la C(Me de tout navire de guerre ' ou de com-
merce^ qu'un trop fort tirant d'eau empêche d'aborder.
Elle est indispensable aux vaisseaux de haut bord et fait
partie intégrante de leur matérieP. Lorsque le bâtiment
est à l'ancre, la scaplia, accostée à la poupe (fig. 5294,
5293)' au pied de l'échelle de descente, permet à l'équi-
page d'aller et venir entre le rivage et le bord. En cas
de ressac, le marin de garde empêche la nacelle de se
briser contre la coque voisine, en la maintenant à di.s-
lance au moyen d'une perche^. Lorsque le navire est
en marche, la scapha le suit dans le sillage, remorquée
par un cable qui est attaché au bordage de la poupe" ou
au mal d'artimon, et constamment montée elle-même
par un marin de l'équipage, chargé de la surveiller", de
vider l'eau et de repêcher, au besoin, tout homme ou tout
objet qui pourrait tombera la mer*. En cas de naufrage, la
chaloupe offre u n refuge aux marins et aux passagers, qui
abandonnent, en coupant le câble, le navire en train de
• Hygin. De lim. const. p. îOC-308, pi. ixv, fig. 199, éd. Lachmann. —2 Hygin.
De mun. catlr. XV. — S Ibid. XX ; cf. Cagnal, Les deux campa de ta légion /II'
Auçuita à Lamijése, p. 47-50 iilihn. de l'Acad. des inscr. XXXVI, i' pari. I90S).
SCAMSOBIA MACIII.\A. I Vilruv. X, I, I.
SCAPHA. I Caes. ùe bell. gall. IV, 20; De Ml. ch\ II, 43 : III, Jt, Ci, loi ;
Aul. Hirl. De bell. Alex. 4C. — 2 ['lin. Episl. VIII, 20,7. — 3 l.abco, l'amlect.
XXXIII, 7, 29; cf. XXI, 2, U et VI, ), 3; Cecil Torr, AncienI aliips, p. 103 cl
noie iîC. — » xAvis(fig. 5;9i el 5295) ; cf. un fragmenl de bas-rclicf Irouvi? à
UUque el ci.nsiTvé au Brilish Muséum, qu'a publié Cecil Torr, Ancienls sliîps,
pi. VI, fig. 33. C'est sans doule une perche qui est placée en travers du kàliinent
représenté au mot l•o^TO, fig. 3759, et auquel est allarliée une embarcation plus
petite, qui peut être une scapha. — » La Blanchère et (Jauckler, Calai, du musée
Alaoui, 1897, p. 3i, n» 106 iGauckler, C. r. de l Acad. des Insc. 1898, p. 042, et
Mtmum. el Mim. Piot, 1905, p. 139 et fig. 22). — 6 Voir lig. 5294. — 7 Petroo.
Sat. 102; Greg. Magn. Dial. IV, 57; Basil'C. LUI. 8, 40 ; cf. tJecil lorr, Ancient
Vin.
^
6165. — Scapha.
sombrer'. Dans la marine marchande, les bâtiments peu
vent, suivant leur importance, être munis d'une, deux ou
trois scaphae '". On voit (fig. 6164) dans les bas-reliefs des
colonnes, Trajane et Antonine des scaphae mettant en com-
munication les rives
d'un fleuve. Despein-
tures el des sculptu-
res en montrent em-
ployées à la naviga-
tion du Tibre ". La
fig. 6165, d'après une
peinture d'Hercula-
num '-, représente, chargée d'amphores, une de ces
scaphae, qui faisaient en Italie le service des ports [xa-
VICULARIl].
Scapha, cxiioç, (rxiiiv], désigne d'autres genres d'em-
barcations légères, mais le mot est alors accompagné
d'une épithète : en grec ; Û7rr,pÉTix&v dxi'ioç ; en latin : sca-
phae piscatoriae, canots dépêche ; scaphaespeculatoriae,
barques jouant le rôle d'éclaireur auprès des grandes
liburnes de guerre : dans ce dernier cas, la scapha pou-
vait compter jusqu'à vingt rameurs '^ P. Gauckler.
SCAPHÉ (:ixii.T|). — L Le mot latin, employé par
Vitruve' pour désigner la cavité hémisphérique d'un
cadran solaire [iiorologum, p. 257, fig. 3884 à 3886], est
une transcription littérale du mot grec qui, en dehors du
sens particulier de barque [scapua], s'applique le plus
souvent à un ustensile domestique, à un récipient de
métal en forme de large bassin, analogue à I'alveis
(fig. 241), au CATixiM (fig. 1256) el à ses variétés [discus,
LAXX, .MAZONO.MO.x]. Nous pourrions être renseignés sur la
structure de la scaphè par un groupe de la frise du Par-
thénon, où l'on voit trois personnages prendre part à la
procession des Panathénées en qualité
de cxaifiTiÇÔpoi (fig. 6166^. La uxasv/iopta
constituait une liturgie et un privilège
des métèques athéniens [.METOiKOi, p. 1878;
PANATiiEXAiA, p. 307]. Malheureusement,
la figure qui nous a été conservée est mu-
tilée; les deux autres ne sont connues
que par des dessins anciens qui sont sans
doute peu exacts. Néanmoins, on peut se
rendre compte des dimensions el de la
forme générale de cet accessoire, sem-
blable à un grand et lourd plateau que
l'on portait avec les deux mains. M. Mi-
ctiaelis remarque que la partie antérieure
parait être relevée el recourbée, ce qui
lui donnerait une ressemblance avec un
bateau, (jxiï.o;, el expliquerait le nom du récipient'. Ces
bassins étaient en argent et en bronze; on y mettait les
gâteaux et les cierges destinés aux rites des sacrifices '.
ships, p. 104, noie 228, — * Demoslli. In Zenothem. 6. — 9 Plaut. Itudens,
prol. 75 ; Act. aposl. XXVII, 16, 30, 32 ; Paul. Noian. Episl. 49, 1 ; Petron. Sal.
llii. —10 StraLo, 11, 3, 4; Hor. Od. II. 29, 62; Allicn. V,43 ; cf. Cecil Torr,
Ibid. p. 103. — Il Clarac, Mus. de sculpt. pi. clïsvi. — 12 Pill. d'Krcol. V. ii7.
— 13 llcliod. Ae/Aio/1. V. U ; Strabo, V. 3; Justin. Il, 13; Veget, V. 7.
SCAHHÈ. — 1 Vilruv. IX, 9.-2 La figure est faite d'après une pliotogapbie du
relief du Musée Britannique ; voy. les autres, d'après les dessins de Stuart, ap. Mi-
chaclis, Der Pa' Ihenon, pi. xu, u", 14, 15. Cf. Smith, Calaloij. of sculpt. Uril.
.Mus. I,p. 166, n°325 ill). — 3 Michaclis, O/). /. telle, p. 242. Furtwaengler a prisa
tort pour des oxàsa- remontant à l'époque mycénienne {Gemmen, III, p. 46) l'autel à
cornes que l'on connaît maintenant par beaucoup de représentations Cretoises et pré-
helléniques. — 4 Photius. s. V. E.à5«;, Tçifo- o! |.iTo.«o. i, tl -«iisij T.-.V na.««r..aro..,
o't ^l-t 7aAvâ;, ot ii i^^uçâ;, yr,p^uy xat «oitûvMv :;'A/,çei;. Cf. Harpocrat. S. V. ; Aelian.
Vav. hist. VI, I ; Suidas, s. u. SuaToiiiteçov ©xôst.; ; Hesych. *. v. wàsot et w»«o»ie(>-
0.,; Polluv.lll, 4, 55. Vo.r aussi Arisloph.£cc/ :12; Atlicn. VIII, 12, p. 335 8.
140
SCA
— 111:
-st^'
skaphii
Des (Txidï'. /aXxaï sont énumérécs dans les inventaires
de l'Acropole dWlIiènes'. Les lexicographes s'accordent
aussi à assimiler la «jxîot, à une large bassine- dont on
se servait pour les usages de lu cuisine et de la boulan-
gerie\ ou encore employée comme bain de pied *, cuve et
cuvette^récipientà petites marchandises%etc. On trouve
également ce mot avec le sens dauge, de sarcophage'.
H. Berceau d'enfant [cinae, cinabila. E. Pottier.
SCAPIlIUMi'lxas'Ov, ixaçeTov, oxasi';). — I. CommepOur
scap/iè, le nom semble indiquer une parenté de forme avec
le ffxitpoçou (7xioT,, barque. Nous avons déjà cité à l'article
ACATis (fig. 30 à 3-2) des vases en forme de petites bar-
ques. En latin, le mot est employé par Juvénal et par Mar-
tial' avec un sens bas, comme synonyme de matila,
vase à uriner, I'amis des Grecs [matila, p. 166'2], mais
c'est un exemple, entre tant d'autres, d'un terme avili,
car d'autres auteurs lui donnent la signification de
vase de table -, ou , par dérivation et par allusion à sa forme
sphérique, de creuset', de cavité, de cadran solaire'.
Il est vrai que les Grecs
ne se sont pas privés de
donner l'exemple aux Ro-
mains et qu'ils ont fait
servir eux-mêmes le
(ïxasiov, comme d'autres
vases de table % à de vils
usages"^. C'est pourquoi
on a voulu reconnaître
dans certains vases de forme allongée, pareils à de
petits esquifs, apportés par des servants ou des Éros,
la représentation de cet ustensile intime" (lig.6167).
Mais la destination ordinaire du ïxacpiov est celle de
vase à boire ou à verser; il prend place parmi la riche
vaisselle que les pèlerins déposaient dans les sanctuaires
et offraient aux divinités*. C'est un ^roTr^ftcv d'usage
courant, parfois enrichi de sujets en relief, ou muni d'une
inscription dédicatoire'. Les prêtres vendaient les pré-
sents en nature faits au temple, animaux ou fruits, et
avec le produit ils consacraient au dieu un (7xa(t.:ov '". Dans
les inventaires de Délos, il y a quatre genres de cxnoiov :
le 5Ty|<7i),£tov, le (AixûQsiov, le çiXwvioeî&v, rà5xAY,Tt'.axdv. Ce
dernier nom indique un vase consacré à Esculape ; les
trois autres sont dus à des fondations pieuses de parti-
culiers, qui laissaient une certaine somme pour offrir cha-
que année un i7xiç,;ov ou un Trotyjp-.ov au temple. Stésiléos,
Mikythos et une femme Philônis s'étaient ainsi recom-
1 Corp. intcr. grec. )50, 1. 45 (= Ditlcnbergcr, Syllog. 366, 1. 46 ; cf. 16.
131, I. 26); Corp. inser. altic. Il, 2, 836. — 2 Polluï, VI. 19, 1111: ,,«0,1. «o.'î.r,.
Tiva x«t ^tfi9tf9; %txa>tSa. Le mot tjtayi parai l dans certains t xtes se coofoudre
avec »«i=r„ dans le sens de large riîcipienl (Polluï, X, 24, lOi ; Suidas, s. i:
B'jtia ; iilymol. ma/jn. s. r.); pourtant nous croyons avoir plus de raisons de le
rapprocher du scAPHicii ; voir plus loin et note 24. — 3 polluï, I, 245; VI, 64 et
110; Vil, 22: X, lOi, iOi, 104, 114; llesych. s. i.. „«„ ; Alhen. III, 74, p. 109 C;
IV, 72. p. 172 C. — « Polluï, X, 77. Cr. Cels. III, 12; llippocrat. p. 6S4 (bains de
siège). — 5 Polluï, X, 76; lleplia-sl. p. 158; Hcsvcli. s. i: »0,io;. — 6 Scliol.
Ari,lopli. Eçuil. 1315. — 7 Corp. imcr. grec. 3757 ; .ilheiiisch. .Villheilunij.
XVIII, p. 30.
SCAHIIIUH. I Juvcnal. VI, 264 (on a voulu interpréter dilTéreromont ce passa^,
mais à lort, croyons-nous; cf. Lexicon Liitinilatis de Forcelliui, j. u); .Martial.
XI, 11, 6: cf. Ulpian. Ùiyeat. XXXIV, 2, 27, §3. — 2 Plaul. Slich. V, 4, 11;
Bacch. I, 1, 36; Pert. 1, 3, U; Cic. Verr. Il, 4, 17. — 3 Lucret. M, lo4;i ; Vi-
Iruv. VIII, 1 ; cf. IX, 9 (avec scapham au lieu de scapliium). — i Mart. Capell.
VI, 194. — i Pottier, Vase» anligufs du Louvre, pi. i.ixiii, G 5. — 6 Aristopli.
Thesmoph. 639. — '• Heydemann, Pariser Aniiken, p. 33 ; Bruno, dans XXXV • :
Philoloij. Versamml. in Stellin. p. 109. pi. 1 el 11. Voir dans le Dict. acatos,
fig. 32. — 8 Imcript. graec. 1570 (= Jnscnpl. gr. sept. 1, 303 ; cf. Jil. 2424 el
3*98); Bull. corr. hetl. 1878, p. 431, 432, 43U ; 1882, p. 32, 33. 34,39, 47.
— » Inseript. Graec. tept. I, 3498; cf. Cic. !.. c. ; Bull, cor, . hell. 1S7S, p. 431.
t — SCA
mandés à la bienveillance d'.\pollon ' ' . Malheureusement,
ces textes, fort intéressants pour la valeur el l'usage de
vase, ne nous donnent pas de renseignements sur la
structure de l'objet. Nous voyons seulement que le
dxait'ov se confond avec le terme général de TtoT-r,ptov et
que ce 7toTT,pt<iv peut être muni d'un bec (liiêoÀiov) '-.
Les poids mentionnés sont de 45, 60, 87 drachmes, ce
qui s'applique à un récipient d'assez petite taille".
Des auteurs grecs on a pu tirer d'autres indications.
Homère cite parmi les terrines à lait duCyclopePolyphème
des ffxaoï'ÔE; ", et .athénée décrit la axante comme un vase
rond, en bois'% sans doute analogue à nos sébiles. La
scaphis semblerait donc s'éloigner de la forme particu-
lière prêtée à la scap/iè et au scaphium. Nous avons
étudié sous les noms de cymbé, cymbicm, mastos, d'autres
vases façonnés comme des bols ronds, et on remarquera
que cy/«6e' désigne également un vase et un navire, de
même que cx.a.vk est à rapprocher de exâ!.-/!, esquif. La
forme toute ronde et sphérique n'exclut donc pas la com-
paraison avec un bateau \.ymbé, p. 16991. D'autre part.
Suidas assimile xOjxêri à xsoaVi- " ; et Pollux, citant une
plaisanterie d'Aristophane, compare la calotte du crâne
à un (Txaçiiov " ; dans Plaute un personnage parle de se
coiffer du scap/iiuin en guise de casque". Tous ces rap-
prochements tendraient donc à nous faire concevoir <jxa-
(pi; et (Txaçitov sous l'aspect d'un bol rond, analogue à la
cymbè. Rappelons encore qu'on donnait le nom de cxa^piov
à une certaine façon de se couper les cheveux, que l'on
trouvait servile, sans doute tout en rond". Enfin la <rxa^!ç
étant assimilée au xaSicxo;'-", c'est encore à une forme
hémisphérique et sans anses que nous sommes ramenés
par cette comparaison [cadus, fig. 920 et 921]. L'usage
même de la cxaç.;;, dans laquelle on mettait du lait, qui
était un ustensile familier des pâtres, '-'rend vraisemblable
d'y voir une espèce de bol ou de terrine. Athénée nous
renseigne sur la taille et la capacité de ces vases, en par-
la'nt d'un uxistov d'argent qui contenait deux cotyles,
soit un demi-lilre environ, ce qui convient bien à un
vase de table de dimension ordinaire-'-.
Ainsi, d'une part, le scaphiiim nous apparaît comme un
dérivé et un diminutif de sraphê-\ avec une structure
qui pourrait rappeler celle d'une nacelle ; d'autre part, il
semble avoii^ admis une forme plus ordinaire et plus
usuelle, celle d'un bol rond, et dans ce cas on l'appelle
assez souvent cxasi;'-'.
Enfin Plutarquc donne le nom de cxto^eïx à des vases
— 10 M. 1882, p 95. — Il /4irf. p. 15, 112. 1 14, 1 15 ; 190S. p. 122-125. p. 487.
— liJbid. p. 115; cf. 40,1. 99.— " //<irf. p. 113. — Il Odyis. IX, 223. — 15X1,
101, p. 499 E; cf. IV, 67, p. 169 B. — 16 5. v. «isaîir.. — " II, 4, 39. — 18 Bacch.
1,1, 36. — <9 Poilus, II, 29; Scliol. Aristopli. ^c. 807 et Thetm. S3i ; Harpocrat.i.
V. ff»«5Îov ; Etymot. magn. s. v. <r«as';: Bokker, Anecdot. p. 301. — 20 Etymol.
magn. s. v. — 21 Homer. /,. c. : TUeocriU V, .59 ; Atlien. XI. p. 499 E ; Hesych. *. r.
i,aç.S.;, .o..i.!v..à i-TTiTi. — 2- IV, 21, p. 112 D. — 23 Voir Panofka, Recherches
sur les noms des vases grecs, p. 28 ; Letronûe, Sur les noms des vases, dans Œuvres,
3' série, I, p. 359 el360; Krause, Angeiotogie, p. 223 ; Wallors-Bircli, Hisl. of anc.
poCtery, I, p- 176. Il est difficile d'aboutir à une détiuilion plus fausse que celle de
Panofka i|ui regarde le scaphion comme •< principalement destiné à la toilette des
dames qui versaient du calftiou ilans la petite soucoupe appelée scaphion autant de
fard r|u'il leur en fallait pour la toilette de la journée ,> [Hecherch. p. 28). C'est un
eiemple typique des interprétations fantaisistes de Panofka, si vigoureusement
critiquées el réfutées par Letronne. — 2V ]i pgt vrai que Polluï (X, 24, 102) assi-
mile la vxast; à la itàt-fa, qui est une sorte de pétrin ou d'auge [^iactba^ ; ailleurs
(VI, 10, 64), c'est la ««ùar. qu'il compare à la ^àkt^k. Mais ces confusions de mois
sont fréqueutes chez les leiicographes. Quand Suidas (s. v. tuita) parle d'une
nasi; pour recevoir les viandes, il faut entendre aussi une sorte de nisr,. D'autre
part, quand Athénée (XI, 101, p. 499 El délinit la na:i; uu \ase rond pour le lail,
en le r<ipprochant du tntûso;, il semble bienqu'on doit entendre un^ase en forme de
bol ou de tcrriue. Le terme «xaaU reste donc assez mal déHui.
SCA
IH5 —
SCE
d'airain concaves et taillés en triangles, qu'on disposait,
disait-on, sous le soleil ardent de façon à en concentrer
la chaleur sur des matières sèches et légères, qui s'en-
flammaient alors d'elles-mêmes : c'est ainsi que l'on
devait rallumer les feux sacrés des temples, quand ils
s'étaient éteints accidentellement '.
II. Dans une tout autre acception, le mot (jxa'^i&v ou
(Txaçeiov prend le sens de bêche ou de houe (ixâitro)) - ;
[voir skapueion'. E. Potiier.
SCAPHULA (i^xa^t'ov). — Petite chaloupe, ne différant
de la scAPUA que par ses dimensions plus restreintes, qui
permettaient de la hisser à bord du navire en marche,
au lieu de la traîner à la remorque '. P. (jauckler.
SCEPTRUM (Sx-TiTnpov). Sceptre, l'un des insignes de
la royauté '. — Grèce. — L'usage et le nom même de cet
emblème semblent originaires d'Egypte. Différentes na-
tions de l'Asie antérieure - l'adoptèrent ensuite et le firent
connaître aux Grecs de l'âge héroïque. Le fameux sceptre
d'or d'Agamemnon était un don d'Hermès à l'Asiatique
Pélops^ bien que la croyance générale, celle de Diomède*
et celle de Nestor % fût que ce -kx-zou'hov (jx?,7tTfov avait été
confié par Zeus aux Atrides pour élever les monarques
de cette famille au-dessus des autres rois^. Cependant,
tous les chefs achéensont leur sceptre [regnum, p. 823] \
aussi bien que Priam et qu'Hector, qui lève le sien pour
faire le serment* que Dolon lui défère. Le sceptre était
alors, comme plus tard le SixavCxiov, ou sceptrumjudicialc
des Byzantins '\ un emblème de la justice souveraine;
jamais il ne symbolise la puissance militaire des rois'";
c'est la marque du pouvoir juridique: Zeus le donne en
même temps que les lois". On ne voit jamais le sceptre
achéen pendant les combats ; les rois le prennent en mains
pour convoquer l'assemblée'-, parler dans les conseils",
rendre la justice" ou visiter les autres monarques '^
Vulcain prend son sceptre pesant pour recevoir Thétis "' ;
Chrysès a son sceptre d'or pour se présenter au camp des
Grecs '^ Cet emblème conserve toute sa vertu quand il
passe en d'autres mains : Agamemnon confie le sceptre
d'or des Atrides à Ulysse pour rassembler les Grecs ";
chacun des membres d'un conseil " ou d'un tribu-
nal" prend tour à tour le sceptre pour émettre un avis.
C'est le héraut qui en est le dépositaire et doit le re-
mettre à l'opinant^'. Quand les hérauts portent un mes-
sage ^-, vont en ambassade ou s'élancent pour arrêter
les combattants de leur nation '^^ ils tiennent le sceptre
en main [praeco].
On connaît la forme traditionnelle du sceptre de Tal-
I iVumn, 9. — 2 Suidas, s. i). ,«(„ivi, ; Pollux, X, )29 ; Bekkor, Xnecdat.
s. V. <r««çiïov, p. 62 cl p. 301 ; Moeris, p. 3i5 ; Lucian. Philops. 31, p. 58; Plu-
tarch. Ariit. 3; Moral, p. r.29 B, p. 963 C. Cf. Hesycii. s. v. naXi;, 5xȍ.(ov.
Quand Hésycliius diU. n. rj«S».-, i«a!s;(,v, fHfn, il prend le mol <r««.io. dans le sens
de creux, fos56; c esl un synonyme de »x«ii..(i (f,), foasa ; cf. Corp. inscr. ijr. 5594.
SCAPHULA. 1 Paul. NoI. Epist. 49, 1 ; v. aussi Veget, /(. rnUit. III, 7, où il
est parlé At icajikulaf , porlées dans le bagage de l'armée et sur lesquelles on établis-
sait des ponis pour le passage des lleuves ; voir au mol impeoimentu», fig. 3983.
SCUPTIIUM. _ 1 C. F. Herniaun, De sceptri regii anliquil. et orir/., Golling,
I8.Î1 (JVcue Jahrb. f. Philol. XV, p. 539). —2 Je ne crois pas qu'il soit parlé du
sceptre dans les inscriplions cunéiformes a>aiit la conquête de la Syrie septentrio-
nale; cependant, comme emblème religieux, on le trouve aux mains du dieu Miu-
Gliirsou sur un bas-relief de l'époque de Goudéa (I,. Heuzey, Catal. des aiitiq.
chald. du Louvre, 1902, p. 138, n" 24). Sur la Slôle des Lois d'Haramourabi (vers
2000 av. J.-C.) le dieu est assis, tenant le sceptre et l'anneau (V. Scheil, La loi de
Bammourabi, pi. i). — 3 //. ||^ toi; cf. Pausan. IX, 40. — t Jl. IX, 38. — 3 /b. 99.
— iJb. — -' Jl. IX, 156 cl 298. où il est parlé des villes qui seront soumises au sceptre
d'Achille, u,i 5«,i,!Tfv. Même expression, //. VI, 159 pour les Argicns soumis à
Proilos. - »Jl. X,321 et.328. — SCodin. Z)co/f. \',n. - iO G. Michaul, La /loyauté
dam l'Iliade /irimilioe, 1898, p. )0 sq. — U //. Il, 206 ; IX, 99. — 12 //. Il, 46 et
180. - 13 /Ml, 101,279; XXIII, 568. Cf. Odyss. Il, 37, — 14 /;. IX,99 ; XVIII, 505;
thybios (fig. 171, 5770)^'; c'est celle du kérijkéion ou
caducée d'Hermès; cet emblème du divin messager"
n'est autre que le sceptre d'or d'Agamemnon, qui avait
été fabriqué par Héphaistos spécialement pour Zeus".
L'Iliade donne fort peu de détails sur la forme et
l'ornementation des sceptres ; celui sur lequel jure
.\ciiille est fait d'une lige d'arbre dégarnie de ses
branches et ornée de clous d'or '■''' ; le sceptre de Chrysès
est en or-', comme celui des Atrides-'. Il se peut que la
hampe fût en bois''" : c'était l'opinion des habitants de
Chéronée qui rendaient un culte à une vieille hampe de
bois, Sopu, trouvée dans une tombe d'époque probable-
ment mycénienne^'. Schliemann considérait comme les
ornements de deux manches de sceptres homériques
trois boules en cristal de roche, un clou et une fusaïole
d'or ainsi que deux tiges de 30 centimètres en argent
plaqué d'or qu'il découvrit dans le m' tombeau de
Mycènes^-. Ces objets, recueillis parmi les ossements de
trois femmes, peuvent n'être que des restes de quenouille
d'or'^ de fuseaux (cf. fig. 3383 ou de bobines à dévi-
der (cf. fig. 3391) ".
Dans VOdi/ssée, les rois Sont encore qualifiés de ax-r^-K-
Toû/oi ' ', mais ■7x-?|TTTf,ov y a un sens plus général que dans
V Iliade : il désigne bien l'emblème tenu en mains par
les rois rendant la justice '" et par les orateurs parlant
dans les conseils"; mais il désigne également le bâton
noueux des voyageurs et des mendiants ''*, le poTcaXov
[lîACUU'M, p. 6.19]. Hésiode, qui vivait à une époque où la
justice élaitencore renduepar les rois, qualifie desceptre
le vert rameau de laurier qu'il reçut des Muses sur
l'Hélicon^'. Hérodote'" nomme sceptres les cannes dont
se servaient les habitants de Babylone et qui, toutes,
étaient ornées à leurextrémité supérieure « d'une pomme
ou d'une rose, d'un lis ou d'une aigle, etc. ».
Bien que beaucoup d'emblèmes royaux aient été con-
servés dans certaines familles, jusqu'à la conquête ro-
maine", nous ne connaissons aucun reste de sceptre
royal qui puisse passer pour authentique, et c'est sur les
monuments figurés, principalement sur les vases peints,
que nous devons en chercher l'image. On pense en retrou-
ver le typeen comparant les sceptres qui y sont attribués
à différents rois : ceux de l'un des Arcésilas de Cyrène
(fig. 44().")) *"- ; d'Inachus, sur un fragment conservéà Saint-
Pétersbourg (fig. 6168) ■•^ de Crésus (fig. 6169) sur un
vase du Louvre'*, sur le vase dit de Darius les sceptres
pareils que tiennent le Grand roi et l'Asie personnifiée
(fig. 368 et 792) '% celui qui esl dans la main d'Aélès
cf. (M. III, 412. - IS /(. m, 218. - 15 Jl. XVIll, 416. - n Jl. 1, 15, 28 et 374.
— 18 //. Il, 186. — 19 Odyss. Il, 37. — 20 //. XVIll, 505. — 21 //. XXIII, 568.
— 22 Les divinités messagères, Hermès [mebcubics], Iris ifig. 4090) sont représcatées
avec le sceptre en forme de caducée ; cf^ Gaz. archéol. 1875, pi. xv. — 23 //. Vil,
277. —21 t)e Clarac,7l/us. de sculpl. pi. cxv.. — 25 Jl. II. 104. - 26 Jb. 101.
— ■2^ Jl. I, 234, 239 cl 245 ; cf. Virg. Aen. XII, 206-21 1. — 2S /(. |, 13, 374. Les
textes égyptiens parlent de bâtons en or (Lecmans, Cat. du musée de J^eyde. III,
K, 24) et de bâtons à pommeau incrusté d'or {Papyr. Anast. IV, pl.xvji, 3). — '2!i //.
Il, 208, où Ulysse porle le sceptre d'or d'Agamemnon. — 30 Bucbbolz, Jlie homer^
Iteal. Il, p. 8, par analogie avec /(. 1, 233-239. — 31 Pausan. IX, 41. — 32 Catni.
des trésors de AJycènes au Miiséo d'Athènes, 1882, n" 148 et 149; A/ycènes,
1879, p. 280 et lig. 307-310. — 33 Odyss. IV, 12.5, 132. — 3i ffist. de l'art,
1894, VI, p. 978. M. Pcrrot admet l'attribution de Sclileimann. Cf. Helbig, Ùas
homer. Epos, 1887, p. 378. — 3'. Od. Il, 231 ; III, 64; V, 9; VII, 41 et 47.
— 36 Odyss. 111,412. — 37 Od. H, 37. - 38 Od. XéII, 437 ; XIV, 31 ; XVII, 193,
199 et 236. — 39 Theog. 30. — « I, 195. — «' SIrab. IV, p. 171 ; XIII, p. Ii08,
XIV, p. 032 ; cf. Kuslcl de Coulanges, La cité anliq. 1876, p. 212 et plus haut,
l'art. HEGSL'M, p. 824. — 42 A. de fiidder, Catal. des rases peints delà Bihl.
Nat. p. 98, n" 189. - M H/im. Mittheil, XXI, 1906. pi. ni. — 41 .Vonum. d.
Inst. 1833, pi. i.iv; V. Duruy, Hisl. des Grecs. I, pi. à la page 680. — ^ Monum.
d. riust. IX, pi. LCt I. : Uuruy, ibid, t. I, p. 10.
SCE
— 1116
SCE
Fig. 6I6S.
sur une amphore do Canosa (fig. iSTTi', celui de
Cécrops(fig.oOoi;suruiiehydrieà reliefsde Kertch'', elc. :
l'ornement terminal est formé par
deux volutes dont les enroule-
ments , souvenir peut-être du
keryheion, supportent ou enca-
-jm^ll "'H" drent un fleuron, une palmette,
(r^T^ ', ""*" houle. Si Ton met à part ces
sceptres à ornementation spéciale,
tous les autres, sur les monu-
ments classiques, répondent à la
description qu'Hérodote nous a
laissée de la canne des Babylo-
niens, et il semble que jusqu'au
m" siècle les artistes grecs aient
pris pour modèles ces bâtons exo-
tiques en représentant les sceptres
de leurs divinités ou de leurs héros mythiques : la
pomme (ou un pommeau) décore sur des vases les scep-
tres de Zeus (fig. 5041) ^ d'Hadès (fig. 4190) \ d'Héra,
sur un bas-relief du Louvre*. On voit
éla rose, la fleur de lis ou celle de
A lotus, plus ou moins épanouie, mais
— "^ ^ toujours stylisée à l'orientale (fig. 6170
et 0171), sur le sceptre de Kronos ^
de Zeus (fig. 3956 et 3161) \ d'Héra
(fig. 3736*, 3780' et 4093)'», d'Aphro-
N dite ", de Lalone '-, de Déméter'^ de
Koré (lig. 2145) '\ de l'un des Dios-
^ cures'', de Triplolème '^, de Jason ",
M d'Oineus '*, de Polydectès", de Cé-
Fig.6170. Fig. tiiTi. crops 'fig. 1:280)-", de Phinée-', d'Âétès
(fig. 506) '--, de Créon ^3, de Paris -\
d'.\nchise'-\ et enfin sur le sceptre que lient la person-
nification du Collège des Trésoriers d'.\théna sur un bas-
relief de l'an 399 av. J.-C. ^'\ La palmette seule se trouve
sur le sceptre d'Héra (fig. 6172)-'. Le fruit, qui pouvait
être quelquefois une capsule de pavot, une grenade ou le
I Millin, Duscr. des tomb. de Canosa, ISIC, pi. vu. — 2 C. rendude In Comm.
nrcli. d. Félersbourg, 1806, 1 1. v; IHTS, pi. i : Ciciliard, Ant. Bildv. pi. l.\i.
— 3 Mon. d. Jnst. III, U; Gerhard, Etr. Spiegel. y\. cclïixi. — *J. de Willc,
Go:, archi'ol. 1877, pi. vi. — ô De Clarac, O. c. pi. ccxiv, ii° i3.ï. — 6 Calai, de
la collecl. Potirlalés, 1865, n» 133; J. de WiUe, Ga;. archèol. 1873, pi. ix.
— ' Ceiliard,<4nt. Bildir, pi. iiv ; Élit céram. l,pl. xxv, c\i, Mon.d. Inst. pl.xi;
Annali, 1803, pi. ik ; cf. Arch. Zeitiiwj, 1873, pi. x, i ; Mus. Gregorian. Il, pi. xx ;
E. l'olllcr, C(i(n/. drs rases du Lourre, 189i), 11, p. 308, E. 8ji : Vases anliq.
du Lourre, l'JOI. Il, p. 78, E 83i. a. le sccplre de Zeus Aélopliorc sur les
U'iradraclinies d'Aleiandre, de Séleukos iBabcon. Calai, des monn. gr. de la
Bilil. A'al. (/loi» de Syrie) pi. i, n» 4 et 7) ; de Zeus Niképlioïc siu- les (élradia-
chines dAutiochosI, dAnlioclios IV (/A. XII, 1 1), dAlexandie Bala [Ib. XVII,
10), dAnlioclios VI (ib. XX, 6), etc. de Baaltars |(ig. liai) sur les staléres frap-
pées en Cilicie par Mazaios eiilre 301 el 333 av. J.- C. (Babelou, Calai. (Perses)
p. 31, n' ils el pi. v, n" 10). Il se peut cependant que l'ornemenlalion dequeli|ues-
uns de ces sceptres de Zeus ne soil i|u'uiie imilalion de la fleur de silpliium qui
«urniontc le C'plre de Jupiter Animon sur quelques stalèrcs d or de Cvrénaïque.
(L. lluller, Numism. deVanc. Afriq. I8C0, I, n" 180 el 191; F. Bompois, Atédail.
ijr. frappées dans la Ctjréna'iq. 1869, p. 73 el pi. u. n° o). — 8 L. Stepliani.
C. r. de ta corn, archéol. de Pétersbourg, 1861, pi. m; Gerhard, AnI. Bildir.
pi. ixxii, ixxiu; .\pul. Vas. pi. VI ; Trinkslcha. u. Gefnsse. I, pi. xi. — 9 Gerliaid,
Apul. Vatertb. pi. xt. — 10 Ann. d. /nsl. 1876, tav. d'ag. G. — Il Gcrliard,
.lpu(. Vu», pi. VI. — 12 De Witte et I.cnormanl, Éliledes mon. céram. 11, pi. xxxvi.
— " Gerbard, Eirusk. Vas. pi. c; C. rend, de Sl-Pétersbourg, I86i, pi. iv ;
.Von. de llnst. I, pi. vi. — u Mon. ined. IV, 39. — 15 Babelon et Blanchct, Calai,
des bronzes de la Bibl. nat. 1895,n» 1319. — 16 Millin, l'einl. de vas. Il
pi. xiiii; C. rend. Pilerib. 186», pi. iv. — 17 Slillingen, Vases de die. coll.
pi. u. — 1» Ib. pi. xxxv.u. — 19 Millin, O. c. Il, xxiv. — 20 o. Jabn, Se»c/ir. d.
Va-tensamml. zu Milncli. p. 121 sq. 370. — 21 J/on. d. Insl. III, pi. xi,x.
— 22 Dubois-Maisonueuve, Inirod. à tél. des rases, pi. xiiv. — 23 Bull.
Napolet. Il, 7. — 2v Gerbard. Ant. Bildw. pi. xxiii, xjxiu. — 25 Tischbein, Ane.
vas. IV. 67. - 26 C. i. ait. Il, .6*3; Scliône, Gr. Heliefs, pi. i, 31; V. Du-
ruy, iïi»(. rfe» Gr. Il, p. 189 — 27 Gerbard, .!«(. Bildw. pi. xxn ; Id. Tiinksclml
Fig. 61 7i.
fruit du lotus blanc, se trouve sur le sceptre de Latone
dans la plupart des ex-voto choragiques (lig. 2364), sur
le sceptre de Ju-
piter -*, de Dio-
nysos^' (7967), de
Turan, la Vénus
étrusque(fig.3789),
des trois Parques
de l'autel des douze
dieux au Louvre^";
une figure ailée,
sur le sceptre d".\l-
las (fig. 611) ; une
aigle, sur celui de
Zeus (fig. 4093 el
6173 1 3' , d'Hadès
(fig. 405! et 4052',
d'.\rlémis (fig. 6174;-'- de Tantale (fig. 4052), de Créon
(fig. 1477 el 4877!; le coucou, sur le sceptre d'Héra".
Quel que soit l'ornement placé au sommet du sceptre,
les artistes ont toujours pris soin de bien marquer
l'aplanissement de la hampe par deux
droites parallèles qui en dessinent le
contour el empêchent de confondre
le symbole royal avec les bâtons dont
tout le monde pouvait faire usage
[bacilumI ; le bâton du mendiant
ifig. 4898), ou la canne du citadin
(fig. 727 et suiv.) ; celui qui servait
d'insigne à quelques fonctions comme
la baguette du pédagogue (fig. 2598-
2600 [pAEDAGOGis p. 272] "), la verge des riiabdopuuroi
ou celle des agonothètes (fig. 4619, 4620 et 5861);
l'arme des bergers et des chasseurs [pedim venatio] ^"•.
le gourdin, poTra/.ov, d'Hercule (fig. 4650), d'Orion^'' eldes
voleurs nocturnes". Parfois, pour mieux accentuer la
différence'*, les graveurs en médailles représentent la
hampe par une ligne verticale de grenetis (fig. 1231,
u. Ge/Vîsse, pi. ii-xM ; Apul. l'n». pi. vi; 0. Ravel et M. Colllguon, Hisl. de la
céram. gr. fig. 81. Cf. un ornement semblable sur le sceptre de Triplolème, LUI.
eéram. III, pi. iix . — 2«Gerliard, Elr. Spiegel, pi. iSl el 37i. — 29 Gerbard, .Ant.
Bildrerke, pl. xi.v. — 30 W. Frôhner (O. c. p. 6) en fait des Euménidis et a
vu une Heur de -grcnalier sur les sceptres ; Millingen, Vas. de Coghill, 46.
— 31 Mon d. Jnsl. 11. pl xxxi ; Ann. d. /nslit. IS7S, tav. dag. G, el sur un
grand nombre de monuments. La fig. 0173 est tirée de Gerbard, .Auserl. Vas. pl. vu.
Four tes exemptes qui sui\enl.qui pourraient être aussi multipliés, dous nous con-
tenterons de citer des figures déjà publiées dans le Dictionnaire. Cf. Pausan. V,
11, pour le sceptre de Jupiter et celui des rois; Aristoph. Av. 50i- 513; Pindar.
Pijlli. 1, 9. —32 Rollin et Feuardcnl, Coll. de méd. gr. n" 3310, p. 218; H.
Hoffmann, Le Numismate (méd. gr.), n" 1344; V. Duruy, U. des Grecs, I, p. 17.
— 33 pausan, ÏX, 17 ; Aristot. ap. ScUol. Tbeocrit. V. v. 04. Pour le sceptre de
la Junou d'Argos de Polycléte, cf. Quatremcre de Ouiucy, Jupit. Olymp.
pl. XX. — 3t Sur les vases de Douris, les pédagogues tiennent, d'ordinaire,
une canue à poignée recourbée, xajxirJXii Itig. 2598 et i399). Cf. A. -S. Murray,
Designs fr. gr. vases in Bril. Mus. 1894, pl. vm, n« 30; 0. Rayet el M. Colli-
guon, O. c fig. 7i. — 3J Parfois, cependant, Esculape est représenté avec le
sceptre comme dans la statue cbryséléphautiue de Sicyone (f'ausan. Il, 10), sur
les moyens bronzes de Trikla (Barclay Hcad, Coins noir, in llie Bril. Mus.
(Gr. aulon.) pl. n, 9) el les di<lracbmcs de Cierium (H.F. Bompois, Didr.
de Cier. 1870, pl. i). — 36 Qdyss. XI, 375. Orion esl représenté avec le sceplre
diiin sur le tombeau du pbaraon Séli l" cl sur le zodiaipie reclangiilaire
de Deuderah (G. Maspero, Hisl. anc. de l'Orient, I, p. 93 el 97). — 37 Aris-
topli. Av. 496. — 38 Pourquoi le troisième juge infernal de la -Nécyie de Mu-
nicb (fig. Ii6) a-t-il UD bâton noueux, comme l'a reconnu Millin {Tomb, de
Canosa. p. ii), alors que les deux autres juges ont le sceptre '? Tous trois
soûl 5!o;eveT;. Si le vase de Copenhague n'était repeint el refait, nous aurions
une indication utile, car il représente, près d'un autel sur lequel la Victoire
fait une liljalion, le Sénat, B^jXf,, el le peuple, i*;:io;, personnifiés; le pre-
mier sous la forme d'une femme richement vêtue, tenant un scepl/e; le second,
sous la forme d'un personnage barbu, armé d'un làton. {Elite des mon. céram.
Il, p. 140.)
SCE
— m?
SCE
2565-2567, 4203 et 6174)' et les peintres de vases, par
une suite de clous à large tête dont la couleur tranche
avec celle de la hampe -, ou par une série de bagues
régulièrement espacées^, ou bien encore par une feuille
métallique s'enroulant dans toute la hauteur (lig. 6168),
motif qu'on retrouve dans la sculpture ^, les miroirs
gravés'', et qui décore déjà la belle canne égyptienne en
bois noir de la reine Ahhoptou" (xvii° dynastie). Le seul
objet, avec lequel les artistes semblent confondre le scep-
tre, est la baguette d'or homérique, /pûcEiT, pâêSo;, d'Athé-
na ' et de Circé ', de même qu'ils confondent la baguette,
le pâ(55o;', d'Hermès avec son caducée [mercurusI. Mais
comme on l'a dit, le mot gxYiiiTpov, dans le langage ordi-
naire, désigne un simple bâton : c'est ainsi que Pausanias
nomme (Tx-rinTcov"', et la plupart des archéologues appel-
lent sceptre à béquille, les longues cannes lisses et polies",
terminées par une petite traverse horizonlale, qui étaient
d'un usage général chez les Grecs [baculum, p. 6iU].
Cependant, le sceptre avait conservé en Egypte toute
sa signification symbolique. Pour le porter, nul besoin
d'avoir des ancéires plus anciens que la Terre, àp/aioTEpoi
TtpoTepoi T€ Kpovoj xa'i V-ffi '-, il suffisait d'avoir été reconnu
comme pharaon légitime : l'eunuque Bagoas,sur les qua-
druples sicles qu'il fit frapper en Egypte, de3ijà 343, pour
solder les mercenaires dans sa campagne contre Necta-
nebo II '', se fit représenter à l'égyptienne, vêtu du pagne
royal, coiffé du bonnet osirien et portant le sceptre divin
à tète de quadrupède'*; c'est le petit personnage qui
suit à pied le char d'Arlaxercès III '■'. Bagoas, on cela, ne
fit qu'imiter les rois de Cilicie '° et que copier le mon-
nayage des rois de Sidon ". Il n'en résulte pas moins
qu'en Egypte et dans les monarchies voisines, le sceptre
était encore, au iv' siècle, le symbole de la royauté.
Les Lagides ne pouvaient que l'adopter, lorsqu'on 305,
ils prirent le titre de paccAeiJ;. Ne trouvant plus d'appui
en Grèce, forcés de se concilier leurs sujets indigènes",
les Ptolémées cherchent à imiter les monarques des
anciennes dynasties et admettent qu'on les considère
1 Ce détail csl Irès visible sm- les tclradiaclimes il'Alexanilic à nmir de coin,
p. ei. Calai, des mnl. (jt. de la coll. Gn-au, 1807, pi. m, n» 1178. Les mo-
nétaires romains l'onl encore exagéré sur les deniers des familles Vibia (lig. 4235)
(Babelon, Monn. de la Képubl. rom. 1886, 11, p. .'ii6, n» 18) et Hostilia
Ub. 1, p. 553, n" 4) frapp s vers 40-43 av. J.-C. — 2 Hampe rouge il opinls
blancs du sceptre de (Jréon (lig. 1477), de ceux de l'Asie et Darius (lig. 568
et 793; (Millin, Tomh. de Canom, pi. vu. d'Uadcs et de Tantale {Ib. pi. m).
— 3 Scepirc de liera, OcrhAri, Trinkschal. I, 11; Wien. Vorlegefl. iiria A,
pi. v, de Héra, d'Atbéna, d'Aphrodite ; (ierliard, Apul. Vas. pi. vu de Latone
{Elite des mon. cér. II, pi. xxxvi); de Créon. Mon. d. Inst. X. tl. De Zeus,
Poséidon, Eumolpos, fig. 26Î9 ; d'Aphrodite, fig. 2474; pour la lig. 6169, voy. la
note 7. V. encore, Gaz. anhiol. 1875, pi. ix ; sceptres de Zeus et de Déméter,
Uonim. grecs, 1875, pi. i et ii ; de Plulon et de Déméter, Mon. il. Inst. 1.
pi. IV, etc. Voy. aussi note 2. fig. 5954, où le sceptre de Rome parait être une
restauration moderne. — < Aulel des douze dieux et ex-voto choragiqucs du
Louvre; les planches cxx, cxxu et cr.xxiv de Clarac no reproduisent point ces détail*.
— » Sceptre de Corinlhos sur un miroir publié par Alb. Dumonl, Monum. grecs,
(1873, pi. III). — 6 E. Virey, fatal, du musée 'te Gizeit, 1892, p. 217, u« 968;
Aug. Mariette, IJescri/il. du parc égxjpt. île l'Eip. 1872, p. ;55, n. 22. « Bâton
do bois noir, recourbé à son extrémité et entouré d'une large^feuille en spirale.
On le trouve aujourd'hui, exactement sous la mémo forme, entre les mains de la
pb part des Nubiens et des Soudaniens, pour lesquels il n'a plus aucune significa-
tion symbolique. „ — 1 Odyss. XIII, 429; XVI, 172 et 450. Pausanias nomme
fiSSo; le sceptre d'Agamcmuon (X, 30). — » Odyss. X, 238, 293, 319, 389.
Cf. Gualtani, .\Jonum. aniicli. per Van. 1788, Februar. tl. — i Odyss. V, 43 ; X,
377 ; XXIV, t sr|. Cf. Virg. Aen. IV, 234. — 10 X, 30, I. — " Peut-être le même
bâton qu'Aristophane nomme p»xxiif;<(£'cces/!a;. passim). comme semblent l'indi-
quer les vers 60 et 150. — a Aristoph. ^1 ces, 468 - 13 liiod. Sic. XVI, 47-4'>.
— I» Revillout, Annal, de la soc. de numism. 1885, p. I4S. — 15 E. Babelon,
Catal. de la Bib. Nul. {l'crses), 1893, p. 53, n« 351, pi. rx, fig. I. — 16 llynaste
cilicieu tenant un long sceptre et debout devant; Artaxcrxcs II Jlnr^mon assis
sur un trône dans sa Sublime Porte et tenant la javeline pommeltée (E. Babelon,
ilélang. de numism. 1893, II, p. 118; Mazaios, sceptre en main, suivant à pied
comme des émanations divines". Ils portent le sceptre
divin dans les scènes religieuses où ils figurent en
costume de pharaon avec tous les symboles de la
royauté égyptienne'". Ptolémée I" avait pris le titre de
fftoTrip, qui l'assimilait aux dieux'^', et sa femme Bérénice
s'était fait représenter, sur la monnaie'^, avec la coiffure
emblématique d'Isis, « la plus ancienne déesse qui ait
porté le sceptre dans l'Olympe-^ ». Ptolémée II épouse
sa sœur Arsinoé, à la laçon des pharaons, et se fait
représenter avec celle-ci sur des pièces d'or portant la
légende Qewv àS£Xa.(Ôv '". La même Arsinoé, après avoir fait
placer une fleur de lotus au-dessus de sa tête", finit
par prendre sur la monnaie" le sceptre à palmelle,
uxTiTtTpov TuaTTupoEtSàç. SoH fils, oubcau-fils, PtoléiTiéelll
agit de même et nous le voyons avec un sceptre, en forme
de trident, sur l'épaule-'' ; pour les Grecs ce n'était qu'un
symbole de la victoire dAndros. L'égyptienne Cléopàtre,
épouse de trois rois Séleucides, prend, sur les tétra-
drachmes syriens, l'épithète Qex EÙ£T-f,p'ta^* et son fils
Antiochos VIII (123-96 av. J.-C), copiant les types moné-
taires égyptiens, place le sceptre sur ses bronzes ". De
Syrie, la coutume se répand rapidement chez les dynastes
de l'Asie; elle se maintient chez les anciens tributaires
des Arsacides^" et leurs arrière-vassaux, les chefs Sar-
mates, sont appelés sceptuchi parles Romains'".
Rome. — On ignore si l'on doit attribuer quelque
valeur symbolique aux cannes de certains personnages
des peintures de Cervetri (fig. 5-476) ^- et d'un bas-relief de
Velletri '^ On a déjà vu (fig. 3789) la déesse Turan ou
Vénus représentée sur un miroir gréco-étrusque avec un
sceptre orné d'une fleur; sur un autre miroir'" Jupiter,
Tinia, tient un sceptre surmonté de l'aigle. En général, sur
les monuments étrusques, le sceptre ne diffère pas de ce
qu'il est dans les œuvres grecques (voy. encore fig. 4234).
Les chefs étrusques avaient, dit-on, pour insigne le
sceptre portant une aigle, que Tarquin l'Ancien adopta''.
Les premiers rois de Rome avaienl-ils le sceptre ?Ces
chefs latins des vin" et vu' siècles sont électifs ; on ne peut
le chard'Arlaxerxcs III Ochos (E. Babelon, Ta/a;. (Perses), n» 260, pi. ii, 15.
— 17 Double siclc sidonien (V. Duruy, Uist. des Grecs, II, p. 5). Darius Uo-
domau sur sou char suivi par le roi Stralon coiiïé de la tiare conique et portant le
sceptre ; B.lbelon, Mém. sur les monn. et la chronol. des rois de Sidon (Acadêm.
des inscr. 5 et 12 décembre 1890). — t» Diod. Sic. XVIU, 14. -- 19 A. Bouelié-
Leclercq, Hist. des Lagides, I, p. 233. Cette théorie, difficile à admettre, n'est
pas le résultat de l'adulation et ne se retrouve nullement chez les Perses Akhé-
ménides, comme le dit l'abbé Beurlicr (ie culte impérial depuis César, cli. I) ; clic
n'est que l'application logique de :a « réelle et transitive émanation >. des Pau-
théistes et elle forme encore le fond de la doctrine professée par les licrviclics
égyptiens. — 20 Cf. les bas-reliefs des temples d'Edfou et de Philae dans Creuzer-
Guignant, Hetig. de fa .tiq. IV, fig. 135 sq. ainsi que dans les tomes X, XI, XIll et
XIV des Mémoires de la mission archéol. au Caire. — 21 A. de I.ongpéricr,
Œuvres, II, p. 81. - 22 Rollin et Feuardent, Collecl. de méd. gr. p. 508,
n" 8359 sq. —23 Inscr. gr. du Louvre, ligne 9 ; Clarae, Mus. de sculpl. II, p 813,
n° 425 ; pi. i.i, n" 070. — 21 Reg. Stuart Poole, Guide to the sélect gr. coins exi-
bit. in Ihe Br. Mus. 1872, p. 40, n» 199.— '.iô H. Cohen, Ùescript. des méd. grecq.
de la coll. Gréau, 1867, p. 240, n» 2835. — 26 /Jescr. des méd. grecq. de Pr.
Dupré, 1867, p. 65, n» 348. — 27 V. Duruy, H. des Rom. 1, p. 492. - 28 Mion-
net, Sup. VIII, n" 321 et 322. — 29 Babelon, Catal. des monn. gr. [Ilois de Syrie),
n" t!-ll4, pi. xxv, I ; n- 1406; cf. pi. ci.x, n°> 177 à HS. — 30 V. Langlois, Kumism,
de l'Arménie dans l'antiq. pi. iv, n»' 5, 6, 9, 10, 11 et 12; V, n° 2; cf. Babelou.
Mélang. numism. II, pi. v. n° 1-6. — 31 Tacit. Ann. VI, 33. On conserve à Saint-
Pétersbourg les m -rceaux Hc deux sceptres ou bâtons de commandement, décou-
verts dans une tombe de Koul-Oba; ce sont des cylindres creux en argent
d'une longueur totale d'environ 1 mètre; l'un est terminé par une pomme de
pin dorée, l'autre par une léte de lion; Antiq. du Bosph. Cimmérien, 18,
I, p. 177 et pi. xxviii, n»' 1 et- 2. — 32 Monum. d. Inst. VI, pi. jxx ; A. de
Longpérier, Musée Napoléon lll, pi. xui. — 33 Milani, Studi e materiali, I,
p, 105, fig. 12. (Helbig. Itbein. mus. f. Philol. N. F. i.vui, p. 50" et suiv.)
y voit un roi tenant le sceptre. — 3V Gerhard, Etrusk. Spieyel, i.xxxu. — 3b Dion.
Hal. III. 61 ; 62 ; IV, 74; Virgil. Aen. VIII, 506 ; Silius, X,4I : sceptris celebratum
nomen etruscis.
SCE
1118 —
SCE
ilonc les ("onsidériT comme ôioYevsiî, ni les comparer aux
Pa5i).el; acliéeiis du xiu'' siècle ; même le dernier roi de
Home, Tarquin le Superbe, a moins souci d'imiler A^a-
memnon que de se modeler sur Arislodème, le puissant
tyran de Cumes. Inutile de cherciicr si ce fut comme
descendant d"un iueumon ou comme héritier des Bac-
chiades ()u"il adopta le cxt,t:tiov ÈXecpâvxtvov, car le sceptre
était à la fois pour eux un emblème de la royauté et un
symbole religieux'. Si, plus tard, les auteurs en ont
surtout parlé comme d'un ancien symbole royal, ce fut
parce rjue, oublieux des anciennes pratiques inhérentes
au slolisme, ils ne songeaient qu'aux poèmes horaéri-
<|ues dont l'étude avait été remise en honneur. En
établissant le culte de Jupiter Optimus Maximus, Tar-
([uin plaça au Capitole une statue de ce dieu, l'habilla
de vêlements de pourpre et la décora d'un diadème, d'un
foudre et d'un sceptre'-; en même temps, il institua des
■jeux c|ui étaient précédés d'une procession dans laquelle
on promenait, sur des chars, les vêlements de Jupiter et
ses ornements. On promenait de même les cxuciae de
Junon et de Minerve [ciRcis, p. liOoj. Ce n'était pas une
coutume purement locale; elle existait dans l'ancienne
Egypte' ; Fr. Lenormant l'a signalée dans le culte assyro-
chaldéen, disant fort justement que o le plus mémorable
exemple qu'on en trouve chez les Grecs est celui qu'ott're
la fête des Grandes Panathénées' ». En Egypte, c'est
le pharaon qui officie dans le stolisme;en Grèce, ce sont
des magistrats, des prêtres ou des femmes; à Rome,
dans le culte de Jupiter Capilolin, ce furent les Tarquin.
La fêle terminée, les rois n'avaient aucun motif de
se parer d'ornements qui étaient purement religieux ■,
et ce n'est même point en tant que chefs de l'État qu'ils
portaient, dans la procession, le sceptre de Jupiter,
comme vainqueurs célébrant un triomphe". Ce l'ut à la
suite d'une victoire que Tarquin institua ce culte ainsi
que la procession, qui dans le principe n'était pas
annuelle ; elle ne le devint que vers le milieu du iv' siècle
[uDi, p. 1378]. Devait-elle être périodique ou n'avoir
lieu qu'après de nouvelles victoires et de nouvelles
conquêtes? Quoi qu'il en soit, on la renouvelait à chaque
triomphe, et c'est le triomphateur qui portait les vête-
ments de Jupiter ainsi que son sceptre [triimpuis]. Ce
privilège est purement militaire ; il n'appartient ni au rex
sacrorum ou à l'interroi, ni aux prêtres ou aux consuls, ni
aux magistrats politiques ou judiciaires. Durant toute la
1 Jusliii. xi.lM, 3 ; Heges haslas pro diadanate habebnnt ijuas Crnci sci-ptra
dixiire, iî3. - 2 Scrv. ad. Ed. X, 27 ; T.-Liv. X, 7 . — 3 flulaich. h. et Osir. 3 el 3 ;
\»%.i\in<:lU:. Abydos. Descript. des fouilles, p. 17-19 et 3i-56. — i Essai de com-
ment, de Dérose, p. 4*1. — s Ce scepircdc Jiipilcr 0. M. u'cslpas le iti^nie que celui
<lc Jupiter l'cretius sur lequel on proférait les serments el dont le prololype romonlait,
croyait-on, à Roinulus (Fest. p. l'i); Scrv. Ad Afii.Xll, iOC : C. biillicher, Ttktonik
d.Uellen.ii'èM.) Il, p. 421. — «Tli. Moinmsen a modiné plusieurs fois ses idées à
ce sujet. U'ahord, il repri-sclile les roisdc Home dans un costume pareil à celui du plus
grand des dieux, parcourant la ville en cljar et tenant un sceptre d'ivoire surmonté
de laigle [Uisl. rom. Paris, lSti3, I, p. 90); ailleurs il dit : .. le sceptre esl aussi
refusé au roi par la tradition, peut-être ét/alement à tort » [Le droit publ. rom.
l'aris, 11493, III, p. 5); cnlin dans une noie [Ih. l'aris, 1892. 63) : .. En dehors des
documents qui construisent le costume des rois de Rome à l'image de celui des
triomphateurs, le sceptre n'est jamais attribué ani rois par les relations les meil-
leures el les plus anciennes. . — 'i Scrv. Ad Aen.xi, 238 ; mais voy. Mommsen,
/>roi( public. II, I89Î, 63, n. 2. — » Jb, p. 64 ; récit contesté fait par Tile-I.iic, (V)
de la mort après la prise de Rome par 1rs Gaulois de Papirius cl des soixante vieil-
lards en costume triomphal. Mommsen, 1, /./.; Schneglcr.flôm. Cesc/i IV p "5
- 9 T. I.iv. XLII, 14. - 10 Ib. XXX, ISet XXXI, 11. _ il E. Babelon, WnH.'de
(<i /tépubl. rom. I, p. 21-23. Le fait i|ue ce type monétaire se retrouve sur les auto-
nomes de tjipoue (Friediaender, Osk. Mùnzen, p. 10, n" 8), d'Atella (Ib. p. 15,
n» l)clde Calatia (;* .p. 20, u° 2), coulirmerait 1 hypollitse de Jordan (Topoi/r. \,
i, 275, 294) sur l'origine grcc(|uc ou campanienne du triomphe et de la procession!
Fig. 617
République, on ne l'accorde qu'aux commandants d'ar-
mée [ducesy. Mommsen dit que le triomphateur ne
pouvait jamais reprendre en mains le scipio eburneus
« ni de son vivant, ni même après sa mort », à la difi'é-
rcnce de ce qui avait lieu pour les autres insignes triom-
phaux*. Il se peut qu'après la cérémonie, les ornements
en métal et en ivoire fissent retour au trésor du temple
et qu'on ne donnât au magistrat que les vêtements d'é-
toffe, comme cela a encore lieu dans certaines pratiques
du stolisme. Cependant, Eumène' et Masinissa'" reçurent
le sceptre et les insignes triomphaux, cuni sella curuli
alf/ite ebttnieo sripione, pour en jouir leur vie durant.
La plus ancienne représentation que nous ayons de ce
sceptre capitolin se trouve sur les monnaies romaines,
frappées àCapoue, pondant la guerre
latine, vers 340-338(lig. 6173) ". C'est
une aigle éployée'^, posée sur une
iiampe d'une coudée environ à la-
quelle convient le nom de scipio'^
qu'on lui donnait, le mot hasta '*,
analogue au Sdpu de Pausanias '% dé-
signant ces longs sceptres, aussi
grands que la taille humaine, ([u'on
voit ailleurs aux mains du Jupiter du Capitole (fig. 4237,
4238, 4242); de celui d'Anxur"^ (fig. 4233), de Diane '% de
Vénus", de l'Italie el de Rome personnifiées (fig. 4111)"
et aussi des empereurs (fig. 392, 4110).
Bien queMasinissa eût reçu le scipio eburneus, ce n'est
point cet insigne qu'il place sur ses monnaies, mais le
sceptre à fleur de lis-", car, alors, ce sont les idées
égyptiennes qui dominent dans toutes les cours orientales.
Bientôt même, ces idées pénétreront en Italie avec la
poésie des Alexandrins : Lycophron avait employé le
mot (Tx-riTT-rpa, non comme synonyme de cxr^-KTouyîa. ou de
^aTiXeï'a, ainsi que l'avait fait Hérodote, mais dans un
sens beaucoup plus étendu: yt|Ç xai 6aXi<i-
<j7i; cAr^-K-zadi. ^'. Cette figure de la rhéto-
rique alexandrine fut mise en image par
Varron, le célèbre polygraphe qui, vers
49 av. J.-C, étant proquesteur de l'ar-
jnée pompéienne en Espagne, fit graver
sur les deniers un sceptre entre un Fig. 6i7c.
aigle et un^ dauphin (fig. 6176), comme
emblème de la domination sur terre et sur mer de Pom-
pée -^. Celui-ci n'ambitionnait point le titre de roi, mais
— 12 Cf. Val. Mai. IV 4, D; Juven, X, 43; Lyd. de Mag. I, 7. - «3 Ce mot
appartient à la raérac famille c|ue <rxr,itdvioï employé dans Vlliade avec le sens
de bàlou dont on frappe les chevaux (XIII, 59) ou la foule iXXIV, 249) et que
<r<r,i!»v (Arisloph. Ves/i. 727; Eurip. £/ec. 65; Hcrodot. IV, 172). quia la mémo
signification. Th. Mommsen le fail dériver « de la forme dorique oxàsTov, cf. tnr,i:-
ToJ/o;. .' v. Élienae Thés. s. h. v. et oxi;-tf',v et <ix«iii.ï. — '4 Sur le synopsis de
Cirta conservé au Louvre : lovis Victor argenteus kabens... in manu sinistra
haslam argenteam. (Clarac, O. c. Il, 1209 ; Inscr. pi. lssu, 13). La remarque fort
juste de Borghesi {Œuvres. I, p. 120) ne concerne que la hasta purael Vasta giter-
riera. — 15 IX, 41. — i« Babelon. .Vonn. de la Rép. rom. 1886, II, p. 546, ViLia,
18. — n tb. I, p. 553, Hostilia, 4. — 1» Jb. Il, p. 20 sq. Iulia, o» 32-36, 46, 48-50.
— 19 Jb. I, Vibia, 19. — 20 Babelon, Mélanges numism. 1892, pi. vi, n- I ; cf. les
monnaies de Juba I,(Ranius, Cat. mus. r. de Danemark, pi. vin, lig. 16) ; celles
de l'toléince, fils de Juba II, représentant un sceplre appuyé sur un troue (Muller,
JVum. de lanc. Afr. III, p. 129, n" 186) ou sur un autel (Catal. dEnnery, p. 256,
n°614). — 21 Alexandra, 1229; rf. Niebuhr, Jihein. Mus. 1827, I, p. 108 sq. Ce
pluriel 5»);itT;a, imité toujours par Virgile (.4cti. I, 178 et 257 ; I.X, 9 ; X, S52) n'est
pas une forme puremenl poétique; Hérodote l'emploie (VII, 52); mf^r.x'^a t4 tj**.
— 22 Babelon, .Moiin. de la Hép. Il p. 480, n» 15. Sur les monnaies à Heur decoin,
on voit que la hampe esl formée par une ligne de grénelis et on dislingue très clai-
rement l'ornement ijui la surmonte. .Nous ne parlerons pas ici de l"associalioo de
l'aigle, et du dauphin avec le sceptre déjà représentée comme insigne triomphal sur
une ciste préncstine Annal, rf, Inst. p. 101 [triumphcs in mostk ai.bano].
SGE
1119 —
SCH
il avait adopté Neptune pour père '. César refuse le dia-
dème-, véritai)le insigne royal qu'aucun empereur ne
prendra, au moins à Rome, jusqu'à Constantin \ mais, se
considérant comme descendant de Vénus, il fait graver des
médailles représentant celte déesse avec le sceptre'.
Antoine se donne comme une incarnation de Bacclius
et se fait représenter avec sa femme Cléopàtre portant
le sceptre"^ et se qualifiant de ôéa vewTepa*. Après la
chute de l'Egypte, tous les Césars divinisés tiennent le
sceptre \ qu'il ne faut nullement considérer comme
un emblème de la royauté. Pour les Égyptiens d'alors,
le sceptre était moins un insigne royal qu'un symljole
divin, figurant toute une suite d'idées philosophiques
que nous avons peine à saisir, qu'on révélait aux
étrangers dans les mystères d'Isis* et que les Alexan-
drins exprimaient par le mot ànobÉuia'.; [apotueosis].
C'est pour cela qu'Homère, dans le bas-relief d'Archélaos
de Priène, est représenté sceptre en mains (fig. 5209)
et que les prêtres égyptiens décernèrent un sceptre
à fleur de lotus à la petite Bérénice qui mourut avant
de régner °.
C'est le scipio eburnetts que les empe- 2o«.13(
reurs prennent encore pour célébrer un
triomphe : on le rencontre fréquemment
sur les médailles
(fig. 6177) '" et
sur les monu-
ments. Mais il va
faire régulière-
ment partie du
costume de céré-
monie des consu-
laires (fig. 1900
et suiv.) " ; on
ledonneramême
à des particu-
liers '^. Alors, il ne rehaussera plus la
pompe triomphale, mais contribuera à
l'éclat des jeux publics. A la fin de l'Em- \ h ,çj
pire, la plupart des personnages repré-
sentés sur les diptyques "tiennent d'une
main le bâton d'ivoire surmonté d'une
aigle et de l'autre la mappa (fig. C178) qui
sert à donner le signal du départ aux cochers du cirque.
Quand les premiers empereurs d'Orient décerneront les
1 l'Iin. H. Mal. IX, 22.-— 2 [lio. Cass. XLIV, 11. — 3 Mommscn, Uroit pul,l.
rom. I, p. 68. — 4 Baljclou, Monn. de la Uép. II, p. 12, n» Il ; p. 20 sr|. n" 32, elc.
— â Bronze de Tripoli, Mionncl, Descr. des méd. gi\ V, n" 2G4; grand bronze^
Boulkowski, Ùicl. numism. n" 465. — » F. Feuardeiit, Coll. Demelrion ; Éijuple aiic.
monn. dfs rois, p. 133. — ^ Les exemples les plus remarquables, avec les médailles,
se trouvent sur les camées de Paris (fig. 3.512) (Cbabouillel, CVa(. ijfn. W 1S8)
cl de Vienne (F. de Mély, Gaz. arclt. 1886, pi. xxxr;. Tous les sceptres divins
ressemblent à ceux que liennenl Jupiter, Junon et Minerve sur le fronton du lemplc
de Jupiter Capilolin, tel que le représente un bas relief [capitolium, fig, ll.~,o]
{Ann. de Vlnsl. arch. 1851, p. 28U sq.). Un bronze de Livie, frappé à l'hana-
goria el conservé au Cabinet de France (anc. coll. Couris), porte au revers l'image
de ce sccplre divin avec la légende Ki..aafio-v (Boutkowski, O. c. n" 277'J).
— 8 l'our saisir toute la portée de ces initiations aux croyances égyptiennes, on
ne doit pas seulement considérer les restes du culte disis en Europe, il faut étu-
dier les nombreux bas-reliefs de Philae, où les Césars sont en costume égyplicn,
les monuments similaires comme celui du musée Guimet sur lequel Auguste est
figuré en pharaon faisant ses dévotions. — 9 Décret de Canopc, fig. 53 de l'exem-
plaire édité par Miller {Journ. des Hav. 1883, p. 211). — 10 |,a fig. 6177. d'après
Frœhner, Méd. de r Empire rom. p. 251 ; cf. 262, 274, 283, etc, Voy. aussi fig. 3980.
Déjà sur un denier de L. Aquillius Florus, frappé 20 ans av. J.-C. et représentant
Auguste (Babelon, Monn. de la Jtép. I, p. 218, n" 12 et 11, p. 71, u- 192.)
— " Serv. Arf ^en. XI, 238; Prudenl. C. Si/mot, 1,349; Perisleph.X. 146;Cassiod.
Vcir. VI, Voy. Tli. Mommscn. Dr. publ. rom. 1892, 11, p. 50 et suiv. - «2 Mommsen,
ib. Il, p. 110 cl s.; Manjuardl. .S;,, milil. p. 44 et s. , C. i. I. X, 1709: fui
6177. — Sceptre
d'empereur.
Fig. 617
titres de patrice etde consul aux rois barbares, ilsleuren-
verront le sceptre capitol in et ceux-ci en feront un insigne
héréditaire de leur pouvoir monarchique. Sorlim Dorigny.
SCHOEXUS (S/oîvoç). — I. Terme génériquedésignant
toutes les espèces de joncs etde plantes junciforrnes qui
croissent à l'embouchure des rivières', dans les marais-,
et les bois^ Les Grecs et les Romains employaient
plusieurs de ces plantes comme parfum* ou pour aro-
matiser le vin^ .
II. Les joncs servaient plus spécialement pour faire
des nattes, des corbeilles et autres ouvrages de van-
nerie [scirpea], des cordes [restis, restiarius, p. 846],
que l'on nommait «t/oîvoç, c/oivîov, c/oiviç. M. Bréal croit
que funis ainsi que /?«/.s dérivent de ayoïvdç '^.
m. Instrument d'arpentage; cordeau pour le lotisse-
ment des terres conquises ^ et la délimitation de chaque
<r/oivt5[jLa attribué aux clérouques, aux colons, etc.*.
IV. Ancienne mesure agraire dont se servaient,
encore au iV^ siècle, les Héracléotes de Lucanie". En
vérifiant les calculs indiqués par deux inscriptions, on
trouve que le (t/oîvo;, ou schène lucanien, se compose
de 30 pas, opeyiAï, chaque pas étant de 4 pieds'". Ce
schène aurait donc l'20 pieds, mais on ignore la longueur
du pied héracléotiqiie " ; on sait seulement que les fer-
miers devaient planter quatre oliviers par schène '^
V. Corde employée pour le halage sur le Nil, d'où,
poste de halage, relais de halage, distance entre deux
relais". Les relais étant plus ou moins éloignés selon la
force du courant et la disposition des berges, il en résulta
que ces schènes étaient de longueurs variables au gré
des accidents locaux, ainsi que Strabon le constata en
remontant le Nil'*.
VI. L'habitude d'évaluer les distances en comptant les
relais de halage fit que le schène devint l'unité des
mesures itinéraires égyptiennes" sans qu'on sache
encore le nom indigène que traduit ce vocable grec".
La longueur du schène variait selon les provinces'":
d'après Artémidore, elle était de .'iO stades dans le Delta;
de 120 stades, de Memphis à laTliébaïde; de 60 stades,
de la Thébaïde à Syène'*; la longueur du schène varia
également selon les époques : celui d'Hérodote est de
60 stades ou 2 parasanges " ; dans le système philétairien,
on essaya de fixer la valeur du schène à i milles^", soit,
environ, 6 kilomètres-'; le schène d'Erastolhène est de
40 stades^-.
maximus princcps consulalus cuncta hnbere tnsignia permisit^ sellam curttlem,
scipionem etc. — '3 Voy. circus, p. 1195, I, cuNsur,, p. 1475 sq., DiPTïCHus et la
fig. 4832. La figure 6177 est prise du diptyi|ue d'Anastasc, consul en 517 = fig. 1910.
SCHOENUS. 1 Odyss. V. 403, Lenz (ISolanik der ait. Gritcli. p. 280), Euch-
liolz (Flor. homer. p 7) ; Buchholz {//amer. Real. I, p. 228-230) ont essayé d'iden-'
tifier ces joncs sur lesijuels Ulysse vint échouer. — 2 Batrach. 255. — 3 pind.
01. VI, 54. — i Plin. H. nal. XXI, 73, l. — 5 Cat. De ag. cuit. 105 et 113;
Calvin. Xll, 53, 2.-6 C. rendu. Acad. des Inscr., 1906, p. 24. — ^ flerod.
I, 66. —8 Suidas, J. l>. j/<.i„jaa; PluUrch. Mor. t. 602. éd. Didot. — 9 C. i.
gr. n"» 5774 et 5775 ; Dareste-llaussoullier, Inscript. Juridiques (1891), n" XII.
— 10 133 schénes, 26 pas, 1 pied plus 4 schènes, 1 1 pas et 3 pieds font 138 schéoes,
8 pas (/n«. jur. p. 214), 60 1/2 schènes plus? schénes et 17 pas font 74 schénes el
2 pas l/é. p. 217). - tt Ilullsch estime ce phtd à 0'»,2777 ; M. Dareste, à 0«',33
(I). c. p. 227, noie). — '2 Darcsie-Haussoullier, O. c. p. 203. — 13 Hicronym,
Comment, in Joël. III, 18 (Palroi. Migne, XXV, col. 980). — n XI, II, 5.
— là Isid. Hispal. Orig. XVII, 9, 11. — '6 Uumichen a cru que i^orvo; dérivait
de l'égyptien khennuk (Oescli. Aegypt. p. 39), mais cette étymologic n'est pas
admise. — " Strab. XI, 11,5; XVII, 1, 24 et 41 ; Plin. fl. na;. V, 11, 4; Xll, 30,2.
— 18 Slrab. XVII, 1,24; Pline elle des schènes égyptiens de 30 stades {U. nat. V,
11,4) et d'autres, de 32 stades (Ib. Xll, 30, 2. — '» H, 6. — 20 Ueron. lab.
(Hultsch. Metrol. script. I, 184). —21 Hultscb l'estime à 0 30J mètres {Métro-
logie, p. 613) ; Doerpfeld, à 0 kilom. {lieilr. :ur antilc. Metrol. Mittli. d. arch.
Instit. zu Athen, VIII, p. 358). — «2 plin. H. nal. Xll, '30, 2. Sur celte ques-
tion, cf. d'Anville, Sur la mesure de la terre pur Erallwslh. (Mém. de l'A Cad.
SCH
1120 —
SCH
VII. Les Grecs de Tompire des S»''leiicides donnèrent
le nom de scliène au parasange perse; en Arménie, il
valait -40 stades d'après Théophane '. Sorlin Dorigny.
SCIIOIXOPIIYLIXDA' (ïl/o.voœuXt'vSa). — Jeu décrit
par Polliix. Les joueurs formaient un cercle. L'un d'eux,
cachant une corde (n/oii.iov'), chercliail à la placer. Celui
près de qui elle était déposée, s'il ne s'en apercevait pas,
devait faire le lour du cercle en recevant des coups; s'il
s'en apercevait, c'est lui qui poursuivait, en le frappant,
le joueur qui avait placé la corde. E. S.
SCIIOLA. — (I a été expliqué au mot LUDt'S que le terme
srfiola, transcription latine du grec (t/ôXy, « repos, délas-
sement », avait été usité à Rome, à partir du milieu de
l'époque républicaine, alors que les ciioses helléniques
devenait'iit à la mode, pour désigner les hautes études
littéraires et, par suite, l'endroit où l'on s'y livrait '..Nous
n'avons pas à revenir ici sur ce sujet.
Le mot prit bientôt plus d'extension et servit à désigner
des endroits où l'on se réunissait, comme dans les schofa
littéraires, pour causer et discuter. Ainsi l'on donnait ce
nom à des constructions isolées, mises sur des places publi-
ques, à la disposition des promeneurs désireux de con-
verser des choses du jour : on en a trouvé de telles sur
le forum triangulaire de Pompéi ^ et sur celui de Simittus
(Chemtou) en Afrique'. D'après Pline, on appliquait la
même dénomination à une grande salle construite dans
l'enceinte des portiques d'Octavie, assez vaste pour avoir
pu servir plus d'une fois aux séances du sénat ' et sur
laquelle on n'a, d'ailleurs, aucun renseignement précis''.
Dans les thermes, au dire de Vitruve*, le mot sclioln
caractérisait des parties du caldnrium et du laconirum,
espaces laissés libres autour des bassins, où les baigneurs
attendaient leur tour avant d'entrer dans les baignoires
ou de s'approcher des cuves d'eau bouillante [cf. b.^l-
NEL'M, p. 656J.
Dans le langage des camps on qualifiait ainsi' une
petite enceinte sise en face l'endroit où étaient déposés
l'aigle et les enseignes, près du lieu de campement du
légat; on venait y cher(;her les ordres de service.
Mais le terme était surtout en usage dans les collèges :
il caractérisait le lieu de réunion de la compagnie,
la salle réservée aux assemblées profanes et religieuses,
aux fêtes, aux sacrifices, au repas de corps*.
On a découvert dans différentes parties de l'Empire
romain un certain nombre deschola nettement identifiées
par des inscriptions, et l'on peut se rendre compte des
formes qu'elles affectaient et des détails qui les distin-
guaient des autres constructions. Leur comparaison
permet défaire une distinction très nette entre les sc/iola,
sièges decollèges, qui, elles, étaient de véritables pièces,
plus ou moins spacieuses, et les autres simples édicules,
lies Insc. i:39), XXVI, p. 9i si(. J/cm. sur la mesure du schène égypt. (Ih.
p. 88i sq.); Kelronnc. Recherch. sur les fragm. d Héron d'Alexandrie, p. 119
cl 200; M. Mailiii. Examen dun mém. de Cit. Lelronne, Heiue archrol. XI,
p. U5 ; Lcpsius, Oas Slndium und die Gradmess. des Eralhosth. auf Grundl.
der Aegypt. Masse {Ziscli/l. fur. aegypt. Sprache (l37T), p. 7 sq.) ; Auris, /raité
demétrol. ass<,r. 1891, p. Vi ; Is. I.évy, L'alour et le schène (/?ec. des Irai:
pliilol. et arch éyyp. et assyr. vol. XV, p. 165 sq); Wilh. Scluvan, Der .SWioinos
bei d. Aegypt. Griech. und Bom. Birlin, 1894. — l SIrab. XI, U, 11 ; Flin. H.
mit. V, iO, 2 ; cf. /6. VI. 30, 7 : guum Persae quoque schoenos et parasangas
alia mensura déterminent.
SCHUINOPHVI.I.VDA. I l'oll. IX, 115.
sr.lIOLA. 1 Fcslus, p. 347 : Scliolae diclae sunl guod, céleris rébus oniissis,
racare liberalibua studiis pueri dehent. — î C. /. L. X, 831 : scol. et horol. ; cf.
1 453. à HerctiUnuin : pondéra et chalcidicum et scholam. — 3 Toulain, fouilles
ù Chemtou (Mrm. présentés à l'Àcad. des inscr. par divers savants, X, p. 466 :
.ipéi.
disposées en plein air ou à l'abri, dans des lieux publics
pour faciliter la conversation : celles ci nous sont surtout
connues par deux spécimens déjà cités plus haut et
découverts l'un à Pompéi, l'autre à Chemtou.
La sc/iola du forum triangulaire de Pompéi est demi-
circulaire. C'est proprement un banc disposé à l'extré-
mité ouest du tem-
ple, faisant face à
la campagne ; on y
jouissait autrefois,
comme on y jouit
encore aujourd'hui,
d'une vue merveil-
leuse sur la vallée
du Sarno et sur la
mer (fig. 6179)'.
M. Toutain a décrit ainsi la sclwla qu'il a découverte
sur le forum de Simittus '". » La face sud-ouest du forum
est occupée par une sorte d'exèdre monumental. La
forme générale est celle d'un demi-cercle dont le dia-
mètre se prolongerait à droite et à gauche au delà de la
circonférence.... ; au sommet du demi-cercle, le mur est
comme interrompu; une niche profonde d'environ .3 mètres
a été ménagée en cet endroit ; elle s'ouvre du côté opposé
au forum; le mur du fond est courbe. Le mur de façade
a une hauteur de 1 m. 50 au-dessus des dalles du forum,
et il ne reste aucune trace d'un escalier en pierre en
avant de ce mur; devant l'exèdre se trouve un trottoir
large de 2 m. 80. La décoration architecturale du monu-
ment peut être reconstituée sans trop de difficulté. Les
substruclions en pierres de taille étaient décorées d'un
revêtement en marbre, comme le prouvent les trous
creusés dans les blocs, dans lesquels s'engageaient des
crampons en fer. Au-dessus de ces substructions existait
un mur formé de briques plates et de petits matériaux
en marbre; il était, lui aussi, demi-circulaire : la face
Fig. 6180. — i^eholn du forum de Simillus.
interne en était ornée d'une colonnade (fig. 6)80) ». La
largeur de cette schola à la partie antérieure est environ
de 20 mètres. Là encore nous retrouvons donc la forme
demi-circulaire adoptée pour la schola de Pompéi. Les
schola de celle sorte auraient aussi bien pu recevoir et
...schola ...[Au\(i\g]. Anto[<iin...\.) Cf. f. /. L. VIII, 978 à Kourba : ... pluteum per-
petutjun], scholas II ll;orologiu\m.. — 4 Plin. Hist. nat. XXXV, 114; XXXVI, 2i,
28. On sail qu'elle était ornée à l'intérieur de peintures et de slalues célèbres, et
l'on s'rsl même ileniandé si ello n'élail pas identique à la bibliothèque d'Octavie,
connue par ailleurs. En ce cas, le sens du mol scola applii|ué a. celle consiruclion se
rapproche de celui que donne Fcslus (cf. noie 1,. — b Cf. Homo. Lex. de topogr.
rom. p. 515 ; Jordan-llûiscn. Top. der .iladt Hom, I (3' partie), p. 541. — 6 Vitruv.
V, 10. Cf. Overbcck, Pompéi (5» éd.) p. 209 cl 213. — 7 Hygin. De mun. caatr. 20 :
scholae cohorlibus primis uùi munera legionum dicunlur in scamno legato-
rum contra aquilam dari debent. — 8 Cf. à ce sujet VValtzing, Corporations
professionnelles, I, p. 211 sq. et les inscriptions rassemblées par lui; ibid IV,
p. 437 cl suiï. —9 Mazois. Pompéi. lV,'p\. m, lig, 1 et 2 ; Ovcrbeck, Pompeji,
(4' éd.) p. 79; Mau, Pompeii, p. 130; Thédenat, Pompéi, 1906, Vie publique,
p. 87. — 10 Mémoires présentés à l'Acad. des Inscr. par divers savants, X,
p. 463 s((.
se H
1121 —
SCH
ont sans doute reçu plus d'une fois le nom d'exèdre ;
l'un a pu être pris pour l'autre'.
C'est aussi la forme demi-circulaire qui paraît avoir
été usitée pour les sc/iola militaires dont il a été question
plus haut. Du moins est-ce celle que nous constatons
dans les deux seuls exemples que nous en connaissions -
et dans une édicule du camp de Lambèse qui pourrait être
rapproché des précédents^.
Il n'en est pas de même des schola, salles de réunion
de collèges. On y remarque une grande variété de plans.
Il faut malheureusement laisser de côté la schola
Xant/ia des scribes attachés aux édiles curules, quia été
découverte au xvi' siècle sur la voie Sacrée, près des
rostres'. On ne possède pas de détails sur la disposition
du monument; un des auteurs qui en ont parlé semble
dire qu'elle se composait de trois pièces disposées sous
un portique'. La seule chose certaine c'est que l'édifice
était construit tout en marbre et décoré somptueusement.
iMais il est d'autres spécimens, en assez grand nombre,
dont l'étude a été faite avec soin. La schola des sodales
Serrenses, collège funéraire, était située à Rome près de
^^^^ ^^^^ la Voie Nomentane '■.
^^^* ^^^^ C'étailunesallecarréede
H I ^ mètres de côté à la-
^M TEMPL'VM ^^ quelle on accédait par
f^m HH une marche; tout autour
H ^^ H régnait un banc peint en
JhB|^HB|^^^ rotige; au milieu était un
^TlT^T^TH autel également revêtu
de couleur rouge; une
plaque de marbre, fixée
contre l'autel, indiquait
le nom du donateur ; à
la partie supérieure re-
posaient deux vases de
bronze, mesures de li-
quides, ofl'erts à ses col-
lègues par un membre
nommé C. Cirrius Zosi-
mus''. Les dendrophoresd'Ostie se réunissaient dans une
salle trapézoïdale attenante au temple deCybèleetd'Attis,
mais à un niveau inférieur. Le
tour en était garni d'un banc, qui
n'était interrompu qu'à l'endroit
de la porte. Au centre existaient
deux autels. Mur, banc et autels
étaient là encore peints en rouge
(lig. 6181). Une inscription re-
cueillie dans la salle indique que
la pièce était la schola du col-
lège. Par contre, la schola d'une
association funéraire de Rome,
siégeant sur la voie Appienneet consacrée à Silvain, était
circulaire (fig. 6182). Fea en a conservé le plan *.
Au centre s'élevait un autel au milieu d'un espace
carré dallé; autour régnait un terre-plein. Le long
du mur, intérieurement et à distances régulières
• Les ciemplcs cilés par M. Wallziiig, Corporations professionnelles, I, p. 2ii,
note I, ne meseniblcDl pas Ic-cs probants. — 2 Von Domaszewski, Xeue Heidelberg
Jtthrbûch.r, l\, p. lij, pi. , et p. i;;;, pi. M. - 3 K. Cagnat, JUém. de lAcad.
des Ihm: XXXVUI, p. 47 et 48. — * Hïïlsen, Ràm. AlUlli^it. 188S, p, 29S sq.
— 5 liaison, Loc. cit., p. 210 s(|. : porticiim rel apothecas très. — « Bull, di
arch. cri>l. H64, p. 37 sq. ; Annali. 1808, p. ZiT. — 'i Anuali, 1808. p. 38;
Atonum. Ueli'Jmtil. tav. I.X, I; ù,.llett. comiin., 187-1, p. 37. — « Vnrielà di
VUl.
Fig. 6181. — Schola des dendropli
Fig. 6182. — .Schola
Appieone.
étaient disposés des sièges dont on a noté des vestiges.
On a retrouvé, à Lambèse, toutes les salles de réunion
des collèges militaires de la légion m" Auguste grou-
péesauprae- ^^
torium (fig. „ „ ,:. i^illi*^i^i°i
61 83) autour
de la cha-
pelle des en-
seignes ".
Toutes sont
rectangulai •
res; quel-
ques-unes seulement se terminent par de petites absides.
Dans l'intérieur, appuyées contre le mur du fond, étaient
disposées des pierres affectant une forme circulaire ou
simplement incurvée où se lisait la dédicace de l'édifice sui-
vie du règlement de l'association. On n'a pas trouvé trace
de bancs le long des murs ; mais le droit d'entrée dans ces
associations portant le nom de scamnarium '", Il est pro-
d'ailleurs été établies après coup sous le portique orien-
tal ; on avait relié les colonnes au mur d'enceinte par des
cloisons, et obtenu ainsi une série de compartiments rec-
tangulaires: devant l'entrée de chacun d'eux, un cartel de
mosaïque contenait le nom d'une des corporations de la
ville. De la comparaison de ces différents plans, il résulte
évidemment que les schola n'avaient point de forme
propre et qu'on suivait, pour les établir, celle du terrain
dont on disposait. On voitaussiquece qui les caractérise,
en général, c'est un banc ou des sièges pourles confrères '^
et un ou plusieurs autels à sacrifices ''; cela marque
très nettement la destination à la fois pratique et reli-
gieuse de ces sortes de salles de réunion.
Les inscriptions signalent les embellissements de toute
sorte que la générosité des membres du collège ou des
bienfaiteurs y apportaient. Les murs étaient revêtus de
peintures ", on y élevait des statues aux dieux '» ou aux
Notizie. p. 175 et pi. n. — 9 Cf. Gsell, Bull. arch. du Comilr, 1901, p. ivi;
R. Cagnat, Mém. de l'Acad. des Jnscr. XXXVIII, p. 233 ; cf. 249 sq. ; V. plus liaiil,
s. 1'. l'HAETORii.M. — 10 C.\ l. L. Vlll, 2557; Klio, 1907, p. 184. — ^-^ Notizie
dei/li .Scat-i, 1881, p. 199 8(|. ; Mél. de Borne, 1891, p. 501. — I2 Cf. C. J. L. VI,
103 : sedes aeneas ; 8117 : scamna. — '3 Cf. ibid. V, 7904; VI, 835, 1038; Vlll,
2601, 2602, etc. — I' Jbid. VI, 5346. — «5 Jbid. III, 543, 3580 ; VI, 103, 471, 543,
3570,8086,10 234; VIII, 1936, 2554,2555; IX, 5177; .\1,2702; XIV, 5, 36, ll8,ete.
141
SCI
— 1122
palrons' prolocleurs de la eorporalion; on y plaçait dos
iiU'iibk's et des ustensiles nécessaires aux festins, des
tables -, des buflols ^ des cratères *, des vases pour
mesurer les rations ^ des balances pour les peser ', des
cadrans solaires ^ des candélabres de bronze ', etc.
Abusivement, le mol sc/to/a a été employé parfois, sur-
tout lorsqu'il est question de collèges militaires ou assi-
milés, comme synonyme de collegium. C'est ainsi que
dans un texte trouvé près de Drobeta', un personnage
porte le titre de dec[urio) scol{ae)fab{ru»i) i{le>ii) imag[i-
nifer), son Mis à'hninag[inifer) scol{a(' fab[riitn), un
troisième de vexil{larius) scol{ae) fab[r>im), alors que
dans des textes analogues'" on trouve les expressions
rcxillarius collegi /'abrum; qu'à Misène nous rencon-
trons parmi les marins de la flotte la mention d'une schola
«/•;««///;•(«/■«/«)"; ailleurs une schola lubiciniim'-, une
sc/iola clfcuriuniim^^, une schola vexiUariorum^'', etc.
H est aisé, dès lors, de comprendre pourquoi, à l'épo-
que post-constantinienne on donna le nom de schola à
certains groupements de militaires ou de fonctionnaires
militarisés, ainsi que cela avait lieu à cette époque '^ Ces
corps étaient ceux qui, n'ayant pas de garnison tixe dans
les différentes provinces de l'Empire, étaient plus spé-
cialement attachés à la personne du souverain. La Notice
des Dignités et, le Code Tliéodosien nous les font con-
naître : ils cilentles scM<a/'/( "'', lea ge7ililes'\ les arma-
lurae'^, les notarii ", les domestici elprotectores-", les
agentes in rebus'^'. Il se pourrait aussi que le terme
schola leur ait été plus particulièrement appliqué parce
qu'ils avaient, comme salle de garde, une pièce spéciale
du palais impérial -^ L'institution remonte à Cons-
tantin'' et dura jusqu'à l'époque l>yzantine. Chaque corps
était composé de cinq cents hommes. R. Cagnat.
SCIMPODIUII (Sx;ij.7rouç, (rxii^iTtoSiov). — Synonyme de
xpotêaTo; et àTx-xvTTiç, signifiant un lit étroit et de pauvre
apparence', ou une civière-, ou un simple banc ^ Mais
il y avait aussi des meubles de ce nom à l'usage des
gens riches, servant de chaise-longue et de lit de repos
pour une seule personne; et c'est ainsi qu'ils furent
connusà Rome, comme une invention grecque'. E. Saglio.
SCII'IO [sceptrl'm].
SCIRPEA ou SIBPEA dim. SCIRPICULA. — Manne,
corbeille de jonc (scirpus), dont il est fait mention fré-
quemment pour les travaux de la campagne '. Il en est
parlé aussi comme d'un panier de pèche -. Le panier d'o-
sier placé comme caisse sur le train de chariots légers
[PLAISTRIM, flg. 3702, 3703] estaussinommés/r/j?ff '. E.S.
SCOBIXA. — Lime pour travailler le bois [scobina
1 Ibid. XI, 270S. — s Ibid. V, 815; VI, 10237,10253. —3 fbid.V, 3312, 10 237.
— l lUd. VI, 327, CI2. — 6 Jbid. V, 022i; VI, 839 ; X, 386i ; XI, 3018. — 6 Jbid.
VI, 832, 10 23". — 7 Jbid. 11,4316; VI, 10237. -8 Uid. VI, 9254. —9 Jbid. lU,
8018. —10 /6irf. 7900,8837. — Il Ibid.X, 3344. —HC. I. L. III, 10997.— 18 /4,rf.
7C26. — I' Ibid. V, 5272. — li Sur ces scliolae, cf. Godcfroid, Cad. Theod. Ap-
pendix. p. 2UC, col. 1. Mommscn, Hermès, XXIV, p. 2S1 sq. — 1^ Aot. Bign.
Oc. XI, 4 : tcolaprima ; 5 : scola secunda; 7 : scoltt scutariorum saijittariorum ; S :
scola scutarioium clibanariorum ; Or. IX, 4 -.scola prima; 5 : scola secunda ; 9 :
scola lertia. — " Jiid. Oc. XI, 6 : scola gentilium seniorum; 10 : scola genli-
lium junionim ; Or. IX, 7 : tcola gentilium teniorum. — u Ibid. Or. XI. 9 : scola
armaturarumjuniorum ; Oc. IX, 6 : scola armalurarum seniorum. — 19 Ibid. Oc.
XVlll, 5, 0. - 2l>Cod. Iheod. VI, 24, 1, 3, 10; C. /. L. III, 371; Anin.ian.
XIV, 7, 9. - 21 Not. Dùjn. Oc. XI, 1 1 ; Oc. IX, 9. - 2î Cf. Godefioid cl Momnisen,
foc. cit. — ■■'5 Suivant .Momnisen, lue. cil. \i. 224, riolc I. — BiuLioGnAi-HiF.. K. Lange,
ilaus und Halle, p. 290 sq. ; de Rossi, JJull. di arcli. crist., 1884, p. 57 sq. ; Vis-
coiili, Annali, 188S, p. 387 s(|. ; Traugoll Scliicss. Oie rôm. collegia funeraticia,
p. 73 sq. ; l.iclicnain, Zur Geschichte und Organisalitiu des rôm. Vereinswesens,
p. 273 «i. ; Wallzing, Elude historique sur les corporations professionnelles chez
les liomains, I, p. 211 sq.
SCIMPODIIJ.M. 1 Arjstopli. Nub. 7091 et Scliol ; cf. 633; Pollux, X, 35,30-
Fig. I
— Balai do feuilli
SCO
fabrilis), opposée à la lime [lima] ' des ouvriers en
métaux. On l'appelait aussi lima llgnaria ^
SCOPAE. KàXXuvTçov, xôpr,6pov, (riptoôpcv , tripoç '.
— Balai, épous-
sette. On en fai-
sait avec de me-
nuesbranchesde
bois ou des feuil-
lages liés ensem-
ble 2 (fig. 6185),
tels que l'orme',
le myrte ou le
houx ' ; le pal-
mier nain, qui
abonde en Afri-
que, en Sicile et
dans l'Italie mé-
ridionale, parait avoir été employé de préférence
Il y avait dans les maisons ro-
maines des esclaves chargés du
nettoyage, appelés scoparii^. Mais
ces fonctions n'étaient pas tou-
jours serviles, il suffit de rappe-
ler les néoccores, dont le nom si-
gnifie balayeur du temple (fig. (5186)
[neocorus] '.
On se servait aussi de crins flot-
tants implantés dans un manche
{cauda, peniculiis, miscarium)*; la
figure 6187, reproduit une cauda à
manche de bronze, conservée au
musée de Naples ; ou bien les crins p, _ ^i^g
étaient retenus, comme dans la
figure 6188, par une tige en spirale, qui leur lais-
Fig. 6187 et 6IS8
Épousscttes.
sait du jeu tout en les tenant assemblés. E. Saglio.
SCORDISCUS. Housse de cheval en cuir. — Ce mot
n'apparaît pas avant le m'' siècle de notre ère ' ; il est
donc très hasardeux de chercher sur des monuments
Hcsych. Suid. Etyincl. M. s. r. d^xàvirq; Prynicli, Ed. p. 30 et Lobeck ad Phryn.
Noeris. p. 354; l'ierson, Thoni. M. p. 799; Eusteli ad Od. XXIII, 184, p. 1944, 18.
— 2Gahen.X, p. 245. —3 Liban. I, p. 96, 2; Suid. Phot. s. ii. — 4 Gcll. XIX. 11;
Dio Cass. LVll, 15 : cf. AUien. XII, p. 5390 F.
SCIRPEA. I Calo, B. riist. 10 et 11 ; Varro, Ling. lai. V. 13; cf. Schneider,
ad h. l. Lucil. ap. Non. p. 490, 20, Propert. IV, 2, 40. — 2 Plaul. IV, 2, 36.
— 3 Oïid. Fast. VI, 674(680).
SCOBINA. 1 Varro, Ling. lat. VII, 68; Plin. B. nat. XI, 180 (68) ; Scobina fabri
Isid. Orig. XIX, 13. — 2 Scribon, Comp. 141.
SCOPAE. iPolluï, VI, 94; X, 28 et 29; Lucian. Philops. 33; Ensl. ad Od.
p. 1887, 33. — i Jahrb. d. arch. Inst. X (1890 , p. 186; M. Hauser y %oit un
éventail servant à aviver le feu; cf. [flabeulum] ; cf. Mari. XIV, C. — 3 Cal. R.
rust. 132. — 4 Plin. Hisl. nat. XXIIl.SS. — 5 Marlial. XIV, 82; Hor. Sat. Il, 4,
81 et 83 et Schol; Lnitic. XXIII, 20. —6 Atrienses scoparii, dans une villa, Ulp.
Dig. XXXIII, 7, 8; cf. Peiron. Sat. 34: « siippelkct icarius inler purgamenla
scopis coepit evererre ». Poil, VI, 94. — "t Voy. la base sculptée du Musée de Dresde,
Beckcr, Augustenm, pl. vi ; Arcb. Zeitung, 1838. pi. rxi. D'autres voient une torche
dans l'objet que le prêtre tient à la main. iMar'. XIV, 71 : Plant. Men. I.
— 8 Caylus, lîec. d. anliq. V, pl. iciv, 4.
SCORDISCUS. I Curii. inscr. lat. 4508.
SCO
— 1123 —
SCR
plus anciens l'image de l'objet qu'il désigne ' ; on a même
de la peine à en définir le sens avec précision. Saumaise
y voyait un dérivé de scortum, cuir-. Plus récemment, on
l'a rapproché du nom des Scordisci, peuplade de la Fan-
nonie, qui formait de bons cavaliers ^. Il n'est pas douteux
que sroriliacus s'entendait de la matière même avec
laquelle on fabriquait les housses de cheval; il se ren-
contre pour la première fois sous la forme neutre, scor-
discum, dans un article de tarif douanier où il est ques-
tion de peaux et de cuirs (an 202 ap. .I.-C.) et les droits à
payer pour cette marchandise sont établis d'après le
poids ; le document fait une distinction entre le scordi-
sctim souple [malacum] et le scordiscum rude, c'est-à-
dire brut, non apprêté, par suite plus épais et plus dur *.
Quand une tumeur se produit sur le dos d'un cheval
blessé par le contact du cavalier, Végèce veut qu'on la
couvre d'un emplâtre et qu'on mette un scordiscum par
dessus, pour maintenir et proléger l'emplâtre". Il est
évident qu'il ne s'agit pas là d'une selle. D'autre part,
les glossateurs traduisent scordiscus et son dérivé scor-
discale par è^ iirutov ° ; l'Édit de Dioclélien range le scor-
dixcus de la troupe [s. mi/ilaris) parmi les articles de
sellerie confectionnés (/o/'ffwipn/a)^. Ce qu'il faut con-
clure de ces divers témoignages, c'est que le sco?-dis-
cus était une variété de l'EPUippifM, une housse dont on
couvrait le dos du cheval monté, beaucoup moins pour
assurer l'assiette du cavalier que pour garantir l'animal.
Uephippium pouvait être en étofle; le scordiscus, au
contraire, devait être en cuir, mais sans avoir, à propre-
ment parler, la forme d'une selle ; il est donc possible
que certains monuments de l'époque impériale nous en
offrent l'image. On conçoit comment celte housse decuir,
plus facilement encore que Vepliippium, a pu, par des
modifications successives, devenir une selle dans les
derniers temps de l'antiquité [^sella eoi'estris epuippiimI.
La fabrication en était confiée à des ouvriers spéciaux
appelés scordiscarii'. Georges Lafaye.
SCOKPIO [tûrme.nta].
SCRIB.\. — Ce mot, qui implique l'idée de rédaction,
de travail intelligent', ne signifie pas le simple copiste
[librarilsJ-, mais plutôt le secrétaire ; il peut avoir pour
synonymes les mots a coinmentar ii s, abepistulis elcorres-
pond à un des sens du mot grec YpaajxaTeû; ^grammateis].
Des scribae étaient employés comme secrétaires par
des particuliers, souvent leurs esclaves ou leurs affran-
chis ^ Mais nous connaissons surtout les secrétaires
des magistrats et fonctionnaires, soit romains, soit
municipaux.
Parmi les appariteurs des magistrats romains, la cor-
< Comme Ta fail Rich, Bict. des ant. s. v. — 2 Saliiias. ad CapUolin. Ver. G.
— S l'Iin. Bùl. nal. III, 1*8 ; FrODtin. Slraleg. III. 10, 7 ; Blûmmer ad EJicl. Oio-
cM. X, 2. — i C. i. 1. 1. c. — â Vcgcl, Vel. III, un. — 6 Corp. gloss. Il, 180, io ;
3il, 7 ; III, 194, iS ; 327, 4. — 'i Eilict. Dioclel. L.c. - * Ilicronyro. Ep. 51, 3.
SCniBA. 1 D'après Keslus.p. 333, Jlullcr, le nom de colletjium scribarum désigne
le collège des poêles el des librarii (Val. Mai. 3, 7,11). Cf. .id. Theod. U, 1,1. Voy.
0. Jahll UericHe. il. Sûchs. Gesellsch. d. Wiss. ISSC, p. 294. — 2 Cic. Pro Sy». 15, 42,
46, 1.0 seriptor est l'ouvrier (|iii écrit des arnciics électorales (C. ins. lai. 4, 1904,
iV!<7; Hcnzen, 6y75-7(i). L'appellation sc/-t6a /i6r«rf us est moins relevée ([uc scn'ôa.
— 3 Cornc'.iuç, scribe de Sylla, H. TuUius de Cicéron (Sali. Bisl. 1, 41, 17; Cic.
.trf .Ut. S, 4, I ; Ad fam. 5, 20); un cornes et scritia de Tibère, à Rhodes (Horat.
Ep. I, 8, î): un scribe d'Oclavie. sœur d'Auguste (Henzcn, 2950i. — »Cic. De
deor. nal. 3, 30 ; Vatic. fr. 124; (C. in. tat. 6, 1820. 1S22, 1825, 2IC3 ; 10, C676;
3, 12 690: 6, 4, 2,32 265, 32 268, 32 269, 32171-73; 12, 524; 14,2839, 3548, 4250,
3699; 9, 1193, 2675, 2454; Suet. Vesp. 3; Dom.9. — 5 /iirf. H, 172; 6, 1805;
Plut. Cal. min. 16. Fra;;ment probable des fastes des sexprimi à C. i. t. 6, 4,
i. 32270a. — «Doii leur nom de scr. q. ah aerario {C. i. l. C, 1816, 1819,
32 273) ; t'eslus, p. 33J; Cic. ilerfow. iS 74; /;i Yen: 3, TJ, itl3. —' Cic. fro Clu.
poralion la plus considérée est celle des secrétaires des
questeurs, {scribae ou scribae librarii f/uaestorii, trium
decuriurum), répartis en trois décuries, dirigés par les
sex primi et qui ont été au nombre total peut-être de 27
avant Sylla, plus tard de 36'. La charge de sex primus
est annuelle, mais renouvelable; un des se.r/)r!«u' s'ap-
pelle princeps'. Ces secrétaires sont employés surtout
à l'administration de Vaerarium et à la comptabilité
publique"; ils sont sous l'autorité immédiate des deux
questeurs urbains, mais relèvent aussi, dans une certaine
mesure, des censeurs et dos autres grands magistrats
qui peuvent peut-être contrôler leur choix'; ils dirigent
sans doute les archives qui sont à Vaerarium, ils y trans-
crivent les sénatus-consultes', communiquent les pièces
dont on demande des copies'; deux d'entre eux sont
adjoints à chaque gouverneur de province, outre ses
scribes particuliers, pris parmi ses affranchis", pour la
tenue de sa comptabilité et de ses archives". Les édiles
curulesont aussi, pour les assister à Vaey'aritim et comme
greffiers pour leur juridiction, une décurie de scribae
librarii avec dix directeurs'-. Ces deux groupes de
scribes, instruits dans le droit et permanents, ont dû jouir
d'une grande influence auprès des édiles et des questeurs,
passagers, souvent ignorants, et être les vrais administra-
teurs de Vaerarium'^. On y trouve desaffrancliis" mais
surtout des ingénus; beaucoup ont été de l'ordre équestre
ou ont eu la prétention d'en faire partie, ou ont obtenu
l'anneau d'or'^; plusieurs ont eu des charges munici-
pales "^;Cn. Flavius a même été édile à Rome; deux autres
scribes préteur et dictateur '". La corporation figure dans
différentes cérémonies; dans la suite du gouverneur, les
scribes viennent après les officiers de rang équestre'*.
Au Bas-Empire, Vaerarium étant devenu simplement
Varca, la caisse municipale de Rome, il est probable que
les décuries de scribes questoriens sont devenues les
decuriae f'rbis Romae, à la fois bureau municipal et
chancellerie du sénat. Ces décuries comprennent trois
divisions : les scribae librarii, les fiscales, les censuales,
et ont comme chef un judex qu'il faut probablement
identifier avec le magister census'^. D'après une loi de
Valentinien-", chaque grande ville doit fournir deux
decuriales. Cette corporation tient à Rome les regis-
tres de l'état civil, enregistre les donations, reçoit et
garde les testaments, en un mot tient la place de bureau
municipal^'. Les censuales ont les fonctions les plus
importantes ; ils rédigent, enregistrent et conservent les
sénatus-consultes, tiennent les archives du sénat, sont
chargés de la répartition des prétures, reçoivent l'argent
pourlesjeux donnés par les sénateurs, dressent le tableau
45, 126; Liv. 4, 8. — S J'explique ainsi la présence de deux scribes comme signa-
tores au s. e. de nundinis saltus Beguensis (C. i. i. 8, 1 1 451). — 9 Cic. Be leg.
3, 21', 46 ; Plut. Cat. min. 16. — 10 Cic. Ad Alt. 5, 4, 1. — Il C. i. l. 10, 7952;
Liv. 38, 55, 5;Cic. Verr. 3, 78 ; /n Pis. 23, 61 ; Plin. Ep. 4, 12; Hist.nat. 26, 1,
3. _ 12 Liv. 30, 39, 7; Cic. Pro Clu. 45, 126; C. i. l. 6, 1839, 1840, 1853; 8,
8936; 6, 4, 2, 32267, 32 276-80; 14,954, 2108, 2839, 2940, 3625, 2263. Un
d'entre eux s'appelle princeps et ({uesteur du collège. Inscription de leur local, la
schola Xanlha, 6, 103 ; Itûm. Mitth. 1888. p. 208-222. — 13 Plut. Cat. min. 16;
Suel. Claud. 38 ; C. i. l. 6, 1819, IS53 ; Nepos, Eunwn. 1 . — U C. i. /. 6, 1815,
1847. — 1'^ Plin. Hist. nat. 26, 1, 3 ; Suet. Vi(. «or. p. 44 ; Cic. Ad fam. 10, 32;
Verr. 3, 79, 80, 84, 183; C. i. t. 3, 12 690. — 16 t'. i. /. 6, 32 275 (curateur);
Bull. dell. inst. 1849, p. 90, praefectus fabnim; Moral. Sat. I. 5. 35. —H Gell.
6, 9 ; Liv. 9, 46 ; Val. Slai. 2, 5, 2 ; 4, 5, 3 ; Cic. De ofi . 2, S ; Fasli Cap. (M. Clau-
diusGlicia dictateur!. — '8 Cic. De dom. 2S, 73; Pro Hab. ad jud. 6, 13; V.rr.
2, 10,27; Sali. Hisl. 3,4. — I» C. Th. 14, 1 ; 8, 9, 1 ; Cassiodor. Var. 5, i;Aûtit.
dign. Occ. 4;Sidon, Êp. 8, 6; >ï^ Gord. 12. 3 (par anachronisme). V. Godcfioy,
ndC. Th. 14, I. Le'scn6nsc)ia(us(l)enossi, Bu». rWsM 870, p. 18) est saus doute un
ilrairialis. — -^O C. Th. 14, 1, 3. — 21 C. T/i. 8, 12, S; 4,4, I ; 8, 2,1 ;Cassiod.i. c.
SCR
— 1124 —
SCR
des forlunes scnalorialcs, sous la direclinn du magiater
ceiisiis et en outre surveillent les étudiants' "senati's].
Il existait d'autres corporations de scribes, moins im-
porlanles auprès des tribuns, des édiles de la plèbe, des
édiles Cerinles'-; onconnaitégaleincntdes scribes auprès
des préteurs, des présidents de (/iiaestionp.'s pour lire les
pièces, rédiger les notes d'audience'; auprès des cen-
seurs qui ont dû se servir aussi de leurs serviteurs per-
sonnels et des scribes des questeurs' ; des pontifes, sous
le nom postérieur de ponlipces minores^; des curatore.t
frumenti, des rin'afoi'es ai}iiarum ^ ; des décemvirs
créés par la loi de UuUus'; du préteur de Constan-
linople et du préfet de l'annona au Bas-Empire *. Nous
ignorons la destination de la décurie des scribae arma-
mentarii connus à Rome au u" siècle ap. J.-C°. Le
préfet de Rome a dû avoir ses scribes'". Pour la partie
matérielle des écritures, il a dû y avoir dans beaucoup de
services des esclaves publics".
Sous l'Empire, toutes les administrations ont eu des
scribes dans leurs offices; mais le mot scriba est le plus
souvent alors remplacé par son équivalent librainus ou
par des termes nouveaux et analogues, chartuhn-ius, a
coinmenlariis, exceptai', rtotarius, sc?'hiiarius, [tabula-
rius, [oFFiCRiM, NOTARiis, scRiNiARius]. Citons les decu-
riones scribae dans le service du cens''', des librarii
dans les services des mines, du cens, des héritages
laissés aux empereurs, auprès de procurateurs, gouver-
neurs de petites provinces, dans les scrinia impériaux ".
Les empereurs ont eu, outre les secrétaires officiels, ab
epislulis, des secrétaires particuliers'* qui s'appellent
quelquefois « manu"' ou amamensis.
Il y a eu également dans les villes, au service des
magistrats, pour la rédaction des actes officiels et du
sénat, des scribes greffiers, dont la fonction, quoique
payée, est souvent un munus personnel et qui com-
prennent souvent deux groupes, les ncribae cerarii et
\çi srr. librarii [kcix]. Danslaloi de Genetiva, sontmen-
tionnés deux scribes et un librarius pour les duovirs, un
scribe pour les édiles'"; les scribes sont assermentés ; à
Oslie la décurie desacribae cerarii ci librarii^'. Le nom
générique des scribes est scriba publicus, rei publicae,
coloniae, mnnicipii^', quelquefois «e;-»/-//'^ ; ingénus
ou affranchis, ils ont souvent, en même temps, d'autres
dignités-". Au Bas-Empire, les villes ont encore des col-
lèges de scribes (ou logographi, diurnarii), et de tabu-
larii qui, comme comptables, peuvent être soumis à la
question et doivent rester au moins cinq ans dans leur
charge avant d'aspirer à d'autres fondions^' [tabularii].
1 C. Theod. 6, 4, 13-SO; 0, 2. H, IM5 ; Symmacli. Ep. 10, +:). — 2 Liv. 38,
51. 12; Ascoil,. /n Corn. p. 58: C. I. (. 6, 1808, 1810, 18*7, 1850, iSii, 1835,
1905 ol add. p. 844. — 3 Cic. Pro Ctu. 53, 147; Verr. 3, 10, 26; Dionys. 5, S, 9.
— ' l.iv. 4, 8, 4 ; Val. Max. 4, ), 10 ; Varr. De l. lat. 0, 87. — 3 Liv. 2i, 51 ;
Vit. Slatr. 7, 2. — 6 Froiitin. De aq. 100. — 1 Cic. De leg. agr. 2, 13, 32.
— s Xov. 94 lin. ; C. Just. 5, 75, 6: C. th. 14, 17, 6.-9 C. i. (. 6, 999; 5,
IS33; 10. 4832. — 10 peul-fire indiquas à Vit. Prob. î. 1; regestis scribariim
portions Purphr/relirae; lluebner. De senaliis aclis, p. 13 identifie ce portique
avec Irs Purpuretica in foro Traiani de C. i. l. 15, 7191. - 11 Mommstii regarde
comme lois les/iuA/ifi n censibus populi fiomani (C. i. /. 6, 2331-35). _ '2 c. i. t.
6, 8512 ; cf 3. (i077, les deciriones du tabiilmium dEphèse. — 13 Ibid. 6, 8435,
3878 ; 3, 13li; 13, I8Î3; Cagnat, /nacr. gr. ad rem Jlom. pert. I, 023; Vit. Alex.
31, I. — IlSucl. Vit. //or. p. 45: Aiiij. loi ; C. i. /. 0, 1025 — 13 Suet. Aiig.
67. - 16 C. i. t. 2, 5»!i, c. 02, 81. -^ n Ibid. H, 409. - I» Suel. Claud. 1 i
Ci. (. II. 1421,3614; 10, 140, 1480, 1494, 3737, 390lj, 4G2.1, 490.'i, 6326. 6670; 3^
2019, 3974, 1512. 7914, 7917, 12580; 5, &314, 7033, 7130; 9, 1103, 2675, iUiî,
5190; 14, 2108, 3711; Cassiod. \ar. 12, 21. - 10 C. i. l. 12. 2212. A Potnpfî
(10, 1074 c) un scrihc de magiater pagi. — io Ibid. 5, 5311 (ornenienls du décu-
rionall, 5866 (ponlife et curateur de l'oerurium) ; 10, 1489 (dcJcurion). — 21 C. Th.
8, 2, 1-3,8. Il, 8, 3; Diy.ôO, 4, 18 § 10. — 22 C. i. l. 14, 3*7, 418. 419; 2112,
Fig. 6189. — Scri
d'une corporalii
Les collèges el corporations ont également des scribes''^
qui rédigent les procès-verbaux, les inscriptions, font
graver l'album, les fastes, gardent les archives ; ils sont
généralement élus à vie -' : quelquefois c'est le président,
le magister, qui est scribe-'.
Dans l'armée impériale et sur la flotte se trouvent dans
les grades inférieurs plusieurs catégories de scribes : les
actarii on acluarii; les no(arii, les librarii en général,
qui inscrivent probablement les fournitures d'argent, de
denrées et les librarii spéciaux pour les greniers, les
dépôts des soldats, les caduca; les commentarienses, qui
rédigent le bulletin quotidien^\ Ch. Lecrivain.
SCRIXIARIUS, SCRIXIUM. — A l'origine, le mot scri-
nium signifie proprement une
boite [cAPSAj, ou une armoire ,-,■.■,> -
[armariumJ qui contient les objets "f'Y'^/fS'P
précieux et surtout les papiers,
les documents'. C'est ainsi que
sur le scRiNUM et sur les rouleaux
déposés au pied de la statue du
patron ou secrétaire d'une' corpo-
ration ifig. 6189, 6190) on peut lire
l'inscription constitutiones corpo-
ris munimenla, qui désigne les
statuts ou privilèges.
Par une extension naturelle, il a
désigné rapidement un local d'ar-
chives [archivum, tabularium),
les archives elles-mêmes de l'Empereur, un bureau, un
office, une administration
impériale^.
Les quatre bureaux de
la chancellerie impé-
riale, désignés sous le
Haut-Empire, ab epislulis,
a libellis, a cognitioni-
bus, a memoria, au Bas-
Empire epistolarum, me-
moriae, libellorum et pro-
bablement dispositionum,
constituent des scrinia
dont les ctiefs s'appellent,
au iV siècle, les inagistri
scriniorum [pRl^•CEPS, prin-
cipatus, p. 657, col. 1].
Au début, les scrinia-
1 ,, . Fig. 6100
ni ne sont probablement
que les employés attachés aux archives impériales '.
il, 19; 2299; 8, 9052; 12. 2252; 0, 868, lOfin. Voir Wallzing, Les Corporations
professionnelles chez les Homains, I.ouvain, 1895, I, p. 415. — 23 C. i. l. 1*.
2112, — 21 /bid. 14, 418, 419, 2200. — 25 Vegcl. 2, 7; Oig. 50, 6, 7 , C. i. l. S.
9379; et les textes dans Cauer, De numeribtis militnribtis {Ephem. epigr. 4, p.
424-429). — B[i)LioGR»PHiiî. Sigonius, De jure ciriiim Domanorumi; Krause, de
scribis pubticis Boman. Magdebourg, 1852; Momnis n. Droit public, Irad. fr. I,
p. 392-402. 410-421 ; Lielienam, ■'ilndlerertratlKng im rnm. Kttiserreiche,
Leipzig, 1900, p. 278.
SCBIMAltlVS, SCUIMUM. I Plin. Hist. nat. 16, 84, 1 ; 7, 26, 1 ; Sali. Cat.
47; Sencc. Z^e irn 2, 23; Juv. il. 276; Hor. Sal. 1, I, 120. Trouvaille des restes
d'un scrinium dune légion à Crémone iXoliz. de. scari 1 887, p. 209). Reproduc-
lion de cet objet sur la tomlie li'un scrinarius (C. i. l. 6. 9885; el sur deux bas-
l'cliers de Rome où il parait contenir les statuts et privilèges d'une corporation de
Rome : constititti'ines, corporis munnmenta (Mommsen, .VisceUeii Zeits. d. Sa-
eigny-Stift., Itôm. Abt. 12, 18, 01, p- 140-149). — 2Suet. .Ver. 47; Plin. Ad Trai.
10, 65; Dig. 32, 52, 3 ; Vil. Aur. 9, I; C. Th. I, 16, 3 ; C.Jnst. 1,31.5 §2: 6, 23,
19 ; 7, 37, 2 § 1. Los locaux d'arcbives impcîriales se sont appelés aussi plus lard
saiicluarium (Gromat. vet. 154, 14 : C. i. /. 10, 78521, sacraria {Dig. 50, 4, 78, 12;
C. Th. 12, 12, 8, 16 ; 16, 5, 16; 16, 5, 49; Alison. Grat. acl. I, 3). — 3 C. i. lat.
10, 527 {scriniarins ab episluli': do l'épo^pio de Claude) ; 0, 8617, 8404 { l" siècle).
SCR
1125 —
SCR
An Bas-Empire, les affaires des principaux fonction-
naires sont réparties en un certain nombre de scrinia ([u'i
ont généralement à leur tête le priiniscrinius ou le /iri-
micerius de tout l'ofllce ou un priniisrriîiius pour cha-
cun d'eux. Outre les quatre bureaux de la chancellerie, les
saci'a scrinia par excellence, on trouve des scrinia
auprès : des maîtres de la milice à la cour de Constanti-
nople, d'Orient, de Thrace et d'Illyrie, du maître de la
cavalerie à la cour de Rome, des comités t/iesaurorum,
des ducs, du cas/rensis d'Orient et d'Occident, des pro-
consuls d'Asie et d'Afrique' ; auprès du cornes sacrarum
largilionum en Orient et en Occident, au nombre de
neuf : cauonum, tabulariorum, numerariorum, aureue
massae, auri ad 7'esponsum, vestiarii sacri, argenti, a
miliarensibus, a pecuniis-; auprès du cornes rei pri-
valae en Orient et en Occident au nombre de quatre:
bene/iciorum, canonum, securitatum, largilionum pri-
valorum'. Auprès des préfectures du prétoire il y a pro-
bablement autant de scrinia que de diocèses et en outre
des bureaux accessoires; ainsi la préfecture d'Illyrie a
deux bureaux pour la Macédoine et la Dacie, un scriniiim
operarum et un scrinium auri''; Justinien établit dans
la préfecture d'Afrique six bureaux, dont un pour les
opéra et pour Varca"; et il est question de scriniarii
pour toutes les préfectures^. Celle d'Orient a quatre
bureaux pour les diocèses d'Asie, de Pont, de Thrace et
d'Orient et, en outre, le scrinium urbis pour Constanli-
nople, le scrinium operutn et le scrinium ai-morum''.
On connaît d'autres bureaux auprès du préfet et du vicaire
de Rome, et il y en a vraisemblablement dans la plupart
des autres services*. Chaque scrinium parait avoir à sa
tète soit un primicerius'^ ou primiscrinius, soit un
numerarius"; et il comprend différents employés parmi
lesquels sont les scriniarii. Ceux-ci constituent dans la
plupart des services une schola spéciale qui fournit, selon
les besoins, aux chefs des bureaux soit de simples
employés, soit des aides {adjutores) ou des chàrlularii ' ' .
Les scriniarii sont à la fois scribes et comptables '- ; au-
près des préfets du prétoire en toutes matières, mais sur-
toulen matière d'impôts '•'. Pour prévenir leurs fraudes et
leurs concussions, une loi de 41 5 ne les laisse que trois ans
dans cette fonction" [officiales, officilm]. Ch. Lécrivain.
SCRIPTURA. Tpact/,. Écriture, art d'écrire. — L'écriture
en Grèce remonte vraisemblablement à une très haute
antiquité et l'on peut conjecturer, avec une probabilité
bien voisine de la certitude qui;, dès que les Grecs eurent
adopté un alphabet, ils se servirent de l'écriture non
seulement pour les actes ofliciels et les inscriptions des-
tinées ù les conserver, mais aussi pour les relations
journalières, et cela bien antérieurement au vr siècle
avant notre ère. On écrivit sur toutes sortes de matières,
feuilles d'arbres, écorce, bois nu ou enduit de cire
[taiil'lae cf.ratae] ; sur les métaux, notamment sur le
< iVo/l<, or. 8-9, 17, 80; (Jcc. 6, 13, 18; C. Th. 8, 7, 14-16; 8, 2, 15, 16.
— »6'. Th. 6, 30, 5, 7 ; 10, iO, 13, 18; H, 28, 13; Notit. or. 13; Occ. H. A C. Th.
6, 30, 7, il y a le nombre de dix par l'adjonrlion de la schola exceplorum et de 11
à C. Jimt. [if 83, 7 par la sépaiation des mittendarii. Chaque scrinium a son
primiceriiis. —3 !Vo(. or. U; Occ. 12. A C. Th. 6, 30, S figure en oulre le scr.
exceplorum. — l C. Just. 18, 50, 12. — '" lIAd. I, 27, 1 | 8. — 6///iJ. 18, 50, 2, 8,
10, 12; 12, 53, 3; C. Th. Il, 5, 3. I.ydus, iJc maij. 3, 35-36, Lydus (3,8; 8, 1U|
cite encore le scr. tlti subadjuva pour la préfecture d'Orient. — T Lydus 3, 5.
- * C. th. 14, 4, 10; 6, 28, 1 ; l.yd. 3, 13, 4C. — 9 V. note 5 ; Cassiodor. Var.
11, 20, 21. — 10 Dans les préfectures du prétoire (C. Jnst. I, 80, 1 § 8 ; 12, 50, 10,
18) et prolalikinent auprès des maîtres de la milica. — <• C. Th 8, 1, 8, 15, IG ; S,
7, 14; 11, 5, 3; C. Just. 12, 3t;, 6; 12, 50, 10-12; l.yd, 3, 35-36; Cassiod. Var. Il,
plomb, sur des fragments de poteries, puis sur le papy-
rus qui fut, pen(i;int plusieurs siècles, la matière à écrire
la plus répandue dans le monde grec et dans le monde
romain, enfin sur le parchemin qui, vers le W siècle de
notre ère, commença à se substituer au papyrus [liber].
Dans l'état actuel de nos connaissances, pour ne parler
que d'après les documents existants, en dehors des
inscriptions, pour le paléographe l'histoire de l'écriture
grecque ne commence qu'à la fin du iv" siècle avant
J.-C, où nous trouvons, en 310, un contrat de mariage',
en double expédition sur papyrus, fort bien écrit. On
peut suivre l'évolution de l'écriture sur cette matière,
depuis celte date jusqu'au viii° siècle de notre ère, et on la
voit prendre différents caractères, non seulement selon
les époques, mais encore selon les ouvrages ou les docu-
ments qu'elle sert à transmettre; car l'écriture en usage
pour la transmission des œuvres littéraires n'est pas la
même que celle qui est employée pour la correspondance
et les besoins journaliers^
11 y a donc, dès le principe, deux grandes divisions qui
subsistent jusqu'aux environs du ix' siècle : les écritures
des œuvres littéraires et des actes importants et celles
des documents journaliers et familiers. Mais dans le
cours du temps, l'idéal et les règles se modifient sous
l'inlluence de causes qu'il n'est pas toujours possible de
déterminer et, à ce point de vue, on reconnaît dans
l'histoire de l'écriture grecque trois périodes: la pre-
mière s'étend'de la fin du iv" siècle aux environs de l'ère
chrétienne, c'est la période plolémaïque; la seconde,
appelée période romaine, comprend les trois premiers
siècles de notre ère ; la troisième est la période byzan-
tine qui va jusqu'au i.x' siècle. Chacune de ces périodes
a son type ou ses types d'écritures préférés.
Écriture ondule. — On appelle ainsi une écriture dont
les lettres, d'après l'étymologie [uncia), devaient avoir
un pouce de hauteur. En réalité, ce lerme désigne un
ensemble de caractères dont la forme et l'aspect, sur les
plus anciens documents, rappellent beaucoup ceux des
inscriptions'. Les lettres sont tracées indépendamment
les unes des autres et maintenues séparées. Leur tracé
est extrêmement morcelé et laborieux; à l'exception
de I toutes sont faites en deux, trois et même quatre
traits'. On comprend facilement qu'un pareil système
poAYI^OT^N^TtAAlNAN
Fig. 0191.
d'écriture ne pouvait convenir à ce qui demandait une
expédition rapide. Aussi fut-il réservé à la transcription
22, 2*. — 12 Lyd. 3, 2, 3-3 ; Suid. s. v. <t»fin4f 105 ; et les gloses citées par Gode-
froyà C.th. 8,1, 15. —«C. Th. 11.28, 13; 11,5, 3. — H /6,rf. 8, 1, 13. — B..
BT.ioGiiAPBiE. Godefroy, Comm. ad C. Th. 8, 1, 15 ; Memels.lorf, De archiiùs Impe-
ratorum Romanorum, Halle, 1890.
SCRIPTUHA. 1 0. Kubensohn. Elephnnline Pnpi/ri, pi. m, dans .Eqyplische
Urkunden ans der Krjl. Mus. in «er(i/i( 1907). — 2 lidw. M. Thompson, ffand-
book o/'greek and latin Paiaeography, p. 117. l'r. G. Kenyon, The PaliKoi/raphij
of greek papyri, p. 9. - 3 Monlfaucon. l'nlaeographia graeca, p. 185 ; Wattcn-
hach, Auteitung ztir griechischen Palacngrapliie, p. 5 si|, ; (iardllcausen, Grie-
chisc'te Palaeogrnphie, p. 138; Thompson, Op. cit. p. 119; Kenyon, Op. cit.
p, 10. — 4 Alf. Jacoh, Le tracé de la plus ancienne écriture onciate, dans
Annuaire de l'École prat. des Hautes Études, 1906.
SCR
— 1126 —
SCR
des ouvrages de Tespril et des dociimeiils auxquels on
allacliail de l'iinportance. Les plus anciennes écritures
oncialcs connues ont ceci de commun qu'elles repro-
duisent d'assez près les types épigraphiques, comme on
peut l'observer sur lepapyrusde Timolhée (fig. 6191) ' et,
sauf en quelques passagesdu contrat de 3 10 (fig. 6192), on
Fig. 6192.
n'y remarque, en général, ni pleins ni déliés, tous les
traits sont sensiblement d'égale force. Mais de bonne
heure, la loi du moindre efl'ort fit modifier el simplifier
le tracé de certaines lettres, le M se traça en trois traits
au lieu de quatre et l'fi prit une forme de transition
(ww) faite d'un trait.
Dans le cours du m' siècle, les lettres perdent de leur
liauteur et gagnent un peu de largeur; l'A prend la forme
^ , l'E est réduit fi trois éléments et reste d'abord angu-
leux (ifc), puis il s'arrondit^. Un document peut nous
donner une idée appro.ximalive de ce que fut, à la fin du
m" siècle et au commencement du ir, l'écriture des
papyrus litté-
^>!».C>:^NoyjC(f'^-AA-t)-îN"AXvln raires.Ceslun
' lec tique ou
-ro/c«^.U^ ^^n-^-^*^^ sont conser-
Fig. 6193. vées des cita-
lions de poètes
(fig. 6193) ^ Aucune lettre, ici, n'attire le regard par
un développement excessif ou par une petitesse exagérée.
C'est ce qui se remarque aussi sur les papyrus d'iiercu-
lanum' qui, sans remonter aussi haut que celui-ci, ont
conservé assez fidèlement le type de l'écriture plolé-
maïque et peuvent être regardés comme datant du siècle
qui précède l'ère chrétienne ^
A l'époque romaine, les calligrapiies ciiangent d'idéal.
Ils tracent avec un calaine très lin des traits grêles, sans
1 Wilamowilz-Môllendorf, der TimotheoaPapyrusavecfac.iim. il903'-Traiiscr. :
(u^o)?;wii liiva II TotiSi oSu;o|iEvoi «iiT(iSa«;uov) iiolu^oiuv «aityiv et Rg. 6192:
u>t;avS9Q-j T«-j tt).t;alvSpou) {zi4sa1^i)TratSt*(tt<ui |ir,vo; Siou. On pcut rapproclici'
de ce papyrus et de celui de -10 : 1" le papyrus de Vienne, connu sous le nom
de papyrus W Artèmisia, fac.-sim. dans Palneoyraphical Society, 2* sér.
pi. ir.i ; 2" le papyrus du Phédon de f'Iaton, publié avec fac-sim, par MahalTy,
On the Fiinders Pétrie Papyri, dans Royal Irisch Academy, Cunninyham
JUemoirs, t. Vlll-X. Voy. sur son écriture Kenyon, Op. cit. p. Ci, A. Jacob,
Op. cit. passini ; 3** un fac-sim. d'un fragiii. de r^»i/?ope d'Euripide clicz
Maliaiïy. pi. I et u. Le type d'écriture de ces di-ux derniers est un peu moins
ancien et offre des formes de transilion. — "i Cf. Maliaffy. Op. cit. p!. xxiv, lu,
pap. de l'an 268 av. J.-C. et pi. xix, pap. de 225 ; Kenyon, Greek papyri in the
Ifritish Muséum II, pi. l, h. — 3 Transcr. : 8«<niEv oux f = «;*»iv a/.'t.r. il i 7_o"/w(rEiv
«Jii.liov r, Il tof uSi ii«"»« initaYl";. iVodcM ct Extraits drs mss île la biblioth. impêr.
t. XVIIl, pi. XI et fac.-sini. pliotog. de trois col. dans Palaeoyr. Soc. II. pi. clxxx.
Cf. Thompson ,0p. cit. p. 121 ; Kenyon, Pal. of Gr. pap. p. 66. — * Herculanean
papyri pliotoi/raphed at the cxpcnse of the philologie. Society, Oxford IS89 ; cf.
/'al. Soc. I, pl. CM et cul ; Thompson, Op. cit. p. 124 ct 328 ; Kenyon, Op. cit.
p. 70. — Fi Ce souci de faire des lettres autant ipie possible égales se retrouve à
un moindre degré sur un papyrus du Louvre, (|ui nous a conservé iin discours
d'Ilypéride, cf. E. Revillout, /.e plai'ioyer d Hypériile contre Athénoyin-, avec
fac-sim. Au contraire sur d'aulrvs monuments, comme le papyrus de bacchylide,
altribué au i" siècle, avant J.-C. (Au sujet de la claie de ce papyrus cf. Grenfell
ct ilunt, The Oxyrhynchus papyri i, 53, Kenyon. Op. cil. p. 70) et l'ilomére
il'llarris (maintenant au /Irit. I/IK. I ap. CVll. il conti' nt une partie du ch. xviii
de l/liadet, on peut remarijuer enlre les lettres une grande inégalité, (|ui frappe
surtout dans l'écriture du Bacchylide. M. Thompson plaçait d'abord l'Honiére au
1" 9. av. J.-C. ; il pense niaiuteiiant, avec M. Kenyon, iju'il est plutôt du i" s. de
notre ère. Il semble que ce soit l'écrilure d'un copislc de la niéine école i|ue celui
pleins ni déliés, el arrondissent les lettres le plus pos-
sible. Un document daté approximativement de l'an 10
fig. i;i9i.
avant J.C., nullement littt'raire, mais dû à la plume
d'un calligraphe ', nous montre ce qu'était l'onciale dans
les premières années de notre ère (fig. 6194).
Vers la fin du i" siècle, un nouveau ciiangemenl se
manifeste. C'est encore sur un papyrus non littéraire que
nous le surprenons en 88;un baiP d'une apparence fort
soignée, bien que le calligraphe, qui s'essaie à cette nou-
velle écriture, ail laissé éciiapper quelques formes cursi-
ves d'G et d'Y, nous offre une assez grosse onciale très
Fig. 6105.
régulière d'environ 3 millimètres de hauteur (fig. 6195),
qui fait songer à l'écriture en usage sur les parchemins
aux v" el vi= siècles, écriture à laquelle ressemble encore
davantage celle d'un fragment du second chant de V Iliade
trouvé à Ilawara el qui peut, avec une grande pro-
babilité, être regardée comme du ii"^ siècle'. Je rap-
procherai encore volontiers de ces documents V/liade
dite de Bankes'. Il y a des diflérences de détail entre
ces écritures, mais toutes trois ont un caractère commun,
c'est le contraste entre les traits verticaux, qui sont
assez forts, et les traits horizontaux, qui sont très fins;
le même contraste se remarque dans les lettres rondes
comme e o c .
Nous ignorons si l'usage de celle grosse onciale prit
une grande extension au iii° siècle; en tout cas, nous
n'avons de ce temps que des monuments en écriture plus
petite, comme celle du papyrus de Julius Africanus, où
l'opposition des pleins el des déliés est très sensible'".
Nous nous bornerons à signaler, en passant, un genre
d'écriture plus basse, mêlé d'onciale el de cursive, qui
de Bacchylide qiii aurait subi rinlluence des cursives officielles des premiers lemps
de l'ère chrétienne. Voy. The Poems of BacchyMes, fac. sim. of pap. DCCXXXlll
in the Brit. Mus. Kenyon, palaeogr. p. 75 et 84. Thompson, Op. cit. p, 124 ct
328 ; Calai, of anc. mss in the Br. il/, p. 1 ; Pal. Soc. Il, pl. lxiv. Une écriture
onciale aussi régulière tiue la matière le permet se voit sur un ostrakon où l'on a
transcrit un opuscule poélitjue, cf. Théod, Ucinach, Papyrus gr. et dèmoligues,
pl. 1. — 6 Transcriplion : Tu/u|iiv un.; y»? »»' "ti? «ii»oTijoi (i9apin)<ra-. sc.Sovtu
.ojSuTi». .»:i(ructTr,aiv(i.) Kenyon, Palaeogr. p.SOsq.; Greek Papyriin the Brit. Mus.
t. II, pap. CCCLIV; fac-sim, dans l'allas. De celle écriture ilest inléresant de rappro-
cher la plus ancienne copie de VOdyssée {Brit. Mus. Pap. CCLXXIJ et le papyrus
d'Hypéride qui contient les plaidoyers pour Ljcopliron el Euxénippe, Cf. Kenyon,
p. 83 ct 65, pl. XV et xvi; Pal. Soc. Il, pl. ci.xxxii; Thompson, p. 123; Thompson
ct Warner, Catalog. of Aiicient mss in the Brit. Mus. pl. ii et ni. Pal. Soc. I.
pl. cxxvi ; Blass, Handbuch der Klassisehen Alterlhums- Wissensch. 2" éd. p. 31^,
Cependant il ne serait pas étonnant que quel(|ues maîtres d'écriture fussent restés
ndèles aux formes anguleuses. — 7 Transcr. iîTo'fctt*aiSi eue?YE(xt5,) xat »] to-jtou 7uv»it.
Brit. Mus. Pap. CXLI. Pat. Soc. Il, pl. cxi.vi; Atlas des Greek Papyri in the
B. M. t. II. Kenyon, Palaeogr. p. 89, Thompson, p. 126. — 8 Ce papyrus trouvé
par M. Flinders l'elrie contient le t' ch. de V/liade ; il est aujourd'hui à la
Bodléienne, il Oxforil.Cf. Flindeis l'elrie, //awara, Biahmu and Arsinoe; Kenyon,
Palaeogr. p. loi. Le papyrus IH'.CXLII du Bnt, Slus. trouvé à Oiyrliynchos (cf.
The Oxyrhynchus Pap. t. I, n' 26, pl. v (contient un fragment du même chant
dans le même caractère; cf. Thompson, p, 329. Pal. Soc III, pl. lili. — "Brit.
Mus. Pap.CXl^ ; il contient le dernier chant; fac-sim. dans Watteubach, .'^cripturae
yraecae specimina, pl. iv ; Catalog. of uncient viss. pl. vi ; Pal. Soe. I, 153. Une
écriture avec des tendances semblables est celle du commentaire au Th^étète de
Platon, publié par Dicis el Schubart, Berliner Klassikertexte, fasc. II. cf. Pat.
Soc. m, pl. cm. — m Grenfell et Hunl, The Oxyrh. Pap. III, p. 3('.; Pal. Soc.
!ll,pl. C.V.
SCR
11:
SCU
se voit sur des papyrus el des parclieiiiiiis el (|iii servit
pour transcrire des scliolies el faire des éditions d'un prix
modeste', ou encore de petits livres qu'on donnait en
présent aux convives [Ar-opuoRETAj. La figure GI9G est
tirée d'un coniaienlaire de Didyine à Démosthène, écrit
sur papyrus '.
L'écriture calligraphique était d'abord bien verticale;
on évitait même avec tant de soin de l'incliner à droite
que certains scribes, comme celui de \' Iliade de Harris'
allaient jusqu'à la renverser légèrement à gauche. L'ne
plus grande rapidité dans l'exécution de leur travail
amena les copistes à produire une onciale penchée dont
on voit des exemples notamment sur un papyrus d'Ho-
mère, à Londres ', et sur un autre, à Genève, d'après
lequel ont été
zJ£^nr^ 2iJiJ }J à.rr B J u^/ /^t'-; publiés les
> 1 \> fij s. Lv^ fragments du
Fj„ 0(97. Ménandre. Ce
dernier est
opistographe, et son écriture a fortement subi l'influence
de la cursive' (fig. G197).
Aux environs du iV siècle, c est le parchemin qui
devient la matière préférée pour copier les écrits sacrés
et les ouvrages littéraires. On sait que Constantin fit exé-
cuter sur parchemin des copies des Évangiles à l'usage
des églises de Constantinople et que, vers la fin du
iv= siècle, on remplaçait par des copies sur celle matière
les livres endommagés de la bibliothèque de Pamphile,
évèque de Césarée ''. Lonciale usitée sur quelques-uns
des plus anciens manuscrits de parchemin descend de
roTciNXYTONZN ::':Lrers8
lOl AnH>GOHTlN«*- fig.6l9o)comrae
TCUNCYNHMINC on peut s en as
niTOHW HH10Nt$l surer en compa-
rant avec celle-ci
Fig. Cl'Ji. ,. . .. j,
1 écriture a un
manuscrit de la Bible, le Codex Sinniticus (fig. 6198),
qui parait être du commencement du v' siècle''.
La matière étant plus résistante, on filles traits beau-
coup plus gros pour marquer davantage le contraste des
' KfUïOn, Pnlaeogr. p. 113. — s Transcr. : S^oxi-.iis.oj; «V.oiov.r.iimv'St II toji
nsv lnSaiou; ■!■>t^i Se ■»a.t5a.iio(vioi,;). Diels et Schubarl, Didymos, Kommenlar
su Demuslh, dans Berliner Klassikert. fasc. I. On peut lui comparer un par-
cheniiD tris mutilé qui contient un fiognicul Je Dcmostliëac, De faha kga-
tione{Bril. Mus. addit. ms 31 473); cf. Pal. Soc. III, pi. u ; Kenyon, L. l. Les
deui mss sont attribués au a* siècle. On possède aussi des fragments de parchemin
très fin couverts dune petite écriture onciale très soignée que l'on peut regarder
comme les restes de r|uel(|ue édition de luxe ; cf. Berliner Klassikertexte, fasc.
V, pi. IV et Kenyon, Classic. Textes from papyri, pi. vu. — 3 Pal. Soc. Il,
6t;cf. p. IIÎ6, n. 3. — i Bril. .\Im. pap. CXXVI. Thompson, p. 129: Kenyon,
Pat. p. 105, Greek classical Textes in tlie Brit. Mus. pi. vi. — 5 Transcr. :
e>»{u> axiivLi»! Il -ouT'aut' czu; Su Siasu;(tLv). J. Nicole, Le laboureur de Ménan-
dre, Genève, 1897 ; cf. lai. Soc. III, pi. usxiv, txjLv. L'écriture d'un autre
pipyrus de Ménandre, découvert en 1905 par M. Gust. Lefèvrc, se rap-
proche de celle-ci. Voy. Lefèvre, Fragments d'un manuscrit de Mt^nandre, Le
Caire, 1907 ; Pal. Soc. III, pi. cxxvii. Ces deux derniers mss sont regardés comme
du \' s. — OEuseh. Vita Constant. IV, 3ii ; S. Jérôme, Lettr. 141. Watlcnl.ach,
Dos Schriftuesen im Mitlelalter, 2" éd. p. 95. Ciardlhauscn. Griechische Puliieo-
graphie, p. 42. — 7 Transcr. ; (XE)rouTtv u^z-,-, ;r,v || ïai as^i^eoM TivEffjj-twv
ffu» ir,iAtv ( II Ti T-v ti^r.itiov xcxL. Tischendorf, Bit/ior. corf. Sinaiticus, cf. Pat. Soc. I,
pi. cv; Thompson, p. 150 sq. L'écriture du Codex .Mexandriuvs est très semblable
pleins el des déliés. Ces écritures, d'abord simples
comme celle du Sinniticu.s, furent ensuite agrémentées
de points aux extrémités des traits horizontaux et d'un
petit renflement aux courbes extrêmes des lettres 6 el
C*. Ensuite on porta ces grandes el fortes écritures sur
le papyrus, matière moins coûteuse, où nous les trou-
vons aux vi'= el vir siècles, mais avec un contraste, en
général, beaucoup moindre entre les pleins et les déliés.
La figure 6199, tirée d'une lettre festale d'un patriarche
d.Vlexandrie', nous en montre un exemple. Un autre du
même genre se voit sur un papyrus opistographe des
œuvres de saint Cyrille, dont une partie est à Dublin'"
el l'autre à Paris, au Louvre ".
11 y eul des écritures encore plus fortes que celles-ci,
mais sans contraste de pleins el de déliés, dont on con-
naît des exemples sur parchemin el sur papyrus. L'un
des plus remarquables fut le manuscrit, sur parchemin,
aujourd'hui bien mutilé des Épitres de sainl Paul'-
(fig. 6200) auquel ressemble beaucoup le papyrus de la
Bible de.s septante, à Heidelberg, pour lequel on hésite
entre le vi'^ et le vu' siècle".
Par une modification semblable à celle qu'avait subie
récriture sur papyrus au iir siècle, l'onciale des parche-
mins, à son tour, se rétrécit et s'inclina à droite, les
lettres rondes devinrent ovales el même pointues ; telle
est l'onciale penchée du fragment mathématique de
Bobbio " (vii^ s.). Cette onciale penchée, une fois
adoptée comme écriture calligraphique, fut ornée de
points aux extrémités de ses traits iiorizontaux, comme
on peut le voir dans un manuscrit de V Ancien Testa-
ment, à Venise '% et surtout dans le psautier d'Us-
pensky'", évèque de Kiev.
Cursive. — Parallèlement à cette onciale dont nous
venons de passer rapidement en revue les principaux
à celle-ci, mais un peu moins simple (cf. fac-sim. of tlie Cort. Aleiand. Londres,
1879-81 fol. et Pal. soc. I. pi. cvi). On peut rapprocher du premier le Codex Sarra-
vianus (Omont, fac-similés des plus une. mss. gr. en onc. pi. ii; el du second le
palimpseste, connu sous le vocable de Codex Ephraemi Syri rescriptus, édi'é par
Tischendorf en 1845, 4° (Oraont, ibid. pi. m). - 8 Ce qui n'était qu'une tendance
assez modérée dans le Cod. Alexandrinus fit des progrès et le Dioscoride de
Vienne, écrit au vi' s., offre une écriture où la plupart des traits déliés sont munis
de points assez forts i leurs extrémités. Cf. Thompson, p. 153; Pal. Soc. I,
pi. cLxiïu; ou peut lui comparer un palimpseste d'Hom. re, au Brit. Mus Pal. Soc.
U, pi. lu. — 9 Transcr.: -h.î ?a,i>.i^<ri. S.a II .ai, ,:.«; i.«'«.r,irt«. Pal. Soc. m,
pi. XLXxvTu; Crenfell et Hunt, Greek papyri. Il, p. 103. A cis écritures ressemble
encore celle du cod. Marchalianus des Septante publié par Ceriani, 1891, cf.
Kenyon, Palaeogr, p. 118. — 10 U a été publié avec fac-sim. par J.-H. Bernard
duns Transactions of tlie Roy. Irish AcTdemy, t. XXI.X. — " Papyr. R. 1.
— 12 Tianscr. ; Wf.ixi; iSt'/i=(.;v). Omont, Xotice sur un tris ancien ms ijr. en
onciales des Epitres de S. Paul, dans Notices et exlr. des mss t. XXXlll, 1" p. et
fac-similés des plus ane. mss pi. iv. — '3 Ad. Oeissmann, Die Septuaginta
Papyri, Heidelberg, 1903. — i' Il est conservé dans un palimpseste qui est
aujourd'hui i la bibliolb. anibrosienne à Milan, Watlenbath, Scriplnr. gr. Spec.
pi. ïiu. Thompson, p. 133. — 'S Wattenbach, Script, gr. Spec. pi. ix. Thomp-
son, p. 156. — !« Wattenbach, ibid.pi. i. Thompson, p. 156. Il est daté de 862.
SCR
1128 —
SCR
types, se développa une écriture plus appropriée ;iux
besoins de la vie courante, qui, par des iiiodilicalions
successives, aboutit au ix' siècle à la minuscule des par-
chemins '.
Au m' siècle avant .l.-C. pour la correspondance et les
actes tels que testaments, contrais, etc., nous voyons des
écritures plus ou moins soignées qui toutes ollrent des
formes onciales assez altérées, au tracé toujours mor-
celé, mais ferme et sans gaucherie, souvent unies entre
elles parce que le dernier élément d'une lettre est
fait d'un Irait avec le premier de la lettre suivante, et
aussi parce que des traits adventifs ont été introduits
pour opérer celle liaison. La plupart des lettres prennent
une plus grande largeur. Sous la plume de certains
scribes, les angles ont tendance à s'arrondir, chez d'au-
tres ils se resserrent ou ils disparaissent, témoin l'A, qui
prend les formes A A X ; le M qui devient f-\ ; des traits
sont supprimés (T devient l) ou simplement diminués
(Il devient h el avec trait de liaison 1t); d'autres se
déplacent (:\ devient <-S) ou repassent l'un sur l'autre de
façon à se confondre et ii n'en former qu'un seul, comme
on vient de le voir pour l'A, qui oll're aussi les formes
l^ r a; certaines portions des lettres se développent,
tandis que d'autres perdent de leur importance, c'est
ainsi que l'fl épigraphique devient successivement
»/A/ Uy w t/- cy . Ces déformations que nous offrent
des écritures officielles du m' siècle, par exemple en 237
f
^►r- 0/7|
cYTc^*4>fYN^:^'^-
Flg. 6201.
(fig. 6201)^, s'étaient certainement produites longtemps
auparavant, étant donné l'état dans lequel nous voyons
la cursive sur certains documents ^ Cependant, parmi
Fig. 620».
les écritures de ce temps il y en a qui ne manquent ni de
régularité, ni d'une certaine élégance < (fig. (i202).
Au II' siècle avant J.-C, si quelques-unes des plus mau-
vaises formes de la cursive se voient même dans des
écritures qui paraissent soignées, si l'A ressemble trop
souvent au A, on remarque cependant une amélioration
pour certaines lettres, le M est mieux fait, la forme ,- — '
(iN) se fait plus rare et vers la fin du siècle l'io (w, ou-)
avec ou sans trait de liaison est presque seul employé
1 Sur l'origine de celle niiiiuscitle cf. Wilcken, Tafeln :>ir alleren Griech.
palaengraphie, inlroduclion ; Kciiyon, Palueorjr. p. 51. Tliompson, p. 117.
— 2 UahalTy. Flindcrs Pétrie pap. pi. xtv. Transrr. : («)», «fi„,pov SioSotiç aupa
(xo„Oî) ||(.V),p,u/o;»; .i..y « Pj,i„s |i,{i.,),fou;) || *a,.,t ux.p o=j„v Sa.a(v). — 3 Par
exemple ilaiis un billel dalêdc 2ï4av. J.C. liacé sur une tahleticdebois Irouvée on
Kgvplc, /'«(. Soc. Il, Ui. — l Pal. Soc. 11, 143. Transcription : itou; (repré-
sent- pari,)., ,u?, S «xr».., t.. Il ,.iv..,ov ,.u .,.«>..,„ ,= oj II PM.X.. «.f.
toTiut«; T»u !,eiii.(.v.o;) («)t.j«.a,; ataviovo;. — 5 (irenrell el liuut, The Am-
hersl papyri II, pi. ix (an 157) ; cf. pi. i (au I3i). Transcri|>tioii : fanùiuf ,îtoai-
li..o; «i;,V/,u„»i||tu, u«ori.f7,i»|»i,uv aay,j«p(».) |Ueo,o5..aî .fioi,, ,aTa?>.iitT (•>,«().
comme on peut le constater dès 157 (fig. 6203) \ A la lin
de ce siècle et au suivant il n'y a pas de changement con-
Fig. 6203.
sidérable ; l'écriture reste verticale ou peu s'en faut, le
tracé est généralement très morcelé el les traits souvent
Fig. 620i.
bien appuyés" (fig.620i). Mais au r'siècle de notre ère,
il en va tout autrement, on écrit rapidement et on appuie
A M rf -[/^ûM En/ O-^ - •< ^
^oïToo^YC-fî^^
-cuixr-
peu, les traits deviennent grêles et, dès l'an 13 (lig. 0203)"
à côté de formes arrondies, on en trace d'anguleuses qui
débordent dans les marges, cependant ce sont les pre-
mières qui dominent; on voit presque partout l'C lunaire,
le y (=T)! rfc(=Y;etversle milieu du siècle, la partie
supérieure du sigma (c") s'arrondit et s'infléchit vers le
bas de la lettre (c c). Dans la deuxième moitié du siècle,
Fig. 6206.
vers 72-78, on trouve des cursives très élégantes, dont la
liaison desletlres rend la leclureassezdifficile (flg. 6206)';
le sigma
est devenu j^i r-" t^vV>/ "^'*>''^''^^^^^'^'*'^
9 et une c^i^J^-^Tr^^T^H^*^ tXnoYcrtè-yyl'^rKp
nouvelle ^lt^<y.y^^.,,.ouKÙU^'c<^mr<^iCrxYr^U'
T[^) fail /V^^ ^ ^ ° ^"^^^^<V'^<^xA»^ y «>*^
son appa- .^^^7<V'*^V>*'^n/'^r-^>>^«'
ri L'on- Fig. 6207.
C'est vers
la fin de ce siècle ou au commencement du suivant que
— 6 Amherst pap. 1, pi. xii (an 88). Thompson, p. 130 et 137 ; Kenyon,
Palaeog. p. 40 sq. Transcripl. I ajitSoTO 7:iTir,<Ti5 7.«(ir,ToO II .uSufiy o^r. u.
oopui. Conirae spécimen d'une écriture très morcelée, cf. un papyrus du Louvre
de Pan 120, lia, /-al. Soc. Il fl. cixxxi. — 1 Pal. Soc. 11, pi. CLixini :
«vTiyfaoov chictcoXtiî || ou tiï9tr,iTa|iiiv ffuvxf t[jia(TOî) || (ff«T«)3ouTo5 Tou ep!tw;> dont
on peut rapprocher un papyrus de l'an 45. Ibid. pi. cxlv. — 8 Pat. Soc. Il,
pi. cxt.iv, 2: Tou «utoxpaTopo; x«i-apoç outffrcaffiavou || (r,)çaic'^ïiSou (ieçlSo; tou aoffi-
voitTo-j vo^ou II ...toçw; cTtttv V fax.); (iri>w- Siitut. On peut comparer à cette cursive
celle d'un projet de bail de 7S, Amitersl l'a/yri, 11, pi. xui el Kenyon, Pa-
laeog. pi. V, p. 43.
SGR
— 1129
SCR
l'on a transcrit en cursive, au verso d'anciens comptes,
un document littéraire d'une haute importance : la
Conslilulion t/'Al/irnes d'Arislote(fig. 0^07). Ceci est un
exemple assez remarquable d'une copie littéraire exécutée
pour l'usage privé ' .
Nous trouvons, d'ailleurs, à la fin du i" siècle et au
II" une grande variété de cursives : les unes, oix les
formes onciales sont en grand nombre, grossières et
informes, comme sur les ostraka^, d'autres assez lisi-
bles, mais sans élégance, d'autres enfin qui sont fines
et légères. Ces dernières sont penchées et ofTrent quel-
quefois des a à panse allongée (*?«-) issus de ceux que l'on
a vus plus haut (fig. 6205) et des lettres un peu déve-
loppées au commencement des lignes \
Au m" siècle, en 238 et 246, à côté de types d'écritures
penchées qui sont issues directement des précédentes *,
nous trouvons en 261 un acte' dont les types rappellent
ceux des années 15 et 45 (fig. 6208). Ce genre d'écriture
continuait donc d'être enseigné. Du reste, un document
de 221, qu'on peut, malgré ses défauts, qualifier de calli-
Fig. 6209.
graphique (fig. 6209), montre une prc'dili'clion marquée
pour certaines formes de l'onciale''.
Pour trouver un nouvel idéal, il faut arriver au milieu
du iv" siècle oi!i un groupe de papyrus qui contient toute
la correspondance d'un fonctionnaire de ce temps, nous
offre des écritures très hautes, les unes verticales les
autres penchées, oii les lettres, généralement étroites et
constituées par des déliés, sont, chaque fois que leur
forme s'y prête, prolongées au-dessus et au-dessous des
lignes en traits verticaux ou obliques d'une longueur
exagérée''.
C'est l<à le début de l'écriture officielle byzantine quial-
leinlson point deperfectionauxv'et vi'siècles (fig.6210j'.
Sa durée se prolonge avec des altérations et des défor-
mations jusqu'au vin" siècle. Après avoir été verticale,
elle s'incline à droite, puis les traits projetés dans les
I Le fac-similc complcl a él6 publié par 1p8 Trust c
(1891). Cr. Pal. Soc. Il, pi. cxxii. Kenyon , Pulueu//
p. 140. Cette copie est «le plusieurs niaius ; r|uelf|ues
écrilea en ODciale un peu grossière. Transcr. : a^cffrov xV
»»t«iicf ||(»i:fs6i«T»; lypaiiv xoi tmi TtiiTSiouî m(lLm;
oavtt( Ttai TouTiuv II napa,i^r,aiav o-j0a-> tïjv x'^Ei^rdevciu;
vayxt; itvai Tou; itç-jTttvEtq. — 2 Wilcken, Grieck.
II, le n" !Û27 est de l'époque ptolémaïquc.
été publié par Pal. Soc. II, pi. i et n
s du Bi'itish Muséum
r. p. 91 ; Tliompson,
es colonnes niénie ^onl
.a.Tu«v||i.rp«)-:«v .,« ||
OstTaka nus JEgyplen,
lie série d'Ostralia de 39
— 3 Amherst l'ap. 11,
pi. XVI (an 139}. — 4 Voy. \\ essely y Papyri Erzfierzolj Itaincr, Fûltrer darch
die Auilellung n. 203, pi. xi (an 238) ; Aniherst P^pyri, pi. xviu (an Ï4CI.
— 5 JUittbeilunfjen aus tier Sammlung der Papyri Jirzhevzog /iainerpl. i\ (an
261) ; transi-ript. : ix: /oivov ttii xoia «no tou l-titrzU-zti) tou EToy; çofou Tiu 'l'f.ivi-
...vo,. -6/.,,/. .Soc. ll.pl. Cl.xxx^.; (T»„),f,|,....,i.„„ov.,x.,.;|lT(= ,(.,..»)„,,,..
VIII.
Il, pi.
interlignes prennent une longueur tout à fait démesurée
qui atteint jusqu'à six, sept et même huit fois la hauteur
de rO normal'. Cependant, la chancellerie impériale con-
serva l'écriture droite que l'on peut voir dans la lettre
sur papyrus adressée à un roi de France, qui est con-
servée aux Archives Nationales'". Les formes des lettres y
sont à peu de chose près celles qu'a empruntées la minus-
cule des parchemins pour la transcription aussi bien des
œuvres sacrées que des œuvres profanes. Mais assez
longtemps encore après l'apparition du style byzantin,
jusqu'à la fin du vr' siècle et peut-être plus tard, dans
lusage privé, persistèrent des cursives où dominaient les
formes onciales AGKANC ; ces lettres, à première vue, les
feraient attribuer à une époque antérieure, si la présence
de quelques formes plus modernes ne trahissait leur
âge récent".
Ecriture latine. — L'histoire de l'écriture latine ne
commence pour nous qu'au siècle qui précède l'ère chré-
tienne. Là aussi nous trouvons consacrées aux œuvres
littéraires et plus tard aux livres sacrés des écritures
d'un tracé compliqué, qui ne pouvaient pratiquement
servir aux usages journaliers ; pourceux-ci on employait
une cursive. Si du premier genre d'écriture, nous avons
un assez grand nombre d'ex(>mples, nous n'en possédons,
au contraire, qu'un nombre restreint de la cursive
latine antique.
Capitale. — Les types de l'écriture la plus ancienne
se rapprochentbeaucoup de ceux des inscriptions. Toutes
les lettres y sont d'égale hauteur, sauf F et L qui
dépassent un peu le niveau supérieur des autres; les
traits horizontaux de ces lettres et ceux d'R, sont munis
quelquefois d'appendices terminaux, comme les majus-
cules romaines de nos impressions; les hastes sont
PlNGVLSOLyM
ToRitsiNVtru
fortes et épaisses et l'on peut remarquer une assez grande
opposition entre les pleins et les déliés'-. Les feuillets
0 II
Kenyu
à (= T.xaf,,,) ,.i,i .a, .r.,,,(T
Palaeogr. p. 47; Thompson p. 14:2. Voyez Pal. Soc. II. pi. ci.xxxvii, ci.xxxviu et
cr.xxxix (V. 350), cr. Ludw. Milleis : Griecfiiscfi. Urkundtn dtv Papyrus Sammlung
zu Leipzig, pi. i (an 39u). — 8 W. v. Ilartcl, £in griechischer Papyrus
ans d. Jahr, 487 n. Chr. dans Wiener Studien, t. V. Transcr. : 7i^v«; s.; avaTc/r.f^.-
fftvll (3)Xa6r.çti î;r,*-a; toutou.— 9 Cf. Pnl. Soc. 111, pi. Lxxvi (an 710]. — lOMontfau-
con, Palaeogr. yr. p. 200; Waltcnbacli, Script, gr. Specim. pi. xiv-xv; Omoiif,
Fac. siin. des plus anc. mss en onc. pi. x\v\-\\y\i ci /ievue Archéolog. I89:i;
Tliompson, p. J i-3. Ce document est dalé par ([UL-lfiucs-uns «le 756; M. Onionl
incline à lui donner la date de 839, — H Voyez Amherst pap. Il, pi. xi\
(an 502). — 12 Thompson, Op. cit. p. 18i; lîeuscns. Éléments de paléographie,
p. 0. On trouve une liste^des manuscrils eu écriture capitale dans W. (iray de
liircli, The Histonj of the Utrvchl psaUer; cf. M. Prou, Manuel de paléographie
{[' ùd.) p. 18.
SCR
de deux manuscrits de Virgile, les uns au Valican [Dio-
nysianus)' [(ig.G±ll); les autres iYSaint-Gall- {Schedae
FEMPORADINV
aVASECOTETE
s. Galli) (fig. &±i±) sont ce que nous possédons de plus
ancien dans ce genre d'écriture.
A coté de celte capitale on en trouve une autre, quia
reçu le nom de capitale rustique, dont les lettres sont un
peu plus étroites et les traits verticaux, hasles et jam-
bages, parfois plus grêles. Celle-ci se voit sur des inscrip-
tions du 1" et du m' siècle de notre ère ^ sur un papy-
rus d'Herculanum, qui contient des fragments d'un
poème sur la bataille dActium', et sur un papyrus mili-
taire de 1j6 après J.-C, trouvé en Egypte". C'est en cette
variété de la capitale qui, lorsqu'elle est soignée, est élé-
gante et de bel aspect que sont écrits plusieurs manu-
scrits célèbres de Virgile, le Vatkanus\\c Romanus\ le
XSIlllM-DlU î NSXlUî 11^ p liJ.nOI^A
Fig. i;dl3.
Palatinus » leMediceus^ (Qg. 6213) qui est probablement
antérieur à 4it4, puis le Bembiniis^" de Térence. L'usage
de cette écriture se prolongea jusqu'au iK' siècle". Mais
dès le VI' ou avait cessé de l'employer seule pour tran-
scrire les textes littéraires ou religieux.
Écriture onriale. — Parallèlement à la capitale se
développa une autre écriture, l'onciale, qui n'en est
qu'une modification'- : des angles se sont arrondis, des
traits verticaux se sont courbés; les lettres A, D,E, H, M, V,
sont devenues a^ h €. V) Ofï U et F, P, Q, R,
désormais f T 1 F" ^e prolongent au-dessous du
niveau inférieur des autres lettres. Des inscriptions
du IV' siècle en oflfrenl des exemples". C'est en onciale
qu'avait été copié, en ce siècle, le de Republica de
Cicéron retrouvé par k. Mai sous un texte de saint Au-
gustin ". Du même temps, date peut-être un évangile de
' Kibbeck, Proh-gomena ad Xergilium, p. HI el 205. Zaugeineistet- et WaUcn-
bach, Exempla cod cum taliiior. ltt(eris majusculis scriptorum, pi, xiv. E. Châte-
lain, Paléographie deselassiijues latins, p\. uti. Prou, 0;j. ci7. p. 16. Trausct-iption :
pingue solum || fortes incertiaiit). — 2 C. G. Jliiller, Anecdota Bernensia pars. III.
pi. i-iii : Exempla codic. lat. pi. xiv a; E. ClialelaÎD, Op. cit. pi. lxii, cf. De Bas-
lard, f'eintures et ornements des maïjHScri/s. Transcription: tempora dinu{merans)
quas ego te teirras). — 3 Une écriture iutfrui^iiiaire eulre la capiUilc et la capitale
rustique se voit sur desdiplomcs militaires gravés sur bronze; ils sont de 103 et de :i4G
ap. J.-C, ce dernier est eu capitale ruslii|ue. cf. Pal. Soc. III, pi. cxxn. — t Exem-
pla codic. (a/, pi. i-u; W. Scott, l-'ra'/menta Uercntanensia ; Tliuuipson, p. 186.
— 3 Mommsen, dans Ephemeris epigraphica, t. VU {t89ij; Pal. .Soc. Il, pi. clxv.
— 6 Le Vatic. 3ii5 est appelé aussi schedae Vaticana^. bollari, Antiquissimi
Yirgiliani codicis fragm. cf. .Mél. de l'Ecole franc, de Rome, i!>S4 ; Exempta cod.
lat. pi. jui ; Pal. Hoc. 1, pi. civi-cxvu ; Châtelain, pi. uiu. I'. de IS'oiliac, Les
peintures des manuscrits de Virgile. — ï Ribbcck, Op. cil. p. i26 et i85 : Exempta
cod. lat. pi. XI. Pal. Soc. 1, pi. cini-cjiv ; Châtelain, pi. lxv ; cf. Noiliac, Op. cit.
pi. 11 et iiu —» Exempla cod. lai. pi. lu ; Pal. .Soc. I, pi. cxv : (Châtelain,
pi. uiv. — 1 Exempt, cod. lat. pi. x : Pal. Soc. I, pi. lxxxvi; Châtelain, pi. nvi,
transcription : ast illae dirersa metu per litora || diffugiunt silmsque el sicuhi
conciaia). — lu Exempla cod. lat. pi. vui et ii ; Pal. Soc. 1, pi. cxxxv. Châtelain,
pi. 11. —il Thompson, p. 100; Keusens, Op. cit. p. 9. — 12 Thompson, p. 190 sq.
Reuseus, p. 10; l'rou, p. 19; E. Châtelain, L'îtcialisscriptura codicum lalinorum,
p. I, ik, 10, "i. — 13 Voï. un édildc DioclélicD de 301 reproduit dans Pal. Soc.
M, pi. cxivii-cxxviii : cf. l'inscription dite du .Moissonneur, au Louito, Pal. Soc.
U, pi. iin. — IV Maï, .1/. Tullit Ciceronis de liepublica r/uae supersunt (ISii).
— 1130 - SCR
Vercelli qui, d'après une tradition, serait dit à la main
de saint Eusèbe, mort en 371 '°. Parmi les plus célèbres
monuments de l'écriture onciale, on cite le Tite-Live de
Paris, du v° siècle'" auquel est empruntée la figure 6214.
Fig. 6214.
L'onciale se modifia dans le cours du temps. Les plus
anciens manuscrits montrent des lettres très simples; les
panses du D du P et de l'R sont petites, celle du P mal
fermée par le bas ; les traits transversaux de F et de T
sonts courts; L n'est souvent qu'une simple hampe à
peine recourbée à sa partie inférieure \,). Au vi' siècle,
auquel on doit de fort beaux manuscrits''', les traits
transversaux de ces lettres se sont allongés el souvent
ont été pourvus d'un petit point terminal, d'autre part, les
rcineoDC^eiN^epenôn-i
çnepis
seçNjiSBLrBuLccis^elx
Fig. 6J)5.
panses de P et de R ont pris de l'ampleur (fig. 6215) et
celle de P est assez souvent fermée. Tout ceci s'exagère
aux deux siècles suivants'*, .^près le viii' siècle, l'onciale
ne se voit plus guère que dans les en-tête et les titres ".
Semi-onciale. — Le besoin de faire vile el la négli-
gence firent introduire d'abord dans les copies que l'on
ne faisait pas pour la vente, dans les notes que les
lecteurs inscrivaient sur \c% marges de leurs livres, des
formes de lettres plus commodes à tracer. Ces types nou-
veaux se glissèrent peu à peu dans l'écriture calligra-
phique el finirent par y prendre pied. On peut sur-
prendre sur un papyrus-", attribué au ni' siècle, qui
conlienl un abrégé de quelques livres de Tite-Live,
mêlées aux lettres onciales, des formes minuscules, le
[j, le d à haste droite, l'iD dont le premier jambage
cesse d'être arrondi el rr>.(r). Au V siècle apparais-
sent l'rf- , le g ( 5 )> In ( m) et l'r (s). C'est ainsi que du
Cf. Thompson, p. 19i. Exempla cod. Int. pi. xvu ; Pol. Soc. I, pi. clx. Le manuscrit
lat. S907 de la Bibl. rVat. renferme un texte des actes du concile d'Aquilêe. en 3SI,
reproduit d.ins Exempla cod. lat. pt. xxii ; cf. Prou, Op. cit. p. iO. — 1^ Thompson,
p. 193. — 11^ Moinmseii et Studomund, .inalerta /.iviana ; ChampollionFigeac,
Paléographie des Class. latins. III, 8. Exempla cod. lat. pi. xis ; Pal. Soc. I,
pi. ixxi, xxxii. Trauscriplioa : Bene juvantibus bellum\\i»gentis gloriae prae
{dae).k côté du Tite-Live de Paris on cite celui de Vienne, dont l'écriture est un peu
plus petite; cf. Exempla cod. lat. pi. xviii; Pal. Soc. I, 183. — i~* Parmi lesquels
il faut citer le manuscrit des Evangiles de Fulda, revisé pir Vie or, évéque de
Capoue, en 546 ou 547 (Thompson, p. 193) ; un fragment du code Théodosien à la
Bibl. Nat. (Lat. 9643) : cf. Silveslre, Paléogr.uniterselle, pi. cii. L. Delislc, Cabinet
des manuscrits pi. vu, l : Exempla cod. lat. pi. xxri; le Pentatcuque de Lyon, cf.
Ul. Robert, Pentateuchi versio latina antiquissima. Pour des fac-sim. des manus-
crits du VI', voy. Chalelain, Cneiat. seriptura. pi. xiv-iix. — 11» La fig. 6215 est
empruntée à la pi. xvii de E. Châtelain, L'nc. script, qui reproduit une page d'un
codex Ambrosianus i\c Prudence. Pourvoir le progrès signalé, ou peut en rappro-
cher le cod. Amiatiniis de la Bible, mainleiiantà Florence; fac-sim. dans Exempta
cod. lat. pi. iixv. el Pal. Soc. II. pi. i iv et i.xvi. cf. Thompso.i, p. 194. Transcrip-
tion -.furent deinde perditi [passus)\\iiregis\\segnis bubutcns tela [et ipsa per\\
didit). — 19 A la fin du vii« siècle ou au commencement du vin* remonte un
recueil de la bibliolli. roy. de Bruxelles in"^ 9850 et 9832), i|ui renferme des Vies
des Pères el des huinélies de saint Césaire; fac-sim. dans Notic. et Extraits des
manuscrits t. XXXI, cf. Prou, p. 22. — 20 Grenfell el Hunt, Oxyrhynchus papyri,
pars. IV, p. 90; cf. Kornemann, Beitrûge zur .Mten Geschichte. Fac-sim. dans l'ai.
Soc. III, pi. iiii.
SCR — 1131 _
III" siècle au vi" siècle se forme un genre d'écriture
qui « lient le milieu entre l'onciale et la minuscule
p c\.î^cUJ I Vb.oi U eLMci O CO
clu^x vxrY^ p rMX6\: Crrvxrm
Fig. C2I6.
mérovingienne >> ' ; c'est la semi-onciale, dont un
spécimen des plus purs nous est offert par un ma-
nuscrit d'Orléans (fig. 62l6j, du' v" siècle, qui contient
deux lettres de saint Augustin -. C'est en semi-onciale
qu'ont été écrites les deux séries de fastes consulaires
du palimpseste de Vérone ', l'une allant de 439 à
486 et la seconde, d'une autre main, de 487 à 494.
Parmi les spécimens les plus remarquables de cette
écriture, il faut citer un manuscrit des Évangiles de saint
Gall dont deux feuillets sont au monastère des Bénédic-
tins de Saint-Paul, en Carinthie, et qui semble être le
plus ancien des manuscrits auxquels on doit la version
de saint Jérôme *; le manuscrit du de Trinitale de
saint Hilaire,àRome, corrigé eno09ouol0^ ; un papyrus
de Vienne où se trouve le même traité ". On peut
suivre cette écriture jusqu'au ix'siècle. Mais pasplus que
l'onciale, elle n'est restée sans cliangement. Au vr siècle,
elle reprend à côté de g et n minuscules les formes G
et N de l'onciale ; à la fin des lignes, les lettres m et n
sont remplacées par un petit trait au-dessus delà voyelle
qui les précède. Ceci devientplus fréquent aux siècles sui-
vants où l'on se meta munir d'appendices les hampes de
b, d, h, 1, et les queues de p et q ^
Cursive. — De lacursive romaine primitive on ne con-
naît rien. Les documents les plus anciens sont ceux qui
proviennent de Pompéi et d'Herculanum et qui datent
du I"" siècle de notre ère. Ils consistent en inscriptions
murales (r/raf/Ui) tracées au pinceau, au charbon, ou
grossièrement gravées au moyen de quelque objet
pointu * ; en tablettes de cire où quelquefois on a
écrit à l'encre sur les parties du bois qui n'étaient pas
enduites '. L'écriture des tablettes, tracée au poinçon,
est naturellement plus fine et plus délicate que celle des
graffiti. D'autres inscriptions ont été trouvées dans les
catacombes romaines '" ; d'autres tablettes aussi dans
5^> à rA>, fa f /
OOc cr a A jsx f j Vf
Fig. Oil7
1/
des mines en Transylvanie" ; celles-ci datent du ii' siècle
de l'ère chrétienne; des tuiles même portent des carac-
' yroa. Op. cit. p. a. — 2 Châtelain, Une. script, p. 114, pi, jmv, i.
Transcription : pnrafliso ([uando co{ntraj \\ datum praeceptum {satis). — 3 l'i-ou,
p. J3. Exempt, cod. lat. pi. iviii et ixx. — * Châtelain, Une. script, p. Ils,
pt. Lxvi. Deux autres feuillets de ce manuscrit se trouvent dans la biblintlièiiue
de la Société .les Antiquaires de Zurich. — 5 A la liihliothèque du chapitre de
sainl Pierre; Thompson, p. 201. —<i Pal. Soc. Il, pi. xxxi ; le saint Augustin de
Corbic (li. N. lat. U 2U), cf. Dclisie Cab. des
manuscrits en semi-onciale, d. Thompson, p.
pi. Lxi-c. — 1 Châtelain, Jbid. p. 120, 139, 162
Pompeianae Berculanenses, etc. Corp. insc,
p. 203; Keusens, p. lli 9i[. — 10 De Ro
tiones ehristianae urbis Bomae. — n .Ma
nanuscrils pi. vi. l'our d'autres
200-201; Châtelain, Une. scr.
-- 8 Inscriptiones parietariae
:r. lat. t. IV. — 9 Thompson,
, Borna Sotteranea, et Inscrip.
nann, Libdhis aurnriits siée tu-
SGK
tères cursifs gravés avant la cuisson'-. Les lettres de ce
genre d'écriture sont composées de traits extrêmement
menus, notamment sur les tablettes , on y reconnaît des
formes très altérées de la capitale, comme on peut s'en
rendre compte d'après l'alphabet ci-cc-nlre 'fig. 6217} où
nous donnons les principales formes qui ont été recueillies
sur les tablettes de Pompéi '^ Quelques lignes de cursive
se lisent aussi sur le papyrus militaire de 156, où nous
avons signalé l'emploi de la capitale rustique"; et un
acte de vente d'esclave, de 166, est entièrement écrit de
Fig. 6218.
cette manière; mais, ici, les caractères sont gros et
parfaitement lisibles'- (fig. 6218;.
On ne possède plus rien en écriture cursive jusqu'au
v" siècle, époque où l'on voit une grande écriture de chan-
cellerie (fig.
6219) sur un
papyrus trouvé
en Egypte et
partagé entre
les bibliothèques de Leyde et de Paris '".Ce document
(c'est un rescrit impérial adressé à un fonctionnaire),
demeuré longtemps indéchiffrable, est attribué à
Fig. 6220.
l'an 413". Les lettres y sont d'une grande régularité et en-
tièrement liées les unes aux autres ; celles qui sont basses
comme E M ont de 12 à 1.5 millimètres de hauteur, tandis
que les lettres à hastes atteignent jusqu à 34 millimètres.
C'est le seul exemple connu de cette écriture. Mais du
v° siècle et des suivants il nous reste un grand nombre
d'actes sur papyrus en grande et belle cursive dont les
lettres à longue haste bouclée ont jusqu'à 2 centimètres
de haut, et les lettres basses de 3 à 4 millimètres. L'un
des plus connus est un acte de vente rédigé à Ravenne'*,
en 572 (tig. 6220).
bellae antiquissimae, 1841 ; Nat. de Waiily, Joitrn. des Sav. !841, p. 55. Corp.
inscr. lat. III, i; p. 026; Arndt, Schriftafeln zitr /Crltïuteruni/en der latein.
palaeofjraphiey pi. i. — 12 Thompson, p. 211 ; Heuseii-, p. 21. — '3 Wattenbacli,
Anleitung zur latein. palaeog. (4" éd.) p, 15; Thompson, p. 205 et 216 et un
tableau dans Pal. Soc. 11. t. I. — li Pal. Soc. II, pi. ci.xv. — l^ JUd. Il,
pi. CLXG : traiiscriplion : {/'abul)lius macer spopon{dU) \ et auclorilate esse.
~ 16 Thompson, p. 211-212; Reusens, p. 24. Paf. Soc. Il, 30. Fac-similé réduil ;
transcription d'après Thompson : pro ntemorata narratione. — ï"* Cf. Mommst-n
et JalTé dans Jahrbuch des gem. deut. Rvchts. l. VI, p. ."îOS ; Nat. de Wailly,
Mém. de L'Acad. des Inscr. t. XV, I" partie. — '» Thompson, p. 214; Pal.
Soc. I. 2 et 28. Pac similé e.xacl ; transcription; suprascriptum guinque\\et
successoribus.
SCR
— 1132 —
SCR
Il y a (11- luiinbrcux exemples do l'emploi de la ciirsive
]>i)iir les annolalions marginales dans les manuscrils en
capitale et en onciale. 11 y a même quelques lexles enliè-
remenl transi-rils en celte écriture, par exemple les
homélies de saint Avil à Paris ', celles de saint Maxime à
Turin eli'i Milan - (llg. 0221), dans cette dernière ville
encore le papyrus de la traduction latine de Josèphe".
Disposition de l'écriture. — La disposition la plus
fr('quenle sur les papyrus littéraires est la disposition en
colonnes perpendiculaires aux côtés longs du rouleau,
l'écriture courant dans le sens des libres horizontales
[liber]. Ces colonnes sont souvent étroites; mais, à cet
égard, il semble qu'il n'y eut pas de règle générale ; un
des plus anciens monuments littéraires, le papyrus de
Timoihée', est écrit en longues lignes irréguliôres de
16 ;\ 23 centimètres. La longueur des lignes peut varier
avec celle des vers dans les œuvres poétiques, lorsque
toutefois la division a été observée, ce qui ne se fait
pas toujours. Certains papyrus de prosateurs ont des
colonnes assez étroites, comme celui d'IIypéride, au
British Muséum % dont les lignes n'ont guère que
0 centimètres; au contraire dans celui du Louvre ^ elles
en ont 9, et dans l'Isocrate de Marseille elles vont jus-
qu'à 13''. Les plus anciens manuscrits de parchemin mon-
trent des colonnes étroites, il y en avait trois et même
quatre à la page, comme dans le codex Sinaiticus '.
Mais après le vi' siècle, ce nombre fut réduit à deux.
Sépnralion des mots. — Çà et là dans les papyrus
non littéraires, actes, lettres, etc., on peut remarquer un
petit intervalle entre deux mots, mais ceci est tellement
irrégulier qu'il faut y voir un effet du hasard et non une
intention. 11 n'en est pas de même dans le papyrus du
Louvre, connu sous le vocable d'EûSô^ou té/vy], qui
semble être antérieur à 154 avant J.-C. ' ; dans l'écriture
onciale assez grossière de cet extrait les mots sont bien
séparés les uns des autres. Mais tel n'était pas l'usage
des calligraphes. L'idéal de ceux-ci, qu'ils fussent grecs
ou latins, était d'écrire les lettres à égale distance les
unes des autres, qu'elles appartinssent au même mot ou
à des mots différents. C'est la méthode constante dans
ous les manuscrits soignés, qu'ils soient en papyrus ou
en parchemin. On a bien remarqué que, dans certains
manuscrils, comme le papyrus Massiliensis d'isocrate,
il y a quelquefois un petit point au-dessus de la ligne
pour indiquer la division des mots ; une virgule ou
hjpodiaslole, joue le même rôle dans le papyrus de
Baccliylide'"; mais ces signes sont-ils toujours de pre-
mière main? Nous savons par un passage d'/Vrislole "
I Pal. .Soc. :, pi. i.xviii. — 2 /Ml. .Soc. Il, pl.\xjiii, Iraiiscriplioii : (!na)gistcr cxsUlit
ut mérita || »iint qiiam lermonibiia. — 3 IMil. I, i.js. _ 4 Pnl. .Soc. 111, pi. xx[i. I,cs
vers De soiilpas sépariîs. — ô Wallenbacli. .Script, gr. spec. pi. ii. — C Revillout
Le plaidoyer, IflijpMde contre Athénoyène nve.- fac.-.-iiii. Kciiyon, Palacoy. pi xi'i
cl dans son Milion. —■! A. ^^chocne. De laucrntis pupyro m<asiliensi,ia.ns .\lé lan-
ge» Grauj-, p. 4SI. - » Wall»nl,acli, Sceipi. gr. spec. pi. vi. I.c Codcv Valicanus
i-n a trois dans la parlic i|ui conlienl l'Ancien Tcslamcnl. 11 en fui ,1e môme en latin :
c F'enlalcu.|ue de Ljon et le codex Vaticoniis dis fragments de Salluslc ont trois
colonnes à la page. — 9 VVallcnbacli, Script, gr. specim. pi. i, Tliompson, p. 07.
— IK Keuyon, l'aUieogr. p. «7 : . Un Cicnipic do si'paralioii de mois, peut-«trc
que des lecteurs ajoutaient des points dans les textes
pour leur commodité personnelle. D'autre part, on a
constaté que ceux qui séparent les mots, dans les manus-
crils en capitale de Virgile, sont des additions posté-
rieures'-.
Ponctuation. — Les signes de ponctuation manquent
totalement dans les papyrus non littéraires ; les autres
n'offrent aucun système régulier'^ Les Perses de
Timothée sont divisés en longs paragraphes à la suite
desquels le copiste laisse le reste de la ligne en blanc,
puis il trace au-dessous du commencement de celle ligne
lepelilliretappelé TrapotYpatpoç (fig.fi 191). D'autres laissent
un petit intervalle libre entre le dernier mol de la phrase
qui finit et le premier de celle qui commence el ajou-
tent la Ttapâ-cpaçoi; au-dessous du premier mot de laligne ;
c'est ainsi que dans le fragment de l'.l ?U/o/je d'Euripide"
on marque la fin de la réplique de chaque personnage.
En outre de la irapotYpaa-o;, le copiste des fragments du
Phédon "* trace un tiret dans la ligne pour indiquer le
changement d'interlocuteur; quand un des personnages
du dialogue n'a qu'un mot à dire, il met deux forts
points (:) avant el après ce mot. Ces deux points, dans
le papyrus d'Arleinisia, servent aussi à marquer la fin
d'une phrase. Dans le Bacchylide la Trapiypacpoç se met à
la lin de chaque strophe, anlistrophe ou épode. Plus tard,
on fil d'abord légèrement saillir, puis on mit tout à fait
en vedette dans la marge la première lettre de la ligne
qui suivait celle où le sens s'était interrompu en la
faisant un peu plus grande que les autres, ceci se voit,
dès le v° siècle, dans le codex Ale.xa.ndrinus . Quant au
système dont on attribue l'invention à Aristophane de
Byzance, qui consistait à marquer la ponctuation au
moyen d'un seul point dont la valeur variait avec la place
qu'on lui faisait occuper, il ne paraît guère avoir été mis
en pratique '". On trouve cependant le point en haut et
le point au milieu dans le codex A/exandrinus; on les
voit même dans le papyrus d'isocrate, mais sans qu'on
puisse se rendre compte de la méthode suivie par le
copiste '\ Le simple point un peu au-dessus de la ligne
est assez fréquent dans celui de Bacchylide el sert à mar-
quer la ponctuation forte aussi bien que la faible.
Bien que les grammairiens affirment l'existence, en
Occident, du système d'Aristophane de Byzance, la ponc-
tuation de première main fait défaut dans les plus
anciens manuscrits latins en capitale, où la division du
discours est seulement marquée par un petit intervalle.
On voit aussi quelquefois, dans des manuscrits des pre-
miers siècles de notre ère, une sorte de P devant le pre-
mier mot d'une ligne qui commence un paragraphe'*.
Maisle point au milieu est le plus communément employé
dans les manuscrils en onciale, où les lettres en vedettes
à la marge sont d'un usage constant.
Accents, esprits et autres signes. — On ne voit que
très rarement des esprits sur les papyrus non littéraires :
quant aux accents, ils n'en portent jamais. Parmi les
nni(|iie, se voit dans un pelit traiti^ grammatical qui porle le nom de Tryplion el
qui fut écrit, probablement au iv" siècle, sur quelques feuillets lai8S(^s vacants à
la suite d'un chant d'Homère da-. s le papyrus cxxvi du BritisK Muséum. .. — H Aristot.
Ilhetor. m, S : cf. Wilamonilz-Mollendorf. Héraklès, I, 127. Blass, Griechisclie
PaUit'ogr. dans Handbitcli der Klass. Altertlntms- Wissensclt. p. 311. — ^2 Thomp-
son, p. 70. — 13 On ne saurait considérer comme ponctuation des points qui séparent
les mots dans le fragment du poème sur laba'aille d'Aclium (voy. p. 1130, note 4);
c'est une imitation des anciennes inscriptions Cf. Thompson, p. 67.— » Mahaffy,
The Flinders Pelrie pup. pi. i et ii. — 1» Ibid. pi. v-vui. — '6 Tbonipson, p. 07.
— 17 A. Schoeuc, Op. cit. p. 4fei. — 13 Thompson, p. 70: Reusens, p. 154 sq.
SCR
1133
SCR
autres, les plus anciens n'offrent en général ni esprits, ni
accents. Mais dans des manuscrits de poètes, comme le
fragment d'Alcman et le papyrus de Baccliylide, on
trouve des accents principalement sur les mots un peu
longs'. Les premiers manuscrits de parchemin ne sont
pas accentués, non plus que les manuscrits latins '-. Les
esprits aussi sont en petit nombre et leur usage très
intermittent.
Parmi les autres signes, il faut citer l'apostrophe assez
fréquente dans leBacchylide pour marquer l'élision' ; on
peut la voir dans des manuscrits anciens placée en avant
et en arrière de certains noms étrangers, comme les
noms de patriarches et les noms de villes ^ L'emploi
du signe de diérèse, simple point ou tréma, n'est pas
rare dans les papyrus sur ï et u initiaux. Signalons encore
çà et là riiyphen, petit trait courbe {^), au-dessous des
mots composés et, dans les manuscrits homériques, la
présence des signes d'Aristarque la diple (>-) et l'asté-
risque.
Sur les papyrus anciens les citations ne sont pas
indiquées; ce n'est que postérieurement à l'ère chré-
tienne, vers le vi" siècle, que l'on trouve dans les manus-
crits des guillemets (», », », »), placés dans les marges;
un autre procédé en usage dans les manuscrits grecs et
latins fut celui de l'indenlalion, qui consiste à mettre
le texte cité un peu en retrait '.
Les corrections sont exécutées de diverses manières :
tantôt la lettre écrite par erreur est biffée d'un petit trait
oblique, tantôt elle est surmontée d'un point; quand il
s'agit d'un mot entier à corriger, celui qui doit lui être
substitué est écrit au-dessus dans l'interligne Les parties
omises un peu considérables sont inscrites dans les
marges supérieure ou inférieure, et un signe de renvoi
indique où elles doivent prendre place*.
Lorsqu'il s'agissait de réparer une erreur un peu impor-
tante commise sur un papyrus, on collait, à l'occasion,
sur la partie à remplacer, en ayant soin d'en placer les
libres exactement dans le même sens, une petite bande de
papyrus sur laquelle on écrivait le texte à substituer '.
Procédés et signes abréviatifs. — Un passage mal
interprété de Diogène Laerce avait fait attribuer à Xéno-
phon l'invention d'un système de sténographie'; mais
cette idée est aujourd'hui abandonnée, et il paraît certain
que les anciens Grecs n'ont employé que quelques
signes et un certain nombre de procédés abréviatifs. Ce
n'est pas qu'on ne se soit préoccupé d'abréger l'écriture
et de substituer à l'alphabet ordinaire des signes plus
faciles à tracer. Nous savons assurément qu'on l'a fait
dès la fin du v* siècle. Une inscription trouvée sur l'acro-
pole d'Athènes nous a conservé des vestiges d'une tenta-
1 Kenjron, p. 30, Sur le pap\rus de X'itiarle de Bankcs, sur celui de Harris,
(cf. p. IliG, noie 3) et aussi iur celui de Bacchylide, on <oil à l'occasion des
mois oxytons portant l'accent grave sur la pénultième. Cf. Thompson, p. 'i.
— 2 Tliompson, p. 74. On signale, et encore très rarement, des cvemples d'ac-
cpnt sur des monosyllabes, comme o exclamatif, ou des prépositions. D'autre part,
dans le fiagm de poème sur la bataille d'Actium (cf. p. )t 10, n. i) un accent sert
à marquer des voyelles longues. Tbompson. p. 187. — i Voyez The Poetm of
Uncclii/lidfs /'ac-simile. c>\. 7.-4 Thompson, p. 73. Wattenbach, Scri/ft.
yr. tper. Introd p. 3, col. 1, si^ale dans le Sinaitkus l'apostrophe à la
suite du mol ■,t;,u»aX./,|i'. - 5 Thompson, p. 74 sq. Kenyon, p. iO si). Cf. Cha-
Iclain, Uncial. script, pi. un, 1 et pi. 63. — 6 Kenyon, p. 31. Thompson,
p. 74. Cf. The Poèmes of Bacchylides, col. 5, ii, 14, îî — 'i Ceci se voit
sur le papyrus du Louvre R I, qui contient des œuvres de saint Cyrille. — » Diog.
I.a. Il, 48; GiUbauer, Die drei Système der griechisck. Tacttyyraphie dans
Denkschriflen der Wiener Akadem. phil.-hisl. Kl. 1894 ; Idem, ^ur alleslen
Tachygraphie der Griechen, p. 49, dans Festbuch sur hundertj. Jubelfeier d.
deutsch. Kurzschrift (1896); (iardthausen, Geschichle der yriechisch. Tachijyra-
live de ce genre'. Une autre eut lieu un siècle et demi
plus lard, dont l'auteur, inconnu tout comme le premier,
proposait une sorte de système sténographique, car il
réunissait en un seul signe deux et même quelquefois
trois lettres"*. Mais ce ne sont là que des souvenirs, car
l'état des inscriptions ne permet pas de reconstituer ces
systèmes avec sûreté, et nous ne savons pas si l'un d'eux
a jamais été en usage. Nous n'avons rien d'écrit au
moyen de ces signes; car les papyrus littéraires calli-
graphiques n'offrent que très peu d'abréviations. On a
trouvé dans Vllijpéride du Louvre le v final remplacé
par un trait horizontal suscrit. Dans les papyrus d'Her-
culanum. qui renferment les écrits de Philodème, les
conjonctions xat et vâp et l'article twv sont représentés
par leur consonne initiale surmontée d'un accent grave
(k r t)' ''^ préposition --Jjz s'écrit parfois jfr; les
sigles >t; et -P- signifient /povoç et -poTtoç à tous les cas,
il y a aussi les deux signes / et \ pour ka-zi et sTvat. On
signale encore quelques abréviations dans les scholies
du papyrus d'Alcman et dans une colleclion d'exercices de
rhétorique ". Postérieurement à l'ère chrétienne, le Com-
mentaire au Théélèle de Plalon n'offre que le v final
représenté par un petit trait suscrit AOrO(^'''Y0'')''- Un
peu plus tard, au viir siècle, le copiste du fragment
mathématique de Bobbio emploie un certain nombre de
signes abréviatifs dont il parait quelquefois ignorer la
signification exacte '^
Dans les papyrus non littéraires ou dans ceux qui,
comme celui de la Constilution d'Athènes, ont été écrits
pour l'usage privé, on peut, au contraire, constater l'em-
ploi fréquent de signes conventionnels pour représenter
les termes les plus usuels et de procédés abréviatifs, qui
consistent à supprimer certaines portions des mots,
comme les finales sur lesquelles il n'est guère possible
de se tromper. Ainsi dans les reçus, les baux, les comptes,
les lettres, les signes L et H signifient respectivement
Itoç et ooa;^iL-f, à tous les cas ; /^ et At représentent
[lETpTiTTqç, on écrit Ttpo poursignifierTtoôxetTai, et aussi pour
Tpox£i|xivou dans la formule toO 7rpox£'.u.Évou'éT&u;; ■jôj" pour
TtdXiç, To pour TOTiap/ia, etc. ". Le papjTus de la Consti-
tution d'Athènes ifig. 6207) nous prouve que les procédés
abréviatifs étaient très usités dans récriture courante,
lorsque la copie exécutée n'était pas destinée à la vente.
On y trouve couramment deux procédés: l'un consiste à
écrire seulement la première lettre du mot que l'on veut
abréger, en distinguant les uns des autres, au moyen
d'une sorte d'accent ou d'un autre signe, ceux qui com-
mencent par la même lettre ; ce procédé s'emploie pour
phie, p. 3. dans Archiv. fur Sténographie (I9ut»): Arthur Mentz, Geschichle tind
Système der griech. Tachygraphie, p. .'> ; Thompson, Bandbook, p. 83. — 9 Com-
perz, Ceber ein bisher unbekanntes griech. Schriftsystem^ dans Sitzungsber. d.
Wiener Akad. pbil. hist. Kl. (1884;, p. 33'.» ; et ibid. (1893) .Veuc Bemerkungen ;
Gardthausen, Tachygraphie oder Brachygraphie der Akropolissteines, dans
Archiv f. Stenogr. 1906, p. 81; Mitzschke, Eine griech. Kurzschrift an d.
IV vorchr. Jahrhundert, dans ArcMv. f. Stenogr. 1885. A. Menir, Op. cit. p. 29.
— f'Tanuery. deux fragments concernant des systèmes d'écriture abrégée, dAm
Ballet, de Correspond, hellén. (1896); Johnen, Eine allgriech. Konsonanten-
verbindungstafel, dans Schriftwarl (1898); A. Menti, Op. cit. p. 9 et 39.
— Il Thompson, p. 83 ; Kenyon, Palaeogr. p. 32. Ces eierciccs sont dans le pa-
pyius du Brit. .\lus. n' 23li. — 12 Pal. Soc. III, pi. cm. — 13 Watteubach, Script.
^r. «pec. pi. vui et introduction ; Wessely, £*!» System aitgriech. Tachygraphie
dans Abhandlungen der Akad. d. Wissensch. Vienne, 1896, pi. n; Mentz, Op. cit.
p. S6. — 1* Kenyon, p. 3i ; Rubcnsohn, Elephanline pnpyri, pi. m; Pat. .Soc. Il,
pi. csLiii ; Grenfell and MahalTy, 2 he Jleienue lave of Ptolemy Philadelplius ; Greek
pap. in the Brit. Xus. pap. 038 (a. 103 av. J.-C).
SCR
1(S pn-posi lions (sauf àizo ol â-i qui ne s'alirègonl pas;,
li's particules et los conjonctions. Ainsi fxiv et oé s'écri-
vent fi' et A ', jiEToi et 8ii, (i" et À ; l'article s'abrège aussi,
on trouve t', t", t' pour ti^i;, ti^v, twv. Dans les finales en
-ai, at se représente par une sorte de trait sinueux ( *))
allaclié ;\ l'extrémité du trait horizontal du t. A côté de
ceci on voit nombre de mois dont la terminaison n'est pas
écrite en entier ; on en a seulement inscrit la dernière ou
l'avant-dernière voyelle, par exemple çoXwv pour iloXwv&ç,
tîiTtïpy pour 'nraip/ou;, xXektOev pour KXekiOévï,;. Quelque-
fois on a négligé d'écrire cette voyelle et pour àTTix/,v on
s'est contenté de mettre arxi , pour àXesOai, e/ei, pour
(i,iyY|V, u.(x', etc. ' .
on rencontre un système analogue avec de petites diffé-
rences dans le papyrus qui contient le commentaire de
Didyme sur les P/iilippir/ues de Démosthène -. (tig. 619G).
Dans ce que nous venons de voir, la suscription d'une
lettre prévenait le lecteur que le mol était abrégé;
ce procédé est usité çà et là dans d'autres papyrus ; mais
la lettre suscrite n'est pas toujours distincte; elle est
même souvent remplacée par un trait semblable à une
sorte d'S renversée ( S) '• Parfois, c'est une assez grande
portion de mot que le lecteur doit suppléer lorsque,
.1 '■il
par exemple, £S(Ji.o7:oXiTT,; est cent eûfjLOTTo ou £S[xo-7r *. Les
noms propres se traitent de la même manière, AùpViXtoç
s'écrit auçf, ou aup». Au iv° siècle, l'abréviation est indi-
quée par un trait horizontal suscrit : epioT-rift signifie
Èp<oTT|9£vT£; ". On trouve aussi, et cela dès le m' siècle
de notre ère, un trait oblique apposé à la dernière lettre
écrite de façon à couper son extrémité inférieure, ^^ re-
présente otxatii)'. D'autres fois, un simple point suffit à
signaler l'abréviation, par exemple sitixp- pour ènÎTpoTto;'.
A ces procédés il faut joindre celui de l'abréviation par
contraction, qui se rencontre fréquemment dans les
manuscrits de contenu ecclésiastique. Il consiste à sup-
primer la portion moyenne du mot et à. n'écrire que la
première et la dernière lettre, ou bien une ou deux lettres
du commencement et deux, trois ou quatre de la fin, selon
le cas; ces lettres se surmontent d'un trait horizontal,
par exemple wC signifie Oeôç, WN Seov, KY xupi'ou, IIHP
TiaT^p, IIFOC Ttaxpôç, lAHM 'kpoudaXvîpi ; OYNOIC oûpa-
voTç'. Ce procédé est employé dans un papyrus du m" ou
plulôtduiv" siècle, qui contient V Épi'lre aux Hébreux^" .
Les manuscrits latins de la période qui nous occupe
ne connaissent que peu d'abréviations; elles sont rares
jusqu'au vur- siècle", mais elles se multiplient consi-
dérablement après le x«. Un des plus anciens papyrus
latins, écrit en semi-onciale, offre cos pour consu-
H3i — SCR
/ihus, l'K pour prnclurein, un pour liber, Tnin. pl
pour tribunus p/ebis, k. pour bus. Le prénom y est
indiqué par une lettre unique (siffle), l'initiale suivie
d'un point; L- P- signifient Lucius el Publius, etc. '-.
Outre ces abréviations-ci on voit ailleurs Q pour que,
OM ou ONM pour (juoniam et le remplacement de m et n à
la fin des lignes par un petit trait horizontal suscrit.
Dans les manuscrits de contenu religieux se montre le
système de l'abréviation par contraction : dms ou dns pour
cioininus, dno pour domino, \>s pour deus, sps pour spi-
rilus, EPS pour episcopus. Dans le palimpseste de Gains,
à Vérone, une finale supprimée se représente par un
trait vertical traversant la dernière lettre écrite, t^ s'"
gnifie nisi, Efjg eîiini '^
Tachijç/raphie. — Dans cet ensemble de procédés, on
ne saurait voir un système de tachygrapliie, ni rien qui
ressemble à notre sténographie moderne. Cependant, à
partir du i'"'' siècle de notre ère, il y eut dans le monde
grec des tachygraphes ou sténographes ((jT,[jL£ioi'pi;fO!,
xa/uvpàçpoi) ''. Mais il semble bien qu'ils se servaient
d'une invention romaine que les Grecs n'avaient fait
qu'imiter'".
La plus ancienne mention de la tachygraphie se lit sur
un papyrus égyptien de l'an loo après J.-C; c'est une
convention avec un professeur, dans laquelle le recueil
de signes que doit apprendre l'élève est désigné par le
mot xû(jLevTâptov ; ce terme paraît un indice assez sûr que
l'invention n'était pas grecque '^ Nous savons que la
tachygraphie a été très en usage du iii° au iv" siècle,
qu'elle se répandit en Orient''' puis en Sicile" et en
Illyrie où a été trouvée une inscription en caractères
tachygraphiques dont la signification n'a pas encore été
découverte '^ Beaucoup de papyrus, répartis entre les
diverses collections d'Europe, sont ou entièrement ou
partiellement écrits en tachygraphie; un petit nombre
seulement a pu être déchiffré, car nous n'avons qu'une
connaissance incomplète de leur système d'écriture^".
Celui des notes (notae) tironiennes, qui servit peut-
être de modèle à la tachygraphie égyptienne, est mieux
connu. Ce système d'écriture abrégée dont on fait
remonter l'invention à TuUius Tiron, affranchi de
Cicéron, qui s'était occupé seulement des prépositions'-',
se compose non pas de signes conventionnels, mais de
lettres réduites à leur plus simple élément, c'est-à-dire
quelquefois à un trait droit, courbe, ondulé ou formant
une ligne brisée. Une note pouvait être employée seule
pour figurer soit un mot indéclinable, comme une pré-
position, soit un substantif ou un adjectif très usuels,
ou un verbe à la 3' personne du singulier de l'indi-
catif présent ; elle faisait alors fonction de sigle. Mais,
I Kfiijon, Arhtotle on the Constitution o, Atliens, fac similés passim. Cf.
Pal. .Soc. W, pl. cxxii. — 2 Cf. p. Ili7, n. i. — 3 Pal. Soc. Il, pl. ci.xxsiii.
— * Amha-st Papyr. Il, pl. xiii et xviic. — 5 Wesscly, Pap. Erzherzog
Itainer, Fûhrer durch die Ausstellung, pl. xi. — 6 Amhcrst pap. II, pi. xx.
— 1 ilillkeilung aus rfer .Sammi. d. Pa/.yr. ICrzherzog Rainer II, pl. xsiiii.
— « Pal. Soc. Il, pl. ci.ixxviii. — 9 Thompson, p. 88 sq. — 10 Pal. Soc. III,
pl. xi.vii. — " Reuscus, JSIém. de paléogr. p. 94 — 12 Pal. Soc. 111, pi. lui;
cesl celui qui conlienl une épiloni6 de Tite-Live, cf. p. 1130, n. 20. — lit Beusens
Op. cit. p. 9t sq. ; Blass, Uandbuch d. Kiass. Alterthumswisiensch. p. 33S.
— " Plularch. Calo min. cb. xxiii; F.useb. Hist. eccles. VI, 23, 30. — 15 Meniz,
Geichichie u. Système, f. 13 el 18. — l» On appelait commentarii les lexiques
<lc noies lironiennes, cf. Mcolz, /,. /. cf. Wesselv, Ein System allrjriech. Ta-
cliygiapliie, p. 18 et Der Verlrag eines Tacliyr/raphielehrers aus .Egyplen,
dans Archie. f. Stenogr. (1905). - " Caidtliausen, Geschich. d. Gr. Tachygr.
p. 5: Mcnli, Op. c. p. 21. Il est fait allusion aux teclij-iaplics clans Philos-
traie, VitaApoUonii 1,19, 4 (l'a. Kay»iT, p. H), dans Galien, sif', ,.:» !Jlio« J.Smuv,
XIX, (éd. Kiibn), cf. S. Basil. Epist. 333 (éd. Mignc, Palrol. gr. 1. ixxul.
— 18 Jnscr. graec. Sicit. 1549 ; Gardthausen, Geschicht. p. 5. — 19 Wessely, Ein
epigraphischer Denkmal altgr. Tachygr. dans Archiv. f. Sten. (1901); Gitibauer,
Die tachygraphische Grabinschrift von .Salona dans Sludien zur griech. Tachy-
graphie, p. 3. — 20 Wesscly, Studien zur Palaeogra/'hie u. Papyruskund^, fasc.
3 et 4. Dewiscbeit, Gritch. Tachygraphie in aegyptisch, Pnpyrusurkutidcn, dms
Scbriflwarl (1000) p. 9; \V. Scbubart, Die tachygr. papyri in der L'rkunden
sammlung d. Kônigt. Mus. zu Berlin dans Archiv. f. Sten. (1902). Un autre système
est mieux connu, c'est celui qui se trouve dans quelrjues manuscrils du moyen âge:
cf. Gillbauer, die Vàerreste ijriech. Tachygraphie, 1878 el 1886; Gardthausen,
Griech. Palaeog. p. 210; Idem, Geschicht. der Griechisch. Tachygr. p. Il
A. Menlz, Geschiclite und Système, p. 4.ï. — si Suelonii lîeliquiae (éd. RcilVer-
scbeid)p. 135. Isidor. Orig. 1,21 ; cf. VVeiuberger, Zur Geschichted. rômisch. Kurz-
schrift dans Arc/tir. f. Sten. (1903); Morgenstern, Cicer. u. die Sténographie,
ibid. (1905); A. Slein, Die Sténographie in rômisch. Senal. ibid. (1905);
Gardhauscn, Geschichte, p. 5.
SCR
— 1135 —
SCR
ordinairement, pour représenter un mol on se servait
du doux signes dont Tua exprimait le radical, l'autre
la terminaison ; ce dernier était un peu plus petit que
l'autre. Le radical s'exprimait soit par sa seule lettre ini-
tiale, soit par sa première syllabe, soit par plusieurs
lettres faisant partie du mot, dont la portion moyenne
était supprimée comme dans le procédé d'abrévijlion
par contraction. Presque toutes les lettres de l'alphabet
tironien avaient deux formes : l'une, tirée de l'écriture
capitale, était employée pour représenter les radicaux;
l'autre, empruntée à l'écriture courante, servait à la fois
pour les terminaisons et les radicaux. On usait aussi du
point diacritique qui, selon la place qu'il occupait auprès
d'une note, lui donnait des significations différentes '.
Ces notes furent d'un usage assez fréquent jusqu'au
xi' siècle ^, les notarii devaient les connaître, aussi en
enseignait-on la pratique dans les écoles, et, àcet effet, on
avait composé des espèces de lexiques où elles étaient
disposées en colonnes verticales avec leur signification
en face d'elles^ Elles servirent, comme les signes de la
tachygraphie grecque ', à recueillir des discours, des
sermons, des déclarations dont on tenait à posséder la
forme authentique •■. Les annotateurs de manuscrits en
usèrent dans leurs scholies marginales. Elles furent aussi
employées, mais exceptionnellement, à transcrire des
ouvrages entiers '. Les manuscrits où se lisent des notes
de ce genre appartiennent tous au moyen âge. Alf. Jacmk.
SCRIPTIIRA. — Taxe perçue à Rome sur les Irou-
1 Kopp, /*a/«eor/rapAirt critica t. I et 11. Reusens, Eléments, p. 27; E. Cha-
lelaiu Introduction à la lecture des notes tironiennes^ p. I. — *- E. Clialc-
laiD, i'ne messe en notes tironiennes {1901) p. 9. — 3 Reusens, Op. cit.
p. i9. — t Tli. Sickel, Acta regum et iniperalor. Carolinor. t. I, p. :J30.
H. Brcslau, Handbuch der Urkundenlehre fur Deutscliland u. Italien, I,
p. 921 : Wessclv, Htudien, fasc. lit et IV. Keuscns, Op. cit. p. 29. — 5 J.J. Si-
moiiet, die SteHOf/raphie tieim katolischen Klerus. J. GelTckeu, Die Steno-
(jraphie in den Akten der Alartijrer, dans Archiv. f. Sien. I90ti. — 6 Wal-
tciiliacli, Anleitunij^ p. 10. kopp, Palacogr. critic. I, 310, cf. Paul Legeudre.
Etudes tironiennes. Commentaire de la VJ' éylogue de Viri/ile. — Bibr.ioGRAi-HiE.
l'Ii. Berger, Histoire de l'Écriture dans l'Antiquité (1891); Wallonbach, Dus
Schriftwesen im Mittelaller (1896, 3«éd.); T. AsUe, The oriyin and Proyress
ofwritinq, Loo-lres (180:1); Westwood, Palaeograpftia sacra pictoria, Londres
(l«43-43); Tliompson, Bnndbook of yr. a. lat. palaeogr. Londres (1906. 3' éd.) ;
Silvcstre, /'a(eosi-ap/iie imirerse«e (1839-41 1; H. A. Bond, E. M. Tliompson and
(î. F. Warner, Pa!aeograplticat Society, fac-sim. of manuscripts a. inscriptions,
I» ser. (1873-83); II- ser. (1884-94); Thompson, Warner a. Kenyon. The neir
palueographical .Society (1903j; Tliompson and Warner, Catalogue of ancienl
manuscripts in the Brit. Mus. 1881, 1884; F. -G. Kenyon, Fuc-similes of bMical
manuscriptsin the Brit. .Mus. Londre5(l900) ; Vilelli et Paoli, Collezione Fiorentina
di fac-simili paleografici Greci e latini, Florence (1884-97). Paléographie
grecque : MonUaucon, Palaeogra/diia graeca (1708) ; Gardtliausen, Griech. Palaeo-
yraphie, Leipzig ( 1879) ; W, Walteubacli, Anleitung zur Griech. Patueoyraphie,
Leipzig (1895, 3«éd); Fr. Blass, Palaeugraphie, Buchuesen u. Handschriftcn-
kuAde. éins Bundhuch der Klassischen Attert/i-Wissensch.i. I. Vorlesungen und
Abhandtungen von Ludw. Ti-aube. Iicrausg. von Fr. Boll. Erster îîand zur
Palaeographie u. Uandschriftenkunde, Munich (1809) l'apyrus : C. llaeLerlin.
Griech. Papyri (catalogue des papyrus littéraires) dans Centratb.atl fur Biblio-
thektwesen (1897); Kenyon, Gra-co-Hotnan Egypt, dans Archaeoloyicai Jteports
of the Egypt Exftluration Eund (189is<i.) ; Brunelde Presles, A'o/jrcse/ textes des
papyrus grecs du .Vusée du Louvre et de la Bibl. impér. dans Sotices et extraits
des manuscrits de la Bibl. impér. t. .X\'III, 2' partit; (1865) a\ec allas ; Karabacek,
Afittheitungen aus der Sammlung der Papyrus Erzherzog Haiuer, Vienne
(1886 S4|.); Wessely, Corpus Papyrorum Ituineri, griechische texte. Vienne (1895) ;
Wilckcn, Tnfeln zur alteren Griech. Palaeographie (1891); Urenfell et HunI,
Greek Papyri, i vol. Ozford (1896 et 1897) ; Idem, The Oxyrhynchus papyri,» vol.
looilres (1898-1908); Grcnfell, Hunl et Ho«aith,/-ayi!m, Towns and their papyri,
■.ondres (1900) ; Grenfcll, Hunt and Smyly, The Tebt unis papyri, Londres {i'JOir,
Wessely. /*rtpyrorum scripturae grnecae spccimina, Leipzig (1900). Tachygraphie ;
Ruess, Ceber griechisclœ Tachygraphie, Neuhourg (I88i); Lehmanu. /Jie tachy-
graphischen Abkùrzungen, Leipzig (1880) ; T. W. Allen, Notes on the abbrena-
lions in the greek manuscripts, Oiford (1889) ; G. Zereleli, Abréviations des ma-
nuscrits grecs (en Russe) Saint-Pétersbourg (1904) ; Foal, On old greek Tachy-
yraphy dans Journal of hellenic «/urfie» (1901) ; K.Hartmann, Etarianiis Arriauus
und die Tachygraphie, dans Archiv. f. .Slenif/r. {\905). Paléographie laline : Ma-
billon, Oe re diplomatica (1709); Tassin et Toustain, Nouveau Traité de diplo-
l>la(iyue (1750-65); MalTei, htoria diplomalica, con raccolla dé ducumeuti in
peaux qui allaient pailre dans les pâturages' publics
{publica pasciia) ou dans les aestivi vel Itiberni saUux
de l'Italie. Delàvientle nom de scriplunrius a ger ilonné
aux terres du domaine public [ager piblicis' soumises
à ce mode d'exploitation'-. Cet impôt sur les poscua fut
le seul perçu dès l'origine par les agents du trésor ;
aussi cette dénomination, d'après Pline^ demeura long-
temps appliquée à tous revenus publics. Plus tard, la
ferme de cet impôt fut adjugée, sous la République, aux
enchères à des compagnies de publicains [publicani],
d'après un cahier des charges [censoria locatio] dressé
par les censeurs. Au moment où les troupeaux quittaient
les vallées pour aller passer l'été sur les monts, ils
devaient être soumis à l'inspection des agents des publi-
cains. qui en prenaient noie {scrip(ura) et percevaient
le droit de pâturage ou de transit ^ en raison du nombre
et de l'espèce des bestiaux. Cet impôt était d'autant plus
facile à recouvrer que le climat de l'Italie rendait alors,
comme aujourd'hui dans la Capitanate, la transhumance
nécessaire ^. Le trésor public afl'ermait même des pacages
en province, et jusqu'en Cyrénaïque où ce système lit
disparaître cerlaincsplanles tels que le laser ou sllpliium'.
On consacrait au pâturage non seulement des collines ou
vallées, mais des saussaies et des bois', et lors de la
formation des latifundia, ce système contribua beaucoup
à déboiser l'Italie. Il y avait des étendues considérables
d'ar/er scriptuarius, non seulement en Apulie et en Cam-
panie, mais encore en Sicile', en Afrique'", en Asie",
papiro, ManU>uc (17-7); Kopp, Palaeographica critica, Mannheim (1817-29);
Sch5nemann, Versuch einer vollstândigen Systems der allgemeinen besonders
alteren Diplomatik, Leipzig (1818); .N. de Wailly, iVémwifs rfe Paléographie
(1838); L. Delisle, Mélanges de Paléographie et de Bibliographie (1880; avec
allas. Idem, Le Cabinet des manuscrits de la Biblioth. iVa(io/ia/e (1808-81) avec
album. Idem, Etudes paléograpbiques et histor. sur un papyrus du W* s. ren-
fermant des homélies de saint Avit et des écrits de saint Augustin, Genève (ISOt-) ;
Wallenbach, Anleitung zur lateinischen Palaeographie, Leipzig (1886, 4*= éd.) ;
Gloria, Compendio délie lezioni di paleografia latina e diplomatica, Flo-
rence (1888-1900); A. Giry, Manuel de diplomatique (18941; Ihm, Lateinische
Papyri (catalogue) dans Centralblalt f Bibliothekswesen (1899); Arndl, Schrift-
tnfeln zur Erlernung der Uiteinisch. Palaeographie, Berlin (1887-88); Wessely,
Schrittafeln zur ûtteren lateinisch. Palaeographie, Leipzig (1898) ; F. Steffens.
Lateinische Pa/ocojrnp/iie, Fribourg (1903-06) ; i° édil. Trêves, 1907; édition
française, tr. Collon, Paris, 1908 et suiv. E. Monaci et C. Paoli, Archivio paleo-
grafico italiano. 1882 et suiv. A. Chrousl et H. Schnorr, M onumenta palaeo-
graphica, Miînchen, 1900 et suiv.; Zangemeister, Jnscriptiones parietariue
Pompeianae dans Corp. inscr. lat. t. IV; Idem, Tabulae ceratae Pompeis
repertue annis 1875 et 1887 dans Corp. insc. lat. t. IV suppl. ; G. de Pelra, Le
Tavolete cerate di Pompei dans Atti dell. R. Accadcmia dei Lincei, 11= s. t. III,
3e parlie. 1876. Abréviations : C. Mommsen, Nolarum Laterculi dans Grammatici
latini de Keil, 1 1 V : J. L. Walther, Lexicon diplomaticum abbreviationes syllabar.
et vocum.... exponens, Gôtiingen (1747); Dom P. Garpenlier, Alphubetum tiro-
niunum seu notas Tironis explicandi meihodus, Paris, 1747 ; Alb. Lion, Tironiana
et Maecenatiana sive M. Tullii Tironis et C. Cilnii Maecenatis operum frag-
nie»ifo,Gi)tlingeD(1846); J. Tardil, Mémoire sur les notes dVonienn-s (18541 dans
Mém. présentés par divers savants à rAcad. des Inscr. ; C. Krause, Grammatica
Tironiana, Dresde (1853) ; 0. Lehmann, Quaestioncs de nolis Tironis et Senecae,
Leipzig (1869); Idem, Bas Tironische Psalterium der Wolfenbùtteler Bi-
bliothek, Leipsig (1885; A. P. Kiilmelt, Uber die Geschu-indschrift der Allen,
Vienne (1872) ; Jul. Havet, Notes tironiennes dans les diplômes mérovingiens
dans Biblioth. de f Ecole des Chartes. 1885 ; W. Sclimilz, Studien zur lateinischen
Sténographie, Leipzig (1869-74) ; Idem, Commentarii notarum tironiauar., Leipzig
(1893) ; E. Châtelain, Notes tironiennes d'un manuscrit de Genève, dans Mélanges
Julien Havet (1895); Idem, Paléographie des Classiques latins, pi. i.xvii,
i.vjiii et x.jiv, cf. Pal. Soc. Il, pi. xii.
SCRIPTURA. — I Tit. Liv. XXXI.X, 29; Vario, Jlust. 11,1 ; 13-20, II, pracl.
I et 5. — â Varr. Jlust. I, 16. — 3 Hisl. nat XVlll. 3 ; T. Liv. Il, 9.; — l T. Liv.
IV. 8; XL, 51; XXXII, 7 ; XXXIX, 44; Polyb. VI, 17;Zou«r. VII, 19 Cic. />r.
ley. Man. 6: Jn Verr. 11,3; in Bull. Il, 14.Cf. [Rostovlsew, Gesch. der, Staats
pacht in der rôm. haiserzeit.Philoloyus, Erganzungsband, IX, p. 4I0J. — 3 Fes-
tus, s. V. Scriptuarius ager. 6 [Cf. Grenier, La transhumance des trou-
peaux en Italie {Mélanges de Rome, 1905, p. 293 sq.]. —7 Plin. Hisl. nul. XIX.
15 et Sanmaise, Exercit ad Plin. p. 262. — » Cic. /n Bull. I, I ; III, 4 ; II, 14; Bu-
reau de la Malle, ficon. po(. des Bom. p. 413. — 9 Cic. Verr. Il, 70, 169; 111, 71,
1C,7. _ 10 .App. Bell. civ. 24 ; Sallust. Jug. 20 ; I, Loi agraire de 643, 39, 40, 42.
— 11 Cic. l'ov. lege Man. 0, 15.
sci;
1136 —
scu
en Cilicie ', et vraisemblablement dans toutes les pro-
vinces-. Le directeur placé sur les lieux pour surveiller
la perception de Timpolau profit de la société vei'lif/alis
des publicains, se nonnnaii jiro inagisler'.
Sous l'Empire, les jiàlurages du domaine public et des
biens de TKaipereur ^ (pascua pitblica vel reiprivatae),
ne furent pas exploités de la même manière. On en loua
rexploitationù des particuliers moyennant uneredevance,
pensio, perçue par les procuratores Caesaris; il n'est
plus question ile publirnnus^, de scripturavl de scri-
ptiiarii. Souvent aussi l'Empereur a des troupeaux que
ses agents font paître sur ses domaines [patrimonium
PRixcii'isj. Le Code Justinien consacre un litre aux fundi
rei privatae et saltus divinae domiis ^ Mais la transhu-
mance était toujours réglée comme elle le demeura
depuis; une inscription que Mommsen ' rapporte au
temps des rois Goths, rappelle la règle sur le mode de
déclaration des troupeaux, /jro/'e'ss« pecua?-ia et les lieux
de station, en punissant les fraudes pratiquées contre le
trésor. Depuis le vi' siècle de Rome, le pâturage et le jar-
dinage tendaient à devenir le mode unique d'exploitation
des terres en Italie, et malgré les limitations portées par
les lois Liciniennes [ac.rariae leges], la grande propriété
envahissait tout, et la classe moyenne des laboureurs
disparaissait. En revanche, les troupeaux conduits par
des esclaves occupaient d'immenses espaces de terrain
[latifundia]. Les édiles, qui avaient la surveillance des
pâturages publics et le droit d'infliger des amendes aux
contrevenants *[aedius], ne purent empêcher la violation
des lois Liciniennes sur l'étendue des terres du domaine
que pouvait affermer un particulier, ni l'usurpation de ces
terres par les fermiers ou tenanciers. Les tentatives de
réforme des Gracques et de Livius Drusus n'aboutirent
pas. Une loi du tribun SporiusThorius restreignit l'usage
de la pâture sur le domaine public "; on possède des
fragments d'une autre loi rendue en 6i3 de Itome, qui
permit sur les restes de Vagerpuùlictisle pacage gratuit
pour un certain nombre de têtes de bétail", sans doute
afin de favoriser les petits agriculteurs, ce qui dut ré-
duire à peu de chose la scriptura et préparer sa dispa-
rition sous l'Empire. Les employés se nommaient pecuii-
rii ou scriptiiarii. G. Hu.mbkrt.
SCRIPt'LUM, ou SCRIPÏULUM.— Petite unité pondé-
rale, monnaie de compte et mesure de superficie des
Romains. Par rapport à l'as ou la livre évaluée à
3:27 gr. 43, le scripulum en était le 1/288'; il est évalué
à i gr. 137; il était le 1, 24= de l'once (27 gr. 288) et le
double de l'obole (0 gr. 5C8, qu'on appelait aussi parfois
diinidiutn scripulum. Le denier romain d'argent créé en
2tjy av. J.-C, était la 1/72' partie de la livre et pesait
4 scripula (4 gr. 348) ; le quinaire pesait 2 scripula et
le sesterce, 1 scripulum. Ces poids de monnaie furent
1 Cic. Ad Allie. V, II. — 2 iM.miiiaïUt, Orijunit. finanr. p. ,{i:.] — 3 Cic.
Verr. Il, 70. — ^ C. I cl 2 Cod. Tlieoil. VII, 7 ; Cod. Justin. XI, CO. — 6 Ccpcn-
daiil, du lemps de Pline, dans la Cyréiiaï(|iie province du peuple, il y avait encore
une fei-nie de la scriptitra. Plin. I/h!. nat. XIX, 3039. — 6 [|,. 65. — 7 C. 1.
L IX, iitSO. — s Ovid, Fasi. V, 283. — 9 Cic. De oral. II, 70. Une loi d'un
Iribun inconnu, pcul-dtre le même, dispense ces usurpateurs de terre de pa\ei-
leur redevance au Irésor. — <0 [Loi agraire de G+3 (C. /. L. V, 2u0) c. 10;
Waller, Gesch. n. 2331. Biui.iuobaphik. Becker-llarquardl, Organisation finan-
cière, p. 317, SU; Waller, Gescliiditc der Zùmisclien Ilichlz, 3" Wit. Bonn,
ISGO, n" |S, 37, 18i, 198; bureau de la Malle. Economie poruii/ue des Ro-
mains, Paris. 1810, 11, «3. iH, iih cl U6; (Roslovisew, P/iilotoi/us, Ergan-
2uugsband, \\, p. ilO s<|.].
SCRIPULUM ou SCKIl>TULUM. — I V. Ilullseh, Gr. tuvi rfim. .Velroloi/ie.
Sr,l'l,l'0.\KAi;. 1 ['au-, ap. Enslalh p «ii7, i'I ; .jou^i.Ç.^ elici llesycllius el
changés dans la suite des temps [denarius]. En épigra-
pliie, la notation pondérale du scripulum est 3, .">-,
■=^ ou "2^ . Comme mesure de superficie le scripulum
est le 1 288"^ liujugeruin. équivalant à 100 pieds carrés
romains ou 8 mètres carrés 744 [.iugerum]'. E. Babelon.
SCULPOiVEAE. — Variété de chaussures dont les phi-
lologues rattachent le nom à sculpo : il s'agirait de
grossiers sabots creusés dans une pièce de bois, analo-
gues aux xpoÛTTs^ai de Béotie'. Chaussures rustiques en
tout cas : Caton recommande^ d'en fournir tous les
deux ans aux esclaves qui travaillent aux champs, et
Varron décerne l'épithète de sculponeatus à Tripto-
lème, l'inventeur de l'agriculture ^ Le même Fulgence
commet, du reste, une erreur grossière dans cette
glose {sculponens dici vo/uerunt ces/us plumboligatos)*
sur deux passages d'auteurs comiques ^ où il est ques-
tion de frapper quelqu'un à coups de sculponea; nous
connaissons des exemples de correction à coups de san-
dale [solea, EDUCATio, p. 474]". De son temps, l'expression
n'avait sans doute plus cours; peut-être même n'a-t-elle
jamais été très employée, et il serait vain de l'appliquer
à une représentation figurée. Victor Chapot.
SCULPTURA. — A. Les procédés tecuniques de la
SCULPTURE. — L Définition '. — Les expressions latines
correspondant à nos mots français sculpture, scul-
pteur, sculpter, se présentent sous deux formes :
sculplura, sculplor, sculpere, et scalptura, scalptor,
scdlpere. Ni les unes ni les autres ne traduisent exacte-
ment le français; la signification en est à la fois plus
restreinte et plus étendue. Elles indiquent le fait de
tailler une matière quelconque : bois, calcaire, marbre,
ou toute autre substance. D'oi!i il résulte que, d'une part,
ces expressions s'appliquent parfaitement à la taille des
pierres précieuses, c'est-à-dire à la gravure-, mais que,
d'autrepart, elles ne peuvent désigner la fonte du bronze'.
A ce dernier travail Pline donne constamment le nom de
STATU ARIA ARS*. La gravure du métal et des gemmes est
étudiée aux articles caelatura et scalptura; nous nous
occuperons donc uniquement de la taille el de la confec-
tion des statues que les Latins désignaient à la fois
sous les noms de sculptura ou de sculplura [voir pour la
statuaire en terre cuile figlinum opus; pour la statuaire
chryséléphanline ebur].
On a cherché" une dillerence de sens entre les deux
expressions, scalpere et ses dérivés s'appliquant plutôt à
la gravure des gemmes, sculpere et ses dérivés à la
sculpture proprement dite'^. Cette distinction ne semble
pas justifiée; mais, autant que permettent d'en juger les
textesqui, sur une question aussi minutieuse, ne peuvent
guère donner une réponse paléographiquement certaine,
la forme scalp — paraît la plus usitée dans les deux
sens. La forme sculp — ne se trouve guère, appliquée à
l'ollux (Ouom. Vil, ii); Fulgenl. .SVrm. uni. 21 l\c\a\ : Qiiiil stinl isculponeas
(lie insculpo!}. —^ De re riist. R9; cf. 13S. — 3 Ap. Non. Marcel!, p. 104
19-20. Merc. = 2iO Muctier. — ^ Loc. cit. — » Nevius in Philemphro, cité par
lui, et Plaul. Casin. 493-496 Gœzl. — li Le jeu de mot de Piaule sur soleas
Ipolssous ou sandales) est 1res clair.
SCULPTUHA. 1 Cf. Bliininer, Technologie und Terminologie der Gewerbe und
Kfinste bei Griechen und Romern, I. Il, p. 164-180. — 2 Plin. Nat. hist. XXIX,
132, XXXVll, 8, 60, 177, etc. — 3 Cf. pourtant Quint. Insl. or. Il, 21, 8 : caela-
tura, quae auro, argenio, acre, ferru opéra efjiçit. Nam scalptura etiam lignum,
ebur, marmor, vitrum, gemmas, praeter ea quae supra dixi, complectitur. —
4 Nat. hist. XXXIV, 3.i, 03, 97, XXXV, 13C, XXXVI, 15. Cf. Quinl. Jnst. or. Il,
21, 10: nani si guaeram, quae luateria sit slatuariae, dicelur aes. — ^ Cf.
Bliimner, 0. c. t. II, p. 172-17G. — 6 Lfs upinious des critiques anciens et mo-
dernes sont rapporliVs dans Bluinner, t. Il, p. 17:1, n. I.
J
scu
— li:{7
SCU
la laille du bois ou de la pierre, que pour le verbe'. Du
sul)slanlil',scM/y*/«/'rt avec le sens de sculpture on ne cile
que deux exemples'-, et BUimner di'clarc^ n'avoir ren-
contré nulle part le substantif j>v-w//v/o/' avec le sens de
sculpteur. Les formes sca/pere, sca/jilitra, sca/jitor sont
au contraire fréquemment employées, en particulier par
Vitruve' et Pline ». — \ scalpere correspond yàiJï.£'.v;
comme l'expression latine, l'expression 5^rec(|iie di'sij^ne
aussi le travail du graveur, mais non la fonte du bronze.
r?\uTtT!xr| '"' et Y"'Jtt-ri;^ sont rares ; on dit plutôt àvopiav-
TOTtorr'i 8 ei àvopiotvToxo'.ôç " quî, couime le verbe àvîstav-
TOTtciiEîv '", indiquent simplement la confection d'une
statue et s'appliquent aussi bien au travail du marbre
et au marljrier qu'à la fonte du bronze et au bronzier.
1(. LAsr.rLi'TiHiî n.^Ns LA Ghèce PRÉiiiSTORinrE. — 11 nous
reste un assez grand
nombre d'œuvres
plastiques antérieu-
res à l'invasion do-
rienne et trouvées
surtouten Argolide",
dans les iles '- et en
Crète '\ Très diffé
rentes de valeur et
s'écbelonnant sans
doute sur un long
espace de temps, les
unes, telles que les
idoles des Cyclades
(tig. 6222), sont d'in-
formes représenta-
tions, d'autres,
comme les sculptures
Cretoises, sont des
iruvres d'un modelé
aclievé et puissant. 11
serait intéressant de
, CycUiJis. savoir comment les
unes et les autres ont
été; obtenues, mais, sur les procédés techniques de cette
époque, nous ne pouvons guère présenter que des obser-
vations très générales ou des conjectures.
La matière. — Les matières usitées" sont très
diverses : on trouve le marbre, le Irachyte, l'albâtre, la
stéalite, le calcaire, l'argile, l'os, l'ivoire. Les idoles des
iles sont le plus souvent en marbre; la porte des Lions à
Mycènes est en calcaire, la tète de lionne de Cnossos
< l'arcx. Vitr. ile Arch. I, i, 6 (ilouleux) ; Manil. Aslr. V. i80;Cic. Acad. 11,31.
101 ; le composé ersctilpere : Cic. Ad Att. XIII, iS, 2 ; (Juint. /nst. or. Il, m, 3.
— 2 Vilr. Ùe arch. Il, !1, 9-, Klin. Aal. Iiisl. XVI, iOO. — 10. cl. Il, p. 17i, n. .ï.
— i Uearch. 11^ 7, 4; 111,5, 15; IV, 1,2, elc. — ^Nat. Hsl. XXXV, 128; XXXVI,
M, li, clc. ; cf. Cic. Nat. deor. Il, 60, 150; l'Iin. Jip. I, 10, i; etc. — » Euscl..
Prarp. et'. I, S, 13, p. iOb.—'i Anlh. pal. IX, 774, I. — » X(!ii. iJem. I, i, 3 ;
rial. Gorg.i, p. 430 C ; elc — 9 Pind. Nem. V, I ; Xeii. AJem. II. 6,(1, elc. ; l'Ial.
//t'p.VII,p, 540 C ; clc. — 10 Xeii. .1/em. Ilf, I, 2; on trouve aussi, surtout clicz Lu-
cien, par ex. 5omn. 2,7, et T'iuianiuc, par ex. iJe lye». Sncr.\0. p. 580 E, les expressions
lpit4y'Auf(-j;, UnoTf>.yoixr„ Ép(ioY*ù3»iç ;'cf. aussi ÉpiJioTÂuo'.rov, atelier de sculpture. Plat.
Conr. 32, p. 2)3 B. — H Cf. l'errot cl Cliipiez, t. VI, p. 702; Collignon, //isl.
de la sciilpt. ijr. t. I, p. 32. — '2 cf. l'errot cl Clii| iez, t. VI, p. 735; l'crdrizet,
FouUlfS de Delphes^ l. V, p. 3 ; Blinkenber;;, A ni ifjiiiti^i prrmt/ct'niennes, AJém, de
la Soc. des ail 1 1(1 liai res du Aord, l««i ;ïsouMlasrt Miinatl, .Mi/cenaeaii aije.ji.i'M.
— 13 Cf. surtoulles rapports d'iiiaus 'lans Anniialof Ihe BrilisliScliuol in Allient,
depuis 1899 ; cf. aussi S. lieinacli. L'anl/irnpoliiyie, I9n2. p. 32 ; 1904, p. 279; Augclo
Slosso, Tke jialaces of Crète and t/ioir buildeis, p. 247. — H l'errot et Chipiez,
t. VI, p. 733. — !:• Evans, AnHiiiil of llie Jlrilish Schuol in Alliens, I8'J!1-I9Û",
p. 31; l'errot et Chipiez, t. VIII, p. loi, lig. 87 ; Jean de Mot, /Icr. orc/irà/. 1904,
t. Il, p. 213; cf. le fragnienl .lune liSle semblable eji calcaire dur Irouvé à Del-
phes: l'er.lrizel, Foinll.-s il,- /i,.I,,/ip.i. I. V. p. 3, /iï. 13 et 13 a: l->an', ./onnin/
Mil.
(fig. 022.3) '■' en marbre'". Il faut noter l'emploi fré(|uent
en Crète, pour les reliefs, d'une sorte de plâtre, exception-
nellement dur, dénommé en italien f/esso-duro''. C'est
en cette matière que sont faites deux des plus belles
o'uvres de la plastique Cretoise, la tête de taureau '"et le
torse d'un personnage portant un collier de fleurs de lis'\
La taille. — Sur les procédés de taille nous n'avons
aucun renseignement positif. On [icut [tenser que, pour
les œuvres assez grossières telles que les idoles des iles
ou même les stèles en calcaire de Mycènes, un outillage
très simple, par exemple un ciseau et un maillet, suffisait.
Peut-être les artistes mycéniens employaient-ils le foret,
si c'est ajuste titre que Benndorf-" a cru en retrouver
les traces sur la porte des Lions. Quant aux produits
achevés que nous a livrés la Crète, ils ont dû être
travaillés suivant les procédés des sculpteurs égyp-
tiens-', qui avaient acquis dans le traitement des pierres
dures une grande virtuosité. L'existence certaine de
relations suivies entre la Crète et l'Egypte-- donne
toute vraisemblance à cette hypothèse.
L'ajustarjc. — Le procédé du rapiéçage que nous
étudierons plus loin en détail est déjà en usage aux
temps mycéniens. Les tètes des lions de Mycènes, pro-
bablement en ronde-bosse, étaient rapportées et fi.xées
par des tenons-'. On a retrouvé en Crète les pièces d'un
grand taureau" taillées dans une pierre schisteuse de
couleur sombre, peut-être une sorte de stéatite: cette
matière ne s'obtenant qu'en petits morceaux, les divers
fragments devaient être rajustés li'S uns aux autres pour
construire le corps du taureau.
La polychromie. — De même qu'en Egypte -% les
œuvres de cette époque semblent avoir été entièrement
peintes, sauf celles où l'aspect de la matière constituait
déjà une polychromie naturelle. On relève des traces de
of llie n. Instiliite of bril. arcliilecls, 111» série, XI, n» 2, p. 41. — tr. Cf. nue
main en marbre de style développé trouvée à Cnossos: Ëvaus, O. c. 1899-19110,
p. 31.— n Evans. O. c. 1899-l'JOO, p. 31 ; 1900-1, p. 13; 1901-2, p. 31 et lig. 26,
p. 32, p. 66; 1903-4. p. 2; cf. Perrol et Chipiez, I. VIII, p. 741 ; Th. Fyfe, f'ain-
ted plaster décoration al Cnossos, Journal of Ihe H. Inslitute of brit. arc/'i-
tecls, III' série, X, n" 4, p. 107; Burrows, ùiscoixr. in Crète, p. 19. Sur I emploi
du gypse dans la sculpture de la Grèce classi(|ue, cf. BUimner, G. c. t. Il, p. 114,
U5. — I» Evans, Ann. of Ihe Orilish School, 1899-1900, p. 31 ; Reinach, Lan-
thropoloijie, 1902, p. 33, hg. 24. — 19 Evans, Ann. of the ûrllish School, 1900-1,
p. 16 et lig. 8, p. 17; 1903-1, p. 2 ; Reinach, L' anthropologie, 1904, p. 277, fig. 92
(cf. aussi p. 279, lig. 30). — 20 Die .Vetopen ion Selinimt, p. 41 , n. 1 ; cf. Tsounlas
et Mauatt. Mycenacan aijc, p. 218. — 21 Cf. l'errot et Chipiez, t. I, p. 753 ; M,ispero,
L'archéol. éijijptieune, p. 188; Sohii, La sculpt. éyijiilicnne, p. 23. Cf. Burrows,
II. c. p. 00. — 22 Cf. Evans, 'the palace of liiiossiis in ils efij/plian relations ; les
principaux faits sont rappelés dans i'oucarl. Le culte de Oiumjsosen Attit/ue, Mém.
de lAcad. des inscr.el b.-leltrçs,i. .\XXVII, 1. p. 11. — 2;i l'errot cl Chipiez, t. VI,
p. 805 ; cf. aussi les naseaux de la lionne de Delphes, l'enlrizcl, (J. c. I. V, p. 3, chez
laipiclle la pièce rapportée était peut-être en or ; il semble ((u'il y ail ici un emprunt
à la technique du métal, la vache d'argent de Jlycènes, l'errot et Chipiez, t. VI. p. 82u.
avant de même la pulpe ilu naseau figurée par une feuille ilor. — 21 Evans, A iinual
„f Ihe lirilishSchon in A th.. lOnO-l.p. II».. - 2., i:i. l'errot el Chipiez, I. l,p. 775.
li.t
SCL'
— 1138 —
SCI'
roiigc sur la lètc do lionne de Cnossos'. Les sculptures
en t/esso-diiro ont conservé leurs couleurs; comme sur
les peintures égyptiennes, la peau des figures viriles y est
toujours brun-rougeàtre -. Les yeux sont peints de
teintes vives ^
m. La S(U LI'TlREnANSLA GrÈCE OLASSIOI E. — La MATIÈRE.
— Les matières usitées dans la Grèce classique ' pour la
sculpture sont : le bois, le calcaire li'ndre, le marbre.
L'usage des roches dures, telles que le Ira-
cliyle employé pour les sculptures du temple
d'Assos, est tout à fait exceptionnel °. Les
premières statues, celles auxquelles les Grecs
donnaient le nom de ;davov', étaient en bois.
Les plus anciennes œuvres en pierre parais-
sent être les idoles en calcaire de Théra
(lig.(]224i qui remontent à la première moi-
tié du vir siècle ". L'emploi du marbre, qui
commence dans les iles à la lin du même
siècle ', devient général dans le courant
du VI'. Mais bois, calcaire, marbre n'ont pas
succédé l'un à l'autre en se remplaçant. De
même qu'en céramique, la technique des
ligures noires ne disparait pas après le triom-
phe des figures rouges', on a continué à
travailler le bois et la pierre tendre longtemps
Fis. 6in. ap''ès s'être rendu maître du marbre. Le bois
Idole lie Théra. fut couservé en particulier pour certains mo-
numents à caractère religieux : c'est ainsi
qu'au vi" siècle, Kanakhos sculpte pour Thèbes un .\pol-
lon de cèdre '", et qu'en plein m' siècle, à Délos, on com-
mande pour la fête de Dionysos une statue du dieu en
bois de cornouiller". 11 n'eût guère été possible de faire
figurer dans les grandes processions les images des dieux
si elles n'avaient été en bois ''. Les divinités modestes des
champs et des jardins durent sans doute se contenter
souvent d'images en bois [^iiehmae, tig. 3813 . D'autre
part, après que l'usage du marbre se fut répandu, l'em-
ploi de la pierre tendre subsista pour la sculpture à
bon marché. Éloignée du foyer de la civilisation grec-
que, possédant en outre une matière de qualité supé-
rieure, l'ile de Cypre" resta même exclusivement fidèle
jusqu'au V siècle au travail du calcaire ".
Les principaux bois employés'' étaient: l'érable, le
poirier sauvage, le buis, le cèdre, le lotus, le cyprès,
l'ébène, lit', le chêne, le figuier, le thuia, le tilleul,
l'agnus-castus, le myrte, l'olivier .-îauvage ou cultivé, la
persea, le sapin, l'orme, le genévrier, la vigne, l'encens,
le palmier, le peuplier ligna, .materiics]. On les choisis-
sait soit pour leurs qualités propres : dureté ou résis-
tance à l'humidité, soit pour des motifs religieux, le
< Evans, .Inn. o/" Bril. Scliool in Atlt., ig'Ji9-i9m, p. ii. — i Evans, lliiU. 1900- 1.
p. 16, 8». — 3 Evans, /biit. 1899-1000. p. 51 ; cf. e.iOl-2, p. 51, les plumes d'un
oiseau colorées eu rouge, Iileu, jaune, lilauc, noir ; cf. aussi une 161c nncénrcnnc,
Ts,iunl.is, Esiiij. i,,, lUOJ, p. 1 5<|. (Tel 8 eu parliculier). pi. i. — ( l'crrol el Chi-
pie/, I. VIII, p. 141. - « Ibiil. p. 1611. —6 .Sur les noms donnés aui slalnrs par les
anciens cf. Schukarl, /Vie Hor/cr «y«"«|i«, «î» ™v. -iivo., i-,i ,iii, Phîlologus,
I. X.VIV, p. 56I-S87 ; Blûmncr, (I. e. t. Il, p. 1^0 ; sur le sens particulier de iiu.ov
cf. E. Gardner, Joiirn. of hcU. si. IS'JO, p. 133; Leclial, Au mus^e rie r Acropole
iTAthne», p. 9. n. I : Collignon, <l.c. I. I, p. UlU, n. I ; fenot el Chipiez, t. VIII.
p. U4. n. t; Léchai, J.n smlpl. alti,,i,r niiinl l'Iii.lias. p. S, n. 3 ; l'i.uiscn,
Arch. Jahrb. :9n6. p. 18». Lue inscriplion dAsic-Mineurc. dépo.|ue romaine^
prouve i|uon a 1res tardivenieni faliriipié des ;-.«., ; cf. Conlolcon. A/A. Mitth.
\<-*V. p 91. .- T Miller von Garlringen, Thern. t. II. p. 304; cf. l'oulsen, Arc'i.
Jahih. IWi, p. ISS. 8 Cf. Colligiion, ". c. I. I, p. lis. _ » tt. Pollier. Catat.
•ki i<i.«» Un Loiiere. l. III, p. 6i7. — lu Collignon. (J. c. I. I, p. 3H; cf. à Egine
la sUluc eu c>prés de la ilécsse Mnia i|ue nous fail couiiailrc I inscriplion publiée
par EurlnJingler. Ilrrlinir l'hitolnij. W'nclieiischrifl, 1901, p. l.i'lT, |. r, : i,„-Ai«« ic!
dieu lui-même désignant parfois l'essence qu'il préfé-
rait". — Ce que nous appelons tuf et que les Grecs
nommaient Tôipo;'", est une sorte de calcaire poreux,
blanchâtre ou jaunâtre, qui se rencontre, en Grèce, un
peu partout; cerlainesqualitês, pétries de coijuilles et de
sables, sont extrêmement fragiles et tendres ; d'autres,
sans coquilles, sont plus dures et de grain assez serré.
— Les dilTéreiiles espèces de marbre ont été étudiées à
l'article mak-moh; il suffit de rappeler que les Grecs de
l'époque classique n'ont guère eu recours qu'aux marbres
blancs ; quelques œuvres archaïques seulement, entre
autres la statue du Moschoi)liore en Attique'* et les
stèles de Chrysapha en Laconie '■', ont été exi'cutées dans
un marbre gris bleu.
IV. Les OUTILS. — On trouvera à chaque nom une
élude détaillée sur la forme de cliaque outil. Nous
n'avons donc qu'à indi-
quer rapidement quels
instruments comprenait
le matériel d'un sculpteur
ancien -". Ce sont, du
reste, sensiblement les
mêmes que ceux du scul-
pteur moderne : 1° la
hache, surtout la hache
appelée holakka voir
aussi ascia] pour l'équa-
rissagedubois(fig.(îii.')); pi^. n^js. _ Travail di
2° la scie, dont les deux
formes essentielles sont : la grande scie pour établir les
principaux contours des blocs, el la petite scie à main
pour tracer de fines rainures dans certaines parties
telles que la chevelure sera] ; 3° la pointe, dont il
existait des types de dimensions très diverses ; -4" le
marteau, qui devait se présenter sous deux formes :
le marteau à une ou deux pointes pour dégrossir les
blocs, et le marteau à extréinilé plane pour frapper sur
la pointe [.malleis ; 5° les ciseaux, de tailles el de for-
mes variées : ciseau carré, rond, à lame concave ou
gouyf, à dents ou i/radine caelim, scalphum ; li" une
lame de fer tranchante el pointue pour tracer de fines
lignes incisées-' ; 7" le foret, en particulier le foret appelé
violon qui tourne sousTaction d'un archet ^terebra] ; S" la
râpe [lima . .\ celte liste il faut ajouter quelques autres
outils dont un sculpteur ne pouvait guère se passer tels
que; 9° le compas, y compris le compas à branches recour-
bées el le compas de proportions [cikci.msj ; 10" le cordeau
"lixea ; 11" la règle [régula]; 1:2° le fil à plomb [i'eri-e.s-
DicuLUM ; 13° le niveau [libella]; 14" l'équerre [.norma].
V. La conkectio.x de la statue. — La maquette. — De
i; Tfa-irsi .uç«;;a,.o. a;,. — " llomolle, /.'"//. corr. hiU. IS'.Ul, p. bOi. — l'^Cf.
Girard, L'Asrl''ph-ioH (r.i/AcncA, p. 41 ; Leclial. An musêt: de t'Acrop. p. 9, n. -.
— IJ Cf. l'crrol el Chipici, l. VIII, p. 159. — H 11 parait, d'ailleurs, ipie ce (|uc
les archéologues appellenl calcaire esl en réalilé du grès. — '^ Cf. Oualremére de
Ouincy, Jupiter Olijuipitn, p. ii» ; Clar.ic. JJusi'e rie sculpt., l. I, p. 41 ; surloul
Bliîmncr, O. c. 1. Il, p, i45-i96. où soûl réunis les Iciles anciens conrernanl
chaque espèce. — ^i* Cf. les stalucs de Uaniia el .Auxesia à Epidaure, llérod. V,
si; la slatuc d'Alhéna l'olias dans rErcchlhéion, Schol. ad Uemoslh. X.Yil. 13,
p. 597; Alhenagoras, Siipplienliu pro cliristianis, 17; cf. .S;hômauu, AuliifuHèa
firecques (llad. Ga'uski, l. II. p. i34; S. Reiuaih. Ifer. tl-s IlI. yr. 1906,
p. 35i, n. I. — <■ Cf. Lecbal. Au musée, p. 5: Hcrrol el Chipiez. I. VIII, p. 159.
— 18 Collignon, Hist. dt la sculpt. gr. I. I, p. il5 ; lerrol el Chipiez, l. VIII.
p. 155: Winler. J(.'i..l/il(/i. I8S8, p. 116.— " Collignon, O. c. I. I. p. i3i : Perrol
el Chipiez, l. VIII, p. 43s. — 20 cf. Clarac, AJusée rie sculpt. l. I. p. iO et pl. i:
Bliimncr, O. c. 1. Il, p. I'.U. t. III, p. 192; E. Gardner, yoiirn. of. hell. st. 1890,
p. 137. lig. 3. Cf. les outils du menuisier, An/A. ;..i;..(. VI. .'114. .'n-. —21 Cf.
Léchai
scu
— 1139 —
SCU
nos jours', lorsqu'un arlistc veut fabriquer une statue,
il commence par façonner un modèle en argile que l'on
moule ensuite en ph\tre pour on assurer la conservation ;
puis ilestprocédé ;ila mise aux points : un certain nombre
de points essentiels [punli'lli] destinés à délimiter exac-
tement le contour de la statue sont reportés du plâtre sur
le bloc de marbre ; des tarières creusent la matière à la
profondeur voulue, et le praticien n"a plus qu'à abattre
le marbre compris entre les trous. L'artiste n'intervient
que pour donner un dernier coup de ciseau. Il est diffi-
cile de déterminera quelle époque les sculpteurs grecs
ont commencé à faire usage de la maquette'. Pline
loue, d'après Varron. Pasitélès, sculpteur du i" siècle
avant l'ère clirétienne, de n'avoir sculpté aucune œuvre
sans façonner auparavant un modèle ^ et, toujours d'après
Varron, parle des prix élevés atteints par les modèles
en plâtre d'Arcésilas'. Il est pourtant probable qu'avant
Arcésilaset Pasitélès, on avait employé des modèles^; on
ne conçoit guère, en effet, comment des groupes d'artistes
tels que ceux de l'Erechthéion auraient pu travailler sans
un modèle œuvre du directeur et inspirateur des travaux,
mais ce ne devait guère èlre, aux vi' et y' siècles', qu'une
ébauche assez grossière ne donnant que la forme générale
de l'œuvre, peut-être même un simple dessin ''. .\u
IV'' siècle les progrès d'une part du raffinement, de l'autre
du réalisme, ont dû faire aux sculpteurs une néces-
sité de chercher et de fixer dans une matière sans
valeur et facilement malléable le type qu'ils voulaient
figurer; l'inscription d'Epidaure* (commencement du
iv" siècle) parle de tùtio'. payés 9U0drachmes àTimothéos;
on entend généralement par là des maquettes de cire'.
L'invention de Lysistratos de Sicyone, frère de Lysippe,
qui trouva le moulage sur nature'", dutaussi contribuer
à répandre l'habitude de modeler avant de sculpter. Mais
suivre avec certitude cette évolution dans l'usage de la
maquette nous est impossible. — Quant à la pratique de
la mise aux points, on n'en rencontre de traces qu'à
l'époque hellénistique". Il se pourrait, comme le conjec-
turent Kekule'-et Kurtwiingler'^, que les éloges de
Varron à Pasitélès signifient qu'il fil le premier un
modèle pouvant être reporté tel quel sur le marbre.
VI. La taille. — Nous sommes assezbienrenseignéssiir
1 Cf. Bcrtaux, art. Sculpture dans la Grande encyclopédie^ t. i9. p, S35.
— 2 Cf. Blûraaer, O. c. l. III, p. 190; E. Uardner, Journ o( hell. st. 1S90,
p. i'ih : Uandbook of greek sculpt. p. 33 ; WickliofT, Vi'iener Gene&is, p. 25
cl 4!; Perrot ol Chipiez, l. VIII, p. isrt; Deonna, Les statues de terre cuite en
Grècet p. iO, n. 3, p. 46, 61,67. Sur la façon dont les sculpteurs égyptiens ont sup-
pléé l'usage de la maquette, cf. Perrot et Chipiez, t. I, p. lli. — 3 iVa(. hist. XXXV,
156 ; laudat ( Varron et Pasitelen qui plasticen matrem caelaturae et slatuariae
scalptnraeque dixit et, cum esset in omnibus his stimmus, nihil umquam fecit
untequam finxil. — 4 i\al. hist. XXXV, 155 : i.lem ( Varro) magnificat Arcesitniim.
L. Luculli familiarem, cujus proplasmata pluris venire solita artificibus ipsis
qiium aliorum opéra... 156. Octavio equiti Romano cratera /acere volenli exein-
ptar e gypfo factum talento. Cf. Oie. Ad Att. XII, 41, 4 : H irtii epistulam si le-
geris^ quae milti fua«i iisùnAatTiia videtur ejiis vituperationis, quam Caesar scripsit
de Catone.... — » Sur la mai|ueUe à Olympie. cf. Treu, Arch.Jahrb. 1895, p. lict
17. — 6 La découverte à Dionysos (cf. G. Nicole, /ïcu. arcA. 1908, t. I, p. 40), à côté
d'un Apollon archa'ù|ue en marhrc pcntélique, d'une statuette de même matière et
de même type, peut faire supposer qu'on envoyait dans les carrières, pour faciliter
aui simp'es ouvriers le dé'jrossissement des hlocs. des modèles de dimensions très
réduites, elle ne nous apprend rien sur l'usage que pouvait faire de la nia<|uellf le
sculpteur dans son atelier. — t Cf. Koucart, /Jutl. de corr. hell. tS9U, p. iTO.
— 8 IGl'el (= IG IV), n° I4«4, I. 36-37, p. SU = Ch. Michel, Ilec. dinscript.
J/r. n« 584. p. ^l\<\, 1. 37-38 : Tlair.S [,; ï*t,« lùsoj; ifYi,7a[o]9«. ..; -«fi/.i«
BBBBBBBBB '>■">! n^d,,.--.);; ; cf. Cawadias. Fouilles d'Epidaure, t. I,
p. iT : iiuiliu. .4,l/i. epigr. .Vittheit. ans Osterr. XIV, p. 126; Treu, Arch.
Jfihrtt. 1K95, p. 17. — 9 Defrasse et Lcchat, Kpidaure, p. 62; pour une interpré-
tation difTôrentc, cf. Svoronos, Das Athener Nationalmuseum, p. 152. — to Plin.
Nat. hist. XXXV. 153: hominis autem imaginem gyj/so e facie ipsa prijnus
omnium eipresait. Cf. Jex-Blake and Scllers, The elder Pliny's chapters on the
la façon de tailler les statues de pierre ou de marbre par les
monuments eux-mêmes ; quant ;iux œuvres primilivesen
bois " nous devons, pour en reconstituer la teclinii|ue, i;n
rechercher les survivances dans les o'tivres postérieures.
Comme ouvrages grecs en bois sculpté, il ne nous reste
guère que les reliefs des sarcophages de la Itussie Méri-
dionale (fig. 6100)'=; mais ces reliefs étant du ur ou
IV' siècle, c'est surtout dans les premières œuvres en mar-
breetles sculpteurs archaïques en calcaire qu'on découvre
les traces des procédés primitifs delà taille du bois.
Le bois" est, comparé à la pierre, une matière tendre
et qu'il est possible de couper ; il n'est donc pas
nécessaire d'avoir recours, pour le travailler, au ciseau
actionné par le maillet; un ciseau pénétrant par simple
pression suffit. Les œuvres attiques en calcaire nous
montrent surtout l'emploi du ciseau à lame concave
nommé gouge; c'était probablement là l'outil essentiel du
sculpteur sur bois. Pour dégrossir la statue on employait
soit la scie, soit cette hache à long manche, au fer large et
mince d'un côté, long etpointu de l'autre, que les Latins
appelaient rfo/rtôra ifig. 6-2-25; cf. fig. 2i8o etsq.)''. La
nature du bois dont les fibres dirigeaient la lame suivant
des plans rigides, son manque de dureté qui incitait la
gouge à aller droit devant elle, sans souci du dét;iil,
suivant de longues surfaces planes, le fait que l'outil ne
pénétrait pas perpendiculairement et franchement dans
la matière, mais était poussé suivant un plan très
incliné et presque parallèle à la surface du bois de façon
à enlever couche après couche, devaient sans doute avoir
pour conséquences cet aspect carré, cette facture super-
ficielle et cette absence de modelé'" si frappants sur les
premières œuvres en pierre.
Grâce aux découvertes de l'Acropole d'Athènes '', il
nous est facile d'étudier de près la technique du
calcaire'". Les outils employés-' sont : la scie, les
ciseaux et, en particulier, les gouges de diverses dimen-
sions, une lame de fer fine et pointue servant à tracer
des incisions. On établissait probablement d'abord --
avec la scie les plans rectangulaires qui devaient
contenir la statue; ensuite, avec des gouges diflérenles
et de plus en plus délicates, on abattait les arêtes, on
enlevait les saillies que laisse la gouge de chaque côté
hislory ofart,f. 176; Brunn, Gesch. der gr. Kûnslleri, t. I, p. 282; Collignon,
0. e. t. II, p. 178 et 427, Jiev. arch. 1903, t. I, p. 6 ; S. Reinacli, Hev. arch. 1902.
1. Il, p. 11. — Il Par CI. 'Es, n. à;/., 16SS;pl. 1 : cf . E. Gardner, yourn.o/'/ie;/. s(.
1890. p. 142. n. 1. — 12 Die Grappe des Kûnstlers .Menelaos, p. I». — '3 Vebcr
Stauienkopieen im Allerthum, Abhand. d. llayer. Akademie, t. XX, 3- partie,
p. 545.— Il Blumner, Technologie tmd Terminologie, t. Il, p. 334-335; Col-
lignon, Hist. de In sculpt. gr. t. I, p. 104: E. liardncr, Handbook of greek
sculpture, p. 15. — '= S. Keinach. .Antiquités du Bosphore Cimmérien, p. 126,
pi. ixxxi et t.xxxn: Stépliani, Compte rendu de la commission impériale archéo-
logique de Saint-Pétersbourg, 1809, p. 177. Cf. un petit poisson en bois d'éporjue
mycénienne. Schlicniunn, Mycénes itrad. fr.). p. 205, fig. 211. — "> Lechat, Au
musée, p. 18-21 ; La sculpt. attique avant Phidias, p. 29. — " Cf. surtout un
fond de coupe attique, H. Blûmner, Techn. u. Terminal. Il, p. 340, fig. 53. — is Les
statues égyptiennes en bois (cf. Perrot et tlliipiez, t. 1, p. 640 et 648; Bénédile,
.l/on. Piot.l. Il, p. 29.pl. u-iT;Capart, ies (/(^iufs rff l'art en Egypte, p. 6)sout.
il est vrai, comme le rappelle Poulsen {Arch. Jahrb. 1906, p. 190), d'un modelé
achevé : et, si l'art grec avait conservé l'usage du bois pour la grande sculpture,
ses leuvres en cette matière n'auraient sans doute pas été inférieures i» ci'lles de
l'art égyptien ; mais il délaissa le bois pour des substances plus dures avant que fût
dépassée l'étape du travail facile auquel poussait singulièrement la nature île cette
matière. — 19 Pour ks très rares œuvres archaïques attiques eu pierre lendre autres
que celles de l'Acropole, cf. Léchai, Sculpt. att. p, 22, n. 1. — 20 Cf. Lechat, Au
musée, f. 3146. etA'cu/pr.a/^. p.21-163; Collignon. O.c. t. I,p. 206-218; E. Gardncr,
Handbook of greek sculpt. p. 18 ; Perrot et Chipiez, t. Vlll, p. 531-343. — 2' Le-
chat, Au musée, p. 20, el Sculpt. atl. p. 29; cL Wiegand, Poros-Archifektur
p. 231. — 22 Lechat, Au musée, p. 17. M. Orsi retrouve même les traces de la
dolabra dans l'exécution d'une très ancienne statue de Mégara Hyblaca: Bull, coït
hell. 1895, p. 314 a.
scu
HiO —
SGU
dos sillons qu'elli; Irace ; enfin, avi'c la lame Iranchanto,
on indiquait les détails lois que contour des yeux el de
la Itarlie, commissures des lèvres, etc. Tel était dans
l'ensemble le rôle de cliacun
des trois instruments essen-
tiels; «lans le détail il faut re-
marquer que, sur les leuvres
loul à fait primitives, les sur-
faces sciées n'ont pas tou-
jours été reprises à la gouge
(fig. ():2ii()j' et forment parfois,
en se rencontrant, des angles
absolument droits. Même avec
l'aide de la gouge, le sculpteur
ne réalise pas du premier coup
un modelé; ainsi, dans le fron-
ton de l'Hydre-, l'artiste qui
a traité le ventre du cheval a
abattu successivement les arê-
tes, obtenant ainsi des angles
«le plus en plus doux reliant
de petits plans intermédiaires.
Le résultat est, au lieu de deux
plans, cinq plans juxtaposés,
mais pas de courbe, pas de
modelé. — A part la scie, pro-
bablement de grandes dimen-
sions, qui a servi pour dégros-
sir le bloc, on a employé une petite scie à main, très
liue, pour creuser les rainures un peu profondes, par
exemple les sillons entre les mèches de cheveux'.
— Lors([u'il a voulu creuser dans la pierre une cavité,
ainsi les écailles de la partie postérieure du corps de
Triton', l'artiste a recouru à un procédé analogue fi celui
du menuisierpour pratiquer une mortaise dans une pièce
de bois : il a d(''limilé le contour des alvéoles avec un
compas, puis gratté et creusé avec un instrument tran-
chant l'alvéole ainsi circonscrite. — Enfin % pour effacer
couiplètementles inégalités laissées par les gouges labou-
rant de leurs sillons la surface du corps, on sVst proba-
blement servi d'une râpe ou d'une pierre dure à grain lin.
.\ la sculpture du calcaire semblent donc s'appliquer
sensiblement les mêmes procédés qu'à celle du bois. Les
«euvres en bois du vi^' siècle devaient rappeler les œuvres
en calcaire que nous avons la possibilité d'étudier ; on se
plaît à leur supposer les mêmes types robustes et solides,
la même massive structure, la même ignorance ou le
même <lédain des fragiles minuties, car de la t(H-hnique,
dominée elle même par la qualité de la matière et la
nature de l'outillage, dépendait alors le style; pour le
modifier et y introduire plus de souplesse et de variété, il
* l'ar ex. dans la sUtiic de lAcropolc n" ni, i.cchat. Au mitsi'e^ fig. 1, p. 19.
Noire (ipurc est une nVluclion do la mâmc vignette, d'après l'errot, /iisl, île
fart. VIII, p. l.'iS, fig. R5. — 2 l.ecliat, Au musée, p. S8, et .Sculpl. ail. p. .10.
— 3 l.echat. Au masée, p. I.O, 97. — * Lcchat, JOid. p. 61. — 5 Lecliat,
/l,id. p. es. — o Lechat, Ibid. p. 100, cl .Scul/il. ait. p. lût. - 1 l'.ir ex., à
l'angle externe des paupières, la saillie à vive ariile produite de la façon la pluh
naturelle, lorf^qu'on se servait de gouges, par la rencontre des deux sillons, celui
d'eu dessus el celui d'eu dessous, mais qui, lorsqu'on a employé le ciseau, a perdu
sa raison il'Otre. Cf. Lcclnt. Au rnusi'e, p. lOfi, cl Sculpt. ait. p. i3. — 8 Cf.
Collignon, O. c. l. I, p. li» et 1Î9. — 9 Ihid. t. I, p. îîi; l'errot cl Cliipiei.
I. VIII. p.M9. — 10 Cf. Wi.gaild, Porus-Archil. p. lOi. - il Journ. ofhM. st. 1890.
p. I3i. — '2 Oin Naturwiederijabe in tler alleveu ijriechischvu Kunsl^ p. 3;j,
— '3 A'eiic Jalirhaclier, l. XIII, I90i, p. 737. —1» Arcfi. Jalirli. 1900, p. 190-
— ' ' Mil. Mitlli. 190(1, p. IC" ; cf. encore Dcoiina, Apollona arckulques, p. 33.
— l»Cf. Lcclial. ylii miisik, p. 103; E. liarduer, Handbuok of ijrcek sculpture.
fjillait Ift modifier et trouver la technique prii])re de la
pierre dure.
A vrai dire on n'y arriva pas au premier essai : les
ipuvres atliques en marbre'', telles que le Moschopliore
ou l'Hermès à la syrinx, conservent bien <les survivances
de la technique du calcaire' ; dans les îles, des statues
telles que celle de Nicandra(fig. (1227) semblent la simple
Fie.
Bas-relief de I..-
copie de;oava* ; en Laconio les pans droits se rencontrant
à angle vif des bas-reliefs de Chrysapha (fig. (>22S)' parais-
sent découpés dans du bois. Cette iniluence de la tech-
nique du bois sur celle du calcaire '"et celle du marbre
a été contestée, mais si les arguments présentés par
MM. E. Gardner", Lôwy'-, Amelung'^ Poulsen ",
L. Curtius", valent peut-être contre l'inlluence des
anciens çoava sur la formation des types plastiques en
pierre, il est difficile de nier que le bois ait légué à la
pierre son matériel et ses procédés, et de méconnailre
sur les œuvres en marbre les conséquences de cet outil-
lage et le souvenir des traditions antérieures.
Ce qui caractérise la technique du marbre '^ c'est que
l'outil essentiel n'est plus la gouge manœuvrée par
simple pression et qui coupe la matière, mais le ciseau
ou plutôt les différentes formes du ciseau sur lequel on
frappe avec un maillet et ([ui fait éclater la pierre. GrAce à
diverses statues inachevées (fig. 6229) '', il nous est pos-
sible d'exposer avec assez d'exactitude par quellesétapes
passe l'exécution d'une œuvre en marbre. Le bloc sorti
de la carrière, un premier travail de dégrossissement
est fait surplace, probablement par de simples ouvriers ",
avant le transport dans l'atelier du sculpteur. L'ouvrier
p. 19. — <■' Cf. l'ottier, Relief funéraire pour un atltléte victorieux. Dut.
corr. hell. 1881, p. 65, pl. lu, p. 67, n. 1; E. Gardner, The proeesscs nf
greek scutpt. as shoion by some unfinished statues in Alliens. Journ. af hell
st. 1890, p. Ii9: (irorges Nicole, Remarques sur une statue inachevée de
marbre penlélique. Mélamies Nicole, p. 401. Cf. nour d'autres statues inaclie.
vécs, C-ivvadias. Catul. n» 380 (cf. Kxpédilion de iloréc, t. III, pl. xxu, 1 .
.Miclhlmfcr, Alh Mitth. 1879, p. tJV, n. 1): MilchliSfcr, Ath. ilitth. 1879.
p. 66, n. 1 : Le Bas et Reinacli, Voijaije arch. en Knre et en Asie Mineure,
p. 89 et 90 cl pl. i.xixix ; i et 3 (cf. pour ce dernier Cavv,idias. Catal. u" 779 :
E. Gardner. Journ. hell. st. 1908. p. I W) ; Saucr, Ath. ililtli. I89i, p. 4V, n" iS,
p. iO, n" i7 et VS (ce derniei-. n" Il du Musée National d'Alliéncs, reproduit
K. Garilner, Journ. of hell. st. 1»90, p. 130, lig. Il; Furt»Snglcr, Iteschreih. der
niyptothek Kôniq l.udwii/s I. tu Mùnchen, a' +n, p. :''>l; Mayencc et Leroux,
/luit. corr. hell. 1907, p. iSi. n' 0: lleonna, Apolluns archaïques. \t. io. — '»i;f
G. .'Sicole. Bee. arch. I90S. t. 1. p. 4i.
scu
im — *
scu
iliUiiiiilc d'uliord, sans douU' avec la scie, ii
roclariiçulairu ayaiU à peu près les dimensions
statue projetée; puis,
n bloe
; de la
sur la
face et le coté du bloc, il des-
sine la forme de la statue vue
de face et de côté, et enlève la
matière en deliors des contours
en allant de la face parallèle-
ment aux côtés et des côtés
parallèlement à la face. Les bras
et les jambes sont délimités et
travaillés de môme. L'outil em-
ployé pour cette opération est
la pointe actionnée par le mar-
teau, ou le marteau pointu ; sur
a statue inachevée de Dionyso,
dont le travail n'apas ôlépoussé
plus loin, on reconnaît les tra-
ces du marteau à deux pointes.
C'était sans doute alors que la
statue était transportée dans
l'atelier de l'artiste.
Une œuvre duiv' siècle trou-
vée à Rhénée ' et dans laquelle
les différentes portions du corps sont amenées à des
degrés divers d'achèvement permet de suivre les étapes
successives de l'exécution. L'artiste, sur le bloc grossiè-
rement taillé, se préoccupe d'abord de marquer un cer-
tain nombre de points de repère; il perce avec un foret
des trous sur la surface supérieure de la base et dans
une saillie de marbre qu'illaisse provisoirement à l'extré-
mité supérieure du bloc, et ajuste verticalement une
règle au-devant de la statue. Grâce à cette règle et à la
connaissance qu'il a des proportions soutenues entre elles
par les parties du corps^ il détermine les points essen-
tiels lois que saillie des genoux, jonction des jambes et
du corps, hauteur des épaules: 1" le sculpteur laisse
brut le derrière du bloc pour ne s'occuper que de la face
et des côtés; :2° au moyen d'un ciseau ou d'une pointe et
d'un maillet, il fait sauter rapidement de larges éclats
de marbre ; c'est à cette étape qu'en est restée la partie
inférieure de la statue, des pieds au milieu du tibia ;
'.i" il procède de la même façon, mais pénètre plus pro-
fondément de 12 à 25 millimètres; la pointe usitée est
plus peliteet plus pointue, les trous sont plus rapprochés;
c'est à ce degré d'achèvement que semble en être resté
tout entier l'Apollon de Naxos '■' ; 4° à l'aide d'une gouge
l'artiste pratique des trous profonds de 12 à 20 milli-
mètres, et de 25 millimètres au moins de diamètre;
5° il enlève la matière comprise entre les trous avec une
pointe de même forme qu'au début, mais plus fine et
maniée avec plus de soin. L'assise atteinte se trouve
ainsi à 12 millimètres plus bas qu'à la troisième étape ;
la forme générale du corps est dessinée, mais aucun
détail n'est indiqué; 6° enfin les parties où le travail est
le plus achevé gardent les traces d'un fin ciseau denté
' E. (iaiiInCT, Jonrn. o/' hell. St. IS'.IO, p. 136, lif;. i. — i l'arfois aussi, pciil-f-lii',
â r.-iiilc de pclils modales en marbre lels que relui-ci de Uioiiyso. 0. Nicole, /iev.
itrch. r.tO.*t, l. I, p. -VO. — SA moins que la surface toute piquetée ne déuole l'emploi
du marteau à deux pointes. Cf. sur l'Apollon de Naxos : E. Gardner, Joiirn. ofhell.
si. IS'.IO, p. liO et p. 130, liK. I ; Saucr, Atlh. MMh. 1RU2, p. W, u' M ; Cavvadi.is,
Cntnl. n" 1 1. p. ti; Collignon. O. c. l. I, p. 1 15, IIr. 57 ; Georges Nicole, MiHuiujcs
Nicole, p. Ml. pi. 11. — i CI. encore, pour les divers outils employés au fron-
ton d Olvnqiie, 'lieu. AnI, Jiilirlj. isli.î, p. ;(. Sur les représentations de scul-
passé très librement dans toutes les direetions ; la pro-
fondeur atteinte dépasse de (i millimètres celle qui a été
réalisée dans la cinquième étape ; les derniers détails ne
sont pas marquas. Quanta lailrapcrie, elle aété grossiè-
rement façonnée au ciseau, puis les plis en ont été creusés
au foret. — Cette statut? nous montre donc successivement
l'usage delà pointe et du maillel(ou du marteau pointu),
de la gouge et, à nouveau, de la pointe et du maillet, du
ciseau denté et, pour la draperie, du foret*. Elle nous
renseigne de plus sur le procédé d'approximations pro-
gressives employé par les artistes ; après avoir dégrossi
l'ensemble de leur statue, ils ne poussaient leur travail
que dans la partie supérieure, et ne l'achevaient d'abord
que pour la tète. Comme c'était la partie la plus délicate,
on voulait sans doute être sûr de son exécution avant de
s'attaquer au reste du corps pour lequel les risques
d'accident étaient moindres. Le traitement de la partie
postérieure était réservé tout à fait pour la fin. — L'étape
du ciseau denté n'était pourtant pas la dernière ; un buste
du Musée National d'Athènes' nous permet de suivre
l'exécution jusqu'au bout. Après le ciseau denté, dont les
traces se reconnaissent sur la draperie et les cheveux,
on a employé sur la face un ciseau arrondi ; cet instru-
ment a l'avantage de ne pas faire de coins, mais laisse
des sillons superficiels qu'il faut enlever avec le ciseau
carré. Après avoir passé le ciseau carré il reste encore
à polir avec la pierre tendre. — L'ordre des procédés n'a,
d'ailleurs, rien de rigoureux; ainsi, sur un torse du Musée
National d'Athènes', on ne trouve pas trace du ciseau
(ienté, mais, après la pointe, on a eu directement recours
au ciseau arrondi auquel doit faire suite le ciseau carré.
— Un soin particulier est donné au rendu des mus-
cles', spécialement dans l'école de Lysippe, célèbre
pour ses types athlétiques. Une fois la surface travaillée
au ciseau denté, le contour des muscles est dessiné et
taillé avec le ciseau rond, puis modelé de façon à sub-
stituer aux contours durs des transitions insensibles.
La technique que nous venons de décrire semble avoir
été généralement usitée en Grèce à l'époque classique ;
mais il ne faudrait pas croire qu'aucun changement n'ait
été introduit dans la fabrication des œuvres plastiques
de la fin du v" siècle à l'âge hellénistique. Si l'ensemble
des procédés est resté le même, certains détails ont
varié : c'est maintenant à la technique, dont l'artiste s'est
rendu maître, après avoir influé sur la formation des
types archaïques, de se plier, au contraire, à l'évolution
du style et de s'adapter aux conditions artistiques. On
peut suivre très nettement cette influence dans la re-
présentation de certains détails tels que la chevelure, ou
encore dans l'emploi de certains outils.
Nous verrons plus loin que l'art grec ne cessa jamais
de peindre la chevelure et la barbe, mais la couleur
devait-elle être appliquée sur un fond lisse, ou le ciseau
devait-il collaborer à la représentation dans la même
mesure que le pinceau ? C'est le premier système (|ue
l'art attique primitif% soit par goût de la simplicité, soit
pleurs maniant leurs outils, cf. Blumner, Z'etA". unU Tenn. III, p. H' et sq .
— :> .N» 1S6; c:. E. Gardner, Journ. of hell. st. 1890, p. I3'J; U Bas el Rci-
uaeh. Voyage arc/i. en Urèce. et en Asie .Mineure, pi. i.mix, i. — » Gardner,
Jonrn. of hell. st. 1890, p. 130 cl p. HO, t\g. l. — T Id. Ibid. p. 140, lig. Ti, et
p. lil, lig. 6. — » Cf. Lechat. U scnl/it. ail. p- Uil (cf. pourtant le Zeus en
calcaire, Lccliat, .-lu ynusi'e, fig. 4, p. 91) ; Hofniann, l.'ntersneh. ûber die Darslell.
des Haares, ./ahrbucher fur klassischc Pltitolo,/ie, Hupiilemenlband iXVI.p. Mi
Dcouua, fj. c. p. lO'J.
scu
— Ili2 —
SCU
par li'ndancoà fncilitorlo travail, a ^énèralpiiKMit prali-
iiué; le Mnsriiopliorf, (|iii a con-
servé tant do Irnils de la sculpture
eu tuf, a la calotte du er.ine el
la harlie ahsoluinenl lisses ; ipiel-
ques houcles seulement sont scul-
plees au-dessus du front. Mais
les artistes des îles ' adoplèrenl
le deuxième système qui satis-
faisait mieux leur goùl pour les
minuties et les jolis détails, et il
s'introduisit à Athènes avec l'in-
lliience ionienne. La lèle Rampin
(lif;. tW30)- dans laquelle les clie-
choï.Luro arch.,,.iuc. ^^^^ ^^ ^^ ^^^^_^^^ ^^^^ Iraités plas-
tiquement\ mais la moustache indiquée par un simple
iPlil
trait au pinceau, symbolise le passage d'une méthode à
l'autre. Au triomphe de l'in-
fluence ionienne se ratta-
chent ces chevelures fémi-
nines (fig. 6^231, G23-2)' où
chaque mèche est repré-
sentée par une ligne en
saillie délicatement scul-
ptée. A cette technique suc-
cède un type intermédiaire
qui se répandit peu sans
doute puisqu'on en connaît
seulement deux exemples
(fig. G233)°; la barbe et les
cheveux y sont rapidement
travaillés à la pointe [brel-
tclni/e) ; ce procédé donne
Kie ti ri — ira 1 I e su . , * , , . , ,
\3\ \e ce •' '■* polychromie plus de
vigueur tout en lui laissant
le premier rôle. Au V siècle, dans certaines statues
J l.eclial. La srulpl. att. p. 1«0. — 2 cf. Diiiiioiit, Monuments ijrpcs, t. i,
ls:s, p. I, pi. i; Kavct, M'inumenls de l'art antique, I. I, ii» IS ; Collignon,
O. c. l. I, p. 360; l.echat. Monuments Piot, l. VII, p. H.i, pi. xiv, el Sculpt.
ait. p. 195 : Perrol et Chipiez, l. VIII. p. 036 ; liiinacli, /lecneil de tètes, pi. m
,.| ,v. — 3 Le di^lail esl ligur* par des séries de petits cuhes aiiv angles soigneii-
sotnent alialtus. — * D'une façon gùnfrale les corès de l'Acropole. Cf. Leclial,
Au musée, p. 197; l'crrol et Chipiez, t. VIII, p. 583. — Le mime procMé est em-
ploie pour les I6les viriles (ef. Collignon. U. c. l. I, p. 361, lig. I«3, p. 3Ci,
lig. ISV; Pcrrot el Chipiez, t. VIII, p. 613, (ig. 339, pi. xiv), mais la facture est beau-
coup plus simple; un traitement souple, mais naturel des mèches remplace les
zigzags coquets, mais artificiels des chevelures f^rminines. Il y a emprunt évident,
pour les télés viriles, h la leclinif|ue des hronzes. — '■• Collignon. Monuments
d'dlynipie. les deux techni(]ue.i sont en usage; au Tlit'-
selon, la couleur a été posée sur
des dessous lisses"; ailleurs, par
exemple, dans d'autres marbres
d'Olympie \ lig. 0"23 V, au Parthénon
et, d'une façon générale, à la lin
du V el au iv siècle (lig. 6235,
()23G), la chevelure a été traitée au
ciseau ou même au foret, mais
l'exécution, à l'ordinaire large et
simple, esl i-arement poussée dans
le détail ', ciimme si le sculpteur
avait craint d'empiéti'r sur le domaine du peinli
Fig. 023-.. - Tôle de l'Eiréné
de C.-phiso.iol,-,
36. — Tête de 111
de Praxitèle.
Les successeurs de Praxitèle et les sculpteurs hellénis-
tiques, sentant que, par le traite-
ment plastique de la chevelure, ils
pourraient la faire concourir à
l'expression pathétique de leurs
œuvres, invenlèrent ces formes de
coill'ure compliquées", aux om-
bres profondes el aux vives lu-
mières, œuvres exclusives du ci-
seau et surtout du foret, à l'efTel
desquelles la couleur ne pouvait
guère ajouter.
La façon de traiter les surfaces
lisses révèle une évolution loul
aussi significative. La râpe ' appa-
raît très tôt, par exemple sur les
figures de Délos ou l'Apollon de
Théra (fig. G237), mais les grands
sculpteurs du v° siècle, ainsi Phi-
dias au Parlhénon, en ont fait un
usage très limité. Les artistes de
large inspiration dédaignaient de
dissimuler sous le poli de la râpe
ratla(|ue franche du ciseau '". Au iv' siècle, l'tMiiploi de
(4
I
i
. Apollon di Th.
yrscs, t. Il, iSS9-IS90, p. 3.i, cl Furlwanglcr, Coll. Sabouroff, pi. m el iv ; li .
Museen zu Berlin. Beschreib. der antik. .Skulpturen. n» 30S; Ueinaeli, ïtecueit
lie tètes, pi. vil el viii. Cf. Pcnol el Chipiez, t. VIII. p. Ii4i el lig. 330, p. 643 ;
l.echat. La sculpt. ait. p. 375 et 470. — » Cf. Collignon, J/oniimen(s i;recs. l. 11.
)SS9-I8!l(l, p. 42. —1 Cf. pour les frontons dOlympie: Tien, Olympia, t. III,
p. 433, et Ar'\l'. Jahrh. 1895, p. 3; l'Hermès de Praxitèle. Furlwlingler. Meis.
leneerlie der i/riech. Pl.istik, p. 53i ; cf. encore Poltier, Vull. corr. hell.
ISM, p. 453. Cf. sur l'emploi du foret pour la chevelure : Furlwângler, O. c.
p. 53i, 666, 641. — » Cf. Collignon, Hi.«(. de la sculpt. gr. t. Il, p. 4;ii-45(;.
— 9Bliimner, O.c. t. III, p. 197 ; Coelcr von Uaveiisburg, Venus von Milo, p. 1 17
Situ, Archâol. der Kuusl . p. 3av. — lu Sur la râpe à Olvnipie, cf. Treu, Arc/:.
Jalirb. 1893, p. 3.
scu
— IliM
scr
1.1 ràpp prend plus d'i'xlcnsion ; on n'en use pniirlaiil
d'aliord que pour les surfaces d'une certaine étendue
el qui doivent èlre recouvcrles de couleur, comme les
vêlements; on se plail ainsi à obtenir des ell'els d'op
position entre le traitement rlii cdrps au ciseau et celui
de la draperie à la r;ii)e '. Puis, la scul|)tiire aban-
donnant de j)lus en plus la haute inspiration religieuse
pour les sujets familiers et les représentations réa-
listes, la ràjte est éf^alement employée pour le corps ".
Knfin on voit prendre une grande extension au procéd('
dé'jà usit(' au|)ai-avant du polissage ' ; on employait
[Miur cela le sable, en ]iarliculier le sable égyptien, le
calcaire tendre en poudre, la pierre ponce '", ou encore
la pierre dilede Naxosdonlon neconnait pas exactement
l'origine, vu le désaccord des textes qui la font venir les
uns lie Cypre -, d'autres de Crète ''.
le foret '' a eu une destinée analogue à celle de la
râpe. On en trouve les traces sur les frontons d'Égine et
d'Ulympie, mais l'usage n'en est probablement d(!venu
général i|ue plus lard. Fausanias en attribue l'invention
au sculpteur Kallimakiios ', contemporain de Phidias,
ce dont il faut sans doute
conclure que Kallimakiios
le premier sut en tirer des
c'Ilets particuliers. On n'eu
constate que quelques
traces au Parlliénon ''.
L'art de Phidias el de ses
prédécesseurs ne ressen-
tait pas, en ell'el, un be-
soin absolu du foret; à
l'agencement assez sim-
ple des draperies, au trai-
tement large des détails, le
ciseau suffisait (fig. (J:2.'}S).
Il n'en est plus de même
Fis. oj;s. — ^■n^,l■ du l'aiiii.noii. lors(iue l'art cherche à
tirer un ell'et dramatique
des plis jirofonds du vêlement ou se plail au refouille-
menl minutieux des détails; le foret devient alors un ins-
trument indispensable, el les artistes grecs y acqtfiérenl
une telle virtuosité que certains creux très profonds et
d'accès très étroit paraissent irréalisables aux sculpteurs
d'aujourd'hui '".
VII. L'aJI STAGE DE LA STATIE. — LeS PIÈCES KAfPUKTÉlCS.
— Les ACCESSOiiîES. — Dans le Sonr/e Lucien dit que le
I l'ai' ex. lUlis nU'niit'5 de l'iaxilùli', dans des ^li-lis alUqucs, ainsi Conzi',
ACiisclw Crahrelkfs, ii° 300, p. «>, pi. i.xxiii. U. BliiiiiiiiT, O. c. I. III, p. \W.
— 2|'arex. Colligiioii, Tète dalhlHe Iroum'c en Hiji/ple, Itcc. de nwiii. inihlié
par la SocU'lc des ArUiffuairvs de Fiatice à l'occasion de son centenaire^ p. Si.
— s l'Iiil. iJiscr. adni. el amie. 37, p. 74 E : oî ÂtfoEôot -rà rAr.ïtv-ra xaî lîtpixoKi.Ta
T.:.. 4,./|.iT™. ;..isa;vovTt; »«\ ,«„.-.,.;. — t flill. Nat. Iiist. XXXVI, Si :
nirsiis 7'hebaica {hnrena) polituris accommodatur et qitae fit e poro lapide aiit
e puntice. — ^ Pli». Nat. Itist. XX.WI, .54; Sitjms e marmore poUendis fjeiit-
misqite etiani sratpendis atqiie limandis Naxitim diu placutt anle nlia. Itn
roeantiir cotes in Cypro insitta genitae, Vicere postea ex Annenia inrrcl'ie.
— « Schol. ad Pili.l. Jsthm. V, 1D7 ; SU'pIl. Byl. v" Nil-.;: Suid. v .N«;,« i-S-,; :
NaH-:* Ât^o; T, K^TiTtv^ «xo-zr,. Kà;'.; T/p no'.i; Kpijir,;. Cf. lîliimilcr, O. c.
1 III, p. PIS. — 7 Cf. BICiiiiici-, l. III. p. 193; SiUl. Arch. d. Kunst. p. 3'J8;
Fiiilniin^-lcr, A/eiateneerke der yriech. Plastik, p. iSi, 560, 341. — » I, il),7 :
xa' AtO^u; cçMT.>; GTsÛKr.ijc. Il faut Kriler ipie cc Kalliniakhos est considéré par
Pausanias lui-même connue nu lialiile praticien, mais un arlisie inférieur :
4-i><ÉMv T~.y îTj^Twv i; «ùtr.v rv,» T£>;vr,v. Cf. Brunn, Gesch. der yriech. Ki'instter'^,
l. I. p. 177 ; CollisnoD, //.»f. de la sciilpt. ijr. l. Il, p. |:il. — J Cf. Puclisleiri,
Wochenschrift fur klass. Philoloi/ie, 1U90, p. I»i; Arcli. Jnhrij. IS'JO, p. lin,
el Arch. Anzeiijer, IS'.lO, p. IIU; S. Kcinacll, Chroni(/iies d'firient, l. I.
p. 007 ; ColMunon, //isl. de /.i »C"//.(. f/r. L II, p. i,\. u. 1. Cf. ciicori- piiur l'iiiiploi
.In foret an v si.VIe ; Tivn. '>li,,ep,„. I. III. p. k,I. ri .l,r/,. ./„/,,/,. |v!i:,. p. :i ;
sculpteur ne doit pas seulement savoir tailler, mais aussi
savoir ajuster "; de nos jours les statues sont géni'ra-
lement travaillées dans un seul bloc de marbre; les
anciens vantent, au contraire, ce fait comme le résultat
d'une habileté rare '-. Dans l'histoire de la technique des
pièces rapportées '' il faut prendre comme jioinl de
départ la sculpture du bois. Les statues en bois étaient
faites de difl'érentes pièces ajustées el, [)our éviter une
disjonction qu'auraient nécessairement amenées les varia-
lions de température, on faisait couler du nard dans les
interstices ". Les artistes qui ont travaillé le calcaire
tendre '"'ont recouru au même procédé d'ajustage; ili'lail,
d'ailleurs, imposé par la nature de la matière ; le tuf n'est
pas assez ferme [lour qu'on puisse, sans danger de li;
briser, y tailler de grandes pièces. Celte technique léguée
par le bois au calcaire, le calcaire la légua au marbre ;
saisie ainsi dans ses origines, elle ne peut nous étonner,
et nous comprenons qu'elle fût appliquée même à des
leuvres de très petites dimensions "'. Elle avait, en oiilre.
un double avantage : elle présentait beaucoup plus de
commoditi! pour le transport des blocs", et elle facilitait
la réparation des statues " ; arrivait-il un accidenta une
partie ou remarquait-on, au cours de l'exéculion, un
défaut du marbre '■', on remplaçait le morceau endom-
magé ou défectueux.
Les statues archaïques de l'Acropole ont presque
toutes des pièces rapportées '" ; la statue d'.\nténor est
la seule d'un bloc. Les parties le plus généralement
rajustées sont les bras, les extrémités flottantes des vêle-
ments, el les boucles de cheveux. Lorsque l'avanl-i^ras est
tendu, il est toujours rapporté (lig. &2'.id). « Pour adapter
le bras à sa place, dit M. Léchai, les sculpteurs creusaient
dans le coude une profonde mortaise, parfois carrée, le
plus souvent circulaire ; on prolongeait lavant-bras par
un solide tenon, de forme circulaire, s'emboilant dans
la mortaise; l'on forait un trou, d'environ 1 cenlimêlre,
à travers toute l'épaisseur du marbre, jjar le milieu du
tenon, et dans ce trou l'on coulait du plmnb en dissi-
mulant les extrémités de la cheville. Parfois l'on se
contente de coller le tenon dans la mortaise avec une
matière blanche, réduite en liiie poudre, pareilh' à du
plâtre, mais qui est, parait-il -', de la chaux. » Ouelque-
fois la tête et le cou sont rapportés: ainsi, dans la
statue 67i du Musée de l'.Vcropole, « ils sont prolongés par
un fort tenon rectangulaire s'emboilant dans unemortaise
de même forme creusée dans le ironc el scellée avec de la
Potlier, IJiill. corr. Iiell. IK'J'l, p. 4>3. — m On est allé juscpj à conjecturer
l'usai des acides «|ue rien ne nous autorise à adnieltre :cf. llliiiiiner. Technologie
itnd Tenninotoyie, t. III, p. l'JG. — O 2: îojt(.v... ii^v.<tiit ii«pa>.«?^.v JitOwv Ufà-sr,-,
4r«0i« îTv.i .ol auvoLfi»,»!*,. .«'■ :j|ioïJu!=ît.. - '2 Cf. Fliu.^ al. hisl. XXXVI, :)l el
37. - 13 Cf Gliimner. O. c. 1. III, p. 212 : Gocler von Kavcnsburg, Venns eon .Vilu,
p. ii ; Situ. Arrh. d. Kiinst. p. 3!)9 ; Furtivanglcr, Meisteruerke der yriech.
l'iastik, p. OOi. — ''• Pliii. Aat. kist. XVI, 214 : adjicil {ilucianus) multis lora.i i-
iiibas nardo riynri {siniutacrnrn)^ ut medicatiis uinor alat teneatfjHe juttcturas.
Cl. Bliimucr, O. c. I. Il, p. 330. — "à Lccliat, Ati Jyi/sée, p. 23li (cf. pourlaut le
/.eus en pierre lelldre, lii,'. 4, p 91). — 1» Cf. I.eclial, Au musée, p. 228, <|ui
cite les statues de l'Acropole ii"* 007 et 008 (cf. pour celle dernière 'Esïiji. -ij/.
IS83, pi. vni, à droite). Cf. pour rép0(|uc licllénistitpic Wiegand et Sclirader,
l'riene, p. 307, (ig. 401, p. 371, lig. 407, p. 372, lig. 470. I,a pièce rapportée y
est lanlùt fixée par une cliexille, lanlét simplement collée. — <> I jivv.idiiis, 'F^r,^.
•i;,.. IKSO, p. 7.1; E. Uardner. Jouru. of hell. si. IK87, p. 178. — I* l,a fréipience
de telles réparations est attestée par les signatures d'artistes iniixies du vei-bc
înt<n!ey««v ; elles n'etaieut doue pas considérées comme diminuant la valeur d'une
reuvre, puis<pic les arlisics ne ilédaignaicnl pas de s'en afliriner les auteurs, el les
possesseurs, d'eu conserver le souvenir gravé sur la base. Cf. Colliguon, liée, de
mém. puldiè par la Société des Anliyuaires. p. 83. — i'.i Comme sur la télé
d'allllclc, Colli^nou, llnd. \i. "i; pi. iv. - ;!" K. Cardncr, Jomn. of liell. st.
1887, p. 17: ; l.er-liat. .4.1 mu.ve, p. JiT. - :^l I ::in .i.li.i-, K:r.;». -Vs,. ISsO, p. 71..
scr — Il il —
chaux. Les deux surfaces eu coulacl du Ironc cl du cou,
pri-alahlcnicul polies, adhéraient exacteiuenl. Pour con-
sidider cel ajusiaiçe on avait foré sur c liai] ne épaule un trou
carré descendant oliliiiuennnl Jusqu'à la mortaise : ces
<leux trous sont oc-
cupés par une clu'-
ville de niarlire scel-
lée à la chaux, et les
deux chevilles s'i'Ui-
liolli'nl lie cliai|ue
ci'it(' dans le teuoii
d('j;ï scelh- i)Our le
luainleniren place. »
'^ Sont encore rappor-
I lés, mais plus rare-
/ menl, la calotte ilu
crâne, toute la partie
su[)érieure de la tète,
le ha.s des jambes cl
les pieds. Plus fré-
<|uemmenlon trouve
rajustée l'exlrémité
llollanfe des pans de
riiiinalion, non col-
lés contre la jambe
pour plus do légè-
reté. <> Là où rétolle
va se détacher de la
Jambe, le pan esl
.^ tranché net et poli
avec soin. Le moi'-
ceau rajouli', muni d'un tenon carré, s'appliquait dans
une? mortaise creusée dans la Jambe et scellée avec de
la chaux. Des coulées de plomb complétaient l'ajustage •>.
Ivn un cas' on ne trouve ni mortaise ni tenon, mais seu-
lement un Irou foré pour la cheville de plomb. Les bou-
cles de cheveux sont souventrapporlées lorsqu'elles vien-
nenl tomber sur les épaules ; elles étaient alors lixées
sur la poitrine au moyen de tenons s'cnfoncant dans des
mortaises el n'adhéraient à la statue que sur une lon-
gueur de quelqui'S centimètres. Sur une statue - lar-
lisle a ajusté entre l'oreille el l'épaule des boucles qui.
lixées par un tenon au dessous de roreille el sur la poi-
trine, Joignaient la chevelure à l'extrémité des boucles
sculptées à même sur la poitrine.
Ce procédé du rapportage n'est spécial ni aux
.Mliques ^ ni à l'époque archaïque : il apparaît durant
toute la [)ériode classique '. Dans les sculptures
d'Iîgine ■ il n'y a guère de rajustées que les parties
saillantes, mais les statues du Parlhénon sont composées
I SUliic l'iKi; I.i'clial, Alt mm
.inalo^iio (ajiislagc au moyen ij
lïc'iiiHJorf, /fie M<ftopen von Selinuiit, p. 4;
Ac la pi. 1. — 2 Slaluc Oui ; Lfclial, An i
une slalnc de l)«lo$, Cavvailias, Ciital \
30; cf. pour la ilesciiplion .l'un procédé
ions de bronze cl. de coulées de plomli) :
Uvaenglcr, Coll. Siilmiiro//', nolicc
, p. iSt. — •■> On le rciruuve sur
l'aris, /liill. de corr. tiell. I8ti'.l,
p. il7, pi. vn. Cf. Uchal, Au musée, p. 2i7, n. i ; Dconna, Apolhns ar
P- ii. — ' M. Leclial reniaripic JusIcnienI, Au musée, p. 2m, n. I, ipie
slalnaire eliiysélépliaiiUne, ipii ne ponvail procéder (|ue par coniparl
pièces de rapport, a dû inlluer, à ce poinl de vue, sur la statuaire eu inarl.re
— •• Kurtniiiigler, //l'e Aeijiiiritii, p. tli: .Icjmn, p. i'Jl). — 0 lîavaisson. /.« Viin:
rfc .I/i/u, p. li. — ' t;ollignun. /leciieil de mém. piiM. pav la Suc. des Anliij. p. x:,
— » Ouve, flull. de corr. Iicll. IStl.H, p. +8(1, (i». 11. — 9 Hcnzey, Monum.-iil.
fines, t. I. tii7;i, p. «; S. Kein.icli, llull. corr. Iiell. ISSi, p. M", pi. i, cl tss.l
p. S7I, n. I, p. 4ii5 (rajustaiîc à l'aide d'un crampon). |.. iO« ; liée, de tètes niili
i/ues, p. liWIOI, pi. ce ; el /ler. arch. I(i'.)l, l. 11, p. >x-:, pi. wii.ivin ; Trcu, Arcli
Jahrii. \mi, \<. i et 4 ; VoUier, JJull. corr. hcll. \KK, ]t. VM: r.mm; /In/l. corr
hell. lH'.ir,, p. KU, 4-Si. 4«4; el /ler. nrcli. |K!i7, I. 11. p. i:. : Ilén.ii de Vdlerossc
■randc
uls et
SCll
de jdusieurs ])ièces. La Vénus de Milo esl formée de deux
blocs principaux réunis autrefois par deux forls
tenons " ; les surfaces des deux blocs ont clé taillées à
la gradine et au ciseau ; les parties centrales à la gradine
et un peu en creux relalivement aux bords; les bords
plus linement el au ciseau alin que les surfaces s'appli-
quassent juste. Il y ailes traci'S certaines de rapiéçage
dans la draperie de la Victoire de Samolhrace ''. Les
exeiiijtles de rapportage sont surtout fréquents, au
V siècle el à r('|)oque hellénistique, pour la léte ou des
parties de la tète, en particulier pour la calotte du
crâne. Lorsque le raccord ne se fait pas exactement, les
vides sont comblés avec du ciment ". Souvent les
morceaux rajustés ne sont pas fixés avec une cheville,
mais simplement, collés ^
Les artistes grecs tenaient si peu à dissimuler ce
rapi(''cage qu'ils ne craignaient pas de sculpter les divers
morceaux dans des matières difï'érentes. On connaît les
àxpoXtOot [ACiiOLnuus] que les sculpteurs ne cessèrent
Jamais de fabri<(uer, témoin au is" siècle l'Apollon de
Dapliné de lîryaxis'" el, plus lard, les acrolilhes de Da-
moplion de Messène ". l'n procédi- frétiuenl était de
tailler la tèle dans une pierre de ijiialilé supérieure et le
reste du corps dans une matière plus commune. Dans
les métopes de l'Héraion de Sélinonte '^ la tête, les
mains et les pieds des ligures féminines sont en marbre
blanc, l(! reste du corps en calcaire. Le plus souvent la
qualité seule du marbre dill'ère, la partie supérieure de
la statue étant d'un grain plus fin, par exemple dans la
Vénus de Milo '^ ou la Démêler du Cnide ". La scul-
pture gréco-égyplienne de l'époque plolémaïque a rap-
porté des chevelures de plâtre peint sur des lèles en cal-
caire ou en iharbre '°.
l'ne fois achevés la taille el l'assemblage de la statue,
il reste au sculpteur à ajouter un certain nombre d'ac-
cessoires de matière différente. Les yeux'" sont le plus
souvent peints, mais (juelquefois, par un procédé em-
prunté à la technique des
bronzes el courant dans la
statuaire égyptienne '', ils sont ligur(''s par une matière
étrangère (llg. ()2î() et(>4U) iocuLAïuis, lig. "i37j] : ainsi
Aloniun. l'iul, 1. I, p. 71 el u. I ; rurl«hngler, .Vrisleruvrke dcr ijciccli. Plnstiti,
p. Wi, n. l,liV7, n. i ; IJollignon, .l/on. IHot, l. X. p. 14 (Icnon de marbre), et /Icc.
de mém. pub. par ta ,S"oc. des Aut. p. 81, pi. iv; U. l'errol, A/on. Piot, t. Xlll,
p. 117, pi. x; Mayenccel l.croux, /liitt. cor. Iiell. 1307, p. 390. Tètes s'adaplanl a
un luislc Iravaillé â pari: Colliglion, Mélnnijes /*errot, p. 53, pi. i. et lier, arcfi.
I!I03, l. 1, p. t , |il. Il a : HiUer von Giirlrin.;cn, Tliera, t. 1, p. ti' cl 228 (ces der-
niers de lépoip.e des Antonins). — m Eggcr, /ler. des él. gr. I8s;l,p. 104 iCollisnoo,
//ii(. detasciilpt. yr. t. Il,p :I08 ; S. lieinacli, /ler. arcli. 1902, l. Il, p. IS; Ame-
Inng, /Irr. iircli. 1003, l. Il, p. 187. — U Collisuon, I). r. L 11. p. nsG ; llickins, .4ii-
niiat o/tlie tiril. scimol. 1900-7, p. WU. — 13 Uenndurr, II. c. p, il. — IJ liavaisson,
/.Il IcHiM .fe^i/o, p. 07.— Il Collignon. O. c. l. Il, p. 362. — 1= Von Hissing, ArcA.
.\ii:eiiier, tOOt, p. iOi.n" 23, tig. 8 ; Kubensolin, Ari/i. .lu;. UI02, p. 47 : cf. Ame-
liiug, lien. arch. 1003, l. Il, p. 182, n. 2. — 10 Cf. sur la rcpruduclion des yeux :
Conze, Veber /Jarsteliunt/ des nienscli. Aitrj. in der ant. Sknlp., Sitz. der
Uerl. Akad.del- Wisa. ISO», l. 1, p. 47 ; S. Ilciiiacli. Gaz. des II.- Arts, 1002, I. Il,
p. 4:13; Deonna, O. c. p. 98; cf. l'ollicr, Calnt. des rases du f.oiirre. I. 111, p. 037.
— I" i;r. l'errol l'I lliipu'Z, t. 1 p. 1,17, 048 ; l'r.ihner. .i/u.sres de /■relier, p. 5.
scu
1 1 io
SCU
Fig. fiiVi. — Boucli' de
les yeux du Moscliophore ' ont été préparés pour une
ineruslalion ; sur la statue de l'Acropole (182- les parties
rajout('es ont disparu, mais, :\ l'angle des paupières, on
remarque un i)elit Irou où s'enfoneail une cheville desli-
née à maintenir une pièce de rapport ; dans la slalue
d'Anlf'-nor le ^iolie des yeux, serti entre <\m\\ feuilles de
bronze denleh'es pour imiter les cils, est formé d'une |iàte
vitreuse colorée. Ailleurs, des marhres de diverses cou-
leurs^ on des pierres précieuses' enchâssés dans l'or-
bite figurent les yeux. Les cils sont souvent représrntés
par de petites lames de bronze. Les boucles de cheveux
sont parfois aussi en bronze (ou en cuivre rouge) ■ ou
en plomb ''.
Egalement en bronze, surtout en bronze doré, sont
certains objets de parure ou d'armement. Les colliers
des corès de l'Acropole ' qui sont quelquefois taillés
dans le marbre, mais le plus souvent peints, sont dans
de rares cas rappor-
tés en bronze ; leur
présence primitive se
reconnaît aux trous
de scellement. Les
pendants d'oreilles
qui sont, eux aussi, le
plus souvent en mar-
bre et peints de vives
couleurs (iig. 024i),
sont parfois en
bronze '. Dans la
grande figure d'.Mliéna de la Gigantomacliie ainsi que
dans la Mké archaïque de Délos (fig. t)!23l) le pendant
d'oreille est fait d'une rondelle de marbre percée au
milieu d'un trou qui fixait une rondelle supplémentaire.
Les stéphanès de marbre'', par exemple celle de. la statue
d'Anténor, porlent parfois, régulièrement espacés, des
trous d'où sortaient de longs et fins boutons de lotus en
bronze; ailleurs, des fleurons d'or sont insérés sur la
tranche; dans un cas '" la couronne elle-même était en
bronze doré. Rnlin, pendant toute la duré-e de la scul-
pture grecque, les accessoires tels que armes", rênes de
chevaux, sceptres '-, même cuirasses '',ont dû très sou-
vent être en bronze probablement doré.
' Lcchal, Au miiséi; p. 107, n. 1. CI. l'oUicr, llitll. corr. hell. IKIW, p. «.t.
— 2 r.i.clial, Au musée, f. ±\i et fig. ïi, p. ini ; SluJniczka, Arch. Jiihrh. tssT.
|>. 139. — > TeHc de Uionisos de la collociioii Jacolisen ; Ariidl, (lli/jilulh. Ai/-
Cnrhhenj, pi. xi ; Joiibin, La sculpt. fjrecquc entre 1rs t/ticrres inédiques et l'éjiot/iie
de Périili.1, p. 107 : cf. Caiapanos, Ùoduue, p. 113, îls, pi. i.x, n' 0. — ^ L Apollon
de Dapliii^', de Bryatis (Bibl. p. Il4i ii. lu) ; cf. Beulé, JournnI des Savant s', IKII6,
p. 673. — 5 l.cclial, Au musée, p. i'id, n, ï : llvoinia. A/iolions arcliaiiiues, p. 43.
— c Fuilwiiiiglci-, Die Âeijineten, p. 40 ; Aeijiiia, p. i'.i'J. — ■; l.echal. An musée.
p. ili ; l'criol cl Clii|iic', l. VIII, p. dm. — s Cf. en dehors des corcs une Itlo de
IJélos, Caviadias, Cntal. a' 23 ; Huit. curr. hell. 1S79, pi. mi, I ; pour
répoijiie gK'CO-romaine, Collignun, Itev. arch. i90.3, l. I, p. 2, pi. ii a. — '■» l.e-
chal, Au musée, p. 2li9. — 10 Slalue «70 ; Lccliat, Au musée, Iig. 31, p. 3i5.
— " t'uHnimgkr. //ic Aegitteten, p. il; Aegiua. p. 2'J7 : Ilull. corr. hell. in'jn,
p. 535 (lifsnr de Guide); Conze, Attische Crabreliefs, n' 1151, pi. ccm.ï; 11.18,
pl. c.;i.VMi , Trou, Arch. Jnhrb. IS95, p. 31 (Ohmpie). ^ 12 Micliaclis, Der l'ur-
thenon.f.ilâ; Xcwlon, Guide to Ihe Maiisuleum lluom, p. 8; Sinitli, Calul. o(
sculpt. of llrit. Mus. l. Il, p. 89. — U l.aloux el Moiiccairx, llcslmir. dOluni/ne.
p. 7», pi. il p. 74; Colliguou, /Jist. de la se. i/r. I. I, p. 437, pl. vu vmi [uù l'on
di^lîuguu li-ès bien les Irons où s'euroneateul les chevilles d'allache). — c» Lé-
chât, Au musée, p. Iu7. — 1^ Furlniiugler, Meisterwerke, p. 5*9 ; Ausij'uh. von
(llijmiiin, t. V, p. 9. — lii Cf. [ar ex. la base ilOlynipie eu forme d'ossclel, Colli-
gno», llist. de tu se. ijr. t. I, p. 500. — <7 Collignou, Ibid. l. I, p. 131 cl n. 4,
p. 349; KurUviingler, Meislerwerke, p. 35 ; Lccliat, Sculpt. ait. p. 3i9. el
Alonuments l'iol. 1. III, p. 14. — I» Homolle, Fouilles de Delphes. 1. Il, pl. xiv ;
Perrol cl Chipiez, l. VIII, (ig. 185, p. 393 (rapprocher la coupe Winuer Vorleye-
lilnller, IK89, pl. vui, Iig. C, el l'crrol el Chip cz, 1. VIII, fig. Isfi, p. 397 : cf. encore
le vase : S. lieiuach, Itev. des él. gr. l'.io7. p. 409, les auiphorcs panallifTiaiiiucs, etc.
Vin.
A ce moment de l'exécution, le sculpteur fixe sur une
base la plinthe généralement ménagée à la partie infi'--
rieiire de la statue (fig. iViH). La base est fréquemment
tailli'e dans une matière plus commune, ainsi la base du
MoscliO|>hfire est en calcaire, alors qiit' l'ieiivre esten ni.ir-
bre"; quelquefois, les blocs qui la composent nesonliias
lie même nature : l'Hermès de Praxitèle a une base donlla
partie intérieure esten calcaire bleu noir, la partie siipé-
rieureen calcaire blanc'' La base peut affecter tles formes
très diverses " ; le plus souvent, c'est un simple rec-
tangle ou un tambour circulaire sur lequel la statue
est soit fixée avec des tenons, soit simplement posée ;
parfois, en particulier pour les ex-voto, tels que les corès
de l'Acropole'' ou le Spiiinx des Naxiens, à Delphes '",
c'est un pilier carré ou une colonne dont la polychromie
s'accorde avec celle de la statue ''■" ; la Victoire de Paio-
nios deMendé, à OIympie,se dressait sur une haute base
triangulaire-". — La base était elle-même souvent ornée
de sculptures en relief ; la base d'Ipikartidès trouvée à
Délos ^' témoigne de l'ancienneté de cet usage; celles
du Taureau Farnèse " ou du Nil -', de sa durée jusqu'à
l'époque hellénistique. Ces sculptures figurent parfois
des objets rappelant la profession du personnage
représenté : c'est ainsi qu'on trouve des instruments de
chirurgie sur la base dune statue probablement di-diéu
à un chirurgien ^'.
Mais la base servait surtout à recevoir l'inscription
faisant connaître l'auteur de la statue ou les motifs de
son érticlion (fig. 3!»38, 40S-2) ''% inscription parfois
assez longue, en certains cas rédigée en vers ^^ La
siguiiture prenait généralement place -■ (fig. 2528) sur
la face antérieure de la base, mais on la trouve aussi
sur le côté, sur la surface horizontale (à (tlymiiie avant
le iv« siècle), entre les cannelures de la colonne servant
de support (usage archaïque), sur la plinthe (usage
tardif)^ ou même sur des parties de la statue ■'*'.
Quant aux statues de fronton -■', elles étaient souvent
fixées au tympan par derrière^" ; en tout cas, la plinthe
à laquelle elles étaient généralement adhérentes ^' était
adaptée à la corniche par des chevilles de plomb et
des crampons de bronze '-. Les grandes compositions,
frises ou frontons, ne sont généralement pas signées ;
— la Léchai, Au musée, p. S37. — 20 Collignou, //ist. de la se. gr. l. I, p. 45ri,
Iig. 239. — 21 Ibid.l. 1, fig. 65, p. 131.— 22 /4i(/. l.ll.ng. 277,p. 534. —23 Ibid.
I. II, fig. 287, p. 503; Helliig, Guide dans les musées d'arch. cluss. de Itome,
n" 47, l. I, p. 28 (trail. Toulain) : Amelung, llie Skutpt. des Vatican. Muséums.
n- 109, t. I, pl. iviii. — 2'. Anagnoslakis, Hall. corr. hell. 1877, p. 212, pl. n ;
cf. Girard, LAsclépieian d' Athènes, p. 17. — 2b Statues dEvcînor, d'Euthydikos,
dAutéuor, etc. - 20 l/jwy, Inschr. gr. Itildh. p. XII. comptait 18 inscriptions mé-
Iriipies contre 387 en prose ; cf. par eï. la base ilArkhermos : Lr,wy, Inschr. gr.
Uildli. a" 1 ; Colliguou, Uist. de ta se. gr. t. I, Iig. OS, p. 130 cl n. 2 ; inscription
gravide sur la base de l'Eros de l'ra«iléle(iuscription attribuée à l'raiitèlc lui môme) :
Ath(--n. XIII, 59, p. 5'Jl A; Ovcrbcck. ,»n(. .';<-/,n//-/)i/c»(n, u° 1255; elc— 27 l.iiwy,
Inschr. gr. Uitdli. p. VII; S. lîeinacb, Traité d'épigr. gr. p. 440. — 2S Slainc de
Kbarès, Héradc Samos, etc. — 29 Les statues de fronton (cf. Treu, Arch. Juhrh.
1895, p. 19) étaient nalurcllcment terminées dans l'atelier (cf. sur \'^^a.^n,.^i':, des
sculpteurs : Defrassc et l.echal, Epidamc, p. 01 ; l.aloux el Sluuceaux, /testaur.
dOlijmpie,\i. I H)avanld'ôlre mises eu place. La leclini(|uo en esl la même i|ue celles
des autres statues sauf ipie le revers des figures, caché aux regards, est parfois assez
grossièrement travaillé ; le sculpteur va même jusipi'à ne pas donner d'épaisseur aux
parties de figures recouvertes par d'autres ; l'exemple des chevaux dans les frontons
il'Olympic est très caractéristique: l.aloux et Monceaux, Ileataur. d'Oltjmpie, p. 70
et 78 ; Collignon, llist. de la se. gr. t. I, p. 4i0, fig. 220 el 227. Sur les corrections
aux statues qu'amenait la mise en place ilans l'esp-aco Iriangulairc, cf. Ireu, Arch.
./ahrb. 1895, p. 20. — M Cf. Treu, Arch. Juhrb. 1895, p. 222. — »' Cf. Treu, Arch.
Jahrb. 1895. p. 14; cf. pour des sliltues de fronton sans plinthes fixées direclement
sur la corniche les sculptures d'Epidaure; l'urtnangler, Sit:umjsber-der philos.-
philolog.und d. bislur. Klasse der Akad. der Wissensch. :u MBnchen, 1903,
,, u-< — 32 Furt»angler, Oie Aeijineten. p. 40 ; Aegina, p 203, 290.
144
scr
— iii(i
SGU
on reli'vo pourtant quelques exceptions : ainsi l'auteur
ou un des auteurs tie la frise du tn-sor de C.uideà Del-
phes a peint sa signature sur le Iwiuelier d'un des
géants ' ; on a «•gaiement décliill'n' quelques signatures
d'artistes sur la moulure sMp('i-ieiire de la Irise du grand
autel de l'ergame -'.
11 ne reste plus ensuite au sculpteur qu'à ajouter siu-
la lèle de certaines statues l'accessoire appelé |AT,vi(7KC/;
(lig. A'.K)i) [mkmskos] cl à passer son leuvre au peintre.
Vin. La Pot.YC.UKOMiE. — Personne nesonge]>liismainle-
nanl à conteslerque lesstalues antiques fussent peintes^
[l'iCTiUA, p. -iliGJ. .\ défaut des monuments, les textes
seuls seraient assez probants ; Pline rapporte ^ un mol <le
Praxitèle toucliant sa collaboration avec le peintre
iNicias ; l'ialon parle " de la coloration des yeux ; Plu-
tarque fait allusion' aux peintres el doreurs de statues ;
Kuripide '' el VAntholot/ie palatine * mentionnent des
bas-reliefs peints. Mais à ceux que li.'s textes, si nombreux
et si décisifs fussent-ils, ne réussissaienlpasùpersuader,
des découvertes récentes ont apporté un témoignage
irrécusable. Les sculptures archaïques de l'Acropole qui,
au moment où elles sont sorties de terre, avaient e(ui-
servé toute leur vive polychromie, nous permettent d'en
étudier le caractère et la disposition.
On peut, sans risque, assurer que les premières statues
en bois étaient coloriées; non seulement les (jirecs j)ri-
mitifs ont dû, comme tous les peuples enfants, aimer
les vives couleurs, mais encore il importait d'assurer, par
un enduit extérieur, la conservation d'une matière aussi
sensible que le bois aux influences almosphérii|ues. f>es
inscriptions de D(''los' nous apprennent, d'ailleurs, qu'au
Hi" siècle la statue de b(us oll'erte annuellement à Dio-
nysos était peinte.
Nous sommes parfaitement renseignés sur le système
de coloration du tuf". Les couleurs employées dans les
grands groupes de l'Acropole sont avant tout le rouge el
le bleu ; ils ne se pénètrent pas, mais sont étendus par
larges pla(|ues nettement séparées. On trouve aussi, mais
rarement, le jaune, un brun indéterminé, le noir, le
blanc. 11 arrive souvent" que les parties nues des per-
sonnages sont rouges, les barbes, cheveux, sourcils,
bords des paupières el pupilles, noirs ; le globe de l'œil
est blanchâtre, jaunâtre ou couleur de la pierre; dans un
cas, l'iris est vert'-. Le corps du taureau, dansle groupe
du taureau el des lions, est bleu, alors que les lions sont
iDull. ciHi-.lwU. 1895, p. 337. — 2Fl'li.ikcl, /nsc/i;-. roii Piri/nmon, n" 7s-s.i ;
Colligiion, /lisl. de la si: ijr. l. H, p. 521. — 3 liliiniiiiiT, O. c. l. III. p. iû3; Silll,
Arch. d. Kiinst. p. »I3 ; Trcu, Hollai wir uiiscrc ^latuen bemaleii i' Colligiioii, /m
pulycliromie dans ta scal/ 1. grecque, Ilci'. des ÛLUX-Mondes, IS'JB, l. I,p. 82:i(ii'.irn-
primé clici Leroux. IS9S); Diniier, llev.arch. IK95, l. I, p. 3i7 ; I'. Ciirard, La
peinture nnlique. p. i77 ; l'errol cl Cliipici, Uisl. lie l'art, l. Vlll, p. 2 1 1 ; Gros ol
Henry, L'encaustique, p. ai; Léchai, A'o/e sur la pulychromie des statues rjrecqais,
Bev. des litudes anciennes, 190S, p. IGl : Ueoin.a, ApoUons nrchuiques, p. 47.
— ^ Nat. Iiist. XXXV, i:n : liic est Niciasde quudirebal Praxitelcs interroijntus
quae maximeoperasuaprobarel in marmorihus : quibus Nicmsmanum udmovissel,
tantum circumlilioni ejus tribuebal. — 5 Hé/,, |V, p. 420 C : i»«tj oî, a,, e! i|nà;
îvSfiivta; ipoçovio; »fO(is««,iv tij Wiyi It'juv Su où toIiKaiîli'TToi; toù Ç.;.ou Ta «iXkiata
liilovi, |iiT(f<ii( iv iSe>où{iEv itjô; «ùrtv it^oXoYitaOai a/y»»"*' " (l«u|»iaii, |Aii oTou SiV,
t.fii «ît~ ««ioù« o>«aV«0; Tf«ç«.., ioit |.,Si b=Oa»|.oO; ..rvtoOa., ,.,«•«; TiU» ,.<},,
4V»' âtfei i! T« ifo<7^.ovT« rxiitoij 4i!oSiSo-.,,; ti, ÎÀov .«Ji'o, soioO,»,,. _ 6 Oliir.
Attten. G, p. 348 F: &Ya>|iùtuvtYxaU(Tt«î «aï /^jawTuîiKit paaeT;. Cf. L'twy, O. c. 11° 3"i 1 ■
àvai|iai-,i.siH 4Y»«''"'i« ; "' '''""'■•es k'vlc!, dans Bluinmcr, O. c. l. III, p. 205, n. J.
— 7 Frag. 7GU (NaucUS) ; Yf«>i"'lî...tiitou;. — » VII, 730,2 ; Yt«"rt;...ti«o!.
— 0 lioinolle, Huit. cuir. hell. I^'J0, p. 39Ù cl 497. — 10 Leclial, Au musée
p. 24t. cl Sculpl. ail. p. 79; Uolliunoii, Uisl. de la se. qr. l. I, p. 210 ; Fini-
«aiiglcr, Aeqma, p. 3»4 - <1 Fioilinn (Je llly.lre, fioi.loi. ioui..e, fioi.loii
nccideiilal lie rllécaliiiii|]e.l<)ii. — 'iTôleMie/UiibelIlruc: l.cilial, .4,, musée
rouges. Le tympan des frontons gardait la teinte natu-
relle de la pierre ou revêtait une couleur jaune peu
did'é'renle. La piilyclu'diiiii' du tuf l'iait donc'-' : 1" une
polycliniioie liiliilc, piiisi|Me iiième les uns t'taienl
])eiuls, ce (lu'exigeait, d'ailleurs, la mauvaise «|ualité
de la matière dont les trous et les tissures avaient
besoin d'être dissimulés"; 2° une polychromie conven-
lionnolh', puisque le rouge et le bleu étaient les cou-
leurs essentielles, ce qui s'explique par la nécessité
d'accorder les teintes des statues avec celles de l'archi-
lecture environnante.
En passant au marbre'', l'artiste grec modifia son
système de polychromie. Le marbre est une matière assez
belle pour ne pas être cachée sous une couverte; on
peut aussi supposer que le goùl public, s'aflinant, deve-
nait plus sensible à la beauté des formes et à l'harmonie
des teintes qu'à la vivacité des couleurs. Dans la colora-
tion des frises il se produit un phénomène analogue à la
substitution des ligures rouges aux ligures noires dans la
peinture de vases '^ ; les « valeurs soutenues >> sont réser-
vées au fond qui, dans le trésor des Cnidiens, est bleu '^;
les chairs sont sans couleur, seuls les armes el les vête-
ments sont légèrement coloriés. Sur les statues archaï-
ques de l'Acropole un cinquièmeseulementde la surface
est peint'*; on ne trouve plus de grandes couches uni-
formes: la couleur se réfugie dans les détails de la tête
et sur les bandes brodées des vêtements. Pour la tête, les
lèvres sont rouges, les sourcils noirs, les paupières bor-
dées d'un trait noir imitant l'aspectdescils, l'iris de l'œil,
forméd'iin cerclerouge ayant pourcentre lapupille noire,
est limité extérieurement par un lin traitnoir ; les boucles
d'oreilles et la Stéphane portent des dessins rouges et
plus souvent bleus ; la chevelure est rouge sauf en deux
cas, dont l'un ilouteiix, où elle serait jaune d'ocre'".
Les couleurs principales sont donc toujours le rouge el
le bleu; le jaune et l'or sont exceptionnels ; le noir est
limité à l'œil elaux sourcils. Sur le vêtement, la couleur
se restreint aux bandes brodées; dansle corps del'étoH'e,
il n'y a que de rares et petites taches rouges et bleues,
mais les bordures inférieure et supérieure et la Ttapuctv)
du chiton sont ornées de méandres, points, rubans, tou-
jours en rouge et en bleu (fig. 6239). Pour (|ue les couleurs
ne risquent pas de s'étendre, le dessin des ornements
était gravé au burin avant l'application de la couleur^".
Ce détail de technique n'est pas particulier aux marbriers
p. 2«, cl Sciilpt. ail. p. SI ; cl. .4»/. Deilkut. 1, ISSU, pi. xxx; Collifïnoii, Hist.
de la se. (jr. l. I, pi. n; l'enol el Cliipicz. t. Vlll. pi. [ii. — 1:1 Collignon, /iVu. des
lieux-Mondes, I89S, t. 1, p. 828. CI', aussi à Delphes les nicMopes en fut du trésor
lies Sicyonicns : Bull. corr. hell. 1894, p. 188. — Il M. Hurgold a supposé
(E.>||i. 4f/.. 1885, p. 249; cf. I.echal. Au musée, p. 33, n. I) saits raison, sem-
blc-t-il. (|ironapplii|niiil un enduit au-ilcssous des couleurs; les trous de la pierre
devaielll être siniplenienl bouchés avec un mastic. — 'S Léchai, Au musée, p. 25:?,
cl Scii(/>/. ai/, p. 31(i ; Collignon, //. de la se. i/r, t. I, p. 317; Furtwitngler,
Aegina, f. 3ul. — 'C Collignon, Jler. des Deux- Mondes, 1895, t. 1, p. 828:
Lcchal, Hculpt. ait. p. 323. Sur les rappoils avec la peinture de vases, cf. brown-
son, American Journal of archaeologij, 1893, p. 28; Pollicr, Calai, des vases
du Lomn-e, t. 111, p. ti3l ; Furtwiinglor, Aegina, p. 341. — n /tull. c07'r. hell.
1894, p. 194; 1895, p. 533; 1896, p. 589; Fouilles de Delphes, t. IV, pi. xxi-
xxin; FurtwHnglcr, Aeqina p. 300. De même au iv siècle la fri^c du Mausolée; cf.
.Newton, Guide lu Ihe Mausulcum Iluoni. p. S ; Sinilh. Calai, of sculpl. of Ilrit.
Aîus.\.i\, p. 97; Collignon, Ilist. de lase.gr. t. 11, p. 332, n. l; cf. encore
Laloux et Monceaux, Itestaur. d'Olijmpie, p. 92 ; Conze, Altiscbe Orabreliefs,
n" 1, pt. I : 2, pi n ; 15, pi. ix, 2. — 18 Lechat, Au musée, p. 255 ; cf. Furlwangler,
Aeyina, p. 303. — " Slaluc n" 087; Lcchal, Au tnusée, (ig. 12, p. ICI, p. 205,
p. 254 cl n. 1. Télc déphèbe, n» 089 : Lcchal, Jb. flg. 39, p. 375, p. 20ti, n. 2:
Collignon, Hist. delà sculpl. gr. t. 1, fig. 184, p. 302; F'errol et Chipiez, t. Vlll,
pi. xiv. Piiur «luelqucs létes viriles bleues, cf. Lcchal, Au musée, p. 20ii,
11. 2. — i'i .^»" Mi et 682 de rAcro|iole ; cf. Lcchal, .lu musée, p. 2,i2, u. I.
scr
— lli-
SGU
atli(|ups, on le relrouvo sur la Niko diloil Arklici-inos ' elki
slaliii' lie Kliarùs -. Nous connaissons beaucoup moins bien
le système polychromique des siècles suivants ^. Nous re-
levons surbeaucoiip de statues des traces de couleur, mais
aucune o'uvre en ronde bosse ne nous est parvenue avec
sa polycliroinie complète. C'est ainsi qu'on retrouve des
restes de coloris sur les marbres d'Égine ', la draperie de
l'Apollon du fronton occidental du lem|)le d'Olympie ■,
les vêtements des statues du Mausolée d'IIalicarnasse '',
la chevelure et les sandales de l'Hermès de Praxitèle'.
Par contre, quebjues stèles atliques "ont gardé leurs cou-
leurs, et, grâce au sarcophage dit d'Alexandre", conservé
au musée de Constantinople (fig. (ilOG), nous pouvons
nous représenter une statue peinte du iV siècle. Les
teintes sont très variées, ce sont : le violet, le pourpre,
le bleu, le jaune, le rouge carminé, le rouge brun,
le bistre ("?). La couleur, largement étalée sur les vête-
ments, n'est employée sur le corps que pour la chevelure
brun rouge et les yeux à iris bleu ou brun. Sur les
statuettes de terre cuite [kiclimm opus], dont la poly-
chromie'" imite probablement celle de la grande scul-
|)ture, on retrouve les mêmes couleurs et la mèrne
disposition ; le rouge et le bleu" sont les teintes de beau-
coup les plus fréquentes, et ils sont toujours employés
en tons unis; on a également recours à la dorure'-. On
peut donc penser que la statuaire sur marbre réserva,
d'ordinaire, la couleur aux vêtements et h quelques rares
parties du corps : cheveux, barbe, yeux, lèvres.
Quant aux nus" l'on étendait probablement sur eux
un glacis très léger et transparent, de teinte uniforme,
sans tons rompus ni essai de moflelage, ayant pour but
de réchaulTer le ton du marbre, non de donner l'illusion
de la réalité ''*. La nature délicate de ce frottis fait qu'il
s'est rarement conservé jusqu'à nous ; on ne le reconnaît
guère avec certitude, parmi les œuvres purement grec-
ques, que sur le sarcophage d'.Mexandre ' '.
Certaines parties, par l'application d'un proc(''dé fré-
quent pour les statues de bron/e, élaienl dorées"'. La
dorure devait être souvent refaite; des âmes jpieuses se
< bollji> (jrai-r, Atli. .]'iltli IS8!I, p. 3I'J : rf. uni' sUluc aicljaii|iiL' clL'toisc : Culli-
giion, /tt;i\ areli. iy08, l. I, p. 150; des sti'lcs alli(|ucs, p.-ii- ux. Cuiize, Attiscliv
Gmbreliefs. n» I, pi. i ; des oiiicnicnls ai-clilli-clui-aux ; Laloux cl Monccau.v,
/testaur. d'Otympie, p. Ti. Kapprorlior le pi'OC<ïdc de rescpiissc dans la peiiituie
de vases: l'cleisen, Areli. Zeilij. 1870, p. 0 ; liavcl cl Collignoii, Uist. (le ta ci'-ra-
miqtte t/r. p. X ; Pollicp, Calai, des rases du Louvre^ l. III, p. GOi. — - Ncwloii,
/Jist, of discoveries ai /Jalicarnassiis, Cnidus and Branc/iidae, l. II, p. -i'-^- ;
Smith, Caiat. of sculpl. of Urit. Mus. n» 14, t. I. p. il. — 3 lirunu, Gesdi. dir
ijr. Kûnslier 2, t. 1, p. 301. — l Furlwaiigler, Aei/ina, p. 300. — 5 Curlius cl
Adkr, Oli/mpia,l. III, p. 09; Tieu, Arch. JaJirli. 18!)3, p. 23. — ONcwlon, O.
r. l. I, p. loi, m. — 'I Colli^iioii, Uial. de la se. r/r. 1. Il, p. 'JUt. Cf. aussi
Wiulcr, Areli. Anieiijer, l«!>i, p. I3S; Oiuvc, Uiili. con: heil. is'.lii,
p. k«l el 183; Colliguoil, HeK. arch. 1903, I. I, p. i: Wiegaud el Scliradur,
l'runc, p. 372. — » Par ex. Coiiic. Aiiiselie Oraljreiie/s, ii" 1151, pi. ccm.v (slHe
d ArisloiiauU'Sl. — » !lamdy-Bey et Th. Iteiiiach, Une nécropole rnijaie à .Siduii,
p. 3i5, pi. \xxiv-xxxvii; cf. Colligllun, Hisi. de la se. ijr. t. I, p. 404, pi. viii ;
l'ui-lwiiuglcr, Aegina, p. 307. — 10 Potlici', Le.i siiUwiies de terre cidte dans
t'ttntit/uité, p. 259 ; J. Martlia, Caial. des fif/iirines en teiTe caiie du Musée de la
S„riél'; archéoloijique d'Athènes, p. XXVI; l'olticr et Kciiiach, An nécropole dr
.Mi/rina, p. 137, 302, pi. xxiii ; (liiish, Gree/c Icrracoia tiaiueties, p. 231.
— Il Cf. Lucian, Lexiph. 22 : vu» ^l Ut^Dii; asUTov toT; uni tIï >9(OIl)làOviv i!; -.r,;
n ««•> !;Sfj«î.>î .'v. Cf. Uarllia, Calai, des fii/urines. p. XXV, n. 8. — 12 pol
lier. Les statideierre cuite, p. 200; Potliercl Hcin.ich, la nécropoie.de Mijrina,
p. 139. — 13 Trcu, Arch. Jahrb. 1S89, p. 18; 1893, p. 27; llauidyBev cl Th. I!. i-
iiach, f.'ne nécro/mle roynli, p. 328; liirard, La peinture antique, p. 282 : Çolli-
gnon, Ilecue des Deux-Mondes, 1893, t. I, p. 815, 847; Hist. de la se. ijr. I. Il,
p. H 1 ; llomolle, Onii. corr. Ad/. 1890, p. 497elsc|.; cf. Mnnumculs el .Mé-
moires l-tot. VI, p. 135. — Il Cf. poiiilaiil Ticii, Arch. Jahrij. IK^9, p. 18, pour
qui la coloration des nus se [>roposc de reprothiiru le ton même de la chair.
— Sur les statuettes ilc terre cnilc les nus ^oiil lecnuverls d'un ton hruji rouge ou
jaune fonr^., parfois nii^nic rosé, iniUaul la nliair il. l'ollier cl M.iiiacli, La
chargeaient, en échange d'un vieu exaucé, de faire
redorer des statues ou des parties de statues'".
IX. Le p.ati.nac.e. — La statue peinte, restait à lui faire
subir l'opération appelée vivojdtç ou, quelquefois, xot-
aY,iTt;'*. Cette opération, qui devait se renouveler ets'appli-
quait aussi bien aux statues de bois ou de pierre qu'aux
marbres, aussi bien aux parties nues qu'aux parties
vêtues, avait pour but de préserver la fraîcheur des cou-
leurs, l'iine '" et Vilruve-" nous ont décrit le procédé: on
prenait de la cire punique-', recommandée comme la
plus blanche el la plus pure; on la faisait fondre et on
la mélangeait avec un peu d'Iiuili-, également épurée et
décolorée; on faisait chaull'er le mélange sur des char-
bons, on retendait, puis on frottait avec une chandelle,
afin que la dernière opération, le cliaufl'agt! à sec à l'aide
de linges blancs, n'enlijvàt pas la cire encore liquide. Des
comptes de Délos, datant du m" siècle, font allusion à
ce procédé, et nous le représentent d'une façon analogue,
mais non exactement semblable. Voici, tels que nous les
fournissent les inscriptions, ces comptes pour les années
'lld, 269, ^.50 et 201 -- :
!i
7!)
;;i
KjiMngcs .. .
2dr
Iih.
Nitru
4ol).
:,i)
,.121 i
Huile tipu-
3dr
■ioh.
:m.-. Il
!,.
rOe-' ....
(lcliousl;2l
Lingeetcire
4ol).
l'.iifum -'• .
5dr
lidr
Tulal
II. Il
5 oh.
lldl. 1
i'l,iob.
4ob. \,i
Idi-.
i (Jr.
1 .lr.;;oi..
(o rllnusl
lir.f^Lldi-.
oirc Soi..
2oli.
fidr. toli. 1/2
:.di-.
(1 colylc)
Les comptes mentionnent des éponges, du niire, de
l'essence de rose ; il est donc probable que l'on cominen-
çait par un lavage à l'eau avec des éponges ri (pie,
l'huile étant substituée à la cire, il était inutile de faire
fondre. On ajoutait de plus un parfum.
La viv(o(7t; ou /'.o'7(AY|<;ti; était coudée à des ouvriers
a|)pelés xoTjAïiTaî. On peutse faire une idée de leur impor-
tance si l'on [>enseque, pour l'image de Dionysos à iJi'los,
lexo7[jLï,Tr,; est plus [payi' que le sculjileur ou le [leiiilre-".
nécropole de Mijrina, p. 138 et n. 3 ; p. 353, u° 2.55. — i- Cf. aussi, Trcu, .1/c'i.
Jahrb. 18S9, p. 22, u. 5; Pollier, Arch. Anzeir/er, 1889, p. 03 ; Siltl, Arch. der
Knnst, p. 414, n. 5, llaindy-Bey et Th. Ucinach. l/ne nécropole roijale. p. 328,
n. 2. Signalons encore, comme exemple d'un procéilé gréco-égyptien à l'épotpie
ptolémaïquc, une lôtc en calcaire coniplèlement recouverte d'un enduit de sine
coloré ; von Bissing, Arch. Anzeii/er, 1901, p. 203, n" 23, (ig. 8 (cf. Amclung, Her.
arch. 1903, t. Il, p. 182, n. 2). — 16 Blumncr, O. c. t. III, p. 209; Amclung,
dans Wicnor Jabresheft. XI, 1908, p. IS'i; cf. Plutar<|ue cilé p. 1 1 4B n. 0; cl
comme ex. Icsparlies en bois de l'Apollon de Daphnc, de Bryaxis (hihi. p. I UV
n. 10). — n Cf. Jahn l'ers. Il, 57, p. 134. — 18 Blûmner, O.c. t. III, p. 200; Colli
gnon, fier, des Deux Mondes, ['''Ji, l. I, p. 846; Girard, La peinture antii/ur,
p. 281 ; cf. pour l'époque archaïc|uc : Léchai, Au musée, p. 253; La sculpt. ail.
p. 327, n. I. On relève des traces du palinage à la cire sur la télé du (irislish Mu-
séum, rreu, Arch. Jahrb. 1889. p. 20 ; surdeux léiesde Diesde : Treu, Arch. Jahrb.
1889, p. 20, n. 2, et Arch. Anzeiger, 1889, p. 98. — l'J Xat. hist. XXXIII, 122:
Jtemedium ut paricte siccato cera Punica cum oleo lit/uefacta candens saclis
inducatur iterumque odmotis ijalea carbonibus inurnlur ad sudorem usque, postea
candclis subir/atur ac deinde linteis puris, sicut et mnrmora nitescunt. — 20 Oc
arch. vu, 9, 3 : A sil qui subtitior fueril et volueril expolilionem miniaceam suum
colorera retinere, cum paries expolitns et artdus fuerit, ceram. Punicam iqni
liquefaclam paulo oleo temperatam saeta inducat, deinde postea carbonibus m
ferreo vase composais eam ceram a proxime cum paricte calfaciundo sudare coiptl,
itaque ut peraequeiur, deinde tune candela linteisque puris subii/at, uti siyua
marmorea nuda euranlur. llaecaulem vivo,».; Graecedicilur. — H Plin. A'al. hist.
XXI. 83 ; cf. Treu, Arch. Jahrb. 1889, p. 23. —22 Homolle. Bull. corr. hell. 1890,
|,. 4<js. _ 23 ;/„,,, ,,„,;,. _ 2t ^-iç,, ji8,.o-/. — 25 llomolle, Bull. corr. hell.
1890, p. 502. Il est vrai que, dans le prix de la xi |ir,»tî, ou faisait peul-élre ren-
trer la fourniluredu costume de la statue; Homolle. /. c. 1890, p. 503, n. 2 Cf.
sur les •«.iSîv-xa;, qui renipliss.iicnt le même orficc, iOlvmpie; Paus. V, 14,5 ; La-
loux el Monceaux, Itcstaur. d'Ulympie, p. 98 ; à Eleusis ; Koucarl, Les ijrands mijs-
lèret dKleusis, Mém. de VAcad. des inscr. et b.-leltres, t. XXXVII, 1, p. 59, 7ii,
73, loi: il Athènes: l-'oucarl. Ibid. p. 39. n. 3.
scr
— iii8 —
scr
X. I,K HKUF.K. — 1,'art (lu ri'lii'fa suivi la inèiiii' (■volu-
tion que la sculplun' l'ii ronde bosse; aussi n'avons-nous
pas eu besoin de les distinguer dans la plupart des para-
graphes précédents. Il noussul'litdonc de relever quelques
parlieularités techniques. La difTérencc essentielle entre
la technique ancienne du bas-relief et la technique
moderne' t'sl que, dans la seconde, le fond forme une
surface unie, les saillies variant de hauteur; dans la pre-
mière, au contraire, par un héritage de l'art oriental cl
égyptien, les saillies sont au même niveau et la profon-
deur du fond est inégale. On commençait par reporter
sur la pierre, probablement d'après un modèle dessiné ^,
le motif à repré.senter ; on fixait les contours par des
trous de foret plus ou moins rapprochés les uns des
autres, et on les réunissait à l'aide du ciseau ; Benndorf ■'
a retrouvé ces trous de foret sur les métopes de Séli-
nonte et certaines parties de la frise du Parthénon. On
creusait le fond suivant les besoins du modelage. Parfois,
dans les œuvres de prix modeste, les contours ne sont
qu'incisés ''; ailleurs % et même dans des œuvres archi-
tecturales", une partie de la représentation est sculptée,
le reste est peint.
Les artistes grecs ont naturellement commeneé par un
très bas relief ^fig. 382(1, 3S27), mais assez vile ils se sont
risques à faire saillir les ligures et ont appris à faire
tourner le modelé (lig. 3X28). Le relief du plus ancien
fronlon altique, celui de l'Hydre, dépasse rarement 3 cen-
timètres ; celui du Fronlon Rouge atteint 21 centimè-
tres ''. Au fronlon occidental de l'ilécutompédon, le
sculpteur sait déjà détacher les ligures et unir dans le
Triton le haut-relief à la ronde bosse (maximum du re-
lief : 42 centimètres *). Cette association du relief et de
la ronde bosse se retrouve fréquemment dans la sculpture
en marbre, par exemple au fronlon du trésor des ("ni-
dicns'',dans des stèles attiques '", dans la frise du grand
autel de Pergame(lig. 37 io) ".
Une sorte assez rare de relief est le relief applique,
adaptation au marbre d'une teeiinique fréquente pour
l'argile. Nous n'en connaissons d'exemple que la frise
de riireclitliéion ; les ligures en marbre y étaient fixées
sur un fond en calcaire sombre éleusinien'- par des
tenons les retenant en arrière et en dessous. En outre,
là où s'appliquaient les figures, on retrouve sur la pierre
éleusinienne une mince couche de stuc ou de ciment qui
devait servir à préserver de l'air la jointure '^
Les reliefs portent quelquefois, comme les vases peints,
des inscriptions désignant les personnages. Dans certains
I Blûnincr, O. c. I. III, p. J13; Scliôno, Orirch. tteliefs. p. 21 ; Coiizc. Uekr flifs
Itelicf hci tien Grieclien^SitznnijslKriMctttr Berlin. Akad. dcr VCissemch. Iss.',
{. I,p. 5(i3 ; Hciimloif, MeloïKn von Sclimtnl,yi. +1 ; Silll, Arc/i. ilerKimsl, p. 400.
l'our i|uclqucs pai'licul.in(<'9 U:clinii|iics distiriors à faire niicm saillir le relief, cf.
Klicliaelis, Der J'artlienon, p. 204; iioloiis sp<'?cialemeiit le procêdù ((ui consiste ù
douiicr i la partie supérieure d'une frise un plus liaul relief ipià la partie inférieure ;
eesl ainsi que dans la frise du l'artdénou (ef. Jlichaelis, O. c. p. 203) le relief, dont la
hauteur est de 4 I ;2àS ccntiniéires dans la partie inférieure, alleint 5 centiniéires I 2
dans la partie supérieure. — * Kckule, IJie (iriippe îles Hûnstlers .Veiielaos, p. l'J;
Conze. SitziinyiiOer. der Uertin. Alcad. ISS2, t. I, p. 57C ; Micliiielis, Der Parllie-
non, p. 205, — 3 Met. ion .Sc/iJi. p 41 et n. I. — ' Conze, Ail. Grabreliefs, ir 22,
pi. >ni, — ' Par ex. Cunze, O. c. n' 32. pi. xvn, 21, mix, 70», cixxviu, etc. — '■ .'<ui-
la frise du Insor des Cniiliens. Unll. coie. Inll. Is'jli, p. 5»!l. reilains détails sont
SMupIcnienl indiqués au pnic.au. — 1 l.ecliat, Seiilpl. ail. p. 35. — S ijîchal. Hciilpl.
nit. p. 4'). — 9 l'errot et Chipiez, I, VIII, p. 3ii6 : la partie inférieure de<
ligures est en bas-relief, les torses en roinle Iiosse. — '0 (xiuze, AU. Grahreliefs^
n' 1151, pi. cciif. — Il Collignon, llisl. de In se. gr. t. Il, lig. 265, p. 518; cf.
encore Schreilicr, IJelten. IleliefMder, pi. i.ixi. — la CIA i (=IG i), n" 322, col.
I, I. 41 ;ô KXtuaivtuxci; >i6o; njô; wi t« ^.«la = Clioisy, Etudes épiifraphit/ia's sur
(archilecl. ijr. p. '.lo. Cf. liliiuimer, fl. c. I. III. p. 213 ; .Scliône, Gr. Ilelirfs, p. I,
reliefs archaïques, tels ([ue les métopes en tuf du trésor
des Sicyoniens" à Delphes, ces inscriptions sont peintes
en lettres noires. A la belle époque on trouve des inscrip-
tions gravées soit à ctité de ligures allégoriques, telles
que la Boulé"' (fig. 872) ou la ville de Kios '" pour en
faciliter l'intcrprélalion, soit à côté de représentations
de personnages réels afin de conserver nominalement
leur souvenir ''.
XI. La scrLi'Ti'iiF, f-.x Éthirie. — Comme spécimens de
la plastitjue étrusque " [eïrisciJ nous possédons surtout
des œuvres en terre cuite [ficlinum oris] et des bronzes
[sTATUARiA ARs]. Lcs statucs CH pieiTc nc devaient pas
être moins nombreuses, mais presque toutes ont péri ;
nous sommes plus riches en reliefs.
La matière. — Les Étrusques ont emiiloyé toutes
sortes de matières : bois'% pierres à petits ou gros grains,
tufs calcaires jaunes ou gris, marbres, albâtres, pierres
volcaniques. Ils semblent pourtant avoir recherché de
préférence les pierres les plus tendres.
La taille. — Elle se pratiquait probablement de la
même façon qu'en Grèce. Laseulpture est, en Étrurie, un
art d'importation-", et les artistes grecs y oui sans doute
introduit avec eux leurs procédés el leur outillage.
L'ajustage. — Le rapportage des pièces est constant, en
particulier pour les pierres très tendres, telles que le rispo
de Chiiisi. Les morceaux rapportés s'emboîtent dans des
trous ménagés à dessein où ils sont maintenus par des
crochets (lig. 280ît) -'; l'ouvrier ne prend inéme pas le
soin de dissimuler l'assemblage
La polychromie. — Les statues de pierre ne nous sont
pas parvenues, comme les œuvres en terre cuite, avec
leur polychromie complète. Il nous est pourtant possible
d'en relever sur elles des traces qui permettent d'assurer
l'existence d'un enduit coloré déposé tantôt sur la sur-
face de la pierre, tantôt sur une couche de stuc plus ou
moins épaisse-'-.
XII. La scFLPTiRE A Home. — On peut à peine parler de
sctilpltire romaine ; dans ce domaine ", les seules teuvres
originales ont été les imuijines [imagines] de cire mou-
lées par des artistes indigènes'-'' el conservées dans
l'atrium, mais qui n'avaient pas toujours une valeur artis-
tique [cERA, lig. 12!tl]. La statuaire proprement dite est
grecque; et si l'art romain sut, dans le portrait ou le bas-
relief historique, trouver les motifs d'une inspiration
originale, la technique romaine de la sculpture diffère
peu de la technique grecque. Il suffit donc de noter
quelques particularités.
pl. i-iv; Collignon, llisl. de la se. t,r. I, II, p. 11. — 13 Schiine, Gr. Iteliefs,
p. I. — I» (lollignon. Ilev. des l)cuj:-.yondes, IS'.i,"», t. I, p. S28 ; l'errot et Chipiez,
t. VIII, p. 45S; Uull. corr. Iiell. IS'J4, p. IS7 ; ISM, p. C58. Cf. aussi le trésor
de Cnide ; Uull. corr. hc'.l. 1S!)4, p. 194; 18%, p. 5«(i, n. i ; fouilles de Delphes,
l. IV, pl. xxi-xxni; l'errot el Chipiez, l. VllI, p. 573. — 15 Siliime, Gr. Heliefs,
n" 94. pi. xxu. - lii Sch.me, Gr. Heliefs. n" 53, pl. ix. Cf. n- 48, pl. vu, f.3, xni.
Duinont, lîull. corr. Iietl. 1^78, p. 562 ; cf. les inscriptions à côté de ligures nllé-
^■oriques dans les vases, l'oltier, Mon. i/recs, t. II, ISS'JUO, p. 15. — " Girard, /lull.
corr. hell. IS77, p. 161, n" 22; 162, n» 30; IS78, p. 73, pi. vni ; Von Uuhn. Alli.
Mitth. 1877, p. 221, pl. xvi ; Girard, LAsciépieion dAlliénes, p. 45. — I» Cf.
J. Marlha, Litrl élrusciue, p. 2!)8 ; Kiirle, dans l'aulv et Wissowa, Real-linrijrlo-
pmlie. t. VI, 1, p. 7(13. Sur l'anliquilé de la slaluaire élrusipie : l'Iin. Xal. hisl.
.VXXIV, :i:i. ^ il IMiu. .\al. hisl. XIV, v ; XVI, 216. - i" Cf. la légende .les
Corinthiens Ek|ilmntos, Eukheii et Eugrauinins, vinus en ËIrurie avec Uémaraios
vers 655 (ol. XXXI, 2): l'Iin. Xnl. hisl. XXXV, 16 et 152. Cl. J. IMartha, Z.'«if
étrusque, p. 308; Kfirte. dans Pauly el Wissowa, Iteal-Encyclop. t. VI, 1, p. 759.
— 21 Cf. par ex. la sUtuc de Cliiusi : Micali, Monnm. inedili, pl. x.xvi. 2 ; .Marlha.
.\rl étrusque, lig. 203, p. 301. — '-"- Conestabile, Sepolcro dci Votunni, p. 68, 69.
— 21 Cf. Mar.|uardt, La vie privée des llomains, l. II, p. 262 (tr. fr). — 2t pli,,.
^^nl. hisl. XXXV, 6 : Xoti ,si'/nrt e.vternoriim uvlificmu.
scu
1 1 1 !l
SCU
l.a mtilière. — Les Rninains n'ont pas usé des mêmes
malièrcs que les Grecs '. Aux niarl)res gre<s ils onl
subsliliié le marbre de Luna (Carrare), et ont également
recouru aux marbres de couleur [lapides, marmor" -
et à Talbàlre. Comme les anciens Égyptiens ', ils ont
travaillé les pierres dures : porplixre, basalte, granit,
rouge anti(|ue'.
La taille. — Le foret 'continue à jouer un rôle
toujours plus grand ; dans les derniers siècles de la
sculpture romaine il remplace presque complètement
le ciseau, en particulier dans ces bas-reliefs à bon
niarcbé que l'on sculptait à la hâte sur les faces des
sarcophages. La part du ciseau se trouve aussi res-
reinte dans le traitement des surfaces planes; le polis-
sage acquiert de plus en plus d'importance et tend à
donner au marbre un lustre qui lui enlève tout carac-
tère, mais le fait briller comme de la belle porcelaine *.
Des traces de mise aux points se rencontrant sur
diverses statues '\ on peut penser que l'usage de la
maquette devient général et que l'on emploie sensible-
ment les mêmes procédés iiu'aujourd'hui. Dans le détail
mie façon nouvelle de représenter l'ieil en creusant
hi pu|>ille apparaît sur les bas-reliefs dès l'époque
d'Auguste, et dans la sculpture en ronde bosse au temj)s
dlladrien (fig. 184'J)«.
L'ajuxlftge. — Les Romains ont beaucoup prali(|ué
ime technique analogue à l'ancienne technique des
acrolilhes, et ont aimé associer des matières de couleurs
différentes [acrolituls, fig. 68, 69] ■' : ainsi l'.Xpollon
assis du Musée National de Naples, en porphyre rouge,
a la tète elles extrémités en marbre blanc '".
La polychromie. — L'usage de la polychromie s'est
conservé durant toute l'époque romaine". On peut même
conclure d'une tête du Bristisli Muséum que la colora-
lion des nus devient de plus en plus réaliste '-. La
slulue de Faustine, femme d'Anlonin le Pieux, morte
en 1-41 '^ laisse encore voir des traces de dorure " sur la
chevelure, et des rehauts de couleur sur la draperie. P our-
lant la technique des yeux notée plus haut semble
indiquer dans le courant du ii" siècle un recul de la
polychromie
Le relief. — La teciini([ue du relief ne dilTère pas de
1 Bliimiinr, 0,c.l.lll,p. 189; Com-I ami, if bai-r-tUcf romain à repri^senltttions
historiques, p. 43. — 2 Cf. par ex . .1/its^c 'In Louvre. Catalogne sommaire des mar-
Are»on<lV/u<.s, p. '"J, no" 135V, 1358, 1361. 1301, clc. — 3 PcrrolclCIlipicz, l. I.p. UTi.
— ^ Par KX. Musée dn Louvre. Calai, jo/nm-itre, p. 79, n"' 135 >, 1 335 ; p. sn, u"» 1 37i,
1381, 1383, lie). — 5 lilûmocr, O. e. l. III, p. lOii. — 6 Jliid. 1. III. p. l'.W; cf.
par ex. le biislc de Commode au Palais dos ennservalcurs : Bi-uiin-Krtickmann,
ttenkm. ijriech. und rnm. .Skulptttr, n» i70 ; llcibig, Guide, n° 558, l. I, p. UT ;
Slrong, lloman Sculpture, p. 315, 374, pi. exii. — ' Clarar, A/usée de sculpl. I. 1,
p. U4; Blûmncr, O. e. t. III, p. I9Î ; Braun, Bull, delf tusl. ti*\, p. liS ;
Beiindorf cl Sclueiic, llildwerke des Laternn. Muséums, n' 492, p 350 ; Scliredicr,
Ani. midu: der Villa Ludovisi, n' l, ji. 4i ; n» 71, p. 93 : surtout n" 2n9, p. ioii;
Klileliell, //ist. of une. sculpture, p. G8i. Pour des aU:licrs avec oulils cl «euvrcs
inacliciées. cf. Pellegriui, Uull. deW Inst. IS59, p. 6S — "Oonzc, Sitzuntjsbcr dcr
Berlin. Aka't. 189i, l. I, p.|49; Colliguon, Rer. des Deux-Moudes, ISJ5, I. I,
p. 843; Slrong, Bom. sculpt. p. 57-58, 105, 374-375. — ' Blûmncr, O. c. 1. III,
p. 210. — I» Guida del Museo Xazionale di Xapoli. n' 707, p. 188: Ueiuach.
Itépert. de la statuaire, t. I, p. 254,1 ; cf. encore les prètrcsfcs disis (marbre noir
et eilrémiU'S eu marbre blanc). Guida del Museo yazionatedi Napoli, n*» 7(18 el
710, p. 189 ; Bcinarli, t. I, p. 012. i ftépcrt. ; Anliuotjs Braschi (partie nue du corp^
en marbre, rétemeul en bronze), Iteinacli, Brpert. l. i, p. 584, I, el Apollo.
(Ig. 1 37 ; llcibig. Guide, n" 295, l. I, p. 21 1 ; Slrong. Bom. sculpt. p. 250 ; la lèli' :
Brunn-Bruckmann, Deukm. </r. und riim. Skulplur, a' 501 (Icvie de ISulle) ; les
slalues; Musée du Louvre. C'utul. somiuuire des marbre:t ant., p. 78, n" 1345 p. 79,
n" 1354, (301 ; p. 80, n" I3S), 1383. etc. — " Collignon, Bev. des Deux-Mondes,
1893, t. I, p. 8io. Cf. sur II peinture au niiiiiuni de la statue de Jupiter Capilolin
el l'iniporlancc religieuse donoéc à c lie opération : Plin. Nul. Inst. X.WIII, III
l'cf. Lcchal, Sculpt. ail. p. 90, n. 2); sur la ^àvw^t; du la même statue : Plut.
Qunest. Bom. 98, p. 287 H. — 12 Trcu, Arcli. Jalirh. 1SS9, p|. i. _ 13 Annali,
la lechnii|iie grecque'', mais l'usage particulier qu'en
onl fait les Komains mérite d'être signalé : ils l'onl sur-
tout appliqué à la décoration des arcs de triomphe et des
colonnes triomphales ifig. 179, 488, -1418, 4692); or, si
tous les éléments de l'arc et de la colonne se retrouvent
dans l'art grec, les Romains ont les premiers" imaginé
de les faire servir à la glorification d'empereurs en les
couvrant de bas reliefs comméiiioraiil et re|>résenlaiit
leurs exploits.
Ces modifications sont, on le voit, peu importantes.
Klles suffisent cependant pour marinier, en même temps
qu'une décadence du goût dans le choix des matières,
une tendance i'i diminuer, de plus en plus, l'importance
artistique de l'exécution technique. C'est qu'indillérents
à tout ce que les maîtres hellénii|ues surent y mettre
de personnalité, plus soucieux du sens historique ou
moral que de la beauté plastique des œuvres, les Ro-
mains ne trouvaient plus que la part du métier là où les
Grecs avaient vu une partie intégrante de l'art.
B. La comutign di sculpteur. — I. La Grèi;e préiiis-
TORIOUE. — Par une rencontre assez curieuse, nous
ne sommes pas complètement di'poiirvus de rensei-
gnements sur la conililion des sculpteurs tlans la Grèce
('géenne. On a retrouvé à Cnossos un atelier de lapi-
daire '" et un atelier de sculpteur "* ; dans ce dernier
était une amphore en pierre simplement dégrossie.
.Nous avons là la preuve que des groupes de praticiens
el d'artistes vivaient el travaillaient dans l'enceinte
même du palais "
IL LaGrèi:e classique. — Les souri:es. — Nos sourci's
sur l'histoire des sculpteurs et des artistes grecs, en
général, sont fort pauvres, non que l'antiquité se fïit
désintéressée d'eux, mais les ouvrages que Xénocralès
de Sicyone, Anligonos de Karystos, Douris de Samos,
Iléliodore d'Athènes, Pasitélès de Naples-", avaient com-
posés soit sur l'histoire de l'art sculptural, soit sur les
vies des artistes, ne nous sont accessibles qu'à travers
les compilateurs tels que Pline-' chez qui il est souvent
difficile de distinguer avec certitude la légende du fait
historique. Pourtant, en réunissant ces indications, les
renseignements épars dans les divers écrivains'-- et le
témoignage plus sur des inscriptions, on arrive à se faire
1863, p. 450 : Mon. ined. Vl-VII. pl. i.jxxiv, 2 ; cf. aussi une slaluellc d'Apbrodilc
Irouvéc à Pompéi: Dilllicr, Arch. Zeiti/. ISSl, p. 131, pl.vu; une statue d'Auguste
au Vatican: Helbig, Guide, n' 5, l. 1, p. 5. Cf. la [winlurc de Pom|)*i représentant
une femme probatilement cil Iraio de peindre un Hermès : Helbig, Campan. Wand-
ycmiïlde, p. 34) , n° 1 143 ; Jalui, Abhandl. der Sâchs. Gesellsch. [pictura, lig. 5053 ,
Philol.-hislor. Klnsse, l. V, 1870, p. 298, pl. v, 5; Blûmncr, 0. c. t. III, p. 225 cl
220, fig. 37. — '4 Lacbcvelure de la Vénus de Médicis portait des traces de dorure
lors de sa découverle : Bliimnei. O. c. l. III, p. 209, m. 2. Cf. rErosdcTIiespics doui
Néron fit dorer les ailes de marbre: Collignon, Hisl. de la se. i/r. t. II. p. 200 ;
une statue de lépoc|uc d Hadrien : Helbig, Guide, n» 700, t. I, p. 522. — 15 ,«igua-
loos seulement sur les bas-reliefs d'Orange el de Saiiit-Réniy l'Iiabilude, probable-
ment spéciale aux sculpteurs gaulois, de faire ressortir les figures en les cernant
d'un profond sillon : S. Reinacli, Bronzes fir/urés de la Gaule romaine, p. 20 ;
Courbaud, Le bas-relief rom.im, p. 343. — 1» Courbaud, p. O. c. 734. — '7 Evans,
Annual of llte British Sclioot in Alliens, 1900-1, p. 20.— "» Evans, tbid. 1900-1,
p. 92; cf. Burro«s, Uiscorer. in Crète, p. 90. — Il Cf. aussi Uuiraud, /.« mai>i
dœurre industrielle dans fane. Grèce, p. 3. — 20 Cf. Jex-Blake el .Sellers, T/„: e
er Plinij's chaptcrs on tlie history of art, p. XVI; Perrol et Clpipiez, t. VIII.
p. 2 40. Douris de Samos, né vers 3i0, avait écrit un ouvrage sur les peiulrrs, .tj':
!;«.I3iç«., et très probablcnicul aussi un sur les scnipleui-s. Il send.le s'élre
intéresse surtout à la biographie des artistes el aux aiu-cdiites persoinielles. Cicé-
xoniAdAlt. VI, I. 18, le juge assez ravorablenienl. Plular.|ue (/ViiW. 28.1) avec
sévérité. — 2' Pline lui-même na souveni connu ces historiens qu'à travers Var-
ron. Pour les sources de Pline ajoulcr aux uondireus ouvrages cl ilissertalions
cités dans l'iulroduclion ilc Scllcrs : Kalkmaun, Die Quellen der Kunsigeschiehte
,lesl'linius.—ii Réunis en 1808 par Ovcrbcck dans ses Antike Sc/irifli/uellen zur
GeschiclUe der hildeudvn Kunst bei den Griechen. Cf. encore Sluart Jones, Seteet
passages from unrieul u-riter.'i tllustralire of Ih, liiilani of f/reek sculpture.
scr
\ 1 m
scr
mil' itli'i' ;ii>pro\iin;Uiv(' de la coiiililinii (l'un sriil|il('ur
ilaiis la société grecque'.
lli. L'api'uentissacic. — l'ii Grec pimvail iliUmler de
ililTérenIcs façons dans la carrière arlisliqiie; le plus
souvenl il était hii-mèiue fils d'un artiste, et c'était en
l'cgardant son père travailler dans son atelier qu'il ]ire-
nait le gtu'it des choses de l'art. Les familles où l'art se
transmet de père en lils par tradition sont très n<iui-
Itreuses dans l'antiquité grec(iue depuis les temps les
plus anciens Jusqu'à l'époque gréco-romaine-. Ainsi, à
Cliios, à la lin du vu'" et au début du vi° siècle, nous
connaissiMisqualregr'ru'ral ions succ(!ssives de sculpteurs :
M('las, i)ère di' MikNiadès, grand-père d'ArkIieruios,
;irrière-grand-pèi-e de Donpalos et Atliènis^; à Sauios,
un peu plus lard, Kiioekos et Tliéodoros sont les lils de
deux artistes, Pliiléas et Téléidès'. Aristoklès de Kydonia
est père de kléietas, lui-nièinc père d'Aristoklèsde Sicyone
et du célèbre Kanakhos'. .\u iv siècle, iVaxitèle est le
père', probablement le lils' cl pi'ul-étre le pelit-lils'*
de sculpliuirs renommés, l'ius lard encore, au ii' siècle,
l'olyklès d'Athènes est père, grand-père, arrière-grand-
j)ère de sculitteurs".
Lorsqu'un jeune liomuu', sans a|)i)arlenir lui-même à
une famille d'artistes, avait le goùl d(; la sculpture, il
entrait dans un atelier. Les grands artistes avaient tou-
jours autour d'eux un certain nombre d'élèves qu'ils
initiaient aux diflicultés du métier et sur lesquels ils se
dt'chargeaient sans doute des travaux les moins délicats.
Pour devenir l'i'lève d'un grand artiste il devait falloir
une certaine fortune; nous n'avons aucun renseignement
sur ce qiui pouvait coûter un ai)prenlissage de sculpteur,
mais Pline nous dit ''' que li' peintre Pamphilos'de Sicyone
exigeait un talentpour l'éducation complète, soiloOO de-
niers par an (ce qui fait durer l'apprentissage environ
dix ans). C'était là une grosse somme" ; aussi les jeunes
gens i)auvres étaient-ils forcés de débuter comme simples
ouvriers; ainsi lit, dit-on, Lysijjpe '-.
Quelle était l'éducation du jeune homme admis dans
un atelier de scul[)lure? J)ans l'atelica- même il est |u-o-
bal>le (jue le mailre lui donnait surtout une éducation de
praticien, lui apprenant à choisir les marbres, à manier
le ciseau, à ajuster délicatement les diverses parties'^.
I a. lianii, /If ht conililiiiti des arlisics iluiis t'untirjiiilr tjrecqiie; Hliimiier,
teOcns-iind llitdunymianii dues griccli. Kiinsllcrs, Oe/I'iiilliclie VorlrSi/e
gehallen in dcr Scliwci:, t. IX, cahier 8. — i Cf. Guiraud, la main-d'ifuvn
iiiduslr. p. tjj; KraiicoUe, L'industrie dans ta (îrêce ancienne, l. I, p. 29fi.
— 3 Cf. l'Iiil, Aal. hist. XXXVI, Il ; Hrumi, desch. der gr. Knnsllcr-^, l. I,
p. Î'J; Jex-Ulake and Scllurs, U. c. p. ISf., note au § II, 3; Robert, Arcli. Mnr-
clicn, p. 115 ; Lony, Insclii: ijriccli. Hitdliaiier, n" 1 ; Colligjioii, //. de la se. ijr.
l.l, p. I3t; l'errol cl Chipiez, 1. VIII, p. iU'J ; Uclial, Sculpt. utl. p. llill.ii. i,
p. 171, n. C. — ter. bruuii, O. c. l. I, p. l'i ; Colligiioii, U. de la se. ijr. I, J,
p. I M. — û Collifîuou, <). c. t. I, p. 309 ; cf. pour une généalogie din'érentc : liriinii,
". r. I. 1, |i. ;.s. — li Sur Képhisodolc le Jeune et Tini.irkhos, cf. lîrunn, '/. c.
1. I, p. y.i: Collignon, //. de la se. ijr. t. Il, p. 418. - "> Sur Képhisodolc lAii
eien.cf. l'Iiu. l\at. hisl. XXXIV, 87 ; lirunn, (). e. t. I, p. 189; l'urt» angler, Meis-
lerwerkc, p. 513 ; Collign O. c. t. Il, p, I7S, il.ïi, et Heapas et Piaxitéte, p, li.
— * Sur rranitèlc l'Ancien, cf. Kurlwiingler, Meislerwerke, p. 137; Colli-
guon, U. de la se. ijr. I. Il, p. I7S cl n. 1 ; cl .Sco/ias el l'raxiléle, p. 13.
— !) lirunn, O. c. l. I, p. 377; GurliU tielier Pnusan. p. 303; Collignon, U. c.
t. Il, p. r.ii cl a. ». ; Jex-lilake cl Sclkrs, 11. e. pi. :i p. 208 A. Cf. les auleuis du
Laocoou : II. vun Uiirlringen,, ylrc/i. ,/n//ii. IStU, p. 37; Çollignou. II. c. I. Il,
p. 555 élu. r>: Jei-Blakcel Sellers, O. c pi. à p. 208 li ; lAIhéuien iiiklicii, lils
el père dun Uulioulidi-s ; iSruini, U. e. 1. I, p. 38". ; Collignon. O. c. I. Il, p. lil'.l.
— l'I Xal.hist. XXXV, 7li : duei.il Watiiiiliilna)iirmiiiemtalenlu minuris — annnis
.)f D— (/unm mercedem el .X/ielles el Melanlhius dedere ei. Cf. l'Iut, Aral. 13,1.
— u L'urgenl avait alors itcpl ou huit fuis plus de valeur ({u'aujourd'hui : Foucarl,
/Inll. eorr. Iiell. 1890, p. 593, n. 1 (cf. Sehiiuiann, Anli<i<iités gree,/nes (Ir.nd. tla-
luski). I. I, p. i'Ji) ; au v" siôclc le salaire normal d'un ouvrier est de I drachme,
il csl sensihh'uieul pln> éh'vé au n'. Cf. (iuiiaud, /.u „„iin-d;,;,i-n- indiislr. p. 183;'
OiiaiiL à la coiimiissance de la nature, ce iiélait pas
dans l'atelier (juil l'acquérait, mais au dehors. L'étude
de l'être vivant et l'application à le reproduire aussi
exactement que possible ne se développèrent que peu à
peu dans l'art grec ; les naïvetés et les erreurs des
o'uvres primitives et archaïques inontri-nt assez quelle
part tenaient, dans la conception du corps humain, d'an-
ciennes traditions transmises et acceptées au même titre
que les procédés lechniipies. Cr. fut, on l'a bien souvent
ri'iiiar(|ué ''', grâce au développement des grands jeux et
des exercices gyinniiiues (jue les sculpteurs grecs, ayant
souvent l'occasion de voir des corps nus, prirent l'habi-
tude d'en observer le détail et acquirent une certaine
science de l'anatomie humaine. U faut donc se repré-
senter l'apprenti sculpteur allant souvent à la palestre
contempler les exercices des jeunes gens, se rendant
même parfois à Olympie ou à Delphes pour étudier en
leur plein déploiement le jeu dcsforcesathlétiques. Quant
à l'usage d'un modèle vivant posant devant l'artiste "', il
ne semble pas avoir existé pour les corps d'hommes";
on a seulemeni relevé dans les textes littéraires quelques
allusions à des hétaïres posant comme modèles". Mais,
à mesure que les chefs-d'œuvre s'accumulèrent et que,
d'autre part, le goût de l'observation minutieuse et pré-
cise se développa, une pareille méthode devint impos-
sible. Les artistes archaïques avaient sans doute une
sorte de canon, i)uis((u'à distance ïhéodoros et Téléklès
purent fondre les deux moitiés d'une statue et les
rapporter ensuite exactement'*, mais ce canon n'avait
pas de rigueur absolue. Lorsqu'il exista des chefs-
d'd'uvre classiques, l'i'lude s'en imposa sans doute dans
les ateliers, et les jeunes sculpteurs durent étudier
tlu'oriquement les œuvres des grands maîtres et, à
l'occasion, leurs écrits pour acquérir une connaissance
exacte du canon de Polydète''^ ou, plus tard, du canon
de Ijysippe-". Cette étude des chefs-d'œuvre fut, au
iV siècle, rendue plus aisée dans toutes les parties du
monde grec, lorsque Lysistralos de Sicyone, frère de
Lysip|ie, inventa le moulage des statues-'. L'art grec,
d'ailleurs, n'en poursuivit pas moins l'étude précise de
la nature ; une autre découverte de Lysistralos, celle du
moulage sur le vif, dut même introduire dans Féduca-
Krancolle, l.'i,i,li,sh-ie dans la Gréée nne. t. 1, p. 3i0; llomullc, ûull. corr. hrll.
18911, p. 477; l'oucarl, /Inll. corr. kell. Is'.lO, p. 590, n. 2, 591, n. 1. — 12 l'Iiu.
Nal. Iiisl. XXXIV, 1)1. Cf. parmi les peintres les déliuls de frologèuc (l'Ini. KnI.
hisl. XXXV, loi) el d'Erigonos (Plin. iVa(. hisl. XXXV, 145).- 13 Cf. léducalii.n
diuuicc par son oncle au jeune Lucien. Somn., 3; il commence par lui mettre un
ui:irlcau entre les mains. — 14 Cf. eu dernier lieu Deoiina, Apollons arc/taiqne^,
p. 29 el n. 7. — ^•> l'errol. De l'élude et de l'usage du modèle vivant, /ter. Arclt.
18611, l. 1. p. 55 el Mémoires d'arehéotugie, d'épigra/jli. et d'/tistoire, p. 3.
~ Iti l'as plus pour les peintres que pour les sculpteurs; l'histoire de l'arrliasios
(Sin. Controv. X, 5) torturant nu vieillard d'Illyulhe, modèle de l'rométhcc supplicié,
liarail hicn invraisenililable. — " Xcn. JUénwr. III, 11, t et 2; Athen. XIII, 5»,
p. ■>88 e; Cic. De invent. II, 2. Les passages en (pieslion font, il est vrai, allusion
a des peintres, mais on peut supposer f|u'il eu était de mémo pour les sculpteurs.
— 18 Diod. 1, 98, 5-C ; liruun, Cesch. deryr. Aims(^r2, t. I, p. 27 ; Collignon, //.
de la se. gr. fl, p. 100 ; l'errol et Chipiez, I. VIII, p. 711. Sur le canon altic(uc
avaul l'hidias, cf. Winter, Arcli. Jalirb. 1887, p. 223. — 19 Calen. /)e /dacil.
t/ippocr. et /'lat. V. 449; Brunn, O. c. t. I. p. 154; Guilliiuine, art. Canon,
tiaus le /lict. de l'Acnd. des beaux-arts, el /Uon. de l'tirt uni. t. I, n" 29 ;
Collignon, O. c. l. I, p. 492. — 20 l'Iiu. A«(. hist. XXXIV, 65; Brunn, O. c.
t. I, p. 202; Winter, Arch. Jahrii. 1892, p. 170 ; l^ollignon, /lisl. de In se. gr.
t. Il, p. 417. — '^' liliimner, '/'echnulogie nnd Terminologie, l.H,\>. 142; Kurlwâugler,
Uelier Slatuenimitieen im Allcrilwni, Ahhandl. dcr A. Ilagcr. Akad. der VTis-
sensch. I CI. l. XX, 3» partie (189ti), p. 527 ; surtout S, Ueinach. Lemoulagedes
statues et le Scrnpis de Bryaxis, /lee. arch. 1902, t. Il, p. 5. Les textes anciens
faisant allusion au moulage des statues sont: l'Iiu. Nat. hist. XXXV, 153: idem
{L}fsistratus) et de signis effigies cxprimere invenit ; Lucian. Jup. trag, 33 (niou-
lajre en pniv); l'Iut. Ile sulert. nnim '.iC. p 9SV B.
scu
ll.il
S(JU
lion artistique riiabiliide de recourii- souvent aux em-
preintes réalistes olileiiues par ce pi-oc«''(lé. lùilln au
leiiijis des premiers l'Ioiémées, les médeeiiis lléritpliiliis
et Erasistratos pralii|uenl la dissection ' ; on peut sup-
poser (jue l'anatomie ]>ril alors place dans l'emploi du
temps des apprentis scul()teurs. Le goût pour l'observa-
tion minutieuse de la réalité devint même si vif que
Fasitelès risqua sa vie, si l'on en croit une anecdote -,
à examiner de trop près un lion.
Mais au futur artiste ne suffisait souvent pas l'ensei-
gnement donné par un seul maître: parfois il voulait, en
même temps que sculpteur, devenir peintre' ou archi-
tecte, et avait à mener de front, dans des ateliers didé-
rents, ces diverses éludes. C'est ainsi que Callimaque* et
Eupliranor^ furent peintres et sculpteurs; Polyclète'"' le
Jeune et Scopas', sculpteurs et architectes ;Eut\kliidèsde
Sicyone,à la fois peintre, statuaire (c'est-à-dire bronzierj
et sculpteur'; d'autres, comme Pylhagoras de Hliégion'
et Phidias'", s'adonnèrent successivement à lii peinture el
à la sculpture. D'autre part, les études générales ne
devaient pas être ni'gligées, aussi bien le dessin ", l'ari-
thmétique et la géométrie dont le rapport à l'art scul-
ptural s'aperçoit immédiatement, que les lettres; les
poètes, Homère surtout, chez (jui les artistes allaient si
souvent chercher les motifs de leurs créations, devaient
être l'objet d'une affection particulière. Il faut ajouter
comme complément de l'éducation les voyages'^; lors-
qu'un sculpteur était appelé à l'étranger, il partait avec
tout son atelier, etc"('tait là pour les élèves non seulement
une occasion de faire connaissance avec les ceuvres et les
procédés des autres écoles, mais encore de se familiariser
avec toutes les formes de la vie grecque et d'aequ(''rir
ainsi la notion el le sentiment du panhellénisme.
IV. La co.nditio.n politiqle. — L'apprentissage du scul-
pteur est tini ; lui-même est devenu le collaborateur
attitré de son père dans l'atelier familial, ou en a fondé
un nouveau, parfois avec l'aide d'un associé '^ Quelle
place lient-il dans la cité el la société grecques?
Pour se représenter exactement la condition politique
du sculpteur, il faut : 1° se rappeler que les anciens n'ont
pas nettement distingué, à la façon moderne, entre l'art
el le métier; pour eux tout sculpteur fait partie de la
< Cr. sur Hérophilos: Paulv, Hml-Encijcl. 1. III, p. 123C ; surErasislialos : VVcll-
niaiin dans l'aulyel Wissowa, Real-ËncyclopA. VI, l.p. 333. — 2 iYa(./iis/. XXXVI.
M. — 3 cr. GuirauiJ, La mamd œuvre induslr. p. Cl ; sur la placi- «le la piinlur.-
daus l'éducalion libérale, cf. Slob. Florileg. 'JS, ~,i léd. Jleineke. l. III, p. i:) >).
— tl'lin. \at.hM.\X\\\ ,'M. —■> Ih. XXXV, lis. — «Paus. Il, 27, 3 : cf. M. llilzlu-
Il lilûniuor, I. |2, p. IGi. - 7 l'aus. VIII, 45, 4— » l'Iin. Aa/. hial. XXXIV, 31, 7s,
XXXV, 141, XXXVI, 3t: cf. \ivatm,Gesch.dKr ;,r.Kunuteri, 1. I, p. iSfl ; Collignon,
U.delmc.t/r. t. II. p. 485. Cf. cucorcAlcaniiuesUluaireclsculpIcur: l'Iin. :Vii/. Iiisl .
XXXIV, 7J. — 9 l'Iin. Nul. Iiist. XXXIV, Un : l-ylliuyoraa Samiiis, initiu pictur. Cf.
Uchat, l'ylhaijora» de llhéijion, p. i. — lu l'Iin. A'a(. hist. XXXV, 34 : cuin et /'Ai
dian ifiium initio piclorem fuisse Iradalur clipeumi/ue Allienis iib ^o iiiclum : el.
Jex-Blakc elSellers, The eliler PHmjs cliaplers, p. I.l ; Colliïuon, Wis/. île lu se.
ijr.l. I, p. 519. — il .Sur reoseignemenl du dessin, inlroduit dans ri'ducilion ld»érjli-
par l-aniphilos dL- Sicyonc au iV siècle: l'Iiu. An/. Hisl. XXXV, 77: cf. Girard,
L'ediieulion athihtifine, p. îi\ ; Kciuielli J. l'reenian. Schools of Ilellas, p. Hl.
— '^ Cf. pourlaut ce (pic dit la Sculplure au jeune Lucien, Somn. 7 : Juioîs ùth u;
Tr.» AÀAojttxr.y, Tr.v suT&iSu *«i T'>i; ftfisîouî xvTaAis.ùy. Celle promcssc parait
étrange si l'on réllécliil que tous les sculpteurs ^rccs, depuis Uédale, ont t\i de
grands voyageurs ; il est vrai que l'ouclc de Lucien est un liundde praticien el i|ue
nous so.iiines au H' siècle ap.J.-C. ; cL aussi dans l'épitaplie de Zenon dAplirodi
sias : ,o-,.i« Sa iiT(« =..7[io;<?/) ii««r,. Ti/.a.o. «>t«(.;., Lôwy, Inschr. ijr. Uildli.
u- 54»; Brunn, O. c. t. I.p. 401. — 13 Sur les collaborations, cf. Lri»y, II. c. p. XV;
Krancotle, L induslr. dans la Gr. anc. t. I, p, i'.l'.l ; sur la nature artistir|uede ces
associations, cf. Iloniolle, Slonumenls Piot, I. IV, p. 194; Joubin, La sculpl. gr.
11. 30. - 14 llcrod. Il, 107 ; cL liuiraud, La maiiida-uvre induslr. p. 40 ; Kraii-
cotte, L'industr. dans la Gr. anc. t. I, p. 234. — lu llerod. Il, Ici7 ; Slr.ib. VIII, li,
SJ. -l-i C'est le vi.».,;4f,;a; établi par Selon d'après llerod. 11,177, cl lliod. 1,77.3 ;
iircojontail peul-dlie à Uracon : Uiog. L. I, 53 ; (cf. VII, llis); flut. .S'o/. 17,1; l'ol-
classe des artisans, Tsyyïxai, /E-.soTé/va!, pâvauiroi, (fui
gagnent leur vie avec le travail de leurs mains ; •!■■ ne pas
confondre les époques et les régions. Primitivement, l'ou-
vrier manuel semble avoir été 1res méprisé dans toute
la (jrèce'', excepté pourtant à Corinthe et à Sicyone ' •;
mais de bonne heure la plupart des citi'-s s'atrrancliirent
de ce préjugé : de ce nombre fut .Athènes, témoin la loi
contre l'oisiveté, attribuée à Solon "', qui forçait tout Athé-
nien à indiquer ses moyens de subsistance; il n'y avait
donc là aucun empêchement h-gal à ce qu'un sculpteur
fût citoyen et occupât des fonctions politiques. Dans
quelques cités''', au contraire, en particulier à Sparte"*,
il resta sévèrement interdit à toul citoven de gagner de
l'argent par un métier manuel; la pratique de la scul-
plure y fut donc nécessairement réservée aux p('riè(|ues
et aux étrangers.
Si, en fait, on recherche à quelle classe sociale ont
appartenu les sculpteurs sur la personne de qui nous
avons des renseignements, on constate que les scul-
pteurs illustres semblent presque toujours avoir été
citoyens, soit que leur famille fi'it originaire de la ville
oîi ils exerçaient leur art, soit qu'étrangers ils fussent
venus s'y établir el que le droit de cité leur eût été
accordé en récompense de leurs travaux'-'. Quant aux
artistes plus obscurs, ils paraissent s'être répartis
presque également entre les métèques el les citoyens;
si l'on admet qu'à .Mhènes l'inscription de l'Éreclitheion '-"
indique une proportion exacte pour l'irnsemble de la
cité, on constate que, sur huit sculpteurs, cin(| sont mé-
lèques et trois citoyens-'. On peut en conclure que,
sauf à Sparte et dans quelques autres villes, l'état de scul-
pteur fut un des plus considérés el de ceux que les
citoyens abandonnaient le moins volontiers aux étran-
gers--. — Au m" el au ii"^ siècle des inscriptions de
Rhodes-' nous montrenir£3ttoa[jita ^ei'idamia, accordée à
un grand nombre de .sculpteurs pour la plupart peu
connus; celte faveur les mettait probablement au-des-
sus des simples métèques et facilitaità leurs descendants
l'assimilation complète aux citoyens-'.
V. La FOR-ru.NE dl sclli'TElm. — Les sculpteurs étaient
généralement assez riches; c'est, du moins, ce qu'on peut
conclure d'un passage d'Arislote : les artisans ne pour-
luv, VIII, 42 ; Tbèopbraste (Plul. Sol. 31,2) lallribueà Pisistrale. Cf. Deniosib. LVII,
30 ; l'iul. Sol. 22,1. - 17 .Xen. Oecon. IV, 3; Arist. Pol. III, 3, 7, p. 127s A :
Frarjm. (Rose), p. 38«. - i» Xen. Lac. res/j. VII, 1-2; Aelian. l ar. I.ist. VI, 0.
Cf. (iuiraud, La main-d'trurre induslr. p. 3S, li;4. — ■« Ce fui sans doulc le
cas pour Alcanicne né à Lcmnios, établi à Athènis: l'Iin. Nul. hist. XXXVI. lli ;
Suidas, Lexikon, s. V; Robert, Arch. Mihchen, p. ilJ, n. I : Kroker, Oleichna-
miije i/r. Kùnsller. p. fi ; Collignnn, //. de In se. gr. t. Il, p. 1 1 4 ; l'\ thagoias né
à Sanios, établi à RliégioM : l'Iiii. iVat. hist. XXXIV, 5U 60 ; Li'.wy, Inschr. qr.
Hilidh. n" 23-24; Colliirnon, //. île la se. i/r. t. I, p. 40!) et n. I ; Léchai, l'y-
Ihufjoras de Hliéijion, p. 2; l'oiyclète né à Sicyone, établi à Argos: Plat. Pro-
tuij. 3,1 p. 311 C; Plin. N. hisl.XWlV, 53; Li)»y, Inschr. gr. Uildh. n» IPI;
l.isclike, Arch. Zeitg. IS7S, p. M, n. Il ; Rolwrl, Arch. Mnrchcn, p loi ; Col-
ligiion, H. de la se. gr. t. I, p. 485 ipnur une interprétation diirérenlo des lénini-
gnages, cf. FurlwSngIcr, Meistvrwerke, p. 413 ; Je»-l!laU et .-^ellers. The eljer
Plint/s ehnpters, p. 43, note à S 55, »). Cf. Polygnole né à Tliasos, élal.li.=i Athènes,
llar|iacrat s. v. Kn 403, le titre de citoyen fui accordé à un statuaire pour
avoir aidé au rélablisscnieiil de la démocratie : Alh. Mith. IS98. p. 28.29; Guiraud.
La main-d'œuvre induslr. p. 103. - 20 clAi ( = IGij, n" 324, 2o el 3- fragm. I" col. ;
Clioisy, El. èpigrajih. sur l'architect. gr. p. 121; lirunil, Gesch. der ijr. Kùnsl-
ler 3, l. I, p. 174; Clerc, Les mélèi/ues alliéuiens, p. 3'Jl ; Collignon, //. de la
se. gr. l. Il, p. 93. - 21 On reconnaît les métè<|ucs à la formule o!.5v !v pri-cédanl
le nom du dénie qu'ils habitent. CL S. Reinach, Traité d'é/iigr. gr. p. 512. — 22 Sur
la liste de 107 ciloycus dressée par ScherUng, Quilius rettus singuluntm Allicae
pagorum incolae operain dederuit, Leip::. Studien znr Iclass. Philologie.
I. XVIII, 1898, figurent 32 sculpteurs. CL une liste de métèques sculpteurs hors
d'Athènes : Guiraud. La main-d'œuvre induslr. p. 1C2. — 23 Lô«y. Inschr.
!/r. Uildh. n" 185-189, 191-192. — 2' La formule est : nu Ici i .; i-i««[i;« 8iSoT«,.
i.r. Clerc, Ilevue des i'niversilés du A/idi, tSOS. p. li»7.
scr — I
raient l'Iro citoyens, dit le pliilosoplu'. i|ui' (lai)> uni-
ilémocralin on une olii;ar(liio qui pn-ntl pour luiso la for-
lune, car licaucoui) d'entre eux sont riches', l'n décret
de3-2(î :>- nous nionlre le scidpleur Képliisodolos, fils
de Pra\it»-le, remplissant les ioncllous de Iriérarque, ce
qui supposait une certaine l'or! une. Ui't'h"^'" documenls
qui nous rensei,;;nenl exactement sur le prix des oeuvres
plastiques, nous le montrent, en efl'et, assez élevée L'in-
scription de iT-reclitlieion iudiqnecouime valeur moyenne
d'une (if^ure d'homme ou de cheval (10 drachmes; mais
il s'agit ici de reliefs et les auteurs sont prohahlement de
simples praticiens. L'inscription d'Épidaure, au début
du IV siècle, donne des cliiin-cs plus considérables* :
acrolères de l'un des frontons, c'est-à-dire trois ligures:
±'1\0 drachmes; acrotères de l'autre fronton : également
-22iO drachmes; statues de l'un ' des frontons :
;10I0 drachmes. On oblienl ainsi pour un acrotère environ
7-iO drachmes, et pour chaque ligure de fronton, si l'on
en admet neuf suivant la restauration de M.M. Defrasse et
Léchais environ 33i drachmes. Cette dilTérence n'éton-
nera pas si Ion songe que les acrotères étaient .souvent
des figures ailées montées sur un cheval ou un char et
que le prix indiqué pour eux comprend probablement
aussi celui des tOtioi (dessins ou maquettes) ' ; car il
s'agit, pour les figures de frontons, de praticiens, et, au
prix de ces dernières, il faut ajouter les 9œ drachmes
données à Timolhéos, un véritable artiste ', pour les
TÙTtoi. A une époque un peu postérieure, un mot de Dio-
gène le Cynique, rapporté par Diogène Laerce', nous
apprend qu'une statue se payait 3000 drachmes.
Des inscriptions de Délos (m' siècle) nous rensei-
gnent sur la somme que touchaient des artistes intini-
nienl plus humbles, de modestes sculpteurs sur bois.
Une statue de Dionysos est payée 23 drachmes à l'artiste
Sarpédon'"; ailleurs, le prix est encore moins élevé; la
matière première est évaluée bien plus cher que le travail
du sculpteur, lui-même moins rétribué que le peintre ou
le xoTjiïiTv^;. Voici, par exemple, les cliitl'res recueillis
dans diverses inscriptions du ui'' siècle" :
Boi.s 24 .Ir. ."i;; (Ir. i jfi ,1,. )
Sculpteur J (Ir. li dr. I - ( " ' :,0 dr.
l'eiiilre 5 ilr. 7 dr. 7 dr. l
KouiiTiiiç fi dr. l 12 dr. li; ilr. 3
Tian.sij<)it de la statue.. 1 ilr. :n 2 i il dr. 1 20 dr.
Mais il s'agit là d'ceuvrcs. sans aucime prétention
artistique, destinées à ligurer un jour dans une pro-
cession.
VI. L.\ CONIUTIO.X SÛCI.\I.E Dr SCLLI'ÏEIR. — L'.ATKLIEH. —
' Pol. III. 5, fi, p. liTS A : i» Si 5.t; OV.Y.f,;.,; 8,t« ^iv ..à. i.iijtTa. tî.a. T.r.V.sr,-.
«i xoVao: t£v îs7vit.:>. — - Liiwy, /nsc/ir. ijr. Ditdh. n* 55.'». — 3 Sur la laleiir de lar-
geiil, cf. p. 1150, n. M. — » ltjl'H(=IGiv).p. 3i|.3îi, «• I4.S*, B I, I. 89,97, III (=
C.li. Michel, llic. dCmsrr. ijr. a- 5s*, p. iTO 4:i). Cf. rolh^oioil, llist. de la se.
ijr. l. Il, p. 197; Uefrasst' *'t l.eclial, Epidaurf, p. 62. — 5 Nous ne Icnniis pas
compto des pri\ indi<|ui-s pour l'aiilre fi-onloii à cause de la iliflicullê introduite par
la inciilion de la .ii.,;. — « /T/yiViiuri-, pi. m. — '' Cf. A. § V. — 8 i'Iin. Ani./iisf.
XXXIV, 91; XXXVI, 3±: l'aus. Il, .ii. 4: (Jollijrnoii, Hhl. de la se. ijr. l. Il,
p. 196. — » VI, 35. — I» llnniollo, lliill. emr. Iiell. ISSt, p. 468. — H Ho-
niolle, /*. 1S90, p. 5lli. — li l'Iul. l'cricl. 13, l cl 9. — 13 l.i'.wv, liischr. ijr.
IlildU. Il" 5ti-5M. — Il l'aus. III, IS, II. — <■". Slraton et Xi^uopliilc, à Argos,
dms le leniple d'AsIilopios (l'aus. Il, ii, i). Cliirisophc, à Tégéc, dans celui d'Apollon
(l'aus. VIII, 53.8), aiaient leurs statues prés des ilieui i|u'ils avaieul sculptas. Cf.
Phidias s«! rcpr^-senlanl lui-intnie su' le kouclierd'AIhéna : l'Iul. l'nicl. 3l,4;Cic.
Tuf cul. I, 34. Olle csfièce de signature ligur(>c se retrouve au moyen âge ; c'est
ainsi iprKrHin sculple sou portrait à In calhéilrale de Strasbourg (portail central
de la farale. et chapelle Saint-Jean). Itapprorker :iussi le pnrirail de Gott celli dans
son Adoration d«>s Ma.L'es, à Florence. Les dieiiv grecs furent, d'ailleurs, luiijniirs
pteinsdi; bienveillance |H>iir les artistes, cl. par ei. l'Iut. é'cricl. 13, s. — 1'"' Clin. ,V(if.
I .'i2
scr
Les sculpteurs semblent donc, à l'époque classique et
dans la majorité des cités, avoir pris part à la vie poli-
ti<|iin el sociale dans la même mesure f[ue les autres
citoyens. Nous avons vu, au iv'' siècle, Képhisodolos Irié-
rar(|ue; au V Phidias est directeur des travaux de l'.Xcro-
polc'-; au II'" iMiboiilidès, fils d'HukIieir, est proxène
desDelphions et épimélèle à .Mliènes ''. On a même pour
les artistes des indulgences particulières: c'est ainsi qu'à
l'exempledeBatliyclès de Magnésie figurant le /o:o; de ses
ouvriers sur le trt'tne d'Apollon Amycléen", plusieurs
artistes furent autorisés à consacrer leur propre image à
côté des statues divines exécutées par eux pour des tem-
ples ''■. Les étrangers n'iHaient pas moins bien traités que
les indigènes; les cités, soucieuses de s'embellir grâce à
l'aide d'artistes illustres, les attiraient par l'institution
de concours"' et l'octroi de certains avantages '% el les
retenaient par des honneurs divers dont le principal était
l'attribution du titre de citoyen. La réception de Phidias
par lesÊléens, l'installation de son atelier dans la salle
d'apparat des théocoies'*, peuvent donner une idée de
l'aecueil fait par les cités aux artistes étrangers. Il arri-
vait même parfois qu'on leur laissât prendre une grande
influence : témoin l'ascendant exercé à Sicyone par
Dipoinos et Skyllis"ou à Pliigalie par Ouatas d'Égine'-".
D'autre part, les familles les plus illustres d'.Vthènes ne
craignent pas de s'alliera des familles d'arlisles ; c'est
ainsi que Phocion, élu quarante-cinq fois stratège,
épouse la so-ur de Képhisodolos-'.
L'n coup d'œil jeté dans l'atelier -- permet de pénétrer
dans la vie quotidienne du sculpteur grec. Quelques mo-
numents, en particulier des pierres gravées, nous mon-
trent l'artiste à l'œuvre'-^ : il est généralement assis sur un
escabeau placé devant l'objet à sculpter i lig. 3813, (J22o):
pour manier plus librement le ciseau, il ne garde que
sa tunique; ou bien, n'ayanti] ne son vêtement de dessus, il
le laisse glisser jusqu'à lataillede façon àdégager la partie
supérieure du corps. Mais l'atelier de l'artiste n'est pas
seulement le lieu où il travaille; il y reçoit des visites
(lig. ij-li'S) et, encertainsjours,yconvie toute la cilé. Dans
les Mémornbles-^ de Xénophon, Socrale vient s'entretenir
dans son atelier avec le sculpteur Clilon ; on peut donc
penser que les portes s'en ouvrent volontiers aux causeurs
el aux curieux -'. C'est là aussi que l'artiste expose au
public ses teuvres une fois terminées: ces expositions
étaient sans doute très fréquentées et, lorsqu'il s'agissait
d'un grand artiste comme Phidias, elles entraînaient
jusqu'aux femmes libres hors du gynécée-"'. Générale-
ment, l'exposition était gratuite, témoin le surnom injii-
hist. XXXIV,53 (cf.Collignon, Uisl. delase. i/r. t. I, p. 503), XXXVI, 17. — i" Cf.
Ciiiraud, La main-diruere induslr. p. 79, — •» Pans. V, 15, 1 ; Laloiiii et Monccain,
/tesl. dOlympie, p. 141 ; Krazer. Pausanias, t. III, p. 565. — l» Plin. A'al. liUl.
XXVI, X9.I0. — ^ l'aus. VU!, 4i.7.— 2' l'Iut. l'hoc. 19,1 ; Cololès, contemporain
de Phidias, passait pour descendre d'Ili^raklès : l'aus. V, *ft, i. — 22 l'n atelier
de sciilpleur a été retrouvé à Délos ; c'est la ni:iison dile île Kerilon ; Jardé, Bnlt.
corr. hetl. 190.'>. p. 47. Sur les démes liabiti's de préférence par les sciilpleurs, cf.
Scherling : Quiùus rébus sinijulorum .Atticite iiatforum iucolae operam dedcrînt.
Leipziger Slud. zur klass. l'hilol. l. XVIII. ls9S, p. lîl ; il'aprf's l'anteur on ne
coniiait |>as, avant la fin du v^ siècle, de sculpteurs avant habité la partie méridio-
nale de rAltiipie, d'où l'on peut conduire que, jusipi'alors, ils ont plutôt résidé
soit dans la ville, soit près des ateliers des lapicides (cf. Scherling, p. 56), c'est-à-
dire du côté du l'cntélii|ue et du territoire Ihrasieu. Cf. aussi Plut, ùe t/en. Soci\
10, p. 580 E. ipii nieuliouiie une rue (ou un ijuarlier} des Kabricants-d'Hermès.
— 23 Jahn, lier, der Sûchs. Geselhch. der Wiss.. l'hilol. -Iiisl. /Classe, 1861,
p, 29r; ; Blûinner, Technoloyie und Tcniiinoloyie, l. III, p. 217 el si|. lue des
plus anciennes représentations, si le monument est bien interprété, est la pla-
ipii'lle corinllileiiiie du Musée de Rerliu (^ii/iA-e />filA'»iuc/er, I, pi. viii, n* 20) où
l'on voit un sculpteur travaillant k une fi^'ure de caiaber. — '^t III. lu. i'.-8.
— 2^ Cf. pour d autres inéliers : Ijiiiraud, O. c. p lï». — '.il' Plul. Ptncl. 13, 9.
scu
1 1 r;3
scu
liiMiN ([lie s'alliiM l'Ili'lène do Z<Mixis '. Lo profit fiu'cn
liiail I'miI isic, ('('lail di' connailrt' rupiiiion libre et spoii-
lanée du public
en face de son
œuvre et de pou-
voir, à l'occa-
sion, y a])port(M'
li's corrections
qui lui étaient
s u g géré es.
Beaucoup, sans
doute, faisaient
comme Phi-
dias^ et se ca-
chaient derrière
la porte pour
saisir le juge-
ment des visi-
teurs dans toute
sa sincérité.
VII. L'opinion
PUBI.IOl'E. — Ll«
IMlILOSOr'HES. —
Celte adoption
des artistes par lu société grecque ne fut pas sans
soulever des protestations. Platon, dans les Lois \
relègue l'artiste, qu'il ne dislingue pas de l'artisan, au
bas de l'édifice social: si un citoyen, déclare-l-il, veut
sortir de son cadre et devenir artisan, que les aslynomes
le réprimandent ; car l'occupation essentielle d'un citoyen
est de s'occuper de la vertu et de l'Étal. Quant à l'.irt, il
ne doit pas être supprimé, mais réglementé comme un
travail manuel'. Pour Aristote une cité bien gouvernée
ne peut admettre les travailleurs manuels, par suite les
artistes, comme citoyens, car le citoyen ne doit s'adonner
qu'à la vertu, toute autre préoccupation le dégrade en lui
enlevant le loisir nécessaire à l'acquisition de la vertu et
à la pratique de la politique^. Mais ce sont là opinions de
pliilosopiies préoccupésd'assurer l'unité de leur système;
ce qui dégrade l'artiste aux yeux de Platon et d'Aristote,
c'est qu'ils y voient un homme : 1° chez qui l'élaboration
passionnées de l'oeuvre trouble l'harmonie intérieure de
lYime; 2" et surtout, suivant l'idée Spartiate, qui fait un
travail manuel en vue d'un salaire. De plus, le résultat de
l'fpuvre d'art est souvent d'exciter les passions de ceux
qui la contemplent ; pourtant, Platon" lui-même ne peut
I Aolian. Vnr./iist. IV, 12. — ^ lue. J'ro imag. U: cr. les iIimjk slaliio? dp
Polyclitc: Aelian. Vnr. hi.sl. XIV, s ; Apcllo el le conl. iinicr : l'Iiii. Xul. lusl.
XXXV, 85. — 3 VIII, p. 840 I), cf. Jl,j,. VI, p. 495 I); cf. Giiiiaiid, H. c. p. lii;
FiaiicoUe, 0. c. l. I, p. iHi. — 4 liep. III, p. 4ul B. — :■ l'ol. III, S, p. IJTS
A : f. Si pi).T:Vtri «'/lu ij noi^^t. p»..au«,v ^Mx,,-.: cf. IV, 'J, 3, p. 1328 B; cf. Uiiiiaiiil,
0. c. p. 4;i; Fiaiicollc, O. c. I. I, p. 2i7. Parmi les philosoplics grecs, Anlistlièiiu
lu Cyi)jr(iic est à peu prt'S le seul à pr(''Couîser le travail pliysi(|iic: Oiog. L. VI, I, 2.
Isocralc, VII, 2li, p. 1 15 a, iléclarc loisivelé iitccssaire à cpii veut s'occuper dos
affaires puliliipies. — i: /(,-/). III, p. 401. — 7 Pol. V, 5,21 p. 13i0 A ; cf. /'jél.
C, p. 1450 A. — « XV, 2, p. ;iM 1,. .- 9 Slral). VIII, 30. p. 334; «lacr. Snturii. V,
11. 23 ; cf. Collignoii, H. de In se. yr. l. I, p. 531. — tO plin. Nul. Iiist. XXXV, 77 ;
cf. Slob. Florilnj. 08, 72 (M. Mciiieke. t. III, p. 235). — Il Plin. Nal. Mat. XXXIV,
83; cf. Jex-B'akecl Scllers, Tlie Mer /'liny s chapwn, p. XVI. — 12 (Jalien, De
placit. Uipp. ci Plat. V, 4W. — 13 Plin. A', h. XXXV, 129 : volmnina quoque eom-
posuit de sijmmetria et colorlbiis. — Il Plin. Nat. h. XXXIV, 8i: Àntigoniis (pn
voluminii condidll Je sua nrle: cf. Von Wilamowilï-Mûllendorir, Anligmws ron
Knryslos, l'hilol. Uniersneh. IV ; Jc»-Blakc el Scllers, The elJer ITmi/s
cliaplers, p. XXXVII. — 15 p|i„. Aal. h. XXXVI. 39 : adniimlor ( Varro) et Pasi
telia qui el t/uinque t'olim iiiii scri; ait nobilum opeium in loto orbe. — '«Les
inscriptions relatives aux sculpteurs ont 61é réunies en 1885 par l.iJHy dans ses
Imchriften gnechisclier Itildlianer. (In en a trouvé depuis un grand nombre
d'autres dispersées dans les différents recueils archéologiques. — li Cf. Hirsclil'cld,
VIII.
nier la vertu éduc-ilrii'p et le r('ile iiolitiqiie dr certaines
o'uvres, et xXristote ■, qui interdit les peintures de Pau-
son, autorise celles de Polygnote.
Quant à l'opinion publique, elle refusa de sanctionne:-
cette condamnation siivère et tint à en excepter au moins
les grands artistes : la preuve en est le .jugement plus
mesuré d'Isocrate décliu-ant qu'on ne peut comparer
Piiidias à un coroplaste, ni Zeuxis ou Parrhasios à des
peintres d'ex-volo *.
VIII. Le CARAcrÉnE des scrLPTEins. — Rien, d'ailleurs,
dans la personnalité des artistes, n'eût justifié leur
exclusion de la cité. Ni leur culture ni leur caractère ne
les mettaienl au-dessous des autres citoyens. Les scul-
pteurs, qui allaient chercher les sujets de leurs leuvres
dans des légendes parfois peu connues, devaient être
i'amiliers avec la littérature nationale, Lout au moins avec
les grands chefs-d'œuvre poétiques; une tradition', fort
suspecte il est vrai, rapporte que Phidias s'était inspiré
de trois vers de V Iliade pour concevoir son Zeus Olym-
pien. Les artistes eux-mêmes se faisaient parfois, de
praticiens, théoriciens; dans les villes où l'étude du des-
sin ou de la peinture faisaitpartie de l'éducation libérale,
il est probable qu'ils devenaient souvent professeurs
d'éphèbes'"; le sculpteur Xénocratès de Sicyone" avait
fait l'histoire technique de la statuaire; Polyclète'- écrivit
sur les proportions du corps humain ; Euphranor, peintre
et sculpteur, composa des volumes sur la symétrie et les
couleurs " ; au m'' siècle, le sculpteur Anligonos de Kary-
stos''* possédaune culture très variée : non seulement, il
semble avoir écrit sur son art, mais encore il composa une
'\m:où'.Siv Trapaod^iov auv^ytuyr^ Cl des biographies de philo-
sophes. Même à Rome la tradition ne se perdit pas, et
Varron louait fort, parait-il, les cinq volumes écrits par
Pasitélès sur les chefs-d'œuvre du monde entier '^
Les inscriptions, en particulier les signatures d'ar-
tistes*", nous apportent sur le caractère des sculpteurs
des renseignements d'une aulhenlicité certaine'''. La
signature d'un sculpteur comprend d'ordinaire son nom,
indiqué d'une façon plus ou moins complète '", etun mot,
verbe ou, plus rarement, substantif ''\ indiquant que le
monumenLestlreuvredusculpteuren question (fig. 4082).
Ce qu'on remarqueavanttoul dans les signatures, c'estle
souci qu'a l'auteur de se rattacher à une tradition artis-
tique; il éclate naïvement dans la signature de deux
Argiens du vi" siècle, Eutélidas el Khrysothémis, qui
déclarent tenir leur art de leurs devanciers^"; on le
Titiili atatitariorum scnlptoriimque graeeontm; l.iiwy, Inschr. or. Hihlh. p. Vil ;
.S. Hcinacli, Traité d'èpigr. grecque, p. 43i. — '** Cf. Lftwy. insvhr. gr. bildb.
p. X-XII ; l'indication complète du nom ne se rencontre qu'isolément en Attique :
au v siècle, I fois : au iv% 1 ; aux iV-ni". 4 ; aux iir«-ri', I ; aux u'i", 8 ; à l'époque
impériale, 5. -- l'JU formule type serait : un tel (ils d'un tel de telle ville Uo.'ooi ;
l'expression enotr.Gc est ((iielqucfois remplacée par un autre verbe î'teuïe, îlpY«aff«To,
rlc, ou un substantif : ê'fYiv, yî^uçÂ, etc. ; l.iiwy, p. XIII, compte 347 sig:ualuresavee
7.o-=ïv contre 19 (dont 9 niélriques) avec un autre verbe ou un substantif (cf. aussi
llirsclifcld, Tituli, p. 21). — L'^ioriste .l,io.'r,oe est souvent remplacé ,i partir du
ii-^ siècle par l'imparfait iroUi ; Pline, Nnt. hist. préf. 21», prétend iiue les sciilpleurs
ont voulu iudii|uer ainsi tpie leur (euvre restait inacbevée cl imparfaite, lumqiiatn
inchoata sem/ier arte et imperfecla ; l'erreur qu'il fait en disant f|u'on ne pourrait
citer plus de 3 signatures avec l'aoriste preuve qu'à son épocpie l'emploi de l'im-
parfait était courant; Kirschfeld, Tiliili, p. 23, y voit, sans raison semble-til, un
ai-rlia'isMK*. \'oici la statistique él;tblie par l.i'iwy, p. XIII, pour cbatpie époque :
4 iii'-ii' siècles.
" Kpoque impériale
Total
l'aus. VI, lu, 5.
iiô
scu
— {Uy't
SCU
ri'Iroiivt' surloiit dans la coiiluiiK^ des sciilploiirs ilc n'in-
diquer leur palronyiniquc que s'ils oui été les élèves de
leur père' ; deux arlistes de l'école de Pasilélès - rem-
lil.irenl niénic le nom do li'ur père par eelui de leur
maille. La laisou decelusage esl sans doule uu sentiment
de reconnaissance envers ceux qui les ont guidés au début
de leur carrière; e'csl probahlement aussi un moyen de
se recommander au public en rappelant rancicnnclé et
l'excellence de l'atelier auquel on appartient'. Un motif
analogue ex])lique l'habitude d'indiquer Tetlinique seu-
lement si l'on travaille à l'étranger'; c'est, en même
temps qu'une expression de la fierté patriotique, une
façon de se réclamer de villes célèbres i)ar le génie de
leurs artistes ou l'habileté de leurs praticiens : témoin,
;\ l'époque impériale, la fréquence particulière des eth-
niques de sculpteurs d'Athènes et d'Aphrodisias'''.
Mais celle sorte d'hommage rendu aux prédécesseurs
n'exclut pas un sentiment de (iorlé personnelle en face
de r(euvre accomplie; l'arlisle ajoute souvent quelques
mots à la formule de signature soil pour faire son propre
éloge comme dans cette inscription duv" siècle : « Eu-
phron de Paros qui n'est pas inhabile" a exécuté », soil
pour exprimer l'admiration qu'il éprouve à l'égard de son
ouvrage, ainsi sur la stèle d'Alxénor : « Alxénor le Naxien
a fait, mais regardez donc' ». L'usage de la signature*
parait surtout fréquent aux époques archaïque el bellé-
nislique ; à l'époque classique les grands arlistes semblent
avoir souvent négligé de signer leurs œuvres, non que le
senlimenl de leur valeur personnelle fût moins vif cliez
eux, mais, d'une part, l'auteur de grandes ceuvres exé-
cutées pour la cité pouvait, sans graver son nom sur la
base", compter que le peuple conserverail son souvenir;
d'autre pari, l'artiste, devenu plus difficile pour lui-
même et soucieux de sa réputation, tient à ne signer
que les oeuvres dont il est complèlemonl satisfait el
qui lui paraissent dignes de lui "".
En résumé, un praticien grec ne semble pas avoir élé
moins estimé que n'importe quel autre citoyen, el la vie
d'un grand sculpteur paraît s'èlre déroulée au milieu des
honneurs el de la considération publique ; parfois, sans
doule, ces honneurs avaient leur rançon; Phidias lui-
même, d'abord le favori du peuple athénien, fut la
I Cf. Uirsclifcld, Tituli, p. 3U ; Roberl, Der Bildhnuer l'ubjkles und seine flippe.
Hennés, i. XIX, 1884, p. 300; l.owy, Inschi: t/r. Uildh. p. XVI; Keinach, Traiti'
d'épigr. ijr. p. 430 ; coUe règle esl pourlanl loin J'itre absolue, lémoiil la stalislupie de
Lôwy. p. XV'I; elle esl 1res difficile à vérilier, la plupart des lionis indiqués par Us
patronymiques nous èlaut inconnus. Cf. pour une comparaison avec les céramistes :
lii-inacli, TraiU d'fpigr. gr. p. 430; l'otlior, Calai, des 'lases du Lmwre, t. 111,
p. 695; avec les coroplasies de Myrina: lintl. corr. hell. 1S83, p. iiC ; iSSO, p. 478.
— 2 l.iiwy, Jnsehr. gr. Bitdh. n" 374, 373. — 3 Cf. Vilr. III, préf. 1 : Jpsique urii-
fires... si non pecunia sinl cnpiosi seu velustate officiiiitrum hahuerint notitinm...
pro indiislrin studiorum aiielorilales non po.isiint linbeir. — t Cf. HirsclTfeld, Tiluli,
p. 4i; l.i'.wy,/iiit«;/<>-. ifi-. liildh.f. XI; Keinacli, O. c. p. 437. C'est ainsi i|ue l'raxilèle
signe simplement son nom à Alliiues, mai^ inili(pie son ctlniirpic dans une inscri-
ption de Tliespies, (|ue ceux do Képliisodole et di- sou frire se trouvent sur une pierre
de Mégare, mais non à Athènes ; I.Oivy, p. X, cilc soulcnieiit cinq cas où l'ethnique
'A«r,vaTo; se lise Sur de» bases trouvées en Alliqne CI. ]iourlant, à l'époque hellé-
nisti(|uc, à Khodcs, les signatures d'arlisles rhodiens : lieiuaeh, O. c. p. 348 et n. 3.
11 faut remarquer, dans les signatures de sculpteurs al tiques, la raictc' du démotiiiue :
Liiwy, p. XU, relève 2 exemples au V s èclc, f. aux iv el ui», 4 aux n» el l'r,
I à l'èporpie impériale; cf. lieinach, O. c. p. 437. Sur l'arcLaïsme qui consiste à'
placer l'elhnique après le verbe, cf. Hirscbfehl, Tiluli, p. 42; l.im\ , lusch. gr.
Dildh. p. XV. — "i Lôwy, Inschr. gr. liildli. p. XI. — 0 Lijwy, O. c. n' 40.
E;sji..vU<ito;7|<i'où» iSiii;; lliipiof. Cf., à l'époque hollénistique, l'iuscription funéraire
d'Eutychidès: Lôwy, O. c. n»550 : nfaïiti'koui v-O'uv !i«o5d«5 oJn /iftluv. — 7 Lihvy,
O. c. n»7 : 'Aljr.vuf ;.=;,.,. i Nd;,o; a'/.'iaîS.»!.. — 8 Iliischfeld. hluli, p, 02 ; Rei-
nach. Traité d'épigr. gr. p. 438. — 9 Cf. pourtant la signature de l'Ilidias sur la
base du Zeus d'Olympie : l'aus. V, III, î : .).„«;,. Si ,>,^ io;«ointvov -ci Sjalua
lîv.i .«', li!;rp«i.i.« Ut.v Is |««pt;,f;«y ; sur la coloinielle de rnlhéna cbrvséléplian-
liue d'Athènes : l'Iul. /Vr/c/. 13, 9.- 10 l.uci.iu. //«nj. 4 : tî , ArJv.'av ; ««î
vicliiiii' d'une injuste accusation et linit peut-èlre sa vie
dans l'exil". Mais, (juclque peu renseignés que nous
soyons, d'une façon générale, sur la vie des scul|iteurs, il
esl permis de supposer (|ue, le plus souvent, laret^onnais-
sance et l'adiniration de la cité les accompagnèrent jus-
qu'à la lin, et que le ])i'iiitre Nicias'- ne fui pas le seul
artiste honoré par Athènes de la sépulture publique sur
la route de l'Académie
IX. L'Étiuirie Er Rome. — Sur la condition sociale des
sculpteurs en Élrurie, nous ne savons rien " ; mais il esl
probable, d'après la nature des œuvres qui nous restent,
que l'artiste ne s'y dislingiiail pas de l'artisan et était
traité comme lui.
Il esl plus facile de se représenter la condition des scul-
pteurs à Rome à l'époque classique. Jusqu'il la fin du
m'' siècleel au début du n" on peut penser que les auteurs
des statues nombreuses " élevées sur le Forum furent de
simples praticiens, mais, vers cette époque '% les progrès
de la conquête romaine en Orient ouvrirent la Ville non
seulement aux œuvres helléniques, mais encore aux
artistes grecs. C'est à partir de ce moment qu'on peut se
demander quelle était la condition des sciilpleiirs à Rome,
el quelle opinion l'on avait d'eux.
/m rondilinn politique. — Un premier point fra])pe
d'abord : à Home bien peu d'arlisles el en particulier
bien pim de sculpteurs"' sont Romains ; Rriinn " ne peut
guère citer comme noms purement romains que Copo-
nius et Décius. L'art esl donc presque entièrement aux
mains des étrangers"; el si certains, comme Arcésilas,
familier de L. Lucullus''', ou Pasilélès, fait citoyen
romain-", jouirent de quelque considération, les artistes
rentraient le plus souvent dans la catégorie méprisée des
Graeculi ; c'étaient fréquemment de simples afTranchis-',
parfois même des esclaves à qui ont faisait apprendre
les rudiments de l'art pour les rendre capables de décorer
la maison ; lorsqu'on les afTrauchissail, on slipulail avec
soin qu'ils continueraient à servir chez limrs anciens
maîtres'-. — Conformément à l'habitude générale des
ouvriers romains, les sculpteurs étaient sans doule grou-
pés en collèges; nous ne connaissons, il esl vrai, aucun
collège de sculptores, mais nous rencontrons plu-
sieurs fois mentionnés dans les inscriptions'-' des col-
liEi^pâtlfat TouvniJia ô 4>ii5îa; filiiait. Il semble qu'on ait parfois interdit aux scul-
pteurs de signer leurs œuvres; ils recouraient alors à des subterfuges tels tpie
celui de Balrachos elSauros; cf. Plin. Nat. hist. XXXVI, 43 (cf. PIul. Oe l'yth.
oruc. 12, p. 39'J F). — Il Arisloph. Fax, v. 005 el Schol. ; l'iut. Péric/.
31 ; Diod. Sic. XII, 3'J,I ; cf. Collignon, ff. de la se. gr. t. I, p. 550. — IsPaus. I,
29, 15. — 13 Cf. Mitchell, Hislorij of anc. sculpture,p. 030; l'erkins. Les snilp-
leurs ilaliens. l. I, p. C (Irad. Ilaussoullier). — 1' Cf. Deiobry, Jtome au siècle
d'Auguste, t. 111, p. 49; Mar([uardt, l'ie prinêe des liowains, t. Il, p. 202.
— 15 Tile-Live, XXV, 40,2, dale linlroduclion de l'arl grec à Home de la prise de
Syracuse par Marccllns : Inde pvimum inilium mirandi Graecarum artium opéra
liceniitteque huic sacra profanngue omnia vulgo spoliandi factum est. Cf. l'Iul.
Alarcell. 21 ; Marquardl, O. c. t. Il, p. 2:111. — l« I.a peinture, eu effcl, semble
avoir élé plus en faveur : Plin. XXXV, 19 23; Friedlander, Cieilisalion el mœurs
romaines t. 111, p. 321 (Irad. Vo^el); M,iri|uardl, O.c. t. 11. p. 2C4; Courbaud,Z,e6«s-
relief romain, p. 314, u. 2. — '7 Geseh. der gr. Kùnstleri, l. I, p. 420, 430; cf.
Hirschfeld, 'J'iluli, p. 02. — l« Hrunn. (t. c. t. 1, p. 425, 431 ; Friedlander, Cir.
et mœurs rom. I. 111, p. 321 ; Courbaud, Ac bas-relief romain, p. 314. Les arlistes
cités par Pline, XXXVl, 3S, comme ayant rempli de statues très estimées, proba-
lissimis signii. le palais des Césars sur le Palatin, ont Ions des noms grecs ; le
sculpteur Uiogène,quidécoi-ale Panthéon d' Agrippa, esl un Athénien: Plin. XXXVI,
38. _ 19 Plin. XXXV, 135 : Arcesilaum L. Luculli familiarem ; cf. Urlichs,
Arkesilaos, p. 4. - 20 plhi. XXXVI, 40 : Nalus hic {Pasiteles) in Graera
llaiiae ora el civilale llonana donalus cum his oppidis. —'^1 Par ex. C.A\ia-
nins Ëuander ; Brunn, Gesch. der gr. Kunstler-, l. 1, p. 382; M. Cossutius Cerdn.
P. Cincius Salvius : Brunn, O. c. t. I, p. 425. — 22 Di,,. XII, 0, 20, § IS; cf.
Mitchell, Hist. of anc. sculpl. p. 050; Friedlander, O. c. t. III, p. 300.
— 23 Cf. Waltzing, Et. hislor. sur les corporations professionnelles che:: tes
Jlumaius. l. IV, p. 20 el 9S.
scu
— m;
srif
It'Kes (le itiiiriiiorfirit [marmoharus" el, praliqueiiicnl,
il ne devait guère y avoir grande dillérence, à Rome,
entre la condition du marbrier et celle du sculpteur.
La fortune. — De même que le prestige attaché au
litre de citoyen romain, manquait aux artistes celui
que donne la fortune. Que demandait-on, en efTet, à un
sculpteur? Avant tout les statues dressées pour des
motifs politiques soit à Rome, soit en province'; or
cette habitude d'élever des statues à un très grand
nombre de magistrats et de fonctionnaires entraînait la
nécessité d'une fabrication plus rapide que soignée-.
Le goût des empereurs romains pour les grandes con-
structions triompliales, arcs et colonnes, dans l'exécu-
tion desquelles ne pouvait se faire jour la personnalité
des noudjreux ouvriers employés, aboutissait au même
résultat. Quant aux amateurs, lorsqu'ils étaient riches,
ijs achetaient des œuvres grecques authentiques; lors-
qu'ils ne le pouvaient pas, ils se contentaient de répli-
(|iies; mais, sauf lorsqu'il leur fallait un portrait, ils
ne recherchaient guère les o'uvres d'une inspiration
originale '. .\ l'artiste créateur succédèrent donc le
praticien et le copiste. La conséquence économique fut
que les sculpteurs ne purent se faire rétribuer comme
de véritables artistes. Us avaient, en outre, à lutter contre
un(! très forte concurrence, el le travail servile, en parti-
culier, nuisait beaucoup au travail libre. Si Arcésilas
exigea lOOUOOO de sesterces pour une statue de la Féli-
cité el 1 talent pour le modèle d'un cratère en gypse',
ces prix extraordinaires sont dus à un engouement
passager pour l'artiste grec. Mais le prix courant d'une
statue sendjie avoir baissé, surtout si l'on songe aux habi-
tudes de la prodigalité romaine ; de 3UU0 drachmes sous
.Mexandre, il tombe sous Hadrien à oOtJ ou 1000''; le
cliiirre de 8000 sesterces indiqué par une inscription du
midi de l'Espagne * comprend toute une parure de
bijoux; la somme la plus forte- relevée; par Friediander
est 10000 sesterces^. Aussi, certains ne se contentaient-
ils pas d'être scul|)teurs, et ajoutaient-ils à ce métier
celui, peut-être! plus lucratif, de restaurateurs de sta-
tues el de courtiers en o-uvres d'art : tel ce G. Avanius
Fuander, (jrec d'Athènes, ancien esclave, qui refit une
lêle pour l'Artémis de Tiiuolhéos et vendit des slalues
I a. coi.i
lue», â purl
,iiii, a. c.
Ilcsdcslji
2 D'à
(aiil plus c|uc la |ilu|iarl ite sla-
paj's gi'ccs, semlflenl avuir été fa))rif|uôes à lîotiic :
rriedlhnilcr, (J. c. l. III, p. iSli. La iii^cesr-i lé Hc faire vite dut prubahlenicnt doiiiicr
lieu k celle division du travail dont lémoigne la mcnlioii de fat/fi ociitnrii : CLI vi,
i. 9t»î (cf. Cil, ïi i, 9*0i), ouvriers chargés uniquement de la fabrication cl de la
mise des yeux aui statues. Cf. Marquardl, Vie privée, l. !l,p.346-, Friediander, O. c.
t. m, p 305. — 3 Cf. FricdlHndcr, U. c. t. III, p. 299; Courbaud, O. c. p. 47,
;ilk. — ll'lin. XXXV, 150 : eiiiem {Arcesilao) a Lvcullo US. X signimi Feli.
ciliilis localum... Oclavio eqititi Ilomano cratera facere lulenti exemplar
i: niiiiio facliim laleiito. — S Dio Clirysosl. Ad /Ihodiun. XXXI, l. I, p. 3liô
(Dindorf); cf. Kriedl.ïnder, O. c. t. III, p. 308, 315. — 6 cil, u, Ï060. — " l(e-
nier, luscr. de l'Alijérie. 15fi6 (Tlianiugasi. — « Cic. Ad fam. VII, 23 ; XIII, il
el il ; Hor. Snl. I, 3, 91, el Schol. ; l'Iin. Aa(. Imt. XXXVI, 3i ; cf. Bruun, Gesch.
der f/r, Kûmtlvri, t. I, p. 38i ; koruecque, Ùe sif/nis, p. io ; Ccdlignon, Hist.
de la «c. gr. t. Il, p. 611. — 'J l.u.ullus il'l.it. Luc. 3», 2) el C.sar (Suel. Caa.
17) amassent des slalues et des tableaux <
Intl.
fn vole : t^l
isolation : l'I:
r. XII, 10,7,
Jeune, Ep. III, 6,
l'erlins. Lfa scuipt
f/itt. de l'a se. gr
Ueher den Kiinslt
iî3. — Il Hp. ad i
artium piclorea
celcros h'xiiriae
Sal. 11,3, Ci; Hp. II. 2, I80|;
relie que
en donne t
l'.ic. r,isc. I, i; cf. Ilizolny, lion.
concitoyens ne eiierclient pas dans l'art
place importante aux artistes ; (Juintilien,
', résume rafiidemenl lliisloiredc la sculplure grecque ; l'Iine le
i, avoue, avec ngrel sendile-lil, n'ilre pas connaisseur. Cf.
If. ilal. I. I, p. 19; liornecquc, IJe iignis, p. 17 el 19; Ollignon,
ir. t. Il, p. 1111 ; E-Vie.lliinder, O. c. l. III, p. 327; llcrniann.
tiinn de- IlAmer. — l'I Aen. VI, 847; cf. Hor. De nrle pvet.
' l.iicil. 88, 18 : Aon cnim adducnr, ul in numerutm libernlium
recipiam, non magis qiiam slulmirioa aut miirmorarios aut
miniatros; cf. Vcllcius l'ateiculus, I, 13; Val. Max. VIII, 14, C;
cfc dAug::sl'', l. III, p.
<rll;.lHlei
a Cicéron *. Ainsi ne s'attachaient aux artistes ni le
mérite de la beauté réalist'e ni celui de la fortune ac-
quise; c'étaient de simples industriels le plus souvent
fort modestes, presque toujours des étrangers ou des
esclaves récemment alTrancliis.
L'opinion. — Ces circonstances expliquent la dureté
des jugements émis sur eux par les écrivains latins alors
même que se fut développé le goût de l'art et de la critique
d'art'. La pensée romaine resta toujours celle qui est ex-
primée dans les fameux vers de Virgile '". " On ne me déci-
dera jamais, dit Sénèque ", à placer au nombre des arls
libéraux ni la peinture, ni la statuaire, ni lasculpture, ni
tous ces métiers qui se mellent au service du luxe »; el
ailleurs '- : « Tout en adorant les idoles on méprise ceux
qui les façonnent ». Cette idée se répand si bien qu'elle
modifie la conception grecque chez les Grecs eux-mêmes.
Au IV siècle, lejeune Mippocrate de Platon '^ rougissait de
devenir sophiste à l'école de Protagoras, mais acceptait
de devenir statuaire à celle de Phidias ou de Polyclète;
Plittarque déclare qu'après avoir contemplé le ZeusOlym-
pien ou la liera d'Argos aucun jeune homme bien né ne
(h'sirera devenir ni Phidias ni Polyclète, car une œuvre
peut être agréable sans que l'ouvrier soit digne d'estime".
Ce préjugé contre l'artiste s'exprime mieux encore dans
le Songe de Lucien : « Suppose même que tu sois Phidias
ou Polyclète et que tu fasses de nombreux chefs-d'œuvre,
dit l'Éducation libérale (notiost'a) au jeune homme, tous
admireront ton art, mais personne de sensé ne souhaitera
te ressembler ; car lu seras toujours considéré comme un
artisan et un ouvrier manuel, et l'on dira que tu gagnes ta
vie avec tes mains''. » Quelques lignes plus haut, il est
vrai, la Sculpture ( 'Eç,J.o^f/.'Jz,^>!.■r^ té/vï,) a déclaré que Phi-
dias, Polyclète, Myron, sontadorés coiimie des dieux "', et
Galien'\àla même époque, partageait les arts elles mé-
liersen deuxclasses: d'unepart ceuxqui fatiguenllecorps
el qu'on appelle manuels ; de l'autre les professions au-
gustes et inlellectui'lles: médecine, rhiHorique, musique,
géométrie, auxquelles il ajoute la peinture et la scul-
pture qui occupent les mains sans demander un grand
emploi de la force physique. Chez certains esprits, les
idées romaines n'avaic-nt donc pas complètemeiil ('limiiié
l'ancienne conception grecque; il n'en est pas moins vrai
';. c. t. m, p. 319; iMar.|u. rdl, \i.; pr,n-c, l. Il, p. 2o.ï. — <^ Dans Ucl.nec, /n.sl.
dii: II, 2, 14; cf. Scn. Ep. ad Luc. 113, 8. — '3 Prolag. p. 311 C-312 A. — <'• Pe-
rict. 2,1 ; Kat où5t\; tûsuin wto; îî TÔv iv tliffï; 6Eaoâ(iEva; ûto ^f,ïoOot «frtiSîa; iictbj^i.-
r.çev ,; Tijv 'Hpav TÎjv 'l* 'Açytt floXiix^EtTOÇ, oi4 'Avaxpiwv r, «ttXilTà; T, *Ap;t('Vo/_oç r.^flti;
aùïùlv x-ï(5 ito{'ii|Jut9iy. Oj Tàp àvavxaTov, ei -céçiïei to Tp^ov w; /,âptEv, iÇiov uiîouSîi; EÎvwt
l%ï Eiç^aaiiévoï. — 15 9 : E! Si »«'i *Ee!.'«î ij noW»ltiTo; fiiito »«'i lnuitaTtd isoJXft
îjfoi, iJEaiT i» Ofioio; ooi ïev£|fî«i. 'Oio; jio «v ^î, pàvnj^o; ««'. /EÎfSvitS »a'i àco/Eif of ^uio;
.,'l.,.»ii»Ti.— 16 8 : n-,oi7»u.o-7/T.. r«7. -Ixo. |»Eti t.ôv >,:.,. — " Prolrept. 14,39 ; cf.
Chilostr. Apollon. Tyan. VIII, 7, p. 135. — Bibuocraphik. Nous rappelons seu-
lement ici les ouvrages principaux: A. Technique de ta sculplure : Bliinnner,
Technologie ;inrf Terminologie der Oeircibe : und Kùnste bei Griechen
und liùmern, t. II, p. Iii4-29f., 334347, t. III, p. 187-220; Siltl, Archtïologie
der Kunst, t. VI du HanUbuch der klaxsischen Altertuma- Wissenschaft,
dlwan Millier, p. 304-403; E. Gardncr, The processes o{ greek iculpture,
aa shoirn bij some unfiniihtd alatuea in Alhens, Journal of Iwllenic sludies,
18'JO, p. 129-142, el llandbouk of greek sculpture, p. 13; I.cchat, Au musée
de l'Acropole d'Athènes. Annales de l'Université de Lyon, Nouvelle série:
II, Droit, Lettres, fascicule 10, p. 3-23, 227-204 ; Colliguon, La polychromie
ditits ta sculpture grecque, Itevue des Deux-Mondea, 1893, L I, p. 823-848,
el Leroux, 1898; l'errol et Chipiez, Histoire de l'art dana l'antiquité, t. VIII,
p. 141-230. — B. Condition sociale des sculpteurs: lirunu, Geschichle der
qriechischen Kûnstler, 2» éd., 1889 ; Bazin, De la condition des artistes
dans l'antiquité grecque, 18«li ; Blûmner, Lebens-und DilUungsgang unes
grievhischen Kûnstlcrs, Oe/fcnlhiche Vortrûge gehallen in der Schuei:, t. IX.
cahier 8; KrieilLïmler, Civilisation et mrrurs romaines, trad. Vogel, t. III,
p. 2S2, 313, 318.
SCI'
iirui
SCY
que les paroles île iRiliicalion liboi-alo concordiMil Irop
bien avec le jugement de l'lular([ue et des (écrivains latins
pour ne pas exprimer une opinion courante alors en
Grèce et, ;\ plus forte raison, en Italie. Charles ])ui;as.
SClTItKA. I. L'étymolo.uie du mot est incertaine'.
C'est chez Plante que nous apparaît sa signilication la
plus ancienne. Il y désigne, d'une façon générale, les
beaux messieurs de la ville, les citadins. En un endroit
le poète qualifie ainsi un citadin, habitué à ses aises et à
la mollesse, par o|)posilion à un homn mili/nris'-; ail-
leurs, un homme de nuinières élégantes et distinguées,
par opposition à un paysan malappris^; ailleurs encore,
un oisif qui est au courant de toutes les nouvelles et de
tous les bruits de la ville, un « nouvelliste » '. Mais ce
sens s'était déjà, semble-t-il, complètement éteint dès le
temps de Cicéron. Par une dérivation toute naturelle, ce
terme désigne, à cette époque, un homme d'esprit (m/'Ôo-
niis), un facétieux ou même unboufTon^ C'est en ce
sens que Cicéron, traduisant un mot de Zenon, appelle
Socrate scurra atlicus, par allusion sans doule à V ironie
perpétuelle dont usait ce philosophe''. Puis, comme
c'était l'habitude des grands dans la Rome de la déca-
dence, d'avoir à leur table un bouiïon, chargé de diver-
tir les convives, le mot.sc«/v« finit par désigner un l)ouf-
fon de métier, un ))arasite ''. C'est ainsi également (|u'en
grec YeXwTOTr&toç est synonyme de Trapàciroç [p.vrasitus].
Mais, l'esprit n'étant pas à la portée de tous, les parasites
y suppléaient souvent par la llatlerie; d'où le sens nou-
veau di' /ïa/leu)\ /lar/orneiir. Horace nous montre un de
ces scurrac, qui, relégué au bas bout de la table, paie son
écot, en relevant les paroles les plus insignifiantes du
maître pour les faire admirer*. Enfin, d'autres scitrrae
remplaçaient l'esprit par des grimaces et des tours de
charlatan'. Scurra devint un synonyme de mimts.
11. Dans les derniers teiui)s de l'Empire, nous trouvons
le mot scurra avec une toute autre signification: il
désigne les gardes du corps de l'Empereur, les soldats de
la garde'". 0. Navarre.
SCIJT.VLE. Lanière [haheiia, xwÀa). — Courroie de la
fronde, ou, ]ihis pari iculièreincnt, l'endroit 01^1 elle s'élargit
pour former la jiociie où est disposé le projectile [riNDA] '.
SCURIIA. I VemusHaccus(l-'esUis, s. r. scurrae, f.i'ii,6i. Mûller) faisait venir
ncuira du verbe Siqui, « qnod et teniiioris fortuime hommes, et céleri niiogui,
qui honoris yratia persequerentiir qiwiiipiam, non antecedere sed seqtiî SHiil
sotiti. .. M6111C (•limologie clicï Isiil. Ori,,. 10, 253. D'après Ril.l,ek, Aijroiltos,
p. 65, ce mol laUii viciidrail du dorieu o.ùejci. — 2 Ei>id. I, I , 13. — 3 .1/os-
iclt. I, I, I*. - * Trin. I, 2, 165 ; Truc. 2, 6, 10. Cf. loen. i, 3, 35; 5, 5, i.
Cure. 3, î, 17. — 5 Cic. Verr. 2, 3, 62; llor. Sttt. I, 5, 52 ; Plin. Ep. 9, 17, 1.
— 6 De mit. deor. 3* ; Laclant. 3, 19. — 1 Hor. Sut. i, 8, 1 1 ; £/) I, 15, 27 ; I,
IS, 2i: Cic. 0""i'- 3. 11. - 8 Ep. I, 18, 10 S(|. -9Juv. 13. 110; Capilol. Ver.
8 s. r. Pour plus de dd'lail, vor. paiias Tis. — m l.amprid. Alex. Ser. Cl, 62,
Eloq. 33; cf. Ili. Sluralori. Thcs. vêler, inscr. 843, 2. La filialion eulrc ce srns
cl les précédeiils reslc oliscurc. Saumaisc, ad Lamprid. L. l. pensait ipic ces
soldats avaient Hé ainsi appcli's • guod non maijis ait lalere domini discederent
quam scurrae et parusili ab iis quorum mensas seclal/anlur ■.. — Uibi.ki-
..iiAPiiiE. Forcellini, Lexic. ». v. ; Uurange, Glossar. i. o. .• Oito Hihrck, Agroikos,
eine ethuloyische SluJie, Abkhandt. d. phitol. hiat. Cl. d. Sachs. GesbeUsch.
*/. W'issench. \, p. 55, («ii.
SCUTALK. ITil. I.iv. XX.WIII, .••I. Von J. l.ips. l'ol,urc. IV, 3 ; Saumaisc ad
Pi-sc. Nig. 10.
!><:i]TAIIIl.'S. I l'iaut. lipid. I, I, 35. - J Corp. insc. lui. III, IUSS. — 3 C'était
i> iiltiiiment la ipialiiicatioii donnée aux konniics des cohortes dites scutala.
-i.\ot. Dign. Or XXXI, 23, 21. - oQr.XXXlX, 12. - 1. Ur. XL, 11,13. Ii; ; XI.IL
15. - 7 Or. XLII. lô. — » Oc. XXXII, 22. — 3 Oc. VI, 38 ; VII, 197. — 10 Oc. VII,
;nl. - Il Or. XXXII, 18. - IS Or. XXXIII. 16. - 13 Or. XXXIV, 20. - H Or'
XXXVI, 19. _ y- Or. XXXVII, 14. - 16 Or. V, 38; VI. 38, 39 ; VII, 28 ; Oc. VL
20,38; VII, 195, 201.- 1- Or. XI, 4, 5, 7; Oc. IX, 1,5,8; Cor;,, ins. ia(. V, 43C9.'
Ainni. Jlarocl. XIV, 10, 8 ; 1 1, 1 1, 24 ; XX, 2, 5 ; XXI, S. I ; XXX, 1, H; XXXI,
j, 9. Monunven. Ihrmes, XXIV (ISS9 , p. 222 si|.; Cod. Theod. XIV, 17, 9.
SCUritA. 1 Cdl. /(. rjsl. 137, Il ; Maul. J'en. 1, 3, ^. Caccil. ap. .\ou p. I3i,
SCnT.\lllliS. — Le mot désigne: 1° un fabricant de
.■^culuin '. C'est le nom que port;iient au Has Empire les
ouvriers de tout grade attachés aux j'ahricae sculuriae - ;
"2° un soldat armé du .•<cu(uiii.
Le mot ne se rencontre guère avant Constantin, dans
les textes techniques''; mais ensuite, on trouve de nom-
breux exemples de scu/nrii; ce sont toujours des cava-
liers. Les uns sont groupés en citnei et répartis dans les
difTérentes provinces iTliébaïde^ Scylhie', Mésie'^,
Dacie'', Pannonie ', .M'rique', Bretagne'", Phénicie",
Syrie'-, Palestine''', Mésopotamie 'S Arabie '") ; d'autres
sont attachés à la personne de l'Empereur et à la garde
impériale soit comme coniila/cnses"\ soit comme sc/io-
lares'''. R. Cacxat.
SCUTICA. — Foiiel de cuir ; PLAUianMl.
SCUTRA. — Vase à faire cuire des aliments'.
SCUTllLA, SCUTELLA (IIxoutéUiov). — Nom donné à
difFérenls objets dont la forme rhombo'idale rappellerait
celle du bouclier romain, sculum, en quadrilatère allongé
[cLiPEi's, p.l^o't] '. Il désigne, en particulier, un plat long,
un plateau, analogue au catinus, nisirs, lanx, iMazono-
MON, etc., dont on se servait pour apporter des mets ou
surletjuelon groupait un service de table -, Certains textes
le représentent comme un ustensile léger et de médio-
cres dimensions'. Mais à l'époque byzantine, au con-
traire, les dxouTÉÀXta apparaissent dans le mobilier des
empereurs comme des plateaux magnifiques et richement
ornés, sur lesquels on apporte le dessert dans les repas,
eloù l'on dispose les cadeaux en argent monnayé '.
Le même nom s'applique à des carreaux de pavement
[PAViMENTi'M, p. 3t)ll ; à des morceaux de marbre ou
d'autres matières, découpés en losanges dans une mo-
sa'ique [mlsivl'ji, p. 20'Jij ^; à des ornements de même
forme placés sur des vêtements [segmenti'Mj'''. E. P.
SCYLL.\(ï;xOX)va). — Écueildu détroit deMessine', per-
sonnifié par la fable en un monstre féroce. 11 fait pendaiil
à Charybde, autre écueil redoutable, mais ([ui a l'aspect
d'un goufl're oit la mer s'engloutit avec fracas, en alisor-
bant fous les objets et les êtres placés à sa portée, puis les
rendant plus tard dans un remous en sens contraire-.
Scylla est probablement d'origine sémitique ', et sa
15. Ouel(|ues-ûns rassiniilcnl à la chvtka ; Kiause, Anyeiolofj., p. 445, noie 2.
SCliTULA, SCUTlil.l.A. I Isidor. Ilisp. Elymoloij. XX, 4 ; sculeUa a sculo, fer
diminutionem ; cf. Cledonius^ De partib.oration., dans les tirammatie. latin, atiet.
ddit. Luiscli, 1005, p. ISUli; Couseul. ibid. p. 2027; Cf. Consorin fr. p. 24, 11,
Jailli : scutula id est rhombos quod tatera pariu habet nec anijulos rectos. Sl'Ioii
d'aulres, le mol scutula ne pourrait pas venir de sculum, In première syllalie
élant brève dans 5cit/'-/a et longue daus sculum ; il serait à rapprocher de sc^'d/e.
d'où scutula et scululalaveslis, ornement en bande longue cl èlroile ; voy. ci.avis.
Dans le même sens el avec la même origine. César emploie le mot scutula pour
désigner les rouleaux de bois avec les<|uels on dt'plarail de lourdes charges {tJell.
civ. III, 40 : voy. ihai,am;a. — 'i Cic. Tuscul. III. 19, 46 ; L'Ip. /Jigest. XXXIV, 11',
B, 10. Cf. Krause. Anijeioloijie, p. 413, 450; Becker-Gôll, Gallus, III, p. 395.
— 3 iMarlial. VIII, 71, 7 [bessulem scutulam); XI, 31, 18 {levés scululas).
— 4 Conslanl. l'orphyrogen. ûe cercfuon. aul. byzant. Il, 15, ad (p. 585, I" éd.
Hciske). Il est question aussi {iind. p. 382, 17} des ixtwoûp a «at |ie(r''ox'.ûTE'A'Aa
ào^uDÙ [lÊ^â)» àvàT'Au3«, (|iii ornent la salle à manger. Cf. A. Odobesco, Le
Trésor de Pi'trossa, p. 179 el noie 2 ; Du C.iuge, Glossar. s. r. scutella. — 5 Vilruv.
VII, 1 ; Paliad. I. 9, 3. — » Saimiaise ad Vopisc. Aurel. 46. Cf. Juven. Il, 97 ; Cod.
Theodos. XV, ', 11. On dit aussi scututatus de la robe tacitetéc d'un cheval;
Paliad. IV, U.
SCÏI.I.*. 1 Nom. (Jdyss. \ll, 85 m|.. cf. 430 cl sq. ; cf. Dérard, Lis Phéu.-
ciens et l'Odyssée, l. U, p. 349 sq.; Hoiui, Gescliichte Siciliens itn Alterthum
(1870), l. I", p. 33, 54. Les iiid"clioiis fondées sur la lopographie du détroil ne
sont plus conlrôlables aujourd'hui, le récent caiaclysmc ay.tnl modifié l'élal des
lieux. — - Hoin. Odyss. XII. loi sq. ; cf. Bérard, p. 35T sq ; Sloll. dans Lexi-
kon der .Mythologie de Roscber, arl. Churybdis. I. p. 887. — 3 Sejlla viendrait
de «» scol ", danger de mort, selon Bocliardt, Phaley et Canaan, p. 576, ou, d'apri-s
II. Lewy, dériverait de l'hébreu sakhal ou sakbula signiliaiit cire enlevé ; Jahr. /iir
Phil. 1<92, p. ISV(l.e«y) el .Vytiwi. .\achtrnije et \Vochcnschn/l fiir l'hiL
SCY
\[r]l —
sriY
gi'iK'alogie est fort confuse. Dans VOi/i/ssrc, Circé con-
seille il Ulysse d'invoquer la mère de Scylla, Craléis'.
Selon d'auLres niylliograplies, ce n'est, pas Craléis qui
est lanière de Scylla, mais Ilécalc -, Kcliidna^ ou Lamia'".
Un donne comme père à Scylla, Pliorbas-Pliorkys'', Tri-
Ion'', Typhon', ou même un mortel, Tyrrliénos *.
Nous trouvons dans VOdijgxée' la première descri-
ption de Scylla. C'est un monstre épouvantable qui aboie
comme un cliien; il est muni de douze pieds et de
six cous démesurés portant chacun une lèle horrible
garnie de trois rangées de dents. Il émerge d'une sombre
caverne. I.e monstre est anthropophage et dévore six
des compagnons d'Ulysse'". Les poètes dramatiques
grecs" elles poètes latins '^ reprennent ces traits essen-
tiels, mais on observe chez eux une lendancc à donner
à Scylla une forme plus humaine. D'après Virgile", on
voyait sortir de l'antre de Scylla le buste d'une belle
Jeune lille, dont le corps se terminait par une queue de
dauphin, el dont la ceinture était garnie de tètes de
chien. Lucrèce'* et Juvénal '- prennent Scylla comme
exemple des exagérations de la légende el des égare-
ments de la superstition.
Il ne manqua pas non plus d'e\|)liralions raliunalisles.
Selon Falaiphalos, Scylla serait simplement un vaisseau
corsaire lyrrhénien qui infestait les ci'jtes de Sicile "' ;
selon Ih'raelile " el saint .lérùme'", Scylla serait une
hétaïre qui dépouillait ses hôtes. On trouve encore l'écho
de cette explication chez Isidore d'Espagne '". Slra-
bon''" voit dans Scylla elCharybde des repaires de pirates,
et il explique les aboiements des chiens de Scylla parles
hurlements des chiens de mer à la chasse des galéoles
dans le détroit de Messine''. D'autres écrivains ne voient
dans Scylla qu'un simple écueil particulièrement dange-
reux ". Scylla joue aussi un rôle dans la légende d'IIéru-
dès. Klle est chàliée el mise à mort par le héros dorien
pour avoir volé quelques pièces de bétail du troupeau
des (iéanls-'. Son père Phorkys la ressuscite avec des
torches -'". Les savants modernes voient volontiers dans
Scylla la personnilication d'un écueil ou d'un ci'plialopode
gigantesque-''.
A l'époque alexandrine -'\ la légende de Scylla se
fondit avec des légendes voisines d'origine sicilienne, ou
italienne, comme le mythe de Glaucus. Le dieu marin
[glaucusj ^''j amoureux dédaigné de Scylla, s'adresse à
1S'J3, p. 18 cl \i-lk: 0. Wascr, Skylla und Charijhdis tm Uer lia. unil KunsC
tier Gru'clieit und Itoini-r, p. l sq. Pour Bérard, Us P/ii'niciens et l'Odyssée, l. 11,
p. 3jU, l'i-lymologic ilc Scylla, loujoui-s de môme origine, scrail tout autre el déri-
vcrail de skoula, de la racine ski = la pierre. Chez ilomèrc. Scylla est uumtnéc
« E.O,.lr,v i,itf«.:.r,v. ■.Odijss. XII, V. â3l ; cf. Hcnning, Homers Odyssée Kristicher
Commentar. i'JOS, p. 301. — I Odyss. XII, lii, 5; llygiu. Fab. I'J8; Kosciier,
Uxik. d. Uijlhul. 11, p. 1408-!i. — 2 Iles. frac. (I)idot), p. Si, n» I13 ; Scitul.
in Apollon. Wiod. IV, 8i8 ; Hoschcr, Lrxik. d. Myth.ol. |i, |). 1899. — 3 llygin.
Pab. Ii3 el ISl ; cf. Wascr, Skylla und Clmrybdis, p. i5. — 4 Schol. Odyss.
XII, 12*; Kuslatli. p. 1714; 3i. — 5 Kosciier. Lca:ik. d. Mythol. III, p. 2ii4
et 2*31; Schol. Aiiolhn. Mod. IV, 8i8. — 6 Sehol. in Odyss. XII, 124.
— '' Hygin. Fab. 123 el 141; cf. fini, v. 07. — 8 Apollod. Episl. 7, 20; Wietn.
Mus. 1891, p. 178. — 9 Odyss. XII, v. 85 sq. — 10 Odyss. XII, v. 243-250.
— n Eschyle, Ayamttm. v. 1240 sq., la traite de chienne odieuse el de serpent a
deux létes. — 12 Virg. Aeneid. 111, v. 420-433; Ovid. MeUim. Xlll, v. 729-740;
Tihull. l'Aey. III et IV, v. 89. — 13 Virg. Aeneid. III, 420 sq. — H Lucrcl. V. 888,
IV, V. 734 sq. — l^' Juvcn. Sal. XV, 17, 19. — 10 l'alaiidialos, mp', iit:,™., 21 :
Waser, O. c. p. 17; Miillcr-Deeke, Etrusker, I. p. I8i. — n Hcracleilos, itit':
ii.%™-,, c. 2. - ISIIieronynius Euseb. CkruH. H, p. 34 (Schrtuc). — l'J Migne,
Palrol. 82, 132. - 20 Slrab. 1, II, U. — Jl Slrah. I, 15 ; Polyh. XXIV, 2; 12, 3; 9.
— 22 Flin. Wisl. na(. IV, 74; l'onqi. Mcl. 11.7; Scn. Epist. ad. Llicil. W 45. 79;
III, 92. — 23 Schol. Tzeizes ad. Lycophr. Alex. 44 à 49. — 2t /bid. i ■. Cf.
Lcxikon, liosclier, ait. Phuikys, p. 2433. — 2b Kin-ucr, /Jie homcrische Tieneelt.
(1880), p. 80; cf. I.cnz, Zouhyie dei- alten Urieclien und Hrirner, p. 012 sq ; IK-n-
uiug, Uomei-'s Odyssée, Kritischer Commentar, p. 301 sq. — 20 Waser, O. c.
la magicienne Ciici', qui, [lar ses drogues, uuOiiiuiir-
pliose la jeune (ille en un monstre aIVrcux, mi-femme et
mi-poisson. Scylla se venge de Circé en faisant périr
six des compagnons d'Ulysse; elle allait faire subir
le même sort aux compagnons d'Knée quand elle se vit
changée en rocher. Selon une autre version, Scylla au-
rait été métamorphosée par Ampiiilrile, jalouse de
l'amour que lui témoignait Neptune-".
Dans une légende mégarienne, ou Cretoise, Scyllaest la
lille du roi de Mégare, Nisus. lîprise du chef des envahis-
seurs Cretois, Minos, la jeune (ille trahit son père et sa
patrie. Elleestchangéeen un oiseau fabuleux, leCi/'/.s^'.
Représentations /it/urée.s. — Les monuments mycé-
niens connaissent un monstre semblable à Scylla"';
mais les artistes grecs ont surtout emprunté à VOdijasée
les traits principaux de Scylla, en éliminant ce qu'ils con-
tenaient de trop sauvage pour convenir à une création
artistique ".
Une pierre gravée du Cabinet des médailles'-, des
bas-reliefs de Mélos ^% des monnaies de Cumes" et de
Cyzique ^'' nous oiïrenl le type le plus ancien. C'est
un buste de femme vu de prolil, vêtu du chilon à
longues manches; elle porte, en outre, à droite et à
gauche, sur ses épaules, une tète de chien. Le corps
se termine, à partir de la ceinture, enune(|ueue de dau-
phin ou de poisson. Ses mains ont la forme de nageoires.
Sur les monnaies d'Allibanon^", elle est représenli'^e
nue jusqu'à laceinture. Lllea encore sur les épaules les
tètes de chien, mais ses mains sont humaines. Les mon-
naies de Curnes", d'époque plus récente, nous oflrent
une curieuse évo-
lution du type de
Scylla (fig. 6^44) : sa
ceinture est garnie
de protomesde chien.
C'est l'image tradi-
tionnelle qu'on ob-
serve ensuite sur les
vases peints, les bas-reliefs, etc. Sur une monnaie de
Lipara" on voit une Scylla dt'ja complètement humaine,
assise sur un chien de mer.
Scylla décore lecasque d'Alluïna surceilaities monnaies
grec([ues de l'Italie méridionale. Cette innovation pro-
vient de Tliurium (fig. (J245)-''-'. On associa à la ligure
p, 39. — -n Ilygin. Fab. 198; Ovid. Metam. Xlll, v. 898-9138: XIV, v. 1 ;i
74; AnnuU, 1843, p. 144 sq ; rf. Uxilcon der Mylti. de Hos. lier, arl.
Gtaukos, p. 1684. — 2» OvkLiJel. XIII, v. 733 ; Tzelz. ad Lycophr. 648. — 29 ['ans.
1,195; \irg. Ciris ; Servius, .<)((. ^entirf. VI, 74; cf. Uoscher, Lexikon der
.Uyth. arl- Nisos, I. III, I, p. 420. — 30 Atli. Mittli. 1906, p. 30. — 31 Wa-
scr, 0. c. p. 78, 79 sq. — 32 pcrrol cl Chipiez, Histoire fie l'art, III.
442. — 33 Schiinc, Griceb. Reliefs, pi. xx.xv, 134 T. — 34 llcad, Uisl.
num. p. 31 ; Imhoof Blumer cl* Ollo Kcller, 'J'ier-mid P/lanzenbilder auf
Alûnzen und. Gemmen, pi. xni. 2 ; Urit. Mus. Cal. Ital. p. 87, n° 27, p. 90,
„o30. — 36 Head, 0. c. p. 452; Gn-nwell, Numism. C/iron. (1887), VII, 73, 49,
pi. II, 28. Sur une gemme contemporaine, on voit aussi Siylla vêtue du chilon: et.
Fnrlwângler, Aniiken Gemmen, pi. xiii, n« 32. — 30 Irahoof-Bluinnr el 0. Kellcr,
O. c. pi. XII), n" 1, s.; Brit. .\Jus. Cat. Italy. p. 73, 7i; cf sur des gemmes, Furl-
wiingler, Aniiken Gemmen, pi. xxxin, n» 51 ; pi. xxxiii, n» 44-43. — 37 Head, [Jisl.
Num. p. 31 ; Brit. Mus. Cal. Jtaly,p.9(l, n»' 30 à 38. Noire lig. d'après Uiiniy, //i4(.
des Humains, 1, p. Cl. — 3» Scsliui, Oescr. il'alc. med. gr. del princip. Crist. Fed.
di Danimarca, p. 21, pi. i, n» 13. Scylla est aussi rcpr^'senlée sur les léli,idijchiiies
de Syracuse eï d'AgrigcnIc, Urit. Mus. Cal. Hieily, p. 9, u"' 53, 54 ; Imhoof Blum-
mer el 0. Keller, O. c. pi. xiii, uo 3 el p. 74; C. K. Hill, Coins of aiici.nt Sicily,
pi. Xlll, n" Il ; Urit. Mus. Cat. Hicily, p. 107, n- 132, 153; Inihoof lilunier el
O. Kellcr, pi. Xlll, n° 3; C. F. Hill. Coins of uneienl Sieily, pi. vu, u" 17.
— 39 Voir GAl.EA, lig. 3474. D. Garucci, Le Monele del llaliii Anticit, pi. 100;
lilanchel. Les Monnaies grecyues, pi. vu, u" 4; Cah. des médailles, /nu. de Luyues.
u" 598. 003, 8, 9, 11, 12, 13, 14 et Mon. dell. Inst. III, 52, 2. Cf. un cas.|Uiaiec
garde-joues portant Scylla, Ueiuach, .In^ du llosphor. Cimmer. pi. xxviii et p. 77.
Scyll,
SCY
11 oS
SCY
Sui
l'Alliéiia cello de Scylla, pour rai>pok'r qiR- ce inonslrc
rodoulable se plaisait à errer sur le rivage de lanlique
Sybaris'. Comme motif décoratif, Scylla
apparaît sur des monuments de genre
divers, miroirs-, casques', appliques*,
et sur la cuirasse sculptée dune slaluo
d'Alhènes '". Les vases peints d'époque
plutôt tardivi! nous olfrent d'assez nom-
l)reuses représentations de Scylla seule
ou accompagné'C d'aulres personnages
mythologiques, semblable au type des
un fond de coupe atlique à figures
rouges", Scylla apparaît de face, la main droite sur
sa lète; son busie se prolonge en une double queue de
poisson; de sa main gauche, elle lient une rame. Elle
figure aussi sur un vasi' d'AssIéas' entre un Irilon et
un dragon. Sur un vase apulien*, Scylla élève les deux
bras d'un geste violent; de la main droite, elle tient une
rame et de la gauche un poulpe; on la voit aussi, sur une
autre peinture, entre Persée et une Néréide".
Signalons encore un beau rhyton plastique "' et un
médaillon de terre cuite. Scylla est aussi fréqueumient
figurée sur des
vases à r e-
liefs ". Kniin,
deuxaskossup-
portenl des
statuettes de
Scylla '^
On voyait à
Rome, dans le
temple de la
Paix, le tableau
d'un pei nlre
grec, Nicoma-
chos, repré-
sentant Scylla.
On a voulu, sansiaison su f lisante, en retrou ver l'imitât ion
dans certaines peintures pompéiennes'^. Androkydés de
Cy/.ique avait également peint une Scylla ". C'est de
I Lei.onimnl, Monnaies et ilédaitles, p. 1411, lig. +3. On retrouve ce lypc
He Scylla rcprêscii léc sur le casrtiie d'AUiéna, sur les monnaies des villes sui-
vanles ; Garucci, (I. c. pi. cxcix. Tahente : llcid, Bist. num. p. .^4. MtTi-
POSTK : Brit. Mus. Cttt. Itttl. p. 238, s.; Cali. des Médailles, Inv. de Lujnes.
n»5i». Heuaclee : lluad, Hist. num. 1 p. 5'J ; CaiellinoCavadenius, Mem. liai,
ret. p. l-'il'., 137. Cab. des Méilaillcs, liiv. de Luynes ; n" 449, 448, 447. 467.
Hipponion ; Util. .Vus. dit. Hnly, p. iM. W 9.-2 C. I>. St.-félersb. 1880,
pi. m, n» 13. p. S5, 11. I ; Gcvliard Kiirle, Jilnisk. .N>iVff. pi. in. — '■> Antiquités
Bos/ih. Cimm. pi. xMiii. — ' Gaz. nrclirol. 1880, p. 48 ; cf. le dccor d'un poàlon
de brome, Munumenti antichi Lincei. XII. 1897, p. 514, lig. 73. — 5.4M. Mitll.
1889, p. 16i. — fi Ad Furlwîinglcr, Uesrhreili. der \'a£ensamm. im Antif/uar.
(1885), n" Î694. — 7 Bull, arcli. \eap. n. s. III, 3, 14 : llcydcmann, AVnpe( Vo-
sensamm. n" 3412; Kayct-Collignoii, Hist. de ta Céram. gr., p. 31 i; Klein,
Meistcrsiijn. im, 3. — » De Willc, Cab. Durand, a' 210 ; Cat. of. Vases, II,
70, u» I37i (Ncwlon); Lenorniant el de Wille, /ilite des MoR. Céramogr. t. 111-
IV, pi. sxjvi et p. 87 à 89 du telle ; Mon. /nsl. IX, 1872, pi. xxxvin. — 9 Ciov.
Jalla, Collect. Jatta (1809), n" 1500; llcydeniann. Gratut. Schrift der rom.
Jnstit. (1879), t. III el IV ; Mon. d. Inst. IX, 1S72. pi. xvxviii. — 10 Jlevue arcliéol.
1843, pi xxxvi (Vinet). Cf. une liguriue du Brilisli Muséum ; Wallers, Cataloi/ue of
terracoltas of Ihe llr. Mus. D. 201, lig. 09; l-rilliner, J/njrts rfe /'rance, p. Cï,
II» 18. — " Lagijna apulieiine : h'urlwariglcr, Beschreib. Vasensnmm. im Anti-
,/uar. (1885), w 3592 ; Wallers, Brit. Mus. cal. Vases, vol. IV p. 206 ; G. 179 ;
Bull, del Inst. 184;, 50; KurlwSngler, Vnseusumm. im Aidiquur. n" 3882. De
Wille, f«*. Durand, n» I38U; Overlicck, Gai. Iiiraisch. Bildw. I, 793. n" 03;
liauineisler, Denhm. I. III, lig. 1075. Sur un askos do face, eu relief; De Ridder,
r.if. Vases peints de la [Idjt. .Val. l. Il, p. 530. n" V.19 ; Milliel-Uiniudon, Vases
antiijues de la Bibl. A"r.<. 111, pi. cmiv. — H Bal . urch. Neap. III, 3.S ; Ann. del
Inst. XXIX, 220.32, coll. Avcllino ; Bull. 1842, 3.i; Ann. 1843, 199. a. 3 ; /bid.
1857, 222-24; Krôhiicr, Gr. Vasen und Terraculten des groszherz. Sammlung
(18601, W 658. — 13 Cf. Ovcrbcck, Sckriftqucllen. n» 1771 ; l'iin. //isl. Sat.
XXXV. 108; llcllu?, Wangdem. Comp. n' -tOS. Voir plus loin noire lig. 0247.
Fig. 6240. — Scylla et les compagnons U'UIyi
Scylla lu
l'i'poqiie hell<''iiisti(|ue aussi que datent lus fragments
d'un groupe colossal de Scylla en lutte contre les com-
pagnons d'Ulysse ' '. On le rattache communément
aux écoles de Pergame ou de Khodes. Scylla était
figurée sous les traits d'une femme nue, aux formes
opulentes, dont le corps se terminait, à partir des
hanches, en une
queue de poisson.
Des feuilles enve-
loppaient la cein-
ture d'où surgis-
saient trois proto-
mes de chien en-
gloutissant chacun
une proie humaine;
une quatrième vic-
time était saisie
par la main gauche
de Scylla qui bran-
dissait le gouver-
nail de la main
droite. Nous n'a-
vons conservé de ce
groupe que des
torses"'' et des tètes
isolées". Le style
de ces fragments oflre de l'analogie avec le Laocoon, la
tète du Géant mourant de Naples et le prétendu Sé-
nèque. Des pierres gravées nous présentent lemème motif
dans son intégrité "'; il n'est pas rare dans les bas-reliefs
décoratifs (fig. 6:246) '■',
et une belle fresque /^f&f
de Stables (fig. 6247)
en reproduit probable-
ment l'allure générale,
pleinede fougueetd'in-
vention pittoresque -".
Scylla est associée
aux Centaures sur un
A Home, les monnaies de la Répulilique (fig. 62i8j^-
— Il Ovcrbcck, G. c. n» 1732; AUien. VIII, p. 341 A. — li Scliiinc, Areh.
Zeit. 1800, p. loi si|. ; Armll, Einzelunfnahmcn, n" .î.iO el 1080 (Icilei.
— '6 7orse de Païenne, in Arch. Zeit- 1870, pi. xxxiv, s. p. 57,8; Heinaeli,
Itépert. de la statuaire, t. II. vol. I. p. 410; Journ. Iiell. slud. XII, p. 52, lig. 3 ;
Arndl, Einzetauf, n" 555. Torse 2'orlonia, in Abb. Torlonia, 167, ,4rcAaeo/. Zeil.
1870, pi. xxxiv, p. 57,8; Keinacli, Ilép. p. 411. Torse dOlford; Mieliaclis, an-
cien/ Marbles in G. Brit. n» 33 ; yoiini. of hell. .Stud. Xll, 1891 , (ig. 4 et 5, p. 34.
Torses du Musée Britannique, De Bargylic : Cat. Brit. Mus. .V/n^.n" 1542 ; Arcli.
Anzeiger. 1800, 203 ; Kcinacli, /lépert. t. III, p. 123, I. De Civila Lavinia : Brit.
Mus. Cat. n" 1513; Keinach, Répert. t. III, p. 123, n" 5. Une ri!pli<|ue à Conslan-
lioople; Arndl, Einzelauf. n» 355; cf. NaclUrûge :u Série, III. — " Tète
Chiaramonli (Valican). Helbig, Fûhrer, I, n" 68. p. 39 ; Arch. Zeit. XXIV, 1800,
t. 208, p 154-9 ; ibid. 1S70, p. 57 ; Jalabuch des arch. Inst. X (1895), Archol.
Anz. p. 217. Tête de Paterme : Aritdt cl Amclung, Einzelnufnahmen, n" 556.
I,a liïlc de Hanovre, jlMen. Mittheil. ISS9, p. 103. esl considérée par Uiaeven
(Arndl cl Amelung, Einzelaufunhmen, n" 1080) comme faisant partie d'un groupe
de hitleurs. — 18 Knrlwangler, Antiken Gemmeii, pi. xxiiii, qo 344-45, 51 ; .1/on.
d. Inst. II. pi. Ml, n" 5; cf. Annali, 1843, 201. — 1» Ingliirarai, Gall. Orner.
pi. eu; Ovcrbcck, fig. 2646, Gai. her. Bildw. I. 797, n» 79: Winckclmann's Mon
ined. I, 43, u" 37; aVus. Borbon. I, t. 48 ; Geriiard et Panofka, Neapcls Antik.
Bildwerke, p. OS-9 ; .Von. del. Inst. III, pi. i.ii, n» 5 (d'où est tirée la ligure 6246) ;
Atlien. Mitth. 1889, p. 100-9; Sybel, Calai. Sculpt. Alhenisches Muséum, 1881 ;
Ephemer- Aicheol. 1892, p. 241-7. — 20 Notre figure 6247 est lirée de iffist.
</.i /fom. de Durny.V. Il, p. 699 ; voy. Il.lliig. Waudyem Campan. n" 1003; lloui.
Herculanum et Pompéi, IV, p. 147. pi. i.xxii. — 21 Mon. del. Inst. III. pi. lu. 3.
— 22 Notre n» 0248 d'après Babelon, Monnaies de la Itépuhl. mm. Il, p. 332.
denier de Scxlus Pompée; Dobcn, ilrd. Cous.l. XXXIII, il» 7; Mominsca-Blacas, La
.Monnaie romaine. IV, XXXII, 14 ; Baumeisicr, Denkm. lig. 1 180 ; Imlioof-Blumer cl
0. Kellcr, 0. c. pi. xni, n"3 el p. 75 ;G. K. Ilill, O. c . pi. xv,7. Monnaie d Agrippa,
Baliclon, .Monnaies de la Rép. Rom. p. 550 ; S^batier, Descript . générale des Mé-
J«i«o)isCon(oniin(es,p. 80,pl.xni,n«l ; ImlioofBliiineret 0. Keller, O.c. pi. Mil, 6.
pied de table de Naples "-'
SCY
— llo9 —
SCY
Scylla cl le ■
et de l'Rmpire ' représentent très souvent Scylla.
Klle fait partie du répertoire des mosaïstes -, et elle
apparaît aussi sur les médail-
lons eonlorniales ' (lig. (Widi.
I ne niosaïijue du Valican
montre la lutte de Scylla et des
compagnons d'Ulysse '. Une
autre mosaïque, récemment
exhumée à Sila en Algérie, re-
présente Scylla en compagnie
des iNéréides '.
Les artistes étrusques ont
souvent représenté un monstre
féminin ailé qui offre de grandes
analogies avec la Scylla grecque. Toutefois, il est proba-
blement le résultat de la fusion d'un démon marin des
Étrusques avec noire déesse °. Ces figures ornent une
stèle'', des cistes*, des miroirs 'et des vases peints'". Le
type de Scylla aboutit enfin à des représentations de jeu nés
guerriers marins sur le monument di' Sainl-Rémy ".
Four le mythe de Scylla el Glaucos voy. glaucis et
fig. 3630'-. Quant à la fille de Nisus, elle a une place
parmi les grandes amoureuses figurées sur une fresque
de la [bibliothèque valicane ". Gaston Darieb.
SCYPIIITS (}Cxûcpoi;, (7xiJita.oi;) ' . — On donne couram-
ment, en archéologie, le nom de skijplios à un vase
à boire, en forme de tronc de cône renversé, à base plate
et solidement établie, à large embouchure, muni de deux
courtes anses horizontales et attachées près du rebord
(lig. 6:250) '^ On le distingue ainsi d'autres vases à boire
usuels comme le catil/iarus, \ecurchesium, le ciboriimi,
lacoty/i' ifig. 1128, 1185, 1460, 2035), caractérisés par un
pied mince ou par des anses longues et verticales. Mais,
comme nous l'avons fait remarquer bien des fois en étu-
diant les noms de vases ■■, les descriptions antiques n'ont
pas la même précision, ni la même fixité que nos déno-
minations modernes, qui restent le plus souvent conven-
tionnelles '.
Dans Homère. Eumée prépare pour son hôte Ulysse un
ci/ssibium rempli de vin que le héros boit pendant le
I Duruy, fiisl. des Grecs, 1, p. 130. — 2 Duruy, Hist. des Romains, II, p. 099.
— 3 Coiilorniale d'Hadrien (CoriiMie). Brit. Mus. Cat. Coins, t. p. 86, n" 855 el
t. XXI, 17; Duruy, /?■;«/. des Grecs, 1, p. 1 36 (doii est Urée la ligure 0ii9) ; Sabalier,
'). c. p. 80. (Monnaies .le Néron, Trajan, Alesaudrc-llercule, Mon. (M Jnst. III,
pi. i.iii, n" 14; Inilioof-lilunicr et Ollo Koller, 0. c. pi. xui, n» 7 et p. 7S. Scylla sur
monnaie de (Septinie-Sévcre) (Uorinlhe) ; (Scylla figure de fontaine : Ileviie suisse
de Xuniism. tcïte p. i75 (Imlioof-Blumer), tome XIV (I90S), pi. s,n' 14. — 4Hclbig,
Fûltrer, 1, p. 1 ; Fistolcsi, Jl Valicano dcscritlo IV, I ; Braml, Iluinen und
Museen,p. 258, n. ii; Overbeck, Galerie lier. Bildwerke, p. 7S6, n. 6, p. 798; p. 794
n. 09, n. 8J. — 5 Itecneil de Notices et Mémoires de la soc. arcliéol. de Cons-
tanline, 1905, t. XXXIX (Gsell), pi. n» I. — 0 Waser, O. c. p. 90 à 9s.
— ^ Nolizie dei Scavi, 1890, p. 140, pi. i. _ 8 Gerhard, Hyperbor. rômische
Sludien, I, lii. - 9 Gerhard, Etruskische S/neyel, pi. ccciu, 1. IV, 70; V,
pi. ui; Mon. del Inst. VII, 29, s. 1 : Annali, 1859, i:t5 f; Uidl. IsOÛ, i04.
— 10 W. Friiliner, Collert. Gréait, pi. n. n» 87; Jahrli. des arc/i. Inslit. 1892,
p. 103. Sur l'ensemble des représentations étrusr|ues, v. Wa.^er, O. c. p. 90-98.
— 11 .\nlike UenkmtVer, I, pi. xv. — 12 Penna, Viagijio delta Villa Adriuim.W,
pi. cMi: Mon. del /iis(. III, pi. i.u, C ; Michaelis, Arcli. Zeit. 1873, 13; Ancieiit
Alarbtes in Gr. ttrit. (1882), p. 232, 3, n" 30. - 13 Raoul-Kochetlc, l'eiiit.
aiitiq. inédit. 1830, pi. nr, p. 399; llcibig, Fûlirer, II, 189, n» 950; Areli. Zeit.
XXIV, 1806, p. 198. — Bim.iofuiAi'uiE : Vinet, Annali det' Institiito, lsl3,
p. 144 à 203 ; Baumeisier, Denknuder des klass. Alterlh. art. Scylla, p. 1082, 33;
Uaedekens, Gtauiis der Merijott. GûLIingen, ISCO; Furlniinglcr, Gold/iind ton
Vetterafeld, ISK'j, p. 23 si|. ; E. Siecke, de Niso et Scijlla in ares mulatis, Pro-
gramme de Berlin (1884); Ollo Waser, Skylla und Charybdis in der Litleruliir
und Kunsl der Oriechen und lliimer (Dissertation de Zurich, 1894) ; Leusclikc, De
Meinmorplioseon in Xcliolis Veryilianis /'abulis iDisseitation de .Marburg, l»9j) ;
Wahl, Quomodo moiistra miirmn artifices graeci fixeriiU (Disscrialiou de lionn,
1890).
SCYI'IIIJS. 1 Le mol est le plus souvent m.sculin, quebiuefois neutre; Alli.n.
XI, p. 498 A ; cf. l'icriun, tdiliou d lloiuére, Udijss. XIV, 112, utrte de la page 4u.
repas et, quand il s'est rassasié, Eumée lui oll're le vase
ilont il se sert lui-même, son <jx'jï.o; ", on peut ]>enser
Fig. 0230. — Skyphos d'i5po.|ue grec.|ue.
qu'il s'agit d'une simple écuelle de berger. De même,
dans le Cijclope d'Euripide ", Ulysse fait boire Poly-
plième dans un irxûtpc/i; ^ .\ussi quelques archéologues ont
assimilé ce shijplios à une écuelle, à un bol rond, le
[laiTÔç [mastos, CYiMiii-;] '. Mais, d'autre part, Homère
di'crit sous le nom de oÉTtaç àjjuiixiJTtsÀXov un vase à boire
célèbre, que Nestor avait rapporté de Pylos' et que, ])lus-
lard, les auteurs désignent sous le nom de Txûtpoç Necto-
DEtoç, NÉuTopoç 7toT/|pi6v OU Ne'iTopiç"'. De l'étudc détaillée
que M. Helbig a consacrée à ce vase [dépas, p. 103], il
résulte qu'il avait la forme de ce que nous appellerions
plutôt un cantliare ou une cotylè, ayant un pied élevé et de
longues anses verticales ". Stésicliore dit aussi «ïxûiKpeiov
SÉTtaç '-, en parlant du vase à boire d'Hercule, ce qui lie
encore le terme (jxûcpo; à celui de Séna;, applicable à
toute sorte de vases à deux anses. Polliix l'assimile au
xàooç [caDUS] '^.
Les renseignements plus détaillés que nous devons
à Athénée ne sont pas beaucoup plus clairs pour la déter-
mination delà forme "*. Ildécritleskypiioscommeun vase
;'t boire le vin, muni d'anses (oùatoEtç), en bois (ôoupàxeo;)
ou en argile (xEpâjxeoi;), en matière précieuse, argent,
or, ou même onyx. Ce vase peut être grand, large {[j.axpc;,
l.a forme crxûnoo; esl employée par les poètes, Hésiode, Anacréon, Stésicliore, etc. ;
cf. Alhen. XI, p. 498 B et G. Eschyle dit irtusùfo-ra {ibid. p. 499 A). Les
Epiroles disaient Iuçto; et les habitants de Méthynnic ctkûQoç {ibid. p. 500 B).
— ■- Letronne, Œuvres, 3* série, I, p. 445, n** 24 de la p'anche) ; Gerhard. Annali
deir Instit. 1830, p. 134. pL c, n" 2ô ; Dennis, Cili^'S and Cemetries, I, pi. cxviu,
lig. 40; Birch, Ane. Pattery, édit. 1873, p. 305, fig. 143; cL (ig. 110; Polticr,
Catalogue des rases du Louere, pi. ui, n» 24, etc. Noire figure esl faite d'après
un skyphos du Louvre, G. 136, attribué à la fabrii|ue de Brygos (cL Pollier.
Ctilatogiie, p. lOOGj. — 3 Voir on particulier notre article hydiiia, p. 319,
— i Krause, dans la préface de l'Angeioloi/ie, p. 8, a esï,ayé de réagir
contre le scepticisme criliipie de Lelronnc, mais le mémoire de ce dernier
{Observations sur les noms des vases grecs, dans le Journal des Savants,
1833, réimprimées dans ses Œuvres choisies, 3' série, l. I, p. 331) reste, à noire
avis, ce qu'on a écrit de plus scientifique sur la matière. — '' Odyss. XIV, 78, 109,
112. — 6 Cyclop. 250, 411, 556. Polyphème possède aussi un 9»ûsoç en bois de
lierre (..<riiou), large de trois coudées et profond de quatre {ibid. 390). — '' CL la
slatuetle d'Ulysse oiïraut à boire au Gyclope ; Annali delf Inst. 1803. =
Baumeisier, Denknii'iler , fig. I2.'tl. Mais sur ta coupe cyréuéenuedu t^bineldes Mé-
dailles (Duruy, llist. des Grecs, I, p. 303), le vase que tient Ulysse a pinlol l'as-
pect d'uncanlharc. — ,» C. Robert, Uomerischc /lécher, (50« Wiiickelii.ainms Pio-
ijramm), p. 4 et note 10; Koumanoudis, dans EplieTn. arch. d'Athènes, 1884,
p. 59 et pi. V. — 'J lliad. XI, 032. — lO I.ucian. Ilermol. 12; Alheu. XI, 10,
p. 781 D; XI, 70 et 77, p. 4S7 à 489. Panofka a voulu reconuailre la vio-îof.'î dans
une forme d'amphore tucanienne {liechcrclies sur tes noms des vases, p. 37
pi. H, n" 104 et 105), qui ne me parait nuMemcnt répoudre aux textes cilés.
M. Walters {llril. Muséum Vases, IV, p. 0, (ig. 3, p. 88 sq.) a cru pi>uvoir adopter
celle dénominaliuu, mais je n'en vois aucune raison solide. — •' llelbig, V ICpopée
homérigiie, trad. française, p. 477 sr]. ; voir la ligure 18S (coupe d'or de Mycènes).
— 12 Athen. XI, p. 499 B. — 13 Poil. X, 100. — 1' Voir le chapilre spécial au
^«ijo;, XI, 99 à 102, p. 498 à 500. H fait dériver l< nom de cjxao.'s, mais nous
n'avous pas pu accepter ce rapproclienienl ^scaphilmJ.
SGY
— H (Kl
SCY
5o^
l'iL'. Oeai. — Slyplios do slylo holli^ni^liciiu-.
E'Jo'jç). Les ôvû/ivot cxOttci atlfisnaii'iil uni- capacili' dp
deux colyles, el le skyphos d'Hercule contenait jusqu'à
trois bouteilles de vin (Tpt)>ï.Yuvo,-1. C'est sans doute en
raison de leur grande capacité que certains skyphoi
étaient nommés Y^a.x.leMTv/.oi ' ; mais d'autres y voient
un ethnique désignant une ville d'Ilérai'Ié'c -. Athénée
ajoute pourtant f|ne ces vases se dislinguml drs autres
par la présence d'un ornement, en forme de nœud, placé
sur les anses, dans
lequel il reconnaît
le fameux oia^oç
YipixXsioç, sorte
d'amulette contre
les maléfices [nû-
nrs, fi g. 5324]
et nous avons, en
cfTel, gardé d'assez
nombreux vases,
pourvus d'anses
de ce genre (iig.
C251) \ Certaines
fabriques, en Béo-
lie, à Hhodes à
Syracuse, ('■taient renommées pour ce genre de fabrica-
tion'. Le même auteur mentionne encore des skyphoi
de métal ornés de reliefs ; l'habile orfèvre Mys avait exé-
cuté un iTxùcpoi; "IIxf/iXswTixo; d'après un dessin de Parrlia-
sios représentant la Prise de Troie ^ Ce sont des vases du
même genre que les agents de Verres pourchassèrent
plus tard chez les l'iches particuliers de Sicile, pour enri-
chir la collection du peu scrupuleux préteur". Les
sri//)/ii homeriri de Néron appartenaient à la même
catégorie, el certains vases d'argile, à reliefs, peuvent
nous en donner une idée (fig. 2268); mais, d'après Pline,
ces pièces précieuses étaient en cristal ^ Les inscri-
ptions grecques mentionnent aussi parmi les skyphoi
dédiés dans les temples desonivres de grand prix, ornées
de ciselures et d'ornements en relief*.
Quelques auteurs modernes ont étudié et décrit une
forme de skyphos appelé 7ravafir|vatxoç, mais nous croyons
que cette opinion rei)ose sur une fausse interpri'lation
du texte d'Athénée».
Kn latin, le mot .sryy;////.? di'signait, par métaphore, les
plaisirs de la table; on disait inler scijpltos comme iiUer
< Allicn. XI, p. 500 B, cf. ranofka, Dp. c. p. 27. — 2 l.a remarque csl dXssing : De
nom. ras. gnerr. p. 130. Krause [Angeioloyic, p. 3tO, noie 1) la coniLal ; mais t.e-
li-oune (Op. c. p. 425, noie 2) fail observer ipie i,^%AM-.t,ii a une forme ircllinique. cl
f|ue l'arljeclif se rapporlanl à Hercule csl j.ji.Xno; ; cf. aussi Wallers.liircli, Ane.
Potlenj. I, p. 184. Ccpoudanl la mcnlion faite par Virgile du snjphus hirculuneus
(AeneiU. VII, 278 et .«orviMS rtrf. /i. I.) nous autorise à croire i|u'Alli(!ii<.e a raison
de rapporter ces vases à Hercule. — 3 La ligure esl faile d'.iprc^s Uay.t-Collijînon,
Cirnmii/. greq. pl. xni, n" 2; cf. Bircli, Ane. Polln-g, ls7:i, p. 379;
Sicpliani, C.remliis SlPelersIi. p. 1880. p. 39 si|. — 4 Allicn. XI, Sfl, p. 495
A. — ô Allien. XI, 19, p. 782 B. Cf. dans Slak 7Ac6. VI, 535. la de-criplion
du sryplius d-llercnlc. — « Cic. /n Veir. Il, lil,. IV, 14 (32); jubel me seijphos
siijillttlos ad praelorem slalim adferre. — 't Suct. Nero, 47 ; l'iin. Ilisl. nul.
XXV VII, 2(I0|. Cf. lc,7«i.o; ^utii; >.;eou, sorle de verre, dont parle Atliiinée, X,
M, p. 432 C. — S Corp. iiiter. grée. 28.12 (= Diltcnliergcr, Syltoge, 170, Iig. 54) ;
cf. IIM. corr. hellénique, VI, 1882, p. 32 ; VII, p. 1 15. — S Gerhard, .'iulle forme
(lei io»i, dans Annali, 1830, p. 155, pl. ,:, »» 47; Krause, Angeiotogie, p. 340;
Bircli, Ane. Poli. p. 379,403. Alhi'nic (XI, 89. p. 494 V), dans le paragraphe con-
sacré au va.se II«,«l),,a„i-,, cilc un p.issagc du philosophe l'osidonios où il csl
<|uesliou d';,ù,ivii i7.ùs')i ayant uuc capacitif de dcuï colyles et de i«vao,iva(yd. très
grands, dont les uns conliennent denv ehous el les autres davantage. Mais rien
naulorisc ici à lier le ,.;;o; au „.„1,v...>;v. li.rcli ajoute une m«prise''plns étrange
eneoie. .piand il conclut ipie ce vase portait le nom d'onychios (pour ovJ/ivo;, v.ise
d onyn. il cause de la forme des anses! Voyez aussi sur la préleudue hydrie pau-
athénaï.|ue noire article hïi.ria, p. 319. — 10 Cic. ,\d. famil. VII, 22. Cf llorat
Od. I, 27, l:Epo.l. IX. 33 ; Scnec. Ep 83 : intempemnli,, hih^ndi el l,erevla„«,.
skjpho.
p<iri//(i"'. Virgile (Ml fail un vase iciigitMix, destiné aux
libations, en souvenir i]u .•<r!/ji/iiis /lercu/oneii.'i, apporté
])ar le héros en Italie el dont on se servait dans les
sacrifices". On mentionne des sci/phi en bois de hêtre,
en argent'-, des sci/p/ii i/nia/e.s '', c'est à-dire ayant la
capacité d'une iir?iri, une demi-amphore.
De tous ces renseignements, on le voit, aucun ne con-
cerne la structure particulière du vase, et c'est pourquoi
la désignation du skyphos comme forme spéciale resie
conventionnelle '*. Il est probable que, dans l'antiquité,
desvasesdiUérenls pouvaient porter ce nom et que, d'une
façon générale, le skyphos est apparenté au bromias,
CAiNTiiAKis, t;Aiu'.iiESiiM,cissYniiM, coTVLÈ, DEi'AS '''. Mais on
peut dire aussi que le vase, auquel nous réservons le nom
de skyphos, rentre
bien dans celle série
el qu'il correspond
aux général! Lés con-
tenues dans le texte
des auteurs. On le
voit très fréquem-
ment en Ire les mains
des buveurs sur les
peintures de vases '"
( fig. 6252 ;voy. aussi
Iig. -i30i, 4768) ; il
est employé dans les
libations religieuses
(fig. 2237); il est d'ordinaire de taille moyenne el 1res
maniable, mais il peut être grand et atteindre une capa-
cité considérable " ; enfin le uodtis lu-rrulnneiis esl par-
fois appliqué à la décoration des anses (fig. 6251)'". C'est
aussi un attribut usité d'Hercule " (fig. 972, 3786), comme
le canthare est celui de Racchus. Macrobe dit : sri/phu.^
ffercii/is poruliim ctt, iil Liberi PatriscanI liants-".
Dans l'histoire céramique, le skyphos a des origines
très anciennes. Depuis les gobelets d'Hissarlik et les
écuelles mycéniennes jusqu'à la fin de la fabrication des
vases grecs, on suit révolution de ses formes. C'est le
vase à boire par excellence, le pot à deux anses le plus
simple el le plus maniable. A l'époque préhellénique, il
oscille entre des formes basses el ramassées el une
structure élancée ; les anses sont lanttH verticales el
tantôt horizontales ^'. Dans la céramique chypriote, il
ne falalis seyiiliiis. — tl Aetieiil. Vlll, 278, et Scrv. n<l U. loe. ; Val. Place, .irgo».
11,272. Cf. Slal. riieh. VI, S3I.— 12 Tibull. 1, 1 1 . S ; Aul. Coll. III. U. — 13 l'e-
Iron. Frttgm. 52, édil. Burmann. Cf. C. Robert, Homerische lleeher, p. 5, noie Ir..
— IV Celle qu'indicpie l'anolka (Iteeherehes, p. 17, pl. iv, n" G3I ne repose sur
aucune base scienlilique, comme l'a montré Letronne (Op. I. p. 423, noie 2). Nous
avons inrlii|ué plus haut (note 2, p. 1159) les auteurs qui ont attribue au skyphos
la forme r|ue nous lui supposons. Mais C. .-'milh, E. (iar 'ner, Walteis, Rohinsou,
daus leurs catalogues (Bi-i(. Mus. Vas. Il, p. 4, Mg. 2 ; III. p. 14, Mg. 8; Cambridge
Muséum Vos. pl. \xivi, n" 239; /loslon Vas. p. nii.n» 372) rappellent cotijti ci
plusieurs réservent le nom de skyphos à un vase de forme similaire dont les anses
sont dirigées vers le haut, au lieu d'é're horizontales. Tous ces choix de noms sont
arbitraires. — 15 Voy. ce que dit l.elronne sur la synonunie de noms grecs
(Op. l. p. 343). — 10 Noire figure est faite daprès un origin il du Louvre, coupe G
133, portant le nom de Lysis (Pollicr, Calalog. des vas. p. '.170). l'our d'autres
exemples, voy. Jahrbueh Insl. 1880, pl. xu; Klein, Euphroiiios, p. 105, 110,
313; Harhvig, /l/eis/o-Sf/in/eu, pl. viu, xu, xx, xxsiv, xxxv, xi.viu, i.Mx l Furlwaen-
gler-Reicbbold, Griecb. Vusenmnlerei, pl. ni, i.xil, i.xiu, lxxi, cui. — n Par ex.
au Louvre, les skyphoi C 425, 420 atteignent 30 el 33 ccnl. de hauteur sur 30 et 3s de
diamètre. — '* Rayel Colligiion, Céramiq. grecq. pl. x n, n" 2. — 10 Voy. 0. Jahu.
/lild.rehronihen, p. 40, pl. v :Stcphani. Der ausruhende Hcra*/('s,p. 151 sq.,p. 19S
sq. _ 20 .Çaf. V, 21, 10. Il n'y a cependaut pas de régie fixe, et Ton voit aussi
Hercule avec le canlliarc : Furlwaengler-Beichhold, pl. .vmv ; cf. 0. Jahu, Vas. .l/Oii-
ehen. p. xcu el uule 717. — 21 Furtvvaeiigler el l.œschckc, Mykeniselie Vasen, pl. i,
n»>4, 5; m, 18: vi. 31; »vi. 150; Srhiiemanu. //ios, Irad. frauç. Iig. 327, 332, 353,
355, 30r., etc.
se Y
Il CI
SCY
donne lieu aussi à des essais divers i(iii annoncent la
forme classique '. Endn les Corinlliiens -, les Phéni-
ciens et les Ioniens, el avec eux hnirs imitateurs d'Étru-
rie, lui donnent, dans le courant du vii"^ siècle, une
structure bien équilibrée et stable (fig. 278i. 2S27).
Les Alliques l'adoplenl, le perfeclionnenl cl le décorent,
tantôt en figures noires ', tantôt en figures rouges
(fig. «230; cf. fig. 302S) ', puis ils le transmettent aux
fabriques de l'Italie méridionale ". Avec quelques modi-
fications de détail, surtout dans les anses, il arrive à la
période impériale; de très beaux scijpkiée métal ciselé,
ornés de reliefs, font partie des trésors d'argenterie
romaine trouvés à Bernay, à Hildesheim, à Bosco
Reale ". On les a imités en terre cuite \ E. Pottier.
SCYTALE (ïx'jTiXv,). — Il a été parlé, ailleurs, de la
scylale prise dans une première acception de ce mot,
c'est-à-dire dans le sens de bâton [baculum] '. Nous ne
nous occuperons ici que de la scytale employée comme
moyen de correspondance secrète.
« S/curiX-fi, llagnun, loreum s. coriaceum », dit le
Thésaurus, donnant ainsi très probablement l'étymolo-
gie du mot. A Sparte, la i7X'jT7.Àf| a un emploi et un sens
particuliers; elle sert officiellement à transmettre des
dépêches secrètes. Les explications que les anciens nous
en ont données sont nombreuses ; les plus complètes
appartiennent à Plutarque- et à Aulu-Gellc'. Les épliores
font l'aire deux bâtons ayant même grosseur et même
longueur, raclés el préparés de la même manière'; l'un
de ces bâtons est remis au général qui part pour la
guerre; l'autre reste entre les mains des épliores '.
Lorsque les épliores veulent adresser au général un
secret important, ils roulent autour du bâton une cour-
roie assez mince * ; ils ont bien soin de ne laisser aucun
intervalle entre les bords de la courroie, de façon que
celle-ci couvre toute la surface du bâton; ils écrivent
ensuite transversalement aux bords de la courroie', les
lignes allant d'un bout à l'autre ; ils déroulent alors la
courroie empreinte de caractères et l'envoient au géné-
ral, qui est au courant du procédé. Ainsi déroulée, la
courroie n'offre plus que des lettres tronquées el muti-
lées, des tètes et des queues de lettres ; elle peut tomber
entre les mains de l'ennemi; il n'y pourrait rien entendre.
Au contraire, le général à qui elle est envoyée, la roule
autour de son bâton, de la façon (ju'on lui a indiquée";
les caractères, en tournant, reviennent dans l'ordre où ils
ont été tracés, et forment une lettre complète, facileàlire.
Les autres explications qui nous sont parvenues sont
plus abrégées, et moins claires^. Elles reproduisent
toutes cette idée simple : si Ton écrit sur une bande assez
I Itobinsoii, .Vus. Boston Vus. p. ni. n'~ IT'J à ISi. — 2 Masiicr, SamMl.
anlik. Vas. Oealerr. Mus. p. 0, (ig. C. — 3 liobiuson, Boston Vas. p. 13ii.
n** 37i s*].; PoUicr, Vases anliq. Loxtvrc, pi. i.xix, F 70; pi. i,x.\vi, (■' 77.
— > jMasncr, Op. t. p. W. fij;. 2ii ; Uobhisoii, (Jp. t. p. ItS, n»> 41.3 si(. ; Genick d
KmUv.ieiigIcr, Cricch. Ki:ramilc, pi. xvir, ii»> 1 ol 3 ; Miirr.ny, llandbook of nrcli.
pi. VII, lig. I. Notre ngurcr.aïOcsIfailt d'après le vase du Louiic, Ci 156, alli-ilmf à
I .atelier de Brygos (l'oUicr, Cntaloi/ue ras. p. lOOli). - » Koliinsoii, p. 173, n°' ihi
sq. ; p. 185, n"- 508 si|. ; Wallers, Uni. Mus. Vas. IV, p. 118, K 2.)3 si|. ; p. 198,
h 419 si| ; Genick et Fuilwaeiiglcr, pi. xiv, n" i el 3: Ingliirami, Mus. Klnisc.
t'/iius. pi. i.xxviii. — fi Balieloii, Le l^'ahinet tins antiques, pi. xiv cl i.i ; cf.
pi. ixiv cl xxxviii (formes r|uc nous nommerions plulol colylé on caiilliaici i VViiiler,
Jahrhudi deul. Inst. 189", Anzeiijpr, p. 118 si|., (ig. 3. », 9. Il, 18 ; II. de Ville-
fosse, Méni et Mon. Piot, V, 18 ".I, p. Si, SS, 79 à si;, l:u s.|. : pi. v, vi, xv, xvi,
XVII. ix\i à xxxvi. — 1 ftevue arch 1903, I, p. 12. Pour l.i peinliirc, voir noire
lig. 1U8 (Pompéi).
SCÏTALK. 1 Voir aussi pour les rouleaux dont on se servait dans les chanlier^,
pour faire mouvoir de lourds fardeaux, iiuiasc.a el machiba, p. Uti3 ; daii'^ les
sièges, pour avancer les machines .le guerre, oi.i'ui.natco, fig. I H9 el r.niiiKsiA. I.a
VIII.
iiiiiici', de cuir ou d'iHolIe, roulée auluiir iriiii objet
cylindrique de faible grosseur, et qii'ensuilc on di'roiile
cette bande, l'écriture tracée devient absoliimeiU illisible
à moinsque denouveauon ne roule avec soin labandesur
Il ncorps cylindrique complètement semblable au premier.
Il peut, en effet, en être ainsi. L'écrit ure, tracée de
cette façon, peut être à peu près illisible ; mais deux
conditions sont nécessaires : 1° la bande doit être très
l'iroile; 2° les lettres ne doivent pas être écrites sur une
seule ligne. De ces deux conditions, l'une est indi-
quée comme remplie. Plutarque dit que la bande est
wTTtep îjAotvTa [xaxpov xat 'ttsvov'". Cette bande, enroulée
autour d'un bâton, y fera des circuits d'autant plus nom-
breux, d'autant plus étroits qu'elle sera elle-même plus
étroite. Il s'en suivra que sur chaque circuit, le nombre
des lettres sera très faible. L'idéal serait que chaque cir-
cuit ne portât qu'une lettre, qu'un fragment de lettre;
c'est précisément ce que dit Aulu-Gelle". La superposi
tion des lignes n'est pas moins nécessaire ; elle a du cer-
tainement être pratiquée. En effet, si la dépêche n'est
écrite que sur une seule ligne, on constate que, lorsqu'on
déroule la bande et qu'on la tient verticaliimenl, l'écri-
ture se lit très facilement, en ayant soin de com-
mencer par le bas. La superposition crée une difficulté
nouvelle des plus graves. La dépêche ne p(!iitselire que
si l'on connaît le nombre de circuits que décrit la bande:
c'est le problème qui consiste, en géométrie, à calculer
le pas de l'hélice, problème qui est compliqué sans
doute, mais qui est loin d'être insoluble. Il est à croire
qu'avec des adversaires possiklant des mathématiciens
exercés, le système de correspondance secrète, adopté
par les Lacédémoniens, n'aurait pas présenté toutes les
garanties désiral)les '-.
Nous devons supposer que, pour être portéeaii destina-
taire, la scytale était confiée à des hommes en (|iii on avait
pleine confiance. C'est h; cas pour Cinadon. Il n'a|i|)arte-
nait pas à la classe des iioMOioi : mais il se distinguait
par ses qualités physiques et morales'''. Aussi avait-il
été chargé, plus d'une fois, de missions semblables".
Cette façon d'envoyer des ordres secrets à des gens
éloignés avait vivement frappé les anciens. Arehi-
loque, le premier, fait allusion à la scylale''. ,\ son
tour, cette mention de la scytale par Archiloque avait
éveillé l'attention des érudits; Aristophane de Byzanci;
avait même écrit un livre sur [''j./w^iv-r, tx'jtv./y, "'. Piii-
dare, lui aussi, a parlé de la scytale. Dans la \'I' (tlijni-
pique il dit à Énée, son élève, sans doute : <■ Tu es le
messager droit, la scytale des Muses à la belle cheve-
lure '■" ». Cette ode, que Pindare avait eoiiqiosée à
règle avec laquelle ou faisait londjer le trop plein d'une mesure esl aus^i appelée
TxuTokr, f'ollux, l*', 170 ; cf. MKSsoii et iiuTKi.i.uM. — 2 Lijsandr. 19. —3 XVII, 9.
— i Derasi atijue ornnti consimilUer. Aul. Gell. — 5 Oull. Alterum dowi
mat/istratus cuni jure atque cum siyno habe/jant. — i» //>. Lorum modicae
tenuilatis, tongum autem, quantum rei satis erat. — '< Ib. Littcrus deinde
i'i eo loco per transversas Juuctnruui orns. .. inscribetiant. — » //;. Proinde ut
debere fieri sciebat. — ^ .Scli. Arislopli. Ares, lini; Hch. Tliucyd. 1,131,1:
l'hotius, Lexic. p. 250ctSuid. /rxuti'iMi ; Tzctzés, Chitiad.W, Ul ; Auson. Kpist.
XXIII, 23; A'c/i. Pindar. (II. VI, 15 I. — lO /y.,. 1.1. — il Loc. cit. Litleras
truncus atque mutilas rcddefjal, nteiubrnque eurum et apices in partes dircr-
sis.^inuis s/targe/jat. — *iîLes dépêclics des Lacèdéiuoniens étaient 1res brèves. Nous
connaissons celle qui esl relative a la mort de Miiidaros, .Xeii. Hell. I, t, ïi.
l-'.lle n a pas été écrite sur une scylale ; on peut très bien brouiller les lettre?
de cette dépéclie au moyen du procédé indique. — '^ Xen. //etl. III, 3. .0,
— '■► Jbid, III, 3, 9. — 15 Fr. >••) ; Uemctr. De elocut. 5; l'iut. Srpt. Snp. Conr.
8 ; Sch. Pind. Olymp. VI, 15i. - 1» Alliénéc, III, 85 E : i» tO mol tijs 4/..o|»év.is
9«uTà>.v); utfctfv.v.\i.a.zi. Apollonius de Rhodes avait aussi parlé de cette scytale dans
son liirc sur Arcliiloqno (Alliénée, X, 151 1)1. — I', v. rM)-l55 (édil. ChrisI).
lit;
S(^.Y
Thèbes, fiiloxi'CuU-o e'hc/. If vainqueur, Agésias de Syra-
cuse. Celte exécuUon exigeait la présence d'un envoyé
du poète, chargé de ses instructions. Pour la 17' Olipn-
piijue, ce fut cet Énée ; Pindare le compare à la scylale.
En effet, sans lui, l'exécution chorale et instrumentale
aurait été impossible ; il connaît l'œuvre entière du
poète, non seulement la poésie, mais les airs de musique,
les figures de danse; il apporte ainsi un message dont lui
seul a le secret : il fait fonction de scytale '.
CerUines allusions, qui nous sont fournies à propos
d'événements politiques, marquent aussi l'impression
que la scylale avait produite sur les peuples amis ou
rivaux de Sparte. « Avec une petite scytale, vous pourrez
maintenant gouverner Tlièbes », disait Léonliadc aux
Spartiates, après qu'il leur eut livré sa patrie -. On
retrouvait dans le secret de ces correspondances (juelque
chose de ce mystère, qui était un des moyens de gouver-
nement les plus usités à Sparte'. On a parfois cherché,
mais sans raison suffisante, à retrouver la scytale sur des
peintures de vases'.
.\u point de vue paléographique, il faut noter cet
emploi de la courroie, du cuir, comme matière propre à
recevoir l'écriture. Déjà, longtemps avant l'invention du
parcliemin, les ot^Géfat sont mentionnées pour ce même
emploi [iiii'iniiKHA, mumhuana] \ A l'époque classique, en
effet, les membramic sont très usitées ; ces peaux prépa-
rées servent pour les brouillons. Plularque, dans la
description de la scytale, dit que la bande roulée autour
du bâton était du papyrus " ; il se trompe ; le papyrus
aurait été trop fragile pour un tel service ; c'est une
courroie, une sorte de parchemin dont usaient les
Spartiates. Nous avons là-dessus le témoignage d'un
poète comique contemporain d'Aristophane, Nicophron,
qui avait pu voir lui-même des scylales^
Certains auteurs, entre autres Aristote *, auraient parlé
d'autres façons d'employer la scytale. On ditqu'on fendait
le bâton en deux, et qu'on écrivaitla dépèche au milieu ;
ou bien qu'on envoyait la courroie par un messager, le
bàlon par un autre''; il est (juestion aussi de la scytale
comme moyen de prouver une dette '^ Albert MiiniN.
SCYTIIAE [oliMOSIOI, SAGlTTAimi.
SEBACIAIIIA, SEBACIAKIIIS. — Ces deux mois ne
sont connus que depuis une quarantaine d'années. En
1866, on a découvert à Home, auprès de l'église Sainl-
Chrvsogone, un corps de garde [li.vcuiUTOiiiiM] de la sep-
tième cohorte des viGiLiis; sur les murs de ce petit édifice
se lisaient une centaine d'inscriptions grafhtes tracées
par les soldats eux-mêmes ; les mots sebaciaria et seba-
ciarius s'y rencontrent soixante-trois fois, diversement
orthographiés (variantes : ccbaciuria, sebbaciarin, siba-
I Bocckh, PiiiU. inrm. 1. III, p. Mil; Disscu, Pind. airm. :' M. scct. Il, p. 85.
— 2 Xcii. Helt. V, i, 3i. Autres iiicnliolis de l,i scjlalc, Xcii. lùiil. III, 3, S ; V, i,
a7;Plul. A/ci6. 38; Agesil. 10, 15 ; .Irlor. 0; 'Jorii. Nep. Ptti«. 3 ; Diudor. XIII, 106;
Arislopli. Lijsisti: 'J'JI. — 3 Tf|î ,toXnila: -i .fu-tbï. Tliuc. V, C8, I. — i Cli. U-
nonnant, dans la Ovacr. du r.abinet Durand, par J. de Wille, p. 70, ii. iiO.
— 5 Heiod. V, 58; Diod. Il, 3i ; Caidlliauscn, Oricch. l'alaeoçi . i9 . —6 /.ymnd.
19 : fiSiîov iïitif îiiina. l'Ius loin, t»i p,tixh,. — 1 Fr. 2 de Kocli, Corn. ail.
fr. I, p. 775 : Aro toC «yux««!ou .a", xil; Sii«if«;. Aiij.Jv Si;,t«, Sch. Arislopll.
AveSf 1283 ; Aulu-Oelle emploie exclusivement le mol forum. — 8 pp. 4fiG, éd.
de Berlin. — ^ Voir ces diverses explicalions dans le Sch. dp Pind. 01. VI, 154.
— Il) Dioscoriil. Hliol. LfTic. a»uxai<i ; »oir oncoïc llesycliius, s. r. — Bmi.io<:uAPH>K.
Meursius, A/iaceltan. tacon. 111,4, p. i\i; Nilzcli, Uist. Homrri, I, 75; Raoul-
Uocliellc, ilcm. de lAcad. des Inscr. t. XIV, p. 410 ; Scliocniann-I.ipsius, llriech-
Altcrt. 1, 251 ; K. F. Ilcrniann : V. Tliumscr, Lclirli. dcr Griccli. .\iiti,i. I, Staat-
sallerl. 248 ; livan Hliillor, l/iindbuch — Husoll, Griech. Staats u. Jlrehlsull, i' M.
p. 2117; Tli. Itirl, '/«• Ih'rhrollc in dfr Kmisl. V.wl , p. ;73. 2711, 280.
T
— llf.2 — SEB
cii/riiis, sft/xirinriiis, etc.)'. Plusieurs explications ont
été proposées pour eu rendre compte. Il n'est pas douteux
que le féminin singulier ou plutôt le neutre pluriel seba-
ciaria désigne le service confié au sebaciarim, et que les
deux termes doivent être rattaches au substantif skiîI'm et
aux adjectifs .seba/is et sebacetis; ils se rapportent évi-
demment à l'emploi de torches ou de chandelles
de suif par les soldats des vigiles comme moyen ^J^
d'éclairage. On a recueilli aux environs de Vexcu-
bilorium de la septième cohorte, piazza Monte
di Fiore, un grand tlambeaii de bronze qui ser-
vait à tenir à la main de pareilles torches; il est
déposé mainlenant au Palais des Conservateurs;
il mesure 1™,30 de haut et se compose de trois
tubes entrant l'un dans l'autre; sa partie supé-
rieure s'évase en forme de fiamme; des ouver-
tures latérales permettaient a;i suif fondu de
s'écouler (fig. (iio3) -. Le si-baciurius serait,
d'après Henzen, le soldat chargé de pourvoir à
l'entretien des torches de suif à l'intérieur de
Vfxcubitorluiif^; d'après Desjardins, le porteur
de falot accompagnant les rondes de nuit des
vigiles* ; d'après Visconli %Capannari^ Nocella \
le fonctionnaire préposé à l'éclairage nocturne
d'un ou de plusieurs ([uarlicrs de la cité, en par-
ticulier aux jours de lëte. Peut-être ces hypo-
thèses se complètent-elles plutôt qu'elles ne se ^^.'^l'^^j!^^'
contredisent, el le sebaciarius devait-il pourvoir
à tous ces offices, pour lesquels l'usage de torches de
suif s'imposait. En laveur de la lliéorie de Visconli on
peut remarquer d'abord qu'il est fait mention très sou-
vent, sur les inscriptions graffites, d'événements im-
portants de la vie romaine (proclamations, anniver-
saires et adoptions d'empereurs, vota decennalia ou
ricennalia, etc.), dans lesquels le sebacinriua a joué
un rôle", et ensuite que ces textes sont tous des années
215-245 ap. J.-C, c'est-à-dire jioslérieurs à laréorgani-
salion des vigiles par Caracalla et à la création du service
public d'éclairag<! nocturne de Itome que cet empereur
paraît avoir institué".
Quarante-trois fois à l'expression aebuciariu fecil ou
sebaciarius fccil (celle-ci moins fréquente que l'autre)
est jointe une formule qui nous fait savoir dans quel
mois le sebaciarius a exercé sa charge ; il faut en con-
clure que celle charge était occupée à lourde rôle et pen-
dant la durée d'un mois. Lorsque le sebaciarius désigné
a dû interrompre le mois qu'il avait commencé et le
laisser achever par un autre soldat'" ou quand, désigné
liour un mois, il n'a pu s'aciiuitter que le mois suivant ",
il prend soin de le rappeler. Parfois il se faisait adjoindre
SKBACIARIA, SlillACl AlllUS. I liiscnplious publias cl cludiùi'S par Ivllc-
grini, dans le Diillelt. delllnstit. di corrisp. arclieol. l.'iûT, p. 8-12, el p.ir licn/en,
Ibid. p. 12-30, cl .\nnali ddVlnslil. 1874, p. 1 1 1103 ; repioduilcs au Cori,. inscr.
lalin. n" 2'J98-3091 cl 32751. — 2 l'ublic par A. Capaunari, dans le IhiUelt.
comun. di lioma, 1880, p. 202. — 3|lcnzeii, toc. cit. — 4 Desjardins, dans les
Mém. de fAciid. dos inscr. XXVIII, 2" parlic, 1876, p. 205-285; cf. Pclron.
Salir. 78 : palrouilie faisant irruption cliez Trimalcion. — 5 1'. E. Visconli, La
stazione delta coorle VII dci ri-jili, Itonro, 1807. - « A. C.apannari, toc. eil.
p. 251-209. —^ G. Nocella, Seliariarins, Kmitutarius. Rome, 1880; Le i^cri:.
graffUe nelC escubitorio delta Vil coorle dei vigili, Rome, 1887. — » Visconli,
Up. cil., sest appuyé sur ces graflitcs pour essayer de préciser la date esaclc
des événements liisloriqucs dont ils parlent (adoption d'Alexandre Scvcre,
avéucmcnl de Gordien III, cU.). — '■> Hisl. Ang. Sev. Alex. 24: allusion à ers
illuminations. — 10 Corp. inscr. lalin. VI, 3040; cf. ibid. 3000 ; un vigile noie
pi'il a élé sebaciai-ii(S à la place d'un camarade, in loco snc(.c)essi. — " /bid.
3056.
SEI{
— 1 1 li.'i
SEB
lin cani.Tr.iiii' pour le seconder '. Le service était assez
iliir: il exposait à des fatigues -, à des dangers '; sou-
vent le sehfiriarhis se félicite d'avoir pu accomplir lieu-
leusement sa tàclie, omit in lula *, féliciter ^, à son
avantage, boiiosiio ", sans dommage pour ses camarades,
sa/vis comiiKinipiiUs' , sans qu'aucune plainte ait été
portée contre lui, sine r/uerela * ; il avait un réel mérite
à remplir seul toute sa charge pendant tout un mois '.
En récompense il louchait \c friimentum jnililiriiui"'. On
sait que chacune des sept cohortes de vigiles avait sous
sa surveillance deux des quatorze régions de Home; c'est
pour cela qu'un se/iariariiifs de la septième cohorte note
qu'il a élé de service, non seulement dans la quatorzième
région (Transtévère), mais aussi dans la huitième,
regione Atexaiulriano ". Un autre nous fait savoir qu'il
a fourni, outre les se/iririaria, de l'huile pour les chaus-
sures, u/eiiin in cfi/ir/ns'- ; un troisième éniimère tous
les objets qu'il a dû procurer : sebacia, les chandelles de
suif; /iiriiiiiim, les fanaux ; liirernas, les lampes à huile
pour éclairer les portes de la ville [ml por/ns) et le
magasin du matériel des processions (atl pompas)'^. Sur
une inscription on lit ces mots : Secunt/inus seburiarin
fecil... Fysi/o siio fe/icissime; Henzen les traduisait
ainsi : « Secundinus a fait les sebaciaria à ses
frais, très heureusement » ; mais le mot pxrua ne peut
s'orthographier de cette façon et ne désigne jamais la
fortune privée d'un simple particulier; Fi/syn doit être
un nom propre, 4>iJ(txo;, désignant un camarade et un
adjoint du sebaciariits'^.
En même temps que du sebficiarius, il est question,
dans les graffites de Vexcubi/orium, du tesnerarius'-' et
de Vemilu/arius"^. Le/enseiviriits est le soldat qui devait
donner et rendre le mot d'ordre ; il avait sa place marquée
dans les rondes de nuit des vigiles. La signification du mot
emilularius, jusqu'ici inconnu lui aussi, est douteuse.
Henzen, Desjfirdins, Cantarelli voient dans Vemi/ulariun
l'assistant du sebaciarius, celui qui partage de moitié'
(hemi-) sa lourde corvée mensuelle '^ Des explications
quiontétéproposées'*, nouspréféronscellede M. Mowat,
qui rapproche emitulariiis de evio, emeye, empliits, emliis
(d'où viendrait le diminutif pw(//m/î<s; " ; l'emilularius
est le personnage chargé des menus achats pour le
compte du sebariarius ; on s'explique ainsi très bien
que celui-ci, quand il parle de Veinituinrius, lui adresse
des remerciements-"; tout absorbé par les occupations
de sa charge, il s'en remettait aux bons soins d'un
camarade pour l'achat des fournitures d'éclairage et pour
ses emplettes personnelles. Maurice Bksmkr.
SEBASTA. — (Ssêacti, SeSacTsla, SeSacTot aYcoveç, o!
1 C.i.t VI.30CI1. —l/biil. 3072 : Ifixsus sum, succesaore^mflate]. —3 Ibid-WIO
Mil seUiciarius ren-l grâces au iji-nic de Vexcubitorium^ qui l'a prolég^. — * Ihùt.
IWi, et douie autres lois. — ~- Ibiil. 3001 et t|uatrc autres fois. — '• Jbitl. 302«
- ' Ibid. 30i9, 3033. etc. — 8 Ibiil. 3053. — " Ibid. 3067 : intègre. — 10 Ibid. 3001 ,
'I I. On lit au no30iiî :sebaciai-ius eques factiis. Mommsen rejette cette leçon iuad-
M.-sible et propose : i7«(i) est) factiis. - " Ibid. 30i». — 12 Ihid. 3033. — 13 Ibid.
■•■?. L'expression ad pompas est interprélt'îe par Capannari, lue. cit. comme une
-ifrnation lopogr;ipliiiiue. Ilcnze i et Dcsjarilins croyaient iiu'cllc se rapportait aux
arouilles, aussi lentes i|ue les processions. — It Jbid. 'Mil. — là lUd. 3033.
— "> Jbid. 30.i7, 307fi. — 17 ilenzcn et Desjardins, loc. cil ; L. Cantarelli, dans
le Ballell. corn. 1889, p. 77-89. — 1» Nocella, loc. cit. el Ossrrva:. suif emi-
lulario di L. Cantarelli, Rome, tS87. — 1» K. Mowat, dans le Onll. des Antiq. de
France, I89fi, p. 1113168. — il Corp. inscr. latin. VI, 3057 : aijo gratias emilulario.
SEBASTA. 1 Corp. inscr. atl. I.l, 1, 457, fil 3. - 2 Inscr. gr. Aegin... Argol... S8C,
,s7,59ll, etc.— 3 Ibid. TJS. —i Ci. ait. \\\. 1J9. — »Cf. le commentaire de lins-
.liption C. i. a(/.lll, 1. — ■! ynelquefois les jeux sont rapportés directement à tel ou
l.-l empereur : ainsi C. i. ait. III. 437, 1,13. Sur la signilication exacte de la ilC^sigua-
liou »; ïiS.rtoi, cf. Uittenlierger, Si/H.i 3<,i, a.î.—'i Inscr. gr. Sicil. Ital... 748.
Tojv Ssêa'jTôjv i.yù)Vîi). .leux célébrés, SOUS l'Empire, dans
un grand nombre de cités grecques : ainsi à .\tliènes',
.\rgos -, Trézène^ Byzance'. Leur institution date peut-
être, à Athènes au moins, du début même de l'Empire".
Plus lard, ils semblent consacrés tout à la fois aux empe-
reurs défunts et A l'empereur régnant, désignés tous
ensemble" sous le nom de ot lefiafixo! [aucistalia]. Sans
doute étaient-ils isnlijmpif/ues et célébrés tous les quatre
ans, comme les jeux dont on trouve la mention à Naples'',
'IriÀiy-i 'Pojfjia?a crïSairi (.roÀiJjATcia, et qui paraissent
identiques aux Srbasfa des villes grecques. Emile Caiien.
SKBASTEIOIV, AUCrSTEUM. — Noms donnés parfois
aux temples dédiés à un empereur; c'est uniquement de
ces qualifications que nous devons ici nous occuper'.
Elles se présentent rarement dans nos sources. La pre-
mière est employée par Philon -, pour le temple d'Au-
guste à Alexandrie, et, en éphigraphie, sous des formes
diverses : àTii toO Seoa'iTsio'j vïoû dans une inscription
d'Aphrodisias ' ; le célèbre temple provincial d'Ancyre,
achevé en l'an 10 ap. J.-G. ', est dit xi SsÇocttïiOv'; même
variante dans le texte de .Néoclaudiopolis qui commémore
le serment de fidélité à Auguste'' et atteste que l'expres-
sion s'appliquait et au temple de cette ville et aux autres
sanctuaires d'.\uguste, dédiés dans les divers districts de
Paphlagonie ^ ; elle convenait aussi bien aux temples mu-
nicipaux et aux temples provinciaux. On lit XsSktttiOv et
Augusieum dans un texte bilingue d'Ephèse, de l'an o av.
J.-C. *. En latin, deux autres exemples : dansledécret des
décurions de la colonie de Pise sur les honneurs à rendre
à L. César défunt (2 3 apr. J.-C.)' et dans une inscri-
ption de Catina (Sicile)'", contemporaine sans doute
d'Auguste, sous le règne de qui la ville devint colonie,
probablement en 733". ^Ss^ajcTeîo-/ parait plus tardive-
ment dans un décret du koinon de Lycie, de 149'-,
mais vise un temple municipal. L'un ou l'autre des deux
termes a dû couramment servir pour le temple d\in
.\uguste, d'un empereur quelconque ". Mais, en général,
on use plutôt d'une périphrase, comme vaôçTùlvSeÇaîTùJv ",
ou aedes liomae et Augusti '% templum Aiigu.iti^^.
Passé le W siècle, le terme de Sebasteion ne laisse plus
de traces, mais au iv' siècle Aùyotjczt'iov'' désigne une
grande place de Constantinople, dans la III' région, où
se dressait la statue d'Hélène. Victor Chapot.
SEBUM. — Le suif était appelé cTÉap en grec ' et sébum
en latin -. Dioscoride et Pline nous ont laissé la recette de
sa préparation : la graisse des ruminants était d'abord
débarrassée des fibres nerveuses qui s'y mêlent,
lavée dans de l'eau de mer ou de l'eau salée, et pilée dans
un mortier; puis on la faisait fondre plusieurs fois jus-
SERASTEION, AUCDSTEUM. < Pour le sujet m«me, v
Aii.;uiF.BEUS, etc. —2 Lfg. ad Uainm. Mangey, II, p. 5ti7, 1. 46 Si|.
Eîô.oTiTov, iiiôaxiio.'ou K«,Vajo; ...i;. Cf. Dio Cass. I.VII, 10, J: Tibèn
construction nouvelle, i'»r.. x»; Alj^usn.'ou. — 3t. i. gr. Î839. I. î. —'Cf. Ed.
Uuillaume. ilei>. arch. 1870-1, p. 347 sc|. — » f. i. gr. 4039,1. 31, cl Add.p. 1109.
— 0 Fr. Cumont, Her. des étud. gr. XIV (1901), p. 26-45. — 7 Voir I. 38 et 41.
— 8 C. i. lai. III, 0070. — 9 Ibid. XI, 14i0. I. I. - 1» lOid. X, 70J4, fragm. Il,
I. 8 : [Aug]iisteum opiis. — O Dio Cass. LIV, 7. — *2 Lœwy. ap. Petersen et von
Lusclian, Heisen in Lykien, p. 76 sq. XIX, I. 33. — 13 I.ydus {Oe mens. IV, 138
Wuensch) rapporte (|u'on appelait Aûiou^tiTov l'endroit du marché aux vivres où
Ion dansait en octobre, en Ihonoeur de Tibère. — i» Ane. gr. inscr. in llie Br.
Mas. 498. — «S C. i. lat. XIV, 333. — 16 Suet. Tib. 47. — >7 Ou AJi^u«T»T»v,
A;roujTi«iv, Augusieum (Sot. urb. Const. 5, 7), suivant les textes, cités par
Obcrhummer (Pauly-Wissowa, II, p. 23i9).
SKItUM. 1 Ilom. Od. XXI, 178-1831 Arislot. Hist. anim. III, 17, 3; Départ,
aninl. Il, 5, 2; Tlieopbr. Ile caut. plant. V, 15, C i Diod. V, 17 ; (ieopon. V, 30, 1 sq.;
Poil. II. 233; VI, 33; X, 130. — 2 Plaut. Capt. Il, 2, 31 et les lexles latins cités
dans les notes suivantes.
SEC
iKii
S KG
qu'à ce qu'i'lli' eùl perdu loutc otlour, et liiiMlcini'iil <in la
laissiiil blancliir au soloil '. On employail à cel cITi'l la
graisse du Ixeuf el du veau, de la chèvre et du bouc, par-
fois iiièine celle aussi d'aniinau\ sauvages, tels que le lion,
la panthère, le chameau, elc''. I,e suif jouait un grand
rôle dans la médecine humaine el vétt'rinaire des
anciens '; le plus souvent, on prenait soin de l'aromaliser
en l'arrosant, après fusion, d'un liquide parfumé'. Il
entrait dans la composition du sapo''. On enduisait le
ciment hydraulique des thermes avec du suif fondu
mélangé de cendres passées au crible ^ luilin les Homains
se servaient pour s'éclairer de torches et de chandelles de
suif ', .wbaceae canilehte '; ou sehales faces^ [fax], en
même temps que de lampes à huile [licerna], de torches
de bois résineux et do chandelles de cire [cANniCLA/, ils
les fichaient, comme ces dernières, dans des flambeaux
ou des candélabres de bronze dont nous connaissons,
par quelques documents archéologiques, la forme et la
disposition 'Candelabrum, fig. 1086, 1083 ; sebacia-
RiA, fig. 6:2o3). Columelle range la fabrication des chan-
delles de suif, candeltts seùare, parmi les occupations
auxquelles la religion permet de se livrer les jours de
fête '". Maubick Bksmer.
SECESPITA. — Couteau de sacrilice. — La scrcspi/a '
n'est connue que par deux textes, mutilés l'un et l'autre,
de Festus et de Servius, extraits du traité De jui-e Pon-
li/irif) de M. Antistius Labeo -. Dès l'époque de Labeo,
contemporain d'Auguste, ce couteau n'était jjIus employé
que pour des usages religieux. Il était ré.servé aux vieux
cultes ofliciels que desservaient les Flamines, les Flami-
niques, les Vestales ^ les Pontifes' ; c'est à la chapelle
d'Ops Consiva % dans la Ih'fjin, que les exemplaires
sacrés parais.^enl avoir été déposés avec les trompettes et
le iirdi'l'ericuhim de bronze. Le même métal sacré a dû
servir, à l'origine, à la fabrication de la seceapita; au
temps de Labeo, il avait été remplacé par le fer, mais les
clous de bronze (acre Cyprin^ qui fixaient le manche
sont, sans doute, un souvenir du métal primitif. Suivant
le passage de Labeo, il semble que lalame de fer, allongée,
n'avait qu'un seul tranchant; la majeure partie de la
face opposée s'encastrait dans un manche en ivoire,
rond et plein, (jui formait poignée; des lils d'argent et
< Diofoor. De mal. vieil. Il, S!l ; l'Ini. Aal. hisl. XXVllI, 143. — 2 tljoscor.
Op. cil. Il, 811.94; l'Iin. Op. cil. XXVllI, 160, 107, 174-, 185, 1112, illG, 214,
2îi, i34 (suif d,. bicif); XX, l(ii; XXVllI, 150, 101, 105, 109, 175, ISS, 200,
215, 210, 223, 254; XXXI. 99 (suif .k VMu); XXII, 124 (suif de chtvre); XXII,
59; XXIV,a3; XXVllI, 188, 20S, 2195.|.; XXX, 30, IH (suif de bouc) ; XXVllI,
144 (lion, panlli^rc, chameau). — 3 l)ios.or. /,. c. ; l'Un. XXVllI, 205; XXX, 120, cl
les texles cilés à la noie pp^cédenlo. — 4 Oioscor. Op. cit. Il, 91 el 02; IMin.
XXVllI, 144.- SHin. XXVllI, 191. - o l'allad. 1, 41, 3. - 7 H. Bliimmer, Tecli-
HOl. uiiii Terminal, lier Gewerbe mil Kilnste bel Clrieclien uni! Ilûmeni, II,
Loiiiii;;, 1879, |i. IOi-103. Colnniclle ( V. 3, 13) rocoininande d'arroser les plaies des
lirebisavec du suif fondu di^goullant d'une lorclic enllamuiéc. — » Apul. Melam.
V, 19,11.281. — Il Amni. Marcell. XVIll, 10, 15. — lo Colum. 11,21, 3.
SKCESPI'I'A. — l.abeo relrouio déjà la lacine sec de seeui-e, sccuris dans
secespilii (tecespiln iisecnwlo, l'aul. Diac. r.r Feslo.) Maison ne «ail s'il faul rap-
proclicr la seconde parlic ilu loinic de rwi-.ï/iis ou de spat ui. Voir Walde, Lalei-
nischeti etijmol. Worterbiich, 19uC s. v. — 'i Pour le leile de Servius Ad Acii. IV
202, voir l. 1, p. 513 lie l'éd. TIjilo; pour celui do Peslus, voir p. 348, éd. Mill-
ier ; p. .>22, M. de l'ouor. l'arnii les essais de reslilulion, il faiil cilor llusclike,
Jiiriaprud. Anlejuat. p. 120 el Jordan, TupogriipUie Un- Slnill llom. Il, p. 275.
Voici commenl je lis la descriplion : secespiliim este Antistius Labeo ail callnim
ferreum obloni/iim, mamibriu elmrueo, rolimilu, solido, vincto wl capiilum urijento
uiiroiiiie filiim, clavis iieneis aère cijprio. i/uo Flamines. /laminicae, \irgines
Puali/icesi/iie ad siicrificia iiluntiir. I)eu\ gloses de l'aul Diacre, l'une simpleuicnl
eiliaile du le»le précédent ip. 528 P), l'aulre léinoignanl de l'incerliludc des
grammairiens : seeespitiim, iilii seciirim, iilii dolabram aeneam, alii cullelliim
esse piilanUp. 330 M, .500 I'), enfin, le passajc où Suélonc (Tib. ;i5). montre
Til>iire, sacrilianl avec les ponlifes, suljsliluaul à l.i secespila de l.il.o. donl il
redoute les desseins, un coulcan de plomb. — 3 La scie donl les Vestales se ser-
d'or, lies clous de bronze retenaient la lame dans cette
poignée. Il faul rapprocher de cette descriplion le cou-
peret qui figure fré(|uemment parmi les ustensiles reli-
giiHix, sur des temples'', îles autels'', des monnaies con-
sulaires' (tig. 2111)) ou impériales ". Des différents types
ri'prodiiitsà l'art iclec.i'LTEii '",
aiiciin ne saurait être désigné
avec certitude comme étant
la .^ccespi/fi. On croit pou-
voir la reconnaître (tig. 0254)
parmi les instruments du
culte représentés sur la frise du temple de Vesta ".
C'est certainement le couperet donl les Vestales étaient
tenues de se servir. A. J.-Reinacii.
SECESSIO PLEBIS. — On appelle ainsi dans la lutte
des patriciens et des plébéiens les retraites en masse que
faisait la plèbe en deiiors de Rome pour obtenir des con-
cessions politiques. La tradition en mentionne trois, dont
deux n'appartiennent vraisemblablement qu'à la légende.
Dans la première, provoquée par les dettes, en 494
av. J.-C, après la tentative infructueuse de conciliation
du dictateur Valerius, la plèbe se retira, selon des textes,
près deCrustumina, sur une colline appelée depuis tuons
sacer', selon d'autres sur le mont Aventin-, etobtint la
création du tribunat de la plèbe [tribunis plebis]. La
deuxième retraite, provoquée par les abus de pouvoir
des seconds décemvirs, et dirigée par Virginius et Icilius,
eut lieu d'abord sur l'Aventin, puis sur le mont Sacré et
aboutit aux lois Valeria-IIoratia de 443i patricii, p. 348] ^
La troisième retraite, probablement la seule historique,
placée entre 289 et :2St3, sur le Janicule, aboutit à la loi
Hortensia qui établit la validité complète des plébiscites''.
[patricii, p. 348; cumitia]. Cn. Lécrivain.
SECRETAUll .U ou SECRETl'M, SECRETARIUS. —
On appelait sccrelai'htm ou secreluin ((réxpsT&v) sous le
Bas-Empire, la partie retirée du tribunal où le magistrat
siégeait, séparé du public par des barrières [ca.ncellij
ou des rideaux [velim]. [Pour \v. seci'i'tarium sena/ii.s,
voy. FORUM, p. 1293. Pour celui de la ])réfecture urbaine,
praefecti's urbi, p. 620] .
A la même ùpoqne, .^ecrelari us devint le nom des huis-
siers et greffiers qui faisaient le service du secrelariiun '.
valent pour broyer le sel sacré était pareillcmenl en for, serra ferrea (Varro, ap.
Non. 223, 10; cf. Feslus, 3 44 M). — ' Ceux qui considéraient la secespila coninic
une baclic faisaient apparemment confusion avec la scena sioe sacena, dntabra
pontificatisiVcslus, 3IS M) ; cf. skcuuis. — ï Cf. Jordan, /oc. ci7. C'est probableaienl
avec ces secespilae i|ue les chefs des génies s'ensanglantaient le front eu arrivant
à la Itegia après la course des Lupercales (PInt. /loin. 21). — 1 Voir nolam-
ment la frise de l'arcits iirgenlarius élevé par Seplime Sévère sur le forum boa-
riiim, reprotluite par t^larac = Reiuacit, Iléperloire, pi. ccxx, cci'vn, et Baumeis-
tcr, fli'ii*m«/t'r, art. Opfer, fig. 1300. Un fragment de frise swublable, provcnani
du temple de Vcspasien, esl consi>rvé au Tubularinm, cf. Rebor, Ilie lluineu /tuins,
lS'i3, p. 82 ; Tliédcnal, Le Forum. 2' éil. p. 159. — 7 Voir unlammeul. Iliibner,
Wesldeutsrlie Zrilsclirift. III. p. 120; Espéraiulicu, Hiis-reliefs delà Gaule. I,
314; Culalof/ue du A/usée d'Upinal, n. 96; fiberijermanisc/ies Limes, Kaslell
Niedcrberg, pi. vue. — » C'est une monnaie de la geus Sulpicia, Kabelon, .1/im-
naies de la /tépubligue, II, p. 473. Dans cet ouvrage de Rabeinn el dans Colien,
Médailles consulaires, on l'elrouve le même coiileau sur les rn-iiniaies des genUs
Julia, Junia, Marcia, Maria, fllpia, etc. — « tloben. Monnaies impériales, il,
jil. XV (MarcAurcle) ; III, pi. x (Caracalla) ; IV, pi. iv (Mavimi'). — 10 Aux exem-
plaires signalés dans cet article, on peut ajouter un beau ronloau en fer donl la
poignée de bronze se termine en léle de lion. Musée de Langres, n<» 231,0.
— Il Jordan, Ùer Tempel eon Vesta, 1880, pi. vu li.
.SKCESSIU IM.KBIS. 1 Liv. 2, 23-32; Dionys. 0, 22-71 ; Varr. Lin,;, lat. 5, 61;
Plul. Cor. 0 ; Dio, fr. 13. — 2 Cic. De rep. 2, 33. — 3 Liv. 3. 50-55 ; 7, 41 ; Cic.
De rep. 2, 37 ; Dionys. H, 43-49. — 4 Liv. Kp. Il ; Plin. ffisl. nul. 10, 10, 37;
Uio, fr. 42 ; Oeil. 15, 27, 4. — Bunioc^HAi-Hif. Voir la bibl. de cexs.
SECHE'rAlllUM, SECnBTUM, SECItETAIlIUS. I Glossar. nnmicum. s. r.
ï:!«?îtv, ; Zonar. Concil. larlhag. eau. loS ; Vod. Tlieod. i, 7. 1 avec le coin -
mentaire de Godefroy; Valois, tid Aniin. Marc. XV, 7.
SI]C
— 1165
SEC
Ci's fonclionnaires ne se confoniii'nl pas avec les servi-
teurs ol employés dont les allribulions réponilaient à
celles d'un secrétaire, tant dans la vie puldique que dans
la vie jirivée. Ceux-ci sont désignés par des noms très
variés, auxquels nous renvoyons (actis (ab), actuahu s,
AMAM ENSIS, COM.MENTAKIIS (A!, EI'ISTUI.IS (ar), NOTAHUS,
SCRiBA, STiniis (a), etc. Voy aussi skkvi. Four les grecs,
CRAMMATEIS. E. S.
SEr/rio ito.voKr.M 'uoxûrim seotio].
SECTOR. Celui qui coupe. — C'est le nom donné, à
raison de leur emploi, aux ouvriers de divers métiers.
Columelle ' appelle un faucheur secli»- /'oeni. Maleriariux
est l'ouvrier qui débite le bois soit pour ceux qui doivent
le travailler [serra", soit pour le marchand qui le met en
vente [materiariuSî. Les scieurs de pierre [secloreu ser-
7'rt/'(/)'^ étaient, à Rome, organisés en collège. Une inscrip-
tion', où le mot sector n'est suivi d'aucune autre déter-
mination, parait se rapporter à l'œuvre de Voptis sectile,
c'est-à-dire au découpage des marbres ou pierres des-
tinées à ce genre de mosaïque [musivum opis].
Le même nom, sec/or, désigne, dans la langue du droit
romain, l'acquéreur de biens vendus publiquement au
nom de l'État [bo.norim emptio, bonùhim sectioj. E. S.
SECrniS (icéXexu;, à;i'vY,) '. — Les formes les plus spé-
cialisées de la hache ayant été étudiées dans les articles
ASCiA, BiPEX.MS, DOLABRA, MALLEi;s, OH sc bornera ici à
montrer comment ces types divers se sont successive-
ment dilTérenciés. Après avoir retracé ainsi l'évolution
de la hache d'après les exemples fournis par la Grèce et
par l'Italie, on en indiquera les principaux usages, reli-
gieux, militaires et industriels.
Les types, — A la lin de r('poque néolilliique, au
moment où l'apparition du cuivre va activer si puissam-
ment l'évolution de la civilisation dans le bassin oriental
de la .Méditerranée, la hache, premier instrument du tra-
vail humain, s'y présente déjà sous plusieurs formes.
Ces formes peuvent se répartir, selon l'einmanchure, en
deux catégories :
1° Les haches qui s'emmanchent par leur base (le cùlé
opposé à celui qui doit frapper) dans un morceau de
bois ou de corne de cerf évidé, emboîté lui-même dans
une tige droite C(judée. Pour mieux sencaslier, la base
ic- statio serrarioium à
Insc. Aeapul. r,7(lt; cf.
iranien de la liaclif
SFXTOB. 1 XI, 1, \i. — 2 C. ins. lai. I, 11"'*
llalica, en Espagne, /*. Il, 1131, 1135. — 3 Moni
Promis, Vocab. d. itrchitetl. p. ia'"'.
SECDRIS. 1 Le mol sccuris, i|u il faul lapproclii
iûijaris, se rapporte certainenieiil à la racine sec, necare. Par conire, ,:=>.txw; ne se
rapproche d'aucune racine indo-européenne; on a supposé «juc ce mol dérivait du
nom assyrien de la liaclie i|ui serait arrivé en Grèce par Chypre (P. Meyer, liricch.
Elym. I, p. 3) ; prelUvilz, Oriecli. Elym. Wàrlerbuch, s. r.). Pcul-éire vaut-il
mieux penser au carien : c'esl apparemment à celte nationalité qu'appartient le
Pélékus Oudamou i|ui a inscrit son nom surlecoh.ssed'Ahou-Simbel. La =î'X.»^; parait
désigner originairement ta hache doulile. C'esl de cel idéogramme, ipii se rencontre
sur les inscriptions protoélamites et sur les tablettes de la Crète minoenne, ipie déi-ive
le znyin sémilitpie qui signilie armes, d'où le zêta grec. *A v'vr,, ipii, dans les parties
les plus aucienncç de VJlittde, parait désigner la lête de ta hache par opposition au
manche (7;É)icx>ov| ou la hache simple par opposition îi la hache double (ï:rAE»u;i
doit être rapproché de ascia iaxt en allemand ; ce qui est aigu, à;»;). — *^ Hache
de néphrite, Schliemann, /lias, lig. 103 (= Perrol, /Jisl. de lArl, VI, fig. Il; c'est
notre lig. GâSS) ; d'autres en Jadéite, II' à la V« vide; 4 haches en pierre polie
à Chypre, Dussaud, /iei\ Ec. Anthrop. 1907, p. 15i (la plus grande, long. y3 mm.
ép. m mm.); I à Mégalopolis, °K;. à^,. 1903, pi. v, p. S4. Ue nombreuses haches
de ce I\pe ont é!é trouvées par Tsounlas, Les acropoles de llimini et Seslctn
(Athènes, 190K) pi. xixiii, p. 310; elles sont en jadéile, ophile, jaspe, granit et
mesurent depuis 40 sur 39 nnn. à 93 sur 43 mm. Je compte reproduire les princi-
pales ainsi que celles du Musée de St-Ciennain dans tAnlliropologie, if)09. Kinlay a
possédé un certain nombre de pièces semblables, i en serpentine trouvées à Athènes
(= Perrot, VI, lig. li); 1 en gr.inil noir du Pirée et 1 semblable d'Orchomène :
1 en jaspe rouge de la Grèce du ÎSord (Perrot, VI, Hp. 7 ; =^ lig. fi^fiO) : 1 en serpen-
tine d'Eubée. Elles ont été versées au Musée de l'Université d'.Mhcnes où Dumunl
tend à s'aitiiniir, tandis que, pour mieux frapper, le
taillant .se développe (_lig. G-235 et (>2.S()
2° Les haches qui ne s'en-
castrent p;is dans le man-
che, mais qui sont forées
en leur centre de faeiin
i(ue le manclie j)iiisse y
pénétrer. Pour que ce trou
centriil ne diminuât pas la
solidité de l'arme, il falltil
l'élargir dans la partie mé-
diant!. Du milieu, où la
hache atteignait ainsi sa
plus grande épaisseur, les """' '^ '"''"■
faces opposées allaient en se rapprochant vers les extré-
mités. Au lieu de la forme plus ou moins triangulaire
de la hache simple, qui frappe par un seul tranchant
légèrement convexe, on se trouve donc en présence d'une
hache double, de plan losangique, qui peut frapper
g. (ii53 et 616G.
i57 i Ciôa. — Haches perforées.
alternativement par les deux extrémités, généralement
moins larges que le centre et plutôt alTutées qu'arron-
dies (lig. 0257 à 62o\))\
Tels sont les deux types principaux ((uont imités les
premiers fondeurs. Le cuivre fut, pendant longtemps,
assez rare pour que les haches aient continué, bien
après la découverte de ce métal, à être taillées en pierre.
Quand la transformation du cuivre en bronze eut permis
de perfectionner les armes de métal, ce sont les haches
du sud de l'Europe qui paraissent avoir bénéficié les pre-
a vu en outre une dizaine de haches, ayant en moyenne iO cm. de long, et 5 cro. de
larg. provenant de Koumi en Eiibée. Cf. Rev. arcli. 18C7, 1, 3.iS ; 1809, I, p. 39S.
D'autres sont signalées ibid. !sr.7, 1, 147 et iOO (Kamiros, Orchoniéne, Cylhium,
Mégalopolis). Dans la collection Ravel, Cataloijiie, tK79. n. 4-9. on relèvedes haches
de pierre polie de Kéros près .\aios ; 3 autres d'imbros sont publiées par C. Frc-
drich, Ath. Alilt. 1908, 102 ipii en signale quelques autr.s de Naxos et de Mégare
conservées à lleidelberg ; enlin Chr. Blinkenberg, Arclteol. Sliidien (Copenhague.
190i) p. ni, étudie quelques spécimens, ï en néphrite (.«amos, Épidaure), I en ba-
salte (Corinihe), 1 en diorite (Phénéos), I en Irachyle (Cléoues). En Italie, citons celles
de Brabbia (près Cônie), Hontelius, CiiHisation primitive de ritulie, pi. iv ; Renie-
dello (près Brescia) ibid. pi. ixwi, 2; Vclleia, Pigorini, Itei'. airli. 1874, 11, 298
(amphil)Olile); grottes de Sarzanael Pollera (LiguricI, liull. di Paletn. III, 129 ; .\l.\,
.'.8, 173; Issel, Li^uria Pretslor. pi. xxvu; grottes de iMoutc-Asperauo (Labour ,
Huit, di l'ateln. i, 91 ; Val de Susc, ïaramelli, IJuH di faleln. 1903, pi. i, 4 (ja-
déile, long. 143 mm., larg. 43nini.,ép. 21 mm.) S (chloromélanite, long. 125 mm.,
larg. 37 mm., ép. 28 mm.). Nombreux spécimens en Egypte, cf. de Morgan, Oriijines
de l'Egypte, p. 98; Pétrie, Abydos, 1902, pi. xx. — 3 Schliemann, Ilius, lig. li'9
(= Perrot, VI, fig. 9, 10 et 1 1 ) (ce sont nos fig. C237 à C2ô9) p. 30li. Haches semblables
à Dimini et à Sesklo, Tsonntas, Op. ci/, pi. xi.i, p. 318 (gi>auit, diorite, ophite, por-
phyre) ; à Sicyone, Blinkenberg, Op. cit. p. 93 (serpentine); à Thyalein en Lydie,
Perrot VI, fig. 8 ; en Serbie, Vinca, Memnon, 1907, p. 178. On les trouve en grand
nombre en Egypte et en Italie où leur centre de diirusioti p.ira)t être dans les pala-
iilles «le l.ai'eno, Bodio, Castellazzo, Arqua Petrarca, se répandant au S. jus(|u'à
Aneône et Forli, Cumarola et Sgurgola (Lalium^, au iN. en Savoie, Suisse, Bavière.
Uohùine. Cf. Colini, Bull, di r'aleln. 1S92, p. 233, 24»; 1901, p. 12; 1903. p. 150.
Les spécimens (|ui ne présentent qu'une cavité circulaire sont apparenmient des
pièces où lii perforation n'a pas été achevée ; elle s'ubli-nait sans doute eu faisant
tourner du sable humide à l'atdc de bâtonnets dans la première dépression.
SEC
— lllifi
niièros de ce progrès; de la région qui sY-lend dos pé-
ninsules grecque, italienne el ibérique aux vallées du
Klione el du Oanulie, les liaclies de bron/e allèrent ser-
vir (le inoilèle aux haches île pierrCdans les pays septen-
tiionaux'. Aussi, tandis qut; ces modèles
perauHtent aux haches de pierre d'allcin-
dre dans le Nord la plus grande perfec-
tion, le développement de la métallurgie
arrêta de bonne heure, dans le Sud. celui
du travail de la pierre. C'est au milieu de
pièces néolithiques qu'on y rencontre les
premières haches de cuivre. Ces /lar/ien
/>/(ites (liai cclls, fUirhcrlte)- peuvent se
distinguer suivant que leurs cotés longs
sont presque parallèles' (lig. (J:20()) ou
qu'ils se rapprochent d'un côté, tandis
que le côté opposé s'évase on demi-cer-
cle'. Ce dernier type est celui que la Ba-
bylonie avait adopté, le côté du tranchant
étant largement développé, le côté de l'emmancliement
étant réduit à une courte saillie =*. Parfois, le côté destiné
à s'emmancher s'évase à son tour; les côtés longs pren-
nent alors une forme légèrement concave, et la hache est
directement introduite dans le manche fendu à cet elTet.
La hache votive de Thoutmès III (xyi" siècle av. ,1.-C.) peut
donner une idée du lacis de lanières nécessaires en ce cas
pour maintenir la lame dans le manche (fig. G:2Gi)". Ce
tvpe de hache el celui où, supprimant les côtés longs, la
lame s'arrondit au sortir même du manche, se dégagent
1 Voir Monlclius, Die Chronologie der Bronzezeit, p. 1 14. —2 Je crois ulilc li'in-
.li(|ucr les il/-signatioils i|u'criiploicul les savants allemands cl anglais. Ce nom de cett,
souvent usil<5 en France, est un mot de bas lalin, celtes ou ecllis (rallaclir'' parfois
à caehire. ciseler), qu'un trouve employé par saint Jérùme dans la traduction du
livre <le Job, XXIX, ik, au sens de gouge plutôt que de liaclie. Beger, dans son
Thésaurus lirandenburuicus (lG9ii) 111, p. 418, aurait Ht le premier à s'en servir
pour désigner une hache de bronze. Sur le caractère el la répartition des cells.
cf. J. Evans, L'âge de bronze, p. S9-I78. — 3 Une dizaine à llion (3< et 5' ville),
Schliemaim, Jlios. Og. 800-10; S à Mycènes : nne dizaine en Chypre. Perrot, III.
lis. t'.3.T (long. 150 mm. Idalion; c'est notre lig. 6i00) ; Dussaud, Jiev. F.c. At>-
Ihrop. 1907, p. 103 (le n» 10 a 97 mm. de long, Il mm. d'ép. et pèse 203 gr.).
Voir encore, Ki.lgeway, Earhj aije of Greece, I, fig. 22 a (Kythnos), 58 (Mélos) ;
Furl»acnglcr-l.oesclike, AJyken. Vasen, p. 3î (Chios); Brilish School Aniiual, IX,
p. 333 ; Antiiiuiiry. 1905, p. 3i3 ; Mosso, Le armi piii aniiche tli rame c di hrnnzo
iAccad. dei Lincei, I90SI, p. 33 iCréle). four l'Ilalie, cf. Bull, di Paleln. XXXII,
pi. V. 5-fi (Remedello); XXIV, pi. xiv. 3 ( Villa Chiozza, F.milie) ; Verlmnd. d.
Derl. Anthrop. Oks. 1900, p. 547 (Onibrie) ; Mortillel, Musée préhisloiigue,
pi. ïcvni, I31C (Sienne) ; en t'alesline, Moulelius, Die Cliionologie der /lron:ezeit,
p. UO. On a consiiléré Chypre comme le centre de dilTusion de ce type de hache,
cf. Modeslov. /nlrod. « Ihisl. romaine. I90S, p. 92. — * l'our la Grèce, oulre
plusieurs des haches citées d'ilion, voir Tsountas, •£.. àj/. 189s, pi. su. 7 (Ainor-
gos) ; Wallers. Journ. hell. .>.'(iirfif.!,XVIl, p. C4 (Nisyros); Mosso, Op. cil. p. 32
(Crète). Pour l'Italie. Monlclius, Op. cit. IV, 7; XIV, 2 (tervaniare de Rralibia el
de Caslione) ; Mosso, Op. cil. p. 31 (Pouilles), p. 33 (Sicile); Bull, di Paletn. 1904,
159 (Sicile); 1905, p. 149 (Vilerbe). Pour l'Espagne, Siret, Premiers tiges du
métal en li^pagne, pi. xii ; Atla^. pi. x-xi. xvi. Pour la Syrie, Myres, Jour». An-
throp. /ml. XXVII. p. tl2; Antiguary, 1903, p. 193; Arch. Jahrb. 1908,
/'eihi. 14 (Tell Hesy). Pour la Itussie méridionale, E. v. Stern, Die pracmy-
kenische Kultur in Sudrussiaud (Moscou, 1905), p. 1,8. Pour l'Asie-Mineure,
Winckler, ilill. d. Orient fies. 1907, n° 35, p. 9 (BoghazKeuil; — û Longpéricr,
Œuvres, t. I, p- 170 ; de Clercq, Catalogue de la Collection, I, pi. xxxiu,
n* 360 — *"• I>'après Maspero, Histoire ancienne, t. I, p. OU. Des huches d'apparat
de ce type nous sont restées d'Aahmés (Uarcssy, Bull, de l'Insl. ég. 1899, 110)
el d'Aahholep (Mariette, Album du A/usée de Bonlaq, 1871, pi. xxil ; Maspero,
Ouide au Musée du Caire, éd. anglaise de 1908, p. 350. Cf. encore de Morgan,
SEC
en Egypte, dès les premières dynasties, du lingot de
cuivre primitif.
Ces premiers lingots de cuivre sont souvent si petits
ou si informes qu'on a pu croire qu'on ne se trouvait
pas en présence d'armes ou d'instruments, surtout quand
ces lingots sont pourvus de trous de suspension. Los
haches seraient alors, ou bien des amulettes^ dont
l'usage s'expliquerait par ce culte de la hache qui
remonte aux origines de l'humanité, ou bien de véri-
tables lingots dont la rareté du lironze aurait fait l.i va-
leur nioni'laire, et dont les monnaies dites péléAris et /ii--
mipëlckka, en Chypre el en Crète, conserveraient le
souvenir*.
Sur l'emploi comme haches de ces lingtils, toute hési-
tation disparait quand le rehaussement des côtés longs
donne naissance au type dit des haclies à bords re-
lifiustica {Ihinf/ed i-ellit, /,ra genre/ le). Les deux bords com-
mencent par subir, dans toute leur longueur, un léger
relèvement uniforme " ; puis le relèvement s'accentue
dans la partie centrale oit il tend à se limiter; plus les
ailettes que forment les bords ainsi repliés se rappro-
chent du manche qu'elles tlnissent par enserrer, plus se
dégage la lame dont le rebord s'évase en demi-cercle.
Dès lors, on peut distinguer dans la hache une face in-
férieure et une face supérieure, un tranchant arrondi
terminant une lame aux côtés légèrement concaves et une
base qui sert à l'emmanchure avec ailettes maintenant
la hampe. A l'exlrémité opposée au tranchant se déve-
loppe un évidemenl plus ou moins prononcé recevant le
coude même de la hampe '°. Bientôt, pour empêcher la
hampe de se déboîter, on ménage, à la naissance des
ailettes, une sorte de cran d'arrêt". Mais celle hache à
talon {slop-riflge ce//, /eistence/t), avec ou sans un ou
deux anneaux destinés apparemment à recevoir des la-
nières, ne parait pas s'être développée en Crèce et en
Italie comme dans les pays plus septentrionaux où elle
a reçu le nom de pa/slab '^
Origines, I, p. 203-7; Pétrie, NagaJa, pi. iïv, 6; Aliydos, 1903, pi. xv ;
Uarstang, Bêt-Khallnf, 1902, pi. xvi. Ce type de liache de bronze élaul devenu
sacré, on le retrouve dans tes dépôts de fondation de temples ploléma'iques, p. ex.
Pétrie, Naukratis. I, pi. xvv, 1. (Juant au manche, il peut être entièrement lecou-
vert de lanières de cuir, cf. .Arch. Surcey o/Wuhia. 1908, pi. xxxviii. — 7 Sur la
hache amulette, voir p. 1108, n. 11. — 8 Déjà émise par Morlillcl, celte théorie
a été repris" par Ridgeway. Origin of metallic currency (1899), et par
Svoronos, Journ. international d'arch. num. 19oC, p. 147-237, qui oui voulu
expliquer ainsi la présence de bipennis sur les monnaies de Téuédus. Maroneia, etc.
Si leur valeur sur ces monnaies reste bien plutôt religieuse, il n'en esl pas moins
vraisemblable ipi'un certain uomt>re des instruments considérés jusqu'ici comme
des haches de enivre iloivent élre rapprochés des saumons de cuivre à côtés légère-
ment inlléchis que les Kefli (Cretois ou Chypriotes) apportent en tribut sur le tom-
beau de Kekhmara. vizir île Thonlmès III et d Améuophis II (v. I43M), qui repa-
raissent, 250 ans plus tard, dans l'hypogée de Ranisès 111 et dont on a retrouvé des
spécimens certains à Serra-llixi eu Sanlaigne, Enkomi à i;liypre, Hagia Triada en
Crète, Chalcis, Mycènes, Athènes (cf. Forrer, Jalirbuch. il. Ges. f. I.olhringische
Alterlumskuude, 190C et Mosso, lip. cit. p. 49). Comme c'est encore la forme
qu'affectent les lingots romains de Uierslor (Willers, Bronzeeimer aus Hemmoor,
pl. XI), Lissauer a cru pouvoir leur assimiler toutes les bipennes en cuivre,
prëscntant au centre lui oriiice trop faible pour avoir servi a assiijcUir le manche,
qu'on trouve en Allemagne, Suisse et France. Elles auraieni été exportées de Chypre
comme lingots à valeur monélairc. [Z. f. Ht/mol. t'-'OS. p. 519 et 1007 ; C.-B. du
Congrès archéol. a' Athènes, 1905, p. 205 ; cf. Dussaud, Bev. lie. Antlir. 1907, p. 193).
— 9 Pour nialie, voir notamment, /(«//. <(iP«/e/n. I, 1875 (Biisilicale; cf. ibid. 1900,
213); XIII, pl. V (Bergame); XIV, p. 135 (Aquiléc. cf. 1903, p. 84); XIX, p. 227
(Sgurgola): XVI, p. 105 (Farnè) : XXIV, p. 103 (Valle délia Vibrala), pl. vni (Reme-
dello); XXVI, p. 141 (Arezzo, ; XXXII, pl. v (Lomellina près Pavie) ; Ao/iric, 1908,
p. 1 15 (dépôt lie 7 haches à Vestini dans le Samnium). — "> l.e type est commun en
l.igurie. Montelius, Die aelleren Kulturp.riodcn im Orient und Buroim ltW>3,
Slockliolui). p. 23-21 ; en Ombrie, ibid. p. 22 ; eu Étrurie, Milani, Sludi e Maleriali,
II. p. 219. Morlillet, Op. cit. pl. i.xii, 805, en signale un spécimen trouvé près de
Rome. — " Montelius, La Cirilisation primitire, pl. xv, 2.— li Voir Mortillel.
Op. cit. pl. i.xxii; Leissauer, /!. [. Ethnol. 1905, 793. Pourtant, ou en peut citer
en Sardaigne. Aotizie, 1882, p. 310 cl en Rhétique lObcrziner, / Beti, pl. mi).
SEC
A la lin df l'àgc du hron/A-, dans le domaine de l'anli-
qiiilé classique, on voit les ailellos, en se limilanl au
tiers postérieur de la lame, donner naissance au type
dit de la liache à ailerons [wiiifjed ceti, lappencelt), qui
parait avoir été en usage vers le viii-vii'^ siècle, tant
en Grèce ' qu'en Italie, où il
est un produit caractéristique
de la civilisation dite de Villa-
nova. Dans les tombes et les
Fig. 6i6j. — iiaciK' à ailerons. dépôts des environs de Bolo-
gne- (lig 6-262), à Este^ et en
Étrurie '', on retrotive cette mémo arme longue de
15 à 20 centimètres, comprenant une lame massive de
7 à 10 centimètres et un talon plus mince séparé de
la lame par une sorte de ressaut; contre ce ressaut,
la tète fendue d'une hampe de bois coudée venait
buter, maintenue par les ailerons", au-dessus de l'aile-
ron supérieur, un anneau servait à faire passer les
liens qui consolidaient l'assemblage. Pour le rendre
plus solide encore, on fut amené à faire joindre les
ailettes qu'on finit par souder ensemble, .\insi se cons-
titua la hache à douilli' (socheledcell, hohlcelt),
liaclie pourvue latéralement d'un ou deux anneaux ou
croclicis et où des aile
rons simulés ornent par-
fois les cotés de la douille
(lig. 6263} ■. Avec la lame
Fis- fi-;'':! - Hache à Houille. li'ùs dévcloppéc aux dé-
pens du talon et ornée
dune décoration linéaire'', on atteint le dernier terme,
en Italie du moins, de l'évolution du type des haches
de bronze où c'est le manche qui s'engage dans la tête
de l'arme.
Pour éviter les inconvcMiients du manche coudé et pour
alléger le poids de la haclie, on parait avoir, en Egypte,
dès le début du Moyen-Empire (vers 2 000] \ prali(|ué
un double évidernent dans la partie de la lame qui s'en-
castrait dans le manche (lig. 626i). Quand ces évidemenls
se prolongeaient jusqu'à la face opposée au tranchant, la
hache prenait ainsi une forme semi)lable à celle de la
/K'Ilé amazonienne, forme si ordinaire dans les haches
de bronze égyptiennes que c'est d'elle que dérive le
signe déterminatif du métal. La triple languette de
I Ilritislt Miisciim Bron:i:s, p. 3.i.ï, n. i!liG-'.l (Olyinpiu, Grande-Grèce). — 2 Mon-
Iclius, Cifilisalion primitive en Italie, |)1. xxïv, 2-3, i.xvu, .■); A. Grenier, Rev. urch.
rj07. I, p. 1 1 (= (ig. I'2l>2). Une carie de réparlilion de ta liaclic â ailerons a élé
dressée par Lissauer, 2". /. Intimai. .\X,\VI1I, 817. — 3 Carlailhac elChanlre, -UaW-
riaux, ISSi. — '-Morliliel, pi. M.viii, i:iil7-0 (Uiniiiii); Oslioriic, Op. cil. XIII, S
(Vulci); Falclii, Velulonia, XVUl, ill ; Ao(ici>, la07,p. 31S(Grosscto).— s A. Grenier,
loc. cit. lire la lig. Gi(13 dn déjiùl de la Fonilericà Bologne où il y aurait 400 liacliesà
douille pour I7D0 liaclies k ailerons. On en signale encore à llcrculanum (Babclon,
Bronzes de la Uibl. nul. p. iJ07), à Dodoiie (Garapanos. Doilune, pi. i.iv, 4), en Tos-
cane (Morlillct, '>i;i. ei(.pl. ii.viii,l3n.5|elenVcnMic(A'o(ir;c, 1906, 4S9). Les deux
types apparaissent dans les deux dernières des «ptalre périodes de l'âge de bronze
ilaliou, cf. «u(i. 'il /'afcdi. 1S73, p. 4i ; lS7(i, p. iVi; 188J, p. 118; ISS6, p. 57.
— ti Moutelins, pi. i.xxxii, liî; i.xxMi, 3 et 4 (nécropoles bolonaises). Le type de la
liaclic à douille nian()UC en Grèce (pourtant on connaît nn exemplaire eu bronze à
Naukratis, l'etrie, Nau/iratis, I, pi. xi, ^i) et en Asic-Miueurc, mais apparaît d^ins
le Caucase et en Hongrie. — "' C'est à celle é'po(|uc (pie se rapportent les soldais des
fic5c|ue5 de Beni-Hassan, Hosellini, Moniimi-nli tlelf Jiijilla, II, pi. xix ; Areelin, ,I/fi-
tériaux. 18l>!>, pi. xix; Wilkiusou-Bircli, ;)/o)iiitrs an-lCustoms, 1, p. 215 ; Jlaspero,
Histoire ancienne, I. p. 4.53 ; II, p. ::I3; W. M. Millier. Asjen utid Earopa, p. ».
Une liaclie semblable est maniée par le eliarpeiilicr, de la lig. 0204 (= l'errol, I,
p. 842) bien i|ue sescoul'réies se servent d'ordinaire d'une baclicdonl la lame i'oimc
demi-cercle. Ucs la première dynastie on voit qu'on perçait celle-ci d'un trou pour y
passer une lanière la maintenant contre le maiiehe ;cr. Morgan, Oriijines, II. p. 2jU ;
l'etrie, The Itoi/ul lomlis, II, pi. xi.v, 70. — » A K.-idcscli el à Bciroutb, ef. Déelie-
letle, L'.inlhropoloijie, l'J03, p. 060. Les sculpteurs égyptiens ont représenté celle
même liaclii' h Kariiak entre les mains <les Syriens <ine Tonllimés III .issomme cl entre
_ MG7 - SEC
bronze, qui sulisislait seule ainsi sur la face opposée au
tranchant, était ou bien hxée par des rivets dans les fen-
tes du manche, ou bien
repliée de façon à for-
mer une douille où
s'engageait le man-
che. La hache de ce
type, répandue à l'épo-
que mycénienne, en
Syrie', en Lydie % à
Vaphio'" (fig. 62C.;i;,
à Mycènes", paraît ne s'être maintenue, à l'époque cla.s-
sique, qu'à Cartilage'- où elle est l'attribut d'un dieu.
Tous les typtîs que l'on vient de passer en revue présen-
tent le même système d'emmanchure : c'est la hampe
coudée qui vient s'engager dans la partie métallique.
Pourtant, l'époque néolithique avait légué aux âges sui-
vants un autre type de iiache, qui devait jiuissamment
contribuer au progrès de l'arme. Lorsqu'on sut, en cou-
lant le bronze, réserver au contre un évidement circu
lairc, on put produire des haches à deux tranchants. Par
réduction de la largeur de la partie centrale et par déve-
loppement des tranchants en demi-cercle, ces haches don-
nèrent, de bonne heure, le type classi'iue de la bipenne.
Parmi les exemplaires de bronze qui présentent encore
la forme losangique des haches de pierre, le plus beau,
qui provient de Phaestos en Crète, mesure 22 centi-
mètres de long et 6 de
large ; l'épaisseur ai
centre est de 24 milli
mètres. S'éployant sur Fig. Oir.O. - lladie à deux tiaucbanls.
la partie centrale, un
papillon (ou une abeille) se délaclie en si tin relief iiu'il
faut supposer que la lame a été fondue à la cire perdue
(lig. 6266) '^
celles des Cinauéens ciuécrasc Séllios 1. Si même celle hache c,t d'origine syrienne,
elle parait dès le Moyeu-Einpire aux mains de soldats égypiienscf- Newberry, /leni
Hassan, 1, pi. xixii; fi'(«crs/ie/i.pl. xiii ctixix. -■Jl'er.ot, IV, 074lEuiuk) V. p. 297
(Tralles);dc liidder. Bronzes de la Hoc. archèot. d-Atliéncs, p. lui (l'ergamc),
p. 101 ; Bron:es de Clercij, 111, p. 31-1 ; l'orrer, licalcncyclopndie, p. 07 (Sniyrue).
— 10 TsounUs, 'E». -iç/.. 1»8'J, pi. vui, p. tiO : (d'où Pcrrot, VI, p. 97.S, (ig. 3.i3 el
noire lig. 0205) ; cL S. Reinach, r.intliropoloi/ie. IS'.IO.p. 53 i. Même hache sur une
sardoine de Vaphio, l'eirol, VI, p. 847. — " Schliemaun, JJychies, p. 177, lig. 102.
Elle semble portée par un prêtre sur un sceau de Knossos, Brilisli School Anniinl,
vil, p. 20. — '2 Cf. Déchcletle, Loc. cil. — " Mosso, Op. cit. pi. u. II, p. 2».
Outre les pièces Cretoises que reproduit Mosso, pi. ii-iv, voir l'éiiumération que j en
donne, Arcliircs des Missions, l'J09, s. t'. Khetymno. Les plus anciennes sonl
contemporaines de la Xll- dyn., époque il laquelle la bipenne ne parait pas avoir
été connue en Egypte (les 2 bipennes de bronze du Musée du Caire, Cal. of i/ree/c
bronzes, p. 03, sont probablement de fabrication grecque). Mais on les Irouve eu
Hongrie dune part, en Assyrie de laulre et en Syrie (nolaniment entre les mains
des chefs qui abattent les cèdres du Liban pour Séthos 1, v. 1300, Koselliui, Mon.
H, pi. xi.vi). Pour le monde gréco-laliu, Schliemann, Ttrijntlie, hg. 100 llong.
205 mm., larg. 45); Mycenes, lig. 173; llios. n. 142'.l-30 [C ville); Dussaud,
Hee. Ec. Antlirop. 1907, p. 194 (Idalion el Eukomi de Chyprel; Xanlhoudidis,
E». 4f/.. 1900, 133 (Sileia en Grêle, lin du Cycladique; long. 170 ou 130 mm.,
larg. 50 mm.); Carapanos, Z^orfonc, pi. i.vii, 0; Bosauqucl, Plnjlnkopi of Melos,
-, 191 ; Ridgeway, far/y ai/e of Greecc. I, f. 27 (Chios) ; Moutelins, Die Chrono-
lo,,ie, lig. 4S-9 (Olympie); lig. 46 (Gividalc) ; Montelius, Archie. f. Antlirop. XXI,
p. 36 (Sardaigne). Vers 370O, Naram-Sin d'Agaih- porte déjà une hache d'armes
perforée (cL Liiull, Cyriis, hg. s).
SEC
— IKhS —
SEC
Ce type do haclu' alMiulil. d'iiiu' jiarl, à la hipunne aiiia-
^jj.^ /.oiiieniic [amazones] qui parait
avoir servi de haclie de guerre aux
peuples scyllio-perses ' ; d'autre
part, il suffit de ne donner à l'une
des ailes ou branches de la liaclie
<|ue la moitié de l'épaisseur de
l'autre et d'en aplatir l'extrémité
jxMir obtenir un instrument dans
le ;<enre du pic, avec un tranclianl
parallèle et une pointe perpendi-
culaire à la direction du manche;
comme arm(^ on trouve cette ha-
che-pic également en usage chez
les peuples italiques et scytliiques
(cf. lig. 4"27o) où le tranchant est
parfois droit, parfois convexe
(Hg. 6267) -. Si, de l'extrémité
parallèle à l'extrémité perpendi-
H- I.'',; - iiaciK^nic culaire, on ménage une courbe
continue, si la largeur de la liaclie
va donc en décroissant à mesure qu'augmente la hau-
teur, on obtient un instrument
très pratique, puisque les deux
tranchants sont dirigés en sens
opposé (lig. 6:268) ^ Kn modi-
liant les dispositions respectives
des ailes, on donne naissance à toutes les variétés de la
hache double : une
massue, en adaptant
une sorte de cha-
peau de bronze plein
au-dessus du trou
d'emmanchement
(tig. 6269) ' : une
hache- marteau en
aplatissant l'une des
extrémité's en une
surface parfois circu-
laire"; une haclie-pic
en recourbant vers le manche la pointe qui lui est per-
'Voirp. 1170, uoLc I. Un liuiiit (uifois des Amazones ou ik= Si) llicspoiUiil <ics
liaclics qui ne sont évasées en pelle i|uc d un côliS, l'aulrc se teinihianl en pointe
{Attmm des vases du LoiiiTCt pi. lui, cl AJon. d. /n$t. I, pi. iv; c'csl noire
lig. 6i)i7) : àSéliiioule.ceUe pointe cslrccourhé'c, fig. OiTO el noie 7. — ■- l'our l'Iiaeslos
Mosso, Op. cil. pi. 11, 10 (long, l»i mm. ép. 30 mm., laig. du tranchant, ii mm.),
pour Vapliio.Tsounlai!, Eç. i-., 18S9. pi. vin, i ; pour llion, Monlclius, .iicliii: f.
Anihrop. XXI, p. iO ; pour Delphes, l'crdrizcl, Fouilles de D. liron:es, V. p. 5;
pour la Thracc, .l/K/A. fins //osnic», I, 3IG : III, 3la; IV, IKO; VI, 147; X,4;pour la
.Snnlaigne, Monlelius, Uie Chroiioluijie. p. 100. — i Xaiilhoudidis. Kç. 4j/. 1000,
p. 13V (Sileia, ép. eycladii|uc): J/un. Aniichi. XV. 407 (Phaeslos) ; Docrpfeld. 7rnjn
und llios^ p. 401 (7« ville), tes paysans crélois nommcnl encore loioi (axinarion)
celle sorte (le ci'gUL'e. — ' Perrot, III, p. S07, lig. 634. Idalion de Chypre a fourni une
seconde hache de ce genre oii la Itoule est remplacée par une lèle de grifTon, ce (jui
laisse croire nue la lioule jouail pluUjl un rôle décoratif (Bro«.-ts </e Clircq, III,
p. 3i:£). L'hahiliide d'orner de lèles d'animaux sauvages les haches parail d'origine
scyliio-perse (S. Iteinacli, Anliquités de la llussie méridionale, Rg. 369; Canon
Grcenwell, Journ. Anihrop. Soc. 1907, p. ÎOO; Much, Z^i'e Kupferzeil in liuropa.
1890, lig. 70). Dans Wilkinson-Birch, Alanners and Cusioms of anctent Egijptiuns.
l. I, p. :ÎI5, dcus exemplaires en lironzc avec lame en forme de pelle se terminant en
l«le de lion soni cités comme trouvés à Tliébes el a Beiii Hassan. — ô Plusieurs ins-
Iriinienls de ce ly|i)B provenant d'Ilion dans Sclimidt. SclUiemanns Sammlung,
p. iki-S, i7i 3. et lioelic, Ilie Aleini/ertile iiifs .Uelall, p. 373; c'est à ce type
<|u appartient l'ctemplaire de la nécropole de Jorlan en Jly-ie (Collignon, C.-W. Ac.
Jnscr I9ÛI, p. 8141. On peut comparer celui publié dans Pétrie, Xaukralis, I.
pi. VI, 95. — ej.-L. Myies, yoiirii. Anihrop. /iisl. Is97. p. tTU (Pliigaliel. On
peut rapprocher cette hache de la hache en Ijron/c de (îlasinalz et de celle eu fer
des environs de Milan, dans une lombcde Trezzo (cf. Uuntelius, Lacivilis. primitive,
pi. XI.V1, !>>). — 7 Uue hache de ee.type est leiiiie par une Amazone sur une des mé-
topes de SélinoDte du vi' siècle et il s'en serait trouvé trois semblables dans une tombe
Fig.
peiidiiiilaire ", ou en la ramenant contre le manche en
demi-cercle '' (lig. l)27o). etc. lin supprimant l'une ou
l'autre des ailes, on obtient une nou-
velle série de hachettes ". Ce sont
ces formes diverses qu'il a suffi de
reproduire en fer (ce qui se faisait
sans doute en Grèce dès la lin de la
période mycénienne et dans l'Italie
desterramares, xii'-xi'' siècle") ' pour
obtenir les variétés qu'on a étudiées
sous les rubriques ascia, iupknnis,
DOLAHIÎA, MALLEIS '".
Les Csuges. — L'siifjes relit/ ieux.
— Instrument des premiers pro-
grès de l'homme, la hache n'a pas
tardé à recevoir un caractère divin.
Les pierres qui présentent naturel-
lement une forme de hache ont été,
de tout temps, regardées comme des pierres à foudre,
des Aéraitnies, et vénérées comme les éclats de l'arme
dont les coups sur l'enclume du
ciel produisaient le tonnerre
((ig. 6271)". Dans la région de la
Mésopotamie, le culte de la hache,
dressée sur une base ou sur un
autel comme emblème religieux,
nous est connu par des représen-
tations gravées sur des cylindres ' '.
Dans le bassin méditerranéen c'e>i
surtout la hache double qui, ru
Grèce et en .\sie-Mineure, parail
avoir été considérée d'abord comme
celle des dieux. Sur nombre d'ob-
jets religieux qui remontent à la
civilisation égéenne, la hache pré-
sente même, de part et d'autre
du manche, deux tranchants convexes parallèles. Il
semble que deux haches, semblables mais de dimen-
sions dill'érentes, aient été associées, sans qu'on [misse
préciser le sens de ce symbole. Quand quatre haches
de ce type sont groupées autour d'une rosace, on doit
d'Orvielodu v siècle illelbi:;, llipupée lioiiirriiiiic, li.45i, noire lig. 1:1701. — » I.ili-
denschmil,A/(/iei(/(Kmer,ll, 2, pi. ii, 17 (Italie); Orsi. ««//. (/i /»rt/e(n. XIV. p 104.
XVi,p. 49; XXllI, p. 119; XXVI. p. 1117; XXIX. p. 14, 119; XXX, p. 55; XXXI.
p. iiS (Sicile) ; Cesnola, ii/prus, pi. v (Alambia de Chypre) ; .Monlclius, Aie Chro-
nologie, p. 153 (Cli\prc). — '.> Ainsi nue hache double en fer a été trouvée dans
une lombe à tholos de Crète, Journ. hell. Stud. 1897, p. 3Î0. Il est diflictle de
se prononcer sur l'âge de la bipenne en fer du tumulus de Loggio i'epe et de quel-
ques monuments similaires trouvés en Elrurie, Mosso, Alem. H. Ace. Lincei, XII.
p. 511 ; Milani, Sludi e malcrinli, IV, 1909. Huit haches à douille en fer ont été
trouvées à Lovcrc (Transp-idane) en mcinc temps qu'une épée du type Lalène III.
Solizie, 190S, p. \t. — *0 Voy. aussi lig. 3373, et pour la liacbe ou pic des car-
riers el mineurs, mkt.^i.i.a, p. Iî>.5i, n. 5. 1807. — u Celte pierre à foudre d'Argo-
lide, avec symboles mystiques mitliriar{ues, esl reprotUiile d'après Perrot, Op. cit.
VI, p. tl9. Sur les traditions relatives à ces pierres, appelées kèraunia par les
Grecs anciens el uslropèlêkiu par les Grecs modernes, voir pour l'Italie, Bcllucci,
OU amuteli (i'érousc, 1907) el, en général Cartailliac, L'âge de pierrj dans les
souvenirs et superslitions popu'aires (Paris, 1877). Pour la Gaule, voy. Déclieletle,
jUanuel d'arch. préhislorig. I, p. 610. Les cerauniae, similct sec n-ibus, élaienl
dislinguécs en noires el en rouges: « pa»* leur moyen on prend les villes cl les
Hottes ■> affirme Solacus, np. IMin. XXXVll, 51. On sait ipie Galba ayant vu la
foudre tomber dans un lac des Canlabres, le lit fouiller; reperlue sunl duo-
decim serures, haud anthiguuni su-nmi iniptrii signum (Siiel. Galba. S). Ces
hticlies se trouvaient sans douli' iLiiis le Itic, par suite de la iiu^nie superstition qui
en a fa'l découvrir ii Thonnc cons.-icrées aux Maires du lac el ilans le lit de l'Aar
dédiées A Jupiter(Jloniinsen, Inscr. Helv. ii" 1\ t ; Corp. inscr. lai. XIII. 5l5s; 5t7i|.
Sur les pierres '& foudre el sur le culte de la tiaclic dans I antiquité classif|ue. voir
A. i.-Kmac\i,Iteewt de l'IJist. des Ileligions, 1909, p. 4O0. el Archiv. fur «eli-
gionstt^issenschaft. — Ï2 Longpérier, Œuvres, i. I, p. 170 ; Heuzey, Les origines
orientales de l'art, p. 194.
SEC
— l I Ii9 —
SEC
sans (Iniilc les considc'Ter cnmnio des symboles du
liiiiniTi-c assdcii's à cpliii du snicil '. Des ornemenis
liiH'airi's iiii de polils cer-
cles - sont souvent gravf's sur
les ailes de l'arme sacrée. Sur
fragment de vase de style
Hi'ométriquereproduit lig. G27-i
on voit la bipenne suspendue
par un anneau, comme un objet
volif'. Tel était probablement le
riile des minuscides bipennes
de bronze ou d'or trouvées à
fiî cm. - MaïK-iieiiu i.arhc avec Knossos et à Mycèncs, à Sparte
^""''^"' et à Delphes '. Bipenne ou
quadripenne ^, la présence de cette arme auprès d'une
tète de bœuf " (fig. 6273), au-dessus d'une chèvre ',
d'une colombe * ou d'un poisson ", sur
une urne funéraire'" ou sur une lame
d'épée". suffit à donner à ces objets un
caractère religieux. Comme le labyrintlip
peut s'i-xpliquer par le nom carien de la
Double Hache, /nbri/s'-, et que des raj)-
porls nombreux paraissent exister entre la
lôe en or Crelc prmiilivc et la Larie, on a propose de
voir, dans les bi[)ennes gravées sur les
murs de Knossos et dans celles qui faisaient partie de
son sacrnritim, la preuve que ce palais était celui du
dieu de la Douijle Hache et des rois-prêlres issus de lui '\
Le taureau était l'animal sacré de ces rois. Ses cornes
présentant une certaine analogie avec la forme des ha-
ches doubles, on peut expliquer ainsi l'association fri--
qiienle de la bipenne et du bucràne et imaginer le grand
1 Voir Ips ^cmiiirs reprodnilcs Hans Sclitii-niann, Afycèncs. p. 218 el 362 ; Tinjutlic,
p. Ii;s; Tsouiilas, //iD. arch. 1900, 1,8: Puilwacngler, Wj/inpia. pi. lïvi ; Antike
Gemmen, pi. ii. 42: Brilisli Sclioot Annnni, VIII, p. 53, fig. 61 ;IX,p. lU. — 2 Sur
1111 vase ili! Knossos, liritish Scliool. Animal, Vil, p 53, fig. 15 a : les li.nclies du
niémeUpeonl (-U- trouvées dans la grollc du Diklù, lV<i//. VI. p. 109; Vil, p. 53; IX.
p. 335. Les plus giaudes mesiireiil 28 cm. de .long. : les unes sont en bronze d'une
seule pièce, avec Irou pour le nianclie (p. 109. lig. W, 3 cl .î) ; d'anlrcs soni faites île
deux pifjees ipi'une pièce centrale réunit de part el d'antre avec 4 rivcls (fig. 40, 2).
i-es plus licUes liaclics de ce genre sont celles de Tralles en Lydie (l)nruy, fJisU
des Orers, 1. p. 34; l'errol, V, p. 296, fig. 2UI.), celle de llallslall en liasse Aniriclie
(Sacken, //nlhlall. p. 41) el celle d'Italie publiée dans Mortillet, pi. ï.viii, 1307
cl dans les Itronzen du Musée de k'arlsrnlje. p. 28. Lignes géauiélrii|ues et pclits
cercles contrés se reueontrent sur les bipennes rjue représente la lablctte de Siteia,
Milani,.S'fi/./ie »i«((<'iii/i, I, p. 176, 198 et sur celles du Irésorde Traies. — 3 Blin-
Icenbcrg, Ai-chûohij. Sludirn, 1904. p. 46. lig. 28. — » On signale une bipenne en
or dans les coucbes pinfondes du temple d'Arlémis 0rlliia.i Sparte, Memnon, I9U7,
p. 24i; d'autres à Mycénes, Sclilieniann, Mycines. fig. 368 et à Knossos, Lvans,
llrUish Scfiool Annmil, 1902, p. 101 ; les bipennes de Traites sont du même métal,
l'prrot, V, p. 295. Celles rpii ont été recueillies à lïelplies sont en bronze, l'erdrizet.
/■■ouill^s lie lldiilifs. V, p. M el 120. Avec le nom du héros Labys, elles send.l.-iil
allesterà llelpbes uncnlt.'primrlifde la double bacbe. l.ccullede la Maijiia Miiln-
eueiriêre e\|ili<|ue les bipennes d'ivoire niinusciiles trouvées an temple d'Hpbése. et.
II. 67. t'oiir la fig. 6273, ïoir note 6. — ^ La présence de quadripennes esl très
nelle sur des clialons de bagne publiés par Sclilicmann, ^fycêm•s, p. 437 ; l'errol,
Vl, p. ï>^1 (notre fig. 6273). — c Voir la (piinzaine île bradé, s en or représeiilant un
bucràne surmonlé d'une bipenne provenant de la ipiatrièmc tombe de l'Acropo'i-,
.Scliliemann, Mycènes, p. 320; l'errol, VI, p. 823; Karo, .liWiii-. f. Helii/iuiiswiss.
1904, p. 131 ; cf. nn vase du DiUë, Aiinual, VI, 108: des entailles de Knossos, La-
grange, La Crète anrienne, p. 83; une gemme de l'Heracuni, Fnrtwaengler, Aiit.
Gemmen, pi. ii, 42. — 7 Lagrange, La Crète ancienne, p. 50 (Diktè) ; ,l/i7iim/, VI.
p. 102 et toi. Sur nne amphore de Kuliuni en Chypre, l'errol, III, fig. 5l4;(Kuriiim
n'est pas loin de Kitiiini où on adore précisément nn couple noiniiié Kcrauiiwn et
Jû-raunia, cf. /(eu. arch. I(i76, p. 381). C'est plutol .-iir uucheval c|uc la bipenne est
suspendue comme dans blinkeiibcrg, .Archaeul. Stndien, 1904. p, 46 (notre fig. 6272),
— » 1 a colombe juchée sur le pilier terminé en (jiiadripeiinc du sai-co|)hage de Hagia
Triada, l'aribeni, J/o;i. AnI.. 1908, p. 31 ; A. J.lieinaeb, flee. aic/i. 1908, II, p, 2k5.
— 'J Sur des objets de culte Cretois, Drilisli Scliool annual, VIII, p. 197,|f. 64; IX,
p. ll-H. — '» Sur un pilhos de t'aleokastro, Brilish Scliool annual, IX. p. 3Ui.
— Il Sur une rapière en bronze de Théra, Tsounlas-Manatt, Mycenean Ai/e, p. 23').
Cisl une hache simple. — '^ Sur cette hypothèse soutenue par Kretschmer." livaii^.
S. lieinarh ILAnlIiio/inloyic, 1902, p. 26). cL en dernier lieu, Vollgralf, /Ihein.
Mus, 1UI16 cl Coiniay, apud l!ulrov»s, Discoiertjs in Crtte, appendice IJ. — 13 Cf.
Mil.
dieu de la Crèle rniiioenne " sur le modélr^ du Zoiis
LabrandeiisdeCarie ou du .liipiler Dolichenus de Coma-
gène, monté sur un taureau et brandissant une bipenne
(lig. 2W», 2490) '^ On rappr.iche également la grande
<ir'esse guerrière de la Cappadoce Ma, Cybèle ou Bel-
lone'\ dont la hache est un des altribtils (dg. 815), de
la divinité Cretoise que la tablette de Siteia montre
exaltant, une bipenne dans cha{|iie main '\Si ce n'est pas
là une dée.sse, c'est du moins la prêtresse portant la hache
ilivine, et l'on a supposé que les Amazones, dont la
bipenne est l'attribut caractéristique, n'étaient que des
suivantes ou des lidèles de la dt-esse asiatique à la double
hache". De la Scythie, leur patrie, jusqu'au Noriqiie où
Latobios " est armé de la hache comme ses frères du
Nord-Ouest Sucellus, Tarann et Odin, des divinités à la
bipenne sont disséminées chez les Thraccs, les Illyriens
et les Celtes.
Sans qu'on puisse faire encore la part des influences
de Thrace, de Crète ou d'.\sie, et bien que, en raison de
son antiquité même, la hache se soit effacée dans le culte
devant des attributs plus nouveaux, la religion de la
Grèce classique en conserve encore le souvenir. Dionysos
reste le dieu de la bipenne comme du taureau, et il est
adoré à Pagasessoiis le vocable de Péléhiis-". Ares, venu
lie Thrace comme Dionysos, aurait tué Halirrholios d'un
coup de hache-' ; lléphaislos, qui possède à Lemnos un
des premiers sièges de son culte (fig. 860), est armé de la
hache à titre de forgeron divin. Non loin de Lemnos,
Ténédos (fig. 861) grave la bipenne sur ses monnaies et
associe cette arme au souvenir de son héros éponyme
Tenues^-. Parmi les divinités déchues au rang de héros
dont la bipenne est l'attribut, il faut rappeler Hercule
A. J.Heinach, Jteviie des Études yrecques, 1903, p. 78; Dussaud, Ilmie hist. des
Heliijions, 1905, p. 20 ; Buriows, Discorerics in Crète (Londres, 1907), p. 25, 1 10,
15S ; Lagrange, La Crète ancienne (Paris, 1908), p. 10, 69, 79.SI. — u Le person-
nage qui porle une bipenne sur la gemme de Knossoa, /Iritish fcltool Annual,
VII, p. 20, esl plutôt un prêtre qu'un dieu. Le sraiid nombre de haches votives de
la grotte du Diktè, qui aurait abrité l'enfance du Zens crélois, implique que la
bipenne élail son attribut. Cesl un des Daklyles Idéens, prêtres de ce Zeus, qui
aurait purifié Hythagore xij .sj^j,',; V.»u. (l'oiphyr. Vit. Pi,th. 17). — 13 Le
plus connu des dieux du type du Zens carien, très infiuencé sans doule par le
liamman babylonien et leTeclioiip hittite, esl celui de llolichè en ComniagèDe(cr. ci-
dcs-us, l. 11. 329). En dehors de Jupiter Dolichenus, la bipenne se voit entre les
mains du lladad Haiiiman de Damas, du dieu cavalier de Lydie cl de Phrvie el
lie la déesse sa parèdre. Outre le relief publié Journ. Ilell. Stud. I8SS, p. 235 et
/luit. Corr. Uell. 1880, pi. .v, voir les monnaies d'Eiiméneia, Thyaleira, Ancyrc,
lilaiindos, Mostcne, Dionysopol-s, Uiérapolis, etc., dans le Catalmjiie of Greek coins
in tlie Brilisli Muséum, Lyilia et fltryi/ia; pour la bipenne du Zeus de Mylasa,
ihidem. Caria et l'arl, Lamàraundos du Lexikon de liosclier. — 16 Voir surtout
l'boliiisct Et. .Mai/n. : .uS,X,,,a,- nui»,-,»,; Tzetzes ad Lycophr. v. 1169; Antli.
l'ai. VI, 94; TibnII. I, 6, 47; Apul, Met. p. 260. D'après les monnaies alléguées à
la 11. préc. la plupart des Maires phrygiennes porteraient aussi la bipenne.
— '7 Lagrange, Op. cit. p. 69; llilani, Stiidi e materiiUi, 1, 2, 176. Cf. une
■jemmo de Knossos, Annual, IX, p. k, {.Et. Mui/n. 707, 18 rapproche sng.ins de
Sangarios. On peut égrilemenl alléguer un vase du Musée do Naples, d'importation
ou il'imitalion Cretoise, où une série de danseuses porlenl allernalivemenl une
bipenne et une flèche (S. lieiiiach, L'Anthropoloyie, 1896. p. 5391. — I» Voir les
articles Amatonef de notre Dictionnaire, du LeiiLon de Roscher, de la Heal-
encycloimdie de l'auly-Wissowa. — 19 Sur Lalobios, une des formes du Dis-
pater celtique, Horal. IV, 4, 18 ; C. i. I. 111, 2, 4SI3 et lloldcr, Jiell. .Spruc/isehal:,
s. V.— -20 Sur Dionysos J; U«V.,-„ né'A.xu; (.Vc/io^ ad II. XXIV, 428 ; Fragm. hist. rjr.
I, p. 332) voir Slephani. C. rendus St-Petersb. 1863, p. 128 et Wrolh, Classicnl
Jlei'iew, 1892, p. 472, 1893, p. 82 qui allèguent la bipenne des monnaies des rois
O.lryses et d'Aleiaiidre de l'Itères, adorateurs de Dionysos. Bien i|ue Maas, Hermès,
1888, p. 70, veuille corriger en ,i.>.«y">; le vocable du Dionysos de Pagases, de iioni-
brciix inonumenls mettent la bipenne entre les mains de Dionysos (voir ei-dcssus
bslig. 059.702, 876, 2020).- 21 £■<. Maijn. p. 590, 43. - 22 Monnaies de Ténédos
dans MionncI, 11, 671, 264; Sunpl. V, 584 (cf. à Slaroneia, Mionnel , Suppt. Il, 338). On
sait par Plutarque (lie fijth. Or. 12) ipic Ténédos avait dédié à Delphes une
bipenne. Comme explication de ce cnlle, les anciens ont proposé : 1» l'existence à
Ténédos dune race de crabes portant une bipenne empreinte sur leur carapare;
2" le châtiment par la hache qu'un roi ileTénédos aurai! institué conire les adnllèris ;
3° Pennés coupant d'un coup de hache l'amarre ilii bale.iu de son père Kvknos, fils
d'Arcs. Voir le comm. de Frazer ad l'ai.s. X, I U.
147
SEC
— 1170 —
SEC
627». — Ilaclie e
He sacrilice.
([iii riiiirail comiiiisc sur les Amazones' fl qui l'aurait
laissée, coinim; insigne de leur pouvoir, aux llérakliiles
(le l,y<lie; Thésée qui, suivani un autre réeil, l'aurai! reçue
tl'llereule-; les Lapillies, alliés de Thésée'; lACurgiie.
une des hyposlases du Dionysos [liAcciius, p. 007 sq. ] ou
de TArès thraec, dont la houpli'x reste légendaire '.
Celle liouph'.c est la liaelie qui serl à assommer les
breufs^ à ce titre, la hache est rcsléo en usage en
(irèce parmi les ustensiles de sacrifice [sacrii'icuim,
p. 908, n. 4; nii'OLEiA, (ig. 2433]. Les exemplaires retrou-
vés dans les temples de Dodone'', de Delphes'' ou d'Olym-
pie" sont en bronze; il y a lieu de croire qu'il en était
de même des luiches qui servaient au sacrilice.
L'Italie primitive, aussi bien que laGrère, ne parait pas
avoir ignoré le culte de la pierre à foudre, divinisée à
Kome sous le nom de Jupiter Lapis, tandis que des
kéraunies figurent dans le diadème de la Junon du Capi-
lole'. La hache de pierre de la forme la plus ancienne
se trouve imitée en bronze dans
ces pendants qu'on nomme Hn-
tini^abula, sans doute amulettes
destinées à protégerde lafoudre '".
Cette hache simple (fig. G27 4) " ;
ou la hache à double tranchant [bi-
pennis)*"^ apparaît tour à tour sur
les monnaies des villes étrusques
uifau une sorte de maillet à double
face est rattribut du dieu chlho-
nien que les Etrusques ont assimilé àDispater ou à Cha-
ron (fig. 1358-1 ;H)0). La.sacena^^ des pontifes, ]a.scciiris
des licteurs avaient été sans doute à l'origine la marque
du caractère sacré de leur office. Cette hache ne fut par la
suite, entre les mains des licteurs, qu'un instrument de
justice militaire [lictor], entre celles des prêtres, qu'un
ustensile du sacrifice. Les popae en sont pourvus dans
toutes les scènes où l'on sacrifie des taureaux ou des
1 Plulai-ch. Quaest. ijr. 45. Cf. Ifadel, La Lydie, f. 87 ; Willamowilz, Herakles. I,
315. _ ? paus. I, iT, 7; Stcphani, Vases tie ÏErm. lOii ; Musco ilal. III, p. 2(îl.
— 3 cr. entre autres monumenls, AjiHd/i, )H()0,pl. i ; Conestabile, il/oïi. di î'enii/iu,
pi. i.«n. — ' Sur Lycuri/us ùipenni/'er |0v. Met. IV, 22) voir l'art. Lijkourijos cm
Lexilton lie lîosclier. D'autres héros (lioiiysiaiiucs, T6ri''e, Atlianias, Polytcclmos s'.nr-
nienlde la hipenne dans leur Tureur. Peut-(Mre Oriou. le dieu chasseur de lu béotie,
portait-il également une bipenne en outre du pédant, d'où sou surnom de «rxtnapvéu;
{Efym. Magji. A, 581, A). Pour la bipenne employée à fenilrc le crâne de Zens ou
l'u'uf de Léda, cf. Komagnoli, Ausonia, 1908, p. 259. — à Des monuments et des
Icïles postérieurs, il ressort i|ue la pou«),-,J (/(. VI, 135) doit s'interpréter comme
une hache double de sacrifice du type dont on trouve un ex. Tiôm. AJUII:. t.s90. p. lis,
— » Carapanos, Uodone, pi. i.iv. — 1 l'erdrizct, Fouilles rie Delphes, V (UIU6),
p. 5, 12U. Iles réductions de bipennes en ivoire ont été trouvées au Temple d'Kphése.
Ilogarlh, The archaic Aitemision, 1908, p. 170, 337. — » Furtwaeugler, Olym-
pia, pi. xxvi. Peut-être faut-il également considérer conmie objets de colle
la bipenne de bronze publiée par Osnola, Satamiitia of Ctjprus, pi. m, H, en la
rapprochant de celle ijui figure sur les monnaies d'un roi de Marium (Rabelon,
Perses Arhhnénides, p. cxi.vu) ; les 4 bipennes eu fer de la grotte du Dillé,
Maseo ital. Il, p. 112; celle enlin qui porte un dédicice à liera de Crotone,
Koehl, Inscr. Gr. AnliQuiss. HVi. — 'i Mart. Cap. I, i;7 et 75. Bien i|u ou
retrouve des fith-annies dans le diadème d'isis, ce rite est probablement à Home
originaire d'Iîtrurie oii cette Junon était la compagne d'un Dispater, armé de la
hache ou du maillet i cf. Mûllcr-Deecke, liie Elrusker, 11, p. 80, lliS — 10 Mon-
Iclius, La Cieilis. primitiee en Italie, p. 392; Notizie, 1800, p. 229. Les
mêmes amulettes-pendelo(|ues se retrouvent ii Chypre (Ohnefaisch-Uichler, Hihel,
Kypriis iind Humer, pi. ir.ii, 8; U. von l.ichlcnherg, lleitr. z. ait. Gesch.
Kypros, pi. III, 2i) et l'on doit sans doute leur assimiler les hachettes rasoirs
cari hagiiioises dont un côté s'évase en Irancliant et dont l'autre s'amiucil en tête
d'oiseau; l'une d'elle montre le dieu phénicien solaire lîesef lenaut d'une main une
hache double (lisell, Mélanges de Home, lUOI, p. 100; Déelielette, L'Anlhro-
pnlni/ie, 1903, p. 609). — H Hall, di corr. urcli. 1839; p 122; (iarrucci, Monde
dltalia, ; 1,1V (l.uni .') I.XXIV, 10 (Vetulonia-Populonia). Ces monnaies impliiiuejit
appaiemmeiit l'eiislcnce d'un dieu de la foudre comme le Kèraunios des monnaies
de Pelilia (Stepbani, C.rendu, 1872, p. 80). — 12 liarrucci, (. c. LX,4 (Firmum) ;
LU (iuccrUin). — l:iOuintil. I, 4,42 ; Isid. Oriij. XIX, 10 ; h'eslus, p. 3IS M : scen'n
sire sacenu, dolabru ponlificalis. Sur lu pinua (pour pic-na, de la racine pilt, d où
hieiil's [sAc.iiii'icn'M, p. l'^rjO; puntii'u^es, p. "idS, limis,
lig. 44WÎ)] ". Une hache de forints particulière est repré-
sentée à l'époque impériale sur les tombes, souvent ac-
compagnée de la formule snli (n^cia [ascia]; on a proposé
l'i'ci'iiiment d'y reconnaiire la dernière survivance du
culte de la hache '^
l'xrifies milil(iii'Vi<. — La hache (Hait une des armes
ordinaires du soldat égyptien: le plus souvent sa lame
s'allonge jusqu'à un tranchant arrondi avec les deux
côtés longs droits ou légèrement concaves; parfois, elle
est formée d'une lame qui, dès sa sortie du manche, se
recourbe en deini-cercle ; parfois, au lieu d'être pleine,
cette lame est évidée, à la jonction avec le manche, de
deux ouvertures en croissant "■'. Jamais on ne voit la
bipenne entre les mains de troupes égyptiennes; c'est
donc par erreur qu'Hérodote la leur attribue'\ à moins
qu'elle n'ait été adoptée à l'imitation des mercenaires
cariens des Psammétique. En Asie-Mineure, en effet, s'il
n'est pas certain que les Hittites aient porté à la guerre
ladoubli! hache qu'ils donnaient à l'un de leurs dieux, les
Cariens et les Phrygiens '* en étaient armés. C'est à eux
que paraissent empruntés les noms de /je7e7>'z/.« et de /«i;'!<s,
sans qu'on puisse décider s'ils doivent celte arme à l'in-
fluence des populations égéennes, des Clialdéo-assyriens
ou des tribus scyllio-perses. Parmi celles-ci, celle
arme des Amazones paraît avoir porté le nom de sagnris
chez les Massagètes", les Scythes-", les Saces'-' les Hyrca-
niens'--, les Perses-'. Peut-être est-ce sous l'inlluence de
ces peuples que les Thraces ont donné la double hache à
leurs dieux; les Thraces ont pu en répandre l'usage dans
la Grèce primitive. Les deux mentions qui en subsistent
seules dans Vlliadi' suffisent à indiquer que le guerrier
homérique portait fixée à l'intérieur de son bouclier une
hache qui, depuis le triomphe de la javeline et de la ra-
pière, ne lui servait plus comme arme qu'à la dernière
extrémité. Auprès des vaisseaux, le combat se pour-
pini/o et Picumnus), rf. A. J. Iteinach, ttcme de Hiist. des Beligions. 1907,
p. 225. — H Voir notamment Mélanges Rome, 1884, pi. vi ; 1889, pi. u; 1891,
p. 432 ; 1903, pi. iv ; 1907, pi. v; Helbig, Guide de Jtome I, n. 060; Pelersen,
.\ra Pacis, pi. vil, p. 90, Thédenat, Le Forum, p. 159; Mau, Pompéi, lig. 47.
La si-curis est parfois remplacée par la doi.auiia (lig. 24S8 et 4*93 ; voir la frise
du temple de Vesta, Joidan Tempel u. Vesta. pi. vu, et .Mus. liurli. XV, 34, ou
par le maillet mm. i. eus (fig. 4803). La seciiris est poi'tée par un sacrilicaleur sur
une urne étrusque, Conestabile, Mon. di Perugia, pi. xi.v, 1. — IS Voir
les monuments étrusques allégués par Milaui, Museo topoyrafico dell'Eturia,
p. 30. Pour des haches-amulettes dans des tombes, cf. Mon. antichi, 19O0, p. 860.
— ii> L'évolution do la liaclie en Egypte est indic|uée par l'elrie, Methods in
archaeology, p. 14. Dans Gizeh and Itifeh, 1907, pi. xirxiii il a publié ce qui est
sans doute le plus ancien spécimen delà hache allongée à côlés concaves (X'-Xl' dyu.).
A la même époque des soldats se servent aussi de la haclie à lame en demi-cercle
pleine (cf. Naville, The XI dyn. temple at Veir el Bahri, 1007, pi. mv h) qui se
voit encore dans les peintures de la Xll'dyn.à Reni-llassau et El lieisheh où appa-
raît la lame à écbancrure. — n Herod. vil, 89.— <« Voir p. 1109, n 15-10. Pour
pélékus et labrus voir p. 1 105, n. 1 et 1 100 n. 12. Pour la bipenne dans la Clialdée
primitive, voir Ed. Meyer, Sumerier and .Semiten. 1900, V, p. 200. Il est difficile
de savoir si ce sont des ilivinités ou ties guen-iers que rcprésentciil les bas-reliefs
comme celui du cavalier à la bipenne sur l'épaule de Karamanly (confins de la Pbry-
gie et de la Pisidie), Huit. corr. helt. 18K0, pi. x ; Alh. Mitth. 1885, p. 12 ; Revue
des Études anciennes, 1000, p. ISS. Pour les Thraces, outre l'analogie avec leurs
frères de Phrypie ot les indications tirées aux n. 3 et 4 d.' leurs cultes et de leurs
légendes, on doit rappeler que, dans les nécropoles Ihr.ico-illyriennes de l'âge du
1er, la bipenne apparaît lucorc comme l'insigne du chef, cf. Serb. Arch. Ges. IX,
p. V ; Mitth. ans llosnien, I, p. 77, |05. — 19 llerod. I, 215. Leurs haches seraient de
broii/e. — 20 llerod. IV, 5 et 10; Pollux, I, 10, 138. Entre autres monuments, voir
Maspero, Uist. ancienne, III, p. 475; S. Ueinach, Anliiiitités de la Russie méri-
dionale, lig. 151, 158 ; Répertoire des rases peints, 1, p. 100, 182. — 21 llerod.
Vil, 04. l.c nom des Saces, comme celui des Sagaitiens de la région d'Aibéle, est
probablement en rapp.nt avec sagaris. — '22 Cu.t. Il, 2, 4 ; Vegct. IV, 40.
_ 23 Xenoph. Anab. IV, 4, 17; Strabo. XV, 734; Joseph. Anl. Jud. XI, 0, 3. Cf.
Oesl. Juhresh. (899. p. 13. Les Assyriins la porlaient iléjà, cf. Bawlinson, 7'Ae
/lie great monarchies, I, (1873), p. 459; mais plus généralement la hache simple,
Maspero, Histoire ancienne, I, p. 662; 111, 60.
SEC
— 1171
SEC
suit" avL'c les liaclies doubles (H les liaclictles acérées >> ',
et, Ménélas ayant Itondi le glaive en main sur Peisandros,
" celui-ci, sous son bouclier, saisit sa bonne liaclie (à;iv/-|)
d'un beau bronze, empoignant le long manche (tcsàexxov)
d'olivier bien taillé » ^. C'est aussi avec « une grande
hache (Tté/sxij;) de bronze à double tranchant, à manche
d'olivier » ^ qu'Ulysse travaille à son navire. A celte
exception près, c'est en fer que sont les haches que
l'Épopée mentionne entre les mains des charrons',
forgerons ^, bûcherons ou charpentiers ". Bien qu'on sùl
Iretnper le fer \ la description des douze haches qui ser-
vent à l'épreuve à l'arc dans VUdyssée ne permet guère
de reconnaître ni le métal dont elles étaient faites, ni
le type auquel elles appartenaient. On a pensé tour à
tour à une bipenne amazonienne du type classique (la
tlèche passant par l'écrancrure supérieure), à la bipenne
que p(jrte une Amazone sur un relief archaïque de Séli-
nonle (lig. G:J7U; la tlèche traverserait l'ouverture for-
mée par la courbure d'une des ailes), à une bipenne de
forme primitive suspendue par un anneau(lig. irlli; c'est
par cet anneau que passerait la llèche) ; on peut enfin
imaginer Ulysse visant par le trou d'emmanchure d'une
l)ipenne de plan losangique. En tout cas, le nom du pélé-
/itis, donné aux armes ([ui ont servi à son exploit, s'ap-
plique proprementà la bipenne. VIliade nous la montre
emportée par les pionniers pour aller couper du bois *.
C'est, de même, à abattre des arbres aux abords d'une
place assiégée que des haches doubles sont employées
sur la palèrc d'Amathonle (lig. 9^7) et, dans les cam-
pagnes d'Alexandre, on voit des doloires servira briser la
glace ou à renverser des murs ". Pour l'emploi de la
hache simple ou double dans la chasse aux fauves, conln;
les sangliers et les élépiiants n<jlamment, voy. venatki,
VE.\AIULrM '".
Si l'on ne peut affirmer que la hache ail servi en Grèce
d'arme de guerre depuis l'invasion dorienne, il n'en est
pas de même dans l'Italie antérieure à la prépondérance
romaine On coniiait des cavaliers" et des fantassins '-
étrusques portanlla hache simple ou double perforée
pour recevoir la hampi- (lig. (j27.j) "; d'autres guerriers
Étrusques", Picenlins'', Lucaniens "', Sardes", sont
armés de la hache à ailerons ou à douille. Ce dernier
' //. XV, 711, ,;;t„ «y, «sU.i,^, «il à;;v,„. Ce .|iii atioslc ciiic les p.-lrkr,s
soiil dcB liaclics doulfles, c'csl que, dans les jcuv eu l'Iiouncui' de l'alruclc,
dix pèléheis cl dix liemijufïeltkn de fer ligureut parmi les prix (XXlll, h'^\).
— 2 //. XIII, Cli. — 3 0,1. I, »:u. - i IL IV, *8;i. — o rid. IX. .-i'.ll [ttmu «,
p. 109.-!]. — " /(. III. 60-i; XIII, 391 ; XXlll, 114; Od. V, iW. -'' (Jd. IX, V^.
— 8 11, XXIV, lU ; Moîon^uî ,!,■»(«!«;. I.c mime UM-me est employé dans lous les
parsagcs concernaiil l'épi-cuve de l'arc. Od, XIX, .=j78, 8.-i7 ; XXI, .3, 75, 81, 97,
lU, îil, Mf., XXIV, lli», 177. Ilelbig, L'Épopi-e homéri,/ue, p. 483, liésile cuire
la liipeuue ordinaire proposée par Uoclicl \JaUrbuek Kl. Philul. l. CXIII, p. 171),
cl la haclte-pie de Sélinoiile proposée par Murray («/i. I.ang cl Bulclier, The
Odyssey, p. 410). Après un nouvel examen de la ipiesUon, Blinkenberg, Archiiohij.
Sliidien, 19«4 , p. 40, a proposé une liaclic du lype de celle reproduite d'après
lui dans noire fig. 6i^i. — !) Curl. Vlll, 4, Il ; IX, 5, 19. — 10 Voir les divers
monuments rclaliTs à la chasse de Calydon, nolammeiil Coneslaltile, iVon. tti
f'fnigla, pi. i.xv-i.xvi et la cliassc au lion d'Alexandre ap. Collignon. fJist. 'A' In
Sculptim r,rec</ii,i. Il, 3!3. — Il Diodor. III, 211. Cf. Loesclicte, y«Arti/Wi, III,
p. 183. - 12 Milani, Sludi c maleriali, I, p. 104 (relief de Vellelri). Des liipeuiies
en bronze scmlilaldes à celle de ces cavaliers eut été trouvées en Éirurie [Atirutii,
1874, p. J53; 180:1, p. 339; l'asc|iii, .\otizie I!i07. 317; Grenier, MrlanijLS de
lÉc. Franc. 1907, p. 411 ; voir p. 1170, n. 11-4.). — '3 Micali, .Monmn ,m-d.
I8i4, pi. xxv (cippe de (Jliiusi) ; pi. xxxvm, 5 (Imccliero iiero) ; Marllia.
I.Art Etrusque, p. Ht (frcsiiue de Veïes) ; Xotizie, 189 i, p. 2i(sléledi.
Vetulonia); pi. xxv, 2 (relief du vo s.). Des liaclics simples ou doubles soiil
représcnlces sur des fresques de Caere (Nocl des Vergers, L'Étrurie et les
/Ctrim/iies, pi. m). Une bipenne sur la slèle d'un fantassin de Vetulonia, Milani.
.Monmn. scelli, 1909, pi. ix. — e. l'ottier, .4///i(//i des rases tin Luurre, pi. xxv.
. oGl. (Imccliero nero); Milani, .Moninn. acelti, 1909, pi, ix ; voy. aussi ci-dessus
■ étrusque.
ty()e a pu être perfectionni", sinon iin|)orté en Italie, par
les cavaliers et les fantassins qui portent une arme sein-
lilable sur la situle de
la Cerlosa" ou sur le
ceinturon de Watsch"
(lig. 6276). C'est sans
doute la caleia, qui ser-
vait de jet comme d'es-
toc, et qui semble avoir
été l'arme caractéris-
tique des Celtes de
Uhétique et de iNorique
lCateia]. La Liffuris
seciiris ^" dont parie Ca-
tulle était-elle sembla-
ble à cette arme, ou
était-ce une bipenne
comme celle qui figure
sur des trophées du
sud de la Gaule '■" ? Tou-
jours est-il que les Germains paraissent avoir employé
une hachette de jet analogue--, et c'est une arme toute
semblable à la ca/.eia qu'on
retrouve, à l'époque des inva- ^ y
sions, sous les noms de (ru- J
loua et dit francisca'-' .
Si Virgile mentionne des
scrures parmi les armes avec
lesquelles les Latins combat-
tent les Troyens -', la hache ne
paraît jamais avoir été une
arme régulière des Romains,
et les pélékop/iores qu'Arrien
nomme parmi les corps de ca-
valerie de l'expédition contre
les Alains ^' à la fin du règne
il'lladrien ont sans doute été
constitués à l'imitation de ca-
valiers barbares, probable-
ment Parthes ou Perses -''. C'est
seulement dans des cas exceptionnels que les légion-
naires se servent de haches dans la bataille : contre les
lies chasseurs, fig. S78 (cf. Springer-Michai-lis, Ccsc/i. ''. lùuisl, I. «g. 820).
A côté des haches de ce type (outre les références données ; ef. Springcr-
iMichaëlis, Op. cit. lig. 743. Milani, Sludi e Maleriali, II, p. 221 ; Korrer, Uei-
iraei/e zur praelfst. Arch. 1892, pi. vu, 4), llitrurie a encore livré une curieuse
hache de fer d'un seul tenaiil avec le manche trouvée prés de Trasinicne ; Forrcr
{Op. cit. pi. un, 2) pense qu'elle pourrait être carthaginoise. C'est précisément à
Trasiménc que Silius Italiens, Pun. V, 498, montre Sycliaeus arme d'une
bipenne. — 15 On peut alléguer les monnaies de Kermum Picenum ((iarrucci,
pi. IX, 4|, celles des Veslins (LXI. 0) et une slatuctic trouvée dans le l'iccnum
(liahelon. Bronzes de la llihl. nnt. p. 401). — 1» S. lieinach, //.7/cWoire rfes
viises peints. II, p. 532. — 17 Les Sardes ont des haches a simple cl â double
Iranchanl, l'a'is, Ùulteltino Sardo, 1884, p. I iO. — I» Slontelins, Cimlisaliun pri-
mitive, I, pi. cv, î. — 19 Outre l'art, cateia, voir Bertrand et S. lîcinach. Les
Celtes dans la vallée dit fit, appendice C ; A. Grenier Jler. arch. 1907, I. p. 10.
— -21 Cat. Ciirm. XVII, 19. l'ourla hache des Liburnes, Flor. I, SI. Dans une série
de stèles ligures l'une rcpréseiile un guerrier armé de deux javelots et d'une eiiteia,
Mazzini, Glorn. di slnria ilelln. Lirj. 1908, pi. 1, 2. — 21 Espérandieu, llecucil des
bns-rcUefs de la Gaule, p. 181 (Carpeiilras) ; p. 443 (Narhonnc). Kxvoto de 2 haches
au dieu Mars dans le Vaucluse (lier, épiijr. du .Midi II, p. 283). — 22 Liiideo-
schmit, AUerthiimer, I, VII, pl. v. U hache des Uaccs est du même type. Cf. proch-
iier. Col. Trnjane, pl. vu; Bienkovvski. Ile snnlilim-is harharomm 1890, p. 3(1.
— -iiGf. S. Reinach, Op. cit. p. 194, 198: I.indens. hmit,'//anrf«ii<c'', p. 188, Sonner
Jahrliùcller. 1900, p. 137. - 2'. Virg. AcH. VII, 627. — 25 Arrian. t'oH(r. Alan, il
et 30 ; ThcI. IV, 9. I.a principale arme des Alains éUiit une sorte de lasso, on
comprend qu'il ait fallu de, haches pour les trancher. - 2''' I.a bipenne ligure sur les
trophées perses des monnaies frappées en 242 par Alexandre Sévère, Dresscl,
Altliandl. d. Berl Al.nd. 1900, II. pl. 1.
— Figure du ceinturon
le Watsch.
SEl)
— 1172
Fig. Gi77. — Solilat romain
la liaclie.
crupelldrii hardos île fer de Sacrovir, ils s'ouvri'iil un
passn{;e correptis seairihus <•/ tlolabris ' ; à Bédriac,
la fiirciir des Otlionieiis
est telle que oui issu /li-
lorum jdclu, glmUis cl
scniribiis (jaleas i-( lori-
ras pernniijiere '-. Ces
hnclies qui font partie
de la charge du soldat
romain, sont employées
d'iirdinaire, sur les co-
lonnes Trajane et Anlo-
nine, à forcer les portes
des villes ', à abattre les
ariires nécessaires au re-
tranchement (h g. 6277,
cf. iiolaura) *, aux travaux
■/Àw'-^ *^J^ ■ 4 '"^ depionnierseldesapeurs
"^^ -,:^iiil^_ , ^^*^ py jY (^Qyg autres usages
de la vie de campagne ou
de garnison; c'est ce qui
exj)lique leur abondance
dans les (■(ablissemenls militaires de la région rhénane '.
i'sayes industrich. — l'our ces usages, nous ne pou-
vons que renvoyer aux noms des métiers dont la liache
est Tinslrument, ou aux noms spéciaux que lui fnnt
donner une forme ou un emploi déterminés, ,s-«m/7.s étant
le terme général sous lequel, quels que soient celte forme
ou cet emploi, toutes les variétés de la hache peuvent
être comprises [ascia, bipennis, dolabka, malleusJ. Rap-
pelons seulement que la hache servait aux ouvriers de
la ville ou de la campagne '', non seulement pour la
coupe ou le travail du bois', mais encore pour la fabri-
cation des objets de métal * ; qu'elle était employée
pour les terrassements, les travaux de sape '\ la taille
des pierres'"; qu'elle iigurait dans l'outillage des pom-
piers de Home [vigilesJ. Toutes les formes connues
aujourd'hui, hache proprement dite, cognée, hermi-
netle, doloire, bisaiguë, pic, marteau, se trouvent repré-
sentées sur les monuments de l'antiquité grecque et
romaine. A. J.-Hein.u;ii.
SLiMTIO lMa.u:stas, p. 1538, visj.
Sli(;.MEI\TlIAI. — On peut désigner, sousce terme gc'ué-
ral, des ornements rapportés sur une étoile, cousus |iar-
•Tac. Ann. W. Vk - 2 Tac. llm. W, M. — 0 l'olyl.. .K (siùgc .le llaïUia-
gèuc); Liv. XXI, II, 8; Virg. Aen. Il, 47',i; Tac. Auii. III, lli, 13; Uisl. III,
aO, It; 29, S. Josoplic {Dell. Jud. III, 115) i-niploie le Icinie de «ftt.u; pour
désigner la liaclie réglcraciilairc du légionnaire. — '» Ve^ot. Il, i5. C'esl ce
•|U*on voit sur la colonne Trujane, pi. .vx\ix-\li, lxiv-vhi. \c, xcui. c, cxiv et
csvi; sur la colonne Aiilonine, pi. xxix, cv, civi. Lucain, Wiars. Ut, 4 jll, la donne
aux soldats aliattunt une forêt ; ils s'en servent encore pour détruire xm pont
(Kroehucr, Medmlhiis vumums. p. III i, pour élargir des chemins, Vegct. 111,11;
l-'tontin. Stral. IV, 7, i. — 5 Voir, entre autres, 0. Ilauser, Mndonissa ;Zuricli,
ItinV), pi. XXI et XXV ; I,. Jacobi, StmWunj, p. ioil, pi. xxxui, lig. i7 ; WcshiiiUschc
/ciUchrifl, 11107, pi. m (Saailiurgi ; iMem, l'J07, p. 490 (lliddernlieim); Uoniur
Julirbticlitr. mm. p. I7i (Kirn); IS7!i. p. isl iKrelz); ISS'J. p. 17 (Coljern (ion-
dorf) ; Dbcri/erm.-f.imcs, VUI, » ; XIII, p 10 (long. 0,38) ; XIV, pi. xvi, 37 ; NX,
p . V, l'.i, il,J3; XXV, pl. lu; XXVI. pi. x. _ r. Cf. le texte alexandrin pul.lié par
II. Weil, /Icv. des et. i/reci/nea, IS'JS, iH, où \ipi'Ulcus <pii sert au travail des
champs es) dite sa/j;. Les paysans africains révoltés se servent de haches, Hero-
diau. VIII, 10, i3; de même ceux île Sicile, cent .-ins auparavant, Uiod. XXXIV,
18. — •: Virg. (leori). IV 331 ; Am. Il, Ci7 ; Moral. Cunii IV, *, 57 ; Ov. ,l/c(.
VIII, 706; l'haedr. Ah*. IV, 7,1; \al. l'Iacc. .Icv. I, \ii; Sil. II. l'un. \,ôl'.l.
Hache sur la stèle d'un conslrucleur de i aisseaux. Huit. Corr. Util, euii, p. 330.
— » Vo)-. FcnnuM. i.APUi»rms, p. lo'il. mftai i a, p. ( Sb2. Je nie borne à rappeler les
exemplaires ligures sur la siélc d'un forgeron, Allmauu, Itnmisclie Crnbaltàre.
iyoa, lig. 13'* et ceux trouvés dans une forge romaine a Kieindiach, l.indenschinil,
Allcrt. I, pl. mvi. — 9 Liv. IX, 37 ; Juv. VIII, iis ; Colum. IV, 2*, i ; l'allad. Il,
, 2 ; III, SI. Ou se servait pour ameublir le sol dans le gymnase du ahiphcion
SEG
dessus, ou, par exleiision, insérés après coup ilans la
trame. Saumaise en donne une délinilion incomplète' ;
en réalité, il y a deux sortes de segments : les bandes,
en nombre variable, lixi'-es au bord du vêtement, et des
ornements, de petites dimensions d'ordinaire et de forme
gt'omélrique, qui y sont apposés presque toujours aux
mêmes endroits, en haut aux épaules et en bas plus ou
moins à la hauteur des genoux. L'explication d'Isidore -
donne place aux deux catégories : setjmentafa -zonis <jiii-
biisdam et quasi praecisanientis ornala : nain et partiru-
lascuicumtjue maleriae abscissas praesaf/ininu cocuiit.
La racine du mot (seco) indique, de prime abord, la
diH'érence entre le scfjmentuin, pris strictement, et le
CLAvL's, dont on ne l'a pas toujours distingué': c'est un
morceau coupé dans une étoffe et appliqué sur une autre.
Rien de commun donc avec le laliclave [clavus] ; quant
à l'angusticlave, qui n'était réservé à aucune classe, il a
pu se confondre pratiquement avec le segment-bordure,
pour lequel la couleur rouge n'était pas plus interdite
qu'une autre; en ed'et, formé de lils de pourpre tissés
avec l'étoile, le clavus pouvait être exceptionnellement
cousu. Ce ne sont naturellemenlpas les monuments ligu-
res qui font remarquer cette diH'érence; certains tissus de
basse épotitie, exhumés dans les fouilles, la facilitent au
contraire; mais les éditeurs ont souvent omis de la signa-
ler*. Nous aurons du moins des exemples pour la seconde
des variétés de segments indiquées plus haut.
La décoration par segments ne resta peut-être pas
ignorée de la Grèce classii[uc = ; à Rome, elle n'apparail
dans les textes que vers le commencement de l'Kmpire ''.
Le premier témoignage certain est celui d'Ovide \ et il
semble indiquer, par une opposition aux vêtements de
pourpre, des segments d'or. Vu la somptuosité de cette
ornementation, qui la fit apprécier aux derniers siècles
de l'antiquité, on serait tenté d'en chercher l'origine du
côté de l'Orient. C'est bien un usage oriental que celui
des bractées en or îiiratïeaj, qui ne dillèrent des s(v/-
meiifa que par la matière et étaient comme eux fixées
après coup sur le vêtement, ainsi que des médailles. Les
découvertes d'Achmim-l'anopolis, d'Antinoé, qui ont
renouvelé la question, et les nombreux exemplaires ties
collections provenant des fouilles montrent (jue dans
l'Egypte romaine ou a, sinon imaginé, du moins employé
à profusion le seymcntttiii. .Vu i"' siècle de l'Empire, à
[sKAPHBUiN et GVMNAsTicA. p. I7VJ. — 10 tlEXExETv sc dit cu grcc pour tailler des ■
pierres, 'Ei. 4p/. l'-'OO, p. lit, I. 50 et les haches em|iloyées à cet elTet sont diles
itflext.oi (Dillenberger, Sijttoije-, .510, I. 171. Une hache gallo-romaine en fer
(long. 0,1,5), Irancfianle d'un côté. oH'ranl de l'auti-e une surf.icc ronde aplanie
011 on lit C*. \ib{iits) Poti{tus) serv.-iit probablement à manprer les arbres au
nom de ce propriétaire {liov. arc/i. 18G3, I, 71). l'cul-élre VAtticits ipi'on si-
gnale gravé sur une des faces d'une hache pic en bronze liouvée dans la slaliou
romaine de Newstead avait-il même destination. A'oc, of Aniiq. uf ScotlanJ, l'.iOO,
p. 11.5.
SEGMi;.\TUIII. — I Sauinaise, nd Script. Iiisl. .I117. Il, p. M:) si|. : Lalini liiic
voce inteiliylint tara aiirata l'et fascuts aitratas re-'tilnis et iirurcipitt; muticbribits
jtritetexi coiisuetas^ tl eas masime ijuibtis suuuiia ora vesti.^ iiraetexebatttr.
— - (Irii/. XIX. 22, IS ; ventes sctjtiietUatae ; add. Synnn. Epist. IV, 42 ; segmen-
tiiti atnicttis. — 3 Confusion faite par Mongcz, Jli'cliKrclies sur tes Ijabiltements
des anciens {.Vém. de /Vus/., Letl. et li.-A., IV (1818), p. 272 s(|.) ; Waddinglou,
lidit de Dioctétien, XVI, 40 (Paris, 18U4, p. 33) ; et plus récemment par Korrer,
Iteallexikun der Alterliimer. Berlin. 1907, art. rluvus. — i Forrer s'en abstient
liabiluellemenl, mais il spécilie que bien des fois les vélemi nls sont de lin, et 1rs
bordures ou tabutae eu laine. Ces piéoeciipalioiis se lonl jour dans l'inventaire de
J. Baillet, Tupisseries d'Anlmw nu wua-e dOrInms, p, 103 sq. — '•> Pouilaiilce
n'est pour les segmeiils en forme de galons ou de bandes-lisières rpriiiie pro-
b,ibilitc : v. . 1 avus. — « D'.iprés Val. Max. V, 2, I, dés le temps de Coriolan, les
dames romaines furent nAnns^'S purpuren reste et aureis uti sef/un:ntis. mais ce
médiocre compilateur a dû commettre un anachronisme. — ' Ars. om. III,
109; rapprocher l'allusion d'ilor. Ars. poet. 15.
a|ipli<|i
l'iiicertiliiiie qui
Inlinuiii, s i\),
HSsitebatm: Pou
di Storia dvl Vestiario,
late qui splendeat unus
pannus s'applique à des '
culas dilores duas; cf. f
; cil celle mal ièrc esl celle i'enian|ue "te CoiTadiiii {tejïcon
rien ne jusWiic : paragauda intexebatiir, »on, ut iu.stit'i.
lensiou de la signilication de loriim, v. Wilpcrl, In cn/titoto
rio, hoiiia, IS9S, p. m. — y Hor. Ars poet. 15 : Ptirpitrvns
nus et aller a'fsuitnr pannus. Mais dans Ter. Ueaut. il'*,
enieiiLs rapiécéa. — *U V. lîoiios. l-l, 8 l'eler: intei-
I. Uiac. IV, li. — Il 0. M. Dalloii, Calai, of mrly
Christian anliquities of the lirit. Mus. Loudou. lUOI, p. lG>>-9, n" 951. Autre
SEC. — ||7:{
Sakkarali, on t'iiveloppi- des momies dans de grandes
étofl'es à liandes eUi disques de pourpre ' ; il sesl aussi
retrouvé à pari des fragments d'étoiles, carres ou rectan-
gulaires ou lancéolés, de couleurs varic-es, dont la sur-
face moyenne est de 10 à 30 centimètres carrés-. Dans
le nombre, beaucoup sont encore fixés aux vètemcnls, et
les ré'perloires négligent à tort d'indiquer, pour la plu-
part, si ces ornements sont cou-
sus sur le fond, tissés avec lui
ou pos('S en broderie [piirygiOj.
J«Yl D'Egypte nous n'avons du
reste aucun spécimen antérieur
à Auguste, sous le règne du-
quel cette mode s'implanta en
Italie. Dans une peinture de
Porapéi, aujourd'hui au Musée
du Louvre ', on voit (fig. 6:278)
la Muse Tlialie vêtue d'un
manteau sur lequel esl fixé, au-
dessus du genou, un segment
de la forme d'un carré long.
Dans le principe, les fem-
mes seules portaient des seg-
ments'; une parure très eu
faveur consistait en bandes
dorées disposées autour de la
gorge et faisant comme ■' un collier [i'aïagu.m, lig. ."«."ilil,
35:20]. Le luxe progressant, cette mode s'étendit aux vêle-
ments d'hommes ; il y eut des tuniques dorées {(luralac) ",
c'est-à-dire pourvues de bandes brodées à fds d'or, ou
de soie et or cousues sur les pans. Kt cette élégance
fut démocratisée dès le iii" siècle, s'il en faut croire
Vopiscus, au point qu'Aurélien ne la jugea pas exces-
sive pour ceux de ses soldats qu'il voulait récompen-
ser : il leur donna des tuniques à deux, trois, même
cinq segments \ Loritin n'est d'abord qu'une des très
nombreuses désignations employées pour ces ban<les
d('coratives, dont Saumaise a laborieusement relevé la
nomenclature: piÇoo;, Tcapu-iai, pi[j.fji.aTa ou Tres'.pifjLjjixTa,
■/.ç,'j'JG'j( , àxotvOot, XiôjjiaTa, xy.\oi\i.oi, parat/audL's [i'AiiAGAi:iJ.\],
cirrjdi', insliUie, mit rg te la ou margelld, /i/nOi, jj/niiii ;
termes peut-être équivalents, dont les dillérences du
moins nous échappent ^. A vrai dire, cette multiplicité
des rayures, au bord du costume, parait une exception,
à en juger par les monuments. Une seule suffit d'Iiabi-
tude, surtout dans les premiers temps; une seconde s'y
ajoute tout au plus '. Plus tard, on en orne même les
vêtements de dessous'", dont celui de dessus, relevé
par un bout, laisse apercevoir la garniture. On variait
I FoniT, '/;:. Cl/, liï. U7. — if Oui. |il. xii, lig. 1 ; Al. I{ivg\. /Jif ae,,ij/,t. ler-
tilfimilc im k. I.: ueslen: AJiiseum, \Mcii, ISSU, p. VIII; pi. i, i; iv, 37i ; s,
08!) ; .\i, ti03 ; A. Gaycl, Ann. du Musée Guhntt, XXVIll (1908), pp. %, lilli, 1115,
107, un; cf. Karaliacck, Die Tlicod. Gnifschen /■'uMc/c in Aif/ijplen. — 3 ;■,(-
Inre dErcolnno. 11. 3; Uclhig, Wandijemiilde, 878 ; Mullcr-Wicsdcr, Denkm. d.
nlt. Kimsl, il, 735. _ i J.iv. Il, lii ; Ovid. L. cil. — 5 tfcivius, ad Aen. I, 054:
colloque moniL\ ornamcnlum gutluris^ quod et segmenlum dicunt — "J Cf.
Saumaise, ihid. pp. iU cl 37U ; f'ollio, Gallieni duo, 16, i. Peler. — '' Vit.
Aureliani, 4tî,G ; /tarai/audes vestes ipse primas militihus dédit eli/uidem
itliis dilores, trilores atiis. et utque ad pentalo'-es. — ** Une iiiari|ue de
SEG
les couleurs d'une Ijamle ;i lautri'. or, juimi |iir', etc.
.Mais, d'autre part, nous lavons dit, on donnait le nom
lie segments à de petites pièces décoratives fixées dans
le vêtement aux épaules et à la hauteur des genoux 11
n'en faut pas ciiercher de représentalion dans les monu-
ments de la sculpture, car les artistes ont omis de les
indiquer, en raison du défaut de relief; mais les pein-
tures, murales ou sur parchemins, les mosaï(|ues et verres
dorés y suppléent largement, l'ourtant, en général, ces
représentations ne donnent qu'une iiiée imparfaite des
segmenta; elles en indiiiiienl les dimensions cl la forme,
mais rarement le détail du dé-
cor. Souvent, du reste, ils ne
consistent qu'en pièces décou-
pées dans une étoile unie; tel est
le cas pour une tunique de lin
du firitish Muséum", qui pré-
sente les divers éléments indi-
iiui's par Isidore : le ruban du
pourtour [conao) et les pelil'^
fragments {particnfae), deux à
la naissance des bras, un sur
chaque épaule '-, une p.iire aux
angles inférieurs des pans de
(levant '' ; |)arfois encore on
trouve une autre paire par
derrière, au-dessus des talons ''.
Parexc(!ption,on voit une femme
avec deux segments sur l;i |)oi-
trine' ■, un hommeavec deuxbandesau dessusdii coude'".
Sur l'exemplaire du Musée Britannique, les segments sont
circulaires et appartiennent à la variété des orbirufi'',
comme ceux qui ornent les vêtements déjeunes esclaves
dansdesfresquesdéj;iciléesailleurs(lîg .(i27n, 2300, 2301 ;
cf. 1084. 3077), découvertes à Rome au xviii" siècle '\
Les recueils d'art chrétien (Perret, Garrucci, etc.) dési-
gnent d'habitude ces pièces de décor du nom de cnUiiii-
lac, se fondant sans doute " sur deux passages, uniques,
je crois, de la Passion de Perpétue et Félicité, où il est
(luestion d'un costume liabens multiplires cal/iciilas ou
'f/lliculus multiformes ex auro et argeitto f'actas^".
Mais ce mot barbare, corruption dugallicula (xpo/àç), ne
pouvait convenir qu'à des pièces d'ornementation mo-
biles, faisant comme un bruit u de galoches », et non à
des fragments d'élolTes-'.
Une fresque du cimetière de Sainte-Agnès montre
(fig. 6280) un ornement avec deux o/'6/c(</«' bleus et blancs
aux épaules, sur une tunique jaune--; une ligure <lu
cimetière de Sainte-Priscille a quatre segments bleus.
GJ7'J. — Tiriii.|u
iiU'Mls.le cou
(S. lie luiii.|uc coui|ililu ilau!
suiit dissimulés dans lûen
— 13 Garrucci, Utoria de
i.ïi, 4 ; IV (1877), p(. ucsi
Achmim-Vanopolis, Slraslio
— I-J Garrucci, II, pi. .w, i
prolialilemeul l'cxpi'ession
— IS Cassiui, Vitt. ont. r
— '^ C'est ce que fait c
alcuni frammenti di vasi
clerer], Manuel d'nrchêot.
oriicmciils d'éloll'c ou de u
luae et Fclicilnlis, III, Il
elle des interprétations riluî
de lart, VI, ad pi. ix, fig.
intérieur de la tunique, éta
/en et des d
pi. vu.
5 lîailli'l, np. cit. (). l-i'.l, U'' 10 : pi. X. s.(. — 12 Ceux-ci
des cas par le nuinleau ifut recouvre la luiii()ue.
H' arte cristinnu, l'ralo. Il (1873), pi. xxin, 1 ;
11. — li Forrer, Die Graeher und Jejlitfunde von
urg, IS'll; pi. vm, 10-15 et 17; p. t4si|.; pi. xiii, I.
. — 10 Id. III(IS73), pi. ci.xi, 1. — " A cux8applii|ue
de Tertull. de pud. S ; restes purpura oculare.
■ilrorate net scaro aperlo 1780, Itonia, 1783. pi. iv.
'xpressément F. Buonarruolli, Osserrazioni sojtra
antichi di rétro, Fircuze. 17 IC, p. 33; cf. 11. l.e-
chrétienne, l'aris, m07, 1, p. 87 : « Catticulae,
lélal pour la tunique ■■- — -0 Passio SS. Perpe-
{Act. Sancl. va Marlii, p. 635). — 21 On a elier-
distes de ces accessoires ; Séreux d'Agincourt [f/ist.
7) supposait que les ornemeuts circulaires, au hord
ienl, dans les premiers siècles, les iusignes des dupi-
-- L. Perret, Catacontbes de Home, Paris, 1851, 11,
SEC.
1174
SEG
éjçalemont sur liinii|ui' Jaune '. Mais les reproduclioiis
au trait simple des |uiiicipaux répertoires ne laissent pas
voir celte polvclironiie.
Au Has-Kinpire, une autre
dénoniination qui semble pré-
valoir pour les segments ronds,
plumniid ou Tt/.oujxpiia -, parait
se rapporter à leur exécution
en broderie i-iiincuM OPi'S,
p. iii);. Les scittulae sont pro-
bablement des segments en
forme de carré long, analogues
aux carreaux qu'on obtenait
par le croisement des rayures
dans le dessin des élofles lis-
sées ' [textriaa\ Les tabulae
ou tabliae, txmXIo.: ou TaêXw,
TiSÀia ', TtTu/ii ' sont les pan-
Fig. liiMi. - Tuinr|iic i vrbicuii. neaux Carrés largement étalés
sur le bord du manteau dont
les exemples abondent surtout dans les cblamydes liy-
zantines" (lig. triSl ; cf. lig. I'r20). D'autres, bien plus
rares, sont en forme de feuilles"
ou triangulaires *.
Les femmes, les premières, por-
tèrent des segments ; elles ont con-
tinué à pratiquer celle mode, comme
le montrent, outre les fresques, les
miniatures de la Gcnhe de Vienne ':
puis les hommes de toute condition
(lig. 6282) '", les enfants aussi", cl
indifféremment sur des vêlements
longs ou courts'-.
11 arriva également que, parmi les
cliréliens, on choisit pour segment
un découpage d'étoffe formant une
lettre de l'alpliabel, L, Z, X, 1. T,
r, H. N. A, CO, R, C, O, etc."', pra-
tique i)Oiir laquelle on a cherclîé di-
verses interpriHalions.
Il n'y a pas lieu de sanèler au passage où Jean le
Lydien " fait remonter au temps d'Auguste ce qu'il
voyait au vi' siècle. Le segment d'or (/pucodTifxov), alors
réservé à l'empereur et à sa cour (ty|Ç aùX-fi?), est la tabula
ou riSXiç, unique par personnage, très grande, d'une
coudée carrée environ, prenant invariablement du côté
droit, et un peu inclinée du milieu du corps vers les
jambes; c'est celui que nionlre la fîg. 1>2S1 et qui apjia-
rail en (ilusieurs exemplaires sur la mosaïque de Saint-
Vilal, à Uaveniie'^, porté par les minisleriules du Ixisi-
1 Pcrrcl. III. pi. 1. — 2 Chron. Mes. I, p. 613 ; Procop. .Ud. 111, 1 ; t. III.
p. 2W, Uoiiii. — 3 Scaligcr, Conject. p. os ; Salinas. ad Voptsc. p. n/l, SOI;
cf. ['lin. H. liai. .XXXV, II, li; Ccnsoriii. fr. 7, p. H. 14, Jaliii. — ' Chron.
Pascli. p. m Uintl. : ïsSaîu ^<'-Joaia.../.uoà... 3:<içBij^â; Collât. Porpii. Oe caerim.
Bonn. p. 4M, 17; 379, 14: Tarifa, p. H, 18; S74, 9 : i;i,oo:ciô'/ia <lis.IS>a.
— â LïJ. Oe mai/. Il, 1.1 : p. 09, I. 3-4 Wuinsch : w. J'iv t.iaTv l.)ciM,«v -.aSU:,:
âv-r: -iS «Tvjrîwv. — 6 La figure tiiSl esl tirée du disque d'arifcnt conservé à Madriil,
où Tliéodoso esl représenté entre ses deu\ lils ; c'est linnorius ipic l'on voit ici ;
Uelgado, A'/ yrun dise* de flieodos. ; cf. (iarriicci, Stori». IV, ccxvn, 3-4 ; i:<:xix, 3 ;
ccix, i; ccixi. l-i;c.:xiiï, 3: . , si v, l-i ; c.:i.il, i : III, cil.viii, i. - 7 KîegI, llp.
cil. :cr. ci-dessus oolei. p. 1173 :IJaillcl.0.c. pl.xiv, 4; xvii,3-4. — 8 Carnicci, O I.
III, pi .xcxiv, 3.-9 Cf. ï. Harlcl-F. Wicklioff, Wteiier 6'f ncsis, Wien, ll^9^95,
p'.ix, x\i, XXVI. — I" /hid. fi\. xxu,xsxi,\xiv, XXXVI, xMi, ii.v. La fig. fi28i représen-
tant un tailleur de pierre est tirée d'une iniuiaUirc ilc Ylliaile de .Uilan (ve siècle)
éd. Slai, pi. xim. — " Wien. Gin. pi. xxx; voir le [lelit Isaiic du sacrifice
d'Abraham sur une niosa'ûpie de Rome ((jarrucci, Storin, IV, pi. < ci.xii, ±).
— li Wien. Gcn. pi. xvi, xxvii, xxviii. — 13 Mais la coutume de coudre des
ôisl. — Maiil.-
Inliuta.
/riis\ il se détache en rouge avec tili d'or sur des clila-
mydes blanches.
Le roi de Lazitjue avait reçu de Justin la couronne; il
piil la iliiain\ilf de soie iilanclie et ('changea le TioX'.ç de
pourpre contre le xiÇÀiç d'or impérial, encadrant le por-
trait de son suzerain ; sa para.gaude blanclie était encore
couverte de tJ.o'j^ilIz d'or, portant de même des portraits
de l'empereur"'. Parla, il se déclarait roi, mais vassal.
L'habitude s'était prise depuis longtemps de multiplier les
portraits sur les vêlements d'apparat imaiio, p. 406' ; mais
auparavant, la décoration des segments avait subi toute
une évolution que l'on peut suivre dans les collections.
Les échantillons égyptiens les moins récents présentent
d'abord des ornements linéaires, géométriques, méan-
dres et entrelacs '^ ; passé le début de l'Empire appa-
raissent de grandes feuilles à demi stylisées ; les repré-
senlalions mythologiques'* sont fréquentes encore, la
chasse el les exercices du cirque ; on imagine les rehauts
de blanc, pour obtenir des fonds sur lesquels se détaciient
les ligures. La polychromie se généralise vers le temps
de Constantin; la pourpre se combine avec le verl, le
jaune, de nuances variées; après les cavaliers el les
ligures bachiques prédominantes", les symboles chré-
tiens se répandent, le monogramme du Christ avec A Cl'"!
la baleine, la colombe , aux iv"-v"^ siècles, la mythologie
cède la place aux représentations purement chrétiennes :
.\nnonciation -', figures de saints, scènes de la vie du
Christ-'-. Vn des plus curieux spécimens, du iV siècle, a
pour sujet un guerrier et une danseuse nue-'; tout
autour, en bordure, une rangée de médaillons enfermant
(les animaux, lions, lièvres, ou des corbeilles de fruits".
Ces ligures de personnes ou d'animaux étaient appelées
lettres sur les vêtements ne date pas d'eux; cf. .Vpid. J/t7. VI, 4.î. Surtout dans
les niosa'i'iiics; Garriicci, iàid. IV, pi. ccvii ; ccxi, 2 ; r.cxii ; ccxv, 3; ccixivi ;
txxxxix, 2; ccxi. ; ccxi.i, 2-3 ; cc\i.in. Ou liieii la letti-e esl inscrite dans un fragment
carré : ibid. pi. ccxviii, 2. Simple svastika sur l'épaule et les genoux d'un fossor;
voy. rossoH, fig. 3281. Autres svasiikasap. Baillel. O. c. pi. i,5; Calirol, Uictionii.
d'arch. clirét. I, 2, p. 223-J, fig- 78i. — n Z)c mag. II. 1; p. 58 ; I. IS sq. Wueusch ;
add. Il, 13 ; p. 69, 1. i sq. — <» Bin: arclicol. XIII |18 lU), pi. r.si.v-vi ; Garrucci,
.s'/oritt, IV, 264; 3 ; add. p. 21. fig. 12. C(. encore Colieu, SJédailles impériales.
l'aris, VI (1862), pi. xiv. — 16 Chron. Pasch. p. 613-4, Dind. Cf. iuaco, p. 40i;.
— 17 Kuirer, /leallcTikoii, pi. xii. li.g. 2; pi. xiii, fig. 2: Baillel, p. H9 s.|.
— 18 //»«/. pi. XI III. lig. I (Wris et Hélène, lu' siéclej : fig. i (adoration de Bac-
clius) : pi. xiiv, fig. 2 (llépliaistos Iravaillanlau bouclier d' Achille). — ''J /*iif. pL xi.iii.
lig. 2; pi. XMV, fig. 1 ; pi. xi.v, fig. I. — » /liid. fii;. 143-145. —21 l'I. xi.vi, fig. i.
— S2 ri. xi.ï, lig. 2 (iv siècle) ; pi. xi vi, lig. 3. — 23 CI. xi.v, fig. 1. — 21 Kappro-
rher, dans la collection de Vienne iHiegI, Op. cit.), l'enfant ailé tenant devant lui un
canard ; des animaux inscrits dans des cercles ; deux cavaliers imberbes, au-dessus
il'nn lion cl d'une panthère (pi. iii, n''624; pi. xiii, n«628); Baillct, p. 58 sq.
SEC.
11 7:; —
SEI
siffi//{f, L'I sii//7/fit<i rcs/inipntri l(!s cosluini'S où elles
iHaiiMil lisst'C's, brodées ou cousues. C'étaient comme des
tableaux ambulants ' ; de là encore les noms do Scjoito;
ou i^ioOKOTÔç ytziov-.
Un dernier terme, aurjuel il faut nous arrêter, est celui
de tvv/i/r/. On a pensé qu'il ([('signait un ornement en relief,
obtenu par des segments épais, en bandes ou en petites
pièces rondes ou carrées ; telles les bractées en somme,
telle une plaque d'or circulaire, provenant encore d'Egypte
et destinée à être cousue, comme rindi(iuenl les trous de
la péiipliéric'. On ornait ainsi les murs d'appartements
et les fonds de coupes [emb/cmula, crusiae). Malheureu-
sement, celle explication, qui est celle de Du Gange * et
de GodefroyS est déduite d'une constitution ° de Théo-
dose, Arcadius elHonorius (393), où il est dit des acteurs
de Ihéàlre : His quoque ves/ibus noverint abslinenduni ,
qunsGraeco nomine a l.atlno crus/as voccui/, in /juibus
nlto fiflmixlus co/ori puri robur muricis inardexrit. Or
l'ancienne lecture : a Lnlino cruslas \ parait écartée
délinilivemenl par la dernière variante admise: alethino-
cruslns*, plus conciliable avec l'ensemble du texte.
Celui-ci interdit aux mimes l'usage des pierres précieuses
et des vêtements d'or ou de soie à figures [aii/illalh) ; il
défendrait en même temps celui de la pourpre, permettant
sous celte réserve les couleurs variées, et même l'or sans
gemmes, collo, brachiis, chif/ulo, et tout ceci parait
comprendre, à la fois, les ornements tissés et ceux
d'applique'. Parmi ces derniers nous pouvons précisé-
ment compter les ca/liculae, sortes de boutons d'or ou
dorés, que définirait très bien l'expression, un peu
postérieure, crepilanfiasegmen/a"'. Les segments n'au-
raient donc pas été maintenus toujours aux mêmes
places exclusivement" ; les ceinturons (Haient IVéquem-
ments garnis de plaques- d'or ou d'argent; cet usage est
attesté dès le i"'' siècle'-, et l'inventaire des objets pré-
cieux donnés à un temple de Nemi mentionne une cona
cum sefjmeniis argenteis'^ ; au m" siècle s'ajoutent les
perles et pierreries interdites aux acteurs".
Au vr, Ennodius'" emploie les mots in ser/menlis
ponere k propos delà nomination d'un consul; or la
toge consulaire de ce temps est représentée sur les dipty-
ques décorée de cercles et de carrés, sans intervalles et, en
général, tous pareils (fig. lOOtià 1913). Segmenta ne doit
pas désigner ces ornements, sans doute tissés ou appli-
qués en broderies'"; ou bien il faudrait croire à un abus de
langage, compréhensible vu la portée très large et très
vague de ce mot. On reconnaîtra, d'ailleurs, si peu qu'on
creuse le sujet, combien il présente encore d'obscurit('S.
1 ■;); To;,o. vtYfa'iiiJ.oi {Asle.iiis, in Iwinil. I île Dirile ri Imzkvo, p. 3 Ku-
hcn.). — 2 l'ollui, VU, 13, fr. ;i5; cf. Amni. M,irc. .VIV, (i, il. — 3 I'oiilm,
Die friih- chrisll. AUerlhûmer ans ilem Graebci-felde vim AcImimPnnoiMlis,
Slrashouig, 1»9:), p. 18, fig. 14, el sur la feuille de tilre. — * Gloss. Int. s. i:
— ô Cod. Iheud. cd. nov. V, p. 4-i5. — C Ihid. XV, 7, M. — 1 Ou dau-
tres proposées jadis ; ne Lnlino, ou Latini ; v. Godefroy, L. cit. — ** C. Tfieod.
éd. Mommsen-Kruger ; àAriOivô; = /*i/r/><(reiM- (dans le grec médiéval) et xî'"'!*" =
cofur. — 'J Voir à I'Aiiacauoa les niesiires k'gislalivcs concernant les segments de
bordure; rien n'autorise à les étendre aux autres variétés. — II* Sidon. Apoll.
Eiiist. S, 9{lindu v siècle). — H Los satr.ipes d'Ai-ménic i-ecevaientde l'empereur-
Ijyi^antin leurs iiisi^nies : une robe de soie décorée de toutes parts (iia-/Tu/,ô(iEu) de
ces ornements d'or " qu'on appelle n'Aounixia •> (Procop. ned. III. I ; t. 111, p. -*i",
l;„„„,. _ 12 Pliu. H. n. XXXIII, lli. — 13 C. i. lai. XIV, â2l-S, 1. 14-13.
— It (lullien. duo, 10, 4; Cnrin. 17, 1 ; llerodian. V. 2, 4. A un objet de ce genre
appartient vraisembbiblenient la plaipie d or incrustée dn musée de l'eslli (Ues-
jardius, Musée nutioual hongrois, Buda-l'esth, 1873, pi. xi.viu, n" i37 a), l'our les
éléments du collier, v. Buonarruotti, Vetri cimit. p. 157 ; Perret, liesc'c. des jd.
p. 45. — '^ l'aneij. in Tlieoduric. IV, p. 260, 1 llartel. — <(i ci
uoNscL, p. 14»0. — 17 Juv. VI, 80; Kl seijmentatis dui niisset panula
Ajoutons enlin i|iie les costumes ne recevaient pas
seuls des segments; on avait recours au même procédé
pour les pièces d'ameublement : lits et couvertures ' ",
coussins liturgiques {/onilin) '*, rideaux'-'; les portières
servant de fond de tableau sur la mosaïque cit(''e de Saint-
Vital, à Uavenne, sont embelli(^s de lobii/ae, coiiiiiu' les
riches habits des personnages-^". Virron Ciimmit.
SEISACllTIIEIA. — Avant les réformes sociales intro-
duites par Solon, il existait à Athènes une classe d'indi-
vidus nommés TteÀctTai [pelataij, ÉxTï,|jLopoi [uekticmohoiJ
ou 0-?|Teç, au profit de qui le grand réformateur accomplit
ce que ses contemporains ont nommi; la çeim/iid'-j., expres-
sion signifiant qu'il les a débarrassés du lourd fardeau
qui pesait sur eux. Mais quel était ce fardeau et en (juoi
a consisté prt'cisément la seisachtliie? C'est là une
question très délicate et très discutée et sur laquelle les
auteurs anciens eux-mêmes n'étaient pas d'accord.
Dans une première opinion, qui a rencontré des par-
tisans surtout en Allemagne', les £XT-r||xop&i sont des pro-
priétaires libres, mais endettés, qui n'ont pu remplir
leurs engagements le jour de l'écht-ance, soit de la dette,
soit même des intérêts, et qui, en vertu de la loi rigou-
reuse sur les dettes, sont obligi'S, comme les lots étaient
inalii-nables, d'abandonner- les cin(i sixièmes de leur
récolte à leurs créanciers. La réforme de Solon aurait
alors consisté à abolir les dettes de ces ixT-r^iiô^oi et aussi
la redevance dont ils étaient tenus, ainsi qu'à ôter aux
créanciers le droit d'asservir leurs débiteurs. Un certain
nombre de textes semblent bien, en effet, borner la
réforme de Solon à une abolition de dettes. Telle est la
signification que lui donne Plutarque-. C'est également
en ce sens que s'exprime Aristote dans sa Conslilulion
des Athéniens, oi'i il dit que " devenu maître des affaires,
Solon délivra le peuple dans le prissent et dans l'avenir,
en défendant d'engager son corps pour dettes, et il abolit
les dettes privées et publiques, ce que l'on nomme aeica/-
dsict » '. Tel est aussi l'avis de Denys d'IIalicarnasse, Iléra-
clide, Dion Chrysostome et Diogène Laërce ''. Prétendre,
comme on le fait dans une autre opinion, que la réforme
de Solon aurait consisté dans l'abolition de la clientèle,
c'est perdre de vue que la clientèle n'est guère qu'une
conséquence de la conquête et que les clients ne sont que
les anciens habitants réduits en servage par des étrangers
victorieux. Or, dans l'Attique, ainsi que l'attestent tous
les témoignages qui nous .sonj, parvenus, les Ioniens qui
y sont établis ne s'y sont point présentés en conquérants ;
un accord s'est établi entre eux et les indigènes, qui a
rendu possible la fusion entre l'ancienne et la nouvelle
— 1» AcI. An-.
VI, io;c, 1. H)
I 117 : disnimheules Inyniilnis nl/.is sriimrnlnl is (C. i. I.
ai IS3 (iU'J'J, 11, 1. Ili-I7); il mai ills (iloi, I. 13); -lit:
lt;ll4,i. l'.'). — rj Au musée d'Orléans est une pièce de ten-
ture d'Antinoé (Baillet, n" 45, pi. u), où sont cousues îles bandes alternativement
monochromes et multicolores. — M (Jan-ncci, .S(orin,IV, pi. ci;r iiv, i ; cf. .:i:javu, 1.
— BiBiiocnAPHiE. Saumaise, Uo.lefroy, Loc. cit. ; l-'r. Wieseler, lias Uipti/clion (Jui-
rininnum :u Brescia. (;i-iltingen, l«68, pp. 37 sr|., 44, note 38 ; Manpiaidt, Vie p^-
m'H des Ilomains, Ir. fr. Il, p. 188-100 ; C. Jullian, Alélanij. de Hume, U (I88Ï),
p. 12 sq. ; Forrer. ouvr. cités; Jules Baillet, les Tapisseries d'Antinoé an musée
dOrtéans I^AJém. de la soc. urchéol. et liht. d« l'Orléanais. XXXI (1007), p. !l5-t6-'0.
SiilSACIITIIKIA. 1 Scliœiuaun, Antiquités r/reci/ues (trad. Galuski), t. I,p. 37ti ;
llermann-Tliumser, lleclitsallerliimer, p. 375 ; Bôckh, Oie Slaalshaushaltunlj der
Alhem-r. t. I, p. 578, note a; (Jrote, Hist.de la Grèce, II, p. 77 sq. ; Curtins, Hisl.
,1e In Grèce, t. 1. p. 405 sip; Miiller-Busolt, Handhuch der klassisclien Alter-
tumswissensclmft, t. iV, I, p. 145 ; Gilbert, Hundbuch der i/riechischen Stnatsalter-
tumer, t. I, p. 141; Martin, Carniiers athéniens, p. 40; Guiraud, La propriété
foncière en Grèce, p. 4-il. - --! l'Iutarcli. -Solo, lil7. — 3 Arist. .l(/ic». resp. o. li.
— 4 Dion, lialic. 5, l'.ô ; lleracbd. 1, 3 ; Uio Clu-ysost. 31, 00; Uiog. I.aerl.
I, 2, 1.
SRI
lITti —
SEK
liii|nil.iliiiii. I.iii>^tiliiliiin lie la clicnU'li' on du snrvago
n'y aurait donc aucun fondcnicnl liisloriquc.
Voici alors (piclli' aurait i-lc, dans ce |ircinicr syslouic,
la cause de la rcroriiii' opérée par Solon. Les Eu|iatriiles.
les nohles, possi-danl des richesses mobilières considé-
rables, ainsi que les meilleures lerros situées autour
d'Alhènes, avaient refoulé vers le nord, dans la partie la
moins fertile, nommée Diacrie, les petits propriétaires.
La situation de ces derniers élail devenue de plus en
plus misérable. Peu à peu. appauvris et ruinés, ils ont dû
enn)runter aux riches, au\ nobles, et comme la terre est
inaliénable el insaisissable, le créancier a le droit, s'il
n'est pas payé à Téchéance, de saisir tous les ans les
cinij sixièmes de la récolte, ce qui entraîne, à brève
(■•cliéance, la ruine complète el, en outre, Tesclavage de la
dette. Mais les opprimés devenant tous les jours plus
nondjreuxel plus redoutables, la guerre sociale menaçant
à l'intérieur, alors qu'à l'extérieur Athènes était impuis-
sante et humiliée, on se décida à confier à Solon la
mission de résoudre ce grave problème social, et la solu-
tion qu'il y donna en .'jit't consista dans l'abolition des
dettes et de la redevance des cinq sixièmes. Ce fut la
seisachtiiie. La terre est délivrée et cette délivrance se
manifeste par l'enlèvement des bornes hypothécaires,
desopoi. Cette délivrance est, d'ailleurs, accompagnée de
celle des citoyens vendus comme esclaves.
Dans une autre théorie, proposée par Fustel de Cou-
langes', les £XTf,[iûDoi délivrés par Solon étaient les clients
(|ui cultivaient les terres des Eupatrides ; ils finirent
par obtenir, non pas la propriété, mais la possession
de leurs lots, moyennant le paiement d'une redevance
fixée, à l'époque de Solon, au sixième de la récolte.
La réforme de Solon aurait alors consisté dans l'abo-
lition de la clientèle et de la redevance el dans la recon-
naissance du droit de propriété personnelle conféré à
ceux qui n'étaient auparavant que les clients ou, en
quelque sorte, des serfs.
D'après Fustel de Coulanges, l'instilutiiui île la clien-
tèle ou du servage, si elle ne peut, à .Mliènes, comme
dans d'antres cités grecipies, être le résultat de la con-
quête, y est la conséquence naturelle de la constitution
du -[évoq. La famille attique aurait compris, en eflet, sous
l'autorité d'un chef unique, deux classes de rang inégal :
d'une part, les individus naturellement libres; d'autre
part, les serviteurs ou clients, inférieurs par la naissance
mais rapprochés du chef par leur culte domestique. A
l'origine, quand les familles vivaient isolées, les clients
demeuraient avec la famille. Mais quand la cité lui
l'ondée, ils cherchèrent ;\ sortir de la famille. Le mailrc
leur assigna un lot de terre i]u'ils linircnl par culliver
non plus pour lui, mais pour leur propre compte, moyen-
nant paiement d'une certaine redevance. Les Diacriens,
qui labouraient ])éniblement les flancs de la montagne
où on les avait reli-gués, linirenl par devenir si menaçants,
(|ue l'on dut, i)ar l'inlermédiaire de Solon, leur donner
I l-iisl.-i ,U. ConlaiiK'S ' ,/,• „„/,,,„■, In. IV, 11-., 20^ Nourcllcs reci-erches,
p. 50 cl supra, Voir attica hisimuih a, p. 3! i. V. Haiis le im>me sens Clore, Mè-
Irqiiet alliénient, p. 3M si|. : Beauchcl, l/isl. Ju droit /irivi- de la République
alhinienne, I. Il, p. 529 sc|. — 2 l'iularcli. .S'o/o ; M. — :i Ibid. 15. — t Arisl.
Allien. Ileap. c. 10. — ^ Cf. Scliii'cnaiin OaliisLi, l. I, p. 377 ; Marliii. p. 57 ; lijl-
Lcrl, p. Hi : (ii-olc, //»iV. l. I, p. IX; ll.riiianu-Tliumser, p. 375. V. toutefois
Hullsih, liriech. n. rôill. Melrol. p. iOO sq. , Curlius, l. I. p. 3lii; Waclismulli,
Hrll. allerl. I. I, p. 472; Droyscii, Zum Atûuztnsin Mliins, m lier, der
Uerl. Ahid. I«S2, p. 1195.
StKOMA. — 1 Sur les mesures lîUlons clicz U'saiioiius, v.iv. li.i-i;kli. .]/elor ijol.
snlisfarlinn en abolissant la clienlèle et imi ilonnanl eu
pleine propri(''ti'' aux clients la leiie diinl ils n'avaient que
la diMiMilion ]iri'caire. (Jiiaiil à la reilrvaiire ilu sixième,
Siilnn la siipininia ou peut-être la ri'iliiisil à un laiix tel
i|iir le ralliai en devint facile. La riinsi'i|ii -e de la
ri'foriiie fut aussi renlèvement des 0:01, mais considé'rés
comme des bornes saintes et attestant que b; champ, uni
à la famille de l'Knpalride par un lien sacri'. ne pourrait
Jamais élre alii'iii''.
Ce système de la clientèle a pour lui de nombreuses
analogies. Il se concilie parfaitement, d'autre part, avec ce
que raconte Plutarqiie'- de la situation des thètes libérés
par Solon, qui, dit-il, labouraient pour les riches en leur
payant une redevance de la sixième partie du produit.
Sans doute, certains auteurs anciens font consister la sei-
sachtiiie dans l'abolition des dettes. Mais la raison en est
que, faute de documents, qui ne pouvaient, d'ailleurs,
exister, ils n'ont pu comprendre quelle était la servitude
dont Solon a libéré une partie de la population, surtout
que le régime de la (jenu avait disparu après Solon, au
point qu'on en avait perdu même la notiim.
Une dernière explication de la seisaclithie a été donnée
par certains auteurs anciens, au nombre desquels se
trouve Androtion^ Cette réforme, d'après eux, aurait
simplement consisté dans un changement apporté au
titre des monnaies, par suite duquel 100 drachmes nou-
velles équivalaient à 75 drachmes et demie. Solon aurait,
en même temps, réduit le taux des intérêts pour alléger
le fardeau des di'biteurs. Mais cette explication est géné-
ralement rejelée par les partisans du système de la rede-
vance, comme par ceux de la théorie de la clientèle. On
ne comprend pas, en eflet, comment la seisachtiiie,
réduite à cette simple signification, aurait été un sou-
lagement suffisant, soit pour de malheureux proprié-
taires à qui on n'aurait continué de laisser que le
sixième de leur récolte, soit pour des clients endettés à
qui on aurait toujours refusé le droit d'être proprié-
taiies du sol qu'ils cultivaient. La réforme attribuée à
Solon, en ce qui concerne le changement dans le titre
des monnaies, est vraie, sans doute. Mais Aristot.e' l'at-
teste formellement, elle est bien distincte de la seisacli-
thie. Elle l'a suivie et complétée dans un sens favorable
aux débiteurs '. L. Beauciiet.
SEHOMA (i^YiXioui-/). — Ce mot di'signanl des mesures
étalons' figure sur un marbre de Di'los qui porte la
dédicace d'un épimélète à .\pollon-. Une inscription de
l'ouzzoles semble employer de même l'adjectif saco-
iiiiiriiis : deux défunts y sont qualifiés de inenxor idem
l'I sfiroiiKiriits 'K Sannna, toutefois, qui se rencontre deux
l'ois chez V'itruve, y a, au contraire, la signification de
peson d(! balance, contrepoids'. Le substantif au moins
n'a donc pas été latinisé dans le sens du grec.
Nous ne connaissons pas, d'autre part, d'équivalent
proprement latin. Seuls les imHrologistes modernes ont
créé à cet effet l'appellation de «(c/(.s'rt jioiu/erarid, ou celle
rn<ei-si/f/iiiil!/. p. l2eUS8-HI0,el .V(rtua/iniis/.n//. l. 111, p. itâC. l.a source fomla-
nienlalcesl pour A llitnes l'inscription Corp. iuscr. y mec. I, 153.= Corp. inscr.altic.
Il, +70. Ilullsch {Griecli. und rùnt. Melrol. i' i-d. p. 100), daprts les lignes 9-10
de cette inscription : aî Sî 4p/.«i «ï; olvôfioi ^laooToiTTojTtv to-ï; xat£.înrjaI-Ti4ESa] aù^pr>'i.tt
»i»i».i;i«Tar«i[n]idiAEvttiiï-û; zt -à yifoà xu\ Tô Ir.ç't, distinguerait des mesures iMalons au
sens strict, ipialifires de oiufoia, les mesures simplement coulrôlées auxquelles
s'appliquait la désignation de «.-..«iioia. — 2 Uull. cvrr. /lellén t. II. IS78, p. 10,
n" 3 ; t. III, IS79, p. 374, n" 15... r,[|.]o; i.oSixou Maf(.».;v.<.; iK.^ù^vIf, iT;>.<.u ■,,^i-
nt.o; „r,^ur.«. <rit>|ooî *,i»!S;|»vou 'AiA),oi.,. — 3 Corp. inscr. lai. I. X, 1930. Cf. un
passade ol.scur de saint Jiîrùme, In Ion. t, li. — * Vilruv. IX, 3 et 9.
SEK
— 1177 —
SEK
lie pondéra ri iiin ' , i|ui, on Va vu [pùmierarum], dans
ranliquitt', désignait en réalité tout autre chose, l'édi-
lice où étaient conservés les poids et mesures étalons'-.
11 est donc difficile de dire quel était le nom vrai, sans
doute simplement iiiensurae, mcnsurae e.rucqitatae^ ou
inrtra '% des mesures étalons qui ont été découvertes dans
le monde romain d'Occident. Nous ne pouvons pourtant,
dans cette notice d'ensemble, les passer sous silence.
Il n'est, d'ailleurs, question dans ce qui suit que des
mesures étalons établies à poste fixe, non des mesures
contrôlées mais maniables tit transportables comme par
exemple le célèbre congius Farnèse ■ ou tel vase cylin-
drique en terre rouge très fine, porlanl l'inscription
ofjjji.d'T'.ov et deux timbres, l'un avec une double chouette
et les lettres A0, l'autre avec la léle casquée d'Athéna,
que M. Dumont a publié comme étant une choinix
atlique '.
La première en date des mesures étalons romaines et
Via. Ci»3. — Musi
iu l'oiiii»:
la plus remarquable par sa forme exceptionnelle est celle
qui a été recueillie en 1S16 au forum de Pompéi ' et
qui est conservée au Musée de iNaples (fig. 6283j. Le bloc
±
-^hsm^
-w^-
Fig. «284. — Cou|ie sur la ligm- des cavités.
de tuf oii elle a été creusée présente deux tables sur
chambranles superposées % creusées, la table du bas de
1 Sur le mot pomlerarium, voy. Promis, Voc. tal. di architct. poster, a VUrtnio
(eitr. des Meni. d. Ace. d. Se. di Torino, se. nior. stor. e fdol. scr. Il, t. .XXVlll,
p. S07-ii;i), p. 1G7-1C8. — 2 Voy. t. IV, 1" pari, p dV7-d48. _ 3 Exemplaires do
i'ompci, de Timgad, de Klianiissa, de Kossovo cités ci-dessuus, inscriptions de
Krescia (Cotp. insci: ht. t. V,4468), de Lambèse {/bid. t. VIII. 3i9i ellS177), de
Tcnès (lùid. t. VIII, 96CC), dAlbacina (/6/rf. t. XI, 369".). — 4 Exemplaire de .Min-
tuincs. — 5 Voy. t. I, !2« part., p. 1444, fig. 1898. — s Dumont, C. r. ik-
VAc. des Imcr. ISC7, p. Jôd-S 0, lier. arch. 1872, t. Il, p. 297-:i03, insir.
céram. p. 417 s^. = Alél. darcli. et d'épii/r. XVII, p. I26-IS3 ; Hultsji, p. Iiiy.
note 4. Voy. encore Vasi|uez-yneipo, Essai sur les sijst. métr. et monét. des
itnc. peuples, t. I, p. 525; île Wilte. /ler. arch. 1862, t. I. p. 333-333, C. r. de l'Ac.
d'-s Jnscr. 1863, p. 71-74 et 186B, p. 383-36'i. — 7 Mazuis, Iliiines de Pompéi,
t. 111, p. 54. pi. XI.; Manciai, Giorn. d. scari, iiuov. ser. t. Il, p. 144 si|. ;
Vin.
— riaqn
cinq cavitt's de grandeur décroissante de dmile à gauche
{fig. 0:28't) et en outre sur les ctjlés de cavités plus petites
dont l'une est à demi-couverte par un chambranle, la
table supérieure de deux cavités seulement. Un trou, que
pouvait fermer une plaque de bronze
mobile (lig. ()283), de même qu'une '■"■■ --^^^jt*
autre plaque de métal servait de cou-
vercle, est percé au fond de quatre XÂfeÉB^='
des cavités principales et procurait
l'écoulement des matières jaugées. 11
reste, près des différentes cavités, des
traces de caractères d'où l'on peut conclure que le monu-
ment, dans son état premier, remontait jusqu'à l'époque
préromaine. Sur la tranche supérieure se lit en outre
l'inscription suivante qui parait pouvoir être datée de
l'époque d'Auguste : A{ulus) Clodius A[uH) faihis) Fluc-
riis N{uine rius) Arcneus I\\umerii) f{ilhis) Arellia{nus)
Caledus \ d(uum]v(iri) J{ure) dykunduj mensuras cxae-
quandas e.r dec itrioniim) dec)'(cto)''.
.Naples possède encore une autre mesure, trouvée à
Minturnes en ISil'", établie à leurs propres frais par les
soins de deux autres duumvirs, L. Gellius Poblicola et
C. Caedicius, qu'un sénalusconsulte avait chargés de pro-
céder à la vérification des poids et mesures, pondéra et
melra exaeqtturunt" : elle consiste en une pierre rec-
tangulaire portant cinq cavités dont trois sont munies
d'un trou d'écoulement.
Telle est aussi, et c'est la forme d'un usage constant,
une mesure récemment exhumée à Timgad et que la
libéralité d'un édile du nom de Celeriniis avait fuit exi--
ctiler pour ses concitoyens'-. Trois grandes cavités,
percées par le bas, sont disposées dans la longueur :
elles mesurent respectivement 0 m. 39 de diamètre sur
0 m. 20 de profondeur, 0 m. 35 sur 0 m. 20, 0 m. 26 sur
0 m. 15, et correspondraient à l'amphore, au modius et
au demi-modius; dans les intervalles laissés libres ont
pris place deux cavités plus petites, non percées, de
0 m. 14 etO m. 10 de diamètre. Les fouilles poursuivies
sur un autre point de l'Algérie, à Khamissa, ont en outre
lait découvrir, reposant encore sur des supports dans
un angle du forum, deux autres tables anépigraphes,
dont l'une porte, comme les exemplaires précédents, des
cavités hémisphériques au nombre de quatre, et l'autre,
au contraire, présente la particularité que les cavités,
également au nombre de quatre, y sont à ouverture
carrée et en forme de parallélipipèdes légèrement
arrondis à la base, les cavités les plus grandes ici encore
('■tant percées d'un trou qui communique avec la surface
inférieure de la pierre '^
Les deux prétendues mesures signalées en Gaule, l'une
à .\gen", l'autre à Maule'% sont trop douteuses pour
qu'on s'y arrête. De la première, en admettant que ce soit
bien une mesure, le caractère antique n'est pas certain.
Brctou, Pompeia, p. 117; Overbeck, Pompeii, p. 53, 50; Ibid. 4« éd. rcv. par
Mail, p. 63-64, lig. 23 ; Vasquez-Uueipo, t.ll, p. 375; Eggcr, Mém. de lu .Suc. nul.
des Aiit. de Fr. t. XXV, 1838, p. 87-90, fig. I = Métli. d'hist. une. p. 197 s.|. ;
Mau, Pompéi, p. 92 ; P/id. trad. Kclsey, p. 92-93, lig. 34; Uusroan, Pompéi, lig.
p. 156 et p. 203-200; Tlicdeual, Pompéi, Vie publique, p. .50-51, (ig. 31; .Msscii,
Pomp. .'Slud. p. 71. Il semble qu'un ait encore découvert au forum de i'ompéi un
autre exemplaire formé de « deux petites tables posées de même l'une sur l'autre et
contenant aussi des mesures » (brclon. Pompeia, p. 118), — » La lable supé
rieurc est aujourd'hui détruite; une copie moderne se voit à Honipéi. —9 Corp.
iiLscr. lai. t. X, 793. — m Kuesch, lliwia d. Mus. di Napoli, n' 1234 ; Bull. d. Inslit.
1841, p. 180; Egger, p. 103 et lig. V. — " Corp. inscr. lut. t. X, 0018. — 12 lla-
piiat, C. r. de lAc. des Inscr. 1903, p. 490-495. — '3 lliid. p. 493-497. — il Huit,
delà Soc. .\nt. de fr. 1906, p. 162-160. — I5yéirf. 1903, p. ISI-183.
148
si::k
II7S
SEK
Moins élahli encore est lusage de la pierre de Manie, «jui
dlll'èrerail complèlemenl des exemples connus: l'opinion
la plus aulorisée y voit une sorte d'appareil à lillre ou à
lavage qui ne serait pas antérieur au xii'' siècle '.
Il faut, en revanche, rattacher entin aux exemplaires
qui peuvent être qualiliês de romains une intéressante
mesure étalon de Kossovo en Bulgarie -, dont non seu-
lement la dédicace, qui émane d'un ;/i/mna^i\urr/ia
L'/iipori Pùrtensiiun '\ est rédigée en latin, mais dont
les mesures paraissent appartenir à un système romano-
oriental. Tn peu plus seulement de la moitié de la pierre
a été conservé. Le milieu en étaitoccupé par deux cavités
àorilices rectangulaires, comme sur l'un des exemplaires
de Khamissa, désignées par les légendes a-r,y.6ôi(o)v et
(xo[o!o.:]. Sur le côté sont quatre cavités à orilice circu-
laire, superposées deux àdeux, deux semblant destinées
à l'huile, -JijjLeiva, li'7T-r^ç il-r,ç,{i;), deux au vin, V||XEiv7,
îédTirj; o''v(ou).
Venons maintenant aux mesures étalons trouvées dans
le monde grec ' et auxquelles convient à coup sur le
terme de cT|Xa)ixa -•. L'un des plus anciennement connus
est un bloc de marbre blanc trouvé à Ouchak en Plirygie
el dont la surface est percée de sept cavités circulaires
de grandeur inégale, désignées comme correspondant à
des mesures définies, telles, pour ne citer que les plus
connues, que le fxoîio;, la /oïvi;, le SixotuXov *■ : la face
antérieure porte, au-dessus d'une guirlande, la mention
'AXé;avopo; Aoxijxsù; ÈTiotei, soit Alexandre de Dokimeion,
ainsi que l'a compris le premier éditeur M. Wagener, soit
Alexandre le 3o>.;|A£Ù;, équivalent de ooxi^i.'xtjTrfi, le vérifica-
teur, exuctor ou iiequator, comme le préfère M. Egger '.
Les trois ou quatre autres monuments mélrologiiiues
de provenance athénienne qu'a signalés, en même temps,
ce dernier, une sorte de vase cylindrique avec une rigole
d'écoulement au fond *, un autre analogue '', un troi-
sième encore, qui ne fait peut-être qu'un avec un
des précédents'", et un dernier de forme assez voisine,
mais plus petit ", ne sont, M. Egger lui-môme le recon-
naît, ni d'une antiquité certaine quant à leur emploi, ni
d'une destination indiscutable. Le Musée d'Athènes,
ci'pendant, possède au moins trois exemplaires en marbre
de véritables aT|Xw(jiaTa attiques à plusieurs cavités,
deux à cinq mesures '-, sur l'un desi|uels se voit en outre
une rigole courant sur deux des bords et aboutissant à
une sixième cavité latérale placée en dehors de l'aligne-
ment des premières'% et un à quatre mesures". D'un
(juatrièine il ne reste plus que la face portant la dédicace
EÙTtuptoTi? a-copxvojjio; YSvofAevoi; tôv Îu^ôv xai xi [AÉxpx
yv£Or,/.cv '■'. Un cinquième se trouve au Musée du Pirée "'.
Trois autres (jY,/.o)ji.a.Ta ont été découverts en Thrace.
' Chu aulic mesure éUlon a élu découïcrle à Bicgeim sur le lac île i^oiislaiice
(C. r. de VAc. des Jiiscr. l'JOÔ, p. l;i:i, noie i). — 2 Sbornik, I. VIII, p. S4 ;
von Uoraasiewski, Arcli. epiijr. MMlinl. ans (listcrr.-Unyani, I. XV, IS9i,
p. Ut-150; C. r. lit: VAc. <lt!s Inscr. |y05, p. lyti-i'JT. — 'i (Jorp. inscr. lui.
I. III, liilï. — l 11 ne sera pas parlé ci-pendaiit d'un oi^tta-^a Irouvé à Sèlinonlc
(.Mati-Kclsey, l'ompci, p. 113) sur le<iuel toute inilicatioil fait dél'aul. — ** M. Cler-
niont-Ganncau a pulilié. dapiés le I'. Gerniei -Durand {Echos d'Orient, \w\,
1. V, p. TV), une pln<]ue de marlire trouvée eu l'alesline, percée d'ouvertures
rcclangnlaires ipii la traversent de part en part, en indiquant, mais à titre très
liypoliiétii|uc, qu'on pourrait pi-nser à un ar,i<.>|x« {liée, d'arclt. or. t. Vlll, § :!7,
p. i(tH--i\i. — <• L'un des aiif^lrs porle en outre une mesure de longueur d un sys-
tème indéterminé. — ~' Wagener, Not. sur un mon. mi'trol. drcuurert en l'Itrytjie,
citr. dos Mém. des sav. étrang. de lAc. de llruretles, t. XXVIl ; Kirckli, Klein.
Schrift. t. VI, p. -.'Cl ; Eggep. p. 9I1-9S et (ig. 1 ; llnlt^cli. p. :i7J, noie .1. — 8 Eg-
ger, p. ton, (ig. 3.-9 Ihid. p. 100-101. — "I Ibid. p. lOl-lUi. — H Ibld. p. lUi,
lig. IV. — la Syliel, Katal. d. Scnlpt. :u Mlien. n" 9i.î el iiis. _ 13 /d/rf.
W tiH; Koumanoudis, Kz.ifi. t8l'>j,p. :!'<, pi, ix, 1. — <i SylicI, n" 11^7 ; Kekule
L'un à (iaims, au iionl de Galli|)oli, taillé avec soin et
portant la mention iepo;, a quatre mesures, savoir un
'^u.î(extov, une Tpi(xoTÙXri), une xo(TÛX-fj) et une /-(([aixo-
tùXt,) ". Deux autres, à Panidon, sont : l'un, un fragment
ne comportant plus qu'une petite mesure marquée y,(-
[X!xoviJXïi),avec un monogramme el le mol àYOfa[vd|xo;] '*;
l'autre un <7f^x.io^a. qui comprenait originairement au
moins cinq cavités, mais dont trois seulement sont
aujourd'hui enlières : nulle indication de valeur, mais
sur la tranche antérieure la mention ÈTt't àyopivoiAou «Paivi'it-
TTou suivie d'un caducée'''.
Du Péloponnèse vient le (r/^xtofia de (îytiiion ;lig. (1:286),
qui est plus qu'une simple dalle, une sorte de meuble
Fig. 6JS6, — Sékoma de (jylliion.
porté par deux chambranles lali'raux el excavé en avant,
el dont les cinq cavités disposées en quinconce sont
désignées comme un /oC;, un (xootoç, un 7;u.i£xtov, une
xotOXti et peut-être une -r^^îvct-'' ; la dédicace nous ap-
prend qu'il fut consacré aux dieux Augustes, sans doute
Marc-Aurèle et L. Verus, par un agoranome du nom de
KarpOS, Weotç JUs.j^xiyxoU xal ty, TtoÀsi KipTto; [ àlyopavou-t^v
•zvsOtjXev xi [jLÉxpa-'. Un autre (T/ixtojjia consistant en un
bloc de marbre façonné en forme de cuvetle a été décou-
vert à Trézène^-.
Naxos el Délos, enfin, ont IVnirni loiili,' une série
de (7T,x<û[jiaxa. Le (7r|X(ij|jia de Naxos élail fait pour six
mesures, dont cinq sont des mesures très petites et sont
réunies dans un même rectangle où le Irop plein répandu
s'écoulail dans une cuvette ménagée à cel elTel : il a
encore ceci de particulier qu'il porte dans deux angles
deux matrices rectangulaires qui recevaient évidemment
des poids étalons el que l'une de ses extrémités est occu-
pée par une ligne de signes numériques constituant un
abaque ou table à compter-'. La riche collection des
(7T|Xttiu.aTa de Délos, réunie au Musée de Myconos, n'a pas
Oie ant. OUdu: im Theseioii. n» 3lil. — >■■ Koumanoudis, Et.i-,o. U)ir,v. ISOC.
p. ::0 ; Curtius, Pliilol. t. i!>, p. 7t'l ; Corp. iiiscr. nlt. t. 111, 9*i. — 16 llaussoullier,
.ititenes et ses cnrir. (guide Joanne), p. 170; l'ougèrcs, Athènes et ses envir.
(guide JoiÉinic), p. ICi. — O Uumont, JRer. nrch. tSCli, t. Il, p. i06, où il le donne
comme vu à tiliora, Arcli. UtS Miss, i' sér. t. V|, p. 401!, 3e sér. I. III. p. 160 =
.ViH. p. 118, l:i3, i07, 4i9-iJ0, n" 88 ; Cappadopoulos Keranicus, •() t, Ko.ï no, v-
f.ouBdX. l).>.r,.. st■>.^,■k^>^. SiiX,.-,-, t. XVlll, ts6U, p loi. —1» Uumont, Arch.
des Miss. 2» sér. t. VI, p. «S, 3« sér. t. III, p. 159 = Mél. p. 118, JOS, 407, h» «3.
— 19 Musée d'Atliènes : Pybel, n» 9:a ; Uumont, Arch. des Miss, i* sér. t. VI,
p. 407, 3' sér, t. 111, p. 159; /Icr. arch. 1S«9, t. Il, p. 203, IS^i, t. Il, p. 2i9.-23l =
Met. XV, p. 116-119. 13t-13>. i07-:!O8, 407, n» 82. — 20 Musée d'Alliéncs : Sybcl,
n" 9i4: Eustraliadis, Es. dp/.. 1870, n" 416; Curtius, PMtot. t. 29, p. 700;
Arch. Zeit. t. 28, p. 17; Le Bas l'oucarl, /user, du Péloponnèse, p. 117-118,
n" 241. — 21 Le supplément Htoî; est confirmé par un poids en lironze d'iléracli'e
conservé au Kritisli Jluseuni (Wallcr.<, Cat. of the lir. in the Urit. Mus. n" 997 1.
— 23 Bull. corr. hellrn. t. XXIX, 1903, p. 298-300. — 2.) Musée d'Athènes:
Sybcl, n" 926; Uumont, lier. arch. 11*73, t. Il, p. 43-17 = Mél. XVI, p. 120-125.
SEL — 1179
oncorr ('II' |iulili(''i' ' : signalons, oiilri' un Ty,z<.>[xa iiilncl
cl ili'iix fragmcnls sur lesquels nous n'avons pas
(II' renseif^ncnicnls -, un r:r/.i<tu.ai irun dcnii-niédimno
déjà mentionné en lèle de cri article pour le mot de
(7-f|X(ou.a qui y est inscrit'', trois autres i7y|X(ji_u.a-a égale-
ment d'une seule mesure, l'un portant une dédicace de
C(aius) .Iulius Ciaii) f'ilius) Caesar, père du dictateur,
les deux autres consacrés à Apollon par Ariaralliès liTtiji'
e).y,[tY|;] £[i7:op![c,u] ', un fragment d'un (7/-y.oju.ï à deux
cavités "' et deux <7T,x.ô|AaTa à quatre mesures, dont
Fig. 6387. — Srkomade Délos.
l'un (^flg. ()287) montre bien comment les quatre mesures,
munies chacune d'un trou d'écoulement, sont elles-
mêmes placées dans une dépression où le liquide, qui
avait pu déborder lors du jaugeage, était recueilli '^.
Le caraclèi'e sacré des cfixiôixara résulte expressément.
au moins pour celui de Ganos, celui de Oytliion et trois
de ceux de Dc'Ios, de la mention Upoç ou Heo?(; i^E^acTor: ou
'AitoÀXiovt. Etiennk Miciion.
SELEI'KEIA (Se),£u)c£!7.). — Fête célébrée à Erylbrées,
en loiiie, en l'honneur d'un Séleucide; elle est men-
tionnée, concurremment avec des Dionysia, dans deux
inscriptions de Delphes' et une de Rhodes^, toutes trois
gravées par les soins du peuple d'Érylhrées. Em. Cauf.n.
.SELIQIJA.STRIIM. — Variété de siège. Les auteurs qui
le nomment n'en ont pas déterminé la forme '.
SELLA. — Ce mot, contraction de sedu/o, tirée desei/eo,
comme seclile, xp/la, désigne, en général, un siège et
comporte autant de variétés de sens que le grec l'opa. La
plupart des types de sièges en Grèce ont déjà été décrits
à CATHEDRA, ainsi que divers types romains; d'autres
seront étudiés àsoLii'M; restent à voir ici ceux que dési-
gnait plus spécialement le terme sel/a, seul ou précisé
par une épithète.
Le tlij'oniis était un xolium habituellement à dossier
et bras ; la cathedra avait un dossier sans bras; la sella
n'avait ni dossier ni bras. C'était la forme de siège la
plus commune, employée, dans toutes les classes, par
liommes et femmes'. .Nue ou ornementée, mais jamais
tapissée, on la couvrait d'un coussin [pulvims avant
d'y prendre place. La sella (jeslatoria ou chaise à por-
teurs, dans laquelle on se tenait assis, s'oppose à la
LECTiCA, oii l'on s'étendait, et il a été traité des deux à la
fois. Pour la sella fa/iiiliarica oa pertusa, voir i.athina.
p. 988; pour les sièges de bain, balneim, fig. 708.
On appelait parfois sel/a le siège du cocher dans son
1 Jlull. cor,: helh-n. l. XMX, 1903, p. 18. — 2 lliiiiioiil, mi. p. Il
noie 3.-3 BiiU. eorr. hellén. l. Il, I8T8, p. 10, n» 3; l. ill, I8T!1, p. 374. u- I
— V Bull. coït, helén. l. XXl.V, 1905, p. IS-19. — 5 /Md. t. VIII, Is84,p. lii
— 6 Bull. corr. hellén. 1. XXX, I90C, p. BoS, lig. 40 et iiolc I.
SEI.KL'KKIA. 1 Cf. tmienbirgpr, SytI.ï i'M. 251 = Michel, Itee. 300, 3ii
— 2 Intcr. Ilhodi... 0; cf. Foucarl, liev. arcliml. ISCï, p. Sud.
SKI.IQUASTItUM. 1 Vair. Un,/, lai. V. liS; Fesl. p. iCi : ll).;in. Ailr. I
10:111,9.
.SKM.A. 1 Cic. Cat. IV. 8, 17; Verr. IV, 25, 30. _2 l'Iiaeilr. III, 0. — 3 A
Gill. A'. II». III, 18: Fcïlus, /;■/,*/. p. 49, v Curules. — i Cf. les formes l-\tisr
phiquts: cuiiillis (C. i. lat. X. 531); «ouooilU.oi (C. i. rjr. 1133). — ■ Doù I
formes ; tk loco iu/ieiiore (CIc. Verr. Il, ii, lOi) ; de sella ac de loco superio
SRI.
char- [ciHHis ; mais, en pratique, le mot s'appliquait le
plus fréquemment au siège officiel de plusieurs magis-
trats romains, sous le nom de srlln niriilis.
De ce dernier mot, l'étymologie la plus vraisemljlable
est celle queGavius Hassus^ tire précisément de ciirrus^.
La disposition des villes anciennes ne permettait pas à
tous de circuler librement en voiture dans les rues; les
magistrats en avaient le droit dans certaines cérémonies ;
à l'origine ils jouissaient probablement sans restriction
de cette prérogative. Entre toutes les attributions du
pouvoir, la plus essentielle était la fonction de justice.
Or elle restait attachée à la personne, non à un lieu
déterminé; d'autre part, le magistrat agissant comme
juge se plaçait toujours dans un endroit élevé sur une
estrade "suggestis, tribunal", et il officiait assis^. Sur
l'estrade on posait la sella'' \ tribunal et sella, d'après
les textes, paraissent aller nécessairement ensemble;
cela fait antithèse à la formule de piano. Le magistral a
le droit de procéder assis à toutes les affaires qui le com-
portent, telles que l'administration de la justice, la levée
des troupes', la prise des auspices; peut-être même était-
ce une obligation, à peine de nullité.
Le caractère symbolique de la sella du magistrat tient
à celui de la position assise: on est en devoirde la quitter
et de se lever en présence d'un homme plus âgé ou
honoré*. Le public agissait ainsi quand le magistrat
faisait son entrée dans l'amphithéâtre, pendant les
jeux'. A César dictateur fut conféré en 708 le droit de
s'asseoir sur la sella nirulisàa.n<. la curie, à côté des con-
suls"*; en 710 celui de s'en servir en tous lieux". On
l'accusa d'ailleurs de prétendre au pouvoir royal, quand il
refusa de se lever devant le Sénat '-. Les empereurs témoi-
gnaient de leur autorité en s'asseyant entre les consuls.
Ainsi le magistrat avait toute liberté pour le choix du
lieu où il rendrait la justice, et son siège lui était néces-
saire, d'où la forme de la sella, siège pliant, facile à
emporter et pouvant suivre le dignitaire, comme la hache
et les verges ; et il n'est pas besoin de faire fond sur la
tradition " d'après laquelle ces altae curules auraient
été introduites, pour la première fois, à Vétulonie par
Tarquin r.\ncien, qui les emprunta aux Étrusques. Les
rois ont dû se servir du soliim (Opovo;) à dossier '* ; on
relira le trône et le char aux magistrats de la République,
héritiers de leurs attributions; mais le nom de ctirulis
resta au siège du magistrat le plus élevé, en tant que
juge; puis, même après avoir perdu toute juridiction
sur la capitale, les consuls gardèrent et le tribunal et la
sella ; tous deux se rencontrent plus lard, à titre isolé de
simple distinction, en dehors de toute idée de juridiction.
La se/la curulis était toujours carrée ''', probablement
en ivoire '" et d'habitude soutenue par des pieds recour-
bés'', de hauteur sans doute variable. La forme en a
pu être plus simple quand ce siège servait liors de Rome
(l7,îi/. IV, 40. S3j ; de sella ac liilwnati {Md. Il, 38. 9i; III, 59, 135). — 6 Uioii.
liai. VIII. 45; Tac. Aun. I, 75. V. un nrfdailloii de Sidère Aleiandre (11. A. Gruebii-
et R. S l'oole. Roman MedalUons in the Brit. Mus. Londoii, 1874, pi. xxnnil, 5 :
p. 3>) el un autre de Valérien et Gallien (pi. xlvii, 3, p. 61). — 7 l.iv. III, II, 1 ;
con.fitles in conspecttt eortim positis sellis delectnm huliebant. — 8 Cic. de Sen. 18,
03; Juven. XIII. 35. — 9 Suet. Claiid. 13. — 10 Dio Cass. Xl.lll, 14. — " Eiceplé
i, -.aT, .a.r„if.5,. (Id. XLIV, 41. — '2 Id. XI.IV, S; l.iv. Epit. CXV; Suel. Caes.
78. _ 13 Sil. VIII, 487 SI). — 14 Mais l'anci.-nm- histoire aura reprisonlt la a. curulis
coinine ayant remplacé le solium, mùmo pour les rois (l.iv. I, 30, 3 : ciirii/i reQia
sella). — 15 La sella des particuliers fréi|uenimeiil ronde. — " Sil. Loc. cit.
— 17 Plut. Mar. 5 ; Si'.oo; ii.uidsouv Dion Cassius emploie partout pour la désigner
les mots m «çjjticoy Sissou.
SEL
llSd —
SEL
l'I dans li's camps. Les inoniiinoiits nous monlront, en
l'dt'l. deux types: InnhM cliai(ne paire île pieds est en deux
branches incurvées
comme des tenailles,
suivant le modèle
!<ravé au revers de
nombreuses m o n-
naies , notamment
d'une monnaie de
C y rêne (i"' siècle
av.-J.-C), au nom
de L. Lollius ' ; on
a retrouvé un spéci-
men de celte variété
((ig. 0288) dans les
fouilles de Fompéi -;
tantôt le pliant est
constitué de deux sé-
ries de bàlons paral-
lèles et tout droits,
reliées l'une à l'autre, de façon à basculer librement, au
milieu de la longueur des bâtons, à la façon des ciseaux.
Tel est le type d'une
autre monnaie de la
même province, un peu
plus tardive d'après le
style ' ; il est exacte-
ment reproduit(rig.6289)
sur une pierre tombale
du musée d".\vignon ',
qui laisse voir le coussin
supérieur maintenu par
des courroies ; le fond
était d'ordinaire tressé,
donc à jour '\ C'est à
celte variété de sella
cia-ulis qu'il convient,
selon toute vraisem-
blance, de rattacher la
sella caslrensis qui était
placée pour le général
en chef ' sur le tribu-
])rononcait ordinairenienl toutes ses ha-
rGoTÂciLîO-CF-VOl:
OPPIANO lui VIR,
/ m
litre les faisceau
nal, d'où
rangues ".
La possession de ce siège entraînait les qualiilcalifs
de ma(jislruliis carulis *, lionor curiilis^; elle allait
de pair avec celle des faisceaux et se trouvait dévolue à
lous ceux qu'accompagnaient des licteurs : le roi (indé-
pendamment du soliiini), l'interroi "", tous les magis-
trats jMjurvus de Vi/ii/ierhnii consulaire ou priHorien,
consuls", préteurs'-, décemvirs et tribuns de celte
• 0. Uac<l0Dal<l, Calai. u( f/reek coms in the Huii'eriaii Collectiun, Glas-
gow, III (l'JOS), pi. i.:ii, iti; p. 576, n* 6\t; cf. 66. — î B. Quaranta, Mut.
Horb. VI, Uv. 38. — 3 MacdonaM, D. I. pi. xcii, Ï4;p. 577, n" 75. — «Cahier
cl Marlin, Uélang. darchéol. I. p. I6r,. — i Festus, Epit. p. 316. — 6 Suel.
Galli. 18. — 7 Cf. II. de l.ongp^ricr. lier, urch'ol. 1868, p. 106 sq. — 8 Cic.
Ep. ad Alt. XII, 3i, 3 ; l.iv. IX, 31, 3 ; XXllI, Î3, 5.-9 l.iv. XXXIV, M, 4;
XXXVIII, 2H, 1 ; cf. XXIX, 37, I : curiili sella scdisse. — m Ascon. In Mil. p. 34 :
magistratus carulis. — 'I Babeloii, Monn. de ta fti^ii. rom. l'aria, I (18S5), p. 414,
II* 49, pièce frappi!'e parO. f'ompeiiis Itiifus, consul, en I honneur <le Svlla. ancien
consul (droit : s. c. entre lituus cl couronne : rov. : s. c. entre (lèche et brandie
,\<- laurier) ; cf. Il (18'<6 , p. 338-9 : p. I4,S, n- I ; p. 514, l|o 13. — *i ILid. l,p. 3*0,
II" I ; 11, p. 360 : un casipie sur la chaise. — 1^ l.iv. IV, 7, 7 : carulis viatjistratus,
alJ. III, 4t. 9. Dans Kabclon, I, p. 331, n* 8, une piiVe encore in>'\plii|iiéc : temple
de Vesta. j l'intér. chaise curule : tj, Cassius, <|ui esl Domniè, devait être alors
tribun du peuple. — 1^ Cf. les monnaies des quaestores pro praetore de Cyréiiaïiiue,
Fig. 6i90.
espèce'^, proconsuls, propréteurs '', dictateur: Veloij'nnn
de M. Valeriiis mentionne qu'il eut dans le cirque une
cliaise curule d'honneur ''; de son vivant Jules César reçut
une sella aurea et une couronne '*; elles sont gravées
sur une monnaie à la légende : Caesar die. per^\ .\jou-
tons encore le magisler eijiiitiim ", enfin les édiles cu-
rules [aeeules, p. 96] ". Pour le praef'eilus Urbi, qui n'est
qu'un représentant, nous n'avons pas de renseignement
positif: il semble pourtant qu'on puisse, dans l'aftirma-
live, se prévaloir d'une monnaie-''. Dépourvu de licteurs
et de pouvoirs judiciaires, le censeur avait toutefois, au
moins à partir d'une certaine époque, le siège curule-' ;
mais il faut exclure de la série tous les magistrats infé-
rieurs. On y ajoutera, en revanche, les magistrats muni-
cipaux, parce qu'ils ont les faisceaux : tel le quatuorvir
d',\vignon-- et un duumrir jure diciimlo de Nuceria '-'.
Parmi les prêtres, seul le /lainen Dialisa. la .<;ella curulis,
parce qu'il est investi de tous les hon-
neurs de la plus haute magistrature. Les
présidents de jeux, en principe, ne jouis-
saient pas de cette prérogative-* ; c'est
à un autre titre qu'on la conféra, pour
les jeux de 714, au triumvir Antoine et
à son collègue Octave (fig. 6290) -'. Il y
a là peut-être un de ces exemples de
faveurs exceptionnelles, qui font qu'on voit, en 37-8 apr.
J.-C, Plolémée, roi de Maurétanie, assis sur une sella
c(/?'«//s", comme la République en avait accordé une à
Eumène de Pergame
De par les nombreuses magistratures accumulées sur
leur tête, les empereurs ont du avoir de tout temps le
droit de paraître en tous lieux assis
sur un siège '" ; mais bientôt ils
n'usent plus de faisceaux et négli-
gent de venir au Sénat. Ils prenaient
place aussi, dans les solennités, sur
le siège spécial appelé sella aurea
[iMPERATOR, p. 426^, qui ne dilTérait
pas par sa construction de la sella
carulis (fig. 6-291) ^^
A défaut de la curulis, d'autres
magistrats avaient du moins une sella. Le questeur, en
particulier, remplissait à Vaerarium des fonctions pour
lesquelles il devait être assis; mais elles étaient atta-
chées au temple de Saturne; il n'avait donc pas besoin
de siège portatif; aussi sa sella, également sans dos-
sier, reposait sur quatre pieds droits non échancrés et
ne se repliant pas ^quaestor^^'. Tous les questeurs, ur-
bains et provinciaux, étaient à ce point de vue sur le
même rang, et aussi les proquesteurs ^"; de même tous
les présidents de tribunaux, civils et criminels, n'ayant
suprâ, note 1; add. EaMoii, 1. p. 379. u" 4S-*9: 11, p. 135, ii' 19. Pièce de
.Malle : S. Head, Hisl. uum. Oxford, 1887, p 743; Macdonald, Hunier. Coll. III,
pi. xcv, 6 ; p. 606, n» 30. — 15 C. i. lai. I, p. 384; cf .Feslus, Epil. p. 344. — 16 Dio
Cass. XLV, 6 ; en "13, Octave les eiposa devant la foule. — '7 Babelon, II, p. 44,
n» S9 ; cf. p. 45. — •< Dio Cass. Xl.lll. 4S. — i» l'iso ap. Gell. Vil (VI), 9, 6 : Cic.
Verr. V, 14, 36 ; Liv. Vil, I, 5 ; IX, 46, 9; Bal.elon. 1, p. xi.ix ; p. 536, n' 19 : 11,
p. 313, n« 3. - 20 Babelon, II, p 1 13, n" 8 : /leyulus f{ilias) praef. {'.-(ti). chaise
curule entre des faisceaux ; cf. p. 143-4, n" 9-10. — 21 Liv. XI., 45, 8 ; Polyb. VI,
53, 9. — 22 V. si.prn, noie 4. — 2^ C. i. lat. X, 1081. — " Malgré un leite, sans
doute inexact, de Dion. Hal. VI. 93. - 25 Dio Cass. XLVIll, 31 : {Kg. 6310) on
voit 0cla>e assis sur la s. c, tenant la Victoire (Babelon, 11, p. 63, n» 153)
— 2« .Macdonald, Hanlercoll. p. 6H1, n» 5. — 27 Dio Cass. I.. 3; LIV, 10; LIX, 13:
LX. IC ; Suet. Tib. 17. — 28 Bronze de Trajau, qui commémore l'instilution des
A1.1VESTAKU PLuii. — 29 Eckhel, /Jucir. miin., V. 317. — 30 Ainsi celui de Brulus, L.
Seslius ; Babelon, 11, p. 457, u" 4, voit par erreur une s. carulis sur ses monnaies.
Fig. iii\)\.— Sella aur
SEL
— 1181
SEL
pas tiroil ;ï la ri(rii/is. lùiiiii les iiiagislrals pli'ln'iens
ont le .•iiil'!i('//iiim, siègp plus lias, si'ivanl à iilusii'iirs
à la fois' [si'liSELLIl'M].
L'ornementation des xcllae est allée se développant,
s'exagéranl ; on en a l'indication par les diptyques du
Bas-Empire dont il a été donné ailleurs des exemples
[coNSiL, p. 1476 els.] '-. Les griffes et lêles de lions ont
été introduites dans ce mobilier sous l'intluence d'id(''es
clirétiennes. Vhtor Ciiai'ht.
SKLLA EyiJESTRIS'. — Selle de cheval. Le mol
xella dans ce sens particulier n'apparaît pas avant le
milieu du w" siècle de notre ère, et la raison en est
simple. A l'origine, les cavaliers montaient à poil; la
housse plus ou moins rembourrée qu'on appelait ephii'-
pii M fut ensuite considérée pendant longtemps, même
quand elle fut devenue très usuelle, comme une commo-
dité dont un homme aguerri devait se passer, d'autant
plus que les anciens n'ont ja nais connu les étriers. Ce
fut seulement sous l'Empire que la housse, par des per-
fectionnements successifs, dont gémissaient les gens
attachés à la tradition, se transforma en un véritable
« siège ». Nous avons conservé intégralement, dans sa
forme latine, le chapitre de VJùlit de DinrhUiei}, qui
concerne la sellerie : sella, désignant la selle de cheval,
ne s'y rencontre pas encore; la selle en usage dans l'ar-
mée y est appelée scoHDiscrs". C'est sous Constantin que le
mot semble avoir été introduit dans la langue^, parce
qu'fi cette époque la selle devient, en effet, plus lourde et
plus épaisse ; et surtout on donne aux deux arçons plus
d'élévation et de consistance qu'ils n'en avaient eu jus-
que-là, de manière à augmenter la solidité de l'assiette ;
ils offrent véritablement au cavalier un appui {fnlcriiiny,
qui l'empêche d'être déplacé dans les allures vives.
Le bat des bêtes de somme [sagma] avec son armature
en bois, ses appuis relevés quelquefois très haut en avant
et en arrière, et cou-
vert de bois et de lapis,
réunissait déjà les élé-
ments d'une selle com-
mode et offrant un sou-
tien solide (lig. 6'29'2)°.
D'autre part, cependant,
malgré le silence des
textes, on ne peut mé-
connaître, si on étudie
de près les monuments,
que la selle a des ori-
gines beaucoup plus anciennes. Il faut sans doute
en chercher les origines en dehors des peuples clas-
siques, dans les pays étrangers avec lesquels ils sont
entrés peu à peu en relations. Sur une plaquette en
ivoire gravée de la Kussie méridionale, œuvre grecque
d'une très belle exécution, qui ne peut pas être de beau-
coup postérieure au v' siècle av.-J.-C, on voit, à cot('
I Ue même les aliji;stali:s (C. i. lut. V, lU'iJ). — 3 C.h. I.onorniaiU, np. iialiiiT
cl Marlio, AJélamjes tl'anlwotogk, 1, p. I57-I!I0, il pi. x\i\. — liiiM iMi.KAiiiit .
ïli. Momnisen, Uroil pM. rorn. Ir. fr. Il, p 2ti-4«.
»iKI.LA EVUEii'rillS. I Sillon. Apollin. Kpisl. III, 3. — 2 Edicl. Uiock-1., i-.l.
ijlumner, X {fie lofamentis), t. — 3 Setliie dans Nazar. l'anef/. Constant. iPnnei/.
iWctts, Baeliivns) X, 3i. Mais cf. Vegel. Velerin. III, 59 ; VI, 6, 4; Sidou. Apollin.
/. c. : Venant. Fortnnal., Vila S. Germani, fi; ïtucan^e, Glofisar. med. et. inf.
lutin., Settd et .Sel/iiris. — '♦ Sidon. Apollin. L. c. Fulcrum dans ce passage pour-
rail ôlre un (Miuivalenl oraloirc; arçon vienl en elTet de arcns. — '- irapr6s
une pcinlure d'Herculanum. Hit. aErcol. IV, 44: cf. III, 4:1 el II, ii. — « Musée
de l'Errailage à Saiul-Pétersbourg. S. Rciuach, Ant. du Bosphore Cimna'rien,
d'un cavalier scythc tlésarconm'', un cheval cou vert d'une
iiousse sur laquelle est posi-e une selle très nettement
figurée '■.Desselles semblables, en usage chez les Scythes,
J^^^^-
Fifr. CiOi. — Bit de
sont représentées (lig. 6293) sur un beau vase en argent
du Musée de l'Ermitage, exécuté pour un roi du Pont par
un artiste grec du iV siècle ^ Les bas-reliefs qui déco-
rent, à Saint-Ftemy de Provence, le mausolée des Julii
nous offrent l'image d'un cheval aball II, portant sur son dos
une selle avec
deux arçons
proéminents
(lig.62!)4 ; au-
près de lui est
étendu son ca-
valier, untjau-
lois frappé à
mort par un
Itomain ; ce
tombeau, d'a-
près une Opi- Fig. Oi'Ji. - Selle ganlo.se.
nion généra-
lement acceptée aujourd'hui, date de la fin du i"' siècle
avant notre ère*. Deux chevaux sellés sont représen-
tés aussi sur les bas-reliefs de la colonne Antonine, au
milieu d'une troupe barbare qui a joué un rôle dans
la guerre entre Marc-Aurèle et les Sarmates". D'après
ces exemples, il apparaît clairement que la selle a été en
usage dès l'époque classique chez des nations barbares
de races différentes et sans rapports entre elles'", llest
naturel de conclure que les Romains leur ont emprunté
la selle, comme ils leur ont emprunté certains véhicules " .
Celle opinion se confirme, si l'on passe en revue les
monuments de l'époque impériale repréisentanl des
cavaliers qui ont servi dans les corps auxiliaires de
l'armée romaine. Trois d'entre eux ont été reproduits à
l'article EOUiïEs (fig. 2738, 2739, 2740). Nous y ajoutons
(lig. 6295) un bas-relief sculpté sur la tombe d'un cava-
lier au.viliuire, qui a fait partie de la garnison de Cologne
au II'" siècle de notre ère, peut-être à la fin du 1°' ''^ Ce
qui frappe dans ces monuments, mais particulièrement
dans le dernier, c'est la saillie très accusée des deux
arçons ; tantôt le pommeau est plus élevé que le troiisse-
quin, tantôt il lest moins; mais ils encadrent très élroi-
p, I Jl, pi. i.xxix, '.) = ,\nlignit(!s de la Jlussie méridionale, (ig. il I. — '' Compte
rend, de lacommiss. arcti. de .S\-/V/ws4. pour l.sf,4,pl. i> (cf. OAm.ATUliA, lig. 975).
V. aussi l'arl. Eyuts, lig. i759. Vase peint de Sicile : Judica, Antichità di
Acre, pi. x.x. Monumcnl des Nérùides à Xanllios (slylc oriculal) : JUonnm. delf
fstil. di Itoma, X, pi. xvi, — « lliilmer, Jalirij. d. arch. Inst. III (ISSS) p. 13
el i'J; Antike Denkm. I (I8S8) pi. xvi, I iNordseile). Moulage au Musée de
Sainl Germain. - 9 l'elersen el Doniaszewski, Marcnssaùl', pi. i.xvi:. — I» A lar-
licle EouiTATU. esl repréfenlfc (lig. 37lfi) une selle i|ui afTccle la forme d'un i/ri-
lable fauUuil; mais c'esl une selle de femme et le monument est asialir|ue.
— Il ESSEDUM, BABMAMAXA, PETUBIllTI.M. Clc. — '- Musi-cdc Boon, Jalirb. f- Altcrlll.
in Rfieinlanden,l\X\\ (ISSOjpl. ni, I.
SEL
1182
SEM
lemenl le ravalier, ol (|U('l(im'rois iiiènn', rommo dans
la fig. (>-2i>5. ils se lapiiroclicnl l'un ili' l'aiitE-i' par une
niurhure si
ji rip n o n f éc
i|iiils scni-
blrnt avoir
été faits pour
livrer tout
jusU' passage
au corps de
r h o m m e .
Parfois ils
sont ornés,
sur le côlé,
de liridcs ou
de lanières.
Mais il im-
porte de re-
marquer sur-
tout que la housse est généralement jetée par-dessus la
selle, de manière à la dissimuler complètemenl aux re-
gards ; il est probable que la selle de ces cavaliers se
composait essentiellement dnne carcasse rigide en bois
ou en cuir, plus ou moins rembourrée de crin ou de
laine, sur laquelle la housse était cousue, en sorte que
les deux pièces faisaient corps l'une avec l'autre '.
Far là on se représente assez bien comment Vep/ii/J-
piuin gréco-romain s'est peu à peu modifié sous l'in-
fluence des modèles étrangers. Nous voyons parfois celte
housse relevée en avant ou en arrière par un nœud ou
un froncement de l'élotre [ei'iiii'prm, fig. 2(i!)ll, qui lui
donne plus d'élégance -. En substituant à ces ornements
des bourrelets et des coussinets adhérents à la housse',
on est arrivé insensiblement ti faire de Vephippium une
véritable selle, quoiqu'on ait continué à cacher la selle
V. cncon?, daiiscuUe série do moiiumcnls. A. de l.ahoi-de. ilon. de la France.
I, |iL xcx; A. .Millier, Ihe (iraltsteinv der équités sinf/ulares, Philologiis, t. XXXV ;
Arch. epigr. Mitlhed. aus (Ester. V (ISxl-Si), p. iOT, pi. v. - 2 Très appareul
dans bruiiil, Hiiitvi ileitt urne etrusrhe. pi. lvi, 18. — 3 Coin|-arez «Ai-po, lig. liîiS:
i^gtiTus, lig. 2735, i736. 2737, les colonnes Trajano et Anlonine, pnssim.... 0"and
le catalier n'csl pas sur sa moulure, il n'est pas luujonrs Tacile de distinguer la
ï.elle du bât. V. sAr.u.v et de plus de Vogiié. .Syrie centrale, pi. ii. 4; S. Reiiiach,
AnI. du Bosphore, pi. irxi, 0; Heydemanii, .S'u/j/i- u. /Uccliennamen, s. v.
ioTfâôr.. — ^ Autres exemples d'arçons : [.abus, Museo di Mnnioea, t. I, pi. x\xu ;
Lyson, /teliff. Britann. rom. I. — » D'après les dessins conservés au Musée du
Loutres Menesirier, Columna Theodos. (I7u2): Ginzrol, pi. i.xxi, 3; Rich, Dict.
des ant. s. o. — <* Ijrainmat. in Eiaclim. Anecd. Il, p. 361 . fi : <• 'EoUxt^j^ ra\ ÉeEtrt^U
xai &<rTptt6i] TaûTov il xoiyù; «iWv. ». Scliol. Lucîan., A'aei'f/. 30 : ■> Tr,v àorpaôiiv çr,e:v
^tii tV isicco.'S., -^ivvuvo^iil-iia. >al-.;c< >. —7 Cod. Tlieodos. VIII, 5, 47 et
Gotliofred. ad h. 1.; Cod. Justin. Xlll, 3i, 12. — Biiu.i.M.i<Ai'Hir. (iinirot, Wayen
uwl l-uliru-erke d. Or. H .«. (ISI7), l. Il, p. 446.
SEMIIEI.I.A. < Varro, /Je liny. lal.iX, 3 ; Momnisen.Klac.is, ^oiin. romaine,
t. I. p. 2kOsi|.; K. liabelon. Traité des monn. gr. et rom. eremière partie, t. I,
p. 5'j4 et T.'iT.
SEHEKTIVAE FERIAE. I Fesl. Semenlinae s. v. et 6'euien(inae s. i: concep-
SOUS la housse, peut-être pour ménageries susceptibilités
des gens attachés à l'antique tradition*. La lig. (i"2tU).
empruntée à la colonne de ïhéodose '", nous montre ce
([lie la selle était devi'nue dans les derniers temps de
ri-lmpire, lorsque personne ne songeait plus à lui refuser
le nom de sdin ni à s'indigner qu'il lui convînt tout à
fait '^. Une constitution de Tliéodoseï 17 juin de l'an .'{Sri)
défend d'employer les selles trop lourdes sur les chevaux
alfectés au service de la poste d'Etat [crnsis prBLir.is] ;
leur poids ne doit pas excéder soixante livres, la bride
comprise", en cas de contravention, la selle doit être dé-
truite ". Ce texte dit assez quel développement la selle
avait pris, particulièrement en Orient, où on a toujours
eu du goût pour les hauts Iroussequins et les harnais
surchargés il'ornements. GEonr.Es Lakaye.
SELl.lSTEHXir.M 'lectistehmi'm'.
SK.MBEI.L.X. — Nom par lequel on désignait à Home,
entre l'an 2t)!l et l'an lilT av. J.-C, une petite monnaie de
compte d'argent évaluée au vingtième du poids du ses-
terce. Elle équivalait à un semis de bronze ou demi-as
libral et on l'exprimait dans les comptes par la sigle
IIS S [denarius].
Seinbella est une contraction pour i^emililiella. On
disait aussi .<!iiif/it/(i, par une corruption plus forte
encore'. F. Lemii\mant.
SE.\IEXTIVAE ou SE.\IEM IXAE' FEBIAE. — Fête
romaine, annuelle- et mobile' que l'on célébrait après
les semailles pour obtenir une bonne récolle'. Les
semailles ne se terminant qu'en décembre", les Semen-
linae avaient lieu dans le courant de janvier^, mais pas
à date fixe, parce que, comme le remarque Lydus, la lin
des semailles pouvait dépendre des circonstances clima-
lériques'. Elles appartenaient donc à la catégorie des
ferifie conceplivae, dont les pontifes fixaient eux-mêmes
la date chaque année. C'est pourquoi, comme le fait
observer Ovide, on les chercherait vainement dans les
Fastes*. Elles ne duraient qu'un seuljour', ou, s'il faut en
croire Lydus'", deux jours de Nundines", séparés par
un intervalle de sept jours. On sacrifiait une truie pleine '-
à Cérès et à Tellus'', à la jiremière parce qu'elle fait
croître la moisson, à la seconde parce qu'elle en abrite la
semence". On purifiait le par/u.t par des lustrations '"',
et l'on répandait des libations sur l'autel commun "•. On
couronnait les bceufs de fleurs'".
Essentiellement rustiques, on les a souvent, et volon-
tairement, assimilées aux paganirne feriae ou puf/ti-
nalia ", qui, elles-mêmes, sont quelque chose comme les
tirae feriae; Varr. Ling. lai. VI, 20, Semenlinae; Ov. J'asl. I, «58 et Macrob.
t; Ifi, .Semenlinae : Lydus. tte Mens. 3, fi, or.jiwTiSat. — 2 Fesl.j. e. Couci ptirae
feriae: Macrob. l, 16, 6; Ov. FasI. 1, 672, nniiii.i /.ta. — 3 Fest. i.nc. cit.;
Macrob. Loc. cit. ; Ov. Fast. I, CiS Si|. — » Fesl. s. v. .Semenlinae; Varr. L. I.
VI, 26 : Ov. Loc. cil. — ^ On semait le Tronient et l'orge en novembre, les fèves * n
décembre. Varr. />. rusl. I, 3»; Flin. U. n. 18, iU4 ; f.'eo/joiiic. 3, 12; 3, 13. S; î,
14, 3. Menol. rusiic. Corp. inscr. lai. I, p. 35'.l. — 6 Ov. l-ast. 1, 057. — ' Lydus, De
meus. 3, fi. — » Ov. Fast. 1, 637. — ' Varr. L. 1. il, 26, .Semenlinae ferme
dies is qui a ponlificibus dictus. — t^ Ljdus, de A/ens. 3, 6, r.vovTt Se êki Sûa
ttkiia.i,'>'jx isjîf,;, «Vni |i£ao. v,>o^£vu «ri. — tl Huscilke, Uas rôm. Jahr, p. 35».
— 12 Ov. FasI. 1, 672. — '3 Ov. /'iis(. I. 673. C est dans le tempe de Tellus
au jour des Semenlicae *|ue Varron a placé- son dialogue sur l'Agriculture';
Varr. R. r. I, 2. Il semblerait ipie de sou temps les Senientivae fussent moins
fêlées ijue précédemment : Quid vis hic. inqnam^ num feriae Semer.lieae oliosns
hue adduxerunl, ut patres et aees solebant uostros? — A'os vero, inquil Agrius.
ul opinor eadem causa quae te, rogatio aeditimi. Varr. Loc. cit. — ** Ov. L^ast.
I, 673. — f" Ov. Fast. I, 671. — 16 Ov. Fast. I, 672. — 17 Ov. Fast. I, 664 :
Tibul. II. 1, 8. — 18 V. vERiAE, pAi.ANAijA ; Boiiclié-Leclerci|. S/an. des insl. rom.
p. 499. mais cL p. 526; Momnisen et Mari|iiardt, Alan, antiq. Le Culte, t. I,
p. 241), trad. fr. : Preller, Jlôm. Myth. II. p. 3 distingue les deux fêtes.
SEM
— 1183
SE.M
fétfs palronalcs des l'ogi. 11 l'sl inconti'staljle en l'IVcl,
l'ii raison des ccTÔnionies qu'elles compurlent, «jul' k-s
Sementivuc dont Ovide certainement ' et Tibulle peiiL-
étre, nous ont laissé la description, présentent les carac-
tères d'une fête des jidf/i. Néanmoins, nous ne pensons
pasqu'elles doivent être confondues. En effet, Varron 'et
Macroiie ' les distinguent nettement Tune de l'autre. Le
texte du premier, en particulier, nous semble ne laisser
subsister aucun doute à cet égard: « Seinenlinae feriac
ilit's is ijiii a ponti/icibus dic/iis: appellatus a seinentc,
ijiiod x<itioiiixcoiisii susceptae. l'aganicac ejusdem n<iri-
culturae causa .susceplac, etc ». .\insi donc les Semcn-
tivae et les J'aganicae, étant également consacrées à
Tagriculture, comportent des lustrations analogues, mais
ne se confondent pas.
Peu t-étre serai t-ilpossil)le de concilier les deux opinions.
Nous avons remarqué que Varron semble n'attribuer
qu'un jour aux Sèment icae, tandis que Lydus en men-
tionne deux. La contradiction ne serait qu'apparente si
Scmenlicae et Paganicae n'avaient formé qu'un seul
groupe de fêtes dont une partie aurait été plus particu-
lièrement la fête des semailles, et la seconde celle des
pagi, une Journée distincte étant consacrée à chacune.
Ce n'est là qu'une liypollièse, mais elle a l'avantage de
laisser subsister la distinction nécessaire entre les Seiiicn-
tivue et les l'ayanicae, tout en expliquant l'extrême ana-
logie qui existe entre ces deux fêtes. Andrk Bauduii.i.akt.
SE.MIS. — l'iêce de bronze romaine valant la moitié de
l'as. Sous la Ké[>ublique, le seiiiix avait pour marque
_ distincte de sa valeur, la lettre S, et
pour types au droit la tète de Jupi-
ter (lig. G-2'J7), au revers une proue
de navire [au].
La taille du semis de bronze cessa
sous Caracalla.
A partir de Sévère .\lexandre, le
quinaire d'or prit le nom de semis ou
Fig. ci'jT. — Semis. semissis [aikei s, p. oGo] et l'on créa,
en même temps, le Iriens d'or ou Ire-
missis'. I>e semis fut aussi une division du sofiitiis d'or
à partir de Constantin ; son poids théorique fut alors de
2 gr. il ; le semis d'or persista sous les Mérovingiens et
les Byzantins, mais il fut moins souvent frappé que le
solidiis et le Iriens [airei"S -. F. Le.normant.
SEMIVICTORIAÏUS.— .Nom d'une monnaie d'argent
romaine en usage depuis
:2:29av.J.-C., jusqu'à la dicta-
ture de César et formant la
moitié du viclorialus. Klle a
pour types au droit la tôle
d'Apollon et au revers une
Victoire élevant un trophée (fig. 6:2!»S), quelquefois avec
la marque S. Taillé d'abord sur le poids du triobole
I Ov. Fntl, I, li.ïK 8.1.; Tihul. Il, I. — 2 Varr. VI, i6. — 3 Macroli. 1, lil. 6.
SCMIS. I Lamprid. Ser. Alex. V). - 2 E. Babilon, Truite îles monn. ijr. et rom.
1" partie, I. l.p. 3i6, 334 sr).
SEMO SAKCUS. 2 Varr. Ung. ht. V, M; Dion. liai. Il, l'i ; ûv. /Vu/.
VI, 21.3 s.|.: l'rop. IV (V), 9, 73; Sil. liai. Pm. VIII, «0 ; cf. LacUlil. I, 15.
R ; Terl. mt .V,i(. II. 9; Aiig. Civ. D. XVIII, I». On avail foigé celle faille i|ue
Saillis, le lil'To-s époiiymc des .Saliins, élail lils Hc .Saiicns, i|iii lui-même sérail
leur Hercule ayant régné comme roi et pins lai-d élevé an rang rie tlien ; cf. Klansen,
Aeneas iinrf die l'enaten. p. 803. — 1 Varr. /,. cit. et V, 32 ; cf. Varr. ap. Non. p. 591 ;
/(i(iii.s; lest. p. 2H, l'iadiia : l'Iin. Hist. nal. VIII, I m ; Dion. liai. IV, ..« ; l.\.
en : Tanin, p. 107, liSel 1*7 ; Terl. Idol. i»; Lyd. iJe m,ns. IV. 38 ;cr. Ernoul. /.ts
l'-ti-int-nts dialectaux du vocabulaire latin, p. iili. — 1 Sûr celle ideulilïcalton v.
siirlonl Srhwepler, ttoem. Gescl'iclite, I. p. Mi sii. : el nniiiiKs III, I, p. |2.., 2:
;isiatique de Dyiraeliium d'Iilyiic, \e semiriclorialiis va-
lait à l'origine 3/8 du denier, mais en lOi la loi Clodia
lui donna le poids et la valeur du sesterce, c'esl-à-dire
du quart du denier [denarrSi. F. Lexormant.
SE.MO SAXCUS. — Pour Varron, Denys d'Ilalicariiasse
et les poètes qui ont suivi leurs enseignements, Senio
Sancus est un dieu venu à Home avec T. Tatius le Sabin,
aux débuts de la royauté, el installé par lui dans un
sanctuaire sur le Quirinal, en face de celui qui avait reçu
le dieu Quirinus, leur Mars national'-. Il serait de même
identique an nus eidus (II, i, p. 291), personnification
de la bonne foi et garant des serments prêtés sous la
voùle claire du cieP. Les mythologues modernes ont
pris texte de cette identité pour le moins contestable,
en remarquant que Dius Fidius est d'une part semblable
à l'Hercule romain, que d'autre part, il se confond avec
l'Héraklés des Grecs qui a absorbé dans son être un
héros de la primitive religion des Romains ; el ils croient
apercevoir enfin ce héros dans le Semo Saneus des Sa-
bins '. Pour mettre quelque clarté au milieu de celle
confusion, le meilleur moyen est encore d'étudier Setno
Sancus en lui-même, à laide des témoignages (jui lui
sont personnels.
Le mol Semo nous est connu par le Chaut des Frères
.Vrvales, où, pris au pluriel, il sert à désigner une caté-
gorie de génies apparentés aux Lares cl invoqués de
concert avec eux ". Les Semones, ainsi que leur nom l'in-
dique (le catalogue des lvoicitamenta mentionne parmi
les divinités agricoles une Semonia *) peuvent être
classés à côté des Lares, des Pénates el des Mânes,
comme un groupe de forces divines qui président à la
germination des graines el à la prospérité des semailles.
L'importance de cette notion dans la primitive religion
des Romains nous est attestée par les vocables de Consi-
viu.i, Consivia, donnés à Janus et à Ops, par les noms
de Saturnus, de Consus, etc. ; Semo est xwecserere, semi-
nare dans le même rapport que r/enius avec f/erere =^ r/i-
f/nere, generare'. Les Semones du Chant des Frères
,\rvales se retrouvent dans une inscription votive de
Corfinium sous la forme de Semunu"; plus tard, leur
nom survit dans l'œuvre de Martianus Capelia qui l'in-
terprète, d'ailleurs, en se référant au grec r^ii.ifls.oi et au
radical latin semis, par demi-dieux : c'est une erreur
évidente ''.
Pour la désignation du dieu Semo, le vocable Sancus
a une valeur limitative; il exprime la fonction spéciale
d'un génie de la classe des Semones. Sancus est en
rapport avec les mots latins sancio el sanctus, ce dernier
le remplaçant même dans divers textes; dès l'époque
classique, on le trouve sous la forme Sancius el même,
dans les manuscrits de Tile-Live, sous celle, qui parait
erronée, de San/jus'". Sancus sera donc légitimement
interprété par : fjui sanct/, celui qui confirme, garantit (le
Uosclier, LexikoH. s. v. Hercules. I, 2Î56 si|. cl noire article joso\ks, III. 1. p. 6'JI.
— î AiivAi.ts, I, l,p. 452, I ; skmums at.tkiiski AnvocAPiTCONCTus = .SemoMis J«eri.i
advocabite cnnclos. Ilarlung, lleliijion der Boemer, I, +2, soutient à lorl que les
Semones sont l'oljjet du clianl des Salicns; v. Jordan, Krit. lieilraeue. p. 294. Cf.
LAiits, III, 2, p. 938. — » III, 1, p. t7l, 1. — ■; l'reller-Jordan, Jioem. Myth. I, p. i9
cl 91. Cf. Ilarlung, Op. cit. I, p. 42 el l'inscriplion ombrienne d'Agnone où Hercule
porte le vocable de genialis ; Mommsen. Cnlerilalische Vialekte, p. 128 si|.
— 8Buecliclcr./(/ieiH. J/«sei<«',XXXlll,p. 281 ; cf. Wissona, fle/iS(ioii und KuUus
der Itoemir, p. 120. — 'J Mari. Cap. Il, 130 cl Fulgent. De abstr. serin, p. 361;
cf. chet PrcMer, Op. cit. la noie cril"iue de Jord.m, I, p. 9ii, noie 2. — «> Aussi
iivec s.\i.>n\A, V. IV, p. 1007. U charge des Eéliaux ellenr aclion sociale : ifna fidii
pulAicae praeerant, soiil en rapport avec la religion du Dius Kidius ; Varr. /.i"</.
/..(. V, là. Cf. T s. II. 2, p. 1113 el ..iîMi>. ib. p. 1400.
SEM
— IlSi
SEN
serment; '. l'jir cetti' loncliiui. Scinn Smiciis: .ippnrait
eoinine semblaMe an Dius l'idius que les Unibriens
nominaiont Sanrius Fishis ou Fisoriii.'^ et qu'ils iden-
liliaient avec Jupiter - : les tables Euguhiiies nominenl
un Jupiter Saiiciiix, identique au Zsj; tciotioî des Grecs,
que nous rend une inseriplion plus récente sous le nom
(\e Jupi/t'r Jurarius \ Si nous remarciuons que dans la
religion romaine, la sainteté du serinent est, en principe,
sous la garde du dieu suprême, Dius Fi(/ius équivalant
à. Jupi/er Lnvis, et que THercule Romain, tel qu'on le
vénère à l'Ara Maxima sur le Marché aux Bn-ufs, est lui
aussi une divinité de la bonne foi, prise à témoin dans
les contrats *, on voit comment chez les Latins, les
Sabins et les Ombriens, ^SVwo Suncus a pu se confondre
tantôt avec .lupiter, tantôt avec Hercule, et aussi former
un être à part ayant une fonction semblable.
Des témoignages que nous venons de citer, il résulte
que le dieu n'appartient pas en propre aux Sabins qui
l'auraient introduit à Rome, qu'il a rayonné chez les
divers peuples de l'Italie centrale et même que son ori-
gine est très probablement latine '". Outre Rome, où il a
eu un sanctuaire que l'on attribuait à T. Tatius, mais
qui voué par Tarquin le Tyran fut dédié par Sp. Pos-
lumiiis en 4(jtt, après l'établissement de la Républi(|U(',
nous le trouvons installé à Velilrae et à Casirimoenium,
toutes deux localités du Latium '' ; sa présence parmi
les Semones à côté des Lares est de même à elle seule
une preuve de son caractère latin. C'est à Tite Live que
nous sommes redevables de la mention d'un culte en
riionneur de Sancus à Velitrae; le même auteur, à
propos de la trahison, en 31H) av. J.-C, d'un certain
Vitruvius Vaccus, du pays des Aurunces, dont les biens
furent confisqués au profit du dieu, dit que l'airain qu'on
en retira servit à confectionner des disques qui furent
déposés dans son sanctuaire du Quiriual ''. Les tables
Kugubines mentionnent des disques du même genre
(qu'elles nomment ur/'c/n = orbita). Elles nous appren-
nent de plus qu'en sacrifiant à Jupiter Srincius, il était
d'usage d'en tenir un dans sa main; leur image figure
sui' des monnaies ombriennes *. Preller y voit un sym-
bole d'éternité, ce qui parait bien étrange: on les
rapprocherait plutôt des (inci/ia [salii, p. lt):20j, en leur
donnant une signification à la fois astronomique et mo-
rale. Images du disque solaire, ils rappellent que JJius
Fidius ou Seino Sancus est le dieu du serment parce
qu'il est celui du ciel lumineux".
Dans ce sanctuaire étaient déposés aussi certains
traités; ainsi celui (|ue le dernier des Tarquins conclut
avec la ville de Gabies '". On y ollrait des sacrifices lors-
qu'on partait pour un lointain voyage. Semo Sancus
t lin-al el Bailly, Diclionn. Elymol. p. :!iO si|. Cf. Jordan (clici eicllci) l:p. cit. Il,
p. i71, iiolc I; Ov, l'rop. Loc. cit.; v. ci-aprùs l'iiiscripliou eu riioiiiieitr do Semo tiens
sancliis; Saugus a parfois k- giiiil. en us, comme Jauus. T. Liv. /oc. cil. cl Fesl.
p. in. SaiicM esl TorUiograplic vérilalilc; il a formé sani/ualis. Vid. infra
— 2 V. Aiifreclil uiid KircliliolT, VmOrische Spraeiidcnkmaeler, 11, I:t7, cl
IS6 sq. ; cl Wissowa, flp. cil. p. liO ; Buecliclcr, Umbrica, p. 1*8. — ' Dion. Mal.
IX. 60, Iraduil Dius Kidius par ZiO; rl^i;.);; pour J. Jimnius. v. Orclli-llonzcu,
Inscr. Suppl. 36;«; cf. Scliwcgier, (Jp. cit. p. 3(i0. — * i;f. i.ris nmiis, 11, 1,
p i9l sq. ; JUPITER, III, I, p. 711; Htiitii.t.s, ibid. p. Hô. — « hcller-Jordan,
Op. cit. Il, p. i7i, noie i: cf. Wissowa, Op. cil. p. 121. — 6 Liv. VIII, 20. S;
X.VXII, 1; cf. Fesl. p. iH: Corp. inscr. lai. XIV, i45s. - 7 VIII. io, 8: Bue-
chcler, Umbrica, loc. cit. — » Monimseu, fioem. .Uitnztresen, p. ±ii sq. Cf.
Wissowa, loc. cit. — » V.sjlu, IV, I, p. loi.'i ;cf. Paul. D; p. Ii7 ; TcrI. ttlol. in.
Au sanctuaire du Quirinal, le toitétail découvert en partie : Varr. /,inij. toi. v. iiii;
Non. Marc. p. :£9i ; quand des jeunes gens juraient ou les faisait sortir des Iocaii\
couverts el jurer sons la voûte du ciel; fini. IJuaesl. llom. in. — 10 Dion. Hal. IV,
partageant avec l'Hercule la i>i(p|ectii>n des voyageurs et
assurantla sécurité des routes ". Lue tradition populaire
racontait que du chanvre, une quenouille et des san-
dales qu'on voyait au même lieu étaient ceux de Gaia
Caecilia, autrement dit Tana(|uil, l'épouse de Tarquin
l'.Xncien que la légende considi'rait comme la personni-
fication la plus éininenle de la fidélité conjugale et des
qualités qui font prospérer une maison: on y montrait
même une statue qui la représentait'-. Dans l'ile du Ti-
bre, il existait une autre ciiapelle où Semo ^V/«c«.v parait
avoir été vénéré en compagnie de Veioris et de Jupiter
Jurarius dont les inscriptions signalent le culte '^.
Une divinité aussi complexe et de provenance aussi
ancienne devait être méconnue plus que d'autres,
lorsque le sens de la primitive religion s'oblitéra dans
les esprits. Ainsi s'expliquent les identifications multi-
ples dont elle fut l'objet jusqu'aux temps où elle prit
place dans la littérature. 11 lui était réservé d'être
interprétée d'une façon particulièrement étrange par les
premiers chrétiens".
En IHaî), on découvrit à Rome dans le voisinage
de la Piazza di Monte Cainillo sur le Quirinal, c'est-
à-dire sur l'emplacement de l'an-
cien temple de Semo Sancus
Dius Fidius. une statue dont une
inscription exhumée en même
temps garantissait l'attribution à
ce dieu '\ Elle n'a rien de com-
mun avec les types connus d'Her-
cule, ce qui contribue à infii--
iner l'opinion de Schwegler, déjà
cadui|ue pour d'autres raisons ;
mais elle rappelle Apollon ar-
chaïque. Le dieu est d'allure
jeune, nu ; son bras gauciie,
étendu, dont l'extrémité est bri-
sée, tenait peut-être un attribut
qu'il esl impossible de conjec-
turer (lig. Gi'J'J); les yeux sont Fig. oiiio. — .Scmo .snncns.
largement ouverts. C'est la seule
repri'senlation connue de Semo Sancus; elle est aujour-
d'hui au iMust'e ilu Vatican. J.-.\. IIilm.
SI':.\Il'.\<;iA. — Pièce de bronze d'une demi-once
monétaire ou du "l'i' de l'as, qui n'a jamais été frappée à
Rome, mais dans quelques cités italiotes; sa marque était
S [as], F. Lknorma.nt.
SEIVACIJLUM [l-ORlJl, p. 12<)'ij.
SKXATL'S. Le Sénatromain jiour la Grèce, voy. iioiLi-;'.
Éi'ooi'iî RoYALK. — Toutes les traditions placent à côté
des rois comme conseil choisi par eux' un sénat de pa-
.iS ; llor. A'/i. Il, 1, iî et les conimenlaleurs. — " Terl. ,lrf nn^ II, 9. Fesl.
p. -i'J : propt'ir viani /il sacrificiutn quO't esl proficiscendi ijratia Hcrcidi ont
Sanco, /jui silicet idem est deus\cf. ib. p. :il7, oii il est r{vicstiou d'oiseaux appelés
sniiifitalcs cl qui donnaient des présages sans doute en rapport avec celle cérémonie.
A proximité du temple était la l'orta sanqiuilis. — '2 Plut. (M. /(oi)i.3(i ; Paul. U.
p. 30 : (laia Caecilia; Fesl. p. Hf. — '3 Caniua. lliill. d. insl. arch. lS5i, p. .\sxvn
et linscriplion citée plus liant, Orelli-IIei.zin, .ïi.33. — U Ils rassimilèrcnl à Simon
le Magicien. Jusl. Apoloi). I, i<', .îii; ïcrl. .kpol. 13 ; Euscli. Hisl. eccl. Il, 13. Cf.
Preller-Jordan, Op. cil. II. p. n\, note 3 cl Lanciani, UiiU. Vom. ISSI, p. 5; ainsi
que de liossi, Bull. d. Isl. 1881, li.î. — 1" V. Viscouti, Slud. e docum. di storia
e dirillo, I, 1S8I, p. 105; OuU. d. Inslit. ISSI, 3S sq. ; UuU. arch cumiin. 1881,
4 sq. : .l/j«n/i d. Insl. 1885; lav. d agg. A. Cf. Wissowa, Neue Jahrb. fOr das
Klass.Ml. I, IS'.iS, p. 168. Une coïncidence à relever ; Tile Live (.VXXII, I, 10)
parle d'un sanctuaire commun ii Apollon cl à Sancus.
SI:MII,NCIA. I Varr. L. lai. V, 171 ; Corp. ins. lat. 1,377; IV, Uil, S029, elc.
SK.VATUS. — I Liv. 1, W ; Dionvs. 1, ii; Zonar, 7, 10; Feslus. p. iH'..
SEN
— H s:; —
SEN
triciens : mais sur le iioinlire des siMinleiits, peut-être égal
priiiiilivemi'iil à celui dus f/cié/cs, i'cpr('sentées chaciini'
par leur chef, il y a les comliinaisons les plus diverses.
Dans une tradition appuyée sur Texistence postérieure
des 10 di'curies sénatoriales et des sénats municipaux
de lOOdécurions. Homidus aurait créé, au début, 100 sé-
nateurs liainnes ; mais les 30 curies de Komulus suppo-
sent, d'autre part, ."{00 sénateurs; une légende ajoute
donc aux lOOpremiers 100 sénateurs, soitsahins (Ti/irs),
créés après la fédération des Rainnes et des Tities, soil
albains, introduits par Tullius Hostilius ' ; et à ces
200 jiatrps mrijorum f/enlium, Tarquin l'Ancien aurait
ajouté 100 paires minorinn f/enliian, de familles plé-
béiennes'-. Une autre tradition fait ajouter par Tarquin
à 150 sénateurs mnjoniin f/entium dont lOO Hamnes et
30 Tities, 150 sénateurs minnriim f/entiiim ^ On oublie
le contingent des Lucereit. La seule conclusion vraisem-
blable, c'est que les trois tribus des Ramnes, des Tities,
des Luceres, considérées non comme trois races, mais
comme les subdivisions d'une même race, ont dû avoir
au d(''but et pendant toute la royauté comme représenta-
tion politique un sénat purement patricien de 300 mem-
bres [geins, p. lol3-li]. On peut attribuer à ce sénat,
sans doute consultatif, sûrement dépourvu de juridiction,
le maintien du mo.-i mnjoruin et I'auctoritas patrum.
Rioi'UBiJQi'K. — I. Dénominations. — Les trois termes
qui désignent le conseil, senaliis, le conseiller, senalor,
le local, scnarulum, impliquent l'idée dliommes âgés,
comme en grec Yspovreç et yssouci'a'. Les Grecs ont traduit
immédiatement^ le xnoi senatus parle terme /) aûyxXviToç
(pouÀ'/ji, employé pour des sénats grecs à Naples et en
Sicile''. Il n'y a pas d'autre expression que la périphrase
lociis senalorius pour la qualité sénatoriale ; le mot
senalor n'est pas employé comme titre officiel, n'a pas
d'abréviation légale, pas de synonyme avant l'apparition
du mot ('/;■ f/rt;v'«s//««.ç sous l'Empire''.
IL Nombre. — LecliiH're de 300 sénateurs reste normal
au moins jusqu'aux Gracques* : les tentatives de Gains
Gracchus et de Livius Drusiis pour y introduire GOO et
300 chevaliers ne réussirent pas"; l'introduction au
sénat de 300 des meilleurs citoyens par Sylla en HS
fut cassée en 87, mais il maintint définitivement
le chitl're de GOO sénateurs en 81 par l'adjonction au
sénat, sans doute préalablement complété, de 300 nou-
veaux membres, recrutés dans l'ordre équestre et dans
d'autres classes, même parmi de simples soldats'". Mais
il y a toujours une certaine différence entre le nombre
elTeclifet le nombre normal. Avant Sylla, indépendam-
ment des vides produits par les guerres civiles, par des
catastrophes, telle que la défaite de Cannes qui nécessita
la création de 177 nouveaux sénateurs", le nombre des
vacances paraît excéder celui des candidats ; à partir de
Sylla la liaison entre le siège sénatorial et la questure et
«l.iv. l,8,a8,30;Dion)s.2, IS,47; Plul. Hom. 13 ; Zoiiar. 7, 3 -, Fostiis, p.'>l7, s. i'.
paires, 330 aetialores ; l.yil. Ile mag. I, IG. — 2 Liv. 1, 33 ; Dionys. 3, 07. — 3 llio-
iiys. 2, 47 ; l'Iul. llom. 2(1; Cic. ilcrep. 2, 20, 35. — iCnrliiis, Gr. Eli/iii. 3' l'-.l.
p. 311; Feslus, p. 339;Ovid. Fast. 5, f.3 ; Justin. 43, 3 ; l-lor. l,l3;Scrv. Ad Aen.
I, 420; 3, 738 : «, 105; l'Iul. An sen. 10. — 5 i)ts lOli et l'J3 (Polyli. 18, 40 ; C.
i. gr. 3045). — C C. i.gr. 5799,5491. 5732. Plus tard on trouve y,o„„„« (l)io Cass),
fou/.(i, ou.iSjioy iPolyb. 1, 11, 1: 3, 0, 4; HevoiUin.) —1 Pater conscriplus ay.
Cic. P/iil. 13, 13, 2» est inipiopic. — » l,iv. 2, 1, 10 ; Dionys, 3, 13 ; 7, 53 ; Plut.
J'opl. \\; Oe garni. H ; Feslus, p. 234; Maccliab. R. 15 (avec IViplicalion de
Momniseu du cliifl'ie 320). — 9 Plut. C. Oracch. 3 ; l.ir. Ep. 60 ; Appian. Uell. c. I,
35 ; Diod. 37, 10, 3 ; Sencc. Ail Mure, m, 4. — l" Appian. I. c. 1, loo ; Liv. /i>.
89 ;Sall. Cat. 37; Hiat. 1, 24; Dionys. 5, 77. — n Liv. 23, 23. — 1-2 Dio, 37, 40.
VIII.
rr'h'valioii du nombre des questeurs à 20 amèiienl le
r(''siiltal inverse ''-, Sous César, après les revisions
de i7, 46, io av. ,I.-C., et l'éh'vation du nombre des
questeurs à -40, on a jusqu'à itOO sénateurs pris dans
toutes les classes, même des centurions, des soldais, des
aIVranchis et des lils d'alfranchis '^ ; sous le triumvirat
on en a jusqu'à 1000, dont les orcini, nommés par An-
toine d'après les papiers de César". Auguste puritie le
sénat après les guerres civiles, expulsant 140 sénateurs,
olitenant la démission de 50; en 18 av. J.-C, il fixe le
cliilTre de GOO qu'il maintient dans les revisions qu'il fait
à peu près tous les dix ans ' ' ; mais le nombre effectif a
dû ensuite être un peu élevé par suite de l'abaissement
de la limite d'âge à vingt-cinq ans et des adlections impé-
riales. Il n'y a pasde divisions dans le sénat : les decuriae
ne fonctionnent que pour l'interrègne et la formation
des jurys criminels [interreoîvum, judicia publica].
III. Conditions requises et durée des fonctions. —
Les conditions sont : — 1° Le droit de cité complet avec le
Jus lionorum. Les Latins '" et les citoyens des municipes
sine su/J'rar/io sont exclus. Les citoyens des municipes
de droit complet et des colonies romaines, qui continuent
à habiter dans leur ville, quoique éligibles en droit, ne
peuvent entrer au sénat, faute de domicile à Home''. La
nomination de provinciaux par César excite encore une
vive opposition". La capitis deminiitio maxima ou
média entraine l'incapacité ; mais le rappel ou la
restitutio in integrum d'un exilé lui rend le siège séna-
torial '". — 2° L'ingénuité. Les affranchis sont exclus en
principe [libertus, p. 1202\ Kn outre, on n'admet guère
que par exception et surtout à la fin de la Ilépublique les
citoyens qui ont été ouvriers à gages, simples soldats,
qui ont exercé des métiers dits sordidi'-". — 3° L'ûge
légal. Il paraît avoir été d'abord de quarante-six ans ^'.
Lca j un iores, devenus magistrats avant quarante-six ans,
n'ont jusqu'à cet âge que le jus senlenliae dicendae au
sénat sans y être inscrits définitivement--. La loi 'Vilia a
probablement abaissé la limite à vingt-sept ans ; Sylla la
relève à trente ans, comme pour les magistratures,
jusqu'à Auguste qui l'abaisse définitivement à vingt-
cinq ans. — 4° L'honorabilité. On peutd'abordappliquer
au sénat les six causes principales d'indignité que ren-
ferme la loi dite probablement à tort Ju/ia municipalis -^
sur le décurionat, c'est-à-dire l'exclusion des individus
condamnés pour vol ou pour complicité de vol dans
des judiria privata, par des actions /iduciae, pro
socio, tutelae, mandati, injuriarum, de dolo malo; en
vertu de la loi Plaetoria pour lésion des intérêts de
mineurs de vingt-cinq ans -*;pour calomnie ou prae-
vnriratio; exclusion des débiteurs insolvables ou qui se
sont parjurés en matière de dettes^' ; des anciens sol-
dats frappés de renvoi ignominieux ou de dégradation
militaire ; des délateurs qui ont à prix d'argent dé-
— "Cic. Ad fam. C, 18, I ; Phil. 8,9,26 ; De div. 2,9,23 ; Scncc. Conlror.S, 18;
Ep. 10,3, 13; Dio, 42, 51; 43, 47; Sali. De rep. ord. 2, 1 1 ; Macioli. 2, 3,10.
— li Suct. Aug. 33 ; Plut. Anl. 13 ; Cic. PMI. 13, 13, 28 ; Sali. Jug. 4; Appian.
;. c. 3, 5. — 15Sui>l. Aug. 35 ; Dio, 52, 42; 34, 13. — l« Liv. 23, 22. — '7 Cic. Pro
.Vts(. 45, 97. — 18 Suct. Caes. 76 , Cic. Pliil.i\,5, 12; 13,13,27.— 13 Cic. De
off. 3, 27, 100; De dom. 31, 82; .4d AU. 3, 23. — 20 Dio, 52, 25; 78, 13, 14.
_ -21 Théorie de Monimson, Droit public, trad, fr., VII, 47, contre colle de Willenis,
Le .Sénat de la IlépulUigue romaine. — 22 Fcstus, p. 339. — 23 C'. ins. lai. I,
122, I. 108-122. Voir l.cgr.is. La Table latine d'Héraclee {In prétendue « lex JuUa
municipalis »), Paris, 1907. Laloi parait plulûl être de l'épo.pic do Sylla enlre 90 cl
83 r|ue de celle de César. — 21 Cic. Pro Clu. 42, 1 19. — 25 La loi Sulpicia de 88 in-
Ivrdisail déjà aux sénateurs d'avoir plus deSOnu sesterces de dcl les (Plut. Sgit. f).
149
SE.\
— 1186 —
SEN
nonce ou livré un ciloycn romain ' ; des individus
condamnés dans certains judicia piihlica. Ces der-
nières condamnations n'excluent, en ertel, du sénat
qu'aux termes exprès de la loi qui réi^il la (jiiaeslio^ ;
ainsi pour la brigue il y a expulsion pendant dix ans
d'après la loi de Sylla, jusqu'à la réiiabilitation d'après
la loi Acilia'; elle a lieu également pour les repe-
lundae^ et seulement à temps pour le faux etla violence
légère ^ ; dans la législation de Sylla pour toute con-
damnation à Yinterdictio ai/une et i(/ni *. La loi Cassia
chassait, en outre, du sénat tout citoyen condaumé ou
dépouillé de son imperium par les comices". En second
lieu, la législation de Sylla enleva Xn jus ftonorum et le
siège sénatorial aux proscrits et à tous leurs descendants
jusqu'à leur réhabilitation, par César*. Quelques lois
ont imposé aux sénateurs, sous peine d'expulsion,
l'obligation de jurer de les observer'. Certaines profes-
sions lionteuses qui excluent du décurionat'" excluent
certainement aussi du sénat: celles de gladiateurs, de
prostitués, de comédiens, de tenanciers de gymnases
pour gladiateurs ou de mauvais lieux". — o" Fortune.
Il n'y a pas encore de cens sénatorial, quoiqu'on tienne
grand compte de la fortune et que la plupart des séna-
teurs possèdent au moins le cens équestre.
Le sénateur, nommé à vie, ne perd son siège que si le
magistrat le raye de la liste à la suite de la perte d'une des
conditions requises ou pour une des raisons qu'on va
voir. La demande de retraite paraît avoir été très rare '-.
IV. Droits et deroirs particuliers. — 1° Costume. Les
sénateurs portent la toge à la curie ; ils ont continué à la
porter plus tard que les autres citoyens" [tog.aJ. — Les
bandes de pourpre (c/acus) sur la tunique de dessous ont
peut-être été, à l'origine, réservées aux sénateurs, puis
usurpées par les chevaliers ; après la séparation des
deux ordres, les sénateurs les portèrent plus larges
(fatus clavus, tunica laticlavia), les chevaliers plus
étroits [clavus latus, angistus] ". — Il y a deux sortes de
souliers sénatoriaux '^ : le calceus senatorius des
sénateurs plébéiens qui n'a pas le croissant (luna,
l unula), el\e calceus pat ricius, orné dacToissanl, réservé,
dans une théorie, aux sénateurs curules'^, dans une
autre beaucoup plus vraisemblable, aux sénateurs pa-
triciens" l^CALCEis]. — L'anneau d'or, donné au début
aux sénateurs ambassadeurs, a été porté ensuite par
tous les sénateurs" et aussi, depuis les Gracques, par
les chevaliers dont il est devenu l'insigne " [anulus
AiRELs, LiBERTLs]. — 2° Places spéciales aux fêles et aux
1 Clause provisoire. — 2 Cic. Pro Clti. 33, 91 ; 43, liO. — 3 Cic. Pro Syll. 31,
88 ; Schul. Bob. p. 361 ; Dio. 36, 3s. — 4 Ithet. ad Ucr. I, 11, ÏO ; Ùii:- 1, 9, 2 ;
Tac. .4nn. H, 48 ; Suel. Oth. i; Pljii. Ep. 2, 11,20. — ''Dit,. 4S, 10. 13, 1; 48,7,
1 pr. — 6 Cic. Oe Jom. 31, 82. — 'i Ascon. p. 78. — 8 Dioiiys. S, SU ; Liv. Ep.
89 ; Dio, 37, 23 ; 41, 3 ; Hlul. Syll. 31 ; Cnes. 37 ; Siiel. Cnes. 41 ; Senec. De ira. 2,
3», 3.-9 Loi de Bantia (C. ii>s. lai. 1, 45, L la-ÎU) ; plébiscite Apuléieii de 100
(Appiaii. tiel. cii: I, 29-31 ; Flor. 3. 16; expulsion il amende de 20 laleuts). — 1» C.
i. lai. I, 122, I. 108-122. — Il Cf. Dig. 3, 2, 2, 33. 4 § 2 : Terlull. De spec. 2Ï.
— 12 Tac. Ann. Il, 25. -13 Vil. Etui,. 20; Clauit. 4; on a des reprèscnlalions de
sénateurs sur des bas-reliers de l'flra.AiCi'*, du Porum, de l'arc de Constantin, (Pe-
lersen. Ara pacis Aiig. pi. iv.p. 80; Uiihn, Aimai, d. ht. 1881, p. 308 ; J/onum. d.
Ut. XI, lav. 34 33 ; Uelhig, Fàhrer, I, n" 562. — u Hlin. Hiat. nnt. 33, I, S7 ; 9,
39, 63 ; Liv. 9, 7, 8 (en 321); 30, 17, 13; Diod. 86, 7, 4 (en 102); plus tard, Ovid.
Trial. 4, 10,35; Suet. Aug. 73; Vell. 2, 88 ; yuintil. 11, 3. 138; Vit. Alex. 17;
C. i. gr. 1133, 3990, 4023. En grec iwtO^.hoî et <rtt.<l»T,i.oî (Diod. l. c. ; Arrian.
Ùi3!. E/iicl. 2* 24, 12). — ti Edicl. Diod. de preliis (C. in», lai. 3, IX, 6-8).
— 16 V. Willeras, I, p. 111131. — " Moinnisen, /. c. p. 63-65. d'après C. i. gr.
6185 ; Plut. Quaett. rom. 76 ; Zonar. 7, 9 ; Isidor. 19, 34, 4 ; l'iiiloslr. Vil. soph. 2,
I, 8. Monmiseu, Elog. .l/arii(t'. i/ii. lat. I, p. 290, n" 33), explique par ce fait c|ue
le triomphateur mime plébéien aurait eu droit au soulier patricien et rcconnail (|ue
jeux, d'abord au théâtre, à l'orchestre selon l'usage et
officiellement dès 194 -°, puis en 3 ap. J.-C. au cirque-'.
— 3° Droit d'assister aux banquets publics (jus epulimdi
publiée) donnés par les soins des ei'ilo.nes au Capitole.le
13 septembre et le 13 novembre. — 4" Jusqu'aux Gracques
droit de vote privilégié, tant que les sénateurs possèdent
Vcquus publicus et par suite le droit de suffrage dans les
centuries équestres ; les fils des sénateurs servent, en
outre, généralement parmi les chevaliers [eoi'ItesI. —
5" Privilèges spéciaux : le sénat fournit les /ei/ft//, chargés
de missions, ou adjoints aux généraux ; les sénateurs
jouissent de la legatio libéra [leiîatio, p. 1032-33] ; ils
figurent dans le conseil, à Rome, des principaux ma-
gistrats, en province, du gouverneur-' '[CONsilium], et
leurs causes privées sont renvoyées de la province à
Rome; ils fournissent, d'abord exclusivement jusqu'aux
Gracques, ensuite concurremment avec les chevaliers,
les jurés civils et criminels "jidicia piblica, jidiciariae
legeSj. — 6° Mesures d'ordre économique et judiciaire.
Pendant longtemps, les sénateurs se sont adonnés libre-
ment au grand commerce, à l'industrie, à l'usure, aux
spéculations de tout genre, sur les terrains, sur l'éduca-
tion et la vente des esclaves'^'; mais après l'organisation
de la Sicile et de la Sardaigne, sans doute pour proléger
les provinciaux, la loi Claudia interdit aux sénateurs de
posséder des navires contenant plus de 300 amphores -' ;
cette loi, souvent violée, tournée ^^, plus tard confirmée
par César, reste en vigueur sous le principal-' [mer-
cator, p. 1772]. 11 est également interdit aux sénateurs
d'alTermeraucuneenlreprisede travauxou de fournitures
publiques, aucune perception d'impôts, sauf la four-
niture des quadriges pour quelques jeux-'. Les séna-
teurs et leurs fils sont spécialement visés parles lois sur
les REPETiNDAE, et la pression exercée par un magistral
ou un sénateur sur un jury pour obtenir une condam-
nation est assimilée au meurtre-*.
\. Composition. — Sur l'époque de rintroduction des
plébéiens au sénat il y a en présence deux théories
principales. Pour Mommsen-% la tradition qui les fait
entrer au sénat dès le début de la République a pour elle
toutes les vraisemblances et les principaux textes clas-
siques^" ; les plébéiens, nommés alors simplement par
les consuls, puis par les censeurs, sans avoir été
magistrats^ n'ont encore que le droit de vole, sans le jus
sententiaedicendae: ils forment la catégorie des simples
votants, des pedarii Ipedibus in sentent iam ire)^' ; la
disparition postérieure des pedarii s'explique par la
beaucoup de textes méconnaissent la distinction (.^ener*. De tranq. an. 11. 9 ; Stat.
3, 2, 28 ; .Martial. 1.49, 31 ; lu». 7, 192; Plut. De Iranq. 10).— ISLiv. 9,7. 8 (en
321); 9, 46, 12; Plin. Uisl. iiat. 33, 1, 18. — 1S Dio, 48, 45; Horat. Sa<. 2, 7, 33 ;
Tac. UiHt. I, 13; 2, 37; 4, 3; Plut. «rt/t. 7 ; Suet. ISaes. 33; Ualb. 14; Vil. M :
C. i. l. 6, 1847. — ai Val. Max. 4, 3, 1 ; 2, 4, 3; Cic. De liar. resp. 12, 21 ; Pro
eu. 47, 132; Ascon. p. 6S-69 ; Liv. 34. 44 ; Plut. Cat. maj. 17 ; Flam. 19 ; Dio, 54.
14; 39, 28; Tac. .4nn. 13, 54 : Vilruv. 5. 6,2. — 21 Liv. 1, 33, 8; Dio, 53, 22. Pla-
ces fixes à partir de Claude (Dio, 60, 7; Suct. Ctaiid. 21). Les sénateurs assistent du
aenaculumvix fêtes du Forum. —22 cic. l'en-. 2, 28-30; Apul. Aput. 2: Uomnisen,
Hermès, 20, p. 278. A Rome on prend surtout des consulaires. V. Moinmseu. ilaiiuel,
I, p. 338.-23 Plut. Cal. maj. 21 ; Cat. D. rast. proera. — 21 Liv. 21, 03. — 2S Cic.
Verr. 2, 5, 18, 45 ; Plut. Cat. maj. 31 (Catou s'associe sous le nom d'uu alTranchi et
prête de l'argent à des sociétés de publicains). — ^Dig. 50, 3, 3. — 2: Ascon. p. 94;
Dio. 55, 10; 69, 16. — 'iS Cic. Pro Clu. 54, 148 ; 57, 137. — 29 Manuel, Vil, 43-46.
— 30 Festus, p. 234, s. v. qui paires qui conscripli ; p. 7, allecii : p. 41, con-
scripli; Liv. 2, I. 10-11 ; Plut. Qliuest. rom. 5s ; Zunar. 7, 9 ; Serv. Ad Aen. 1, 426
(où les plébéiens remontent à Servius Tullius). Tradition absurde dans Dionys. 5,
13 et Tac. .\nn. 11, 23. où ces plébéiens ont été naturalisés patriciens. ^31 Jlommsen
s'appuie aussi sur l'analogie du droit municipal, car dans l'album de Clauusium le
decurio pedarius, parait être le décurion non ancien magistrat (C. t. /. 9, 338).
s EN
1187 —
S EN
restriction croissante des droits du censeur, surtout
depuis la réforme de Sylla, qui donne assez d'anciens
questeurs pour remplir tous les vides ; mais à l'époque de
Cicéron pedariux a pris un sens nouveau ; les pedarii
sont les derniers sénateurs de la liste, les anciens tribuns
et questeurs qu'on ne prend pas la peine d'interroger,
par opposition aux consulaires et aux prétoriens'. Au
début, dans la formule de convocation du sénat « qui
patres, qui conscripli estis », le mot yyrt//r.s- désigne donc
les sénateurs patriciens ; les consrripti, appelés aussi
(tdlerti, sont les plébéiens qui ne sont qu'inscrits. Dans
la tliéorie opposée", les traditions sur la lutte des deux
ordres ne s'expliquent que par le maintien d'un sénat
exclusivement patricien, encore longtemps après la fon-
dation de la République : les plébéiens n'ont pu être
depuis .jIO au sénat, alors que les tribuns créés plus tard
ont été privés pendant longtemps du droit d'y entrer ;
l'introduction de 16't sénateurs plébéiens au sénat^ leur
aurait donné, dès le début, la majorité. Le mot coiiscriji/i
désigne donc tous les sénateurs dès la période royale ;
la réforme de 310 a simplement aboli la condition d'âge
et ouvert le sénat à des patriciens Juniorc.t; l'entrée des
plébéiens au sénat n'a été que la conséquence très posté-
rieure de leur admission aux magistratures curules* ;
les pedarii n'ont été, à toutes les époques, que les
sénateurs non curules des rangs inférieurs.
Sans espérer suraucun pointia certitude, on peut con-
sidérer l'iiypotlièse de Mommsen comme la plus vrai-
semblable. Klle a pour corollaire l'existence dans le
sénat, jusqu'à la lin de la l{épul)li(iue, d'une partie pa-
tricienne, des patreamii ont comme attributions spé-
ciales l'exercice de l'interrègne [i.nterbegm'm] et de
r.\rr.T0RiTAS PAïRiM, comme distinctions spéciales le sou-
lier patricien et le droit de fournir le prinreps senulus.
VI. Recrutement. — Il n'y a pas de tradition sur les
origines ; mais le sénat se recrute sans doute par la
gestion des liautes magistratures curules et le choix
libre des magistrats parmi les simples particuliers.
L'exercice d'une magistrature curule '" a probablement,
dès le début, donné au magistrat en exercice le droit
d'entrer au sénat et ensuite l'exercice des droits séna-
toriaux jusqu'à la prochaine revision de la liste [magis-
TRATis, p. 1530". C'est ce qu'indique la formule de l'édit
de convocation : senatores quibusque in senalu sen-
tent iam dicere licef^ ; les premiers sont les sénateurs
elfeclifs, les seconds les aspirants avec voix délibéralive,
pourvus déjà des mêmes droits politiques et honori-
fiques que les autres. Dans une première période, le
nombre des magistrats étant encore très restreint, les
censeurs ont une grande latitude dans leur choix ; la loi
leur donne, d'ailleurs, le droit de choisir dans chaque
catégorie les meilleurs citoyens '' ; ils ne paraissent pas
1 Ainsi s'expliquent Tac. Ann. 3, 6j ; Front. De aq. W, CIc. Ad Ait. i,
19, 9; Ep. 30, 4; Cell. 3, in, I; .-i, 18, 5-10 (avec la correction maijislratibns
functi si nondnm, pour magistratibus functis nondtim) ; Festus, p. 310. Formes
dérivées pedanius, pedanits, pedanvus. Le judex pedaneus est un juge infiv
rieur du Bas-Empire. — « Willcms, I, 89-145. — 3 Festus, p. 354 ; Plut. Popl.
Il . I.iv. 3, I, 10. — t Willcms eK|>lique ainsi le mol deinde dans le texte de
Festus, p. 34C sur 1 élection des sénateurs par les premiers consuls : d'abord,
les patriciens et plus tard les plébéiens. L'explication plus vraisemblable de
Mommsen indique d»ns ce mot la priorité de rang accordée sur la liste aux séna-
teurs patriciens. — j Y compris l'édililé curule (Liv. 2:1, 33). — 6 Festus,
p :iJ9, s. V. senalons : Liv. 23, M : 30, 3 ; Cic. Prn C u. 37. 1.56. — 1 Festus, s. l).
prat;lerUi senatores. — » Val. Max, 2, 3, I. — 9 Voir les tableaux dressés par
Willcms. De VOO à 313 av. J.C. il trouve environ 39 génies patrccicinics représen-
tées par 110 à 111 sénateurs curules, et 38 yenles plébéiennes représentées par 4.1
èlre absolument obligés ' de prendre les magistrats
inférieurs (anciens édiles plébéiens, anciens tribuns,
anciens questeurs) qui n'ont pas encore ley^s sententiae
direndae, quoiqu'en fait ils les acceptent habituellement.
L'importance des plébéiens dans le sénat grandit avec
leur admission successive aux magistrature^ curules'.
Les modifications au nombre des magistratures et des
membres de chaque collège, surtout des questeurs et des
préteurs, influent sur la composition du sénat en aug-
mentant le nombre des candidats obligatoires ; on voit se
former Vordo praetorius, la classe la plus nombreuse ;
la disparition des deux classes des dictateurs et des
maîtres de la cavalerie n'a pas d'importance, puisque ces
personnages étaient déjà sénateurs avant de gérer ces
fonctions ; en 20!), \t^/!ainen Dialis revendique son droit,
sans doute ancien, de siéger au sénat'". L'assemblée,
d'autre part, change peu à peu de caractère et devient en
fait l'assemblée des représentants de l'Italie centrale".
Une réforme importante fut l'extension (\w jus sententiae
direndae aux anciens édiles de la plèbe, au moins dès
l'époque des Gracques '-, aux anciens tribuns par le
plébiscite Atinien compris entre cette époque et 102 '% et
aux anciens titiesteurs par Sylla '^ [oi'aesïor]. L'acqui-
sition du siège sénatorial parles vingt questeurs suffit dès
lors à remplir tous les vides ; les censeurs n'ont donc,
pour ainsi dire, plus d'action '^ La questure ouvre le
sénat ; mais il y a encore, jusque sous l'Empire, une dis-
tinction entre les sénateurs efl'ectifs et ceux, non encore
inscrits, qui n'onlqucAç jus sentent iae '". lîn somme, une
lente évolution a restreint peu à peu les droits des ma-
gistrats recruteurs au profit du peuple, (|ui finit par nom-
mer indirectement les sénateurs : le sénat devient pres-
que exclusivement une assemblée d'anciens magistrats.
VII. .Magistrats recruteurs. — Le recrutement exprimé
par les termes tectio, légère, sublegere'\ ad/egere '^ a
passé d'abord du roi aux consulsetaux magistrats quiles
remplacent, tribuns consulaires et dictateurs [dictatorJ,
probablement avec le droit d'élimination, du reste rare-
ment employé à l'égard de séaateurs que la gestion des
hautes magistratures curules a éprouvés. A une date incer-
taine, peut-être entre 318 et 312, le plébiscite Ovinien
transfère ]a.lectio sénatoriale des consuls aux censeurs''-'
I^CENSOR, p. 99ôl. Il limite considérablement le pouvoir
des magistrats, puisque le droit d'exclusion est suspendu
pendant les intervalles d'exercice de la censure et que
les censeurs sont maintenant obligés de motiver leurs
conclusions par écrit, tout en ne relevant, d'ailleurs, que
de leur conscience et sans doute après avoir prêté un
serment spécial-". Ledroildes censeurs fonctionne régu-
lièrement jusqu'à Sylla -'. On a vu le doublement du
sénat par Sylla dictateur. De 81 à 70, la censure ne fonc-
tionne pas ; elle reparait de 70 à 50, mais il y a un inter-
ou 43 sénateurs ; de 313 à 3IG environ, 148 sénateurs ctu'ulcs, dont 73 patriciens
de \s tjentes et 75 plébéiens de 'iùgentes; vers 180, 304 sénateurs dont 8$ patri-
ciens, de 17 gentes et 316 plébéiens; vers 55, 415 sénateurs, dont 43 patriciens
ot 73 plébéiens (1, p. 9010«, 267-283, 303-373, 423-560). — 10 Liv. 37, 8.
— Il Willems, I. p. 179-183. — 12 f. i. /. 198, c. 16.— HGell. 14, «. 2 ; Zonar. 7,
15 : Appian. l. c. 1, 38. — H Cela résulte de quantité de faits plutôt que de teitis
(sauf Tac. Ann. Il, 23). — 15 Cic. Leg. 3. 3, 10; 3, 12, 27. — le Gell. 3, 18.
— n Au sens propre, attribution d'une place isolée {Dig. 50, 3, 2 pr. ; Liv. 23, 23).
— 18 Au sens propre, complément anormal ou plus lard nominalion par l'Empereur.
L'expression cooptare tn senalnm est employée improprement pour tous les cas
(Cic. Leg. 3, 13,37; De dio. 2, ?, 23; Liv. 4, 4, 7). — l'J Festus. s. l: praeterili
senatores: ut censores ex omni ordirte oittimuni (jttenigne jwati {curiatim) in
senatmn tegerent. — '^0 En adoptant la lecture jitrati pour citrialim. — 2i Sauf
la nominalion du dictateur legendi senattis causa, après Cannes (Liv. 23, 23).
SEN
1188 —
SEN
valle de neiilans sans n-vision entre celles de 70 el de lil.
C'est par la lectio du sénat que les censeurs cum-
inencent leurs fonctions '. Elle est faite soit par les deux
censeurs à la fois, soit par un seul désigné à l'amiable
ou au sort'-. Us prennent comme base la liste précé-
dente en y ajoutant d'abord ceux qui ont le jus sen-
lentiae el en rayant les morts', les sénateurs frappés
d'une des déchéances indiquées et ceux qu'ils jugent
indignes ; ils remplissent ensuite les vides de façon à
atteindre ou à dépasser légèrement le chitl're normal.
Les termes qui désignent la radiation ou le refus d'ins-
cription sont mocere, ejicere, eniployés surtout pour
l'exclusion d'un sénateur elTectif el le refus d'inscription
de ceux qui ont le Jus sentent iae^, praeterire pour tous
les cas '. II faut l'accord des deux censeurs pour
l'inscription et l'exclusion; mais l'exclusion est annulée
par l'opposition du collègue, tandis que cette opposition
empêche l'inscription ; les magistrats mineurs ont donc
eu besoin de l'accord des deux censeurs pour entrer au
sénat, tant qu'ils n'ont pas eu Xa jus senlenliae'^. Pour
les motifs d'exclusion, les censeurs ont pleine liberté
d'appréciation. Ce sont surtout les infractions au mos
inajuruin, libertinage, manquement à la parole, lâcheté,
prodigalité, vénalité du juge, actes politiques nuisibles
du magistrat, concussions, exactions et cruautés sur les
sujets el les alliés' ; quelquefois interviennent les con-
sidérations politiques, par exemple contre les fils
d'all'ranchis [lihehtls]. La loi Ovinia ne prescrit aucune
forme de procédure; généralement, le motif d'exclusion
{nota,su/jscrij)liocensoria)es\. inscrit sur l'ancien ne liste,
quelquefois i)ublié dans le discours des censeurs au
l-'orum ou au sénat'. En 58, la loi Clodia exige une
accusation formelle et une condamnation par les deux
censeurs sous la forme ordinaire d'un jugement ;
mais elle est abolie en 5:2'. Il n'y a trace ni d'appel, ni
d'intercession d'autres magistrats. Le sénateur rayé peut
recouvrer son droit par l'inscription à la lectio suivante
ou par l'élection à une magistrature donnant le jus
sentent iae '". La liste une fois dressée {album senaloruin
sous l'Empire), les censeurs la lisent du haut des Rostres;
déposée aux archives, et aussi, sous l'Empire, affichée en
public", elle reste en vigueur jusqu'à la prochaine
lectio. Elle comprend dans l'ordre suivant, certainement
de date très ancienne'- : les anciens censeurs, catégorie
probablement supprimée par Sylla; les consulaires; les
prétoriens; les anciens édiles curules ; puis les anciens
édiles de la plèbe; les anciens tribuns; les anciens
questeurs", el enfin ceux qui n'ont pas été magistrats.
On ne sait si les anciens dictateurs ont formé une classe
spéciale". Dans chaque classe, jusqu'à la fin de la Ré-
publique, les patriciens précèdent les plébéiens '^etl'ordre
est fixé par la date des magistratures et, entre magistrats
de la même année, par l'ordre de la rcnuntiulio. Ce
I l,iv. n. ti; W, M, 51 ; H, il. - 2 /(,,-,<. 2:1, 23 ; i7. Il : 32, 7. — 3 Daprcs
Willcnis M â 50 ca moyenne _ t Cic. Pro Clu. M, 122 ; Is, I3"i; Lir. 40, 51 ;
41, i7; «, 15; fp. 6i ; Uionys. l'J, IS; Uio, 30, 3S ; 40, 63; 44, 10. —5 Liv. 27,
11:31, 4V : 38, 28 ; 40, .ïl : Cic. Df dom. 32, 84. — 6 Cic. Pro Clu. k3, 122 ; Dio,
/■r.7G; 40, 03; Liv. 40, 51 ; Appian. (. c I, 28. — 1 Cic. Ad AU. 1, 10, 3: Pro
6V11. 47, 130; fini. Ca<. m<y. 10 ; l,iv.39,42; 24, 18; 41, 27 ; £p. IScl94; Dio,
40, 03. — » Li». 39, 42; Cic. Pro Cln. 42. Ils ; 47, 131 ; V3, 120. — 9 Ascon.
p 9; A<r/io(. Bob. p. 300 : Cic. /n Pit. 4. 9 ; Pro Setl. 23, 55; Oe proe. eont. 19,
40 ; De dom. 51, 130 ; Uio, 3i), 13 ; 37, 40. — lOCic. Pro Clu. 42, 1 19 ; 43, 120-22.
— Il Liv. 23, 23 ; Cic. de dom. 32, 84; Dio, fr. 109, 14; /.ex Julia mun. I. 83;
Tac. Aim. 4, 42. — '2 Liv, 3, 40; Uionys. 0, OS. — I3 Liv. 27. 1 1 ; cic. Pliit. 13,
13, 14 ; Pro Sgll. 29, 82. — U Willcnis les mcl en Wlc, mais sans preuve. — '5 V.
.Mommscn, /lôm. /■•„r«c/i. I, 2î9; Xnniiel, VII, p. 151, noie 2; Willcms, I, 259;
classement est modifié : 1° par la prime qui donne au
sénateur accusateur dans une quueslio la place du
sénateur condamné '*; 2° en faveur du princeps senatus ;
jusqu'en 209 c'est le plus ancien des ccnsorii patriciens,
depuis :20y un ancien censeur patricien choisi par le
censeur"; ce litre paraît avoir disparu sous Sylla'* el
c'est à tort qu'on a prétendu le retrouver après Sylla, el
accessible aux plébéiens''' ; le premier de la liste est
alors le plus ancien consulaire.
VIII. Séances. — \o Généralités. — Réunir le sénat se
dit senatum liabere, improprement arjeve cum senatu *°.
La procédure parlementaire ne repose encore que sur le
tiios majorum; en 71, Varron rédigea des instructions
pour Pompée-' ; c'est seulement sous l'Empire qu'un
règlement d'Auguste, peut-être commenté par Aleius
Capito, établit une procédure qui fut ensuite fixée soit
par des lois, soit par des traités de jurisconsultes--.
2° Droit de convocation. — Le sénalus-consulte
implique une action commune du magistrat et du sénat.
Ont seuls le droit de convoquer le sénat, les magistrats
suivants, extraordinaires: décemvirs législatifs, tribuns
militaires consulari potestule, dictateurs, maîtres de la
cavalerie-^, inlerrois, préfets de la Ville ; ordinaires :
consuls, préteurs. Les tribuns du peuple, assis d'abord
à la porte, selon la légende, ont obtenu ensuite, à des
dates inconnues, le droit d'assister aux séances, d'y parler
et peut-être, en vertu de la loi liortensienne, le jus
re/'erendi'-' [tribims]. Les conllits de convocation sont
tranchés selon les règles habituelles ■'. Le magistrat
supérieur peut interdire la convocation au magistrat
inférieur qui lui demande généralement son assentiment.
Un attend, du reste, généralement pour les affaires im-
portantes le retour des consuls, quand ils sont absents,
ou la nomination de nouveaux consuls -''.De bonne heure,
les consuls convoquent en commun par relatio com-
munis -'' ; mais pour la présidence effective, il n'y a pas de
règle fixe; ils s'entendent à l'amiable pour faire chacun
les relationes qui les intéressent ; un consul ne peut
empêcher son collègue ni de convoquer le sénat, ni de
faire un rapport, mais il peut intercéder contre le
sénatus-consulte '--\ Jusqu'à Sylla, les consuls, générale-
ment absents, cèdent la convocation du sénat aux
préleurs, mais redeviennent depuis Sylla les présidents
ordinaires ; dans les troubles de la lin de la République,
le consul le plus faible abandonne le plus souvent la
présidence à l'autre". Tous les préleurs ont \e jus refe-
rendi, mais il n'y a guère que le préteur urbain qui en
use, sauf empêchement ^"^ el il a probablement le droit
d'interdiction contre ses collègues. La relatiodea tribuns
a lieu au nom soit d'un seul, soit de plusieurs ; dans ce
dernier cas, un d'eux préside; ils ne peuvent être
empêchés par les autres magistrats, et ils les empêchent
tous, sauf le dictateur^' ; jusqu'à l'époque desGracques,
Cichonus, SUzimgsbcr. d. Berl. Akad. lss9. p. 96T. — lO Dio, 30, 40 ; Cic. Pro Bal.
25,57; dans Icilroil municipal Lejc. col. ,(/eni/,c. 1 21. — Il V. .Moramsen./Jôm. Forsch.
I, 9, 2; Willcms, /. c. i, p. 112. Le dernier connu esl L. Vaterius Flaccns eu 84
(Liv. Ep. 83). — 18 Vanon ne le cilc plus (Uell. li, 7, 9). — 13 Les levlcs allégués
par Willcms en faveur de Calulus (Vell. 2, 43) el de Cicéron (Scncc. Suas. 0, 19;,
nin.lii|ueul ipinu principal moral (cf. Cic. Pliil. 14, 7, 17). — 20 Suel. Tib. 54.
— 21 Gell. 14, 7, S. — 22 Dio, 53. 3; (iell. 1, 10; l'Iin. /Cp. 5, 13, 5; 8, 14, 19-20.
Feslus, p. 3 17, *. V. senacula, cile un Irailé de Nicoslralus, d'épo'jue inconnue, p^ul-
être de l"cpoi|uedAugusle. — i^Cic. /.ej/. 3, 4, 10; Joseph. A)il.j;d. 14, 10, 6; Liv.
8,30; 23, 24; Dio, 42,27. - 21 Zooar, 7, 15. • 55 Gell. U. 7, 4. — 26 Liv. 2, 22;
30, 23 ; 31,2. — 2^ f. i. /. 1, 196. — 28 |,iv. 28, 39 ; 38, 43 ; 42, I» ; 44, 19 ;
Sali. Jug. 28. — 20 Suel. Caes. 20. — 30 Liv. 22, 7, 35. — 31 l'olyb. 0, 16 ; Plul. Ti.
Cracch. 10; Cic. Pro Sesl. 32, 70.
SEN
1I>S9
SEN
ils ont peu usé de leur droit, faisant faire la relatio.
même pour des plébiscites, par un préleur ou un consul ;
mais depuis les Gracques, ils empiètent sur lous les
autres magistrats et dans toutes les matières ' ; cepen-
dant, même alors, ils utilisent généralement des séances
convoquées par des magistrats supérieurs. Quand, en
efl"et,le président a épuisé son ordre du jour, il peut céder
la présidence et le droit de faire un rapport à un ou
plusieurs des autres magistrats présents -. Les
magistrats qui s'adressent au sénat sont donc surtout
les consuls, les préteurs et les tribuns ; aussi c'est
à eux que sont adressées les lettres envoyées au
sénat etque le Sénat fait appel dans les crises politiques '.
Les magistrats qui n'ont pas le Jus referendi doivent
prier un magistrat compétent de leur donner une
audience du sénat {dnre senatuin) et de se charger du
rapport ' ; on suit la même procédure pour les collèges
sacerdotaux, les sénateurs non magistrats, les simples
citoyens, les députés provinciaux ; le président peut
accorder la parole au postulant non sénateur'.
3° Formes de lu convocation. — Les sénateurs doivent
avoir leur domicile habituel à Rome ou dans les
cent milles de Kome'^, où ils ont, en outre, sous l'Empire
leur domicile judiciaire. Dans les circonstances graves
ils sont obligés de rester à Home\ et pour quitter
l'Italie ils ont besoin, dès la République, d'une permission
du sénat, sous forme de leya/io liheru *, sous l'Empire
pour sortir de l'Italie, de la Sicile, et depuis Claude, de
la IVarbonaise, d'une permission d'abord du sénat,
ensuite de l'Empereur '. Le magistrat peut donc les
convoquer facilement [cogère, vocare, convocare) par
proclamation de héraut au romltiuni et au Forum, ou
plus tard généralement par un édit, quelquefois, en cas
d'urgence, individuellement '". La convocation est
prescrite à peine de nullité. Le magistrat a comme
moyens de coercition la prise de gage et l'amende, cette
dernière appliquée aussi contre le retard et l'absence
sans excuse légale telle que fonction judiciaire, maladie,
mission" ; mais ces mesures n'ont été appliquées sé-
rieusement que sous .\uguste et Claude et ensuite on a
dû abaisser graduellement le nombre des sénateurs
nécessaire pour la validitéd'un vote ; l'Empire dispensera
de la présence les vieillards de soixante ou de soixante-
cinq ans '-. La convocation ne porte pas d'ordre du jour,
sauf pour la discussion rfe re publica '■'. 11 n'y a pas d'in-
I l'iul. f. Gracch. 6; Cacs. liel. gai. 8, Si; Cic. Ùt: oral, a, I, i; J'ro Scsi.
Il, i6; 31, 68; 3i, 70; Pro ret/. in KH. 2,3; ll.i'J; De dom. iO, il : Phil. i,
ô, 13 ; 7, I, I; Ad fam. 1, I, 3 ; I, ï, 2 ; 10, 16, 1 ; .4rf (juint. 2, 1, i. — 2 de.
Phil. 7, I, I ; .\d fam. Il), H, 1 ; Appian. Bel. cil: î, 30. - 3 Cic. .Irf AU. I(i,
4, I ; Pro Rah. /ler. 7, in ; Lacs. Bel. ciiil. 1, 1 et 5. — » l,iv. 26, 21 , 28, 38 ; 3s,
H; 41, 6 ; 42, 21 ; Dio, 41, 15. — 3 Liv. 3, 38, 10; 5, 7, 5; S2, 39; 2.ï, 19; 42,
3.S ; Dio, ii, lo. — 6 |»ad de texte Tormcl, sauf pour le droit muuicipal dans
les lois de Tarcnte et de Geuetiva. — ^ Liv. 27, .ïo ; 36, 3 ; k3, 11. — » Eilen-
sioii sous César aui lils des sénateurs {Suel. Caes. 42). — 9 Ditj. 50, I, 22 î: 6;
Uio, 31, 42; 60, 23; Suel. Gai. 20; Claiid. 22. — 10 Cic. ùe fin. 3, 2, 7; .\d
fam. 5, 2, 3; 14, 6, 2 ; ^e rfomo, 5, Il ; 24, 02; Cat. î, 12, 26 ; Ad fjuinl. 2,
10, \;Phil. 1,2, 6, 38,99; Liv. 3, 38 ; Val. Mai. 8, 13, 4; l)io, 59, 24; Gcll. 3, 18,
7; Suet. Claud. 36. — Il Dio, 55, 3; Gell. 14, 7, 10; Liv. 3, 38; Cic. Phil. I, 5,
Il : Ad fnm. 8, 8, li ; Plut. tic. 43. Moinmsen (Vil, p. 20) donne la liste »ppio%i-
malive des présents au sénat: en Cl, 413; en 37, 417 et 200 ; en 4'J, 392 ; en 23,
305; en 44-46 ap. J.-C, 3S3 (Cic. Ad Atl. I, 14, 3; Cum *en. grat. 10, 26; .4i;
Qniiit. 2, I, 1 ; C. i. l. 10, 1401 ; Bull. corn, di Borna, 1883, p. 228; Appian. /. c.
2,30).— 12 Dio, 5K 18; 35, 3; 60, Il ; 77, 20; Tac. .Win. 10, 27; Scncc. Ile hrcr.
vit. 20; Conlroii. 18, 4; (Juinlil. Decl. 300. — <3Suet. Caes 28; Cic. l'Iiil. .!,
9, 2i. — 14 Trois d'après Mommsen dont deux au Koruin et au Capilolc, un en
dehors du pomerium; un seul d'après Wijlems (Val. Max, 2, 2, 6: Varr. L. L 5.
156 ; Festus. p. 337, 347 ; Liv. 41, 27). — li On conleste la légalilé de s. c. fails
plus lard, la nuit (Cic. Phil. 3, 10, 24) et ou ne soumet plus de proposition nou-
velle après la dixième heure (Senec. Ue Iranq. an. 17). — Ifi tiell. 14, 7, 8; Liv.
tervalle légal entre la convocation et la séance. Les
sénateurs se tiennent souvent dans des lieux d'attente,
senacula, en nombre inconnu ".
4° Durée, Jours, lieux, police des séances. — Elles ont
lieu régulièrement '° entre le lever et le coucher du
soleil, commencent généralement de grand malin,
durent souvent toute la journée, avec changemenl de
président '*; la discussion peut se continuer, quoique
irrégulièrement, dans la séance suivante '''. On peut
utiliser tous les jours, fastes ou néfastes, même mal-
heureux, sauf les jours comitiaux, seulement depuis
une loi Pupia de date inconnue '* ; et même, dans la
pratique, un jour comitial perd ce caractère s'il est jour
de marché ou de fêle, ou si le sénat, depuis Sylla, le
prend en interdisant la tenue des coniices '■'. 11 n'y a pas
encore de séances à date fixe, sauf le 1"' janvier. Le
sénat ne se réunit qu'à Rome ou dans le premier mille,
dans un lieu public ou sacré, fermé, constituant pour
l'auspication un lemplum '-". Il y a eu deux anciens
locaux, la curia Culubra au Capitule -', et la curin
lloslilia. Cette dernière, située sur le coinitium et restée
seule en usage, restaurée par Sylla, briilée en 52, rebâtie
par Faustus Sylla, fut remplacée presque au même
endroit sous César par la curia Julia, dédiée en -19 par
Auguste qui y plaça un autel et une statue de la Victoire,
provenant de Tarente ; elle avait deux salles annexes : le
secretarium senalus et le Clialcidicum, appelé aussi
depuis Domitien, qui y bâtit sans doute une chapelle à
Minerve, atrium Minercae'--. Mais on emploie aussi les
cellae de divers temples, disposées pour l'auspication, de
ceux de Jupiter Capilolin, oit se tient en particulier la
première séance de l'année, de Castor au Forum -^ de la
Concorde depuis Sylla -\ de la Fides, de VHonor et
Virtus,de Jupiter Slator.de Tellus-\ Valrium Vestae;
sous l'Empire, le temple de Mars l'ilor pour les séances
motivées par des victoires, la bibliothèque du palais,
VAthenaeumA'\\;iAr\en-'\ Pour recevoir les promagislrals
ou les députés de pays étrangers, le sénat se réunit en
dehors du pomerium, d'abord près de la porte de Capoiie
[ad portant Cajienani] ou au pré Flaminien, ou au
Ciiamp de Mars, devant la porte Carinentale, plus lard
dans les temples d'.\pollon et de Bellone -\ ou dans le
théâtre de Pompée [curia PompeiaY'^, dans la biblio-
thèque du portique d'Octavie'-^. Dans les locaux ordi-
naires, les portes restent ouvertes pendant la séance, sauf
44, 20; 22, 7; 30, 21 : Dionjs. 12, 2; ['lui. C. Gracch. li; Cic. IJ, 19; Unit.
19; Appian l. c. 3, 30; Dio, 38, 9; Cic. De or. 3, I, 2; Ad fam. Il, 6, 3; AU
Alt. 1, 17, 9 ; Ad Quint. 2, 1, I ; Oe amie. 3, 12; Sencc. De prou. 3, 4; Dio, 58
21. — '7 Cic. Ad fam. I, I, 2, 4; Ad Quint 2,2. — I» Citée pour b première fois
en 30 (Cic. Ad fam. I, 4, I) ; preniière menliuu d'iucompaliijililè entre un jour c<)-
mitialctune séance du sénat en 57 (l'ro Sesl. 3t, 7V). Bardt [Hermès, 7, 14-27)
met la loi entre 94 cl 03 ; Willcms il, p. 147, 1301 entre 01 et 30; Mommsen vers
134. — '9 Cic. Ad fam. S, S, 5; Pro Mur. 25, 51. — 20 Cell. U, 7,7; Scrv. Ad
Aen. I, 446 ; 7, 133 : Cic. De dom. 51, 131 ; Pro Mil. 33, 90. Une seule fois en
pleinair, pour un prodige (Plin.//isf.n(i«. 8, 43, IS3|. — 21 Macroli. 1, 15, 9;Kcslns,
p. 249. — 22 Gell. U, 7, 7 ; Liv. 1, 30 ; 3, 21 ; 8, 5 ; Cic. Pro Mil. 24. 66; 33, 9(1 ;
De dom. 3, 7; Phil. 2, 36, 91; Ad fam. 10, 12, 4 ; Appian (. c. 1. 25 ; 2, 21 ; Dio,
39, 9; 31, 22; Plin. Uist. nul. 35, 4, 27; Suet. Coi. 00; Herodiau. 7, lU; C. i.
l. 8, 11451. Appelée aussi sous l'Empire curia Pom/.iliana (Vit. Aur. 41; Tac.
3). La curia Julia est représentée en forme de temple sur une mounaic d'AugusIc
el l'aDaglvphe de Trajan au Korum. Sur son emplacement il y a aujourd'hui l'église
Sanl' Adriano cl sur celui du secretarium senatiis l'église Santa .Marlina (v. Ilucl-
seu, le Forum romain, Irail.) Caicopino, p. 103, 1 1 i-121 el uolie art. F,.i.r». — 23 Cic.
Verr. I, 49, 129 ; C. i. (. I, 201. — 2'> Cîc. /« t'<i( 3, 9, 31; De dom. 5, 11; Pro
Sest. Il, 26; Dio, 46, 28; Joseph. Ant. jiid. 1 i, 8, 5; 14, 10, 10 ; Vit. Alex. C.
— •25 Val. Max. 3, 2, 17; Cic. Pro Sest. id, 120 ; Cat. 1. 5, Il ; 2,6, 12 ; Dio, 40,49.
— 2r. Sud. Aug. 29; Gai. 44; Tac. .Inn. 2, 37; Dio, 5.-., 10; 58, 9; 73, 17; Scrv.
Ad Aen. 11, 235. — '27 Feslus, p. 347 ; Liv. 3, 63 ; 10, 19 ; 23, 32. — 2» Abaudoniic
depuis le meurtre de César. — 29 Gcll. 14, 7, 7; Dio, 44, 16; 55, S; Suet. fae». 88.
SEN
— 1190 —
SEN
si elle est socrèle ', mais le public ne doit ni stationner
ni se livrer à aucune manifestation- ; seuls les fils et
petils-lils de sénateurs, pourvus de la robe virile,
peuvent ainsi assister aux séances'. Les sénateurs sont
assis sans ordre hiérarchique ni places fixes sur des
tabourets |.s7//AV('///fl) et ne selèvent qu'exceptionnellement
pour entendre un discours, se rapprocher du président,
honorer un arrivant *. Les consuls et les préteurs ont
leurs chaises curules, les tribuns leur banc, les autres
magistrats paraissent s'asseoir au milieu des sénateurs ■;
sous l'Empire il y a une chaise curule pour l'F.nipereur
à côté de celles des consuls, et des bancs spéciaux pour les
préteurs et les trii)uns". La salle est divisée en deux
parties par un passage ; on entre et sort à volonté '. Le
président exerce la police, sans doute au moyen d'appa-
riteurs, de licteurs; il peut théoriciuemenl prononcer
contre les sénateurs désobéissants la prise de gages,
l'expulsion, l'emprisonnement ; en fait, il n'a guère usé
de ces droits*. L'Empereur se fera accompagner "d'af-
franchis et généralement, après Tibère, du préfet du pré-
toire et de tribuns prétoriens '. La séance commence
par l'auspicalion, au début par le vol des oiseaux, à
l'époque historique par un sacrifice et l'examen de l'ani-
mal, au besoin avec l'avis des augures '".
o° Ordre des dvlibérations; pouvoirx des magistrats.
— Les questions religieuses passent les premières et
c'est i)ar elles que les magistrats commencent leur
année". Ils reçoivent aussi les ambassadeurs au début
de l'année. La loi Sempronia a mis la fixation des pro-
vinces consulaires avant l'élection des consuls. Pour le
reste, c'est le président qui fixe l'ordre du jour à sa guise,
en tenant compte cependant, en général, des vonix expri-
més par le sénat sous la forme soit d'une décision '-, soit
d'une simple acclamation, pour nç point s'exposer à son
refus de voter sur les questions qui lui sont soumises '^
Il a le droit, ainsi cjue tous les autres magistrats, géné-
ralement présents aux séances, et, le cas échéant, les pro-
iiiagistrats, de prendre la parole quand et aussi souvent
qu'il lui plaît"; ce droit des magistrats peut amener des
discussions entre eux, une altercalin^-'. Mais ils ne
peuvent ni formuler une senlentia régulière, ni voler et
il en est encore ainsi sous l'Empire, sauf quand c'est
l'Empereur qui préside". Avant les débals, le président
peut faire toutes sortes de communications, faire lire des
documents, des lettres, poser des questions à des séna-
I Cic. Phil. i, H, lli; 3, .7, 18 ; A./ Att. 15, 3 : Heroiliaii. 7, 10 ; Liv. ili, tiO ;
4i, U; Val. Mai. i, i, I ; Vit. Gord. li. Oblisation de garder le sccreMGell. 1,23;
Appian. /.yb. 69). - 2 Cic. Ad AU. 4, 1,0; OU. I, 8, iO; 2, 3, 51. Des soldais
gardent (|ueI(|uerois les abords (Cic. .\d fum. 10, 2^, 1; Dio, 40, 50 ; 42, 23 en 52,
4S ; Sali. Cm. 4, 50; Suct. Caes. 14. — 3 Liv. 2. 4, 10; 22, 59, 10; Val, Max. 2,
1,9; Cic. Co(.4, 2,3 ; I'oIvIj. 3, 20. Auguste essaie de rèlablir celle coulumc (Sud.
Aug. 38; l'Iiii. £■;). 8, H, 8;Tac, Ami. i, 37). — ' Cic. Cal. I, 7, 16; 2, C, 12;
Phil.i, S, l»;5, 7, 18; AU Att. I, 14, 3; Ad fam. t, 4, 3 ; Gell. 4, 10, 8 ; Plut,
Cat. min. 23; Appian. (. c. 2, 21 ; Suct. Caes. 14; Dio, 40, -19 ; Plin. £p. 2, II,
22; Liv. ï, 28, 9. — ■> Liv. 2, 28, 9; Appian. /. c. 2, 21 ; Fini, Mme. 23; Dio,
43, 14: 44, 17. Il ne semble pas y avoir d'estrade. — fi Dio, .îû. 31 ; 58, 10.
— '' Vit. Carac. 2 ; Cic. Dedom. 7, 15; Suct, Aiig. 94. — 8 Liv. 3, 41 ; Appian.
1. c. 1,31; Cic. De or. 3, 1 , 2 ; Dio, 00, 12 : Plin. Ep. 3, 20. — 'J Suel. Tib. 23 ;
Claiid. 12 ; Tac. Ann. 0, l.ï ; llerodian. 4,;i;llio, 59, 6 ; CO, 10, 23 ; 73, 8, 12;
Vi7. Perl. 5. — lOtjell. 14, 7, 9; Appian, /. c. 2, MO; Suel. Caes. 81; Nicol.
bamasc, fr. 24; Dio, 44, )7; 73, 13; llerodian, 4, 3. — Il Gell. 14, 7, 9 : Liv. 0, ),
ti ; 37, 1 ; 22, Il ; Cic. Cum pop. grat. 5, 11, Aussi dans le droit municipal {Lex.
Genêt. 64),- 12 Cic. Adfam. 1,9, 8; 8, 8, î,; Phil.i, II, 3 ; 11, 12, 31 ; /« dom.
0. II. — "3 Liv. 42, 21 ; Cic. In Pis. 13, 29; Pro Sest. 31, 08; Plut. Cic. 33.
— H Caes. Bel. ciii. I, i ; Cic. Cal. 4, 4, 17 : Ad Al'.. 4, 3, 3 ; I, 14, 5; Ad Quint.
2, I ; Plut. Cat. maj. 3 ; Cat. min. 18. — 15 Liv. 28, 45 ; 32, 22 ; 38, 44; Suel.
Cnes. 23; Cic.Adfam. 1, 2, 1. — 16 Cic. Pro Sest. 33, 34; 32,69; Ad Quint. 2, I,
I ; Cum «en. grnl. 10. 20 ; Tac. Hisl. 4, 41 ; Ann. 3, 17. — n Caes. Bel. cii\ 1,1;
leurs, à des citoyens, recevoir des communications''',
exposer ses vues sur une question". A ce moment, les
acclamations, plus ou moins anonymes, manifestent
l'approbation ou le mécontentement des sénateurs,
servent, à défaut d'initiative en matière parlementaire, à
provoquer des relut iones des magistrats"'. Sous l'Em-
pire, celle procédure va prendre plus d'importance, sur-
tout par les communicationsde l'Empereur; elle empiète
swvXmrelatin-^ et provoque des acclamations qui tiennent
souvent lieu de vole soit avant, soit après la re/atio, et
dont on note probablement le nombre dès le iir siècle -'.
tj" Relatiu. — Demander au sénat la ratification d'un
vole populaire se dit re ferre ad senaliiin; de la propo-
sition d'un magistrat, senalum consulere'-', et aussi de
préférence et abusivement, dès l'époque de Cicéron,
referre ad senalum, relatio. Le droit de relation appar-
tient au président, aux magistrats qui lui sont supérieurs,
aux tribuns et aux magistrats qu'il autorise; des magis-
trats de rang inégal peuvent faire votera la fois sur leurs
propositions, dans la même afTaire-'; cnlre collègues, il
y a souvent relation commune. La relation est illimitée
ou déterminée; dans le premier cas c'est le débat général
de re piih/ica, dans les crises, au début de l'année, pour
la formation de l'armée-'; dans le second cas elle déli-
mite la question et le vote, avec plus de précision sous
l'Empire que sous la République^''; elle peut rassembler
plusieurs objets divers, le sénat ayant cependant le droit
d'interdire ce groupement ou de le repousser par son
vote'-". Dans aucun cas, théoriquement, le président ne
doit proposer la solution; après avoir commencé par la
formule « quod Ixtnum feli.V(/ue sit populo romaiio qui-
ritum referimus ad vos, patres conscripti », et énoncé
l'objet de la relatio., il demande l'avis du sénat « de ea re
quid fieri placeat »-''; mais il peut et doit éclairer les
sénateurs par un exposé suffisant {verba faccrej'-* qui en
fait devient plus ou moins une proposition formelle'-''. Il
fait lire les pièces par un appariteur, doit dans certains
cas donner à faire l'exposé à d'autres personnes, en
matière religieuse aux prêtres, à des députés de villes,
de groupes tels que chevaliers, publicains, aux ambassa-
deurs étrangers assistés d'interprètes, et que le sénat
questionne^".
7° Interrogation. — Elle a lieu dans l'ordre de la liste;
le magistrat classe, depuis Sylla, les consulaires à sa
guise; il excepte de l'interrogation les magistrats, mais
Cic. Ali fum. 10, 12, 3 ; Cut. 1, s, 2(1; PIM. 10, t, t ; Brut. I, 2 , Plut, Si/U. 31 ;
Crass. 13 ; Cic. 13; Liv. 35, 8 ; 28, 45. — 1» Cic. Ad Quint. 2, 1, 1, — <» Sali,
Cat. 48,53 ; Liv. 23,22; 29, 16 ; 30, 21 ; 42, 3 ; Cic. Ad fam. lu, 10, — 20 Tac,
Ann. 13, 26; 11,5; Plin, Ep. 9, 13. —2' Suel. Aug. 58; Plin. Pan. 73, D-ins Vit.
J'ert. 19, il ya : lettre de Pertinax, acclamations, relation et soit vote, soit accla-
mations ; dans Vit. Comm. 20, acclanialious, relation du pontife et saris doute vote ;
ddus Vit. Max. 16, une relation entre deux séries d'acclamations ; ailleurs, une rela-
lion, une acclamation, une senlentia cl une seconde acclamation (V'i^ Max. 26;
Tac. 3 ; Proh. 11, 12;. An Bas-Empire les acclamations ripcMées jusqu'à vingt-huit
fois, comme des litanies, et t\\\\ u'inditjuent nullement, comme on l'a cru, le nombre
des sénateurs présents, suivent la lecture de la letlre impériale (Corf. Ttieod. proem).
Voir L#crivain, £'(urfC5 sic- l'Histoire Auguste, p. 73, 'J'J. — 22 Des 186, puis
161, 159 (C. i. t. 1, 190, 201 ; Suel. /(/ie(. 1 ; (iell. 14, 7, 2-4; Cic. Cat. 3, 7, 13;
Ad Alt. 12, 21, 2). En grec iiu;i6oi,XiOi<fS«i t>î «uv.Xï^.t., (Le Bas, Voy. arch. 2,
852; Bruns, Fontes, 0" éd. n" 30, 39; Bull, de corr. helt. 1882, p. 350, 1885,
p. 437 ; Joseph. Anl. jml. 14, 8, 5. — 23 Cic. Ad fam. I, 1, 2, 4 ; Appian. /. c. i,
30; Plul. Pomp. 58. —24 Liv. 21. 0; 22, 11; 20, 10 ; Cic. Phil. 8, 4, 14 ; Caf. 3, 0,
13 ; I, 4, 19 ; t:ool. Ad fam. 8, 8, 0, — 25 Tac. Ann. 3, 34 ; 15, 22, — 26 Coel. Ad
fam. 8, 8, S; Cic. Leg. 3, 4, Il ; Liv, 8, 14. — 27 Suel. Gai. 15; Liv. 2, 31 ; 8, 20;
42, 30 ; 39, 39 ; Cic. Cal. 3, 0, 13; Sali. Cat. 50. — 2» Aussi menlionem facere
(Cic. Vcri-. 2, 39, 95). En grec Xijou; >:o,tri.»a.. — 2'J t:ic. Phil. 1, 1.4; 10, s, 17.
— 30 Gell. 4, 8, 2 ; Liv. 5, 7 ; 29, l.i ; 22, 59 ; 30, 23 ; 40, 33 ; Dio, 3S, 10 ; Sali,
Jug. 15.
SEN
— iini
SEN
il interroge les magistrats désignés les premiers dans
leur classe '; depuis Sylia jusqu'à l'époque de Trajan, ce
sont donc les consuls désignés qui parlent les premiers;
après cette époque, un consulaire choisi par le président -.
Tous les membres sans exception sont appelés nomina-
tivement'. Il n'y a pas de tribune ; la réponse impro-
visée ou écrite* faite par chaque sénateur, généralement
debout à sa place % est une sententia'' . L'orateur est
absolument libre, n'encourt aucune responsabilité, ne
doit être ni interrompu, ni rappelé à la question, peut
parler sur n'importe quel sujet {egredi relationem), sur
la situation générale de la République {de summa re
pitblica dicere), tant qu'il lui plaît, jusqu'à la fin de la
séance {diem (ollere, consumere), recommander certains
sujets au sénat ou aux magistrats. Ce droit qui remplace,
dans une certaine mesure, les droitsd'iniliativeetd'inler-
pellation n'est limité en fait que par l'opposition, les cris
des autres sénateurs^ ; Auguste limitera le temps donné
à chaque orateur et l'habitude de parler en deliors du
sujet disparaîtra peu à peu *. En tout cas, l'orateur doit
finalement ou demander l'ajournement (rejicerei, sou-
vent en indiquant la date d'une autre délibération, ou le
renvoi devant une autre autorité (pontifes, comices)^,
ou qu'on ne prenne aucune résolution'", ou faire une
proposition formelle, sur laquelle on puisse voter, et sou-
vent pour cette raison rédigée par écrit : censeo, milii
placel, décerna, decernendum censeo". Les sénateurs
interrogés ensuite peuvent formuler une proposition
nouvelle ou se rallier soit purement et simplement, soit
avec des additions et des amendements à une proposition
déjà faite [adseritiri'^-). Naturellement, les premiers avis
ont une importance prépondérante; cependant ceux qui
parlent les derniers jouent encore un certain r(Me, car on
ne parle qu'une fois, sauf, avec l'autorisation du prési-
dent pour combattre, interroger un nouvel orateur,
changer d'avis, se rallier à un autre '^ Dans les cas peu
importants, le président peut négliger l'interrogation
générale, toujours très longue, et faire voter immédiate-
ment après l'exposé, pei' discessionem'^, s'il n'y a pas
d'opposition exprimée par le mot coîisule'^. Le président
proclame ensuite les avis [pronunliatio sentent iaruni)
et les classe à sa guise, selon qu'ils sont conciliables,
se complètent ou s'excluent, et, le cas échéant, dans
l'ordre de prééminence des magistrats aux propositions
desquels ils se réfèrent"*. Le sénat peut les repousser
tous, demander la division du projet [divide], le vote suc-
cessif des articles ''.
< (Jcll. 14, 7, 9; i, 10, 5 ; Cic. In p{s. S, 1 1 : Pltil. 5. 13, 35; C, 3, 8; 13, 12,
i ; Appian. /. c. 2, 5 ; Tac. Ann. 3, 22; Uio, 59, 8; Suel. Claud. 9; Ciies. il.
— 2 Vil. trig. tyr. 21 ; Tac. *; Aur. 19, 41 ; l'rob. 12. - 3 Dio, 79, I ; 3'.l, 2s ;
Liv. 22, CO; Dionys. 0, 57; l.iv. I, 32; 9.8; Cic. Vcrr. 4, 04, 142; Ad Att.1, 1, 4.
— «Cic. Ad fam. 10, H, 1 ; 10, 13, 1 ; Ad Ail. 1, IC. S; 4, 3, 3; Pio Plane. 30,
74. — S D"où les termes slarc, surijere, conaiti-gere ou inversement sedere, adsi-
dere (Cic. Pro Scsi. 34, 74; l'ro Marc. 11, 33; Clin. Ep. 4,9, 18).— ô Stcnlcnliam
royare, dicere {Cic. Verr. 1, 15, 44 ; Cal. 1, 4, 9); l'auteur d'une proposition est
auclor senlenliae (Cic. In Pis. 15, 35; De dont. 5, 10). Texte dune seiilenlia C. i.
1. 2,0278. — 7 Tac. Ann. 2, 33, 38; Gell. 4, 10, 8; Cic. Leg. 3, I», iO ; Ad AU.
4, 2, 4; 3, 15, 0 ; Ad fam. 4, 4, 3 ; 8, 4, 4; 10, 28, 2; 10, 10, 1 ; Ad Qninl.ï, 1, 3;
De dom. 20, 70 ; Pro Sest. 1 1, 2S ; Sali. Cal. 48 ; Jag. 27 ; Liv. 30, 21 ; 42, 3 ; Ca.s.
Bel. civ. 1, 32; Val. Max. 2, 10, 7; l'Iut. Cal. min. 31, 43; Caes. 13; Appian. /. c.
2, 8. — sGeil. 4, 18, 8 ; Tac. Ann. 13, 18 ; Plin. Hial. nat. 0, lu, 3.-9 Cic. Ad
l'am. 1, 4, 1 ; Pro Plane. 13, 33; Liv. 2, 22, 5; 2, 27, 5 ; 5, 36. — 10 Cic. Ad fam. S,
5, 5; Ad Ali. 1, 5, 5; Tac. Ann. 1, 79.— " Sali. Ca(. 51 ; Cic. Pliil. 10, 11, 25;
14, 12, 31; 9,0, 13; Liv. 3,40. — ''2 Cic. Ad tam. 1, 1, i; Ad Quint. 2. 7, 3; .>^eMcc.
De vit. beat. 3, 3. Sous l'Empire, l'adhésion se transforme souvent en acclamation
(l;(. .Vax. 20: Prob.\i: Tac. 5, 7; Val. 5). — 13 Sali. Cal. 30; Suel. Caes. 14 ;
Cic. Ad AU. 1, 10,9 ;Tac. //is/. 4, 7. — H Cic. Phil. 1, 1, 3; 3,9, 24; Suct. Titi.
31 ; Dio, 41, 2 ; Gell. 14, 7, 9 (où Uommsea corrige per lationem en perlattone ou
8° ]'ote. — llensere, decer7ie)'e'^. Le mot .sentent in ne
signifie vote que sous l'Empire. Il a fallu probablement,
dès le début, un nombre minimum de votants'", mais
nous ne connaissons que les chilTres fixés pour certains
cas-"; Cé.sar fixe peut-être le nombre minimum à 400;
Auguste le réduit en général et en particulier pour les
mois de septembre et d'octobre ^' ; mais sous la Répu-
blique on ne vérifie le nombre des présents que sur la
demande d'un membre. Aucun sénateur n'est lié pour
son vole par sa sententia --. Le vote a lieu par oui et par
non, au moyen d'un ciiangement de place {discessio)
souvent opéré avant la fin des débats". Selon la formule
prononcée par le président : « qui hoc censetis illuc
trtinsite, qui alia omnia in hanc partem »^', les
approuvants vont s'asseoir d'un côté, généralement du
côté où se trouve l'auteur de la proposition [pedibua ire
in sententiam nfiquam; aliquemowaliquain sentent iani
seqiii), les autres de l'autre (/n alia omnia ire, aliquem
relinqaere)-'^. Il n'y aura de vote secret que sous l'Em-
pire, par exception, avec l'autorisation du prince pour
les élections et les jugements-''. Le président constate de
quel côté est la majorité ou l'unanimité; l'égalité de voix
équivaut au rejet'''. Le résultat du vote est soit I'aucto-
RiTAS PATRUM soit le SENATi'S CONSULTUM. Le droit d'inter-
cession n'a lieu que contre le sénatus-consulte et encore
quand il n'a pas été exclu formellement par une loi spé-
ciale [iNTERCESSio, p. 549]. Après épuisement des ques-
tions, le président congédie le st'mat [miltere, dimittere):
niliil vos teneo ou teneintis-*.
IX. Commissions. — Désireux de maintenir l'égalité
entre ses membres, le sénat ne nomme de commissions
que dans certains cas. Il confie certains actes, l'organi-
sation de villes, de provinces, à des commissions [lega-
Tis] ; il charge d'arbitrages entre villes, de procès admi-
nistratifs des commissions, tirées au sort ou choisies
par le président, présidées par les consuls qui prennent
la décision et la font ratifier par le sénat-*"; enfin il fait
examiner des affaires par des commissaires qui émettent
leur avis dans la discussion^".
X. Compétence (jénérule. — Elle repose sur deux élé-
ments essentiels, la ratification ou la préparation des
dt'cisions populaires, la discussion préalable des décrets
des magistrats. C'est surtout du second élément qu'est
sortie la puissance du sénat. A l'origine, simple conseil
des magistrats [consilum], dépourvu d'action propre,
d'initiative, sans caisse particulière, sans bureau, sans
président électif, il a profité des afl'aiblissements succes-
perrogationc) ; Lex regia, c. \:perrelationem discessionemgue. — '5 Festus. p. 170;
Cic. Ad Alt.â, 4,2; Vit. Irig. tijr. 21. — 16 1'olyb. 33, 1; Caes. Bel. civ. 1,2; Cic.
Phil. 14, 8, 22 ; Tac. .^nn. 15, 22 ; l'Un. Ep. 19, 21. — '7 Festus, p. 170; Cic. Pro
Mil. 0, 14; Ad fam. 1, 2, 2; Ascon. p. 44. — I» En grec So.irv. — ODio, 39, 30;
Cic. Ad fam. 1, 9, «; Liv. 35, 7, 1. — aoioo (C. i. l. 1, 590; Liv. 39, 18); 150
(Liv. 42, 28, 9); 200 (Ascon. p. 58). Autres cas (Cic. Ad fam. 8, 9, 2; 8, 11, 2).
— 21 Uio, 54, 35 : 55, 3 ; Suet. Aug. 35. 50 membres dans Vit. Alex. 10, et au Bas-
Empire pour la d^'signalion des pr^-teurs (f. Th. 0, 4, 9). — 22 Sali. Cal. 5n ; Cic.
P/.il. Il, 0, 15; Plin. Ep. 2, 12, 22; 8, 14, 24. — '23 Cic. Ad (Juinl. 2,1, 3; Suel.
Caes. 14. — 21Fcstus. p. 201 ; Gell. 14, 7, 12; Plin. Ep. 8, 14, 19. — ^îcic. Pro
Sest. 34, 74; Phil. 6, 1,3 ; 14, 7, 21 ; II, 7, 15; Ad fam. 1, 2, 2; 10, 12, 3; Ad
Alt. I, 20, 4; Sali. Cat. 50 ; Liv. 9, 8, 13; 22,50, I; 27, 34, 7 ; 23, 10,4; Gell. 3,
18, 0 ; Caes. Bel. gai. 8,53; Tac. Ann. 14, 49. — 26 Plin. Ep. 3, 20; 4, 5; cf. Sali.
De re pub. ord.i, 11. — 27 Senec. De vit. beat. 2; Cic. Cal. 3, 6. 13. — 28Cic. Ad
Ouinl. 2,2, l;Bnit. BO, 218; Ad fam. 1, 2,3; Ascon. p. 36; Liv. 2,24, 4; 38,50;
Macrolj. 1, 4, 'lU. — 29 Hermès, 20. 268 (affaire d'Oropos); Cic. Ad Ait. 4, 15, 5;
Pro Se. 27 (procès' entre Intcramna et Roalcl ; Eph. e/iigr. 4, 213; Bull, de corr.
hell. 4, 370 (adaire d'Adramyttion) ; Tac. Ann. 3, On (revision du droit d'asile) ;
14, 17 (alTairc de Nuceria et de Poinpcii) ; Dio, 44, 53 ; Cic. PliU. 2 36, 91 (dis-
crets laissés parCésar). — 30 Diod. 28, 15 ; Liv. 34, 57 ; Polyb. 23, 4 ; Bruns. /. c.
no 36. '
SEN
— ll!)2 —
SEN
sifs de la ningislraturp pour se l'assujetlir, pour devenir
peu à peu entre les mains de la noiulitas la plus haute
autorité gouvernemenlale et administrative de Rome. Sa
puissance est exprimée par le mot vague auc/orilas'.
Les magisirals, indépendants pour les actes ordinaires
de leur gestion, doivent le consulter pour tous les actes
extraordinaires, prévus ou non prévus par les inslilu-
lions, sous peine d'encourir une grave responsabilité", de
s'exposer à des poursuites ultérieures, aux représailles
du sénat, dispensateur des gouvernements, des proma-
gislralures. Théoi-iquement, les magistrats supérieurs
n'encourent qu'un blâme public, quand ils refusent
d'exéculer un sénalus-consulle, sauf s'il a é-té fait sur
ordre du peuple; ils peuvent en did'érer ou en remettre
indétinimenll'exécution et le rendre ainsi caduc, puisque,
s'il n'est pas renouvelé, il tombe avec l'année du magis-
trat'; mais en fait, jusqu'aux crises des Gracques à la
fin de la République, ces conflits entre le pouvoir exé-
cutif et le sénat ont été fort rares'. Nous ne pouvons dis-
tinguer exactement les attributions respectives du sénat,
du peuple et des magistrats : la limite, indiquée par
la coutume, s'est constamment déplacée, en général, au
profit du sénat.
XI. « Auclnri/fix paln/t» » pI e.rnwen préalable des
lois. — L'ancienne ArcïORiT.*sPATFiiM, exercée par le sénat
patricien et ramenée, d'après la tradition par les lois
Piiblilia, Maeuia et d'autres, à une ratilication anticipée
sans importance', a ét('' remplacée par un examen préa-
lable des lois, plus important et exercé par tout le sénat.
Depuis la loi Hortensia, les plébiscites n'ont pas besoin
de Vaucloritax aeiuilus, mais en fait beaucoup ont été
volés après examen par le sénat" [PLEuisciTrM,PLEBs]. Pour
les autres lois, la consultation du sénat, indiquée parla
formule ex seiiadis constillo ou ex palriim aiictorilnle,
est sinon obligatoire'"', au moins habituelle et régulière,
surtout pour la politique extérieure. Jusqu'aux Gracques.
XII. Itelifjiim. — Le si-nat fixe la date des feriae
latinac; il peut, après un malheur public et sur l'avis des
augures et des pontifes, transformer un jour ordinaire
en jour relitjin.tus, aler^; à l'occasion de périls, de
désastres, d'épidémies, de prodiges, il peut, sur l'infor-
mation des magistrats, le rapport des collèges religieux
compétents et la consultation des livres sybillins ou des
aruspices, ordonner différentes mesures*; prières
publiques, sacrifices et supplications aux dieux', lustra-
lio de la ville, reprise de fêles mal célébrées, fêtes nou-
velles (Ludi Capitolini, Ajxilirnares, Floralia), en
laissant aux magistrats désigni-s par le peuple la fixation
des jours et la construction des temples et en approuvant
les dépenses'"; il peut, très tôt de sa propre autorité",
avoir recours à des cultes étrangers (consultation de Del-
phes, sacrifices à Gérés d'Knna, translation i\ Rome de la
Magna Mater); décréter aux dieux avant une guerre des
I Cic. De le<i. 3, M, 3s ; Ue ilom. Vi, I li; l'hit. 10, 8, 18 ; In Pis. », 5; Ci- rep.
2, 8, \k;Pro lialjir. ad prt.p. I, 4; l.iv. 3, » ; 4, iG ; 5, 9. — 2 l.iv. ii. 33: Cic. /,1e
leg. uj/c. S, 14, 36 ; l'ro Chi. 49, 137 ; Sali. Cal. 51. — 3 Ejcmples : llionys, 17, 4:
Dio, /T. 30, 3i: l.iv. 21. 03 ; 42,8, — » Liv. I, 17; 6, 42, H; Lie. Pro Plane. 3,8;
De dam. 14, 37,38 ; /><T<-p.2, 13, 25. — o Liv. 7, 15, 12; 30, 27,41 :31,50;39, 19; 45,
35. — C|,iv, 4,5, 21; Jip. 103; Val. Max. 9, 5, 1 ; Appian. /Jel. ein. 4, 92; l'olyb. 2,
21. S (loi de Klamtiiius sur Ir part.ige du Hicenuni). — '• (icll. 5, 17 ; C. i. /. I,
p.373.— » «011,4. 0; 22,1, 14; Cic, ^e rfiï', 2, 54, 1 12 ; /(c i/for, nat. 2,4,10; Liv. 32,
I :Macral<. 1, 10,22. —3 Encore sous l'Empire { Vil. Hadr. 12: Alex. 50).— 10 Liv.
25, 12:20,23; 27, Il ;41, 10; Cic, Pllil. 14, 14, 37.- Il Liv, 30, 30 ; 5, 50; 10, 37 ;
Uacrob. I, 8, 1 ; C. i. /, 9, 202!', — 13 l'our le ver sacrum i) faul, en oulre, une loi,
— 13 Liv. 23, 1, AITalre des Bacchanales (Liv, 3», 8-18; C. iris. lat. 1, n» 196J.
prières, des promesses'^; après une victoire, des actions
de grâces, des jeux. Il a la police du culle, peut interdire
des pratiques étrangères".
XIII. Justice. — Le sénat n'est pas une cour dejustice;
son rôle est ici peu considérable. Il prononce sur l'invi-
tation du magistrat le jrsriTUM ou le simple recul des
termes de comparution (dif/'erre l'adimotiia)'^; il par-
tage les compé'tences entre les préteurs ; avant l'établis-
sement de la (/tiaes/io repelundarum, il accorde ou refuse
aux députés des provinces l'aulorisation de poursuivre
les gouverneurs [repetindaej. Au criminel, dans certaines
aflTaires graves, il se charge quelquefois de l'enquête,
promet des primes aux dénonciateurs, accorde des sauf-
conduits (Jtdes publica) '^, provoque la création de tjitaes-
//'o/ies extraordinaires [judicia piblica, p. GoOJ; il concourt
à l'exercice de la coercition capitale contre des citoyens
qui ont perdu le droit de cité, prisonniers, rebelles"''.
XIV. Léf/islalioii. — Les dérogations aux lois, surtout
en matière électorale, sont accordées avant Sylla par le
peuple, sauf en cas d'urgence''; après Sylla, qui a proba-
blement établi cette réforme, par le sénat, jusqu'à la loi
Corneliade 07 qui rétablit le droit du peuple, sur l'initia-
tive du sénat, avec la présence de 200 sénateurs, et sans
intercession de magistrats'*; mais on trouve encore, après
cette date, des dérogations accordées par le sénat". Il
n'a pas le pouvoir législatif; avant et après Sylla, plu-
sieurs sénatus-consultes en matière administrative, sur
les dettes, le taux de l'intérêt, la détermination des actes
de brigue, les associations, les affranchissements ont
presque la portée de lois-", mais ils ont été le plus sou-
vent confirmés par le peuple; autrement, leur validité
eût été contestable-'. Une loi peut annuler un sénatus-
consulte ou y déroger-'. Pour l'annulation de la loi nous
renvoyons à lex (p. 1125).
XV. A'nmination des maf/islrals. — Le sénat n'est pas
un corps électoral, mais en fait il a une iniluence consi-
dérable sur l'élection des magisirals ordinaires. Il décide
s'il faul nommer des dictateurs et des tribuns consulari
poteslate [dictator, tribvms]. Avant Sylla il ne fait que
proposer au peuple la création des magistrats extraordi-
naires ; après Sylla c'est souvent lui qui les crée [.magis-
traïis extra ordi.nem creati, p. 13581. Il confère les pro-
rogations. 11 prend les mesures nécessaires en cas de
vacance d'une magistrature par mort ou abdication. Sur
la déposition des magistrats, voir abacti magistratus,
magistratus, p. io3i.
XVI. Finances et travaux publics. — Le sénat s'est
complètement emparé de la direction des finances".
1° Propriétés immobilières. — Il a réglementé l'exploi-
tation des mines, carrières, salines [metalla, portorum,
salinae]; il invite souvent les autorités compétentes à
faire la délimitation et le bornage des propriétés publi-
ques-'; il décrète seul, de concert avec les magistrats, les
— H Une fois, la suspension des proci-s sur les prôts (l.iv. G, 31, 4), — 15 Cic. Pro
nalb. 0,28; Pro Itabir. 10, 28; Cat. .1,4,8 ; Liv. 8. 18,5; Sali. Cal. 30; Appian.
t. c. I, 54. — 10 Plut. Pj/rrh. 20; Val. Max. C, 3, 3 : l.iv. 8, 20; Ep. 15; Poljl.. 1,
7. _ n Liv. 10, 13;^;). 50; 31, 50 ; Cic. Bru(. 02, 224. — 1» Cic. Ad fam. 8, S, 5 ;
Caes. Bel. civ. 1, 9, 32 ; Liv. Ep. 107 : DioCass. 40, 51 ; Appian. /. c. 2, 21 ; Asi-on.
p. 57. _ 13 Cic. Ad Alt. 5, 21 : 0. 2 — 20 Cic. Ad AU. 5, 21,13; 1. 10. 12 ;
Ad O"'"'- 2. 3. 5; '. !'. 3 ; Liv. 31, 7; 41,9; Ascon, p. 7. — 21 Liv. 33, 7; 3,
21 ; Cic. Pro Mur. 32, 07 ; In Pis. 4, 8. Une loi sompluaire sénatoriale n'allcint
que les sénalcurs (llell. 2, 24). - 22 Sali. Jiig. 7V, Cic. Ile dom. 9, 21; Plin.
Hisl. nat. N 17, Cl, - 2i Polyl,. 0, 13, _ 21 Bruns, /, c. n» 12: C. i. I. 1,
583; 0, 1234-n rives du Tibri-l. Pour le |ionicriuni il isl nomm*- avec Uadrieu
(6, 1233).
s EN
\\m —
SEN
aclials et los locations temporaires du domaine public,
sans la participation du peuple, au moins jusqu'aux
Gracques', sauf pour les lieux publics de Rome'-; il
peut faire de petites donations individuelles pour récom-
penser des services^ ; mais pour les assignations et fon-
dations de colonies, le sénatus-consulte doit régulière-
ment*, sauf pour les colonies latines, être confirmé par
une loi ° ; et depuis les Gracques ce sont des plébiscites
qui règlent seuls cette matière [agrariae leges] ; c'est
seulement pendant les crises de la fin de la République
que le sénat réclame le droit de disposer des terres pu-
bliques ®. 2° Propriétés immohiUfircs. — Il en dispose
absolument, ainsi que des esclaves publics, mais en laisse
la gestion aux magistrats'. C'est lui qui accepte ou refuse
les dons, legs faits au peuple romain, à ses dieux*.
3" Butin I I'kaeija] ; contriijutions de guerre. — Le sénat
veille aux versements, accorde les délais, les remises
partielles ou totales'''. 4° Tribut [rRiKiria]; impôts et
perception des impôts. — Ils sont établis par voie légis-
lative, mais le sénat a dû collaborer à la formation des
sociétés fermières; il exerce un droitétendu de contrôle
et de surveillance, peulcasserdes adjudications, modifier
les cahiers des charges, accorder des remises, des délais
aux adjudicataires, réclamer des sujets des versements
anticipés '". 3° Dépenses. — Il fixe en gros le budget des
censeurs [censorj et le budget de clia(|ue province [pro-
viNCiA, ouAESTon] ; il vote, lecas échéant, les crédits supplé-
mentaires pour les gouverneurs; c'est seulement à la fin
de la République que le peuple empiète sur le droit du
sénat, par exemple par les plébiscites Gabinien pour
Pompée, Vatinien pour César. Pendant les vacances de la
censure, il peut décréter d'urgence des travaux publics,
fixer le crédit et indiquer les magistrats, soit ordinaires,
soit extraordinaires, chargés de l'exécution" [magis-
TRATUS EXTRA ORDiNEM CREATi]. Il vole les primes auxdénon-
ciateurs, les dons individuels et, jusqu'aux Gracques,
les distributions de blé [fhumentariae leges]. 6° Adini-
nislrnlion du trésor [aerarium], monnaies [moneïa,
p. 1983]. — Le cas échéant, il vote les expédients finan-
ciers, la réduction du poids des monnaies, l'emploi de la
réserve dite aerarium sancdus'-, la vente des biens
publics", les achats à crédit '\ les emprunts publics,
forcés ou volontaires ''^(volunlarin co/Zw^/Vy) [tribltim ;
AGER l'uiiLicus, p. 137], soit à Rome, soit dans les pro-
vinces"^. 7° Contrôle financier. — Il appartient théori-
quement au sénat qui pourrait vérifier les comptes, sinon
des censeurs, au moins des autres magistrats et des
gouverneurs, les faire poursuivre, le cas échéant, pour
péculat, mais qui n'a presque jamais usé sérieusement
de son droit.
XVII. A/f'aires étrangères. — C'est le peuple ([ui a
jusqu'à Sylla le droit de déclarer la guerre, de conclure
les traités de paix et d'alliance, mais toutes les négocia-
I Cic. De eij. aijr. 2, 1 1, 33 ; î, 30, 82 ; Liv. 28, 46 ; Licinianus, p. 13 ; Appiaii.
MilUr. 22; Uisp. 4i ; Gros. 5, 18; C. i. (.1, n" 200. — 2 t. î. (. I , n" 206, I. CS.
— i Liv. 44, 10; Dionys. 5, 35; De vir. illusl. 18, 3; Cic. De deor. nat. 2, 2, 0;
3, s, 13. — V .«auf cas peu imporlanis (f. ins. Int. I, 200, 1. 93; Liv. 43, 3).
- 5 Cic. De dont. 49, 127; Liv. 5, 30; C, 22 ; 8, II; '.i, 20; 32,1; 42, 4; Val. Max.
6, 3, 5: 5, 4, 5; Fronlin. Slmt. 4, 3, 12. — 6 Cic. Phil. 5, 7, 3 : 3, 19, 33; Ad
fnin. 11,20, 3. — 7 Val. Max. 7, 0, 4; Liv. 24, 14,5; Plut. Cat.min.'i<}. — 8 l.iv.
22, 32, 3C ; 30, 21 ; 22, 37; 31, 19 ; 38, 39 ; .32, 27. — 9 Liv. 3, 27 ; 10, 37 ; 22, 33;
32, 2 ; Ucll. C, 14, 8 ; Appiao. Syr. 23. — 10 Liv. 43, 18; 39, 44; 41, 17 ; 3il, 2 ; :17,
2; Cic. Yerr. 3, 15, 42; 3, 72, 178; Ad AU. I, 17, 9; 2, 10,4; Polyb. 0, 17; Rio.
38, 7; Plul. Cat. min. 18. - Il Liv. i/j. 46 ; Cic. Dediv. I, i, i ; Ad Ait. 4, 1,7;
4,2, 3; Plin. Hist. nat. 35, 3, 13; 36, 15, 121 ; Fionti». De aq. 7; C. i. l. 0,
cl;)2. 11". 192, IJ75, 1313-14. — 12 Liv. 27, 10; l^ic. Ad Ail. 7, 21. 2. — 13 Liv. 28,
VIII.
tions préparatoires appartiennent au sénat qui repré-
sente la puissance romaine en face de l'étranger '■". Pour
la déclaration de guerre il décide les essais de conciliation
et l'envoi des fétiaux, après Ja déclaration de guerre
l'exécution par les fétiaux des formalités légales [keïia-
LE.s] ; plus tard, il fait porter les déclarations de guerre en
dehors de l'Italie par des délégations sénatoriales'*. Il
reçoit les députations étrangères, qui demandent des
réparations et décide sur leurs réclamations ''•".
Il s'est complètement approprié l'action diplomatique,
l'envoi de députés et la réception des ambassadeurs
étrangers [legatis, p. 1030-33; laiitia]. Pour les traités,
le général n'est compétent que pour les arrangements
provisoires, les armistices d'une années //u/m^/wc)'"; pour
les arrangements de plus longue durée ou définitifs, le
sénat a pris la haute main dès le début. L'organisation
d'un pays conquis, la signature d'un traité par un géné-
ral, ses acta ne sont valables qu'après la ratification du
sénat qui peut les modifier, les casser-' et dégager la
responsabilité du gouvernement romain en livrant le
général à l'ennemi [fetiales]. Il peut, sans consulter le
peuple, renouveler une alliance, étendre le protectorat
romain à un peuple et même accorder le droit latin; il
est consulté par les magistrats sur toutes les questions
importantes, ofl'res et demandes de secours, propositions
de soumission, d'arbitrage; il reçoit les griefs des étran-
gers contre les généraux--; il fait régler tous ces points
soit par les généraux et gouverneurs, soit par des dé-
putations sénatoriales [legatl'S, p. 10ii2]. Au dernier
siècle de la République, il y a des empiétements réci-
proques du sénat, du peuple et des généraux sur le ter-
rain diplomatique; le sénat conclut souvent seul des
traités et se fait assimiler sur ce point au peuple'-^;
inversement, Tiberius Gracchus fait régler par les seuls
comices la situation du royaume de Pergame -', et des
plébiscites investissent Pompée, César, Crassus de pou-
voirs absolus-^.
XVIII. Commandements militaires. — Le rôle du
sénat, d'abord faible en face des deux seuls consuls,
grandit de plus en plus avec la création et la multiplica-
tion des provinces. Jus<|ue vers 32G, il n'a(iu'à fixer les
deux provinciae consulaires; depuis cette époque, il
accorde les prorogations [magistratus, p. 1335]; chaque
année, généralement au début, sur le rapport des consuls
(/(' re publica, de provinciis cxercitibusque, il arrête le
nombre des provinces ordinaires et extraordinaires, les
répartit entre les consuls, les préleurs et les promagis-
trats, en choisissant les provinces consulaires parmi les
plus importantes (Italie et Gaule cisalpine, direction d'une
armée, province extra-italique pourvue de forces mili-
taires importantes) ; dans les circonstances imprévues, il
opère les permutations nécessaires. La loi Sempronia de
123 l'oblige à désigner les provinces consulaires avant
10. — li Diod. 2), 14; Liv. 23, i8. — lùpolyb. 1,.H9; Liv. 20, 36; 31, 3; Florus, 2,
0, 24. — 16 Lacs. Bel. ciu. 3, 32. — 17 l'olyb. C, 13; Cic. Dcoff: 2,8, 2ii; Pro Balb.
IV, 33; C. i. (. I, 204; C. i. gr. 2737. — 18 Polyb. 6, 13 ; Liv.j 21, |s. — lOLiv.
2, 26; 4,7. — 20 Liv. 9. 3, 41 ; 10, 46 ; Sali. Jiij. 39. — 21 Polyb. 1, 17, 02; 21,
17, 30; Liv. 21, 18; 29, 12; 7, 20 ; 9, 5 ; 37, 43, 55; Dionys. S, 30. Exemples de
coulirmalious : Zonar. S, 17; Diod. 28,13; 39, 22; Liv. 34, 43,2; Plul. Cut. maj.
Il ; de cassations do liailcs (Cic. De ini<. 2, 30, 91 ; Appian. Uisp. 79; Liv. 53;
Sali. Jit'i. 30). - 22 Dionys. S, 15 ; Polyb. 8, 22 ; 33, 7 ; Justin. 18, 2; Val. Mas. 3,
7, 10; Liv. 5. 35; 6, 3 ; 2, 29; 32, 2. 8; 33, 39; 39, 22; 40, 13; 43, 34; 44, 14; C. i.
!„: 3043; Bruns. L. c. no36; Gai. I. 96.— 23 Sali. Jug. 39; Liv. 28, 18; 32, 36.
Voir la comparaison failc par Mommsen (Vil, p. 392) nnlrc Polyb. I, 1 1, 02 ; 21, 10,
17, 32 cl Liv. /Sp. 16; 21, 18; 34, 33; 37. 19, 45; 38, II. — 2Vplul. Ti. Uracc. 14.
— 25 Appian. JUitlir. 97 ; Diod. 39, 33 ; 38, 8 ; l'Iul. Crass. 15 ; Suet. Caes. 22.
150
s EN
— H94 —
S EN
réleclion des consuls, sans inlcTcession des tril)uns'.
Pour les changemenls uUérieurs apportés à la r('partilion
el au coniinandeinent des provinces jusqu'à Auguste,
nous renvoyons aux articles praetor, proi'Raetou, inio-
viNciA, pour les questures pi'ovincialesà l'article giAiiSTuR.
Pour les armées, les consuls ont eu au début le droit el
le devoir de lever l'année consulaire: l'autorisation du
sénat est de pure forme '- ; mais son pouvoir grandit par
l'extension du service militaire aux alliés, la création des
provinces el des llotles; c'est alors lui qui lixe les effec-
tifs lolaux, la composition des armées, la répartition
entre les chefs, qui autorise les licenciements', le recru-
tement de volontaires, d'auxiliaires, de contingents étran-
gers*, qui pare à tous les besoins, vole les levées en
masse '. 11 donne des conseils aux magistrats sur l'âge, le
recrutementdessoldals, accorde lesexemplions de service
[vucatio mllitiae) ''. Après Marius, la transformation de
l'armée civique en armée permanente diminue le rôle
du sénat qui n'a plus, en général, qu'à assigner à chaque
gouverneur, en la modifiant plus ou moins, l'armée can-
tonnée dans sa province', et à prendre, le cas échéant,
des mesures extraordinaires, par exemple contre Spar-
tacus, Calilina, dans les guerres entre César et Pompée* ;
les plébiscistes Gabinien, Manilien, Valinien, Trébonien
investissent, d'ailleurs, Pompée, César, Crassus de pou-
voirs militaires illimités". Le sénat contrôle el surveille
les opérations militaires, reçoit les courriers, les dépèches,
envoie des députalions quelquefois accompagnées de
magistrats, édiles, tribuns, pour conférer avec les géné-
raux, les réprimander; il a sur eux, comme moyens
d'action et de contrainte directs et indirects, le refus de
fonds publics, de renforts, de prorogation, de triomphe
et d'ovation [triumpiiusj, le rappel, le vole de sacrifices,
de supplicaliones, du titre d'iMPERATOU ; il peut récom-
penser les soldats en accordant des congés, des exemp-
tions de service, des paies extraordinaires, des terres.
XIX. Administration i/eHoineet du peuple. — Il inter-
vient par ses instructions aux magistrats dans la plupart
des questions administratives; il fait des sénalus-con-
sulles sur la police de la voirie, des théâtres, expulse des
étrangers, ordonne ou lève des emprisonnements'";
exerce, avec l'aide des augures, le contrôle religieux des
actes publics; surveille l'exercice des cultes, protège la
religion nationale, expulse par exemple les philosophes
grecs, fait brûler des livres de Numa, interdit le culte
d'Isis" ; surveille les réunions du peuple, intervienldans
la fixation des dates pour les comices électoraux'-;
restreint quelquefois le droit d'association "*, dissout en
04 les sodufiria électoraux '• [colleciim] ; il fait des
règlements d'ordre économique el social, par exemple
' Sali. Juij. il; Cic. Du prui: cuiix. i, 3 ; 7, 17; fro llnlli. 11. (il. — ■i\,iv.
31. K; m, I. — 3 1,iv. il\,i>i; .ji, 3; «i, 17; 43, ±. - '<■ LIv. 31, Il ; 36, I : 37, J;
M, 35; 25, 5 : i«, K: Sali. Jmj. M; Diod. 3e, 3. — » l.iv. 27, U; i3, il ; 31, 26;
33, 36; 3t,5C;40, 26, 28.— 6 l.iv. 23, 40; 26, 28; 31, 8; 3i, 50; 42,33. — 7 Cic.
Ad fam. 3, 3, 2; 15, 4, 3 ; /',o Mnr. 20, 43. — »ShII. Cat. 36; Ascon. p. 35;
Cacs. Bel. cii: 1, 16, 54; Uio, 40, 63; Appiau. i. c. I, 116; 2, 29. — » Dio, 30,
37 ; 38, 8 ; 3'.l, 33 ; l'idl. fomp. 23 ; Crass. 15 ; Suul. Caes. 22 ; Ap|iiaii. /,. c. i,
13; Liv. Zip. 01). — I" C. i. l. I, 206, I. 1.0-52; 6, 3823; Val. Max. I, 4, 2; 2,
42; Liv. 2, 37;5,23; l'hil. C.Gracch. 12; Appian. L. c. 1, 23 ; Sali. Cal. 47. 48;
Cic. Ad Ait. ï, 24, 3. — n Sud. iJe rhel. I ; Val. Max. I, 1, 3 ; Liv. 40, 2'J ; l'Im.
l/ist nat. 13, 12, 84; Uio, 40, 47 ; Augusliii. Civ. Diii, 7, 34. — 12 Liv. 23, 41 ;
41, H. — 13 S., c. sur lis Baccliuiialcs [C. i. l. 1, n» IU6; Liv. 39, 810).
— '4 Ascou. p. 05; Cic. In l'is. 4, 8. — 16 Liv. 22, 56; 23, 25; Appiau. /.. c. 1, 43.
— Iii Cic. Jn Val. 5, 12 ; Pio Flacc. 28, 67 ; Liv. 43, 5, 0 ; Coluin. I, 1 , 13 ; Hiu.
Hisl. nat. 18, 3, 22. — 17 l'Iiu. L. c. 34, 6, 30. — 18 Liv. 8, 20 ; Val. Max, 0, 3, 1 ;
Cic.ùedom. 38, lui ; 43, 114.— 1» l'olyk 6, 13. — 20Liv. 26, 33;(:ic. Pro Halb.
limite la durée du deuil après les défaites graves'%
interdit l'exploitation des mines en Italie, l'exporlalion
de l'or, de l'argent el des chevaux, fait traduire le Irailé
d'agriculture de Magon "* ; il accorde les distinctions ho-
norifiques, les statues", les honneurs funèbres [funl's,
p. 1 i()6] ; il peut faire raser la maison d'un criminel,
défendre de porter le deuil d'un mauvais citoyen '\
\X. Administration de C Italie et de la Cisalpine'''. —
Il a quelquefois par délégation du peuple le droit de con-
férer ou de retirer la cité-". 11 règle les conflits el litiges
entre les villes soit par un arbitre, soit par une commis-
sion de sénateurs, généralement leurs patrons [i'atro-
Nus] '-' ; réprime les désordres, les insurrections serviles''-;
blâme, punit les villes en cas de refus de contingent, de
violation des obligations, des traités, en cas de défection,
au moyen soit des magistrats, soit de commissaires spé-
ciaux'^'; fournit des secours contre les ennemis, les
fléaux naturels, inondations, incendies, sauterelles'^*;
repeuple des localités désertes, en renforce d'autres par
des envois de garnisons, de colons -^ ; il règle les droits et
privilèges des villes, les oblige quelquefois à garder des
prisonniers de guerre ; reçoit leurs plaintes contre les
magistrats romains-*^; confie à des commissions spé-
ciales le jugement des crimes graves qui compromellent
la sûreté publique [judicia I'UBLICa, p. 653].
X.XI. Administration des provinces. — Sur l'organi-
sation des provinces nous renvoyons aux articles lugaïcs,
p. 1032; provincia, p. 717. Tout changement essentiel
exige l'inlervention du sénat-'. Il accorde les faveurs
spéciales, l'immunité d'impôts, la relatio in amicoruin
formulam [socii]". S'il laisse une grande indépendance
aux gouverneurs qui lui envoient naturellement des rap-
ports sur leurs opérations militaires -% il garde cepen-
dant le contrôle général, autorise les villes à lui envoyer,
vraisemblablement en en informant leur gouverneur, des
dépulés cliargés de leurs doléances pour surcharge
d'impôts, exactions, concussions, sévices, abus de toutes
sortes [legatus, p. 1036; repetundae] ; à la fin de la Répu-
blique, le mois de février est consacré à ces audiences'".
Il intervient peu dans la justice du gouverneur", sauf
pour servir d'arbitre entre des villes voisines'-, surtout
des villes libres et autonomes dont il est le défenseur".
XXII. Mesures de salut public el Sénat us-consultum
ultimuni [.luuiciAPi'iiLiCA, p. Go!2-6o3J.
Haut-Empire. — I. Généralités, rôle du sénat dans
la dtjarchie établie par Auguste et dans la constitution
impériale [principatus, p. 648]. — Ajoutons ici que le
sénat remplace el représente officiellement le peuple.
Sous la République, la loi est mise généralement avant
le sénalus-consulle et le pojiulus avant le senulus, sauf
10, 23. — 21 Uionvs. 2, 1 1 ; C. i. I. I, 100 ; 3, 24'll|.91 ; l.iv. 13, 13; Cic. De o/f.
I, 12, 33 ; Val. Max. 7, 3,4. Sous l'Empire, T.nc. Anii. I.<, »8 ; II, 17. — 22 Liv. 32,
26; 33, 36 ; 41, 27. — 2:) l:. i. l. 1, 201 ; Liv. S, 14, 20; 10, 1 ; 25, 71 ; 26, 34;
27, 21, 25 ; 28, 10; 20, S. 15, 21 ; 30, 24, 26; 32, 1. — 2V Liv. 42, 10. — 2b Liv. 40,
38; 30, 3. — 20 /iirf. 26, 34; 28, 46 ; 30, 45 ; 45, 43; 30, 3. — 21 Cic. Verr. 2, 2,
60, 147; 2, 3, 7, 12; De uff. 3, 2i, 87 ; De dum. 0, ii; Ad (lltint. 1, 1, 1 1 ; 2, 2, 2;
l'ro Ji'ont. 1, 2. — 2» C. i. (. 1, 111 ; Liv. 5, 28; 31, 11 ; 44, 16; 45, 9; Caes.
Del.cii'.l, 6; Jlcl. Alex. 61 ; Cic. ,lrf /Vtîn. 2, 17, 7;9,15, 4; l'ei r. 2, 31, 76.
— 29 Cic. Jn Pis. 16, 38; Ad fam. 2, 7, 3; 2, 11, 7 ; 3, 3, 2 ; 15, I, 2 ; Suct. Caes.
36;Plut. Luc. 26; Appian. .Uilhr. 17. Sous P Empire, Sud. Tib. 32; Dio, 34, II.
— 30 Liv. 43,2; Plul. C. Grâce. 2; Ascou. p. 206; Cic. Ad IJiiint. I, 1, 11.
33; Verr. 2, 00, 147 ; 1, 33, 90; Slrab. 13, 1, 00. - 31 Cic. Ad Alt. 5, 21, Il ;
Verr. 2, 39, 42, 00, 147 ; 2, 1, 33, 84. — 32 C. i. gr. 2, 2561 b; UiUtnliergcr,
Sylloç/e, '!• éd. 314; Liv. 34, 02 ; 40, 17 ; Tac. Ann. i. 43. — 33 Cic. Pro Ftacc. il,
79; Liv. 32, 1 ; 39, 3 ; JJermes,l(\ 268 ; Ejih. c/iiV/r. 4, 213 cl Huit, dccorr. Iiell.
4, 370.
SEN
— 1193 —
SEX
quand li- sénatus-consulte précède chronologiquement
ou amène la loi ' ; mais à parlir de Sylla dans les Irou-
blesdu dernier siècle av. J.-C, la formule sonfilits popit-
liis/jin' roman us commence à désigner soil le si-nal seul
soit TÉlal toul entier -, et elle devient oflicielle dès
Auguste. Le sénat a sa représentation figurée sur les
monnaies provinciales et sur d'autres monuments ^
II. Rapportît /ér/au.cet (jénéraitx du sénat et de f Em-
pereur PRiNciPATis. p. 053-633].
III. KecrutemenI . — Outre les anciennes conditions
d'éligibilité il y a, dès Auguste, le cens d'un million de
sesterces; en outre, depuis Trajan et Marc-Aurèle, une
partie de ce cens, le tiers ou le quart, doit consister en
immeubles italiens; mais l'Empereur donne souvent le
capital ou la rente suffisante; le sénateur ruiné peut
demander sa radiation *. Toute condamnation dans un
jndirium pHljlicutn entraîne l'expulsion '. Le sénat peut
exclure des membres par une sentence judiciaire ^. Dès
Auguste, il y a en outre l'obligation du serment à l'Em-
pereur ''. L'entrée au sénat se fait de deux manières. En
premier lieu la questure continue à ouvrir le sénat; éli-
sant depuis Tibère aux magistratures, il exerce donc
maintenant une sorte de cooptation ; mais la gestion de
la questure suppose le passage par le viginlivirat et le
tribunat militaire; c'est l'Empereur qui nomme les tri-
buns militaires; c'est le sénat qui confère les postes du
vigintivirat ; mais s'ils sont maintenant presque hérédi-
taires et obligatoires pour les jeunes gens de famille
sénatoriale, les membres de l'ordre équestre doivent,
pour les acquérir, obtenir de l'Empereur le laticlave
[macistratus, p. 1530% L'Empereur ne laisse donc passer,
en réalité, que les candidats qui lui plaisent, toul en
étant lié par les règles d'âge, de rang, et par les mœurs.
En second lieu , la lectio des censeurs est devenue Vallectio
impériale. Elle introduit directement dans une des classes
du sénat un membre de l'ordre sénatorial, ou bien dans
l'ordre sénatorial un personnage de rang équestre parla
concession du laticlave, soil ordinaire, avec l'obligation
de passer par le viginlivirat, soit privilégiée avec le droit
de briguer de suite la questure [allectio; magistratis,
p. do3() . L'ordre de la liste peut être modifié par la con-
cession des ornamenta qui appartient au sénat orna-
menta] et par le droit qu'a l'Empereur de faire monter un
sénateur, surtout un prince de la maison impériale, à
une classe supérieure, en passant pardessus le tribunal,
l'édililé ou la prélure *, et, seulement ' depuis Macrin
par dessus le consulat '". Les princes héritiers paraissent
1 l'olyb. 21, 10,8 ; Cic. Verr. î. ï, U; Pro Plane. 17, 42; De lei/. agr. 1, i,
IS: C. ins. lat. 2, ôOtl ; C, |3I!I. — 2 C. i. I. 1,203, I. 10; B, 873; ^,21128;
Cic. Phil. i, 9, 72 ; 5, 13, 3G ; Pro Sj/U. 9, 26 ; Pro ttalb. 4. 10 ; De Ug. agr. 2, 33,
90; Verr. 4, 31, 69.— 3 llio. 08, 5; KcHicl. 4, 221; Mioiinet, 2, 170. 170; (Jolieii. li.
1" éd. 28 (mcdaillun dor de Onsianliri). Voir Mommsiii, VU, p. 493-194; (Jard-
lliaiiscn, Auguslus. 2, 2, p. 308 (liste des iiioniiaies avec la iHe du Sénat). — i Ijio,
54, 17, 2'i; Suet. ,4u(/. 41, ri*. 35; ler. 10, VVjp. 17 ; Win. i?/). 10, 4; 6, l'J ; Va.
Bndr.l; .Marc. 11 ;Tac.4nn. 13,34; 2,48; 1, 75; i, 37, 38;l'lin. Hisl. nat. Il,
1.5; Ovid. Amor. 3, 8, 55; A/onmn. Annjr. fi, 42. Du cens sénatorial sont venues
l'habitude de donner cette somme en doL aux tilles nobles et l'autorisation lé-rale
donnée ù la Tenime de faire une donation an mari pour t'aci|uisition du rau;; séna-
torial (Tac Aun. î, 86 : Senec. Ad Helv, 12, 6 ; Martial, 2, 00, 5 ; Dig. 22, 1,6; 24,
1, 40; LIp. fteg. 7, 1 ; C. Juxl.5, 17, 21). — 5 Tac. Ann. 1, 75; 2, 48; 4,31 ;0,48;
Uio, 60, II. 29; Suet. Tib. 35 ; Dig. 3, 1, C; 3. 2. — 6 p|in. Ep. î, 12, 2; Tac. Ann.
2, 32:4, 31; 12, 59; 13, 11 ; 14, 59. — 1 Tac. Ann. 4, 42; 16, 22. — « Dio, 51, 4;
62, 23; 70. S; Plin. Pan. 69; C. t. /. 3, 0025; 2, 3333, 1426: C, 1450; 14,
-925, 301 1 ; 12, 3104; 8, 2.582. 7I'62. — 0 Sauf pour les préfets du prétoire à leur
retraite (l'i7. Hadr. S ; Alex. 21 ; Comm. 4; [)io, 73, 5). — 1" Dio. 78, 13. — Il l'our
les petits-fils d'Aususte, Gaius et i.ucius, pour Drusus le Jeune (3/on»m. Ancyr. 3.
3 : Dio, 50. 17); Vit. Ver. 3. — '2 Dio, 52, 42; 33, I; 34, 13-14; 55, 13 ; 07, 4;
en outre avoir eu le droit de sii-ger au sénat dès leur
sortie de l'enfance". Auguste parait avoir fait des revi-
sions du sénat en i>9, 18, 8 av. .J.-C. et .3, 12 ap. J.-C.
avec la. polesf as rensoria ou comme censeur ; ses succes-
seurs prennent également ce litre pour faire la même
opération '-; mais Domilien prend la censure à vie et ses
successeurs en gardent les pouvoirs sans le nom'-'; la
revision censoriale se confond dès lors avec la revision
annuelle établie également par .\uguste. Le tableau des
sénateurs, Valbum senatorium, est affiché tous les ans
en public". Auguste avait pris plusieurs fois comme
auxiliaires pour la revision du sénat trois sénateurs tirés
au sort sur une liste de dix '° ; dans la suite, la vérification
de la fortune des sénateurs a passé au bureau a censi-
6«.9"^>.E.\siBis (a)]. Dès Tibère et Caligula, lajus /lonorum
s'étendà toute l'Italie, y compris la Transpadane, et à la
.Narbonaise; Claude l'obtient du sénat pour les Éduens'',
Vespasien l'ouvre largement à toutes les provinces" et
constitue ainsi un sénat plus provincial, de familles nou-
velles, de tenue et de moeurs meilleures.
IV. Nouvelle nobililas et onlre sénatorial. — .\ugusle
constitue définitivement et officiellement un ordre séna-
torial, une sorte de pairie héréditaire, ouverte seule-
ment par la concession du laticlave ou Vallectio., qui a le
monopole des anciennes magistratures, et aussi l'obliga-
tion de les occuper successivement des plus basses aux
plus hautes", sauf dispense de l'Empereur'" ou abandon
de la dignité sénatoriale avec l'agrément du prince-'. La
nouvelle nobilitas acquiert un nom spécial probablement
dès le milieu du i" siècle, en tout cas officiellement à
l'époque de Marc-.\urèle et de Vérus, le nom de clarissi-
mus [vir clarissimiis^-, i\ c.), appliqué aux hommes,
femmes et enfants. Elle comprend les sénateurs, leurs
femmes et leurs descendants agnats jusqu'au troisième
degré '^ Elle comporte : 1° le droit de porter les insignes
sénatoriaux, le soulier rouge dès la naissance, le lati-
clave dès la prise du costume viril'* ; 2" pour les personnes
lion sénateurs effectifs les droits, sans le titre officiel de
chevaliers et la permission d'assister aux séances du
sénat^^; 3° une place spéciale dans les jeux publics pro-
vinciaux à côté des magistrats municipaux-'; 4" proba-
blement l'exclusion des distributions faites à Rome à la
plèbe, remplacées pour les sénateurs et les chevaliers
par des repas" ; 3° la dispense des munera personnels,
et, si on le veut, des honores, dans la ville d'origine-';
6° l'interdiction du mariage légal avec des alTranchis ou
affranchies ^LiiiERTis, p. J21 1-12" ; 7" l'interdiction du ju-él
Suct. Am/. 35, 37; Claud 10 ; Vesp. S; TU. 6; Dio, 67. 4. — " Suet. Dom. S ;
Dio, 67, 13; .53, 17: IJuinlil. //isf . 4, prooem. 3. Alexandre Sévère consulte le sénat
pour les adieclions {Vit. Alex. 19). — n Dio, 55, 3; Tac. Ami. 4, 42. — !"• Dio,
55, 13; Suel. Aug. 37. — "» V. Ilirschfeld, Die kaiserlichen Verwalttingsbeamteil,
p. 65-08. — 17 Tac. Ann. 11, 23-25; C. i. l. 13, 1, I, 1068. — 18 Suet. Vesp. 9;
Victor, Caes. 9; Tac. Ann. 3, 55. L'Egypte ne fournil de sénateurs r|ue sous Cara-
calla. — 19 Dio. 54, 20; 53, 24; Suet, Claud. H. — 20 Excusalio (C. i. /. 12.
1783; 9, .3333 ; 14, 3010; l'Iin. Ep. 1, 14, 5; Tac. .4nn. 3. 35: Agric. 42; Dio, 78,
22). - 21 Tac. Uiat. 2, S6; Ann. 16, 17. — 22 C. i. (. 10, 1401 (en 50); 7832, 13
(en 69); 3, 7080; 6, 1492 (en 101) ; 8, 2532, 332 (sous Hadrien et Antonin). Depuis
Jlarc-Aurèlc, C. Jmt. 9, 41, 11; C. i. l. 9, 2438; 6, 8420; 2, 4125, 6278. En
grec Uiiifoxaso;, (ijT«i>lTi>o;. — 23 Dig. 23, 2, 42, 91, 44 pr.; 30, 1, 22 § 5. La
femme sort de l'ordre par un mariage avec un lionime de rang inférieur, sauf pri-
vilège spécial {Dig. 1, 9, 8 ; Dio, 78, 30). — 2S Stal. Silv. 5, 2, 27 ; Suet. Aug. 38;
Dio, 59, 9.- 2.'>Suct. Ai'.f/. 38; Zonar. 10, 33; Plin. £■/>. 8, 14, 5. — 26 iea: ro(. Ge-
netic. c. 127 (pour les sénateurs el leurs fils). — 21 Lex. Jul. mun. I. 133; Suel.
Cai. 17; Dom. 4: Aug. 3j ; Dio, 34, 14; 55,8; 57, 12:59, 11 ; 60, 7 ; 76, 1:79,2;
Vit.Aiir. 12; Gall. 10. Ajoutons ici l'interdiclinn faile sous Claude aux soldats de
la garnison de Rome d'entrer dans les maisons des sénateurs (Suet. Claud. 25).
— 28 Dig. 30, 1, 22 § 3, 23.
s EN
lllKJ —
S EN
à inliTèt, en loiit ou [larlio aux sônalciirs '. Elle no paie
pas encore diinpôls spéciaux'-. Au poinl de vue social,
elle forme la classe des grands propriétaires et des
jtolenles dont les lois combattent déjà les abus de pou-
voir '. KUe représente l'aristocratie el, surtout au
iii" siècle, en face des chefs militaires, la société civile.
V. Séfinres. — Il y a maintenant des séances régu-
lières (.s«iff/«.9 le;/itimus) deux fois par mois, au début,
soit le jour des calendes ou deux jours après, elau milieu,
la veille ou le jour des ides ou le second jour après, sauf
les jours de grandes fêtes et rarement les jours de jeux.
On tient aussi des séances extraordinaires'. Quand
l'Empereur veut tenir séance, il n'y a pas besoin de con-
vocation pendant les mois de vacances, septembre et
octobre, la présence de quelques sénateurs, tirés au sort,
est suflisanle ■'. Pour le rôle de l'Empereur au sénat, son
droit de présider, de voter, de faire des propositions
orales ou écrites, d'intercéder contre les sénatus-consultes
et pour les procès-verbaux des séances, nous renvoyons
aux articles oratio principis ad senatim, priimcipati s. p. 653,
OiAESTOR, p. 800, sENATi'S-coNSi'LTL'M. L'EuipereuF, quoi-
que président, a le droit de voter, soit le premier, soit le
dernier ''.
VI. Allributinnit. — Le sénat a perdu son ancienne
prépondérance; cependant, le partage officiel des pou-
voirs établi par Auguste entre le prince et le sénat a
laissé à ce dernier quelques-unes de ses anciennes attri-
butions et lui en a donné quelques nouvelles :
1" RéreptioJiiles coin i/iiinicdl ions de V Empereur [prin-
CIPATLS, p. Co3j.
-1" Commissions sénatoriales oupi'ès de /'Empereur
[CONSILILM PRI,\CIPIS].
3° Concessioîi des pouvoirs impériaux; déposition,
jugement posthume, apothéose de l'Empereur [princi-
PATUS, p. 049; iMPERATOR, p. 433-434; apotheosis].
4" Depuis Tibère, élection des tnar/istrats [magistratus,
p. 1536J et des membres des grands collèges sacerdotaux
[augures, p. 553; dvi'mviri sacris faciundis, p. 428-429;
EPULONES, p. 739\
o° Juridiction. — Auguste a donné au sénat la juri-
diction criminelle, concurremment avec celle du prince
et celle des quaestiones [judicia publica, p. 055]. Le sénat
reçoit en outre les appels des provinces sénatoriales et
de l'Italie qu'il renvoie aux consuls [judex, p. (i36]. Enfin
il peut encore mettre des individus liors la loi et les pro-
clamer ennemis publics '.
(i° Administration de Rome, de l' Italie, des provinces
sénatoriales el de Vaerarium. — Nous renvoyons sur ce
poinl el pour l'histoire des empiétements successifs de
l'administralion impériale sur l'administration séna-
toriale aux articles aerahium, aniNO.na, imperator, p. 430,
PRAKFECTUS URRi, PROvixciA, p. 719, VIGILES. Ajoutons ici
que, dès le début, les empereurs ont le droit, comme le
sénat, d'envoyer des instructions aux proconsuls séna-
toriaux, de faire des règlements pour leurs provinces *,
* \it. Alex. Ti. Au bas-Ënipire d'ahord inlerdiclion, puis permission jus-
ipià 0 p. lOU (forf. Th. i, 33, 3-»: Cod. Just. i, 3i, 26). — 2 Sauf, sous Com-
mode, 50 dviiiers comme présent di; nouvel an (Dio, li, IG). — 3 I)i,j, i, is,
0; C. Jusl. i, 19, (!. - i C. i. l. I, p. 37i (calcnd. Phila-ml.] ■ Suel.
ug. 3S; Cae$. 88; Vil. IJadr. 8; Ftrt.i; Dio, 55, 3; 58, 21 : Tac. Ann. 3,
23; Vit. Gord. Il ; Uadr.i; OiU. 2; Plin. Ep. i, II, IG. — 5 Suel. Àug. 33.
- 6 Tac. Ann. 1, 74. — ' Suel. Coi. 7; Vit. Comm. 6; Atb. 12. — 8 Diij. I,
lli, » ; l)io, 53, 15 ; C. in», lat. 3 suppl. 725; Hlin. Ad Trai. 10, 7',l, 80. — 9 Suel.
ï'ift. I ; C. I. /.2, U23, 1167; 3 suppl. 7o86 ; Tac. Jnn. 3, 60 ; 12, 61, 62 ; 13, 4.
d'y Iranclier toutes les afTaires qu'il leur plail d'exa-
miner ' ; que dès Nerva et Trajan, ils contient dans beau-
coup de villes libres le contrôle des finances à des cura-
teurs, à des logistes, à des légats particuliers [curator,
correctur].
7" Monnaijaije du cuivre [moneta, p. 1978-1979].
8" Droit d'accorder des honneurs of/iciels. — Il vote
par exemple les statues, avec l'agrément de l'Empereur '",
les surnoms honorifiques aux membres de la famille
impériale et aux légions" [principatus, p 050], le triom-
phe [triumpuus], les ornamenta.
9° Pouvoir législatif. — Dès la fin de la République,
les sénatus-consultes commencent à être classés parmi
les sources du droit'- ; à partir de Tibère, les empereurs
laissent en fait le pouvoir législatif au sénat, sauf sur
quelques points particuliers [principatus, p 052] et après
quelques hésitations, les jurisconsultes le lui recon-
naissent également '^ Il l'exerce soit spontanément, soit
il la suite d'oRATioNES principis Les sénatus-consultes
portent sur toutes les matières du droit civil, criminel et
administratif [senatus-consultum] ; et en outre comme
applications particulières on peut signaler: les dispenses
des conditions nécessaires pour les magistratures jusque
vers l'époque de Domitien ; le droit de grâce et les
amnisties [abolitio, inuulgentia] ; la concession du patri-
ciat aux empereurs plébéiens [patricii, p. 349] ; du droit
de marché en Italie et dans les provinces sénatoriales
[nundinae, p. 122]; les dispenses des règlements sur les
jeux de gladiateurs en faveur des villes, concurremment
avec l'Empereur" et jusque vers l'époque de Vespasien,
des déchéances légales qui frappent les célibataires et les
gens sans enfants'''; l'établissement de fêtes régulières
et les modifications au calendrier'"; les autorisations
aux associations dans l'Italie et les provinces sénatoriales
[COLLEGIUM, SODALITAS] ".
Bas-Empire. — I. Généralités. — Le régime de Dio-
clétien et de Constantin qui supprime définitivement
la dyarcliie d'Auguste et transporte la capitale de Rome
à Milan, puis à Ravenne et dans d'autres villes en Occi-
dent, à Conslantinople en Orient, enlève prescjue toute
influence politique au sénat en tant qu'assemblée, mais
augmente encore l'importance de l'aristocratie sénato-
riale dans les fonctions publiques et dans la société '^
II. Recrutement et séances. — La plupart des anciennes
conditions subsistent ; il parait y avoir toujours un cens,
mais nous en ignorons le chiffre ; l'examen des fortunes
appartient aux censuales; la condition sénatoriale est
héréditaire, et les jeunes clarissimes doivent déclarer leur
fortune à l'âge de dix-huit ans". Le mode principal
d'entrée au sénat est toujours la gestion, maintenant
obligatoire, par les jeunes clarissimes de la questure et
surtout de la préture qui ne représentent plus guère que
l'obligation de donner des jeux coûteux [praetor, p. 031-
032; 0UAESTOR, p. 800]. Maison entre dans la classe séna-
toriale de quatre manières principales : 1° par l'obten-
— H' Sud. Ctaud. 9; Olh. I ; ri*. 65 ; Coi. 34 ; Tac. .Xiln. 3, 72 ; 4, 2. 2, 3; 15,
172; .igric. 40; Dio, 71, 3; 09, 25; Plin. Ep. 2, 7, 1 ; Vil. Mare. 2; Alner. 6, S;
C. i. 1. 6, 1377. — Il Dio, 00, 15. — 12 Cic. Top. 5, 28 ; Verr. 3, 78, 181 ; Bruns,
l. c. n» 17 (Ici d'EsIc), I. II.— 13 Gai. 1,4; Jnalit. I, 2, 5. — Il Tac. Aiin. 13,49;
Plin./'«n. 51; Dio, fi'.l, 14; Suct. liù. 34; C. i. l. 2, 6278. — 13 Dio, 55, 2; Tac.
Ann. 3, 25. — "i Tac. .Ann. 2, 32; la lucnlion feriae ex S. C. sur les calendriers.
— 11 />!!/. 48, 22, 3 § 1 ; Plin. Pan. 54; 6'. i. /. 3, 7000; G, 1416.— 18 Voir écri-
vain, Le sénat romain depuis Dioclêlien à Honte et à Constantinople. — '9 Cod.
Theod. 6, 4, 4; 6, 5, 32 ; 0, 2, 8 ; Symraacli. Ep. 10, 67; Cassiod. Var. 3, 6.
SEN
1197
SEN
lion des rot/iri/ti c/arissinialus ' ; i" par la cooptation
du sénat, sur la recommandation de patrons sénateurs
et avec la confirmation de TKaipereur-; 3" par l'élévation
à une diarge d'illustre I^illistresJ, de respectable {sppclo-
hilis) ou de clarissime qui comporte tacitement Tintro-
diidion dans l'ordre sénatorial; 4" parles déci-ets j^éné-
raux qui confèrent le clarissimat à des catégories diverses
de fonctionnaires soit au bout d'un certain temps de
service, soit comme retraite^. De ces nouveaux claris-
simes la plupart n'entrent au sénat que dans la dernière
classe, avec le titre, probablement créé par Constantin, de
la consularilas' \ mais ils reçoivent le plus souvent en
même temps de l'Kmpereur la dispense de la lourde
charge de la préture, sous le nom d'adtectio et s'appellent
adiecti et iminunes '. Or dans le courant du iV siècle
presque tous les litres s'amplilient; par exemple, les
préfets du prétoire, de l'annone, des vigiles, les vicaires,
le comte des domestiques, les maîtres de la milice, les
deux comtes des finances, les comtes de première classe,
tous les gouverneurs deviennent au moins clarissimes'';
le grand nombre des fonctions soit anciennes, soit nou-
velles qui donnent ce rang a donc pour résultat d'aug-
menter considérablement l'ordre sénatorial et le cliitfre
des sénateurs ell'ectifs. Ils proviennent soit des anciennes
familles, soit des classes inférieures qui fournissent
maintenant un très grand nombre de fonctionnaires',
soit aussi des curiales qui, malgré les prohibitions de
plus en plus rigoureuses des empereurs, emploient tous
les moyens, fraudes, achats de brevets d'anciens fonction-
naires, de clarissimat, entrée dans les services publics,
pour fuir la curie et arriver à l'ordre sénatorial" [ue-
ciRio, SENATCS MixiciPALis]. Au sénat, l'ancien classement
d'après les magistratures est remplacé par le classement
général en clarissimes, respectables et illustres, dans
chaque groupe d'après le rang des fonctions réelles ou
codicillaires'; il y a toujours une sorte de prinreps
sena/iix, le sénateur interrogé le premier, le plus impor-
tant des illustres'". Le préfet de Rome dresse tous les
ans l'album". Dès l'époque de Dioclétien, une bonne
partie des sénateurs, soit fonctionnaires ou en retraite,
les honointi*'' ou en exercice, soit propriétaires fonciers,
ne viennent plus au sénat '^; des lois de 443 à 4o(t dis-
pensent ensuite de la résidence dans les deux capitales
les deux classes des clarissimes et des respectables";
dès lors, il n'y a plus guère que les illustres qui siègent
réellement au sénat et y aient le droit de sufTrage ; il en
est encore ainsi en Occident sous les Ostrogoths, et en
Orient sous Justinien '\ 11 y a deux séances par mois,
trois en janvier"'.
111. Carrière sénatoriale. — Pour les jeunes claris-
simes la carrière est beaucoup plus large et plus variée
I Cad. TU. 12, 1, 42,74. -3 C. Th. Il,, 4, V;Symniaeli. Or. 6, 7, c. 7-8;
Ep. 10, 25. — 3 Symmach. Ep. 3, 87. — i Euseb. Vit. Consl. i, 2;
C. Th. C, 2, 8 ; C, 24, 8-0; C, 27, 5 ; 12, 1, 74. — i C. Th. 6, 2.1, I, 4; 2, 10 ;
Symmach. Ep. 7, Sli, 96; 10, 25. — 6 C. Th. 14, 3, 15; 14, 4, 9; 12, 1, 38 ; H,
18, I ; C, 7, 1 ; 6, 9, 1, 2; 12, 1, 133; 6, 13. 1 ; G, 20, 1 ; Xolil. Or. 24-43. Occ.
22-44. Voir Hirsclifelii, Die Jianylilel der rùm. Kaiaerzeit {.titzber. der Berl. A kad .
1901, 1, p. 579-610). — 7 C. Th. 6, 4, 13 ; 12, 6, 122 ; C. Just. 12, 1, 9. — « f. Th.
12, I, 26, 29, 41-44, 48, 50-34,37, 74-75, 130, 133, 159, 100; Sav. Theod. Il, lit.
14; C. Juat. 10, 32, 67; Ammian. 22, 9, 12. — » C. Th. 6, 4. 12; Isidor. Etym.
9, 4, 12. — 10 Laclanl. Inat. 1, 10, 8 ; C. ina. litl. 6, 1098; C. Th. 6, 6, I. Il ciisie
encore sous les Oslrogollis, >|cioi<|u'alors le préfet de Kome ail aussi la prcniiùic
place (Anonym. Vales. 53: Cassioil. Viir. 1, 15; G, 4, 9, 21). - " Symmacli. Ep.
10, 57, 62 ; C. Th. 12, 1, 4S. — 12 C. Th. 6. 25. 7 ; 12, 22, 5; 6, HK 1 ; 9, 30, I :
C. Juat. 10, 30, 3; Ammian. 29, 1, 9. — 13 C. Th. 6, 4, Il ; 1 1 , 16, 14-13. — 14 f.
Jast. 12, 2, 1; 1, 39, 2. — l'o Ihid. 3, 24, 3 ; 12, 16, 3 ; 9, 3S, 11; /Jig. I, 9, 12 J 2;
(\na sous le Haut-Empire, puisqu'il n'y a plus qu'une
seule adminisiralion. Ils sont d'abord en général iiolurii
du consistoire, avocats, assesseurs de magistrats, doine.s-
tiri et jtrolerlores, comtes du consistoire, puis, après la
jirélure, arrivent rapidement aux charges supérieures.
Constantin leur a ouvert de nouveau la carrière militaire
[l'HOTECTOKES].
IV. Rapports avec les empereurs et avec le préfet de
Hnme [pri.ncipatis, p. 657; praefectls irbi. p. Q^il],
V. Attributions. — 1° Aomination, avec confirmation
impériale, des consuls suffects, des questeurs et des pré-
teurs''. 2° Discussion et néf/ocialions auprès de l'admi-
nistration impériale sur les impôts et les autres charges
des sénateurs'*, "i" Législation. Le sénatus-consulte est
toujours théoriquement une source du droit"; en fait, il
n'intervient que comme base et avant-projet d'une consti-
tution impériale qui s'en approprie l'esprit et le contenu,
sur le rapport du préfet de Rome-". Le sénat reçoit aussi
des édits, des lois, des oraliones des empereurs, avec
l'adresse adsenatum owconsulibus.praetoribus, tribunis
plebis senatui suo. Ces documents sont lus par un fonc-
tionnaire, maître des offices, primicier des notaires, pré-
fet de Rome ou par un sénateur-'. En 445, d'après une
nouvelle de Théodose II et de Valenlinien III, les lois
doivent être discutées à Constanlinople entre le consis-
toire et le sénat, et ce système appliqué en Orient et
même en Occident prépare la réforme de Justinien".
4" Juridiction. Il continue à juger des crimes de haute
trahison, de lèse-majesté-', -ô" Administration de Home.
Le sénat est devenu une sorte de conseil municipal de
Rome; il assiste le préfet de Rome dans la direction de
la caisse romaine [arca], de l'Université de Rome, fixe le
traitement des professeurs, collabore sans doute par une
commission à leur examen -', fournil de l'argent pour les
monuments publics, la nourriture du peuple, pour la
caisse^"', élève des statues soit aux empereurs, soit, avec
l'autorisation impériale, aux grands hommes-"; il a
comme chancellerie le bureau municipal, les decuriae,
composées de quatre divisions : scribae, librarii, cen-
suales, fiscales, qui ont chacune un Judex, et comme
chef commun le magis/er census, qui rédigent les actes
du sénat, tiennent à Rome les registres de l'état civil,
enregistrent les donations, reçoivent les testaments,
dressent le tableau des fortunes sénatoriales pour la
répartition des prétures ^deccrulis]-\ Dix sénateurs
assistent le préfet de Rome et le préteur spécial pour la
nomination des tuteurs à Rome ^*.
VI. Histoire religieuse. — Le sénat intervient natu-
rellement à Rome dans les affaires religieuses. Sous
Constance il parait se prononcer pour l'antipape Félix
contre le pape Libère-". Sous Gralicn, Valenlinien II et
Sidon. 1, II; Cassiod. Var. 6, 15; 7, 37-38. — 16 C. i l. 1, p. 383. — n //jùl,
Symmach. Ep. 10, 66 ; C. Th. 6, 4. — l» Symmach. Ep. 2, 57 ; (0, 28, 33 ; 6, 62 ;
f. Th. 6, 13, 13 ; 6, 2, 10 ; 6, 4 ; I, 2, 21, 23, Ï7. — 19 C. Jusl. 1, 16, I ; l„st. 1,
2, 3. —20 en. 6, 24, Il ; C. Jual. 1, 14, 3; Symmach. i'p. IO,-28; i\oi: Théo-
dos. H, lil. 15, 1 ; Aov. Valentin. lll, lit. 13, 1. — 21 Symmach. Ep. 10, 2;
C. Th. 1, 4, 3; praef. iréceplioil du code Tliéodosien;. Voir C. Th. hi. Hatniel,
p. 82 ; éd. Mommsen, I, 1, p. CLXV-CCCVl. — 22 C. Jusl. 1, 14, 8; Aor. â/arl.
5, l ; Nov. Major. 1, 1. _ 23 Ammian. 28, 1, 22; Symmach. 4. 4 ; Zos. 3, 10;
Sidon. I, 7. — 24 Symmach. I, 79; C. Jusl. 12, 15, /. un: C. Th. 13, 3, 11.
— 25 Symmach. Ep. 2. 7; 6, 14, 26; C. i. l. 6, 1750; C. Jusl. 12, 3, 2; C. Th.
6, 4, 13 § 2, 4. — 26 C. ins. lat. G, 1139, 1141, 1187-90, 1083, 1698, 1710,
1713, 1721, 1723, IT35, 1743, 17S3, 1789. — 27 C. Th. 14, 0. 4, 13-26; 6, 2, 11,
12, 13; 6, 28, 5; 8, 9, 1 ; 8, 12, 8 ; 4, 4, 4 ; Symmach. Ep. 10, 43 ; Cassiod.
Var. 5, 21-22. — 28 C. Th. 3, 17, 3 ; C. Jusl. 5, 33. — -'9 Tlieodorct. 2. 13; Fausl
elAlarcclI. Lib. prtc. i.
SEN
1198 —
SEN
Théodose, pour obtenir le rétablissement dans la curie
de l'autel de la Victoire, supprimé en 382 ', le parti
païen du sénat soutient une longue lutte qui, malgré la
renaissance épliénièi'e du paganisme sous Eugène et Ar-
bof;ast -, se termine par sa chute déliuilive. Sous llono-
rius, le sénat, entièrement clirétien, contribue à la défaite
de l'antipape Eulalius et au succès du pape Boniface '.
Sous Valenlinien III, une partie du sénat assiste au
synode qui condamne les manichéens'.
VII. Situation du s<'nat et de l'aristocratie séna-
toriale. — A. Droits et dei^oirs légaux. — Outre les
anciens signalons parmi les nouveaux : la défense de
donner aux fils des sénateurs des curiales pour tuteurs ■';
la défense aux sénateurs d'épouser une esclave, aflran-
cliie, fille d'all'ranchie, cabaretière, actrice ou autre per-
sonne de basse condition " ; l'obligation pour le gouver-
neur de consulter les nobles de la province pour marier
les veuves et filles de sénateurs '; le droit de recueillir
certaines libéralités testamentaires, attribuées ordinai-
rement au fisc *; la dispense de la question, sauf pour la
lèse-majeslé '■'; le renvoi de leurs procès civils, quand ils
sont défendeurs, devant le préfet de Rome jusqu'à Gra-
lien, qui lesrend justiciables, quand ils résident en Italie,
des préfets de Rome, du prétoire ou du maître des offices,
en province, des gouverneurs'"; une juridiction privi-
légiée, au criminel, après Constantin, d'abord devant
les préfets de Rome et du prétoire, puis, depuis Gratien,
devant le seul préfet de Rome assisté de cinq sénateurs
ou devant l'Empereur"; le droit et pour les illustres
l'obligation de se faire représenter au civil et même
quelquefois au criminel par des procureurs'-; des privi-
lèges judiciaires spéciaux pour les illustres, le droit de
pénétrer et de s'asseoir dans le secrctarium des gouver-
neurs et de les saluer les premiers'".
B. Impôts. — Les fortunes sénatoriales supportent :
1° les frais des prélures ; 2° Yaurum oblatitium. versé au
début de chaque règne, aux Quinquennalia, aux Decen-
nalia, quelquefois aussi au troisième lustre'* ; 3° depuis
Constantin jusqu'à 450' ■, le follis (aurum glebale, gle-
balis collatio, descriptio senaloria), impôt des terres
sénatoriales, et qui s'élève selon les fortunes à 2, 4 ou
8 folles"^' ; eri 393 il est abaissé pour les plus pauvres à
7 solidi par an, au moins en Orient''; il frappe même
l'Empereur considéré comme sénateur, les femmes et les
enfants'*; il comporte beaucoup de dispenses, surtout
pour les anciens fonctionnaires, déjà dispensés de la
préture" [collatio clebalis]. Les sénateurs paient,
comme tous les propriétaires, l'impôt foncier, et subissent
1 Ambras. Ep. I, 10; l(i, 17, is, m, 57; De o/iit. Val. lH, Svniinacli, Ep. 10.
*l, 61: 3, 5S. 03; I, .-,7, 3; /W. ;i7, 43, 51, 51, 55; l'rmlenl. //, S,,,„mncli. 1.
S55. — 2 Paulin. Vil. .Ambras. M: Cnrmen Pnrisiaaim, »6; Symrnach. Ep.
*, 19; 10, I. — 3 Syniinacli. lu. Tl-SO. — » Léo. Ep. 7, 8, 15. — 5 (,'.
Jasl. S, 33. 2. — C C. Th. 4, li, 3; Ao«. .Marlian. 4. _ 7 C. Th. 3, 6, 1.
- » A'oi'. .Uajorian. 10. — 9 C. Th. 9, 35, 1-3. — 1" C. Jusl. 3, ii, 3 ; 3, 24,
i. — Il C. Th. 2, I, 12; 9, 1, 13; 9, Iti. 10; 9, 40, 10; Symniacll. Ep 2, 33; 9,
51. — 12C. Jmt. i. 12, 23 ; 9, 35, 11 ; 9, 2. 15. — 13 C. Th. C, 20, 10; 6, 24, 4;
C. i. /. « siippl. 17896. — li Symniacll. Ep. 2, 57; 10, 33. — Ib Zos. 2, 38;
C. Jusl. 12, 2, 2. — 10 Lilian. Ep. 254, 253 ; C. Th. 0, 2, 8, 10, 10, 17, 19, 21 ; 6,
4, 21 §0: 6, 23, 1; 11, 28, 4; C. Jusl. 12, 2; Symniacll. Ep. 4, 61; Boet. De
ton». 3,3 ; Virteres glossae (Ollo. T'Acjnur. >r. rom.), III, p. 817. D'ajirès ce dernier
elle le follis aurait valu une livre d'or ou 72 solidi. d'après l'opinion plus pro-
bable de Seeck (Cauly-Wissowa. //tfl/.JÏnryc/op. s. v.coi/a/iu j(e6o/is), seulcmciil 9
sod'rfi. — " C. Th. e, i, 10, 18. — 18 C. Th. 9, 2, 1 ; 6, 2, 7, 17 ; 9, 14, 3.
— 19 Symmach. Ep. 4. 61 j C. 27i. 0, 2, 18, 21 ; 6, 23, 1, 2; 6, 24, 7 ; 6. 26, 7 ; 0,
28, 22. - 20 c. Th. 15, 3, 3, 4, 6 ; 7, 8, 3, 10; 7, 13, 12-14; Aoi). Valentin. III,
6 I 3. - 21 C. Th. Il, 26 ; 13, 1 1 ; C. Jusl. 10, .10 ; Aramian. 18, 1, 1 ; Salvian.
De gub. Dei, 5, 7, 8; 7,21. — 22 C. i. /. 10, 3732, .3846; 9, 1561. — 53 C. Th.
en principe la plupart des charges patrimoniales, des
munera palrimonii-", sauf les charges mixtes et la levée
des impôts; mais ils sont dispensés, en général, des
munera personnels, des munera sordida [munis, p. 2041-
204.5] et deVadJrctio [tkiiii'tvm]. En outre, probablement
de 3()1 à 377, les terres sénatoriales sont soumises à un
mode particulier de perception de l'impôt foncier pro-
tostasia] et environ de 361 à 39tj les intérêts des séna-
teurs sont défendus dans les provinces par les defen-
SORES SEiVATi's. filnfin, la répartition, la péréquation de
l'impôt sont faites pav dos perner/uatores, des discussores,
généralement fonctionnaires ou anciens fonctionnaires
de la classe sénatoriale, qui favorisent les sénateurs,
grands propriétaires, au détriment des autres classes-'.
C. Itôfe dans la prorince et In cité. — Le sénateur y
est tout puissant par ses privilèges légaux, généralement
par sa qualité de fonctionnaire ou d'ancien fonctionnaire
et par sa fortune foncière II est en dehors des curies ; il
ne gère plus que par exception la charge de curalor civi-
tatis-' [cuRATOREs] ; dès 387, il cesse de gérer celle de
DEFENSOR civiTATis-% mais il continue à jouer un grand
rôle dans les affaires de la cité ; il intervient dans la nomi-
nation des tuteurs et des professeurs-', dans l'établisse-
ment des impôts; il est encore souvent le patron muni-
cipal -•' [PATROM'S COLONIAE, p. 358] ; il assiste de droit aux
assemblées provinciales et il en est souvent le député
auprès de l'Empereur-'"' [concilu'm] ; ce sont les familles
sénatoriales qui fournissent la plupart des évèques'^". Il
ne faut donc pas s'étonner de la puissance, des usur-
pations de la noblesse sénatoriale, de la tyrannie exercée
par les sénateurs, les patentes [latifundia, p. 965-966].
VllI. l.e sénat de (^.onstantinople-*. — Créé par Con-
stantin'-' qui y amène plusieurs nobles romains'", pourvu
de droits d'abord inférieurs, puis, sans doute dès Con-
stance, égaux à ceux du sénat de Rome'^', dirigé par le
préfet de Constantinople'- qui remplace en 359 le pro-
consul", il a la même organisation, le même rôle muni-
cipal '*, la même évolution que celui de Rome. En outre,
il est adjoint quelquefois dès Arcadius. régulièrement
depuis Justinien, au consistoire pour former le tribunal
impérial'". Son rôle politique et religieux est beaucoup
plus important qu'à Rome. 11 intervient très activement
dans l'élection des empereurs jusqu'à .lustinien'" ; lutte
contre les usurpateurs, contre la tyrannie d'Eutrope et
de Gainas'' ; négocie, jure les traités avec les barbares'".
Il envoie souvent une délégation aux conciles, prend
part à toutes les querelles religieuses'''.
Le sénat de Rome, comme celui d'Athènes [boulé] a
)_ 29, c. — 2i r. .Th. 3, .30, C; 13, 3, 5. -
60S3, 7345; 9, 1.508, 29."i0, 1589; 0, 10»l-91. -
12 § 1, 13 ; 12, 1, 186 ; Cassiod. Var. 8, 12 ; .Sid(
2 ; 4, 4, 17, 21 ; 7, 5, 4; Forlunal. Carm. 4, 15,
23 C. i. I. 10, 1702, 3857, 3600,
2.-. C. 'Jh. 0, 20, ;. un.; 12, 12,
m. Ep. 1, 3, 5, — 'i^Sidon. Ep. 2,
17; (iiegor. Tur. Hisl. Eranc. I.
29, 39; 2, 2. 1 1 ; 6, 39.— 28 Voir Lécrivain l.i: p. 217-226; Ellissen, Der Senal
im oslrnm. Iliich. Giiltingen, 1883. — '^ Soznin. i, 3; Pliiloslorg. 2, 9:
Tbemisl. 0/'ii(. 4, CO, 4; Chron. pasch. p. 529; Anonijm. Villes. 0, 30; Euseb.
Vit. Consl. 4, 07; Ammian. 23, 2, 4; Mamerlin. l'nn. Jttl. 2». — 3» Zosiiii.
p. 97, 19. Voirdu Fresne, Conslanl. christ, p. 165. — SI Tbemisl. Or. 3; C. Th.
6. t. 5-10; 7, a, 1 ; 11, 1,7 ; 11, i5. 1 : 15, 1. 7 ; 12. I, 48: 13, 1, 3. — 32 Socral.
2, 41 ; Soiom. 4, 22; C. Th. 1, 0, I ; C, 4, 10; Chron. Paseh. p. 543. — 33 Soil
spécial, soil celui de la provinced'Europe (Socr. 2, 42; C. 7'/i.0,4. 8, 9). — 34 |,i.
ban. Vit. p. 27; C. Th. 6, 4. 13; 6, 21; 14, 16, 1; Aor. Marlian, 2, 1-5.
— 3:. Lyd. Ùe mat/. 3, 10. 27 ; i\oi: 62, 1 ; 124,1 ; Procop. Hist. arc. 1 4. — 36Tlie-
inist. Or. 13. 18; Priscus, fr. 1, 5; Zonar. 13, 24; 14, 3; Ccdren. p. 344, 357.
Evagr. 2, I; l.con. Ep. 73 (Miglie, p. I, t. 54): Porpbyrog. 417, 92; 426, 93.
— 31 Zosim. 4, 43; 3, 13, 20. - 38 Zosim. 4, 20 ; Malclius, fr. 11, 15. — J'Evagr.
2, 18 ; Zonar. 14, I, 2 ; Cedrcnus. p. 357, 632 ; Tlieuplian. Ad ann. 467. 506 ; Evagr.
3, 32; Anonym. Vales. 9, 43-44; l,eo gramm. 116, 18.
s EN
1109 —
S EN
Fig. 03011. _ Le S.-Mi
lions BOYVH
élé personnilié par Tari. Ce ne sont pas seulement les
villes d'Asie qui onl consacré son image, comme elles
lui ont élevé des
temples ' à l'épo-
que impériale : on
le voit sur les mon-
naies- ligure sous
des traits mascu-
lins ou féminins
n,.,iw.-Fis.o«u. (fig- G300 et 03OI),
avec les désigna-
lEPA BOTVH, ZYNKATOI ou
lEPVZIYNKVHTOZ 0EO2 ou 0EA YNKAHTOZ- On
le reconnaît encore représenté par la sculpture à Home
même, dès le temps d'Auguste dans la frise de l'Jra l'ucis ■"
sous l'apparence d'un personnage d'une majestueuse
beauté, à demi-couvert par une toge relevée sur la tête
pour le sacrilice ; sous des traits à peu près semblables,
placé derrière l'Empereur, sa toge et la tète découverte,
sur un bas-relief du temps d'Hadrien '. Cn. Lécrivain.
SEXATLIS-COXSULTUM —\. Le vote du sénat romain ,
ratifiant un vote du peuple, est une patrcm avctoritas,
dans les autres cas un senatus-consultum^. — Ce mot
impropre n'indique pas les rôles respectifs du magistrat
président et du sénat; le mol décret um, plus exact, peut-
être officiel au début, ne s'est maintenu plus lard que
dans le langage courant-; le mol sentent ia a été aussi
employé ' ; jusqu'à la fin de la Répui)lique, la formule de
senatus sententia apparaît concurremment avec la for-
mule ex senatus consulto (ex. s. c.)^- L'emploi du nom
de l'auteur pour désigner le sénatus-consulte (par exemple
s. c. Hosidianuin) est une innovation de l'Empire'. Le
vote du sénat, contre lequel s'est exercée une interces-
sion, est conservé par écrit, mais ne vaut que comme une
simple senatus auctoritas, sans force légale*. Sur les
objets, la discussion et le vole des s. c. nous renvoyons
à l'article senatus, sur la rédaction des procès-verbaux
des séances aux articles acïa se.natus, ab actis senatis.
La rédaction officielle des sénatus-consulles [scHUiEiiE,
I'ERSckibeke] ^ a lieu dans le local du sénat, immédia-
lemenl après le vote, ou après la séance', soit de mémoire,
I Cr. Tac. Ann. IV, 15; tb. j3 n. I. — 2 V. p. 101)5, n. 3 el de Wille, /(f.
nnmism. ISfiî, p. 106. Les fig. 6300 cl 0301 leproduiscul uu bronze de Blaundus
cn Lydie cl un aulrc d'Aplirodisias cn Carie, (Duruy, Hist. des Grecs, l. lil,
p 473 cl 4K6). — J ra5<(ui, Holhie J. .Scaii, 1873, p. 1(3; SIrong, Iloiiuin sciitpl.
\t{. Mv, fragment au Jlusie des Tllcrincs. — 1 Au Uapiloie, palais des Couser-
valeurs, llelbig, Fiihra- >, p. 5(>i ; Barloli, Admlr. /loman. VI ; Brunn cl Bruck-
nunn, Oenkituder, Ï6S a. — Bibi,éi,uh,m.hie : Kubino, Von dem Seiiate imd
dem Patricmle {f'nlersiiclningen, p. 1 H-i3il, Cassel, 1839 ; Hofmann, />er rôm.
Sénat zm- Zeit der Jlepublik, Ru\\m, 1847; Alhreclil, Der riim. Senal, Vienne,
185i; Kulin. Die sli'idt. imd bûrij. Verfassunij, \, p. 174-iili, Leipiig, ISOi :
Bardt, Hermès, VII, p. l4-i7; IX. p. 303-318; Lange, De plebiscUis Ovinio et
Atinio, Leipzig, 1878; Willcms, Le sénat de la /lépubliçiie romaine; Le séniit
romain en l'an 03 a». J.-C. Paris-Louvain, 1878-1902: Blocli, Les oriijines du
sénat romain, l'aris, 1883; Bouché-Leclcrcij. Manuel des Institutions rmnames,
Faris, 1886. p. 13-iO, 93-108 ; Li-crivain, Le sénat romain depuis Dioctétien a Home
et il Conslantinopte, Paris, 1888; Uomniscn, Hom. Forschungen. 1, p. Ii9-28t;
Manuel des antiquités romaines, lrad.fr. l'aris, 18'J0 OS, l. V, p. 173-183; ii2-
m, tOK-m, 416-447 ; VII, Strafrcchl. Leipzig, 1x90, p. iôl-iOO, Î87 ; Mispoulel,
La vie parlementaire à Home sous la Hé publique, l'aris, 1899; tiroebe. Die Obs-
truklion in riim. Sénat (Ueitrûge zur al'en Geschichte, 5, 2, p. 229-Ï35); Hirscli-
MA, Die rôm. Staatszeitunij und die Acelamationen im Sénat (Sitz. bericlit.
der Uerl.Akad. 1905, p. U30-948| ; Huelsen, Curia, p. 18i2-18Jli (Pauly-Wissowa,
Real-Encyclopodie); Parlscb, Die Schriftformel im rôm. PrSvinzialprozesse,
Breslau, 1503.
SKIMATlîS-CO;>iSULTDM. Eu grec Sôrjjia. On Iruuvc aussi l'expression impropre
auctoritas (Cic. Ad fam. 1, 7, 4; 15, i, i ; De dom. 53, 13G; De leg. 2, 15, 37 ; De
kg. agr. 2, 10, 41 ; Liv. 4, 49, 0 ; 26, 31 ; 7, 19 ; 8, 21 ; 23, 5 ; 30, 44). — 2 Cic.
De leg. i, 4, 10; /n Cal. i, 10, 20 ; ProSetl. 14,32; Pro Mil. 32,87; Pliil. 3, 12,
32; Fcslus, p. 290, s v. statua.— 3 C. ins. lat. 1, 19li. — t Jbid. 1, 100, 114, 200,
soit d'après des notes manuscrites''. Elle incombe au
magistrat relalor, assisté d'une sorte de comité de rédac-
tion oii entrent, surtout par son choix, le ou les auteurs
de la sententia adoptée, ceux qui l'ont appuyée, les amis
du sénateur honoré par le décret, en nombre variable,
d'abord deux ou trois, puis jusqu'à sept, huit et douze'",
sous l'Empire cinq, outre les deux questeurs". L'assis-
tance {auctorita.s) de ces témoins se dit scribendo adesse
(ypasouLÉvco itxpeïva'.) '■-. La rédaction a lieu en latin, mais,
de très bonne heure, il y a eu pour des décisions relatives
à des Grecs ou à des étrangers une traduction authen-
tique, avec une terminologie fixe, généralement assez
exacte'^; le cas échéant, on affiche à Home les deux
textes, le latin le premier, en Grèce et en Orient le grec
seul au moins jusqu'à l'époque de Trajan ". Le s. c. peut
aussi être remis à des ambassadeurs [legatls, p. 1034].
IL Les principau.i; éléments d'un senatu s-consull um
sont : 1° le préambule qui mentionne : les noms et la
dignité du ou des magistrats qui ont fait la relatio [ille...
senatum consuluit) ; le jour et le mois de la séance,
le local (h. octob. upud aedem Duelonai); les noms des
sénateurs assistants [scr. ad/, illi...)''^ ; 2° l'énoncé de la
relatio, amené par la formule : quod illi... verba fecit de
ou ut; tanlôt très court, ainsi, de provinciis consula-
ribus"^, tantôt accompagné d'un résumé des dévelop-
pements faits par le relit tor ou les députés ou les pontifes,
d'un exposé des motifs'"; 3" la décision, amenée par la
formule de ea re ita censuere {d. e. r. i. c.)"; elle est
précédée en outre, quand le sénat s'adresse à un magistral,
de formules qui rappellent son rôle consultatif : si ei [eis)
ridebitur; ou ita uti ei (eis) e republica lîileve sua indea-
tur''' ; elle est exprimée sous la forme d'un avis, parfois
motivé-", placere, senatum exislimare, avec l'infinitif
ou la conjonction ut; quelquefois, s'y joint une clause
ordonnant aux magistrats de soumettre l'affaire au peuple
quand sa ratification est nécessaire-' ; -i° la mention
du vote : censuere, souvent exprimée par la lettre c (en
grec "Éoo^ev), quelquefois répétée après chaque article-^;
et sous l'Empire le nombre des votants. Sous l'Empire
on ajoute, en outre, à la proposition adoptée le nom de son
auteur (sententia dicta tib. ..)'", la mention du simple
1. 12, 93, 199, 347-3»9, 300, 392, 591, 600, 008, 638, 891 ; llacrob. 3. 17, 2; <:ic.
/Je ■tir. 1,2,4; Pro Sest. 22,50; fro ilalb.fi, 19; 24, 53; Pliit. 1, 3, 12; Liv. 23,
7- 5 : Bruns, Fontes, 6' éd. u* 42. — 5 On ne sait le sens du s. c. .Sempronianum
(Cic. .id fam. 12, 29, 2). — 6 cic. Adfam. 8, 8, 6 ; I, 2, 4 ; I, 7, 4 ; .\d Alt. 5, 2,
3 ; De or. 3, 2, 3 ; De leg. 3, 3, 10 ; Dio, 41, 3; 42, 33 ; Liv. 4, 57, 5. — 7 Cic. Ad
fam. 1, 7, 5; 8, S, 4; 10, 13, I ; d(i AU. 12, 21, 1; Cal. 3, C, 13 ; Phil. 13, 21,30;
Caes. «e/. cil'. 1,5, 6. — 8 Plut. }/ar.i;Oc. Adfam. 10, 13, 1. — 9 Valor. Prob
Dejar. noi. I ; Dio, 44, 16.— 10 Cic. Adfam. 8, 9,5 ; 15, 6, 2; De prov. cons. Il,
28 ; .\d AU. i, 18, 2 ; 7, I, 7 ; 12, 29, 2 ; De har. resp. 7, 13 ; Pro red. in sen. 4,
s ; lie or.:i, 2, 5; C. ins. lat. 1, 196, 201, 203; Joseph. Anl. jud. 13,9, 2 ; 11, 10,
10; Le Bas. \oij. arch. iWi; C. ins. gr. 2737. Iluebncr, Ile senatus pupuliqiie
romani actis ', Foucart, .Sénatus-consulte inédit de Vannée 170, Paris, 1872;
l'ick, /te senatus consuUis /toman •rum.-bçiUu, I88L — '* C. i. l. 8, 11451,;
3,7000. — 12 V. noie 10. — '3 Voir Viereck, Srrmo graecus, p. 70-89. — 14 Les
s. c. de Pergamc cl de Cyzique sont cn latin (f. i. l. 3 suppl. 7086, 700O.
— 15 Plusieurs sénatus-consulles ("C. i. l. 1, 203; 10, 1410; Sucl. Z»e c/nr. r/ie(.
1 ; C. i. gr. 2, 2737 ont en tète les indications du .join*, du mois, des consuls qui
proviennent sans doute des registres annuels. — "» Cic. Ad fam. 8, 8, 3. Autres
eïcraples : Cic. Phil. 3, 13, 37; Joseph. Anl. jud. 14, 10, 10. — " 6'. i. /. I,
201, 203 ; Le Bas. L. c. 2903 ; Joseph. L. c. 13, 9, 2 ; 14, 8, 5 ; Gcll. 4, 6, 2 ; Bruns,
L. c. n° 40. — 1» Les dem s. c. de 17 et de H av. J.-C. (Frontin, De aq. 127;
Bruns, L. c. n» 44) ont en outre la formule inutile quid de ea re fieri placerel .
— 19 Bruns, L. c. n" 36, 40 ; Cic. Ad fam. s, 8, 3 ; Phil. 3, 13. 39 ; Suel. De cl.
rhel. 1. — 20 C. ins. lat. 1, 203; Frontin, De aq. 127; Macrob. I, 12, 33.
— 21 Valcr. Probus, i. c. 3; Cie. Ad fam. 8,8, 5; l'ro Clu. 49, 137; Ascon. p. 37.
— 22 Bruns, L. c. a" 35-36. Il ne semble donc pas «lUC ce mol indique, comme le
veut Mommsen, l'absence d'intercession. — 23 C. i. l. 3, 7060. A 13, I, 1,
1668 el 2, 0278 les discours de Claude et du sénateur sont des sententiac insérées
dans les s. c. Voir aussi pour les décrets municipaux, 3, 832.
s EN
1200
S EN
vole per disresniuncm. ot le recueil des s. c. s'appelle
liber xenleiitiarinii in scnalii (iirlurum'. Le inaj^islrat
quia rédigé le s. c. doit le déposer cL le faire enregistrer
soit après la rédaction, soit plus tard, mais en tout cas
avant sa sortie de charge; le dépôt est obligatoire pour
la validité du ,?. c. -. L'enregistrement (in tabulas
/iiibliras rpfrre) est fait ù Varrariiim Saturni, par les
scribae, sous la surveillance des questeurs urbains^; à
partirde 440, les édiles de la plèbe enregistrèrent pendant
quelque temps probablement les s. c. importants pour
les droits de la plèbe au temple de Cérès*, mais ce
régime ne fut que provisoire ; cependant, jusqu'en H av.
J.-C, les tribuns et les édiles soit plébéiens, soit cu-
rules ont joué dans l'enregistrement des s. c. à Vaora-
riuin un rôle inconnu ■'. Les questeurs peuvent de-
mander les preuves justificatives ou les témoins du
titre, mais néanmoins les fraudes ont été très nom-
breuses soit dans le dépôt de litres qui n'ont pas été
votés, soit dans l'altération d'anciens procès-verbaux
ou s. c. ". Les s. c. ont formé, de bonne heure, des re-
cueils divisés par année; les questeurs en délivrent des
copies, signées de témoins privés' et qui indiquent,
par les noms des questeurs et des consuls, le registre
d'où elles viennent, la tablette et le chapitre*. On ne
les grave et on ne les expose qu'exceptionnellement %
sauf ceu,\ (jui sont relatifs au droit international et
dont un exemplaire est déposé au Capitole, un autre
remis à l'État contractant '".
in. Outre les nombreux senatus-consulta dont on na
pas le texte, on peut citer : 1° les s. c. dont le texte a
été conservé en entier ou en partie par des auteurs
anciens, sous la République, les s. c. de philosophis
et de rhetoribus de 101 ", de liastis Martiis de 99'-, de
provinciis consularibus de 51 '^ de Judaeis de 139, 133,
44" ; sous l'Empire, les s. c. sur les aqueducs'' de
M av. J.-C."'', sur le nom Aur/ustus du mois Sextilis,
de 8 av. J.-C. ; sur les associations" [collegiumI ; 2° les
s. c. dont le texte ofticiel a été conservé en entier ou en
partie par des inscriptions : sous la Képublique, les .s-, c.
sur les Bacchanales en 186 [bacchanalia, p. 590]",
sur Delphes en 189 ou en 18(5 (grec), sur les Thishaei
(grec) en 170", sur les Tiburtes en 159-", sur Nartliakion
entre J50 et 146 (grec)-' ; sur Priène en 155, vers 136 et
en 135" (grec); sur Pergame et les publicains proba-
blement entre 98 et 94 (grec) -'; sur la Phrygie en 116 et
sur Astypalée en 108 (grec)-'; sur Stratonicée en 81
(grec)*"; sur les trois alliés Asclépiade, Polystrate et
Meniscus en 78^' (grec et latin) ; sur Oropos et les publi-
cains en 73 (grec et latin) ^" ; sur Mytilène en 62 et en 47
I V. i. I. K, lli:il. — 2 1.iv.3'.l, 4; Cic. l'Idl. li,6,M: 13,3, 19; Cat. 1, 3,4; Jo-
seph. An(.,/i«/. H, 10, 10; Suct. CVits. OV. Depuis 21 av. J.-C. il y a un iiilcrvallc de
tO jours pour les condamnations prononcées par le sénat (Tac. Ann. 3, ."il ; Dio, 57,
in). - 3 Joseph. Ant. jud. I i, 10, 10; l'iul. Cal. min. 17. On a employé des tables
do hois, plus lard du papyrus. — ' l.iv. 3, 55, 13. — 5 l)io, 54, 3C. — e l'Iul. Cat.
min. 17; l.ic. De kf/. aijr. i, 14, 37; Ad Alt. 4, 1S,2; 15, 20, 1; Ad fam. 12, 'J9, S;
y, lï, 4 ; l^hil. 5, 4, 12 ; 12, ô, 12. I.c sénat lait souvent enlever du registre un s.
c. abrogé et remplacé par un autre (Liv. 42, 9, 4; Tac. Ann. 0, 2). — 7 Sept dont
les deux scribes à C. i. l. 8, 11451. — » Joseph. Ant. jud. 14, 10, 10 ; C. i.
I. S, 114.Ï1; C. i. ijr. 2737; (^ic. Ad Alt. 23, 33, 3. — 3 C. i. /. 1, 190.
- 10 Suet. Vesp. K; Liv. 24. 20; Appian. Sijr. 39; C. i. gr. 3879, 2485 ; Joseph.
/.. c. 12, 10,0; 14, 10, I, 10, 20; Cic. Pl,il. .S, 4, 10; l'olyb. 3, 20. -" Suel. /le
clav. rliet. 1 ; liell. 15, 11, 1. — 12 Gell. 4. 0, 2. — 13 Cic. Ad fam. S, 8, 5.
— I' Joseph. L. c. 14, S, 5; 13, 9, 2; 14, 10, 10. — i:. Fronliu. De ai). 127.
- I« Macrob. 1, 12, 35. - 17 C. i. /. 14, 2112. — I» llml. 1, 190. — 13 Bruns,
!.. c. 30; Jnscr. gr. tepl. 2225; Viercck, i. c. n" 10. — 20 C. i. t. 1, 201 ;
I 4, 3j84. — 21 Viercck, /.. c. n« 12. — « /bid. n" 28, 13, 1 4. — i3 /bid. n» 13. On
ne sait si les 32 noms de sénateurs qui s'y trouvent, désignent un nombre exception-
(grec) -" ; sur .Aphrodisias en 42 (grec et latin)-"; sur
Stratonicée (grec) "' ; sur le pagus Montanus de Rome^' ;
sous l'Empire les s. c. sur les Jeux séculaires de 17 av.
J.-C.^-, sur la défense de démolir les édifices entre 44 et
46, et en 56" ; sur le jus honoruni des Gaulois (discours
de Claude) en 48''; sur la concession des pouvoirs à
Vespasien [principatis, p. 649]"; sur les foires du sa/lus
Ber/uensis de 138"'; sur une corporation de Cyzique";
sur la diminution des frais des jeux de gladiateurs (avis
d'un sénateur)'*.
Enfin, sous l'Empire, les principaux s. c. législatifs qui
portent un nom certain sont les suivants : le s. r. Apro-
nianuin, sous Trajan ou sous Hadrien, qui accorde aux
villes le droit de recueillir des legs et des lidéicommis " ;
les s. c. Articuleianum, Dasumianum, Juncianum,
Jiubrianum, Vitrasianuin. Larrjianum sur les affran-
chis et les Latins Juniens [libertus, p. 1210-1211]; le
s. c. Colvisianuni sur le mariage impar entre un homme
de plus de soixante ans et une femme âgée de moins de
cinquante ans'"; le s. c. Claudiamun sur l'union d'une
citoyenne et d'un esclave [sERvrsl; le s. c. Claudintium
sur les honoraires des avocats [PATRO^'l;s, p. 357] ; le
s. c. Claudinnuin sur la tutelle des femmes nubiles";
le .S', c. Jurenlinnum de 129 sur l'action en pétition
d'hi'rédité'- ; le .s'. c. Lilwnianiim de 16 sur la rédaction
des testaments [testamentvm]; le s. c. Licinianum sur
le faux témoignage"; le s. c. Macedonianuni interdisant
les prêts d'argent aux fils de famille'*; le s. c. Messa-
lianum de 20 sur les faux '" ; le s. c. Neronianum sur
les legs'"; les autres s. c. Neroniat\a, le Pisonianum
complément du Silanianum, le Memmianttm contre les
adoptions simulées"; less. c.Or/itianuin, Tertultianuin
iiiERES, p. 129; iMATRiMONii'M, p. 1661]; les s. c. Plan-
cianum, Pegasianum, TreheUianum [fideicommissi'm,
p. 1114]; un autre .s', c. Plancianuin [divortr'm]; le s. c.
Sabiiiianum[A\wvnQ]\ les. c. Silanianum, complété par
le s. c. Aemi/ianum et un s. c. A'eronianum sur la
torture des esclaves et atTranchis après l'assassinat du
maître [ouaestio per tohmenta]"*; le s. c. Turpilianum
[calumnia]; le s. c. Velleianum [intercessio, p. 555]; le
s. c. Volusianum |^vis] ". Cii. Lécrivain.
SEiXATUS MliXICIPALIS. — RÉPUBLIQIE ET Hai'T-
Empire. — Dans le droit municipal romain, dont l'origine
et le développement ont été exposés aux articles macis-
TRATi's MUNICIPALES et MUNiciPiL'M, il y a, comme à Rome,
trois pouvoirs essentiels : le peuple, les magistrats et le
sénat. Toutes les localités, pourvues du droit urbain, c'est-
à-dire miinicipes, colonies, préfectures, fora, concilia-
bula, quelquefois les canabae', les anciens saltus
nel de témoins ou les sénateurs présents à la séance. — 24 Jbid. n" 29, 21. — 25 J/jjd.
uo 10. — 2Cf. ms./(iM,203.— 27 Viercck, n» IS; /. j/i-.sp;)<. 413. — 2* Viereck, n°23,
39 ; Uittcnberger, Sylloge, 349. — 29 c. i. gr. 2737 ; Bruns, i. c. 41. — 30 Viercck,
n" 20. — 31 C. ins. lai. C, 3823. — 32 Bruns, L. e. n' 44. — 33 C. i. l. 10, 1401.
— 34/4irf. 13, 1, 1,1008.— 35/4. 0,930. — 36 76. 8, 11451. — 37 M. 3, 7000. — 38 76.
2, 0278. — 39 Ulp. Jteg. 24-28 ; Dig. 30, 1 , 20 ; 3, 5, 20. — W Ulp. Jleg. 10, 3 ; Suet.
Claud. 23; C.Jtiat. 5,4, 27. — tl «ai. I, 157 ; Ulp.fle.». 11, 8.— «2 />isr. 5,3, 20 §0.
— 43 Dig. 48, 10, 9 § 3 ; Coll. leg. A/os. 8, 7, I. — 44 Dig. 14. 0 : C. Jitst. 4, 28.
— 45 Dig, 48, 10, 1 § 1 ; Coll. leg. Mos. 8, 7, 2. — 46 Gai. 2, 197, 212. — 47 Paul.
Sent. 3,5,5; Tac. Ann. 13, 22; 15, 19; Dig. 31,2, 51 § I. - iSDig.iV, 5; C. Jiist.
0, 33 ; Paul. Sent. 3, 5; Tac. Ann. 14, 42. — *9 Dig. 48, 7, 0. — Biiic.ionnAPHiE.
Itudorf, /^oHi. //trcA/5(7esc/i(cA/e, Leipzig, 1857, g 45; Karlowa, Hom. /techtsgesch.
Leipzig, 1883, I, p. 517-526, 641-044 ; Hiibncr, De senatui: poputique romnni nclis,
Leipzig, 1800, p. 10-31 ; Willenis, Le sénat de la République romaine, Paris-Lou-
vain, 1S83, II, p. 199-223; Mommsen, Le droit public, trad. fr. Paris, IS91, t. Vil,
p. 185-219; Viercck, Sermo graecus, Giillin!;. 1888 ; l'ick, fle senalus consullis
Jiomanorum, Berlin, 1884, et la bibliographie de l'ailicle stsATUs.
SENAÏDS MUNICIPALLS. 1 C. ius. lat. 3, 1093, 1100, 1214, 4298.
SEN
— 1201
SEN
dt'vcfliis villes ' , sauf les riri et les rastrlla -, ont un sénal :
on le trouve aussi dans (|uel([ues payi d'M'rique ^
I. Auin. — A l'origine, en Italie comme à Itome, on
trouve les mots xt'niitiis, senatorps ' ; on ne les reneontre
dans la Cisalpine qu'à A(|uilée et que tlaus plusieurs
provinces : Afrique, Sardai}<ne, Corse, Kspagne, Narljo-
naise, Moesie ''. On a aussi employé le mot coiisrri/ili '^,
exceptionnellement les termes ceutumviri' , judirex*,
ilcriiriales ''. Mais de bonne heure, les termes ofdciels
sont pour le sénat ordo, pour le sénateur decurio, prolia-
l)lemenl le repr(''sentanl primitif de la décurie dans la
colonie de 1 OOU individus'"; le corps social s'appelle,
par consé(| ueni , ordo et jio/ni/us, ordo et plehs ou et cires,
deciiriones et popu/us ou et muiiicipes ou et p/ebs, res-
pu/jfica et ordo, senatiis pnpuhtsrjiie'^.
II. Nombre et recrutement. — Le nombre primitif el
normal des sénateurs est de 100'^; quelquefois par
exception de 50, 30"; fixé légalement, il ne peut être
dépassé". .Vu début, le recruteaienl paraît avoir eu lieu
par cooptation dans quelques villes de l'Italie '^ ; dès
la guerre sociale règne partout le choix, par les magis-
trats [légère, adleyere, siiô/e;/ere, cooptare, recitandos
curare), quelquefois avec l'inlervenlion des gouverneurs,
plus tard de l'empereur, surtout en faveur des vétérans ".
Le choix est fait tous les cinq ans par les duumvirs
quinquennaux [duu.mviri, magisïh.atls municipales, censok
MLXicii'ALiSj. Ils remplissent les vides en prenant, comme
à Rome, d'abord les anciens magistrats, y compris les
questeurs, qui ont déjà le Jus senlentiae dieendae'', à
moins qu'ils n'aient déjà été introduits exceptionnel-
lement au sénal [sublecti] el ensuite les personnes les
plus qualiliées. La liste (album) doit èlre exposée publi-
quement ; elle est souvent gravée sur bronze". L'ordre
habituel, sauf règlements spéciaux, est le suivant : les
anciens duumvirs quinquennaux, les allecti inter quin-
fjuennulicios, les anciens duumvirs, les anciens édiles,
les anciens questeurs, en mettant au premier rang ceux
qui ont géré des fonctions impériales, puis les citoyens
qui n'ont pas été magistrats nmnicipaux, les pedaiii ou
pedarii. Dans une même catégorie on met en tête celui
(jui a eu le plus de voix pour la magistrature, et on tient
compte aussi, depuis Auguste, du nombre des enfants;
le décurion qui en a fait condamner un autre pour usur-
pation de ce titre peut aussi prendre sa place '■'. L'album
de Canusium de 223 après J.-C. " comprend : 39 patrons
< Ml/. 13, i, I, 63C3, 638*. — 2 Erreurs de Voigl, Dixi epiijr. Constit. : à C. i. l.
Il, 419, les décurions du victis Germains sont ccul d'Ariminum ; à 8, 1 I0U8 les cu-
ries ne sont pas un sénal. Voir Scliullcn, fhilol. 53, 6+3. — 3 C. i. l. 8, 08, 1494,
1548, 88iS ; Ejih. epiyr. 7, 803. — i L. Jul. mun. 1. 86. 105, 109, 138, 131, I3S ;
Lex. Tarent. Voir les laides du C. ins. lut. i, p. llCi; 3, p. 118i; 5, p. llaC; 8,
p. linO; 9, p. 788; 10, p. Il 50; li, p. 93'J ; 14, p. 579. Os mois «onl aussi sur les
inscriplions osi|ues el falisi|iics (I I, 3081). — s 8,68, 4'JiO, 49ii, I0.ii3; I»,
T3I3. 8038; li, l.îOO, 1691. 6038: i. 3346, 3695, 1343; 3, 765 add. .Senalus esl
aussi employé impropremenl pour des villes pépégrines de droil grec (Cir. Verr.
S. Iii-i3, Ii3; AU AU. 6, I, 6; l'Iin. Ad Irai. 79). — 0 A. Jul. mun. I. liO. lis,
133; L. Sal/i. il; Maine. 34, 6i. 68 ; C. i. /. I, OiO ; 01)1, 0. I49i; Moral. Ars
poet. 314. — 7 A Cures el Veii if. l. /. 9, p. 47i: 11, p. 557. - « A Canusium
(C. 1. 1. 9, 339). — 9 A Tarraco (i, 4ii7). — 10 Lei. Tarent. Dig. 50, 10, i39. 5.
Erreur d'Isidore Or. 9. 4. ii. JJecurio a donné decurionatus, coniteeurto. En grec.
9Û7xVr,To;, ^ouAi;, <n>vESd«av, ^ouAcu-r,;, JEsuçiwv. On ignore le sens du </L'Curio Septi-
mianm llnse. ijr. Jtal. i53i). Commodianus {Ci. l. 14.3449).— U V. les labiés
du C. i. lai. ; 8, 3387 ; 6, ISll ; 9, 3303, 3833, 5899 ; 10, 3733, 3078. 5001, 5933.
3917: 11, 3110, 3307 ; 14, 3165. — 12 Cic. De leg. agr. î. 96; C. l. /. 9, 338 ; 10,
1783 (93 préscnis); 9, p. 473 ; 1 1. p. 537 (cenlumviri) ; Ilio Clirys. ftr. 2, p. 306 K.
— 13 C, i. '.3. 0806 ; 14. 3360, 34SS. — U L. Jul. mun. I. 83 ; Uig. 50, 2, 2 ;
l'Iin. Ad Trai. 113. — 15 Cic. Pro Coet. 3, 5; Liv. 33, 3. 5. Plus lard à Concordia
(Kronl. p. 193). Elle enislc aussi dans des villes de conslilulioii grec(|ue en Sicile.
(Cic. Vei-r. 2, 2. 49-50. 1:0 1), — lo Cic. Yen-. 2, 120; Pli». Ad Trai. 79, lli :
Dig. 49, 4, 1,3; Dio, 49. 14, 3; C. i. /. 9. 1459. — f! Lex Tarent. : l. Jul. mun.
VIIL
dont 31 sénateurs clarissimes et 8 chevaliers perfectis-
simes, qui ne sont pas décurions; 100 déciirions, à
savoir : 7 quinquennalicii, A allerfi inter i/iiinquen-
iiales, 29 duoviralirii, 19 aedilicii, 9 quuestoririi,
■il pedaiii ; puis 2-i jirnete.rtnti, c'est-à-dire des fils de
di''ciirions qui ont le droit d'assister aux séances''.
L'album incomplet de Thamiigadi, du iV siècle-',
a des particularités spéciales à l'Afrique: il renferme
14 patrons dont 12 clarissimes el 2 perfeclissimes,
2 sacerdotales, 1 rurator, 2 duovirs, 32 /lamhies per-
petui, 4 pontifes, -i augures, 2 édiles, 1 questeur,
12 anciens duumvirs et d'anciens édiles el questeurs
FLAMEN, p. 1184; SACERDOs] ; le mot e.rcusatus y indique
quels décurions sont dispensés des charges habituelles,
des munera. La fonction qui ouvre le sénat est généra-
lement la questure, quelquefois l'édililé-^ surtout dans
les villes où elle est la magistrature supérieure-'; on y
a quelquefois admis le secrétaire municipaP\ Les con-
ditions exigées sont exactement les mêmes que pour les
magistratures [magistratis municipales, p. lo43-44]. En
outre, on admet les .</*;/?■// à défaut d'enfants légitimes ^°,
d'après la législation de Septime Sévère les lils d'esclaves
et de mères libres el les Juifs ■-\ les petits marchands
à défaut d'autres honesti^^, d'assez bonne heure les
simples incolae"-'' . Pour le cens, la loi de Tarente exige
la possession d'une maison d'au moins I TiOO tuiles dans
le territoire de la cité; à Corne, le cens esl de 100000 ses-
terces, chilTre qu'on trouve aussi dans la loi de Pompée
pour la Bilhynieeldans d'autres textes '°; dans le Digeste,
il n'y a pas de chiffres précis". Dans la loi de Geneliva,
les décurions doivent habiter dans la ville ou dans le
premier mille ^-. Les enfants de tout âge, au-dessous de
vingt-cinq ans, qui sont adlecti dans la curie, sont sans
doute simplement admis aux séances et touchent des
sporlules, comme les praetcrtati"'. Au-dessus de cin-
quante-cinq ans on est dispensé du décurional". On
peut être décurion de plusieurs villes^". Il y a presque
partout un droit d'entrée, variable selon les villes, et
dont on obtient quelquefois remise, la summa uono-
RARiA ''. Le décurion est nommé à vie, mais il peut être
exclu au moment de la revision de l'album, soit pour
la perte d'une des conditions légales d'aptitude, soit pour
une des condamnations qui entraînent l'infamie*' [ma-
GiSTRATUS MUNICIPALES, p. I.')43- 1 544j, soit, SOUS l'Kmpire,
pour d'autres condamnations en matière d'injure grave,
1. 96, 108 ; Dig. 50, 3. 6, 5 : Apul. De mund. 35 ; Plin. Ad Trai. 79. — is C. i. /.
8. 3403. 0948 ;9, 338, 2998 ; Diq. 50, ï. 10 ; Julian. ilisnp. p. 367. — 19 Dig. 50
3, l-J ; 30, 2, 6, 5 ; Lex col. Genêt. 134. — 20 C. i. l. 9, 338. — 2i Apul. Apol.
24 ; à C i. /. 10, 3853 ces enfanls sonl dils euriae incrementu par opposilion au\
plébéiens — 22 C. i. /. S, 2403, 17824. 17903 ; v. Mommsen, Ep/i. epigr. 3, p. 77;
Schmidt. lih. Mus. 1892. p. 114. Les sacerdoles Toul aussi partie de la curie à
.Narbonne(C. I. /. 13, 6038). — 23 A Tergcslc, Anagnia (5, 532; 10, 5914, 5916).
— 21 A Fopmiac. Fundi, Arpinum (f. i. /. 10, p. 556). — 25 Fronl. p. 193.
— 2« Dig. 50, 3, 0 ; 30. 3, 3 ; C. i. l. 5, 4098. — ^ Dig. 50, 2. 9 pr. ; 50, 3. 3, 3.
-2» Wj. .50. 2,13.— iifUn.Ad Trai.Hi. — 30 f. i. /. 5, 533 ; Plin. Kp. 1. 19;
Pelron. Sat. 44; Calull. 33. 30. — 31 .50, 4, 6 |.r. 14 § 3, 15; 50, 1, 21 § 4. Les
décurions (|ui se sont ruinés pour la ville peuvent obtenir des secours (50, 2. 8).
— 32 c. 91. - 33 C. i. l. 3. 649. 0.59 ; .<, 5373. 5376; 9, 1116, 1038, 3843. 3356; 10.
8 46, 1804. 3079 ; 14. 376. 2987. — 34 Dig. 50, 2, i 5 8, 1 1 . — 3i; C. I. (. 5, 3036,
6955; 3, 1100. 1141 ; 14, 341. Encore au lias-Empire (C. Tli. 12, I, 13. 53; Ausou.
Ordo noliil, Uurdig.). — 36 », 3232; 3, 4; 10, 1081, 1132, 4760; 14. 375, 363,
363; 13, 303; 8, 4<;79 ; Isidor. Or. 9, 4, 43. Ccsl 1200 sislerccs i Iguviimi,
30000 k Cirlaet Rusicade ( C. i. l. 8,7983 : VVilmanns, 718); en liilliinic 1000 el
2000 deniers pour les décurions inscrils suppléiuenUirement avec la perntission de
l'Empereur (Plin. Ad Trai. 113). Voir l.iebenara, Stâdleverwaltung , p. 54-05. Pour
rAfri(|ue, les tournures tffn/«/ia/a laxatione, multiplicatis sunimia ttonorariis indi-
queraient, d'après Moiimsen, Oile proportion entre le droit d'entrée et la fortune.
— 31 Ou a perdu dans la loi de Geneliva la liste des cas d'ekpulsion ; il dcvail y
avoir en première ligne les complota (c. 1061.
loi
SEN
1202
SEX
de vis privata, d'abigeat, de faux, de stellional, d'aban-
don illi'gal d'une ambassade {lef/alin), de deslruclion
d'arl)r('s fruitiers pendant la nnil '. I/exi-hision peut
être perpr-tuclle ou tenipiu-aire; elle est temporaire pour
le stellional, le faux et à la suite d'une relégalion à
lernps; dans re dernier cas, il faut pour rentrer au sénat
une nouvelle nomination et l'autorisation de l'Empereur^.
D'après la loi de Geneliva ', tout décurion pouvait en
accuser un autre pour indignité devant le duumvir qui
jugeait sans doute alors comme censeur ou comme pré-
sident d'un jury.
m. Droits et pricilt-f/es. — Vor<lo, les décurions,
souvent distingués par les épithètes splendidissiinus,
sanclissimtis, hoiiestissi/nus, amplissimus ', forment
la première classe de la cité, par opposition aux
plebeii ' ; ils ont, comme les sénateurs de Rome, des
souliers spéciaux, la prétexte et probablement la bande
de pourpre * ; ils représentent la ville dans les fêtes et
les cérémonies ' ; ils ont des places d'honneur aux repas
publics, aux jeux, en particulier, pour les jeux scéniques,
à l'orchestre"; dans les distributions de sportules ils
reçoivent davantage que le peuple et les Augustales et
obtiennent souvent une part pour leurs femmes et leurs
enfants'. Appartenant à la classe des honestiores, ils
sont, en matière pénale, exemptés des peines corpo-
relles, des peines de la croix, de la livraison aux bêtes,
des travaux forcés ; Hadrien les exempte de la peine
de mort, sauf pour le parricide; dans la suite, ils ne
peuvent être condamnés à mort qu'avec une autorisation
de l'Empereur'". Le droit municipal comporte la con-
cession des ornamenta decurionalia, analogues aux
ornamenta du sénat de Rome [^ornamexta, p. 239).
IV. Séances et procédure. — On trouve ici l'imitation
parfaite du sénat de Rome. Les séances ont lieu soit
dans la curie qui porte différents surnoms, soit dans un
temple", à des jours indéterminés, en dehors de toute
indication du calendrier'-. La convocation se dit: co7i-
sifiuin, decuriones cogère, corrogare, considère; ad
deciiriones referre, quel(|uefois, quand il s'agit de con-
firmer un vote du peuple, ad senntum referre'' ; elle
appartient au plus haut magistrat, généralement un des
duumvirs, quelquefois un préteur", un proefeclus'',
un édile '". Le président établit l'ordre du jour, fait les
propositions [verba facere), donne la parole, dirige les
débats''^; mais, par exception, de simples décurions
peuvent aussi provoquer des propositions". Il doit y
avoir un certain nombre de présents, variable selon
l'objet du débat : 20 à Oenetiva pour le paiement des
1 Oig. 47, U, I, § 3 ; 47, »0, 3 S, 3 ; 4*, 7, I ; 48, tO, 13, § 1 ; 50, 7, 1 ; Paul.
Sent. 5, 15, 5; h, ÎO, 6;C.JmI. •). ii, il. — 2 Dig. 50, S, 3 § I, 5, 13; 48, ii,
7 § il); Front Adamic. i, 7, p. I!la. 190 ; C Jusl. i, 11,3. — 3C. lui, 1113, IJ3,
m. — * Ci. I.i.p. Ilfii: 5. p. 1190: 8, p. lUlO; 9, p. 788 ; 10, p. 1 156 ; II, il 4:
10. 410 ; 3, ISI.ÎI : S, 7Mli. Eu grec .fii t^,;, ;.e»Tato,-.ianI..ot«t05, ç.iiosiS.TTo; {Bull.
de eorr. hell. 4, 154 : 10, 4u7 ; 1 1, loi ; 19. 553 ; Ath. Millh. \«, 18 ; Arch. epii/r.
Alillh. 10, HZ ; 15, ill). - '■ Plin. A'I. rrni.'l : C. i. I. 5. 53i ; 11, I9i4 ; Dig.
îî. 5, 3 ; 48, 10. 13. 1 ; 50, i. 7, 2; C. Th. H. 1, 133. — 6 Horal. Sut. |, 5. 3fi.
— 7 Suel. Auy. 100: Dio, 55. i. — » L. Jul. mim. 133, 138; L. Oenet. 66. 1*5,
liT; Front, p. I'J3; C". i. /. 10, 4700; II, 3805 ; I», 6038. — » C. i. /. 8, 4iC3,
I5W, 1495, ISiS; 9, 3610; 10, 416. 53. 4043, 5917-18, 5796; 11, 3811. — 10 48. 19,
15, i7. § I ; 4«, 4, I pr. : 4s, 8, 10 ; 4s, il. S, § 1 ; i8, 3, 6, 7 ; f. Jusl. 9, 47, 3.
\(,ir Mommsen, Slnifrechl, p. 1034. — «1 C. i. /. 5, i850 ; 9, 34i9; 10, 4643,
369» ; 11, 14i0, 3014 ; 14, J795. — «2 Voir Kûtlcr. Deeurio, p. «331. — 13 £. Genel.
64, 69, Vi, 96, 97, 99, 100. 130, 131, 134; C. i. /. 5, 875, Î836, 8139 ; 9, Î59 ; 10,
3098, I78i ; II, 3614; 14, «793 ; L. Jul. muii. 130. — H C. i. t. 10, 3698 (Cumcs).
— 15 5, i856 (Fadoue). — 16 9, 3449: II, 3614 (Pcltuinum. Caeri'). — " L. Jul.
mun. liO, Ii7, 130. — 18 L. Uenet. 96 ; C. i. /. 0. I4'ji; 9, 34iu. — 19 /,. Oenel.
105 ; C. i. /. I. âi7. — 20i. Cène/. 73,92, 98, 97, 100 ; L. Malac. ùi. — 2i Jbid.
entrepreneurs pour fournitures sacrées et à Puteoli pour
la réception des travaux d'un temple"; 40 à Oenetiva
pour les concessions d'eaux; M(t à Genetiva et proba-
blement à Malaca pour l'autorisation de démolir des
bâtiments ; 30 à Genetiva pour l'envoi d'ainltassades,
les discussions sur les amendes, les places et les monu-
ments publics-"; les trois quarts à Genetiva pour le
choix d'un patron et la moitié pour la concession de
places de décurions aux jeux ; les deux tiers à Genetiva
pour la construction d'aqueducs et la fixation des fêtes,
à Venafrum pour les règlements sur les aqueducs'-',
à Salpensa et à Malaca pour la nomination de tuteurs,
la vente des cautions {praedes praediaque), les reddi-
tions de comptes, le choix de patrons et d'avocats, peut-
être l'approbation des alïranchissements faits par des
mineurs--. Le chiffre des deux tiers est donc le plus
usuel et a peut-être été établi par .\uguste ". Les
décrets faits sans le nombre légal sont nuls. Le vole a
lieu, en général, à la majorité absolue, à Malaca à lamajo-
rité relative pour le choix des avocats et les redditions
de comptes-'; il est généralement secret, écrit sur une
tabella"-', rarement public, per discessionem-^. Il est
précédé, comme à Rome, de l'interrogation de tous les
décurions qui, sauf les pedani, ont le droit de dire leur
avis (sententiam dicere). Le résultat du vote, sauf quand
pour une raison quelconque il n'est pas valable et ne
constitue qu'une auctoritas-'', s'appelle senatiis con-
sulttini ou décret u»i ou sentent in-". Il est rédigé {scri-
bere, conscribei'e) par le président, assisté de décurions
{scribendo adfiterunf), quelquefois tirés au sort, de
2 à 12, quelquefois pour des décrets honorifiques, de
tout le sénat -^ Il comprend à peu près les mêmes
parties essentielles que le se.natis co-nsiltim de Rome :
date par les noms des consuls ; nom du président ; indi-
cation des mois, jour, lieu du débat, des témoins de la
rédaction, proposition {quod ille, verba ferit); intro-
duction de la décision [quid de ea re fieri placeret, de
ea re ita censuerc)^" \ motif {cum res ita se habeat);
décret {placere ut ...j" ; vote icensuere)^'-. Il est enre-
gistré par le secrétaire public sur les tabulae pub/icae
qui forment une sorte de journal", quelquefois gravé
sur cuivre pour l'affichage en public*'. On peut en
obtenir des copies. Les magistrats et les décurions
doivent exécuter le décret, à Genetiva sous peine d'une
amende de 10000 sesterces, provoquée par l'action popu-
laire'^. Sous l'Empire, les décrets importants ont sans
doute besoin de la confirmation du gouverneur; Trajan
se réserve l'approbation des grosses dépenses*'; les
98, 123. lîG, 64, 99 ; C. i. l. 10, 4842. — 22 i. Salp. 28, 29 : .\falac. 61, G7, 68.
— -23 Dig. 50, 9, 3 : cf. 3, 4, 3. 4: C. Th. 12, I, 142. A Geneliva (c. 103) une
majorité (|uelcou(|ue suffit pour décréter la levée civique. — 2* L. (îenet. 64, 92,
96. 99, 100, 103, 131 : ilaltie. 61, 68. — 2.Ï C. i. I. 2, 130.3 : 10. 4618-9 ; i. Genêt.
97. A Nartionne, la tablette est scellée (Cf. /. 12, 0038). A Malaca dans (|uei(|ues
cas il y a eu outre un serment (A. Malac. 61). (jicéron signale une loi tabetlaria à
Arpinum {De leg. 3, 10, 36). — 56 Gcll. 14. 7. 9 ; 3, S, i. — 2" C. i. LU, 3803.
— 2» V. les labiés du Ci. t. ; Lex Tarent, de senaliis sententia. — *' C. i. /. 6,
1492; tl, 1420-21, 3805 ; 14, 2793. — 30 Abréviation : (/. d.e. r. f.p., il. e. r. i.c.
— 31 .Aussi placere àuic ordini ou universis atque e re publica videri. — 32 Aussi :
con$entibus cunctis ; ab ordine dictum est ptacet ptaret ; ordo dixit omnes omnes.
V. Dig. 50, 2. 6, § 5 : 50, 3, I, § 1 : C. i. l. 5, 532, 875. 961, 3418 ; 6, 1492, 1085 ; S,
782, 15880; 9, 10, 259, 3429; 10. 476, 1208, 1132, 1453, 1782-84, 178S, 369S, 404Î ;
11, U2, 1420, 1924, 3014, 3803; 12,3413; 14, 2466, 2793, 3609; /tôm. illtih. 1891,
p. 339 ; Eph. epigr. 8, 372. Le décret nomme (|nel(|uerois l'auteur de la pro-
position (''. i. /. 5, 961). — 33 L. Genêt. 130-131 ; C. i. l. Il, 1420-21. A Caere
(11, 3014) ce commentnriiis est divisé en piiqinite et eu kapita. — 3V c. i. a. 10,
4643 ; 14, 2795. — 3; i. Cenel. 129. — 36 l'Iiu. Ep. 6. 43. 17 ; Ad. Trui. 90.
109, 110.
s EN
— 12(13 —
SEN
curateurs ont le droit de casser les dOcrels préJudiciaMes
aux finances municipales '; aussi le sénat, s'assure
quelquefois à l'avance l'approbation du curateur; il
peut dans certains cas rescinder ses décrets'-.
V. Comjtéteitce. — Klle est double comme à Rome ; le
sénat confirme les votes du peuple et il est le conseil des
magistrats ; mais, comme à Rome, il s'est de bonne
heure complètement subordonné le peuple et les magis-
trats, en subissant, d'autre part, le contrôle de plus en
plus étroit et oppressif du pouvoir central.
1° Rapports arec le peuple. — On ne sait presque rien
sur le vote des lois et règlements, d'ailleurs peu impor-
tants. La nomination des magistrats passe au ir siècle
du peuple à la curie. Dans les autres affaires, en parti-
culier l'octroi de distinctions, de statues, de monuments,
les formules de style qui figurent sur des milliers
d'inscriiilions poslulalu populi, posluhmte populo ou
plèbe, ex coluntate ou ex consensu et postula/ ione
populi, populi su/fraffio ', n'indiquent pas un rôle
ellectif du peuple, mais simplement le caractère public
de l'acte, de la di'pcnse.
2° Rapports avec les inayistrats. — La curie no peut,
pas plus que le sénat de Rome, faire de décret sans la
coopération du magistrat, mais les magistrats doivent
la consulter et suivre son avis sur toutes les all'aires
essentielles [magistratis mumcipales, p. 15-47-lo48]. Elle
a, en outre, les attributions suivantes : fixation des sacri-
fices publics et des jours de célébration' ; surveillance
incessante de l'administration financière des magis-
trats ^ ; acceptation et emploi des dons faits ou promis
à la cité**; décisions sur les constructions d'aqueducs,
de monuments publics, sur les concessions d'eaux, sur
les démolitions de bâtiments, surveillance de toutes les
possessions publiques '' ; concessions de terres, de
parties du domaine public ' ; soin de l'approvision-
nement de la cité; établissement des poids et mesures
officiels'; concessions du droit de cité local, de
Vadlectio dans la curie et des ornamenta decurio-
ualia'". Comme tribunal, la curie .juge à Genetiva les
cas d'indignité des décurions et de désobéissance des
décurions et des magistrats ; à Malaca, les appels contre
les amendes inlligées par les magistrats" et elle nomme
dans certains cas des tuteurs, autorise les mineurs de
vingt ans à alTrancliir leurs esclaves, les duumvirs à
vendre les cautions et les gages'-. Les municipes pos-
sèdent encore, à la fin de la République, une juridiction
criminelle qu'ils perdent sous l'Empire '^ ; on ne sait si
Cil Judiciuin puljlicum appartient directement à la curie
ou si elle n'autorise pas simplement les magistrats à
constituer des récupérateurs comme on en trouve à
' Diy. 50, 9, 4; C. i. l. 4. 43G8. — 2 C. i. l. Il, 361i; I i, 2793; Dig. 50, 9,
a.—i C.i.i. 3. 68il; 3, 70i0 ; 8, 14, II0S4; 9, 330, 3:U, 3W ; 10,735», 8il5 ;
12, 1583; U, 2991. V. Liebenam, L. c. p. 248. Au Bas-Erapiie, en Afrique, le
peuple joue encore un certain rôle obscur (C. Th. li, 5. 1 ; 11, 7, 20). — ' C. i. I.
H, liil : i. Genêt. 04. — i L. Genêt. Vd. — o Dig. 50, 12, 14; 33, 2, 17; (jai.
2, 195; Plin. fip. 3, 7. — I L. Genêt. HO, 99, 75. 100; £.. Mnlac. 02 : i. Tartut.
32; C. I. (. 1. 1178, 1192; 10.0233, 140.5, 4034, 4760, 4842; 12, 3413; 14, 30i:i.
Sur la surveillance rigoureuse r{u'eicrce l'Élal sur les conslrucUons publii|ues el
privées, il y a loute une législation : C. i. l. 19, 1401 (s. c. de 44 et 5lVi ; lluU. de
corr. Ml. Il, III (règlement d'Hadrien) ; Vit. Haitr. 18 ; C. Just. 8, 10. 20 ; m,,.
30,41, 5,0; 1, IS, 7 ; 1. Ili, 7,1! 1 ; l'Iin. Ad Trai. 70, 90, 98, 99; C. Th. 15, 1. V.
I.icbeuaui, L. c. p. 391-100. — 8 f l. (. 12, 3189, 3237; v. les tables du C. i. I.
— 'J Oii/. 3, 5. 29; 4s, 12, 3 pr. .;• 1 ; 58, s, 7 pr. ; 50. 1, 8 ; C. i. l. 1", 1153.
— 10 C.Jiist. 10, 7, 39; C. i. /. 2, 2026. - " L. Genêt. 103, 129 ; L. Maine. 00.
— 12 L. Malae. Cl ; L. Salp. 28, 29 ; ùig. 27, S, I, pr. : Ulp. Ileg. 1, 13 «.
— 13 Cic. Pro Clu. 14, 41 ; 44, 125 ; L. Jul. I. 1 17-119 ; Scuec. Ant. 7. 4, 7 ; Dig.
i, 1, 12; W, 10, 13, §39. — n L. Tarent. 4; v. Moramsen, Strafrecht, p, 227.
Tareiite" pour le péculat. La curie n'a pas de juridiction
civile'^; mais elle a pu fournir des juges jurés, plus
tard des juges pedanei '* ; cela expliquerait l'adjonction
par Auguste de juges plébéiens aux juges décurions de
Narbonne ".
VL Décadence. — L'époque des Antonins marque la
période la plus florissante de la vie municipale et, en
même temps, le commencement de la décadence. Les
principales raisons en sont les empiétements de l'admi-
nistration impériale, la difficulté d'administrer le terri-
toire souvent immense d'une cité, le dépeuplement de
l'Empire, le poids des impôts, la gestion obligatoire des
mimera qui, à partir du m'' siècle, pèse de plus en plus
exclusivement sur les décurions et finit par les écraser
[muneha]. Les premiers symptômes en sont l'aversion à
l'égard des fonctions de décurion " et le changement
profond constaté au moins, dès le milieu du ii" siècle, dans
le recrutement des curies: les décurions ne sont plus les
magistrats sortis de charge, mais les futurs magistrats ''•' ;
la dignité de décurion est déjà obligatoire et héréditaire -".
Bas-Empire. — L Recrulement. — La curie, ap-
pelée maintenant officiellement curia (les membres
curiak's)-' , se recrute: 1° Par la naissance. Les fils et
petits-fils de curiales forment avec leurs pères une caste
héréditaire, les obnoxii, subjecti curiae, les curiales au
sens large, et sont tenus, pour remplir les vides de la
curie, d'y entrer, le cas échéant, dès l'âge de dix-huit
ans. La même obligation pèse sur le gendre d'un décurion
qui devenu veuf, sans enfants, a gardé l'héritage de sa
femme et, à partir de 413, contrairement à l'ancien droit,
sur les enfants d'une mère, libre, d'origine curiale et
d'un père esclave. Des trois fils d'un curiale, un peut
échapper à la curie en entrant au sénat d'Empire--.
2^ Par l'adjonction de plébéiens, soit citoyens de la ville,
soit simples incolae, possesseurs d'une fortune suffi-
sante, de marchands qui paient le clirysargyre, mais
sont en même temps propriétaires fonciers, au besoin
de membres de corporations et d'offices de fonction-
naires ^^ La fortune suffisante est fixée^ par une loi de
342, qui parait seulement de circonstance et propre à
Anlioche, à 25 arpents de terres particulières ou à la fois
de terres particulières et de terres impériales pour
l'individu qui est en même temps colon de la res privata
et par une loi de 439, en Occident, aussi pour un cas
particulier, à 300 sous d'or-''. 3" Par des entrées
volontaires, assez rares -'. 4" Par Voblatio curiac, la
faculté donnée au père, par une loi de 4i3, de légitimer
un ou plusieurs enfants naturels, à défaut d'enfant
légitime, en les odrant à la curie el en les instituant ses
héritiers ■■"'. 5° Par l'effet d'une condamnation qui astreint
— 1^ Dig. 50,9, 0 s'applic|ue à une ville grecque. — '6 Dig. 48, 19, 38 § 10. Cela
eK]jli(iui-rail le mo\. judices de l'album de Canusium. — 17 C. i. l. 12, i'i'iZ: judicia
plebis decurionibus coniunrit. V. Mommscn ad h. l. ; Cuq, Mélanges de l'Ecole
de Home, 1881, p. 297-31 1 . — 18 Pliu. Ad Trai. 1 13 : qui invili fiunt deeuriones.
— 19 Dig. 50, 4, 6 pr. (MarcAurcle et Vcrus) ; 30. 2, 7, 2 (Paul) — 20 U*jà dis-
pense du décurionat sous Antonin ((.'. i. l. 2, 4227) ; déjà sous Trajan on préfère
les fils des honesti aux plébéiens (Plin. Ad Trai. 83). — 21 1,es mots senalus, sena-
tor deviennent rares (C. Th. 12. 1,83; Auson. JUos. 402; i\oi: Major. 7). Les
curiales sont souvent appelés municipes [C. Th. 12, 1, 89. 105, 154; I, 15, 12; 7,
2, 2). — 22 c. Th. 12, 1, 7, 19, 22, 20, 31, 37, H, 51, 53, 58, 80, 89, 93, 101, 113,
122, 123, 132, 137, 147, I7S, 179. L'opinion qui donne à la classe des curiales une
plus gcantleexteusioa est fausse. Ou ne sait au juste le sens des naT^ô^Q-jXot de tex-
tes grecs (Voir Lévy, Hev. de l'hil. 1902, p. 273). — 2.i c'. Th. 12, 1, 3, 13, 46, 53,
72, 90, 102, 119, 133, 105. 137, 179; Ammian. 21, 12, 33 ; Basil, lip. S4. —21 C.
Th. 12, I, 33 ; A'oi-. Valeiitin. lit, lit. 3, .5 4. — 2= f. Th. 12, 1, 51, 172, 177. 179;
C. Just. 10, 13, 1-4. — 2S C. Just. 5, 27, 3. On légitime de même des Olles natu-
relles, liériliércs, en les mariant à des curiales.
s EN
I20i
Sl<i\
au ilrcm-idnal dos soldais cliass('S ilo rariiK'e. dus tils
de véli'i-ans impropres ou réfractai res au service uiili-
laire, des prèlres chassés de l'Kglise, des iiéréliques '.
Le choix des nouveaux curiales (nominntio) csl fait par
la curie elle-même, s^énêralemcnt le l"' mars, avec
possibilité d'appel dans les deux mois devant les gou-
verneurs'-. Les disiieiises du décurionat sont à peu près
les mêmes ([ue celles des miunkka. Sont dispensés, en
général, les inendjres des autres classes héréditaires,
quand ils ne sont pas curiales d'origine, à savoir : les
sénateurs d'Empire, les membres des grandes corpo-
rations, ([ui assurent les services de Home et des petites
corporations municipales, les avocats, les col/rfjiuti et
les agents munici|)aux qui assistent les décurions; les
médecins et les professeurs publics ; les citoyens qui
exercent im certain nombre de professions libérales ou
d'industries d'art; les colons particuliers ou impériaux
sauf quand ils ont une fortune suffisante' ; les soldats
en service actif et les vétérans ; les fonctionnaires
impériaux qui ont le clarissimat et au moins au début
simplement le perfectissimat, en charge ou à leur
retraite'; les membres des offices impériaux [Mi'NEFiA,
p. !2040-204oJ; les Juifs jusqu'à une certaine époque
[.iiDAEi, p. 631]; le clergé chrétien.
IL l'ririli'fjes. — Les curiales ne doivent être con-
damnés à une peine grave qu'avec l'agrément de l'Empe-
reur ; ils sont exempts des peines corporelles, de la
torture, sauf pour le crime do lèse-majesté, peuvent
cependant subir les plianbatae, sauf s'ils sont parmi les
decem primi, pour vols et concussions''. Ils peuvent
obtenir, après avoir satisfait à toutes leurs obligations,
des titres honorifiques d'ex-comtes, de perfeclissimes
qui les font quehiuefois sortir personnellement de la
curie ou des fonctions de gouverneurs. Ils touchent une
petite indemnité pour la levée des impôts''.
III. Atlribulioiis et condition générale. — La curie
continue à administrer la cité, soit en corps, soit par
ses premiers membres, les principales [iMagistratus
Mi'iNicii'ALics, p. loi'J]. ou les DEcicMPRiMi, de concert
avec les magistrats, soit anciens, soit nouveaux, tel
que le DEKENSOR civiTATis. Elle fournit trois décurions
pour aider à l'enregistrement des acta. Elle choisit les
magistrats parmi les plus riches, sur la présentation du
gouverneur'. Mais sa fonction princi|)ale est la gestion
de plus en [)lus lourde des miunera. Ce sont les di'curions,
assist(''s, à partir de Justinien', en Orient, des principaux
citoyens et des évèfjues, qui se les répartissent, du
moins les principaux, dans un ordre déterminé'-'. Cette
gestion des tnunera et, en particulier, lalevéedes impôts
d'Etat sont les principales causes de la ruine et de la
désertion des curies Les codes de Tliéodose et de Justi-
nien racontent la longue lutte engagée entre les curiales
qui veulent échapper à la curie et le pouvoir central qui
1 C. Jutt. 10, 57. I. un. ; Nov. 3s ; C. Th. 7, ii, \-i ; 16, 1, :w ; 12, 1, 13, 3i,
35, 60, 83, 89. Iles chrétiens sous Maxciicc (liuscb. Vit. Consl, i, 30). On trans-
fère aussi des décurioDs dans des villes épuisées ou nouvelles (Hasil. Ep. 74,
75). — 2 C. Th. lï, I, a, 28, lis; H. 30, 10, 19. (Jn peul invoquer comme
excuses la pauvreté, le nombre (renfauls, l'âge, la makidie (l^, 1, il, 55, 07, 73).
— 3/)iV;.50,i!, 5,5», 10-11 ; 50, 1.38, § 1; 50, 5, 8, § 1 ; 50. fl, C. § 3-9:50,2, 9,§ 1.
— !■ C. Th. li, 1, 5. — S Ditj. 4s, 19, 28, § 5 : C. Th. 12, 1, +7, SO, 83, 117. 120,
153, 190 ; 9. 35. 2; LacLini. De mort. 21. — ' C. Th. 12, 1, 5. 77, 109, 189 (où le
primua curùie d'Alexandrie est comte de première classe au bout de cini| ans) ; A'oc.
il/n/or. 7, § IC. — 1 C. JitsI. 10, 3!, 45-40. — * lbi<l. 1, 4. 20; .Vo,.. 128, 10.
— 9 C. TU. 8, 4. 1 ; 13, 13. 2, 10 ; 12, I, 8, 21 ; C. Jmt. 11,9, 0 : Julian. Ep. 20 :
Liban. Jip. 635, 824. — 10 C. Th. 10, 3, 2; 12, 1, 9, 92. 97 ; 12, 3 ; Uxg. 50, 2, 4,
0, § 2; C. y«»/. S 05, 30; Kov. Major.l, 9. — ti C. Th. 5, 2, 1 ; 12, I, 123, § C; 9,
veut les y retiMiir .\ l'iinilalion du système égyptien,
les biens des curies sont en quelque sorte hypothéqués à
l'Etat. Le curiale ne petitalTermer ni terres municipales,
ni levée de vectignliu; ne peut ni louer, ni administrer
les biens d'aiitrui ; ni vendre, ni aliéner ses biens sans
l'autorisation du gouverneur"'. Les biens des curiales
morts sans enfants et ab intestni, (ni <[ui ont été con-
damnés à la peine de mort ou de la dt'portation
reviennent à la curie " ; ceux qui passent d'une manière
quelconque à une personne étrangère à l'ordre sup-
portent, en Orient, au iirolit de la curie, au inoins
depuis 384, peut-être auparavant, une taxe, appelée
denarismus, uncine'-, dont la quotité, d'abord inconnue,
est fixée, en 428, à quatre siliques par an et par jugiun ;
en outre, depuis la même date, un quart des biens
meubles est prélevé pour la curie'''. Quiconque acquiert
des biens de curiales en supporte les charges'*; les
biens de ceux qui se sont enfuis sont confisqués au bout
d'abord de cinq ans, puis d'un an '\ La vie des curiales
est un long esclavage. Il leur est interdit de demeurer
à la campagne, de se présenter à la cour sans l'autori-
sation du gouverneur; ils n'obtiennent de congé qne de
l'Empereur '^ Depuis Dioclélien, l'âge de cinquante ans
et la maladie ne sont plus des causes de libération'''.
Aussi n'y a-t-il pas de moyen, de subterfuge que n'em-
ploient les curiales pour sortir de cette condition,
devenue strictemenl héréditaire'*, et contre lequel ne
luttent les lois impéritiles, les fonctionnaires impériaux,
surtout les gouverneurs et les préfets du prétoire. Us se
réfugient dans les monastères de l'Egypte, sur les terres
des grands où ils épousent des femmes colones et même
des esclaves '''' ; ils pénètrent dans le clergé chrétien -",
dans l'armée, les corporations'-', les offices, les fonctions
publiques, au palais, au sénat d'Empire. Les lois les
poursuivent, les arrachent à ces abris, leur ferment
toutes les issues, suppriment toute prescription contre
les réclamations des villes'^ Depuis Constance, sauf
quelques adoucissements temporaires ^\ les curiales ne
sont admis dans le clergé chrétien, (|u'en laissant à la
curie, avec un remplaçant, d'abord les deux tiers, plus
tard l'ensemble de leur fortune; on n'excepte au moins
pendant qu(d(|tie temps que ceux qui sont arrivés à
l'épiscopat ou ont obtenu le consentement de la curie -''.
Le mariage avec une esclave entraine la déportation et
la confiscation des l)iens ; l'admission sur les terres d'un
grand, une amende d'une, puis cinq livres d'or par
curiale--'. On refoule de l'armée les curiales d'abord en
tout temps, puis, par ailoucissemenl, s'ils n'y sont pas
depuis dix ans d'abord, puis cinq, enfin à tout âge-''.
L'exemption de la curie, conférée d'abord par vingt,
puis cinq ans de séjour dans un service public, par cinq,
puis trente ans dans un service du palais, finit par être
entièrement supprimée -''. De nombreuses lois annulent
42, 2t; c. Jmt. 0, OJ, l; l'i-ocop. Ilisl. iifc. p. iln.Edicl. TheoU.i'. 113.
— l21niproprcnicni;ucra(im i/esori/i/io. — 1) C. Th. 12, 4, 1. un ; 0, 27, 10; 12,
1, 107, 123. 173; C. Just. 10,34, 12; 10, 35; jVor. Thcodos. Il, lit. 22, § 5-10. Il y
a d'antres dispositions dans te droit de Justinien, le | relèvement des trois quarts à
,Vor. 3-i, 1, 2; l'rocop. Hisi. an. 29. — H C. Th. 12. I. I3i. — I' Jbi<l. 12, I,
143, li4. — 11! Oiy. '.0, 2, 1 ; 50, 5. I, S2; C. Th. 12. 18, 2; 12. 1. M, 135.
— tlC.Jiisl. 10,32, 13. — isr. Th. 12, 1.58, 04, 82, 101. 113, Ils. Un, 122,
134. 1 i7, 172. 181, 181. — 19 JOiil. 12, 1, 0. Oi ; Noi: Major. 7, I. — 2" C. Th.
10, 2, 0, 19 ; Gelas. £•/). l'i (éd. Tliiel). — '.il Ihid. 12, 1, 02, 81, 149,162.— •2iC.J«sl.
7, 39, 5. — 23 Sous Théodoso (f. Th. 12, 1 , 121 : Amiiros. Ep. 40). — 2'. C. Th. 10.
2, 3, 0, 17 ; 12, 1, 49. 50, 59, 99, 104, 115, 121. 123, 103, 172; Basil. Ep. 104, 284:
Innocent. I, Ep. 2, 4, 23. — 25 12, I, 6, .50, 140, 179. — 26 12, I, 31, 38, 45, 5fi,
88, 147. — 27 12, I, 13, 22, 31, 37, 38. 82. 87, 88, 147, 159, 168, 175, 177, 179.
SEN
— 120:; —
SEP
les aclials de diplômes de fonctionnaires par lus
curiales '. Toléi-és d'abord au sénat par Conslanlin ^
ils en sont expulsés, sauf quand ils ont déjà rempli la
préture, par Conslani-e, cl plus rigoureusement par
Julien ' ; jusqu'en ;i7l ils y restent, quand ils ont
satisfait à toutes leurs obligations municipales; mais
depuis 371, ils perdent ce droit, sauf rares excejjtions,
à moins de laisser à la curie un enfant ou un remplaçant
cautionné sur leurs biens; ce dernier privilège n'est
plus maintenu en 43G que pour les Kespectables et les
Illustres, et en i't't pour les Illustres, auxquels Justinien
adjoint quelt|ues Clarissimes et quelques Respcclables '.
Ces mesures n'arrêtent point l'agonie des curies'. Léon
le Sage les supprime en Orient".
IV. ]'il/es et ixnjs de eonstilution non romaine. —
L'évolution qui transforme le sénat des cités grecques
autonomes, annuel, choisi dans les tribus ou le peuple,
en curie romaine ne s'accomplit que très lentement et ne
s'achève qu'au Bas-Empire '. .auparavant, il y a "ne
période de transition. Pour .Vthènes, Marseille, Sparte,
la Sicile, voir les articles atueniensum, massiliexsum,
Sr.\RTA\0Rl'M RESPIBLICA,MAC1STRATLS MUNICIPALES, p. 1o.'j2,
PUYLÈ. Dans les autres pays grecs, Rome a modifié la
constitution dans le sens aristocratique : les sénats,
recrutés surtout dans la noblesse riche*, ne sont plus
choisis par le peuple'. La loi de Pompée, en Bithynie,
avait déjà établi le choix par des censeurs et parmi les
magistrats sortants'"; ailleurs s'établit peu à peu un
système analogue, une sorte de cooptation avec droit de
présentation des magistrats ". Le sénat, appelé pouÀ/,,
(TuvÉôpiov Po'jXt,i; '-, reçoit beaucoup de donations, de
distributions, soit collectives, soit individuelles " ; il
a sa caisse alimentée par diverses ressources, dont le
droit d'entrée et les amendes sépulcrales, beaucoup de
fonctionnaires, épistates, boulograpbes, héraut, lé-
giste,secrétaire, économe, employés du culte "■. Il est
présidé par les magistrats soit isolés, soit groupés en
ouvapy-'oc et plus tard, en beaucoup d'endroits, par un
magistrat spécial, le poùXap/oç '^. Les assemblées du
peuple existent encore au moins jusqu'au m' siècle "*,
mais dirigées par les magistrats et les riches et sur-
1 11, I. 16, 41, M. — 2 11, 1. IS ; Xaiav. J'un. 3j ; Zf.siiii. -, i». — 3 f. Tli.
IJ, I. »K. 50-54 : l.il.an. Oral. inJul. «.•«m, p. i'Jli : Amniiaii. ii, '.1, 12; Zos. 5, 5:
l'Iiiloslorg. 7, V; Jiilian. £>• 1 1 . — '> C. Th. \ï. 37, S8, 7i, 75. 82, 90, 03. \±!.
130, 155. 15il, 100, 180, ISi, 183, IS7; Nov. Thtoiloa. Il, lil. 15; f. Just. 10, 32,
6*. fi6. Voir Lécrivaiii, Le st'mat romain depuis Pioclvlten. p. 57-13. — '> C. Th.
\i, 2, 186. — ^ Nov. Lo-.n. 40. — "^ Le régime grec encore à Paimyre en 137, à
Mylasa à l'époipie de Si-vcrc {Hermès, 188t. p. 180; ISuU. de curr. Iicl'. IS'JC,
p. 5i3-518|; les sénals île 1200, puis OOu mcnilires à Antioche (au Ras-Empiie i:0.
puis 200: Liban. 1, 182 ; 2. 328, 540. 575), de 450 à ÉpJicse, piobalilcmcnl de 200
à Aphrodisia-i, de 500 à Oenoanda sont des s^-nats grecs {Inscltr. Brit. Mus. 3,
487 ; Bull, de corr. hell. 6, 73 ; Ileberdcy-Kalinka, Itvise in Kilikien, n» CI 1. Toiui
n'esl municipc qu'à la fin du ui' siècle [C, i. l. 3 suppl. 1351). — 8 llio Clirys. 1.
p 323; Pliilosir. lï(. soph. 2, 23; Pausan. 7, 10, C; Plin. Àd Trai. 7'J ; Suid.
s. f. Elti..»,-; C. i. ijr. 3288. — 9 Arisli.l. 1 p. 328 (éd. DindorO ; Inscl.r. llrit.
Mus. l. c. Par exceplion sous Trajan, rccoDslilution du sénat de 100 memlircs par
vole écrit du peu| le (Dio. Chrys. 2, p. 74). — «0 plin. Ad Trai. 79, 80, llî; Cic.
/Vo Flac. 18, 43. - Il Inschr. Brit. Mus. 487. — 12 C. i. l. 3, 0070 a ; C. i. ijr.
1025, 2025, 21 Hi, 2261p.; Bull, de corr. hell. 10, 305; 14, CIO; 18, 10; 20, ll'J.
— 13 C. i. l. 14, 2703 ; C. i. gr. 2774, 2883 d, 2930 A, 3422. 3493 ; Bull, de corr.
hell. 14.234; 10.425; A/A. .I/i«A. 8, 321, 328; 18,299 ;fl<;l>.</e*.'<.jr. 4, 175; Arch.
epii/r. .Villh. 10, 183. — !'• C. i. gr. 281 1, 3493. 3532, 3831 a, 2204 p : C. i. I. 10,
50.37; 3. 282 ; Le lias-Wa.ldipglo», Voy. arch. 51'J. 1677; Bull, de corr. hell. 7,
10; 19. 113 ; Newton. Ilalic.l, p. 763, 49 ; 705, 50: Plin. L.c. 112-3. — I- C. i.ijr.
3iS3, 3494, 2811, 2997. 3831 a. 2881, 2882. 3419. 3121, 3421, 3430, 2930 *, 2'J2< ;
.W/i. Mitth. 20, 3U«; Le Bas-Waddinglon, 'I. c. OU. 047; Bull, de corr. hell. 17.
204; 18. 53; 19, 389; 4, 153; 14. 232. Analogue au boulari|ue est l-isîT!/,» de
Cnide (Newton, llalic. 702, n» 1^1) et l'irtif/u. ?oy/.i!î de Tlijalira {Bull, de corr.
hell. Il, 100). Voir Swoboda, Die yriech. Volkshescldùsse, p. 170-212. — 16 Allicn.
3, p. 213 d; Joscpb. .In/, jud. \\, 8, 5; Pausan. 3. 12, S (Albéues et Sparte);
veillées de près par les gouverneurs''; le pouvoir elfec-
lif appartient au sénat '*. La rédaction des sénatus-
consultes subit l'innuence romaine ; la formule du
vote cen.Huere est traduite par ISohv''^; on met à la
fin, en suscriplion, les noms des témoins de la rédac-
tion (jui sont soit des sénateurs lin-s au sort dit
ooYixaTOYpiipot -°, soil les principaux magistrats-'; on
indique quelquefois les volants -^ et les acclama-
lions -', et, le cas échéant, la confirmation par le
gouverneur-'. Le rôle principal du sénat est déjà la
gestion des mimera, pour laquelle il emploie les
commissions de decaprotoi.
En Egypte, le déirurionat a probablement été introduit
par Septime Sévère, en iO:2, dans toutes les métropoles
des toparchies, en même temps qu'à .Mexandrie-'. Pré-
sidé par un prytane, chaque sénat a pour fonction prin-
cipale la surveillance et la responsabilité de la levée des
impôts essentiels, au moyen de commissions de deca-
protoi. Mais on ne voit pas nettement comment il se
superpose aux anciens organes, fermiers des impôts,
stratèges, nomarques, practores. Ch. Lécrivain.
SE.XTE.XTIA. — I. Sentence en matière criminelle
[jUDiciA PUBLiCAj, OU en matière civile [.iude.v, jidiciim].
IL Avis émis par les sénateurs romains ou municipaux
[SENATIS, SENATIS MINICIPALIS].
SENTIRA. — On appelait ainsi le fond de cale d'un
bateau. C'était comme un égout où affluaient les im-
mondices et les eaux ' ; les poissons, si l'on en croit
Pline, fuyaient l'odeur de la cale des bâtiments'-. Des
matelots de condition inférieure', sentinalores^, étaient
chargés de l'épuisement delà sentine '• ; ils se servaient,
pour ce travail, d'un instrument appelé sentinacu/um'^,
qui ressemblait sans doule à nos pompes ou, tout au
moins, était employé au môme usage. Ce service, senti-
nain exhaurire'', sentinare*, était d'une grande impor-
tance, car peu à peu l'eau de mer s'infiltrait dans la
cale. Par extension, le mot sentina signifiait voie d'eau;
et d'un vaisseau qui faisait eau on disait : senlinam
trahit''. IIkmiy Thédenat.
SEPL.\SL\RIL'S. — Les seplasiarii ou droguistes
liraient leur nom d'une des deux principales places de
f. I. ijr. 2770; «11//. ,U corr. lull. I", .iO ; 11, lll'J (Délos, Stratonicée) ; Dillcu-
berger 540 (Olbia) ; C. i. l. 3, 708ii, 7000 (Pergame, Cyziiiue) ; Inschr. Brit. Mus
3, 181 : Aristid. I, 541 (Epbésc) : Plio. Ad Trai. 110 (Amisusi; .UA. Mitlh. 14,
317 (Magnésie) ; Le B.15, Voij. arch. 391 iMylasa); .W/i. MittU. 1, 387, n" 13 (Ai-
^ialé, en 242). - " Dio Cbrys. I, p. 321 ; 2, p. 75; .4c/. Aposl. 19, 40 ; Cic. l^r>
Flac. 8. 18 ; Verr. i, I, 27 ; C. i. gr. 3822 b : Bail, de corr. hell. 9, 127 ; Lalys-
cbev, Inscr. Pont. 22, 24, 27. V. Swoboda, L. c. — '8 Octroi rrétpient du nom de
sénateur, ?ouitu>r,.-, surtout aux »aini|uiurs dis jeu» (C. i. ijr. 320C, 3123, 312»,
3913). A Mylasa juridiction du sénat qui reçoit cl juge avec les magistrats une
sorte d'cisaogélie {Bull, de corr. hell. 20, p. 523-5481. — 19 C. i. gr. 2349 *; Alh.
Mitlh. 0. 167; Sit:ungsber. Berl. Akad. I S80, p. C46. — 20 Wood, b'phesus, app. Vl,
1 col. 6, I. 54 ; C. i. j. 3838 j ; Hermès, 7, 407. — 21 Le Bas, Vog. arch. 372, 1633.
En outre à Tyras quinze témoins cl le secrétaire (Latyscbev, L. c. n" i). — ^iC.i.gr.
J362. — 23 A Mylasa {Bull, de corr. hell. 20, p. 523-548), Clialcis \Ath. Mitth. 0,
107), ïyr {Inwr. Sic. 830) — 2' Benudorf-.Niemann, Beiscn, 1, 71, a' 50 (Sidyraa).
— 2i Vit. Sev. 17, 2. Voir Wilckco, Griechisclie Uslraka, 1, p. 430, 623-030.
— BiuMtxinAi'HtB. Voir celle des art. magisthatus municii-ales, ml-neha ; puis Mena-
dicr, Qua condicionc Ephesii usisint inde ab Asia in formam provinciae rcdacta,
Diss. Berl. 1830; Swoboda, Die griech. Votksbeschlûsse, Leipzig, 1890; I^vy,
Études sur la viemnnicipale de l'Asie Mineure sous les .intonins {Bev. d. Études
gr. 8, p. 203-287 ; 12, 235289); Mommwn, Strafrecht, Leipzig, 1899, p. 226-228,
1034; Tuutain, Les cités romaines de la Tunisie, Paris, 1895; Kubler, Decurio
(Pauly-Wissowa. Real-Enc'jcl. p. 2319-2352); lleclarciiil, Quelgues problèmes
d'histoire des institutions municipales, Nouceile rev. liist. de droit; 1902, p. 223-
207, U7-W8, 554-603; 190», p. 300-338, 47 4-500. 578-003; 1907, p. 401 490 ; Legras,
La table latine d' Uéraclée {la prétendue lexJulia muuicipalis), Paris. 1907.
SENTINA. I Sallust. Catilin. 37. — 2 pliu. l/ist. nat. X, 99, I. — 3 Cic.
lauid, IX, 15. —4 Paulin. NoI. Epist. VL 3. — ■> Cic. Desenect. VI. — 6 Paului.
NoI. L. l. — '! Cic. L. l. — »Gell. XIX, I. — « Soucc. Epist. 30.
SRP
120(1 —
SEP
Cii|)(iuo, VAIIiinui cl la S('j)/(ixi(i ' ; on ignoro Irur posi-
tion lopograpliique^ La première est celle de la Maison-
lilaiielie. aedes allia ^ qui servait d'Iiotel de ville à la
municipalité: c'était le Forum' de la cité. L'étymologie
du mol Seplasia est incertaine; peut-être dérive-t-il des
deux mots se-, qui indique une idée de séparation, et
plnlea, place ; la scplagia serait la place réservée spécia-
lement au marché, le Maccllum, par opposition au Fo-
rum. File nous est donnée dans les textes comme le lieu
de vente des produits de la parfumerie et de la pharma-
cie campaniennes ; là se trouvaient les boutiques nom-
breuses des uiiijiientarii '". Les habitants de Capoue
excellaient dans la fabrication des parfums et des on-
guents de toutes sortes" [inuientim], ils y employaient
les roses qu'ils récoltaient en abondance dans les plai-
nes environnantes^ et les essences précieuses impor-
tées d'Orient*; plusieurs épitaphes d'uni/uenlarii ont
été recueillies dans les ruines de la ville'. Varron
citait la place de Seplasia parmi les marchés les plus
llorissanis et les plus riches du monde antique, à côté
de l'ile de Chrysè, du territoire de Cécube et du iitacel-
liiin de Home '".
A l'usage, le sens des deux mois unt/ticnturii elsepla-
siarii, tout d'abord synonymes, s'est précisé et spécia-
lisé. La Sejilasia de Capoue était la place des untjuenla-
rii; plus tard, à Rome et dans les provinces, on entend
généralement par unguentarii les marchands de par-
fums et par seplasiarii les marchands de remèdes. Le
nom propre de seplasia n'a pas tardé à être employé
comme nom commun : on appelle seplasia tout endroit
où l'on vend des drogues", puis la droguerie elle-même,
en tant qu'industrie et commerce'', enhn les droguistes,
l'ensemble des gens qui fabriquent et (jui vendent des
drogues *'. Quelquefois, cependant, le mol seplasia,
dans l'une ou l'autre de ces acceptions dérivées, parait
encore s'appliquer plutôt à des parfums ". Sep/asiuin
signifie remède'" ou lieu de vente des remèdes"', et
seplasiarium droguerie '^ Le substantif seplasia-
rius ne se rencontre qu'une seule fois dans un texte
littéraire, la Vie d'IIeliof/ubale de l'Histoire Auguste'*,
et cinq fois dans des inscriptions funi'raires de Co-
logne ", Narbonne-", Arupium en Dalmalie -', Grazzano
dans le Montferral'--, de Florence-'; celle dernière est
l'épitaphe d'un esclave, qui était institok d'un seplu-
siarius negolians.
Le métier des sey>/rt.>>/rt/7'/, comme ceux dvs ji/ianiia-
copolae, des lUGMiiNïAHU, des tihkakii, etc., était lié à la
pratique de l'art médical [medicus, p. ItiSO). Il n'était
guère considéré". Cependant, au besoin, les seplasiarii
de Home savaient défendre leurs intérêts : un certain
Demetrius, qui avait accaparé le commerce du caeruleum
SEPLASIAItlUS. 1 lie. Dekgemjr. Il, 9i; Val. 5Iax. I.X, I, extr. 1. — 2J. Bc-
locli, 6'amponien, Breslau, isao, p. 3W: tl. iNissen, /lai. Landeskunile, II, Berlin,
lOOi, p. 708. — 3 l.iv. XXXIX, i; XL, 45. — * Val. Mai. IX, 5, cxlr. 4. - 5 Cic.
Pro Sest. 19; Jii /'ison. U ; Ascoii. I'c<l. p. 10 (ad oral. Ue ler/e agr. toc. cit.) ;
Fcsl. p. 317 cl 3M. — 6 Plia. H. nat. XVlll, lit. Cf. J. Bcloih, Op. cit. p. 338 ;
II. Nisseo, Op. cit. II. p. 70i. — 7 Atlien. XV, p. 688 e. — s l'Iaul. Jlud. 631.
— 9 Corp. inacr. lat. X, 3968, 3974, 397.Ï, 3979 3982. — m VaiT. Sat. iten. éd.
Ricse. p. 103, 0. — Il l'ompou. ap. Kcst. p. 317; Glo-s. ici. 5. Ucnov. Parlic.
— 12 Plin. XVl, 40; XXXIV, 108. — 13 Ibid. XXXIll, IU4. — I» Varr. Sat. lien.
éd. Kicse, p. 2il, 10 ; Marcell. De meitic. liC ; Aiison. b'pii/ramm. li). — iô Pclroii.
Htttir. 76, G. — 16 l-est. p. 317. — " Gloss. lai. gr. — is l,am|>il.l. /felior/ab. 30, I.
— <» C. i. I. XIII, 8J3i. — ii> Ibid. XII, 5971. — il /bid. 111, I.IDKS. — 22 Ibid.
V,:454. — i3/l,id. XI, I6il. — 2* Umprld. /. c. nicl le sc/ilasiarius sur la uu-mu-
H^e i|uc le cupedinarins, le popinarius el le leno. — 2« plin. XXXIll. 1(1 i.
— 26 Id. XVl, *«. — " Id. XXXIV, 108.
cl (lu sil, fut accusé devant les consuls par tons les dro-
guistes coalisés, a tota seplasia -^ L'expression fraus
seplasiae revient deux fois dans l'Histoire A'alurelle de
Pline : les droguistes mêlent aux grains d'encens les
petites boules blanches que forme la résine des pins en
se solidifiant-'^ ; l'ignorance des médecins, incapables de
pri'parer eux-mêmes les remèdes qu'ils ordonnent et de
suvyeUlor les seplasiarii, permet à ceux-ci d'écouler faci-
leinenl leurs marchandises frelatées -''. Maiirice Bksmer.
SliPTElUOIV el STEPTEIUON (S£itT/,oiov, )ÙT:eT:T/,oio^).
— On a vu à l'article pytuia qu'à l'origine l'agôn del-
phique se composait d'un hymne musical, d'un nome
citharédique, destiné à céU'brer les exploits du dieu et
que la fête avait lieu seulement tous les huit ans, pour
eoiumémorerl'exil de huit années que, d'après lalégende,
Apollon s'était imposé pour se purifier du meurtre du
serpent Python [apollo, p. 311]. Ce concours musical était
accompagné d'une cérémonie particulière, d'une sorte
de drame sacré, appelé Seplerion, ou mieux Slepterion ' .
Plus tard, les Pylliies étant devenues une fêle penlaélé-
rique, le concours musical revint tous les quatre ans,
mais la représentation mimique du Seplerion continua à
se célébrer tous les huit ans seulement [pvtiiia, p. 785J.
En quoi consistait cette cérémonie'i" Plularque nous
a conservé deux versions assez contradictoires sur ce
sujet. Dans la première -, il représente le Seplerion
comme une représentation mimique du combat d'.\pollon
contre Python, puis de la fuiti^ jusqu'à Tempe; d'après
les uns, c'est le dieu qui se serait exilé à Tempe pour s'y
purifier du meurtre accompli ; suivant les autres, il
aurait poursuivi, sur la voie qui est aujourd'hui la voie
sacrée, Python blessé et fuyant ; il l'aurait rejoint sur la
roule, au moment où il venait d'expirer et où le fils de
Python, nommé Aïx, procédait à l'ensevelissement de la
dépouille du mort. Mais, dans un autre texte', à propos
de la même fêle, l'auteur grec décrit des rites d'un
caractère étrange et énigmatique. Sur un emplacement
déterminé du sanctuaire, sur une aire aplanie, on
construisait un bâtiment de bois (xocXiiç), non pas en
forme de caverne, mais ressemblant plutôt à une habi-
tation riche et princière (jj.ru.T|(ji.a Tuç.avvtxY|Ç v^ paai/.izr,ç
&!xvi(7£ioç). Par un chemin nommé AoXojvt'a, la procession
des fidèles conduisait, en silence (\i.s.zk a'-yr^:;), un jeune
garçon, ayant encore ses parents vivants, tenant des
torches enfiaminées. Arrivés devant la maison, les assis-
tants y mettaient le feu, renversaient une table, puis se
sauvaient précipitammeni, sans se retourner, par les
portes de l'enceinte sacrée. Cette cérémonie était suivie
d'une autre, que Plularque semble liera la précédente,
sans que nous en voyions bien la relation : c'était la
SxœvTioooia, la théorie des enfants allant cueillir des
SKPTEHI«t\. 1 l.a seconde orlliogr.iphc csl donnée par les meilleurs Icxios, mais
lelymologie reslc obscure. Kosclier y voit une allusion aux guirlandes de laurier
que l'on tressait dans la vallée de Tempe (iWue Jahrbùcher fur clnss. Philotoq.
1879, p. 734 si(.; cf. le texle d'Aelian. Var. hist. III, 1). Miss J. liarrison coniLal
celle explicalion [Journ, Itell. slud. XIX, 1899, p. 2i3 ; Prolegomeua to Ihe
study of gr. Heligion, p. 113); c'est la purification, la xàSaocri; qui est Péléineal
essentiel delà cêrcnionie, et il faut rapprocher cTeTitiripiov de (rtlor, et infoEiv (|ui ont
le sens de puriliealion (Arscliyl. Choeph. 94 ; Sopliocl. Antiy. 431 ; Electr. 52,
458 ; cf. aussi llesycli. 'jir.zr^o-.a, *aOai[»o;, exDudt;). Voy. encore sur la forme ilu mol
Nilsson, Griechiscbe Feste, p. 1.'>1, n. I : A. Mommscn. Detphika, p. ;;io,
note t. — 2 plutarcli. tjitaest. t/rat-c. p. 293 C. — 3 /Je defeet. orac. 2, p. 418 A.
Voy. sur ces deux textes, P. Foucart, Mémoire sur ftelphes, p. ISO ; A. Monnusen.
Op. l.f. 206; J. liarrison. Op. I. p. 113; Nilsson, Op. I. p. 1 m ; Tiirk, article
Pijtlioii dans le Lexikon der Mytholoijie Ae Rosclier, p. 34iic'i ; Hiifcr, arlic'e
Pijthio^, ibid. p. 3380.
SEP
1 207
SEP
rnmoaiix de laurier à Tempe el les rapporlant à Delplies
en icraiule poinpe [dapunéimioria]. Là se placent, d'après
PIiitarc|iie, les icXivai, c'est-à-dire les circuits assez longs
i|uo faisait la procession, et la Xarpsia t&ù iraiSoç, la
fonction religieuse conliée au jeune garçon qui con-
duisait la troupe et qui avait à remplir certains devoirs
rituels'. L'importance qu'on attribue à Tempe dans la
fêle delphique donne à penser que cette localité fut le
vrai point de départ du culte d'Apollon, plus tard installé
à Delphes-. Le drame sacré, appelé Septerion, passait
donc pour mettre sous les yeux des spectateurs les péri-
péties de la lutte d'Apollon el de Pyl-'ion. Mais dans
celle sorte de pantomime que de détails étranges, sans
relation apparente avec l'histoire classique du serpent
tué par le dieu ! C'est évidemment ce qui incline Plu-
tarque vers la recherche d'une autre explication et c'est
pourquoi, dans ce passage, il discute contre les théolo-
giens et les poêles qui parlent d'un combat avec un
dragon; car il lui semble résulter des rites eux-mêmes
qu'il y avait là autre chose. Et cette explication nous est
fournie par Strabon, citant l'historien Ephoros, qui
soutient la thèse évhémériste de l'existence d'un certain
Python, bandit installé dans la gorge montagneuse de
Delphes, analogue aux Sinis et aux Kerkyon vaincus
par Thésée. On l'avait surnommé Açixojv à cause de
ses excès redoutables, et c'est lui dont Apollon délivra
le pays à la grande joie des habitants qui entonnèrent
le U iraiiv et mirent le feu h l'habitation de leur tyran.
Du surnom Apiy.djv naquit la légende du serpent tué à
coups de llèches par le dieu enfant'. Mais les détails du
rituel rétablissent la vraie signilication du mythe.
Ainsi raisonnait-on aux temps de Plutarque et de Slra-
bon. Aujourd'hui, les mythologues sont entrés dans une
voie nouvelle et ils ont posé en principe que les rites
religieux n'ont pas été créés d'après les mythes, mais
qu'au contraire on a souvent créé les légendes pour
expliquer des rites très anciens que l'on ne comprenait
plus *. Le Septerion en serait un exemple. Il représentait
la partie la plus ancienne de la religion delphique, anté-
rieure même au culte d'Apollon, car il offre beaucoup de
détails qu'on retrouve dans les religions primitives de
régions différentes. Le silence observé sur la route, la
hutte incendiée, la table renversée, la fuite précipitée à
travers les portes, la défense de se retourner et de regar-
der derrière soi, tous ces actes, incompréhensibles quand
il s'agitde les mettre en rapportavec l'hisloire d'Apollon,
deviennent clairs, si on les rapproche de superstitions
et de fêles populaires dont quelques-unes se sont con-
servées jusqu'à nos jours^. L'incendie des objets, la fuite
précipitée sont des rites que nous retrouvons aussi dans
d'autres fêles de l'antiquité grecque ou romaine, el à
Delphes même [chahila, dipoi.eia, jlxo, p. 685, popli-
FUGiA, RECiiai.iiM]. Or nous avons vu [i'ythia, p. 754]
ï .Niisson, p. 157. pense que !e uaTç devait jeûner el ne man^e-iit qu'une fois
arrivé à un petit liourg appeK' Aeisvtâ;, où Apollon pour la première fois avait
pris lie la uonrrilure, après le ineurli'e (le Python; cf. Stcpli. liyz, s. v. At^r.vii;.
— 2 0. Millier, Doriei; I, p. 20i ; Niissoo, p. I.S3. — 3 Eplior. ap. Strah. p. 4iJ ;
ef. Pausan. X, 6, 0. — i S. Ueinacll, Cullcs, Mythes et Helif,wns. 111, p. IH s.|.,
p. 25:l; Oipheus, p. lii). — ^ Niisson, Op. t. p. 154-156; Fraier, Puusanias,
l. III, p. 53; J. Harrison, Proleijomena, p. 113. — 0 P. Perdrizet, rouilles
lie Delphes, t. V, p. 4. — 1 Voir pvihia, p. 78i; Perdrizet, /bid. p. 5. — s Cf.
Ilofer, article fi/thios dans le Lexikon lier Mythol. de liosclicr, p. 3370 ;
Hillcr von tiaertrinson, art. Delplioi. dans Pauly-Wissovva, Ileal-EticyclopûHie,
p. 2539. — 9 Qiiacsl. i/rec. p. 293 C. — i" Cf. P. Toucart, Op. l. p. I8U ; L-nor-
mant et de Witte, Elite des mon. céramographiq. M, p. 293. M. Niisson a eu
(|ii'à Delphes l'établissement du culle (rA|)olliiii parait
être de date relativement récente; il est importé de
Crète, et les découvertes de l'Ecole française ont sur ce
point confirmé pleinement la tradition homérique". Le
dieu de Delphes a dépossi'dé de plus anciennes divinités,
comme Gè et Poséidon', et l'omphalos lui-même, devenu
le centre du culte apoUinien, considéré comme le TOfiSoç
du dragon Python", est un bétyle, un fétiche de pierre,
vestige de la religion aniconique la plus ancienne
^baetyua, ompualos]. Le Septerion, comme d'autres fêtes
delphiques qui revenaient aussi tous les huit ans seule-
ment '^ciiARiLA, HEROis], appartient à la religion qui avait
précédé l'établissemenl du culte d'Apollon.
Si cette vue est juste, on comprend que les anciens
aient cherché en vain à mettre en harmonie la légende
sacrée de Delphes, le combat contre Python, la fuite vers
Tempe, etc., avec les détails étranges du Septerion. C'est
pourquoi, Plutarque ajoute prudemment : le Septerion
est la reproduction de ces faits « ou de quelques autres de
ce genre (t&'Jtojv Tj toiciÛtiov Ttvùiv aito[Ji.!(JtY|ii'; Igtiv ÉtÉoujv) ' ».
Les historiens modernes sont eux-mêmes tombés dans
l'erreur quand ils ont voulu identifier les rites du Septe-
rion avec la légende d'Apollon ou même suppléer au
texte de Plutarque par d'autres détails qui rappelleraient
la lutte du dieu contre le serpent'". Il n'y a pas à se
demander si l'enfant que conduit la procession lance
une flèche contre la maison de bois, ni si un serpent
véritable était placé dans l'intérieur et consumé par
l'incendie. Des détails aussi importants pouvaient-ils
être passés sous silence par Plutarque, qui cherche
précisément la relation à établir entre le rituel et la
légende? S'il n'en parle pas, c'est qu'ils n'existaient
point. Parmi les éléments de ce rituel très ancien, il
y en a, d'ailleurs, qui résistent encore aux explications,
comme le nom de AoXwvt'a appliqué au chemin qui con-
duisait à la maison de bois. On en a proposé des in-
terprétations qui sont peu satisfaisantes et qui fondent
arbitrairement sur ce nom un rapprochement avec la
AoXiivEta de V Iliade ^^ .
Ce qui dans la fête du Septerion consacrait spécia-
lement le souvenir d'Apollon, c'était le nome citharé-
dique, la cantate musicale que déclamait en s'accom-
pagnant de la cithare un chanteur revêtu d'un costume
d'apparat [crniAROEDus]. Ce chant, composé d'après un
plan obligatoire el invariable, devait retracer les
péripéties de la lutte contre le serpent Pylhon. Nous
en trouvons une représentation très transparente, quoi-
que sous une forme mythique, dans une belle peinture
de la maison des Veltii à Pompéi, où l'on voit Apollon
lui-même, célébrant sa victoire en s'accompagnant de la
cithare, en présence d'Artémis, tandis que le serpent
Python expirant à ses pieds s'enroule autour de l'om-
phalos el ((u'un prêtre assisté d'une femme s'apprêle à
tout à fait raison de camhaltre sur ce point les raisonnements de Moinmsen, l'razcr,
J. Harrison, qui veulent faire du meurtre du sei'pent l'élément essentiel de la céré-
monie du Septerion; il n'en est pas question dans Plularquc {Oeiech. Feste,
p. I5;i). _ Il lisener ap. Arch. fur Heligionswissensch. Vil, I9(li, p. 317; cf.
Hôfer, Op. l. p. 3370. Lîsener met la fête du Septerion dans le mois lÂar-.;, prolia-
Itlement le 23, qui correspond au 23 Tliargélion attiijuc, claie à laquelle ou plaçait
l'anniversaire de la clmte de Troie. La Ao>.^v£ia de Uelplics ferait allusion à l'espion
Uolon, allant dans la nuit revêtu d'uuc peau de loup (comme Apollon Aùnctoç);
l'inceudie de l'èdilice en bois comméntorerait la ruine du palais de Priam ; Pyr-
rlios destructeur de Troie serait un doublet d'Apollon destructeur de Python, etc.
Il vaut peut-être mieux dire que nous ignorons pourquoi le sentier s'appelait
SEP
120S —
SEP
■;! r'viilcinmcnl celui qui, ilrs le | /nui'', liimlis que les pni/fnii'
sai'l'iliiT lin liuircaii en I'Ikiiiiiimii- du dii'ii i M;;. (i.W'ii) '.
C/iHail l'af^i'in parcxci-liiMiccdi;!;! IV'lc (lAiiuiliiii, ((duiciui,
à l'origine, avail composé à Ini seul \o progianiine du con-
roiirs j'YTiiiA, p. 7!K)]. C"
déhul, se lia eL se sii-
per|)0.sa à la fêle lorale
pins ancienne '-. Mais,
comme il commérno-
rail spécialement la lé-
s^ende d'Apollon, on
ne manqua pas, quand
la fêle devint penla-
éléritiiie el qu'elle re-
vint tous les qualre
ans. de le placer au
dé'liut lie ciiaque celé- Im^. iv.hh. — i-iiymnc d'Apoii
bralion, tandis que le
drame primitif el mystérieux du Seplerion n'avait lieu
que tous les huilans. On doubla même, au vi' siècle, le
concours de cithare d'un concours de flûte qui repro-
duisait, lui aussi, les phases de la lutte entre le dieu et
le serpent [i'Ytuia, p. 701]. Ainsi, de plus en plus, la
légende apollinienne tendait à recouvrir el à cacher
les couches plus anciennes de la fêle locale, si bien
que peu à peu les spectateurs s'habituèrent à chercher
dans le mime du Seplerion une image du dieu enfant
combattant Python.
Le Seplerion avait certainement lieu dans les premiers
jours de la fête. A. Mommsen le place dans l;i soirée
du vil Boukatios, avant la grande procession el les jeux ;
mais celte date n'est pas certaine ^ E. Potiiku.
SEPTI.\IO.\TIUM. — Fêle romaine qui se célél)rait le
11 décembre, d'après le calendrier Philocalien'. Festus'
semble la confondre avec les Agonia du même mois, et
Mommsen, acceptant la correction de Scaliger à Feslus,
adopte celle manière de voir ^
Celle fête était particulière aux habitants des sept
collines et plus exaclement des sept régions qui consti-
tuaient la ville de Home au temps de Nuuia : Palatin,
Velia, Fagulal, Subura, Cermalus, Oppius, Cispius'. On
croyait que cette fêle avail été instituée pour célébrer la
clôture des sept collines dans les murs de la cilé^. Très
ancienne, comme on le voit, elle était encore célébrée
sous l'Euipire'' et même au V' siècle '' .
C'était une fête fixe. A l'origine, elle se rangeait parmi
les sacra popularia ou publica. parce que les sept col-
lines énumérées par Feslus représentaient toute la ville;
plus lard, elle fut considérée comme une des feriae pri-
* l.a figure osl faile (l'aiir*''s llcrrmann, Deiikmâler der Malerci dfis AUcrlums^
ni, pi. « = Rosclier, l-rxikon drr Myth. III, |i. 3407, lis. i. La piiuUnc Hc vase
doiiiirc par l.ctinrmant cL dr WjUl> connue une allusion ati Seplerion de Delphes
{Ktit. Mon. Cthtimotjr. Il, pi. xxnix) repri^sente simplement la fête des Choes à
Allii'nes; cf. ciini s, p. Il::7. — i Cet .igùn musical ne pouiail pas avoir lieu au
tlif'>Htre, à IV'poquc ancienne où le tliéàtre n'existait pas enrore. M. l'omlow a sup-
poséipic la Uiolof areliaïipie des Sicjoniens, l'-lcvéc dans le sanrluaiie de Ilelplies,
avait dû seriir aux plus aneiens cournurs uuisicaux el que le fi^jAa sur leipiel mou-
laient les musiciens ^lail alors la laide des sacrilices, une table en bois, origine
de la llfymrté <licrl. phiMog. Woclunschrift, l:l mars 1911!'). — 3 Ùelpliika,
p. ii:i ; on a vu ci-dessus, p. 1507. noie Il.ipie M. Useuer a opt(^ pour une autre
date. Cf. le tableau des lètes .le llilplii'S, a^e(■ leurs mois, diuiii.' par II. von (iaer-
Iringcn, (Jp. t. p. 253i.
SKPTlMONrlfM. 1 l.e li, suivant le calendrier de l'olemius Silvius, mais c'est
iH»e erreur, d'après Monunscn, Corp. iiise. lai. I. p. 3:ir., 2* C-d. Ajoutons (pic les fûtes
romaines londicnt pour ainsi dire toules à des jours impairs. — 2 S. r. Agonium.
— 3 l'eslus p. 3H1 11, mais cf. lelcilc reslitiié par .Scaliger et l.ydus, />e mens. p. I ts
éd. lieUer. V. Mouimsrn, loc. cit. - ' l'cstus, p. 348 6; Varr. Litii/. Itil. VI. Jl
— 5 dut. ijioinl. rom. 80. — 6 Sucl. Domit. 4; ferlul. /Je Idol. tii.— '' fo\. Silv.
fatdc" parce ijiie, Home s'i'laiil étendue, elle n'intéressait
pas toute la ptipiilaticui, mais setilemenl les Itabilauts
des monts, qui formaient autant de confréries de ?«oh-
de l'as
(icciip.'tieiit les piirlies
li.'isses (le la ville. C'est
pnib.'iblemeul le même
jiitir que le flamcn pa ■
hiliKilh offrait sur le
Palatin un sacrilice ap-
pi'h' juildlunr ".
Andri. Bai nmi.LART.
SEI>TI'i\l |sAKr'i'rnf|.
SKPriMMIlI EPU-
LOXES [i-;i'i'L(i\ESi.
SEIȕll,>X. Monnaie
1,011. de compte romaine,
valant 7 onces ou 7/12
sa marque dans les comptes était S — .
F. LlîMinMAXT.
SEPULCai VIOLATIO. — A Home, le tombeau qui
comprend légalement la tombe, le monument et le
terrain carré ou rectangulaire qui l'entoure, est consacré
aux dieux Mânes el garanti par la reliyio. Il ne peut être
ni vendu, ni donné, ni légué' ; la loi des Douze Tables
en interdit dt'jà l'usucapion ^ En laissant de côté les
tombeaux fort rares réservés à une seule personne ',
el ceux des socii el des collèges [fi;nus, p. 1402-Oi], on
peut distinguer avec les jurisconsultes* les sepulcra
l'amiliaria et les sepulcra lieredllaria; les premiers ré-
servés d'abord aux membres de la (/e/is,puis ouverts aux
personnes émancipées, aux agnats, aux alVranchis el à
leur descendance du même nom ; les seconds, propriétés
des héritiers. La violation de sépulture [sepulcri vio-
latio) ' comprend les actes suivants : la destruction d'un
monument ; l'enlèvement de tout ou partie des maté-
riaux pour un autre emploi, des inscriptions, des
statues, une mise hors d'usage ou une détérioration
quelconque, par exemple le dépôt d'ordures " ; la
transformation en propriété privée ou en habitation \
soit par usurpation, soit par vente, achat ou tout acte
analogue"; l'introduction dans le tombeau des corps de
personnes qui n'y ont pas droit ^ ; puis les atteintes
portées aux morts eux-mêmes, à savoir toute exhumation
des cadavres sans l'autorisation du grand pontife ou de
l'Empereur'", le fait de les enlever, de les dépouiller de
leurs vêtements et ornements et même de mettri» obstacle
aux funérailles ". Nous ne savonsquelle fut la l'épression
primitive de ce délit'-. De bonne heure, l'édit du préteur
— s Ainsi peut s'expli(|ucr la contradiction entre les teïles de Feslus 245 a el de
Varron, L. l. VI, i4. Cf. Bouclu;-l,ecler((i, Miinuct instil. rom. p. 4'Jti. — ' l.afayc,
Iteo. Iiist. d. relii/. t. .Wlll, tStS, p. 7i, commente une inscription Irouvi'e ii
Houu' la même année el qui se rapporte aux nwnttnii du mont Oppius et à leur
chapelle; cf. Manpiardl, Cullc clic: i-s llom., I, p. i:"'.!, tr. fr. — n'Ciccr. De domo,
»8_ 74. _ll Kestus, p. 34,s A. V. lesarl. i kkiak, agox.m n.
Slirei.CRI VKII.AI'IO. l .Sauf pour la partie du leiia-u qui cnuslilue mauifesle-
nicnl une extension excessive Ifliff. IS, I, 2i, 73, § I ; 1 1, 7. 0, § 1 ; C. Jiist. 3, 44,
9). —2 lu. Il ; Cic. Itc leg. 3, 24, lll. — 3 f'. ins. lal.ii, 2loli7. - '/>/(/. 11,7. 5;
47, 12, 3, 3 ; Vod. Jiist. 3, 44, 13. Voir Mo isen, /Tura rôm. Gra'irccht (Zeilsch.
d. Sariiiiiy-Slifliiuii. rôm. Ablh. IS'.iS, p. 203-220). —» Voir Wamser, We jure
sipidcnUi /lomunorum, p. 3, 21. — 0 l'aul. Sent. I. 21, 5, 8, 12; Vin. 47.
12, 417 ; 43, 24, 13, § 2, 22, § 4 ; C. Jusl. 9, 19, 1-5; C. Theod. 9, 17; C. i.
I. G. 24799 ; 10, 3314. — 7 Ùii/. 47, li, 3 pr., S C, Il ; II, 7, 12, § I ; Paul.
Sent, t, 21. 12. — 8 Cas prévu surtout par les ameiules funéraires. — '-' l'aul.
.Sent. I, il, 0. 9; Diij. 47, 12, 3, 3; C. Jusl. 9, 19, S, 13. - m lliij 47, 12. 3.
Il ; l'aul. .Seul. I, 21. 1 : l'Iin. Kp. 10, 73, 7t. — Il l'aul. Sent. I, il, 4; /^(y.
(T. li, .1, S7: 11, s, Aiiiiuiau, IC. v i:,,ssi,i.l. Vnr. l. Is. — I-' Krreur de r. Th.
II, IT, '.
SEP
— 1200 —
SI^P
iloiina une aclion privi'i', i/iiasi r.r i/i'lir/o, U'iiilaiil à
ohlenir clos tlomiiuiges iiiléréls cl qui devint publique au
Bas iùnpii-e ' ; plus lai-d, le préteur donna au premier
venu une action i)0|>ulaire infamante comporlanl une
amende de lOOOO, qu.'l.iuelois de 20 000 sesterces ; dans
certains cas il y avait lieu à l'interdit t/iiod vi (iiil cluiii,
dans d'autres à un(! action d'injure -. Sons l'Empire
apparaisseu t les amendes fuuéraires^MiLTA, p.20l!(-2U-2(_) •,
dés le ir siècle on fit tomber le délit sous le coup
de la vis^; et la jurisprudence impériale le classa parmi
les crimes extraordinaires, punis, selon les cas, de la
déportation pourles /lonesliorcs, des travaux publics pour
les liumiliorcs, quelquefois même de la mort *. Dans la
Grèce et l'Orient la scpnlcri violalio s'appelle TUfifliisu-
•/(t. ", le délinquant T'jupojpu/oi; ". Ce crime, de plus en
plus fréquent au Bas-Empire, est de ceux qui autorisent
le divorce de la femme. Sous Constantin reparutl'amende
fixe, allant de une à vingt livres d'or. Valentinien III
frappa d'une amende de oO livres d'or ' le trouble ap-
porté par les créanciers aux funérailles des débiteurs *.
Cn. LtcniVAi.v.
SEPTEMVIRI EPtLOXES iElULONEs].
SEPULCRUM. T-i-ioç, TÛp-^oç, pvY,|Aa». — Tout ce qui
regarde les rites des funérailles, l'inhumation et l'inciné-
ration, la situation des sépultures, le mobilier funéraire
l'entretien des tombes a été exposé à l'article fums.
Pour ce qui concerne les réceptacles oùétaientdéposésles
corps ou réunis les ossements et les cendres, cercueils,
sarcophages, urnes ou simples A'ases, on se reportera
aux articles collmiiaiuim, sarcoimiagus, olla el irna. Dans
le présent article on traitera exclusivement de la forme
intérieure des tombeaux, de leur apparence extérieure
el de leur ornementation en Grèce, en Asie Mineure et
dans les Iles, en Étruric el à Home. Les textes sur ce
sujet sont très peu nombreux : les anciens n'ont guère
décrit leurs sépultures; tous les renseignements doivent
élre tirés du témoignage des monuments révélés en
grande quantité par les explorations et les fouilles. Les
constructions funéraires de l'antiquité varient, d'ail-
leurs, à l'infini dans leurs détails de construction cl d'or-
nementation ; il ne peut s'agir ici que de marquer les
types généraux el leur évolution, et de mentionner les
monimients les plus caraclérisli([ues.
GitÈi;i;. — Période prclieUènique. — La fosse creusée
dans la terre d'une part, et d'autre part la chambre
taillée dans le roc comme la grotte naturelle, ou bâtie en
pierres à l'imitation de la maison des vivants, tels sont
les deux types essentiels qu'on peut saisir dans l'histoire
de l'archileclure funéraire des anciens. On les trouve
très développés dès l'époque mycénienne ou égéenne,
en Crète et sur le continent grec. Mais on les saisit déjà,
sous une forme simple, dans les tombeaux récemment
explorés des Cyclades, qui forment tête de série
pour les monuments que nous étudions. Le type
primitif de la tombe-fosse est représenté à Amorgos,
Paros, Autiparos (explorations et fouilles de Diimmler-,
Betit', Tsountas'") ; ce sont des tombeaux tant('it isiilé's,
taiil<)l groupés par iM-cropolcs iciiiipiiMiafil |iisi|ii ;i
1 C. Th. !». 17 ; C. Just. 'i. l'J. — i Diç). 47, li. 1 1 pr.. 0. s, (li : t:i, H, I-,, S i :
17. 10. il. — 3 Oifi. «, li, V-'i. — t l'aul. SiiHt. i, i{, t. li; Ouj. i7, lï. 7-li ;
C. Just. 9. IS, I : C. Th. 9, 17, i-4 ; A'oi'. Valnriliii. III, 2i, 3.-5 C. i. ijr. iSil.
3i66,3i;9i; lliill. île corr. hell. 5, 3lt (iSé\il frappé par la loi romaine cl la loi imli-
gène). V. Milleis, /tt'iclisrecht und Volksrecht, p. 100-lUI. — »j Syooiivmcs iii^r.;,
iipiojjo; (f. ins. i/r. )C39, 4i07, IMS).— ' C. Th. 3, Kl, 1 ; 9, 17, i. — »C.Jiut. 9,
VIII.
Ijilli — fomlii I [
<l Smor(,o-
(iiiquanlc ou soixante lniiibcaux, simples ou doubles.
Ils sont creusés dans la terre \ à peu de dislance de la
surface du sol, de forme
queW|uefois rectangulaire,
plus souvent trapi-zoïdale,
avec un ou deux angles
droits ; (jualre plaques de
pierre enserrent l'espac-e
de la fosse, une autre
jilaque servant ordinairo
inent de couverture ; une
autre encore recouvre gé-
néralement le sol de la fosse, quelquefois sur sa moitié
seulement, le long du plus grand coté. Ces lombes sont
de petites dimensions, la plus grande de celles ex[>lorées
parM.Tsounlas n'ayant pas, en longueur, plus de I m. 73
pour les grands côtés, 1 m. 20 pour les petits ; la largeur
ne dépasse guère 1 mètre, la profondeur variant autour
d'une moyenne deOm. 50: il faut donc admettre que les
corps étaient déposés dans ces fosses les membres repliés
el tassés, le long du grand côté du trapèze qu'elles dessi-
nent souvent, sur la partie du sol recouverte par la plaque
inférieure. Les tombes doubles (fig. 6303)'= ont une dis-
position analogue; mais, plus profondes, elles sont divi-
sées endeux (A el Bjpar unepbique qui fait à la fois plan-
cher et plafond, et repose de part et d'autre sur d'autres
petites plaques disposées en piles, qui diminuent d'autant
la largeur de lafosseinférieure(B); quelquefois, souscelle-
ci, s'ouvre encore une fosse de dimension plus restreinte.
.Nous ne nous occupons pas, nous l'avons dit, du mobi-
lier funéraire que renferment ces tombes, ni des rites
funéraires qu'elles supposent. Il ne semble pas qu'aucun
signe extérieur en ail marqué l'emplacement.
A Chalandriani, dans l'ile de Syros, ont été dégagés
par M. ïsountas des tombeaux de l'autre type '. Ils sont
disposés à une faible profondeur el faits de petites
pierres non cimentées. Ils se composent d'une chambre
tantôt rectangulaire ou trapézoïdale, tantôt arrondie
. 0301. — Toinl.c pi
Syros; plan cl cicvalion.
(cercle, demi-cercle, ellipse) (lig. 6304), ces doux formes
étant, à ce qu'il semble, réparties en groupes répondant
peut-être à des divisions en z<S|jiat. Les deux particularités
essentielles de ces tombes sont : 1° la disposition en
encorbellement des assises formant les murs, qui vont
aiii.-^i (liniiiiuaiil <le diamètre jusqu'à l'assise supérieure,
19, 1.; Nw. un, 1 : Kij, i. — BiHi.io..! AiMii. lluin, Dax Criminalrwhl dcr /lOma;
U-'ip/.ig. l«Vi, p. 897-9UI; MoniniK'ii. .Strnfncht, U-ipz., I»99, p. Kli-Sil.
SKI'UI-CBDM." Lucien, C/..ir.i2, se siTl.pourdcsigncr les lonilicaiii,rlf5lroi.,!iinl*
fiji...-, t0|x3,»; ..\,«=o»;. - 2 Cf. A/A. SJillh. IsSf.p. 15s<|. - 3 Cf. Journ. ofhell.
8C.rf.l»8V,p.48sf|.-'u:f. ■E..AetlS9S,p.l37sq.--t0(;.<:<7.p.l«.-«i<lp.l»,
JoùcsÙirécnotrer.gurc.-7a.E..Af,..l899,p.77sq.;nolrcfigiiPc = p.80,ng. 10.
152
SEP
1210
SEP
formée d'une seule plaque ; l'ensemble réalise un type pii-
milifde Iholos ; 2" l'existence dune porte, pourvue de deux
antes eld'un linteau {hauteur Om. 50 àOm.tiO), quelque-
fois, avec un rudiment de dromos d'accès. Ces entrées
sont généralement barrées par un mur de pierres brutes.
De la disposition de ces entrées et de leur petitesse on peut
conclure qu'elles ne servaient pas à un usage pratique, le
corps étant introduit danslatombepar en liant. 11 faudrait
donc voir là limitalionde la maison primitive ; et le plan
létragonal ou circulaire répondraità deux types d'habita-
tion, le type arrondi étant le plus ancien, et le type rectan-
gulaire s'étant introduit plus tard, peut-être sous une
inlUience égéo-orientale'. Ce qui est sur, c'est que ces
tombeaux de Syros annoncent déjà le type de la grande
tôïftbe à chambre et à iholos de l'époque mycénienne,
avec'son dromox et sa couverture en encorbellement -.
' Les deux types de la tombe à fosse et de la tombe à
chand)rese retrouventen Crète, dèsledeuxièmemillénaire
avant ,1.-C., à Cnossos' (nécropole de Zafer Papoura) et
sur beaucoup d'autres
points. A Zafer Papoura,
trente-trois tombes sur
Cfnt sont du premier
type ' ; la fosse, après
t mètres ou 3 mètres de
profondeur, se rétrécit en
une cellule sépulcrale,
contenant le corps et le
mobilier funéraire"; la
cellule est séparée de l'es-
pace principal par des
blocs de pierre reposant
sur les degrés que forme
le rétrécissement de la
fosse ; souvent aussi un
autre degré facilite la descente (fig. G303). Il y a à
Cnossos une forme intermédiaire entre la tombe à fosse et
la tombe à chambre: c'est la tombe à puits, étroite et assez
profonde — 2 m. 30 à i m. 30 — pourvue de degrés ^ ;
au fond et sur h; cùté s'ouvre une petite cavité sépul-
crale, un loculus protégé par une double rangée de
pierres Le puits joue ici en quelque sorte le rôle d'un
dromos d'accès à la chambre. Le type se retrouve à
Chypre '' et en Sicile.
Les lombes à chambre, sous leur forme la plus simple,
sont creusées à même dans la roche, à l'imitation de la
grotte naturelle, et se composent dune chambre et d'un
couloir d'accès ou dromos. K Cnossos *, les chambres
sont sur plan carré, quelquefois légèrement arrondies
aux angles (fig. G30Gj ; peut-être y a-t-il là un souvenir
de la forme ronde plus ancienne ; même forme à
Phaeslos', à Milalos '", à Artsa ". Ailleurs, la forme
ronde, ovale ou en fer-à-cheval est dominante ; à
Phaeslos'S une chambre est en ellipse tronquée du côté
de l'entrée. Le haut de la chambre forme une coupole
I Cf. sur ce poiiil, iiilii.- auirts, liulli-, Orchomcnos: rfulil. Alh. Mittli. I'.H13
p. 331 6i|.; OragendorlT, TherAische Giàber, p. 98. l'ourlaiil Jl. Noack .laiis un
travail rfct^iil, Oralhaus unit l'alast m Kreta, 1908, soffoicc ilc inoiilicr le plan
recUnguiairc se d<-vclappant de lui-niime ni sponlaiiFincnt dans llialiilalion ronde.
— 2 Cf. llragcndorlT, ibid. — ■> Cf. Evans, /Vie prehisl. tombs of Knossos
(Àreluologin, l. I.IX). — * Evans, ibid. p. Ml. — :• On voil aussi le mobilier
funiVairc placf sur le bloc même (|ni surnioiilc la cellule funéraire (Evans, p. *0*.
lig. 10), d'où csl prise noire figure. — « /Ai /. p. 405. — l Pcrrol et Chipiez,
llisl. de VArl, VI, p. 64'.'. — 8 Evaus, ibid. p. 393. Cf. Pfulil, Ath. Mitth.
Fig. 6303. — Tombe Cretois
'
;" .
1
ï
i^»,'o^.|^^
S^^
630'i. — Tombe crélo
basse '^; à Phaestos la paroi du côté de l'entrée est droite,
tandis que les autres forment voûte". La porte de la
chambre était, quand le tombeau avait rempli son oflice,
bloquée par une double ou triple assise de pierres bru-
tes'^ (fig. fiSOtJi. - -
Le dromos est
souvent cons-
truit en pente
plus ou moins
forte, avec des
degrés, etvas'é-
largissant jus-
qu'à l'entrée du
caveau '^ plus
étroite elle-
même que le
dromos ; quel-
quefois, la pur-
lie voisine de
l'entrée de la
tombe forme
tunnel. A Cnos-
sos, les corps
sont déposés
sur le sol de la cliambre funéraire dans des lurnnkes
[s.^RcopnAGl•s] ; dans la principale des tombes de Phaestos
ils sont placés sur des banquettes surélevées, de chaque
côté de la chambre, ou dans des fosses creusées dans le
sol même de la tombe '".
Il n'y a pas de dilTérence essentielle entre ces tombes
à cliambre et le type plus complet qu'on désigne sous le
nom de tombes à tliolos ou à coupole ; seulement ces
dernières sont bâties dans le sol au lieu d'être taillées à
même la roche'*. On les trouve partout en Crète, depuis
la forme rudimentaire jusqu'à la plus achevée. Les
tombes découvertes à Kumasa semblent remonter à
l'époque minoenne primitive'^ ; c'étaient, comme les
monuments contemporains d'Orchomène dans la Grèce
continentale ^''. des ronds de pierre surmontés de cou-
polos basses en terre glaise. Une tombe de Muliana, près
de Sitia-', présente le même type avec une forme plus
avancée ; le plan est tétragonal, et les assises inférieures
de la chambre sont verticales; plus haut les assises de
pierre sont en encorbellement, une seule grande plaque
formant le sommet. La porte d'entrée est très étroite, et
le dromos manque. A llirgia Triada apparaît le type
complet de la tombe à coupole parabolique -'-; mais les
assises inférieures sont simplement posées sur la roche,
sans fondation : le sol de la chambre est irrégulier. Deux
tombes de Praesos offrent le type achevé de ce genre de
construction : l'une est circulaire'^; elle présente, avant
l'étranglement de la porte, une sorte de vestibule ; le
diamètre de la chambre est de 4 mètres environ ; l'autre
est de forme carrée à la base-', les assises supérieures,
dont quelques-unes sont encore en place, étant très nelte-
I9U.Î, p. 31*. — » or. Savignoui, Mon. dei Liiicti, .\IV. p. :.i7, fig. 17.
— 10 Evans, il!>i</. p. 1S3. —H Cf. B;. Aj;.. 1904, pp. I si|. — '2 Cf. Savignoni,
Ibiil. p|i. 501 sq. el lig. 4. — 13 Evans, p. 41!', fig. 251). — llSavignoni, ibid. lig. 4.
— l-' Evans, p. 39"', fig. I, d'oir usi tirée notre ligure ; Savignoni, ibid. p. 510.
r,„_ 3. _I6 Par es. Evans, p. 4IR, fig. iV. — n Savignoni. ibid. p. 5l5si|. lig. 6 et 7.
— 1» Cf. Savignoni, ibid. p. 603, n. i. — 19 Cf. Jalirbucli, Arclt. Anz. 1907.
p. 107; 1908, p. lii. — '-" Cf. Bulle, Orchomenos. — 21 Cf. Eç. 'Aa;. 11104,
p. il sq. — 22 Cf. Mon. Limei, XIV, p. 678 si). — 2J Cf. Bosanqucl, Ai.n. of Ihe
Br. Sehool, VIH. p. i40. — 2* Ibid. p. i45.
SEP
1211 —
SEP
mcnl disposc'osen enc'Orl)eIlomenl. Knfin, la ^raïKlr tninhi'
<< royale » di'coiiverlc à Isopala pcul rivaliser avec les
fçrands tombeaux à coii|)oIe de Mvcèiies ' : un droinos
de 'li mètres de long sur :2 mètres de large se termine en
une antichambre de (im. 73 sur om.58 avec, sur les deux
e(')lés, une niclie funéraire voûtée ; les parois «le la
chambre funéraire (7m. SM sur 4 m. 07) convergent |)our
former une coupole liante de 8 mètres. Cette tombe,
prototype des monuments de Mycènes et d'Orchomène,
remonterait, d'après M. Evans, jusqu'à 20U0 av. J.-C.
Les découvertes récentes tendent à faire considérer l'ar-
chilecture et
l'art « mycé-
nien » de la
(irèce conti-
nentale com-
me un dérivé
provincial de
l'arl crélo-
égéen - ; mais
pour les cons-
tructions funé'-
raii-es. c'est
sous un(^ l'or-
me plus par-
faite que nous
retrouvons, à
Mycènes et sur
d'autres points
d u m onde
grec, les types
que nous ve-
nons de dé-
cri r e . Les
fouilles de Fig. 0307. - Enclos funi
Schliemann
ont dégagé à Mycènes des tombes à fosse et des lombes i\
ciiambre. Les six lombes de l'Acropole', toutes pareilles,
sonl des cuvelles de 3 mètres à 0 mètres de profondeur,
formées par l'évidemenl du roc; les dimensions en lon-
gueur sonl de 3 mètres à 7 mètres sur 3 mètres à 3 mètres
de largeur. Des murs en petits moellons étaient appliqués
contre les parois el rétrécissaient le vide ; sur ces murs
reposait, par ses extrémilés, une poutre supportant
elle-même des dalles de schiste ; par-dessus la fosse la
terre était raballue et foulée. Nous n'avons pas à nous
occuper ici du mobilier funéraire qui remplissait ces
lombes, pas plus que de l'histoire de l'enclos funéraire
qu'elles formaient par leur réunion ; mentionnons
seulement le double cercle de dalles posées de champ,
réunies par d'autres dalles posées à plal, qui le limite,
el où il faut sans doute voir la clôture de celle espèce de
léménus^ (lig.()307). La théorie de M. Tsounlas, pour qui
ce cercle de dalles serait la base du mur de soulènemenl,
de laxpv,-n:tç d'un lumulus élevé au dessus des lombes de
l'Acropole % semble avoir été victorieusement réfutée
par M. Clir. Belger '^ ; c'est simplement un Opty^oç Xi'Owv,
1 E\aus, Loc. cit. p. oîù si\. — 2 Cf. par ox. Collij^'iion, L'arcli. grecque^ p. 23.
_ 3 Cf. IVrrol cl Cliipicz, HM. ih l'An, l. VI, p. 3Ï3 sq. ; Tsounlas cl M.anall, The
Myceiiean at/e^ p. 8i sij. Nous renvoyons iino fois pour loti les à ces deux ou vi'a;;cs pour
loiil ce qui coucci-ne les nionumenls fiut^raii'cs deMycùnes. — * Cf. CeiTol, Op. cit.
p. 5SI sc|.; noire (ig. = /Wrf. (ig. 234. — s Cf. Tsounlas, Op. ci(. p. lue. — «Cf. Belger,
Mch.Jahfb. ls»6,p. lil : cl Tsounlas, i/iirf. p. 148. — 1 Pans. Il, 15, 4. Ladistinclion
cuire le efi^xà; Xiftwv, clôture d'un Léménos, ellex-î-i^a ^î;;, amas de terre, lumulus, se
pareil à celui que signale Pausanias au lond)enii du
héros Opholtès'. Aussi bien, il semble que le lumulus
ne se rencontre pas à l'époque myci'iiienne ". Le i-^ii.-j.
des lombes de Mycènes, c'est la stèle ; on a retiduM' m
fragments cinq de ces monuinenis, décori's de sml-
pliires ou de moulures '•' ; le sujet le plus fréquent est la
représenlalion du chef sur son char de guerre ou de chasse.
Tout récomment, ont été découvertes, près d'un petit vil-
lage de l'Ile de Céphallénie, plusieurs centaines delomlies
à fosse de l'époque préhellénique'». La nécropole se
divise en plusieurs groupes de fosses qu'abritenl des
cavernes. Les
fosses, de pro-
fondeur iné-
gale, rece-
vaient pour la
])lupart plu-
sieurs corps.
Vraisembla-
lilemenl les
liiinlirs iluii
iiiènic groiipi'
appaiieiuiic ii I
à la même
I r i II u , les
corps (léposi''S
d a n s u n e
inê me l'oss e
à. la iiii''me l'a-
l'armi les
l 0 111 1) e s à
chambre, les
lombes rupes-
Ires creusées
dans le tlanc
■ des lombes ilc Mycèu
d'une colline se retrouvent .sur plusieurs points du
monde grec, par exemple en Argolide à Mycènes ",
iN'auplie'- el Argos '\ en Alliqtie à Spata ''*. La chambre
est tantôt rectangulaire, lanlôl en quadrilatère irré-
gulier, tantôt circulaire ; il semble qu'on retrouve
encore là l'opposition de deux types primitifs d'habi-
tation '". La surface sépulcrale disponible est sou-
vent agrandie par divers procédés ; par ext'riiple des
niches sonl creusées dans la paroi de la chambre à
Argos ; à Nauplic dans celle du dromos ; à Spata, de
petites chambres sonl creusées à la suite de la grande.
On trouve enfin à Argos, à Nauplie, à Mycènes, des fosses
creusées dans le sol de la chambre funéraire el recou-
vertes de dalles : il y a là comme une contamination des
deux types primordiaux : tombe à fosse el tombe à
chambre. Les portes sonl généralement creusées à même
le roc, l'embrasure se rétrécissant vers le haut, el se
terminant tantôt en un triangle, tantôt en un linteau
droit. Le mur de fermeture barre la porte jusqu'à peu de
distance du sommet, laissant ainsi une ouverture bouchée
par un amas de pierres'". Le dromos est souvent de
marque nellemcnl dans ic passage. — 8 Cf. Dragcadorff, Ther. Grâli.f. 102.- 'J Cf.
Herrol, iliiU. p. 703 sq. ; Tsounlas, ibid. p. 91 ; et Rcichcl, Oie myken. Grulistel. dans
Eraiios Vimloùonensis. — '« Cf. Ùull. de l'Art ancien el moderne, 1908, p. 271.
— Il Cf. l'crrot, iOid. p. 370 sq. ; Tsounlas, ibid. p. Ui sq. ; 'Bi. 'A-y/. 1888,
p. 119-, 1891. p. 1-44. —12 ecrrol, ibid. p. 398; Ath. Mitlh. V, p. 143-1113.
— 13 Cf. Bull, de corr. hell. (VollgralT) 1904, p 3C3 si). — » l'errol, iiirf. p. 41:'.
— is Cf. Bull, de corr. hell, loc. cit. p. 37i. — m Jbid. p 370.
SEP
Fig. 6308. — Plan dune
tombe mvcènii
grandes dimensions : 19 mètres de longueur à Argos, à
Spala 2:2 mètres. Une fois mené.jiis(]u'à son terme l'usage
de la sépulture, il élail rempli île terre el raecès du
eaveau S(> trouvait interdit '.
I.e plan est le même dans les grandes lombes à enu-
pide ; seules dillt-renl la dimension, la leelini([ue el l'nr-
ni>menlation de la laeade et de l'iiilé-
rieur de la coupole (lig. G308). Il s'en
trouve sur beaucoup de points du
continent grec, à Mycènes et à rili'-
raion- en Argolide, à Vapliio eu l.a-
conie', à Kakovato sur l'emplaceiuenl
supposé de la Pylos homérique', en
.Mlique à Eleusis ^ à Thoricos '', à
.Ménidi', en Béolie à Orchomène", en
Tliessalie à Dimini'el à Volo'", etc.
Les quelques lignes qui suivent, em-
pruntées à MM. Perrot et Chipiez",
résument clairement la technique de la
tombe à coupole. « On commençait à
choisir l'emplacement de la tombe
future, soit en plaine, soit plus souvent
dans un renflement de terrain, dans la
masse d'une colline de médiocre hau-
teur. On y creusait une fosse circulaire
dont le diamètre était un peu supérieur
à celui que devait avoir, augmenté de
toute l'épaisseur du mur, la rotonde en
projet; quant au fond de ce trou, on le
tenait à un niveau tel que, la construction une fois ter-
minée, la plus grande partie du dôme fût en contre-bas du
sol et complètement enterrée. Sur un des poinlsde la cir-
conférence on pratiquait unecoupure... Ce corridor à ciel
ouvert servait à l'enlèvement des terres pendant l'exécu-
tion des travaux ; ceux-ci terminés, ce seraitlui qui forme-
rait l'entrée du caveau. Partout, dans l'intérieur du cercle,
le sol était nivelé avec soin. Sur le champ ainsi dressé, on
posait la première assise... au-dessus de ce premier lit,
on en montait un autre, puis un autre encore, et ainsi
de suite Jusqu'au sommet ; les anneaux allaient toujours
se rétrécissant et les assises diminuant de hauteur... On
arrivait ainsi jusqu'à l'assise extrême, qui n'était plus
faite que d'une dalle, posée à plat sur la dernière bague
de maçonnerie. » Donnons ici quelques indications de
dimensions. Le « trésor d'Atrée » a 15 mètres de dia-
mètre,unehauteurégale(fig.G309) ; ledroiiios a3omèlres
de long; à Vaphio, le diamètre de la chambre est de
10 mètres et le dromos a 30 mètres de long. De même que
dans les tombes rupeslres, on agrandissait l'esitace dis-
ponible pour les sé|>ultures de deux manières : en ad-
joignant à la salle principale une chambre rectangulaire
taillée dans le roc (Mycènes, Orcliomène), ou en creusant
des fosses recouvertes de dalles dans le sol delà chambre
funéraire : il en est ainsi à Vaphio (où on trouve en plus,
creusée dans le sol du drojuos, une fosse à oIVrandes), à
riléraion, à Mi'iiidi, à Dirniui, à Kakovato. Peut-être un
signe extérieur, image symboli(|ue ou stèle, marquait-il
le sommet delà coupole. .Nous renvoyons à la description
1 Cf. l'crrol, md. p. .'i76. — 2 Itiid. p. 393. — 3 /(,,,;. p. 4o5. — l Cf. DocrpreM,
Alh. Millh. 19(18, p. 295 s<|. —5 Hirrot, ibill. p. 417. —Clhill. p 418. — ^ Cf.
Lulliu?, /''!« Kuppftyr. 6. Menvli; Perrol, ibid. p. 415. — * thid, p. 440.
— « Ibid p. 44,1. — 10 Cf. 'Eç, 'A-,/. 1900, p. îll si|. — " Cf. l'errol, ibil.
p. 594. — «a Ibid. p. Cil» sq. — " Cf. ibid. p. 415. Cf. .niissi, sur la lu.Iiiii(|ue
des loinlies à coupole, Clir. Belger, Ueitrûge :, Kenntniss d. Kitfipelf;r>ïb.
— i'2\2 — SEP
et à la reconstitution l'aile par MM. Perrot et Chipiez'- de
deux grandes liimlies de Mycènes, pour l'étude de l'orne-
mentation sculpturale ou métallique de la façade el de la
rotonde de ces monuments. Notons, d'ailleurs, que la
technique achevée et la riche ornementation d'une tombe
comme le » Trésor d'Atrée » apparaît, en smnme. comme
quelque chosed'exceplionnel ; même dans des monumenis
de dimensions assez considérables, comme celui de
Fig. 0309. — Entrée d'une tombe mycénienne.
Ménidi, l'appareil esl souvent grossier, la technique
imparfaite '^, el la décoration manque.
Nous devons aussi laisser de côté, dans celte étude
toute descriptive, tout le détail de la question contro-
versée de l'origine de la tombe à ciiambre et à, coupole.
Ce type esl-il un emprunt à l'architecture funéraire de
l'Asie Mineure, particulièrement de la Plirygie (Adier ",
Perrot'-) ou à celle de l'Egypte (Savignoni") ? Est-il le
développement d'un type né dans la Grèce égéenne,
imité lui-même de l'architecture de la maison primitive
(Tsountas'\ Dragendorff '*, Bulle'^ Paribeni '-")? La
seconde de ces théories tend à prévaloir. En tout cas, on
ne saurait plus, après les récentes découvertes faites en
Crète el à Orcliomène, invoquer en faveur de la première
ce fait que « parmi les nombreux édifices de ce genre,
il n'en esl point qui offrent le caractère d'essais et
débauches'-' ». Tout au contraire, on suit à la trace le
lenl développement du type, depuis les tombes de Syros
et les constructions très primitives d'Orchomène jus-
qu'aux « trésors » d'.Mrée el de Minyas, en passant par
les monuments de Crète et de Théra. La grande tombe à
coupole sur plan arrondi esl le terme d'une longue évo-
lution, au début de laquelle on entrevoit riiabitatio.n
primitive de même forme; ce serait, d'un type rivil pri-
mitif, la survivance funéraire el religieuse, qu'on
surprend encore dans des monumenis de même ordre de
l'époque hellénistique et romaine.
l'rcmii'i' ài/p /wt/riiii/iie. — La solution de continuité
entre la (irèce mycénienne et la tjrèce archaïque est, au
moins dans l'état actuel de nos connaissances, plus
ajiparenle dans le domaine des rites et des constructions
funéraires <[ue dans tous les autres domaines de la
— fi Cf. Adler, Pr,face à Tiryitlhe, p. 37 sq. — 1^ I'
d'ailleurs beaucoup de réserves sur celle tliéorie). —
XIV, p. ces sc|. — » Cf. Tsouiilas. ï'/te .Uj/Cf<i.i<-.i<i aye
dorlT, rher. drûh. p 9'.l. — ''' l'.f. Uulle. Dicl,
Lincd, XIV. p. TO.i; cf. au-«i l'uiia. ibid. XV, p
p. 1^03.
rro(, Ibid. p. 603 (il fait
t6 Cf. Mon. dei l.incei,
p. iVS. — t» a. Ilragrii-
*• Cf. J/on. dii
21 l'errol, Jbid.
SEP
1213 —
SEP
vie et de l'arl, où Ion tend maintenant à la réduire.
L'allaiblissemenl de l'animisme primitif, si tenace,
<raill(Mirs, qu'en reste la croyance, l'introduclion de
l'incinération à côté et à la place de l'inliumalion [riNisj
modifient l'ich'e des conditions de l'exislence postliume '.
On ne conçoit [ilus aussi nettement le tombeau comme la
demeure de riiomme après la mort, bâtie à l'image de la
demeure terrestre et pourvue comme il le faut pour cette
existence nouvelle Les {grandes constructions funé-
raires souterraines disparaissent complètement, au moins
dans la Grèce continentale; la rupture entre les deux
époques ne parait pas là douteuse. Ce qui remplace la
conception primitive, c'est, par un compromis entre
l'animisme grossier et l'idée de survie purement spiri-
tuelle, celle de r£';Sa>X&v du mort, vivant et vaguant sur la
terre, en dehors du tombeau. Dès lors, il faut fixer ce
fantôme du défunt. Comme la divinité se fixe dans
l'image qu'on lui dédie, dans son 'éSoç, l'dme du mort se
fixera dans le 'TTiuia qu'on lui aura élevé - — qui sera quel-
quefois sa statue même — pour y recevoir les hommages
et les sacrifices des vivants. En même temps, le ririaa
signalera pour ceux-ci la place du tombeau et perpétuera
la mémoire du mort; il sera monument, (Jivf,ficn. Cette
seconde conception est la plus claire pour la raison, et les
textes, depuis ceux de l'épopée, y font les plus fréquentes
allusions; la première peut être l'idée primordiale.
11 suit de là une révolution complète dans l'architec-
ture funéraire. Tout l'intérêt et tout l'efiort se portent de
l'intérieur du tombeau à l'extérieur; l'histoire et la
description des monuments funéraires seront surtout
l'histoire et la description des (7/||xaTa.
Un de ces (j-/-(j.aTa joue un rôle important à l'époque
archaïque et classique : c'est le tumulus, tÛ[jl6oç, /w[j.ot,
l'amas de terre élevé au-dessus de l'emplacement du
tombeau. Il semble qu'il soit d'origine gréco-orientale ^
Nous avons vu qu'il n'avait pas sa place dans l'archi-
tecture funéraire du monde égéen et mycénien. Au
contraire, il apparaît dans tout le domaine ionien-asia-
tique, particulièrement dans tous les pays de culture
phrygienne* ; et il se montre dans la Grèce continentale,
en Attique par exemple, à partir du viii' siècle % à
l'époque même de la grande iniluence de la civilisation
et de l'artioniens sur les pays de la Méditerranée centrale
et occidentale.
TiJ|aSo; et T?,;j.a, OU, plus précisément, le tumulus lui-
même étant un T'c^Y-t à côté d'autres, TÛ|j.êoi; et <jT/|Xr|, tel
est, d'abord, le tombeau homérique ''. C'est là le droit du
mort : tô y'^? vépa; ètti OavovTiov ''. La construction en est
retracée en quelques mots très précis, dans les derniers
vers de VIlidde : il s'agit des funérailles d'ileclor *. On
réunit les ossements dans une urne, X«'pva^; on dépose
l'urne dans une fosse, ai']/a o'âp'èv xoiX-r^v jciTtsTov Oéiav.
Au-dessus de l'emplacement de la tombe on dispose une
assise de grands blocs qui serviront de soutènement au
luinil/us : auTap ûiispOE TtuKvcicciv Xàenac xarecTODScav [xey*'
ÀotTiv. Knfin on amoncelle la terre du tumulus, f.i[jni.a Sa
5-?i[ji' 'É;^£uav. Telle est la tombe homérique ; c'est déjà la
tombe attique de Vélanidezza ou de Marathon ; il n'y
1 Sur ces queslioiis, voireulre autres Rolide, Psyché ; DragendorlT, Tlier. Gnïh.
p.8Js(|.;Perrol, tfis^rfl.•('oW. Vll.p. 3'J;Poulseii,/>ietfipy/oHj/r<i6ec, p. I si|.— J Sur
ccpoiiil, cf. UiagcmliirIT, Op. cil. p. Ï'JU. — 3 Cf, biagcnilorir, ibid. p. 101. — ilhid.
p. toi; cf. Kôrlo, Ath. A/illIi. XXIV, p. 38sc|. — 6CI. Bruerkiicr, 7«/i.«. Arch. Anz.
18D2, p. 22. — 6 Cf. IJucUholz, Die Homer. Iteal. l. !, i Aljl. p. 297. - 1 Honi. II. 10,
manque que la •7t/,àt,, que signalent d'autres passages
des poèmes homériques. Le tombeau proprement dit n'est
plus qu'une simple fosse : toute la piété des survivants se
dépense à l'extérieur de la sépulture.
Avanld'en venir aux détails de cette forme, tels qu'eu
les rencontre à l'époquearchaKiue etclassii|ue, ilconvient
de signaler, à l'âge homérique et « géométrique »,
d'autres formes qui sont des variétés ou des survivances
des types antérieurs. F,n Asie Mineure on constate l'union
du tumulus asiatique avec la chambre funéraire de la
Crète ou de Mycènes. Le caveau que les Mycéniens creu-
saient au flanc d'une colline, les Asiatif|ues le dissimulent
sous l'amas d(ï terres amoncelées '. Nous n'avons pas à
étudier dans le détail un tel type, qui s'est développé
dans les pays non grecs de l'Asie Mineure : Phrygie,
Lydie, Carie'". Nous en mentionnerons les étapes prin-
cipales. La première est représentée par les tumuli de la
Phrygie du Sangarios, comme ceux fouillés à Gordion " ;
l'un d'eux, par exemple, masse de terre de 23 mètres de
haut, contient, au-dessus du niveau du sol vrai, une
chambre funéraire dont les parois sont faites de foi'Ies
poutres de bois, chambre sans ouverture, donc terminée
après l'introduction du sarcophage et du mobilier funé-
raire'^. La chambre est souvent, dans d'autres tumuli,
construite non pas sur l'axe médian de la butte, mais
d'un côté ou de l'autre de cet axe, sans doute pour éviter
une trop grande poussée des terres '^ Une seconde étape
du type est marquée par les tombeaux lydiens à tumulus,
dont l'exemple le plus complet est le tombeau d'Alyatte".
Le caveau funéraire, bâti en blocs de marbre et précédé
d'un couloir, est à 50 mètres au sud-ouesl du centre. Le
tertre lui-même se compose d'une xpY|it!<; de soutènement
en forme de tronc de cône et, aii-de.^sus, d'un cône formé
par l'entasse- ,;'^
m e n t d e s / '
terres jetées /
à l'intérieur
du cercle.
Une termi-
naison phal-
loïde mar-
quait le som--
met du tu-
mu/us. En-
fin, dans le
tombeau de
Tantale, au
Sipyle, le ^'ig• 6-<10. — Tombe ,lu Sipylo, clile loinbeau de Ta.ilale.
typemycéno-
asiatique est au terme de son développement'''. Ici
encore la forme est celle d'un tumulus avec xpY|-7iîç
de pierre et caveau funéraire caclié au centre du monu-
ment (fig. 6310) ; mais la nouveauté est que le tumulus
de terre, au-dessus du socle vertical, est devenu lui-même
un cône de pierre, surmonté d'une boule terminale.
Cette forme se retrouvera beaucoup plus lard, en Italie,
à l'époque classique et impériale"' (v. plus loin).
Un remarquera, d'ailleurs, ([uedans les pays d'Orient
450. — » Hom. /;. U. V. 795 si|. Mêmes détails : i/.id. 21, v. 2d5 S(|. - 'J f f. Ilra-en-
dolir, o;;. ci;, p. 101. — lOCf. l'erroletCliipicz. tf/i7. delurl.l.\\ /,(tssi/«. — H li. cl
A. Kôrlc, Uordioii, Berlin, 1904. — 12 Cf. Ihid. p. 3S si|. — " Ibid. \t. 99. — I* Cf.
l'errol, Hisl. de l'Art, t. V, p. 2«5si|. — '5 Jbid. p. 4» s.|. - '» Ainsi leniausol™
d'Auguste, le monument de Caccilia Metclla. etc. Cf. Urageudorlf, dp. cit. |i. 103.
\
.y
L
SEP
— 121 i —
SEP
oti avoisinanl l'Orienl la l'ormo du tuiiiulus reste clas-
si<|ii(' jusqu'à l'époque du plein développement hellé-
nique. Dans les colonies grecques de la Cliersonèse Taii-
rique, eu particulier, dans la Crimée actuelle, on couuail
une longue série de liiuniins qui on! fourni ilr in.igiii-
li(|ues objets grecs du \' el du i\' siècle avani rmlri' ère.
Un caveau, parfuis précédé de couloris, se trouve à l'inté-
rieur du tertre: il all'ecte souvent une forme de coupole,
comme les tholoi de l'âge mycénien, ou bien la chambre
est carrée, avec des murs verticau.x, el le plafond formé
par une série de dalles disposées en encorbellement,
laissant au sommet une petite ouverture que peut bou-
cher une simple pierre. Le sarcophage, à l'intérieur de la
chambre, est posé sur un soc!e de pierre. Les murs cou-
verts de stuc peuvent être décorés de peintures. A l'exté-
rieur du tertre on trouve des stèles sculptées représen-
tant le mort en guerrier, en cavalier, couché sur un lit
de banquet, etc. ' .
Mais revenons aux tombes de l'époque primitive. Dans
la mer Egée, la nécropole de Théra-, où l'incinération
domine, ofTre, à l'époque géométrique, à côté de formes
tout à fait rudimenlaires, comme le trou creusé irrégu-
lièrement dans la terre pour recevoir Je vase funéraire ',
la survivance exacte des chambres primitives de Syros,
avec voûte en encorbellement. Postérieures aux tombes à
chambre de l'époque mycénienne, ces sépultures de Théra
représentent logiquement un stade moins avancé de déve-
loppement." Ce qui dans les tombes à coupole de Mycènes
a été exécuté à grande échelle, avec une façon artistique et
une technique accomplie, se trouve là pratiqué de façon
primitive '. » La plupart des chaudiresfunérairesdeTliéra
sont sur plan quadrangulaire; quelques-unes sont en fer
achevai; la forme ronde est exceptionnelle. Les portes,
de petites dimensions, sont gén('ralement placées à l'un
quelconque des angles; elles sont faites, comme les murs
eux-mêmes, de pierres brutes ou travaillées et égalisées;
le sol est recouvert d'un pavage ou de plaques de pierre ;
il n'y a pas de dromos, mais seulement une fosse d'accès.
Quant aux (rr|[xata, stèles ou tables d'offrande, qui mar-
quaient l'emplacement des lombes, nous les retrouverons
dans notre élude générale des c/iy.aTa funéraires.
Celte forme écourlée de la tombe à coupole se retrouve
aussi en Crète, dans des nécropoles comme celles d'Lrga-
nos, de l'anagiaetde Kurtes °, que leur mobilier funéraire
rallache non à i'àge mycénien, mais à l'âge géométrique ;
il y a là comme une dégénérescence des types de l'époque
précédente; la forme des chambres d'Lrganos el de Kurtes
est semblable à celle que nous avons rencontrée par
exemple à Mouliana.
Les lombes de la même époque on Attique, dites du
Dipijlon ° (on en a trouvé aussi au pied de l'Acropole '' el
à Kieusis'), représentent une forme de transition entre
la fosse de Mycènes el la tombe à <7?,u.'x de l'époque clas-
sique ; le <;T|iAa y est, d'ailleurs, d'un type toutspécial. I>es
lombes du Dipylon sont des sépultures individui'lles. La
longueur de la fosse est, en moyenne, de :2 mètres, la
largeur de 1 mètre à 1 m. .'jf), la profondeur de 1 mètre;
le mode de sépidture à iuliuinalion :cest le cas de beau-
* Voj. Komlai^of, TohliH, [{cinach. Antiquités tie la liussie mériifionnieylt. H
à 30. — 2 Uragcndniir, Th-rûitclit- Giiïljir, Berlin, 1903 ; el les reclicrclics ulldrieures
«IcITulil. A//i.il/i7//i. I'.'03,p. I s<|. : surtoulp. 2H si|. — 3 OrageniloilT, Mirf. p. ai:
t|ueli|uefots, le Irouest proU'gé par uiicceiiiliiretlepierres. — ^ Jbitt.p lUSsq. — ii Cf.
Ilalblieir^ Thire fret, nccfop., dans Aint:r. Journ. of urchaeoluij. l'JUl, p. i59 s<|.
coup le plus fréquent) ou à incinération ne semble pas
iiilhier sur les dimensions de la tombe. Ix's dispositions
intérieures de la fosse varient : à Eleusis les quatre parois
ont un revêtement de pierre el un ]iavage de calcaire.
D'autres fois la couverture et le sol sont revêtus de pierre,
non les parois Au Dipylon, un plafond fait de poutres de
bois divisaitla tombeen une cavité sépulcrale conlenanlle
squeletleou l'urne el une fosse supérieure : on voit encore
les rainures où s'encastrait cette couverture (fig. 6311)'.
Nous ne nous occupons pas ici du mode de déposition
des corps ou de conservation des cendres, ni du mobilier
Vig. 6311. — Tombe du Dipylou .lUiiiuc.
funéraire [funus]. Mais il faut nieutioniier à cette place
les grands (jTjU.aTa céramiques. Le vase était placé dans
la partie supérieure de la fosse, reposant sur les poutres
qui la séparaient de la cavité sépulcrale, et dépassant la
surface du sol. Toute celle partie de la sépulture était
l'équivalent delà fosse à libations de l'époque mycénienne,
el le vase lui-même, primitivemenl, jouait l'office d'un
autel creux, par où le lait el le miel, l'huile el le vin,
peut-être même le sang des victimes parvenaient jusqu'au
défunt. Le fait, méconnu d'abord, apparaît hors de doute,
après la découverte, en 1891, d'un exemplaire encore en
place, dont le pied était creux el rempli de terre '". Avant
d'être des vases de luxe, des monuments servant essen-
liellemenl à la décoration extérieure de la tombe, les
vases du type du Dipylon se sont dressés au-dessus des
sépultures pour servir à un usage pratique : c'est
pourquoi les grands vases richement ornés manquent
dans les nécropoles alliques de l'Acropole et d'Eleusis,
plus anciennes que celle du Dipylou iiroprement dit",
D'autel le vase était devenu monument; il semble, avec
le développement ultérieur des autres (7/,u.ï-ï funéraires,
s'être changé en un pur symbole parmi d'autres. Pour cette
raison il est peut-être plus exact de faire dériver les vases
à prof/n'sis el les << loulrophores » de l'époque classique
des grands vases qui se dressaient sur les tombes duDipy-
— s Cf. Periot. Hist.de lArt. VII, p. 51 si|. ; Biuecknercl l'crnice, Ein allischer
Fiiedhof, dans Alli. AJillh. lsa3. p. 73 si|.: l'oulseii, Hie Dipylonyiâher und die
Mpylonumen, 1905. — '• Cf. Il^rl. ]ilM. Hoc/i. IS98, p. 3)8. — » Cf. fliilios, E»,
'Aç/.. 1S89, p. 171 sq. ; Skias, ibiU. IS'.IS, p. i'.l s). — '■> Notre figure = ferrol,
L. c. (ig. 4. — 10 Cf. Poulsen, Op. cit .p. IS. - n Jiid. p. Jo. Cf. Poulsen, Ibid. p. 10,
SEP
— !2i:;
SEP
ion, (juc des liyilrics qu'on trouve ri'uri'rnK't's ilans ces
inêmos lombes '. tin trouve enfin, comme autres (jyjiAaTa
lies lombes dipyliennes, soit des ciolures de petites
pierres'-, soit des stèles, très simples et non sculptées'.
/'érior/e arc/iaïr/ue et classique. — On a vu plus haut
quel est le caractère général de la tombe grecque à
l'époque areliaïque et classique. Il convient maintenant
d'étudier séparément la tombe proprement dite, caveau
souterrain et lumulus, et les (7-/;[xaTa architecturaux ou
sculpturaux.
Lu tombe. — A l'épofiue classique, il y a beaucoup de
variété dans le réceptacle funéraire proprement dit, qui
reçoit les cendres ou le S(|uelette, toutes les fois que
celui-ci n'est pas simplement déposé an fond du caveau :
vases de toute forme, sarcophages de pierre,, d'argile, de
tuiles, etc., se trouvent concurremment employés [klms,
SARCOPHAGiSj. Mais la tombe elle-même, plus ou moins
spacieuse ou soigneusement construite, n'est plus que la
fosse, xocTteToi;, que nous avons trouvée chez Homère.
Souvent même la fosse est absente ou très réduite. I.e
squelette est alors simplement inliumi; dans la terre, à
une certaine profondeur, sans
que rien le recouvre : quelque-
fois une simple luile, bombée
en arc de cercle, le protège. De
même, le vase cinéraire ou le
cercueil de tuiles disposées en
triangle sont enterrés dans le
ils. ti3l2. — Vase ciiiùrairc po*é , , f, /mir*-,
c„ lenc ^*^' (''K- b312), sans aucune
construction creusée ou ma-
çonnée '; toules ces sépultures se trouvent quelquefois
en stratifications superposées. La nécropole de Gela en
Sicile^ offre de très nets exemples de cette disposition.
Fig. 6313. — St)(ielelU>5 iiilium^s dans la lerre ou recouverts «le luik-s.
que la fig. G313 '' fera bien comprendre. .\ Théra, dans
des sépultures analogues, qui sont d'une époque tardive,
il y a bien une fosse, mais la construction en est très
rudimentaire : quatre petits murs bas, faits de pierres
disposées en couches sui-perposées ; le squelette repose
sur la terre ou le sable nu \
I TliL-oiic lie Ijriieckner, t.o,-. cit. p. UV ; cl Wolleis, \rcli. Juhrl,. \IV. p. Us ...|.
— 2 Ainsi Skias, loc. cit. p. SU. _ 3 Ainsi Pliilios. loc. cit. p. 175, I7'.P ; Skias, iliiil.
— '• Eicmpics lie celle disposition à ALliéncs. au Oipylon : M/i. AJitllt. p. l.i'J;
à Samos : lioeblau, .4iM. /on. Nekrop. p. 13 ; à liC-la en Sicile, .Von. dei Lincei,
XVII, p. il, fig. Il, d'où esl tirée nolie figure ; à Slyrina Pollier-Reinacli, .Vecr. de
Myrian I, p. 09, elc. — • Cf. Mon. ant. Line. XVII, p. 134.135. — 6 /A,rf. fig. au bis.
11 y a t]ii iuleiiiiédiaire entre ces si'pultiires à même la
terre et la fosse creusée ou maçonnée : c'est la fosse de la
dimension même du réceptacle funéraire, creusée à la
surface du sol, dans le roc vif. L'ensemble des tombes de
ce genre trouvées dans l'Ile de Théra forme une véritable
nécropole '. En plusieurs f[uarliers de l'ile, le versant des
luiuteurs rocheuses est tout entier taillé en sépultures qui
se pressent en étage ; le roc eslévidé soit, pour l'inhuma-
lion, en fosses offrant l'apparence d'un sarcophage, sou-
vent anthropoïde, soit, pourl'incinération, en réceptacles
cinéraires, quadrangulaires ou arrondis (fig. 031 ij '■>. Des
plai|ues de calcaire servaient de fermeture, posées sur
l'ouverture de la fosse ou s'encastranl dans une rainure.
Quelquefois enfin, encore à Théra, ces sépultures prati-
quées dans le roc sont comprises elles-mêmes dans un
ensemble architectural plus considérable, tailh' lui aussi
dans leroc : grandes niches iiuadrangiilaires couronnées
d'un fronton ou d'un arc de cercle'".
La forme la plus commune de la tombe dans les pays
grecs, à l'époque archaïque et aux époques qui suivent,
esl le simple caveau, creusé ou maçonné dans la terre ou
dans le tuf, et surmonté très souvent, au-dessus de la
surface du sol, d'un amas de terre, /wua ir^ç. Nous
retrouvons celte forme sur tous les points du monde
hellénique, et d'abord en Attique. Nous connaissons
assez bien, par quelques exemples très nets, la tombe
attique de l'époque archaïque", fosse et lumulus. Les
luinuli funéraires sont nombreux dans toute l'étendue
de la plaine attique '-. Mais tandis que le tuinulus ionien,
modèle du lumulus attique, apparaît, chez Homère,
comme un o\u.x individuel, il semble, au contraire,
qu'il soit à Athènes, dans la réalité, un ?r7,[Ax collectif,
élevé au-dessus de tout un ensemble de tombes d'un
seul et même y^voç. Un mur d'enceinte servait de clôture
à ce cimetière familial". Peut-être y a-t-il, dans l'union
du lumulus et du Téiicvo;, une contamination de l'usage
ionien et d'antiques traditions de la Grèce continentale:
qu'on se rappelle l'enclos funéraire de Mycènes
(fig. 6307). Ainsi, à Vélanidezza" — même disposition
à peu près à Vourva'" et à Marathon — le tertre, haut
de3 m.60àson point central, construit sur une y.or^-KkAc
pierre, etenlouré dune ceinture dedalles de tuf, abritait
di.x-neuf sépultures (fig. 6315)'*. Les unes sont au
centre <le la bulle, les autres à sa périphérie, celles-là
sans doute les plus anciennes, anlt-rieiires à l'érection
— '' UragiiHlorir, Ther. Un'd,. p. 251 s.|. — » IH, p. iST w|. — 9 lil. (ig. i5J45*.
— I" Id. p. iT6 si|. — Il Cf. Perrol, Hist. de IWrl. I. VIII, p. 7J sq. - 12 Curiius el
Kauperi, Knrten von Âttika. — 13 OéinostliL-ne parle d'enclos de ce genre dans
deux de SCS discours : cf. C. Macart. 79; C. Euhi'l. 28. — 1* it'Ai. âtï.--"'-
1890, p. IG sq.; pi. A, B, T. — '5 Cf. Ath. .Vitlh. XV, p. 318 s<|. — 16 Perrol,
t. Vlll, p. 8i sq., fig. 45.
SEP
— 121(>
SEP
morne du tiiinuliis. i|iii lui le cdurouncuicnl ilrlimlil' de
l'enclos funéraire. Les fosses creusées dans le luf sont
de profondeur assi'Z dJIférenLe : celles de la ]iériphérie
n'ont pas plus de i nièlre à I ni. 50 dans celle dimension ;
celles du ceiilre, pour le(|uel le Iravail avail été ])lus
facile, le luniuhis n'exislanl pas encore, se creusent
Hg. Min. — Enclos funérailT il'uuc famille.
jn.squ'à plus de 3 mèlres; deux d'entre elles se rétrécis-
sent, à la partie inférieure, en une cuvette qui contenait
le cercueil. Il faut restituer à cet ensemble, pour com-
pléter l'idée (|u'on doit se faire de la grande tombe attique
du vu" el du VI" siècles, les (7*-[xaTa d'apparence
diverse — labiés d'ollrande, stèles, statues (v. plus loin)
— qui se dressaient au-dessus de certaines des tombes,
quand, à l'origine, la butle de terre ne recouvrait pas
le lout, ou qui s'étageaienl sur les pentes gazonnées du
tertre, racontant à tout venant l'histoire même du yâvoç.
La disposition est analogue à Athènes même, au Dipylon,
où, à coté des sépultures de l'époque géométrique, ont
été dégagées beaucoup de tombes du v" et du iv" siècle'.
Les unes étaient deslinées à l'incinération dans la tombe
même; elles sont creusée» dans le sol sur une longueur
de i2 mèlres environ, une largeur deO m. 80 à 1 mètre el
une profondeur de '.i mètres; une rainure large de 0 m. 10
servait à activer l'incinéralion par l'apport d'air. Les
autres contiennent seulement les restes du corps incinéré
en dehors du tombeau ; souvent, dans ce cas, les vases ou
cofTrets cinéraires sont simplement posés dans la terre.
Les fosses à inhumation ont une longueur de 2 m. 20
environ, une largeur de 1 m. 30, et une profondeur de
plus de 2 mètres; le squelette reposait sur la terre nue,
quelquefois sur un pavage; les parois sont aussi parfois
recouvertes d'une couche de stuc. Les remaniements
postérieurs qu'a subis le cimetière du Dipylon rendent,
d'ailleurs, ces dispositions assez difficiles à discerner;
dans presque tous les cas, les liimnli qui surmonlaient
les lombes on! dispai'ii aussi bien que les li^ij.xxx qui les
< Uf. BrupcLmi tl l'.i mtc'. Ibul. p. |jt; m,. Il ne »iiiiiait élre .|iii-slioii, ilaiis
ccli? hiiiluîrc d rusemlilc des sépuUurcs greci|iies. d'tludicr avec un dclail iiailicu-
licr les cimc-li6re8 d'AUiiiics el leurs monuincnls fuiiii ailes. Cf. sur ce siij»l, Judeicli,
Tnpngr. r. A ihen, p. 3r,f, s,|. Cf. aussi les rfcenles oliscrvations de Jl. Brucckner A lit
MUlh. IllOS, ,,. vn s,|. -ÎL.c. p. 8f, s.,. - 3 Voy. les recherches faites au' lo.n-
beau de Koroihos le prcmiar Olynipianike, eu Elide; Jahrbuch Insl. V p. 1 J5
ornnieiil. lùiilenx emplacements pourtant MM. Hrueekuer
et i'eriiice ont pu dégager les restes d'un de ces liimuli - :
l'un d'eux, sur un diamètre de 10 à 12 mètres, s'élevait
jusqu'à 1 m. 30, appuyé sur une xo-r^K{q de briques. Au
reste, si, d'une manière générale, les lombes greocjnes,
aussi bien en Atlique que dans le reste du monde hellé-
nique ', ne présentent plus de tuinuli visibles, c'est
que ces élévations de terrain ont disparu très vite avec les
déformations qu'ont subies les terrains- des nécropoles.
Kn fait, ces /ojfAaxa étaient de pratique courante. Lucien,
dans le Charon ', les cite sans distinction à coté des
monuments funéraires les plus connus; d'un texte de
Platon " on peut également inférer (ju'ils étaient fort
communs. D'ailleurs, en Attique, les vases peints en
oITrent souvent l'image. Aux exemples connus depuis
longtemps déjà " il faut ajouter quelques autres: un
lécythe d'une collection privée d'Athènes', une amphore
de la collection Bourguignon ^ une amphore du British
Muséum ',ces deux derniers représentant le sacrifice de
Polyxène sur le
Tijfji6&; d'Achille,
et le curieux
cratère Vagnon-
ville, à ligures
rouges, dont
les détails sont
encore discu-
tés '". Sur les
vases, le tumn-
lus figure soit
seul, soit au-
près de la stèle ;
quelquefois ,
un (Tr|iJ.a, une
lou Irophore,
[lar exemple,
le c o u r 0 n n e
(fig. 6316"). Il
est générale-
ment représenté
en blanc, ce qui
apu faire croire «lu'il était de marbre ; maison ne s'expli-
querait pas alors la disparition à peu près complète de ces
monuments. La couleur blanche indique seulement la
présence d'une couche de stuc qui couvrait tout l'extérieur
du tertre, rempli de terre à l'intérieur ; c'est l'apparence
qu'ofl'rait un monument de ce genre dont les débris ont
été trouvés à Athènes en 1891 '^ Celte couche de stuc est
le X£Ùx6)[Xïdont parle un texte de Cicéron'^
Le même type de tombe creusée dans le tuf ou ma-
çonnée en terre, suivantles dispositions locales du terrain,
se retrouve partout, de l'Orient à l'Occident du monde
grec et à toutes les époques de la période classique ; il
serait fastidieux de l'y suivre en tous lieux. Nous pren-
drons quelques exemples, là où les nécropoles ont été
fouillées avec le plus de soin. En Asie Mineure, à Myrina,
les tombeaux de ri'|)oque hell('nisli(jiie sont généralement
tailh's à coup de ]iii' dans une cduclie de luf, à moins de
Anzcu/iT. - i Uc. Char. ii. —■■ Wnl. l-ri/i,. XI. p. '.'.>». — '-rar ex. (.crliard, .l.«,W.
InseH*. l!IS-l<l!l= Keinaeh. «^>. Il, p. 99-100 ; il/on. VIM, pi. v. Cf. Collier, Ht. sur
leilécijlhcs 4/ancs, p. 53, et les noies. — ' Cf. .4i-(;A. /a/iri. 1891, p. tun, I97s.|. el
pi. IV. — 8 Cf. Arch. Jtthrb. 189.1, p. 93 cl pi. i. — » Saciuuciim, lig. 600i,
— MWirner Jahreslicftr, VUl, p. IM ; X, p. 1 18 ; XI, p. 107 Anzcigcr. — O Voir
fuNus, (ig. 3343. — '- i;f. Arch. Jahrb. 1891, p. 197. — 13 Cic. Di: icy. Il, 26.
uluscnduil .le slu
d'une loulropln
SEP
— 1217 -
SEP
1 inùlrf lie la surface ilu sol'; ce sont le plus souvent
fies fosses (luadraniîiilaires, rondes dans quelques cas,
longues de 2 inèlres, larges de 0 m. (>(>, profondes de
0 m. 50 environ. Quelquefois, de larges caisses de tuf
conliennenl deux ou trois tombeaux juxtaposés ou su-
perposés: dans ce dernier cas, la couverture du plus l>as
sert di^ fond à raulrc. La couverture esl faite de jtlaques
de tuf [)lates ou honiln-es, dont les extrémités s'appuient
sur un rebord qui court sur les quatre parois; dans les
sépultures où elle manque, elle était sans doute rem-
placée, et le corps protégé par un tumulus analogue à
ceux dont nous venons de parler-. Les tombes construites
dans la terre sont plus rares ; semblables au type ordi-
naire par les dimensions et les formes, elles sont faites
do pierres calcaires ou de plaques de tuf posées de champ
et Jointes sans ciment. Enfin, des caisses de tuf, ('gaie-
ment maçonnées en terre, contiennent des sarcophages
qui s'y emboîtent exactement. — A la même époque, à
Aegae, enÉolide,les tombeaux, construits en pierres, sont
des caisses rectangulaires de 1 m. 90 pour la longueur,
0 m. 60 pour la largeur et 0 m. 00 pour la profondeur ;
les parois sont formées d'une ou de deux plaques, ou
de pierres juxtaposées sur deux rangées, la couverture
d'une pierre ou de deux ; le fond est formé généralement
d'une autre grande pierre'. — A Samos* une fosse
creusée dans la terre, profonde de 0 m. 00 à 1 m. 00,
reçoit le sarcophage de pierre ou d'argile qui est le récep-
l;»cle funéraire le plus fréquent : il en était de même à
Clazomènes dès le vi'' siècle [sARCopiiAfiis].
Les mêmes formes sont en usage sur le continent grec,
en dehors de l'Ail ique. La nécropole de Tanagre en
Béolic a été bien étudiée à ce point de vue. Là encore les
lombes sont creusées dans le tuf'', ou elles sont façonnées
dans la lerre en plaques de tuf, formant paroi cl fond;
les grands côtés sont souvent formés de deux plaques ;
la couverture esl d'une ou de plusieurs plaques de luf.
Les plaques de paroi sont quelquefois couvertes d'orne-
ments coloriés. — Mêmes types de sépultures dans les
nécropoles des cités grecques de l'Occident, en Sicile^ :
Syracuse^ Mégara Hyblaea', Gela', Camarina'". La
nature des réceptacles funéraires, amphores, pithoi,
sarcophages de pierre ou d'argile, y est très variée". On
a vu qu'ils sont souvent enfouis dans la terre sans pro-
tection aucune; d'autres fois, les sarcophages sont sim-
plement posés sur la roche même, au-dessous de la couche
de lerre '-. En tout cas, la disposition des emplacements
destinés;'! les recevoir esl presque toujours très simple.
Ce sont de simples creux de la roche, presque non
travaillée, où les sarcophages el les vases cinéraires
s'encastrent; un grand nombre de ces cavités, formant
autant de lombes, se trouvent parfois juxtaposées '\
Très souvent aussi ce sont de vraies fosses quadrangu-
laires, closes ou non par des dalles; les parois peuvent
recevoir un enduit. Li's fosses sont çà et là doubles, se
rétrécissant à leur partie inf(''i-ieure en une seconde
cavité. Elles sont Innlnl île grandes ilimeiisions, larges
' PoUier-Krinach, Nécr. de ilijrina, p. r>7 sq. — 2 Ihid. p. IÎ3. — 3 CI.
Clerc, Uidl. de corr. Itell. 1801, p. i\i. —i lialilaii, op cil. p 30. — s llaus
soiillicr, Quom. ae/i. Tanaijt: décorai: p. n:î sq. — « Cf. l'errol, Op. cit. p. •)? 9i|.
— '• Cf. Orsi, ilans Not. daji. Scan. 18115. — » Cf. Orsi, dans Mon. Lincei, I.
— ■! a. Orsi, Jl.id. XVII. — 10 Cf. Orsi, JOid. X|V, p. 757 s.|. - " M. Orsi, en
caufoiiilaut les formes Je Innilieaiit ot les formes dn rf-ceplacles fuuéraires, arrive
à 6mmièrer, à Gela, pour la pi-riodc arcliaï(|ii(<, plus de vinpl types d'enscvelisse-
mcnl. Cf. Jbid. XVII, p. i3S. — 12 Cf. /Oid. XVII. p. Ii:i, lif... "si. _ 13 //„rf
Vlll.
l't profondes", tantôt étroites et présentant l'aspect
d'un |)uils''\ Plus rarement on trouve, construit dans la
lerre, un caveau rectangulaire en pierre; il y en a un
exemple à Mégara Hyblaea "•, un autre à Gela ''', où deux
caveaux sont contigus ; les parois sont formées de plu-
sieurs assises de blocs de pierre, l'une de ces parois
l'ianl commune aux deux c;iveaii\; même disposition
dans des loml>eaiix de Camarina'*; dans l'un d'eux, la
chambre mesure 2 m. 37 de long sur 1 m. 11 do largo; sur
un dos petits côtés s'ouvre une porte. L'ensemble dune
tombe de ce genre forme une véritablecliambre funéraire.
.\ussi bien, si la chambre funéraire n'est plus de pra-
tique courante à l'époque classique, il s'en trouve cepen-
dant des exemples isolés dans toutes les nécropoles
grecques, surtout celles de l'Orient. A Chypre ", la
chambre esl bâtie en grosldocs à l'intérieur du vidi; créé
par la taille du roc, ou construite dans une large fosse
où l'on descendait par plusieurs marches; de même
à Camiros, où l'on descend à la chambre funéraire par un
couloir en penteA.Samos, lachambre funéraire, à laquelle
on parvient par un escalier de cinq degrés et une porte
précédée d'une plate-forme, est partagée en trois emplace-
ments formant les lits funéraires, comme il s'en voit dans
les caveaux étrusques ^''. \ Myrina-' une première fosse
de luf, remplie de terre, donnait accès dans un second
tombeau en forme de chambre.
En Macédoine, à Palatilza^% Pydna'-', Salonique-',
Amphipolis^", et en Eiibée, à firétrie -'', ont été dégagés
des tombeaux à voùto d'un type particulier. La chambre
funéraire est cachée sous un lumuliis, comme dans les
loinboaiix archaïques d'.\sie Mineure et ceux de Crimée;
à Érélrie, au sommet du tumulus, une construction en
forme de tour joue le rôle de t?,(xi terminal. A la baie
d'ouverture fait suite un dromns dallé ou sluqué qui
donne accès à la chambre. Celle chambre, de proportions
à peu près carrées à Amphipolis et Érélrie (3 mètres
environ de côlé) est voûtée en berceau ; à Amphipolis
treize voussoirs sont posés sans ciment. Elle esl toujours
meublée de lits funéraires, généralement au nombre de
deux [lecti's\ Celle du tombeau d'Érétrie l'est plus riche-
ment, de trois trônes et deux hiinai, et elle a conservé
ton te une ornementation peinte sur fond de stuc. La décou-
verte d'Érétrie montre que ce type de construction funé-
raire a émigré assez loin du domaine thraco-macédonien.
On vient de voir que la fosse funéraire est tantôt
creusée dans le sol même, tantôt ménagée dans le roc.
Chaque fois que l'occasion s'en présentait, il esl certain
que les anciens ont recherché la matière dure el solide
pour y cacher leurs morts. Aussi l'habitude de creuser
des tombeaux dans le roc a été très ré|)anilue en Orient,
chez les Phéniciens, les Hébreux, les lléthéens, les Phry-
giens, Lyciens et Carions ^\ Les populations grecques
de l'.Vsie Mineure ne pouvaient manquer de s'y con-
former. L'idée primitive a été, comme en Egypte, d'as-
surer au mort une demeure sûre et inviolable, en le met-
tant à l'abri derrière l'épais rempart d'une masse rocheuse
p. 09-100, lis. 6i. — li Ibid. p. 3^1. — 1 • ['. ex. f'crrol, Op. cil. p. 101, lig. 68
;S6liiionle). — lo/iid. p. 09. — f Mon. Liiic. XVII, p. 7S. — 1« Ibid. XIV, p. 80* si|.
— li'Cf. Oliiicfaiscli-Ricliler, Ky/iros, pi. ci.xixix. lig. i-î; l'errol, ibid. p. 88-89.
— 20 Cf. Bocidau, op. cit. p. 10. — 21 FoUior-Rcinacli. Op. cii. p. 67.-2! Hciizcy,
Miss, de JUact'd. p. iSO sq. — 23 Ibid. p. H3 sq. — 21 ExacUracnt à .Niausla Cf.
Bull, de corr. hell. 1S9I, p. 3:iii. — 25 Cf. l'crdrizrl, Itull. il- corr. Iiell. 1801,
p. 3:r> sq. — 2li Cf. .Mil. Mitih. 1901, p. 330 sq. — 21 Voy. les lomes III, IV, V,
.le lUist. de lAit de l'errol el Chipiez.
153
SEP
— 1218
SEP
cl t'ii ilissiinulanl snij^nciisomi'iil l'iMili-i'c. Au lonil (l'un
puits, donl roiiverliire à la surface du sol olail facite-
iiienl cai-hoe, on crousail un caveau, (ui iiicuH' plusieurs
ciiamlires pour y réunir îles si'|)ullurps île fainillf'. (ypsi
de celle manière que fui enseveli leroi piiiMiicien Kslimou-
nazar-, et c'est encore ainsi «[u'à répoque d'Alexandre
et de ses successeurs on disposa la sépulture des
hauts personnages, satrapes perses ou gouverneurs ma-
cédoniens, qui furent déposés dans les célèbres sarco-
phages de Sidon, aujourd'hui à Conslanlinople [sarco-
iMiAC.i's, fig. fiKK)]^ lîien que le mol de cnliimmlie s'ap-
plique spécialcnicnl. aux cimetières chrétiens et au
prodigieux réseau creusé sous terre par les fossores de
rUmpire', on peut dire que la chose n'élail pas nou-
velle, surtout en Orient, et que les architectes chrétiens
n'ont fait que développer et amplilier une méthode
Pig. 6317. — Tombeau asiatique taill6 dans te roc.
païenne. Les caveaux auxquels on accède par un escalier,
les couloirs et corridors, les Inruli et les niciies pratiqués
dans les parois où l'on dépose les morts, tout ce système
existait antérieurement, sur un mode plus restreint, dans
les nécropoles phéniciennes, et plus tard, soit dans les
colonies grecques de Crimée", soitdans la Grèce alexan-
drine d'Egypte (voir plus loin, p. 227) *.
Mais dans ces nécropoles invisibles aux regards, la
vanité des morts, soucieux de leur renonmiée, ne trouvait
pas toujours son compte et l'on chercha de bonne
heure le moyen de désigner à l'attention la tombe prin-
cièresanscomprometlre la sécurité du défunt. Une façade
SDinitlueusement sculptée dans le rocher révélait la de-
meure funéraire, maison cherchait à dépister les voleurs
en laissant le rocher derrière celte fausse entrée el en
I>lacanl ailleurs la véritable ouverture du caveau : tels
sont en Phrygie le fameux tombeau de Midas et celui de
Delikli-Tach ". l'ourlant, celle disposition génail inévita-
blement le v'xUwA des funérailhîs el les visites des survi-
vants ; peul-èlre aussi en avait-on reconnu l'inefticacilé.
1 IVrroUl Chipiez, III, fi-. lOJ à ili, loiiil.i'» de Sillon. —2 //„•,/. p. ir.il. _ 3 ||aiu,iy
hcy el Th. lieinacll, Une nccro/iolt royale ii Sidon. ISOi, cl Allas, pi. ni. — 4 Vo) .
i^ur les caUconihcs clirâlicnncs cl Icnrii disposilions le réi;uinè ilc lloiu il. Lcc]crci|.
Manuel ilarcit. chrétienne, I, p. il7si|. — 5 kondatof, loIsloV, lirinacli, Anliq.
(le la Itiissie méridionale, p. 30 sq. — <"• SicgIinSchrciher, Die Aïkropole ron
A'ûiitesch-Scliufnka, cliap. iv, p. ir.osq. — ï l'errol cl Chipiez, o/). c. V, p. 8Î-I07.
— »/*/•/. III, fig. 64, 75, 77,8.1,8*, 90,91. 9i, 115. l:lli 139, IM, I49,cl.:. —«Cf. Renan,
.\iissi plus nombreuses encore sont les lombes donl la
chamiire creusée dans le roc s'ouvre directement sur le
dehors ; on se fiait alors à la solidité des lourds ballants
de porte, munis de gonds solides en métal el de serrures
(lig. 4i) *. Le Louvre possède des portes ainsi construites
jJA.MiA, fig. 4132]''. ,\iilour de la porte on réunis.sail
souvent tons les éléments reproduisanl l'arcliileclure
complète d'un palais ou d'un temple, colonnes, architrave,
fronton sculpté, portique '"(lig. G317). A mesure que
l'inlkiencehelh'niquc devintplus forle en Asie, les formes
architecturales tendirent de plus en plus à rappeler la
structure classique des édifices grecs. (In peut déter-
miner par ce moyen diirérenls groupes de sépultures
rupeslres, s'espacanl depuis le vu" ou le vi'siède av. .I.-C.
jusqu'à l'époque gréco-romaine et môme jusqu'à l'Km-
pire". LanécropoledeCyrène, presque toutentière taillée
dans le roc, avec des perspectives de colonnades, de fron-
tons et d'entablements, ofl're aux yeux un ensemble d'un
remarquable pittoresque '-. Les élégants monuments
de Pelra, en Arabie, représentent le dernier stade de
celte architecture funéraire dans les pays soumis à la
domination romaine, el ils conservent encore un carac-
tère nettement asiatique '\
Dans le même groupe il convient de mettre à part es
tombeaux lyciens dont la structure, calquée sur la maison
indigène en bois, reproduit les poutres saillantes, les
pièces courbées, les rondins, les combles en ogives,
sculptés dans le roc avec une précision exacte el pillo-
.- .■«»r''-,«iViî*/>.?5Cy-
/[C ^r t\
Fig. liSlS. — Toiiilieau lycien taillé ilans le roc.
resque qui donne à ces monuments un aspect très ori-
ginal (lig. li^lS, '•. .\illeiirs, le rocher, isolé et séparé du
resle, a élé entaillé el aplani de façon à former un mono-
lithe auquel on prêtait la forme d'une maison, d'un
pilier, etc. '". Le plus célèbre monument de ce genre est
la tombe des llarpyes, à Xanlhos, ornée de bas-reliefs qui
Miss, de Pliihiicir, pi. \iir.— 1" Voir noie 8. Noire ligure d après /llst. de l.\rl, V,
p. I3«, fig. 90. —Il Cf. l'otliel-, llull.corr.lwll. 1880, p. W7-505.— liVov. (Icihl cl
Koner, Vie antique, lrad.fr. I,p. I28sq., fig. Ii7à 129.— »3 De I.uynes, itxiilorni.
à la mer Morte, pi. xi.iv, xi.vu, xi.vin ; Uuniy, ffisl. des Jlomains, II, p SI3; V,
p. se. Voy. surloul Doniaszewski cl I!riiinio«, Die Provincia Arabia, 190V 5.
— liPerrol el Chipiez, Hist. de l'Arl, V. p. 3fii 384. Cf. l'clersen cl to« Luschan,
/leisen in Lykien, Vienne, ISC9. — 15//. de lArl. v. lig. ifl4. fig. 39.
SEP
121!) —
SEP
rcpi'éscnlent des offrandes ;ui\ dr'l'unls liéroïsi'S et les
âmes des morts emporlées par les oiseaux funèljres : il
date du vr siècle '.
Les monumenlx fimêraires. — La tombe grecque,
depuis l'époque archaï(|ue jusqu'à l'époque posl-clas-
si(jue, est, en somme, d'un type simple (jui n'a guère
évolué. Au contraire, les monuments funéraires (jui se
dressaient au-dessus du sol et signalaient (uvipiaTa) le
tombeau, sont très variés et ont donné lieu à toute une
évolution artistique. 11 en est ainsi surtoutpour Athènes ;
nulle pai'l les Altiques n'ont miiîux montré, dès l'époque
ancienne, la ricliesse de leur imagination et la fécondité
de leur art. I^irtoul ailleurs, le a~c^\i.a. funéraire sendjle
avoir joué un rôle plus modeste; c'est ainsi que des
fouilles très complètes faites dans deux grandes nécro-
poles, l'une d'Orient, Myrina^, l'autre d'Occident, Gela,
ont donné, à ce point de vue particulier, très peu de
résultats; il n'a été rien trouvé à Gela', et Myrina n'a
fourni qu'un petit nombre de stèles très ordinaires.
Lucien, dans un de ses Dialogues, esquissant l'aspect
d'ensemble d'une nécropole grecque, énumère quel-
<[ues-uns des (jrj[AaTa qui frappaient l'œil du visiteur' :
« Vois-tu à l'entrée des villes ces amas de terre, ces
colonnes, ces pyramides... » Il faut noter que de cette
indication rapide est absente la forme du <;-7i;jLa funéraire
que les textes, les peintures de vases et surtout les monu-
ments subsistants vont nous présenter comme la plus
fréquente et presque exclusive de toutes les autres : la
stèle. La stèle n'est donc qu'un type de monument
parmi plusieurs autres; c'est à des raisons d'ordre pra-
tique et technique qu'il doit d'avoir beaucoup mieux que
les autres duré jusqu'à nous; il y avait, dans toute;
nécropole grecque, autant de tables d'offrande, de
piliers, de colonnes ou de stalu(;s tombales que de
stèles.
Tous ces monumcints ne sont pas l'i'xpression de
croyances semblables. Les uns semblent se rapporter aux
idées primitives sur la survie du mort dans le tombeau
et la nécessité de satisfaire à ses besoins ; les autres sont
nés de conceptions différentes : lieu de séjour pour
l'e'iowXov du mort (v. plus haut, p. 1213) ; rappel du
défunt à la mémoire des survivants. 11 convient, laissant
de côté tout ce qui n'intéresse que l'archéologie figurée,
de préciser d'après ces données la nature et la signifi-
cation des principaux a-/,_a(XTa funéraires.
Nous avons vu, à propos des vases du Dipylon, ce qui
sera plus tard le « monument », \sm'î\^'x, servir à un usage
praliciue, à l'entretien de l'existence posthume du défunt.
Le mort a besoin d'oll'randes et de libations. De telles
idées n'ont nullement disparu avec le progrès des
conceptions sur la vie de l'au-delà ; les croyances animistes
ont pu s'effacer, mais non pas les prati(|ues de l'ani-
misme''; un texte comme celui du traité de Lucien sur
leDcuU montre combien elles étaienlvivaces encore, bien
après l'époque classique". Le (j-?|[Aa funéraire qui a bicni
pu par la suite perdre son sens vrai, mais qui à l'origine
correspond à ces idées et à ces pratiques, c'est la table
— ICoUigiiun. Sc„li,l. ,/n'ci/iie, p. 2GI-iiii; ; Iv-irol, VIII, li^. ;u Wv - ï CI.
PollitT liciiiacli, Op. cit. |i. 111 s,,._a(;f. iIisI.^I/mi. Lmc. \\U. |i. ..l'J; » ibus
mes lojigues fouilles je liai pas U'Oiivë un seul rragmelll île inonurneiits exicrieiiis
au lomlicau. » — 4 l.uc. Char. 2i. — 5 Cf. Pouiscn, Ùipi/loni/rrtber, p. 8 sq.
— 0 Luc. De litctu, 11, 12, l'J. — ^ Cf. Lipsclicke, Arch. Zeil. 1884. p. 93 sq.
— 8 Cf. Bcckcr-GOll. Cliarikks, 111, p. H7 ; Brucckncr, Ornam. u. Form. (1.
nll. Grabstel. p. 1 sq. ; Dragenclorfr, Jlicr. Grâb. p. lOC. — ■' l's. l'iul. l'jV.
il'olTrande, Tpiirei^a. On a longli'm[is iikiI inlerpri-té le mol,
voulant y reconnaître la stèle architecturale à piliers, pîir
npposition à la stèle simple^; cette explication ne
s'accorde pas avec les textes et les monuments. LaToxTte!;^
est la dalle de pierre quadrangulaire, primitivement
portée par quatre ou trois pieds [mensa], posée à plat au-
dessus de l'emplacement du tombeau et faisant office di;
labh; d'olTrande*. C'est une TpâicsÇa de ce genre, ornéi;
sur ses quatre faces de leliels, (|ui '.e lioin.iil sui la
tiindie d'isocrate^, peut-» lie .iii-^si siu «ille de IIkiuis
tocle'". De nombreux vast >>, mu IhmI ih -, h ( s lin s bl mk s,
la figurent à côté de la
stèle" ; de même des
vases de la Grande-
Grèce '-. Il est naturel
(]ue les Toârei^ai ne se
soient pas conservées
nombreuses : leur forme
et leurs dimensions en
„ . . , . . Fi". G3I'J. - Table funérairo.
faisaient des matériaux
d'usage commode pour
toutes sortes de constructions. De celles trouvées à
Théra'^ faites de tuf volcanique (0 m. 10 de long environ
sur une largeur de 0 m. 25 et une épaisseur deO m. 00)
quelques-unes ont exactement l'aspect d'une table à trois
pieds (fig. 0319); d'autres ne sont que des dalles plates,
inscrites ou non ; l'exemplaire le plus complet porte sur
sa face principale le nom de l'arcliégète Khexanor, sur
les autres côtés les noms des personnages de son clan ".
En Attique, depuis l'époque archaïque, la TpâTrei^ï est une
construction massive, en pierres ou en briques, sur plan
quadrangulaire; ainsi, à Vourva'', sur l'une des tombes
se dressait une espèce de coffre divisé en trois compar-
timents par deux cloisons intérieures, le tout en bri(iues
crues; le remplissage était fait de terre et de petits cail-
loux, le couvercle formé de couches d'argile superposées,
le bord dessinant une corniche au-dessus des parois,
servant à protéger tout le monument contre l'action des
eaux; dans les parois étaient encastrées des m'vaxsi; d'ar-
gile ornés de peintures. M. Delbruck"' a pu restituer à
Athènes même, à HaghiaTriada, des» tables» du même
type ; mais tandis que dans les nécropoles archaïques ces
monuments surmontaient des tombes d'un certain luxe,
ce sont ici surtout les 7/,u.aTa des ton>beaux du commun :
un massif quadrangulaire de briques crues est recouvert
à l'aide de tuiles de corniche, dont le larmier écarte, sur
un côté tout au moins, les eaux de pluie; l'autre côte
restait sans protection, ce qui devait, tôt ou tard, amener
la ruine de l'ensemble. Une construction de ce genre ne
réclamait que peu de temps et peu d'argent, et pouvait
être l'ouvrage rapide des parents mêmes du défunt. Le
corps du massif pouvait être en pierre au lieu de briques
crues, et recouvert d'une couche de stuc, sur laquelle des
ornements sont dessinés. Ceux de ces monuments ((ui
sont d'époque tardive offrent ces caractères et sont d'une
grande dimension; quelquefois, sur un des côtés, uw.
niche sert de logement à un relief portant l'image du
hoc: p. s:i8. — 1" l'IiM. Thrmisl. ilJ. — 1 1 II laul sans doLile rcmuuailre la Impéza
,l.ius la .. loriihe ,lo foinie ,,ua.l.anK.,iaii iu„ii r.'niarque sur ces lécyllics;
cl. PolUcr, lit. sur les lécyllus. appeml. n"i.3-31 ; 78. — la Waliinger, Sitid. :.
unterilal. Vasenmal. p. 5 sq. — " Cf. Diascndorll', Op. l. p. lus. .Nolie ligure
i-ipvt-s la (ig. 13. - 14 Inscr. qr. ins. III, 70i. — 1^ Cf. f'crrot, (/,). ci(. VIII, p. 70.
Dans des coffres de ce genre élaient sans doule encastrés les ,.;y«»î; dargdc (.einle du
nuiste de Berlin (i)enftm«(. Inst. II, p . ix à x.)- - '« Cf. Ath. Mitth. l'jno, p. 2112 sq.
SEP
1220
SEP
dt'fiinl'. Knfiii, de moine que la Iropccu était souvent
adjointe à la slèle (v. plus loin, p. i±±;i}, à la tmpésn
pouvait s'adjoindre le vase funéraire. Au Céramique, les
trois Impé-zai de Philoxénos de Messène et de ses lils
Dion et Parlliénios-, qui sont, d'ailleurs, les exemplaires
les plus parfaitement, conservés de ce type de monu-
ments, portaient chacune en leur milieu un lécyllie de
marbre, dont lattache du pied subsiste encore. La Ira-
jjc:a funéraire s'est conservée en Asie Mineure jusqu'à
l'époque hellénistique '.
L'autre (7r,[Aa qui, à côté de h\/ râpera, répond à la con-
ception animiste de la vie d'outre tombe est, en effet, le
vase funéraire. S'il n'a plus guère, à l'époque classique,
que le sens vague de « monument ", il faut admettre qu'il
en a eu un plus précis à l'origine. De même les grands
vases en terre cuite de l'époque géométrique d'Athènes,
d'abord instruments pratiques du culte, étaient, dès cette
époque même, devenus monuments symboliques. El
l'emploi funéraire de ces grands lyqii.xTix céramiques s'est
perpétué en Attique au delà de l'âge du Dipylon; la des-
tination était analogue, semble-t-il, des vases « proto-
altiques » tels que le vase de Nessos ou l'amphore du Pi-
rée'. Par l'intermédiaire de ces vases et des vases « à
prothésis » on passe des (7Yj[i,aTa céramiques du Dipylon
aux (r/iaaTa en pieri-e et en marbre de répo(|ue clas-
sique, comme on passe des Irapésai ile briques crues de
Vourva et de Vélanidezza aux Irapécai de marbre des
trois Messéniens, au Dipylon d'.\tliènes. Certains vases
archaïques montrent encore un vase funéraire de terre
cuite dressé au sommet du TiJ(/ê<>"ç (lig. (i3lti) ■.
Les vases funéraires placés au-dessus de la tombe,
sur la trapéca ou même sur la base de la slèle (v. plus
loin) sont de deux types : le lécythe et la loutrophore.
On trouvera aux articles Lfxviui's (;t loithoi'mokos toutes
indications sur la nature, l'usage et l'iiistoire de ces vases.
Le syud)olisme du lécythe est clair: c'était le vase des-
tiné à contenir les parfums qu'on répandait sur la pierre
tond)ale ; ona passé tout naturellement à l'idc'e d'élever en
marbre le lécythe lui-même au milieu de la Irapcca " ;
c'était perpétuer la pieuse offrande, comme la statue du
sacriliant peut perpétuer aussi la vertu du sacrifice. Puis le
sens primitif du monument s'est efl'acé, et il n'en a plus
eu d'autre (jue celui delà stèle ordinaire; aussi, le plus
souvent, les lécytlies de marbre sont décorés des mêmes
scènes que les stèles, avant tout celle de la réunion de
famille et de la poignée de mains. Souvent deux lécythes
appariés étaient placés soit sur deux Irapczui voisines,
soit sur la même trapé:a\ Dans ce cas, les mêmes
personnages, désignés par les mêmes inscriptions,
dans des altitudes identiques, sont figurés sur le corps
du vase"; morts et vivants sont ainsi rassemblés sur
chaque relief, et seule l'inscription qui se trouvait à la
base de chaque Irapéca renseignait sur celui des per-
sonnages pour qui chaque aT,;Ax avait été sculpté. On a pu
réunir un certain nombre de ces couples de lécythes'.
La signification de la loutrophore est moins claire. (»ti
verra à l'article i.olthu1'Iiouos commerit M. AVoltersa cru
pouvoir établir avec certitude que les loutrophores en
I llHl.rûck, Mil. Millh. l'.iuo, p .îiil, lig. 7. _2 i:r. IJiutckiHT, V\iV,i. Sil-
zuwjslKr. I8!>S, |). 5 1 3 ; Conic, Mlisclie (Jruhrclicfs, p. 37ll. ~ 3 l'Uilil, Jalirbiicli
•Imt. Insl. l'JOS, p. ai. — t Anl. IJenkin. 1, pi. i.yii; 'Kç. if/. I»'.I7, pi. v il vi.
— 6 Cf. Mon. VIII, pi. V [funus, fig. 3345]. — 6 Cf. Bruocknor, loc. cit. p. 5e2.
— 1 Ibiil. p. 935. — * Eicniplc : les deux KcyUics de eiiilourgos cl de sa raniille ;
Xtt. Graàrel. n" 710 cl 758. — 3 Cf. Brucckner, Op. cil. p. SOI 5(|. — lo Cf.
marbre décoraient à .Mhènes les tombes des jeunes gens
non mariés, et uniquement celles-là '". M. Milchhoefer
met la règle en doute". Défait, sur quelques loutro-
phores sont figurés des personnages dont l'âge et l'ap-
parence s'accordent mal avecla condition qu'on leursup-
pose(lig.G328) '-; dansunou deux cas, il semble même
qu'on ait affaire à des couples ". Ce serait donc l'usage
le plus courant, non une règle de principe, qui aurait
réservé ce (r?i(Aa aux jeunes gens morts avant mariage.
Aussi bien c'est M. Wolters lui-même " qui a montré que
le bain du morl est une coutume très ancienne [i'YÉlos,
s.\Kcoi'UAGrs], et on a retrouvé à Ménidi '" des XouT/jpia de
terre cuite qui ont dû servir à cette pratique du culte
funéraire. La loutrophore, vase de bain, serait donc un
instrument de ce culte, comme le vase-autel du Dipylon
ou la table-autel de Théra ou d'Athènes, et plus tard,
comme eux aussi, un monument purement symbolique.
Mais c'est un fait constaté que les traditions funéraires
se sont conservées plus religieusement à propos des
morts enfants ou jeunes gens'"; on sait quelle place
tiennent dans les monuments, dans les textes poétiques
ou épigraphiques, cette idée et ce sentiment vif de la
mort prématurée. Or, dans le cas de la mort d'un jeune
homme, il ne se pouvait pas que l'idée générale du bain
du mort n'entrainàt avec elle aussi l'idée particulière du
bain nuptial. La confusion entre les deux prati(iues expli-
querait bien que la loutrophore, originairement vase de
bain pour Ioiik lex iiiorl.<;, fût devenue ixvf|iAa symbolique
pour les morts avant mariage.
Peut-être même y a-t-il eu des (iY,[jLaTa funéraires ayant
la forme de la baignoire elle-même. Un texte de Cicé-
ron '■ semble eu témoigner, d'après lequel Démétrius
de Phalère, voulant arrêter l'excès du luxe dans les
constructions funéraires, autorisa seulement trois formes
de ces monuments, les plus simples de toiiti^s : la
colonnette, co/iiiiicl/d , la table, iiwn.'ia, la baignoire,
liibcllum. Nous avons vu ce qu'était la ineiisa ; nous
trouverons plus loin la colonne ; qu'est-ce que le
liibt'lliiin "? Précisément, M. Brueckner cite deux monu-
ments " à peu près contemporains de l'époque de
Démétrius qui, autant qu'il en reste, semblent avoir
eu la forme d'une vasque avec son pied et sa coupe
évasée [l.abuum]. Ce seraient là des exemples nets de
lahella et comme les traductions tardives en marbre des
)vO'jT(îaia de Ménidi. Si l'on n'admettait ])as cette inter-
prétation, il n'y aurait qu'à reconnaître dans les loutro-
phores eux-mêmes les lahella de Démétrius.
Nous formons une seconde classe de monuments funé-
raires — la stèle en est le type essentiel — avec ceux
qui se rapportent, non plus à l'idée de l'entretien du mort
dans le tombeau, mais à celle du lieu -" de séjour, du
point d'appui nécessaire pour son t'ifSwÀov. Là encore le
monument est, en principe, un yspa; pour le morl ; il est
sa chose à lui, non un simple moyen matériel d'entre-
tenir le souvenir ijiie lui gardent les vivants. Mais avec
ralVaibiissemi'iil <lrs vieilles croyances, avec le déve-
luppemriil des siiiliiiients de famille et d'hiimanili',
le sens migincl s'ellaee ; jiiliers et stèles aussi bien
WulliM>, Mh. Muih. \VI, p. oTs. - Il IF. iMilililiodir. Ii'-^ thàbei-kuust rfer
UMcimi, Kiel, l«i'J. — la Coiize, .\tt. Omhrcl. pi. .«vu (ii. M): pi. »c.iv : suitoul
pi. ccc. — " thid. 11. iUS. — '* .lic/i. Jahrh. IS'J'J, p. 133. — lii Ibitl. p. liS.
— 11 Cf. l'oulsen, /Ji/iyloniirillier. p. 40 s(|. — >'' Cic. Dft lei/. Il, 00. — 18 Cf. Wol-
Icrs, loc. cit. p. 131. - l'icr. Uniickmr, Arch. Anz. Is9i, p. iî. - au Cf. Dra-
gcudorlT, Op. cit. p. i'.Hi.
SEP
_ 1221 —
SEP
i|iir lahli's (ripiïraiiile on vnses de fjulle uv sont plus que
des ^y-fi^LQLTx sans signilicalion précise.
Les monumenls figurés forment la série la plus inli'-
ressanle des c^Y||AaTa que nous étudions. Mais avant eux
il faut signaler les (Tvî|j.aTa aniconiques, qui n'étaient pas
moins nombreux dans les nécropoles grecques : stèle
primitive, pilier, colonne. De tels monumenls sont aux
stèles sculptées ou aux statues tombales ce que les
symboles aniconiques de la divinité sont aux statues de
culte. — La stèle primitive est très éloignée de la forme
achevée que l'ionisme propagera sur le continent grec et
principalement à Athènes : c'est la borne, la pierre
grossière et non taillée, allongée et sans épaisseur,
enfoncée dans la terre à côté de la tombe ; c'est encore la
<TT-/|X-ri homérique, prise souvent comme image de la fixité
et de la solidité '. Les monuments de ce genre ont très
facilement disparu, ou n'ont point été reconnus: rien ne
les signale à l'attention. On en a retrouvé pourtant à
Néandria '', à Amorgos ', dans la Grèce continentale à
Athènes', Eleusis '\ Sur les stèles de Théra ^ le nom du
défunt est gravé sur la partie qui s'élève au-dessus du
sol. On constate aussi que l'idée de dresser sur \f
tumulus une pierre en forme de cône, peut-être à l'ori-
gine avec un sens phalli(iue, est fort ancienne; dans la
suite des temps, elle donne naissance à'des variantes, où
l'omphalos [ûjumialos], le cône, la pouune d(! pin même, se
perpétuent pendant toute la période classique et se
confondent jusque sous l'Empire romain \ — Le pilier
ou cippe quadrangulaire, sans décoration figurée, consti-
tuant par lui seul on par l'adjonction d'un épitlième le
monument funéraire, est un type gréco-oriental, qui
semble venir lui-même d'une ancienne forme asia-
tique, et plus particulièrement du tombeau-pilier qu'on
rencontre en Lycie". De cette forme dérivent, d'une
part, le simple pilier carré, séina rudimentaire et ap-
proprié aux besoins du commun, et d'autre part les
grands monuments élevés sur degrés de l'époque
hellénistique, Mausolée ou loiubeau des Néréides. Pas
j)lus que les stèles brutes, et pour les mêmes raisons,
les piliers funéraires ne se sont retrouvés en grand
nombre. On en peut signaler pourtant plusieurs à
Samos, de ré|>oque archaï(iu(! ; d'autres, d'une date
postérieure, en plusieurs points de l'Orient grec''. Dans
la Grèce continentale, à Tanagre, le cippe en tuf ou en
pierre noire es! le monument funéraire le ])lus commun '" :
tandis que les uns ont la forme d'un autel avec une
marge sur trois côtés, et se rattachent plutôt au type
de la irapecu, et d'autres à la forme de Vhérôon , d'autres
enfin sont en forme de piliers quadrangulaires. A Athènes
le pilier semble avoir été assez rare dans les nécropoles :
il ligure cependant, surmonté d'un vase, sur un fragment
de relief funéraire ". Mais à défaut d'exemplaires origi-
naux deces monuments, nous en trouvons lareprésenta-
tion très fréquente sur les bas-reliefs funéraires d'.Vsie
Mineure : le pilier porte alors des épithèmes variés: la
sirène, lesphinx, le coflret, la corbeille, le lécylhe, ect. '-.
I M. .m. //. Mil, Y. l.iT ; XVn, Y. i.U. — 2 i.r. Kol.k-«.-y, XrniHlri.i, |i. 17
l'fiTuI, I. VU. |j. :>. ~ 1 i;r. Mil. Mtll/i. XI, |i. '.l'.l. ~ '. CI. Ml,. M, III,.
l.s'JJ, (I. l.>:i. ~ •' Cf. Ej. if,,. IS'.KS, p. SU; l»»!l, |i. 17b, i;'.!. li — Cf.
Drasendorfr, O;,. cil. p. 10». — 7 Cf. l'fulil dai)S -li-c/;. Juhrbuch, 1UU5, p. ss b,|.
— K Cf. l'fiilil, /bid. p. 72 s((. Sur te culLc du pilier à Tépoque Cretoise el
mycénienne, voir livans dans Journal of helL .Slitdicn, 1901, p. 1)9-204. Four
la poi-U'e mylliologi<|ucde ce culle, voir l'article de l'. Uirard snr .^yaxdans lietme
Élud. i/reci/. l'.iO'i. — ^ Iliid. p. 70. — m llaussouUicr, Op. cil. p. 17 si(.
i-''^«'i>;**
Des terres cuites de Myriua '•' et d'autres teries cuites
d'Asie Mineure ' ' représentent des monuments analogues,
le mort étant ou non figuré à côté du <i-?|[Aa funéraire,
lùilin le pilier tombal est très fréquent sur les vases de
la Grande-Grèce, de ïarente et d'Apulie : il est posé sur
une base d'un ou de plusieurs degrés, qui prend souvent
toute l'apparence de
\a trajiéza^^. Au pilier
se rattachent encore
h's termes, les hermès
fuKiijiAn: ; cf. plus loin
tig. ti."J29] qu'on voit
s'élever parfois auprès
des tombeaux '". —
Une colonne dorique
l'ait fonction du stèle
dans la nécropole d'As-
sos ; elle était scellée
au centre d'une base
ronde taillée à même
dans le roc '''. Cepen-
dant, la colonne n'ap-
parait guère sur les re-
liefs funéraires d'Asie
Mineure. Mais elle est
un des monuments les
plus fréquents à Athè-
nes, après Démétrius
d(! Phalère ; c'est un
de ceux que ses lois hg. ojin. — Colouui- lun^iane.
somptuaires autori-
saient". Une de ces colonnes dori(|ues, de graiule dimen-
sion (2 m. 30 avec la base), est encore en place, près
d'IIaghia Triada ; elle porte les noms de Bion el d'Ar-
chiclès ; un vase était scellé à la partie supérieure
du chapiteau ''•' (11,^. Ki-H)]. ]>a colonne ioni(|iie est
souvent ligur(';e sur les vases de la Grande-Grèce à côté
du pilier et sur la Irapéca'-". Il faut signaler enfin les
colonneltes ioniques et corinlhienniîs en terre cuite
trouvées dans des tombeaux de Myrina'-'.
Les îYÎfxara figurés sont la statue el la stèle sciil|>tée.
La statue tombale est vraiment un double, au sens de la
statuaire égyptienne, et l'appui matériel le plus immédiat
pour ïeiooilov du mort ; il ne s'agit pas. au moins à l'ori-
gine, de rappeler aux survivants l'apparence et les traits
du défunt ; c'est là une conception dérivée. La statuaire
funéraire a eu en Grèce un long développement depuis
le VI'' siècle jusqu'à l'époque classique et post-classique --
[statua]. Son rôle s'est trouvé limité seulement par ce
fait que la commande d'une statue de ce genre était
alïaire d'importance, et ne pouvait convenir àlamoyenn(!
du pnidic ; la stèle était, dans la plupai-t des cas, d'un
travail beaucoup plus médiocre et moins coûteux. Le
nombre des statues funéraires connues est cependant
assez considérable. Certaines au moins des statues
désignées sous le nom d'Aiiollons archaïques [sculi'TUIsa,
— IICiiuzc. AU. Grahrel. pi. cci.xxxvi, n. \W:,. — 12 l'fulil /.or. cl. \,. '.« -i
-- 11 Cf. l'oUier-Ueinacli, Mijriim, I, p. ii-l s.].; I, n. 3'Ji. — ''• V. i\. Winl.i.
Dic Il/Il. d. Tcrrak. ï' partie p. ÏS7, n.3, — 1" Cf. Watzingcr, Op. cd. \,. 1. s.|.
— 10 Voy. l'fulil, /. c. p. 70 si|. — n Americ. Joiirn. of arch. ISS(i, p. i'w s.|.,
Perrol, VU, p. 4H, Dg. 220. — <s Cf. Brueckner, Arcli. An:. 1SU2, p. 2:i-
— I« Conie. AU. Grabret. p. 370, d'où wt tirée notre ligure. — ^l) Watzinger,
Op. cil. p. 14— 21 Cf. Pollier-Ucinacli, Myrina, 1, p. 242-243. —22 Cf. Gardner,
Sculpl. lumbs of HelUis, cil. IX; Furlwaugler, Coll. Sabouroff, inlrod.p. 5ist|.
Sl-I'
— 1222
SEP
lig. 6237] pcuvcnl (■lie en ri'^aliU- lies sl.atues tombales ' :
il doit en èlre ainsi, de ]iar les cireonstances mêmes de
sa déeoiiverle, lii' r.\])ull(in de Tliéra ' ; funéraire aussi
esl la statue de xoOpo; trou-
vée en iW2, en Attique,
à Kalyvia-Kourvara ^ D'au-
tres statues funéraires de
l'archaïsme attique il ne
subsiste que les bases et le
scellement des pieds ; l'une
de ces statues au moins
(■'taitconsacréeà une femme.
Il suffira de citer, en fait de
monuments du même type
qui apparliennentà l'époque
classique, la prétendue
u Pénélope » du Vati-
can (fig. 6321 *), les statues
de femme de Ménidi au
musée de Berlin', et
r « Hermès » d'Andros avec
la statue f('minine ([ui lui faisait pendant". La statuaire
tombale s'écarte là de la conception qui lui avait
donné nais.sance et devient comme une statuaire de
genre qui admet le groupe et la « scène de famille » ;
^ ■" '""n " " '" ""
. 0321. — Slaliic fuiii
ainsi, sur un lécyllie polychrome d'Érétrie ', un groupe
funéraire (lig. t)322), composé d'une femme tendant une
grappe de raisin à un enfant, est dressé au haut d'un
large pilier, surélevé lui-même sur trois degrés.
Ce qui prouve bien que la statue tombale est un yiçia;
pour le mortplutôt((iriin monument pour les survivants,
c'est qu(î l'image humaine est souvent remplacée par une
image synibolitjue : le sphinx d'abord [spuinx], dont
plusieurs ligures ou fragments du ligures ont été retrouvés
f Voir lu livre Je M. Oconna, Les A/wUuns urcfiiiifjiies, l'Jl'S. — 2 l'en-ol,
/litt. df VArt. l. V, p. :il!l, lig. 133. — 3 Eç. 'Apy. 1902, p. I, s<|. ; l'cn-ot, Up.
cit. p. ioî, lig. IR9. — ' Collignon, Hist. de ta sculpl. gr. l. 1, p. 407, lig. 210.
— & Fiirlwanglcr, Coll. Saùouroff, pi. xt-xvm =^ Beschreiù. d. ant. Seul/, t.
(Berlin) 498-i!>9. — C Colligiiun, Ihid. Il, p. 382; Covvadias. riuitii, 218, 2I'J.
— 1 Cf. Eç. 'As/. I88G, pi. IV Lis; Reiimcli, /lép. I, p 512. — » higuies les plus
coDuues: spliiiù ,1e Marioii (Clijpie), IVnol, 0,.. cil. p. 32S cl lig. 142; spliiiix
.te Spala en Allicpie: iliid. p. Cb8 el lig. 337. Voir le cralcre Vagnonvillo,
sphiui assis sur le lumulus; WiVner Jalircshefte, V'ill, p. 1 Hi ; X, p. 118.
_ 9 Cf. Weicker, Der Seelenioi/el; (:avva<li.is, riusio, n. 775.— m Cf. liînu-
nièralioii tics niuiiuincnis les plus connus, dans GarJucr, Op. cit. p. 130-131*
Le nom ini^me du défun', comme dans l'exemple ici reproduit (Duruy, ffist. des
eulpléc
dans les nécropoles grecques*; la Sirène ensuite, qui est
proprement V « oiseau de l'Ame » [sirenae] et comme un
symbole de l'à'àtoXov'. Beaucoup plus éloignées de ce
symbolisme et plus proches du « genre » sont les statues
d'animaux, lions, taureaux, etc., dont nous connaissons
par les monuments ou les textes la destination funéraire'"
(lig. 0323). La statuaire funéraire n'était pas toujours
réservée aux praticiens de second ordre ; nous savons que
les grands sculpteurs s'y étaient adonnés ; on voyait
par exemple, près du Dipylon, le groupe d'un cavalier
et de son cheval, œuMe d( Piavilèle"
Toutes les stèles n'itannl pas dt(oii(.>5 b.ipu-^ (ti-
taines peintures de
vases, on peut se
représenter un bon
nombre de ces
<7r|(AZTa sous forme
d'une dalle dressée
tout unie, sans au-
tre addition que
celle du nom du
défunt '■-.
Mais la sièle or-
nementée et ligurée,
création de l'ionis-
me popularisée par
l'atticisme, tient le
premier rang tant
par le nombre (jue
par l'inli'rêt artis-
tique des exem-
plaires qui nous en
sont parvenus. Aucun inventaire d'ensemble n'en a
encore été dressé '•'. Mais nous connaissons bien la série
attique, de beaucoup la plus importante ". Dans ce sujet,
qui esl surtout du domaine de l'archéologie figurée, nous
ne nous occuperons, après de rapides indications sur la
forme et l'ornementalion de la stèle, surtout de la stèle
attique, que de la nature des sujets qui y sont figurés et
de l'interprétation qu'il convient d'en donner.
La stèle figurée a deux formes nettement distinctes :
celle de la stèle proprement dite et celle du naïskos ''.
La stèle proprement dite, ([ui a pris naissance en lonie "
cl s'est développée en .\tlique, est une dalle de pierre
calcaire ou de marbre, de faible épaisseur, plus haute
que large, souvent plus étroite à son sommet qu'à sa
base. Le type le plus ancien esl celui de la haute stèle,
le [xéya dïiaa '^ d'Homèr(>, couronnée d'une palmelledonl
lesbordsaflleurent les deux côtés de la stèle. Plus lard, la
palmetle ne limite pas elle-même le champ de la stèle,
mais elle esl appliquée en relief ou en peinture sur une
acrolère arrondie qui la déborde '*. Les monuments les
plus anciens n'ont pas de profil architeclonique ; les plus
Grecs, l,p. 4.ïS),jusliRc d'ordinaire le symbole choisi . — H Caus. 1, 3, 3.— 12 Voy.
Tarbell, dans Amcricati Journal o/ arcli. 190s, p. .428. lig. I. — 13 Elude desreliefs
gréco-a.sialii|ues ; ffulil, Arch.Ja!.rb. 1905; des reliefs alexandrins: Wiuler, AtU.
.Wittli. lUOI, p. 25S sq. — !'• Le recueil des reliefs funéraires altii|nes, sWes el
\ases, a Hù entrepris par l'Académie de Vienne (Conze, Attisc/t. Grabreliefs) ;
les deux piirlies publiées contiennent tous les monuments jusi|n'à Dèmélrius de
l'Iialère (1740 numéros). L'achèvement de l'ieuvrc permettra île faire l'iiisloire
complète du relief funéraire en Attique. — >■"' Cf. Brueckncr, Ornamenl u. Form,
p. I sq. — "■ Cf. Lôsehckc, Ath. Millk. IV. p. 297 sr|. Stèles ioniennes, avec la
représentation de l'homme dcLout : stèle de Symé, l'errol, Op. cit. fig. 143; stèle
d'Apollonic, /4irf. lig 151 : stèle d'Orchoméne, lijid. lif;. I:is.
V. 340. — I» Bruockncr, Op. cit. p. 7.
n Ho
//. IV,
SEP
1223 —
SEP
— Slèlc à pain
bas-rclipf.
rôconls en ont un soil sur la face antérieure seule, soit
aussi sur les deux cotés'. Au-dessous de la palmelle le
champ de la stèle porte soit
siinpleuienl , au-dessus de
deux rosettes, l'indication du
noni du défunt, soit une repré-
sentation llgurée peinte ou en
faible relief (fig. G324 ■'). Au
V siècle s'introduit une forme
dill'érente '. La stèle d'oblon-
gue devient à peu près carrée,
et n'est plus surmontée d'une
palmette, mais limitée en
haut par une surface droite :
un fronton est généralement
figuré en relief dans la partie
supérieure. Dans un très
grand nombre d'exemplaires
l'/^s^\''vAi:J--^^ I la terminaison supérieure
Tit^r^ K( '^J même est un fronton : c est un
- - '-^ 1 .■ îLÎ I t,^pg ^,,f,s commun (fig. tJ325 ').
Cette forme, en se développant,
a donné naissance, dès le v« siè-
cle, à un second type essentiel,
le naïskos ' : comme son nom
l'indique, c'est un temple en
miniature, avec fronton, épi-
slyle et antes ; entre lésantes
se détachent, en très fort relief,
les personnages figurés, quand
la stèle est sculptée (fig. 0320). Quel est le sens et la
raison d'être de celte forme? On a voulu y voir l'intention
arrêtée de présenter le mort comme un héros dans le
temple, l'rjpùiov *,
où on lui rend un
culte. L'interpré-
tation ne saurait
valoir, car les
scènes représen-
tées dans les naïs-
koi sont des scè-
nes familières où
les morts se mê-
lent aux vivants;
de plus, il n'y a
pas de naïskoi, à
l'époque archaï-
que, c'est-à-dire à
l'époque précisé-
ment où le culte
des héros à été le
plus vivace. L'on
pourrait y voir
tout aussi bien
l'intention de re-
produire l'appa-
rence intérieure de la maison, où les scènes seraient alors
censées se passer. En fait, de telles idées onlpu se fairejour
1 /tid. |>. 30 S(|. — 2 Ml. Grahrct. pi. xcv. — 3 Eruccknor, Il,„l. p. Cl. TrOs
nombreux Cïcmpics de ces foimtssur les planches des Alt. C-abrcl. — ' Slclc de
1-l.ingon ; Duru)-, Hist. îles (ir^cs. II, p. 475 - i. Cf. liruecliner, (l/t. cit. p. 72 s.{.
Vue de lalli^e des lonibeaui, au Céranii(|uc dAlliéncs, llciruy, Hiit. de»
Orecs, II. p. 4oJ. .\nonilopou!os, Ejihrm. nrcli. I'J08. — c Cf. Sinoliboefer,
Sléle à froninn.
à tel oulelmomenlde l'évolution du type; mais le ?(«/.vAy/.ç
est sorti tout naturellement de la stèle à fronton', à mesure
que les figures se présentaient en plus haut relief et de-
mandaient par là même un cadre architectonique plus net.
A mesure aussi que le fronton prenait un relief f)lus res-
senti, la nécessité technique apparaissait de l'appuyer sui-
des anles ; et ainsi se complétait l'architecture du niiïs/.ti.'i.
A E î I AE A 1 AY^AKHGLOOPIKIOI
ETE NE TOETITEli ANAP \0APX0NT0S
AT EOANEETEY B O A I AJO — "-""^--^
EEKoPiNon iTriNrENT'MirrEriN
Fig. C3i6. — Slèlc de Dcvilcos.
On peut suivre tout ce développement ; le monument de
Dexiléos (fig. 0320'), malgré ses dimensions, est encore
une simple stèle à fronton non soutenu ; d'autres reliefs
ont le fronton et ks antes, mais sans épistyle'\ enfin
l'épistyle, portant l'inscription funéraire, s'insère entre le
chapiteau et le fronton '". Nous n'avons pas à traiter ici
du détail des formes et des profils architectoniques, et des
comparaisons instructives qu'on en peut faire avec les
formes parallèles de la grande architecture. — La stèle
est quelquefois sans base ; la partie inférieure de la dalle
est alors laissée rude et enfoncée dans la terre". Le
plus souvent elle se dresse sur une base de calcaire ou de
poros'- ou sur un soubassement à trois degrés, comme il
apparaît presque toujours sur les peintures de vases
I fig. 0322). Quelquefoisà la surface de la base sont creusés
des li'ous qui étaient destinés à recevoir des Iccythes ou
autres vases funéraires. La base est alors vraiment une
(rapc:a unie à la stèle; deux monuments voisins entre
autres, une stèle et un nn'ixkos, appartenant à un même
ensemble, offrent cette disposition ". Les formes géné-
rales de la stèle et du naiskoa ne sont pas différentes en
.Vttique et en dehors de l'Atlique; mais il y a des variantes
importantes : ainsi les vases de la Grande-tirèce nous
montrent des mtUkoi à. colonnes non pas doriques,
comme en Grèce propre, mais ioniques '' (fig. 0327).
Pour la décoration des stèles, il faut distinguer
Atli. Mitth. 1881). p. 2il . — 7 Cf. Brncckncr, /.ne. cit. — "Ait. Grabr. pi. ctu.vni
[f.quiies, fig. i7ii|. — a Ihid. pi. J.iix. — '» Ibid. pi. ixvii, l.xviil, i.sxi, xcvn.
xcvui, etc. — 1 1 nid. pi. xv. — 12 Ibid. pi. cccxix. — '•! l'i. xcvni, pi. cccsix )Agallion-
Korallion). — " Cf. Walzingcr, fJp. Cl/, p. 2.8; l'aCroni, r.n cemmira neir Unlia
méridionales, p. Hi, 143. Noire ligure = Iteiuach. fléperl. rases peints, II, p. 3f,\.
SEP
I22i —
SEP
il';il>ord les sièlis sculpU'cs et les stries jicinlcs. Celles-ci
élaienl fort noinlireiises, soil sièli's proprement dites,
suit ntnsl.iii. Plusieurs stèles ntliiiiies peintes [l'ir.Ti'RA,
p. 4o9j ont été conservées jusqu'à nous ' ; sur d'autres
monuments les peintures se sont efTacées : il en est ainsi
sur le nnïskos de ralliénien Agalhon -. Sur beaucoup de
stèles sculptées le relief était complété par la peinture,
soit pour les accessoires de l'ornementalion ^ soil même
pour des personnaji;es entiers. D'autre part, un grand
nombre de textes signalent des œuvres de peintres grecs
qui ne peuvent être que des peintures funéraires'.
Enlin. il a été découvcrl tout récemnieiil à Pagasai, en
Tliessalie, un nombre très considérable de stèles ou
fragments de stèles peintes; leur publication définitive
pourra renouveler riiistoirc du genre °. Il apparaît, dès
à présent, que les sujets représentés n'y sont pas diffé-
rents de ceu.K qu'on voit sur les stèles à reliefs : la pein-
ture la mieux conservée de Paga.sai montre la scène
même de la mort de la femme, peut-être <à son lit d'ac-
couchée*.
La décoration des stèles sculptées se répartit sur
l'acrotère et sur le champ de la stèle. L'acrolère des
hautes stèles est décoré de la palmette surmontant deux
volutes (fig. 63-24). Toute schématique à l'époque ar-
chaïque, cette décoration se rapproche de la nature, à par-
tir du v'siècle, par l'adjonction de la feuille d'acanthe [cf.
DAEMON, (ig.2:>87 , empruntée peut-éircà la végétation na-
turelle des nécropoles '. Dans une première classe de
monuments on peut donc ranger, avec MM. Brueckuer et
Conzc, les palmettes sans acanthes, en deux séries,
suivant que la palmette est" ou non'-* divisée en deux
masses ; dans une seconde cla.sse, les palmettes avec
feuilles d'acanthe, en plusieurs séries: 1" la décoration
se compose de l'acanllie, des volutes et de la palmette'";
2" ilya en plus une rosette de chaque côlé (!<■ l'acanthe" ;
3° des volutes retournées remplacent les rosettes'-;
• et. I.c-hicliclc, Àlh. Mittli. IKT'J. p. 3i; s,,. iSl) s.|. ; Att. Grnhrcl. pi. i (l.ysfcis) ;
; (Arislioii) ; i:i Antiplimii'>s, clc. — 2 Urnljnl. n' 3H3. — ' Il faiil .loiic dire rpio
loHtra les sK'Ics «Uienl pcinl». Cf. [jrucckncr, Dp. cil. l'ap cieinpl,-, i|iiaiid une
loulropliore est repr^scnli''C sur la sIMc. les anses le plus souvcnl i-laii-nt iudiqui^cs
au moyen île la peinture; AU. Grabrd pi. tciv. —i Réunis ilau« IVIuile il'Arvani-
lopoulos, 'E«. 'Af/. l'JUS, p. t SI). — " /Air/, cl pi. vi. —Cil faut ilouc l.ieu se faire à
celle iJée iiue tiaiis les ni'cropolcs grecques les sièlcs peiiiles liaient aussi noni-
hreuscs ou niôtiie plus iionilirciises que les sU-les sriilpU.cs. Cf. J.cchal, /(ci', des
/Cl. anc. llHis, p. li;4. _ 1 (jf. llriiecLner, Oii. cil. p. + sq. ; Furlwnuglcr, loll.
Saliourog. iulr. p. s. _ » mi. Orabrel. pi. cccsvi, ,:,:cxvu. — 9 Ihid.
i"les volutes des ci'ités sortent elles-mêmes de la palmette
centrale et portent d'autres palmettes "; .j" le motif
central disparaît, et tout l'espace décoré est rempli parles
palmettes des côtés". Les acrotères sont décorés quel-
quefois de motifs non plus végétaux, mais figurés ; c'est
la sirèui', se fi'appant la poitrine '^; c'est le sphinx "' ; ce
sont deux boucs aH'ronli's au-dessus d'un canthare, etc. ''.
Le fronton des stèles oblongnes ou carrées ri'ste gi'ni'ra-
lement sans décoration sculptée ((ig. GS^ri).
Le corps de la stèle ne porte dans beaucoup de cas
d'autre décoration que les deux
rosettes f|ui garnissent le
champ au-dessus de l'inscrip-
tion funéraire. D'autres fois, la
décoration est constituée non
par des figures humaines,
mais par les <T/îu.aTa mêmes du
tombeau, sculptés en relief,
loulrophores et lécylhes, sou-
vent décorés eux-mêmes de
scènes familières ou d'offrande
(lig.63-28 "). Enfin, le plus fré-
quemment, ce sont des repré-
sentations humaines qui rem-
plissent tantôt un champ ré-
servé sur le plat de la stèle,
tantôt la stèle tout entière,
tantôt toute l'ouverture du
iiaïitkox (fig. r.324 à 6330).
On peut ranger les sujels
représentés sur les stèles atti-
ques — et le classement vaut,
en somme, pour les monu-
ments non altiques — plus sommairi'menl qu'il n'est
fait dans le recueil de l'académie de Vienne, sous quatre
chefs principaux : 1° personnages représentés seuls.
L'homme ou la femme sont d'abord Jreprésentés assis,
dans un siège à haut dossier droit ''■' ou sur une chaise
à dossier et <à pieds recourbés, dans une attitude hiéra-
tique'-", ou familière-' pour les femmes, simple et grave
pour les hommes^'-. Ils sont aussi représentés debout.
Les hommes sont souvent figurés dans une attitude ou
avec des attributs qui rappellent leur profession-' ; les
jeunes garçons et les jeunes filles avec leur oiseau ou
leur animal familier'-' ; 2° groupe de deux personnages
avec, quelquefois, un personnage accessoire. Les prio-
cipaux types sont: groupe simple de l'homme et de la
femme avec, ou non, le geste de la poignée de main-'\
femme à la toilette, homme ou servante présentant le cof-
fret ouïe miroir ■•='^, groupe d'homme et de femme, ou de
femme etservante, avec présentation de renfanl-\ homme
ou femme et jeunes enfants -'*, vieillard contemplant
tristement son fils adulte [imaco, lig. 3!I()7J-''; 3° groupes
de famille à |)lusieurs personnages (fig. (j32y' ''") ;
4" repri'sentalions particulières : guerriers combattant '',
pi. «CUV. — 10 /Ai<;. pi. cccxxi, cccxsiii. — M //,!<(. pi. ,;ccoix uccxxx. — 12 /Aid.
pi. ccuxxxiu, cccxxsiv. — U Ibid. pi. cccxxxviu, cœxxxix. — I» /Ai,/, pi. cccxivi.
cccsi.vii. — <!• Ibid. n" I66i s.|. — »6 Ibid. n" 1680 sq. — 1^ Ibid. n» lf.S5.
Ibid. pi. ci.xxvin ; noire figure = LouThoenoiios, p. I3i0. — '9 /AiV. pi. xv.
Ibid. — 21 Jl,id. pi. xvn, xviii, XIX. — 22 /Ai/, pi. cxvui, cxix. — 23 n,id.
ux, Cl.xxxui. — 21 Ibid. pi. crvi ci.viu c[.xi. — 25 Ibid. pi. xi.lv, xi.v. xi vin,
— l<î Ibid. pi. XXX, xsxi, xxxii, clc. Kxceplionuclleiuent. poignée de main
deux cnfanis. pi. ccixvi. — 21 Ibid. pi. i.iiv, i.xv, i.xvii. clc. — 2S Ibid.
ixiu, i.c«xxiv, ci.xx, CLXXV. — 21 /Ai(/. pi ccx, c.:xi, .xxu, ccxxi. — 30 Ibid.
XVIII, ixxiï, i.xxx, xcvii, pi. xnviii, etc. — 31 Ibid. pi. CCXLV, ccxi-viu.
"is:. ft3:î8. — La Loulrophore
fiiui^raire.
_ 18
_ 20
pi. Cl
1,, clc.
pi. ex
pi. I.>
SEP
122?
SEP
naufragés ', foinines di-faillantes (fig. 0325 -), liommes
couchés devant une lalile de banquet'.
Ici, à propos de ce dernier sujet, nous devons l'aire une
importante remarque. Nous n'avons pas à nous occuper
des repésentalionssi nombreuses du " banquet funèlire »
dont le sens exact a fail l'objet de tant de discussions '"
[héros]. La forme même de ces reliefs — plaques rectan-
gulaires beaucoup plus larges que hautes — suflit à mon-
trer qu'ils ne sont point des monuments /'iniéraircs,
faits pour trouver leur place au-dessus du louib''au, mais
bien des monuments votifs destinés au culte, en dehors
\].m "u
même de la nécropole, des morts héroTsés''; de n)ème
les inscriptions qu'ils portent ont toujours un caractère
de dédicace, et non, comme celles des reliefs funéraires,
de simple indication de la personnalité du défunt. Seules
doivent rentrer dans la catégorie des reliefs funéraires,
au moins à l'époque classique, les représentations de ce
type qui sont sculptées sur des stèles oblongues de la
forme habituelle. Il y en a quelques exemples parmi les
stèles attiques*; le » banquet » y est, d'ailleurs, très
simplilié; on n'y voit pas les attributs et accessoires
spéciaux qui figurent sur les banquets funèbres. Mais il
figure sous sa forme complèt(> et avec im grand luxe
décoratif d'accessoires sur certains reliefs hellénistiques
d'\sie Mineure'^. Pour les mêmes raisons, nous laissons
en dehors de noire étude des ni^'jj.i.-z'j. funéraires, les reliefs
laconiens représentant, soit des divinités, soit des morts
héroïsés, et tous les reliefs où est figuré le type du
1 AU. Gnibrel. pi. cxxii. — 2/Ai</., pi. \i.vr, i.ixv. — 3 /4,U, pi. cci.l, cci.vii. — '. On
truiivera la bibliographie à l'article heeios. — î> Cf. Urueckncr, op.cit., p. îj^i ; Gardiicr,
Sc'ilpt. Tomlis, p. S7 s.|. — 0 Cf. Ali. Graliixl. p. tsl, noie. —^ l'fulil, Arch.
Jrihrbucli, l'.lli.,. p. 13(1 5i(. — » l.a bibliographie sur lune ou l'aulre de ces Ih.'wies
i>l cuusiiléralile; citons seuleiiieni, pour la pretiiière, iîriieekn* r, SUzuiiijah. W'icti.
\hW, p. 51 i si|.; pour la seconde, Furtwilugler, Cuil. Habouru/f, intr. p. U sq. ;
Milclihoefer, (trntjtrkunst d. Ucllentn. Nous signalerons ici seulement la théorie
paradoxale d'IIolwcrda, Die attisch. Grâber U. Blùtezeit^ Leyde, IS'J'J,
d'après <(ui il n'y aurait pas de rapport entre tes Inscriptions et les pcrson-
VIII.
cavalier. Pour tous ces montimeiits, on se reportera à
l'article iihhos.
On a beauciuip disciili' sur le sons précis à atliibiier
aux représentations que nous venons d'énumérer, parti-
culièrement à la « poigui'e de main >> et aux « groupes de
famille » (fig. 0324). — l.a scène se passe-t-elle sur la terre
ou au séjour des morts? Les personnages se disent-ils
adieu dans ce monde, ou se retrouvent-ils dans l'autre'.'
Les reliefs sont-ils un souvenir de la vie dudéfuni, ou une
allusion à son existenci^ d'au-delà la tombe"? Il y a pour
et contre l'une et l'autre de ces opinions des raisons très
spécieuses '. Il est d'une part certain que beaucoup de
reliefs se rapportent à la vie passée du défunt. 11 en est
ainsi qui rappellent sa profession: nous avons le cor-
donnier Xanthippos '', le fondeur Sosinos '", le marchand
de vin (?) Tokkès", le pancratiasle Agaklès '-, l'archer
Gétas'^ D'autres monuments rappellent, d'une manière
générale, la bravoure guerrière du défunt(Aristonautès)",
ou même, de façon plus précise, un de ses hauts faits
(Dexiléos, fig. 0320) '^. Quelques l'oliefs mettent sous
les yeux la scène même de la mort : stèle de Théo-
phanté "', stèle de Plangon " (fig. 0325), stèle de Mal-
tliaké'", stèle peinte trouvée à Pagasai ''■'. On y voit
une femme défaillant sur une chaise, ou, avec plus de
réalisme encore, sur un lit. Même scène sur un relief
mutilé du Louvre-", où, très illogiquement, la scène de
la présentation du collret est associée à celle de la
défaillance. Nous sommes, on le voit, bien loin de l'exis-
tence héroïque d'outre-tombe. N'est-il pas naturel d'ex-
pli(|uer de même les scènes de toilette, qui elles aussi ne
[XHivent se rapi)orter qu'à la vie, et enfin la « poignée
(le main » et les groupes de famille? C'est le souvenir de
la tendre union i|ui régnait entre le mort ou la morte et
les survivants, non leur rencontre dans l'Hadès, que
l'artiste a voulu exprimer ; c'est dans l'intimité tle la
maison athénienne qu'il nous introduit; rien (jui s'accorde
mieux avec le caractère d'humanité et de familiarité de
l'art grec. Les inscriptions et les épigrammes funéraires
rappellent toujours la vie du défunt; c'est aussi ce (lue
l'ont les reliefs. Telles sont les raisons qu'on petit faire
valoir en faveur de la première théorie.
Mais on peut demander comment il se fait que dans ces
scènes « d'adieu » ce soit précisément le mort, celui qui
prend congé des survivants, qui soit représenté assis,
tandis que les autres sont debout '-'. Puis il y a des stèles
archaïques où le mort ou la morte sont représentés dans
une attitude solennelle qui semble montrer qu'ils sont
figurés en tant que morts ^'^ Un relief montre même,
coumie les lécythes blancs, le mort à son tombeau'-'. La
représentation dti banquet funèbre est rare sur les stèles
attiques, parce qu'elle ne s'applique au juste qu'aux
héros, et que, au moins à l'époque classique, les morts
ne sont pas généralement considérés comme tels; mais,
le fait qu'elle existe suffit à prouver que c'est bien l'exis-
tence d'outre-lombe (lui est visée. Des textes sur la vie
nages ligures; ceux-ci seraient simplement des amis du mort ou des passaids.
CI', la crilinue de Bulle, lierl. l'hil. Wochensclir. 1900, p. 1W3. — '' Atl.
Grabicl.\t\. cxix. — iOlbiil. eotl. toc. — n Ibid., pi. cxx. — ilJbid., pi.
.:l.xsxui. —KIbid., pi. ecixvvn. — (^ Ihid., pi. c.M.v. — '-ï Ihid., pi. CCXI Vlil.
— II. Ibid., pi. ixxv. — " Non aUic)ue, Ibid., à propos de la pi. i.xxv. — I» Ibid.,
pi. X1.VI. — '9 'Es. Aj/.. l'JOS, pi. 1. — 2" Clarae, pi. ciAi B, u. 21 1 A = Kcinach,
HépcrI.dela stat. I,p. ii;;, n. 4. —'i' l'our U.ules eus observations, cf. Miluldioerer,
Op. cit. — 22 Ait. Urabr. xv. xv ; ,.f. 1//;. iinth. Vlll, pi. xli. — ii .1».
Grabrd.
154
SEP
1220 —
SEP
(les onfers parliMil de la o£;ûo!7i?', <le 1' « accueil ->, ijui
pourrait bien iHre la scène ngurée sur les stèles. Enlin et
surtout, s'il est vrai, comme nous l'avons admis, que la
stèle, comme tous les autres ç/ifixia, est essentiellement
un fi^a; pour le mort et qu'elle est faite à son usaj^e, il
faut bien en conclure que, en principe, les scènes qui y
sont sculptées doivent intéresser le mort en tant ([ue
mort. Toutes ces raisons nous inclineraient donc vers la
seconde tliéoi'ie, moins attirante pour noire tour d'esju-il
moderne, moins en liarmonii? avec l'idée que nous nous
faisons de l'art grec, et surtout de l'art altique.
Mais la vérité est qu'il ne faut pas vouloir exprimer en
uue formule une réalité très nuancée et très complexe. Il
faut d'abord tenir compte de l'évolution des idées et de
l'art; elle permet d'autoriser des opinions contradictoires.
Il peut être vrai qu'à l'origine les reliefs funéraires aient
présenté le mort dans son existence solennelle d'outre-
tombe, et vrai en mém» temps qu'ils aient plus tard
figuré de préférence sa vie passée; l'idée qu'au mort
seraient un jour réunis les vivants permettait de
passer sans heurt d'une conception à l'autre. Le fait que
le mort est souvent représenté assis, avec les vivants
debout autour de lui, ne s'expliquerait-il pas comme une
survivance du temps où le mort, considéré comme un
héros, trônait en face de ses adorateurs? Et il se peut
bien aussi que les scènes sculptées sur les reliefs ne
soient, strictement, ni des scènes d'adieu sur la terre, ni
des scènes d'accueil dans les Champs Klysées; il se peut
que le mort y soit représenté réellement comme mort, et
les vivants qui sont à coté de lui réellement comme
vivants. 11 y a là un mélange très particulier de réalisme
et d'idéalisme, qu'on retrouve dans les « banquets
funèbres » et dans les scènes de Ihéoxénie, et où l'esprit
grec se mouvait avec facilité. Il en serait des reliefs funé-
raires exactement comme des reliefs votifs, où des
personnages humains sont représentés à côté des dieux ;
mais comme le mort n'est pas proprement une divinité,
il n'est pas (iguré avec une taille supérieure à celle des
vivants. Dans cette conception, les reliefs funéraires
seraient, suivant une ingénieuse comparaison de M. Mil-
chhœfer\ tout à fait analogues aux saule conversa-
sioni des peintres italiens. La majesté de la mort et la
grâce de la vie s'y fondraient en une teinte unique.
Stèles inscrites, peintes ou sculptées, édicules, statues
funéraires, pierres tombales, piliers ou colonnes, l'assem-
blage de toutes ces formes monumentales devait donner
aux nécropoles grecques un aspect pittoresque et varié ;
les arbres et la verdure le complétaient heureusement'.
Cette diversité se retrouve dans les ensembles formés par
les monuments d'une même famille, ensembles dont la
limite était marquée, semble-l-il, par des ocoi '. Si quel-
quefois l(!s 'jf^ii.x-x en sont identiques — les trois trapé-
:ni des Messôniens — d'autres fois ils diffèrent tous.
Ainsi, à Athènes, la stèle portant les noms d'.Agathon et de
Sosicratès, haute de 4 mètres, se dressait entre les deux
naîscoi moins élevés, l'un consacré à Agatiion lui-même
et décoré d'une peinture, l'autre à sa femme Korallion
et portant en relief la scène de famille du type ordinaire.
' Cf. FiirlwSnglcr, Coll. Sahouroff, iiilroJ. p. iC, où les IcïUs sonl cilfs,
p.irliciilij.r(>m«nl Hyper. Epitaph. 13. — 2 Milcliliocrcr, Op. cil. — 3 Sur co point,
cf. f'ollicr, El. snr U-t li-cytha, p. SO. — lEicmpIc il un cli- ci's Jj.» : U'cylhc («»(■-
faire avec l'inscripUon Jjo; jt>i^|uiio; : Journ. of htll. slud. l'JOG, p. i33. — 0 (;jc.
De leg. Il, 2li. — « Vov. Waljingcr, Sltiditn :. imterilnl. V,vicnmal. : il faul
Il faut restituer beaucoup d'ensembles analogues pour
avoir une idée complète de ce qu'était une nécropole
comme le Céramique d'.\tliènes, avec les luxueux monu-
ments que Cicéron désigne par l'expression ff/7i7j///«f//;!e.s
scpiilcroruin*. Les nécropoles des autres cités grecques
devaient rester très au-dessous de celles d'Athènes pour
la richesse et la variété des monuments funéraires. Pour
la Grande Grèce, pour les villes comme Tarente, Noia,
Capoue, nous sommes bien renseignés, à di'faut de
monuments encore existants, par les peintures de vases
apuliens et campaniens. On y voit dominer, à côté de la
stèle simple ou de pilier funéraire, la forme du nais/tos
qui contient, en général, l'image du mort, debout ou
assis, parfois accompagné de son cheval; c'est souvent un
édicule élégant avec fronton supporté par deux ou quatre
colonnes ioniques, autour duquel les suivants se grou-
pent elapportent leurs oITrandes ' (fig. 63:27'). La primauté
d'Athènes, en ce domaine, dure jusqu'à l'époque de Dé-
métrius de Phalère, de qui la législation somptnaire porte
un coup très grave à l'arcliileclure et à la sculpture funé-
raires "■; la situation pécuniaire delà bourgeoisie athé-
nienne ne devait plus, d'ailleurs, lui periuetlre ces coû-
teuses constructions. Les grands monuments de la
période suivante ne sont plus atliques ni proprement
grecs, mais gréco-orientaux.
Il n'y a pas lieu de faire uneétu<le d'eusemble spéciale
de l'époque hellénistique. Pour la moyenne de la société
grecque, ni la
tombe ni les
m o n u m e n t s
quilasurmon-
tenl n'ont du
changer de na-
ture ; l'étude
de l'extension
dans le monde
grec et aussi
de la déca-
dence de la
sculpture fu-
néraire alti(iue
n' i n téressent
que l'histoire
de l'art. Mais
il faut tenir
compte de l'as-
pect pittores-
que et compli-
qué que pren-
nent les repré-
sentations fu-
néraires dans
les cités grec-
ques d'.'Vsie
Mineure. Tout en si nspirant des stèles attiques, elles intro-
duisent dans la composition des accessoires de toutes
sortes, piliers surmontés de statuettes, tables et meubles,
ustensiles de travail, arbres et autels, indications de murs
consulter tous les grands recueils de peintures de vases et les ealaloïucs des dilTé-
renls mu56es ci'rainiques, en particulier celui du ftlnséc de ^aplc.; par Heydemann.
l'our 11'» ronherclics densoinlilc voir S. Itcinacli, nfjiertoirc île rases iieints ;
h'urlwaen^'Ur et lieicldiolil, Criech. Vascnnmicrei. — ■■ Cf. les observations de
Hrucckncr. Arch. An::. IS'Ji, p. i3.
SEP
— 1227 —
SEP
et d'i'diliccs, ([iii <lonni'nt uni' fouleur pjirtirulirrc aux
sujets rappiilanl la vie du di'funl et prèlcnl un earacU'ri'
gréco-asialique au slyli' de eus œuvres (ligG330) '. Si Ton
pousse plus loin dans le monde grec oriental, on trouve
naturellement des variantes qui s'éloignent davantage de
la règle attique et qui nionlrent l'esprit grec en lutte avec
l'élément étranger, tantôt s'imposantà lui, tantotabsorbé
ou incorporé. Rien n'est plus instructif à cet égard que
l'étude des nécropoles gréco-égyptiennes. Celle de Kôm-
escli-Scliukafaen particuliera fourni pourlapériode hellé-
nistique et romaine les plus précieux renseignements -.
Dans la période ptolémaïque, les habitudes grecques résis-
tent victorieusement; on distingue nettement les formes
funéraires connues, le lit, la banquette, le sarcophage,
l'urne cinéraire. Le Grec alexandrin aime à reproduire
dans son tombeau la disposition de sa maison ou de son
palais, avec escaliers, couloirs, antichambres et cham-
bres, piliers etcolonnes. Quand un même tombeau réunit
une famille grecque avec une domesticité indigène, la
séparation se marque dans les modes d'ensevelissement,
comme dans l'architecture ou le plan des caveaux ■'.
Mais peu à peu les formes décoratives tendent à se rap-
procher et à se confondre. De petits naoi, oii le buste
du mort habillé à la grecque apparaît dans une sorte
de niche, prennent l'aspect d'un temple grec, mais avec
des détails égyptiens, des corniches ornées d'uraeus
dressés, des colonnetles lotiformes *. Certaines grandes
constructions offrent dans les chapiteaux de leurs
colonnes un style étrange et composite, audacieux mé-
lange de grec cl d'égyptien ^ Les autels ù offrandes
surtout permettent de suivre avec précision l'évolution
chronologique ; d'abord rigoureusement grecs de struc-
ture, ils deviennentplus tard des pelilsédiiices à pylônes,
décorés d'uraeus. L'élément hellénique a été peu à peu
recouvert par la couche égyptienne ''.
Revenons aux pays grecs. Dans la grande architeclure
funéraire, une tendance nouvelle introduit un type nou-
veau. Cette tendance consiste à donner de plus en plus
d'importance à l'idée de Vhéro'isaliun des morts, du culte
et des honneurs presque divins que leur doivent ceux qui
sont restés sur terre. C'est un renouveau d'un sentiment
très antique''. De nombreuses inscriptions mentionnent
des fondations pécuniaires destinées à assurer des hon-
neurs permanents aux morts héroïsés. Un document
célèbre, trouvé dans File de Théra, le testament d'Epic-
tèta*,est un témoignage très frappant de ces idées nou-
velles, de ce regain du vieux culte des morts.
Vhérôon est le type de construction funéraire qui le
traduit matériellement; c'est l'union en un seul monu-
ment de la sépulture et du temple où l'on rend un culte
aux défunts. Les herùa sont souvent des monuments
considérables, tant par leur architecture compliquée que
par leur riche orncmenlation scidpturale, et les détails
varient beaucoup : ce sont des constructions où la part
d'invention de l'architecture peut être considérable.
Par là même, il est hors de notre sujet de les décrire;
nous renvoyons, pour des monuments comme le tom-
beau des Néréides et le Mausolée, et à l'époque romaine,
' Voy. lus doux arliclos do Pfulil, Arcli. Jahrb. 1005, p. 47 el p. 130. Noire
figure = liirf pi. v (Mu. ce du Louvre). — 2 Sicgjin-Sclu'eibcr, Die IVecro/iole von
Kom-esch-Schiikiifa, 1908. — 3 Jbid. p. lf,5 sq. — * fljid. p. 174, fig. 109, 110.
— 5/4i(/.clmp.XlX,p. 27:i sq. pl.vii. — 0 y/;irf. p. 241 sq. - 7 Cf . UragcndorlT, ÏVicr.
Grâh. p. 2.18 ; Itohde, Psyché, II. p. CIIO sq ' Insce. ijr. ma. III, 330. — 9 Pour le
uionumeiil des Nén*ides elle Mausoti^e, voir Col ligunii, lïi&l. scul/jt. ipx-cqiie. II, p. JIri
comme le monument de l'Iiilopappos à .Mliènes, aux
reconstitutions qui en ont élé tentées et aux histoires
générales de l'architeclurc et de la sculpture ". Nous
n'avons ici qu'à définir un type général et à le montrer
sous sa forme la plus simple et la plus claire. A remar-
quer que ces monuments ne se rencontrent guère sur le
territoire de la Grèce propre, au moins à l'époque alexan-
drine; encore que des fragments d'une frise ornée de
figures de pleureuses semblent provenir d'une grandi;
construction funéraire attique en forme de temple'", qui
même ne serait pas postérieure au iv" siècle.
Distinguons deux types l'/ieVoon-temple et V/iérônn-
téménos. L'hérôon-temple est un édifice élevé sur un
soubassement qui constitue comme un étage inférieur.
La cella du temple est partagée en un certain nombre
de chambres; le même plan se retrouve à l'étage infé-
rieur, les sépultures se plaçant dans les chambres du
haut comme dans celles du bas. Un exemple très net est
le petit hérôon découvert à Milet",au lieu ditxxMâpjAafa.
C'est une construction dorique carrée, de il mètres de
côté, en calcaire recouvert d'une couche de stuc peint.
Trois côtés de l'édifice sont entourés chacun de six
colonnes appuyées contre la paroi. Sur le quatrième côté
est l'entrée, entre deux demi-colonnes. L'intérieur de
l'édifice est partagé en deux chambres. A ces deux
chamlires correspondent, dans le soubassement, sur
lequel s'ouvre une petite porte, deux chambres de même
dimension, où ont été retrouvées six sépultures. Des
édifices analogues '^ de dimensions modestes et d'archi-
tecture élégante, devaient se rencontrer aux abords de
toutes les villes hellénistiques. Beaucoup de reliefs
funéraires gréco-orientaux montrent, semble-t-il, très
sommairement, l'intérieur même de ces /lérùa, avec les
statues, ici véritablement statues de culte, qui les
ornaient, elles ofl'randes habituelles aux morts disposées
sur une corniche régnant tout autour des chambres
intérieures'^. Les grands monuments funéraires de l'Asie
Mineure, tombeau des Néréides ", tombeau de Cnide'%
mausolée d'Halicarnasse '", sont des hérna du même type
porté à un très haut degré de magnificence. Quel([ue
incertitude qu'offre, en effet, leur restauration complète,
il n'est pas douteux que c'étaient des temples à péristyle,
dressés sur un soubassement très élevé renfermant la
chambre funéraire. Il semble, d'ailleurs, qu'il y ait là un
souvenir de l'antique architecture funéraire de l'Asie. Le
caveau est dissimulé sous une masse épaisse de maçon-
nerie, comme il l'était dans les monuments archaïques
sous la masse du tumulus, et le haut souliassement qun-
drangiilaire qui porte le temple rappelle l'ancien tombeau-
pilier de la Syrie.
L'hérôon-téménos, tel que monuments et textes nous
permettent de l'imaginer, est constitué par une enceinte
consacrée, un vaste péribole qui abrite le tombeau lui-
même, souvent en forme de temple funéraire, el avec lui
un ensemble de conslruclions et d'emplacements néces-
sités par la pratique compliqiu'e du culte des héros : abris
pour les gardiens ou les prêtres, chambres de culle,
espaces couverts pour les repas d'anniversaires, jar-
el sq. p. 321 et st[. Pour le monuuientde Pliilopappos, voir Th. Ueluacli, Histoire
par les monnaies, 1902, p. 233 sq. — 10 (X Wollers. Atli. MiUi. 1893, p. 1 sq. ctpl l.
— " CI'. Arrli. An:. 1902, p. SO. — 12 Sur un ^'dilice de Tliéra, cf. UragendorlV, Oyi.
eit. p, 240 sq. — 13 Cf. Pfuld, Areh. Jalirb. l'JO.î, p. 125 sq. — H Cf. Calai, nf
sciilpt. in Dr. Mus. II, p. 1 sq. avec la liiWiograpliie. — KlMil. p. 214 (bihliogra-
phie). — IG Cf. /tid., p. ijl sq. avec toute la liildiograpliie el les restaurations.
SRI'
— 1228 —
SEP
«iiji, etc. Il liu;iin' d'aliord, (•«iiinif rh('rôon-U'in]>k', sur
les reliefs funéraires {^réco-asialiques ' ; on y voit quel-
quefois un simple rideau qui protège les célébrants du
culte funéraire, les convives du « banqucl funèbri' ■■
contre l'ardeur du soleil, en même temps qu'il les isole
dans une espèce de léménos artificiel; mais on y voil
souvent aussi un mur avec une porte, ou un mur au-
dessus duquel apparaissent, à côté des symboles funé-
raires ordinaires, une colonnade, des arbres; la scène se
passe évidemment, dans le premier cas, devanlle mur du
péribole et en dedans de lui ', dans le second cas à l'iu-
Fig. 6331, — Ili-riiou l.-mi'-nos .1c Tiysa.
li-rii'ur d'un porliqu(> enclos lui-inèmc diins le péribole.
On trouve un ensemble du mémo genre grossièrement
figuré sur des tables iliaques ^ Le tombeau d'Hector y
apparaît comme une conslrucUon qiiadrangulaire élevée
sur un soubassement à degrés, au centre d'un péribole
clos d'un mur (lig. 0331). L'bérôon-téménos le mieux
conservé est celui de Gjolbasclii-ïrysa, en Lyeie ' ;
c'est un quadrilatère do 20 mètres sur les petits côtés,
de 25 mètres sur les grands; les murs, intérieur et
extérieur, portent une longue frise sculptée; on peut
restituer avec sûreté, contre l'angle du mur sud, des
chambres qui devaient servir non seulement à l'habita-
tion des gardiens du sanctuaire, mais aussi aux cérémo-
nies du culte. Des textes ° et des inscriptions, surtout
d'Asie Mineure, font connaître des monuments plus
considérables encore et mieux pourvus que l'hérôon de
Trysa. A Théra, la fondation d'Epictéta comporte à la
fois UQ [Aoufreïov et un TÉjAEvo; t(ôv Vipcoitov comprenant
lui-même les Tipiôia de cliacun des défunts héroïsés ; de
même une inscription de Smyrne * énumère un grand
nombre de constructions formant un vaste ensemble
funéraire. Enfin, le téménos d'Antigone Oonatas'' con-
tenait, à côté des constructions funéraires, de véritables
installations publiques: stade, portique et bains.
Nous sommes très loin, avec ces immenses et fas"
tueuses constructions, du goût cl de la simplicité
grecques. Aussi bien, c'est en Asie qu'on les rencontre et
elles se ressentent à coup sûr du voisinage barbare. Mais
ce n'est p,is à dire que dans leur principe même elles
soient non grecques. Il y a eu en Grèce, bien avant
l'époque liellénisliijue, de grands léménr funéraires.
1 Cf. l'fuhl, toc. cit.t p. 13V sq. — - Non comme le pense Wiegand, à l'in-
Wriciir de la maison : Mh. Mitth. 1900, p. 182. — 3 Arch. Jahrb. 18!U,
p. IC3. — i Cf. liciiiidorf cl Niemann, Herànn mn Gjàllinschi Trysn (Jahrb. il.
Xiimlhisl. Snmml. l. IX). — ■'■ Arrian. VI. i'J. — 6 c. inscr. ijr. 3i78 ; nicnlions
scmhlaliles, n" 3ir,s, 3'SI. — ^ Cf. ItheU. Mus. X.tlX, p. i'J. Sur Ions ces
grands liernn, fVnndnrf, Ojt. cit.. p. M s*]. — ** Voir le r^sutn(^- des Iravanx
r.'cenls dans I;. Modcslov, liilroii. ii t'iusi. mm. la.l. Ir, l'jn;. — 9 A. S^urgoia
Nous en avons trouvé à Mycènes et aussi dans l'Attique
archaïque. A l'époque classique, l'atTaibli.ssement de la
religion drs aïeux fait le terrain peu favorable à ces
grands aménagements. Au contraire, la renaissance, à
l'âge qui suit, du sentiment religieux et mystique, mar-
chant de pair avec un développement du luxe inconnu
jusque là, explique qu'on les ait vus i-é'apparaître, mais
hors du continent grec appauvri. Les i)ieux fondateurs
des témenè héroïques ne faisaient que remettre en œuvre
des traditions très anciennes.
Italie phéromaine. Étrurie. Rome. — L'élude du pr(''-
liistorique italien, très en faveur aujourd'hui*, s'appuie
avant tout sur la connaissance des sépultures de l'Italie
la plus ancienne. Mais c'est, plus encore que le type
même des tombes, les rites funéraires dont on y retrouve
la trace et le mobilier qui les garnissait, qui attirent
surtout l'attention des archéologues et palet hnologues.
Or, rites funéraires et mobilier funéraire sont questions
qui restent en dehors de notre étude [voir fcnus]. 11 ne
conviendrait pas davantage d'entrer ici dans le détail des
discussions sur l'attribution des divers types de sépul-
tures aux divers peuples qui se sont succédé dans la
péninsule, et sur les conclusions qu'il y a lieu d'en tirer
pour son histoire primitive; nous renvoyons, d'ailleurs,
i'i l'article ETRi'sci. On se bornera à quelques indications
générales, rendues nécessaires par la publication des
nombreux travaux postérieurs à l'article cili'.
Les jdus anciennes tombes italiques sont des grolles
natuielles ou des cavernes artificielles creusées dans le
roc ou le sol montagneux ', rondes ou carrées, qui repro-
duisent peut-être deux types d'habitation primitive
[noMUs] ; un puits cylindrique donne accès à la chambre
ou quciqui'fois, en Sicile par exemple, c'est un i/ro)ni>.t ou
une anlichambre avec ouverture n finno'". La chambre
elle-même est de petites dimensions; les squelettes y sont
déposés sur le côté gauche, avec les jambes repliées".
Dans une autre nécropole de la même époque '^ les tombes
sont des fosses à ciel ouvert, sur deux rangs réguliers et
parallèles; le fond des tombes est concave, et les sque-
lettes sont étendus, couchés sur le côte droit ou gauche,
les jambes ramenées contre le ventre.
La période suivante de la préhistoire italique est la
période dite des terramares, du nom des amas de terre,
restes d'antiques habitations surpilolis, retrouvés surles
deux rives du Pô, dans les provinces de Parme, de Heggio,
de Modène'^ Elle est caractérisée par l'incinération, qui
remplace l'inhumation des temps néolithiques; c'est une
des fortes raisons de voir dans la civilisation des terra-
mares non pas la suite de la civilisation de l'âge de
]>ierre'*, mais l'apport de populations nouvelles, venues
du Nord'^ Le mode de sépulture qui s'accorde avec le
rite de l'incinération, c'est le puits élroitcontenant l'urne
ou l'ossuaire ; c'est, en elVet, le type dominant en Italie
jusqu'au développement de la civilisation étrusque. Dans
les terramares il n'y a pas de puits creusé pour chaque
ossuaire ou cinéraire, mais tous s'enlretouchent, disposés
en un même dépôt funéraire, sans cloisons intermédiaires.
et Canialupo; cf. Aiimili, 18(17. p. -25 si|. : Modcsluv, 0,i. cil. p. iO s.|. — '» Cf.
Oisi, «II//, ili palflnol. ilal. 1890- 1894; Mon. ant.l. VI, — u Snr celle alliluile,
Dfcl'ielclle, MnnncI iVnrch. pn-hisl. 19(i8, I, p. 471 sq. — 12 Nécropole de Remc-
dello, province de Hrescia: cf. Colini, Unll. di inilcln. i7n/. Isns-I9n0; Modeslov.
p. 73. _ 13 Colleclion dn Uuu. d' "nlelttol. Uni. el llolbig. Pic Ilnliker in d,r
Pm-lien-; Mon. AnI. I (terramare cie Caslcll!UïO), elc. — '^ Tlu^nric île MM. l'.ri-
ïioul Ser;;ii cf. Modeslov. O/,. ci/, p. ISIl scj, — 'â CJ. Modcslov, p, 183 »|.
SEP
— 122!»
SEP
On romarqiic que les nécropolos sonl quelquefois con-
slruites à part des centres (rhai)ilalion, sur le même
modèle, comme des colonies isolées'.
La lombe à piiils proprement dite et. aceessoireinent la
tombe à fosse sont caraclcrisliques en Italie de la période
dite de Villanova^, du nom de la nécropole de ce nom, à
S kilomètres do Hologno. Comme il ari-ive toujours, ladèsi-
Kualion primitive s'est montrée inexacte: des tombes du
môme type, avec le même ossuaire très spécial en forme
de deux cônes tronqués réunis par leur base [etrusci,
fig. 2785], ont été trouvées sur tout le territoire entre le
Pô, le Panaro, les Apennins et l'Adriatique, également
sur celui de l'ancienne Étrurie, entre l'Arno et le Tibre,
à Orvielo, Cervetri, Corneto, Vulci, Vetulonia, Voltorra,
Cliiusi, etc., et même dans l'Italie Méridionale, jusqu'à
Cumes et à Capoue^
La tombe villanovienne est un puits rond, de dimen-
sions varia-
rieur, de moins grand diamètre, ferm('
de travertin, contient l'urne et le mobilier funéraire
(fig. C332 ; voy. fig. 278.5) ^ ; on a retrouvé quelque-
fois des pierres grossièrement taillées qui servaient
de cippes. L'urne, en
forme de deux troncs
de cône (fig. 2780),
était déposée au fond
du puits ou renfermée
avec les autres vases,
dans un tonneau de
nenfrn ou d'argile
[dolio)\ par la suite le
dolio devient le vase
cinéraire lui-même ".
Leslombesà fosse (fig. ()33;{)"qui se rattaclientà la mémo
civilisation se distinguent des tombes à puits par leurs
dimensions jilus considérables: ellosont jus(|u'à 3 métros
de profondeur et leur forme (\st quadrangiilaire. Les
parois sont constituées par des dalles de tuf posées de
cliainp. Le plus souvent, ces fosses ont un couvercle formé
par des dalles de tuf ou de travertin reposant sur un
rebord ; quelquefois même, au-dessus du couvercle,
< Cf. Pigorini, Dull. de paleln. ilal. 1890, p. 21 se). ; Mon. AnI, I. — 3 Cf. Mar-
Uia. Art étrusque, p. 33 sij. ; Moilcslov, Op. cit. p. 287 sf|. — 3 Cf. sur ce point
(Jsiîll. Nécr. de Vulci, p. 315 sr|. — 4 Cf. Gscll, Ibid. p. iu si|. ; Marllia, toc cit.;
Modeslov, Lnc. cit. — 5 Cf. tlscll, p. iSO. La figuie csl lir(?c de Mo.k-slov, p. .i-in,
pl. xxMV, 11" ;;. —6 Cf. Urmiicr, Mrl. durchrol. et d'hisl. 19i)7. p. ;tbi. — ^ Cf.
Gsell, '/;,. cit. p. 3t3 sq.; Marllia. p. !)8 s.|. I.a ligure esl liréc de iModc»lnv, ibid.
. 0333.— Toiiil.0 ilalii|u
d'autres dalles de travertin dressées verticalement l'ont
une enceinte qiiadrangulaire. l.,e rite observé est tantôt
I incinération, l'ossuaire étant d'un type dérivé de celui
<[u'on trouve dans les tombes à puits, tantôt l'inliumalion.
Tel est le type de sépulture qui domine dans toute
l'Italie avant le grand développement de la civilisation
étrusque, et surtout dans la région circumpadaiie et ajien-
nine. Oiiolle en est la signification, au point de vue do
la préhistoire italienne? La question se pose d'abord de
ses rapports avec les nécropoles des terramares. Pour
certains savants (MM. Helbig *, Pigorini "), la civili-
sation de Villanova, dans son ensemble, est originaire
des terramares. Pour plusieurs raisons'" — absence tie
nécropoles villanoviennes dans le pays des terramares,
ililférence absolue des deux céramiques, etc. — l'hypo-
thèse ne semble pas plausible. L'une de ces raisons, qui
nous intéresse ici, est que la disposition des ossuaires
villanoviens, dans une fosse profonde, creusée tout
exprès, ne ressemble aucunement à celle des ossuaires
des terramares, placés à fieur de terre, sur une vaste
étendue commune et très rapprochés l'un de l'autre. Seul
le rite de l'incinération se retrouve ici et là; c'est assez
pour penser que les « Villanoviens » ne sont pas d'une
race essentiellement dilTérente de celle des habitants des
terramares, mais non pas pour identifier les deux civi-
lisations.
La question est beaucoup plus considérable du rapport
de la civilisation de Villanova à l'étrusque; sa solution
implique celle de la ([ueslion même de l'origine des
Étrusques [etiîvsciJ. Pour n'en retenir que ce qui louche
à notre étude, quel est le lien entre les tombes à puits et à
fosse du type de Villanova et les tombeaux à chambre (h;
l'Ktrurie (lig. G33i, (1335)? Tour les uns, les tombes à
chambre s'enchaînent aux tombes à fosse comme ci^Iles-ci
aux tombes à puits; on passe graduellement d'un type à
l'autre; c'est la suite ininterrompue d'une même civilisa-
tion, et cette civilisation est celle des Étrusques. Telle est
la théorie exposée par MM. Helbig" etUndset'^ en France
par MM. Martha'^ et Gsell'*. La grande objection qu'on
peut tout de suite faire, c'est qu'il semble bien, d'après
les textes anciens, que les Étrusques soient arrivés en
Italie par mer ; et cependant, dans l'hypothèse de l'iden-
tité de la civilisation villanovienne et de la civilisation
étrusque, la forme la plus récente de cette civilisation,
représentée par les tombes à chambre, se trouve dans
l'Étrurie actuelle, c'est-à-dire au pointmème de l'arrivée
des Étrusques. Il n'y a que deux manières de réfuter cette
objection : c'est, ou de prétendre, comme le fait M. Helbig'",
contrairement au témoignage des textes etdes fouilles, que
les Étrusques sont arrivés non point du tout par mer, mais
par terre et parle nord; ou, suivant l'ingénieuse hypothèse
de M. Pottier '", d'admettre que les Étrusques sont bien
arrivés par la mer, mais par la mer Adriatique et non par
la mer ïyrrhéniennc. Leur civilisation, établie aux x' et
IX" siècles au nord de l'Apennin, se serait aux viu'' et vu"
transplantée entre l'Arno et le Tibre, dans YElriirid des
Komains. Mais, à vrai dire, la théorie do l'identité entre
les deux civilisations, villanovienne et étrusque, n'a pas
„• 3. — 8 Cf. Helbig, Die Italiker. p. 101 ; Annali, 1.S8*, p. 131.— » Cf. Bull,
de pnletn. 1887, p. 75 sq. : 1890, p. 21 ; Gscll, Vulci, p. 33t. — fo Cf. lirizio, La
proienienzadtgli Etruschi: Modeslov, Op. cil. p. 29S sq.— '1 Cf. Anna/i, 188*. p. .'isi|.
— 12 Cf. Annali, IsSi, p. lOSsq. — " Marllia, 4rt «nm/iii'. p. 37 sq. — H Gscll,
Vitlci, p. 31.Ï sq. — 15 Cf. Ilelliig, lluliker iii d. Pocbene ; Annali, ISSV, p. lOS :
Marllia, Op. cit. p. iti. — ic Cf. l'ollier, Cul. des mses ant. du Lomrc, p. 297 sq.
SKI'
— \2m
SEP
gagni' (lo U'rrain tlaiis 1rs liMvaiix i('C('iils cl ]iarail ninins
cil laveur aujourd'hui '. Il sfinlilc hicii fine, lanl pour le
lilc riiniMairt" que pour la rorinc des louibes cl leurniobi-
lier, il y ait eiilre los lombes villanoviennes elles lombes
élrusques un hiatus qu'on ne peul combler que par ral'fir-
inalitui, dénuée de preuves, qu'on passe f^raduellemenl
des unes aux autres. Lii, l'incinération est le rile observé;
ici, c'est l'inhumalion; les exceptions constatées - s'ex-
pliquent très l)ien par des influences; et le désaccord des
deux civilisations sur ce point essentiel ne saurait êlre
nié. Là, des puils ou des fosses; ici des caveaux à corri-
dors d'accès, ;\ chambres multiples, richement décorés,
quel(|uefois surmonlés de liiiniili de pierre. M. Pallier
constate « dans les usaijcs religieux et dans rarchitecliire
funéraire une modification dont la cause nous échappe ' ».
Admettons donc quecesmonumenls el ces rites nouveaux
sont l'expression d'une civilisation nouvelle, différente
do celle qui l'a précédée ? C'est en vain qu'on a cherché la
Irace de nécropoles de transition entre les villanoviennes
et les élrusques. Les recherches faites à Bologne même,
où on a retrouvé voisins, mais avec une séparation nette,
cimetière villanovien et cimetière étrusque, n'ont pas
donné de résullals dans ce sens*. Nous conclurons qu'il
faul sans doute rapporter les lombes à puits et à fosse du
Bolonais el de l'Élrurie à une civilisation italique, que
l'immigration étrusque, venue de l'Orienl, aurait peu à
peu réduite el supprimée °. A quel peuple convienl-il de
rapporter celle première civilisation""? Probablement à
C(!lledes Ombriens, venus du Nord, qui,aprèsavoiroccu|ii''
toute la région bolonaise, auront passé les Apennins ^'i
peuplé la future KIrurie, d'fu'i les
auront eiiassi's les immigrants
orientaux '.
L'archi Lecture funéraire propre-
ment élrus(iue nous est connue,
])ar un grand nombre de monu-
ments*. Elle est représentée par
la tombe à chambre [etrusci]. Le
plus simple est constitué par une
chambre unique, à laquelle on
accède par un couloir (lig. 6334)".
Le long d'une ou de plusieurs
parois de la chambre règne une
banquette destinée à recevoir le
squelette et le mobilier funéraire.
Quelquefois les murs du caveau,
au lieu d'être simplement creusés
dans le tuf, sont en maçonnerie. Les plafonds sont en
voûte ])lus ou moins cinlr('e ou en échine, avec une
imitation des pièces de charpente, dans la niasse du
tuf. Le plan est généralemcnl quadrangulaire. Quelque-
fois, en face de la porte d'entrée, se détache de la paroi
du fond un pilastre formant cloison '" ; ou bien d'autres
I Cf. CM ilOTiicr lien «mjii'i-, Mrl. irm-cli. el irhisl. inn7, p. i5i ; cl Milaiil,
Ilnlici cd /Cliusci (.m Congrts .ii-cli. ilo lioiiic), 100!). — 2 Sur co |ii)iiil,
cf. (iscll, hc. cil. : Marllia, lue. cil. — 3 l'oUicr, JtiiU. p. 3(17. — '. CI
(Jrciiifr, (oc. cil. p. 337. — â Cf. Modvslov, p. ,100 S(|. — 0 Cf. Maik'!<loi.
p. Mi S(|. — 1 Colle llicorie suppose coninio un fail acquis que la civilisalion a
iiiarclié ihi nord au sud de l'Apennin. f)r, si le fail esl vrai quand on considère
I ensrmtjlc des deux civilisations, villanovicnne el élrusque, il n'est rien moins ipic
prouvé par rapport a la seule civilisalion ^ illnuovicunc ; il semble iui>mc (cf. Gre-
nier, Inc. cil. p. 35S] rpie le mobilier funérai<-e des lomlics villanoviennes soit d'une
(laie plus reculée que celui des londics dn Bolonais. Comment accorder celle eonsl.1-
l;ilion avic la marche des - Ombriens .. dn Holouais vers l'i'îtrurie ?— 8 cf. Marlh.i,
Arléliutgucp. IS3sq. — 'JCI. i6irf. p. ISG; Micili, J/oJl. iwei/. l'Ior. I8U, pl.Kv si|.:
Fig. 0331. — Tombe illn
^
//
ii~tL
FifT. 033.1
eiiaïuhres ont leurs eniré'es sur les côti's du couloir". La
fcrineliirc se cf)mposc ou d'une grande dalle de liif ou
de travertin posée de champ devant la porte, ou de blocs
i(uadrangulaires superposés entre les montants'-. Ce
type général peul être varié dans ses dispositions parti-
culières. La formela plus achevéedu lombeau élrusque esl
le lombeau à caveaux multiples. Un type particulier aux
monuinenls de Vulci est le lype a cassone'^. \.c ca.isoîic
esl un vestibule carré ou rectangulaire, à ciel ouvert,
dans lequel débouche le couloir, généralement vers le
milieu d'un des longs côtés. En face du débouché du
couloir s'ouvrent dans la paroi du cassone une ou plu-
sieurs chambres (fig. ()33l) '"'. Qucliiuefois, il se trouve
aussi des chambres ^ ^
sur les petits côtés il u
rassoie, ou sur le
côté même où débou-
che le couloir, ou
enfin sur le couloir
lui-mêine. Ce lype «
rnsso}io, 1res ancien,
disparaît à partir du
v' siècle; il esl diffi-
cile d'en indiquer
l'origine; en tout cas,
l'explication qui y
voit une survivance
delafosse '», devenue
ainsi, dans la tombe
à chambre, une es-
pèce de vestibule, ne
paraît pas fondée. Le
plus habituellement, les chambres funéraires sont grou-
pées autour d'une chambre centrale : le nombre en esl
souvent considérable"'. On trouvera ailleurs des rensei-
gnements el des illustrations sur la disposition intérieure
des chambres (etrusci, p. 836, domt'S, fig. 2512), avec
leurs banquettes ii un ou deux degrés, les corps étant
déposés soit sur ces banquettes, parallèlement ou perpen-
diculairement au mur, soit dans des niches creusées
dans la paroi tout autour de la chambre à la ressemblance
d'un lit, soit, dans le même caveau, sur les banquettes
et dans les niches. Les lombes de Cervelri, tombe des
Tarijuini'', tombe dei lii/ievi'* (fig. 2802), sont les
exemples les plus complets de ces sépultures.
Un grand nombre de caveaux, à Cornelo'", Cliiusi -",
Cervelri-', Vulci", Orvieto'", etc., sont ornés de pein-
tures, disposées sur les quatre parois de la chambre
rectangulaire, et sur les deux tympans du plafond simulé;
elles se déroulent tantôt sur une seule bande, tantôt sur
deux, séparées par des bandes parallèles peintes. Les
tympans sont décorés de ligures d'animaux ou de mons-
tres marins, les parois de grandes scènes réparties dilTé-
Canin,i, Ktruria Maril il'oii esl lirée la fis;. 0333 ; (Jsell, Dp. cil. p. 131 sq. — 10 Cf.
/iulltlliiio, 1874, p. 230; Hennis, CilitfS attd cniichr. o/' Klruria, 1, p. 271.
— 11 Cf. Gscll, loc.cit. — '2 ll,id. p. 437. — 13 Ibid. p. 431. — 14 La ligure esl
piisc lie Gscll, Krcrop. de Viilci, p. 150, fig. 4». — li Cf. Dull. d. 1ml. ISS4, p. ICC.
— ir> Huit cb.imbres dans la tombe Franeois ii Vulci (flg. iM\)\ dix chambres
dans la tombe des Volnnmii à P6rouse ; cf. pour la première, Des Vergers,
VÉtrurie el les Élr. III, pi. xxx ; pour la seconde, Didl. d. Insl. 1840, p. 17 sq. ;
1841, p. 12 SI].; Annali, 1842, p. 55 sq. — n Cf. Dcnnis, Op. cit. I, p. 240 sq.
Dnruy, Hist. des Itnm. I, p. 8".. — 18 Ibid. I, p. 250 si\. — '9 Cf. Dcnnis, Op. cit. I,
p. 305. —i»a. Annali, 1820, p. 110; 1850, p. 251; AJonum. V,pl. xxxn-xxxiv, pi. xiv-
jvi. — 21 Cf. /lullell. 1.S34, p. 97 ; Annnli. 1854, p. 38. — 22 Cf. Des Vergers, O. c.
III. p. 18: Bidletl. 1833, p. 77 ; 1838, p. 240. — 21 (ï. Bull. 1863, p. 41 : p. 50.
SEP
— lâ.'îl
SEP
rcmmont suivant les cas (fig. 2802). four les sujets re-
présentés, banquets de fêtes en plein air, danses, jeux,
lulles, combats de cirque, exposition du mort, banquet
funéraire, défilés de morts conduits par les génies funè-
bres, myllies grecs ou italiques (lig. 2821 et suiv.l
[voy. ETRisa et aussi hctuka].
l/aspecL extérieur d'un certain nombre de tombeaux
étrusques démontre la parenté de ces constructions avec
les grandes tombes archaïques de l'Asie Mineure'; c'est
là, avec les textes des anciens, l'appui essentiel de la
tliéorie qui fait venir les étrusques del'Asie Mineure -.On
a vu plus haut comment l'union de la chambre funéraire
et du tumulus parait être le fait des populations gréco-
asiatiques de l'Asie Mineure archaïque. Or, ce type,
tumulus dressé sur une xpr^KÎ; avec, à l'intérieur, la
cliambre funéraire, se retrouve très exactement à Tar-
quinies iflg. 2803), Corneto ', Cervelri \ Vulci % etc. La
Cucumella de Vulci "^ est un cône de terre de 70 m. de
diamètre, haut encore à présent de 20 m., reposant sur
un soubassement en maçonnerie ; deux tours sont enga-
gées dans l'épaisseur de la butte; elles servaient sans
doute de support à un monument qui couronnait l'édilice.
Et de même que nous avons vu en Asie Mineure le tu-
mulus de terre se transformer en un cône de pierre (tom-
beau de Tantale), en Étrurie, à côté du mausolée di;
Corneto ou du tertre de la Cucumella, nous trouvons la
tour conique de Caslel d'Asso', creusée dans le roc; le
célèbre tombeau de Porsenna", le tombeau dit des IIo-
races, dont les restes subsistent encore', étaient des
constructions du même genre'". Même ressemblance
entre certaines façades de tombeaux étrusques taillées
dans le roc ", avec des encadrements simulant des portes,
des corniches, des temples'-, des arcades [ktklsci,
fig. 2804] et les façades des grands tombeaux phrygiens,
lydiens, lyciens (v. p. 1218).
Soit à l'iMilréc des tombes, soit au sommet de la con-
struction funéraire, des « monuments » analogues aux
(7ï,aaTa des Grecs marquaient l'empla-
y'''^^^*^-. cément de la sépulture'''. Un type
,*-"*"" """• •_ ^ fréquent est celui de la pierre sphé-
rique ou ovale, unie ou ornée de
feuillages, quelquefois taillée en
pomme de pin, couronnant une co-
lunnelte ou un socle carré (lig.(j33G)''';
le socle est parfois orné de tètes de
béliers et de guirlandes. Celui de
Pérouse que l'on voit (tig. 0337) est
orné de bas-reliefs représentant les
funérailles''. Les stèles plusou moin»
analogues à la stèle grecque se trou-
vent également en Étrurie, portant
des représentations, guerriers, scènes de banquet, sur
des registres superposés "^ [coma, lig. 1834; etrlsci,
fig. 2813]. Des stèles découvertes à laCertosade Bologne ' '
1 Cf. Modeslor, Op. cit. p. 35i s(|. — 2 Cf. Modestov, loc. cil. ■ Brizio, la
Provenienza il. Elruich.; l'otli. r, Op. cil. p. Î97 s<|. — 3 Cf. UiageniJorlI,
Tlier. Griiber, p. 103; Ucnois, I, p. 367. — l Cf. Ucnais, Op. cil. I,
p. m. — 5 JOid. p. +55. Voy. rrncsci . — « Ilnd. p. i5i, Hicaldi,0;/. l. pi. iv ;
Duruj-, ffist. des Itom. I, p. i.xivr; cf. p. iJ, :iSO. — i Mon. I, pi. xi i,
Iti; Martlia, Art Kir. p. 15s cl fig. liii. — h pu,,. /y,j/. „„,. XX.WI, i)l.
— 'J AiMali, ISi'J, p. 3oi>; I837,p. 57 ; Duruy, H. des llom. I, p. i3. — lo En Afri-
que on troine aussi le (umulus comme type de sépulture indigène 1res ancienne avec
des v.iriaulc5i|ni rouduiscnlà la forme de lour romle ; Osell, Les moHumvnls anliq.
dcl'Alijmr, p. 0 si|. — I' Cf. Marlha, Op. cit. p. îUK st\. — '2 Kaçailcs de
Norchia ; cf. Ucnais, Loc. cit. I, p. 200. — " Cf. Marlha, p. in «i| — It Jlar-
V
Fig. 033i». — Tombe
étrusque de Bologne.
ont la forme de dalles ovales rétrécies à leur base, hniiles
<le 1 m. à 2 mètres, cernées d'une bordure ornemenlale,
et couvertes de représentations figurées, divisé en plu
sieurs zones horizontales
séparées par des chevrons
[etiusci, fig. 2814, 2815].
Les sujets, départ du
mort sur le char funèbre,
scènes de ban([uel, etc.,
sont semblables à ceux
ligur(''s sur les urnes et
sarcophages étrusques
[sAiîcoiMiAGUsl ; l'exécution
en est très médiocre. Il
faut signaler enfin les
sphinx et les lions qui
étaient placés devant les
lombes ou dressés sur leur
sommet'*; c'est encore
un trait de ressemblance
avec les constructions
funéraires archaïques de
r.\sie .Mineure.
Les fouilles et les dé-
couvertes récentes sur le
territoire du Latium ont
permis d'étudier les sé-
pultures archaïques de Uomc et leur rapport avec le plus
ancien passé de l'Italie ''■'. Ces sépultures sont, d'unepart,
celles des monts Albains, d'autre part, celles de l'Ksquilin
et du Forum. Dans les nécropoles des monts .albains-" le
rite de beaucoup le plus fréquent est l'incinération ; la
fosse, peu profonde, ayant la forme d'un puits, est revêtue
ou non en pierres et recouverte d'une dalle ; dans la fosse
hg. 6337
Tondje élrusquc de
Fig. 6338. — Puits à crémation cl tomlie à iuliumalioo.
on trouve le rZci//o d'argile, contenant l'urne (très souvent
de la forme de l'urne cabane ; voir domis, fig. 2508 à
ïolO, elles autres vases du mobilier funéraire. Les né-
cropoles romaines proprement dites offrent concurrem-
ment les deux riles. Les puits à crémation et les fosses à
inhumation s'avoisinent. Voici, par exemple, un de ces
groupes, emprunté aux fouilles de rEsquilin( fig. 0338)-'.
La fosse esta plan rectangulaire (I m. 20 sur 2 m. 50);
tout autour du fond court une banquette, sur laquelle
prennent appui des pierres disposées en voùle, protégeant
llia, p. ÎI3; Milani, .Slwl. e maler. Il, p. i30; fl'o(i;ie, 1903, p. 353: 1908,
p. 310. Cf. Dennis, II, p. 42, 5i. Sur ces . pommes de pin ., leur caraclêrc
décoralif ou syralioli.pie ; cf. Miss Harison. Jour», hell. st. I.'i99, iiS; Sclirilder,
.Slml. :. d. arabdenl.ni. d. rôni. Kaiserz. liioî, p. 25 s.|. ; il n'y faudrait voir
qu'une déformaliou d'uue représeulaliou originelle de l'ompA<i/os cl du tiimvhis, cl.
Jtfm. Milili. XVIII, p. 40 sq., p. 185 et 31 i. — '» Ingliirami J/o«. Elr. VI,
p_ a, _ 16 Marlha, Ibid. p. 21 i, 307. —17 Zannoui, Scari delta Certosa ;
cf. Marlha, p. 3G8 sci. — 18 Sphini : Ammli, 183i. p. 273; Dennis. Il, p. 300.
Lions : Hennis, I. p. 33 ; p. 250 ; Martha, p. 1 H!. — " Cf. Modcslov. O. f. p. 229 sq. ;
l'iuza, .1/0". Ant. t. XV. - -iOCf. en dernier lieu, iVot. d. .Scar. 1905, p. 135 sq.
— 21 Cf. Piuîa, p. 51 el lig. 121.
/
SEP
— 1232
SEP
Kig. 0339. — Tombe arcliaVii
lo (li'itrit fiiiK'iMirr coiiliM' II' |i(ii(ls des Icim'i's; le cadavre
ri'pDse sur k-sol un. A 1 m. 'M de celle fosse est un puils,
profond de 1 aii-lre, donl la cavilc est occupée par une
urne ovoïde coucliée sur le côté — Mêmes groupcuu'uls
dans la nécropole arcliaï(|ue du Forum découverleen i'.)&l
près du leiuplede l'"ausline ' ; une quarantaine de lombes
(Mil (■II' dégagées, les unes à incinération, les autres ;\
iiiliuiualion ; les premières sont souvent coupées par les
secondes, par là niéiur |)iiis léceutes. Les lombes à inhu-
mation sont des fosses
rectangulaires longues de
1 mèlre à 2 mètres, larges
de 0 m. 75 à. 1 mètre ;
ijuelquel'ois l'un des petits
ci')tés est cui'viligne -; des
pia(|ues de tuf forment
une voûte protégeant le
squelette, quelquefois ren-
fermé dans un sarcophage
taillé dans un Ironc d'ar-
bre, et les vases funérai-
res; dans d'auti-es fosses, le fond est creusé d'un côté du
rectangle, pour recevoir le sarcophage (lig. (j33î)), et de
l'autre, au-dessus de cet étage inférieur, une espèce de
niche fermée par des plaques de tuf renferme le mobilier
funèbre'*. Nous laissons de côté la question relative au
fameux « tombeau de Uoniulus » ou « de-Faustulus »,
découvert en 18!)9 dans le Forum et devenu l'objet
de tant de controverses savantes. Même si c'est un tom-
beau ancien, il est surtout un monimKmt religieux, un
sanctuaire consacré à des reliques nationales, et par là
même il est en dehors de la série régulière '.
L'aspect d'ensemble de cette nécropole dii Forum, qui
remonte sans doute, au delà de l'influence étrusque, à
l'époque même de la fondation légendaire de Rome, avec
ses fosses oblongues et ses puils cylindriques, associés
et enchevêtrés, fait saisir sur le vif re\istenc(! parallèle,
dans la Home des origines, de deu.x traditions funéraires
diirérentes, appelant avec elles deux formes distinctes de
sépultures. iNous lai.ssonsdecôté la question de la source
mémo de ces deux traditions^ ; disons seulement qu'il
n'est guère douteux qu'il n'y ait eu, sur le sol latin, jux-
laposition d'une civilisation d'aborigènes, où le rite
observé était l'inhumation, et d'une civilisation d'immi-
grants du iNord, qui pratiquaient l'incinération. D'après
beaucoup de savanls» ces immigrants seraient les habi-
tants des terramares. En tout cas, leurs rites et leurs
construclions funéraires auraient en partie supplanté
ceux et celles des premiers habitants du Latium. En
partie seulement; car les uns et les autres subsistent,
nous venons de le voir, mêmeàrépoque laplusancienne,
et n'ont pas cessé de se perpétuer dans la Home histo-
rique. On y a toujours pratiqué l'inhumation à côté de
l'incinération [ruMsJ, beaucoiipplus réiiandue d'ailleurs,
au moins justju'au u" siècle ap. ,1. C.
L'architecturr funéraire de la Home classii|ue, ri'pn-
blicaine et impi'riale, apparaît très disparate. Chambres
funéraires, construclions monumentales, tombeaux-
autels, simples dépôts en terre, tous les types y sont
ICt. Cnza, /W. p. -73 s,,.; I|„d>i„, L,: l-vr. ,„,,,„..Ml,a,l. i:areu|nuu)
p. m si|. ; ïliéikual, Lu Forum romain, ^' edil. p. 331. — 2 CI', l'mia,
0.1. lig. 108. - 3 Ibid. fig. 115. U figure ust prise ibid. p. 185, lig. 7?!
— t Voy. la bil.liograpliip à larlicli- uekkih, ntr,. note I ; pour l'cssi-uliel voir
représeiili's. Il faut, pour y mellre quelque ordre, faire la
part des diverses inlluences qui les ont constitués et
juxtaposés. C'est celle d'abord des traditions primitives,
telles que nous venons de les voir pratiquées dans les
nécropoh^s arcliaïques. Le sim[)lc caveau creusé dans la
terre en forme de puits ou de fosse, pour contenir l'urne
cinéraire; un « monument <• {iituniunenluui) au-dessus
du sol pour marifuer la jjlace de la sépulture, tel est le
type de construction funéraire avec lequel ces traditions
semblent s'accorder. Mais l'inlUience étrusque, considé-
rable aux premiers siècles delà liome historique, devait
dominer son architecture funéraire comme, au moins au
début, son architecture religieuse [templum] et la mener
dans une tout autre voie. Les vastes hypogées funéraires
de l'Étrurie, faits pour rinhumalion des corps sur des
banquettes ou dans des sarcophages, furent adaptés au
rite de la crémation qui semble, logiquement, u'avoirque
faire d'espaces aussi considérables. Plus tard, enlin,
l'intluence grecque introduisit à Rome, en même temps
que l'idée de l'héroisation du mort, très répandue, on l'a
vu, dans l'Iiellénisme decette époque, des types nouveaux
d'architecture funéraire, celui surtout du temple-héi'ôon,
à la fois réceptacle des corps ou des cendres, et monu-
ment de la piété des survivants.
De là résulte une grande diversité de formes sépul-
crales. Très dill'érenles, d'ailleurs, par leur luxe et la dé-
pense qu'elles entraînent, elles trouvent leur emploi na-
turel chez les diverses classes de la population romaine,
riches ou pauvres, aristocratiques ou populaires. D'un
côté, les sépultures les plus humbles, à la mode arcliaïi|ue,
liuits ou simples dépôts en tei're ; tout à l'opposé, pour
les grandes familles, les constructions à l'étrusque, ca-
veaux souterrains ou vastes monuments de type asia-
tique, mausolées; enlin la grande masse des monuments
funéraires moyens, souvent décorés à l'hellénique, et
dont une caractéristique est l'union en une seule con-
struction de l'emplacement pour le dépôt funéraire et
« du monument »; le type le plus répandu, et le plus
vraiment romain, en est le tombeau-autel, le cippe.
U nous reste, après ces indications générales, à décrire
brièvement chacune de ces catégories de monuments.
Les puits de l'époque primitive semblent s'être perpé-
tués, à l'usage de la classe pauvre, dans les puticoH
de l'époque classique. On les a retrouvés à Rome, sur
l'Es([uilin^ là où les témoignages antiques signalaient
leur présence *. Les commentateurs rattachent le mot
même de puticuU au nom des puits, putei. Ce sont en
effet des fosses rectangulaires de 4 mètres sur o; les
parois sont en pierres taillées; ciiacune des fosses est
indépendante de ses voisines. On y jetait les corps,
brûlés ou non, comme dans une fosse commune.
A côté de cette sépulture du bas peuple, la plus simple
qu'on trouve à Rome et dans l'Ilalie est le dépôt de
l'urne on terre, la place du dé|)ôl étant marquée à l'cxlé-
rieur par unt; pierre tomiiale, eu forme de stèle, sur
la(|ui'lle est inscrit le nom du d(''fiinl. Cette dis[iosition
apparaît très clairement à l'ompéi, à côté des monuments
beaucoup plus considérables que nous signalerons tout
à riieure. La pit'rre tombale y est très souvent travaillée
■riic.l.iKil, l'uruiiivimni 11. le .■.lil., l'.His.p. 77 el lil. CI'. Moilr.'slov, llp. cil.
p. i-H Sf|. — «Surloul l'igoriiii; cf. JhdUi. d. Jnsl. l.vS5, f. 75; Jienilic. Ac.
Lincci, iS'JO, p. 449 si|. — 7 Cf. Bulkt. comimiile, l«74, p. 42 sq. ; 1875, p. 41 si|.
— » Uor. Hal. I, 8, s s(|. ft Comm. Cruq. ad toc. : Varr. De linij. lut. V. iô.
J
i\>'OXl :
tJCHES IVLL-VÈ
.WIA'iïAE VES'ER
tombale avec inscriplioD-
SEP
d'une manière toule particulière ffig. ():{iO) ' : le iinut de
la partie postérieure est taillé en un busle humain, avec
les tresses de cheveux retombant sur les épaules; l'in-
scription esl gra-
vée sur la partie
antérieur e. Un
exemple très net
de ce genre de
sépulture est le
tombeau des trois
airranchis de la
famille des hla-
cidii - : un enclos
ceint de murs,
sans porte, avec
trois de ces pierres
tombales. La dis-
position est la même dans d'autres cimetières pom-
péiens''. Dans la plupart des cas un ingénieux artifice
supplée à la chambre funéraire et permet aux survivants
de témoigner leur piété envers le mort. Le dépôt funé-
raire est en effet relié à la surface du sol par un conduit
d'argile qui aboutit, en un orifice caché par une dalle,
au pied de la pierre tombale, et par où les libations pou-
vaient parvenir jusqu'à l'urne elle-même '. A côté de ces
pierres tombales simples, il faut placer ici celles, très
nombreuses, qui portent des représentations figurées".
Leur aspect est dilférent de celui des stèles funéraires
grecques ; par leur masse, leurs dimensions, leur forme
carrée, la place qu'y occupe l'inscription, elles sont tout
à fait analogues aux autels funéraires que nous étudie-
rons plus loin; les sujets représentés sont les mêmes.
La seule distinction à faire est que la pierre tombale
n'est jamais que « monument » commémoratif, tandis
que l'autel funéraire peut servir au culte et même con-
tenir l'urne. On retrouvera donc les pierres tombales
dans la suite de cette étude.
De la grande architecture fiméraire à forme étrusque
il y a, à Rome surtout, des exemples nombreux. Ce n'est
pas ici le lieu de décrire dans le détail les monuments
de ce type; une telle description ne serait à sa place que
dans une étude spéciale des monuments de Rome".
Marquons seulement les deux formes essenlirlles : le
tombeau-hypogée, creusé dans le roc, et le mausolée ou
tombeau-rotonde, sur le type des grands monuments
archaïques de l'Asie Mineure v. plus haul, p. 12ia ,
transmis à la Rome classique par l'intermédiaire de
l'Élrurie. A la première forme se rattachent d'aboid les
grands tombeaux collectifs ou columbaria. Il en a été
trouvé un très grand nombre, certains richement décorés,
sur toutes les voies sortant de Rome; c'est une création
toute romaine, heureuse adaptation du caveau étrusque
à la sépulture par incinération. Nous renvoyons pour la
description de ces monuments àl'article colimisahum. Kn
i\{i\\OTs i\e9, columbaria, un grand nombre de sépultures
de famille sont du type de l'hypogée: une porte cintrée
conduit au caveau funéraire voùlé, souvent subdivisé en
1 Cf. Ma», Pompei -, p. 437; Overbcck, Pompfji, \' édit, p. Ml (notre
fig. 63») ; Gusnian, Pompéi, p. CO. — 2 Jlau, O. c. p. iiî, n, 21 ; Overbcck,
p. 416 : cf. p. 40S. _ 3 Mau, iti-l. p. 418, 449. — 4 /Iti.i. — 5 Cf. Scliiôder,
Sliid. îii rfer Grubdenkm. lOOi. — r. On trouvera les principauï monuments
funéraires r-numOrés dans ttichter, Tojtotjt-, d. Sladt Hont, pasyim, surtout p. :{",0
5,|._7 Cf. C.nnina. lin Appia, I, p. 46; 11, pi. m. — 8 Uull. cnmun. I»«5.
p. 101 i<\. — 'J Cf. Rull. comun. IS76, p. lie, pi. m. — 10 Cf. l'iraïusi, Aulicli.
MM.
1233 —
SEP
iliambres et en couloirs. De ce type est le loml^eau des
Scipions\ sur la voie Appienne, retrouvé en 1780; il était
composé de deux parties superposi-es, dont seule la
seconde subsiste; à l'intérieurdu tombeau étaient placés
un grand nombrede sarcophages, parmi lesquels celui de
Cornélius Scipio Rarbatus [s.4RC0i'ini;i s, lig. 6110]. Le
tombeau des Calpurnii*, près de la porte Salaria, est
de même un caveau de 3 m. 60 de long sur 1 m. 30 de large,
à 6 mètres au-dessous du niveau du sol; celui des Sein-
prnnii^, datant des dernierslemps de la République, esl
d'apparence semblable à celui des Scipions, avec une
voiite d'entrée en arc de cercle, au-dessus de laquelle
court une frise élégamment travaillée Comme les tom-
beaux étrusques, ces hypogées, columbaria, tombeaux
de famille, étaient décorés de peintures ou de stucs.
Ainsi, dans le tombeau de L .\rruntius '" sont figurés des
génies, des sphinx, et la légende du rapt des Leucippides.
La chambre funéraire des Pancralii" est décorée de
paysages, de figures empruntées aux légendes Iroyennes,
de centaures, de griffons, etc.; celle des Valerii'-, de
sujets du même genre ; on y voit aussi une (igure
humaine voilée, emportée sur un griffon ailé. Dans un
tombeau découvert à Cumes'\ les parois présentent des
reliefs en stuc qui figurent diverses scènes où revient
le même personnage central, une danseuse. Des pein-
tures murales provenant de deux tombeaux d'Ostie"
représentent la légende d'Orphi-e et d'Eurydice''', celle
du rapt de Proserpine et une scène de tragédie. Ces
exemples suffiront pour donner une idée de la déco-
ration des grands tombeaux romains. On voit assez que
les sujets de celte décoration sont assez analogues, dans
leur mélange de symbolisme, de mylhologie, de repré-
sentations fami-
lières, aux sujets
sculptés sur les sar-
cophages de l'épo-
que impériale, et
doivent sans doule
être expliqués de
même sorte [sarco-
PIIAGUS].
A la seconde for-
me, celle du tom-
beau-lumulus, donl
on a vu la lointaine
origine, se ratta-
chent des monu-
ments funéraires
très connus. C'est
d'abord celui de
Caecilia Metella, le
plus considérable
des monuments de
la voie .\ppienne, datant de l'époqtn' ri'piililii:iiiie
(fig. 6341) '" : un tiimultis de pierre sur soubassement qiia-
drangulaire: le diamètre de la rotonde est de 20 m. 30; au
centre du lumulus est une chambre funéraire avec haut
/lom. Il, I I xu. — Il Cf. i/on. ISGI. pi. xux-Lur. — 12 Cf. Mon. VI, pi. xi.iu-ii.iv.
— 13 Cf. sur ce " tombeau de la danseuse », connu et étudié par Gœtlic
(ISli), Sianto, .tans Wien. Jaliresh. 18'.'8, p. n; si{. — "Cf. llcibig, /a/irrrî,
p. m S(|. — 10 Cf. Mon. Vlil, pi. xxvin. — 16 Cf. Canina, lia yX/jpia ;
les plans donnés sont inesacis. I.e premier relevé offiant un caraclèro
seicnlifiipie esl celui des Mon. </. LiniKi. XV, p. 71 k, fig. «Il, d'où esl Urée notre
ligure.
135
. — Coupe du tombi
Caecilia Metella.
SEl'
— 1234 —
SEP
plafond voùir-, à laqiirlli' on accrdo [lar un couloir. La voie
Ajipii'nnc. ainsi iiordro de conslniclions fastueuses donl
les veslij;es subsistent encore', constituait aux aliurds
de la Ville une avenue de lombeaux dont Taspect moiui-
nienlal caractérisait liien l'esprit romain, en opposition
avec l'élégante petitesse et la linessedes sépultures grec-
ques dans la voie du Céramique athénien. Les mausolées
impériaux sont plus considérables encore, mais du même
type. Le mausolée des Cé.sars sur le Champ de Mars,
élevé eu 28 av. J.-C-, était une construction ronde de
38 mètres de diamètre, couronnée de terrasses de forme
pyramidale^; l'entrée, du cote sud, conduisait dans la
chambre sépulcrale. Le mausolée d'Hadrien '•, devenu
le Château Saint-Ange, était de même un monument
cylindrique de 64 mètres de diamètre, sur un soubasse-
ment carré, de 84 mètres de côté; une base portant une
statue colossale couronnait l'édifice, à l'intérieur duquel
s'ouvrait la chambre funéraire^. Toutes ces constructions
imposantes, si variées soient-elles dans leurs détails, se
réduisent à un plan architectural identique : le cône ou
la tour de pierre sur soubassement, la chambre à l'inté-
rieur; c'est la traduction élrusco-romaine de l'ancien
type asiatique. Une variante exceptionnelle de la même
forme est la pyramide de Cestius", sur la vin Ostiensis,
de l'époque d'Auguste; elle est large de UO mètres à la
base, haute de 37 mètres; la chambre funéraire voûtée,
de petites dimensions, communiquant avec l'extérieur
par un soupirail incliné, à mi-hauteur du côté nord, était
décorée de peintures aujourd'hui efTacées.
En dehors même de l'Italie, dans toutes les provinces
de l'Kmpire, l'influence des architectes romains a ré-
pandu fort loin le type du mausolée, sous forme de tour
ronde ou carrée, de temple et de grande chambre funé-
raire. Rappelons dans cette catégorie les types les mieux
connus, comme ceux du Tombeau des Jules à Sainl-
Rémj ', celui des Secundinii, à Igel, près de Trêves ',
d'autres encore en Allemagne, en Espagne et jusqu'en
Afrique'.
Il faut faire une place à la colonne qui devient excep-
tionnellement un monument funéraire, comme la colonne
Trajane, ayant à sa base le tombeau de l'Empereur
[coLiMNA, p. 1852'. N'oublions pas pourtant qu'en Orient
et en Grèce le haut pitier et la colonne ont été des (7/|[ji.aTa
funéraires très usités.
Dans ces grandes constructions c'est, on le voit, une
tradition étrangère, venue de loin dans le temps ou dans
l'espace, qui revit sur le sol romain. Mais la grande
masse des monuments funéraires qui garnissaient les
.. voies des tombeaux » des villes de l'Italie est d'inven-
tion et d'exécution plus proprement romaines. Ils sont à
la fois dépôt funéraire et <. monument », au sens étymo-
logique du mot. Par là, celte tombe romaine moyenne se
distingue de la tombe grecque, au moins de la tombe
grecque classique — car il y a dans Vliérôon hellénistique
la même fusion des deux éléments — où la sépulture et
If TYiaïqui la surmonte sont ni'llement séparés et doivent
1 Pour raspccl aciuci ou la reslihilion îles monumcnU de la Voie Appicnnc vov
oulrc louvragecilé de Canin», Duruy, HUt. des Itomains, I, p. 289- II, p. 330 3S^
406 «1 ; III, p. 607; IV, p. »07, 3«. V, p. .-. *,7 ; VII, p. S4. _ , Sue. An.,', m.
- 3 Cf. Richtcr, Op. cit. p. iïo. - i cr. Kicliler, p. i71) ; Baumeisler, DenkmUer
p. 608, pi. I. ; Spnngcr-M.chaelis, Handbuch Kunslyt-sch. 1, p. 4i| , fig 743 ■ Duruy
«../. df. llonmim, V, p. 101. -b Cf. Borgalli, Ca>MS. A,.,,,:lo, Rome, 1890 i.à
rcslauralion de Canina ilM Ivts diWronle ; Hodocanael». /,• C/uileaa Sainl-Ange
190!.. _ 6 cr. R.chler, O. I. p. 3 ..i. Sur celle forme en p,,»,,.;,!. ; Raoul-liochelle.'
être étudiés à part. Ici. ce n'est que par exception que
l'urne fiini'i'airi' est déposée en pleine terre auprès du
<' monument ■> ; elle a sa place habituelle dans une
chambre étroite, ouverte à l'intérieur même de l'édicule.
La forme la plus simple des monuments funéraires,
qui ne comporte pas, à proprement parler, de i. chambre ",
est l'autel funéraire. Les exemplaires de ce type, com-
munément désignés sous le nom de cippes, sont très
nombreux dans tous les musées et collections d'Europe.
Rassemblés et étudiés comme monuments épigraphiques,
ils ne l'ont pas été encore dans leur ensemble comme
monuments d'art'"; ils sont cependant très précieux au
point de vue de l'histoire de l'art romain, constituant
une série considérable de monuments, qui souvent
peuvent se dater assez exactement. Nous n'avons à retenir
ici que ce qui concerne leur forme et leur aspect exté-
rieur, et les sujets qu'on y trouve figurés.
Les autels funéraires romains reproduisent le type
ordinaire de l'autel à coussinets et à volutes [ara], de
forme quadrangulaire ; les exceptions sont très rares".
La hauteur moyenne de ces monuments est de 1 mètre à
i m. 20. Les pierres tombales, que nous étudions, en
raison de l'analogie de leurs représentations figurées, en
"même temps que ces cippes, sont de même forme paral-
lélipipédique et de dimensions semblables; mais ce sont
uniquement des plaques carrées à terminaison droite.
Les autels funéraires étaient destinés soit à être exposés
en plein air, soit à être renfermés dans les coltimbaria
ou les tombeaux de famille. Comme ils font ainsi très
souvent partie d'un ensemble architectural plus consi-
dérable, leur face postérieure reste sans ornements et
porte des appendices servant à fixer l'édicule à la muraille
où il s'appuie. Ces cippes non seulement pouvaient servir
d'autels à libations, mais aussi pouvaient elVectivement
contenir le dépôt funéraire ; dans ce cas, sur la face supé-
rieure une ouverture ronde conduit par un canal jusqu'à
l'urne'-; on a vu plus liaut, à Pompéi, des dispositions
analogues pour des dépôts funéraires en pleine terre. Les
cippes sont à la fois inscrits et décorés. L'inscription est
gravée sur une plaque rectangulaire creusée dans la
pierre, entre les guirlandes dans les autels à guirlandes,
remplissant toute la face antérieure quand celle-ci est
simplement bordée d'une frise, au-dessous des bustes
dans les cippes à portraits, etc. Elle est généralement
très soigneusement gravée, nettement encadrée, soignée,
en un mot, dans son exécution matérielle comme dans sa
rédaction précise et détaillée'-'. C'est un des points par
où le cippe romain, à la fois « monument » et édiciile
funéraire à destination pratique, se dislingue de la stèle
grecque, pur <7-iiu.a à signification toute idéale.
La décoration des cippes est double, ornementale et
figurée. II n'y a pas lieu d'établir deux séries absolument
distinctes : les cippes ornementaux comportent en ellet
presque toujours quelque représentation figurée, le ]>lus
petit nombre seulement n'ayant que l'ornement et l'ins-
cription. Mais il reste que dans une première classe de
Acad. des Iitarr. l. Xlll et append. ; cf. bustdarius, fig. 898. — 7 Duruy,
/Jist. des /loin. III, p. IsS, 400 ; Springer-Micliaelis, Op. /. (ig. 698; Jahrbuch
Jnsl. 1888, p. I : Denkm. /nsl. I, pi. xin-iv ; S. Ueinacli, /téperl. de reliefs,
I, p. 384. — 8 Springer-Michaclis, llg. 7113 ; Reliiacli, Uid. p. If.7. — 9 Duruy,
Jlom. I. p. 6H ; IV, p. 759 ; V, p. 331 ; VI, p. 3i3. — 10 Première dludc d'ensemble
pur Allmann, Die rôiit. Grabaltwe d. Kaiserz. 1905. V. aussi Slroog, Iloman
sculpliire. p. 6i s<\. ; 148 sq. — n Cf. Allmann, Crabalt. p. i7. — «2 Ainsi Corp.
inscr. Int. VI, S8il, 15479 ; VII, 75iV. — U Cf. Allmann, passim.
SEP
— 1235 —
SEP
ces monumenls on iloil ranger ceux où la composition
ornementale est dominante, et dans une autre ceux où
la composition ligurée lient la plus grande place. Ornc-
menlsetreprésenlationsfiguréesserépartissenlsurla face
antérieure et accessoirement sur les deux faces latérales.
Le développement de rarcliilcclure funéraire des cippes
remplit les deux premiers siècles de l'Empire; dés le
milieu du second siècle de l'ère chrétienne, enell'et, les
sarcophages [sahcopuagl'sJ supplantent les cippes. D'une
manière très générale, on peut dire que la décoration
ornementale lient la première place surtout à l'époque
august(''enne, et la décoration figurée à l'époque llavienne
et antonine '. Dans l'une comme dans l'autre, l'art
romain s'esl montré vraiment original.
Le premier type des cippes ornemenlau.x est l'autel
décoré de bucrànes aux angles, reliés par des guir-
landes -. La présence des Inicrànes, en marquant forte-
ment pour le regard les coins du cippe el en altiranl par
là même l'atlenlion sur les faces latérales, donnent à
l'ensemble un caractère archileclonique très net; on a
souvent relevé ce caractère de l'art romain impérial, à
l'opposé de l'art grec classique, de compter etTeclivemenl
avec les Irois dimensions spatiales. Le procédé qui con-
siste à marquer ainsi par des figures humaines ou ani-
males les angles d'une base ou d'un aulel remonte,
d'ailleurs, très hauL; on le trouve déjà, en Grèce, sur un
monument comme la base d'iphicartidès à Délos ■', el
sur des monuments étrusques; mais il trouve son appli-
cation la plus développée sur les cippes de l'époque
d'Auguste et de Claude. L'inscription est généralement
gravée au-dessus de la guirlande, dans le demi cercle
qu'elle enserre. Quant aux guirlandes elles-mêmes, aussi
bien dans le type d'autel que nous étudions en ce mo-
ment que dans ses variations que nous mentionnerons
plus loin, leur représenlalion va du dessin sévère et de
l'aspect presque schématique qu'elles ont sur certains
monumenls, comme sur le « tombeau des guirlandes »
il Pompéi ', jusqu'à l'aspect tout dill'érenl, très accentué
comme relief, très « naturaliste », très « illusionisle » ",
qu'elles ont sur les plus beaux monuments de l'époque
augustéenne.
Dans d'autres monumenls, fort nombreux, les bu-
crânes sont remplacés par des léles de bélier^. Là aussi
c'est un type antérieur que l'art romain a développé,
l'empruntant à la fois à l'art grec et à l'art étrusque ;
plusieurs des « pommes de pin » qui surmontaient les
tombeaux étrusques reposaient sur un socle orné de
têtes de bélier el de guirlandes ^ Les autels à têtes de
bélier, postérieurs dans leur ensemble aux aulels à bu-
crânes, sont souvent d'une grande richesse d'ornemen-
tation; l'espace entre la plaque inscrite el la guirlande
est rempli ])ar une lèle de Gorgone *, im aigle ''(flg. 63W),
un hippocampe'», elc. ; les angles inférieurs du cippe
portent un aigle", un sphinx '-, un griffon'-''; enfin la
partie inférieure de l'aulel, au-dessous de la guirlande, a
souvent, elle aussi, sa décoration figurée. Un très bel
exemplaire de celte série est le cippe de P. Fundanius
I i:f. Ailmaun. p. 27: Slrong, f/,). fit. y. i\l: p. lis s.|. — 2 a. Allm.inii,
p. 5'.l si|.; Slrong. p. Oi). — i Cf. lluU. de corr. hell. I8S8, pi. xm ; cf.
Slrong, /lom. Sciilpl. p. ils. — 4 Cf. Allmanù, p. 00, (ig. S2 ; Mail, Pompeii.
p. 434. — •'• Sur ce caraclire de l'.irl auguslccn, cf. WickolT, Iloman Art.
passim; Slrong, Oji. cit. p. Ml. — 6 cf. Allni.inn, p. G8 s.|. ^.1U5 suivons l'ou-
iTagc il'AHniaun pour Icuuniéraliou des principaux Ijpcs (k- cippes funéraires.
— ^ Ainsi iMarllia, Art étrusque, p. il3, fig. 163. _ » Altmann, n. il. — « Al-
n
Fig. Oiii.
- Cippe funéraire à guirlandes et
ornements sculptés.
Velinus, au Louvre ''; il est de proportions plus élancées
que la moyenne des monuments, el il n'y a pas de plaque
inscrite; l'ensemble gagne ainsi beaucoup en légèreté;
au-dessus de la guirlande de fruits, très riche et d'un
fort relief, est une
(iorgone; à la base, un
aigle tenant la foudre
el des sphinx ; sur les
fîices latérales, des
oiseaux. Quelquefois,
la décoration est plus
comi)li({uée encore :
sur un cippe du Vali-
i-an, on voit au-dessus
de la guirlande une
(rorgone entre deux
cygnes ; au-dessous,
une Néréide sur un
hippocampe ; sur les
faces latérales, au-
dessus delà guirlande,
deux oiseaux dévo-
rant une sauterelle,
une coupe, un nid ; au-
dessous, la louve el les jumeaux d'un côté (cf. notre
fig. (5342), et de l'autre la légende de Télèphe. Sur un
autre monument'^ est figurée, entre l'inscription el la
guirlande, lalégende de Lelo ; au-dessous delà guirlande
un troupeau paissant. Ces quelques exemples suffiront à
donner idée de la richesse presque exubérante de la déco-
ration. Même système d'ornementation sur d'autres mo-
numents où les têtes d'animaux sont remplacées par des
tètes d'Ammon'". Un aulel de ce type, au Louvre '', sans
inscription, esldécoré, au-dessus de laguirlandedofruils
et de fleurs, d'une tête de Gorgone entre deux cygnes,
au-dessous, d'une Néréide chevauchant un liippocampe,
entoiiri'e d'Amours; aux angles sont des aigles reposant
par leurs pattes sur des supports ornés de masques. Les
cygnes, qui sont dans certains des monuments que nous
venons de passer en revue, un fréquent élément de la
décoration, en forment l'essentiel dans un très bel autel
d'Arles ", où ils occupent les angles du cippe, les ailes
éployées, tenant dans leur bec l'extrémité de la guir-
lande, el débordant largement sur la face latérale.
Dans un dernier type d'autel à guirlandes, les arêtes
du monument sont marquées non plus par des bucrànes
ou des tètes d'animaux, mais par des éléments décoratifs
en hauteur", torches, candélabres, tiges de palmier,
baluslres, etc., peut-être empruntés à l'architecture
temporaire du bûcher funèbre. Le cippe de l'afl'ranchi
Amemptus, au Louvre, est un bel exemple de ce
type'-", et en même temps une élégante création de
l'art augusléen. Des torches enflammées marquent les
arêtes du monument: entre la guirlande el l'inscription,
un aigle aux ailes éployées ; au-dessous de la guirlande,
une scène idyllique, centaure et centauresse jouant de la
cithare et de la double flùle, et portant sur leur dos
imanii, n" i», p. 51, lig Ki, d'où esl lin''e noire figure. — '" Allmanu, n. :« (l.ouvrc.)
— Il Altmann, n. 40. — 12 Allraann, n. 3';. — <3 Altmann, n. 3». — 14 Allmann,
n. 42 ; Clarac. n. 339, pi. ccui ; Corp. inscr. lai. VI, IS72li. — 15 Luccia Tclesina ;
Allmann, n. Wi\ Cor/i. inscr. /a!. VI, il.>û3. — 10 Allmann, p. ?8 sr|. — H Altmann,
n. 77 ; lilarac, n. 303, pi. cu.ni. — I» Cf. Uonse, Chefs-d'œuvre des Mnxécs, p. CS ;
Altmann, p. 'iî ; Strong, Op.cit.p.di; Espérandicu, lias ret. de la Gaule romaine,
I, n. IVO. — 19 Allmann, p. IlSsq. — 2C Altmann, n lll.Clarac, pi. ci.xmï-ci.xxivi.
SEP
123G
SEP
l'Aiiioiir cl Psyché, à leurs pieds une corne d'abondance
el un canlhare ; sur la face postérieure est figurée une
lablc ;i ofTrande, avec le vase el la palère; sur les pelils
colés la guirlande esl supportée par des lèlcs de cerf;
au-dessus d'elle esl un canliiare où becquèlenl des
oiseaux.
L'aulel à guirlandes esl le lype le plus iniporlanl, par
le nombre des uionuuienls comme parleur beaulé, parmi
les aulels de slyle décoratif. Mais il y en a d'autres : d'abord
l'autel à décoration par la frise encadrante ', inspirée
des modèles de la grande décoration augustéenne, telle
qu'on la trouve sur les reliefs de VArn Pacis^. L'or-
nementation de ces cippes ou de ces pierres tombales
consiste simplement en une frise qui court sur les quatre
colés de la face antérieure du monument, encadrant
l'inscription, en grands caractères, qui remplit loul le
champ; l'ornement qui apparaît le plus souvent esl
l'ornement végétal en vrille ondulée ' ; plus rarement, on
rencontre la palmelle * ou le méandre '". Très fine sur
les pierres lombales des premiers temps de l'Empire, sur
celle, par exemple, d'Atimetus Pamphilus, afTranchi de
Tibère *, la décoration s'alourdit par la suite el devient
lâche, moins sobre en même temps; ainsi sur un monu-
ment anonyme du Latran ', la décoration en frise de tous
les éléments delà base el de la corniche esl d'une compli-
cation et d'un luxe excessifs, qui ne subordonne pas les
parties les unes aux autres, mais les juxtapose sans
marquer leur importance réciproque.
Une autre série de cippes comprend les autels à co-
lonnes *. Les colonnes sont cannelées, les cannelures
étant souvent dispo-
sées en spirale; les
chapiteaux sont co-
rinthiens ou compo-
sites. L'espace entre
les colonnes est rem-
pli, quelquefois com-
plètement, par l'in-
scription funéraire ;
quand il en eslautre-
ment, une scène
figurée est sculptée
au-dessous de l'in-
scription ; c'est, entre
autres repi'ésen ta-
lions, celle du mort
surlelilde banquet',
la dextrarum Junc-
tio, etc.'". Une
représentation cu-
rieuse, qui .se retrouve, d'ailleurs, sur des autels
d'autre lype, est celle d'une porte figurant la porte de
rHadès ou celle du caveau lui-même; il y en a des
exemples sur des reliefs grecs, où la porte esl tout à fait
analogue aux portes réelles des caveaux macédoniens" ;
il y en a au.ssi sur beaucoup de monuments étrusques '%
cinéraires, cippes, etc. [j.ania, fig. USA]. La porte esl
fermée ou enlr'ouverle '(ig. '.i;{7i, ou même ouverte;
I Allmann, p. liS sq -2 Cf. Pi-Utsch, Ara JWis Auguslac ; Slioug, 0,,. cit. p. 5!)
s.|. -. S. licinach, JiépiTiyc Relief», p. 43i. — 3 Cosl lejlïpc .te r.4ra /'«cis: cf.
Slroiig, ibid.-ia. Allinaiiii.n. 140.- = Alhuanu, ii. 1 15. -fi Alln.aim, ii. 131 ; Corp.
imcr. lai. VI, I .«5i. _ 7 Allmann, n. l.M ; Siroiig, ibid. p. 131. _ 8 Allniaiin, p. 136
sq. — 'J Allmauu, u. 182. - 10 AUniauii. u. 158. — U Cf. Allinauu, p. 13. — a Urucs
I ig C3I3 — Cippc fiinéiair
rcpr «; lai o I
TVRPIUAEl^E CACVTIO
ÎERTIAE C F
MATRI PATRf
dans ce dernier cas, les époux sonlquelquefois représentés
sur le seuil, se donnant la main (lig. 63i3) '■'. L'autel
de C. Julius Hermès, trouvé dans le columbarium de la
Vigna Codini, esl un élégant exemple de ce type'* : des
pilastres ioniens, revêtus d'ornements en écailles, eldont
les chapiteaux sont reliés par une guirlande, encadrent
la face antérieure du monument, divisée en deux regis-
tres : en haut, l'inscription, eu bas, la façade du tombeau,
à colonnes cannelées, surmontée d'un fronton ; sur le
seuil les deux époux, lesmaius unies. Les faces latérales
sont ornées de rameaux de laurier.
Dans l'autre grande classe des cippes funéraires el
pierres lombales, la re-
présentation figurée do-
mine la composition or-
nementale. L'originalité
de l'esprit et de l'art
romains s'y marque net-
tement On a vu plus
haut qu'à côté de quel-
ques sujets empruntés
à la vie réelle, ce qui
apparaît avant tout sur
les stèles grecques, ce
sonl des représentations
tout idéales du défunt,
ou des scènes où se
marient le réel de la terre
el l'irréel de l'au-delà.
Les pierres romaines
mettent avant tout sous
nos yeux la figuration
du défunt el des scènes
précises de la vie terres-
tre. Les sujets symbo-
liques eux-mêmes, que
les marbriers romains
ont empruntés aux
Grecs, ont pris sous leur
main un sens plus réaliste. Au premier rang des
monuments de cette série sont les cippes ou les pierres
tombales montrant le buste ou l'image complète du ou
des défunts. La pratique des imai/ines, que les grandes
familles exposaient dans V atrium de leur demeure, a
donné un granil développement à ce genre de représenta-
tions ". Le plus souvent, comme dans les niches du
columbarium, les bustes se détachent dans une niche
creusée à la partie supérieure de la face de l'aulel ou de
la pierre tombale (fig. G344)"^; d'autres fois, c'est le
registre supérieur loul entier, au-dessus de celui où esl
gravée l'inscription, qui esl disposé pour recevoir les
figures "; quelquefois aussi, elles émergent d'une espèce
de coquille [^fig. 0344; cf. coma, fig. 1273, imago,
fig. 3977] '*. Tels sonl les types généraux, très variés dans
le détail suivant les régions. Dans quelle mesure ces por-
traits sonl-ils vraiment réalistes, et faits, au moins dans
l'intention de l'ouvrier, à ta ressemblance des défunts? 11
ne peut y avoir à ce sujet de règle tout ;'i fail précise. Les
(le Chiusi, liigbù-anii. .1/o;i. Elr. I, pi. Mil ; autres ap. Ârch.Zcit. 1845, pi. jlxv =
Deilin, Bcsclir.d. Slailiil. 1307: MaïUia. Op. cil. p. 211. — 13 U fiyure dapivs
Allmann, p. loi, lig. 215. — H Alliiiaim, u. 184; C. i. l. V],5326. — 13 Cf. Allmaun,
p 196 5i|. — 'fi Allmann, n. 270, 271, 274, clc. Noire figure esl colle de la p. Soi;,
fig. 103 — 17 Altmana, u. 270, 277, 279, etc. — '8 Allmaun, n. 272, 284. clc.
porlr;
SEP
12H7 —
SEP
cippcsou pierres loinbales élanl le plus souvent, comme
les stèles grecques, des monuments de fabrication cou-
rante, qu'on devait trouver tout achevés chez les mar-
briers, il ne pouvait y avoir, dans la plupart des cas, de
ressemblance véritable; aussi bien y a-l-il souvent inco-
hérence évidente entre l'apparence de ces portraits scul-
ptés el l'âge de ceux dont ils rap|)elaienl le souvenir', tel
que l'indique l'inscription funéraire. Mais dans d'autres
cas la présence des inia;/ines de cire Tceha, iig. 1:^91],
moulées sur le visage des défunts, pouvait i)ermeltre d'at-
teindre à la ressemblance réelle. Kn toutcas, au moins par
ses plus beaux exemplaires. Fart des bustes funéraires
est un chapitre imporlanl de l'histoire de l'arl romain, et
le témoignage le plus net de son caractère réaliste '-.
Il faut mentionner à présent tous les cippes ou pierres
funéraires où, à la représentation du défunt, s'ajoute celle
des accessoires ou des scènes de sa vie terrestre. Tout
d'abord, à la ressemblance des stèles grecques, les ani-
maux familiers sont souvent figurés avec lui. L'enfant
ou l'homme fait jouant, avec son chien est^ep^éseuté plu-
sieurs fois sur des pierres tombales [bestiae, fig. 843,';
d'autres fois, le chien apparaît comme le gardien du
tombeau '. Le singe, animal de luxe des riches Romains,
est aussi figuré '* ; de même, le lièvre accompagne
des figures d'enfants S sans qu'il y ait lieu de Caire inter-
venir làaucun symbolisme funéraire ; d'aulresfoisl'enfanl
tient à la main son oiseau favori [bestiae, Iig. 849; deliciae,
fig. 2:0:2j'. Une représentation exceptionnelle est celle
de l'éléphant, qui décore les faces latérales d'une pierre
tombale du Lalran. La figure animale est parfois la tra-
duction plastique d'un jeu de mots: sur la pierre de
l'architecle Aper* on voit un sanglier mort.
Les reliefs les plus intéressants montrent le défunt
dans sa vie sociale et familiale, dans sa profession, dans
sa dignité, dans sa place de chef de famille. On rencontre
sur quelques stèles grecijues la représentation du métier
(v. p. 12î.j); mais elle est en somme exceptionnelle; sur
les monuments romains, par voie plus ou moins nette
d'allusion plastique, elle est beaucoup plus fréquente.
Voici quelques exemples : surla pierre déjà mentionnée de
l'architecte Aper, ligure un coll'rel à instruments; sur les
faces latérales quelques-uns de ces instruments mêmes
sont représentés ; on trouve des détails analogues sur
lesmonuments deC. VedenniusModeratus, ingénieurmili-
laire% de M. Cosseius Cladius, charpentier '", de C. Clo-
dius .\ntiochus, marbrier ", de A. Antestius'^, fabricant
d'objets de ménage, de l'orfèvre Hilarus(fig. 660), etc. '^
La pierre tombale du cordonnier C. .lulius Helius"
porte sur sa face principale le buste, d'expression
curieusement réaliste, du défunt ; dans le fronton sont
sculptés deux pieds humains, l'un chaussé d'une san-
dale (fig. 3198). Quelquefois, c'est tout un trafic commer-
cial qui est pilloresquement représenté sur la pierre:
ainsi du monument du boucher Tiberius Julius Vita-
lis'^ (cf. fig. 43.'J.'i), de celui de l'apiculteur T. l'aco-
I l'ar exemple Uateria Superbia, Alln.anii, u. In'.i. — 2 Cf. par pxcinple, I.- husle .le
C. Julius llelius; SUoDg, O. l. p. 303. Vo; . la collcclion rassemblée par Arndl-
Kiuckmann, dans Griecli. und lOim. Portraits. — 3 Eiemplcs : C. Julius l'Iiilclus,
C. i. t. VI, idlHO ; Aiilhus, V. i. I. VI, Il 8r,i, cic. — * Diilscklie, Anl. ItihUi-.
IV, 388. — i Allmanu, n. Mi. - 0 C. i. l. III. 2030. — ■ Dûlscklie, 470 : C. i. l.
V, 2417, Cr, Schrodep, Grabdenkm. d. rnm. Kaiserz. p. 14. Signalons ici la rcprt'^-
sculalion a^scz IMi|uenle du coiubal de coqs (Iig. 214; Allmanu, n. 112 et p ..364.
— «Musécdu Dapilolc, Foggini, IV, 'J ; KiglicUi, I, 123 : C. i. l. Vi, 1070, — 9 C. i. /.
VI, 2725. - 10 Ci. t. VI, IG 534. — <1 f. l, /,XI, 001.— 12 Cl. lat. VI, Il 8'JC.
— 13 C. i.l. VI. 0149, - li C. i. L VI, 33014, cf. Buttât, comm. 1887, pi, m;
nius Caledus"'; de celui surtout i\u coutelier L. Corné-
lius .\timetus '': la face principale, encadrée de piliers
corintiiiens, est occupée tout entière par l'inscription:
les faces latérales représentent l'une l'atelier même du
coutelier, l'autre sa boutique de vente; personnages et
instruments sont représentés avec un détail très vivant
[ciLTEli, fig. 2112, 2113; cf. fig. 2117J. Quelquefois, la
représentation ilu métier est plus écourlée ou faite par voie
de symbole : ainsi un vaisseau voguant (fig. ."1293), avec
ou sans ses rameurs", mar(]ue la sépulture d'un comiiier-
( ant ou d'un armateur '"' ; sur le fronton de la pierre tom-
bale du marchand de vin C. Clodius Euphemus'^' on voit
Dionysos versant du vin d'un canthare. La profession de
la femme, maîtresse ou servante, consiste dans son rôle
ménager: aussi la corbeille, le miroir, le peigne, l'aiguille
figurent communément (Iig. 992, 5 428) sur ses monu-
ments funéraires -' ; sur celui d'une poétesse sont
sculptées la lyre et la cithare'--.
Les reliefs funéraires font allusion, comme au métier
du défunt, à sa situation sociale et aux dignités et
charges dont il a été revêtu. Sur l'autel funéraire d'un
adjoint à l'annone est figurée la déesse Annona-''; un
masque d'où sort une eau courante parait sur la pierre
tombale d'un ingénieur des eaux de l'Aqua Claudia-';
sur celle d'un orateur, L. Preciliiis, on voit une proue de
vaisseau rappelant les rostres"; le biscllium, insigne
de leur dignité, est sculpté sur les cippes des secii'i
(lufjuxtalex ou des décHirions [hiselliim].
La représentation de la dexlrarum junclio (Iig. 6344)
rappelle l'union qu'a contractée le défunt. On y voit bien
comment un sujet grec est transformé par l'esprit ro-
main. La scène est analogue à celle de la poignée de main
des stèles grecques. Mais ce n'est plus l'idée sentimen-
tale de la séparation ou de la réunion qui trouve Va son
expression; les deux personnages sont représentés en
tant qu'unis par un lien solennel et légal, l'homme tenant
à 1 a main le rouleau des lahtdae nnp/iules [co.ma,
fig. 1847, 1873]^" ; les époux sont souvent debout devant
un autel; même quand ces détails manquent-', leur alti-
tude n'est pas simple et familière comme celle des person-
nages des stèles grecques [matrimomum, fig. 4871, 4872].
Le citoyen romain, surtout celui qui arempli de son vivant
des fonctions sacrées, est enfin figuré souvent dans l'atti-
tude du sacrifiant [sacrificrm, fig. 6009] ou dans celle du
prêtre d'une divinité ; la représentation des prêtres-* ou
prêtresses-' [flamen, fig. 3106], des servants d'Isis [isis,
fig. 4104, 410oj'", avec les accessoires du culte, est fré-
quente.
Notons enfin une dernière classe de représentations
funéraires : celles qui sont empruntées au mythe el
au symbolisme religieux. Le sujet du banquet fu-
nèbre" esl directement emprunté aux monuments grecs
el conçu de manière analogue. Le défunt esl assis sur un
lit, devant le<[uelse trouve une table à trois pieds; un
autre personnage est souvent debout à côté de lui^- ;
Helbig, FùAre;- 2, I, eo.'i. - 15 Cf. Helbig, O. o. Il, 773 - !« ( . i. ;. VI, i3 6!,7.
— 17 C. i. I. VI, 16 106; Amelung, Die S/,ulpt. d. Vali/c. Mus. p. 27.1, n. 147.
— 18 C. i, t. XII, 3707, 5327, 8390 (liic miiltos annos l'elificaL'ill. — '1 11 pcul y
a\oir lieu aussi devoir daus le vaissoau le symbole du voyage vers le pays d au di la
la loinlc; cf. Sclirôdcr, Op. cit. p. 21. — 20 C. i. t VI, 9071. — 2f l'ar enm|de.
C. 1. I. IX, 3952, 3971, 4026. — 2S C. I. l. VI, 24 042 ; Allmann, n. 273. — 2:1 C. i. I.
VI, 84711, — 2K,'. i. /, VI, 8493. — 2,; r, i.l. VI, 1321.— 26 Cf. Allmann, u. T.S.
_ 27 Allmann, p. 205, Iig. 162. — 28 C. i. /. VI, 2204, 2230.-3 C. i. I. VI, 427 ;
Allmann, p.238, Og. 101. — 30 f. i. /, 34 776. —31 Uf. Allmann, p, 188 si|. ; Sclirûdcr,
Op. cit. p, 2 sq. — 32 Allmann, n. 200, 201, elc.
SEP
— 1238 —
SEP
quel(juofois,la préscnci'de figures iicccssoiros transforme
la scène de banquet en une scène de famille. Quant aux
représontalions symboliques qu'on trouve sur les reliefs
grecs du même type, consacrés, on l'a vu, au culte des
héros plutôt -que des morts, une seule, celle du cheval,
apparaît sur les reliefs romains; mais elle y perd son
caractère religieux ' ; le cheval sert de monture à un
cavalier, le mort étant etrectivement tiguré comme tel,
dans une scène de chasse - ou de guerre lixniTiis,
lig. '2737. :273s, '2739, :2741, '27431 '. Souvent, le champ
du relief est partagé en deux parties: lune représentant
le repas funèbre, l'autre le cavalier. Ainsi scènes de
famille, scènes de guerre, banquet funèbre, tous ces
sujets nettement distingués dans la sculpture funéraire
grecque sont confondus et rapprocliés par le marbrier
romain. Il en est ainsi, par exemple, surlescippes ou
pierres funéraires des équités singulares, corps de cava-
lerie créé au début du W siècle par Trajan * ; ces cippes
sont le plus souvent partagés, sur leur face principale,
en trois registres : celui du milieu occupé par l'inscription,
le registre supérieur par le banquet funèbre, l'inférieur
par la scène du cheval mené à la bride, ou du cavalier
chasseur [eovites, fig. 2740 ; euiitks singl'lares,
lig. 27 46] \
Les mythes religieux dont on retrouve la trace sur les
monuments funéraires sont ceux naturellement qui se
rapportent de plus près aux croyances populaires sur
l'au-delà, par exemple les mythes dionysiaques " : per-
sonnages portant le tiiyrse, la grappe*, le vase à boire,
génies du thiase de Dionysos, satyres et ménadcs sont
des représentations très communes. Un mytiie particulier,
celui de l'union de Dionysos et d'Ariane, est tiguré sur
plusieurs cippes, par exemple sur celui de T. Claudius
Philetus', au Vatican, où le couple apparaît en un enca-
drement de plant de vigne, dans l'attitude de la dextra-
ruin junctio. Un autre culte, celui d'.\pollon, marque sa
trace sur les pierres tombales non par des scènes figurées,
mais par l'emploi de symboles comme le laurier ou le
trépied. Quant aux histoires mythiques proprement dites,
répertoire habituel des fabricants de sarcopliages [sarco-
piJAGL's], elles sont beaucoup moins communes sur les
édicules funéraires, qui ne donnaient pas assez d'espace
pour les développer librement. Le rapt de Proserpine est
le sujet le plus souvent représenté * : on trouve aussi
l'histoire d'Arcliémoros ', celle de Ganymôde '", le groupe
d'Amour et Psyché"; toutes figures, on le voit, en rela-
tion avec les idées philosophiques et religieuses sur la
vie et la mort. On sait enfin l'importance prise, à l'époque
impériale, par l'idée de l'héroïsation, empruntée à la
Grèce alexandrine et développée par le culte des empe-
reurs [apotuéosis]''. De nombreuses inscriptions funé-
raires, où le défunt ou la défunte sont assimilés à la
divinité en général ou à des personnes divines particu-
lières, montrent que cette conception, jusqu'à ses der-
nières limites, avait pénétré dans les masses populaires.
Il est naturel qu'elle ait trouvé aussi son expression
plastique. Une inscription d'un columbarinia de la voie
< (^L'pondaiil, il apparail
\'. Vilcllius Successus ; AU
dans les slt'lcs grecques sur Ir?
I, 11. 15y. — 2 Corn.
lit .k-
lai. V, 3lu3; IX,
3100. — i Corp. imcr. lat. VII, 06 sq. — t Corp. iiiscr. Int. VI, 3173 si|.
— 5 l'ar CI. Corp. intcr. lai. VI, 3177 ; cf. Allniann, n. iOT. — C cf. Rcliiiidcr,
Op. cit. p. 10 s<|. — l Corp. inscr. lat. VI, 15 314. — 8 Cf. FBrslcr, Haub d.
Persept). p. 123 si). — s Cf. Allniann, n. 84. — <0 Corp. inscr. lat. VI, 20 802.
— 1' Corp. imcr. lat. VI, Il 440, 23 621. Cf. Collignon, .Vythe de Psyché,
^
.\ppienne mentionne des effigies d'une certaine C.lainlia
Seinne iii /'nriiiam ileoruin'^. Et de fait, des reliefs de
cippes représentent la divinisation même ou des person-
nages divinisés; sur les faces latérales d'un autel funé-
raire du Vatican on voit les bustes de Q. Pomponius
Eudaemon et de sa femme Pomponia Ilelpis ' ' enlevés vers
les hauteurs, ici par un paon, là par un aigle. Sur d'autn^s
uKinuments, les défunts et défuntes sont représentés en
la forme de Vénus'', de Diane"', de l'Espérance'', de la
Fortune '% de Mercure '"', etc.
Les monuments funéraires qui nous restent à signaler
sont ceux qui, plus considérables par leurs dimensions
que ceux qu'on vient d'étudier, et destinés à l'exposition
en plein air, occupaient le bord des routes, au sortir des
villes, constituant ainsi par leur rassemblement autant
de « voies des tombeaux »; nous avons cité plus haut
celle de la voie Appienne à Rome; l'une de celles de
Pompéi est encore presque intacte'". Mises à part toutes
différences de dimensions, il n'y a pas entre les uns et
les autres de distinction essentielle. Ils répondent, ceux-
ci comme ceux-là, au même principe : union en une seule
construction, surélevée au-dessus du sol, de l'empla-
cement du dépôt funéraire et du « monument » ; l'en-
semble est aménagé de manière que la piété des survi-
vants puisse
efTectivemen t
s'exercer à
portée des ur-
nes même qui
co ni ien ne ni
les c(!ndre>
des défunts.
Il arrive aussi
que l'urnesoii
déposée en
pleine terreau
pied du mo-
nument ou
derrière lui,
dans l'en-
ceinte funéraire ; il n'y a pas, dans ce cas, de chambre
funéraire à l'intérieur du tombeau, dont l'apparence et la
construction extérieures restent pourtant les mêmes ; il
y a sépulture réelle en terre, et sépulture apparente,
cénotaphe, au-dessus du sol. L'urne elle-même, renfer-
mant les cendres, prend quelquefois l'aspect et la structure
d'un véritable édifice; elle est le temple réduit, le sanc-
tuaire où le mort réside (fig. 6345)'-'.
Les deux formes les plus fréquentes, pour les grandes
constructions funéraires, sont celles du tombeau-autel et
du toinlipau-édilice ou temple; il y en a d'autres, et le
caprice individuel se donnait là carrière. Dans les nécro-
poles romaines comme dans nos cimetières, à côté des
formes classiques, il y en avait de fantaisistes, expres-
sions d'un goût arbitraire et mauvais. Nous avons
d'un tel genre de construction au inoins un exemple
curieux : c'est le tombeau du boulanger Vergilius Eury-
|i. iiHl, 1 10 : Wr.. 131. — 12 i;r. Scl.r di-r. Op. cil. \i. I6sci. — '^ Corp. iuscr. h:.
VI. l"^5'.li si|. — li Curp. insrr. lat. VI, 54C13; cl'. Allniaun, p 278. — 1= Corp.
iiLtcr. lut. VI, Il «0. — 16 Corp. inscr. lut. VI, 10958, 12892. — 17 Corp. inscr.
Int. VI, I53'.i2 si|. — 'S Itid. — 19 Repii'senlalion asseï (ri:'(nidUe, Corp. inscr.
lat. VI, 13893,21502, 23032, clc; peut-iHrc Hermès Psyclioponipc. — 2" Over-
bcck, Pompeji, 4« Mil., p 396; Gusnian, Pompei, p. 54, 36, 58, 61, 63.
— 21 Allniann, p. 20, lîg. 13.
IcmpK'
SEP
— 1239 —
SEP
sacès', à Rome, liant cliIjc de maçonnciie, de l'aspecl
exact d'un four de boulanger, où sont encastrées trois
rangées de bas-reliefs montrant la fabrication et la vente
du pain [pistor, fîg. o6i97j. A côté d'un monument aussi
exceptionnel, le tombeau de C. Publicius Bibulus, au
pied du (.".apitoie- est un exemple régulier du tombeau-
édilice avec ses pilastres et sa corniche, la chambre funi'-
raire à l'intérieur. Mais c'est à Pompéi qu'on trouve le
mieux conservés tous les types de tombes de la fin de la
République et du début de l'Empire. 11 y avait à Pompéi
plusieurs voies des tombeaux; celle qui se trouve devant
la porte d'Herculanum a été complètement dégagée \ Les
lombes sont disposées de part et d'autre de la route ; la
bande du terrain sur laquelle ils sont construits était
cédée par la ville à ceux qui édifiaient le monument, ou
quelquefois donnée par elle en considération de services
rendus'. Nous n'avons pas à décrire ici tous ces monu-
ments funéraires; nous en signalerons quelques-uns
seulement, comme exemple des types qu'on peut distin-
guer : tombeaux en forme d'autel, d'édilice-temple, de
niche, de siège circulaire.
Le monument de Vaugualalis Calventius Quietus '
reproduit fidèlement le type de l'autel funéraire étudié
plus haut. Sur la face antérieure, encadrée d'une frise,
est gravée l'inscription; au-dessous d'elle est sculpté un
biseltium, insigne de dignité décerné au défunt par le
conseil des décuribns. Les faces latérales sont décorées
de la corona civica, qui se retrouve sur d'autres monu-
ments'', et n'est là que comme un pur motif orne-
mental. L'autel est un cénotaphe ; il n'y a pas de chambre
funéraire, l'urne étant sans doute enterrée au pied du
monument. Le monument de Naevoleia Tyche' est du
même type, plus orné et d'un goût moins sévère. Sur
la face principale, qui porte l'inscription et le buste
de la défunte, est représenté le sacrifice aux morts;
les faces latérales sont décorées, d'un coté, du bisellium
de Munatius Faustus, époux de Tyché, de l'autre d'un
navire (fig. 5993 ,i monté par son équipage et rentrant au
port. La chambre funéraire, ouverte dans le soubassement
de l'autel, est étroite et sombre ; une banquette court Je
long des parois ; une grande niche en face de l'entrée
contient l'urne de Faustus et de Tyché; d'autres urnes
sont dans des niches sur les côtés et sur la bantiuette.
Des lampes d'argile servaient à éclairer la chambre pour
les jours de fête des morts.
Le tombeau d'Arria' avait la forme d'un édifice à
pilastres, sur un soubassement élevé; une ouverture
conduisait dans la chambre funéraire voûtée. Le « tom-
beau des guirlandes »'^ est en forme de temple, avec
quatre pilastres de face, et trois de côté, réunis par
des guirlandes. L'édifice est massif et sans chambre
funéraire. Le monument des Istacidii'" était également
en forme de temple, avec quatre demi-colonnes de chafiui'
côté; une porte au milieu d'un des côtés donne accès à
la chambre funéraire, dont la voûte est soutenue par
un pilier : des niches sont creusé'es dans la muraille; en
face de l'entrée, la plus grande contient l'urne du chef de
la iamille et de sa femme, .\u-dessus de l'édifice s'élevait
1 Corp. inscr. lai. VI, 1958; Mon. d Insl. Il, pi. iii; Guhl u. Kouer. Ubm
(1. Griech. u. liôm.^, p. 770; Spriiigcr Micliaclls, Hanilbuch der Kunslgescli.
I, fig. 70i. — 2 Corp. inscr. lai. I, ti:i3 ; cf. liicliler, Topoi/r. v. Jlom. p. iOti ;
Itaumcislcr, Doikmâler, fig. GGi. — 3 cr. Mau, J^ompH-, p. 4i5 sq. et, ci-d.
p. liSS, iioUi iO. — * Par exemple, le loiiiiicau ilc .M. Poicius (Mail, /bid. p. ii'Ji,
cl celui de la priliesse Mainla, ihiU. p. 430. — 5 Cf. .Mau, Jbid. p. iH.
une construction ronde, ornée des statues des défunts
lîappelons encore un des plus célèbres tombeaux
de Pompéi, le monument de Scaurus avec sa vaste
chambre, son entrée ornée de pilastres et ses bas-reliefs
Fig. 6346. — Tonihe .le Scaurus à l'omp.-i.
représentant les jeux des gladiateurs dans l'amphi-
théâtre (fig. G346)".
Le type du tombeau-niche est le suivant : une niche
arrondie etvoùtéc, avec une banquette maçonnée courant
tout autour du demi-cercle; les murs sont décorés de
reliefs sluqués ou de peintures ; l'urne est en terre, reliée
à la surface du sol par un conduit d'argile'-. Dans les
constructions de ce genre se montre l'idée de faire de la
sépulture un lieu de repos agréable pour les passants,
et de mettre ainsi le mort en relation avec les survivants,
idée qui s'exprime très souvent dans les inscriptions
funéraires. Il en est de même du monument en forme
de simple banc demi-circulaire, ouvert du côté de la
route"; contre le dossier, au fond du demi-cercle, est
gravée l'inscription ou appuyée une statue du défunt;
l'urne est enterrée dans le sol derrière le monument.
Il faut enfin signaler à Pompéi deux monuments de
forme particulière : l'un est une tour ronde sur soubas-
sement quadrangulaire, à l'intérieur d'une enceinte de
quatre petites tours". Un tel type est la reproduction en
miniature deceluides grands mausolées de Rome. L'autre
est un enclos ceint de murs décorés àl'intérieur de pein-
tures dans le style pompéien '■^■, trois lits de banquet en-
cadrent la table et l'autid à libations [lig. 1700, c(ii-;na[:
c'est le tombeau lieu de réunion ])Our ceux qui fêtent le
mort dans les banquets d'anniversaire. L'idée enfin qu'il
convient de se faire d'une voie des tombeaux comme
celle de Pompéi doit être complétée en restituant la végé-
tation qui entourait ces monuments si variés de forme
et d'aspect. Les guirlandes, plants de lauriers ou d'oli-
— li NomlireuK exemples : Allmanii, n. 247, 248, etc. - '' Mau, p. 442 ; Uusraan,
fompéi, p. 5S. — 8 Mau, p. 443. — 9 Ibid. p. 43». — 10 Ibid. p. 430. — " Ovcr-
Lcck, fompeji, 4' édil. p. 420, fig. 222. — '2 Eicmplcs : grand monument
anonyme ap. au, p. 43i tomhca'jx de Vclasius Gratus et de Salvius, ibid. p. 445.
— 13 Exemples : lomLcaui de Vejns, Ibid, p. 47s, cl de Mamia, ibid. p. 43fl.
— Il Ibid. p. 440. — !• Ibid. p. 444; Gusmaii, p. 5K.
SEP
1240 —
SEQ
viors, qui ornont U"< oippos fiin(''raires, ne sont pas purs
motifs (le di'coration, sans rappoi-l à la réalili'' : les
arbri'S de toute espèce froissaient autour des tombeaux ',
sans parler des Heurs (|u'à certaines époques de l'année
des mains pieuses y déposaient [kinls, rosalia].
Toutes ces formes, ]iour la plupart empruntées à la
(îrèee ou à TOrienl, mais reprises et transformées par le
génie latin, ont été r('pan<lues par la domination impé-
riale dans toutes les parties du inonde antique. Il n'est
guère de pays soumis à l'administration romaine où l'on
ne trouve des spécimens de cell-e architecture funéraire.
On peut prendre la province d'.-\frique, sur laquelle
nous possédons des renseignements assez détaillés-,
comme exemple de la dilTusion des types venus d'Italie
et comme document sur la façon dont les formes imposées
par l'influence romaine se combinaient avec les habitudes
locales. Les fosses creusées dans le roc, à l'ancienne
Fig. 6.117. — M.-iiisolpo Mo IAfii.|uo romaine.
manière punique, se trouvent par centaines dans
l'Afrique romaine, de même que les fosses construites en
terre avec des dalles ou avec de grandes tuiles'. Un
mode de sépulture bien local, peut-être d'origine phéni-
cienne, est l'emboutissement du corps non incinéré
dans une jarre, ou, quand le corps est trop grand, dans
deux jarres dont on brisait la pointe et qu'on réunissait
en les emboilanl l'une ilansl autre '. Les sarcophages, les
auges, les cercueils en baignoire servent aussi de réci-
pients. Les ossements incinérés sont placés dans des
trous en terre, ou dans des vases, des collrets de pierre.
H;r. Trinialcion dans lcSn(j/i-. de Pciron. 71. — 2 Gscll, J/omiBicnî» antiques de
I Algérie, i\o\.lvn\.— 3 Ibid.U, ji.W. — 4 //,»(. p. M. —5 /4„/. p. 44 sq. -^ Ibid.
p. 48. — 7 IIM. |.. M. — 8 Ibid. |.. 34 à 59, où fisell émimoro oldfcril plus dp
soiiantc île ces mausolées en AlpZ-ric. I,a (ifruro isl prise de la p. 94, fig. 100. — bi-
rii.i<un«lMi>E. Toule la biLliographii- de l'article hm,s est à reprendre ici. On y ajou-
tera en deliors des noniLreui arlicles de revues ou de grandis publications comme
les Mon. dei Lincei, cités dans les noies : pour la Grèce : Bulle, Orchumenus.
1907; lainage, La Crète ancienne, I9il7 ; Evans, Ttie prehisloric tombsofCnossos.
l.oui!rc9. l9>7;TsouDlasand UaaatI, Tlie Mycenaenn aije, 189s : Bncliliolz, Die Ho-
mer. /lealien, i' éd. 1881 ; l'oulscn. Die Ùipylongniber, 1903 ; DragendoriT, Ther.
Orùlier, 1907 ; Judeicli, Topogr. v. Allie», 1903 Icollecl. des manuels d'Ivan Millier) :
(<ardnc-, Sc-lpturcd lombt of Uellng, IS9i: lîmcclner. Omnmrnl u. Form. d.
allischcn Gnibslelen, l>sil; Watiin^cr, Stud.z. unterital. Vusenmal : ScIneiber,
Au dehors, le (ritii-rt. se compose de cippes, en g(''ni''i;il à
soimnel pointu ou arrondi, quelquefois atteignant une
hauteur de .'} mètres, avec une inscription accompagni-e
de l'image du défunt, parfois d'un croissant ou d'une
étoile; de cippes en pyramide tronquée, de colonnes;
d'autels à guirlandes de forme quadrangulaire ; de tables
placées en avant de la stèle ou au-dessus de la tombe".
Dans quelques tombes à incinération, un tuyau en argile
permet de faire parvenir la libation Jusqu'au mort '. Les
caveaux funéraires, à une ou plusieurs chambres,
rappellent ceux de la Phénicie et de l'Elrurie^ Les
grands mausolées en pierre de taille, élevés par de riches
propriétaires, ne sont pas rares. Tes uns en forme de
pyramide élevée sur un soubassement, d'autres en tour
carrée ou en lanterne de forme hexagonale (lig. C347),
plusieurs avec un étage couvert en berceau ou en fron-
ton, d'autres ronds à la façon du tombeau de Caecilia
Metella de Rome*.
On trouvera à l'article sarcopiiagis la description des
monuments funéraires qui, à partir du u' siècle de l'ère
chrétienne, supplantent, dans les nécropoles romaines,
les types qu'on vient d'éludicr au cours de cette revue
sommaire. Il faut les ajouter pour parfaire l'histoire
des types de l'architecture et de la sculpture funéraires
à Rome. Cette histoire est de celles qui sont le mieux
faites pour écarter certains préjugés et montrer, à travers
toutes les influences et tous les emprunts, la force de
création, l'originalité de l'esprit et de l'art romains.
EsiII.E C.MIEN.
SEQUESTER. — Droit rjvcr. — Le séquestre, dans le
droit grec, a le même caractère que dans le droit romain
(v. infra). Il est désigni-, dans le droit attique, sous le
nom de u.s(7£Yi"JY||jLa, et le mot [ji£<7Éyyu&ç désigne le dépo-
sitaire, le serjiiesler des Romains.
Le séquestre a généralement son origine dans une
contestation relative à la ciiose déposée, et c'est à ce point
de vue que se placent les lexicographes dans leur défi-
nition'. Il y a ainsi séquestre conventionnel lorsque les
deux adversaires remettent la chose litigieuse à un tiers
avec mission de la garder et de la rendre, une fois la
contestation vidée, à la partie qui aura triomphé. Il est
probable aussi, comme on peut l'induire du Traili' den
Lois de Platon-, que la législation allique admettait le
séquestre judiciaire, ordonné par le juge, à côté du
séquestre conventionneP.
Abstraction faite de tout litige, le contrat de séquestre
peut encore avoir lieu à Athènes lorsqu'une certaine
somme d'argent, affectée à la rémunération d'un service
non encore rendu, est déposée entre les mains d'un
tiers'. On peut conjecturer que cette espèce de séquestre
présentait sa principale utilité dans le cas où le service à
rendre était contraire à l'ordre public et oit une action en
justice aurait été impossible pour en obtenir le prix".
Exped.Ernsl Sieglin. 1. 1, I90S ; Kicseritzkrct Watiinger, Griech. Grabreliefs aui
Sud /liissland, 1909. — Ponr r/<(WiepriiniO>e: B. Modcstov, Mr. à l'hist. rom. Irad.
rr. 1907 ; Abekon. Àliltetitalien 1S13; C.anina. Descru:. di C'erc anlica, 18 18 : Id.
Klriiria mari(. 18 V8-49. — Pour /îomeel Pompéi. Barloli, Ant. sepolcr. 1708 ; Caniaa,
Vin Appia; {eilr. de Jtomn anlica); liicblcr, l;pogr. v. tlom. IS^O (des manuels
d'Iï. MUIIer) ; Scbrrxler, A/iirf. :. den Grabdenkm. d. rnni. Kaiser:. 1902 ;K. Slrong.
/lom.sculpl. 1907; Allmann. Dierôm. Graballûre, l90.ï : Mau, Pompei in Lebenu.
Klinxt, i'éd. 190i. — Pour \ Afrique et la Giule. GseP, .Von. aniiq. de t Algérie.
1901 ; Espérandieu, liée. gén. ds lias-reliefs de la Gaule romaine, 1907-1908, etc.
SKQUESTER. 1 Bekker. Anecd. 1, p. 191, 14. — 2 Plat. Leges, 314 d.
— 3 Beaiichct, Hist. du droit prive de la llèpubt. allién. l. IV, p. 33«. — * llarpo-
er.-.tion. v« i««£Tlill"«: Suidas, eod. i« Bekker. Anecd. I, Î79, 3: Lysias, C. P/.i-
locr. § 0. — *• Beaucliet, Loc. cit.
SEP,
— 1:211
SER
(JiKiiiL aux ac'lions dérivaiil du sù(]uc'.slre, on jiouL
adineltrL', dans le silence des textes, que si le tiers, étaijli
gardien delà chose, refusait de la restituer, lorsque la
condition prévue parles parties s'était réalisée, il pouvait
être actionné par la SixT, Trap7.xxTxO/|XY|Ç [dki'ositim]. Si la
liiriiculté survenait enlre les déposants eux-nièuies, qui
ne pouvaient s'accorder sur le point de savoir si la con-
dition ;i laquelle était subordonnée la restitution de la
chose séquestrée s'élail ou non réalisée, la contestation
était vraisemldablemenl tranchée au moyen de l'action
ordinaire !7jvOY|Xo>v TtapaêiiTEioç '.
I)ri)il romain. — Le séquestre (scr/urstrc, sequcs/raiii
ou serjiie.ff ratio) est le dépôt fait par deux ou plusieurs
personnes entre les mains d'un tiers (srquvider) d'un
objet, à la charge de le conserver et de le rendre à l'une
d'elles sous une condition déterminée^. Le séquestre a
presque toujours une origine dans une contestation rela-
tive à la chose déposée, et c'est alors au gagnant que la
chose litigieuse doit être restituée; mais il suffit d'une
simple opposition d'intérêts entre deux personnes pour
motiver un séquestre. Le séquestre peut résulter d'une
convention des parties; parfois aussi il est ordonné soit
par le juge, soit par le préteur^
Le sé(iueslre est soumis, en g(''nérai, aux règles du
dépôt [depositum]; il s'en distingue cependant aux points
de vue suivants : 1° le séquestre peut avoir pour objet
non seulement des meubles, comme le dépôt, mais aussi
des immeubles et même des personnes ^ ; 2° la restitution
de la chose mise sous séquestre ne peut élre demantlée
(jue par un seul des déposants el sous une condition
déterminée ; 3" le ser/iiesfer peut avoir la possession de la
chose déposée, tandis (jne, dans le dépôt, la possession
reste au déposant. Mais le b(hiéfice de cette possession,
par exemple l'usucapion qui peut en résulter, est acquis,
en définitive, à celle des deux parties à qui la chose est
restituée -' ; i" l'action par laquelle le séquestre peut être
actionné en restitution est une action spéciale, set/iies-
Iraria dcpositi '•.
Le seqiiPxler peut, pour des motifs graves, se faire
décharger des obligations qu'il a assumées en acceptant
le dépôt, et alors la chose est déposée dans un temple en
attendant l'arrivée de la condition".
Le séquestre peut, par suite de conventions particu-
lières, revêtir la nature d'un autre contrat. 11 prend
ainsi le caractère du mandai [manoatlim], lorsque le dépo-
sitaire accepte l'administration de la chose déposée ou la
mission de vendre l'objet el d'en verser le prix aux
mains de celui des déposants qui triomphera dans
l'instance, ou bien le caractère du louage [locatio ope-
harum], lorsque le xequester reçoit un salaire poui' l(;s
services qu'il rend". L. Bkai'chet.
SERA. — Sous ce nom dont le sens propre esl, en
latin, barre de clôture, verrou, nous réunissons ici ce qui
1 V. 4.11- le sc.|Mcslrc en liruit ^-rcc : Cailluim..', Conlral de dv/M dans le
•II- l'Àcarlcmie de Cavii, IS7G, ji. oiTsq. , Mcicr, Sclii'iinauil cl Lipsius, lias i.
Process, ji. 111; Beauchet, t. IV, p. 337 S(|. — 2 L. MO Dig. Dererb. siijni'
I. 6, n,-Ui(i. Depos. XVI, 3. —3 L. a. §s, D. Soi. mot,-. XXIV, 3; I. 3§C
;//;. exhih. Xl.lll, 30. — 4 h. 3 § 6, D. De lia. exIiiO. — 3 L. 31, D. Jh
mmilt. poss. XII, i ; 1. IT, ;■ I 1). Dejios. — 6 I,. 12. § 2, I). Uepos. —
§ i, D. Vepos. — s L. '.), S :*■ D- iJe dolo molo, IV, 3 ; cf. sur le féqueslrc
romain : Ciii|, Les Institulionx juridiques des /tumains, l. Il, p. 300 ; l'elil,
Jr. rom. i\° 3i;i ; Maynz, Cours de dr. rom.. 4» (5.1. l. Il, p. 3ii; Aci arias,
dr. Itomain, l. H, u" 59» ; Oirar.1, ilan. de dr. Itomaiu. i' éd. p. 518.
SKIIA. 1 lliad. XII, 121 cl t<n i XIII, I2i. — 2 Iliad. XXIV, 433. —
XXIV, 455. — 4 lliad. XXIV, 5117. — à A Troie, pelilc porte du n.ur dcnceii
Vin.
ttisclie
. L. 16;
adg. ,
^ L.
Tr. de
Tr. dr
coMcerue les serrures, les clés, el, en général, tout iné'ca-
iiisme inventé pour assujellir les ballants de portes,
armoires, coffres el autres meubles qui doivent être soi-
gneusement fermés.
I. Grèce. — Le moyen le plus sim|)le el sans doute h;
plus ancien dont les Grecs aient usé pour fixer les
battants d'une porte nous esl indiqué dans Vlliailt'.
Plusieurs portes du camp des Achéens se fermaienl par
un verrou long, [jiïxpbç ô/sùç', analogue à l'èTttpX/,; de
sapin qui barrait celle du campement d'.\chille - el que le
poète appelle indiH'éremmeul xXyjiç^ ou ô/eû;'. On peut
rapprocher de ce verrou colossal, à la manœuvre duquel
trois hommes étaient nécessaires, ceux qui étaient en
usage à Troie el à Tirynlhe. Une poutrelle ronde glissait
dans deux trous cylindriques pratiqués dans les jam-
bages à mi-hauteur de la porte. Pour ouvrir on faisait
rentrer cette poutrelle dans le mur d'enceinte à travers
un des jambages percé à jour^ Au trésor d'Alrée, en
arrièredela porleelàun tiers environde sahauteur totale,
deux cavités ovales ménagées dans le mur en face l'une
de l'autre recevaient un verrou horizontal". Chacun des
montants de laPorte des Lions présente aussi, àunecer-
laine distance de lafeuillure, deux cavités rectangulaires,
situées l'une au-dessus de l'autre et où s'encastraient des
verrous'. Une disposition analogue se rencontre dans
riléroon deGjolbaschi-Trysa. Deux cavités rectangulaires
de 0 m. 07 de côté se font vis-à-vis sur la face intérieure
des montants, à 1 m. 33 du seuil. Leur profondeur n'est
que de 4 à o centimètres. Il n'y a pas d'entrées permet-
tant d'y introduire les deux extrémités d'une barre d'un
seul tenant. C'est pourquoi MM, Benndorf et Niemann
supposent que ce verrou était composé de deux pièces
qu'on engageait séparément dans les gâches et qui se
réunissaient vers le milieu de la porte par un assemblage
à mi-bois consolidé au moyen d'une clavette*. A l'appui
di! leur reconstruction, ils citent un passage de Ylliade
où est décrite la porte principale du camp'. Le système
qu'ils proposentetqui a reçu l'approbation deM. Diels '",
était certainement connu des Grecs, car plusieurs dis
commentateurs anciens d'Homère entendent le mol
« £7:Y||ji.oiPoi I) de la même façon ". Mais il a l'inconvénient
d'être moins résistant qu'une poutre d'une seule pièce.
En fait, la porte par où entre Hector, plus grande que
les autres, devait avoir deux verrous. On les tirait sans
doute en sens inverse, et une cheville verticale les
rendait solidaires '-.
Ce premier système très simple de fermeture au moyen
d'une poutre horizontale, pénétrant de part et d'autre
dans les montants de la porte, fut en usage depuis les
temps mycéniens jusqu'à L'époque classique. Sa solidité
le recommande pour les clôtures d'enceintes. Quelquefois
pourtant on l'a jugé insuffisant et on lui a adjoint un
verrou vertical se fixant dans le seuil. Une gâche de
i' piTiode; cf. l'crrol, Hisl. de VArt, VI, p. 158; D.'.rprelJ, Trojn und Jlion, I,
p. (iti, fig. 17. ïiryiiUio : v. Sclilieninuu, Tirijnthe (Irad. Ir.), p. 180. Il existe pcuU
èlpc dès cette époque des verrous en mêlai. Sclilicniann croit avoir retrouvé ceux
de la double porte de la ville Ijrùlée: llios, p. 42, fig. 11. 12, el p. 54(1. Ils sont en
enivre. I-'n autre verrou (?) de cuivre a été trouvé dans une maisnn de la inéuie
coucli.-.p.530, lisr. yio. — 6 l'errot, Hist.de l'Art, VI, p. 611, lig. 261. — 'Schlie-
manu, Mycènes, p. 80, fig. 22 a. — 8 Benndorf el Niemann, Das Heroon von Gjnl-
biischi, p. 7V, lig. 21 cl 22; cf. Diels, Parmenides lehnjedichl, p. IIS, lig. I.
— y lliad. XII, 455 S(|., " îotoi S'EviorrOiv ô/^ijtq ït/*»' ïiTilHOt^'ji, (it'« Se xir.'s iitaç^ptiv ».
— 1" Op. cit. p. 118. — U Aristonic. ï\ éxutÉpa^ 3>,â; ÏV1, litalXaoaojjiÉvou; xaTà
m'oîv xa'i es', t'-tî îicfoi; Ui«liio(isv<.i.5 Si« tv ^ufiSoXvJy ni* xAtiSi. Cf. Fink, p. 9, n. I.
— lî Suidas, 1, 2, SSS.iu^UaYUiv», «tt. t». |aJ. r.O.v, Toï «i i"v9<. i,;»«(Te«i,
156
SER
— \-2l2 —
SER
(I m. 37j de long sur 0 m. 30 de largo csl creiisôo au mi-
lii'u lie celui de la l'ni-tc des Lions '. Le verrou vertical
se trouve déjà dans les palais crétois. A Cnossos, on voit
dans le sol, en arrière de la grande porte de l'ouest qui
donne accès au palais par le « Corridor de la Procession »,
une gâche de 0 m. 059 xO,03-4 -. A Phaeslos, le seuil d'une
grande porte qui séparai! la grande cour du quartier privé
présente toute une série de trous rectangulaires où
devaient s'engager des verrous '. La porte du nord, dans
le » sanctuaire des doubles liaches », à Cnossos, avait deux
ballants. La gâche unique est située dans la partie gauche
du seuil. Le verrou était fixé sur le vantail de droite qui
était plus large que celui de gauche et se rabattait sur
lui '. Dans une porte de la « Villa royale «, au contraire, le
ballant de droite, ?i\é par runi(]ue verrou, joue le rôle de
dormant. L'autre se fermait, sans doute, au moyen d'un
verrou horizontal. Ce verrou horizontal devait être d'un
usage très fréquent en Crète, puisque les portes à un seul
battant *■, et beaucoup de celles à deux vantaux '"', n'ont
point de gâches dans le seuil.
Les lourdes poutres de bois qui fermaient les portes et
les polernes des enceintes fortifiées ne pouvaient guère
être nianœuvrées que de l'intérieur. Dans les édifices et
les maisons il n'en était pas de même. Les portes du
temple d'Athéna à Troie s'ouvrent du dehors au moyen
d'un instrument appelé x).Y|!ç ". Ce mot, qui désigne
généralement le verrou dans les poèmes homériques
(il y est synonyme de o/sOç "j, prend ici un autre sens,
celui de clé, et nous voyons se constituer par l'adapta-
tion de la clé au verrou un rudiment d(; serrure. Les
éléments en sont indiqués dans VOdyssik'. Euryclée sort
du Ihalamos. Elle tire le verrou en travers de la porte au
moyen d'une courroie'. Cette courroie, atta(;liée au ver-
rou, traversait donc le vantail et pendait ;i l'extérieur.
Elle servait à fermer la porte du dehors, mais non à
l'ouvrir, sans quoi cette fermeture n'eût plus eu de sens'".
Dans un autre passage", la manœuvre nécessaire pour
ouvrir une porte est minutieusement décrite. Pénélope
veut entrer dans le thalamos où sont les armes d'Ulysse:
elle détache pour cela la courroie de la poignée (xoocôvt,),
qui servait à tirer la porte '^ Cette courroie, tendue,
maintenait le verrou dans sa gâche. Elle était certaine-
ment nouée à la poignée par un nœud à secret ". Péné-
lope introduitensuitelaclédansla porte, et «ellerepousse
les verrous en les frappant juste au point voulu » (euiécov
àvéxoTTTev o/fjaç, avra titu(Jxo[ji.£vY|).
On a proposé de cette serrure diverses reconstruc-
tions ". Nous reviendrons sur plusieurs d'entre elles qui
ont été réellement en usage chez les Grecs. Mais il n'y
en a aucune qui réponde aussi exactement à la description
homérique que celle de M. Diels. Elle s'appuie sur deux-
séries de monuments. Ce sont d'abord les représentations
de la clé (ju'on a appelée « clé de temple » parce que,
comme une survivance hiératique, elle s'est conservée
entre les mains des prêtresses dans un temps où d'autres
• Scliliemanii, AJyeéneu, p. 193. — îAnn. of brit. School, IX (l'JOi-1903), p. 14,
ii'G.lig. 0. — 3J/on«»i.an(icAi, XlV.p. 362-363,lig. i9. — ^ Ann.of brit. Sclioal,i\,
p. U, lig. G, V i. — 5 Jbid. n» 3. — 6 iJon. ant. XII, p. 52 el 79 ; XIV, p. 358,
lig. 17. — '• Jliad. VI, 89. — 8 JUad. XIV, 108 ; XXIV, 318, +55 el les scliolies ;
Odyss. I, *H ; XXI, U«. — 9 Odyts. I, «2. — 11) Diels, Lenrgedieht, p. IÎ7.
— u Udyss. XXI, 46 si|. — 12 Cf. Odyss. I, 441 : «ifr.v Jîisipu^-Tt ...j™.».. — " Diels,
p. 1Î8; cf. Odyss, VIII, 443 si|. Celle clé esl en inélal avoc une poignC-e
■l'ivoire. — " Diels, p. 129-135. — 15 Diels, p. 123. — 16 llull. corr. Ml. XV,
p. 3i, o. 12= Diols, lig. 4. — n Conzc, Grabreliefs, n" 6 1 2 = Classical Jierieu;
6:us, — Clé d.
types plus prati(iues, comme la clé laconienne, s'étaient
introduits dans l'usage courant'^ >>. Une statuette de
terre cuile archaïque provenant de Corcyre représenteune
femme tenant de
la main droite un
oiseau et de la
main gauche la
clé en question"'.
On relrouv* celle-
ci portée par des
prèlresses, géné-
ralement sur l'é-
paule, dans un
bas-relief funé-
raire attique'^ et S
dans des pein- o°
tures de vases ng. 6319.
de style libre
(lig. 63-4S, G3-49; cf. fig. 5989, 5990)'», puis à l'élat
isolé, comme symbole, sur des pierres funéraires alti-
ques de l'époque romaine '°. Ces clés
étaient formées d'une barre de métal,
courbée deux fois à angle droit comme
on le voit sur nos figures. Les tiges
parallèles sont inégales. La plus courte
est quelquefois arrondie en haste ou ter-
minée par une boule (tig. 6349. 6350).
La plus longue, au contraire, s'élargit
vers l'extrémité, où est ordinairement
attachée la bandelette, signe de consé-
cration'-". En outre, dans un bel exemple,
gravé sur la pierre funéraire d'Habryl-
lis, prêtresse d'Athéna Polias lu' siècle
av. J.-C.) -', une courroie est nouée à ^.^ ^^.^ _ciéde
Icniple avec courroie.
l'angle de lahasie
longue (lig. 6349".
Ce ne peut être,
comme l'a vu
Diels, que la cour-
roie qui servait à
fermer la porte du
temple. Le musée
de Boston possède
une clé en bronze
de cette forme,
d'unelongueurde
0 m. 405, trouvée
dans le sanctuaire
d'.\rtémis Héméra
à Lousoi -'-. D'a-
près la forme de
l'inscription -^, ce serait la copie assez exacte d'un ori-
ginal remontant au y' siècle. Voilà « la clé d'airain bien
II, 5'Jll = Diels. fig. 5. — 1» Cumpt. rend. Sainl-Pclersb. I>-G3, p. 213 el pi. vi ;
Diels, p. 123-124, fig. li à 13; /tôm. Mitt.. 1906, p. 100. Voy. aussi la dissertation
tic J.-L. Ussing sur VÂtlipna Kleidouchos de Phidias (J/e'm. de t'Acad. de
Dunemarll, Copenhague, l. IV, n» 5, 1898, p. 332 sq.) Cette clé est encore
portée par les prétresses à ré|'Oi|iie romaine; voy. la fresque «ruiie maison du
Transtévére (.1/on. de lln-.t. XII, pi. xsxiv). — la Diels.p. 125-126, lig. 14 à 17.
— -20 Ibid. p. liO. — 21 Kûhicr. Alh. ilitt. IX, p. 301 = Diels, fig. 17.
— 22 Diels, Silz. ber. d. Berl. Akad. 1908, l, p. 27, pi. 1.-23 ïi; Apîdmt,;
Kig. 6351. — Clé de maison.
SER
— 1243 —
SER
courbée à la poignée garnie d'ivoire», quedécril Homère '.
Plusieurs peintures de vases nous oflrenl l'image de
la porle du llialanios -. Dans l'une d'elles une servante
ouvre cette porte à l'aide de la grande clé de temple
(tig. 6351) '. On remarquera sur le ballant de droite
l'entrée garnie de métal, sur celui de gauche, en bas,
la boucle pendante de la courroie.
Voici comment il faut, d'après ces divers documents.
Us. 6352 cl G353. — RL-slilulion ilc la
lioméii'iue (intérieur cl extér
se représenter la serrure homérique (fig. li3o2 et 635."{;.
A l'intérieur de la porte un verrou de bois glisse dans
deux embrasses fixées au vantail de gauclie et pénètre
dans une gàclie disposée sur celui de droite. Ce verrou
porte sur sa face supérieure une barbe, sans doute de
métal, d'une assez forte saillie *. La tète de la clé, en
frappant sur cette barbe, poussait le verrou hors de sa
gâche. Il fallait une certaine adresse pour l'atteindre du
premier coup; le poète n'a pas négligé ce détail tout à
l'honneur de Pénélope '. La clé, on l'a constaté sur les
monuments, s'élargissait souvent vers l'extrémité ; la
manœuvre en était ainsi plus aisée. Enfin le choc violenl
de la tige de métal sur la plaque de bronze qui garnit le
verrou et le glissement à force de celui-ci dans ses
embrasses de bois, produisaient un bruit, qui, amplifié
et prolongé par la résonnance des lourds vantaux, pou-
vait être comparé au mugissement d'un taureau paissant
dans la prairie ^. La clé, on le voit, servait unique-
ment à ouvrir la porte, la courroie, uniquement à la
fermer.
L'entrée de serrure figurée sur les vases [.iania,
fig. 4128, 4129; fig. 6351] est très étroite. Elle ne per-
mettait donc qu'un déplacement fort court de la clé en
ligne droite, l'iulùt que d'admettre qu'on ail imprimé à
celle-ci un léger mouvement de rotation autour de la
branche transversale prise comme axe, (on pourrait pen-
ser en efl'el que c'est à ce mouvement de bas en haut que
le mol àvExoTtxcv fait allusion», M. Diels croit que le verrou
portait jilusieurs barbes que l'on frappai tsuccessivemeni,
ce qui doublait ou triplait la longueur de sa course \
. La serrure du Ihalamos d'Ulysse avait deux verrous.
1 OJyss. XXI, 6. — 2 Cf. Dicis, p. 133, 139, It? sq. — 3 Hy.lrie du Miis(:c.li-
licrlin. O' iMi (Gerhard, T-inkiCh. pi. xiviii) = Diels, (ig. 2i. — '' DicIs, p. 136
— 5ivt. t.Tui.o|.c.r,. — 6 Odyss. XXI, 48. — 'I Arch. Zeil. Anzeiyer, XIV. ln'.W,
p. 13. — » DicIs, p. 138, ng. i7, 48. - » Cf. Wilkinsoil, Manners and Customs, I, 353
(Is78), lig. lil = DicIs, fig. iô, cl relief eu hois du Mus<-c égyptien de licrliu =
DicIs, fig. iC. — fojliad. XII, 455. — Il Coliauscn. Die SchUsscr uud SMûssel
der Hômer, p. I3S-I33. — 13 C'csl ce que n'a pas vu AutCDricUi, qui a comliiiié à
Fig G354. — Cliî grecque arcliaïi|u
Peut-éli-e élaient-ils solidaires. Dans celle hypothèse, la
reconstruction proposée par M. Diels *, suivant laquelle
ils auraient été fixés chacun à un vantjiil dillérent et se
seraient déplacés en sens contraire, n'est pas sans vrai-
semblance. Elle a été suggérée par un système de ferme-
ture en usage dans l'Egypte ancienne ''. Elle s'accorde,
d'autre part, avec la mention que nous avons rencontrée
dans r/Z/ffr/t"'", d'o/jr^eç iiir^\io:oo( . Un autre système de
fermi'ture, 1res simple, en usage dans certaines régions
de l'Europe", se compose comme la serrure homérique
d'un verrou de bois muni d'encoches ou d'ailettes. Une
tige de métal courbée à
angle dj-oit et dont la
haste la plus longue se
termine par une poignée
en anneau, pénètre dans
le vantail et par un mou-
vement de rotation fait
avancer ou reculer le ver-
rou. La courroie homéri-
que n'est plus ici d'aucun
usage'-. On a découvert
une clé de cette forme,
sur le Lycée, avec des
figurines archaïques (fig. 0354) ". La poignée se ter-
mine par l'anneau caractéristique. Une autre plus
petite s'est rencontri'e en Élrurie dans le sacellum
dj Bolsena, en compagnie d'objets sacrés; elle daterait
de l'époque républicaine '\ Ce type avait aussi bien en
Grèce qu'en Italie sa place dans les sanctuaires à côté de
la « clé de temple ». On l'employait aussi dans les appar-
tements. En effet, sur les vases peints plusieurs portes di»
thalainos ne présentent pas trace de courroie''^ [.iaxia,
fig. 4i3r.
Jusqu'ici nous n'avons pas trouvé de serrure véritable.
Dans les deux variélés que nous venons de décrire, il
n'y a pas de secret. La clé est d'une l'orme trop commune
pour être une garantie contre la fraude. Un nœud com-
pliqué paraissait plus sûr. Nous avons vu Pénélope
dénouer la courroie de la poignée de la porte '". Plus tard,
Philoitios, sur l'ordre d'Ulysse, après avoir fermé au ver-
rou les portes de la cour, les liera avec un cable de
Byblos ''. Ulysse entoure d'une corde le coffre à cou-
vercle qui contient les présents d'Arété, et il y fait un
nœud savant que lui enseigna Circé'*. Les sceaux étaient
encore un moyen de contrôle plus efficace. Dans le palais
de Cnossos on en a rencontré un grand nombre qui
avaient été apposés sur des coffres contenant des archives
de terre cuite [sigmm L Quelques-uns conservent la trace
des cordes qui liaient ces coffres". Les Grecs s'en servaient
aussi bien pour s'assurer d'une porte, et, en particulier,
parait-il, pour enfermer les femmes dans le gynae-
conitis -". La serrure ne fut vraiment créée que par
l'ailaplation au verrou de la bdlatioit. C'était une cheville
de bois de forini^ variable que l'on plaçait dans une Ixiite,
appelée pa),ïvo5oxf,, fixée sur la porte au-dessus du verrou.
Quand on poussait celui-ci dans sa gâche, un trou creusé
lorl ce syslcMuc avec la dcscriplion de l'Odyssée ; Aulcnrielli, WiiHerljuch zu </. hom.
Ged. • \i. 3.5, pi. vin. Cf. Diels, p. 130. — " Kç. Ao/. 1904, p. IC5 cl ITi. fig. i.
— H Mon. .\nt. XVI, p. 190, fig. 17. — 15 Cf. Diels, fig. 4i, 43. 47, 4«. — 16 Odyss.
XXI, ili. — 17 Odj/ss. XX. 240-241, 389-391. — 18 Odyss. Vlll, 443 sq. ; cf. Diels.
p. 128-129. Cf. Herodol. III, 123. - <" Ann. of brit. Sch. VI, p. 29l cf. Iliid. VU,
p. 28. — 20 Arisloph. Thesmo/di. v. 41 4 s(|. ; Eurip. Dnnac. v. .58 ; Mciianrt. ,ip. Slob.
.Serm. LXXIV, 27 ; l.uciau. Timon, 13 cl 14 ; cf. BecUer-Uôll, Chniikies. III, p. 332.
SER
— 1244 —
SER
sur sa face supérieure (xfù-K-r^^ti.) venait, se plaeer sous
l'ouverture inférieure de ha paXavoSoxri. I^a pxXavo; y des-
cendait alors par son propre poids et immobilisait le
verrou '. La serrure à une seule ^iltfio; était en Grèce
d'un usage fort ancien. Suidas la considère comme
archaïque'-. Kustathe croit à tort que c'est elle qu'Homère
a voulu décrire dans le chant XXI de VOdi/ssée '. Peul-
étre l'auteur de la Aïoç àTtocTYi y fait-il allusion, quand il
parle du verrou secret qui fermait les portes du Ihalamos
d'Uéra, et que nul autre dieu ne pouvait ouvrir'. Mais il
le donne encore comme une création merveilleuse d'IIé-
phaistos. Au v" siècle, celte serrure simple est en usage
aussi bien aux portes des maisons ^ qu'à cçlles des
villes ". Elle s'est conservée jusqu'à l'époque hellénis-
tique, car on a retrouvé dans des maisons du Fayoum,
contemporaines des Plolémées, un verrou de bois percé
du ToÙTiTipa '' et une glissière qui peut être un fragment
de paÀavoàoxï) *. Elle est même employée encore aujour-
d'hui dans certains cantons de la Grèce. M. Dav^'kins la
signale à Karpathos, où elle porte le nom de (xavràXa '.
Pour l'ouvrir du dehors, il faut deux clés, une qu'on
introduit dans une fente pratiquée le long de la j3aXavo5dx-/i
et avec laquelle on soulève la pâXavo;, l'autre, analogue
à la clé arclia'i'que à anneau, décrite plus haut, qui
déplace le verrou. La première était également connue
des anciens. Euslatliedit qu'elleressemblaitàune faux'".
On en a retrouvé quelques exemplaires à Dodone" et
en Ëtrurie'-.
Nous sommes, d'ailleurs, mal informés sur les instru-
ments (]ui servaient à extraire la piXavoç du TpiJity,[Aa et
aussi de la paXavoSoxv), car elle était primitivement amo-
vible ''. On les appelait paXavïYpat''. Le passage où Aeneas
le Tacticien raconte la construction d'une fiaXav^Ypa de
fortune par les ennemis d'une certaine ville, est resté
jusqu'ici inintelligible''. Du moins, le chapitre que cet
auteur a consacré à la fermeture des portes d'enceintes
fortifiées nous permet-il de suivre les perfectionnements
de la serrure à pîXxvoç. La pâXavo; était primitivement en
bois et sortait à volonté de sa boite. On pouvait la couper,
l'entailler, la lier à un fil que l'on relirait plus lard, la
soulever petit à petit en versant du sable fin dans la
paXavoooxr,. On en prenait des moulages, même quand
elle était en place, avec de la glaise. On l'arrachait avec
des pinces. Aussi Aeneas conseille-l-il de la garnir de
fer ainsi que le verrou '". On prit bientôt l'habitude delà
faire en métal". 11 vaut mieux, dit-il encore, qu'elle ne
puisse s'enlever'*. On Penlourera donc d'une chemise de
fer; et on la soulèvera (tel du moins parait être le sens
de la phrase) au moyen d'un crochet passant sous le
verrou. Aeneas recommande au.ssi d'insérer dans le verrou
trois piXavot de forme différente''. Qu'on put les soulever
• Cf. Acn. T,ict. 18 (cl. llcrscliLT, p. ii). — 2 Siiiil. s. v. A«»,.,„„; ,XiI5<;...
itipipd>iT'>' *< •!<"■' aût«i... T> Y»? ''P/.«f<< |<')»o?i).«vi ««tiv [Î.«i. — 3 Kuslalll. 190(1,
fif. — l Jl. XIV, If.S ; cf. llicls, p. U3. - 5 Arislopli. V,;.ip. 155, 200;
Eccl. 3fil ; Xciioph. Oecon. !>, :> (niaisonsl. — » Tliucjd. Il, 4-, 3; Acn. Tacl 18;
Arislopli. Av. 1100 (porU's de villes). — 1 /lull. con: licll. XXV (1901), p. 306,
fi?. 11, 11° 3. — « Ihid. n" 2. — 'J Ann. of bri(. Scli. IX, p. 102 sq. fig. 8 cl 9.
— 10 Euslalli. 1900, CO; cr. (i. finli, p. 18. — u Carapniios, Doitoiie, pi. un, 25.
— <2 A MarzaIjoUo prés liologiio. Mon. Ant. I, p. 311-312, pi. x, no 22-23. — 13 Aon.
Tact. 18, 2 sq.; Thucyii. Il, ♦, 3; Arislopli. Vesp. y. 200. — tl Acn. Tact. 18;
HcioJ. III, 153; Xcnoph. H,:ll. V, 2,29; l'olyaun. Stral. \, 3ii, 1; II, 36. fcmpicii
f|nc l'olylœ (Z. 16, 5) fait du mot pour diSsigncr, scmtilc-t-il, les glissières de la
?«iiav<.«, est tout à fait eiceplionncl. Cf. Fiuli, p. 30. — 15 C. 1«, 9 à II. — 1» C.
20, 2. - n Scliol. ad. Tliucyd. Il, 4, 3, Si>.«,i; Ux. x4 paii««,i,v«« .Ij t'.v pio/X,.
..*y,f.o-. - I» Aon. Tact. 20, 3. — la //„,/. 20, 2. - 20 A»n. of bril. Seti. IX.
sp. 190 q. Iig.7. — ïl Olinefalscli Iticlilcr, Kijpros, die Uibel imd IJotner, p. 490,
en même temps avec une seule clé et voilà constitué le
type de serrure qu'on trouve encore aujourd'hui eu usage
à Karpathos'-", àCiiypre^', en Galicie^', et jusque dans
les îles Féroë-^ Dans ce système, les paXavoi (appelés
fixXiviaà Karpathos) sont percées de fenêtres disposées en
ligne, et formant une sorte de couloir où l'on introduit
la clé. Gelle-ci est en bois. Elle a des dents qui s'ajustent
exactement au bord supérieur de cluuiiic fenêtre. En la
soulevant, on soulève du même coup toutes les SoiXavot;
le verrou est afl'ranchi, et on le tire à la main'-'. Quel-
quefois il est creusé en longueur. On y enfonce la clé et
c'est elle qui, après en avoir chassé les fiâXavoi, le ramène
en arrière. Des clés semblables en bois ou en métal
existaient dans l'antiquité. On en a trouvé en Egypte'-".
Saint Augustin y fait allusion-". Dans les « tombeaux dos
princes », à Tamassos (Chypre), on voit sculptées à
l'intérieur des portes des serrures du type que nous
venons de décrire'-''. On ne pouvait les ouvrir, comme
celles qui existent de nos jours à Karpathos'-", qu'en
passant le bras par un trou pratiqué dans la porte ou
dans le mur. Enfin les xXtiïSeç àjA&iêoîque Parménide met
aux mains de Diké^' sont peut-être des clés de bois.
Mais M. Diels ^'' y reconnaît la clé laconienne. Celle-ci,
fondée sur le même principe que la précédente, est
formée d'une lige de fer ou de bronze, courbée ;\ angle
droit, sur la partie transversale de laquelle s'élèvent trois
dents (yopLipoi). On applique cette clé sous le verrou, de
façon à enfoncer les dents dans les trous à piXavot ; elle
sert à l'all'ranchir, puisa le tirer hors de sa gAche. Elle a
l'avantage sur la précédente que sa poignée reste tou-
jours perpendiculaire à la surface de la porte, et qu'on
peut l'employer aussi bien de l'extérieur
que de l'intérieur. Les Grecs la connais-
saient déjà au commencement du V siècle.
A l'épotiue d'Aristophane on commença
sans doute à construire en métal le pêne
et les piXavot. Cela permit de réduire le
volume de la clé. Les femmes dans les
Tliesmophoriazousne se plaignent de ne
plus pouvoir pénétrer dans lachambre aux
provisions, parce que « les hommes main-
tenant portent sur eux de vilaines clés
secrètes, de l'espèce laconienne, avec trois petites
dents-" ». Une clé laconienne à quatre dents, longue de
14 centimètres (fig. G35o), a été trouvée à Mycènes^-.
i'iusieurs viennent d'Egypte; une en particulier, d'un
tombeau de Tlièbes fort ancien ^^ 11 est donc vraisem-
blable ([ue la clé laconienne est une invention partie
d'iîgypte, importée en lonie, puis de là dans la Grèce
continentale". Pline en fait honneur à Tiiéodoros de
Samos''% dont on connaît les relations avec Sparte'".
fi;;. 207. — aCohunscn, o/i./., p. 13(1-137, fig. 1-3.— 21 l>ill-Hivers, (lit tkv Uet'elo/i-
mml of Iodes ami kei/s, fig. io A. — 21 Cf. Dicls, fig. 31, 32. — i" J/ivl. (ig. 36, 37.
I.C système avec ?tt«voi et clèdemi^lal est encore employé en Egypte cldansl'Afi-iipie
(In Nord ; llenoii, Vi.yiu/e dniis la llassi: et la Hante litjijpli; l'aris, 1802, p. 269:
Allas, pi. ('.'cix(s,n" 13 cl Ifi ; K. W.l.ane, SiUni imdGiilir/liiclie derheiitiq. /Ci/ypler,
lr;i(l. ZcKker, Lc(pzig, 18S2, I, p. 1 1-, pi. vni ; Mar(|ua((ll, Vie privée, I, p. 27is(|.
_ 26 ijoclr. ch-ist. IX, 1 1 (2(1). — 27' Ohne falscli-Riclilcr. (). l. p. 490. — 28 Dawkins,
Ann. of bril. Seh. IX. p. 190-191, fig. 7 (.M «vt»!»;). - 29 lelirydn-lil, I, v. U.
— 30 0. l. p. 145. — 31 V. 421 S(|. I,a xltl; i.à^aiotoç {Corp. inscr. ait. IV, .■^uppl. II,
11" 682 c) doit être du lypn laconien. — 32 Selilicmann, A/ycènes, p. 1 42, fig. 1 20. Autre
(iOlympic, ISronzen Illymp., Allas, pi. i.xvii. — M Uicis, p. 14V, lig. 38. — 31 Le
sclioliastc ad. Aral. Pho''ii. 192, rap|iroclic la clé laconienne de la clé éfTyplieime
ancienne. — 35 l'Iin. //. nal. VII, I9S. Il s'agit évidemment de la c\p de mêlai :
Théodoros était céléhre coniinc r.>iid.-((r el efi le oi-revrc. — '"'■ Il y .ivail cniistcuil
la Ski. s, l'ausan, III. 12, 87.
Fig. f.3.%5. — Clé
laconienne.
SER
— 12i5 —
SER
C'est, par la l^aconie, où florissaiont li's iiidiisliMi'S du
mêlai ', qu'i'lk' so répandit dans le reste du monde hel-
lénique; puis (îlle passa dans le monde romain où elle
eut une brillante fortune.
Les diirérenls appareils servant à fermer les portes et
les fenêtres portaient le nom générique de xÀeiOpa -.
Voici ceux dont on relève rcmidoi à l'époque classique
et à l'époque hellénistique. IJ 'abord des verrous verticaux
'xaTaxXeioe;)^, qui péniitrent dans le seuil et assujettissent
tantôt le seul dormant \ tantôt les deux vantaux '.
Leur gâche est quelquefois formée d'une douille de métal
fixée dans la pierre au moyen de chevilles de bois ". On
en munissait aussi les volets de fenêtres '. Le verrou
vertical supérieur pénétrant dans le linteau paraît inusité
en Grèce '. Les barres horizontales ((ao/Xo;) s'engageant
dans les montants, héritage de l'époque mycénienne, y
suppléaient dans une certaine mesure '. Elles servaient
aussi à fermer les fenêtres '". Une forme un peu diffé-
rente de verrou s'est rencontrée dans une maison du
Fayoum. « Une grosse cheville de bois traversait une
pièce de bois fixée sur le battant de la porte et venait
s'enclaver dans un trou préparé à cet efTet dans le
montant " ». Enfin nous avons vu que les Grecs em-
ployaient des serrures de différentes espèces en bois ou
en métal. Leur aspect sans douleleur avait fait donner le
nom de /sXwvi&v'-. Les monuments, peintures de vases,
portes de tombeaux, ne nous en montrent guère que
l'entrée (fig. 6351) (xX£iOpt'a')".Ces serrures ne s'ouvraient
primitivement que d'un seul côté. La clé restait pendue
à rintérieur '■. Quand on sortait, on l'enlevait en passant
le bras par un judas (ôtî/,) ménagé dans le vantail lig. 4l2*i,
il28, ili9, iL'Jij' '.Souvent il y avaitdeux serrures iiidi'-
pendantes, se maneuvrant l'une du dedans, l'autre du
deliors. Pour plus de sûreté, on fermait la première soi-
même et on faisait fermer la seconde par un serviteur
qui jetait ensuite la clé par I'ok/,'". La nuit et dans les
circonstances graves, on étayait les battants de la porte
d'entrée avec une poutre oblique engagée dans le sol,
et calée, au besoin, par une grosse pierre'^.
IL Home. — Les systèmes de fermiUure en usage chez
les llomains resseniident beaucoup à ceux de la Grèce
hellénistique. Parmi les plus anciens il faut certai-
nement compter la grande barre, seivi, qui se fixait dans
les deux montants de la porte et n'était pas solidaire
des battants '*. On désignait aussi, semble-t-il, par le mot
sera les verrous ordinaires glissant dans des embrasses
clouées au vantail et s'insérant dans les montants ou
I Mûllcr, ÛoriT, II, -23 ; Bliininer, Gewrr/j. TImlirj/ceil, p. 79 sq. — 2 V.
en p:irliciilier, Ouït. corr. Itell. VI, p. 5i, I. 219 (DiWos) x«i t!:t.i.Ejà.javTi
ti «IttOfo/ Tij; Sito7.api;«So;. — î Arisl. Vesp. 155. — * Maison de Dionysos
(porlc il'cnlric) à l)(!los, Bull. corr. hell. limo, p. 495. Maisons do la rue
du Théairc : Ibid. p. 50*. — 3 Tliersiliou à Mégalopolis, v. Excav. al Mi-i/al.
1890-1891, p. i3, fig. 8; à l'riène, Wiegand, /Yicn», p. 30*, fig. :)2:l. Temple
d'Arlémis à Terniessos, l.anckoronsky, Fttmph. et J'isid. Il, p. 9G, (ig. 49.
— '• Maison liellfnislii|ue de l'aesos, Ann. of Urit. .Scli. VIII, p. 203. — 1 Mai.
son de l'oekislc à Tenncssos, Lanekoroiisky, 0. t. II. p. 106, fig. 65. — » Le
linleau d'un temple d'Apollon l'alroos, Irouvt^ à Assar Tinnissini, porte deux trous
pour les gonds ; il n'y en a pas pour un verrou ; Kcniidorr-I'elcrscn, Ileiseii in
Lykim, II, p. 54, lig. 44. — 'i Maison d'istlada (l.yeie), Bcnndorf, n. l. I, p. 30,
fig. 23; de Sura. Ibid. Il, p. 43, fig. 33. — lO Lauckoronsky, (). l. I, p. 84, 86,
fig. 60, 63. —Il Uutl corr. hell. XXV, 1901, p. 388 et p. 396, lig. 11, n° 1.
— tirjult. corr. luit. XXVII. p. 69 (Uilos, comptes de 250), 1. 45,. /tïî x«\ ,t>i.i»v ir'i
Ti. -Iv».;,., hl-lll ; (Jxyrrhynchos Pap. 113-4 et ««/.oi. ad Ud. XXi 147, ,ù, ,4-
'ÀEYOïAi'va; p«>.âv-iu; tô; êv -ïÇ Aj^ojiévu yt\,a-/uf xat'à'/Tixçù tiiç »'A£iS(J5,ttî' nt^càrovTai *aî
iyo;;o>T«i. — 13 Pour le terme, cf. I.ucian, Necyom. X, 22. — i» Schol. ad Aral.
Pliaen. v. 192. — I5 l.ysias. De caede. Erath. 13. — 10 Acliill. Tat. Il, 19. — " Aris
lopli. Veap. 201-2n2 et Schot. : inîaiitv «iXtit, ty.ï So.i-, xoît' iit. xJv ivi.pàTr.v
«p'oî -riiv Oû^aw, air»! Si Tti Soxw wjiç tùv ïajiov. — '* Petron. -S'a/, llî, 2 ; sera sua
dans le seuil '". On appelait encore! ces verrons /)«-
.fuli-". Le mot parait s'appliquer surtout aux verrous
verticaux fixés au bas des portes. Ouidiiiicfois, le dormant
seul en était pourvu ; le plus souvent cliaque battant en
possédait un''" ou même plusieurs ■''^ Il arrive qu'un
seul pessuliis suffise à fermer entièrement la porte'^ ;
c'est peut-être alors un verrou fiorizontai, mai>, plus pelil
que la sera. Enfin on voit dans Apulée des pcxsiili
manœuvres avec une clé ". Fink pense qu'il s'agit ici
des P'iXavot qui arrêtent le verrou ^\ On pourrait appuyer
cettecon.jectured'unautre passage : « nd clnualra pes.sii/i
reciir/'unt-'^ » : dauslrum a quelquefois le sens de
verrou". Il n'est pas impossible, toutefois, qu'on ail
mano?uvré deux verrous, l'un fiorizonlal, l'autre vertical,
avec la même clé. C'est le système qui s'est conservé
aux portes de l'église des Saints Cosme et Damien
à Home. Une roue dentée, qu'on faisait tourner avec
une clé (fig. 6336) mettait
du même coup en mouve-
ment un pêne et une
crémone ■^''.
On a parfois confondu
avec la sera et les pes.^iiH
le repagufum. Le sens de
ce mot a été l'objet de
longues discussions ^'. Les uns y voient un long crochet
fixé au chambranle et pouvant mordre dans un anin'au
attaclio à la partie intérieure de cha([iie ballant '" ; les
autres, un simple verrou^' ; d'autres enfin, une traverse de
bois unie par un crampon à l'un des montants et venant si;
fixer sur l'autre par un crochet ■'-. Malgré la glose citée
plus haut, les rcparjuln n'avaient certainement rien de
commun avec les crochets dont parle Apulée'', et dont
on voit la disposition exacte à Pompéi^'. C'étaient, comme
le dit Fink ", des barres de bois obliques engagées
d'une part dans le vantail et de l'autre dans le sol. Déjà
Aristophane fait allusion à une poutre ainsi employée'"''.
On voit encore dans beaucoup de maisons de Pompéi
le dé de pierre un peu évidé, enfoncé dans le sol à
1 m. 50 environ en arrière de la porte, sur lequel elle
reposait". Le texte de Festus ■■* devient parfaitement
intelligible quand on songe aux pieux plantés en terre
oltliqiiement, qui maintiennent alternativement ouvertes
ou fermées les portes à claire voie des cours de
fermes. A Rome aussi, ces poutres obliques paraissent
avoir été un mode de fermeture très ancien, d'origine
rustique, conservé par tradition dans les édilices reli-
sponle delapsa cecidit : OviJ. /'asl. I, 206 : Jam conligcrat portant Satumia
cujusdetitpscrat opposilas insidiusa seras ; cf. V, 6 ; Varr. L. L. VII, 108. reserarc^
aperire, a sera dictiim, qua remota ratvae imtefiiiiil. Cf. l'iorelli, Giornale. 1861,
I, p. 13; Avellino, /Jescri zione (i\ap. 1840), p. S. — l'J Ovid. Amor. I, 27, ca--
minihus cessrre fores : insertaque posti quamvis rolnir erat cnrnnite vida sera
est ; Festus, Ep. s. v. a-sserere, p 25 M.: ttnde ctiam seras ap/ictlanlitr. quia fort-
bus adinotae o/iponuntttr defirae postions, quetnadmodtim en qitae lerrae inse-
ruitiiir. — 20 Marc. Einp. 27. /m vo luco vrl foramine in qtto jantiae pesstili des-
ceHrfim/... — 21 HIaut. Aulul. \,i,Ï7i, obcltide sis fores amlmhns peisulis. — ^iM;ir.
Emp. 17; eiaut. III, 13 obcludite aettes pessiilis. repagiilis. — •i'Tcr. Heatil. Il, :i,
37 (278); l'iaut. Ettn. III. S, 5 (003'. — 24 Apul. Met., I, Il : .S'iiWi(a clari pcs-
sutos reduco ; IX, 190 : Ctare pessittis sutijecta. — i"' Fink, p. 40. — 20 i/ef. I, lo.
— 2Î Met. IV, 10. Qua clavi immitendae foramen palehat sensim immissa manu
claustrum eoeltere gestiebat. — 28 Annaii, 1859, p. 105 sq. tav. F.; Uurm, Vaut,-.
d. Etr. u. llômer, p. 228, fig. 20U ; Marquardt, Vie privée, I, p. 277. — î) lijid.
p. 271. — 30 Ihid. n. 2; cf. la elose: Itepaqulum .éf«5 „ir,f;7- o:»,;, wtcinu.i,
repaijulum. — 31 Becker-IJ.iII. Galltis, p. 324. — 32 Jlarquardl, p. 271, u. 2 fig.
— 33 J/e/. IM, 59, Uneino ftrmiter immisso. — 34 Moulages de porte au Musée
local, n' 1. — 35 O. l. p. 11. — 3B Vc.»7>. 20t. — 37 Overboek, Pompeji, 4, p. 253 ;
Ann.ili, 18.9, p. 100. — M Itepagyla sunt. ut l'nrTiiis ail, qtiue pa/efuciuiil
grutia ita figuntur, ni eu contrario quae oppanyiintnr, p. 281.
SEH
— 1246 —
SER
gicux '. 11 y en avait au moins deux, une pour chaque
liallanl '. On ne pouvait les arracher sans eiïort cl sans
hruil '. Les chevaux impatients de l'rancliir la harrière
les rencontraient d'abord sous leur sabot'.
Mais dans les villes, à Fouipéi, les rcpaijuln ne sont
plus qu'une garantie complémenlairo contre toute ten-
tative d'ell'raclion. La fermeture des portes y est assurée
par des moyens d'une complication et d'une ingéniosité
que laissent mal entrevoir les
textes. L'examen des seuils,
des montants, est déjà fort ins-
tructif. On voit souvent dans
les montants des entrées prin-
cipales des cavités rectangu-
laires, quelquefois garnies de
plaques de terre cuite °, desti-
nées à recevoir les extrémités
de la sera ". Sur les seuils, les
gâches à verrous, quelquefois
absentes ', se présentent le
plus souvent soit par paires*,
une gâche pour chaque ballant,
et même eu plus grand nombre.
Dans une maison de la 111° ré-
gion '■', le vantail de droite de la
porte d'entrée, beaucoup plus
large que l'autre, était fixé par un verrou dont la gâche
a 0 m. 06 de coté. Sous l'autre vantail il s'en trouve
trois, plus petites, creusées l'une au ras
de la feuillure, les deux autres à 0 m. Ori
en arrière. Un autre seuil laisse voir d'un
coté une gâche de 0 m. 09 x 0 m. 03 près
d'une de 0 m. 03 X 0 m. 0-2, de l'autre une
petite gâche entre deux grandes. Il est évi-
dent que les petites gâches recevaient des
verrous de métal ; les grandes, des verrous
ii^SÇK de bois. Ceux-ci étaient garnis de lames de
SI/aMtB fer ou de bronze et ressemblaient plutôt à
des crémones '". Ils glissaient à l'intérieur
du vantail. Ils étaient munis, à leur partie
supérieure, d'une poignée en forme d'étrier ' ' .
L'une d'elles, provenant de Boscoreale, a
été étudiée par M. Pernice'- (lîg. 6357). Elle
est fixée sur une première plaque de bronze
par deux tiges plates de même métal. Celles-
ci glissent dans des coulisses, pratiquées
dans une seconde plaque plus longue placée
sous la première; puis elles traversent un
Fig.6358.- vprrou en forme d'U, dont les deux branches
Verrou.
horizontales, qu'on levait ou baissait au
moyen de la poignée, venaient sans doute s'engager dans
des menlonnets fixés sur le dormant ou sur le cham-
branle (lig. 635S). Les deux tiges ne sont pas rivées sur le
verrou. M. l'ernice pense qu'elles traversaient le vantail
et s'attachaient par des tètes larges à une seconde
1 Cicer. liiv, 1, ;t4: in tentplu flerculis ntlviie clatisae re/jat/ttlis stibitn seipsae
aperuerunt. - 2 Ov. Met. V, 120 — 3 Cic. V'err. IV, +3, 9i; Sil. liai. XVI, .117.
40v. Met. 11,155; Lucian. I, i'Jô. — 5 Overbcck, A. c. — 6 Avcllino, /'escrjrioïie,
1S37, p. 8 cl9; 1840, p. 13. — ^ Rûm. Mitt. I (ISSU), p. 149. — » Mon. Ant. VIII.
p.404(viila (le Trisco).— 9 /(«m Mitt. 111 (lliSS), p. 195. — \o Mon. Ant. VII,
p. 506, (ig. "I Sri.! poignées de verrous, etc., provenant <le la villa delta Tisanetia,
pri-s liosoreale. — ' ' Jlaiois, Pompei, I, i" pallie, p. 4i, pi. vu, (ig. i el 3 ; Ligcr, La
frrr. anc, I. fi?. 145, 14'): Ceci, l'iccoti /lionzi, pi. ix. lig. îv. — '2 Jahrliuch,
XIX (1904), p. 15-i
13 Musée de l'ompéi.
ulag
1. — Il V.
le
coulisse placée sur la face externe de celui-ci. Il avoue
que, même dans ces conditions, l'ensemble ne devait
pas très solidement tenir à la porte. Nous admettrons
donc que la poignée était reliée par les deux tiges non
seulement au verrou à deu.x branches, mais encore
à une crémone de bois glissant dans l'épaisseur du
vantail el s'enfoncant dans le seuil. On obtii'ut ainsi
un système complet de fermeture, absolument solidaire
du ballant et dépendant d'une seule poignée, qui n'est
pas sans analogie avec celui de l'église Saint-Cosme et
Saint-Damien (flg. 6356). Il a dû être fréquemment
employé à Tinlérieur des maisons.
Quanta l'appareil en usage pour les portes d'entrée, on
peut encore le voir en place et dans toute sa coniplexiU'
sur un moulage du musée de Pompéi. C'est d'abord à
Om. 50 du sol environ une barre de bois fixée par un
pivot sur le vantail de droite et qui devait jouer le rôle
de loquet. Un peu au-dessus, un crochet court relie les
deux battants. A 1 mètre du sol, à droite, une grosse
serrure de métal s'ouvrait de l'intérieur. Un peu au-
dessus, à gauche, une autre serrure qui ne s'ouvrait que
i\i\ l'extérieur commande un long verrou transversal.
Plus haut, un second loquet de bois ; enfin, un crochet
de métal semblable au premier, mais dirigé en sens
contraire, domine le tout'^ Sur un autre moulage on
voit en place une serrure intérieure bien conservée. Le
pêne n'y remplit point comme d'habitude l'office de
verrou. C'est une tige de métal fixée sur le vantail de
gauche par une sorte de manivelle et s'insérant à volonté
dans la serrure, qui unit les deux battants".
Ces serrures sont du type laconien en métal. C'est
celui qu'on rencontre le plus souvent à Pompéi el dans
les autres établissements romains. Pourtant, à Pompéi
même il y eut des
serrures de bois,
comme le prouve
une clé de grande
taille, en forme
de gril, conservée
au musée de Na-
ples'^ Des ser-
rures de métal il
reste des boites
dont la plaque de
front est percée
d'une entrée '° ;
des pênes traversés dans leur partie moyenne par des
trous ordonnés en un dessin géométrique plus ou moins
compliqué " ; des clés présentant en relief des dessins
correspondants '* (tig. 6359i ; quelques chevilles encore en
place dans les cavités du pêne. L'intérieur était garni de
planchelles entre lesquelles glissait le pêne, el qui main-
tenaient en place les chevilles mobiles. Celles-ci descen-
daient ilans les cavités du pêne par leur propre poids. Il
fallait qu'elk-s fussent inih'peiidanles, sans quoi un
mouhi?c de porle; Overbcvck, Pompeji, p. î:.*, fig. 137. - 15 Cf. C. Oci. Piccoli
Bronzi, n' 14, pi- i" ; Clé de même forme sur une médaille de la famille Papia.
Liger Ô. t. 1, P- 2«l ■ fig- 208- — '^ Ceci, ibid., fig. 1 à 5 : Fink, O. l, p. 3i, fig. If..
Le dis(|ue saillant avec entrée do serrure est parfois figuré sur des lias-reliefs
funéraires dAsie Mineure, figuran'. la porle du ton.beau ou celle de 1 Hadcs (Michon,
Stèles phryoiennes.àaas .V.m. des Antiquaires de France, t. LWI, 1907, fig. 11.
— n Fiuk, p. 36, Dg. 9 à 12. — 1» Fiuk. fig. 13, 1 1, 19: la fig. d après Niccolini,
Ca-'ie emoniim. d. Pom/iéi. pi. i vi di' la /Jrscrip. générale ; cf. .l/iis.o llorhon,
XVI, pi. xxui.
— Clé à révolution.
SER
— 1247
SER
'M-^zJ
simple rroclu'l aurait eu raison des seiTurcs les pins
compliquées. Dans quelques-unes pourlanl on a cru
retrouver les traces d'un ressort '. Celles des objets
mobiles, des coffres, devaient en être munies. Aulrement
il eût suffit de les retourner pour faire tomber les
clievilles liors de leurs gâches. C'est ce qui devait arriver
aux serrures mobiles ou cadenas suspendus par ime tige
ou par une chaîne. 11 existe
un assez grand nombre de
ces objets; les serrures res-
semblent tout à fait aux
serrures de portes, sinon
qu'elles sont du type dit à
moraUlon -. La plaque de
l'entrée, quelquefois rectan-
gulaire, le plus souvent
ronde, est percée d'une ou
deux ouvertures longitudi-
na es, pour le ou les mo-
raillons. Le musée de Naples
en possède une de grande
Fig. i-,3„o. — r.a.i.nas ;i M,oi ailloli, diiiienslon iTig. G3G0) '. Les
deux moraillons sont encore
en place et Ion [jeut voir ;ï coté le pêne à double crochet
qui les fixait du même coup; d'autres, au lieu d'être
aplatis, sont allongés plus ou moins, souvent
en forme de barillets (tig. 6361).
On a trouvé à Pompéi, à côté des clés laco-
niennes, des clés à révolution, composées
comme les clés modernes d'une tige avec
anneau et d'un panneton (fig. 6357). Quelques-
unes sont d'un joli travail' (lig. 6362). Cohau •
Fig. 630S. — Clé à paoQelOEi.
sen donne le dessin d'une serrure dans laquelle la cheville
qui maintient en place le pêne est fixée sur un ressort '.
C'est le principe du système à récolulion. Le panneton de
la dedans son mouvement circulaire soulève le ressort,
puis rencontrant les barbes du pêne ainsi libéré, l'en-
traîne. Quelquefois, la tige de la clé se termine par une
pointe qui pénétrait dans un trou de la palastre (boîtier
de la serrure) . Le plus souvent elle est forée de manière
à recevoir une broche fixée sur celle-ci. Le panneton est
ajouré suivant la forme des gardes disposées à l'intérieur
de la serrure ".
Celle serrure à révolution est-elle une invention
romaine ? On ne sait. M. Diels a essayé de montrerqu'elle
était connue en Grèce dès la fin du V siècle'. 11 signale
quelques clés figurées sur des vases peinls de cette
• Avcllino, Descriz. 1K37, p. 70, pi. x, fig. 17; Coliausen, O. t. p. lU, lif;.
ii; cf. Fink, p. 3S el Ligcr, I, p. 28i. Dans une serrure de colTre ipii provknt
de Boscorealc on cODslatc la présence d'un ressort; mais il seriail à ramoner
le verrou à sa position initiale : ArcU. Jahrb. Anz. XV, p. 190, n° 41. — 2 Liger,
II, p. 213, pi. x«v, jxxvi, (îg. *iS, «3; Avellino, Descriz. IS37, p. 70, 75,
pi. X, lig. )6 et 17. — S Notre figure d'après une photogrupliic. — 4 Musée
Urilauuic|ue, liuid. tu the exhibition 1!»08, p. 104. fig. 173. — 6 Liger, I,
pi. vu; Mazois, I i, pi. vit, fig. 4; l)mra,IJaiikunsl d. Etr. ii. /(ôm. p.î59, fig. i07;
l'oliauscn, p. 140. Clé de Tarare, tige terminée par nu Silène, Lij;er, 11,
p. îtlili, pi. si,i. — r. O. l. p. 144, lig. 23, d'après Uorow, bmkmûUr, pi. xxi.
fig. \i; cf. Finli, O. /. p. 44.-7 Kink, O. l. p. 43 sq. — » 0. t. p. 143 .si|.
— 'J Kink, p. 51, lig. 21 a 23. — 10 Clés à platine. BaMon-lilaucliel, Cal.
llronzesBiôl. nat., p. C4i, W 1898. La figure d'après un modèle du Brilisli Muséum
— " Mazois, L. l. fig. H; Fink, fig. I3el 19; là. et n» I'JOd. — u Cf. Schwarz,
époque et qui ressemblent assez, à la cléà panneton, mais
elles n'ont pas d'anneau. Quant aux entrées de serrures
représentées sur les vases et les tombeaux, elles n'ap-
portent qu'un témoignage bien incertain.
Signalons encore certains cadenas en usage dans
l'empire romain " (lig. 6.'Jfi3à63(M). La tige mobile (c) ter-
minée i)ar une lète large, est maintenue par trois ressorts
recourbes («). On l'atlrauchit au moyen d'une clé qu'on
enfonce suivant la fente tranversale
de l'entrée. En glissant le long de la
fente longitudinale, elle écarte les
Fig. 6304. — Inléri
de cadenas.
Fig. 6365.
ressorts. Des gardes disposées à riiiti-rieiir du cadenas
correspondent à l'ajour de la clé. On trouve aussi des
combinaisons de clé laconienne avec platine (fig. 6366)".
Ces clés à platine sont souvent montées sur une bague
[.\M'Lis, fig. 349] ; il en est de même des petites clés à
dents ou à panneton '". Ces clés, pourvues
d'un anneau et pouvant se porter comme
une bague, étaient quelquefois léunies en
trousseau ".
m. Le SYMiiOLiî DE L.\ (XI-;. — La clé
avait chez les Grecs et les Itomaius une
signification symbolique '-. Comme telle on
la trouve tantôt dans les mains des simples
mortels, tantôt dans celles de dieux. Dans
le premier cas elle est portée par des femmes
(exclusivement), le plus souvent sur
l'épaule, quand c'est la grande cléde temple (lig. 634S) '^
C'est l'insigne des prétresses ". A ce titre lo est appelée
zÀYiOoj/o; "llpa; par Eschyle''; Ipiiigénie est xÀvi^ciù/oi;
d'.\rtémis '^. Cassandre porte les clés divines'^; la
prêtresse est, en effet, gardienne du sanctuaire '". C'est
comme gardienne du Ihalamos divin qu'Athéna en
porte la clé ". A Athènes elle est xXy|Ooù/oç de la ville-".
Eros est xlrfiouyo:; d'Aplirodite ^'.
La clé peut exprimerla puissance des dieux, el d'abord
d'une manière tout à fait définie. Les puissances souter-
raines, Plulon ", Ëaque -', l'erséphone -', Anubis ^',
Hécate^'', ont les clés de l'Hadês. \ Lagina, en Carie, avait
lieu, tous les <(uatre ans, en l'honneur d'IIécale, une
procession de la clé (x).ei5oç tîoixtctî ou àYujy'ï)- Celte
cérémonie, célébrée d'abord dans l'enceinte sacrée, puis
De diis cliivigeris (Altdorf 1728); Hoscher, Lex. Il, I, 1J14 sq. {,%>.rfi..!Ji:i) \
W. Kfthlei-, flic Schlûssel des Petrus {Arcli. f. Jteliyions-Wissenscliaft, VIII
(1905), p. 213-Î13). — 13 Callini. l/ymn. in Cer. 53, »«Tufia5;«v ST^i .).aî!«. La clé
se porte aussi sur l'épaule chez les Juifs; cf. Is. 22, 22 — 'i- Aux monuments
réunis par Uicis. 0. l. p. 123 sq. p. 140, ajoulcr «ôm. Mitt. VIII, IS93. p. 338;
Harmrd Slud. in class. phit. XII, p. 335; Foucart, Bull. corr. Ildl. IX (1885),
p. 406. — lô Suppl. 299. — 16 Eur. Iph. in Taur. 131. — " S|janlieim ad
Callim. /.. /. vol. II, p. 782 (Ernesli). — m Eur. Troad. : 256-257. — 19 Aescbyl.
Eum. 791. - ■'■» Aristoph. Thesm. 1 139 sq. — 'il Eurip. Uippol. v. 53S-3H. V. Eros
porlour d'un trousseau de clés ap. Winckelmaun. J/on. Ined. I, pi. xxxii, p. 39-40.
— 22 l'aus. V, 20, 1 . nu"Aio/oî ; l'iut. De Is. et Os. c. 35. — s3 Wessely, Griech. Zau-
berpap. v. l'aris u. Londun, p. 57, 1404 sq. — -"• Wessely, L. L 30, 1403; Apul.
Metam. XI, 2; Orph. Hymn. 29, 4. — iS Wessely, O. l. 29, 340. — i'' WUnscli.
Defixion. tab. XVUI li. 33; cf. XX b.
si]i;
— l2i,S
SER
dans la ville voisine de Slralonicée, durait iilusieurs
jours [iiKCATE, p. 4'Jj '.
Pour d'autres divinités le synihole s'épure et se géné-
ralise -. Diké porte les clés des portes du jour et de la
nuit '. .lanus, gardien des portes célestes, devient
« nmiiiiim cl /loiiaridit cuslas e/ reclor riaruin '. » Le
Krciiios de la religion niitliriaque lient régulièrement
une clé dans sa main droite, ou deux clés, une dans
chaque main; c'est aussi un portier céleste, un dieu de
la lumière ^. Hécate est appelée ■jravxi; xin^.o'j xlrfitj'jyo^
âvadcav '. Pluton, dispensateur des biens de la terre, en
possède les clés '. La même interprétation mystique
s'api)lique à la toute puissante Cybèle '. Dans une autre
religion, Sérapis est yt|s xa\ ôaXâccri; x),Y|ôaç "s/oiv'. Ce syn-
crétisme aboutit et s'achève en saint Pierre: les clés sont
symboliques: 1° de son rôle de portier de l'au-delà ; 2° de
sapuissancecommevicaireduChrist '". René Vallois.
SERAPIS (SÉpamç) '. — Dieu égypto-grec, dont le culte,
institué peu de temps après la fondation d'Alexandrie
(332 av. J.-C. ), se répandit dans tout le monde gréco-
romain avec ceux d'isis, d'uARPOCUATKS et d'ANUBis.
Il n'y a aucun fond à faire sur une tradition d'après
laquelle Sésoslris aurait élevé en Egypte une statue à
Sérapis ; comme on l'a observé dans l'antiquité même,
celte tradition avait été inspirée uniquement par le désir
de « vieillir » le nouveau dieu -. On ne peut douter que
sa première apparition coïncide avec la conquête macé-
donienne. Mais d'où venait-il '? Que signihe son nom ?
Dans quel intérêt, sous l'inOuence de quels événements
son culte fut il introduit à Alexandrie? Autant de pro-
blèmes sur lesquels la critique, après de longues et
multiples recherches, n'est point parvenue à faire la
lumière; déjà, au temps d'Auguste, on ne s'entendait plus
sur ce sujet, el les témoignages qui s'y rapportent dans
les écrits des anciens ne suffisent pas à nous tirer
d'embarras. Au premier plan de la discussion il faut
mettre un récit de Tacite', qui concorde assez bien avec
deux textes de Plutarque. « Pendant que Plolémée, le
premier des Macédoniens qui afl'ermit la puissance
égyptienne (Ptoléiiiée P'Soter, 323-283 av. J.-C), donnait
à la ville d'Alexandrie, récemment fondée, des murailles,
des temples et un culte, il vit pendant son sommeil un
jeune homme '' d'une rare beauté et d'une taille sur-
humaine, qui l'avertit d'envoyer dans le Pont ses amis les
plus fidèles pour y chercher sa statue : elle apporterait la
pro.spérité à son royaumeellademeurequi la recevraiten
deviendrait grande el glorieuse. Au même instant, le jeune
homme s'éleva vers le ciel dans une auréole de feu. Plo-
1 Newton, ffalicamassu-:, Cnidos and Brancltidtte^ cli. XXIV, App. Il, 9G-97 ;
nuH. cor,: hell. XI (1887), p. 37 ; XII, p. 102-103 ; XV, p. I'J6. — 2 Cf.
Kftlilcr, 0. i. p. 2J5 sq. — 3 PariiR'niJcs, Lehrged. I, 14. Cf. Diels, p.
153. — ' Macrob. I, », 7, cum clavi ac virga fimr/iCur ; Ovid. FasI. 1,
iîH, I, 117 8i|. — 5 Cunioul, Textes et Mon. I, p. S3-S4. —0 Or/ih. Hipnn.
I, 7. — 1 Orph. Bj/mn. 18, 4 sq. — » Sc-rv. Ad Aen. X, iôj : lerram autem
constat es9e matrem deum. Unde et iimulaerttm ejtts cum ciavi fùnifitnr,
Nam terra uperitur vernu. hiemali ctttuditur iempore. 'X une sUiliieUe coll.
Uréau, Kriihner, Cat. GrMu, n» 707 ; 'terres cuites d'Asie, pi. iv. inniiilciiaiil à
l'aill. de Berlin, Arch. Jalirb. An;. 18'Ji, p. 106, n" U. — » KôliU-r, O. I. p. i±'J ;
Sclinan. 18 sq. — 10 Knliler, O. /. p. SI*, 305, p. i3t s<|. — Biiu.iochai-bie. Fink,
Oer Verscfdtiss ici de» Griechen und lt,im''.ru, 2 pi. (Uegeusbiirg, 1800), donne
la liililiograpliie antérieure, p. V 8f|. Ajouter Uiels, l'armenides Lelirgedichl ^
Berlin, 1807, p. 117-151 [Veber allijriech. Tliùrea un't Schlôsser) ; fernice. Tùr-
f/riff^iiiit Verscklussrorrichtung aus Doscoreale (Jalirb. d. Arch. tnst. XlX(IOOi),
p. I.i-il. V. aussi Liger, La ferronnerie une. et moderne^ Piiris, 1885 ; l'itt Hivers,
fin tlie devetopment of tucka and ttetjs. Cf. Baunieister, lienkmùler, p. 1800 sq. ;
Marquardl, Vie privée des Itoinains (Irad. fr.), p. 270 S4|. ; Becker.(iolI, Charikles,
II, p. 1*7 ; Gallus, II, p. .<i0sq.
léniée, Iroulilé ]iar ce présage iniiaculeuN, s'adresse aux
prêtres égyptiens, interprètes ordinaires de ces prodiges,
et leur raconte sa vision nocturne. Comme ceux-ci con-
naissent peu le Pont et les pays étrangers, le roi fait
venir l'Alliénien Timolliée, de la famille des Eumolpidt^s,
(lu'il avait appelé d'Eleusis pour présider aux cérémo-
nies sacrées ", el lui demande quel est ce culte, quelle est
celle divinité. Timolliée s'enquil auprès de voyageurs ([ui
avaient visité le Pont'' et ai)i)ril qu'il y avait là une ville
nommée Sinope el, à peu de dislance, un temple, depuis
longtemps fameux parmi les habitants, où l'on adorait
Jupiter-Pluton ; à coté de l'image du dieu était aussi une
ligure de femme assise, que l'on appelait communément
Proserpine. » Ptolémée oublia peu à peu l'oracle, <i jus-
qu'à ce que celte même apparition, plus terrible celle
fois et plus pressante, vinl lui annoncer qu'il périrait lui
el son royaume, si ses ordres n'étaient pas exécutés.
Alors il envoie au roi Scydrolhémis, qui gouvernait en ce
temps-là Sinope'', des ambassadeurs* et des présents et
leur prescrit, avant qu'ils s'embarquent, de consulter
Apollon Pylhien. Ils eurent une mer favorable" et la
réponse de l'oracle ne fut pas équivoque; le dieu leur
dit d'aller, de rapporter la statue de son père '", de laisser
celle de sa sœur. .Vrrivés à Sinope, ils portent à Scydro-
lhémis les présents, les prières et les instructions de
leur roi. » Trois ans cependant se passèrent en pourpar-
lers. « EnTin une ligure menaçante apparut fi Scydrothé-
mis et lui ordonne de ne pas s'opposer plus longtemps
aux volontés du dieu. Comme il tardait encore, dill'érents
(léaux, des maladies, des signes manifestes de la colère
céleste lui causèrent des tourments chaque jour plus
cruels II convoque une assemblée, expose les ordres du
dieu, sa vision, celles de Ptolémée el les maux qui
s'abattent sur la ville. » Le peuple m; veut rien entendre
el une émeute se déchaine. Mais « le dieu monta de lui-
même " sur un des navire ancrés le long du rivage. Par
une autre merveille, le troisième jour, malgré la longueur
du trajet, la flotte aborde à Alexandrie. Un temple pro-
portionné à la grandeur de la ville fui construit au lieu
nommé lUiacolis; il y avait eu là un petit sanctuaire
consacré anciennement à Sérapis et à Isis. Voilà sur
l'origine et l'introduction de ce dieu la tradition la plus
répandue '•'^. Je n'ignore pas que quelques-uns le fonl
venir de Séleucie, ville de Syrie, sous le règne de
Ptolémée, troisième du nom (Ptolémée Évergète, 247-
222 av. J.-C. )'^ «Même si l'on dégage ce récit de ses
éléments merveilleux, il contient encore lanl d'invrai-
semblances qu'il a paru suspect à la plupart des cri-
SERAPIS. 1 Sarapis est plus commun dans les textes grecs. .Sernpis dans les
textes latins. Pour déterminer la véritable ortbographc il faudrait connaître l'ori-
gine et le sens du mot. — 2 Atlienodor. ap, Clem. Alex. Protrcpt. p. U Sylb. =
Fragm. Iiistor. gr. III p. 1.88 ; EusUith. ad Dion. Periegct. 255 = Stepb. Byi.
p. 571 Mencke. Cf. Tac. Hisl. IV, 8V; l's. Callislh. I, 3t-33 (Script, .{lex. JJai/ni.
p. 30, Uidot); Uicbaelis ap. Journ. hell. stud. VI, p. 290. - 3 Tac. Uist. IV, 83,
81; Plut Is.et Usir. 28; Solert. anim. 30. Cf. Partliey ad h. l. — » Sérapis ua
jamais été reprcsenlé connue un jeune lionnne ijuveuis), mais comme nu homme
dàgo miir. - ■'•Cf. l'Iul. /s. ri l)>^ir. cil. i8 p. 31,2 A ; Lafaye. /Iiiinil''s d'Mejan-
drie,p. 21. — 6 t'u nommé Sosibios cbez Plut. L, c. — 7 Personnage inconnu, mais
peut-être authentique; son nom, sous une forme hellénisée, semble cacher un nom
persan: Krall, p. 28.02. — » Solélés cl Dionysios ; l'Iularcb. /,. c. — '' Plut. /,. c,
dit une tempête, à laquelle ils échappèrent par miracle. — te Apollon {Ilorus) est le
lits de Sérapis (Osiris), qui est lui-même Jupiter aussi bien ((u'il est Plutou. C'est ce
que les commcnlaleurs de Tacite n'ont pas compris, i|uand ils ont propesé patrui
pour corrij;er patrts. — •' « Kidevé par les ambassadeurs » l'iut. L. c.
— 12 lieproiluite aussi par Isustadi. ad Dion. Periegel. 255. d'après Slepli. Byi.
p. S7I Meiueke — 1^ De iiiCnie Ckiii. Alex. /.. c, d'après Isidore de i:hara\,
cuulemporain tie SIrabon.
st:r.
1:21'.) —
SEI!
liijui's ' v[ (111(111 ne l'acceple giR're i|u'eii riiiU'i'piélant,
siirloiil à l'aide de la linguistique. Deux syslènies sont
aujourd'liui en présence: 1" D'après une version que Ta-
cite n'a pas connue, tandisqu'Alexandre était surlepoinl
de mourir à BabyIone(323 av. J.-C), ses amis consultèrent
pour lui Sérapisen son temple, dans la ville même. Cette
tradition se recommande surtout par son ancienneté; elle
vient des Éphci/uh-if/es royales, journal ofliciel du règne
d'.Vle.xandre ' ; aussi a-t-elle réuni un assez grand nombre
de sufl"rag(;s, notamment parmi les orientalistes. Si elle
était l'ondée, l'origine de Sérupis' devrait être cherchée,
non point à Sinope, mais à Babylone et il aurait été
connu, même des Grecs, avant sa prétendue révélation à
IHoléinée. Ce serait un Baal chaldéen, dont le nom aurait
été plus ou moins déformé en passant dans la langue
grecque. Les partisans de cette opinion, du reste, ne la
jugent point inconciliable avec le témoignage de Tacite:
ils admettent que le di(;u de Babylone avait été transporté
très anciennement à Sinope, où des documents, en ell'et
dignes de foi, attestent l'existence d'un établissement
assyro-chaldéen, antérieur à la colonisation du pays par
les Grecs '* ; Sérapis serait donc venu de Babylone à
Alexandrie en passant par Sinope. Cette combinaison est
ingénieuse; mais ce que l'on ne voit pas du tout c'est
l'intérêt qu'aurait eu Ptoléinée, fondateur d'un nouveau
culte, il introduire dans ses Étals, pour rapprocher les
Grecs et les Égyptiens, un dieu assyrien, auquel ils
n'étaient attachés ni les uns ni les autres "; 2° Certains
savants, plus radicaux et plus logiques, ne retiennent
de l'historiette de Tacite que le nom de Sinope, qu'ils
croient y avoir été mêlé avant lui par suite d'une con-
fusion. 11 y avait à Memphis une colline sur laquelle on
entretenait le bœuf Apis ; on l'appelait la demeure d'Apis,
en égyptien Sen Ilapi, nom qui avait pris dans la
bouche des Grecs la forme i^ivci-ntov '^ ; on y adorait
Sérapis sous le vocable particulier de Zeù; ^ivw-k'.o^ ' . 11
est bien tentant de supposer que nous avons là la clef
de l'énigme En ce cas, la Sinope du Pont n'aurait ét(!'
introduite dansl'avenlure, soit par des lettrés ingénieux,
soit par l'Iolémée lui-même, que pour attribuer plus
l'acikMnent au grand dieu d'Alexandrie une origine mira-
culeuse. Kn réalité, son culte, destiné à favoriser la fusion
du peuple conquérant avec le peuple conquis, aurait été
emi)runté à Memphis. Dès l'antiquité cette version avait
cours; Tacite lui-même l'a enregistrée brièvement à
la suite de la première*. On est ainsi conduit à penser
([ue Sérapis est Osiris infernal, identitié avec Apis mort
el appelé pour cette raison 'OuipotTriç, o i^ofaTtiç, i^àpaTtc; '^
1 II étail nouveau pour les Romains au temps (ie Tacite :0ri(70 (i« nondum nostris
nucîoribtis celchrala \L. c. 83). D'après liouclié-LecIerc |, p. 22, il vicmhait des
Al-jvK-taxà. du grammairien Apiuu, dont !<• charlatanisme fut c(-lùljrc sous Tibère.
— 2 l'iut. Al(/x. 70 ; Arriau. Aîiab. Vil, 30. — 3 Zirpou : Hawlinson, llerodotnx,
1, p. 5i6; Slumapon : Wilcken, l'hilulof/us, LUI (18'JV), p. ll'J, i : Sar-apsi,
I.clmiann, Zeitschf. f. Ansyriol. XII {I8'J7), p. 112, cl auU-cs arlicles résunitîs par ce
savani dans les Dcitr,ïr/c.... de i'JOt, p. 300. Cf. l'Iew, Krall. — » Soutenu en
dernier lieu par Lclimaun licitmi/c, L. c, à l'aide de ilucunienls nouveaux.
— '•' Ajoutez ipie le Sur-upai de l.einnann, « roi de l'Océan », a un caractère
maritime, ((ni u'cst pas ce (|ui frappe dans le Sérapis helléuiiiue. — i» l's.
C.diisl. i, 3 {Script. Alex. lHaijni. p. 3, Didot) ; Dionys. l'erieg. 255 = SIcpli. Ryï.
p. 571 Mein(!ke. — ,7 Slcpli. liyz. L. c. - » Tac. Uist. IV, Si. — ' Formes indi-
quées par Atlienod. ap. CIcm. Alex. Protrept. p. 14 Sylb. ; Plul. /s. et Osir. 20.
Autres élymologies ri^'sumées dans Bouclié-Leclercq, /tei.\ de i'hist. des relig., /-. c.
p. I». note 1. — l() Ils otijcetcnl surtout que Sen-fiapi n'a pas pu donner
>:...,„-...>. et que le SUupîum de Mempins est une iuvenliun cliiiiiérique des gram-
mairiens anciens. V. Leiimann, p. 308, — n 11 est approuvé par Jablonski, tiuii-
^uiaul, Urugscli {deoyr. Jnschriftcn, I, Uns aile Aeijijpten, p. 2W), Lctronue
(HccliercUes sur les fragments d'Héron d'Alex, p. 210, 3), Luutljroso, Uouché-
Vlll.
Ce système a rencontré des adversaires résolus'"; on
peut (lire cependant qu'il ollre, au milieu de toutes les
hypothèses entre lesquelles on peut faire un choix, la
plus séduisante et la mieux coordonnée ".
Quoi qu'il en soit, il résulte de ce qui précède
([u'Alexandrie possédait, depuisles premiers Lagides, une
statue de Sérapis de type hellénique. De très fortes pré-
somptions nous portent à croire qu'elle était l'œuvre de
Bryaxis, célèbre sculpteur de l'école de Scopas, qui
a pu travailler encore à la fin du iv° siècle avant notre
ère '- ; ou bien il l'avait exécutée à Alexandrie même par
ordre de Ptolémée l" Soter ; ou bien, cet ouvrage, fait
primitivement pour représenter un Jupiter, un Esculape,
ou un Pluton, fut acquis de quelque cité grecque '^,
après la mort de l'artiste, soit par ce prince, soit par son
lils ou son petit-fils. Pour ce qui est du culte lui-même,
à peine institué, il jouit tout de suite d'une grande vogue;
on raconte que Démétrius de Phalôre, qui passa les
dernières années de sa vie en Egypte et mourut en 283,
très peu de temps après T^tolémée Soter, composa en
l'honneur de Sérapis des liymmes qui se chantaient
encore au m" siècle ap. J.-C. ''. Le Sérapéum d'Alexandrie
fut un des monuments les plus considérables et les plus
somptueux du monde ancien '■'. De là le culte du nouveau
dieu se répandit très rapidement, comme l'attestent les
monnaies et les inscriptions, dans tout l'Orient grec;
vers l'an 250, il était célébré au Pirée par une association
de Sarapiaxlai^'' el Athènes possédait un Sérapéum, qui
datait peut-être mêmt! de Ptolémée Soter '''. Au ii" siècle,
on constate la présence de Sérapis dans l'Italie méri-
dionale et même à Rome ". Avec quelle peine il s'y
maintint, comment ses destinées subirent les vicissi-
tudes de la monarchie des Lagides, comment enfin il
triompha définitivement en Occident sousClaude et sous
Néron, quels temples lui furent élevés dans la capitale de
riùopire, c'est ce que nous n'avons pas à exposer ici ;
son histoire, dès le premier Ptolémée, se confond avec
celle d'Isis, qu'on lui avait donnée pour épouse et pour
parèdre [isis, osiris].
Identifié avec Osiris ''\ époux d'Isis, Sérapis est, par
conséquent, le principal persimnage d'un mythe solaire,
dont tous les actes syinbolitiues figurent les révoliilioiis
de l'astre du Jour et en même temps les transformations
régulières qui s'accomplissent dans la nature et dans la
destinée humaine. Quoique immortel, il naît et il meurt ;
il est à la fois la vie et la mort; il a une Passion et une
Résurrection, que l'on célèbre à dates fixes avec solen-
nité^". Delà, dans ses attributions, un double caractère.
Lecicrcq, S. Rcinacli, Amclung. V. le dépouillement de Drcvlcr, L. c. — '2 C'est
ce r|u'on peut légitimement conclure de l'histoire absurde d'Athcnodore [ap. (ilem.
Ale«. Protrept. IV, 4S, p. 42 l'otl.) sur un Bryaïis contemporain de Sésostris.
Ameluug, L. c. ; S. Reinach, L. c. — 13 Sinope, Séleucie ou toute autre. Bouché-
Leclercc(. qui discute la question (//eu. de l'h. d. relig. L. c. p. 24-28) pense aussi
à Cos. — IV Diog. Laerl. V, 70. Au contraire Uiog. Laert. VI, 03 sur Uiogèue le
Cvniqucesl peut-être un anachronisme comme Macrob. Sat. 1. 20, 16-17 sur Nico-
créon roi de Chypre. Bouché-Leclercii, /. c. p. 19, note I et p. 23, note : l'ick,
.trr/i. Jahrb. XIII (isilsi, p. Kii;. — 'S Julian. Kput. SI ; Avian. Uescr. orb. a:.'.;
Dion. lerieg. 255; Amm. Slarccll. XXII. 10; Rulin. Hist. eccl. Il, 23; Eunap. VU.
Aedes. p. 77 ; Descr. de f/ir/ij/de, t. V, p. 307; Lafaye, /lifin. d'Alex, p. 174; Botti,
Americ. journ. of arcbcol. XI (1800), p. 07; Amclung, (. c. — 16 Corp. iiiscr. nit.
II. I, 017. — I7pausan. I, 18, 4. Ou de l'toléraée Phi'adelphe. V. la bibliographie
donnée par Drexlcr, art. Jsis. ap. Rosclier, Lexih. d. G. u. II. Mythologie, col. 384.
2K. _ 18 En 138 à Rome, Ufaye, fier, de I'hist. des relig. XI (ISS5), 1. p. 327. En 101
un rr/iure le Séiapéimi de poiizzolcs, Corp. inscr. lut. X, 1781, I. .i-O. — >■' Diod.
1, 25 ; l'Iul. /s. et Os 28, 01 ; Tac. /lisl. IV, si ; Lact. 1, 21 ; Joimi. u/hellen.
sltid. XXII (t002l, p. 377 ; l'Iew, p. 2U. — 2" .Xous ne pouvons cpie résumer ici les
dées coutenues en particulier dans l'Iul. Js. et fh,
157
SEK
— 1250 —
SER
que l'un a clitTclio ;i rendre sensible ii lespril des Grecs
en Tidenlilianl d'une pari avec ceux de leurs dieux qui
représeutaienl la joie, la lumière, la sérénité, l'intensilé
de la vie, d'aulre pari avec ceux qui représenlaienl le
deuil, les.lénèbres, lu puissance fatale et nécessaire de la
mort. Ce travail s'est fait d'autant plus facilement qu'un
de leurs dieux, Dionysos, réunissait déjà en lui ces deux
aspects [iiACCiiis]'. L'attribut essentiel qui distingue les
images de Sérapis enlre celles de tous les dieux simi-
laires, c'est le CAi-Arui s, la corbeille sacrée des m.yslères,
symbole d'abondance; posée sur sa lète, elle le classe
parmi les divinités clitlioniennes, en qui les initiés ado-
rent la fécondité inépuisable de la terre [cekuSj - ; le
boisseau [mouiisJ, que l'on reconnaît souvent dans cette
coill'urc, exprime la même idée'; il n'esl pas rare de le
voir orné extérieurement de branches d'olivier et d'épis
de blé'. Comme divinité chtlionienne, Sérapis rappelle
d'abord Hadès-Pluton, et il résulte de la légende même
de son inslallation à Alexandrie que c'est avant tout
sous la forme de ce dieu qu'on a entendu le représenter.
Il a les traits d'un homme dans la maturité de l'âge, dont
le visage, encadré par une longue chevelure et une barbe
toull'ue, est empreinl d'une expression grave, parfois
même menaçante. Il est vêtu d'un ample manteau, qui ne
laisse que les bras à découvert; à ses pieds se dresse un
Cerbère tricéphale, àla fois chien, lion et loup-'. La statue
d'Alexandrie, en boissculpté, était recouverte d'un enduit
bleu sombre, qui ajoutait encore à l'impression de tris-
tesse et d'effroi produite sur les âmes par ce souverain
du ténébreux royaume"; plusieurs bustes de nos collec-
tions, issus du même type, ont été, en vue do cet cfïel,
taillés dans du marbre noir, du basalte ou d'autres
roches de couleur foncée ^
Mais, d'autre part, Sérapis, maitre de l'empyrée, a liérilé
aussi de toutes les attributions de Zeus*; certaines de
ses images, oùdomine une expression de majesté sereine,
semblent plutôt le représenter dans ce rôle''. En outre,
comme Osiris ressuscité et triomphant, il est le dieu du
soleil; il se confond avec llélios [sol], si bien iju'on
rapp(^lle "liXioç SÉpairi;, et même 'lIXiodésaTitç ; dans cer-
taines de ses images la têle est ceinte d'un diadème et
entourée d'une auréole de rayons ; ses adorateurs résu-
ment celle double conception en l'invoquant sous le nom
de Zelti "HXioî [jLÉYa; Xéçxtccs '"• Mais il joue dans ses rap-
ports avec l'humanité un rôle qui a dû contribuer bien
plus encore à lui attirer les hommages des peuples : c'est
un dieu guérisseur ; comme tel il se confond avec liscu-
lape, inventeur de la médi'cine et patron de ceux qiii
l'exercent [Aiisi;uLAi>ius] ". Il délivre les hommes de leurs
infirmités surtout par ses oracles ; les malades vont passer
1 Dionj'SOS-UsirU. Ilcrud. Il, IH: l.afavo. //iii;i. d'Alex, p. 6-9 cl l'.l; liissiiig,
Areliâol. Anzeiycr, l'JOl. p. iVo. — 2 Maci-ob. Hal. 1, ii), 13. — 3 Kurin.
Uist. eccl. II, i3. — • Lafavc, Oiv. d.Mei. p. 249-250; Catal. a" 1» i
33. Aniclung, flet). arclwol. 1903, II, p. l'JI, n" 8, 9, 10 sc|. — i» Sur cet allri-
but i|ui lui csl iiailicul.cr, v. Homo, MiHimijes de iÙc. de Rome, XVllI (1898),
|). 291-314; Aniclung, L. c. p. iiii ; Macrob. L. c. — ^ AUicuod. ap. CIcm. Atfîx.,
S. Rcinacli, Aniclung, L. c. — "î Lafavc. L. c, Catal. n"» 21, 24, 25 et sans doulc
aussi d'autres exemples dans le catalogue d'Ameluiig, p. 189 S(]. — 8 Tac. I/ist.
IV, Si. Ilion. l'ericg. 203; Achill. Tat. V, I, 2; Nonn. XL, 399; Ztù; Eioaaiî
sur les monnaies d'Alexandrie (Ilcad, iJoniim. hisl. 720) et autres (570). C.
i. gr. IV, 7041..., clc. l'Icw, p. 27. — 9 Overbcck, Kmstmylhologie (1871),
1, p. SO-^i, cliap. 15, Sarapis; Lafaye, p. 250; Amelung, L. c. — 10 c i. gr.
271(i; 4042; 4262: KiS3c ; 49C2 ; 5S98 ; 3990 ; 3999 ; GUUO : S52.Ï 4 ; 7041; 7042;
Kunu. Eccl. Iiisl. Il, 23: Urayc. Dh: d'Alex., Calai, n. 19, 2s, 131, 132, 133:
197 ; ricM. p. ;i<-:il : Urixlcr, Uelioserapis ap. Ko.sclicr, Leuik. clc. — il Callini.
Jipigr. Se ; Amm. Marc. XXU, 14. — « Tac. Uitl. IV, SI, S2 ; Suet. Vesp. 7 ;
la nuit auprès tle ses autels et il leur dicte pendant leur
sommeil des ordonnances, qu'interprètent les ministres
du culte [iNCi'BATioJ. Sous l'Empire, Sérapis est passé tout
à l'ail au premier rang parmi les divinités iatromanliques
el ses sanctuaires sont devenus, comme ceux d'Esculape,
de véritables hôpitaux, où l'on croyait obtenir la guérison
de toute espèce de maux parties pratiques qui associaient
l'art médical à la superstition la plus exaltée'-. Einlin,
quand le paganisme décline, Sérapis, sous l'influence du
syncrétisme, absorbe en lui les attributions de tous les
dieux mâles, en même temps qu'Isis se transforme en
une divinité féminine univer-
selle [isis] ; il est Sérapis Panthée,
ou, comme le proclament ses
adorateurs, un « Zens unique »,
maitre non seulement du ciel,
mais encore de la mer et de la
terre, en un mot de toute la na-
ture ".Dès lors, nousrencontrons
souvent son nom et son image
sur les amulettes, les abraxas el
autres monuments de la magie,
au milieu de symboles ou de
lettres cabalistiques, que nous
ne sommes pas toujours en
mesure d'interpréter: on sait
quel lien étroit la magie et l'as-
trologie ont eu de tout temps en pig. 03G7. — Sciapis Hadt^s.
Egypte avec la religion. [m.\gia''].
Parmi les monuments figurés du culte de Sérapis,
une première classe comprend
tous ceux qui le rcpn'^senlenl
assis, comme on le voit dans la
fig. G3G~. La main droite est
ai)aissée vers un Cerbère tricé-
phale; la gauche tient un sceptre,
symbole île l'empire que le dieu
exerce sur les vivants et sur les
morls'^ C'était évidemment là le
type classique, celui qui le rap-
proche le plus des images de Zeus
[.JUPITER], de Pluton [pLi'To] et d'Es-
culape [AEScuLAPirs], dont il est
dérivé. 11 est très probable que
les répliques de ce type conservées
dans nos musées reproduisent,
plus ou moins fidèlenient, lastatue
en bois, oi'uvre de Bryaxis, (lui ornait le Sérapéum
d'Alexandrie "'•. Dans les premiers temps de l'Empire appa-
raît un nouveau type, le Sérapis debout (lig. 6368)"; ce
Dion. C.l.rys. Or. 3.; Fiimic. Maleru. De en: pnfan. relig. 13, 4; Slrab.
XVII 1 17 ; Lcironne, l'apyr. gr. n" 50, 31 ; Amiu. Marc. XXII, 14; Acl. Arist.d.
Or. sacr. 111; Arlemid. Oni.ocr. 11, 37, 39, 44; IV, 80; V, 20, 61, 89, 92, 93,
94 ; Aciian. Uisl. anim. XI, 31-33 ; Bouch6-Leclercci, f/ist. de la divin dans l'ant.
III, p. 377. Plcw, p. 31-40; Lafaye, L. c. Calai, n» 90,128. — n Corp. inscr.
lat. 11, 46; III, 3037; VIII, 1002; Ad. Arist. Or. VIIl, p. 91, 90; Macrob. Sal. 1,
20, 17 ; Niimcn. ap. Orig. Cels. V, 38 : Tac. Hist. IV, 83 ; Lafaye, L. c. n. 138,
139, 143. 213, 214; Micliaëlis, L. c. p. 301. - H Sur S.'Tapis el lao v. Lebmaun,
Uerl. arch. Ces. uov. 1897; Berl. philol. Wochcnschr. XVlll |1S98), p. 126;
Corp. inscr. gr. 7043, 7043 b, 7044, 8313 ; Lafaye, L. C. n. 203, 208, 209, 210, 213,
m. _ 15 Statue trouvée à Pouzzoles. MusiV de Napics, Clarac, .Uns. de srnlpt.
pi. 737, n. 1831 ; Lafaye, !.. e. n" 31. - "i Amelung a cberché ii reconsliluor l'œuvre
de liryaxis daprcs ces répliques, dont il a calalogué les principales. Ajoutez par ex.
Ufayc. L. c. n- 32 el 33; Hausor, BcrI. philol. V.'uclicnschr. XXIV (I90t), p. 114t.
— n Slatuelte de bronze. Musée de Florence, MicliaPlis, L. c. p. 297 = Lafaye,
L. c. a. 31 (les bras soûl restitués, mais d'après des indications sûres).
0308. — Sérapis.
X
SER
12ol
SER
ronir ir.-ilionil.ini
Plulim, iiiaili'i' (Ir
hi
l,oliq„
soiil Inujmirs les mêmes traits el le iiiomc cdstiime; le
dieu tient dans Tune de ses mains le seeplre et fait de
l'auti'e un geste de hénédiclion; mais souvent aussi on
lui a dunni'' |ioui' alli'iliut une jiMtére, ou bien uni'
■iviaholr sans doule emprunte' à
erre, qui renouvelle et féconde les
germes des plantes nourricières '.
Nous possédons un grand nombre
de bustes et de têtes détachées,
provenant soit do l'un, soit de
l'autre type-. Il faut mentionner
encore une série de bustes qui ont
pour base un pied humain; c'est
évidemment là une représentation
symbolique; maison n'en a pas jus-
qu'ici percé le mystère (fig. 63G9)^
Enfin, comme le serpent est un
attribut d'Esculape, il est aussi
celui de Sérapis ; quelquefois, il
enlace le cou de son Cerbère (fig. G367) ; quelquefois
même Sérapis a été représenté sous la forme d'un
serpent à tète humaine [isis, fig. 4100], peut-être
par une autre association d'idées symboliques. Lors-
que, en 397, les chrétiens saccagèrent et démolirent
le Sérapéum d'Alexandrie, il n'y avait pas une maison,
nous dit un auteur, qui ne fût décorée de bustes repré-
sentant le grand patron de la cité ; on en voyait sur les
murs, dans les vestibules, sur les portes el sur les
fenêtres '. Georues Lafaye.
SERI/V. — La séria est un grand vase d'argile, ana-
logue au pithos et au doliiiin [doluîm] ', mais proba-
blement plus maniable et de dimensions plus restreintes.
Columelle mentionne des aeriae dont la capacité m»
dépassait pas sept amphores ^. L'empereur Héliogabalo,
ayant résolu de s'emparer des objets sacrés contenus
dans le temple de Vesta, mil la main sur une aerin
(ju'il croyait renfermer ces objets ; mais, la trouvant
vide, il la jeta à terre el la brisa ". C'est donc une
sorte d'OLLA. Dans les maisons et dans les fermes
on conservait dans ces récipients du vin, di; l'huile,
après les avoir enduits de poix, ou bien on y mettait
des matières sèches, du froment, des salaisons, des
1 Classement clironolngu(uc ('■laljli d'après les monnaies, catalogue des mon,i-
nients du mtme lype dressé par iMichaëlis, L. c. V, pi. E; S. Heinncli, /li'pert.
ih la slalimre, t. II, p. IS-20; Arcli. An:eiger, iSO.ï, h. 54. — 2 Liste
Copieuse dans An^eUing, L. c, (pli met en première ligne, avec raison, les
exemplaires trouvé» en Egypte. — 3 Marlirc, Musée de Florence, Zaunoni,
Gallena di Firenzc, ser. IV, t. I, pi. xxxviii = Ufaye, n. 27 ; S. Heinach,
ll/pcrt. Il, p. ÏO, n. (i; Amelung, n. iii. V. encore S. Heinach, n. 4; Ainc-
liiiig. n. tj. Fréqucnl sur les monnaies et les gemmes. V. aussi le lias-relicf du
'■. i. lat. VI, .Ï72, cl surtout Unckoronski, SliUle l'amplujlkns (IS'Ji), II, p. 2ili.
n. 17S. 1,0 sujet vaudrait une étude particulière. — * Kulin. Hist. ceci. II. iO.
KiniiacnAPiiii!. Voyez celle de l'article isis et de plus ; Jalilonski, Panthéon Acijijii-
(io™mil7S0-l7.ïi), I, cap. 5 ; II, cap. .1; Creuzer, Dionysus (1809), comm. IV, Dr
■S'prapii/f et Jlncelio Pelasgio, p. I7:i-;)0S : Ouigiiiaiit, Smipis et son origine, (t. V
du Tacilc de Durnouf, p. 33 1-538). ISi8 ; l'Iew. de Sarnpiile (1808); Ueber de,,
Vispriini/ dis Snrapis, Jalirb. [. Pliilol. CIX, 1S74, p. 93-96; Ovcrlieck, Cr.
Kmstmijllinlmjie, IS71, 11, p. 3115, cap. XV Snrapis; 0. I.uniliroso. fiiccrrlie
ales.inndi-ine, Mem. dclf .\ecad. Ji Torino, XXVll (1873), p. 189 ; Krall, Taciliis
iind der Orient, \, Die Herkunft des Srnpis, 1880; nouclié-l.eclcrcrj. Hist. de
In dirinalion, lU (1880), p. 377-394; MicliaPlis, Sn,'np:s .Slandinrj, Journ. of l,el.
sledies, VI (18851, p. 287; VV. Drcxicr, N,„nis,n. ZeitscUr. XXI | ISS'J), p. 1;
Dietericli, Ueber den Ursprung des Sarapis, PUiloloijcnversammlu'ii/ m n,'esden,
Leipzig, 1897, p. 31-33; Bouclié-I.cclercri, La politique Teliijieitse de Plolihaèe
Soler et le culte de Séi-apis, /Ic't. de l'hisl. d. relii/ions, XlA'l (1902). p. I :
Wissowa, Iteliijion. u. CuUus d. Ilimer, 1902, p.292; S. Rcinacli, Le moulage des
statues et le Sérapis de Hri/arii, /lev. arc/,. Xt.l, 1902. p. 5-21 ; Amelung, Le
Snrapis de /triia-ris, /lev. arehéol. 1903, II, p. 177; Lelimaun, Sara/ms coniru
Ossrapis, Heitriiije ziir alten Geschichte. IV (190i), p. 390; Otto, l'riester a.
fiiiils *. Ces vases clos étaient placés sous terre ou
dans les caves ■'. E. Ponirii.
SKRICIJM, la soie. — La séricieulluri' ne l'iil iiilrn-
iluile en Europe qu'au milii'ii du vr' siècle de notre ère:
en l'anni'e ."'>;'>2 des moines persans, sur l'ordre de l'em-
pereur .lustinien, allèrent cliercher des ceufs de ver à
soie du mûrier (bombyx mort) h cocons blancs dans une
région que Procope appelle la Sérinde elqui correspond,
semble-t-il, au Kliotan des modernes; ils les rappor-
tèrent à Conslantinople, les firent éclore, élevèrent h^s
chenilles en les nourrissant de feuilles de mûrier el
montrèrent aux Byzantins à dévider les cocons'. Jusli-
nien réglementa sévèrement l'industrie et le commerce
de la soie, organisés désormais en monopole d'État,
sous la surveillance du préfet des Thesauri ^
Bien avant cette date, les peuples du bassin de la Médi-
terranée avaient appris à connaître et à utiliser la soie,
mais ils la faisaient venir de la Chine, d'où elle est
originaire. C'est le commerce de ce produit de luxe qui
donna naissance aux premières relations entre l'Extrême-
Orient et l'Occident^ Le nom qu'il portait dans l'anti-
quité, TTjpixov*, nericuin^, indique sa provenance ; on sait
en eiret que le ver ù, soie est dit en chinois suc ou .icr/i,
en japonais .<>chi, en coréen sir, en mongol sirkek^; le
même mol, avec le même sens, réparait en grec, sous la
forme cvjp, au u' siècle ap. J.-C, dans un passage de
Pausanias \ La Serica des anciens n'est autre que la
Chine, le pays qui produit la soie"; les Scres sont les
Chinois, le peuple qui la fabrique et l'exporte'.
Les documents de source chinoise font mention de la
soie dès les temps légendaires de l'empereur Fou-hi, vers
l'année 3000 avant notre ère; ils attribuent à l'impéra-
trice Si-ling-chi, en '2G98, l'invention de l'art d'élever les
vers cl de dévider les cocons ; depuis lors, à toutes les
époques, il est question d'étoffes de soie dans l'histoire
des dynasties indigènes, mais jusqu'au viii" siècle
av. J.-C, la fabrication resta étroitement localisée el ne
dépassa pas les limites de la province du Chan-toung, au
nord du fieuve .laune'" ; dans la suite, elle s'est propagée
peu à peu el très lentement vers le nord-ouest ^Chan-si et
Clien-si), vers l'ouest et le sud; elle ne devait;,'implanter
dans l'.Asie centrale et la Perse qu'au \' siècle ap. J.-C. ".
Trmpcl im hellenist. Àeijijptcn. 1903; Uruppe, G,-iech. ifijlliol. 1900. p. 15C3;
Cumonl, Les relig, orientales dans le pai/an. rom. 1907, cliap. i.
SlilHA. i Tcrcnt. Heautontim. III, l, 31 (460); Colum. XII, 18. Voy. Bccker-
Giill, Gallits, III, p. 419. — 2 Coliim. XII, 28. — 3 l.amprid. Elagab. 6. Cf. l'ers.
Sut. II, U (argent caché dans une séria enfouie sous lerre), — * Varr. Iles rnst. III,
2 ; Colum. XII, 18,28 et 53; Digest. \,, lii. 200; Pallad. Iles rasl. IV, 10.
— 5 T. I.iv. XXIV, 10.
SKIIICUM. I ProcO|i. (lell. goth. IV, 17; Theophan. ap. Hhol. Itihlintl,. M.
Bekkcr, p. 20 a et 37, Zonar. éd. de Paris. XIV, p. 69; (ilycas, Ann. éd. de
Bonn, IV, p. Soi. Cf. K. Parisel, Hist. de la soie, I, p. IS2-18.Ï; C. Voshida,
ISntwickeUng des SeideuUaiulels, p. 47-49. — '- Procop. Hist. arc. 25; Zachariac
von l.ingenthal, Eine Verordnimij Justininn's ûbcr den Seidenhandel (d'après un
manuscrit d'Oxford conlenailt le texte d'une conslilution grecr|ue de Justinien sur
celle matière), dans les Mém de CAcad. des sciences de StPiHcnbourg, 7»séric,
ix, 1S05. — 3 Voshida, Op. cit. p. VII. — 4 Strah. XV, p. 693 ; Per. mnr. ISrgth.
49; lidirt. DiorM. XXIII, 2, etc. — 3 Properl. I, 14,28; Martial. IX, 38; XI. 28;
Ainm. Marc. XXIII, 0, 07; .Snliii. 50; Claudi:in. h, liulrop.i: Isid. Orig. XVI.
17, C : 27, 5, etc. — '• Klaproth et Abel liéniusal, dans le Jnni-n. asiat. II, p. 243 si|. ;
Voshida, Op. cit. p. 4. — ^ Pans. VI, 26, 6. — 8 Ptol. VI, 10, 1, 3, 4, 6 ; VII, 2,
I et 3 ; VIII, 24, 1 et i; 27, 2 ; Amm. Marc. XXXIIl, 6, 67 et OS. - 9 Sirah. XV,
p. 701 ; Pomp. Mêla, I. 1 1 ; III, 60 ; Plin. iWat. hist. VI, 54 S(|. cl 88 ; Vil, 27 ;
XII, 2, 17,27, 81; XIV, 22; XXXIV, l-iô; Ptol. Loe. cit. ; Paus. VI, 22, 2 et 26, 6;
Amm Marc. Loc. cit.; Liician. Macrob. 3; Eustath. arf Dionys. Pcricg. V, 753;
Ilesych. s. v.; Stepli. Byz. — lOStan. Julien, Hésamé des principau.T traités chi-
nois sitr la culture des milriers et l'édncation des rei-s li soie, Parjs, 1837;
P.->riset, Op. cil. p. 11-18.— H Hilter, E,-dkande, VIII, p. 69S ; l-issen, Ind.
Allerlhumskiinde, 1, p. 309 ; Voshida, Op. cit. p. 42-47.
SER
— 1252
SER
1.0 commorco d'cxporlalion, lui aussi, a commence Irès
liird. Le \ev h soio dos mûriers do l'indo, auquel fait
allusion le Itainiujana, appartient à une espèce à cocons
jaunes, bien dillércnle du ver à cocons blancs de la
Chine septentrionale*. Les Ésçypliens et les Hébreux
ignoraient les soieries -. D'après Tertullien et Procope
les vélerhonls nalionaux des Mèdes, i|ue d('n-ivaioiil
déjà Hérodote et X('nophon, étaient <les robes de soie';
mais il ne devait pas en être ainsi dès l'origine ; la
soie fut sans doute substituée tardivement à la laine,
sans que l'on changeai la forme et la coupe caractéris-
tiques de ces vêtements '. Le premier auteur classiquequi
parle des cocons du bombyx et des tissus qu'on en lire
est .\ristole, dans un passage peu clair et probablement
mutilé de son Histoire des animaux", qu'a reproduit
Pline l'Ancien" ; le nom An bombyx rappelle celui du
vase à boire appelé pou.6uÀ:dç ou ^o^ZùXt^ [bombylios] et
fait allusion à la forme des cocons. H fauL attendre
le siècle d'.\uguste pour trouver chez les écrivains
grecs et lalins des textes explicites sur l'usage des
soieries ^
A côté des sericae vestes proprement dites, importées
d'Extrême-Orient, les anciens désignaient sous les noms
de liOMBYCiNAE VESTES et de coAE VESTES dos étolTes plus
ou moins analogues, qui venaient d'autres régions".
Les premières étaient fabriquées surtout en Assyrie';
on se servait pour les lisser de la substance que sécrètent
dilTéro nies espèces inférieures de bombyx'", àrétalsau-
vage ou domestiquées", dont les cocons, au lieu de se
laisser dévider comme ceux des bombyx mori do Chine,
devaient être raclés au peigne'-; la matière textile ainsi
obtenue", grisàlre ou jaunàlre, n'avait pas la blancheur
éclatante de la soie véritable. Les bombycinne vestes
n'ont paru pour la première fois dans le monde romain
qu'à la lin de la République ou au début de l'Empire ; Pro-
porce" et Juvénal'" les citenl; Martial, à plusieurs
reprises, vanle leur légèreté et leur transparence'". Les
auteurs d'époque postérieure qui les mentionnent les
opposent nettement aux sericae vestes, plus Unes et plus
Ijrillanles". Les coae vestes ne sont autre chose que les
bombycinae fabriquées particulièrement dans l'île do
Cos'*: elles étaienl faites, elles aussi, avec une malière
textile tirée du Itotnbyx; les indications d'Arislote, qui
déjà les signale '"', el les détails que donne ensuite Pline
l'Ancien-" no laissent aucun doute sur ce point ; toute la
I Parisol. Op.cit.yi. 2!M1. —2 Unlcslcde l'Ancien Teslamcnt (i'jccA. XVI, 10 cl
i:i) a Ht i|uel.|uefois inlcrpiclC à lorl en sens contraire. — 3 Terlull, De pnll. M.
(«hier. IV, p. fiM ; l'rocop. Bell. pcrs. 1, 20. — * ['.irisel. Op. cit. p. 43-55.
— ■' Arislol. Ilist. nnim. V, 10. — C l'ijn. Xnl. Iiist. XI, 71. 7S. — 7 Nolcz ci-peiidanl
rnic.ilès la lin île IVpoipie ivpuliliraine, d'apri's Florus(lll, II), les Uoni.iins remrir-
ipijreiil les diaiieauj de soie d.s l'arUies el ipie César, an lénioigna!;ede Dion Cassiii^
(XI. III, ii, a;, aurait rail lendre des relu de 0:0 ai\ dessus du Uléfilre de Homo.
J. Vales, Textrinnm anlhiiionini, p. lilO-i.'io, a fait un dépouillcnienl romplel el un
coiiiinenlairc suivi de Unis les lc»les hllOraires anliipies eoncernaiil la soie.
— » l'arisel. Op. cil. p. (iisil; Voiliida, O/j. cil. p. H-ii. — 9 l'iin. XI, 75-7ii
(l'Assyrie désigne pcui-êlre ici le nord de la l'crsei. Movers, /Jie Phnnizier, II, .l,
p. 203 si|. suppose t|u'on eu faliri<|uail aussi en Syrie; t'roperee (II, 3, tô) signale
parliculicrcnienl VAraliiita iomhijx. — 10 l'Iine iXI, 77) énuniêre les arlircs sur les-
«(iiels elles vivent. — " Voir encore des diHails sur le ver à soie sauvage ap. Auson.
lihjU. M; De hislor. U; Avion. 936; l'iudcnl. Hamarliy. 28li. — <2 II csl peut-
être fail allusion à ce procédé ap. Vcrg. Geury. Il, su ■ Strali. XV, p. fi'.i3 ; l'Iin.
VI, 54; Sen. Tr. Uerc. Oet. M,-, ; Hippol. 3sn ; Sil. liai. VI, 4 ; XIV, (llit; Dioiiys.
IVrieg. 7.'ii; Solin. +9; Ainni. Marc. XXIII, ti, 07. — 13 Isidore de Siville (Orir/.
XIX. 2i, 13) l'appelle bomhycinum. — H propert. Loc. cit. — is Juven. VI, iiiii.
— "•• Marli.al. VIII, 33, 15 cl CS, 7 ; XIV, il. Uf. Aleiplir. I, 39, 4. — " lIp.
/)ifp-il. XXXIV, 2, i3, I ; Cleni. Alex. PraeU. Il, 10, ||17; Apul. iletmn. VIII. iT :
Isid. /.or. cil. Caesar. ap. Aci. mncliir. Jniiimr. I, p. 7.34, l'iill. VIII, Tii.
— l«K.;skT, //e loimiiln. Ilallc, IS33,p. .)0s.|. ; Il l;l;ii„iier, tliii-er/,1. 1 Iml,,,!:.,
question est de savoir si l'on utilisait dans les manu-
factures de Cos une matière brute importée d'Asie ou, au
contraire, les sécrétions d'un bombyx indigène-'; la
seconde hypothèse est de beaucoup plus vraisemblable.
On appréciait surtout ces étoffes, au moins dans certains
milieux, à cause de leur extrême transparence; elles
viiilaiiMil à peino les IVirmos du eor])s ; les moralistes
s'en indignent--; les poètes nous apprennent, on outre,
qu'elles étaient très peu épaisses-% qu'on les teignait
souvent de pourpre-' ou qu'on y appliquait des brode-
ries d'or-^ et enfin qu'elles coulaient très cher-''. Ce
qu'il y a de plus remarquable, c'est que tous les textes
qui les concernenl, sauf celui d'Arislote ^\ appartiennent
à la même époque: le temps d'Auguste et des premiers
empereurs ; après Pline, aucun auteur ne prononce
même plus leur nom -'. Elles semblent avoir entière-
ment disparu du monde romain à partir de la fin du
i" siècle de notre ère, c'esl-à-dire précisément à partir
du moment ou la mode des soieries chinoises achevait de
s'imposera l'Occident; les étoffes de Cos ont moins bien
supporté encore que les autres bombycinae vestes la
concurrence écrasante des sericae.
Sur la nature de la vraie soie blanche d'Extrême-
Orient, les Grecs et les Romains n'ont eu, jusqu'au
temps de .lustinien, que des notions 1res imparfaites. En
général, ils ne se doutaient pas qu'elle était extraite,
comme le tissu des bombycinae et des coae vestes, des
cocons d'un bomby.r. La plupart des auteurs la croyaient
d'origine végétale; les uns y voyaient une sorte de
byssus tirée de l'écorce des arbres'-", les autres un duvet
recueilli comme le colon, sur les feuilles". Pausanias
le premier déclare que la soie des Sères est le pro-
duit, non pas d'une plante, mais d'un ver; il' décrit
les soins minutieux dont on entoure ce ver pour assurer
sa croissance, ainsi que les mues successives qu'il
subit" ; après lui, quelques écrivains chrétiens ont rap-
pelé incidemment avec mépris que les soieries magni-
fiques dont s'enorgueillissaient les riches étaienl dues
au travail misi'rable d'un ver.
La soie chinoise a été importée dans le monde romain
de trois façons: d'abord et surtout sous forme d'étoll'es
de soierie, oOdvia cripixà''-, sericae vestes"; puis sous
forme de fds, vT,[ji.x(r7iptxdv", sericum neina'", enfin sous
forme de soie grège, matière brute non encore préparée
pour la loinlure et le tissage, [ji.ÉTa;a"' ou meta.ca^'.
p. 4S-.iO. — 19 Arislol, Hist. nnim. V, 19. — 20 plin. XI, 7C.7R. — 21 Elle a élé
soulevée par Saiiinaise, In Tcrtnll. liùrum lie pall. nolae, Paris, Uiii, p. ISl sq,,
et Pliniiiniie CTei-cilnl. Paris, li;29, p. i96 sq. Voir en dernier lieu lexposé el la
discussion des dilTérenls syslôines en présence ap. Yosliida, Z.of. cit. — 22Horal.
.Snt. I, S, 101 ; Plin. XI, 76; Sen. rontiov. Il, 13, 7 et 15,4; /l'.re. Conlroi'. 11, 7;
/;, Innef. VII, 9. 5; Consul, ail lleh'. III. 4; Epist. 90,20. — 23 rihull. II, 3, .-if;
lioport. I, 2, 2. — 'il Propcrl, 11, 1. 5 ; Horal. (nrm. IV, 13, 13. — 25 Tibull. Lnc.
cil. — 26 Propert. V, .'i, 55. — 21 Vairon, cité par Pline (IV,C2). y faisait pcnl-élre
allusion, en conrondani Cos avec Céoe. — '28 A l'exception d'Isidore de Séville,
Ctriii. XIX, 22, 13, mais Isidore ne fait ipie copier Pline. Voir, sur les cnnc vestes,
outre les lexles déjà cités plus liaul : Tiliull. 11. 3, 53 et 4, 29 ; Propert. I, 2, 2 ; 11,
1, 5; V, 5, 2î; Oviil. .\rs OM. Il, 29S ; Juven. VIII, 101. — 29Slrali. XV, p. (IK! ;
Clandian. /'«««/. dict. Irobitio el lllyin-iocus. consul. 179- ISO. —31 Veig. Georg. Il,
121 ;Scn.Tr. Hvrc. Œt. f.07 ; l'Iin. VI, 54; Amm. Mare. XMll, C, f.7.— 31 Paus.
VI, 20, I) sc|. — 32 Prr. mur. En/th. 56 el 64 ; Suid. .s. r. Sut.xii : Eiif x* înàTi».
— 33Scncc Epist. 90, 15 ; Maician. Dii/est. XXXIX, 4, 16, 7 ; IJist. .Uig. Ale.T. -Ser.
40, 1 clc— 3W'tr. .1/nr. ft-l/(/i. 39. 49, 64; Galen. .1/W/l. merf. X III, 22 ; Basil. //e.ro-
heni. p. 79 éd. liened ; Joli. Clirysosl. /Jom. 49 in Mnltli. ; Suid. Loc. cit. — 35 Mar-
cian. Loc. cit.; Am.u. Marc. XXIII, 0, 68 : fda. — 3i; Edict. Dioclet. XXIV, 1 n,
ljitTa;aCÀitTi;, Soie lirule loin le de pourpre ; Procop. /îett.pers. I. 20 ; llcsycli.s, v. Eijpïi.
I.'auleurdii l'er.mnr. /iii/(/i.6V oppose l'rji>.v, il l'oOiviov et au vii;i». — '31 Marcian.
Ane cil. ri ml. Tliinil. X, 20. 1 3. Ce mot so Iroiive déjà dans l.ueilius, (iili ma(<i,rn/H
(ap. IVsl p. ir,.-i, s. r. ruUiisl ol dans VihMne |V11, 3, i|, avec le sens de cordage roulé.
SER
— 1233 —
SER
Au !"'■ (H au ir siùcle, à la suite dos prof^ri-s momon-
lanés (lo la domination cliinoiso dans la diroctiou dô
rOccidenl, aux confins de la Scylhie d'Asie, le grand
inarclié de la soie était le pays des Issédons (Turkestan
chinois), avec les deux villes frontières d'issédon Serica
(Kholan) et d'Issédon Scythica (Kachgar^ ; c'est là
qu'aboutissait la route des négociants chinois, venus
des pays producteurs du nord (Chan-toung, Clien-si et
Chan-si), aux environs de leur capitale. Sera melropolis
(Si-ngan-foa); c'est de là que parlaient les deux princi-
de rinlormédiairc des Parllios ; Macs fit reconnaître
toutes les étapes et relever cxaclemenl les distances;
Ptolémée a eu communication de son rapport et s'en est
inspiré' ; le point de départ des caravanes était, auprès
d'Issédon Scyl/iicn, le lieu dit de la Tour de pierre, d'où
il fallait encore sept mois de voyage pour gagner la rapi -
laie des Sères; la route traversait le i>ays monlagneux
des Comedae, s'infléchissait vers lo sud pour passer à
Bactres, puis à Hecatompylos et aux Portes Caspienncs ;
elle traversait la Médie et l'Assyrie avant de rejoindre
C». BONH€.SSC(/Jt
pales routesvcrsle bassin méditerranéen, suivies d'abord
par les négociants orientaux, babyloniens, syriens ou
égyptiens', puis par les négociants grecs (fig. 6370)*. La
route de l'Indus est décrite déjà dans le Périple de Ui
mer Erythrée'^ ^ rédigé par un Grec d'Alexandrie à la fin du
règne de Néron: les marchandises ('l:iient dirigées sur la
ville de Minnagara, entrepôt de l'inti-rieur et einl)ar((ui''es
à Harbaricon pour les ports babyloniens du golfe Pi'r-
sique et les ports égyptiens <le la mer Uouge. I,a route de
l'Euphrato fut explorée au ii' siècle par un marchand de
Syrie nommé Macs Titianus, qui essaya de nouer des
relations directes avec l'Asie centrale en s'all'rancliissant
1 Jusfju'k une èpoi|uc 1res lardive les maniiractures tic Bcrylc et de Tyr
(r*roco|). H'xit. arc. ISt cl sans doute aussi celles de Babylouc et d'Alciandric
ont conliiuié à ral>rîi|ucr des soieries avec les fils de soie et la soie ^i'è»iï
des Sères. Sur les Tyriens i|ui Taisaient le commerce de la soie, cf. Ilicroiiym.
Jii Etfeh. 57; WaildinRlon, n° ls5i c. — 2 Sur le Iracé des voies de la soie
en général, voir de Guignes, dans les Mém. de l'Àrail. ,/is Inscr. .WXll. 170s
l'Euphrate. Ptolémée connaît une autre roule de la soie,
celle du Gange^ qui aboutissait au marché de Palibo-
Ihra et qui se rattachait par le fleuve Bautisos et le pays
des Bautae (Thibet oriental), non pas à la Se?Yi metroiiolis
du nord, mais aux provinces occidentales de la Chine
(Szé-tcliouen), où la sériciculture était aussi très déve-
loppée; à cette date. Une quatrième route, toute mari-
time, est indiquée par Pausanias: pour lui la soie vient
de l'île Séria, au fond de la mer Erythrée, à l'embouchure
du fleuve Ser", il veut parler évidemment du Toiikin
et du delta du fleuve Uouge, où Ptolémée plaçait le
peuple des Sinae, voisin des Sères, avec leur port de
p. 3.">5-370; Pardessus, Ibid.
p. 102-124; Riclllhofcn, Chi
\\ Vi 'al de la Blaclie, dans
p. *ljS-409 et 47t 4S0 (.ive<
— l mol. 1, II, «si|. Cf. Anu
VI. iù, S-lli.
nouv. sér. XV, IS42, p. 1-27; l'ariset, O/.. cil.
na, 1, p. 488 sq. ; Vosliida, Op. cil. p. 2V3(l ;
les Comptes rendus de l'Acod. des /nscr. I*9f.,
une carie). — » Per. mar. Er. 3», 39, il.
11. Marc. X.\lll, C. 00. — 5 Plol. I,IT, 4.-6 Haus.
SER
{2U
SER
Cattigara' ; d'après les documonls chinois, en l'année 1G6
(le notre ère, une ambassade envoyée par le roi de Talsin
(l'Hlmpereiir romain) aurait ahordé au .li-nan (Tonkin); il
s'assit 1res cerlainemeni d'une tenlalive analogue à celle
de Maes Tilianus, faite, sans aucun caractère officiel,
par des négociants sujets de Home, habitant la Syrie ou
l'Egypte, pour ouvrir de nouveaux débouchés au com-
merce de la soie : juste à ce moment, les guerres de Rome
avec les Parthes et le recul de la Chine vers l'Est compro-
mettaient la prospérité du marché des Issédons et des
roules de l'Euplirate et de l'Indus. Une seconde ambas-
sade est mentionnée en :22G. Ces premiers essais de rela-
tions maritimes entre la Chine et l'Occident n'ont pu don-
ner naissance à un courant suivi d'éciianges et les autres
routes restèrentseules fréquentées jusqu'au moyen àge^.
Le terme général sous lequel on désignait au début
les vêtements de soie dans le monde romain était celui
de sericae vestes. Dès le i" siècle de notre ère, ces vêle-
ments furent très recherchés à Rome par les femmes et
tout particidièrement par les princesses de la famille
impériale^; une inscription nous fait connaître, sous
le règne d'Auguste, le nom d une esclave de Marcella,
Thymele, qui était siricarin S c'est-à-dire chargée du
soin do sa garde-robe de serirne vestes. Les hommes ne
tardèrent pas à porter, eux aussi, des robes de soie ; sous
le règne de Tibère, en l'an 16, un sénatus-consulte leur
interdit vainement d'en faire usage'' ; Caligula parut lui-
même en public avec un pareil costume''. On se servait
également de la soie pour faire dos couvertures et des
coussins'. Les marchands de soieries s'appelaient se/'/-
cariP ou siricariP, nerjotinntes"' ou ner/otintnres'^
sericarii, en grec driptxoirocot '^ ou a-isvixapioi'' ; beaucoup
d'entre eux étaient d'origine orientale, syrienne'* ou
juive '^. Les institores f/eminaruin sericarumr/ite ves-
tinm que mentionne Sénèque"' faisaient le commerce
de détail et le colportage.
Il ne semble pas que les étoiles qui avaient cours en
Occident avant le m" siècle fussent entièrement en soie.
Selon toute apparence, tant que l'on n'importa pas régu-
lièrement en Europe les fils de soie non tissés et la soie
grège, les tissus chinois furent traités comme une
matière première, et retravailh's à leur arrivée : ils
subissaient l'opération du pnr/iinrje, qui permettait do
dissocier les fds de soie et ensuite de les teindre et de
les tisser à nouveau, en y mêlant du lin ou du coton ; on
obtenait ainsi des étolTes à la fois moins chères et moins
lourdes ''^ . C'est seulement au m' siècle qu'il est question
de vêtements entièrement en soie, holnsericne vestes,
auxquels s'opposent les vêtements de demi-soie, les
sérielle restes de l'épiique iirécédenle, app(>lées désor-
1 Ptol. VII, 3. I,c Périple de In mer Erijlhn'e, 04, p.irlc des Tliinne
peuple do l'iiili rieur des lencs, silui! 1res loin vers le nord ; c'esl do chez eux
i|uc viendrait la soie eiporléo du délia de l'Indns. — 2 ALel Hémusal, dans
les Uém. defAcinl. îles /user. VIII, Ui", p. 124 st|.: I'. Ilirlli, dans la
lleogra/ik. Zrilsihr. I»9f., p. 414-44'J ; I'. Vidal de la lilaclie, dans lis
Comptes rendus de l'Acad. des Inscr. ISO", p. ."j^O-fii". — 3 Martial. XI, S, .'i.
Pour le 11' sii^cle cf. Ilinl. Aiig. J/. Aiil. phil. 17. 4. — 4 Corp. inscr.
lutin. VI, 98!)3. — S Tacit. Ann. Il, :i:i ; Ilio Cass. I.VII, l.ï, I. — G Suet.
Calif/. ôi; Dio Cass. I.IX, ïli.lo. —7 l'ropcrt. I, 14. li; Martial. III, 8i. 7.
— »Corp. inscr. lalin. VI, '.IS'.H. — » /l,id. XIV, 3711.3712. — 10 /ft,-,(. VI, 9C7S.
— 11 Ibid. XIV, 2793, 2812. Martial {XI, 27, II) parle .le marchands de
soie lixis à Home dans le vient Tusciis. — l^A Naplcs, Corp. inscr. yraec. n" .Ï834
= Kaihel, n" ~K5, (Bœckh corrigeait à tort v,i;.ixoiï',io; en <r-jptYvo-«i^O. ^^^ Kéryle,
WaddiuKton, ii* !S54. — 1^ Corp. inscr. ijracc. Loc. cit. ; Hieronym. tn Ezech. 27.
— I • Waddinslon, Loe. cit. — 16 Tlieophr. ap. Sencc. fr. 1 3, .ï2. — " J. Maripiar.lt.
Vit' privée des Humains, Irad. franc. Il, p. 130. — Is Voir, outre les Icxics de
mais, pour éviter toute confusion, siihsericae ou trninn-
.seririie restes, dans lesquelles la trame seule du tissu
est en soie et la chaîne en une autre matière, lin ou
laine'*. D'après l'Histoire Aiii/itsle, h'iagabal serait le
premier qui ait porté k Rome une liolnseriea vestis '';
ses successeurs se refusèrent à suivre son exemple"-'";
l'empereur Tacite interdit même ce costume aux
hommes^'. En revanche, et bien que la soie valût alors
son pesant d'or -'-, l'emploi des subsericae restes se
répandit de plus en plus, aussi bien parmi les hommes
que parmi les femmes'-^ les empereurs en faisaient des
distributions, à l'occasion des jeux et des représentations
théâtrales ou musicales '-^ L'édit de Dioctétien sur le
maximum, en 301, témoigne des progrès du luxe et de
la faveur que rencontraient alors les liolosericae et
subsericae vestes; il est question de ces vêtements dans
cinq ciiapilres différents de l'édit. On faisait en soie et
en demi-soie des dalmatiques d'hommes et de femmes et
des vêtements de dessous à bande de pourpre ou sans
bande ^'*; ces derniers étaient ornés souvent de broderies,
exécutées par les plumarii-'^; les barbnriearii appli-
quaient sur la soie des broderies d'or plus ou moins
fines: leur salaire, estimé à la tâche, variait selon la
qualité du travail". Dans l'édit, le ceipixâoio;, sericarius,
est l'artisan qui tisse la soie; il est payé à la journée;
celui qui fabrique des subsericae vestes et celui qui
fabrique des holosericae vestes unies louchent vingt-
cinq deniers par jour, celui qui lisseles/iolosericae vestes
h carreaux, scutulalae-', quarante deniers-'. En 30t,le
prix maximum de la livre de soie blanche, c'est-à-dire
d'origine chinoise, était fixé à douze mille deniers'". Les
ouvriers qui procédaient au moulinage dos écheveaux de
soie importés d'Asie, c'est-à-dire qui déroulaient les
pelotes embrouillées pour les relisser, gagnaient
soixante-quatre deniers par livre". On teignait la soie
en ])Oiirpre ; la livre de soie grège teinte avec la pourpre
de la meilleure qualité [blattii), la seule que l'on utilisai
dans ce cas, la ^i.eTi.lixO,iTT-r^''-, ne coûtait pas moins
de cent cinquante mille deniers la livre; la soie pourpre
valait douze fois et demie plus cher que la soie blanciie
et trois fois plus cher que la meilleure laine pourpre;
d'autre part, on ajoutait des bordures et des b.andes de
pourpre aux vestes holosericae et subsericae".
Malgré l'élévation des prix, la soie blanche ou pourpre
continua sous le Bas-Empire à tenir une place de plus
en plus grande dans l'habillement des anciens^*. Ammien
Marcellin prétend que même les gens de médiocre con-
dition l'avaient adoptée'"; il signale, sous le règne de
l'empereur Julien, le développement croissant de l'in-
dustrie et du commerce de la soie^'^. .\u leinps de Sym-
Vflisloire Aiu/nstc cités ci-des.«OHS : Isid. Orig XIX, 22, 14; Leont. Adr. i\eslur.
ap. Mai, .Se. i;i(. iv(. i.oiw coït. IX, p. I'.i7. — 1» ffis(. Aiiy. IClitij. 211, I. — :!0 1,1.
Alex. Ser. 40, 1 ; Id. Anrel. 45, 4. —21 |d. Taeit. ID, 4. — 22 Id. Aurel. 4.ï, 4 :
une livre de soie vaut une livre dor. - 2- Dio Cass. XMII, 24: .Solin. 50, 3.
— 21 llisl. Auq. Carin. I'.l, 3 ; Kl. 6(«ii'/. 17, C. — 2.". Edict. Oioclel. XIX, 10-14
(éd. Momnisen-Iiliimilcr, p. 150); XXII, 8-15 (p. ICO-llil). —21! /*(,/. XX. 1-2
/p. 157). — 21 /liid. XX, 7-8 (p. 1-.7). Il est rail .nllusion à une lunii|ue brod.e
dor dans 17/k(. Ahij. Donos. 15, 8. — 28 Voir sur le sens de ce mot ; Juven. Il,
'J7 ; Censorin. fr. 7 ; Plin. VIII, 193 ; Prudent. Hamartiij. 2S9. Cf. Cod. Iheod. XV.
7, li : scululatne et rariis coloribus sericae. — 2'j Edict. Dioclet. XX, 0-11
(p. 158). — 30 Itjid. XXIII, 1 (p. 161-102) — 31 Ibid. XXIII, 2 (p. 102-163 : le sens
d.ï l'expression toU x^ ffïn'".'»^ Vùou»tv est obscur et discuté). — 32 Hist. Aug. Aiirel.
45, 5 : pallium btattenm sericum ; Cod. Theod. X, 20, 18 : blalta serien; Cod.
Jiist. XXXI, 8 (7), 10 : sericoblalla. — ^^i Edicl. Ilioelet. XXIV. 1 n, 13-1:1 (p. \i,i
et 106). — 3V Parisct, Op. cit. p. |ili-i:5. — '•■ Amm. .Marc. NXlll. il, tl7.
— 36 Id. XXll. 4, ô.
SER
— l2o3 —
SER
niaque ce ne soiil plus seulement des siihsericae vestes ',
mais aussi des liolosericue que l'on distribue aux jeux-;
Macarius note que les courtisanes portent desôÀ&^jTipixi^.
b'après saint Jérôme, ceux qui ne se servent pas de
vêlements de soie sont regardés comme des moines *.
C"estenvain que les Pères de l'Église protestaient contre
cet engouement; les Gaulois et les Barbares eux-mêmes
partageaient le goût des Komains et des Byzantins. La loi
de 383, qui détend aux mimes de porter des sitjillata
serica el des soieries brodées d'or, leur permet le porl
des soieries unies el n'impose aucune restriction aux
autres femmes \ Les empereurs exploitaient à leur propre
bénélice les pencliants de leurs sujets; une série de lois
réserva expressément aux ateliers ou gynécées impé-
riaux l'industrie de la soie, exercée maintenant, à côté
des sericarii, par les holosericopralae " el les nietaxa-
rii ' : ù partir de 369 les gynécées ont seuls le droit
de fabriquer les étofl'es tissées d'or et de soie * ; en 406,
Arcadius exige qu'on leur livre à l'avenir toute la soie
grège et toute la soie teinte en pourpre qui entreront
dans l'Empire ^ ; en 424, Théodose II interdit aux parti-
culiers de fabriquer des vêtements de soie el ordonne
d'apporter au Trésor lous ceux qui existent déjà '". La
main mise de l'État el les complications extérieures
firenl naître, pendant le règne de Juslinien, une crise
1res grave". Les guerres entre l'Empire et la Perse arrê-
tèrent l'importation des matières premières; les soieries
devinrent extrêmement rares el atteignirent des prix
considérables; Juslinien crut pouvoir tixer d'office leur
valeur maxima à 8 sous d'or la livre. Les marchands
renoncèrent à un commerce qui les ruinait; ceux de Tyr et
de Béryle fermèrent leurs magasins, el beaucoup d'entre
eux s'expatrièrent en Perse, tandis que le cornes lurgi-
tionuni, de qui dépendaient les ateliers impériaux el
qui n'était pas tenu d'observer le tarif maximum, vendait
la soie teinte ordinaire jusqu'à 6 sous d'or l'once, soil
72 sous d'or la livre, el la soie pourpre quatre fois plus
1 Sinira.icli. Kpisl. 5, iO. — 2 Ibid. 4, S. — 3 JJacar. Homil. 17, 9.
— S Ilicronym. lipisl. XIX, Ad ilarcell. — 5 Torf. Thuod. XV, 7, 11.
— 0 Curp. inscr. lalin. VI, '.1893; Marjui, Fapiri diplomal. n» LXXIX,
p. 113. — '• Cod. Justin. VIII, 13 (l*|, il. — « Cod. Theod. X, 21, I; Cad.
Jinlin. XI, 8. — » Cad. Thod. X, iO, 13 ; Cod. Justin. .M, 7. 10. — I» Cod.
Theod. X, il, 3 ; Cod. Justin. XI, 8, 4. — n Nous la connaissons par Procope,
Hist. arc. i5. Cf. Parisct, Op. cit. p. 179-182. — Bibuociuphie. De Guignes,
Réflexions générales sur les liaisons et le commerce des Jtomains avec les Tar-
tares et les Chinois, dans les Mém. de l'Acad. roy. des Inscr. XXXII, I76S,
p. 355-370 : d'Anville, liech. ijéogr. et histor. sur la Sërique des Anciens, ibid.
p. 573-626 ; Ilccrcu, Jdeen ùber Potilik, den Verkehr und den Bandel der ror-
nehmst. Vôlker des Alterl. I, 1, UfiUingcn, 1793, 2" éd. IS26 ; Mougcz, Jiech.
sur les ftubillemrnts des anciens, dans les Mém. de l'Institut de /''rance, classe
d'hist. et de littér. IV, 1818, p. iii-3H; LaUcille, Éclaircissement de quelques
passnyes d'auteurs anciens relatifs à des vers à »oie, daus les Annales des
sciences naturelles, XXIII, 1831. p. .^S-8i; Slan. Julien, Bésumè des principaux
traités chinois sur la culture des mûriers et l'éducation des vers à soie,
Paris, 1837; K. Killcr, Erdkunde, VllI, Berlin, 183s, p. 679-710; Pardessus,
Mém. sur le commerce de la soie chez les anciens, dans les Mém, de l'Acad. des
Jnacr. XV, 1" partie, 1842, p. 1-27; J. Yales, Textrinum antiquorum, Londres,
1843; Franc. Michel, Hecherches sur le commerce, la fabrication et l'usage des
étoffes de soie..., Paris, 1852-1854; F.-C. Movers, Die Phônizier, 11, 3, Berlin,
1856, p. 263 sq.; F. Bock, Gesch. der Uturijiscken Oewânder des Mitletalters,
Bonn, 1856-1871 ; Lassen, Indische Alterlumskande, I, 2" éd. Leipzig, 1858,
p. 369-375. Semper, Der Stil in den technischen und lekionischen Kûnsten, 1,
Textile Kunst, Francfort, 1860 ; E. Pariset, Histoire de la soie, I, Paris, 1862 ;
J.-T. Keinaud, Relat. polit, et commcrc. de l'Empire romam avec l'Asie orient.
Paris, 1863 ; Zachariae von Lingcnllial, JSine Verordnung Justinian's ùber den
Seidenhandel, dans les Mém. de l'.iead. des sciences de St-Pétersboury, 1" série.
IX, 1865; B. Biichsenschutï, //if Uauptstûtten des Gewerbfleisses im klass. Al-
tert. Leipzig, 1869; H. Bliininer, ùie gewerbliche Thrlligkeit der Vôlker des klass.
AUert. Lci|izig, 1869, el Technol. und Terminol. der Gewerbe und Kûnste bei
Griechen und Jtiimem, 1, Leipzig, 1875, p. 190-193; Riclithoren, CUmn, I Berlin,
1877; Becker-Gôll, Chartkles, III, Berlin, 1878, p. 238 si|. el Cattiis. III, Berlin,
1882, p. 283 sq.; J. Hcdde, Itépertoire sérilechnique et éphéméride de la pro-
cher. L'introduction à Constantinople de la culture du
ver à soie du mûrier à cocons blancs vint heureusement,
peu de temps après, mettre un terme à celte situation
difficile el ouvrir une ère nouvelle dans l'histoire de la
soierie. Maurice Besmkr.
SKRI»ER.\STR.\. — Attelles que l'on attachait aux
genoux des enfants pour empêcher les jambes de tour-
ner'. E. S.
SERR.V. Ilpiojv. Scie. — Les premiers lioinmes ont
utilisé des pierres plus ou moins rugueuses pour couper
le bois ou l'os '. A l'époque néoli-
tliique, on voit apparaître des silex
dont les lames, finement dentelées,
pouvaient scier l'os et la corne el qui
ont élé d'un usage très répandu, car
on en a trouvé un peu partout-; ces
petites lames sont très abondantes à
Hissarlik ' (fig. 6371). En Suisse, on
a recueilli, dans les palalittes, plu-
sieurs scies en silex, fixées, à l'aide f'--- ''^^'- ~ ^'^'<'' '''^
de résine, dans des montures en bois
encore bien conservées'. Une fois en possession du
métal, l'homme a imilé ces outils primitifs '' ; il est certain
que la scie en métal remonte à une haute antiquité*.
I. — Pour le travail du bois, les mythographes [d.\ei)A-
Lis, fig. 2277] allribuenl l'invention de la scie tantôt à
Dédale ' , tantôt à son neveu Talos ou Perdix'. Les scies les
plus anciennes étaient absolument semblables à celles
qu'on emploie de nos jours : elles se composaient d'une
lame de métal, plus ou moins longue, garnie de dents le
plus souvent d'un seul côté, munie d'un manche ou tendue
dans une armature en bois, avec deux prises de main dis-
posées de façon différente suivant que la scie était destinée
à des menuisiers, à des charpentiers, à des scieurs de long
ou à des ouvriers d'art. Naturellement, les lames de métal
se relrouvenlseules aujourd'hui dépouillées de leur mon-
ture mais, d'après les mesures et la forme de ces lames,
duction de la soie, Lyon, 1881 ; J.-B, Girand, Les origines de la soie, Lyon, IS83;
F. Hirlli, China and the roman Orient, Sangliai el Munich, 1886, el Ci'inesisehe
Sludien, Munich, 1890; Sclirader, l-orsch. zur Handelsgesch . und W'nrenkunde,
1, léna, 1886, p. 220 S(|. ; A. KicgI, Die âgyptischen Textilfunde, Vienne, 1889;
li. Korrer, Die rômischen und bij zantinischen Seidentextilien aus dem Grûber-
felie rom Achmim-Panopolis, Strasbourg. 1891; Marquardt, La Vie privée des
Domains, Irad franc. II, Paris, 1893, p. 123-133; Th. Uonimsen et H. Bliinmer,
Der Maximaltarif des Diocletinn, Berlin, 1893 ; B. Bûcher, Gesch. der technischen
Kûnste, 111, Stullgarl, 1893, p. 350 sq. ; Nisscn, Der Verkehr zuischeyi China und
dem rôm. Iteiche, dans les Jahrbûcher des Vereins von Allertumsfreunden in
RheinUtnd, I8'*4, p. 8 sq. ; T. Voshida, Entwickelung des .Seidenhandcls und
der Seidenindustrie vom AUert. bis znm Ausqang des Mittelalters, lleidel-
berg, 1895 ; F. Uirth, L'eber den Seeverkehr Chinas im .AUert. nach chinesischen
Quellen. dans la Geograph. Zeitschr. 1896, p. 441-419 ; P. Vidal de la Blache, les
voies de commerce dans la géof/ruphie de Ptolémée, dans les Comptes 7'cndus de
l'Acad. des /nscr. 1896, p. 456-4*3. et Note sur l'origine du commttce de la soie
par voie de mer, ibid. 1897, p. 520-527; E.-F. Berlioux, Les premiers voyages
des Européens dans l'Asie Centrale et au pays des Sèves, dans le Dullet. de la
Soc. de géogr. de Lyon. 1898, p. 5-81 ; C. Puini, /( Ta-Thsin o l'imperu romuno
negli storici cinesi. dans Atene e lloma, 1899, p. 115 sq.; V. A. Sniilh, The early
history of India, Londres, 1904, p. 217 sq.; -M. Chwoslow, Hist. du commerce
oriental de C Egypte gréco romaine (en russe), Kazan, 1907, p. 147-155.
.SERPEHASTRA. 1 Varr. Ling. lut. IX, 5, 129 : qui pueris allignns in
geniculis serperastra ut eorum depravata corrigam crura; cf. C'ic. Ad Attic.
VII, 3, 8.
SEItRA. 1 J. Déchelctle, Manuel d'archéol. préhist.\>. 100, 167,504. — - G. de
Mortillcl, Le Préhistorique, i' éd. p. SI 2. — 3 Schlieniann, llios (Irad. de
Mme F.ggcr, p. 308-309; Perrot et Chipiez, Hist. de l'Art. VI, p. 117. — ' Gross,
Les Protohetcétes, pi. v. — ii Dcsor, Le bel d-jC du bronze, p. 21, pi. n, 1 ; G. di-
Mortillet, La fonderie de Lamaud (Jura), p. 31. pi. lr,cii, lil, 17. — 6 J. IJeekinauu.
DeUrâge f. Gesch. der Erfindungen, II. p. 254-256; Bliiraner. Technulog. und
Terminolog. der Gcwerbe und Kûnste, II, p. 210-222. — 7 Bas-relief du l'alais
Spada ; cf. Philoslr. Imaq. I, XV, 28, p. 393. — 8 Ilyiîin. Fat,. 271 ; Ovid.
Metum. VIII, 243; Jbis, 5011 ; Scrvius, ad Georg. I, 143; Diodor. IV, 76: Seuec
Epist. 90, 14 ; Plin. Hist. nat. VII, 198; Isidor. Orig.XW, 19, 9.
si:iî
— 125G
SKR
(lapros la diiiioiision dus ili-iils, il usl lacUf de rceon-
iiailre à peu près à quid ^eiire de travail elles élaienl pri-
inilivemenl deslinées. On a dr-jà signalé à Tirynllic et à
Mycènes, au milieu des débris de la plus ancienne civili-
sation grectiue. des lames de scie en os'. A l'inlérieur
d'une maison de Tliéra, on a trouvé une scie en cuivre
pur, sans étain, recourbée en faucille et dont une extré-
niilé avait été forgée de manière à pouvoir être munie
d'un manclie ((ig. 637:2)-. Les fouilles des édifices crétois,
en particulier à Gournia et à Hagia Triada, ont livré de
nombreux outils pour le travail du bois, notamment des
scies à manche, à lame droite ou légèrement contournée.
Ki;;. C373. — Scie iir.'licn.-iii.iiiu.
Parmi tous ces outils on remarque une granile lame,
a\ee de petitesdi^nts. mesurant dans son intégrité 1 m. 45
de longueur, ce ([ui est encore la nnjsure adoptée de nos
jours pour la scie des charpentiers (lig. 0373) '. On em-
ployait la scie pour tailler la corne et l'ivoire * : de
toutes petites lames, dentelées sur deux cotés, trouvées
en Crète, semblent avoir servi pour le travail de
l'ivoire^.
Pour débiter ou façonner la pierre et le marbre on se
servait du ciseau, du tour et de la scie''. L'emploi de la
scie pour ce travail spécial' parait remonter à une très
ancienne date. Dans les constructions de la p(''riode
héroïque, à Mycènes et à Tirynthe, et sur les plus
anciennes tombes d'Orchomène, on a observé de nom-
breuses traces de sciage *. Comme de nos jours, l'instru-
ment était dill'érenl suivant qu'on s"atta(|uait à la pierre
tendre ou à la [)ierre dure et au marbre.
l'our la pierre tendre, on employait comme pour le bois
une scie à dents, serra dentutu ', analogue sans doute
au passe-partout moderne et probablement, quand le
morceau à détacher était moins important, une scie l'i
manche, dentée de même.
l'our la pierre dure et le marbre, on se servait d'une
lame de métal coupante, sans dents, appeléi; par les
Grecs XiftoirptsTr,; irpicov'"; on introduisait du sable et de
l'eau dans la rainure où cette lame manœuvrait. L'opé-
ration, décrite par Pline, ne réussit que par l'action du
sable mouillé; les ouvriers modernes, qui emploient
encore le même procédé, disent que c'estle sable qui tru-
I Scliliuiiiaiin, Tirynlhe, p. ICi ; Mécènes (Irad. Giraidiu), p. 331-335 ;
l'errol cl CIlipicz, IJisC. île InrI, VII, p. Ilfl. — 2 Fauqiu-, Snntoiin. p. 141 ;
Uorcoii, fliill. de C/ir. (r. U'.UIltiics, l»70. p. iol ; l'errol <-l CIlipicz.
VI. p. li'l, lig. 31. - 3 J. Iiurni, lelur lormyken. und m<jk,:„. ArcliUeklur-
formen, dans Jnhreahefle det ôtleireich. arehaeol. Imlil. X (1907). p. iV,
"g. 'i. — ' BIflmncr, H. p. Jl«. — 5 J. Ilunn, (>p. cil. p. M. — 6 Tlieoiihr.
De lap. 5 ; llor. Carm. II, 18, 17. — ■; blûmncr. III, p. 7C-78. — 8 DiirpfcUl,
Amerie. joiirn. of archeol. 1889, p. 331 ; /ter. anhéol. 1688. p. 67. — 9 Vi-
Iruvc, II. 7, I , dit f|iic lusapc en cUil coiiranl en Italie ; Pline fail la ni.'nie
observaUuii puur la pieirc bUnclic de l'K-igir|iie, ///»(. ii,i(. .X.VXVI, lO'J.
- I» Hollu», Onom. X. IWi. — M niiu. U,st. nul. XXXVI, 51 cl Sliiv. ; cf.
Cb. Ilubois. Élude sur t'ndminislr. et ierploit. des carrii-res dans le monde
romain, p. .tr.ni. — n l'ausauias. V, 10, *. — 13 Ibid. ; cl. l.aloui-Moiiccaui,
vaille. .\u>si l'Iiiic dipiiiirt-il des iiidicalions précises sur
la qualité du sable dont on doit se servir". Kn faisant
agir la grande scie approi)riée à ce travail et dont la
lame n'était pas très large, l'ouvrier ne pouvait opérer
que lentement et p('niblement. Mais il devait y avoir d'au-
tres scies sans dents, plus petites, avec une lame plus large
et plus courte, munies sur le dos d'un emmanchement en
bois et qu'un homme manœuvrait plus vite. C'est vrai-
semblablement avec ces dernières scies tju'on fabriquait
les luilesde marbredonl on attribue l'invention au .Naxieii
Byzès, contemporain d'.Vlyattes, roi de Lydie '-. Le temple
de Zeus à Olympie était cou vert avec des tuiles de marbre'-',
et dans les dernières fouilles de r.\cropole on a retrouvé
des spécimens de ces mêmes tuiles au milieu des ruines
des monuments détruits par les Perses". Un fragment
d'une lame de scie sans dents a été trouvé en Crète ''.
Les comptes d'Eleusis nous font connaître le salaire
journalier des scieurs de pierre, itptVTa!, en 389 : deux
hommes recevaii'nl trois drachmes par Jour, soit une
drachme el demie par homme; un TrpicTTiÇ et son aide
touchaient deux drachmes et demie "'.
Un vase grec à ligures noires trouvé à Orvieto hniruil
l'image d'une scie à métaux accrochée au mur d'une forge
avec d'autres outils; la lame est ajuslé-e dans une mon-
ture en métal en forme d'arc''' (lig. ii)H .
II. — Dans les très anciennes nécropoles d'Llrurie
qu'on fait remonter jusqu'au x" siècle av. J.-C, on trouve
des scies en bronze'*.
Sur une slèle déemi-
verle dans le jardin
Margherila, à Bologne,
on voit un génie ailé
portant à la main une
scie exactement sem-
blable à celles dont les
artisans et surtout les
menuisiers se servent
couramment de nos
jours". Plusieurs ur-
nes funéraires étrus-
ques sont ornées de reliefs représentant des hommes
débitant une pièce de bois avec une scie qu'ils mettent
ensemble en mouvement (lig. 0374) -".
III. — .\ l'époque romaine, les textes et les monuments
figurés deviennent plus nombreux. A diverses reprises,
les écrivains parlent de la disposition des dents de la
scie-', de son emploi--, de son bruit strident el dés;w
gréable qui trouble le reposdes voisins-^ Les Vestales se
servaient d'une serra ferrea pour broyer le sel sacré ^*.
Une scie est toujours désignée parle mol se/va ; unepelile
scie s'appelle serru/a " , une serrula iiian ubriata ou scie à
manche, dune longueur déterminée, porte le nom spécial
de lupus'-'", c'est celle qui servait aux jardiniers pour
Fig. C37i
ItestaariUion d'Olympic, p
p. 331. — 15 J. Dunn, O/,.
ISSi, p. 2H. — >'' JJoHiim.
feriiumI. — <« Uozzadini, .S'i
71. — It Dôrprdd, Amerie. journ. of archeol. ISS»,
il. lijj. li. — 16 P. Foucarl, ttull. de corr. hellënii/ue,
i. «'. /nsl. XI, pi. xxu, i; voir plus liaul, lig. 2969
art arch. del siyn. .irnoaldi Veli preiso Bolognn, p.
6V, pi. 11. 9 ; Dcsor, La fonderiede llologne, dans Rev. «irrA. juin 1877, p. iOS (douze
scies eu Iirouzc) : Oiiruy, llisl. des iiomains, I, p. lxiii. — *9 Rt-izio, .Volizie d.
scuri, 1S90, p. 1 H. pi. 1, 3. — 20 Gori, Muséum elrusc. I, 189, 2 ; ilicali, Antichi
monum. pi. \i.ii ; 0. Jalin, Derichie der sSchs. Gesellseh. der Wissensch. XIII,
1861, p. 335 ; BUimner, II. p. 312, fig. 50. — 21 Viliuv. V, 7.-52 Scncc. Episl. XC,
8; Auson. A/os. 3lil. — 2! I.ucr. Il, HU; Cic. Tuscnl. V, in. Ile,; S<-iief. fpisl.
LVI. —2' Varr. ap. Non. Marc. p. iii, 10; cf. skcispiza. — J^Cic. /Vu f(ii«/iMi*,
180; Varr. II. rusl. I, 50,2; l'aliad. 1, 41, 2 -.Colum.Ùearb. fi, i; llcls. VII, 33; cf.
Blliiuucr, II. p. 217. — 26 pallad. I, 43, 2. Duruy, Uist. des Ilom. Il, p. 291, n. I.
SI'Ti
— I2a7 —
SER
sitignor les arliros fruilicrs ou In vij<no'. l'iiiloslrnte
(l(''iTil d'iino façon
liuiuoristique les
^ mouvements des
Amours occupés à
srii'r 11' liois nôcnssairp à Dcdalo pour fahrii|iior la vache
l'ii ImiIs utile aux
desseins de Pasi-
pliaë-.
Dans les ruines
des maisons ro-
maines, des lames
desciesen fer et en
lu'onze et des frag-
ments de lames
ont été retrouvés
(fig. 6373) ^ Les
tombeaux des ar-
tisans romains
sont souvent ornés
descies et d'autres
outils se rappor-
tant à leurs pro-
fessions'. Sur un
bas-reliefs du mu-
sée du Capilole,
deux scies d'un
genre très dilTé-
renlsontreprésen-
tées au milieu
d'instruments de sacrifice ifig. C.'{7()j ■"'. Un magniiique
verre chrélien provenant des catacombes de Rome, oflVe
l'image d'un menuisier représenté avec sa scie dans la
vraie position du menuisier moderne". Des peintures
de Pompéi montrent, l'une l'intérieur d'un atelier
de menuiserie dans lequel deux Amours sont en train
de scier une planche placée sur un établi, l'autre deux
enfants sciant une planche dans une position à peu
près semblable à celle des scieurs de long ". Sur un
bas-relief trouvé à Deneuvre (Meurtlie-el-Moselle) on
reconnaît sans hésitation deux scieurs de long, seclores
nialeriarum *, dans l'exercice de leur métier ; la pièce de
bois est posée sur un chevalet formé de ((uatre pieds
obliques; les deux ouvriers, l'un dessus, l'autre dessous,
manœuvrent la longue scie professionnelle' (llg. G377).
L'emploi de la scie par les Romains, pour découper la
pierre et le marbre, est attesté par le passage de Pline
cité plus haut'". Des observations intéressantes faites
dans les anciennes carrières romaines prouvent qu'on se
servait de la scie pour détaciier les blocs. Dans les car-
rières du cap de Garde, près de Bone, les traces de
< Moiigoz. loxtnim. ilmjr. cmi,loij,s par te «nc;.,7l.!, dans .Vrm. A cwl. des In.scr. 1 1 1
iSIs, p. ii.n. i7,|.l. vin ;cr. ILCivaiiiol. Ilci-.arclt. 190*. p. 87. Iig.3.— 2 l'Iiiloslr.
tmaij. I, iG. — S Griv.-ind de la VinccHc, Arts et métiers des anciens, pi. i.lv. 4 à 7 ;
i.v. i ; l.indcnschinil, l),c AUerlkHmer, IV, pi. xi.vi, n. H: /t,.v. nrch. )9lU, p. S7;
Courlillcr, Cat. du musée deSawnur, p. ii-ii. pi. m ;i vu (outillage d ini cliarpcnlicr ;
scie à main el trois fragments d'une grande scie» ; lîHiinncr, M, p. -^0, fig. 4i g et A,
(trùôpetilcscicà ni.iin cl lanicdunc plus grande scie du niusd'O de Zurich).— 'E. Espd-
landicu, /lecueildes bas-reliefs delà Gaule romaine, n. 1616, 1888 ; C. i. /. XIII, 37il ;
Duruy, Uisl. des llomains, V, p. 037. fig. 6. - SGruler, Inscr. r.xvi, I ; Mus. Capitol.
IV, pi. IV. — « l'crrel, Catacombes, IV, pi. \xn. li ; 0. Jalin, Berichle der srîchs.
Cesellsch. dtr Wissensch. 18G2. pi. xi, 1 ; Garrucci, aturia d. arte crist. 111, Vclri,
pl.ccii,3. — ; Aiid'c/i. di Ercoluno, I. 34;O.Jalin, .Abliandlumjen dersûchs.GcseUsch.
S. p. 312, pi. IV, V cl VI, 3 ; (Jiivaud de la Viiiccllc, Op. cit. pi. lui. — « C. i.l. V. 815. On
appclail sp^'cialcmcnt materiae\cs bois dcstinr-s:t la construction. — 9 Tliédcnat. /?»//.
des Auliij.d. /V. ISSfi, p.ni; BuU.Soc.darch. lorraine, XXXVII, ISSS.p.S'J; voir
VIII.
sciage étaient encore lelleiiicnt nettes, en IS'm, qu'on
aurait pu en compter tous les traits". Des stries de même
nature, qui
remontaient
peut- être
plus haut
i| ne l'épo-
que ro-
maine, ont
été consta-
tées en Egy-
pte, au sud
de Syène'-,
et aussi en
Gaule aux
environs de
Trêves ''.
Une scie
mesurant
4 m. 50 de
long et
4 millimètres d'épaisseur a été trouvée dans les carrières du
Felsberg". Ausone parle de scies employées pour débiter
le marbre et qui étaient actionnées par la force de l'eau '■''.
Les scieurs de pierres, .leclores seiTarii, étaient nom-
breux à Rome, où ils étaient organisés en collège"' : leur
industrie se développa sous IKinpire; avant cette époque,
les rriislae mnrmorum arrivaient d'Orient toutes pré-
parées'^ Une s/ntio serrariorum Augusloritm existait à
Ilaliea, en F.spagne '*; les carrières du voisinage faisaient
partie du domaine impérial. A. IIiino.N de Villepdssk.
SICP.RATI XCMMI. — Tacite' donne ce nom à certains
deniers d'argent de la République romaine, qu'il dit
avoir été particulièrement recherchés des Germains de
son temps encore. Les pièces qu'un tel nom désignait
sont celles qui ont les bords régulièrement el inten-
tionnellement découpés tout autour en dents de scie-.
Mais ces deniers de la République ne sont pas les plus
anciennes monnaies ainsi fabriquées, que l'antiquité
ail connues. Les premières pières à bords dentelés sont
des bronzes d'Anliociius III le Grand, roi de Syrie (222 à
187 av. J.-C); puis, dans la suite monétaire des Séleu-
cides, on trouve des bronzes dentelés en abondance
jusque durant le premier règne de Démétrius H Nicator '.
En Macédoine, quelques monnaies en bronze et en potin,
frappées dès le règne de Piiilippe V (220-179) ont aussi
leurs bords en dents de scie '.
Un petit noml)re de pièces d'argent et d'or de Carlhage,
émises nécessairement avant la ruine de celte ville en
146, sont également dentelées ■'.
Les Romains paraissent avoir imité les usages que
aussi une peinture .le l'omp.-i. Areh. /Tcidoiv, Vlll, pi. xvii, 1. - H) //is(. im/. XXXVI
51 : cf. lilfimiicr, 111. p. 70-78. — " riiier. Ilull. de la Snc. génlofjiqm- di- /V.
IV, p. 1(10; VaurneX, Ilicltesse minérale de lAli/Me, 1. p. 3V; Tissot. Céoijrn-
phie d» la proii rom. d'Afrique f. 101. — '- Oescr. de fÉi/ijpte (obseriations de
Rozif^rc), i' éd. 111, p. 4lisc|. — " A. v. Coliauscn el Wiiriicr. Ilôm. .Sleinbrûclie
auf dem Felsberg, p. W. — 'i Ibid. p. 31. — li .Mos. 30*. Sur tous les détails
relatifs à l'emploi de la scie dans les carrières, voir BlGmner, III, p. 7+.7S ; Cli. Du-
bois. Admin. el exploit, des carrières, f. Xl.l-XLV. - i»C'. i. l. 1, linS; VI, 9887.
9888 : X, 0810 — " Plin. Hist. nat. XXXVI, 47, 50, .SI, .Î3 ; Mar(|uardt-Mau, la
rie prine des nomains {Imd. V. Henry), 11, 47f. — is C. i.l. Il, 1131, 113i.
SKRItATl. 1 Gcrman. n. - i E. Baliclon, Traité des .l/o<in. gr. et rom. Théorie.
et doctr. t. I, p. 619. — 3 Ë. Babelon, Les rois de Sgrie, Inlrod. p. 188: Calai.
p. 53, ir" 401 à 404; p. 50, n"4i9sq. — *ll. fiaehler, Zeil. fiir Numism. l. XX,
1897. p. 174-179 cl ÏSO. — S Lud. Muller, iXumism. de fane. Afrique, I. 11. p. n;,
■Ml 91 et 11 i-l 13 ; F. I.cnorniaiil, La monn.dans t'anliq. l. I, p. Ï68.
138
SI'.H
— 1258 —
SER
Fis. f'^'S. — llc!
nous viMioiis lie sigiialor. ol il ne .semble pas i\\\v les plus
anciens denarii serrali soient anlérieurs à l'an lO'i qui
précède noire ère*. Les premiers de ces deniers sont des
pièces de bon argent,
aux types ordinaires de
la tèle de Rome casquée
et des Dioscures h che-
val (fig. 0:J78), mais sans
nom de magistral, ou
plutôt avec l'emblème de
la roue, qui désigne un
magistrat anonyme, peut-élre un Denier ou un Deiita-
/MS-. Après ces deniers dentelés anonymes, viennent,
dans la série romaine, ceux qui portent les noms de
L. Licinius Crassus et Cn. Domitius Ahenobarbus, qui
sont de l'an 92 av. J.-C. environ '. Puis, l'usage de den-
teler la tranche de la monnaie d'argent persiste sporadi-
quement à Rome jusque vers la fin de la République,
concurremment avec l'autre mode plus répandue.
Les numismates se sont souvent demandé quelle fut
la cause de l'adoplion de cette pratique étrange et incom-
mode qui parait simultanément en Syrie et en Macé-
doine'. Ce ne fut certainement pas, comme on l'a
prétendu, pour empêcher d'altérer ou de rogner les
monnaies, car le moyen eût été inefficace et n'eût pas
été appliqué seulement h certaines pièces ; en outre, les
bronzes dentelés de Syrie et de Macédoine sont sans
valeur intrinsèque, et quant aux deniers romains
d'argent dentelés, un bon nombre sont fourrés^. On ne
saurait non plus voir dans la dentelure des bords quelque
allusion astronomique ou sidérale, ou bien une allusion
au surnom Denier ou Dentalun de quelque monétaire.
Peut-être faut-il mettre cette bizarrerie au compte d'une
mode ou d'un caprice, ou bien croire qu'on a imaginé
de denteler les coins et, par suite, les flans, pour faci-
liter le découpage mécanique des monnaies dans la
feuille métallique sur laquelle on les frappait.
Les dépôts de monnaies romaines découverts au delà
du Rhin ont confirmé l'assertion de Tacite sur la préfé--
rence des Germains pour les deniers serrnti du temps de
la République ". E. Babelon.
SERT.V. — Le mot latin séria désigne parliciilièrement
la guirlande de fleurs (ressée. En grec les termes (Tricpavoç,
cTÉ-ioç répondent au double sens de guirlande et de cou-
ronne. A bien des égards, d'ailleurs, il n'y a pas de distinc-
tion à faire entre les deux objets. C'est surtout comme
motif ornemental de la sculpture et de la peinture déco-
ratives que la guirlande mérite une étude particulière.
Pour ce qui concerne sa confection, le nom et la culture
des plantes qu'(m y employait, nous renvoyons à cohona.
Avant qu'on eut l'idée de tresser les fleurs et les
fiiiilles en faisceau, la guirlande ne consista qu'en un
< l!.il.i-loii, Trailé, t. I, p. Cîl. — a Colicii, Descripl grn. des nirdaitles consii-
lairet, p. 33» ; Baliclon, AfMm. <le ta Wpul,!. romaine, 1. 1, p. *S. — 3 [iabeloil, Ibid.
l. ), p. Ml cl t. Il, p. i:il. — 3 Eckhel, Dorlr. num. vet. t. III, p. 2il ; H. Willers.
Nnm.Xeil. i\c Vieillie, t. X\XI, 18'J9, p. ;ti8; BaLcIoii, Traiti, L I, p. 6iS; J.
S\«roiios, llull.corr. hell. l. XVIII, Is'ii, p. 122; Soliman, Num. cliron. ISiW,
p. 3ii à 3V2. — 5 Babeloil, J/onn. de la Rcp. Inlrod. l. 1, p. 54 ; Traité,
t. I, p. G:j3. — 6 Mominseii, trescft. des rôm. il&nzwesens, p. 771.
SKRTA. 1 Cl-sI par ailacliionismo qu'il cncst fail mcnlion dans les Postltomerka ;
cf Tryphiodor. //. capl, 310 sq., où les femmes troyennes ornent de guirlandes le
clieva! de bois construit par les Acli^cns. — 2 Cf. cohona, p. 15i4. 3 MaspiTO.
Iliipport au Ministre des travaux puitics, trouvaille de Oeir-el-Bahnri, 1881.
— i Cic. Leg. Il, i4, lin. — 5 cf. le relief dicarioi [cobna, fiR. lOOCJ: cf. aussi les
guirlandes suspendues à la porle du nouvel 6pou«, Lucian. Dial mer. Il, S83, 4 ;
Plut. Ainator. lii, 5; Lucan. l'hars.W, 335; Juven. VI, 51 et ii7. —0 Comptes ren-
simple rameau de feuillage, ou lmi plusieurs liges liées
bout à bout. Sous cette forme priinilive, l'usage en
remonte évidemment à la plus haute antiquité, bien qu'il
n'en soit nullement question dans les poèmes homé-
riques'. Il n'est pas douteux non plusqu'avant d'en faire
une parure on n'ait considéré la guirlande comme un
symbole religieux -, un altribul désignant les personnes ou
les choses auxquelles on voulait reconnaître un caractère
sacré. C'est A ce litre qu'elle figure parmi les offrandes
qu'on dépose dans la tombe auprès du mort. Des momies
égyptiennes, datant des XX' et XXP dynasties, ont été
trouvées parées de couronnes et de guirlandes en fleurs
naturelles \ A Rome, la Loi des XII tables mentionne
encore, parmi les rites funéraires, l'usage de lonr/ae coro-
nae, qu'il faut .sans doule entendre dans le sens de serlae''.
Dans les cérémonies religieuses, la guirlande a la même
signification que la couronne ou la bandelette [infula]. De
même que l'on couronnaille prêtre et la victime du sacri-
fice, on suspendaitdes fleurs et des branchagessoilautour
de l'autel, soit aux murs ou à la corniche des temples".
La guirlande proprement dite, faite de fleurs et de
feuilles tressées, n'apparaît qu'à
une époque relativement tardive.
Sur les vases à figures rouges où
sont représentées des scènes de
sacrifices, lautel n'est jamais orné
que d'un simple rameau". On a
donc quelque raison d'accepter
le témoignage de Pline, qui place
au temps du peintre Pausias,
c'esl-à-dire vers le premier tiers
du IV" siècle, l'invention de la
couronne et de la guirlande
tressées. Qu'il faille ou non en
faire honneur, comme le vou-
à la maîtresse du peintre, Glycera, on doit
reconnaître que les monuments figurés n'ofTrent, avant
cette date, aucun exemple de ces objets'. Le premier, qu'à
ma connaissance, on en puisse signaler, nous est fourni
par un vase ilaliote de style récent*. Sur le puléal de la
Tholos de Marmaria, à Delphes^ On voit (fig. 0:W0), des
jeunes filles occupées à suspendre et à charger de lem-
nisques [lemniscus] une lourde guirlande de feuillage,
pareille à celles que nous montrent si fréquemment les
reliefs hellénistiques. Ne serait-ce que pour cette raison,
il semble impossible d'assigner au putéal une date voi-
sine de la construction du temple, et de ne pas en abais-
ser l'exécution au moins jusqu'à la fin du iv= siècle.
Le motif bien connu de la guirlande à festons, posée
sur des bucrânesou des fêles de taureaux, n'apparaît dans
l'architecture que vers la fin du ni" siècle. C'est à Magné
sie du Méandre'", qu'on le rencontre pour la première
dus de la com. de Saint-Pètersb. 1801, pi. vi. 2. — ' t'iin. Nat. Itist. XXI, 4:
Arl}orum enim ramis corimaii in sacris certaminibns mos erat primum. Postea
variare coeptum mixtura versicolori florum, qune invieem adores colorcsque
hccenderet. Sicyone ingénia Pausiae pictoris ntque Glycerae coronariae dilertae
admodum illi, cum opéra ejus pictura imitaretur. illa provocans variaret...; ibid.,
XXI, 3 : Tenioribtts (coronis) utcbantur antiqui, stroppos appettantes... Cum vero
e fîoribus fièrent, sertan seî'vndo serieve appellnbantur,f/und apud Graecosquoque
non ndeo antiquitus placuit. — S I.enormant et de Wittc, Elite, céram. t. IV,
pi. i.w : ibid.. Il, pl. i.xin. La lis. 0370 tirée d'un vase apulien dont le sujet est
développé fig. 130S, cn offiecncore un bel exemple ; d'autres se renconlrent fréquem-
ment sur les pierres gravées à partir de cotte époque. — ^ Itev. de fart ancien
et moderne, t. XV, p. 17. — l" lit non à Pergamc, dans la stoa d'Atliéna l'olias
(lO?-!.".» av. J.-C), comme le ilit W. AUniann, Architeklur und Ornamenlik d.
antilten Surkopftaqe, p. 02.
0379. — liuirlandc de
drait Pline
s En
— 12r)0
SER
toyf
rv^
foiblfig.CaSI), danscles édifices conslniilsde220à205'. Il
est aisé d'imagim.'r après quels essais on en est venu à ce
genre de décoralion. L'usage s'élablil, au moins dès le
iv° siècle, de suspendre les lèles des vicliines soil à l'aulel
du dieu, soil au\ murs
ou aux colonnes de son
lemple-, déjà parés pour
la cérémonie du sacri lice
de Heurs et de feuillage.
A Déios, au grand Porti-
que Nord (lin du m" siè-
cle), des léles de tau-
reaux se détachent en
ronde bosse sur les Iri-
glyphes. Réduite à elle
seule, celle décoration
n'est pas du plus licu-
reux ellelEllese complé-
tait évidemment par l'or-
nement naturel de la
guirlande defleursqu'on
posait sur les têtes de
pierre. On ne larda pas à
la reproduire à son tour.
On la représente d'abord, pig, gj^o. - jeunes niics aiiadiam les i,
notamment à Magnésie,
au portique du grand autel, comme une légère chaîne
de feuillage, droite et serrée. Puis, on la charge peu à
peu de lleurs et de fruits; on la rend plus souple et
plus lâche. Les tètes de taureaux ou les bucrànes font
place à des supports d'un autre genre, tels que des
aigles, des masques, di
Fig. 63S0. — Jei
il Didymes, à Sardes, les bases des colonnes ioniques
ont un tore orné de feuilles de laurier ou de chêne, qui
semble figurer une épaisse couronne °.
L'artromain reproduira avec une prédilection marquée
le motif de la guirlande,
~^ ~-^^ et surtout la guirlande à
/, festons. Klle apparait
' Im déjà dans les reliefs du
'3it)|\ monument de Saint-Ré-
my\ rendue dans le
mêmestyle qu'en Grèce à
,1 l'époque hellénistique, et
, \ portée par des Éros vo-
lants. L'artaugusiéen ré-
pétera, sans se lasser, le
mèmethème, mais le trai-
tera dans unemanière un
peu difïërente et cher-
ciiera d'autres effets [se-
"i l'L'LciiiM, lig. 634-1]. On a
inonlré comment se dis-
' linguent, à ce point de
/ ^.^ vue,lesreliefsromainset
les reliefs hellénisti-
, guirlande. qucs *.Dans Ics premiers,
la guirlande est toujoui-s
moins serrée; les fleurs s'échappent plus librement sur
le fond, la transition est mieux ménagée entre le fond et
la forte saillie du relief; les contours sont mieux dégradés.
Enfin, les lourdes ténies retombantes font place à de
minces bandelettes plissées et légères, qui voltigent entre
les festons. Dans la déco-
Fi". G381. — Décor arcliilecLural
petits Éros '. Le motif,
avec ces diverses va-
riantes, trouve surtout
son application dans
trois catégories de mo-
numents : édifices ioni-
ques (entablement),
autels et sarcophages '*.
En général, la guirlande
est noui'e de larges et
lourdes ténies, arron-
dies à leurs extrémités.
Dans les peintures mu-
rales des maisons dé-
liennes le bandeau qui court au-dessus des orthostates
est parfois orné d'une guirlande polychrome, mais tou-
jours recliligne et sans supports. Les peintures céra-
miques de l'époque hellénistique reproduisent assez
rarement la grosse guirlande à festons; les vases à décor
blanc sur fond noir l'ignorent, mais on la rencontre sur
des vases à engobe blanc ' On peut enfin signaler, dans
l'architecture ionique de la môme époque, un autre essai
de décoration végétale qui procède du métne principe :
I Maijneaia um MeaiiUtr, p. SI cl 04. — 2 Ou inC-nic à i'cnllTO du la maison
où 011 l'avait sacrifié, Tlicoiilir. riiar. 21. Voy. des aulels ainsi décorés,
AUA, p. :U'I sq. Cf. fig. 2435, des bucràocs avec lénies, suspendus à des autels;
fig. 1794, hucrâne accroché au failc d'une colonne ionir[nc support-uit un
trépied. — 3 Portique d'Aihéna Polias à l'ergame; Collignon-Pontrcmoli,
Penjame, p. 118, 117 ; cf. Sciiônc, Griecli. JIclicfs, pi. v, vi ; Altmann, iWrf.,
p. 59 et Cl. — '< Aui autels il faut assimiler les réchauds de terre cuite (Wei-
gand-Scliradcr, Prietie, p. 461) qui leur empruntent leur décorali"n. Cf. aussi
les candélabres, Baumcisler, l'enhniïler. II, pi. xvi. — ô (Enoclioés à panse large
el à long col étudiées par Drageudorff (Thera, 11, p. 237), Ijonze ilCleinfunde aus
ration des sarcophages
et des cippes funéraires,
la guirlande cesse peu à
peu d'être le sujet prin-
cipal, pour devenir l'ac-
cessoire et servir de cadre
aux motifs de remplis-
sage, transformés en vé-
ritables tableaux''. Avec
les peintures pompéien-
nes des trois derniers
styles, la chaîne de feuil-
lage devient de plus en
plus légère et ténue,
comme une simple liane,et prend un caractère très différent
de celui qu'on lui voit dans les reliefs [domus, fig. 2526].
On s'est demandé si le mot encarpa [encarpa ], employé
et mal défini par Vitruve'", ne désignait pas l'ornement
sculpté ou peint dont il vient d'être parlé ". Cette expli-
cation, que l'étymologie parait rendre vraisemblable, ne
peut, en tout cas, valoir pour le passage de Vitruve en
question, où il apparaît assez clairement que l'auteur
traite du chapiteau ioni([ue et non de la frise. L'attribu-
l'a;j:uiiu„, l'Jlli, p. IS), i-l ZdiU iPneiie, p. 4IIIIJ. CI. aussi cert.ii"S vase* cypiioles
de même lecliuique). Cesnola, Atlas Cyor. anl. pi cixxvi, 990. — 6 llaussouliier-
Pontremoli, Didymes, p. 70; /ti^v. art ancien et moderne, t. XVlll, p. 133. Cf.
aussi la base de la colonne Trajane, fig. 1788. — ^ Antilce Denkmûler, I, 2;
Allmann, /ùid., p. 75. — » Altmann, l'iid., p. «6 sq., fig. 25 ; Id. Ùie rôm. Grab.
altûre di-r Kaiserzeit, Berl. 1906. — 9 Saicopliago d'Actéon, Louvre, Clarac^
Mus. de sciilp., pi. Clin, n. 709; Robert, Sarkophai/reliefs. Il, pi. '.; Mau. Gcseli.
d. Wnndmalerei in Pompei. pi. vi, xn, xx ; on voit aussi apparaître dans ces pein-
tures le uiolif de la colonne enrubannée (pi. xiil, qui suggéra peut-être l'idée de la
colonne torse. — '« Vitruv. IV, I. — Il CL Korcclliiii, s. v. encarpi.
SEH
i2(;o —
SIÎR
lion (lu URM11C sens ;iii mol rarintscii/i ' a aussi élo tlis-
cuU'-e. G. Lehoix.
SEUYI. AoAoi, àv5si:to3a. Les esclaves. — Nous exami-
nerons d'abord comuienl lesclavai^e était fondé en droit
cliez les anciens et quelles étaient, dans la praliiiue, les
conséquences de ce droit.
DiioiT i:iti:c. — Il est impossible de connaître lorigine
de l'esclavaj^e et de saisir le moment où il est né. Dans
les poèmes homériques, il apparaît déjà comme un lait
ancien, consacré par la coutume, et se perpétuant par
les divers modes en usage cliez les peuples de l'anliiiuité '.
I.a source principale, c'est la guerre'. L'esclavage n'en
était point seulement la conséquence, il en était souvent
aussi la cause : on envahissait un pays et on en prenait
les villes pour faire des captifs\ La piraterie concourait,
avec la guerre, pour recruter les esclaves. La liliation
(esclave né d'u n esclave) est une autre source de l'esclavage,
moins odieuse et aussi plus honorée. Enfin l'esclavage
était quelquefois volontairement subi en cas de meurtre,
et à litre d'expialion : on se vendait, comme pour
dépouiller le vieil homme en perdant sa personnalité
Juridique, et l'on cherchait chez les dieux mêmes des
exemples d'un pareil dépouillement'.
La condition des esclaves se ressent, à l'époque homé-
rique, de leur origine et de leurs occupations. Issus de
familles ayant occupé une situation semblable à celles de
leurs maîtres, quelquefois d'une famille royale, partageant
avec eux les charges de la vie intérieure et de la vie des
champs, les esclaves avaient alors une situation assez
douce relativement, et on ne trouve dans les poèmes homé-
riijues aucune trace des traitements durs et méprisants
dont plus lard les exemples se multiplient. Ce qui devait,
d'ailleurs, contribuer à adoucir la situation des esclaves
par la confusion des rangs et le partage des fonctions
domestiipies, c'était leur petit nombre relatif.
Ils se mulli|ilienl pendant la période suivanle. La cause
en est d'abord dans les invasions et les conquêtes qui
firent des p-uplcs vaincus des milliers de captifs. La
cause en est aussi et surtout dans les modilications pro-
fondes (|ui se produisirent en matière économique.
L'esclave n'était plus nécessaire seulement au service
domestique et à la cultui-e des champs, il devenait indis-
pensable pour les nombreuses industries et pour le
commerce. Ainsi, dans l'.Xttique, où il existait, en
moyenne, aux V et vi' siècles av. J.-C, 30000 citoyens
mâles, la population servile comprenait, selon toute
vraisemblance, au moins 300 000 tètes. Cette extension
de l'esclavage n'est point, du reste, spéciale à .\tliènes :
partout l'institution se di'veloppa; elle fut acceptée
comme un fait nécessaire par les esprits les plus éminents,
et défendue par les plus grands philosophes. Cepen-
dant, comme on le dira dans la deuxième partie de cet ar-
ticle, l'esclave, chez les Grecs, ne fut jamais regardé exclu-
sivementcommeune chose. S'ilest une propriété, il est dit
.Vrislole, une propriété qui a une àme, y.Tr,p.-i ti 'É[X'|u/ov-',
' Cf. Forccllini, ». v. cnrpisculi; Sauniaisc aJ. Vopisc. Aurel. p. 309 cl fioniis,
Vocnlinli loi. ili arcliilill. Torino, )l>75, p. 51.
SI-.RM. 1 Fu!^lfl de Coulantes, A'onr. reclterclies hiàtot'iques^ p. Iti, n. 1;
Kicliarii, iJe senis o/.iid Homerum. p. U; bûrliscuscliiiU, Dcsilz unil Ericerb in
griechischem AUertume, p. H; Guiraiid. ProjtriiHé foncière en Grèce, p. li;
Wallciii, //.«/. de iisclnv. ilam Vaiiliiiuile, I. 1. p. \K\ ; llonnaiiil liluiiini'r.
l-riiulnlterlfimer, p. S3. — 2 Wallon, l. 1, p. li.;. — ;1 Wallou, l. I, p. «S».
— ' Arislot. l'olil. i, 1 § 5. Cf. Bcaiiclicl, Uial. du droil priiè de la Biii. alhé-
nimne, I. Il, p. 3J9; lilclisi-iiscliûli, p. 108: Wallon, I. I. p. 33i 8q. : Darcsic,
et cette considérai il m n'a pas été sans exercer une
iniluence notable sur la condition juridique des esclaves.
L'esclave, dans le droit grec, est généralement désigné
sous le nomdeSoôXoç : celui d'àvooizoSov que l'on rencontre
souvent est la désignation ancienne de l'esclave, propriété
Il u mai ne''. Lorsque l'on se réfère à la situation de l'esclave
dans la famille du maitre, on emploie l'expression o'xéty,;
.plus anciennement ojjuô;). C'est dans le même sens que
les .Mliéniens se servent quelquefois, pour désigner les
esclaves, de l'expression -ïîoe;. qiii s'applique aussi aux
mineurs en puissance'.
II. Soi'KCESDEL'iiSCL.w.AGE. — l°La naissance esldeveiiue
la principale source de l'esclavage. Sont d'abord esclaves
de ce fait ceux qui sont nés de deux parents esclaves. Il
y a plus de difficulté lorsque les deux parents sont de
condition difTérenle, l'un étant libre et l'autre esclave.
Plusieurs systèmes ont été proposés sur ce point. Nous
serions porté à admettre que l'enfant né d'un homme
libre et d'une femme esclave est libre; le droil allique
aurait adopté la règle que l'enfant suit la condition de
celui de ses parents qui se trouve dans la situation la
plus favorable*. La loi de Gorlyne, dont les règles
paraissent avoir été spéciales à la Crète, admet des unions
régulières, non seulement entre individus de condition
égale, libre ou servile, mais encore entre une femme libre
et un iiomme esclave : elle règle la condition des enfants,
issus d'une union de ce genre d'une manière dill'érenle
suivant le domicile de ce ménage inégal. Si l'esclave vient
chez la femme libre et l'épouse, les enfants, naissent
libres; si, au contraire, la femme va demeurer chez
l'esclave, les enfants naissent esclaves.
2° La captivité, c'est-à-dire l'esclavage résultant de la
guerre et de la piraterie, est une source de l'esclavage non
moins abondante que la naissance. Depuis les guerres
UK'diques, la guerre se faisait surtout entre les diverses
cités de la Grèce, et ce fut aussi parmi les Grecs que
la captivité fit des esclaves. C'était une coutume géné-
ralement suivie qu'après la prise d'une ville on emmenait
eu captivité les femmes elles enfants, après avoir égorgé
les combattants'. Les prisonniers faits à la suite d'une
bataille rangée tombaient également en esclavage, mais
la règle était ici pliilotde les considérer comme les prison-
niers de l'État, et ils étaient rachetés par voie d'échange
avec les prisonniers faits par l'ennemi, ou moyennant le
paiement d'une rançon dont le taux variait suivant les
temps, le nombre et la qualité des prisonniers '".
La guerre n'étail qu'un mode de recrutement inter-
mittent de l'esclavage, mais la piraterie y subvenait
d'une façon continue. Cet usage, qui date en Grèce de
l'époque la plus reculée, se maintint et se développa
quand le besoin des esclaves devint plus général, l'acti-
vilédes piralesétant, en mèmetemps. stimulée par l'appât
d'un gain plus élevé. Les pirates, ainsi qu'en témoignent
les inscriptions, ne se bornaient pas à capturer sur mer
les navires de commerce ; ils faisaient aussi des descentes
Science du droil en Grèce, p. -19; Ouiraud, t), c. p. 40 ; Hcrmaun-Blûnincr,
p. SI. noie 3. — -î Arislol. De rep. \, l. — li l'olhi\, III, TS. Cf. BûcIishU!>cIiG1i,
p. 10 V; Wallon, t. I, p. 470; Bvaucli't, t. Il, p. 401. Oppose à la propriétO du sol
(tui^Sov) et à la propriété kilie oIioseSo», Briial, Lexiloijus, à la suilc de Pour
mieux connailrc Homère, p. IG3. — ^ Cf. Beauclict, t. Il, p. 407. — .S Loi lie
liorljne. VI, 50; VII, 1-1"; cf. Oan-slt-, llanssoulliiT et licinacli. Hic, des in.Kcr.
jurid. grecques, p. 468. — 'J Tlincyd. V, llf. ;cr limlisi-nscliûli, p. III ; llcrniann-
Biaraucr, p. 87 ; Wallon, I, p. If.i ; Bcauclicl, l. Il, p. 410. - 10 Cf. Ile
Blûnincr, p. 87; liûclisonïcli.'ili. p. i\i ; Bi-auclul. 1. Il, p. 410.
Slilî
I2G1 —
SER
siii' losciUes, ciiiinuiiaiilen capliviU' des l'eiiiines et inèinu
des liomnies. Les piralos pouvaient, d"aill(!urs, devenir
corsaires, et des cités donnaient quelquefois des lettres
de marque pour enlever des liounnes à une cité ennemie,
i|uand elles n'employaient pas leurs propres vaisseaux à
des courses de brigandage ".
A colé de la piraterie qui se Taisait avec les formes et
l'appareil de la guerre, il y en avait une autre ([ui
s'exerçait au sein même des villes par la ruse et les
moyens secrets [andrapodisiMou guapiik]-.
iJ" La naissance et la captivité peuvent être considérées
comme des modes de constitution de l'esclavage se ral-
lacliant au Jus (jcnlinm, en ce sens qu'on les trouve
admis non seulement à Athènes, mais dans toutes les
autres répuljli<jues de la Grèce. Il est aussi d'autres
causes se rattachant au Jwa* civile, causes ordinairement
spéciales au droit attique, et qui sont moins anciennes,
généralement, el aussi moins fécondes que la captivité et
la naissance. D'abord la vente des enfants. Le père de
famille avait originairement le droit de vendre ses
enfants et de les faire ainsi tomber en esclavage. Mais ce
droit fui sup|)rinié par Solon, sauf dans le cas où une
tille se serait laissé séduire [i'atiiia i'otksïasJ.
La misère, (jui contraignait parfois à vendre et à
exposer les enfants, pouvait forcer l'homme libre à se
vendre soi-même : la perte de la liberté était compenséi;
par la sécurité que l'on avait d'être sous l'autorité d'un
maître puissant. 11 n'était pas rare, àl'i'^poque primitive,
qu'un vagabond entrât au service d'un propriétaire
pour un an ou pour un nombre d'années indéterminé '\
Or, rien ne l'empécba il de stipuler que l'engagement serait
perpétuel au lieu d'être temporaire, c'est-à-dire de se
donner en esclavage*. Il est probable, toutefois, que ce
mode de constitution de l'esclavage ne dut pas survivre
à la réforme de Solon dont nous allons parler.
A l'époque où la propriété appartenait au yâvo; pliit(H
qu'à l'indiviilu, celui-ci ne pouvait guère engager(|ue sa
propre personne, el le corps du débiteur répondait de sa
dette. Le créancier pouvait donc, à défaut de paiement,
faire vendre son débiteur. Cet état de choses fut prohibé
par Solon [seisacutilia]. Mais l'esclavage pour délies parait
avoir subsisté plus longtemps dans les autres cités de
la Grèce, même sous la domination romaine ''. Le droit
attique ne maintint l'esclavage pour dettes que dans un
seul cas, où il avait, du reste, plutôt le caractère d'une
peine, à savoir dans le cas où un Athénien, fait prison-
nier par l'ennemi, avait été racheté par un de ses conci-
toyens, qui lui faisait l'avance de sa rançon. Si le captif
ainsi racheté ne remboursait pas son libérateur dans les
délais convenus, il devenait son esclave ".
A Athènes, sauf le cas que nous venons de signaler,
du prisonnier qui ne payait pas sa rançon, eldeTafiran-
chi ingrat', l'esclavage ne pouvait être prononcé, à titre
de peine, conlr(; un citoyen. Le législateur, qui ap|)li(|uait
si largenu'ut la peine de mort, même à des infractions
(jui, dans nos idées modernes, n'ont qu'une gravili' foi't
contestable, n'osait point enlever aux coupables un bien
I Wallon. 1. 1, |.. 1117 ; Hûchs(.-L,sL-h,il/.. p. ni; llcuuchel, 1. Il, ,,. ill.
- 2 V. ami;i.(;k. — ■! Hom. /t. XXI, Ui ; Uesiod. Op. et rfies, 60(1-603 ;
lliio.iol. VIII, i:)7. — 4 Giiir.md, p. liS-lil ; Bcauilicl, t. Il, p. 414. Voir lou-
lufois lliiclisuiiscliiilz, p. Il'f, note 7. — S DioiJ. !^ic. 1, 73. Cf. Ilaimainl-lilûmncr,
p.S0,nolc4; liacliscnscliûlz, p. li;i. — CUem. C. Nicostr. § II. La loi ilc (Joi lyne,
VI, 46-55, renfcrmail une disposilioii semblable. Cf. Daresic, llaussoullicir cl
Reiiiacli, p. 407, 408. — 7 Voir supra, lail. ai-klkutheiioi. — 8 Mcicr, Oe bonis
i]ui lui |)araissuit beaucoup plus précieux ((ue la vie. La
vente comme esclave, nécessairement accompagnée de la
confiscation générale, figure néanmoins dans l'échelle
pénale du droit attique, mais cette mesure ne frapi)e que
les étrangers. Le premier cas de ce genre a lieu lors<iu'un
étranger est, àlasuite d'une ypaîpT) ;6viaç, convaincu d'avoir
usurpé le droit de cité : il est condamné à être vendu
comme esclave, et ses biens sont conlisqués au prolit de
l'État ^ La vente comme esclave est aussi prononcée dans
d'autres cas contre les métèques qui ne remplissent pas
les obligations spéciales que leur impose leur condition
particulière dans la cité".
4° Le commerce peut enfin être considiiré comme une
sourcedérivée de l'esclavage, et c'est là, du reste, que les
autres viennent généralement aboutir. Le commerce
s'alimentait surtoutdans les pays étrangersoù la guerre,
la piraterie, l'abus de la puissance paternelle ou de l'au-
torité des rois el des tyrans pouvaient réduire une
masse de personnes à la condition servile. C'est ainsi que
la Thrace était devenue un pays producteur d'esclaves,
les pères vendant leurs propres enfants aux marchands
étrangers. Les principaux marclu's d'esclaves étaient à
Délos, àChioet à Byzance el s'approvisionnaient, de pré-
férence, dans les provinces de l'Asie Mineure, en Thrace
et en Scythie. Athènes avait également son bazar, où les
esclaves étrangers étaient exposés en vente par des tra-
fiquants ou par des maîtres désireux de les revendre. Il
y avait même, à Athènes, un commerce de réexportation
pour d'autres pays, par exemplt^ pour la Sicile'".
Le législateur avait édicté certaines règles spéciales
concernant le commerce des esclaves. Il avait à ce sujet
établi une action particulière, nommée àvayoïy-fiç Bixy,
[anagogés uikè]. D'un autre coté, la loi qui punissait
sévèrement les ravisseurs d'hommes [andrapodismou
GRAiMiÈj, protégeait les marchands d'esclaves honnêtes,
et ilétaitdéfendudeles maltraiter, souspeine d'iTtoxvîpu;!i;
[ai'OkèruxisJ ". Cette protection spéciale se justifiait par
le profit que retirait le trésor athénien des ventes d'es-
claves, car il y avait un impôt sur ces opérations '^
III. Condition) légale des esclaves. — L'esclave n'étant
considéré, dans le droit attique, que comme une chose
susceptible de propriété, comme un corps, aoipia, il en
résulte que, vis-à-vis de l'État, l'esclave se trouve dans la
même situation qu'un objet mobilier quelconque, et, en
principe, il ne peut être l'objet que de la législation civile
et non delà législation politique. Cependant, à Athènes,
pas plus qu'ailleurs, on ne pouvait faire abstraction de
la personnalité des esclaves el les envisager uniquement
comme un de ces animaux auxquels on les compare sou-
vent, bœuf ou cheval. Les Athéniens non seulement
étaient portés, par leur humanité relative, à tenir compte,
dans une certaine mesure, de la personnalité de l'esclave,
mais encore ils avaient le plus grand intérêt à ménager la
population servile qui était si nombreuse dans la cité et
([ui, à un moment donni', pouvait causer les plus grands
embarras et même des dangeis sérieux. S'il n'y a jamais
eu, à Athènes, de révoltes d'esclaves semblables à celles
ihtniitat. p. r, ; Mcier, Sclionmnn cl Lipsius, lias attisclie Pruccss, p. 440 et
note 70» ; Thonisscn, Le droit pénal de la Hép. allién. p. 3.39-340. — 9 Clerc,
Les métèques Athéniens, p. 20. 200, 273; Beauclicl, l. Il, p. 410. — lO Deui.
C. Pliorm. % 10; Heroclot. V, 0; cf. Hcrmanii-Bliiniuer, p. s;i ; Bncbscii-
scliutî, p. 123; Wallon. I, p. Ilis ; llftckh, ,S'(a«(s/i«iij/m«. der Athener, 3' éil.
t. I, p. 85; Bcaucbcl, I. Il, p. ijl. —H Lucian. Abdic. c. 21. — 12 Wallon,
t. I, p. 174.
SKI{
12G2
SER
qui ont failli l'airt' soiiilircr Uoiue el Lacckh'inone, on y
reiR-oiilre cependaiU (iiiulc|iioâ exemples de réliellionsou
de dêfeclions en face tle l'ennemi ', qui font comprendre
tout l'intérêt qu'avaient les Athéniens à user de bien-
veillance envers leurs esclaves.
Si donc, au point de vue.iuridi(iue, les esclaves étaient
retranchés tle la société civile, ils y occupait-nt cependant,
en fait, une situation importante et relativement assez
favorisée. Sans parler des esclaves publics |i)Emoso]ou de
ceux qu'on nommait /wpiç oîxoOvts,- qui, comme nous le
verrons, avaient une situation privilégiée, il est certain
que les esclaves, en général, n'avaient point, vis-à-vis de
la cité, cette situation inférieure qu'ils occupaient dans la
famille. Ainsi, ils jouissaient d'une liberté de langage
beaucoup plus grande que les citoyens mêm«s de cer-
taines autres villes '-. Il ne semble pas qu'un règlement
quelconque ait établi une dilférence extérieure de cos-
tume entre les esclaves et les citoyens ^
Les esclaves n'étaient point exclus, en principe, des
cérémonies religieuses et des sacrifices publics. Ils pou-
vaient être initiés aux mystères d'Eleusis, s'ils étaient de
nationalité grecque. Ils avaient leurs fêtes particulières*.
Ils n'étaient pas non plus exclus di; l'armée ni de la flotte.
Us jouèrent même sur celle-ci un rôle considérable, et
plusieurs fois la liberté leur fut accordée en masse en
récompense de leur conduite pendant la guerre ^ A
certains points de vue cependant il existe une ligne de
démarcation entre les citoyens et les esclaves. Il était
interdit à ceux-ci de fréquenter les gymnases et les
palestres où se réunissaient les citoyens et, à plus forte
raison, les assemblées du peuple".
Une dilTérence importante entre les liommos libres
et les esclaves a trait à la répression pénale. L'amende,
qui joue un rôle si important dans lalégislation pénale de
l'Atlique, est une peine qui ne frappe que les hommes
libres; l'esclave, au contraire, comme le dit Démos
thène', répond toujours avec son corps, c'est-à-dire
qu'ilsubit un châtiment corporel là oùl'honnne libre n'est
condamné qu'à une peine pécuniaire.
L'esclave, n'ayant aucune personnalité juridique, n'a
point d'action devant les tribunaux : c'est son maître qui
le représente à cet égard, comme à tous les autres. L'es-
clave est même incapable de déposer à titre de témoin,
sauf peut-être contre celui qui est accusé de meurtre^
En toute autre hypothèse on n'admet pas son témoignage
libre et on ne l'interroge que par la torture. La loi de
Gortyne reconnaît toutefois à l'esclave le droit de prêter
témoignage sous la foi du serment dans un cas, celui où
une femme esclave est violée par son maître ^
La loi reconnais.sait cependant la personnalité de
l'esclave, par la protection qu'elle lui accordait contre
certains attentats dirigés contre sa personne ou sa vie.
Ainsi, tandis qu'à Sparte l'esclave était abandonné aux
insultes publiques, à Athènes, la •{faf}\ uÇpEwç était
recevable contre celui qui maltraitait un esclave'"
I ncrniaiin-l!liiiiiiii,T, p. 80; liiiclisciischiilz, p. I«, tW. — s Uem. Jn Philipp.
III, 3. — a Scliocniann, Antiq. greeq. trad. Ualuski.i.p. Wl ; Wallou, I, p. ï94;Gil-
bcrl, Uandb. der rjriecli. Staatmllert. p. Wi ; llermami- Tliuniser, Slaalsallert.
p. il3 ; Bcauchcl, l. Il, p. 453. — i Ucm. C. AVaer.§ S5 ; cf. Buchsciicliûlz, p. 149 ,
Hcrmaiin-BIUraner, p. Si; Gilbert, p. 189: Sdiiumann-Galuski, 1, p. 181 ; Wallon,
1, p. 190 ; Bcaucliel, l. Il, p. 4S4. — 6 Bœckh, I, p. 329. — C Scliœmann-Galiiski, ù
p. 401. — 1 Ucm. C. Timocr. § IC7; cf. Beauchcl, l. Il, p. 423. — 8 Auliplioii. De cacde
Uer. § 48; cf. Gilbert, p. 189 ; Moicr, SchSmanu cl l.ipsius, p. 875 ; Platiior, Process,
î, p. 215; Hernidiiu-Thalhcini, IleclUsaUert. p. 22, note 7 ; Beauchet, t. Il, p. 42ii,
[iiviîMKus (;ii.\PiiÈ, AïKiAS DiKÈ]. L'esclavc était aussi protégé
dans sa vie par une autre disposition qui n'honore pas
moins la législation athénienne : elle punit le meurtre de
l'esclave à l'égal de celui de l'homme libre". Une dernière
disposition également prolectrice de la personne de
l'esclave, qui parait aussi avoirété inspirée par le désir de
sauvegarder les intérêts du maître, est celle qui punit
le rapt de l'esclave de la même manière que le rapt d'une
personne libre '- [ANniiAPornsMou gkapuù].
L'esclave, par rapport à son maître, était considéré
comme une chose possédée quelconque, un corps, (iMtxa..
L'État n'a point, en principe, à intervenir dans les rap-
ports du maître et de l'esclave : le premier a, vis-à-vis du
second, le même droit d'user, de jouir et d'abuser qui lui
appartient vis-à-vis de tout autre objet compris dans son
patrimoine. Le maître peut donc d'abord régler à son gré
l'emploi des dilTérents esclaves qu'il possède. Il est entiè-
rement libre de les alTecter à tels ou tels trcivaux, en
tenant compte ou non de leurs qualités physiquesou intel-
lectuelles. Le maître peut, en conséquence, les occuper au
service intérieur de la maison, aux travaux des champs,
à des exploitations rurales, industrielles ou commer-
ciales '^ Il peu t les appeler danom qu'il lui plaît [îvomen] ".
Ku échange des services divers qu'il exige de son esclave,
le maître lui donne la nourriture et le vêlement, le tout à
son bon plaisir et selon l'intérêt qu'il peut avoir au bien-
être et à la conservation d'un esclave qui est son bien et
qui représente une certaine valeur'". Il
arrive même qu'il témoigne de son all'ec-
lion pour lui en le recueillant après sa
mort dans le tombeau de la famille ou
même en lui élevant quelque monument"''.
L'autorité que le maître possède sur
l'esclave lui confère un droit discrétion-
naire de correction. Les coups sont le
châtiment ordinaire de l'esclave rebelle.
Mais outre le fouet [klagellum, p. 1155;
P0ENA, p. 3307], le maître aà sa disposi-
tion d'autres punitions de toutes sortes,
telles que moulins, cachots, geôles, entra-
ves (fig. 0382) '^ carcan, cangue [compes,
numellae], privation de nourriture, etc.,
avec toute une série d'exécuteurs et de
bourreaux. Les esclaves peuvent aussi
être marqués au fer rouge sur le front ou ailleurs '".
Le droit du maître sur son esclave doit, de même que
celui du père sur son enfant, aller jusqu'au pouvoir de le
mettre à mort.' Le législateur apporta toutefois certaines
restrictions à ce droit exorbitant, moins peut-être dans
des vues d'humanité que dans des considérations d'in-
térêt général, afin de prévenir les actes de violence pri-
vée'". La loi athénienne interdit au maître de mettre à
mort son esclave, et la sanction de cette défense paraît
avoir été celle qui était édictée pour l'homicide involon-
taire-". Il était toutefois impossible, en cas de meurtre
— 9 Loi lie Gurtyue, 22, 1 1 sq. Cf. Daresle, Haiissoiillier et Heiuacli. p. 274.
— 10 Acscliin. C. Timarcll. § IG. — H Wallon, 1, p. 313 ; Mcier, Ùe bonis,
p. 23. — 12 Deni. In Mid. % 49. — 13 Cf. Wallou, 1, p. ISI si|. ; Bcaucliel, l. Il,
p. 433. _ 14 Bcaucliel, I. Il, p. 434. - 15 Wallou, I, p. 2S7. — 10 W.illon, I,
p. 299. — n Bronze de la BibliolliO(|ue ualionate, Babelon et Bhincliet, Vat. îles
bronzes, n. 1026. — '« Pollux, III, 7S-79; cf. Wallon, I, p. 309; Bûcbscnschillz,
p. 138; llcrmaun, sur Bcckcr, Chiiriclés, III, p. 3G sq. — m Deui. /n JUid. S 41';
Aeschin. C. Timarch. § 17. Cf. Bûchscnscbaiz, p. 150. —20 Scbœmanu-Galuski, I,
p. 330 S(|. ; Ucier, «clwnianu cl Lip..'ius, p. 11 s<|.; Bcaucliel t. Il, p. 433.
SER
— 12r.3 —
SER
d'un esclave, d'appliquer an maiire la dispesitlon de la
loi qui condamnait le coupable à l'exil jusqu'à ce qu'il
eût composé avec les parents de la victime, puisqu'ici la
victime n'avait pas de famille légale : aussi l'expiation
devait-elle consister dans une sorte de sacrifice pnridea-
loire'. La castration des esclaves, si elli; n'était pas inter-
dite par les lois, était du moins considérée par les Grecs
comme une chose repréliensible, et l'emploi d'eunuques
dans le service domestique était un fait exceptionnel ^
La loi athénienne, tout en admettant dans de larges
limites le droit de correction sur l'esclave, fournit à
celui-ci un secours efficace contre les excès du maître,
grâce au droit d'asile et à la faculté de changer de maître.
A Athènes, comme dans les autres cités grecques, il y
avait des sanctuaires spécialement alfectés aux esclaves
fugitifs : c'étaient notamment letemple de Thésée et le
temple des Erinyes'. L'esclave, réfugié dans un temple,
qui craignait, après avoir été repris d'être l'objet de
mauvais traitements, pouvait exiger de son maître qu'il
le mit en vente, itpïtïiv aÏTsiv, afin de pouvoir passer sous
un commandement plus doux. Mais, faute de renseigne-
ments sur l'exercice de ce droit, on ne peut guère faire
que des suppositions sur la manière dont il fonctionnait'.
Le droit de propriété qui appartient au maître sur son
esclave, lui permet de s'assurer de la personne de celui-
ci et de le revendiquer en tous lieux. Le maître peut user
de tous les moyens possibles pour retenir sous le joug
l'esclave qu'il soupçonne de vouloir prendre la fuite \ Si,
néanmoins, l'esclave a réussi à s'enfuir, le maître peut se
mettre lui-même à sa poursuite ou confier ce soin à des
hommes chargés spécialement de ce métier". La pour-
suite peut s'exercer non seulement sur le territoire de
l'Atlique, mais encore, conformément aux principes du
droit des gens alors en vigueur, sur le territoire des cités
amies. Ily eut même, à ce sujet, des traités de restitution
conclus entre certaines villes, notamment entre Athènes
et Sparte et tous leurs alliés lors de la trêve de Nicias''.
Le droit de propriété du maître lui confère aussi le droit
de disposer de l'esclave à son gré et d'en faire l'objet
d'un contrat quelconque, pourvu que ce contrat soit licite.
Le maître peut d'abord vendre son esclave, et ce droit ne
paraît comporter aucune restriction, comme celle de ne
pas séparer le mari do la femme, un enfant de ses
parents". L'esclave peut également faire l'objet d'un con-
trat de louage'''. La location des esclaves procurait, en
général, de gros revenus à leurs maîtres. L'esclave peut
pareillement être l'objet d'un contrat de prêt '". Nous cite-
ronsenfin, parmi les contratsdonl l'esclave peut faire l'ob-
jet, comme tout autre bien mobilier, le contrat dégage".
L'esclave, n'étant guère considéré que comme une chose,
ne peut naturellement avoir de patrimoine, et tout ce
qu'ilacquiert en servitude estacquisau maître. Toutefois,
l'usage avait fini par concéder aux esclaves, non seule-
ment A Athènes, mais dans toute la Grèce, certains droits
sur son pécule c'est-à-dire sur la portion du patrimoine
du maître don tc(dui-ci laissait l'administrât ion à l'esclave,
et qui était composée des sommes que lemaîtie lui don-
I Bcauchcl, l. II. p. i-iO. — 2 llerod. VIII, 105. —3 V. lail. asïua. — > follux,
Vil. 13; Biiclisciiscliulz, p. 15! ; Wallon, I, p. :iH ; V. lail. Asvr.rA —:■ Wallon. I,
p. 315. — <î af«,,T»|o,fd;. Cf. Bcauchcl, l. !I. p. Ml. — 1 Thiicy.l. IV, IIS, S 7.
Cf. Wallon, I, p. 314: Biichscnschillz, p. 158. — » Beanchcl, l. I, p. m. V. a>a-
t;oc;És [,iKK. —0 Wallon, I, p. iii; Gilliert, I, p. (S8: Caillemcr, Contrai île
louage, p. 18; Bocckli, I, p. 00. V. apoppioba. — 10 Caillcmer, Contrat de prêt,
p. T. — il Daresle, llaiissoullier et Keinacli, p. 114, n<" 40, ii ; Boeckh, I, p. iO ;
naît, des économies faites par l'esclave sur sa nourriture
ou d'autres profits réalisés par lui. Ainsi il arrivait assez
souvent que le maître laissât à l'esclave loué une partie
de son salaire à la condition que l'esclave subviendrait
aux frais de sa nourriture et de son entretien. Ce qu'il épar-
gnait sur son nécessaire, faisait le fonds d'un pécuh' qui
pouvait encore s'accroître d'autres manières. Quelquefois
aussi, le maître, pour stimuler le zèle de ses serviteurs,
leur donnait un intérêt dans ce qu'ils étaient chargés de
fabriquer ou de vendre'-. Le pécule pouvait également
s'augmenter des petits profits réalisés par l'esclave et dus
à son habileté, à son esprit d'intrigue ou à la générosité
du maître ou des amis qui le fréquentaient. Le maître
pouvait enfin autoriser un ou plusieurs de ses esclaves '■'
à exercer librement une industrie, à charge par eux de
lui verser périodiquement une redevance plus ou moins
forte, prise sur leurs profits et désignée ordinairement sou s
le nom d'à-Tto^opà''. Les esclaves dans cette situation sont
qualifiés soit de /wptç otzoùvTeî, parce qu'ils ont un domi-
cile à eux, distinct de celui de leurs maîtres, soit de
àvopi-ooa [iiuSo^osoûvTa, en raison de la redevance qu'ils
paient'-'. Le pécule des esclaves, quelle qu'en soit l'ori-
gine, ne parait avoir consisté, à Athènes, qu'en objets
mobiliers, et les textes ne signalent pas un seul exemple
d'esclave ayant été propriétaire d'immeubles'". Mais,
peut-être, le droit des esclaves était-il plus étendu dans
les autres cités de la Grèce. A Gorlyne, la loi reconnaît
formellement la propriété des serfs sur le bétail, mais il
est douteux que leur droit ait pu s'étendre sur la terre ' '.
L'esclave n'ayant aucune personnalité, son pécule ne
saurait lui appartenir, etjiiridiquement, ce pécule appar-
tient au maître de même que l'esclave, et en quehiue
sorte par voie d'accession. Sans doute, en fait, le maître
ne touche pas ordinairement au pécule, car c'est son intérêt
même de le voir se développer. Mais, en droit, le maître
peut retirer à l'esclave le pécule et même, dans l'usage, il
se réservait d'y recourir en certaines occasions solennelles,
il est vrai, mais encore assez fréquentes Dans l'intervalle,
cependant, l'esclave peut user de son pécule, soit pour se
procurer plus de bien-être en se donnant lui-même, par
exemple, un serviteur, soit pour se payer les plaisirs et
les divertissements des hommes libres. Il peut enfin s'en
servir pour se racheter de la servitude [apelelitdichoIj '*.
Le droit qui appartient au maître sur le pécule de l'es-
clave lui confère par là même le droit de recueillir ce
pécule par voie de succession [successio].
Les esclaves, considérés au point do vue du droit de
propriété que le maître a sur eux, font partie de FoÙTi'a
àa.avr|î [Aril.\NÈS OL'SIa],
L'esclave, ne pouvant disposer de sa personne sans le
consentement de son maître, se trouve légalement dans
l'impossibilité de fonder une famille en se mariant avec
une esclave appartenant au même maître que lui ou à un
maître diflerent Toutefois, en fait, on permettait assez
souvent des unions de ce genre, et elles n'étaient point
interdites par une loi de Solon,qui,au dire de f^liitarqiie,
aurait porté contre les esclaves d'autres prohibitions '^
llormanM-Tlialbeini, p. 100, nolp 4; llilzig. Das i/riccli. Pf'initreclit, p. 17 ;
lieauchel, l. Il, p. i',i. — 12 Wallon, I, p. 2')l. — 13 Wallon, ihid.; Biiclispn-
scliiitz, p. 103 ; Bcaucliel, t. II, p. 415, — 14 V. APupnoiiA. — '^ Isae. De Cir. lier.
% 35. i— 1« Goirauil, p. 143. — n Loi do Gorlyne, IV, 3iî. Cf. Gniiaiid, loc. cit.:
Ilerniann-Thalhcim, page 2'.l, noip 5. — l« BSclisenschûlï, p. 161; Wallon, I. I,
p.S94; Cuiraud, p. 143, Beaucliol, l. Il, p. U9 — l'i Plularrli. ,lma/'i/ IV, I r.
Cf. Bcauchel, t. II, p, 450.
SER
— i2»;i
SER
Los mailresfavorisaienl, d'ailleurs, les unions entre leurs
esclaves. Il faul reronnaiire que si, dans le droit allique,
il n\v a pas de mariage proprement dit entre deux es-
claves, elsileniolviuLo; n'est jamais employé par les au-
teurs grecs pour désigner leurs relations', il ya cependant
une sorte de fixité, sinon li'gale, du moins usuelle dans
les rappoi-ls iTun liiuume et d'une lemme esclaves, et dans
ceux lies parents avec les enfants qui naissent de ces
unions, c'est-à-dire qu'il y a une forme du mariage et une
image de la famille-. Des actes privés, d'ailleurs, sinon
les lois, reconnaissent, en fait, l'existence de ces unions
et de la famille à laquelle elles donnent naissance '.
.-\l)straction faite des rapports de famille dont nous
venons de parler, il ne saurait être question de relations
juri<liques, de contrats, par exemple, entre les esclaves
d'un même maître, car ils sont censés parler au nom du
maître, qui ne peut évidemment traiter avec lui-même.
Il n'y a de possibles que des actes juridiques entre des
esclaves appartenant à des maîtres diirérents'.
La liberté étant une condition indispensable de la per-
sonnalité juridique, l'esclave est légalement incapable
de contracter avec des tiers, et il ne peut figurer dans un
acte que comme le porte-parole de son maître. Si, par
suite de l'emploi qu'en a fait son maître, l'esclave s'est
trouvé en rapport avec des tiers, par exemple, à raison
de l'exploitation d'im domaine ou d'une industrie qui lui
a été confiée, l'esclave ne peut les actionner en exécution
des engagements qu'ils ont contractés envers lui. C'est
donc le maître qui, juridiquement, plaide soit en deman-
dant soit en défendant, dans tous les procès soulevés à
l'occasion des actes de l'esclave °.
Si nous supposons d'abord que des actes délictueux ont
été commis contre la personne de l'esclave, le soin d'en
assurerlarépressionappartientau maître. Si. parexemple,
l'esclave a été tué ou blessé volontairetnenl par un tiers,
le maître peut intenter contre celui-ci la Ypai-r^ covou et la
Ypiï./) TsaJaïTo; Ix -povo-'a;. L'action est alors intentée non
point au nom de l'esclave, mais au nom du maître. Que
si l'esclave a été lésé pécuniairement par suite de l'inexé-
cution des engagements qu'un tiersavait contractés envers
lui, lemaitre peut agircontre ce tiers au moyen de l'action
née du contrat où a figuré l'esclave, afin de contraindre
ce tiers ;i remplir ses engagements envers lui ou intenter
contre lui la oU■r^ .3Xi?Y,ç [blabès dikèI ".
Il se peut qu'à l'inverse, l'esclave cause à un tiers un
préjudice par suite soit d'un délit, soit de l'inexécution
des engagements qu'il a contractés envei-s ce tiers.
L'esclave n'ayant point de patrimoine propre sur lequel
le tiers puisse obtenir la ri'paralion du préjudice qu'il a
subi, le maître peut être actionné comme civilement
responsable du dommage causé par ce dernier. La situa-
tion du maître vis-à-vis de son esclave est donc semblable
à celle qu'il a vis-à-vis des animaux qui lui appartien-
nent : il est également responsable du dommage causé
parces objets soumis à sa maîtrise. Le maître responsable,
c'est d'ailleurs celui auquel appartenait l'esclave au mo-
ment de l'accomplissement de l'acte dommageable '.
La loi de Gortyne * pose toutefois à ce sujet une règle
spéciale et décide que celui qui a acheté un esclave a
1 Wallon, I. |i. iss. _ 2 La loi ilc (iorlync ne pariil pas avoir reconnu le
ni.iria;.'0 «les esclaves ; t)aresle, llaiisMxillicr el Keinacii, p. M~, Vi8. — 3 Beaticlicl,
l. 11. p. I5i. — 1 lirauchcl, ibhl. — = BScliwnscliûlz. p. I l'i; Meior, Scliûniann el
l.ip-iiis, p. 730 ; Heriuann-Tliallieiiii. p. ii. V. i.iKi:. — 6 .Meier. Sclirmiaiiu cl l.ipsiiis,
trente jours pourefTecluer la-rrspaûo'jtç, c'est-à-dire l'action
rédhibitoire en raison de la découverte de vices cachés;
mais s'il laisse passer ce délai sans agir, il est désormais
tenu de tous les dommages causés par cet esclave, soit
avant, soit après son acquisition.
"Lorsque le maître est complice de l'acte dommageal)le
commis par ^esclav^^ il i-sl directement responsable du
dommage pour raccomplissement duquel l'esclave n'appa-
raît que comme un instrument. FI ne peut alors se libérer
de la responsabilité qui pèse sur lui qu'en réparant inté-
gralement le dommage causé, comme s'il avait été le seul
auteur. Que si le maître est resté étranger au fait dom-
mageable, sa responsabilité a lieu néanmoins, mais elle
est moins rigoureuse, en ce sens qu'il n'est tenu que
prnpter rein, c'est-à-dire à cause de l'esclave et qu'il peut
se libérer en abandonnant l'esclave à la partie lésée.
L'abandon noxal. admis jiour les animaux, l'est également
pour les esclaves, qui sont assimilés à des animaux
juridiquement'.
A côté des esclaves appartenant à des particuliers, et
dont nous noussommes occupé jusqu'à présent, il existe
à .\tliènes, comme dans les autres cités grecques, des
esclaves publics ou appartenant à l'Ktat, et que l'on
nomme or^ii.6cio>. [DESiosmi].
IV. Cessation de l'esclavage. — .Nous avons précédem-
ment étudié les causes de cessation de l'esclavage, ainsi
que la condition des allranchis [apeleitiieroi].
V. PRc^ciis AVANT TRAIT A l'eSCLAVAOE 01' A LA LIBERTÉ. —
Les questions d'esclavage ou de liberté peuvent donner
lieu à plusieurs actions distinctes. Ainsi d'abord il peut
y avoir contestation entre deux personnes relativement à
la propriété d'un esclave. L'action en revendication qui
s'engage à propos d'un esclave est la ôiV/j àvôpaitdScov, à
l'égard de laquelle nous ne possédons presque aucun
renseignement. Nous savons seulement que cette action
était soumise à la procédure sommaire introduite par
les EÎ-javcoYE!; rEiSAGOGEis]'". Un second cas de contes-
tation est celui où ime personne réclame la mise en
liberté d'un individu qui, en fait, se trouve en état d'es-
clavage ou, à l'inverie, réclame comme esclave un indi-
vidu qui est libre en fait. Nous avons précédemment
indiqué les règles à suivre à cet égard L\puairesis eis
ELElTUERIAy].
VI. Di" SERVAGE. — L'esclave dont nous avons jusqu'à
présent étudié la situation, c'est, en quelque sorte,
l'esclave meuble, juridiquement assimilé à toute autre
propriété mobilière. Le droit grec a-t-il connu une autre
espèce d'esclave, que l'on peut qualifier d'esclave im-
meuble, c'est à-dire semblable au sol auquel il est attaché,
ou, en d'autres termes, retrouve t-on dans l'ancienne
Grèce ce que Ton a nommé, à d'autres époques, leservage
de la glèbe? La question a été précédemment étudiée
spécialement pour les llilotesà Sparte, pour les Pénestes
en Thessalie et pour les ioianô-a! et les xÀopw-ai en Crète
[ai'uamiotai, imlotae". En ce qui concerne notamment
l'Attique, la question du servage dépend de la situation
que Ton veut attribuer à la classe d'individus nommés
TZBli-oi: [pELATAi] OU £XT/,u.op&i [iiEKTÈ.MOROij et de la signi-
fication que l'on donnera à la réforme accomplie par Solon
p. 75ft; Bciucliet. l. II. p. 43i. Cf. BitlM. de V.Ucul. Jes inscr. 1908, p. 4+8.
— ■: Beauchet, l. II. p iH. — » VII, M-15. Cf. Dareslc. Ilaussoullicr el Reinaeh,
p. vi-.y. —9 .\eii. Hcllen. II. i, 41. Cf. Ilcrinann-Tliallicim, p. lie», noie 4: Mcicr,
Schôinaiiiicl l.ipsius, p. r.53 ; tl.rcsU-. Science du ilnii', p. 13V; B,aucliel. l. II. p. 457.
si:i{
— 1263 —
SKR
cl niiiniiK'i'pnrsos rontciiiporninsTEiTot/Osia I^si'.isaciitiieia].
niiiiir i!(iMAi\. — A Unme la division rondainenliilc
i XII m nui 1/ iris in) on cet! ni conrernela conililion Jiii'iili(|iii'
dos personnes, «'"esl que lous les liouiines sont lilires on
esclaves'. Les Instilules de Juslinien disent, en consé-
(jnence, que >< la lilierlé esl la facnllé nainrelle de faire
loiil ce qne l'on vent, sanl' les olislacles résnllant de la
force ou du droit. Onant à la servitude [xcrviiiis] c'est
une institution du droit des gens par laquelle, contraire-
ment à la nature, une personne est soumise au droit de
propriété d'une autre- ». L'esclavage esl donc la condition
des personnes qui sont la propriété d'une autre. Pendanl
longtemps à Rome, comme en Grèce d'ailleurs, l'esclavage
fut considéré comme naturel el légitime. Cicéron seml)le
l'accepter comme fait inséparable des nécessités de la
vie ^ Sénèque, tout en recommandant aux maîtres l'hu-
manité envers leurs esclaves, ne combat nulle part le
principe de l'esclavage'. Les jurisconsultes de la période
impériale, imbus des idées pliilosophiques modernes,
considèrent bien l'esclavage comme contraire à la nature,
mais ils observent que c'est une institution du droit des
gens (jus gentium), parce qu'elle existe chez tous les
peuples de l'antiquité \ Quant à sa légitimation, ils la
trouvent dans l'événement qui en a toujours été la prin-
cipale source, la guerre : le vainqueur ayant le droit de
tuer le vaincu, possède, h plus forte raison, le droit d'en
faire sa propriété ou de le vendre, ac per hoc serrure'',
d'oîi le nom de servus pour désigner l'esclave'. Même
après que le christianisme eut hautement proclamé que
tous les hommes sont égaux et libres, l'instilulion de
l'esclavage avait pénétré si profondi'ment dans les mœurs
qu'il était impossible de l'en faire disparaître et, sauf
certaines mesures légales destinées à protéger l'esclave
contre les abus de pouvoir du maître, sauf une diminution
notable des causes de servitude et une facilité plus grande
donnée aux alfranchissements, l'esclavage, sous Justi-
nien, était aussi florissant que dans la Rouie antique.
Causes du l'esclavage. — Les jurisconsultes romains
distinguent ceux qui sont nés tels et ceux qui le sont
devenus. Ils divisentaussi toutes les causesde l'esclavage
en doux classes : les unes appartenant nu Jus f/en/iiiiii, les
autres au jus ci ri le *.
Les causes dérivant ûujus gentiuin, les plus antiennes
sont la captivité et la naissance.
La captivité d'abord, conformément au principe
antique dont les Grecs avaient déjà fait application. 11 y
a toutefois certaines distinctions k observer. Lorsqu'il
s'agissait d'un peuple avec qui les Romains n'entrete-
naient aucune relation d'amitié ou d'alliance, le principe
s'appliquait à tout captif fait sur ce peuple, même en
dehors de toute guerre déclarée. Mais dans les rapports
avec les peuples amis ou alliés, la capture d'un prison-
nier n'était une cause d'esclavage légal que si cette
capture avait eu lieu à la suite d'une guerre réguliè-
rement déclarée suivant un certain cérémonial consacré
[justum bellum)''. Pris dans d'autres conditions, notam-
ment par des brigands, des pirates ou dans une guerre
civile, le captif ne perdait pas sa qualité d'homme libre"'.
SEBVI. f Insl. Jii«l. pr. De jm-e person, I, l. — 2 Jliid. §§ l el i. — 3 Cicnr.
fle repiM. IIL — * Scncc. lipisLil, 75 § 14- ; De bciief. III, 20. — ô L. •*§ 1, De
slulii liom. V, i. — 0 Insl. Jusl. /.oc. cit. § 3. — ^ LVsclavo, à raison lic sa nature
«le buliii (le f;uorre, de clio.sc prise par la force, esl aussi appelé >nancipium, mnnn
caplum : Insl. Jiisl. ihiil. — o Inslil. iwl. /.nr. cil. J i; I. 5 § Dig. De statu ht.m
VIII.
Vu surplus, d'après une Irndilioii ('(inilée sur r(''r(iiil(' et
pass('e dans le droit, le caplif qui s'é'eliappe et relourne
dans ses foyers cesse d'èlre esclave par application
du jus posl/illlillii [l'OSTLIMlMl'M '.
En ce qui concerne le fait de la naissance, la règle esl
que les enfants d'une femme esclave naissent esclaves,
('.'est un principe, en effet, que les enfants issus d'une
union non légitime suivent la condition de leur mère".
Hn principe, pour déterminer le sort de l'enfant, on
s'attache à la condition qu'a la mère au moment où
l'enfant acquiert une personnalité distincte, c'est-à-dire
au moment de la naissance''. Mais, de bonne heure, on
ailmil que l'enfant naîtrait libre du moment que la mère
aurait été libre à un moment quelconque de la gestation ".
Les causes de l'esclavage jure civi/i ont varié suivant
les ('poques. Le principe, à cet égard, fut toujours que,
si l'homme librene peut volontairementaliénersa liberté,
celle-ci peut cependant lui être enlevée à titre de peine.
Ainsi, dans l'ancien droit, le citoyen qui ne s'est pas
fait porter sur les registres du cens est vendu au profit
de l'État comme esclave 'S règle qui tomba en désuétude
avec le cens [censusI. La loi des XII Tables, d'autre part,
décidait que le voleur pris en flagrant délit, fur mniii-
feslus, était attribué comme esclave à la victime du vol
[ruRTUMl, mais le préteur y substitua une amende '■'.
A l'époque classique, on trouve d'antres causes d'escla-
vage,/«;-e civiii : 1° la femme libre qui, connaissant sa
condition, entrelient des relations avec un esclave, contre
le gré du maître de ce dernier, perd au profit do. ce
maître sa liberté el ses biens. Telle était la disposition du
sénatus-consulte Claudien, abrogé par Juslinien"';
^° la condamnation aux mines {ml metellum) ou aux
bêles féroces [ad bestiris) entraîne également la perte de
la liberté; ces condamnés sont nommés, en conséquence,
[servi poenae). Mais, dans le dernier étal du droil,
il n'est plus question de cette cause d'esclavage,
Constantin ayant supprimé la condamnation aux bêles
et Juslinien ayant d('cid('' que la condamnation aux mines
n'entraînerait plus l'esclavage'"; 3° une disposition de
l'édit du préleur punit de l'esclavage une fraude qu'avait
suggérée le principe de l'inaliénabilité de la liberté
liumaine, la misère aidant. Un homme libre se faisait
vendre comme esclave par un complice, partageait le
prix avec lui el réclamait ensuite sa liberté inaliénable.
Une décision do Q. Mucius Scœvola décida que l'auteur
d'une pareille escroquerie deviendrait esclave de l'ache-
teur, à la condition qu'il eût vingt ans au moins, qu'il
fût de mauvaise foi el que l'acheteur fût de bonne foi '» ;
\" des institutions impériales, rendues dans le but de
réprimer l'ingratitude des affranchis, ont permis au
patron de demander devant le magistrat la révocation de
l'airranchissemenl [lihertusj.
fJondi/ioii juridique des esclaves. — Envisagée en
elle-même, el abstraction faite du point de savoir si l'es-
clave a un maître ou s'il n'en a pas, sacondition juridique
peut .se résumer dans celte règle posée par le juriscon-
sulte Ulpien ''^ : en droit civil, l'esclave n'a pas de person-
nalité ; c'est une simple chose ; mais, en droit naturel, la
— 0 L.24, tiig.Decaptii'. XLIX, 13. — 10 L. 10§ i, 21 : I, li. l. — H l„ 24. 1). Dcsiatu
Aom. — i2 Gains, 1,89. — 13 L. 1 pr. I). De ini/eii. |, 4. — U Uio. Proraecina^Tt.
— 15 liaius. III. I»9. — 10 Paul. .Sml. Il, 21 a; 1,. un. De sel. rtami. loll. VII, 24.
— "L.I,§3.D.Cui6.în<)(/.>s(. pot.l, 12; I. t.C.Ueglad. Kl, 4:) ; .Nov. Jusl. 22, c.
S. — 18 L. 7, pr. §5 1 à :i ; 1). Ùe lil,,;: causa, XL, 12. — '" I.. 32, l>. /Je ni/.j.ir. L, ."I .
l.o9
SKR
— 1200
SER
pi'i'soniu' (11- rosclavo ne (lill'Ore pas de relie des autres
liomine.s ; il a les mêmes droits et les inèines devoirs.
De celte conception rig;oureuse du droit civil résultent
de nombreuses conséquences. Vinsi notamment : 1° L'es-
clave, n'étant pas membre de la cité, ne peut exercer
aucun droit politique; il ne peut, dès lors, aspirer à
aucune magistrature, ni figurer dans l'armée '. -2" U n'y
a pour l'esclave ni famille, ni mariage. Kn fait, l'esclave
peut bien avoir un père et une mère; mais il n'y a entre
eux aucune parenté légale, cognatio serrilis nulla est.
De même, l'union de \'cac\3L\e{contuberniuin)Q?,l un pur
fait et, même contractée avec l'assentiment du maître,
elle ne saurait jamais constituer un mariage, malrimo-
nium [M.\TRi.Mo.\irM]. Celte union, que le maître peut
dissoudre à son gré, ne donne dès lors au mari aucun
pouvoir sur sa femme, simple compagne de servitude, ni
au père aucun pouvoir sur ses enfants [p.^tria potestas].
3° A la difl'érence de l'homme libre, l'esclave ne peut
avoir aucun patrimoine actif; tout ce qu'il acquiert
appartient à son maîlre '. L'esclave n'a pas non plus, à
l'inverse, de patrimoine passif, c'est-à-dire qu'il ne peut
contracter aucune obligation personnelle; on admet seu-
lement qu'il s'oblige par ses délits, et encore cette obli-
gation ne peut-elle produire d'elfets à son égard qu'après
le jour où il a acquis la liberté'. 4° L'esclave ne peut
paraître en justice ni comme demandeur, ni comme
défendeur, car les voies de procédure ne sont ouvertes
qu'aux hommes libres '. Si donc il est blessé ou violenté,
c'est le maître seul qui peut se plaindre, s'il le veut, du
tort qu'on lui a fait, comme il pourrait \{\ faire pour un
animal blessé ou pour un objet brisé.
Cette assimilation de l'esclave à une chose n'empèclie
pas cependant qu'il soit un être humain et qu'il y ait
entre lui et les autres objets, susceptibles d'appropriation
privée, une différence essentielle, qui le fait rentrer, à
un titre semblable, dans la catégorie des alieni juris
comme les enfants en puissance. Ce caractère d'être
humain devait forcémentenlrainer certaines atténuations
à la rigueur de la conception primitive et à la reconnais-
sance, à certains points de vue du droit public ou privé,
de la personnalité qu'il possède en fait.
Dès les temps les plus anciens, d'ailleurs, cette person-
nalité de l'esclave avait été admise au point de vue
religieux. Aussi, bien qu'en droit les esclaves n'eussent
pas de sacra privata, c'est-à-dire de culte qui leur fût
propre, ils n'étaient pas absolument exclus de tout culte.
On voit notamment qu'ils participaient à la fête des dieux
Lares [compitaliaj ^. D'autre part, les lois recon-
naissent au tombeau de l'esclave le caractère de res rdi-
ffioiti et lui donnent la protection assurée à la sépulture
des autres citoyens ^.
Au point de vue du droit privé, la personnalité do
l'esclave fut également, surtout à l'époque classique,
reconnue à bien des égards, sous l'intluence de cette
idée que l'esclave, au lieu d'être simplement, comme
en Grèce, l'outil vivant de son maître, est considéré
à Rome comme son instrument juridique. L'esclave peut,
2n quelque sorte, servir à son maître de porte-parole ;
il est entre ses mains une sorte de machine intelligente
' L. 3, Dig. De o/fie. prnel. 1, U; Valcr. Mai. VII, 6, |. _ s L. is2,
D. De verb. siijnif. L. 10. — 3 L. li, D. De olilig. et act. XLIV, 7.
— * Gains, 11. 10; L. 107, De reg. juris. — » Dioiiys. Mal. IV, U. — 6 Varro,
De ling. lai. 0, Î4 ; I. 2 pr. D. De rvliq. XI, 7. — 7 Gaius, I, 3i. — 8 L. 30, D.
qui lui permet d'augmenter sa capacité et d'étendre le
cercle de son activité juridique. On admit dès lors que
l'esclave avait qualité pour figurer, au lieu et place de son
maître, dans certains actes juridiques et qu'il pouvait,
en empruntant sa personnalité [ex persona domini), le
rendre propriétaire, créancier. Le citoyen, qui ne pour-
rail par l'iiiterméiliaire d'un autre citoyen, acquérir un
droit de propriété ou un droit de créance, le peut par
l'intermédiaire de son esclave ". Cette aptitude juri-
dique n'est toutefois reconnue à l'esclave que dans l'in-
lécèt et par représenlation du maître: elle fait défaut,
dès lors, au servus sine domino, qui ne peut emprunter
la capacité d'aucun maître *.
Le droit civil ne permettait toutefois à l'esclave que de
rendre son maître propriétaire ou créancier, mais non
de le rendre débiteur, même avec son consentement. Le
droit prétorien alla plus loin et permit aux maîtres de
devenir débiteurs par l'intermédiaire de leur esclave,
agissant, bien entendu, de leuraveu. C'était ainsi donner
aux maîtres le moyen de procéder, par l'intermédiaire
de leur esclave, à des opérations de commerce qui
supposent des engagements réciproques. L'édit du pré-
teur donne, en conséquence, au maître la faculté d'user
d'un double procédé. Le maître peut d'abord mettre son
esclave à la tête d'une entreprise commerciale ou indus-
trielle, de telle sorte que ceux qui contracteront avec
l'esclave, dans la limite de ses pouvoirs, auront une
action contre le maître, comme l'action exerciloria ou
insti/orin^. Le maîlre peut, d'autre part (et celte seconde
combinaison lui permet de limiter ses risques de perte),
mettre l'esclave à la têle d'un pécule [PECuurM] jusqu'à
concurrence duquel l'esclave peut s'engager envers les
tiers. Ces deux combinaisons, bien qu'inventées dans
l'intérêt exclusifdu maître, arrivaient toutefois à donner
une grande indépendance de fait aux esclaves préposés,
par exemple, au commandement d'un navire, à la direc-
tion d'un comptoir ou d'une industrie.
La personnalité de l'esclave s'affirme, d'un autre côté,
en matière de procédure. Incapable, à l'origine, de figurer
en justice, l'esclave peut, sous l'Empire, porter plainte
devant le magistrat, quand il se prétend affranchi dans
un testament supprimé par l'héritier du maîlre ou quand
il allègue une violation de la convention d'affranchis-
sement intervenue entre lui et son maître'". Le droit
civil, qui d'abord ne reconnaissait d'autre obligation
civile à la charge de l'esclave que celle résultant de ses
délits, finit par admettre que, par ses contrats, l'esclave
peut devenir créancier ou débiteur naturel ".
En ce qui concerne le droit des personnes, on voit
successivement admettre par la jurisprudence ou par le
législateur de nombreuses règles qui reconnaissent ou
protègent la personnalité de l'esclave. Ainsi, contrai-
rement à la règle rognatio serrilis nul/a est, la jurispru-
dence attribue, après l'aflranchissement, des effets juri-
diques à la parenté formée en état d'esclavage ; elle
constitue notamment un empêchement au mariage et
donne naissanceàl'obligation alimentaire '-. D'autre part,
on applique aux esclaves, par voie d'analogie et même
avantl'afl'ranchissement, laloi Pompeiasur le parricide ".
De slip. seri'. XLV, 3.-9 L. 13. pr. D. De inslil. aet. — m L. 53, D. De jud. II,
V, 1. _ Il I.. 14, n, De nlirj. et aet. XLIV, 7. — 12 Inst. 610, De miptiis.
I, 10; I. .5 § 10. D. I>e a,,,io.ic. lib. XXV, 3. — n I.. ii § 4. D. De ncciis.
XLVIII, -1.
s EU
— 12«7 —
SER
Dans SOS rapports avec son maitre, la silualion de
l'esclave peut, en droit slricl, se résumer ainsi : le
mailre a sur l'esclave une puissance absolue et sans
limites, la. poleslas dominica semblable au pouvoir qu'un
propriétaire a sur la chose qui lui appartient. Le mailre
peut donc, non seulement se servir de l'esclave à son gré,
mais encore louer ses services, l'aliéner, le punir et
même le mettre à mort '. L'esclave n'a pas non plus de
patrimoine: (oui ce qu'il acquiert devient la propriété du
maitre, coumie accessoire de la personne de l'esclave, et,
à ce même titre, tous les biens qu'il avait avant de
tomber en esclavage deviennent la propriété du maître.
On pourrait être tenté de croire que ce droit absolu
du maitre sur l'esclave s'exerça, à l'origine, dans toute sa
rigueur et que ce fut seulement à une époque de civili-
sation plus avancée qu'il s'humanisa. Ce fut cependant
le contraire qui eut lieu. Aux premiers siècles de Rome,
en elfet, le pouvoir du maitre sur l'esclave ne fut qu'une
sorte d'autorité domestique, dont il usait avec ména-
gement, l'esclave étant considéré comme faisant partie de
la famille. Cette modération tenait à plusieurs causes -,
notamment à la communauté d'existence et d'occupations
qui établissait entre les esclaves et leur maitre des
rapports intimes et souvent affectueux ^ Tandis que
l'esclave, admis à la table du mailre, prenait ses intérêts
et s'efforçait de contribuer à la prospérité d<^ sa maison,
le mailre, de son côté, voyait en lui moins un oulil
animé qu'un compagnon de travail dont il était le pro-
tecteur naturel. A ce titre, le chef de famille avait envers
l'esclave des devoirs de même nature qu'envers ses
enfants. Il devait pourvoir à sa nourriture et à son
entrelien, lui donner les soins nécessaires en cas de
maladie, et, s'il manquait à ses devoirs, il encourait le
blàmedu censeur, sanction énergique tantque les mœurs
restèrent pures*.
Vers la fin de la République, la situation change. Les
esclaves ne sont plus que <les étrangers ou des barbares
tirés par la force de lous les points du monde connu.
La diversité de race, de religion, de mœurs, les sépare
profondément du citoyen romain qui les méprise, les
considérant comme des êtres inférieurs. Le noudjre des
esclaves s'est, du reste, considérablement accru. .\u lieu
de l'esclave unique de cliaque sexe que l'on rencontrait
autrefois, même dans les familles riches, au dire de
Pline % c'est par centaines qu'on les compte dans les
maisons puissantes '^. Le luxe raffiné des villes et le
développement des exploitations agricoles ont créé des
besoins qui ne peuvent être satisfaits que par un per-
sonnel nombreux (/■«/«(//« iirbana, familia rustica)'.
La plupart des esclaves n'ont plus aucun rapport direct
avec leur mailre, et ils ne comptent, aux yeux de ce
dernier, que pour leur valeur marchande. C'est alors que
se produisirent ces abus, ces cruaulés dont l'histoire a
gardé le souvenir et que, pour une maladresse, un Vedius
Pollio faisait jeter ses esclaves en pâture à ses murènes*.
Le législateur dut inleivcuir pour réprimer ces abus et
1 (iaius, L, ai. — 2 On appelait l'esclave por ou puer, eu faisaut précéder ce mol
du prénom de son mailre. L'esclave de Marcus = Marcipor. Cf. Wallon, Hist. de
/'escfui'. 11, 11, -î. — ;i l'Iin. ûisl. nal. 33, 1, 26; cf. Maiiiuardl, Vie privée c/<-,v
/lumains, I, p, i3 si|. — » Calo, /les rusl. 50, 57 ; 1. 13 g i, D, De usufr. VU, I.
— s l'Iju. IJisl. nnl. XXXIIl, I. — 0 Le grand nombre des esclaves Dl que la déno-
mination priniilivemeuL usiléc et tirée du seul nom du maître, deviut iusurUsante et
(|ue les esclaves porlérenl désormais chacui un nom individuel avant la mention du
mailre, par L-iemplc : Uerinodoras, Tutli ilarci servns ; Marquardt, Lûc. cit. 1, p. i-l.
limiter les pouvoirs du maitre, et cela non pas seulement
dans un but d'humanité, mais aussi dans l'intérêt de
l'État, car la rigueur des mailres pouvait exciter les
esclaves à la révolte, ainsi que l'avaient prouvé les
guerres serviles. Un courant d'idées favorable aux
esclaves se produisait, d'ailleurs, chez les moralistes et
les philosophes tels que Cicéron, Horace et Sénèque.
Ces idées se traduisirent dans la législation classique
par un certain nombre de mesures favorables aux
esclaves. Une loi Petronia, rendue sous Auguste ou
.Néron, fui la première immixtion des pouvoirs publics
dans les rapports de l'esclave avec son maitre. Klle décide
que ce dernier ne pourra plus, sans une cause b-gitime
vérifiée par le magistral, livrer son esclave pour le faire
combattre contre les bêtes féroces'-". Un édil de Claude
décida que le mailre qui abandonnait sou esclave ob
r/racem iiifirmitalein le rendrait libre et Latin Junieu, et
que celui qui le tuerait au lieu de le délaisser serait puni
comme meurtrier'". Hadrien supprima les crr/as/ii/a '^.
Sous son règne, un sénalus-consulte retira aux mailres le
droil de punir les crimes graves commis par leurs
esclaves; l'instruction doit être confiée au préfet de la
ville et, si elle est faite par le maitre, celui-ci doit livrer
l'esclave au préfet des vigiles pour l'exécution de la
peine'-. Deux constitutions d'Anlonin le Pieux com-
plètent ces décisions. L'une punit le maitre qui lue son
esclave sans cause comme s'il avait tué un citoyen ; l'autre
prescrit au.x gouverneurs de province de forcer les maîtres
trop cruels à vendre leurs esclaves".
Pour donner plus d'efficacité à la protection accordée
à l'esclave, un magistrat fut chargé, au moins depuis
Néron, de recevoir les plaintes des esclaves contre leurs
mailres : c'était, à Rome, le préfet de la ville et, dans les
provinces, le gouverneur ". Septime Sévère chargea
le préfet de la ville de protéger la pudeur des esclaves '°.
L'esclave accusé d'un crime esl justiciable de ce ma-
gistrat, et un sénalus-consulte de l'an '■10 lui donne -les
garanties de procédure accordées à tout citoyen '^
Aux adoucissements que les empereurs païens appor-
tèrent successivement à la silualion des esclaves, les
empereurs chrétiens ajoutèrenl peu de chose, se préoc-
cu[)anl plus de multiplier les causes d'acquisition de la
liberté que d'améliorer le sort des esclaves.
Si, au point de vue du droit, la condition des esclaves
est absolument uniforme, en fait, elle peut varier,
d'abord suivant les fonctions auxquelles le maitre les
emploie, d'après leurs aptitudes personnelles et aussi
d'après son affection ou son caprice (v. in/'ra), ensuite
selon qu'il leur constitue ou non un pécule [i'ecvlum].
A côté des esclaves appartenant à un particulier {serons
privatus), il y a deux autres sortes d'esclaves dont la
situation est spéciale, h savoir les esclaves sans maitre
et les esclaves publics.
Les esclaves sans mailre [servi sine domino) compren-
nent certaines catégories de condamnés (à mort, aux
travaux forcés, aux bêles), servi poenue, les esclaves
Vov. NoMF..\. — '• L. 106, Dig. De rerb. siynif. 1, lli; Plia. XXXUI, 10 ; Tacit.
Ann. XIV, 4î, M.— 8 Cic. Pro Cliient. 66. — 9 1.. 1 1 § 2 D. Ad leij.Com. de
sic. XLVUI, 8. — 10 Suet. Claud. 25 ; I. 2, D. Qui sine manum. XL. S. - " Spar-
lian. Hadr. IS. — l'iL. 15, D. De condivt. caus. dut. XII, 4. — '3 Insl. Jnst, § 2,
De lus qui sui vel al. jur. I, S; Coll. leg. mosaic. III, 3. — 1* Soncc, De benef.
111, 22, 3 I. loi, D. De ulfic. pro urbi I, 12; Coll. Ie<;. mosaic. toc. cit.
— 15 L. 1, § » D, De o/pc. prof. urh. — ^'> L. 12 § 3 D. De accus.
XLVllI, 2.
SER
— 12G8
SEK
(lerelirti ou al)iui(loiin('S par loin- inailrc, les srrri licre-
(/ilarii, lorsque l'IiérôliU' dans laquelli' ils sont i:oini)ris
ne trouve personni; qui puisse ou qui veuille l'aceepter.
Les esclaves sans inailre ne p(Hivent réaliser aueune
ac(iuisilion pour qui que ce soil, car Tesclave ne jteul
avoir i|u'unc eapacilé ireuiprunt, émanalion de celle du
uiailre, (jui lui l'ail ici défaut '. Toutel'ois, jiar une raison
d'Iiunianilé, on a reconnu à ces esclaves la eai)acilé de
recevoir un lej<s iralinienls'-.
Les esclaves publics sont ceux qui apparliennent à
l'iiialy servi piibliri po/xili romani. Us sont ordinaire-
ment allectés au service des magistrats ou employés dans
l'administration. Au point devue juridi([ue, ilsse trouvent
dans une situation supérieure à ceux qui ont pour maitre
un particulier, vav ils peuvent avoir un patriinoiue et
peuvent, par testament, disposer de la moitié de leurs
biens'-
Cessation de l'esclaoage. — L'esclavage peut cesser
soil par descauses indépendantes delà volonté du mailre,
soit par une renonciation volontaire de ce dernier à sa
|)uissance dominicale. L'esclavage peut cesser, indépen-
damment de la volonté du maitre, par l'eiret du posllimi-
niuiu [l'OSïLiMi.N'irM], loi'S(iu'il s'agit tresclavcs devenus
tels pur la captivité.
Ouant à la renonciation volontaire du maitre àsa puis-
sance, elles'ell'ectueau moyen derall'rancliissement dont
nous avons précédemment indi(|ué les modes [MA^•u-
Missio] et les ed'els [umcinrsl.
Procès relut i/'s à la liberté. — Ces procès liheratis
rnusu) se présenlent sous deux lormes dill'érentes : tantôt
un esclave réclame la qualité d'homme libre [rindica-
tio inlibertdtem), tanlolun citoyen prétend qu'un homme
libre est son esclave [vindicatio in sercitutem). Dans le
premier cas, l'esclave ne peut agir en justice que par
l'intermédiaire d'un adscrfor libertatis, c'est-à-dire d'un
ciloyiîn venant aflirmer devant le magistral que l'esclave
est injustement retenu en servitude. Dans le S(!cond cas,
l'esclave peut défendre en personne son procès, car il est
in possessione libertatis.
Le procès de liberté s'intentait, dans le système des
actions de, la loi [lkcis .\ctio], dans la forme ordinaire des
actions réelles, par une aciio sacramenti, où à la rindi-
calio d'une partie devait répondre une conlraiiindiratio
de l'autre, et où la restitution de l'esclave au maitre qui
ne le possédait pas devait être garantie par des cautions
{prœdes lilis et vindiciuruin). La difficulté que l'esclave
pouvait éprouver, soil à trouver un adsertor disposé à
s'exposer à la perle du sacramentutn, soit à fournir les
cautions requises, avait fait admettre un certain nombre
de règles favorables à la liberté. Ainsi ]cs vindiciaesonl
toujours données secundu/n libertatein, c'est-à-dire que
la personne sur la qualité de qui on plaide doit rester en
liberté |)rovisoire pendant le procès ^ D'autre part, les
procès de liberté ne sont pas soumis aux jurés ordinaires,
Ve Uip. sa-D. — 2 r.. il, l). Ile aliiii. lei/. .VXXIV. 1. — 3 Ulpiaii.
« L. 2§2k, U.Dc Orig. jur. 1, ï. — 6 Cic. P>u Caec. 33,
II, pr. I). bi- prohat. — 7 I.. 27, § I. D. Oelilier. causa.
iiiiilil. Insl. or. V, 2, | ; Coil. Jusl. l/e assert, toll. V, 17.
i:) O:- nei. IV, (i. _ lOL. § C. Thcod. Ile lili. causa, IV, s. _ ii |..
tffic.cous.W., 12.— 12C. Jusl. lie assert, loti. I.c. — U 11. Llrul,i
liist. Jusl. § 1 Ile interd. IV, IS; I. 12, pr. D. Ad rxhih. X, i.
.«ui- l'esclavage i lioinc : Ivlil, Tr. de droit romain, i' ôd. p. i;u
. de droit romain, 2« éd. p. SS 6i|. ; Ihiiiii;-, Aspr. dudr. romain,
l'cruicc, /.abeo, p. IM si|. ; K.-iilowa, /lom. /leclUsi/escli. Il, 1,
lav.ll, Vie privée des Homains, l. I, p ;iia sc|. ; Wallou, Uist.
1 L. :ii;i Dij;.
Iteg. XX, 16. —
97. - 0 L. 10,
XL, 1.
- 'J lu
. - » u
t. Jusl. §
2, U. Ue 0
XLIII,
31. -IV
— B.hi
.».l<.tl-HIE.
S').; Ij
1-ai.l, Mau
l. Il, p
ISI 5>|. :
p. mo
.|.; Manp
mais au triliuiial des deceinviri litibiis Jiidiriindis '.
La preuve, dans les procès de liberté, incombait toujours
à celui qui voulait changer l'état de choses existant, sine
dolo inalo, au momcwit de la poursuite \ Le jugement
avait naturellement autorité de chose jugée entre les
parties. Mais, quand il reconnaissait la liberté de l'une
d'elles, celle-ci voyailson étal assuré à l'égard de tous'.
Si, d'ailleurs, leprocès avait été soutenu parun adsertor,
celui-ci agissant en son propre nom, il n'y avait chose
jugée qu'entre lui elle mailre. La question pouvait donc
être reprise si l'esclave trouvait un autre adsertor, cela
trois fois au moins et peut-être davantage*.
Sous le système formulaire, les procès de liberté, au
lieu d'être intentés dans la forme des actions réelles, le
sont sous celle des actions préjudiciables [praejudicium],
au moyen d'une formule posant au juge la question an
liber sit^. La nécessité de Yadserlor, les faveurs relatives
à la liberté provisoire et à la possibilité de recommencer
le procès subsislèrent même après Dioclétien '". Plus tard,
les procès de liberté donnèrent lieu à une procédure extra
ordinein qui se passait, à l'origine, devant les consuls, et
plus lard dévolue à un préteur spécial, le praetor de libe-
ralibus catisis". Juslinieu supprima la règle udmisi;
jusque là concernant la nécessité de Vadsertor, de même
que la faveur admise par corrélation en matière de chose
jugée '-^
Les interdits possessoires, retineiulue et recuperundae
possessionis, sont applicables en noire matière [inïkrdic-
TUMj. C'est même à propos des revendications d'esclaves
que se rencontre l'application la jilus fréquente et la plus
imporlanle de rinlerdil«/;'i//;/". On rencontre, en outre,
des interdits exhibitoires'*, deslinésà faciliter au mailre
l'exercice de ses droits. L. Be.\iiciii;t.
SITUATION Kï FONCTIONS DKS ESCLAVKS. —
{iiiiccE. — On u vu que la guerre, les captivités qu'elle en-
Iraine. sont à la base de linslilulion de l'esclavage; elles
en furent l'occasion première; faut-il admettre avec cer-
tains auteurs ' que lacause véritable fuldans le mépris du
travail'.' Chez les peuples encore voisins de l'élat de na-
ture, a-t-on dit, le Iravail passe pour altentaloire à la
dignité de celui qui s'y livre, non pour l'efîorl corporel
qu'il demande, mais pour la régularité et ladisciplinequ'il
suppose. Les menues besognes journalières sont impo-
sées aux femmes; aussi, dans les civilisations primitives,
les esclaves demeurent une rareté : ils sont inutiles à
la chasse; pour l'élevage, les nomades s'en peuvent
aussi passer. Quand commence la vie agricole, plus
absorbante, la femme ne suffit plus et l'on lire parti
de l'ennemi vaincu. Mais encore préférait-on, surtout à
l'origine, luer les captifs hommes et conserver les
femmes et les enfants'-.
Ces observations sont très exagérées : l'esclavage est
rare dans les temps reculés, parce qu'alors la vie reste
mesquine el sans luxe. 11 est manifeste qu'à l'époque
de Vesciar. dans Inuliquili; i' M. l. III ; Mouiniscn, DruU publ. VI, I,
Masclikc, Die Freiheitprozess im ktassischen A/terthum; Hay. Ètét
romain. S' M. p. 02 si|. ; Cu(|, Instit. Jiirid. des /iomains, l. I, p. ICC si
p. 127 S(|. ; Accarias, Prêc. de dr. ruin. o' i-d. t. !, p. M S').; Mnvria/.
rfr. rom. i' i<\. I. III, p. 112 si|.
Siiu.vrioNET KoNciioNs. — * 0. Sccck, O'i'sc/i. rit,'* l'ntvryaHijs der anlii
Bdliu, 1(1895), p. 290 si|. — 2 liichard. De serris apud //omcrum, Berlin, I
niùme, â l'origine, uni; cerlainu analo<{ic Jusilualiou eiilre l'esclave cl I
celle-ci est iucapabic de rien posséder (I*. Guiraud, Propriété foncière
doliors des objcls d'usage courant (lloni. Od. IV, 130-132,
». de dr.
|.,(ll. II,
Cours dr
p. 58), I
comme les instrumeuls de In
[il, .
ken Welt,
1831. 11 y a
la t'emnie :
en Gr^c,
735-730),
Is i|ui coiislitueul sa dol.
SEi;
— 1209 —
SER
liDim'i'iquc le Iravail iiiaïuiul ('tail eslimé; iiiéiiiu les gens
(le liaule naissance n'y répugnaieul pas '. Hésiode -
proclamait qu'il n'a rien de honleux. Une opinion tout
autre se l'ail jour plus lard, mais elle domine surtout
dans les Élalsai-isloci"ilii|ues, ceux qui ont connu le .sc/'-
vaije. A Sparte, le citoyen l'ut une manière di; rentier,
tout à ses devoirs civiques et iiiililaires, et auquel la
loi interdisait tout travail', lîn Crète, d'après une vieille
chanson, l'Iioinuie lieureux était le guerrier nourri par
ses serfs '. A Tliespies, l'exercice d'un métier est dégra-
dant^. Dans d'autres cités, la qualité de citoyen est
incompatible avec l'exercice d'une profession méca-
nique '^ ; à. Tlièbes, le boutiquier n'arrive aux magistra-
tures que dix ans après s'être retiré des affaires'. A
Épidamne, les ouvriers étaient tous esclaves d'étal", et
le commerce extérieur un service public '. Corinlhe ne
connut guère que l'oligarchie, mais sa prodigieuse acti-
vité économique appelait la collaboration de l'Iiomme
libre qui, même artisan, y était considéré '".
L'avènement de la tyrannie fut de toutes manières
une révolution : ce régime s'appuyait sur les basses
classes, qu'il enrichit souvent di^s dépouilles des nobles,
et qui occupèrent dans la cité um^ place pré|)undéraule.
Certains tyrans allèrent jusqu'à imposer le travail à tout
le monde", et les démocraties obéirent à la même ten-
dance. Une loi, due à Solon ou à l'isistrale, condamnai!
à Athènes l'oisiveté et astreignait à une lâche quelconque
tous ceux qui n'avaient pas de moyens réguliers d'e.xis-
lence'- Une autre autorisait l'action en diffamation
contre tout individu qui i-eprochail à un citoyen sa pro-
fession, si inodesle qu'elle fût'-'. Thucydide '^ est d'avis
que le plus humble ouvrier doit être associé aux affaires
publiques ; de fait, les artisans détenaient à Vecclésia la
majorité'' el, enjuslice, remplissaient les jurys'". L'ex-
tension des privilèges politiques à la richesse mobilière
dénoie un étal d'opinion favorable aux arts manuels, el
on ne croyait pas avilir la (jualilé de citoyen en la con-
férant aux industriels étrangers domiciliés [metoikoi] ".
Quelques métiers seulement semblent avoir été tenus en
défaveur, au moins dans les premiers temps et dans cer-
tains milieux ". Mais il faut tenir compte des préjugés
de l'aristocratie, qui trouvent leur expression dans les
théories des philosophes. Socrale, parmi eux, eut peut-
être des vues plus judicieuses, si Xénopiion ne lui a
prêté sa propre façon de voir'" ; mais les autres ont émis
sur l'esclavage des idées qui, aujourd'hui, nous paraissent
singulières. Platon accepte l'inslitution, comme indis-
pensable el, d'ailleurs, avantageuse autant que périlleuse
dans l'état des sociétés présentes; ils s'abstient de la
réprouver ou de la justilier, se bornant à mettre en regard
sa république idéale, où aucune servitude n'existerait '".
Aristote déclare l'esclavage à la fois nécessaire et natu-
rel, parce qu'il l'observe dans le monde où il vit, et en
conclut (jue la condition même de l'homme l'a imposé'^'.
Ces grands esprits parlaient pour une élite inlellecluelle,
pour b.'ur publi<-: ils sidiissaieul la coulagiou d'un
I (iiiiraii.l, iMinuin-d œuvre mdmtridlc dans l'mtc. Crcct; p. J7>tt. —2 (liiii:H\.
— 3 Xcii /len/j. Liiced. VII, i-2. — » lii-rgli, l'oct. lyr. gr.'lU. p. C5I. — 5 Arisl.
/■■niij„i. p. 3»li Kosc. — !'• Xen. Oecoii. IV, 3. — '< Arlsl. Pol. 111. 3, i. — » thid. Il,
i, lo. — 'J Plul. IJ,iuesl. ijr. i'.>. — III lliioilol II, 107. _ Il Guiiaud, .l/um-JV/ii r.-,
p. iU-il, 3'J.iU. - 12 lil. p. W. — 13 Uem. I.VII, 30. — I' II, M. — '!> Xen. Mu,,,.
111,7, 0. Arislolu dit (ju'il en était ainsi daus p'usicurg dénioci-atics [Hvsp. Atft. VIII,
p 5li", A). - IC Arist. /teip. 27. — n Plut. .<;o(. 43. — 1» Uuiraud, iJair, (/ni/., p. H.
— '9 Encore fait-il des couc<K-iuiis( J/eotur. Il, i, 21. — ^ Ilesp. Il, 308 si|. ; Lcij.
" snobisme » auquel la masse de la population ilemeiira
réfraclaire'-. Aristolereconnaissailque,siresclaveestune
propriété, c'est une propriété qui a une àine, xTf|U.i ti
'É_a'j/u/ov. Les poètes, ceux du théâtre surlout, plus rappro-
chés de la nature humaine, lirent entendre parfois d'iHo-
(juenles paroles: (pûiiei oÙoeIç ooOXoç, disait l'iiilémon '-'.
D'autres écrivains ont même émis cettt! idée erronée (|ue
dans la très haute antiquité l'esclavage n'existait pas-"
ou qu'il n'y avait pas d'esclaves acheti-s-".
En réalité, les coups de force ont de tout temps produit
de nombreux cas de servitude. Dans Homère, les
esclaves -° sont généralement des femmes, parce ([ue
l'industrie d'alors, une très petite industrie, est sur-
lout familiale, se passe d'accessoires mécaniques com-
pliqués et se pratique principalement à la maison, d'où
les termes de à[i.(j'iç, ôjjioj/î, tirés de îôaoç, el non, comme
on l'a dit, de Bopioj, de même que fainultis dérive de
fumilia " . Les tentes d'Agamemnon renfermaient un
grand nombre de fiunmes'-'; les tragédies qui se ratta-
chent au même cycle font chanter des chœurs de cap-
tives. Celles ci, dans cette civilisation à demi-orientale,
rendaient encore un autre genre de services : en Orient,
l'esclavage n'a jamais joué un grand rôle; ou avait des
esclaves pour ses besoins personnels; raciial mi le rapt
des femmes rem|)Iai;aienl la prostitulion réglée (jui se
renconlre plus lard'^". Les hommes cultivaient le champ
du maître, faisaient pailrc ses bestiaux. Des uns et des
autres la situation était douce : Kumée le porcher fut
élevé avec Climène, (ille de Laerle ; il menait une exis-
tence presque indi'peiidanle dans un coin reculé du
domaine''. Ces êtres d('chus jouissaient au moins de la
sécurité ; l'isolemenl était alors si dangereux (ju'on
voyait dans son mailn; un protecteur qu'on ne cher-
chait pas à fuir; Homère semble ignorer ratlranchis-
semenl".
Dans les temps qui suivirent, l'agriculture euntiiiiia à
être la source principale de ricliesse; alors naquil le ser-
vage ; tel est l'étal d' o une famille de paysans établie de
père en fils sur une parcelle de lerre, dont elle ne peut
jamais se séparer et qu'elle exploite, moyennant une
redevance annuelle, pour un propriétaire riche'- ». Ce
régime est l'œuvre de l'aristocratie; il repose sur le prin-
cipe de la division du travail social ; il fallait deux classes
dans l'Étal; l'une pour gouverner et combaltre, l'autre
pour nourrir la première. Il y a une analogie frappanle
entre les obligations de l'affranchi et celles du serf, et
c'est une indication pour nous. Un jiffranchi assumait
celle condition pour éviter la misère; des hommes libres
aussi, leurs dettes les y acculaient. 11 y eut d'abord une
série d'engagements isolés, sporadiques, progressivement
étendus au point d'englober une partie de la plèbe. Ce
système prévalut longtemps à Sparte (hiloles), en Crète
(xXapôJTaiou à(fàa(xtwTai el [AùJvTai''), en Thessalie(Pénestes)
I^UELOTAE, Ai'UAMioTAi, cvM.NÉsioi, TUEïEs], peut-ôlre même
jus([u'à la conquête romaine, où fut eiilin réduit à rien
le nile militaire de la classe riche; ailleurs, il (lis|iarul au
VI, 770 SI). — 21 Wallon, Je lad., I, p. 372-392. — 22Giiiiaud, <). c, p. 37,30;
Kraiicolle, Vtnduslrie i/aiis la Grèce aiic, p. 23a. — 23 H'ragm. 39 ap iMciuek.i,
Cum. ,,r. IV, i7. — 2'. Ilcrodot. VI, 137. — 23 Tiin. ap. Allien. VI, 264 C Cl 272 B;
/t. Uisl.f/r.l, 207, p. 07. —20 (J. T|,. |)ay .Se) iiiour, liff in tlie fjoineric a,je, Ne»-
Ymli, 1907, p. 258-2»!. _ 21 M. BicmI, -l/em. d,; lu Hoc. de liiif/iiisli,/. VII, p. 449 ;
Uuk-aiid, p. 15. — 2» Jt. Il, 226-228. — 29 Ed. Mcy«r, Ùie Sklaverei im AlUrtum,
p. 18 et 25. — 30 Od. \\\,princ. — 3' Guiraiid, ihid. p. 10-17. - 32 Id. Propr. fon-
cière, p. 74 sq., 122 s<|. — 33 Allien. VI, p. 203; llesycli. 'A;a|x.; Poil. III, 83.
SEU
— 1270 —
SER
plus '.anlà l\'|iO(iiic lii'llénislique ', grâce au iléveioppe-
uiciil de la classe moyenne et étant admis que le même
homme pouvait s'occuper de la chose publique el de ses
all'aires pi'ivées -.
lui Mlique, les esclaves rcuiportaienl de beaucoup en
nombre, pour l'agriculture '\ surtout pour les travaux
vilicoles'; dans toute exploitation un peu cleudue,
les travailleurs étaient placés sous l'autorité d'un
régisseur, ÈjrtaTâTY.c, l-iTpoTtoç. de condition généralement
servile, dont Xéno(ihon détaille les qualités nécessaires'.
Mais plus nombreux encore furent les esclaves qu'em-
ployèrent le commerce et l'industrie ; celte autre aciivité
prit en tirèce, au viif siècle, un développement rapide:
le sol du pays, souvent rocheux el privé d'eau, put avec
peine soutenir la concurrence du blé d'outre-mer ^
Désormais, on se concentre dans les villes et on y entre-
prend une industrie. Là on s'était jadis contenté des pro-
duits manufacturés des Phéniciens, auxquels on vendait
les matières premières; mais l'idée se fil jour enfin de
les imiler, pour se passer d'eux ; ce mouvement se dessine
d'abord dans les régions côtières ioniennes, puis dans
les villes de la Grèce propre en relations avec l'Ionie;
c'est à Alhènes i[u'il atteignit son apogée. Les pauvres
de la campagne cherciient une occupation à la ville, mais
on ne transforme pas en un jour un paysan en artisan ;
un citoyen jouissant de tous ses droits n'aime guère à se
mettre à la solde d'un autre ; il coûte cher et produit peu.
Un esclave reste mieux dans la main du patron, el il
est manifeste qu'en général l'entreprise préférait le tra-
vail servile". La population libre s'émut; les tyrans
parfois tinrent compte de ses vœux ; Périandre, àCorinthe,
défendit l'importation d'esclaves de luxe ' ; mais le
mouvement était impossible à empêcher ou à endiguer.
D'abord les guerres se multipliaient; c'étaient des
hommes libres que la mort y frappait, en réduisant le
nombre, el après la prise d'une ville toute la population
appartenait au vainqueur ; mais de préférence on tuait
les hommes faits, gardant les femmes elles enfants, plus
faciles à emmener, même sous faible escorte ; en outre,
les enfants pouvaient être plus aisément aciieminés et
entraînés à la vie qui les attendait. On a parlé plus haut
des ellets de la piraterie ; enfin, il s'établit un immense
commerce d'esclaves; l'avantage de ce dernier mode de
recrutement était d'ouvrir un choix bien plus large que
les captures de prisonniers; on pouvait ainsi puiser dans
des races très diverses, appliquer à l'entreprise projetée
les travailleurs les plus aptes', notamment ces barbares '"
qu'une existence plus rude, moins raffinée, désignait,
plutôt que des citoyens, pour les besognes grossières
ou une domesticité absolue ; d'ailleurs cette servi-
tude était jugée conforme à la nature des choses ", alors
que quelques-uns, comme Platon'- ou Aristote, regret-
taient l'asservissement de tout hommede race hellénique ;
or, les guerres éclataientsou vent entre Grecs; sur le lard,
I Eu Hj^j'ptc, vu la rarulé dcb esclaves, les grands propriûLaires iouaienl
leurs terres à des lenaucicrs de çoiulitiou tilirc, gèu<>ra!enicul à bon luarché ;
Diod. Sic. . 74; Wasiinsky, Oie BoUtn/iwlil, l.eipz., l'Juô, p. .".s. -- 2 Tliu-
cyd. Il, iU; Guiraud, O. I. p. W7-4i0. — 3 Cf. C. t. itll. I, a74. I. 7 et»;
i;5, 1.3 cl 5;iT6, I. 3; i77, I. U (liu du v 8.); Tliucyd. Vil, 27; Aris-
topli. Plul. »Î3-Îi6; Xcn. Oicon. XII; Terent. i/faiil. 05; Deni. XI.VII. 33; de
niéinc eu Sicile, licrodol. VI, t!3. — ' /(i-r. <(. i,r. IV (IS'JI), p. 3«l, I. 9;
p. 3C'J. — s (h: XX, I«-I7; ri-sumé dans liuiraud, J'io/i. func. p. 455-450.
— 6 Meyer, Oji. cit. p. 31. — 7 prancollc. L'intlustrie dans la Grèce anc.. Il,
p. 7 si|. — » .Nie. Uani. fr. 59. — '■> Francollc, 0. l. Il, p. 11. — 10 A Alliincs, dès
le »' siècle, il y avait des esclaves nègres (Tlicoplir. Char. 11). — 11 Dem. III,
les esclaves grecs furent accaparés par les monarques
orientaux el le monde romain; il fallut un apport bar-
bare pourcombler tous ces vides'^
Une preuve de l'importance attachée àl'origine ethnique
des esclaves est dans leur mode de désignation '^ Sou-
vent, on laissait à l'esclave un nom particulier, sans
l'helléniser, ou on l'appelait d'après son ancienne natio-
nalité barbare: Êipï;, Kip, 'l'p'J; sont typiques pour les
sujets paresseux et balourds; pourtant de telles qualifi-
cations n'emportent pas toujours un sens défavorable.
En Attique, les esclaves re(;oivent aussi des noms de
héros, de dieux inférieurs, de personnages histori-
ques, hormis ceux des Tyraniioclones. Mais en somme,
dans les tableaux chronologiques qu'on a dressés, c'est
l'ethnique barbare qui permet le plus longtemps et le
plus sûrement de reconnaître un esclave. Les documents
de Delphes'^ sont utiles à consulter sur ce point : dans
les actes d'all'ranchissement livrés par les fouilles, on
compte très peu d'individus de souche hellénique; et
presque toutes les autres races y sont représentées".
\ C'est Chios qui inaugura le commerce servile, d'après
Théopompe '' ; peu après, les Thessaliens installèrent
un marché à Pagasai"*; sur celui de Tanaïs '" devaient
pulluler les Scythes, les Thraces sur celui de Byzance -".
Délos, à cet égard, n'eut un rôle prédominant qu'à
l'époque romaine -'. Dans toutes les grandes villes,
d'ailleurs, ce négoce llorissait; le marchand suivait les
armées --, achetait à bon compte au soldat vainqueur l'en-
nemi réduit à merci, el qui obtenait la vie au prix de sa
liberté [lytra], débarrassait aussi les pirates de leur
butin, se faisait lui-même ravisseur d'hommes, puis,
lors des grandes fêtes internationales, venait exhiber sa
marchandise -^ A Athènes, le marché aux esclaves se
tenait mensuellement, au renouvellement de la lune-',
sur l'agora, dans les xûxXoi'-»; les esclaves, dévêtus,
étaient exposés sur un tréteau, TpaTreÇa '-^; belles filles et
jeunes gens paraissaient seulement dans un endroit
clos. On faisait marcher et courir les sujets, ons'enquérait
de leurs défauts, que le vendeur devait déclarer; mais
qui ne devine les scrupules de ce genre de négociants?
Malgré les pénalités, plus d'un ne se faisait pas faute de
tromper les clients. Les prix de vente variaient naturel-
lement dans des proportions considérables'-^;' la raui^'on
des prisonniers de guerre parait s'être élevée progressi-
vement de deux mines (V siècle) jusqu'à cinq, pour se
maintenir vers ce dernier chifTre après Alexandre-^ Une
inscription attique de 415-' nous donne exception-
nellement une série de prix, qui fait apparaître la préfé-
rence accordée aux articles syriens. Les actes d'alïran-
chissement fournissent de nombreuses données pour les
derniers siècles avant notre ère ; quelques chiffres sont
peut-être fictifs, a-t-on dit'"; il est possible, en effet, que
le paiement n'ait pas eu lieu; mais l'évaluation devait
correspondre aux lluctualions des cours, et cela nous
24 ; Aiisl. Polit. I, 1, 3. — ':i Hesp. V, p. Ki9. — 13 Uuiraud, Main-d'œurre, p. 100.
— H Ma» Lambcrlz, Die i,riech. Sklavennamen, Wieu, 1907. — '5 Cf. Baunack,
Die delpliisclien Inscliriflen, 1CS4 S(|. — '« Guiraud, ibid. p. 104 sq. — 17 Ap. Alhcu.
VI, 265 U. — 1» Arisloph. Plut, âil ; Hermipp. ap. Allieil. I, 27 sq. — 19 Slrab.
XI, 2, 3, p. 493 C. — M Holyb. IV, 3S. — ûlSlrab. XIV, 5, i, p. 668 C. — 22 Xeu.
Hell. IV, 1, 213. — 2) f'aus. X, 32, 15. — 21 Arisloph. lui. 43. — 25 Harpocrat.
llcsycli. s. V. — 2C Aristopli. ap. l'oll. VII, tl. Celte plalcfornic est appelée chez
les Komains uATAsr.ï, nom <|ui vieul pcul-èire de .«Tà<ri«o.;. — ïi Cf. Gi,s;li, Alc-
morie delf Accad. dei l.inni, IS'Ki. — ;:8 fs. Arisl. (leçon. Il, 2, 20; liera. XIX,
109; Diod. XX, «i. — 2a C. i. ail. I, p. 152. — 30Sur ce point Guiraud. (J. l.
p. 107, uolc I.
SEU
1271 —
SER
siiflit. I,a niiixH'nne oscillaiUcnlrL' trois cl cinq mines jinm-
les deux sexes; les vai'ialions les plus sensibles se ren-
conlrent dans la catégorie des esclaves femmes; pas de
limite si elles sont achetées par caprice amoureux ; l'une
d'elles « monte «jusqu'à 30 mines '. Pour les hommes,
le prix devait dépendre des talents de l'esclave el de son
métier; des renseigniwneiils ('-pars montrent que l'ouvrier
mineur s'acquérait sans grande dé-pense - et. que l'arti-
san coûtait ijcaucoup plusclier\
On a essayé d'évaluer le nombre total des esclaves de
la Grèce propre ' : vers 432, il y en aurait eu un million
environ, et ce chiffre représenterait les trois huitièmes
de la population totale; il est sûrement au-dessous de la
réalité ; c'est fort exagérer en effet de n'admettre, avec
l'auteur de ce calcul, la présence d'aucun esclave dans
les contrées de population dorienne ; même en tenant
pour trop élevés les chifTres que nous donnent Timée,
Aristote pour Corinthe (460000), Égine (470000), el ceux
que nous avons pour l'Altique (400000) au temps de
Démélrios de Phalèro, en .309 '■, on est conduit à une
impression toute différente. De bonne heure, le nombre
des esclaves a dépassé celui des hommes libres, c'est tout
ce qu'on peutaffirmer •■'. Certes, rinterdiction du mariage,
dans l'état de servitude, restreignait grandement la repo-
pulation de l'élément servile, et les ocxoyEVET; ■" ou
oîxÔTftêeç *, esclaves nés dans la maison, ne se ren-
contraient pas dans toutes les familles de citoyens ;
pourtant certains indices, procurés par les actes d'af-
franchissements, donnent à penser que la rigueur de la
loi fléchissait bien souvent et que le maître tolérait des
relations sans effet juridique, dont il avait, d'ailleurs, h'
profit : l'enfant, en principe, lui appartenait, et il ne
lui déplaisait pas de voir se perpétuer les meilleurs
éléments serviles, comme aujourd'hui l'on vise à la
reproduction des animaux de bonne race''.
C'est à Athènes que les esclaves, parait-il, étaient le
mieux traités'" ; on peut le croire, en dépit de certaines
situations aperçues dans la comédie, où il faut recon-
naître sans doute le grossissement habituel au théâtre ".
Un mime d'Hérondas '- met en scène la dureté d'un
maître bien vile adouci. En somme, c'est au mauvais
serviteur qu'étaient réservés les moyens de correction
qui ont été énumérés, plus haut (p. 1202) Exclus de cer-
taines fêtes, comme les Thesmoptiories à Athènes '^ les
sacrifices à Héra dans l'île de Cos ", ils avaient, dans
quelques autres, égalité avec les citoyens, ou même
prééminence sur eux : ainsi à Athènes, aux premiers
jours des Anthestéries et aux fêtes de Dionysos ''.
Il n'en est pas moins vrai que beaucoup d'esclaves
cherchaient à se soustraire par la fuite aux sévices du
maître, comme au travail forcé ; plus de 20000 esclaves
athéniens accoururent auprès des Spartiates qui venaient
d'occuper Décélie "■'; d'autres tentaient, individui'llement,
l 101. - 2 Xon. /le
SU. — 3 Dom. .VXWII,
m. Well, Leipz., IS86, p. .'i06 ; <
ji), ièid. p. 104; Propriété fondé
I, 21. — 4 iK.Incli.
i06 ; cf. p. ILS s.|.
• [Deni.] LIX, iO ; Ter.
StnalxhniisU. iJ. KrSnkel, I, ]
/Vi> Itevùlkeruiif) der yriec/i.
— s Atlien. VI, 27i. — B Cit
p. 158. — ^ l'Ial. AJen. Hi h; l'olyli. XI.. i, i; l'Iul. Mural. S77 4. — » Deni. 17,!.
15 ; Ite.ker, Ancd. I, 28(i, 10. — 9 Seeck, Loc. cit.— lOI's. Xeii. liexp. Alh. I, in ;
Xen. Oec. I, Sur la liberté de langage des esclaves. Dem. Phitipp. III, p. 111.
— <l Arisloph./'/u(. 21-53 ; ^'ax, 740-7*7. — 12 V.lûsq. — 13 Arislopli. Tliesm. -l'H.
— H Athen. VI, 202 6'. — to Etym. Magn. 100, 16. - IKTIiucyd. VII. 27. — n Ucni.
LIX. 0 ; HIat. Prat. 2. - 18 Xen. Mem. Il, 10, 2; llerodot. IV, 9. — 19 Ps. Arisl.
CAcon. Il, 2, 3i. — 20 Jiod. XXXIV, 2; Poijacil. I, 28 et 4.1. — 21 AUlcn. VI, 207 A.
— 2! I.l. XIII, r,72 E. - 23 Id. VI, 20.-. F; Tlnieyd. VIII, 40. — 2* j'osidoil. fr. S.i,
Millier ; Allieo. VI, 272 C. — 20 Oec. VI, 21 ; cf. Mem. Il, 4, 3. — 2C Ucsiod. <lp.
de gagner (jiielque sanctuaire inviolable, comme le
Tliései<in, le temple des Érinnyes, l'aulel d'Alhéna Polias,
el plusieurs hors d'Athènes |asvi.ia]. Le fugitif (opa-TST-/).;)
étai.l i)Oursuivi par le maître '\ qui donnait son signa-
lement el promettait une récompense (côJffTpa) '* ; on voit
même poindre les commencements d'une assurance
(•(inire ce risque des patrons". En deliors de la Sicile
et de la Grande-Grèce -", les révoltes en masse ne furent
pas très fréquentes ; pourtant 1000 esclaves quittèrent
un jour Samos-' ; autre émeute à Abydos '--, plusieurs à
Chios^-' ; au Laurion, en 103, les mineurs massacrèrent
leurs surveillants el ravagèrent le pays'*. II faut retenir
ces faits, rapprochés du tableau idyllique présenté par
X(''nop!ion '" de la maison d'ischomachos, pour se rendre
compte qu'en Grèce, suivant les maîtres, el suivant leurs
serviteurs aussi, la condition des esclaves était essen-
tiellement variable, très dure ou relevée par uneamica-le
bienveillance.
On les employait à des fonctions de toutes sortes. Sur
leur activité aux champs, comme agriculteurs ou gardiens
de troupeaux, nous savons fort peu de chose ^'^ [rustica
REs], mais elle ne fait pas doute ; il se trouve seule-
ment que nos sources mentionnent bien davantage les
esclaves occupés dans la maison. La plupart étaient des
femmes ; à cet égard, les données de l'épigraphie con-
firment, dans une large mesure, les témoignages des
auteurs ^^. Les forces féminines suffisaient à broyer ou
moudre le blé^\ bien que cette pénible besogne fût
parfois infiigée aux esclaves vicieux -' ; des femmes
encore, d'habitude, fabriquaient le pain el faisaient la
cuisine'". La maîtresse de maison, elle:niême, filait,
lissait, brodait, aidée de ses esclaves ^'. Le personnel
dome.stique comprenait une foule de valets ou femmes de
chambre, de préposés dont les attributions n'étaient
peut-être pas rigoureusement délimitées. Les textes
menlionnenl ràyopaiTT/iÇ, qui allait au marché ^^, le portier
(Oupojpoi;) [janitor] '^, rû3poa,opo; " pour porter l'eau ; les
esclaves cuisiniers, sauf exceptions rares, n'apparaissent
point avantle iv'siècle'^ Le maître, d'ordinaire, déléguait
la direction du ménage à sa femme; mais celle-ci. dans
les grandes maisons, s'en reposait sur le xpocTXTTiç ou
â7:(GTiT-r,ç, ÈTtÎTpoTro; '", assisté parfois d'un Ta(iia; ^''ou d'une
TaiAtï^*. Elle avait, en général, sa servante préférée
(aSpa'' ou xofipuÛTpia '"), pour les services intimes; un texte
nomme le Xaiavoçopo;*', et cette fonction, ajoutée à bien
d'autres, atteste le gaspillage de main-d'a-uvre. « Un
esclave pour chaque chose », conseillait Démocrite ".
Même les philosophes, comme il apperlde leurs testaments,
conservés par Diogène Laërce, possédaient un grand
nombre d'esclaves, y compris Aristole qui blâmait cet
abus*'. Les serviteurs vraiment utiles, nourrices (xiTOai),
ou pédagogues '* qui accompagnaient les enfants", for-
maient ha minorité ; la plupart avaient un rôle d'apparat ;
100, ITO; Schol. Tljiieyd. I, lU : l.nciaii. l'. iiiirt. 7. 11. — r, Guiraud, Muin-
dn-i,rrù,p. 12r,._2li l.js. 1, IS : llcrond. VI, Si-Si. — 2'J [Icm. XI.V, 33. — SO.Uhc-
Twiat. .ip. Allien. VI, p. 203 fl ;Tlieoplir. Char. 4; Xen. Oec. X, 10. — 31 Xen. Mil.
VII. Onl 30: l'olyacn. VI, I, 4 cl .5. — 32 Xen. Mem.l, S, 2; Oec. VIII, 22, Allien.
IV, 171 A. — 33 l's. Arist. Oec. I, 0; Plat. Prot. 314 c ; Plul. Pe curios. 3.
— 3VLucian. V. auct. 7. — s.ïAllicn. XIV, 05s/''; Plul. Alrili. 23; cf. coques,
p. I tOO. — 3G Plut. per. 16 ; rfc noOil. 20 ; Aiistol. Polit. I, 7, p. 1253. — :n Aris-
loph. Vesp. 013; Eq. 047; Diog. I.aert. Il, 74. — 3S Xen. Oec. I.X, Il ; X, 10.
— 39Suid.; Mcn. {Corn, fragm. IV, 87, 201, 224). —»> Arisloph. Eccl. 737; PInl.
Pesp. II. 373 c. — »• Plut. Mor. 1S2 C. — »2 Slob. LXII, 45. — W J'ol. Il, I, 10.
— 41 Potlicrct lieinach. Ni-crop de Myrina. Paris, l«S7. p. 300, pi. xxi\. 3, et
p. lH-5. pi. xr.ci, 2; J.ilirb. d. Inst. III (IS8s), p. 253. — 15 Xen, /!:■<:,,. £„,■, II,
1; Plal- iej. VII, 808 d.
SER
— 1272 —
SEH
i^riirTaliMiicnl, Mil cscljivp (àxoJ.o'jOoc) se tcnail aux colôs
ilii niailri> (in do la niaili-(\sso ilans Icm-s S(irli(^s ' ; les
î;(mis riclii's so l'aisaicnl suivre ili' liiiih' une csccirlo -.
Ajoiilons que, connue Icri deiiioiircs parliciilières, les
sancUiaii-es avaient leurs esclaves [uieroduli]. L'Ktal en
occiipail 1res peu [ihîmosku] ; à Atliiines ^ ils élaicnl
lialayeiirs, lioni-reaux, airhers ile piilire, gardiens des
poids el niesiii-es élalons, ouvriers nionnayeurs. Sur un
elianlier d'I'Mensis, on trouve aussi des Sï,|j.o(rio! *, mais
en somme celte forme du socialisme d'élat, qui mellait les
professions aux mains des esclaves publics, eut en Grèce
très peu d'expansion ■'. Quelques exemples en Asie : à
Didymes, des leç,ot Ttatôcc '', esclaves sacrés, appartenant
en réalité à la ville de Milet, travaillaient à la construction
du temple d'Apollon ; Milet encore cniretenail des
esclaves (oriu-oîia! ou Sy|U.o7ioi Tttxio£i;) pour soigner ses
troupeaux communaux (oïiiAOffia irpôÇara) et recueillir les
laines ; peut-être aussi, dans des manufactures, pour la
fabrication des étoffes, vêtements et tapis'. Les rois de
Pergame possédaient de même leurs fiadiÀixot ou paai-
Xixot't Tcaïos;, leurs fabriques de parchemins et d'étolïes,
leurs briqueteries, dont les produits faisaient concur-
rence à l'industrie privée *. Eu Egypte, les premiers
Ptolémées avaient sous la main de nombreux prisonniers
de guerre, de race exotique. De ces esclaves du roi, les
uns durent être employés, en même temps que des
ouvriers libres, aux travaux publics; d'autres vendus ou
loués à des particuliers' ; un papyrus, de 2(55 environ '",
mentionne, semble-t-il, la réunuKMalion due au trésor
royal pour cette localion.
11 serait superflu d'indiquc^r tous les textes qui
signalent des esclaves adonnés à quelque industrie,
comme menuisiers, tailleurs, droguistes, forgerons,
luthiers, tanneurs, armuriers, ébénistes, cordon-
niers, etc..". Ce sont des esclaves que les auteurs
montrent à l'ouvrage dans tous les ateliers dont ils
parlent ; aux mines également, les travailleurs sont
presr|ue toujours de condition servile [misïalla].
L'école socialiste moderne a prétendu que le travail
des esclaves ne valait pas celui des citoyens'- ; l'exemple
de la Grèce ne vient pas à l'appui de cette opinion ; elle
liarait judicieuse quand on envisage la combinaison très
simple suivant laquelle le patron loge, nourrit, habille
son serviteur et l'astreint à la tâche ; mais celte combi-
naison était rare '^ (les esclaves domestiques mis à pari)
à cause de ses graves inconvénients : les vieillards ou
les adolescents travaillaient peu ou mal et, en cas de
chômage, l'industriel n'avait pas la ressource de réduire
ou de cong(''dier son personnel. Celui-ci ne rapportait
rien, el il fallait le nourrir. D'où l'iiabitude qui se prit de
louer des esclaves au lieu d'en acheter ; lorsqu'on man-
quait (le bras, on en empruntait aux gens qui en avaient
trop, el on en trouvait en un endroit spécial de la ville
où se tenaient les ouvriers, libres ou non, en quête
d'ouvrage". Les [AtdOojToî uienlionnés parles inscriptions
d(!vai(!nt être souvent des esclaves loués. Même certains
capitalistes achetaient des individus, non pour les em-
I Arislopli. Ecct. .ï'Jb: I.ys. XXXII, le. — 2 Uein. XXXI, 157-r,0 ; XXXV, W; Xcn.
Mem. I, 7, i. — acf. Waszinsky, Ùe taris Athcn. pub icis, Bpilin, 1898. — i C. i.
ntt. Il, 834 4(arf(/.), col. Il, 1. 31. —^ OumaA, Main-d'œuvre, f. I2Î, 135. — 6 Ou
«; Toù eiof laiSi; ; cf. B. Ilaussoiillicr, Ktud. sur l'histoire de Milet, Paris, l'JOi,
p. 138, Uii, li',7, 172 S(|., 211 sr|. — 7 llaussoullicr, ihid. p. 250. — 8 M. l'iaenkcl.
Jnschr. v. l'erijnmon, 2411 t-l commonlairr, 251 ; une parlie de cps esclaves, les plus
ancicniiemeni aclict^s, rureiil alTranciiis par le U-stanienl d'Attalc III. — •> A. Boucli^^-
ployer chezeiix, mais pourspi'ciiler sur le besoin île main-
d'ieiivre des entrepreneurs et négociants ' ', (>t Xi'nopliou
conseillait à rElatd'imilcr celte spéculalion, en louant des
travailleurs aux concessionnaires de mines. 11 n'est pas
douteux que beaucoup d'esclaves étaient entièrement
chargés de l'entreprise ik^ leurs patrons, auxquels ils ser-
vaient une rente lixe, le surplus grossissant leur pécule.
On a prouvé "' que l'abondance extrême du travail
servile n'avait nullement tiu^ ni même fort compromis,
le travail libre dans l'ancienne Grèce. La plupart des cité^,
notamment Athènes, regorgeaient de petits artisans,
citoyens, d'étrangers ou métèques, de toutes conditions,
patrons ou ouvriers, et enfin d'afTrancliis dont la
situation, les occupations tout au moins, ne différaient
guère de ce qu'elles étaient durant la servitude ; les
textes littéraires ou épigraphiques, lorsqu'ils désignent
des travailleurs, ne permettent que rarement de recon-
naître leur état civil.
Rn définitive, le travail servile, plus rémunérateur que
l'autre, faisait du tort à ce dernier ; on a pu se rendre
compte '' que le salaire de l'artisan, même en dehors
d'un chômage prolongé, « était généralement supérieur
à ses besoins personnels, mais inférieur à ceux de la
plupart des ménages athéniens ». L'expérience qu'il en
faisait était décourageante; il était fatal aussi que, dans
une démocratie où il avait les mêmes droits politiques
que les riches, il en vint ,n prendre les idées des riches,
à dédaigner le travail comme eux et vouloir s'en exonérer.
Les besogneux, qui formaient la majorité de l'assemblée
populaire, et les démagogues, qui la flatlaient, organi-
sèrent un système de secours publics pour mettre les
classes inférieures à l'abri du liesoin. Four cela, il fallait
d(!pouiller les propriétaires ; à Athènes par des lois
fiscales, ailleurs par la violence, on les appauvrit, les
ruina; ceux qui les remplacèrent eurent souvent même
sort à leur tour. Polybe'"a parfaitement discerné les
suites inévitables de ces massacres, exils et spoliations :
la paix fut rétablie par l'arrivée d'un despote qui main-
tint chacun à sa place, le peuple romain '■'. Tels furent
en Grèce les effets de l'esclavage.
RoMK ET l'Empihe ROMAIN. — L'iilstoire romaine présente
ce phénomène étranger à l'histoire grecque : une cité
unique étendant peu à peu ses possessions jusqu'à devenir
maîtresse de la ])lus grande partie du monde alors connu.
Une série de guerres heureuses a amené ce résultat. Si
la cité victorieuse avait appliqué le système de regorge-
ment des vaincus, sauf pour les femmes et les enfants,
elle eût dépeuplé les territoires conquis et se fût encom-
brée d'un nombre d'esclaves exorbitant. Dès l'origine,
elle usa d'une autre méthode, « conquit des hommes
libres comme on faisait des esclaves-"», s'assimila les
peuples voisins en les associant aux privilèges de la cité,
ou eu les laissant d'abord à un degré inférieur, d'où ils
parvinrent progressivement à s'élever-'. Primitivement,
du reste, le Laliuin no connut que l'économie familiale
rigoureuse el sans faste; la classe libre élait formée de
paysans, lalioureurs-soldats, ne connaissant d'autres
Lcclcrcq, Hisl. des Laijides, IV (1907), p. 121. — 10 [l,l,ell Pa/.yri, 29. — U Uui-
raud, O. (., p. 127 si|. — '-' V. nolammcul K.nrl Mari, Le Capital, 1, p. 84.
— 13 FrancoUc, Op. ril. 11, 8 S(|. — l' l'hiloclior. fr. 73, Mûller ; Guiiaud, ibid.,
p. 130 sq. — 15 llyperid. fragm. l.m Di.lol ; Xcn. Ile vect. IV, 11-lG. — m Guiraud,
ihid. X. — 17 Guiraud, p. 19.1. — I» VI, 9, 8 9. — 19 Guiraud, p. 209-211 . — 20 Wal-
lol, Hist. de l'esclav. Il, p. ;i. — 21 Uenjs d'Halicariiasse (II, lil) signjilc ce principe
fécond, qu'il fait remonter à Uninulus, en raison de sa hante antiquité.
SF.n
■2l:i —
S EH
ricli esses (jue lu terre el ses produils ; iicrunui, jxisrini dé-
signaient la richesse et les revenns publics ; le riche
s'appelait loruplex, l'homme « qui a du fond' » ; mais
on l'estimait moins que l'agriculteur éprouvé ^, et l'on
voulait que l'étendue du champ possédé par un père de
i'amille ne di-passàtpas la mesure de ses forces^. Régime
d'aÙTouryt»'', comme dit encore Denys d'Harlicarnasse ',
et où suflisail, bien souvent, un seul esclave par foyer '.
Au service intérieur, les femmes pourvoyaient, comme
dans la Grèce héroïque", et les métiers, source de luxe,
passèrent pour avoir été d'abord interdits aux citoyens".
Mais les guerres fréquentes ruinaient le plébéien, qu'elles
empêchaient de cultiver ses deux arpents ; il devait em-
prunter, et le champ familial, garantie de sa dette, pas-
sait au patricien, parfois avec la personne du débiteur
insolvable. Cette extension de la propriété rompit l'équi-
libre entre le travail libre et le travail servile'* ; on se mit
plus souvent à employer les bras de l'ennemi capturé ;
les guerres du dehors, entraînant les Romains vers une
nouvelle civilisation, leur communiquaient le goût du
luxe, les habitudes de loisirs, et Justement les besoins
multipliés d'esclaves coïncidaient avec des facilités plus
grandes pour en accroître le nombre '■'.
Depuis la con(|uète de la Sicile, les ventes de prison-
niers se multiplient; c'est par milliers à la fois que se
chill'renl les hommes réduits en servitude '": Sardaigne
et Corse, Gaule Cisalpine, Espagne " fournirentd'énormes
contingents, ((ui devaient encore être dépassés par ceux
<iue César préleva sur la Gaule'-. .\ ces barbares, la nou-
velle aristocratie, plus raffinée, frottée d'hellénisme, com-
mençait à préférer les sujets grcîcs et orientaux ; les
guerres du dernier siècle de la République lui donnèrent
ample satisfaction : Épire, Macédoine, Achaïe, Cilicie,
Pont, Chypre, etc. contribuèrent à cet enrichissement '^
et dans une mesure telle que, parmi les récils ([ui eu
sont faits, quelques-uns paraissent légendaires. Kn pro-
vince aussi, et même chez les princes clients, on perdait
la liberté pour dettes : Marins, ayantdemandé à Nicomède
des auxiliaires, eut celte rép(jnse (jue presque tous les
Hiliiyniens valides avaient été emmenés comme esclaves
et dispersés par les fermiers de l'impôt'*. Enfin, après
la ruine des marines indépendantes, carthaginoise,
rhodienne, etc., les pirates, devenus niailres de la mer,
procédaient sur les cotes à de hardis coups de lilels et
venaient vendre à Sidé'\ ou à Délos '", leur cargaison,
énorme sans doute, quelque réduction qu'on fasse subir
aux chiffres invraisemblables de Slrabon '^.
Le système grec de la vente au camp, ajjrès la bataille,
ne tomba naturellement pas en désuétude". Les mar-
chands avisés parcouraient de préférence l'Asie Mineure
et la Syrie ''^; Horace donnait a l'un d'eux le nom de
« roi deCappadoce -"». C'étaient ordinairement des Grecs,
< l'iiil. //. nal. XVIU, 3, Il : loci, hoc est ar/ri, plcnos. — i Cal. Ùf rc rust.
prauf. : riin. XVIII, 3, 18 s-i. — 3 Imb^ciUiorem agrum qutim ayricotam esse
debere (Columc:l. De te rust. I, 3, a). — i IX, il, i : cf. Il, 70. — ■> V. le cas
de Kcgulu* au lonips <lc la piuinicre guerre puuii|uc .Val. Max. IV, 4, G ; add. Il :
liaiicos serras). — « IMi.i. XVIII, 11, 107; Vu};. .\en. Vlll, HO; Coluincll-
0. l. XII, pracr. 7. — 7 UioH. Hul. IX, 23, i; cf. Il, 2S, I. — 8 Aliciclillemenl'
la Miaiu-d'œuvre se l'eDouvc-lail par les rcjclous des esclaves : ou s'élail accoulutiiê
â coinplcr sur ce produil. coiiinic sur les aulres, cliaque priulcmps, d'où te nom
de .•.riiu. — 'J Walluu. O/,. eil. Il, p. 13 ; E. Ku-ser, Ile c,i,,lieis Ilumaimru,,,.
Iji^sae, l'-lUi. Le droit ue laisail pas de dilTériiice eidre ciijitni el serei ; cf. l'oui
pou. Ùif/. I., Iti, iVJ. — 1" V, les uunieuclalures rapportées par Spcck, fJan-
tielsyesch. des Alterlums, t.cipzig. III, i A (1906), p. lut si|. — " l.iv. XLI,
Il et i< ; Appian. /Jisp. 83. — H Uell. Gall. III, 16. En une fois il vend
bJDDU lioninies(i6i</. il, 33, 7). Ajoutez les chiffres, sans doute exagérés, d'A|ipieu.
Vlll.
ciiii se rendaient ensuite à Rome, oit lu ileinuiide el
lâchai l'Iaient formidables; mais des Roinuiiis de nais-
sance, comme Calon le Censeur, prenaient part à c<'
commerce, achetaient de tout jeunes esclaves, et les
revendaient à meilleur prix, dressés et éduqués -'.
Comment ces ventes se pratiquaient,, l'exemple de la
Grèce l'indique; il n'y fut rien changé, sauf ([iie l'adresse
des marchands s'y montra plus grande encore, la loi
romaine étant plus sévère el plus ingénieuse pour tra-
quer le mauvais marchand, peu enclin à dévoiler les
vices cachés îreuuibitokia ai:tio].
Pour le prix des esclaves à Rome, nous avons une fuiile
de données, si considi'îrables même que rétablissement
d'une moyenne en devient impossible"-- ; les circonstances
étaient pour beaucoup dans la fixation des cours.
La question du nombre total des esclaves, dans la
capitale et dans l'Empire, de leur répartition dans les
diverses provinces, n'est pas moins épineuse, .\rorigine,
ce nombre était très faible; Rome, dont le territoire
annexé demeurait peu étendu, avait besoin de soldats-
citoyens, et devait éviter d'accroître les forces des enne-
mis campés à ses portes, par une population servile
prèle à l'émeute, à la fuite, à la trahison. Quand toute
l'Italie ne connut plus qu'une seule domination, on prit
moins garde au danger, très réel encore. Les révoltes
d'esclaves pouvaient fournir aux citoyens ambitieux une
ressource précieuse, une occasion et un instrument-^.
Signalons seulement la conspiration île iliJav. .I.-C.,<itii
visait l'occupation du Capilole-*, les révoltes de 1!I8
(Laliuiu), 190 (lïtrurie), 1X3 (Apiilie) -•'*, les guerres ser-
vîtes de Sicile, où tant d'esclaves étaient éparpillés sur
les latifandiu, en 134-2 et 103. et surtout celle de 73-2,
dont Spartacus fut l'àme-*.
Beloch n'a tenté que des évaluations isolées, de
détail -', lal)lant timidement sur la proportion d'un
esclave par deux hommes libres, qui était celle de Per-
game au ii" siècle'-'*; en ce cas, il y aurait eu à Rome, en
5 av. J.-C, 2S0 000 esclaves; au temps des révoltes, la
Sicile en aurait compté environ 400 000-''': dans tout le
reste de l'Italie, vers la même époque, un million et demi
à peine ; quant à Spartacus, il ne groupa que 120 000
hommes^", el on en tua ll.'^)000 eu trois batailles ■'. En
somme, peu dechifl'res, même vraisemblables. Mais d'une
part la multiplication des services d'état, due à l'exten-
sion de la puissance romaine, et de l'autre l'influence
des mœurs grecques, que la conquête avait propagées
en Occident, tendaient à l'accroissement des deux caté-
gories d'esclaves : servi puùlici, servi privai i^-.
Servi publici. Ceux-ci nous l'avons vu, étaient assez
peu représentés dans le monde grec, excepté dans les
royaumes hellénistiques; il en va tout autrement dans le
monde romain. Le fonctionnement des magistratures et
Gall. i, cl l'Iul. ';<ic5. 13; Pomp. r.7, C. — U Liv. XLV, 34 ; CIc. Ad AU. V, 2i),
3 : l'Iul. Cat. Min. 39 si|. ; Appian. AJilhr. T8 ; dans r.irméc de Lucullus ou aurait
pu aci|uérir un esclave pour (|ualre draclimcs ! — 1^ i)iod. A'ro'/m. XXXVf, 3, 1.
— <ô Stral). XIV, 3, i, p. uiii C. — 'o Honiollc, fJulL corr. Iiell. Vlll il8«>4), p. 'JK.
— i'' XIV, R, 2, p. 068-0119 C. - 18 Liv. XXXIX, 42 ; XM, 1 1 ; Cacs. U. (iall. Il,
33, G. — <9 Plaut. Merc. II, 3, 390 el 413; ou connaît le mot de Juvéual sur
rOronle nui se déverse dans le Til.rc ( >a/. III, 02). — 2" Ep. I, U, 39. — î' l'Iul.
Cal. Major, 21. — 22 Cf. Wallon, O. I. II. p. 159 s.|. ; cf. V. Jlarcliioro, Jlii: di
slor. uni. N. .><. X. :n>lMii, p. 201 sq. - i' Vf. Uv. III, 13, 10. — 2'. Id. IV, 43.
— 2S ij. XXXIII, 3G; XXXIX. 29 cl 41. — 26 cf. 0. .Sicfert. Vie Slarenkrierje,
Alloua, 1800; Biiclier. /lie Aufslûnde der mifriien Arheiler, l'raukfurt, 1874.
— 27 Die Oevôlkerumj, p. 401, H3 sq. — 2.1 Oaleii. V. p. 49, Kiilni. - 29 lielocii,
a. l p. 299-301. — SO Appian. U. civ. I, 177. — il Lu. Epit . 90, :>! — 32 l'Iaul.
Capl. Il, 2, 334-333.
100
SEH — 1271 —
les travaux de l'Iîlal coiiiporlaicnl des emplois siil)al-
lernes, auxquels les eiloyens suflireiil d'aljord; mais
quandeeux ci furent plus régulièrement retenus à l'armée,
il fallut pourvoir à leur reuiplaeemenl; les esclaves y
aidèrent. Il n'était pas difficile à l'État de s'en procurer:
au lieu de vendre tous les prisonniers, le général victo-
rieux n'avait qu'à en conserver une partie, pour la
familia publica; Scipion en réserva ainsi 2000 en 210
av. J. C, après la prise de Carthagène, promettant la
liberté à ceux qui se signaleraient par leur zèle et leur
docilité' ; après la retraite d'iiannilial, divers peuples'''
furent réduits à celte condition en cliàliment de leur
révolte ^. De plus, l'Élal étant propriétaire des biens des
proscrits, les esclaves de ceux-ci devenaient servi
publici^. Parfois même il en achetait^, mais il arrivait
que lacliat fût une formalité, immédiatement suivie
d'airranchissement, pour récompenser des esclaves privés
qui avaient rendu service à la nation, dans un incendie",
lors d'une conjuration', ou autrement. L'acquisition,
sous la République, était faite par les censeurs"; sous
l'Empire, quelques princes donnèrent des esclaves à
l'État : .\uguste disposa ainsi de ceux qu'il avait hérités
d'.Xgrippa" ; Alexandre Sévère fit de uiême'". L'allran-
eliissement dos esclaves publics était, en principe, décidé
par le sénat; après Diocléticn, par les empereurs ".
Ces esclaves ne portaient souvent qu'un nom '- :
d'autres fois il en avaient un second, celui du général
vainqueur qui les avait procurés à l'État, nom auquel
s'ajoutait le suffixe unus^'. Exclus des mimera et des
honores ", les publiei P. R. pouvaient en revanche repré-
senter l'Élal dans certains actes juridiques'^. En règle
aussi, le service à l'armée '" leur était inlerdit'S et seule-
ment dans des cas d'extrême nécessité il fut fait infrac-
tion au principe [i)iLU(:rus,voLONi:s], par exemple après la
bataille de Cannes'*; mais ils iHaienl admis dans les
bureaux militaires ou, en campagne, à la suite des riches
Romains, pour les travaux manuels [eALOMisJ. On les
rencontre en masse au service du culte, comme desser-
vants du culte même" ou auxiliaires des collèges des
prêtres [ArcuRES, fetiales, pontikices, sodales], notam-
ment des Arvales [aiîvales frathesj, qu'ils assistaient
dans les sacrilices [sacrificuim] et les piacida [i'Iaculum],
ou encore comme gardiens des temples [aedituus] ; en
nombre bien moindre au service des magistrats, princi-
palement des consuls [consul] et des gouverneurs de
provinces; ils fournissaient des scribes au tabularium
des censeurs à Rome, des lecteurs aux édiles^", des gar-
diens pour les sièges des tribuns de la plèbe-'.
Sous le poids des services publics, successivement
accrus, les corporations professionnelles, formées par
l'initiative privée [auïikices, collecu'm, sodalitas], com-
mencèrent à plier an iiT' siècle avant notre ère; les cor-
/lonili trouvaient la charge trop lourde, mais l'État les
1 l'olyli. X, 17, y ; Liv. XXVl, V7. - '.! Un ciUill iiol.miiiiL-ul los Briilliaui, pris loiig-
Icmps à torl pour des esclaves publics; cf. Kiiggiero, Diz. cp.s. v. — 3 Appiaii. Hann.
61 ; Slrab. V. 4, 13, p, Ï51 C. — * Nombreux cicmples i la fiu de la lit-publique; cf.
Appian. «. cio. 1, 100 ; Dio Cass. XXXIX, Ï3 ; Cic. Pro Sest. 26, 57 ; Flor. III, 9, 5
!= I, 441. - 6 Tac. Ann. Il, 30; III, 67; Dio Ca.s5. I.V, 5, 4; Dion. liai. I, 40
— 6 l,iv. XXVl, 27 —7 Id. XXXIl 20 ; cf. XXVl, 33 ; XXVll, 3 : Plut. Syll. 10, 2, clc!
— «Moninisen, Dr.puU. Ir. fr. IV, p. 13.5 u. 2.-9 Kroulin. De aq. 98 — 10 Lam-
ppiil. c. Al. Aeu. 34, 2. — n Léon Ualkin, Lvtt escftivfs publics sous tes Homains^
llruielles, 1897, p. 22-.1i. — 12 f. i. tat. 2341-2345. — 13 lljid. 2307. 2:i27_
233», elc; Dio Cass. XXXIX, 23, 2. — n Mommsen, Op. cil. I, p. Mi
— <-' llalLin, p. 41-44. — <e On les ndincllait plus volunlicrs, daus la marine de
gueiTC '.cijv-isiARil. ci.ASi.*]. — 17 Sous peine de inori ; ilarciait. Oty. XLIX, 16
SER
força, par des prescriptions vexatoires, à rester dans les
corporations-^ Les esclaves d'État concoururent, dès la
République, à assurer quehiues-uns de ces services ; on
les eu écarta peu à peu; leur recrutement devenait, sous
les Antonins, assez diflicile, el les empereurs s'applau-
dissaient de leur disparition progressive, car du même
coup le sénat voyait se restreindre ses pouvoirs.
Le service des eaux [cira aol'ahl'm, aouarii] avait
d'abord été conlié à îles entrepreneurs, qui s'aidaient de
serci opi/ices leur appartenant'-'. En 33 av. .I.-C, Agrippa
y avait généreusement allecté, à ses frais, une fainUiu
jirivnUi de 240 esclaves, qu'il légua à Auguste ; celui-ci
leur maintint celle destination ; Claude créa de nouveaux
aqueducs et une seconde escouade d'esclaves, familia
Caesaris -*. Les inscriptions donnent comme titre géné-
ral : servus publicus slationis aquarum -'■' et distinguent
castellarii, circilores, vilici, supra formas; esclaves
(ou alTranchis) sont en général les plumbarii, le secré-
taire de la ratio aqunrum. .\près Hadrien, les serri de
la familia publica ne durent plus exister-'"'.
Pour l'extinction des incendies, les tkii'iMviri capitales
avaient sous leurs ordres des esclaves publics, mais trop
peu nombreux ; aussi quelques particuliers entretenaient
à cet ell'el dt's familiae pricalae-', qu'ils prêtaient gra-
luileinenl, pour se rendre populaires-". Auguste transféra
ce service aux édiles curules, assistés de GOO esclaves'-", et
peu après aux vicomagistri ; chaque région de Rome
obtint ses pompiers ^''. En G enfin, il les remplaçait par
7 cohortes de Vigiles [vigiles].
Les opéra publica eurent aussi leurs /»/i//c'P', les
iiuuuifaclures de l'Étal [faisuica] el la poste, au moins à
ré|)0(iue impériale, sinon avanl [cirsus publicus]. Des
esclaves publics faisaient fonction de bourreaux [car-
NiFEx], d'autres composaient le personnel de la biblio-
thèque au portique d'Oclavie [miiLiOTiiECA] '-. Il y en avait
d'employés aux archives et écritures officielles [commen-
TAKiENSEs] ou dans l'aduii nistratiou financière"', maison
ne trouve comme exactores Iribulorum que des esclaves
impériaux ^' ; à la même classe appartiennent les
liorrearii ou custodes des greniers publics [uorrea].
Beaucoup de villes, quelle que fùl leur condition
(launicipe, colonie, elc ..), avaient également leurs
esclaves publics '^, qui les représentaient dans divers
actes juridiques, leur servaient de percepteurs (adores)
pour les revenus communaux''', assistaient les prêtres ou
gardaient les temples ; les assemblées provinciales et les
divers koina pouvaient aussi posséder des esclaves ".
Enfin les servi publiei des villes tenaient les emplois
variés que nous les avons vus remplir à Rome'^
D'une façon générale, les servi publiei cédèrent le pas
à la familia Caesaris, et même dans les cités ils recu-
lèrent devant les employés de condition libre'"'.
Servi privati. Il y en aplusieurs classes. Âl'origine, un
11. _ m Liv. XXlll, 14. — l'JCulIc d'Hercule (Halkill, p. 49-53). —80 Coll. N.att.
XIII, 13, 4. — 21 Moramscn, ibid. I, p. 308, u. 4. — li WalUing. Corpurations
professionnelles, Louvain, 1890, II, p. 6-3M. — 23 Frontiu. Deaq. 96. — 2' Id.
116. — 25 C. i. lai. VI, 8489. Menlious eiprcsscs seuleinent pour l'Jnio eetus ;
2313, 2345, 8493. —20 0. Ilirscbfeld, Die kaiserl. Verwaltunysbeamten, î' éd.
Berlin, 1005, p. 275-7, 282-3. — 27 Paul. Ci(/. 1, 15, 10. — 2« Dio Cass. LUI, 24, 4.
- '20 Id. LlV, 2, 4. — 30 C. i. tat. VI, 2342. — 31 Ibid. 2330-7. — 32 Cf. Cagoat,
J,es bibliothèques publiq. dans l'Empire romain, Paris, 1906 (ilém. de l'Acttd.
des inscr. XXXVIll, 1). — 33 Mdlang. de Home, XXlll (1903), p. 381. — 3* llir-
sclifeld, Op. tauil. p. 75, noie I. — 30 Halkiii. Op. l. f parlie. — 36 D'où l'ciprcssion
ser{eus) ac((or) : C. l. lai. XI, 2714; Hph. ep. IV, 834 — 37 Bull. corr. hetl.
XIV(I890), p. 621, n°2l. — 38 llalkiu, p. 166-191. — 3!) llalkin, p. 223-230.
SER
I27r) —
SER
seul esclave servait le inailre à la ville el à la campagne ',
sMi-loul à la campagne, où vivaient les premiers Uomains.
Il l'Iail comme un niemliro de sa famille (ffimilifiris);
quand les esclaves se multiplièrcnl, ils rcsLèrenl des /'«//; /-
linres -, aussi longtemps qu'ils vécurent autour du pnter-
l'amilias. Mais les mœurs changèrent, les riches prirent
des goùls de citadins, et la maison se scinda en familia
rusticniilfnmilinurbann, la première réléguée en quel-
que sorte loin des yeux du maître, qui lui restait inconnu.
L'esclavage rural n'a pas eu partout le même dévelop-
pement. Très longtemps, l'Italie du nord y demeura étran-
gère; au 11° siècle de l'Kmpire, dans la région de Corne,
les champs étaient encore, sous l'influence des usages
celtiques, cultivés par des travailleurs libres' ; ceux-ci
prédominaient au moins dans les contrées élevées de
l'Apennin, mais en plaine c'était bien vite le régime des
LATirr.NDiA, notamment en Étrurie* et en Sicile. Une
véritable hiérarchie se constitua dans le personnel
agricole : en tète, le régisseur {vi/licus), au-dessous des
surveillants de second ordre (nionilores) °, les con-
ducteurs de travaux [mar/iatri operum et singulorum
officioriim), gardes des bois"^ et des chn.rmps {snlluurii) '',
pour ne citer ici que les litres les plus répandus. Puis
une variété, presque infinie dans les grands domaines,
de spécialistes chargés dans les champs, les vignobles, les
plans d'oliviers, les jardins, les vergers, à la ferme, aux
étangs, à la basse-cour, de cultures particulière.»; ou du
soin d'animaux dill'érenls [vili.a]; en outre, pour assurer
l'équilibre el la régularité du travail, un certain nombre de
mfldidsliîji ", hommes ;\ tout faire, qu'on transférait,
suivantles besoins, d'un service à l'autre. Beaucoup de ces
esclaves, punis pour quelque forfait, vivaient enchaîn(''s
[coMi'Es], dans des ateliers {prr/aslii/a) souterrains, éclair('s
par d'étroites fenêtres où leurs mains nepouvaientattein-
dre '; quelques-uns de leurs pareils faisaient la police,
liant et frappant avec des courroies [LOUAnius] leurs cama-
rades pris en faute. Sur cesexploitationsrurales, on trouve
des renseignements et des théories dans le De re nislicn
de Varron el dans celui de Columelle. Mais l'organisation
primitive de la villa, où les esclaves étaient divisés en
décuries '" el répondaient à des appels périodiques, vint
bientôt à se disloquer. Le prix plus élevé des esclaves,
le rendementamoindri dusol amenèrentles propriétaires
à émanciper leurs esclaves contre une rente fixe; les
travailleurs agricoles se transformaient en serfs de la
glèbe. Dès la fin de la République, on voit des esclaves
placés sur le fonds comme colons" ; d'autres à qui le
patron loue le fonds et donne les bœufs '^. L'esclave cesse
d'être un simple instrument matériel aux mains du
patron, devient vis-à-vis de lui un contractant '^ Sous
lplin.//.nn<. XXXm,6, 10:Juvcn. .\IV,IÎ7 elles. —2 Son. /?/). XI.VII. 1»; l'iut.
Coriot. 24; Coluni. 1, 63 et 15; Macroli. [, 11, M, — ^ l'Iin. £/)/s/. III, V.i, 1 : iiam iipc
ipst' nnujuam vhtrtos habeo, nec ihi qinsrjiiam, l'ar ileux fols il emploie coloiionim.
— t Hiil. Ti. Gr. 8, 5 ; Marlial. IX, 2i, 4 : FA sonet innumera comperir Tiisciis
ni/er. — 5 Coliini. I, 9, 4 el 7 ; l'aul. Seul. III, li. .15. — 6 Collim. I, 8, 9 cl 17 ;
XI, 1.27. —7 Ci, lut. V, 5548, 5702, etc. ; /)î(/. XXXIII, 7, 12. §4; VII, 8, 10, SI.
— » Doliitn. I, 93; II, 12, 7.-9 Col. 1, 6, 3 et S, )C — «0 Id. I. 9, 7.
— H J.-l*. Bremep, Jurispruflenliae antehadrianae quae supersunt, l.ipsiae, isyii,
p. 173 4 [Dig. XXXIII, 7, 12, 3-Cl. — *i Ibid. p. 201-2 {Dig. XV, 3 el 101.
— 13 l'Iinc [H. nat. XVIII. 6, 30) écrivait : Coli rnra ab eryasliilis pessumum e^t
et quidgnid agititr a desperanlibtts. — 1'* Ad. Scliullcn, Die rôm. Gruudfierr-
scimftm, Weimar, 1S90, p. 93. — li L'éli^gant déd.iin de la classe riche à lï-gard .lu
travail persisla iialurellcroenl sous l'Empire ; cf. Cic. l'ro Flacco,i; De benef. VI,
17 ; l'Iiiloslr. V. Apotl. IV, 32 ; F'Iut. An seni gcrenda, * ; Pericl. 1-2 ; Lucian. 1,
9 ; LXIX, 12. — '6 l'Ii. E. I.egrand, flev. d. élud. ane. X (I908|, p. 10-17 ; cf. Ovid.
Amor. I, 15, 17 ; voir, surtout, dans Piaule, le Pseudohts, le Pcrsa el VEpidiciis.
l'Kmpire, en gihiéral, le ])ropriélairo n-servc la meilleure
partie de ses domaines, autour de la villa proprement
dite, et la fait travailler par sa fumilia ou celle de son
fermier général. Le reste est divisé en petites parcelles
où sont les colons"' [colonus, latifundiaI.
C'est dans la fainilid iirhnna que l'esclavage prend sa
physionomie la plus caractéristique. A vrai dire,
l'inlluence de la Grèce est ici très sensible ; elle se fait
sentir dès l'époque républicaine, le théâtre nous permet
d'en .juger '^ : esclaves, hommes el femmes, y abondent,
tiennent généralement les (ils de l'intrigue. Dans la
comédie nouvelle, chez Ménandre en particulier, et dans
toutes les œuvres grecques ou latines qui en dérivent,
que Irouve-t-on invariablement? « Courtisanes de con-
dition servile, rêvant de conquérir à tout prix leur
liberté; esclaves gourmands, grossiers, égoïstes, men-
teurs, indiscrets, extraordinairement impertinents, au
demeurant susceptibles de lidélitô et d'attachement à
leurs maîtres"'. » Quand Rome eut conquis tout l'Orient
grec, le luxe de la domesticité devint extravagant. Il faut
renoncer à énumérer tous les noms sous lesquels on
trouve désignés les mille emplois''' entre lesquels se
partageait le service au dedans et au dehors de la
maison. Comme \a. familia rustica, lu fnmilia urbuna
est divisée en décuries commandées par iIcs di'curions".
Les chefs sont choisis parmi les hommes de confiance
'.(iriliiun-ii) ''', ceux-ci secondés au besoin par des
liiMilenants {rirarii)'^''. Toutes les fonctions sont hiérar-
chisées. En tète, si le maître ne gère pnsliii-mêine, est un
/irornra/or^\ fondé de pouvoirs, dont le principal agent
(arfor) est ordinairement un comptable'-'^; les comptes
de la maison sont tenus par le flii<pei)saloriirhaiin -^, qui
règle les dépenses et a sous sa dépendance le confins
jirovtuH ou CELLAimis, qui s'occupe particulièrement de
l'approvisionnement et a les rapports directs avec les
boulangers, les meuniers, dont sont pourvues les grandes
maisons ^\ et avec le nombreux personnel de la cuisine
[coours]. Toutes ces attributions étaient réunies ancien-
nement dans les mains de I'aïriensis, I'atrium constituant
alors à peu près toute l'habitation [domus] ; quand elle
se fut agrandie, il resta chargé de la garde et de l'entre-
tien des appartements et de leur mobilier, ayant sous ses
ordres d'autres esclaves dont les noms indiquent les
fonctions : dinelarius ou diaelarcha ^', scopariiis -",
ad imagines''', a saci'ario-'' snpellecticarius [supellex],
ab argento, ab aiwo^^, a crystallinis'", etc., ou bien ils
sont désignés simplement comme afriarii^' .
A Rome, le portier [.lAMXon, ostiarius] est un esclave
inférieur, qui a de bonne heure remplacé le chien de garde
à la porte d'entrée sur rue et comme lui, il est enchaîné''-.
— n Wallon, II, p. 1U5 s(|.; Marquardl, Vie privée, I, p. IGG sq. et dans le Cor-
pus inscr. lai. p irl. VI el VII, les moniimentn columbarioriim cl les lituli officialiion
el arti/irnm. — is l'etron. Sal. 47 : Marquardl, II, p. L'I. — 19 IJi|>. Ilig. XI.VII. 10,
15 ; cf. XV, I, 17 ; .<enec. ISp. CX, 1 ; lie benef. III. 2S. — M Mor. Sul. III, 7, T'.i
l'Iaul. Aùn. 11,4, 28; Cic. Yen: III, 2s ; Dig. XV, I, 7; Mart. Il, IS, 7. I.c vicn-
riiis est quelquefois appelé snpprumiis. Plant. Afit. glor. III, 2, 13 el -32 ; siib-
custos, Ih. 54. — 21 Becker Gf.ll, liaUus, II, p. 13 i sq. ; Marquardt, I, p. 109, 182.
_ 22 Ibid. — 23 Plant. Pseud. Il, 2, 14; Marcpiardl, L. c. el p. 108. — 21 Dig.
XXXIII, 7, 12, 5 ; Paul. Sent. III, 6, 37; Varr. ap. Gcll. XV, 19. — 25 Paul. Sent.
III, 0, 58 ; c. i. /. VI, 5187, 5190, 8043 sq. - 20 Dig. XXXIII, 7, 8, I. — 27 C. i. l.
Ib. 3972. — 28 /*. 4027. _ 29 C. i.l. VI, 4431 sq. 5121 sq. ; ad argentum. ib. 3941,
4425, 8730 ; praepositus argcnli ou aiiii potori, ib. 8729, 8733,/). amiescari, ih.
8732 sq. ; Manpiardl, I, p. 168. — 30 C. i. t. III, 530 (celui-ci est un affranchi).
— 31 Dig. IV, 9, 1, 5; PhWre, II, 5, 1 1 , les .ipp.llc nlrienses allicincli-
— 32 Sud. fie rbet. 3; 0>i.l. Am. I, C, I ; Toluin. I, pr. III; .-îenec. Ile ira.
III, 37.
SER
127(i —
SER
A l-(in pi'iu'-lrr dans la maison, on t'sl roçu yav dos ser-
vilt'iirs (csclavos ou airrancliis'i qui allondent les hôtes
pour les introduire et pour les nommer [nlt /lospiliis ',
al) (K/inissione [admissio, nklahii', nomcnclatores cubi-
rithirii-). Les ctibiciilarii, qui sont ainsi en rapport
avec les hôtes ou qui approchent, à toute heure, du maître
ou delà maîtresse, dans la chambre à coucher, auhain, à
la promenade, sont, hommes ou Temmes, choisis avec un
soin particulier pour leur beauté, toujours soigneusement
entretenue, el pour les talents qu'on leur a donnés
le divertissemenl des élres disi^raciés. nains, monstres,
idiots ÎNANi'S, Monio, fati'i'sj.
S'ils sortent à pied ou en litière, le sénateur, le riche
publicain, ou leurs femmes, veulent être entourées d'un
nombreux cortège d'esclaves '° qui les suivent {pedi-
sequi) ^^ ou qui les précèdent {anlenmliulones) ''' ; des
ADVERSiTORES Ics ramènent et, le soir, éclairent la marche
avec des lanternes ou des Dambeaux '* ; le nojikm.latoiî
vient en aide à leur mémoire absente ou paresseuse ". 11
faut encore pour les voitures, si Ton sort de Rome, et pour
, 6383. — S«rviloiirs dans If
[iiELicAirs, PAF.nAGOGiuMl. Les uns veillent à la toilette,
à la coiffure, à la parure, à l'habillement, aux parfimis,
à tous les soins de la personne ïornaïoh, calamistrim
TONsoR, rxcTORj, les autres sont chargés de la garde-robe
ta reste ', ad t'eslem, vestisptcus, i^eslispica ', i^esli-
pliciis, vexiiplira ") ou des bijoux el parures [ah ornn-
iiieii/is'\ a /i/)ii/is'', ad iiiarr/ori/f/s^).
Des fresques du Palatin ' nous présentent (fig. G.'fSIJ) le
vestibule d'une demeure somptueuse, où des esclaves
attendent les invités ; l'un de ces serviteurs, sans doute le
semis ah /iospitiis"\ s'avance avec son bàlon vers la porte
d'enlri''!', faisant de la main droite un geste acueillant; à
l'autre extrémité, le sei'ciis a /ledibiis" va recevoir les
chaussures des convives (cf. fig lOntiel I70(j'!:un troisième
lient en main une guirlande, peut-être doit-il parer les
hôtes pour le festin; d'autres portent une serviette
[mantele. mappa (v. aussi fig. 1705)1, une cassette.
Le service de la table est des plus raffinés; les détails
sont multipliés à plaisir ; chacun en est confié à un valet
spécial [coEXA, TRicLiNirM"; d'autres esclaves remplissent
les salles, ils ont été choisis parmi les plus beaux et les
plus rares, pfiur rehausser par leur présence l'éclat du
festin '-. Des musiciens, des danseurs des deux sexes, des
îicleurs, des bouffons y apportent d'autres amuse-
ments; ils ne font pas toujours partie de troupes recrutées
par quelfjui' entrepreneur" ; beaucoup ont été achetés
parle maître, ipii en tire plaisir el vanité et se fait accom-
[lagner par eux, même dans ses voyages" ; ])uis, le
goût s'abaissaul, on en vint sous l'I-'inpire à avoir pour
I C. i.l. VI, MW. 947V. - 2C,ic./l<( ^((. VI. 2, 5; Juvcn. X, 211! ; Son. Pc comt .
l4;Uacrab. Sat. 1,7, I. — splin. h'p. III, 16 : Scriiclos, a i/uikus re»tiiiti(r. ai/uiliiis
calcietar. - ^C. i. I. VI. Witl, .5206, 1.37*. olc. V. Mari|uar.1l, I, 108. n. 11!.
— 5 Nonius. p. 12 M. — 6 (Juilllil. /nj(. 363 : C. i. l. VI, 7301, '.lOOl, 9981, I.V,
3318.— 7 r. I. /. VI 3991 si|., 8952 sq. A/iliulis, ib. III, 536. — s Ib. VI,
9^8*. _ 9 MarclicUi, Soliz. (ieijli scam. I'i92, p. Vi-8 : llûiscn, Itmn. Mitth. VIII
(1893), p. 290-1. — 10 Cic. A'I Ml. VIII, 5: C. i. l. VI, 7920, 9«*. — " Ces
peiDlurcs, où sont visibles lis cliaiissiircs ipic le dessin des Sliltheiluniien n'a
pns reproilniles iHnlsen, L. c), viennent à l'appui de l'opinion selon la(|uellc
le soin de la chaussure des convives appartenait ans enclaves du logis; selon
d'autres, il éUlit r^>S4TV4^ aux servileurs «pie les ronvives anien.-iicnt et ipii restaient
f.-H .leii\ pendant le repas, Senec. Ile benvf. 111, 27, » ; /;,,. XXXVIl, 6: Petron.
les écuries'", pour rescorle[crRsoREs], un autre personnel.
L'aristocrate romain, sous l'Empire, affiche générale-
ment des prétentions littéraires-' : il compose, déclame des
vers ou improvise dansées recilationes dont la vogue est
si répandue [lector] ; ses esclaves [TAiiKi.LAitu portent aux
amis l'invitation
à y assister ;
d'autres se tien-
nent dans la salle
pour applaudir.
Beaucoup d'es-
claves étaient
geus instruits ;
la Grèce déjà
avait eu ses es-
claves philoso-
phes-'. A Rome,
des femmes
mêmes en eurent
à leur service,
aussi bien que
des grammai-
riens et autres
lettrés ^■' ; la plupart de
Fis:. 03st.
faisant office de lecto
leur
patrons possèdent
lertorcs; on voit, sur un sarcophage du Louvre**, un
personnage lisant dans le livre dérouh' (pie lui présente
un esclave (fig. fj38i) ; un riche Romain gardait chez lui
un esclave chargé de lui réciter les vers d'Homère, un
autre pour Hésiode, d'autres encore ])Our chacun des
5S, 64, 6S : cf. 31 ; Mari. XII, 87. - 12 Juv. V, .52-63. — '3 D6s 187 av. J.-C. : l.iv.
XXXIX, S. ; Diij. XXI, I. 34; Friclllindcr. Siltengcsch. =, II, p. 424. — " Cic. l'ro
Mil. 21, 55; Verr. V, 29, 64; pro llosc. Am. 46, 134; Cell. XIX, 9. 3: Capitol. Ver.
8, 1 1 ; C. i. t. VI. 10122. 8093. etc. — •'■ Senec. A'p. I.XXXVIl. 8 ; cf. Mari. XII, 97.
3. _ 16 Plant. Jsin. I, 3. 31 ; Aul. Ilf, 5, 27 ; l'oen. prol. 41 ; C. .Xcp. AU. 13: C. '.
l. VI, 4003 s<|. ; 6332 sq. ; 8992 si|. — " l'Iio. Ep. III, 14, 7; Lucian. Nigrm. 34.
— 18 Suel. Ocl. 29: Servui pr.ieliicens ; Cic. in Pis. IX. 20: lanlernarius:ct. C.
i. l.\. 3970; Juv. III, 285. — 19 Cic. Ad Alt. IV, 1, 5; pro .Viiren. 36. 77: Senec.
De benef. I. 3, 10. — 2" C. i. (. VI. 4033, 4888, 7109, 8542 etc.; Paul. Sent. III. 6.
72; Diij. XXXIII,7, 12, 9; Suel. Cl. i [v. AOASo, sthatob). — 21 Cf. Orlaodo, l.e
lettiire pubb iehe nellit lioma impériale. Faeiiza, 1907. — 2* (iell. Nocl. atl. Il,
ISsr).— 21 Lucian Merc. cnnil. 3: —2' Clarac, Mus. ilc scillpl. pi. 153, n. 351.
SER
1277
SER
lyriiiiics srccs '. Les sri-ri amt/niic/tscs, nolarii (ili
cjiis/i//is 011 >!i-ri/)/(irrn Uhrarii t'crivenl les Icliros [scriiia]
sous 1.1 (lich'c (lu palron, qui n'écrit pas lui-même ^,
l'ont des lectures à ses visiteurs ', tiennent sa biblio-
tlièqiio, copient pour lui des manuscrits ' [libkahus] ;
T. Poinponius Atticus dresse à cette dernière tâche toute
sa l'amilia, en vue d'une véritable industrie, car il vi'ucl
les exemplaires ainsi exi'cutés '. Le li/i'ni/iis accom-
paj^ne partout le palron homme de lettres ; l'activité
érudite de Pline l'Ancien a sa source dans les dépouil-
lements et compilations que ces auxiliaires accomplis-
saient pour lui ; Calvisius Sabinus en acheta un
100 000 sesterces *. Des esclaves grecs {inagisicr
r/rnerus, litlerator '') dirigent l'éducation des fils de la
maison [pAEnACOGus] et quelquefois des filles * ; dans
un milieu plus modeste, un capsarius tout au moins,
portant la boîte qui contient les tablettes et les livres, les
accompagne à l'école ^ L'enfance continue à être aux
mains de domestiques serviles [.mtrix, paedagogus,
EDUCATIOJ.
Il y avait enfin, chez beaucoup de riches Romains,
des esclaves médecins [medicus, p. 1672] pour la famille '",
pour l'infirmerie de la maison [valetudinaruim], et ceux-
ci avaient pour aides d'autres esclaves [mediastini,
iotraliplae, unctores ").
Pour compléter le tableau sommaire de la famille sei--
vile, il faut parler encore des esclaves qui exerçaient
au delnirs un art, un commerce, nn métier, car outre
ceux qui travaillaient, comme les boulangers et les m(îu-
niers nommés plus haut, pourla nourriture de la maison
l'I pour l'habillement, les lanificue qui filaient dans
l'ancien temps sous la surveillance de la tlomina, plus
tard sous celle d'un lanipondus ou d'une /nnipendn '-,
auxquels s'ajoutèrent des tisserands (textores)'\ des
tai Heurs (î''f'.s7/7(E'.ï;, vexlifiriix, sarfiniit()r'^),de9, foulons'%
des cordonniers"'; pour les constructions ou la répa-
ration des bâtiments, des architectes, maçons, charpen-
tiers, menuisiers, couvreurs, peintres, plombiers, etc.'',
on eut aussi de ces ouvriers que l'on trouva avantageux
d'instruire pour les louer. Quelques-uns commençaient
de très bonne heure leur apprentissage sous la conduite
d'un pi'neccjitor ". Caton l'Ancien déjà '^ prêtait de
l'argent à d'habiles esclaves qui en dressaient de plus
jeunes; ceux-ci étaient revendus. Crassus tirait de grands
revenus de la location de ceux qu'il avait fait instruire'".
On alla plus loin : des esclaves exercèrent, d'une manière
indépendante, une industrie, un métier, un commerce,
soit en mettant en vente des marchandises pour le compte
du maître [iNsrrrORj, soit en faisant fructifier son capital
moyennant redevance, ou même le p(''cnle qui leur ('tait
abandonné [mercator p. 1737].
On a craint plus d'une fois d'exagérer le nombre des
l'sclavcs accumulé's à Uome et en Italie; de C(; que les
I Scncc. Ei,isl.i',tt. — 2 Suet. TU. 3.— ^Cic. Ail AU. l. lî, i(iiucr aitarjnnslr.i) ;
(.fil. m, l'.l. — ■• lloi-al. Ars pnet. 354; Cic. Ad Ail. IV, 4 a; XII, 40, 1;
XIII. il ri, I; 2i, 3; Ad fam. XVI, SI; Suct. Cluud. 28: Oom. Ut; Mari.
J:'l,iiir. Il, I. 5. - b C. Nep. Ail. 13. 3. — (i Scilcc. /ipist. 27, 7. — ^ Capitol.
Mn.rini. jim. 1.-8 Juvcn. .Sat. X, 117 ; Sud. Ner. M. — » (Juinlii. I, 2, 5.
— (C Des liâmes oui chez cl'es une medica ou oàstetrix. Ambros. Ep. V, 3 p. 932,
Migiie; Ci. l. VI, 0325,8711, elc. Mari|uardl, I, p. 183, u. 8. — fl />ig. XXXVIII, I,
2.1, 2 : (.". i. /. VI, 8981; cf. Pelron. tSal. 28; l'Iiu. ti. nal. XXIX, 1, 2. —(2 W,,.
XXXIII, 7, 12, 5 cl XXIV, I, 31 pr. ; C. i. /. VI, 3970: elles soûl aussi noinmdls
i/imaillurine, C. i. l, VI, (1339-4fi. — 13 Varr. /t. rust. I, 2, 21 ; Sud. Griimm. 23.
— '4 C. i. t. VI, 4044, .5200, 6349, 0438, 9037 sq. ; 996b si|. — m Itir/. I. c; C. i. I.
VI, 0287 si|.; 7281. — l(i Paul. .9i;«(. 111,6,37; f. î. /. 635S, 906. — n Vair. L. l. Paul.
textes signalent des serviteurs aux atlril)ulions ('troile-
ment délimitées, il ne résulterait pas évidemment (|ue
cette spécialisation était la règle, et l'esclave à tout faire
une exception. Mais ce qui prouve l'énormité de cette
population servile, ce sont certaines nécropoles réunis-
sant les restes d'une seule et unique /niiiitia [colum-
mariumI ; ce sont encore plusieurs dispositions légales
interdisant les all'rancliissements au delà d'un total d(''jà
fort élevé [maniijiissioJ. Pline, sans méconnaître le mal
qui en résultait, compte cette multitude pour une
richesse de l'Italie'-'. Tacite-- signale la diminution
progressive de la race ing('nue, dont Rome commiincait
sous Tibère à s'effrayer. Un jour, le Sénat avait décidé
d'imposer un vêtement distinct aux esclaves ; on y
renonça: «c'était un danger grav(! qu'ils pussent nous
compter » -^
Il y eut encore des fnmiline ambulantes, des bandes
serviles d'artistes dramatiques, dont il a été déjà ques-
tion, que leurs maîtres promenaient de ville en ville, et
qui se vendaient en bloc^' : troupes de gladiateurs [gla-
diator], acteurs de tous genres donnés en spectacle dans
les jeux du cirque et de l'amphithéâtre [ludi], combats
d'hommes et d'animaux [venatio]. On pouvait, à ces
rudes fonctions, compromettra sans crainte des exis-
tences aussi peu précieuses. C'étaient des esclaves
aussi qu'employaient surtout, dans le monde romain
comme dans le grec, les mines et les carrières [metat.i.a,
p. ISdtJ] '-\
La situation de fait de l'esclave devait varier infiniment
suivant sa tâche, son savoir-faire et le caractère du
maître'-'' ; les témoignagescontradictoiresseheurtcntdans
nos sources; il faut se garder de confondre avec l'image
de la réalité les conseils que donnent les théoriciens en
la matière, Caton, Varron et Columelle. Les scènes de
théâtre nous montrent d(^s jeunes gens ou des vieillards
que les passions asservissent à leurs valets, mais ces der-
niers y apparaissent aussi roués de coups '^\
Coups de poing et coups de bâton, ce sont là les mau-
vais traitements journaliers, marques d'humeur et d'em-
portement, auxquels, suivant la volonté ou le caprice
du maître, peut s'ajouter toute la série des châtiments
ordinaires, les verges, les fouets de toutes sortes [tla-
gellum], le carcan ou les fers aux pieds et aux mains
[G0MPES, MANICA, NUMELLAE, NERVusj, Vtàn\o\h.Y ergdslnl um
du domaine rural ou au pistrinum [pistor, p 300], les
carrières (/a7>/c/rf(/irt^')[METALLA, p. 1800], le supplice de la
fourche [furca] et enfin la mort, c'est-à-dire la mise en
croix [grux] ; car le maître a tout pouvoir et il condamne
sans procès et sans contr(Me. Nous ne parlerons pas d'au-
tres supplices pouvant entraîner la mort, ni des inven-
tions d'une cruauté raffinée qui se déchaînait sous le
moindre prétexte. Les servantes occupées à la toilette de
leur maîtresse avaient le buste nu, afin que celle-ci pût.
Sent. m. 0, 50; /)»/. XXXlll, 7, 12, 3 ; llaii|uanll, 1, p. 134. ~ '* /'!//. I. I, 17, 3.
— l'J Plul. Cal. Maj. 21. — 20 |,j. (rass. 2. — » II. jV. XXXVII, 13, 201. N.ilo
loulo clifl'ùrcnle dans Appicn, B. civ. I, 7, 9. — 22 .l/.ii. IV, 27. — 2.1 Seiice. Ile
clem. 1, 2t, 1. — r, Oig. XXI, I, I. 34; Plaul. Asin. prol. 2-3: Ciisin. prol.
83 si[. — 2i»Cli. Dubois, Eluda sur l'adminislr. et l'e-i-j'hit. fies carrières dans le
monde romain, Paris, i9il8, p. XXXV si|. — 2ii Les gciis cJo haute culluic avaient
souvfut l'esprit débonnaire, comme GicCiron ; Pline le Jeune ^-galentenl ne iliscnle
pas la légilimilé deresclava^^e, mais se monire bon pour ses esclaves (lîug. Allain,
f'iine le Jeune et ses hériliers, Paris I (i9(il), p. HO. (hi a aussi maint exemple
(le n.k'lité cl de dévoilmeut ilesclaves l.i.ii tiaili-s pai- leurs maîtres, .'^eii. Ile 1,,-niif.
III, 22,23, 25, 26; App. /(. cii-. IV. J'.i, 1:1, i"., W, 47. — 21 Walkm, I)/,. I.
p. 234 sq.
SIÎR
— I27S
SER
si olli'scomiiK'llîiionlquolquemaladrcssi', K's IVapper, les
piquer avec une aiguille, les déchirer i\ coups d'ongles '.
Auguste (il clouer un procuralor au màt d'un navire;
Hadrien creva les yeux d'un esclave avec un slile à écrire ^
Ce fut cependant cet empereur qui relira aux maîtres le
droit de faire mourir leurs esclaves ^ et voulut que ceux-
ci fussent mis en jugenienl; et son successeur, AnLonin,
condamnait le maître qui avait tué son esclave, comme le
meurtrier d'un esclave étranger '. Dès le haut empire,
riiumanité a commencé à rentrer dans le droit.
Pour conjurer le danger dans l'intérieur des familles,
une coutume atroce rendait lf)us les esclaves d'une même
maison pour ainsi dire solidaires. Coupables de n'avoir
point deviné le crime, de ne l'avoir point prévenu, quand
le maître périssait par violence, ils étaient tous conduits
au supplice. Cet usage fut consacré, au temps de Néron,
par un sénatus-consulte, et à la mort de Pédanius, sous
le même règne, on exécuta la loi avec une inflexible
rigueur, en punissant de mort quatre cents hommes dont
le seul crime était de s'être trouvés sous le même toit
que leur maître assassiné °. Les jurisconsultes étendaient
l'esprit du décret au cas du suicide, et ils voulaient que
les esclaves qui n'empêchaient pas leur niailre de se tuer
fussent aussi punis de mort".
Comme en (îrèce, beaucoup d'esclaves cherchaient à
fuir ; aussi, pour que le premier venu pût les reconnaître
el les ramener, le maître leur mettait un collier ' [col-
L.\RE, lig. 171ii-17l3] portant le nom du srrviis, celui
du dominiis el son domicile; on les marquait d'un fer
chaud {insrrip/u.t) », ou on leur rasait tout ou moitié
de la tète {seniirtisus, semitonsiis]''.
Les libertés que certains esclaves savaient ])reudre
leur étaient accordi'cs à tous en quelques occasions, dans
des solennités religieuses: aux compitalks Limi, aux fêtes
instituées en l'honneur de Fortuna [fortina, p. 12li!)]
par Servius Tullius, à qui l'on attribuait une naissance
servile, à celles d'Hercule au cirque Maxime, de Jimon
Lucina sur l'Ksquilin. Feronia était la prolectrice de
cette basse population, qui célébrait les ides de aextilis
consacrées à Diane sur l'Aventin el, aux saturnalia, était
placée av(;c ses maîtres sur un pied d'égalité'".
Les moins misérables étaient sans doute les esclaves
impériaux; le rang suprême de leur maître mettait à haut
prix leur influence, dont ils liraient parti, et ils pouvaient
avoir, dans les bureaux, des situations de tout repos
et avantageuses. Le souverain avait besoin d'auxiliaires
ne vivant pas d'une vie entièrement autonome, mais
rattachés à lui par un lien d'étroite dépendance; à ce
besoin répondaient les atVranchis el aussi, dans des con-
ditions moins relevées, la classe servile. i'armi les
1 Juvi'ii. Snt. VI, WO-;i ; Ovid. Amor, I, I*, li-IS; .\rs. nmal. III, 230 si|.
Os eifiii|>t<-K ^ullt «lu temps ilos Ci'snrs, mais la ilislinclioii ilps ^-poiiucs sorajL ici
une evpliration illusoire. I.c cation ilii Concile d'Klviro (vers l'an 305) frappe d'une
pénitence pi'oloitg/>e celte ((ui, par eoli-re, a lue une servante, accidentellement ou
non (Cf. II. I.eclerci|, LKspugm chrriicnne, Paris, inoil, p. XXVII el li.ï). Ex.
Clirys. Kp. ad lîph^a. IV, Homil. XV, ;l, l. XI, p. 113 sq. éd. Montfaucnu.
— 2 Gaien. De propr. animi cujtisyin\ V, p. t7 s(|. Kiilui; Plut. Apopfit. Àiif/.
4. - 3 Spart, //ailr. 187. -*/%. I,i;, I. Pour ces changemeuls. Wallon, III, \',
n. I; M.inpi.nrdl, I, i±i. — '- Tacit. Aim. XIV, M, «. — « I,. I, 8Î2, Coil.
— 1 De llossi. UuU.arch. crist. IS74, p. 4lfi7; IJull. corn. I8ST, p. 280; Dressel,
C. i. l. XV, p. 8i)7 se).: Hiiiscn, Hnm. Millh. XXV 090ï), p. Il ; Arch. Anz.
XXII (l!'07), p. 106. — 8 Sen. IJe ira, III, S, 0 ; Quinlil. VII, ï. 74 : Pelron. Sat.
10.1: Clem. Al. Paed. III, 10 : Cad. Jiial. XIII, 47, 17. — 3 W. Kowler, /lommi
/•'ettivals of llie period of Ihe fleplil/lic, l.on Ion, 1890, p. 38, lOi, 193, l'J!), 2o3,
Î7S, ixa. — lOCatull. l.iX, 3; Aricmid. Oni;ii: I, 21; Cyprian. /Cp. LXXVl, 2.
— Il II. Krinaii. .>,.,-,.i,.v ririirius, lacUtre de Cesclm'i: romain {liée, pulil. par la
esclaves impériaux, quelques-uns alleignaient à dt^s for-
tunes et à des situations prodigieuses; ceiix.-l.'i naturel-
lement avaient des virarii".
Entre tous ces serviteurs de la classe riche, dont nous
avons donné une énumération fort incomplète, les esclaves
sans doute formaient la majorité; mais il est certain que
les afl'ranchis n'élaient pas rares, el il pouvait même y
avoir des hommes libres, que le dénuement avait réduit
aux plus humbles métiers. Un fait indéniable est la mul-
liplicalion des alfranchissements sous l'Empire, la mode
s'en mêlait, la vanité y trouvait son compte, et le maître
ne faisaitpas un abandon pur et simple, sans restriction ;
il se débarrassait de toutes les charges que lui occasionnait
son esclave, et celui-ci gardait des devoirs envers lui.
Désormais, l'afTranchi prenait sa part des distributions
publiques, et il entrait dans la clientèle de son ancien
patron, cette clientèle si utile aux ambitions des nobles
et que le pouvoir impérial voyait d'un omI inquiet. Encore
la plupart des esclaves vivaient-ils à la ville ; aux champs,
au contraire, ils disparaissent graduellement devant les
colons'-. Qu'il en fût autrement sous la République, les
lois agraires, desGracques à César, imposant une certaine
proportion de travailleurs libres, le prouvent surabon.
damment. Pourquoi ce changement un siècle plus lard'?
Il a pour cause, a-l-on dit, la médiocre qualité el le
faible rendement du travail servile". Celte explication ne
peul suflirc. Remarquons, d'ailleurs, que le plus formi-
dable apport d'esclaves en Italie s'accomplit juste au mo-
ment le plus propice à l't^xpansion de ce fléau. La guerre
favorise le négoce de chair humaine; or c'est le citoyen qui
est aux armées, où Marins a fait entrer les prolétaires ; et
les guerres sont continuelles; les généraux victorieux
deviennent chefs de partis, agitateurs ; la plèbe turbu-
lente, entre deux expéditions, accourt auprès d'eux, à
Rome, désertant les campagnes, car la populace espère
toujours quelque bénélice de la guerre civile. Au con-
traire, dès le commencement du ii" siècle, les expéditions
se font plus rares ; les limites de l'Empire sont à peu près
fixées; les légions restent aux frontières, el le recrutement
nouveau, régional, en exclut presque entièrement les
Italiens, à qui il faut un emploi et un gagne-pain ". Ils
trouvent l'un et l'autre à bas prix: le fâcheux usage des
disiributions gratuites leur permet de vivre, aidé de la
mendicité. Il se forme de la sorte une classe inférieure :
esclaves, afl'ranchis, prolétaires, entre lesquels, certes,
les distinctions juridiques se maintiennent, mais vont
perdre de leur importance '", grâce à l'adoucissement de
la législation à l'égard des premiers et aux mesures de
contrainte édictées contre les autres.
On s'explique alors parfaitement latlitudi' de l'Église
Fac. de drnil de iMiisiuiiir li loccis. dr llCtims. nation, snissi: ISOO, p. 391-533).
— 12 Seul, Voigl U/amIUuher dl«. v. Millier, IV, 2, p. l.ïl) a émis l'hypollièse,
(|ni ne supporte pas l'examen, d'une augmenlalion de la classe servile durant le
llaul'Kmpire. — '3 C'est la lliùsc fonriauu'nlale d'IÎ. Ciccolli, // tramonto delta
schiavitù net mondo antico, Toriuo, IS'.t9. On peut, d'ailleurs, tenir compte de ses
statistii|ucs, basées sur l'épigrapliie, tendant à montrer l'éiiminalion progressive
dans les métiers de l'élément servile par l'élément libre. — <l Cf. I.. M. Hartmann,
Arcl,.-i'p. Mitth. XVII (IS'.H), p. 121.134. - 15 p,„ Egypte, avant les l.agides,
il y nvail peu d'esclaves et leur situation se rapprocbait fort de celle de
riiommn libre, car ils pouvaient posséder et fonder une famille légitime. Tout
ceci put clianger temporairement au début de la période liellénislii|ue, à l'imi-
tation de la vie atbénienue (Cit. Acad. des /user. 1908, p. 27 sq.), mais il
est probable <{u'ensuite, ^ous rnction consfante des mœurs égyptiennes, les
esclaves se sont peu à peu confondus dans les. rangs des prolétatres, sans
affrancliissemcnl formel (l)ouolié-Leclirc.|. /lisl. des Lagides, IV, p. ! 18-
121).
SER — 1279 —
clnvHidine en faco de l'esclavage. Le désarroi économuiiic
qui se manifeste dès le ur siècle avait inspiré aux empe-
reurs des mesures néfastes, inspirées par un idéal social
mal conçu : la stabilité. La production se ralentit et les
objets de première nécessité renchérissent; .Dioctétien
promulguer l'édil sur le maximum. Les activités veulent
s'abstenir, elîrayées par les risques, par l'état général
du monde ; alors les empereurs les astreignent à la tâche
en renforçant le système des corporations. Chacun main-
tenant doit rester dans sa situation : ruraux, colons,
ouvriers, artisans, même les décurions qui ont la respon-
sal)ililé de l'impôt '. Le chrysargyre [chhvsargvrlm] va
bientôt peser lourdement sur le travail libre; les riches
sont accablés de charges ; l'esclave livré à un mailre
généreux n'a pas le sort moins enviable.
Les stoïciens, déjà, avaient bien reconnu les elTels
désastreux de l'esclavage : mépris du travail partout
répandu; le prolétaire enclin à attendre des riches sa
subsistance, à les flatter pour l'obtenir [i'arksitis, spor-
tlla], les habitudes de dureté et de cruauté développées
chez le maitre, de duplicité, de fausseté chez l'esclave,
pourtant ciiargé de l'éducation de l'enfant; l'immoralité
des deux sexes encouragée par les facilités qu'elle ren-
contrait. Mais ces philosophes, indilTérents au monde
extérieur, ne visaient qu'à la sérénité de l'âme; l'homme
libre est celui qui triomphe de ses passions^, dont la
vohjnté s'alfranchit de toute influence étrangère '. Le
christianisme adopte cette conception, mais l'élargit:
l'empire sur soi ne sufiit pas ; la bienfaisance envers
autrui est obligatoire. Mais elle est possible à chacun,
({uelie que soit sa condition : le maitre doit se montrer
meilleur pour l'esclave, l'esclave dévoué au maître; et
alors aucun des deux ne sera privilégié : la véritable
servitude est celle du péché ; des théologiens ingénieux '
font même dériver l'esclavage du péché originel ; ils
s'expliquaient par là que les apôtres n'en eussent point
exigé l'abolition '. En réalité, ceux-ci n'(Haient préoccupés
(lue de perfection morale ; le christianisme concevait les
hommes comme assujettis les uns aux autres par le lien
de la charité, et cette organisation divine n'excluait
aucune combinaison humaine, s'appli(juail sans ell'ort à
tous les systèmes des constitutions politiques °. Les
clercs eux-mêmes ont des esclaves, au iv- siècle encore';
mais celte servitude est légère, la qualilication de serviis
n'apparaît presque pas dans l'épigraphie chrétienne " ;
on n'est esclave que de Dieu. L'Église, d'ailleurs, dans
les premiers temps, avait d'autres luttes à soutenir, et
plus urgentes ; elle ne négligea pas cependant les moyens
détournés qui s'offraient d'adoucir l'esclavage et d'en
tarir les sources : elle flétrit les jeux de l'arène et les
représentations scéniques, la pratique de la castration,
l'usure, entraînant la pire déchéance, donna l'exemple
de la communauté de biens et préconisa le travail uni-
versel', qui rendait l'esclavage supi'rtlu '". Mais il fallait
du temps pour établir l'égalité civile, dont le triomphe
I E.l. Sk'ycr, Op. cit.[<. '.s. — 2 Sciiec. ICjnst. moral. V, 0 (i7). _ 3 CiccoUi, Op.
cil. Iiitrod. — * Talmii. Conlr. Graec. c. Il A. R; Augusliii. De Gcnesi, XI, 60 ;
CIv. /Ici, XiX, to. — » « l.'esclavagu ii'iiilére-se pas ilogmalii|ucmciiL l'Kglise, rjui
s'en lioiit à la lellre de la doctrine aposloli.juc .. (Ch. fiiiignchcil, Tcrlullicii, Caris,
l^'lll, p. 373 si|.). — « Wallon, III, p. 338, — 7 CW. Jusl. I, 3, 1. I. — » Lu Blaul,
/itair. clinH. di- la Gaule, 1, p. 1111 sr). — 'J C'esl suilout la ilocliiui- de sainl Paul,
y rlwss. IV, H-ll;I/Tltess. Ill,li-13 ; // Cor. XIII. 13-U: Ad. Aposl. XX, 33 si).
— '"Wallon, III, p. 3Vi, 350, 3lili, 373, 377, ck. — 'I Leiisrus, viaenielil .les esclans
piiMic dans leurs ronriions, nVst pas porlù i|UF parcux. — <2 l's. Xcn. I, 1 1 ; il. Aiis-
lopli. Vesp. 463. — 13 De cleia. I, Ï4, 1. — U phol. 50 ; Uesycli. ■ETifo|«àiT,[a»<>4 ^iri,.
SER
mènve dans le monde gréco-romain dépasse les périodes
de l'histoire où nous devons nous renfermer.
Itepréxentatlons d'esclaves. — 11 en existe fort peu de
certaines dans l'art antique, et cela pour deux raisons :
L'esclave n'a pas de costume dislinclif véritable " ; le
fait est garanti pour Athènes par le traité anonyme de la
Jh'/ju/jlii/iie fies . I Ihén iens ' -, et pour Rome parSénèque ' ' ;
ces tém jignages limitent la portée de certaines gloses des
lexicographes'*. On admet qu'il avait sou vent la tète rasée";
mais ce n'est point une règle, carie contraire b'observe
souvent [co.ma, p. 1306] : on a vu plus haut (hg. G.'{82),
enchaîné à un poteau, un esclave dont les cheveux sont
calamistrés. Le théâtre avait pour
les rôles d'esclaves des masques qui
les faisaient reconnaître par les
divers arrangements de leur cheve-
lure [l'ERSON'A, p. -412 et fig. 5600].
On les reconnaît dans des scènes de
comédie (fig. 1882), en particulier
dans les phlyaques [pulyakes] "',
parce qu'on y devine leur rôle, plutôt
qu'à leur extérieur qui ne diffère
pas de celui d'autres personnages.
D'autre part, les fonctions qui sont
d'ordinaire celles de l'esclave pou-
vaient aussi bien être remplies par
des personnes libres. II est diflicilo
néanmoins de voir autre chose que
des esclaves dans ces jeunes gens
nus ou court-vètus qui, dans tant
de peintures et de bas-reliefs, se tiennent debout auprès
des convives pendant le repas [coena]. Voit-on une femme
à sa toilette, aidée d'une suivante (fig. 10.5, 282, -42!)),
celle-ci est
probablement
de condition
servile, mais
rien ne l'at-
teste positive-
ment'''. On hé-
sitera peu ce-
pemlanl de-
vant celte ser-
vante au nez
camus, aux
grosses lèvres
et aux che-
veux frisés,
mais courts,
vêtue d'un
simple chilon et portant sur la tête un Si-ico;, que nous
montre (fig. 3683) uniécythe de Berlin". Sur la belle stèle
athénienne d'Amenocleia''\ une servante est de même
reconnaissableàson vêlement aussi bienqu'àson atlilude
devant sa maîtresse; elle est agenouillée pour la cliaus-
Fig. 0385. — Pcrvaulc.
aussaol sa maîtresse.
: ijau
Sou),t»'»i ïçY«-"«°!; FoMu\,lV, lis, donne pour lial.it aux es
l'exomide, tnui(|ue courte, laissant l'épaule découvei-te [tunica, kngombo;
.Mil.glor. IV, 4, 4; Ucll. JV. Alt. VII, lï; add. Donal.CoMm. de cum.
Reifferscheid. - )5 Fui-lniinsler, Acc/ï. Anz. V (18i)0),p. 91, n" 3. Ou a
dessus de la lôte ; ainsi pent.ûtre Xanlliias, esclave du centaure Cliiron,
haut nolic lig. 5032). — <6 Wieseler, Denkm. d. Ilnhne, pi. xic, 3-8,
iO, 31-38. — 17 Nombreux exemples dans les Giabretiefs de Conze, pi. xx
ninis sur certains reliefs, la pi-ésence de la servante n'est pas tluul<
pi. xciii. — i» liosanquet, Joum. of lull. slud. XIX (IS'J'J), pi. m,
— iy Le Bas, Voyage arch. pi. lxvu ; Conze, Gr. Grabreliefs,- pi ei.xxv
\]: l'Iaul.
11
u moins le
(voy. plu»
II. H. 17,
vui, et sq. ;
•use; iftirf.
p. 173 sq.
SKI!
12S() —
SKH
ser, el ci'lli'-ci |ii('iul .son a|>i»ui en pos;iiil la iiiaiii sur sa
lèt(>(lijî.(33S(i). lA'speliltt servi U-iirs, deboiil auprès de leur
inaitre, sont fréquents sur d'aulres reliefs ulliques'. On
considère eouinie un esclave le <• rémouleur >> de Florence,
(|ui esl le Scyllin écorclieur ' de
Marsyas, el avec raison sans doute, à
cause de sa qualité de barbare. Les
étrangers domiciliés à litre de métè-
ques étaienl gens de condition
luoyennc. des négociants ayant eux-
iiiémcs une domesticité; quiconque
se livre à des occupations vulgaires
el oll're une physionomie barbare a
toutes chances de mériter la qualifi-
cation d'esclave ^
Certaines postures humiliées sug-
gèrent la même interprétation *, par
exemple celle de personnages fré-
quemment représentés assis à terre ou
sur un esi'abeau très bas (fig. 3085)',
comme Vv esclave » à la lanterne de
Mayence'''. Le collier semble aussi un
indice à retenir''; il est donné à une
liguriue d'Athènes '. La cangue [.m'miîllak, lig. o'.iW]
iudii|ue avant tout un condamné; pourtant on la luet de
préférence au cou et aux poignets des esclaves ^. Les repré-
sentations de nègres sont fréquentes dans l'art "',^lig. 6387)
surtout celles «l'Elhiopiens ou de Nubiens", mais c'est
le type ethnique surtout (jui a intéressé l'artiste. Ces
représentations appartiennent pour la plupart à l'époiiue
hellénistique el romaine où l'on prend intérêt aux sujets
lamiliers el réalistes. En somme, on ne peut guère parler
que d'une probabilité plus ou moins grande lians toutes
ces identilications'-. Vicioii Chatot.
.SEIIVITUS (Ti'rme de droit) guèce. — Le droit allique a
certainement connu les deux espèces de démembrements
de la propi'iétéque nous nommons, d'une part, servitudes
réelles ou prédiales, ou encore services fonciers el qui
consistent dans l'allribulion à un fonds déterminé d'une
portion des avantages compris dans la propriété d'un
aulre fonds, d'autre part, servitudes personnelles,
consistant dans l'attribution à une personne déterminée
• Couic, U. l. pi. uc ul 5<|. : cf. ITiilil. ya/ir6. d. arck. Inst. I'J05 p. 5.i, ISS. clc.
— î S. Kcinacli, llèpcrt. de la slat. 1, p. isC ; cf. satïhi, lig. 6i:iS. — 3 Par cicmple,
SchrcilKir. Alh. J/i«/i. X(lss5),pl. si, J, p. 383: Ktiuacli, Op. cil. Il, p. 5Ci,4;cr. un
bioiizi: lie la Uibl. .Nal. (lijbHlon-Blaliclict. Cillai. 1010 ; Keiliacll, II, p. 503, S); add.
.\reh An:. \l(\s:Hj. p. 111; Kuiuacl), II. p. 4.5, U (Louvre) el III, p. IIÎC, 3 ; Rci-
udcli, /lé/terl. 'les rusespemls. II, p. 3 to : Itrp. slat. Il, p. 56li, i ; III, p. 1,8, 3. — l l!ci-
uach. Il,p. .5'^3.SiBcrlin). — iV.eucorcKciuacli, ll,p.56i. 3{linl. .l/«s).— C|d. Il,
p.sKi. 3 — 'On le voil sur un ïa«e à forme liuinaiue, du Uril. Mus. (Kcinach, III
p. 158, lî). — »DcKidder,au«.(;or/-. Ae(/.XXIV(l'.lOO). p. H, lig. 7; Ueinach, III,
p .CJ, ». — 9 Coll. Datait (1S97), pi. xi., 33; Reinacli, II. p. Mi, 3; Le Caire : v.
Rissin;,-, Arch. Anz. XVIII (l'Ju3l, p. 1 kl, lig. *A; Rehiacli, III, p. i73, 3. — lOV.S.
Reiuacli el Kd. l'ollier, La A'ixropuk de .Uynaa, l'aris, I8s7. p. 474, pi. ji.vi =
nolrcfig. 03807 ; cf. Theoplir. C'A<ir. il. — " Babclou-Rlanclicl, Dron:es, 1011, lu 13,
esclaves accroupis ; 1014, aulre cïclate .< à la lanlcrue » : lOlô, 1018, busUs; lOiô,
élliiopieiinc. — '2 lloii cerlaius désaccords ; cf. Arch. Ahz. Vlll (1893), p. 90, a" i'-
i8 (esclaves ou paleslriles); Ouliar lliall. arch. du Comité. I9(i4, p. 180) cl A.
SchulU'U {Arch. An:. XX (1905), p. 79 ; esclave cam corona eliriust, etc . . — Bibi.io-
(.iiATOit. L. I'igiiariu>, /Je scrris.ap. l'oleui. Tliesaur. 111(1737) ; l'upuia, Iteojierih.
aereoruHi. Aulverpine, llil)8 ; Creiizer, A briss >/it rua:. A Hli(j. p. 3i >.|.; Scliuinaclier,
/le terris piiblicts popidi /loniani. Alloua, 1S06 ; B'air, An £'n'/Mii'y inio tlie stalc
of slarcry amonnst thc /lomaiis. Edunb. 1833 ; Ed. G. Biol, De rabolilion de l'es-
clavaije en llccidenl, l'aris. I.sl» ; W.illori, IJis' . de tesclaiwir dans rAnlii/uilé.
i' éd., |87'.i; Scliûiiiaim, Giitr/i. Alleilhûmer-K Berlni, Is7l, I, p. ii, 1 1 1. 308 ; lles-
jardin>, L'esclaraije dans l'anlii/ailé. Cacn, IS.i7 ; Bficlisciiscliiill, /lesitz uitd lir-
ireib lia .jricch. AUerl. Halle, 1809; Ca,|ueray, /Je Cesclav. chez les /luia., l'aiis,
1801; Boissier, Jji reliijiun rom. Il, 343-405 ; Marquanll, Manuel des antig. rom.
t. XIV. Vie ;.ciivc. Irad. V. Henry, l. I, l»9i; Bccker-lmll, CImrikIes, II, I8SÏ;
A. Touriuagiie, Uisl. de l'esclaraije ancien et moderne, l'aris, I8S0; Bcckcr-
d'une portion des avantages ciuiii>ris dans la propriété
d'un meuble ou un immeuble. Mallieureiisement, la
matière des servitudes est une de celles sur lesquelles les
sources sont les plus pauvres. Il est, en conséquence,
bien difliciie, non seulement de connaître les règles
relatives aux différentes servitudes qui pouvaient être
admises et pratiquées à Athènes, mais encore de recon-
stituer une théorie générale des servitudes.
Laissant de coté les servitudes personnelles dont nous
nous occuperons ultérieurement [rsisi-RicTis] nous rap-
porterons seulement les (]uelques notions que nous
possédons sur les servitudes réelles, qu'elles soient
établies par la loi, ou par le fait de l'homme.
1° Serciludes réel/es établies par la loi. — Le légis-
lateur athénien s'était occupé, de très bonne heure, de
régler les rapports entre les fonds contigus, de manière
à prévenir, autant que possible, les difficultés et les
inimitiés qui seraient nées fréquemment de l'état de voisi-
nage, si chacun des deux propriétaires voisins avait
voulu user de son droit absolu de disposition et d'usage
sur son propre fonds. Solon déjà avait compris dans
ses lois les objets les plus importants de la police rurale
touciiaut les rapports de voisinage ' ; el l'Iaton, dans son
Traité (les lois, pose un certain nombre de règles tirées
ou inspirées des lois de Solon ou de la législation posté-
rieure qui les avait étendues ou développées.
Uoriuiije. — Il ne semble pas qu'en Grèce, el nolam-
menl à Alhènes, le bornage ait jamais eu un caractère
obligatoire. On procédait généralement avec un soin
minutieux à la délimitation des propriétés, surtout
lorsqu'il s'agissait de terrains appartenant à l'État ou aux
dieux. Les particuliers n'étaient pas moins attentifs à
délimiter leurs domaines, et les oso! qui les entouraient
avaient vraisemblablement un caractère sacré. Pour
établir une ligne de démarcation, on pouvait, au lieu de
planter simplement des bornes, environner un terrain
d'un fossé qui l'isolait des fonds voisins -, ou créer tout
autour un fossé circulaire ^, ou bien établir un mur de
grosses pierres ou en pierres sèches '. Le plus souvent,
la délimitation s'opérait simplement au moyen de
bornes '.
Solon décidait que, si quehiu'un piaule une haie le
m\\;GaUus, Berlin, 1877-81, II, p. 99-151: Herniann-Bliimn=r, Lehrbueh d.griech.
PriruUart. I8S3, p. 83; Viclor Branis, De la condition du travail libre dans
l'industrie athénienne {/tev. de l'/nstr. publ. en /lelgigiie, XXVI (1883), p. 100-117);
y. Allard, Esclaves, serfs et mainmortahlei. l'aris, 1884 (p. S9-I57); T. Trinclieri,
Stndi siillacondiziune d.schiavi in /toina, Roma, 1888 ■.Lapersvnalifà degli schiavi
II /ioma (ArcAtuioytttrtt/ico, XL 11888), p. l-39);Cosla, Le nozze serrili net diritlo
iomano[ibid. XLII (I88'J), p. 2I0-Ï50): E. Lchmnau. De publica Ilomanorum scrri-
tiite qiiacstionesp Leipzig, 1889; A. Ëbeling, Die Sklaverei r. d. l'ittesten Zeiten
bis auf d. Gegenimrt, l'aderborn, 1889; A. Schneider, Zur Gesch. der Skiarerei
im nlten /lom(Festschr. zuJherini/s.^OJ. Do/ctorjubildum\, Ziiricli, 189i ;(juiraud,
La propriété foncière en Grèce, 1295: Id. La main-d'œuvre indus, dans fane.
Grèce, 1900 ; Jobn Kells Ingram, .4 /Jislonj ofSiai-ery and Serfdom, London, 1895 :
Jevons, Works and wages in Alhvns {Journ. nf Ml. sttid. XV (1895), p. i39-il7) ;
J. KeilTer, L' esclavage à Athènes et à Home, progr. Luxembourg, 1890; Ed. Meycr
Die Skiarerei im AUertum, L'rcsdcn, 1898; Paul Allard. Les Eseaves chrétiens^
Paris, 1900 : Thalheim, a.ÎAoi, dans Pauly-Wisso«a. /leal/Cncyclopâdie, 1904 ;
Francolle, /.induslrie dans la Grèce anc, 1900-1901 ; A. Oié, Zur dlleren Nomen-
claturdermm. Sklaren (/Mein. .l/«s. N. V. LIX(rJa4). p. IO>:-im); E. ."^pecl,, llan-
dehgesdi. des Alteitiims, Leipzig, I(I9J0), p. Ii3-li0 ; Il (1901), p. 484-503 ; III, t
(1900), p. 104-1*4,917-971; C. Barliagallo, La fine délia Grecia antica, Bari, 190.%
p. I-IOG ; H. Gumnierus, /Jer ràin. Gutsbetrieb oU tvirthschaftl. Organismus,
Delhi ft :ii Klio. 5 1 19001; L. von SculTcrl, /hr /.osliaiif von SIkaven mit ihrem Geld.
liiesseii. I'J"7 : liii-dlaiider, Darsiell. d. Sitleni,eschichle /louis, I. I el III, 3' éd.
SKIIVITIS. < Plularcli. .Su/un, ::3, il: Gains, I. 13, I). J-'in. nijiind. X, I.
— 2Thuc>d. I, 100. — 3 Lysias, VII, JS. — 4 DeniosUi. C. Cattiel.^% Il el 30.
— 5 V. nolammenl Daresle, llaussoullier el Reinacli, /tecueil des insc. jar.
grecques, p. 3i, 78, i41; /lultetinde corr. hell. !>', p. 138 Tliuophrast. Cliar. I».
Cf. Uuiraud, La prop. foncière en Grèce, p. 184.
SER
— 1281 —
SER
long (fiin fonds ('Irangcr, il nf^ ponrra pas (Irpasscr
la ligne des bornes; s'il conslriiit un mur', il devra
laisser la dislance d'un pied et, s'il creuse un fossé,
une distance égale à la profondeur du fossé*. La loi de
Solon ne concerne loulefois (|ue lesclolures établies par
la volonté d'un seul des deux iirupriélaires. Ceux-ci
pouvaient 1res bien se mettre d'accord pourconstruire un
mur ou pour creuser un fossé il frais communs, et alors
la clôture pouvait être établie sur la ligne même de dé-
marcation et être mitoyenne ^ Les distances légales à
observer ne concernaient point, d'ailleurs, les murs de
clôture élevés sur la voie publique ; il n'était point
nécessaire alors qu'il y "ùt un intervalle quelconque '.
Planlations et fouilles. — La même loi de Solon fixait
les distances à observer entre les plantations faites sur
un fonds et la limite des fonds voisins. Cette distance
était de 5 pieds pour les arbres ordinaires, de 1) pieds
pour les figuiers et les oliviers, les arbres de cette
seconde catégorie poussant plus loin leurs racines '.
Pour les constructions, la distance était réduite à
2 pieds. Lorsque les distances ci-dessus n'étaient pas
observées, le contrevenant devait certainement réparer
le dommage ". Le propriétaire lésé pouvait aussi couper
les racines ou les branches qui empiétaient sur son
terrain. On peut même supposer qui; les branches qui
di'passaient l'alignement appartenaient au ])roprii''laire
du terrain au-dessus duquel elles se Irouvaieul, il ipie
celui-ci pouvait en récolter les fruits '.
Ijaloi de Solon se préoccupait aussi des fouilles. Pour
éviter que le curage d'un fossé' ne provoquât <ler. ébou-
lements au détriment du fonds voisin, elle exigeait que
le propriétaire qui creusait un fossé sur un terrain ne
l'établit qu'à une distance égale à la profondeur du fossé.
S'il s'agissait de creuser un puits, il fallait même laisser
un intervalle de 1 orgye (6 pieds environ). On voit,
d'autre part, que, pour empêchej des fouilles trop rap-
prochées de tarir les sources publiques, on traçait quel-
quefois autour d'elles, avec des bornes, une sorte de
périmêti'e de protection". Mais, en dehors de ces limites,
toutes les fouilles étaient permises, même si elles avaient
pour résultat de détourner, au profit de leur auteur,
des eaux jaillissant sur un fonds voisin et n'ayant point
de destination publique'-'.
Régime des eaux [aqua].
Droit de pnssuf/e. — fj'exislence, dans le droit attique,
de la servitude! légale de passage pour cause d'enclave
n'est pas douteuse '". l'iaton ", qui s'en occupe, la règle
de la manière suivante. Pour l'enlèvement et le transport
des récoltes, on peut passer partout, même sur les fonds
appartenant à autrui, à condition qu'il n'en résulte aucun
dommage pour les propriétaires de ces fonds, ou que du
moins celui qui y passe n'y gagne trois fois plus que les
autres n'y perdent. Il y a lieu, dans tous les cas, à une
indemnité pour le tort causé par le passage; l'évaluation
en est faite sur les lieux par les agronomes. «4 la con-
damnation est prononcée, soit par les agronomes, soit
par le tribunal, suivant que la somme est inférieure ou
supérieure à ',i mines. A supposer que la règle du
1 Gaius, /.. c. — 2 Cf. RcaucheL, Hist. du dr. /irin- de la flrpuld. atkm. l. III,
p. 160. — 3 a. Uiiiraufi, p. Is5 ; Braiichcl, l. III, p. inn. _ '. n,>iiioslli. C. Cidlicl.
5 27. Cf. Guirauil, /,. c. — :■ l'IuUrcli. Solo, ÏH. — c l'Ial. /.«/es, VIII, p. Mi.
— ^ (Juiraiirf, p. 18<; Bfauchct, L III, p. Ilil. — » Corp. inscr. ait. p. SI,
n» 499 el p. lis, n" 499 b. —9 Cuiraiid, p. Iss. _ 10 Darcslc, fliiid. ciiK de [),■-
VIIl.
droit atli(|iie ne ImI point conçue dans les mènics termes
que la dis])Osition di! Platon, du moins c.lMi-ri s'rsl-il
probal)leuienl inspiré delà législation allH'iiienni'.
Le droit attique adincllait aussi la scrvilmlc h'gale île
passage pour alh'r à nu lonibeau. Loi'Si|n'im imliviilu
avait sur son terrain le tondieau de lamille du préci'deut
propriétaire, le devoir strict que eidui-ci avait d'honorer
ses ancêtres, lui donnait ledroitde pénétrer surce terrain
pour accéder au tombeau et y porter, aux jours fixés, les
offrandes consacrées'-. Au surplus, pour jouir de la servi-
tude légale de passage, dans ce cas comme dans les autres,
il fallait vraisemblablement payer une indemnité''.
Autres seri^iludrx léi/ales. — Il existait encore, dans
le droit attique, d'autres servitudes légales, mais dune
importance moindre. Ainsi une loi de Solon '• interdisait
de placer des ruches d'abeilles à moins de .'JOO i)ieds
de celles que le voisin avait déjà élevées'''. Il existait
aussi probablement des servitudes ou prohibitions
analogues à nos bans de vendanges, car, d'après
une disposition du Trailé des lois, la récolte des fruits
de provision, tels que les raisins et les figues, ne peut
commencer avant le lever de l'arcturc, c'est-à-dire avant
la fin d'août, sous peine d'amende non seubunent contre
le propriétaire, mais encore contre celui qui est venu en
aide à son voisin on à un propriétaire plus éloigné '".
2° Servitudes réelles é/aljlies par le fait de l'hoinme.
— Les servitudes peuvent dériver non seulement d'un
texte de loi, mais encore de la libre convention des
parties. Les sources, il est vrai, sont presque entièrement
muettes sur les servitudes établies par le fait de l'homme.
Nul doute cependant que l'on devait rencontrer dans le
droit grec la plupart des servitudes prédiales que l'on
rencontre à Rome, comme U^jus eundi, le ./(/.s- ii;/endi, la
via, Var/uaeduelus, le jus oneris ferenili, etc. La loi
accordant aux particuliers une liberté presque absolue
en matière de contrats, une servitude quelconque
pouvait être établie par convention, du moment qu'elle
ne se trouvait pas en opposition avec des règlements
d'intérêt général et supérieur. Pour l'établissement d'une
servitude ainsi que pour la transmission de prtqirié'té,
et à plus forte raison, un simple pacte sufiisail. Une
quasi-tradition analogue à celle que le droit romain
exigeait n'est pas plus nécessaire, à cet elfet, que la
tradition ne l'est pour le transfert de la propriété '■".
Il est difficile de savoir, en l'absence de renseignement
précis, si pour les servitudes il existait un système de
publicité analogue à celui qui avait été organisé pour les
mutations de propriété ou pour les constitutions d'hypo-
thèque. La solution affirmative est vraisemblable '».
On a prétendu que jusqu'à présent les documents ne
nous signalent aucun cas de servitude conventionnelle
proprement dite". On peut cependant, croyons-nous, en
rencontrer au moins un dans le passage du plaidoyer
contre Calliclôs où l'orateur fait allusion aux fossés
d'écoulement établis d'accord entre certains domaines -".
Il s'agit là d'une servitude conventionnelle, bien qu'elle
se rattache à une servitude légale. D'autre part, les
textes et les monuments qui nous signalent l'établisse-
vwsll,. I, p. XXXIV. - Il rial. /.«/«, VIIl, p. sin e. - 12 (.;„ir.ind, p. 191.
_ 13 Uiii.-aii.l. p. 19it I:mucIr4, L III, p. ITll. - l'> l'Iiilarch. Soin, i:i. - <•".!.
ricaucl.ol, I. Ul, p. 111. - '» l'Ial. /.ri/rs, VIIl, p. "'l'i. d, c. Cf. licauchcl,
L III. p. 1711. -17 licauclicl, t. III. p. 172. - 1» li.Miicl,.-!, I. III, p. 359. - 1« Gui-
raiiJ, p. 193. — 21' Dcnioslli. C. Callkl. S 19.
HA
SER
— I2S2
SEK
nionl (les nomhrciix caïKiiix soiilormins (|iii nlinionlMionl
les villos (i'cnu polahlc, iinpliqiicnl i''}<aloinenl l"i'xislence
de sprviliidos d'aqufduc au prolil de ci's villes sur les
lerrains parliniliers traversés parées canaux '. On doit
présumer, en elVel, que les cités n'achetaient point toute
la partie du sol situé sur le parcours des conduites. Rlles
<levaienlse borner à acheter le droit de passage pour ces
conduites, ce qui était une servitude conventionnelle -.
J^iiiiiT ROMAIN. — Les servitudes (sorvitulrsi) sont, à
Home, des droits réels établis sur la chose d'un tiers au
profit soit d'un fonds, soit d'une personne. Elles se divi-
sent, par cela même, en deux grandes catégories. Les
unes, ai>pelées servitudes réelles ou prédiales {xerrilit/cf:
j'cruin ou praeiliorum), consistent dans l'attribution
d'un fonds déterminé d'une portion des avantages com-
pris dans la propriété d'un autre fonds ; les autres,
appelées servitudes personnelles (.serf /7M/c.s'7je?'so7î«;'«m),
consistent dans l'attribution à une personne déterminée
d'une portion des avantages compris dans la propriété
d'un meuble ou d'un immeuble'. Les servitudes prédiales,
de même que les servitudes personnelles, compétent
sans doute à une personne, car tous les droits exigent
comme sujet une personne ; mais elles dilTèrent des ser-
vitudes personnelles, en ce qu'elles sonl inhérentes, non
pas à tel individu, mais à la qualité de propriétaire de
tel fonds déterminé.
Abstraction faite des caractères spéciaux aux deux caté-
gories de servitudes réelles ou personnelles, il y a des
principes généraux, applicables à toute espèce de servi-
tude, dérivant de la nature mèmedu droit qu'elle confère.
. 1° Toute servitude est un démembrement de la pro-
priété. Il en résulte plusieurs conséquences : a) une ser-
vitude n'est jamais présumée exister; c'est à celui qui
veut s'en prévaloir à en prouver l'existence et l'étendue ' ;
il) nul ne peut avoir une servitude sur sa propre chose :
7ieinini res sua servit', car tous les avantages qu'un
propriétaire peut retirer de sa chose rentrent dans son
droit de propriété ; c) toute servitude doit procurer un
avantage à une personne ou à un fonds ; une simple gène
à la propriété d'autrui, sans profit pour personne, ne
peut constituer une servitude".
2° Toute servitude constitue un droit réel, c'est-à-dire
un droit applicable à tout le monde, même au proprié-
taire de la chose. Mais ce droit, portant directement sur
la chose, ne peut entraîner pour le propriétaire aucune
obligation de faire. Le titulaire d'une servitude peut
s<!ulement exiger du propriétaire de la chose asservie
qu'il s'abstienne de faire quelque chose, par exemple,
de bâtir, ou qu'il laisse faire quelque chose, qu'il laisse
passer, par exemple. Mais il ne peut exiger que le pro-
priétaire de la chose grevée fasse quelque chose. En
d'autres termes, une servitude peut consister iîi non fa-
ciendo ou in priticndo, mais non /?; fariendo'' .
3" La servitude est un rapport entre une chose et une
personne déterminée, ou entre deux fonds également
déterminés. Ce rapport, une fois établi, subsiste aussi
longtemps que ces deux éléments; mais l'un des deux
disparaissant ou changeant, le rapport périt de toute
nécessité. De là plusieurs conséquences : a) les servi-
1 Cf. Krclinor. Inscr. ijreeq. rlti musi-e dit r.oime, p. Il); Le Bas VVail-
.llnglon, Atie-Afineure, 387. — 2 Darcsle, Plniil. riv. 1. H. p. ISd, noie f. ; Iteau-
chet. l. III, p. 173. -3 L. I, IS pr. /)i,,. U,- serrii. VIII. I. - t L. Ôc. De
tenil. III, 34. —5 L. 10, I). Comm. /mod. VIII, i. _ fi !.. 15 (). g^ seri-it.
tildes prédiales sont natMri'llcinenl piTpi'Inellcs, comme
les fonds eux-mêmes qu'elles concernent; les servitudes
personnelles, au contraire, sont viagères, leur plus
Ifingiie durée se mesurant nécessairement à celle de leur
titulaire qui est une personne; ù) ni l'aliénation delà
chose asservie, ni, (|uand il s'agit d'une servitude pré-
diale, l'aliénation du fonds dominant, ne fait obstacle au
maintien de la servitude ' ; c toute servitude est inalié-
nable, car son aliénation doit modifier un des termes du
rapport ou dénaturer le droit. Une servitude ne peut,
pour la même raison, être l'objet dune aliénation par-
tielle : d'où la règle servitiis scriuft/tis esse non pofes/''.
4° Les servitudes sont consacrées par le droit civil. Le
droit réel qu'elles confèrent est sanctionné par uneaction
civile in rem, l'action confessoire [confessori.4 actio].
Laissant de côté les servitudes personnelles dont il
sera traité ailleurs [usisfrit.tis], nous exposerons ici
seulement la théorie des servitudes prédiales ou réelles.
Caractères ge'né/viux des servitudes jirédiales. — Ces
servitudes consistent en un droit établi sur un immeuble
au profit d'un autre immeuble. Elles supposent donc
deux fonds voisins, appartenant à deux propriétaires
différents, l'un le fonds dominant {praedium dominons)
au profit de qui elle est établie, l'autre le fonds servant
(praedium servum ou serviens) qui en est grevé.
Ces servitudes sont d'origine assez ancienne; elles
datent vraisemblablement de l'époque où les grands do-
maines, propriété collective d' une ^c«.9 ou d'une famille, se
sont morcelés au profit de chaque pater. Dès qu'il y eut
certaines parcelles moins favorisées que d'autres, parce
qu'elles étaient moins heureusement situées, manquant,
par exemple, de l'eau nécessaire à la culture ou à l'ali-
mentation des hommes et des animaux, ou bien n'étant
pas dotées des voies de communication nécessaires, leur
propriétaire fut amené à demander à ses voisins les
avantages dont il était privé. De même, en ville, le pro-
priétaire d'une maison pouvait éprouver le besoin de
faire passer sur le fonds voisin le conduit nécessaire
pour relier sa maison à l'égout collecteur. Ainsi naquirent
les servitudes prédiales, soit rurales, soit urbaines.
L'origine même de ces servitudes justifie les conditions
exigées par les lois pour qu'il puisse y avoir une ser-
vitude prédiale. 1° Une servitude de ce genre ne peut
être établie que pour l'utilité et dans la mesure des
besoins du fonds dominant. Il faut d'abord que la servi-
tude prédiale procure un profit au fonds dominant'". Dès
lors, on ne saurait voir une servitude dans un avantage
qui, comme la faculté de se promener, de chasser ou de
pêcher, ne profite directement qu'à une personne, sans
que le fonds qui lui appartient y gagne rien ". Mais il suffit
(|u'une servitude rende le fonds dominant plus agréable '-.
L'étendue de la servitude priVliale est, d'autre part,
déterminée par les besoins du fonds dominant : ainsi
celui qui a une servitude d'aijueduc ne peut en user que
pour irriguer son fonds et ne peut prêter d'eau à ses voi-
sins'^ 2° Pour que les services dus puissent être
utiles, il faut que, dans Indisposition matérielle ou topo-
graphique des deux fonds, il n'y ait pas d'obstacle s'oppo-
sant à l'exercice de la servitude. 11 faut donc, en principe,
— '• [.. lï § 1, I). ne sei-fit. — » !.. 23 § 2, D. Oe sert', praed. ruslie. VIII,
3.-9 !.. 1, D. /le IIS. et usafr. et sen: XXXIII, i. — '» !.. s S 6, U.'Si sen:
vinriic. VIII, 5. _ Il L. 8 pr. h. t. — 12 I,. 3. pr, D. De aqm coltid. XLIII, 20.
— 13 L. 24, l>. De senit. praed. rusIic. VIII, 3.
SER
— 1283 —
SER
que le fonds dominant el le fonds servant soient continus.
Celte condition, qui a toujours été maintenue pour les
servitudes rurales, a toutefois été abandonnée pour les
servitudes urbaines; pour celles-ci, le fonds dominant et
le fonds servant peuvent être séparés par un ou plusieurs
fonds intermédiaires '. 3° Une servitude prédiale ne
peut être établie ([u'à perpétuité et non pour une durée
déterminée. Kn ellel, les fonds de terre; ayant une exis-
tence el des besoins permanents, la servitude, qui est
une (|ualité d'un fonds, doit être naturellement perpé-
tuelle, car, si elle était temporaire, elle servirait plutôt
l'intérêt d'une personne que celui de l'immeuble. Le
préteur vint toutefois corriger sur ce point la rigueur
du droit civil el il permit de se prévaloir, par voie
d'exception, d'une modalité établissant une servitude à
terme ou sous condition -. 4° Les servitudes prédiales
supposent une causa perpétua, c'est-à-dire un état de
choses assez permanent el assez fixe pour que l'usage
de la servitude soit assuré non seulement dans le pré-
sent, mais encore dans l'avenir, indépendamment de
toute intervention du propriétaire du fonds servant.
Ainsi, une servitude d'atiueduc ne saurait être établie
sur un élang ou sur une citerne ^. 5° Les servitudes
prédiales sont indivisibles, c'est-à-dire qu'elles ne peu-
vent appartenir à une portion indivise d'un fonds, ni
grever une part indivise du fonds servant. Une servitude
prédiale ne peut, en conséquence, être ni établie, ni exer-
cée, ni perdue pour partie '. Ce principe ne s'oppose point
à ce (|ue l'on règle l'exercice de la servitude, de manière,
par exemple, à ce (ju'une servitude de passage ne s'exerce
que sur une partie déterminée du fonds servant^.
Division et énuméralion ilea serciltides prédiales. —
Les servitudes se divisent en servitudes rurales et
urbaines, suivant la nature du fonds ipraedium) domi-
nant. On entend alors par fonds urbain tout bàlimenl,
situé à la ville ou à la campagne, el par fonds rural, tout
fonds non bâti ". Une même servitude, comme la ser-
vitude de passage, peut donc être tantôt rurale, tanlôt
urbaine, suivant la nature du fonds au j)ront duquel elle
est établie '.
L'intérêt de cette division se manifeste à divers points
de vue : 1" les servitudes rurales comptent parmi les
rcs mancipi, vraisemblablement parce que ce sont les
plus anciennes et que, pour un peuple agriculteur, elles
ont la plus grande importante; les servitudes urbaines
sont, au contraire, i-es nec mancipi [mancipilm] ; 2° les
servitudes rurales s'éteignent par le simple non usage,
tandis que l'extinction des servitudes urbaines suppose
une usucapio liberlatis (\. infra) ; 3° les servitudes
rurales sont seules susceptibles d'hypothèque.
Voici quelles étaient, d'après les Institutes *, les prin-
cipales servitudes prédiales. — Servitudes rurales :
1° la servitude de passage, qui est alors qualifiée, sui-
vant son étendue : jus eundi ou iter, comprenant le droit
de passer à pied ou à cheval ou en litière ; jus agendi
ou aclus, comprenant l'iter et, en plus, le droit de pas-
ser avec des bestiaux ou des véhicules; la via, compre-
1 L .1 5 I, II. I.; I. S pr. Ov op. nov. nuut.: 1. 4 § s, 1. 5. Si servit,
einu. VIII, 5.-2 I.. 4, p,-. Hg servit. — 3 L. i», [), De servit, praed. urO.
VIII, i: l. \ ^i.D. Oe fonte, XLIII, ii. — < L. î, U. De servit. -5L. 4§ I,
I. 5 s 1, A. (. — 6 !.. 1, /J. Cumm. praed. VIII, i; I. 198, D, Uffverb. siynif. 4,
16. — " Cl. Iliiq, tet Inslit. juriii. de> Humains, l. Il, p. i7l : Ac aii.is. Pnris
de dr. rom. 3« éd. L I, p. 6ii : (jirard, Manuel de dr. rom. ±' éd. p 353 ; May,
Elém. de dr. rom. »• éd. p. iO'J ; l'ctil, Traité de dr. rom. i' éd, p. 213; Maynz,
nanl le droit de passage le plus complet et comportant un
chemin d'une largapr déterminée ' ; 2° la servitude
d'aqueduc, ou droit de conduire de l'eau à travers le
fonds servant à l'aide de tuyaux ou de rigoles, pour
l'amener sur le fonds dominant'"; 3" la servitude de
puisage {aquae hauslus)" ; -1° la servitude de pacage
tjus pascendi) el le droit d'abreuver un troupeau sur le
fonds d'autrui {jus appulsus pecoris ad aquam) ;
3° diverses servitudes donnant le droit de prendre sur le
fonds servant, pour les besoins du fonds dominant, du
sable, de la chaux, des pierres ou d'autres matériaux '-'.
Servitudes urbaines. — 1° Jus oneris ferendi, ou
droit d'appuyer des constructions ou autres gros ou-
vrages sur le mur du voisin, avec ce caractère spécial
que le propriétaire du fonds servant se trouve obligé
d'entretenir en bon étal le bâtiment assujetti, sauf la
faculté de se libérer de son obligation en abandonnant
ce bcàtimenl '^ ; 2° jus tir/ni immilendi ou droil de
faire pénétrer des poutres dans le mur du voisin";
■i" jus slil/icidii vel /lu/ni/iis recipiendi, c'esl-à-dire le
droil d'envoyer sur le fonds du voisin les eaux pluviales
((ui dégouttent d'un toit [stillicidium) ou qui en des-
cendent par un conduit [Ihimen) '= ; 4° jus altius non
^tollendi, droil d'empêcher que le propriétaire voisin ne
fasse ou n'exhausse des consiructions sur un fonds, ou
bien jus prospiciendi, droit d'empêcher que la vue
dont on jouit ne soit compromise ou abîmée d'une façon
f|uelconque '" ; 3° jus projiciendi, droit d'avoir un
balcon en saillie sur le fonds voisin.
Constitution des servitudes prédiales. — L'établisse-
ment d'une servitude peut se faire de deux manières
dillerenles : 1° par voie de translatio c'est-à-dire lors-
que le propriétaire, loul en gardant la propriété de son
fonds, en détache certains avantages qu'il aliène, à
titre de servitude, au profit d'un immeuble voisin ;
2° par voie de deductio, lorsque la servitude est réservée
par un propriétaire sur un fonds ([u'il aliène au profil
d'un fonds qu'il conserve.
Les procédés qui permeltenl d'établir ainsi une ser-
vitude onl varié suivant les époques.
Ancien droit civil. — Par voie de translatio, une
servitude rurale ou urLaine peut être établie : 1° par in
jure cessio : c'était la mode ordinaire de conslilution
entre-vifs '^ ; 2° par adjudicutio, c'esl-à-dire que le juge,
saisi de l'action en partage, avait le droil, en divisant le
fonds commun, de constituer une servitude sur l'une des
paris au profit de l'autre'* ; 3° par testament, au moyen
d'un legs per vindicationem. Les trois mêmes procédés
peuventservirà créer une servitude par voie de deductio.
La mancipatio peut être employée également dans les
deux cas, mais seulement quand il s'agit de serviludes
rurales, les seules qui soient /'t'A' mancipi. La mancipatio
peut, d'ailleurs, servir pour créer une servitude quel-
conque sur un fonds italique, mais par voie de deductio
seulement, car, en ce cas, c'est le fonds lui-même et non
la servitude qui fait l'objet de la. mancipatio '"'.
La Iradilion el l'usucapion ne pouvaient, dans le droil
(ours de dr. rom. 4» éd. 1. I. p. S:!l. — » Insl. Just. pr. cl § 3, De servitut. Il,
3 ; § i /Je ac/. IV, 6. — 'J I.. I, pr. I. 8, I, li, D. De servit, praed. rustic. VIII, 3.
— 10 L. 1, pr. A. /. — 11 I,. 2, A. t. — !■! L. 2, I. 5 § ), I. fi, A. t. — '3 L. 33,
D. A. /. ; I. C § i, U. Si serr. oind. VIII, 5. — 'i I.. 8 § I el 2. U. Si ierv. vindic.
— I-. Varr. De liiuj. lat. IV, 5. — 10 I.. I.î, U. De servit, praed. urb. VIII,
i. _ n Gaius, II, i'J. — I» L. I S I. I- l/. I>. fowin. dir. X, 3. — 1» Frag.
Val. 47.
SGIÎ
— 12S4 —
SER
civil, servir à ci-ùor dos sorviLiules, car ces iiiodos sup-
ixisi'nl l'acquisilion de la possession, ol le droil civil ne
reconnaissail pas la possession des sorvitiules. Ancien-
nement, l'acquisition d'une scrviliide par voi(! d'usu-
capion devait être possible, car Paul parle d'une loi
Scril)(inia (jui aurait prohibé celle usuca|)ion'.
Droit jiirloricn. — La réforme capitale du prélcur
lut d'admettre la (/itusi-possesslo des servitudes [i-nssES-
sioj, quasi-possession résultant, pour les servitudes posi-
tives, des actes mêmes ou des travaux exécutés parle
titulaire de laservitucie sur le fonds servant, et, pour les
servitudes négatives, de l'abstention même du proprié-
taire du fonds servant. Cette idée de la (juasi-possession
des servitudes paraît avoir été définitivement admise
vers la lin du premier siècle de notre ère '. Voici
les consé(|uences de cette nouvelle manière de voir :
1" les servitudes ne purent désormais s'établir par voie
de tradition, ou plutôt de quasi-trudilio : celle-ci est
ri'pulée laite aussitôt que le propriétaire du fonds
dominant commence à exercer la servitude parla volonté
du propi-iétaire asservi •' ; ÎL" une servitude qui n'a
pas été constituée rt domino peut s'acquérir parle lonj;;
usage {tliuliirnus tisux) ; la praescriplio lon;/i leiiiporis
est ainsi accordée à celui (|ui, ayant acquis lu servitude
de bonne foi, la possède depuis dix ou vingt ;ius, selon
qu'il s'agit de présents ou d'absents; il semble toutefois
(|ue l'on n'exige point ici de jusle litre ' ; ^° les in-
novations du préleur permirent de créer des servitudes
sur les fonds provinciaux. Jusque-là, en elVet, ce r(''sullat
était impossible; tous les procédés du droit civil, étant
inapplicables aux fonds provinciaux, ne pouvaient servir
à y cr('er des servitudes. On arrivait seulement, au
moyen de pactes et de sti[)ulations, à créer un lien per-
sonnel entre les propriétaires respectifs des'fonds, mais
ce rapport dispar:iissail quand les fonds cluingeaient de
inailre •'. La tradition, mode d'ac(|uisition du Jus
;/cii/iunt, [)ul servir à en'er une servitude sur les tonds
provinciaux.
Dans les hypollièses précédentes, la servitude, bien
([n'établie en droil prétorien, n'est point constituée en
droil civil Le pr('leur arrive toutefois à protéger son
existence : a) eu accordant au propriétaire du fonds
dominant les interdits qiuisi-possessoires [iNïEnDicïLMj'^;
ô) en lui donnant, d'autre pari, soit une exception, soit
même une action confessoire utile [confessoria actio] ou
l'aclion publicienne I'Ikliciana actio]'.
Droit Jusiinien. — Sous Juslinien, il n'est plus ques-
tion d'//i ju?'e cessio ni de mancipiilio. Le droit civil a
lini, d'autre part, par admettre les modes de conslilution
consacrés par le droit prétorien. Il en résulte qu'une ser-
vitude prédiale peut, désormais, être établie : 1° par
quasi-tradition ; 2° par deduclio dans une tradition ;
3" par t/utisi-possessio longi temporis, celle ci devant
avoir la même durée que la possession pour prescrire la
]tropriélé; i" par testament, en vertu d'un legs, qu'elle
c|u'en suit la forme ; .'3" \r,\v tidjiidictilio. l'iie servitude
peul-ell(! aussi s'établir [i;ir acles et stipulations, puclls
I I,. i § 29, Ilig. Oc iisiir/i. Xl.l, 3. — 2 |.. 20, 1). /)c serril. — 3 L. I § i, 1).
/Je serril. praed. riislic. — * I,. lu pr, I). . Si seriùl. vind. VMI, 5. — s Gains,
M. 31. — 0 L. iO, b. JJe iinil. — ^ I,. m, U. Si servit, vindic. I. 1 1 S 1 0.
— » liisl. § V, t)e seroil. Il, 3. — a !.. li pr. 1). tjiiem. serril. nmilt. VIII, 7.
— '0 I.. 1, 0. A. /. — Il L.t § li, U. De doli met. XI.IV, 4. - 12 L. 2. 5, G pr.
10 § I, 11. Qaem. sere. amill. — 13 L. 13. C. De serril. III, 34. - u L. il, I. 3i,
D. Ileserr. proe-l. urb. — IJii.M„cri.\iMiiiî. V. sur l.s surviludis- iii .Iroil nijii.iii]
C/ sli iiithilionilin.'i, comme le dit Jiistinieu ' ? La (|ues-
lion est controversée; elle se pose aussi pour l'usulruil,
et nous renvoyons à usus fkl'Ctl's.
Extinction des servitude.^ prédiiilcs. — Les modes
d'extinction sont les suivants: 1" La perle du fonds domi-
nant ou celle du fonds servant. U suffit même que l'un
des deux fonds ait subi une iiiodilicalion telle ((ue la
servitude ne jjuisse plus s'exercer, pourvu toutefois que
cette inodilicalion ne soit pas simplement temporaire,
comme celle qui résulterait d'une inondation ''. 2" La
confusion, ou réunion des deux fonds dans la même
main, en vertu du principe nemini res sua servit'".
3" La renonciation consentie par le titulaire de la servi-
tude au propriétaire du fonds asservi. Régulièrement,
d'après le droit civil, celle remise ne peut s'opérer que
par une in jure cessio, ou parla Mirtnc//>«//o, s'il s'agit
d'une servitude rurale. Si la renonciation résulte d'une
simple convention, la servitude n'est pas éteinte jure
civi/i ; mais si son titulaire veut exercer l'action con-
fessoire, il peut être repoussé par l'exception de pacte
ou de d(jl ". -4° Le non-usage, c'est-à-dire lors([ue la
servitude n'est plus exercée pendant un certain temps.
Un exercice partiel empêche toutefois l'extinction de la
servitude, en raison de son indivisibilité, mais il y a
uoii-usage lors<|u'on se borne à faire dcsacli's autres que
ceux (|ue comporte l'exercice de la servitude '-. Le non-
usage doit s'être prolongé pendant un temps assez
long pour faire présumer la renoncialion du titulaire,
à savoir deux ;iiis à l'époque classiijue, el, sous Jusli-
nien, dix ans enli'o pi-ésents, vingt ans entre abs(Mits".
Le point de départ du délai varie, d'ailleurs, suivant qu'il
s'agit d'une servitude rurale ou d'une servitude urbaine.
Pour les servitudes rurales, le délai court du jour du
dernier acte d'exercice, par exemple, du jour où l'on
passe pour la dernière fois sur le fonds servant. Pour les
servitudes urbaines, h; délai ne coiirl que du jour où le
propriétaire du fonds servant a fait un acte contraire à
l'exercice de la servitude, par exemple du jour où il a
bouché les jours par où s'exerçait la servitude ". Cette
dilférence s'expli(]ue par le caractère dominant des deux
espèces de servitudes. Les servitudes rurales supposant,
en général, pour leur exercice, l'intervention de leur
titulaire, le fonds servant se trouve en étal de liberté par
cela même qu'aucun acte d'exercice ne s'est produit. Au
contraire, laservitude urbaine, comme celle de jour, con-
tinuant de s'exercer par elle-même, sans le fait du pro-
priétaire du fonds dominant, le fonds servant ne se trouve
réellement en étalde liberté que du jour où il a été fait un
acte contraire à l'exercice de la servitude. L. Bkauciikt.
SERVITITS POE.XAE. — Ce mot désigne à Home [pour
la firècc, voy. poena, p. 530] l'étal d'esclavage que font
encourir certaines condamnations. L'ancien droit n'avait
connu la perle de la liberté comme peine que dans le cas
de Vaddictio du voleur au volé [Fi'RTrM]; sous l'Empire
([uelques délits ramèiienl l'alVranehi à l'esclavage [libeh-
ns, y. 121'»]. Mais la servitude ne devient une peine
r('elle que proiiablement à partir de l'époque délibère
l£lvtTS, Die rûmiselic Srrrilulcnl,'krr ■ K.iilowa. Hômische IleclUsqesclùcIlti:, l. Il,
p. 5i4 SI). : Cui|, Inst.jurid. des Homains, I. I, p. i/O sq., I. Il, p. 2GS si)., p. .S27 sq. ;
Voigl, iU'ber de» liestaml iind die histtjrische Knltricketiiuff der Serviluten :
Mayîiz. Cours de druil romain, 4" i\i. l. I, p. Kl'J sq. ; l'elii. Traité de dr. rom.
1' .il., p. 2in sq.; Mayiiz, ÊIrm. de droit rom.S' <:il.,p. 204 si|. ; Accarias, Op. cil.
L . I, p. ti3*i s({. ; (jirarJ, Alan, de dr. rom,, 2» éd., p. 330 sq.; Uachelard, Distinct.
des seirilii'tesi/rrdinles ;l)e?Lrais, De la propriété ri des serril udes en droil r
SES
— 12Sa
S EX
(i'ai-gcnt.
conti-u riioiiiinc libre conil;uiiné à l;i peine de niorl', aux
travaux publics ou aux Jeux de gladiateur - ail gladii
ludum fopiJS puiîLicuM, gladiator, p. 1573]. Immédia-
tement après le jugement\ jusqu'à l'exécution dans le
premier cas, jusqu'à la mort dans les deux autres,
le condamné devient la propriété de l'État; il est servus
poenae, perd ses droits civils et politiques, ses droits
familiaux; il sort de sa lamille, son mariage est rompu;
ses biens reviennent au fisc; il est incapable de possi''-
der, de disposer entre vifs ou par testament, ne peut
recevoir que des legs alimentaires ; son testament
antérieur est nul'. La servitude de la peine fut al)olie
par Justinien; les condamnés aux travaux publics
ne subirent plus que la moyenne capitis deminulio'.
Cil. Liir.RivAiN.
SESTEUTIUS. — Monnaie qui fut l'unité de compte
des Romains, depuis les origines jusqu'à Constantin, et
fut aussi monnaie réelle, d'abord en argent, puis en
bronze. Lorsque les Romains, à l'époque primitive,
n'avaient encore que la monnaie de bronze, ils estimaient
le vo3[ji.[AOi; d'argentdeOgr. S7 des villesde la(lrande-(jrèee
et de la Sicile à deux as el demi de leur propre inonnai(!
[mmmus]'. Voilà pourquoi lorsfpi'en !2(J!J av. J.-C, ils se
décidèrent à frapper l'argent
dans l'atelier du Capitole, ils
émirent, outre le denier et le
{(uinaire, une petite pièce d'ar-
gent qui fut à peu près l'éfjui-
valent du voù[ji.[j.o; de ritali(^ mé-
ridionale ; cette pièce ifig. O.'JHSJ
qui valait deux as el demi ou le quart du denier, fut
le sesterce [nutniniis aemisterdiis, par abréviation
xeslertiiis) -.
Comme monnaie de comple, on a expUipié à l'arliele
riENAKius les diverses formes que prenait le sesterce
dans les énoncés des sommes et les registres linanciers,
sous la République el sous l'Empire^
Comme monnaie réelle, le sesterce, qui pèse théori-
quement un scripule (1 gr. 137), fut frappé en argent,
bien qu'assez rarement, depuis l'an 2G9 av. J.-C.
jusqu'à 217, date de l'allàiblissement oflîciel de la
monnaie d'argent et de bronze; il porte la marque HS
(=2 as 1/2)'*. Le sesterce lit une courte réapparition,
en 89 av. J.-C, grâce à la loi l'iaulia Papiria qui
créa l'as oncial ; puis il disparut une seconde fois'.
Enfin, de i'J à -43 av. J.-C, César et Pompée décrétèrent
de nouveau l'émission du seslerce d'argent".
Après l'an 43 qui précède notre ère, le sesterce d'argent
fut remplacé par un sesterce de bronze valant 4 as,
appelé en grec Texpaircâpiov et pesant une once (27 gr. 20),
[aureus, p. 5(34] '. Sous Auguste, on frappa le sesterce en
laiton ou cuivre jaune [aurichalcum), et cette grande
SERVITUSPOENAE. lôiy. 28,1. 8,4;2S, 3,0, 6;Î9,2;25,J;48, 19, 12, fi:
48, 20, 5 pr; Paul. Sent. ',, 8, II; Tcrlull. Apol. 27 ; Cod. Thcod. 9, 40. _ iDi,/.
W, 19, S, 11, 12. -3 Oiy. 2S, 3, 6, û; 48, 19, 12. Pour la Wscinajcstr ul l.i con
ciifsioTi, Icircl lie la coiuLniiiiiiilioii i-cnionlc au juui- ilf riufracliou {Oig. 4X, ii,
19; Cod. Jusl. 9, 8, 8). — 4 InU- 1. H, 3; Dirj. 2S, 1, 8. 4; 2K, 3, C, 6 ; 29, 1.
23,3: 34, S, i pr. I; 48,20, I ; i!l. 11, 12; Pliii. A;,, lu, HJ. — r.,Vof. 22, .S. - lii-
iM-iocriiPHiE. Wagner, De semtiile poenar', 1747 ; Mornriisfu, Stni/rechI, Ltipzig,
1899, p. 017.
SESTERTIUS. f Vairo, Ùc li,„j. lai. IV, 3r., daus Ilullscli, jVetrol. scripl.
^. II, p. 5M; cf. K. l{al,L-lo,., TraH,' d,:s monn. gr. el rom., Théuric el Joclr. 1,
5S1. — 2 Momiiisuu, .Von. rom. liad. Blacas, l. I, p. 338-239. Voir Drsaiuus,
lig. 2321. — 3 Voir aussi E. Balielon, Op. cit. p. 753 à7CI.— » Duruy, //ist. des
Itom. I, p. 519, ng. eu bas. — 5 Momniscn, Op. cit. t. Il, p. 418; E. , lialœlou,
Monn. de la llépubl. rom. I. 1, lulrod. p. 39; p. 29c; ; t. Il, p. I m. _ 0 Emiiiplcs
pièce (lig. (5389) persista au moins jusqu'au temps de
Florien (276 ap. J.-C)'. Mais son poids diminua pro-
gressivement presque à chaque émission; après avoir
Fig. 0389. — Seslc:
pesé originairement une once, le sesterce de cuivre
est de 5/0 d'once à l'époque de Sévère Alexandre ;
d'une demi-once sous Trajan Dèce ; puis d'un tiers
d'once sous Trébonien Galle. De plus, le métal s'était
aussi altéré graduellement, et le laiton, dès le temps
des Anlonins, était remplacé par du bronze ordi-
naire'^ E. B.MiELON.
SEVEREIA. — Des fêtes eu riioniieur des Sévères,
ïleS-Zlpeta, i;sou-/|Ç£ta, jjtEyi),». i:£Ç-/|&£ia, sont mentionnées
dans des inscriptions (■[)liébi(iiies d'Athènes '.au nombre
de celles que céié'braient annuellement les épiièbes'.
Une monnaie de Périnlhe, avec la légende Se6Y)p£ia7cpwTa,
rappelle la fondation d'un temple de Septime Sévère et
des jeux créés par cet empereur'. Ces solennités pa-
raissent n'avoir pas survécu aux Sévères eux-mêmes
(mort d'Alexandre Sévère en 233 ap. J.-C). Dans les in-
scriptions éphébiques postérieures, datant par exemple
des Gordiens, elles disparaissent, remplacées par des
r&pSiâvEia*. 11 y avait aussi des iJeSTÎpeia dans des villes
d'Orient, comme Nicéii, Nicomédie=. Ém. CMiiOiN.
SEVIRALES. SEVIRI. — L Pour les chevaliers ro-
mains, voir EOLITES [p. 779].
IL Pour les Auguslales, voir aikipstales.
SEXTANS. — Sixième de l'as ou d'une unité quel-
conque [as, pes, liura, sextarius]. Dans les comptes il se
marque par deux traits := .
dans E. Ualjclon, Op. cil. l. I, p, 130, 315, 310, 385 ; L II, p. 2';, 149, 284, 441,
521, 547. — ' Plin. A'ii^ liinl. XXXIV, 2, 4; Cod. Justin. VIII, 54, 37; llero
Alex. p. 51 (éd. Lclrouue); Anian. Epiclel. diss. IV, 5; cf. M, BaliiTc-ldl,
Uie Miinzen der Fhtlen-puifcclcn des M. Automns (Vieiuie, 1905); Hicliel
Souizo, Hev. uumism., 1900. p. 457-471. — 8 Voy. Aiiueus, lig. 042; liorgliesi,
Œum-es compl., l. 11, p 41» ; Fr. Kcnner, Num. Zeit. t. X, 1878, p. 234 ;
E. Galirici, Contribnto alla sloria délia monela ramana, p. 2 ; SouIzo, Ilev.
num. 1898, p. 662 ; Babclon, Trailé, Théorie doclr. el l. I, p. S99. — 0 Mornnisnn,
Op. cil. t. III, p. 93.
SEVEKËIA. 1 Corp. msc. iitl. III, 121, 1109, IITI, 1174, 1175, IJ9:i, elc.
— 2Duniont,£'ss«! sur l'&plirbie ull. L I, p. :iliO. — :1 Pmk, daus Juhreskcfte de
Vienne, I90i, p. 32. — '. ror,i. inscr. ull. III, 1197, 1198. — '■> Corp. iuscr. ull.
111. 129.
SESTANS. I BaheloD, .Vounaics de la lUpubl. rom. I, p. 30.
SEX
— 1286 —
SRX
La monnaie do cuivre sc.vlans, du poids de deux
onces, porte au droit la lèlc de Mercure et au revers
une proue de navire avec deux points, comme on le voit
(lig. 0300)' sur une pièce coulée du système de l'as
libral. Il est pri'S(iue toujours frappé après la réduction
de Tas triental [uk.naiius, p. !)0] et disjjarul sous l'Em-
pire. 1-:. S.
SEXTAUIUS (ZÉTTY,!;). Setier. — La plus commune des
uii'surcs employées par les Romains pour les liquides et
les matières sèches: le vin ', l'huile -, ^eau^ le millet*, la
foraine de navel % les drogues végétales ^ etc. Elle était
d'un si fréquent usage que, parfois, on en sous-enlendait
le nom : dolium quadraf/enaruitii '' désigne un réci-
pient de -iO setiers; dolium rjuinquagenarium ^, un
de oO setiers. D'ordinaire, cependant, le mot scwtarius
est exprimé, soit en abrégé comme dans l'inscription
de Die', où Lancelot interpréta le groupe XV. V. SE.
par « 13 scptiers de vin « '°, soit par le sigle" ) suivi
d'un nombre'-.
Le setier est une mesure efTeclive '^ : un rescrit de
l'an 386 ordonne que des sextarii en bronze ou en
pierre seront placés dans chaque ville et même dans
chaque station " pour l'impôt en nature du rini
cicesima.
i" Siwlarius Urùis, in-bicus''\ Quand les Romains,
abandonnant leur ancienne numération décimale '% ou
mieux quinaire '\ adoptèrent la métrologie duodécimale
grecque, ils prirent également le système des mesures
de capacité. De même que la drachme était divisée
en (juatre douzaines de clialques, le pied cube fut
divisé en quatre douzaines de sextarii; d'où l'habitude
de représenter graphiquement le seller par le sigle ),
indice du siciticus^^, cest-à-dire de la fraction un
quarante-huitième. Quant au nom même du sexla-
rius, analogue au grec éxteù; '", il vient d(! ce que
la mesure romaine était la sixième partie du congé
[r.oNCiiïs] -".
Théoriqueuienl, ou comme mesure de volume, le
setier romain vaut r)388'.)-2 millimètres cubes-', si l'on
admet avec Biickh '-que le pied romain doitdeO"", 295743.
Mais si en pratiiiue, à Rome, on avait bien ofliciellement
adopté le système grec des mesures de capacité, on
SKXTAIIIIS. iliil. llcaf/. cuil. sa, lus; lloral. 1, .Sut. 1, 7*; Vopisc. TiicU.
11. —2 Cal. .i7, 07. — 3Cic. ileO/f.U, 10. — iColuni. Uerenisl. U, 9. — ô I' in.
//. nul. XV111,35. — li 11). XXIV, TU. — 7 Cal. 10.1. —8 Ib.O'Jcl i[i. — 'i Cor/i. imci:
lut. XII, u» I0.S7. — lu Hist. de i:.\cad. des /nscr. 17-29, V, p. -293. — " Volus. Mac-
ciaii. Oistrib. 79. {.Mttrol. scr. relii/. 11. p. 7 1 . — 12 Corp. inscr. lat. X,»47, 9 : Fiorclli,
Dticr. di fompej, 1(175, p. 121. — 13 Uniler, iii, î : .. sexluriatis exada, etc. »
cf. de Itossi, U. d'arch. chr. 18Gi, p. 37. — H Cod. Jiisl. X. 70, 9 : « ut uinis-
i/uis(/ue tributarius sciât quid dcbcut susceptoribus dure », ce qui cnipôclic do
coiifoudi'e CCS mesures du lise avec lus iHalous publics. — 15 Pallad. Il, 15, IS ; De
Geometr. column. ap. Morlel, A'oiiridu texte des Irailés nEpaphrud. et de Vitr.
Itufits, dans Sot. et extr. des Mscr. Paris, 1897, XXXV, p. 549. — iC Vilniv. 111,
2. — 17 Amis, Ess. .<^ur le syst. mrlrigue assvrien, {Jlec. de trav. philol. et
uichèot. euypt. etassyr. I8SI, III, p. 17 ) — 1» Voy. As, p. +57. — 19 C'csl àlorl que
la plupart des Iciicograplics Iraduiscnl ce mol par setier (Em. l'essonncaui, Z;ic<.
Or. P'ranç.). L'Iiecleus, ou sixième pat-tic du mi^dimne, vaut seize setiers. — 20 Cal.
57 : « un setier pai jour, soit cinq congés par mois ». — 21 M. Aurès, admctlant
l'exisluncc successive de deux pieds cuLes romains (l'un conlenanl en litres
i..,59l et laiilrc iO.OU) trouve deux setiers: le plus ancien de .'iSS millilitres et I.!
plus récent de 5*1,9* (JJém. de l',\cad. du Gard, 1»74, p. 515). M. Ilultscli admet
pour le setier .747 niillililres (GV. undrom. .Metrol. ISSi, p. .'ÎS7 el 704)el M. U. Nis-
seu, 5*3,75 {Hnndtiuch de W. von Miiller. 18UJ, p. »*4). — 22 Aug. liiickli, Me-
Iroloij. Untersucliung. Ëcriiu. 1»3S, p. M el 291 où la longueur du pied est ex-
primée par 131, 15 lignes de l'aris de 0 m. 00Î235. — 23 cf. /.ex Silia [i.eges pubi.i-
lAuj, p. 1104. — 24 Suet. Caes. 38: Plut. Caes. 53, I ; Colum. XII, 57; Pliu.
H. .mit. XV, 1 ; XVIIl, 4. — 25 Cet usage romain linil par s implanter- d'une façun
lt;'ilarde en (irùce où il exisie encore malgré l'inlrodiK-lion de notre système de
mesures (KdiD. Aboul, £a Grice contemii. ISjI, p. 114). — 26 [i.e<;es i>ui:i.icae,
continua toujours l'ancienne coulume de vendre au poids,
pondo, les liquides, le vin-\ l'huile-', et les mesures
dites de capacité n'expriment que le volume spécial d'une
marchandise vendue légalement au poids '^'". Le setier de
vin ne représente donc pas exactement539millililres, mais
désigne, en vertu de la loi Silia, 20 onces-* ou 5-43 gram-
mes devin. Ici, ladifférencen'estquedequelques dixièmes
de centilitres ; mais elle est plus sensible pour l'huile
d'olive, corps de composition fixe et invariable dont la
densité est de 0,!)15, voire même de 0,911 à 26°, tempé-
rature normale des pays où mûrit l'olivier. Un setier
d'huile, pesant 20 onces ^' ou 543 grammes, représente
597 millilitres au lieu de 539, sojl un écart de cinq cen-
tilitres et demi.
Quoi qu'il en soit, on divisait le setier en 12 parties
égales ou cyathes-* [cvatijiis], d'après le système suivant
qui s'est conservé dans la comissatio :
de setier .... uncia 29 = i cyatlie.
me — . . , . sexlans 30 r= 2 cyalbes.
— .... 9»ad/-aHs3l = 3 cyallics.
— triens 32 ^: 4 cyalbes.
— . ... ^«(?tc«nx33 = 3 cyalbes
setier heminti 3* = 1 cotyle.
— .... sepliinx^'^ — 7 cyalbes.
'S — bes 3G = 8 cyalbes.
ris — dodrans 37 = 9 cyalbes.
— .... (te,r(Hns3»= 10 cyalbes.
— . ... f/cu^x 39 = Il cyalbes.
2" Scxlariiis ilaliciis'"' , ;£<jtY|S o ixaXixcis". La contri-
bution du i^ini ciccsiina étant lixée en setiers*^ ainsi
(jue le prix maximum de certaines denrées'^, cette
mesure fut adoptée dans tout l'Empire et le mot sexluriu.'<
« fut admis dans toutes les langues '' ». Les Grecs, après
l'avoir transcrit sous la forme (7£;tT|Ç, la changèrent « par
euphonie » '^ en ?É(7tY|Ç et y ajoutèrent l'épithète de
ÏTaXixoç pour distinguer ce setier du xexiarius urbicu.t,
;£(7-:t|Ç 0 pu)[ji.aVxô; '*'', employé Selon les coutumes romaines.
Le sexiarius ilalicua est le même que le setier géomé-
trique ou théorique des Romains et sa contenance est
de 539 millilitres. Comme les Grecs avaient alors l'habi-
tude des mesures de capacité pour les liquides, ils se
servirent d'abord du même setier pour l'huile, le vin el
les matières sèches. Une ancienne table de concordance.
p. 1 nu]. _!7 La dillL-i-encu serait plus considérable si Ion adiuel avec Claude tiou-
leroue (Vasquez IJueipo, Ess. sur les syst. mêtr. et monél. des anciens, Paris, ISSU,
11, p. 68), M. Doerpfeld (ilittheil. d. Arch. Inst. X, p. i9i sq.), M. Er. l'eruicc
(De Galeni inensur. et pond. Bonn, 1S8S) et M. Nisscn (O. c), rexistcuco d'une
aucienue livre de 273 grammes dont l'emploi persista dans le commerce des bulles.
— --8 Cbaquc douzième, ou cyalbc, avait la couteuance ilo trois de nos « cuillerées à
bouclio » ofliciuales, soil les neuf dixièmes d'un verre à madère. — 29 Martial (éd.
Uilbcrl, IS90), 1. 107. — 30 Suet. Oct. 77. — 31 Martial. IX, 03 ; Plin. H. r,ai. IX,
82. _ 32 Mart. 1, 107; IV, 82,5; VI, 86, 1; VIU, 51. 2t; IX, 70 cl 87; X, 13, 3;
X, 49; XI, 6 el 39; Properl. IV, 10, 29. — 33 Mart. 1, 27 et 72 ; VI, 36, 7 ; VIU,
51 ; XI, 31',. — 34 piaut. Mil. 111, 2, 18; Seuec. De ira, 11, 33, 4. — 33 Mart. 111,
82, 29; Vin, 51, 25 ; Xll, 28, I. — 30 /b. XI, 36, 7. — 37 Horace, [Od. III, 19, II)
désigne celle fraction par la péripbrase ternos ter cyathos. — 38 Nom restitue par
J. Marquardt, Vie prin-e des Ilom. Paris, 1892, 1, p. 393. — 39 Mari. 1, 26, 9; VI,
7S, 6 ; Xll, 28. — 40 pallad. De r. rust. Octob. XIV, I*. — 41 Très ancienne lable
de concordance éditée pai- B. de Montfaucou, Anntecta Orxca ex Mss., Paris, 1688,
p. 393-395; A/ed'. scri])!. reliq. 1, p. 208. — 42Corf. Jusl. X,70, 9.-43 Curp. inscr.
lut. 111, p. 827 sq. où le setier itali(|uc est iudiipié connue unité de mesure pour le
vin. l'ahsinlbe, I buile, la moutarde en pot, le miel. etc. Sur les différentsexemplaircs
de l'Kdil, le setier est représenté, non par le sigle du siciticus, mais par un S ita-
lique bai-ré on sou milieu (Waddinglon, Edit de Dioctétien, Paris, 1864, p. 2).
— 44 Anauuts de Cliirag, Arithmétique. Le texte arménien daus Aucber, An-
ciens poids et mesures, Venise, 1821, p. 21-32. M. Papadopoulos Kérameus en a
donné une édit. critique avec ti-aduct. grecque daus .Supplément archèol. au roi.
XV des .Mémoires du ^yllo,/ne philol. de Constantinople, 1884, p. 9 i 35.
— 45 Metr. scr. reliq. 1, p. 279, fr. 90. — W Ualeu. De compos. me licam.
pergen. 1, 16 (éd. Kubn, XIII, p. 435).
SEX
1287 —
SIB
piiblioo par R. île Montfauron ', monlro que le setier
italique contenait 18 onces d'huile : si l'on divise
489 gr., .'iTSH par la densité 011, on trouve 3.37 milli-
litres. On adopta pour le vin la moyenne léfçale de
20 onces au setier; mais, parl'ois, il y avait 21 onces- et
luème 24 onces '.
.'{" Selier grec ou at/hjiie, îétty,; ô £>,),Y|Vixoç '.
.Mh. Dumont a trouvé un clioenix athénien, poinçonné,
portant la légende ofijjiôctovj qui a une capacité inté-
rieure de 906 millilitres ^ Le demi-choenix, ou selier,
serait donc de 4.53 millilitres et aurait pu contenir
•412 gr., 083 d'huile d'olive, soil l.o onces el 7 scrupules.
Dans la table de Montfaucon on trouve un cotyle ou
demi-setier de 8 onces, soil Ifi onces pour le setier;
la difiérence est trop minime pour qu'il n'y ait pas
identité".
4° Setier pontique, çéo-tt.ç Ttapi IIovtixoîç ''. Les habi-
tants du versant nord de l'AnaloIie employaient pour les
mesures un système décimal ou quinaire que l'on con-
naîtrait mieux si Wagener avait pu jauger le se'corna qu'il
découvrit à Ouchac *. 11 semble, d'après Epiphane et ses
abréviateurs, que le setier pontique valait le o^ d'un
choenix et formait la dixième partie du modius, la ving-
tième, ou peut-être mieux la vingt-cinquième d'un
xû:;tpo;'. Quoi qu'il en soit, nous savons, par les inscri-
ptions du secowa d'Ouchac qu'on n'employait pasindilFé-
remment lemème setier pour l'huile, le vin el la farine '".
Cet usage, importé très probablement par les Romains,
se retrouve en Mésie, comme le prouvent les inscriptions
métrologiques de la table de Cossovo ".
.j" Setier alexandrin, iéc-x-ri; ô 'AÀ£;avofiivôç '-. De même
que les Athéniens avaient qualifié de setier celle de leurs
anciennes mesures qui se rapprochait le plus du xe.rta-
riiis italiens, les Alexandrins également donnèrent le
nom de ;£5tT|Ç à une mesure égyptienne que les indi-
gènes continuèrent d'appeler /tin, ïv'^, m'ov". Comme ce
selier alexandrin servit de base ti tous les travaux phar-
macodynamiques de la dernière école d'Alexandrie, on
continua à l'employer dans la plupart des ouvrages de
médecine; il est également connu par la palristique. Sa
valeur est facile à calculer puisqu'exégèles et médecins
s'accordent à dire qu'il contenait 2 livres d'huile ou
6.52 grammes qui, à la densité de 9H, font 716 milli-
litres ''.Ce nombre coïncide avec les données d'un pro-
blème où l'on voit que dix seliers alexandrins équivalent
> 0. c. I, p. 208, 14. — 2 Melr. scr. reliq. 1, p. 233, 19. — 3 QiibHS.
C. Adnmanl. (SIetr. scr. reliq. I, p. Îi4, fr. 5i; cf. il>. p. 247, fr. 69).
— * Table de MontfaucoD tAfetr. scr. rel. I. p. 208, 5). — s Mélanges
d'nrch. et d'épit/r. p. I2fi. — C |1 y a interversion dans les contenances des
seliers hclléuiijue et alexandrin. C'est ce dernier «lui, sans conteste, eoiilenail
dcui litres d'huile: le cotyle do 8 onces d'Iiuile esl manireslcmenl nn dcmi-
selicr grec ou le quart du cliœnix athénien d'Alb. Dumont. — '< Epiplian.
De mCTi.«. cl pond. M. lligne, vol. XLIII, col. 292. — 8 Wagener, ■'iur un mu-
num. métrol. (.l/e'm. des sav. rtrang. de VAc. de Bntjcelles, I85ii, X.XV1I, p. i;) ;
cf. Egger, ilfm. dliisl. anc. et de philol. p. 197-219. — 9 D'après Kpiphane, le
xIkço; valait 20 setiers alexandrins el se subdivisait en .'> chœnit de 5 seliers
ponti(|ues chaque (<^d. Migue), Xl.lll, col. 292. — Ml Wagener, O. c. pi. i, .oiOii,
Uai^od, 7.ôvSf.>u liv7r,i. — " A. von Dornaszcwski, fMs 2:^i'utia ron Kossoro in
Dulqar. {Arcliaeol. Kpi/r. AJitl/uil. nus Œsterr. 1892. p. 144 si|. : Ucrr.? iXr.fd;,
EioTii; ..r.îij. — '! Table de Montfaucon {.Uelr. scr. ri-lii/. (, p. 208, 14); la table de
Cléopàtre {iti. p. Ï.î6, ïll) emploie la forme i i'<E;av$9ifTii;. — '3 Joseph. Anl.
iud. III, 8, 3 et n, 4. — <* Africanus |P. de Lagardc, .Sijmmicta, 1877, p. 109. .ïr.i.
— 13 Epiphan. U.c. (éd. Migne, XLIII, col. 284); cf. P. de Lagarde, O. c. p. 21.Î;
.Vetr. scr. reliq. Il, p. 103, 25 : « Sextarius lumen alexandrinus duas capil olei
lihras. . C'est de là que vient l'épitlii^te de bilihris (|ui se trouve dans Isidore de
SéviUe (Elym. XVI, 20, éd. Migne, vol. LXXXII, col. 594). — «C Le problème hi5ro-
nien (Melr. scr. rel. I, p. 204. fr. 23) dit rpie dii modii alexandrins font treize mod,i
el demi italiques; mais nous savons par un autre passage (i4. p. 224, fr. 55) que
à treize seliers et demi italiques'". C'est probableinent
le système de ce selier alexandrin que l'on retrouve à
Assos''' et même en Numidie '*.
6° Sextarius cn.ttren.'iix, Hétty,; b Kittoy,'?''',,;. Mesure peu
connue, citée seulement par saint Jérôme''* et quelques
mélrologues orientaux. D'après un texte syriaque -", il
égalerait le selier alexandrin ; Ananias de Cliirag prétend
qu'il n'en vaut que les onze douzièmes'-'.
7° Setier de Nicomédie. Ananias de Chirag est le seul
qui en parle'^-. C'est peut-être le nom que les Asiatiques
donnèrent au setier légal des Romains à l'époque oit
Dioclélien el d'autres empereurs ri'sidaienl à Mco-
médie. Sorlin Dokigny.
SEXTULA. — Monnaie de compte romaine valant 1/0
de l'once ou 1/72 de l'as [as]. Elle se marque par le
sigle 2 : il y avait aussi une dimidia sextula ou duella
qui se marquait 22 '• F- Lf.mjr>hm.
SIBYLLAE, SIBYLLIXI LIBRI. — Il n'y a pas, dans
l'histoire des religions grecque et romaine, de question
plus complexe et, à certains égards, plus décevante que
celle des Sibylles et des oracles qui se recommandent de
leur nom. On ne sera pas surpris si, à cette place, nous
négligeons un certain nombre de problèmes qui ont
défrayé l'érudition depuis le xviii" siècle, et si nous rete-
nons ceux-là seuls qui intéressent la science positive
de l'antiquité classique. Un article spécial ayant traité de
la magistrature sacerdotale qui, à Rome, fut chargée
de la garde et de la consultation des livres Sibyllins
j^Di'UMviRi, II, 2, p. 426-4-42], nous pourrons borner notre
lâche à l'historique des Sibylles et à quelques faits nou-
veaux qui, mis en lumière au cours de ces vingt der-
nières années, ont permis ou de redresser des erreurs ou
de compléter des résultats dignes d'une attention parti-
culière.
L Origine et nature des Sibylles. — Il n'est question
des Sibylles, soit explicitement, soit sous forme d'allu-
sion, ni chez Homère et Hésiode, ni chez aucun écrivain
grecantérieuremenlà la findu vrsiècle avant notre ère '.
Pour Homère, le fait est d'autant plus digne de remarque
que les traditions postérieures, auxquelles il est impos-
sible de refuser un fondement historique, font remonter
l'origine des Sibylles aux temps mômes de la guerre
de Troie et qu'elles placent leur berceau dans la région
du mont Ida. Bien plus, c'est dans certains poèmes homé-
riques, dans le vingtième chant de Y Iliade dont cette
te modius égyptien, comme l'ilalique, se divisait en 16 setiers ; l'égalité subsiste
donc. Le rapport serait plus exactement 13.28 que 13,50. — n Sur un sécoma
(F. B. Tarhcll, A mensa ponder. from Assos; Amer, joitrn. of archaeol. 1891.
p. 440 sq.), on trouve un cotyle (dcmi-selter) de 0,19 qui devait être primitivement
do 0,358 ; un setier de 0,795 pour 0,710; un tricolylc (setier et demi) de 1 litre
pour 1,07 ; un chœuix (double selier) de 1,49 pour 1,43; un trichœnii (6 setiers)
de 4,02 pour 4,29. Par ce trichœnix, on voit qu'il devait y avoir un chous de 8 se-
liers. — 18 La lahle B. de Khamissa iCagnat, Tab. de mesures étalons Iroav. en
Afr. (C.-/I. de Vacad. des Inscr. 1905, p. 490 sq.) a une cavité de 0,303, soit un
demi-setier de 0,358; une de 0,739 ou setier de 0,710; une de 4,750 (|ui rorrespond
au trichn-nii d'Assos, soit 0 setiers ou 4,29; enlin une de 24,00 pour 22,91 ou
32 seliers ou 4 rhoûs. — '*J Ce passage. Comment. I, 4 in Ezech. IV, 9 (é*l. Migne.
vol. XXV, col. 48) est emprunte en partie à Joseph. Ant. Jnd. III, 8, 3, et
pour le reste contient une inexactitude: le setier italique n'équiiaiit pas au ciious
attique : la seule chose à retenir c'est que le hin ^= sextarius ta.\trensis. — '^ P. de
Lagarde, .Symniicla, II, ISSU, p. 193, p;iiagr. 39, 4. —21 0. c. p. 17 : ..le castrensis
contient 22 onces n ; dans un autre ouvrage (ib. p. 20) le même auteur dit « les
setiers italicus et castrensis contiennent 20 onces ». — -- 0. c. p. 17 : « le selier de
Nicomédie contient 20 onces. »
SEXTCLX. 1 V.irr. Aiii</. lat. IV, 3ti ; Ithcmn. Kann. De pnnd. 22 ; Cir. Caecin
G; cf. Bouclié-Leclercq, Manuel Inst. romaines, p. 507. 5T5.
SlItTLLAE, SIBYLLIN! LIBIti. I Bouché- Lcclercq. Hisl. de la Virinntion,
II. p. 141.
SIB
1 2S8
SIB
pai-li(M>sl posU'i'iiMiri' à IIoiikti', et dans r/ii/iiinc luunc-
rii/iic l't A/)/ini(/i/c' riui osl plus n'coul (mu'oi-i\ i|ti'il fau-
drait, chercher k-s premières traces des propiiélics
Siliyllines'. C'est la Siliylle du iikmiI Ida i|iii aurait
annoncé la future graudeiu' di' la lacc des Acui'ailes. et
sous son inspiraliiiii i|ue les lliiuiérides lui auraient
donné place dans Vllitiilr et dans les /fi/iiines. Mais
comme toutes les propliélies que r(!vèncmenl vérifie,
celle-là a été composée après coup; d'ailleurs, le
temps viendra où elle perdra son caractère hellénique
pour s'appliquer aux faits légendaires de Home^ Nous
avons donc là un premier spécimen, en partie double, de
l'usage que la politi([ue, l'histoire et la poésie, à qui la
politique donne son mot d'ordre, font du nom et de l'au-
torité des Sihylles. Ni le véritable Homère ni les poètes
qui lui ont succédé n'y sont pour rien : le silence absolu
des lettres grec(|ues justju'au temps do Platon en est
une preuve suflisante.
A défaut d'un texte assez reculé pour qu'on puisse
dater d'Homère la tradition de la Sibylle, on a tenté de
se rabattre sur l'explication étymologique du nom et sur
celle de l'idée qu'il confirme ^ Mais la linguistique qui,
dans les questions d'origine, apporte souvent de pré-
cieuses lumières, s'est déclarée impuissante ou n'a fourni,
en ce qui concerne l'origine des Sibylles, que des explica-
tions sans portée. « Il n'y a pas d'étymologie grecque
probable pour Xi'êuXXa, ce qui ne veut pas dire qu'il ne
soit jias grec, les mots de cette langue qui sont d'origine
obscure élantnoinbreux... En somme, lalinguistique sur
toute cette (|uestion ne peut guère fournir que des don-
nées négatives, en opposant son vélo à des étymologies
anciennes et modernes lancées àla légère '. >> Elle fournit
aussi des solutions impossibles à vérifier, lorsque chez
Klausen, (|ui a démesurément étendu la question des
Sibylles en l'embrouillant, elle suppose que leur nom est
à rapporter à quelque idiome asiatuiue".
Mais si le nom de la Sibylle est par lui-même obscur,
l'idée générale de l'être qu'il désigne est des plus répan-
dues, puisqu'elle; est commune à tous les peuples de race
indo-germanique et que toutes les religions primitives
de cette race nous en offrent des personnifications : c'est
l'idée de la femme douée de la vertu prophétique, à raison
de sa nature sensible, plus propre par conséquent que
celle de l'homme à entrer en rapport direct avec l'esprit
divin et à en dérober la science : clivini/as et fjiuvdam
coe/ilum sijrlelas nnhiUssimn ex fetninis in Sibylla
fuit \
l'our les Grecs, il est établi que dans le culte doriiMi
d'Apollon, les femmes sontdevenues, de très bonne heure,
les interprètes du dieu, et en vertu delà considération où
1 llnm. //. XX, 30K s.|. ; //,/mm. Aiihrod. 197 sr|. ; cf. Diocl. IV, Ci; ;
FiiMi. MalliL'in. Vi, :il ; Salin, 'i, K; liuslalll. //. XX, 21)9; Clcm. Aie». Strom. VI,
5. - 2 Virg. ACH. m, 117 ; llcyl.c-WagiiiT, Mil. du Virgile, III, p. 43 ; llild., U-
ffende d'En^.e anant Viri/ilc, p. 0 si|. — 3 Houclié-iiCClcrC({, Op. /.Il, p. 1 39, iiol. i
pour les anciennes élymologies. V. IMal. l'katidr. p. ^44 ; Varr. ap. Lacl. 1, G, S ;
I)io(i. loc. cit. ;Sorv. Acn. 111, 4*5 ; VI, li ; cf. Klausen, Aeneas und die Penatcn.,
p. 219. — * CeUe s.<liilion négative, nous l'avons reçue sons la forme d'une noie,
écrite eiprès pour cet article el (|ui, trop spi^cinle pour y trouver place, sera pu-
hli/te dans une revue de linguistitfue ; elle a pour auteur M, Eni. Ëniaull, dont le
savoir fait loi en pareille matière. — ■' Klausen, Inc. cit. et i'rellwitz, iitymo'.
Woerterb. der i/riecli. Sprache. f tiiH. p. 411. — 6 l'Iin. Hist. Vil, 33, 33 ; cf.
Grimni, Deutsche Mylhol. 1, p. 349 S(|., 4- (■dit. Ce type de femme, la mytholo-
gie gernianiipie l'a incarné dans les Walkyries et les INornes ; la Velleda des Celtes el
des Druides est en g<>néral une tout autre eliose que la Sibylle de l'Occident euro-
péen, Voy. an sujet de la considération doni la femme jouit chez les anciens Ger-
main-, Tacil. Oerm. fi et les conimenUileurs ; cf. Ann. 11. 54; et Scrv. Acn.
la race tenait leur sexe en général, et à cause de l'aptitude
souvent C()nstat(''e de la nature féminine pour h' (hdire
extatique [niviN.\Tio, ouaiuiu'mI''. C'est ainsi quel'on cite,
eniiune prophétesses attachées au culte d'Apollon, Mantn
à Isniène età Claros, laquelle dans la légende postérieure
est une l'ylhie identique à Dapliné el devient la Sibylle
thébaine''* ;Cassandra à Thymbraea, dont Homère ignore
encore les facultés divinatoires, mais qui par l*indare déjà
est apptdée la « Vierge prophéti((ue » et dont les i)rédictions
sombres et farouches ont le caractère même qui sera celui
des Sibylles '\ Eschyle, qui ignore la Sibylle, dans la scène
fameuse de VAtjnmemnon où il fait dialoguer Cassandra
avec le chœur, lui prête le langage et l'attitude délirante
qui seront ceux des Sibylles'". Si au lieu de comparer
celles-ci avec les héroïnes de la légende qui ont possédé
le don de prophétie, on les raj^proche des Pythies de
Delphes, lesquelles sont dans l'histoire les plus anciennes
d'entre les prêtresses inspirées par Apollon, les ressem-
blances ne sont pas moins frappantes. En fait, il n'y a
pas de diderence, à l'origine, entre les Pythies et les
Sibylles; quand sous l'inlluence de causes diverses dont
il sera question plus loin, celles ci deviennent devant
l'opinion gréco -romaine les prophétesses par excellence,
le nom de Sibylle servira à désigner, suivant la définition
des lexicographes et des grammairiens, toute vierge,
toute femme à qui les dieux ont accordé le don de pro-
pluHie ".
Cependant, le nom même de Sibylle n'apparait ]iour la
première fois que dans un texte d'Hi-raclite d'Eplièse,
qui nous a été conservé par Plutarque. Le philosophe
parlant des prophéties de la Pythie dit que le dieu de
Delphes ne dévoile ni ne dérobe aux hommes l'avenir,
mais qu'il fournit des indices pour les conjecturer; et, à ce
sujet, il dé[ieint, dans le style heurté et obscur qui lui est
habituel '- « la Sibylle qui d'une bouche délirante profère
des oracles sans joie, sans ornement, sans parfums, que
sa voix fait résonner pour mille années sous rinfiiience
du dieu. «Ce tt-moignage, dont l'authenticité estdiflicile-
ment contestable '\ n'est guère postérieur aux dernières
anni'cs de la royauté romaine, au temps, par conséquent,
où la légende mentionne les premiers rapports de Rome,
personnifiée par Tarquin le Tyran, avec la Sibylle qui y
aurait apporté les livres mystérieux de la destinée ". Mais
en Grèce celte Sibylle uniiiue va rester la seule connue
jusqu'aux temps d'Alexandre le Grand, et connue dans
les conditions telles que ni la poésie, ni l'histoire, ni l'art
n'ajoutent rien à la description sommaire dont nous
sommes redevables à Heraclite. Si l'on remarque que
Hi'rodote '•', dontle goût pour les légendes pittoresques et
les manifestations variées de la superstition est notoire,
m, 44"' : Silitjlla... dicitiir omnis piiella cujus pectus numen recipit. Cf. l'ompnn.
Mel. ;t, S. — 7 K.-l''. llcimann, Lchrbucli der Goelterd. Altcrthiim. der Cri.rli.
■i' «dit. p. iiO sq. ; Klausen, Dp. cit. p. SiO sq. — 8 Virg. Aen. X, 199 ; Ovid.
Met. VI, 157 ; Paus. IX, 10, 3. — 3 l'ind. Pyth. XI, 49 ; cf. Schol. Hom, //.
XXIV, C99. — 10 Aesch. Again. 114 sq. ; avec la note de Blomlicld sur le passage.
Elle est appelée Oio.ifos (IISO), comme la Sihylle l'est par Platon, Phaedr.
p. u\. — U Scrv. Aen. 111,445; Isid. Orig. VIII, 8; Suidas, v. v. îvi ô.dn«ti a\
driliei'ai (lavriSeî ,ivo;«i.jlYiiaï SiSuiliai, etc. — li Chez l'Iut. De Pyth. urac. 6 et 21.
— 13 Klausen, op. cit. p. 214, proteste avec raison contre l'opinion qui veut que le
texte rapporté par IMularquc ail pour auteur, non Heraclite d'Ephése, mais un
mythographe ilu même nom, contemporain de Trajan. — 14 Varr. ap. Lact. Jnst. 1. C,
111 s.|.; Dion. Mal. IV, lii: l'Iin. tfisf. )i. XIII, 27, XXXIV, 11,SS; Aul. Gell. I, 19 ;
Serv. Aeii. VI, 72; \. \.y,\. Mens. IV. 34; Cf. Schwe.ïler, /!„cm. Gesrhichte, II,
p. SOI. — 15 liouché-l.eelfrc'i, II, p. i:i9, admcl i|ue lli-ro.lc.lc a du lonnaitre la
Siliylle, mais que de parli pn~, ~cmi., l'iiill irc .l.s picHres de Delphes, il s'abstint
d'en parler.
SID
I2S9 —
SIB
ne \r,\vlv nulle pari de la Siliylle, alui» (jue l'occasion s'en
otl'ril souvenl à lui, on peul ul'lirincr que celte person-
nilicalion f(''aiinine de l'esprit propluHiqiic dut rester
coniluée pendant un siècle et demi dans des centres de
médiocre renom et considérée par l'opinion comme un
produit importé de quelque culte élranj;er. C'est, d'ail-
leurs, avec ces dispositions (|u'eii parle Arislopliaiie, donl
la verve aime à s'cxercersiir lescroyanees superstitieuses.
Le verbe ciZ-AXiiv ((u'il a forgé, lui sert pour désigner les
<tivagation3 du vieux Démos, au cours de la guerre du
l'éloponèse, période où, comme plus lard chez les Uo-
mains pendant les guerres Puniques, les désasires
répétés orientèrent les esprits vers une religiosité mala-
dive'. La même nuance se retrouve dans la comédie de la
J'aix : après une allusion assez énigmatique à l'autorité
d'Homère en matière de prescriptions pieuses, qu'un
personnage seinblecontesterau nom de laSibylle, quand
le moment est venu de partager les viandes du sacrifice,
le partisan de la tradition antique engage le novateur à
inuiiijer In Sibylle, c'est-à-dire à se contenter de viande
creuse -. La croyance à la Sibylle est bien pour .\risto-
pliane de l'ordre des superstitions absurdes et ridicules.
Cependant, la philosophie de son temps, qui n'a pas les
mêmes raisons de polémicjue, en parle avec une considé-
ration relative par la bouche de Platon '. Pour celui-ci,
la Sibylle est, avec la Pythie de Delphes el les prétresses
de Dodone, au nombre des prophétesses inspirées qui
déchirent les voiles de l'avenir. En même temps qu'il
l'associe à ces figures de la religion oflicielle, il nomme
Pakis, un cliresniologue de sexe masculin donl l'autorilé
fut si grande que sa personnalité se multiplia, chaque
pays voulant en avoir un qui lui appartint en propre".
Le plus éminent, qui engendra les autres, était Bakis de
Béotie dont les oracles furent célèbres durant les guerres
Médiques, de même que les oracles des frères Marcii
devaient l'être dans Home au temps des guerres avec
Cartilage^. Son existence était purement mythique et on
le disait instruit par les nymphes ; question de sexe mise
à part, les Bakides el les Sibylles, qui vont se multiplier
comme eux, sont des produits semblables de l'imagina-
tion religieuse que surexcitent les événements extraor-
dinaires ''.
C'est chez Arislote que nous les retrouvons associés, au
pluriel cette fois les uns et les autres ; et le philosophe
interprète leur faculté prophétique ou plutôt leur préten-
lion à cette faculté, par une complexion morbide'' ; en
même temps, un de ses disciples immédiats nous apprend
que la première Sibylle est contemporaine de Solon et
de Cyrus*. De tous ces écrivains, le seul dont on puisse
conjecturer qu'il a vu et fréquenté une Sibylle est Hera-
clite. C'est qu'KpIièse d'où le philosophe est originaire
est située dans la région où la légende et l'histoire pla-
I Arist. Ei/uit. 01 et li's coinniciilalciirs. — 2 IJ. i'ujr, 1095, IllB. Cf.
J. Giraril, La Jtuligion dtiiis Ariiitujifiane,iiaii!ê la Itevw: tics /Jeux-Mondes^ 1S7S,
1" août, 15 norcnikri.'. — 3 l'iat. l'hued'. p. i4l; Ihemj. p. liS. — S Sur
I i<Juiililé, au iiuinl de vue île la JilTusiuii, <lc liakis ut >io la SILiylli;, >. l'ausau. IV,
i7, 2 ; IX, 17, 4 ; X, li, 6; Herod. Vlll, 20 et 77 ; IX, 43 ; Hlat. Tlieaij. toc. cil. ; Cic.
l/ir-n. I, 18, 34. IlL'i-O'Iotc, Aristophane, Platon et Cicfrou non connaissent qu'un;
plus tard ou en admet jusc|u'à trois; l'iut. Pi/lh. Or, (0; Acl \'«r. Hi.il. tl,
35; Schol. Arist. Eguil. Ii3, etc. Aristole, f'robl. 30, I, les nomme au pluriel, en
mfmelemps i|uc les Sibylles, alors que Flalon {Plincdr. lac. cil.) les associe au
siiiprlier. IJI. l'.ol.crr, l-fijcl,,-, 1. II. r,| sq. — '• l'our lassimilaliou des .Sibjlles et
des (rires Marcii, v. Scr>, ad Virg. Icn. VI, 7li. — » Cf. Klauscu, Up. cit. p. iïf'.
— 7 frobl. 30, 1. — 8 .-icliol. Plat, l'haedr. p. 315 ; Suid. v. 5;;Si,>.-/i«. ; cf. Lacl. I,
0, M, d'après Mcraclides l'ODticus, conlcniporaio d'Aristotc. — '> Boucbé-Leclercq,
Op. cit. I, p. 133. — lOSniil. j. i.'.;Uion. liai. I, 5.'i : Hlô'MnUni^finiiiLjiuft.iiLut^i,
VIII
cent le berceau delà plus ancienne Sibylle. Mais avant
d'aborder ce point, il est possible, en nous aidant de
témoignages plus récents, de définir d'une façon plus
précise el l'être de toutes les Sibylles en général el les
conditions dans lesquelles s'est éveillée el exercée leur
faculté prophétique.
Un de leurs historiens récents a pu dire qu'elles sont
« une des créations les plus originales et les plus nobles
du sentiment religieux en Grèce ' ». Dans la série des
êtres forgés par l'imagination mylliitjtie, elles occupent
une placeà pari : elles ne sont pas d(!s divinités honorées
d'un culte; et quoique, à certains points de vue, elles
rappellent les Nymphes et les Muses, soit pour leurs ori-
gines, soit pour leurs fonctions'", elles ne sont pas non
plus des héroïnes mêlées aux légendes locales et appa-
rentées aux rois el aux fondateurs de cilés ; moins encore
des femmes mortelles, simples prêtresses à la façon des
Pythies ou des uiekodcli, bien qu'elles rendent comme
elles des oracles ou qu'elles soient attachées au service
de quelque sanctuaire". Si elles tiennent à la fois des
héroïnes rattachées à l'humanilé par leur descendance
cl des [)rêtresses qui ne perdenl pas le caractère humain
en exerçant une fonction sacrée, elles dill'èrent d'elles
parce que, comme les dieux eux-mêmes, elles paraissent
agir et prophétiser en dehors des conditions de la durée,
échapper aux lois de la naissance el de la mort et
exister par elles-mêmes, en vertu de leur tâche surna-
turelle'-. En un mot, elles sont les personnifications
féminines de la science ijui pénètre l'avenir par une
coiiimiinication constante avec la science des dieux.
Totil en se multipliant, grâce aux rivalités d'influence
des milieux où s'exerce leur action, elles sont partout
la représentation du même pouvoir, comme si toutes
ensemble elles n'étaient ijue la même voyante recréée
sur divers points, par la puissance du dieu donl elles
relèvent el qui les prolonge ou les expatrie-, sans pour
cela les remplacer jamais. Les mythologues qui, dans
un besoin d'ordre scientifique, leur ont fabriqué des généa-
logies et qui les ont fait voyager partout où se rencon-
trent des oracles, n'ont pas réussi à eflacer ce caractère
universel de leur type'-'. Parties de l'unité, elles y retour-
nent dans l'opinion de leurs fidèles ; la Sibylle de Cumes
qui chez Virgile clôt le cycle des Sibylles gréco-romaines
à la fin du i" siècle avant notre ère, est identique à la
Sibylle la plus anciennement connue qu'a dépeinte Hera-
clite, comme elle est identique àla vieille femme inspirée
qui vend ses prédictions au dernier des Tarquins.
Cependant, pour qu'une figure de Sibylle surgisse sur
quelque point donné du monde ancien, certaines condi-
tions de milieu ont été nécessaires : Klausen a vu juste
lorstiu'il a montré que l'être des Sibylles el le caractère
de leurs oracles s'expliquent partout en vertu des mêmes
nourrie par les Muses de lllélicon: l'iut. l'ijlli. Or. '.1. Cf. Sol. Il, Is; Haus. X, 12;
1 sq.; C. Fr. Ilerinann, Op. cil. 5 37, 4 et îi; el Klausen, Op. cil. p. 207 sq.
— Il l'our les l'ylliies, v. Euri].. Joii, l:i.i7 ; l'iut. l'ijlli. or. ii et ii: l>iod. XVI. ïfi,
el les représentations ap. Jahn, Vaienbilder, p. 2 sq. ; Arcliacol. Zeit. 1853, p. 131 .
Cf. Houché-Lcclercq, Op. cil. I, 351, 361 ; II, I4i sq. ; 152 sq. — '2 Cf. Bouclié-
LcclcrC((, i6. Il, 135, qui les appelle des dimniti's inttclierées: chez Cicéron, IHoin.
1. 2, 4 ; 18, 34, la Sibylle prend un tel caractère d'Iiuuianilé qu'il la compare avec
Epimènide. Cf. Phlcg.Trall. .Uirab. 4. — " Klausen, Op. cit. p. ils «). et 224 où
il V a une tentalire d'interprétation qui, comme beaucoup d'autivs du même auteur,
part de faits réels p.iur al..,utir i des conclusions uiadnussibles : « l'arloul où l'on
rencontre des Sibylles, il y a des oracles ; mais les Grecs dKurope ont des oiaeles
el point de Sibylles; les Germains n'oul iioint dorades. El ce|ieiidanl ils ont une
Velléda et des Walkyrics ; les Komains nont pas d'oracles (.'), mais la liaditiou
sulideinenl maintenue de ccm de la Sibylle -.
tG2
SIB
1290
SIB
|ilu''iioiiiènes de la nature et par la présimce, dans les
lieux où ces phénomènes se rencontreni, d'un culle
d'Apollon '. La mère mylliique de la plus ancienne des
Sibylles est Hydolé, c'esl-à-dire une nymphe. Ses pro-
phélliics sont la voix des eaux qui coulent et celle des
venls qui s'engoufl'renl dans le creux des récifs et des
cavernes, dont la résonnance prend dans certains cas
comme une articulation de paroles intelligihles -. Kt les
oracles se lixenl dans l'assemblage varié des feuilles
d'arbre l'mporlées à l'aventure et (]ui tendent à former
comme une sorte de document écrit, jus(iu'à ce que les
causes qui l'ont produit le dispersent à nouveau pour
l'anéantir ^. Voilà les premiers éléments de la divination
par les Sibylles, ce qui en explique l'inllnie variété, le
mystère et l'inconsistance. Il y en a un autre qui n'a pas
été moins bien relevé par Klausen : c'est la nature volca-
nique, ignée du sol, où l'esprit prophétique opère par
une sorte de coramunicalion avec le feu intérieur. La
terre aride et rougeàlre, les émanations sulfureuses se
retrouvent dans la plupart des lieux où l'imagination
plaçait un oracle Sibyllin; c'est le cas pour Gergis et
Marpesoss en Troade, pour Erythrée d'Ionie, pour Cumes
et même pour la Sibylle apocryphe de Tibur en Italie '.
Cette coexistence des rochers à l'aspect fantastique et
sinistre, de l'eau qui coule souterraine avec de sourds
mugissements et enlin des phénomènes volcaniques est,
d'ailleurs, en harmonie avec la physionomie même de la
Sibylle qui en est l'inlerprèle. Celle-ci nous est présentée
partout comme une femme d'âge indéterminé, au tem-
p('rament sauvage, emporté et triste, qui se confine dans
uni' inilexible virginité '■. Et ses oracles n'ont besoin
d'aucun appareil cultuel comme ceux de Delphes et des
temples élevés à Apollon dans les milieux civilisés; la
science de l'avenir passe direclemenl, sans aucun inter-
médiaire factice, dans celle de l'être surnaturel (fui la
communique aux hommes ''. Enfin, celle science est
généralement subordonnée à quelque événement funeste
ou terrifiant, soit qu'elle l'annonce simplement, soil
qu'elle suggère le moyen d'en conjurer les consé-
quences ''.
Comment la Sibylle qu'Heraclite a rencontrée au
VI'' siècle dans l'Ionie asiatique, au voisinage d'Ephèse,
s'est-elle répandue en se multipliant à travers le monde
hellénique pour aborder sans doute, plusieurs siècles
1 Klausuu, Op. cit. p. 205 sq. ; noies 320 sq. — 2 Suid. s. i\ Pour la caiacléris-
liquc lies lieux où s'est im|j|.iiilC'C la divination sibylline, v. Paus. X, 12, 3 et li
Cf. l'ouc|Ucvillc, Voyaijt dans la Grèce, H, p. 2*8); Steplj. liyz. Mi«jn,c;6(; Strab.
V, 215; Mart. XIV, 114; Vilr. Il, 7, 1; Amm. Marc. X,\l, 1; Hccal. Mil.
Jù-aym. 3t'J. — 3 Virg. Acti. III; 41V; VI, 74; ib. 43; cf. Hor. Od. i,
7, 12: doinus Àlliimme resonaiitis ; cette nymphe de Tibur fui appelée Sibylle;
vid. infra. III. V. encore Serv. ad Aen. aux passages cilé's. — * V., outre les
leiles cilés plus liaul. l'rop. IV, I, W; Virg. Aen. VI. 3; Sil. liai. XIII, 7S(..
Une légende greci|uc, exploitée par Euripide, fait de l.aïuia, Mlle de l'oscidon
cl persounilicalion île l'abime (xi iciii.i» yàafiaT».), la inére île la Sibylle ; Scliol.
l'Ial. l'Iuicdi: p. 315; Varr. ap. Lacl. I, G. S; Diod. XX, 41 ; l'aus. X, 12,
I. Près de l)el)'l)es, l.ainia a sou repaire dans une caverne du mont Kirphis ; cf.
Anton. I.ib. 8. A KryUirée on faisait naître et vivre la Sibylle dajis un antre du
mont Korykos; l'aus. X, 12-7. La Sibylle de Cuuics demeure dans une grulle près
du (Icuve Kélos lionl les eaui sont pélrilianles ; Pseudo Arisl. Mir. Ausc. W.
— 5 Serv. ad Aen. VI, 3ÎI ; Virg. Aen. VI, 10 sq. ; 3", sq. ; 42 sq. ; appelée cirgo,
ihid. 45 ; 77 sq. ; Ov. Fait. IV, 873; III, b34 ; IV, 158; Met. XIV, 132-152; Mart.
IX, 30; l'clron. Snlyv. IS. Klle est .ippeléc encore cus/a cliez Virg. Aen. V, 735;
innul/a ap. Ov. Xm;. cil. 142. — 0 Lucr. I, 740; Tac. Ann. II, 54; Plut. Pylh.
or. 'J ; Jambl. AJyst. III, 2 ; Clirysosl. //o»ie(. 20 ; in Cor. 22. Cf. Klausen, p. 212 ;
224 ; tiouclié-LecIercq, II, p. 159. — ^ Vid. infra IV, les livres Sibyllins ; cl
i.Luiivuu, p. 433, 2 SI). — » V. la Ibéoric de la légende géographique ap. Ilild,
Légende d'Énée.\t. 17 sq.; pour la dillusioii des Sibylles, v. liouché-LecIerci, ".
p. 104 sq. — '■> Ilild, p. 20 sq. ; cf. Mommsen, /Jist. Itom. Irad. Alexandre, II,
304 : « Chez les Ijrecs la légende suit pas ii pas el partout les connaissances géogra-
avant, par l'émigration ionienne, à Cumes d'Italie? Celle
diffusion est un des exemples les plus frappants de la
faculté qu'ont, non pas seulement les croyances, mais les
personnilications mythiques, de se reproduire à la faveur
des migrations de peuples *, partout où ceux-ci vont
fonder une nouvelle patrie'. Mais tandis que les héros
dont le type le plus frappant est Énée que la légende fait
vivre el mourir dans le même temps sur des rivages
divers, n'ont qu'une existence fabuleuse, malgré les
ellorls tentés par leurs adorateurs pour leur en donner
une historique '", les Sibylles coexistent réellement
plusieurs, sans que leur personnalité voyage, par le seul
fait de la diffusion du culte dont elles sont les ministres
et des oracles qui sont l'attrait principal de ce culte.
Lorsqu'on remonte des Sibylles les plus récentes vers
celle qui a le point de départ le plus lointain, on aboutit
à une femme dont l'action prophétique s'est exercée non
loin de Troie, dans une région où Hérodote nous apprend
que la royauté de Priam a survécu après la ruine de la
ville el dont le centre le plus important est la ville forte
de Gergis ou Gergithe, dans les forêts de l'Ida. Cette ville
possédait un temple d'Apollon et un oracle interprété
par une Sibylle". Un peu plus au nord se trouvait un
bourg, situé dans un lieu sauvage, du nom de Marpessos,
qui partagea avec la ville l'honneur d'avoir abrité ou
cette même Sibylle ou une prophélesse analogue '-. Les
habitants de la région entretenaient, dès la plus haute
antiquité, des relations avec la ville de Cymé d'Eolie, dont
les émigrants colonisèrent au xi" siècle av. J.-C. la ville
de Cumes sur le golfe de Naples, y transportant avec eux
le culte d'.VpoUon el les oracles de la Sibylle '■'. Et comme
Gergithe avait partagé sa propliétesse avec Marpessos,
Cymé devait retrouver la sienne à Erythrée, située plus
au sud sur le golfe Herinéen, voisine, d'autre part, de
Colophon el d'Ephèse où l'on signale également une
Sibylle'''. Toutes les traditions concordent ainsi à
faire du pays qui borde l'IIellespont el la mer Egée,
depuis llion et Alexandrie de Troade jusqu'à Ephèse el
à l'ile de Samos, le berceau des oracles mis sous le nom
des Sibylles, pour les rattacher à une première Sibylle
qui serait originaire de Gergithe'^.
La priorilé de celle Sibylle Marpésienne ou Troyenne,
appelée Hérophilé, fut disputée au cours des âges par
Erythrée, colonie ionienne" ; en76av. J.-C, c'eslen effet
phiques à mesure ({u'clles s'étendent ; el les romans sans nombre de leurs naviga-
teurs errants, Iransformenl en une sorte de drame les descriptions de la terre qu'ils
nous ont laissées. » — 10 Hcrod. V, 122, VII, 43 ; Slrab. XIII, p. 589 ; Alhen. VI,
256 ; cf. Sol. Il, 18. Cf. Ileync-Wagner (lidil. de Virgile), Excursus 3 au livre VI ;
0. Muoller, die Dorier, 1, p. 322; Schvvcgicr, Jloem. Ccscli. I, p. 312 sq.
— "1 Slcph. Byz. Vifii^'i MipiJir.aiii;. — 12 l'aus. X, 12, 2 ; Schol. Plat. l'haedr.
p. 01 et 315; pour l'oracle de Mei-niessos ou Marpessos, v. Tib. Il, o. I.a S. Mar-
pesia élait idenlique avec la .'^. Ueilespontia. — '^ Il y a des monnaies de Cymé
en Kolie qui purleul, avec l'image du cheval, une tète de femme tout il fait analu*
gue il celles qui représeulenl la Sibylle sur les monnaies de (Colophon el d'Érylhrée;
voy. nos ligures. Cf. Virg.J™. VI, 4i, et Ov. Fast. IV, 257 qui appellent la Sibylle
de dîmes Eubéenne en souvenir de Cymé d'Eubée, colonisée par les Eoliens — ' ^ He-
racl. Pont. an. Lacl. Jnst. I, 6, 12; Paus. X, 12, 3; Schol. Plat. Pluiedr. p. 315 ;
Clein. Alex. ^trom. I, 108. CI". Bouché- Lcclcrci|, II. p. 108 sq. — 1^ Une monnaie
d'Alexandrie nous donne probablement l'image d'une Sibylle sous les traits d'une
femme valieinanl au dessus d'une grolle ; devant elle est un berger debout appuyé
sur son kilon et un bélier ; Mioniiet, Descript. Il, p. 643, u" 99 et Klausen, p. G9,
noie 203. 0. Mueller après Klausen en a pris lesle pour établir la libation de la
Sibylle de Curaes, que va cousuller Enée lors de sou arrivée en Italie, et la migra-
tion fabuleuse du héros troyen vers l'Occident avec son admission dans la lé-
gende des coramencemeols de Rome. — lii 0. MuclIcr, Op. cit. cl l'opuscule
K.vplicantiir causae fubuhie de Aeneae in Ilaliam advenlii, Classic. Juurn.
1822, p. 308 sq.; Klausen, Up. cit., Aeneas als Ji inwunderer , p. 250 s(|. ;
313 sq. ; cf. Hild, Légende d'Énée, p. 2'J sq. ; Scliwcgier, Jioeni. (Jescli. I,
p. 312 sq.
SIB
— 1291 —
SIB
à Rrylliroc ot ;'i Samos, ilc voisine, que le Sénat et les
nécenivirs S. 1". allèrent clierilier de iJi-éférence 1(^ pur
es|ii'il (le la prophétie Sibylline'. Gergiliie, d'ailleurs, à
celte époque, n'était plus qu'une humble bourgade plus
délaissée encore qu'llion et beaucoup moins connue'-'.
Il s'était produit pour la Sibylle un phénomène analogue
à ei'lui qui avait multiplié les prétentions des villes
d'Asie Mineure à l'honneur d'avoir enrant(! Homère ".
Colophon qui possédait un oracle que l'on consultait par
le moyen de l'eau et une Sibylle qui buvait l'inspiration
à la source sacrée, revendiquait, elle aussi, une priorité
fondée sur la renommée de son culte; et Colophon avait
jKiur rivale Samos où prophétisait une Sibylle nommée
l'Iiylo '. On a conjecturé avec raison que la tête de femme
à l'expression grave qui figure, avec les emblèmes du lau-
rier et de la lyre, sur certaines monnaies de Colophon, re-
présente la Sibylle. Dans tous ces lieu.x existait un culte
célèbre d'Apollon, et les légendes locales faisaientde leur
Sibylle ou la fille ou la sœur ou même l'amante du dieu '.
Il était inévitable que les Sibylles, dans tout l'attrait de
leur nouveauté, tendissent à se substituer dans les tem-
ples d'Apollon, par toute la Grèce, aux prêtresses tradi-
tionnelles qui y rendaient des oracles. Du moins celte
substitution est-elle un des faits saillants de l'histoire des
Sibylles, telle qu'elle s'établit au déclin du paganisme,
au gré de la fantaisie des Périégètes et sous l'influence
du philosophisme religieux'. Il est probable qu'àClaros,
à Samos, à Délos, où l'on signale des Sibylles, celles-ci
n'ont été que les remplaçantes, plus nominales que
réelles, des anciennes Pythies ; du moins à Delphes,
c'est ainsi que se passèrent les choses". La Pythie y fut
un jour identifiée avec la Sibylle; on disait que comme
telle, elle buvait l'eau de la fontaine de Castalie jaillissant
du rocher en face du Bouleiilérion; et l'on racontait que
née avant la guerre de Troie, elle avait rendu des oracles
dont Homère aurait accueilli les vers dans ses poèmes. Et
quand la Sibylle se fut ainsi installée* au centre par
excellence du culte d'Apollon, la légende delphique
s'attacha à établir la priorité de la Pythie sur la Sibylle
qui avait pris sa place ; celle-ci ne fut plus que la néocore
d',\pollon Sminliiien, dans le sanctuaire duquel on mon-
trait son tombeau. Une colonne s'y éles'ait, témoignant
par une inscription des services qu'elle avait rendus au
dieu; tout auprès étaient érigées une statue d'Hermès,
dieu de la persuasion, et les images des Nymphes dont
la Sibylle avait été la compagne '. Mais qu'il s'agisse
du rayonnement de la religion Sibylline en Troade et
dans les villes de l'Ionie asiatique ou que nous la sui-
vions sur le continent grec, où, d'ailleurs, elle n'a joui
que d'une médiocre faveur, c'est sa parenté avec le culte
d'Apollon, jointe à son caractère mystérieux et étrange,
qui explique sa diffusion.
I .Serv.ail Aen. V1,S21 ;Tac. Ann. VI, 12; Sipah. XIV. r.i5el.XVII,S!4; l.acl. ),f., tt
— 3 Klli; avait M- déiruilc par Atlale. oncle de l'Iiilippe <lc Macédoine, en 3:i3 av. J.-C.
On avait mi^ine inveiili'! une Hi) tlirée en l'ioade, alin dVIablir la lilial ion de la Sibylle
dionie avec la plus anciennement connue; llion. Hal. 1,33. — i Boiicliél.ecleici,
II, p. \ï\ si|. ; p. 147, noie. — ♦ .Suid. s. v. v;,?„Uc< ; Arist. ap. Macr. I, 18; T.ic.
,l,.,i. U, r,i: Jandil. Myst. III, 2; Tcb. Il, 5, 08. — « Mionnct, III, p. Ti, n- |n4-
liMl; Siippl. VI, p. O.i, 11" 9i-9.î. Cr. Klausen, p. 21.",, note 344. — '• Bernlianly,
Ih-undrhs lier r/rhch. Lilterat. t. Il, p. 243 (i- édil.). l'onr l'auleiir .pii a i-cnt
sur la lillnralnre sibylline des pages aussi documentées ipie judicieuses, on doit
considérer les Sibylles comme relalivcmenl récentes et isolées ilans l'Iiistoire des
cultes grecs; en somme elles n'y ont p,-is occupé une place émiucnle. — ~> f'iiit.
P,jlh. Or. 9; l'ans. X, M, 1, 5; Clem. Alex Strom. I, 304; lliod. IV, CO : Cliron.
fasc. p. 2111; Sol. Il, 8. Pour le trépied, emblème de la Sibylle v. l'rop. IV. I.
49; Vaillant, A'imiism. Manlia; cf. infra, V. — 8 l'aus. X, 12, 5 et l,. A Delphes
6391. — LaSibvIlcdedi
Fig. 0392. — l.a Sibylle
d'Krvtlirée.
.\ ces témoignages d'rirdro littéraire et qui seraient
plus di'monstratifs s'ils étaient contemporains des faits
et des légendes qu'ils expriment, nous pouvons joindre
quelques monnaies, elles-mêmes d'une époque relative-
ment récente, qui affirment la popularité des Sibylles,
dans les centres où elles peuvent revendiquer la [iliis
haute antiquité. La plus ancienne de ces monnaies est
sans doute celle de Gergiliie de Mysie, bourg distinct <lc
(iergithe de Plirygie où nous avons rencontré la [ire-
mière Sibylle el où, d'ailleurs, au tt'inoignage de Phlegon
de Tralles, on avait aussi
frappé des monnaies à son
effigie. Celle de Mysie porte
au droit une figure de fem-
me (quelques interprètes y
ont vu une tête d'Apollon)
qui frappe par son expres-
sion grave et même irritée;
au revers, il y a une image de Sphinx, qu'on a interprétée
comme un symbole de prophétie funeste ou de châtiment
consécutif à une violation des prescriptions de la
Sibylle (fig. 6391)'». La sphynx elle-même est appelée chez
Sophocle, la vierge prophiUique aux ongles crocluis et
l'on a conjecturé, avec raison semble-
t-il, que son type farouche a dû four-
nir des traits à celui de la Sibylle ".
A Erythrée nous trouvons une mon-
naie dont le droit représente une
tète de femme aux cheveux hérissés,
auxlrai ts irrités, le revers un flambeau allumé ( fig. 6392) -.
De même provenance et plus intéressante est la mon-
naie qui montre une femme assise sur un rocher, le
hautdu corps nu,
la tête en partie
voilée par la dra-
perie qui enve-
loppelesjambes,
la main droite
levée dans un
geste de persua-
sion que l'on
peut interpréter
par un geste de vaticination ; l'exergue mentionne la
ofjLovoia des colons deChio qui s'étaient établis à Erythrée
(fig. 6393) '^ Ces représentations, avec celles de Colo-
phon et d'Alexandrie en Troade plus haut citées, ont
toutes le même caractère indéterminé, quant à l'identité
de la Sibylle. On en peut dire autant d'une monnaie de
Cumes où figurent, en plus de la tête de femme, soit un
oiseau aquatique, soit un crabe sur un coquillage'-.
L'interprétation par la Sibylle est cependant probable
pour toutes, les attributs el la provenance suggérant, i)liis
niémc! la Sibylle s'idenlilia avec Arlémis, ihid. 2 et Suidas, s. i>. Les Iléliens
avaient des liymnes en l'Iionnenr il'Apollon dont la composition était attribuée \
la .Sibylle; cf. Bouclié-Lcclercq, II, p. 179 sq. — 0 0. llucllcr, A.riiv, I,
p. 341 si|. — m Stepli. Kyz. r.>,.5. I.a monnaie (notre lig. 0391), décrile par
le lexicographe qui se réfère à l'Iilégon de Tralles, est tirée de Klauscii, Tab. 1.
n" 11; cf. ilM. p. 2(13 et 303, note 430. Dumursan, Cali. Ail. pi. m, 10
et p. 73 : Mionnel, Suppl. V. p. 3.5!), tiennent pour une létc d'Apollon ; cf.
du même, liescripl. III, n» 534. Ces monnaies daleiil des temps inacèdo-
iiicns. —Il Soph. (led. K. 1200; Scliol. Eurip. nhoen. 45. Cf. Bouché. I.cclcrci|, II,
p. 193, note 1. — 12 Uumersan. ihid. pi. xiv, 24, p. 85 et Klausen. Tab. I. 12
(= noire fig. 030J). — «3 Celle-ci est à dater des Icmps romains ; Dumcr.^an,
pi. XV, I et Klausen, Tab. I, 13 ; Mionnct, Suppl. VI, p. 213, n»= ^>'n7. 948
(= nolic ligure 6393). — U Mionnct, Suppl. 1. p. 238, n" Ï7I, 270; cf. Klausen,
p. 247, note 402.
6393, — La Sibylle rendant *les oracle
SIB
— 1292 —
SIH
encore (]iit' la lélc cUe-nièmc, l'idéi' de la vicrt^c pro-
pliéliquo. Mais s'il fallail une preuve que la personnalité
«II- la Sibylle n'a obtenu que très tard, en Hrèce, la renom-
mée oftlcielle, la rareté et le vague de ces représentations,
les seules connues jusqu'à présent, sufliraient '.
II. I.A Sibylle de Cimes. — Il est question d'elle pour
la première fois dans le traité de Mirabilibus, qui porte
II' nom d'.U-istole. Mais ce traité n'rsl pas d'At-islnh' ; il
a dû être composé au |>lus tôt vers l'an 240 av. .!.-(". <• On
montre à Cumes, y est-il dit, une chambre souterraine
où habite la Sibylle de Cumes qui y rendait des oracles;
on raconte que née à une époque très reculée et restée
vierge, elle y résida durant de longues aimées. Les unes
la prenaient pour la Sibylle d'I-lrylhrée; d'autres, qui
habitent l'Italie, la considèrent comme éla'nt de Cumes ;
d'autres encore l'appelaient " Melankraera ». Ce dernier
nom de Sibylle est connu de Lycopiiron qui la fait origi-
naire du mont Ida''. Si vague qu'il soit, le témoignage
des Mirabilia est intéressant, d'abord en ce qu'il parle
de la Sibylle de Cumes comme d'une figure légendaire à
placer dans un passé lointain, ensuite parce qu'il la
rattache au berceau historique des premières Sibylles,
c'est-à-dire à Erythrée, alors que, sous le nom de Melan-
kraera, on la faisait aussi remonter à la Troade même
qui fut leur berceau mythique: c'est-à-dire qu'elle se
confondrait avec la Sibylle Troyenne'. Et enfin l'auteur
se réfère, non à des traditions helléniques, mais au
témoignage des Italiens en personne, ce qui suffirait
avec d'autres particularités du même traité, à en
rapporter la composition à une (-poque relativement
récente, dans tous les cas postérieure à Aristote'.
Si nous rappelons que Cumes fut fondée par une colonie
venue d'Eolie en l'an 1050 av. J.-C, peut-être en passant
par Chalcis et Erétrie d'Eubée où existait également une
bourgade nommée Cymé ^ ; qu'elle édifia sur le golfe
de .Naples le temple d'Apollon Zos/e'rios dont la légende
attribuait la fondation à Dédale lui-même % il est légi-
time déconsidérer la Sibylle de Cumes. autant du moins
qu'il est permis d'appliquer la notion du temps à un être
fabuleux, comme contemporaine des plus anciennes
prophétesses, telles qu'on les peut conjecturer aux
confins les plus reculés de l'histoire légendaire en Asie
Mineure. De toutes les Sibylles connues, celle-ci va deve-
nir, dans le monde soumis à l'influence de Rome, la plus
célèbre, grâce à la fable d'Énée, fondateur d'une royauté
Iroyenne dans le Latium. Le témoignage des Mirabilia
nous ilit tout ce qu'il est possible d'en savoir antérieu-
rement aux guerres Puniques: mais on racontait à Rome
iilo-Arisl. ilir. Auxc. ».î. Ce iMil.^ rpii fisurc sous le nom d'Arisloli- «l.ins lis
•ils collig^'s |>ar lIckLcr n'csl pas nicniionnd dans les IMrs aiilh<'nlii|nos il'oii-
vraïM i|ue nous oui conservas llesycliiiis, I)io};<^iic l.aëroc, etc., ni dans celle i|ui fui
réih-éc par loiilre di' l'ialrnli^e l'Iiiladelphe ou de l'iolénijc KicrgMccl ipie Sleins-
cliuiiilcr a reslanne d'après les U\lesaialies(i5dil. licrlin, V, p. | ifi.i, p. ilT.i). Des
r.-cueils analogues au» Mirnlnlii onl été aUrihuCs aussi .i Ti.néc, à Ari^loxène, à Anli-
gone dcCary-U;. La p.irlie la pluséleuiluc île ce dernier (cli. i". ii H5) coulieuldis
eilrails de Yllislorin .Uiimalinm irArislole. Cf. Wilaïuovilï, .l„/i,onos iim
Kiirystos, ISSI. p. in, p. 3î (note couiuiunii|iiée par .M. A. Hiianil|. — = l.ycoplir.
Alex. 196*; Ticli. n./ /. ; Arrian. ap. luslalli. //. Il, SIV. Cr. l'aus. X. li, S.
— 3 Bouché-I.eclercii, U, p. I7S. Le sunioiii a sans doute élc Uri' de lol.scurit6
des oracles : ohacuris rein iniolrens (Virg. Ai;n. VI, loO). — t V. Uild, Uyenilv
dlin^e, \<. 18 si|. La couuaissanca des régions occid'Utales esl vague encore cliei
les (irecs au lenips d'Aleiandre le Grand ; cf. Ilrojsen, Athen unit der W'eslen
ver der sietlisclwn /ij-pedition, ISSi. — 5 Eiiseb. Oliron. p. 100 (Edil. Seal.) ;
SUal.. V, 4, p. 39t; Vcll. l'alcrc. I, *. l'our Cynié dAenlii-, v. Strab. XIII, 6S2.
- I" Virg. iieii. VI, 14, avec les cumnicnlalenrs. — 7 Dion. Mal. IV, 02- v. num-
ffHu, II, i, p. 4i6, nolo 4. les antres textes. — « .^erv. ad Aen. W, 36; 72; 3:il.
Cic. /liiin. I, |K, ;ii; Lact. I, 0. Il ; U. Cf. KiauM-n, p. :iio s((. — 9 V.irrou ral-
que, vers la fin du règne de Tarquin le Superbe, une
vieille femme d'allure mystérieuse vint offrir au roi un
recueil d'oracles et qu'à partir de ce temps, ceux de ces
oracles qu'il se décida à acquérir, furent déposés au
Capitole,dans le temple de Jupiter, parmi les monuments
officiels du culte romain \ Comme la garde en fut
confiée à un sacerdoce spécial, celui des dui'mviri sacris
TAril MHS, insliliK'à cet efl'el et en foiiclion dès les didnits
de la Ri''publi(|iie, il n'est pas l('mr'r;iire d'artii'iiier qu'à
l'époque même où Heraclite décrivait la Sibylle unique
de l'Ionie, Rome la connut sous les mêmes traits et
avec les mêmes prérogatives, soit par Cumes et à la
faveur de la propagation du culte d'Apollon', soit par
.\gylla et Caeré d'Elrurie qui, dans le même temps,
entretenaient des relations avec Delphes où la Sibylle
d'Ionie s'était alors acclimatée ^
Cependant, les auteurs latins de la fin du m' siècle
av. J.-C, comme Naevius, suivi de près parles annalistes
C. Acilius Glabrio, Volcatius etCalpurnius Pison, ne con-
naissaient encore cette Sibylle que sous le nom de Cinimé-
rienne, en la localisant dans la même région volcanique
que la Cuméenne des Mirabilia et de la légende posté-
rieure d'Enée'". Le mystère géographique que cache cette
dualité et qui fut consacré par le poème de Naevius sur la
première guerre Punique, prouve qu'à Rome même la
Sibylle du golfe de Xaples n'était pas encore celle du
temple de Cumes ; et si les annalistes ont adopté d'abord
la Cimmérienne de préférence, c'est qu'ils entendaient
prouver fiti'ils avaient lu l'iiistorien grec Epliorè, lequel
localisait les Cimmériens de VOdijs.tée dans les parages
du lac ,\verne, et leur attribuait un oracle en rapport avec
l'aspect terriliantdu paysage ". Lorsqu'on s'avisa ensuite
que dîmes possédait un temple véni'rable d'.Vpollon, où
sans doute prophétisait une Sibylle, toute la réalité per-
sonnelle passa à cette dernière ; pour simplifier les
choses on raconta qu'Énée avait enterré sa rivale Cimmé-
riennedansl'ile de Prochyte''^. C'est d'après cette légende,
ainsi mise au point par une science à la fois subtile et
puérile, que Virgile corrigea Naevius et donna à la
Sibylle de Cumes son rôle définitif qui lit d'elle la Sibylle
par excellence, figure d'un relief puissant que n'eut
jamais aucune Sibylle d'origine hellénique '■'.
La rivalité de Rome et de Cartilage, qui donne aux
premiers chants de l'Enéide une signification d'histoire
générale, a été par Virgile empruntée à Naevius. Mais,
éclairé par les événements des deux siècles écoulés,
Virgile y put ajouter celle de la prédestination mysté-
rieuse qui avait conduit Rome à la domination univer-
laehait les oracles de lionie à KrvlliriV. non à Cumes ; v. Sen . :id Avn. VI, 72, 36 cl
321 . IX l.act. tfie. cit. i|ui cite en plus comme partageant la même opinion Fenesiclla.
l'ausanias, X. 12, S, dit rurmetleinent ipie Cumes ne possédait point de recueils d'ora-
cles, mais seulement nue liydrie en pierre où l'on «lisait enfermés les ossements de l:i
Sibylle. Cependant, llielsa démontré ipie le rnle joué par Apollon dans la pratique
romaine des oracles Sibyllins s'e.xpliipie silrloiit par l'oritrine enméenue de l'élre
des Sibylles. V. Silnllinisrlie lllnelln-, p. 51. — lu Varr. ap. I ,iet. I. li, 0: Suid.
i.;SuV/.ci; Aurcl. Viet. fie urii/. lu. — " Eplior. ap. SIrab. V, V, 5; IMiii. Hisl. j\.
III, .■>,»; Vilrnv. II. il, 2; Cliroiiic. l'asidi. p. 2C1I Cf. lioncbé-l.eclcrci). II, p. 1S7 si).
— là Vid. infr. III, ce i|ui est relatif à la Sibylle sicilienne de l.ilybée. — 13 Avec le
début du sixième cliant de rKiuUile, il faut faire éUt de la IV' Kgl. (à l'ollion) où
la naissance de l'eufaul merveilleux doit ranuMier l'âire d'or prédit par la Sibylle de
Cuincs ; CUima Cumaei eenit jam carniinis aetas (v. 4) ; Mmjniis al> intégra sac-
clorum naseitiir ordo, etc. Cf. Serv. commentant ces vers et Cartault. Étude sur
les • Bucoliques •> de Vinjile, p 217 si)., V. cbez Klau^en, p. 292 si|., ran.alysc des
propliélies Sibyllines, forti'ment teintées de judaïsme où se retrouve le vieiix fonds
des prédictions toutes |>aîennes illustrées par celle Eglogiic. I.'lii^toirc y fournit
nu peud;iul avec Ves|Kisieu venu d'Orient pour élre empereur, eo e l'élu du des-
liucbauléparla Sdiylle ; Joseph. £<//. ./"-/. VI, il; Tact. //isl.W 13; Suel. \ V»/). *.
SIB
— 1293 —
SIB
sello <3l accompli l'arrêt des destinées eliantées par les
Sil)yl]es dans la personnalilé d'Auguste, descendant
d'Énée et favori de Vénus on même temps que d'Apollon '.
La légende du héros troycn, abordant sur les côtes de
rilespérie, avait été recueillie par le Sicilien Stésicliore
au cours du vi' siècle^. Naevius, peut-être en suivant
l'historien Timée, le fit atterrir dans la région volcaniriuo
du giille de Napli's dont le sol devenait l'entrée du
si'jiiur lies moi-ls, doni les grottes où s'engoufl'raieiit
avec Ijruit les vents et les eaux étai(!nl un sanctuaire
tout indiqué pour les oracles de la Sibylle : jamais
encore la divination, dont celle-ci était le ministre,
n'avait trouvé de théâtre plus approprié à sa nature et à
sa fonction \
La célébrité de celte Sibylle est on grande partie l'cruvro
de Virgile. Appelée Démo par les uns, par les autres
Dêmophilé, nom rappelant Ilérophilé qui désigne la
Sibylle d'Erythrée, ellescchangechez Virgileen Deiphobé
et devient fille de Glaucus, lequel n'est pas sûrement
Glaucus le Marin, mais plus probablement Glaucus le fils
de Minos; sa mère est la magicienne Circé *. Son être
purement fabuleux se précise sous la plume du poète
qui idéalise en le décrivant les traits d'une légende de
caractère populaire. Elle est la femme qui prophétise par
énigmes, n'a point d'âge déterminé, à peine une généa-
logie, jamais de descendance. Cependant elle est vieille
parce que la vieillesse est symbole de sagesse et d'expt'-
rience ; son allure a quelque chose de farouche et
d'emporté ^ Le poète la compare à une cavale que
dompte Apollon par le frein et par l'aiguillon pour la
rendre docile à son souffle inspirateur. Dans l'opinion
des iiommos, elle a reçu du dieu un nombre d'ann('es
égal à celui des forains de sable que sa main ramasse sur
la grève. Immortelle à la façon de Tithon, jusqu'à se
dégoûter du don de l'immortalité, elle est bientôt si
décrépite qu'il n'existe plus de son être matériel qu'une
voix sortant comme un souffle d'un résidu do corps sans
force et sans figure". On la montre aux curieux dans
une ampoule etquand les enfants lui demandent: Sibylle,
que veux-tu? elle répond: je veux mourir! Si une autre
prophétesse prend sa place dans la grotte où se rendent
les oracles, on ne cherche à savoir ni qui elle est, ni d'où
elle vient; l'on préfère croire qu'à travers les siècles,
c'est la même voix qui prophétise toujours'. Mais Virgile
ne paraît pas avoir connu à Cumes de Sibylle sous les
traits d'un être réel ; l'artdéployé par lui dans V/ir/lof/ueà
Poil ion et dans les parties justement célèbres de VÉnritle,
où la prophétie Sibylline rattache la dynastie d'Auguste
à la royauté do Priam on Asie, a eu une innuonce pré-
I Viig. Aen. I, 2«l sq.: IX, f.*2; VI, 77.1; (ieorrj. III, O.ï ; llor. Carm. Sair.
57. Cf. s»Kci:i,AiiEs i.unr, p. 9S9, 1 ; S» ), I si|. l'our les Aoncadfs pl la Siliyllc, v.
lioiii. //. XX, m:) st|.; Hmm. .4/,/iiW. I'.i7 sq. ;. Virg. M™. III, in ; Slrali. XIII.
■ 2. — 2 Schwcglcr, /Iwm. Oischklili; p 2!)S ; llil.l, Li'ycmlc iVKni-e, p. I.!, cl la
Tiiiik IliiuiHe. nliCT. MoMlfaucoii, AnI. erpHijur.: IV, 2. — 3 Klauscn, p. 21(1 si|. ;
il7; Ileji.e-Was'i.cr, Mil. Vir;;. Acn. VI, Hxciiisus aux vers 2:17 si|. — 4 l'aus. X,
12, 4 ; V.arr. ap. I.acl. I, 6, n ; Virg. Aen. VI, :ili, III, VU s,|. ; VU. Fille .le Cire.',
sans iloiite d'aprùs une .ancienne U'gen.le, Si/ii/ll. Carm. III, Ki. — 5 Acn, III,
m il Ml ; VI, « sr|.; 77-83 : 07-1(12 ; 233-2r,i;Ov. Met. XIV, U12 sq. ; paie iniila-
lion .le Virgile (v. sinlonl 101, 107; 150). Cf. Serv. a.l Acn. VI, Sii el 321 ; 79. l'our
le caraclère .-niginali.pie de ses prédictions, ce .|ni l'assiinilc à la .Spliym,
V. l'Iaul. Pseiid. I, 1 , 23 : Aa« quidcm non credo niai Sibylla tei/crit, Interiirctaiis
n/ium potessa nemincm. Cf. encore Tib. Il, .î, surlonl 03 sq. — 6 l'elron. 48; cf.
laiis X, 12, R, où môme ce semlilanl de vie n'cijslc plusel où l'on ne montre p'ns
lie la Siliyllc que des osscmcnls dans une liydrie en pierre. — 7 Sur ce caracti"'rc
nijlhique des Siliylles; cr. Klauscn, p. 211 sq. el Itouclié-I.eclcrcq. Il, p. 13» si|.
— s l.liglogiie .a l'ollion ne chante encore lann. M av. J.-C.)quc la Sil.yll.. el
.\polloji proiccleiir de la Oeyis Jn/in, le .lieu i|ui avail uiie alfecli.jn sp.Vial.^ pour
dominante sur l'opinion du mondi; gréco-romain à partir
du 1""' siècle. La part énorme faite aux oracles Sibyllins
dans les conflits religieux du temps jusqu'en plein
moyen âge eût été bien réduite, si VEnéidc n'avait fait
de la prophétesse, jusqu'alors figure indécise, une grande
figure épique'.
Cependant, si à I{ome même les oracles conliniienl à
rester en honneur jusqu'à la chute définitive du p;igii-
nisme officiel [oraciu.hmJ, nous savons qu'au (h'biit du
iV siècle C(U ni de Cumes a depuislon.gtemps cessé di,' fonc-
tionner. Dans le traité, faussement attribué à Justin, de
la Co/iorlntio ad Génies, est racontée une visite faite aux
lieux illustrés par Virgile '' . La grotte fameuse ne rend
plus d'oracles; il n'y a même plus de consultation par
les sorts, c'est-à-dire par les feuilles de p.ilmier marquées
de caractères mystérieux et que chacun, à défaut do la
Sibylle, interprétait à sa guise. Aujourd'hui, au pied du
rocher où s'élevaient la ville de Cumes et le temple d'Apol-
lon, on montre la caverne : horrendaeyue procul sécréta
Sibijllae, antrum immane'"; mais rien n'est moins sûr
que cette identification, l^es éruptions volcaniques dos
années 73 et 79 av. J.-C. ont dû modifier profondiJmont
l'état des lieux et ce qui, sur la foi de V Enéide, nous est
présenté comme l'ancienne demeure de la Sibylle, n'est,
suivant toute vraisemblance, que la ruine d'un chemin
creux qui menait à Baies ".
IH. Les DERNIÈRES SiRVLLES. — A côti- dos Sibylles dont
nous venons do raconter l'histoire et qui ont loutes co
caractère commun de nous être connues p.ar un texte et
dos monumonls assez anciens pour que leur existence
li'gondaire et leur origine païenne soient hors de doute,
il on est d'autres qui ont été inventées dans des temps
relativement récents et assimilées aux premières, soit
par des rivalités d'influence religieuse, soit uniqiiomont
par la fantaisie dos archéologues, des théologiens et dos
rériégôtes. La plupart de celles-ci n'ont pour la science
des antiquités qu'un intérêt médiocre; d'aulros, à cause
dos or.-icles mis sous leur nom, trouvent place surlout
dans l'histoire des idées religieuses au déclin du paga-
nisme et dans les conflits d'opinions philosophiques et
de croyances pieuses qui, jusqu'au ti-iomphi,' du Chris-
tianisme, onlagité le monde ancien'^
Si nous récapitulons, non dans l'ordre chronologique
qui nous échappe, mais suivant les seules données
numériques, les divers canons dos Sibylles connues,
nous constatons que parties do l'uniti; avec Heraclite,
elles sont plusieurs en Grèce à peu près doux siècles
])lus tard; Aristote les nomme ainsi on compagnie dos
Bakidos. L'unité a dos partisans encore plus tard, alors
Ct-sar; voy. Cic. Rp. /am. X, 31, 3. Après Aclium les destinées sonl .accom-
plies cl I'A'h^'/./.' reprend, au pi-ofil d'Auguste, le IhAmc .les prôdielions r.'-alisées,
III. 97; IX, i4S; VI, 752 el l'I.mud. lixca-t; Dio Cass. ap. iVl.ai. .Serint.
Vet. Il, S30 : .> L'oracle de la Sibylle avait pr(!ilil que le Capilole serait la
tôle du monde jus({u'ii la consommation des si.'îcles «. — !> Coliort. nd i/mt.
p. 351!, eh. 32. Sur le caracl.'jre el l'altribntion de cet ouvrage, voy. l>ra.'selie,
lier Vcrfnsscr dcr fnclschlich Jii.sliu beiiielei/tcn l.;,», xti, ad h. In.!, ilans la
/.eitsclirift fur Kirclœngrscllscli.ifl. VII, 2.'i7 si|. Cf. pour l'exlinclion il.-s oracles
à Cumes l'a'is. X, K, et M,-ias, de Silii/ll. indic. p. 11.-1" ,\en. VI, 10;
Scrv. Cic. Mvin. I, 43, 9S ; T. I.iv. XMII. 13; Jiil. Obseq. lU; l-'Ior.
11. S, 3 ; une inscription Iroirvée il Cumes, Orclli, 1437, Aeoi.i.iNi r.ijUANo qu.
T.NKius HUFUS. — 11 Cf. Alexandre, E.ecursus ad Siin/Uinos libros, p. 51 sq. ;
et Bouclié-Leclcrcq, II, p. IS5. avec la note 1. — 1- Sur ces questions .pii
oui été depuis la Uenaissanrc jus(pi',â nos jours, l'objet de travaux niHidireu:c,
v. la bibliographie chez Alcxamlrc, Op. cit. m fini: ; catnloijus fWilioi/raph.
Sibyll. avec un supplément, 2« édit. l'aris, 1809, des Orncula mbi/llinn; Ber-
uliardy, (sntndrîss dcr Gricch. Litlcr. W" partie, I 3* édit., p. 447 s.]. ; Boucht;-
Lccl(M'C.|, II, p. 133, noie i.
SIB
\2H
SIB
qui' circiilonl dos lislos plus mi moins rhargôos' ; Paii-
sariias cile dos propliolios do la Sihyllo iiniquo sur un
Irotnhleuioiil do torro à Uliodos, sur los doux Philippes
de Macédoine, sur la défaite dos Mliénicnsà Aegos Pola-
iiios celle-ci ;"» côté d'un oracle attribué à Musée), et sur
un combat près de Thyrea entre Lacédénioniens et
Ar}îiens. Mais ailleurs, il parle d'iléropliilé comme do la
plus ancienne, et il la fait voyagor do Marpossos à Samos,
à Claros, à Colophon, à Délos el à Delphes, qui pour
d'autres avaient dos Sibylles spéciales; il connaît éga-
lement, avec les Sibylles d'Erythrée et do Cumos, une
Sibylle Egyptienne, une Babylonienne, une Hébraïque:
sa londanco répondant est de ramoner toutes ces ligures
à l'unité-. Un auteur du V siècle de notre ère, sur la foi
do témoignages plus anciens, en admet deux, celle de
fiorgilhe qu'il nomme Hérophilé et colle d'Erythrée qui
aurait émigré à Cumes et qu'il appelle Si/miiiac/iia '.
Puis nous voyons varier leur nombre de trois à dix et
morne A douze, sans qu'il soit possible, pour la plupart
d'entre elles, de préciser ou leur origine ou leur filiation.
On devine seulement que les chiffres les plus forts sont
le résultat d'une systématisation par dos auteurs soucieux
de n'en omettre aucune ' ; et quant à leur existence,
plus nominale que réelle, elle s'explique par le besoin,
dans certains milieux, de se créer une inlluence reli-
gieuse sans emprunter la Sibylle du voisin ^ Le canon
le plus digne d'être connu est celui de Varron, parce
qu'il fixe, sans doute avec exactitude, les idées de la
science gréco-romaine à la fin de la République. Il com-
porte dix noms cités sans ordre ni logiijuo, ni chronolo-
gique, comme il convient dans une matière où tout est
incertitude et arbitraire": Sibylles Persique, Libyenne,
Dolphiquo, Cimmérionne, Erythréenne, Samienne,
Cuméenne, Hellespontique, Phrygienne, Tiburtine. De ce
nombre, sept reviennent aux pays de Grèce et d'Orient,
trois à l'Italie. Elien en connaît dix également mais n'en
nomme que quatre, celles d'Erythrée, de Samos, d'Égyple
et de Sardes en Lydie ; Clément d'.\lexandrie se borne à
quatre qu'il choisit parmi celles, plus nombreuses, qui
avaient cours de son temps; elles ont, comme celles de
Pausanias, une signification synllictique : la Persique,
rErylhréonne. l'Egyptienne et l'Italique. Le canon le plus
étendu, conçu avec la préoccupation d'égaler le nombre
des Sibylles à celui des Apôtres, est celui du Chromcon
Pascale, compilation assez érudite de science ethnogra-
phique rédigée au x" siècle ; elle on admet douze, dont
les dix du canon Varronien et en plus les Sibylles
Judaïque et lihodienne'. Cependant il y aurait lieu de
compléter ces momenclatures par d'au très Sibylles encore,
1 C'est au sinfTulicr rpic nonimcnl la Siliyllc, non seulement des auleiirs,
païens de l'époque classupie comme T. I.iv. I, 7, elc.. Tac. Ann. VI, li,
mais plus laril les Siliyllistes, commenlalcnrs néoplatoniciens, juifs et cltré-
tieus, des oracles, et même la litur;;ie catholique au mu* siècle dans la prose
du W« irae. — -i l'aus. Il, 7, 1 ; VII. 8, S ; X, «, Il el li; ib. IJ, 7, S, !).
— SMai-t. Cap. Il, 159. — » Schol. Arislopli. Ar. %1 ; TzeU. Ltjcophr. tJTS;
Auson. XXVI, i, 85; Clem. Alex. Slrom. I, il, p. 381; Ael. Vnr. Hisl.
XII, 3.'i; Suid. r. ». — 5 Sur ces rivalités, v. Bouclié-Leclcrcq, II, p. I5i S(|.
— « Varr. ap. Lact. I, 6. «; cf. Isid. Oriij. S, 8 ; Suid. >. i'. ; Seliol. I' at. hhanclr.
p. ÎH. — TChionic. l'iuclt. p. iOi. édil. (!oun. Cf. Buuclié-Leeleic.|, II, p. HJ7,
note. — * Sol. 5, 7 ; pour la Saniaigne ipii connut la Sibylle par les migrations
de la légende d'Kuée. ï. Ael. Vnr. Hist. XII, :i5 ; l'Iiavor, S.'Sua». Il en est de
même d'une Sibylle de l.ucanic ; Suiil. lot. cil. Il y a près d'bola un .Uonle délia
Sibj/Wi. Cf. Uenun, ,Vea/ie( und Sicilien, VI, p. 30 Cf. l'aus. X, 17, 6, 7 ; T. I.iv.
XL, l« ; XLl, 0, li; Sil. liai. l'un. XII, 3V4 si|. ; Olin. Hist. A". III, 7, 13 et î^al-
luste. cité par Scrvius. ad Aen. I, fiUS. — 9 Uorville, Sicula, I, p. 37 ; et Klausen,
p. ii3, note 35(i. — 10 Uionnel, I, p. iM. n" SMl, 3i7; 351. — n l'our les rap-
ports ile la religion de VênnsAslarlé honorée au inoul Eryi > . Klausen. p. iS3 ;
parmi losqiiollos il on est d'intéressantes. Ainsi la Sici-
lienne n'est nommée nulle part chez los auteurs qui ont
fait des classifications ; el l'on sait que la commission
qui fut chargée de reconstituer les oracles brûlés en 83
av. J.-C. au Capitole, en fit rechercher même en Sicile.
Cette ile eut, en effet, sa Sibylle, comme la Sardaigne eut
la sienne *; le sanctuaire do la première était au promnn-
loire de Lilybée où l'on montrait son tombeau et où
subsistèrent, jusqu'au moyen âge, des superstitions qui
continuaient le culte d'.\pollon '. Des monnaies de
Lilybée à l'effigie de ce dieu avec l'emblème du serpent
el du gryphon témoignent en faveur d'un oracle '" ; ol
comme nous sommes voisins du inonl Eryx où s'élevait
un des temples les plus célèbres de Vénus Aénéade, on
retrouve l'association d'idées et de croyances qui, dans
le Latium, acclimata la légende d'Énée arrivé de Troie
sous la conduite do sa mère et d'.\pollon ".
Une Sibylle exclusivement latine est celle de Tibur qui
n'était anciennement qu'une nymphe locale, Albunea,
personnification d'une source d'eau sulfureuse qui donna
lieu à un oracle Cette nymphe fut, sur le tard, par l'oirel
de la popularité générale des Sibylles, identifiée avec ces
dernières'-. Mais les poètes du règne d'.\uguste ont ré-
servé le nom de Sibylle à celle de Cumes et maintenu
à Albunea son caractère latin. Lactance qui la met au
nombre des Sibylles, raconte, d'après Varron, qu'on
trouva sa statue portée sur les eaux de l'Anio et qu'elle
tenait dans la main le livre contenant ses oracles. Ce
recueil fut admis, comme ceux des Sibylles et des frères
Marcii, parmi les documents officiels de la religion ro-
maine'^ Suidas la nomme la dixième dans le canon des
Sibylles reconnues de son temps. On pourrait relever,
même chez les poètes du temps d'.Uiguste, à plus forte
raison dans les écrits des antiquaires et des mythographes,
d'autres identifications avec le type Sibyllin des nom-
breuses personnalités féminines qui, dans le culte ro-
main, possédaient la faculté divinatoire ; mais ce sont
là des inventions restées sans écho dans l'imagination
populaire ". A plus forte raison, faut-il rejeter les hypo-
thèses de certains modernes qui ont transformé en
Sibylles les Carmentae, Egeria, Mephitis même, et en
général les Nymphes prophétiques de Grèce el d'Italie ''\
Dans la Grèce proprement dite, les Sibylles n'ont pas la
fréquence que nous constatons en Asie Mineure, dans les
colonies ioniennes de la mer Egée et de la mer Tyrrhé-
néenne. Nous avons cité plus haut une tentative d'absorp-
tion de la Pythie de Delphes par une Sibylle venue d'Asie,
et aussi une Sibylle qui à Délos aurait composé des hymnes
en l'honneur d'.\pollon '*. Du morne genre, mais encore
llild, Léijmdc dÉnée, p 3»; IVelIcr, Boem. Mulh. il, 313. Le culte fut introduit
après le désastre de Trasiinéno et Vénus Eryeine associée à ,1/ens: T. Liv. XXII.
il, 10: XXIII, 31,9; XL, 3i, 4 : Ov. F.1.1I. Vl. iH ; l'inl. Fab. Max. t. plus lard
Vénus Eryeine entra pour sa part dans les léjjendei exploitées en f.iveur de la po-
pularité de César; Cic. Kitin. II, 5i, 110; Snet. Caes. 7'J; dut. laes. 60; Dio
Cass. XLIV, 15. — 12 Virir. Aen. VU, 81 sq. , Tili. V. fi9 ; V.irr. ap. Lact. I, 0, li ;
.Schol. eiat. Phaedr. p. 3lfi. — 1» Les rapports des frères Marcii avec les prédic-
tions Sibyllines de Rome, rappellent ceux des Bakides avec les Sibylles chez les
premiers auteurs grecs (pii les nommèrent les uns et les antres: v, supr. I. Cf.
.<erv. ad Aen. VI, Tu et .Miirquardl-Mounusen, llandhuch. VI, p. 3î4 avec les telles
cités. — "t Ain-i Carmentis ap. Aug. Cii: II. IV, Il : Aul. Gcll. XVI, lll : Hlul.
Qunesl. Itnm. 51!; Clem. Aie», .«(looi. I. p. :ilO: de même Amalllien, identiliée
avec la Sibylle de Cumes : et la nynqihe Deijoi'; d'ori!;ine Etrusque. Four celle-ci,
v. Mueller-Deeke, die Eirusker, II, 30 et passim. l'our Cnrmenlis. v. Wissowa
ap. ïïoscher, Aus^. Lexikon, I, p. s53. — ï5 V. ScheilTelé, dans la liealeneyetop.
de l'anly, VI, p, 11.50, d'après llarlung. neligion dt-r lloemer, 1, p. 133 s,|.
_ 16 l'aus. X, 12, 2; Suid. i: 1. ; Plut. Pyll,. or. 9; Diod. IV, 66; cf. Bouclié-
l.eclercq. Il, p. 180, note 3.
Slli
121)5 —
SIB
moins curtaine, est la Siljyllc du Dodoiic iiiron pciil idcn-
ti lier avec Pliaennis, fille d'un roi de Cliaonie, qui vivaiUiu
m» siècle avant notre ère cl dont Pausanias qui, d'ailleurs,
ne lui donne pas le nom de Sibylle, cite quelques oracles
versinés'. Toutes ces ligures sont trop vagues et leur
histoire trop incerlaine pour qu'il y ait intérêt à y insister
ici. La seule quimérite une mention est la dernière, (|ue
Virgile a dû connaître puisqu'il profite du séjour d'Énée
en Épire,oii il se rencontre avec Hélénus, pour préparer
la rencontre du Iiitos avec la Sibylle de Cumes -.
C'est au déclin seulement des religions grecque et ro-
maine, alors que la faveur des oracles nouveaux amène
le discrédit de la divination traditionnelle, qu'on fait
remonter les Sibylles au delà du temps d'Homère ^ Alors
non seulement les pratiques auxquelles les Sibylles pré-
sident, mais les textes dans lesquels on cherche l'expres-
sion de leur savoir, sont considérés comme antérieurs à
la poésie épique, et celle-ci comme une sorte d'émanation
de leur sagesse. Cette opinion fut plus tard exploitée par
les apologètes chrétiens qui, se faisant de cette antiquité
prétendue un argument contre le paganisme, présentaient
les Sibylles comme contemporaines du déluge et disaient
qu'Homère avait plagié leurs oracles dans ses poèmes'.
L'inlluence juive à Alexandrie inventa une Sibylle qui de
babylonienne devint clialdéenne et judaïque; on la don-
nait comme la femme d'un fils de Noé et on lui prêtait des
prédictions relatives à la tour de Babel, aux victoires
d'Alexandre le Grand et plus tard à la venue du Messie.
Ouelques-uns l'identiliaient avec Sabba ou Sambethe, la
reine fameuse de Saba qui fut la confidente lointaine de
Salomon et sa conseillère'.
Ce qui apiiropriait le tyjje de la Sibylle à cette survi-
vance, invent('e pour le besoin d'un temps de polémiques
aussi confuses qu'universelles, ce fut le caractère indépen-
dant de leurs prophéties qui se prêtaient à l'expression de
toutes les croyances, de toutes les formes du philosophisme
religieux". Elles étaient venues en Grèce durant la pé-
riode obscure que Lobeck définissait, en l'appelant le
temps où les philosophes poétisaient, où les poètes
laisaientde la piiilosophie ; où, comme, au-dessus d'une
région enveloppée de nuages, les sommets seuls émer-
geaient, tandis que le sol et les fondations se dérobaient
auxregards^ La sagesse des premières Sibylles, fille équi-
voque de l'épopée primitive, fut un de ces sommets :
c'est par là (ju'elle survécut au paganisme d'où elle était
issue et qu'elle put maintenir jusqu'en plein moyen âge
une autorité facile à exploiter au profit des croyances
nouvelles. Sous un nom qui se prêtait à toutes les nou-
1 Paus. X, M, lu. Ce sont ik's éclivains re'alivomc'iil rijcciils c^omnn-
JamI.liquc >|ui couroiiclii'cJil les l'ylhics ol lus prilrcssi's de Doiloiiu avec li-s
.Sit.ylks; cf. Klaus™, p. iZ\, el BoucliéLeclercq, II, p. IS3. — 2 At-n. III,
4iO si|. — 3 Paus. .V, li, 1 cli; Allicn. XIV, p. 037; Clem. Alex. Sirum.
1, p. 304. Cf. Bouclié-l.cclcrci|, 11, p. 147, note. — * V. la légende racoii-
léc par Alexandre de Paptios (EnstaUi. Odyss. XII, G3) d'après la((uei]e Homère
serait né en Egypte, et la Sibylle, Jiébergée par ses parents, leur aurait annoncé sa
haute destinée. Ploléniée llepliestion {Nov. Bist. cher. l'UoHùs, BitiUolh. cod. 19U)
disait c|ue Homère était le plagiaire de la Sibylle Egyptienne, Phanlasia de iMem-
pliis, un hiérograminate du nom de i'Iianitcs lui ayant copié Vlliade et VOdyssve
composés par elle. Cf. Uiod. Sic. IV, 00 ; Sol. 11, 8. — s Epiplian. Uaeres. G et 2S,
Isi]. ; Lact. I, 6, 14. 15: v. infra IV. — 6 pour ces Sibylles, nous renvoyons à
liouclic-LecIerci|, 11, p. lOS st|. ; et à Delaunay, Moines et Sibylles, l' édil.
p. 109 sq. Tout ce qui dans les recueils sibyllins est cnlaclié d'idées judaïques ou
clirétiennes est forcément apocryphe. V. Scrvius Gallaeus, Disputât ioiies de Sibyilis
el son édition des Pseudo-Sil/yllina, Amsterdam, lOSS; cf. Klauscn, p. 22K Si|.
— ' Lobeck, Ar/laoj,/iamus, p. 313. — l> Lact. 1, C, U; 13; Aug. Civ. D. XVIM,
i3, 1 et 2. v. liouché-Ledercii, 11, p. 190 sq. ; et infra, IV. Cf. Fr. Bleek, Uelier
dif. Entsteliuny, etc., dans la Zeitsc/trift de Sclileiermacher de Welte, 1, p. 1 :iu sq. ;
veautés, parce que jamais il n'avait servi à étayer les
croyances anciennes el que souvent il était entré en
conilit avec elles, les oracles de la Sibylle, ou détournés
de leur signification par une exégèse tendancieuse, ou
fabriqués après l'événement par des écrivains anonymes,
servirent pendant près de cinq siècles à combattre le
paganisme avec ses propres armes *, comme ils avaient
servi à Rome, depuis le temps de Tarquin, à le défemlre
en le transformant '. Celle nouvelle popularité des
Sibylles a laissé des traces nombreuses dans les écrits
des apologètes, aussi bien pour l'Église d'Orient ijuc
pour celle de Rome.
IV. Livres sibyllins. — On cherche vainemeni dans
toute la littérature grecque, antérieurement à l'inlluence
romaine, un seul témoignage affirmant l'existence dans
quelque sanctuaire célèbre par une Sibylle, d'un recueil
écrit d'oracles, conservés comme un trésor sacré et
transmis sous celte forme à la postérité '". Si les Sibylles
helléniques sont des personnalités mythiques, il est
naturel que leurs prédictions n'aient été (}iie « des bruits
et des voix » confiés à la tradition orale et tout aussittjt
déformés par elle. Tous les vers sibyllins cités par les
écrivains grecs jusqu'à la fin du i" siècle de notre ère
(ils sont d'ailleurs peu nombreux) sont de ce genre " ; et
([uantà ceux que l'on peutpar conjecture, ainsi que nous
l'avons fait nous même, rattacher aux Homérides qui
ont chanté Énée dans le voisinage des plus anciens sanc-
tuaires Sibyllins, ils ne suffisent pas pour créer un genre
et fonder celte affirmation : « que la chresmologie Sibyl-
line est la sueur cadette de l'épopée'^»: une sœur de ce
genre n'a jamais existé.
A Rome seulement nous trouverons des textes précis,
dont l'origine el l'histoire peuvent être scientifiquement
établies ; mais ces textes nt; sont pas ceux que la légende
attribuait aux Sibylles en personne, à celles de l'ionie
asiatique ou de Cumes, et qui, après l'incendie où périt
le plus ancien recueil, furent restitués par une commis-
sion spéciale, puis considérés jusqu'au v" siècle de notre
ère comme un des plus anciens monuments de la religion
nationale '^ De ceux-là nous ne possédons pas un seul
vers authentique, comme M. Bouché-Leclercq en a fait
justement la remar(|ue". Tous les auteurs de la basse
latinité les mentionnent, sans d'ailleurs en indiquer
la provenance; généralement le recueil en est désigné par
le termede libri falales, livres de la destinée '°. C'eslune
question controversée, s'ils vinrent à Rome par les ports
d'Étrurie ou par la colonie ionienne de Cumes en Cam-
panie. La vraisemblance historique est pour là première
II, 17i si|, — 9 DuuiiviBi, p. 432 sq.; et Cic. /Viim. Il,i)4. Ili. — 10 l;.Mnhar.ly.
fii'tindriss, etc. Il, 1, p. 4iO. Les oracles Sibyllins font partie du trésor wirié des
oracles grecs en général, dont le type est celui des oracles de la Pythie de Delphes
[uiiACUi.i-«]. Il existait des recueils un peu partout, mais iisn'ont jamais eu le rang d'une
a'uvre littéraire. On se demande comment Scheiffele, /tealencycl. de Pauly, VI,
p. 1149, a pu parler d'un recueil remontant aux temps des Pisistraliiles. Sur les
XIV livres Ei5jVA,axSy dont les huit premiers élaient connus depuis longtemps, dont
les six autres ont été exhumés par A. Mai d'après un manuscrit du Vatican (v.
Bernh-irdy, ibid. p. 441) les deux parties différent notablement ; la seconde est
bien moins intéressante; l'autre mène au ni' siècle après J. C, sans (|u'on puisse
dater ses conimeDccments. Les interpolateurs étaient appelés EtooXitoxaî ; v. Orig.
contr. Cels. Vil, 368, V, iTî. —il V. Paus. X, 12, 3, G et 10, citant des vers hexa-
mètres et des distiques, attribués à Pliaennis, la Sibylle de Cbaonic; d'autres X, 9, U
avec des vers de Musée, VU, 8, 8; allusion à une prophétie non citée. II, 7, 1.— l21iou-
cbé-Leclercq, 11, p. 162. — 13 Nous conuajssom les Carmina Marciana par T. l.ive
et par Macrobe; v. Baehrens, Fraiiment. p. 21 et le comiiicnlaire, p. 294 sq. Comme
ils sont assimilés aux Carmina Sibyllina, on en peut conclure ipie ceux-ci ont égale-
ment existé, v. d'ailleurs, Varr.ap. Lact. I, C, 13; Cic. /Jirin. Il, 51, 112. Cf. Diels,
Sibyllin. Blaeller, p. 7 sq. — i'. Boucbé-I.eclercq, VI, 294.— 15 Dllmvich, p.434sq.
SIlî
— 1290 —
SIB
sojiilioii, Ifs .sugi^cslions inyllioldKiqiK'S el li liera ires
roiuk'iil la seconde plus sétliiisanle '. Diels, qui a aiiporlû
ri'ceminonl dans co prohlénie des lumières nouvelles,
reinaniue avec raison (|ue les ciLés gree(|ues défendaient
avec lin soin jaloux le Irésor do leurs Irad liions religieuses,
en particulier celui de leurs oracles -. Coiiinienl croire
([ue Cuuies se soil dépouillée des siens au protilde llouie,
lualf^rc^ les bons rapports que le dernier Tarquin enlrele-
nail avec le roi Arislodèuie ^? Bien mieux, si Cumcs a eu
uneSibyllc, ilesl formelli-menlconslalé que la divination
de celle-ci opérait au jour le jour, et que jamais dans le
sancluairc d'Apollon n'a été Ibraié un recueil de ses
oracles *. Pausanias qui mentionne le fait n'aurait pas
manqué d'ajouter que lerecueildeCumesavait été unbeau
jour transféré ailleurs. Il est plus naturel de supposer que
]i}^ liùri fatales déposés par Tarquin au Capitole, il les
(enail d'une supercherie analogue à celle qui multiplia
le Palladium dans un grand nombre de cités grecques
ou itali()ues, à la faveur de quelque légende imaginée
exprès '.
Quelle que soil leiii' pi-ovenance, ils exislaienl déjà
entre lesannées i3(j et Wl , dates pour lesquelles l'histoire
conserve le souvenir de consultations Sibyllines à Home,
par les soins et sous le contrôle des Duuinvri Sucris
Fuciendis, institués à cet eflet [in umvihi] s. Quant aux
consultations ultérieures et aux niodilicalions que subit
ce sacerdoce, on en trouvera l'historique ailleurs '' .
Remarquons seulement avec Diels qu'un oracle conservé
par Phlégon de Tralles, oracle relatif à des événements
des années 207 et 12'J av. J.-C, recommande (com;ne
d'ailleurs aussi le célèbre oracle relatif aux Jeuxséculaires
de l'an 17) d'accomplir certaines cérémonies suivant le
rite acliéen : 'A/aïiTTc tïô "spSeiv, Acliivo ritu. Une expres-
sion de ce genre exclut que cet oracle soit venu de Cumes,
j)uisqu'elle suppose, chez celui qui l'a employée, la con-
naissance du riliis /tomatiu.s eXde ladill'érence qui existe
entre les deux, ce qui, de la part des Cuméens, est abso-
lument invraisemblable '. Les auteurs de la (in de la
République, Varron, Denys d'Halicarnasse, Tile-Live,
qui usent des oracles, en les considérant comme le réper-
toire secret des destinées de Rome, ne connaissent que
par ouï-dire l'ancien recueil. Brùlé dans l'incendie du
Capitole en l'an 83 av. J.-C.', il avait été rétabli, sur
l'initiative du Sénat, par une commission spéciale qui avait
cherché les textes aux sources, à Erythrée, à Samos, à
Troie, en Afrique même et en Sicile, ainsi que dans les
colonies grecques d'Italie'". Dans quelle mesure cette
nouvelle rédaction reproduisait-elle l'ancienne, il est
diflicile de le savoir; Varron, qui n'a pu connaître la pre-
mière, considérait la seconde comme une reproduction
1 Vair. ap. Scrv. a.l .Un. VI, 3i; ; ilivl. 321 et 72; L.icl. 1. 0, H et U; Dion.
liai. IV, U2, 7: Cic. Mrin. I, |s, 3i; Solini. Il, 70, clc. Virgile el les poOUs
après lui licmiiiil pour Cunif^ : liyl. IV, ij Prop. I, I, 49; l.ucau. V, 1S3 ;
T. l.iv. Il, 2), (i; Slal. SU,: V, 3, I.S2: Val. Flacc. 1,5; Ov. Fast. IV, l.W,
VI. 2111. — 2 II. Uiils, Oj,. cil. p. S(l, cil.; IMiisluire ilu vol iloraok-s par Cleo-
mine, cllen lloro I. V. U". — 3 Diels, loc. cil,; cf. Klauseu, (l,i. cil. p. 3li7
«laprès 0. Mucllcr, florier, 1, p. 322. — l l'aus. X, 12, s. _ 5 Dion. liai. 1, (in ; cf.
KlauscD, Op. cil. p. 140; Diols, p. 91 rappelle aussi rexislcncc l<^gcndairc do la
tuniipie du Clipisl rcvendi(pi6e par viEigl villes dilK'rcntes. — C La première coii-
Mdlalion lii-lori.picmeul couslaléc csl do i!i2 av. J.-C., T. l.iv. III ; 10, 7 : W,ri ,,n-
diiiiiivirus sacroruii: aditi. — ^ Duuuviici, p. iîO si). — » Diels, Op. cil. p. 7;> ;
cf. T. l.iv. XXV, 12. 10 el 12, 13; Varr. linrj. lut. VU, SS; Cic. Leg. Il, !>, 21; cf.
>.\i-xi i.Aiifs É.ic.i, p. 992, 2; cl le lenlc de loraclc clicz Diels, p. 112, lers lli.
— S Dion. liai. IV, 02, 6; X, 2; ïih. Il, 5, 16; Dio Casb. I.IV, 17; l,acl. 1,0, 13; cf.
.•^cliweglcr, /locm. Ceschiclile, I, p. 801 si|. — m Tac. Ami. VI, 12; Varr. el
l'clieslella ap. I.ael. Inst. I, 0, 11, li; ,lc iru dei, 22, 0; Dion. liai. /.oc. cil.
— 11 Wisso«a. /lelujiun iind KuUu.i dvr JIrrmcr, p. ti;.i. — 12,Siii,l. s. v. el .Serv
lidèle". Mais l'iiigi'niosité avec laquelle le collège des
Quindecimvirs, aidé par les jurisconsultes ofliciels et
orienté par la volonté impériale, opéra plus tard, donne à
penser qu'antérieurement déjà les interprèles des livres
Sibyllins ne se gênaient pas pour y introduire, sous la
pression des événements et l'inlhience des pouvoirs
publics, des prescriptions el des idées auxquelles l'inspi-
ration Sibylline était étrangère''-. L'ambassade chart^ée
delareconstitiitiou des oracles estconlemporaine, à quel-
ques années près, du témoignage d'Alexandre Polyhistor
ijui vint à Rome vers cette époque comme prisonnier
de guerre et qui signale, parmi les oracles circulant
alors, des traces de traditions juives et babyloniennes,
comme la construction de la tour de Babel et la confusion
des langues. Cependant, ces oracles ne figuraient pas
dans le recueil officiellement adopté après l'an 7G ; il est
établi que juscju'à Pausanias, c'est-à-dire jusqu'à la fin
du !'■'■ siècle de l'ère chrétienne, les livres Sibyllins, soit
ceux qui étaient conservés au Capitole, soit ceux qui sous
Auguste émigrèrentau temple d'Apollon Palatin, ue ren-
fermaient rien qui ne fût purement païen". Pour le
surplus, il est impossible de décider si le premier recueil
détruit dans l'incendie vint à Rome de dîmes ou, par les
ports d'Étrurie, <Jes centres ioniens de la divination
Sibylline.
A Rome, la question des Livres Sibyllins a pour point
de départ la légende de la vieille femme qui vint oll'rir à
Tarquin le Superbe des recueils mystérieux où étaient dé-
jiosésles secrets de la Destinée 'M)n dira plus tard, quand
V Enéide aura consacré la renommée des Sibylles en
général el donné une réalité plastique à celle de Cumes,
que ces prophéties étaient rédigées sur des feuilles de
palmier et même qu'elles étaient sous la forme de cent
discours ou à peu près "'. Servius explique ainsi les cent
portes et avenues par lesquelles passent les paroles de la
Sibylle, avant d'arriver à La caverne où on la consulte.
Bien avant Virgile on disait de ces oracles qu'ils étaient
dépourvus d'art, durs d'expression el de sens énigma-
lique : on leur prêtait une origine qui se perdait dans la
nuit des temps, ce que signifiait aussi le grand âge des
Sibylles '". Ceux qui étaient conservés à Rome étaient
rédigés en grec el, pour aider à leur interprétation, le
Sénat avait adjoint aux Déceinvirs des traducteurs versés
dans cette langue. Lorsque les livres de l'ancienne
collection périrent par l'incendie de l'an 83, c'est dans les
pays grecs, où les Sibylles avaient exercé leur science
divinatoire, qu'on recueillit les éléments de leur resti-
tution ''.
De tous ces faits ressortque si la vénération, d'ailleurs
habilement entretenue par les pouvoirs publics, dont les
ad .Uvi. X, 3S.S ; cf. Klauscn. p. 229, noie 3.S2. V. SiOyll. Carm. III, 33, ir, ; l.,icl.
I, U, 8, qui cile Knnius. — 13 Pans. X,I2, S. — H Dion. Hal. IV, 02; Varr.
ap. Lacl. I, 0, 10 sq. ; Serv. ad .1™. VI, 72; Aul. Gell. I, 19; Dio Cass.
Frmjm. 10, S ; l'iin. Uisl. N. Xlll, S8; l.yd. Mens. IV, U. — l"i Scrv. ad Aat.
III, Ut; VI, 74 (uii l'aulenr invoque le léniuign,ige de V.irrunl. Plus lar.l on en
cilc rédigés sur lin; Cland. IJetl. Ijet. 232; Svniniaeli. Fpisl. IV. 31. Le
palmier n'a jamais dû ligurer que par liasard dans la llorc du golfe do iSaples.
— 16 V. le texte d'Héraclile, Plut. Pyth. or, 6 ; pour des oracles plus récenis,
V. Diels, p. 04: il y a peu de vers grecs aussi difficiles à conq)reinlrc que
ei-ii\ de ces oracles. EwaUl. Cf/nr Fnslvhunti, elc. p. 9, s'exclame sur la
Ijeaulê, la vigueur du langage de certains; ceux-là mémo sont déparés
par des faules grossières ; cf. Volkmanu. De orne. Siljyll. p. 10, et Diels,
Op. cit. p. 57 si|. — " i;g recueil, déposé au Capilole reeonslruil en l'an 70,
coniporlail un millier de vers; tous ceux que nous possédons, soil de lîunie,
soil d'aillunrs (v. Pans. X, 12, ptissitn) sont eu liexainèlres; cf. Tib. Il, 5, 10; pour
le surplus, v. Varr. Ling. lat. VU, 8S ; Zonar. VII, 1 1 ; el Nlebulu-, Itoem.
Gcich. I. n. 1123.
SIB
1297 —
SIB
livrcsdilsSibyllins étaient entouri'S, s'imposait à In fouir,
leur autorilé religieuse, aux yeux des esprits éclairés,
était su.jelle à caution. El l'on voit, en elTel, qu'elle fut plus
d'une fois contestée. La meilleure preuve nous en est
fournie par Cicéron qui, dans son traité delà Dhnnn/ion,
parle des Livres Sibyllins avec un scepticisme voisin du
persidage'. Pour lui, les prophéties et les recomman-
dations, toujours de circonstance, que le Sénat faisait
tirer de ces livres, n'avaient rien de commun avec l'ins-
piration délirante d'une Sibylle ; mais elles étaient l'oHivre
d'un faussaire habile qui s'arranj^eait pour faire paraître
comme prédits des événements déjà arrivés, et cela en
supprimant toute indication précise d'hommes et
d'époques.
Nous savons que les livres étaient, à l'origine, l'objet
d'un secret rigoureux; et la tradition, qui remonte à leurs
débuts, raconte qu'une divulgation fut alors punie de la
peine des parricides'. Mais dans la suite, ce secret n'était
plus qu'un lointain souvenir; quand le collège fut porté
à dix membres (369 av. J.-C.i et que les fonctions en
furenldevenues, par partégale, accessiblesaux plébéiens
et aux patriciens, le secret était chose impossible. Des
oracles primitifs il n'est jamais question, et pour le
surplus, les solennels destins du Peuple romain n'eurent
plus rien de mystérieux pour personne '. On les con-
sultait, non sur ce qui arriverait dans un avenir plus ou
moins éloigné, opération toujours hasardeuse et qui,
répétée, aurait bien vile compromis l'autorité de celte
pratique religieuse, mais sur les remèdes à apporter aux
maux présents, sur les procédés d'expiation et de puri-
fication que réclamaient les fléaux elles prodiges. Et sur-
tout on y cherchait, sous le coup des malheurs publics,
des raisons pour se rassurer et prendre confiance dans
un meilleur avenir^ 11 s'agissait généralement de savoir
à quelles divinités il fallait de préférence avoir recours,
par quelles cérémonies il y avait chance de les apaiser
et d'obtenir leur protection. Ces prescriptions étaient
tirées, par une interprétation laborieuse, du texte
retourné en lous sens des oracles anciens; et alors le
commentaire qui était l'œuvre du collège prenait place à
côté des vieux textes, dans le trésor sacré du Capilole.
Commentaires et textes devenaient, en certains cas, l'objet
d'une formelle divulgation °.
Uègle générale, c'était l'intérêt politique qui, interprété
par le Sénat sous la Hépublique et plus tard à la volonté
de l'Empereur, décidait de l'usage qu'il convenait d'en
faire au regard du peuple '. Au plus fort des troubles di'
l'an Hl av. J.-C, le Sénat ordonna qu'on porterait à la
connaissance des citoyens l'oracle Sibyllin qui recom-
mandait, pour rendre la sécurité à la ville, d'en faire
sortir le dictateur Cinna avec six tribuns du peuple qui y
entretenaient le désordre''. En l'an 54, ce fut un conflit
de politique extérieure qu'on tenta d'apaiser par le même
moyen ; mais cette fois il suscita les protestations et les
plaisanteries des esprits indépendants *. Caton, alors
f Cic. Divin. l\,ii, 110. — 2Dui;M»mi,p. tiT. —3 Textes cbez UiOD Cass. XXXIX,
IS, i:T. I.iv. XXXVllI,43;Cic. Dicin.ll, 5*, 1 U ; cf. DicIs.Op.c.V. p. 15 : Marquardt-
Mommseii, ttandbuch,\\, p. 334; Wissowa, /leligion iinrf /fuHu's, p. 46» sq. — » Sur
tous ces points, v. dans les index les nombreuses mentions failes par Tite-I.ite
depuis l'an 460 av. J.-C. de la consultation des livres Sibyllins: Cic. </^ /.h,;. Il, 3v:
Oivin. II. lli. — ST. Liv. V. l:! : Jlemedia Sibijllina; l'Iul. l'i/lli. or.:i; Dion. Hal.
IV, 6i : X, J. — 6 Plin. Uist. jV. VII, 33, 1 ; XVII, 38, 3. — ' Gran. Licin. p. 83, i.
— » Cic. Fam. I, 4, i; 7,4. Lucau. VIII, 8i4 ; Dio. Cass. XXXIX, 15, 2; cf.
Diels, p. 17 ^.|. — 'JT. I.iv. XXXVlll, 43. — 10 Sali. Cal. 17,47: Cic. ta(. III, 4;
VllI.
tribun du peuple, avait divulgué le texte d'un oracle, évi-
demment obtenu sur commande, qui poussait à la réin-
tégration dans son royaume d'Egypte de Ploléinée Aulélès
chassé par ses sujets. Un fait plus ancien et tout aussi
caractt-rislique est celui de Manlius Vulson s'apprélant à
franchir le Taurus (187 av. J.-C.) et à qui ses lieutenants,
moins ardents, durent rappeler l'oracle Sibyllin qui,
sous peine dune défaite, interdisait aux Romains de
passer cette limite'. Au cours de la conjuration de
Calilina, nous voyons l'oracle au service d'une ambition
particulière qui, d'ailleurs, s'en trouva mal. P. Lentiilus
Sura n'était entré dans le complot que parce que la
Sibylle avait promis ii^ un troisième membre de la gens
Cornclia (les deux premiers avaient été Sylla et Cinna),
la domination sur Kome"'. Enfin nous savons que la
célébration des Jeux Séculaires, sous Auguste, donna
lieu à tout un travail de jurisconsultes et de prêtres, en
collaboration avec l'Empereur et avec le collège des Qtiin-
decemvirs, pour la lixation de la date et du dispositif des
jeux et que les décisions demandées à la Sibylle furent
communiquées au public".
Tous ces faits donnent à l'histoire de la divination
sibylline à Rome un caractère de précision qui fait tota-
lement défaut à celle des centres helléniques d'où elle
était issue. C'est qu'au lieu de reposer sur l'inspiration
d'une personnalité légendaire, livrée à la science indi-
viduelle et toujours contestable, celte divination y est
l'œuvre d'un sacerdoce fortement organisé, placé sous le
contrôle du Sénat, mis en mouvement par lui pour des
cas définis et subordonnés à l'intérêt public '^ Si ce
collège détient le recueil des oracles anciens dont le
mystère fait son prestige devant l'opinion, il s'en sert à
sa guise: il les sollicite en vue d'un résultat prévu, que
la raison d'État a jugé le meilleur; il les interprète à la
lumière des besoins présents et de la politique du Sénal.
Ce n'est donc plus de la divination, ni libre comme celle
des anciennes Sibylles, ni orientée vers l'idéal d'un culte
ou d'un sanctuaire en renom, comme celle des Pythies,
mais une forme supérieure d'influence, exploitée par la
plus haute autorité de la République, sous le nom, tou-
jours respecté parce que mystérieux, de la Sibylle-'.
Lesdocuments qui nous permettent, en quelque sorte,
de prendre sur le fait ces procédés de consultation savam-
ment machinée sont, avec l'oracle relatif aux Jeux Sécu-
laires de l'an 17 et contemporain de ces jeux, les deux
fragments d'oracles, en tout soixante-dix vers, que nous
a conservés Plilégon de Tralles et qui ont été étudiés avec
une érudition aussi judicieuse que solide par Diels dans
ses Sibylllnisdie Blaetter^'. Au point de vue du fond,
ils ont ceci de particulier qu'ils sont d'inspiration pure-
ment païenne, diflérant en celades poésies sibyllines qui
eurent cours dès la fin du i" siècle avant l'ère chrétienne,
où l'on relève des traces de spéculations néoplatoniciennes
de croyances messianiques, en attendant les rêveries
millénaires et bien d'autres. En ce qui concerne la forme,
IV, I, f.. l'Iul. Cic. 17. Eu itav.J
sa dictature en un pouvoir mon:
Sibyllins, que les Romains avai
Divin. Il, 34; Dion Cass. XLlV. I
moment oii Ci^ar songea à Ir-Misformer
:hique. Ion rcpandil le bruit, sur la foi des livres
t besoiu d un roi pour vaincre les l'arllie
Suel. Cms. 73; Plut. Caes. 70. — 'i
; Cic.
i.AKES lUDi, p. 989, i sc(. — 12 four le détail, v. nunaviru, p. 435 sq. — " Cf. Wis-
sowa, 0/1. cil. p. 4«isq.; Marquardt-Moiiioiseu, 0;i. cit. p. 3.ï7, avec les lcilescil*s.
— Il (Jp. cit. le texte «labli et annota, p. 109-Ii4; d'après l'Iilegon, Mirabitia,
cap. X ; cf. Mucller, Fraymenta liistoric. giaec. t. III, p. 019 n. 39 ; cl Emperii
Opuscula,i<iH. Schneide«in, 1847, p. i:)l sq.
1G3
SIB
— 1298 —
SU
on Cdiislak' qm- l;i langue ol la viTsilicalion y sont rudi-s
cl incorrecU-s; les images lieiirlées cl incohérentes, la
pensée obscure jusqu'à en devenir inintelligible '. Il n'y
a pas de fragments de poésie religieuse en langue grecque
qui soient d'interprétation plus laborieuse el qui laissent
plus de détails indécis. Enlin ces soixante-dix versolïrent
cette particularité (ils sont les seuls dans ce cas) d'être
compliqués par l'emploi de l'acrostiche : or Cicéron dans
un passage du de Dirinaliuiie qui a fortement exercé la
sagacité des commentateurs et des traducteurs, signale
précisément, comme une des caractéristiques de la poésie
sibylline, l'emploi de Vacrostir/ic-.
Ce procédé, fort en honneur d.ins la poésie latine de
l'époque carlovingienne et de la scolaslique, ne remonte
pas au delà des débuts de la poésie alexandrine. Les deux
oracles conservés par Phlégon de Tralles el édités par
Diels qui en a ingénieusement restitué les lacunes, ont
réalisé le tour de force d'un acrostiche poursuivi sur des
morceaux entiers, dont l'un compte encore trente vers
intacts et l'autre quarante. Dans ce dernier, en acceptant
la restitution de Diels pour les deux vers qui ont péri,
nous obtenons à l'aide des lettres initiales, un hexamètre
complet el un incomplet dont voici le sens : « (sous toii/es
sortes de formes >}Oiis menace le ma/heur); celui qui
échappe à l'un el qui fier sur son coursier rentre chez lui,
tombera bientôt dans une nouvelle infortune. Mais alors
encore (la Sihi/llc vous indiquera le remède si cous ave:
confiance)' ». Si nous rapprochons ces acrostiches du
témoignage conlroversé de Cicéron sur la forme de la
poésie sibylline, nous dirons avec Diels que ce témoi-
gnage pourrait être plus clair, mais qu'il devient ainsi
suffisamment intelligible : nous constatons, en effet, que
l'initiale de chaque vers forme le cadre de la consultation
entière el qu'il y a là un moyen de garantir le texte tout
entier contre les tentatives d'altération '.
Le même auteur a démontré que ces deux oracles ont
dû être composés (le préambule dont les a accompagnés
Phlégon de Tralles nous l'apprend d'ailleurs) à l'occasion
d'un prodige (naissance d'un hermaphrodite) qui en
l'an :207, c'est-à-dire dans la période où les désastres de
la seconde guerre Punique avaient attiré sur Home
n comme une ('■pidi-mie de superstition'' » ; qu'ils ont dû
être rédigés par les interprèles hellénisants qui faisaient
régulièrement partie du collège des Decemvirs et qu'enfin
ces morceaux, dans leur expression littéraire, par l'emploi
des formules graves el ampoulées, présentent tous les
caractères que les auteurs anciens ont relevés dans la
poésie sibylline. Ils concordent, d'autre part, avec les
nombreux passages où Tite-Live, historien des guerres
Puniques, raconte, d'après les sources officielles, les pro-
diges survenus, les cérémonies expiatoires et les conju-
rations prescrites parles livres Sibyllins. Ces oracles nés
Jbid. p. 64 sq. Diels rappelle arec raison l'oiiscurilé emphatique des rragiiienUde
Harininide el d'Iléraelile. — 2 Dion. liai. IV, 6i, 6, d'après Varr. tterum DMnariim ;
Cic. Dioin. Il, 5*, I H S'|. — ' Nous savons i|n'Knnins s'en esl servi pour niellrc son
nom en vedclte, |iar les leUres initiales de vers successirs. Cic. loc. cit : ul in qui-
bmdam linnianis u. esmls fi!.:it. Le passage qui suit a «tf l'ol'jel de nomhrcuses con-
troverses el naturellement d'interprétations erronées ; d'abord de la part de Klausen,
p. 255; pour le d(>tail Irèsépineui. v. Diels, p. ÏG sq. ; pour l'histoire du procédé de
Yacroitiche, p. 3^ S4|. L'auleur de V llian /Mtina forma a\ec les lettres initiales de ses
huit premiers vers le coi/nomen il'ltalkus qui esl le sien; v. Kr. l'Iessis, //a/ici/ZiiK
ÎMtina. p. 5 si|. — ' Les parlies entre parenthèses traduisent la restitution de Diels,
V. p. 28 sq. — '' l"our le» altérations de ce genre, cf. Ilerod. VII.Bct l.ohcck, Aj/no-
pliamut. p. 33t. —6 V. Polyb. ill, 1 12, C ; cf. Diels, p. «3 ; cesl h partir de l'an 249
av. J.-C. dale oii l'on fixe la première célébration des Jeux Séculaires, que la liste des
prodiges donnant occasion à la consultation des livres Sibyllins, fut affichée in alho
en l'année 125 av. J.-C, marquée par les événements les
plus funestes el les signes les plus terrifiants (elle est
celle des tentatives faites par les Gracques contre l'ordre
public), ont reçu une application nouvelle de la part des
Decemvirs, qui les accommodèrent aux malheurs pré-
sents". L'un et l'autre renferment des détails qui ne
pouvaient être [exploités que par un auteur pénélré des
idées religieuses de Rome et qui, tout en les rédigeant
dans la langue grecque, a dii penser en Hoinain. .\insi la
prière à Perséphone que l'on supplie de ne pas quitter
son peupledevant lamenaced'une guerre, esl uneallusion
transparente à la pratique romaine de Vevocatio'' . Ainsi
également la recommandation d'accomplir les cérémo-
nies : à/aï(7T';, rilu graeco, serait absurde dans la
bouche d'un compatriote des Sibylles d'Ionie*. On peut
voir chez Diels que cet auteur d'oratdes, travaillant au
nom et sous la suggestion du collège tout entier, connais-
sait mieux la différence des deux rites grec et romain
que les finesses de la langue et de la versification grecque.
Convient-il d'accepter la conjecture qui, choisissant entre
trois membres connus du collège, Papirius Manso, Cor-
nélius Lentuliis et Cornélius Kufus Sibylla, se décide
finalement à ne rlésigner ni l'un ni l'autre, mais cite
comme auteur probable Fabius Piclor l'annaliste qui, à
cause de son savoir, fut après le désastre de Cannes
envoyé à Delphes consulter l'oracle de la Pythie el qui,
pour celle même raison, devait sembler tout désigne
pour rédiger à Rome celui que réclamaient des circon-
stances critiques "'.' Il me parait plus plausible d'en faire
honneur à ce Cornélius Rufus qui aurait reçu à cette
occasion le cognomen significatif de Sibylla.
Quel qu'en ait été d'ailleurs l'auteur, ces oracles,
rapprochés de celui qui prélude aux ,leux Séculaires de
l'an 17 et qui prêle à des observations analogues, sous la
réserve qu'il ne s'est pas astreint à l'acrostiche, portent
nettement le caractère du milieu et du temps où ils ont
été composés. S'ils reproduisent, dans une certaine
mesure, la forme sans charme, sans apprêt et sans
fard, qui d'après Heraclite était celle des anciennes
Sibylles, ils ont reçu l'empreinte des croyances romaines;
ils s'inspirent de préoccupations politiques el sociales
qui réclament des remèdes exceptionnels. Finalement,
ils démontrent que la divination confiée au collège des
Decemvirs opère peut-être suivant des procédés que nous
ignorons, sur des textes transmis, mais que le plus
souvent ces textes sont fabriqués, sous la pression des
circonstances, d'après les indications pieuses données
par le Sénat.
On voit, par tout ce qui s'est passé à Rome depuis l'in-
troduction des livres Sibyllins, avec quelle facilité les
oracles se prêtaient à des altérations et à des interpo-
lations de toute sorte. Mais ce n'est pas seulement entre
par les soins du premier IJi-and Pontife d'origine plébéienne, T. Coruncanius
(Periocli. 18). La seconde guerre punique marque le point culminant de celle recru-
descence de religiosité maladive; cf. T. Li>. .\XIV. 10. 10: X.WII. 11. 4; 37,5;
38 s(|. V. pour la même année 217 la procession en l'honneur de Juno Itef/ina avec
le chœur des 2" jeunes filles; iftid. XXVII, 37, 12; 23, 4 el Feslus, p. 333 sq. ; deux
ans plus lard, l'iutroducliou de la .Mmjna Mater venue de Plirjgie: T. Liv. XXIX,
10. i. — "' Diels. p. lot sq. et le vers 28 de l'oracle oii est exprimé un vœu con-
cernant les Grecs, par la plume d'un Romain se servant de leur langue. Or. (chez
Cblegon), v. 9 et 35 : 'ly.».,-. S'EXi(|vi»Ti i:t»i:« TiU^; -i ««i «ùt,;, ibij. 14 et 75; cf.
supr. Pour la vulgarisation de celte langue chez les membres de l'aristocratie ro-
maine. V. Plut. Mure, lel l'exemplede Scipion le l" Africain. — 8 plut. C. Grncch.
3 ; Val. Max. IV, 5, 1 ; App. 1,34; Jul. Obs. 27, p. 1 19. Phleg. Mil: 10 ; cf. Diels,
p. 5 sq. ; p. 17, 20. — 9 Diels, p. 104; pour les interprètes grecs adjoints an
collige, V. Dion. liai. IV. 62, 5.
SIB
— 1299 —
SIB
les mains d'un sacerdoce régulier qu'ils tétaient ainsi
grossis ou modifiés au gré des circonstances ; on peut
même dire que c'est à Rome que ces abus étaient le
moins sensibles et que l'esprit de l'institution des Décem-
virs était de se servir des oracles, ainsi que le dira
Cicéi'on : ad deponendas poliiis quam ad sttsci-
picndaK re/igioiies'. Il en était tout autrement dans le
monde iielli-nique; la divination Sibylline y était rede-
vable de son succès à son indépendance vis-à-vis de la
divination et des cultes réguliers. En rapport avec la
religion d'Apollon, mais livrée, en vertu de ses origines,
à l'arbitraire des prédictions individuelles, elle devenait
la grande ressource de tous les novateurs en matière
religieuse; et comme ses premières manifestations
étaient aussi clairsemées que dépourvues de dogmatisme,
elles s'ouvrirent d'elles-mêmes aux additions et aux
déformations les plus imprévues. De là toute une litté-
rature religieuse qui s'élabora à partir du ii'' siècle- avant
notre ère, reçut une impulsion puis.sante du conflit des
systèmes philosophiques et des croyances monothéistes au
déclin du paganisme, et finitpar constituer, toujours sous
le nom de livres Sibyllins, un instrument de prosélytisme
et de polémique contre le paganisme vieillis.sanl\ Il y
eut alors, comme nous l'avons montré plus haut, des
Sibylles chaldéenne et babylonienne qui furent confis-
quées et annihilées par la Sibylle Judaïque; et celle-ci
aboutit à une Sibylle chrétienne, chacune pour sa part,
selon l'esprit de la religion dont elle était l'interprète,
rendant des oracles qui furent exploités, jusqu'à l'aurore
du moyen âge, pour le triomphe des croyances rivales \
Dans ce fatras, où les recherches de l'érudition moderne
n'ont pas réussi encore à faire la lumière, les interpo-
lations et les altérations successives sont d'autant plus
difficiles à saisir qu'elles ont été le plus souvent pra-
tiquées de bonne foi ; les prédictions mêmes, faites
après l'événement et à coup sûr, donnent à certaines
parties une apparence d'autorité qui fit illusion aux
premiers lecteurs. Comme l'a justement remarqué
KlauseaS il ne saurait même être question de les traiter
de supercheries, leurs auteurs étant eux-mêmes les
victimes d'une illusion naïve et inconsciente. Il nous
suffira de mentionner sommairement ces recueils qui
sans doute ne livreront jamais le secret de leurs origines
diverses, à peine celui de leur influence sur l'opinion.
Ils furent en honneur parmi les apologètes et les Pères
des Églises d'Orient et d'Occident, jusqu'au temps où
le christianisme eut réduit au silence la sagesse païenne.
Composés en grec, ils renferment des parties qui re-
montent à l'an 170 av. J.-C, et les plus récentes sont de
l'époque de Laclance, du v'" siècle ''. Il est impossible de
IT. I.iv. XXV, i. ls,|.; MacroL. 1, 17, :!:. l'oiir If rôle liu Fabius Piclor, cf. T. Liv.
X.VII, 57el XXlll, 11: (.oui- Cornélius Uufus, rt/i/. XXVII, f.i. — i' CiC. Onin. Il,
54, lli. — 3C. Alciaildre, .Siti///. l'iacf. XXX; Evcuisus IV : de Siùi/llinis apud
Cf'.ristianos carminiljtts, p. 'l^i si|. ; cf. BoucIir-Li-cleiTH, 11, p. 194 sq. — * l)"ajirùs
Ëwalti, Op. cit. p. 43 s<|., les plus anciens lexles remouleraieul à 1:!4 av. J.-C. ;
les plus récents scraienl de l"épo(jue Byzantine, Gtjs à 67^ ap. J.-C. 11 n'y a Jamais eu
pendant ce temps do rédaction oriicielle. auLlienli<|ue; cf. Lobeck, Aijlaopitamus.
p. 33V. — ^ beruliardy, Gritndriss, etc. Il, 1, p. 4i0 st|., (|ui donne une analyse assez
étendue et une appréciation Judicieuse de toute cette littérature, avec la bibliographie
des travaui ((u'elle a provoqués. — li Op. cit. p. •lié. — ^ l.e déclin commence a\ec
l'extinclion de la race prétendue des Aeuaedes dont le dernier est .Nêroa; les
Sibylles parlent de son retour du lointain Orient ; Tac. i/ist. 1, i ; 11, 8; Suet
Mer. 57; Din. Cass. LXIV, 9; Aug. Cil). D. XX, 19, î. V. cliez Klausen, p. 291, les
traces de Tiidluence Sibylline sur les historiens de {'histoire Auguste, note 413,
notannnent sur Dion. Cassius. — » V. Bcrnliardy, Op. cit. 11, 1,-p. 44^ ; Bouclié-
Leclercq, 11, ej'.'sq, — 'J De tous les écrivains convertis au Christianisme, Laclance
conjecturer dans quelle mesure ce qui est arrivé jusqu'à
nous correspond à la réalité des temps oii le mélange
incohérent en a été composé, et par quelles phases il a
évoluéavanlde revétirla formeoù nous le voyons aujour-
d'hui''. Une chose est certaine, c'est que ces livres Siliyl-
lins ne s'adressaient pas aux païens et qu'ils n'avaientpas
pourauleurs des païens; l'intelligence, à plus forte raison
le goût de la tradition païenne, y fait défaut. Si Lactance
les traite encore avec respect *, en les faisant servir à la
défense de la religion révélée, saint Ambroise et saint
Augustin, qui le suivent à un demi-siècle de distance,
font bon marché de leur autorité ; et même le dernier
admet que les prophéties Sibyllines qui font allusion à la
naissance du Christ ont été fabriquées par des chrétiens'.
Il en avait été tout autrement dans l'Église d'Orient où
saint Justin, Clément d'Alexandrie, Alhénagore, Théo-
phile s'en étaient servis de confiance dans leurs polé-
miques avec les païens; Origène seul et saint Irénée
s'étaient montrés sceptiques '». Le discours prononcé par
l'empereur Constantin au Concile de Nicée pour la défi-
nition du dogme de la Trinité, discours dont Eusèbe,
qui le rapporte dans son histoire, fut sans doute l'auteur,
en appelle à l'autorité de la Sibylle d'Erythrée, à la
/}'•' Églofjue de Virgile, toute pénétrée de l'esprit mes-
sianique, et au témoignage de Cicéron sur les Sibylles
en général, pour persuader à l'auditoire que la naissance
du Christ figurait dans leurs prophéties et que seuls
les incrédules pouvaient dire de ces prédictions ou
qu'elles avaient été arrangées après coup, ou tiu'elles
avaient un autre sens ". Combien plus avisé avait été le
poète Prudence qui célèbre la défaveur, dont l'esprit nou-
veau frappait la sagesse sibylline, avec un emportement
lyrique rappelant pour le ton celui d'IIéraclile ''-. » Il
n'y a plus de fanatique qui, hors d'haleine el l'écume
aux lèvres, déroule les destinées à l'aide des livres
Sibyllins ; et Cumes pleure la fin de ses oracles " ■>. Nous
touchons au temps où les derniers écrivains païens vont
exhaler leurs doléances sur la destruction officielle par
le Consul Slilicon des oracles conservés à Rome, en
assimilant ce crime au meurtre d'Agrippine par son fils
Néron: « Quand il a aboli ces gages donnés par le destin
à la durée éternelle de l'Empire, Stilicon a frappé la mère
du monde; Néron n'avait assassiné que la sienne. »
V. Représk.ntatiûns figlrées. — Nous avons signalé,
au cours de cette étude, quelques monnaies originaires
d'Asie-Mineure et de Cumes que l'on peut considérer
comme frappées à l'effigie de la Sibylle. Leur intérêt est
dépassé de beaucoup par celui d'une monnaie au nom de
Lucius Manlius Torquatus, triumvir monétain' vers
l'an 54 av. J.-C. ". Elles représentent au droit une tête
est celui qui lire le plus parti lU-s oracles Sibyllins contre les païcus; v. Pichou,
Lactance, Paris, 1901 ; p. lit), lis, ao9, 211. Il compose sa démonsiralion histo-
rique de la divinité du Christ à laide des Sibyllins autant presque que de l'Écriture
Sainte ; son origine africaine semble lavoir prédisjiosé aui prophéties âpres cl
lu-'ubres et les images des Sibyllnis haulenl pcrpétciellemenl sa pensée. — >'> Aug.
Cil). D. XV11I,47 sq.; ado. Faust. XV, 13 où sou point de vue est uetlenieut délini
par cette antithèse : valet quidem aliquid ad paijaitorum vamtatem remiicendam,
iioH tamen ad istonim auctnritalem ampleclendam. — " C. Alexandre, Sil/i/lt.
Pracf. XXX; Ëxcursus IV. p. Î4i sq.; Bouché-Lcclercq, 11, p. il3sq. — '2 lîuscb.
Vil. Constant. — " Prudent, adu. Jud. V, lîo. Cf. Gels. ap. Orig. Cuntr. Cels.
VU, 30S. — " Rutil. Nura. Itin. 11. 'j\. Les derniers témoignages chez Claud. Bell.
Ge't.in; Symmach. Ep. IV, 31. Rutilius, un des rares païens qui osent plaider
encore pour le paganisme u damne Stilicon comme un moine du moyen àije damne-
rait tes Sarra:ins bnUanl f Evangile - : Ampère, Hist. litter. de la France,
ch. XXII. Pour les discussions dout les vers de Rutilius ont été lobjel, v. Vessc-
reau. Rutilius Xumatianus, Paris, 19UI, p. 30« sq.
SIC
— 1300
Sic
de fommp ;i l'expression grave, dans un cadre forme de
deux {guirlandes de laurier; l'exergue porte le nom de la
Sibylle; au revers ligure un trépied encadré de deux
étoiles ra])pelanl, l'un le
culte d'Apollon, les autres
l'astre qui conduisit Énéc
de la Troade vers l'Hespé-
rie (tig. ()3!I4) '. En fait,
celle monnaie, frappée
Fig. 6394. — i.a sii.viii'. daus Une période oi^i la
divination sibylline esl
à Rome plus populaire que jamais, est le seul monu-
ment ancien qui nous apporte avec certitude une repré-
sentation de la Sibylle. Rome, cependant, en connaissait
d'autres ; nous trouvons en effet, chez Pline l'Ancien-,
la mention de trois statues élevées près de la tribune
aux harangues sur le forum et représentant la Sibylle;
elles auraient été placées l'une par S. Pacuvius Talurus,
édile, les deux autres par M. Messala. Pline, qui ne
les a certainement connues que par la tradition, les
considère, avec celle de l'augure Attus Navius, comme
les plus anciennes qui existent et il semble les faire
remonter, sinon à l'époque des rois, du moins aux pre-
miers temps de la République. Elles n'ont certainement
rien decommun avec deux statues en marbre dénommées
Sibylles dans les collections où elles figurent, sans que
nileurattiliide, ni leursattributs autorisent à leur donner
ce nom K Une figure signalée par Robert sur des fresques
de Pompéi'etqui, pourl'une au moins, parait couronnée
de laurier, correspondrait davantage à l'idée que nous
nous faisons de la Sibylle. J.-Â. Hun.
SICA (S'za)'. — Comme la copis des Scythes et des
Perses-, comme la /lorpe que les gens de Lycie ainsi que
' Colieil, Hédailles consul. Manlia, pi. \\\i, u" 6 ; Babelon, Mon. de la il,-pH-
bliquerom. M, 17»; cf. Eckhel, /loctr. iYu,i>. V. m el Klaiisen, 1, lab. I, n° U.
(= noire fig. 11391). La couronne de laurier qui encadre la Me signifie que la Sibylle
n'est pas conçue comme suppliante (•.iT.;|, mais comme inspirf'c par le dieu
(«ito/c; i. loà tinx!). On peut rapprocher les étoiles du llambcau qui figure sur la
nioQDaie; citée plus haut, d'Erythrée. Il y a un second lype où la suirlande neiiste
pas (Babelon, p. 180, n" 12). Servius, Aen. III, 332 cite comme emblème de
la Sibylle, parce qu'il l'est d'Apollon, le dauphin ; les /Juindecinnii-i S. K. eu
portaient une image à la ronde ataut la consultation des livres. — s Plin. JJisI,
liai. XXXIV, 5, 22. Pline les tient toutes les trois pour la représcnlation de la
même Sibylle : v. d'autres inlnrinélalions chez Bouché-I.eclcrcq, II, p. 166.
Elles ne sont pas antérieures à tOI av. J.-C. — 3 perrier, Icoim et _Se,,mmta,
etc. Home, 1638, pi. i.xxviu; cf. Clarac, 1940 A; Mm. de sntlpt. Mus. BorLon.
n" *23; Clarac, 1940 (marbre grec) ; les deux ch« S. Reinach, Mperlolre, I,
p. +35, 0; p. 400, 3.-4 Hermès, XXII, 454; Helbig, Wandrjemùlde, n. 1381
et 1391 II; Kaoul liochetle. Choix de peintures, 2.",: Arch. Zeitun,. 1848, pi. xvi ;
Gellel Gandy, fompeia, pi. xii: liiorn. de Scari di Pomp. N. 3. Il, pi. xi. — Bi-
Biio.;iiAl-uiF.. Ch. Alexandre, Oracula Sibyllina, 2- édit. Paris. 1869; Excursiis
ad fiibi/ltinvs librus , Id. 1836, avec le Catuloijns ÙibliogrnjMne Sibyllinae et
un Supplément dans l'édition de 1869; Bernliardy, Grmdriss der yriech.
Lilteratur, II- partie, 1 (3« édil.) p. 447 sq. avec une analyse développée des
XIV livres des Oracles et une revue à peu prés complèle des ouvrages publiés
sur les Sibylles depuis les débuts du xvn" siècle (p. 447 sq.) ; Bloch, art. iiolmviui,
I. Il, 2; iiouché-Leclercq. IJisloire de la Diiiinatian, Paris, 1879-1882,
I. Il, 133sq. ;t. IV, 280 sq. el p.issim ; niviNATiu. article du même, ci-dessus,
II, p. 313 sq. : Badt, De oraciilis Sib. a Judneis comjmsitii. Pars. I, Breslau, 1869.
Ursprung, Inlialt und Terl des I Vien lluchs der Sibylt. Orakel. ib. I87s!
Bigonzo, le Sibille e i libri Sibillini di Jtoma, fjeuéve, 1877 ; Delaunavi
Moines et Sibylles dans lanlii/uilé Judéo-yrecque. 2< édit. Paris, 1874, p. 123 sq. !
Oiels, <iibyllini,cl,e lltutlter, Berlin, l«90; E«ald, Knlstchuny. Jnlialt und
Werlh der Sihyll. Hjecher. (dans les mémoires de la'.Société pour les sciences de
(;..:ttingue). 1860, p. 43 s.,.; Krérel, Iliuvres. t. XVII, p. I9i, et Mémoires de
l Académie des Inscriptions ; 1-rie.llieb, de Codicibus Sibyllinorum,Qlc, Breslau.
Dissert. 1847, et Oracula A'%«i«a (réceusion nouvelle). Leipzig, 1832; Callaeus
Servius, lli^pulationes de Sibyllis avec l'édition de trois livres de Pseudosibyllma.
Anisteidam, 1688; HeiAebreede, de Sibyllis, Oisstriatin, Beilin, 18.35; Klausen
Aeneas und die Penalen, Hambourg et (iotlia. 1839, p. 2113-31 1; Marquardt-
.Mommsen, lloemische Slaatsrerualtunij, t. III, 2' édit. p. 350 S([. ; Scliwegler,
hoemische Urscbiclile, p. 312 sc|.; 801 S(|. ; Voleman, He Oraculis Sibyllini's
ceux du Pont prétendaient tenir de leur héros Persée'
comme les drépana desCariens', Xixsica thraco-illyrienne
esl un dérivé du couperet ou de la faucille. L'idée d'un
instrument de cette forme a pu être fournie par certains
éclats de pierre naturels, mais surtout par de grands os
convexes et tranchants et par les mâchoires d'animaux
dont les dents font de si puissants couperets. Dans les
grolles de Ligurie on tro'uve longtemps en usage des
ciihiti de cerf ou de bœuf apoinlés qu'on manie par
l'olécràne ou par l'apophyse supé^ieu^e^ Un autre pro-
totype de la sica, resté en usage au IV'' millénaire en
Clialdée, parait avoir été une sorte de bàlon de jet
ou boutnerang, garni, sur sa courbure interne, d'éclats
de silex ou d'obsidienne : le souvenir en aurait survécu
dans la harpe aux dents aiguës du Kronos hellénique '.
C'est seulement en Egypte ' et au sud de l'Algérie *
que la taille du silex atteint une assez grande per-
fection pour qu'on puisse découper des coutelas en
pierre qui atteignent jusqu'à 0'°,40 de long. Imités
plus tard en bronze, ces coutelas sont restés l'attribut
du grand dieu libyen Amon ^ el l'arme favorite des
soldats des Pharaons, Libyens ou Nubiens la plupart'".
Parmi leurs adversaires, les Hittites ", puis les Assy-
riens '^ en Asie, les Tursha '^ au nombre des Peuples de la
mer, portent également le glaive falciforme. Lorsque
les Achéens, puis les Doriens s'établissent en Grèce, ils
semblent avoir dû leurs succès à la supériorité de leurs
rapières sur les glaives recourbés tels que ceux que por-
taient dès lors les Thraces'*. Comme le g/ai/ius à double
tranchantqueles Romains auraient emprunté àl'Espagne
contribua de même à leur triomphe, le glaive recourbé
a passé dans l'antiquité classique pour un caractère
distinctif des civilisations moins avancées: Étrusques '°
Leipzig, IS53; cl Pblloloijiis, 1. XV, p. 318 ; Wissowa, rteliyioii und Kultus der
lloemer, p. 463 s.|.
SICA. ( Isid. <irig. 18, 6, 8 : aicaa secundo. Le mot est d'origine indo-européenne
el se rapporte à la racine sec, sac ou sic (sectionner, traucheri comme securis,
sucespita (pour sece-caespes, cf. Fay, Clussical Quaterltj, 1907, 21), secare, sici-
lire, sacena. et peut-être sayitta et siyyna. C'est à tort, sans doute, qu'on a rap-
proché sicanl de jica. cf. iModestov, Intrud. à lllist. romaine, 1907, p. 133; C. de
Satictis, Storia dei liomani, I, 1907, p. 100. D'après le texte de Marins Victorinns,
1. 4, fi ; stcam, quae secet }itr c el i scribenda, al si... fstula per i, on apprend (jue
la forme primitive était seica comme celle de pilum était peiluni. — 2 Voir
COPIS, AcisAcEs et PAiiAzoMLM. — 3 VoiT HAHPF.. Ajoulcz pour la l.vdic, Bcundocf.
Gjnl-Uusehi, u. p. 3 : pour la Pisidie, Brdish Muséum, Coins of Pis. f. 110 el IIS;
pour le HonI, Cumoiit, lier. arch. 1903, I, 189. — 4 llerodol. VII, 93. Savignoui
( Monum. ant. 1904, 50) a groupé beaucoup de documents relatifs aux glaives courbes
des peuples de l'Asie-.Mincure. — ■■ Issel, Liyuria pr^^istorica. II, 20 ; Uull. Paleln.
XV. 186 ; XVI, 98. — fi Hes. Theog. 179 ; cf. Heuzey, C.-r. de VAcnd. d. Inscr. 1908,
p. 419. Les dents sont en obsidienne à Mélos, cf. Bosanquet, Phylnkopi, p. 221;
f'errol. Histoire de l'Art, VI, 149; Blinkenberg, Mém. socantiq. du Nord, 1901,
p. 181. — 7 Cf. J. de Morgan, nech. sur les origines de l Egypte, I, p. 111, 11,
|i. 101 ; J. Caparl, Les débuts de lArt en Egypte, p. 67. - 8 p. pallary, Z.'Xn//ira-
pologie, 1907, p. 117. Sur les gravures rupcslres, les guerriers ornés de \a petté
porlenl le sabre, Uull. Comité Irai: Hist. 1899, 13S. — 9 C'esl ce qui a permis
l'identilication d'Amon avec Persée. — '0 Maspcro. Hist. une. des peuples de l'Orient,
I. p. 489; Wilkinson-Birch, Maunns and customs of thc Egyptians. 1. p. 200,
222. — Il Maspero, Op. cit. III. 528; Pcrrot el Chipiez, Hist. de l'Art, III, lig. 319
et 339. — li .Maspcro. Op. cit. 11. 607 ; III, 7 ; l'crrot, II, p. 537 ; lier. arch. 1883.
II, pi. XX. — 13 Wilkinson-Birch, Op. cit. I, p. 189. — 14 C'est sans doule une sica
<iue le çâiT^uvov 'uoyjo'.T.'Aov va'k'iv 6^r,tx'.ov i|u'Acliille enlève au chef des Péoniens
{II. XXIII, 808). l'oiir la |iii/ai(i>, conlelas que les Achéens portent avec la grande
épée, voir les .irt. machakha cl pvimo. C'est sans doule le nom qui convient à
l'arme que tient le fantassin sur la stèle de la tombe V de l'Acropole de Mycèues
(l'errol, VI, 359). — 1-1 Les guerriers étrusques en porlenl à leur ceinture
cf. Marlha, l'Art Étrusque, p. 235 (stèle de Vollerra); Milani, Monum. iuedili,
pi. ix: (stèle de Pomarance) .Monumenli, IV, pi. xxxu (sarcophage de l'érouse);
S. Keinach, Répertoire de la Statuaire. III, 58, 2 (slatnelle de Sorrente). Elle
ressemble plus à la harpe sur des monnaies, Oarrucci, pi. xxxvi, i.xvi, 18-9. On
trou\e des sicae en bronze dans les tombes d'Ksle, A'otizie, 1907, 179; en fera
Télanion, Milani, Sludi e Malerinli, I, p. 136 : à'Ianpiinies, Motizie, 1907, 67. En
iloiiiiaiil la sicu aux Osques, Vugilo (VII, 730) pense sans doule aux Étrusi|ues.
SIC — 1301 —
et Ligures' t>n llalie, Germains -. Daces cl Sarmales"
au delà du Rhin el du Danube, monUgnards du Taurus,
de l'Iran et du Pont en Asie-Mineure, surtout les peu-
plades lliraces et illyriennes des BalUans qui passaient
pour l'avoir inventé'.
Les écrivains grecs qui avaient à en l'aire mention le
désignaient sous les noms de macliaira ou de co/j/.s qu'ils
donnaient à toute lame plus ou moins recourbée. C'est
seulement à l'époque hellénistique que, choisis à cause
de leur férocité naturelle comme exécuteurs des hautes
onivres royales % les Thraces commencèrent à être
connus par la aica. Elle est mise entre les mains de
fantassins illyriens par un vers d'Ennius qui se rapporte
sans doute à la guerre istrique de 178'' : un des cava-
liers thraces d'Aristonikos coupe, en 130, d'un coup de
sira, la tète du consul Crassus'.
Bien que Plante emploie déjà un diminutif de sica,
sicilicula^, pour désigner un petit coutelas de cuisine,
il semble que le terme de sica n'ait d'abord désigné à
Home que l'arme des Illyriens. Les pirates de cette nation
infestaient les côtes de l'Adriatique ; on comprend que
sicarii ait fini par êlre pris au sens général de ban-
dits, de coupe-jarrets. Sicarius signillait déjà un assas-
sin en 81, quand fut édictée la lex Cornelia de sicariis''.
A la même époque, Cicéron, pour désigner des meur-
triers et des spadassins, parle de homines sicarii et ç/la-
diatores'" ; il emploie même sica tout court dans le même
sens". C'est seulement après lui que la signification de
sicarius acheva de se spécialiser. D'une part, ce terme
s'appliqua aux meurtriers de profession ou à ceux <|u'on
voulut leur assimiler pour les discréditer '- ; d'autre part,
il désigna la catégorie de gladiateurs plus ordinairement
appelés Tlireces. Ils avaient gardé l'armement des Thra-
ces réduits à la condition de gladiateurs qui sont men-
tionnés comme tels, pour la première fois, lors de la
révolte du Thrace Sparlacus'^.
I La Lisiiric fouriiissanl des coiil.las .lés l'.i!;.: ili' la pierro, cesl à ilcs l.igm-cs
que j "atlribuerais ceux ({ni sont figurés avec des bipennes, des pellfs et des
fli>clies sur lare de .Narbonne (Espèi-andieii, /ias-reliefs de la Uiiule, 1, 088, 711)
et c'est aussi aux Ligures i|u'il faudrait attribuer le court sabre espagnol dont
les spécim«ns les plus célèbres ont été tiouvôs à Almenidilla (M. Paris, Essai
sur l'ICspai/ne piiiuilive, II, p. 279 el Archires ihs Missions, tOÛC, pi. iiv).
Dans les Lombes gauloises de l'Italie du Nord, ou trouve des coutelas lanlùt
avec la poinle seule recourbée à la farou de la Imrijê [Nolizie, ItlOs, 10), tantôt
avec la lame entière plus ou moins convexe (Monlelins, Civilis. primitive, I,
03, 10 et 13; Bull. Paktn. 1880, Ï31 ; Nolizie, 190.7, 308; 1908, 12). Lorsque,
au lieu d'un montant qu'on saisit à pleine poignée, le manche se termine par un
anneau Œidl. l'akln. 1891, pi. vui, 0: Uull. monumenlal, 1873, p. iSi,) on se
trouve sans doute en présence du machairion miltron que les Gaulois portaient
à coté de leur rapière (l'osidonios, Fr. Hist. Gr. III, p. 200, 23). —'2 Voir un
des reliers représentant dos cavaliers romains foulant aux pieds des tieruiains.
Lindcuscl.mit, AUerthùmer I, 11, 6, i{= HanMuch, fig. 274 et C. /. /.. XII,
7083), l'enseigne d'argent de .Ncuwied [Allerth. I, 7, 5, 1 ; C. I. L. XIII, 7765) où
le coutelas figure parmi îles tropliées germaniques comme sur la Colonne Autonine
(Feterscu. Markiissaitle, pi. r.xiv-v). —■' Coutelas devant la IJacie personnifiée sur
les monnaies de Trajau iCulien, Trajaii. n. 118), ilans les mains des Daces de la
Colonne (Frœhner, pi. xcil et sur une .lpdic;ice d'une poliortc dace à birdos»ald
(tiruce, Handliook oflhe Roman Wall, l<)07,p. 199i. Voir aussi le coutelas repro-
duit par Tocilescu, Dacia, pi. iv, 18. Ce sont plutôt des Sarniatcs que des Daces qui
portent la sica sur les reliefs suivants, S. Keiniicb, /li-perl. des bas-relie/'s, p. 308,
ô'i; 3M, SI; 335, 70; 307, 113; 433, 19-20. — » D après Clément d'Alexandrie,
Strom. I, 10, .'lOi les Tbraces ou les Scythes auraient iirventé la iiiyi..p« ««i^nùkr..
.Servius, Ad Ara. IX, 503 attribue à Persée liuventioil du ijladium curvmn in
modum falci et l'ersée serait, à l'origine, lArès, de la tribu thrace des Abanles.
Dans les Gloss. Philox : sica, Bja.i.iv îîjo; Ii,.».h7icî . — » Voir A. J.-Keinach,
ften. arch. 1909, 11, p. .37, 09. — 6 Paul. Diac. ex l'est, p. 300, ïh ; Knuins, .4i//i. 304
(éd. Vahlen, 1903). — 7 Val. Max. III, 2, 12. Sur une lampe trouvée à Scardona
on voit un cavalier illyrieu tenant la sica i\a.ns la ubiicIic, Alillhi-il. aus Bosnti-n, III,
p, 108. 8 Plant. Jtitd. IV, 4, 125: sicilicttla argenteolu. — ^ Dans l'extrait
conservé par L'ipieii (Oiq. 48, 8) de la Lex Cornelia de sicariis et iieacficiis, le
terme de sica n'est pas employé, mai? le vocable générii|ue de lelum (Bruns, Fontes
jtiris, p. 93). Les premières allusions à la loi sont celles faites par Cicéron, Pro
SIC
Les nombreux monuments qui montrent ces gla-
diateurs armés de leur sabre caractéristique [gla-
uiATOR, fig. 3.570, 3373, 3o9G: permettent de donner ce
nom à l'arme que des Illyriens tiennent à la main sur un
bas-relief d'Épidamne " et que ceux d'entre eux qui for-
mèrent des corps spéciaux dans l'armée romaine portent
sur les stèles funéraires". Cette arme rentre dans une
série de glaives, dont lacourburearrivepresque à former
un angle droit, qu'on trouve dans les nécropoles illy-
riennes dès le v" siècle avant noire ère : il suffit de com-
parer les spécimens reproduits ci-contre (fig. 639.")) '"à
celui que porte le gladiateur de la fig. 3583, pour constater
qu'on se trouve en présence de la même arme.
On peut rapprocher de sica le vieux terme latin de
sicilis que l'on ne connaît que par deux citations : l'une
de Yarron, qui aurait comparé la forme de la mer Cas-
pienne à une sicilis'' ; l'autre d'Ennius dans Festus :
Sici/es, liaslarum spicnla lula. Eimiits : Incedit vêles
vo/f/o siciliOuslatis'^. Comme le verbe sicilire s'emploie
dans le sens de faucher", il s'agit sans doute d'une lame
en forme de faux, d'une sorte de fauchard analogue à la
rhomphaea thrace. A. J.-Rei.n.^ch.
SICARIUS [sica\
SICILICUS. — .Monnaie de compte romaine valant
1/4 de l'once ou 1, 48 de l'as [as]. Sa marque est ) .
F. Lenor.mam.
ftosc. 32 ; // fin. 10 ; // Phil. 't. — '" Cic. Pro lluscio, 3. Cf. ibid. 14, 32 et 30.
— 11 Cic. Fragm oral, m tuija candida et Ascon. ad. lue. Cicéron désigne ainsi
Catilina et Antonius que Cicéron appelle a pnerilia sicarii Aans Petit. Consul, i.
12 l'our désigner la faction révolutionnaire qui apparaît sous le procuraleur
Félix (37-00) Josl'pbe emploie le mot a,.df,«i. Jud. 11, 13, 3; 17. 0; VI, 7, 2; 9,
3; Vil, 8, l ; 10, 1 ; 11, 1: Anl. Jud. XX, 8, 5. CL Act. Apos. XXI, 38 ; Suid.
(Eiadçtoi •"Aïiffto.v vivo;) : PllOt. St'xaç Se Ti trixalJLltïi ît'çïl 'Pw[i«T'.i naliiSm-^ olç -/oûlxevot
UIyov-o irmioio.). Cf. E. Kraus, Oriech. und lat. Lehnwiirter im Talmud, II, 1899,
p- 392 ; Byz. ZscUrft. ] IV, 31 1., Chez les glossaleurs sica est toujours expliqué
comme l'arme des voleurs, Corp. liloss. IV, 171 et 391. — 13 plut. Ci-assus, S.
Pour la sica des Threces, voir nf.Ai.iATim en ajoutant aux références : Collection
Gréau, Wonzes, n. 1 1 33 ; Sclireiber, Nekropole ron Kom et Schukafa, fig. 4 ; Deoiina,
Hall. corr. hell. 19u8, fig. 33 ; Mestmerdt, Oonner Ja/irb. 1907, p. 44. — H lleuzey,
Mission en Macédoine, pi. xxx. J ai indiqué !lev. arch. 1909, II, p. 57 les raisons qui
me font voir sur ce relief un guerrier dalmale. — 1^ Sur une sièlc du musée de
Mayence, un glaive courbe en qui il faut sans doute reconnaître la sjra paraît dans
la main d'un cavalier dalmale de iala Claudia (Lindcnscbmit, Alterth. I, 11. 0) el
on retrouve cette arme sur les bas-reliifs de Pola, S. Kcinacb Bépert. des lleliefs,
l,p. 220). loTruhclka, .\,illeil. nus Bosnien, VIII, (nécropole de Gorica de l'époque
de la Tène, f. 8. Le glaive, en fer, aurait 40 cent, de long). Des glaives du même
tvpe ont été trouvés à Strabci, Ibid. VI, p. 30 (54 cent.), et à Sauskimost.VI, p. 99
(34 cent.). Dans un autre type de sabres dlyriens,le coude caractéristique, au lieu de
se trouver au milieu de la lame, se proiluil après la partie qui sert d'âme à la poignée.
Du côté vers lequel s'incline la poignée, la lame est concave et non plus convexe et
c'est sur cette partie convexe qu'est pratiqué le laillant. Le spéciuien reproduit
lig. 0395 vient de la nécropole de Dolina sur Save, Milleil. IX. fig. 104: long
33 cent. (cL pi. i., 3;LXVI1I, 7 ; LXXlll, 4). Parfois, avant d'alteindre le maximum
de la courbure le Uillant s'inlléchit vers l'intérieur. La fig. 7 <le Truhelka, loc. cit.
i32 cent.) répond au sabre qu'on voit entre les mains d'un Tlirace sur un vase du
Louvre, K, 403. C'est \amachaira tombée en désuétude en Grèce où Xénophon la
recommande pour la cavalerie, De re eq. XII, 11. — " Plin. H. nal. VI, 15, 3.
On lit parfois scythici arcus au lieu de sicilis. — <» Paul. Diac. ex Fest. p. 337
.M ; p. 300, Th ; Ennius, Ann. 307 (éd. Vahlen, I9U3). — l'J Varro, Il.rust. I, 49
Colum. Il, 22; Plin. XVIIi, 67, I. Les glossaires traduisent sicilis sicila oa
siritum par des mots grecs <pii désignent le Iranchet de cordonnier âj6r,iov
,[.r/.T, ou îùço» i7.uTiu; (Corp. Uloss. VU, p. 261).
SIC
— 1302 —
SIG
tiuiirc ou sacre.
SICLUS (^SiVAo;, «ti'yXo;). Ce terme, employé par les
auteurs grecs et latins, nesl que la Iranscriplion du mot
sémitique Sicheqel qui, dans la Bible et les textes cunéi-
formes, désigne l'unité pondérale : de là vient que le
verbe ^pir signilie, à la fois, nutiji/cr et jieser. Dès la
Genèse il est fait mention du sicle comme lingot étalon
des paiements' ; les Juifs distinguent le skie du snnr-
(lu siiir (/il commerce ou vulgaire. Ce
fut seulement sous les Perses
Achéménides que le sicle devint
une monnaie, lin même temps
qu'il créait la darique d'or,
Darius î". Mis d'IIystaspe (541-
485), inaugura une monnaie
Fi::, lisiic. — sick' iiii-cii.|iie. d'argent qui, bientôt très ré-
pandue chez les Grecs d'.^sie-
Mineure, fut appelée par eux, sic/e médique ((jixX&ç
(i.Y|Stxo; ou simplement s/c7e [nARicus]. Ce sicle (fig. 6390),
qui pèse o gr. (îO, est en réalité la drachme perse; il
est, comme la darique, au type de l'archer perse porte-
javeline -. Dans le rapport I à 13 1/3, il fallait vingt
sicles pour équivaloir à une darique d'or. Les auteurs
grecs donnent au sicle médique une valeur de 8 oboles
ou 7 1/4 oboles atliques^. Très répandu chez les Grecs
d'Asie-Mineure, le sicle médique pénétra, comme la dari-
que, jusqu'à Athènes' ; les villes grecques et phéniciennes
qui étaient sous la domination des Perses Achéménides,
ou en rapports commerciaux avec l'Orient, frappèrent, à
des types variés, de nombreux slatères d'argent de
11 gr. 20 qui étaient, au point de vue pondéral perse,
des doubles
^^ ■■
sicles. Mais
chez les Juifs,
la valeur du
sicle était
toulautre. En
elfet, dans la
suite des
monnaiesjui-
esicleesii inscrit
Fig. C:»:. — Sicle juif.
ves de la dynastie asmonéenne, le nom
sur les pièces elles-mêmes ; or, le sicle d'argent de
Simon Macchabée (143-135 av. J.-C.) et de ses successeurs
quiporle la mention.'j//('7c//.v/Y/f'/, pèse 14gr.25((îg. 0397).
On frappa, en même temps, le demi-sicle avec la mention
k/iutsi ha.i/u'i/e/ u demi-sicle », qui pèse 7 gr. 14-'.
On voit par ces mentions lït ces poids que le nom de
sicle fut, au u'' siècle avant notre ère, en Orient, transféré
au létradrachme considéré comme étalon ou unité moné-
taire. Les Romains recueillirent cette tradition puis-
qu'ils estimaient le sicle hébraïque à i drachmes alli-
SIIXUS. I Gènes., XXlll, 10, cf. Maddcn, Tlie coinage uf lia- J,;i's, p. I s,|.
— 2E. liahelon, Perses Achémi'nides. CaUl. p. 1 s(|. ; Traite ilcs «lo/i/i. y;-, el rum.
Descr. Iiist. l. l,p. i'M: I. W, p. 3S s.|. — 3 Xcnopll., .4;i««. 1. 5, G; l'Iiolius, s. l». ;
llesycli. s. f. — l Inscripl. clAlijùiies, C. I. G. Allie, l. IV, n. G3S h :Mominscll-
Blacas, Mon», rom. t. 1. p. 14. — 5 Maildun, Op. cil. p. 15 cl 07 ; S. Epipliasc as-
simile le sicle juif du sancLuairc à uu didiacliuic «dans lliiliscli, Melrol. scripl.
l. I. p. iC8). — 6 Jos. Ant. jud. III, S, i. — 1 Jladilcn. Op. cit. p. iOi, 23'J cl 544.
SIC VONIA. 1 Hev. Afim. VII. - 2 l'ollux VII, 03. — a l.ucil. ap. Kesl. s. v ; Lu.:r.
IV, I liô ; Cic. de Oral. 1, 54, 231 ; Viig. Cir. 108. — * llcsycli. s. v. ; Cic . /,. /. :
liuslalli. ud 11. XXlll, 2'.I9; Alhcnac. IV,p.435 c. — 6 l.uciau. Diat. mer. XIV. 2,
deu« dl-aclinics. — 0 Hhet . praec. 15; AUlcil. et Euslalh. /.. /. — 7 CIcni. Al.
Paedaij. Il, 11, p. 2»u l'oUcr ; Slepli. Byi. s. u. Ei.t„iv.
SIGILLDUI. I Mariui, AIti d.fratr. Aroali, 1795, p. 357 lsi,/ill„„i Volltmii, pcsaul
15 livres el 'J scrupules); Corp. tnscr. lat. IX, 2990 {siyiUa dédiés aux Lares j ;
ibid. III, 033, I (sigilla, statucllcs de marbre, reprcscnlaiil Hercule, Mercure, Bac-
clius);cf. 01SU6. — 2Cie. IciT. Il, i, -it (patelUwi in ,i,m aiyilla erant egretjia) ;
ou ptMiI comprendre diiu- ce cas des etitbleinata eu Imiil-i-elief comme ou eu \oil
qiies ou 4 deniers ''. Le sicle d'argent frappé par les
Juifs révoltés contre les Romains sous Vespasien et
Titus, puis sous Hadrien, pèse 14 gr. 25 comme l'ancien
sicle asmonéen '. E. Rauelon.
SICYOXIA (ïlixinôvi-y.). — Chaussures fabri(|uées eu
Grèce, à Sicyone, portées ou imitées ailleurs, llérondas
les nomme, à Alexandrie, au m' siècle ' ; elles étaient esti-
mées à Rome dès le dernier siècle de la République •'.
Elles étaient (ailes surtout à l'usage des femmes^. Les
hommes qui en portaient passaient pour efféminés^ Il
y en avait à bas prix''; d'autres, très riches et ornées,
qui étaient une parure"^. Liicien parle d'cmbadcs [embas]
de Sicyone, en feutre blanc, qu'il recommande au rhé-
teur qui veut se faire remarquer par son luxe. Elles
restèrent réputées jusqu'àla lin de l'antiquité'. E. Saulio.
SIGILLUM (Zwov, Çtoioiov, àvaXjxàTiov, àvSptâvrtov, xooo;,
xopYj, vJasri). — Ce mot ne désigne pas en latin une
catégorie bien limitée d'objets. Il peut s'appliquer à des
statuettes', comme aussi à des reliefs, à des ornements
rapportés, du genre des criislae et des emhlemnia -. Il
est difficile de dire si les Tiji-rliena xigiUa d'Horace'
désignent avec certitude les statuettes de bronze
étrusques que nousavonsconservéesen si grandnombre,
ou bien quelque autre série d'œuvres d'art, ornements
ou reliefs, sortis des ateliers d'Italie. Comme on a traité
dans d'autres articles [caelati'ha, ficlimm, forma] ce qui
concerne les reliefs, nous nous bornerons à étudier dans
ce premier paragraphe ce qui se rapporte aux statuettes,
aux petites images en ronde bosse, siijiUum étant pris
comme un diminutif de signiim^, statue [statua].
I. En grec les statuettes sont désignées par des
vocables très variés ". Dans les inventaires de temples
on trouve les mots Çwov ou Çcôiov, Çoji'oiov, ^ojiàapi&v,
avopiivTtov, àvooiavTioiov, àvopiïvTi'cxoc, les uns s'appliquanl
à tout sujet humain ou animal, les autres plus spéciale-
ment aux statuettes de forme humaine". Les lexico-
graphes'emploienlencore d'autres termes qui désignent
la représentation féminine, xopr,, vjjxs-^, ou masculine,
xopoç et xoûp&ç, et les jouets d'enfants, nXa^i-iôv, corres-
pondant au mot latin pupa [pl'pa]. Le fabricant est le
xopoTrXiOci; OU xopoTtXàc-YiÇ ' ; en latin sigillarius et
slijillattjr'' |Fi(;LiNr.\i, p. 1134]. A Rome, le quartier ou
la rue où l'on s'approvisionnait de ces petits ex-voto
s'appelait Siçiillaria '°. Une des journées de fêle des
Saturnnlia portail le même nom, parce qu'on ollrait des
figurines en cadeaux à ses amis et aux enfants [satir-
.nalia] ' ' .
Les matières dont on faisait ces staluettes ne sont pas
moins variées que les mots pour les désigner. Comme
métaux, l'or et l'argent sont souvent mentionnés pour
dans les palércs dn trésor dllildeihfiin (lig. '.173, ',174) el du trésor de Bosco Ucale
(lig. 3'.I70). — i lloiat. Kp. Il, ±. IMl. — 4 Les deux mois sont parfois pris l'un
pour l'aulre. Dans l'iuscriplion citée du C. i. lut. III, 033. I, le rédacteur distin-
gue des sifiilla d'autres slatues de hrouzc rju'il appelle statua el siynum: mais
ailleurs, i/<ii^ II, 2103. des slutucLtes île la Fortune el de Mercure, en or, pesant
cinq livres, par cousét|Ucutde petites dimensions, sont désignées par le mol sitj/iutn.
— ^ Voy. II. Bliimner, 'fecniioloyie and Termiiioloyie der Gewerlt. und Kûnste,
11. p. 123. 124 el les noies; K. F'ollier, Quam o6 vausam Graeci siyilla in sepul-
cris depvsuerint, p. 49 et les notes. — <i Honiolle, llull. corr. hell. VI, p. 126-1 ;7 ;
XV, p. 157, 103. — 7 Harpoeral. p. 114, 27 ; Hesycli. s. e. «it; ; Suidas s. r.
ïope.TXà8oi: Elymol. magn. s. v. Teopoti^oioTïi; ; Bekker, .iiiecd. p. 272, 3t. — 8 Har-
pocial. Suid. /ilym. niayn. II. ce.: l'Ial. Tlieaelh. p. 147 A; Isocral. De permutait
2. Le mol s'applique ordiuairenicut aux modeleurs d'argile ; cepcndanl Harpocra-
lioiî, /. c. spécilie: ix t.ïi'aoJ t, vri^oG r, tivo; tochûtiiç uAy.ç iî'*.âTrovîaç mica; t, xô^ou;.
— 3 Voy. Forcellini, Lex. lat. s. r. ; U. bliimner. Op. I. p. 125; Orelli, Jnscr. 4279,
42SU. — II) Macrob. Sat. I, 11 ; Suel. Claiid. 10 ; iVfi-o, 2S ; Diyest. XXXU, 102.
— u Suel. Claud. 5 ; Sencc. Epist. Xll. 3.
SIG
— 130H
SIG
les images que Ion dcposail dans lea temples '. Knsuile ;
vient le bronze, qui est le mieux connu à cause des 1
innombrables spécimens que nous avons conservés de j
cette catégorie et qui ornent les musées ou collections j
particulières (fig. ()3U9) -. Nous nommerons ensuite le (
fer% beaucoup plus rare et d'ailleurs difficile à préserver
de la rouille, el le plomb (fig. 6400)'* [l'UTMiiiM, p. 51 il.
Parmi les pierres, les matériauxles plus employés sont le
marbre'' et le tuf ou calcaire'"' ; parfois sont mentionnées
des pierres précieuses, )>tOotT'!fi.!oi, agate, calcédoine, obsi-
dienne, cristal de roche, etc, '. On peut citer aussi le
verre*, le jais', l'ambre '"; parmi les matières plus
tendres, le bois", rivoire(fig. 202(>, 6403,) et l'os '^ le
gypse ",1a cire '\ et surtout la terre cuite (fig. 596,
lit»), 2091, 2188, 2{i23, 6401, 6404, 6405)'°; on sait que
cette dernière a donné naissance à une industrie très
développée qui a véritablement inondé le mondeancien de
sesproduits KiGLiNiM]. Le prix de tels objets était natu-
I Corp. inscr. Attic. 1, 174-175, p. 6S. Hecatomped. a. 5 : «çn /ouoJS U'. azri'kr,^.
On dil xaTâj^^uvo; OU l-xt^^'jat^ quand la statucUe esL simplcmcni dorée, mais
non en or; ibid. Kopïj xati/juiroq ; ibid. p. 7.3, sçôuwnov ît^à^^jinv j(aTâ/,juaov;
Homotle, Comptes de Di'tos. Bull. corr. hcU. VU, p. 127, 'A-KiXku-^ /pu^off;,
àv$ptKVTiov ;û)i(vov tni/_pu<rov, etc. ; 'AnoVAw^ ijYuooOfç, «vSptttT-'ffxo; àç^UfoC;, elc.
Dans les monuments conservés, c'est surtout comme pcndeIo(|ucs et comme
bijoux (juc les sitjitla figurent dans les cotleclions puMi(|ues et privées ; voy.
cNAïuivs; cf. L. Pollali, Klass. nnlik. GoMschmir.larbciten IColIcct. de iVcli-
doir), 190:1. — 2 Voy. les catalogues des grandes collections d'Atlicnes, Olympie,
Paris, Londres, Berlin, Vienue, etc. : de Kidder, Cat. des /îronzes de ta .Soc.
arch. tCAlhénes, 189*; I at. des Bronzes trouvés sur t Acropole, IS9G;A. Fur-
Iwaengler, [)ie Bronzen ron Olympia, 1890 {Olympia, tome IV); Bahelon et Blan-
cliel, Cat. des Bronzes antiques de la Biblioth. nal. 1895; A. de Longpérier,
Xotiee des Bronzes antiques du Louvre, n'-impriméen 1879; S. Kcinacli, Bronzes
fif/nrés de ta Gante romaine {Descr. du musée de St-Germaiii), 1894 ; Walters,
Cat. ofthe Bronzes Britisli .Muséum, 1899; C. Fricdericlis. Kleinere Kunst und
Industrie, 1871 (bronzes du Musée de Berlin, p. 380 si|.) ; von Sacken cl Kenncr, Oie
Sammlunqen der K. K. Mùnz. u. Antilc. Cabinetes, 1860 (bronzes du Musée de
Vienne, p. 2'>8 sq.* ; von Sacken, Die antiken Bronzen des K. K. Miinz. u.
Ant. Cab. Vienne, ISTI ; Scliuniaclier, Bescbrcibung der Snmmtnnij antikcr
Bronzen, Karlsruhe, 1890, etc. Pour les collections particulières, voyez les cata-
logues faits par M. Frtehner sur tes hronzes des Collections Gréau, Tyszkiewicz,
Dutuit, etc. — 3 Cf. Bévue arcb. 1902, II. p. 137, avec les indications liililiogr.i-
pliiques; Schaaffliausen, Jahrbûcher de Bonn. LX.V.VVI. 1888. p. J85. — 1 Outre
les références donnée? à i-roiuiiM, cf. H. Btiimuer, Techn. u. Term. IV, p. 374;
D. G. Hogarlli, The archaic Artemisin, 1908, p. 153, pi. xx, 5; Jahrbuch Inst.
1903 p. 102 (Balhek): cf. ibid. 1808, p. 198 4n;ei!/er; 1892. p. l\i Auz. ; Jaliresbefte
Wicn, 1904, p. 195; Wace, Sparta Muséum Catalogue, p. 228 ; Uawkins, Annual
British .School, Xtl, p. 320 et sq.; XIII, p. 87 et sq. — ^ Une inscription citée plus
liavil (Corp. inscr. lut. 111, fib3, I) mentionne dessiV/iV/tr mnrmurm (sic). Parmi les
mn^res célèbres de cette série on penl citer des rcplii|ue5 de l'Athéné Parlliénos
de Phidias et de l'Hercule Kpitrapé/.ios de Lysippe (Collignon, Seutpt, grecf/. 1,
fig. 271. 272, 273; II, lig. 22t). Voir au musée du Louvre la Salle des petits mar-
bres, dite Salle de Clarac, Catalogne sommaire des marbres antiques, 1896,
p. 142. — *»Cette matière a été fort employée àl'époque archaiVpie. avant la grande
dilTusiondu travail du marbre (Leclial. Au Musée de l'Acropole, fig. I, 4, 12 à 14,
17, etc. ; cf. .Sculpture atligue avant /'bidins, cbap. I el II). Pend.inl toute la
période classique elle est restée en usage dans les pays qui manquaient de marbre,
par exemple en Phénicieet en particulier ;t Chypre ((ui a produit, en extiaordinairc
aboudancc, des statuettes de calcaire ou pour mieux dire de grès fin (Pcrrol et Chi-
piez, Hisl. de fArt. III, chap. VI et VII ; cf. Cesnola, Cyprus, et le Descriptive
Atlas of Cypriote Antiguities, 1885). — "' Il est difficile de ne pas considérer
comme légenilaire la menlion d'une statuette en topaze de la reine Arsinoé, femme
de Ptolémée, hautede quatre coudées fPlin. XXXVII, 108); peut-être s'agil-il d'une
statuette couverte de topazes (Hliimner, Op. t. III, p. 238). Mais il n'y a pas de
raisons de douter de rexistcnce d'autres ex-voto i|ue Pline dit avoir vus -a Borne ; des
images d'Auguste en obsidienne, des statuettes d'éléphants en même matière, une
de Ménélas(Plin. XXXVI, I9r,). On faisait aussi des statuettes et des amulettes en
malachite (id. XXXVII, 114). Les musées et certaines collections particulière.^ nous
ont conservé des spécimens de ces précieux monuments ; Krause. Pyrgoteles oder
die edein Steine der Alten, p. 51 cl note 2 ; von Sacken et Kenner, Die .S'amml.
des K. K. Mûnz. u. Antik. Cabinetes, p. 451 sq. ; Balielon, Ae Cabinet des Médail-
les, pi. xixvii; Froehner, l^ollection 7'yszkieu-icz, pi. xmv. ii» 3 ; L. Urlichs, dans
lesyo/irôùc/ier t/t'5 Vereins von Allerihumsfreundeniw Bli.lX, 1844. p. 185, pi. v.
Voy. surtout la statuette de Vénus eu calcédoine saphirine, de la collcclion E. de
Kolhschild, publiée par Ëabelou, Ga:. des B.-Arts, mai 1899, p. 3li0-368 et plan-
che. .\u Musée du ijnqiiantcnaire, à Bruxelles, voir un lézard en cristal de roclie
trouvé dans un lumulus de Goitil-Noirmont (Brabanl). — s Kisa, Uns Glas im
Alterlum, 1908, III. p. 751 sq.; cf. Deville, Hist. de Inrt de la verrerie dans l'anti-
quité, 1875, pi. Ml ; II. BlDmmer, 7"ec/in. und Term. IV, p. 403 ; Fru-hner, Lu Vev-
rellein(?nt tout à fait variable, suivant la valeur de la
matière employée. Les statuettes d'usage courant se ven-
daient très bon marché : un Eros en cire pour 1 dra-
chme'S une figurine de Zeus pour la même somme'",
une statuette de Bacchus en marbre pour 25 deniers '■'.
La destination de ces petites images est indiquée par
les emplacements où on les recueille. Les textes, les
inscriptions et les fouilles elles-mêmes s'accordent à
montrer que l'on s'en servait surtout comme offrandes
religieuses [Donabium]. Elles prenaient place en nombre
considérable dans les sanctuaires, grands et petits. .\u
fur et à mesure que les pèlerins les apportaient, elles
finissaient par encombrer à tel point le parvis et les
abords des temples, (jucles prêtres, à certains moments,
après avoir mis de côté les ex-voto les plus précieux pour
les disposer dans l'édifice, prenaient le parti de ras-
sembler les autres et de les enterrer en masse dans de
grandes fosses préparées à cet eflfet [favissae]. De cette
rené antique, 1S75, pi. i.u ; H. Bliimner, Techn. und Term. IV, p. 403; Friehner,
la Verrerie antique, p. 37 sq., pi. ix et xv : de Bidder, Catal. de Clercq, VI, p. 157
sq., n" 279 si|. — 9 Al. delta Scte, La Coll. Barberini, p. 34 sq., fig. 24, 23, 20
(ex-voto de Préncste) ; Jahrbûcher de Bonn, XIV, 1849, p. 46 sq. pi. iv el v.
— 10 A Ephcsc, probablement une figure d'Artémis ; D,-G. Hogarth, The archaic
Artemisia, 1908, p. 214,pl. xi.viii, fig. 20,21. D'aulres figures en Hongrie, en Gaule;
L. Bellii, dans YArchaeologiai Ertesilô, 1895, p. 392-400 et figures; Cochet, La
Normandie souterraine, i' cdit. 1855, p. 137, p|. vi, 2 ; F. Mazauric, Mém. de TAcad.
de Aimes, XXX, 1907, p. 300-302; Chabouillet, Cataloq. des Camées, n» 3489;
H. de Villefossc, Bull, de la Soc. des antitj. de France, IS88, p. 211. etc. — U Ins-
cription de Délos, Homolle, Bull. corr. hell. VI, p. 127, noies (4vSj..iv;.,v viliv,-,,
ii;r/.f»,ov, >;8,„ iJX,.,o, i,;,ju,ov| ; cf. Hogarlh, Op. I. p. 217, pi. xuni, 6-7. Voy. aussi
Theophrasl. V, 3,7; Varr. Hist.rom. fragm.éi. Bolh, p. 404 ; éd. Peter, p. 96 ; Serv.
Commentar. III, fig. Il, appendix Serriana, éd. Thilo el Hagen, 1902, p. 428-429 :
deos Pénates ligneis sigiltis vel lapideis, terrenisquoque Aeneanumeris CTlnlisse.
Bapprochcr encore le texte de Pline, XXXIV, 3i. tignea potius aut ficlilia deorum
simutacra. On a trouvé plus de deux cents petites figures taillées dans du bois prés
de la source du Pré-Martin à Luxeuil, dans la Haute-Saône (Musée de l'établisse-
ment); cf. tjuicherat, Mélanges d'arch. et d'hist. I, p. loi (Vendée). Voy. la pou-
pée en chêne, publiée dans notre fig. 58S3. — I- Dès la plus haute antiquité on
trouve des st,Ttuettes d'ivoire dans les lombes; Pcrrol, tiist. de l'Art. Vil, p. 143,
pi. lu. Aux funérailles d'Alexandre on oITrit des statuettes d'ivoire el d'or
îrSwU Si' iXïoa.,T0î xk". /.îu»!.!: (Diod. Sicul. XVII, 1141; cf. Hcrodian. t/istor. IV, 2_
funérailles de Géta, ÈliEouvt('-.ot; iyâ).;ia»rt. Dans le tombeau de l'impératrice Marie,
femme d'Houorius, on a recueilli des poupées d'ivoire (Arrighi, Borna snbterranea,
11, p. 270). Pour la consécration dans les temples, voy. Ilogartii, The archaic Ar-
temisia, p. 156, pi. XXII ; cf. des stalueltes d'animaux, pi. xxi, xxv (Ephèse) ;
ivoires provenant de Camiros et de Naucratis {ibid. pi. \xx et xxxi); ivoires trou-
vés dans les fouilles de Sparte, Dawkins, Annual british School, XII, p. 320, 328 ;
XIII, p. s-, 89, 94, 96,99, loi ; A. delta Scta, iCiz Collezione Barberini, 1909, p. 12 sq.
fig. 6 à 1 1 (ivoires de Préneste). Dans les inscriptions. Corp. inscr. grave. I, 15ij B,
1. 3 et 31; 151, I. 43; Knehler, Corp. inscr. att. Il, 652, I. 64; voy. H. Bliimner,
Technol. H, p. 364 cl dans le Dict. l'article mon. Pour l'os, voyez pupa, p. 709.
— 13 Pausan, IX, 33, I; Clem. Alexandr. p. 117, schol. Ko9oxii.T(i.«, i).do|<(»T« tx
x,jfOÎ Ti YÛ'liou vutisJv ^ i:ap6évw. -tv.«v ù'jttiz').ax-:ù-ji£va ; Etymol. .Magn. p. 718. Cf.
H. Bliimner, Technol. 11, p. 140 et p. 145.14(i sur vuioiï'âiTtiri; pour xoaoTîVâaxii;.
— l^Les textes sont rassemblés par Poltier. Qnam oh cansam Graecisigitla,p. 50 sq.:
cf. H. Bliimner ; Op. l. Il, p. 155, et dans Je Dict. l'article cera. — 15 Les ouvrages
contenant des terres cuites antiques sont extrêmement nombreux. Nous citerons seu-
lement les principaux recueils : Panofka, Terracotten des Icônigtichen Muséums,
Berlin. 1812; Biardot, Les terres cuites grecques funèbres, texte el allas, 1872;
Kekule, Griech. Tbon/iguren nus Tanagra, 1878; Griech. Terracotten ans Tann-
gra und Kphesos im Berl. Muséum, 1S7S ; von Rohdeii, Die Terracotten von Pom-
peji, ISSO : Heuzey, Catalogue des figurines antiq. du Mus. du Louvre, I, 1K82;
et album des Figurines antiq. du .Mus. du Loutre, 1883 ; Kekule, Die Terracotten
von Sicilien, 1884; Furtwaengler, La Collection Sabouroff, II, I8,S3-S7 ; Poltier
et Beinaeh, Catalogue des terres cuites et autres antiquités de Myrina, 1886; et
La Nécropole de Myrina, texte et planches, 3 vol. 1887 ; Poltier, Les statuettes
de terre cuite dans l'antiquité (Bibl. des Merveilles'. 1890; Duniont el Chaplain,
Céramiques de la Grèce jiro'pre, II, 1890 ; Blanchet, Étude sur les figurines de
terre cuite de la Gaule romaine, \SOlel\W\; C. A. Hutlon, Greek Terracotta sta-
tuettes, 1899; Winter, Die Typen der /igfirlichen Terracotten, i vol. 1903; .Iim-
f/eu-uhlte griech. Terracott. in Antiquarium zu Berlin (Pernice), 1903 ; Walters,
Catalogue ofthe terracotten in the British Muséum. 1903 ; Deonna. Les statues de
terre cuite dans l'antiquité, 1908 ; [Mendel], Catalogue des figurines grerq. du
Musée de Constantinople, 1909 ; Poltier. Dipbilosei les modeleurs de terres cuites
>/v€cqucs, 1909. Nous n'avons pas cité les publications de collections particulières
i|ui sont nombreuses, mais dont la plupart contiennent des terres cuites fausses.
— '6 Anacreontea, 10, éd. Bergk, p. 812. — >1 Aesop. Fab. 137; cf. Froehner,
Terres cuites Coll. Gréau, I, p. vu. — ni'orp. inscr. lai. 111. 1133, 1.
SIG
isni —
SIG
manière on respectait l'intention pieuse des donateurs,
les droits de propriété de la divinité, et on évitait les
larcins qui auraient rendu à la circulation commerciale
un oi)jel devenu sacer et
inviolable. 11 est du reste
probable que l'usagf! des
fnvisssric a découlé d'un
rite plus ancien, car il
semble que dans lareligion
préliellénique l'usage était
d'aménager une fosse
faisant partie du sanc-
tuaire même, un /-cpasi-
tarium, où l'on conservait
les objets offerts à la di-
vinité (fig. tj398)'. Sous-
traits ainsi aux regards
et confiés à la terre, ils
faisaient partie intégrante
de la propriété sacrée. Les
dépôts souterrains d'O-
lympie, de Tégée, du Ka-
birion de Thèbes, de Cor-
fou, etc., ne sont que
11^,. le développement de la
même idée -. Mais, na-
turellement, on conservait les plus beaux de ces ex-voto
pour parer la demeure du dieu ou pour les exposer à
l'admiration des fidèles dans des petites chapelles spécia-
lement construites à cet effet [templim, tues.wris]. Les
inventaires des temples nous donnent une
idée de la disposition de ces objets, que
les hiéropes cataloguaient par rangées, les
uns alignés sur des tablettes (puaoî), d'autres
placés dans des vases, dans des boîtes,
dans des armoires ^, éparpillés et dissé-
minés au gré du personnel chargé de ce soin,
partout où il \ avait un emplacement dispo-
nible, égayant de leurs couleurs ou de leur
éclat métallique la pénombre du lieu saint.
C'était, comme le dit M. Ilomolle, une sorte
de galerie de musée'. Les .sî^^/Z/rt ainsi offerts
sont souvent accompagnés d'inscriptions
dédicaloires, indiquant le nom du donateur
et celui de la divinité à qui l'offrande
est faite (lig. 6399)» jionarum, lig. 2536].
11 e.st naturel quela statuette ainsi offerte
représente la divinité elle-même et c'est
évidemment le cas le plus fréquent. Sur l'Acropole
d'Alliènes, Athéné est représentée par de nombreuses
idoles; à Eleusis on trouve surtout des figurines des
grandes Déesses, Déméter et Coré; au temple d'Artémis
de Corfou, des images d'Artémis ; à Tarenle, Dionysos et
• Voy. à Cnossos, de Crple, les coITtis de pierre eiicaslrés dans le pavement dune
chambre du palais docouverl par M. Arlliur Evans [Annual Hritish Sc/iool, IX,
p. :)'J), avec la série des ei-volo de pierre, de terre cuile, de faïence, ilivoire et dosi
qu'ils conlcnaienl (id. p. *l-ai) ; ccsl de là que viennenl les lamenses stalucUes en
lerre éinailléc rcpr^'sculant la déesse on la prélresse aux serpcnls (»/. p. 7!> à
7'." = noire figure 6398) el les simulacres île roljes hrodécs de Meurs {id. p. Si). Vovei
aussi les pclils colTrels disposés d«iis les corridors des magasins, servant sans doute de
cacliellcs pour les objets précieui (il/, p. io, 3S;cr. X. p. 31). Mais, à lépoque Cre-
toise, doni la civilisation éUit tris brillante, on avait déjà lliabctude dexpoter les
ex-volo dans une cliopelle du oulle (Anuual. VIII, p ;i-|. CI. encore pour la Crète
IfS dépôts faits dans les grottes du Slonl Ida (llalblieir el Orsi, iluseo di anlich.
ctass. Il, avec un allas de plancbcsjet du Mont Diclé (llogiirth, dans Annual, VIII.
p. 91 si|.). — -' M. f'icrrc i^aris a dresse la liste des dépôts de terres cuites dans les
Pig. (1399. —
Slatuctle de
brou/e.
les Dioscures, etc. ^ Mais il n'y a pas là de règle absolue
et l'on introduisait aussi dans un temple d'autres divi-
nités que celle qui y était honorée en particulier. On
peut citer un bronze d'Apollon dédié à Esculape, un Her-
cule consacré à Apollon \ Le philosophe Asclépiade
dépose aux pieds de la statue d'Apollon, dans le temple
de Daphné, une figurine d'argent
de la Dea Cneleslis *, et l'on pour-
rait multiplier les exemples
(flg. (JiOO)". Mais ce ne sont pas
seulement les images d'autres
dieux qui variaient le mobilier
religieux. Il faut compter que
l'on consacrait aussi ton tes sortes
de statuettes représentant desim- Q>--
pies mortels, des iiommes, des
femmes, des enfants, images
réelles ou conventionnelles des
donateurs eux-mêmes ou des per-
sonnes pour lesquelles ils ve-
naient prier. Les fouilles de
M. Paris dans le temple d'Athèna
Cranaia, à Élalée, ont fourni sur Kig.c4i"i. - tx-voio de piomi..
ce point un témoignage décisif
(fig. 6401 )'". Outre les images de la dt'csse, on y a
recueilli toutes sortes de terres cuites figurant Aphrodite
el Eros, .\rtémis, Léda, des danseuses, des femmes
drapées ou nues, des jeunes filles, des enfants, des gro-
tesques et des comiques, des animaux : nulle catégorie
n'est exclue de la collection.
Aucune peinture, aucun monument ne nous a gardé
hig. G40I. —Terres cuj lis trouvées dans un lenqile.
l'aspect de ces intérieurs de sanctuaires ainsi garnis
d'offrandes. Mais on a souvent cité une peinture de vase
où l'on voit l'image plus humble d'une fontaine consacrée
aux Nymplies et décorée de petites tablettes peintes et de
statuettes féminines déposées en ex-voto [aoiae, fig. 395].
Sur un relief grec du Péloponèse une femme est assise
devant un arbre sacré, qui porte à la fourche de la
sanctuaires, ;i Allièncs, Corinllie. Arradie et l'éloponèsc, Béotic, Délos. Cuidc
Chypre, Italie, de, dans son livre sur £/«^_'e, p. 141-157. Ajouter /*n"e«edc Wicgand
et Schrader, p. lo4, 15"' s»]. — 3 Suidas, s. r. xtt.^io;; £(ym. j/injn. s. r. àoixôpiov,
Alhen. XI, p. 473 B el C ; l'Ial. Conviv. XXXIII, illî, — » Homolle, Bull. corr.
Itcll. VI, p. 105 sq. : cf. I-alO'ix et Monceaux, livstfiuration d'Ohjmpie, p. 95:
Uefrasse el Léchai, Épidaiire. p. 94. — s Notre ligure C399 = Durnj-, Hisl. des
Grecs, I, p. 299 (statiietle de Laconie, dédiée par Chariios à Apollon Maléalès-).
— li Cf. l'aris, Elalve, p. 141 sq. — 1 Babelon et Klanchel. Calatog. des Oronzes,
llibl. nul. u« 98; A. de l-ongpérier, Xotice des br. anitt/. du Loufre. n" 338.
— 8 Anun. Marcell. XXII, 13. — b Notre figure Ii400 représente un ex-voto de
plomb trouvé dans l'Artérnision de Sparte : c'est une image d'.'Vlhéné armée (Uawkins.
Annual Bril. .Sch. XII, p. 3i3, fig. 3, u" C). — 10 l'aris, O/i. /. p. i59 si), pi. i cl n,
y. à \\». .Notre figure ti4li| = Uuruv, Hist. des Grecs. III, p. il6.
SIG
— 1305 —
SIG
maîtresse branche une slaluelLe de femme ; une aulre
lif<iirine est delioul sur un autel plac('' au pied de l'arbre
I^AHBOKES SACHAK, V\^. A'iH]. Dans le décor du vase en
onyx, dit des Ploléinées, sur une table chargée du mobi-
lier religieux on remarque une statuette de femme portant
deux torches [abacis, fig. Gj. Les nombreuses représen-
tations du Palladiumde Troie, ravi par Ulysse etDiomède,
nous montrent l'aspect de l'antique idole sous forme
d'un si;/il/um Lminerva, p. 1934]. Les monuments romains
nous fournissent aussi quelques exemples de ces ex-volo
religieux. Dans la peinture d'Herculanum qui représente
Oresle et Pylade amenés devant Iphigénie, la mensa du
sacrilice porte avec quelques vases une statuette d'Ârté
mis enfermée sous un petit tabernacle [AEDicrLA, fig. i'i',i].
Sur un bas-relief du Vatican, de chaque coté d'un autel,
dont le feu est allumé, un homme et une femme,
la main étendue, présentent des statuettes de dieux Lares
Mig. (j'iO^) '. Un médaillon de l'empereur Commode est
décoré d'une scène analogue-. Sur une pierre gravée du
Cabinet des Médailles, CaracallaofTre à Mars une statuette
de la Victoire '. On a vu plus haut [co.mpitalia, fig. 188()j
une cérémonie dans laquelle un camilliis porte une
statuette de dieu Lare, que l'on va déposer dans la
chapelle du compifum *. Tous ces exemples nous mon-
trent en action l'offrande et la consécration religieuse des
sii/i/la [coNsiccKATiù, DEDiCATioL Dans les inscriptions
latines on mentionne parfois l'aulel sur h'qiiel est placé
la statuette (ara ciitii si{jillo)".
Remarquons que les figurines ainsi consacrées ne
représentent pas seulement des divinités, des hommes
et des femmes, mais aussi des animaux. A Olynqjie, ce
sont de véritables troupeaux de bètes, chevaux, taureaux,
béliers, qui remplissaient la /'(trisso creusée près de
I .Noire- ligule ''^"^ = Musto Cliiaramuuii, III, |il. xix. n» i. - :i .Millin, Gale
rie mijthotuijiq. I, pi. xxxr, n° H)7. — 3 Ouruy, Hist. Ilom. VI, p. 257. — * Vo) .
mcore Moumnenti Inst. 1881, pi. xxxiv, Set 5 ((. — = Corp. inscr. iat. III, 6129 h,
Ui(i7 3:l ; V, 0357. — c Furlwaenglcr, Oie llronzm ion l/lym/,iii, p. 28, pi. x si|. ;
cl. l'eidiizft, FouMes de Delphes, lome V, p. 45 se]. — 7 Cracf, Alhenische JJillhet-
liiityeti, XV, p. 305 s.|. ; C. inscr. Crnec. sept, n"' ii57, 2459, 3575 à 3594. — » Voy.
aussi Corp. inscr. lut. XUI, 2840. innlel de bronze dédié Deo Segontoni (trouvé à
lîolard, près de Nuiis). — '■> Voy. Homolle, Les archives de l'Intendance sacrée ii
llélos, 1SS7. — II) Voy. l'arliclc de S. Rciiiiicli, L'art et la magie, dans Cnlles,
mtjlkes et religions. I, p. 125. — H Voir doxaiiicm. Noire ligure 0103 csl un ex-
riléraion ". ,\ii Kabirion de Thèbes " les petits taureaux
de bronze sont sortis en grand nombre des fouilles. On
a vu plus haut ^donarium, fig. 3741, p. 373] la variété de
ces représentations d'animaux dont plusieurs portent des
dédicaces inscrites sur leur corps (fig. 2537, 2')38)*. Le
sens de ces offrandes est assez complexe. Le bétail fait
partie de la richesse du dieu qui est propriétaire, qui
possède des terres, des champs, que ses prêtres admi-
nistrent et font valoir pour lui '. S. l'origine, les repré-
sentations d'animaux n'ont pas d'autre but que de sym-
boliser cette richesse, de l'augmenter par des simulacres
qui aideront à la multiplication réelle des troupeaux '".
Mais, de plus, le dévot y mêle naturellement une idée qui
lui est personnelle; en faisant plaisir au dieu, il altiresur
lui sa bienveillance, et le dieu, à son tour, fera prospérer
la maison et les biens du fidèle ; c'est un contrat de
réciprocité. Enfin le simulacre de l'animal rappelle le
sacrifice réellement fait ou remplace, pour les pauvres, le
don de l'animal qu'ils n'ont pas pu apporter en réalité.
On offre à la divinité tel animal qui lui est spécialement
consacré, qui passe pour son attribut personnel, le bouc
à Dionysos, la colombe à Aphrodite, etc. On trouve aussi
des ex-voto d'un caractère plus énigmatique, des lions,
des sphinx, un lièvre (fi g. 2337), une grenouille (fig. 2.338),
une tortue (fig. 6403), etc. ". Toutes les idées se super-
posent et se mêlent dans les oil'randes de cette nature.
Les précédentes observations feront comprendre aisé-
ment le rôle qu'ont joué les
sigilla dans la religion funé-
raire. Le sens de ces offrandes
a été obscurci par toutes sortes
d'exégèses, parce que l'on a
voulu considérer la déposition
des figurines dans les tombeaux
des morts comme un fait isolé et
particulier'-. Au contraire, ce
fait se rattache aux conditions générales et ordinaires du
culte religieux chez les anciens. Le mort est considéré
comme un dieu ; le défunt est héroïsé. S'il est favorable
aux survivants, ceux-ci bénéficieront de sa puissance
protectrice ; s'il est irrité contre eux, ils pâtiront de son
ressentiment; de là vient la nécessité de lui apporter des
offrandes. C'est l'idée fondamentale qui a réglementé
la religion funéraire, si compliquée et si méticuleuse, des
Égyptiens. C'est aussi celle qui domine dans les prati-
ques moins précises et moins détaillées des Grecs. Le
dieu dans son temple, le mort dans son tombeau sont
deux termes assimilables. Tous deux, avec des diffé-
rences d'importance attachée à leur rôle, de richesse dans
le choix des cadeaux, sont honorés de la même façon. Il
n'est pas besoin d'imaginer ni des formes spéciales d'of-
frandes, ni unsensdifférentpourles images apportées aux
morts comme aux dieux. Il faut seulement comprendre
que tout objet devient sacer. du moment qu'il leur est
offert et qu'il fait partie intégrante de leur mobilier. Les
Fig. C4U3.
alBr
.Wi. XII
, p. 32S
vote d'ivoire provenant de l'Arténiiséon de S; arle (An
lig. 5 a). — '2 four la discussion sur ce point et lesposé des anciens ;
relatifs il rinlerpri''tatiou des ligurines trouvées dans les tombeaux, voy. E. l'ottier,
fjnatn oh cansam Oraeci /itjlina sigilla in sepulcris deposnerint, 1883, et le
résumé en français dans Les statuettes de terre cuits dans l'antiquité, 1S9II,
p. 203 sq. L'ensemble de la même théorie ii été adopté par M. HaussouMier, Quo-
modo sepulcra Janagraei llecoraverint, 1884, p. S-i; Duemmler, Annali Jnst.
1883, p. 193: Cartault, Collection Lécuyer, pi. c* ; Babelon, Gazette arch. 1881,
p. 325; Dielil, Ej-cursionsarch. en Grèce. 1890, p. 307; Blaucliel, Etude sur Us
figurines delà Gaule, 18'.U, p. 80; Paris. Elatée, 1892, p. 101.
164
SIG
i:<06 —
SIG
siijilUi ne poiivenl pas se séparer, ni dans les Iciuples,
ni dans les tombeaux, du reste du matériel religieux.
Us ont même destination: enrichir la propi-iélé de celui
ou de celle que l'on veut se rendre favorable, lui procu-
rer une vie plus confortable et, par réciprocité, attirer
surle donateur la protection d'un numen tout puissant.
Le mobilier funéraire, ainsi interprété dans son
ensemble, s'explique sans difficultés [fiiNus, p. 1379i.
Les sifjiUa funéraires correspondent aux statues et aux
st-itueltes placées dans les sanctuaires. Ils se divisent en
deux catégories : images religieuses, images familières.
Les images religieuses comprennent les représentations
des divinités spécialement atl'ectées au culte des morts,
surtout Déméter et Coré à l'époque archaïque, puis
d'autres qui, dans la suite des temps ont pris un rôle de
plus en plus important et se substituent peu à peu aux
grandes Déesses, comme Dionysos et Aphrodite '. Les
images familières ont au début un rôle pratique et bien
délini, quiestde nourrir le mort, de le laver, de l'entourer
de servantes et de femmes qui lui permettront de con-
tinuer confortablement sa vie matérielle- ; le cortège
funéraire s'accroit aussi de compagnons, de cavaliers et
aussi de soldats qui perpétueront dans la seconde exis-
tence la joie des exploits guerriers ^ ; au vr siècle on voit
encore se multiplier les maquettes représentant les cui-
siniers, les coilfeurs, les boulangers et pétrisseuses de
pain (lig. 6404)'. Puis un changement se fait; l'évolution
des idées et des mœurs purilie, au v siècle, ces super-
s ti tions grossières
Fig. 6404.
et, sans renoncer à
l'idée de compagnie
donnée aux morts,
lin abandonne ou on
adoucit l'expression
des Jouissances pu-
rement matérielles.
Ce sont des scènes
de banquets ^, ou
plus simplement
encore, des statuettes de jeunes hommes et de jeunes
femmes qui, mêlées aux images des divinités, montrent,
comme dans les stèles sculptées funéraires, la famille et
les amis accompagnant le défunt jusque dans la mort et
lui rendant hommage'"'. On arrive, de proche en proche,
et sous la poussée d'influences artistiques qui de plus en
plus développent le caractère familier et réaliste de la
plastique, aux gracieuses et pimpantes figurines du iV et
du ui'^ siècle, dont la fabrique de Tanagre a produit les
types les plus célèbres (fig. «)40.5) ', et qui, au ii' et au
i"'' siècle avant notre ère, prennent avec les modeleurs
de Smyrne, de Tarse et de Myrina une allure encore plus
variée, plus libre et un peu sensuelle». Depuis les ori-
gines jusqu'à ri<;mpire romain, les formes et les sujets,
le style et la technique ont cliangé, mais les idées direc-
trices et fondamentales, le sens et la destination des
< Cf. Pollier, /.es staliieltis de terre cuite, p. .I? s<|., 93, 193, 119. — 2 Bull,
curr. hell. 1900, p. 510 si|. - 3 foUicr, 61p. ;., p. 20 à is ; VVinler, Die Typen
fig. Ttrrakolten, 1, p. 7, M à IS. — t l'oUicr, p. 4li sq. (noliv figure 0404
= ikid. p. 47, lig. 17), cl Bull. eorr. hell. l. c. pi. ix à m; Wiiilor,
p. 33 à 33. —S Wiiilcr, p. 195 s<|. - c yrf. p. cg s,,. _ ; faUiev, p. 79 s,(.'
(noire lig. 0405 = ibid. p. 82, (ig. 27) ; Wiiilcr, plaiiclics du lonie 11. _ « Pollier,
p. 153 si(. ; Wiuler, ibid. — 9 L'évoluliou des lipes cérarni.|uc3 el los molifs des
oITrandcs funéraires sonl Cludiés avec des d^'veloppenienls analogues dans le nouveau
livre de E. Pollier, Ilii.Vdos et les modeleurs de terres cuiles nreciues, 1909.
, — Slaluclle de Tanagre.
xiyilla n'ont pas varié'. 11 est naturel ([ue le culte
des morts, comme le culte des dieux, ait donné nais-
sance à certaines caté-
gories d'ex-voto plus spé-
ciaux. De même qu'aux
abords d'Eleusis, les pèle-
rins rencontraient des
boutiques remplies des
images des grandes Dées-
ses, de même aussi les
abords des nécropoles
devaient se garnir de
dépôts d'oft'randes oîi l'on
trouvait des sujets parti-
culièrement funéraires :
les déesses assises, les
grands masques de Dé-
méter, les Sphinx, les
Sirènes pleureuses, les Eros aux mines funèbres, y for-
maient sans doute une partie essentielle des étalages"'.
Mais il est évident aussi que telle statuette de femme
drapée, telle ligurine d'enfant, telle Victoire aux ailes
déployées n'a nullement été fabriquée dans une intention
funéraire, puisque les mêmes types se retrouvent dans
le temple d'Élalée, dans les maisons de Priène ou de
Pompéi ' ' , comme dans les tombes de M y rina. Remarquons
seulement que parmi les ex-voto déposés dans les tom-
beaux on ne trouve jamais, du moins à notre connais-
sance, des statuettes de bronze ni de métal. Est-ce une
simple raison d'économie? Y avait-il quelque rite ou
quelque superstition qui interdisait l'otTrande d'images
de métal? Nous ne saurions le dire avec précision. Rap-
pelons seulement qu'à Rome la Loi des XII Tables inter-
disait de déposer de l'or dans les sépultures, sans doute
pour une raison économique et peut-être aussi pour les
préserverde violations sacrilèges [funus, p. 13941.
Nous tiendrons compte, dans la fabrication des
sigilla, des jouets que l'on faisait pour les enfants,
Tt'AïYyiûv '-. Dans les tombes mêmes on recueille des
terres cuites qui ont sans aucun doute ce caractère".
La poupée de bois, de terre cuite ou de cire, chez les
Grecs comme chez les Romains, aux bras articulés ou
non, a le plus souvent l'aspect qu'elle a encore de nos
jours, celui d'une femme nue que l'enfant peut habiller
de chilTons [i'UPa, s.\tlu.nali.\J. Quelques slèles funé-
raires altiques, d'un beau style, nous oITrent l'image
d'enfants ou déjeunes filles tenant dans leurs mains une
petite idole, une poupée, qui est à la fois le symbole de
leurs amusements passés et le rappel de l'ex-voto usuel-
lement offert aux défunts [pipa, fîg. o882j ".
La consécration des sigilla dans les chapelles domes-
tiques, dans les laraires, dans l'intérieur même des
maisons, prête à certaines observations. Bien que la
religion des lares, des pexates, des mânes, ait pris chez
les Romains un caractère encore plus intime el plus
— 10 PoUier, Quam ob causant, p. 81, 82; Les stutuetles, p. 200 ; PoUier et Rci-
nacli, I.a Aecropote de A/yrina, p. 149 s<|. — H PoUier, Les statuettes, p. 280-288;
cf. pour Priène, Wicgand cl Schrader, Priene, p. 329 si|. — 12 llesycli. s. i'. ; Lu-
cian. Somm. 2; Halcyon. 4; Dio Chrysosl. (Jral. XXXI, p. .150. Cf. PoUier,
Quam ob causam, p. 52. — 13 PoUier et Iteinacli, Xêcropole de Myrina, p. 90,
243, 202. — " Voy. la bililiograpliic citée, à larlicle pup.\, p. 708. note 6; il faut
ajouter Journal Hell. studies, VI, 1883, p. 17, pi. B, el uu livre récenl: (i. Van
llooru. De vita atque caltu puerorum, Amsterdam, 1909, avec le cliapilre, p. 77,
de [tiipa.
SIG
— 1:^07 —
SIG
individuel, rn'anl dans chaque demeure une cliapelle do
eulle et Jusque dans la cuisine un emplacement consacré
aux dieux prolecteurs du foyer [cvuxa, fig. 2096], on
sait que les Grecs n'ont pas été moins attentifs à observer
le culte des ancêtres, mais en lui donnant une physio-
nomie plus générale et plus civique, conformément aux
idées de leur race : ce sont les oas'ixovcç xaTa/OôviO!, les
xaToDctoioi Oso! [dakmoN, p. 16], les VjpwEç ■itaTç.ojoi qui,
dabord représentant l'héroïsation des morts illustres,
s'appliquent plus tard aux défunts de tout rang fiiKRns,
p. 145, 117, iriol et jouent le rôle de véritables Lorps. Il
y a aussi chez les Grecs des dieux, comme Hermès, qui
s'instituent les gardiens du foyer '. Que l'intérieur des
maisons grecques ait contenu toutautant de.«/.7i//a que les
maisons de Fompéi, c'est ce que nous savons maintenant
avec précision par les fouilles de Priène '. Même si ces
statuettes n'ont pas été réunies dans une petite chajielle
spéciale, semblable au lururium latin, même si elles ont
été placées aux carrefours des chemins ou auprès des
portes des habitations ', ou bien disséminées dans des
niches, à l'intérieur de la maison ', on placées dans
des annaria ', on ne peut pas douter de la valeur reli-
gieuse qu'il convient de leur attribuer. Il en est de même,
d'ailleurs, pour les maisons romaines. Non seulement
les sigilln du culte familial trouvaient place dans la
chapelle domestique, mais on sait qu'à Pompéi des
loculi aménagés dans les murs pouvaient recevoir des
statuettes ". L'idée de décoration s'ajoutait alors natu-
rellement à l'idée de protection de la maison. De même,
les peintures mythologiques si nombreuses qui ornaient
les villas n'étaient pas seulement faites pour récréer les
regards: elles attestaient aussi la dévotion du proprié-
taire envers telle ou telle divinité dont ces peintures
retraçaient l'image et les aventures. Il ne faudrait donc
pas s'imaginer que le souci d'art et le désir d'embellir
la demeure suffisent seuls à expliquer la présence des
sif/il/a dans les habitations antiques. Sans doute il faut
tenir compte de la manie qui s'empara des riches Romains
à la (in de la République et sous l'Fmpire pour collec-
tionner des oi-uvres d'art; les folies criminelles de Verres
en Sicile sont bien connues et Horace ou Martial ne
manquent pas de décocher leurs railleries à l'adresse des
« amateurs » de leur temps'. Mais ce sont là des modes
et des goûts de luxe, permis seulement à un petit nombre,
qui ne rendraient pas compte du sentiment général d'où
sont issus les xitjiUa.
Kn ce qui concerne les laraires romains, on a vu plus
haut qu'ils étaient abondamment garnis de ligurines,
généralement en bronze [lares, fig. 43'iij *. On ne se
contentait pas d'y placer les images des dieux protecteurs
du foyer; on y rassemblait toutes les divinités que le
chef de la famille vénérait en particulier. L'empereur
Alexandre Sévère avait, dit-on, réuni dans sa chapelle
I Scliol. Arisloph. A'-es, *3i;. — s Wieg.inil et Scliradcr, Priene. p. 330 5i|
— 3 Plat. Leij. XI, p. 33J; Antholog. Palat. IX, 30li. — i Môme disposiliou à
IMIos, Bull. corr. Iielt. 1895, p. 495; 1900, p. 511, 51i, 030; à Théia, llillcr von
Cacriringen, Thera, III. p. 189. — 5 Cf. t'olticr, fluam oh caiisam, p. i.o et noie I.
— fi H. von Holiden, Terracottcn von Pompeji^ p. 47, 6-2 ; cf. l'otticr, ihid. p. 72, 73.
— 7 Horal. Snt. Il, 3, JO-25 ; cf. iE'pisr I, 6. 17 , Martial, VIII. 0. — » Von Kohden,
ilml. p. 24, 7U ; cf. l'otlier, ibi'l. p. 73; II. Ili6dcnal, Pompri, I. p. 09; f. Gusnian.
Pompéi, p. liu, 131 ; Guida illustr.dnl Museo di .\apoli, 1908. p. 361. — » Lani.
prid. Aléa:. .S'ei-er. i'J, 31. — '0 Pottierel Hcinach, Nécropole de .Vyrina. p. 17:; sq.;
Wjegand et Scliradcr, Priene. p. 304 s(|. — " Blanchet, Figurines en t. cuite de
la Gaule romaine, p. i3 s<)., 50 S(|. — 12 Marlial. IX, M cl 44 ; cf. Collignon,
Oitt. sculpt. ijrecq. Il, p. 4J4. — <3 Martial, XIV. 171 ; cf. Plin. Hist. nul. XXXIV,
8 : cf. Proeliner. Terres cuites Coll. Gr'-au, I, p. vui. — 14 Hcuzey, Mémoires
privée l'image du Clirist à ci'lie d'Orphée, d'Abraham et
d'.Vpollonios de Tyane ; il honorait aussi d'un culte
Achille, Alexandre le Grand, Cicéron et Virgile'.
Les sigilla sont, en général, des œuvres anonymes.
Cependant, dans certaines régions, en particulier en Asie-
Mineure (Myrina, Cymé, Priènej '" et en Gaule", les
fabricants ont pris l'habitude d'apposer leur nom ou
leur marque particulière sur les terres cuites, sans doute;
pour des raisons commerciales, plus que par considé-
ration pour la valeur artistique de l'œuvre [sigxum]. Les
petits bronzes ne sont pas signés. Pourtant, c'est dans
cette série, comme dans celle des petits marbres, qu'on a
pu réaliser des morceaux de prix. Dans l'antiquité même
on citait un petit bronze de Lysippe, Hercule Epitra-
pézios qui ornait la table d'Alexandre le Grand et qui
aurait appartenu ensuite à Hannibal, à Sylla, avant
d'arriver aux mains de l'amateur iNonius Vindex '^
On vantail aussi à Rome la statuette d'un jeune. favori de
Brutus, exécutée par Apollodore". De très belles figures
comme la Minerve de Chantilly", comme l'Hercule du
Louvre' % comme le cavalier combattant de Naplcs
[iiETAlHOi, fig. 3833J'", peuvent donner une idée de la
perfection qui fut atteinte en ce genre.
II. Les mots sigillum, sigi/tatiis, s'appliquent à des
reliefs de métal ou d'argile qui décoraient des vases ou
des margelles de puits ou tout autre objet". Sigilla
désigne aussi des ornements de stuc posés sur les parois
des habitations". Pour cette catégorie des bas-reliefs
nous renvoyons aux mots caelatura, figlinum, forma et
TECTORiiM. Le même terme est employé au sujet d'étofles
ornées de broderies" [segmextum, p. 1174].
III. Sigitlum désigne encore le sceau avec lequel on
marquait dans une matière molle l'empreinte de son
cachet, bague ou pierre gravée^". Nous renvoyons à
siGXi M. Ad. Blanciiet. — E. Pottier.
SIGMA. — Lit en forme de sigma lunaire grec [lectcs,
p. 10-22].
SIGNA MILITARIA. Enseignes militaires.
Orient. — Partout où l'on voit de nos jours des clans de
demi-civilisés partir en guerre, on constate qu'ils empor-
lentavec eux,pourles guideretpourles protéger, la divi-
nité tutélaire du clan. Tel était le rôle du ciieval blanc
que les Perses et les Germains emmenaient en cam-
pagne, de l'arche des Hébreux, du taureau de bronze des
Cimbres. Comme le montre ce dernier exemple, à défaut
de l'animal divin, son image suffisait, d'après celle idée
primitive que l'image n'est, en quelque sorte, qu'un
moule où la divinité est tenue de se manifester. La
façon la plus commode de porter en campagne une image
de ce genre est, assurément, delà hisser au sommet d'une
perche, d'où la divinité dominera la troupe de ses fidèles,
verra mieux et sera mieux en vue. C'est le procédé que
l'on trouve déjà en usage dans l'Égyptc prédynastique',
el Mon. Viol, IV. pi. i ol h. — 15 CollignoD, Op. l. pi. iv. — 16 Id. fig. Si8.
— 17 Cic. Verr. 11. 1, 14 ; arf Atlic. I, 10, 3. — 1» l'Iin. Hist. nat. XXXVI, 39, S;
cf. CoUignon, An-uc </c l'art anc. et mod. 1897, 11, p. 97-107 et i04-ili. — l'J Ovid.
MHam. VI, 85. — M Cic. Acad. prinr. II, 30; Horal. Ep. I, ±0, 3.
SIGNA MILITARIA. ' Voir, pour l'cpoifue primitive, Loret, Les enseignes mili-
taires dans /fefue èyyptologiqne, l''02 et l'Éf/ypte au temps du totémisme, dans
ConférenctiS au Musée Guimet. 1906 ; W Xewberry. Ensigns on the prehistoric
pottery, dans les .innats of Archa^ology de Liverpool, 1908 ; A. J. Rcinacli, l'Egypte
préhistorique, 1908. Pour répoque liislorir|ue. *oir li-s (ignres de Wilkinson, Man-
nersand customs of the anc. Erjgptians, I, p. 294 el de J. Harris. h icroglyphical
Standards, Londres, 1852; cf. aussi de Rouge, Monnaies des A'omes de l'Egypte,
Paris, 1873. Le premier des cinq noms du pharaon est inscrit dans un rcclangic
i|ui est consid*>ré par ccrtai- s comme une tauuicre à franges.
SIG
— 1308 —
SIG
5(X)(» ans peiil-i-trc avant nolrr t ro. Ciiaqnc village appa-
raît, sur les vases primitifs, domino par une poulre
élancée au haut de laquelle est fixée l'enseigne A la chasse
ou à la guerre, c'est celle enseigne que le clan emporte. Sur
les palettes qui nous ont conservé l'hisloire des guerres
des premières dynasties, les exploits de chaque clan
sont représentés comme ceux de son animal sacré. Ainsi,
sur des enseignes qui portent un chacal, un lévrier, un
ibis, un faucon, un boumerang, une palme, une paire
de llèches croisées l'car certaines armes et certains végé-
taux peuvent servir d'enseignes aussi bien que les ani-
maux), on voit des cordes attachées à la planclie trans-
versale qui supporte ces figures, cordes qui servent à
suspendre ou à traîner l'emblème du clan vaincu. .\il-
leurs, la perche elle-même se termine inférieurement par
une maia qui saisit la victime ; ailleurs encore, des
bras humains semblent sortir de la planche transversale
pour enchaîner un captif ou attaquer une place; c'est de
même par une main que se terminera l'enseigne romaine.
L'enseigne est si respectée qu'elle a été portée d'abord
par le chef féodal, puis par le général, avant d'être con-
fiée à un porte-enseigne, qui a une paire de lions pour
armoirie. Au sommet d'une longue hampe, il élève ou
l'animal sacré d'un nome, ouïe symbole d'un des grands
dieux de l'Egypte, ou encore, précédent curieux de
l'usage romain, le cartouche du pharaon. Quel (jue soit
l'emblème porté en tète des troupes, on voit s'affirmer
toujours la même idée religieuse qui est toute la raison
d'être de l'enseigne aussi bien en Egypte qu'en Assyrie
et qu'à Rome: intéresser directement à la victoire des
siens la divinité tulélaire, bénéficier delà force magique
qui émane de son image, décupler ainsi la force de ses
fidèles par le devoir de protéger et défaire triompher le
dieu qui les guide. C'est ce que les Égyptiens avaient
entrevu quand, pour expliquer pourquoi l'on retrouvait sur
leurs enseignes les animaux adorés dans leurs temples,
ils disaient à Diodore de Sicile ' : « Les habitants de
l'Egypte étant, au début, souvent vaincuspar leurs voisins
à cause du désordre de leur armée, ils eurent l'idée de
se donner, dans les batailles, un signe de ralliement ;
or, ces signes sont les images des animaux qu'ils vénè-
rent aujourd'hui et que les chefs portaient fixés à la
pointe de leurs piques, en vue de chaque rang de sol-
dats. Le bon ordre dû à ces enseignes contribuant beau-
coup à la victoire, on se figura que h; salut venait
d'elles: aussi établit-on la coutume de ne tuer aucun des
animaux représentés, et cette coutume se transforma
ensuite eu culte ».
Dans tout l'Orient antique, ce .sont des dieux ou des
symboles divins qu'on retrouve sur les enseignes : si le
lulur monothéisme juif nous a laissé ignorer quelle
< Uiod. I, Sf.. — 2 Schwally, Semilisclie Kriegmllertûmer, 1 (l'joi). p. Ifi,
cl l'arliclc Hitsii/ns àv V/incycloiiaedia bibtica. — 3 jos. Bell. Jud. Il,
9, i ; Ant. XVIII, 3, I. — « Sarre, Die allorieninlis'-hen Fcldzeichen,
«laiis A'do, 1903, p. 337 ; Pcrrot, Hist. de l'Arl, II, p. 59i iTcllo); Heiiicy,
Cnluhijue des anliq. chaldi'eimcs. n. 10 B i (sU-le des vautours); Armoiries
chaldéennes (l'aris, IxOlIcl C.-r. Ac. /nsiyr. l'.iOS, p. 15; Mon. Piol, .\VI, 13.
— liUeClercq, Cttlaloijue mélliudique, pi. ixm, p. 28V; J.ile Morgan, J/Aiioiies,
p. 137. — « Sarre, Op cil. p. 338 d'après Layard, Niniie, I, pi. u, xiii,
iiv, iMi, ixiii (Assurnasirabal) ; Bolla cl Klandiii, Ninii'e.U, pi. ci vin (Sargon
= Perrol, V. 509), d'où est prise la lig. 6106; fi rayons ilans Andrae, Milt. d.
I>riml.(let. 191)6 (Assour). Ces! ce <|u'od voil aussi dans le relief en bronze de
IVslh, sur le registre inférieur, de part et d'autre, d'une édicule où est figuré Jupiter
delioiil, le foudre â la main ayant .^ sa ganclie un aiitclel, àuroitc et àg.iuclte,dcu&
enseignes, aigle, traverse à handelcltes, sept plialcrcs. un croissant (Uomaszewski,
image jiortait Vôlh de chaque Iribu et le ffegel de
chaque groupe de trois tribus^, et s'il a même obligé les
troupes romaines à retirer de leurs enseignes les mé-
daillons des empereurs quand elles entraient à Jérusa-
lem ', on voil sur les enseignes chaldéennes l'aigle
aux ailes éployées. les lions ou les taureaux passants S
des symboles conmie le croissant ou le disque solaire
que l'on retrouvera à Rome^, ou encore un véri-
table ve.rillum. Deux mille ans plus tard, chaque batail-
lon des cliarriers assyriens se rallie autour d'une grande
perche que porte un des ciiars, perche qui se termine par
une rosace où la foudre est représentée par des faisceaux
de lignes brisées, soit par
le dieu Assour sous foi me
d'un aigle à busle humain
qui tire de l'arc, soit pai
l'archer . M ardouk debout -^111
un taureau bondissant nu
placéau-dessusdedeux tau-
reaux adossés (fig. 641 H)j'"
Le dieu tonnant, monte sur
un taureau ou s'élevant
au-dessus des taureaux
adossés, a été introduit pai
le culte de Jupiter Dolu lu
nus dans les légions lo-
maines(fig. 2489). Sur leurs
enseignes, à la renconlie
des deux taureaux, on voit
parfois une rosace à sept
branches qu'on connaît Pig. ewe. — Enseigne assyrienne.
déjà en .\ssyrie ; à la
naissance du disque des enseignes assyriennes pendent
deux glands à franges qu'on retrouvera aussi sur les
enseignes romaines. Un ciiar sacré suit l'armée assy-
rienne, portant les enseignes ; dans le camp, il est placé
au milieu et un autel est aussitôt aménagé devant lui ;
c'est ce qui se fera pareillement dans le camp romain.
Les camps égyptiens ont également leur sanctuaire por-
tatif et leurs chars de guerre sont surmontés de même
par l'enseigne divine '.
Chez les Perses, l'enseigne royale est un grand aigle
doré, porté au sommet d'une forte lance '.C'est un aigle
— ou peut-être un coq — qu'on croit voir brodé ou peint
au milieu du drapeau des cavaliers perses qui entourent
Darius Coiloman sur la mosaïque de la Rataille d'Issus'.
Tout comme le rexiUum romain, ce drapeau est un
carré d'étoffe pourpre, muni inférieurement d<! franges
et attaché à une traverse sous la pointe mêmi> qui
termine la hampe. Sur une coupe de Douris, un
porte-enseigne perse porte une sorte de double vexil-
Westd. i^eitschrift, XIV, pi. iv.i D'après Hérodote. I, lOi, ciiai|ue noble assyrien por-
tait un sceptre surmonté d'une pomme, d'une rose, d'un aigle ou de tout autre épis^-
mon. -I Voir H.Scliâfer, Klio, lOOfi, p. 3!it. —S Xenoph. Ci/r. Vil, I, 4 : ti> ^r.siir...
«Exô; y^puffdù? trti Sôpaïo; )jLav^o'^ &vaTETa|ir<');; Anatl. I, 10, M; n'a ^aff-Aei^v »T»;jitrov,
«ETÔv -IfUiloSv i,î( TïrATT,ç ; PHiloslr. InifUJ. Il, 31: ,jr,;tErov TÔ ^a<réÀei«v ô ;(0'J90>;
\x\ Tiî; TîttTïi; «ETÔ;. Pelti'\ s'il n'est pas pris pour ;)(i//oh, tance, doit désigner un
demi-cercle de bois ou d'étoffe rigide. Cf. Fickelsclicrer, Kene Jahrhiicliery 1898,
p. +S0, et Williams Jackson, 7"/ic national emblem of Persia, dans Joiirn. Ame-
rican Oriental .Society^ 1899, 5t). — ^ Sarre, Op. cit. p. 3*9, a essayé de prouver
qu'il s'agissait d'un coq, auim il sacré dans la religion de Zoroastre. C'est de ccl
animal qu'on a dérivé le triskélc, symbole si répandu dans la Uréce primitive, et
qu'on retrouvesnr des monnaies de l'ersépolis (cf. A.-J. lîeina'li. W.Xuthropoloyie^
1910). Sur ces monnaies (reproduites lig. l'i-tC du Sa■rc^on a nu véritable
vcd-illum carré divisé par deux diagonales.
SIG
1309
SIG
lam ; deux (•arrés divist'S par les diagonales en qualre
compartiments, deux blancs et deux noirs, s'agitent de
part et d'autre d'une hampe (fig. 6407)'. Peut-être,
tomme tous les peuples qui ont subi
l'inlluence des Scythes, les Perses
avaient- ils aussi un serpent comme
guidon. A coté de l'aigle et du fauccm,
insignes royales'-, les Parthes, qui ont
subi profondément cette influence,
marquent à l'image du dragon leurs
fanions de soie^ ; le même dragon,
dont le domaine s'est étendu jusqu'en
Cliine, enseigne nationale des Scythes,
des Bisaltes ', des Sarmales. des
Daces, a passé de ces peuples dans
l'armée romaine.
Grèce. — On voit par cet aperçu que
tout l'Orient a connu les enseignes.
En Occident, celles de Rome ne difTèront
pas essentiellement de celles des Étrus-
ques ou des Sabelliens, des Ligures ou
des Gaulois. .\u milieu de tous ces
peuples chez qui l'usage des enseignes
'° 'perâ." '^^'°"'' est avéré, la Grèce classique parait
l'avoir ignoré. Le mot !7r,u.£ïov, qui
servira à traduire sir/num, désigne, en langage militaire,
le signal ijui marque le début du combat, signal qui
peut consister aussi bien à embraser une torche ' qu'à
hisser une étoffe '. 'E7ti5T,ui.ov est le nom de l'armoirie ■"
qu'on peignait au centre des boucliers, tantôt attribut
de la divinité nationale — la massue d'Héraklès
en Béotie *, le trident de Poséidon à Mantinée' —
tantôt initiale du nom du peuple — /y chez les Lacédé-
moniens '°, AA chez les Messéniens ", ^ chez les
Sicyoniens ''- [cupeus p. l^oO]. Bien que l'introduction
de ces emblèmes sur les boucliers soit attribuée par
Hérodote aux Cariens " etqu'il faille descendre jusqu'aux
céramistes du vi" siècle et jusqu'à Pindare pour les voir
attribués aux héros de l'épopée'S il estdifficiled'imaginer
que des chefs qui sculptaient leurs armoiries sur leurs
portes ou les gravaient sur leurs sceaux comme ceux de
Mycènesne s'en servissent pas aussi pour reconnaître et
pour rallier leurs lidèles dans la bataille. En rappro-
ciiant de quelques passages homériques l'objet inexpli-
' llarlHig, Meislersclml'ui, CI2 ; FoUier, Douris, lig. 20. On peut voir encore
(leu.v rragmcnls ccrami(jues : Airft. Jahrfmch, 18S9, p. liOl (où tL-nseigne csl iden-
tique à ccllt; que reproduiL Rawlinson./'tre J/o>iarc/iie«, 1^, p. \ùO) cl Bull. com.
di Monta, 1884, p. 13'» fidenlique à celle des monnaies de Persépolis). — 2Cf. Sarc,
Op. cil. p. 353. — 3 FJor. III, 11,8 : stgna auro sericisque tJexitlis vibriinlia ;
Tac. Ann. XV. 29 : lurmes parihcs itïsiytiibus patriis. — * Voir pins loin p. 1.321.
Four les Bisaltes, Val. Flacc. Arg. VI, 156. Le même auteur, VI, 72, nous montre
les Oangariiies élevant sur leur enseigne la biche f|ui leur sert d'oracle : sur la
plaque du musée de Festh, citée à la p. 130K n. G, il est curieux de voir, en face de
Dolichcnos sur son taureau, une déesse debout sur une clicvre[Dol.tcHENCs, fig. 2190. J
— » Tliuc. I,«; 11,90: 111,22,91 ;IV, 42, III ; VI. 31; Vil, 34; Vlll, 93 -6Tliuc.
I, Ct'i. — • On sait rpi'on a reconnu l'existence de véritables armoiries pour les villes
grecques; cf. Bcrnd, f/as WiippemresPn der Gvicchen und Rnmer (Bonn, IKil);
Curtius. Atihandl. d. Berl. Ak. 1874 ; Macdonald, Coinli/pes. 1905, p.75.— 8.\en.
Uell. VII. 5, 20. l'eul-étre les Béotiens, comme les Arcadiens elles Tbessalicns (cf.
Tli. Keinaclidans Corolla ntimismatica^ 1907, p. 270), avaient-ils | orté la massue
comme arme nationale. D'après Xénoplion, ce serait pour montrer leur sympathie
à l'égard des Thébains que les Arcadiens auraient peint des massues sur leurs bou-
cliers. — 'J liacchyl. fr. 41 Bergk. — 10 l'hol. s. i'. '/iiinSSa ; fr. d'Eupolis, Com. fr.
II, otil. l'ausanias, IV, 28, 5 parle, mais sans préciser, de (rr.ixtTa .\«*wv«a. — " Pliot.
i. c. — 12 Xcn. Oeil. IV, 4, 10. — 13 Her. I, 171 ; Slrab. XIV, CCI.
— ''* Les renseignements donnés par les textes et les vases ont été réunis
p.ir IJ. II. Chase, The Shield-dmces of the Grecks {Harrard Sludies, XIII, 1902,
p. Cl), et par M. Greger, Schildschmuck bei den Oriechen (Erlangen, 1908),
p. 55. — ij Furtwacngler-Loesclicke, Myken. l'asen, pi. xlii. A la lance
qiié qui pend au haut de la hampe de la lance que por-
tent les guerriers d'un vase bien connu de Mycènos
(lig. 34 'tO), on a voulu conclure à l'existence de fanions
à la fin de l'époque mycénienne '°. Toujours est-il qu'on
peut reconnaître un pavillon à la poupe des navires repré-
sentés sur certains vases du Dipylon "''.Ce serait l'ancêtre
delsisli/lis, liampe cruciforme dont la traverse portaitpeiit-
être une flamme, qui paraît avoir orné régulièrement l'ar-
rière des galères athéniennes [stylis]. C'est seulement
avec Alexandre qu'un drapeau apparaît dans l'armée.
Aussi a-t-on pensé que c'est à la Perse que le conquérant
avait emprunté l'étendard pourpre qu'on brandit au haut
d'une sarisse pour donner le signal delà bataille'". Je
préfère voir dans cette plioinikis l'antique insigne dti
roi en tant que chef de guerre, insigne qu'on retrouve
à Rome. La phoinikis flotta au haut du corbillard
d'.Vlexandre '* etl'ondoitprobablementrimaginer d'après
le drapeau qu'un roi hellénistique tient à la main ^clavis,
lig. 1015 sur une fresque de Pompéi '", imitée sans doute
d'une peinture de Pergame : fixée sur une traverse^
l'étofl'e forme inférieurenient quatre pointes ; de ses
extrémités deux cordons partent pour s'attacher sous le fer
de la lance à laquelle clleeslfixée ; leur point d'attache est
caché par un objet rond, pommeau ou peut-être médaillon
avec la tête du monarque, comme on en trouvera à
Rome sur les enseignes impériales. L'enseigne royale
n'était pas la seule dans les armées hellénistiques.
Arrien montre la chiliarchie des hétaïres « conduite par
l'enseigne telle qu'elle avait été faite sur les ordres
d'Héphestion ^'' ». Bientôt chaque bataillon dut avoir la
sienne. On pouvait déjà l'inférer des textes où Tite Live
parle du grand nombre des enseignes gagnées par les
Romains dans leurs victoires sur Philippe V ou sur An-
liochus 111 -'. Les découvertes récentes faites en
Egypte-^ y montrent, peut-être par une tradition remon-
tant à l'armée pharaonique, chacune des unitésqui corres-
pondent aux manipules romains ayant son sémeiopho-
ros; c'est ainsi que ijtijasïov prit le sens dans lequel
Polybe l'emploie pour traduire manipule ou cohorle -'.
Rome. Nature et éléments des enseir/nes. — Jusqu'au
dernier siècle de la République, on est réduit, pour
se figurer les enseignes romaines, à quelques textes
dont les auteurs ne s'en référaient eux-mêmes qu'à la
tradition. Hlanipii/us a été expliqué par une étymologie
d'Epamiuondas on retrouve flottante une •:«.•.,■» iDiod. XV, 52, 5) ou iiifiila
(Front. I, 12, 5). On voit déjà une banderolle aux lances des guerriers d'Eannatum
de Lagasn (Sarzcc et Heuzey, iJécouv. en Chaldile, pi. mbh.) —10 Annali. 1880,
pi. v[, 2 ; Wallers, Catal. Dril. .Vus. Greek vases, p. 372, f. 85. — '7 C'est
ce qu'on voit dans l'année nuicédonicnnc ,i Sellasie, Fol. II, C6, 10-11; 1 lui.
Philop. 6. i. — I» Diod. XVIII, 215, 90. Cf. C. F. Mullcr, Der Leichenwni/i n
Mexanders, 1905, p. 51 ; Rcuss, Jibein. Mus. 1906, p. 409. — 19 Museo
Borbon. VII. 7; Helbig, Gem.îWe, n° 941. — 20 Arr. VII, 14, 10 : x'o <.,i«it.v...
■xh i; 'HiatiT^wvo; TCEiEoir,;iÉvQ-'. Le drapeau portait sans doute le nom ou les armes
d'Héphcstion. — 21 Tite-Live, XXXIII, 7, 10, attribue à l'exagération coutuuiicre
de Valerius Antias les 240 enseignes prises à Cynocéphales, les 230 des Thermo-
pyles (XXXVI, 19; XXXVll, 44), les 23V de Magnés e (XXWIII, 59); mais les
27 signa de Plialanna n'ont rien d'invraisemblable (XLII. 60) ainsi que les 53
de Pyrrhus i'i Asculum (Oros. IV, 1). Je ne crois pas cju'on puisse attacher de l'im-
portance aux 'expressions de langage courant qu'emploie Tite-Li»'e <piand il
montre la phalange de Perséc s'avançant à Kallinikos sub signis (.XLU, 58; ou
Séleukos marchant contre Élaia signis infestis (XXXVll, 18, 20). Si l'on admet que
l'arc it'Orange commémore la victoire de César sur les Marseillais et les peu-
plades gallo-Iignres alliées, c'est à ces Grecs i|u'il faut rapporter les vexilla
qu'on voit sur les trophées à côté des enseignes à animaux des barbares (S. Bei-
nach, Béptrtoire des Rciefs, I, 203). — 22 cf. P. M. iMeyer. Dus Heenresin der
Ptolemaer, p. 80 ; Lcsquier, Ben. de l'hil. 1908, p. 213. et A. J. Reiuach, Ber.
U. 6t. grecrjites, 1909, p. 300. Les sii/na miWarm du roi de Thrace Rhoimelalkcs
sont les enseignes romaines (Flor. Il, 7). — 2' Un des premiers exemples de cet
emploi se trouve dans les Amlierst. Papgri, 39.
SI G
1310
SIG
1)111111 n'a pas do raison sériouse puur conlcslcr : Koimiliis
aurait divisé ses compagnons par groupes de cent
lionimes ayant pour enseigne une perciie surmontée d'une
poignée de braneiiages nu d'herlie, particulièrement du
loin '.
L'étyniologie du mot ve.ri/liim n'est pas moins transpa-
rente -: il s'agit d'un petit vefum, d'une élofTe Mollante.
ttn rapporte que, lorsque les Homains se réunissaient on
armes au (!hamp de Mars, un drapeau rouge lloltailsur la
citadelle \ Kncasde tiimiillux, on hissait deux ucr/Z/fl, le
rouge el le l)Ieu, qui appelaientrespeclivement aux armes
les fantassins et les cavaliers '. Au temps de Crassus ^
coiimieau temps de Fabius", le drapeau rouge flottait dans
le camp sur la tente du général. Hlnfin, Pline nous apprend
(ju'avant Marins, la légion était conduite au combat par
cinq enseignes portant des ligures d'animaux qu'il énu-
nière dans l'ordre suivant : aigle, loup, minotaure,
cheval, sanglier '. De ces enseignes. Marins n'aurait
conservé que l'aigle, devenue le symbole même de la
légion [LEfiio]. Le vexilluin survécut sous sa forme,
apparemment primitive, d'une étoffe carrée, attachée
à une traverse fixée sous la pointe d'une lance; le sou-
venir du manipulus s'est peut-être conservé dans la
main ouverte qu'on voit souvent au haut des ensei-
gnes manipulaires et dans les couronnes de verdure qui
les décorent. Nous avons à considérer ce que les monu-
ments de l'époque impériale apprennent sur ces trois
catégories d'enseignes.
Uftijuiia, insigne de la légion", consiste essentiel-
lement en un aigle, les ailes éployées, tenant dans ses
serres le foudre. A l'époque républicaine l'aigle était en
argent, le foudre en or '■' ; sous l'Kmpire l'aigle lui-
même fut doré '". D'après les exemplaires retrouvés,
il faut croire que l'argent ou l'or n'étaient qu'appliqués
sur du bronze, métal de bon augure. Quand la légion a
reçu une couronne, celle-ci, fondue probablement dans
le même métal que l'aigle, est placée dans ses serres"
ou sur ses ailes ; quand ce sont des phalères dont elle a
été honorée, elles sont fixées sur la hampe. Cette hampe,
parfois argentée, est munie inférieurement d'une forte
pointe, avec cran d'arrêt qui sert à l'enfoncer'^ et, vers
le milieu, un crochet qui permet de l'arraelier (fig. 6'i08;.
I Ovid. AVi5(. III, 113. Cf. Isi.l. Uii.j. I.V, 3. .ÏO; XVIII, :h, S ; Si-ry. Aeii.
XI, 870; Flul. /lom. x. Tous ces Icxles ilcrivcMil de Varioii. Une aulrc cly-
niologie de mnnipiiliis dans Vcget, II. 13. - 2 Festus, s. v. p. 377 M. : Seiv.
Aen. VIII, 1; Isid. Or. XVIII, .•), 5; eiisoiail. I, p. 'J9, 13; HO, 3 Helli.
c;ic(îion, (Iralur, i;., voit ilaiis relnm une conliaclion de rrxilinm. — 3 Liv.
XXXIX, 13. Il; Macr. Sat. I, IC, l.'i; Fc-slus, p. 103 M. — 1 Scrv. ^Icti.
VIII. 1 : umim russeum quoil pcititcs evocalial cl unum caerulvum qiiod erat
illltilum. — ï> l)io, XL, 18: inn|«tto-- t.». |«ejà>.u.... aai =o.«i.à .ji;i.«aT«. — 0 Plul.
Fah. 15: ji-.m xi.xivo;. Un parait l'avoir, sinon artoré, du moins déployé de façon
parliciilicre pour annoncer la halaille, Caes. D. ijaU. Il, 20, 1 ; B. hisp. -S, 2 ;
/;. a/f,r. 45, 3. - 7 Plin. vV<i/. Iiisl. X, 5 : Itomanis mm [agnilayn] Uyionibiis
C. Marins iii secundo consulatu siio proprie dedicavit. h'rat et antea prima ciim
i/uattupr aliis : tupi, minotanri, equi aprique singulos ordines antcibant. Paucis
anle annis sola in aciem porlnri co ■plu erat, reliqiia in caslris relinquebantur.
iîariusin totum ea abdicaril. Fcslus, p. 148 et 234 M, conlirmc les dires de Pline
pour le minotaure cl le sanglier. C'est par anachronisme que Tilc-Mve, XXVI, 48,
innnlre au siège de Carlliagùne les soldais el les marins prêts à jurer par leurs
.ïiyiiri mililaria et nqailas, coiniuc il parle en anticipant d'un sitric de siunn
cohortis. XXVII, 13. — s Une aigle par légion el pas de légion sans aigle: Caes.
B. f/nll. IV, 2.1 ; Tac. Ann. 1, 30 ; //M. I, 61, s;i, 100; Hygin. De limilibiis coiut.
p. 170 L; Joseph. II. Jud. Il, 10, 2; V, 2, 1 ; IMin. X, Iti; Arrian. Exp. m
Al. S. 6; Dio. XL, 18; Vcget. Il, 0, 8 ; Lact. Insl. I, 11, ID. Sur l'arc de Trajan à
bénévent. V irlas c|ui présente un soldai ii Trajan tient ini i-esillnm suimonté de cinq
aigles qui personnifient les cinq légions (Domasiewski, (tesl. Jalir. IR'.l!), 18SI).
— 9 Cic. Cal. I, 9, 24; Sali. Cal. :.4 ; Appian. B. Ci,: IV, ICI : Dio, XLIII, Ti. On
préférait l'argent, dit Pline {H. nul. XXXIII, 19, 1,) parce qu il brille de plus loin.
— 1" Dio, XL, IS (aigles d'or déjà d.ins l'armée de Crassus); llerodian. IV, 7. 7.
Fig. CUIS. — fo
Elle se termine à la liaiilrur de repauli; de Vrn/ni/ifrr,
qui la lient dans la droite, par une sorte de cha-
piteau (fig. tîUO) '^ Sur ce chapiteau vient se fixer labase
creuse placée entre les serres
de l'aigle; parfois un trou ou
un passant, ménagé dans le
corps même de l'aigle, per-
tnetlent d'en consolider l'at-
tache. .\illeurs, le chapiteau
est ciselé de façon à faire
corps avec le foudre, en un
de ces longs fuseaux d'où
s'échappent des éclairs (fig.
6408, 6409, etc.) , lelsqu'on les
voit dans les foudres repré-
sentés au centre du bouclier
du légionnaire [leiiio, fig.
■4416, i'ulmen].
Dans les sir/na manipu-
lorum, ce qui semble essen-
tiel c'est la lance elle-même,
l'antique symbole du dieu
de la guerre, pourvue de sa
pointe et de son talon (cuspes) '*. Un cran d'arrêt
l'empêche de s'enfoncer trop en terre'''; sous la pointe
se trouve une petite traverse d'où
pendent des bandelettes de pourpre ter-
minées par des feuilles de lierre en
argent ; quelquefois la hampe ne
dépasse pas cette traverse '". Sur la
hampe sont fixées diverses décorations:
les unes, appartenant à la catégorie des
donu mi li (aria, ont été conférés
pour certains faits d'armes, comme on
décore encore de nos jours les dra-
peaux ; les autres consistent en représentations d'ani-
maux. Celles-ci apparaissent sous les Flaviens, pour se
développer surtout sur les monnaies légionnaires de
Gallien, qui passa la meilleure partie de son règne
C^oS-eS) à combattre sur le Rhin et sur le Danube et qui
parait y avoir régularisé l'emploi des brigades de cava-
lerie barbare Elles furent imitées par l'usurpateur gau-
(à.aSriiiaTa de l'cuscigne dorés) : lIcMpp. fr. 24 »p. F. Ilisl. gr. III, 682. — H Voir
un exemple dans Caylus, Hecueil, III, pi. i.xv, 3. La couronne est percée dans le lias.
L'aigle pouvait se détacher ; un soldat de Varus sauve le sien \ntra baltei latebras
(Flor. IV, 12, 3S). — li Ilio, XL, 18, 2. — 13 Plusieurs aigles dont la provenance
est inconnue dans Causse de la Chausse, /iotiwnum Muséum {Rome, 1090), pi. xv
et xvn ; Bec. d'ant. rom. V, I 5 ; dans Graevius, t. X, p. 1528 (repr. dans Duruy,
Hist. des Bomuins, II, 484) et dans taylus, Becueil, I, pi. iciv, 1 ; VI, pi. ïcii, 1-3.
Notre ligure 0409 (cf. 0421'.) est lirée d'un las-relief d'un arc de Marc-Auréic. encastré
danscelui de Constantin, Bellori el Kuhcis, Vel. urcus^ 17. Aux musécsdu Louvre,
(l.ongpérier. Bronzes du Loum-e, n. 938) de Sainl-tiermain et de Spire sont
conservés trois exemplaires douteux d'aigles aux ailes éployées; un autre semblable
trouvé au Val de Ruz, Antiqua. 1884, pi. xxxvu, et une aile d'aigle en bronze pro.
venant probablement d'une enseigne trouvée à Cézéria et conservée au ftiusée de
Lons-le-Saulnier [Annuaire du Jura, 1.S59, pi. v). Un aigle de bronze qu'une cou-
ronne surmonte portant les lettres S. P. O. U. aurait été trouvé à Solana de los
Barres (Estramadurc), cf. Boletin de la rcal Acad. de Hisl. 1907 p. 241. An
caslellum de Schierenlmn [fttu'rqerm. Limes, VII, pi. m. 9) on a trouvé une pointe
de lance percée de trois Irons où sont passés des anneaux apparemment deslinés à
recevoir une desdécoratioits du siguutn. Pcul-élre faut-il voir aussi une aigle de légion
dans celle qui a été lrou\ ée au forum de Silehcster, Arcliaeologia, XLVI, pi. xvn (cf.
Keinacli, Bronzes /iqiirés.]). 291). Les représentations sculptées les plus fidèles sont in-
diquées par Domaszcwski, Oie f'ahnen, fig. 3-10 Inoire lig. 640S) nolaniment les
fig. 3el4que donne aussi Lindenschmit ,7'r«c/i(. II, 1-2. — IlSnet. Cnes. 1,62; Pliu. H.
nul. XIII, 3 (4), 23 : Appian. Bell. civ. 02. - li Hofmann, MUilârj/rahsteiue der Do-
nauiânder. p. 20 ( = Corp. ins. lai. V. 5:->8G». — "» llofman, /.oc. cit. Voir aussi les poi--
tionsde hampes d'enseignes reirouvées, Wcckerling, /*(i(i/»/SiVH.ï. jn M^onns,pl.\\,
'.; Lindcusdiiiiil.t'tn/l-n/miis.pl.xxvni, 22;Jarobi. .Snalburg, pl.xxvviii, 2S,p. V90.
r,W9. — Ail
ur le foudn
SI G
1311
SIG
lois Vicloriinis i'iOîS) el par rusurpaleur breton Curaii-
sius (:28()-:293) '. On peut induire de ce fait que l'in-
fluence de l'Orient et de ses cultes zodiacaux, qui
atteint son apogée sous les Sévères, a moins contribué
au développement des enseignes animales que l'inva-
sion de l'armée romaine par ces barbares qui pra-
tiquaient la zoolàtrie et marchaient au combat sous la
conduite d'un taureau ou d'un bélier sacrés, comme l'at-
testent les signa des auxilia constitués par eux. On
n'ignorait sans doute pas à [tome que cette coutume
était celle des légions d'avant Marins, coutume dont
l'aigle avait conservé le souvenir. Aussi ne dut-on guère
s'étonner de voir cliaque légion adopter, à côté de l'aigle
devenu l'emblème général de l'armée impériale, un ani-
mal pour attribut particulier (fig. tJ410;-, qui pouvait
servir de lien aux multiples détachements dans lesquels la
légion était décomposée. Chaque légion pouvait avoir
plusieurs de ces emblèmes et plusieurs légions le
' Les monnaies légionnaires de Gallien ont élé rassemblées par Kolb, ^^iener
iViim. Zeitschr. V, 53; celles de Viclorinus par de Wilte, Heme num. 3" série,
H, S93: celles de tarausius par Colien. Méd. imp. V, 519 (pour Gallien, IV, 3S0 ;
pour Viclorinus, V, 6Û). Dans les notes du lalileau ci-joiut, j'indique seule-
ment pour les monnaies le nom de celui de ces trois empereurs auquel elles
appartiennent. — 2 La fig. Cilû, d"après Cicliorius, Trajansaule, pi. xsxv. —
froehner. Col. TraJ. pi. lxxu. — 3 Gallien. — * Gallien. — 5 Gallien. —
0 Gallien. — ^ Gallien. — » Gallien. — 9 Carausius, Arch. Ep. Milt. XV,
183 : Cicliorius, Traj. S. p. iiS. — 10 Viclorinus. — " Gallien. — H Gallicu.
— 13 Gallien. — H Carausius : Corp. inscr. lut. Vil, 617, 51'J, ôiS, 17, ll:iil
(Capricorne el Pégase) ; Mowal. Arch. Aeliana, 1907. — IS Gallien, Vaglieri,
Notizie, 1908, 235. — 10 (Gallien, Carausius. — 17 Gallien. Une louve
qui semble provenir d'une enseigne dans Caylus, HecuHl, 111, pi. xliv. —
'8 (iallieii. — 1" Gallien. — 20 Gallien, Carausius. — 21 Vandeweerd, Et. hist.
iurtroi» léijions da Bas-Danube, 1907, p. J38. — 22 Carausius, Viclorinus. Hercule
domptant une biche, dans Caylus, liée. V, 108. — 23 Viclorinus, Bei: num. 1889,
514. — 21 Gallien. — 25 Sauveur, Musée lielije, 1908, 137. — 26 Gallien (lion courant,
lion passant radié), Viclorinus, Carausius (lion au fondre, lion passant, i lions
alTronlés). Sum. Zeilschr. 1891, 30; Blancbet, Etudes de num. 1892, 1, p. Cï.
— '27 Gallien. — 2s Gallien. — 2'J ColTre laissé sur le cliamp de baUille de Crémone
en 609, perlant: Le^. IV Mac. entre deux disques où l'on voit un taureau et un
capricorne (fig. 44 J7). — 30 Il,id. (d'après Gagnai, Jiev. arch. 1888, I, p. 30).
— 31 Appiau. B. civ. Il, 90. — 32 Kincli, Arc de triomphe de ■'ialonique, p. 17.
— 33 Viclorinus, Gallien. — 3* Gallien, Kenel, Les Enseignes, p. 203, fig. 35 ; monnaie
même emblème, coininc le montre liî laijleau suivant:
/. .idjutrij-
I. Ilallca
I. Minervla
II. Ai/julrix
11. .Augusla
II. Itàlica
II. Parihica
II. Trajuiia
III. Gailica
III. Ilalica
m. Viclrix
IV. FlavUi
IV. Ilalica
Macedoiiica
l . .ilaïuki.
I . Macedoiilca
VI. Victrix
n
VII. Claudia
VIII. .iugu.ila
IX. Aur/usta
X. Fretensis
X. Oemina
XI. Cla udiu
XII. Fulminala
XIII. Oemina
XIV. Oemina
XVI. Ftavia
XX. Valeria Vic-
Irix
XXt. Rapax
XXL Gemina
XXII. Primiyenia
XXX Ulpiu
Capi'icornc 3. Pégase', Galùn- ■-.
Sanglier", Taureau^.
Minerve*. Bélier^, Vicloii-u avee Ijéiiei- '".
Sanglier", tMgase'2, Galère '3
Capricorne ", l'égase ">, Mars ".
Louve romaine", Capricorne '», Gigogne ".
Centaure 20, Taureau '-'.
Hercule 22.
Taureau 23.
Cigogne 2t
Taureau 23.
Lion -'■.
Cigogne '-■', Centaure 2s.
Taureau 2», Capricorne 3o.
iZléphant3'.
Lion 3-, Taureau 33^ Victoire avec aigle 3».
Taureau 33, Vénus Victrix 36, Victoire avec
aigle 37.
Taureau 3».
Taureau 39.
Lion 40.
Taureau", Sanglier'2, Galère ", Neptune "
Taureau ".
Neptune '8, Caprii'ornc ^''.
Foudre ".
Capricorne '9, Lion "O, .\igle ^1, Victoire avec
lion "2.
Capricorne 33.
Lion 34.
Sanglier 35, Capricorne i»'.
Capricorne ^''.
Victoire avec lion 3».
Capricorne avec Hercule "9.
Capricorne "9, Jupiter avec capricorne'i. Nep-
tune 62.
Sur ;f2 légions dont on connaît actuellement les ensei-
gnes particulières ", 2 se présentent avec 4 enseignes,
8 avec 3 enseignes, 6 avec 2 enseignes, et l'on ne saurait
assurer que ce ne soit pas le seul hasard qui ne nous
fait connaître qu'une enseigne pour les seize autres.
De la fréquence des différents emblèmes, on peut tirer
des remarques plus importantes : 11 mentions du tau-
reau, 9 du capricorne, dont une associée à Jupiter et
une à Hercule, G du lion, dont une en compagnie de la
Victoire, 4 du sanglier, 3 de la cigogne, 3 de Pégase, 3 de
la galère, 2 de Neptune, 2 du centaure, 2 du bélier dont
un avec ki Victoire, 2 de l'aigle associé à la Victoire,
1 de l'éléphant, 1 de la foudre, 1 de Minerve, 2 d'Hercule
dont un avec le capricorne, 1 de Jupiter avec le capri-
corne, 1 de Mars, 1 de Vénus Victrix, -4 de la Victoire.
avec la Dacie personnifiés, entre aigle et lion, surmontés des cIiilTres V et Xtll
(lig. 6412). — 33 Corp. hiscr. Int. VII, 544; Sauveur, Musée Belge, 1908, 137.— 30 Sau-
veur, /. cit. — 37 Donné par Rcnel, p. 212, sans références à la V/ Macédonien
qui, d'après Sauveur, esl idenliciueiila VJ Victri.r. — 38 Gallien, JVumistn. Zeitschr.
1891, 30 ; Blancliel, Etudes de num. 1892, I, p. 02 ; Uomaszewski, Arch. ep.
Mitt VX, p. 192 (bucrâne). — 3'J Gallien. — "> Gallien, Corp. inscr. Int. VU. 495 (an
centre un aigle lenanl un laurier dans son bec ; au-dessous taureau entouré de la
lune et de trois étoiles ; à droite et ii gauche, deux enseignes manipulaires; aux quatre
coius. les Saisons figurées par des enfants avec attributs appropriés;. — 41 Gallien.
— 42 Viclorinus. — 43 Viclorinus, Carausius. — 44 /(eu. Biblique, 1 892. 38 4 ; 1900, 1 95.
— 4i Clermonl-Ganneau, Becueil durch. or. Il, 299 ; Etudes. I, p. 170 ; /ler. Bit/l.
1899, 101. —43 Gallien, .4rc;i. Ep. .Milt. XI. p. 12. — 41 Gallien. — 4S Domaszcwski,
Fahnen. p. 48. — 49 Conjecture lirée du surnom dans sa forme grecque, xi »«9auyoçdoo-/
(Dio, LX, 234). — '•" Cohen, Méd. tmp. IV, p. 52, n. 270. — 51 Gallien. Viclorinus,
Cf.n. 37. — 32 Kincb, A rc de triomphe de Saloniqiie, p. 17. — 5» Gallien. — 34 Gallien,
Viclorinus, Corp. inscr. Rhénan., 1810. — 33 Cohen, I, 89, n» 130-7.— b^^ Viclorinus,
Carausius;Cor/i. insc/-. («/. Vll,447, 606, 716, 1050, 1122, 1133, 1137,1111 (sanglier
courant ou télé de sanglier) — 37 Gallien. Esbce à la .VA' Victrij- que se rapportent
les deux sijjna de Uomaszewski. fig. 5, avec Victoire, aigle, scorpion léle radiée ?
— -î» LECio, p. 1088. Elle disparait probablemeut sous Uoniitien. — 39 Gallien, Viclo-
rinus, Carausius. Obergerm. Limes, Kaslell liulzbach. pi. in, 30.. — 6» Gallien.
— Cl Viclorinus. — «2Gallieu, Carausius. — «3 Ajoulousdeux Vicloires (Domaszewski,
/•'a/m.fig. 5et58)ct le JupilcrCapitoliu(;*irf. lig. 81) r|ui appartiennent àdes enseignes
prétoriennes. Elles portent généralement le scorpion ; cl. Uomaszewski, Aôhandl. 14.
siG - irîio
Ces chiffres permellenl de conlrôler le système par
lequel noinaszewski a lenlé d'expli(|uer ces enseignes
animales' : ces emblèmes seraient des signes du zodiaque
avec lesquels l'origine de la légion serait en rapport.
Mais, seuls, le capricorne et le centaure sontcertaineinenl
des signes zodiacaux ; pour le lion, le taureau et Pégase,
leur caractère sidéral n'est qu'une hypothèse. D'ailleurs.
])lusieurs de ces emblèmes sont antérieurs à la grande
expansion de l'astrolàlrie au temps des Sévères : l'élé-
phant aurait été donné par César comme insigne à la
leyio V Alaiida, pour avoir arrêté en Alrique la charge
de ces animaux-; déjà le taureau et le capricorne de la
/eç/io IV Macedonica sont gravés (fig. •4427) sur un
coll're perdu par elle sur le champ de bataille de Crémone'
et la stèle qui montre (fig. tii!'»; le capricorne de la
leijioXfV Geinina est
d'époque tlavienne ^
Sur les 11 légions qui
ont le taureau pour
emblème (emblème
que César aurait donné
a ses légions, d'après
Domaszewski, parce
que le signe du taureau
est celui du mois au-
quel préside Vénus, la
protectrice de la ijens
Jiilia) on n'en trouve
que o qui aient fait
partie des armées du
dictateur. Le Capri-
corne avait présidé à
la conception d'Au-
guste : aussi aurait-
il choisi ce signe zodiacal pour les légions créées par lui
et l'on peut montrer, en ellet, que, des 9 légions qui pré-
sentent cet emblème (lig. O'iH), G ont été créées ou réorga-
nisées par Auguste ■■. Véritable organisateur des cohortes
prétoriennes, Tibère leur aurait donné le Scorpion,
signe sous lequel il était né ". Dans le mois auquel préside
.Minerve, le soleil est dans le signe du Bélier; aussi
Domitien, qui avait pour cette déesse une dévotion parti-
culière, donna-t-il le bélier à la / Minervia formée par
lui. Les légionsàj'insignedulion {lig.6412)scraientcelles
de l'armée de Lépide qui, comme grand pontife, aurait
choisi le signe qui correspond à Jupiter. Mais M. Henel
a rappelé avec raison que le lion est le symbole ordinaire
de la vaillance militaire et que le lion et le taureau
tiennent une place éminenle dans la religion miliiriaque";
l'importance du taureau n'était pas moindre dans le
culte de Jupiter Doliclienus, si répandu dans l'armée. Pour
la cigogne, dont Domasz(!\vski croit qu'elle est devenue
l'emblème de la /// I/ti/icii parce que celte légion était
SIG
1 Uoniaszcnski, Oie Falinen, p. 55, jiilerprétalion développée dans le mémoire.
Oie Thierbiltler àer Signa lArch. epii/r. Mitt. XV), réimprimé dans ses Ablmml'.
z. rôm. IMiiiioii. l'JOM. 1 ! clic a élé discutée par Cli. Rend, Les ànseiynes,
p. i1l-i36. V. auisi Maiss, die Tayesgôtier. Berl. l'JOi, p. i6. — 3 Appian.
0. cir.II, 9C. Les anciens avaieiil remar(|ué que le nom de César signifiait élèpliant
en uuni(|ue : c'est pourquoi il fit "ravcr cet animal sur ses monnaies. — 3 Cf.
Ilen.arch. 1888, XI, p. is. — ♦ IMmas/ewski, O. c. lig. li; l.indensclimit, /l/(er<.
1, 4, 6. ï. — S Kitterling. Mill. f. Xass. AllerCumsk. l'JUS, p. IS. La lig. «411 re-
produit un Opricorne, avec lierre autour de ses cornes, trouvé dans le lUiin, Jhid,^
II. p.'J«. L'ne ville de Billiynie a, sur ses monnaies, Taigle légionnaire entre deux
enseignes surmontées de capricornes (Habelon-Heinacli, Muttitaies de l'Asie Mineure^
l.pl.rx.v, ii). — 6 l'our Tibère, cf. p. 1311 n. 03. — ^ Hour la tig. 64|-i loir ugio.
6il3. — San"lii
aussi surnommée Concordia et que la cigogne serait le
symbole de la Concorde, Renel a fait voir ([u'il vaulinii'iix
songer à Pin Fiilelis, autre surnom des
légions //et /// ItdUcac^; si la déesse
Pietns parait avoir eu, dès l'époque de
la République, la cigogne pour sym-
bole, il faut rappeler aussi le grand rôle
de la cigogne et de la grue dans les su-
perstitions gauloises et germaniques.
Le rôle du sanglier y était encore plus i^,,^^.^,, ^„ enseignes,
considérable et c'est sur les bords du
Rhin et du Danube que s'est
écoulée la meilleure partie de la
carrière de trois (/ Italien, Il
Adjulrix, A'X Vnleria Victrix)
des quatre légions qui placent
cet animal sur leurs enseignes
fllg.CiilS)'. Quantauxsix légions
«liii ont pour emblème une galère
ou Neptune, on peut montrer
qu'elles le doivent à ce qu'elles
ont été formées de marins ou
cantonnées au bord de la mer.
On voit par ces exemples que,
loin d'être l'application d'un sys-
tème préconçu, les circonstances
les plus diverses, dont la plus
immédiate nous échappe peiit-
enscigne. ^^^^ souvcnt, Ont intlué sur le
choix des emblèmes animaux
des légions. Si l'approbation
impériale était sans doute
nécessaire pour autoriser leur
adoption sur les signa, rien
n'était moins systématique
que leur choix et que leur
disposition. Le coffret déjà
cité de Crémone montre une
hampe supportant un disque
sur lequel est gravé un tau-
reau bondissant (fig. -4427);
sur une monnaie légionnaire,
le taureau est debout sur la
base transversale d'où pend
le vexUlnm (fig. (5412); sur
le cippe de Mayence (fig.G414),
sur des monnaies, le capri-
corne semble fixé au premier
tiers de la hampe '", tandis
que le capricorne de bronze
(fig. 6411), retrouvé dans la Fig. diu — Ponc-enseigoe.
même région, est monté sur
douille di^ façon à pouvoir être placé au sommet de la
lig. 44i9el p. 1311, n. 3*. Les enseignes qui portent le sanglier sur l'arc d'Orange
(Espéiandieu. Bas rel. de la Gaule, I, p. I'.l7. iOt), peuvent être considérées comme
gauloises ; pour les bromes, v. S. Heinach, Bronz. de la Gaule, p. i58, itiO. Celui
ipionvoit lig. 6413 appartient au Britisli Muséum. Les numeri qui portent le nom
de leones le doivent peut-être il la présence du lion sur leur enseigne -, ceux qui por-
tent le nom de eornuli aux cornes tie leur casque, rappelant le tiiurrau ((u'ils avaient
pour emblème (Cor;;, iiiscr. lai. V, S733 ; VI, 3i'j03 ; III, 7403 ; Aol. thijn. Dec. V,
IS5, 1591, 7l-i|. Les soldats ont pu rappeler leur insigne sur leur casque comme sur
leurs sceaux ; on a vu, fig. 44a8 {Bull. Sac. alit. 1899, p. 377), le sceau de la legio
.V l-'relensis avec son sanglier et sa galère. — » Cf. Gagnai, Rev. Critii/ue, 1904, I,
4yi;, y Voir note 7. — '0 Voir aussi les monnaies dans Domasjewski,
lig. 48-30.
SIG
1:V13
SIG
h]g. 0410. — tuseiijiics a'
plialcres el figun
hampe. De même lus ligures de la Victoire el d'autres
divinités ' sont placées (fig. 6tl5) comme l'aigle, tantôt
à l'exlrémité de la hampe (sur une base ou chapiteau -,
ou au-dessus d'une couronne ou entourées par elle, ou
devant un vexillitm), tantôt plus bas, entre d'autres em-
blèmes (lig. 6425) \
Les éléments des signa qu'il nous reste à étudier
l.tfj^^M'^'^i'K: pendre, au
contraire,
«les règles
qui prési-
dent à la dis-
tribu ti o n
deadonami-
lltariu'\ rè-
,; gles encore
assez mal
connues. Un
seul t e .\ t e
nous ap-
prend que
des corps de
troupes,
voire des ar-
mées entiè-
res , pou-
vaient rece-
voir des
, donu "; d'un
autre texte,
on peutcon-
clure que la couronne murale était octroyée au déta-
ciiementdont les signa avaient été plantés les premiers
sur les murs d'une place assiégée"; un groupe d'inscrip-
tions montrent des alac el des coliorles prenant le
nom de ^or////«/«e parce qu'ellesavaient
leçu le torques en récompense (fig.
(iilG)^ Les monuments anciens, mal
sculptés ou détériorés, ou mal repro-
duits par les modernes, ne sont pas
assez explicites*.
Ces réserves faites, on peut classer
les éléments qui garnissent la hampe
des enseignes sous les neuf rubriques suivantes :
1° Main de bronze. — On a vu que cette inanus a sur-
monté, dès l'origine, les enseignes romaines et que les
Romains croyaient qu'elle avait porté jadis une botte
de foin. Elle peut s'expliquer mieux si on la rap-
proche des mains qui, sur les enseignes égyptiennes,
expriment la présence el la force du dieu ; le caractère
sacré de la main dans les cultes orientaux a pu contribuer
àla maintenir sur les enseignes impériales. Les nombreux
' Sur les monnaies, Domaszewslti, 0. c. p. 48 el sq. — 2 Frœtiner, Cot. Traj.
pi. xiïii ; Cichoiius, Traj. Siiiile. pi. vu (uolie fig. 6il5). - 3 Doinasicnski. lig. o el
p. 31. — * Voy. DONAuir.iTARiA,cl lai-l. du nifnietilvc par Ficbigcr dans f'anlv Wis-
sowa, Hml EncijcL; surtout P. Stciiicr dans les Donner Jalirbùclier, lOoii. l-'.i'.l.
— ■■Zonaïas, Vil, li. - 'Joscpli.a. Jutl.W, S, 5. — T Corp.ini^cr. lat.. IM,.ï773,
07^8 ; VI, 3338; Orclli, 510; Corr.- Bi. •!. Wesl. Zuitschr. IS87, Mil ; tiph. epiijr.
V, p. 28, u. 41. I.e torques est suspendu au col de Taiglc. sur (fuelqucs tnonnaics;
noire lig. 041rt reproduit une monnaie de Sept. Sév^^e, Cohen, Méd. imp. IV, p. b'J.
V. encore fig. 12i9. — » Les figures inditpiécs sans autre référence que leur numéro
renvoient a Domaszewski. — 9 Domaszewski, fig. 14, 18 a, 4, l'J, 23, iO, 30, «,711 a;
notre (ig. IÎU7 d'aorés C. rend, .ica-l. des inscr. 1872, p. 209 (stèle du musée d'Alexan-
drie!.-10 Coll. du prince de Caniuo; actuellement au fln7«/ii1/i(S., n. 11)3 du «rcci
and roman life room. Lue main gauche semblable tenant une fleur, de la collection
Vin.
exemples que fournissent les montimenls sculptés'
(fig. 6'tl7) permettent de con-
sidérer comme un spécimen
de ces enseignes une main
ouverte au-dessus d'une sorte
d'avant-bras en tronc de cône
(fig. 04181, conservée au
Musée Britannique'".
2° Vexillum. — Cet éten-
dard, dont on a plus haut
indiqué l'origine, est placé
sous la main ou sous la
couronne qui forme le som-
met", ou bien il est isolé au
sommet de la hampe quand
l'emblème est absent'-. Lors-
que le vexillum n'est pas
représenté, son existence est
généralement rappelée par
la barre transversale des-
tinée à porter les deux cor- Hg. 0417. — Enseignes avec la
delettes qui relient les extré-
mités de la traverse au sommet de la
hampe et par les bandelettes qui tombent
de ces extrémités (fig. 0415). Un exemplaire
trouvé en Angleterre (fig.Oil'J), où traverses,
bandelettes et cordelettes sont exécutées en
bronze", indique qu'il devait en être ainsi
souvent sur les nombreux monuments
(fig. 0415) qui représentent la garniture sans
vexillum au haut d'une hampe. Quand cette
garniture n'était pas imitée en métal, les ban-
delettes fixées à des
anneaux «levaient
être de pourpre, ter-
minées par des feuil-
les de lierre argentées comme on
en voit aux vexilla (fig. 6420) ".
Le vexillum — le mot se tra-
duit exactement par drapeau —
consistait en une pièce d'étoffe
carrée, attachée à une antenne
qu'on suspendait au bout d'une
pique, généralement en travers,
parfois le long de la hampe '".
A en juger par les monuments,
le drapeau devait avoir entre
0 m. 50 et 1 mètre carré. Pour
qu'il fût bien en vue, la pique
qui le portait était très haute, ii
Quand, au passage de l'Eu-
phrate, le vent eut arraché un de ses étendards qui
portaient en lettres écarlates le nom de la légion et celui
Morgan, élail eiposée en 1909 i South Kensinglon, salle XL, n» |i'S7.— H Fig. 23,
2'J, 79 a. — '2 Fig. 37, 61, 62, 07, 68, 73, 80, 81. — '^ Le lieu .le la trouvaille el
le inédadion de Néron qui en orne le cenlre iniliqueraient qu'il a été perdu lors de
la campagne de 03 contre les /ceni. Musée du Cinquantenaire à Bruxelles ; reproduit
ici d'après une photographie publiée dans le Bull, de la .Soc. Anliq. lilOI, |.. Ki'J.
— It Fig. 5.18 a-ft, 19-27, 29, 33 (la l'cuille de lierre très disUncle dans 33 el 42 de
Uomasïcwskil, 100(= fig. ('.4201. Sur la fig. 33 el sur la colonne Trajiine (Froclinrr,
pi. 1,1, i.xxi. cvi|, on dislingue les anneaux auxquels les bamleleltes étaient suspendues.
Anneaux semblables au capricorne (lig. 641 1 1, auc|uel une feuille de lierre est encore
alUchée. — 1-i Cedrcn. 109 : f i-:'<.«, it«jar.tt».i|»«T« i^ >:■>»= ■?!<! >«! vt'"-' 'î
ttTeiY"''»-' "Vf--- «"""ifi'""- Voi'' I» t'oiy,i« Gloss. de Coelz. s. v. a,=.'A',.a„'.,„
p,;,Uos.ipo;. Exemple du vexdle. Mus. Uorbon. Il, 38; S. Ueiuach, /hyertoire
lies Reliefs, I, 281.
105
SIG - 1-^1
(lu géïK'ral, Crassus, i><iiir poniu'tiri' dr les mninlenir
solidement, lit couper une partie du bois de la pi<|ue '.
Lacouleui-ordinaire du vexille paraît avoirélé le rouge -,
couleur du sang appropriée à cet emblème de la guerre,
i Pourtant ce rouge devait être plutôt celui
^ de la llammc, si l'on en croit le terme de
russeiim qui le caractérisait et le nom de
Ihimmula ^ que Végèce donne au vexille.
11 esl vrai que ce nom pouvait venir des
languettes triangulaires qui forment parfois
^lig. i;'i:*3; cf. ii30) le bas du ve.rillum.
A l'époque impériale, l'or était sans doute
employé pour former de lourdes franges —
d'où l'expression d'Ammien vexilla aura
Fig. Mil.
Siqnifc
Fig. 6tiu. —
Vexilliim.
ritjenlia'' — ainsi
que pour broder
le nom de l'empe-
reur'' et celui du
corps de troupes
auquel le drapeau
a p part en ait.
Ouand il fallut dis-
tinguer par leurs
vexilla les divi-
sions de certains
corps decavalerie,
onfutamenéàleur
donner des cou-
leurs différentes";
sans doute, chaque peloton avait la sienne. Ce fut proba-
blement encore pour distinguer les différents corps de
troupes qu'on dut compliquer la structure du ce.villum :
ici, des extrémités de la traverse on voit ilig. (î'ilo, 0420)
tomber des bandelettes terminées par une feuille de lierre
argentée, ou bien ces feuilles garnissent toutelalongueur
de la Iraverse dépourvue de drapeau ' (fig. G421) ; là c'est
I Dio, .\1, is.— 2.«ci-v.4rf.l<;H. VIII, I ;llio, L.c.;U\:ior.On,j. XVlli, 3,5, elles
closes uii vexillum esl Iraduil par -.oOt.o. pdçoi, j.oir7ti.v élaiit une li-anscriplion
■ liii riisseiim. A dêl'aiil de manteau <lc pourpre, ou voit des empereurs enveloppés par
leurs soldais dans un drapeau ; Capilol, Oord. 8; Amm. Marc. XV, 5. Sur la siguili-
calion religieusedu rouge, cf. von Dului, Arcliiv f. Heligioniriss. 1906. — 3 Veg.
Il, I. — » Amm. Marc. XVI, 10. Cf. le passage de Cédrénos, p. 1313, n. 15.— STac.
Hisl. II, S.-i ; Suct. Vesp. 6 (les k'gions de Mocsic déchirent les vexillcs au nom de
Vilcllius pour les rcm|ilaccr par des drapeaux au nom de Vespasicn); Tac. 111, 13 cl
31 ; IV, Ui (sous Néron, les Ironpcs ayaul donné à Virginius Kufus les lilres de
IJésar el d'AugusIc, comme il les rclusail, un soldai les écrivit prouiptement sur les
enseignes); I.amprid. Anl. Diad. 3, I. — f'Greg. Naz. in Jnl. 1. p. 73. — 1 Lin-
denscliniil, AU. 1, 3, 7, 8 ; Domaszewski, fig. 88 et p. i7 n. 1. On connaît aussi des
vexilla surmoulés par des aigles, Uciuacli, Uép. des Reliefs, 1, 300, 24 (cf. lig. 0422).
— 8 Col. VI. — 0 30. Sali. Juy. 85, 23 (eu 107). — 10 Sil. XV, 20 : Nartia rCTitla.
— " Vopisc. Prob. 3. Sur le sens de tuista pura, voircoulradicloircment P. Steiner,
UonnerJahrb. l'JOO,et W. Hclbig, AbImndI. J. llayr. Aknd. 1908.— >2Epli. epiijf.
V, 87;Suel. .4.19. 25;Dio, Ll, 21, (.u.v^e.Ji;). Ce vétille aurait élé donné à Agrippa
après 6«s victoires navales. — 13 Vopisc. Aurel. 13, 3. — Il H. Steiner, Op. cil.
n. 70 = Corp. iliscr. lai., XIV, 3012 : lex. arg. // ; n. 71 = X, 135 : ve.c. arg. Il
(sous Domitien) ; n. 88 = Vlll, 'ii'M : vrx. arg. 1 (sous Tcajau); n. 128 = IX 2819 :
lOT. arg. 1, (Marc-Aupilc) ; n. 134 = 111, 1193 : vex. urgenlo insiyne (Commode).
— tô Steiner, n. 135 : 4 i-ex. obsid. (sous Commode). Voir (lig. 0423, d'après
rig. 61i2.— Vc.ri/dim avec aigle
t - SIG
la pointe de la lance f|ui esl remplacée par un aigle
(lig. 6422) ou par l'image d'une divinité (lig. Oilo) ;
souvent la hampe s'achève par une extrémité à peine
amincie que des cordelettes relient aux deux bouts de
la traverse.
Une dernière catégorie de vexilla esl consliluée par
ceux qu'on donnait en récom-
pense militaire. Bien que Polybe
ne les mentionne pas en celle
qualité * et que le premier
nommé soit celui que Marins
reçut, avec des liastae et des
pliiilerne °, le vexillum peut
fort bien avoir été, avec la
has/a, autre emblème du dieu
de la guerre '", l'un des plus an-
ciens des doua mililaria. 11 est
lîguré sur la tombe d'un prae-
l'ecius casirorum (fig. 6423)
avec d'autres récompenses, cou-
ronnes, /laslae purae" . Comme
pourct'lles-ci, on ne sait au juste
à quoi est due l'épithète de
puva donnée souvent aux vexilla. Si l'on admet qu elle
se i-apporte à l'unité de couleur, on peut faire valoir, à
l'appui de celle explication, les autres
épithèles qu'on donne à ces drapeaux
d'honneur: fOc/'M/fft'^ lorsque le bleu de mer
remplace l'écarlate, qui esl probablement
la couleur ordinaire; bicolora '■< lorsque les
deux couleurs sont mélangées; anjentea "^
lorsque des feuilles de lierre en argent y
sont suspendues. Les vexilla sont encore
appelés o6«/rf/o/(«//a '% et paraissent si sou-
vent associés avec des couronnes murales
ou vallaires (fig. 6423, 6425, 6426 el 3978)
qu'on peut croire qu'ils étaient décernés pour Fig. 0423.
les mêmes exploits, peul-êlrc à ceux qui VexHium
1 .1.1. comme
avaient les premiers plante le drapeau sur donum
des murs ennemis ".
3° Tabula. — Quand l'indication du corps de troupe
n'était pas écrite sur le vexillam '', elle parait l'avoir
été sur une lablelle de bois quadrangulaire (fig. 6424)'"
qui était altaciiée à la hampe. Ilseinbleque la tabula ait
été parfois remplacée par un médaillon '°.
4" doronae. — L'extrémité de la hampe esl parfois
Eph. epigr. V, S7 : niii<uï ap. l-V-ilsclirift fur Bmndorf, p. 218. Voir encore le
vexillum piaillé ilans une couronne murale sur une slélu, Sleiner, fig. 2:i-:!. De
mûiue dans le n" 72 de Steiner, où vexilla esl Iraduil non par olïjîiXAa mais par
(r»i[AeVa. On trouve le rexl7/H»t donné sans épilliéle dans Cor/), iiiscr. lat. 111, i4387
(Sleiner, n. 39 : 2 vcx.) ; V, S31 (n. 41 : 4 «ex.) : X, 6659 (n. 48 : 2 vex.) ; Sitzber.
d. Berl. Ak. 1903, 817 (n. 49:2 rcx.); Vlll, 12536 (n. 50, 8 rex.) ; XII, 3167 (n. 67,
1 vex.). — 16 11 résulte des rcclierclies de Sleiner (|uc les vexilla, à lépoiiue impé-
riale, n'étaient octroyés qu'aux officiers supérieurs (préfets, Iriliuns. légats, person-
nages consulaires', apparemment lorsqu'ils avaient eu une pari prépondérante à
la prise d'une ville. — 17 Veg. 11, 13 '.ex fjnacohorte vet quota esset centuria m
illo vexillo litleris adscri/itum : cf. fig. 6428. — 18 D'après Gagnai, L'armée rom.
d' .\frique, p. 229. L'écrilean porte : îegioni 111 Aug. Sur les tablettes des ensei-
gnes du lombeau de la Villa Albani (Zoega, li. rilicui, I, 16; Domaszewski. fig. 5)
on lit: coll. 111 pr. — 13 Une lablelle d'argent trouvée au caslcllum de Nicder-
bibcr en Westplialie porlc, au repoussé: Coll. V: auprès d'elle était un médaillon
en argent doré (Dorow, Ùcnhn. rôm. Zcil in Uli. Westph. l'roiin:, pi. xv, 9:
Bonuer Jabrb. 1865, pi. ii ; 1806, p. 199) où est figuré un imperalor foulant les
armesdes Germains vaincus comme sur le médaillon de la Coll. Vil HaeCorum (diam.
0,19 ; en argent doré), a/>. Lindeusclimil, Mtertli. 1, 7, 5. 1 ; Schumaclier, Gcrmanen
IJarstellungen im Museiiiii v. Main:, 1909, p. :i2 ; Corp. inscr. lai., XUl, 7705.
Caylus, liecueil. V, pi. xr.ii, reproduit une exlrémilé de l'enseigne en bronze formée
par deux plialères séparant trois lableltcs. La plus haute porte : Ley. XVll Cluss.
SIG
— 1:^1 5
SIG
f^arnir ilc pclilcs (•oiironiics ;'i Im |i1;k'i' ilii fer ; on en voil
l rois (le grandeur décroissante sur la iigureOili). Mais c'est
sur la hampe ', entre les plialères (fig. (iH5, 042."), 0120),
que les couronnes sont surtout nombreuses. Elles sont
ou])ien enfiléessurla hampe qu'elles entourent^, ou bien
accrochées le long de cette hampe ''.Selon
les exploits qu'elles doivent rappeler, ces
couronnes peuvent être des feuilles de lau-
rier ou de chêne, être i/u/rti/es '', fos/ralen
ou c/assicae °, l'ival/arcs ''. Quand aucune
ornementation n'est marquée sur ces
couronnes on peut se demander si l'on
ne se trouve pas en présence de torques'',
qui faisaient partie des doiin minora.
^'^ Phalerae. — Les unes sont creuses
et sans autre ornement qu'un boulon au
centre (fig. GilO, Gili, Oil7, (ii^D), les
/■ jrt\ autres portent, pour la plupart, des por-
\^^ traits en buste (fig.fiilS, 642.3, 0'(2(), 0420,
voy. aussi H07S), ordinairement celui d(»
Fig. 0*24. l'empereur ou dos empereurs régnants.
Enseigne avec , ■ j j - • s ■ ii
tabula. Leur nombre varie de dinix a six '. et elles
paraissent avoir été toujours argentées
-r^^^ \ [cf. PHALICRAE et IMAP.O, p. 411] '.
I IVi')?A>i G" Boiirliers. — Des boucliers de
dimensions très réduites sont aussi at-
tachés aux enseignes, le plus souvent
au sommet (fig. 042.'), GI20) '". Il est
parfois difficile de distinguer des piia-
lèresles boucliers ronds, pnrmae. llest
plus facile de les reconnaître quand ces
boucliers sont en forme de scii/iaii ou
de peltfi.
' 1" Croixsfinlx. — Le bouclier semi-
lunaire ou pella est à son tour très
diflicileà distinguer du croissant ;quand
ses cornes ne sont pas dirigées vers
le sol (fig. 0424), on ne le reconnaît
guère qu'à leur allongement ". Cet
emblème, qu'il faut rapprocher du
corniculum qui faisait partie des doua
minora, n'a sans doute été à l'origine
qu'un amulette formé d'un ou de deux
os courbes comme on les rencontre chez
tous les peuples'-. A l'époque impériale,
sous l'influence de l'aslrolàlrie, on a
dû lui prêter un caractère symbolique
et c'est sans doute à ce litre qu'on
trouve le croissant accolé à un globe
(tig. 0414).
1 Fr.ilincr, Col. Traj. pi. ixxji; Ciclioiiiis, pi. iv. — 2 On en Ironve cin(| dans
Uomaszweski, fig. 5,20, 02, 03, etc. —3 Voir nolamnienl lig. 12, 19, 20, 22. 21, t».
— 4 Une dans fig. 20, 59, 00, 03-3, 07-8, 79 h, 80-2 ; Reinacll, Jlép. des reliefs, I,
232-3 (arc de Irioniplie ?). — 5 Une dans fig. S8, 07, 75, 78 ; deux dans 73. — c Une
dans lig. 09, 7 1 , 76. — 7 Voir p. 1 3 13, noie 7. Le torques csl un des orncnienis dislinclifs
lie la garde impériale du Gas-Empire ; cf. PKuTKcruitF-s. Voir aussi X'aquilifer de la
(i;;. 0408. — » On en Ironve 3 dans fig. 3 (lôlcs radiées et aigles), 0, 30-9, 42-5,
0 dans fig. 12 : 3 dans lig. 13; 7 dans fig. 14; 3 dans lig. 13-10; 5 dans fig. 18 ai;
■i rl.nsfig. 20 (K-lcs radiées) ; 0 dans fig. 19, 21, 22, 23 ; Sd.ins fig. 23, 24, 20, 27, 28, 30,
3 1 , 32 ; i dans fig. 29, 40 ; 2 dans lig. 34-5, 4t-8, 52. — 9 La seule phalér-c retrouvée
en place, ipii porte la télé de Néron (fig. 041 9), est en hrouze sans trace d'argent. Pour
supposer que les plialéres étaient argentées on se trouve donc réduit ii la phrase de
l'iine, A^. A(«/. XXXI11,38 : colore qui clarior in argento est... ifleo niilitariOussif/nis
familiarior guam lonyius fulyet. Une autre phalère d'enseigne avec passant au dos,
mais non ciselé, dans Hcnndorf, AVicner Vorlegebliïtter, B, Vi, 3.— lOBouclicrs en
orniede.!<-"(u7n, f. 71, 73 ; Aepelta. f. 75, 80 ; ovale avec foudre lig, 81 (noire fig. 42*5).
ri^^
-v_.
Fig. 0420. — Enseignes avec a
couronnes, glands à frange;
8' (lloho. — S'il l'sl permis de rap[U'oc!ici- le globe"
d'un ornement hémisphéri(|ue qui se voit fréquemment
sur les enseignes (fig. (5414), on peut supposer (|u'il a
commencé, comme le croissant, par être un amulette; il
aurait eu la valeur prophylactique des cloches et vases
de bronze" avant de devenir le symiiole de Vorhis ro-
manus.
0° Glanch à franf/ex ou autres ornempnts. — L'objet
que j'ai appelé hémisphère est souvent représenté, non
avec une surface lisse, mais avec une surlace ilivisé'e en
petites masses qui tombent à la
façon de cheveux ou de franges
(fig. 041.5, 0420, cf. ;J078)'\ Il est
probable que cet objet a fini par
n'être qu'un ornement comme
les glands à franges dorées
qu'on n'a pas cessé de mettre
aux drapeaux. Mais il a du
commencer par être un fétiche
de guerre. Comme on sait que
les Thraces et les lllyriens d'une
part, les Gaulois et les Ligures
de l'autre ont coupé les têtes
ou les cheveux deleurs ennemis,
je verrais volontiers un scalpa
l'origine de cet emblème "■■.
Ainsi, à côté des décorations
dont la valeur comme dona mi-
litaria nous eslconnue, coro7iae,
phulerae, i^exilla, peut-être cor-
nicula, on en trouve d'autres
qui, ne reparaissant pas sur la poitrine des légion-
naires, doivent avoir une valeur purement symbo-
lique : la juxlopositinn d'un glolie et d'un croissant
(fig. 0414) peut avoir représenté le Soleil et la Lune.
Le globe peut rappeler aussi Vorhis romanus, et
le croissant est connu, par ailleurs, pour avoir une
valeur apotropaïque qui a dû en recommander l'usage,
comme elle a fait survivre, au haut de l'antique ma-
nipuliis, la main ouverte (fig. 0417). Le caractère reli-
gieux des bandelettes n'est pas moins certain; le lierre
dont elles sont garnies est la plante de bon augure qui
s'enroule autour du thyrse [tuyrsus]. Différentes d'ori-
gine et de sens, ces décorations forment un ensemble,
fort pesant d'ailleurs '^ qu'on enlevait en signe de
deuil, et dont le soin avait un caractère religieux ". On
parlera plus loin du culte des enseignes.
A côté de ces trois groupes d'enseignes, nquHap,
résilia, sir/ua, l'époque impériale en a encore connu
quatre qu'il suffit de mentionner ici. Le médaillon de
p. Sleiner, Op. cit. p. 12, fionne iiuelipies exemples de boucliers sur enseignes et
montre que les trois formes ont existé comme douii mililaria. — " t'ar ex. fig. 42
47, 48, 49, 51. Sur une monnaie de Nicéc sons Marc-Auréle, lig. 52, c'est par un
croissant que se termine l'enseigne ; Il parait en être do même sur le trophée repro-
duit par Caylus, 111, pi. r.xiir, cf. notre fig. 0424. — '2 Voir Bonslettcn. Jleo.
arcli., 1883, 11,24; Décheletle, i7,id. I9II3, 1.245; Kidftcway, Journ. of Anth-op.
Insl. 1909. — l:l Ou trouve un globe dans noire lig. 0414. diux dans fig. 13,
4J. ._ 14 Voir A.-B. Cook, Journ. Uell. Stud. 1898. — '5 Notre fig. 0420, bas-
I relief du temps de Trajan dans lare de Constantin; d'après de Kuheis, Vet. arc.
pi. xt.iv; cf. encore fig. 0414-0415, et Oomaszewski, fig. 72, 73, 70, .79 b, 80.
! _ 10 Cette manière de voir a besoin d'expliiations qui scroni données Ilcvue
dElhnoqraphie, 1910. —H Sur leur poids, llcrodian. IV, 12 (Commode les portait
comme preuve de force). Cf. Suet. Cal. 43 (dans une marche rapide, les prétoriens
sont obligés de les placer sur des bétcs de somme). — I» Tac. 111, 2 (dans les funé-
railles de (jcTvaamcui) praecedebant incompla signa, Suel. Claud. 13 et Gros. VII,
0. (On voit un omen dans le fail qu'on ne peut ni orner ni mouvoir les eiisri<.>ues )
SIC.
— 1316 —
SIG
r<>mperenr, qiio l\)n a vu ciscli- sur des plialères, élail
parfois porlé seul, surmonlo génôralemenl dune cou-
ronne, au haut d'une courte perche confiée à Vima-
f/iiiifcr ifijî. Gi->7) '. Dans certains corps de cavalerie la
tabula portant
le nom du
corps était pa-
reillement dé-
tachée et con-
fiée à un labli-
f'cr-. Lorsque
les barbares
envahiront les
armées de
l'Empire, on
verra le draco
se substituer à
la plupart des
enseignes ;
puis, lors du
Iriomplie du
clirisliauisine,
les ve.rilla re-
cevront le mo-
nogramme du
Christ av^c le
nom nouveau
de /a/ifiruiii.
Répartition
(les ensciijnos
sous 1(1 liépu-
blique. — En
laissant décote
les vagues tra-
ditions ' qui
attribuentàRo-
mulus la créa-
tion d'une légion de 3(K)U hommes divisée en mani-
pules de H)0 hommes, chaque manipule ayant son
siynum, l'histoire des enseignes dans l'armée romaine
commence avec la légion manipulaire, que Tite-Live
décrit à l'année 340 et dont l'organisation délinilive ne
date sans doute que du dernier quart du iv= siècle. La
division essentielle parait y avoir été celle du corps de
bataille formé par les antepilani et celle du corps de ré-
serve'.
Les anlepilani comprenaient deu.v lignes (acies),
la pren)ière de hustall, la deuxième de principes:
dans lune et dans l'autre, l'unité {ordo) était le mani-
pulas; chaque ligne comprenait 13 manipules com-
posé chacun de 60 hommes, ± centurions et 1 vexil-
larius; il faut donc admettre la présence de 30 aexilln
I lloiiiaszf«sli, fig. £5; Bruci-Blair, Hamiijook of llw Roman Wall, 1907,
p. M> : Ariha^olofjia, 1884, p. T. La WU* étant radiée, dciu questious se posent ; les
létcs raillées ipie Ton a mes sur \es sii,na suril-elics bien celles des empcicuis ou
celles irApollon-llélios? Itans le premier cas les rayons n'indii|uent.ils pas
que l'empereur esl déjà divinisé ? Josèplie. Anl. J. XVllI, S, 1, parle de ij..T-.]»d;
K«'««fo;. — 2Voirp. 1318, u.U. Peul-tlrc leinédaillou de.Maycncccilé p. 1314, n. 19,
a lil fait partie de l'euseigned'un taUifer. l'eut-étre la labella portait-elle aussi le
nom des peuples vaincus, comme li s Inbellae qu'on voit sur l'arc de Tilus et lare
d'Orange. — 1 l,iv. I, 5i ; Ctrifi. gent. Hom. ±î: S.rv. Aen. .XI, 463. — 4 Liv.
VIII, 8. Voir la bibliographie dans )lari|uardt, Op. cil. p. 54, et les additions
indit|uées dans mon travail sur VOrit/ine du Pilum (/fec. itrcli. 1907), p. 5 et 47
du tirage à part. — 5 .S'ii6 sii/nis se dit an propre d'une troupe qui marche
enseignes déployées, cf. Liv. III. 51, 10. Les soMals d'un iiiénic manipule soni dits
IDJ5A r>rUBi'NA'^'*''^* U
ia/M«Lr£rK-.Jc;:irEir,
■ TVK'^AA/DlOJ/lNXXV rvl I
STJPVIl J-U^
. 6427. — Enseigne de cavalerie avi
de l'Empereur.
dans les rangs des antepilani . Tite-Live explique
ce nom : quia sub signis' jam alii quindecim ordines
Incabanlur. Sans conclure de ce passage que l'on
doive corriger antepilani en nntesir/nani, nom que
l'on trouvera, en effet, donné aux /lastati, on peut
admettre que c'est dans l'intervalle qui séparait le corps
de bataille du corps de réserve qu'étaient placés les
signa de la légion, signa dont le nombre de cinq corres-
pondrait à celui des lignes de la légion. Il est possible
aussi que l'historien ait seulement voulu indiquer,
par cette expression technique, que les troupes du
corps de réserve étaient enrégimentées, qu'elles for-
maient de véritables unités tactiques. L'indication a
pu lui paraître d'autant plus nécessaire que, des 3 sec-
tions {partes, dans lesquelles se subdivisait Vordo,
(triarii, rorarii, accensi], les noms des deux dernières
étaient connus de ses contemporains comme ceux de
troupes légères, de tirailleurs qui n'avaient plus depuis
longtemps place dans la légion. En 3iO. au contraire,
triarii, rorarii et accensi paraissent avoir formé
3 lignes de 13 sections chacune; chacune de ces 43 sec-
tions comprenait GO hommes, 1 centurion et 1 vexil-
laire; le rexilluin porlé en tête* caractérisait si bien
chacune de ces sections que le nom de l'exilluni finit
par s'étendre à la section qui marchait derrière lui. Les
noms de vexilla et de signa sont appliqués indilTérem-
ment aux enseignes qui, dans l'attaque, se placent au
premier rang '.
Deux siècles plus tard, cette légion qui aurait eu un
cexilluni pour chacun de ses 73 manipules — 85 en-
seignes avec les vexilla de ses 10 turmes de cavalerie,
(sans parler des signa qui ont pu exister pour l'ensemble
des manipules) — avait fait place à la légion qui ne comp-
tait plus que 30 manipules — 10 pour chacune des trois
lignes des /instati, /irincipes et triarii — divisés en
60 centuries. Bien que la centurie fût devenue l'unité
administrative, le manipule demeurait l'unité tac-
tique; il le resta encore quand Marins eut formé sa
légion de 10 cohortes, n'ayant plus que l'aigle pour
emblème, chaque cohorte comprenant un manipule
de hastati, un de principes et un de triarii. On a sou-
tenu en vain tour à tour que la centurie et que la
cohorte avaient eu leurs enseignes ; ce privilège parait
n'avoir appartenu qu'au manipule, la vieille unité ([ui,
d'après la tradition, devait son nom à la botte de foin
portée sur une perche, autour de laquelle elle se serait
formée. Les 60 signa que les 22 cohortes d'Antoine per-
dentà Forum Galhiruni sontdesenseignes manipulaires*.
Chacun des 30 manipules a son signum; la corrélation
est si bien établie que signa est souvent dit pour ma-
tïipuli '' et que, pour traduire manipule, les Grecs ne
trouvent rien de mieux que criixata qui est proprement
milites uniiis signi: (Liv. XXV 23, 16: XXXIll, l,i. cf. Varro, iiny. lat. V, 88 :
manipitlos ej-ercitus minimas mantis, gitne iiniim secunliir siijnum. — 6 Liv. Loc.
cit. : ftfimum vexilliim triarios àiicebat... triarii sub vexillis considebant.
— 7 Cf. I.iv. IX, 13, i: X, 36, 10; XXV, H, 7; XXVI, 5, 15; C. 1 ; XXVII,
14, S, 13, 7, XXXIV, 15, 3 : XXXIX, 31, 9, elc. — « Cic. Ad fam. X, 30, 1 ; 30,
5.-9 Unius signi milites (Liv. XXV, 23, 16; XXXIll, 1, i; Varr. L. Int. V,
88) : stgna peditum iLiv. XXVIII, 33, 12; XXXIll, 1,2); riginti signorum milites,
(XXXIll. 9, 8) ; hasiatorum prima signa |X\X, 8, 5) ; prima signa (Vi, 24, 7 ; IX,
32, 8; X, 40,12; 41. 7; XXV, 37. 14; XXVI, 6, I; XXIX, 2, 10; XXX.
8, 5; 18, ï-4; XXXVII, 19. 8| ; an(e sl'^na (VI, 7, 1; VII, 16, 5; VII. 32,
11 ; XXVI, 6, S; XXXIll, 8, 3; XXXVIII, 21, 2); inler signa (XXXIll, 9, I) ;
eam tribus signis a legione sua relictus (XLI, 6) ; ai signis (Cacs. Bell.
Afr. 15, 11.
SIG
— 1317
SIG
Fig. eus. — Ense
gncs avec lelli
illdiqtiaill le Corp;
Tr-quivalenlde signmii. D'après des monnaies ' (ng.f)4-28)
et d'après des textes -, on voit que, dans la pratique, les
drapeaux et leurs porteurs étaient distingués par le nu-
méro d'ordre ou la lettre du corps auquel ils appartenaient :
sif/iiiiiii /iriini /ifin/ali, seciindi linstati, etc. C'est seule-
ment sous l'Empire que, l'importance de
la centurie se développant aux dépens de
celle du manipule, chaque centurie reçut
son drapeau : singulis cenluriis, sinyula
i^exilln ■'. Dès le temps de César, on
constate que la cohorte pouvait avoir
une enseigne*. Sous l'Empire, la légion
comprend, au complet, iuf/uilifer,i iina-
(linifer, 10 aiffiiiferi de cohorte et 00 si-
gniferi de centurie. Les rexilla étant réservés aux
turmes des equiles legimih' ou des cohortes eqitilalae,
la légion compte 10 signa proprement dits. En marciie,
il semble que les signa des centuries (ou des manipules)
restent à leur place dans le rang; seuls ceux des cohortes
viennent se grouper autour de l'aigle, en tête de la
légion". Pour l'ordre de bataille, la question est plus
complexe et se lie à celle des antesignani.
Lange'', Marquardt', Mommsen" admettent que ce
nom s'est appliqué aux haslali, parce que les signa de
leurs dix manipules étaient disposés en arrière des six
ou des huit rangs qui formaient la première ligne de la
légion. Ce système présente l'avantage de faire proléger
les signa par toute l'épaisseur des liastali; mais il ne
peut cadrer avec les textes réunis par Domaszewski '",
établissant que toutes les évolutions de la légion dé-
pendaient de celles des signa de la première ligne; pour
que les hastati pussent suivre leurs enseignes, il est ma-
nifeste que celles-ci devaient les précéder. Aussi ce savant
place-t-il les signa des hastati au premier rang, sur le
front même de la légion ; ce n'est pas à ces signa mani-
pulorum que les hastati devraient leur nom d'antesi-
gnani, mais aux cinq enseignes générales de la légion
d'avant Marins, l'aigle, le loup, le minotaure, le taureau,
le sanglier, groupées bien à l'abri entre les hastati et
les principes. Polybe donne à chaque manipule deux
signifères " ; d'après Domaszewski, l'un porterait en
avant l'enseigne manipulaire, l'autre, en arrière, un des
signa legionis. Mais il n'indique pas comment les 3 signa
se répartiraient entre les 30 signifères et il me parait
préférable de voir, dans le deuxième porte-enseigne de
chaque manipule, l'aide, le suppléant au besoin, du
premier, le discens signi/'erutn de l'Empire. Stofl'el'^ a
proposé une théorie intermédiaire: c'est bien aux signa
manipulorum que se rapporterait le terme d'antesi-
gnani, mais, les signa étant placés au deuxième rang des
1 Deux pièces, l'une de '83, l'aiilre de 49 av. J.-G. pi-fscillenl, sur le
revers, un aigle enlre deux sii/nit <|ui poricnl les Ictires U(aslati) et P{rin-
cipusi; Cohen, Mail. cons. îi', t ; 3il, 11; Momniseii-Blacas, 11,375, «9;
Babelon, .Uonn. de la tiép. 11, p. 254 et 513. — 2 |,iv. XXVI, 5, 15: sccundi
hastati signiim : Cl, 1 : primi principis signiim; XXVII, 14,8: primi hastati
signum ; Cic. fJe ditrin. I, 3>, 77 : signifer primi haslali: Ad fam. X,
30, 5; «0 signa dans deu\ légions; Eph. ep. Il, 287 : signifer Ici/. 11.
Trainna,! for. Ger. cohor. Il hastati pr. — 3 Veg^l. Il, 13; Eph. ep. !.. c.
— * l,e texte de César, H. giill. II, 25, 1, sur lci|ucl Rûslow, Hecrwesm
CâsaiSy p. 15. s'est appuyé pour conclure à l'existence d'une enseigne pour la
coliorte, indique seulement que la cohorte pouvait c^tr-e réduite à un seul signum
comme l'admettent Domaszewski, Op. cit. 23; Monimsen, Eph. ep. IV, 370 : Friihlich,
Kriegsweten Ciïsars, p. S5. La centurie n'avait pas d'enseigne à répoijuc répu-
blicaine; Doniaszewslii, fJp. cit. p. 21, l'a montré sur la foi de trois textes du Helt.
Gall. Il, 25, 2; VI, 31, 0; VI, 40, 1. Sous Tlimpire, l'existence de l'enseigne de
cohorte est certaine. Tac. Ami. I, IK, 34; IV, 22 ; Hist. I, 41. C'est par anachro-
nisme que Tite-Live, XXVll, 13, montre Marccllus reprochant à ses soldats de
hastati, ce terme n'aurait désigné à l'origine que les
deux premiers rangs de la première ligne et n'aurait été
donné que par extension à l'ensemble des hastati. Mieux
qu'une longue discussion des opinions émises par ces
savants, quehiues textes éclaircironl la question.
Dans le récit d'une bataille contre les Étrusques, Tite-
Live dit : cadunt antesignani et, ne nudentur propugna-
toribus signa, fil ex secunda prima ucies '■'. Si lorsque
les antesignani ont été taillés en pièces, les enseignes
sont découvertes à ce point qu'il faille faire passer
les principes en première ligne, c'est qu'on désigne bien
sous le nom d'antesignani l'ensemble des hastati placés
en avant des signa. Dans une défaite infligée par les
Latins aux Romains, ceux-ci ont perdu hastatos princi-
pesfjue: stragein et ante signa et post signa factam^' :
les enseignes sont donc bien placées entre la 1'° et la
2' ligne. Dans la surprise de Trasimène, où les légion-
naires ne parviennent pas à se reformer [sua signa
noscere), ce ne fut pas un de ces combats réguliers, ut
pro signis antesignani, post signa aliapiignaret acies'-\
Quand Scipion l'Africain, àZama, ne serre pas les mani-
pules de la 1"'' ligne de son acies triplex, chucun devant
ses enseignes, ante sua f/uami/iiesigna, mais laisse entre
eux des intervalles qu'il remplit de vélites, inter mani-
pulos anlesignanorum velitibus complevit^", il ne fait
que répéter une manœuvre dont son oncle et son père
avaient tiré parti en Espagne contre Asdrubal où, dans
une acies triplex, velitum pars inter antesignanos
locata, pars post signa accepta'''.
Ces textes suffisent sans doute à établir que, dans la
disposition régulière de l'armée manipulaire sur trois
lignes, les signa de la légion étaient placés derrière
la ligne des hastati, qui devaient à cette position leur
nom d'antesignani. Quand Marins eut groupé les
;10 manipules en 10 cohortes en ne laissant que l'aigle
comme enseigne générale à la légion, la place des signa
fut-elle modifiée? Il ne semble pas qu'il en ait été ainsi,
du moins dans Vacies triplex. Frontin montre Sylla
ordonnant aux postsignanis qui in secunda acte erant
(les 4 cohortes des anciens principes) de planter une
haie de pieux derrière lesquels Vantesignanorum acies
(les 6 cohortes des anciens hastati) pourrait se réfugier
à l'approche des chars à faux d'Archélaos'*. Ce fut César
qui transforma les antesignani'''; il en fit un corps
d'élite d'infanterie légère-", des hastati allégés de façon
à devenir des expediti. Pour soutenir sa cavalerie contre
les Numides, il détacha en Afrique de chacune de ses
légions un corps semblable de 300 hommes avec signum
particulier. Le seul texte indiquant que cette organisa-
tion ait survécu au diclalour est le passage des J'hilip-
s'clre laissé enlever par ilannibal signa ulicni manipula aut cohorti. — 5 Tou-
Icfois le nom de ee.ri(/a est donné à des enseignes de cohortes, Tac. Hist. I, 3(i ;
III, 18 ; III, 82; Ann. 1, 34; un signifer des prétoriens est nommé itexillarius,
Hist. I, 41 ; quand un corps d'un millier d'hommes uu plus est détaché d'une
légion, il est dit vexiUum ou i.erillatio. Cf. Domasïewski, Up. cit. p. 21-6. — c Jos
B. Jud. 111,6, 2; V, 2, I ; Tac. Hist. 11,89; Appian. Exped. in Al. 5-(,. — T Lange.
Historia mutai, rei mil. p. 19. — 8 Marquardt, Organis. milit. des flomains.
p. 45. — 3 Mommscn, Arch. ep. Milt. X, 6. — '" Domaszewski. Fahnen,
p. 10 et, dans Paul)- Wissown, l'art. Antesignani. — " Pol. VI, 2i, G.
— i2Sioircl, Hist. de César, Guerre civile, 11, p. 329. — " Liv. IX, 30, 7,
— 14 Liv. Vlll, 11, 7. — IS l.iv. XXXII, S, 7. - <B Liv. XXX, 33, 1-3; Polyh. XV,
9^ 9. _ n Liv. XXlll, 29, 3. — 1» l'rontin, II, 3, 17. Postsignani dans Amm. Marc,
x'viil, 8,7; XXIV, 6, 9. - 19 Caes. B. cil:\, 43, 3; 4i, 5 ; 57, 1 ; 111, 75,5; 84,3.
_20 t:aes. B. afr. 75, 78. Tous les commentateurs de César ont étudié cette ques-
tion ; les plus importants, dont Sloiïel, Loc. cit. et Planer, Cûsars Aniesiguanen,
dans Sijmholae Joachimirae (1880), p. 39-50, sont discutés pir H'ii.hlich, bas
Kriegswesen C'i'isars, 1889, p. 30.
SIG
— 1318
SIG
pit/iirs où Cici'i-ou iipposc tiiifi'sif/naiii ol maiii/iti/nreit'.
Le prcinior lorme disparaît après lui - cl siibxitjiHini^
désigne spiilemoiil chez Tacite les troupes enrégimentées
dans la légion, par opposition à la cavalerie et aux auxi-
liaires.
/{e'par/ilion des enseii/neg soits l'Empire. — Comme
les cohortes des légions, celles des prétoriens — 9 sous
Auguste, 10 à partir de Trajan — divisées chacune
eu 3 manipules et C centuries, devaient avoir, pour
cha(|ue cohorte et pour ciiaque centurie, un xiyiiifer.
l/ensemble des cohortes prétoriennes avaient-elles un
aigle comme la légion? Aucun document n'ayant fait
connaître jusqu'à présent un a(jiiilifer prétorien*, on
peut supposer que les aigles qui apparaissent sur les
médaillons où l'empereur est entouré de sa garde ^^
sont destinés à symboliser toute l'armée légionnaire.
Le caractère de garde impériale des prétoriens s'af-
firmait par le privilège de placer l'image de l'empereur
sur leurs signa '. Cette image consiste en un buste en
relief sur un médaillon. Les médaillons, généralement
au nombre de deux, sont placés verticalement, séparés
par des couronnes; d'autres couronnes les séparent
ordinairement d'une piialère terminale où un aigle,
les ailes dé-
ployées, est
entouré
d'une cou-
ronne de
feuillage \
11 est diffi-
cile de dire
pourquoi, à
l'exception
des médail-
lons au type
de l'aigle
ou de l'em-
pereur, les
enseignes
prétorien-
nes ne paraissent point porter de phalères, si abon-
dantes sur les enseignes légionnaires, tandis qu'elles
portent toutes les espèces de couronnes, bien
1 Cic. Phil. II, i9, 71 : V, 5, li. — 2 Végccc place les antesignani dans la
gravis armatura après les /trincipes, hastnti et triarii (I, 2) oti il les assiniile
aux siyiiiferi (H, 16). 11 eipli<|uc leur surooiii de campiyeni parce <|iie
leur valeur s'cierce in campo. — 3 Tac. Uisl. 1,70; IV, 33. Ou pourrait
penser d'après une slèle (|ui reprèseiilc un légionnaire armé comme un vélilc (Corp.
iiiser. /th. '.<i3; l.indeusclirail, Alt. 1,9,4) i|uc its antesignani esislaicnl encore
au lemps de Tibère ; la slèle est de ce temps. Au u' siècle, dans l'arsenal de l.am-
liJse, on voit encore les arma distingués en anlesiynuna et postsignana (Carco-
pino. ISuU. arch. du Comité, 1003, p. ï«). — 4 Voy. pbartohiam. fig. 57S7, 5788.
Mais tout le momie n'a Imel pas que '■es monuments représentent des prétoriens.
— 1 Froclnicr, Les nmiaillons de t Empire romain, p. 13i, Isi, Ise, 193, iOO
ill. —«Cependant le? t signa, qui, aiec I i"eai//iiiii, entourent Marc-Auièle reçu
par la déesse liome iloaiil son arc de Iriomplic, ne sont ornés chacun que de deui
hémisphères (Strong, «Oman .Sculpture, pi. uni, I ; S. Keinach, Jtépertoire des
lleliefs, 1, 374, 4). — 7 Les aigles apparaissent parliculièremeni nombreux sur
les signa des prétoriens, ou bien en médaillon, lig, 6», 64, 67, ou bien placés au
sommet de la liam|>c. lig. .56-7, 77. «0. parfois entourés d'une couionne, fig. 69.73,
74, 78, 81. — « Enseignes prétoriennes de la col. Trajane, Doniasiewski
fig. 58 = Froehner pi. xxiii; iO = xx\v ; notre lig. n4i9, l)n v voit, présidant à la
luslraliou du camp, d'un coté, l'aigle, le venillum et les autres enseignes légion-
naires ornées de phalère.", de l'autre celles des cohortes prétoriennes: 59 = xi.ïu-
60 = LTn:6l = ixv; 63 = i.xxiv; 64 =: i.xiv;63= i.xxvi ; 66 = i.xxïn ';
67 = ixxxvi ; G« = eu o . 69 = eu 4 ; ÏO = oui ; 7t = «vi ; 72 = cxïii-ïni ;'
73 = cilix; 74 = cxxxu ; 73 = cxnr; 76 = cxxxix; 77 = ci.ll ; 78 = di.xil.
l-a fig. 79 a-b est extraite d'un relief (conservé à la villa Borghèseï d'un arc
de Claude, Monumenti, X, pi. xxi ; Annali, 1873, p. M ■ S. Keinach,
néperloire des reliefs. I, p. 381, t (eu parlant du sommet; main, couronne
Fig. 6459. — Enseignes légii
plus rares sur les .lif/iia des légions (fig. 61'29 *.
A chacune des cohortes de l'infanterie prétorienne est
jointe une centaine d'et/itites praetoriani divisés en
3 turmes; chacune de ces tiirmes a un rexidum".
A côté de celte cavalerie endivisionni'e, la garde pré-
torienne comprenait 300 .■^/leciilatores, cavaliers d'élite
chargés de veiller sur la personne de l'empereur [praf.to-
niAE cohortes]; d'où le nom de protectores qu'ils portent
dès le ni" siècle. Outre les vexi//a qui guidaient lei;rs
turmes, les. spccii/atore.t paraissent avoir eu trois siijnti :
du moins a-t-on voulu leur rapporter les trois enseignes
qui figurent sur les revers des monnaies d'Antoine, de
Galba et de Vespasien "*. Ces enseignes sont consti-
tuées (en partant du bas) par une phalère, un croissant,
une couronne rostrale, une couronne de laurier, un
ve.villum à bandelettes, une main. Sur les monnaies des
deux empereurs, l'enseigne du milieu se termine par un
aigle. Comme aucun texte ne fait mention d'un nignifer
àcsstpecul(itores\)vé\.OYwn<,. et que ceux-ci n'exislaientpas
encore du temps d'.Vntoine, l'attribution de ces signa à ce
corps paraît douteuse. Pour les vcrilli/'eri à cheval qu'on
voit accompagnant Trajan, Hadrien et Marc-Aurèlesurles
bas-reliefs de leurs arcs", il n'est pas tuoins difficile de
décider s'ils appartiennent aux speciifalores prétoriens
ou aux EoriTES sixc.l'lares. Celte élite de la cavalerie
auxiliaire qui forme autour de l'empereur une sorte de
garile étrangère, n'a pas plus à'imaginiferi que les au-
tres troupes prétoriennes auxquelles elle est assimilée.
Mais, comme elles, les équités singulures ont le droit
d'orner leurs signa de l'image impériale. Outre le signi-
fer'- et le re.ti/larius^^, les inscriptions mentionnent
pour tout le niimerus des singulares un tublifer"-.
Les 3 cohortes urbaines avaient été organisées par
.Auguste sur le modèle de 9 cohortes prétoriennes et,
depuis Tibère, vivaient avec elles au Praelorium. Cepen-
dant elles n'avaient pas le droit de placer l'image impé-
riale sur leurs signa ; elles avaient pour la porter un
imnginifer''".
Constituées en même temps qui; les cohortes urbaines,
les 1 cohortes rigiluin, divisées chacune en 7 centuries,
avaient 49 re.ci//arii '^. Pour distinguer ces pompiers
des troupes véritables, ils ne rei'iirent pas de signi/'er '' ;
\' imago Augusti était confiée à un iinaginifer ".
de chêne, médaillon à imago, couronne murale, médaillon à itnugo, couronne de
chêne, glanda frange): on y remarque l'absence de l'aigle .et du vexillum. La lig. 80
de Domnszewski, pilastre de l'arc des Orlcvies au Forum Boarium eleié en iOi,
montre de haut en bas : aigle, vcsitla. médaillon de Caracalla, couronne, mé-
daillon de Septimc Sévère, couronne, médaillon de tïéta, couronne, couroune mu-
rale, pelté ou croiss.int. liéinisphère, pelle ou croissant, deux glands à franges.
U est possible <|ue les dilTérences qu'on remarque eutre les signa s'expliquent par
des modifications que la garde prétorienne paraît avoir subiis loi-s de la construction
du pr letorium p tr Tibère et de sa reconstruction par Ve^pasien, surtout lors de sa
transformation totale sous St-pltine.Sévère. C'est sous ce prince que l'enseigne
prétorienne aurait reçu la couronne murale et les croissants. — 9 Tac. Uist. Il, I ;
Corp. inscr. lat. VI, il5, 617. Cf. Uomaszenski, Fahnen, p. 56; Pliilologus. LXI.
16. .- 10 Cf. Uomaszeuski, Dp. cit. fig.yl-3 el Westd. Zeilsckr.WS . p. 3, in. On
peut supposer (juc les monnaies d'.Antoine ont serti de prototype; Galba aurait
.idopté les revers du rival d'.^u,^u5te pour marquer que c'en était fini de sadynasiie.
el Vesjtasien aurait uffeetè d'imiier Galba. — t' Stroog, lioman sculpture, pi. xi.vi.
1.XX1, 1 ; xi.i, 1. Ce ?oiit pr-'b^bleniciit les vexi/ta pourpres .|iii indiquaient la pré-
sence de l'Empereur. Un voit des vexitla portés par des prétoriens démontés, ilans
S. Reinacli, llépert. des Heliefs, I, p. 37V, 4 el 381, 3. Le resillarius comitnntis
Galbant cohortis dont parle Tacite, //J5/. I, 41, est sans doute aussi un eu>eignc à
cheval démoulé. — 12 Corp. inscr. lut. VI, 523, 558, 3i08, 31146. — 13 Ci./., VI,
655, 5329, 3504, 3239. — 14 C. i. /. VI, 31164, 31 183. Cf.Besnier, Mélanges Ec. Rome,
1897, p. 143. — IS Cf. Uomaszenski, Fahn.f. 73; Sonner Jahrb. 1908, p. 19.
— ISC.l.f., VI, 515, 5501, 617, 10568. 5962, 2965, 2981, 2987, 33038 « ; X, 1767 ;
XI, 1438.— '^ Les inscr. C.i.l, VI, 742 et IX, 1653 qui mentionnent des »ij(ni/"eri
des vigiles sont probablement falsifiées. — Iti Sur l'interprétation de LM dans C.i.l,
VI, 1037, comme imayuiifer, voir Domaszensli, /tonner Jahrb. I908, p. 9.
SIfi
1319
SIG
Régulièrement, la légion de l'époque impériale devait
compter oliOO hommes répartis en 10 cohortes, la pre-
mière, dite miliariu, divisée en 3 centuries, les autres,
dites quiiif/enariae, en 6 centuries groupées en 3 mani-
pules. Chaque centurie avait son signi/er, chaque
cohorte le sien, elVaquilifer marchait à la tète de toute
la légion', suivi par autant A'imaginiferi qu'il y avait
d'images de divi à porter-. Comme ces porte-enseignes
avaient, pour les seconder dans leurs fonctions reli-
gieuses et financières, un discens aquUiferum et un
(ou plusieurs) discens sifjniferinn^ la légion devait
distraire près de 03 hommes pour le service des ensei-
gnes.
Au temps où chaque légion comportait 300 équités,
chacune de leurs 10 turmac possédait un vexillum^ .
Elles paraissent l'avoir conservé '^ quand elles furent
divisées en équités legionis attachés à l'état-major
de la légion, qui y prenait ses éclaireurs et ses
estafettes % et en cohortes equitatae complètement
détachées de la légion et amalgamées avec de l'in-
fanterie légère. De ces cohortes mixtes, les unes,
dites mi/iariae, comprenaient 240 cavaliers divisés
en 10 turmes à côté de 760 fantassins, les autres
dites quingenariae, l'iO cavaliers divisés en 6 turmes
à côté de 380 fantassins. Outre les rexillarii, qui
étaient ainsi au noinhre ou de 6 ou de 10, et les
sif/niferi des centuries probablement au nombre ici de
4, là de 8, lu cohorte comprenait douN imat/iniferi, un
pour les équités et un pour les pedites'^. A côté de cette
cavalerie mixte, la cavalerie indépendante était com-
posée d'alae, divisées, elles aussi, en quingenariae et
en miliariae, les premières avec 480 cavaliers en 16 tur-
mes, les secondes avec 960 cavaliers en 24 turmes. Ces
pelotons se distinguaient de ceux des cohortes equitatae
en ayant, non un rexitlarius, mu\6un signifer turmae';
outre ces porte-fanions de peloton, l'ensemble de Vala
avait un signi/'er alae* et un imaginifer " et le prae-
fectus alac comptait un rexiUarius'" dans son état-
major.
Enseignes des corps auxiliaires. — A partir d'Ha-
drien, les nécessités de la guerre de frontièi-e tirent
sentir le besoin de corps légers comprenant, en nombre
égal, des bataillons de fantassins et des pelotons de cava-
liers. Dans ces nouvelles cohortes auxiliaires connues
généralement sous le nom de numeri, le numerus
était accompagné du nom de la peuplade où ses soldats
étaient levés, soldats non romanisés auxquels les ordres
devaient être donnés dans leur langue. Chaque numerus
de pedites avait son signifer ", chaque numerus
à'equites son imaginifer '- ; ces équités se décomposaient
en turmae ayant chacune son rexillnrius '■'. 11 est pro-
' Au iii" s., 011 culcnd parler d'un siijtiifvr Iti/ionis, Corp. inscr. lat. V, SUS,
Sîa? ; supiil. IGo. - 2 /magimferi de légion, C/L, VII, l'J.Ï, i i35S ; V, 937 ; 1306.
De C/L, III, I iSU, il idsulle ijue la légion avait au inoins 3 imaginiferi. — 3 Polyb.
XV, 4, 4. — * Vegel. Il, 14.-5 Oomaszcwslii, Ilic Falmen, p. ÏG ; Neuc Beidel-
berger Jnlirb. IX, 150 ; Uonner Jalirb. 1908, p. 47; von l'rcmcrslein, Klio, III,
p. 27. Conime on connail 3 rexillarii equilum pour une légion, CIL, XIII, 0948, il
est probable i|uc ces équités legionis comprenaient 30 cavaliers en 3 turnies. Des
cexiOarii equitum soûl mentionnés dans C/Z, III, 1614, 'it\\i, 2743, 3261. 3646; V.
7S9C; VIII. 2562-4: 2974, 10629. — 6 Inwyinifen des cohortes auxiliaires, CIL,
II, 403 ; III, SOIS, V, 953 : VII, 760. De III, 3236 : eqiies imaginifer cohortis l Brit-
tonum tiirma Montani, il netaulpas inférer qu'il y a\ ait un imaginifer pAr Itirnie.
Comme les pedites de la cohorte auxiliaire ont aussi leur imaginifer, ce détail est
destiné à indic|ucr r|u'il s'agit de Vimaginifer des équités et dans <|uelle turnie il
est inscrit. —7 r/A, |, m;, VIII, 2094; XIII, 6233, 8094, cippe, reproduit par noire
lig. 6^27 (Domaszewski, fig, 85). Des signa de cavalerie sont mentionnés au temps
bable que c'est par les numeri que les enseignes bar-
bares ont surtout fait leur entrée dans l'armée romaine.
Ce qui facilita aussi cette pénétration, ce fut la cons-
tante dispersion des troupes impériales, lantlégionnaires
qu'auxiliaires, en petits corps détachés, disséminés
aux frontières de l'Empire. Bien que les corps ainsi
formés soient connus sous le nom de vexillationes et
que les soldats qui les formaient soient dits a signis
acocati'^, ils n'en comprennent pas moins souvent,
non des vexillarii, mais un imaginifer^'" ou un
signifer"^, quand la vexillatio est détachée d'une
légion, un imaginifer seul ", quand elle est prisi' aux
auxilia.
Tous les porte-enseignes passés en revue jusqu'ici
appartiennent à l'armée active. Mais les Romains ont
devancé notre système des réserves. Son temps de
service écoulé, le légionnaire passait au rang de
veteranus, ou de missiçius, quand il avait reçu son
honesta missio ; dans cette réserve de l'active il
restait quatre ans, suivant le système des seize ans
de service institué par Auguste en 13 av. J.-C,
cinq ans quand Tibère eut imposé le stipendium
de vingt ans. Les veteruni do chaque légion formaient
un vexillum '*, pourvu d'un vexiUarius vetera-
norum legionis ". Celui-ci paraît avoir été pris
parmi les vexillaires en activité de service dans la légion
avec laquelle, en cas de guerre, les veterani devaient
combattre. Ils ne pouvaient être rappelés sous les dra-
peaux que pour les nécessités de la défense nationale-".
Cependant, quand l'état de guerre est permanent, les
vexilla veteranorum sont groupés en véritables régi-
ments de réserve : cohortes ou alae veteranae qui ont
les mêmes porte-enseignes que les autres cohortes
et alae.
Les evocati constituent une classe privilégiée de
réservistes-'. Avant Tibère, l'erocfl/^'o s'adressait à tous
les bas-officiers, non seulement des légions mais aussi
des auxilia, s'ils avaient obtenu le droit de cité à la fin
de leur service. Tibère la limita aux prétoriens et,
assimilant les evocati aux cavaliers de la garde, il leur
donna comme tels un re.villarius-^. Comme les réser-
vistes, les recrues, tirones, avant d'être versées dans
une légion, forment un vexillum spécial -^ Enfin il est
fait mention d'un vexillum de brancardiers et, pour les
ouvriers militaires, d'un imaginifer el d'un rexillarius
scholae fabrum -''.
L'organisation militaire des Romains étant sensible-
ment pareille à celle de leurs premiers adversaires — ils
estimaient eux-mêmes qu'elle s'en était fréquemment
inspirée — on ne doit pas s'étonner de rencontrer des en-
seignes chez les Latins^', les Samnites -", les Sardes "S
deJulicn. Amm. Marc. XXV, 1,7-9,XXX1V, 3, i i. — *Corp, inscr. Hhen. 8sO ; f.i\
;a<.VII,68;Ê'pAem. e/iii/r. Vil, n. 993. —9 C/i, VIII, 9291. Cf. p. 1975. — M(:lL,\\\,
4834, 1 1081. fig. 6421. C'est cette fonction ipic Domaszewski, tionner Jalirb. I90S, p.
53, attribue au vexiUarius alae. Lehner, Jbid. p. 281, veut voir en lui le porlc-
enscigncpour loutel'rt^a opposé nusiqnifer turmae. — Il CJL, III ; Vlll, 21 433 ; XIII,
7754. _ 12 CIL, Xlll, 7753. — 13 CIL, XIII, 7753-4; Cagnal, Ann. épigr. 1897,
a. 147. — 14 Traian. ad l'Iin. 20 et 22. — 1^ CIL, II, 2533; Xlll, 1895.
— 10 CIL, II, 2552 ; XIII, 1839, 7946-7. — 17 CIL, Xlll, 7705. — <» II ne devait pas
compter plus de 500 hommes d'après Tac. Ann. 111, 21. Cf. .Mommsen, Eplicm.
epigr.lS.f 370 ; Domaszewski, «oimer Jahrb. 190S, p. 80. — l'J CIL. III, 2»17.
— 20Cf. Tac. AMn.l,36:n;(inerisu4r<;j'i(/o... nisi propulsawli Itostis. —'^I Momm-
sen, Ephem. epigr. V, p. 149 ; Domaszewski, ISonaer Jahrb. 1908, p. 73.
— ■:;2 CIL, VI, 213. - 23 Tac. Ann. II, 78. — 21 i;ae5. Hell. Oall. VI, 36, 3 ; iO, 4 ;
CIL, III, 3018. — 25 Liv. IV, 8, U. — 26 Liv. VU, s: ; V I, 38-9 X, 14, 20 ; 41-2.
— 21 Ferrot-Chipiez, Hist. de rArt, t. IV, p. 67.
SIG
i;^20 —
SIG
los Éliusqui's (lig. (iWO; ', les Caiiipaiik'ns i lig. tl43l)^
Chez ces derniers, ce sont de longues l)underûlles ou de
grandsétendardsqiii IloUenl auboul
''(^CT| d'une hampe comme nos drapeaux.
'^ Quand ces peuples devinrent les
alliés de Rome, leurs enseignes les
suivirent, dans les cohortes qu'ils
formèrenl à côté des légions ro-
maines. Les exploits des chefs des
cohortes des Péligniens, Vibius à
Capoue el Salins à Pvdna, jetant
leur ve.vil/tiiti dans les rangs enne-
mis, étaient restés célèbres'. Quand
les Romains entrèrent en contact
avec l(!s l^igures ' el les Illyriens ',
surtout avec les Gaulois d'Italie
et d'Espagne, soit directement,
soit dans les armées carthagi-
noises ", ils se trouvèrent en pré-
sence de peuples qui avaient gardé
Mg. oijo. — tiisi-i-ne pQ^,. jgg animau.v divins, sous la
conduite desquels ils marchaient,
la même vénération que leurs propres ancêtres témoi-
gnaient à l'aigle, au loup, au minolaure, au cheval,
au sanglier. Le sanglier parait
même avoir été la plus véné-
rée des enseignes gauloises ;
le cheval, le taureau, l'ours,
le corbeau se retrouvent sur les
trophées et les monnaies de la
Gaule. Jurer devant leurs en-
seignes réunies, c'était pour
les Gaulois la forme la plus
solennelle du serment \ Les
enseignes animales n'étaient
pas moins sacrées chez les
Germains, auxquels appar-
tiennent les l'sipètes et les
Tenctères que César montre
contraints à les jeter dans
leur fuite. Tacite dit expres-
sément que les Geiaiains emportent au combat les
images et enseignes révérées dans leurs bois sacrés *.
Les auxilia, au 1"' siècle [de l'Kmpire, furent orga-
nisés, comme l'avaient été ceux de la République, en
cohortes ou en akic équipées à la romaine. 11 n'y a donc
* Liv. IX, 32, 8 ; X, 30, 30, 4. La fig. G WO est lirée d'une procession funéraire où
renseigne du chef défunt est «ne hampe surmontée d'un taureau (fresque conservée
au liritish Muséum, Jouni. hell. sh„l. X, pi. vm). — s l.iv. XXX 111,35. Il me parait
horsdcdoulct|HC les guerriers dont larmenicnl nesl pas conforme àcelui des hoplites
grecs qu'on trouve sur les vases du recueil dcTischbein sont des cavaliers campanicns
ou apuliens ; on y relève des cavaliers avec une lance portant un grand fanion, S. Rei-
nacb, B'perl. des vases peints, II, p. 319, C, un fanion rigide el un souple, p. 320,
1, un vérilable drapeau orné d'une croi« gammée, p. 3*9, I. Un drapeau semblable
dans Millin, Peint, d. vases. I, 13 et dans les peintures de l'aestum, .innali, 1865,
20»; Ji/on«men(i, Vlll.pl.xxi(doùesttiréeialig.6i3)). — 3 l.iv. XXV, IV, 4;Flul.
Aem. ÎU. — i Liv. XLI. IC ; XLII, 7. - ■". Liv. XLV, 43. — c || pst difficile de savoir
si, dans Liv. XXI. 5.Ï, 2; XXIV, 11',, 2 : XXVI. 6, 4, il s'agit des Carlliaginois eux-
mêmes ou de leurs auxiliaires espagnols ou gaulois. Il pcul méniesagir des .Numides,
puisqu'on sait qu'ils portaient des sii/iin, Sall. Jiifj. 49, 4 ; 74, 4 : 80, 2 ; 99, 4. Pour
l'Espagne, il est également diflicile de distinguer s'il s'agit d'Ibères ou deCeltibcres,
Liv. XXXIX, 31; XL, 32, 40. 48,50; XLI, 31. Kans XXXV, 1, il s'agitde Lusitaniens.
— 1 Caes. //elt. Gall. VII, 2, 2. Dans la défaite de l'armée de st-cours, à Alésia, César
prit 74 enseignes, VII, 88, 4. Les récits de Tite Live(XXXIl. I>, 30; XXXIIl; 30 : XXXIV,
15, SO; XXXVI, 38) montrent avec quel désespoir les Cisalpins les défendaient. Pour
le sanglier-enseigne voir fig. 165» et les arcs d'Orange, d'Avignon et de .Narbonnc,
dans Espérandieu, lias-reliefs de la Gaule, I, 234, 595, 737 ; le trophée galate publié
Rev. arch. 1889, 1.201 ; la Uaulc le porte sur la cuirasse de la statue de l'Auguste de
Fig. 6431. — Etendard campaiiii
Il 'r T r-nTi/v Cl cMf ^'^
tii32. — Sif/nifer d'une coliorle
rien que de naturel à ce qu'on trouve à Honn i lig. t)i3-2j
le sif/nifer cohortis Aslu-
riun^ , portant l'uniforme des
sir/niferi des légions et te-
nant dans la droite une lance
avec talon en pointe et croc
latéral, qui oll'redes éléments
ordinaires des enseignes
légionnaires : couronne de
chêne suspendue sous la
pointe, traverse avec bande-
lettes, phalère à bouton,
aigle sur un foudre, crois-
sant, globe, gland à franges.
k Trêves, le porte-enseigne
d'une cohorte équestre bran-
dit un javelot de la droite,
tandis qu'il tient de la main
gauche une enseigne formée
simplement par une lance,
avec une traverse de laquelle
pendent quatre feuilles de
lierre (lig. 6i2l)'".
A partir d'Hadrien, les
auxiliaires barbares, de plus en plus nombreux, restèrent
constitués en troupes
nationales qui, sous le
nom de numeri, ne
reçurent qu'une appa-
rence d'organisation
romaine. .\ussi ne doit-
on pas s'étonner que,
dans les deux reliefs
où l'on peut recon-
naître leurs ensei-
gnes, celles-ci appa-
raissent comme de
simples hampes, sup-
portant ici un taureau
(fig. 643;i) ", là un
bélier ;lig. OilO) '-.
Une tête de taureau à
trois cornes apparaît,
dès la Un du i" siècle,
sur le vexilliim que
porte un cavalier Biluri
d'une cohorte
îc de V(tla L'inr/iniana '^
Priraa-Porta, elc. Pour l'ours, le cheval, le laurean, le sanglier, la grue ou la cigogne,
voir S. Rein ch, Cultes, mi/llies et religions, I, p. 50, 53, 244: 11, p. 243, el Rend,
L I religion des Ga:ilois, 1906, passim : pour le corbeau, A.-J. Keinacli, rAnlhro-
;io/o(7ie.l909, p. 195 : pour les monnaies, les références données par Cam. Jullian,
Uisl. de la iniule. Il (I9us), p. 19S. — « Caes. D. gall. IV, 15, I ; Tae. Germ. 7,
cf. Ilist. IV, 22-3. (Jiiand les légions de Germanie se sont livrées aux Ratavts de Ci-
vilis, Tacile montre^^/a/. IV, 62) revulsae iniperatorum imagines, inhonora signa,
fulgentiOus hinc inJe Oallornm vexitlis. Grinini a réuni, dans sa Deutsche Mytho-
logie, tous les textes qui montrent le culte particulier dont les Germains entouraienl
le cheval, le taureau et le corbeau 'ju'ou relronve sur les enseignes d'autres envahis-
seurs du .Nord : cf. noiammeiit le taureau des Ciœbrcs (Plut. .l/nr. 23 ; Caes. Bell.
Gall. VU, 2), le sanglier des Aesliens(Tac. Bist. IV, 22), le sanglier et la rouelle des
Coralles (Val. place. VI. 88). — 9 Uomasiewski, lig. 86; Lindenscbmit, 4«. I, 11,6, I.
D'après Doinaszenshi la strie delîaguse, lig. 87 (Musée de Vienne, n" 24), représente
UMsignuméQ cohorte auxiliaire : traverse à bandeletles, couronne le lon^ de la hampe,
phalère â médaillon. La plialère à médaillon et la couronne tombante se voient sur un
autre monument de Hagnse, .\rclmeologia, 1884, p. 7. — '0 Domaszewski, fig. 88
^ Lin.lenschmil,/!//. I, 3,7, S (vov. plus haut, p. 1311, la fig. 6421). — n Uoma-
>/c\vski, (ig. 90. d après Bruce, Lapidurium septentrionale, n. 930 ; Rend, fig. 31,
probablement uii Halavc, cL notes 7 et S. — 12 Domaszewski, fig. 89 : Col. Traj.
h'roehner, pi. i x\ii ; Cichorius, pi. xi.vni. — '3 Lehner, Bonn. Jahrb., 1908, pi. i.
C'est sans doute le tarvos trigaranos des Gaulois.
SIG
1321 —
SIG
Ct3'f. — r.c cl.
La coiK[ui}le de la Dacie elles guerres parlliiques ne
tardèrent pas à introduire dans les armées romaines une
enseigne l)arbare qui devait y avoir une fortune surpre-
nante. Comme la plupart des peuplades scylhiques, les
Daces', les Sarmates - et les Parthes ' avaient pour
enseigne un dragon : on pourrait supposer que cet
emblème était brodé ou peint sur un fanion ; mais les
monuments* permettent d'assurer qu'il s'agit d'une
étoffe qui, dans la marche, portée sur une hampe élevée,
se gonflait et se déroulait au vent comme les replis d'un
serpent (fig. 0434) \ Le dragon s'est probablement in-
troduit dans l'armée
romaine en I/o, avec
un corps de Sarmates
Jazygcs. Soixante-
quinze ans plus tard,
il s'était répandu par-
tout. Au moment, en
effet, où les Perses,
qui avaient aussi le
dragon pour éten-
dard", remportaient
leur grande victoire
sur Valérien(:io9), on
voit Gallien, son collègue, célébrer à Rome des decen-
nalia où figuraient les dracones et les signa, tant ceux
qui étaient conservés dans les temples que ceux des
légions''. Un siècle plus tard, dans les armées de Julien,
le dragon est devenu par excellence le signum mili-
lare des Romains *; un dragon de pourpre accompagne
l'empereur en campagne et dans les cérémonies publi-
ques ^ Végèce attribue des dracones à chaque cohorte,
tandis que Varjui/a reste l'enseigne de la légion. Ils sont
placés avec les signa près de la porta praetoria; les
draconarii qui les portent sont mis par Végèce sur le
même pied que les signiferi'", avec lesquels il semble
les confondre ". iNous ne disposons d'aucun moyen pour
contrôler ses dires, ni pour distinguer le rôle des muta
signa qu'il énumère : aquilae, dracones, vexilla, pum-
mulae, lufac, /j/n7îae'-,enlesopposantauxs(,9?)a cocalia
qui sont les ordres ou mots d'ordre donnés de vive voix,
et les semirocalia ", signaux pour lesquels on se servait
d'instruments [cornu, bucina, tuba].
Le labarum. — On connaît la légende du laharum :
un soir d'octobre 312, Constantin, marchant sur Rome,
crut voir au couchant une croix lumineuse avec celte
inscription : sois vainqueur par ceci. La nuit, le Christ
1 Arrian. Tact. 33, 34 ; Suidas, s, v. : (jr,|ieTa ^xuBivà... uvàviAa-ca ^«oï; lEETotKa-
(&Éva, â tU iSÉav itoJttTTa ôçÉuv lîxatrrai. Pour les Indiens, Stiid. p. 119. Un Scythe le-
nanl un veiilliàfiangesdans Kondakofl-Reinaeli, .4nf. de la Russie mérid.Ji^. 233.
— * Colonne Tiajane, Cicliorius, pi. xvii, xix. xxiii, xxix, xi.i, i v, r.vii, i.vi-i. Basili^jue
de Ncplunc, Reinacb. Rép. des Bus-reliefs, I, 281. — 3 Colonne Anlonine, Pelcrsen,
pi. i.xnin, i.xiv A et d, i-xv a. Dansées trophées, on voil probablement des enseignes
des Sarmates Jazyges qui, vaincus en 175, durent fournirun ronlingentde 8 000 ca-
valiers. — * Luc. On conscr. hist. 20. Ilans ce passage (|ui se r<f-i'êre à la guerre
parll]i(|ue de lll4;ï, on voit les dragons des l'arlhcs «Ire encorecn (jrèee Tobjel de
K-g^ndcs: il s'agirait de dragons vivants portés sur de grandes pitpies, puis lâchés
sur renncmi, Lucien, (|ui sait que c'est une enseigne, ajoute qu'il croit (ju'il y en a
inie par division de 1000 hommes. H est donc probable que ce n'est pas par les
Daces, anéantis au cours de la guerre, mais par les Jazyges, à partir de 17.S,
(|ucle ilraco est entré dans l'armée romaine. Rend, Op. cit. p. ilO, a rappelé que
les Lombards, qui ont participé aux iuvasions Jazyges, paraissent avoir euunculle
pour le serpent, comme les Frussiens et les Lithuaniens. — ^ l'etersen. Marcus-
■S'iuk, p. 73, 74 sq. LXV, et Ciehorius, Tritj .-.Saule, XVII, XIX, XXIX, LVll.
— fj C'est ce qui semble résulter aussi de la description d'Arrien, /-. c. dont il faut
rapprocher les passages d'autres auteurs, Amm. Marc. XVI, 10 1 Nemes. Cyneq. 23 ;
Claudiaii. In Rufin. Il, 77; lll Cons. Uonor. 13»; Sid. Apol. Carm. X, 402;
Vlli.
lui apparut tenant l'enseigne miraculeuse et lui assura
la victoire s'il l'adoptait comme drapeau. Vainqueur,
l'empereur n'eut plus d'autre bannière que le labarum,
qu'Eusèbe décrit en ces termes : « La lance dorée avait
une barre transversale en forme de croix; en haut:, à la
pointe, était fixée une couronne faite de pierres magni-
fiques et d'or, qui contenait le symbole de l'appellation
salutaire, deux caractères exprimant le nom du Christ
par les premières lettres qui le constituent, le P étant
coupé par leX en son milieu. A l'antenne qui traversait
la lance était fixé un morceau d'étoffe: c'était un tissu
de pourpre, avec des pierres précieuses, variées et
magnifiques, serties dans la trame. Cette pièce d'étoffe
\\y,.(i& à l'antenne avait une largeur égale à sa longueur;
la lance verticale était beaucoup plus longue dans sa
partie inférieure ; en haut, sous le symbole de la croix et
dans la partie supérieure de l'étoffe que j'ai décrite, elle
portait l'image en or, figurée Jusqu'à la poitrine, de
l'empereur cher à Dieu ainsi que celles de ses enfants" ».
Comme on le voit par cette description et comme le con-
firment les monnaies de Constantin, le labarum n'est que
le rexillum impérial, celui que portaient les bucellarii,
troupe d'élite de sa garde à cheval'"; le seul élément
nouveau est le monogramme du Christ'". En 312, le
monogramme, formé des deux initiales I et X, ne fut
placé que sur les boucliers des vainqueurs du pont Mil-
viiis'''; c'est seulement en
317, à l'occasion de l'éléva-
tion au rang de Césars des
deux fils de Constantin, que
l'étendard qui reçut leurs
médaillons de part et d'au-
tre de celui de leur père ° \.elabarum.
recul aussi le )^ . Après la
défaite de Licinius, en 32.5, l'étendard ainsi constitué
devint celui de l'Empire et fut gravé comme tel sur les
monnaies. On le voit ici représenté sur une monnaie de
Constantin ifig. 6435), placé entre deux soldats avec la lé-
gende glori a exerciïis, et sur une monnaie de 326 (fig. 6 i3(i)
où le serpent est transpercé par la hampe. La croix elle-
même que la traverse forme avec la hampe n'a rien de
chrétien: on a vu que, à l'exception de l'aigle, elle figu-
rai t sur toutes les enseignes romaines, sur les s(<//ia comme
sur les cexilla. On ne peut affirmer qu'elle y eut, par elle-
même, une valeur religieuse ; mais elle participait au
caractère sacré de l'ensemble. Les apologistes chrétiens
ont profité de la coïncidence pour prétendre que, incon-
lireg. Nai. Orat m Julian. l, p. 287;Suid. L. c. et s. v. 'IvSo! et //k-.oaTOq.
— 7 Persici dracones, Hist. Aug. A Krel. 2», 5 ; Codin. De offic. VII, p. 83 C.
Un draco sur l'arc de Septinie Sévère (Reinach, Rép. des reliefs, I, p. 203) ;
dracones perses sur l'arc de ,*alonique (ihid. 392). — s Gallieni duo. S, 6. Bien
que la lettre d'Aurélieu sur le sac de Paimyre de 273 l,Aurel. 31, 7) soit d'au-
thenticité douteuse, il est à noter quelle parle des méfaits d'un aquilifer de la
U-gio lll cum rexilliferis et draconario. Domaszewski, Uhein. Mus. 1902, 511,
prétend, à lort, je crois, que les dracones étaient encore à celte époque des
enseignes barbares. ( f . A. Millier, Philologus, 1903, 009. C'est au iv« s. que se rappor-
tent les deux draconarii qui nous sont connus par l'épigraphie : Rantio drueo-
nariwt (Orclli-Henzen, 6S12 ; Ëplt. ep. IV, 949) et FI. Jovianus, ex numéro ortaio
Dalmalorum, ipii a rang de biarchus {Ann. épii/r., n. 103). — 9 Zosim. lll, l'J,
1; Amm. Mare. XX, 4, 18. Cf. Prudent. Lalhem. V, 55, Nemesian. Cijn. 84.
— 10 Amm. iMarc. XVI, 10, 7; 12, 39 ; Claud. Cons. Hon. lll, 138; IV, 345 ; lll,
360. — 11 Vcg. Il, 13; I, 23, I, 20; ils auraient porté les uns et les autres la
hasla. — liVeg. Il, 7, sii/niferi qui siqnaporlanl, quos nunc driieinnrios rocunt.
Dans les gloses, Corp. Gloss. Il, 280, 42: Sf««,vTo=(ioo;, draconarius. — " Vi g.
lll, 3. — 14 Euseb. Vita Const. 1, 28-31. Voir les textes dans l'art. Labarum du
Dichonary of Christian antiq. — 15 Eus. Viln Const. 11. 7 et 8. — l«.Voir l'arl.
Monoyramm Christi dans V Encyclopédie ie Hauck. — 17 Lact. Ile mort. Pers. 4t.
166
SIG
1322 —
SIG
scieiiiinent, les soldais romains, liion avant l'ailoplion du
/rt6«;v//«,marchaienlsous l'enseigne de la croix. Le nom
donné à ce tH-xi/tiim surinonlé du cliiisine, nom qu'on
connaît sous les formes labouriiuu /a/joruiii, lubnvutn,
reste mystérieux. Des diverses étymologies proposées, les
meilleures sont probablement celles qui nous reportent
vers l'Espagne ou la Gaule'; il faut se rappeler que c'est
de ces contrées que venaient les légions qui virent, les
premières, le chrisme ajouté à l'enseigne impériale. Dans
l'Iiisloire de la propagation du Idùanim, que la numis-
matique permet de reconstituer- i^v. aussi fig. 1502 et
39:27), on voit que cet étendard ne fut d'abord, en effet,
que celui de l'empereur, alternant avec les anciennes
enseignes conservées des corps de troupes ; celles-ci ne
l'adoptèrent que très lentement; sous Théodose encore
l'étendard simple se rencontre aussi souvent que le
labarum; la croix ne triomplie qu'avec Valenlinien III :
c'est la fin de l'histoire de Home et de ses enseignes.
Mie (les enseignes et des porte-enseiones. — On a vu
que, sous la République comme sous Flùiipire, bien des
incertitudes subsistent quant à la répartition exacte des
enseignes. Mais ce qui ne laisse aucun doute, dans ces
deux périodes de l'histoire de Home, c'est l'importance
des enseignes dans l'armée romaine. Elles ont une si
grande place dans toutela tactique de lalégion qu'on voit
le terme de signa prendre, dans les derniers temps de
l'Empire, le sens d'actions militaires par opposition aux
plans, consilia^. Comme, dans la bataille, chaque porle-
enseigne reste sur le front de l'unité à laquelle il appar-
tient ', tandis que l'aigle va se placer derrière la
l'" cohorte et que les porte-fanions suivent l'élat-major
auquel ils sont attachés, on comprend que tout le
vocabulaire spécial de l'armée romaine se soit développé
par rapport aux enseignes. Une liste de ces termes
techniques permettra de se rendre compte rapidement
de ce rôle prépondérant des enseignes :
Sir)na conferre ^ = Se mettre en bataille, s'ordonner, se lormcr.
Signa confundere^ = Mettre le désordre dans le ranj;.
Signa consliliiere'' ou consistere'^ — Faire halle.
Signa converlere^ = Faire demi-tour.
Signa eff'efre'" ou proferre" = Opirerunruijuveiiieiit m avant, une
charge ou une sortie.
I Miiiuc. Fclii, 29, el Tcriullieii, Ajiol. 10, nomnicnl |minii 1l-s enseignes romaines
les canla/jra ; le nom de cautaljrarii esl donné dans le Coda Throdosien,
XIV, 7, 1 1, au corps qui, dans les cér(^mnnies, a le privilège de porlor ie pavillon
impérial. Dans ces Li-ois lexles, on a proposé de voir ou une coi-ruplion de labara
ou une forme parallèle (gui iiidiiiuerail rjue le mol esl d'origine ibérique.
M. A. B. Cook a rapproché le labarum de la îabrys crèloise {Oxford Congress^
i. II, p. 193). — 2 Les données qu'on Irouve dans Rencl, Op. cil. p. 273, doivcnl
èlrc corrigées d'après J. Maurice, Numismaliqiie Cunslantinienne, t. I (I90S);
Bull. Soc. Aiit. I'JU3 cl l'.ioi; Compl. rend. Ac. Inscr. 1909. Il faul remarquer
que sur les enseignes de l'arc de Constanlin on voit seulement le dragon. Hercule,
la Victoire. — 3 Hûclielcr. Ithcin. Mus. 1908, 323. — » Caes. B. gatl. VI, 3i,
4 : eontinere ad signa manipulas, ut instilula ratio et consuetudo exercitus
Bomani postulabat ; U. afr. Ti, 1 ; Vcg. Il, 13. — a Liv. Il, 50, 2; 6t, 5; V, 19,
7.-6 l.iv. XXX, 34, 10, signis coUatis in unum tocum désigne au contraire
le rassemlilenienl courus des enseignes; Caes. B. fie, I, 71. 3 ; B. gall. Il, 25, I.
- 'Caes. B. gall. VII, 47, 1; Liv. X.\ll, 30, 2; XXXI, 36, 8; XXXIV,.20, 5;
Tac. Hist. IV, 3V. - 8 Caes. B. civ. I, 79, 4; l.iv. XXVIll, lii, 5. -'9 Caes.
B. gall. 1,25, 6; II, 2li, I ; B. afr. 17, 2; Liv. Il, 14, 7 ; III, 54, 10; XXXI, 27,
7 : XXXIV, 28, 10. - 10 Liv. XXII, 42, S; XXIV, 40, 7; XXVII, 2, 5; XXIX,
21, 5; XXX, 5, 3: XXXIV, 40, 9; XL, 28, 2. - H Liv. IV, 9, 13 ; 32, 10; IX,
43,8; XXII, 42,3 ; XXXVII, 39, 5. - 12 Liv. XXV, 13, U. - 13 Tac. Sis/. 1,31.
- 1* Caes. B. gall. I. 39, 7; VI, 37, 0; Liv. V, 43, 2; X, 51 ; XXVII, 47, In ;
XXVIll, IC, I ; Tac. Hist. II, GO; Front. Sirat. Il, 8, 8. — 1:; Liv. XXVIll, I, 9.
- «6 Liv. VI, S; I; VIII, 39, 2; IX, 23, 15; XXXV, 5, 12: XLl, 4, I ;'caes.
B. gall, II, 2.Ï, 2: Front. Strat. M, I, 9. — " Liv. XXII, 38, 6; XXV, 9, I ;
XXXVI, 19, S:Suet. Claud. 13. - 18 Tac. Ann. Il, 17. — 19 Liv. VIII, 38, 10; X,
40, 12; XXXVM, 38,9. — aOLiv. XXII, 42, 10;XXV, 23, S;XLI1,59. — 21 Liv. Vllli
38, 10. — M Caes. B. eir. I, 71,3.- 23 Liv. III. 27, 8, XXIll, 35, C ; XXX, 35, 0 ;
Tac. Ann. Il, 45. — « Caes. B. Aies. 57, 1 ; Liv. XXII, C, 10 ; XXVIll, 2, 15.
Signa expedire'^ ou parare '■' = Se préparer au comliat.
Signa ferre '* = Avancer, iiiarchor.
Signa ad laevam ferie '5 = Mari'lier vers la gauche.
Signa inferre 'i> = Marcher à l'ennemi, en venir aux mains.
Signii movere " = Quitter la iiositiun, lever le rami).
Signa o'dcere is = Opérer une contre-atta(iue.
Signa promovere i9 = Se porter en avant.
Signa referre'^ = Se replier.
Signa rétro reciperei^ = Battre en reliaite, reporter en aniére la
ligne de bataille.
Signa servure^^ ou set/uiai = Itesler dans le rang, rester ferme à
son poste.
Signa tollere'^^ ou convellere^^ = Se mettre en marche.
Signa Iransfey're'i'i = livoluer (parfois : déserter).
Signa lurhare-'' = Mettre le désordre dans le rang.
Ad signa recipere'if = Se reformer.
Ad signa eontinere 2<i = Conserver sa formation.
.id signa deducere 30 = Enrôler.
Ad signa vocare^^ = Ajipeler aux armes.
Ab signis discedere 3- ou procedere 33 = S'avancer en ordre dispersé.
Siib signis ducere^'- = Marclier en ordre de lialaille, enseignes clé-
ployées.
Anle signa eqiiilare'iâ = Passer en revue.
Ce vocabulaire militaire suffit à faire voir à quel point
toute la tactique de la légion dépendait des enseignes.
Aussi importait-il que les ordres pussent être commu-
niqués aux porte-enseignes, là même où la voix du
commandant ne pouvait se faire entendre. C'est à ce
besoin que répondaient les sonneries des cornicines^^ .
Équipés comme eux ^'' [cornu, fig. 1933], les corni-
cines marchent à côté des porte-enseignes ^^ dans
la colonne". On ne sait quelle place ils occupaient dans
la bataille : pour leur permettre de transmettre effica-
cement les ordres, il semble qu'ils devaient se diviser,
les uns allant se mettre à la disposition du commandant
en chef et des commandants des légions, les autres
restant auprès des signa '".
Des porte-enseignes de la légion, Yat/uilifer, institué
par Marins*', est naturellement le plus considéré. Il est
enrégimenté à la l"'" cohorte, dans la centurie du primiis
pilus^'^, derrière laquelle lise tient dans la bataille"; en
marche, il s'avance en tète de la légion, derrière l'état-
major"; il a élé signifer^' ou discens aquiliferum''^
avant de recevoir l'aigle; il peut être nommé centurion".
U touche une solde annuelle de 2250 deniers; il a l'arme-
— 25 Ciccr. Dediv. I, 77: Liv. V, 37, 4; XXII, 3, Il ; XNV, 21, 1 ; Suet. Claud. 13 ;
Tac. Ann. I, 20. — 2g Caes. /?. cir. I, 00, 4; Tac. Hist. IV, 16. — 27 Liv. VIII,
39, 4; XXIV, 16, 2, — 28 Caes. B. gall. V, 34, 4; B. civ. I, 43, 5. Sua signa
noscere parait pris dans le même sens, Liv. XXII, 5, 3. — 29 Caes. B. gnil. VI, 3», 6.
— 30 Luc. Mars. V, 349 ; Juv. V. InO. — 31 Luc. Pliars. I, 296. — 32 Caes. B. gall.
V, 16, 1 ; /(. eir. I, 41, 4 ; Front. I, 5, 3. — 33 Caes. B. Afr. 15, I. — 31 Cic. Ad
Attic. \\\, S, 2. —35 Liv. VI, 7, I. — 30 Veget. 11,22: cornicines guoliens
canunt, signa ad eorum obtempérant nutu'n. CL Domaszewski, Fahnen, p. 8 ;
Gagnai, Armée rom. dAfrigue, p. 470 el Klio, 1907, 183. — 37 Col. TraJ. éd.
Froelinep, pi. xïxn, i.xxxni ; éd. Cicliorius, pl. v, xi., lxi. — 38 Joseph. B. jud. V, 2
1 ; cf. III, G, 2. — 39 C'osl ainsi que j'expliquerais le cIùlTre de 36 cornicines qu'on
Irouve dans la légion campée à Lamhèse, Corp. inscr. lat. VIII, 2557; cf. Cagnat.
Loc. cit. : un pour chacun des 30 manipuler. 6 pour l'élat-major. — *0 Pour que ceux-
ci ne restcnl pas à leur place réglementaire el se rassemblent, signis collatis,i\ f;uit
que l'armée soit [irolondémenl démoralisée, ('aes. H. gall. 11, 25, I ;B. cir. I, 71, 3.
Dans Fronlin. Slral. IV. 7, 33, signis collntis urgere parait se dire au contraire
d'un mouvenienl enveloppant. Parfois aossi, quand l'armée est disposée sur i\vn\
lignes allongées dos k dos, les signa se trouvent entre les deux lignes, Caes. B. .\fr.
17,1. _ 41 Volscli, Murius als Heformator des Heerwesens, ISSÔ, 28. — »2 Caes.
B. civ. III, 64; Val. Max. I, C, Il ; Tac. Hisl. III, It; Plin. XIV, 19; Juven. Sat.
XIV, 197; Veget. II, 8 ; C017). inscr. lat. 111.7591, 14995, 15005 ; VIII, 2634 ; Westd.
Zeitschr. XI, 264. —"Caes. B. civ. 111, 64; Tac. Hist. Il, 43 : Veget. II, i-.
— " Jos B. Jud. III. 6, 2 : V, 2, 1 ; Aprian. Exped. in Al. 0, S el les reliefs,
Froehner, Col. Traj. pl. XXXV, LXXIl. — i^ Corp. inscr. lat. V, 3375, 5882.
— *o Corp. i««(T. lat. Vlll. 25ÛS, 2796, 2988. Cf. Cagnat, Armée romaine
d'Afrique, p. Iî2. — '•t Corp. inscr. Int. XII, 2234; XIII, G046, 6932. Les porte-
aigles semblent avoir tenu à honneur de remplir leur charge jus(|u'au terme de
leur service, comme ou peut l'inférer du nombre des vcterani ex signift-ru qu'on
Irouve aux indices des t. 111 et Vlll du Corpus.
SI G
— 1:^23
SIG
meol complet du légionQairé ', mais, sur la colotiut'
Trajane, il ne porte ni lorica, ni cinyulu/ii.
Les iiiiaginiferi, ou iinaginarii qui imperatoris
imagines f'erunt, viennent immédiatement, dans Tordre
officiel du temps de Végèce, après les optiones, avant les
(iqui/iferi '-. Comme ces derniers, ils prennent rang
parmi les soldats de la l"'" cohorte. Au-dessous des
optiones viennent les signiferi transformés en draco-
narii au milieu du iv*^ siècle. Le signifer a commencé
par être discens signij'erum.
L'équipement du signifer ne parait pas avoir dilféré,
soit qu'il appartint aux cohortes d'une légion ou à celles
des prétoriens ou des auxiliaires. .Mais il semble avoir
été uniformément modifié au début du ii'' siècle. Tandis
que les stèles rhénanes montrent jusque-là le signifer^
armé de toutes pièces comme Vaquilifer, la colonne Tra-
jane^ et les monuments postérieurs attestent qu'on lui
a ôté, ainsi qu'à Vaqiiilifer, la cuirasse de métal, le
casque, le bouclier, le cingulutn et le poignard, qui ne
pouvaient que l'encombrer (fig. 6i32); il garde seulement
le justaucorps de cuir, oll le baudrier relient l'épée sur
le flanc droit ; tandis que Vaquilifer porte sur sonjustau-
corps un manteau de laine, le «/jh (/"('/■ est coiffé d'une
peau de bête qui lui descend sur les épaules (fîg. G4I5) "■
Comme Vaquilifer, le signifer est compté au nombre
des sous-officiers (principales) : le commandement de
détachements importants lui est parfois confié ''.
Mais sa fonction ordinaire en temps de paix était le
soin de la caisse d'épargne des légionnaires placée
sous la protection des signa. Aussi exigeait-on du
porte-enseigne qu'il sût lire et écrire ', et l'on pouvait
être nommé à ce grade après avoir été ùeneficiarius d'un
tribun de cohorte auxiliaire ou oplio ou tesserarius ;
on passait souvent par un apprentissage spécial". Les
élèves porte-enseignes, comme l'élève porte-aigle, appre-
naient probablement surtout les règles de la comptabilité
1 Vcgcl. Il, ["• : le poric-aigic dillcre pur les loricat: miiiures et les casipies i-ii pcavi
•l'ours. Sur la slùle de Domaszewski, lig. i, il esl mi-Wle, mais porlo la cuirasse cl
le ceinturon (lig. 6li6). De même, Vaquilifer de la I V Flnvia cf. Atti Ace. di
TorinOt ls8i. — - Vegct. Il, 7. On connaît maintenant un imaginifer daus l'armée
d'Afrique, Bcsnier, Bull, du Comilé,\1W>, 1 33. —3 Domaszewski, lig. 12, 80. — '- Ibi'l.
fig. 13, U, 19, .î8. Comme le si //ni fer coh. V. Aslurum de la fig. 86 porte en même
temps que la peau de hôte, cingutum, loriea liamata i^ipugio {fig. Gi32), on doit se
demander si la dilTércnce ne provient pas seulement de ce que, sur leurs stèles, les
signiferi se faisaient représenter avec toutes leurs armes, ccllcs-mômcs qu'ils ne
portaient pas en campagne. Ils paraissent avoir reru plus tard la hcuila. fju'ils
portaient dans la main gauche selon Vegct. 1, itl. Le signifer sesquiplicarius numeri
Divilensium (Deulz, Corp. i. lat. III, 7H3; cf. Kalinka, DenkmfUer Ouliiariens,
4(13) a le corps caché par le bouclier cl une hampe (de lance '') daus la droite. Des
signiferi paraissent porlcr la lance sur des monnaies, cf. Babclou^ AJonn. de la
HéinMique, I, li\. — -Un reeoiiniil la peau sur la colonne de Marc-Aurclc,
Kcinacli, //<?/). des reliefs, I, iOli, n. 7. On s.nit (|ue le (.Ai.Brius était en peau de
loup; Vegccc, M, 16, montre les gateas du signifer ad terrorem liosùnin vrstnis
pellibus tcclas. Une sléle d'un signifer de la leg. XJ sous Irlande (Hofnian, Mili-
targrabsleine, fig. 10) montre que l-urtwaengler a prétendu à tort (jue les signiferi
n'ont commencé il porter des peaux' qu'il l'époipie llavienne [Ablinndl. d. AJnncli.
Akad. -XXIl, 3, 470). - 0 Ainsi, i signiferi de la leg. I V .ScijtUica commandent
chacun 2 vexilla de cette légion détachée aux carrières il'Esneli en Cyrrhestique,
Corp. inscr.lnl. 111, IWJG B : Cumont, Bull. .\cad. Belq. 1907, 50i. Lorsqu'il n'y
a i|u'un verillum (ou vexillatioi détaché, il est commandé par le y','ji;/(irii(s dont
la position semble avoir été la même que celle du signifer. — 7 Vcg. U. 1»,
— « Voir le tableau de Cauer, Eph. Ep. IV, 470, reproduit dans Manjuardl, fJp. cit.
p. 304, et Domaszewski, Die Rangordnung des rôm. Heeres, dans Bonner JaJtrbu-
cher, 1908. — 'J P. ex. Eph. Ep. IV, p. 4il. Pour les discenles signi/erum, Cagnat,
Armée d'Afrique, p. âiO. Ailleurs, le signifer se trouve nommé curator macelli
ou oplio naealiorum. Ou connaît une schota ofxillariorum à Brixia, Corp. inscr.
Int. V, ôili. Les vexilla prennent un tel développement au iir* s. qu'il existe alors
un wimii» dit rexillis regendis qui parait donner accès au s-'iiat ( l'i(. Perl. 11, 4;.
— lu Liv. VI, S, 1 ; Val. Mai. III, i, 10. — U Liv. XXVI, 6, 1. — 12 Liv. XXVll, 1 1,
8;XLI, 8, I. — l^Liv. V, .-,5, I ; XXV, 14,7; XXVI, 5, 4; Val. Max. I, 5, 1 . — l'.La
perte des enseignes pouvait être punie de la peine capitale, Liv. Il, 59; XX Vil, 13, 7.
Le porte-drapeau tombe sous le coup de Vexsecratio, quand l'enseigne rju'il a juré
et le signifer, s'il peut devenir aquilifer ou centurion,
reste de préférence dans la trésorerie ('omme/fscic^/'a/o/-',
tandis que le porte-aigle devient cwr^/or reterunorum.
Les porte-enseignes, qui peuvent recevoir des ordres
directement du général'" ou de son legatus " ou du
tribun '-, sont placés hiérarchiquement sous ceux du cen-
turion " qui est responsable de l'enseigne et puni pour
sa perte". Le primipile a la garde de l'aigle auquel le
sort de la légion est comme lié'^. Toute légion qui a
perdu son aigle est supprimée'* : on sait que ce fut le
cas des trois légions de Varus (XVII, XVIII, XIX)".
L'anxiété des Romains ne fut pas apaisée avant iiue
leurs aigles eussent été retrouvées par Germanicus'*;
de même le retour des aigles perdues parCrassus et par
Antoine chez les Parthes fut l'un des succès dont on sut le
plus de gré à Auguste ". Ce prince eut aussile bonheur de
reconquérir des enseignes prises à C. Anlonius par les
Bastarnes, d'autres enlevées par Mithridate-" et par les
peuples de l'Espagne, de la Gaule et de la Dalmalie'^'.
Onvoitencore Pyrrhus enlevantonze enseignes àAsculum
et Persée cinq à Phalanna-- ; Hannibal, outre celles qu'il
conquit dans ses trois grandes victoires, en prenant (en
-209) deux à une légion, quatre à ïala des alliés"; les
Ligures enlevant, en 186, trois signa à la 11*= légion et
onze vexilla aux alliés latins-'; les Gaulois en capturant
plusieurs fois en Italie ^» et les Nerviens en prenant
une à la XII" légion^^ César en perdit encore trente-
deux à Dyrhachium^', et Antoine deux aigles et soixante
signa à Forum Gallorum -'. Enfin, lorsque Corn. Fuscus
périt en Dacie (X(j), dans le plus grand désastre que Home
eût subi depuis celui de Varus, l'aigle devint le trophée
desDaces, à qui Trajan le reprit vingt ans plus tard-'^.
La religion du drapeau était si développée chez les
Romains qu'il suffisait de le jeter dans les lignes enne-
mies pour que les soldats, dans leur effort désespéré
pour le reprendre, rétablissent le combat; car il y avait
dedéfeudre reste aux mains des ennemis, Liv. XXV, U. — i^Tac. Hisl. III, Ji; Val.
Max. 1,0. 11. Veg. ll,S;';oiv>. insci-. lut. VIII, iC34.— i» Voir Domaszneski, Arclt.
ep.Milt. XV, p. I8!i. Il y a des exceptions sous l'Empire comme celle delà .\X1 Ba-
pa.c c|uon retrouve, bien qu'elle ait perdu son aigle àBédriac, Tac. Oist. Il, 43. l'our
uue légion révoltée, on emploie aussi la formule : signa submiUere,nomenqueabolere,
Front. IV, I, 43. — n Deux de leurs aigles tombèrent aux mains des Bructères (Tac.
.4ii/i.l,60)ctdes Marses (/*!</, i5,. Ou asupposé qucla troisième avait été la proie des
Chattes, mais, selon Florus, 11, 30, son porteur aurait eu le lemps de la cacher dans
son baudrier et de la jeter dans un marais. Cf. (jardthauscn, Augustus, II, 3, p. 700.
Brutius enterre son aigle àTrasimène d'après Sil. liai. VI, 500. — 1» On sait par T.ic.
Ann. 11,41, et Corp. inscr. /a^ VI, 906 que, lorsr|ue les aigles eurent été rapportées
par Ccrmanicus en 1 7, on éleva un arc de triomphe propter aedem Salurni oh receptu
signa (cf. Thédcnat, Le Forum, 3' éd. p. 157). Le sénat fit aussi frapper des mon-
naies signis receptis, Cohen. Monn. imp. I, p. 138, 5. On rapporte encore à cet
cvènenient l'aigle présenté à un jeune imperator sur l'épée trouvée près de Mayence,
[MADIUS, lig. 1936].— ''J .Uonum. Anci/ran.éi}. Momrasen, p. lit; Vcll. Il, 91 ; Oros.
VI, 21,29 ;Ovid. Trist. M, 226; SueL Tiber. 9: Aug. 21 ; Liv. Per. 141. Seuls ces
deux derniers textes mentionnent le retour simultané des enseignes de Marc-Antoine,
qui avait réclamé en vain de Phraatès les aigles de Crassus(Dio, XLIX, 37), mais avait
obtenu en 33 d'Artavasde de Médie les aigles perdues en 36 par Oppius Statianus (Dio,
XLIX. 44). Les signa furent placés, dit Augusic, in penelrali quod est in leniplo
Atartis Vltoris (cL Tliédenat, Le Forum^, p. 182). Les monnaies frappées alors
(Cohen, 1^, p. 70) ont été discutées par Borghosi, Œurrcs, 11, 06, et Bahrfeld,
Wi,n. A'iim. Zcilscb. 1^86, p. 4. Cet épisode est représenté sur la cuirasse de la
slatuedc l'Auguste de Prima Porta. — '.!0 Celles des Bastarnes ont été reprises par
Crassus en 7301, Dio, XXXVllI. 10 ; Ll, 3iî. Celles qu'Agrippa a rapportées du Bos-
phore Cimmérien en 737-8 y avaient été probablement envoyées par Milliridale,
Oros. VI; 21, 28. — 21 Monum. Ancyr. p. 124. — 22 Oros. IV, I : Liv. XLII, 06, 11.
— 23 Liv. XXVll, 12, 17. En 301, enseignes prises par les Étrusques, Liv. X, 3-4.
— 2i Liv. XXXIX, 30, 7. - 25 Liv. XXI, 25. - 26 Caes. B. gall. II, 25, I . — 27 Caes.
B.eie. 111,67,3; 71,2.— 28Cic. Ad fam.\, 30, 5. De Front. 5(ra(. 5,3, oupeul con-
clure que Spartacus avait pris 3 aigles et 26 signa. — 2» Jordan. Gel. XIII, 77-8 ;
Suet. Uojn. 6; Dio, LXVlll, 9. Froehuer, Col. Traj. pi. xxxii, suppose que le porte-
cnseiguc représenté auprès de l'empereur avec une hampe où l'aigle manque esl
celui de la légion qui avait perdu le sien en 86. Ce serait la leg. V. Alauda d'après
B. Filow, Oie l.eg. .Moesiens, 1006, 34.
SI G
1324 —
SIG
sacrilège à r.ihaiulonnci''. Ct'sl un oxpidil que Irs hislo-
rieiis laliiis ont soiivenl pri'li' ;t leurs lu'ros: à Servius
Tullius contre les Sal)ins% à Furius Agrippa contre les
Èques en 4ii ^ àQuinclius Capilolinus contre les Kalis-
qucs en KO', à Camille contre les Volsques en 382% à
l'ostumus au lac Kégille% à Valerius Flaccus à Capoue\
aux chefs des cohortes péligniennes à Pydna et à
Capoue*. Au siège de Capoue encore, le légal Atilius ',
couinie Sylla à Orchomène'", saisit 1(^ drapeau pour
entraîner les soldats; César, en Afrique", ramène de sa
main, et le dictateur Servil lus Priscusn'liésite pas à tuer' -
un porte-enseigne qui làcliait pied. Planter l'enseigne
sur les murs d'une ville assiégée'', c'est la livrer en
quelque sorte aux dieux de la légion; les colonies mi-
litaires arrivent, enseignes déployées, au lieu où leurs
dieux doivent s'établir avec elles.
Culte des enseignes. — Quand on parle de la reli-
gion du drapeau chez les Homains, il faut prendre celte
expression dans son sens propre. Les signa sont les
dieux des légions. Tacite, dit M. Renel 'S appelle les
aigles les véritables divinités des légions '^. Denys d'Hali-
carnasse insiste sur le culte rendu aux signa, que les
Romains considéraient comme sacrés au même titre
que les statues des dieux "^ ; Josèphe''' se sert du terme -rot
ispi pour désigner l'aigle et les enseignes; enfin Ter-
tullien " déclare que le culte des signa constitue en
quelque sorte toute la religion de l'armée et qu'on leur
donne le pas sur tous les autres dieux : religin Rorna-
noruin tota caslrensis signa veneratur, signa jurai,
signa omnibus diis praeponit. Si les enseignes sont
l'objet d'un pareil culte, c'est que les unes consistent,
essentiellement, en une lance en chêne, la quiris, sym-
bole et incarnation du dieu de la guerre, et que les
autres n'ont été à l'origine, à Rome comme en Orient,
que le support des animaux sacrés de la tribu"; elle
marche en guerre sous leur protection et les tourne vers
l'ennemi qu'ils frappent, signis in/'eslis. Si l'aigle est
resté le seul témoin de celle phase zôolatrique, on sait
que, jusqu'à Marins, il avait pour compagnons le loup,
le cheval, le sanglier et le minotaure. L'enseigne elle-
même hérita bientôt de toute la sainteté qui résidait
d'abord dans l'aninaal qu'elle supportait ou dans la
hampe de chêne qui en restait l'armature. La plupart
des éléments qui s'y ajoutèrent participaient, d'ailleurs,
à ce caractère religieux : la pourpre du vexUlum, le
chêne ou le laurier des couronnes, les bandelettes gar-
1 Oviil. /■■««(. III, ^signa) quae magnum periltrecrimen crat; PIul. Aem. iO:
o& Y«Ç 6i(*tTôv o^S'SsEov. Une v6riLablc intifrdictio est prononcée contre tescoliorlcs
'|ui ont perdu leurs signa m 301, Liv. X, +. — 2 Kronliu. Slral. Il, 8, I.
— 3Fronl. 11,8, 2; Liv. IV, i'.l. — 4 Kronl. Il, 8, 3. — 5 Front. Il, S, 5; l.ir. VI,
S, 2. — 6 Fiorus, I, S. It.- 1 Val. Max. 111, 2, 20. — 8 PIul. Aan. 20 ; Front. Il,
8; Uv. XLIV, 41.— «Liv. XXVI, 0,1 clXXVIl.U : le tribun Flavus, si^no arre;,(o
primi hasiati, manipuliim ejiis signi se seqiii juliel, Uv. XXXIV, 46; Xl.l. 4;
Front. IV, 5, 3. — l« l'iul. .SgU.ii.— Il Val. Max. III, 2, 19. — «SFronl. 11,8, 8;
Liv. iV, 41;. — 13 Joseph. Bell. Jad. VI, 403; Amm. Slarc. XXV, !>. Pour les
colonies militaires, cf. Plut. C. Gr. 11. — U cli. Reucl, Les Enseignes, p. 23.
— lî Tac. Ann. Il, 17 ; cf. I. 39; XV, 24; Hisl. lil, III. — 10 Dion. Ilalic. VI,
45. — " Jos. B. Jud. III, 0. 2. — I» Terlul. Apol. III, 6, 2. Voir déjà Minuc. Félix,
Apol. 29, 7 : »i//no ipsa et canlaàra et vexiUa caslrorum adoralis. — U Sur les
cinq enseignes primitives des Romains comme dieux totémiqucs, voir Renel, Op.
cil. cliap. II. Pour leur origine, son étude laméne à riiypollicse suiiante: le loup
csl l'enseigne de la Iriiju romaine proprement dite, l'aigle est saliin ou ctrus<|ue, le
sanglier est sahcllien, le cheval représente sans doute l'adjonction très ancienne de
clans albaius, le tninolaure celle des (^ampauieus an iv siècle. Cr. la cntiiiue des
idées de Renel par Toulain. £1. de religion et d'histoire, l'jos, 50 et par A. Van
Gennep, Ikligions, mœurs et légendes, 1910. — 20 Je crois avec E. Maass, Uie
Tagesg6ller, 1902, p. 26, que Domaszewski a exagéré la part des conventions zodia-
cales. — 21 Corp.intcr. lat. Vil, 1031 : Genio et signis; VII, 1030: 6'enio domini
nies de feuilles de lierre, avaient, de toute antiquité,
une valeur rituelle; l'inlluence des religions de la Grèce
et de l'Orient se fait sentir avec le globe et le croissant,
les Victoires ailées et les tètes radiées. Parmi ces têtes,
le culte impérial, important surtout dans l'armée, ni'
larda pas ;'i faire dominer celles des empereurs, les ima-
gines, qui formèrent une nouvelle catégorie d'enseignes
sacrées. Enfin, sous la double action de l'Orient et des
barbares, chaque légion se choisit un symbole particulier
qui participe à la fois de l'astrolàlrie et delà zùolàtrie-".
Toutes les phases qu'a traversées la religion romaine ont
donc marqué leur action sur les enseignes qui sont, pour
le légionnaire, comme un abrégé portatif du monde divin.
Aussi, dans chaque unité militaire, élève-t-on desautels
aux enseignes decette unité : unecohorle rendaitcethoui-
mage au Génie et aux Enseignes de la cohorte^'; une lé-
gion Dis mililaribus : Genio, Virtuti, Aguilac Sanrtae
Signisque legionis ^-. C'est devant elles, apud signa ^^,
qu'on jurai lies traités. Sous la République, on devait rame-
ner, après chaque campagne, les enseignes dans Vaei'a-
riuin du sanctuaire de Saturne et d'Ops, où les questeurs
allaient prendre et porter cette partie mobile du trésor
public-'; elles étaient sous la garde des questeurs. A
partir de la consécration du temple de Mars Ultor par
Auguste, c'est ce sanctuaire qui reçut les enseignes des
triomphateurs. Sous l'Empire, les temjiles de Rome con-
tinuèrent à recevoir des s/iy/ia'-"; mais il fallut que, dans
chaque camp, dressé suivant les règles religieuses du
templum, les enseignes eussent leur chapelle, refuge
inviolable, où étaientaussi adorées les imagines des em-
pereurs. Quand on campait, c'était les enseignes qu'on
plaçait d'abord-"; si elles se montraient satisfaites de
l'emplacement choisi, on leur élevait une chapelle, pro-
bablement au milieu du prétoire, entre le tribunal et
Vara, l'autel de gazon sur lequel s'ouvrait la tente augu-
rale du général -% A Lambèse, la chapelle des enseignes
s'élève au milieu du portique qui forme le fond de la
seconde cour an praelorium (n. 4 sur la fig. o49J). C'est
la disposition adoptée dans la plupart des camps romains
de l'Occident; généralement la chapelle est à abside et
repose sur une crypte voûtée destinée à abriter l'épargne
des soldats. Autant pour veiller sur ce dépôt que pour
honorer les enseignes, un poste était placé devant la
chapelle-*. On ne sait trop si l'aigle légionnaire était
adorée au milieu des enseignes des cohortes ou dans un
édicule spécial/': le meilleur argument contre la dis-
nostri et signoritm coAorijs (cohortes germaniques du temps de Gordien). — 22 Corp.
inscr. («Mil, 022Vct 7591 (224ap.J.-r.), Il Italica. — 23 Liv.XX VI, 48 ;Tac.^nn. XV,
10. —21 Liv. 111, 6'J ; IV, 22; Vil, 23. Ce sont apparemm»nl des enseignes prises sur
les ennemis i(ue celles qui garnissent le péristyle du temple de Jupiter Capitolin et
que lo censeur Lcpidus enlève eu 178, Liv. XL, 51. — 2S |)io, LV, lu; LVl, 17;
d'autres temples aussi devaient les recevoir d'après Trel). Poil. Gall. 8. — sô Vegel.
U, 10. Lorsijn'unc garnison romaine occupe une ville conquise, c'est à la citadelle
que sont placés les signa, Sali. Jiig. 07. — 27 Liv. XXII, 29-30; Tac. I, 39; IV, 2 .
Ann. XV, 30: Uist. I, 30; Sucl. Tib. 48 ; Stat. Thel/. X, 176. Joseph. B. Jud. 111.
5, 2; VI, 0, I ; Uio, XL. 18; Hcrodian. IV, 4, 3; C/i, III, 3.Ï20. Séjan ne peut obliger
les légions de Syrie à mettre son imagincm inler signa (Suct. Tib. 48). Julia Uoniua
est une des rares impératrices (|ui l'obtiennent (cf. Williams, Am. J. Arch. 1902,
262>. D'après Pline, hc. cit., au n" s. av. notre ère, il devail déjà existei' dans le
camp un lieu sacré oii on laissait les quatre enseignes animales qu'on n'emportait pas
au combat. — 2S Lue liste des chapelles d'é|ior|ue iuip<''riale est donnée par M. (Magnat,
Les deux camps de Lambèse {Mém. de l'Acad. d. Inscr. I90.S), p. 32. A la p. 47 il
étudie la place do la salie de rapport nu^nagée contra agutlam {Hyg. /Vf mun. 20).
— 29 Renel, Op. cit. p. 287. a combattu cette distinction soutenue ici par M. l^aguat,
i.Ecio, p. 1006. Il est certain qu'on ne voit que l'aigle au milieu d'un temple télra-
style sur certaines moimaies d'Auguste et sur l'épée dite de Tilière,[i.i-:..io, lig. 4M>9J.
Mais c'est (ju'elle y fait surtout allusiou aux ufjuilae receptac. A Carntn)luni on ^■oit
(lig. 4411) un taureau dans une édicule de la /e^. X Oemina; cf. Arch.ep. AJitt. XI, 12.
SIG
1325 —
SIG
linclion de ces deux cliapelles peut se tirer des textes
f[ui parlent du temple du camp' comme d'un endroit
bien connu, surtout du passage où Tacite montre le chef
d'une dépulation, menacé par les soldats, se réfugiant
auprès des enseignes et de l'aigle qu'il tient embrassées,
pendant que ïatjuili/'er s'oppose aux violences de ses
camarades-. A partir du m' siècle, le culte de Mars
s'introduisit dans la chapelle des enseignes et le (îcniiis
cfistrorum y eut sa place depuis Dioclétien'.
On a vu que les porte-enseignes, formés en collège
dont le chef était qualilié d'oplio signiferoriim \ gar-
daient et administraient le pécule des légionnaires dans
Vaerariiim qui, au camp comme à Rome, se trouvait
sous la protection des enseignes \ Lorsque les soldats
recevaient une gratification exiraordinaire après un suc-
cès, ils devaient, pour associer la divinité des enseignes
à leur récompense, en déposer la moitié dans la caisse
que chaque cohorte possédaitau pied de l'aigle^ ; chezles
prétoriens, les libéralités impériales allaient accroître ces
deposita ad signa'. Aux jours de fêles, ce sont les signi-
fères qui enduisent les enseignes de parfums' ; ce sont eux
aussi qui officient quand les rois barbares viennentadorer
\essig?ui ^. L'anniversaire de l'aigle, dies nalalis aqui-
lae, apparemment le jour où la légion avait été con-
stituée, était sans doute pour eux une grande solennité'".
Seuls, ils avaient droit de loucher aux enseignes et
celles-ci ne manquaient pas de manifester leurs volontés
divines. Avant Trasimène" et avant Carrhae'^, les ensei-
gnes refusèrent de se laisser arracher; quand Crassus
passa l'Euphrate, un vexille qui portait son nom fut en-
levé par le vent et jeté dans le fleuve; à Dyrrhachium,
les enseignes de Pompée se remplirent d'araignées ; les
flammes qui brillent la nuit sur les enseignes sont éga-
lement un présage funeste'^; il suffit qu'on ne puisse
parer les aigles et soulever les signa pour que les
légions, qui s'apprêtaient à rejoindre le légat Scribonia-
nus révolté contre Claude, restent dans le devoir ".
Aussi, pour propiticr les enseignes, leur oflre-t-on un
I llciod. IV, 4, 3; 1, 8; V, 23, il s'agil du camp des prcloricns. - 2 Tac. Atin. I,
3ï». — 3 Domaszcwski , Oie Heliyion des rôm. Heeres^ p. 34 et Xeuc Heiddb.
Jahrb. IX, p. 149. — 4,Cor/). iuscr. Int. 111, 1124, 1202; .\II, 2'.i22. — 'Tac. Am.
I, 37,9; Suet. Ùomit. 7; Vegol. 11, 20. Amm. Marc. XXV, 20; Dans IJI.. III,
352IÎ, un vélcran du la iegio II Adjutrix élève au camp d'Aquincura un excubito-
rinm ad tntelam sir/norum et imaginum sacrarum. On Irouve encore des chapelles à
enseignes sur les reliefs de Condcrcum el de Vimiuacium [Domaszewski, WeU't.
Zeilschr. XIV, 11, 17). On cloil en avoir découverl les traces dans le camp de Ma-
sada (iVeue Heidelb. Jalirb. X, I4.î) el daijs le camp de Novaesium (Bonn. Jahrb.
CXI, p. 163). — 6 Vcgel. III, -0. Doniilien doit interdire de mettre en dépôt plus
de 1000 sesterces par soldai, Suet. Dont. 7. — 1 Von Premerslein, AVio, 111, p. 12.
— Sflin. H. nat .XII, 23 ; Xlll,4; Jos. B.Jud. VI, 6, 1.— 9 Des rois Sarmates, dans
C. i. lat. XIV, 3a08; les f'artlies l'arthamasiris. Dio Cass. LXVIII, 17-26 (cf. Cohen,
II, p. 34);Arlaban, Suet. Cal. 14. et Tiridate, Tac. Ann. XV, 29; Suet. Ner. 13.
— 10 Ainsi, C. i. lat. Il, 2352 (en 103) : Jom Optimo Maxiinu, /,ro sainte de Marc
Aurèle et Vérus ob nataleni aquitae vexillariorum leff. V// Oem. sub cura d'un
centurion et d'un antesiijnanus, etc. Le sacrifice el le banquet qui célèbrent l'anni-
versaire de l'enipereur ont également lieu coram siy/iis leijtonis (Kuinart, Aeta
sine. ICS9, p. 319). — Il Liï. XXII, i ; Cic. Ùe dit'. I, 33, 77. — 12 Dio Cass. XL,
18 ; Serv. Aen. XI, 19. — 13 Pour les flammes cf. l'Iut. Sylla, 7; Caes. B. afr. 47 ;
Tac. 4nn. Xll,64; pour les araignées. Dio, XLI, 1 i (ou abeilles. Val, Max. 1,6, 12), cf.
Liv.XLVll, 2. — liSuel. Claud. 13. Or. Vil, 6.-15 Domaszcwski, ilrc/i. ep. Mitl.
XVI, 19. — 16 Voir les monuaies dans Cohen, p. .Ï02, 361 ; 503, 376 : III, p. 362, 6.
- " Col.Trajanc, Cichorius, texle. 11, p. 35, 134,208, 253,342,367, etc. Cul. Anlo-
nine, fetersen, pi. xvi a. Cf. Amm. Marc. XV. 8, 4; XVII, 13, 23; XX, 5, 1; XXVI, 2,
IL— 'i* Col. Trajaue, 11, p. 46, pi. ix-x ; p. 248, pi. xixviii, xixii, Lxxvn ; Col. Anto-
uine.pl. i.ivet r.ixxiTA. — 19 Froehncr, p. 13 (revue), p. 100, 186, 238 (triomphes) ;
Ucinach,/(i-p. des reliefs, l,p. 291 {deciirsio). — 20 p. ex. dausFroehucr, i/erfui/Zons
de CEmp. romain, p. 22 (Trajan), p. 174 (Sepl. Sévère). — 21 Ibid. p. 42 (Hadrien),
162(Géta). —'ii Adloculiones, Kroehncr, p. 10, 13, 99, 129, 133, 184, 192, 211, 217,
238, 231. — 23 S. Heinach, ttép. des reliefs, I, p. 241, 242, 243, 244, 246, 2iS,
260, 267,296, 294, 310. 331. 330, 338; Cohun, I, p. 260, 73; p. 275 (Vespasien) ;
Ut, p. 380 (Caracalla). Déjà sous Auguste, i, p. 101, 511, on trouve Mars remplacé
sacrifice dans la liistralio avant de partir en c.impagne'".
Les enseignes sont naturellement portées dans toutes
les cérémonies militaires : adventus et pro/'ectio de l'em-
pereur, où elles le précèdent"^ ; adloculio''' eXIustratio ",
revues el triompiies " où elles l'entourent. C'est devant
elles qu'il rei;oit le serment des soldats^" ; il se fait re-
présenter en adoration devant elles-'. Dans les médailles
commémoratives de cérémonies de ce genre, une aigle
entre deux signa suftit d'ordinaire à représenter la par-
ticipation de l'armée impériale (fig. 0415)'-. Bientôt une
enseigne, avec ou sans aigle, devient un des symboles
de la puissance de l'Empire: c'est comme telle qu'elle
figure non seulement entre les mains de divinités mili-
taires comme J/«/'S^^ Victoria''', Disciplina-', Vir/us-'',
Gloria ^'', le Genius d'une armée ■^*, mais aussi dans celle
du Génie du peuple romain ", de 6'onc-o/Y//«(fig. 189:2)^°,
de Fides^',dti Pietas"-, des provinces, des villes person-
nitiées'^ Le besoin d'animer et de personnifier le culte
trop froid des signa lui substitua, à partir du m' siècle,
celui du Genius Signorum. Home reçut sans doute alors
le vexillum auquel restait attachée, au temps de Charle-
magne, la suzeraineté de la capitale^'. Les troupes des
contins de l'Empire ne faisaient pas preuve d'un moindre
attachement à leurs drapeaux. Ne voit-on pas, bien
après la défaite de Syagrius, les soldats romains, perdus
au fond de la Bretagne, traiter avec les Armoricains et
les Francs, à condition de garder, avec leurs coutumes,
les enseignes impériales sous lesquelles ils continuèrent
à marcher au combat '''? A. J.-Kei.n,\(:ii.
SIG^'ATOB. — Nom du contre-maitre qui, chez les
Romains, dirigeait les opérations de la frappe des
espèces ' [monetarii]. F. Lenormam.
SIGXU.M (i:-f,fiEïov). — Signe, signal et, en général,
tout ce qui sert à annoncer ou à faire reconnaître. Nous
devons nous arrêter sur quelques sens de ce mot.
L Signuin, sigillum, (jipaYt;, (;Y,[X£tov, sceau, cachet,
timbre. — Il n'y a pas de dill'érence essentielle entre
sceaux et pierres gravées : les fouilles ont fait apparaître,
par des si'jna P. II. Mai;, Victor tient un n-xitlum sur une tessirc, Rostowzuw,
Tesserarum Syllorje, 16.i. — 21 Cohen, I, p. 68-9 (Auguste). Un vexMum esl tenu
par une des Victoires de l'Arc de Titus et de celui de Bénévcnl, Reinach, lt''p. d.
reliefs, I, 276 et 66 ; sur une cuirasse historiée, Matz-Duhn, 1,'.392. — 25 Cohen,
11, p. 123, 197 (Hadriens p. 3611 (Anionin). — 2i; Cohen, VI, à Constantin 1 et II ;
Vlll, à Magnence, Maxime, Julien, Conslance Galle, etc.; C. i. /.Vil, 1135.
— -3T Cohen, VI, p. 138 (Conslanlin I), 232 (Constantin 11), 244 (Constant I) ;
Vlll, p. 34 (Constance Oalle), p. 153 (Théodose). — 2» Sur ces genii raililaires,
Domaszewski, Belir/ion des rôm. Beeres, p. 96; Toutain, Les cultes païens dans
l'Empire romain, 1 (1907), p. 460. Le retour au félichismc qui se marque dans le
remplacement du culte des signa par celui du Geniu.^i signorum et de ses innom-
brables collèges a été bien mis en lumière par Rend, Op. ci(. p. 308. — 29 Cohen,
II, p. 4S3 (Marc-Aurèle;. — 30 Cohen, I, p. 274 (Vespasicn) ; II, n. 707 (Hadricnj,
5IIS (Antonio); V, pi. 3 (Aurélien). — 31 /(,. ||, p. 3.2 (Anionin); !ll, p. 133
(Commode), p. 367 (Ciir.icalla), ctr. — 32 Jb. IV, p. 13 (Alex. Sévère). — 33 Cf.
jalta, Le rappresentanze fignrate délie provincie romane (Home, 1908). On
trouve portant un vexilium les provinces suivantes; Brilannia. Cappadocia, Cilicia,
Dacia, Judaea, Maurelania, Moesia, Noricuro, Pannonia, Africa. — 34 Rome porte
un vexilium devant le char d'un triomphateur, Helbig, Guide, 1, n. 139. Pour
le vexilium de Rome envoyé à Cliarlemagne, cf. Hartmann. Gcsch. Italiens im
Mittelalter, II, 2, p. 332. — 35 procop. U. Liotli. \,il.— Bim.io..iiAi-H)F. La Chausse,
(Causacus), De signis milit. ap. Graevins, Tites. ant. rom. X, p. 152S, In. 1 ;
Le Beau, jU-'ni. de l'Acad. des Jnscr. et Bl. XXXV ; Lange, Hisloria mulationis
rei milit. rom. p. 23, 47,89; Harbel, Ueber die Feldzeichen d. rom. Heeres,
dausAn», d. Nassauer-Alterth. Il, 3, p. 118; A. von Domaszcwski, Die Fahnen
im rômischen JJeere, Abhandl. d. arch. epigr. Hemimirs, VVien, 1885; Id. Die
Tierbilder der signa, Arch. epig. Mitt. XV, fréponse à la critique de Mommsen,
ibid. X) réimprimé dans ses Abbandlungen :ur rom. Ileligion, 1909, 1-10 ; Id. Die
IMigion d.rôm. heeres, Westd. Zeitschrifl. XIV, 1890; Froelich, Uns Kriegs-
wesen Caesars, Zurich, 1889, 90 sr|. ; Marcpiardt, Manuel des antiq. XI, Organis.
milil. trad. fr. 1891 ; Millier ap. Baumeisler, Denkmtilcr, III, 2063 ; Ch. Renel, Les
Enseignes, Lyon, 19oi (avec les critiques citées p. 1321, n. 19).
SIGNATOn. 1 Gruter, p. 1066, n" 5 et 1070, n° I ; Orelli, 3229.
SIG
— 1326 —
SIG
par C(Milain(>s, des estanipillos sur argile faites avec des
pierres trouvées dans le même gisement ' ; la gemme
simple ou grossière n'avait sans doute pas d'autre desti-
nation ; perfectionnée et faite de riche matière, elle devint
en outre un ornement. Négligeant ici ce dernier point de
vue [gemmaej et la fabrication de ces objets [sculptura],
nous insisterons sur leur emploi comme sceaux, et sur
les exemplaires de dates très lointaines découverts dans
les toutes dernières années.
Grèce. — Les Orientaux, dès la plus haute anti-
quité, avaient des pierres gravées servant de cachets- ;
on admet généralement [anulus] qu'ils en transmirent
l'usage aux Grecs. Cette hypothèse n'est point indispen-
sable, vu l'époque très reculée à laquelle remontent cer-
tains sceaux de la Grèce propre : en Thessalie, on a mis
au jour des cachets de terre cuite, qu'il y aurait peut-être
imprudence à dater, avec celui qui les a publiés', des
débuts de l'âge de pierre, mais qui sont vraiment des
cachets de sauvages, dont l'empreinte consiste en sim-
ples rayures parallèles', ou en marques profondes, dys-
symétriques ^ ou vaguement rayonnantes''; une sorte
d'oreillette permet de les saisir ; elle est percée d'un trou
on passait le lil de suspension '. Ces objets n'ont aucun
caractère décoratif; il en est déjà autrement des sceaux
trouvés en Crète*, dont plusieurs remontent jusqu'au
III' millénaire avant notre ère. Les toml)eaux de la
première époque minoenne, fouillés à Ilaghia.Triada,
à Phaestos, ont livré des exemplaires généralement
en ivoire ou en os, plus rarement en pierre (stéatite);
les formes sont très variées:
cônes, pyramides, prismes, cylin-
dres ° ; les représentations, oii
se marque déjà une certaine
iiabileté technique, ne se bornent
pas aux signes géométriques ou
simples lettres ; on y remarque
des êtres vivants (oiseaux, ani-
maux, idoles), même parfois des
hommes ; il y faut ajouter une
curieuse représen ta tion (fig. 6437)
en spirale, peut-être du labyrinthe '". Pendant la
deuxième époque minoenne, ce qui domine, ce sont
les formes prismatiques, à trois ou (plus rarement)
quatre faces, oll'rant ciiacune un type didérent gravé
dans la stéatite, matière que le pays fournissait ".
Kntre beaucoup d'exemples'-, on eu peut relever un où
apparaît un nouveau témoignage du culte de l'arbre '^
Les points de contact sont plus sensibles alors avec les
antres civilisations; par contre, chose singulière, la
technique devient plus grossière. A la fin du minoen, qui
coïncide avec la jiériode mycénienne, se vulgarise l'usage
SIGIVUM. I Xanllioudidcs, 'Eç,,!. ifi. 1907, p. US, noie i. - 2 Cf. lig. 348i à SiSO,
r.l53-fil5i, cl cïi.ii<i,Bus. — 3 Nécropole de Scsklé, Clir. Tsoundas. A'i ijor,tofix«\
'l.f^riiiiî i,|i,i„«u »a"t r;;»«*oi,, Athènes, 1908, col. 335-343. — * JOUI. fig. i70.
— "Fig. 271. — 6Kig. î~i. — 7 /Airf. el lig. i73 ; ce dernier ex. esl pcul-ôlre uu peu
plus réccnUsinipli-s marques circulaires sans ordre). — » Ils sont au Musiîe de Candie ;
Fig. 6437. — .Sceau crélois.
cr. Xanllioudidès, fUo
■rSi; loûMo
■HsK.l.Jou CEt,]». içj. 1907,
p. Ul-180 ; pi. ïi-ix). — 9 I,c cylindre est oriental, sans doule ; seulement, dans
les spécimens cri^lois, les figures qui conslilueul le cacliet sont aux deux extrémités
et non sur la surface courbe. — '" /bij. pi. vi, lig. 7, et p. l'iO. — Il Le sceau
prisraalii|uc se retrouve également en Kgypic : ei. de Karnak fort analogue aux
types crélois I A. E. Evans, /ourn. of liell. slud. XVII (1897), p. 3G2, fig. 28).
— '2 Xanlhoudidès, pi. vi, lig. i. S, y et suiv. — 13 Ibid. 25 a. — IV l'I. vu, 43-4.Ï.
— 15 Recueil considéralile de ces types dans Milani. Studi c maleriali, 1, 2 (1901),
p. 161-234; Il (1902), p. 1-96; 111(1905), p. 1-142 : cf. p. 249-397. — IG Xantliou-
di.lcs. pi. vu, 85, p. 173. — 17 Ibid. 98, p. 175 ; add. deux bu-ufs couchés, dont les
des pierres dures et précieuses, taillées en forme de len-
tille ou d'amande'*; on y voit parfois des signes symbo-
liques, en général des scènes de la vie quotidienne. Aux
nombreux exemplaires mycéniens déjà connus antérieu-
rement (fig. 3490 à .3.500)'% on en joindra d'autres
caractéristiques: un prêtre ou sacrificateur tenant la
hacIle'^ une lionne mordant un taureau", et surtout
un cliar traîné par deux chèvres sauvages, animaux
indigènes de l'ile'*.
Il n'est donc plus soutenable que la civilisation mycé-
nienne « n'était pas mûre pour l'usage du sceau »";
l'évidence ressort nettement de la grande trouvaille de
Zakro, où 144 empreintes dill'érentes ont été reconnues
lians des noyaux d'argile. Les types sont très divers; il
n'y faut point chercher une pensée artistique, mais le
dessein tout pratique de donner à chaque sceau une
individualité marquée; la plus incroyable fantaisie a
multiplié les types de monstres ; multiplicité voulue,
afin de varier les cachets, d'aider à les distinguer et de
dépister les contrefaçons -". Ajoutons que certains noyaux
d'argile d'Haghia Triada présentent un trou, où devaient
passer la ficelle ou les fibres végétales rattachant le sceau
à l'objet dont il assurait la conservation ou le secret-'.
Ce noyau d'argile était peut-être fixé sur un ballot de
marchandises, et conservé ensuite, en témoignage de
quelque opération commerciale".
Les poèmes homériques ne contiennent aucune men-
tion expresse d'un usage semblable; il est seulement
question de lots ayant vwu une marque distinctive,
non précisée '-'. Les héros d'alors ne portent pas d'an-
neaux, comme Pline le fait observer-'; or, l'anneau
servit à protéger le cachet avant d'être considéré comme
un ornement-^ Il importe peu que, dans des œuvres de
fiction, où entrent des idées plus récentes, les anciens per-
sonnages mythiques soient décrits avec des anneaux aux
mains-''; ce sont anachronismes
littéraires. Le cachet fut-il d'abord
au doigt, en bague? Hérodote-', a-t-
on dit'-*, n'indique point comme
une particularité l'usage babylonien
de le porter au cou ou au poignet.
N'en concluons pas trop vite qu'il en
était de même dans la Grèce d'alors ;
des sceaux archaïques (fig. (5438),
d'autres du plus beau temps de
l'art'-''', ont comme moyen de préhen-
sion un arc métallique comparable à un anneau, mais
qui n'est pas toujours arrondi. Est-ce donc le sys-
tème le plus commode '? Nullement, on préfère aujour-
d'hui un manche droit sur lequel appuie la paume de
la main, et on en a trouvé de semblables en Crète
Iclcscl les pieds s'opposinl (Iil3, p. 170). — I» l'I. ix, ICO, p. 184. — l'J lly(iotlicse
téméraire de Knrlwaengkr(i>ic««(i7,en Ocminen, Leipiig-Berlin, 1900, III, p. 31),
qui ajoule; Cet usage concorde avec celui de l'écriture, l'as de docuiuenls à aulhen-
tiquer ; les affairesjuridiques se traitaient de vive voix; empruntées à l'Orient, où il
en était autrement, les pierres gravées furent réduites k servir de hijoux ou d'amu-
lettes. — 20 D. G. llogarth, The Zakro sealings {Joiirn. of hell. stud. XXII
(1902), p. 76-93, pi. vi-x) ; cf. p. 91. — 21 |'. Halbheir, Moniim. antichi, Xlll
(1903), p. 30, fig. 17-20. — 22 Bosani|uel, Jourii. of helt. stud. XXI (1901),
p. 339. l'iinc (H. II. XXXV, 3, 33) fait allusion plus lard aux marchandises expé-
diées par mer en paquets cachetés. — 23 //. VU, 175. Le diptyque de Proetos,
«l'vaï ,tTuxîci; (VI, 109), devait cire tout au moins entouré d'un lien. — 24 //. n.
XXXIII, I, 12. — 25 Macroh. Sal. Vil, 13. 12. — 26 Eur. Iph. Aul. 15,; //ipp.
862; Pans. 1, 17, 3. — 27 1, |9,ï. ï. _ 28 King, Uandbook of emjrared rjems.
Lond. 1883. p. 3. — '29 Ant. du Bosphore, pi. xvi, 11 ; C. rendu de St-Pétersb.
pour 1870, p. 220; Leuormant, Gas. arch. 1877, p. 188.
étallic{uc
SIG
1327 —
SIG
lijii
0439. — Cachet cri-loi;
(fig ()i39;, qui sont conlomporains de l'âge mycénien';
nous pourrions donc conjecturer qu'on imitait un anneau
parceque,d'hal)itude,lecachet était atlachéà une bague-.
Néanmoins, les résultats des fouilles, rapprochés de ce
que nous
montre l'é-
popée ho-
mérique,in-
diquent que
le sceau est
antérieur a
l'anneau. 11
devait donc
y avoir, aux
premiers temps, des cachets portés ailleurs qu'à la
main. Les inventaires du Parthénon mentionnent plus
d'une fois des sceaux pourvus d'anneaux, d"or ou d'ar-
gent, ou dorés (aippayi? Xi6ivf| /putroûv ôaxTÛXiov 'É/ouaa, etc.) ;
on a mis en doute ^ que ces Sxj'.TijJ.tot fussent réellement
des anneaux de doigts, munis d'une pierre enchâssée;
ils pouvaient être de simples anses arrondies, mobiles,
dont on enfonçait les extrémités, au moment de cacheter,
dans deux trous pratiqués dans la pierre. Le trésor, en
effet, comprenait aussi des <rfpaYîo£< aveu oaxTuXc'wv' el
des ffippaYtÔE; Xiôtvat 'l/iXat, c'est-à-dire des pierres dépour-
vues de leurs appendices de préhension, dont le dépôt
était inutile, en raison de leur valeur insignifiante".
Dans des inventaires analogues, de date plus récente,
comme les archives (hellénistiques) de Délos, on constate
un singulier renversement des formules : ce n'est plus la
pierre qui a un anneau, c'est l'anneau qui a une pierre,
oaxTÛXioç X18&V (ou a-fox-noo.) 'é/uv^. C'est que désormais,
à partir du iv'' siècle, le port du SaxTiJÀto;; s'est beaucoup
répandu'; pourtant, pendant la guerre du Péloponnèse,
c'est encore une parure qui distingue les notables el les
raffinés": Eupolis, voulant accuser, et exagérant le
luxe des Cyrénéens, dit que chez eux le moindre bour-
geois porte des cachets de dix mines', et pour les
sophistes, qui cherchent à éblouir, Aristophane" trouve
ce sobriquet: (7tppotYiSû'vu/apYoxo[AT|Ta;. Dans les inven-
taires déliens les plus anciens, on voit mentionnés des
cachets sans anneaux " ; il est difficile de juger de leur
valeur:presque toujours on jugeai t super 11 u de les peser'-.
Avant .\lexandre, c'est le plus souvent de la même
matière que sont faits et l'anneau et le cachet; on n'a
guère conservé intacts que des spécimens d'anneaux des
riches, en crr " ou en électrum''*; ceux d'argent ont été
1 A. Evans, Joiirn. o[ liell. sliid. 1897, p. 342 si(. — 2 |)'où la
loimulc; o.f«T;8.o. .Jpxov i^ov ipuaoù-, {Bull. corr. Iiell. XIV (1800), p. 40C, I. 50).
— 3 Kurlwacnglcr, Die antiken Gemmen, IV, p. 129 si|. — i Add. ivo; Sviu
5«ïtuÂiou. — » D'autres arliclcs : «opaYrSe; ôvù/ivat, tû^IttSE;, oepavî; lôffitt; lïEoixE-
/puabi^ivT;, i.f(uflui SfSciJLE'vut ^QcTni$£;, iraçSia ip^uptui SeSeiaévu, ne sont pas for-
cément des anneaux : on peut supposer des médaillons, camées, liroclics,
pendeloques, etc. - l Th. Homolle, Bull. corr. Iiell. VI (18»2), p. Ili2. — 1 Phil.
2imo(. 31,5.— »SçsirïS';i>»iE;(Ansloph Ercl. 632): —9 Aeiian. V. h. .XII, 30.
— tO NuO. 332. et Sch. nd. l. — " Schulhof, /iull. corr. hcll. XXXII (1908),
p. 11, I. 16 ; •Toça/t; iïEp7&u<To; (Vers 300), comme soixante ans plus tôt (Homolle,
i6lVi. X (1880), p. 4G3, I. 53). — 12 Inveulairc dHjpsoclès (279), I. 49-50,
OBçayl; 7_p-j(TÉv5£toî a(jT«T<.;, crpayÉStov /çuffÉvSExov «irtaTOv (Homolle, Bull. corr.
hell. XIV (1890), p. 406); il en est ainsi même pour des pierres précieuses
comme l'émeraude: ..ç.r'is <,,.af[iiS«u 5.«]t«to; {ihiil. XXXII (1908), p. 04, I. 23).
— 13 FurIwacugIcr, Op. ci(. pi. is, 35-48; x, 10, 14, 19-20, 27, 33-37, 43, 45-47,
50; 1.11, 27, 28, 32, 33. — 1* Jbid. pi. il, 41 ; x, 10, 27, 33-37; quelques-uns de
ces exemplaires ont l'anneau seul, non le cachet, en électrum. — *5 cf. cependant
l6i«/. pi. LXi, 31 el33.— le Olympia, IV, Bmnzen, p. 180 sq. Ex. lie K'erlch (C. r.
de la comm. arch. 1877, pi. n, 21-23). — n Satinas, Aoliz. dfijli scari, 1883,
p. 288-314, lav. VII-XV ; Furlwaengler, p. 109, 130, 109. - IBSalinas, tav. Vil; 123
pour la plupart di'Iriiils par l'oxydation'"', qui, sans
anéantir les exemplaires en bronze, les a endommagés
au point que les types sont rarement rcconnais-
sables "^. Ces derniers sont les plus nombreux, ce sont
ceux de la classe moyenne ; de bronze étaient prob:i-
blement les sceaux dont on a retrouvé tant d'emjjreintes
dans les ruines d'un des temples de Sélinonle ; elles sont
marquées dans de l'argile et s'espacent chronologiquement
de 350 environ à 249 av. J.-C. ; les types courants sont
assez simples : tètes humaines, masques, animaux, des
symboles, comme la foudre, le caducée ailé, la corne
d'abondance, des épis ou pavots, etc.". Quelques spéci-
mens très curieux de ces creliile ont reçu plusieurs
timbres (fig. 6440)" : au milieu
une marque aux types du dau-
phin et de la massue (d'Hercule), ^T.
qui doit provenir d'un sceau
public, de la ville ou des prêtres
du temple ; tout autour, des
cachets de particuliers". Quant
aux gens de peu, ils se conten-
taient de pâtes de verre -", en-
châssées ou non dans une feuille
d'or'2', peut-être aussi de vieux
morceaux de bois, oii la morsure des vers avait dessiné
comme des figures '--.
A Athènes, de pratique courante, tout propriétaire ou
intendant cacheté ce qu'il veut mettre en sûreté; les
choses du ménage sont ainsi tenues à l'abri des esclaves
pillards-'; la précaution est de règle surtout en cas
d'absence ". Dans la coutume de l'échange des fortunes,
en vue d'échapper à la triérarchie [a.xtidosis], les deux
parties apposent leurs timbres sur leurs biens mobiliers,
pour la sincérité de l'opération^"'. Les documents",
notamment les lettres ", sont reliés par un fil (X{vov), sur
lequel s'applique une pincée de terre, à un endroit
choisi de telle façon qu'on ne puisse ouvrir sans rompre
l'estampille qu'elle a reçue [episïolae] ; on employait à
cet effet une argile asiatique très adhérente, y^i ifiiAavTpt'; -«,
ôOttov, pûiroç^', crelitla'"\ analogue à la cire''.
Pour que les sceaux offrissent une garantie sérieuse,
l'idéal était qu'il n'y en eiit pas deux semblables : on
connaît la loi de Solon interdisant au fabricant de garder
une empreinte du sceau qu'il avait vendu'-; loi ineffi-
cace, enfreinte pour un triobole ", et facile à tourner
même sans complicité du marchand : on coupait la cire
au-dessous de l'empreinte, à l'aide d'une aiguille rougie,
et 130. — 19 H existait daillcursdcs bagues i plusieurs chatons; cf. fig. 3.ï.î. Sciaux
publics, ou privés v. Curlius, Ueber Wappenyehraïufi, Acad. d. n'isseiisr/ir. :ii
Berlin, 1874. - 20 E=p.,!5eî 54Xi.«. (f. i. ait. II, t, p. 313, I. 70).
— SI Bull. corr. hell. XIV (1890), p. 400, I. 50: .içar'*'»' Si^'»»» zpu<7£v8et.v.
— 2i Aristoph. Thesm. 427 ; tTpdY.'Sia eç.itïjSEaT'ii ; Husych. s. v. Spi-oôpiaioi; Lucian,
Lexiph. 13: «••.«YïSt; «ç.; il est vrai qu'on a proposé une autre interprélaliou :
des sceaux finement ciselés comme des morceaux de bois mangés des vers.
— 23 Aristoph. Thesm. 415; !?(/. 947 ; Xen. Besp. Lie. VI, 4; l'Iut. Ah.r. 9. 1. La
niailrcsse de maison peut aussi avoir son sceau: Aristoph. Lys. 1195 sq.
— 2i Aesch. Agam. 609 ; Plat. Ley. XII, 954; Atheu. I, p. 34 A ; de même chez
les Romains: Cic. de Oral. H, 01, 248: Juv. XIV, 132; add. les lextcs cités à
ANiii us, p. 293, note 55. — '^> Dcm. XI.U, 2. - 26 On a retrouvé dés cachets d'ar-
gile sur des papyrus ploléinalques du I-'ayoum (ArcU. An:. XXIII (1908), p. 193).
— 2î Eurip. Ipli. Aut. 325; Thuc. I, 132, 5; Lucian. Timon, 22. — 2» Ilerodol. U,
38, 3. — 29 Aristoph. Lys. 1200; Phot. Lex.s. v. - 30 Cic. Pro Place. 10, 37 ; In
\err. IV, 20, 58. — 31 Mais les Romains se servaient aussi de cire : Plaut. Bacch .
714, 748 ; QuinU Insl. or. XH, 8, 13; Justin. Inst. II, 10, 3. - 3'2 Oiog. Laert.
1, 2, 57. —33 Aristoph. î'/iesm. 423. Argillos, messagcrde Pausanias quand celui-ci
intriguait en Perse, se procura le double <run
inspirait des soupçons tThuc. L 132)
afin de lii
• lettre .|ui lui
SIC.
— 1328
SIG
puis on rapprochait les deux fragnienls en cliaulTanl à
nouveau'. Une eniiirpinle de sceau pouvait encore
servir de pièce d'identité. On en remettait aux messagers
politiques, privés- ou galants'; un anneau, ou sa
marque, tenait lieu aussi de mol de passe en temps de
guerre*. Ce sont des sortes de eaciiels que les lessères
d'hospitalité [iiospitium, p. 298], que les lableltes ou
jetons qui servaient de moyen de reconnaissance dans
les assemblées, aux jeux, aux tliéàtres, etc., et les lessères
de plomb que l'on possède en si grand nombre [tesserae].
Voulant honorer Straton, roi de Sidon, la boulé alhé-
nienne lui oU're, entre autres dons, un certain nombre
de <7'j[x^(,Àa, devanlservirà identifier sescnvoyés à venir^
et qui reçurent apparemment l'estampille de l'Étal
l'iu'. OKI. — Tabiclle i)'l]i''liaslc.
(aTTtxôv (7r|(jiEïov). Celle-ci se retrouve, par exemple, dans
plusieurs timbres sur les tablettes d'héliastes [ueliaea]
(fig.t)i4l) où l'on voit une chouette de face, une double
chouette à lête
unique, accom-
pagnée (les ini-
tiales du nom
d'Athènes et un
masque de Gor-
dc présence. gOUe, lOuleS
marques <le contrôle de l'Étal; de même sur une tessère
d'héliasle enplomb((ig.(jii2)eslimprimée unechouette '' ;
c'est unjelon de présence aussi bien que le plomb (fi g. Ci 43)
timbré de deux clioueltes et du motnPYTANEA, que le
prytane échangeait contre son salaire (ixiTOoçfiouXeuTtxôç) '.
Le garde des sceaux, à Athènes, était l'épistate des
prylanes*. On voit un plaideur demander que les pry-
tanes interrogent les esclaves publics et transmettent au
tribunal leurs réponses cachetées'*. Un décret de 435/4,
relatif à l'élection des trésoriers publics [tamias], spé-
cifie que les trésoriers d'Athèna se joindront à eux p'our
fermer et sceller les portes du trésor'". Kn matière de
justice surtout, le sceau public a un grand rôle : on
l'appose sur les pièces de procédure ", sur les biens con-
fisqués''^; les magistrats d'ordre judiciaire, au surplus,
usaient de leurs cachets personnels '% queh|uetois aussi
les juges '■'.
1 Liiciaii. Mer. 2\. l.e ptiilu^oplie l.acydès scellait son garde-manger a^cc
1111 anneau tiu'il di^siiiiiilalt dans un trou de là porte; ses serviteurs, l'ayant
otiservé, purent le loler et rccaclieler à sou insu iDiog. Uert. IV, 8, 59).
— 2 Cléarclios, arrêté sur les instances du roi de Perse, donna à Ctésias, jadis
à son seri^ice, son sceau, comme ffûi*SoÀov çàioe wj)i; xûûî iv Aa3(t^aiV''Vt auffivtXti
.a. ol».;«uî (Plut. Arlax. 18, 1). — 3 Plant. Pseud. I, 1, 55 sq.; Atlicn.
XIII, p. 585 d. — iArislopli. Av. Iil3 et scliol. ; Plaut. Ca/it. II, 3, 90. — 5 Uii-
tenlicrger, Sijlloyt -', Ils, I. 20 sq. (a. 370-30i av. J.-C). — 6 Rayel, Ann. de
l'Asa. pour i'Iincour des éliid. ijrec. 1878 ; Uuruy, Hist. des Grecs, 1, p. 306 ; cf.
sur le sceau d'Alliénes et sur celui d'antres cités, E. Curtius, Ueber Wappenge-
brituch in Abhnnd d. Berlin, Al.a.l. 1874, p. 88 ; C. i. ait. Il, 2, p. 347-354 et 537.
n" 875-9in; El. Michon, Bull, de ta soe. des auliq. de Fr. 190», p. 332-360 et 371,
n" 6. — '• Mou. deir Inst. arch. VIII. pi. ïxxii, n. 37 ; lluruy, Hist. des Grecs,
H, p. iUi. - 7 Ueundorf, Beilrage zur lieimtniss ait. Tlieaters, pi. xxxix; .t/ow.
delf Insl. Vin, pi. xxxri, n. 2846 ; Duruy, //. des Grecs, I, p. 204. — 8 Aristol.
'M. «o"/.. 44, I; cf. Suid. et Dittenberger, ibid. 780, 'iO. Les prytanes estam-
pillent les urnes où hi boulé dépose les noms des juges, pour les concours des
Uioiiy : Isucr. XVII, 31). - 'J Uem. 1.111, 2i. — 10 Uillenberger, il, I. 13 si|. ;
Suidas 5. V. (IcT'joonKttîvtfrflat) signale une loi de Lycurgue ordonnant aux prôtres de
Dans bien des circonstances même, à côté du sceau
public, chaque citoyen était libre d'apposer le sien "■ ; la
multiplicité des cachets était une garantie qui se ren-
contre dans divers décrets athéniens"'. Dans une aflaire
d'oracle inléressanllaconfédt'ralion des Magnètes, les dix
stratèges, les dix nomophylaques et un prêtre encore
mettent leurs cachets ".Dans une inscription de Smyrne '*,
stratèges et exétastes cachètent avec le sceau de la ville
et leurs cachets particuliers. Le timbre de la cité est
souvent aux mains du trésorier fTafJiia;) ".
Le sceau public, rougi au feu, marquait les esclaves
publics d'Athènes-", peut-être aussi les victimes sacrées ;
nous ne savons dans quelle mesure on s'inspirait en Grèce
de la pratique égyptienne, suivant laquelle le prêtre
marquait les bœufs à sacrifier avec une bande de papyrus
cachetée autour d'une des cornes-'. La garde des trou-
peaux sacrés et, pour les particuliers, la nécessité, de
bonne heure sentie en Grèce, d'envoyer paître au loin
les animaux [ristica resI, devait amener la pratique de
la marque, comme on l'a vu pour les chevaux [^eqi'i s,
p. «00, nota].
Hien que la loi n'imposât pas cette formalité, les con-
trats étaient d'ordinaire revêtus des sceaux des parties
qui y intervenaient, en présence de témoins; les testa-
teurs cachetaient de même leurs actes de dernière volonté
[rESTAMENi'i'iM] ^'-, et par mesure de précaution on enve-
loppait le cachet d'une coquille (xoy/ti) protectrice ;
ouvrir le testament se disait par suite !vll3.y.o•(/\Jk^'il,^^■^^-^.
Les témoins aussi, peut-être, ajoutaient leurs sceaux
personnels", mais nous n'en avons aucun indice pro-
bant^\ L'intérêt de cette formalité n'était point tant
dans la garantie du secret qu'elle semblait donner, car
les Grecs étaient habiles à déjouer ces précautions-",
que dans les avantages accessoires qui en découlaient:
une personne, dont le nom ne figurait pas à l'acte, était
pourtant tenue comme caution, si un témoin affirmait
qu'elle avait accepté cette qualité et si elle avait apposé
son sceau ".11 a pu et il a dû arriver que l'empreinte
figuriUaubas du texte mème;maisen général les sceaux,
en Grèce, s'appliquaient sur les documents plies et enve-
loppés, pour en empêcher l'ouverture frauduleuse-'.
ROME. — Que ce soient ou non les usages orien-
taux-'' et grecs qui aient influencé à cet égard les habi-
tants de l'Italie, il reste indubitable c|ue, de très bonne
heure, ils s'habituèrent à porter un anneau, non ornntus,
scd sii/nandi causa^". En effet, dans la Rome ancienne,
si les femmes ont des bijoux d'or, les hommes n'en ont
pas ; l'anneau-cachetque porte chaque citoyen est enfer'".
sceller l.-s tja^ijïiir» déposés dans les temples. — H llein. XVIIl, »50; Oaresie,
Haussoullier, Tli. Reinach, /user. Jur. t/r. Pans, 1 llssil), p. 139, I. li.
— 12 Aristoph. fr. 378 ; Xeu. Hell. Il, 3. 21; 4, 13. — 13 Aristot. 'Al. lo.. 33, i.
— 1^ Ainsi dans les instances capitales (Plat. Leg. IX, 830 A). Voir l'inscr. de
Daulis (C. i. ijr. 1732), où les auteurs d'une sentence signent ainsi; iTçpâYi<r<i (6, I.
31-2, 36-7), tiroo«Y'«n«" {'■ I''). ioifiTi»» (1. «)■ — '^ Uécrcl trouvé à Éleu-iis |t'. i.
ntl. supp. 104 a), I. 39-40 : nnooiir.ii»!;»»"''»' — " JouiiiJt.o;. — "' P. Foucart, Buli.
corr. hell. Xlll (1889), p. 451 sq. — H Insu: gr. IX, 2, 1109, 1. 42-43. — I» C. i.
ijr. 3137, 1. 87-88. — 19 Ibid. 2132 *, I. 23 (Caryslos). — 20 Xen. Vect. IV, 21 :
'.«SpimiSa (ri«r,|»a(i.iis.« xçi S^uici'... «.i;.ivi;ui. — 21 Herodot. Il, 38, 3. — 22 l.vs.
XXXU. 7; [liog. Laerl. V, 2, 57. Théopliraste fit dresser (|uati'e copies de son tes-
tament, toutes cachetées. — 23 Aristoph. \esp. 5S9. — 21 [)em. XXVlll, 5; XI, 1, 9
et 21. _ 25 Robert J. Bonner, Classic. Philol. 111 (1908), p. 403-4J4; L, Beauchet,
Hist. du droit privi' de la Bépuhl. altién. 1897, III, p. 039, 602. — 26 Voir les
réflexions de Polybe, VI, 36, 13. — 21 Dem. XXXV, 15; XLI. 22.- 28 Bonner, O. /.
p. 400.407. — 29 Voir lig. 6136, un scarabée ilaliole. — ™ Macrob.A'ui. VII, 13, 12.
— 31 l'Iin. //, nat. XXXlll, 1, 9 s,|. ; l'iin. jun. A'/ji»/. VIII, i;, 4 ; Slal. Silr. III.
3, 144 : Appian. Pun. 104 ; Uelochc, Le pur! des uiiueau.r. AJrm. ac. des
/lise, XXXV, 2 (1896).
SIG
1329 —
SIG
On sait que les Uoinains de qiitilit(' dédaignaient
d'écrire eux-mêmes el préféraient dictera un secrétaire;
à celle écriture impersonnelle il fallait la garantie d'un
sceau. Ensuite l'anneau fui, en outre, un ornement, ou
peul-élre y eut-il biuntôl deux sortes d'anneaux ' ; du
moins des textes de basse époque donnent à penser qu'on
distinguait celui qui servait à signer par des qualificatifs :
aiiu/us sifjiiaCoriu-i- on sigillaricius^.
Cet anneau imprimait le caractère d'aulhenlicilé aux
actes les plus graves de la vie': fiançailles, tabulae nup-
tiales'", testaments; il ne suffisait pas pour faire une
institution d'héritier, mais il ajoulail une force considé-
rable à tout acte écrit dans ce sens. L'anneau sigillaire,
vu son importance spéciale, n'était pas confondu avec
les autres bijoux; et en cas de legs des ornamenta, il
n'était pas compris sous celle formule globale °. Au
temps des mœurs simples \ le cachet n'était apposé que
sur les acles importants el exceptionnels, ou sur les
choses très précieuses; plus tard, comme en Grèce, on
prit l'habitude de tout mettre sous scellés dans la mai-
son* ; aussi l'anneau des fiançailles n'était-il pas donné
comme bijou, mais comme symbole de la surveillance à
exercer dans fous les recoins de la demeure conjugale'.
Ce n'est pas, juridiquement, le sirjnaculum particulier
de la femme ; c'est celui du maître qui l'a confié en garde
à son épouse; parfois, avant de mourir, il le lègue à sa
fille ainée '", ou en même temps à sa femme et à sa fille ' ' .
On a au Musée britannique, provenant d'Egypte, une
serrure en bois qui présentait, à l'exlrémilé d'un cou-
vercle mobile, une cavité où devait être insérée l'argile
ou la cire cachetée servant à garantir que la gâche
n'avait pas été tirée'-. On possède également quelques
boites de bronze à charnière, percées, sur les cotés, de
deux trous pour le passage d'un fil("?;, el que plusieurs
tiennent pour des boites à sceller (une porte de coffre ou
d'apparlement) '^ ; mais d'autres y voient plulôl des
boites à parfums, sans pouvoir expliquer tous les
détails ".
Étant donné ce qu'on sait du faste el de la complica-
tion que les riches Romains mettaient dans leur exis-
tence, il est forl probable que chacun d'eux gardait sur
lui un sceau de grand prix pour ses lettres et les acles
publics'-', laissant à quelque intendant, pour fermer les
colTres'*, un cachet vulgaire auquel la clef était souvent
attachée (fig. 349;. Le premier pouvait avoir quelque
type en rapport avec les fonctions exercées par son déten-
teur ; on a retrouvé deux pierres gravées (fig. G04o (J04(j)
qui devaient appartenir à des Salions; elles repré-
sentent le transport des boucliers sacrés. Les ligures et
légendes de ces sceaux offrent la variété qu'on a déjà
I beaucoup eu portent plusieurs (Horal. SaL II, 7, D) ; Trinialcliiou en a ciuq
(l'clron. 71); cf. fig. 351-35i. — 2 L'Ipian. Oirj. XXXIV, 2, iô, 10; Haul. iijid.
L ,16, 71.— 3 Vopisc. Awelian. 30, 2 Peler. — 4 pljn. U. nnt. XXXIII, I, 27.
— 5Juv. Il, 119 B(|. — '• l'aul. loc. cit. — '' l'iiii. : Qiiae fuit Ma vitii pris-
corum, tfualis innocentia, in /jtia nihil siynabatur. \iinc — 8 Les esclaves,
toujours suspects, y élaieiil eu plus gr.inil noniln-e i|«e jadis. — 9 Clem-
Al. Pnat. III, 11 (Mi|,'lle, Pntr. gr. VIII, col. 302). — M> Ùig. XXX, 77,21.
— '1 Ainsi lit Aurélien, « comme s'il eût été un simple particulier », donc sui-
vant une pratiijue très répandue. — 12 ,4 Guide to the Exhibition itlustrating
Greek and lloman Life, Londoa, \9m, p. 160. lig. 177 a. — 13 Ibid.
p. 107 si|. fig. 177 d. — H Hill, Num. Chron. 1897, p. 293 sq. — <5 Plant. Bac-
ckid. 7V8; Cic. Cnt. 111,5, lU ; Juv. XIII, 137 sq. ; Suel. Claiid. 29: Scn. De
beii. III, 15, I ; Ovid. Amor. Il, 15, 13 sr|. — ii! kornniaun, Ve triplice annula,
Leyde, 1672, p. 47. — " Cic. in Catit. III, 5, lu ; Ùe fi,i. V, 1, 3; Suct. lïb.
5S; Val. Mai. III, ô, 1. — 18 Add. Furlwaeugler, Gtmmen, III, p. 30V; Milani,
L'anelio sigillo d'Autjusto col tipo délia s/inf/e (Htadi e materiali di arch.
num. Il (l'.'oii. p. I72-I!i0). — '« Dio Caj,s. LXVI, 2, 2. — 20 Justin. //«(.
Vin.
rencontrée à l'époqtie grecque [gemmae] ; ce pouvaient
être simplement les noms du propriétaire ou des portraits
d'ancêtres, d'amis, des objets religieux, des allusions à
l'histoire, réelle ou mythique, de la famille '\
Sous la République, le cachet en or des magistrats
faisait partie des objets d'équipement nécessaires, com-
pris dans le vasarium, el qui leur étaient fournis avant
leur dépari, par voie d'adjudication publique 'salarium].
On connaît par les auteurs les sceaux de la plupart des
césars [a.nilis, p. 29.5; gemmae, p. 1484]'*. L'Empereur
permettait quelquefois l'usage de son anneau officiel à
ceux qu'il voulait qu'on regardât comme ses représen-
tants'" ; on a même pensé qu'une magistrature, la cura
anuti, étail affectée à la garde du sceau du prince ; mais
ce titre n'apparaît qu'une fois, du temps de César"'"', et
semble une redondance, car la cura epislulurum y est
ajoutée; et pratiquement, cette magistrature n'était point
nécessaire^'.
Après la conversion de Constantin, les anneaux de
luxe deviennent plus rares. Clément d'iMexandrie '^■'
recommande aux chrétiens de ne poinl choisir pour leurs
cachets le signe de la croix ou la représentation de quel-
que mystère religieux, qui pourraient les trahir", ni
des images idolâtres, car il y aurait péché; mais des
ligures allégoriques ou des emblèmes convenus, comme
l'ancre el le poisson (fig. 322)^^
De même qu'en Grèce les sceaux furent d'usage cou-
rant dans tous les actes de la vie juridique'^" ou commer-
ciale. Du sol de Pompéi on a exhumé bon nombre de ces
tabulae ceratae^'^ constatant
l'acquittement d'une dette, et
réunies le plus souvent
en triptyques : deux des la-
blettes se rabattaient l'une
sur l'autre, de façon à re-
couvrir le texte ; des cor-
donnets les liaient ensemble
ets'engageaient dans une rai-
nure pratiquée au dos de
l'une d'elles ; on appliquait
sur eux les sceaux des lé-
moins ''-' et en face de chaque
cachet étaient inscrits, sur la
troisième tablette, les noms
du témoin correspondant (fig. 6444 -*. La loi d'un collège
funéraire" prévoit le décès d'un membre habitant à plus
de vingt milles de Rome; celui qui aura pris soin des
funérailles pourra ohiBn'w \c funeraticium, moyennant
précaution semblable : te.<tta[tor rem tabu\lis signatis
sifjillis cicium Romaiior. Vil.
Fig. 0i4k
XI.I11, 12. — '-1 Peut-être cependant ric-.^T'-ioroàjo; lielléuistiqu
outre in; »sj«YtSc.;; de là dériverait celte cura anuli (Rostowzew,
Wissowa, VI, 1, col. 210 sq.), qui sans doule n'a pas duré.
— 23 II y eut naturellement des imprudents ; un sceau syrien du Lo
était-il en
ip. Pauly-
2i Ibid. col. 633.
porte
cette inscr. : .!; >iii {.irch. Anz. XVI (1901), p. 152, n» 07). - ^l .Nombreux spé-
cimens dans le hictionn. darch. chrél. I, 2, p. 2177 sq. s. i'. AnneauxiH. Leclcrcql,
1907. _ ii Les elTels d'un accusé au criminel étaient mis sous scellés, ainsi que ses
papiers doniesli.|ues Cic. In Verr. Act. Il, 1, 19, 50). — « Corp. inscr. lat. IV,
p.278sq.: add. Th. Momrasen, Jurist. Schr. Berlin, 111(19071, p. 221-27i. — 27 Tout
cela est l'application d'un sénatusconsulle : Paul. Sent. V, 25, 6 : Amplissimus orrfo
decrevit, eas tabulas, quae pulihci ici privati contractus scripturam continent,
ndhibitis testibua ila iiy.ari, ut in summa [et ima] marijinis ad mediam partent
perforalae triplici lino constringantur,atque impositae supra tinum cerae signa
imprimantur ; cf. Gaius, Inst. II, 181; Ulpian. Dig. XXXVU, 11, 1, 10-11; Jnsl.
Just. Il, 10, 3; Suet. Xer. 17. — 2» A. Mau, Fompei in Leben und Kunst. 2< éd.,
Leipz., !908, p. 517, lig. 293. Procédé analogue pour les diplômes militaires.
— a Corp. inscr. lat. XIV. 2112 (Ucssau, Inscr. lat. sel. 7212), 1,1. 31 sq.
1(37
SIG
1330
SIG
Il est souvent failuieation des cacliels apposés par les
sept témoins sur un testament' [testamentim, cf. diploma,
p. 268j. En droit prétorien, leurs cachets et signatures
sont la seule formalité requise-, et le préteur consi-
dère le testament comme révoqué si le testateur a rompu
les cachets. Le testament triparti te, introduit sous Théo-
dose le Jeune, impose, outre cette adscriptio ou super-
srriptio, la subscriptio, à l'intérieur, du testateur et des
témoins'. Un papyrus de Ravenne ' nous donne un
procès-verbal d'ouverture de testament (en 474 apr.
J.-C.) ^. Il constate la demande d'ouverture adressée par
la veuve du testateur aux magistrats municipaux, la
reconnaissance par les témoins présents de leurs ca-
chets ^ et l'explication fournie par eux de l'absence des
autres. Une curieuse représentation figurée d'une telle
par la justice '^. Ces exemples suffisent à montrer le rôle
des sceaux dans la vie publique"' ; ajoutons que les fal-
sifications ou destructions de sceaux étaient durement
réprimées '^ Le sceau romain peut avoir une double uti-
lité: garantie d'origine, garantie du secret, el un seul
assure les deux quand il couvre un document destiné à
n'être ouvert qu'une fois, une lettre particulière, par
exemple, ou un testament. Mais pour un diplôme appelé
à être souvent présenté, ainsi une lettre du prince confé-
rant le droit d'user de la poste impériale, la force pro-
batoire ne résultera plus du sceau extérieur ou de clô-
ture, mais du cachet au bas de l'acte, qui certifie la
provenance. C'est ce dernier qu'appose un dominus ou
un curalor approuvant un acte, et les responsa pruc/en-
tiuiii recevaient sans doute aussi ce cacliet de signature.
yh^^fv'h^O
Fis. 6 Vis. — Ouverture d'un testament de
opération nous est fournie i fig. 0443) par un bas-relief de
Rome \- au milieu le magistrat assis, ayant auprès de
lui ses licteurs et, derrière, des curieux ; à droite les sept
témoins qui viennent reconnaître leurs sceaux, et à la
suite le jeune héritier. Il pouvait arriver, d'ailleurs, que
les sceaux fussent endommagés et impossibles à recon-
naître; on en vint sans doute à admettre, en raison des
autres formalités de garantie, que le consensus signan-
tium* était néanmoins acquis'. Lorsque, dans toute
autre affaire, les documents originaux ne pouvaient être
présentés au tribunal, comme il arrivait si souvent avec
les tabulae honeslae niissionis, les signatores attes-
taient que la copie était bien conforme '".
Quand des particuliers obtenaient des autorités com-
pétentes des copies de rescrits impériaux" ou de séna-
lusconsultes, l'authenticité du texte était certifiée par
sept s/^Hff^o/ri' privés qui mettaient leurs sceaux'-.
Dans un procès criminel, le tribunal ordonnaitsouvent
la saisie des papiers de l'inculpé même dans les archives
des autorités municipales '^ Dans la mesure où il le
jugeait nécessaire, le demandeur faisait mettre ces pièces
sous scellés et les envoyait à Rome. Le magistrat diri-
geant le procès les recevait, et, assisté de jurés, les faisait
placer à nouveau sous scellés". Le demandeur avait
vraisemblablement ensuite la faculté d'en prendre con-
naissance, en les faisant ouvrir et replacer sous scellés
1 Voir le testament égyptien de 181» ap. J.-C. : Berlin. Griech. Urh. I, 3iG, I.
I8sq. (isf.YiiTai).— SGaius, Jnst. II, 119 et U7 ; Ulpian. X.VIII, 6. —3Cod. Jusl.
VI, S3, 21 pr. — ' Bibliolh. N.itionale, Ms. Lat. (S84Î. — 5 Bruns, Fontes jiiris,
p. 301 s*i. —^Kgoin hoc testamento interfiii, agnosco anuli met sii/naculum^
siiperscriplionem meam, sed el in' Ira, siibscripsi, etc. — ' Tli. Moninisim, Huit,
detf Intl. IKVIi, p. Ut-IVt : la ng. dans Annuli, 1810, lav. I., et niieuv dans les
Jaritl. Schr. du luiimc, III, p. 316; UatzUuliu, Anl. Uildu: in liom, III, p. 77,
W 3003. — 8 Quintil. InU. or. V, 7, 32. — 3 Mommsen, Jurist. Schr. III, p. 278
8i|. — lOCic. In Verr. Il, i, 77, 189; Mommseu, l. e. p. 500 m|. — H Brassloiï, ap.
Paulj-Wissowa, VI, l, col. 209. — «2 Cf. Lebas-Waddiuglon, 1627, X, 7 ; Corp. iuscr.
et non de clôture, conti-airement à l'opinion cou-
rante [lex conNELiA testamentaria] '*.
Plus d'une maison de Pompéi a été dénommée d'après
les signacu/a qu'on y a découverts ;
ce sont des cachets en pierres pré- (f 1 ~\ 1 ^' T ~> ]
cieuses,ou en or, argent, verre, quel-
quefois des lamelles de bronze alta- ^%- *"*• ";,'■?'''='
i d un propriétaire.
chées à l'anneau"; tel le cachet que
l'on voit (fig. 6i'«6), qui a fait clianger le nom de la
maison appelée d'abord maison des Princes russes en
celui de maison de Siricus. Les empreintes portent, sou-
vent, comme ici, en écriture rétrograde, le nom, au génitif,
du possesseur, qui les apposait sur les denrées alimen-
taires. S'il était commerçant, il appliquait son cachet sur
ses produits. La pratique de l'estampille, à l'époque
romaine, prend un développement extraordinaire". En
céramique, la plupart des ornements sont estampés,
c'est-à-dire obtenus par une série de moules minuscules,
fort analogues à des cachets, d'où l'expression terra si-
gillala. Bien entendu, le procédé servait notamment à
timbrer l'objet au nom de Vofficina [douare opis, figli-
NUM oi'is, fig. 3042]. Celte habitude de marquer les po-
teries est fort ancienne : on la trouve chez les Pharaons
d'Egypte-', les Babyloniens et les Assyriens ; les Étrus-
ques etles Italioles usaient aussi d'instruments à estam-
piller--. Sur les vases grecs, les signatures sont plutôt
lat. 7833, 1. 2i;. — 13 Cic. In Verr. Il, i, 63, 140 ; Fro J-lacc. 3i, 78. — li M. Pro
/•'lace. 9, 21. — 'S Mommsen, Dr. pénal rom. Ir. fr. Il, p. 90 si\. — 16 Add. pour
les donations, Fragm. Vatic. 249, t : Omnes earum species signis ac nominibus
imprimcndas. — '7 Paul. .Sent. V, 25, t. — IS Cf. H. Erman, Zeit&chr. (/.
Savigmj-Stift. fur llechlsg. Jtôm. Ablh., XX (IS99), p. )S2 si|. — 19 C. i. lut.
X, 2, p. 915 s(|. — 20 Cf. W. Ludowici, Itùmiscli. Tiipfer in Rheinzabern
und lîl Folge dort gefundener Stempel-Nainen und Stempel-liilder bel mcinen
Ausgrabungen, 1905-08. — -' Voir une marque de Hamsès llau Britisli Mus. (Forrer,
Reallexikon, Berlin, 1907, p. 74, fig. 5S). — 22 Cf. S. Gsell, Fouilles dans la
Nécropole de Vulci, Paris, 1891, p. 260, 377, 430, 477.
SIC.
— 1331
SIG
peinles on gravées à la pointe; pourlanl. (l('jà alors, on
timbre parfois avec un moule ; il a même ("'té soutenu ' que
les Grecs se servaient, pour marquer les ampiiores, de
lettres moiiiles réunies dans une
sorte de composteur. La chose
reste assez douteuse [inscrip-
TiONES, p. o3i-53o] ; au dos des
figurines trouvées à Myrina-, on
lit quelques inscriptions visible-
ment produites par le moule,
puisqu'elles se rencontrent, exac-
tement pareilles, sur plusieurs exemplaires ffig. 6i'i7)';
mais cet usage paraît propre ;i l'art gréco-romain. D'autre
part, sur les /a f ères romains, au moins sur ceux qui présen-
tent les lettres en relief, ces dernières se coupent quelque-
fois, et on voit des corrections, des surcharges, toutes
choses qu'expliquerait mal l'emploi d'un composteur*.
La plupart de ces sir/nacula commerciaux étaient en
bois dur (peut-être en buis "'), c;ir des fentes y apparais-
sent; au reste, les timbres en bois sont très anciens" ;
ce type a pu venir dans le Latiuin '' ou la Campanie,
d'Egypte, où l'on en a trouvé surtout dans le Fayoum;
ils servaient à marquer le pain ou les cruches '. Les
formes sont très variées ', principalement carrées,
rondes, en demi-cercle, ou en croissant de lune, avec un
petit orbicu/us, tangent au grand cercle, et qui se fait
de plus en plus petit dans la suite chronologique. Ces
estampilles s'imprimaient, en relief ou en creux, sur
toutes sortes de matières et d'articles : sur l'argile princi-
palement, parsuite sur les vases, les tuiles, les briques'"
[ficlinum opus], le plomb (fig. .5710), notamment sur les
tuyaux [fistula], sur les lingots d'or (fig. 5020) ou d'ar-
gent (fig. 5018), même sur le verre [vitrumj ", pour lequel
on devait employer des cachets en métal. Une
variété considérable, étudiée ailleurs [medicus,
p. 1678] est celle des cachets d'oculistes'''; ils
étaient faits de matière tendre, schiste ou
stéatite.
Des timbres en bois, comme bien l'on pense,
il ne s'est guère retrouvé que des empreintes;
en revanche, les collections renferment un
Fig. OMS.— certain nombre de timbres de bronze, en parti-
niarqucr. culicrlc Cabinet dcs médailles ''': la plupart sont
rectangulaires et ont les lettres en relief",
quelques-uns ont l'aspect de croissants'» ; on notera des
formes plus singulières : une amphore'", un dauphin'';
beaucoup sont découpés en semelle'* ; un exemplaire du
Musée de Naples " représente même un pied complet —
avec les cinq doigts, jusqu'à la cheville que surmonte une
anse. Voici enfin (fig. Ui48) un fer à marquer dont les
1 A. Duinonl, /user. Cirarnii/. p. 45-47, 393 sq. ; H. Lcclial, Butl. curr.
hdt. XI (1«87), p. 208. — 2 PollicretS. Rcinacli, 0. l. VU (1«SS), p. 224;
IVécrop. de Myrina, Paris, 18H7, p. 187 sf]. ; adJ. 223 sq. — 3 JVt'crop.
de Myrina, fig. 10, p. 187. —4 Dressel, Corp. in$cr. lai. XV, 1, p. 1 sq. ; cf.
p. 4'Jl si|. (Morilc Teslaccio). cl pour tes timbres sur poteries gallo-romaines
Bolui, ibid. XIII, 3, 1. — s Colum. VII, 8, 7. — 0 Voir le sceau égyptien du
Musée de Floreuce (Pernicr, Mon. anl. XIV (1004), p. 4.S8, fig. 92). On
cachetait, eu Egypte, les suaires des momies; cf. Leclcrcq, Diclionn. d'arch.
chrél. I, 2, p. 5334 cl lig. 785. — 7 Cf. Gatli, liull. comun. XXXVI (UIOS),
p. 48-52. — 8 Rubensohu, Jahrbuch, XX (191i:i), p. 12; add. p. 25, note 30.
— 9 Voir C. i, lat. XV, p. 703, le tableau de celles (pli se rencontrent sur les
poteries « arrélines >>. — '0 Estampilles sur briques du mur d'Aurélicn à Rome
(Ugbert, Suppl. Papers of the Americ. Scliool in Home. Il (1908), p. 276-8), à
inscriptions rectilignes (lig. 31-32) ou en cercle (33-34) ; Desremet, Inscr. doliaires
(Bibliolli. des Écoles d'Atliènes et de Rome, XV). — Il A. Kisa, Dus Glas im
Allertume, U-i\n., 190K, IM, p. 921-907. — 1-' Héron .le Villffossi' et Thédi-nat,
caractères, portés par des tiges séparées, devaient être
chaufTés avant d'être imprimés. Ce fer a éti- trouvé avec
d'autres objets romains en Suisse-".
BvzANCE. — L'immense majorité des sceaux byzantins
est d'époque très basse, mais quelques-uns remontent
assez haut ; du reste, avec le temps, leurs représentations
changèrent, mais non les façons d'estampiller.
Les Byzantins paraissent avoir très peu pratiqué
l'usage de sceller avec de la cire-' : « Les conditions cli-
matériques, a-t-on-dit--, les chaleurs prolongées de l'été,
s'opposaient à, l'emploi d'une matière aussi molle et
fusible ». Médiocre raison ; les chaleurs ne sont pas
moins fortes dans l'Italie méridionale qu'à Constanti-
nople, et on y scellait à la cire dès la Républif|ue ; le vrai
motif de cette préférence est inconnu". D'ailleurs, les
chrysobulles, réservées aux bnsileis, se composaient
d'ordinaire de deux feuilles très minces enveloppant de
la cire-''. C'étaient les sceaux de solennité: l'Empereur
n'u.sait, pour correspondre avec les bureaux, ou dans ses
relations personnelles, que de plomb et quelquefois de
cire-». Ces bulles diverses étaient toujours circulaires.
Comment les fabriquait-on? Il y eut certainement
deux procédés, successivement ou simultanément en
usage. Dans le premier^'', on appliquait l'une contre
l'autre deux minces lamelles de métal, creusées dans le
milieu d'une rainure formant canal ; on y passait les lacs
du document à sceller; puis on plaçait le sceau entre les
deux coins du §ouX?\a)T-/^piov, sorte de pince rappelant nos
fers à gaufrer; les mors gravaient les types et immobili-
saient les fils par la seule compression. Deuxième mé-
thode : on perçait d'un trou, dans le sens du diamètre,
un plomb d'une seule pièce déjà façonné ; la preuve en
a été fourniepar deux bulles de Carthage, prêtes pour des
empreintes qu'elles n'ontjamais reçues '". Le fil était sans
doute introduit dans ce canal à l'aide d'une longue ai-
guille ; la frappe s'opérait comme dans le premier cas.
Ces petits monuments, qui nous font passer en revue
la société byzantine, avec ses coutumes, son adminis-
tration, ses cultes et son art, ont des dimensions
variables : les plus grands sont les sceaux officiels ; les
autres atteignent rarement moins de 8 millimètres de
diamètre. Ils avaient mêmes destinations que les cachets
grecs ou romains ; nouveauté à signaler : quelques-uns
étaient suspendus au.K cous des pauvres désignés pour
prendre part à des distributions pieuses^'. Tous les
Byzantins d'un certain rang avaient à leur disposition,
pour la correspondance privée, un ou plusieurs sceaux
anonymes ; beaucoup portent le nom du titulaire ;
néanmoins, neuf fois sur dix, on ne trouve qu'une
invocation religieuse, accompagnée ou non d'une image
Cachets d'oculistes rom., IKS7 ; Espérandieu, Hec. des cachets d'ocul. rom., 1S94,
C. i. lat. XIII, 3, p. 301-000. — 13 Babolon-Blanchet, Catal. des bronz. antiq. Paris,
1895, p. 719 sq. — 1* En creux les n" 2329, 2339, 2340. — 15 Jbirl. 2333, 2344,
2348, 2351. — m Ibid. 2338, avec anneau de suspension. — 17 Ibid. 2390. — 18 Ibid.
2376, 2383, 2388, 2394; Forror, Iteallexikon, p. 238, fig. 198. — 19 Gusman,
Pompéi, Paris [1900], p. 28. — 2» Abh. d. Zùrch. Geseltsch. XV, pi. xu, 30.
21 On a conservé quelques matrices de sceaux byzantins à cire, et môme quel(|ues
échantillons de ces cachets qui peuvent être du temps de Justioieu (S. Petridès,
Échos d'Orient, 1906, p. 210 ; 1907, p. 84 et 22i). — 32 0. Schiumberger, Sigillo-
ijr'iphiede l'Empire byzantin, Paris, 1884, p. 8. — 23 Peut-être avait-on remarqué
que le plomb oflre plus de résistance, car il ne se casse pas, et qu'un sceau avait
ainsi plus de chances de durée. — 21 Schiumberger, Op. cit. p. 9. Il y avait aussi
des bulles de plomb enveloppées d'une feuille d'or ou d'une feuille d'argent; résout
celles dont se servaient parfois les grands personnages. — 25Codin. Deoff'.p.H, Bonn.
2S Schiumberger, Op. cit. p. 10 ; P. Monceaux, Bail, delà soc. des antiq. de l'rance,
1908, p. 223. — 21 MoTiieuux, p. 165. — '-i» Sclihlmbergcr, Op. cit. p. 1 1 et 13.
SIC.
— i:i32
SIG
de dévotion ' ; les documents de quelque prix sont
riutinie aiinorilc.
Bien peu de ces sceaux sont antérieurs à Jiistinien
(tïK. liiiit) - ; quelques-uns ont une légende de transi-
tion, latine d'un
côté, grecque de
■ W ^/ 'V^9J \ l'autre '. C'est
(jue, bien qu'on
les qualifie de
byzantins, les
sceaux de plomb
Fig. 0411). — Sceau l,;/.inlln. u'out paS été in-
connus de l'Em-
pire d'Occident. C'est même en Italie que les plus anciens
ont été frappés ; l'expression est de mise, car ils ressem-
blent à des monnaies ; ce sont de vraies effigies moné-
taires qui permettent de dater
les premiers que l'on connaisse
du milieu duii'siècle [fig.tJ'toO/.
D'autres ont été émis en Occi-
dent à l'efligie des princes de
Constantinople: tel est le plomb,
's^^v.^j? ^^^ ^> légende latine, qui donne
au droit le portrait de Galla
Placidia, fille de Théodose,
déclarée .4 ;/^(<.ç/ff en 42i=. Les
formules, très brèves, ne comprennent habituellement
que le nom du titulaire, parfois accompagné du titre
de sa fonction ; les dimensions sont moyennes, mais
le flan très épais ^ Les papes ont imité ces modèles ;
nous avons un spécimen d'Adéodat I"' (615-619) ^
On trouve fréquemment dans les textes byzantins cette
expression: (rçpaY'i; -o>,ou.ùvoç; elle désigne sans doute ces
talismans, d'origine judéo-chrétienne, au type de Salomon
transperçant le génie du mal figuré sous les traits d'une
diablesse *.
11. Signiim, insigne, enseigne commerciale'.
Quelle que fût l'étroitesse des rues antiques, malgré
les faibles dimensions des places publiques servant de
marchés [agora, forum], Futilité d'une enseigne, en
façade d'une boutique de vente, ne pouvait faire doute :
il fallait attirer l'attention distraite, même l'arrêter sur
un genre de réclame ingénieux. Pourtant nous n'avons
pas un seul exemple k citer antérieur à l'époque romaine '".
Comment expliquer cette pénurie?
A l'origine, tout le commerce se fait sur une place,
en plein air [mercator, pp. 1733, 1735] ; au iv« siècle
encore, le magasin s'appelle (îx-r,vr| " (tente-abri mobile)
' 1.1. p. li, i9-30, 51!. — 2 Id. p. 811 : cf. p. 4IS, dcui spécimens : lim, à
lifgende latine, est au nom de Justinien ; laulre, du vu* siècle, représente
lléraclios avec ses deuj fils. — 3 //„rf. p. 73. _ i pp Picoroni, / piomài
antiehi. Roma, 1740, p. 21 s()., pi. iv, fi.» (Marc-Aurèle et I,. Vcrus), 9-10
Scpt.-SéTcre et Caracalla). Il (Caracalla et Géta\ li-13 (Alexandre-Sévèrci. Aid.
J. SaUlier, Iconographie dune collection choisie de 5000 médailles romaines,
byzantines et cellibériennes. Saiul-Pélersljourg, I847-18G0 ; Id. /let: arclî.
1858-50, 1, p. 87 : sceau au nom de Jovin ; R. l'aribeni. Bull. deW Archioio paleo-
grafico italiano, I (1308), p. 77 U4 ; bulles latines du Musée Kirclier, qui nommeul
entre autres un palriccetun c»ar(|uc d'Occident. —■■ Ficoroni, pi. m, 2. — CSclilum-
bcrgcr, p. 8i, note t. — 1 Sabaticr, /lev. arch. 1858-39, 1, p. 98. — » Cf. C Perdri/et,
/tev.desi-lud. grecq. XVI '1903). p. 42-CI. - BiBiiocBAPHiEdu paragraphe 1. Curtius!
Ueher Wappengebraiich imgriech. Allerth. dans Aôh. d. Berlin. Akad. tm .G.
Longus, Leanulissignaloriis antiquorum, l.ugd. Balav. if.72 ; Kornmann, rietri,,lici
annula. Lugd. Balav. IC72 : Ad. Furlwaengler. Ùie antiken Gemmen, Leipzig-Bcrliu,
l'IUO; Ern. Bahelon, Catal. des Camées antiques de la Bibl. Nationale, et /nlrod.
au Calai. Paris, 1897; Id. Coll. Pauierl de la Chapelle, Paris. 1899: Xantliou-
didès, 'Ëoir|A. àfz. 1907, p. 141-186; D. li. Hogarlh, youm. ofhell. stud. XXII (I9iii|
p. 76-93; Robert J. Bonner, The Use and Effecl of Atlic Seah {Classic. Phi-
vile dressé ; dans l'économie agricole, il n'y a même
marché qu'à certains jours ; une boutique de planciies
suflitau détaillant; en latin, /«<(e/vi«'^(de/o6M/«e) rappelle
ces modestes débuts de la vie commerciale. Plus tard,
on mit la boutique de planches en avant de la maison,
enfin le magasin lit partie de la maison ". 11 est probable
aussi que le colportage, l'étalage improvisé des ambu-
lants (fig. 49:23) ne furent point exceptionnels comme
chez nous : et enfin la réclame à plein gosier paraissait
peut-être meilleure qu'un écrileau". Ces raisons ne
suffisent que pour l'époque ancienne ; mais nous connais-
sons mal la maison grecque. Beaucoup d'enseignes pou-
vaient être en terre cuite, ou autre matière, mais très
sujettes à destruction. Sur la maison romaine, au con-
traire, les ruines de Pompéi nous ont renseignés. Les
magasins sont presque complètement ouverts du coté de
la rue, et l'entrée est délimitée de droite et de gauche
par deux piliers où doivent, d'habitude, avoir été placés
les signa '°. Souvent ils sont peints, et plus d'un a permis
de reconnaître la destination de l'immeuble; les auber-
gistes et iiôteliers I^caupo] particulièrement ont recouru
à ce procédé. Parfois néanmoins on lit une mention très
simple ; flospitiatn Hygini Firmi "^. Mais voici plus
d'invention : un marchand de vin a fait peindre Bacchus
pressant un raisin''^. Certaine auberge '* était ornée sur
le devant de la peinture d'un éléphant, enserré dans les
nœuds d'un reptile et défendu par un pygmée ; au-dessous :
Hospitiuin hic /uratiir, / rie/ in i uni eiim tribus leetis,
et à côté de la grossière image : Sitlitis resliliiit ele-
pliantu[m], nom du propriétaire qui l'avait fait res-
taurer sans doute. On désignait familièrement la
taverne par l'animal représenté à la porte ".
Mais les représentations ne sont pas toujours claires
pour nous : un combat
de gladiateurs indique
peut-être que des gens
de cette classe se don-
naient là rendez-vous ;
une sorte de damier ou
d'échiquier, figuré au
seuil d'un cabaret,
laisse à penser que
c'étaitaussi un tripot-".
Cabaret encore, sans
doute, la boutique que
signalaient (fig. 6i51; r„..i;i,K- i „■..:..,.,. ,i, „,,,, h,.,, i ,!.. >i,,.
deux hommes portant
sur leurs épaules une grande perche d'où pend une
lolog. m (1908), p. 403 s.|.); M. Ueloehe, L' Part dvs anneaux dans lantiqnit,-
romaine, dans Mém. de VAcad. des Inscr. XXXV, 2(18961; Dictionn. d'arch.
chrét. I, 2 (19071, s. i: AnneauT (H. Lecicrcq); G. Schlumhergcr, .Sigillographie
de l'Empire bg:antin, Paris, 1884; voir eu outre à ami.is, gehm.u: et sc.ïiptira.
— 9 IJuintil. Insl. or. VI, 3, 38 : scutum ilhid signi qralia posilum. — '0 L'oe
inscr. de Santorin .(Inscr. gr. XII. 3, 1027) porte cette simple formule :
TOT; suo.;, au-dessous d'un phallus. Dédicace, dit-on, à leurs confrères, faite par
les membres dune assocùition sous le patronage de Priapc ; ou comme à Porapéi,
enseigne dun mauvais lieu. — H llom. XVlll, 109. — 12 Festus, p. 336; Isid.
Orig. XV, 2 — 13 H. Nissen, Pomp,jan. Studien, Leipi., 1877, p. 634-5.
— 1> l.a oopa de Virgile danse devant sa boutique et invite les voyageurs. — 'ô Nil-
seu, Op cit. p. 377, 379 ; voir la restitution d'une f.iç.nlc de m.igasia de comes-
tibles dans A. Mau, l'ompei in l.eben und Kunsti, l.eipi. 1908, p. 286, fig. 148.
— 1"! Côté 0. de Ins. IX, 7 (Mau, O. /. p. 419). - " Helbig. Wandgemûlde
Campaniens, l.eipz. 186s, p. 9, n° 25 (monument détruil) ; .Vus. Borbon. III. 50.
-I» 0. de 1ns. VII, l(Mau, /,. c. ; Nissen, p. 379 ; Helbig, p. 400, n. 1601 ; Fiorelli,
Giorn. rf. SMC. Mil, p. 24; Overbeck, Pompei^. Lcipz. 1884, p. 379); Corp. inscr.
lat. IV, 806-807. — 18 C. i. lat. IV. 338. — 19 Ainsi Arlemid. Oniroer. l, 4,
çevoSo/fTov S, T.v EKiivu^Aoi, xà;jiïiXo;. — 20 Nissen, Ib.
SIG
1333
amphore '. L'o.yiilalis a r/aUo fjallinario de Narbonne '
est sans mystère. Voici uneaulre annonce quidevail siir-
monler une porle d'iiôlellerie à Lyon : Mercurim hic lu-
crum promillit, Apollosalutem. Seplumanus /lospitium
rnmprmulio. Qui venerit, melimutetur: post /lospes, ubi
tnoneas, prospice\ Autres métiers: une chèvre indique
un commerce de lait* ; sur un relief, apposé par un bou-
langer, on voit un moulin que fait tourner un mulet = . Un
tailleur de pierre [marmorarus] étale une annonce sans
image (fig. 483.jj ; un lapicide de Palerme, en latin et en
grec, cherche une clientèle cosmopolite". Au mur exté-
rieur d'une maison de Pompéi, oii travaillait un menui-
sier, on voyait, d'un côté de la porte, Dédale (patron de
la corporation) devant Pasiphaé, de l'autre deux artisans
sciant une planche ■". Un bas-relief* signale un chaudron-
nier; un autre, montrant cinq jambons alignés{fig.(i43i),
a dû pendre au-dessus de l'étal d'un charcutier '\
D'autres cas restent douteux '" : ainsi deux bas-reliefs
de Florence " représentent chacun, semble-t-il, un
grand magasin d'étoffes, où des acheteurs font leur
choix, à la pièce ou à l'échantillon (l'un d'eux est notre
fig. 4920) ; on estime, en général, qu'ils rentrent dans la
même catégorie. On a reproduit ailleurs (lîg. 4924) un
autre monument'- : une femme, armée d'un couteau,
est assise dans un local que garnissent aux murs des
oies, des porcs, un lièvre, et semble débattre un marché.
Au-dessus des têtes, sont gravés, sans doute à l'éloge de
la marchande, des vers de VÉnéide^^ qu'on s'étonne de
rencontrer dans un marché de comestibles'*. De son
vivant, un cordonnier de Trêves fit sculpter la représen-
tation des formes qu'il employait (fig. 3198) sur une
stèle qui devint sa pierre tombale, mais auparavant
avait peut-être signalé sa boutique '^ Après la vic-
toire de P. Decius Mus, les boucliers dorés provenant
du butin passèrent aux mains des arf/entarii, qui les
placèrent au-dessus de leurs boutiques arf/'o?'M;H ornan-
I Beclcr, Galliis 3, 111, p. 2S ; Gulil-Koner, Uben der Grierh. und liôm. ', Berlin,
1893, p. 774: Giisinan, Pompci, p. 217. — 2 Corp. inscr. lut. XII, 4377 ; L. Fricd-
laeoder, Sittengt-scli. Itoms ti, Leipz. Il (1889,, p. ii-43, rnppioclic à lort Corp.
mscT. lai. X, 410i (iuvile au lepoi sous un bois sacré). — 3 Corp. inscr. lai. XIII,
2031. — i Guhl-Koner, loc. cit. — 5 Overbeck, Op. l. fig. 186, p. 379, — 6 Corp.
inscr. (a(. X, 72'J3 -, Dessau, 16S0. — '' Aiin. delr/nst. X (1838l,p. 168.— » Gcrliai-d,
i\'eap. anl. Dildw. p. 130, 491 ; Jalin, \erhandl. d. Siïciis. Oes. d. Wiss. pli.-h.
Cl. XIII {ISCli, p. 330 sq. —'' Visconli, Atli deW Accad. llom. X111(I843), p. 258 ;
Bull, dtir Inst. 18111, p. 20; Jalin, loc. cit. p. 353. — 10 Ainsi le relief (Jaljn,
pi. 71, 3) que Trcu [Arclt. Anz. IV (1889), p. 101-2) donnait dubilalivemenl pour
un signum, et où l'on volt la boutique d'un cbarcuLier, est sûrement funéraire,
dit Hiilsen {0. l. p. 1 .0, note 1). — " Gori, Inscr. elr. Flor. 1731, II, p. 20-21 :
Jalin, Op. cit. p. 371-3, pi. xi. 2-3. — 12 Ihid. pi. \m. 2; Zoega, Bnssirilicii,
Roma, 1808, 1,27; contrairement Winckelmann y voyait, sans vraisemblance,
un fragment de sarcopbagn ; Gall. Ciustin. Il, 112. — IJ I, 007 sq. — !'• I.insir.
Dioi/enes slruclor; Mau-Kelscy, l'ompei, ils life and art, New-Vork, 1899, p. 379-
380; ne peut être que la signature d'un ouvner — 15 Sic Gatti, Bull. cum.
1887, p. 52-56. — >6 Liv. IX, 40, 16. — " Cic. De orut. Il, 00, 200; Quint.
SIG
dum "^ ; l'un d'eux devint très célèbre à Rome; plusieurs
auteurs, en effet, se rencontrent pour en fixer le sou-
venir '' Il dominait l'une des labernae novae '* ; sur
ce bouclier [in .iriito cimbrico) était peint un (jaulois
tirant la langue '\ Peut-être l'avait-on placé, ainsi que
les autres boucliers, entre les deux étages des magasins,
au-dessous des balcons [pergula, mae.nianum], ou à la
hauteur même des maeniana; ceux-ci, aux tubernac
veleres, avaient été peints par Sérapion, selon le témoi-
gnage de Varron -" ; il s'agit peut-être des réclames de
commerçants qui s'y adossaient. Un bas-relief en
marbre '-' représente (fig. 64.j3j trois femmes nues, debout
devant une autre assise et d'aspect matronal qui semble
faire un signe engageant; il n'est pas défendu de penser
avec Jordan" que c'est \k l'enseigne de quelque sala.r
labernn " ; au-dessous du sujet, l'inscription bizarre:
arf.s'0/'o/-es////, en caractères qui indiquent l'époque des
Flaviens. On a imaginé un lien de parenté entre les mere-
trices enlacées dans l'attitude des trois Grâces''* et leur
patronne [lena ou conciliatrixY''' ; ou bien il faut rap-
Fig. 0V53.
; ,,nutr.
procher ce monument de quelqueautre, de nous inconnu,
situé dans un carrefour et donnant son nomà une maison
voisine. Tel était l'usage antique ; une maison n'avait
généralement pas de numéro comme aujourd'hui ;
même un domicile particulier, sans magasin ni
trafic, était souvent nommé d'après une particularité de
la rue ou une enseigne choisie par le propriétaire. Au-
guste naquit ad capiln bubula " (dans la maison (lu.n
tètes debœuf), Dom'ûian ad 7)iaium punicum "(« la f/re-
Insl. or. VI, 3, 38; Plin. //. n. XXXV, Î5. - i« Quinlilieu parle des labernae
veleres; aussi H. Thédenat {Le Forum romain, Paris, 1908, p. 111) suppose deui
panneaux peints au même sujet, se faisant vis-ii-vis sur la place publique.
— 19 Telle est l'interprélalion la plus rdpan lue. R. Laurent- Vibcrt (Hélant/, de
Borne, XXVIII (1908), p. 333-301) estime, avec quelque vraisemblance, c|ue les
boucliers pris à l'ennemi ne durent orner les labernae qu'au jour du lriom|ilic;
lo Gaulois peint, ce serait une dédu'ation cimbrique, non romaine. — 20 Ap. l'Un.
H. n. XXXV, tl3 ;cf. Vitruv. V, 1, 2. — 21 Gerhard, Berlin s anl. Bildw. 1836,
p. 12.3, n" 340 (prov. Rome), parait croire à un relief funéraire. — 22 Archaol. Zeit.
XXIX (1872), p. 00 sq. ; la lig. a la p. 63 ; signum, disait aussi déjà Visconti (Atli
delV Accad. Bom. ibid.) ; Bull. d. Inst. 1861, p. 20 ; Jahn, loc. cil. note 242.
— 23fJatull. XXWll, 1.— 21 Plutôt que les (res /'"ortunne, tj.ooa'.Tl/.ai (/4n(/i. P'an.
IV, 40) ; cf. Jordan, O. c. p. 77 sq. — 2^ Pour les lupanars, les insiynia lesplus
fré.|uenls étaient : les serpents symboliques (et prophylactiques), quelipie gcnius loci,
ou un phallus (Gusman, Pompéi, p. 259 sq. ; add. Overbeck, Pompei, p. 380) ; mais
il ne faut pas oublier que le phallus est un 4Ko,oi^a,ov de porlée très générale [amu-
i.ETUM, fascincm]. — 26 Suct. Aug. 5, 1. —21 Id. Dom. I, 1. Domo guain postea in
templum gentis Flaviae convertit.
SI G
I33i —
SIG
nade). Ces <>xpro.ssions désigiionl [H'ul-rlro à la l'ois la
innison iikmiii' ' ol le r/cv/.* avoisiiiant, l'un ayanl imii-
lininU'soii nom à l'autre. Lo niarfhand rib Herciil(i'\ l'ri-
7iug(enio) - avait un Hercule à sa porte ou dans son
voisinage ; on ne saurait rien aHIrmer de plus. Visconli
a cité ' nombre d'exemples analogues. On peut rappro-
cher des noms de stations qui ligurent dans les notices
géograpliiques et les itinéraires : ad aquilain vuijorcm
(ou minorpm), ad Mercurios, ad (jallum gallina-
ceum, etc. S sans doute des lieux-dits, qualiliés d'après
l'enseigne de l'auberge et relai. qui y était le principal
(ou le seul) vestige de vie humaine.
III. Signiim, <7/;|j.£îov, signal transmis à distance.
Végèce ' distingue, dans la vie militaire, les signes
vocaux {rocalia), donnés par la voix humaine, comme
les ordres des chefs ou les mots de passe [tessera]", les
semi-vocaux {semi-vocafia), tirés des instruments
sonores [BrciNA^ cornu, ti'ba], et les signes muets [tnii/a),
parmi lesquels il compte les emblèmes, (iiîu.aTa, ligures
sur les boucliers [clipeis, p. 1252, 1254; legio, p. 1009,
1093], les enseignes et notamment les étendards; ceux-
ci font l'objet d'un article spécial [signa militaria].
Les drapeaux avaient aussi leur emploi dans la vie
civile. A Athènes, un drapeau haussé ou baissé appelait
les citoyens aux assemblées [boilè, p. o21 ; ekklèsia,
p. 7611; à Rome un étendard était hissé sur le
Capitole pour la réunion des comices par centuries [comi-
TIA, p. 1394, 1399].
11 y faut ajouter les transmissions de nouvelles à
grande distance ''. Faute de moyens optiques comme
nos verres grossissants, les anciens ne pouvaient recourir
qu'il des signaux visibles de très loin. De bonne heure,
ils avaient employé les feux de rivage pour rappeler
aux navigateurs les passes dangereuses et les écueils
[puARLs] ; mais la flamme n'atlire l'attention que dans
l'obscurité ; pour les communications de jour, on y
dut substituer la fumée '. Encore celle-ci reste-t-elle
peu visible dans les lointains, dès qu'il s'élève un vent
violent ou une brume légère; avec elle, ni apparitions,
ni disparitions soudaines; aussi, dans nos sources, les
signaux de feu surtout sont mentionnés (Ttupc-Eia, irupad;,
(ppuxTo;, œpuxTiopta, opuxTiopo; ', ignis, lumen). La fête
des feux [pyrson héortè], à Argos, consacrait la tradition
très ancienne des signaux de feu au moyen desquels
une des Danaïdes, Ilypermnestre, avait guidé la fuite de
son époux Lyncée.Curtius y voyait le souvenir d'un usage
introduit dans l'Argolide parles Phéniciens.
Le premier exemple qu'en fournisse l'histoire grecque
remonte au siège de Paros par Milliade '" ; de nombreuses
allusions y sont faites au temps des guerres persiques,
notamment dans les tragiques"; elles ne font d'abord
1 Ce n'esl pas Houleux liaiis i|ucli|ues cas : on dis:iil aJ iJamninm pour
indiquer les iliaelae Mammeae (Laniprid. Alex.- Un: 26, S); dauli-rs fois, la
cliosc rcslc inccrlaine. L'ipicn (Uig. IV, 4, .1, IC) nomme un laliernariiis ad
bacinum ; ces derniers mots pcuveul d^-ljnir son signum ; cf. l'enseigne aU
mappom ouream [happa]. — 2 Cor/>. inscr. lai. VI,9CV3. — 3 A(/, aeW Accad. /lom.,
loc. cit. — ' Sllrquardl, Vie priv. des /lom. Ir. fr. II, p. lût. Voj . en géni^ral,
Jalin, Darstell. antiker /telief, in Derichte tiber die Verhandl. d. kgl. s/ichs. Ges.
Jer Witt., pkil.-hist. Cl. XIII (ISGl), p. i9l-3T*)-, II. Jordan, Ucber rôm. Ausliûn-
geschilder (Arcliûol. Zeil. XXIX (I87i), p. 65-79): P. Uusman, Pompéi, Paris [lUOOJ,
p. in-iii. — - Kpil. 111, 5. — 0 Virg. Aen. VII, 037: // bello lessera sigmm;
Pol; II. VI, 3V, 7-12. — 7 Pour le mode primiUrde iK'claralion de guerre par un nussiipoî,
personnage sacr6, lançanl une lorcbe entre les deux belligérants, voir rAx, p. 1027.
— 8 Vcgcl. L. c. : Si divisae sunt copiae, per noctem flammis, per diem fumo
significanl sociis quod aliter non polesl nunliari ; Kronlin. Il, 5, 16, en dit autant
des Arabes, qui n'ont fait que copier leurs devanciers. — y Ces termes s'opposent
supposer aucun langage convenu, ou du moins les feux
ne semblent donner la nouvelle que d'une seule solution
prévue; un immense amas de feuilles sèches incendii'
produit une clarté forte et soutenue'-. Les Perses usaient,
dès le commencement du v" siècle, de ce procédé'^ ;
Mardoniiis, en Béotie, espérait faire connaître au Grand
Roi, demeuré à Sardes, la prise d'Athènes, au moyen de
torches allumées dans les îles". Les Grecs paraissent,
dès la seconde guerre persique, l'avoir perfectionné''.
En tout cas, lors de la guerre du Péloponèse, on dis-
tingue déjà les Ttupuo! (ou tppuxxot) cpîXiot et les r.. (ou
(p.) T:ùli]j.{oi "^ : les premiers, qui annoncent la venue des
amis ou alliés, s'élèvent avec calme ; les seconds, signa-
lant l'approche des adversaires, sont donnés par des
torches vivement agitées '^ Deux siècles plus tard, ce
système est encore en usage '*, malgré les erreurs
auxquelles il prêtait '^ ;les Lacédénioniens l'éprouvèrent,
lorsque, attaqués dans leurs retranchements par les
Platéens assiégés, ils demandèrent du secours aux
Thébains ; ceux-ci furent complètement désorientés par
la ruse des Platéens, qui allumèrent les mêmes feux
que leurs ennemis-".
Vers la même date, le tacticien Énée, dans un ouvrage
perdu, écrivait sur la question : il s'y arrête peu dans sa
Poliorcétif/iie'^\ où il traite du choix des postes de trans-
mission (cppuxToip'.ov) ■-'- et des signaux de rassemblement
du soir pour les citadins dispersés dans la campagne -^ Il
avait lui-même développé cette « télégraphie », et son
système nous est exposé par Polybe -\ à propos des
signaux de feu que Philippe de Macédoine se lit adresser
en ïliessalie, au mont Tisaion. Les vieux systèmes si
élémentaires ne convenaient qu'aux signaux convenus
((7uv6v|jj.aTx); or l'imprévu surtout est à connaître; Énée
a voulu au moins élargir les prévisions. Les deux partis
appelés à correspondre fabriquent et pourvoient des
mêmes accessoires deux vases de terre identiques ; ils
adaptent au col un bouchon de liège de même diamètre,
et y fichent verticalement dans le milieu un bâton,
où sont marquées des divisions, dont chacune reçoit
une inscription bien nette, indiquant un des nombreux
événements possibles au cours d'une guerre; les deux
vases sont percés d'un trou inférieur tout pareil. On les
remplit d'eau et on les débouche simultanément; les
deux lièges s'abaissent, pendant que le liquide s'écoule;
les bâtons s'enfoncent et sur chacun, de même vitesse, les
mêmes inscriptions descendent tour à tour au niveau
supérieur du vase. L'identité parfaite ainsi constatée,
chaque parti emporte un appareil. Le moment venu,
une flamme annonce l'émission d'une dt'pêche; une
autre répond: envoyez. Des deux parts, on laisse béantes
les ouvertures, rebouchées à un nouveau signal de feu ; la
à -ufà, désign:int les feux de bivouac <|iii ne sont point destinés à être vus: Tbuc,
Vlll, 102, i i add. //, Vlll, 509, 554, etc.; Hcrodot. IV, 134; Xen, Cyr. 111, 3, 25;
tiell. VI, 2, 29; Aesch, Ag. 490. — 10 Eplioi-, ap. Si, Byz, s. l>. n^pot (fr, 137,
Millier); C, Nep. Mitt. 7, 3-V. — " Aesch, Ag. 292 sq.; add, 33, 490; Sopb, fr,
379,3 Dind.: Eur. Hhes. 53; cf. Arislopb, Ai: 1161; I.ycophr, .t/e,r, 343,
— 12 S)tvoa<ra lanci; S' ojS.,:», |i«ujou|i!v,i (Acscb, Ag. 290). — '3 Arislol. De
mund. VI, 12. — li Uerodot, IX, 3, I. — 15 Hérodote Vil. 1S2, 2, est peu net à
ce sujet. — m Tbuc, 11, 94, t ; III, 80, — 17 Scbol. ad Tbuc. loc. cil. — i» Po-
lyaen. Il, 28, 2 (an, iiil'i-.i). Jules César se servit îles feux en Gaule {Bell, gall .
Il, 43). — '9 Tous prélaicnl à l'erreur du reste; St. Byi, loc. cil. signale celle qui
résulte d'un feu spoulaiiéinent allumé, — :;OTbuc. III, 22, 8; Polyaen, VI, 19, 2.
— 21 Vil, 3, ap, Kœcbly-Riislow, Oriech. Kriegsschriftsletler. Leipz, 1 (1833),
p. 28 : i; «rpu« T0Ù5 ççu.Toùî, il l'a indiqué Iv tS n«j«».eua.i,«5, — '-iS Cf, Plut.
Pomp. 24, 2 ; Oiiosander, Slral. 23, 2-3, — 23 Aen, T, VI, 2 {ibid. p, 2iî) ; Vil, i
(p, 28), — 2Ï X, 43-45, 3 (cf, Kuicbly-Rûstow, I, p, 131 sq,) ; add. Pbil. Byl, 11, 31,
SIG
— i:»35 —
SIG
coinmunicalioii faite est culle qui se lit au reliord du vase.
Sysl.ème insuffisant, dit l'olybe, qui employa lui-même
le suivant, inventé par Cléoxénos et Démoclilos '. Divi-
sant Talpiiabet en ô séries de 5 lettres (la dernière de i),
chaque parti prépare 5 tableaux et écrit sur chacun la
série des lettres dans Tordre naturel ; puis il dispose
deux groupes de 3 feux chacun, qu'on observe avec une
dioptre [asthoixomia, p. 489] ^, et dont un dispositif
permet de laisser voir ou de cacher le nombre voulu. Les
dix feux simultanés annoncent une dépêche ; dix en
réponse signifient: quand vous voudrez. La formule est
réduite au minimum; ex.: cn-Kihavs axf^-cr^yoi;. Un feu à
gauche, un à droite, veulent dire : tablette 1, lettre 1 (A);
•4 feux à gauche, 1 à droite: tablette 4, lettre 1 (fl);
ainsi de suite. Toute communication devient permise et,
ajoute Polybe, s'opère plus vite qu'on ne supposerait.
A cette méthode, les Romains, d'après une source
grecque % eurent le faible mérite d'apporter des modifi-
cations : 3 tableaux au lieu de 3 (a-9, i-tc, p-w), avec
3 postes d'émission ; pour^, 2 signaux à gauche ; pour y,
3 à gauclie ; pour i, 1 au milieu, etc. Les agents de ré-
ception * transcrivent les lettres au fur et à mesure et
aussitôt après les transmettent à d'autres postes.
Tels semblent être les derniers progrès réalisés en
matière de fanaux de guerre. L'Anonyme de Byzance\
sous Justinien, n'y ajoute à peu près rien": tenir prêles
des broussailles, des branches, du fourrage sec, avoir
toujours de la pierre à feu; en jetant sur la flamme de
l'étoupe, on obtient une épaisse fumée. Les agents de ce
service doivent être solides au poste comme des senti-
nelles'. Ce tacticien se
préoccupe moins de la
grande guerre que de la
garde des confins : l'en-
nemi se montre parfois
de jour, recule la nuit,
reparait au matin ; si on
le signale chaque fois,
les populations finissent
par ne plus s'en rap-
porter aux agents du
guet ettombentvictimes
d'une attaque efl'ective.
Il ne faut de signal qu'à
la première alerte.
Sur le LIMES romain,
on ne se bornait pas à
choisir des positions favorables; il y avait des tours
de guet [spécula)* établies de distance en distance sur
les points dominants, oii l'on montait par un escalier
' Id. X, 45, G-i7. — 2 Add, C. Germain de Montauzan, Essai sur la science
et l'art de l'ingénieur romain, Paris, lOUD. p. 51 sq. — 3 Ap. Jul. Afric. Kiax. o;
(Kœchly-Ruslow, Op. cit. Il, 2 (Is55). p. 313-317). — iEngrcc, «îitufoufoilF'oIjaen.
111, 0, 55) ou .fu.t..ijo.' (Id. Il, as, i). — b Vlll, 1-8 : «ç'i i.up».-.»a; Situ,; o!,o„m«<>'
«Otois (KœclilyUiislow, iôiil. Il, i, p. (i2-ClJ. — 6 Expédient mis/'ralile : aiilanl de
flammes qu'on «oupronno de milliers d'ennemis {Vlll, 0). — ^ l'olyacn (11, i8, -2)
parle du général Magas qui corrompit des epux-cuoit et abusa ainsi l'ennemi.
— 8 Plin. H. nat. XXXV, 48 ; Cic. In Verr. il, 5, 35 ; Lucan. VI, 27'J.
— 1 R. Gagnai, L'Armie rom. d'Afrique, Paris, 18'Ji, p. C82-3 ; Cli. Uielil,
L'Afrique byzantine, Paris, IS'JC, p. 143. — '» Cm-p. inscr. lut. Vlll, xjn'.i.
— II FrSlnuT. Col. fraj. pi. xivni. — l'^iColiauscn, Oie rom. Gren:ual.
/Jeulach. p. 81; Muizcll, Abltandl. der Uaijer. Miad. 185(1, p. 381. — '3 De La
Blanclière, Arch. des Miss, i" série, X (1883), p. 121, noie 3 ; Mercier, Bull. arch.
du Comité, 1885, p. 139. — 14 V. Gliapol, La Frontière de l'Euphrate, Paris,
1907, p. 36i. — lii L. cit. : Aliquanti in eastellorum au turbium turribus adpendunt
traOcs, quibus aliquando crectis, atiquando depositis, indicant quae yeruntur.
Fig. 6434. — Tour de guel.
intérieur, ou au deiiors par une échelle '; elles étaient
en contact étroit avec les fortins du voisinage, et même
la population civile en tirait parti pour donner l'éveil'".
Ces tours sont représentées (fig. 6434) sur la colonne
Trajane ", entourées de palissades, munies à l'étage
supérieur d'une galerie où brûle une torche de très
grande taille. On en a retrouvé les traces sur les fron-
tières du nord de l'Empire '^ ; elles étaient nombreuses
en Mauritanie" et sur la frontière d'Orient ". Chose
curieuse, dont Végôce'" seul nous avise, on envoyait
encore des dépêches au moyen de poutres tour à tour
dressées ou abaissées suivant un formulaire secret,
ébauche primitive du télégraphe Chappe.
En mer, les signaux étaient encore plus nécessaires
que sur la terre ferme, les communications par quelque
autre voie étant plus lentes et moins sûres ; les divers
peuples y avaient recours, err particulier aux signaux
lumineux. Dès le début du v"' siècle, le moyen consistant
à faire miroiter un rayon de soleil sur un bouclier nous
est présenté comme une invention des Alcméonides '^
D'autres nations l'empruntèrent aux Athéniens, qui
continuèrent à s'en servir '\ En dehors de ce détail
précis, les auteurs mentionnent des sriixeïa ou sir/na
ordonnant telle ou telle manœuvre ", sans autre indi-
cation. Parfois tous les bâtiments d'une escadre ont
leurs fanaux; dans la flotte romaine de 204 av. J.-C,
Vinsigne nocturnum comprend : trois lumières sur le
vaisseau amiral, deux sur ciiaque transport, une sur tout
vaisseau de ligne". Mais, en général, la galère du com-
mandant en chef a seule"" un signe distinctif très visible :
de jour un pavillon, de nuit une lanterne -' ; dressé, ce
pavillon invite au combat^^; il est rouge d'ordinaire,
d'où l'expression âTtat'psiv T-f|V cpoivixi'oa'-" ; mais le fanal
n'est guère qu'un signe de ralliement -', au moins s'il
demeure immobile. Le vaisseau amiral allant en tête, sa
lanterne brille à la poupe '% pour être mieux vue de ceux
qui suivent; c'est là qu'onla voit fixée, sur un bas-relief de
la colonne Trajane (fig. 3281). Pour les pavillons et autres
signaux, voy. navis (fig. 3271-5274, 5293,5^91) et stylis.
Pour le signal de commencer les jeux, v. mappa.
IV. Signum désigne fréquemment'" une variété de
nomcomplémen taire, qui fut d'abord un sobriquet relié au
nom par et, qui et, h xai, idem, sive [nomen, p. 96], et de-
vint sous l'Empire comme une distinction, la marque d'un
homme de qualité. Ces derniers signa sont des collectifs
(originairement des noms de groupes) tirés le plus sou-
vent de noms abstraits latins (ainsi A/jundantius, Coii-
stantiusj ou grecs [Athanasius, Eusebius), ou encore de
noms pvopvea (//ammoniiis, Cerberius, Dardanius). Ils
ne remontent guère au delà de la fin du n" siècle^' ; ils
— ISHcrodot. VI, 115.— " Uiod. Sic. XX, 51, 1 ; Xen. Hcll. 11. I, il; c'Olait,
semble-l-il, principalement un signal d'attaque (Plut. Lijs. 11.2: 'tm-Ki.uu). — 11* Si-
gna de gagner le large : Herûdot. VII, 128, 2; d'avancer sur l'ennemi : Dio Cas^.
L, 31, 5; de jeter l'ancre cl déliarfiuer : Polyaen. ill, 9, G3. Plus vaguement:
llerodol. VIII, 92, I ; TIlUC. Il, 90, 4 ; Xen. Ilell. VI, 2. 30 ; Appian. U. civ. V, 55 ;
PluL Anl.m, 1. — 19 Liv. XXIX, 25, Il -, Polyaen. V, in, 2; VI, U. —20 Tac.
Uist. V,
; praetor
■itlo
Appia
a. d'il. Il, 89.
oppose -ôv X«(ntT*;j« (pour la nuit) et xi ir.iAsriv (pour le jour) ; add. Xen. Hell.
V, 1, 8; Diod. XX, 75, 5; Seï. Pompée éteint cette lanterne pour prendre la
fuite (Flor. II. 18, 9, Hossbacli). — 22 Ilirl. Hell. Alex. 45, 3; cf. Tliuc. I, 49, I.
— 23 Polyb. Il, 60, 1 1 ; Uiod. XIII, 46, 3 et 77, 3 ; XIV, 26 ; Polyaen. I. i8, 2 et 5 ;
Anian. Uisp. 911; Léo Tact. XIX, 42. — 2t Dio Cass. XLIX, 17, 2 ; Liv. XXXVII,
24, 4. — 25 Procop. JJ. Vnnd. I, 13, 3, Haury. —26 Dans une quarantaine d'inscr.
latines; on trouve uue fois ^r.iAiTov dans une épigramme {Inscr. gr. Sic. Itat. 935).
— 21 Ex. isolés sous Trajan (Corp. inscr. lot. X, 1729) et Antonin le Pieux
(Ibid. IX, 1101).
SIC.
— 1336
SIG
ont, en géni'i-al. la teriniiiaison en ius, qui n'est pas celle
des surnoms (c«(//io«i/«rt), mais on ne les trouve pas au
nominatif ; ils sont presque toujours au génitif, sin-
gulier ou pluriel, plus rarement au datif, et, chose remar-
quable, le môme génitif on (, sauf exceptions négligeables,
sert pour le masculin et le féminin'. Le s'ujnum, dans
les inscriptions, est placé en tète- ou à la fin ^ On le
distinguera donc et du cor/iioinen et des sobriquets.
L'origine en paraît être dans les cercles qui se formèrent
en Grèce et portèrent le nom de leur fondateur ' :
'AoicT£iÔ£to'., «PtÀoxTfdTEioi, ctc. ; aussl HO se rencontre-t-il
que chez les gens de naissance; il est interdit complè-
tement aux esclaves, et presque aux affranchis^; dans
l'aristocratie seule, en effet, s'étaient développés les
cercles et les sociétés. Les chrétiens prolitèrenl de cet
usage pour prendre des noms qui rappelaient l'idée de
communauté: Sijiier(/ius,Sijncshius, Sijnodiuf!,e\.c. Ces
signa se retrouvent en acrostiche dans les épitaphes";
ils sont fréquemment employés dans les dédicaces, les
formules de vœux, les acclamations ' ; les verbes mêmes
qui servaient à ces dernières, transcrits avec iotacisme,
donnèrent naissance à de nouveaux signa : ainsi Grvgori
représente YpY,vop£i'. A la longue, le signuni tendit à
devenir un sobriquet, même un cngnomen ". En somme,
il est latin par sa formation, mais dérive d'ime insti-
tution grecque.
ÎSous renvoyons à ce qui est dit ailleurs pour d'autres
emplois du mot signuin. Signes célestes, prodiges,
constellations [astro.nomia, divinatio, p. 293, zodiacis^.
Signes divinatoires [aispicia]. Figures, statues, reliefs,
[scuLPTURA, siGiLLU.M, STATL'A, iMACo]. Empreintes et aussi
contre-marques monétaires [jioneta, lncusa signa]. Signes
d'abréviation [nota, si'.riptira, p. 1133 sq.]. Objets ser-
vant de moyens de reconnaissance [crepundia].
Victor Cbapot.
1 .Vhoc. bullett. di arcli. cri&t. 1897, p. 12S : AuTf.Ua Musa... sig. Amanti.
— -Corp. insci: lat.X, 1729 : D. M. Gregorio M. Vlep, A'icep/iori Aug. Ub....
— 3 Jbid. 111, '2700.... sig. Eqiiitii; 2290 :.... siynu Simplici. — i Dielil, Dos
Signum in Iliwin-Mus. N. F. LXll, 1907, p. 416 st|. — 5 Eiceplion, note 2.
— 6 Bûcliclev, Ciirm. i-pigr. 1814. — 7 Inscr. gr. Sic. Ital. 2117 'A-,iv-.:
l'riùjt : Corp. inscr. Int. Il, 43;iO : Atelhi avi; ; sur une briiiue ; Cfiioni viias [ibid.
4967, 33) ; sur un anneau : Simplici ulere felix (1976, 31). — 8 De mtmeEupsgchi
= tiiO,.. (Coi-p. inscr. fo(. XIV, G3C); A'n^i/c/ii = lOTi/i, (XI, 6716, 5u). — a Uiulil,
ibid. p. 406, 408. V. en général W. Scbulzc, Graeca Lalina, Gôttingcr Programm,
1901: Th. Momnisen, .^allmtius = Satutiiis imd das Signum {Hermès, XXXVll
(lU02),p. HS.i.lD); Eiu. DichI, O. t.
SIGYNA. I U forme aiYJv» parail préférable. Si le nom de l'arme, ainsi i|ue
l'arme ellc-môme, est, comme je le pense, d'origine lliraco-illyricune, son radical se
rapproche tout naturellement de celui de fiea, et la lermiuaison en uva ou uv,; est
fré(|ucnte dans les dialecles tliraco-illi riens (l'harj na, Billénd). Le fait i|ue le r, ini-
tial est parfois remplacé par uu ; est une caractéristirpie de ces dialecles. IJuant à
raltei-Daiice du y avec un S, elle a pu se faire sous l'iutluencc de noms de pecsoune
comme Sibyiir (Balon ap. Alh. XIV, 602 c) oaSibinas (Euscb. Mari. Palcst. 9) et
sous celle du nom du carquois, ouôr.vT,, souvent confondu avec celui du javelot.
— i llerod. V, 9 : E.^r :««;... Kico.oiTiSijaT«. Voirn. 4 et 12. Je rappelle quon a lu
Sibinai le nom égyptien de Chypre qu'on préfère lire aujourd'hui Asi ou Asinai
ou Alasya (cf. Maspcro, V.-r. de i'Ac, Inscr. 1886, p. 361). — 3 Arist. foet. 21 :
(jiTfjvav Kuic^îot; KÙftov. Cyprius, ad loc. ta çysTà SopttTa, r, T'.ù; ô*/.0(r[S/,pou; âxovia;.
— t El. Magn. ». r. : o! KOtf.oi ti «-.fuT» «riYiivoi,; •««; ; Schol. ad. Apoll. Khod.
11, 98 ; fftjùvvo-.»; xaXoJffiv o't Kùsçiot tw ixôvT «. — 5 Apoll. Argon. Il, 99 : utYÛv.ouî
l»o; ivao/ifiiï^i coulre les Dioscures. I.ycophron (4(ci. 556) donne la sigyne
à Polluï. — CLc vers d'Enuius, (a;<. Kesl. p. 336 M) : lUyrici restant sicis sibi-
nisguc patentes, se rapporte sans doute à la guerre istrii|uc de 178/7. C'est le seul
lexle latin où cette arme soit citée ; mais il faut en rapprocher proliahlemeiit le sibo
que mentionne AuluGelle, X, 26, 2.-7 Herod. L. cit. et Apoll. Argon.
IV, 320; et schol. : T^; 8i xa'i o.'ju.vo; tîSos So;iiTo; itajcjvuiiov t.j i«vi.. Apollo-
nius les place prés de l'Ile de l'eukc. c'csi-à-dirc aux houclies du Danube;
Hérodote au delà du Danube, d'où ils s'étendraient jus(|u'au\ frontières des
Vénèlcs. Il ajoute que les Ligures qui vivent au-dessus de Marseille donnent le nom
dcsijyiiniii aux trafiquants. Slrabon, p. 520, appli.pie la description d'Hérodole aux
EiYf.vot (|u'il place dans le Caucase et l'on a voulu voir des Sigynnes dans les Sigy-
pédes de Treb. Pollion, Ctaud. 0, et dans les Za.v,i-iai, t'6,oç Exuôia; d'Élienne
SIG'l'XA (Scyijva) '. — Hérodote est le premier auteur
qui mentionne celte arme: sigyi^na serait le nom que
les Chypriotes donnaient à leur lance ^. Ce fait est con-
firmé par Aristote, qui emploie la forme siggnon' etjiar
VEtymologicum Magnum au mot siggnos '. C'est de celte
forme que se sert aussi Apollonius de Rhodes quand il
fait brandir les sigynnoi par les Bébryces de Bilhynie^.
Les Bébryces viennent de Thrace, oii ils ont pu être en
rapport d'une part avec les lllyriens, auxquels Ennius
donne des sibi/nae'^, de l'autre avec la peuplade des
Sigynnes, qu'Hérodote et Apollonius placent en Mésie
supérieure". Les anciens ont cru les Sigynnes issus des
Mèdcs parce qu'ils portaient le même vêtement. Or, quand
Athénée montre Alexandre revêtant le costume perse,
il lui attribue l'arc et la sibgné^ et, sur son char funé-
raire, les essieux, d'après Diodore, auraient été garnis
de protomes de lions avec une sibyné entre les dents'.
Le même historien parle de gardes d'Agatliocle por-
tant la sibylle'". De nombreux textes montrent la
sigyne devenue, à l'époque hellénistique, une arme
de chasse usitée dans tout le monde grec" ; dans une
énumération des cinq concours du pentathle, sigyn-
nus prend la place d'akontion'"^, et Polybe, pour faire
comprendre la structure du pi/um léger, se borne à h'
dire identique aux sibynes de dimension moyenne'^.
Le passage de Polybe n'explique pas seulement que
des lexicographes aient pu qualifier cette arme illyrienne
et chypriote de « javelot romain » " ou de « pique des
Macédoniens »''; c'est le meilleur document que nous
possédions sur sa forme. Les autres renseignements con-
sistent en deux épitiiètes dont des poètes accompagnent
le nom de l'arme de chasse, « k la large pointe »" et
« à la dent crochue »'', et en des définitions de lexico-
graphes qui en font un trait lisse en fer tout d'une
pièce". La même définition et des épithètes semblables
de Byzauce. Pour la discussion ethnographique \oir Miillenholl', Dentsclie Alter-
thtimsktinde, 111, p. 1; C. Jullian, /lev. des Et. anciennes, 1906, p. 120; et
surtout J.-L. Myres, The Siggnnae of Herodotus, dans les A «fAro^o/. Essays
presented lo E. B. Tylor, 1908, p. 235-76. — 8 Ephippos ap. Athen. XII,
537 e. — 9 Diod. XVIll, 27,3 : auSr..,,- K. F. Millier, ùer Leichenvagen
Atexanders, 1905, p. 70, allègue des monnaies de Paulicapee avec prolome de
lion portant un court javelot dans la gueule {ttritish .Muséum Catul. p. .3,.
De même à Cardia et sur les monnaies de rois de Macédoine du iv siècle
(Macdonald, Coll. Uunter, p. 287), sur les as de Capouc. Vénouse et Pérouse,
du rv' s. (Garrucci, pi. xi.i, I ; xi.ii, I; ixix, 1 ; Lxix, 1 ; i.xxxvii, il ; ii.iv, 17-8;
xcv, 43 ; cxxvn, 8, 23-6) et sur une urne à reliefs de Pérouse (Concslabile, Pe-
rui/in, pi. i-xxx, 3 et 4). Le javelut, notamment à Pauticapée, est nellcment
barbelé. —'0 Diod. XX, 33. — " Allien. IV, 130 b : Oppian. Cyneg. I, 132;
Anlh. I>al. VI, 93, 2: „Si,r,. ; 170, 1 ; VII, 421, 1; V, 578, 'î. VEtym. Magn.
s. r. explique que le •Tiv.jv'>; doit son nom à ce qu'il sert surtout dans l.t
chasse aux sangliers, d'où l'étymologie ; nutxittvo;, à Toii; «ri;; xaîvwv, oiovEt xe>-:-~.v,
et c'est peut-éire cette arme (juc veut désigner la o.osôvxi; "aôy/.!) de Anth. Pat.
XI, 194, 3. D'après Ucsychius, ce serait surtout Parme de la chasse aux cerfs:
duSi'vii '>a<i;o6a»v, liiCa.D». — >3 Schol. in Plat. Amat. 4, p. 384: eriY^ivo; S' ïot'i
iuirtbv Soju, i!«fà 'BjoSoTu Si TÔ oUsîSufov ixdvti^v. — 13 Polyb. VI, 23, 9 :
ûffTo: Xent'.t wixaiTt <rt6uvtoi; cu(i[*£T3^i;. Hes\chius écrit : ZtSûvia, "aoy;^'^'»
Hixçâ. Pbilon montre l'ennemi repoussé des remparts : toTç tê ixavTt'ot; x«'i Ta?;
!;.lSiva.;, Belop. p. 92 (cf. p. 99). — H Suidas : E>;ù.7;. àxivT..,y Puii.ixév.
— t5 Suidas, oifûvï; xa'. iKi-Jvinv Ta SopaTot lîapw. MaxeSofftv. — "» Oppian. Cyneg.
I, 152 ; EOguxàjïjvov. Peut-être doit-on rapprocher le vers d'.\lesis : *£p£ ttjv ffiGûvr.v
xit «-kocTi'/ioTZ» (F'oMux, X, 144; Meineke, Com.Gr. p. 722). — n An(A. Pat.\'\, 176:
àyxu'AoSovta. Le sigyne cumporlait doue un croc; ou peul en voir une confirmation
dans le verset d'isa'ie où il montre, à l'arrivée du Messie, les sabres transformés
en fer de charrue, xa'. to; ^ ôùvot; tl; SpÉïiava (II, 4). Les Septante emploient encore
î;iÇûvïi dans Jer. VI, 23 ; Judith. \, 13. Tertullieu, 1. Adv. Marcion., commentant
le verset d'isa'ie, explique : sibynas, genus venabulorum. — ts Schol. Apoll. Khod.
II, 9 : at^ùvvou;. àxovi» i'ion'Sr.pn ; Ëust. Ad II. 111, p. 381, 18 : : A<,.«Tpu> «<'t<i|i«ov
^ oi'yuvvov li; Èv UotuTta t^je'flT, t'o ôi-xriiïipov çr.ffiv «xô>Tt.iv ; VEtym., Magn. après
avoir cité le vers d'Apollonius, ajoute : àXXaj^^ù t^îy àoirtSicrxta [ttxpà, nûtâ^ta
X£Yo;i.tvo, tvTajOa Si SofaTa ôXouiSïipa ; et llesychius et Suidas définissent le sigyue
ô>oot'5i;9ov ÂxoyTtoy ^Xô^//, (ou «ritâOi] ajoute llesychius avec Pholius, qui écrit ircûvou;.
Ti SopoTK). Voiries notes 3 et 12 où la sigyue est ({ualiliée de Ija-hv.
I
SIL
sonl donni'es pour le gaesum, le veriiluin et le pilum;
c'esl donc dans ce groupe de javelols au fer très déve-
loppé et à la pointe parfois barbelée qu'il faut faire ren-
^
Fi>. «453. — Sigyna.
trer la sigyne. Les nécropoles de làge du bronze et du
début de lïige du fer, tant dans Vllli/r-icum' qu'en
Chypre^, fournissent de longues pointes à douille,
cylindriques ou quadrangulairos, mesurant de 0'°,40
àO°',8()^rig.Gio5), qui correspondent peut-étreau peuque
les textes nous apprennent de la sigyne. A. J.-Heinach.
SILKXTIARII'S. — Ce nom désigne d'abord, sous
rEiripire, des affranchis impériaux et des esclaves de
riches particuliers chargés de maintenir l'ordre et le
silence aux réceptions '.
Au Bas-Empire ^ on trouve à la cour, sous les ordres
du praeposiltis sacri cuOiculi et du maghlcr ofliriorum,
une milice composée de trente silentiurii et de leurs
chefs, les trois decurioneu, sans compter les surnumé-
raires, placés au-dessous des agentes in rébus. Ils ont
pour fonction principale de monter la garde en armes
devant le cubiciilum de l'Empereur et surtout devant les
portes du consistoire, quand il y siège, et de faire faire
silence \ Ils sonl chargés souvent aussi de missions
extraordinaires dans les provinces''.
De 413 à 437 une série de lois ' leurdonne, àleurretraite,
obtenue au bout de treize ans de service, l'entrée au Sénat
avec la dispense de la plupart des charges sénatoriales et
des munera sordida ^. En Orient, d'après une loi de 499,
ils sonl sénateurs, étant en charge. Ch. Lécbiv.^i.n.
SILtXL'S S.\TVRIJ.
SILIC.\Rli. — Ouvriers chargés de paver les routes
nécessaires pour le service des aqueducs, et de remettre
en état celles qu'on avait dégradées en plaçant les con-
duits ou en construisant des canaux'. E. Labatut.
SILIQLW (KspiTiov). — L'nité de la monnaie d'argent
byzantine de Julien à Héraclius'. La siliqua pesait nor-
malement 26''. 275 et correspondait comme valeur à une
silique d'or, c'est-à-dire I 1728 delà livre de ce métal ou
1, 24 du SOLIDIS. F. Lenorsiant.
I ilitlli.aus Boiuii-n. 111, p. Is; VI, p. SI :VI11, p. 9 ; l.\, pi. xuv. — 2G. Colonna-
Ceccaldi, Rev. arch. XXXVll (IS79), p. 374 (.t/o,i„m. antir/ues de Chypre, tSSi,
p. Ii9j, proposail de reconnaître la sigyne dans une lame de bronze de la colleclion
Cesnola (Cypern, pi. m) mesurant 0 ni. <'>43. Celte lameen rcuillede laurier avec Torlc
nervure centrale c|ui se prolonge par une lige finissant en crochet est proLablement
un poignard du type chypriote [plgio. p. 5S(i41. On doit plutôt consid^Ter comme une
sigyne la broche en bronze terminée par une douille et longue de il m. 79 (fig. 6455),
que Colonna-Ceccaldi dit a-oir vue dans la collection Cesoo!a. J.-L. Myres,
loc. cil. p. i73, à nuilarticle de Ccccaldi a échappé, voit des sisynes dans plusieurs
broches cylindriques à douiMc en fer provenant de la nécropole de Tama»sos, dont
la plus grande mesure 0 ra. 7:t5, et d'autres en bronze mesurant de 8i à 90 cenliraè-
Ires. Des pointes de ce type, maisdontlalongueur liedépassepasOm. ;)0. se retrouvent
dans les tombes des mercenaires chypriotes à Tanis, du vu" siècle (Flinders Pétrie,
Tanis, II, pi. III et Bronzes liritish Muséum, p. 345}. Myres incline à expliquer
par l'intermédiaire des envahisseurs indo-européens de la Cappadoce, au iiv" siècle,
la présence de la sif/yna à la fois dans les régions balkaniques el en Chypre. Sur
celte théorie, cf. K. v. Lichlenberg, Beitrâge z. âllesten Gescli. Kypros, 1900.
SILE\TIARII. I Senec. /;p. XLVII, i;Co>-p.imcr. lat. VI, i, 9041-42, Cil 7. L'in-
scription Orelli;3 193 qui mentionne unsi7en(irtii«s parait suspecte.— 2 C'orf. Theod. C,
iJ; 8, 7, 5 ; Cad. Jmt. 12, tii. — 3 Ambros. tir. deobit. Va/e»i(. SC ;Salvian. deCuh.
Dei, 4, 9li : Philoslorg. 7, 7 ; Agath. 3, p. tOC : Evagr. 3, i9 ; Procop. Bel. Per. î,ît
DeAed.i.é ; Cyrill. Scylhop. Vi7. s. .S'o6.51 ; Kutil. .Numal. I, 503 ; Orelli-Henzen,
3191. Le consistoire, soit seul, soit plus lard en OrieDi réuni au Sénat, s'appelle pour
celte raison si/en iitm, iilentïaricitm (Cedren. p. 359, 47C; Justin. A'or. Gi).
— 4Albana5.,4f.o;. i; Animian. J0,4; Symmach. £'p. Î4; iuVnn. Ep. nd sen. pop. .Mh.
— 5 C. Th. 6. 23, 1-4 ; 1 1, 18, l'un. ;6, S, 21 : C. Jmt. 12, 16, 1 -4. - 6 C. Jusl. 12 16 3
Vin.
— 1337 - SIL
SILPHIUM (ili'Xçt&v). — Ce nom désignait chez les
Grecs et chez les Romains divers végétaux et produits
végétaux dont le plus célèbre est le fameux silphium de
Cyrénaïque. Les Grecs l'appelaient aussi silphium de
battos, BiTTou (7''Àçi&v', soit parce qu'il était dédié à
Battos, le fondateur de Cyrène, soit parce qu'il provenait
de la Cyrénaïque. On le trouve aussi
dénommé parfois ottô;, c'est-à-dire suc, le
suc par excellence. Le produit tiré de la
racine était appelé çtÇ'!a;, celui qu'on tirait
de la tige xauÀîaç'-. Les Romains appelaient
d'ordinaire le silphium Inscrpitium^ ou
laserpicium, laser, sirpe^, el, comme ,.,„ ,.,„.,
chez les Grecs, ces mots désignaient tout siiphium.
à la fois le végétal lui-même et le produit
qu'on en lirait, lin dehors de la Cyrénaïque, les anciens
mentionnent aussi d'autres plantes sous le nom de
silphium: dans l'Inde", dans laMédie'% dans la Parthie',
dans laBactriane', dans l'Arménie',
dans la Syrie". Ces diverses espèces
de silphium extra-cyrénéen, appe-
lées parfois mngydaris, servaient à
falsifier" le silphium de Cyrénaï-
que, de beaucoup le plus précieux.
Ce dernier était le produit caracté-
ristique de la région cyrénéenne'-
qualifiée de (7'.),ipto(6oj;o;, laserpici-
fera*^. Sur la fameuse coupe
(fig. 4463) dite d'Arcésilas ", près du roi de Cyrène se
tient un personnage dont la fonction, comme l'indique la
légende: sÀtïoaà'ioç (pour ctÀç'oixi'ioî), est de faire la
récolte du silphium. En outre, le silphium ne figure que
sur les monnaies de la Cyrénaïque", el il y figure si
souvent que les documents numismatiques complètent
de la manière la plus heureuse les textes littéraires.
On y voit en effet représentées la tête", les feuilles '\
la tige ", la racine ", et même la plante tout entière^".
Les racines étaient nombreuses et épaisses, les feuilles
opposées entre elles et semblables à celles de lâche, la
tige longue, le fruit cordiforme (fig. 6456 el 6457) -'.
C'esl ce dernier caraclère qui avait fait attribuer par
erreur à la ville de Cardia en Thrace des monnaies anépi-
graphes dont l'origine cyrénéenne n'est pas douteuse.
SII.ICABII. I Fronlin. Aquaed. 117.
SILIQCA. I Cod. Theodos. XII, 4, I : Novell. Majorian. lie eurial. VII, Ifi;
Cod. Justin. IV. 32, 36, I ; Vlll. 13, 1 ; Uregor. Epist. I!, 38; Basilic. XXIll, 3, 75;
Marini, Pap. diplom. pap. LXXX, p 123; Boeckh, Metrol. Uutersuch. p. ICO.
SILPBiU.M. 1 Schol. Aristoph.ad P/ii/iim,925 ; Hesych. s. v'^i-:-.,„ i,"iç.ov;
Suidas s. r" «rf '«.stov. D'après le T/tesatirus linguae graecae, les premières men-
tions du silphium se trouveraient dans Solon et dans Sophocle. — STheophrast.
Hist. plant. VI, 3; Plin. /?. na(. XIX, 3, 13. —3 Korccllini s. t» laser; Isid. Hispal.
Etymol. XVII, 9.-4 Plant. Bud. v. 630 ; Solin. X.XVIII, 48. — 5 Airian. Exp.
Alex, m, 28 ;. Isid. Hisp. Elymol. XVII, 9.-6 Strab. XI, 3, 7 ; plin. XIX, 3, 15 ;
XXIi, 23. 48 ; Dioscorid. .Mat. Med. III, 84; Steph. Byz. s. v. Mr.S.'a: EusUlh.
ad Dionys. Perieg. v. 1017. — ' Plin. XXII, 23, 48. — « Ael. Bist. var. XII, 37;
Slrab. XV, 2, 10. — 9 Plin. XIX. 3, 15; Dioscor. L. c. — 10 Plin. XXII. 23, 48;
XIX, 3, 16; Dioscorid- Mat. med. III, 84. —Il Plaut. Biid. III, 2, 19; Plin. XIX,
3, 16; Diosc. Z. c. — 12 Theophr. Hist. plant. iW, 3: Anliphan. ap. Atlien.
III, 38. — 13 Calull. Carm. VII, 4. — Il Cf. De Ridder, Catal. d^s vases
peints de la Bibl. nnt. 1" parlie, 1901, p. 98-102, et Babelon, Le Cahinet
des Antiques à la Bibl. nation. 1887-88, p. 37-40 el pi. xii. — lô Cf. sur les
monnaies de la Cyrénaïque : i\'umism. de l'anc. Afrique ; F. Bompois, Médailles
grecques autonomes frappées dans la Cyrénaïque, 1S69 ; el les ouvrages généraux
de Barclay V. Ilead, Uistoria numorum, 1887, p. 725-735, de Babelon, Traité des
monnaies grecques et romaines, 2"' parlie, vol. I. 1907, col. 1333-1364.
— 16 MOIIcr, I, n- t.— 17 Id. I,n« 4. — 1* Id. I, n" C, 8. 15, 10, 17, 19. — 19 Id. I,
n" 2. — 20 M. 1, n" 2, 3. 18. 21-24, 29 ; Babelon, Traité, pl. uxni. — '-il Theophr.
Hist. plant. VI. 3 ; IX, 1; Plin. XIX, 3. 15; Dioscor. L. c. : Mûller, I, n" 9, 11, 25.
27, 31, 32; Bompois, pl. i. n" 1, 2, 3, 5, 6, 7.
168
SIL
— i:i38 —
SIL
L'origine de ee précieux végétal esl inconniic. Tiiéo-
phraste el Pline ' raconlcnl que le silpliiiim (il son
apparition, près des jardins des llespérides (région de
Henghazii, ;\ la suite d'une pluie poisseuse, sept années
avant la fondation de Cyrène ^ ('en-
viron G30 av. J.-C). Celle tradition
permet de supposer avec Belley' que
les graines du silphium ont pu être
apportées de l'intérieur de l'Afrique
dans la Pentapole par un de ces vents
violents qui soufflent du midi. D'ailleurs,
le fait du recul progressif de la plante
vers le sud semble bien confirmer l'hy-
pothèse de l'origine méridionale du silphium. Croissant
le plus souvent dans les montagnes, le silphium était
rebelle à la culture '. Transporté en lonie el dans le
Péloponnèse, il ne réussit pas ^. Sans doute, il ne
pouvait guère s'accommoder du sol trop riche el trop
Immide des terrains cultivés. Cependant, au temps de
Synésius" (mort vers 413 ap. J.-C), il y avait quelques
cultures de silphium, mais d'une grande rareté.
L'aire géographique du silphium a cerlainementvarié,
et le précieux végétal a reculé progressivement vers le
sud. Hérodote, Scylax, Théophrasle ' nous disent que
le silphium se rencontrait le long du littoral et à peu
de distance de la côte sur les pentes du plateau. Par
contre, Posidonius, suivi par Slrabon *, repousse jus-
qu'en plein Sahara le domaine du silphium. Pline ^ et
Arrien'" le placent près des oasis de Libye. Tel parait
être aussi l'avis de Plolémée". Pour expliquer ces diver-
gences, on peut admettre qu'au temps d'Hérodote, de
Scylax el de Théophrasle, le silpliium est encore localisé
dans la Penlapole cyrénéenne. Au temps de Posidonius
il faut aller le chercher jusque dans les solitudes du
désert libyque. Que si, au témoignage de Synésius'^, il
s'en trouve encore quelques cultures dans les jardins
près de Cyrène, il s'agit là de cultures artificielles comme
les cultures de plantes exotiques dans nos jardins el dans
nos serres.
Ce déplacement vers le sud eut naturellement pour
résultat de rendre le silphium de plus en plus rare. Les
nomades du désert libyque pillaient les convois do celle
précieuse marchandise ou exigeaient des caravaniers des
droits de passage exorbitants. En d'autres cas, au cours
de leurs razzias ils coupaient les racines". D'autre part,
Pline" et Solin '= attribuent, non aux nomades, mais
aux habitants de la Cyrénaïque, la destruction du
silphium. Pour Pline c'est la faute des publicains. Pour
Solin,donirexplicalionestbeaucoup plus vraisemblable,
ce sontlesCyrénéens qui, pour échapper aux exigences
du fisc, arrachèrent le précieux végétal. Quoi qu'il en
soit, le silphium devint de plus en plus rare. Au temps
il parait avoir été assez commun, el César
de Piaule'
< ThcO|)hr. Hist. plant. VI, 3; De caits. plant. I, S ; Plin. XI.X, 3, 15. — 2 U
dalc de la fondation de Cyrène ne peut «Ire fix«e avec précision. Cf. Bnsoll,
Griech. Geschichte. 1 (l?8.ï|, p. 343-5. — 3 ,!/,;„,. Acad. Inscript. Hist. XXXV!
(1774), p. 2i. -» Tlicoplii. H. pi. VI, 3; /Je caus. plant. III; Plin. XIX, 3,
15. — 5 Hippocr. De morb. IV, 34. — 6 Sjnes. Epist. 106. — 7 llerodot. IV,
109; Scylai, § 108; Theoplir. Hist. plant. VI, 3.-8 l'osidon. iu SUab. Il, 2,
3 ; Slrab. Il, 5, 33 ; II, 5, 37 ; XVII, 5, Î3. — '> Plin. V, 5, 5. — 10 hldic. XLIIli
13. — Il IV, 4, 5. — 12 Kpist. 106, 133. — 13 Slrab. XVII, 3, 22. — H Xixi
3, 13. - 15 XXVII, 49. — 10 Rnd. III, 2, C29-630. — 17 Plin. XIX, 3, 15
- 18 XVII. 3, 22. - 19 XIX, 3, 15; XXII, 23, 48; Scribon. Largus, De comp.
medicam. LXVII. — 20 Cependant Dioscoridc {Mat. med. 111, S4) distingue bien
I,- silpliium de .MéJie du silphiuui de Cvrc^Niahiuc. - 21 Alcxandrid. iu Fn>jm. hist.
dictateur en trouva une grande quant iti» dans Vcieva-
l'iuiti^''. Mais quelques années plus tard, Strabou '* nous
dit que le silphium avait à peu près disparu. Celte dispa-
rition esl chose faite au temps de Pline". Sans doute,
des écrivains postérieurs à Pline, tels que Galien, Végèce,
Synésius, font encore fréquemment mention du sil-
phium, mais ils en parlent comme d'une marchandise
extrêmement rare et par conséquent de très grand
prix. Peut-être aussi font ils souvent allusion au sil-
phium de Médie'^°, el non au véritable silphium de
Cyrénaïque.
Marchandise rare, le silphium de Cyrénaïque était
naturellement une marchandise très précieuse. Les habi-
tants d'Ampélos, ville de Libye, en envoyèrent une tige
à Delphes^'. Les Romains imposèrent aux Cyrénéens un
tribut de trente livres de silphium, et cette denrée fut
déposée dans le trésor public avec les matières d'or et
d'argent. Au commencement de la guerre civile. César
dictateur put tirer ainsi de Vaerarium quinze cents
livres^- de silphium! En Grèce l'expression de Birrou
(jiXçiov était passée en proverbe pour désigner de
grandes richesses -^. Enlin, au témoignage de Macrobe^*,
Auguste, jouant sur les mots, appelait Mécène
/aser Arethuim, c'est-à-dire son très « cher » ami
d'Arezzo.
Cette cherté du silphium, qui s'accrut nécessairement
avec la rareté de plus en plus grande de la plante,
s'explique d'ailleurs par la multiplicité des usages aux-
quels il était affecté. C'est avec raison que le scoliaste
d'Aristophane ^^ qualifie le silphium de plante très
estimée, Potqcvti tco^utijattitoç. Toutes les parties du
végétal : feuilles, tige, fruit, racine, étaient employées,
et à des usages variés -^ En outre, le silphium de Cyré-
naïque était remarquiible par son parfum, surtout le
silphium des terrains secs". En effet, et Théophrasle le
remarque avec raison-*, c'est là une loi générale pour
toutes les piaules à parfum. Par contre, les silphiums de
Médie et de Syrie répandaient une odeur très désa-
gréable'-''. Eu cuisine l'emploi du silphium était fréquent.
Rôtie ou bouillie la tige était mêlée à des condiments
variés. La plante servait aussi pour la préparation de la
saumure et d'une espèce de vinaigre fort réputée.
Mélangée avec du miel, de l'huile el du fromage elle
formait une sauce très appréciée des gourmets [conui-
menta]. Il serait trop long d'énumérer ici les usages culi-
naires^" si variés de ce précieux végétal. On pourrait en
dire autant de ses applications thérapeutiques. Le sil-
phium de Cyrénaïque semble, en ell'el, avoir été dans l'an-
tiquité la panacée la plus en vogue. Pline^' consacre
plusieurs pages à l'énumération de ses multiples vertus
Comme l'encyclopédiste latin, les médecins Hippo-
craie, Galien, Dioscoridc, etc., font fréquemment
mention des vertus médicinales du silphium de Cyré-
graec. de C. MûUer, III, p. lOC-107; Scol. Arislopli. ad Plulum, tliô. — 22 pli,,.
XIX, 3, 15. — 23 Schol. Arisloph. ad Plutum 925; llesych. Suid. s. v BitTou
cilio.ov. — 2V Saturn. II, 4, li. — 25 Ad Plulum, 925. — 26 Tlieophr. L. c. :
Plin. XXII, 23, 48-49. —27 Suid. Favoriuus s. i- iiieiov ; Diosc. L. c. —28 De
caus. plant. VI, 18. — 29 Diosc. /,. c. — 30 Cf. Aristopb. Equités, 895 sq. Aves,
534,1582, JUul. cime. 1171 sq. ; Theophr. Dist. pi. VI, 3; Plaul. Pseudul.
V. 810; Calo, De re rusl. CXVI ; Pelron. Sat. XXXV; Plin. XIX, 3, 15; Diosc.
L. c; Coluin. De re rust. XII, 7; Solin. XXVIII ; Apic. De arte coquin. 1,30;
II, 1, 2; VU, 1, 9; Suid. s. l'° saa.o.; Atlien. II. 04, 07, 77; IV. 7, 11,
68, 69; VII, 84, 80, 120, 124; XIV, Si. A remarquer que le scol. d'Aristophane
{Aves, 534, 138Î) qualifie de *,S0o5iii. le silphium qui, ailleurs (Equités, 894),
riçoit répithète de xi^ocriiov. — 31 XXII, 23, 48-49.
SIL
1339 —
SIL
iiaïque'. Le l^élail lui aussi parlicipail au Irailemunl par
le siiphiini). ïliéopliraste nous ilil- que les feuilles de la
plante purgeaient les animaux de la race ovine. Aussi
laissail-on le petit bétail paitre dans la montagne en
hiver et au printemps. Les bêtes purgées par lesilphium
engraissaient d'une manière singulière, et la qualité de
leur chair s'améliorait beaucoup '. Parfois cependant ces
heureux résultats ne se produisaient pas, et sur ce point,
comme sur plusieurs autres relatifs au silpliium, les textes
anciens, surtout ceux de la basse époque, ne s'accordent
pas toujours entre eux. A n'en pas douter, certains
auteurs de l'antiquité n'ont connu qu'indirectement et
<rune manière assez vague le précieux végétal. Enfin,
l'agriculture elle-même tirait parti du silpliium de Cyré-
naïque'. Un peu de laser dilué' dans du vin et répandu
sur le sommet des grenadiers corrigeait, dit-on, l'acidité
des fruits.
L'antiquité gréco-romaine nous a donc laissé sur le
silpliium de Cyrénaïque des documents assez nombreux
et variés : monnaies cyrénéennes antérieures à l'occu-
pation romaine '% coupe d'Arcésilas, textes littéraires
parfois fort détaillés comme ceux de Théophraste et de
Pline l'Ancien. Il semble donc qu'il serait facile d'iden-
tifier la plante et de la retrouver dans une des espèces de
la flore de la Tripolitaine cataloguées ou décrites par
Viviani '', Florae Libijcac Spécimen, Ascherson'' {['.),
en appendice à la relation de Rohlfs, Kufra, Cosson(E.) ',
Revision du Florae Libycae Spécimen de V-iviani.
Cependant le problème n'a pas été résolu, et, malgré
le nombre considérable des publications consacrées à la
question par les archéologues et surtout par les natura-
listes, nous ne savons pas encore d'une manière exacte
à quel végétal correspond le mystérieux silphium de Cyré-
naïque. Du moins, on est en général d'accord pour y
reconnaître une espèce d'ombellifère et déclarer que le
silpliium antique n'a rien de commun avec les silphium
de Linné (famille des composées), originaires d'ailleurs
de l'Amérique du Nord. Beaucoup de naturalistes croient
pouvoir l'identifier avec le Ihapsia yarçjanica de Linné,
que les Berbers de l'Afrique du Nord appellent drias,
adrias, derias, derries [bou-nefa en Algérie). Telle est
l'opinion du voyageur Délia Cella (1817), de Viviani, qui
examina les échantillons rapportés par le précédent, de
Pacho, de Bartli, de C. Fraas, de Lenz, de Kolilfs, etc. '' .
Cette identification, très souvent admise, doit certaine-
ment être rejetée, car par tous ses caractères le lliapsiu
(jarganica diffère profondément du silphium de Cyré-
naïque. Le premier est très répandu dans les pays rive-
rains de la .Méditerranée occidentale, le second avait, au
contraire, une aire géograplii(|ue très limitée. Les carac-
tères botaniques du silphium : tige allongée, feuilles
opposées, graines cordiformes, diffèrent également de
1 Aristoph. Plut. 719 ; Mal, conc. 404; Hippocrat, De morb. muliebr. passim,
Z/c rallorte viclits in morb. acut. ;(édit. Litlri;, II, p. 487, 489) ; Tlicophr. Hist.
plant. VI, 3; Columcll. De re ruatic. VI, 17; IMio. XIX, 3, 13; XXII, iZ,
48-48; Solia. XXVIIl; Aelian. Hist.anim. V, 37; Dioscoi-id. Mat. med. III, «1;
Nicandr. Aleiaiidr. Theriaca v. 84-SC, G07 ; Alexipharmac. v. 300, 36B. Les iudfv
d Ilippocralc (rdil. LiUré, vol. X) cl de Galicn (édcl. Kiilm, vol. XX) rciifermcnt
de iiomlireuscs ineiUiotis relatives aux vertus thérapeutiques du silpliium. — 2 Hial.
plant. VI, 3. — .i|'lin.;XIX, 3, 15; Vcgcl. Mulomcdicus, III, 4S; V, 40. 59, 04.
— V Colum. D,: re rust. V, 10; /Je arù. 23; Pallad. De re rust. IV, 10;
lleoiionica. IV, 7; V, 48 ; XIII, 10. — s Le silpliium no ligure jamais sur les
nioniiaies île la CyrénaiV|uc romaine: cf. Miiller, I, p. 133. — i')824, fol. (it^ues.
— '' liufra, 1«8I, in-S, p. 386-559. — 8 lu Uull. .Suc. tiolanù/ue de l-rance, XII
(1865,, p. 275 jSf|. — 9 Oclla Cella (!'.), Viai/yio di Tripoli, 1817, p. 127;
Viviani, Florae libycae spécimen, 1824; Pacho (J. R.) Relation d'un voyage dans '
ceux du Ihopsiu. Il en est di; même pour les propriétés
absolument dissemblables de ces deux végétaux. Le
silphium avait un goût agréable, le Ihapsia est un
vésicant, employé pour la préparation d'emplâtres très
énergiques. Les anciens usaient du silphium comme
d'un condiment, les produits tirés du thapsia sont des
substances dangereuses et à administrer avec réserve. Le
silphium engraissait le bétail, le drias est souvent mor-
tel aux chameaux'". Il est vrai que son action varie
d'intensité suivant les époques de l'année et les variétés
de drias. Néanmoins, les indigènes musèlent souvent
leurs chameaux pour les empêcher de brouter le drias,
surtout pendant l'été au moment de la maturité de la
graine. Enfin les anciens connaissaient fort bien le Ihap-
sia et quelques-unes de ses propriétés. Pline l'Ancien",
qui nous raconte que Néron employait des cataplasmes
de thapsia, d'encens et de cire contre les contusions,
a bien soin de distinguer le silphium et le thapsia.
D'autres hypothèses ont été émises. Deniau'^ iden-
tifie le silphium avec Vassa foetida. Mais il y a entre les
deux végétaux des différences radicales, et d'ailleurs
les anciens eux-mêmes avaient eu soin de ne pas con-
fondre les deux plantes. Ils connaissaient Vassa foetida
sous le nom desilphium medicum. Dans un mémoire de
1809, OErstedt'^ signale une espèce du genre ferula
différente de celle d'où l'on tire ïassa foetida de Perse :
c'est le narthex assa foetida, ombellifère gigantesque
observée en 1838 par Falconer dans le nord du Kachmir.
Telle est l'analogie entre cette plante et le silpliium
antique que Œrstedt suppose au moins une étroite pa-
renté entre les deux espèces. Une autre ferula, la ferula
vescerilensis, a été également rapprochée du silphium à
cause de ses fruits cordiformes''', indication insuffisante
pour justifier une identification plausible. La flore médi-
terranéenne ne compte pas moins de 70 variétés de
ferula, dont plusieurs [ferula vesceritensis, ferula lin-
gitana) présentent quelques analogies extérieures plus
ou moins marquées avec le silphium. Comment assimiler
une espèce aussi répandue à une espèce aussi étroi-
tement localisée que le silphium de Cyrénaïque ?Pour le
même motif il ne nous parait pas possible d'admettre
d'autres identifications proposées : avec le laserpitium
gunimiferum qui produit une gomme aromatique et
pousse dans l'Espagne du sud et dans l'Afrique du nord ;
avec le laserpitium siler, ombellifère signalée dans le
sud-est de la France et, d'ailleurs, fort répandue dans les
contrées montagneuses de l'Europe méridionale.
A. Macé'^ a invoqué à l'appui de cette conjecture divers
arguments : transmission du nom depuis l'antiquité,
analogie de certains caractères botaniques et de certaines
propriétés. Le laserpitium siler serait un purgatif, un
tonique, il engraisserait le bétail dans les montagnes de
la Marmarique, 1827-29, p. 247,283; Barlh (H.) Wanderungen durch die Kâsten-
lânder des Mittelmeeres, 1849, p. 469 ; Fraas (C ), Synopsis plantarum florae
classicae, 1845, p. 145-146 ; Lenz (H. 0.), Uotanik der allen Griechen und Hômcr,
1839, p. 509-571; Rohlfs (G.), Von Tripolis \nach Alccandrien, 1871, vol. II,
p. 7-li. — 10 Cf. Oella Cella, p. 127; l'aclio, p. 251; Barlh, p. 4f.S-9 ; Kohifs, I,
p. 121, 143 ; l.a'iUe in Esploralore, V (1881), p. 171. — H XIII, 22, 43. — 12 Le
.Silphium {assa fœtida) pri'xédé d'un mémoire sur La famille des omhelliféres....
1S08, in-4. XXIV, 100 pages. Cette thèse renferme de nombreuses indications sur
les travaux d'anciens naturalistes relatifs à la question du silphium. — <.^ Bericht.
der dànisch. Akad. drr \^'is9ensch. 1809. L. .Millier iiiditiue les couclusion^
do ce mi'raoire dans le sup[ilriiieiit de sa Numism. de l'anc. Afrique 1874.
— '» UDrstedt in Miiller, O. c. p. 108. — ''- Les royaijeurs modernes dans
la Cyrénaïque et le silphium des anciens in Jïei>. arcliéol. XIV (1857), vol. I,
p. 143-100, 227-237, 338, 354.
SIL
— 1340 —
SIL
la Chartreuse où les botanistes ' signalent sa pré-
sence. Reinarciuons en passant que le laserpi/iinn siler
est aujourd'hui complètenient étranger à la llore de la
Cyrénaïque et même à celle de lAfrique du nord. Le
promoteur de cette hypothèse ne la propose, d'ailleurs,
que sous toutes réserves. Tout récemment, M. Vercoulre
a proposé une identitiealion nouvelle'-. Le silphium,
dit-il, venait de l'Afrique orientale d'où les caravanes
le transportaient à Cyrène, et les Cyrénéens l'expédiaient
sur les marchés de l'Europe. N'ayant jamais vu la plante
entière, ne la connaissant que par quelques-unes de ses
parties, les Cyrénéens n'ont pu ni la décrire exactement,
ni la représenter toujours avec fidélité sur leurs mon-
naies, ils supposèrent par analogie avec les autres espè-
ces de silphium que ce devait être une ombellifère. L'au-
teur n'est pas de cet avis et il identifie le silphium de
Cyrénaïque avec un des plus grands palmiers connus,
qui peut atteindre 40 mètres de hauteur, le Lodnicea
Sec/u'ifartim, découvert au xviir siècle dans l'archipel
des Seychelles, au nord-est de Madagascar. Si l'on brise
le noyau du fruit, eesl-à-dire la coque du coco, on y
trouve une substance solide, blanche, huileuse, qui cor-
respond au silphium proprement dit. Pour concilier cette
hypothèse parado.xale avec les données botaniques, l'au-
teur rejette la plupart des documents" anciens comme
entachés d'erreur et se borne à signaler quelques analo-
gies peu caractéristiques, et insuffisantes, nous semble-
l-il, pour justifier son opinion.
Mieux vaut conclure^ que le silphium n'a pas été
retrouvé par les naturalistes. En efifet, aucune des plantes
signalées, jusqu'à ce jour, ne correspond exactement
au végétal antique. Par sa localisation très restreinte,
par ses caractères extérieurs représentés sur les mon-
naies cyrénéennes, enfin par ses propriétés si nom-
breuses et si énergiques décrites par les auteurs gréco-
romains, le silphium de Cyrénaïque est bien pour nous
un végétal à part. On pourrait objecter que les repré-
sentations numismatiques ne sont peut-être pas exactes
de tout point. Cependant, les monnaies cyrénéennes
figurent avec beaucoup de précision nombre d'objets
appartenant à la fiore et à la faune du pays : l'épi de blé,
la datte, la gerboise, la gazelle, le caméléon, etc. Le
silphium, plante si précieuse, gloire et richesse de
Cyrène, a dû être représenté avec non moins de soin.
Nous sommes ainsi amenés à choisir entre deux hypo-
thèses: ou bien le silphium a disparu de la Cyrénaïque,
ou bien il n'a pas encore été retrouvé. On mentionne
1 Cariol, 33S-35i, Guide du botaniste à la grande Chartreuse. 1856, p. 25
- 2 Vercoulre, Identification du silphium. 1908. - 3 Comme (Ersledl in
Muller, O. c. 1, p. loT-10»; AscLcrsoD in Hsptoralore, VI (188Î), p. 1-5.
— * De Candolle, Origine des piaules cultivées. 1883, p. 370-371. — Biblio-
GKAPHie. Pour les monumenU (i»uris voir les notes 14 (coupe dArcésilas) el 15
(monnaies), p. 1337. Les Ic.les ancitus onlélc réunis par J. P. Tlirige, /les Cyre-
nensium a primor diisinde ciritalis usgue ad aetatem qua in pronnciae rormam a
Homan,s est redacta. i" édil., Copenhague. I8i8 ; plus coraplète.neut par
A. Kainau.l, Quid de natura el fruclibus Cyrenaicae Penlapolis anliqua mo-
numeuta eum recenlioribus coUata nobis tradiderinl. Paris, 1894. p. 118-131.
Les raooograpliies consacrées au silpliium sont forl nombreuses. Dès le
xvi|. siècle on voil cilées dans un article de labbé Bellev {Hist. Acad. des Insc et
Belles- Lettres, XXXVI, 1774, p. 18-Î6) dcu» dissertations de deux docteurs de la
Facullé de .Médecine de Paris : PI,. Dout^ ùialr^ba de succo Cgren.nco. 1.-.59,
et B. Dieuxifoie, Verensio appendicis de liguore Cyrenaico ndeer.us librum
Ph. lloute de succo Cyrenaico. 1659: f. Deniau a pa*sé en revue la plupart des
Lypotliéses anciennes dans sa thèse déjà citée : Le Silphium {assa fa-t.da^ .. 1868
En dehors de ce mémoire et de celui de .M. Ver.outre signalé plus haut : C. A. BôL
tiger, Ceber dos Silphium von Kyrene. dans ses Kleine Schriften, 1838,
p. 431-440; A. Jlacé, Us voyageurs modernes dans la Cyrénaigue et le silphium
des anciens, m Itevue archéologique, 1857, >ol. I ; il. C. SchiotT, Leber eine bei
en efl'et des plantes qui disparaissent de la tlore d'un
pays sans qu'il se soit produit de variation appréciable
de climat et en dehors de toute intervention de l'homme '.
D'autre part, certains végiHaux ont été retrouvés après
une longue disparition, comme le papyrus. A. Rai.naud.
SILVA. — Les bois et forets, soit des particuliers, soit
de l'État, soit des villes, soit des temples, ont occupé dans
le monde romain une surface considérable, mais l'éten-
due même de la richesse forestière en a fait négliger la
réglementation administrative.
I. Les bois des particuliers sont, en général, soumis
aux règles du droit commun. On peut distinguer les bois
taillés et futaies [silvae caeduae)', soumis à des coupes
régulières et qui fournissent, en outre, des bois de con-
struction pour le commerce ou les besoins de la ferme -,
et les .'iilvae pascuae, dont les meilleures sont les si/vae
fjlandiferae. où se pratifiuent la dépaissance et la glan-
dée\ On peut ranger dans le second groupe les salttis
qui sont à l'origine des bois et des terrains de pâture,
silvaeet pastiones', situés dans des territoires monlueux
el d'exploitation difficile; à ce point de vue, le salins
s'oppose généralement au /'undus', quoique ce mol ait
lini par désigner les grands domaines en général, com-
posés de bois, de pâturages el de terres arables ^lati-
Fu.NDiA, p. 958]. La plupart des saUtis ont appartenu
primitive.ment à l'État romain soit dans l'Italie, soit
dans les provinces ; mais beaucoup ont été usurpés par
des particuliers, par exemple les siibseciva ' [loca
relicta] ; les assignations coloniales elles-mêmes ont
souvent ajouté aux lots de terres des portions de pascua,
de silvae, sur des montagnes, dans des loca aspera, soit
pour des propriétaires isolés, soit comme compascua
pour plusieurs propriétaires réunis'. Les bûcherons
(putatores) figurent parmi les esclaves des domaines* ;
la police des bois et des saltus appartient aux esclaves
et alTranchis dits saflitarii stationariuSj. L'usufruitier
de bois doit en user en bon père de famille el suivant
l'aménagement usité pour les bois taillis; il ne peut
couper dans les autres bois que pour l'usage du domaine
en y prenant des échalas [pâli], des arbres morts pour
les réparations, sans couper les futaies; il a le droit de
chasser et de recueillir le revenu des chasses'. Les bois
sont soumis à l'impôt foncier, ont, à ce titre, une place
spéciale sur les cadastres, soil comme pascua, soil
comme silvae caeduae^"; au Bas-Empire, en Syrie, les
pâturages de montagne constituent la dernière classe et
paient leur redevance en argent". Ces terrains com-
Kyrene gesammelte Vt'urzelrinde und ûber das Silphion der alten Grieehen,
in Stediz. Jahrà. der Ges. d. Aerzte ;u Wien, 1S6J ; Œrsledt in Bericht der dû-
niseh. Akad. der Wissensch. 1869; D' Laval in Bulletin de la Société d'acclima-
tation, 1874 : Daveau in Bévue horticole, 1875 ; F. Herincq, La vérité sur le
prétendu silphion de la Cyrénaïque, 1876; E. Fournier, art. Silphium du Oict.
compl. des se. médicales de Decliambre.On rencontre aussi quel<|ues indications utiles
dans quelques relations de voyages en CïTénaïque. Voy. .A. Kainaud, 0. cit. p. l6-2i .
SILVA. 1 Dig. 50, 16, 30 /T.: 18, l,80§2: !•>, 2. i7 § ;6; 9, i, 27 §26. — îCat.
De re rust. 17 (préceptes sur l'abatage des arbres). — 3 Dig. 50, 16, 30 § 5 ;
llygin. p. 205 ; Cal. L. c. 1,7; Colum. De re agr. 3, 3, 2. — » Festus s. r. p. 302 ;
Varr. De ling. lat. 5, 36. — 5 V. les textes réunis par Schulten, Z>ie Grund-
herrschaften, p. 25. La traduction grecque de saltuarius àoEo3ûXa^ (Corp. gloss.
Il, 177, 48) indique le caractère montagneux du saltus. — ^ Sicul. Flacc. De eond.
agr. p. 163 ; Froulin. fr. 55-36. — ' Hygin. p. 15, 201, 203 ; Frontin. p. 4* ; Sicul.
Fiacc. p. 153 (forêts communes dont les propriétaires ont \e droU caedendi pascen-
diqiie); Corp.inscr. tat.W. 1147; 9,1 455 (tablesdeVeleiact des Ligures Baebiani\
— » Dig. 33, 7, 12§ 12. — ^ Jbid. 1 . 1, 9 § 7, 10, II, 12, 13 § 4, 59 § 2, 62 ; 18, I,
40 g 4; 24, 3, 7 §7 et 12; 22, 1, 26. — 1» Dig. 50, 15, 4pr. ; Cod. Theod.V, 42, 7
Hjgin distingue daus la Pannonie les bots à glands, les bois ordinaires et les
pascua (p. 203, 14-15). — Il Land, Symbolae Syriacae, Lcyde, 1862, I, p. 128;
Moinmsen, Hermès, 3, 430 ; Slarquardt, Manuel, \,f. 264-285.
!
!
SIL
— I3il —
SIL
portent, en outre, des preslalions de bois pour l'année,
la flolle, les travaux publics, pour les bains de Home et
d'autres grandes villes, de charbon pour les fabriques
impériales' [mu.nls, p. 2043 .
H. Dès l'origine, une grande portion de I'agkr piblicis
a consisté en bois, en terrains de pâture, en sa/lus dont
l'étendue s'est accrue avec la conquête romaine. Il y en
a eu dans toute l'Italie, aux environs de Rome, dans la
Sabine, le Samnium, le Picenum, l'Apulie, laCalabre, le
Bruttium ^ ; dans les provinces, Germanie, Afrique,
Asie, Phrygie, Cilicie, Cyrénaïque [patrimoniiim]. Ces
terrains ont passé ensuite pour la plus grande partie
dans le domaine impérial [latifundia, p. 958-965; patri-
monum]. Xous ignorons les règlements d'exploitation
des forêts proprement dites. Les pascua, les sa/tus, les
pâturages montagneux ont été loués sous la République
par les censeurs, sous l'Empire par les procurateurs
moyennant le paiement de la redevance, du vecligal dit
SCRU'TURA^ [agrariae leges, decuma, scriptura]. C'est
sur ces pâturages que s'esldéveloppé, en Italie, le régime
de la transhumance'. Quelques forêts étaient aflermées
à des publicains pour la fabrication de la poix (picarlae) '.
III. Une partie du domaine municipal des villes est
également constituée par des pâturages et des bois
qu'elles possèdent soit antérieurement à la conquête
[pROSODOi, p. 704; senatls municipalis], soit depuis la con-
quête, par l'effet d'usurpations sur des terrains non
assignés et laissés comme subseciva, ou de concessions
faites sans affectation spéciale, ou avec afTectation, par
exemple aux besoins des temples, des monuments, des
bains publics''; certaines colonies ont reçu des saltus
en dehors de leur territoire' ; ces domaines sont tantôt
aliénables., tantôt inaliénables *, généralement loués
pour cinq ans ou cent ans comme les autres terres muni-
cipales [ager vectigalis].
IV. L'histoire des bois sacrés a été exposée à l'artiile
Lici's. Ajoutons qu'ils avaient été l'objet de nombreuses
usurpations'. Ch. Lécrivain.
SILYANUS. — Ce dieu, probablement originaire des
pays latins et de bonne heure acclimaté à Rome, se
range dans la nombreuse lignée des génies protecteurs
des bois, des champs et de la maison rustique; sa des-
tinée le meta une place à part. Analogue par sa physio-
nomie et par ses fonctions à Faunus, Picus, Liber Pater,
Paies, etc., mais délaissé par la légende comme une
personnalité de rang inférieur, il ne figure dans aucun
calendrier et il ne paraît avoir été l'objet d'aucun culte
officiel ni à Rome, ni dans le Latium ; pas davantage d'un
de ces cultes de famille qui, durant la période des rois,
ont pu imposer à la vénération publique des personni-
I Cod. Theod. Il, 16, 17, 18 ; 13, 5, 10 ; Symniadl. Ep. 10, 27, 35, 56, 60, 65;
Sicul. Klacc. p. 165. — 2 VaiT. Ile re ruât. 1, 2, 10 (montes Jiealini); 2. 1, 2;
Sicul. Flacc. p. 137 hnonlcs Homani dans le Picenum et la r)*gion de Reale) :
Virgil. Georij.3, 219 ; Cic. Brul. 22, Sd; Liv. 1, 33, 9; 39,29: 28,45, 19; Vilruv. 2,
9, 5; Slrab. 5,222, 228;Plin. Hist. nat. 16, 195 ; Corp. inscr. lat. 9, 784, 334 ;I0,
1795,ll27;5,5030;3,D3r,;FroDliii. p. 21, 1.—3 Corp. inscr. lat. I,ll« 200,1. 82-83;
Appian. Bel. civ. 1, 24; Cic. Proleij. Man. 6, 13; Ad Alt. 5, 15 ; \err 2, 70 ; ile
leg. agr. 2, 14, 36; Plin. Bist. nat. 18, 3, 1 1 ; 19, 3, 39. Au Bas-Empire, c'est la
pensio, redevauce fixe payée par les pai'liculiers ou les villes, avec la charge de
laisser pailre les troupeaux impériaux {Cod. Theod. 7,1 y 1,2). — * Varr. L. c. 2,
2, 9, 10,16; Corp. inscr. lat. 9,2 438. V. Grenier, La transliumance tfes Iroupeaux
en Italie (Mélanges d'arch. et d'hist. de l'École de Home, 1905, p. 293-328). —5 Diy.
50, 16, 17 § 1 ; Cic. llrut. 32, 85. — 6 !|ygin. p. 179, I9i ; Fronlin. p. 49, 53.
L'alTcctation est dite tutelatum, in tutvlam.... — 7 Froutin. p. 49. — 8 Ibid. p. 54.
— 9 Ibid. p. 36-37. — Bibliogiiaphie. Dureau de la Malle, Économie politique dfs
Itomains, Paris, 1840, II, p. 64,65,91, 414; Marquardt, Organisation financière
(Manuel, t. X, p. 201-202).
lications tout aussi modestes que lui '. C'est sur le tard
que Silvanus est enfin adopté par l'opinion et que sans
intéresser jamais l'autorité religieuse à son rôle, il con-
quiert en Italie, plus encore dans les provinces de l'Em-
pire, à l'exclusion des provinces orientales, une véritable
popularité.
Silvanus n'est pas un nom, mais un vocable adjectif,
qui en rappelle un grand nombre d'autres de même ter-
minaison figurant sur la liste des indigitamema : il
signifie le Forestier'^. Comme il est cité dans un des
textes les plus anciens que nous possédions', à côté de
Mars, divinité champêtre, on en a conclu qu'il désigne
une des faces de l'être complexe de ce dieu : il serait le
Mars silvestre ou agreste, faisant pendant au Mars
guerrier ^Gradirus) et au Mars civil {Quirini/Sj; puis il
s'en serait détaché pour former une personnification
spéciale, par un phénomène dont l'histoire des religions
grecque et romaine offre de nombreux exemples*. Rien
dans la légende et dans le culte ultérieurs de Silvanus
ne confirme cette interprétation toute conjecturale. Plus
plausible est celle qui le considère comme un dédou-
blement du Fdunus Silvicola, avec l'être duquel il offre
de frappantes ressemblances ^ Sans doute il commence
à s'en distinguer à rép0([ue où par le défrichement des
forêts, l'agriculture gagna sur le domaine de la végé-
tation sauvage". Alors Silvanus représente la clairière
oii paissent les troupeaux, les champs à la lisière des-
quels s'élève l'habitation du laboureur, les plantations
et les ensemencements qui pourvoient à une nourriture
plus variée de l'homme. C'est par là qu'il devient, à côté
des Lares et des autres divinités champêtres, un des
prolecteurs du travail rural ou, pour être plus exact, de
cette partie du travail qui, par la hache du bûcheron, a
frayé la voie à la civilisation des bourgades et des villes.
Mais ce trait, qui va rester le trait dominant de sa phy-
sionomie, n'efïacera pas ceux qu'il tient de ses origines,
c'est-à-dire de sa parenté avec Faunus. Comme ce
dernier, il est doué de l'esprit prophétique, et sa voix
se fait entendre au fond des bois '' pour donner des aver-
tissements dans les temps critiques; tutélaire et bien-
faisant quand l'Iiomme a su gagner ses faveurs, il est à
l'occasion tracassier et malin'. S'il est, par première
destination, le génie de la forêt, il devient en la défri-
chant celui de l'arboriculture en général, plus encore
celui des arbres à fruit qu'il éinonde avec sa serpe et
qu'il greffe'. Et enfin, comme F'aunus, il est un dieu
pastoral, puisqu'il a créé les prairies et qu'il préside aux
pâturages sous bois '". A tous ces points de vue, il donne
prise à l'hellénisation par les poètes et les artistes ; les
uns et les autres précisent sa physionomie et la varient
SILVANUS. 1 Par exemple Faunus Lupercus, avec lequel il a été confondu, en
l'honneur duquel des fêtes ont été instituées. Voy. faums ; LUnEncAi.iA (II, 2. p. 1022
sq.; 111,2, p. 1399 sq ). — 2 III, I, p. 470 sq. Silvanus figure parmi ces dieux
chez Bouché-Lecicrq, ibid, p. 471, 2, mars il est absent de la liste de Peter, chez
Rosclur, \usf. Lexikon,c\.c. Il, 1, p. 223. Les inscriptions doublent fréquemment
son nom par le vocable de Silvestris, Corp. insc. lat. III, 12367, 4442, 4534, 1135,
3177 sq. etc. — »Gat. Ùe Ajric. 83. — 4 Hartung, Iteligion der liômer, II, p. 170.
Cf. Warde Fowlcr, The Roman Festivals of the period o! the ilepulMc. p. 33.
— 6 Virg. Aen. X, 531; Silvicolae Fauno Dryoïie quem Nympha crearat; Ov.
Met. I, 193; Nem. Eclog. II, 55. Cf. Wissowa, Religion und Kultus, p. 173.
— 6 Preller-Jordan, Rôm. Mythologie, 1, p. 393 ; cf. Klausen, Aeneas und die
Fenaten, p. 845. -7 T.-Liv. Il, 7, 2 ; Dion. Hal. V, 16 ; Val. Max. I, 8, 5. Cf. Cic.
Divin. I, 43 : Aa(. D. Il, 2 ; III, C ; Aur. Vict. Urig. l ; cl iaunus, p. 1022, 2;
notes 17 à 22; note 6. — 8 Aug. Civ. D. VI, 9 ; XV, 23; Acta Fratr. An:
p. 76. — 9 Virg. Georg. I, 20, et Servius à ce vers : primum insittuisse plantationes
dicunt. — 10 Virg. Georg 11, 493 ; Aen. VIII, 000: arvorum pecorisque deo; cf.
Wissowa, p. 175.
SIL
— 1342
SIL
en exploitant les léi;eiules et les représentations de l'an,
de Priapc, de Silène, des Satyres'. El, comme d'autre
part, il ressemble aussi à vehtlmms, il s'ensuit que dans
Télre de Silvanns, tel que nous lont livré la liLléralure
et l'art, nous trouvons réunis les traits et les attributs
qui ont servi à caractériser, en Italie et en Grèce, les
dieux niàles que la piété prépose à la vie des champs, à
celle des forets en tant que la culture a empiété sur elles
ou qu'elles forment la limite protectrice de son domaine.
A ce titre, le premier de ses attributs et même son plus
ancien sanctuaire, le seul à vrai dire où il ait reçu des
hommages à travers les siècles, est rarl)re lui-même,
synthèse de la forêt-. Les poètes qui ont gardé le sens
de la piété primitive, les artistes qui s'inspirent de la
tradition man(iuetit rarement de mettre dans la main du
dieu, soit un replant d'arbre qu'il va confier à la terrée
soit une branche de pin qu'il porte comme un sceptre,
soit une souche ou un fort gourdin sur lequel il s'appuie
pour s'en faire une arme au besoin : incullo Silranus
termite gaudens^. On abrite ses autels sous un arbre,
dans un fourré ou dans une clairière. Sa tète est cou-
ronnée ou de pommes de pin ou de branches de pins
entrelacées dans sa chevelure, quelquefois de fleurs sau-
vages ^. Boetticher, avec raison, a signalé quelques-uns
de ces monuments en l'honneur de Silvanus comme des
spécimens de l'antique culte des arbres ''. Le plus
expressif est le marbre du Musée de Berlin qui porte une •
inscription en l'honneur du Silranus sanclus et sur
lequel un pin aux branches mutilées, orné d'une guir-
lande que retiennent des bandelettes, ombrage un autel
où brûle la flamme du sacrifice '' . Dieu de la foret sau-
vage, Silvanus devient, quand la hache y a pratiqué des
coupes dont profite l'agriculture, celui des limites". Un
fragment d'un arpenteur romain qui paraît avoir écrit
sous la République, pose cette question": pourquoi dans
toute propriété rurale est-il d'usage d'honorer le dieu
Silvanus"? Parce qu'il fut le premier à enfouir dans la
terre une pierre qui en marque la limite; et l'auteur
ajoute que « chaque propriété compte trois Silvanus,
l'un appelé domeslicus, qui est préposé à la garde de
la maison; le second nommé agt'esfis qui a soin des
troupeaux; le troisième oriciilalis, à qui est consacrée
une clairière {lucus) fournissant la ligne de démarcation
entre les propi'iétés voisines ». C'est à cette fonction que
fait allusion Horace lorsqu'il invoque Silvanus comme
ti/lor /in il/ m, gardien des bornes et frontières en compa-
gniedePriape. Virgile, en termes plus généraux, l'appelle
le dieu des troupeaux et des champs et le comprend au
début des Géorgiques dans l'invocation aux divinités
I Haul. Aul. 674; 7(ii; ; Ace. Fragm. 405 chez Cic. Aat. D. II, 35; Tib.
Il, 5, 27; Slal. TUeb. VI, III; Virg. Georg. II. 494; Ov. Met. X, i06 s.|.;
XIV, 637; Cf. Hrob. Virg. Georg. I, 20. Voir l'arliclc pjis, p. 298. et sq. ; cf.
licifforschcid, Artuali tlelf Instit. XXXVIII, p. 213, note. — 2 Boctticbcr,
BaumkuUvs, p. 76, 79, avec les fig. 6, 16, 18 ; cf. Millin, Galerie, 1 16, fig. 289;
Clarac, Musée, etc., pi. cclix, fig. 567. — 3 Virg. Georj. I, 20.— ' Gral. Falisc.
Cyn. 20. — E Virg. Aen. VIII, 597 sq. ; Hor. Od. 111, 29. 22 ; Mari X, 92, 3.
— 6 loc. cit. fig. 6, pi. n; marbre du Musée de Berlin, avec l'inscriplioii
volivc : iacrum sancto Sitvano, le commentaire, ihid. p. 39 sq. — 7 |xs fig. 16.
et IS chez le même représentent l'arbre sacré île Silvanus. la première reproduite
il larl HUivAt, fi?. 3819, sinqilement ornée de la sjrinx, la seconde aupr-ls d'uu
terme du dieu larbu, à la clievelure épaisse et couronnée dune braucbe de pin : cf.
p. 538 et |>. 76, 79; celle-ci avec nue dédicace: silïano n. i.. — « Tulor fininm.
Hor. Epod. Il, 27. — 9 Blurae-I.aclimann, JHe Schriften der Roem. Feldmesser,
p. 302 (fj- titfris Uotabeltae). Cf. l'reller-Jordan, op. cit. p. 393. Tour les forêts,
servant de frontières, v. (jrimm. Ùeutsctie Mythologie, p. 455. — 10 V. supra.
loc. cit. Georg. I. 21. — " Aen. VIII, 397 sq. cl Scrv. k 600. Cf. Mueller-Decke.
£lru>ker, 11, p. 63. — 12 l'rop. V, 4, 3 S(|. : Siliani ramosa domus ; cl. Hor. Od.
i|ui ont à cieur de protéger les labours: studiuni ijui-
/jiis arva tueri'". .Mais dans un passage de l'Enéide,
inspiré par une vieille tradition locale", le poète cite
comme le plus ancien de ses sanctuaires, au voisinage
de Caeré en Elrurie, une clairière en amphithéâtre for-
mée par des collines boisées, où les Pêlasges, premiers
habitants de l'Italie, avaient célébré des fêtes en son
honneur. A Rome même subsistent les vestiges d'un
culte du même genre, tant sur la colline du Viminal que
sur le Capilole, dans le bois qui aux temps anciens
couvrait la roche Tarpéienne ''-. C'est à Silvanus aus.si
que pense Tibulle quand il dépeint Délia offrant au dieu
laboureur une grappe de raisin pour la prospérité de ses
vignes, des épis pour celle de sa moisson et un plat cuit
(dapem) pour celle de son troupeau; sous le nom de
dieu si/restre, identifié avec le Pan des Grecs et associé
à Paies, il lui fait hommage d'une syrinx qu'il accroche
aux branches d'un arbre ". Plus caractéristique encore
est la petite épitre dans laquelle Martial recommande à
un ami, alors que lui-même va quitter l'Italie, sa mo-
deste villa, avec l'autel rustique que le fermier y a
érigé à Silvanus, dieu à la voix tonnante et à la tête
hirsute". Citons enfin une inscription en vers dont
l'auteur est un procuralor Augustorum sur le point de
retourner à Rome : il supplie Silvanus, gardien de son
jardin, de ramener heureusement dans la patrie lui
et les siens, il le prie de présider désormais à la culture
qu'il va entreprendre dans les plaines de l'Italie ; là il lui
consacrera un millier de grands arbres".
Voilà pour le rôle du dieu au sein de la forêt et sur
les terres qu'elle a fournies pour la culture des champs.
11 est beaucoup moins question de l'action qu'il exerce
directement sur la vie des bergers et des laboureurs;
il protège leurs travaux, il assure la santé et la pros-
périté des troupeaux : Caton le mêle à la prière archaïque
qui implore Mars : yj/'o bubus uli caleunl^^ \ dans ce
rôle Silvanus reproduit certains traits de Faunus, il
ressemble encore à ce dernier quand, génie malin, il
s'introduit dans la maison rustique pour y pratiquer des
maléfices et des tracasseries '^ Saint Augustin, sans
doute sur la foi de Vairon, mentionne une croyance
populaire selon laquelle trois divinités sont nécessaires
pour garantir la fermière en couches contre les atteintes
de Silvanus cherchant à se glisser auprès d'elle durant
la nuit. Ces divinités veillent à cet effet au dehors, l'une
avec une hache, l'autre avec un pilon, la troisième avec
un balai, trois symboles de la civilisation, puisque avec
la hache on abat les arbres, avec le pilon on fabrique le
grain en farine, avec le balai on ramasse les fruits des
m, 29, 21, que f'ropcrce parait avoir imité ; Preller-Jordau, Op. cit. \, p. 394. D'autres
bosquets voués à Rome par la piété privée (v. Wissowa, Op. cit. p. 175) sur le Vimiual,
Orelli-Henien, Inscript. VSô6 ; Corp. tnscr.lat. i. VI, 691 ; daléede 1 1 1 ar.J.-C. ; sur
l'.\ventiii, Ûrelli, 1396 ; 2318 ; Corp. inscr. lai. VI, 543, sur la Collis Hortorum, v.
G. Uatli, Bulletl.arch. corn. XVI, I68S, p. 402. V. les inscriptions Corp. inscr. lai.
VI, 576 ; 597 ; 607 : 639 ; 656. — 13 Tib. I, 5, 27 ; l£, 5, 27. — <* Mari. X, 92, 5.
— 1» Orclli, 1613 ; C'ory). inscr. fa/. XII, 103. Il existe une autre inscription métrique
(17 hexamètres) trouvée à Capistrano, dans les Abruzzes : Orelli'Heuzcu, 5751 ; Momm-
seu, Inscripl. Regn. Xeapo!. 6016 ci Annali deli Jnstit. 1834, p. 156. Elle est datée
de 157 ap. J.-C. : mais elle eslTieuvrc d'un versificateur maladroit, qui. imitant et co-
piant Virgile, mêle de façon fort incohérente des fables d'origine liellénique aux
hommages .'iSilvanustatiii. — 'i* Cal. Deagric. 83. Cf. une inscription trouvée à Saint-
Gilles(Gard) : Silvano votum pro annenlo, Corp. itiscr. lat. Vlli, 4162. Silvanus dans
les inscriptions est appelé 5a/u/a?-i5 :(Orelli, 1596,2518, Corp. inscr. lat. V, 543 ; et/s-
tos'.Corp. inser. lat. VI, 640 : consvrvator : Orelli-Heuzen, 5742 ; Corp. inscr. lat.
III, 70K7;ilestinvoquéproin/u(e,/)roreiZi/u, i*. I507à 1017. — 17 Aug. Cic./). VI.
9 ; Cf. Preller-Jordan, Op. cil. I, p. 376. On peut rapprocher la poésie de Rueler. die
liiesen und die Bauern. et Grinim, Deutsche Mytiiol. I, p. 445 sq. (4* édil).
SIL
i:{« —
SIL
champs : or Silvaniis, envisagt' sous la face mauvaise
d'un dieu incarnant la vie sauvage, déleste ces outils
hostiles à son empire.
Le culte, de caractère toujours privé et accommodé
aux seuls intérêts domestiques', est des plus simples.
On oITre à Silvanus des victimes prises à l'étahle du labou-
reur-, un porc, un chevreau. Horace mentionne même,
en lui donnant une place dans les réjouissances cham-
pêtres de la moisson à côté de la Terre Mère et du Génie,
une olFrande de lait-, l'our le sacrifice du porc qui
fait aussi partie du culte de Mars, il était interdit aux
femmes d'y assister, tout comme les hommes étaient
exclus des cérémonies en l'honneur
de Bona Dea, autre divinité agri-
cole '. Pour ce culte, point de mise
en scène autre que celle du travail
champêtre qui y a donné lieu : une
clairière, un arbre isolé, un autel
formé de pierres grossières ou de
mottes de gazon y suffisent \ A
Rome même, dans les parcs et les
jardins, il arrivait qu'il y eût en
plus un portique et des bassins oii
coulait une eau vive ^. Une in-
scription mentionne la défense, au
Fig. otô'.t. — Siivain. nom de la piété, d'emporter quoi
que ce soit du lieu consacré à
Silvanus'^. L'image du dieu était anciennement (c'était
le cas pour celle qui se dressait sous le figuier de
Navius devant le temple de Saturne) grossièrement
taillée dans une souche ''. On en peut conjecturer les
traits par un buste en pierre (fig. Gio9) où se retrouvent
les caractères de cette sculpture primitive. Le dieu barbu
est couronné d'une branche de pin ; à sa droite est le
chien, gardien de la maison rustique ; des pommes de
pin et d'autres fruits variés sont à sa gauche '.
Le répertoire des inscriptions latines est une source
particulièrement précieuse pour la définition de l'être et
du culte de Silvanus : c'est par centaines que se comp-
tent les monuments tant en Italie que dans les pro-
vinces de l'Europe occidentale et centrale ; ils montrent
la faveur dont le dieu a joui depuis la fin de la Répu-
blique jusqu'au déclin du paganisme dans les milieux
populaires '\ Il y est invoqué comme un dieu lutélaire et
de nature bienfaisante, pourvoyant à la sécurité, au bien
1 Wissowa, Op. cit. p. 175; Curp. insci-. lat. VI, 570,597,607, 029,030. — 2Juv,
VI, 447 ; Mart. X, 92, m fin. aras... Qnas t'miit agni saepe sangiiis et Imedi. Hor.
Ep. Il, \, 143 : TMurem porco, Sih-aniim Incte piahaiit. — 3 Cal. dd ai/r. Loc.
cf. Scl.ol. luv. Vi, 4i7; cf. V. I. L. VI, 570 et Jordan, Vindiciae Herm. lai.
antiq. 1883, p. 5. Pour l'exclusion des hommes^ v. Cic. IJar. resp. 37, elc.
— * l'rop. V. 4, 3; Hor. Od. 111, 29, 21 ; Virg. Aen. VIII, 597; il csl yhii-ré en
costume de fermier, c'est-à-dire vôtu de la tunica et cliaussé de gros brodequins,
dans les fermes; C. i. /. VI, 013, 019; 023; 606, elc. — 5 Ci. /. VI, 09U
fiuscript. dont rautlienlicilé n'est pas certaine et dont le texte est fortement
altéré). Il ne nianque pas d'ailleurs, en ce qui concerne Silvanus, d'inscriptions
suspectes; ainsi. Orclli, 1614, peut-être 2407 et toute la série, C. t. /. 7, 6, p. 269,
I. — G Orelli : 1015: ext7-a hoc limen aliquid de sacro Silvani effcrre fas non
est. V. la mention d'un saccllum SUi-aiii, C. i. l . VI, 31021 ; liuUett. Comm .
1887, 162. — 7 Plin. Hist. N. XV, 77. — 8 Busie du Musée Pio-Clenientin, Vil,
10. v. RcilTerscheid, Op. cit. p. 222; Tab. d'Aggr. K, n» 1 ; cf. Baunicister, Zlen/c-
ir.aeler ; III, p. 1003, fig. 1730. — 9 V. le recueil des Jmcript. d'Oreili-Hcnzcn,
n» 1587 à 1017, C. i. l. VI, 641 sq. passim ; cf. p. 1344. — 10 Orelli-Henzcn : avec
Hercule et Liber Pater, 1612; Silvanus représenté avec Hercule auprès d'un aulel
ombragé parl'arbre sacré sur un 1res beau relief d i Muséedu Cupilole. Voir U. Tom-
massctti, in Campaijna /lomana.Ronm, 1909, p. 93; Mus. Chiaram.l, 21 ; avec
Serapis et Liber Palcr : IS93 ; avec les Nirophes : 22C0; avec Apollon et les Nym-
phes: 5701 ; avec Terri iMater et Hercule : 3720; cf. 3732 ; avec Diane et les dieux
de la montagne ; 3941. Cf. l'arc de Bénéveut, Julireshfft. der Oestr. ai-ch. Miltheil.
899, p. 1 S I, et le relief du Louvre, Clarac, Musée de sculpture, 104, 03; Jabu
être, ù la santé de ses fidèles. Quand il n'est pas, ce qui
arrive fréquemment, invoqué pro sadi/c, pi-o rcdihi des
ilédicants, il porte les vocables de sanclus, de salutaris,
de consercator, de cuslos, de domeslicus, etc. Il est,
d'autre part, associé à des divinités qui ont pour fonction
spi'ciale de garder la maison, la source, les champs et
les bois, aux Pénales, aux Lares, aux Nymphes ; il est
même invoqué sous le nom de LarAgrc-^tis '". Souvent il
est nommé en compagnie des plus grands dieux et mis
au même rang qu'eux, Apollon, la Terre Mère, Hercule,
Liber Pater, Diane, la Divinité des Empereurs". 11
(igure, avec les Jumeaux fondateurs de Home, Mer-
cure et Fauslulus, dans la représentation de VAugii-
rium Augtistum, au fronton du temple de Quiri-
nus '-. Un officier de cavalerie lui voue un autel avec
le vocable A'invictus, parce qu'il lui a aidé à abattre un
sanglier de grande taille". Toute une série d'inscrip-
tions donne à Silvanus des vocables qui l'identifient avec
le propriétaire ou le domaine dont son influence défend
les abords et assure la prospérité : il y a un Silvanus
des Caesars, des Flavius, des Naevius, des Staius, des
Veturius, elc. "', sans compter les vocables dont la signi-
fication nous échappe : ainsi celui de Shif/ualus qui
ligure sur le piédestal d'une statuette mutilée en bronze,
trouvée dans la Gaule Belgique et qu'un père avait vouée
pro sainte Emerili filii sni'''.
Un dernier trait achève de montrer l'importance de la
religion de Silvanus. De nombreux collèges etassociations,
tant à Rome que sur divers points de l'Italie, se reven-
diquent de son patronage et célèbrent leur fête spéciale
par des sacrifices et des repas annuels organisés en son
honneur'". A Aquilée c'est une corporation de char-
pentiers qui rappelle qu'il est le bûcheron par excellence ;
à Rimini un collègede zélateurs etd'adorateurs(a//ec/oré's
et cultore.^ Silrani) l'associe au souvenir de l'empereur
i\erva '\ A Rome même une vaste propriété a été
afTectée par donation privée, devant la porte Capène, à
des sacrifices et à des repas périodiques au bénéfice d'un
collège dont Silvanus est le patron'*. Du même genre
est la fondation dont le titre a été découvert à Caposele et
qui, pour la santé de l'empereur Domitien, dispo.se d'un
domaine et de ses revenus, en vue d'assurer la célébra-
tion de l'anniversaire par les membres du collège con-
stitué à cet effet". Quelques-unes des inscriptions de
celte catégorie émanent d'associations qui ont pour objet
.A rclt. Bifitmege, Tab. IV, fig. 2 el p. 02. V. encore Mus. Pio Clem. Vil. 1 1 ; Mil-
lin, Galer. Mytii. 81, 470, Tab. IV, 1. A cili-r l'inscriplion 5701, qui relevée sur
un vase d'argent trouvé en 1832, associe Silvanus aux cures par l'eau d'Apol-
linaris. Cf. sai.cs, p. 1058, fig. OùSI. Appelé Lar ugrestis, C. i. l. 0*6; associé
aux Lares et aux Pénales: Orelli, 1387, C. i. /. VI, 582; 030; 692 ; cf. 597;
007 ; 029 ; 645 ; 630, etc. Cf. Dulleti. doit Instil. 1873, p. 15 sq. Pour Rome, v.
la série des inscriptions. C. i. l. VI, I, p. 109 ; n" 573 à 098. V. Silvanus, iden-
lilié avec Jupiter Ammon. Comptes rendus de l'Acud. des Inscript. 1907, p. 156.
note 16 et Gauckler, nuilet. arch. du comité, 1899, p. 159. — II Nommé lui-même
Augustus, protecteur de l'Empereur cl do sa maison, Marini, Atti, p. 542. C. i.l.
l. Il, 4089 ; 4615; 5338; sii.ïANo Auc. pnu SALUTe... antonini p. Ibid. Il, III, lUO ;
cf. Orelli, 1596, dalée de 113. p. Chr. numim domus aogustae et sancti suvasi
SACHUM. — 12 V. Boem Mittheilungen, XIX (lt'04), p. 29 cl Tab. III et IV. Il
n'est pas douteux que nous avons là Silvanus, honoré de toute anlii|uilé sur l'Aven-
tin. (Hartwig. L. t.). Le bas-relief date de Caracalla. — «3 Orclli, 1603;
C. i. l. VII, 431 (à Slanliope). Cf. pour Silvanus, dieu des chasseurs, Toulain, tes
Cultes Païens, p. 264 sq. et les tcites cités. — l» Oielli, 1603; 1007; C. i. t. VI,
644; 643 ; IX, 21 13; 1532; XI, 4289, elc. Cf. KeilTcrscheid, Op. cit. p. 214. — 15 S.
Reinach, Répertoire, H, p. 41, I ; d'après Geromonl, Société Luxemb. 1850, t. VI,
pl. V, I. — 'C Liebenam, Zur'Geschichtc und Organis. des roein. Vereinswesen,
p. 293 ; cf. Wissowa, 0/y. cii. p. 176; Mariiuardl-Mommsen, Handliucli. VI, p. 130
sq. V. les inscriptions chez Orelli-Henzen, 2380 ; 2407 ; 4947, 6085. C. i.l. VI, 612,
630; 031, 632, 647, 3713 ; X, 444, 5709 ; XIV, 309.; associé au Geniui du collège:
VI, 093; 3712. — 17 Orclli, 4278, 2406. —18/4. 4947. — IS /(,.6085; C. i. l. X, iH
SIL
— 1344 —
SIL
de garanlir à leurs membres les honneuis funèbres [col-
leijia funernticin)'; l'idée d'une telle l'onclion allribuée
à Silvanusa pu èlre suggérée par l'emblème de la branche
de pin ou de cyprès que le dieu porte sur les monu-
ments eL dans les descriptions des poètes-. Si nous
remarquons qu'il reçoit aussi le vocable de Z>«'?i6?;"o/)/(o/7/.s'
et (jue des demirop/iori ont voué en commun un autel
en son honneur, la coutume de mettre des collèges funé-
raires sous son patronage s'explique par une associa-
lion d'idées toute naturelle ^
Ce n'est cependant pas en Italie, où Silvanus n'a joui
d'aucun culte public, que les inscriptions privées en son
honneur sont les plus fréquentes'. La religion de ce dieu
s'est vulgarisée chez les peuples situés hors de l'Italie,
plus spécialement chez les peuples de race celtique.
Comme au pays même d'où il est originaire, il s'est
confondu avec Faunus au point de l'éliminer de la véné-
ration populaire (il n'existe aucune inscription en
l'honneur de ce dernier dieu), il s'est identilié lui-même,
grâce à sa signitication humaine et sociale, avec un grand
nombre d'autres génies de la vie agricole et silveslre.
principalement avec le Pan des Grecs''. Poètes, artistes
et mythologues s'accordent pour donner à Silvanus les
attributs du dieu de l'Arcadie, pour le douer de l'esprit
prophétique, accentuer sa physionomie de chasseur et
de berger, lui prêter des instincts sensuels °, pour
transporter, dans le semblant de légende qu'ils lui for-
gent, certaines aventures de Pan, et même pour essayer
de lui adapter la signification cosmologique de ce der-
nier'. Enfin nous voyons Silvanus, comme Pan et Fau-
nus, se constituer à l'étal de divinité multiple et
fournir au cortège dionysiaque des figures mâles ou
femelles, Silrani et Silvanae, à qui les inscriptions
rendent d'autre part des hommages cultuels*. Dans les
pays celtiques, les Si/ranae ne sont autre chose, à la
faveur d'une vague ressemblance de mol, que les Sule-
riae Maires, protectrices des champs, des forêts et des
carrefours. Dune façon générale, l'être de Silvanus,
après avoir absorbé celui de Pan, de Priape, de Silène,
des Satyres sous l'influence de la littérature et de l'art
helléniques, s'accommode avec la même facilité aux
divinités rustiques de la Germanie, de la Gaule, de la
péninsule balkanique, où sous son nom latin il devient
l'objet d'un culte populaire aux derniers siècles du
paganisme '. M. Toutain a recueilli et classé, selon leur
I V. Maniuardt-Momnisen, Op. cit. U, p. Ul. — 2 Cf. Freller-Jordan. Op. ci(.
p. 397. Silvanus Deiidrophorus, Inscr.Or. ICOi ; t'orp. iiiscr. /«(. C4I, 64a ; pour
les collèges de Oenilroithores, v. les Jnser. Or. 8385 ; pour Silvanus, porlaol
le cyprès, Virg. (ieorg. I, io ; Scri/it. rer. mijth. lai. I, 0 el 178. — 3 I.i„s.
cripl. de Sainl-Maur, Orclli, i407, esl à comparer avec la grande inscription sur
deui Ubies, C. i. I. VI. 631, 032, datant de Commode (117 p. Chr.i, et vouée
par les imtiai.es culiE(.i siltaxi acreliam, pour gladiateurs (trouvée à Rome en
1735). Il esl probable i|u'elle uiii esl qu'une réduction apocryplie,: mais toutes les
deui ont pour objet un fait caractéristique : c'est que Silvain devint sous l'empire
une des divinités favorites des soldats, des chasseurs, des gladiateurs, à Rome
et dans les provinces. — * J . Toutain, Les eulles Paient dans l'Empire Jtomuin,
p. 61)0 s.|. ; cf. p. 243. — i pin. p. ï9s, 2 sq. ; cf. f'reller. Op. cit. p. 397 sq. ;
Reiiïersclieid, Op. cit. p. 213 il les représentations figurées avec l'altriLul du
pvdiim. de la syrinx, lie la clièvrc : |.our celîe-ci, v. Prob. Virg. Georg. I, 20 ;
Reinacll, Itépcrtoire. Il, p. 71. ni » el li. n" I. C. i. I. III, 1906 ; 12790 ; sur la
première Silvanus tient le pedum dans la main gauche, dans la droite un raisin
qu'un bouc cherche à atl.indre en sautant. — <i Ov. JJet. XIV. 637 sq. cf. I. 193 ;
où Silvanus est cilé en compagnie des Satyres, des F'anisques, de friape et assi-
milé a eui : .SiUanusque suis semper jmenilior annis. Quoique le dieu soit
d ordinaire nommé sencx,paler (Virg. Georg. Il, 194; llor. Kpod. II, 2li. les repré-
sentations figurées le tiennent dans les limites de la virilité vigoureuse. — 7 four ce
dernier, ï. Serv. Aen. VIII, 600 : Prudentiores... dicuni eum esse 3'Ai»i> »[>,,. Aoc
esl deum t^; îât.ç... nec incongrue, cum materia sih-arum est. Cf. dans les
ioscriplious les épilhéles Ca-:leslis, Panlheus, vocables de sens identique,
provenance, toutes les inscriptions qui montrent celle
dilïtision de Silvanus dans les provinces d'Europe el
d'.\frique soumises à l'influence de Rome. Si l'Espagne
et les Gaules l'ont en sonmie peu connu '", on le ren-
contre assez fréquemment dans la Narbonnaise el la
Bretagne ; ici nous le trouvons en rapport avec le culte
de Diane et des nymphes : souvent les hommages ren-
dus à Silvanus y émanent de soldats et d'officiers qui les
ont voués dans les villes de garnison et dans les postes
militaires ". 11 en est de même le long du Rhin et du
Danube : un temple en son honneur existait à Carnun-
tum. au nord de la Pannonie'-. En Afrique il est sur-
tout en rapport avec Mercure el Jupiter; el il avait un
temple à Lambcse où il était honoré par la Legio III
Attgusta ". Mais sa terre de prédilection fut la péninsule
des Balkans, tout S])écialemenl la région connue sous le
nom d'illyricum, qui comprenait les provinces de Dal-
malie, de Dacie, de .Mésie el de Pannonie : sur i40 in-
scriptions connues, 170 environ, se rapportant à ce dieu,
y ont été recueillies". On a supposé que le culle du
dieu y a été propagé par les cf/uiles sinf/iilares qui, recru-
tés parmi la population de l'IUyricum el familiarisés avec
les institutions de Rome, avaient reconnu dans le génie
latin des bois el des champs une divinité locale '■'•. M. Tou-
tain croit que c'est la qualité de dieu de la chasse" qui
acclimata Silvanus parmi les peuplades qui en faisaient
leur principale distraction, ce qui n'exclut pas l'assimi-
lation avec une divinité indigène.
Des monuments figurés '^ nous permettent peut-être
d'affirmer que le dieu romain a été ou associé ou même
identifié avec le dieu celtique au maillet ou marteau qui
n'est autre que Taranus-Thor-Donar, que l'on a, d'autre
part, identifié soit avec Jupiter soit avec Vulcain. Sim-
plement possible pour l'autel de Mayence où un dieu
chevelu, barbu, d'allure majestueuse, dont la main droite
s'appuie sur une façon de sceptre qui monte à la hauteur
de la tête el se termine par un maillet, fait pendant à
Diane chasseresse '*, cette identité est tout à fait probable
sur les autels de Rotlenburg et de Wildberg, où aux
pieds du même personnage on remarque i^fig. G4C0) un
animal qu'on a pris tantôt pour un loup et tantôt pour
un porc, et qui n'est autre que le chien, compagnon
habituel de Silvanus". Ici encore Diane fait partie du
groupement et avec elle .\pollon. Ces autels sont diffé-
rents, ainsi que M. Gaidoz l'a montré, de ceux sur les-
C. i. /. VI. 638, 695. - 8 Oï. Met. I, 193: l.ucan. III, 403 ; Plin. Ilist. -V. .\ll.
3 ; cf. Orelli, Inscr. 2099 ; 2I0O : 2101 ; 2103 ; C. i. l. III, 4141, 4534, 3393, 1U460 ;
II, 4499. L'assimilation de Silvanus et de Pan a amené celle des Suleviae ceUiques
avec les Xvinplies; V. ib. III, 9754, I3'JS7 etc. : III, 9754: 104C0 elc. Les 5i/ram' au
pluriel, 16. 4034, I0S47 : avec le vocable de Sileeslres, 4442, 4534, elc. V. vitbes,
111,2, p. 1689. - 9 Toutain, Op. cil. I, 2; Wissowa, Op. cil. p. 176, n. 11: Prel-
1er, Op. cit. I, p. 394. — 1» Pour le midi de la France, t. C. i. I. VIII, 4162:
602 ; XIII, 1780 (Lyon) ; celle-ci voue à Silvain : aram el signum inivr duos arbores
cum aedicula. — '• C. i. t. 4089 : 4015 : 5388, elc. — 1'^ Cf. Toulain, p. 262 ;
C. i. /. VIII, 11227, 2646, {SIercuri Si'(ra«i), 6355 ; hommages à Jori Silrano, ib.
VIII, 593J, l'.>la9. — I3C. I. I. VIII, 2071-74:1 8239. — li Ib. 111,903,1141 sq. 731 :
le plus souvent avec le vocable de domeslicus ; v. ibid. Index, p. 2519. En Uacé-
doine une association lui a élevé un sanctuaire avec deux statues en bronze et il y
est honoré en compagnie de .Mercure el d'Hercule, ib. 633. Cf. 1 outain, p. 262. avec
d'autre^ inscriptions citées. — 'à Oomaszewski. die Religion des roem. Heeres
IM'esIdeulsclie ZeiUihrifl, XIV, p. 32) — '6 Toutain, ibid. p. 264; cf. Carcopino,
Mélanges Ecol. fr. de Home, XXIX, p. 346. — 17 Jievue Archéologique, l. XV, 1890,
p. 154 sq. (art. de S1.M. Flouesl et Gaidoz) : Le Dieu Gaulois au maillet, etc. : laulel
de Mayence; les anlels de Stutlgart; avec la conclusion, p. 176. — 1* V, /Ind.
Tab. VII, le groupe de droite (autel de Mayence;. avec le commentaire, p. 153 sq.
L'explication du dieu au maillet par Dis Pater ne me parait pas admissible, et l'élude
de 5l. Gaidoz rectifie heureusement celle de M. Flouesl sur ce point. — ^^ Ibid. p. 168 ;
fig. I il'inlcTprélalion par Silvanus déjà admise par Han». Dos Kimigreich Wùrlem-
berg, I, p. 131 et 49. Cf. Gaidoz, ibid. De même pour l'autel de Wildberg, iig. 2, p. 170.
SIL
1343
SIM
ijuols tit;iiro iiieoiilfslHl)lt:'mc'iit Vulcain i|iii e.sL recon-
iKiissalile aux outils du forgeron '. Les nioiuimenls de
CL' genre s'éclai-
reiil à la lumière
des inscriptions,
lelleinenL noui-
liri^'iises qu'il eu
existe à peine
( 1 a \ a n t a g e e n
r honneur des
dieux de premier
rang, en liays
celtiques-'.
Le type de Sil-
vanus dans l'art
romain fut créé
sous rinllucnce
hellénique; peul-
ètre,au début, les
artistes tinrent-
ils compte de
certaines images
Fig.C46fJ. - S,han„sol .onchk-n. arcliaïqUCS Cn
bois, notamment
de celle qui, placée sous le figuier de Navius près du
temple de Saturne, devait représenter Jupiter Ruminus el
fut confondue avec lui^ Ueiffersclieid, après Helbig', a
mis en reliefavec beaucoup de sagacité cette ressemblance
du dieu silveslre avec le maître de l'Olympe ; mais il est
excessif de vouloir l'expliquer par une prétendue simili-
tude de leurs natures respectives. Le vocable de pnler
donné h Silvanus par les poètes et les inscriptions n'est
pas davantage un argument. La barbe fournie, l'épaisseet
ondoyante chevelure, l'air grave el majestueux s'imposè-
rent par eu.\- mêmes, lorsqu'il s'agit d'idéaliser par l'art la
ligure hirsute el le caractère lutélaire du dieu champêtre.
Il résulte d'ailleurs de l'inventaire comparatif des repré-
sentations de Silvanus que les images votives, statuettes
ou bas-reliefs, lui donnent plus rarement les traits d'un
génie silvestre que ceux d'un planteur et d'un jardinier.
C'est même celte raison (]ui a fait désigner par le nom de
viiKTLMNUS, des figLires qui sont manifeslemenl à inter-
préter par Silvanus'. Il s'est cnié ainsi un type inter-
médiaire entre celui de Faunus, que Ueillerscheid
le premier a nettement déterminé, et celui de Jupiter
caractérisé par la barbe, les cheveux abondants el
l'expression imposante et souvent mélancolique du
visage. Les plus remarquables spécimens sonl ceux que
Clarac dénomme faussement Vertu mnus (la description
pittoresque que fait de celui-ci le poète Ovide proleste
contre une telle attribution ''), dont le premier nous est
I Ibiil. p. ITi si|.; cl Fioljiicr, Oie Grosshoizuijliclie Samndunij, cic. Kailsriilii-,
1S60, p. 8 SI). — 2 V. les iuscri|)lioTis cilé.5 par Toulain, Op. cit. p. 110 sq. cl la
conclusion, p. 272. — 3 V. p. i:i4b, noie 7, et licilTcrsclicid, .Annali, ISC6, p. 2IO-ii5,
.Salle imaijini del dio Silvano c fiel Fauno, lab. d'ag::. I-N. L'aulcur n'a pas
entendu Taire un catalogue complet de tontes les représentations du dieu, travail
(iaillcurs supcriln, puisque les diiTércnces sonl iusiguifianles cl que !e môme type se
reproduit partout. Cf. Baunieister, Iknkmneler, III, p. lOCô. — ' llullell. ISlit,
p. 17;i, où est décrit un petit bron/e de Stivain ; pour ces liron/es, v. S. Iteinacli,
//.>r(. M, p. l:l H|. el 7S1, n-. 2. Les tigures 0 el 7 de la page 43 et (ig. 4 de la
pflge 44 sont ii rapportera l-'annusareliar'quc: d'antres, p. 40 et 47 r|ui représcnleut
des génies de lAIjondance sont à tort dénommées SiUains. La (ig. 7, p. 47, slatnelle
Irouvée ii lïome porte sur la base une dédicace : su.vano saxc( to) sACft. cf. Corp. inscr.
lut. VI, li'J i ; jjour des monuments ^ olifs avec représentations de Silvanus, v. Corp.
insrr, Lat. iliitl. 5«5, 040, 65S, Cûi, OGO où il a pour compagnon nn porc comme
ailleurs Hercule, à moins ipie le porc ne soit un cliien mal dessiné. — ^ Erreur 1res
VIII.
donné par un bas-relief du Musée du Louvre ; le second
par une statue qui fui longtemps, dans son ensemble, la
représentation du dieu la plus idéalement belle qui suit
parvenue jusqu'à nous (fig. O'ilJIj''. Si le lype deSilvaniis,
dans la légende rustique el chez les poètes (lui l'ont recueil-
lie, esl un vieillard hirsute, l'art hellénisanl la embelli
comme tous les vieillards divins, en le douant de vigueur
noble et harmonieuse. 11 a même trouvé l'occasion de
lui donner, le charme de l'adolescence. Tel esl le cas de
l'.\nlinoiisdécouverl en 19l)7 aux environs de Lanuvitim,
(jue son auteur, le sculpteur Anlonianos d'.Vphrodisias,
a re|)ri'seuté en Silvain, avec la chevelure cntironni'e de
feuillage, avec la serpelte el le chien, auprès diin petit
autel ombragé de pampres el chargé di; fruits, ])armi
lesquels ligure la pomme de
pin. Alors qu'ailleurs Silvanus
jieul être confondu avec Pan,
Silène el Priape, ici il se rap-
proche visiblement, sans qu'il
y ail doute sur son identilé,
d'Arislée. de Paris et des
autres bergers héroïques de
la légende gréco-asiatique*.
Représenté en pied, Silvanus
esld'ordinaire un homme dans
la vigueur de l'âge, le plus
souvent nu, l'épaule gauche
couverte d'une peau de bête
dans les plis de laquelle sa
main soutient des fruits variés.
La main droite tient la serpelte
qui sert à la greffe et àréinon- ...^ ^. _ < ivaiuis
dage des arbres ; elle esl
remplacée quelquefois par le bâton pastoral ; aux cotés
du dieu esl un chien qui, la lèle tournée vers le maiire,
semble guetter ses ordres. Souvent les cheveux sont
couronnés ou de pommes de pin ou de Meurs sauvages'.
Le bas-relief du Louvre et certaines slatuelles votives
rem|>laconl les fruits ou les coinpli(|uent par une
brandie de pin. Le même lype ligure sur des monnaies
d'Hadrien '". Nous avons dit à l'article faims, pour
quelles raisons il convient d'attribuer à ce dernier
dieu, et non à Silvanus, d'origineelde nature semblables,
les statuettes en bronze que caraclérisenl la couronne
radiée, la corne à boire, la branche d'arbre el la drai)erie
conlournanl le torse sans riinfermer des fruits".
J -A. lIlLD.
SIMPULUM. — Nous avons dit, eu parlant du cvatius
'p. 10771, que ce petit vase à puiser, pourvu d'un long
manche, comme une cuillère, est semblable à celui que
les Romains ont nommé .s-/;/iyJw/KW.Varron ' constate que
frécpienle : ainsi cliez Clarac, AJinée de sciitpl. n» I.Ï3, |il. r.cxwi; Reinacli, flr/irrloire,
I, p. 113, n» !i:l: cf. Clarac, pi. tccii.v, n« 817; pi. cnxrvrli, u» 818; pi. et.xr,vii,
n- 019 etc. De même cliez 0. Muellcr. Ucuulbach, lig. 240. — f' Ov. itel. XlV,i;42s.|.
et 763 ; cf. UeilTersclieid, '';). cit. p. 217. —7 Clarac. Musée, pl.ccwiv, lig. ',i:i ; liei-
uarh, Ili-iierl. I. p. 1 13, 03 ; Clarac, Musée de se., pi. ci.ïi., n" 818; Ilêpcrtoire. I.
p. 220 4. — ' C. rendus d: iAcad. des Inscr. 1(108, p. 338 sq. Article de M. liauck-
1er. —'•» Benndoi-r, iafer .l/«s. n3 551, ui05aï(|ucs d'Ostie; cf. l45;etAnïi. fnslit.
180^, Tav. L. H. n" 3. l'otn' le cliieu qui au cô'é de Silvanus esl ans**! bien le com-
pagnon du chasseur que le gardien de louclos rur.il, v. Visconli. Dullett. .ircli.
Comm. Il, 1871, p. IS2 sq. Le cliieu dans le culte des i..\i.t:?, III, 2. 9l.î, el plus
liant, Silmnio nommé lae Aijreatis. — ta Uuruy, llixl. des flom. I, p. I3>;
Colien, .l/on/i. tmp. VII, p. 123, Os et pl. m. — O rAivc^. Il, 2, p. 1023.
SIMI'ULt'M. 1 Linij. Lat. V, 124; cf. IX, 21, ou Varron rcmari|ue la transfor-
mation des anciens vases romains, sous l'iunueuLC des formes nouvelles venues ils
lirèce.
169
SIX
135.6 —
SL\
dans les banquets le cyalhus grec avait peu à peu pris la
place du siwpiilum, mais que celui-ci était resté en usage
pour les sacrilices. Ce fait montre que, malgré la res-
semblance, il y avait entre les deux récipients une
certaine dilVérence. Cette dill'érence. en efTet, est visible
sur les monuments. La cuillère grecque, élégante et
longue, oITre une très petite vasque, peu profonde,
emmanchée à une tige qui se recourbe à rexlrérailé
supérieure en forme de tète d'animal cyatbus, fig. 2237,
2238] '. La cuillère romaine rentre dans une série qui a
déjà été étudiée à l'article caf'IS, capedo ; c'est une écuelle
ordinaire, de capacité moyenne, à laquelle on a soudé
sans art un manche vertical, afin de ne pas loucher le
liquide avec ses doigts [capis, fig. 1134" ; plus lard on
a perfectionné la forme et l'on a donné au récipient une
forme ovoïde que la poignée incurvée accompagne d'une
façon plus commode et plus artistique Jcapis, fig. H3o].
Au temps de Cicéron - on opposait à l'élégance de la
vaisselle des riches contemporains la rusticité vénérable
de ces vases d'argile ou de bois, dont on prétendait faire
remonter l'origine au règne du roi .Numa. Le simpu/um
figure sur plusieurs monnaies et bas-reliefs avec d'autres
objets du culte religieux [ara, fig. 423 ; patera,
fig. 5522] \
Krause a voulu faire une distinction entre le simpuluin
et le simpurium *, bien que ces mots soient souvent
pris l'un pour l'autre dans les manuscrits et dans les
textes latins. Le siinpuhim aurait été l'instrument de
banquet ordinaire et usuel, le doublet du cyathus grec ;
le simpurium, l'ustensile réservé aux cérémonies reli-
gieuses. Cette division parait assez arbitraire, puisque
certains auteurs emploient le mot simpulum précisément
pour désigner le vase ritueP; on peut seulement dire que
simpurium est plus usité dans ce sens ". Ce qui prouve
aussi la confusion habituelle entre les deux mots, notée
d'ailleurs par Nonius Marcellus ', c'est que les mots
simputatrix et sii/ipuriatrix s'appliquent à une femme
chargée de la libation dans les sacrifices ^ Parmi les mots
qui se rattachent encore à sim/nilum, notons simpulo
et gimpu/alor, se rapportant à un convive, en particu-
lier à un ami du marié qui l'assistait dans le banquet
de noces ', et simpulariarius, qui parait être le nom du
fabricant de vases de ce genre '". H. Foitier.
SLMI'UVIUM [simpllum].
SIXDOX (ïivSwv). — Ce nom parait avoir été donné,
comme celui de byssis, tour à tour à des étoffes et à des
matières diirérentes. La matière ne peut être autre que
le lin pour les plus anciens auteurs grecs chez qvii le
terme se rencontre, par exemple, pour Hérodote, quand il
1 Voy. un cjallius de forme grec<iue aiec une insiriplion laline dans JUuseo
anlich. classica. II, p. 495. — 2 Parait. I, 2, II; Bep. VI, i: Aat. deor. III, 17.
.Nous relevons aussi dansCic. De legib. III. 16, 36, une expression .|ui fait allusion
i la pelilessc de ce vase : exeilare fluctus in simpulo. comme nous dirions « une
lenip«le dans un «erre d'eau ... — SQulre les ligures du Uicl. voy. encore Duruy,
Hisl. des Jlomains, I, p. 97; III, p. 18; Gusman. Pompri, p. lOS. — » Angiio-
logir, p. 160. — 5 Fcslus, ». i'. Siniplum (pour simpulum)... guo liniim in sacrificiis
Ultalur ; \pu\. Àpolog. s. de maij. Diis immorlalibiis simpulo et catino /iclili
sacrificat. — * Cic. Ùe hariisp. respons. Il, as ; lie repiibl. VI, i (id. ap. .\on.
p. 398, ÎO); Plin. Hisl. nal. XXXV, 46 (138); Varr. ap. ^■on. XV, li; Juienal!
VI, 343 ; cf. Arnob. IV, 148 cl VII, Î3.Ï. — 1 XV. li. Simpuviam... usum habuît
■Il »<«Ti».- idem omniuo guod simpulum aut falde simite. — » Fesl. s. i: : Scliol.
ad Juven. VI, 343. — 9FuIgent. De prisco sermone, 47 ; Isid. Gloss. conviva, amicus
sponsi. assiduut eum eo in conrimo. — 10 Orclli, Inscripl. u" 4*83 (Rome).
SINDO.N. t Herod. Il, 86. — î VU, 181. — 3 Tliuc. Il, 49, 5. V. encore Sopb.
.iiiti;/. iiii: iuveulaire des Icoiples de Sauios, .Michel, ftecueil, n. 833 19.
— l Tlieoplir. U. Plant. IV, 7, 7 ; l'eripl. Mar. Erythr. 48, 51, 63 ; Slrab.' XV,
p. 693. — ûpiipjrrusdc 163 av. J.C.dans Aoticet et ex/rai7s, XVIII, 411, 52; Non.
rapporte ' que les Égyptiens entouraient les morts d-
' bandelettes «tivSovû; ^wiiiyc^^ ; il se sert des mêmes mots
I réunis en parlant des bandages au moyen desquels les
! Perses pansaient les blessés = ; de même pour Thucydide,
! quand il dit ^ que les malades de la peste de 430 ne pou-
vaient supporter rien qui les couvrit, pas même des
<7ivoov£ç. Il s'agit ici de toiles fines. Le colon, qui est
l'autre matière que le même nom désigne, ne peut avoir
été d'usage courant en Grèce à cette époque. 11 n'y fut
répandu qu'après les conquêtes d'.\lexandre. .\ partir de
ce temps, civSaJv désigne des tissus tantiit de colon' et
tantôt de lin^. Chez les Romains, sindon est employé'
pour l'une et l'autre matière et comme otuo\é s'ap-
plique à des sortes variées de tissus fins'. Les deux
molsonl quelquefois entièrement synonymes. On faisait
surtout en Orient, particulièrement dans les fabriques
renommées de l'Egypte et de la Sy^ie^ des oivSove; : le
nom de la matière était devenu celui du produit: vête-
ments légers', draps délit'", bandages", serviettes'-, etc.
E. Saolio.
SIXGIMO ( SiYYiÀi'ojv). — Pièce de vêtement dont on
trouve la mention dans une lettre de l'empereur Gallien.
où plusieurs sortes sont énumérées. Il y est question
de dix sinf/ilionci: da/matenses '.L'éditde Dioclétien sur
le maximum en nomme d'autres provenances-: il y a un
(jiYviXi'wv Nmp'.xô;, un TaÀÀ'.xoî, un Noyaiieoixo;, un
«tpuYtïxôî ; mais c'est tout ce qu'on sait de ces tissus,
qui paraissent avoir été assez communs, à en juger par
leur bon marché. E. S.
SI.\GrL.\UIS. — Dénomination employée pour dési-
gner une catégorie de soldats d'élite attachés à certains
états-majors. Leur nom, qui répond à notre terme
technique militaire « isolés >>', s'explique par la façon
dont ils étaient choisis : on les détachait du corps auquel
ils étaient alTectés pour les verser dans Vof/irium d'offi-
ciers déterminés. On en rencontre auprès du préfet du
prétoire-, des trihuns des cohortes prétoriennes', des
tribuns des cohortes urbaines', des tribuns laticlaves
légionnaires", des préfets des ailes de cavalerie".
Les gouverneurs de provinces avaient aussi sous leurs
ordres des singulares, cavaliers ou fantassins''; ils
étaient pris dans les troupes auxiliaires du pays et for-
maient deux corps "mmeris], l'un à'equites sinf/ulare.<i,
l'autre dt' pediles singulares*. Ces numeri étaient d'au-
tant plus nombreux, que le rang du gouverneur était
plus élevé : tandis que les singulares des procurateurs
ne comptaient que2i0 hommes', ceux d'un légat légion-
naire arrivaient à l'efTeclif d'une ala ijuingenaria'".
Les numeri singularium étaient parfois employés
Marc. p. 537. 20: Auson. Eph. parecb. i; Galen. De snn. tu. III (I. VI, p. 187).
— fi V. noie précédenle. — 7 II a été élendu à d'autres plus grossières. Ainsi aune
voile de navire, Eur .Phaet. fr. 36, Dind. — « Bliinincr, Geiverb. 2'luUigkeil, p. i6.
— 9 Mari. IV, 19; Pollui, VII. 72. — «0 Edict. Diocl. XVIII, 12 et le papyrus
déjà cilé:Galeu. L. c. :Poll. IV, 20; VII, 16, 72,73. — 12 Alciplir. III, 66, 2;
Uiog. Laert. VI, 90 ; .\nlh. pal. VI, 307. _ BmMo.^KiPHie. Mongez, Rech. surtes ha-
billements des anciens, ilêm. de t'hisl. ihist. et liU.), 1. IV, 181S, p. 232: Vales,
Textrinum antit/uorum, Londres, 1843, p. 280 ; Ritler, i'eber d. geogr. Ver-
br<:itung d. BaumiroUe in Abhandl. Berlin Acad. 1851 ; Brandes, l'eb. d. Zeitalter.
iVomen und Verbreit. d. Baumwolte, Leipz. |866 : Marquardt, Manueldes Antiq.
Vie privée, trad. V. Henry, II, p. 121 ; Olck, art. Flachs dans la Real-Encgcl.
de Pauly-Wissowa.
SINGILIO. 1 Trcl). Poil. Claud. 17. 6.-2 XIX, 47. 50; y. Blûmner, ad h. l.
SI^GL'LA^.IS. 1 Lydus. Z>e mu». 111,7.— 2 Corp.inscr.lat. 111,7334; VI, 2794;
XI, 5646. - 3 Ibid. III, 7334; .X, 410. — » /6irf. VI, 2914; IX, 1617. — S Ibid. SI,
3339. —6 Ibid. III, 12356. — ' Ibid. III, 14387 f; VIII, 9763. — » Ibid. 111, 93;
10360 ; 7395; Xlll, 7299, 7709. — ,' Ibid. V, 8660; 21567. Cf. von Domaszewsti,
Die Bangordnung des rômitchen Beeres. p. 36. — 't' Von poin.isze»ski, loc. cil.
\
SIP
1347 —
SIP
comme combattants au cours d'une guerre ou d'une
expédition, dans les provinces où ils existaient; ils de-
venaient alors ailes ou cohortes el figuraient ensuite
dans les cadres réguliers de l'armée ; à ce litre l'Empe-
reur pouvaiL les envoyer en garnison dans d'autres pro-
vinces ; c'est le cas des pedites singulares Britonnici
qui sont ulti'rieurement afFeclés à la garnison de Dacie'.
R. CAG^AT.
SIXUJI ou Sli\rS'. — Genre de vase à contenir le
vin'-; Varron' le décrit comme un récipient assez grand,
ayant une capacité supérieure à celle des coupes. C'est
probablement une sorte de jatte ou de grand bol, dans
lequel on pouvait mettre autre chose que du vin, car
Virgile' dit aussi sinum /oc//s. et Martial ° représente les
porcs suivant la fermière qui lient la terrine contenant
leur nourriture. E. P.
SIPARIUM'. — Dans les théâtres romains, en arrière
du rideau principal, aulueum, qui s'abaissait au début
de la représentation et ne se relevait qu'à la fin [jucui.na,
p. 14(59], il y avait un petit rideau, sipariiim-, Cjui,
manœuvré de la même façon ou plutôt lire simplement
d'un côté à l'autre^, se déployait à chaque enlr'acte,
laissant visible la partie extérieure du proscenium,
tandis que Vau/aetun une fois relevé cachait la scène
loul entière. Devant ce petit rideau l'on jouait les inter-
mèdes [emboua] elle divertissement final [exodium], bref,
loul ce qui n'était pas la grande pièce, tragédie ou
comédie, ou bien, à l'époque impériale, pantomime.
Ces divertissements accessoires étaient surtout des
mimes. D'où la désignation périphraslique iniinicum
vélum'' et l'emploi métaphorique de siparium pour
signifier la scène sur laquelle on donnait ces spectacles
el ces spectacles eu.x -mêmes". L'usage de Vuulaeuin ne
remontait pas très haut, à plus forte raison celui du sipa-
rium. Les comédies de Piaule ne contiennent aucune
allusion ni à l'un ni à l'autre. Un croit, d'après un
témoignage fort confus de Donat*^, que l'innovation de
Vaii/aeuui fui postérieure à la mort d'Altale, roi de Per-
game (621 = i'Xi). En tout cas, aulaeum el sipuriin/i
étaient déjà usuels au temps de Gicéron''.
Quinlilien' nous fail connaître une autre sorte de
siparium, un rideau qui, de son temps, servait, semble-
t-il, à garantir contre le soleil le tribunal du préleur,
mais que certains avocats utilisaient aussi pour y étaler
des tableaux propres à émouvoir les juges. Pu. Fabia.
I Corp. inscr. lai. 111, p. 2301. — Biblioghaphik. Mommsen, Ephem. epii/r.
IV, p. 404; Von Uomaszewski, Die itnngordnung des rô.nischen Jïeerfs {Bomter
Jahrbùclier, C.VVIlj.p. IS, 21, ii, 33, «l, 56, 03, 00, 73.
SIMJM ou SIM.S. 1 Ou a voulu lu rapprocher du raol grec Stvo; [voy. uisusj.
Cf. Forcellini, Lexic. lai. s. v. — 2 l'iaut. Cure. 1, 1. 82; I, 2, 13 ; cf. Jlud. V, i.
31.-3 liny. lat. V, lis, é.lil. Nisard ; cf. IX, àl ; .Nonii. Marc. XV, 3i, p. 347 Jl :
■Sinum et yaleota, rasa sinuosa. Voy. (iai.eoi.a. — * Eclnif. VII, 33 ; cf. Servius ad
h. t.: .\nlhol. vet. lat.poet.M. Burmanii, M, p. 363 (descriplion du mois de Mars);
Colum. Vil, 8, ï. U'ai'rès le Glosa, hid. s. v. c'est le vase où l'on Lat le beurre.
— . Mart. m. 58, iO.
SIPAHIUM. t Mot de la même famille ((ue su/iparum, (|ui signifie laulôt un vùU'-
meut, lautùl nue voile de navire; cf. en grec ffî-ap-);, 5tç«ço;. — 2 Donat. De cum.
p. 12 (Ueitfersclietd) : siparia... Est uutem mimicum vetuiti, fjuod populo oOsintit,
dum faliiiliinim actus commutant ur. — 3 Apnife, Met. 1, 8, emploie deux termes
dilï'ércnts pour signifier la manœuvre des deux rideaux : Âulaeum tragicum dimo-
eeto et siparium srenicum complicato. De mùme, ibid. X, 29: Aulaeo stibduclo e
' oinpiicitis sipariis. A noter aussi le pluriel sipariis: le siparium était pent-tilre
fornii" de deux pai-fies que l'on tirait l'nue à droite, l'autre à ganclie. — 4 Donat.
L. l. (au lien ilc mimicum KeilVersclieid adopte la variante mal autorisée minutum) :
Feslus (Haul. Diac), p. 341 0. Mûller) : Siparium genus reli mimicum. Dans le
premier passage d'Apulée, aulaeum tragicum s'oppose à siparium scenicum : il faut
sans doute doinier à cçt adjectif le sens de comicum ou mimicum, si toutefois la
leçon n'est pas corrompue. — & Jnv. VIII, 1S5 sq. : (la scliolie est à peu prés
ininteltigihle) ; Sen. Trauq. au. Il, 6. — « De corn. p. 12, Donat prétend que le sipn-
SIPIIO (ïi'atov). — Siphon el tout appareil dans lequel
l'eau s'élève conlrtiireiiieul. en apparence, aux lois de la
nature, Ttapà oùciv '.
L Sip/ion recourbe, o xïjxttùAoî aïo/wv ^, circinus aet/ijp-
tiarus''. C'est le siphon à deux branches inégales décrit
dans tous nos manuels' el inventé par les Égyptiens
qui, dès le commencement de la XX" dynastie, l'em-
ployaient pour décanter les liquides el, probablement,
pour rendre potable l'eau fortement limoneuse du Nil'.
Dans une petite salle du tombeau de Itamsès 111 *, on voit
trois siphons transvasant une liqueur contenue dans trois
Fi;;. 6KiJ. — Isage du siphon en K;;yple.
gargoulettes placées à hauteur d'homme sur un pié-
destal el la déversant dans un large récipient posé sur
un petit escabeau'; le serviteur placé à gauche amorce
le second siphon ; à droite, un autre serviteur fait eU'ort
pour remplir les gargoulettes (fig. 6402) '. On ignore si
les Grecâ de l'Hellade employèrent ce siphon; en tout
cas, ce sont les .\lexandrins qui le décrivirent, en étu-
dièrent les diverses applications, el formulèrent les diffé-
rentes théories de son fonctionnement. Mais, pour com-
prendre les difl'érences essentielles qui séparent les
explications de Philon de celles de Héron, il faut se
souvenir des hypothèses fondamentales que l'on avait
faites sur la constitution de la matière el le mouvement,
f^our les anciens, qui raisonnent en physiciens et non
en chimistes, loul corps est composé d'un ou de plusieurs
des quatre éléments': feu, air, eau, terre; ces éléments
peuvent s'unir, se combiner, se transmuer de l'un en
l'autre'". Mais n'ayant pas même nature, ces quatre élé-
ments ne peuvent avoir même forme. Laissent-ils entre
rium remplaça Y aulaeum : .\ulaea... pro quibus sif.aria aetas posterior accepit .
Mais il ajonle presque aussilôl que \e siparium n'est que le rideau des entr'acles.
D'ailleurs, la coexistence de X'aulaeum et du siparium résulte d'autres témoignages
cités. — 'I Pro Cael. 27, 05 ; De prnv. cous. 6, t i. — s tjr. inst. VI, 1, 32 ; 3, 72.
Dans le premier passage la leçon est incertaine. — Bim.ior.BAPuiE. Arnold, Das atlrù-
luischeïlieatergebûude, Leipzig. 1873, p. 19 sq. ; Keich, Oer .Uimus, Berlin, 1901,
p. 008 sq. ; A. Millier, Das Uithneuveseu in der Zeit von Constantin d. Gr. lus
Justinian, p. 48 (dans Neue Jahrb. f. d. Klass. .Utertumsw. XII, 190'i). A pen
près tous les textes relatifs au siparium se trouvent réunis dans la note de Ililde-
brand à Apul. Met. X. ;'9 (l.ipsiae, I842i, mais les conclusions de ce savant parais-
sent erronées.
SIPHO. 1 Hero Alex. Pneumat. 1 (éd. Sehmidt-Teubiier, 1899, p. 10, 30. elc.
— 2 /6. I, 1, p. 28. — 3 Traduction médiévale de Hhilon de Byzance, De S,,iril. \ 1
(éd. Schmidt-Tenbucr, p. 470). — 4 F. T. D. Phijsiq. Lyon, 1900, p. 92. — 5 VVilkin-
sou-Bircli, Mann, and.cust. of tlie anc. Egijpt. 187», 11, p. 31'.. - 6 Isamhcrt,
Itinér. Joanne de l'Orient, 1800, p. 1040. G est la tombe n. It dile des Harpistes
ou de Bruce qui la découvrit (Bruce, Truv. lo discov. tite source a/the Nile, 1813,
II, p. 33). — i Champollion, Monum. de l'Egypte, I. p. 400. — » Wilkinson-Birch,
U. c. Il, fig. 433; A. de Rochas, Les orig. de la science. 1884, p. 49. lig. 3t.
— 9 Lucret. De rerum nat. I, 713 sq. Epieure, le moins savant des philosoplies
grecs, n'admet point cette hypothèse. — m Th. U. Martin, Et. sur le Tiin. de Plu-
ton. 1841, II, p. 250. Héron (O. c. praeL) démontre que l'eau, consumée par l'ac-
tion du feu, se transforme en air qui s'évapore, et en terre qui reste au fond de la
chaudière.
SU'
i:UcS —
SIP
eux des vides dans les corps qu'ils coiii|>osenl ou se
conibinenl-ils entre eu\ de façon à ne point laisser
d'espaces vides entre leurs molécules? Qi'i'^lio" primor-
diale, non encore résolue, qui divisa les physiciens de
l'antiquité et donna naissance aux tlillérenles écoles.
Platon n'admettait ni le vide, ni même la possibilité
d'un vide intermoléculaire'. De là, ses hypothèses sur
une sorte de cristallisation géométrique des molécules
élémentaires et sur l'atlraclion, tiÀta, qui détermine la
cohésion des solides ou des liquides* ainsi que l'adhé-
sion des liquides aux solides ^ : tous les éléments
s'attirent entre eux, mais d'après certaines affinités.
Philon de Byzance est platonicien; il ne croit pas que
le vide soit possible ' et il considère l'attraction comme
cause du mouvement, comme seule raison de la montée
des liquides dans le siphon : .. Quand on a mis la bouche
sur l'extrémité du tube et aspiré doucement, l'air qui
était dedans est tiré et avec lui le corps liquide qui se
trouve en bas. parce que ce liquide est adhérent à
l'air; qu'il y soit adhérent à la façon de la glu ou par
tout autre mode d'attache »'. Vitruve se servira de cette
adhérence entre l'air et l'eau pour expliquer le jeu de la
pompe de Clésibios". Mais déjà la théorie de Slraton'
l'emporte: Sénèque% Pline l'.^ncien', Pline le Jeune'"
s'en servent couramment à propos du siphon : tous les
corps sont pesants, les plus légers sont cliassés en haut
par les plus lourds comme U' noyau que l'on presse entre
les doigts"; ce que Cicéron formule : « a f/rarioriùus
leciora natuva re/jcl/iintiir »'-. Ce n'est plus l'atlraclion
hypothétique de Platon, mais la répulsion, la propulsion
telle qu'on pouvait la voir se produire dans la pompe la
plus simple. Connaissant la pression, pressura ^^, et ses
eUels, les Romains seraient peut-être parvenus, par le
seul empirisme de leurs habiles fontainiers, à une
meilleure notion de la pression atmosphérique, vis
spiritus, si la décadence scientilique n'élait rapidement
survenue. Héron n'est plus qu'un cnmpilaleur éclec-
tique"; il nie la possibilité d'un vide continu '"', mais il
admet le vide intermoléculaire "* qui permet d'expliquer
lacompressibiiitéde l'air ' \ dont Ctésibiosavaitdécouvert
les elVets " : il professe également la théorie de Stralon
1 Tô .i.J., ■fj.Si, ïî.ïi. r.iw. 7'J II (éJ. Didol, p. i3!>); «vV, ^.jii-, li-„, il,.
— 2 a. Plin. H. nnt. Il, 05. — 3 /A. — ' //e s/-lii(. 7 ; cf. Iraduclion de
M. Carra de Vaui (.Vo/m et ixtr. de» mscr. XXXVIII, Paris, I!)U3;, p. liT.
— 5 /b. 4. — '' ?i, 7. I,'iii:;ciiieur lomaiii admet dans le corps de la pompe fou-
lante, entre le pislon et le li<|uiile, la pri'sence d'une couclic d'air «pii n'existe que
rarement d.ius no:i appareils et qui ne joue aucun vùlc dans nos Iticories ; c'est
|K)uripioi tous les commentateurs, depuis rcrrault, ont cru devoir corriger le texte-
a. Mit. l'anckouke, IS47. Il, p. 5;!(1. note 57. — 7 lo. Slob. Htysic XIV (cdil.
Mcineke-Teut.ner, lJ>r.u, p. 'Xi). — 8 || Quaest. i-at. Iti; et compres'^a utrinqtte
patma in motlum si/ilionis coiHf,rimcre. — 9 //. Xat. il, Gti, I : iftio siiiritu acta
et terrae po-utere espressti^ siphonum modo emicat. — *o i'yj. V, ti, ±i : aqua
xmlut erpreisa cubanlitu» pondère, sipftunculis ef/tait. — t' Siniplic. ap. Arislot.
de Cuelo. I, 18, U; cf. Ucinekr-Tenl.ner, II. c. \o\. Il, p. 3i ; (J. lioJier, La
l-hysiq. de Slraton, l'aris. IS'jCi. p. .17. — M Tuse. I. 17. — Il I rout. de iK/uaed.
18 et 35. — ï* Sur r<pni|ue |>t'0> ahie où vivail cel auteur, cf. T. Tannery, Jtee.
était, gr. 1896, p. il et Tari. utNçuii.i, p. 1731. - li ,«i ii«,» îr. oO« fit. so-i -h
savtt=a> iie«v», O. C. ', proe. {(ti. Sctintidt, p. iH). — 1"^ • I.i» vide est distribué en
petites particu'es à travers l'air, l'ean et les autres corps à l'exceptiou du dia-
mant... l.i's nioli^c:iles de l'air ;^unl tontes conti^tiës, nais sans Otre ajustées eiac-
tcnient les unes aux autres, dans tous les sons < I en laissant entre elles des espacis
vides comme le font les grains de sjlile ^ur le bord de la nnT. •• O. c. I (f^d.
Scliinidl. p. 41 : rf. Irad. A. ilc Rocli.l-, p. fS. — 17 » l.'inipossibiliti^ du >idc con-
duit l'Iaton ii nier tonte conipressiLilité réclie ; suivant lui, la nièine quantité de
substance corporelle no peut dire réduite en un moindre volume. > TIt. H. Martin,
'/. c. Il, p. J57. — 18 Vitruv. IX, 0. l'our cette décou.erle, cf. les art. >iai;hina.
p. I4r,l et MïDRACixs, p. 3ii. — «a O. c. I, ». Traduction de M. A. de Koclias (iii
science des pltHoxopliest I88i,p- loi,. Au lien de •• jusrpi'a ce que la pression arrive
à la surface du \in •, W. Scbraidt <i,. c. p. i'') traduit • bis au der Uberllaclie des
Weioc- sich das Vakuum bildct ». Un contempo ain de Héron expticfuait pour les
mais voici commenl il s'en sert pour c\pli((tier l'ascen-
sion d'un liqiiidi' dans un siphon ilont on aspire l'air
avec la boiiclie: « Quand nous avons reçu dans noire
corps l'air qui se trouvait dans le siphon, nous sommes
devenus plus pleins qu'auparavant et nous pressons l'air
qui nous touche; cet air presse lui-même de proche en
proche jusqu'à ce que la pression arrive à la surface du
vin ; alors le vin comprimé s'élève dans la partie du
siphon qiii a été vidée, car il n'y a pas d'autre lieu où il
puisse se porter sous l'influence de la pression " ». Loin
de s'en tenir à cette influence de la pression, pour
expliquer, dans ses IIvsuu.aTiy.i, tous les phénomènes du
siphon, il fait appel à la géométrie ou à la mécanique :
si le liquide reste en repos dans une pipette ou dans les
branches d'un siphon suspendu en l'air, c'est à cause de
la réciproque d'une proposition d'.\rchimède-''; si le
liquide s'écoule par la grande branche du siphon, c'est
parce que le liquide contenu dans celle-ci est plus lourd
que celui qui est dans la petite branche, il l'emporte donc
et l'entraine-' ; cependant quelques lignes plus loin.
Héron réfute par une expérience facile les savants qui
ont soutenu que la branche la plus longue attirait la plus
courte parce qu'elle contenait plus d'eau -'-. Mais de
toutes les affirmations de ce compilateur relatives au
siphon, la plus funeste fut son induction imaginaire de
l'impossibilité d'un vide continu, xevbv iôpouv -', d'un
vide parfait, to Ttapirciv xsvov -' d'où provient le sophisme
d'analogie sur l'horreur du vide qu'éprouverait la nature,
II. Sip/ioii (i écoulement uniforme. — L'efTort que fait
dans la fig. tiiOi. le serviteur qui lève le bras pour remplir
les gargoiilelles montre qu'on savait déjà que la vitesse
d'écoulement dans un siphon est d'autant plus rapide
que la dilVérence de longueur est plus considérable entre
la grande branche et la partie émergente de la petite
branche '-"\ Pour conserver cette dilVérence, on ajustait,
comme on le fait encore, un flotteur, À£Çv,Tipiov, à la petite
branche-*. On trouva même le moyen de rendre à la fois
l'écoulement variable, mais uniforme et constant pour
chaque variation par l'immersion du flotteur à une pro-
fondeur donnée où on le maintenait à l'aide d'une vis"-\
m. Sip/ion in/erinit/cnt. — C'est le vase de Tantale
mêmes raisons, l'acliou des ventouses: «« Ouand nue venlonse est appliquée, l'air
écliaulTé s'échappe, comprime l'air ambiant ([ui comprime à son tour la surface du
corps liiiinain et pousse ainsi les humeurs sous la ventouse- » — ?" Archimède
démontra que : « si un liquide est en état d'équilibre et d'iiiimobilité, la forme de
sa surface est celle d'une spliére ayant pour centre le centre de l-i terre (I. prop. t ;
éd. Heiberg II, p. 300, ; cf. Ad. Legrauil, f.e traité des corps flott. d'Archim.
p. 13 {Joiirn. df- PInjs. ttiéor. et applig. 1891, octob.). Pline traduit la proposi-
tion d'.\rcliimcde en ta qualitiant de sntttHitas yeometrica ( //. nat. Il, 05, 5 et 0)
et cherche à en faire une loi générale pour toutes les surfaces de liquide ib. 3 cl 4).
mais il confond la tension siipcrricicile ainsi ipie la capillarité avec l'action de la
pesanteur sur la surface des mers. Si la surface d'une goutte d'eau est sphériqiie,
il est absurde de dire que cette goutte n a pour centre le centre de ta terre. - l.a
réciproque de Héron « on sait que tout liijuide dont les dill'éreiites [lartics sont en
communication et qui est en rcpxs, prend une surface libre, spliérique, dont le cen-
tre est le cenlrc de la terre . (éd. Schlnidt, p. 33 et 34j d où • l'eau doit rester en
repas dans no siphon qnau I la surface libre est sphérii|uc et concentrique it celle
lie la terre •• (ib. p. 3S}, est fausse attendu que l'on démontie par le calcul et l'ex-
périmeiitalion que tout liipiidc en équilibre dans uu ou plusieurs vases communi-
quants a une siirface plane et nuii spliérique. C'est le second corollaire du lliéorème
londainenlal de l'équilibre des lii|uid. s. — 31 o. c. I, i (éd. Schmidt, p. 30) (zii<r,::i;
T% i-^ T*î K» }*£Oïl ?X3iT(5'.> ly T'.J D« VtaTXVSVÏîî X»t l^'-CcàT»-. *-- /6. 'it OÙ il COOSi-
dère comme une erreur dédire : S-.ôrt ï* ]*;?;<»> mi'*»; =>£'.» ^Swsr^QTÈci^KàTaitôrAaTf».
— ^i Ib p. 3u. — 2i Ib. p. i8. ^ 55 Héron dil fort justement « qu'il s'exerce une
pression d'anlant plus ^n'aude sur l'orilice de sortie que la branche extérieure est p!us
longue on plutôt qu il y a nue p'ns grande dilférence de Iniiteur entre le niveau du
liquide dans le vase et l'orifice de la branche externe. <• (Trad. A. de Itochas. p. lot).
Mais il a eu tort île dire avant que celle pression est celle du liquide contenu dans le
vase (i'i. p. 103) : cf. éd. Scliniidt. p. 4t. — 56 lier. Al. I). c. 4, cf. Thévenot. Velenim
niathetnatic. opéra, Paris, 16'J3, lig. de la |iage 157. — à7 Her. Alex. O. c. I, 5.
SIP
— 1349 —
SIP
de nos cabinets de pliysique. M. A. de Roclias en cite un
spécimen découvert dans les murs du Vieil- Evreux '.
Par un ingénieux dispositif, les Alexandrins obtenaient
ou faisaient cesser à volonté l'intermittence-. C'est ce qui
permit de construire avec ce siphon des pièces automa-
tiques dont s'amusèrent les Romains' et les Byzantins'.
IV. Siphon étou/je, l^\.%nr^-vr\z '<! uîfpwv ô 7rvty.T0ç ^. —
Dans les pièces automatiques il importe surtout de dimi-
nuer le volume des organes secrets. On simplilia le
siphon intermittent en invaginant l'une dans l'autre les
deux branches inégales. La petite branche est remplacée
par une éprouvette renversée sur la grande brandie dont
elle coiffe la moitié supérieure ; l'autre moitié inférieure
sortant par le fond du vase comme dans notre siphon
intermittent''.
V. Chalumeau. — On vient de voir que 5iaê/|TY|<; et
ffî'iwv sont synonymes ^ Le diabètes \ ou tube droit
percé il ses deux bouts, paraît même avoir été le seul
ij'.fibi'i que connurent les Grecs d'Europe avant la période
hellénistique, et c'est la seule acception que les Alexan-
drins ont en vue quand ils écrivent le mot TÎœojv sans
épilhète. On peut employer le diabètes comme chalumeau
ou comme pipette selon que le tube est plus ou moins
gros et selon que l'on fait ou non le vide dans la partie
supérieure. Le chalumeau peut n'être qu'un simple
tuyau de paille', mais d'ordinaire c'est une tige de métal
fine et creuse, tenais fistula '". On s'en sert pour aspirer
un liquide avec la bouche comme le font avec leur
trompe, (7;'|,(ov", les puces, les cigales, les abeilles'^
les moustiques '^ On employait le chalumeau pour
déguster" ou boire le vin'^; de là, le verbe ai^ojvîÇetv "'
avec le sens de boire du vin. Aristophane '^ l'emploie
en parlant d'Athéniennes qui, pour se livrer à la bois-
son, remplaçaient le siphon usuel par la cuillère de
leur strigile [sriucicis]'".
VL Pipette^ tdte-vin. — Le tube en est plus gros que
celui du chalumeau ; il peut être en métal ou fait d'une
tige de roseau '". Pour s'en servir, on le plonge dans un
récipient plein de liquide et, sans qu'il soit besoin d'as-
pirer, le liquide monte naturellement dans le tube au
même niveau que le liquide extérieur. Si alors on applique
le doigt sur l'ouverture supérieure de la pipette, le
liquide ne s'écoulera pas et on pourra le transvaser. Les
marchands des agoras grecques détaillaient avec cet
instrument si simple de petites quantités de vin-" ou
d'huile (fig. 6i63)-', sans qu'ils eussent besoin d'enton-
noir-- ni de faire basculer ces grandes jarres que leur
poids et leur volume rendaient d'un maniement si diffi-
cile. Une amphore à figures rouges-' montre un de ces
U.asciencedts philos. ll>SJ,p. 117. f'Ijil.Byz. 4a,i-d. C. .le V.lux,|). ISS. — 2 Hcf.
Al. 'J. c. Il, 33; Irad. A. de lioclias, p. 184; TW'Vcnol, IJ. c. p. 107. (ig. 2.
— 1 Vilniv. X, 7. — 4 Alf. Ramhaiid, L Empire grec au \' siècle. Caris, 1870. p. 417 ;
Abou 1 Izz Ismaïl al lljazari, Sur t'umploi de l'eau pour donner du mouvement aux
aulomatcs, ouvrage composé en I iuO de l'ère cliiéliciiiie. (M. -Ci. de Slane, Calai, des
muiiuscr.de la U. nnl.w •iMl). — 3 lier. Al. O.c. 1.3 (éd. Sclimidl, p. M). — » Hliil.
Byz. 10 (éd. Schiiiidl. p. 480; éd. C. de Vaux, p. 47 et liS|. Tliévcnot, <). c. fig. du
la p. 150.— 1 Mer. Al. (t. c. I, 3 5 ,:■,,, -.iç j.W. i, nv.xio; S,«î,;t,;. — 8 Colurnelle
(III, 10, 2), tomparaid la lig« médullaire des plantes au siplioii, dit; aiphonem (juem
diabelem rocnnl mechimici.—'i llesycli. .i.çuv = T,r,» ,-.„..yu.. .«î tiù iiij.cr. — "iCels.
I.8. — "Coluin. 1X,14, 15. -lirt. -'^'Meleagr. (Anlh. Halat. V, 151.2). - H l'ol-
lux, VI, 3 ; \. 20. — 15 lier. Al. ()■ c. I, 2 (éd. Scliniidt, p. 30) ; Elym. M. s. r. ;
CeU. I, 8; cf. Al. de SoiMinevoir, Le trésor romaiq. 1709, .b a-.f.jn - :ampillo ;
fftoo-jviffiT;;, ffcou.iVTfo, ff couvioTpiw = uno o una cite beve il vino co'l zautpillo;
»;o.)jva;= uno che beoe nssai, semlilable métaphore est enregistrée pdr Hesycliius;
tfirsu; = êj-a,ô; «.65wfto;««- '/,i/,vo;. — ly Suid. s. V. : Al de Sommevoir; ai.jouv to.
= ùevere il cino co'l zampdlo. — '7 Thesm. 5.57. — '* Suidas indique la cala-
clirèse ff;3ijviî;o;jitv ibv oÎtov, Oubliant peut-être que les strigiles dn v" siècle ont une
forains qui semble appeler les chalands; devant lui, une
amphore du goulot de laquelle sort une tige mince,
droite, dont la longueur émergente parait être moitié de
la luiuleur extérieure du vase oi'i elle est plongée. Si les
. C403. — AmpI,
proportions sont bien observées, on aurait ici une am-
phore haute d'une coudée dans laquelle plonge un
siphon long de deux pieds. Il se peut que ces pipettes
fussent graduées comme les nôtres^' ; en tout cas, elles
ont pu servir d'unité de mesure courante, car sur une
ampliore à figures noires '^S on voit le marchand supputer
son compte avec les doigts de la main gauche et tenir
dans sa droite un de ses siphons qu'il montre au client.
VII. Crible sphérique. — Dans nos cabinets de phy-
sique, on donne le nom de crible d'Aristote-'' à un
instrument que Philon de Byzance'-' décrit longuement
et que Héron qualifie « d'utile pour puiser le vin »
xaTaixEuaajjiâTtov Trpôç tb oîvo/oEfv yp-/,TifiOv -'. C est une
pipette ayant la forme d'une " petite sphère dont la
partie inférieure est percée d'un grand nombre de petits
trous comme un crible. La partie supérieure est tra-
versée par un tube creux soudé à la sphère et dont
l'orifice du haut débouche en dehors »'-'. Cet instrument
ne servait pas qu'à puiser du vin. Le P. Scholt a vu les
Siciliens en employer de semblables pour rafraîchir les
boissons ; on entourait la sphère de neige, probablement
dans un manchon et on pouvait verser à boire sans qu'il
fût besoin d'incliner le vase cutii periculo efundendi
nivem''". Puisqu'on aurait pu obtenir le même résultat
avec une seule ouverture à la base'', il faut admettre
qu'on se servait de ce crible comme d'un ciilum nira-
riuin^'-, d'un rpùgÀiov pour arroser de la neige avec du
large et profonde cuillère. — l'J V,\. ap. Estienne, TUes. -i, »oclà:Ari ->,; à^j'ou «œiùniu.
Pour cette plante {Ariimlo Pl.rugm. L.) cf. I.onz, Uolanik der ait. Griech. p. 237.
— 20 Hesych. o...... = w •>; »dt,(.... t»v oIvo. ijOovtat. — 21 Er. Pernii-e, srç.,,,
Jahrb. d. d. arcli. Inst. 1803, Vlll, p 18i, n. C. Ampbore à lig. noires du musée
de Coineto [Ib. p. 180). - 22 Cf. noire lig. 53U4. — 2JE. l'crnice, O. c. p. 183, au
musée municipal de (iirgenti. — 21 Les parois des siphons représentés sur le vase
de Corneto ne sont point planes, mais légèrement renllées de distance en dislaiice ;
le peintre a pu vouloir man|uer les i.odosilés du roseau. - 25 E. Pernice, O.c.
fig. p. 181 au musée de Cornelo. — 2ii Ce Jiom est d'origine arabe, cf. C. de Vanv,
O. c. p. 32. — '^^ O. c. XI (éd. Schmidl, p. 480 ; tr. C. do Vau«, O. c. p. 130).
— il O. c. I, 7 (éd. Schmidl, p. 50). — 29 Ib. (Trad. A. de Rochas, O. c. p. 109).
— 30 G. Schott, Mechanica kij'lraulico-pneum, llerbipoli, 1857, p. 30i et lig. 2 de
la pi. XXVI. — 31 Dans les Échelles du Levant, et depuis quelques aimées il Marseille
et même à Paris, des marchands ambulants ilébitent de la limonade avec une
pipellc en fer blanc; on dirait une boile cylindrique a conserves munie sur son
couvercle d'un long tube creux et sous son fond d'un second tube 1res court n'ayant
qu'une seule ouverture extérieure ; le cribrum Vestalis virgini.i du P. Schott a le
fond crebris foraminibus minulis perforatus. — '2 Mart. XIV, 103.
SIP
— IMoO —
SIP
Fig. C4Gt
vin in-tMlaliK-inont lafraiclii [ronM. p. 13;{2j'. Salzmann
a <li'coiiv(M'l à (".ainiros plusieurs fragments en terre-
eiiile de ces arrosoirs-; le
Louvre possède un exemplaire
complet trouvé en Béotie.
C'est un vase ovoïde, haut de
22 centimètres, décoré de figu-
res noires et muni d'une anse
ronde faisant l'arc de cercle
par-dessus; cette anse « forme
un tuyau creux qui est percé
d'un trou à la partie culmi-
nante » ^ (fig. 6464). Il suffi-
sait de diviser l'intérieur de
ces pipettes ovoïdes en deux
ou trois compartiments par
des cloisons étanches pour
avoir des ustensiles « versant
à volonté du vin, de l'eau
froide, chaude, ou toute autre
liqueur qu'on désirait » *.
VIII. Siphon 7-enL-ei'sé. —
Si l'on retourne un siphon à deux branches de façon
que chacune des ouvertures de celles-ci se trouve en
haut, on obtient un appareil fonctionnant non plus
selon les principes de l'aérostatique, mais d'après les
lois.de l'hydrostatique sur les vases communicants.
1° Le sip/ion ?'eii rcr.se à branches égales a été très em-
ployé pour la conduite des eaux et leur distribution
dans les villes [aouaeductus, p. 341]. Les plus anciens
exemples se voient en Caramanie dans l'aqueduc d'As-
pendus (fig. 400)% dans celui de Patara construit en
blocs polygonaux ". C'est également dans un centre
important de constructions cyclopéennes, à Alatri'', que
l'on trouve, en Italie, le plus ancien aqueduc à sipiion,
bien que l'édifice actuel ne soit que de l'an 134 av.
J.-C. Vitruve a donné les règles pour la construction
de ces conduites, mais parmi ses conseils, il eu est
un dont on discute encore le sens* : Etiam in ventre
columnaria ' sti/il facienda per rjuae vis spirilus
relaxetur '". Il est évident que si l'on fait une ouverture
dans la partie la plus basse de ces conduites sous pres-
sion, l'eau s'échappera et ne remontera plus dans la
branche ascendante. Cependant, Flachat découvrit à
I limai, (kl. I, 1, II. — 2 Viollel-le-Duc, Diction, raison, du mobilier franc. Il,
|.. lli. — 1 E. l'ollior, /tco. arc/i. 189a, 1, p. S (C. A. 822) et fig. G. I.e petit volume
(le ce vase cnipùclie iradincUre l'Iiypoltièse de M. Clcrmoiil-Ganneau {Hev. nrch.
1899, 11, p. ■UT), fonmili'e lii'jk par Viollet-le-Uuc, /. c. que ces ustensiles sont de
simples arrosoirs. — V lier. Al. I. s (pit. Sclimidt. p. (iO; trad. A. de Rochas, p. 110) ;
TW'vcnot, O. c. lig. de la p. ICi _ . Cli. Texier, Asie .Min.{L'nii>,.rspit.) ISii, p. 719 ;
Tréniaui. K-rplor. arch. de fAs. Min. pi. vm-ix. — 0 Cli. Texier, 0. c. p. 677,
IJescr. lie l'As. Alin. 111, y. iii, |>l. ci.xxix ; V. Duruy, Hist. (tes Jtom. I8SÛ, II,
p. 64J. — 7 A. Secehi, Avintzi di op. idraul. ant. neW Alah-i, Roma, 1803.
— Il VIII, 7. — '.> Au lieu de coUnnttaria, quelques éditeurs donnent cotumbaria,
ou colliviaria ; cf. Perrault, Les dij- liores darchit. de Vitr. 168V, p. i67, n. S.
— lOl^e désaccord porle : 1° sur la lecture et le sens de columnaria; i" sur ventre
que Vitruve emploie dans le sens de x'jiVtu. pour le creux, le fond horizontal de la
\aIU*e, cf. ib. ventris planitia. M. l'ingénieur (ierniain do Montauzan, Les aqued.
romains de Lyon^ 1909, traduit vis spiritus par >< force d'aspiration >■ p. 181;
donne k ventre le sens de concavité : <• lcsponls-si|)lions des arpieducs de Lyon sont
assez bien conservés pour qu'on reconnaisse que leur lablier est horizontal et non
en forme de ventre concave « p. I8IÎ; remjdace columnaria par colliviaria .- rol)i-
nets de décharge ouverts au moment du remplissage », p. 187, bien qu'il recun-
naisse que les coups de bélier se produii^ent aux points hauts où l'air vient s'accu-
muler; rejette l'idée de venlouse et as^simile les soultrazi orientaux aux colonnes
piézomélriques, alors qu'il n'y a qu'un rapport déforme extérieure et pittoresijue.
— 11 Itech. SUT les at/ued. de Lyon coustr. par les Itom. 17ljlt, p. 52. Cependant
Delurme, malgré l'avis de Flachat, croyait que le tuyau de la ventouse était
couché remontant le liane de la vallée. La nécessilé des ventouses ne fui comprise (
Delornie " de quelle élégante façon les anciens solution-
nèrent ce problème par la conslruclion de monuments
semblables aux soiilerasi de l'Orient'-, vérital)les ven-
touses se trouvant //; perpétua aer/aa/ilntc Y>\i'isqu on les
plaçait au sommet de piliers en maçonnerie dont la
hauteur atteint la ligne de pente générale des eaux. Les
Romains évitaient ainsi les accidents que la pression
peut amener dans un seul siphon renversé dont la
branche horizontale est d'une trop grande longueur'-', et
ils construisaient autant de columnaria qu'ils croyaient
nécessaire d'établir de siphons renversés : ainsi, à
Pompéi, dans la seule ruede Stables, on en compte quatre
depuis le Château d'Eau jusqu'au théâtre couvert ". Ce
sont des constructions en pierre ayant la forme d'un
obélisque égyptien décapité de son pyramidon ; au
sommet, se trouve, au contraire, une excavation, cohun-
barium, sorte de boulin que remplissait un bassin de
métal ". L'eau montait par des tuyaux appliqués sur une
des faces de l'obélisque et se déversait dans ce bassin oit
elle se trouvait à surface libre, n'étant recouverte que
par une large tuile plate. D'autres tuyaux adaptés à la
base de ce bassin redescendaient sur la face opposée de
l'obélisque et conduisaient l'eau à la colonne suivante ou
aux fontaines '"^. 2° Si le siphon l'enversé est à bran-
ches inégales, l'eau s'échappe du tuyau, siphunculus''',
de la petite branche et forme un jet qui s'élève jusqu'à
la hauteur du réservoir d'où part la grande branche.
C'est ainsi qu'à Pompéi on peut facilement calculer la
hauteur de ces fontaines jaillissantes qui sont en com-
munication directe avec les columnaria des carrefours".
Cependant, quand on étudie une fontaine d'oii l'eau
s'élance de la cime d'une colonne ((ig. 3149 et 3134) il
faut se souvenir que les anciens savaient établir des jets
d'eau par l'air comprimé".
IX. Vases à niveau constant. — Ce sont des siphons
renversés à branches inégales dont la petite branche a
la forme d'une coupe d'où le liquide ne sort pas en
jet, mais qui « reste pleine, quelle que soit la quantité
qu'on y puise -'' ». Philon décrit trois appareils différents,
bien que construits d'après le même principe, et il
ajoute : <■ Employez-les comme vous voudrez, pour des
bains, des lavabos ou des lampes'-' » ; et plus loin : « il
y a de nombreuses variétés de vases à niveau constant,
modifiez-les comme vous voudrez'-- ». D'ordinaire, le
en France que lors de la construction des aqueducs de Versailles {f/ist. de l'Acad.
des sciences, 1732, p. la"). — 12 Ces constructions, dont le nom signifie niveau
d'eau, sont de temps immémorial toujours bâties et réglées par les membres de
tguelques familles épirotes du canton de Drniopolis (arr. d'Argyrocastro). Bien qu'en
dise e. de rchihatcliell'(Z.e Bosph. et Constantinoplc, 1866, p. 58 sq.), jamais Turc,
Aiabe ou Tersan n'a été capable de faire fonctionner un souterazi. La meilleure
étude ïur ces monuments est celle d'.\ndréossy, Couslantino/de et te liosphove,
Paris, 1828, p. 388 et 438, pi. n et x). Pour les souterazi d'Alep et de S. Jean-
d'Acre, cf. Ih. 459 ; pour les conduites à souterazi de Puerto-Real prés l^adix el
de Talavara sur le ïage, cL Ib, p. 460 sq. — '3 {Aqua\ ex lonyo spalia ventns
leviter tumescit. Vitruv. Vlll, 7. — 1* H. Thédenat, fompei ; le plan de la ville où les
u colonnes d'ascension pour les eaux » sont marquées par X n'en porte que trois ;
la quatrième est indiquée dans l'erratum ; Vie publiq. p. 128, lig. 09 et 71. Celle-
ci représente l'arc de la rue de Mercure, qui comme l'arc de Tibère. • ont été
utilisés comme colonnes d'ascension pour les eaux ... — i'> Slau, l'umpei. its
li/'e and arts, 1892, p. 230. — '« Les colonnes, dont la description technique n'a
jamais été faite, sont identiques aux souterazi qui conduisent encore l'eau à travers
les plaines jusqu'au chSleau d'eau (tawim) des villes leiantines. — I" Plin. E/i. V,
6. — 18 11 faut toutefois tenir grand compte de la platijie, mamiila, adaptée à
l'exlrémité du siphunculus, car c'est elle qui donne la forme du jet et iidlue
sur sa hauteur. — "J Pour ces fontaines de compression, cL lier. O. c. I, 1";
A. de Rochas, Les origines de la science, p. 198 ; Thévenol, IJ. r. lig. de la
p. 164. —i» Hero Al. (/. c. I, 19 (éd. SehmidL p. 192 sq. : trad. A. de Rochas,
p. 132 sq.). — '.îl Phn. By/. 19 |lrad. C de Vaux, p. 142), — -^'^ Ib. 211 ,tr.id.
C. de Vaux, p. U3.)
SIP
— 13ol —
SIP
réservoir aliinentaut la grande brandie du siphon ren-
versé est « uncanlliare dont la bouche est fermée par un
diaphragme' ». On peut se rendre compte de ce qu'était
cet ivysîov To S'.3(7iâi;ofY|JLÉvt,v TÔ cToaiov par un canlliare en
terre-cuile du Louvre-; les trois zones concentriques
de figures noires qui en décorent le diaphragme nous
montrent que cet appareil est antérieur aux Alexan-
drins -^ Une autre terre-cuite, placée dans la même
vitrine ifig. 6465) '.offre un spécimen complet de vase à
Fig. 6W3. — Le Salvrc Luicu
niveau constant, puisqu'on y retrouve les trois éléments
nécessaires: le siphon renversé est dissimulé dans le socle;
la petite branche se termine par une coupe évasée haute
de 9 centimètres ; la grande branche s'adapte au réservoir
qui a 12 centimètres de hauteur'' et dont les parois,
sur les faces externes, ont la forme d'un satyre ventru;
le diaphragme n'est autre que la tète du satyre; sur le
sommet du crâne se trouve un évenl vertical dans lequel
on n'a qu'à enfoncer un tube de bois ou de métal dont
l'extrémité inférieure doit arriver au niveau horizontal
où Ton désire que le liquide reste constamment dans la
coupe '^. Ce système souvent employé dans' les lampes"
produit un éclairage d'autant plus brillant que l'huile
s'échauffe peu et s'altère moins par l'ardeur delà flamme.
X. Pompes foulantes. — Ce sont les seules que les
anciens semblent avoir connues ; comme elles n'utilisent
point la pression atmosphérique', mais agissent par la
compression que l'on exerce directement sur le liquide,
l'eau peut être élevée à une hauteur qui n'a de limite que
la puissance développée et la résistance de l'appareiP.
Primitivement, on se servait « d'outrés pleines d'eau qui,
étant pressées, élevaient l'eau par des boyaux de bœuf
formant tuyaux » '" ou par des roseaux creux ajustés les
uns aux autres ". C'est d'après ce système que l'on faisait
les pompes à incendie'- et les clystores '■'. Plus tard, on
remplaça l'outre par un cylindre à paroi verticale en cuir
formant soufflet analogue aux lanternes vénitiennes de
papier; la pression s'exerçait avec le couvercle en bois
' Hcr. AI. O. c. I, 19 fcd. Scliiuidl. p. lOi). — 2Salic L delà galerie céraniii|iie. Il csl
diflicile d'avancer si ce vase a servi de lampe lel ,|ti'il i-sl ou s'il fui eniploy(:' comme
rccipicnl d'uu appareil plus complexe. — 3 II existe à ]'Antt()uarium de Berlin un caii-
ihare f(ui paraît seml>Iai>le à celui de la salle L du Louvre, mais il esl à couverte uoire
{Jahrb. detdeutsch.arch. Instil. ISOi, VII, p. ïiie\An:eiii.). — 'Butkt.dccorr.
hell. IS95,p. iîi-îth. — :• Ih. p. i3i. cf. fig. 3, p. J3I. _ 6 l'our la disposition .le ce
tube, cf. la fig. 706. p. 12 de l'art. Éclairage (Cli. Laboulaye, Dietioim.' des Arli
et Afamtf.), Comme ce lécipient a un couvercle plat, les deux ouvertures M.
et D. sont parallèles, ce qu'on n'a pu faire dans le Satyi-e. — "^ L'exemple le
plus ancien, dans les temps modernes, parait être la lampe de Gruoberger (Gasp.
Scholt, Mechanica ffydrautico-pneumutica, Wur/bourg, iG37, p. 290 cl pi. xxv.
fig. 5). — * On peut déterminer l'asceusioQ du liquide dans ces corps de pompe
eu y faisant le vide, mais ce n'est pas l'efTct qu'on doit chercher puisqu'il faut
plonger ces appareils daus l'eau comme nos poires a injections. C'est par
erreur que lin. y. Visconti {Op. Var. Il, p. 30) a parlé, â propos des Ancieus.
de pompe aspirante cl foulante auisi que de « la forza del vuolo ". — 9 C'est
que l'on abaissait à l'aide d'un levier; l'eau s'échappait
par un tuyau de cuir adapté à un orifice percé dans ce
couvercle ; l'appareil ne fonctionnait que s'il était en
partie immergé dans l'eau; d'ordinaire, on te plaçait
dans un puits". Il en était de même d'une autre pompe
" très ancienne •> qui semble n'être qu'un perfection-
nement de la précédente: la paroi verticale du cylindre
est rigide, en métal; il y a deux soupapes; l'eau, refoulée
par un piston mobile, pouvait s'élever à 10 coudées de
hauteur '°. C'est ce type que l'on emploie encore de nos
jours et qu'utilisa Ctésibios pour la machine connue
sous son nom. La ctesibira maihinn est analogue à
l'HVDRArLus, les organes sont les mêmes bien que leur
fonctionnement produise un effet inverse. Elle se com-
pose, telle que Vitruve la décrit ", de deux corps de pompe
séparés et placés à peu de distance l'un de l'autre ; cha-
cun d'eux est formé d'un cylindre en bronze, modiolus
e.T aère. /aXxT, Ttu;;';", dontle fond est percé en son milieu
d'un trou circulaire que peut obturer un disque métal-
lique, 7iXaT'j(j[j.àTiov '*,Tuu.:Tiv;ov", plat, mobile sur quatre
petites tiges fixées au fond du corps de pompe et munies
d'un arrêt à leur extrémité supérieure pour empêcher ce
disque de s'en aller -" ; une seconde ouverture, percée à
la partie inférieure de la paroi verticale du cylindre, met
en communication l'intérieur de celui-ci avec le tuyau de
refoulement par où l'eau sort de la pompe. Un piston,
embolusmasculus, IiaooÀîj;-', également en bronze, poli
au tour elbien huilé, porte sursaface supérieure une tige,
re(iula, xaviiv^' à laquelle on imprime un mouvement
de va et vient à l'aide d'une brimbale, vectis. Ces deux
pompes foulantes ne peuvent fonctionner que si elles sont
à demi plongées dans une caisse pleine d'eau, uoxto;
à-'vsïov -', qui les alimente ; mais, au lieu de refouler celte
eau dans un réservoir àair libre, ellel'envoie dans un ré-
servoird'air comprimé fini est l'organe essentiel et consti-
tuant tout le mérite de la ctesibica machina. Ce réservoir
est fait de deux pièces: 1° une cuve, cali/ius, percée à sa
base de deux trous, munis chacun d'une soupape, et
par lesquels arrive l'eau que les deux pompes envoient
alternativement dans leur tuyau de refoulement; 2° une
chape, paeniila, couvercle bombé ou conique, analogue
au pnifjeus^^ de I'uvorailis sous lequel s'emmagasine
l'air comprimé. Chape et cuve sont réunies l'une à l'autre
par un fermoir et des boulons pour qu'elles ne soient pas
disjointes par la force de l'eau ; bien que Vitruve ne
parle point de la force de l'air comprimé, c'est elle qui
est ici la plus forte puisqu'elle refoule l'eau dans une
trompe, tuba, qui pénétrant par le sommet de la chape,
descend jusquuu niceau de la cuve-'. Par suite d'une
idée préconçue ou d'un défaut de construction, ciiaque
pour cela que les Anciens n'ont pu faire la célèbre observation du fonlainier de
Florence. — 1» Apollod. Dam. Poliorc. VII, 7 ; Irad. E Lacoste, /ter. étiid.
ijr. 1890, p. 2C7. — H JO. p. 208. — 12 /é. — 13 Ch. Daremberg, Œm: dOri-
base, 11, p. 838, notes. — •'• C. de Vaux, Xoles et extr. des maniiscr. .V.V.WIII,
1903, p. 2lo sq. La description de celte pompe et de la suiv. sont prises d'un mscr.
arabe d'Oxford, (n. 95i) composé d'extraits « d'Archimède et de l'hilon ». — '^ rt.
p. 217. — 16 X, 7. — n Her. Alex. O. c. I. 28. — 1» Ib. 42. — 1» /*. 28. — 20 Ib.
cf. la restitution de 51. A. de Rochas, La science des pbilos. pi. m, fig- 2 bis. Le
mode d'attache de ces soupapes est inverse de celui qu'on emploie ptiisque le boulon
à tète est fixé à uos soupapes coniques. — '-' Her. Alex. O. c. I, 28. — '-'- Ib.
— 53 Jb. _2l Vitruve compare la paenula et \epnigeus (X, 8) à un infmdibulum
inceraum. — 23 Vitruve ne le dit pas, de sorte qu'on pourrait croire que la trompe
ne dépasse pas le sommet de la paenula comme pour le pnigeus. Le contexte
prouve le contraire. Perrault n'a point vu cette différence, ni ceux qui ont repro-
duit son mauvais schéma. i /.es dix livres darchit. I68i, pi. Lxii, fig. 2) inspiré de
la restitution de Barbare / duxilibri. 15')C, p. 2i:.5.
SIP
13o2
SIP
coup de piston envoyait do Tair cl de l'eau dans ce réser-
voir. Vilruve ne dit nullement que cette machine fut
employée dans les incendies; telle qu'il la décrit, elle
n'est point mobile avec ses ti'ois organes réunis par deux
tuyaux, aussi ne l'indique-t-il que pourremplir des réser-
voirs alimentant un jet d'eau '. Cependant, de bonne
heure, on chercha à rendre cet instrument plus maniable.
De toutes les anciennes pompes retrouvées Jusqu'ici,
celle qui se rapproche le plus de la clesiluca machina,
la pompe découverte à Silchesler-, est faite d'un seul
bIoc.de bois haut de 57 centimètres sur une section de
'-l'.i X 'i'i centimètres. Deu.\ conduits de 76 millimètres de
diamètre traversent ce morceau de bois dans toute sa
hauteur; ils sonldoiddés d'une feuille de plomb épaisse
d'un demi-centimètre et communiquent ciiacun, à leur
base, par un conduit montant jusqu'à la chambre à air
qui occupe le tiers moyen. La paenu/a est représentée
par une sorte de coupole percée en son centre pour laisser
pénétrer la trompe jusqu'au niveau de l'eau ^ La fameuse
pompe de Castronovo ' est également d'une seule pièce,
mais en bronze. Sur
un cylindre horizon-
tal ffig. «466) s'élè-
vent perpendiculai-
rement et sur un
même plan vertical,
trois tubes parallè-
les: les deux extrê-
mes, symétriques,
cylindriques, et de
85 millimètres de
diamètre, servaient
de corps de pompe ;
le tube médian, for-
tement renflé, sem-
blerait contenir le
réservoir d'air, mais la coupe (fig. 6'i67l montre qu'il
ne renferme qu'une chambre cylindrique fermée par
3 soupapes à clapet' : deux verticales et symétriques
pouvant alternativement interromprela communication
avec chacun des corps de pompe ; la troisième soupape
horizontale ferme le haut de cette chambre et prouve
assez que le jet d'eau lancé par cet instrument n'était
pas continu comme dans la. ctesibica machina. D'après
W. Schmidl'', la pompe de Caslronovo daterait d'Anto-
nin le Pieux (138-161); en tout cas, elle semble d'un
type plus ancien que la pompe de Bolsena", qui de toutes
est celle dont la construction se rapproche le plus de la
» Clesihica machina qunc in altitudinem aijiiam educil... el ila ex inferivre
loco castello coltocato, nd saliendum aijna subministratur. — 2 w. H. S. John
llopc el G. F. Fox, Erraval. on the site of tlie Roman city at Silchesler
in IS91 [Archaeolotjia, V, IS'Jli, p. 232 sq.). — 3 /(,. (ig i, p. 232 el flg. 2.
p. 234. — * E. Q. Visconli, Gioin. délia iHterat. italiana V. Maiilova, 1795.
303-307; Opère var. Il, p. 28 sq. — 5 Toutes les soupapes sont repriSscnlées
par Visconli ((ig. C467l, telles qu'on pouvait les voir sur cet appareil hors
d'usage. Frederick Davis, JVo(c on a roman force-pump found ut Bolsena
(Archaeol. V. IS'iO, p. 2.ïC), trouve qu'on anrail dû dessiner la soupape' d'aspi-
ration de gauche ouverte et celle de refoulement fermée, alor.s qu'à droite la
soupape de refoulenieiil serait ouverte et celle d'aspiration fermée. Celte cxactiuidc
n'est qu'apparenle puisi|ue les pistons ne sont pas h leur place cl que l'eau
n'est pas figuriie dans l'appareil ainsi qu'on le fait dans les vignelles des manuels
éléracnlaires. — 6 Her. Al. f). c. p. xxmui. — '' Fr. Davis, O. c. p. 254 sq. Cet
appareil n'est qu'un objet de vilrine ou de cuisine incapable de dibitcr un
verre d'eau k chaque coup de piston. Les corps de pompe ont l.s centimètres de
haut, totale avec un diaraàlrc de 3 ceulira. — » 0. c. I, 2B ; cf. Thévenol, O. c.
Iig.de la p. 181 ; Al. de Rochas, Les origines de la science, p. 203, fig. 80.
— 9 fl. nat. VII, 38. — lu Ep. X, 42, 2. U traduction de celle Icllre se trouve il
larl. FAUiii. p. 95.5; cf. Isid. Ilisp. Orig. XX, 0, 9; Ùiyest. XXXlll, 7, 12, 18;
Flg. 0400. — l'ompe de Caslronovo.
Coupe do la niônic pompe.
pompe à incendie décrite par Héron ". Dans les appa-
reils de Bolsena el de Héron, il y a, entre les deux corps
de pompe, un
tube droit, <7ioXy,v
opSto;, parfaite-
ment cylindri-
que, très court
et n'ayant pas de
soupape à sa par-
lie supérieure
comme dans l'ap-
pareil de Caslro-
novo. Il est dif
liciie d'indiquer
à quelle époque
la machine de
Ctésibios a pu
être transformée
en pompe à incendie. Celle modification, dont ne
parlent ni Vilruve, ni Pline l'Ancien ', n'a pu se pro-
duire qu'à la lin du i"' siècle. Pline le .leune écrit à
Trajan pour se plaindre qu'il n'y eut encore à IS'icomédie,
aucune pompe à incendie, nu//u.s sipo'" ; sous Hadrien,
Apollodore reconnaît que les armées assiégeantes n'ont
pas toujours de siphons à leur disposition" ; dans un
incendie qui dévasta Smyrne peu avant l'année 155,
on voit les c'aiovci; '- figurer parmi les ïp-fava que fait
apporter le stratège'^. Cependant, comme le remarque
0. Hirsciifeld", \(;s.^iponarii'-\ ou pompiers, ne jouèrent
jamais qu'un rôle très secondaire dans l'exlinclion des
incendies à cause du peu de puissance de leurs pompes
el de la difficulté qu'ils éprouvaient à les manier. Pour
en faire une machine Iransporlable, on avait cru devoir
supprimer le réservoir d'air de Ctésibios, laissant toute-
fois subsister le catinun, transformé en tube droit; ce
désavantage'" ne fut nullement compensé par les trois
grands perfectionnements qu'indique Héron: i'' l'emploi
d'un seul balancier, o xavtôv, manœuvrant à la fois les
deux pistons; 2° l'usage de la petite soupape, x/etôiov,
élanche que les Romains nommaient assarium, à.cci-
piciv'''; 3° un système de double rotation placé sur le
tioXyiv cipôioç et « permettant de lancer le jet vers un point
voulu sans être forcé de déplacer la machine en entier,
ce qui causait des relards fâcheux »'".
Les Byzantins employèrent celle pompe pour lancer du
pétrole sur les navires ennemis; le marin qui en était
chargé se nommait !7ia.(.ivaTojp '•'. Soblin Dorionv.
SIPHOXARILIS, SIPOiXARlUS [SIPUO, viGlLES].
Ilesych. s. u. »;=uy. — " PoUorc. Vil. 7 (Rcr. étud. gr. 1890, p. 208). — "2 Pio-
nius, Vita S. PoUjcarpi, 28 (éd. L. Di:i:hesiie, 1881, p. 33). — 13 Le «tsixiiYbî U\
TSySitl»!-, (C. I. Gr. n. 3162, 3189, 3193, 3201, cf. Ib. IV, p. W, index; Gagnai, D.
municipal, cl provinc. militiis in Jmp. Itom. 1880, p. 14; 0. Hirsch'eld, Gall.
Studien 111, der Praef. Vigil. in yemausus und die /•'cueriverlc. in d. rôm. Land-
stadt, 1884, p. 4, n. 4: •( in Smyrna und audcren Sladten Kleinasiens. » L'abbé
Duchcsne, au contraire, voit ilansce stratège « ille qui summam ciritatis adminis-
Irationem reqere videtur. distinguendus est a «rroaTiiYÇî êki -cf,; eîoiîvtj; {O. c.
p. 40J; d'après .S. Ileinach {Saint Polijcarpe et les Juifs de .Smyrne, 1885, p. 2),
ce stratège » ne peul-êlre autre (|ue le premier niagislrat de la ville, rircnarque. »
— H O. c. p. lu, n. 1. — liMuralori, p. 7,<8,n. 3 = 01. Kellerraann( Vigil. Roman
(n(erc.p. 41), n. ll = Corp. inscr. lat. VI, n. 299*. — 1« J.-ll. Flallier, SmiW.'i Z»ic
(i()«.s. v. Ctesibica mach.vsl d'avis contraire. Cependant, on a rétabli ce réservoir
d'air comprimé dans toutes les pompes à incendie (F. T. D. Phi/sig. Lyon, lOnu,
lig. 87). — n Ki.,5lovT6»a>.oOi>ivo»iiapà 'P^ija 0.; 4a.Tij-..)y léd. W. Schmidl. p.74|. Ce
passage suflirail à prouver que Héron n'êlait point contemporain des consuls
Duilius et Kegulus. Four la lii;uie de ces soupapes, et. TliéveuoC, (/. c. p. 100.
— '» Her. Al. O. c. (cf. Irad. A. de Itoclias, p. 134); cf. Thévenol, O. c.
(ig. de la p. 181. — " l.eo imp. 7'ac(. XIX, S ; cf. Du Cangc, Gloss. ad scr. med.
grâce, s. v.
i
SIR
— 1353 —
SIR
SIRIi:\ES (S£ipY,viî '). — Èlres fabuleux tlonl le chanl
séduit et attire les hommes qui passent à leur portée.
« Mais, dit Homère, il est perdu celui qui, par impru-
dence, écoute leur chant; jamais sa femme et ses enfants
ne le reverront dans sa demeure et ne se réjouironl -. >>
I. Les Sirènes nous apparaissent en clfel pour la pre-
mière fois dans VOdijssc'e. C'est l'épisode bien connu oii
Ulysse, mis en garde par Circé, parvient à échapper à
leur charme ^ Il a bouché avec de la cire les oreilles de
ses compagnons et lui-même s'est fait attacher au mat
de son navire, au moment de passer près de l'ile où elles
guettent les marins pour les faire échouer et les perdre.
Les ossements qui couvrent le rivage témoignent du
grand nombre de leurs victimes. Après Homère, la poé-
sie enrichit largement la légende des Sirènes' et, tout
d'abord, leur donna une famille et une patrie : leur père
futle fleuve Achéloos % ou bien Phorcys °, qui, on le sait,
est devenu peu à peu le père de tous les monstres de la
fable. Chimères, Érinyes, Gorgones', etc. Pour mère, on
leur attribua Stéropé ', ou une des Muses, Melpomène,
Terpsichore, Calliope"', ou bien encore, et c'est sans
doute une idée plus ancienne, Gaea ou Chthon, la
Terre'". On racontait aussi qu'elles avaient prétendu
disputer aux Muses le prix du chanl et qu'elles avaient
été vaincues dans la lutte ". Pausanias dit même que le
concours avait eu lieu sur l'ordre d'Héra'-. Homère,
qui se sert à deux reprises de la forme du duel pour les
désigner", n'en comptait donc que deux, mais dans la
suite on portait leur nombre à trois et on leur donnait
des noms : Peisinoé, Agiaophé et Thelxiépeia, ou bien
Parthénopé, Ligeia etLeucosia". Ce sont, on le voit, des
noms tirés soit de leurs qualités, soit des pays qu'elles
étaient censées habiter. D'après la place que l'aventure
d'Ulysse occupait dans VOdyaséi', on avait situé leur ile
à l'ouest de la Méditerranée, puis on précisa davantage
et on leur assigna soit le cap Péloros, soit Capri, soit les
iles Sirénuses''. Un temple leur était consacré à Sor-
renle " et l'on
montrait à .Naples
le tombeau de celle
qui s'appelait Par-
thénopé ". En rai-
son du rôle que les
Sirènes jouaient
dans ÏOdijssi'c, on
voululleuren don-
ner un dans les
aventures de Ja-
son '* et on ne
manqua pas de les rattacher à la légende des Argonautes.
Orphée, embarqué sur la nef. l/'z/o, les vainquit, dit-on, par
S1KK.\ES. I Se fondant sur l'iliscripliou ^tç(» i!ni que nous cilons plus loin,
M. F. Kruisclimcr pense (juc Ia vérilablc oi-lljographc scraillïto^vE; et que la graphie
L£ifi;ve5 vient de l"épcM]UC lieliénistique, qui écrivait Xe<>uv pour Xc'çwv, etc. U'ien.
Slud. 1900, p. 17S-S0; cf. CrSuert, i6id. IS'J'J, p. 50. — 2 fjd., XII, il-43.
— 3 0(1., XII. l5V-iO0. — i IMin., Hisl. nal. X. 0-70. — s Pauly-Wissowa, ilml-
encycl.y I, p. 215 sq. — ^ Sopii, Fratjm. 777 (i« éd. Nauckl ; Plut. Sympos. IX,
li, G. — ' Scliœin,mn, De Phorcijne eiiisque familia {Opntc. Acud. II {Berlin,
IS37], p. 176-il i) : Weicker, /Jer Seelenmi/el, p. 40. — » ApoIIod. BibliolU. I, 7, lu.
— 9 Apoll. Uliod. Anj. IV, 893 ; ApoIIod. I. 3, *. — m Eurip., Ild., liiS. — " Scol.
Lijcojilir. 033. Cet épisode est figuré sur des sarcophages, Baunseisler, /AnAm. III,
p. ICii;. — 12 Paus. IX, 31. 3. Weicker, Op. cit. p. 76, suppose ici une invention
récente destinée à expliquer une particularité de la statue d'Héra ii f.héronée.
— " <ld., XII, 5î et IG7. On peut s éloiuier de ce duel qui n'a d'ailleurs aucun fon-
dement dans la légende. Hst-il impossible de croire que des nionumenls ligures
l'aient suggéré au dcraier rédacteur de VOdyssce. qui aurait vu sur des vases peints
VIII.
son chant, elles compagnons de Jason purent échapperai!
péril comme ceux d'Ulysse. Seul Boutes, fils de ïéléon,
séduit par leurs voix harmonieuses, se jeta à la mer pour
les rejoindre, et il allait périr quand il fut sauvé par
Aphrodite ". Apollonius de Rhodes, rappelant cet épisode,
fait allusion aussi à une légende qui mettait les Sirènes
en rapport avec Perséphone ^°, dont elles auraient formé
le cortège [ceres, p. 1032 , qu'elles auraient cherchée
lors de son enlèvement-' et qu'elles avaient suivie aux
Enfers. Signalons enfin l'emploi que fait des Sirènes la
philosophie de Plalon, où elles apparaissent comme diri-
geant l'harmonie des spiières célestes".
IL Les scoliastes et les lexicographes décrivent les Si-
rènes : elles ont, disent-ils, un corps d'oiseau et une tête
de femme--'. Ce renseignement dédale récente, car ni
Homère, ni les écrivains classiques ne nous parlent de
l'aspect des Sirènes, est confirmé d'une façon formelle
et précise par les documents archéologiques dont quel-
ques-uns remontent 1res haut. Un des plus anciens et le
plus important est une hydrie de style attico-corinthien,
trouvée à Caeré, ac-
tuellement au Lou-
vre -■'. L'épaule du
vase est ornée entre
autres de deux oi-
seaux à tête de femme ,
dont l'un est expli-
qué par celle inscrip-
tion : SIPEN EIMI,
« je suis la Sirène »
(lig. 64G8). Comme ce
vase n'est pas, sans
doute, de beaucoup
postérieur à ÏOdijs-
sée, nous pouvons croire que c'est bien ainsi qu'on se
figurait les Sirènes à l'époque de la dernière rédaction
du poème. C'est ainsi en tout cas qu'on a continué à se
Fig. 61C9. — Ulysse et les Sirènes.
les figurer en Grèce. M. Bulle a publié récemment un cu-
rieux aryballe corinthien, provenant d'Athènes (lig. 6409)
des Sirènes alfrontées ou qui aurait
de l'épisode, dans le genre de celle qi
tifs se sont inspires de l'épopée, celle-
à l'art contemporain? Cf. Clcrmont-G:
II, p. -15 sq. — ** Tzctz. Ad Lycopkr
cilons lig. 6i6U? Si les artistes prinii-
lurrail-elle pas avoir parfois emprunté
Lamylhol. konoijr. /Ici'. Crit. I(*78,
- 15 Tzclz. ;. c. — 16 tlrah. I, 12,
p. 22. — >7 Strali. I, 13, p. 23 cl V, 7, p. 216. — 18 A moins que, comme l'a sup-
posé KircliholT, elles n'aient été introduites dans ÏOdyssée ciue parce (|f.ellcs figu-
raient déjà dans la légende des Argonautes: cf. M. Croisel. flisl. de la lilt. rjr., I
(US7), p. 297. — 13 Apoll. Rhod. Argon.. IV, 891-921 ; Apolloil. BM. I,. 9, 23.
— 20 Apoll. Rhod., (. c, 894-90 ; Eurip., Bel., 173 et sq. — '" Ovid., A/el. V, 351
sq. — 22 l'Ial. Hep. 017 h : Plut. De anim. procr. 32. — 2' Scol. ad i ycoplir. 033
(éd. Scheer, II, p. 218) : )i7ieuT«'t y»? r.iav t« »iTu i«i?ii ôf-i'eu. «itouwt,, Ti ii £>u
4ï6f™i:uy. Suidas, s. u. •»; nu9o"*ojoi Seijiîvi; çami ÎT.Vj-fiauTià -iva o}»LO..nTv!ii ; cf.
ApoIIod. Uibl. VII, 18; Heracl. de Incred. XIII (éd. Weslermann, p. 315). - 21 E
869, Polticr, Cat. de» Vase», p. 370sq., et Vases du Louvre, II, p. 80 et pi. r,\.
170
SIR
— 1334
SIR
dont la panse représente l'épisode fameux de VOdi/ssée^.
Ulysse, le casque en léle, est allaclié au màt de son na-
vire, dont les voiles sont amenées. Ses compagnons,
casqués comme lui, rament avec ardeur vers l'île des
Sirènes. L'eau est indiquée par une ligne ondulée. Deux
oiseaux volent au-dessus du navire. Sur l'ile, figurée
comme un rocher élevé, se tiennentdeux Sirènes, oiseaux
à tète de femme, dont la bouche est ouverte comme pour
chauler, tandis que derrière elles est assise une femme
dans laquelle M. Bulle voit, avec beaucoup de vraisem-
blance, leur mère Chthou, la Terre. Derrière le navire est
ligurée une habitation dont la porte est ouverle : sans
doute la demeure de Circé que les Grecs viennent de
quitter. Un très beau stamnos à figures rouges du style
sévère, actuellement au British Muséum -, repré-
Ulvsse ft les Sirènes.
sente le même épisode (fig. 6470). La mère des Sirènes a
disparu; elles sont au nombre de trois et l'une d'elles
semble se précipiter dans la mer ^ Ce vase nous donne
aussi le plus ancien nom connu d'une sirène : Himé-
ropa'. Enfin un lécylhe altique à figures noires ^ qui
se placerait comme date entre les deux vases précé-
dents, nous présente une sorte d'image abrégée de celte
scène. Faute d'espace, le navire n'est pas figuré : Ulysse
est attaché à une sorte de poteau qui doit représenter le
màt et qui émerge de l'eau indiquée par des lignes ondu-
lées et des dauphins. Les deux Sirènes ont ici, outre la
lèle, des bras de femme dont elles se servent pour jouer
de la lyre et de la llùle. La conception des Sirènes chan-
teuses a conduit par une transition toute naturelle à
l'idée d'en faire des musiciennes ; on ne séparait guère dans
l'antiquitélechanlderaccompagnemenldes instruments.
Grâce à ces documents dont l'interprétation ne fait
• !>trena Helbiyiaua, I.eipzi», lOuu, p. ai s.|. ; Wcickcr, Der Seelcnvof/el,
p. U ; J. Harrison, Proteijomena, Canihridgc, l'.i03, p. 200. Acluellcmciil au
Musée lie lioslon, cf. .V.V17 Ann. Hep. of Boston Mus., 31 dcc. 19U1, p. 35.
— 2 E, Uti, C. H. Sniilh, Cat. ofgrcek vases in llie Dr. Mus. Ul (Londres, 1896),
p. iOS si|.; cf. Harrison el Maccoll, Or. ease paintings (Londres, 1S94), pL ïxx ;
Baumcisier, IJcnlim. III, p. 1613 ; Weickcr, Seelenrogel. p. 165 ; Reinacli, Rfpert.
de vases, I, p. 05. — i* C'est sans doute une allusion a la légende du suicide des
Sirènes vaincues que meulionnc Lycopliron (7)2 se|.) cl qu'il a peut-ùtre eniprunlée
à Timée ; cf. Wcicker, op. cit. p. OS. — * Krclsclimer, Gr. Vaseninsclir. (Gûtersioli,
JS'Ji), p. "S. — S Trouvé à Éri'tric, actuellement au Musée d'Athènes. Cf. M. Mayer, ,
Athen. Mitt/i. XVI (1891), p. 308; E. Scllcrs, Journ. of hell. stud. XIII (I89S-
1K93), p. i, pi. i; Collignon-C.ouve, Cat. des rases d'.M/iénes, n' 958, p. 303 sq.
— <■ Déjà Gerhard a fait remarc|uer (|uc Us oiseaux à Icle de femme du monument
de Xautlios étaient non des llarpyes, mais des Sirènes [hahpvia, III. p. 15). Les
Harpyes sont plutôt représentées comme des femmes ailées, court-vélues et dans
l'attitude de la course ; cf. Waltcrs-Bircll, Uist. of aiic. pottenj. II, Londres,
1905, p. 196.— 7 .Srchaeol. Zeit., 1879, p. 180-2. — » Catal des figurines ant. du
Loutre (1882), p. 12, 156; Foltier, NicropoU de Myrina, p. 389. Voir aussi
aucun doute, nous pouvons avec une grande vraisem-
blance reconnaître des Sirènes dans les oiseaux à tète de
femme qui apparaissent si souvent dans la décoration
des vases peints dès la céramique ionienne, ainsi que
dans la plastique. En même temps nous les distinguons
nettement d'autres monstres avec lesquels on les a parfois
confondues". L'opinion de Furtwiingler, sur l'origine
assyrienne de l'oiseau à tête de femme, n'est guère sou-
tenable', mais M. Heuzey* a montré comment ce type
dérivait de l'épervier à tête humaine qui figurait l'àme
dans le rituel égyptien '. M. Weicker'" a pu énumérer
un grand nombre de statuettes de pierre et de terre cuite
reproduisant ce même type, qui ont été trouvées dans
les tombeaux ou onl servi à la décoration des monu-
ments. Nous ne pouvons que signaler en passant ces
statuettes, mais nous devons rappeler les figures du
même type qu'on trouve représentées sur les tombeaux " .
Elles y apparaissent au v° siècle
av. J.-C. jouant de la fiùte ou de la
lyre, ou se frappant la poitrine et
s'arrachant les cheveux, et forment
un des motifs favoris des sculpteurs
pour la décoration des stèles funé-
raires. Debout, les ailes étendues,
elles s'adaptent admirablement au
fronton du monument (fig. 6471).
Nous allons voir par quelle asso-
ciation d'idées elles sont venues
occuper celte place.
m. Il est inutile de passer en revue
les anciennes interprétations du
mythe des Sirènes. M. Weicker les
a énumérées d'une façon très com-
plète dans sa dissertation docto-
rale'-; elles paraissent, d'ailleurs,
abandonnées définitivement. De-
puis les études d'E. Rohde el de
.M. 0. Crusius '^ on semble, en effet,
s'accorder pour rattacher les Si-
rènes au groupe nombreux des Harpyes, des Érinyes,
des Lamies, etc., el pour voir en elles des esprits
des morts, simples variations du type fondamental
de l'àme ailée, de la Ker, avide de sang et d'amour
[psYCiiE, p. 747 ; KERES, p. 821 j. Homère et les poêles
grecs n'ont fait, ici encore, qu'emprunter aux croyances
populaires une de leurs créations les plus répandues.
C'est littéralement dans le monde entier que l'on retrouve
cette représentation de l'àme des morts sous la forme
d'un oiseau, en .\mérique" comme chez les Arabes '%
l'étude de M. Ilolleaux. Bull, de corr. hell. ISSS, p. 380 sq. et pi. xu. — 9 Les
plus anciennes représenlalions montrenl parfois les Sirènes barbues ; Weicker, Der
Seelenvoget, p. 107 sq. — '0 Der Scelenvogei, p. 103 sq. ; ajouter connue très
ancienne représentation Ilômisclic Mitthei'.ungen, 1909, p. 88 (Orsil. — Il Cf. Anth.
/'nf. VU, 710. Le musée d'Athènes en possède plusieurs beaux exemplaires. L'un
entre autres a été souvent reproduit el cité, u" 774 du Catal. de Cav\adias, Atlièncs.
1892 (noire lig. U47t); Ath. Miltheil.,tU~, pi. xii;p. 375 ; cf. Baumeisler, Denkm.
III, p. 1644; Arndt-Brnckmauu, n"» 549. L'a autre (no 775 du même musée). Percy
Gardner, Tombs of Hellas, Londres, 1896, p. 127. Ce sont deux sculptures
en ronde bosse en -marbre peutélique et de la belle époque. — 12 De Sire-
nibus quaestiones setectae, Leipzig, 1895, p. 1-14. — I3 0. Crusius, Pbilol. L
(tK91), p. 103; cf. Wilamowilj, Heraktes, 2' éd., I (Berlin, 1895), p. 63
iîolide. Psyché, 3" éd. II, p. 411; S. Wide, Athen. Mitt. XXVI (1901), p. 152
sq. ; J. Harrison. Proteijomena, p. 197 sq. ; Gruppe, Griech. Myth., i, p. 344 ;
Id., Mijthoi. /.lier., Leipz., 1908. p. 357. A. Maury, Belig. de la Grèce ant. 1,
p. 295. avait déjà indiqué ce rôle des Sirènes, en en faisaut des divinités psycho-
pompes. — Il Tylor, Civilis. prim. trad. fr. Il, p. 9 : Brinton, Folk-Lore Journ.,
1885, p. 255. — '■> Liebrecht, Gerças, v. Tilbury, Hanovre, 1856, p. 115.
Fig. 0471. — Sirène décorant
un tombeau.
SIR
— 13oo —
SIS
en Bretagne, dans le Languedoc el en Alsace ' comme
chez les Finnois-. El de même que des vases grecs nous
inonlrenl Tàme s'échappaiit comme un oiseau à télé de
femme du corps d'un mourant \ la vieille canlilène
française nous parle d'une sainte qui, à sa mort « in
ligure de colomb volai a ciel » '. Ces âmes résident aux
Enfers, comme les Kères, les Ilarpyes, les Furies, les
Slryges et les Moires inferi, III, p. 503 ], qui, avec les
Sirènes', ne sont que d'autres noms venus sans doute
de diverses parties de la Grèce, pour désigner des dé-
mons de même nature. Mais souvent elles quittent leur
résidence habituelle pour parcourir les campagnes,
aveugler et alfoler les hommes el jouer le rôle de venge-
resses ; ce sont elles qui causent les rêves effrayants et
les cauchemars, et c'est sous cet aspect que M. Cru-
sius* a reconnu une Sirène dans un beau bas-
relief altique, représentant une jeune femme ailée aux
pieds palmés s'approchantd'unbergerendormivfig. 6472).
Mais elles peuvent être apaisées par des sacrifices : quand
Kis;. lUTi. - Apparition dune Siràif.
elles ont obtenu la satisfaction qu'elles réclamaient, elles
deviennent bienveillantes el favorables, et comme les
F'uries, dans les mêmes conditions, se transforment en
Euménides, les Sirènes mettent leur chant et leurs ins-
truments au service des mortels affligés qui sauront les
adoucir. C'est ainsi que, dans Euripide, Hélène les invo-
que : « Vierges ailées, filles de la Terre, Sirènes mélo-
dieuses, venez accompagner mes gémissements avec le
son plaintif de la syrinx et de la fiùte libyenne, afin que
vos chants en accord avec mes larmes et mes maux dé-
plorables envoient à Proserpine des chœurs lugubres ré-
pondant à mes lamentations ' ». C'est là sans doute la
« Sébillol, Folk-Lorede France, III, p. 209 sq. ; Mrlusine, II. p. 280. — 2 J. Grimm,
/Jditsche Mylh. i' éd. (BerMa, l87a),p.C01 si|.; Mo^k, Germ, A/yllt.,i' id.f. 2i)3.
— 3 Parcs, sur un vase du Bril. Mus. E, 477: cf. Sniilli, Cat. III, p. i;H; llarrison,
Mon.of Athens,p. i.xn; Wcirkpr, Seeienvogettp. IGli. Sur uno amphore ionicinict'.M
ilu Cabiiicl des inédaillcâ, une Sirène s'envole au-dessus du Miuolaure lui^ par Thé-
sée : de liidder, Cat. (I,s rases de ta Bitit. Nnl. n' 174, p. st. Déjà de Wille [fut.
t^trusqtie [I83KJ. p. S8) avait interprété la Sirène comuic figurant l'âme du lauroau.
— V Canlilène de Sainte Eulalie, v. iâ. — :• l'Ial. dut., p. 103 D. — npinlol. L
(IbOI). p.9tsq. : cf. Harrison, Protêt), p. 203. I,e lias-rcliet est mainlenanl dans la
eollcction de M. W. Frœhner; Weicker, Op. cil. 74 et 181 . — 7 Eurip. Hil. IC8 sc|.
— « Ouand les figures de lerre cuites trouvées dans les tombeaux représeuleut
des Sirènes se frappant lu poitrine ou s'arracliant les cheveux, elles ont pu
symboliser les regrets de* parents qui eu .uit fait oITraude au mort : Pollier, JVêcro-
pùle de Hijrina, p. 15u: le niéuie. Les Statuettes de terre cuite (Paris,
Iti'JO), p. les sq. - Diiiri.ir.iiAl'Hiii. Sclirailer. Die Sirenen, Berlin, 1868 : Preller-
llobcrt, Griecti. Afytiiol., i' éd., I, p. eii sq. ; Cerquand, Et. de mytit. gr.
raison de leur présence sur les tombeaux ; elles sont pro-
prement « l'oiseau de l'àine » el comme un symbole de
l'ïïowXov [sEPi'LCRVM, p. 1222]; el elles représentent, pour
les Romains comme pour les Grecs, l'àme apaisée qui
prend pari à la peine des vivants après avoir été pour
eux un danger [mors, p. 200G'. En même temps, elles
constituent pour la tombe une protection contre les entre-
prises des mauvais esprits, un puissant àiroToÔTritov,
comme les tètes de Gorgone [gorgones, II, p. 1617] que l'on
V plaçait aussi. Suivant un principe bien connu de la
superstition, le pigxavo; protège contre la Sacry-ivia [super-
sTiTio. C'est aussi comrne symbole et substitution de l'àme
qu'on a placé souvent leurs images à l'intérieur même des
lombes, ainsi que nous l'avons vu plus haut '. Ch. Michel.
SISTRUM (Sei(7Tpov, de cei'e'.v, secouer). — On appelle
sistre une sorte de crécelle métallique qui, à l'époque
romaine, est l'attribut caractéristique de la déesse Isis,
de ses prêtresses, de ses prêtres et de ses adorateurs.
C'est, dit Apulée', « une crécelle d'airain, lame étroite
recourbée en forme de baudrier et traversée par plu-
sieurs bâtonnets qui la heurtaient avec un son aigu quand
on secouait vivement le bras •>.
L'origine de cet instrument remonte à l'époque pha-
raonique ^, el la figure d'une femme tenant un sistre
est un signe hiéroglyphique que l'on rencontre souvent
dans les inscriptions de l'époque saïte : nous ne con-
naissons point de travail sur le sistre égyptien; mais
nous ne devons nous occuper ici que du sistre gréco-
romain et nous observerons seulement que le sistre
à manche cylindrique en terre émaillée, si fréquent en
Egypte, ne se rencontre pas, semble-l-il, en dehors de
ce pays '.
L'n assez grand nombre d'exemples figurent dans
divers musées. Dès la fin du xvii'' siècle, Fabretti en a
fait connaître plusieurs, dont le plus beau se trouvait
chez le grand duc de Toscane'. Il se composait d'un
manche en forme de colonnette et d'une plaque recour-
bée en fer à cheval allongé, traversée par quatre bâton-
nets mobiles, et portant à la partie supérieure, figurée
en ronde bosse, une chatte avec ses deux petits; une
autre chatte était figurée à la base. Le chapiteau de la
colonnette servant de manche était formé par une de ces
têtes de Hathor si fréquentes dans les temples ptolé-
maïques, le fût par une figurine d'enfant debout sur une
fleur de lotus. La gravure ancienne ne permet pas de
reconnaître si cet enfant est un Harpocrate ou un de ces
Ptah patâque dont nos musées renferment tant de figu-
rines. C'est bien là le sistre que décrit Plutarque'",
surmonté « d'un chat à tête humaine » el présentant
à sa iiartie inIV'ricure » la tète d'Isis ou de .\epli-
Paris, IS73; Buchliolz. Hom. Jlealicn, 111 iLeipzig, 1884), p. 204 sq. ;
.J^. Brueckner, Ornant, d. att. Orali.'<lelin, Strasbourg, 1886; Weicker, De
Sirenibiis, Leipzig, 1803; Crusius, Pliilot. l, p. 97 sq. : H. Bulle, Strena lletbi-
ijiana, 1900, p. 3t sq. ; S. Wide, Atlt. Milt. XXVl (1901), p. 132 sq. ; llarrison,
Prolegomena to tfie study of grectc Iteiigion (tlambriilge, 1003), p. 200 s:j. ;
(iruppe. Ciriecli. Mytii. I. p. 344 si|.; Weicker, Der Seelenvogel, Leipzig,
1902; (iruppe, ilytliut. Literat. (Leipzig, 1908), p. 334 sq. ; G. de l'etra, Ae
Sirène det Mare Tirreno{Àtti delta rcale .\ccadcmia di Archeotogia di .\apoti.
XXV flOOs;. p. 1-36).
SISTHCM. — I Apul., Metam. XI. 4 : aereum crepitaeiilum, cujus peranguslam
laminam in modum baltei recurvatam trajectae medine paucae virgutae crispante
brachio trigeminos jactus reddeimnt argiUiim sonorem. — 2 Pierret, Ùict. d'arcti.
égypt., p. 514. — ? Sur le vase des moissonneurs, d'Ilagliia Triada, en Crète, ou
dislingue bien le sislre, mais figuré d'une façon trop sommaire pour qu'on puisse
eu préciser la forme (^Monuw. dei Lincei, XIII, pi. i-ni, col. 120). — '* Fabretti,
Inscr. ant., p. 490, gravure. — " Plut. . Oe /s. et Osir. 63.
SIS
1336 —
SIS
C473. — Sislrc.
Ihys »'. Plusieurs autres sistres sont figurés dans d'an-
ciens recueils: ceux de Gualdi, jadis îi Rimini- ; de
J.-P.Hellori; celui qui figurait autrefois dans le cabinet de
Sainte-tjencviève: celui de l.eonc Strozzi découvert à
la fin du xvii' siècle, dans la villa Corsini sur la via Au-
rélia'; ceux enfin qu'a reproduits Monlfaucon ', d'après
Beger et La Chausse.
Le Musée Guimet en possède deux curieux spéci-
mens ', trouvés à Nîmes
dans la tombe d'un prêtre
d'Isis (fig. 0173).
Le sistre n'était pas tou-
jours en bronze: un sistnnn
argenteum inauratum figure
à Nemi dans un inventaire
du trésor des temples d'Isis
et de Bubastis^ Apulée nous
en décrit en bronze, en ar-
gent et même en or".
Le sistre figure souvent
isolé sur des cippes funé-
raires ou votifs. Deux autels
anépigraphes sur lesquels il
est représenté, ainsi que
d'autres attributs isiaques.
ont été dessinés vers 1350
à Home par Smetius '. Signalons, entre bien d'autres
monuments, l'épitaphe de L. Clodius Stacus où sont
représentés deux sistres '; une épilaphe de l'Aventin
où l'on n'en voit qu'un seul'"; la célèbre table isiaque
où figure, à gauche en haut, un sistre posé sur un vase ;
un certain nombre de marques figulines sur tuiles ou
briques"; enfin toute une série de monnaies romaines
du iV siècle (de Licinius à Valens) et plusieurs mé-
dailles impériales grecques, dont M. Lafaye a dressé un
catalogue sommaire'-.
Si nous passons aux monuments figurés sur lesquels
on observe des personnages tenant des sistres, les listes
s'allongent indéfiniment. En tète viennent les innombra-
bles statues disis 'lig. 4093, 4099) ou de prêtresses d'Isis,
voire d'Anubis'^; mais en bien des occasions, le sistre
n'a-t-il pas été ajouté par un restaurateur '? Plus dignes
de foi sont les bas-reliefs, tels que la stèle funéraire de
Babullia Varilla au musée de Naples'* (prêtresse d'Isis
debout tenant un sistre et une silule), un autel du
Louvre ' '(Isis tenant un sistre), un bas-relief de Ccrvetri "^
(Isis tenant un sistre) et toute une série de stèles funé-
raires d'.Mhènes" (prêtresses d'Isis tenant un sistre et
une situle). Plus important encore est le bas-relief
isiaque de la villa Matlei, aujourd'hui au Belvédère'"
(fig. 4103) : on y voit une procession de deux hommes
et de deux femmes, dont la dernière tient un sistre dans
1 Nous passons sur les explications alambiquécs de Plutar(|uc et des archéologues
du xvii« siècle. Tollius, bacchiui, Desistr. fitjuris. — 2 Pignorius, âlensa isiaca,p. 76 ;
KabreUi, Inscr. uni., p. 489 s«nihlc en conlcsler l'aulhenlicilé. — 3 Baceliini, O. c.
planche. - ' Monlfa:icon, AnI. irpl. l. Il, 2, pi. à la p. 288. J'en ai vudeux à
Munich, l'un à r.4 iitiifiinrium, l'aulre chez un anti(|uaire. J'en ai dessiné un à la Villa
Albani dans la main d une belle Isis en marbre. — 5 E. Guimet, /leoite ttreh. 1900,
t. 1, p. 6 et fig. il : " ï.acuvcenpierre,conlcnail,avec les cendres. i|uelf|ucs vases en
terre grosi^ii'TC. il y avait dans la cu%'c deux sistres en bronze cl trois ornements en
bronze fortement doré, représentant deux épis et un croissant. Ces ornements étaient
percés de petits trous pour être cousus sur le vêlement sacerdotal » — 6 Corp. iuscr.
lut. XIV, iilî. — ■■ iletam. XI, lu. — » Smclius, Inacr. ant. p. 31, n. Il ; Gruter,
/nier. p. Si, n. 3-4. —9 Fabrciti, O. e. p. 468. — 10/4., p. 4K9. — il Corp. inscr. tal.
XV, I0'J4 a.; 1097 ect /'; llol b. — '2 Lafave, Op. l. p. 319. — 13 S. Reinach,
Bép.de la ilnluaire. paitim. ; Lafaye, p. i"l %'[. n. I9.S9. — Il Lafaye, pi. v.
la main droite, l'ne miniature du calendrier Philocalien
de Vienne '^ représente un prêtre tenant un sistre. Les
peintures antiques de Pompéi et d'Herculanum nous
ofl'rent en grand nombre des représentations analogues :
tantôt l'instrument est entre les mains de la déesse elle-
même, souvent assimilée à Tychè^", tanlt'it il est tenu
par une prêtresse ^' : tantôt enfin, comme dans deux
peintures célèbres, nous assistons à de véritables céré-
monies isiaques : dans l'une'--, c'est un prêtre qui, debout
à droite de l'autel de la déesse, lient un sistre dans la main
gauciie et dans la droite un instrument formé d'anneaux
de métal engagés les uns dans les autres ; dans la
deuxième peinture -^, le sistre figure non seulement dans
la main du prêtre, mais encore dans celle de plusieurs
des assistants. .N'y a-t-il pas là un commentaire de
deux passages d'.Vpulée-' où nous voyons le prêtre, qui
va rendre à Lucius sa forme première « exhibant (profe-
reiis) dans sa main droite le sistre de la déesse » et où on
nous dépeint la foule des initiés, agitant des sistres de
toute espèce [aereix et argenleis, iinmo vero aureis
etiain sistris, anjuium tinnilum conslrepenles) ; ne
sont-ce pas encore ces linif/eri calvi, sish'aUiquc lurba
que nous décrit Martial -' , ce personnage agitant le sistre
de Pharos, dont parle Ovide-''; et parmi ces adoratrices
ne croirait-on pas reconnaître la Délie de Tibulle-"'.'
Pour les poètes latins, le sistre est l'instrument égyptien
par excellence : c'est un symbole de l'Egypte '" ; il !a
caractérise sur les monuments (lig. 1-49 et iOSG).
Certains auteursont appelé slslrum unesimple crécelle
d'enfant : Pollux-', et même Martial ■"', dans une épi-
gramme portant le titre bien explicite de crepitncillum.
Pourquoi les Isiaques employaient-ils cet instrument
singulier'.' C'était, comme nous l'apprend Plutarque^',
dans un but prophylactique: ils croyaient ainsi écarter
Typhon. Le bruit du sistre passait pour elFrayer les êtres
mauvais dont on avait quelque chose à craindre et c'est
à la suite d'une évolution qui serait longue à suivre
dans ses détails, que ce bruit e/frai/ant s'est transformé,
pour l'agrément des fidèles, en un son harmonieux ou
qu'ils trouvaient tel.
On peut aussi se rappeler le caractère funéraire d'Isis
pleurant et enterrant son frère Osiris, et se demander si
le sistre ne venait pas à l'occasion soutenir la voix grêle
des pleureuses.
Cet attribut d'Isis, comme bien d'autres attributs
divins, passa bientôt de la main de la déesse dans celles
de ses adoratrices ; elles croyaient ainsi s'assimilera Isis
dont elles adoptaient également le costume. En Egypte
nous ne trouvons le sistre qu'aux mains des femmes. Sur
le vase déjà cité des moissonneurs, découvert en Crète,
il figure entre les mains du chef d'une procession.
.\ Home, les prêtres et les adorateurs d'Isis s'en sont, eux
— !-■ Corp. inscr. lat. VI, 345. — 16 Ufayc, p. S90,n. 93.— lî Jli. p. «98. — is //..
n. 118. — 19 Ib.. p. i67. — -1 Hcibig, Wandgemnlde CampanienSy n. 78. 79, su.
— 21 th., n. 1095, 1102 et Uni. — î2 /A., n. 1112. —23/4., n. 1115. — 21 Alelam.
XI, 10 et 12. — '■!' Jipigr. XII, 29, l9-2ll. — 26 Pont. 1137-1138, jac-
tantem pharia tinnitla sistrit mriiw ; cf. Metnm. IX, 784 et .\mores. II, 13, t.
— S7 Tib. I, 3, 21. - 2» Aeijijiitm sislra, Ovid. Am. III, 9, 33-34: ijiaco sisiro,
Manil., I, 918. Il faut sans doute chercher une intention ironique chez Virg. Aen.,
VIII, 69C,et Prop. 111,11, 43. — 20|'oll. IX, 127, ,.-«rT«i !•!. ri? ^Ît» ... « .«t.'.ov
xttï -ri otTffTjo» lù xoTB.aa-jxa'AÇit, «: iMaî ^y/aY^T'-J'»*- '» 5!>ï-j::v'.i7»T« Twv T:»:S'tf,.
— 30 Mari. XIV, 54. — 31 De h. et Os. 03, -i. ;«? To=;.. sail «T; ..;«t}.,;
à=oT9i'-Ei-' x4t â-avoiJEs4«i. — Bitii-ioGuAPHir. Lafavc, Ilist. du culte des divinités
alexandrincs hors de t'Étjypte, Paris, 1883 ; J.-B. (iasalius. De veteribiis Aei/yp-
tiorum ritibus^ Itome, lOVt, p. 77-79; Benedetto Bacchiui, De sistrorum /iijiiris
lie differcnlia. Bologne, li',91 ; • édit. avec notes de Tollius, L'trecht, I69G.
SIT
— 1357 —
SIT
aussi, emparés et l'agilenl sans trêve, tantôt de la main
droite et lanl(jt de la main gauche. Seymour de Ricci.
SISCRA ou SISlTRXA(i:irrOpa, (Ticuçva)'. — Couvertnre-
et vétemenl' fait d"une peau, généralement de chèvre,
garnie de ses poils, ou de plusieurs peaux cousues.
L'usage en parait être d'origine barbare*. Les Grecs ont
connu la sisura avant les Romains comme un vêlement
grossier que portaient les paysans et les esclaves '- ; peut-
être y en eut-il de plus Unes quand le luxe des fourrures
se répandit comme une mode étrangère, au Has-Empire ".
E. Saglio.
SITESIS (St'TYiTiç Èv lIsuTav£i'(o). — I>rivilège de ceux
qui, à Athènes, étaient nourris aux frais du trésor public,
au foyer commun de l'Etal [prytanelmJ. Celle faveur était
accordée soil à des citoyens à raison de leurs fonctions
ou de grands services rendus à la République, soil à
des étrangers qui avaient mérité sa reconnaissance en
défendant ses intérêts dans leur pays ' .
Ceux qui jouissaient de cet honneur d'une manière
permanente étaient appelés isîciT&i-; on les distinguait
ainsi des prylanes, qui n'étaient nourris au prytanée
que pendant le mois où ils étaient en charge. E. S.
SITOPIIYLAKES (SiTO(pûXaxe;). — Collège de magis-
trats chargés de surveiller le commerce des grains et de
la farine et de faire observer les prescriptions législatives
qui en réglaient le fonctionnement [mercatura, m,
p. 1700 B]. On connaît un collège de ce genre à Athènes
en 38(j avant J.C.', mais il remonte probablement jus-
qu'au V siècle^. Il se composait de dix magistrats tirés
au sort, cinq pour Athènes et cinq pour le Pirée "•. A la
fin du TV" siècle, Aristole' nous apprend que le nombre
des silophylakes avait été porté à vingt pour Athènes et
quinze pour le Pirée. « Ils veillent, dit Arislote, à ce que
les grains qui sont vendus sur le marché soient vendus
au prix courant; puis à ce que les meuniers vendent la
farine d'orge d'après le prix courant du grain, et les
boulangers le pain, d'après le prix courant du blé et avec
les poids que les inspecteurs auront fixés. La loi les
charge, en efl'et, de fixer le poids du pain '. » Us ont
aussi des registres sur lesquels ils inscrivent les quan-
tités do céréales importées'"'. Il est très probable que des
fonctionnaires analogues existaient dans d'autres villes,
SISURA. — 1 Pour les vari.inles «louçvo/ ,;oufoî, ^;„i; H les distinctions
introduites sur leur signincation par les ^ammairions, voir les citations de
H. Esliennc, Thés. Uni), gr. v. <7i<rOpa. —2 Aristopli. Nub. 10; Eccl. 421 et
3»7; Av. 122; Lijs. 933; Plat. Eryx, p. 400 K;'et cf. Scliol. ad h. l.
(DUbner, édil. Didot, t. III, p. 347) ; Aram. Marc. XVI, 5, 5. —3 l.ucian. Itket.
praec. 13; cf. Scliol. Aristopll. l'cs/j. 737, Jtnn. 1435 ; Alciplir. III, 2(i ; Lonfr.
Pasl. II, 3 ; Poilus, VII. — i .Sc-ylhi.iuc. Herod. IV, 31] ; VII, 117 ; aussi g.anlois,
Holyaen. VIN, llî. — ■• Bahr. lùi/j. IS, 3. — >' (ijd. Tlutud. XIV, 10, 4, et commrn-
tairedc Godefroid.
SITESIS. 1 Deniostli. G. Aristocr. § 130. U. 003 ; Acscliin. C. Ctesipli., § 178 et
190; Aristopll. /tan. 7C4. — 2 Corp. in.^c. ait. Il, 329 et 4S7 : 1019 s.|. Voy.
Hermcs, V, 3J0 (Kfillier) et VI, i;i (Scliiill).
SITUHIIVLAKUS. I Lysias, XXII, 10; cf. Wilaniowitz, Arislot. und Allien,
II, p. 374 s((. — 2 Gela paraît résulter d'un fragment de poète comique cilê
par Plut. Praec. reip. adm. p. SU b (Meineke, Frarjm. Corn. Graec. IV,
p. 074); Bœckli, Staaishaitsh. dur Alhen. I (Berlin, 1886), p. 100. — 3 Aris-
lot. "Afl. TToA. I.I, 3. On a cru parfois d'après un passage corrompu de I.ysi;is
iXXII. 8) que leur nombre avait Hi d'abord de trois; cf. Breckh-Friinkel,
.StaiilsIiausU. Il, p. 23. — 4 Arist. loc. cit. ; cf. Ilarpocrat. s. r. ; Pbotius,
s. !■.; Bcliker, Anecd. p. 300. — •"■> Trad. B. Ilaussoullier (Paris, 1801), p. 77.
— t> llcmostli. C. Lept. 32. — 7 Un décret de cette ville mentionne trois
'■itopliylakes : Michel, ftecueil, 482 = lliller von Gaertringen, Insrhr. von
l'riune, 81. — » Inscr. Graec. XIV, 423 = Dittenbergcr, .'iijU. 2» ti. 513; cf.
Gilbert, tiandti. der i/riech. Staatsalt. II (Leipzig, 1885), p. 258. — ■' Inscr.
f,r. ad rom. res perl. I, 797. — lO Suidas, s. v. ).afto»aoi«ic,y. — Biui.iociiAPHit.
Boeckli, Staatshaush. der Athener, I, p. 1('3 sq. ; Tlionissen, Droit pénal de la
n-pubt. athén. (Bruxelles, 1875), p. 398 sq. ; M. Clerc, Les Métèques atbi-n.
(P.iris, 1893), p. 400 sq. ; Wilamowilz, An's/o/e/eJ und Athen, 1 (Berlin. 1893),
quand du moins ces fonctions n'étaient pas confiées aux
AGORANOMoi. Nos documents nous font connaître des
sitophylakes à Priène ^ à Taonnina* et à lléraclée-
Pei'intlius en Thrace". Une note de Suidas permet de
croire qu'un bâtiment spécial nommé (jtTocpuXaxôtov leur
était parfois afiecté '". Cii. Michei,.
SITOd DIKÈ (StTou 5tVf|). — Action d'aliments '. Une
action de ce genre pouvait être intentée à Athènes, par
le xùpt&ç de la femme quand le mari ou ses héritiers
n'avaient pas restitué le capital de la dot ^ [kyrios, p. 879].
Cette action appartenait à la compétence de l'archonte épo-
nyme ' et elle était jugée à l'Odéon '. Elle devait être
intentée dans les vingt ans qui suivaient la dissolution
du mariage, sinon elle était prescrite ■'. Une action ana-
logue était sans doute à la disposition de répiclôre pour
obtenir satisfaction de son fils, si celui-ci lui refusait une
pension alimentaire ^. Très probablement la gîtou oiV.t,
était possible aussi pour forcer le tuteur à s'acquitter du
devoir qu'il avait d'entretenir son pupille \ et pour
imposer aux enfants l'obligation alimentaire vis-à-vis
de leurs parents ^ Cm. Michel.
SITULA. — Le mot ailuld ou xilulus^ est une forma-
tion proprement latine-, dont les dérivés, dans les langues
néo-latines, sont respectivement l'italien seccliia^ elle
français seau'. Comme notre seau, la sitiile, situlus
(if/iiariu.i ', est un vase servant principalement à puiser
et à transporter l'eau ou difTérents liquides '^ [PUTEUS,
lig. 3892-5894]. Le grec a, pour désigner cet ustensile,
plusieurs termes qui semblent équivalents : àvTÀEÏov,
yaîjXoç, /.iîo; [cADUs, fig. 777 778]. L'archéologie a géné-
ralisé le terme de situle, pour désigner un type de vase
en métal (les exemplaires en bois n'ayant pu laisser de
trace), de forme cylindrique, tronconique ou ovoïde, sans
col, ou avec un col très large, et muni, le plus souvent,
d'une anse mobile.
Ce genre de récipient parait être une cr('ation de la
métallurgie orientale. Il figure sur de nombreux bas-
reliefs assyriens. Les peintures d'une tombe égyptienne
du xvi° siècle avant notre ère nous montrent une situle
parmi les vases que les Kéfa (Phéniciens) apportent en
trijjulà Toulhmès IIP. Nous le retrouvons dans la Crête
minoënne, sur le sarcophage peint, récemment découvert
p. 220 sq. ; Schœmann-Lipsius, Griitck. Altertiimcr, I, p. 4i8 sr[. ; Beaiichet,
Droit privé de la répnbl. athén. IV, p. 83 sq. ; Gernel, L'approvisionnement
d'.Atlùnes en blé au v et au iv siéc/e (Bibliot. de la Fac. des lettres de Paris,
XXVI, fl909], p. 305 sq.).
SIÏOU DIKE. ISrto; Si l»Tiv a! i^cM..t;«., Tfoja.', dit Poilus, VIII, 33, llarpo-
cration.s. v. doune une définition analogue et combat ropinion de Tini.achidas qui
fait de <rrto; un synonyme de tôxo;, l'intérêt légal. En elfet, la pension alimentaire
peut n'être pas égale à l'intérêt de la dot; Beancliet, Droit privé de la répuhl.
athén. I, p. 330. — 2 Beaucliel, loc. cit. — 3 Meicr, Scliœmann, Lipsius, Der at-
tisclie Proceas (Berlin, 1883-87), p. 327. — * Ainsi que toutes les actions l,tl -c.r, aii,,,.
Poilus, VII, 33. GL Hem. Contr. Neaer. % 32. Comme c'est à l'Odéon qu'on mesu-
rait les grains, Meier, Scliœmann, Lipsius {loc. cit.) en ont conclu que le orto;
devait primitivement être fourni en nature et qu'il une ép0({ue plus récente la
pension alimentaire fut payée en argent. — S Isae. De Pyrrhi hered. 9 et 18.
— S lieauclict, Droit jirivé, I, p. 470. Il semble bien certain ((u'IIarpocration, s. v.
ffïTo;, ainsi que Suidas et Pliolius (tÎtou 8'.%r,), qui ne font que le copier, restreignent
beaucoup trop le sens du mot oïtoç en disant ; (ruoç xaXET-Ri f, StSo:i£v,] iipoooSoç et;
TO'.=ï;y xv-ti i:uvat;iv f, tqTî ûç^avor;. Harpocration cite à ce propos les lois de Solon
et la Répuhl. des Athén. d'Arislole (Fragm. 384, édit. de Berlin. V, p. 1542).
— 7 Bekker, .twecrf. p. 238. Cf. Beauclic, Droit privé, II, p. 2S0 ; ycliiillliess, Vor-
mund.icliaft nack att. Jierht (Fribourg, 1H80), p. 91, n'est pas de cet avis.
— S Beaucliet, O. c. I, p. 363.
SITL'I.A. 1 Gat. De ai/ricult., 10 et 11 ; Vilruv. X, 9 ; Paul. III, .^cnt., tit.
7 ad fin. Dig. 18, 1, 40. — 2 VValde, Lat. Etymol. Worterbuclt, s. v. ; cf. sinuvi :
Schol. Virg. Bucol. VII, 33; Nonius, Si!. — 3 Hitula, siHu)la, silla, .ncla, secchia.
— » Silulum, sitellum. sedel. sert, scau. —S GaL, 10 et 1 1 . — 0 Plant., Amphyt.
II, 2, 39; Vitr. X, 9; Vopisc., /■'irmus, 4,5 : sitidas ptenas mero. — '• Perrot et
Gliipiez, fJist. de l'Art, III, p. 7:il, (ig. 542.
SIT
— 1358 —
SIT
à Haghia-Triadii' C'est dans uncsiluleque l'on recueille
le sang du taureau égorgé; puis une prêtresse vide le
contenu denseauxqui lui sonlapportés, dansunautrevase
de plus grandes dinieiisions. placé entre les deux piliers
surmontés de la double hache (lig. 647'i et 6475). La
situle des Kéfa et celles d'Hagia-Triada sont enlumi-
nées de bleu, de jaune et de brun. C'étaient des vases
précieux, sans doute d'argent, cerclés d'or ou de cuivre.
Ces seaux préiiistoriques étaient faits, suivant la plus
ancienne technique de la métallurgie, de Unes lames de
métal étirées au marteau et lixées par des rivets ^ C'est
en Italie que nous trouvons d'autres exemplaires de ces
situles de bronze laminé. Les plus anciennes, comme
celle de Corneto, qui date du vm'^ ou du vn"^ siècle
avant notre
ère , parais-
sent avoir été
apportées par
le commerce
phénicien ou,
peu t-èlre,
chalcidien '.
Elles furent
aussitôt imi-
tées par les
artisans indi-
gènes, parti-
Fi2. C4T5. — siiuie cn!-ioisc. culièremeut
dans le nord
de l'Italie. Dès la lin de l'époque villanovienne (vu' et
vr siècles), Bologne, puis Este, apparaissent comme
des centres extrêmement actifs de la fabrication de cette
vaisselle de bronze. Les situles abondent également
dans les nécropoles illyriennes, depuis Sainte-Lucie
en Istrie jusqu'à Halistatt au nord des .Mpes et dans
les vallées alpestres'. Quelques exemplaires atteignent
jusqu'à 1 mètre de hauteur. D'autres, plus petits, sont
ornés de zones de représentations ligurées, exécutées
au repoussé, qui reproduisent, en un style barbare, des
t Monutn.anlichi d. Lincei.KlX (iOm), f\. ivl II. .; Wiiinmcr, Ttrliiioloyic
d. Geirerbe u. Kùnste, IV, p. îi'i sq. [cafi atlkaJ. — 3 tlhiiardini. Lu silula
italica prtmitwa, studiata Rpecialmcnte in Este^ Mon. ant. Lincei, il, col. 2li9.
— * Ml'/. Catahgnp, col. itîl sq. et Hoerncs, t'rgeschichte d. Kunsty p. 5fiS si\.
— â Ghirardini, La sitttla italica, AJon. ant. Linrei, Vil et X. — f* Zatinoni,
.Scati d-'lla Certosa, pi. cxi.ix ; Rrizio, Xuora sitnta, dans Atti e Aîemorie délie
Dep. di ftoniagna, 188^, p. i06 sq. Cf. Moillolitis, Civilis. primit. en Italie, I,
pl.r.v.— 7 0/!/M/)ia, t. IV. FurtnSngler,flioiiriH,n»8«s,p. 130, lig.sns.— »/oi<i7/es
de Delphes, t. V, Perdrizcl, Bronzes, fasc. t, p. 92, u" m, fig. 3iî. Comme vase
à eau chaude pour le bain, cf. SudliolT, Aus dem anti/c. /iw^ewesen, 1910. p. 49.
— 9 Clozzadini, l'Ilime scoperte a .Vurzabotto, pi. xiv, (, = Martha, l'Art litriis-
<im,f. 9*, lig. S8: Monlelius. I, pi. cix, I. — i" iluseo etrusco del Vaticann, situles
pravenanl de Vulci, Bomarzoet Orle, I.III, 3, 1.V, 4, LVIil, 4, LXIX : Montelius, l,
Fig. 64T6. — Silule de Bolos;
motifs empruntés à l'art ionien archaïque ^ La situlc de
la Certosa de Bologne est le monument le plus remar-
quable de cette série, déjà
nombreuse* (fig. (}476).
En Grèce, sans doute par
suite de l'abondance des fon-
taines, les vases du type
situle sont beaucoup plus
rares. Certains arcliéologues
l'ont assimilée au psyiïter
(p. 751). Les trouvailles de
situles sont demeurées ex-
ceptionnelles et, sur les
peintures de vases, c'est
presque toujours l'hydrie au
col étroit qui sert à aller
chercher et à contenir l'eau. Un seul exemplaire, admi-
rablement conservé, provient des fouilles d'Olympie "
(fig. 6477); un second, en moins bon état, de celles de
Delphes *. Ils sont l'un et l'autre de forme ovoïde, en
bronze fondu, c'est-à-dire d'une technique absolument
différente de celle des situles orientales, Cretoises et vil-
lanoviennes. Ils datent de l'âge classique.
En Italie, à la même époque, la situle de bronze fondu
est un vase des plus courants. U s'en est retrouvé, soit
au fond de puits antiques, comme à Marzabotto ', dans
l'Apennin, soit surtout parmi le mo-
bilier funéraire des tombes étrus-
ques '". Elle apparaît aussi, parfois,
sur les miroirs étrusques " . La forme
la plus ancienne est celle à fond
plat, à corps tronconique, à épaule
convexe et bien marquée, à rebord
souvent finement orné d'oves, for-
mant col, ou bien encore à parois
concaves et sans col''^ Puis vient
la situle de forme ovoïde, avec ou
sans col, se terminant en pointe, i"- st'^- — ^ii>>ie
comme celle de Marzabotto, ou mon- "'"' '" '
tée sur un pied circulaire '\ ainsi qu'elle est représentée
sur les miroirs. Les exemplaires de ce type, à pied bas et
sans col, sont plus tardifs et se rajiprochent de l'époque
•romaine. Tous ces vases sortent des fonderies étrusques
dont la renommée s'étendait jusqu'en Grèce ".
Nous trouvons sur les vases peints de l'Italie méridio-
nale de nombreuses représentations de situles'". Les
formes en sont évidemment apparentées à celle des
seaux étrusques, mais avec certaines modifications qui
trahissent l'inHuence grecque. C'est ainsi que la situle à
parois concaves et sans col, très évasée du haut et très
étroite du bas, se confondrait aisément, n'était son anse,
avec les corbeilles d'osier fréquemment représentées
sur les vases altiques "". Mais cette contamination est"
pi. en, 1 el i ; 11, pi. ciii. « : .un, 5, li : uivi, C. — » Gerhard, Eirusk. .'ipieiel,
I, pi. XI ; 11, pi. eux, .i.jx.x : IV. pi. cc.i.i : Gazelle arclt. I. p. i : cf. Engcl-
mann, Jahrh. arch. /nst. 1S90. p. 171-173. — 1"- Seliumachcr, Sammlung antiher
Bronzen zu Karlsruhe. n» 033. p. 119. pi. ix, 9; 635. p. 120, pi. ix, 10; 637,
p. 120, pi. II, 12. — l-l /bid. C3i. p. 120, pi. ix, il; 040, 041, p. 121, pi. ix,
14 el 13. — Il Mûllcr-Deccke, Die Etrusker, II. p. 228. — 15 S. Reioacli,
Béperl. des rases peints, I, 178; 517. II, 179, i : 301, 3; 302, 4; 305, 4: 321,
3 ; 325 .6 ; 32S, 2. 3 ; 3 48, 5« ; 355, 8.t ; id. Vases peints publiés par Millin et ilillin-
yen: Millin, I, 13 , II. 52, 53, 54, 37, 69; .Millingcn. 24 revers : l.enormant et de
Witle, Elite céramogr., ill, pi. i.xxxli ; Gerhard, A;)M/i»cAe Vas. pi. i, iii, iv ;
Trinksch. u. Gef. pi. c ; Antike Bildw. pi. lxiv, ixcxi ; Wallcrs, Brit. .Mus. Vases,
IV, p. 7, fig. 6 ; etc. — '« Reinach, Vases peints. I, 517; U, 302, 321, 325. 328;
Millin, I. 13 ; II. 53, 54.
SIT
— 1359 —
SIT
peul-êlre seulement l'œuvre du peintre. Nous rencon-
trons encore, sur ces vases, une siLule cylindrique,
qui n'est autre chose que la ciste, pourvue d'une anse
.j. mobile '. Le corps de ces situles est
parfois godronné-ou même orné
de ligures^ ((ig. G478j. Détail carac-
téristique, elles sont généralement
montées sur de petits pieds en
forme de boule ou d'astragale, qui
en protègent le fond.
Sauf la situle en forme de cor-
beille, qui disparait, ces mêmes
types étrusco-campanicns demeu-
rent en usage durant toute l'époque
romaine. Les formes sont définiti-
vement fixées dès le début de noire
ère, et ne subissent plus que de
minimes modifications ^ La situle
à corps ovoïde sans col el à pied
tend, de plus en plus, vers la forme hémisphérique.
L'épaule de la situle à panse rebondie devient plus an-
guleuse; un col droit ou oblique, de quelques centi-
mètres, remplace le simple rebord de l'époque étrusque \
Pompéi a fourni bon nombre de ces seaux (fig. 6479),
dont quelques-uns en plomb". Ces situles se rencontrent
éparses dans tout le monde romain et même au delà des
frontières de l'Empire, en Germanie
el jusqu'en Suède '. Le luxe de l'é-
poque impériale a créé quelques
beaux exemplaires en argent, déco-
rés d'une ornementation florale ou
figurée rappelant celle des poteries
d'Arezzo* (fig.GiHO).
Cette continuité de types, depuis
„. .,-„ ^. , , , la période étrusque jusqu'à la fin de
r ig. o+7y. — pilule de * » ■> »
pompii. l'époque impériale, la fréquence des
représentations de situles sur les
vases peints de l'Ilalie méridionale, le peu de variété des
formes romaines, confirment les indications des auteurs
anciens touchant le centre de fabrication de cette vaisselle
de bronze. On connaît la " campana supellex » d'Horace ".
C'était à Capoue déjà que Calon recommandait d'acheter
tous les vases de métal'". Pline reconnaît que, malgré
les divers essais de contrefaçon, la Campanie et Capoue
tiennent toujours la palme" pour le travail du bronze,
et Porphyrion, commentant Horace, confirme qu'à son
époque encore (iir siècle , c'est à Capoue surtout que
se fait cette vaisselle '-. Capoue est une ancienne colonie
étrusque '*. Ce sont les Étrusques, sans doute, qui dès le
vil ■ siècle, y ont créé les fonderies de bronze, dont la domi-
nalioasamnile n'arrêta pas l'activité et auxquelles la con-
quête romaine ouvrit le marché de l'Italie el du monde".
' Monum. liist. VIII, pi. i.i, i; Reinacli. Vnses peints, 11, 179, 2 ; 301, 3 ; 3il ;
Milliii, 11. Si ; .57 ; Millingen, 23, 24.-2 Milliii, 11, 37 el 69. — 3 De Labordc, Vases de
Lambenj; Jlillin, Mus. Anl. Mêd., i, 29. — 4 Willcrs, Die rim. Bronzecimer uvn
Bemmour, p. 124 sij- — 5 JiAd. p. 116, ûg. 45 ; formes de nilules de bronze pom-
péiennes. - 6 Musée de Naples, salle des objets de Pompéi, armoires 44, o2, 53.
Cf. Guida del Museo di Napoli, p. 384, a" 1758, 1764, 1765, 1767. Situles de plomb,
Salle d'Isis: Guida, p. 227, n» 923 et p. 382, n" 1756. En lerre cuite, cf. Jatta,
dans /(om. ilidli. 1908, p. 34S sq. — 7Willers, Op. (.p. 119 ctpaMiw; Neue Lnler-
sucli. ûberdie mm. Bronzeindusirie, p. 87 sq., 146 sq. — » Au Musf-e de Naples, situle
proienanl d'Herculanuui, A'a(a d. ari/enli, n° 1873, Guida, p. 402. Silulcdes environs
de Vienne (libonc), au british Muséum, Ann.d. Inst.. 24(1852), pl.i., p. 16, 230;
cl. Willcrs, Die rôm. Dron:eeimer,p. 178, lig. 66. Autres silules d'argent, Willcrs,
Jbid. p. 179-182, lig. 67, 68,69. —'J Sa(., 1,6, 114; 11, 3, Hi. — tO De arjric. 135.
— Il iJist. naC. 34,95.— n Ad Uoral. Sai. 1,6, 118, — 13 Cf, Huelsea, Art. Ca;)Uo,
Usages de la si/u/e. La situle esl, avant tout, un vase
d'usage pratique servant à puiser et à transporter l'eau.
Elle fait partie, à ce litre, de l'équipement du soldat
romain '' (fig. 4418).
C'est avec la situle que
sur les miroirs élru.s-
ques les femmes se
rendent au puits. Sur
les vases peints de
l'Italie méridionale, la
situle apparaît dans
la plupart des scènes
oi^i, sur les vases atli-
ques, on trouverait soit
l'hydrie, soit l'oeno-
choé. Une situle sert
auK jeunes Campa-
niennes à verser à
boire aux guerriers en
armes "^. Elle est le
vase employé pour
faire les libations '". Elle contient le liquide que vont
lancer les joueurs de coltabe '". Sur une amphore
(fig. 6481) c'est le seau où il est versé '^ Elle est, dans
les scènes bachiques, un allribut fréquent des Satyres
et des Ménades -". Un très beau putéal néo-attique du
Musée MafTeï, de Vérone, nous présente, parmi les
nymphes et les
autres person-
nages du cor-
tège de Diony-
sos, un Silène
portant une ou-
tre sur l'épaule
gauche, tandis
que, de la main
droite, il lient
une situle ^'. Ce
vase apparaît
également dans
les scènes de
gynécée el de
toilette, avec la
cassette el le miroir ^^. Himéros et Pollios, emporlan
Aphrodite dans les airs, onl l'un el l'autre une petite si-
tule à la main -'. Peut-être ces seaux contiennent-ils
l'ambroisie, dont les déesses ont coutume de baigner
leurcorps^'. De l'idée de ces ablutions matérielles, une
exégèse ancienne voulait passer à celle de purification
morale, dont la situle serait devenue le symbole -'. On
a renoncé à ces explications.
Mais il esl utile de dire que dans la religion officielle,
ap. Pauly-Wissowa./fea/enci/ctop. — 1' Von Diihn.4«naii'.ap. 31(1879), p. 132,139;
flôm. J/i«(;i/.,ll(1887),p.271-275 ; Willcrs, Hum. Bronzeeimer, p. iOSsij. — ISAp-
pian,'l6',pixr„ 85. Un bas-relief de la colonne Trajanc nous montre un seau sur le patine-
tage des soldats en marcbe ; ailleurs, un soldat puise de l'eau an Meuve il l'aide d'une
situle: Cichorius, dieReliefs der 2'ra>Hs«'iu/e, pi. vjiet xni. — <6 Millin, 1, 13:11,
69. — n Reiuacb, Vases peints. II, 179, 2; 323. — I» Monum. Inst. VUI, pi. u,
4; r.einacb. Vases peints, l\, 321.— 1^ BuUet. Napolet., N. S., V, pi. xui.
— 20 Ibid. Il, 301, 3 ; 302, 4; 321 ; 328, 3 ; Millingen, i't, revers. — 21 Mall'ci,
Muséum Veronense,f\. Lxxi, 2; cf. Schrader, Neu-altische Reliefs, n» 29, p. 21.
— 22 Ueinacb, Vases peints, I, 517 = 'Eçn(x. àj,. 1892, pi. xui; H, 303, 2; 32S:
353. Cf. Paul. Sent. Ili, lit. 6, n» 83. avec le sens de capsa. — 23 Lenormnnt et de
Wittc, Elite céram. IV, pi. vi. Autre scèue du niônie genre, maisqui parait enlié-
reraent refaite, pi. iv =Millin, 11, .54. — 2' Homer. U. XIV, v. 170-171. — 2.» Milliu.
1, 32, 57 ; Lcooruiant el do Wittc, Elite, III, pi. lxsxu, teile p. 230.
Emploi de la situle
SIT
— 1360
SKA
la silule l'st le vase k' plus cuiiraiiiinenl einployt' pour
(■(nilonir l'eau luslralo. Klle devait figurer, à ce titre, dans
la plupart des cérémonies du culte privé et public. Une
peinture de Pompéi nous montre, déposée devant la porte
d'une maison, une silule d'eau lustrale avec le rameau
d'olivier servant aux aspersions [lustkatio, p. 1409,
lig. illS')). I^a silule est aussi un des accessoires habituels
du sacrifice. Nous l'avons rencontrée dès l'époque Cre-
toise, servant à recueillir le sang des victimes. Nous la
retrouvons, dcslinée sans doute au même usage, à Bolo-
gne, à l'époque étrusque. Sur la seconde zone de la
situle de la Ccrtosa, on ne compte pas moins de trois
situles, de tailles et de formes diverses, portées par les
prêtres et leurs serviteurs derrière le taureau et le bélier
(|ui vont être immolés. Au début de l'Empire, sur un
bas relief de rampitliéàlre de Capoue, la situle apparaît
associée à la table, aux couteaux, à la haclie du sacrifice,
à côtéde l'apex sacerdotal etde la tête coupée du bélier '.
Knfin, les dédicaces de deux seaux trouvés, l'un en Suède,
l'autre en Silésie, nous apprennent qu'ils ont appartenu
au mobilier sacré de temples romains -. Il y avait parmi
les serviteurs un sitularius'.
C'est surtout dans la religion isiaque que la situle
prend une importance toute particulière. Pour les
fervents d'isis, l'eau du Nil, et même toute humidité,
est une dérivation d'Osiris. Le vase qui contient ce
principe divin, source féconde de toute vie, a la première
place dans les cérémonies'. Ce vase est, soit une espèce
d'hydrie, que nous décrit Apulée dans le plus grand
détail % soit une situle. Un bas-relief du Belvédère
nous montre une procession isiaque, en tète de
laquelle marche la prêtresse qui porte la situle ^ [isis,
fig. 4103]. La situle, ou parfois l'hydrie, est dans la sta-
tuaire gréco-romaine l'un des attributs caractéristiques
d'isis et de SCS prêtresses '' (fig. 4102, 4104, 4105). Plu-
sieurs peintures murales de Pompéi, d'IIerculanum et
de Stables nous ont également conservé l'image de
prêtres et de prêtresses d'isis portant la situle *. Sur l'une
d'elles est représentée la grande cérémonie des vêpres
isiaques: l'adoration de l'eau sacrée'' (fig. 4102). Debout
en haut des degrés du temple, entouré d'un acolythequi
joue du sistre et d'une prêtresse porte-situle, le prêtre,
tourné vers les fidèles, élève de ses deux mains, cachées
sous les plis de son vêtement, un vase qui parait être
une situle. .Vujourd'hui, le culte catholique emploie
encore un petit bénitier portatif, qui a conservé la
forme des situles romaines.
La situle a enlin son rôle dans la vie polili(iuc des
llomains.Ce mot, ou plussouventson diminutif .v/7t'//tt '",
indique le vase à l'aide duquel on procède au tirage au
sort, opération préliminaire de tout vote. Déferre siWl-
lam [coMiTiA, p. 1385] en vient ainsi à signifier : provo-
I Naples, Afcseo Uorbon. XV, jil. xxxiv, 5 ; cf. Willers. l'cbnr die rôm.
lironzcindnUric, p. tli, jil. v, t. — 2 Cur/i. insci: lut. XIII, 3, p. 7G'.(. n» 00
cl ii«. «712 : cf. Willers. Jbid. p. 5«, C'.i, lig. S4, 53. — 3 Corp. inscr. lut. Hispai:
Suppl. l. Il, n» 344i. — l l'IuUrcli. de /s. et f)sir..i6. — li Metam. XI, 11. — 6 Lalavc,
Ciille dfs divinités d'Alexandrie, Calai, u. 118 : Ainolung, S/culpt. des Vatiknn,
ilus. Ilelred. n" 33, pi. vu. — 1 Lafayc, Ibid. pi. iv, v ; Calai, n'- Vs, 87
Ml, 113, ni; lîciiiach, Réiiert. Stat.. 1, p. C10-U13. II. iil. — 8 Lafayc,
Ibid. Calai. ii5 = llcibig, Wandgemûlde Camiianicns, losi i= Pitl. d'Ercoluno,
l,pl.t.,p. iC:( ; iïO = llcibig, 100, : ii7 = [MUig. IWJti = put. d'Ere. \\\, SI.
— 'J Lafayc, Ibid. CaUl. ilii = llelbig, 111= Pitt. d'Ere. Il, tiO. — lu Situla
l'Iaul-, Casina, v. 3311; sitella p^rioni ailleurs, Casino. i9(i, 34^, 331. 3i;3, :VH', ;
Cic, de Nttl. deor. I, 3S, 106; fragni. Pro Cornelio, ap. Asconium, éd. jMiilIcr.
•J ; T.Liv. XXY. 3, lii; XLI, 18, 8. — U Cic. De nat. deor. I, ,i8, luii,
IJ — l'ausan., IV, 3, 4. — 13 n, vi, 353-4i3.
quer le vote". Les tirées employaient l'hydrie pour le
même usage '^ Une scène de la Casina de Plante nous
apprend, dans le plus grand détail, comment on procé-
dait" [SOHTITIO, SUKFRAGIUMj. A. GrenIER.
SKALLIO^ C^yAlliov). — Petit vase (xuXiViov (Aixoôv) en
usage chez les Éoliens pour les libations'.
SlîAPERDA (ly.ïTrÉpSï) '. — Jeu et en même temps
exercice de force usité chez les Grecs, surtout dans les
gymnases. Les grammairiens nous en donnent une des-
cription suffisamment claire : on plantait dans le sol une
poutre (Soxd;) de la hauteur d'un homme, percée d'un trou
à sa partie supérieure ; on y passait une corde, aux deux
bouts de laquelle étaient attachés les deux adversaires, se
tournant le dos l'un à l'autre; ils tiraient de toutes leurs
forces en sens inverse; celui qui réussissait à entraîner
l'autre en arrière et à lui faire toucher la poutre avec les
épaules était déclaré vainqueur'-. C'était, coinmeon voit,
une variété, avec un appareil en plus, du Jeu dit ÉÀx'jc-TivSa,
dans lequel les adversaires, tirant sur la même corde en
sens contraire, mais face à face, se disputaient mutuelle-
ment un terrain délimité [gymnastica p. 1700, 1701,
fig. 3G79, 3680]'. Quelquefois même il y avait encore
moins de différence entre les deux variétés du jeu, car
on pouvait supprimer la
pou Ire, et les adversaires
tiraient dos à dos sans
appareil*. D'après un
auteur, les Athéniens se
seraient livrés particu-
lièrement à l'exercice
de la Gx.ixTzépo7. dans les
fêtes des Dionysies [dio-
nvsiaJ ■, ce qui fait sup-
poser qu'il y aurait pris
la forme d'un concours
encouragé par des ré-
compenses spi'ciales.
Nous avons peut-être l'image de la (jx^tiésoï sur une
lampe en terre cuite, d'époque romaine, dont plusieurs
exemplaires ont été trouvés à Bome el dans les pro-
vinces (fig. 6482)". En haut d'un poteau est passée
une corde, dont un bout est enroulé autour du corps d'un
lion ; un Amour a les mains liées derrière son dos avec
l'autre bout; la lutte vient de finir; après des efforts in-
fructueux pour tirer son adversaire en arrière et le para-
lyser, l'Amour a été vaincu ; le lion s'est jeté sur lui et le
dévore. U est possible que nous ayons là une simple fan-
taisie d'artiste, appartenant à la nombreuse série des
monuments qui représentent sous des formes variées le
Châtiment de l'Amour. Mais on ne peut exclure l'Iiypothèse
que cette scène ait eu aussi une réalité tragique dans les
spectacles de l'amphithéâtre, oii des condamnés de droit
SKAI.LIOX. I Allleu. XI, p. 438 a; cf. Ilesycb. s. r.
SKAfUHDA. I 11 es! possible i|ue ce fùl ii l'origine un adverbe comme iesaulres
noms de jeux, Ja»,"x;v5«, |i.u;vta, dTTjoixrvS» (.:«:!;i.v), i|uoi(|u'il soil décliné dans les
Icxles de basse cpotpie. L'étymotogie de Grasberger, p. 102-103, est une pure faa-
laisie. La racine esl celle de tr^ôn:©;, «rKTjitTpov, scapus, lige, fùl, colonne. — - Poil.
IX. Uti; Kust. ad II., XVII, 3S9 (p. 1111, ii); llcsycli., Pliol., s. r. — 3 Eusl.
/,. c. MonunuMiU (igurés : Krause, t. II, pi. vi, lig. 1»; liecci de Kouquières, p. 97.
La peinture de f'ompéi, Helbig, Wandyem. I 477 (Mus. Durbon. XI, pi. i,vi, p. il ;
Becr| de l'oucpiières. p. 89), n'a rieu à faire ici. — 4 l'oll. L. c. — <• Hesycli. Môme
Iradilion sur Taskolia. — (> (Jualre acluellemenl conuns : ivliigmann, Areh. Zeit.
XXIX (1872). p. 40, lig .p. 41 ; Catal. du Musée Alaoui (IS97). p. 13s, Lampes.
n" 'j3. L'iulerprélaliou de Kliigmann est contestée par Bliimner dans Hcrroaun, Gr.
Privatalterth. (1882), p. 300, noi. 1. On pourrait, en effet, songer aussi au pa4 de
géant.
npliittiéiitre
SKA
1361 —
SKI
Fig. Otë^. — AllilMp piochac.l I
commun subissaient le dernier supplice au milieu d'un dé-
coret d'une action mythologiques'. En toutcas, il semble-
rait, si l'on admet cet exemple, que l'exercicede la uxaTiéioa
était encore pratiquéà l'époque romaine-, quoiqu'on ignore
si le mot grec a jamais été latinisé. Georges Laiaye.
SIÎAPHÈ [SCAPIIA, SCAPIIÈ].
SlîAPHE10N(i;xa-^Erov,çxa/a'ç,(TXaXt(7TT|piov)'. — Pioche''.
Instrument araloire employé également par les lutteurs'
pour ameublir le sol
piétiné de l'arène (fig.
3678, 3G80) ' et pour en-
lever le sable neuf qu'on
y transportait dans des
paniers. Une coupe de
Bruxelles représente un
éphèbe piochant pour
remplir une coufTe (fig.
6483) ^ Ce travail était
considéré comme un ex-
cellent exercice pour as-
souplir les reins et forti-
fier les muscles des bras'^;
aussi représenle-t-on souvent des lutteurs qui s'en-
Irainenten maniant alternativement la pioche
et les haltères'. On se servait encore de cet
instrument pour indiquer la place d'où l'on
devait lancer les javelots et le disque; on
voit alors, près du discobole, une pioche
piquée en terre par une des pointes de sorte
que le manche forme une barre horizontale
(fig. 3678, 4H5, 4119, 4122j«.
Selon les contrées et les époques, on em-
ploya divers instrimients analogues au s/iO-
FiK. 0W4. ; • c I • 1 . 1 .
pioihc pheion. sur un vase la pioche est remplacée
par un instrument à large fer placé près du
discobole (fig. 6i84)'. Ce nom parait plus spécial à, la
période gréco-romaine. Sous les Lagides, Théocrite
parle de la cxiiriv»! '" et les scholiastes ajoutent qu'en
Altique on employait V'i.]i.r^ ". C'est peut-être le nom que
l'on donnait à la pioche au v« siècle, mais le mot perdit
cette signification car, à l'époque où fut rédigée une
autre scliolie, l'otar, désignait un <7xa-^t'ov 7r).aT^j'^ c'est-à-
dire un instrument à fer large, une houe. En Grèce, plus
qu'ailleurs, la nomenclature technologique varie d'un
cantonàl'autre '^ :d'oùcesquiproquosdevenusproverbes :
1 (i. I.afayc, LAmour incmdmii-e, dans Mélnnrjcs de V École de Home.
X (189U), p. lil. — 2 Poil., L. c, cil parlo encore au présent. Ilcsych. s. v.
oxantfSiJirai = igiîo&iîTO;, Outrager ; la di^rivation des sens est obscure. — Bini.io-
cRAPMiE. Mersiiis, lie liulis Graeconm (1022), p. 'J53 ; Bulenger, De ludis
velerum (1037), cap. «, Thésaurus antiqu. do Gronovius, t. VU (1735); Krause,
iiymnastik u. Afjonistik d. f/ellenen, 1 |li*-il), p. 323; Grasberger, Erziehuntj
u. Unlenicht, 1 (I8CV), p. 101 ; liec<| de Fouquiùrcs, A'ux des anciens (1809), p. 90.
SKAI'IIKIO.N. 1 biod. .Sic. IV, 31; Lucian. Philops. 31; Polhn, X, (29.
— 2 Ilesych. s. v. a<ar.à-jti ; Suidas, s. v. (ruasda; Pliot. p. 5IG, éd. Porson ; Beliker,
Anecd. p. 02. — 3 Plut. Arat. 3 ; Schoi. ad Thcocr. IV, 10. Pour lomploi de la
pioche dans les gymnases, cf. Wclcker, Zeitsch. fur ait. Kunst (1818), p. 257;
Ilhein. Mus. fur l'Idl. I, p. 77 ; Stepliani, Compte rend, de la C.omm. iirck. de
Pélersb. 1802, p. 151 ; 1870, p. lûl ; Bursian, BericlU. d. sûchs. Oesellsch. d. Wiss.
1871, p. 2; Grasberger, Èrzieliunij u. Unterriclit in kl. Alterth. I, p. 306 : Bliini-
ncr, lelirtueh z. GriecU. frivalalt. d'Herrnann, VI, p. 3W. — i Gerhard, Auser-
lesene Vasenbild. IV, pi. cci.xxi; V. Duruy, ffisl. des Gr. 1887,1, p. 318 ; P. Girard,
Léducat. athén. 1880, p. 107, fig. 20. — 5 Musée /Investein, 1884-, n» 347 ; Edni.
Potlier, Gaz. arch. 1887, p. 113, lig. 5. —0 Scliol.ad Thcocr. IV, 10. — 70. Jahn,
Vasensamml. :u .Mûnck. I»5i. n° 795; Arcliaeol. Zeit. 1878, pi. xi ; Roulez, Mém.
de t'Acad. de Hrux. ,XVI, p. 15 ; Klein, Meistersiyn. p. 99, n» 10 ; Id. Euphro-
nios, 1880, p. 28V et 286; cf. une coupe de Cervelri, Musée Jiavestein, n" 348;
E. Polticr, Gaz. arch. 1887, p. 112, fig. 4 ; une coupe d'Orvieto, Arch. Zeit. 1884,
pi. ivi, n» 2 ; Klein, O. c. p. 145 ; P. Girard, 0. c p. 207. — 8 Q. Jahn, n» 795 ;
cf. une cvlix de Capoue au Palais muiiicip. des Beaux-Arls, no 337 (anc. coll. Du-
VJII.
ajjiaç àitï|TOuv, ot S' à7tT|fvoîivTO Txâcpa;''; ici, a|j.-f| a le sens
de faucille et non de pioche. Sori.in Dobigny.
SItlEREIA (SxiépEia). — Fête célébrée tous les deux
ans, à Aléa d'Arcadie, en l'honneur de Dionysos'. Le
nom même de Sxiéoeia est obscur ; est-ce une allusion à
ce que les célébrants étaient voilés (axii-)? Dans cette
fête des femmes étaient flagellées, comme l'étaient les
éphèbes laconiens à l'autel d'Artémis Orthia [diana].
Plusieurs explications ont été proposées de ces flagella-
tions rituelles : survivance d'anciens sacrifices hu-
mains i^DiAjiASTiGosis'l ou rite de contrition'', de l'espèce
des mutilations, jeûnes, etc.; rite de fécondation, comme
dans les lupercalia, ou même de communion avec l'es-
pèce végétale qui sert à la pratique du rite. Si cette expli-
cation, développée par M. Thomsen"' à propos du rite
laconien, est la vraie, elle doit s'appliquer aussi à la
fête d',\rcadic'''. Emile Caiie.n.
SHIROPIIORIA (Sxipoifopia) ou SUIBA (Sxipa). — Fête
célébrée à Athènes en l'honneur d'.\théna Skiras et des
déesses éleusiniennes, Déméter et Coré'.
C'était une fête d'été; le mois skirophorion en a pris
son nom. Le 12 (22 juin, c'est-à-dire quand commen-
çaient les grandes chaleurs), une procession partait de
l'Acropole conduite par le prêtre d'Érechthée, par celui
d'Hélios et par la prêtresse d'Athèna ; des hommes de
la famille des Etéobutades y portaient un parasol blanc
(cxi'pov)^. On se rendait, à peu de distance sur la voie
sacrée d'Eleusis, à l'endroit où se trouvait, disait-on,
le premier champ ensemencé par les Athéniens % appelé
Skiros à cause de la nature du sol, qui était une roche .
crayeuse ougypseuse (uxcgov)', dont Thésée, après sa vic-
toire sur le Minotaure, avait fait, disait-on. une image
de la déesse ; on disait aussi que de cette craie blanche
on frottait l'idole '■'. De là le surnom (Sxi'pa) donné à
Athèna. Selon d'autres, ce surnom lui serait venu de
l'invention, qu'on lui attribuait % de l'ombrelle (dxi'pov
^= Gx'.ioeiijv) pour se préserver des rayons du soleil. Ces
diverses explications, entre lesquelles les anciens hési-
taient déjà, se ramènent toutes à ce fait que l'on invo-
quait Athèna aux Skirophoria pour obtenir sa protection
contre les chaleurs torrides.
Les Skirophories étaient une fête des femmes, comme
les Thesmophories [tuesmopuoria] ' ; il faut expliquer sans
doute les rapports signalés entre les deux fêtes et la
place que les déesses d'Rleusis avaient dans les Skiro-
tuit) : une coupe du Louvre, coll. Campana, n^ 978 ; P. Girard, O. c. p. 203, f. 23 ;
Jilthncr, Ueàer ant . Turngcràlhe, Vienne, 1890, fig. 25, 20, 30, 43. — 9 Vase
Catalani, Gerhard, Ant. Bildw. pi. i.xvui. — lO Thcocr. IV, 10. — H A'e/i. ad
L. c. cf. Aristoph. l'ac. 299 et 420; Xcnopli. Cyr. VI, 2, 31. — 12 .Schol. ad
Theocrit. IV, 20. — 13 C'est ainsi (|u'à Siphno, la pioche se nomme à;<vr., mot qui
désigne, à Athènes, la hache, la cognOe du bûcheron. Le dict. de Cli. Byzaiitios
u'indir|ne que ces deux derniers sens, alors qu'on trouve dans le Lexique de
Ventoti (Vienne, 1790) ; « hache, coignùe, scure, mannaia^ houe, pioche, zap^a n.
— H.Suid. s. D. i|.,.
SKIUREIA. 1 Paus. VIII, 23, 1; cf. édiL Hilzig-Bluemncr, III, p. 18R. — '2 Cf.
Immerwahr, Mtjth. u. Kult. .Arkad.p. 189, — 3 C'est l'explicalion des anciens cux-
niônics : ainsi Philostr, Vit. Apoll. VI, 20, 2; elle ne rend pas compte des circonstances
parliculièrcs, et de personnes, durile, — 4 Cf, Gruppe, Griecfi. Mythol. p, 91 1, n, 10.
— !> Cf. Tliomsen. Orthia, Copenhague, 1902, evplicalion acceptée par S. Heiiiacli,
Mythes, Cultes et rtelii/. I, p. 173 sq. - 6 Cf. Niisson, Griech. Fesie, p. 299.
SKinOPIIOaiA. 1 Schol. Arisloph. Eccl. 18, et Thesm. 834; Slcph. Byz. Exîpot.
— 2 Harpocrat. *. u. Sxt'çov; Phot. et Suid, s. v. axîç'.v et (t^isoî. — 3 Bekker, Anecd.
p, 304;Strab, IX, p, 393 ; Plut. Conj.pracc. 42.— * Bekker, £. c. ; Pausan.I, 4, 30;
Etym. Magn. — ô Arist, Vesp. 925. — 6 phol. Suid. Bekker, T.. c. — 7 Arisl.
Thesm. 834 et Schol ; C. ins. lat. II, p. 422, n. 573. V, aussi Schol, Lucian, Dial.
mer. Il, 1, cité par Rohde, Kl. Schrift. II, 315; Miss Harrison, l'rolei/om. to the
stud. of greek Itetigion, p. 135, propose une nouvelle explication: les femmes
auraient fait des gâteaux comme aux Thesmopliorii-.^, en mêlant de la craie à la
171
SKO
1362 —
SKO
phories à côlé dAtlièna, en rappolant que celle-ci fut, la
première en Allique, une proloctrice de lagriculture
[minerva, p. 1313, i-kocbaristkria].
Les Skirophoriesélaientaussi pourceux quiyprenaienl
part un temps dabstinenco et de lustration, où la peau de
bélier appelée luosKoiuoiv servait à se puritiep'.
Emile Caiien.
SHULfO\ (SxôXtcv). — L'usage d'égayer les banquets
par des chants est des plus anciens dans les pays grecs.
« Le chant et la danse, dit Homère', sont les ornements
du festin ». Mais, dans Homère, les convives ne chantent
pas eux-mêmes. C'est un chanteur de profession, un aède,
qui, lorsque les convives sont rassasiés-, prend la lyre,
et, après une invocation à la divinité, raconte les
exploits des anciens héros et les aventures des dieux.
Après avoir longtemps charmé les hommes, l'épopée com-
mença à languir. On avait fini par être fatigué de ces
éternels récits sur les géants, les Titans, les Centaures '.
Un genre nouveau, le lyrisme, avait pris naissance. La
poésie nouvelle fut bientôt introduite dans les salles des
banquets : elle était musicale. Selon l'usage consacré, on
invoquait d'abord les dieux. Le chant, dit Xénophane*,
doit commencer par sûov- jjloi; fx'jôoiç xaî y.ïôacpoTci 16-(o:;. Cet
hymne, prélude des autres chants dans les festins, était
le péan^ Il était chanté en chœur [p.\ean]. Le péan est
souvent mis au rang des scolies*; ce qui se comprend
bien, puisque assez souvent lescolie n'est lui-même qu'un
hymne. Après le péan venait le tour des chansons.
La chanson de table ou scolie est née très probablement
dans cette ile de Lesbosqui devait bientôt après donner le
jour à Alcée et à Saplio. L'origine éolienne du scolie
semble établie par la tradition qui le fait remontera Ter-
pandre par l'usage du barbitos, et sans doute aussi par
l'accentuation même du mot (rxoÀtov\ C'est, en eflet, au
lesbien Terpandre que Plutarque attribue la création
du scolie*. Pindare, cependant, dans le passage auquel
se réfère Plutarque, dit simplement que Terpandre, dans
les festins des Lydiens, remplaça la haute pectis par le
barbitos'. Presque tous les poètes des vu' et vr' siècle ont
composé des scolies : Alcman, Alcée, Sapho, Pytherme,
Anacréon, Stésichore, Simonide de Cos, Timocréon de
Rhodes'". Nous avons quelques fragments des scolies
d'Alcée". L'ardent poète y chante l'amour, le vin; avant
tout arbre, dit-il, il faut planter la vigne '-. Le vin est la
sincérité même : c'est un miroir pour l'homme '^ Déjà
le scolie sert les passions politiques. « H faut boire à
présent que le tyran Myrsile est mort ". » Dans une
autre pièce, c'est le tyran Pittacos qu'il traîne dans
la boue'^ Tous ces scolies étaient le plus souvent chan-
tés par un seul convive s'accompagnanl de la cithare".
« Suid.i. i: ai!,;,..8..«; Phot.s. V. Tf.^r.»;;. — BiB.ioGRAPHiF.llcrmanu, Co«es,/,
AUerthùm. § Cl; Schocm.inii, Griech. Atlerlh. Il, p. 474; A. Monimsen, Fesle
der SladC Alhen, p. 309, 313, ÔOV; Id. Philologiis, L, p. IS5: C. Robert, dans
Utrmes, XX, 349 sq. ; Rolide, Ib. 116 s.). = A7. Schriften, p. 371.
SKOLION. 1 Od. I, 152; Vjll, 99, M6 ; XVIII, 304:'flj,Bin. m Herm. 55.
— 2 Od. I, 150 ; VIII, li. — 3 .Venoplian., 17i;, I, il, M. Uiels, Poet. Philos, frag.
(AUien. XI. 4«î Cj. — t Xenoplian., Loc. cil. v. nu. — !. Article paean ; il,id.
p. ii"i9, col. ) le t«.iv ».)^io<„«„i; : HIai., .fymp. 176 A; Xen. Hi/mp., Il, i;
l'Iul. Ouaest. symp. I. 1, 5 (615 B) ; Alliell. XIV, 6i7 E ; V, 179 D ; M. Croise!, Hist.
de la lit. ijr. III, 655 ; Cbrisl, Uriecli. Lit. 149. — 0 Plut. lue. cil. —'< A. Croiscl,
Hist. de la lit. ijr. Il, il 3. L'adjectif coiiij a subi la .Ssjuti.r,»,; éolienne. — i De
mujic, 28. — 9 Piod. éd. Christ, fr. 125 ; Bcrgk, Poet. lyr. 125, 4» éd. Les discus-
sions sur cette question sont résumées cbez Engelbreclit. De sculioriim poesi,
p. 10-14. Cet auteur croit qu'avant Tcrp.indre, les chants populaires de table se
chantaient â table sans accompagnement : dans le fragment cité par Plutaniuc, il
est cepcndaul question de la pectis. — <0 Engelhrccbt a rassemblé dans sa disser-
Quelquefois aussi ils ont pu être chantés en chœur.
Avec Pindare et Bacchylide'\ le scolie devient déci-
dément clinral" et reçoit souvent les développements qui
distinguent une ode de Pindare d'une ode d'Alcée ou de
Sapho. Plusieurs des scolies du poète thébain ont été exécu-
tés comme des odes triomphales et avec le même appareil ''^
Nous possédons des fragments un peu étendus de deux
de ces scolies. L'un d'eux est dédié à Xénophon de
Corinlhe, vainqueur à Olympie, au stade et au pentatlile,
celui-là même pour lequel le poète a composé la
XIJJ' Olympique. Si courts que soient les fragments du
scolie, ils suffisent pour nous montrer la différence des
deux genres lyriques. L'ode triomphale célèbre la gloire
de la maison de Xénopiion et ses nombreuses victoires à
tous les grands jeux de la Grèce. Le scolie a pour sujet le
vœu qu'avait fait Xénophon de consacrer, s'il était vain-
queur, cent courtisanes au temple d'Aplirodite à Co-
rinthe-". C'est probablement la partie délicate à traiter
qui nous a été conservée de ce scolie. Le grand poète la
traite avec cette ironie grave qui est un des côtés les plus
curieux de son talent. Il a des paroles consolantes pour
ces jeunes femmes. Ce scolie fut exécuté pendant le sacri-
fice que Xénophon, entouré de ces courtisanes, oITrit pour
célébrer sa victoire'-'. Le second scolie exprime, en ter-
mes ardents, la passion que Pindare, arrivé à la vieillesse,
éprouvait pour Théoxène de Ténédos --.Il y avait dans le
tempérament de Pindare une veine de sensualité assez
marquée -^
Ces scolies des grands lyriques, même ceux qui, la
première fois, furent chantés avec l'appareil des odes
triomphales, étaient repris dans les banquets d'une façon
plus simple; le plus souvent même, ils étaient récités
par un soliste'-'. Ce n'étaient pas seulement les scolies de
Pindare qu'on chantait dans les banquets, mais ses autres
poésies: odes, parthénies, dithyrambes, etc., et il en était
de même pour Stésiciiore, Alcman, Simonide'-". Ces réci-
tations dans les banquets ont eu une influence considé-
rable sur la propagation du lyrisme'-'. C'était la marque
d'une bonne éducation de savoir par chœur de longs
morceaux des grands maîtres lyriques"-^ : pour caractériser
la profonde ignorance, on disait : ignorer la triade de
Stésichore-'.
.\ côté du scolie littéraire créé par les Éoliens, il y avait
une littérature populaire de ce genre de poésie. A quelle
époque remonle-t-elle".' Nous avons vu qu'avantTerpandre,
on chantait chez les Lydiens en s'accompagnanl de la
pectis'-'. Nous savons qu'à Sparte, on chantait dans les
Syssities des péans et les vers de Tyrtée'"; à Athènes,
on chantait les lois de Ciiarondas^', qui étaient écrites en
vers. Dans un tel milieu de chants et de poésie, il devait
talion (p. 74-9S) les fragments de scolies tpii nous sont parvenus de ces divers poètes
ou qui leur sont altrdiués ; cf. encore tiaslé. De Scoliis, passim. — << Voy. Bergk,
Poet. lyr. gr. t. III, p. 147, 4' éd. l!>73. —12 Bergk, H. Cal l'ode d'Horace, I, IS.
Cf. encore Bergk, 40. 41. — '3 Bergk. 53. — 14 Bcrgk, iil; c'est Iode imitée par
Horace (Od. I, 37) : .Nunc est bibenduni. — '5 Bergk, 37 A. — 16 Alhen., 69 A =
Aristoph. Dailaleis, fr. 223, Koch : ".\«i>v i.j |ioi ncXiciv ti "«aSi.v 'A).xa'9j
>iv«yjîo-.To; ; Thémislocle blâmé pour avoir refusé déjouer de la lyre, Cic. Tusc.^
I, 2. — '^ Baccliylide a au moins écrit dessapoiuta c^wTixâ, n*"* 17-22 de Blass ; Bergk,
III, 27 et 2S ; Eugcibreclil, p. 89. — i» A. Croiset, Hist. de la lit. i/r. Il, 212.
— 19 \.Vrohel,La poésie de Pindare, 103. —30 Ed. Christ, fr. 122. — 21 Alhen., XIII,
573 F. — 22 Christ, fr. 123. — '2^ Voira ce sujet Nageotte, Hist. de la poésie lyrique,
II, 23S. — îVArisloph. Dailaleis, tr. HZ; Nuh. 1355. — 2iEupolis, f. 366, 139,361,
Koch. — 26 Reitzenstein, p. 32. — 27 cic. Tuscul. I, 4 ; Plul. Tltemist. 2 ; Cimon, 4.
— 28 Hcsych. Tjîa STïi^i/if ou ; Zenobios 1, 23 (Miller) : Ijusius, Comment. Ilibb. 1.
— 29 Reitzensteiu place les scolies populaires avant les scolies poéti(|ues. — SO Phi-
loch. fr. 56, Didot. — " D'après le philosophe Hermippos, Athen., XIV, 619 B.
SKO
— 1363
SKO
arriver, et le fait a dû se produire de très bonne heure,
que des convives halMles se missent à réciter des scolies
de leur composition. Certaines de ces chansons furent
plus particulièrement goûtées ; on en prit des copies
pour les réciter à l'occasion ; il se forma ainsi des recueils
populaires, où l'on faisait entrer toute chanson qui avait
eu du succès, sans se soucier d'indiquer qui en était l'au-
teur; c'était du reste de très courts morceaux, n'ayant le
plus souvent aucune prétention littéraire. Nous possé-
dons un de ces recueils ; il nous a été conservé par
Athénée sous le litre de SxôXta 'Attixoc : il contient
io pièces qui étaient renommées, dit Athénée, par leur
antiquité et leur simplicité'. Les plus anciennes concer-
nent la lutte de lanoblesse contre les Pisistratides- ; elles
célèbrent les tyrannicides ; quelques-unes rappellent les
guerres médiques'; dans d'autres, on peut constater
une imitation de Pindare^ Il faut donc admettre qu'un
peu avant le milieu du v' siècle, ce recueil de scolies était
répandu dans les cercles aristocratiques d'Athènes^. Il
futlongtemps en vogue;. Xristoteleconnaissait*, ainsique
Dion Chrysostome" et Didyme*. Ces petits couplets très
courts, d'une allure preste et dégagée, tout en petits
membres logaédiques ', ne sont parfois que la repro-
duction abrégée et comme un écho'" de morceaux poéti-
ques connus, de proverbes, de fables. Ce sont assurément
des improvisations ; parfois la phrase est un peu embar-
rassée ". Certains morceaux ont uneréelle valeur poétique,
ainsi le scolie connu en l'honneur des tyrannicides'-, et
le scolie d'Hybrias, ajouté à la suite des ib scolies atti-
ques, belle chanson de mercenaires, qui devait être
chantée avec entrain aux Syssities des (Cretois''.
Parmi ces scolies anonymes, dont le souvenir s'était
conservé, il y en eut quelques-uns auxquels on voulut attri-
buer un auteur; il est intéressant de voir qu'on ait pensé
aux sept sages; nous possédons sept scolies qui portent
leurs noms : tous contiennent des leçons de morale".
Au commencement du x" siècle, la poésie lyrique, à
son tour, languissait ; un genre nouveau, la tragédie,
avait pris naissance, et sa faveur grandissait chaque jour.
« Cela sent son vieux temps, dit Eupolis'% de chanter
Stésichore, .\!cmanetSimonide». Une scène de la comédie
des jVMe'es'^ d'Aristophane met sous nos yeux la lutte
entre les deux genres et la victoire de la tragédie sur le
lyrisme. \ la fin du banquet que Strepsiade donne à son
fils, il lui dit : « Prends la lyre et chante^'' le mélos de
• .\nien,, XV, 09i-60G ; Reilzenslciii, 13; Eiigolbrecht, i;6 : Bcrgk, III, p. IU3;
V. Leeuwen (éd. des Gii/'pes d'Aristopli. v. Wii et 1245) pense que Praxilla n a
pas Tait des poésies, mais un recueil de KoLpoÉvin. — - Wilaraonitz, Arist. u.
Ath. II, 310, au sujet des scolies sur les tyrannicides. — 3 Le scolie en Mion-
neur de Pan est le quatrième du recueil : le scolie cinquième contient une allu-
sion aux victoires conlre les Perses. Sur Pan voir Herod. VI, 105-106. Pour toute
cette discussion, voir Reitzeustein, p. 13-24. — * Scolie en l'honneur de Pan,
Pind. fr. 95, cf. Alislopll. Tliesmoph. 977; se. 15, cf. sch. Aiistopll. Lijsist. 1237.
— S Keitzenstein, p. 15. — 6 Les scolies 23 et 2V sont reproduits dans la Const-
(lÀth. c. XIX et IX. — 7 II, C3. — 8 Scholies d'Oxford ad Plat. Gon,ias, «t E.
— 9 M. Croiset, Hisl. de la litt. ijr. 111, 638 ; Gasté, Op. laiid., p. 17, avec les
références. — 10 Le scolie 20 relatif au scorpion est imité d'un provcriic ;
Praxilla .lurail imité le scolie, Reilzentsein, 18. Bcrgt, III, p. 567 et Buchliolz-
Silzler (Anth. aus der Lyrik. dcr Gr. i' éd. p. 176 et 210) attribuent le se. à
Praxilla; le scolie sur le crabe est l'abrégé d'une fable, Keitzenstein, 19. — H Voir
surtout le se. 16, l'indication iitV 'A/i'nîifa d'après le se. 15. — 12 Hésychius attri-
bue le scolie à Callistrate. Les appréciations sur les se. des tyrannicides sont très
diverses. Bergk, Poet. lyr.tjr. III, p. 646, croit que la strophe 2 est le motif principal,
dont les autres strophes ne sont qu'une répétition. Reitzcnstcin (p. 22) suppose que
les quatre strophes forment un tout divisé en deux parties: c'est à peu près l'ex-
plication d'EngcIbrccht, p. 67. Wilamowitz (Arislot. u. Alh. 11. 319; critique la
strophe 4. Cf. encore Buchholz-Sitzler, Anthol. Il, 209. — l»E. Bergk, III, p. 651 ;
Reitzeustein. p. 33; Engelbreclit, 85; Buchholz-Sitllcr, II, 177. — I* Atlien. XV,
Simonide sur la toison du bélier. « Le jeune homme, qui
suit les modes nouvelles, refuse en disant qu'il est stupide
de jouer de la lyre, de chanter en buvant, comme une
femme qui moud de l'orge ; il ajoute que Simonide est
un mauvais poète. Strepsiade demande alors à son fils
de prendre un rameau de myrte et de dire un passage
d'Fschyle. Mais le fils est plein de mépris pour Eschyle ;
il débite une tirade d'Euripide '*. .\insi vers la fin du v' siè-
cle, toutes les faveurs du public allaient à la tragédie.
Comme on avait eu des recueils de scolies, il se forma
aussi des recueils de morceaux choisis tirés des grands
tragiques" ; on les apprenait par cœur, pour les réciter
dans les banquets. La comédie, à son tour, fournit aux
convives un répertoire riche en fantaisies, en satires.
Dans les festins, dit Aristophane'", parlant de Cratinus,
on ne pouvait chanter autre chose que « Doro chaussée
de calomnies » et « Artisans d'hymnes bien tournés ». Le
succès de la comédie ne fit que croître avec Ménandre^'.
Cependant, la poésie lyrique n'était pas morte ; les
compositeurs d'odes, de dithyrambes, etc., sont nom-
breux--. Le scolie est toujours cultivé ;Mélétos, l'accusa-
teur de Socrate, en composait^^ Ausiècle suivant, Aris-
tote devait donner le modèle du genre, en écrivant cet
admirable scolie à la vertu en l'honneur de son parent,
le tyran Hermias-'.
La scène des Nuées ne nous montre pas seulement les
changements qui s'étaient opérés dans les goûts du
public athénien au moment de la guerre du Péloponèse;
elle nous indique aussi très nettement les différences
relatives à la récitation de la poésie lyrique et de la poésie
dramatique dans les banquets. La poésie lyrique est
chantée^' avec accompagnement de la lyre-'', tantôt en
cliœur-\ tantôt par un convive. Dans ce dernier cas, les
convives habiles àjouer de la lyre, ol cjvETot, se fonlseuls
entendre ; la lyre circule au milieu des convives, en
décrivant ainsi une ligne tortueuse-*. Les tirades drama-
tiques sont déclamées-'. Généralement, tous les convives
sont en étal de réciter un passage d'une tragédie ou
d'une comédie. Cette fois c'est un rameau de myrte'" ou
de laurier" qui circule; chaque convive le prend à son
tour, chante et, quand il a fini, le passe à son voisin '^
Le rameau suit une marche régulière et est vcr\x par
tous les convives. On commence généralement par la
droite". Des morceaux lyriques ont pu être récités de
cette manière, le chanteur tenant, non la cithare, mais le
606 A ; Bergk, III, p. 045. Casaubon, le premier, contesta l'aulhentieité des sept
scolies : voir E. Ililler, Oie lUterarische Tliûlii/knl dersiehen ^VeiscH.daus Hhein.
J/uj. XXXV1I1.518;0. Mulkr, Hist. delà litt. ijr (Irad. franc.) II, 133; Lcutsch,
Philolog. XXX, 134; Engelbrecfal, 90. — 15 Fr. 139 Koch. — 16 V. 1333-1376.
— 1^ Remarquer le mot àirat pour Simonide, et plus loin Xéïov (|uand il s'agira d'un
passage d'Eschyle. - l» V. 1370, fi»' Eijt-.'Sou^îii.'v t.-,.. — 1^ Wilamon ilz. Berakles,
I, 172 ; Reitzeustein, 38. —20 Eqtiit., 520. — 21 Plut. Qiiaest. conv. Vil, S, 3.
— '^2 Us sont vivement attaqués par les comiques, Arisloph. Nub. , 333 ; l'ax, 829 ;
Av. 1372, 1384, etc. — 23 Arisloph. iïaii. 1302. — 24 Athen. XV, 096 A-D ; Diog.
Laert. V, 7. Des fragments de scolies ont été trouvés récemmeul en Egypte, Scliu-
bart et Wilamowitz, llertiner Klassikerlexle, fasc. V, 2" partie, n. 15. — 25 Aris-
loph. Yesp., 269, 1225; Lysistr. 1236; fr. 223; Cratinus, 236; Eupolis, 139,
366. — 26 Arjptoph. Achavn. 980; A'u4., 1355 ; Sch. Vesp., 1222, 1239; Plut.
Quaest. symp. 1, 1,5 = 615 B; Tzetzes, ""lajiSùi te/uxoi r.if\ xuft.oSîaî, 82. — 2, Le
scolie altique (TTia.'.îiv ^i-, Ssiorov), entre autres, élait souvent chanté en chœur;
Bergk, p. 643 ; cf. Plalon, Gorgias, 431 E et la scholie. — -* Uiccar. sch. arch. ap.
Gor(/t*w, cité dans la note précédente ; Artemonap. Athon.. XV, 604 .A; les autres textes
dans Reitzeustein, p. 4. — 29 Lesf;.»ii; des poètes lragi(|ucs, d'Euripide surtout, ont
pu être chantées. — 30 Arisloph. Nub., 1364, et les textes cités ci-dessus, n. 26.
— 31 Le laurier est mentionné par Arisloxène, Loc. cit. ; sch. Nub., 1304 ;
Vesp., 1232, 1239. — 32 Schol. Vesp., 1222, et les textes cités plus haut
d'Aristosèue, d'Artémou, de Plutarque. — 33 Pollux, VI, 108 : x«l iijffc'vn «'■ *£;•«
iies.sieovTiî; Anaiandridc, 1 ; Atlien. XIV, 463 F ; Plat. Sympos. 177 D.
s KO
— 1^64 —
SKO
rameau de myrlc'; la (lùle préludait. On sait d'ailleurs
que raùXT,Tsî; figurait toujours dans les scènes des ban-
quels- (tig. itl'.to). Le jeu du collabe [kottabos] est sou-
vent associé aux chansons de table; Atl'.énée rapporte
que les scolies des anciens poètes étaient remplis d'allu-
sions au cottabe^ Nous savons peu de chose de l'harmo-
nie; on disaitquePylhermosavait introduit dansle genre
l'harmonie ionienne'.
Nous connaissons plus de cenl peintures de vases repré-
sentant le cotlabe. Sur la plupart de ces vases sont repré-
sentés une joueuse de tlùle, des convives jouant de la
cithare, d'autres levant les mains comme s'ils chantaient
ou s'ils déclamaient'. Sur un vase décrit par Tischbein^
on voit trois hommes couchés sur un lit, un d'eux lance
le cotlabe; à gauche un homme barbu avec une torche
amené par deux éphèbes; l'un d'eux semble chantera
Une amphore du Louvre, au nom de Léagros, et une
coupe de Tanagre montrent des personnages couchés sur
des lits de banquets et chantant des vers inscrits dans
le champ, à côté d'eux '.
Il y a enfin un genre de scolies qui est un jeu de société,
quelque chose comme ce qui a été, dans nos salons, l'in-
promptu et le bout rimé, avec les différences que les
mœurs, la langue, les formes poétiques imposaient à ce
genre d'amusements. Le scolie se transforme en une
scène de comédie où tous les convives jouent un rôle.
Aristophane, dans la pièce des (tuêpes, a porté sur le
théâtre une de ces scènes *. Bdélycléon, voulantapprendre
les belles manières à Philocléon, lui demande entre
autres choses comment, dans un banquet qu'il ima-
gine, il recevrait les scolies ". Les convives suppo-
sés sont Cléon, Théoros, Eschine et d'autres amis du
démagogue. Les libations sont faites, la joueuse de flûte
a commencé '".
Bdélycléon. — Je suis Cléon ; je chante le premier la
chanson d'Harmodius; tu recevras, toi: « Jamais aucun
homme ne fut dans Athènes" » — Philocléon. —
Aussi scélérat et aussi voleur. — Bdélycléon. — Tu lui
diras cela. Tu périras sous ses cris; il dira qu'il veut te
perdre, t'anéantir, te chasser loin de ce pays. — Philo-
cléon. — Et moi, s'il menace, je lui chanterai cet autre
scolie. « 0 toi dans ton ardent désir du pouvoir su-
prême, lu renverseras la cité, qui déjà penche vers sa
ruine '-. » — Bdélycléon. — Et quand Tliéoros, couché aux
pieds de Cléon, chantera en lui prenant la main : « Instruit
par la parole d'Admète''', aime les gens braves. » Quel
scolie lui diras-tu? — Philocléon. — Moi, voici : « Il n'y
a pas à faire le renard et à être l'ami des deux partis " ».
— Bdélycléon. — Après lui, Eschine, lilsde Sellos, recevra
le scolie, homme habile et ami des Muses ; il chantera :
< Arislopli. fr. 430 : o |>Èv f.Jty 'Aîiiiixoii Vo-jov «fb? |iupf fvT.v : C ralinus, 236 — 2 Aris-
lopli. Ves/)..lïl9; Craliaus, i36 ; Plal., Si/mp. 170 E cl la iiolc7 de lap 28 de l'éd.
11 ug, Tculmcr, 1884. — 3 X, 427, DE. — » Aliien., XIV, 625 C. Dans ce passage
il faut corriger moiià par tniUa. —5 Nous citerons : Kelnacli, ii^pert. des vases
peinls. 1,36, 5, 111, 3 et 7 ; 320 ; 11, 4, I9'.l, 329. — 6 Collect. Ejigravin,/s, t. V,
pi. x = S. Reinach, II, 33r, ; cf. aussi 0. Jalin, Philologus, t. XXVI (1867), Kollabos
ttiif Vasenbildern.ymei.p]. ni,p.2î5. — 1 Studniczka, dans yn/ic4iicA. /ns/. IKS7,
11, p. 162; E. Pottier, Catalogue des vases du Louvre, p. 902; Album des Vases aiiti-
gues,p\.W, G 30 ; Kiehlerdans Mil. Mitth. IX, 1884, p. I, pi. i. Cf. Ilartwig, Mets-
tersch. p. 255, noie 2. —8 1219-1249. — 9 V. 1222 :Tà ««AianJ; iici.. — 10 Confirmé
par Cralinus.fr. 236. — ** C'est là une variante du scolie des tyrannicides. — I* Ces
deux vers sont d'Alcée, d'après le scliol. v. 1232; cf. Bcrgk. Poet. h/r. 25. — 13 Çoni-
meocemeut d'un scolie (dit le sclioliasle), peut-^tre de l'raiilla? Voir Cralinus, fr.
23G ; Aristoph. fr. 430. ReiUenslein, Skol. p. 17, attribue are passage la scliolie mise
danslesMilionsauv. 1241 Icf. la note suivante); Wilamowitz, r>p. /. ll,s;i sq.— l'At-
tribué a Alcéc ou à Sapho, mais de l'raxilla, dit la scbolie. — 1° Poétesse Ibessalienae,
« Richesse et longue vie à Cleilagora'° et à moi avec les
Thessaliens ». — Philocléon. — « Tu as fait de grosses
dépenses"^ avec tes vantardises et moi aussi ».
On voit en quoi consiste le jeu. Les convives se pro-
voquent et ripostent par des citations de morceaux
poétiques connus ". C'est à qui trouvera dans sa mémoire
la citation qui donne à la riposte de l'à-propos, de la
verve, de la causticité; le convive doit avoir de l'esprit
et des lettres; à une citation poétique qui le provoque,
il doit répondre par une autre citation et cette citation
doit non seulement faire une réponse ingénieuse et
piquante, mais aussi s'adapter pour le mètre au mètre de
la provocation. Une faute de goût, une erreur de métrique
excitent les moqueries et exposent au ridicule '*.
Ce jeu est assez semblable à celui que nous voyons
décrit dans le Si/mposion de Platon ". Alcibiade, qui est
arrivé à la lin du repas, est invité à parler sur l'amour,
comme l'ont fait les autres convives, en commençant par
la droite. « Quand lu auras fini, lui dit Eryxomaque, tu
prescriras à Socrate le sujet que lu voudras ; puis So-
crate de même à son voisin de droite et ainsi de suite. »
La différence essentielle est que les convives discourent
en prose. Les scolies, les chansons, les airs de flûte"
sont méprisés des pliilosophes. Avec Platon et Xénophon
commence celle littérature des cuaTto^iaxo'; loyo'. qui devait
prendre un si grand développement.
Telles sont les diverses formes que le scolie a prises
en Grèce. Les anciens ont essayé de les classer et de les
expliquer'-' ; la chose n'élailpas facile. Le nom même du
scolie les embarrassait fort; il a plusieurs sens et aucun
de ces sens ne se rapporte bien directement aux choses
de la table. L'explication, qui jouit aujourd'hui de plus
de faveur, est celle de Dicéarque--. Le scolie, dit cet
auteur, est une clianson de table; il y a trois sortes de
chansons de table, Ttapoîvia: l°tous les convives chantent
en chœur; ^2° tous les convives chantent chacun à
leur tour; un rameau de myrte ou de laurier circule;
chaque convive doit le prendre et chanter; 3° une lyre
circule; seuls les gens habiles, oi cuvetoc, la prennent et
chantent. C'est seulement à celte dernière catégorie de
cliansons que Dicéarque donne le nom de scolie; ce
nom viendrait des circuits que fait la lyre passant aux
mains des gens habiles, au hasard de la place qu'ils
occupent ; le substantif cxoXtov se rattacherait donc à
l'adjectif axoXto'i;, oblique, tortueux, avec un déplacement
d'accent. Plutarque ^' ajoute certains renseignements à
ce que dit Dicéarque; mais il donne une autre inter-
prétation du mot cxoXtov; les ignorants, incapables déjouer
de la lyre, sont refusés; c'est ce qui a fait donner à ce
chant le nom de scolie, parce qu'il n'est pas facile et que
disent les scbolies. Cratinus, 234 ; AristopU . Lysistr. 1 237 ; Bcrgk,'^^^^ com. att. ant,
238. La vérité acte trouvée par Ad. Ilocmer, 5/«rfi'eH zu Aristopkanes{l^(ii],p, il5 ;
il s'agit d'un mélossur Prakilla. comme il y a un mélos sur Adméte. un autre sur Har-
modius et Arislogilon ; il n'est rien dit d'une femme poète. — '6 Passage controversé.
— l'î Le jeu est explique dans le scolie du v. 1222. — 1** Craliuus, fr. 236 ; KXetTaTÔpa;
iSuv St«v 'AS;ifitoa ;.£"m; «jki; ; Arisloplj. Ltjsislr. 1236; fr. 430. — 19 214 B-C.
— ÎO Sgmj;os. 176 E ; Prolagoras, 347 C-D. — 21 Didyme dans Elijmol. M. 718, 53,
ffxo'Aïa. -22 Le passage est tirédesMouv!xo:àf.:.v£;. Nouscomplétotis la scbolie sur le
GoryiasdQ Platon 431 E par le passage de Plutarque cjue nous citons plus loin. Dans la
scbolie du Gorgiasse trouve la définition d'Aristoxènc ; il ne parle i|uedesbanquelsde
noce, ce qui est assez singulier ; cbaqueconvivecbante en tenant un rameau de myrte ou
de laurier à la main ; la délinition du mol est la même : il est ainsi appelé $tâ -z^v t^;
uiu;pi'vi;: <T<oX:à> iiiUnf. Pliotius et Suidas [itiM.) ont répété en partie lesciplicalions
do Dicéarque et d'Arisloxène. ^e rattachent encore à Dicéarque : Arlémon (Albenae.
XV, 694 A);Schol. Arisloi-b. ;Vii6., fi64; Vesp. 1239; Hesychius. Voir Reilzen-
steia, 4. — 2.1 ijuaestiones conviviales, 1, 1, 5(615 B) ; Keitzenstein, 5.
SKY
1365 —
SOC
tous ne peuvent y prétendre. C'est donc l'explication
czoJtov — SOtTxoXov'. D'autres, tout au contraire, interprè-
tent, par antiphrase, cxoÀiov — eiixoÀov-; dans la joie des
banquets, au milieu des fumées du vin, on ne pouvait pas
être exigeant : les chants devaient êlre simples et faciles.
Une explication voisine appelait le scolie un chant dé-
tourné, tourmenté à cause des libertés et des irrégularités
qu'on pouvait s'y permettre^. On sait que César avait
demandé à Tyrannion un travail sur le [AÉxpov crxoXic'v '^.
Ces explicationssi nombreuses, si difl'érentes, montrent
combien les anciens étaient embarrassés pour définir le
scolie et en dire l'origine. Dicéarque, en n'accordant le
nom de scolies qu'aux poésies chantées en solo par les
convives qui savaient s'accompagner de la lyre, était
lidèle à l'explication qu'il avait donnée du mot scolion.
En général, on était moins rigoureux. Ce mot de scolie,
qui primitivement n'avait qu'un sens restreint et dési-
gnait seulement une classe dans le genre des irapoivia,
avait pris, à un moment donné, un sens général et servait
à désigner toutes les poésies qui étaient chantées ou
récitées dans les banquets ^ Des évolutions de ce genre
sont fréquentes".
Cette habitude de donner, dans les réjouissances de la
taille, une si grande place à la poésie, a été éminemment
favorable à la divulgation des œuvres littéraires ; elle a
ainsi grandement contribué à développer chez les Grecs
la connaissance et le sentiment des beautés poétiques.
* Âi.BEicr Martin.
SlîYRIA DIKÈ. — Dans le droit attique les procès
devaient généralement être soumis aux juges dans le
délai de trente jours après la déposition de la plainte' ;
ce délai était de rigueur au iv' siècle pour les emmenoi
iiiKAi. Mais, en réalité, le jugement était souvent dilféré
S(jil par l'accord amiable des parties, soit sui' la demande
d'un des plaideurs, qui invoquait avec serment, soit par
une requête écrite (uapaY?''?'! S soit par l'intermédiaire
d'un représentant, une excuse suffisante, telle que
1 Celte expliealion est reproduite par Tzelzcs, "IkilSoi T(/v-»t.i icto\ ïu;j«.S.'a;
V. Si; par le scliol. dArisloph. Vesp., I2i3 et 123'J. — 2 Scliol. Vesp. )Ï39;
Sch. d'Oxforil ilu Conjms de l'Ialon 451 E; enfin divers proverbes cités par
lieitzcnsteiu, 7.-3 Eustatli., 1371, 14: voir 0. Millier, Hist. de la Litter. gr.
Il, 13-. — * Suidas, EKoÂfiv. — 5 Dicéar(iue, Arténion, Athénée ont essayé de
bien déterminer le genre; mais Etyro. M. 718, 53 : E.oV..« t» «.,h,uot,»4 ^cjn«xa. De
même l'roclus, Chrcstom. (['Iiotius, p. 3il,A), Bckker, Engclbrecbt, 03 ; Reitïcns-
tein, M. — C 11 nous suffira do ciler ce i|ui est arrivé pour le piean, Atlien.,
696 E-F; Tb. Keinacb, dans l'art, païak iOG, 1 et '.!79, I . — BiBjjui.iiAPHif.. Ilgen,
Scolia, id est cnrttuna convivatia, léna, 1798 ; Ilallstrùni, De scoliis Graecorum
comment, academ. Londini gotli, 18^7 ; Grim, /^rotusiu schotastica de scolits Grae-
corum, Dordraci, 1839; Koester, Comment, (/e scoliis. I, Flensburg, 1846; A. -F.
liibbecli, Veber die Tafelijesimje der Griechen, Berlin, 1848; Arm. Gasté, Oe
scoliis sire de coneimlibvs canninibus apwl Graecos, Paris, 1873 (avec une indi-
cation des références anciennes, p. 3-6) ; KuncI, De scoliorum orii/ine et mu, Berlin,
187C ; A. -G. Engelbrccbt, De scoliorum poesi, Vindobonac, 1876; R. Reilzcnstcin,
Epifjramm. Skolion, 1893; P. Pasella, La poetia coitvivale dei Greci, Livourne,
I9U2; Otf. Muller, histoire de la littérature grecque (trad. fr.), Il, 131 ; Th. Bergk,
Griechische Literaturgcschichte, 11, 1883, p. 161 ; A. et M. Croiset, Hist. de la
littér. gr. Il, ill et III, 637; VV. Christ, Gescli. der griech. Literatur. 4' éd.
p. 147; L'. V. WilamowUz-Mocllcndorir, Jrisio/e/es ». 4(/ien. Il, 316 ;Bucbholz-
.Sitzler, Anthologie aus den Lyrik. der Griechen, II, 4' éd .Tcubner, Leipzig, 1898,
p. 173 ; A. Taccone, .\ntologia delta melica greca, Turin, 19114, p. 33 et i54.
SKVItlA UIKE. 1 llcm. il, 47; 24, 03; 42, 13. — 2Dcm.il, 84; 4î, 13; 48,23;
58,43; Scliol. Dem. 21 p. 341, 22; l'oll. 8, 6U ; llarp. ». r. ii!u;.o.7;«. — 3 Poil.
S, SI ; Suid. l'iiol. llesych. s. i: 'I|i5f.oi. — BiBi.iui^nApniE. Meier, Scliiimaun,
Lipsius, Der ait. Process, Berlin, 1883-88, M, p. 9U6-909.
SMIiNTIIIA. I Déjà dans 17/iai/e, 1,39. Le culte d'Apollon Smintbeus était surtout
développé dans la'froadc, et de là dans les villes <|ui y avaient des colonies, à Ila-
nia«itos(Strab. Xlll, 1,46, p. 004|, à Cliryse (Polemo. l-'r. Ilist. graec. III, p. I24|,
àTënédos (Slrab. /oc. cii.l, à Alexandrie de Troadc (Pausaii. X, 12, 5; Head,
Hiit. num. p. 469. Cf. Aly, Der kretische Apollonkult (Leipzig, 1908), p. .i3.
— 2 Niisson, Griech Feste, p. 301. — 3 Kretscbmer, £inl. in die Gesch. der
griech. Spr. p. 402 sq. — 4 S|xiktoi T«e "«e» Kfija'iï oi |kui<, Schol, ad Lycophr.
maladie, mort de parents, absence hors de l'Attique '
jisjiRANDUM, p. 762]. L'expression employée par les
poètes comiques, uxupt'a oiV-vj, indique sans doute une
excuse de ce genre, plus ou moins fondée, le fait d'être
en voyage ou de résider dans une clérouchie, à Scyros,
Lemnos, Imbros'. Cii. LÉrnivAiN.
S.MI.X'TIIIA (SiAivOta). — Fêtes célébrées en l'honneur
d'un dieu Sminl/wus, ([ui a été, à l'époque historique,
identifié soit avec Apollon ', soit avec Dionysos'. C'était
sans doute une divinité préhellénique \ et, primitivement,
un dieu-souris S invoqué dans la suite pour écarter le
mal que les souris font aux moissons ^.
Nous connaissons l'existence de ^[/.iv^m k Ilion ", à
Alexandrie de Troade', à Pariane * et à Rhodes". Ces
dernières sont les seules sur lesquelles nous ayons
cfuelques détails. Elles comprenaient une procession, des
jeux publics et des sacrifices. Philomnestos avait con-
sacré à ces fêtes un ouvrage intitulé Ilept xàiv èv 'Pdooj
S[j.ivOe(iov '". Elles étaient célébrées en l'honneur d'Apol-
lon et de Dionysos, peut-être de Dionysos seul". Il est
permis de supposer qu'on célébrait aussi des fêtes de ce
nom dans les villes dont le calendrier comprenait un mois
appelé S(itv8ttôv '-. Cii. Michel.
SOCCUS. — Variété de chaussure. Elle fut en usage
chez les Grecs', mais nous ignorons quel nom elle por-
tait chez eux. On a mis^ soccus en relation avec nù-x.yy.^
et (TÛx/a;'; rapprochement aussi hasardeux que l'éty-
mologie proposée par Isidore de Sévllle ^ Les philolo-
gues modernes supposent un radical {sac), impliquant
l'idée d'une chaussure qui s'adapte de façon ferme au pied
et le recouvre ", mais sans lacets ^ comme une pantoutle.
Les Romains l'ont empruntée aux Grecs', et l'on voit
que, chezeux, hommes et femmes s'en servaient : l'Édit de
Dioclétien sur le maximum" mentionne des socci viriles
et inuliebres. L'adjectif viriles y est traduit en grec par
TTEpi'ioptvoi, que Bliimner '" voudrait interpréter : pantou-
fles servant à la promenade nonchalante, Ttépt-ioaiov^v " ;
1306 ; cf. SIrabo, loc. cH. A. Lang (Custom and Myth. p. 103 sr|.) a cru décou-
vrir ici lin totem, mais Frazcr {Golden Bough, 2' éd. Il, p. 427 si|.) y voit avec
plus de vraiï>emblance un dieu-souris. Cf. Usener, Gotternamen, p. 261. Sur la
souris, animal démonia(|ue, cf. Theophr. Charact. XVI ; Cic. Divin. Il, 27. 59 ;
Cruppe, Griech. Mylh. Il, p. 803, n. I.— s Apoll. Lc.r. Hom. p. 143. —6 Nilsson,
Griech. feste, p. 143. — ^ Lolling, Athen. Mitth. IX (1884), p. 72; Le Biis-Wad-
dington, 1730"; Cagnat, Inscr. gr. ad rom. rcs repert. IV, 344. — 8 Strabo, Xlll,
1. 48 (p. 603) ; Niisson, (oc. cil. — » /nscr. gr. XII. 1, 762; Scbumachcr, /Ihein.
Mus. XLI (1880), p. 238 sq. ; le môme. De Ilkodiorum re publica (Heidclberg,
1886), p. 34 sq, ; Diltrnbergcr, De sacris Hhodiur'im, 1 (Halle, 1886), p. X sq. ;
van Gelder, Gesch. der alten Hhodier (La Haye, 1900), p. 326 sq. — 10 Deux frag-
ments ap. Alben. 111,9, p. 74; X, 03, p. 445'. = F. H. G. IV, p. 477.-- H Dilten-
bergcr, loc. cit. — 12 Sjxioiwy et ZtAi^iûv à Magnésie. Kern, Jnschr. von Ma'piesia,
8, I. 6 ; 1 1, I. 1 ; 8, 1. 2 ; 220, 1. 2 ; cf. Le même, Arch. Anz. 1894, p. 79 ; cf. Gruppe,
Griech. Myth. I, p. 1229. n. 2. — Bibmographik. J. de Willc, Apollon Sminthien
{/levue Numism., 1838); Grohmann, Apollo -tmintheus und die Btdeutung der
Mâuse in der Mythologie, Prague, 1862 ; Tiiropel, Philol. XLIX (1890), p. 372 sq. :
Schomann-Lipsius, Griech. Micrt. Il, p. 481 ; W. W. Fowler, Class. Jlev. VI
(1892), p. 413; (ioodiey, y*irf. XV (1901), p. 194,284, 319; Prcller- Robert, Griec*.
Myth., I, p. 253; M. P. Niisson, Griech. J'este l'on relig. Bedeulung, Leipzig,
1900, p. 142 s.|. et 307 ; Fariiell. Cultes of greek States. IV , p. 103-9 et 236-7 ;
Gruppe, Griech. Myth. I, p. 301 sij. ; Le même, Mythotog. Literatur, Leipzig,
1908, p. 410.
SOCr.US. — 1 Plaut. 7-nn. III, 2, 94; Ter. //ea»(. I, I, 172 ; Cic. ZIe orn/. III,
32, 127. — 2 Doederlein, Latein. Synon. s. v. — '■> 'VroSii|A«Ta ojùjiix (Hesych. «. l^.).
— 4Pollux, VII, 22, 86 : f, Sk »i»/.or;, .jt.kiSi niw foixtï. (bïd|ia»Tai 8â t« toC duïc'jrtiy
xbv wôSa. — îi Is. Orig. XIX, 34, 12 : ^'occi appellati indc quod soccum habeant, in
qucm pars plantae in/icitur. — 6 Corssen, Beilrage z. latein. t'ormenlehre,
Leipz. 1803. 27 ; Id. Nachlrûge, 64; Al. Vanicek, Etym. Woerterb. der latein.
Spr. 2" éd. Leipz., IS8l,p. 290; Saaifcld, Tensaurus ilalogruec. Wien, 1884, s. v.
soccus. — 7 Hor. Epist. Il, 1, 174 : non adstricto socco; Isid. L. c. socci non
ligantur, sed tantum intromittuntur. — » Plin. H. nat. XXXVI, 5, 41. — 9 )X,
20-21 Mommsen. — '0 Commentaire de l'Édit, L. c. p. 28. — u J'y verrais plutôt
l'indication d'une empeigne en peau épaisse {^ofi-r,) ; cf. Dipb. ap. Athen. 383 f.
soc - 1366 -
mais les autres espèces de soec/ sont désignées vague-
ment par i7:oo/i[ji.iTa. De cette distinction, du moins, on
conclura à deux premières variétés de socci.
D'abord une chaussure banale, sans élégance, qu'on
mettait, non pas avec la toge, mais avec le palui'm '
sans apparat. P. Rutilius Rufus, poursuivi par la haine
de Milhridate, échappa aux cruautés du roi en chan-
geant de vêlements, pour prendre soccosque et pallium-.
D'autre part, certains auteurs blâment l'usage du soccus
chez les hommes comme une mollesse toute féminine ^
Cela suppose un nouveau genre de soccus, de forme sans
doute différente et plus décoratif; de fait, il est question
de socci où l'or entre comme ornement*; mais alors on
SOC
Fig. 6485. — Le soccus.
emploie plutôt le diminutif soccw/w«, pour désigner une
chaussure eiVéminée (fig. 6483), qui peut s'agrémenter,
en outre, de perles ou pierres précieuses ^ Quand donc
un grand personnage, comme Caligula', chaussait le
soccus, c'était apparemment le soccus pour dames, bien
plus luxueux. A la fin du ni' siècle, les distinctions se
multiplient encore ; l'Édit de Dioclélien énumère' : socci
purpurei sire foenicei, fixés à 60 deniers, socci albi,
socci Babulonici pui-purei sire albi. Force nous est
de négliger ces sous-groupes.
Troisième variété principale : le soccus des acteurs
comiques. Des textes très explicites l'opposent au
colliurnus, réservé à la tragédie*. Pline le Jeune" avait
deux villas aux bords du lac de Côme, l'une élevée sur des
rochers et dominant le lac, l'autre bordant le rivage : il
appelait Tracjoedia la première (quod r/uasi cotlnwnis),
Comoedia la seconde iquod quasi socculis sustinetur).
Donc le soccus comique était une chaussure basse.
A priori il semble peu admissible que la même chaus-
sure ait été attribuée à tous les personnages, de con-
ditions diverses, d'une même pièce; entre les cothurnes
aussi il y avait des variétés [cothuhnus]. On ne sait même
si la comédie grecque, à cet égard, a transmis ses cou-
tumes à la comédie latine. En Grèce, le soulier des
1 Cic. Loc. cil. — 2 Id. Pro Rab. 10, 27. — 3 flin. H. n. XXXVll, 6, 17.
— i l'Iaut. Ilacch. Il, 3, 98 ; Tcrl. De idol. 8 : soccus... cotidie deamatiir.
— s Senec. De bm. Il, 12 : soccvium auratum, immo ameum, margarilis dis-
imclum ostendere; IMiii. Hisl. nnt. IX, 35, lli; Sucl. ViteU. 2. C'est peut-être la
pantoulle emlioilant le talou, mais assez ouverte sur le cou-.'lepiod, que montre une
euricuse statuetlc de bronze ^'Irusiiue, notre fig, 6485 {Ant. d'Ercolano, VI, pi. ix et
xil ; cf, MvLseo Borbun. I, pi. xx ; VII, pi, xxxix (peinture de Ponipéi), Une chaussure
analogue se voit rré(|upninienl sur les monunieuls étrusques, Gerhard, Elrusk. Spie-
r/el, pi. Lxiv, i.xiix, icin, etc. et v, plus bas, note 18, — 6 Suct, Calig. 52 : socco
muliebri. — 1 IX, 18, 19, 23. —8 Qvid. Itemed. am. 375-370; Martial. VIII, 3, 13 ;
Uuint. Inst. or. X, 2, 22; nec eomoedin in cotimmos assurgit, nec tragoedia
ingreditnr socco ; Plaut. Cist. IV, 2, 29; Plin, H. n. VII, 30, 111 : comico socco;
Ovid. /'ont. IV, l«, 29-30; llor. .1rs /)0<;(. Su et 90. — s £-p. I.\, 7,2, — lOAnie-
lung, iiiiôi; iu l'aulj-WissoHa, Ueal.-Encycl. — u Dionied. ap. Keil, Gramm. lai.
0486, — Soccus
d'acteur.
comiques, selon des témoignages que d'autres d'ail-
leurs contredisent, s'appelait éfA^âç '" ou plutôt èjxêâ-
r-i\i [embas] ; il était plus bas que le cothurne et ne
convenait pas indifféremment, comme celui-ci, aux
deux pieds; d'après un grammairien", c'est justement
dans la palliata qu'on trouve les comici cum socris
[comoedia, fig. 1879].
Les peintures de vases donnent peu de représentations
de la comédie ancienne ; on y voit des acteurs pieds nus
(fig. 5593) ou munis de sandales {fig. 5592); nous avons
surtout des scènes empruntées aux farces de l'Italie méri-
dionale [pulyakes] ; or, dans nombre d'exemples, les per-
sonnages vont nu-pieds'^, preuve que l'acteur de mime
n'était pas seul à jouer planipes^^ ; les acteurs appa-
raissent également sans souliers dans les préparatifs d'un
drame satyrique (fig. 1426). Certains cas sont d'ailleurs
douteux '% quand le peintre céramiste
n'a pas marqué la chaussure d'une
couleur particulière '". On voit (fig.
6 486) le sorcus avec le pedum deThalie
sur une pierre gravée'"; une autre
pierre représente''' un personnage
grotesque dansant, qui porte la
même chaussure, espèces de pan-
toufles fort lâches'*. Des bronzes étrusques (fig. 1088)
représentent des baladins dansant avec des chaussures
couvrant le pied et très relevées au talon, d'apparence
assez semblable à celle qu'offrent les pierres gravées
et qui ne s'éloigne pas beaucoup du so(;ci<s efféminé qui a
été décrit plus haut. Victor Chapot.
SOCIETAS. — Le contrat de société est un contrat
conventuel et de bonne foi, dont nous ignorons les ori-
gines, mais qui n'a sans doute été reconnu comme tel,
qu'après la création de la procédure formulaire. Histo-
riquement, le premier type de société connu est la
communauté, l'indivision qui parait avoir été fréquente
à Rome comme en Grèce, surtout à l'origine, après la mort
du père, entre frères, consortes, sous le nom de consor-
tium'. C'est le genre d'association qui sert de type dans
les textes juridiques et parait expliquer certains caractères
essentiels des sociétés postérieures, l'extinction par la
mort, l'infamie du condamné, l'emploi du Jus frater-
nitatis dans le contrat et l'action-.
Les jurisconsultes ont distingué plusieurs espèces de
sociétés^ : 1° la société universelle de tous les biens
présents et futurs, y compris les dettes actuelles et
futures, sauf cependant le bénéfice ou le dommage des
faits illicites commis par un des membres [societas
omnium bonorum)^; 2° la société des seuls acquêts et
gains futurs [societas quaestus, lucri, compendii), issus
du produit du travail des associés, de leurs acquisitions
à titre onéreux ; elle est présumée à défaut de déclaration
I, p, 490. — 12 Hcydomami, Jahrb. d. Inst. I (1886), p. 271, 2K9, 293, 295, 296,
904. — 13 Diomcd. Loc. cit. — " En. Hcydeniann, O. l. p. 300. — li II arrive
que toute la jambe paraisse nue; sans doute alors elle était recouverte d'anaxy-
rides couleur de chair. — 16 Wieseter, Denhm'ilef d. Biihnenwesens, pi. xii, n. 43;
Cades, Impr. gemm. Cent. II, n, 85. — 1^ Fieorooi, De hirvis, scen. .XXXI; Wieseler,
0. l.f\. XII, 33. W.-Sraith, Diction, of grcek and roman antiq. 3- éd. Londr.,1891,
II, p. 679. donne comme une peinture la même figure tournée à droite. — 18 Cf.
Babelon-Blanchet, Bronzes de la Biblioth. nation., 938.
SOCIKTAS. 1 Nom ancien ; ercto non cito (Gell. 1, 9, 12); Fcstus, v. sors i Paul.
Diac. V. disertiores; Virr. De l. lat. 6, 65; Liv. 41, 27, 2; Val. Max. 4, 4, 8 ;
Plut. Aein. 5; Cic. Verr. 2, 3,23 ; De o/f. 3, 17, 70: Dig. 27, 1, 34, § 4 ; •'■ 2,
52, §6, 8; 29, 2, 78 ; 10, 2, 39, § 3; Vell. Pat. 1, 10; Plin. Ep. 8, 18. — 2 Dig.
17, 2, 63 pr.; Cic. Pro Bosc. Amer. 40. — 3 Dig. 17, 2, I, 5-8; Jnst. 3, 25,
— '* Exemples de cette société entre époux :Z/i^. 34, 1, 16,§3; Corp.ins.lat^ 6,1527,
soc
— 1367
SOC
explicite' ; 3° la société portant sur un seul bien, fonds,
esclave {s. iinius rei)\ sur une seule opération, contrai,
travail, achat, vente '-. La convention (po/itio) entre un
propriétaire et un entrepreneur (poUtor)^ pour l'élevage
de bétail, la mise en culture d'un champ, ressemble plu-
tôt, à l'origine, au colonal parliaire ' ; plus lard, elle peut
être considérée soit comme un contrat d'entreprise % soit
comme une société d'un seul bien '• ; 4° la société relative
à une série d'opérations, métier, commerce, industrie
[s. aliciijus îiegotiationis) et qui exclut par suite la mise
en commun des gains de toute autre source"; telles
sont les sociétés de marchands d'esclaves {ve}taliciarii\
de banquiers [argentai'ii)'^, où des règles spéciales de
l'édit des édiles rendent responsables tous les associés
envers les tiers ^ [argentarii, p. 4081, de propriétaires
de gladiateurs |^gladiator, p. 1577]. Ces différentes
formes de sociétés sont les sociétés privées [privatae)'",
toutes temporaires. Elles diffèrent donc nettement sous
la République et le Haut Empire des sociétés corpora-
tives, des corporations professionnelles et autres, soda-
lités, collèges, qui ont la perpétuité, la personnalité juri-
dique, une. fortune commune, une existence indépendante
de celle des membres individuels [collegia, fabri, soda-
licium]. Sans doute beaucoup de membres de corporations
ont pu constituer entre eux des sociétés privées, au sens
étroit; mais en général, les corporations- n'ont pas de
but professionnel, n'exécutent pas d'entreprises, de tra-
vaux en commun " ; leur patrimoine est indépendant des
patrimoines particuliers des associés. C'est seulement à
partir du ni' siècle et au Bas-Empire que dans les corpo-
rations officielles, devenues des rouages essentiels de
l'administration publique, par exemple chez les ««rù-M-
/«)•(■/, les piittoi^ex, les suarii, les melu/larii, chez les
cnllegiati municipaux, les biens des membres sont,
comme les propriétés collectives, affectés au service de
la corporation'-, même s'ils changent de main par alié-
nation volontaire, héritage ou autrement'^. Les sociétés
privées diffèrent également des sociétés de publicains,
de fermiers des domaines publics, des mines, des salines
que l'Etat a, de bonne heure, assimiléesaux corporations "
[mETALLA, PIBLICAM, SAL].
Les éléments du contrat de société sont: 1" l'intention
formelle de former une société (aff'ecltis socielatis),
sans laquelle il y a simplement indivision etouverlure de
l'action communi diridundo et non de l'action pro socio ;
2° un apport soit égal, soit inégal de chacun des asso-
ciés, consistant soit en propriété ou en jouissance d'un
objet, soit en travail, en activité quelconque [opern,
induslria, gratia) ; 3° l'attribution à chacun d'une part
des avantages, des bénéfices, sans quoi le contrat n'est
1 T)ii). 17, 2, 7-13, 71. §1.-2 17, -2, 53, § 12-13. — 3 Nonius, p. 6C, S7 ; Fos-
lus, Ep. 71, M; m. — ' Cal. De rc Tiist. 130, où le poUtoy lui-même pi-ul
prendre un ouvrier pour associé. .\ux c. tfi cl 137 les conlrals avec le cliaufournier
cl le vigneron rentrent sûrement dans le colouat parliaire. — 5 Suel. Yesp. 1 ;
peut-ilre C. ins. lai. 8 suppl. I, 11SS4. — 0 Diij. 17, i, .".i, § i. V. Pernice, ^ei-
tschr. d.Savigny-Sliftimij, 7, 1886, 2, p. 97-102. — ' Dig. 17, 2, 71 pr. 52, g 5.
— 8 C. ins. lai. 3, 950 (stipulations ri^-ciproi|ues pour former une société de ban-
quiers sur un triptyque de Transylvanie); — 9 />ij. 2i, i, 44, § j ; Hhet. ad Her.
2, 13, 19. — 10 Oig. 17, 2, 69 pr. — «I Wallzing, Etude hist. sur les corpo-
rations professionnelles chez les Roynains, \, 184-188. — 12 Cad. Theod. 10, 13, 15 ;
13, 5, 2, 3, 5-7, 1* ; 14, 4, 1,8; 14, 1, 1. V. Wallzing, L. c. Il, p. 248-324.
— 13 C. Th. 13, 5, 3, 20, 22, 27; 13, fi, 1. 4, 7, 8. — IS Dig. 17, 2, 59 pr.
— li Phaedr. Fab. 1, 25 ; Dig. 17, 2, 29. §2.-16 Dig. 17, 2, 57. _ n 17, 2, 19.
— '8 Dans la société universelle, la tradition est tacite (17, 2, 1, g 1, 2). — 19 17, 2,
ôi,%î,-.±; Inst. 3, 25. 9. — li" Dig. 17,2, 6, 29 pr. 42. 7C-80 ; 14, 1, 4 pp.; Gai.
3, 150 ; Inst. 3, 25. 1, 2. - 21 Dig. 17, 2, 82 ; 14. 1, 4, § 1 ; 14, 3, 13, § 2. Conlro-
pas valable et constitue une société léonine ' ■ ; 4° un but
licite "'. Un membre ne peut être reçu qu'avec le consen-
tement de tous les autres'''.
La société n'a ni la personnalité juridique, ni une
existence distincte de ses membres qui sont co-proprié-
taires des biens communs. Mais elle fait naître entre eux
des obligations, des créances, des droits, sanctionnés
par l'action pro socio. Ils doivent effectuer chacun leur
apport", fournir la garantie contre l'éviction qui pour-
rait en être faite, apporter aux affaires sociales le même
soin qu'aux leurs, en étant responsables de leur dol et de
leur faute, s'acquitter des fonctions que leur compétence
spéciale leur a fait attribuer". Ils participent tous aux
bénéfices et aux pertes {lucri et dainni communicatio),
soit d'après une convention spéciale, ou d'après une esti-
mation faite par un associé ou un arbitre et qui peut être
attaquée en justice, soit à parts égales, quelle qu'ait été
la proportion des mises -°. Le contrat fait par un associé
avec des tiers n'a d'effet qu'entre les parties, mais la
jurisprudence a tempéré en faveur des tiers la rigueur
du droit, par exemple, quand la caisse commune béné-
ficie d'un emprunt, quand un associé a reçu mandat de
gérer et dans l'action institon'a'-'.
La société se dissout de plusieurs manières-^: 1° ex
personis. Par la mort, ou la ruine de chaque associé,
ou par sa capitis deminulio, quelconque à l'époque clas-
sique, seulement maxima ou média dans le droit de
Justinien ". Lasociétéen effet a été fondéesurle choi.x et
la valeur propre des personnes-'. Elle ne peut continuer
que par un nouvel accord entre les survivants et par un
accord spécial avec l'héritier du défunt, pour et contre
qui s'exerce avec une formule spéciale l'action yj /Y) 50('io-^;
2° ex rébus. Quand le but social est atteint ou que l'actif
a disparu -" ; 3° ex rohai/ate. Par un accord de tous les
associés, par l'arrivée du terme fixé, par la sortie volon-
taire d'un associé (re?i«/i</«//o) qui l'expose naturellement
à l'action p7'o socio, quand elle est dolosive, intempestive,
sans motif raisonnable ou légitime -" ; 4° par l'action en
dissolution. L'action p?-o socio, de bonne foi, peut être in-
tentée pendant la durée ou après la fin de la société. Elle
comporte l'infamie contre le défendeur condamné-' ; mais
il n'est tenu que dans les limites de ses ressources, pro-
bablement dès l'époque classique, dans toutes les formes
de société^'. Le partage des biens communs comporte
en outre l'action communi diridundo^". Cn. Léirivain.
SOCII. — Ce mot désigne les villes et les nations qui
sont entrées non pas accidentellement et provisoirement,
mais d'une façon permanente et définitive, dans l'alliance
militaire de Kome. Il faut distinguer les alliés d'Italie et
ceux du reste de l'empire romain.
^ erse pour savoir si le gain apporté par un associé compense la perle causée par sa
négligence (17. 2, 23, 25-20 ; Jnst. 3, 25, 2). — 22 Dig. 17, 2, 4, § 1, 63, § 10.
— ?3 17, 2, .4, § 1, 58, § 2, 63, §10, 05, § I ; Gai. 3, 150; Insl. 3, 23, 7-8.
— 24 Insl. 3,23, 3. —25 Dig. 17, 2, 35, 37, 63, §3-9, 65, § 1, 9. — 26 |7, o, 63 ;
§10; Insl. 3, 25, 6. —27 Dig. 17, 2, i pr., 14-17,65, § 3, 10; Inst. 3, 23, 3.
— 28 Gai. 4,'I82 ; L. Jut. mun. I. 111. — 2» Dig. 17, 2, 67, § 2 ; 42, 1, 22, g 1.
D'après une opinion, seulement dans les sociétés universelles (42, 1, 6). — 30 |0, 1,
3. — BiHiiocBAPHiE. Karlona, Ilôm. Ilechlsgescnichte, Leipj., 1885, II, p. 631-
602; Colin, Zum rûm. VereinsreclU, Berlin, 1873 ; Poisnel, llecherches sur les
sociétés uniierselles chez les Homains (A'ouf. Kev. hist. de droit, 1879, p. 532
sii.) ; loisl.Zur Geschiclite der rôm. .Modelas, Berlin, 1881 ; l'ernice, Zeitschr.
d. Savigny-Stiftung, 3, 1882, p. 48-103; 7, 1886, p. 97-102; 9. 1888, p. 232-237 ;
Ferrini, Arehivio, 38, 1887, p. 1-32; Laurel, De la personnalité des sociétés,
Paris, 1890; Accarias, Précis de dr. romain, Paris, 3< éd. 1882, 11, p. 505, 524;
Girard, Manuel de dr. romain, Paris, 3' éd. 1901, p. 570-576 ; Trumpler, Die Ges-
chichte der rôm. Gesellschaftsformen, Berl., 1906.
soc _ 1368 —
Les conditions politiques imposées par
SOC
Itaiir.
Rome aux villes d'Italie se ramènent à deux groupes
essentiels, Tannexion avec le droit de cité actif ou passif
^MiMciPirMl el la fédération sous deux formes, le droit
latin [latiniJ el le droit des socii. Ce dernier droit ne
repose pas, comme le droit latin, sur l'existence ou la
fiction d'une nationalité commune avec Rome, mais sur
une alliance militaire homogène. Appliqué sans doute
d'aljord aux IFerniques el au peuple du Lalium novum,
mais qui ont été assimilés de bonne heure aux Latins,
il a compris ensuite : Naples, peut-èlre la première ville
fédérée, dès 3"2G av. J.-C. ; les Samnites, avec leurs subdi-
visions, Picrntex. Vestiiii, Marrucini, Marsi, Peligni,
Freiitani. dès 290'. Vers le milieu du ui'^ siècle il englobe
toute l'Italie jusqu'à l'Arnus et l'.Vesis, avec des annexes
extérieures dans la Cisalpine, entre autres Ravenne et
Genua-. Les principales villes et nationsfédérées connues
sont:enElrurie, Populonia, Tarquinii, Arretium, Perusia,
Clusium'; chez les Herniques, Aletrium, Ferentinum,
Verulae ' : en Ombrie, Ifruvium, Camerinum, Ocriculum' ;
Tibur, Praeneste, Lavinium'; les Samnites; dans la
Campanie, Naples, Nola,.Nuceria,Canuni'; dans la Lucanie
el le Brulium, Velia, Heraclea, Thurii, Rhegium, Locri,
Petelia'. Comme soldats, les sonii de race italique
s'appellent togali, à l'exclusion des Grecs d'Italie; en
face des alliés étrangers de la Cisalpine, tels que les
Insubres et les Cénomans, et des étrangers du reste du
monde, ils s'appellent, y compris les Grecs d'Italie, les
Romains et les Latins, Italici'. Ce mot, tiré de l'ancien
nom Ualia du sud de la péninsule, adopté de bonne
heure par les Grecs de Sicile el de l'Orient, est officiel
dès le II" siècle '". Il désigne le groupequi jouit à l'étran-
ger des mêmes privilèges que les Romains". D'autre
pari, la terminologie officielle unit souvent les socii aux
Latins et aux colonies latines considérées comme fédé-
rées [latini, p. 976-9771.
La situation des alliés est réglée par le traité, foediis
aequum koedis^ qui, impliquant et dissimulant une sou-
mission préalable'-, les a mis au nombre des socii {in
sociorum fonniilain referre)'^. Les anciennes ligues el
confédérations sont dissoutes, sauf la fédération reli-
gieuse des villes étrusques el ombriennes, dont la fête est
célébrée à \'olsinii sous la présidence des deux préteurs
el des deux édiles du pays jusqu'au iV siècle ap. J.-C. "
^ETRisci, p. 823 . Les villes perdenlleurs clientèles, l'indé-
pendance de leur politique étrangère, reconnaissent el
subissent toutes les conventions conclues par Rome avec
d'autres peuples, doivent fournir, le cas échéant, le con-
lingenl militaire fixé par le traité'» selon la formule socii
nominisque latini f/uibus ce formula lot/atoriim milites
SOCII. 1 Li». 9,5, 18; 10, 3, 1 ; 10, 10, ii ^Corp. ins. lai. 9, p. Îù3, iSi, 29«, 317,
319, K9. 517. — 2 Cic. Pro Balb. îi, 50; C. ins. lai. I, 199. — 3 Colyb. 2, 20, 5;
2, 2*, 5. — * Liv. 9, 43; C. ins. lai. 10, 1 p. 5C5-C. 572. — 5 Cic. pro Balb. 20,
47 : Val. Mai. 6,5, 1; Liv. 9, 36, 41 ; 28, 45, 20. —6 Polyb. 6,14, 8; Liv. 8, 11,
15; 43. 2, io; Vell. Pal. I, 14. — 7 Liv. 8, 2C ; Cic. l'ro Balb. 9, 28; C. i. /.
10, 1, p. 21,121, 471. — «Cic. Ce. S, 21 ; 24, 55; Polyb. 1,20, U; Appian. Bell.
Annib. 29, 57 ; Liv. 10, S ; 26, 39 ; 34, 53; 39, 5 ; C. i. /. 10, I, p. 3, 5, 15, 17,
21, 51. Tarenic cl le reste du brulium onl perdu leur qualilé de socii à la suile de
leur défeclioa pendanl laileuiii-mc guerre punii|ue (Slrab. 6, p. 281 : Gell. 10, 3,
19). — 9 Pondanl la guerre sociale, les allii's révollés s'appellenl Jlali el leur capi-
Ule /talia {Eph. epirjr. 6 p. Il ; itaua, p. 591). — lO C. i. (. 10, 7459 (peul-
«Ire de 193); 6950; Sali. Jug. 20 (111); Oiod. 5, 20,3. — " C. 1. /. 1, 203;
Liv. 38, 44, 4 : Bomani ac soeii nominis Latini. — 12 La soumission se dil : in
fidem ou in fidem dieionemque se tradere, dedere, in /idem recipi. (Polyb. 20, 9 ;
12; Liv. 8, 2, 13; 8, 19, 25; 33, 38; 37, 43; 42, 8 ; Cic. Verr. 3,6, 15). _ 13 Liv.
43, 6, 10; «, 16, T. — " Annali. 1812, p. 37, pi. r. (aulel de Caere) ; VU. Uadr.
19; C. i. /. H, 2115 (praetor Etiuriae XV pnpulorum) ; 2116, 2120, 3257
in terra Italin imperare soient ". Chaque ville ou, selon
le cas, la réunion de plusieurs petites villes fournit sa
cohorte d'infanterie ou sa tiirma de cavalerie, amenée
au lieu de rassemblement par son magistrat propre el
un payeur'"; l'ensemble de ces contingents forme les
alae sociorum. commandées par les six praefecti socio-
rum romains dont nous ignorons les rapports avec les
officiers indigènes exercitis, p. 914\ Au lieu de soldats,
les villes grecques du Sud'* fournissent des vaisseaux
qui, avec les contingents de la Sicile, de l'Orient et surtout
de Rhodes", constituent le noyau de la flotte romaine.
Les alliés n'ont pas droit légalemenl au butin, sont cepen-
dant admis quelquefois aux distributions-", reçoivent
les mêmes cadeaux que les citoyens à l'occasion des
triomphes'-'; leurs villes obtiennent, mais dans une
proportion moindre que les citoyens, des assignations
de terres sur lesquelles a lieu aussi la pratique de Voccu-
patio [AGRARLXE LEGESj '". lls ne doivent à Rome aucune
redevance directe, sauf les contributions volontaires et
les frais d'entretien de leurs contigents. .\ l'intérieur ils
jouissent théoriquement el en fait de la plus large auto-
nomie, gardent la souveraineté sur leur territoire, leur
droit de propriété privée, leur constitution, leur législa-
tion. Rome a imposé quelques lois à toute l'Italie, ainsi
le plébiscite Sempronien en matière de dettes d'argent,
la loi Fannia sur le luxe, les mesures générales de 18(5
contre les Bacchanales-^ ; mais, en général, c'est de son
plein gré qu'une ville alliée accepte les lois romaines,
qu'elle devient fundus [municipium fundanum)-^, el
probablement aussi qu'elle codifie son droit local en
entrant dans l'alliance romaine, qu'elle emprunte à Rome,
comme on le voit presque partout, quelques-unes des
magistratures municipales, édilité, questure, censure
[MAGiSTRATis MUNICIPALES, p. lo41j. Telle parait être la loi
osque de Banlia en Lucanie qui mentionne la censure,
la prélure, la questure, le tribunal et renferme des règle-
ments sur le cens, les comices, les tribunaux populaires,
l'intercession des magistrats, la substitution du mois
de trente jours au trinum nundinum-'. Les villes
alliées gardent leur juridiction propre au civil et au cri-
minel, sauf les empiétements arbitraires des magistrats
romains, le droit de recevoir les exilés romains, leurs
calendriers parliculiers-'', leurs droits monétairesjusqu'à
la première guerre punique, à partir de laquelle Rome
se réserve la frappe de la monnaie d'argent el générale-
ment aussi celle du cuivre [moxeta, p. 1976'. C'est le
sénal romain qui règle les difl'érends entre les villes
[SENATLS' .
Celte situation des alliés, passable en théorie, devient
en fait, comme celle des Latins, de plus en plus
laedilis Etruriar); 1848 {jiiraHus] ad
Ttisciae et Cmbriae. sans doule l
ques, i|ui dirigeait les jeux au sancU
cril de CoQslaiilin qui sépare les dei
— 15 Liv. 41, 8,8; 27, 111, 3; Polyli
Elrariae) ; Orclli, 3866 (un coronalus
l'ancien pr«lre des villes élrus-
irc de Vollumna): C. i. /. Il, 5263 (rrs-
i fêles des Ombriens el des Etrusques).
2, 24, 4. — 16 C. I. (. 1, 2o0, I. 21, 50
(loi agraire de III) : l.iv. 22, 57, 10; 27, V, 3. — " Polyb. 6, 21, 5; Liv. 23, 19;
J7, 9. _ 18 Liste dans Monmiscn, A/onnaie rom. 3, p. 197 : .Naples, Velia, Tarenic,
Locres, Rliegium. Messana cl probablement aussi Nuceria cl IléraclOc. — 19 Cic.
Verr. s, 19, 49 ; Dio Clirys. 31, p. U20; Joseph. Bell. jud. I. 21, 11 : Ant. 16,3, 3.
— 20 C. i. I. 10, 6327. — 21 Liv. 40, 43, 7; 41. 7, 3; 41, 13. 8 ; C. i. l. I,
5H-516. — 22 C. i. /. 1, 200, I. 21 ; Appian. Bel. eie. I, 36 ; Cic. Dr. Bep. 3,
J9, 41. _ 23 l.iv. 35, 7: Macrob. *i(. 3, 17, 6; C. i. I. I, 196. — " C'est
l'explication de Mommscn. prèfi-rable à celle de Savigny qui y voit le
tenient à l'acceptation du droit de cité (Festus, p. 89 ; Gell. 16, 13,
Pro Balb. 8, 20-21 ; 11, 27 ; C. i. /. 1, 206, I. 159-163). — 25 C.
46-47. — 26 Polyb. 6, 14, 8; Liv. 3, 58, 11; 20, 3, 12: 34, 32, 10:
9, 351.
soc
— 1369
SOC
mauvaise, quoiqu'ils fournissent au moins deux fois
plus de soldats que les citoyens. Rome viole souvent leurs
droits ; à l'armée ils no sont pas protégés contre les peines
corporelles et autres par l'appel au peuple; les conces-
sions du droit de cité deviennent de plus en plus rares.
Les Italiens songent alors à obtenir par la force l'égalité
civile et politique. Le rejet de la proposition du consul
M. Fulvius Flaccus de faire accorder le droit de cité aux
alliés, sur leur demande', amène en 125 la révolte,
cruellement réprimée, de la colonie latine de Fregellae.
Contre l'aristocratie sénatoriale, le parti des Gracques est
favorable aux alliés, mais il n'a pour lui ni l'aristocratie
des villes italiennes, atteinte par les lois agraires, ni
même la plèbe romaine qui ne veut pas partager avec
les Italiens ses privilèges, ses distributions de blé. Les
propositions de Caius Gracchus en faveur des Italiens
sont une des principales causes de sa chute ^. La loi
Livia de 122, portant la fondation de 12 colonies ita-
liques de 300 colons chacune, n'est pas exécutée. Le vote
de la loi Licinia Mucia de cicihiif, l'egundis sur la véri-
fication du droit de cité et l'exclusion des non-citoyens\
l'échec des plans deLivius Drusus en faveur des Italiens '•
amènent enfin l'explosion de la guerre sociale (90-88) La
ligue italienne comprend surtout les Marses, les Samnites
avec les peuples de leur confédération, les Piccntini, les
Veslhii,\e.sJfJar>-ucini,\e^ Frenlani, au sud les Apuliens,
presque toute l'Italie centrale et méridionale; Rome
garde dans son alliance les Latins, les Etrusques, les
Ombriens, les colonies romaines, plusieurs colonies
latines, les villes grecques, en Campanie Nola et Nuceria.
La ligue italienne copie l'organisation romaine, se donne
une capitale générale, Corfinium ou italia, un droit de
cité fédéral, un sénat de oOO membres, deux consuls et
douze préteurs. Rome, quoique victorieuse, est obligée
do céder sur le point essentiel. A la fin di; 90 la loi Julia
donne le droit de cité, si elles l'acceptent, aux villes
latines et aux villes alliées restées fidèles''. Peu après,
sans doute au début de 89, la loi J'Uiutia Papiria
accorde à toute personne ayant le droit de cité, ou son
domicile dans une ville alliée, un délai de deux mois pour
se faire inscrire devant le préteur comme citoyen romain';
les nouveaux citoyens devaient être inscrits soit seule-
1 Appian. Del. cir. I, 21, U; Val. Max. 0, 5, 4. — 2 Appian. /. c. I, 23-24;
l'Iul. C Gr. S, S. 9; Vcll. 2, 6; Orat. rnm. /'raij, éd. Meycr, p 191 (discours
de Fainiius). — i Ascon. p. 67; Schol. Bob. p. 290; (Jic. Ue off. 3, 11, 47;
lirvil. IG, 03; Vro IJalb. 21, 48, 54. — * Appian. L. c. 1, 31; Liv. Ep. 71 ;
Uiod. 37, Il ; Vcll. 2. 14. — 5 Appian. /.. c. l, 49; Cic. Pro Bail). S, 21 ; Gell 4, 4,
.i ; Vell. 2, 10. — û Cic. Pro Arc/i. 4,7; Schol. Uob. p. 353; Ad fam. 3, 130.
— 7 Vcll. 2, 20; Appian. 1, 49, 53-50; Liv. Kp. 77. — 3 Appian. L. c. I, 53;
liio. fr. 102, 10; Cic. Pro Balb. 8. - 'J Kallust. Hist. I, fr. 41 ; Cic. Pru
d„m. 3", 79; lie leg. ai/i: 32, 5; Appian. t. e. I, 100; Vell. 2. 10. — lu Aussi
un lelrouve encore sur des lexti-s de SO à 07 (/i';>/(eni. e/i.5. 184; Corp. inscr.lal.'i.
531, 312; Bull, de con: liell. 8, p. 140). — " Tac. -4nn. 2, 53; 15, 43;
Hul. 4, 70; Suct. Oclav. 44; Oai. 3; Cic. Pro Puni. I, 3. Des pays, quoique
placés en fail sous le pi-oteclnraL des Homains, onl ^'Lé pendant quelque lemps
en dehors de l'union niililaire ; ainsi les villes cl pelites ligues grecques re-
connues ou consliluées libres par Rome avaiÉl la r^'ducUon de la Grèce en pro-
\iucc (l'olyb. 18, 40, 47 ; Liv. 33, 32), les villes de Tliessalic organistes |)ar l-'la-
ininiuus [Corp. ins. ijr. 1770), Tiïosde Lydie, H<Tacli'-e de Carie [Corp. iits. i/r. 3043 :
Le Bas-Wadd. Vol/, arch. 58S|. Souvent des villes stipendiaires s'appellent aliu-
siveuientsocii el a»iici(Suet. Octav.'23 ; Cic. Verr. 2, 30, 88; 2, I, 30, 70 surTIier-
nuis et Lanq.saqnc; C. ins .i/r. 1720; l'Iin. Ep. 18, 42, 43 sur Nicomi-ilic).
— IJ Exemples : Hadruni6le, l.eplis tninor, Tliap.us, Ulica, Usalis, Tlicudalis,
Achulla (Appian. Pun. 94; Lex. af/r. I. 79) ; Cyzique, Seleucia 'Strab. 12, 570 ; IIJ, 731 ) ;
Magnésie du Sipyle, Amisus, Laodict^e, Sainos, la Lycie (Appian. Mitlir. 01. 83 ; Bel.
c/i). 4, 02; iJioCass. 47, 30; Si, 9); ApoUonis, Mytilène, Tarse, l'rusa, Anlioehe (Cic.
Pro f'/acc. 29; Vcll. 2. 18 ; Hlul. /'oi/ip. 42 ; l'Iin. Uht.nat. 5, 31, 139 ; Uio. Clirys.
44, p. 190, 199 ; Euseb. Arnicri. p. 193 ; Cllios, Smyrnc, Erythrée (Liv. 38, 31, Il ;
Polyb. 18,33; 21, 10 J 22, 5, 27); Elatéc (Pausan. 10, 34, 2) ; Ephôsc (C. i. l.
VIII.
ment dans huit des anciennes tribus, soit, d'après Appicn,
dans dix tribus nouvelles'; c'est seulement en 81 qu'on
les répartit dans toutes les tribus [tribus'. Une partie
des alliés, soit lidèles, tels que Naples, Hérnclée, Puteoli,
soit révoltés, tels que les Lucaniens et les Samnites, n'ont
pas accepté de suite le droit de cité romaine"; d'autre
part, en 81 Sylla reprend le droit de citi- à un grand
nombre de villes qu'il remet dans le droit latin; il
s'écoule donc un certain temps avant que toute l'Ita-
lie propre n'ait reçu le droit de cité'. L'organisation
de la Cisalpine a été exposée à l'article latini (p. 974'.
Le mot lia/ici désigne alors les habitants de droit la-
tin ou romain de toute l'Italie jusqu'aux Alpes '°. Il
disparait après la concession du droit de cité à la Trans-
padane en 49.
Provinces. — Les États autonomes .çocà'", soit villes,
soit royaumes (reges socil) qui ont généralement
obtenu cette condition en échange de leurs services''-,
portent différents noms. Le mot foederoti désigne la
forme Juridique de l'acte qui en a rattaché quelques-uns
à Rome, le traité public {foedus)a.vec serment est irrévo-
cable" ; à l'égard des rois le traité devient caduc à chaque
changement de règne et doit être renouvelé avec le suc-
cesseur"' [foedi'S, p. 12091. Le mot foederati n'est d'ail-
leurs pas officiel et dans le monde grec les villes fédérées
s'appellent simplement autonomes ou libres '^ Le mot
liberi distingue les républiques des royaumes; la liberlas
(ÈXe-jOEfia) est la souveraineté politique sous ht forme répu-
blicaine. Les villes libres sont de deux catégories,
suivant qu'il y a traité bilatéral [foedus) ou concession
unilatérale : foederati et liberi ou simplement liberi '° ;
dans le second cas, théoriquement, la liberté peut être
révoquée, mais en fait la situation est presque la même''.
La jouissance du droit indigène est exprimée en latin
par les xnoissuis legibus uti, en grec par le mot a'jxov&iAta
qui est souvent joint à èXs'jOEsia '*, mais en ce sims l'auto-
nomie seule ne paraît pas comporter l'exemption du
tribut. Le terme le plus général est sorii; marquant
l'alliance militaire permanente, il est traduit en grec par
le mol ciJu.[j.a/<it qui implique, comme le montrent les
traités, une symmachie à la mode grecque, oITensive
et défensive ; et il est généralement renforcé, par les
I, 5SS); Alexandrie de Troade (Suet. Claud. 25; Tac. Ann.l2, 38 ; tliij.i-, 1,
17, §1); probablement Thisbé(Bruns, Foules, 0° éd. n" 30.— 13 En grec i,oiio,S«;,
t.o»«o; (Appian. L. c, I, 102; Dio. 34,9; Polyb. 4, 9, 4; 5, 14, 8; 0, 49, 2).
Exemples de traités avec les Eloliens, Gadés (Liv. 20, 24; 33, 13; 28, 37 ; Cic. Prn
Balb. 8), les Juifs (Jos ph. Ant. 12, 10, 0 ; 13, 5, S), les Mamcrtins. Tauronienium,
Sagonte iCic. Verr. 4, 8, 18 ; 2, 00, ICO ; Pro Balb. 9, 22), les Aeduens, l.iugnns,
Rèmes, oconces, Caruules (Tac. Ann. il, 23; Hist. 4.07; Plin. Hisl. mit. 3. i,
37; 4, 11, 100; 4, 18, 101), Aphrodisias (C. ins. i/r. 2737), Nartbakion, Thyrraia,
Aslypalee, Mytilène (f. i. gr. 2485; Bull, df lorr. hell. 0, p. 330; 10. p. 103;
Viorcck, Sermu graeciis. n' 23) ; Rlio<les, Tyr (Appian. B,-l. ciii. 4, 00-08 ; Dig. 30,
15, I pr.) ; Sagalassa (Eckbcl, 4, 271). — !'• Cic. Pro Sesl. 26, 57; Joseph. Ant.
10,9, 4; 17,8, 4; Liv. 40, 25, 10 — <« Ainsi Aniisos (Plin. Ep. 10, 92; Strab. 12.
3, 14; Eckhel 2, 348); Aphrodisias (Plin. Hist. nul. 5, 29, 109 ; f. ins. gr. 2845,
2737) ; Athènes, Byzaiice, Mopsos (Plin. H. nul. i, 7, 24; 4, 11, 40 ; 5, 27, 91),
— 10 Suet. Oai. 3; Plin. Ep. 10, 92; Dig. 49, 15, 7, § I ; Annian. L. c. 1, 102;
Scrv. Ad Ain. 3, 20; Cic. Verr. 3, 6, 13; Plin. H. nat. 3, 1, 7; 'J, 4. roruuiles
sur la concession de la liberté, où Rome ^e^titue urbem, agroSy leges . Polyb. 8,
29; Liv. 33, 32, 5; 35, 40; 37, 32; 38, 39 ; 45, 29; Sencc. De bencf. 5, 10.
— 11 Eeslus, p. 218 s. v postliminium ; Appian. Hisp. 44. — 18 C. ins. ait. 3,
481 ; Polyb. 4,27, 5; 2(, 19. 9 ; 21, 22, 7; 23, 3, 3; 18, 47, C; C. ins. lai. 1, 204;
C. ins. gr. 2737. Périphrase dans les traités avec Chios et Stralomcéc {C. ins. gr.
2222 ; Bull, de corr. hell. 3, 473). Le mot lUjUtfiai prédomine dans la Grèce,
aiTovoiAΫ 'lans la Syrie et les pays voisins (Anlioclic. lialaiiea, Gaza, Tyr, Mopsos):
C. ins. gr. 3, 4470, 5892, 5853, 5886, Renan, .l/iMloil de Pliénieie, p. 102; sur
les monnaies (Eckhel, 4, 263) sont dites autonomes: Abila Leucas, Acgae, Anazar-
bus, Anlioehe, Apauiéc, Areihusa. Diocaesarea. Uora, Gadara, llalicarnasse, Laodi-
cée, iMopsos, Samosate,Scbaste. Selcucie, Ternicssus.TripolisdbPhénicic, Tyane.
172
soc
1370
SOC
mois qui iiuli(]uonl l'ainilié, niniriis, -^Oo;, /vp'-; el
Les alliés doiveul reconnailre et respecter la souverai-
neté de Konie : majestiilein jxi/ui/i romani comiter
conserva l'i'-. Ils perdenl l'indépendance de leur poli-
tique étrangère et généralement leurs sujets, sauf Athènes
qui garde Délos, Lemnos, Imbros, Scyros, Paros, Haliartos
[kpimelet.u, p. 086] el Marseille qui garde une partie de
la côte jusqu'à .Nice^; beaucoup de villes conservent
naturellement un domaine municipal assez étendu, sou-
vent en dehors de leur territoire'. Rome a supprimé les
anciennes conlédérations importantes, cellesde Marseille,
Rhodes, Sparte, Athènes et ne tolère sous la République
que les petits groupements tels que les Kleuthérolacones,
la ligue lycienne [koinox, p. 840, 8i2J, sous l'Empire les
assemblées provinciales fcoNciLiiM]. Les alliés subissent
la direction politique de Rome, n'interviennent pas dans
ses négociations, ne peuvent ni faire de guerres propres
ni même se défendre eux-mêmes, sauf s'il s'agit des
petits rois vassaux, maintenus aux frontières, par
exemple dans le Bosphore, la Cappadoce, la Mauritanie,
l'Arabie, à Palmyre". Ils doivent théoriquement des
contingents militaires, fixés par le traité; mais la Répu-
blique ne les réclame que fort rarement, sauf en vais-
seaux''; sous l'Empiri", au contraire, beaucoup de pays
alliés fournissent des auxiliaires JEXEKcnrs, p. 915]. Sous
la République les alliés ne paient généralenient pas
d'impôts à Rome, sauf des prestations extraordinaires et
des réquisitions^; ils sont presque tous hiununes
(àTEÀEî;) * ; mais cette immunité disparait graduellement
sous l'Empire, surtout en Occident". Les alliés gardent,
d'autre part, la souveraineté sur leur territoire, leur
droit de propriété privée '"; sont considérés llclivenient
comme étant en dehors de l'empire"; le gouverneur
romain ne peut ni pénétrer ofnciellement ni exercer chez
eux sa juridiction, quoique cependant quelques villes
libres, Tarse, Utique, Hadrumète, Thapsus, Panorme,
Gadès, soient sans doute volontairement le siège du
c'owren/ws ■'-; les troupes romaines n'ont que le droit de
passage et ne doivent pas séjourner en permanence, sauf
1 Le Has-Wa.liiigloii, Voy. arcli. 3, 195-HI9 (Sanios) ; IJull. de corr. Iiell. 6,
p. 330; 10, p. lO.î : 9, 473; C. inscr. gr. iiSS, 2737 ; Vieicck, Scrmo yraecus
a* i'i (traités avec Narlhakion en 150, Thyrraea en 94, Stratonicée en )$l, Astypolre
en 105, Myiilcnc en ûi, Aplirodisias en 44); Cic. Pro Halb. 9. ti\ In Caec, 3, 7;
Suet. Cues. i5 ; Acia Anal. éd. Henzen, pi. cj.xivjii, cr.sxx. — 2 Cic. Pro Balb.
IG, 35, 30; Dig. 49, 15, 7, § 1 ; Liv. 3S, 11, i ; folyb. il. 32, 2-14; 21, 45.
.— 3Strab,4, 1, 9; Coi-p. inscr. /rti.5, 79i4(uii episcopus iyicaeensiuvt). — i Terres
d'Ar|iinura en Gaule; de .Naples en Crète ; de Luca sur les territoires de Velcia,
farnie et l'iaisance ; de Tcrmessos (Cic. Ad fam. 13, 11 ; C. iiis. tal. 10, 3938 ; 9,
1455; 1 , 204) ; dAplirodisijs, de Stratonicée (C. ins. i/r. 2737 ; Bull, de corr. hell.
9. 473), de Tcruicssus (C. 1. l. 1, 201). — ô yueli|ues pays gardent des corps
de poli'îe (Tac. Hist. I. 6s pour l'Ilelvétie). — 6 Appian. Uisp. 4i ; Dio. Clirys.
Or. 31, p. 020. —7 Appian. Bel. cir. t. 102; C. i. l. 1, 204; Cic. Ad Alt. 5,
16, 3; leir. 4, 9, 20. — » Eiemples : Aplirodisias (f. i. gr. 2737), Marseille
(Justin. 43, 5, 10), Thcudalis, les Locrieus (jzolcs. Aniphissa (Plin. H. nal. S, 4,
23;4, 3, 7, 8); Sparle (Strab. 8, .S. 3|; Elatée, Pallantion (Pausan. 10, 34, 2: 8,
43, I); Ilion (Suet. Claud. 25; Slrab. 13, 1, 27; Tac. Ann. 12, 58) ; Alaban.la, la
Lycie, Rhodes, Tarse, Laodicée (Huit, de corr. hell. 10. 299; Senec. De benef. 5,
16 ; Plin. L. c. 2. 29. 109; Appian. Bel. civ. 1,7; Lucian. Macrob. 21) ; huit villes
de Sicile (Cic. Ycrr. 3, fi, 13 ; 5, 22, 56). Exceptions : la reine Teuta, Jérusalem,
les princes du Bosphore (Polyb. 2. 12, 3 ; l.iv. 22. 33, 5 ; Joseph, Bel. jud. 8, 7, 0 ;
Luciun. Aler. 57). Teites généraux : Cic. In Verr. 3, 0, 13; Liv. 33, 32,5; 34,
57-38 ; 35, 40 ; Appian. Bel. ciu. 1. 102 ; Polyb. 8, 29. — 9 Tac. Ann. 12, 03; 2,
47 : Suet. Tib. 49; /Jig. 50, 15, 8, § 5. — 10 C. i. l. 1 , 201 ; C. i. gr. 2737 ;
Suet. Tib. 49; Caes. Bel. gai. 2, 28: Plio. H. nal. 3, 17, 100; Dio. Chtys. 34,
p. 30. — Il De là l'acceptation du droit de cité par les empereurs dans des villes
libres (Pliilostr. Vit. Apoll. 8, 16; Plin. £p. 10, 92, 93; Slrab. 17, 3, 24 ; Cic. Pro
Balb. 4, 9 ; Sucl. Caes. 25) et le droit pour des accuses d'y aller en exil volou-
lairc (Liv. 29, 21, I : Feslus, p. 218; Cic. Verr. 2, I, 22, 50 ; 3, 90, 223; 4, 59,
132: Ittsc. 5. 37. loS ; Pro Balb. 11, 2S; 12,29; Ad Aam. 14. 4, 5: 13, 19. 2; ^rf
en cas de guerre et avec l'autorisation du sénat '^; les
villes fixent librement leurs impôts, leurs octrois, en
reconnaissant toutefois les privilèges accordés par Rome
soit à quelques-uns de leurs citoyens, soit surtout aux
fonctionnaires, aux publicains, aux marciiands romains
et italiens". Elles gardent, comme on l'a vu, leur légis-
lation indigène et le droit de la modifier '■'; et entretiennent
ainsi la vie du droit grec dans le monde oriental'' ; elles
peuvent accepter volontairement le droit romain'";
quel(|ues rescrits impériaux '* et peut-être aussi quelques
lois romaines" ont été applicables à tous les sujets sans
exception. Rome a, d'autre part, fait presque partout
remanier les institutions démocratiques dans le sens aris-
tocratique [m.^gistrati s MUMCiPALFS, p. 1551]. Les tribu-
naux des alliés jugent librement, sans limitation, au civil
etau criminel, même les Romains'"; mais sous l'Empire,
peut-être dès Auguste-', les autorités romaines évoquent
beaucoup de procès criminels'-, surtout quand les
Romains'^ rejettent la juridiction indigène, et beaucoup
d'atïaires administratives-'. Pour le monnayage, Rome
se réserve, dès la République, la frappe des monnaies
d'or et laisse aux villes libres et aux États vassaux la
frappe des monnaies d'argent et de cuivre; mais sous
l'Empire, quelques grandes villes seules, .\ntioche,
Mopsuestia, Tarse, Amistis, la Lycie et les rois de Mauri-
tanie, du Pont l'olémon, du Bosphore, de l'Arabie naba-
téenne conservent la frappe de l'argent ; les autres villes
ne gardent, avec permission spéciale, que la frappe du
cuivre, et ce monnayage disparait complètement sous
Aurélien [moneta. p. 1975]. Les villes alliées gardent géné-
ralement leurs calendriers locaux-" et souvent des ères
particulières-''. Leurs litiges vont, sous la République,
devant le sénat qui statue lui-même ou confie la décision
à des sénateurs arbitres ou à une ville tierce'^ [senatis].
L'indépendance des alliés, déjà souvent violée sous la
République-*, malgré les recours au sénat, subit sous
l'Empire des restrictions de plus en plus graves-' qui
finissent par l'annuler, surtout, par l'établissement des
inspecteurs financiers appelés logistes, oiop^io-at, correc-
tores TcorrectorI '". Cu. Lécrivain.
AH. 3, 6; 5, Il ; Pro Sest. 07, 140; Brut. 22, 83; 71, 230: De rep. l, S, 13;
Ascou. p. 34; Tac. Ann. 4. 4J; 13, 47).— 12 C. i.gr. 2222; Strab. 4, 1,5; Suet.
Caes.l; Cai. 3; Caes. Bel. cic. 2,30; Bel. Afr. SI ; Cic. Al Fam. 3, 6,4; Verr.
2, 20, 63; 2. 00,00; 5, 7, 16; De prov. cons. 3, 6; Phil. 2, 38, 97 ; Pro Flacc.i9,
71; Plin. H. nal. 5, 109; Plut. Pomp. 10; Tac. Ann. 2, 33. Le gouverneur
réside même à Anlioclie et à Thessalonique. — '^Joseph. Ant. jud. 14, 2, ti;
C. i. l. 1, 204; Pol;b. 18, 29, 3; l'iut. Flain. 10 ; Liv. 43, 20, 12, — 1» C. i.
l. 1,203,204; Liv. 38. 44, 4 ; Polyb. 31, 7 ; Cic. De prov. cons. 3, 3 ; Joseph. An«.
14, 10, 22. — 15 Autres textes: Liv. 9, 43, 23; 29, 21, 7; 45, 29, 4; Plin. .4d Trai.
10, 92, 93; Dio Chrys. 3V, p. 30; Strab. 17, 3, 24; Caes. Bel. Gai. 7, 70; Dig.
42, 5, 37 : 42, 21, 3, S 4. — 10 Voir Milteis, JieichsrechI und Volksrechl, p. 85-110.
— 17 Cic. Pro Balb. 8, 20; II, 27. — 18 Gai. I, 53 ; Dig. 47, 12, 3, §5. — «9 Gai.
I, 47, Is5; Clp. 11, 18, 20; C. J'ist. 7, 71, 4. — '» Tac. Ann. 2, 55; C. l. gr.
2222 ; Cic. Pro Sest. 20, 50 ; 39, 84; Aeta Apost. 17, 13-34 (l'apôtre Paul, citoyen
romain, traduit devant l'Aréopage) ; Gell. 12. 7. — 21 Viereck, i. c u" 9 ; lettre
obscure d'.Auguste à Cnide : s'agit-il d'un appel à l'empereur ou du jugement
d'accusés, réfugiés à Kome'/ Il paraît être aussi (jiiesliou de l'appel dans un décret
du proconsul d'Asie pour Cos, Bull, de corr. hell. 5, p. 237. — 22 Dig. 49, 15, 7
§ 2; Philoslr. Vit. soph. I, 23, 3, 2, 1, 2ti ; 2, 10, 3. — 23 Tac. A>in. 4. 37; Suet.
Tib. 37; Dio, 57, 24; 00, 24; l'hii. Bcip. ger. pr. 19.— 2; Plin. Ad Trai. 10,92,
93 ;,C ins. ait. 3, 3s (appel à l'empereur ou au proconsul pour les fournitures
dhuilo à Alhénes). — 2= C. ins. gr. 2722, 2817, 3064; C. i. /. 3, 781. —26 Voir
Mommsen, Manuel, C, 2,p. 3». Anlioclie a l'ère des Séleucides jusqu'en 41 av. J.-C.
(Eckhel. 3, 209). — 27 Liv. 45, 13 ; Pausau. 7, II, V; Hirl. Bel. Afr. 97 ; Ditten-
berger. Syll. 340 ; Bull, de corr. hell. 0, 350 ; C. i. gr. 2095 ; Bruns, Fontes 6' éd.
no 40. _ 28 Plut. Cnes. 4; Pomp. 10 ; Cic. De prov. cons. 3, 5 ; 4, 7; Dit: in Caec.
20, 04: Verr. 1, 2, 6; 5, 19. 50: /« Pis. 16, 37, 40, 96; Pro Sest. 43, 94; Pro
Flacc. 26, 63 ; Pro dom. 9, 23; Ascon. p. 128. — '.^9 plin. £p. 10, 82, 93; Suet.
Aug. 47; Tib. il : Claud. 25; Vesp. S; Uio, 54, 2 : 37.2V: 00, 17, 2i;7l, 14; Tac.
Ann. 4, 36. — 30 plin. Ep. 8, 24; Dio Chrys. 31, 2. 00; 44, p. 200; Aristid. 1,
soc
1371
SUD
SOCH NAVALES. — Nom donné à tous ceux qui appar-
tenaient à la marine militaire romaine', rameurs {rémi-
ges) et matelots ou combattants (natilae)^. Ce terme
provient de ce qu'à Rome, dès le principe, on avait imposé
la construction des navires de guerre aux peuples alliés
[socir ou sujets, parmi lesquels se recrutaient encore les
équipages, la qualité de marin étant méprisée en Italie.
Il resta en usage sous la République, même dans les cas
exceptionnels où un autre recrutement s'imposait, no-
tamment parmi les esclaves'. La condition de ces marins
est exposée à classi.\rii. Victor Chapot.
SOCIUS (sce/eris ou delir(i). — Dans le droit pénal
romain, plusieurs termes, dont aucun n'est technique ni
précis, désignent les complices: conscius^onv une coopé-
ration peu active', auclor pour l'instigation décisive-.
minisli>i\ adjiifor. administer, satelles pour quiconque
a prêté une aide matérielle', socii qui désigne <à la fois
les délinquants réunis ', souvent par opposition avec leur
chef princeps sceleris, de/icti, principaUs reus" et aussi
les complices par assistance". Dans un grand nombre de
lois, pour une foule de délits publics et privés', deux
locutions générales curare rtl..., dolo malo farvre ut ....
désignent la complicité par l'instigation, l'ordre, l'assis-
tance à l'acte; dans l'action de vol, elle est exprimée par
les mots ope consHio^. Dans beaucoup de cas les juris-
consultes ont étendu le texte de la loi qui ne prévoyait
que le délit de l'auteur principal à toute participation au
délit^. La complicité n'a constitué un délit indépendant
que pour le recel et le proxénétisme lenocinum . Ses
caractères, ses limites n'ont pas été déterminés exac-
tement. Elle comprend, en général, toute coopération
intentionnelle, en vue du délit'". En outre, pour le meur-
tre, l'aide peut être postérieure au crime " ; pour le par-
ricide la connaissance du crime équivaut à la complicité '-;
le inaitre du navire, le logeur, l'aubergiste sont tenus
comme complices des vols commis sur le navire ou dans
leur établissement". En vertu du sénntus-consulte Volu-
sien, les individus associés malhonnêtement pour exercer
une action et en partager le profit sont tous passibles
de la peine de vi"". Les complices peuvent rester tenus
quand des raisons spéciales libèrent l'auteur principal' ■.
En général, à l'époque classique, ils sont punis comme
l'auteur principal et comme s'ils avaient commis seuls
p. «19 (sur Rhodcsl. — Bim locnAPiiiE. Voir la blbl. .le l'art, laiim, cl Bolin, Quii con-
dicione juris reijes socii populi Bomani futritit, Berlin, 1S76: Madvig, L'Ltat
rownin, trail. fr. Paris. 1K83, 111. 4i-9i; 10, 198-20J; \i\l\iu. Die stndtische imd
bûrgerliche Verf(issiniff,l,cipzig, 18("'V. H, p. I4-:13 ; Mari|uarilt, J/anue/ </es insti-
lulions roniainej, Irail. fr. Paris, 1S89. t. VlU, 1, p.59-S8,97-108 ; Momrasen, Ibid.
t. VI, 2, p. i69-350 ; îlispoulet, Les institutions fjoUtiques des Jtomains, Paris,
|SS3, II, p.7S.8i: Boiiclii!-l.eclcrcq, J/anilf/rffS lns(. roni., Paris, 1886, p. 197-198;
Bcaudoin. ihudesnr le jus ilalicum (.Voud rei'. Itist. de droit, I8S1, p. ôil-Cie).
SOCII \AVALES. 1 Ferrcro, L'Ordmamento délie armate romane, Roma, 1S78,
p. l> ; V. Chapot, La Flotte de iJiséne, Paris, 1R9(;, p. îi. 171 sq. — 2 Léquivalcncc
r/-suUc de Liv. XXVI. 3^. — 3 Tite-Livc fpii parle, XXIV, 11, de socii natales
enrôlés impensa prirata. écrit pai- redondance sans donle (XXXVll, 10): non
remigem, non socios navales ad classem fretfuentes hahiturum. et là il s'agit de
la notlc de Poly\énidas, amiral d'Anlioclios.
SOCIl'S. 1 Dig. S9, 5, 1. Ii il ; Suet. Gai. 58 ; Cic. Pro Clu. 20, 56 : îî. 60 ; Pro
Coel. i3, 37 ■,Cod.Theod.'), 3i, 1. — 2Sall. /uj. 30 : Suet. iVer. 33 : TU. 9: Paul. 5,
ii, i ; Dig. 48, 8, 3 § 4. — 3 Hhet. ad Her. 2. 4, 7 ; Cic. Pro Clu. ii, UO , Pro Coel.
i3, 57 ; Tac. Ann. K. Il; 13, 1, 15; Hist.i,*!; Dig. iO, 5, 14; 48, 16 I. § 13:
48. 18, 17. § 3: Plin. Kp. 3, 9, li;Sencc. Ep. 52; C.Just. 9, 13, 1 ; 9, 8, 5, .S 0.
— ' Paul. 5. 14, 1 : Dig. 17, i, 57 ; 48. 3. 6, § 1 ; C. Just. 9, 41, 4 ; Suet. Caes.
14. — à Cic. Pro Clu. ïî,60:'Dig. 11, 3, 10; C. Just. 3, 2, 5; Plin. Kp. 3, 9, 12;
Tac. Ann. 14. 40,41. — 6 C.Just. 9, iO, 10; I, 12, 6.§4; Collât. 14, 3,4. — 7 Lèse-
majesté (Dig. 48, 4, I. § I. 3, 4| ; parricide (48, 9, t) ; meurtre (Paul. 5. 23, 11 :
( . Just. 9. 16, 6 ; Coll. I, 31. 1); incendie ; faui {Dig. 48, 8. I pr. : 18, 10, I. S 2.
i;l'aul. l. 17, 2); violence, expulsion (Z>iff. 43,16,1,^12; C. th. 9, 10, 4 pr.) ;
ïo". péculat (Dig. U, 13, I ; Jualit. 3, 26, 7; Gell. 11, 18, Î4) ; injure, dommage
ledélil'" ; cependant plus tard on étabJitquelqiiçsdisliiic-
tions selon le degré de culpabilité'''. Pour les délits
commis par l'esclave sur l'ordre ou le mandai du mailre,
voir l'article SERVIS. Cii. Lecrivain.
SOUALES ArClIST.XLES. — Collège créé par l'empe-
reur Tibère pour présider au culte dWuguste divinisé et
prendre la succession de Vdgens Julia dans les sacrifices
qu'elle avait à célébrer. Les premiers membres du collège
furent tirés au sort au nombre de 2J et, comme il était
naturel, parmi les membres de la haute aristocratie
iprù/iores cirilati.?) '. On ne connaît pas le nom de ces
premiers Augustales-. Tibère, Drusiis, Claude et Germa-
nicus leur furent adjoints, ce qui porta le nombre total à 25.
Chaque place du collège se nommait décurie ; il y
avait donc, à l'origine, 25 décuries. Ce nombre fut porté
ultérieurement à 26, à une date que l'on ignore, mais
antérieure à l'année 31'. M. Dessau pense que la vingt-
sixième décurie fut établie en faveur de Drusus '. Néron
fut nommé à une vingt-septième'; une vingt-huitième
fut enfin créée au profit de Titus en 71 ". Supprimée
après lui, on la rétablit pour y appeler Caracalla\
Quand un membre du collège venait à mourir, on le
remplaçait par voie de cooptation*. On a supposé que la
cooptation devait être précédée d'une désignation de
l'Empereur, lequel avait droit, pour les autres collèges
sacerdotaux, de nommer aux postes vacants', ou du
sénat qui partageait ce droit avec le prince '".
Les modules Augustales étaient, dans la liiérarciiie
sacerdotale, des personnages importants ; des places spé-
ciales leur étaient réservées au théâtre ; ils s'asseyaient
sur des chaises curules " ; ils figuraient aux cérémonies
religieuses avec les grands collèges de l'Étal '-.
.\ leur tête étaient trois luagistri annuels" et un
llamine, nommé à vie par l'Empereur. Un texte de la bio-
graphie de Marc-.\urèle permet de croire qu'il n'était pas
pris d'habitude, parmi les sodates'^. Borghesi, cepen-
dant, est d'un avis contraire''; mais, depuis, on n'a
point admis sa façon de voir "^.
M. G. Howe a dressé la liste des soda/es Augustales
connus. Elle compte 7i noms, depuis l'année 1 i, date de
la fondation du collège, jusqu'à l'année 230''.
Le même procédé fut employé dans la suite pour
assurer le culte des différents empereurs divinisés : on
[Dig. 47. 10 11 pr.. 15; Yus'i/. 3, ici, 7) ; fausses mesures (/txSi/ia, Bruns, /"o)i(cs,
6« éd. p. 46); accusation calomnieuse iDig. 48, 16, I, § 13) ; délits divers (47, 7, 7,
§ 4; 48, Ii, 2, § 1 ; Krontin. De aq. Iî9l. — 8 Dig. 47, i, 50, § 1, 53 pr., § 2.
Abréviation : O. c. iValer. ftob. Aot. jur.). — ^ Dig. 48, 16, 1, S 13 ; 2, 1, 7, § 5.
— 10 Pour le vol on a l'éunmération d'actes qui constituent l'instigation et l'aide ;
Dig. 47, î. 50, § I, 3, 4, 5i § 23, 35, § 4, 67, § 2 ; 42, 2, 37 ; Gai, 3, 202 ; histit.
4, 1, 11. — Il Dig. i9, 3, 3, §12. — 12 48,9, 6. — I3/>|J. 47, 5; Paul. 2, 31, 16.
18. _ n Dig. 48. 7, 6. — 15 Jnstit. 4, 1,12.— 16 Dig. 41, 2, 50, § 1-3 ; 9, 2, 51,
§ 2; 43, 24, 15,§2; 48, 4, 3; 48, S, 13 ; 9, 4, 2 pr.; 29, 5, 3,§ 12; 47, 10, 13, §2,
8. Cependant pour le vol l'auteur principal est poursuivi au quadruple, comme pris
en llagiant délit, les complices au double 147, 2, 3i) et dans les aciions pénales
privées, on doit déterminer la part de rcsponsdbilité de chacun (9, i. 11. § i).
— n Paul. 3, i3, 17; «9.48, 19.40; Cod. J/ieod. 9, 32, 2, — Biihiucbapuie. Rein, ôoj
Crtminalreckt der /lômer, p. 197 ; Mommsen, Strafreclit, Leipzig, 1899, p. 98-103 ;
743-6 : trad. fr. I, p. 113-lîO.
$UDALt!> AUGLS'l'ALES. 1 Tac. Ann. I, 54; Uist. Il, 93; T)io, LVI, 46,
— 2 Cf. cependant, Dessau, Ephem. epigr. III, p. 206. — 3 Beurlier. Essai sur te
culte rendu aux empereurs, p. Si. — ^ Loc. cit. p. 76 et 207. — 5 Corp. Insc \ Lut.
VI, 1984. — 6 Itid. — 7 Beurlier, Op. cit. p. 83. — 8 Suct. Galb. 8: Corp. ins. lut.
VI, 1984. — 'Dio, Ll, 20. Cf. Beuriier. Op. cil. p. 84. — 1» Tac. Ann. III, 19 ; Bor-
ghesi, (A'uiT. III, p, 400 et sq. — Il Tac. Jnn. 11, 8'!. —Il Ibid. 111,04; Dio, LVIll,
12. — 13 On a eu la liste pour les annexes 213 et 214 (C. i. .'. VI, 1987; XIV, i391).
— H Vila Marci. 7; /laminem ex affinibus, sodatcs ex amicissimis. — 15 Œuv.
III. p. 402. — "i Dessau, Loc. cit. p. 222 ; SlarquardI. Le culte, II, p. 224 ; Beur-
lier, ftp. cit. p. 93. — 17 J-'asti sacerUoturu p. r. publicorum aet itis impeialo-
riae ^Leipzig, 1904), VIII, p. 42 sq.
SOD
1372
SUD
créa successivement iraulres coiilVéries, <iui prii'ent le
nom du souverain dont elles devaient garder la mémoire.
Tout d"al)ord. a la mort de Claude', ou peut-être seu-
lement en G."J, au moment de la naissance de la fdle que
Néron eut de Poppée -, la sodalité des Aiitjiisla/ex fut
renforcée de Claiidioles; le litre officiel des membres
devint dès lors Augusta/es Claudialea. A la mort de
Vespasien furent créés les sodales F/aciales, qui joi-
gniienl à leur nom celui de Titiales après la mort de
Titus ^ On ignore le nombre des membres de cette con-
frérie. Puis se formèrent les sodales Hadrianales, après
Hadrien' et les sodales Anfonininni, après Antonin le
Pieu.x ■■. Ce fui le dernier collège de ce genre que l'on
établit ; il fut chargé du culte de tous les empereurs divi-
nisés postérieurement à Antonin. Aussi ajoulait-on à leur
nom celui decliaque nouveau Divus. Par làs'explique les
noms de sodales Aiiloniniani I eriatii'^, sodales Mariani
An/oniniani'', sodales Aureliani Anioniniani*, so-
dales Antoniniani Commodiani, llelciani. Severia?u'',
qui se rencontrent dans les inscriptions. R. Gagnât.
SODALICIUM, SODALITAS. — I. Dès la plus haute
antiquité, il existaà Rome des groupements de personnes
constituées en vue du culte et dont la raison d'être était
surtout d'assurer la régularité de certains sacrifices et
de certains repas sacrés. On donnait à ces groupements
le nom de sodali/as; ceux qui en faisaient partie s'ap-
pelaient sorf^/e.?'. Cette institution remontait très haut:
la légende l'attribue à Romulus, qui aurait ainsi assuré,
disait-on, le culte du sabin Talius-. Ces sodalités offraient
donc, au point de vue de la religion, une certaine ressem-
blance avec les génies, chargées de la célébration des
sacra gentilicia; mais elles ne se confondaient pas avec
elles et, au besoin, les remplaçaient. Quand une gens à
qui l'État avait confié la garde de quelqu'un des sacra
publica menaçait de s'éteindre, pour empêcher la dispa-
rition de ces sacra, on introduisait dans la gens des
étrangers ; de la sorte, on la transformait en sodalitas, en
confrérie. On cite comme exemple du fait la sodalité des
Lii/jcrci, qui comprenait des Fabiani et des Quinliliani\
plus tard des Juliani', parce que les membres apparte-
naient à trois familles, les Fabii, les Quinlilii elles Julii.
D'autres fois, lorsqu'on établissait un culte nouveau,
on en confiait la garde à une confrérie, qui pouvait être
une gens, mais aussi une agglomération quelconque de
personnes exerçant la même profession, habitant le
même quartier ou même n'ayant d'autres liens entre eux
que de coopérer aux mêmes cérémonies religieuses. On
ne sait pas au juste comment avaient été constitués à
l'origine les sodales Tilii, que Romulus avait fondés
relinvndis Sahinoriim sacris ^ : mais il est d'autres soda-
lités dont les débuts sont mieux connus. De ce nombre
est l'association des Mercatores ou Mercuriales préposés,
au culte de Mercure, au pied de lAvenlin, qui fut composée
en 4'J.j-26!), des marchands établis dans le voisinage";
ou encore le collège des 6'«/>//r)//«/, créé en 3G7-387 après
f Borghcsj, (Euv. III. p. 117; [Icssaii, ';,). cil. p. :!M. — 2 BcurluT. dp. cil.
p. 86. — 3 /6lt/. p. S-. - t V,(a Uadr.. i:. — ■. \it,i AnUm., Vi — I' Cur),. ms. lut.
VI, Ua7. — 1 /6i(/. VIII, 7g3U. — » /4„/. V, 3ii3 ; VIII, liii. — a /A,i/. VI, 13.
liiBi.iocn«PHiE. bor~bcsi, Œiirres, III, p. 391 s|. ; Dessau. Ephem. epii/r. III,
p. S05 sq. : BeitrlIiT, Essai sur le ciille rendu aus empereur.' romains, p. si si|.
SODALICIU Jl, SttDAI.ITAS. I FcsI. Ep. y. iS6 cl i97 : SoitttUs dicti quod uim
aederenl el essenl. — 2 Macrob. Halurn. I, 6, 3J. — 3 Fnsl. Ep p. 87 cl ii' : nur.
Vicl., /Je orif,. ,jent. rom. ii. — * Uio, .\LIV, 6. Cf. Bcurlicr, Le culle rendu auj-
em/iereurs romains, p. Su. — 5 Ta<-. Aiin. I, U ; II, ii5. —6 l-cst. Ep. p. 148; I.iv.
Il, i7, 5 ; Merlin, L'Aienlin dans lAntiquilé, p. 183. — 7 Liv. V, 50, 4 ; 5i, 1 1 :
la défaite des Gaulois, en même temps que les jeux Capi-
tolins et pour les célébrer, de la réunion des citoyens
habitant le f(uai'tier du Capituler De même, lorsqu'on
apporta de Pessinonte la statue de la mère des Dieux, la
République afin d'en assurer le culte, recruta parmi les
membres des premières familles des sodales, qui furent
réunis en une confrérie nouvelle*. Plus tard encore,
quand César éleva le temple de Vénus Genitrix protec-
trice de la famille des .Iules, il fonda une sodalité, quil
composa de tous les membres de la gens Julia' el qui
subsista quelque temps à l'époque impériale.
Telles sont également l'origine el la nature des sodales
AiGisTALEs, établis par Tibère, à Rome, à l'image des
sodales Tilii "', pour présider au culte d".\uguste divinisé.
On sail qu'à l'exemple des sodales Augustales et pour
assurer le culte desdill'érents empereurs divinisés succes-
sivement, d'autres confréries furent créées, qui prirent
le nom du souverain dont elles devaient garder la
mémoire. A la mort de Claude la sodalité des AugusLales
fut renforcée de Claudiales; à la mort de Vespasien ,
naquirent les Sodales Fluviales, qui joignirent à leur
nom celui de Titiales, (\ni\wà Titus fut mort. Puis se
constituèrent les sodales Hadrianales après Hadrien, et
les sodales Antoniniani, après Antonin le Pieux [sodales
AUGLSTALES .
Les membres de ces sortes de confréries n'étaient pas
des prêtres chargés de célébrer les cérémonies sacrées:
ces prêtres existaient à côté d'eux et en dehors; ils
assistaient seulement aux sacrifices et aux réunions el
organisaient des festins ". Ce n'étaient que des eu It07-es,
dont le devoir était de supporter les frais du culte. Leur
situation était, par là même, très semblable à celle des mem-
bres des génies. Il existait même entre eux des liens sacrés
comme entre cognati el affines. Un sodalis ne pouvait
accuser son confrère'-, ni prendre sa défense comme
avocat", ni figurer parmi ses juges dans un procès".
II. Le mol sodalitas ''^ou plus sonxenlsodaliciuin "^,est
encore employé, à l'époque républicaine, pour désigner
un autre genre d'association, qui n'aplusrien de commun
avec la religion, mais qui relève de la politique ''. En
fait, au va' siècle de Rome, toutes les corporations, reli-
gieuses ou autres, s'occupèrent de politique; elles
soutenaient leurs membres aux élections, se laissaient
parfois corrompre par des candidats, ou même descen-
daient dans la rue pour soutenir les ambitieux turbulents.
Mais elles n'étaient pas désignées parle terme sodaliciam.
Celui-ci était réservé aux associations créées dans un
but exclusivement politique, dans le but de faire naitre
el d'entretenir l'agitation. Il en est question plus dune
fois dans Cicéron'*. C'est contre elles que fut dirigée la
lex Licinia quae est de sodnliciis el le sénalus-consulte
de l'an 696-58 ut sodalitales decuriatique discederent.
« Files se composaient, dit M. Waltzing'-', de citoyens
puissants, désireux d'arriver aux honneurs; elles étaient
permanentes, avaient leurs agents, leurs chefs el sans
Cic. .u IJ. />•. Il, .1. — » Cic. Ùe sen. XIII, W ; Gcll. Il, il, i. — 'J l'Un. Hist. nal.
Il, i>3 ; Jul Olisc.|. 68 ,1181 ; Uio. X1.V, ti ; .Sinin. Laudes in Valent, sen. II, 3i.
— lOTac. Aiin. I, 54 ; Hisl. II.'Jô. — " Cic. De sen. XIII, 45 : UcU. Il, i4, 2.
— *2 Cic. Pro Cae'. XI. ±6 ; De pet. cons. .t, 16. — '3 Corp. ins. lai. 1,98 {lex repe-
tund.) I. 9 cl 10. — 1» Itid. I. iî. Cf. sur loiil ceci. Momniscn. Ile colleyiis, p. i
cl 3. — li Cic. Ad f). fr. V, 19 ; 11, 3. 3 ; Pio Plaiicio, 15. 37. — 16 Ascon. Jn. iJil.
34; l'ro Plancio, 15, 30: 19, 47. — '7 Cf. Jlommseii, De colleyiis, p. 32 S4|.
— 18 Cf lesDoleslo, 16 ; ajoulcr De pet. cons. V, 19 : Quattuor sodalitales liominam
ad ambitionem gratiosissimoriiin titii oùiiyasti, M. Eiindani, Q. Galtii, C'. Cornelii,
L. Corvint. — l'J Les corporations professionnelles chez le* ttoinains, I, p. 49.
SOD
— 137:3 -
SOL
doute leurs slatuls'. Destinées à soutenir les confrères
ou leurs amis, elles gagnaient les électeurs en masse,
chaque associé travaillant sa tribu. Les citoyens dis-
posés à se vendre se faisaient inscrire : ils étaient divi-
sés en décuries (c/ccui-iati) par les agents de la soda-
lité (divisores, séquestres), qui distribuaient le prix des
suflVages ; mais ces vendus ne formaient pas de collèges
véritables '-. » Néanmoins la naissance et la multipli-
cation de ces pseudo-collèges furent la cause des ditlé-
rentes mesures restrictives prises au dernier siècle
contre les collèges eux mêmes Ils furent englobés dans
la loi commune.
llsullira de rappeler ici brièvement ' qu'en 64-690. épo-
t(ue de la première conjuration de Caliiina, un sénatus-
consulte supprima tous les collèges, excepté un petit
nombre dont l'intérêt public exigeait le maintien*.
Mais Clodius devenu tribun de la plèbe en 58 fit voter
une loi qui les rétablissait et rendait au peuple la liberté
d'association (lex Clodia de collegiis)'. Il en prolita
pour constituer un grand nombre d'associations nouvelles
qu'il composa des éléments les moins recommandables
de la population, même d'esclaves. L'ordre ne se rétablit
en partie qu'à la mort de Clodius. Le sénat, pour em-
pêcher le retour de semblables faits, rendit en 06 un
nouveau sénatus-consulte qui, cette fois, visait exclusi-
vement les sodalirid, les clubs politiques : ils furent
dissous"; mais on remettait le soin de sanctionner ce
sénatus-consulte à une loi postérieure. Elle fut votée
l'année suivante ; c'est la lex Licinia de sodaliciis ' :
elle punissait de l'exil les membres des clubs électoraux.
Pour compléter la mesure et empêcher tous les autres
collèges de se mêler de politique. César les supprima
tous d'une façon générale*; de la sorte, il n'y avait pas
lieu de faire de distinction entre coUegia et sodalicia, et
le pouvoir central était assuré de la tranquillité.
Cette fois encore on n'obtint point un ell'et décisif: à
la faveur de l'anarchie qui suivit la mort de César, les
associations se reformèrent. <i Tous les jours, dit Suétone,
se formaient des associations factieuses et criminelles,
qui se déguisaient sous le titre de collèges nouveaux ».
.\uguste dut intervenir à son tour". De nouveau, tous les
collèges furent supprimés; mais le droit d'association
fut réglé pour l'avenir par une lex Julia de collegiis :
elle décidait que les associations, pour être légales,
devaient obtenir une autorisation spéciale du sénat (e lege
Julia)^"; celles qui ne l'avaient pas obtenue étaient tenues
pourilliciteset leur existence même constituait un délit ".
Ses successeurs eurent soin que la loi fût sévèrement
observée '-.
Lorsqu'on rencontre à l'époque impériale le terme de
sodalilas et de sodalicium, dans les inscriptions, c'est
comme synonyme de collegiiun. Les exemples ont été
recueillis par M. Waltzing".
* Cf. Cic. De /mt. cons. V, iO ; Ad Q. fr. \\\, t. — 2 (Jiio fado conscribebantur
ut coUet/ii coltetfiorutiu-t tribuariorum spcciem re ferrent, d'il Monirnsen {Op. cit.
p. oS). — 3 Pour les tlùveloppcmcDU voir l'article cui.i.kgium et Wallzing, Op. cit.
I, p. 'Jl s.(. — lAscon. in Curn. p. 67 : in l'ison. p. 6 ; Cic. Pro Sestio, 2S, 55;
Jn Pison. IV, 8 cl U; Dio, XXXVllI, 13, i. — ô Cic. AU Att. III, 15, 4; J'ost. rccl.
in seii. 13, 33 ; Pro -Sestio. 15, 34 : 25, 35 ; Jn Pisoii. IV, U : Ascoii. Jn l'ison, p. S.
— 'iCtc.Ad.IJ.fr. 11,3. — ■; Pro Plane. 15, 3C;Scliol. Baib. p. ^^î (éd. Orelli|. Cl.
à ce sujet MoinEiiscii, Ùe cottegiis, p. 42 sq. ; M. l^Iohii, Wreinsreclit. p. 45 sif.
S-s »q. ; LiebeDatn, Hom. Vereinswesen. p. 25 sq. — ^ Suel. Caes. 42. — 9 Suet.
Aug. îî. — <l> (.. i. l. VI, il'J3 = 4410 ; Dig. III. 4, 1. — " ïac. Ann. XIV, 17;
Ùiy. XLVIl, -li, 3. — li Dig. XLVll, ïi, I. Cf. Wallzing, Corporations pro fession-
nell-s, p. lis bj. — 13 Op. ctt. indeï collcg. llermiDologie), IV, p. 207,233, 2411,
241 ; S^dulitas (C . i. (. I.V, 4043; XIV, 2123); toilalicium (11, 1293, 2428, 3730,
Quant au mot sodales, il a une signification très éten-
due et s'applique à tous les membres d'un collège.
Sodales sunt, lit-on au Digeste, qui ejusdem collegii
sunt ". On trouve donc désignés ainsi les membres
des associations ouvrières et surtout ceux des collèges
funéraires '"'.
L'organisation de ces divers collèges a été expliquée
ailleurs [collegrm, f.-vbbi, finis]. On sait qu'elle repro-
duit assez fidèlement l'organisation municipale avec la
division des membres en centuries et décuries; on y
retrouve des assemblées générales, un comité adminis-
tratif de décurions, des présidents jmagisterI, des tréso-
riers î^ouaestor], des patrons ; patronlsJ, un budget de
recettes et de dépenses, un règlement intérieur [lexI et
des décrets que les sodales rendaient au cours de leurs
réunions. On saitaussi qu'ils avaient gardé des anciennes
sodalités, surtout des collèges funéraires, l'habitude des
sacrifices en commun et des banquets célébrés dans leurs
salles de réunion [scuola] "^. R. CAGN.vr.
SOL. "H)aoç. Le Soleil. — Le seul nom d'"II),!r;; dé-
signe à la fois, dans une inséparable unité de concep-
tion, naturelle à l'esprit grec, plus difficile à saisir pour
nous, l'astre, la force dont il est l'apparence sensible et
la personnification divine de cette force'. C'est d'Ilélios
personne divine, de sa légende et de son culte à l'époque
classique grecque que nousdevons surtout nous occuper
ici. Mais on n'auraitdu dieu-soleilqu'une notion inexacte,
à ne considérer que la place qu'il tient dans la religion
littéraire et artistique de la Grèce classique. Elle est
secondaire, et la figure d'Hélios est loin d'avoir pris,
dans cette religion anthropomorphique, le relief de celle
des grandes divinités de l'Olympe. Chez celles-ci, l'élé-
ment personnel, très développé par la littérature et par
l'art, a tout à fait rejeté dans l'ombre l'élément imperson-
nel, la réalité naturelle qui leur sert de substrat; la ten-
dance anthropomorphique a pu se donner libre cours et
tout un culte se constituer. Au contraire, pour le dieu
"HÀioç, le substrat naturel était trop précis et trop forte-
ment représenté aux yeux et à l'esprit pour qu'une per-
sonnalité bien indépendante pût s'en séparer et se déve-
lopper largement, à côté et au-dessus de lui ; c'est
pourquoi le dieu Ilélios n'a pas, dans le myliie, dans le
culte, dans l'art de la lîrèce du v'et du iv" siècle, la place
d'un Poséidon ou d'une Alhéna. Mais il a dû en être tout
autrement à l'époque la plus ancienne de la religion
grecque, antérieure à l'anthropomorphisme homérique et
classique. Il ne se peut pas qu'à cette époque, la plus
apparente et la plus puissante des forces naturelles n'ait
joué un grand rôle dans la religion, et dans le culte les
procédés par lesquels on pouvait entretenir et diriger
son énergie. De fait le culte du soleil se retrouve dans
toutes les religions de l'Europe primitive; si l'école de
Max Mûller a eu le tort d'en vouloir tirer toute la reli-
8234; V,'1703, 6809, 0U31, 7044 ; VI, 241, 338,467,030, 717-, IX, 5430 ; XI, 1159,
6135) ; colleyium sodalicium (XI, 2722). — H/Ji,. XLVIl, 22, 4. - 15 C. i. l. Il,
1186, 823, 2731, 2732. 3114-17, 4004, 5879, 0019 ; IV, 221 ; V, 4000, 4853; VI,
675, 8.10, 1339, 2465,5886, 0221, 9130. 9224, 10081, 10081, 1-2744, 20167, 22402 ;
VIII, 3762, 11349; IX, 496, 1746, 3017, 3065, 3740 ; X, 174, 7858, 8109; XI, 4749 ;
XII, 1914; XIII, 531. — 16 Voir sur tou les CCS questions WMi.'mg, Corpor. profes-
sionnelles. I, p. 334 sq. — Biti.im,UAi.«iK. Th. Monimscn, Vc collegiis et sodaliciis
Itomanorum, Kiliae, 18i3 ; M. Coliii, Zum rômischen Vereinsreclit, Berlin,
1873; Liebenam, Zur Geschiclile und Organisation des rimisc/ien Vereinswe-
sens, Leipzig, 1890 ; J.-P. VVaItzing. Etude historique sur les corporations pro-
fessionnelles chez les Romains, Loiivain, 1895 (avec la bibliographie de tous les
ouvrages utiles qui ont traité des collège-*}.
SOL. I Cf. les observations de Gruppe, Griech. Mijth. u. Jtelig. Gesch. p. I05S sq.
SOL
— 137(
SOL
gion el loiilo la mythologie grecques', riinporlance du
culte héliolatrique à l'époque prêliislorique est un lail
assuré-. Ou a retrouvé de nombreux monuments de ce
culle, el tout d'abord des représentations du disque
solaire. Nous devons nous borner ici aux pays grecs; en
dehors d'eux, mentionnons seulement le mieux conservé
de ces monuments, celui trouvé à Trundholm, dans
l'ile de Seeland^ ; c'est un chariot de bronze à six roues,
portant un disque formé de deux plaques accolées, ei
recouvert d'un côté, en sa partie centrale, par une mince
feuille d'or estampée el gravée, décorée de cercles el de
spirales; les roues sont disposées pour tourner libre-
ment autour de leurs axes el le ciiar était relié au disque
fiiST. — Le disc|
par un fd (lig. 6487). Cette disposition donne lieu de
penser que ce char el les objets analogues n'étaient pas
seulement des représentations du soleil, mais servaient
à des pratiques cultuelles et magiques'.
En pays grec, des monuments de l'époque prémycé-
nienne et mycénienne offrent des représentations ana-
logues. Sur un bandeau en argent historié, trouvé par
M. Tsountas dans l'ile de Syros^, sont figurées des rosaces
précédées d'un cheval qui porte un collier. M. Déchelelle
interprète le monument de la façon la plus vraisemblable
en y reconnaissant le disque solaire''. Il interprèle de
même, sur des fusaïoles d'ilissarlik, associés ou non à des
quadrupèdes, les svastikas ou croix gammées; ce sym-
bole ne serait qu'un dérivé graphique de la roue à
quatre rayonset du disque représentant le soleil. De fait,
la croix gammée accompagne encore, à une époque très
postérieure, sur un vase, la représentation anlhropomor-
pliique d'Hélioa^ Le signe de la roue crucifère, fréquent
sur les monuments égéens ^ serait également un symbole
du culte héliaque ; ainsi s'expliqueraient et le décor
d'urnes Cretoises', el certains détails de l'amphore de
Fitané'", oii cercles radiés et représentations animales
rappelleraient également le culle du soleil, .\ussi bien
l'astre lui-même, sous son aspect naturel, ligure sur des
gemmes ou des bagues mycéniennes : ainsi sur la grande
bague d'or, aux sujets si diversement interprétés, trouvée
sur l'acropole de Mycènes", el sur une gemme Cretoise,
où il apparaît dans le champ, au-dessus de deux lions
affrontés'-; il ne peut guère s'agir d'ornements de rem-
• V.pour l'eiposé (ie ccUe théorie le* ouvrages de Max Millier, Mijthol. com-
parée, IS50: Hist. (tes relnj. 1872 ; Se. de In relig. IST.S; et aussi la JUyI/iol. de
la Grèce ani. de Decliarmc,2' éd. 18S6. — 2 Cf. surtout Di5cliolcllc, dans Hev.arch-
190!), I, p. .30.Î sq. ; II. p. 9i sq., à qui nous enipiunlons la plupart des détails qui
suivent. — » Cf. S. Millier, -Xonliske Fvnidsminder, Copenhague, 1903, p. 303-
3il ; L'Europe préhistorique, Ipad. Pliilipot. planclie non numérotée = Dt-cheletlo.
L.c. p. 308. — ' Cf. S. Keinacli, dans fleii. hist. des relig. 1908, p. 3. — ôCf. Tsoun-
tas. 'Es. Af/. 189», p. 73 sq. - 0 Cf. Décliclctte, /.oc. cit. p. 313. — 7 Arch. Zeil.
(848, p. 20 =Reiuacli. Rêp. II, p. 308. — «Eicmplc : Karo, dans Areh.f'. Religion-
plissage, et la représentation ne peut être que religieuse.
Ce n'est pas seulement Hélios et le char solaire, c'esl
aussi le mythe classique de la barque du soleil dont on
trouve, d'après M. Déchelelle, de très nombreuses repré-
sentations àl'époque préhistorique, danstousles paysde
l'Kurope, el particulièrement en Grèce et en Italie'^.
C'est la barque solaire qui serait représentée sur des
coupes à fond plat du temps prémycénien, découvertes
à Chalandriani, dans l'Ile de Syros '\ sous la forme d'un
bateau non monté, à double rang de rames, dont la
proue élevée est surmontée d'un poisson qui semble
guider le navire ; le poisson serait la représentation ani-
male du dieu solaire, devenu plus lard, chez les Grecs,
r.\pollon delphinien, identique à Hélios''. Une autre
forme du même dieu serait le cygne, qu'on retrouve en
fait à l'époque classique, dans la légende apollinienne
[APOLLo]. Dans des pays très divers, en Scandinavie, en
Germanie, en Hongrie, en Italie, on voit figurée, sur des
situles de bronze, sur des bandeaux métalliques, sur des
boucliers '% la barque solaire encadrant le disque même
du soleil dans sa partie inférieure, el pourvue à chaque
extrémité d'une proloiiié de cygne; la représentation va
des formes les plus nettes aux formes les plus stylisées ;
la barque même disparaît, et le cygne seul rappelle le
sens héliaque de la représentation. Tous ces symboles
héliaques, cercles, disques radiés, croix gammées, che-
vaux, cygnes, M. Déchelette les retrouve encore sur les
monuments de l'âge suivant, dipyliens et villanoviens.
Qu'on se range ou non jusqu'au bout à toutes ces
hypothèses — qui restent des hypothèses — -l'importance
et l'extension du culte du soleil dans le monde gréco-
égéen, comme dans toute l'Europe préhistorique, semble
attestée suffisamment par les seuls monuments de Syros
et de l'art inycéno-crélois que nous avons mei^lionnés;
et il est constant qu'aux populations de la Grèce primi-
tive Hélios et son voyage à travers le ciel apparaissaient
sous la même forme Imaginative qu'aux Grecs de l'âge
classique, sous les deux symboles du disque et du cheval,
tous deux de même sens. L'assimilation du soleil à un
cheval d'une blancheur éclatante est courante dans les
hymnes védiques, el s'explique tout directement, sans
qu'il soit nécessaire d'avoir recours à l'explication com-
pliquée de Gruppe '', qui identifie le cheval avec le génie
du vent, poussant dans le ciel le char d'Hélios. C'esl déjà
une conception dérivée que nous venons de trouver réa-
lisée à l'époque prémycénienne: union du disque el du
cheval, celui-ci séparé déjà du soleil lui-même et conçu
comme trainani sur la route céleste le char héliaque.
.^ l'âge classique, la dissociation sera complète : le cheval
solaire aura perdu son sens propre, el lui et ses compa-
gnons ne seront plus que l'attelage d'un char, conduit
par un Hélios à forme humaine.
Hélios à rèpoquc classique : caractère et attribu-
tions^*. — Des pratiques en usage dans la Grèce clas-
sique, comme celle, mentionnée par Platon", de la prière
sviss. 1904, p. H6. — 9 Cf. F'crrotel Chipiez, Hist. de l'Art. VI, p. 679. — 10 md.
p. 9i9. — 11 Cf. Evans, Journ. of liell. stud. 1901, p. lOS, fig. 4. — 12 Jbid. p. ICI,
fig. 41. — '3 Cf. Déchelelle, loc. cit. 1. p. 3i5 sq. — l*Cf. Tsountas, loc. cit. p. 86.
— lo M. Déchelette admet que « le caractère solaire de l'Apollon hellénique est reconnu
aujourd'hui à peu près universellement >'. Ce n'esl pas tout à fait exact ; v. plus loin.
— lo t:f. les planches de Monlélius, Civil, j'rim. en Italie ; et Klonlèlms-Heinach.
Temps préàist.en Suéde ; cf. aussi arl. de Monlélius, dans Slrena Helbiqiana, p. iOO
sij. — U Gruppe, Op. cit. p. 839. — '» l'our toutce qui suit, nous devons beaucoup
à l'article Hélios, de Rapp, d.ins le Lexikon de lloscher. — I9 Plat. teg. p. 887.
SOL
— 1375 —
SOL
quotidienne au soleil, à son lever et ;\ son coucher, sont
(les souvenirs de l'époque où le culte héliaque était très
développé. Mais, quoi qu'il en soit de ces survivances, ni
les lieux où est attesté un culte régulier d'Hélios ne sont
très nombreux, ni non plus les monuments de l'art qui le
rappellent. C'est que le dieu Hélios restait tout près de son
substrat naturel et mal détaché de lui. Hélios est souvent
désigné par des appellations qui se rapportent de très
près à sa nature physique; c'est un feu', une tlamme-,
un disque l)rillant^ Dans les représentations aussi (on le
verra plus loin), l'image du disque radié accompagne le
plus souvent celle du dieu à forme humaine. Il y a sans
doute une autre cause au relatif effacement de la ligure
d'Hélios dans le monde divin homérique et classique;
c'est son identification avec Apollon. Nous renvoyons
sur ce point à l'article apollo et présentons seulement
ici quelques observations supplémentaires. Pour certains
mythologues*, la personnalité divine dApolIon tout
entière a son point d'appui dans la conception solaire ;
pour d'autres ^ l'Apollon solaire est une invention des
stoïciens et des platoniciens. Les textes littéraires ne
sont pas en faveur de la première hypothèse; la concep-
tion de l'Apollon solaire ne se rencontre pas chez Homère
ni chez Hésiode; on n'en peut surprendre chez les poètes
lyriques'^ et tragiques^ que des traces très vagues. La
mention d'Hélios à côté d'Apollon dans les fêtes des
tii.^r(;kua et de l'eirksio.\é ne se trouve que dans des
textes de date tardive (v. plus loin). Mais, d'autre part,
certaines associations de culte, au ïénare Hélios et Apol-
lon Delphinios ", à Apollonia culte d'Apollon' et les
troupeaux d'Hélios'", à Thalamai Hélios associé à Ino-
Leukothéa ", compagne en d'autres lieux d'Apollon,
donnent à penser que l'identification l'emonte assez haut.
Elle remonterait aux origines helléniques rnèmes si l'on
admet avec M. Déchelette '- que les symboles héliaques
primitifs sont en même temps les symboles de l'Apol-
lon delpliinien des temps classiques. En tout cas, c'est
un fait que l'assimilation d'Hélios à Apollon est commune
dans la théologie orphique", et qu'elli^ doit s'appuyer
sur des croyances populaires" : .\pollon, comme Hélios,
commande aux Heures''; comme Hélios il est le dieu à
la chevelure d'or, /pu<Jsoxo|XY|Ç"' ; l'un et l'autre sont des
dieux-arcliers'^ ; Apollon a ses troupeaux connue Hélios
les siens. Quoi (]u'il en soit de la question d'origine, tous
ces faits semblent démontrer que le grand développe-
ment du culte d'.\pollon a été pour rejeter dans l'ombre
celui d'Hélios.
Ainsi, objet physique autant que divinité, Hélios reste
en arrière de la personnalité divine complète où attei-
gnent les Olympiens. Son pouvoir, dans la théologie
liomé-rique, n'est ])as identique à celui des dieux de
l'Olympe; il w séjourne pas avec eux"; il a recours
' Eiir. //,/,. T. 1 13M ; /ou, Si. — 2 Aisch. Prom. 25 ; Pcri. 497. — 3 Arsoli. Prom.
KS. _ » Cf. Wclcker, Griech. Gôlterl. I, p. «7 ;Rapp,a|.. Kosclier, Lexic. art. Apolla
il IJeliua; Decharmc, Mijthul. de la Ui: p. 99 sq. — 5 Cf. 0. Miillcr, /)ie Uorie,; 1,
p. i84sq. ; rtcctnmeiil laincll. Cutis o/ijn,'k Stat.W, p. I30sq.; Uriip|.c, Griech.
Alylh. p. lS40sf|. émet l'opiuioii inoyeiliie. — li Ainsi Tiniotli. dans Poet. lijr. ijraec.
Illl p. Ci4. — 1 Ainsi Eur. fr. 7S1. — » Rymn. Imm. W, 232 si|. — 9 Cf. Giuppo, Griecli.
Mijlli. p. 359. — 10 Hcr. IX, 93. — " Paus. III, 20, t. — 12 Cf. DéclieleUc, loc. cil.
— IsOipli. flymn. (éd. Abul), 3i ; fr. 49. — U A Icpoiiuc du svncrf-tisnic. les mcn-
liOMS d'"IIX,o; 'Aciiicv sout noMiljreuses ; "Hi.o; 'A.iWi... Tof.iivaro; (Corp. ins.gr.
33110), "HÀ.oî -Asa-Auv AuJp^,-oî (Journ. of liM. st. IS83, p. 3S3| ; "H/.,o5 'AiriU».
K,»ai,/.i«S^yo; (Diltcnhorgcr, .Sylti 383). AIhénée parle d'une ode ..XV-'iî en l'hon-
neur d'Apollon (Alli. XIV, p. CI9b). — 15 .ipo^iW-, Kailjel, Epigr. gr. 1025.
— 11 Pour Apollon, dpilhcle très fréquente; Pind. 01. VI, 41; VIII 32; Eur.
Trott-l. 253; Ar. Av. 217, etc. — H Épilhùlc d'Apollon commune dans Homère,
à eux pour venger une injure à lui adressée". Dans
l'hymne homérique à Hélios -", il est qualihé d' « égal aux
dieux I), £7riE!XEÀc<; àOaviT&iuiv ; ailleurs c'est un oaiaoïv'-'.
Hélios est marqué de traits physiques et moraux sim-
ples. C'est d'abord l'éclat et la chaleur, avec leurs consé-
quences naturelles : force nourricière et fécondante. De
nombreuses épithètes, chez Homère, chez les lyriques et
les tragiques--, rappellent l'éclat brillant du disque so-
laire: À2u.7tpô;, 7ia<7itpa'/j; ■*, xaÀX!'iEYY''i'; "*» Ctc... ; «tasOiov,
nom du fils d'Hélios, est fréquemment aussi une épilliète
d'Hélios-^ lui-même. La chaleur est la force d'Hélios,
tJLÉvo; 'HsXtoto^''. Éclat et chaleur, Hélioslesenvoiejusqu'au
monde par ses rayons. Tantôt ces rayons sont les flèches
dont le dieu frappe les mortels", comme Apollon fait
des siennes; tantôt ce sont comme les regards mêmes
d'Hélios'-^*; Hélios est le dieu qui voit tout, TravSEpxYi; -',
Ttâvxa XEtJ(7(;cov^°. El ces rayons qui portent la lumière
peuvent aveugler les yeux mortels ou au contraire leur
rendre le Jour; Hélios frappe de la cécité ■'" et en relève;
à ce trait de sa puissance divine se rapporte l'histoire
d'Orion aveuglé, guéri par Hélios'^, mythe qui traduit,
selon Gruppe^^, la disparition dans les feux du soleil,
puis la réapparition de l'étoile Orion. Par la chaleur et la
lumière, Hélios féconde et nourrit toutes choses sur la
terre, irivra fjodxiov '■•; il est par ce côté dieu de la végé-
tation, dieu maître des fruits de la terre, xip7nu.o(;^%
zo(pavoç xapîiàiv^".
Dieu qui voit tout, Hélios est le témoin de toutes les
actions humaines " et celui à qui aucun acte criminel ne
saurait échapper; il dévoile à Héphaistos la trahison
d'Aphrodite ■' ; il assiste au rapt de l'erséphone''^ .\ussi
est-ce lui qu'on prend à témoin du bon droit'" et qu'on
invoque pour le venger '' ; c'est aussi le dieu du serment,
avec Zeus et la Terre. Dieu pur *-, dieu de la lumière qui
purifie, il est souillé par la présence du criminel". Les
textes poétiques sont nombreux qui contiennent des
allusions à tous ces caractères de la personnalité d'Hélios.
Nourricier et justicier, voyant tout et sachant tout, et
aussi, par son action directe, maître du temps et des
saisons", Hélios prend, dès l'époque classique, sous
l'influence surtout des doctrines orphiques, figure de
dieu tout puissant, dieu de vie et de sauvegarde ; il est
sEpÉcSto; *" dans un hymne orphi(|ue ; il est sauveur et
èXsuOiçio; *\ grand dieu, jxÉyaç
libérateur, uiot/j
6£Ô; '•*, bienfaiteur des mortels, TEp'|!'|x6poTo; '■'■'. On le voit :
si dans le culte effectif, si dans la vie religieuse popu-
laire, Hélios reste effacé derrière les Olympiens, il a une
place à part, expression d'un sentiment épuré du divin,
dans l'imagination des poètes et des mystiques grecs. Sa
personnalité, moins chargée de détails que celle des
grands dieux de l'Olympe, est plus pure. ;\ l'époque
suixante le caractère universel d'Hélios s'ariirine jiliis
àîYi,f<:-o;o; //. 1, 37 ; II, 7f,e etc. ; Od. VII, 64, etc. — I» Il semble cepen.lant faire
partie de leur assembl(!e dan Od. XII, 37i;. — " Mi^me passage. - 20 Hymn. Imm.
32, 7. — 21 Pind. Od. VII, 29. — 22 Kaibel, Ep. gr. 1039. — aa Orpll. Hymn. 8, 14.
— 24 Eur. fr. 781, 11-13. — '20 Hom. //. XI, 735 ; Od. V, 479. — '211 Hom. //. 23,
190. — 27 llom. Od. 19, 441 ; Eur. Or. 1239. — 28 Hom. Od. 11,15; Iles. Tlu-oii.
700. — 2a Qu. Smyrn. 13, 239. — 30 Sopli. Ocd. Col. 809. — 31 Ihid. 808.
— 32 Apoll. I, 4, 3. — 33 (.'iL-ppe, Griech. Myth. p. 932. — 34 Sopli. Oed. II. 1245.
— 3ù Orph. Hymn. 8, 12. — 36 Nonn. Dion. 7, 291. — 37 j ^.i.-..:' EitoBtciu», Aescli.
Cliocph. 985. — su Hom. Od VIII, 270. — 39 Hom. Hymn. in Ccr. i«. — *» Aescli,
Prom. 91 ;Soph. Ag. 857. — *l Aesch. Ag. 1323. — « Pind. 01. VII, 58, 4;y!,. ta,,
et «ch. — 43 Sopir. Oed. fl. !4I8. — " X-ovou mt/,? (Orph. Hymn. 7, 5); il est le
maitrcdes Meures (H.id. 7, 10; Nonn. Dion. i. 271). — « Orph. Hymn. 7, 12.
— 46 Paus. 8.31, 7 ; Aesch. S'ippl. 213. — 47 pans. 2. 31, 5. — '•« DéjU chez llésinde,
Ttieog. 19,371.-43 Hom. Od. XII, 209.
SOL
— 1376
SOL
encore. D'aboi'il le syncnHisme religieux l'identifie non
plus seulement ;i Apollon, (v. plus luiul) mais aux grands
dieux d"alors, à un Zeus', à un Sarapis - ; ensuite, par
lui-même, il est élevé, dans l'exégèse stoïcienne et néo-
platonicienne,A la dignité de dieu suprême, de démiurge,
xocuioxpinos % comme disaient déjà les Orphiques. Et
des témoignages épigraphiques, dédicaces à "HÀio;
uI/eiTc,; \ montrent qu'une telle conception ne resta p;is
confinée dans l'enseignement des écoles piiilosopiiiques,
niaisaussi, dans une certaine mesure, acquit droit de cité
dans la croyance commune. Sur le développement ulté-
rieur de ces idées, voir la deuxième partie de notre article.
Le vitijdije d'Ht-lios. — Ilélios n'est que rarement re-
présenté siégeant avec les autres dieux; son activité
divine lient presque tout entière dans le voyage quotidien
à travers le ciel, qu'il accomplit sans relâche; c'est le
dieu bon courrier, rapide et infatigable, £Ù'opo|j.o; %
(ôxû;," à-iiiJia<;\ àTEipvi;'. C'est sur un char qu'Ilélios
parcourt les chemins du ciel ; cependant les poèmes
homériques n'en font pas mention expresse ", et en pays
d'ailleurs non purement grec, il y a trace d'un Ilélios
cavalier'". On a vu plus haut quelle parait être la signi-
fication originelle du char solaire, qui se retrouve dans
la mythologie védique comme dans l'assyrienne, et com-
ment le cheval, conçu d'abord comme le soleil lui-même,
a pu devenir plus tard, dans la religion anthropomor-
phique, le simple instrument du voyage d'Hélios. ,Li'
char d'Ilélios est d'or", et les rênes en sont d'or'-; il
est mené par un attelage de quatre chevaux rapides '^
aux naseaux fumants", Eôos, Aithiops, Brontè, Stéropè ' ',
ou Eoos, Aithôn, Pyroeis, Phlégon "^ ; d'autres textes
donnent d'autres noms, parmi lesquels celui de Phaëthon
doit être relevé '■'. Ilélios les nourrit d'une plante en-
chantée, qui croit aux iles des Bienheureux ", celle-là
même qu'on retrouve dans la légende béotienne du pê-
cheur Ulaukos". Chaque matin Ilélios sort de l'Océan à
l'Orient; chaque' soir, à l'Occident, il se replonge dans
l'Océan, sous la terre. Tous les moments du voyage sont,
ciiez Homère et chez les poètes postérieurs, décrits et
distingués avec une grande abondance d'expressions;
nous n'y insisterons pas. L'imagination grecque s'est
surtout arrêtée sur les lieux terminaux du parcours;
elle y a placé le palais d'Hélios, oii le dieu et son attelage
reprennent, chaque jour, les forces nécessaires à leur
course pénible et accidentée. Il semble qu'il y ait eu
quelque confusion sur la localisation, à l'Orient ou à
l'Occident, du séjour d'Hélios. Dans la plupart des
textes-", c'est à l'Orient, à l'opposé des îles Hespérides,
près de la mer Erythrée, qu'Ilélios séjourne dans son
palais, près de sa mère et de son épouse et de ses enfants
chéris-', là où sont ses chevaux et son char-- sous la
garde des Heures, là ou ir dieu el snn allelage plongent
< Ztùî "Hkni Sàfïni;, Corp. inscr. yr. Ï7I6, MVi, 43C2, etc. ZsO; "Hliii; AiSio;,
Corp. inscr. scmil. ♦590, 460* (l'nimyie). Un exemple déjà de celle assimiialion dès
le V" siècle, à Amorgos; Bull, de corr. /tell. VI, 191. — - Sur les reprèsenlaliuns pi-è-
Iciiduesdllèliosérapis, cr. Perdiizil, /(er. «itA. 1903, I, p. 395 sq. — 3 Oipli. Hi/mii.
S, II. — * I'. c\. àl'ergame; cl. /iixchr. i>. Perg. n. 330, où soûl cités d'aulirs
eïcmples. -SOrpli. l/ymn. 80.— SMimii rm. IV. Il (Bcrgk). - 1 Hom. /(. XVIII,
239 ; Hymii. in >ot. — ** tfu.Siiiyrn. i.i. — 9 Au coutraire dans l'Iiynine liODiériijuL-
k Hi'lios. — II) "ll«,ov ie" inB., dans une iiisciiplioii de l'ergamc ; cf. Fiaenkel, Inschr.
V. Perg. p. 248, où sont cilés ti'aulrcs exemples de celle couceplion, — Il Hom. ffymn.
in Sol. 13; Eur. EI.-3<>.— 12 Sopli. .âi. 847.— 13 Eur. P/iocn. 3. — npiiid. 01. 7,
— 15 Hyg. Fait. 183. — i» Ov. Met. i, 133. — n Eur. Phoen. 3, scliol. Uu
clieval d'Eôs s'appelle égalemeul <t>u,6tuv sur uu vase peiul. Gerhard, Aiiserles.
Vasent). pi. i.x.xiï = Reinacli, /(.■>. Il, p. 40. -- l« Ath. Vil. p. 290 e. —19 Cf.
liruppe, Griecll. myth. p. 69. — 20 par exemple .M imu. fr. li (Bergk). — 21 Slcsiclj.
dans les eaux tièdes leurs corps fatigué's -'. Mais d'autres
textes semblent placer à l'Occident le palais d'Hélios-' :
c'est ce qui explique que le peuple mythique des Éthio-
piens, en rapport avec le voyage quotidien d'Hélios,
placé généralement à l'Orient extrême, soit (luelquefois
considéré comme habitant à l'Occident, ou même comme
partagé entre l'Occident et l'Orient'". Comment Ilélios,
descendant le soir sous la terre, dans l'Océan, du côté de
l'Occident, pouvait-il, le matin suivant, se trouver à
l'Orient, au lieu de son lever? Ici intervient le mythe de
la coupe ou de la barque du soleil ; Hélios accomplit son
voyage nocturne sur une barque ou dans une coupe à
fond plat. Le mythe répond peut-être à une conception
primitive où l'Océan se confondailavecleciellui-même-^
En tout cas il est très ancien et nous avons vu qu'on
peut, au moins par hypothèse, lui rapporter de très nom-
breuses représentations figurées de l'époque préhisto-
rique. A l'époque classique grecque, le mythe ne tient
pas une très grande place dans les textes el les monu-
ments figurés; les lyriques font cependant plusieurs fois
allusion à la coupe d'Hélios, ôîTcaç-', œuvre d'Héphaistos,
qu'emprunte Ilérakiès pour naviguer vers Erythrée, à la
conquête des troupeaux de Géryon [hekci les] ; chez
Mimnerme c'est sur une couche d'or creuse, œuvre aussi
d'IIéphaistos, qu'Ilélios, sur le courant du fieuve Océan,
vogue des Hespérides au pays des Ethiopiens.
Il convient, à propos de la légende du voyage quotidien
d'Hélios, de dire ici quelques mots du personnage de
Phaëthon. La vulgate de l'histoire de Phaëthon, mis àpart
toutes variantes et tous détails dus à l'imagination des
poètes, est la suivante-" : Phaëthon, fils d'Hélios el de la
nymphe Klyméné, à l'insu de son père ou après l'avoir
obtenu de lui, monte sur le char du soleil el le conduit
dans le ciel. Mais bientôt il n'est plus maître de son atte-
lage; l'incendie allumé par les feux trop vifs de l'aslre
brûlant se propage et menace la terre entière ; alors Zeus
précipite l'imprudent dans le fleuve Éridan et le frappe
de sa foudre. Les so'urs de Phaëthon, qui lui ont prêté
assistance elle pleurent, sont changées en peupliers noirs;
leurs larmes deviennent do l'ambre'" (sur l'Eridan et
l'origine de l'ambre, voir electrum). Les deux versions
principales de la légende sont celle d'Hésiode el l'alexan-
drine, La première peut être reconstituée surtout à l'aide
du résumé d'Ilygin^"; le texte a donné lieu d'ailleurs à
beaucoup de discussions" ; il contient, en réalité, deux
traditions du mythe, qu'il y ail un seul récit avec interpo-
lations^-ou, plus probablement, deux récilsdilTérentsmal
juxtaposés '". L'un des deux rattache à l'histoire de Phaë-
thon celle du déluge universel et de Deucalion el Pyrrlia ;
( iriippe admet (|u'il y avait en eilèt une tradition qui présen-
tait le déluge comme une punition de l'entreprise impie
de Phaëthon, et une ai'Ireoù celle entreprise avait pour
ap. Ath. XI, 109 e. — 32 Mimu. Loc. cit. — 2:iAesch. tv. 07 (Didol). — 2vEur. Aie.
59S; Slal. Thei. 3, 407. — i"' Hom. Oïl. 1, 2S. - 2i'' Cf. Belgcr, Myth. Aosm. ,t.
driech. p. 2. — 21 Cf. Alli. XI, p. 409, où sont cilés les fragmciils. — 2S Sur loul
le détail des diverses versions, nous renvoyons à Ko>clicr, /.«'xic. art. Phaëthon.
— -'9 Une singularité de la légende est que l'amhrc est ici rattachée an peuplier
noir, «r^a'^o;, conlrairemcnl à toute réalité. Gruppe explique la confusion par l'ori-
gine sémitique du mythe: l'anilirc aurait été rapproché à lort d'une essence ana-
logue à l'encens, produit d'un arhre dont le nom sémitique se Iraduit en grec par
At'j.r,. .\ij><i désignant le peuplier hhnc, on aurait englobé dans le mythe l'autre
espèce de peuplier, r«rY!.j-.;. t;r. sur ce poinl Philol. 1S89, p. 410. — 30 Hyg. Futi.
132 4- 154. - 31 Cf. surtout Gruppe, Pidlul. 1889, p. 328 s(|. et VollgrafT, De Uiid.
mythupoieia. Berlin, 1901, p. 58 sq. — 32 Opinion de Rol.erl, Erulosth. cotnst.
relifj. p. 214 sq. ; Herm. 18S3, p. 434 sq. ; cl de Knaack, dans le Lej:. de Roscher,
art. PhaHhon. — 33 Opinion de Gruppe, Loc. cit.
SOL
— \:rn
SOL
consi''(|ucnc(.' l'incondicdu monde, la mort de CliaiHhon Pt
la métamorpliosc des lléliades ; on aurait relié les deux
versions runeàl'autreen présentant le déluge comme un
moyen imaginé par Zeus d'éteindre la conflagration uni-
verselle allumée par l'imprudence de Pliaëtlion. L'autre
version, qui remonte à l'époque alexandrine, peut être
reconsliluée à l'aide de tous les poêles grecs et latins
qui s'en sont inspirés, el se distingue par l'abondance et
le pittoresque des détails ; on en peut juger par la lu-illanle
narration d'Ovide'. Nous laissons de côté toute cette
question, qui est d'ordre proprement littéraire-.
Quel est le sens du myllic de Phai'tlion? Se souvenant
que çaÉStuv est une des plus fréquentes épitliètes d'Hélios,
Schwenck, MostetHobert'voientdans Phaëthonunesimple
hypostase du dieu-soleil. La chute de Phaéthon serait,
transportée dans le passé mythique, la chute même d'Hélios
tombant chaque soir à l'Occident, en un rougeoiement
d'incendie, dans le fleuve Océan Pour d'autres mytho-
logues ', Phaéthon est non pas Hélios, mais l'étoile du
malin, Iléosphoros ou Phosphoros. En fait il y a, nous
le connaissons par la Théogonie d'Hésiode", un Phaé-
thon fils de l'.\urore, Éos, et de Képhalos (la nuit?"), aimé
d'Aphrodite, qui l'enlève et en fait le gardien de son
temple; l'histoire de ce personnage semble avoir fait en
partielesujetdu l'Iiaélhon d'Euripide. Selon Wilauiowitz,
la légende de ce Phaëliion, qui n'est au Ire que l'étoile du
matin etl'étoile dusoir, astre unique, aété confondueavec
celle, d'origine corinlliienne et rhodienne, de Phaéthon
fils d'Hélios; les deux mythes se relient d'ailleurs natu-
rellement ; c'estl'imprudenl lils d'Hélios, anéanti au début
de sa course ambitieuse, qui réparait chaque matin dans
le ciel pour s'évanouir bientôt dans les feux du soleil'',
l'our (îruppe'' aussi, les deux légendes n'en font vraiment
qu'une, qui serait d'origine sémitique; elle a pour théâtre
le pays el l'heure du soleil levant " : le nom même de
l'Eridan, le " matinal », où Phaéthon est précipité, en
serait une preuve; c'est, pour lui comme pour Wilamowitz,
la disparition de l'étoile du malin dans les feux de l'au-
rore qui explique le mytiie de la chute de Phaéthon'",
tous les aulres détails de l'histoire étant secondaires et
dédale postérieure. A celte explication, qui à coup sûr ne
rend pas suffisamment compte de la formation de la
légende, M. S. Reinach en oppose une toute différente":
le mythe de Phaéthon s'expliquerait par un rite sacriticieL
On olTrait chaque année (v. p. 1378) sur dillérenls points
du monde grec des chevaux à Hélios. Dans la conception
primitive, ces chevaux brûlés ou précipités à la mer
étaient comme des offrandes « de renfort » deslinéiîs à
accroître la force du cheval solaire. Mais avec le triomphe
des idées anlhropomorphiques on aurait oublié le sens
de ce sacrifice, et estimé (jue les chevaux devaient être
sacrifiés en expiation d'une faute; de celle faute il fallait
un responsable : ce fut Phaéthon, fils d'Hélios, coupable
d'avoir usurpé la place de son père divin. En fait, le
ssicrifice des chevaux à Hélios est attesté pour fthodes.
où il semble précisément qu'ait pris naissance, à côté
I Ov. Mal. 11. t sq.— 2 Cf. Kiiaatk, Quaesliuncs Fhaclhontuae. fasc. s des l'Iiilol.
intersitch. — SCf. Kobert, Hermès, 1887, p. 4V0. — « Cf. Wilainowit/. i6. 1883,
p. 306 S(j. — 5 Iles, r/ieo^'. 986. — 6 Inlcrprptation de Wilamowilz, Z,oc. rif. — '' Ihid.
p. Ma. — 8 Gruppp, Gnec/i. J/y//i. p. 939. — sCf. miol. ISS'J, p. :UI.- i" Giuppe,
Griech. mylli. p. 811. — " /tev. de Ihist. des relig. 1908, I, p. I sq. — 12Hom.
Od. XII, 127 s<|. — 13 Ibid. 377 si|. — Il Selon M. Bérard {Les l'himic. et fOdj/ss.
II. p. 305 sq.) c'est ta baie de Taormine, sur la cote orîenlale de l:i Sicile, ipii
• répond au r('cil liomOiique sur l'ile du Soleil. - 15 Apollon. Aiv/on. 4, 976. — '6 Cf.
VIIL
d'une légende locale analogue, la légende grecque de
Phaéthon. On parlera plus loin, en même lieu que de
celles d'Hélios, des représentations figurées du mythe de
Phaéthon.
Le voyage céleste conslitue à lui seul tout l'essentiel
du mythe du dieu-soleil ; mais il faut mentionner aussi
la légende des troupeaux d'Hélios. Elle est développée
dans l'Odi/ssf'e'-. Sept troupeaux de bœufs el sept de
brebis, de cinquante têtes chacun, paissent dans l'ile de
Tlirinacie '■', sous la garde des Héliades Phaëlliusa et
Lampélié ; ils n'ont point de progéniture el ne meurent
point. Us sont la joie d'Hélios, qui demande aux dieux de
venger cruellement leur rapt sur Ulysse et ses compa-
gnons". D'après un autre texte, les bœufs d'Hélios sont
blancs el leurs cornes d'or'\ Le sens du mythe est
obscur: Aristote '^ identifiait les 330 bœufs et les
:{.jO brebis aux 350 jours et aux 350 nuits de l'année
lunaire. « I^a succession des jours et des soleils avait donc
été comparée sans doute à la procession d'un brillant
troupeau dont les animaux s'avancent l'un après l'autre
dans les pâturages célestes ''' ». Les légendes — légendes
de Géryon, d'Alkyoneus et de leurs combats avec Héra-
klès — où le rapt de troupeaux joue un rôle, se rappor-
teraient dès lors peut-être à la disparition de la lumière,
ramenée ensuite par le dieu-soleil '" ; aussi bien les trou-
peaux de Géryon apparaissent quelquefois comme la
propriété même d'Hélios '•'. Gruppe émet l'hypothèse que
le taureau, dans la croyance grecque la plus ancienne,
comme dans la mythologie védique, était considéré
comme un génie du feu (légende des taureaux de bronze
de l'Héliade Aiétès. légendes du type du taureau de
Plialarisj -". Les animaux sacrés d'Hélios conserveraient
ainsi dans sa pureté l'essence même du dieu soleil.
A l'époque historique encore, on gardait en plusieurs
lieux du monde grec, on le verra, des troupeaux consacrés
à Hélios.
Ciille d'Hélios. — .Nous n'avons que peu de rensei-
gnements sur les pratiques générales du culte d'Hélios.
Quelques textes parlent d'une prière quotidienne adressée
au soleil, à son lever et à son coucher -' ; on peut croire,
si la pratique en eùlété vraiment efTeclive, que ces textes
seraient plus nombreux. Les ofl'randes à Hélios étaient
sanglantes ou non sanglantes; les premières étaient des
chevaux blancs--, parce qu'Hélios est le dieu de l'écla-
lante lumière, ou plus précisément parce qu'à l'origine
il élait conçu comme un cheval blanc. Les offrandes non
sanglantes sont de l'espèce des \-f,z'Aiy. [sacrificiimI el
consistent non en vin, mais en miel-^
Dans le détail, les pratiques du culte d'Hélios devaient
différer suivant les lieux. Les textes et les inscriptions
ne nous permettent d'établir, pour les cultes locaux
d'Hélios, qu'une liste assez courte, si on la compare à
celle qu'on peut dresser pour telle divinité de l'Olympe.
Distinguons de suite les quelques points du monde grec
où le culte d'Hélios a eu plus d'importance. C'est avant
tout Rhodes, l'ile du Soleil-^ Le culte d'Hélios y remon-
Schol. ad '/</. X\l. lis. — '' Uccljaniic, Mijlliot. de lu Grèce, p. iU. « Celle
double série de sipl Uoupeaui devait Iraduire, à la nioilr ordinaire d'Homère, quel-
que indi.alion de son périple sur la semaine des jours el des nuils. » (V. Bérard,
Op. cit. p. 383). — 18 Cf. Gruppe, Op. cit. p. ISiO, n. 1. — '^ Cf. Arch. Zeit,
l. XLll, p. 37. — 'JU Gruppe, Op. «il. p. 799. — -i' Hlal. le;,. |>. >i'iT : Pbiloslr. Her.
10, i; l,uc. De sait. 17. — 22 Cf. Reinach, Aer. liist. reliij. 190S, I, p. 3. — '23 Cf.
Allicu. XV, p. 693 /'. — -Jt Cf. Eecker, De RUodionim primordiis commentatio ;
Uillenbcrger, De Sacris Hhodiorum, ind. scbol. Halle, 1886.
173
SOL
1 ins
SOL
lait au\ origiiu's inénu-s ' ; c't'sl le sens de la h'^ende
rappelée par Pindare, de l'allrilnilion de l'ilc, dès sa
sortie des flots île l'Océan, à llélios -. Lu nom même de
nie, "l'ooo;, se rattache dircctcmenlà la légende d'Hélios
et de Phaëllion. Kliodos, la rouge aurore, d'après Gruppe,
fille de Poséidon et d'Aphrodite, est l'épouse d'Hélios ;
un de leurs sept llls,Ténagès, es! un Phaéthon local, iden-
tifié plus tard avec le Phaéthon de la légende grecque^
La coloni.sation dorienne, au vu" siècle, introduit dans
nie d'autres mythes et d'autres cultes; mais Hélios reste
la grande divinité protectrice de l'île et de la ville de
Rhodes, fondée en ilW. Il n'y a pas de traces dans les
inscriptions d'un culte d'Hélios particulier à chacune des
trois cités rliodiennes, C.amiros, Lindos, lalysos, comme
c'est le cas pour les autres cultes de l'ile'. Sans doute,
le sanctuaire d'Hélios était-il un sanctuaire collectif,
commun aux trois groupements politiques, et situé près
d'Ialysos '^, sur l'emplacement même où, à la tin du
v^ siècle, fut fondée la ville de Rhodes, à laquelle se rap-
portent les mentions postérieures du culte héliaque. Il
y avait cependant un autre temple d'Hélios Phaéthon,
associé aux Nymphes, à Loryma, dans la partie orientale
de l'ile'. Les inscriptions nous donnent quelques ren-
seignements sur le sacerdoce et les fêtes d'Hélios''. Le
sacerdoce parait n'avoir pas été héréditaire'^ ni à vie;
il était attribué par le sort '". La grande fête d'Hélios, les
'AXîsia, était une fête importante", où des souverains
étrangers même envoyaient des délégués''-, et qui atti-
raient un grand concours de peuple îhalieiaj '^ Elle com-
portait un cortège, un sacrifice, des jeux: c'étaient les
àyiovs; habituels des fêtes grecques, luttes", courses de
chevaux'" et de chars '", course au flambeau '", penta-
thle'*, etc.; la couronne du vainqueur était tressée de
peuplier blanc (Xeùxt,) ", arbre consacré au soleil La fête
avait lieu tous les ans, "AXUia tî [jLtxia-", et plus magnifi-
quement tous les cinq ans, 'AXi'staxà uéyocXa '-', comme les
plus grandes fêtes du monde grec. Un rite important du
culte héliaque à Rhodes est celui que rapporte Feslus-- :
cliaque année on précipitait des quadriges à la mer, en
offrande à Hélios. L'explication la plus plausible du rite
est celle donnée plus haut, à propos de la légende de
Phaéthon ; deux autres sont moins admissibles: rite du
culte poseidonien transporté dans le culte iiéliaque, rite
de caractère chthonien'". Il n'est pas établi que la préci-
pitation des quadriges faisait partie de la fête annuelle
des 'AXiEia ; mais l'hypothèse est très vraisemblable ■'.
Une inscription de Riiodes enfin mentionne un sacrifice
à Hélios certainement «lislinct de la fêle des 'Amekx-'.
L'autre point du monde grec où prédominait le culte
d'Hélios est Corinlhe ". Les noms légendaires de Corinlhe
et de sa citadelle, Kphyra, Epope, se rapportent à Hélios.
• Cr. Uiod. V..56. — iPiii.l.O/.VII. — 3Cf.DloJ.;oc/,ii.(/.; \Vilain,inil/,iE/t/M«,
IS83. p. «9. — ' Cf. l>iUciibcrgcr, Op. cil. p. 3 sq. : Beckcr a.lniel, Op. cit., i|ue le
ciilk- d'tlélios n'est pas aulocitllioiic à Hliodes, mais y a étt; importé ifAsie ; le centre
cil aurait été le territoire «le lalysos (Dioil. V, 37), sur lequel, en H>s, fut établie la
ville de Rhodes. — -i /Oiil. p. 4. — '■ Cf. Monimsen, Biirainn's Jnhresb. I!i»i9, p. 418.
— '■ Imc. ijraKC. XII, I, 9i8. — » i:f. Diltenlwrgcr, Op. Iniid. p. 3. — 'J Ressort de
/ii«i-. Graxc. XII, I, 63. — 10 Ressort de Ibid. 833. — U Ainsi dans Atliénée, p. 501 ,
les 'AAÎtta sont rapprochés des 'A«n»«ra el des ■oX-jiTta. — '2 Appiaa. .l/ace(/. Il,
4. _ n \enoph. Kphet. 3, II. Sur les 'AÀitt.;.. cf. Uittenbergir, Op. cit. p. 5, les
observations de Mommscu, Loc. cit. p. 419, et MIson, Griech. J'este, p. 4i7.
— Il /nscr. G.: XII. I, 73. — 15 ibid. 58. - «6 Jbid. 7i, 93.). — Il IHtlenbergcr,
Sylli, 679 [li«|i=) dS> 4« i!f«T«; ■' — 'S ynscr. gr. XM, t, 73. — IS Cf. Seiiol. ad
l'ind. 01. Vil, ni. — 2» Uitlenberger, Sytt.^ C7a. - 21 Iltid. La quimiuennalité
ressort aussi de .Sy(/.2 609. —22 Feslus, s. v. Octobcr ei/iius. — 23 Cf. .\ilson, Op.
til. p. 4i«; SIengcl, Archiv. f. Jteligionawvst. 1903, p. i06 si|. ; Boeckh, Kl.
L'.Xcrocorinllie l'iail particulièrement consacrée au
Soleil-' : d'après la légende, elle était devenue la pro-
priété d'Hélios après sa lutte pour la possession du pays
avec Poséidon-', à qui l'Isthme avait été attribué; puis
Hélios l'avait cédée lui-même à .\]>lirodite, qu'on retrouve
associée à Corinthe au culte d'Ilélios-Phaëthon. Aiétès,
roi de Corinthe, et Médée sont de la race d'Hélios; le fils
d'.\iétès, .Xpsyrtos, porte le surnom de Phaéthon-'. Sur
l'Acrocorinthe un autel d'Hélios^", dans le temple
d'Aphrodite une statue'^', dans la ville même, aux pro-
pylées de l'agora, un quadrige avec statues d'Hélios et
de Phaéthon'-, à l'Isthme un temple et une statue ^^
d'Hélios, tous ces monuments témoignaient encore sous
l'empire romain de l'importance du culte corinthien du
Soleil. A .Mliènes, au contraire, le culte d'Hélios semble
avoir tenu fort peu de place ^' ; il en est fait mention à
propos de la fête des cva.nki'SIa et de celle des tuar-
GELiA^", et aussi de I'eiresiôm": ; et un UpEÛ; xoù 'HXt'cu
est mentionné dans un texte d'époque tardive à propos
de la procession des skiropiioria '". Dans la Grèce du
Nord, des mentions précises du culte d'Hélios font
défaut; nous savons seulement qu'à .Xpollonia d'Épire on
gardait, sous la surveillance des premiers citoyens, des
troupeaux consacrés au Soleil".
Dans le Péloponnèse le culte héliaque est attesté en
plusieurs lieux: à Elis'*, associé à celui de Séléné; à
Trézène, sous le vocable d"EÀ£u6£sioi; -^^ ; à Mantinée'";
près d'Argos*'; à Mégalopolis, comme Scor/Sp '-. Il était
répandu en Laconie: il y avait une statue d'Hélios dans
le temple d'Ino, entre Oilylos et Thalamai*' ; au Ténare
étaient gardés des troupeaux d'Hélios"; enfin, sur la
cime du Talcton, contrefort du Taygèle, au-dessus de la
ville de Rryseai '■, on sacrifiait, en même temps, qu'à Zeù:
Ta/.ÉT'.TOfç, à Hélios, peut-être sous le nom de Phoibos "^ :
le nom même de TiXetov se rattache peut-être à la même
racine que le TaXcôç Cretois, un synonyme d'"IIXioi; "; le
Taleton serait la montagne du soleil ". Dans la mer
Egée, la Crête semble avoir été un centre du culte
d'Hélios, en même temps que de l'.Vpollon Delphinios.
Pasiphaé, l'épouse de Minos, est une Héliade ; Talos, le
géant de bronze qui étouffait les étrangers de son
étreinte brûlante, parait, d'après la synonymie que nous
venons de mentionner, une hypostase d'Hélios, d'un
Hélios sémitique"; à l'époque historique, la ville de
Gortyne avait encore ses troupeaux d'Hélios '*".
ReprésvnlutionsuiHisliijues. — Les monuments figurés
de l'époque historique et classique qui représentent
Hélios et sa légende sont assez peu nombreux. Cependant,
l'idéal plastique d'Hélios était marqué de traits assez nets
dans l'imagination grecque, témoin ces vers de l'hymne
homérique à Hélios^' : " Hélios l'infatigable, semblable
.Scliri/I. V, p. iul . — 2i Uitlenberger esl d un avis conlraiie, /'.' /(/.orf. sacr. p. 6 ;
mais cf. les observations de Mominsen, Loc. cit. p. 419. — 25 Jnscr. Graec. XII,
1^ soi — 2i;Cf. Uriippc, Criecli. Mytii. p. 131 . — 27 Cf. Sleph. Byz. s. v. Kdji.Joi
— 28 Pans. Il, 1,6. — 2'J Cf. t'ratjm. hist. graec. IV, Hil ; Ap. Kliod. Argon. 3,
i43. _ ;<0 Caus. Il, 4. 6. - 3i Pans. Il, :,, I. — 32 Paus. Il, 3, i. — 33 Corp. inscr.
gr. Ilot. — 31 IJue'i|nes rares dédicaces à Hélios, Corp. inscr. ait. II. 15S5,
1651, etc.; au lliéàlre de Dionysos, un siège Iipsia; 'Hm'iu (?). — 30 Schol. ad Ar.
Eq. 7i9. Cf. iMoninisen, Feste d. SladI Athen, p. 278, n. 5. — 36 Harpocr.
p. 168. Cr Monimsen, Op. cit. p. 5U7. — 37 Hcr. IX, 93. — 38 paus. VI, 24, 6.
— 39 Paus. II, 31,5. — M Paus. VIII, 9, 4. — Il Paus. II, 18, 3. — 42 Paus. VIII.
31_ 7.-43 Paus. III, i6, I. — 41 llom. Hgmn. in Apoll. Pyth. v. 23i. — *S paus.
111.20, 4. — "V. sur ce point V. Proll, Leges Graec. sacr. H cl Ath. ,1/i«/i. 1904,
p. 9. — 47 llesych. TaV,i; : ô tja-.ù;. — 18 Conimc les ■taXltaTa Spij de Crète: Corp.
inscr.gr. 2569. — 49 Cf. Gruppe, Griecli. îlylh. p. 249. — "0 gerv. ad Aen. 6, 60.
— :■' llcHii. Uymn. ad Sol. 8 sq.
SOL — 1379
aux immortels.... ses yeux darJenl un Lciriljlc regard,
sous le casque d'or, et les rayons en Itrillenl, d"iin éclat
éblouissant.. . .
brille aussi, au- y^^^^^'-''^^ P--^^0
tour de son corps
le fin manteau, la ^ é.^'^Çy^^ _^^ /^^
SOL
Fig. G488. — Hf'lios appaii
souple étoire, aux t^v
souffles des
vents. " C'est cet
idéal que devaient
traduire aux yeux
les statues de culte
d'Hélios dont les
textes font men-
tion ; aucune ne
nous a été conser-
vée. De la période
archaïque et du v" siècle nous ne possi'-dons, se rappor-
tant à Ilélios et à sa légende, que des peintures de va-
ses '. Hélios y est
représenté sous
la forme d'un
éphèbe, guidant
son char attelé de
deux ou quatre
chevaux. Il lait
souvent pendant
à Séléné, la re-
présentation des
deux d i V i n i t (■■ s
tantôt valant par
ell e-mè m e,
comme sur une
pyxisatliquedela
collection Sabou-
roff (fi g. 4632) -,
tantôt servant à
encadrer des scè-
nes mythologiques, comme sur un vase de Uu vo (lig .'i.jtiO)
donlle sujet esluneOigantomachie^C'élaitaussison rôle
dans les grands
ensembles sculp-
turaux de la belle
époque : fronton
oriental du l'ar-
thénon, base du
trône de Zeus à
(Jlympie, base de
la Parlliénos.
Quelquefois, l;i
représentation
est mieux préci-
sée : le quadrige
d'Hélios, figuré
de face, s'élève
des eaux de l'Océan sur un vase de la Biblioliièque .Natio-
nale '. Sur les peintures les plus anciennes, la ligure
d'Hélios est encore séparée nettement de son substrat na-
1 Cr. par es. Welckcr, Anl. Umkm. III, ;;3 sq. — 2 Kurlttaoïigler, CuU. Saboii-
ro/f. Il, pi. r.sm. —3 Mon. delf Jnsl. IX, 6 = Reiiiacli, Jlép. I, 181. — « Cf. de
Itidder, Calai. A-s Vases, p. liS [v. ciuantesJ. — •'> Slackelticrg, Griib.
d. Util. 15, 5 = liapp, ap. Roscher, ira. s. v. Uelios. p. 1995. — '• .Mon. Il,
S5 = Reinach, /lép. I, p. 109. — 1 Cf. Mon. II, 55 = Cal. Brit. .Vus. III,
: des Salyn
C4S9. — Le lever du Soleil.
turel : le disque solaire, d'abord représenté comme un
simple cercle % puis entouré de rayons i pyxis Sabouroft'),
est figuré à côté
ou au-dessus de la
figure d'Hélios,
^méine vase). Dans
des vases plus ré-
cents, l'image du
dis(nie solaire se
ré'duil à n'être
|)liis ((ue la cou-
ronne radiée, le
nimbe qui entoure
la figure du dieu
(fig. 4653) ; sur un
vase de Parme, la
tète d'Hélios, re-
présentée seule, apparait ainsi au chœur des Satyres ef-
fravés, comme dans un médaillon ifig. 6488) ^ Un bel
exemple de celte
seconde série de
vases est le vase
{{Jacas', au Bri-
tish Muséum, où
le (b'part d'Hélios,
s'é'levanl avec son
(|uadrige ailé der-
rière Éos, Plios-
plioros et Séléné,
est représenté de
façon pittoresque
(fig. 6489). Un
vase du Louvre
rappellelevoyage
d'Hi'lios sur le
fleuve Océan; on
l'y voit figuré sur
son f[ 1 1 a (I r i g e ,
avec Héméra(?), et sortant d'une barque *. I,es rapports
(In (lieu ,i\('( Héraldès font aussi le sujet de plusieurs
peintures de va-
ses, Hérakiès
étant représenté
tantôt comme en-
nemi d'Hélios et
le menaçant
ilig. 6490) ', tan-
l('it comme son
allié, avec le geste
de bonne entente
et d'adoration
|iit;itci'LL;s,p.93/".
L'histoire d'Héra-
klès naviguant
dans la coupe du
Soleil vers le séjour de Géryon est naïvement figurée sur un
beau vase à figures rouges du Vatican (fig. 3763)", et sur
un vase plusaiicien,à figures noires, récemment publié '-'.
E 400 = Rcillach, /((■>. I. p. 109. — 8 Annali, IS,i2, pi. V = lîcinacli, Ki-p. 1,
p. -291. — 9 Cf. SUiclicIbcrg, Loc. cit. cl .Saviguoiii. Journal liell. stiid. XIX,
1899, p. 265, pi. IX. — 10 Joiirn. o/. liell. stud. 1899, p. 200. — " (k'iïiard,
Amcrl. Vasenb. pi. ax = Reinach, Hrp. !l, p. 59. — :2 par SI. Ilailnig, Hum.
Mitth. I90S, p. 107 el pi. i.
:^s
le el Hélios.
SOL
De l'époque suivanlp, en dehors de petits bronzes,
l'un du Musée Britannique ', d'attitude et de type peut-
être praxitéliens, l'autre do Berlin-, de type assez ana-
logue au type convenu d'Alexandre, nous possédons plu-
sieurs statues, torses ou tètes d'ilélios. Ces monuments
reproduisent, diversement nuancé, un type de dieu jeune
et fort, à l'allure et aux traits graves. Un torse du Vati-
can, portant un baudrier où sont tracés les signes du
Zodiaque^ (lig. 77(t), oIVre ce caractère de jeunesse éner-
gique : c'est sans doute un Hélios. Du même type est une
statue du musée de Berlin, provenant d'Egypte, et por-
tant une dédicace à Z£Ù;"H>'.o; '. Il y avait à Rhodes, au
témoignage de Dion Chrysostome', -un grand nombre de
statues et de groupes d'Hélios. Les textes nous ren-
seignent sur un quadrige, œuvre de Lysippe '', et sur-
tout sur le fameux Colosse, œuvre de Charès de Lindos,
élève de Lysippe ' ; cette statue de bronze, d'énormes pro-
portions, fut élevée vers 291 etrenverséecinquante-sixans
après par un tremblement de terre ; nous avons d'ailleurs
plus de renseignements pittoresques sur l'énormilé de la
statue et sur la fabrication de l'onivre que sur son type
arlisti(|iie '. Lue statuette de bronze et deux têtes en
marbre d'ilélios proviennent de Rhodes. L'une de ces
têtes, qui est à Berlin, d'une très belle expression ^, fai-
sait partie d'un groupe d'une grandeur double de la gran-
deur naturelle, appuyé contre une paroi d'édifice, et
représentant llélios en mouvement vif vers la droite, con-
duisant son quadrige, la tête tournée de face et très déta-
chée du fond : les trous subsistent qui servaient à fixer
les grands rayons métalliques disposés en cercle. Le type
semble être antérieur à l'art lysippéen. Une autre tète
de petites dimensions, trouvée dans l'ile à Trianta, se
rattache, au conlraiie, d'après .M. Ilarlwig, à l'école de
Lysippe '" ; elle portait une couronne de rayons; c'est
une lêle jeune, aux cheveux courts, le regard incliné
vers la gauche et vers le haut ; peut-être faisait-elle
partie d'un ensemble analogue au quadrige même de
< Calai, uf brun:. lOIri. ot pi. wmu — î Cf. Arch. An:. ISOl, |i. 123.
— :il(aoulRoclictU!, A/on.iii,;./. XI.VI,3 = heliiacli,yï^/,.rfe/ns/a/.n,p. III.— 4Bi-i'
lin, Knial. d. Skulpl. 177 = Koinncli, lliid. p. 110. — '- Uio Clir. Wiuil. I, 570 H.
— 6 l'Iin. Ilial. iia<. 34, 03. — 'Plin. Hisl. nal..H, 41. I.cs U-vlcs sont réunis dans
0\fr\xcV,Schrifl<iiieU. n''IS39 w). — «Cf. Collignon, Sciilpt. t/r. II. p. 480. — 9 Pu-
Ijlii'o |iar H. Grai'f, dais Slrena Hdbiijiana. p. 91s.(. — Kicr. Itûm. Mitth. 1887,
z. <i49i. — Têle d'Hélios s
une monnaie de Rhodes.
i:WO — SOL
Lysippe. \ la dernière époque de l'art grec apparaît, dans
la plastique, un type d'ilélios ditl(''rent, inspiré des tradi-
tions perganiéniennes. Ex-
pression ardente, yeux pro-
fondément creusés, lêle puis-
sante, chevelure désordonnée,
vêtement flottant largement
au souftle du vent, tel a du
être l'Hélios de l'cige hellénis-
tique. Nous en avons quelque
idée d'abord par la métope
trouvée sur l'emplacement
de la iN'ouvelle-Ilion, qui re-
présente llélios et son qua-
drige (fig. 6i91)" ; et mieux encore par des têtes d'ex-
pression très caracté-
ristique sur les mon-
naies de Rhodes
(fig. 049:2) et par le mas-
que colossal du Louvre
[(1493) '". Là le type est
poussé au pathétique;
c'est un Hélios presque
oriental, bien éloigné
de la sérénité des
dieux grecs.
La légende de Phaë-
thon n'est qu'assez ra-
rement représentée, et
sur des monuments de f|„ j^js. — Mi^^ ji..«*.ii ,rii.iio«
date tardive. Sur un re-
lief de stuc d'une maison romaine", imparfaitement con-
servé, M. Petersen a reconnu une re-
présentation de Phaëthon, présentant
sa requête à Hélios, et des Heures,
auxiliaires de Phai'thon. Plusieurs sar-
cophages du 11" et du nr siècle après
J.-C. figurent son il istoire; elle y est re-
présentée suivant la convention ad-
mise pour ce genre de reliefs [s.\rco-
piiAGis], les scènes étant juxtaposées
suivant leur succession dans le temps.
Sur l'exemplaire le plus complet de la
série, trouvé à Ûstie", on voit à gau-
che Phaëthon faisant part à Hélios de son ambitieux désir;
au milieu la chute de Phaëthon pré-
cipité à terre, Kyknos et les Héliades ;
adroite, Hélios recevant d'Hermès la
lugubre nouvelle. Une belle gemme,
conservée à Florence, représente le
même sujet dans un tableau concentré
et d'un mouvement pathétique '\
D'autres retracent les divers épisodes
de la légende, la prière de Phaëthon
(fig. G494) et sa chute (fig. (i49o), la
métamorphose des Héliades. La re-
pr<'sentation du mythe la plus ancienne se trouve sur un
moule d'argile de coupe à reliefs, conservé au musée de
Fig. U494. — La ie(|u
de l'haollion.
p. 15'.!.— 'I Cf. Uaycl, A'/, d'ar,
— 12 Cf. Barclay llead, Hisl. n
du Musée ilu Louvre (HriHliiier
Ilomains, VI, p. *ai = noire li
Ani
ml. rf. Jnst. 18119,
Ï9S. — là Wieseler
h. eurarl,i>. 170 SI). ; Colligiion, Op. cit. Il, p. 395.
m. p. 538 sq. Comparer ta belle liMe de marbre
iVulice de de la sciil/d. n° lil ; Duruy, Oisl. des
;. 0493). — iiJtùm. ilitlh. 1S95, p. 07. — 1» Cf.
p. 130 et pi. F; Koscher, Li
HlMèthon, 10; Furtwiinglcr,
der Myth. art. PhaiHlion,
eant. Gtmm. I. pi. rviii, i.
SOL
Boston'. D'un côté, c'est la chute de l'IiaiHlion, écrasé sur
le sol; derrière lui, une roue du char; à sa droite Zeus
lance sa foudre et Artémis ses (lèches (fig. G4!J«)^ Derrière
Ifs deux divinités une femme s'enfuit, tenant en main une
autre roue du char solaire : un passage de Val. Flaccus'
— 1381 — SOL
cément destiné au culte du dieu ([u'elle honorait '". Enfin
parmi les douze divinités tutélaires des cultivateurs,
le même Varron " donne la seconde place, immédiate-
ment après Jupiter et ïellus, à Sol et Luna f/iioruin lem-
pora obserranlur cittii (/uaer/ftiii seninlnr et cont/utilur.
permet de reconnaître en ce personnage Thélys. A droite
de Phaëthon accourt Hélios à cheval, maîtrisant l'al-
lelage emporté'. D(; l'autre côté est figurée la méta-
morphose des Iléliades. Elle est en train de s'accom-
plir; l'une des jeunes filles est muée tout entière en un
arbre; du corps des deux autres, qui se défendent en
vain, sortent déjà, des rameaux *. Détail singulier :
trois jeunes gens, deux d'entre eux porteurs d'un couteau
à éhrancher, semblent frapper sur les trois arbres-
femmes ^ Il faut sans doute, d'après l'ingénieuse expli-
cationde M. Hartwig, voir là, en figuration proleptique, la
récolte de l'ambre, des larmes des Héliades[voy.F.LECTKL'M^.
L'ambre est ici considérée comme une essence végétale,
et la figuration de la récolte est copiée sur celle qui con-
vient à l'encens et à l'arbre à encens ^. Ce curieux
relief est à peu près de l'époque même d'Ovide et il doit
s'inspirer d'une œuvre alexandrine ou hellénistique.
li;.\iiLE Caiien.
KoME. — Les calendriers latins ilc l'époque d'Auguste
indiquent, à la date du 9 août, un sacrifice public Soii
indif/ili in colle Quirinale'', et l'on en a conclu que Sol
appartenait aux plus vieilles divinités indigènes de la
religion romaine. Varron croyait savoir que Sol et Luna
étaient d'origine sabine et que le roi Titus Tatius leur
avait dressé des autels dans la ville de Komulus*. Sui-
vant cet antiquaire, la gens sabine des Aurelii, propre-
ment Atise/ii, tirait son nom du mol auxe/ '< soleil "^ ; le
peuple lui aurait même concédé officiellement un enipla-
o.
lira
.Ue
,1,'i
I. IV,
I Wii
— 2Cr, llarluig. i'hilul. IK'J'J. p, 481 sq,, oomplùU' par les ri'maïquos de CjOfZ,
Ibid. 1901, p. 478, — i Val, Place. Arf/oii. V, 4i9. — 4 Les deui ligures sonl
id(;iili(|ties, gravées par riiiipressioii du luûnie uioule, — SToulelbis le personnage
du milieu a une allilude un peu difl'éi-ente : il seniljle rpi'au contraire il cherche
d d(:-livrer IHiîliadc ihs rameaux <|ui l'enserrenl. - 6 On a m plus haul (p. ISTii,
II. J9) que celte conl'iisioii réside déjà dans le trait même de la légende qui rapproche
l'amhre du peuplier noir («I'yeiou;), avec i^uoi it n'a, d.ins la réalité, rien à faire.
— '• Monimseu, Corp. Inscr. lut. 12, p. 324. Cf. (Juiiil., Inst. 1, 7, li : In pahimiri
.Salis ijtti colilur iiixta aedum Qiiiriiii. — » Varr. lie ling. V, 74 ; cf. Aug. Civ. Dti,
IV, ii. Uiou. Ilalic. Aut. 11. 30, 3, — 'J Sur celle étymologic, cf. Curlius, Gruntl-
ziii/e dcr Or. Jiti/m.'^ p, 3'J!i ; Krelsehuicr, Einl. iji die Gr. .S/.raclie, IS%, p. »3.
,M. Wissowa {Hel. drr llnmer, p. i(il. n. tj remarque qu'il faut lire dans Varnin,
Mais on a l'ail observer que. fait étrange, Sol est de
tous les dieux indif/eivs le seul auquel ce nom soit
expressément donné, et l'on a conjecturé qu'il lui fut
accolé à l'époque d'Auguste pour distinguer cet antique
divinité de celles venues d'Orient, qui s'introduisaient
alors dans la cité'-. Peut-être aussi, bien que cette étymo-
logic ne nous soit pas transmise par les auteurs anciens,
raltacha-t-on Indhjcs à imUcare, le soleil passant à Home
aussi bien qu'en Grècepotir dénoncer les crimes cachés '\
Aux affirmations du Sal)in Varron on a opposé cette
remarque que le sanctuaire du Quirinal est appelé par
Quintilien un pnlvimir''% expression qui implique
l'usage du rite grec du leclhli-rnium''" [t. ni,p. 1007 ss. •.
En outre, les plus anciennes représentations de Sol sur
les monnaies de la République '° nous le montrent, comme
sa compagne Luna, sous une apparence purement
grecque [t. III, p. 1391]. On en a conclu que le culte
des deux luminaires célestes devait être à Rome d'im-
portation hellénique".
Mais bien que les poêles se soient plu à le chanter
et les artistes à le représenter, Hélios occupe une si
petite place dans le culte grec, que l'hypothèse d'un
emprunt en devient fort invraisemblable. 11 parait plus
probable que l'adoration des astres qui servent de
mesure au temps et ont une si grande influence sur l'agri-
culture, exista dès l'origine parmi les populations rusti-
ques de l'Italie, comme dans les autres branches de la
famille indo-europtienne '». Loin d'être favorisé par h-s
De liny. Int. V, lis • .Sui ausel {sala vet nis,) <i,wd ila .'i.Mni. — "' l'aiil. Diae, s. v
. Aurélia ., p, i:t. - '< Varr, Oe re ru.sl. I, I, 5, - 12 Wissowa, Cman,,,,. Ahhaa-
,llmijen,V3M, p. 180, - " Gonjeclure de l'rcller, Ilûm. Alijlli . éd, Jordan, I, p, 9i,
p. 3a3, n. i, qui renvoie à Virg. Georu. I, 4ti3 sq, ; Serv, ad Georij. I, 4i.<i ; Ovid,
.l/e(, XV, 783. Le soleil s'éclipsa le jour où les meurtriers de César accomplircul
leur forfait. Cf. en outre, Corp. i. lai. VI, 14908: Quisquis ei laesit, Sol, siùi
commendo tu imlicea eim mortem ; VI, 14099 et nos inscrii.lions ponli.iucs (sous
presse), n"' 9 et 437 avec les notes. - 1» Cf. supra, a. 7. Lydus, Ùe mens, IV, 155
(p. 172 Wunsch), signale à la date du 11 Décembre des aijonalia céléhrés S«»v,.dj.„
.«'. v.vi{).r, "Hi;.;., peut-être s'agit-il de Sol Iniliges — *■> Wissowa, lleli,). der H.
p. 350. l' 16 Bahelon, Monn. de la Hep. I, p, i", n" 21 ; p, 356, n" l«, — n Wis-
sowa, fle/,rf. /f. p. iSl.n. 8; Ausl, dans lioscher, Lexik. der Myth. Il, 2130,
_ i« Schrader, Itealencycl. der mdoyerm. Altertumskunde, 1901, p. 072,5,-.
SOL
— 1382
SOL
inlliiriircs liclh'iiitiuos, co ciillc lui pliiliM rcii'^ui' dans
roiiilii-i' |);ir ranlliropomorpiiisnic, (jni lui siibstiUia celui
d'Alxillon. Toutefois, s'il occu]>o peu de place dans la
i-elijj;iori ofliciollo, il en ^arda davanlagc dans les super-
slilions populaires '.
Ce que Kouie dut à la (irèce ce l'uriMil les types plasli-
(|ues de Sol et de Luna. On représentait l'un nionlé sur
un quadrige, où l'on voyait parfois un symbole des
(|ualre saisons ou des (|ualre ('léiiients, l'autre sur un
ciiar trainé par deux chevaux, auxquels, depuis répO(|ue
des Anlonins, on substitua souvent deux taureaux'. Dans
les frontons du temple de .lupiter Capilolin, comme au
Parlliénon, une réunion de dieux était encadrée par les
représenlalions de Sol et de Luna conduisant leurs atte-
lages [t. I, p. ItO'i, lig. H'JO-olJ, et ce groupe célèbre
provoqua de nombreuses imitations ^ Les ileux astres
rapides, qui sont fréquemment associés*, devinrent les
divinités prolectrices des courses de char^. Sol avait à
|iroximité du cirque, sur FAveniin ce semble, un temple
dont le faite était surmonté de son image dorée. Par
suit<' des extensions données à l'édifice, ce lempl(> se
trouva plus tard au milieu des gradins des spectateurs".
Il est d('signé dans les descriptions topograpliiques de
l'époque de Constantin sons le nom de Templuin Solis
et Ltinae '.
Cet ancien culte romain ou gréco-romain, déjà si
obscur que la tradition est à son égard pleine d'incer-
titudes, devait sous l'Empire être encore éclipsé davan-
tage par celui de dieux solaires étrangers. Auguste
lui-même, après la conquête de l'Egypte, lit apporter
d'Héliopolis deux obélisques qu'en l'an 10 av. J.-C. il
consacra à Sol, l'un dans le cirque, l'autre au Champ de
Mars, où il servait de gnomon'. Sol et Luna apparaissent
en l'an 1 av. J.-C. à côté du Jupiter acicrmis et d'Isis
dans une di'dicace en l'honneur d'Auguste due à un
allranchi oriental", et bientôt l'on voit se multiplier, en
Occident, les dédicaces à Ju/i//cr-So/-Si'rfipis '" qui.
suivant la conception égyptienne, durant sa course
diurne, fertilise la terre et qui la nuit règne sur le monde
souterrain, à la fois maître de la fécondité et juge des
morts".
En même temps, les soldats qui tenaient garnison à
Home y introduisaient leurs dévolions nationales. C'est
ainsi qu'en liiti un ('f/uca sinf/u/oris de Cologne fait une
dédicace Soli dirino'- et en 246 un prétorien du Ver-
inandoiii/.il. .'!/...(•/ Sol idiispdtriensibus".T>esdi\\mlés
solaires gauloises et germaniques purent ainsi occasion-
nellement trouver des adorateurs dans la capitale.
Mais beaucoup plus nombreux furent certainement
ceux des Baals syriens qui, dès la pi'iioile helh'uistique,
1 liiess .l,ins l'auly-W.ssoHa. lUnlnic. s. ,: ,, Al...ii;:,iiil.,. ,. I, 3S s,|.
— 2 CI. iiii-s .]/oii,iineiUs rel. auj: myslcivs de MUhi-a, 1, p. \lj s,(. — 3 Jalm,
Arcimulogiiche Hfilnïgi-, IS47, p. 7!) sq. ; Schiilitc, IJeùer die Oielielyruppc des
Capitol. Jupiter (Archâol. Zeitimij, XXX), iS7i, p. 7 et pi. i.vii. — i Varr. De
l. l. V, 70 : Z/e r. r. L. c. ; cf. Corp. insc. lot. VI, 70G, 371D s(|. : lai. P/iilucal.
a» août, C. insc. lai. 12, p. :ti7 ; cf. Fast. Praencst. iltid.. p. JS'J a. — '^ Ter-
lull. De Spect, S ; Cassiod., Var. III, 51, G ; Anthol. lat. 197 v. 6 el v. 17, Riese.
— 0 C'est ainsi que llillscn concilie les expressions conlradicloires de Tacile, Ann,
XV. "i : Sol ciiiiis est vetas aedes apud ciicum. et de Teitullieu, De .'ipect. 8 :
Circu» Solipriiicipaliter coiisecratur, cuius aedes medio simlio, et il a reconnu une
repri'sentalion du Icinpie, fijurre au milieu des gradins, sur un Lasreliel el sur
une monnaie de l'Iiilippe l'Arabe (reproduits supra, t. I. p. liai, fig. 152ll5i2); cf.
Dissert. d. Accad. Pont. Uomana di archeul. sér. Il, I. VI, p. 26S si|. el Jordan-
Hiilsen, Topoi/r. der Stadl, t. 1, 3' partie, p. 115, u. V. — ^ Notitia XI,
Carios., rey. 1 1. Sur la question de savoir si ce temple était primilivcmonl distinct
de celui de Lujia, voy. supra, l. III, p. i:)9l, n. 17 sq. ; Wissowa. Itet. d. It. p. 582.
avaient été assimili's au Soleil ". On trouve ainsi des con-
sécrations à Sol faites par des prêtres ou des fidèles du
Jupiter Doliclienus deCommagène '^ du Malachhel palmy-
rénien '", de l'Élagabal d'Émèse'''. Tacite nous raconte
qu'à la bataille de Bédriacum (09 ap. J.-C. i les soldats de
la 111" b'^gion saluèrent d'une grande clameur le soleil
levant suivant la coutume syrienne '*. Enfin, à partir du
11° siècle, avec la diffusion des mystères de Miliira
[t. III, p. 1944J, se répandit de plus en plus l'adoration de
l'astre « invincible ». Les inscriptions qui sont dédiées
aux divinités solaires asiatiques, deviennent nombreuses
dans toutes les provinces latines oit s'introduisirent les
cultes orientaux '■'. Rome et l'Italie en ont fourni une
quantité considérable; elles abondent aussi le long de la
frontière romaine où les troupes étaient cantonni'es, en
Dacie, en Fannonie, en RhiHie, et surtout en Germanie.
Plus rares dans l'intérieur de la Gaule, où elles n'appa-
raissent guère que dans la vallée du libône, très ouverte
au commerce du Levant, elles sontun peu plus fréquentes
en Espagne et. en Afrique, où campaient des légions.
Cette aire de dispersion suffirait à prouver que la
plupart de ces dédicaces à Sol s'adressent en réalité
à ses congénères asiatiques. L'examen des monuments
où le Soleil est reproduit, conduit à la même conclusion.
A la vérité, l'aspect extérieur du dieu y reste géné-
ralement conforme aux traditions de l'art hellénique.
Fig. (i'»97. -
Soleil sorliiil des Ilots.
Parmi beaucoup d'autres nous choisirons, pour le repro-
duire (fig. 0497), un beau bas-relief découvert à Nar-
bonne'^", qui olîre une composition intéressante :1e Soleil,
sortant des flots, élève une torche de la main droite. Au
moment où l'astre apparaît sur l'horizon, il chasse les
ténèbres et frappe de ses rayons les démons qui les peu-
pliMit. Aussi ïf/rirns: est-il souvent figuré et l'aurore
est-elle le moiai'iit m'i l'iiu sacrifie île priMérence à Sol ■''.
— « Corp. iiiscr. lut. VI, Tdl -i ::= llessau, /user. .sel. iU ; cf. Jordau-llillseu, /,. c.
p. m et 61U. — a Vou l'remersieiu, .ircll. epiijr. .Vill. aus Oeslerr. .VV, p. 77 si|.
— lOC. i. Mll,:i, 7771; V, -an, sa:i3; VI, Wi, 7U7. Vill, 1005; C.inscr. lihen. 33S ;
IX, 5824; XI, 5738; Kailiel, /nscr. .V/c. /(a/. 9U-91C, lOiS, 1030-1,1084,1127,2405,
4S, -^244; cf. Dessau, Inscr. sel. 4394 sq. ; Gagnai, Ann. Epiyr. 1904, n" 183.
— 11 CI', mes Religions orientales, i' i!d. 1909, p. 134. — li C. i. l. VI, 31139.
— 13 C. i. l. VI, 2094 ; cf. 715.-_ U .Serv. ad Aen. I, 729, cf. «42 ; Nonn. Dionys.
XL, 392sq. clc.;cr. in/'m. — ISC.i./. VI, 412,743.— l» VI, 710, 31036 ; cf. III, IIOS,
7950. — n V1,70S; cf. 2129 sq. 22093 sq. ; Cagnal, ^nn. cp/^r. 1902. u" 217. —18 Tac.
Hist. III, 24; cf. Ilerodian. IV, 15. — <'■> Nous avons réuni toutes les inscriptions
où Sol est mentionné, dans nos Testes et mon. rel. au.r myst. de MiUira, t. Il,
p. 02 sq. et 408 sq. (1890). (^e recueil me dispensera d'énumérer ici la longue série
des n"* du Corpus. — -» Espérandien, Bas-reliefs de la Gaule romaine, I,
p. 251., n" 343. — '-1 Cf. mes Munum. myst. de Mithra, I, p. 128. (iriens figure
sur de nombreuses monnaies itupériales ; cf. Itosclier, Led-ikon der Afythol. s. v.
« Oriens ».
SOL
13H3
SOL
JIClAVDIVSrCLlX • ET u\
■ CLAVOIA- HELP1|-,!:T '(
, vcm/M5CLV!:KVNTl.lBENSMfBIT0lîl
•iJCAlBlENSESDECCH -ill ||
Le lypc le plus orclinaii-e est (•(•lui (|iii nionlru S(jl
élevanl la main droite pour bénir ou proléger ses ser-
viteurs, el tenant de la gauche le
fouet, avec lequel il mène son
quadrige, el le globe, symbole
de sa domination sur le monde
(lig. «498)'. Toutefois si le dieu
apparaît ainsi parfois isolément'^,
ou dans des compositions de scè-
nes de la mythologie grecque, no-
tamment sur les sarcophages ^
... ,.„. o,. , on le voit beaucoup plus souvent
ng. (»t98. — ^ol bcnissaiil. » ^
représent(J sur les sculptures ins-
pirées par les cultes orientaux ^ el, en particulier, sur
les bas-reliefs mitliriaques, dont il occupe régulièrement
le coin gauche supérieur", ou bien il figure dans la série
des planètes sur les pierres décorées des images des sept
dieux de la semaine
[dies, (ig.2402.sq.]«.
Parfois des types
nouveaux répondent
aux croyances nou-
velles répandues par
les religions étran-
gères. Ainsi nous
voyons sur un autel
du Musée du Capitule
Sol sanctissiiinis ,
c'est-à-dire Malach-
bel, porté par un ai-
gle éployé, comme le
sont souvent les bus-
tes des empereurs
qui ont obtenu Tapo-
Kig. 0«.. - So, snn.ass„nu. ^''^osc (fig. 0499) '.
Un bas-relief décou-
vert récemment àCorstopitum(Corbridge sur laTy ne) nous
montre un personnage portant une couronne radiée, pro-
bablement Sol, monté sur Pégase; des deux cijtés se
trouvaient les Dioscures symboles des fleux hémisphères
célestes (fig. tioOO) *.
Dans la foule des textes épigraplii(]ues ([ui men-
tionnent le nom latin de Sol, il est souvent difficile
de reconnaître à quelle divinité étrangère ou indigène
chacun se rapporte, à moins que la nationalité même du
consécrateur ne permette de le déterminer". Cependant,
certaines épithètes sont réservées presque exclusivement
aux Baals ou à Millira. Un Sol divinité sera très proba-
blement syrien'", de même Sol srinrtissimus", parce
1 Bas-relief de Komc, Mon. myU. .Uitlmi. II. p. JOi, (ig. 2M. - 2 Espo-
randicu, Bas-reliefs de la Gaule. I, ii"' 94, 31), II, n» IU3s (peul-élre Millirai,
1510 (Sicile fiin(Tairc : Sol est le conducleur des imcs : in/'ra, p. 1383| ; Cntnl.
des scitlptitres antiques du musf'e de BrtixeUes, n" 7, etc. — 3 Millin, Gâter.
Mythol. XCIll, n» SUS; Espérandicu, Op. cit. I, n" Kil, II, I2i0, etc. Sar-
coplLiges clii'élieds : Esp-'raiidieu, I, n« 40. VS. Piper. Mythologie der christli-
clten Kunst, II. p. I Ili-l'.W. — t Baal : cf. Toulain, /Je Saturni dei in Africa cullu,
IS'Jl. p. as si|. Malaclilicl: Slroiig, floman seiilplure. pi. xi:vi, p. 313. J. Ilelio-
poliiatiiis : Dussand, Notes de mythologie syrienne. 1093, p. 29 sq. — ô Nous
avons 6ludié en détail ces i-cprùsentatibns. Mon. uiyst. Mithra. I, p. lit S(|.
— •' On sait i|iie ces Wochenyottersteine découverts en Ocrmanie onl servi de
socles aux •< colonnes au géant '•. Le dei-nier travail paru sur ce sujet est celui de
Hiese, iJie Gif/antensaùlen und ittre Literatur Œinzelforschnngen iiher .Aller-
tumsgegensliïnde in Frankfurt), I, 1908, p. 18 sq. Cf. aussi fioscher, Lexikon
der Myth. s. r. » l'Ianelen ■■.col. 2.535 sq. — "ï Strong, /totnan sculpture. 1907,
p. 31 S,pl. 1. vi : Corp. inscr. W. VI, 710. — » Havcriicld, Jahrb. des Inst. 1909, .Irc/i.
.\nzeiger. p. 238 ; Hevue archèol. 1909, p. 4tJ8. Pégase est mis en relation avec le
soleil dans les cultes orientaux; cf. Mon. mysl. .Mithra. I, p. 10(^, c-t les monnaies
£
(jue les dieux séinili(|ui's smil, par excellence, des
êtres «saints "'-, ou Sot (ii'lcrnttx'\ parce (|U(^ la
l-ig. 0500. — .^ol moule siu' Pégase, l'utrc les Dioscures.
constance perpétuelle des révolutions célestes avait
conduit les Orientaux à concevoir les astres comme
éternels".
Mais la qualification qui appartient particulièrement à
ces dieux étrangers est celle d'/«r/t7K.s-. Traduction du
grec àv;xY|To;, elle est appliquée en Orient aux puis.sances
sidérales, sans doute parce qu'après avoir semblé dispa-
raître etpérir,ellesrenaissent avec un éclalnouveau, coiis-
taimnent victorieuses des ténèbres'-. En Syrie, les Haals,
identifiés avec Hélios, sont invoqués comme àvt'xYiToi "'.
En Occident, cette appellation de Sol invlctus ou deun
Incictus qui devient de plus en plus fréquente depuis le
ir siècie'^ a surtout été usitée pour désigner Mithra,
notamment sur les monuments consacrés dans ses tem-
ples, où aucune confusion n'était possible, el le sigle
D S I M {Deo So/i inriclo Mithrnc) est bien connu de
tous ceux qui ont feuilleté un Corpus (-pigraphique '".
Mais on trouve, à C(')té du dieu perse, un Sol invirlus
Elayabal'", un Sol inviclus Muluclihel-" el mérne un
Sol inriclus .S'e/'«y>(.s-'', el Sabazius, transformé en génie
héliaque, prend le nom de Sancliis invlctus Suhuzius-''.
Ainsi Sol invirlus est une di^signation gén('rale qui
embrasse toutes les divinités orientales considérées
comme solaires par les théologiens de l'Empire. Cette
expression très large, qui faisait abstraction de toutes
les appellations locales, pouvait s'appliquer aux diverses
puissances célestes où les tendances monothéistiis de
l'époque voyaient des manifestations d'un seul Etre
suprême.
On a exposé ailleurs ■ ei..\(;ai!al] comment l'empereur
Héliogabale voulut, en "ilH, faire du Baal d'Émèse le
dieu principal du Panthéon romain el concentrer dans
de (lallieii. Colien, V2, p. 430, n° '.i7s.!iM. — ■' Ainsi l'orp. i. lut. M, 700 (dédicace
Soli sacrum p.ir un dévùt natu.i in .Sj/rm Msihin liber factus llomae), V, Kil3.' fpar
nn negotiator {domo\ Syria). III, 1 107 ipar •A?.S.«V.i<iB), 111, rtS8 (par Se,,timius .\ntio-
chianus), VI, 7 12 (par un certain Oaphnicus. sans doute d'Antioclie), etc. — "' C". i.
lat. VI, 398 (de 86 ap. J.-C.) où .Sol divinusc<t lla.lad (Wissowa, /lel. der llàmer.
p. 398). J'ai trouvé une déilicace Soli divino au bord de l'Eupliralc f flii/(. .Icnrf
de Belg. 1907, p. 5(i2, 374). Cf. VI, 709 (consacrée par un Anicelus), 111. 11110.
7, V, 4948; mais VI, 31139 n'est pas oriental. — " VI, 710, 711, cf. XI, 204.
— 12' Cf. mes. Religions orientales, i' éd. p. 3r,3, n. 47. — 13 III, 222, C04, 3158 b.
Il, -iSO — li Cf. Ber. archéol. 1888, I, p. 194 sq. ; Jletigions orient, p. 192 sq.
— 1-j Sur le sens d'inrictus, cf. Mon. myst. Mithra, I, p. 48. — " C. inscr. graec.
1590 : Le Bas-Waddington, 2392 sq. Cf. 2390, 2312. - " On a des dédicaces /)'o
invicto Mithrae. depuis l'époque des Flaviens (C. i. l. VI, 7B2). U plus ancienne
consécration datée So(i inricto. est de 158 (C. i. l. VI. 715', cf. III, 1111, 7483 el
Mon. myst. Mithra. Il, p. 540). — 1» J'ai réuni les variantes, Mon. must. Mithra,
II, p. 540. - 19 C. i. t X, 5827, Privit. milil. LXXXlV(f;. i. l. III, snppl. p. 1997).
— m c. i. l. VI, 31036. — 21 VI, 571. XI, 5738 = Uessau, Jmcr. sel. 4397, 4380.
— 22 C. i. i. VI, 30948 s. ; Eisele dans Hosclivr, /.ex. Myth. s. r. u Sabaiios .• col. 253.
SOL
KWi
SOL
son toiiijilu tmis les cullos de iKtal'. Cl'IU- lenlalive vio-
lonlc el prcmaturée dcvail échouer-, mais elle fut
reprise un demi-siècle plus lard avec plus de succès. En
27i, Aurélien, après sa victoire sur Zénobie. fonda à
Home, au Champ de Mars, un temple consacré au Soleil
f Teinplitin Solis) ^, qu'il décora luxueusement etenrichil
d'oH'randes à l'aide du liutin fait en Syrie '.On a retrouvé
près de San Si/vcstro in cn/iitc des restes antiques im-
portants, qui seniblenlbien avoir appartenue celle cons-
Iruelion. Pr('cédée de vastes portiques, où l'on conservait
le vin destiné aux distributions alimentaires", elle rap-
pelait par son plan In disposition du temple de
Maalbek '■.
On a beaucoup discuté' la question de savoir quel dieu
oriental .\urélien avait ainsi adopté et honoré. On a pré-
tendu successivement y reconnaître Milhra", Élaga-
bal*, qui avait protégé l'Empereur durant sa compagne
d'Orient, ou le dieu solaire de Palmyre'. Il est encon-
leslable que l'Empereur, dans le dessein de fonder une
i-eligion imiverselle, s'inspira de celle qui était enseignée
dans les grands sanctuaires de la Syrie, el qu'il prit en
particulier pour modèle celle de la capitale de Zénobie,
où, durant sa puissance éphémère, s'était constitué un
culte officiel, nécessairement syncrélique '". Lorsque
Zosime nous dit qu'Aurélien plaça dans son temple
romain les images "lIXicj te xa- Bv.ou", enlevées à Pal-
myre, on peut croire que ses hommages s'adressaient,
conformément à la théologie syrienne de la lin du paga-
nisme'-, à la fois au dieu suprême, siégeant dans le ciel
le plus élevé, el au Soleil, son image sensible el son
intermédiaire. Mais le Sol inviclus de l'empereur victo-
rieux ne peut être assimilé à aucune divinité orientale
préexistante. La tradition, suivant laquelle il se serait
souvenu aussi d'un culle du Soleil dont sa mère aurait
été prétresse dans sa ville natale de Sirmium ", ne doit
pas être absolument écartée'" Son prédécesseur, Claude
leGothique, quiélailaussi d'origine danubienne, vénérait
pareillement Sol comme son protecteur'''.
Aurélien tendait donc à fonder une religion assez large
pour que toutes les dévotions provinciales pussent y
trouver satisfaction. 11 voulait, grâce au monothéisme
solaire, restaurer l'unité morale de l'Empire comme il en
avait reconstitué l'unité politique'". Il n'établit ni un
culte local, comme Élagabal, ni même un culte pure-
ment oriental. Si la construction du temple et peut-être
dès lors le rituel rappellent ceux de la Syrie, à d'autres
égards on resta lldèle à la tradition romaine. Le 25 Dé-
cembre qu'on regardait comme le jour de la renaissance
' L'importance paljlii|ue de ccUe religion d Enièse a ilè mise récemmcnl en
lumière, avec i|uelquc exagération, par M. von Uoniaszewski, Abhandl. zur Bûm.
lielitjion, 190!), p. I'J7 sc|. Sur le cliapileau sculpté du Forum, voir Sludniczka,
Ilôm. Milth. l'.iui, p. Î74, pi. iir. — 2 Cf. mes llellg. orient, p. lO'J. — 3 J\o(.
reg. VU; fm-iuj. i#ro. /* ; \ita Aurel.K.i ; 39, i. Aur. Vicl. fne». 3.Î, 7;Eulrop.
IX, 15 ; Chron. ann. 35* ap. Momrosen, t'Iiron. min. I, p. 148. t Zosim., 1,
61. VU. Auret. Ï8, 5 (étolTcs i)récieuses), cf. I, 3 ; S3, 6 ; in, S ; iS, i. Vit. Finni
3, 4 (ivoire). Statue d'argent d'Aurclien el peinture représentant l'empereur avec
Ulpius Crinilus (Vi7. lacil. 9, i; \it. Atirel. In, i,; cf. Syncell. I, p. 7il,
Ui.nn. — s Vil. Atirel. 48, 4; cf. Corp. inscr. lai. VI, 1785. — 6 HDlseu,
/liill. arch. cum. X.Vlll (1895). p. 3» sq. ; cf. Hillsen-Jordan, Topogr. d. Htndt
Rom, 1, 3« partie, p. 454 sq. ; Homo, LKiniiereiir Aurélien, 1904, p. 185 n.
— ^ llabnl, Zur Geack. des in llom eingcfùhrten Sonnencnitus (Comm, in
honor. Studeminid), Strashourg, 1I-9C1, p. 97 s(|. Mais voyez mes Mon. must.
Mithra, I, p. 48, 337. — » Marquardt, Staatsverwnllung, 1112, p. 83: cf. von
Uomaszewski, Alihandl. zur Jliim. /leligion, 1909, p. 197 sq. Wissowa (/lim.
Het. p. 30fi) a déjà opposé avec raison à .Manpiardl la damnalio memoriac d' lié-
liogaLale, qui avec lui condamnait implicitement son dieu. — 'J Wissowa, Op. cit.
p. 300. — 10 Cf. mes /leligions orientales, p. 3«7, n. 59. — H Zosim , I, 61 ; cf.
du Soleil, dont la lumière recominenrait à croître, le
Natalis Invirti '", fut célébré par des jeux du cirque tous
les ans ('HXîs'.T. '* I et par un agon Solis quadriennal à
l'imitation de l'of/on Capitolinux établi par Domitien '•'.
Le service du temple auquel furent affectées des
ressources spéciales '", fut confié à un nouveau col-
lège de prêtres, \es pontifices dei Solis; ou dei invicli
Solis, qui furent mis sur le même pied que les antiques
pontifes romains, appelés désormais/jo/i/Z/Zces ]'eslae -'.
Ils furent recrutés dans l'ordre sénatorial, mais on ne
sait rien sur la présidence et l'organisation de ce clergé.
Sol invictiis était ainsi élevé au rang suprême dans
la hiérarchie officielle des dieux : il usurpait la place du
vieux Jupiter Capitolin et devenait le protecteur attitré
des empereurs et de l'État. Longtemps avant Aurélien,
depuis le règne de Septime Sévère, le dieu solaire appa-
railsurles monnaies impériales accompagné deslégendes
Orietis on Aeleriiilus A(if/usti--,Gi celle de Sol inrictus
y figure depuis Gallien (260-2(38). Mais imageset légendes
deviennent beaucoup plus explicites sous Aurélien ■■'^ On
voit par exemple le Soleil offrant au prince le globe,
symbole de la domination du monde, tandis <|u'à leurs
pieds est couché un captif, et à coté des formules
traditionnelles, d'autres proclament le Soleil consercalor
ou reslitutor or/jis et enfin dominus imperi roinani^K
Il est remarquable que sur toutes ces monnaies le type
du dieu, en dépit de son véritable caractère, reste con-
forme à celui de l'art hellénique, dérivé de celui d'.\pollon.
Un jeune homme, por-
tant la couronne radiée,
vêtu d'une simple chla-
myde, le plus souvent
flottant derrière le dos,
lève la main droite
tandis que la gauche
lient le fouet ou le
globe (fig. 6501). Nous avons parlé plus haut de ces
attributs. Parfois on lui donne une palme, un
trophée, un arc, une
lance, etc., ou bien
on le montre debout
sur son quadrige
(fig. 6302) -•'.
La numismatique des
successeurs d' Aurélien pig. 0502
continue à manifester
leur dévotion envers l'astre divin-'''
relation intime du souverain el du dieu est affirmée par
, 0301. — ■*»'o/ coHservator.
Sous Probiis, la
Vit. Aurel., 31, s. — i: /leli,,. orient, p. 198. — l' Vit. Aurel. 4, i; 5,
g. _ IV Cf. Homo, Aurélien, p. is. _ i:. M.iurice, C. rend. Acnd. des /mer. 1909,
p. 168. — 16 Homo, L. c. p. 189 sq. — I'' Aalalit Jnricti répond au Tt.iti.ov »ï
'H'Atou, «J;tt om; du calendrier astrologique d'Autiochus. Cf. Mon. mij&t. Milhra,
I, p. 34i, n. 4. — <« l'biloc, VIII Kal. lan. Xialalis) Im'icli e(ireemes) m{is-
sus) XXX; cf. Jidian. Or. IV, p. 135 c. ; Corripp. lie lande Just. min. 1, 314 (éd.
Vollmeri ; l.con., Serm. in iXatir. Dom. Il, 6 (1'. 1.. 1.IV,918). Cf. la Dole de Mom-
msen, Corp. inscr. lai. l-, p. 338. U'aulres ludi Solis, d'origine inconnue, avaient
lieu du 19 au ii novembre (Momnisen, ibid. p. 333). — '9 V/ironogr. a. 35t
(Jlummsen, Chron. min. 1, I k8, 10): Ar/onem Solis instituit ; cf. Hicronym. .
Chron. a. Abr. ii93, p. 185, SchBne; Jul. Or. IV, 155 B: t.tj«it»,oi.oC,; 4Tiv«!.
— 20 \i/. Aurel. 33, 3. — 2' Vil. Aurel. 35; llabel, <Jp. cit. p. 99 sq. : cf. Homo,
Op. cit. p. 187. Les titres de ponlifej dei Solis et de pontifex dei imicti Solis.
sont, à mon a>i5, synonymes; cf. Mon. mgsl. Milhra. I, p. 109, où j'ai réuni les
inscriptions relalives à ces prélats. — 22 L'historique des représentations de 6'ol
sur les monnaies impériales a été fait par Usener, Sol ini'ictus (Ithein. Mus. f.
Philol. N. K. I.X, p. 470 sq.). — 23 Usener, L. c. et surtout Homo, Op. cil.
p. 500 sq. — 21 Cohen, Vl'i, Aurélien, 13-17. — 2i Cohen, Monn. emp. t. VII,
pi. vni, n" 14, n» 37. — 26 Lsener, L. c.
SOL
— l38o —
SOL
65Uo. — Sot associé à l'Eiiipcreur.
la légen<le Soli iiirirlo romiti Aii;/iift/i' i fig. (>.'i(i:j j -
l't la réorganisation de TEmpire par Dioclélien ' m
inodilia pas sur les monnaies Tiisage, devenu Iradilion
ne!, de types et d'ins
criplions relatifs à la re-
ligion solaire *. C'esL
sous la protection de
celle-ci que les armées
de Licinius marclièrenl
contre Constantin, et un
texte curieux nous ap-
prend que cet empereur établit dans le camp de Salvosia
en Mésie un sacrilice annuel en Thonneur de Sol, le
18 Novembre, qui était le premier jour de Tannée suivant
le calendrier d'Antioclie ■■. Constantin lui-même, durant
la première partie de son règne jusqu'à sa victoire sur son
rival, (il frapper un grand nombre de pièces au type de
Sot avec les légendes Sol inviclits, Soli inviclo coiiiiti
Auf/i(ii/ini)stri, etc. ", et. dans son armée les soldats durent
tous réciter le Dimanche." jour de la lumière et du soleil »,
une prière au dieu qui donne la victoire'. La force de
la tradition maintint encore les images de Sol sur les
monnaies de Constantin II, mais Constance n'y toléra plus
de dieux païens.
Celte prédominance accordée au Soleil sur les autres
divinités, au moins pendant un demi-siècle i'27'(-323), ce
patronage que les souverains lui reconnaissent sur leur
personne, ne fonlque donner une consécration officielle,
de la part des Césars, à des croyances qui bien antérieu-
rement s'élaienl développées dans l'Orienl hellénistique.
Le monothéisme solaire se fonde à la fois sur des idées
politiques el sur des doclrines Ihéologiques.
Depuis une haute antiquité, le Soleil était, en Egypte
comme en Babylonie, la divinité proleclrice des rois*; et
dans la vallée du Nil, les Pharaons passaient même pour
des incarnations successives de lia. Ces théories furent
plus ou moins ouverlemenl adoptées par les empereurs
romains, selon que s'affirmaient plus ou moins nette-
ment leurs prétentions à un absolutisme théocralique.
Dès le i" siècle, on voit parfois les Césars considérés
comme des épijjhanies terrestres d'Hélios '. .\ partir
du II' siècle, la lilulature officielle des souverains exprime
celle relation qu'on établissait entre eux et l'astre du
jour. Commode prend le premier le lilre</'/«i7(r/M.v, auquel
vient bientôt s'ajouter celui d'aelenius. Ces épil hèles,
que les princes partagent avec les dieux solaires de
\'Or\tinl [supra, p. 1383), leur appartiennent parce qu'ils
sont unis à lui par une identité de nature etqu'ils restent
constamment en communion intime avec lui'". Suivant
les croyances astrologiques qui rèj^nent à celle épocjue,
le Soleil, planète royale, est le créateur des âmes et il
doune en parliiiiliiT aux princes, au inomenl de leur
1 Cohtn, VI, 317, 3ii, G'JG sq. — 2 Colion, VII. pi. vu, n' X — 3 Lsencr,
L. r., cf. iiifra, 1). 5. — ^ LfS lexles épîgrapliiqiieâ duiiiieril aussi parfois à Sol
les épilhi'les de fumes Auqnsli (X, 5i31. Kpli. Il, 3!ll)) ou Cous(iiii(o.- Auijusti
III. IOU"i7, X, 7337). — 5 Von Oomaszewski, Abh. ziir llûni. /(e/i;/. p 20(i si|. Coui-
paierla dé<li;:ace Deu Sait inricto ijilhiae fauloii imperi siii faile à Caruunluni
par Dioclélicii et les princes associés à son pouvoir {Corp. insc. lut. lil, 4413);
cf. V,liU3 : OcoHali HiuclKltainiset Maximianm. Dessau, limer, sut. ii«fiï4. — 0 L'se-
ner, ^. c. ; cf. Maurice, .Vttmisma/ttyiie CoHitantinieime, 190s, p, cxxiv, i:xxx, 504.
— ■! Euselj., Vil. Const. IV, 18 sq. (p. ^ii, Heikel); cf. Burckliardl, /,ie X,-it
ConsianI iit's, î' M. 1880, p. 349, 3.54. Stalue de Conslaiiliu :<doréc connue lelle du
Soleil; cf. l'reger, Hermès, l. XXXVI, p. 457 sq. ; l'Iiiloslorg. Uisl. ceci. Il,
17 (p. 28, 4 sq., éd. bidez). — » Nous avons exposé le développement de ces idées
politico-religieuses. Mon. myst. de Mithra, I, p. i~')-i')i. Cf. La tfiéoloffie sotaire
du paganisme romain iJJêm. près. Acad. /nser. sav. étr. t. Xlli, 1909. p. 4)i. sq.
Vill.
naissanci', les qualités qui leur font ilouiiner les
hommes el les égalent à la divinité". Aiirélien, f|ui ins-
titua le culle officiel i\e Sot iiwirlux, esl aussi le pre-
mier qui se déclare sur ses monnaies ileux l'I dominux
îui/iis'-. Ce que Sol esl parmi les aslres donl il règle
l'harmonie, le monarque l'est sur la terre qu'il gouverne.
La religion d'Élal, établie par le vainqueur de l'Orient,
devait donc, dans la pensée de son fondateur, servir
de justification et de soutien à l'autocratie impériale.
L'établissement de celle religion unirerselle, donl
l'adoration du Soleil était le centre, avait élé préparée
aussi par la constilution d'une théologie astrologique,
qui s'étail imposée aux clergés orientaux. Elle a pour
premiers auteurs les prètres-aslronomes de l'époque
hellénistique, auxquels les Grecs conservèrent le vieux
nom de « Chaldéens'^ ». Suivant leurs doctrines, le
Soleil, qui occupe le quatrième rang parmi les sepl
planètes, esl placé au milieu de ces aslreserranls, comme
un roi entouré de ses satelliles, el on lui applique par
suite le nom de BaTiÀsùç "IIÀio;". Ces savants enseignaient
que son globe incandescent, doué d'un pouvoir alter-
natif d'altracLion el de répulsion, déterminait la marche
des autres corps sidéraux, qui lui faisaient escorte. Il
était le cœur du monde (/.apôîa t&d x.6a^ou) et par sa
chaleur animait tout ce grand organisme.
Cette théorie mécanique, où il y a comme un pressen-
timent de la gravitation universelle el du système liélio-
cenlrique, devait nécessairement conduire à regarder
l'astre éclatant du jour comme le dieu suprême de l'uni-
vers. En ell'et, pour les astrologues le mouvement des
étoiles provoquant tous les phénomènes physiques et
moraux, celui qui règle le jeu compliqué de leurs révo-
lulions deviendra l'arbitre des deslins el le maître de la
nature entière. Déjà Pline le proclamait principale
nuturae ref/imeii ac numen '".
Mais ce Tout, si bien ordonné, ne pouvait, pensail-on,
ètreconduilpar une force aveugle. Le Soleil, lumière intel-
ligente (sw? voEiov)'*, sera donc conçu comme la raison
directrice du monde, mens iiiiindi et fem/ieratio''', et par
une conséquence ultérieure celle raison universelle
deviendra la créatrice de la raison humaine, étincelle
détachée des feux cosmiques. De même que l'astre brû-
lant écarlailelramenait àlui alternativement lesplanèles,
de même il envoyait, croyait-on, à la naissance les âmes
dans les corps qu'elles animaient el après sa mort il les
faisait remonter dans son sein.
De spéculations astronomiques combinées avec de
vieilles croyances sémitiques", les théologiens syriens
avaient ainsi déduit toute une dogmatique religieuse. Ce
panthéisme astrologique se répandit dans le monde latin
vers le début de noire ère. Une propagande littéraire, qui
se raltaclie à Posidonius, prépara les esprits à acceplrr
— 9 Uilleubcrger, .S'!/(/.2 363, H : 'O via; 'H>..o; TaTo; Karjeif (Caligula) : Laoc-
koronskt, Villis de Pisidie, II, p. tH (Sagalassos) : Niui 'Hi.'».. Ni>mï. ; Inscr. Ur.
septentr. i7l4 : (.Néron) N!<.;'Hlio; i!:ài;«!.aî t^ï; "EVni«,v. Sur la statue de Néron
transformée en image du Soleil, cf. Delaliaye, Anal. Boltandiana, XVI, p. i'i'J.
— I" A/ou. iiiijst. AJilhrn, I. p. 288; L'éternité des etnpereurs romains {/ter. d'hist.
et de litt. religieuses, I) 1890, p. 433 sq. — » Mon. myst. Mill,rii, I. p. i9l ; cf.
Ilcrniés Trisni. ap. Slob. I, 49, 43 (n™; jJvovtat «î ?«..i.««; lux»;)- — '^ Hoino,
tjp. cit. p. 19i; AJun.nii/st. ilithr<i,i, p. 291, n.5. Ces i.lées persistent cliei Julien
{iliid. p. 345. n. 7 ; cf. .<oiom. VI, 2, 1 1). — " Cf. ma Tliéologie solaire, L. r.
p. 468 5i|. — 'l l'Iiilon, liais, rer. div. hères, c. 43 (III, p. 50, Wendl.), etc.; cf.
Tliéologie sol. p. 433, n. 7. — 'à l'Iin., Hist. nat. Il, 5 § 13 ; cf. Cicer., Somn. Scip.
C.4; Uacrob. I, 17, 3. — 10 Vett. Valciis, I, 1: cf. Macrob. I, 23, 21, et Théotur/ie
solaire; p. 4CI. — *'■ Cicer., Somn. .Sci>. 4; cf. l'Iiu. /. c. etc. — isaiisonn ,
c. 8. Cf. ThéolO'jie solaire, p. 4*33 sq.
17 'é
SOL
1:^8('. —
SOL
la foi (|uo prrolijiii'iil les piuMres asi.ilii|iMs. fl l'aflion
(.■ombiiK'O des sysU'incs philosopliiqucs el des mysli'n'S
orienliiux, socondanl la polilicuu^ dos Césars, leiidil à
assurer la dominalion incontesir'c de Sn/ inrir/us.
Sol, nous l'avons dil. n'avait dans la viciilr inyliio-
logii» roinaino (lu'iint' position modeste qui était en
désaccord avec la loiite-puissanci^ que les théories nou-
velles lui accordaient '. A rex(unple des Orientaux, qui
avaient Iransformi' eu divinités héliaques, non seule-
ment les liaals de Syrie, mais Sérapis, Atlisel Sabazius
I. IV, p. 9:20), les llK'olo.n'iens romains entreprirent de
démontrer que les principaux dieux n'étaient que des
formes diverses sous lesquelles on adorait le Soleil.
Toutes les puissances célestes n'étaient, pour ainsi dire,
que des réfractions ou irradiations de sa splendeur. Le
syncrétisme de l'époque impériale favorisait ces inter-
prétations complaisantes'-. Les poètes se plaisent à énu-
mérer la série des noms sous lesquels on adore l'astre
qui nous éclaire'', el les lliéoriciens du jjat^anisiie
di-montrent doctement leui' identité. On voit appliquer
ce système par Porphyre dans le Ilsp! àya^ixaTiov*, mais
il est surtout développé à Kome par Cornélius Lahéon, qui
s'inspire «le Jaud)lique '. C'est à lui que Macrohe''
emprunte la dissertation érudile oii il prouve qu'Apollon,
.Mars, Mercure, Rsculape, Hercule, Sérapis, Adonis, Atlis,
Osiris ne sont quedesappellations variées du dieu solaire.
Lorsque le paganisme plaça l'Être suprême hors des
limites du monde sensible et le fit siéger au delà des
sphères planétaires au plus iiaut des cieux ', l'ancienne
omnipotence du Soleil en fut amoindrie. Mais on con-
linua à voir dans le disque radieux, qui éclaire les hom-
uies, l'intermédiaire entre la puissance extra-mondaine
et les mortels. On supposa même l'existence d'un second
soleil, purement spirituel, qui bi'illait dans le monde de
l'inlelligence (vospi; xdufjLoç), et l'on en lit le siège de cette
raisiin universelle (|ni semblait désormais incompatible
avec la matière'. Ce n'est pas le lieu d'exposer ici en
(lélail les transformations (jue le néoplatonisme lit subir
à l'ancien pantiH'isme solaire, ni d'insister sur lathéologie
de Julien qui, dans son discours El; êasiÀla "IlXtov, expose
les spéculations de Jamblique sur le dieu que l'empereur
regardai! comme son père spirituel''.
Cette vénération générale [idur le Soleil qui caractéri.se
le paganisme à son déclin, ne devait pas périr tout
entière avec lui. {{éprenant une expression du prophète
Malachie '", les chrétiens appliiiuèrent au Christ le nom
de S<i/ Jiisli/iac. et opposèrent celui-ci au dieu matériel
I Jlacrol,. I, ii, i\ : -Hm. ^avTo.jàT.,?, »i,,^o^ z„i>.... Toulc-puissance
«Ils dieu, syriens; cf. JMi,,. o.wi/, 191; .l/illira ommpotens. c(. Mon. mi,sl.
ililhia, I, p. 307, il. 1. — 2 Réville, La relii/wn sous les Sérères, p. 2811 si].
Cf. IJsciicr, Gctlernameii, I89'l. p. 3H. — 3 Slal. Thebaid. I, 717 sq. ; Mar-
tiau. Capi'll. Il, S I^S sc|. ; Nonniis, Dionys. XI., 365 si). ; /.ans Solis dans BSIirens,
Pcel. lai. min. I.\, 43r. ; firniic. Malcrnns, De err. profun. rct. S. — i Bidcz,
l'ie ./<■ Poviihijr.; lUIO, Appondicp, p. 1 si|. — 5 Cf. ^ig£;eliel, De Conielio
Labeoni; l'.ios, p. H si|. — 0 Macrol.., ,Sa(. I, I7sc|. — 7 d. Jupiter summiis exsupe-
rantissimns (Archivfûr /Migionsuiss. IXl, I'.lii6, p. 3Ï3 sq. —ifliéotoi/ie solaire.
p. «7. - 9 Inl. Or. IV ; cf. Mau, Die Jleliijions philosophie Kaiser JulianS, 1908.
I.a divolion do Julion H»i{ cliez lui nnc Iradilion di' famillp; cf. Maniico, Compt.
rend. A cml. /user, si'aiicc du 1 1 mars I UIO, cl larliclc qui doil paiaflie dans la Hev.
arch., 1910. — lO.Malach. IV, i. — " Nous aïons réuni les Itmoiguagi-s anciens.
Mon. tmjsl. Mithra. I, p. 355 (le soleil symiiole du Clirisl). — 12 Beausobre, His-
toire ilu .VanichHsme. Il, p. 5S1 si|. — ISS'-Lc'ou, /n ;Vo(ic. Dom. VII, 3 iMionc.
V. L. LIV, p. SI8) ; Euseb. Alei. Or., VI, nij! i-sTjovii^uv (P, G. I.XXXVI, 433), clc.
cf. Mon. myst. Mithra. L.c. — IkMommscn, Corp. iiit. /a». 2, p. 33S ; .1/on. mysl.
Mithra, I, p. 3Vi, n. 4. Des texlcs décisifs ont élé comincnli's par Usener, .Su/
incictus. p. 4in; sq. 4S9 si|. Cf. kcllner, /leortologie, Fribourg, 1901, p. lui.
— '5 Coripp. De Inude lusl. I, niin. 314 sq. — BiuLioGitAPtiiK. Pour la ijrcco ■
I>rcller-Hoberl, Oriech. Mythol. p. 4i9 sq. ; Kopp, arl. Helios du Leiil:. de Uosriier ;
qu'adoraient les idolâtres. F.'aslre ijui illiniiine la terre
fui ainsi cfuisidéré comme un symbole sensible du Verbe
(|ui avait lui dans les ténèbres du monde". 11 sembla
ainsi [larticiper en quel(|ue mesure à sa divinité, non
seulement aux yeux des gnosliqnes et des manichéens '-,
mais mémo des catholiques, et il resta longtemps
l'objet d'une adoration supiM-stitieuse contre laquelle
s'élèvent les écrivains ecclésiastiques '''. Le résultat
le plus durable de ce rapprochement du « Soleil de
justice " avec le " Soleil invincible » fut que l'Église
adopta au iv siècle — à lioiue entre 351 et .'{00 — pour
commémorer la naliviti' Je Jésus la date du Ndtalh
invirli. Celle-ci était universellement inarqui'e par des
réjouissances sacrées ", dont on garda ce qu'on put : les
anciennes courses de chars même furent conservées'''.
Cette substitution d'une solennité chrétienne à une vieille
fête du paganisme fut adoptée dans tout l'empire, et
c'est pourquoi aujourd'hui encore nous célébrons la Noi'l
le 25 décembre. F'"r.an7. Cu.mont.
SOLAUIUai, 'lIÀtaiTTvipiov. — 1. Kn général, tout endroit
exposé aux rayons du soleil'; en particulier, terrasse
établie sur le toit plat dune maison ou d'un portique,
où l'on pouvait jouir, suivant l'heure et
la saison, de la chaleur, de l'air frais el
de la vue-. On fit des terrasses des lieux
de plaisance, garnis de fleurs, où pous-
saient des arbres, où l'eau circulait^.
Beaucoup de ces terrasses étaient cou-
vertes (so/rtr/rt lerl(i)^. Quand, à Rome et
sans doute dans d'autres villes, on con-
struisit des maisons hautes et en maté-
riaux plus solides, les propriétaires fu-
renlamenés à convertir un grand nombre
de salaria en logements [c.oen.^cl'i.imj
faciles à louer". Certains de ces mlaria,
placés sur degrands portiques, pouvaient
servir de promenades publiques \
Les peintures de l'oinpéi oll'rent des
exemples de ces belvédères découverts
(fig. 6304)^ ou couverts ifig. li.jOa; voy.
aussi ioO").
Dans les bains il y avait des cliambres
où l'on pouvait se sécher au soleil". Une
inscription récemment publiée ea dési- '^'ri„m'ra terrasse!"
gne une sous le nom de solarium '".
11. Cadran solaiie ou autre luirloge 'iiohologumI.
E. S.^r.i.io-
Dcrharme, Mi/thol. de la Gr. ani. p. i3S sq. : Dw-helelle, /.e mile du .Soleil aux
temps préhistoriques, lier. are/,, l'.ioil, I, p. SO.Ïsq.: Il, p. 91 sq.: Ajouter à ces
éludes d'eiiseiitlilc les dilférenls arlicles cités dans les noies. Pour l'Iiaéllion, cf.
Knaack, art. Phai-thon du Lexi'. . de Rosclier el, en outre des tnanuels précédents et
dis articles cités dans les notes, Wicseler, Phafillion. 1837; Baugerl, De fab. Phaê-
thonten. Halle, 1SS5: Knaack, nuaest. Phaelhonl. tPhil. Inlersueh. i) ; VolIgraJf,
De Orid.mylhopoieia, Berlin, 1901. — Poui' Rome : Wissowa, Heligion der Itômer.
190i, p. iûo sq. 305 sq.; Cuniont, Mon. retat. aux mystères de Mithra. I, 33Gsq.
cl passim (cf. indei, p. 374); Usener, .Sol inviclus {llhein. Mus.. N. V. I,X, p. 465
sq.) 1903. Ou attend l'article « Sol » dans le Lejikon der Mythol. de Boselier.
SOLARIU.U. > Galeii. ad Hippocr. De arlic. III, :;i3. On ne peut douter que les
Grecs n'aienl utilisé les terrasses des maisons couuiie on l'a toujours fait dans le
MidielenOricul.La/iims(Gic. Tusc. V, i) d'où Uen.vs parlait à Syracuse, n'est autre
cliose (|u'un sulanum. — ~ Isid. Or. XV, 3, 12, solarium quod soliet auris paleat:
L'Ip. Dig. III. i, 17. — 3 Senec. /Cp. \îi ; Coutr. Exe. V, 5. — 1 Orelli. Insc.
2417 = Wilnianns, K.rempltt inscr. lut. 1, 320... solarium tectum in quo populus
eoileqi s. *. epuletur : cf. Promis, Vocabula di archit. s. t\ p. 189. — 5 Vitruv.
Il, S, 17 ; cf. Varr. Linq. lat. V, 102: Kest. Ep. 34. — 6 Cll. Dubois, Pouz:oles,
p. i;i3. _ -, Zalin, Die sehônst. Geimilde uus Pompeji, III, pi. xi.iv. — 8 W. Oeil,
Poinpeiana, l.ond. 1829, I, p. 27. — » Plin. lip. V, » /'rigidariae cellneronneetilur
mediaeui sol beni,jnissii)ia praesto est. .. — 10 Bullet Acud. d. Inser. 1908, i;i.
SOL
— KiST —
srtL
m. — Keilevancf due à lÉlal romain ou à une ville
jMiur la concession d'un lieu public sur lequel on élève
une construction durable '. Celte concession était proba-
blement toujours rc'vocable, sauf clause contraire'. Sous
l'Kinpire elle était accordée, à Rome, peul-èire d'abord
par le sénat % puis par l'enipereur ''. Au Bas-Empire le
solarium s'appelle pensio'. Pour le soldriitm dans le
droit de super/icies nous renvoyons à l'article supek-
Kicrics. Cil. Léckiv.mn.
SOLEA, xandulinni, r7ivoa),ov, (javoàÀiov (éol. (rau-SaÀ&v).
ziS'.Àov, sandale. Cliaussure réduite essenliellemenL à une
semelle {so/um, sole) et laissant, le pied plus ou moins
découvert. La semelle ne peut tenir sans qui'lque lien,
dont la complication, le luxe, varient considérablement ;
de là une foule d'espèces de sandales, la plupart mal
connues; elles s'opposent toutes à la chaussure montante
et fermée [calceus, embas] et à la demi -botte enveloppant
une partie de la Jambe [endromisI. .Vinsi, il s'agit d'une
désignation très vague, englobant de multiples variétés,
aux transitions insensibles, et qu'il est géni'ralement
impossible d'identiller dans les textes littéraires ou les
monuments. Pollux ' énumère une longue série de types
(le chaussures, dont la description, prise à la lettre,
contredirait nettement bien d'autres textes. Ailleurs - il
ra|)portc que, d'après Tliéopompe le comique, la sandale
était i-n\ Y'jvaixoi; ; mais les hymnes homériques ne con-
firment point cette limitation^ ; par contre, xpYiiti'ç'cREi'iUA
est donnée comme chaussure d'homme ' ; or Lucien ° indi-
que la y.'yr^TzU àxTix/, comme chaussure de femme. Athénée
parait opposer '■ crépide à 'J7co3Y,[jLa : simple redondance.
Horace (,s-c//ji('/i,s cri'pidas sibi nunvjuum necsoleus fecil) '
en commet une autre, à moins qu'il n'ait voulu rappeler
1 liiij. i:i. ». i § 17. M, 3'J, ."i : li'onliu. de «7. J, 1 lt> , C. i»i». Uu. 1", lTs:i ; Is,
1, 3i;ii Ùig. S, 4, 13 § I, il Paul pluLôl lire sotarium cU 7, I, 7 §i lalarium. Dans
le procès des foulons {Corp ins. lat., 0, iiiO) on ncsail si \cs pcnsiones se i-éfèreiil
il la jouissance iluii lieu public ou de l'eau d'un aipiciluc. — 2A C. i. /. C, ISSôai,
la concession de sol public au gardien de la colonne Anlonine pour la connlructiou
d'uiiccalianc coiuporLc le solarium, la pi-oprii-lé complèle Iransinissible aux liéritiers.
— 3 Conjecture de Mommseu d'après une inscription, ccpendanl d'aulhenlicilé
contestée (Kug^iero, Cataloijo 'li'l mtiseo Kircker, I. p. 136, n-'SU.TK — * Ci. f. iî,
loS5 a b. — ■• C. rii. 1.1, I, 41 ; C. Jiist. 1 1, 70, I. — Biui.ionnAF'Uit. Jlar<|uanil,
Manuel. X. p. 191.
SOI.tA. I VII, iJ, 8.5-93 : ;it,Sr,n.«™- .rj,.. Autre nomenclalure cnifrmaliipic dans
llérondas, VII. 3I si|. — 2 X, II, 50. — a Voir aussi à Aimn.B trois épigrammes,
relatives à la inènie statue, r|ui scmlilenl identifier àsSv/'Si;, |:/.<t<>T<oi, ii--li:i.'i..
— 4 Hegeni. ap. Atlicn. XV, i.9S <l. —ô Itlador. Praecepl., 15. — 0 XIV, 021 b.
— 7 .Sat. I. 3. ti7-K. Aulu-Gelle, en revanche, rapproche les soleae des crepidulae
l.\. ail. XII, ti (211, 5). — » Cf. Luc. Oial. mer. I 4. 2 : ;, n^xip». ,«-,Si,.« îr.,',?»,..
— 3 Ou rapproche le persan jaBd«((W. Prellwitz, A'/ym. Wocrterb. il. rjriech. Spr.
(jottiugen, 1892, p 279); mais il faut bien remarquer que la chaussure' nationale des
les noms grec et latin du iiieiiie objet. .Nouvel embarras:
beaucoup de chaussures, dans la nomenclature de l'ollux,
portent des noms géographiques, qui caractérisent peut-
être simplement la nature du cuir employé dans la région,
ou quelque menu détail *. et qui peuvent désigner aussi
des sandales. Nous devons renvoyer à l'article ckeimoa, en
ajoutant aux figures quelques variétés que cette rubrique
n'impliquait pas.
Il n'est pas silr que h' nom de la sandale soit propre-
ment grec '\ car il n'apparait pas dans les plus vieux
ouvrages en cette langue '". Kn Egypte, l'usage constant
est d'aller nu-pieds ; mais, au temps du nouvel Empire,
les grands personnages de l'État ou les prêtres ont des
semelles, parfois de cuir, plus souvent en feuilles de pal-
mier, ou en bandes de papyrus tressées, relevées sur le
devant ", avec un lien sr.r le cou de pied, auquel
se rattache une lanière passant entre les deux premiers
doigts ; quehiuefois, sur tout le pourtour de la semelle,
un contrefort de très faible hauteur [cf. baxaej. On
ne garde jamais ses sandales à l'intérieur des temples
ou des habitations '-. Chez les Assyriens également,
la chaussure est dans le principe réservée aux gens
de cour; elle se vulgarise plus lard. C'est encore une
semelle, mais avec un appendice de cuir emboîtant
le talon; le rebord est muni d'anneaux où passent les
attaches qu'on noue sur le cou de pied " ; c'est avec
ce modèle que la .sandale grecque classique a le plus de
parenté.
Sur les monuments les plus anciens de la Crète, les
gens sont figurés pieds nus, ou bien les hommes, soldats ou
gymnastes, ont des souliers enfermant tout le pied, avec
des liens serrant étroitement la cheville '*. Mais dans les
poèmes homériques, le mot TcéS'.Àa, fréquemment em-
ployé '', indique probablement des sandales, car on
représente comme liés sous le pied "* ces 'j-Koôr^y-ix-zy. ''' ; si
à la longue ce mot en vient à désigner un soulier enve-
loppant",à l'origine, d'après l'élymologie (ûird, Séw), une
autre interprétation parait la meilleure. Les textes cités
sont relatifs aux hommes ; pour les femmes — est ce un
hasard ? — il n'est fait mention que des déesses ''' : Héra
porte desiîéoiÀa-", .Mhéna également-'. Tous se chaussent
pour sortir de leurs demeures ^''. Les épilhètcs xaÀi -',
■/owjEÏa. -', àfjiSiocrta - ' n'indiquent point la forme ni la ma-
tière de la chaussure ; mais ÀiTi-xpoi, appliqué aux pieds-'',
failsupposer queceux-ci étaient en grande partie visibles,
donc dépourvus de chaussures fermées. Seuls sans doute,
les gens de la campagne vont nu-pieds, ou cherchent à
mieux protéger leurs extrémités -'.
La sandale est plutôt chaussure de luxe que de fatigue";
Médcs et desl'ersuscstune sorte de soulu'r luoutaiit jusque vers la cheville. — lOOn
le lit pour la première fois dans Uijiiin. Mcrc. 79, S3, 139. —Il Cette ilcrniérc parti-
cularité ne fut pas imitée dans la Grèce antique. — 12 H. Weiss, Kosttimktinile
Stuttgart, Il (lSGO|,p. 37, lig. 2S; J.-U. Wilkinson, ,t popular .\ccoiiiit of Ihe iincient
Eijyptians, f.ondon, I^.i4, 11, p. 331 sq. Les souliers bas égyptiens sont d'époque
ptolémaïque, — 13 Weiss, I). l. p. 203, lig. 121. — IV A. llosso. Palaces of Crète.
Loudoo, 1907, chap. XII. — 15//. Il, 44; X, 22, 132; XIV, 186; XXIV, 340; Od.
I, 90; II, 4; IV, 309; V, 44; XVI, 134; XVII, 2.— 1'^ Tub ,!o,,;v revient conslam-
nicnt; el. (Id. XVII, 2. — " Od. XV, 3liU ; XVIII, 3G1. — 1» .Irisloph. Plut. 983.
— 13 Th. Day Seymour, l.ife in the Homeric a'/e, New-York, 1907. p. 170 sq.
— 20 //. XIV. 180. — 21 (M. I, 96 ; add. ilr.'Sa'w; 'I;.; (Aie p. 13 B). - Eschyle,
Prom. 135, montre les nymphes de l'Océan partant pieds nus, pour indiquer leur
précipitation. — 22 Hermès est xa'A'At?c$t'Ao; [Hymn. .\ïerc. 57) et aussi Maia.
— -iS Od. I, 97; Héra est ,fuooiti«ào; {Od. XI, 001). — 2'. Od. I, 97. — s.'. //. Il,
14; .\IV, 186. — 2(i Euiuéc se confectionne en peau de bo-uf des souliers qu'il met
'ilAs'î R«S(99tv (Od. XIV, 23-24j. — 27 Un paysan (iancé porte vàuSaXa iteinirt^ôita
(Sappho, fr. 98 Bergk). — 29 C'est un grand mérite aux yeux des Grecs d'être
SOI.
— 13S8 —
SOL
elle ne déforme pas le pied '. .hkiiicI elle laisse libre
jeu, et (jiie les Iciins fréqiienls penuellenl d'exposer
sans inconvénienis à l'air. Les slaliies archaïques de
rVeropole alleslent que le pied esl le morceau de prédi-
leclion des sculpteurs ioniens -, qui y appliquent loul leur
lalenl. Habitude d'atelier? C'est plutôt un rellet des idées
courantes ; aussi ces statues, quand les pieds ne sont
pas nus, ont ordinaireuient des sandales : la siMiielle est
plate, peu épaisse; « une courroie (Çuyov) part de l'extré-
milé du |>ctit doigt ', passe sur tous les doigts, puis
repasse sous le gros orteil, ressort entre cet orteil et le
suivant et remonte vers le cou de pied pour rejoindre
sans doule une autre courroie qui serrait le talon. » Les
sandales ne cachaient pas le pied 3l « elles i'ournissaienl
par leurs courroies entrecroisées, avivées de couleurs, un
joli motif de décoration ' ».
Pour la période classique, nos sources figurées
deviennent plus rares; les statues ne nous sont guère
connues que par des répliques romaines, et peut-être les
copistes de basse époqueont-ilsaccominodé certains détails
au goût du jour; sous cette réserve, il semble que l'art
praxitélien cherche l'exactitude dans la reproduction des
sandales et de leurs attaches °. En tant (|u'originaux, les
vases nous renseigneraient plus exactement : la céra-
mique à ligures noires représente rarement les sandales ;
les exceptions se voient surtout dans la fabrique ionienne
ou de façon ionienne *; les peiiles dimensions de ces
objets sont d'ailleurs souvent un obstacle à une repro-
duction parfaite des accessoires. Un petit vase de Flo-
rence ' montre un simple entrecroi-
sement au niveau des chevilles ; c'est
la copie simplifiée de ce que fait mieux
voir un pied de bronze très lin, sem-
blant provenir d'un àvi6ï|[i.a, effigie
d'Artémis(vi'^-v" siècle), à Lousoi (Pé-
loponnèse) ', et plus complètement
encore la statue de poète grec du Lou-
vre, dont l'original remonte au milieu
du v'' siècle [lig. 6506;°. Les éléments
essentiels d'attache sont deux cour-
roies : l'une enserre le cou de pied et l'angle du talon ;
l'autre, prenant au-dessus du talon, rejoint la plante
du pied à la naissance des doigts; en outre, un cordon,
généralement plus tin, enserre le gros orteil et rejoint la
' Kllc ncsl pas lourde in ;;iiicTal : ,iySai« .«Js» IBijmn. .Verc. 8S). — 2 II. Lé-
chai, Bull. corr. hell. XIV ,1800). p. :iJ3-326 ; ^i. Xlmre de lAcrop. dAth.
l-aris, 1903. p. 19i.l9C. - 3 Arisloph. Lys. 410 sq. cl Scliol. ; l'oll. X, 181;
Iles; cil. el Suid. s. d. — l l.cclial, Md. Hn gênerai, en cffel, elles claienl peinics,
i|ucl.|uerois en oulre indii|uces sur le marbre par un mince relief Mu J/iisw, lig. 13,
2"il); cf. le fragmcnl de slalue éi|ueslre (ya/ir*. VIII {l«9i). P- I «, fig. 13 4).
Sur les frontons dOlynipie (01. III, p. 05, lig. 101), les courroies élaienl peintes,
car on ne les voit plus (Treu, Jalirb. X 11893), p. 3u S(|.): aulres ex. dépoques
diierses : lOrpli.-e el lEurydicc de .Napics (Furtwaengler-Lrlichs. Denkm. griecli.
und nm. Skulplur, Handausi,ahe. iMiinclien, IS98, pi. xii) et le bas-relief néo-
atliquc de la M/-nade au chevreau (M. Collignon, f/isl. du la neulpt. gr. Paris, Il
(IS9-), p. OM, fig. :t«i). Par conlre, le sculpleur <|ui avait fail la statue de Cornélic.
mère des Uracques, lui avait donné des solme aine amento (Plin. H. n. X.KXIV, 0,
:<t) — 5Cf. W. Allmaiin. Oeticrr. Jahrethe/le, VI (1903), p. 194. — 6p. Wollcrs,
Jahrh. XIII (I89S), p. in, n. 9. - 1 Afonum. ant. VII (1897), p. 33«. - 8 Reichcl-
Wilhelro, OetUrr. Jal.rethefle. IV (1901), p. 47-»R, lig. 60 /,. _ 9 Winler, ibid.
III 1900). p. 78-93 : cf. p. 81. tig. 4. lUpproel.er le .<ophocle du musée de Laleran à
Rome: bcundorfel Scliocne. Oiter. Mmeiim, n. i.il = J/oiium. d. /mt. IV, pi. Ï7.
- 10 Collignon, Op. c. 1 (l«»ii, p. in, lig. 1 1 1, _ n Voir lAriane endormie "du
Vatican. l'Apollon du Belvédère (l-urlMaenglcr-Urlichs. Op. I ,,|. xxv), l'Hermès de
Praxilolc (lig. iO30). — 12 Vase de Mcnidi {JahyO. .Mil (IS9S'. pi. i, 3 ; p. 20, :
courroies p.-intcs en rouge foiraanl un vrai grillage ; a.ld. un vase chalcidiei. polv-
clironie \Juurn. ofl.ei:. .«. V (188^. pL xn). - 'J Un molif pol.vgnoléen 1res en
faveur esl la femme déliant ou remellanl sa sandale, comme sur la balustrade Je
I* .Niké aptère; Treu, /«/.,*. X (18931, p. toi : MiVhhœfer, ibid. IX (1S94). p. 37,
Fig. 0306. — Sandale
grecque.
première courroie au cou de pied. Dans l'exemplaire du
Louvre, une lanière encore passe sur le pied, mais laisse
tous les doigts libres; c'est à peu près le modèle du re-
lief de Chrysapha '".
De façon générale, avec le temps, le réseau des attaches
va se compliquant ", complication, du reste, qui
commence dès la céramique à ligures noires '- et lient à
l'importance attribuée par la mode à celte partie du cos-
tume ". La coupe el l'ajustement de ses sandales n'était
pas un des moindres soikms du jeune Grec élégant " ; on
plaisantait les mal-chaussés '^, considérés comme des
rustres '". Il y avait des sandales dont les courroies cons-
tituaient un réseau tout préparé el fixe; il ne restait <i
nouer que deux ou quatre attaches ", comme pour la
i.ALiCA romaine, réseau immuable de lanières où l'on
n'avait qu'à engager le pied.
Chaussures élégantes '*, c'étaient les sandales qu'on
mettait pour se rendre en société, à un banquet ", bien
qu'on les quitti'il à l'arrivée-" (fig. 1696). Les philosophes,
par ascétisme, se promenaient pieds nus '-', imitant les
Spartiates chez qui c'était une règle de discipline-- ; et
pourtant Socrale, qui marchaitsans souliers danslaneige
à Polidée, allait en sandales au souper d'.\galhon '-'. Sur
la stèle d'Hégéso •" et sur celle d'Amenokleia (lig. 6.'J86,,
la servanle a des souliers montants, la maîtresse de
simples semelles, dont les attaches étaient sans doute
peintes.
Suivant exactement le contour du pied -° [sutok], la
sandale ne passait pas indifTéremment d'une jambe à l'au-
tre; la semelle (TTÉÀu.a-'^,
plutôt x-ixTuina quand elle
était forte -') consistait
d'ordinaire en une ou
plusieurs " épaisseurs
de cuir-', au besoin ren-
forcées de clous '"; on em-
ployail aussi le liège",
le bois dur, non seule-
ment pour les chaussu-
res grossières ^-, mais
même pour les sandales
féminines ", luxueuses
et ornées de courrfiies dorées ^'' (tuppViVixi'^). Parfois on
superposait le métal au bois ^^: on a retrouvé (fig. 6507)
39, 80; cf. sur une coupe â figures louges. un jeune homme .m repos tiraul les liens
de sa sandale (Furtwapngler,.lr(;/i. .In;. VI (1891), p. 1 17-1 1«, fig. ti B) ; on vovait
un esclave attachant des sandales dans les fres((ues de l'Ilioupcrsis (Studniczla.
Arch. Zeit. XLII (1881), p. iH); vo;. aussi notre lig. 4«'12. — I'. Plal. Phaedu,
IX, p. Cl </. — IS Aristoph. Eq. 3il. — lOTheoplir. Chnvact. 4.— n A. H. Smith,
CiUal. o[ sculpl. in tlie Br. Mus. III (1904), p. 214, lig. il, n" it09.— 18 Des
usasiioi consacrent des ça. $«».;'* pour vôlir la déesse Isis (Fraeukel, /nsc/ir. e.
Pergamon, 3i0). — '9 Arisloph. Ei/. 889. — 20 Un esclave tes rel rail au convive cl
lesdépos,iità la cvi-SaloUvr, (Poil. VII, 87; X, 50 cl 127,: add. .Mari. III, 30: Moral.
Sal. 11. S, 77 ; demander ses sandale-i était une manière de preudrc congé (Plaut.
Truc. Il, 4, 12). —21 Arisloph. Nui. 103: Thcocr. XIV, 36 : n^«.r»p,.T«; «jrpi;
.i.usiS.T..;. — 22 Xen. Besp. lac. Il, 3 ; cf. Becker-Gœll, Charikles. III, 267.
— 23 Plat. Synip. 174 a. — 21 Collignon, Hist. de la sciilp. Il, pi. iv. — 25 Elle esl
même parfois fourchue, avec un vide cnlrc les deux premiers doigts (Hev. arch.
10113, I, p. il I). — 26 Alhen. IX, 9, 370 a ; Polyb. XII, 6, 4. — 27 Schol. Arisloph.
ad AcAarn. 300 ; semelle de la campagne : Arisloph. Eq. 315. — 28 L'Alhéna Parllié-
nosdii Viirvakion a double semelle (Furtwaengler-Urlichs, Op. c. pi. iv,. -29 Les
femmes aimaient à les multiplier pour se grandir fXen. Oec. X. 2) el c'est ce qu'on
peut observer sur les belles stèles alliqiies. — 30 Teles. ap. Slob. Floril. III,
p. 214, 30Meineke-. Theophr. Chur. IV. 17; Alhen. XIII, p. 565 e.— i' Atlien. XIII,
23. 588*; ex. d'iigvplc au Bi". Mus. (.4 Guide Ht. gr. and rum. life, p. 134.
n' 277), avec rebords dorés. — 32 K-^titT^uKa. (Soph. fr. 43 Dind.), x^oûrE^at (Eusl.
807, 29). — 33 C. r. Comm. arch. de S.-Pélersb. IS78-79. p. 143. — 31 poU. VII,
80, 92. — 3ô Gratin, fr. 131 ap. />. coai. ail. I, 51. — 3Ô Br. Mus. A Guide, p. 134 ;
Antiqtiarium de Berlin : Arch. An:. XIX (1904), p. 27, n' 25.
SOL
1 380
SOL
;ï Ércirie ' d^'iiaisses semelles (du W siéeli' avant noire
crcl articulées, garnies par dessous de minces plaques de
bronze ; d'autres
sont munies de
crampons dispo-
sés comme sur un
i'er à cheval (lig.
()o08) - ; pour faci-
liter la marche,
on les avait faites
en deux parties,
reliées par une
De Grèce, cet usage est
pons
charnière ('galoinent en hronze
passi' en Rlrurie : plusieurs exemplaires (fig. 6309! ont
été exhumés à Vulci, à
Marzabotto ' ; tous sont
petits et ont dû être por-
tés par des femmes.
Comme elles, les hom-
mes arboraient parfois
des courroies de grand
prix; le peintre Parrha-
sios usait de cordons en
or°. Le réseau des atta-
ches était souvent assez
serré pour que les sandales eussent l'apparence de vérita-
bles souliers, et couvrait les chevilles". On ne saurait dis-
tinguer les diverses sortes de sandales grecques ; on croit
voir que la plupart étaient chaussures de luxe [blautai,
BAUKiDEs], en petit nombre pour les pauvres gens, et
alors faites de feuilles ou d'écorce [baxaej, ou d'un mor-
ceau de cuir dépassant la plan te du pied et relevé de toutes
parts [carbatina] ; les Ttcpctxx!', portées par des Athé-
niennes', paraissent avoir eu une empeigne qui recou-
vrait seulement le dessus du pied*. Quoique les chaus-
sures sans clous fussent jugées plus élégantes ', des
femmes eurent la fantaisie d'en faire un ornement: les
clous sous la semelle, par leur disposition, formaient
parfois un mot ou un symbole '", ainsi l'exclamation
IIATOT [va!], ou cette invitation: AKOAOVeEI {snis-
iiioi) " (tig. i9()8) (|ui s'imprimait sur le sol.
L'Étrurie, à cet égard aussi, parait un prolongement
de la Grèce . toutes sortes de chaussures y sont en usage.
Les statues grecques d'hommes sont bien plus souvent
dépourvues de sandales que les statues de femmes; même
opposition sur les miroirs étrusques '-. La statuaire en
terre cuite nous montre divers spécimens de sandales '%
aux lanières peintes ", ou incisées '". Les iravoiÀia TuppYj-
vixï. ou Tuppï|VrouoY-?| '* à haute semelle '', avec courroies
dorées '*, ont été renommés pendant toute l'antiquité ".
A Kome, dans les premiers temps, au rebours de la
coutume grecque, tous les ingénus prenaient pour sortir
I Ch. liavaissoiiMollicn, Mém. de la Soc. des antiq. du !•>. 6' sér. II (1801-9i),
p. I-U. — 2 É. Miclion, /6irf. p. 3H-3S1.— 3 Mua. Grer/. I, pi. r.v, 7; Micali, Mon.
ined. 1844, pi. xvii, 4. — 4 E. Briiio, Monum. ani. I, p. 108, Î75; Monlclius,
Chilis. primit. en /tnlic, Tcxic, p. .ÏIK. — •■ AUicn. XII, 62,543/'. Empédocle liinil
à ses sandales des ornemciils de bronze (Suid. 'Ajjiux/éa, ■EnnES-jx^rj;). — *• Cf. les
iai-î.» de Poilu» (VII, 94) : .,»ji)i,.iov ûitoS,;»». —1 Aiislopli. Thesm. 734; /lecl.
319. - 8 Id. Nul,. 15!. —9 V. noteSO, p. 13SS. — 10 R.ipppocher les souliers des rois
d'Êgyple ; sur la semelle ils fais'iieQtpeiiidrereriigie d'un ennemi vaiueu(Wilkinson,
loe. cit.). — " Aild. chez les chrétiens, Vatftha et l'oméga, avec le -swaslika i Brit.
.Vas. duid:: lo the E.ihih. p. 134. D'où l'idée de donner à des linihrcs ;sio.Nrii; la
forme dune sandale (Baliclon-Blanchel, Bronzes antiq. de la Biàl. Nal. Paris. lls'.Po,
p. 720 sq.). — l'.!Gerhard, /ilrusk. Sjiiegel, i:ccm.\xvi : Filée pieds nus elTIiélis
avec des sandales cmljoilanl. le lalon. — i-* W. Deonna. Les statues de terre cuite
dnns l'antiq. : Sicile, Grande Grèce, litrùrie et Kome, Paris, 1908, p. 1 12 (fig .4),
des siiiiliers ou des boites; les sandales légères se con-
servaient à l'intérieur; les grécisants [f/raecu/i) qui s'en
paraient au dehors (on cite Scipion l'ancien -", Verres -',
Anlçinc-^, Germanicus'-\ Caligiila", entre autres),
scandalisaient les partisans des anciennes mœurs, et cette
prévention est encore attestée à l'é'poque d'Iladiien par
le passage d'Aulu-Gelle Ichepida] qui témoigne qu'à celte
date solea désignait toutes les variétés laissanl le dessus
du pied nu, v^
avec lacis de
cordelettes, et
qu'il y avait fort
peu de dilf'é-
rencc entre elle
et, d'autre part,
la crepida et la
G ALLICA ( fig. pi^, 5JIQ _ Sandales à .|uarlier.
(j.îlOj"; celte
dernière nous achemine au campagls du Bas-Em[)ire.
On fit aussi des .s-o/e«e doublées de laine".
En Egypte, jusqu'à la fin de rantii|uité, on retrouve
des exemples de la pantoulle très légère, en cuir gravé
et gaufré, dont la semelle est simplement rattiiclK'c sur le
cou de pied par un large
lien de même matière-'.
Dans l'Édit de Dioclélien
sur le maximum , cre-
pida ne se rencontre
plus, mais on trouve un
tarif de soleis et gnUicis,
TtEp; (jxvoaXt'iov xai xpo/aoïtov '* : les fjalHrae (xpo/iota) y sonl
chaussures d'hommes'"; pour les femmes, travoàXtot cot-
res]>ond'd.Ta\)OEïvci.i.{tanrinapinu-
liebres), pantoufles en peau de
taureau'"? La sandale de luxe est
faite alors de cuir de Babylone,
Holea liabyloiiica" . il n'est pas
fait inentiondansTÉdit delasan-
dale la plus simple, consistanl
en une semelle retenue par deux
liens en demi -cercle, l'un au cou
de pied, l'autre à la naissance
des doigts ; c'est celle qu'Isi-
dore appelle obstrigillus '^ ; la
figure 6511 donne le dessin
d'une sandale semblable retrou-
vée à la Saalburg '^. On voit
enfin (fig. 63l!2) un bronze du
Cabinet de Vienne '\ où les se- l'ig. esis. — soc.|ucs.
nielles sont munies de deux
pièces qui les rehaussent, sous le talon et le devant du
pied; le porteur de ces socques, analogues à celles de
114 (fig. 8), 179; Mus. Greij. I, pi. i , I . — '■> iJroiuia, p. Il ., \a;Nut. de qli scai-i,
1888, p. 418. n» 4. - 15 Doonna, p. 124. — i«V. noie :i5, |). USS : Pollux, Vil. 22, 80 ;
Hesych. cl Pliol. s. ». — " Poil. VII. 22, 92; Ilcsycli. : ,.,S. ■.■i^-j^i. ,> Cl^.i..
-I8P0II./..C. ;cr. Ovid. 4mor. 111,13, 26, parlanldes jeunes «Iles falisipies : n"m(os
pelles-, Virg.Aen. VIII, 438: Tijrrlienapedummncula. — I^Clem. AI. /'««■'«vil. 11.
p. 205 Syllh. — 20 |,iv. XXIX, 19, 12. — 21 Cic. In Verr. Il, S, 33, SU. — 2i Id. Pltil.
11,30, 7, C. — 23Tac. /In». 11,59. — "Suel. Caliq. 52. — 'is ^otrc lig. d'après Zalin,
Ornam. u. Uemûlde, II. pi. 78. — 20 Marlial. XIV, (13; F:dict. Oioclet., IX, 25.
— ST Forrer, BeHlleriion, Kg. 532 (ex. d'Achmin) ; cf. Franlierger, .intikc und
fruhmiltelallerl. Fiasbekhidungen ron Aclimim /■nnopolis, Diisscidorf, 1890.
— « IX, 12 sq. — 29 IbH. 120 à 14. — 30 lOid. 13-li;. Le nom pourrait venir, d'après
Waddinglon {ad h. t.), du nom des Taurini (Turin) qui les auraient fabriquées.
— 31 IX, 17, 22.— 32 laid. Uriq. XIX. 34, 8. — M Jacobi, Saalburij, pi. r.xxx,
lig. 406. — 34 Von Sacken, Ant. Brun:, des. Ant. Kabinels in VI ien, xi.iv, 2.
SOL
— 1390
SOL
riixtrèine-Drii'iil, seniblu clri' un ai,ii viui s ; elles seraient
à rapproelier de la so/i'a ôti/ncaris '.
Certains textes- sont relatifs à des personnages (|ni
ne chaussaient qu'un pied, et il existe des statuejj au
type du (AovodivSaÀo;. Uénéraleinent, c'est le gauche
[siiiisler) i|ui reste nu, celui (|ui a parfois une impor-
tance rituelle; peut-être gardait-on ainsi, par l'intermé-
diaire du sol, le contact ininterrompu avec les divinités
souterraines, et au contraire le cliaussait-on, au lieu du
droit, pour échappera ces puissances, si on les redoutait^.
On a signalé [edicatio, p. 474j le rôle de la sandale
comme moyen de correction (tig. aOOi). Sur une coupe
attique Éros menace un jeune garçon de sa sandale'.
Dans un Joli groupe de terre cuite ", c'est contre
Kros lui-même ([u'Aphrodite lève sa semelle". Frapper
ainsi s'appelait ^XauToOv ' ; selon la légende, Omphale en
usait envers Héraclès". Tne liydrie de Vulci nous fait
voir, au dos d'un petit personnage, quatre marques de
cette « sandalocratie » '.
Mentionnons ici le fabricant de chaussures mm cou-
sues, des sabots, so/eae lif/neae [sculpomîae]. Les noms
grecs cl latins du sabotier ne sont pas connus'". Pour
sfiiu/a/inrias, su/earius, cf. sutoiî.
Pour les sandales destinées à préserver les pieds des
chevaux et bêtes de somme, mulomedicus, p. "201^ sq.
Autres sens de soli'a. Kn dehors de la sole (poù-cXtodiroç),
poisson « plat comme une sandale » ", le mot désignait
encore une sorte d'entraves en bois liijueav soleae) aux
pieds des criminels '-, et Columelle nomme ainsi une
pièce de pressoir à huile "■ ; c'est une espèce de plancher "
fcf. CREPIDO, tiré de xpTiTri'çj. Victor Ciiapot.
SOLIDUS. — \om de l'unité monétaire de l'or sous
l'empire romain à partir de Constantin le Grand.
.Vvant Constantin, le nom de l'unité monétaire pour
l'or, chez les Homains, éhiil nnnuiuis (itereus, dcnarius
tiureus, et plus ordinairement (lureus jaukeusJ. Vers
l'an 312 de notre ère, Constantin lixa la taille de Vaurens
à 1/72'' de la livre romaine de 'Ml gr. 43. c'est-à-dire au
poids normal de 4 scrupules ', soit 4 gr. 33, et cette pièce
nouvelle, plus régulièrement étalonnée, au point de vue
pondéral, que ne l'avait été l'ancienne et désignée offi-
ciellement pour être désormais la base de tous les
comptes en or, fut, pour ce motif, qualiliée aiin-us suli-
(lus, et bientôt on l'appela par abréviation, solidus.
Longl(;mps auparavant le terme de solidus avait déjà été
occasionnellement appliqué à l'imité monétaire ou pon-
dérale. C'est ainsi que dès 14») de notre ère, Volusius
Maecianius dit: prima dtrisio soi-iur, id csl lihrae, quod
as rncatur-. Apulée, à la lin du ii' siècle, parle de cen-
lum aurei solidi ■. Lampride (jui vivait, il est vrai, sous
I Charisiiis, l„sl. ,,>: I, p. 77,1. i Kcil. — 2 Cilf-s par S. Wemucii (lliwicts fiitnr.
de la );nuh. rom. l'ans, 1WI4, p. lii-Oili, ,,„i reproduit les explicalioils invraiseiii-
Malilcs fournirsiiisraiiUquilé. — 3W. Anieliing, /Jissarta:. délia Ponlif. Acead.
Iloman. di arch. Scr. Il, IX (1907), p. 115-133. - 1 rurlwaengler, Arch. An:.
Vl(l891),p. l!7-8,ng. liA. - S S. Heinacli. /lev.nrcli. 1903, I, pi. iir, fig. io5-21l.
— C II y a de nombreuses» Aplirodilcsk la sandale » (Id. Hép. de la slat. Il, p. 346).
— 7 Hesïch. f,K. — 8 Lucian. Ùial. deor. 1 1 , I : ,^Sr, «i ,.\ ,i^,.; .ùt.iè .ix.,.. i;
T»î «u,*-, TÇ .«v««<.«.. — » W WoUers, Ath. Mnlh. XXX (11)05), p. 404-406, pi. iv!
Autres ei. p. 406, note I. — lu On a cru rci-imnaitrc un saliotior dans un relief
gallo-romain de Sens; Uuruy, UiH. d. Hum. V, p. 037; Keinacli, Catalogue du
A/us. de .St'Gerntain. p. 46, 3* édit. — il Ovid. Halieut. 124; plin. H. n. IX i^
cf. le jeu de mots de Plaut. Cas. Il, 8, a». — 12 Cic. de /m: II, 50, 149. 5î\
— 13 Coluni. r. r. XII, ïi. — Il Verr. ap. Kesl, p. 301, 3, Millier.
SOLIIIUS. f Cad. Tlieod. XII, 7, I. — 2 Vol. Maecianus. IJistrih. l, dans IluUscli,
Metrul. .Scn/d. I. I, p. Cl. — 3 Apul. Mvlam. X, 9. — l l.ampr. Ser. Alex. 39.
— 5 II. Cohen, Me,l. imp. (i« èd.i, l VII, p. i'js, n' à7'j; p. 299, n» ilo3). Le
Fig. 6.1 13.
.Solidus de Conslautin.
Coiislaiiliii, donne le nom de solidi aux monnaies d'or
tle Sévère .\lexaudre '. Mais ce sont là des cas isolés; le
terme df.xolidus ne se substitua couramment et univer-
sellement au mot aureus, pour désigner la pièce d'or
étalon, qu'après la réforme de Constantin. Les premières
[)ièces do cette réforme, c'est-à-dire les premiers aurei
so/idi ou solidi portent
dans le champ du revers
le chiflre l.xxu, qui indi-
que leur valeur par rap-
port à la livre (lig. 6)13)".
On trouve aussi par occa-
sion le chiffre lxxu sur
des solidi de Constant I"
et de Constance II ''.
L'abondance des émissions du so/idiis, son excellent
aloi et la régularité relative de son poidsle rendirent vite
populaire. Les divisions du solidus furent le semis ou
semissis {demi-soiidus) rarement frappé, du poids théo-
rique de 2 gr.27, t'iliit riens ou t rem issis[iieTS de solidus),
du poids de I gr. 32, pièce qui devait être très abondam-
ment frappée à l'époque mérovingienne en Occident '.
Dès l'époque de Constantin, on frappe exceptionnel-
lement, à litre de médailles commém^ratives, des mul-
tiples du solidus : ce sont des pièces d'or de 1 solidus 1/2,
de 2 solidi, de 3 solidi, de 4 solidi, de 8 solidi, etc.*.
Ces grandes pièces étaient olFertes comme la sporlula
par l'Empereur à de hauts dignitaires, consuls entrant
en charge, généraux victorieux, ambassadeurs ; sou-
vent on les envoyait à des rois barbares'. L'usage s'en
perpétua jusque sous les Byzantins, et les auteurs du
temps citent des médaillons d'or qui pèsent jusqu'à
I livre 1/4 ou 90 solidi ; d'autres pèsent 1 livre (72 so-
lidi); puis, 36, 48, 40, 36, 13 solidi^". Grégoire de
Tours parle de médaillons du poids de 72 solidi (une
livre) que le roi Chilpéric avait reçus de l'Empereur".
Le plus lourd de tous ceux qui, jusqu'à ce jour, nous sont
parvenus, est un médaillon à l'efllgie de Valens, conservé
dans la collection impériale de Vienne, qui pbse 90 solidi,
soit 409 grammes (1 livre 1/4)'-. La plupart des exem-
plaires de ces pièces de luxe qui sont dans nos musées,
ont été ornés dans l'antiquité même, après leur fabri-
cation, d'encadrements ouvragés en or et munis de
bélières de suspension : on les portait suspendus à des
colliers comme des breloques ou des décorations.
Chez les Byzantins, la taille constantinienne du solidus
d'or resta toujours le 1/72^ de la livre (4 gr. ao) '^ ; on lui
donne souvent le nom grec de nomisma ; au moyen âge,
on l'appelle hesant [hesanlius); les Arabes frappent à son
imitation leur dinar d'or (denarius). Le métal s'altère
poids elleclif des sous d(
peu au-dessous du poids i
p. 46. Sur le chiffre i.sn
JJonn. hyzant. 1. 1, p. .■)6
r de l.ouslauljji csl tanlol un peu au-dessus, laulol uu
ormal de 4 gr. 55 : 0. Secck, Zeil. fur Num. l. XVU,
, voir Chabouillet. Mer. num. IS49, p. 0; J. Sabalier,
Mommscn-fîlacas, Slonn. rom. t. III. p. 64. — •> Cohen,
Op. cil. l. VIII, p. 437, u. U:!; p. 470, n. 200. — 7E. Babelon, Traité des mnun.
gr. et rom. t. I. p. 534-533. — 8 0. Sceck, Zeit. fur Num. t. XXI, p. 22 si|.
— ogymmach. lipisl. IX, 93. 1(I6, 107; cf. IV, 14; IX, 104; E. Babelon, /,« trou-
vaille de Hetleville, dans Ilev. numis. 1906, p. 186. — lo Kr. Linormaul, fier,
num. 1867, p. 127; Monn. dan.K fAntiq. 1. I, p. 10; Fr. Kennir, Num. Zeil.
t. XIX. I8S7, p. 15: VV. Friehncr, A/édaillons de l'empire rom. Introd. p. 10:
Kubilschck, Ausgeu't'ihlte rfim. Médaillons der Kais. AJùnzensamml. in
Wien (Vienne, 1909). — H Grcg. Tur. flisl. Franc. VI, 2. — 12 Cohen, Op. cil.
t. VIII, p. 104; Irtehner, Op. cit. p. 327; Kubilschek, Op. cil. pi. xix, 332:
K. Baliclou, /ter. mmi. I9II6, p. Is7. — Il J. Salialicr, .Vunn. bgz. 1. I,
p. 51 : W. Wrolh. Calai. o( Ike imp. Ugzantinc coins in Ihe llritish Mus.
1, inlrod. p. 74.
SOL
1391
SOL
Solidns srypItiUtt
(li'S If vir sii'cli' l't ilevii'iil de Idr pjilc ou fli'itrum; le
tlan s'élfrjçil, s'ainincil; puis, il prend la forme roncavi».
(l'où les expressions so/ii/i sri/p/ia/i, ninnml sc/j/i/ia/l.
qui les dési-
gnent parfois
au moyen âge
fig. ()5l4i.
Les so/idi
frappés en
Gaule, à la lin
de l'Empire ro-
m a i n , après
avoir été taillés comme parloul a 1 7-^'' de la livre, su-
birent, de bonne heure, une réduction pondérale. Ils
furent taillés à raison de 84 à la livre, c'est-à-dire au
poids normal et théorique de 3 gr. S!(. L'n édit d'un
empereur postérieur à Constantin compte efl'ective-
ment 7 solit/i dans une once d'or'. Une loi de Valen-
tinii'n I"' en 3G7 admet aussi implicitement la taille du
sou d'or à 84^ Ce sou est désigné sous le nom de solitius
f/u/liriis dans un édit de .Majorien de 458 ^ et c'est lui
qui sert d'étalon dans la Loi Salique*. Le pape Grégoire
le Grand (.'jW)-604) signale les solidi gallirani ou gai/ici
comme ne pouvant avoir cours en Italie \ En fait, les
sous et tiers de sou frappés dans le sud-est de la Gaule
au nom de Justin il (.56o-.578) et de Maurice Tibère (o83-
002), fournissent des poids qui se groupent autour du
poids normal de 8 gr. 89 et de l gr. 20 : ce sont des
pièces qui se rattachent à la taille de 8i à la livre.
D'ailleurs, riri'égularité du poids et de l'aloi «les sn/ir/i.
surtout àl'é-
poque bar-
bare, fit dé-
v e 1 o p p e r
l'usage de la
balance et
de la pierre
de louche
dans les
paiements
de quelque
importance,
et les con-
trats stipu-
lent fréquemment que le débiteur s'acquittera en sn/if/os
probfis el hriif priisanles'^. E. Babelon.
.SOLITAIJRILIA. — [siùVETAl Riu.\].
SOLIU.M. — Littéralement, endroit où l'on siège; le
mot parait dérivé de aedium. comme nella de sedin '.
1° .Nous avons établi plus haut |sell.\^ la distinction
à faire entre le so/iuni, sorte de thro.nis à dossier et
avec bras, la CATUEriRA avec dossier, mais sans bras, et
I tod. r/ieorf. XII, 7, I ; Slommsen, Zeil. (1er SariqnijStiftanri. Hrim. Abtli. 1900.
p 157 : E. Balieloil, Journal (Its Savants. FOvr. 1001, p. liO. — ■! Cad. Theod. X.
!■', t. — :'.\oi-. de Majorien, 1, 4. I. — » M. IVou, Catat. des monn. m<voi-. de
la llil.l. nationale, inliod. p. Ili. — "' Sligne, l^atrol. lut. t. LXXVII. p. 779; cf.
p. 030. — « M. l'pou. Op. cil. p. 65; E. Babelon, Op.eit. I. I, p. 5W-5«.
SOLIUiU. I Vaniceli, Jilijm. Wrert. d. lai. Sfir.i Leipz. IS8I, p. i94. Fcslus,
f'.>8, semble au eoillrairc le tirer de soins, mot o^^qtie signifiant lotus, intcger,
iotidus, c'est-à-dire fait (ont entier de la m^-me matière. Mais cette explication rend
bien moins compte des divers sens de solinm. Ce doit ôlre une hypollièse de basse
t'po'jne. déjà proposée par Servins. ad Aen. I, 50fi ; Solium proprie est armarium,
uno ligno faclum.... dictum quasi solidum. — 2 |sid, /Jiff". i, 5i4 : Sedes, non
tanluni iinim sed iiiultorum est; nam solium iinins tautum et regnm, sedes
cujnscuMque. - < Val. Mai. Il, 1, i; Tac.Ann. XV, 44. _ 4 Virg. Aen. X. 116 :
solio tum Jupiter aureo surgit. — ~' Cic. de Fin. II, i\, l» : piclam in tabula
la SELLA n'ayant ni dossii'r ni bras. Le sidiiiw est donc
un siège d'apparat et, en principe, un Irone où plusieurs
ne peuviint s'asseoir -. .\ussi est-ce celui des dieux, des
héros et des souverains. 1-e .loliiim se rencontre dans le
rituel pour les repas oll'erts aux divinités : le dieu est
placé sur un divan (/er/ii.t), la déesse sur un siège
solium, plus lard net/o), d'où la distinction enlre
LEi;TiSTEH.\HMet.«o/i(fl;".'î/e/7(^/r pi us lard. vc///.s/^/7; (■(//« )\
.Mais, hors ce cas spécial, toute personne divine est
représentée sur un solium, notamment dans les des-
criptions des poètes*; de même les rois''. C'est un siège
•'levé", tel qu'il apparaît dans une miniature du Virgile
du Vatican, où l'on voit Latinus assis "; le haut dossier
non ajouré servait à protéger par derrière contre toute
violence inattendue *. Le /m/rr/'fimilias, considéré comme
maître absolu chez lui, s'assied aussi sur un solium, lors-
que le matin il donne audience à ses clients, dans
l'atrium de .sa maison'; c'est un siège qui se transmet
de père en lils'". Des solin sont souvent consacrés aux
dieux dans leurs temples", ainsi à Bacchus et à Cérès,
comme le montrent deux exemplaires du Louvre '-. Les
peintures campaniennes en fournissent plusieurs repré-
sentations : tels les solia de Vénus et de Mars, carac-
térisés par l'oiseau et le castjiie qui y sont respectivement
posés (fig. 6515)''; sur un autre, Bacchus lui-même est
assis", ou bien des souverains, comme la reine Pasi-
phaé '°, ou celle qui personnilie l'Europe, entourée et
honorée par les autres parties du monde ".
Dans tous ces exemples, le type est le même que pour
le THRONis, auquel nous renvoyons, large siège carré,
recou vert
d'un cous-
sin, avec
pieds et dos-
sier perpen-
diculaires ;
le tout pré-
cédé d'un
marche-pied
ou tabouret
FSCAMNCM^,
qui aide à
s'y installer.
Le dossier,
I qu'enveloppe souvent une élofl'e, est moinsélevé quedans
le vieux solium des rois de Home. Ce dernier fauteuil, so-
lennel et symbolique, ne s'est point transmis aux magis-
trats romains, dont les sièges sont sans dossier [sella ;
les insignes de la magistrature se rattachant toujours à un
amoindrissement, contemporain du passage de la royauli'
i au consulat, il est à supposer que le trône des rois a élt'
enlevé, en même temps que le char, aux magistrats de
I
Voluplalem... omalu reuali in solio sedentem ; Diid. FasI. VI, 3.ï3 : ad sol'um
I ' superis regale roratis ; solium ô ^açîVtxè; "çov.jç (Cliaris. p. 534, 4 Keil) ; Isid. Orig.
XX, 1 1. — 6 Virg. Aen. XI. 116 : solio rex infit ab alto ; I, 300 : solioque altesnbnixa.
(iénéralement en bols: solio acerno (VIII, 178). Dans Claudian. Latid. Stilich.
199, solium eburnum est svnon\me poétiipie de sella curulis. — "* Bartoli, .-intiq.
y'irgiiiani codicis fragm. et picturae. 1741. p. 139; cf. p. 39. — ^ In quo reges
sedebant propter tutelam corporis sui (Serv. loc. cit.). — 9 Cic. de Leg. I. 3. iO :
...more patrio sedens in solio consulentihus responderem. C'est ainsi (pie Crassus
se retira du prétoire dans sa demeure, pour y donner des consultations, ciim de
turba et a subselliis, in otium... soliamque conlulerit (Cic. de Orat. II. 33. 143).
— 10 Virg. Aen. VU, 169 : solio avito ; Cic. de Oral. Il, 35, SiO : Sed dicel te, eum
aedes renderes, ne in rutis quidem et caesis solinm tibi paternum reliquisse.
— H Suel. Cal. 37, i : solium Jovis. — 12 S. Reinacli, llarac de poche, p. Iî8.
— 13 Atus. Borb. VIII, iiJ. — 'i lb,d. VI, 33. — is Ibid. XIV. 1. — 16 ibid. IX, 4.
SOL
1392
SUL
l;i lti'>piibliqnt\ \.o roi montait sur son so/iiiiii, quand il
ii'udait la juslico à rendroil ordinaire; s'il disail le dioit
ailleurs, il usait de son siès^f mobile '.
rJ" Soliuin est, en outre, le nom de la baignoire, dès
l'instant (|u"on s'y peut asseoir - ^halnei.m, pyélosT ; il
s'agit snrtonl de bains chauds, dans une l)aignoire peu
profonde et pour une personne^; pourtant le mot a
peut-être délini également une grande cuve commune,
avec large rebord servant de siège*; c'est encore le petit
banc, disposé tout au bas d'une piscine de Pompéi
(fig. 7(i;i)^,eloù le liaigneur pouvait s'asseoir pour se laver.
A la basse époque, le terme qualifiera ainsi le bassin lui-
même''. Nous l'appliquerons en tout cas au genre de
meuble (lig. 7li8 et 1:250) adapté aux bains de siège,
ayant une ouverture pour faciliter l'écoulement de l'eau
dont s'aspergeaient les baigneurs.
3° Enfin, dans des cas plus rares, so/ium s'employait
pour désigner un sépulcre ou un sarcopliage \ en parti-
culier, semble-l-il, à propos des rois", et par suite, plus
tard, l'endroit di; l'autel ciirétien où étaient enfermés les
corps ou les reliques des martyrs'. \icTon (jiapot.
SOLUTIO. — Dans la langue juridique, so/utio a deux
sens : 1° un sens large. Solvere signifie proprement
délier. Lorsqu'un débiteur est lié [ob/igatiis], c'est en
le déliant qu'on le libère', et le mol soliitio désigne tout
mode ro/o;i/«//r d'éteindre une obligation: « So/utionis
ver/juiii [terlinel ad oinnem iiberalinncm (iiioque modo
fartnin », dit Paul"-. La so/u/io, ajoutent les juriscon-
sultes de l'époque classique (Pomponius, (iaius, Ulpien),
ne peut s'ellectuer que par des démarclies inverses de
celles par lesquelles Voù/igalio a pris naissance : « A'i/iil
lain naturale est, (juam eo génère quidqiiid dissoirere,
I MomniâeD, Dr. puhl. rom. tr. fr. 11, p. 32-33. Solium est ainsi devenu, associé
kseeptrum. l'équivalent de Te;/"iim ; cf. Ovid. Heroid. XIV, 113; Val. Place. II.
309; VI, 74i; Lucan. PImrs. IV. 1190; Lucret. /I. n. V, 1135. — 2 Feslus, loc. cil. :
.\tvti guui/ue twandi yratia inslUuti, ^jno singuti descenditnt, solia dieuntur ;
Vilruv. IX, 10; baiguoires de Lois {tii/neo aùlio, Suet. Aiit/. S-, 2) ou d'argent
(Hlin. //. n. XXXIIl, li, lii). — 3 Scrib. Larg. 130 : so/io ciMo ; Martial. Il, 4i;
l'Iin. H. n. XIX, i, ÎS ; XXVI, i, 8 ; Celsus, 11, 17 ; VU, ifi. 5. — l l'etron. Sat. 73.
— ^ Cf. Ricli, Diction, p. 75. — 6 Sid. Apoll. Ep, 11, î : sulii capacis fiemicycliitm.
De la aussi l'expression cctta sotiaris (Spart. Carac. ix, 4) pour designer une
eabinede bains (cf. de l'aclitire, Mélang. del'Éc. de Rome, xxii, I9U9, p. 4ûl-k)C.)
— 7 Hlin. XXXV, I ±, IGu : ficliliOus soliis : dans qurligues inscriptions : Orelli, 481 1 :
C. i. (. X, iV53 ; VI, 10 84s {so/eii»i). Comparez aussi le mol cvÉuis. — s (J. Curt. X,
I, 3i ; X, 10, I) cl 13 (Alexandre); Klor. IV, II, Il (Cléopitrc,; ad(/. Suet. Ner.âu.
— ^ Paul. Nol. Carm. XXXIV, (i. l.e ternie rrètiueinnicul employé darcosolitim dans
larcliéologic clirétienne désigne la grande niche voûtée qui recevait le sarcophage ;
cl. Uoni l.cclerc<|, JUaiwel darchéoluij. citrétienne, 1, p. i90, 291 et Dom Cabrol,
Dict. d'arch. chrétienne, p. 1503, lig. 352, p. 2774 sq. ; le mot se trouve aussi dans
les inscriptions chrétiennes pour désigner l'aulel élevé sur les relii|ues des niarlyrs.
»Ol.lTIU. I l'eul-ètre en le déliant niatéricllemenl. à l'époque où \obligatns
était un prisonnier chargé de liens ; peul-clrc aussi eu dénouant les noeuds magiques
t|ui tendaient à assujetlir sa volonté. Voy.. en des sens divers, Huvelin, Les tablettes
maijiliues et le droit romain {Ann. inlern. d'Itisloire, 1902), p. 30 sq. ; Magie et
droit individuel (Année sociologique, X, 1907), p. 20 sq.; Va'amu' von Uellzl,
Ueber die reaten Grundlagen des oliligationaieu Vincutum in der rômiscben
Juristenspraclie, Kolozsvar, ll'OS ; Die Obligation im Zeiclien des Delirts. Kolozs-
var, 1909; ifuin Hroblem der slips noiosa, Kolozsvar, lOU'J ; bie Obligalion im
Licbte des .S'acradec/ifj, Koiozsvar, 1909. Cl. aussi May, Exemples de gémination
juridiguedanstes uuleurs littéraires lutins, lians .Mélanges Oérardin, l9M7,p. 404-
406 ; 4I1-4I1'. - i Paul., .\VI adediet. Dig. XI.VI,3, De solut.et liber., fr. S4. I.a
iai;on de parler de Paul iliherationem.. . factam, implique que cet auteur se réfère
aui seuls modes volontaires d'éteindre li-s obligations. — ^Ulp., XLVlll ad Sab.
Dig. L. 17, De die. reg. juris antigui. fr. 35 ; Uaius, / Hegul. Jbid. fr. luo.
— t Pompon. IV iid IJuinl. Mue. Dig. Xl.VI, 3. De solul. et liber, fr. 80:
front qnidgue contractum est, ila et solri débet, et les applications du prin-
cipe. Cl. Vilimfi, Die Aatur der Correatoblii/ationen, 1S59, p. 4i, n. .50. — ô Jbe.
rnig. Ceist des romisclien Hechls ', II. p. (i»5 sq. : (Esprit du droit romain, Ir.
Meulenaere, ill.p. 300 »|.) ; l.cisl, t'eberdie Wecliselheziehung :u>iscl>en dem Itechts-
beyrùndungs und /lechttnufliebun-isalit , léna, ISTr, ; i;rn)an, Xur Geschichte der lo-
mischen IJuittungen und Solutionsakte. llerlin, Iss3, p. 50 scj. 80 sq. — C Krels-
chinar, Die Erfùllung, Leipzig, 1901!, p. 4 s<|. : Girard, Manuel de droit romain
4- éd. 1900, p. 682, I. Cf. la symétrie de la confarrealio et de la di/furreatio, de
t'inauguratio et de l'exaugurutio, de la consecratio el de l'ej:secratio, etc. Ou
'/iio riillirjnliim est u^. Les obligations nées de contrats
formels s'éteignent donc par des procédés foriflels ; les
obligations nées de contrats réels s'éteignent re ; les
obligations consensuelles s'éteignent par le contrarius
ronsensiis '. C'est ce qu'on nomme la règ/e de correspon-
dance des formes de création et d'extinction des obliga-
tions'. Cette règle parait se rattacher à d'anciennes
prescriptions du rituel religieux \ Mais elle n'a été for-
mulée en termes généraux qu'à une époque récente', et
elle a toujours comporté des exceptions. Elle ne s'appli-
que qu'aux obligations contractuelles' et aux modes
d'extinction volontaires '. Le plus remarquable des
modes d'extinction non-volontaires qui y échappent est
celui des droits déduits en justice, qui s'éteignent, quelle
que soit leur source, par l'accomplissement intégral des
solennités de la legis actio, et, plus tard, par la délivrance
d'une formule [litisco.ntestatioI. L'extinction d'un droit
déduit en justice n'est pas une so/utio"'.
La règle de correspondance des formes trouve son appli-
cation la plus exacte dans la pratique du formalisme. Aux
formes sacramentelles qui ont présidé à la naissanced'une
obligation doivent correspondre, pour la .so/m/Zo, des for-
mes symétriques, mais inverses. Les obligations nées d'un
contrat verbal par demandes et par réponses STiPii.Ario
ne s'éteignent que verbalement ", au moyen d'interroga-
tions et de réponses inverses''^ : uAcceplum ne /latjes'} »
demande le débileur qui se libère. « Acceplum Intbeo »,
répond le créancier. C'est ce qu'on nomme I'acceptilatio.
Il existe même, pour éteindre les obligations nées lilte-
ris [nûmima TRAXsscRipriciAj, un procédé formel, appelé
aussi acceptilation, qui consiste en un virement d'écri-
tures, mais dont le fonctionnement nous est mal connu '^
remarijucra que les textes précités d'Ulpien et de Gaius sont insérés au Uîgeslc
dans le titre De dicersis regalis juris antigui. Celui d't'Ipien est extrait do son
commentaire sur Sabinus. celui de Pomponius de son commentaire sur Quintus
Mucius. Ou peut conjecturer que la règle avait été entrevue par les veteres.
— 7 Karlowa, Hômische Iteclttsgeschicltte, 11, 1901, p. 815; Schlossmaon, Attrô-
misches Sclinldrecht und Schuldcerfahren . 1901. p. 81; Pllûger, IVexum und
Maiicipium, 1908, p. 41 si|. : Milteis, Dômisches Hrimtrecht bis aufdie Zett Dio-
kletians, \, 1908, p.273. — ^ Pompon, l. c. : ' Prout quidgne contractum est... »
Dès le t<-iups lies Douze Tables, les obligations délictuelles s'éteignent par simple
pacte: Dig. II. 14. De partis, fr. 7, 14; Just. Cod. VI, 2, De furtis, Const. 13;
Bekker, Die Actionen des rômiscben Privatrechts, I, 1871, p. 351 s<|. — 9 Cilous
parmi les faits involontaires qui éteignent les obligations et qui. échappant à la
règle de correspondance des formes, ne sont pas qualiliés de solutiones, la mort du
créancier ou celle du débileur (Girard, Manuel^, p. 7I4| el la novaliou. Celle-ci, si
elle est ancienne (cf. Burckhai-d, Zu Cicerodc legibus II 19-il. Zeitsclir. d. Sari-
gng Stiftung. IX, IS8S, H. A. p. 300 el 307, 1 ; Girard, Manuel '. p. 683, 1 :
p. 690) se rau^c originairement parmi les laits cxliuclirs involonlaires. bien que
résullanl d'un accord de volontés : car c'est la coexistence de deux obligations
portant sur le même ohjel qui cnlraiue mécaniquement rextinction de 1 une d'elles
(Girard, Manuel^, p. 690-692). De même la capilis deminutio, même lorsqu'elle
résulte d'un acte volontaire (p. ex. d'une adrogation). n'en est pas moins un mode
involontaire d'éteindre les obligations. — 10 Ou ne donne pas le nom de sotutio à
l'exlinctioit d'un droit résultant de l'accomplissement d'une legis actio pour le faire
valoir en justice, sans doute parce i|u'oii ne considère point le juris einculum
coniuie dénoué par la sentence intervenue. Le défendeur succombe-l-il ? Cela
prouve qu'il était obligatus, et il reste obligalus el suuniis, à partir de la seulence.
il l'exécution. Le défendeur triumphe-t-il ? Cela prouve qu'il n'avait jamais été obli-
gatus ; il n'ya pas lieu de le délier. Avec la procédure formulaire, au contraire, ap-
paraît bien une absolutio prononcée éventuellemeul par le juge. Mais ce n'est pas
elle qui éteint ledroil déduit eu justice, c'est la litis contestatio. Vabsolutio dénoue
une obligation contractuelle nouvelle, celle qui naii du contrat impliqué dans la
délivrance de la formule. Cela explique aussi pourquoi il est question dans cer-
tains textes d'une solulio pour Vobligulio judicati (Leuel, Essai de reeonstttit-
tion de fEdit perpétuel. II. 1903. p. 143; Das Edielum perpetuumi, lOliT,
p. 393) : il s'agit de l'extineliou lolonlaire d'une obligalion contractuelle, et cela
est parfailcnient conrorme, quoi ;|u'eii dise Kretschmar, p. 4, 4-5, à l'usage signalé
supra, n. 8 et 9. — I" Llpiaii. .\'L VIII ad Sab. Dig. Xl.VI. 4, De aceept. fr. 8, 3 ;
Gains, m, 170. — <2 Paul. XII ad Sab. Dig. Jbid. Ir. 14: \erbis rerba ea demum
resolri passant quae inter se congruunt ; Erman, flutttungen, p. 43-50. — 13 Er-
nian, p. 29 sq. ; Voigt, l'eber die ilankiets, die lîuchfûbrung und die Littéral-
obligation der Itômer (.\bh. der ph. kist. Classe der .StJehsischen Geseltsctiuft,
X, 7. IS87), p. 547, 05-66. p. 358; Girard, Manuel *, p. 7119, 2.
SOI.
\:vx\ —
SOL
Enfin les obligalions nées de la proiioncialion duin'
formule solennelle de damnatio s'éleignenl par le cé-
rémonial de la sofulio pe?' aes et lîbram\ qui a pour
pièce principale- la prononciation d'une formule desti-
née à neutraliser les ellVts de cette damnatio : « Quod
ego tibi tôt miilifjus condemnatus sum, me eo nomine
a te sotro litjeroque hoc aère aeneaque libra » '. Les
cas d'application de la damnatio sont peu nombreux à
Torif^ine. On Teinploi)' surtout dans le ne.rum, où elle
fournit sa sanction à un acte per aes et iibram (manci-
pation fiduciaire de l'obligé?) sur lequel elle se grelfe
[nexl'MJ : aussi la solntio correspondante \nexi libe-
ratio)* comprend-elle également un paiement simulé par
l'airain et la balance. Plus tard, lorsqu'apparaissent des
applications nouvelles de la damnatio % notamment
dans le legs per dumnationem et la condamnation judi-
ciaire \ la nexi iifjeraiio s'étend naturellement aux
obligations qui en naissent; et. comme la solennité per
ars et Iibram ne s'en sépare point, par une de ces survi-
vances illogiques dont nous avons tant d'exemples \ la
régie de correspondance des formes se trouve partielle-
ment entamée **.
Les procédés formels de solutio dont il vient d'être
question agissent en dehors de toute considération de
cause ou d'intention, par le seul accomplissement des
formes requises '\ Peu importe que le paiement ait
* Les formes el la portée de la solutio per aes et Iibram font l'ohjcl de discussions
sans nombre, mais sans issue, depuis le livre de Huschkc, Ueber lias /techt des Nexum
und dos aile rôtnischc Schutdrecht, 1816. On bc borne ici à indiifuer la théorie qui
semble la moins aventureuse, en renvoyant, pour le surplus, à Erman, fjnitlutit/en,
p. 35, el à la lillératurc relative au NKXtM (à laquelle il faut ajouter maintenant Scun,
Le nexum, contrat de prêt du très ancien droit romain. Nottv. Iitn\ hist. de dr.
XXIX, 11*03. p. 4& sq. ; riluger. \'exum und niancipiuin, 1908 : Milleis, Itômischcs
l'rivnirecfu, 1908, I, p. 257s(i. ; ^61 sq. ; 27:t sq. ; Kretsrhmar, Dus Nexum und
sein Verhâltnis zum Alancipium. Zeitschr. d--r Savif/ny-Stiflung^ R. A. XXIX
(1008), p. til-iSi).— 2 C'est donc l'élémenl formel, et non l'élément nW (paie-
ment), qui nous semble, contrairement à ce que pt-nse Milleis. /. c. 1, p. ï' 4 sq.,
constituer la partie essentielle de lu sohttio per aes et liOram. Car le paiement i|uc
mentionnent les sources est un paiement fictif; Gains, III, 174; « //anc tibi Iibram
primam postrenianique expcndo aecvndtnn legem publicnm. « Ù^inde asse p''rcutit
Iibram eumque dat u t/uo liberatur, veluti solvendi causa Cane voit pas sur quoi
Mtiteis s'appuie pour admettre (|uc ce paiement ait Jamais été (m paiement véri-
table. Cf. Danz, Icbrbuch der Oeschichtc des rômischen Jlechts^, il, 1873, p. II-
li. _ 3 Gains, III, 174. qui ne nous rapporte daiileurs que la formule de solutio
per aes et Iibram prononcée par le débiteur qui se libère lui-même. Lorsque la
solutio est elfeclu'c par un tiers (in/ru, p. 1395, n. 4 ), elle comporte sans doute
une formule dilTércnte, simple transpositiou peut-être (?j de la prccé<lenle :
• (Juod nie tibi... condemnatus est, eum eo nomine a te solvo libcroffue boc aère
aeneaque libra. » — * Feslus, v" .Yej:«ni, éd. Miillcr, p. Itio. — ^ On adnietlra
facilement que le legs per dumnationem et la condamnation judiciaire sont plus
récents que le nexum. On sait en effet que tes XII Tables s'occupent déjà du
nerum (Ke!>tus, v"* yuncupata pecunia, éti. M. !73). Au contraire elles ne s'occu-
pent ni de la condamnation judiciaire, ni du legs per damnatitmem. On sait que la
coud-imnation apparaît à peine dans les letjis actiones per judicis postidationem et
per condictionem (Girard, Histoire de l'oryani^ation judtcintre des Jtomains, I,
(l'JOI), p. 91, z) et qu'elle n'est pleinwncat admise que dans la procédure formu-
laire. Uuaut au legs per damnalionem, il n'est pas visé par l'unique précepte que
les XI! Tables consacrent aux legs ; « l ti letjassit super pecunia tutelave suae rei.
lia jus esto >• (L'Ipian. ,//£§. .XI, 14^, car l'expression uti legassit ne s'applique évi-
demment qu'aui legs où le testateur emploie le mot /cyo, c'est-à-dire aux k'^s per
rindicationem (Gains. Il, 193). Voy. aussi LIpian., ftey. XIX, 17. Cf. Karlowa, 11,
p. 910-917 ; Girard, Manuel ^, p. 911, 3.-6 Dans la formule de la i^olutio per
aes et Iibram, il n'est question (Gains, 111, 173-175) que de dettes nées d'une dam-
natio. Le débiteur dit : « i/uod t'y» tibi condeninatus (% 174) ou damnatus (§ 175)
sum ». On introduit dans le texte une conjecture arbitraire r)nantl on suppose que
le débiteur pouvait dire : quod ego... spopondi » (Milteis, I, p. 27ii, 38), et que la
solutio per aes et Iibram servait à éteindre la «réance du sponsor contre le débi-
teur principal. A fortiori ne peut-on admettre que la s. p. aes et Iibram fut nu
mode général d'éteindre tuut^'S les otdigalions portant sur une cerla pecunia.
— '' On pourrait supposer aussi (Musclike, Nexum, p. iu ; Karlowa, iJer romische
Civitprocess zur ZeU der Legisa Jet tout n, 1877, p. lot , que lacle per aes et Iibram
restait allacdé au cérémonial de la liberutto p.ir suite de nécessités pralii]uus
tenant au régime monétaire : il fallait peser les lingots servant de monnaie (Gaius,
I, 12^). Mais cette explication ne serait plus de mise pour des applications de la
solutio per aes et Iibram imaginées après les XII Tables et l'appai-ition de la pecu-
nia nument ta Mommsen, Ristoirede la monnaie romaine, tr. Blacas, 1865-1875,
Vlll.
(Ml lien ou non'" : ci- sont des modes d'exliiicLion alis-
Irails, (|ui peuvent aussi bien servir à réaliser une
donation, une constitution de dot, une compensation
conventionnelle, une transaction, etc., qu'un paie-
ment. Cela n'est guère contesté pour l'acceptilation ",
et ce n'est guère plus contestable pour la solutio pei-
nes et lihrain, bien qu'on ait soulevé des doutes sur
ce point '-.
2° So/iitio dans son sens étroit signifie paieineiil.
Payer, c'est exécuter l'obligation '^ Le paiement, qui
n'avait originairement aucun ellet exlincl if par lui-même,
a pu, par application du principe de correspondance des
formes, éteindre les obligations contractées re, dès que
celles-ci ont été admises'* ; puis il s'est étendu aux autres
obligations, formelles ou non, el a fini par être considéré
comme la solutio''^ par excellence". Dès lors la règle de
correspondance des formes se trouvait abolie. A quelle
époque celte transformation s'esl-elle réalisée? On est
réduit à des conjectures. La transformation aurait eu
lieu, selon les uns, dès le temps de Piaule'^ ; selon d'autres,
dès le temps de P. Mucius Scaevola ^cos. tiilj'", ou au
moins avant la fin de la République''^; selon d'autres
enfin à une époque plus tardive-", peut-être seulement
au temps de Claude-'. L'opinion intermédiaire parait la
plus sûre--. Sans doute, vers le viii" siècle U. C, le paie-
ment suffisait à éteindre la plupart des obligations".
I, p. 1~'J) ; en oulre, elle supposcratl (|ue la solutio per aes et Iibram ne servait â
éteindre i|ue des dettes de sommes d'argent : op cela est Tort douteux, au moins
pour les dettes nées d'un legs per danmationem. Cf. pourtant Sciilossmann. p. 1 18
S(i. — « Mitteis, I, p. 274-Î75 ; cf. Krelsclimar, p. 5, n. 5 a. — 9 Kret-cljmar,
p. 4s,|. — 10 Girard, Manuel *, p. 683 ; Frese, Zur Lehre von iler Quillimrj.
Zeitschr. d. Savigny Stiftunj, XVUl (1897), R. A. p. 243 sq. — " LIpian. // Jteg.
Dig. XLVl, 4, De accept. fr. l'J, 1 : Acceptilatione omni modo liheratio contin-
git^ licet pecmia soittta non sit, apoctia non alias quam si pecunia sotuta sit.
Vov. pourl.*nt Filting, Correalobligationen, p. 42 S(|., qui voit dans l'acceptil itiou
une sorte de ipjittauce solennelle. — '2 Nous possédons un texte décisif (Liv. VI,
li, 5) duquel il résulte que pour libérer un débiteur nexus, il ne suffit pas de payer
ce qu'il doit, il faut encore accomplir les solennités de \& solutio per aes et Iibram :
» /lem creditori palam populo solvit (se. Manlius), libraque et acre liberatum
emittit. » ; Ginird, Manuel ' p. 6s3, 3. — <3 Ulpian., XLV ad Hab. Ùig. L. 16,
De verti. sign. fr. I7fi ; <- Sotvere dicimus eum qui fecil quod facere promisit. .
— 1' Cuq, Institutions juridiques des Romains, 11, 1902, p. 516, 4; Krelsclimar,
p. 15, n. tT. — lô L'emploi du mot solutio pour désigner le paiement reste cou-
forme âl'usagf indiqué sttfirn, p. 13'j;, Le paiement est, en effet, un acte volontaire. 11
est vrai que le créancier non payé peut menacer le débiteur récalcitrant d'une pour-
suite, alin de peser sur sa lolonté. Miiis si, malgré tout, le débiteur ne paie pas, on
ne peut aboutir, en fin de compte, qu'à ce qu'oit appttli! un peu iuqiroprement une
voie d'exécution (manus injectio ou uiissio in bonu suivie de veuditio bonorumi,
qui n'est pas un paiement, et que les testes romains ne qualilienl pas de solntio.
Cf. en des sens différents, Siber, Jlechtszwang und achuldrerlmttnis, p. 7 sq.;
156 sq.; kretschmiir. p. 44 sq. — I» Gaius, III, 168: Tollilur autem obtiqatio
praecipue solulione ej us quod débet ur. — ''' Erman, Quittungen, p. 78; Costa, Il
airitto prinato romano nellc comédie di Plauto, 1890, p. 30(i-'i01. Mais ces auteurs
n'ont pas soumis les textes de Piaule qu'ils utilisent à une critique suflisamment
rigoureuse. — '* Girard, .l/«niief4, p. 684, 1. Cf. Filting, Correaloblapittonen,
p. 46. note. — ''•* Frese, Zur Lehre von der Quittung. Zeitschr. der Savignt/ Stif-
(uny, XVUl (1897), R. A. p. 242; Cuq, Jnst.Jur.l\, p. 515; Kretscbmar. p. 15-16.
avant la controverse sur l'effet cilinctif de la Aiiio m wlutum. lufra, p. 1394. n. 10-
11. — i" Kntrc le temps d'Auguste et celui de Dioclelien. selon Voigt. l'as jus na-
luralc und jus gintiitm der Himter, III, I, p. 3V0._2I En ce sens Jlommscu. Her-
mès, XII (1877), p. I09,qui part île l'idée, reconnue fausse par Erman (Uie pompc-
janischen Waclistafeln, Zeitschr. d. i'arijuj A'«i/'(uiij, XX (1S99), R. A. d. ISSsq.j,
que les quittances de l'ompéi (Infra. p. 1355, n. 13) constataient, jusque vers le temps
deClaude, des acceplilations, et non des paiements; Kretscbmar, p. 12-15. — -~ Elle
a du moins le mérite d'expliquer pourquoi certains traits caractérisliipies de la
théorie du paiement ne sont pas encore fixés à la fin de la République : ainsi Scr-
vius ignore encore l'iiidivisibilitc du paiement (Marcell., XI Jl Digest. Uiq. XLVl, 3,
Oe sol. et lib. fr. 07), et Labéon ignore la libération du débiteur par un tiers
effectuant le paicmeni malgré lui (Labeo, VJ Fithanon a Ai«/o epitomatorum,
Ibid. Ir. 91 j. .'-ur ce dernier texte, qui soulève de nombreuses difficultés, voy.
Uertmnnn, iJie Zahlung fremder Schulden, .\veh. f. d civil. Praxis. LXXXII,
p. 3S9-390 ; Kiselc, Beitrâge zur rômischen Jlechtsqcscbichlv. 1896, p. 36, n. 20 ;
Kretscbmar, p. 19-20; Mitteis, Zeitschr. d. Havignij Stiflunq, XXX (1909), p. 441.
_ 21 Le texte d'Alfeuus Varus (Uii,. XLVl. 3, fie sol. fr. 35). cité par Erman.
(Juiltungen, p. 77, et Girard, Manuel '. p. 684, I, ne vise encore que le paiement
d'obligations contractées rc ; il n'introduit donc point de dérogation â la règle de
175
SOL
1394
SOL
A ri'pixjiie rlassiqui', il les ('loignail U)u\('S i/iso Jure,
(|uello quVn fùl la source '.
Lrs coiidilioiis de validité du paieiuciil se rapporb'nl
soil à l'idijel du paicineiil, soit aux parties.
A. L'uhjel dit paiement est l'objet même de l'ohliga-
lion : acte ou abstention. Le plus souvent, c'est la f/a/«6i
(c'est-à-dire le transfert de propriété) de la chose due
(corps certain, denrées ou argent). Quel qu'il soit, l'objet
du paiement doit être adéquat à l'objet de l'obligation.
Il faut payer tout ce ([ui est dû, et exactement ce qui est
dû. a) Tout re (/ni est dû. Le créancier peut refuser un
paiement partiel. Ce principe, difficile à justifier logi-
quement '-, s'explique historiquement par l'influence
de la vieille règle de Viaiila.t actus', déjà admise dans
la solutio per (tes et librain^. Il n'autorise pas, d'ailli'urs,
le créancier à réclamer plus qu'il ne lui est dû en vertu
d'une même cause, .\insi le créancier d'une personne qui
vient de mourir peut être tenu de recevoir paiement
partiel des héritiers, car, à Rome déjà, les dettes se
divisent de plein droit entre les cohéritiers-'. De même
un créancier qui a plusieurs créances distinctes contre
un même débiteur peut être tenu de recevoir paiement
de l'une à l'exclusion des autres ". Si le créancier accepte
un paiement partiel, la créance s'éleint jusqu'à concur-
rence de la quantité payée '' . b) Exactement ce qui est
dû. Le créancier n'est pas tenu d'accepter en paiement
aliud prn a/io * ; mais il peut — et ce n'est pas une
dérogation au principe — y consentir, soit d'avance,
lorsqu'il accorde au débiteur, en contractant, \\ï\q facili-
tas solutionis'', soit à l'échéance, lorsqu'il accepte du
débiteur une dation en paiement [datio in solutum vnlon-
taria). Les jurisconsultes romains semblent avoir eu
quelque peine à faire rentrer Va datio in solutum dans
les cadres juridiques préexistants. Fallait-il, avec les
rorri'spoudam-e di'S formes. (Juaiil au Icilc de i;ioiTon fùe lei/ibns, II, iO) iclalani
les expédients imaginas par P. et [). Muciiis Scaevola pour soustraire le U'î:atairc
de la mnjor pars pectiniae à la charge des sacra, il laut sans doute lï'carler du
débat. Oii sait «lue ce texte suppose une action {si ati(/uis... cu-egisset) tendant à
faire exécuter intégralcnieut un leyatum partitionîs déjà exécuté pour partie; il
prouve ainsi, estime ton (Ërman, Quithmgen, p. 75 sq.), que le paiement d'un legs
peut déjà se faire autrement que per «es et libi'am : car la sotulioper aes et libram
est indivisible. Cette conclusion ne s'imposerait que si le texte établissait que
l'exérutinn partielle s'élait vraiment elTectuée par un paiement, c'est-à-dire par un
acte supposant un accord de volontés. Or, il n'en est rien. Cicéron ne parle que
d'une appréhension unilatérale réalisée par le légataire sans le coDiours de l'héri-
tier { st inde quippiam ceperit...; ipsiquc minus ceperint...; si minus guis
cepisset, etc.). Il s'agit là d'une capio (cf. la terminologie en usage dans la pigno-
ris capio, Vusucapin, la cnpio de la Vestale, les mortis causa cnpioues des lois
Kuria et Voconia, etc., et notons que les expressions /((.s capienili et capacitas
n'ont pas toujours eu le sens affaibli qu'ils ont dans le droit classiquol. Nulle part
il n'est question d'une solutio paiemenl. — ' Kxception faite pour les cas où il y a
successio in locuui ou cession d'actions. Il est d'ailleurs vraisemblable, comme l'a
admis l'ilting, h'orreahbliyatiuncn, p. 40, n. 31), qu'à l'origine le |iaiement n'étei-
gnait les obligations formelles qu'e.rce;>(ionis ope. — 2 Voy. la justification don-
née déjà par Du .Moulin iTr de ilii\ et ind. p. 2. n. 14) et Cothier ('/"roilé des o6(l-
t/ations, n" o'H) et, après eux, par les commentateurs de l'art. 1:244 de notre Code
civil, i|ui a consacré aussi (art. liSn) l'indivisibilité du paiement. — 3 Jhering,
Geisl des rôm. Itechtsi, III, 1. p. 134-178 (et tr. de Meulenaere, IV, p. 148 sq.) ;
Erman, IJuittungen, p. i'.l sq. ; (iirard. Manuel^, p. 711 ; Mitteis. I, p. 290; cf.
Veriiay, Serviua et son école, 1909, p. 199. — 4 Husclike, Kexum, p. 239; Ernian,
IJuittungen, p. 4n-42 ; Burckhard, Zu Cicero de legibus, 11, 19-10 (Zeilschr. d.
.S'ur. Stiflung, IX (1888), p. 28(1-33(1), p. 310-312. Au temps de Servius. le principe
de l'indivisibilité du paiement n'était pas encore admis ; Marccll., Xlll llig. Dig.
XLVI. 3, De sol. fr. ti7. — s Sauf le cas de dettes indivisibles. — 6 Accarias.
Précis de droit romain''. II, 1S91, p. 530; 684, 1 ; Girard, Manuel^, p. 687. Les
jurisconsultes romains avaient formulé, pour V imputation des paiements, des régies
qui remonleni jusqu'aux veteres. Le débileur de plusieurs dettes peut d'abord
déclarer rpielle est celle qu'il entend payer; Ulpian., XLIll ad Sab. Diij. XLVI, 3.
be sol. cl lib. fr. 1. S'il ne le fait pas, le choix passe au créancier, mais celui-ci
doit imputer le paiement sur la dette qni est la plus désavantageuse pour le débi-
teur ; l'apin., /V bef. Dig. Ibid. fr. 97: « quod verisiutile videretur diligentem
debilorem admonilum lia negotium auum gesturum fuisse >■ ; Cucj, Inst. jur. Il,
Prociilions '", la traiter comme une datio gratuite de
l'objt'l remis //( solutum, jointe à un pacte de non
petendo, ou, avec les Sabiniens", comme un achat de cet
objet moyennant un prix égal à la somme due (le débi-
teur étant censé avoir payé cette somme et l'avoir
reprise à titre de prix)? Les jurisconsultes employaient
l'une ou l'autre de ces deux analyses à résoudre les
questions délicates que soulevait la pratique de la datio
in solutum, notamment celles de savoir comment elle
éteignait l'obligation, et quel recours elle donnait à
Yacripiens en cas d'éviction. Sur la première question,
les Proculiens admettaient que l'extinction avait lieu
exceptionis ojie, et les Sabiniens (dont la doctrine pré-
valut)'-, qu'elle avait lieu ipso Jure; sur la seconde,
certains jurisconsultes (Marcien) " admettaient que le
recours en éviction s'exerçait par l'ancienne action que
la datio in solutum se proposait d'éteindre, et d'autres
(Ulpien) ", qu'elle s'exerçait par l'action empti''\ Cette
dernière controverse ne semble pas avoir été tranchée
par .luslinien '". La règle que le créancier n'est pas tenu
d'accepter en paiement aliud pro alio a subi au Bas-
Empire quelques dérogations, qui constituent autant de
cas de datio in solutum necessaria. Citons notamment
la disposition de la Novelle IV de Justinien '^ d'après
laquelle le débiteur d'une somme payable en or, qui se
trouve embarrassé pour s'acquitter parce qu'il ne pos-
sède que des immeubles, et qu'il ne peut les vendre, est
autorisé à donner en paiemenl, après estimation, tout
ou partie de ces immeubles pour ce qu'il doit.
B. Les parties doivent être capables toutes deux de
faire leur condition pire : car le créancier, en recevant
paiement, perd sa créance ; le débiteur, en payant, perd
ce qu'il paie (du moins lorsque le paiement a pour objet,
comme cela arrive le plus souvent, une datio). Donc le
p. 318 ; Koby, Roman prii'ale law m llie limes of Cicero and o/ the .\nlonines,
II, 1902, p. 34; Kretsclimar, p. 39 s(|. Cf. Boufante, Isliluzioni di diritto rumano ^
p. 371, I. — 7 Accarias, l'récis. Il*, p. 530, 1; Roby, II, p. 51. — 8 Paul.
.\A't7// ad éd. big. XII, 1, De reb. cred. fr. 2, I ; Cod. Just. VIII, 42, De sol. et
lib. const, l(i. — y Accarias, Précis, Il 4, p. 134. — 10 Gains, 111, 108 ; Accarias,
II, p. S33 : Démangeât, Cours élémentaire de droit romain, 112, 18illi, p. 421 sq. ;
Cuq, /n5(. jurid. II, p. 519-520. — Il On doit tenir l'analyse en question pour
sabinienne dans ses origines, bien que Gains (llï, 108) n'en témoigne pas directe-
ment. Mais elle est étroitement apparentée avec la théorie sabinienne de l'échange
(cf. en sens contraire Accarias, II, p. 53t. 1). En effet, les textes classiques qui
donnent une action empli utile pour assurer la garantie d'éviction de l'objet donné
in solulU7n le font en termes généraux, sans distinguer selon que la dalio remplace
le paiement d'une certa res ou le paiement d'une somme d'argent. Il faut donc bien
qu'ils assimilent l'échange a la vente. On sait que cette assimilation, défendue par
les Sabiniens à l'encontre des Proculiens (Gains, III, 141; Paul., .Y.VA7// ad erf.
Diy. XVIII, 1, Ûe conir. empt. fr. 1, 1) n'a pas triomphé ; lnsl.de Jusl. 111,23, 2;
Montégu, De la dalio in solutum, p. 83 ; Krotschmar. p. 54 sq. — I'- Marcell. cilé
par Ulpian.. XXVI aded. Dig. .\II, 0. be cund. ind. fr. 26, 4: « placuit rem pro
pecnnia solulam parère liberationem » ; Paul., VU ad Sab. Dig. XXlll, 3, De
jure dotium, fr. 23: « secundum id quod placuil rem pro re solvi posse. » Les
textes en (|uestion pourraient d'ai'Ieurs être interpolés. Cf. Paul., AT quaesl. Dig.
XLVI, 3, De sol. et lib. fr. 98, 6 : " nemo enim dtjcit /ado pro facto soluto libera-
tionem conlingcre ». La controverse n'aurait alors été tranchée que par Juslinien,
qui assimile, en effet, au point de vue de l'effet exlinctif, la drt(/o in solutum au
paiement, /nst. III, 29 pr. : « Tollitur aulem omnis obligatio solutione ejus
quod debetur, vel si quis consentiente creditore aliud pro alio .^ulverit. w
— 13 Marcian., /// Itegul. Dig. XLVI, 3, De sol. et lib. fr. 46, pr. C'était
saosdoulc la solution proculicnne. Cf. pourtant Cuq, Inst. jur. II, p. 521, 1. En
noire sens. Karlowa, Itôm. lieehlgesch. II. p. 1382 ; Kretschmar, p. 5? sq. - 14 Ul-
pian, .V.V.Y ad éd. Dig. XIII, 7, De pign. ad. fr. 2V, pr. ; t'od. Just. VIII,
44, De ei'icl. consl. 4 (Caracalla, ann. 212). — *=> Cette question présente sur-
tout de l'intérêt à raison des garanties personnelles ou réelles qui peuvent être
attachées à l'ancienne action, cl qui manquent naturellement à l'action empli.
— lii Les deux solutions se retrouvent dans le Code de Justinien. Voy. la consti-
tution précitée de Caracalla, et deux constitutions de Dioclétien et Maximien, Cod.
Jusl. Vil, 45, De senl. et int. consl. 8 ; VllI, 42, De sol. et lib. const. 17
(ann. 293). — 17 Nm. IV, De fidejussoribus et mandatoribut et solutionibns, c. 3
laun. 535).
SOL
1 :Wo
SOM
pupille ne peut, dans la pratique, payer ou recevoir
paiement, quuyecV a uctor il as de son tuteur'.
Le paiement peutèlre fait au créancier ou à son fondé
de pouvoirs (tuteur, curateur ; — mandataire; — adjec-
liis soliitionis f/ralia) ^ par le débiteur ou son fondé de
pouvoirs (tuteur, curateur ; — mandataire). En outre
toute personne étrangère à la dette peut la payer',
même à Tinsu ou contre le gré du débiteur, et ce paie-
ment libère toujours l'obligé'. Cette dérogation notable
aux principes romains qui excluent la représentation
dans les actes juridiques ' s'explique difficilement ; on
ne saurait se contenter des justilications d'équité ou
d'utilité que proposent les jurisconsultes romains'' ; elle
dérive bien pliilôl des règles propres aux formes les
plus anciennes de so/iilio'. La. so/ulio jicr aes et libram
était formaliste; elle éteignait l'obligation, même si son
rituel avait été accompli par un autre que l'obligé ; et
Tive-Live nous rapporte, en effet, une so/ulio per aes et
libram effectuée par un tiers pour le compte du débi-
teur*. Lorsque la suliilio sans formes s'est substituée à
la soliitio formelle, on lui a appliqué, par une de ces
imitations dont nous avons d'autres exemples', la même
règle qu'à sa devancière.
La preuve du paiement s'administre conformément
aux principes généraux [i-hùbatio], notamment par des
témoignages ou des actes écrits '". Il y a deux types
d'actes servant à constater des paiements. Les actes du
type ancien, qui représente le type proprement romain",
sont rédigés par les personnes qui peuvent avoir besoin
de les invoquer, c'est-à-dire par les débiteurs qui ont
payé. Ces instruments de forme objective puisent leur
forme probante dans l'attestation des témoins dont ils
portent les cachets. Les actes de l'autre type, plus récent,
inspiré par l'institution des c/iirographa helléniques
[chirockapium] '-, émanent des personnes à qui ils
I Cic. Tup. [i. 46. — 2 Sur Viutji-cliis sutulionis ijrutia, voy. /nst. Jiisl. III, lll, 4 ;
Papin , X.WIIJ (Juaest. Ûiy. XLVI, i. Oesol. fr. 93,5 ; Cu.|, Inst.juriil. Il, p. 318, 4.
— 3 Kn limitant l'application île celle idée aux obligations de faire. — 4 Gaius., ///
/Je verb, ubUtj. biç. lll, 3. De neyotiia yestis, fr. 38 ; u Solvendo quisquc pro alto
iicet invita et ifjnurante libérât eiim. - htst. Jimt. lll, 29 pr. I.ahéon connaissait di'jà
le paiement pro alio tynoninle il.ab., 17 pt'sterioi: epitom. a Jaeofeno, Pig. lll, 3,
Oe neg gest. fr. 4i). mais ignorait lo paiement pro alio iiwito, supra, n ii, p. i:i93.
— ôMitleis, Mni. Priealrecht, l,p. i03. — StJaius, Jbid. .^ iyalNralis...et civilisratio
suasit alienam condicionem meliorem quidem elium ignorantis et inviti nos facere
posse, deteriorem non posse. » t>f. Oertnian, Arclt. fur ciril. Praxis, t.XX.Yll, p. 383
»|. Mitteis.iTei/sf/ir.rf. Savigny Stift. XXX(I909), R. A. p. 440. .Si celle justification
Otait fondée, on devrait trouver d'autres applications du principe général sur le(]uel
elle prétend s'appu)er. Remaripions d'ailleurs qu'il est toujours contraire au\ exi-
gences d'une bonue mélliodc historique d'expliquer une institution par son ulitilé.
— 'î Kretschmar, p. i(i srj. On pourrait aussi penser a une iniluence du droit hel-
lénique, qui admettait la représeutation directe en matière de paiements. t)u sait
quelle iniluence les usages commerciaux helléniques ont exercée sur la formation
des institutions romaines correspondantes. Sur la représentation dans les paiements,
d'après les papyri gréco-égyptiens, voy. Wenger. IHe Stetlvertretitng im Bechte
der Papyii, Leipzig. 1906, p. 193 sq. — » l.iv. VI, 14, 3. — 9 P. ex. dans l'appli-
cation à la vente consensuelle des règles relatives aux risques qui résultaient, dans
la vente formelle. île l'indépendance des deux stipulations par lesquelles elle se réa-
lisait ; — dans l'application à la dot de la femme mariée sans manus des règles qui
découlaient originairement du s\slème de ta manus, etc. — '0 Cependant Justinien
a restreint la liberté de la preuve pour le paiement des dettes constatées par écrit,
liette preuve ne peut désormais s'administrer que par écrit ou par le témoignage de
cinq personnes " suffisantes cl de bonne renommée '• ayant assisté au paiement,
t'od. Just. IV, JO, De leslihus, coust. 18 (ann. 3i8). — " Milteis. Hi,m. /'. M.. I,
p. i95. — '2 Milteis, Ibid. I, p. ±96. — 13 .Nous connaissons surtout ces Jeux types
■ 1 actes par les archives du banquier I,. Caecilius Jucundus ( t " s. de notre ère), relrou ■
»écs en 1873 à Pompéi. Voy, les éditions de Zangenieister. dans le Corp. inscr. lat.
IV.Suppl. 1898; tiirard, Textes de droit romain 3, 1903. p.8i0 sq. ; Rruns-Gradcn-
«ili. Fontes juris romani antiqui ''. 1909, p. 354 sq. — 14 Frese, Zur Lehre ton
der Quittung. Z. d. Sav. Stiftung. XVIII (1H9T), R. A. p. 267-2711. Cod.J.ist. IV, 30,
/Je non numerata pecmiia, const. 14, 1 et 2 (ann. 528). lin système plus compliqué
fonctionne pour la quittancede dot ; Cod. Just. V, 13. De dote canta non numerata,
const. 3(528), et A'or. C; Frese, p. 274. — 1j Mod , /V lieg. Dig. XXII, 3, Deprob.
doivent être opposés. Ces instruments de forme subjec-
tive sont de véritables quittances [apochae] qui ont fini
par prendre la première place dans la pratique". Justi-
nien a étendu aux quittances délivrées sans cause les
garanties déjà admises pour les enutiones constatant des
prêts : le créancier qui a remis une quittance à son débi-
teur peut, pendant un délai de 30 jours, contester le fait
du paiement, selon les règles admises pour la querelu
non numeratae pecuniae^'' . Lorsque le débiteur paie, il
peut exiger que le créancier lui rende la quittance, la
bàtonneoti l'anéantisst». De touie façon, la restitution ou
la destruction de laquittance fait présumer le paiement''.
P. HcVELl.N.
SOMATOPHYLAKES ,''i:iou.aTC-iû/.ax£;. -ip/icrioaaro'j-û-
"axxe;). — Le même terme désigne, à l'époque hellénis-
tique ', deux institutions très différentes : la « garde »
royale et un groupe de grands officiers ou de hauts
fonctionnaires de cour.
L — On rencontre notamment une garde royale à la
cour de Denys de Syracuse -, à la cour de Macédoine,
sous Philippe ' et ses successeurs \ autour d'Alexandre ■,
de certains de ses satrapes % dans l'entourage de Mitliri-
date '', à la cour des Lagides *, des Parlhes ^ dans les
Indes '". Les empereurs romains eurent également, peut-
être à l'imitation desroisd'Égypte, leur g;trdê personnelle
[cCSrOS CORPORIS, EOl'ITES SINGULARES, PROTECTORES, GER-
MANil ". C'est la garde d'Alexandre qui nous est le mieux
connue : elle formait un corps distinct des kTaïpoi''^, des
phalangiles '^ et des 'J7:ï7:iti7Tat ", comprenant probable-
ment un bataillon perse el un bataillon macédonien ' '. Ce
dernier bataillon des gardes semble devoir être identifié "^
avec les « pages royaux » ipadiXixot -itatoî;), créés par Phi-
lippe, réorganisés par Alexandre '^ et recrutés parmi les
enfants de la noblesse macédonienne "*, qui s'initiaient
à la guerre sous les yeux du roi et formaient une pt'pi-
et praes. fr. 2i. — Bim iuchapkif. I.a littérature relative .'i la souti.j est très abon-
dante. On ne mentionnera ici ni les livres allemands d'/nstitutes, ou de Pandectes,
ni les monographies consacrées à la théorie générale de \isoluiio(\o\. l'énumération
donnée par Kretschmar, I, p. 93-103); on ne retiendra, parmi les ouvrages histo-
riques, que les suivants: Karlowa, Ilôm. /leclUsgescl.ichte, Il (19ol). p. 810,
S20 ; (Mif, Les institutions juridiques des /lomains. M, IS9I, p. 3S4; 701; 12,
1904, p. 120 ; 24 V : II, 1902, p. 514-520 : Roby, /lomun prioate law in llie limes of
Cicero and of tlte Antonines, 1902, 11, p. 49-55 : P. F. Girard, Manuel élémentaire
de droit romain'', 1900, p. (!8I-6S9 : May, Eléments de droit romainIO, 1909,
p. 109-HO; Voigl. Die X/I Tafein, IS83, II. p. t31-4fil ; Erman, Zur (leschiclite
der rômisclien tjuittungenuud .Soluliunsnlde. 1883; Oertmann, Die Zaklung frem-
der .Schulden, Arch. fur die civ. Praxis, LXXXU, p. 307 sq. ; Rehrend. Zur Ces-
chiclite der (Juittany, 1890 ; Frese, Zur lehre non der Quittung, Zeitsclir. d. Sav.
Stiftung, XVIII (l897), R. A p. 241-285: Erman, Die pumpejanischen Wacbsla-
feln, /bid. XX (1899), K. A. p. 172-211 ; Kretschmar, Die Erfùilai.g, I, 1906-
SUJIA'I'I>HI1TI.4KES. ' On en trouve déjii des traces i l'époque perse ; Joseph.
.\nl. Jud. VI, 0, I ; Esther II, 21 ; I Ësdras Wl. 4: A. Deissmann, Bible Studies,
i' éd. p. 98 : E. Meyer. Gesch. des Alterthums, lll. p. 35-36, 41-42. — 2 Uiod.
XIV, 43, 3. — 3 .Krr ' Anab. 14'. 13, 1 ; Diod. XVI, 93, 3 cl ». - 4 pol. IV, 87,
3; Diod. XXX, 10, 2. — ' Arr. Anab. I, 6, 5; III, 17, 2 : IV, 3, 2:8, 8: 10,
6; .30, 3 ; VII, 11, 2; Diod. XVII, 03,1; XVIII, 27, I. — 6 Arr. Anab. VI, 27, 2.
— ' App- Mithr. 111, cf. 101 ; Th. Reinach, ilithridate Eupalor, p. 294, 1.
— » Pol. XV, 27, 6 ; 31, 4 et 6; 32, 1, 0 et 8; XVI, 22, 2; lil Mac. Il, 23.
— » Tac. Ann. VI, 30. — '« Slrab. XV. 1, 33. — u Herod., IV, 13: Pauly-
Wissowa, /tealencyclop. s. v. Cnstos corporis. — 12 Arr. Anab. I, 6, 5; VII, 11.
i _ 13 Leur arme est la 'AiT/n. "■o" 'a "i?»»". Arr. Anab. IV, 8, 8.— '4 Arr.
Anab. III, 17,2; IV, 3, 2; 30, 8 ; 1). G. Ilogartb, 7/ie armg of Alexander
(The Journal of Philology, XVII (1888), p. 18). — I" C'est du moins ce qui appa-
raît aux funérailles d'Alexandre, Diod. XVIII, 27, 1. — '6 La question semble
décidée par Diod. XVII, 05. 1. L'idcntilication est acceptée par J. G. Droysen,
//ist. de l Hellénisme (trad. fr.), I, p. 169, 3 el 177; J. Beloch, Griechische Gea-
chichte. III, l.p 389 et 393: E. R. Bcvao, The Bouse of Seleucus, II, p. 284;
Spieckcr, /Jer Hof u. die Hofordnung Alexamlers d. Gr. 1904, Progr. Slolp. i.
P.. p. 17. D. G. Hogarlh, Up. cit. p. 18-19, eu fail pIntOt des . pages . au sens
moderne du mol. — i" Arr. Anab. IV, 13, I ; Curl. VIII, 0, 2-6 ; Ael. Var. hisl.
XIV, 48; Suidas s. v. .s<„r»„o. -a'S.,; Valer. Mav, lll. i ext. 1. - '5 Diod. XVII.
63, t: i.iï. XLV, 0.
SOM
— 1396
SOM
nière d'ofliciers '. Leur rlief êlail le commandant de la
garde, 6 È-t ÔEpaTts-a; -. l/instiliiLion des pa^iXtxoî icatSeï;,
qui semhloiil bien devoir être rallacliés à la garde, se
conlinua, dans les Iradilions des cours lielir'nisli(|ues, en
Macédoine, en Egypte el en Svfie \
II. — Dans l'enloiirage immédiat d'Alexandre se trou-
vait un groupe de 7, puis de S * ol'Ilciei'S généraux ', for-
mant une sorte d"état-major : les Somatopliylaques [cf.
KXEKcnrs, p. !(()7!. Ce grade est une des plus hautes
marques de distinction et de confiance qu'Alexandre ait
conféi'ées °; mais il est difficile de décider s'il corres-
pond à un titre purement honorifique ou à une fonction
efi'eclive. Il est plus probable, semble-t-il, que les Soma-
lopliylaques n'avaient, en raison de leur titre, aucun com-
mandement spécial ; mais qu'ils recevaient, suivant les
circonstances, des commandements ou des missions de
confiance '. Ceux qui succombaient ou qu'une absence
prolongée devait retenir loin de l'armée étaient immé-
diatement remplacés '.
La eharge de Somatopliylaques se maintint dans les
monarchies nées de l'empire d'Alexandre '' : nous con-
naissons des Somatophylaques de Philippe Arrhidée '",
d'Antigone ", de Persée '- ; nous en trouvons en Épire ",
à Pei-game '\ chez les Arsacides '°, les Séleucides "'' et
les Lagides '\ C'est pour cette dernière cour que les
renseignements sont les moins rares: les inscriptions el
les papyrus nous font connaître 21 àç/i<7<>)[ia!TooOXax£ç '*.
Ce titre servit vraisemblablement à désigner le comman-
dant ell'ect if de la garde royale '"; devenu un peu plus
lardpiiremenl honorifique '-", indépendant de toute fonc-
tion, il prit rang dans la hiérarchie des dignités auli-
ques -' que nous voyons apparaître à la cour d'.\lexan-
drie entre 100 et 180 -'-, que ce soit un retour des anciens
titres pharaoniques, un héritage des Perses, une sur-
vivance directe de l'usage macédonien '-"'. une création
de Ptolémée Épiphane -' ou un emprunt à la cour d"An-
' Curt. VIII, 6, 6 : hafc cohors vetiU seminarium ducum praefectorumque
apud Macedonas fuit. Cf. Bclocli, Op. cil. III, I, p. 3S9 ; G. CaidJnali, llregno di
Pergamo, p. i06. — 2 Arr. Àiiab. IV, 16, 6 ; Pol. IV, 87, 8. 05;»t:s:« so rencontre
souienl au sens de « garde . ; Arr. Anab. IV, 13, 1 ; 10, 0 ; Diod. XVII, 27, 1
(Aleiandre), i'ol. IV, 87, 8 (MacMoine) ; V, 36, 7; 69, 0 (Séleucides); XV, iô, 1 1 ;
XVI, a, t (l.agidcs). — 3 Curl. VIII. 0, 6 ; Liv. XLV, 6, 7 (llacéd.) ; Diod. XIX,
iS, 3 (armée dKumcne) ; Pol. V, 83, 13 ; XXXI, 3, 17 ; Bevan, Op. cil. Il, p. i84;
Bouchf'-Leclercq. Hisl. dus Layides, I, p. IW, 2 (Séleucides); Bouché-l,cclercf|,
lAirf. III, p. 107 et 118 (Lagides). — i l.'instituUon est d'origine macédonioune
iB. Niese, Gesch. d. ijriech. u. maked. .Slaaten, I, p. 43) ; Alexandre ne lit i|ue
déterminer le nombre. Cuire les S somatophylaques de la liste (Arr. .Innft. VI, 28,
4), nous en connaissons six autres: Arrylias, Balacros, Démétrios, Mènes, Ptolémée
fils de Séleucus, un autre l'Ioléniée, tué devant llaticarnasse ; cf. .'^piecker. Op. cil.
p. II. —5 Telle est riuterpréUtion générale (Droysen, Nicse, Belocli, Kaersti.
Ilogartii {Op. ri/, p. 19), se fondant sur l'absence dans la liste que nous possédons, des
noms des plus grands capitaines d'Alexandre, voit plutôt dans les somatophylaques
une catégorie honorifique anabigueii celle des* bienfaiteurs du roi » de la cour perse.
Cf. E. Meyer, O/i. cil. III, p. 4S. — 6 Arr. .4)i.<A. VI, 28. 3 : Alexandre nomme Peuces-
tas ff».i*«Tosw'*«; avant de l'installer satrape de Perse Ê6£/.ovTa 8i kçô t»;; (ru;aa»ï:a; ;niài
-.■jij-Ti -.t,i xiiLf,i .«l i;(rri.«î ««.•jat-v li.a.. — 7 Beloch, Op. cil. III, 1, p. 391 ;
J. Kaersl, fl^scli. <(« hetlenisl. Zeilalters, I, p. 139. — 8 Arr. Anab. III, .5,5 ; 27, 3 ;
II, 12,2.-9 Beloch, Op.cil. III, 1, p. 39u.— 10 Arr. yl/ej-.su«ess. IX, 38; cf. Phot.
Bibliolh.'ii a. — "Corp. intcr. ail. II. 207. - 12 Pol. XXVIII, S, 9; Liv. XLIII,
20 : Diod. XXX, 10, 2; 11, 1. — •» Polyaen. VIII, .Ï2. — H Dittcnberger, Orimiis
graeci iMcr. »e/. 329 ; Ordinali, Op. cil. |i. 210-211. — !>• Coinples rendus de
lAcad. 1907, p. 598-603. Autant que J'ai pu m'en assurer, le titre ne se rencontre
pas dans les textes cunéiformes contemporains. — 10 Athen. I, p. 19 cd ; Ditleu-
herger, Op. cil. 747. — '7 M. L. StracL, Criechisclie litel im Floiemiîerreivh
iMein. .l/iu. LV 1 1900, p. 161190,: Bouché-Leclercq, Op. cil. III, p. (02llii.
Toute la littérature antérieure est anaivsée par .«Iraclc et Bauché-Leclerc>|.
— I» Stracl lOp. cil. p. 1 7-188, adressé une liste de 19 4j/.o«|u<;»ïi'»a.i; connus
par les mscriplions et les papyrus. Il faut y ajouter i,<„i<„«; t£, 4o)ri<r«.|.«t..sj-
(id.w.) ca. 148 av. J.C. {Tebt. pap. I, 79, I. 32) et IlT,ie|»«ro! « 4M.o«|..,ooOi«;
.«; «Tf«tr,T<iî (UGt: = Aeijypl. f'rkund. nut d. k. Muscen, Griech. Urkunden, III,
n* 1012) ca. 170 (■?) av. J.C. qui semble distinct du IIto'/ii»«tt.; 4f/io<iin«To«0)n,: ,«*,
4oj-.ivii7.>! (191 ( 181) de la liste de Stracl. — 19 Stracl, Op. cil. p. 169, i ; Bou-
tiochus III ^\ Le litre, dès lors purement personnel et
honoraire, est conféré à certains hauts fonctionnaires ";
on le perd, «[uand on est promu aux rangs plus élevés
delà noblesse aiiliquc '-'. Comme tous les honneurs pro-
digués dans un but politique, celui-ci semble s'êtredémo-
nélisé assez vile el parait avoir duré moins longtemps
que le litre de (tu-cy^"''']? : les derniers à;;/'.T(i)u.aTO(i.J/,a)c£;
que nous connaissions datent de la tin du n'" siècle.
L. Jai.vbebt.
SOMMA ^DIVINATIO, INCIBATIO, SOMNls".
SOMXUS ("Ttivoç'. — Les deux personnifications du
Sommeil el de la Mort [mors, p. 200) sq.] sont au
nombre des fictions poétiques les plus expressives que
VIliade ait transmises avec tout le relief des réalités
religieuses ', sans que jamais l'opinion des âges suivants
les ait consacrées par un culte-. Hésiode toutefois leur
a créé une généalogie en les faisant enfants de la .Nuit';
plus tard seulement on leur donna pour père Erébos '.
Filles figurent donc dans la lignée assez nombreuse des
forces primordiales du monde physique el des influences
morales qui régissent la vie de l'homme ; et même avec
les Songes, les Kéres, Némésis el Eris. on peut dire que
ïhanalos et llypiios sont les seules qui se distinguent
par des traits nettement personnels °.
Cependant, la nature de Thanatos est simple comme le
fait qu'elle exprime, tandis que celle d'Hypnos est double;
car outre le fait du sommeil, suspension momentanée des
facultés actives, elle représente aussi la cessation défi-
nitive de la vie en assimilant ce piiénomène au premier.
C'est à la faveur de celte assimilation que les deux per-
sonnalités sont conçues comme frères jumeaux' et asso-
ciées dans les fonctions de l'ensevelissement. Des deux
passages de VIliade ou Ilypnos joue le rc'de d'un daenion
TToo^TtoXoç, un seul borne son action à provoquer l'assou-
pissement passager^; l'autre l'unit à Thanatos comme
ministre des devoirs rendus à un mort". Le premier est
ché-LecIcrcq, Op. cil. Itl, p. lit. Seul de tous les titres antiques, il aune allesla-
tion antérieure à 190 : Xoii.j.-zi; (Grenfell and Hunt, JVew chssical fragmenlt...,
no 14 6 ; MahalTy and Smyly, Tbe Hiiflers Pétrie Pnpijii. n' 53 l-m : Pap. du
musée de Gi:eli, n" 10230. dans Arcbir. f. Papyrnsforschmig, II, p. 80) appartient
au règne d'Evergète. Il n'y a pas à faire état de la correspondance apocryphe de
Philadelplie avec le grand prêtre juif Eléazar. qui mentionne l'4&x"^I^-^?''^"-
Andréas (Joséphc, AhI. Jud. XII, 2, 4; cf. Lettre d'Aristée, § 40 (éd. Swete) :
'AvSoia» tSv â;2>i>u!xaT03vV4>uv), ni de la Lettre d'Arislée, § 12 (éd. Swete); cf.
Joseph. Anl. Jud. XII, 2, 2 et c. .Kp. II. 4. Cf. Bouclié-Lechrcq. Op. rit. Il, p. 110,
1, — 20 11 est vraisemblable i|ue la transformation dans le titre (l'appellation
o 4.,/i9bi:x-aT'>=/Aa;, portée par les 0 premiers titulaires, fail place, sous Evergète II, à
la désignation tùv 4pj^t<nitLatoçuAaiwv, cf. Stracl, Op. cit. lab. VII) suivit l'évolution
réelle de la fonction qui, d'elTective, devint purement honoraire ; voir cependant la
réserve de Bouché-Leclerc«i, ftp. cit. III, p. 1 14, 2. — 21 Vy^^j^,j.^ ^.^^ ôixo-i'umv toT;
tableaux de Stracl. — *' Cf. Stracl, Op. cil. p. 173-174 ; Bouché-Leclercq, Op.
cit. III, p. 102-108. Ouelles ipie soient les analogies, la continuité a été évidemment
rompue entre ces divers régimes el la cour des Lagides. — 2i Tel est l'avis de
JlahalTy {The Empire a[ Ihe /'lolerr.ies, p. 214 ; A Hislorij of Egypl under Ihe
Ptotemaic ffynaUy. p. 161, et de P. Meyer(/>(i5 Heertresen der Ptoteinûer, p. 61,
n. 2l>ii); il semble toutefois i|ur la classe des sî'Aot remonte au moins au régne de
Philopator (i'ol. XV, 23 a, 13-14; cf. Bouché-Leclercq, Op. cil. IV, p. 333).
— 25 Stracl, Op. cit. p. I73-I7.'i; Bevan, Op. cit. Il, p. 281. Bouché-Leclercq yOp.
cit. III, p. I09-H2) fait de graves objections à cette interprétation et se demande
s'il n'y aurait pas pluUjt emprunt de la Syrie à l'Egypte. La question, en somme, est
obscure. — -^U. Stracl, tabl. III. —27 Stracl, Op. cil. p. 175.
SOMNUS. 1 //. XIV, 231 s.|. : XVI. 454, 672. — 2 Une seule fois d est question
d'un culte pour Trézène, oii Ilypnos aurait été vénéré eo compagnie des Musc^ :
Paus. Il, 31, 3; cf. Wide, De sacris Traezen. p. 71. — 3 Hes. Theog. Ht el
758 ; cf. 722, 752 ; et le fragment de poète inconnu cité par Athen. X, p. 456 c
caTS« Se Nw*Tô; SE;âi*.ïvot ?ÀEî«s»((ri — * Hyg. Geneat. — ^ Naegeisbâch. Nachhom.
Theol. p. 121. § 12 4 ; cf. 211 sq. ; cf. Hom. Theol. Il, § 6; Kobert, Thanatos.
p. 6 el 39; du même, Bild und Lied, p. 105; Brunn, Troisch. iliseell. III, 191.
— 6 //. XVI, 672, 082. Cf. Virg. Arn. VI, 278 ; Orph. hymn. 65, S ; Val. Klac.
Arg. VIII, 74 ; Senec. Herc. 1074; .Nonn. //ion. XXXI, 117. — 7 //. XIV. 231.
— 8 Ib. XVI, 434. -
SOM
— 1397 —
SOM
la scène célèbro où fiera a obtenu d'Hypnos que, caché
sous la fifçure d'un oiseau de nuit dans une toiifTe de
palmier, il en<lorrnil Zcusd'iin sommeil profond, détour-
nant ainsi son attention de la lutte entre Grecs et
Troyens'. A celle (tccasion, le poète appelle llypnos
fi'ère de la Mort et t-xalle sa puissance en le nommant
roi des dieux et des hommes. C'est dans l'épisode de la
mort de Sarpédon que llypnos partas<e avec Thanatos
les fonctions d'ensevelisseur, commis par les dieux de
l'Olympe; ils emportent le corps du héros loin de la
mêlée, dans la Lycie sa patrie, où ses parents et ses frères
lui rendront les honneurs funèbres-. Les deux aspects
de la p(TSonnalité d'Hypnos sont caractérisés chez
Homère, non pas seulement dans ces scènes qui ont la
couleur mythique, mais là même où intervient le sommeil
en tant que phénomène physiologique, par des épithètes
qui expliquent pour leur part le passage facile du sens
vulgaire à la personnilication. Un sommeil profond est
vz-voîTo;, sans réveil, v/iouao;, insatiable, tout à fait
pareil à la mort ^ ; et la mort elle-même est définie à son
tour par des qualilicatifs et des descriptions qui l'assi-
milent à un profond sommeil. Hypnos ainsi compris
n'est pas seulement la repri'sentation du fait dont il porte
le nom, mais encore celle de la mort douce et libératric(?.
Sophocle reste dans la tradition homérique lorsqu'il
fait invoquer par Œdipe, sous le vocable de aïÉvuTivoç,
le sommeil éternel, en l'honneur duquel existe une
inscription latine des temps de l'Empire '. C'est l'idée
du sommeil pareil à la mort qui, chez Hésiode déjà, a fait
localiser sa divinité dans le monde des enfers \
Les poètes (jrecs et après eux les Latins ont ajouté
fort peu de choses à ces traits dont l'épopée primitive a
peint le sommeil. Il suflit de rappeler l'invocation qu'Eu-
ripide met dans la bouchi; d'Oreste à son réveil ' ; et ce
que le même poète a dit de la Nuit s'applique de tout
point au sommeil dont elle est la mère" : « Toi qui
apportes le sommeil aux mortels malheureux, sors de
l'Érèbe, plane en déjjloyant tes ailes et descends sur le
palais d'Agamemnon. » Parce qu'il apporte des songes
agréables, le sommeil est appelé ami des Muses et
d'Apollon ; et par l'ivresse bachique qui le favorise, il
est considéré comme celui de Dionysos*; ailleurs nous
le trouvons parmi les divinités de la santé, à côté d'Hygie
et de Salus dans les temples d'Esculape ''.
Le caractère mystérieux du rêve le fait d'ailleurs
participer de la divinité du sommeil lui-même, auquel
il maintient une sorte d'activité surnalurelle. Homère
l'appelle en elFet >/irin et en fait un messager aussi réel
I /;. XIV, in s.|. , iCV ; isi. _ L' /l,ul. XVI, L. cit. el 66G sq. ; OTfi.
— i II. XI, ill ; 0,1. XIII, 7'J; cf. la noie df l'i.-rion (Odijssfe. W. TJi) : II.
XXIV, 4: ;»..,; i«,««^âT.«9 : V. encore /(. iH : îi.o; ,d/i<.o; où il sagil moius
(iu sommeil profoiiiJ que du soiiiiiieil morlel donné par le fer, expression que
Virgile a imitée, Aeii. X, 745: fevreus urtjet i'omniis ; Orph. hifmn. 8j, 1 sq. ;
Orph. Arij. 1004; Apoll. Argon. IV, 145 el Val. h'Iacc. IV, l(i. Cf. Apuli-e. Met.
VI, SI, qui semble Iraduil d'Homcrc, Jl. XVI, 330. — 4 .Sopl]. Oed. Col. 1578 :
et. Creller, Criech. .Mijlhul. I, p. 091 sq. Linscriplio» laliue, chez Orclli. 44JS :
soilNo AETKUMi. — '• llcs. Tlluuii . 7.59; cf. Viig. Aen. VI, tl>i, 390. Ovi.lc a placi!-
la résidence du Sommeil dans une caverne delà région cimuiéricnne, au pied du
Vésuve; pour la môme ■•aison, c'est là que le Léllié prend sa source. V. .len. VI, i7S :
consanguineui Leti Sopor et 300 : Umbrarum hic loctts est. Sontni Noclis(fUf
toporae. Cf. Slat. Tlifb. X, S'J sq. et Luc. Ver. Iiist. Il, 3S sq. où le sommeil
habile lile des . -Songes. — 6 Omsl. 311 ; cf. .Sopli. fhitoct. Si7 sq. (invocation au
sommeil, remide à la soulTraucei ; cf. Ouint. Smyrn. V, 398. — '• Jliid. 174 sc|. Cf.
Pind. Pytti. I, .7 à li; AIcm. Frag. CD; Faus. Il, 10, 2; 3), 5. — S Pind. loc.
Cit.; AIcm. loc. cit.; Sil. It.l. VII, iu5 : Snmnua, Bacclie, lilii cornes additus.
— 5 V. Inscript. cliciOrelli, 1372 s<|- ; tlenzen, 573U-3H ; cf. l'reller-Jordan, Korm.
Mgtit. Il, p. 244. nolo, et Wieseler, Denkm. der ait. Kunsl, Tab. LX, LXI. — 10//.
et plastii|ue que Hermès ou Iris '". Le Songe écoute une
recommandation des dieux dont il est le serviteur; il
obéit à leurs ordres, s'élance, part, et pour s'acquitter
de sa mission, prend les traits d'un personnage connu,
de même que le Sommeil s'est métamorphosé en oiseau
chez Homère". Dans l'exercice de cette fonction, sa
ressemblance avec Hermès est frappante : il est même
probable que si en (irèce il n'y a pas eu de culte ni de
pratiques à l'intention du Sommeil et des Songes divi-
nisés, c'est que les hommages dece fait allaient à Hermès ;
la dernière coupe de vin avant le repos nocturne était en
son honneur et ses images figuraient à la têle des lits,
afin qu'il fit dormir et donnât de beaux rêves '-. Invoqué
sous les vocables de ovE-poTtôaTtoç, de ûtuvoSôttiC, de ûttvo-
7ipo<7TâTY|;, il avait sur les monuments pour symbole le
lézard qui signifiait le doux repos (ulsiÀi/oç), et son
caducée possédait des vertus soporifiques ".
Ce sont tous ces traits que les poètes romains ont
exploités, sans jamais rien innover d'ailleurs, quaml dans
leurs œuvres ils personnifiaient le Sommeil à l'imitation
des Grecs ; car il est digne de remarque que malgré la
tendance à tout personnifier sous la forme de génies de
circonstance, la vieille i-eligion romaine n'a point fait de
place au Sommeil, dans ses fnitir/itaiiipnta ". Le sacrifice
à Somnus avec le vocable de /eni.i qu'Ovide prête à
Numa est isolé et parait n'être qu'une fantaisie litté-
raire ''. D'autre part, les inscriptions en son honneur
sont rares et toujours elles sentent l'imitation littérairi'
des Grecs. Ceci est également le cas des descriptions
célèbres que nous rencontrons chez Virgile, Ovide,
Valerius Flaccus, Stace et Silius Italiens "*. Cependant
ceux-ci ne s'inspirent pas seulement des modèles litté-
raires, depuis Homère en passant par les tragiques jus-
qu'aux Alexandrins; c'est à l'art grec qu'ils sont surtout
redevables; car cet art, dès le vi" siècle, a donné au
couple fraternel du Sommeil et de la Mort une réalité
plastique qui supplée à la réalité religieuse dont il fut
toujours dépourvu.
Les plus anciens monuments qui les représentent tous
deux sont ceux dont parle Pausanias : la colonne de
Sicyone sur laquelle ligurait, avec le vocable de È7:io<.jtY|j;,
Hypnos accosté d'un lion qu'il endormait , et le coffret
de Cypsélos à Sparte où figurait la Nuit tenant dans ses
bras les deux frères ''' . On a supposé que le vocable sous
lequel Hypnos était désigné à Sicyone, signifie qu'il
tranitmel à Thanatos les mortels en les faisant passer du
sommeil momentané au repos définitif". Les premières
images d'Hypnos nous sont données par les vases peints :
II, 0 sq. : eiîo; 'O.t.po;. Les éditeurs ont raison d'écrire ce nom avec une majus-
cule : il est aussi appelé où'ao; = funestus â cause des erreurs où il jette ; v. les
vers 22, 5fi el Od. !V, S3I. Il rlit de lui-même : a.bs Si toi iiTiid; thu, comme plus
loin, V. 93, 'u<r«« = Fama. Les Somnia mna de Virgile, Aen. VI, :!S3, qui se
blottissaient comme des cliauvns. souris sous les feuilles d'un grand orme, sont des
personnifications analogues. — " /(. XIV, 290. — 12 Plut. Quaest. Conv. 7, 9, li ;
Alhcn. I, m *; lleliod. 3, 5; .Schol. Od. XXIII, 198; l'oll. VI, lOU ; llesych. v.
•E?;.*:; ; cf. Koscher, Ausf. Lexilton, I, p. 2375 : Kriiger, Jahrù. fur kliiss.
Phil. 1S113, p. 2S9. — 1» Cour les images de Hermès somnifère, très semblables à
celles de .S'omnui lui-même, v. Miiller-Wieseler, Ihnkm. der ait. Kun.,:t. M, 328;
Welcker, driecli. Goetterl. Il, 441. — 14 V. cependant quiks, IV, p. 801. - li-Ov.
/■as/. IV, 6.i3; cf. Mcrkel, Prolegom. p. CXCII. — '« La plus (idèle à la liadition
hellénique est celle de Virgile, Aen. V, ,«38 Sf|. ; il y a eu revanche beaucoup de
fantaisie dans celles d'Ovide, ilelam. XI, 591 sq.; de Slace. Iheli. II. 144: V, 199 ; VI,
27; X, t03; de Silius llalicus, X, 334 sq. et de Valirius Flaccus, VIII, 70 sq. Cf. .Serv.
.4en. VI, 894; .Scliol. -Slat. -SiU: VI, 27. IJuaul i la jolie fable racontée eu slylc pré-
cieui par Fronton. De feriis Alsiens. p. 2!8, édil. .Nabcr. ellea élé de toules pièces
forgée par le rhéteur. — 17 l'aus. Il, 10, 2 ; V, 18, 1 : cf. .*auer, chez Koscher, Ausf.
Letikon. I. p 284H; Kobert, Thanatos. p. ii. - '» Zoega, tiassirilieci, II, p. 213.
SOM
1398 —
SOM
un vase d'ancien slyle nous montre Alcyoneus attaqué par
Hercule durant son sommeil; au-dessus du géant plane
une petite figure ailée dont la présence explique la facile
victoire du liéros' ; c'est celle d'Iiypnos. Il y joue un rôle
analogue à celui que lui prête Homère, mais avec les
traits d'un oiseau de nuit, dans la scène du mont Ida'-.
Ce son t les représentations de l'enlèvement sur le champ
de bataille de Troie des corps de Sarpédon et de Mem-
non qui nous ofTrent
pour la première fois
Hypnosavec son frère
dans l'emploi d'ense-
vel isseurs divins '.Stir
un cratère de Caeré
les deux frères son!
absolument pareils,
imberbes tous les
deux, de même cou-
leur, d'expressio n
identique; une ins-
cription seule dislin-
gue llypnos qui sou-
tient la tète du mort l.j„. ûjIS. _ Thanalo
alors que Thanatos
le soulève par les pieds ! fig. fiSlO) ; cette distribution des
rôles va en quelque sorte devenir rituelle'. Mais à partir
du V siècle, particulièrement sur les lécythes funéraires
d'.Mtique % les tigures des deux frères se distinguent
nettement ; comme nous l'avons montré ailleurs, Tha-
natos est barbu, d'aspect sauvage, le corps parfois mou-
cheté de toutTes de poils ; Hypnos est imberbe, d'expres-
sion douce et juvénile; enfin l'un et l'autre sont ailés '^.
D'abord les ailes sont de grande envergure et attachées
aux épaules; plus lard, la fantaisie des artistes les rem-
place par des ailes de papillons, ou, les supprimant dans
le dos, elle indique la nature légère et errante des génies
par des ailes placées sur les tempes et combinées avec
les ondulations des cheveux". Un détail caractéristique
relevé sur les lécythes est celui de la couleur des corps :
il arrive en effet qu'une des figures est blanche, l'autre
noire ; M. Pottier a démontré que cette dernière cou-
leur appartient à Hypnos '. Pour le surplus, un texte
d'Euclide de Mégare (ilX) av. J.-C.) confirme l'interpré-
tation qui distingue les deux figures'.
.lusqu'au temps d'.Mexandre, les images d'Hypnos
conservent le caractère quelque peu fantastique qu'Ho-
mère a donné à ce génie; à partir de Lysippe, le type a
été fortement idéalisé, comme il est facile de s'en assurer
par la statue du musée de Madrid '", par le bronze
de Vienne et d'autres (fig. 6a!7) apparentés". Hypnos
y a les traits d'un jeune homme à la fois souple et vigou-
reux qui, même quand les exigences de la technique le
fixent au sol, semble planer dans les airs. Il a perdu les
vastes ailes fixées aux épaules ; mais comme Hermès, à
qui d'ailleurs il ressemble au point de pouvoir être aisé-
ment confondu avec lui, il porte des ailes attachées aux
tempes ou dissimulées dans les boucles de la chevelure'*.
L'expression du vi-
sage est le plus sou-
vent douce el même
souriante ; mais il
arrive qu'elle a tan-
tôt un caractère de
gravité mélancoli -
que, tantôt un air
d'accablement el de
fatigue. Un fragment
de bas-relief, aujour-
d'hui au Louvre, re-
présente une tète,
parfois interprétée
comme un masque de
Méduse, que les yeux
mi-clos elles traits détendus invitent à considérer comme
une figure du Sommeil''. De même sur une gemme du
Musée de Berlin, nous trouvons un personnage que tout
nous invite d'abord à prendre pour Hermès psychopompe
el qui plus probablement est le Sommeil selon le
type créé par Lysippe ou
el H,pn
m. deir Jnsl. V. pi. D. i: 0. Jaliu,
i, p. UO ; Baumeisler, Oeiikmaeler,
T. it. Si-iclu. Cesellsch. 1853,
p. 49. fig. .ï6 ; Koepp, Arch.
Zeituny. l8St. p. 31 Sil. 41. — 2 Hoili. //. XIV, 290. — ^ Gerharil, Antike
VaitenbUdtr, iil, ±-ii\ Baumei^ter, Op. cit. I, p. 727. (ig. 7SI ; brunn.
Atmali, 1848, p. 35^, 378 sq. el Koberl, Up. cit. p. 7 S(|. Il y a souvent con-
rusioo pour li'S héros : Sarpédou seul ligure ilans l'Iliade ; Memnon au destin
identique a été clianté davantage plus lard et devint dans l'art plus populaire
encore. V, llolland, chez Hoscher, Lcdik. Il, i, p. iïi7li s,j. — ♦ muhs. lig. 5*17,
p. 200"'.. 2, note 19 ; ttxTMm, II, p. 18, fig- 2287, où la Mort est à la tête et
le Sommeil aux pieds, — 5 l'otlier. Etude tur les têcytiies blancs attiques^
p. 24 ; Robert, Op. cit. p. 10, pi. 1 et 2. — s Pour les ailrs d'Hypnos, v. Callim.
/„ /tel. 234: Orph. Aryon. lOll; Nonn. Viun.XU, 141 ; Tih. Il, I, 89; Hrop. I. 3.
45; Sil. liai. .\, 344, 351 sq. ; Senec. Herc. Iu73. Cl. Vire. Aph. VUI, 838 : levis
aettiereis detapsus .^omnus ab astris. Ui^jà chez Mes. Theog, 7(i3, v. encore Ilias
/a/. I2U s,).; Stal. Theb. X, 132: chez Properce, c'est le mouvement des ailes qui
endorl ceux que visite .Somiius. — '' .Vonum. tnst. VIII, 59 ; Brunn. Annal.
1808, p. 35t ; 0. Jahii, Arch. beitraeye, |p. 53 sq. — 8 Qp_ cit. p. 31.
- «Chez Stobée. /"(ori/es. VI. 65. — to Baumeisler, O. /., I.p.706,fig. 'W-.Arch.
Zeitung,\i6i, 157, 1 : chez Clarac, i/(ii. de scutpt . pi. uclwi, c, la statue est
par un sculpteur de son
école ". Il lient dans la
main gauche deux liges
de pavois eldans la droite
une corne renversée d'oii
il répand sur la terre le
repos bienfaisant. Les ai-
les, sous des formes va-
riées el à mesure que
leur emploi dans la sculp-
ture devient moins carac-
téristique, les liges de pa-
vots, un rameau trempé
ijes poêles nous l'appren-
nent) dans l'eau du Léthé,
la corne surtout que, d'un
Hypnos.
geste apaisant, le dieu égoulle en glissant dans les airs,
deviennent les attributs classiques du Sommeil '°.
L'art hellénisant d'Italie s'est emparé de ce type et l'a
donnée comme représentant Hermès. Cf. Winnefeld, Hypnos^ {Stull^rl, 1887),
p. S, note 2. — Il Sacken. Die antik. Bronzen, pi. 34; Duruy, Bist. des Rom. VU,
p. 503 ; Baumeisler, p. 707, lig. 709 . Pour les stalueset statuettes de HypnosSomuus,
V. Winnefeld, 0. c. ; S. Reinach, Bronzes de In Gaule rom. p. 105, cl Répert. de la
Stat. 11, p. 843 (Indes) et p. 488-492. .Nombre de celles qui sont cLissées sous ce
vocable représentent des Amours endormis dont la signification est autre. V.
infra, uolaranienl dans le groupe du Louvre, Inveut, du AJusée, M.NC, 1259,
reproduit à fons, lig 3159. Cf. Clarac, pi. ncci.ii sq. En revanche, pi. dcci.xu,
les ligures, lune ailée, l'autre sans ailes, n*- 1861, 1862, sont des représenta-
tions du Sommeil. — lï Tête du Brit. mus., Murray. Hist. of greeck sculpt.
Il, pi. m: Uuruy. Hist. des Grecs, l. III, p. 23o. - 13 Froehner, Mus. de
France, pi. xxv: cf. Sauer, chez Roscher, Op. cil. I, p. 2850, avec les levtes
et comraenlaires. — i' Miillcr-Wiescler, Op. cit. Il, 328 ; sur les ressemblances
du type d'Hennés avec celui du Sommeil, t. Jbid. cl p. 870: cf. Krûger,
Jahrb. /ûr ktass. Pinlol. 1803. p. 289 sq. — '5 Virg. Aen. V, 854 ; Sil.
liai. X, 351 sq. ; Stat. Tlieb. Il, IM; V, 199: VI. 27; X, l('5. Cf. .Serv. Aen.
I, 692; VI, 893'; Front. De Fer. Als. p. 229, édil. Naber. Stace, Theb. I,
59, fait de Somntts le conducteur du cliar de la Nuit : cf. .nos, IV,
p. III sq.
SOM
— 1399 —
SOP
Fig. 6518. — Le Sommeil.
varié, souvent aux dépens du goût et aussi de la clarté,
sur les couvercles des cistes d'Êtrurie et sur les sarco-
phages, où sa parenté avec le génie de la mort a marqué
à Somnus une place'. Pour adapter les représentations
du Sommeil aux diverses con-
ditions de la vie et de la mort-,
les artistes lui donnent ou les
traits d'un vieillard barbu, grave
et même triste (fig. Col 8), ou
ceux des Amours dont la pré-
sence sur les monuments fu-
néraires s'explique d'ailleurs,
même en Grèce, par des raisons
plus générales et plus profondes
que celles de leur identification
avec les idées de la mort et du
sommeil [cri'iDo, p. 1609 sq.].
iNous n'avons pas à revenir ici
sur une interprétation qui a déjà
trouvé sa place ailleurs ; mais
il n'est pas sans intérêt de mar-
quer les rapports que la mythologie et les représenta-
tions plastiques du sommeil ont avec la fable d'Endy-
mion ■'. Lui-même n'est qu'un génie de la Nuit et du
Sommeil ; on connaît les fables et les monuments qui
le montrent, visité cliaque nuit par Séléné-Luna [luna,
p. 1382], qui souvent
est identifiée avec
Diane ''. Des mytho
logues racontaient
qu'Hypnos faisait
dormir Endymion
les yeux ouverts, afin
d'en pouvoir con-
templer le charme
sans cesse. Le som-
meil d'Endymion
était devenu d'ex-
pression prover-
biale, et l'idée en
correspondait à celle
du repos éternel, au
sein d'un bonheur
pareil à celui de Cléobis et Biton, les héros endormis dans
le temple de Héra et passés sans réveil dans la compagnie
des dieux, en récompense de leur piété filiale ". J^es nom-
breux sarcophages et bas-reliefs, ceux-ci également de
caractère funéraire, qui représentent Endymion endormi,
offrent un des aspects sous lesquels l'imagination des an-
ciens envisageait le repos de la tombe, le sommeil sem-
I Moniim. lieir Iiisl. VIII, II; 'J, .i8, 39 ; XI, 10, :i ol lierliard, Akad. Ablianill.
pi. \i, 1, 2. Les jdenlificalioiis sont souvent diniciles; v. 0. Millier, Kunstarch,
iii:j. _ 2 V. Hrellcr, Griech. Mytlwl. I. p. 693 sq. I.a Gg. d'après Zocga,
Bauiril. H, 93; VSi sq. ; cf. I, 15; Baumeister, Op. cit. (, p. 707, fig. 770;
Jahn, Arch. Beiir. p. 53 s(|. l'our Somnns jiiv^'iiilc, avec de grandes ailes
debout et endormi, v. la pierre tombale, cliei Muilcr- Wieseler, O. c. Il, S7S et
ccpioo, lig. J193. — 3 0. Jahn, Loc. cit.; Zoega, Op. cit. III, p. ÎSi s.|. ; cf.
Boutticlier, Knnstmythol. Il, .Hi3; (ierhard, Prodrom. p. 2-15 si|. ; Panofka, Tct-
racott. p. 86 sq — * Licymn. de Ccos, chez Bcrgk, Po*H. Lyr. f/raec. Itl,
1250: cité par Allien. XIII, 56* c ; Diogenian. IV, 60: Nonn. Dion. XLVIII,
637. — ''> Suid. V., KvSujjîwvc;; cf. Lentsch, Paroemiogr. graec. II. p. 25; Plat.
Phaedr. p. "2 c ; Arisl. Eth. ad Nicom. X, 8; Schol. Apoll. Rbod. p. 487, 21 ;
Zenob. III. 76. Cf. Roscher, Le.nik. 1, p. 1246 sq. cl 284S ; Robert, Bild und Lied,
p. 50.— lillerod. 1.31. ;ivcc la noie de Stein,l,p. 38; cf. Cic. T'use. I, 3S,92 : hahes
Somnuni imagintm mortis catnque cotidie induit ; et 47, 113. — ~' Fig. 65IK ; voy.
note 2. Outre Zocga et Jahn, v. Righetli, Mm. Capil. 1,64; cf. Helbig. Wundg.
Fig. 631'J. — llypn
blable à la mort ou la mort qui n'est qu'un sommeil '. Sur
les sarcophages, Somnus est souvent le vieillard barbu et
d'aspect sévère dont nous avons parlé; ici le bas du corps
drapé, le buste libre, les ailes placées aux tempes, ailes
de papillon ou d'oiseau de proie; là il tient dans ses bras
Endymion, ou lui soutient la lête. Sur un des sarcophages
les plus récents, le vieillard est debout, les jambes
croisées, de vastes ailes au dos; il dort appuyé sur un
bâton ''. Citons encore deux sarcophages du Louvre, l'un
qui représente Somnus sous les traits d'un jeune homme
se penchant sur Endymion endormi et versant sur sa tête
le liquide soporifique, tandis qu'un Amour entraine
Séléné vers le héros"; l'autre est une touchante appli-
cation du mythe à la vie réelle : Somnus, sans ailes,
tenant une tige de pavots dans la main gauche, étend sa
main droite ouverte sur une femme endormie du dernier
sommeil; un enfant se penche comme pour la réveiller,
le jeune mari contemple la morte d'un air rêveur : entre
les deux figure un Amour aux ailes étendues, le visage
empreint de désespoir (fig. 6519)°. J. A. Hild.
SOPATREIA (i:«)7i-iTf£ta). — Fête célébrée à Délos'.
SOPHROINISTÈS (S(otppovi7T-/îç). — Tel était le nom, chez
les Athéniens, d'un magistrat spécialement chargé de la
surveillance des éphèbes [eimiebi, p. 626] ; pour une même
promotion d'éphèbes il y avait plusieurs sophronistes. Il
est difficile de dire à quelle époque exactement fut créée
cette magistrature.
iNi Thucydide, dans
les rares occasions
oîi il emploie le mot
(T(i)9povt(jTTJ(; ', ni Dé-
mosthène, dans le
passage souvent cité
du Discours sur
V ambassade où ce
erme figure^, ne dé-
signent par là une
fonction publique ^
D'aprèsWilamo-witz-
Moellendorff, les so-
phronistes dale-
iic scène fundrairf. raient seulement de
l'administration de
l'orateur Lycurgue', et l'archontat de Ctésiclès (334/3),
antérieur d'un an aux quatre décrets rendus en l'hon-
neur des éphèbes de la Cécropis inscrits sous cet archonte,
et de leur sophroniste, Adeistos d'Athinonon '■, mar-
querait l'année où l'institution prit naissance; elle se
rattachait, selon toute apparence, à la réforme de l'éphé-
bie proposée et menée à bien par cet Épicralès dont
n" 957.960, etc. ; Gerhard, Aiil. Bildw. 38, 39 ; Areh. Zeil. I862;pl. loU, 1, 2 ;1860.
pi. 141. Une représentation particulièrement intéressante est celle d'un relief à Fisc,
Lastnio, .Seul, del Campo santo, p. 63 : éphèbe nu avec de poliles ailes à la tôte et
aux pieds cl tenant la corne; de môme notre fig. 6519. — 8CIarac, pi. ci.xv, n° 72.
— 9 Id. pi. ccxxM, n" 58 ; cf. Winnefold, Hypnos, p. 28 et passim.
SOPATREIA. I Bull, d,; corr. heli. 1882, p. 144 ; Dillcnbergcr, SyHoj/e, 2 n. 858.
SOPHRONISTES. 1 Thuc. III, 65, 3; VI, 87, 3; VIII, 48, 6.-2 Dcmoslh. De
maie gesta Icg. 285. — 3 J'ai admis (A'rfuc. af/c^n. 2* éd.. p. 44 ; kosmètès, p. 865,
col. I)quc. dansr.lxiocAos(p. 367 A), «u=po»,crT>i,- pouvait désigner une magistrature.
Un examen plus attentif du contexte me persuade du contraire. Pourtant, VAiiochos,
faussement attribué à Platon, parait bien n'être que du m" siècle, et si, à ce nio-
nienl, les sophronistes n'existent plus, ils ont existé. Je n'en crois pas moins au
sens tout littéraire de (i«,»ooyiot/,4 dans ce dialogue. Il en est de même de «0T|»>iTr,5
employé par Plalon {Leg. VI, p. 772 A), contrairement à l'interprétation proposée
ailleurs [kosmètès,' (. c.]. — ' .iristoleles und Athen, I, p. 194. — 5 /user. gr. II, 5
(Supplem. 1895), 563 4 ; Cil. Michel, Hec. 003 ; Ditteoberger, Syll. i' éd. Il.flln.
fXTgvitmii
"Cf^VDl AL
J'FLAVIVS EVPHPvANOR'ET'I-VARlVS-SKNDO |,J
r r ^ '■'""■' -■' — ^ . r -li -- -: .ari'
SOP
1400 —
SOR
|>arhiil l,yi-iirt;iit' "laiis iiii iliscnurs aujoiird'liui |ioi'(.lu. le
Ttepi t(txTj(Te(oç, coiume ayanl été honoré d'une slaluc de
hron/.e pour sa loi sur les éplièbes (ôii xbv vôpiov tôv Ttepl
Tiôv È5r,6i»v) '. Cequi est eerlain, e'eslqiieles plusaneiens
lémoigna}i;es qui noinnienl les sophronisles ne renion-
lonl pas au delà de la seconde moitié du iV siècle. La liste
en a él»' donnée ailleurs jei'IIKBI, /. c.]-. Je renvoie à cet
article pour te mode de recrulemenl des sophronisles et
pour le rôle (|u'ils jouaient auprès des Jeunes gens. Dans
une certaine mesure, ils dépendaient du Conseil, comme
en dépendait ù cette épo(jue toute l'épliébie; ce qui le
prouve, c'est qu'au nombre des décrets concernant les
éphèbes de la Cécropis inscrits en 'S'.i'i ',i, et Adeislos
leur sophroniste, il en est un qui émane des Cinq-Cents.
.Nous voyons de plus par ce décret que le Conseil exer-
çait sur l'activité linancière des sophronisles une sorte de
contrôle. Ceux-ci, en effet, géraient les fonds destinés à
l'entretien des épiièbes de leur tribu et rendaient bnirs
comptes^ : or il semble bien que le Conseil se faisait,
tout au moins, renseigner sur leur gestion, puisque le
décret en l'honneur d'.\deistos porte qu'il ne sera récom-
pensé qu'après avoir reçu décharge (ÈTieioiv xiç EÙOûvaç
oiû)'. D'autres documents nous éclairent sur les rapports
des sophronistes avec la tribu et le dème auxquels ils
appartenaient. C'était, pour les démotes, un honneur
(|ue le sophroniste de la tribu eût été pris parmi eux;
aussi décernaient-ils volontiers à leur concitoyen un
éloge public et une couronne, ainsi qu'aux jeunes gens
du dème qu'il avait eus sous sa direction, après avoir
entendu de lui un rapport sur leur bonne conduite'.
L'n rapport sur la conduite du sophroniste parait de
même avoir été nécessaire pour lui faire obtenir les
félicitations de la tribu : c'étaient les pères des éphèbes
qui le présentaient^ C)n sait que c'étaient eux qui choi-
sissaient dans la tribu les trois candidats dont un devait
être élu sophroniste par le peuple', et qui les choi-
sissaient parmi ceux des phylètes offrant le plus de
garanties ' : il était donc tout naturel qu'ils fussent
appelés, quand ce personnage sortait de charge, à
apprécier ses actes et à demander pour lui une récom-
pense, s'il le méritait.
Ledécreldela Pandionisen l'honneur des sophronistes
des éphèbes de 303,2 est la dernière inscription avant
l'ère chrétienne qui mentionne cette magistrature.. \ partir
des vingt ou vingt-cinq premières années du m' siècle,
les marbres éphébiques semblent ne la plus connaître ^
Les sophronistes ne reparaissent (juc sous l'Empire
1 llarpocral. s. r. Esiïîinn. Cf. Uil Icilbergcr. Op. c. Il, p. Itil, iiolc I ;
Arthur Alexis Kryaiit, lloyliuod and youlh in llte daijs of Aristoiihanrs {Harvard
Sliidies, 19117, p. S7). Après avoir proposé (Jiduc. alhni. i' àà. p. 48, .ï3, 60 ;
BPMKhi, p. 6i0, col. Ml <Ic faire remonter \e^ sophronisles jiistpi'aii temps de Solon
Jcf. K. J. Krecman, Schouls of Hellas, p. 70), je me rallierais volonliers i l'opi-
liion rie Wilamowilz.Moellen.lorlr. Dés lors, Tào/ïi dont parle Bschiiie (/ii Tim. 10)
comme ayanl exercé aiicieiiiiement, scmble-l-il, une surveiltaiicc aciivc sur les
jeunes gens | ti-nf.Bi, /. c. 1. serait l'Aréopage. — 2 Je la rcprodui-, pour les inscrip-
lious, avec les références nouvelles et les additions nécessaires ; 1" décrets enl'honneur
dcséphèliesdelaCécropis inscrits sous Ctésiclès (334/3; v. noleô. p. 139'J); ï^ frag-
ment d'un décret des KIcusinions faisant suite à une dédicace des épliébcs del Hippo-
thontis inscrits sous le même archonte {Jnscr. ijr. il, 3, 374 U ; 3" dédicace de
Tiiéiiphancs de Khamnonte couronné par les épliélies inscrits cD 333/^,332/1,331/30,
ainsi i|uepar leurs sophronisles et leurs cosméics (/«scr. »r. Il, 5. 1571 A); 4" décret
des haliilanls d'Aiioné contenant le nom de larchonle INéaichnios (320/19), et ré-
compensant, entre autres personnages, diu\ fuphrouisle^ k propos île la céléhralion
de la fétedilébc '/user. »r. 11. 1, Hsl); 3" tragm.>nt liés mutilé d'un décret en
l'honneur des éphèbes; les sophronisles y sont nommés ligues I et 13 {Inacr. t/r.
II, 3, 231 c. ; cf. Wilaniowiti-Mocllendorir, Op. c. I, p. I'J3, note 13); ù' décret du
Conseil et du peuple (303/4) en l'honneur des éphèbes inscrits l'année précédente,
de leur cosmèle, de leurs sophronistes, au nuinl re de douze, par suite de la
romain, au nombre de six seulement ; ;ï coté d'eux, il y a
six hyposophronistes. Nous ne savons pas comment
étaient recrutés les uns et les autres. Les éphèbes étaient
alors partagés en un certain nombre de sections appelées
oucTpsjjLULïTa : à chacune d'elles étaient attacliés un ou
plusieurs sophronisles '". Il y eut dans cette organisation
mèmedes changements (|ui nouséchappenl, et toute cette
partie tardive de l'histoire de ré|)hébie pour laquelle les
dtjcuments sont nombreux, mais souvent incomplets ou
peu clairs, serait à reprendre. Il semble, d'après un texte
du m'' siècle de notre ère, qu'à un moment les éphèbes
aient formé douze groupes attribués cliacun à un sophro-
niste ou à un hyposophroniste, égaux entre eux par les
fonctions, sinon par la dignité; les sophronistes auraient
été les plus âgés". Il est quel(|uel'ois question sur les
marbres des enfants des sophronisles (&i TiaîSe; ttov
(ïojtpsoviiTTùivl, qui figurent parmi les gymnasiarques
éphèbes'-. Les sophronisles eux-mêmes pouvaient être
agonothèles '". Nous ne pouvons guère nous faire une
idée de l'espèce d'autorité dont les sophronistes étaient
investis à l'égard des éphèbes. Un relief mutilé, reproduit
]>lus haut [epiikki, lig. 2679 , ligure trois d'entre eux
((jiospovifjTX!, y déchidre-t-on) qui s'avancent vers une
divinité, enveloppés de leur manteau et tenant à la main
la baguette flexible appelée ÀOyoç. S'en servaient-ils
pour châtier les jeunes gens? Est-ce un attribut sym-
bolique ? On ne saurait préciser. P. Girard.
SORAiMl.S. — Ce vocable religieux qui par sa termi-
naison en rappelle beaucoup d'autres tigiirant au cata-
logue des imugiïame.xia', se rencontre pour la première
fois, avec un sens ironique, chez Cicéron ; mais il est
beaucoup plus ancien el pourrait même remonter aux
temps les plus reculés de la religion romaine. Ayant à
caractériser un augure de bas étage, dont la science n'est
faite que de charlatanisme, Cicéron le nomme ou Pisi-
dien ou Soranus-. Ce sont les commentateurs anciens
de Virgile, sur la foi d'un texte de Varron et, grâce à eux,
Pline l'Ancien qui nous permettent d'éclaircir l'énigme
posée par le passage du traité de la Divination ' ; el
c'est Virgile lui-même qui adapta la cérémonie, où
Soranus est invoqué, au dessein de son Enéide. Voici
l'invocation que le poète place dans la bouche d'un chef
Étrusque, allié d'Énée ' : <• 0 loi le plus grand des dieux,
Apollon gardien du moul sacré de Soracle, toi que nous
implorons avant tous les autres lorsqu'en ton honneur
s'enflamme un amas de pins el que. forts de notre piété ",
nous marchons à travers le feu sur un lit de charbons
création de 1 Auligonis el .h: la Déinélrias. el de leui^ profes...curs (/ii.!0-. gr. 11,
3, 231 b); 7" décret de l.i Candionis en l'honneur du sophroniste l'hilonidcs, élu pour
s'occuper des éphèbes de cette tribu inscrits sous l.éoslratos (303/2) {Inscr. gr. II,
5, 363 b). — 3 Aristot. Ilep. Athcn. XLII. 3. — 1 Sur les rapports des éphèbes et
de leurs magislrats avec le Conseil, voy. hPiiKi-.i, p. 623, col. I, et p. 624, col. Il,
note 52. — ^ Voy- le quatrième déerel relatif aux éphèbes de Ctésiclès, rendu par
les habitants d'Alhmonon. (if. Jitscr. (/r. Il, 3, 574 dy rjui montre un des sophro-
nisles de riIip]>othonlis honoré de la proédrie | ar ses démotes. — c- Tel est, du
moins, le cas pour le sophroniste l'iiilonidès, de la Faildiouis. xetl ûrom^ouoiv
[Jnscr. gr. II. 5, 363 6). - '■ Arislol. /iesp. Alhen. .\LII, 2.-8 Cf. Krich
Ziebarth, Aus dvm gricchischcn .SchtUtrcsen (Leipzig et Berlin, ll'O'.t, p. 16).
— 'J Le plus ancien qui. n'en parle pas paraît être celui (|ui est daté de l'ar-
chontal de Nicias (/nscr. gr. II, I; 316). — 10 inscr. i/r. III, I. MUS : ...
'.! Èx Toî 9j5ts£|A(*K-o; t:iji^<f- xi;jif,aavTCç T4v xooimîr.v xa: Toi; otuf&o^ivTàç....
— U Inscr. gr. III, I, 7.iS. — l:: /Ijid. Ii:i:i. - '■< Jbid. 1147; Uumonl, Eph.
alliiiiie, I, p. 229.
SIMIANUS. I Cf. Tulanus, i'ratsiana, Orbana, Liraua, Latcranus, etc.
— 2 Cic. Oirin. I, 47, 105. — 3 Varr. ap. Serv. Aen. XI, 7S7 ; l'iin. Uist. nat. VII,
2, 2. — 4Virg. Aen. XI. 7»3 ; cf. Sil. liai. V, 173. — " Freli pie<«/f ; cf. Strab.
V, 1, I J : raTi/àuivi» :<'» T»7 Soi|>°>«;.
SOR
uni
SOR
ardenis. 0 Pèri' ! O Tout Puissanl 1 ('pargne à nos armes
le iléslionrieiir, olc. » Le culte et les pratiques auxquels
il esl fait ainsi allusion, ont pour théâtre le pays îles
Falisques et plus spécialement le mont Soracte (|ui se
dresse, visible de loin, à l'est de la plaine qui lon^e la
voie Flaminienne '. Là, tous les ans, un collège de prêtres
appelés /{irpi {/oii/is en langue Sabine), célébraient une
fête de purification et de propitialion dont l'épisode
caractéristique était une marche à pieds nus sur la braise
d'un bûcher. Le dieu, objet de cet hommage, était appelé
Sornntis; et les prêtres eux-mêmes étaient des If irpi
Sorani-. Le vocable dérivé du nom de la montagne a
été, par la linguistique, rattaché <i Sora^, soleil; et la
fête elle-même doit être considérée comme une variété
des cérémonies solstitiales [f'aliua] qui chez les peuples
de race indo-européenne ont pour objet d'honorer le feu
céleste sous le symbole de ses émanations terrestres \
Dans la religion latine, la divinité du feu a tout d'abord
été identifiée avec Dix l'ater invoqué à ce titre sous
le nom de Sorajius' et ensuite, par l'influence de
l'hellénisme, avec Apollon, le dieu solaire; par excel-
lence''.
La fête du mont Soracte était encore en honneur au
déclin de la llépublique ; mais le miracle des prêtres tra-
versant les ilammes sans en subir les atteintes s'expli-
quait natiii'ellement, pour Varron, grâce à un onguent
dont ils se frottaient la plante des pieds'. Pline l'Ancien
nous apprend qu'elle subsistait encore de son temps et
même qu'un sénatus-consulte de Home conférait aux
prêtres Sorani l'exemption du service militaire avec
d'autres immunités. Pour Strabon la cérémonie était en
rapport avec la religion de feronia, qui possédait au pied
du Soracte un temple fameux dans tout le Latiurn; elle
attirait un grand concours de peuple, avide de contem-
pler la jonglerie pieuse dont elle était l'occasion et que
le scepticisme des archéologues n'avait pas encore réussi
à déconsidérer auprès des masses*. Des pratiques ana-
logues se retrouvent d'ailleurs dans le culte de Zeus
Jjykaïos en Arcadie'' ; et Mannhardt en a très ingénieu-
sement rapproché les fêtes populaires de celles du Loiiji
Vert à Jumièges en Normandie et de la Vache Verte en
Souabe, les unes et les autres célébrées au temps de la
moisson, c'est-à-dire du solstice d'été, pour obtenir une
récolte abondante '". Nous nous bornons à renvoyer aux
commentaires de Servius sur le passage cité de Virgile,
pour les contes populaires dont elles ont (Hé' l'objet dans
l'Italie ancienne". J. A. IIiLn.
SOItS, SOirPES. fblVINATIO, FÛHTLMA, SOHTnlO.J
SORTII'IO (KÀr,ooj<7i;). Tirage au sort.
tiitiicK. — Le tirage au sort était une des coutumes les
plus répandues chez les firecs de tous les temps. Ils la
pratiquaient avec prédilection, dans la vie |)ubliqiii'
1 Virg. Luc. cit. cl VII, BOG ; Moi-. Od. I, !1, 2 ; Si-rv. M. Aeii. VII, (iSli ; el Ik-ync-
WagiitT, lidii. Virg. ICxcursus Lih. XI. - 2 Hii,,. H. nul. VII, i, i : Solin. Il, iii :
l'aul. 1). p, 106: cf. Wisso«a, /leliQ. iimi Knitus, i|in l-ap|iraclic ces Hirijini
des l.uiifict ilu l'alaljii, p. 17i cl p. VSÏ, il. 0. — 3 CurUus, Zeilsc/iri/'t fur l-eryl
Spruchf. I, p. i'.f. i:(. l'reller-Joidail, /locm. Mytliul. I, p. ifiS, fl Mannhaiill,
AntilcH /■'eld imil Walilkiille, II, i, :ti7 sq. — » IV, p. ÏS4; cf. Grinim. Ueulsche
Mylhul. p. 520 si|. ; Maniihardl. Loc. cil. et Mijlhol. Forscli. p. f'JS sq.
— 'Serv. Aen. XI, 7.S.-i ; cf. Wissowa. loc. cil. p. lui ; cf. p. 2.ÏS : l'clor chez.
HoscliM-, Aiisf. Lexili. I, p. ilKT si). — 0 Virg. Aen. XI, 7S5 ; l'Iin. VII, 2, 2:
Slralt. V, 4, 12. — 7 Serv. Aen. XI, 787 : Vorro^ ubiqtie e.rpuf/ntitor rnli-
gionis, etc. ; \'aiu/ny .Soraniis de Cicéron {Divin. I. 17, 805), s'inspire de la môme
irrévcrciice. — » Slrab. Loc. cit. Don. liai. Il, W; cf. Ilosclier, Aiisf. Uxik. 1,
p. U78 cl KEBoviA, 11, 2, p. 1073 sq. ; Maiinhardl, Op. cil. p. 332. — » Pieller,
(iritch. iJijlhol. 1», p. 127; cf. I'. Wcizel, DeJore el Pano dis Arcadicis, Brcsiau,
Vin
comme dans la vie pi-i\('e. l'our |irriiihr une lelle e\lrii-
sion, pour avoir une telle durée, il a fallu ((iie cette
coutume, à peu près immuable dans le détail de l'exé-
cution matérielle, se conformât, pendant nue longue
évolution, à la pensée changeante des géïK'ralions suc-
cessives.
I. OlUGLNE ET CARACTÈHF.S fiU TlHAIiF Af SOltT F.N tiliÈCE.
— Les hommes primitifs demandent à leur dieu toutes
les décisions qui intéressent le groupe social; la volonté
du dieu s'exprime par le sort (xÀ-f|poç)'. Chacun de ceux
qui s'en remettent à la puissance souveraine inscrit sa
marque sur un caillou, fixe sa personnalité sur un osse-
let^; lorsqu'un de ces objets est tiré d'un vase ou d'un
casque par une main aveugle en apparence, c'est une
divinité qui désigne un homme et fixe le destin. Ce pro-
cédé religieux ne s'applique pas seulement aux choses
de la religion : le culte, à cet âge lointain, comprend
tout, gouvernement, administration, justice. On recourt
au sort quand on a remporté la victoire et qu'on partage
le butin, ou bien quand on a eu le dessous et qu'on doit
livrer un lot de captifs, ou bien encore quand le dieu
irrité veut du sang humain. Rien de plus historiijue au
fond que ces vieilles fables où sont tirés au sort les
jeunes gens ou les vierges qu'un roi, un dieu, un monstre
exige comme esclaves ou comme victimes ''. Mais il
est une circonstance où le tirage au sort a une valeur,
une solennité toute particulière et revêt une forme diffé-
rente : il devient électif. Le chef, qui est aussi le prêtre,
doit toujours être désigné à la vénération par un signe
certain : le sang le plus pur, la parenté la plus directe
avec le dieu ancêtre. Ses pouvoirs se transmettent, avec
son caractère sacré, par hérédité ; mais que la lignée
s'interrompe, qu'il y ait doute sur la question de suc-
cession, et l'on s'cnremetau dieu du soin d'indiquer son
descendant légitime, de déclarer qui mérite entre tous
d'être appelé o!oy£v/|Ç. 11 a bien des moyens, le dieu, pour
révéler ses préférences et dicter ses commandements :
il peut faire un miracle*; le plus souvent il attend
qu'on le sollicite. Les prétendants se présentent à lui ou
lui sont présentés par leurs partisans, et lui, par le sort,
il fait son choix. Le sort est vraiment, selon une expres-
sion de Platon, un «jugement de Dieu», Atoç /.otVti;
Dans la vie de famille comme dans la vie publique,
dans les cités et dans les camps, les Grecs des temps
héroïques consultaient le sort à toute occasion. Quand
d(?s frères ont à partager l'héritage paternel, ils préparent
des lots, qu'ils tirent au sort". Quand des vaiiuiueiirs
se partagent le butin, les captifs, les champs conquis, ils
opèrent un prélèvement en faveur des chefs, et tirent le
reste au sort '': c'est ainsi que les lléraclides auraienl
lire au sort dans un vase rempli (l'eau les Irois royaumes
1S7'.I, il Uosclier-, Op. cil. I, p. 2093 Sf|. — I" Op. oit. p. 331 sq. — H Serv. Am.
XI, 7«5, cl Wissowa, chez Koschei-, Op. cil. v. Uirpi Sonmi. 1,2, p. 2(.9V.
MllirriIU. ' Voir liislcl de Coulaiigcs. Ilecli. sur le lirugc au suri appliqué a
lu nomination des arcti. «M., dans les i^oiiv. récit, surtjuelf/. prob. d'hisl. p. Kîiîsq.
cf. \nu:.K iiKspiui.li:», p. 53.S, — 2 Les ossclels oill un sens nijsliqiic en Crèle liiiii
avanl l'arrivée des Holliiies: on en a Irouvé une grande ipiantil/' dans ini fond de
cabane de l'âge néolilhiqne à Pliaislos (Mossn. .)/uii. uni. XIX, j>, p. H», lig. 5),
de même que sous le lupis nii/er du forum ronain. — •' (if. l'aus. IV, U, 4; l'Iiil.
.Sept, sapicnl. comiic. 20, p. 163 B ; Enrip, Jph. Aul. II!IS; l'Iul. Tliee. 17.
— i Cf. Hlul. De Aler. fort. uul. cirl. II. s. p. 340 U ; Suid. s. ii. Ai-o;. — " l>lal.
Len. VI, p. 737 B. Cf. Glolz, L'ordalie dans la Or. prim. p. 127 sq. — 6 Od. XIV,
200-210; cf. Euslalli. ad loc. Voir Bucllliolz, Uum. Ileul. Il, l. p. 95. —7 Qd.
XIV, 232-233; IX, 42, 540 ; Jt. IX, 13S, 333 ; cf. Eunp. Truad. 2'J sr|., iSd sq. ;
Bec. 100.
17G
SOR
li02 —
SOR
du Pélopont'se ' (fig. tioiO) l'I doniK' un lui à cluiciiii de
k'iii-s compagnons'-. QuaiKl des avcnluriersou des colons
s'établissent sur un coin de teri'c, ils demandent au sort
leurs litres de propriété '. Les
dieux n'onl-ils pas l'ait de même
pour le monde entier, et n'est-ce
pas par le sort que Zeus, Poséidon
et Iladès ont obtenu chacun son
empire''.' Aussi la langue grecque
a-l-clle toujours désigné du mém<'
mol, xX-Tipoç, le sorl et le patri-
moine \ Les charges sont r(''parlies
par 11' même pmeédé (|ue les pro-
Fi». r,:-,i(i. — Tira^-o an sort. lits. Lorsi[u'un cliei' doil fournir
un liomine pour le service mili-
taire, les fivrcs tirent an sort il qui partira". En temps
de guerre, le chef s'en remet aux décisions du sort pour
ne pas faire de mécontents. Devant Troie, les neuf
tçuerriers qui brûlent de se mesurer avec Hector en
combat singulier déposent chacun dans un casque leur
sorl marqué de leur signe particulier et en font tirer un
par Nestor''. Cha(|ue fois qu'Ulysse est embarrassé pour
désigner ceux de ses compagnons qui auront, à remplir
une mission pi-rilleuse, il les fait désigner par le soil*.
Dans les jeux, le président tire au sort les rangs ou les
places des concurrents'. Le tirage au sort est si complè-
temeiil cntri' dans les mœurs, que des armées ennemies
pcuvi'ut s'entendre sur une consultation de ce genre, (jui
devienl preS(|ue un jugement de Dieu : au moment oîi va
s'engager le duel de Paris et de Ménélas, on jette les sorls
des combattants dans un casque pour savoir qui aura
l'avantage de lancer son javelot le premier'». Dans plu-
sieurs de ces cas. la conception religieuse du tirage au
sort se manifeste clairement. Avant le moment décisif,
les intéressés adressent d'ardentes prières à Zeus pour
i]u'il fasse le choix le meilleur", et souvent ces inter-
cessions produisent leur effet : le sort tombe sur celui
que désigne le grand nombre ou que souhaite la sagesse '-.
Le lirage an sort se ressentira toujours de ses origines
religieuses. LUes sont manifestes dans la divination. La
c/éromaiilie fut une des pratiques auxquelles les oracles
des Grecs restèrent le plus fidèles [divinatio, p. 301-30'-2;
0R.\(:cLiM, p. m]. Celle spécialité des sciences sacrées
avait pour patron Hermès. Le porteur de la verge
magique" était le dieu du hasard et de la bonne chance,
ledieu des sorls et parliculièremenl des dés. Apollon avait
gardé pour lui le reste de la mantique; il avait aban-
donné au fils de Maia la doctrine des Thriai el l'usage
des cailloux qui portaient leur nom'*. Quand on lirait au
sort, le premier coup était réservé à Hermès; mais sou-
vent, pour éviter toule contestation, on introduisait dans
l'urne une feuille d'olivier, qu'on lirait d'abord : c'était
VEo^oû y.X7^'^o;'''. Un autre l'ail, la façon dont sont nom-
més les prêtres, rappellera jfisi[n'à la lin du paganisme
< .ApoMoil. Il, 8. V: l'aus. IV, 3, 3; Coly.-nii. 1. 10 ; Sopli. A.;, lasi sq. el
Schol.; cf. Tisclil,eiii, Coll. of enijrai: 1, I, pi. ïvii (S. Koinacli, Ilfp. des
•uses. II. p. Mi); l'aiiolla, Arch. Zeil. I«S. p. 281; Babcloii, Cab. desaiil.
pi. X1.Ï11, XIV cl p. liJi; S. neiiiacli, Pierres grmées, pi. i.v, i, 3 cl p. 50. Noire
iî^urQ Ii53l) reproduit le dernier des nioiiumeiils énuincri'S ci-desàus. — - Fl.il.
leg. III, p. 08Hi85 : cf. I". Uiiirauil, Prop. fonc. en Gr. p. 41 sq. — 3 Cf. 0,1.
VI, 9-10. — t //. XV, 189-193. _ 5 Ihid. V.I8 ; (Id. XIV, Ci; Hes. Op. et dies,
37, 3H. - 6 /(. XXIV, MO. — 1 II. VU, 171-191 ; cf. Sopli. /. c. — » Od. IX,
331-334: X, 20C-i07. — a //. XXIII, 35i-3.ï7. 8r,l-8lii. —10 //. XIII, 316 3iS.
— "/(. III, 318-323; Vil, 177-1X0. —12 /(. VU, 182; O,/. IX, 334. — 13 Od. V,
47-49; XXIV,2.4. —>i flymn. ad Hem. 332s. ; Apollod. III, lu, 2 : Callim. Jïymn.
grec que le lirage au sort est un appel aux dieux. Man-
dataires de la cité, délégués auprès d'une divinité, les
prêtres sont présentés par les hommes, mais choisis par
la puissance à laquelle il s'agit de plaire. On demande
parfois à la gri'ice des dieux de se manifester par un
oracle'", ou par la voix d'un prêtre en l'onction'^; d'ordi-
naire on l'oblige respectueusement à se dé'clarer par les
sorls. El, comme les hautes magistratures sont sorties
des sacerdoces les plus antiques, comme elles en ont
conservé certaines attributions, les esprits imbus des
croyances Iradilionnelles continuent d'avoir sur le tirage
au sort des magistrats les mêmes idées que sur celui des
prêtres. C'est encore Platon qui, en exprimant la pensée
des vieux âges, se fait à maintes reprises l'interprète
d'une opinion commune en son temps : <• En ce qui con-
cerne les choses sacrées, dit-il, nous laissons la divinité
choisir elle-même qui lui agrée; nous nous en remettons
ainsi à la voie divine du sorl... Pour déclarer qu'un
homme est cher à la divinité, qu'il est heureux, nous
recourons au sort : celui que le sorl désigne doit com-
mander, celui qu'il repousse doit obéir; disons-le, rien
n'est plus jusle... Le sort est un dieu'\ »
Mais de très bonne heure, aussi loin que remontent
les souvenirs de la race hellénique, celte conception
divine enveloppe des conceptions plus humaines. Tou-
jours et partout on a largement pratiqué un système qui
a tous les avantages d'un choix rapide sans engager la
responsabilité de personne. Aujourd'hui, on a encore
recours au sorl dans les cas où il n'existe aucune raison
théorique ni juridique de décider dans un sens ou dans
l'autre et où cependant il faut en finir. Dans les sociétés
primitives, le Lirage au sort est une ressource bien plus
précieuse, parce qu'il sert, non seulement quand on ne
peut pas, mais quand on ne veut pas choisir : c'est un de
ces subterfuges par lesquels une rouerie naïve met le
divin à son service. Par le sorl on force les dieux à créer
de la légitimité, comme par le serment on les somme de
créer de la vérité, comme par l'ordalie on leur fait faire
œuvre de justice. Il faut donc admettre que, dans les
temps les plus reculés, le tirage au sorl a pu donner
satisfaction aux tendances diverses des hommes groupés
en sociétés. Effectivement, le tirage au sort appliqué au
choix des chefs et portant sur quelques personnages de
marque part d'un principe nettement dynastique ou, si
l'on préfère, fortement aristocratique. Fustel de Cou-
langes a insisté à bon droit sur ce principe, qu'il a été le
premier à di'gager '^ Mais il n'a pas vu, parce que son
attention s'est concentrée sur une seule question, que
dès l'origine, bien avant que la Grèce fût organisée en
cités, le tirage au sort appliqué à un partage et portant
sur tous les membres du groupe social, a un caractère
tout aussi vigoureusement démocratique. Avec celle
légère réserve nous dirons : « Le lirage au sorl n'était
ni un procédé égalitaire, ni un procédé essentiellement
ad ÀpoU. 45 ; cf. Philocli. ap. Zesob. Prof. cent. V. 75 {Fragm. hiit. gr. I, p. 410,
fr. 190) ; Elym. M. p. 453, 34; llcsych. s. i'. Op.a.'. Voir V. Bériii-d, /)e loriy. des
cultes arc. p. 285; MRnct-nii:^, p. 1S09. Munie à Delphes on praliquail lacléromantie
(cf. Suid. 4. i'. nue™; Plut. De i'. delph. 10, p. 391 E).— '» Kurip. ap. Hliol. p. 109,
7 el Suid. s. u. «/lii;»; 'EçnoJ; Euslalh. ad II. p. 073, 53; Arisl0|di. Pac. 304-305
cl Schol.; Poil. VI, 53; Hesych. j. r. ■Ef|;ioJ»»i!fo;. Voir Bouché-l.cclercq./.o dMn.
dans laiitig. I, p. 190-191. — 16 Inscr. graec.. Il, 1654. La Pythie choisit les exé-
gètcsrcuOoxor.ffToilvoir KïKCKTAi ; Ehriiiauli, De juris sacri interprelibas ait., (jiessen,
1908, p. 18). Cf. Arist. Resp. Alh. 21. — I' llillenbeiger, Sglt. iitscr. gr. 738,
I. 136 137. — 18 Plal. Leg. VI, p. 739 G ; III. p. O90 C: V, p. 741 li ; cf. Hesp. X,
p. 617 U. — 1» £. f. p. 100 sq.
SOR
— 1403
SOR
oligarclii(]ue. Il a p)ris l'un ou l'autre caractère suivant
les temps et suivant la façon dont il a été appliqué'. »
L'éléiuent psychologi(|ue qui est l'essence même du
tirage au sort pouvait s'adaptera tous les régimes.
.\ussi les historiens cl les philosophes de la Grèce
devaient-ils être un jour embarrassés pour indiquer le
caractère politique de l'institution. Quand le principe
démocratique l'eut emporté dans une grande partie de
la Grèce et qu'il eut surtout marqué d'une puissante em-
preinte la civilisation athénienne, alors même le tirage
se maintenait en si bonne posture dans les cités oligarchi-
ques et perpétuait dans les autres tant de survivances d'as-
pect hétérogène, qu'il était bien difficile, tout en consta-
tant la large place qu'il s'était faite dans les constitutions
démocratiques, de ne pas l'observer sous son double
aspect et de ne pas en être gêné. De là résultent les ju^^e-
ments divers qui nous étonnent et nous déroutent. Dans
l'idée d'Hérodote-, un des traits essentiels du régime
populaire, c'est la désignation des magistrats par voie
de tirage an sort (-k-JIm [aèv àp/i; ^P/^O- ^'^^ adversaires
de la démocratie extrême lui reprochaient, plus que tout
autre défaut, cette façon de nommer les hauts fonction-
naires. " C'est folie, disait Socrate, qu'une fève décide
du choix des chefs de la République, tandis qu'on ne lire
au sort ni un pilote, ni un architecte, ni un joueur de tlùte,
ni d'autres artistes du même genre, dont les fautes sont
bien moins dangereuses que celles des magistrats '. »
D'un ton plus transcendant elplus altier, Platon exprime
le même sentiment, quand il déclare que le sort dans la
répartition des dignités établit une égalité d'ordre infé-
rieur, l'égalité en nombre, poids et mesure, qui est à la
portée de tout législateur et de toute cité'. Aristote lui-
même, qui combat si souvent les conceptions politiques
de Platon, déclare plusieurs fois dans la Polilhiue que le
tirage au sort des magistratures, de celles au moins qui
n'exigent pas de connaissances spéciales, caractérise le
gouvernement démocratique et s'oppose au système pré-
féré par l'oligarchie'. Enfin, la lihétori<iue aristotéli-
cienne va jusqu'à détinir sommairement la démocratie
la constitution qui fait distribuer les charges par le sort*.
— Cependant on voyait bien (]ue le tirage au sort conve-
nait tout autant à maintenir l'égalité dans un petilgroupe
de privilégiés que dans une masse de citoyens et qu'en
fait il fonctionnait partout. Le rhéteur Anaximénès attri-
bue indifféremment à la démocratie et à l'oligarchie
l'habitude de tirer au sort le plus grand nombre des
magistratures''. Pour Platon il y a tout de même des cas
où le tirage au sort tient le milieu entre le gouvernement
monarchique et la démocratie*. Les plus exaltés des
démocrates pouvaient même trouver que le sort aveugle
assignait trop fréquemment les charges aux partisans
de l'oligarchie; ils «n arrivaient à voir dans le système
électif un moyen bien plus sur de pousser leurs hommes
aux affaires '' . .\rislote ne croit pas se donner un démenti
L. c.
2. — ''Le(j. \
— 6 1, «. —
p. 750 E. -
p. 3'JC 5i|.
2 Ul, so. _ 3 Xcn. -l/em. 1, i, 9 : cf. (ArisL) Rhel . 11. iO.
37 B. — ÙVII (VI), 1, S; 10; VI (IV), vu, 3; cf. Il, viil, C.
lira. Hhel. (.Spcngel, lihel. jr. I, p. 181 sf|,). — s i. c.
Areop. 23. Mûllcr-Slrûbing, Aristo/ih. und die hisl. Krilik.
, quand il présente le Irraf^e au sori comme une mesure
arislocrati>|iie destinée à protéger les droits de laniinorilé. — 10 Pol. VI (IVi, m,
10-1»; xni, l-i. — Il Pol. VI (IV), v,i, 3; ||, m, 1 1-13. — 12 Sur ces conlradic
lions voir Susemilil, IV, 15, n, 13li9 et 1371 ; cf. Hcislerbergk, Die Beslell. (1er
Heamten durcit das Los, p. 79 st|. — 13 Bôckli, Slaalsli. iler Alh. 3' éd. I,
p. 59i: Schômann. Aiilir/. jur. publ. gr. p. 100; Waclismuth, Uell. Allerlimmsk.
I, p. 3i7 ; Grotc, trad. de Sadous, V, p. il'J ; Perrot, Easai sur le dr. publ. d'Mh.
quand, dans le même ouvrage, il fait ressortir le carac-
tère démocratique du tirage au sort et combine ce mode
de nomination, ainsi que le mode opposé, l'élection,
avec toutes les solutions données en Grèce aux questions
du droit électoral et de l'éligibilité '". l'n esprit si
logique a pu dire catégoriquement : SrijxoxfotTixov [làv
zÀT|î<oTiç e'tvat Taç apyàç, TO oÈ aipsTaç oh.yixy/'./.vi" , puis
montrer que les cités tant oligiirchiques tjue démocrati-
ques constituent les magistrats et les juges aipÉTsi v,
y.XTjpo)'-. Voilà une contradiction apparente qui a sa va-
leur. Trop souvent on se laisse entraîner par la première
série de nos textes et par le spectacle que présente
.\lhènes au moment où ses institutions sont le mieux
connues : on répète que le tirage au sort est une inven-
tion de la démagogie ". 11 n'en est rien".
II. TlRAOK AL' SORT DES MAGISTRATS A ÀTHË.NES. — AlIX
temps historiques, c'est dans Athènes qu'on observe
le mieux les multiples usages du tirage au sort. Mais nos
renseignements proviennent pour la plus grande partie
de la période où toutes les institutions du passé avaient
reçu l'empreinte démocratique : le choix préalable des
noms soumis au sort ne pouvait plus avoir la rigueur
exclusive qui aurait empêché la nomination des magis-
trats de se conftjrmer au principe égalitaire du gouver-
nement. Il ne faut ni croire à la brusque apparition d'un
procédé qui est, au contraire, d'une antiquité préhisto-
rique, ni projeter sur tous les siècles la lumière d'un seul.
L'intérêt d'une étude sur le tirage au sort chez les .\thé-
niens consiste précisément à le suivre dans son évolution.
'< Il a été aristocratique quand la société athénienne
l'était; il est devenu... démocratique lorsque la société
l'est devenue. Il n'avait lieu d'abord qu'entre les Eupa-
trides. Plus tard il fut pratiqué entre les riches. Plus
lard enfin, toutes les classes y furent admises'^. »
S 1. Les archontes. — La question jje la noiaination
des archontes a été vivement discutée. Naguère on ne
savait pas de quelle époque il fallait faire partir le tirage
au sort; on en constatait seulement l'existence certaine
dans la seconde moitié du v"^ siècle. Les uns, à la suite
de Boeckh, de Schoeinann et de Curtius, tenaient pour
Clisthènes"^ ; les autres, avecGroteet Lugebil, se rabat-
taient sur Aristide ou même sur Épliialtes", et c'est à
cette opinion que se ralliait l'auteur de l'article archontes
(p. 383-384). Seul, Fustel dt; Coulanges osait, conlianten
ses convictions sur la genèse religieuse des institutions
antiques et en sa minutieuse étude des textes, relever une
hypothèse abandi»nnée depuis l'époque lointaine de Meur-
sius" et soutenir que le tirage au sort remontait aux
origines mêmes de la constitution athénienne ^attica
RESi'i'BLiCA, p. o37-o38l '''. Fustel de Coulanges avait
raison contre tout le monde-". La IloXi-rEt'a d'Aristote
nous dit, en efl'et: « Soion institua pour le tirage au suri
des magistrats une liste de candidats préalablement
choisis par chacune des tribus. Pour les neuf places
p. 5t> sq. — t^ Fustel de Coulanges, /. c. p. 154 si)., 1G6, 176 srf. ; J. Nicole,
Étude» sur les arcli. ath., dans la /(et), de phil. IV 1I88O), p. 5fi-, Gilbert, Oandb.
dergr. .Slnnltall. II. p. 3IS-319.— 15 Fustel de Coulanges, I. c. p. I6ti. — 16 Voir
les noms mentionnés à l'art, archontes, p. 383. Y joindre: Bockli. /. c. p. 5:t| ;
Hauvelte-Bcsnault, Les slrat, alh., p. 15; J. Nicole, l. c. p. 161. — '7 Aui auteurs
cités dans l'art, ahchostes. ajouter : Duncker, Gesch. des AU. éd. de l«60, IV,
p. i75, n. i; Muller-Slrubing, Op. cil. p. 200 sq. — '8 Mcursius, De nrrhontibu»
Atheniensiiim. Lugd. Bal. IDil (Gronovius, Tins. nnliguilaliim,l IV,p. 1161 sq.).
— l'i Cf. La cité anl. I. III, ch. x. Voir surtout les Hcch. sur le tir. au sort
appliqué à la nom. des arch. alh. — 20 cf. II. Weil, Joum. des .Vai-. I»91,p. 207;
Haussoullicr, trad. d'Arist. Consl. d'.\th. p. xtii ; Ileislerbergk, Op. cit. p. 16.
SOH — litii
(1 arilinules i-li;iiiiiK- |ii'('sciilait dix tanilulals inlie les-
(|iicls(l(-ci(laillesorl. De là viciiiriisaf{c, qui liiire oiicore,
di' liriT au sort dans cliat|ui' lril)U dix candidats l'I de
faiiT désigiu'i- rnsuile li-s lilulaircs par la fève. Solon
mit aussi le tirage au sort eu rapport avec le système
censitaire : la preuve en est dans la loi sur les trésoriers
<(ui est resiée en vigueur jusqu'à nos jours et qui prescrit
de tirer au sort les trésoriers parmi les pentacosiomé-
dimnes. Telles sont les règles établies par Solon au sujet
des neuf archontes '. »
Ce passagi- semble décisif. Cependant ni lautorilé
dWrislole, ni ce fait si frappant qu'elle vient à ra]>pui
d'une inlniliiin (|ui avait su s'en passer, n'ont désarmé
la critique. Le plus grand nombre des historiens est
resté lidèle à une (q)ini(in invétérée, .\rislote aurait fait
reinonler jusqu'à Solon le tirage au sort des archontes,
institué seulement en 187/6, sans autre raison qu'un
raisonnement à conclusion rétrospective : il aurait connu
le tirage au sort à deux degrés, usité de son temps, le
tirage au sort après élection dans les dèmes, usilé après
■i87/lî, et aurait inféré de la loi solonienne sur le tirage
au sort des trésoriers l'existence d'une loi solonienne sur
le tirage au sort des archontes'-. L'objection n'est que
spécieuse. Observons d'abord que, de l'aveu unanime,
le tirage au sort des magistratures était pratiqué à
l'époijue de Solon, i)uisque nul ne peut plus contester
iju'iluit existé dès lors pour les trésoriers. Mais e.xami-
nons la question en elle-même, telle qu'on l'a posée, au
point de vue des archontes. Si .\ristole avait eu la fan-
taisie de rapporter à Solon une institution du V siècle,
il n'aurait pas commis cette erreur île creuser un fossé
dans l'intervalle, en s'imaginant que la règle du tirage
au sort n'avait plus été appliquée depuis l'expulsion des
Pisistralides jusqu'à l'archontat de Télésinos i4S7/'6)'.
S'il avait ra|)porUi aux archontes ce qui était vrai pour
les trésoriers, il les aurait fait tirer au sort directement
parmi tous les pentacosiouK-dimnes, comme les tréso-
riers, et n'aurait pas inventé pour eux le choix préalable
dans les tribus. En réalité, Aristole ou plutôt ses auteurs,
les atlhidographes, avaient à leur disposition les x'JpSsiç
où étaient gravées les lois de Solon : ils ont pu con-
naître celles qui concernaient les arcliontes aussi bien
que celles des trésoriers'.
Le témoignagne d'Arislole devrait donc mettre fin aux
vieilles controverses. Hérodote ne parlait pas en étourdi,
quand il disait que le polémarque en fonction à Mara-
thon, Callimachos, fui désigné par la fève'; Dèmètrios
de i'halère avait bien la compétence qu'on peut attribuer
à l'auteur d'une 'As/ovt<ov àva^piiY,, quand il affirmait
qu'Aristide, éponyme de 489;8, fut clioisi par la fève
parmi les pentacosiomédimnes '' ; s'il est vrai que les
orateurs attribuaient volontiers à Solon toutes les
anciennes instilulions. Démosthènes ne se trompait pas
SOR
1 Ikap. Alh. ^. — î Bcli.cli, Gr. Otscli. I, p. 3(,[ ; Ed. Mcyer, Oescli. d. AU. Il,
|i. 009 : Biisolt, Cr. Ciesch. U,p. Vi, ï7Vi77 ; iloSanctis, At»!;, p. i4is(|. ; Ferguson,
•laas les lleitr. z. ait. Oescli. I (1901;, p. I si(. ; Gillia-il. tliielq. ryfurmes de
Sol. p. i7i-iTfi. D'aulrci auleurs s'en prennent au lexle d'Aristole : Wilamowilz
ri blass, dans leur édition de la UoutTc'a, mar(|uent iln signe de rattiéicsc les mots
décisifs tfA T.-V i,,^i<i àj/iivTuv : Th. Reinacli, Jle>: des et. gr. ÊV (IS9I), p. I W sc|.,
15^, II. I, voit dans le comincncemeul du § I une luLcrpolation 'cf. Secck, dans les
Deitr. :. ait. Gescli. IV, I91P». p. 270). —iJlesp. Alh. ii. — t Voir Wilaniowili,
Ar4st. itnd Atu. I, p. Tt\ si|., ~1 sq. ; l.chmaun-Haiipt. Scfiatzmeister und .-.rc/ion-
lenunhl in Alli. dans A7io, VI (1906), p. 308-310. Cl. liilbert. Op. cit. I, i' éd.
p. 150 : Hcistcrber^'k, Op. ril. p. S s<|., li S(|. : V. von Schôirer, art. Arc/tontes dans
la Healtiicycl. <lc l'auly-\Vis~o\va, p. S7*. - ^ ll.r. M, IO;i. - '• iKnied . Aialer.
en lui attribuant une loi qui mentionne le tirage au sort
des thesmothètes, c'est-à-dire des archontes^; c'est bien
à une antiquité reculée, non pas à une durée d'une ou de
deux générations, que pensait Plutarque quand il décla-
rait, à propos de Périclès, querarclionlal était donné par
le sort Èx xïXof.o'j*. Même Pausanias avait ses raisons
pour faire succéder immédiatement à l'archontat décen-
nal un archontat annuel décerné par le sort". En efifel,
.Vrislole ne prétend pas que Solon ait le premier fait
tirer au sort les magistratures. Il dirait même explici-
tement le contraire, si la constitution de Dracon, analysée
dans un chapitre précédent de la lIoÀiTEÎa'", n'était pas
apocryphe. Il indique seulement les règles auxquelles
Solon soumet le tirage au sort des magistratures : tî;
ô' apyiç È7coi'T|(J£ xXfipojxà; Èx — poxpi'xiov o'j; àxicTf,
TrpoxûtveiE Tôjv auXwv, xÀTipojxiç £7rotT,(j£v èx twv
T![iT|!xiTO)v". Quant au tirage au sort lui-même, il le
prend pour un fait acquis: non qu'il songe à la consti-
tution de Dracon, mais peut-être en avait-il dit un mot
dans un chapitre perdu, au commencement de l'ouvrage,
à la place indiquée par Pausanias. Et c'est bien parce
qu'à ses yeux le tirage au sort des magistratures existait
avant Solon, avec la même condition de l'élection
préalable, avec le même caractère de sélection aristocra-
tique, c'est bien parce que dans son idée Solon se con-
tenta de faire cadrer cette institution avec le régime des
tribus gentilices et des classes censitaires qu'Aristote
a pu dire dans la Politique sans la moindre contra-
diction : « II parait bien que Solon conserva tel qu'il le
trouva établi le choix des magistrats » '^ Ce choix, que
l'auteur déclare d'essence « aristocratique » *' et qu'il
donne là-dessus pour une des concessions faites par
Solon au peuple '''. ne peut être ni le pur tirage au sort,
ni la pure élection ; il est forcément le tirage au sort
parmi des candidats élus.
Quoique restreinte, la réforme de Solon n'en avait pas
moins dans sa pensée une importance considérable. En
conférant le droit d'élection préalable aux tribus, c'est-
à-dire à tous les citoyens, en reconnaissant le droit
exclusif d'éligibilité préalable aux pentacosiomédimnes,
c'est-à-direauxplusriches, Solon seconformait à sa poli-
tique constante : il ruinait un privilège des yivr,. Le
Conseil des anciens archontes, l'Aréopage, à qui était
confié jusqu'alors le recrutement des magistrats **,
s'arrangeait toujours de façon à convertir le tirage au
sort en une véritable cooptation, qui se faisait àp-îrivoriv
y.x: 7:ào'jtiv5t,v. Les chefs des grandes familles ne furent
plus seuls à désigner les noms à tiri;r au sort; une
naissance illustre ne fut plus la condition nécessaire pour
être désigné. Solon dut encore se flatter d'obtenir un
autre résultat: se rappelant la tentative de Cylon elles
suggestions auxquelles il avait été en butte lui-même,
il espérait peut-être, à une époque oii l'archontat donnait
ap. Plut. Arislid. I. - 'I Deni. C. Lrpl. 90. — 8 plul. Pend. 9.-9 faus. IV,
5, 10. Voir la discussion de ces cinq textes dans Fnstel de Coulauges, /tech. etc.
p. 154 SI). ; cr. ATTlcA iiF.spi)»!,!.:*. p. 537, II. il : AiicnoNTCs, p. 383, n. 17, 19; îl .
— 10 /tesp. Ath. i. — " Cf Keil. Solon. Verfass. p. 78; Lehniann-llaupt, /. c.
p. 3011-307, 310. — '2 fol. II. ii, î. Il y aurait contradiction entre la Politique el
la lloAtTctK, d'après F. l^auer, Uat Anstoteles die .Schrift vom Staate der Athener
i/eschrieben .' SluUgart, 1894, p. 40, 60 ; Bnsoll. Or. Cescli. Il, p. iii-iîi. Les deui
textes ont été conciliés de farou plus ou moins heureuse par Fel. Meyer, Des .\rist.
Polilik und die A». =■>!. Bonn. ISOI, p. 41 sq.; ISiemcyer, Jahrli. f. class. Phil.
1891, p. 408: Wilamoxvilz, Op. cil. I,p. 71 ; Gilbert, {. c. p. 130, u. 1 ; Heisterbergk ,
Op. cil. p. M ; l.ipsius, Gr. Alt. de Schûmann, I, p. 348, u. I. — '1 Pol. l. c.
— <i Ihid. 4 ; m, st. -.. — !'• Arist. Hesp. Ath. s.
SOR
1405
SOR
encore une grande puissance', enipèclier les ainbilions
de faire sortir d'une urne la tyrannie-.
Si le réformateur se berça de cette espérance, il ne
larda pas à èlre détrompé. La sincérité du tirage au sort
ne fut pas plus assurée après qu'avant la réforme. On
est même généralement d'accord pour admettre que,
durant tout le vr siècle, les archontes furent nommés
par élection. De prime abord, les faits semblent donner
raison à cette hypothèse. Quand les choses se passent
régulièrement, on voit arriver à l'arcliontat de grands
personnages, comme l'ami de Solon Dropidès Co8o/-4)'
et le Philaïde llippocleidès (566/5) '. Le plus souvent,
les partis se disputent avec violence la charge de premier
archonte. Deux fois, les séditions l'empêchent d'être
pourvue : ce sont deux années d' « anarchie ». Une autre
fois, un usurpateur, Damasias, la garde d(mx ans et
deux mois. Chassé par force, il est remplacé le restant
de l'année par des décemvirs, dont cinq pris parmi les
Eupatrides, trois parmi les cultivateurs et deux parmi les
artisans^. Enfin, Pisistrate et ses fils, maîtres du pouvoir
absolu, conservent les lois existantes et, sans porter
atteinte aux magistratures légales, ont soin que les pre-
mières soient toujours occupées par l'un des leurs ^
C'est ainsi que plusieurs d'entre eux exercent la charge
d'archonte, entre autres Pisistrate le Jeune ', durant
une période où figurent encore parmi les éponymes un
Miltiades (52-4/3/ et un Ilabron (olS/TJ'. La chute des
tyrans et la réforme de Clistliènes ne changent rien aux
habitudes prises, mais érigent le fait en droit'". Le chef
de l'oligarchie soutenue par les Spartiates, Isagoras
(508/7) ' ' , est remplacé, après le triomphe de l'Alcméonide
Clisthènes, par Alcméon (507/6) '-. Quand Athènes,
effrayée par la défaite des Ioniens à Ladé, lente un rap-
prochement avec les Pisislralides et la Perse, c'est un
ami des tyrans, Ilipparchos, qui l'emporte {4-9tJ/5)'^
En 493/'2, c'est Thémislocle ''. A Marathon, le polémarque
est un citoyen au nom de bon augure, Callimachos '".
1/année qui suit Marathon, Aristide obtient l'archonlat
comme récompense de ses services '^ Ces longues luttes
pour la possession de l'archonlat, cette distribution des
charges en famille, ces noms de grands personnages
issus de la plus haute noblesse ou admirablement pré-
parés à la place qu'ils occupent : tout cela est inconci-
liable avec un régime de tirage au sort; tout cela serait
un miracle continuel, si c'était un pur produit du
hasard. Les auteurs mêmes qui attribuent à Solon une
loi sur la nomination des archontes sont d'avis qu'elle
resta lettre morte' '.
Ils n'auraient pas tort, si l'on était réduit à choisir
entre le système de l'élection et celui du tirage au sort
absolu. Mais la question ne se pose pas ainsi. Déjà Fustel
de Coulanges "avait montré que le tirage au sort, mitigé
par l'élection préalable, pouvait amener aux affaires les
hommes d'Étatqu'on avait intérêtà yappeler. Déjàilavait
donné son sens vrai à ce passage d'Isocrate que personne
I Thuc. I, ISC. - 2 Cf. Lelimami-Haupt, /. e. p. 31i. — 3 Cf. Kirchiicr,
Prosop. ait. n» 4573. — * Cf. ibid. n' 7617. - 3 Arisl. Jlesp. Alh. 13; cf. de
Sanclis, Op. cit. p. 259 ; Ed. Meyer, l'orach. z. ait. (lesclt. Il, p. 537 s(|.
— >1 lier. I, 59; Thuc. VI, 54; cf. Arisl. Resp. Atll. 14, 10; Hlut. Sol. 30.
— 'I Thuc. /.c.;cf. KirclincT, Op. cit. n' Il7aiî. — « Kircliner, Op. cit. n» 1020r,.
— 9 Id. Il' 3. — II) Ulimann-Haupl, t. c. p. 311. — Il Kirchncr, n» 7680.
— 12 Id. n» 647. — 13 Id. n- 7600. — H Id. n» 6669. — tô |d. „« 8008 : cf.
ABcHoNTF.s, p. 384. — 10 Id. n" 1693. — n Hoisterbergk, Op. cil. p. 61; von
SchôlTci-, (. c. p. 572-373; Lehinann Haupt, /. c. p. .Sli. — I» L. c. p. 157-I5S,
avant lui n'avait compris: n Nos ancêtres n'aimaient pas
cette sorte d'égalité qui donne les mômes faveurs aux
bons et aux méchants ; l'égalité qu'ils aimaient est celle
qui donne à chacun suivant son mérite; aussi n'était-ce
pas entre tous les citoyens qu'ils tiraient au sort les
magislrats, mais ils faisaient un choix à l'avance des
hommes les meilleurs et les plus propres à remplir
chaque fonction » (oùx è; âiràvTwv tàç àp;^i<; xXripoOvxEç,
7.XAa TOÙÇ pE^TtlTOUÇ Xaï TO'JÇ tXaVWTaTOUÇ izi ' ë'xïITTOV TO)V
'épyojv 7t poxpi'vovTEç) ". Or, voilà qu'Aristote nous
apprend qu'en effet le système institué par Solon était
une xXY|p(o(7t; èx xpcxpiTiov. Le tirage au sort était précédé
d'élections dans les quatre tribus. Si tous les Pisistra-
tides étaient présentés tous les ans par la même tribu et
si la règle du tirage au sort attribuait au moins deux
postes sur les neuf aux candidats de chaque tribu, il y
avait déjà bien des chances que la famille des maîtres fût
souvent représentée dans le collège des archontes. Mais
nous ne savons pas du tout si chaque tribu était obligée
d'apporter dans l'urne dix noms différents, si elle n'avait
pas le droit de multiplier les chances d'un candidat favori
jusqu'à rendre sa nomination certaine, ou même si elle
était tenue d'épuiser son droit de présentation et n'avait
pas la faculté de rendre le tirage au sort fictif. A l'époque
classique, les pythaïsles, ces ambassadeurs envoyés
auprès d'un dieu, seront tirés au sort; mais, comme on
voudra des gens riches pour représenter dignement la
cité, on réduira le nombre des candidatures au point de
faire désigner par le sort des frères^". Le prophète de
Didymes sera, lui aussi, tiré au sort en principe; mais le
choix préalable ou xpi'dtç pourra s'exercer de telle sorte
qu'un jeune homme soit nommé àxXT,p(oTei^'. Aristote
lui-même montre tout le parti qu'une habileté sans scru-
pules peut tirer d'un choix restreint et d'un tirage au
sort purement formel. « Il y a danger, dit-il, à tirer au
sort les magistrats sur une liste de candidats élus : il
suffit que quelques citoyens, même en petit nombre,
veuillent se concerter, pour qu'ils se fassent constamment
nommer à volonté -'■' ». La combinaison de l'élection
préalable et du tirage au sort pouvait donc être un pro-
cédé assez souple pour faire du choix ))réalable une véri-
table élection et du tirage au sort une formalité inutile.
La confusion entre le choix préalable et l'élection directe
ne se serait pas produite, si les anciens n'avaient pas
souvent employé le mot ambigu de aïpegtç (choix; et si les
modernes n'avaient pas d'ordinaire donné à ce terme le
sens étroit de /eipoTovîx (élection) par opposition à
xX-fipoç (tirage au sort). Là encore Fustel de Coulanges-^
a frayé une voie où d'autres se sont engagés récem-
ment-''. Il a montré «qu'un certain choix n'était nullement
j incompatible avec le tirage au sort », que, par consé-
quent, f^ausanias a pu dire de Callimachos i:oX£fi.ap/£!v
yiPYjTo ■'" aussi bien qu'Hérodote avait dit de lui rw y,<A^iu
Xa/('i)v 7roX£[ji.ap/É£iv -", et que les mots par lesquels Dèmè-
trios de Phalère définit la nomination d'Aristide, tïjv
I7S. — 19 Is-jcr. Areop. p. 2i ; cf. Fiislel de Coula
HKSpuiiMCA, p. 538. En commenlaiit aujo
savants disent f]
f|u' •' ou ne pouvait p
p. 172;
v^. ..1, ^wu.uilgïia, ... l.. |.. Il-, Ail
53li. En commenlaiit aujourd'hui Isocratu par Arislole, corif
|u*avanl la [T'^Xi-ceîa on n'avait pas Tail assez atlcntion k ce pas5£
i|u " uii iiu [luuvail pas savoir » (cf. Biisolt, Op. cit. lit, i, p. lif'-i. n. i). C
mouli-er avuc un peu Irop ((c naïveté ((u'on ignore les travaux publiés k l'étrang
— 2i) Colin, fiulL de covr. /lell.XW (1906), p. 205. Voir aussi llaussouilier,.Aa
inunic. en Att. p. M sq. — ai Corp. inscr. gr. 2884, 2880. — 22 poi. Il, i»,
— 23 /..c. p. 1^8 S(|., t6is<|., 165. 170; Cf. attica kkscubiica, p. 53«. — 2^ Cf.
lamowilz, Op. cit. f, 7t ; Heislerbergk, Op. cit. p. il). — 2o J, 15, 3.— 26 VI, i
SOR
1406
SOR
èTtiôvujxov ap^TjV ifjv T|p;£ Tiù X'jifxi') Àayn'jv', 110 SOnt pas
domenlis par ceux qu'eniplnip Idoméiiée de Lampsaquu,
ÈXoiiiviov Tiôv "ASYjvaHov-. 11 aurail pu donner cette preuve
frappante, que Platon, après avoir décrit les deux opé-
rations nécessaires pour constituer le Conseil de sa cité,
à savoir la désignation de 90 candidats par chacune des
quatre classes, puis le tirage au sort d'un conseiller sur
deux candidats, appelle ce système une oVosui; intermé-
diaire entre la monarcliie et la démocratie'. Kntin, si la
l'olitifjiie d'Aristôte oppose assez fréquemment les àp/at
atpETot et les àp/aî xXïipwToî* pour qu'on ail pu hésiter
dans quelques cas d'aspect diflérent ', aujourd'hui la
lIoXiTeia lève tous les doutes sur un point essentiel:
le droit de aipEfuSat riç àp/àç accordé par Solon au
peuple' n'est autre que le droit de xXvipoûv xi? àp/àç èx
TTIOXOITOIV '.
Somme toute, il n'y a pas apparence que le tirage au
sort prescrit par Solon ait jamais été abrogé au vi<' siècle,
parce qu'il se prêtait autant que l'élection directe aux
transactions des partis et aux influences dominantes.
Toutefois la réforme de Clislhèncs ne put pas manquer
d'avoir une répercussion sur l'organisation du tirage au
sort. Kien n'indique que le nombre des candidats soumis
au tirage ait changé: il était bien simple d'en demander
quatre à chacune des dix tribus nouvelles, au lieu de dix
à chacune des quatre tribus anciennes. Comme une des
dix tribus eût été forcément exclue d'un collège à neuf
magistrats, on adjoignit au collège des archontes un
greflier réservé à la tribu disgraciée du sort' : il est
naturel que celte règle se soit établie en même temps
que le système qui la nécessitait. Hipparchos et Thémis-
tocle, Callimachos et Aristide ont pu facilement être
nommés en vertu d'un régime qui, en théorie, assurait à
chaque candidat, non pas un 1/40, mais iJo ° ''„ de chances
et qui, en pratique, autorisait sans doute les abstentions
nécessaires pour que la Trpoxpidu; devint une nomination.
Aristote affirme que, depuis la chute des tyrans jusqu'à
l'archontat de Télésinos (487/(j), tous les archontes ont
été atp£Tor\ S'il a voulu dire que l'usage faisait de la
irpôxpiaK; l'opération essentielle et annulait presque la
xÀY|p(oi7tç, il a raison. S'il a cru qu'une loi formelle pres-
crivait l'élection des archontes par l'assemblée du peuple,
il a tout simplement été induit par une liste de noms
illustres en la même erreur que la plupart des historiens
modernes. Et, de toute façon, il donne tort à ceux qui
supposent que la formalité du tirage au sort a été
supprimée sous la tyrannie.
Ainsi, jusqu'en 487/6, le tirage au sort des magistrats
a subsisté tant bien que mal, sans avoir jamais, à quel-
que degré que ce soit, le caractère d'une institution
démocratique : les candidats proposés au sort étaient
toujours en petit nombre, soigneusement choisis par les
tribus (Èx npoxpixeov) ; ils appartenaient toujours exclu-
I Ap. l'iul. Arislid. ). — 2 Ibid. — 3 icj. VI, p. .î7ii. Voii- encore, p. 763 D-E, le
tirage au soil des Irois astynonics sur sii caudidals désigni<s, cl des cinq agoranonics
sur di» candidats. -- ' Pul. VI (IV), x., 7 cl i; xu, t ; VII (VI), n. 3; IV, 5. Un
document olliciel oppose un Y?«ni*a:ii; «ir.juT.;; et un Yç«|iiiaîiC.; ai'tfi-ci; (Michel,
/lecueit, 650). — ■- Pot. Il, n, i et 4 ; VII (VI), i, 10. — 6 Pol. Il, i.ic, 4 et 2.
— '' Reap. Ath. 8. Dans la période poslirieure à 487/0, ipiand les archontes sont
sûrement tirés au sort, la IIom-h» d'Aristôte appelle la nomination des archontes
Tïjv TtT.v îvvéa âp/ôvTuv a'ipctriv. A vrai dire, elle emploie ronstammcnl le mot aiçtai;
dans le sens général de choix ou de désignation (cf. i, 13i ; c'est le contexte qui
précise, (|u'il s'agisse du tirage au sort (4, 201, de l'élection directe (22, 47) ou
d'une désignation faite par le comité d'un parti (Ï9-32). par un groupe restreint tel
que la Irihu ou le déme (42), par le Conseil (46, 25) ou même par des particuliers
(42, au). - » La Uo-«.ii(. (55, 03) a donné raison à Télfy {Cor^. juris atl. p. 471)
sivement à la première classe, ainsi qu'en témoigne
Démèlrios de Phalère à propos d'Aristide (èx TcevTaxoT'.'jpLe-
3;'u.va)v). Mais, après la victoire de Marathon, on décida
une réforme sérieuse. L'ancien système avait permis
naguère aux amis des tyrans d'arriver au pouvoir et de
conclure de louches ententes avec certains chefs de la
noblesse, traîtres à la cause de la liberté. C'était le
moment où le peuple, éveillant pour la première fois
d'un sommeil congénital la loi de l'ostracisme, l'appli-
quait coup sur coup au Pisislratide Hipparchos (488/7)
et à l'Alcméonide Mégaclès (487/6). Il fallait ôter à leurs
partisans tout espoir de recommencer les menées électo-
rales qui avaient mis l'archontat à leur disposition.
Urgente, la réforme n'était d'ailleurs pas dangereuse
pour l'État; car, depuis que les stratèges étaient élus à
raison d'un par tribu (501), ils prenaient une importance
croissante, reléguant peu à peu le polémarque et ses col-
lègues dans des attributions strictement administratives
ou de simple apparat. Pour que le tirage au sort fut plus
elVectif, on voulut que le choix des candidats se fil sur
une base plus large. De la tribu le droit de présentation
passa dans les dèmes qui composaient la tribu, dans les
dèmes qui étaient depuis Clisthènes les cadres de la vie
politique. Pour que les dèmes eussent un nombre de
candidats proportionnel à leur population, on demanda
cinquante candidats à chaque tribu: le syslème convenait
aussi bien pour les candidats présentés à l'archontat que
pour les titulaires envoyés au Conseil. Mais la classe des
pentacosiomédimnes, qui fournissait aisément quarante
candidats, ne suffisait pas à en fournir douze fois et demie
autant. Cette nécessité, sans doute aussi le désir légitime
d'étendre le privilège de l'éligibilité préalable, entraîna
un autre changement Tandis qu'en 480 '8 on ne pou-
vait encore obtenir l'archontat qu'à condition d'être
pentacosiomédimne, nous verrons qu'en 478/6 on pourra
déjà y arriver avec le cens des zeugiles '" : c'est donc que
tlans l'intervalle, très probablement par la loi même qui
demandait aux dèmes cinq cents candidats, le droit de
concourir au tirage au sort de rarchontal fut étendu à la
classe intermédiaire des chevaliers". Telles furent les
réformes accomplies en 487 6'-. Elles substituaient un
privilège de classes à un privilège de familles".
D'après Plutarque", un changement définitif aurait eu
lieu en 478. Pour donner au peuple un salaire bien gagné
à la bataille de Platées et pour organiser la démocratie,
.\ristide aurait fait rendre un décret aux termes duquel
les archontes devaient être choisis parmi tous les Athé-
niens. Afin de tirer quelque chose de ce texte, on a sou-
tenu qu'en 478. l'appauvrissement du pays, dévasté par
les Mèdes, empêcha de trouver dans ce qui restait des
classes riches les cinq cents candidats nécessaires pour le
tirage au sort des archontes, et qu'il fallut par mesure
exceptionnelle les chercher dans le peuple entier, sans
contre Sauppe \De hieromntmone archonttim atticorum. Gotting. 1873, p. 12),
Voir sur cette question lart. AnciinMEs, p. 384. — 9 Jiesp. Mit. 22. — 10 Arisl.
Resp. Ath. 20. — tl Jlrid. Cf. Gilhert, Op. cit. I, p. 160; V. von SchiJlTer, /. c.
p. 574. D'après Lehmann-Haupt, t. e. p. 315-316. les chevaliers auraient été admis
â l'archontat dès l'époque de Solon : mais l'analogie de la loi sur les trésoriers et le
témoignage île Démctrios de Phalère sur Aristide sont une réfutation suffisante de
cette hypothèse. La leçon de Van llerwerden et Van Leeuwen ix t.ùv lîpoaoïeévTwv
•j-n ToJ S»itJLoy TtevTaxoCTtojAESfiJivuv, admise par lleadlam iCtasa. Itev. V, p. 112), Lecon-
tère {L'arch. ath. d'après la Tio't.. 'AO. p. 4s) et Haussoullier (Irad. d'Aristôte, La
Constit. d'Ath. p. 33), irait contre notre hypothèse ; mais elle est insoutenahie,et il
faut lire : èx t.»v nooxpieivTwv i^'o T."v SrijioTwv ittvT«xo(r:wv. — '2 Arist. Hesp.
Ath. 22; cf, Isocr. Panath. 145. — 13 Cf. Beloch, Gr. Gesch. I, p. 306. — '* Plut.
Arislid. 22.
SOR
1407 —
SOR
tenir compte du cens'. 11 n'est pas impossible que les
Alhéniensaient recouru cette année à un pareil expédient ;
mais alors ils ont dû le faire sans rien changera la loi -.
Il est toutefois plus probable que nous avons là, sinon
une fable de pure invention, du moins une déformation
anachronique de ce qui sélail passé en 4S7 6.
C'est en 4o7 qu'eut lieu réellement, non pas une
suppression do toute condition du cens, mais un abais-
sement du cens exigé. La réforme d'Éphialles venait de
faire faire un grand pas à la démocratie. Pourtant on
n'avait pas touché à la nomination des archontes sur le
moment. Mais, à la suite d'abus commis par les dénies,
on décida que les zeugites, eux aussi, pourraient être
désignés par l'élection préalable pour le tirage au sort
de 1 archontat (ËYVoxrav xa'i èx Çeu-j-itùJv ■;içoxçiv£!r6aî toÙ;
x/ï,icuT0UL£V0'j; Tojv ÈvvÉa àp/ôvT(ov) '.
Plus lard la nomination des archontes subit de nou-
velles modifications. Les noms soumis au sort furent
désignés, non plus par une élection préalable, mais par
un premier tirage au sort. Cette désignation fut faite, non
plus par les dèmes, mais par l'ensemble de la tribu, et,
par conséquent, la présentation de cent candidats, au
lieu de cinq cents, parut suffisante \ Aucune de nos
sources n'indique la date de ces changements. On a été
jusqu'à se demander s'ils ne seraient pas antérieurs à la
réforme de 457^; dans l'autre sens, on a voulu les
ramener tous deux au iv' siècle*^, l'n seul point est à peu
près certain : ils ne sont pas contemporains. Mais on
s'accorde assez généralement à dire que la présentation
de cent candidats par la tribu entière a précédé le double
tirage au sort". Or, s'il en est ainsi, si ce sont les
Todxo'.Tot dont le nombre a été ramené de cinquante à
dix par tribu, celte mesure a été un retour au système
de Solon à peine amendé, une réaction caractérisée
contre le tirage au sort. Si, au contraire, les dix can-
didats sont tirés au sort dans la tribu comme l'étaient
précédemment les cinquante candidats dans les dèmes
de la tribu, d'une façon ou de l'autre tous les citoyens
de la tribu qui le veulent prennent part à ce premier
tirage au sort, et la mesure qui a remplacé les cinquante
candidats des dèmes par les dix candidats de la tribu
n'a eu qu'un caractère administratif sans signilication
politique. La question a donc son importance.
Il ne nous semble pas qu'on ait bien vu l'ordre
historique et naturel des choses. Isocrate parle de l'élec-
tion préalable comme d'une institution qu'aucun .\thé-
nien de son temps n'a pu connaître, et les plaisanteries
de Socrate sur le tirage au sort des archontes n ont de
sel ni même de sens que si elles tournent en ridicule
un tirage au sort absolu *. La iipoxpt^i; a donc disparu
dès le V' siècle. Appelons, en effet, l'attention sur un
passage de la Politique qu'on a trop négligé. Après
avoir constaté l'incompatibilité des magistratures via-
gères avec le régime démocratique, .\rislote ajoute :
« Si pourtant quelque magistrature a sauvé ce privilège
d'une antique révolution (â; àp/aia; [ASTaSo/,-?,?), c'est
qu'alors on limite ses pouvoirs et qu'au lieu delarecruter
par le choix, on la remet au sort >i [i'- at;£-ojv xÀT|pojT&j<;
1 E. Fabricius, Das Wahlgesetz des Ari$teides, dans le Jiliein. Mus. Ll
(1»96) p. 436-4^1?. — 2 Peut-6tre trouve-t-on une vague allusion à un Tait de
ce genre dans Arisl. Resp. A th. ifi. —3 lbid.;ct. 53 (pour les fraudes dans
le lirage au sort, von- plus lard Aeschin. C. Tim. 10; ; C. 6'(M. 6i).
— » Jbid. 8, 6i. — » Leliiuaunllaupt, /. c. p. 311. — 6 V. von SchôlTer,
TtoiEîv)'. Aristote ne peut penser qu'à l'Aréopage et aux
archontes qui le composent après leur sortie de charge.
L'antique révolution qui a limité ses pouvoirs a déter-
miné aussi un changement dans le recrutement des
archontes. C'est dans les mêmes circonstances, par
l'action du même parti, que se sont faites la réforme
d'Éphialtes et la réforme complémentaire. Elles marquent
l'une et l'autre l'avènement de la démocratie. Ce n'est
pas à dire qu'elles soient exactement de la même année.
La réforme d'Éphialtes est de 4G2 1 . A cette époque, il est
vrai, les membres du Conseil étaient déjà tirés au sort
sans itç,ôxsi<7!;, puisque vers 460 les Athéniens, donnant
à Érythrées une constitution sur le modèle de la leur,
prescrivaient le tirage au sort direct pour la nomination
du Conseil '". C'est là un précédent d'un très grand
intérêt et qui confirme bien la date approximative qui
nous est suggérée. Mais le régime appliqué au Conseil
n'a guère pu être étendu au corps respecté des archontes
sans d'assez longues hésitations. La -Troixotciç subsistait
en 4.57. La réforme de celte année, celle qui fait partager
aux zeugites le privilège des deux premières classes, est
donc une première étape dans une voie où la seconde,
celle du tirage au sort à deux degrés, dut se présenter
presque aussitôt.
Une des principales raisons qui semblent avoir décidé
le peuple à ces deux changements, c'est, d'après un mol
de la rioÀiTEia", la facilité des fraudes électorales dans
les dèmes. On espéra sans doute que le tirage au sort s'y
ferait plus honnêtement. Mais nous savons par la même
noA-TEia qu'au iV siècle les dèmes ne se faisaient pas
faute de vendre les fonctions qu'ils devaient tirer au
sort ; à telles enseignes qu'il fallut leur enlever une
bonne partie de ce droit et enrichir de leurs dépouilles
la tribu toul entière ''-. Le tirage au sort de l'archontat
avait passé par les mêmes phases, probablement pour la
même cause. A quelle date? II y avait longtemps à l'épo-
que d'Aristote : déjà la nomination des archontes était le
tvpe traditionnel du tirage au sort dans la tribu en masse.
D'autre part, après les réformes accomplies au milieu
du V siècle, les abus durent disparaître quelque temps ;
en tout cas, ils ne durent devenir criants qu'à la longue.
C'est donc vers la fin du v" siècle ou le commencement
du iv que nous sommes amenés à placer la réforme qui
fit tirer au sort les candidats dans les tribus. La mesure
put être prise après la défaite de l'oligarchie, qui avait
supprimé en 411 le tirage au sort des hautes magistra-
tures, pendant la réorganisation de la république. II est
bien plus vraisemblable qu'elle fut adoptée après la chute
des Trente, sous l'archontat d'Euclides, tandis qu'on pro-
cédait à la refonte générale et à l'assainissement des insti
I tutions. Dès lors, il n'y avait plus de raison pour con-
serverie nombre énorme de cinq cents candidats. La tribu,
n'ayant plus à pourvoir tous ses dèmes, pouvait en pré-
senter dix seulement. Le principe était sauf, puisqu'on
ne limitait pas le nombre des citoyens admis au premier
tirage, et l'on simplifiait le second, plus encore que le
premier, en diminuant le nombre des candidats dans la
proportion des quatre cinquièmes. Compatible avec l'idée
/. c. p. 574-575. — ■' Leliraann-ilaupl, V. von Scli..llVr. //. ce — « Uocr. Areop.
iî -. Xeo. Mem. I, î, 9. — 9 Arisl. fol. VU (Vl). r, lu. — '» Dillenbcrger, s. Sur
la dale, voir Kusoll. Op. cit. III, i, p. "iS. — " M. — '^ Arisl. /lesp. Alh. Ci.
Sur les fraudes dans le lirage au sorl, cf. noie 3. fl Deni C. Boeot.
1, M.
SOR
1408 —
SOR
di'm(irr;ttiquo, supprimant loulcs niniplicilinns supiM--
lliios, celle iliiiiimilion conveiiail hii'ii à une épii(|ne où
la tçuerre ihi IVlopnnèse avait décimé la population de
lAllique en Tappaiivrissant.
;Si. Li:t menibreg ilu Conseil. — De larchontal passons
à la BouÀY, ou Conseil, (|ui étail aussi une àç//,, une liaule
mat^islralure. Un peut admellre, sur la foi dArislote ',
qu'un Conseil de quatre cents membres fut créé par Solon ;
mais aucun texte ne nous renseigne sur son recrulemenl :
toul ce qu'on sait, c'est que le nombre de quatre cents
était en rapport avec le système des quatre tribus; le reste
est hypothèse pure-. Quand Clisthènes constitua le Conseil
des Cinq Cents, il est prol)al)le qu'il prescrivit immédiate-
ment la plupart des règles qui restèrent en usage durant
le V' et le i\' siècle pour assurer cette représentation
annuelle du peuple ^ Peut être cependant ces règles ne
furent-elles lixées qu'en SOâ, année de réorganisation où
fut formulé dédnitivement le serment d'investiture exigé
des conseillers' et qui devint le point de départ des années
prytaniques '". Ru tout cas. elles étaient si bien entrées
dans les mieurs politiques, vers le premier tiers
du V siècle, quWthènes les transcrivit dans la consti-
tution qu'elle imposa, en ce temps-là, aux Érytliréens ^.
Les cinq cents sièges de conseillers étaient répartis entre
les dèmes. proportionnellement à leur importance et à
raison de cinquante par tribu '. Les conseillers de chaque
dème étaient désignés par la fève* parmi les démoles
âgés de plus de trente ans " qui se portaient candidats'".
A chaque conseiller on adjoignait par le même tirage au
sort un suppléant ( ËTctÀa/cJvj pour les cas où le siège
deviendrait vacant pour cause de docimasie ou d'apo-
cheirotfinie, de mort ou d'incapacité ".
Four des fonctions aussi absorbantes que celles debou-
leule et surtout de prytane, le tirage au sort ne pouvait pas
suffire à produire un recrutement démocratique : de
bonne heure l'Ktat pourvut aux besoins de ceux qui assu-
maient celte charge '-. Le montant du uiiOb? {JouXeutixôç ne
nous est pas connu sûrement pour le v" siècle. Il était
peut-être déjà ce qu'il sera au iv' siècle; en tout cas, il
était assez élevé pour assurer l'effet qu'on en attendait : on
le lixe gi'-néralement à une drachme par jfiur. Le Conseil
choisi par la fève est pour Thucydide la cheville ouvrière
du gouvernement démocratique; quand l'historien oppose
le régime normal à l'oligarchie, il emploie l'expression
3t||aoç xai po'jÀr, r^ k-Ko toû x'jàjAou '^. .\ussi le Conseil des
Quatre Cents imaginé par les révolutionnaires de 411
dans leur projet de conslitulion pouvait-il bien user
largement du tirage au sort, comme d'une procédure
commode, dans son règlement intérieur ; mais, à aucun
< liai,. Allt. S. Olijeclions de B. .Nicsc, /. ei. Arisloleles Uach. der alh. Verfass.
•iitiil' Hisl.ZriUchr. LXIX(l»'Ji), p. i'.3-6C. —! Pour le système électir : Sckûniann,
Ant.jur. publ. tir. p. ill : Gr. AU. Irad. Galuski. I, p. 380; Urole, Irad. de Sa-
dous, IV, p. IT.ï ; IjilleiiRT, ail. m.h ijè, p. 73'J. l'our le lirasreau sorl: Waclisiiiulli,
Hell. Allmtliumsk. I, p. *M ; Tliuniser, Cr. .flaalsalt. C- é.l. p. 3»3. — acf. Blisolt.
0,1. cit. II. |.. 430 ; (iilliard. Op. cil. p. îtH. — V Arist. /la/,. Alh. ii. — 5 K. Ca-
vai^-liac, .Vo»e sur la r/ir..». ail. ou v siècle, Versailles. I9U'J. p. îl : cf. Hi^r. des
il. f,r. X\ll H'MV). p. 33. — « Uatcnberger, S, I. 7 sq. _ 7 Ansl. Ilesp. Alh. ût.
Voir llauveUe-Besnault, IJiill. de corr. hetl. V (ISSI), p. 363 s.|. ; I'. Koucail, lliid.
Xlll(lls»7).p. 351 s<|. — «Tliu.-. VIII, Oli, oy , Aiisl. /re>7>. Alh. 3i, *3, Oi ; Audoc.
De mysl. bi: Lys. C. Philun. i, 33; llarp. s. v. ii,i./-v; cf. Uilleiiberger. 8.
I. 7 5.|. Voir BuciÈ, p. 7*0. — 9 Xeii. .\lem. I. i. 35; Argtim. Item. C. Androt.;
cf. Arisl. Hesp. Alh. 4, 30, 31 ; llilleiiberger, /. c. — 10 |,ys. /. c. 33. — II Plal.
Coniic. ap. Harp. ». b. el Scliol. Arislopli. Thesm. 8oU (Kock, I, p. 0*3, fr. ICC-lfl7| :
.ï-scll.C.C'/e». Oi; Harp.,Suid., Ëlyiii. M.», c. ; Lex. .Scgiier. p. i5C,3. VoirFustelde
Coulangea, /. <r. p. 171 ; rpii.AcHo!<. — 12 Arisl. Hesp. Alh. U. Voir Mûller-Striibiug.
Op. cil. ÏI3. — 13 Thuc. VIII, 6ri : cf. I.9. — Il Arisl. /lesp. Alh. 30. - 15 Aiidoc. De
prix, il ne devait ni se recruter par tirage au sort ni
recevoir de solde". Si le Conseil des Cinq Cents fut
rétabli par Tliéramènes, sous le régime des Cinq .Mille,
ce n'esl qu'en 41(1 09 qu'on le voit de nouveau tiré au
sorl el que reparait l'expression officielle ïj p&uÀr, oi
-ivTïxoctot ot Àay/jVT£ç t<ô xuifico'^. Après le rétablissement
de la démocratie, le aicftôç fut de cinq oboles par jour
pour les boiileutes el de six pour les prylanes "'. Au
iv^ siècle, époque de prospérité matérielle, la valeur de
l'argent avait bien diminué : cinq oboles, c'était juste
ce qu'il fallait pour l'entretien d'un célibataire ''. Le
jjLi(r6o; n'était donc pas pour tenter les citoyens obligés
de gagner leur vie et celle d'une famille. Effectivement,
des recherches faites sur la situation sociale des bouleutes
au temps de Démosthènes il résulte que la proportion
des riches étail bien plus forte dans le Conseil que dans
la moyenne du peuple" : les petites gens ne tenaient pas
à donner leur nom pour le tirage au sort.
§ 3. Les auli'es magistrats. — Le Iriompbe de
la démocratie entraîna, avec la multiplication des
charges rétribuées, l'extension du tirage au sorl. Un
moment vint où son domaine comprit toutes les fonc-
tions périodii|ues {t.bç\ -y.v èyxùxÀî&v Zwy.\r!i'i\ à l'ex-
ception des fonctions militaires et de quelques autres
qui demandaient des connaissances financières ou
techniques '^
De ces fonctions attribuées par le sort Arislote dresse
une longue liste. Après les membres du Conseil et
avant les archontes, il énumère : les dix trésoriers
d'Athèna 'Tau.îa! ttF,ç 'A6T|Vâç), qui devaient être pris
parmi les penlacosiomédimnes d'après la loi non abrogée
de Solon, mais qui étaient pris en réalité parmi tous
les citoyens sans distinction de cens'-"; un trésorier
de l'assistance publique, chargé de remettre le diobole
quotidien aux indigents infirmes'-' ; les dix polètes--; les
dix apodectes-^; la commission des dix légistes, prise
parmi les membres du Conseil-'; les dix eulbynes,
chacun avec ses deux parèdres'-"; les dix surveillants des
temples (issùlv È7tt<;xsua(7Ta() '^'' ; les dix astynomes-'; les
dix agoranomes-* ; les dix métronomes -'; les trenle-cinq
inspecteurs du commerce des grains ((7'.T&i.'JÀax£!;), jadis
au nombre de dix ^" ; les dix épimélèles du port marchand
(âuLTioptou É-it'.[xE),-r,Tai;^' ; les Onze (oi i'voîxa) ^* ; les cinq
introducteurs des actions jugées dans le délai d'un mois
(EidïYWYeîç) "'. les quarante juges des dèmes yv. TEXTaci-
xovTct), héritiers des « trente » dont le nombre néfaste
eût rappelé la tyrannie^' ; les cinq agents voyers
(oSoTî&io!) '^ ; les dix logistes''^ et leurs dix synègores'" ;
le greffier de la prytanie ■•/ç.iL^nL'XTvji y.i-'-x Ttcu-avsiav) et le
mysl.Sfù idécrel de Ikniopliaillos). Voir Ed. Sieyer, Gr. Gesch. IV, p. 600, D.; cf. Busoll,
Gr. Gesch. III, 11, p. 1309, n. 3. — 16 Arist. Hesp. Alh. 6Î. — 1^ L'éphèbe reçoit
pour sa DOurrilure quatre oboles {/hid. ii). — i» J. Siiiidwall, Epiyr. Beitr. zitr
soziat'polilischen Gesch. .\th. im Zeitall.des Dem. A&mKtio, tr^iinzuQgsbaDd I.
IV, Beilieft, lOai;, p. i s<|. - l» Arist. Ilesp. Alh. *3 ; cf. Pol. VII (VI), i, 8.
— 2U ttesp. Alh. S. *7 : cf. Inscr. grnec, I, 3i, a, I. 14- 13; i99 ; Poil. VIII, 97 ;
Suid. s. K. i.|....; Lex. Scfruer. 306, 7. — 21 /lesp. Alh. *9. — 22 Ibid. 47. Voir
pài.cTii. — 2Î Jbid. is; cf. I.ei. Seguer. p. I'.i8, 1. Voir «podektai. — H Hesp.
Alh. 48. — 21 Ihid. — 26 //,!</. 50. — 21 /«irf.; cf. Deni. C. Timocr. 112: Inscr.
i/raec, I Suppl. 314 c. I. 9 ; Plat. Ley. VI, p. 763 D. Voir astïxumoi. - 2S Hesp.
Alh.ô\ : cf. Dem. /. c: Plat. /. c. E. Voir a.,ok.>no!.oi. — 29 /lesp. Alh. 51. Voir
utTnosom.i. — 30 /Hd. ; cf. I.ys. C. friiment. 16. — 31 Hesp. Alh. 31 ; cf. Uin.
C. Ai-islog. 10. Voir EPiaFifTAi, p. 673. - îi /le^p. Alh. 3i;cf. Poil. VIII, 102.
Voir HF.NOFKA. — 33 ttesp. Alh. 55; cf. Poil. VIII, 93. Voir FjsAr.u.:i;is. — 34 Hetp.
Ath. 33; cf. Deni. l. c; Phot. Lexie. p. 30j : Les. Seguer. p. 306, 13. Voir
DiKASTAi KATA DÈMoLS. — 33 /iesp. Alh. 54. Voir Huttopuioi. — 36 Ibid.; cf. Lex.
Scgner. p. 276. 17. — 37 Hesp. Alh. 34 : cf. I.ei. Seguer. p. 301, 4.
SOR
1409
SOR
greffier du Conseil {yçna^aTE'jç ty,; pouXT,ç) ' ; les dix
sacrificaleurs préposés aux auspices (ieooTtoto't l-rci xà èk-
Oû[i.aTa) et les dix sacrificateurs de l'année (\eooT.o:o\ xar'
Èviï'jTÔvl'; l'archonte de Salamine et le démarque du
Pirée ' ; les dix épiniélètes chargés de la procession des
Dionysies(ÊitifjL£XTiTa!T-f|î7:o(A7if|;), qui étaient primitivement
élus '; les dix athlothètes °. A cette longue liste on
pourrait ajouter, par exemple, l'hiéromnémon''. De plus,
à toutes les époques, on répartit au sort toutes sortes de
fonctions plus ou moins durables. Ainsi, le mode de
désignation usité pour les trésoriers d'Athèna fut étendu
par le décret de Callias aux « trésoriers des autres
dieux »^ par un décret du iv" siècle à des commissaires
chargés du recouvrement des arriérés '. On voit dans
une inscription les bouleutes et les héliastes tirer au sort
dans leur sein deux commissions de tEpoTtoiot, chacune à
raison d'un membre par tribu'; dans une autre, un
collège de cinq magistrats établis au Pirée (métronomes,
agoranomes ou sitophylaques.» s'adjoint un greffier tiré
au sort, en même temps qu'un greffier pris au choix '".
Au V' siècle, la fève désignait les surveillants (ÊTciVxoTtoi)
envoyés dans les villes de la confédération athénienne".
Les plus humbles emplois rétribués étaient tirés au sort
comme les plus liantes magistratures : les 2000 garnisaires
(ippoupoî) et les 500 gardiens des arsenaux maritimes
(tppoupol v£(opî<ov) étaient nommés comme les membres du
Conseil'-.
§ 4. Les prêtres. — Puisque le sort était toujours
regardé comme une intervention des dieux, ce mode
de nomination convenait particulièrement aux sacerdoces
et à toutes les fonctions du culte. Il continuait d'être
appliqué aux magistrats qui avaient eu primitivement
un caractère religieux et conservaient la trace de cette
origine dans leurs attributions ou leur titre, par exemple
aux archontes et aux Tau-tai d'Athèna. A plus forte raison,
tirait-on au sort les prêtres", l'hiéromnémon et les py-
thaïstes envoyés à Delphes''*, les surveillants des tem-
ples, les dillerenls collèges de sacrificateurs, les épimé-
lèles de la procession dionysiaque '°. Remarque fort
importante pour la chronologie athénienne, on suivait
d'année en année l'ordre officiel des tribus pour désigner
le prêtre d'Asclèpios (au moins de 3o0/'49 à 322 1 et de-
puis la réorganisation des tribus en 307/6), et peut-être
en fut-il de même pour les prêtres de Sérapis depuis
137 /G". Les exemples de prêtres élus sont rares à Athènes'^
Cependant, si les fonctions religieuses étaient généra-
lement distribuées par le sort, on se relâchait de ce
principe quand on pouvait, par un choix judicieux,
attirer aux dieux et aux hommes les générosités des
riches '* : on aimait mieux, par exemple, ne pas tirer au
sort les parasites conviés aux banquets sacrés d'IIèra-
clès'^
§ 5. Formalités du tiraije au sort des magistrats. —
I Hmp. Alh. 5i. Voir ..i.AMMAitis, p. 1047- IGW. — 2 /lesp. AM. 54. — 3 Jbid.
— * Ibid. 36; cf. Ucm. Phil. I. 31. Voir EPiMELtiAr, p. 6S2-G83. — '^Resp.Ath. OU;
cf. l'oll. VIII, 87. — 6 Arisloph; Nuh. fi2:i el Scbol. ; cf. Dcm. C. Timocr. 150. Voir
HiERoMSEMoSEs.— 7 /nscr. (/vA, H. a.\. 13-13. — «Uem.C. Androt. 48; C. Timocr.
160.— 9//iscr. jr. ISuppl. 3.1 4, I. lOsq. — loyiiV. Il, SOI. Voir (;riAM>iAiEis, p. 1646.
— It Ai-islopli. Av. lOii ; voir \'. Guiraud, Z>e lacund. des alliés pendant la
prem. conféd. ath.. daus les Ann. de la fac. des lettres de Burd. V (1883), p. t'Ji.
— 12Arisl./(es/j. Ath. 24,0i. — '3 Aescli.C. Km .l>S. Voir Miciid, rtecuei/, 138,1. 3-i
(priilrc il'AscIcpios); 683, 1. ls-10; 600, I. 0 (prélre d'Asclèpios et d'Hygieia) ; E-..
ii^l., 1005, 1. 0 (prèlre de Callislè). — 14 11 s'agit des pythaïsLes nommés par le
peuple {Bull, de corr. hell. XXX, 1006, p. iOn.n" 7, I. 3; p. 201, n" 14, 1. 3 ; p. Mï,
no 27, I. 3 ; cf. Colin, lùid. p. iOi|. — l.- Voir Arisl. Jiesp. Ath. .'iO, 54, 56. — n> Voir
Sundwall, Op. cit. p. 47, 73 sq. ; W. S. Ferguson, The priests of Asclepios, dans
VIII
Aucun auteur ne nous donne de détails sur la céré-
monie qui accompagnait le tirage au sort des magistrats.
Il est vraisemblable qu'elle commençait par des prières
pareilles à celles dont parle Platon-", pour « demander à
Dieu et à la bonne fortune de faire servir le sort au triom-
phe de la cause la plus juste ». Quant aux formalités
matérielles, tout ce que nous en savons par les orateurs
et les grammairiens, c'est qu'on se servait de tablettes
en bronze (Ttivixiaj portant le nom des candidats'^', el de
fèves blanches et noires'-''. Il est cependant certain qu'il
y avait une urne par tribu pour les tablettes. Mais com-
ment s'y prenait-on pour les fèves '^ D'après une con-
jecture généralement admise", au temps où le tirage au
sort des archontes se faisait sur 500 candidats, on jetait
dans une onzième urne 10 fèves blanches et 490 noires,
on tirait alternativement un nom de candidat et une fève,
et le premier candidat dont le nom coïncidait avec une
fève blanche était nommé archonte, après quoi l'urne de
sa tribu était enlevée, el le tirage continuait de la même
façon pour les tribus suivantes. Mais ce système soulève
une objection capitale : ilaurail très bien pu se faire qu'on
épuisât les cinquante noms d'une tribu sans amener
de fève blanche. Le seul moyen de soumettre au sort
les cinquante noms d'une tribu consistait à les mettre
en rapport avec cinquante fèves, une blanche et qua-
rante-neuf noires (ou bien, si l'on désignait le suppléant
immédiatement après le titulaire, sans recommencer
intégralement l'opération, avec deux fèves blanches et
quarante-huit noires). Avec ce jeu de cinquante fèves, deux
modes de tirage étaient possibles : on pouvait se servir
de la même urne à fèves pour les dix tribus, ou accom-
pagner chaque urne à candidats d'une urne à fèves. Dans
les deux cas, le tirage pouvait se faire simultanément
dans les dix tribus ou successivement dans chacune
d'après un ordre déterminé par le sort. Resterait à se
demander comment étaient réparties entre les élus les
places de l'arcliontat, dont on sait seulement qu'elles
étaient tirées au sort ". Ici encore deux hypotlièses sont
possibles. Si le tirage au sort des élus se faisait simulta-
nément dans les dix tribus, et peut-être s'il se faisait
successivement dans chacune, les archontes une fois
désignés pouvaient obtenir d'un nouvel et dernier tirage
au sort leur charge propre et leur rang dans le collège,
soit que ce tirage fut double (noms et charges), soit qu'il
fût simple (noms) et se fit en suivant l'ordre de préséance
officiel pour les charges (archonte, roi, polémarque,
thesmolhètes, greffier). Si le tirage au sort des élus se
faisait successivement dans chacune des dix tribus, le
tirage au sort préalable qui fixait l'ordre des tribus pou-
vait aussi entraîner l'attribution à chacune des dix
charges, en suivant pour les charges l'ordre de pré-
séance. Entre toutes ces hypothèses, nous n'avons pas de
raison pour fixer notre choix.
les Univ. of Califomia publications, Class. pliilol. I, p. 131-173 ; Kirchner, Berl.
philol. Wochenschr. 1006, p. USD. — " Marllia, Les sucerd. ath. p. M, disait qu'il
n'existe pas d'exemple de prôtre éln. Cependant une inscription du m' ou du ne >iècle
que vient de publier Ad. Willielm, Beitr. ziir yriech. /uschriften/ainde, Wien,
1000, p. 45, n» 30, mentionne un U-^tù; t., i!i'.,i!io.. — I» Cf. Colin, l. c. p. i03 ; Haus-
soullier, Op. cit. p. 60 sq. — '9 Diod. Sinop. ap. Allicn. VI, 30, p. 230 D.
— 20 Uij. VI, p. 757 E; cf. //. 111, 318-323 ; VI, 177-180; Lucian. Uermot. 40.
— 21 Dcm. C. Boeot. I, 10-12. — '22 I.cx. Canlabr. s. v. ,u.<;iiO«T«i ; llosycb.s. v.
«uaiAoTo™;, cf. xuâ|A>:. lïaTpi'u ; Pliot. s. V. x«a|iixr,î. — 23 (jilbert, (jp, cit. I, p. 242;
V. von Scbolfer, /. c. p. 573 sq. Le système auquel pensait Scliumann, Gr, Alt..
Irdd. Caluski, I, p. 459 (cf. akchai, p. 360), n'est pas pratique: avec deux urnes
seulement, on ourait obtenu plusieurs arcliontis de la même tribu. — 21 Arisl.
Resp. Ath. 55 cf. Lys. C. Andoc. 4.
177
SOR
— 1410 —
SOR
Les aiili'urs ne nous ilisenl pas non plus à ([ui'l niomcnl
ilo Tannée se faisait le tirage au sort des magistrats. Mais
comme tous les magistrats, tirés au sort ou élus, étaient
soumis à la doeimasie avant d'entrer en ctiarge et comme
tous, excepté les menibn-s du Conseil et les trésoriers
au \" siècle, entraient en charge au commencement de
l'année civile, le premier hécatombaion, les mêmes
nécessites qui fixaient la date de l'élection à la première
prytanie où les présages étaient favorables après la
sixième' devaient imposer la même date pour le tirage
au sort-. L'opération se faisait donc au plus tôt au mois
d'anthestérion i,fin février) au plus lard au mois de skiro-
phorion (finjuinl. Elle pouvait ainsi rejeter la docitnasie
sur les tout derniers jours de l'année''. On tirait au sort
toutes les magistratures en une journée : le décret qui
institue les trésoriers « des autres dieux » dit qu'ils
seront désignés par la fève « en même temps que les
autres magistrats' ». Pendant longtemps, le tirage au
sort eut lieu dans des locaux dilTérents. Les fonctions pour
lesquelles les candidats étaient clioisis par les dèmes se
distribuaient dans le Tiièséion ; celles pour lesquelles on
était proposé par la tribu en masse étaient tirées au sort
ailleurs, on ne sait ou '. Mais, à l'époque d'Escliine et
d'Aristote, quand les dèmes eurent perdu leur droit de
proposition, sauf pour les membres du Conseil et les
gardiens des arsenaux, toutes les magistratures furent
également tirées au sort dans le ïhèséion '', sous la
présidence des archontes'.
ij 6. E//'ets du tirage au sort des mugislrals. —
Quand la démocratie athénienne eut définitivement
accommodé à ses besoins le système du tirage au sort,
elle n'abandonna pas au hasard la nomination de ses
magistrats. 11 ne faudrait pas croire que tout le monde
pût concevoir l'espérance d'arriver un jour à l'archonlat.
Sans doute, la condition de cens fixée par Solon et con-
firmée, quoique élargie, en 457 était devenue caduque :
tout citoyen pouvait se donner comme pentacosiomé-
dimne', à plus forte raison comme chevalier ou comme
zeugite, et, par conséquent, ces différences de classes
disparurent totalement. Mais, pour prendre part au tirage
au sort, il fallait s'y présenter ('ép/egOa! xXT,pco(io[ji.£voç)' ;
pour devenir le candidat de sa tribu, il fallait faire per-
sonnellement acte de candidature. Les petites gens ne
pouvaient guère s'offrir le luxe de l'archontat. Tandis que
n'importe quel citoyen pouvait profiter d'un jour de
loisir pour aller à l'assemblée toucher, selon les jours de
séance, une drachme ou une drachme et demie, les
archontes donnaient tout leur temps pour recevoir quatre
oboles par jour, et encore à charge d'entretenir leur
héraut et leur aulètc'". On s'abstenait prudemment
quand on gagnait sa vie par un travail quotidien ou
qu'on était engagé dans les afi'aires, surtout si l'on ne
demeurait pas en ville". Les nécessités sociales produi-
saient à peu près le même effet que jadis les interdictions
1 Arist. tlesp. Alh. U ; cf. Inscr. i,r. II, 4l(j. — î Cf. Busoll, Gr. Staatsall.
p. ill. — 3 Lys. Oe Evandr. prob. 6.-4 Jnscr. gr. 1, 33. — 5 Arisl. Jicsp.
Atlt. 6i. — r, Ihid.; .«sclliii. C. Clcs. 13. _ 1 /Hscijiii. /. c. ; cf. Arisl.
liesp. Alli. CJ. Voir Gilbcrl, Op. cit. I, \). r9 — 8 Arisl. Jlesp. Atli. i7.
— 9 Lys. C. Andoc. 4; C. Philon. 3.!; Isocr. De aniid. I.ÏO; Harp. s. r.
ua,,i-. ; Dinarch. ap. Harp. s. v. ij,„j,„àr.u (Or. allie. Uidol, IL p. 453).
Cf. Fuslcl de Coulangcs, /. c. p. 131 ; Uilhcrt, Op. cil. 1. p. 241, ii. I. — 10 Arist.
lIcsp. Atlt. lii. — Il Cf. Miillcr-Slrilbing, Op. cit. p. iOi. 12 Cf. attica
bksi.i,-.,m,;a, p. 338; J. Nicole, /. e. p. 108. Di-'Hiolliéiics, C. Aeaer. 27, parle
d'un arclionlc roi pauvre, mais noMo. — 13 Arist. Hcsji. Alli. ':•:,. t.(. Fustel, t. v.
p. 152, 171 ; ATTicA uespublica; uokimasia. Sur Torigine de la docjmasic, voir Ulotz,
légales : l'arclionlal était aux citoyens riciies ou aisés'-.
II en allait ainsi pour le Conseil, où le salaire montait
à 5 ou 6 drachmes; il ne pouvait en être autrement
pour une charge encore plus mal rémunérée. — De plus,
la crainte de la docimasie, de cet examen qui suivait le
tirage au sort, opérait spontanément une épuration pré-
ventive. Il fallait, pour s'y exposer, non pas seulement
avoir toujours rempli ses devoirs de fils et de citoyen,
mais appartenir aux vieilles associations de culte, être
issu en ligne paternelle et maternelle d'ascendants
athéniens depuis la troisième génération, posséder des
tombeaux de famille en terre atlique'^ Les incapables
étaient intimidés par la perspective de l'àTto/eipoT&vîa, du
vole qui pouvait à chaque prytanie leur iniliger la honte
d'une déposition, ou par la pensée d'avoir à rendre des
comptes à la sortie de charge. Autant de freins aux
appétits injustifiés. Les mœurs publiques n'étaient pas
si mauvaises, après tout, qu'on briguât une magistrature
tirée au sort sans y avoir quelque titre : nous entrevoyons,
par exemple, que les épimélètes des arsenaux maritimes,
quoique tirés au sort, étaient en grande partie des
citoyens habitués par leurs occupations privées aux
choses de la marine". La preuve que la docimasie et le
vote de confiance n'étaient pas de pures formalités et
des menaces vaines, c'est que, dans le tirage au sort des
magistratures, on tirait deux noms pour chaque place :
le premier était celui du magistrat désigné (Xajuôv), le
second celui du remplaçant éventuel (ÈTt'.Aa/côv)'^. Donc,
dans la pratique, le Conseil et l'assemblée du peuple
avaient, tant au commencement qu'au cours de l'année,
la faculté de révoquer les décisions du sort.
!? 7. Le tirage au sort des magistrats et les partis poli-
tiques. — Protégé plutôt que gêné par ces précautions,
le tirage au sort était devenu un mode de nomination
égalitaire. Le parti oligarchique le détestait. On sait de
quels sarcasmes h' poursuivaient Socrate et ses disciples.
C'est dans ce milieu qu'on dut détourner de son sens
l'interdiction rituelle prononcée par les pythagoriciens
contre les fèves "'et la convertir en un conseil d'abstention
politique". Victorieuses en 4H, les hétairies firent la
part aussi petite que possible à l'odieux procédé : dans la
constitution qui devait inaugurer une ère nouvelle, le
nombre des citoyens capables était réduit à cinq mille,
et le sort n'avait plus à distribuer que les fonctions infé-
rieures dans les trois sections du Conseil (sur quatre)
qui n'étaient pas de service '*. Cette tentative et celle des
Trente échouèrent. Le tirage au sort des magistrats pré-
valut jusqu'à l'époque romaine. En i03/:2 une révo-
lution faite par les marcliands d'esclaves et le parti romain
supprima ou tout au moins restreignit la vieille institu-
tion'''. Ainsi s'explique qu'Argeios ait été archonte deux
ans de suite (97/(1, mi/o) et Mèdeios trois ans (91/0-89 8).
La constitution aristocratique, suspendue en 88 par Athé-
nien, qui se jeta dans les bras de Mithridate, fut rétablie
L'ordalie dans ta Gr. prim. p. l2S-i2U. — 14 Suudwall, /. c. p. 38, a dressé uue
liste de ces épimélètes ; ^7 d'entre eux apparlieuuenl a la Iriltyg du lilloral, contre
IS de la ville et 13 de la Mésogée. —13 Voir p. 1410, n. 15; cf. Dcra. C. Theocr. 29.
— liî Voir les textes à l'art, iaha ; cf. Abel, Orphica, p. 2i>'J. — 17 Plut. De educ.
puer. 17, p. 12 li. Schômann, A'/dy. jiir. put,l. Gr. p. 100, et Waolisniutli, Bell.
Alterthinnsk. I, p. 527, eut pris ce contre-sens à leur coniple. Cf. S. Hcinacli,
Culte.'i, mythes et relig. 1, p. 43-44, — is Arist. lIcsp. Atlt. 30. Le texte du
nianuscril tlonne successivement les archontes pour élus, puis pour tirés au sort.
La contradiction disparait, si l'on corrige dans le second passage ai-iripoùv en itl,]po3v
{cf. Busoll, m, n, p. 1488, n. I). — ''J W. S. Kergiison, The oligarchicat revol.
at Alh. of tke yeav 103/2, dans les Beitr. ;. ait. Gesck. IV (1904), p. 1 si|.
SOK
— 1411
SOR
par Svlla l'i dura. Athènes, soumise à Rome, pouvait l)i('n
modilier la nomination de ses magistrats.
IH. Le TIRACE AT SORT DANS LES ADMINISTRATIONS l'Ulil.t-
Oi!ES d'Athènes. — Sj 1. La jus tire. — Dans l'adminis-
tration de la justice, le tirage au sort put être eonli-
nuellemenLune garantie contre l'arbitraire des magistrats
et contre les concerts frauduleux. Les Athéniens en nuil-
liplièrent les applications et en perfectionnèrent les
procédés à un degré inouï.
Dès le jour où l'on allait demander une action au
magistrat compétent, celui-ci donnait un numéro à l.i
demande par voie de tirage au sort. Du moins on ne pi'ul
expliquer que par celte procédure l'origine des expres-
sions oi>cY|V ÀaY/ïVE'.v et S!xï|V xày,so'jv, qui se disent de la
partie et du magistral'. Les affaires civiles qui doivent
être soumises aux arbitres publics sont réparties entre
eux par un tirage au sort auquel procèdent les « qua-
rante » ou plutôt les quatre d'i^ntre eux qui représentent
la tribu du défendeur-. Comme les métèques, les isotèles
et les proxènes ne font point partie officiellement des
tribus et que les procès civils où ils sont en cause
rentrent tous dans la compétence du polémarque, celui-ci
les divise en dix lots, qu'il assigne par la voie du sort aux
dix tribus, pour qu'à leur tour, dans chaque tribu, les
«quatre» les tirent au sort entre les arbitres^.
Mais c'est dans les tribunaux d'héliastes que triomphe
le tirage au sort. Nous pourrions nous contenter de ren-
voyer à l'article dikastai, où le sujet a été traité avec un
soin tout particulier, si depuis n'avait paru la DùàiteiV,
avec une série de chapitres consacrés à la question. Là
oi'i les conclusions de cet article sont confirmées par le
nouveau document, il est indispensable de remplacer les
références de qualité douteuse, les seules dont on dis-
l)Osât; ailleurs, il nous faudra rectitier quelques erreurs
ou combler quelques lacunes, jadis inévitables. Avant
tout, on discerne plus nettement aujourd'imi des périodes
diflerenles, si l'on examine les ai)plications du tirage au
sort au recrutement des héliastes, à la constitution des
jurys, à la répartition des jurys entre les magistrats et à
l'attribution des locaux.
Selon une opinion soutenue dans l'antiquité, on peut
admettre que le tribunal des lu'liastes était tiré au sort
dès l'époque de Solon, son fondateur'. Mais soumettait-
on au sort les noms de tous les citoyens âgés de trente
ans qui se présentaient^ ou seulement ceux de candidats
désignés par une élection préalable ''' Chacun de ces
systèmes a ses partisans; les textes ne permettent pas de
décider^. Kn tout cas, le recrutement des héliastes était
facile, tant qu'ils bornaient leur juridiction à l'appel des
jugements prononcés par les magistrats et ne formaient
(|u'un seul tribunal.
Dans le courant du V siècle, tandis que la prospérité
d'Athènes et l'extension de sim empire multipliaient les
alîaires litigieuses dans d'énormes proportions, le déve-
loppement de la démocratie lit de la justice populaire la
1 Cf. Schol. l'Ial. Eulhijiihr. p. 3i:. Voir le Thesain-us, s. r. iiy,i,u ; MeiiT-
.<clMÏinann-I,i|)sius, Dtr ail. l'roccxs, p. 79i-7Ui, 8ur,-»0S. — 2 Arisl. /lesp. Alli.
53; Coll. VIII, ISO; Ucni. C. Ajilmb. III, 3S. Voir HudUv;ilckcr, Leb. die ôffentl.
und l'rirat-Schiedsricliler, f.'i\ sr|. ; Meier-Si-lHiiuaiiii-l.ipsius, Op. cit. p. 48, 8i5,
1012; DfAiTtTAi, p. IJ7-12». — SArisl. /lesp. Allt. 58; cf. litscr. ijr. 1 Suppl. p. 0.
— i Arist. Pot. Il, i\ (xii), 3.-5 Cf. Duiicker, Gesch. des AU. VI. 5- cil.
p. I7'.i ; Gilljcrl, Op. cit. I, p. 153, n. t ; l.ipsius, Das ait. liccht imd Iltchtsnr-
fahren, I. p. 30, 134. — « Cf. Wilamowilz, Phil. Unlcrs. 1. 'J5. — " Cf. Busoll,
6>. Gescti. Il, p. 287. — * Arist. Itcsp. Ath. i7. — llbid. il ; Arislopll. \'esp. 061 ;
Andoc. De myst. 17. — 10 Cf. Inscr. gr. 1 Suppl. 35 b. Voir. Wilamowitz, Arist.
seule et unique inslance. Pour avoir le personnel néces-
saire et pour attirer aux tribunaux les gens du peuple,
on leur oflril l'appât de la solde, du [xitOo; oixaaTix'Jç, et,
si auparavant le tirage au sort était tempéré parle choix
préalable, il ne le fut plus désormais *. Tous les ans étaient
désignés par le sort GOOO jurés, à raison de 600 par
tribu ^ On les prenait probablement sur les dèmes, et non
pas sur la tribu en masse'". C'étaient surtout les vieillards
qui se présentaient". La théorie de Fraenkel'-, d'après
laquelle on aurait, dès l'époque de Périclès, nommé à
l'Héliée tous les citoyens âgés de trente ans qui se décla-
raient disposés à siéger, a donc le tort d'anticiper sur
l'avenir ; la théorie de Schoemann '% qui croit à un
corps d'héliastes lires au sort en nombre déterminé, est
juste pour le v'" siècle et le commencement du iv'". Nous
ignorons comment on s'y prenait en ce temps pour
répartir les 6000 héliastes en dix sections'* ; mais nous
savons, surtout par les Guépeu d'Aristophane, que les
tribunaux étaient assignés aux magistrats d'une façon
durable'^ et qu'un seul tirage au sort attribuait à chaque
tribunal son jury pour toute l'année".
Après l'archonlat d'Euclides (40i/3), on assiste à une
importante réforme. Le nouveau système nous est connu
par les dernières comédies d'Aristophane, V Assemblée
des femmes (390 ou 386) et le Ploiilns (388). Les change-
ments portent à la fois sur le recrutement des héliastes,
sur la constitution des sections et sur leur répartition.
— L'énorme perle en hommes subie par Athènes pendant
la guerre du Péloponèse et la suppression des (iioSot
nécessitée par la détresse financière ont pour efl'et de
vider les cadres de l'Héliée. Inutile de tirer au sort
parmi les postulants, il n'y en a plus assez. Tous ceux
qui remplissent les conditions légales et se présentent,
sont admis. Il suffit donc désormais de tenir à jour tous
les ans la liste des héliastes. Lorsque .\thènes se releva
de ses désastres, que la population augmenta de nouveau
et qu'on rétablit les (iiiO&i, on ne revint pas à l'ancien
principe; on resta fidèle à cette règle : « Peut siéger
comme juré tout citoyen âgé au moins de trente ans, à
condition qu'il ne soit pas débiteur public ni frappé
d'alimie'''. « — On conserva la répartition des héliastes
en dix sections. Cette répartition s'obtient, et s'obtenait
peut-être déjà dans la période précédente, par voie de
tirage au sort. Pour les détails de l'opération nous ren-
voyons à l'article dikastai (p. 189;. Nous rappellerons
cependant que les dix sections ainsi formées sont di'si-
gnées par les dix premières lettres de l'alphabet, depuis
A jusqu'à K, et que les héliastes ainsi répartis reçoivent
chacun une tablette de bois ou de bronze (Ttivixi&vj por-
tant son nom et sa section-' (voir fig. 2410 . De plus,
nous nous permettrons deux observations : i° on peut
considérer comme un point acquis que, d'abord, le tirage
au sort se fil tous les ans pour la totalité des héliastes
inscrits et que, plus tard, il se fit seulement d'année en
année pour les héliastes nouvellement inscrits : en un
und Mb. 1, p. 201 ; l.ipsius, Oii.cil. I, p. I3."i. — H l.'ûgo îles jurés est un sujet
lie plaisanterie qu'alleclionne Arislopliauc. Cf. l'Iut. An seni sil i/cr. rcsp.
VU. 7, p. 7'J3 D. — <2 Ait. Gescitu'orenenijer. p. l si|., 92 sq. ; cf. dikast»i,
p. 187-188. —"De sortit, judic. ap. Ath. (Opusc. acad. I, p. 200 sq.); Gr.
Alt. traii. 1, 542; cf. Orolc, Irad. V, p. 317; Curlius, Irad. Il, p. 403. — H Cf.
Lipsius, /. c. p. 130. — 15 Aristoph. Vesp. 1107 sq. ; Michel, 70, I. 7î; Antiph.
De chor. SI; Andoc. De myst. 27; Harp. s. v. lUoeiSuTtov. — '6 Arislopll.
Vesp. 303 sq. ; cf. 400 sq.; 150 sq.. 240, 288 sq. ; Antiph. (. c. Voir l.ipsius, 1. e.
p. I3sl3'.l. — n Arist. Ilesp. Alh. 63. —i» Inscr. gr. Il, 873-010, 88s /y; Il .-^uppi.
p. 212 sq. ; Arist. /. c.
SOR
1412
SOR
mot, rassignatinn dos héliasles aux sections, d'annuelle,
devient viagère' ; '1" au début, on n'arrivait, plus à rem-
plir les sections, faute de jurés. C'est à cette époque
d'oXi-|'0[v')p(ii7ri'a et de pénurie qu'on autorisait les liéliasles
de bonne volonté à faire inscrire leur nom dans plusieurs
sections-: le cumul dont il estquestion à l'article hikastai
(p. 189) n'est pas une fraude, mais n'est pas non plus un
fait licite en tout temps ; c'est une tolérance momentanée,
un expédient'. — Il n'y a plus de sections attachées
pour un an à tel magistrat ou à tel tribunal. Les jours
de jugement, les Ihesmothèles assignent les sections aux
tribunaux. Voici comment ils procèdent. Ils se servent
de deux urnes (xXvipojTvîpia) : dans l'une ils mettent des
jetons portant les lettres des sections, A-K ; dans l'autre,
des jetons où les tribunaux sont désignés par les lettres
A et suivantes. Ils tirent simultanément un jeton des
deux urnes, et la section désignée va siéger dans le tri-
bunal désigné (voir dikastai, p. 191-192)*. Aujourd'hui
on ne possède plus seulement deux jetons portant à.
l'avers la légende OeTjx&QeTwv et au revers les lettres A et
E, c'est-à-dire des jetons de section (voir fig. 2111 et
2412); on a encore un jeton identique marqué de la lettre
S, c'est-à-dire un jeton désignant un tribunal''.
Une troisième période, sur laquelle on n'avait jadis que
très peu de renseignements et qu'on confondait malen-
contreusement avec les précédentes, nous est aujourd'hui
connue dans le détail. Depuis qu'on a pu déchiflVer et
restituer les quatre derniers rouleaux du papyrus qui
nous a conservé la IIoXtTei'a d'Âristote", on voit jouer
tous les ressorts de la machine ingénieuse et compliquée
qu'était la justice populaire d'Athènes dès la première
moitié du iV siècle'. Si le sort n'intervient plus dans
la confection du rôle des héliastes, il met en mouvement
tout le reste.
Les sections subsistent', mais ne sont plus que des
subdivisions de la tribu à l'usage de l'administration
judiciaire. Chaque jour, sur l'agora, où sont concentrés
les tribunaux, on tire au sort les membres de chaque
jury'. Sur unç esplanade qui précède les tribunaux sont
aménagées dix entrées {e.hoioi), une par tribu, qui
mènent à vingt locaux pour tirage au sort (xXripwT/îfia),
deux par tribu '". A chaque entrée sont placées dix boîtes
(xtêiixia) marquées chacune à la lettre d'une des sections
A-K. Chaque héliaste doit, en passant, jeter sa tablette
d'identité, son Tzv/dxiov, dans la boite de sa section. Alors
un appariteur [un-f^^iT-rfi] secoue les boîtes, et un thesmo-
thète, ciiargé de cette manipulation dans toutes les
tribus, tire de chaque boîte une tablette : ainsi est désigné
l'afficlieur de la section (è,aTrY,xTY,(;), celui qui doit afficher
toutes les tablettes de la boite sur le tableau (xavovi;)
marqué à la même lettre, dans l'ordre fixé par le sort.
L'afficheur est tiré au sort chaque jour, pour que la durée
de la fonction ne puisse pas favoriser la fraude. Les
tableaux sont placés au nombre de cinq dans chaque
xÀY,ptûTr,piov. A ce moment entre en scène l'archonte delà
tribu. Il va passer d'un xÀYipmTiipcûv à l'autre pour tirer au
sort les héliastes de la tribu appelée à siéger. Il met dans
l'urne des dés en bronze, blancs et noirs, à raison d'un
— I Cf. Kraenkel, Op. cil. p. iO(J ; Bnick, fhilot. LU (1893), p. lilJO s,|.; I.lpsius,
1. c. p. 110. - 2 Arislopli. Wu/. 1106 sq. — 3 Cf. Lipsius, (. c. p. Ht. — l Cf.
I.ipsius, l. c. p. Ul-143. — S Journ. intern. iritrch. niimhm. I. pi. v, ii" 9.
— 0 C3 sc|. — 1 Le nouveau syslt'itie cii;tait à l'épociuc où Isocrale composail
>■ Aréoj.aijilii/iw (§ 51', c'csl-i-dire à la fia de 35.5 (cf. Ed. Meycr. V, p. 493-494).
— » Alibi, /lesjj. Alh.c:!. — « Uid. 59. 63: cf. Isotr. /. c. ; l.ys. Ùc bon. Arislo/ih.
dé blanc par cinq jurés à nommer et d'un dé noir pour
cinq héliastes qui se présentent en surnombre. Chaque
fois que l'archonte amène un dé, il règle la situation des
cinq héliastes dont la tablette a la même place sur les
cinq tableaux : chaque dé blanc fait cinq jurés; chaque
dé noir renvoie cinq héliastes. Les « blackboulés » n'ont
qu'à i-eprendre leur tablette et s'en aller. Quant aux jurés,
y compris les anîcheurs, il faut qu'ils se fassent répartir
entre les tribunaux qui siègent ce jour-là".
Avant qu'il soit procédé à cette désignation des jurys,
les thesmothètes assignent sa lettre par tirage au sort
à chacun des tribunaux qui doivent être pourvus et la
font afficher par un appariteur à l'entrée du tribunal : ce
sont les lettres attribuées pour ce jour aux tribunaux qui
vont être tirées au sort par les jurés, c'est-à-dire les
lettres A, M et ainsi de suite, selon le nombre des tri-
bunaux à pourvoir '-. Le moment est venu de se servir
des deux hydries placées à chaque entrée et réservées à
chaque tribu. Dans dix de ces vingt hydries on met, par
parts égales, des glands (pâXocvoi), autant que de jurés et
marqués aux lettres des tribunaux. Les jurés sont appelés
un à un par le héraut. Chacun à son tour s'avance, tire
un gland de l'hydrie et le montre à l'archonte de sa tribu.
L'archonte a devant lui une série de boites, marquées
chacune à la lettre d'un des tribunaux à pourvoir. Quand
il a vu le gland, il jette la tablette du juré dans celle de
ces boites qui porte la même lettre que le gland. L'opé-
ration terminée, les boites sont portées aux tribunaux.
On est sûr, de cette façon, que chaque juré se rendra au
tribunal qu'il a tiré au sort, et non pas à celui qu'il vou-
drait : toute entente sur la composition d'un tribunal
devient impossible". Autre garantie. A chaque tribunal,
le linteau de la porte d'entrée est peint d'une couleur
ditl'érente, d'où les noms de tribunal vert et de tribunal
rouge, les seuls qui nous soient connus. Avant de fran-
chir la grille du tribunal, le juré montre à l'appariteur
le gland qu'il a gardé et reçoit un bàlon de la même cou-
leur que le tribunal dont le gland porte la lettre. S'il
entrait dans un autre tribunal, il serait trahi par la cou-
leur du bâton. Un dernier contrôle est assuré par une
formalité, la restitution des tal)leltes aux jurés par les
afficheurs, à qui les appariteurs ont apporté les boîtes de
chaque tribu '*.
Reste à partager les jurys et les tribunaux entre les
magistrats appelés à la présidence. Deux urnes (xXirjpwTrj-
pta)'^ sont placées dans le premier tribunal, avec deux
séries de dés en bronze, les uns indiquant la couleur des
tribunaux, les autres portant les noms des magistratures.
Deux thesmothètes tirés au sort jettent chacun une série
de dés dans une urne. A la première magistrature tirée
au sort est assigné le premier tribunal, et ainsi de suite.
Clia(|ue résultat est immédiatement proclamé par le
héraut"'.
Bien d'autres détails sont remis à la décision du sort
parle règlement des tril)unaux. Le fonctionnaire chargé
de distribuer aux jurés les jetons de présence est désigné
par le sort'\ Le président de chaque tribunal lire une
tablette de chacune des dix boîtes où sont réunies les
53. Voir Lipsius, /. c p. 14.5-146. — t» Arisl. rtcv;). Alli. 03; cf. Le«. Sugucr.
p. 47, li; Hoil. IX, 44. — Il Arisl. /lesp. Alh. Ii4; cf. 63. Voir Teusch, De sor-
titione judicum ap. Mh (jijltingen, 1894, p. 1S8 sq. ; Lipsius, (. c. p. 1*6-147.
— 12 Arisl. llesp. Alh. 63; cf. 39. — 13 /Alrf. 64; cf 39; Poli. VllL 87. — " Arisl.
ttesp. Alh. 65. — lô Ibid. 66 ; cf. Poil. X, 61, — <« Arisl. Jtesp. Alh. 66.
— " Ibid. 65.
SOR
— 1413 —
SOR
tablettes des dix trilms ; il met les dix tablettes ainsi
obtenues dans une autre boite vide, pour un second
tirage. II en prend cinq cette fois : la première d('siKne
le juré qui sera cliargé de la clepsydre ; les quatre autres,
ceux qui seront préposés aux bulletins de vote. Ici encore
on veut empêcher toute collusion, toute fraude. Quant
aux cinq jurés dont les noms ne sont pas sortis dans le
second tirage, ils ont à prendre les mesures nécessaires
au paiement du (xitOo;'.
vj 2. Le (jonseil. — Ces innombrables manipulations
se retrouvent plus ou moins dans les règlements des
divers corps de l'Etat. Le sort, qui constituait le Conseil,
continuait de le faire fonctionner. C'est le sort qui,
depuis l'an 410/09, assignait à chaque membre du Con-
seil la place numérotée où il devait siéger^. C'est lui
qui déterminait, au commencement de l'année, l'ordre
dans lequel les tribus allaient exercer la prytanie. C'est
lui qui donnait chaque jour à l'un des prytanes la
dignité d'épistate et faisait de ce président pour vingt-
quatre heures le président de la République'. C'est lui
qui au ive siècle, quand on voulut afl'aiblir l'épistate des
prytanes, désignait dans les tribus qui n'avaient pas la
prytanie les neuf proèdres chargés de présider le Conseil
et l'assemblée, et puis, dans ce bureau, le prytane des
proèdres*. Enfin, c'est lui qui constituait au sein du
Conseil une commission administrative de légistes \ et
peut-être le collège des èm[A£)>Y,T-/î twv vecoûi'ojv ". Même
dans le Conseil oligarchique des Quatre Cents, le sort
était chargé de numéroter les sections, de composer le
bureau, de désigner le président, de régler l'ordre du
jour^
§ 3. L'armée et la marine. — Dans l'armée et dans la
marine, on lirait au sort les missions agréables ou les
postes dangereux. D'après un récit quelque peu légen-
daire, Fériclès, au siège de Samos (440/39), aurait divisé
ses troupes en Iniit corps, qu'il aurait fait tirer au sort
tous les jours: celui qui amenait la fève blanche n'avait
qu'à se reposer et à faire bonne chère pendant que les
autres se battaient. De là, disait-on à tort, l'expression
proverbiale « avoir un jour blanc », pour se donner du
bon temps '. Quoi qu'il en soit, en 357, pour l'expédition
d'Eubée, on tira au sort les cavaliers qui devaient partir
pourl'ile''. Pendant la guerre du Péloponèse, continuel-
lement les stratèges consultent le sort, tantôt pour se
partager les escadres et les divisions, tantôt pour assigner
sa mission à chacun d'eux"*. Eschyle se conforme aux
mœurs militaires de son temps, quand il représente la
défense des sept portes de Thèbes assignée aux sept chefs
par le sort". " Ares, dit le poêle, distribue le travail à
coups de dés » '-.
Dans le projet de réforme Iriérarchique présenté par
Démoslhènes en 304, projet qui n'altérait pas essentiel-
lement le régime des symmories élabli en 357, tous les
détails du service sont réglés par le sort. Les trois cents
trières de la flotte, qui forment trois caté-gories égales en
I Philoch. ap. .Schoi. Ar-isloph. l'iul. 'J7i tTrai/m. hist. r/r. I, p. iljl, fr. 11!),.
— 2 Arisl. Ilesp. Mit. 43. — 3 Ibid. 41; l'oll. VIII, 'Jtl ; Harp., Suid., fliol., lilyni.
M., I.CÏ. Segucr. s. f. is.crtixr,;. Voir epistatés, p. 7U0. — * Arisl. l.c. — '- Ibid. 4s.
— 6 Voir KPiMEi.f:TAi, p. 670, l*;ii tout cas, le tirage au sort est admis par SundwaM,
/. c. p. 35. — 7 Arisl. rtesp. Mb. 3U. — » (Mut. Pericl. ±1 ; cf. liusolt, III, i, (i. S5I),
noie. — SDcin. C. Mid. 133. — «OTIiuc. VI, 4S, 02; VIII, 30. — u .-Escli. ■'Sept. 55-
50, :)7i;, «2-453,451, 450-458, 720. Cf. Eurip. Mes. 343.— H .Sept. 414.— nDem.
De aymm. 1». — Il Ibid. 19. - li Ibid. 21 ; cf. C. Euerg. et Mnesih. 21. Voir
cependant Uaresle, Plaid, civ. de Dhn. I, p. 383. — '6 Ibid. 22-23. — n Voir
V. Foucart, Mém. sur les col. atb. au v el au iv* 5iéc/e, dans les Além. présentés
nombre, doivent être réparties par « quinzaines » entie
les vingt symmories, et à raison de trois, une de cha(|ue
catégorie, entre les cinq groupes de chaque symmorie '''.
A chacun des cent groupes doit être attribué un centième
de la fortune publique, un capital imposable de soixante
talents '''. Le recouvrement par les Iriérarques des agrès
non rendus doit être partagé par lots égaux entre les dix
épimélôtes des arsenaux maritimes, puis entre les sym-
mories el les groupes '\ Dix emplacements avec trente
cales doivent être assignés aux dix tribus dans le port
de guerre. Les vingt symmories doivent être réparties
deux à deux entre les dix tribus ; chaque cale, devant
contenir Irenle trières, doit être divisée en trois tritlyes
réservées chacune à l'une des trois catégories'". Toute
cette organisation doit se faire par tirage au sort.
§ 4. Les clérouquies. — L'État tirait au sort les avan-
tages qu'il faisait aux citoyens dans les colonies ou clé-
rouquies. Les lots découpés sur la terre étrangère étaient
toujours tirés au sort, comme l'indique le mot qui les
désigne, xÀT,po;" ; mais on connaissaildeux modes d'assi-
gnation : s'il y avait de quoi pourvoir tout le monde, sur-
tout en pays barbare, les lots étaient répartis par le sort
entre les citoyens qui se présentaient; si le nombre des
lots était limité d'avance, surtout en pays grec, ils étaient
distribués à ceux des postulants que désignait le sort.
D'après le décret sur la clérouquie de Bréa, pour oblenir
une part, il suffisait d'abord d'être citoyen ; mais un
amendement fut voté aux termes duquel il fallait appar-
tenir aux classes pauvres des Ihèles el des zeugiles". Au
contraire, les paris faites à Salamine "' el dans la plaine
de Chalcis" vers la lin du vi'" siècle, à Égine du temps
de Périelès-', furent assignées par le sort à un nombre
fixe d'Athéniens, ainsi que les rentes annuelles de deux
cents drachmes qu'on concéda sur les propriétés de
Mitylène réduites à l'étal de fermes ^^
S 5. Le>i concouru., etc. — Le règlement des concours
gymniques réclamait à chaque instant un tirage au sort :
la coutume homérique n'avait fait que se dévelo])per dans
la tradition olympiqui;. L'institution des concours
cycliques el dramatiques appliqua le même principe.
C'est probablement le sort qui désignait les tribus qui
avaient à fournir un chœur d'enfants ou un chœur
d'hommes pour l'exécution des dithyrambes^' ; c'est lui
qui, au temps de la synchorégie, accouplait les tribus
chargées de faire la dépense en commun ". Dans les
concours cycliques el vraisemblablement dans les con-
cours dramatiques, l'archonle adjugeait les didascales
aux chorèges par la voie du sort, c'est-à-dire qu'il tirait
au sort l'ordre dans lequel chaque chorège devait choisir
son didascale ■". Au iv" siècle, quand le rôle de flûtiste
eut grandi dans le dithyrambe, on procéda de la même
façon pour l'attribution du (1 ù liste aux chœurs des Irib us -°.
Pour les représentations dramatiques, les poètes du
v» siècle recevaient du sorlleur protagoniste ^^ Les rangs
des chœurs dans le programme du concours étaient fixés
par div. San. a IWciid. des Jnscr. 1" série, l. IX, l'« partie (187»), p, 333 sq,
— ISiMicliel, 72, A, I, 1 sij. ; £i, 1. 8 si|. — '''/nser. -/;•, I .Suppl, I « ; voir I', loucart,
Huit, de corr. hell. \U (1888). p, 4 .si|. Cf. Scliol, Hind, Kein. Il, l'J, — 2u /lilian.
Var. Iiist. VI, 1 ; lier. V, 77 ; VI, 100. — 21 Mut, Pericl. 34. — 22 Tliuc. III, 50.
._ 23 Cf. Keiscli, art. Xoçix«', àYJvi;,dan5la Itealencycl. de l'auly-Wissowa, p. 2432.
— 2'. Antipli. Ve chor. II. Voir chohf.gia, p. 11 l'J. — 2â Anliph. t. c. ; cf. Arislopli.
Al'. I4IJ4. Voir oHoHcciA, p, H18; Navarre, Dionysos, p. 27. — 26 Dein. C. Mid.
13. Voir CHOBF.GIA. (. c. —2' liesycli. .!, i). vi^oiî ;i!o«f.T.;v; i'hot, Suid, s. v.
v,,i;..7c,;. Voir Hohde, ltbe,n. A/us. XXXVIII. p. 273 sq, ; Navarre, Op. cit. p. 25,
27; HisTiiiu, p, 213,
SUR
1414 —
SOU
par le sort : les poètes trouvaient que c'él;iil un avantufïe
d'être Joué le dernier'. Les juges étaient liré's au sort
sur une double liste de proposition dressée en partie par
les membres du Conseil, en partie par les cliorèges^
L'n curieux exemple de tirage au sort est celui que
présente le règleuienl des astynonies. Ces fonctionnaires
sont chargés de veiller à ce que les joueuses de tlùte, de
harpe et de cithare ne soient pas louées plus de deux
drachmes. Si Ton est plusieurs à se disputer la même
artiste, les astynomes l'adjugent par le tirage au sort-'.
Ce qui est remarquable dans ce cas, c'est que le tirage au
sort est destiné à empêcher les prix de monter au-dessus
du maximum légal et la loi de l'olTre et de la demande
de produire ses pleins ellVts.
IV. Le tih.\ge au sokt dans les subiuvisions de la cité
ET LES SOCIÉTÉS PRIVÉES A ATHÈNES. — !; 1 i-<l tl'ibu. — Le
tirage au sort tenait une grande place dans la vie
interne des dix tribus. Dès l'origine, leur formation
territoriale est due à la d('eision du sort. Clistliènes
voulut que chacune d'elles comprît trois trittyes, c'est-
à-dire trois des dix parts faites respectivement dans le
district urbain, dans la Paralie et dans la Mésogée : les
trente trittyes furent réparties entre "les tribus par le
sort'. LIlippothoonlis, par exemple, se composa du
Pirée, d'Eleusis et de Décélie. La tribu avait à déléguer
tous les ans un de ses membres dans chacun des innom-
brables collèges de dix membres : si elle ne le lirait pas au
sort directement, elle proposait ses candidats pour le
tirage au sort et souvent par le tirage au sort. Comme la
cité, pour la nomination de ses prêtres elle s'en remettait
aux dieux ''.
S '■2. Le flème. — Dans le dème, comme dans la tribu,
on avait déjà fort à faire avec le tirage au sort des magis-
tratures publiques. Sans doute certains actes de corrup-
tion avaient fait diminuer à cet égard les attributions du
dème; elles n'en demeuraient pas moins considérables,
puisqu'on continuait de tirer au sort sur les dèmes les
cin(i cents membres du Conseil et les cinq cents gardiens
des :irsenaux°. Mais les dèmes étaient des communes
qui avaient leur administration propre : il y avait là de
quoi donner amplement satisfaction au goût athénien
pour le jeu de la fève. Encore que l'àp/ovTojv àyoci s'appe-
lât aussi àp/atpEaiai, on s'y occupait bien plus de tirage
au sort que de scrutin ', et le scrutin ne servait la plupart
du temps ([u'à la présentation des candidats pour le tirage
au sort (-poxperi;). Le sort désignait le démarque' et le
trésorier", au moins dans certains dèmes, comme il
désignait Teuthyne et le logisle '" ou même les person-
nages chargés exlraordinairement d'administrer des
fonds". Les fonctionnaires de caractère religieux
semblent avoir été tirés au sort dans tous les dèmes'-.
On voit les gens d'IIalimonle choisir quatre des leurs
dans les familles les plus nobles et tirer au sort un des
> Arislopli. Eccl. 115s s.|. — 5 |.ys. De vuln. :i : Isocr. Trapez. 33-3i.
Voir KHiTAi. — a Arisl. ftcsp. Atl,. 50. — * Ibid. î\. — ^Iiiscr. gr. I SuppL
5.56 c, I. 3. — 6 Arisl. Ilesp. Alli. Ci; cf. Aescli. C. Ctes. 33. — ^ Cf. his. gr.
il, 588, I. 13. — 8 Ibiil. Il Suppl. 374 A, I. 3 (Eleusis). — 9 Ibid. W, 570 (Hlolhcia).
l.aconjecUired'O.MQller, De demis atl. p. 50, csl ainsi conlirmée. Cf. V.voil SchiiflVr,
ni. iiii«»i dans la Itealencycl.ie eaiily-Wissowa, p. IG. Conlra : Haussoulliei', Op.
cit. p. 58 ; Busoll, Gr. Slaatsall. p. SU. — m Cf. Haussoullier, Op. cil. p. 81 ;
V. voDScllAITcr, l.c. - Il Michel, liU.I. M (['lollicia ; cf. Haussoulliir, Op. cit.
p. "3 — '2 Voir Haussoullier, (Jp. cit. p. 137 si|.; V. von Scliôller, /. c. p. 17.
— 13 (Demi, f. Eubnl. 4C-49, (<i. — U Is. VIII, l;i-20. — l". lnscr.gr. Il, 561.
— 16 Suid. ». r. Cf. E. Kocli, dans les (ir. f!tud. f. Herm. Lipsius. Leipz. 1894,
p. Il s<i. — !■; llarp. s. V. Y..,r,t.;; Le», l'aliu. dans le Bu.ll. decurr. liM. I (1877),
quatre pour le sacerdoce d'Héraclès", les gens de Pitlhos
choisir les femmes parmi lesquelles seront tirées au sort
les deux organisatrices des Thesmophories 'S les gens
d'Aixonè tirer au sort, sans doute parmi les candidats
choisis préalablement, quatre sacrificateurs pour le
sanctuaire d'Hébé' '. En un mot, le 'ki^titx^/iy.'ji Yia|j.[jLaTïtov
ou registre des déinotes servait si souvent à l'opération
du tirage au sort, qu'on a pu, par une étymologie
erronée, chercher l'explication de ce terme oliscur dans
celte opération même"'.
!^ 3. Los sociétés pricées. — Les sociétés moindres que
le dème désignaient également leurs fonctionnaires, sur-
tout ceux du culte, par voie de tirage au sort. En règle
générale, les y^vï, nommaient ainsi leurs prêtres''. Ils
choisissaient donc parfois ainsi les dignitaires de cultes
familiaux adoptés par la cité : par exemple, le prêtre de
Poséidon était tiré au sort dans le y^^oî des Étéoboii-
lades", l'hiérophante des mystères éleusiniens dans le
yévo; des Eumolpides et probablement le dadouque dans
le yévoç des Kérykes". Des orgéons liraient au sort leur
prêtresse'"; des liiiasotes, leur prêtre et leurs sacrifi-
cateurs-'. D'après le règlement des lobacchoi, l'eucosmos
était désigné par le sort ou nommé par le prêtre, c'est-à-
dire choisi par le dieu ou par son représentant, et les
rôles des divinités représentées dans les fêtes étaient lires
au sort parmi tous les sociétaires ". A l'époque impériale
on voit un éranos tirer au sort tout son personnel de
fonctionnaires, ràp/EpavKrT/,;, le ypa(i.[jaT£Ûç, les xaatai, les
(TÙvotxat ; il n'y a d'exception que pour le protecteur et
patron de la société, le itpocTiTYiÇ '-'.
V. Le TIRAGE AU SORT EN DEHORS d'Atuènes. — \'A\ deliors
d'Athènes, le tirage au sort occupait une grande place dans
nombre de cités II est naturel (|ue les Alliéniens l'aient
propagé sous forme d'institution politique dans les villes
qui dépendaient d'eux. La conslilulion imposée à Éry-
thrées vers 400 déclare qu'un Conseil de cent vingt mem-
bres âgés au moi ns de trente ans sera nommé parle système
de la fève ; le tirage au sort doit être opéré la première fois
par les fonctionnaires athéniens, les épiscopoi et le phrou-
rarque, puis, d'année en année, par le phrourarque et le
Conseil en charge-'. 11 est probable, d'ailleurs, qu'Éry-
Ihrées tira au sort dorénavant plusieurs magistratures '-^.
.\ Délos, comme au Pirée, un greffier xXy,pcoto; est men-
tionné avec un collège d'agoranomes ". Il semble aussi
que les Athéniens aient souvent établi dans les clérouquies
et dans les villes de la confédération le système judiciaire
que caraclérisail le tirage au sort. De là vient la scène
comique où Aristophane représente avec une paire d'urnes
(xiôto) l'épiscopos envoyé à Néphélococcygie-'.
Mais le tirage au sort se retrouve dans bien des cas où
l'intluence atliénienne n'esl pour rien. D'après une tra-
gédie perdue de Sophocle, les Étoliens auraient de tout
temps désigné leurs magistrats par ce procédé (xu-ijAio
p. 15J. Voir Mariha, Les sarerd. atli. p. 23-37. — l'il'inl.) Vit. dec. ornt., Lyc
39, p. 843 E; cf. Lcx. fatm. /. t. Voir Marllia, Op. cit. p. 3t-35: I'. Foucarl,
Bull, de eorr. hell. XII (1888), p. 331.01ijeclions présenlcesparTnpffer, .4 M. Geimil.
p. ii4 sq. ; cf. EtpATiiiDAi, p. 859. — 19 L.x. Palm. /. c. ; cf. P. Foucarl, ip(
grands myst. d'Eleusis, Personnel^ cérémonies, p. 24.35, 47. — 20 y^scr. gr. Il,
619, I. 4, 10; 022. I, 5 ; 023, 1. 4, 6, 13, 62), I. 6, 8, 16. — 21 Michel, 978, I. 13,
29 ; 973. 1. 28 : 976, 1. 38. — 22 Diltcnberger, 73S, I. 136-137, 123 sq. — 23 Jnscr. gr.
III, 23, I. 37 ; cf. Fr. Pohind, Gesch. des griech. Vereinstresens, Leipz. 1909,
p. 416. _ 2» Dillcnberger. 8, 1. 7 sq., 11 si|. : cf. P. Guiraud, (. c. p. 1!>3.
-•2»-A«r,.S, XX (1908), p. 190, n" 5. — 20 B„ll. ,1e corr. hell. Xlll (ISSO), p. 410;
cf. Inscr. gr. Il, 861. — 27 /nscr. gr. I, 28, 2<J ; Suppl. p. 12 ; Arislopli. .4!'. 1032,
1053; cf. Busoll, Gr. Gesch. III, i, p. 431.
SOR
— 1413
SOR
TtaTO'oj)' ; toutefois le poète a pu très bien allrilnier en
passant une institution athénienne à un peuple si'>^c, et
Polvbe mentionne seulement des àç/aipediai de la ligue
italienne à Thermos-. Mais à Delphes le Conseil était
composé de trente membres, probablement désignés par
le sort'. Un décret de Ténos mentionne ttiv pojXv.v xai
-où; ïp/o-ïTaç Toùç kû Àa/ovTa;'. A Magnésie du Méandre,
un document officiel dislingue toù; ïp/ovraç toù; -s.
ys'.ooTovYiTOj; y.x: to'j; x).r|pioToù; °. A Syracuse, la réforme
(ie Dioclès introduit le tirage au sort des magistratures,
ce qui n'empêche pas les riches de rester maîtres du gou-
vernement'. .\ Tarente, l'oligarchie fil mieux : tous les
collèges de magistrats furent dédoublés, les places étant
assignées moitié au choix, moitié au sort, et de celte
façon, dit .\rislote, les fonctions furent accessibles au
jicuple el cependant bien remplies '. Pour mettre un
terme aux intrigues des élections, on prit une mesure
radicale à Hèraia en Arcadie : on décida de tirer au sort
toutes les fonctions'. En Élide, les Hellanodikes sont
tirés au sort dans la classe qui possède la plénitude des
droits politiques '. Thèbes, au temps de Plutarque,
semble avoir eu un archonte xuàuiTTo;'". Les élections
elles-mêmes pouvaient nécessiter un tirage au sort : quand
les candidats avaient obtenu le même nombre de voix, il
est probable que souvent on en appelait au sort, ainsi
qu'il est formellement prescrit dans un d('crel d'Ioulis ".
Le tirage au sort appliqué soit à la désignation des
jurés, soit à la répartition des Jurys entre les magistrats
présidents, soit à la distribution des tribunaux ou des
afrairesà juger, se retrouve également d'un bouta l'autre
de la Grèce, sur le continent, dans les îles, en Asie-
Mineure. Pour prononcer entre Xaxos et Paros, les Éré-
Iriens tirent au sort un tribunal arbitral de trois cent
un juges'-. La convention de sympolilie intervenue
entre les deux villes phocidiennes de Médéon cl de Stiris
décide que l'hit-rotamias de Médéon s'adjoindra aux
archontes de Stiris pour « tirer au sorl les dicaslères qui
devront être tirés au sorl » ". Dans une inscription de
Lindos il est également question déjuges tirés au sorl '*.
Une loi d'Éphèse demande que le sorl répartisse les
trenle commissaires chargés d'exécuter certaines déci-
sions de la justice en groupes de cinq el (|u'il partage
les affaires entre eux '".
Le tirage au sorl des fonctions religieuses est plus
répandu encore. Comme le disent les inscriptions, c'est
la divinité qui, parle sort, proclame le prêtre (iTtooEt/Se'iç
0:rb Tï; OsoO S'.i toO xHoo'j iepEÛç) ; on est « prêtre par la
volonté de Dieu » ('upsùç xaTÎ ttjv tou OsoO PoùXyiIiv) '^. On
nomme d'après ce principe la prêtresse de Gaia à Aigai
en Achaïe'', le prêtre de Dionysos à Délos "*, celui des
I Sopli. ap. Hovcli. s. V. »»«]<.■.' s»!?'»- ^'oiT Baiin, Jlém. sur l'Élolie, dans
les Arch. îles miss, scient, i* série, l. I, p. ?64 ; M. Dubois, Les ligues
ttot. et oc/i. p. 194-195. — 2 Polyb. Il, i, 8, Il ; IV, 37, i; 67, I. — 3 Eurip.
lon^ ili»; cf. Bourguel, L'admin. financ, du saact. pytk. au iv« siècle, p. W.
— '> Inscr. gr. XII, v2, 801, I. 15-i6. — 5 Dillcoberger, 553, I. 37-38. — 6 Diod.
XIII. 3V; cr. Arisl. Pot. VIII (V,, m, 0 ; iv, 5. Voir CJrolf, éd. I8r,9, l. X, p. 151.
— ^ Arisl. Pol. VII (VI), lu, 5. — » Ibid. VIU (V), ii, 9. — 9 Paus. V, 9, 5; cf.
riiiloslr. Vil. Apollon. III, 30. Voir Schôniaou, Gr. Alt. Irad. Il, p. 64-65:
PrtrsIpr, Oe Hellanodicis ol'/mpicis, l.ips. 1H79, p. 18-iO ; Clirlius, Der Synn-
koismos ron Elis, dans les Silztmgsber. d. Ilerl. Akad. 1895, p. 799 ; HEr,i,AJo-
i.iKAi; Ijloli, llef. des it. ijr. .XVI (1903), p. 131 sq. — 10 Plul. De ijenio Socr. 31,
p. 597 A. Voir .%bcho>ti!S, p. 3S7. — H Jnscr. gr. XII, v', 595, I. 13-14, — 12 Jbid.
ri«. I. li ; cf. Ad. Wilhelin, Heilr. znr griecli. Inschriftenkunde, p. Mi. — " Dil-
Icnlicrger, 4i6. 1. 29s(|. — '^ /n«cr. çr. XII, i, 55. — ^^ Inscr. jiirid. yr.,no V. 1. 7 Sf|.
— 16 /iijcr. f/r. XII, 111, 178,1. 4-5 (Aslypaléc) ; Bnll.de corr. /le». XV (18911, p. 171
fananiara. — ''' l'aus. VII, i3, 13. — '» Michel, 103, 1. 19. - 19 iiiscr. gr. XII, /. c
— 20 lOid. i, 833. — 21 Hillcr von CHrlringcn, Insclu: ron Priene, SOS (cf. 90) ;
TiiTv.oi 9î9! à .Vstypalée ", celui dllèlios et sou suppléant
(iîrtXa/iûv) à Rhodes^". Même coutume en .\sie, à Priène,
à Pergame^'. Elle est fermement établie depuis le Pont-
Euxin --jusqu'à Syracuse -', danslesanctuaire de Sérapis
comme dans le temple de Zeus. En Sicile, on pratique
la règle de l'élection préalable : trois noms sont pro-
posés au dieu, qui en choisit un ". Dans l'ile de Cos,
non seulement on désigne par le sortie prêtre d'.\pollon
et Héraclès à Halasarna ; mais on parvient, pour la prê-
tresse de Démêler à Anlimachia, à combiner le tirage au
sort avec la vénalité des sacerdoces, en ne mettant dans
l'urne que les noms des candidates qui se sont engagées
à payer évenluellenienl une somme fixée ■-^ Outre les
prêtres, des dignitaires religieux de toutes sortes étaient
tirés au sorl : à Didymes, le prophète de Poséidon -^ ;
à Andania, les liiéroi, les hiérai el les vierges saintes -' ;
ailleurs, les commissaires des processions-*. Naturel-
lement, les associations imitaient la cité dans la nomi-
nation de leurs prêtres -'■'.
Dans une bonne partie de la Grèce on trouve le tirage
au sorl appliqué ;i une formalité qu'.Mhènes réglait tout
autrement. D'après une règle constante, celui qui rece-
vait le droit de cité devait se faire inscrire dans une des
tribus el souvent dans l'une des subdivisions de la
Iribu^". Mais, selon les villes, lalribu étailchoisie parle
naturalisé ou déterminée parle sorl. La formule du type
athénien, c'est tp'jÀTiÇ y,; ïv poû"Af|Toct " . Elle est en usage
dans les villes Ihessaliennes de Larissa'^ et de Phaytlos",
dans les îles d'Égine", deCéos'% d'Andros^% de Ténos",
de Thasos '", enfin à Byzance" el à llion "", en somme
dans la partie septentrionale du monde grec. Le tirage au
sort le plus simple, celui de la tribu (èirtxXTipwTat kn\ ou
î!; cpuXï|v), est prescrit dans les décrets de Trézène", de
Dymè en Achaïe'-, d'Iasos'', de Priène", de Smyrne'"
el probablement, en règle générale, dans ceux d'Aigialè
d'Amorgos '* el de Magnésie du Méandre'". De là vient
qu'à Smyrne le registre de la tribu, analogue au
XT,;ia.p/ix()v Ypau.u.aTE!ov du dème altique, s'appelle xXyjpoj-
TYiP'.ov. Voici déjà des formules plus compliquées :
à Calymna** el à Slratonicée ", le sorl assigne au nouveau
citoyen sa tribu el son dème (ÈTtixXTipwTai èni <pu/,r|V xai
ofipiov); à Cos^° el à Éphèse^', sa tribu el sa chiliastys
(â7iixXTfioo5(ja'. eÎç (]/uXï|V xai e-i; yiXiafXTÙvl ; à Mvlasa °-, sa
Iribu et sa syngéneia (£7:ixXr,pà)(îa'. ètiI -zy^m (suXyjv xa't
au'1'is.yv.ixv). Mais à Olymos ^^ le sorl lui désigne les trois
groupes dont il doit faire partie (èitixXYipioda; ètii r-'r^-i
ci,'jXr,v xa'i ij'j-cfevc.ix'i xai TixTpav), el à Samos"' les quatre
(Èit'.xXTipùifrat ÈTt'; ïiuXy|V xa'; /tXia^xùv xa't ÉxaTocTÙv xai ^évoi;).
Dans certaines villes, les décrets spécifient le ou les
magistrats chargés d'opérer le tirage au sort, par
Micbel. 7i9. — 22 Uitleobcrger, 312, I. 12. — 21 ci'-. 1 eir. Il, 51. — 2i Jbid.
— 25 ralon-Hicks, Jnscr. of Cos, 367, I. 91 sq.; Ditlcnberger, 591, I. 4. — 2C Corp.
inscr. gr. 2884 : cf. 2880. — 27 Miclicl, 694, I. 6 se). ; 130, I. 32. — 2» Jlei: des et. gr.
V (1892), p. 341, I. 11 sq. — 29 lnscr.gr. XII, m, 178. 1. 4; Arch.rp. ilitt.d. ôsterr.
Jnst. XI(I887), p. 48, n" 60. — 30 Voir Szanlo, Dos gr. Bùrgerreclit, p. 54-50
— 31 Cf. S. Reioacli. Traité d'épigr. gr. p. 371. — 32 Inscr. gr. IX, ii, 517, 1. 19.
_33/6irf.489. I. 18.— 34Corp. inscr. yr.21394. — 35Micbel,403, 404 •,ynscr,jr. XII,
ï2. 1001. — ™ Michel, 397(niieux dans Jnscr. gr. XII, vl, 717, I. 7). — 31 Inscr. gr
XII, v2, 825,1.27 ; 826,1. 22; 798 sq. —38 Cor/i. inscr. gr. 2161 . —39 Corp. inscr. gr.
2060 ; cf. Sianto, Op. cit. p. 56, u. 8. — W Michel, 327. — " Michel, 176. — *2 Dil-
lenbcrger, 468, I. 29 sq. — »3 Michel, 47il, I. 29. — »' Inschr. von Priene. 12, I.
21 sq., 31 sq. — 45 Michel, 19, 1. 53 sq, I. 75. — W Corp. inscr. gr. XII, vu, 392, 1. 16.
— i'i 0. Kern, Inschr. von Magnesia am Mrander. 2, 1. 21 ; 5, I. 31; 9, I. 27; 10,
I. 27; 12, I. 12. —M Michel, 418, 420, 421; Gr. inscr. inthe Brit. Mus. 232, 234,
236, 240, 213, 249 a, 233, 254, 271, 276, 277. — " Papers, \, p. 18. —50 Bull, de
corr. hetl. V (1881). p. 210. — si Michel, 488, 492-494. — 53 LeBas-Waddinglon, 360.
— 53 Ibid. 334. — 51 Michel, 366-368 ; JUitth. d. arch. Inst. IX (1884), p. 194 sq.
SOR
1410 —
SOR
oxcinpli', les essi'iu'.s à Kpliôsc', le décades ;ï Trézèiie.
Le peuple de Dymè conlie la lâche à l'ensemble de la
-j'jvxp/t'a et indique dans (juel ordre les tribus seront
tirées tiu sort. A Smyrne, lors de la sympolilie conclue
avec Magnésie du Méandre, ce furent les commissaires
ou kUTxiTOLi nommés à cette occasion qui répartirent les
noms des Magnétes entre les xXripioTV,?ia des tribus. Sou-
vent il est ordonné que la stèle où sera gravé le décret
lionorilique portera en sus le procès-verbal de l'opération
avec mention du résultat: cette disposition est formelle-
ment insérée dans le décret même à Friène (ÈTtiyp'xAït oà
stç T7)v TT/iX-^iv T/jV çuÀYiv Ètp ' 7)7 ïv £7rixXr|pu>fJ-f|i) ', à Trézèno,
à Épliése '•', à Caiymna et à Magnésie-', elle est sous-
entendue, puisiiue le décret est suivi du procès-verbal
('éXï/e), avec le nom de la tribu, de la chiliaslys et du
dème tirés au sort. 11 faut observer que dans les villes
où le tirage au sort était de règle, il pouvait arriver qu'un
décret exceptionnel, en accordant le droit de cité au fils
d'un citoyen naturalisé ou d'une citoyenne, lui assignât
d'office la tribu de son parent (à Caiymna*, à Aigialè),
ou bien que, fiour honorer plus spécialement le nouveau
citoyen, on l'autorisât à se choisir sa tribu à Magnésie).
Les moindres détails de la vie publique comportaient
le recours au sort. C'était un principe général, en Grèce,
de laisser prononcer le sort, si les votes étaient également
partagés dans l'assemblée ou au tribunal '. A l'armée,
il est de règle que le partage du menu butin se fasse par
tirage au sort entre tous les soldats qui ont fait campagne,
après prélèvement de la dime en faveur des divinités ''.
Cette règle est si bien entrée dans les mœurs, qu'elle
s'impose en Crète aux cités unies par un traité d'iso-
politic et les oblige à se partager le butin proportion-
nellement au nombre des hommes mis en ligne'.
Partout, dans les repas qui suivaient les sacrifices, les
parts découpées sur la victime étaient tirées au sort*.
De ci de là, le procédé traditionnel s'applique aux cir-
constances les plus diverses. A Tlièra, on tire au sort les
citoyens qui s'établiront en Afrique'; chez les Lacédé-
moniens '", chez les Âchéens", les soldats qui occuperont
un poste périlleux'-. Il arrive, à Sparte, que les éphores
tirent au sort le membre de la gérousia qui soutiendra
une proposition devant le peuple ''. Quand Rhodes régle-
mente la fourniture de l'huile dans le gymnase, elle
décide de tirer au sort les jours de vente entre les
marchands autorisés". Les statuts de l'oracle pythique
prescrivent de fixer par le sort l'ordre des consultations ''.
A Andania, les liiérai et les vierges saintes ont dans la
procession les places que le gynéconomeleur assigne par
tirage au sort '°. Dans une fête célébrée tous les 60 ans,
les Béotiens tirent au sort les statues qu'ils porteront et
les rangs (|u'ils doivent occuper dans la procession '\
Dans les jeux gymniques, on tire au sort pour apparier
les concurrents. Lucien décrit minutieusement l'opéra-
I Michel, 4'Ji, VJ'J — 2 Miciicl, im, 493, 4'J4-. — 3 L. c. 5, 1. 35; 9, 1. 31 ;
10, I. 33 ; cf. /mer. gr. XII, v2, >i71, 1. 14. — » Miclid, 419 ; cf. Sïaiilo, Op. cil.
p. 3S. — ■■' Ari-.t. Pol. VU (VI), 1, 14. — 6 Cf. lier. IX, «1 ; Diod. XI, 33, 1 ;
Si, 5 ; cf. liarllicleiny, Sur le fiarlai/e du butin elle: les anc. peuples [Œu-
vres die. IS23, t. II. p. 19-42). — 1 Miclii>l, IC, I. 52-.Î7 (hiunsos el Hiéra-
pylua); Gr. Uiul.-lmchr. 5073, I. 17-SO, où il faut lire m îlialii.) n-iSaxiça.
[nisJi'Sa; àit[o»kiio.;.i><ti tl n^] «oiyi. «'. liii.; |ii,j)>eii>iuvT«t (LatoS et Olous) ; Mon.
■ml. XVIII, 1 (1907), p. 311, n» 17 (Uortyne et Cnossos). — 8 Hynm. in
Iferm. li'.l; (Xen.) Jlesp. Alli. II. 9; Flul. ((uaf«^ eonviv. X, 1, p. 042 F ;
Poil. VI, 3.1. — !> lier. IV, 1S3; cf. I, 94. — '0 Tliuc. IV, 8. — H Polyb.
11, an, i. — 1- Le tirage ait sort attribué aux l'Ialéens dans (Dem.) C.
Neaer. 103, n'est pas conforme au récit de Tliuc. III, -O. — i:i plut, l^raec..
Fig. 6521. — Tirage au sort pour les atlilctes.
tion, telle qu'elle se pratique à Olyinpie [oLVMPiA,p. 187].
On apporte une urne d'argent (xiXTti;) consacrée au dieu.
On y met de petits jetons de la grosseur d'une fève, avec
une lettre gravée. Il y en a deux qui portent un A, deux
qui ont un B, deux autres qui ont un P, et ainsi de suite,
selon le nombre des athlètes. Un des concurrents s'avance,
adresse une prière à Zeus, plonge la main dans l'urne
et en tire un jeton. Puis un autre en faitaulant. Debout
auprès de chacun d'eux, un masligopliore lui arrête la
main et l'empêche de lire la lettre qu'il a tirée (voir la
fig. (15:21). Quand tous ont fini, l'alytarque ou l'un des
Hellanodikes fait le tour des concurrents rangés en cercle,
inspecte les jetons et
apparie pour la lutte
ou le pancrace les
deux qui ont tiré la
même lettre. Si le
nombre des concur-
rents est impair, on
met dans l'urne un
jeton dont la lettre
n'a pas de correspon-
dante, et l'athlète au-
quel il échoit s'assied jusqu'à ce que les autres aient fini
l'épreuve éliminatoire. C'est une grande chance d'être
ainsi l"É(f.e8poç, celui qui, par la grâce des dieux, attend,
frais et dispos, le moment de lutter avec des adversaires
fatigués '*.D'01ympie la règle du tirage au sort s'est répan-
due dans toutes les palestres du monde gréco-latin : on la
voit appliquée depuis la Lycie'^ jusqu'à Rome '". Dans
les jeux hippiques, on fixaitégalcment par le sort l'ordre
dans lequel devaient se placer les cliars '^' [olympia, p. 189'.
Le tirage au sort, dont l'emploi est si fréquent dans le
droit public des cités grecques, sert aussi à régler cer-
taines questions dans le droit des gens. Il peut, après la
conclusion d'un traité de paix, désig-ner celle des parties
contractantes qui doit en commencer l'exécution : ainsi
procédèrent les Athéniens et les Spartiates après le traité
de Nicias ^-. Il peut aussi, dans un traité d'arbitrage,
désigner la cité qui doit servir d'arbitre: cette clause
figure dans un accord intervenu entre Éplièse etSardes".
Un peuple aussi habitué que les Grecs à jouer avec le
sort en trouvait naturellement dans la vie privée de con-
tinuelles occasions. Le moyen était si commode pour
sortir d'une difficulté-', pour mettre un terme aux com-
pétitions et aux rivalités, pour prévenir les conflits!
Comme au temps d'Homère, quand on voulait faire un
partage, surtout un partage de succession, on déterminait
les lots et on les tirait au sort : à Mylasa'", même à
Athènes", persistait la coutume qui avait valu au patri-
moine le nom de xX-f|p&;, et dans l'Egypte plolémaïtiue elle
est pratiquée fréquemment-'. A partir de l'époque romaine,
abondent, surtout dans les villes d'Asie, à .\phrodisias",
ijer. reip. IV, 17, p. 801 C. — H Uilteubcrger, 549. — li> .-fiscbyl. b'um. 3u sq.
— 16 Miclicl, 694,1. ïOsq. — "Pans. IX, 3,6-7. — ISLuciau. Hermol. iO \cl. Ditlen-
berger, 6ii6, 1. 29 s(|. ; lusehr. von ithjmpia, 225. I.a scèue décrite par Lucien esl
représentée sur un bas-relief (Gerhard, Ant. Bildie. 59, 2jf|ue nous reproduisons à
la lig. 6521. Voir iuïmima. p. ISS. — 19 Corp. inscr. gr. 4274. — 2D Ibid. .5913.
— 21 Soph. El. 710. — 22 Thuc. V, 21, 33. — 2^ DiUenberger, Or. gr. inscr. sel.
437, 1.79-60.— 21 On lire au sort une mission enibarrassanlc (Soph. ,lH(ii/.275, 396).
— 2o Inscr jurid. gr. XIII gnater, B, I. 3-4. — 26 Cf. Caillenier, Le dr . de success.
lég. a Ath. p. 31, 203 ; diatêtai p. 28 ; Beauchet, Le dr. privé dfl a rêp. ath. III,
p. VU, 633. — ^T Oxyrh.fap. Il,n°274, I. 4; III, n» 503,1. 8, 4, 9, iO; Gr.Pap. in
the Brit. Mus. III, n" 97« ; TeOt. Pap. Il, no 382, 1. 5 sq.; n« 383, 1. 1 1 sq. — 28 Oull.
de corr. hell. IX |IS85), p. 77; XIV (1890), p. 611 ; cf. Corp. inscr. gr. 2774-2773.
S(»R
l'i.17
SOR
;ï Kplirso ', clc, les fonilalifins Icslami'iilaii'fs qui nul
pour oliji'l (les dislribulions (i'arfçont, appelées xÀrçoi :
les parts en tioiiibre fixe devaient être remises à des
citoyens tirés au sort. Dans la Casiiia de Plaute, co-
piée sur les KÀTipo'VEvoi de Dipliilos, des rivaux tirent
dans un seau d'eau la belle qu'ils convoitent'-. Est-ce
un trait de mo'urs populaires? Est-ce une parodie de la
l('gende de Crcsplionlc? Le doute est permis. Le sort
réglait même les questions d'étiquette. C'était la mode
de tirer au sort les places dans les sijniposi/i ', les
portions dans les banquets*.
On voit à combien d'emplois variés et profanes s'accom-
modait, dans les maisons des particuliers comme au grand
jour de la vie publique, une coutumequi fut en son temps
un rite religieux. Gijsïavk Glotz.
UoMR. — Le tirage au sort a joué un rôle beaucoup
moins important dans les institutions romaines que
dans les institutions grecques.
\. Dans les comices, le sort désigne la tribu,
la centurie qui vote la première. A l{ome et dans les
municipes', les votes des sections, curies, tribus, cen-
turies, sont proclamés soit dans l'ordre choisi par le
président, soit surtout dans l'ordre fixé par le sort [co-
MniA, p. l.'W.'S, 1396]. A Rome, dans les comices par tribus,
le tirage au sort désigne la tribu où doivent voler les
Latins; dans les comices municipaux la curie oii peuvent
voler les simples incnlae, ciloyens romains ou latins^
[maoistratus municipales, p. 1544].
IL La formation de la lisle des jurés pour chaque
procès criminel a lieu à Rome selon deux procédés :
l'un exceptionnel, Vedilio, l'aulre habituel, la sortitio,
tirage au sort. Vedilio est la présentation des jurés par
le demandeur. Elle figure dans la /ex repelundartim qui
est probablement la loi Acilia que fil voler Gracchus ^ ;
d'après une inlerprélalion S chaque partie aurait pro-
posé 100 jurés sur la lisle générale des 430, aurait pu
en récuser 50, et il en serait resté 100, auxquels se
seraient ajoutés quelques noms choisis par le préteur
lui-mèmi!; dans une autre hypothèse °, l'accusateur
aurait ch(jisi à son gré 100 noms après les éliminations
ni'cessaires et après la récusîition de 49 par l'accusé, les
31 restants auraient formé le jury. Ce procédé figure
aussi dans la loi Licinia de 33 contre les délits électo-
raux'''; l'accusateur choisit probablement dans la lisle
gi'uérale, formée d'après les 33 Lribus, quatre sections;
t UiUtnlrerycr, O. c. 480, I. lu. — 2 l'Iaul. Casina, II, i, G. — 3 Aris-
lopli. Lys. 208; /'lut. U7Î ; cf. Iloral. Od. I, 4, 18; Ovid. Ars am. I, 581.
— l l'Iiil. IJiiaesl. conv. X, I , p. Oli I'. — liii.uoi;n»PHiF. (i. f. Scljoe-
niaiiii, r>e !.;rliliime judiciim apitd Athmieiisea, Gn-isrswald, IKSO iOpuse.
titiiilf^fjiiriÊ, I. p. ::ini sq.) ; r.-V. Frilzsclic, Oe sortitione judicum ajmd Athtn.
l.pipz. ls:;.i ; II. .^aiippe, L/e creatione archontum alticorum^ GoUiiig. I8tj4;
l'usU-i «II! Coulangps, La cM anlir/ue, l'avis. 1804, I. III, cli. x; attica heshu-
bi,h:a, p. 537-538, du Dictiontiairc : Jtec/ierc/ies sur le tirage fiu sort appliqué
a la uovtinaliun des archontes athéuiens, dans la Nouv. Jtcvuc historif/ue
de droit fruneais et étrunger, IST'J ( = iVitui: rec/ierelies sur quelques
prnbli-mes d'histoire, Paris, IS'Jl, p. 145-179); H. Porrol. Essai sur le droit
piMie a' Athènes. Paris, ISli'J, p. 53-58; Karl Lugebil, Zur Geschichte di:r
Slaatsiterfussunq in Athen, dans les Juhrblicher fur classische Philologie,
V. SupplcnirMU.aiMl, 1871, p. 504-i:!)2 ; IJailIcnicr, Ai.cliosTKs, p. 383-384; i.ikabtai,
si'cl. Il, III, V ; MiilIcr-SlrilliinK, Aristaphanes und die historische Kritih,
Leipzig, 1873. p. :00-ï58 ; M. Kraonkel, Oie attischen neschwonneni/erichtf,
herlin, 1877; J. .Nicole, Étude sur li:i archontes athéniens, dans la Jlevue de phi-
lologie, IV (1880 , p. 54 S(|., ICI !.(|.; Am. llauvcUc-Besnaull, /.es strati-ijes
athéniens, Paris, 1884, p. H-IO; J. W. Ileadlam. The élection hy lot al Athens,
i:ani|jrids;c, I8UI ; von Wilanionili-Mcllendaiir, Aristoteles iind Athen, Berlin,
18'Ji, l. I, p. 04, 71 SI).; t. Il, p. 110 s(|. ; Teuscli, De sortilione judicum npud
Athen-.enses, fiiiUingen, 18U4 ; l!. Ilcislcrl.ergli, Die Bestellung der Utamlen durch
dus Los. Berlin. IS'JG iBertijter .^Indien fur classische Philoloqie und Archûologie,
VIII.
l'accusé en récuse une et on garde les jurc'S des trois
autres sur lesiiuelles il peut récuser cinq noms. Le tirage
au sort et la subaortilio, le tirage au sort su|)plémen-
laire, ont déjà été exposés [jiiiiciariae leges, p. t)39-600].
Ils fonctioiinenl encore sous l'Empire".
m. A Rome, pour se répartir les différentes fonctions,
les membres de chaque collège de magistrats, égaux
entre eux d'après le principe de la collégialité, pouvaient
employer soit le roulement, soit l'action commune, soit
la répartition à l'amiable ou par le tirage au sort. Entre
les censeurs, le tirage au sort est resté la règle [censoh].
Entre les consuls, le roulement, impossible du reste pour
beaucoup d'actes, a disparu de bonne heure; il n'est
reslé que l'action en commun ou la répartition, soit à
l'amiable [inter se parare, comparare) *, soit par le sort
(sor/iri)^; c'est par ce dernier mode qu'ils se repar-
ussent surtout les missions extraordinaires, les champs
d'opérations, les quatre légions ordinaires"'; le sénat
peut leur recommander de s'entendre entre eux, de s'en
remettre à son arbitrage (extra snrletn, extra ordinein),
mais ne peut le leur imposer". Il en est encore ainsi,
même après la loi Sempronia de 123, qui oblige le sénat
à désigner les provinces consulaires avant l'élection des
consuls '^ et après les lois de Sylla'^; le sénat ne peut
modifier sans leur consentement la répartition faite par
les consuls", sans y être autorisé par une loi ou par
un plébiscite '■'. Après Sylla, la répartition des provinces
consulaires se fait par le sort après l'élection des consuls,
soitavant soit après leur entrée en charge ; après le tirage
au sort, ils ont le droit de permuter"'.
Les tribuns consulaires tirent au sort les compétences
fixées parle sénat '^ Entre les questeurs, les fonctions
sont réparties généralement par le sort, le jour de l'en-
trée en charge, à Vaerariiitn '* ; exceptionnellement, sous
la République, par le choix des magistrats supérieurs qui
ont les questeurs comme auxiliaires, avec l'autorisation
du sénat et du peuple ''^ Sous l'Empire, les consuls et
l'Empereur ont libre choix pour leurs questeurs et de M
à 56 pour les questeurs urbains chargés de Vaerarium,-"
[quaestor, p. 7!»9]. On tire aussi au sorties scribes entre
les questeurs ^'.
Entre les préleurs et les gouverneurs de provinces, la
répartition des compétences a lieu dès le début, non à
l'amiable, mais par le tirage au sort, le plus tôt possible
avant l'entrée en charge ; le sénat peut soumettre tous
XVI. Bd. 5. Hcfl) ; E. l'ahrieius. Uns W'ahlgcsetz des Aristeides, dans le Hhei-
nisches Muséum, Ll (1890). p. 450 si(. ; Val. von SclioelTer. art. Archontes dans la
Iteal- Encyclopédie de Panly-Wissowa, p. .572-573; l'iioliades, Hsii »ki,p.Wioiî »«!
,IA,.,J,|71<»,- TMV r,u«(iT.»™v «.««.Jir.fîiuv .«xi Tr.v 'AoioxOTiVou, 'Aer.vaii./ noX.Tiîa», dans
r'A»và, XIV (1002), p. 241 sq., cf. p. «5 sq., 75 sq., 223 s/|. ; G. Glolz. L'ordalie
dans la Grèce primitive. Paris, 1004, p. 127 sq. ; J.-H- Lipsius, Uas attische
Recht und IleclUsverfahren, \, Leipzig, 1905, p. 134-150: C.-V . UInnann-HaupI,
Schatzmeister-und Archonlenwahl in Athen, dans Klio, VI (1006|, p. 30i-3i2.
Rome. — ' iM. Malac. 57. — 2 Ascon. in Corn. p. 70. 7 1 ; Gic. Ue nul. deor. I ,
38,100; Ithel. ad Uer. 1, 12, 21 ; Liv. 23, 3; lexilalae. 53. — iCorp. ins. lut. I,
108, 1. l'J-21. — '' Zuinpl. Das crimmal llecht der rom. /lepuhlik. p. 09-183.
_ 3 Moniniscn, Slrafrecht, p. i.14-218 (/Jroit pénal, l. p. 247-2Î7 ; II, p. 08).
— 0 Cic. Pro Plane. 13, 30; 10, 38, 40; 17, 41 ; .S'<r/i/,(- floti. p. 202; Serv. ad
Eclog. 3, .50. — 7 Suct. Aug. 29 ; Tac. Ann. 6, 10. — 8 Liv. 35, 20, 2. — 9 Liv. 2,
40, 14; 3, 10,0; 4, 37, C— IDI.iv. 22,27,10; 42, 31, 5; 10,21,10. — U Liv. 4,
43,7-8 ; 6, 30, 3; 8, 10,5 ; 8, 20; 9,31; 10, 12; Uionys. 17,4. — 12 Sali. Jug.H;
Cic. Heprott.cons. 2,3 ; 7, 17; Pro Ualh. 27,01. — '3 Appian. jl/i(//r. 22. — ItLiv.
20, 22, 29 ; 37. 1 ; Val. Mai. 4, 1 , 7. — lâ Liv. 28, 45 ; Cic. Phil. 11,7, 17; 11,8.
18; Appian. l'un. 112. — 16 Cic. Verr. 2, 3, U5, 222; De prov. cons. 15,37; Ad
fam. 1, 9. 23; Dio Cass. 37, 33; fr. III ; Appian. Bel. civ. 1, 107 ; Plut. Lue. 5.
— 17 Liv. 3, i2. — 1»Cic. Cat. 4, 7, 13; In Clod. et l'ur. Schot. p. 332. —19 Liv.
30, 39;r.ic. /Irf4«. n, (i, 3; Plul. fowp.V: - ^"Tac. Ann.Xi, 29. - 21 Cic. /-.
Clad. et Cur. schol. p. 332.
178
SOT
1418
SPÂ
les lots au lirajîi' ou eii remplacer quelciues-uns par des
allrihutioiis nouvelles'. Pour les préleurs revèlus d'un
sacerdoce qui les retient à Rome, iln'y ade tirage qu'entre
les provinces urbaines-. Le .sénat ne peut sans doute
modifier la répartition que par une loi ; cependant, dès le
ii« siècle av. J. C il peut permettre à un gouverneur de
ne pas aller dans sa province, et lui confier d'autres
fonctions^ Le nouveau régime créé par Sylla comporte
nécessairement deux tirages au sort, le premier pour les
fonctions des préteurs à Rome pendant la première
année, sans doute immédiatement après la désignation,
le second dans l'année pour les gouvernements provin-
ciaux [i'K.\ET0K, p. 629-(i30]*. En 32, la lex Poinpeia de
prooinriis établit un intervalle de cinf[ ans entre la pré-
ture ou le consulat et le gouvernement provincial : pour
les consulaires on devait tirer au sort parmi ceux qui
n'avaient pas encore eu de province'' [provincla, p. 718-
719]. C'est à peine si ce régime fonctionne sous la Répu-
blique ; il est supprimé par César qui revient aux règles
de Sylla;' mais le tirage au sort ne fonctionne que d'une
manière intermittente pendant les guerres civiles. Au-
guste rétablit le régime de Pompée pour les provinces
sénatoriales; le sénat établit chaque année la liste des
lots et celle des candidats, en tenant, compte de la date
de la magistrature, des privilèges de la paternité*;
quelquefois, sans doute sur l'invitation de l'Empereur, il
attribue directement une province, surtout pour pro-
longer les pouvoirs d'un gouverneur actuel'. Un séna-
teur, inscrit sur la liste du tirage, peut se récuser avant
ou après l'opération, ou en être exclu par punition*. Dès
le début du iii° siècle, l'Empereur indique autant de per-
sonnages consulaires ou prétoriens que de provinces et
le tirage au sort n'a plus lieu que pour la répartition ^.
C'est par le sort ou à l'amiable que, dans la loi muni-
cipale dite lex Julia '", les quatre édiles se répartissent
entre eux l'entretien de la voirie dans les quatre régions
de Rome. Dans la procédure de l'interrègne, vraisem-
blablement le tirage au sort fixe l'ordre où se succè-
dent les décuries du sénat et les sénateurs de chaque
décurie ". Cii. Lécrivain.
SOTERIA (^(0Tr,pia). — Jeux institués à Delphes
par les Étoliens en l'honneur de Zeus Soter et
d'.Vpollon I*ytliien c. comme souvenir du combat contre
les barbares qui avaient attaqué les Grecs et le temple
d'Apollon, sanctuaire commun de la Grèce ». Puis le
stratège élolien, au nom de la ligue, invita toutes les
cités grecques à reconnaitrela fondation de ces nouveaux
jeux et à prendre part à leur célébration. Les deux dé-
crets d'Athènes et de Cliios, qui nous sont parvenus, font
connaître les conditions dans lesquelles ils devaient
être célébrés. Le prix n'était pas une somme d'argent,
mais une couronne, comme dans les quatre grands jeux
de la lirèce. Les wjucours de musique, pour l'âge des
I I.iv. 3i, 28, 2; 35, 41, C; 38, 45, i ; 42, 28, 7; 41, tl, 8; 41, 17, 9 ; 45,
44, 2. — s Liv. 39, 45, 4.-3 Jbid. 39, 38, 3; 41, 9, 10; 45, 16, 4.-4 Jàid.
38, 42, 6: Cic. Verr. 1, 8, 21. — S Cic. Àd fam. 8, 8, 8. — t. c. ins. lut.
8, 68; 3, 6070. —''Jbid. 9, 2815; 10, 3853; C. i,is. gr. 2570; Tac. Anii. 3,
32, .58; Suel. Gnlb. 1 : Uio. Cass. 53, 28. — » Tac. Agrie. 42; Anii. 3, 32; c,
40: 15, 19; Suel. Galti. 3; Uio. Cass. 78, 22; l'iiil. Ep. 2, 12; Fronl. A,l
Anton. 9; C. ins. lat. 9, 3.533. - 9 C. ins. lut. 10, 5061 ; Dio. Cass. 53, 14;
Waddingloii, /'anf. des prov. usiul. p. 10-11. — m C. ins. lut. I, 20fi. I. 24.
— •' DioDYS. 2, 5, 7. Les autres textes (Liv. 1,17; Appiau. Btl. civ. 1, 98 ; Scrv.
ad Aen. 6, 809) ne disent i-icii sur ee poiut. — biui.iui.itAFiiiR. Moiiimsen, Uruit
public, 1, 38-07; II, 333; III. 239-250; 285-290; Willeins, Le sénat de la Répu-
blique romaine, Paris-I.ouvaiii, 1S83, ll,p. 533-008.
concurrents et les honneurs que les villes décernaient à
leurs compatriotes vainqueurs étaient assimilés aux
jeux Pythiens; les concours gymniques et équestres à
ceux des jeux iNéméens. Les cités grecques s'enga-
geaient à envoyer un certain nombre de Ihéores '.
Dans l'acte de fondation, la fête devait être quinquen-
nale ; mais des inscriptions témoignent que, peu d'an-
nées après, elle était annuelle et que la présidence avait
été transférée des Étoliens aux A mphictions[AMPUiCTioxESj ;
les Delphiens étaient chargés d'envoyer des théories aux
villes et aux rois de race hellénique.
On a peu de renseignements sur les concours gymni-
ques et équestres. Nous sommes mieux informés sur les
concours musicaux, grâce à quatre listes complètes qui
datent du iir' siècle (entre 272 et 2G9). Ils étaient présidés
par les hiéromnéinons, l'archonte de Delphes, et le prêtre
de Bacchus, chef de la corporation des artistes Diony-
siaques. Dans la première partie consacrée à la musique
et au chant, il y avait des concours de rapsodes, de
citharistes, de chanteurs accompagnés de la cithare. Dans
la seconde, des clKeurs de danse composés d'iiommes
ou d'enfants exécutaient la danse pyrrhiqueou cyclique.
La troisième partie comprenait les représentations dra-
matiques où concouraient des troupes tragiques et co-
miques, composées chacune de trois acteurs ; on trouve
même un chœur comique formé de sept choreutes-.
A l'époque gréco-romaine, le nom de Soleria fut donné
à un certain nombre de jeux ou de simples sacrifices
institués pour commémorer un événement ou un person-
nage auquel une cité attribuait son salut. Comme exem-
ple du premier type, on peut citer les i^coTiîçia de Priène''
fondés vers 297 en souvenir de la liberté recouvrée ; pour
le second, les ï!(OT-/|pta xal MouxiEia ', fête quinquennale
par laquelle la province d'Asie voulut perpétuer la mé-
moire de l'intègre jurisconsulte Q. Mucius Sca;vola, qui
fut gouverneur en 98 avant notre ère. P. Foic.art.
SPARSIO. — Ce mot signifie particulièrement deux
coutumes de la vie romaine, distinctes, mais se rappor-
tant l'une et l'autre au luxe des réjouissances publiques :
1" la dispersion parmi les assistants de cadeaux en nature
ou en bons (et ces cadeaux eux-mêmes), spnrsio 7iiissi-
lium, [missilia] ; 2° l'aspersion des lieux de spectacle par
une pluie artificielle de liquide aromatisé (et cette pluie
elle-même). .V peu près vers le temps où Pompée s'avisa,
pour modérer la chaleur dans son théâtre, d'y faire creuser
des rigoles où circulerait de l'eau', fut imaginé (notre
témoin le plus ancien est ici Lucrèce-, mort entre 699:=;oo
et 7()i:=53^) un autre moyen plus ingénieux de procu-
rer aux spectateurs une fraiciieur agréable. Des appareils
à pression, placés dans le sous-sol du théâtre ou de
l'amphithéâtre, élevaient jusqu'au faite de l'édifice un
liquide à vaporiser qui retombait de là en gouttelettes
odorantes sur le public et sur les acteurs'. Des statues
SUTERIA. I Corp. iiiscr. attic. Il, 323; Bull, rff corr. ketlén. 1881, p. 300; cf.
IS9D, p. 50. — 2 Foucarl et Wcsclwr, /user. inéd. de Delphes, 3-6; A. Moniniseo,
Delphika, p. 213; l'oralow, dans Xeue Jahrbùcher, 1894, p. 504; lSUT,p. SIO. 820,
S47. Liste de vaini|ucur5, Bull, de con: hellén. 1902, p. 267 ; cf. p. iV.s. — i llillcr
voii Ua Ttringon, Inschriften von Prieie. n. 11. — ^ Revue de phiiotoijie, 19iM,
p. 85. Cf. Waddinglon, /''astes des provinces asititiques, n. 7.
SPARSIO. I Val. Max. 2, 4, 0. — 2 Lucr. 2, 410. — 3 Voir Scliàiiz, Gescb. ,1.
rom. Lia. 1^, 2, p. 40. — '• Hor. Epist. 2, 1, 79; Oïid. Art. am. I. 104; Hrop. 4.
I, 10; Sencc. Controv. 10, praef. 9 (L. Mueller); Sencc. Epist. 90, 15; IJuuesl.
nat. 2, 9, 2; l'Iill. Hisl. nal. 21,33; Mart. 3,25,7 ; 9, 38, 5; i'p. 3, S; Froiilou.
Oeelog.p. 228 (Mai) ; Apul. ^l/riam. 10,35; Spartiau. Uadr. 19. Voir Maïquardl
cl MoriirnSL'il, .Uan. d. Ant. IraJ. fr. 13, p. 310 et 339; Becker, Gallus, 13. »3.
SPÂ
IH9
SPA
servaient parfois, seinijle-t-il, de bouches d'émission ',
comme pour les fontaines ordinaires. Le liquide vapo-
risé, de l'eau ou du vin, était parfumé le plus souvent
avecilu safran {rroriis). rarement avec d'autres su Instances,
par exemple du baume'. L'usage se maintint pendant
toute l'époque impériale ; il passa de Rome à Pompéi \ et
sans nul doute dans d'autres villes. Aux aspersions
liquides s'ajoutèrent, dés le temps d'Auguste, des pluies
de fleurs", usitées aussi dans les banquets'. Néron
installa ce double luxe dans sa maison d'or, où les pla-
fonds de certaines salles à manger étaient machinés pour
faire pleuvoir sur les convives tantôt des parfums et
tantôt des fleurs'^.
Les sparsiones liquides dont nous venons de parler
n'étaient que les formes les plus parfaites et les plus
raffinées de l'arrosemenl en jet ou en pluie pratiqué de
toute antiquité dans les maisons, les rues elles terrains
cultivés ■^ pour rafraîchir l'air, abattre la poussière et
favoriser la végétation, comme l'eau courante de Pompée
n'était qu'une application du système banal de l'arro-
semenl par irrigation*. D'auires applications en étaient
faites qui ne supposent pas l'emploi d'un appareil vapo-
risateur. .\u temps d'Horace', les riches Romains fai-
saient arroser avec de l'eau parfumée les pavés en mo-
sa'i'quc de leurs demeures. Dans les fêtes par lesquelles
Urbinus, questeur d'Espagne, accueillit Melellus à son
retour dans cette province, en 680^74, le sol fui baigné
de même, croco spai'su humus '". Lorsque .Néron, après
le voyage d'.\chaïe, lit triomphalement sa rentrée à Rome,
de telles aspersions eurent lieu sur son passage, et, en
outre, il pleuvait sur le cortège des oiseaux, des rubans,
des sucreries ".
Celle spa/'sio solide dérivait d'un usage ancien,
comme la jonchée de Heurs que nous avons déjà men-
tionnée en coordination avec une sparsio liquide.
Répandre des Meurs ou du feuillage, spargere flores,
frondes, àvOc.pc,À£iv, çuXXoPoàeîv, était, dans la vie
grecque et dans la vie romaine, une manifestation usuelle
ou bien de joie seulement ou bien ensemble de joie et de
respect. Les convives d'un banquet j^c.oMissATiOj, couronnés
de lleurs, de roses surtout, en semaient d'autres autour
d'eu.x '-, non seulement parce que leur senteur préservait,
disait-on '^, de l'ivresse, mais encore et principalement
pour en jouir par la vue et l'odorat [coroxa, p. 1.527 . C'est
ainsi qu'une peinture d'Herculanum nous montre, dans
une scène d'orgie, la table et le sol parsemés de lleurs'".
Des fleurs, du feuillage, des fruits, des bandelettes,
d'autres objets compris dans l'appellation générique de
1 I.ucan. 9. S09. — 2 Spartian. Loc. cit. — 3 C. i. l. i, 1177, 1181. — i Hor.
Episl. 1. I, 79. — â Ovid. /'aat. 5. 360; cf. 330. — « Suct. Nero, 31. — ■■ On
peul rapprocher ce rpii se passe au festin de Trimalcinn ; Pelr. 60. Lucien, iVigr. 3 1 .
meutionne le vin parfnm^* au safran ou autrement (|ui est répandu dans les
festins, mais sans préciser tfe f|uelle façon. — s liaut. Pseiid. iOV: Stick. 354;
frag. fah. me. XLVI (éd. Kilsclil) ; Tilin. Si-lina. ,\V11 (Kibbeck, Com.
rom. frai/. 3); Cic. Parad-. 5, î; Hhsed. 2, 5, 15; Suet. Cnlig. 43; Coluni. 5.
6, 8 ; seminaria conspergi iaepius quam rigari debenl ; etc. — ^ De tout
temps on a dû arioser la piste du cirque. Dans Piaule, Povn. 1291. les mots gui
cortinfim ludis /it circiim fentnt désignent sans doute les sparsorcs {tipurtores
dans C, i l. 6, Iu0i6|. Il faiil peul-étre les idenlilier avec des personnages que l'on
voit souvent sur les bas-reliefs représentant des courses de cliars, et qui ne prennent
point p-irl eux-niéines aux courses, mais ou bien sonl couchés sous les chars ou bien
portent (les amphores ou d'autres vases; souvent aussi des vases gisent sur le sol.
La fonction de ces arroseurs devait élre également de rafraîchir par aspersion les
chcvaui, cf. Dig. 3, iî, 4 : qui aquam equis sparrjunt, et de mouiller les roues des
rhars pour les empêcher de prendre feu; une peinture aniiituc (Ann. iletV Inat.
vol. XI. tav, d'agg. M) nous montre un personnage qui s'approche, un vase à la
main, du char d'un aurigc va.uqueur. Voir Siarquardt et Uoiuinsen, 11, p. i8C, n. I.
7rpo/0Tat'% qui correspond à sparsio au sens concret
d'objets répandus, étaient jetés par la foule enthousiaste
sous les pas des personnages auxquels elle voulait faire
un accueil triomphal"', spécialement des athlètes vain-
queurs'^ Une autre sorte luxueuse de sparsio solide
consistait à joncher un chemin, un lieu de spectacle, une
salle, non de sable ou de sciure yscoôes), conmie cela se
pratiquait couramment soit pour assécher l'humidité soit
pour préparer le nettoyage du pavé '*, mais de sable
jaune '^ de sciure teinte au minium et parfumée au
safran, de pierre spéculaire ou de chrysocolle enpoutlre-".
Elagabal faisait, dit-on-', poudrer d'or et d'argent ses
portiques, et souvent les voies où il devait aller à pied.
On a parlé ailleurs du rôle des sparsiones dans les
funérailles et le culte des morts [flxls, feralia, pare.n-
TALiAÎ, dans les cérémonies lustrales |^listkatiO' elles
rites magiques [magia\ Les aspersions lustrales et magi-
ques avaient un caractère purificatoire ; parmi les asper-
sions funéraires les unes aussi servaient à purifier les
morts ou leur entourage, mais d'autres avaient pour
but de les honorer, el l'on y retrouve certaines pratiques
usitées également pour honorer les vivants, comme
Yanthobolie el la phijllobolie. Pu. Fabia.
— SPAKTAXORU.M RESPUBLICA [lacedaemomorim
RESPI'BLICa".
SPARTM ■ venabuli'm].
SPATIIA, SP.VTl'LA fi;-ï9T,, <7Tta6iov). —Ce mot qui a
désigné d'abord un bois plaletallongéapris dessignifica-
tions spéciales dont quelques-unes doivent être notées ici.
I. Le battant au moyen duquel le tisserand serre les
fils de la toile [telaj.
IL Une spatule, lige de bois, de métal, de verre etc., ter-
minée par une palette ou par un cuilleron, qui sert à
remuer el à mélanger des liquides ion peul l'appeler alors
<!-1.H<■JU.■r^\■rX particulièrement les ingrédients d'une prépa-
ration culinaire ou médicinale ^cf. Riuis], à étendre les
élecluaires et les onguents. On conserve dans les collec-
tions un grand nombre de ces instruments ' , des formes les
plus variées, qui ont pu servir à tous les usages auxquels
on les emploie encore dans la pharmacie, la médecine el
la chirurgie .cuiririjIa, meiiii;is, p. 1684 , el aussi à la
peinture [pitïLRA, fig. o6.')5 ou à diverses industries -.
III. Quelquefois, le mol grec (7ita9;'ov est pris comme
équivalent de [iv,),t,, (7Tra6o[ji.y,À-fi ou 5u.;ày,, pour une sonde
ou un scalpel de chirurgien ^
IV. i^TtxOr, ou (77:a9;ç est aussi le nom de la baguette ou
aiguille, au moyen de laquelle on prend dans un vase et
on fait couler une huile ou une essence parfumée sur la
— 10 £/»!»«. 1, 10, 19. — Il Sali. «isf. /raj. 2,70 (Maurenbrecher). Suet. AVro,
25. Au lieu de ingestaeque aves. leçon des manuscrits, Gracvius a proposé d'écrire
ingesligue flores. — '2 Hor. Carm. 3, 19, 21 ; cf. 1, 36, 15; Kpisl. I, 5. U.
— 13 Voir Keckcr, Oallus, 33, 317. — 1* Helbig, Wandgemûlde, p. 3i4.
n» 1448; l'itlure d'Ercolano, 1, 14, p. 79; Mmeo Dorb. 1, 23; Houi et Barré,
Herculnnumel l'ompéi, 1, 20, p. 79; etc. — '5 plut. Oio, 29. — 10 Meleag. Anlhol.
5, 117, C: Appian. Cii: i, 27; Philon. 2, p. 591 (Mangey); Plul. Pomp. 57;
Pausan. 4, 16, 4; Schol. Eur. Uec. 574; Herodian. 7, 10, 15; 8, 7,4; Curt. 5, 1,
20; Tac. Hist. 2, 70; Apul. .UeMm. 1 1, 9 -elTusioD de baume el jonchée de lleurs
dans la pompe d Isis); etc. — " Voir cebt.mina, p. ins*. — i» Hor. Sat. i, 4, 83 ;
Plin. Hiat. nat. 1 1, 290: Pelr. 34 ; Juv. 14, 67. — 19 Lampr. f/eli;g. il. — îOl'elr.
68: Suel. Culig. 18. — '21 I.anipr.. Loc. cil.
SPA'niA. SPATULA. ' Babelon el Blanchel. Catal. dea bronzeade laUibl. nat.
n. 1397 sq. ; ('^eci,Piccoli broiizi del Mua. di Napoli, tav. VH ; Fricderichs. Berlina
anti/te Bildw. Genïllie u. Bronctn, n« 1 232 sq. ; Waltcrs, Catnl. ofbronz. Briliak
Mïis.a. 294 sq. ; Lindcnschmit, Itôm. German. Cetitralmuseum, pi. xxii ; J. Stenart
Milnc, Greek and roman surgical inalrum., Oxford, 1907; Ueueffc, Étude sur
la Ironise d'un chirurgien gallo-rom., Anvers 1893 ; Hamonic, l.adiirurgie et la
médecine d'autrefois, Paris, 1900. — 2 Galcn. t. IV, p. 191. — 3 Jbid.
SPA
1420
SPE
liarlic iM sur les clicvciix. fAci'S, lig. 102^ Les allildes,
li's ^'yiiiiiasU's el leurs aliptcs[AunA] s'un servaient pour
les onctions'. E. Sac.uo.
V. Spatha est le nom d'une èpée caractérisée par
la largeur de la laine-, qui se maintient sensiblement
égale de la garde à la pointe. La lame est plate ou, s'il y
aune nervure centrale, elle est aplatie ou peu accentuée.
A ce titre, on pourrait déjà donner le nom de spatha à la
rapière qu'on rencontre dans la nécropole de Knossos^
les tomi)es de l'Acropole de Mycènes ', quelques cime-
tières de Sicile ^ Au début de l'âge du fer, cette arme
parait avoir passé au centre et dans le nord de l'Eu-
rope" pour redeseendre en Italie avec les invasions des
Gaulois. C'est en parlant de leur grande rapière en fer de
mauvaise trempe, sans nervure et à pointe mousse,
attachée au flanc droit par une chaîne, que Diodore ■"
donne un des premiers exemples de ce terme appliqué
à une épée'.
La spatha parait être entrée dans l'armée romaine par
les cavaliers auxiliaires gaulois et germains; elle est
figurée sur plusieurs tombeaux ((ig. tJo2:Jj '\ Ou doit
sans doute la reconnaître dans une arme trouvée à
Carnuntum ( lig. (5523) : longue de 0 m. 85, la lame
plate se termine en haut par une soie de 0 m. 10 ; en bas,
elle est à peine arrondie et mesure 0 m. 05 de large contre
1 I'ollui,lll,l5t; Vll,-|77: X.liO, lî. — 2 Isiil Or. XVIII. 0 : .vwdoso, ampla et
lala; cf. Scliot. ud lliad. Il, 45. I.orsiiuc le lernic apparail clii'ï Euripide, Mé-
iiandrc et l'Iiiléinou (ap. l'oll. X, 145). il n'a plus .|ue le sens g.'iural de i/ludius.
— 3 A.-J. Evans, The prehisl. lombsof Knossos, 1900, p. 70. — » Tsouolis-iManatl,
The Hycenean âge, 1899, p. 910.-6 T. E. Peet. Stone and Bronze âges of lluiij
and Sicibj tSU'J. p. +39, 4Vï, 407. l'oiir le l'iccnum. l'ell.grini, Xolizie, 1908,
p. 869. — 6 J. .Nauu, Oie ant. Schwerler. IS'ja, pi. viii. — 7 Diod. V, 30.
Sur ïific des Gaulois envahisseurs de lllalie, voir S. Keinacli, L'épée de
llrenniis, dans Cultes. Mythes 'et ftelûjions, 111. — » Par aiiaclironisitie Lucien,
Hial. mer. XIII, 3 donne la spatlii à un ^ari5Sopllore Miacf'donieii cl Hiodore
(A>c. p. 546, 5'.i) aux Albaiiis du roi Silvius. — «Voir le cavalier Bilurige de
r«/fi Longinianii et les références donn<''Cs par Lelnier, Bunner Jahrb. 1908, pi. i.
.>olre (ig. 6512, d'après Uuruy, Hist. des Hum. 1. VI, 4HI l"Sur la spatha germa
ni^ue, Lindensclimit, Handb. d. deutsch. AUerth., ileroo. Zeit.p. 21", el les
références dans (Jlo'iiis, t»98, p. 1 i J. — 1 1 Von Grollcr, iJer rnm. Limes iu Œster-
0 m. 0."j.") à la garde'". La spatha des auxiliaires s'oppose
au gladius des légionnaires chez Tacite". A l'époque
d'.\rrien '•', la cavalerie se divise, au point de vue du
glaive, en deux classes; les mâchai rop hures qui parais-
sent comprendre lea pélekophores, lnnf/choj)horf>s, dora-
tophores, xijstophores el kontophores, seraient la cava-
lerie lourde, tandis que les liippotoxotcs et les aknntisles
dits tarantinoi forment la cavalerie légère sous le nom
de s pal ha phares. A la (in du n' siècle, le nom de spatha
s'étend au glaive de l'infanterie romaine '•\ A la fin du
iv% Végècc " désigne sous les termes de s/ia/ha et de
semispatha les armes des légionnaires qu'on appelait à
l'époque classique gladius et pw/io. Une épingle à che-
<:
Fig. fi.S13. — Lame de spatha.
veux en argent du musée du Louvre [acis, fig. OSj est
la reproduction d'une spatha du Bas-Empire '\
En raison de son poids, celte épée était portée par un
baudrier, tandis que la semispatha pendait à la ceinture
(fig. 773)"'; c'est ce ([ue recommandent les Tactica
byzantins.
Au début du Bas-Empire, la A'oti/ia menlionne à Luc-
ques, Reim>, .\miens, des fabricae sjiathariae ; toutefois,
deux spatharii, nommés dans des inscriptions, semblent
èlre des écuyers porte-glaive plutôt que des ouvriers des
fabriques '".11 faut distinguer ce terme de celui de ^jixOaToi
donné parfois à tous les militaires en lanl qu'ils étaient
tous spatha cincti, comme dit Ennodius'*. Le nom de
77ra9âpioi fut réservé par la suite à ceux des gardes de
l'Empereur qui ne portaient pas la hache ou hi hallebarde
{pé/éhophores et rhomphaiophores) mais le glaive (ils
étaient dits aussi xiphe'phores}\m\\.C' de la cTtiôv,, l'un des
insignes impériaux'-'. Le7tpa)-oi77;aOï.p.o;,iin des principaux
officiers de la couronne, était à l'origine leur chef-".
Cette fonction perdit bientôt tout caractère militaire : spa-
thaire candidat, spathaire et protospathairt! devinrent de
simples titres honorifiques^'. En Occident, le nom de
l'arme resta en usage ■^-. C'est de son nom que viennent l'ita-
lien spada, le français espadon el t'pe'e. A.-J. Keinach.
SPAÏIIALIU.M [armilla, p. 4371.
SP.\TI1AU11IS [sp.vtiia].
SI*E(MFICATIO. — Titre donné par les commentateurs
modernes à l'acte qui donne à un objel une forme et
une manière d'être nouvelles. A qui devait apiiarlenir
l'objet modifié lorsque l'ouvrier n'était pas propriétaire
de la matière première '.' Aux yeux des anciens juriscon-
sultes l'objet était probablement resté le même; plus
tard se formèrent deux opinions opposées ; les Proculiens
soutenaient que c'était un objet nouveau el l'attribuaient
reich.W, 1901, p. 75 = notre (ig. 65i:). — li J>m. Xll, 3j, E.,/i. m .l/«ii. il, Ju; facl.
IV, ti. Dans IV, 8, 9, il parle delà çi^iliri |Aa»o«»ai n'i.izittt portée par des cavaliers
romains. — '3 Sparl. Hudt. 10 ; Capitol. Max. jiim. 3 ; Apul. .Uet. I, 3 ; IX, 3IS ;
XI, 375. — l4Ars. mil. Il, 10; cf. Du Caugc s. v. — 1= Cf. Julliau, .Mél. Éc. de
Home. 1882, p. 19. — 16 Léo, 7'act. I. e/civ 5è xaï csaôîa «îto«p£;xà;jiE>a twv ûï^w*
"l"!?!
■",(«'?«;
Constantin. Tact. (Meursius, VI, col. l'.'IG) : t/.£Ti,<r«, 4ï ««', «noSi'» »oi|vant.. e!;
TOÙ! lïiiiuî oùtlï, «oî 'stif« r.apa|<iipio. xfti»iij!ï« (!; TÔ; !;..'.if.; «JT-,y. — 17 t'orp.
ins. lai. V, 9043 el 9898. — 1» Epif/r. 132. — 19 Codin. Oe off. V, 14. Conslant.
De adm. 4i. 50-i. — 2" Dans le De ojf. Constantinop. Il, le is«iToi=ali«?io; est
cité en 31"'; plus loin (V, 55) son nom est expliqué îx. ^t>.«.,h: «,.5to; -rà<
ïitaSajiu. ,rao«noï.:v (gardes porte-glaive). — 21 Sclilnniberger, .''igillogr. bg:. s. v.
el liev. Et. gr. 190u, 497. — 22 Grégoire le Grand parle d un spalharius de
Totila (Homil.3', 9; Oial. III, 6; IV. 56); le Moine de Saiut-Gall douue la s//a(Aa
aCliarlemagne(A>.n. I, ÏO ; II, i, Il , «. 23).
SPE
— 1421
SPE
au spécificaleur ; k-s Sabinieii», sans nier nu'il y ui'il un
objet nouveau, refusaient d'admettre l'acquisition de
l'œuvre par l'ouvrieri. Une doctrine intermédiaire, fondée
sur le principe que les choses éteintes ne peuvent être
revendiquées, admit la première opinion, à la condition
que l'objet, par exemple du vin fait avec des raisins, ne
put plus revenir à son ancienne forme', et peut-être
aussi à cette seconde condition que le spécificateur fut de
bonne foi ''. Ce système a été sanctionné par Jusiinien,
qui admit en outre que l'objet appartiendrait dans tous
les cas au spécificateur s'il avait réuni à l'objet étranger
une matière lui appartenant déjà'. On admet ordinai-
rement que le propriétaire peut intenter, outre l'action
de vol, le cas échéant, une action, une coniliclio', pour
réclamer la valeur de sa chose, et inversement que le
spécificateur de bonne foi peut demander au propriétaire,
resté maitre de la chose, une indemnité pour son travail.
S'il y a eu simplement juxtaposition à une matière pre-
mière d'un objet appartenant à autrui, par exemple d'une
bande de pourpre à une étotTe, le propriétaire revendi-
que sa chose par l'action ad exliibendum^ . C\\. Lkcrivain.
Sl'ECTABILES. IIesi^Xs-to; '. —Titre honorifique atta-
ché à certaines dignités, qu'on doit rapprocher d'/7/(/.s7r?s
[ILLUSTRES , mais qui n'eut pas, à beaucoup près, la même
durée ni les mêmes effets. 11 est sans doute postérieur : un
proconsul Africae est dit illuslris dans une inscription
du temps de Julien^; plus tard, ce fonctionnaire sera
spectahilis. Mais il/ustris n'était alors qu'un prédicat
sans lien strict avec telle ou telle dignité. Specla/jilis,
fréquent dans Symmaque, remonte sans doute à l'édit de
Valimtinien' sur les fonctions; néanmoins, il se ren-
contre pour la première fois trois ans après la mort de cet
empereur, en 378*. Il ne s'emploie pas seul, s'ajoute à
vir clarissimus % auquel il se relie par et. .\u V siècle
seulement, il/ustris et spectabilis ont leurs domaines
nettement délimités; auparavant. Symmaque dans le
même rapport officiel' donne les deux épithètesau même
personnage. Des textes juridiijues trahissent aussi ce
flottement: le coines rei privalue est dit spectabilitns
tua en 390^ ; pourtant on le voit illuslris dès 380*. et il
le restera. Le mufjister officiorum est encore sp. en 378'^ ;
peu après, vers 385, Symmaque le traite d'inluslris^".
Cela s'explique par une tendance manifeste à accroître la
dignité de chacun au cours des temps et se confirme
par d'autres exemples : les duces, à la fin du iV siècle.
Sl'ECiriCATIO. I Gai. 2, 7'J; licst. i, I, Ï5. — - l'iij. il. I, 2i. M- Celle
Ihéorie ne s'applique pas (piand on a simpicmeol leint une élofrc ou tiré du blé
lies épis (erreur iJnsl. i, I, i5). — 3 Ola parail établi par Dig. 10, t, \î § 3 ;
+7. 2, 5i§ H. — « Jnsl. i, I, H-i'i. —5 liai. î. 79; /nsl. i, I, i5. — 6 Hii/. 10,
t, 7 iî 2 (mal inlerprété à /nst. i, 1, 20j, E\cepliou pour le cas où du mêlai appar-
lenant à aulrui a été soude à un autre métal par une soudure non de plomb
(jilumbatura), mais de méine métal (ferraminatio) ; alors il y a confusion et le
lout appartient au spicilicalcur (Oii/. li, I, 23 § 3). — limiioGRAPaiE. Accarias,
Prvcis Je rir. romain, l'aris. I««2, 3' éd. I, p. 619-621; C.-G. Girard, Manuel de
ilr. romain. Paris, 1901, 3' éd. p. 313-317.
SI>ECTAUILES. < Corp. rj'oisar. lai. Vil, p. 2»3 Gretz : Justin. Nov. 7, cpil. ;
SO, 2; 41, 1, 1 ; XotU.ad Soe. S ; Berlin, gr. Urk. 303, loi, 5i7, r.G9 ; 3V7, 3 : tt.v
îiuT;»»v.!ji«)iiCT;<;Tr.T«:. — « Corp. ins. lat. Vlll, 5334. — 3 Quisingulis guibmque
dignitatibuscertiim tocum meritunufne praescripsit iCod. Tlteod. VI, 5, 2|. — *Corf.
Theod. Vlll, 3, 35 : speclabilis viri officiorum maijistri. Du Caogc (G/oss. lat. s. v.)
cile un passage (antérieur de r|uel(pic 250 ans) de l'aul au Oi'i. 1, 15, 3 pr. : spectabili
riro qui praefectus viyilum appellatar; l'interpolation est comme certaine. Dans
Corp insc. /a/.lli, 3Ki7, la lecture fautive doit être corrigée eu i'irlst{renuns]: cf.
Ilirschfeld, l. c. iiifra. — » .Sidon. Apoll. Ep. Vlll, 0 ; eir ortu claritsimus, privi-
legio apeclaltitis. — « Helal. .VXVIll, 2. 3, 10 (inluslrem) ; 4, 9 Ispectabilemi
— -if. Theod. IX. 2T, 7. — SId, Vlll, K. 4. — 9 Id. Vlll, 5, 35, § 1. — 10 Ilelal. XXXI V,
8; XXXVIII, 4; XLIIl, 2. — " C. Th. VU, 4, 30 (de 409); Vlll, 4, 27 (de 422).
— 1^ bdil. Moiurnseo, iudei de Traube, p. 38G a, 593 a. — >1 Seul le comularii
sont faits clarissimes et sj>. ; ils ont déjà ce dernier litre
dans la Aotilia diynitalum et dans des Constitutions du
même temps". Au vi' siècle, on le voit par Cassiodore",
les correclores et consulares, simples clarissimes dans
la Notitia " et en 479 encore", sont devenus sp. ; même
progrès pour les advocati /isci, les tribuni et notarii^'^;
les curae /lalatiorum, sub dispositinne viri specl. cas-
Irensis dans la Notitia, reçoivent personnellement la
spectabilité. La Notitia la donnait aux chefs de ces
bureaux : primicerii notariortim et sncri cubiculi, nui-
fjistri scriniorum ; sous Jusiinien, elle appartient aussi
aux simples chartularii sacri cubiculi'^. Le prac/'ecins
annonae, clarissime tout uniment au temps de Sym-
maque'', est sp. dans une inscription de .oii2 ". La
Notitia permet d'ajouter à cette nomenclature les
comités'^, vicarii, proconsules^", la praefectus Auyus-
tttlis. Des évêques reçoivent cette dignité'-', et peut-être
fut-elle conférée aux patriarches juifs locaux'-. Four les
emplois de premier rang, qu'occupaient les plus hauts
dignitaires de chaque ordre, la qualité d'illustre demeura
la règle ; la spectabilité ne s'étendit que de haut en bas,
et non en sens inverse ; on conféra parfois la qualité
honoraire d'illustre [vacans) it ceux qui prenaient leur
retraite après des fonctions de deuxième rang-'. La
spectabilité ne parait pas s'être transmise régulièrement
aux enfants; les épouses des.?/», étaient peut-être qua-
lifiées de même-*, de plein droit ou non ; il est possible
encore qu'une femme quelconque ait reçu ce titre, de
façon purement honorifique ^^ ; mais la plupart des
exemples nous sont transmis par l'épigraphie chré-
tienne-', et le mot peut très bien n'y avoir pris qu'une
signification morale -'.
La qualité de sp. ne resta pas toujours attachée régu-
lièrement à certaines fonctions ; il arriva qu'on pût
l'acquérir par faveur personnelle du prince ou par un
véritable achat; on était alors .s/jec/ai/'/is /lonorvirius-*.
Elle entraînait en effet certains avantages : sous le nom
de comités consistoriani, les spectabiles siégeaient
comme conseillers au co.nsistokii'ji pri.ncipis ; ils n'étaient
justiciables que du praefectis lrbi ^'. Plaidants ou
inculpés, ils jouissaient de diverses prérogatives'";
enfin et surtout il y avait des immunités " . Néanmoins,
ces avantages appartenaient aussi pour la plupart aux
simples clarissimes et restaient assez inférieurs à ceux
des illustres. Victor Ciiapot.
Paleslinae y est sp. — H C. Just. I, 41, I. — 'ô Sp. dans Augustin. Epii^l. 128,
129 (de 411) ; add. C. i. l. VI, 32 017 ; Vlll, 9S0. _ 16 Nolil. ad Nor. s, in Dn.
— 17 Itelal. XXIII, 3; XXXV, 2. — 18 C. i. l. VI, 32 043. — IS Add. C. i. l. VI,
1724, un com(ej) s'acri) c{onsislorii). — 20 cf. C. i. l. III, 572 3, un procon.
Àckaiae. — 21 Simplicius ap. Sid. Apoll. Ep. VU, 8, 2; cf. 9, 18. — 22 c'est
l'hypothèse de Godcfroy sur la Constitution de 404 (C. Th. XVI, 8, 5) ; le grand
patriarche était irilustris IC. Th. XVI, 8, 8, de 392 ; XV, S, 11 et 13, de 396-7).
— 23 Ainsi à un ancien vicaire d'Asie : C. i. l. VI, 312 (de 390); à un ex primiee-
r{ius) notarior[um) sacri palatii : Jbid. 1790. — 2; fjn sir. sp. et sa sp. fiemina) :
Id. IX, 1378 (de 508). — 25 H. Vlll, 20 410 (de 434): Cassiod. Var. 11. 10, 2.
— 26 De Uossi, Jnscr. christ. 1, 868, 903, 998, 1081 ; V, 5415 ; XIV. 3897. — 27 Jbid.
V, 5420 : spect. et penelens femina (de 463). — 28 Le titre fui plusieurs fois
usurpé, et des constitutions rendues pour dénoncer et combattre celte illégalité ; cf.
Cod. Theod. XII, 1, 187 = t'./i/s<. X, 32, 60 (de 436).— 29 Si les gouverneurs de pro-
vinces étaient sp., l'appel de leurs sentences n'élait porté que devant l'empereur
(f. Th. XI, 30. Ifi), mais bientôt une autre disposition (f. Jusl. VU, 62, 32) réserva
ce privilège aux illustres. Pour l'exemption de curie, voir sfnatls mu.mcipai.is,
p. 1205! — 30 Cf. Ad. Gascoiii, He Cin/luence dans la léffislation romaine des
distinctions personnelles aux auteurs de crimes ou délits en matière pénale
ordinaire. Paris, 1895.— 31 C. Just. X, 48, I. 10-12. — BiBLioaKAl-HiR. J. Naudet,
De la noblesse et des récompenses d'honneur chez les Romains, l'aris, 1853;
0. Hirschfeld, Die Rangtitel der ràm. Kaiserzeil (Sitzwigsber. der Berlin. Aka.
1901, p. 594-601).
SPE
1422 —
SPE
SIM-XULA. — Poste d'obst'i'valion et désignai Tsignoi,
p. i;i35 .
SPECULARIA, SPECULARISLAPIS I H.NESTRA, p. l()3n ;
LAPIDES, p. 93i;.
SPECUI-ATOR. — Il a été parlé ave.' quelque détail à
l'article i'kaetoriae cohortes des specii/a/ores attachés
particulièrement, comme gardes du corps, à la personne
de l'Empereur. Il existait ailleurs encore des speculatores.
On les rencontre en province dans Voffîriiim des géné-
raux coniiiiandanl les dilVérenls corjis d'armée'. Chaque
légion en fournissait dix-.
Le grade existait encore après les ré'fornies de Dioclé-
lien\ R. Cai;xat.
SPECL'Llî.M'. "Evo^tToov-, ë<jo7tTf&v ^, xiTO-xoov'. Miroir.
— I. La h'gende de Narcisse et celle de Persée prouve-
raient, si cela était nécessaire, que les .\nciens savaient
se servir du pouvoir rélléchissant de l'eau. Peut-être
s'élaient-ils mirés aussi dans certaines pierres comme
l'obsidienne ■>; des poteries primitives, même polies à
la main, comme celles de Chypre, à plus forte raison
des vases revêtus d'un enduit ou d'une glaçure, ont pu,
par exception, servir à refléter les images. .Mais les
premiers miroirs qui méritent ce nom sont les miroirs de
métal. L'antiquité n'en a pas connu d'autres avant l'ère
chrétienne. Les Mycéniens en ont sans doute emprunté
l'usage aux Égyptiens pour le transmettre ensuite aux
Grecs et aux Romains. La plupart sont de bronze, et la
proportion d'étain parait y être plus forte" que dans les
alliages antiques généralement usités; mais il y en eut en
métaux précieux, peut-être en or^ moins probablement
enaurichalque*. certainement en argent', dont quelques-
uns'" sont venus jusqu'ci nous. D'autres, en assez grand
nombre, étaient argentés " ou dorés '-, ces derniers par-
fois sur fond d'argent ". Argenture ou dorure pouvaient se
poser à chaud" ou, comme c'était, semble-l-il, le cas le
plus fréquent, à la feuille battue. On augmentait ainsi la
valeur vénale du miroir, mais non, ou guère, son pou-
voir de réfléchir les objets, car le brunissage était par-
faitement connu des Anciens et il n'est pas douteux que
de simples disques de bronze, ainsi préparés, pouvaient
faire d'excellent miroirs ' '. Leurs propriétaires en avaient
d'ailleurs grand soin : pour les maintenir « brillants et
propres », ils les essuyaient avec des éponges "', les enfer-
maient dans des boites'^ et les enveloppaient dans des
sacs d'étoffe dont les traces sont fréquemment appa-
rentes'*. Nous ne savons quand on fit pour la première
fois usage des miroirs de verre, étamés ou, pour mieux
dire, doublés. Seuls deux auteurs en parlent d'une
manière précise, Pline l'Ancien, qui en attribue l'in-
vention aux Sidoniens " et Alexandre d'Aphrodisias-",
qui écrit vers 20() après J.-C. -'. Or le verre, d'après
Kisa--, n'a commencé d'être soufflé que dans la première
moitié du i" siècle, ce qui s'accorderait bien avec la
mention encore hésitante de Pline l'Ancien. L'étamage au
mercure n'a jamais été connu des anciens ; ils plaçaient
au revers de la lentille de verre, laquelle était soufflée et
non coulée-', une feuille d'or", d'étain-^ ou de plomb ^*.
Soixante-quatre miroirs en verre, doublés de plomb, sont
aujourd'hui connus'"; ils viennent surtout de l'Kgypte'*
et de la Gaule'-'; on en a découvert beaucoup à Reims '";
mais on en a aussi trouvé en .\sie-.Mineure ", à
Olbia^-, en Germanie" et près de Sofia''". La plupart
sont tardifs et de très petites dimensions ; peut-être
quelques-uns ont-ils servi d'amulettes, si bien que les
miroirs antiques restent les miroirs métalliques.
II. La forme usuelle des exemplaires anciens est la
forme ronde. Il y en a qui sont carrés et rectangulaires,
mais ils n'apparaissent que chez les Étrusques ou dans
les temps romains et je n'en connais pas qui soit delà
bonne époque grecque. Au contraii-e, textes'^ cl monu-
ments sont d'accord pour attester la persistance ou la
grande fréquence de la forme circulaire. Le disque
réfléchissant pouvait être posé à plat sur la paume de la
main, être tenu à l'aide d'un manche ou être porté par un
pied, d'où les trois divisions des miroirs grecs, divisions
qui se retrouvent chez les Étrusques et à l'époque
romaine, à cette différence près que les miroirs à pied
disparaissent alors ou deviennent très rares. La surface
réfléchissante était, dans tous ces exemplaires, soit légè-
rement concave, ce qui diminuait la grandeur des objets
réfléchis, soit, et le plus souvent, quelque peu convexe, ce
qui, au contraire, l'augmentait. Il est exceptionnel qu'un
miroir antique soit parfaitement plat. Nous verrons
d'ailleurs utiliser dans les miroirs à boite les courbes
inverses du fond et du couvercle : lorsqu'ils étaient
ouverts, la femme qui s'en servait se regardait à volonté
sur les deux surfaces réfléchissantes, dont l'éclat était, de
plus, augmenté par le rapprochement. Enfln les miroirs
antiques sont généralement très petits. Le diamètre est
communément de 0°',15 à 0°',20, et assez souvent infé-
rieur au premier de ces chifl'res. Il y eut sans doute de
très grands miroirs"^, dont quelques-uns atteignaient la
taille humaine, mais, soit chez les particuliers^^, soit
même dans les temples^*, il ne semble y en avoir eu que
très peu. Le miroir légendaire de Démosthène ne devait
pas être de très grandes dimensions'^' et ceux dont se
servaient les barbiers'" et les peintres" étaient sans
doute dans le même cas.
SHtClLATOIl. l(.o.7<. msc. lai. II. ili: Ul, i;iS add, J013, 30il, 36IS, «5i,
7794, 8173, 9906. 13 719, U 1371. U 479: VU, 3358; VUI, 70i, 874«, 2751, 18
376: XIII, I73Î, 67;l, -ÎSSi. — 2 Ibid. Il, 4li2: III, 35i4, 4452, 14 479; XI. 393.
— 3/biil. III, 4803. Cf. von Domasicuski, dans les Bonn. Jakrbùcher, CXVII
(lOOK), p. 32.
SPECL'LCM. 1 Lucr. 4, 08 ; S<>n. QuaM. nal. 17 : Plin. 33, 45, 3. — 2 Eur. Hec.
92.5; Tro. 1107 ; Or. 1112. — SAIciplir. Ep. III. 60. — V Eur. El. 1071. PUil. de
and. (I. *2 B. — 5 pourdcs ctemplcs hisloriquesdc parois de pierres réfl^clrissanles,
V. Sucl. Domit. I»; cf. Plin. 3i}, lOC. — 6 Les analyses cilécs par Bliimner
{Technologie, IV, pi. n 17. 31-K. p. IS8.9) donnent 32 p. 100 pour un miroir de
l^ampanie, et de l'.ia2ii pour des miroirs de Turin, deCoire, de Mayence et de Bonn.
Tous les eicmplaires analys<-s sont mallieureusi-ment romains et de basse (époque.
— '• Le ternie de /ov».» dans Eur. Hec. 92r> , Tro. 1107-8, peut sonlendre d'un
miroir simplement dore. Ile mdme les reprf'scntations comme .Mon. d. Lincei, I, 954
ifrcsi|uc de Cumes), ne permettent pas de distinguer entre les dcui cal^orics
d'ohjets. Cf. Sen. (Junesl. nal. 1. 17 imiroirsen or et en argent, ciscU'-s et incrustés
de gemmes'. — » Le (crme est liomérique, mais on nen couuait pas le sens précis
et t^allimaque, en remployant à propos de miroirs (lavacr. Pull. 19;. na pciil-élre
toulu i|ue faire montre de son érudition. — 'Jplin. 33,43 ; 34, 160: Apul. Flor. 13.
— 10 V. infràp. 1427, 1429 et Bull. 1885, p. 180, Pompei {Kan). — " Bee. Arch.
1868, pi. xiii. - 12 Ant. Bosph.Cim. pi. mi. 7 (p. 82, éd. S. Reinach). — 13.àrcA.
Anzeiger, XX, 1905, p. 58 (miroir de Kelermes, Pliarmakowsky). — 1^ Arch.
An=. 1904, p. 24, 5. Berlin. — 1^ Gerhard, Elr. Spiegel, I, p. 83, n. 90. — 16 Plal.
rira. XXXII, p. 72, c. — '7 Voir plus loin et Arisloph. jVu6. 751-2. —i»Arch.Zeit.
1876, p. 39 (au British Muséum). — 19 Plin. 3i'., 193. Le leite est, à mi dire,
obscur et peut être discuté. — 20 /"roi/. 1, 132. — 21 Pauly-Wissona. 1,2, p. 1433-3,
Gercke. — 2" Ous Ulax un Allerliime, passim et II, p. 357-8. — 23 Berlhelol. Bev.
.'Scien!. 1897, II, p. 524-6; Archéologie et Uist. des sciences, 1906, p. 106.
— 2t Plin. 33, 130. — 2^ Alej. Aplirod. ProhI. I, 132. — 2» Voï. p. 1429.
— 37 Liste dans MicLon, Bull, du comité du trac. !iist. IW>, p. 231-250. Ajouter
Arch. An:eiger, XXI, 1906, p. 113-4 (Kertch) et Coll. de Clercq. III. 529,
p. 323, De Ridder. — 28 Ibid. 110. — 29 Ibid. 30-62. — 3« Jbid. 30-59.
— Jl Ibid. 11-2. — 32 Ibid. 13. - 33 Ihid. U-2B. — 34 Ibid. 28-9. — 3i Aris-
loph. A'ii*. 751-2: Mari. 9, 18. — 36 Luc. Adv. ind. 29. — 37 Sen. Quaest. nal.
1, 17. — 38 Paus. 7, 21, 5. — 39 yuinl. Il, 3, 68. — 40 Mari. 2, 66. — 41 Ibid.
9, 17.
SPE
— 1428
SPE
III. Les inii'dirs pouvaient èlre lix(''.s ou encasUt'S
(luns 11' mur' ; in;iis ceux que ron renconlre IVéqueaimenl
dans le champ des vases peints -
étaient simplement accrochés à un
clou et ne jouaient pas le rôle de
nos glaces modernes. De même la
psyciié parait avoir été inconnue
des Anciens ; seule une inlaille
d'époque romaine montre un coq
qui regarde son image dans un
disque h. bord dentelé et porté
par un pieu ^ Les miroirs à pied
étaient naturellement posés sur une
table, mais les miroirs à manche
ou à boite devaient être tenus en
main et c'est tout au plus si on les
appuyait* et si on les posait' sur
Fifr 6524 —Miroir ^^^ geuoux. Nous vojons souvcnt
iieioiicuc, (f,g 65^4), sur les monuments une
femme tenant d'une main un miroir et de l'autre se
coiffant'' ou se fardant". Ailleurs i fig. 6525), une amie
ou une esclave
présente' ou ap-
porte' un mi-
roir. Quant aux
femmes se mi-
ra n t simple-
ment'" ou tenant
à la main un mi-
roir ", les repré-
sentations en
sont innombra-
bles. Il va sans
dire que les dées-
ses, peut-être dès
l'époque mycénienne'-, s'en servent également, \piiro-
dite" en fait surtout usage et nous voyons souvent un
Kros " le lui tendre, mais liera ''s'en sert également,
ainsi qu'Artémis" et Alhèna'^ s'y regarde jouer de la
tlùte. Même les Néréides'* et les Sirènes'' en tiennent à
l'occasion. Les hommes et les dieux^", les hermaphro-
dites-' et Bacchus-- exceptés, en usent moins fréquem-
ment; s'ils les tiennent souvent en main sur les vases
peints -', c'est pour les apporter en cadeau ; ils n'ont guère
dû s'en servir que dans les boutiques des barbiers '".
IV. Les miroirs égyptiens n'ont pas à èlre étudiés
ici ; nous ne pouvons cependant nous dispenser d'en
iPaus. 8,37, 4. Dig. 34, i, 19,8. — ijourn.hell. stud. XIX, iSSC, pi. vi ; lliS'J,
fil. u; 'Es. Wn. 1S8G, |il. IV ; Vlurray, Designs of ijr. vases, pi. un. 31 ; pl.siv, 54:
H"/,,(ca(/i."aJ. pi. ni,A;iUon. «ot,U, pi. v;. 4 rcA./fei/. IS77. pi. vi ; 1880. pi. xi;
Ath. Mit. i'jno, p. 2117, Pig. - 3 Furlwitiiaier, Ant. Gemmun. pi. xi.v, 4'J. p. 220. Mi-
roir levé sur des poulies dans Vilruv. IX, 9 (8). — 4 Éi. cér. U, pi. i.xjxïi.i. — 5 'Es.
Ab,. 18'J9, p. 35 {,1. c. d'Krélriel ; FurUvaeugler, Coll. Sahouro/f, pi. i.xxvvii : Coll.
Lécur/er, I, pi. v. — 6 C. renrf. de Hl.-Pét. 1800. pi. v ; ISIil, pi. i ; ISGi, pi. i, 4 ;
1870, pi. VI, 24; UuU. Corr. hell., 1881, pi. ii, 5, p. 292 ; Mon. Piol, II, p. 174-5,
lig. 3. — 7 Bannieisler, III. p. I58.Î, fig. 11)41. — a Cierliard, Aut.Bildw. pi. xixiii. 5;
Jaltrbuch. 1888. pi. vin, 6. Exemples li-. 109, 3511 et autres de lous les leuips ; la
fig. Ii525 daprésun des conietsdu iv siècle ap. J.-C, liouvés à Rome sur rKsi|uiliu
Visconli.O/i.rarie, I, p. 218. — » Millin, II, pi. xxvii, xMir, \.\ii; El. cth: II, pi. xxiii.
.4, elc. —iDArch.Zeit. 1873, pi. xv, Uumonl-Cliaplaiii pi. xxu, 1 ; Allisch. Grahrel.
pi. xc — 1' Atlisch. tJrabrcl.pl. Xl.vill, t^T ; C. rend.de Sl-l'et.iS6i,\ll. n; Annati,
1843, pi. A. — 12 Anneau d'or cité plus lias, noie 40. — n Sacken, Ui: de Vienne,
pi. XXXV, 5 ; Wien. Vorlegebl. 1889, pi. ix. 6 ; .l/u«. Borb. VII, pi. xxiu; C. rend, de
Sl-Pét. 1870, pl.vi,2V, p. 215-C. — " i'(. cer. IV, pi. xix; Helbig, n'uiiA/tm. pi. xi,
'J67, B; C. rend, de St-Pél. 1870, 80-92, p. 102. — tô Arc/l. Zeit. 1844, pi. xvui,
p. 289; Augusl. De cie.Dei, C, 10. — H' Corp. ins. all.l\, 2,754. — '7 Annali, 1879,
pl.U.p. 24-38. — 18 3/0/1. IX, pl.xvvui.— Il» Ga:. arch. 1871'., pi. xxxv. — 20 Ucyde-
Fig. 6525. — Servante présentant i
montre une di-
dire un mtjt, ciir il n'est pas ihiutetix (lu'il l'aul chercher
en Egypte les antécédents des miroirs grecs -\ Sans doute,
les disques y sont tous légèrement ovales, mais ils se
rapprochent parfois de très près du cercle parfait'-*^ et on
en trouve de piriformes comme les exemplaires de Fales-
trina que nous étudierons plus loin. Le métal, cuivre,
bronze, argent ou or-', est le même qu'en Grèce et l'ar-
genture, comme la dorure '* sont connues Les types prin-
cipaux sont fixés di's le Moyen Empire -' et comprennent
toutes les variétés des miroirs à manches. La poignée se
termine par un chapiteau campaniforme'", par une Heur
à volutes retombantes'", par une tète d'Hathor'^ ou de
Bès", par un groupe de personnages divins'', par une
attache accostée d'animaux '\ par un Bès debout" et par
une femme nue, les mains au corps" ou l'un des bras
replié sur la poitrine". Les poignées sont en bois, en ivoire
ou en bronze, et les disques sont plats, convexes ou légè-
rement concaves '''. Pour en protéger le poli, on les enfer-
mait dans des étuis dont quelques-uns sont venus jus-
qu'à nous '•". Tous ces traits se retrouvent dans la suite
de celte étude.
V. Les miroirs étaient certain^ement connus à l'époque
mycénienne. On en a découvert, entre autres, à lalysos*',
à Mycènes '■-, h Vaphio ", à Menidi" et à Thoricos '■;
et une bague d'or, souvent menlioiim
vinité assise, qui
tient un miroir à
manche. Dans les
exemplaires con-
servés , le disque
de bronze est par-
faitement rond et a,
en moyenne, O'",lo
environ de dia-
mètre " ; un man-
che de bois, d'os ou
d'ivoire, fixé par
deux larges clous
à tète d'or '*, ser-
vait de poignée au
miroir. Deux inan- ^,.^ ^ ,.,^ _ j,^^^,^^, ^^ ,_^^^.^._. ,„y,^„i^„
cil es d'ivoire
(fig. 6526) ont été trouvés dans le dromos du tombeau
dit de « Clytemnestre », où a été découverte une sépul-
ture d'esclave ''■' ; un troisième, du même type, mais
qui n'appartient peut-être pas à un miroir, a été mis au
jour dans une tombe de Mycènes qui était creusée
manu, Vasens. 2047, p. 179, et Ibut.. .Santtinrjelo, 620, p. 775. —21 Arch. Zeit.
1843, pi. V. — 22 Aristopli. Thesm. I W. — a El. cér. IV, pi. xcv ; Millin, II, p. 57 ;
Jahrbuch, 1889, p. 35. Il va sans dire qu'il faul excepter les barbares : c'est ainsi que,
dans la Russie méridionale, un miroir aurait été trouvé avec des boucles d'oreilles
dans une tombe de guerrier, Journ. hell. stud. 1884, pi. xi.vi, 9, p. 68 (ii Oxford).
— 2'. Exemples cités plus haut et Luc. Adv. ind. 29. — 25 Mon. grecs. II, 19-20.
p. 5, Micbon. — 26 Bénédite.fnia;. du Caire, Miroirs, p. 4 ; cf. Wilkiusou, .Vunn.
and Customs, éd. de 1874, p. 340-7, p. 475-6. —'27 Ibid. p. 1, p. 11. — ^» Jbid.
p. 11 (5, 7). — 29 Jbid. p. 34. — 30 Jbid. p. 19 et pi. n, — 31 Jbid. p. 20, pi. ni,
pi. v-vi. — 32 Ibid. p. 22. pi. IX. — 33 /bid. pi. IV. — 34 !bid. pi. IV, 41018.
— 35 Jbid. p. 23, pi. vii-viil. — 30 Jbid. p. 24-5, pi. xii.. — '37 /bitl. pi. x-xii.
— 38 Ibid. pi. X, xui. — 311 Jbid. p. 6-8. — '0 Ibid. p. 29-32 ; Jiev. Arch. 1899, I,
p. 321-2, pi. IX, Maspero (XII' dynastie). — " Furtwa-ngler-Lieschcke, Myk. Vasen,
p. 11. _'.2Tsounlas-Maniitt. The Mycen.ran âge, p. 124; 'Eç. 'Afx»'»^- 'S^S,
p. 136-8, p. 143-4. p. 172, pi. viu, 3 el pi. ix, 2. — »3 Jbid. p. Ii5, p. 105 (tombe
d'hommel. — » Ibid. p. 146. — 4o Jbid. p. 385. — W Furtwœngler-Lœschcke,
Mykenische Vasen, p. 3. — " 0"',1I4, 0",128 et 0",145; 'E .. 'Af/.a.o'A. 1888,
/. /. Tsounlas. — « Isounlas, (. /. p. 187. Cf. 'E,. Ao/.a.o'A. ISSU, pl. ix, 2.
-4» Tsounlas, /. (. lig. 82-3, p. IS6-7 ; l'ern.l, Hist. de fart, VI, lig. 380-7,
p. 816.
Fig. 65*7. — Manclit
SPE
ilans le roc'. Le fi'il, ([iic strient parlViis des liandes
oliliquesà déeor conventionnel, imite le Ironr d'un pal-
iiiiei-etse termine à l'attaelie par deux volutes recourbées.
.\ rattaelie sont deux l'emmes alTrontées, figurées dans
les brandies de l'arbre ou poi'lées par le chapiteau, et
tenant des Meurs, des colombesel des
palmes. Klles sont vêtues de la robe
à volants mycénienne, mais sur
l'original, d'après M. Tsounlas, leurs
cheveux crépus et leurs visages aux
traits lourds, au nez épaté ^ et aux
lèvres épaisses décèlent une origine
asiati()ue.
VI. Les premiers miroirs grecs
que nous connaissions à l'époque
archaïque sont du type « argivo-
corinUiien ». Ce sont des miroirs à
manche. La poignée, munie d'une
attache de suspension, s'évase lé-
gèrement entre l'extrémité qui est
ronde et l'attache qui est sensible-
ment rectangulaire (fig. 6S27)'. Les
trois surfaces ménagées entre l'an-
neau et le disque sont décorées de
plaques au repoussé, d'inspiration
ionienne. Aux quatre exemplaires
relevés en 189G^ s'ajoutent deux
miroirs d'Athènes^ et un miroir de
Berlin". Un aigle volant, des coqs
et un Gorgoneion décorent le disque
inférieur ; une longue figure, imberbe ou barbue, se
profile sur la poignée proprement dite; des sphinx,
des lions ou une scène mythologique, comme la ren-
contre (le Priam et d'Achille, sont représentés sur la
plaque d'attache. Ces miroirs servent de transition pour
passer aux miroirs grecs archa'iques ou de style libre,
qu'on peut diviser en plusieurs catégories : les disques
portés par un pied, les exemplaires à manche, enfin les
miroirs à boite, dont plusieurs sont munis de reliefs et
dont quelques-uns, de plus, sont gravés.
VII. Les miroirs à pied ont le plus souvent pour
support une figurine féminine, parfois une statuette
masculine, assez rarement un motif architectonique.
M. Miclion comptait en 1803 cinquante-deux exemplaires
de la première catégorie ' ; sans prétendre à être complet
il fau<lrail aujourd'hui ajouter à la liste au moins vingt-
deux monuments: six à Athènes*, quatre à Boston^,
trois à Saint Pélerl)0urg"', deux au Brilish Muséum "et
à Berlin'-, un à Naples ", en .\ngleterre '*, à Munich'^, à
Chicago "' et à New-Vork '' . La femme n'est pas nécessai-
rement une Aphrodite, car elle est nue dans cinq exem-
plaires (lig. t)3jJ8) '* et vêtue, dans un bronze d'Kgine, d'un
court caleçon : on peut alors y voir une simple liiérodoule,
(|ui joue parfois des cymbales (fig. '■im'u. Les autres sta-
tuettes sont vêtues et leur costume montre toutes les va-
riétés de la mode féminine, depuis le milieu tlii vi' siècle,
I TsouDlas, /. /. p. 81, p. ISS: l'cnol. VI, fig, 38S, p. SI7. — 2 On sait c|ui-
ta Rritoiiiïi'lis Cretoise c^l, cite aussi, perctiêe dans tes branclii-s il un arlu-c. t'eul-
eirc peul-ou rappeter la ■ ilamc au sycomore » égyplienne. — ^ "Eo. àp^-
l»98, pt. vu. — ^ [le Kidder, /><• fctypis qiiibitsd. aeneis, i-i, p. 7-8. — 5 -Eo.
«?,. IS98, pi. vjr, p. lil-13C. — c Arch. Ànzeigcr, I90i, p. ïi, ), l'ernicc.
— ■ Duniont-Qiaptaiu, Céramiques, II, p. 249-254; l'olticr, Mvn. grecs. II, 19-20,
p. I-:î.>, Miciion. — * De Riddcr, /Ironz. Hoc. Arch. 879, pi. ui. 2 ; llronz. Acropole,
487, pi. vu; Ei. Aj).. 1893, p. I>19, pl.vii: Bail. corr. hell., XXIV, 1900, 7-8, (ig. 9,
Ii24 —
SPE
jusque vers l,i lin du V. C'est tanl('it le rhiton simple,
tantijt la tunique de lin pardessus larjuelle Ihimation est
jeté en écharpe, tantôt le di-
phoïdion ou l'hémidiphoïdion
ionien ou dorien, en toile ou
en laine (lig. 6:)2!» '\ La base,
qui aujourd'hui fait parfois
défaut, mais qui était né-
cessaire à l'équilibre, est le
plus souvent ronde et portée
par trois grilles de lion ou
par trois pieds de cheval :
elle peut être plate et cir-
culaire ou même carrée, sup-
portée par quatre pieds de
sphinx ou par quatre mon-
tants croisés, terminés par
des sabots de cheval. Un
animal, lion couché, gre.
nouille ou tortue, remplace à
l'occasion la plate-forme, et lig. 652s. _ picd de muoi.-.
deux animaux l'accostent, tels
que des lions et des chevaux ailés. La main droite est
souvent étendue
à plat, tandis que
la main gauche
relève la robe à la
lianche ; l'altri-
bul est, alors,
d'ordinaire une
colombe, mais,
parfois aussi, un
gland, une gre-
nade, un fruit,
une tleur, une
pomme de pin,
voire une sirène.
Ailleurs, la main
droite s'appuie
sur la hanche et
la gauclie porte
l'attribut ou se
plaque sous le
rabat de la lu-
nique. D'autres
fois, les deux
mains sont por-
tées en avant ou
relevées du mê-
me mouvement
vers la palmelte
ou vers le disque
métallique. En-
lin, trois fois
au moins, la déesse est
L'attache proprement dite, (
repri'sentée se coiffant.
'Ile qui relie la tête à la
m. p. 12 i: Slaïs, Guide Mus. mit. i' éil. 12449, p. 3:15, Janina. — 9 «e/tort de
l'.IDl, p. :K ; de 1904. p. 37-8,2; £(«/fe(in de 1905, p. 4« ; Calul. f'ormnn, p\.iu, 667.
— III Scliebeltw et Malml erg, Mater, arch. russe, pi. i-iu, p. 1-35, 1907 (Cliersnn-
nèsc). — Il Rull. Corr. hell.. 1898, pi. i. iu,p. 200 232, De Ri.lder.— «2 ^Irc/i. .4n;ei-
ger, i'M\, p. 23-V, 2-3, feiiiice. — I-i Collignon, //. de la scidpt. gr. I. fig. 2IS,
p. 423. — l'Cii(n/. Biir(inj/on m/ii6. 190t, pi. XLV, A. — 13 Christ, A"flArfr, 1901.
671, p. 02, pi. VI. — l'îFnrt%\aîngler, .'Veue /îenAfti.v/ei-, III,p. 2V5. — 17 perrol, H. de
'■or^lll,p *2.ng. r.2'1. -l8Sclieliekw,Op./. pl.[u. — i9.4rcA. ^ei/.187!l,pl. xii.
SPE
142c
SPE
surface mirante, est d'abord maladroite et brutale: elle
se transforme par la suite, et la transition est ménagée
par la courbe élégante d'une palmetle accostée de demi-
palmeltes ou de tiges fleuries. Pour remplir le vide
laissé au-dessus des épaules,
le plus souvent deux Eros
volent vers l'Aphrodite, mais
ils peuvent être remplacés
par deux Nikès, par deux
protomes de cheval ailé, par
lieux sphinx ou deux sirè-
nes, même par deux chiens
surmontés de deux lions dé-
vorant une proie (fig. 6o30j'.
Le disque est décoré sur la
tranche d'oves gravés et
d'appliques telles que fleu-
rons, rosaces, coqs, lièvres,
chiens, renards ou sphinx ;
en haut se dresse souvent un
sphinx, rarement une figu-
rine féminine, parfois un
_ „^„^^^ fleuron ou bien un ou deux
coqs. L'anneau qui se trouve
à cet endroit ne servait pas à suspendre le miroir, mais
simplement à faciliter le transport'-. — Les supports en
forme d'homme nu sont plus rares, mais quelques
beaux spécimens du v^ siècle ^ sont venus jusqu'à nous.
— Enfin des supports plus simples se composent de deux
liges flexibles entre-croisées ', d'un pied octogonal élargi
vers le bas avec une palmette à l'attache'', de ligetles
en bronze''', d'un fut en bois" ou d'une colonne que
surmontaient un sphinx accroupi et une riche palmette*.
VIII. Les miroirs à manciie sont de formes et de
natures très difl'érentes, et nous ne pouvons songer à en
distinguer toutes les variétés. La poignée est tantôt
soudée avec le disque et tantôt rapportée : dans ce der-
nier cas une soie, qui servait d'attache, entrait dans un
manchon de bois, d'os ou d'ivoire '', lequel a parfois été
conservé '". — L'exemplaire le plus ancien qui soit connu
n'est pas ou n'est guère plus récent que les miroirs « ar-
givo-corinthiens » : le manche, en forme de galette plate
et travaillée d'un seul C(')té ", représente (lig. t)531) une
femme de profil, le chiton gravé au tracé et serré par une
ceinture, le polos fendu pour insérer le disque; un anneau,
placé au-dessous, servait à suspendre le miroir. — Beau-
coup plus récents et au plus tôt de la lin du v'' siècle sont
un certain nombre d'exemplaires, généralement;'! manche
rapporté, dont l'attache se compose, outre les volutes et
les palmeltes ou les demi-palmettes classiques, d'une figu-
' Sr.licljclcw, ilatrriaux d'arch. russe, IU07, pi. i. — i! Liic cliaincllc
relie parfois le pourtour du disque au couvercle d'un lase à parfums, Micliou,
Mon. !,rccs. 11, lU-iO, fij;. p. 19, Louvre. — 3Ue Hidder, JJronz. Acropole. 704,
fig. m, p. il'}; Walters, fJronz. Dril. .Vus. iU, pi. m, |i. il ; an, pi. «v,, p. 71 ;
Furlwwngler, Coll. Somzèe, pi. xxxil, 2, 84, p. 55-9. — S E». 'A ?■/. 1884, pi. vi, 3.
— '■' Slackclberg, Grrber d. Uelleuen, pi. osrv, p. 47 ; Arch. Anz. 1898, p. 63, iO.
— 6 Mon. Grecs, II, ISÏll-i, p. li, Miclion (Brilisli Muséum). — '' /6W. au Louvre,
p. 11. .mm: 1039 (Antliédon). — » Ibid. p. M, MNC IC70 (tlermione). — s Corp.
Inscr. Ml. Il,i, 7."i4. — loTarbell, .4 jreeA/iaii'/-mi;Tor, 190i, pi. i, p. 3-4, Chicago ;
Jahrb. Insl. 1910. .4n;.p. 32, fig. 6. — H Mon. grecs, l. l. pi. ii, 2. p. 7-11 ; cf.
C.SmiUielA. HulloD, Co»ec(. Cook, pi. \x\\. — 1-2 Arc/i. Anz. 1904, p. 23; Slud-
niczka, Siegergottin, pi. ». — 13 C. r. de St-Péttrsbourg, 1809, p. 176 ; Jahrbucli,
m, 1888, p. 246, Maiion ; Coll. de Clercq,n\, 526-7, pi. riiu, 1, p. 321-2, De Ridder.
— H Arch. Anzeiger, 1890, p. 91 ; Tarbell, ;. (. ; [)e Kidder, llronz. Hoc. Arch. 134,
p. 34. — 'S fie Ridder, /. l. 132. — "> .Même type, peuWtrc ilaliole, Longpérier, Ur.
Louvre. 252 (Scylla). — ''^ .irch. Zeil. 1870, pi. xxxil au brilisli Mus., Locres.
— 18 Juhreshefte, Vil, I9U4, pi. ii, fig. 99. p. 203-S. Pollak, l'.ump^ : flo-m Vit
VIII.
de suspeni
rine ou dune prolome, qui se présentent, le plus souvent,
de face. C'est une Nikè'-, un Eros agenouillé '\ un
sphinx "ou un Gorgoneion '». — D'autres fois, surtout
semble-t-il en Sicile et dans la Grande-Grèce, un rec-
tangle ajouré s'intercale
entre le manche et le
bord du disque"', et les
sujets s'encadrent dans
un édicule, entre des
arbres oi| des piliers.
Aphrodite enlève Ado-
nis'" ou est accompagnée
d'Eros '% ce dernier est
figuré courant" ou éten
du -" ; un héros chas-
seur-', un Silèneassis-^
deux joueurs de mo^ra-^
une pleureuse voilée -''
rappellent, en un style
plus libre et avec un fond
découpé, les personnages
(les plaquettes ic argivo-
corinthiennes » ou même les femmes des miroirs mycé-
niens. Ailleurs, l'attache est formée d'un serpent qui
inord une feuille-^, d'une tige d'acanthe stylisée-", d'un
chapiteau à volutes ioniques "\ de deux coquilles reliées
|)ar des brandies souples, oii s'intercalent des tètes d'ani-
maux -", d'une simple palmetle -^ et môme d'une tige de fer
rapportée^". Les représentations de miroirs sur les vases
peints nous apprennent à cou naître d'autres formes encore,
dont souvent aucun exemplairi; n'est venu jusqu'à nous.
Nous voyons que le disque était encadré comme le sont au-
jourd'hui nos glaces à main ^' ; la bordure devait être en
bois et des clous l'ornaient de distance en distanice ^-. Des
bi'lières"ou des palmettes''' accostent la surface mirante,
et un fleuron^' se dresse le plus souvent au sommet.
Enfin les miroirs à manche étaient parfois gravés "^ ou
décorés de reliefs^' comme les miroirs à boite. Le fait
a dû être assez rare, car les Grecs, au contraire des
Etrusques, évitent toute surchage d'ornements inutiles ;
il suffisait, à leur sens, que la poignée seule fut décorée,
et ils paraissent avoir recherché le contraste que faisait
avec le manche la surface nue et brillante du disque
réfléchissant.
IX. Les miroirs à boite (Xo-isïov;''' se composent essen-
tiellement de deux pièces, un fond et un couvercle. Ce
dernier est, assez souvent, d'un diamètre un peu supérieur
et muni d'un rebord, de manière à pouvoir s'emboiter
sur le fond (fig. (w."J2) ". Une charnière, ainsi, n'était pas
nécessaire à l'union des deux pièces, bien i|ii'elle soit
1897. lig. 3, p. Il'i, Lucres. — l'J Itœm. Mit. 1897, lig. i, p. M.., Moiileleorie.
— 20 Ibid. fig. 5, p. 121, Calanc ; S. Ueinacli, Rép. III, p. 265, 2, Palermc ; Arcli.
Anz. XXI, 1900, p. 216. —21 S. Reinach, /. /. p. 35,5; Babclon-Blaiiclicl, Ilr. Uibl.
yal. 801, p. 345. — '22 /tœm. MU. 1897, p. 121. — 23 Bull. Mus. Boston, III, 6,
1905, p. 46. — 21 iVo(. (/. se. 1902, p. 215-7. e, fig. 1, Vizziiii, Orsi. - î-\)e Hidder.
Bronz. Soc. Arc. 133, p. 34. — 2ii Arch. Anz. XX, 1905, p. IC7, III. C. — 27 De
Ridder, /. (. 133; Arch. Anz. 1904. p. 102. — 28 Co/i. de Clercq, III, 52S, p. 322,
De Ridder. — 29 f.-.. 'Aj,. 1903, (ig. 8, 3, p. 174, Kolylon |.rés de Bassal.
— 30 .Irc/i. .4n;. XXIII, 1908, p. 169, 3. — 31 c. r. de SL-l'et. 186», pi. i,
p. 28. — 32 /.(. cér. IV, pi. vr, pi. xlii. — 33 Ibid. IV, pi. rxïxix. — 34 Uer-
hard, Ant. Bildu: pi. xxvn. i. — 35 Millin, Vas. p. Il, LVIl (FurUviraglcr,
Beschr. 3346, II, p. 937). — 36 Arch. Anz. 1904, p. 23, 4 (Berlin;, l'ernice.
— 37 Gaz. Arch. 1S78, p. 23, fig. 14! (lécyllie à figures rouges, rapplii|uc sans
doule argenWe). — 3» Arisloph. Nub. 749 sq , scol.; Poilus, X. 126. — 39 D'aulrcs
fois, c'est, au conlraire, le couvercle fiui s'encastre dans le rebord du fond. La
fig. 6532 reproduit une boite trouvée dans un tombeau d'Alljènes, d apns
Slackcllierg. Ortlher der Bellenen, 1. vu : lierljaid, Étriisk. Spiegel, pi. xx.
179
SPE
142t) —
SPE
souvent conservéeoii que sa présence ancienne puisseèlre
conslalée dans les exemplaires venus jusqu'à nous. Une
bélière, fixée d'ordinaire à lalranclic, servail à suspendre
les miroirs fermés et un autre anneau, placé à l'opposé de
la cliarnière. permettait de soulever le couvercle. Dans
les exemplaires communs la décoration extérieure se
composait de cercles concentriques sur les faces plates, et
d'un motif courant tel qu'une suite d'oves sur la tranciie.
\'n disque plat était parfois enfermé à l'intérieur de la
boite' : lorsqu'il faisait défaut, les parois internes du
fond et du couvercle, la première convexe et la seconde
concave, servaient de surface rétlécliissanle. Unedispo-
silion exceptionnelle peut être signalée dans deux
miroirs d'Érétrie (]ui ont double face et double couvercle ;
le diamètre en est alors inférieur à celui du disque de
support et un arrêt, formé d'une colombe mobile, assure
la fermeture -.
Un assez grand nombre de miroirs grecs à boite sont
décorés extérieurement de reliefs: ceux-ci, dans quelques
monuments tardifs et souvent suspects', sont coulés,
mais, dans la majorité des cas et dans tous les exemplaires
de beau style, ils sont exécutés au repoussé. Un support
intérieur qui pouvait être en plâtre ou en mastic, mais
qui le plus souvent, était eu plomb, protège et double
d'ordinaire 'la plaque métallique: comme la saillie est très
forte et que le noyau a cédé en certains points, il arrive
assez fréquemment que les reliefs soient mal conservés.
Kn I8!I4 j'ai relevé 8'J de ces miroirs '', auxquels s'ajoute-
raient aujoui'd liui une vingtaine ou une trentaine d'exem-
plaires, récemment acquis par les musées d'.\tliènes'', de
Berlin ', de Boston ", de Dresde ', de Genève '", de Kertcli '\
par le Louvre '-' et par le Britisii Muséum ". Laliste devrait
d'ailleurs être re visée avec soin, alin d'éliminer les doubles
emplois et les monuments ilalioles ou suspects; d'autres
reliefs sont bien antiques, mais ont été arbitrairement
I Voir la coupe de la (ig. 653i, couvercle île la lioilc >iJe, cl Col!, de Clercif, III,
335. p. .3ii. — -De Riddcr, Bronz. Soc. Arc. ICl-i.p. 45; £ = . «j,. 1893, pi. w.
— s Bronz. Soc. Arch. 163 p. i6. — * L'it support nesl pas nécessaire, lors'iue
la plac|ue esl très épaisse et s» suffil ainsi à clle-iueme. — i> Ibid. p. 4Î, S-s.
— ' J/OM. Piot, IV, 1897. p. 77-103, lig. 1-7, De Hiddir; Bull. eorr. Iielt. 1900,
p. 318-360. pi. i.|ii, 17, l'erdrizct ; Slaïs, Guid. iliu. .Vii(. i.lO-i, p. 37i-3. — ^ .\icli.
An:. I9UI, p. i3-», 3-6, l'ernice. - » lOid. 1897, p. 73 ; 1899, p. 137, Ï9-31 ; I9M.
p. 19i, 10-, 1906, p. lliî-l; Bull. Mut. III, 6 déc. I90j), p. 47: Americ. Journ. uf
attribués à des couvercles de miroirs et proviennent de
la retombée d'une anse d'Iiydrie, d'un garde-joue de
casque ou même d'une pièce d'harnachement. Ces
réserves faites, les sujets des emhlemalu sont extrême-
ment variés, quoique beaucoup se rattachent aux cycles
erotique ou dionysiaque. .Vplirodite chevauche le bouc ou
le cygne, est accompagnée d'Hermès, d'Adonis (lîg.:2!70i,
ou d'Kros, (lig. '217i) qu'elle lient sur ses genoux, auquel
aWv tend un masque ou qu'elle fait tirer de l'arc. Eros est
figuré seul ou avec un autre Eros, avec Psyché, avec
Nikè, ou avec Phèdre, qu'il dévoile. Dionysos s'appuie sur
Eros, sur un papposilène, sur un satyre ou sur une bac-
chante : il lutte contre un géant ou converse avec .\riane.
Les Ménades dansent seules ou par paires et, avec Pan et
les Silènes, complètent le cortège bachique. Les scènes
d'enlèvement, de Ganymède par l'aigle, d'Europe par le
taureau, d'Orithye par Borée, d'une nymphe par un Cen-
taure servent de pendant aux enlacements erotiques.
Héraclès lutte contre les serpents, contre le lion, avec
r.\mazone et parait avec les Hespérides et avec lole.
On voit plus rarement représentés Zeus, .\théna, Kybèle,
Thétis. la chasse de Calydon, Ulysse et le palladion, des
guerriers ou des femmes à cheval, voire de simples
éphèbes. Par contre, une lête seule, de face, de trois
quarts ou de profil occupe assez souvent le champ. La pro-
tome esl un masque d'.\lliéna, de Zeus Amnion, peut-être
d'Apollon, de Dionysos, de Monade ou d'Aphrodite. Une
très belle tête deCorintlie(fig.(Jo33iau Musée d'Athènes ''
ne le cède guère à l'Arétliuse d'Evainélos, quoiqu'elle soit
un peu plus récente. — La date de ces reliefs esl très
variable. Si, d'une manière générale, les miroirs à boile
succèdent aux miroirs à pied '°, on ne peut guère tracer
entre eux une ligne de démarcation, et il esl non moins
malaisé de dire quand finit la fabrication des miroirs
à relief; aussi les dates extrêmes de 450 et de 300'* avant
arch. .Xll, I9U», p. 377-8, lig. 9. — » Arch. .\nz. 1898, p. 63, il. — 10 /(er.
arch. 1909, I, lig. 4, p. i47. — " .\rch. Anz. I90i, p. 45. — 12 Bull, det antiq.
1900, p. 8, 48; I90i, p. 373, 27-8. — U Wallers, Bronz. Brit. Mut. 3ilOI,
pl. xxxii. p. 376-7 ; Arch. Anz. 1905 p. l'w, III, 5; 1907, p. 3S0. Bull. cu-r. hell.,
\\\\. 1909, p. 161, (ig. 14, Harsliall. — Il 'Es. A;/. 1893, p. 161, pl. ii,
Mvloiias. — ' ■ Ounionl-Chaplain. CéramiQuet, II, p. Ï43, Collier. — 16 Voy.
les rcman|ues de Furlwaengli'r, cl la comparaison avec les *ases grecs d'Italie,
Gricch. Vatenmalcici, II, p. li.
SPE
- 1427 —
SPE
notre ère ne peuvent être proposées <]iie sous les réserves
les plus expresses.
Il peut être intéressant de signaler en terminant quel-
ques miroirs en terre cuite qu'on a trouvés, non seule-
ment en Italie, mais dans la Grèce propre, à Corinthei,
à Myrina et à Thèbes- : il ne faut pas y voir les modèles,
mais, semble-t-il, rimilation et le surmoulage des exem-
plaires métalliques.
X. Le plus ancien miroir gravi' que je connaisse pour la
série greque a été découvert récemment à Kelermès, dans
un lumulus du Kouban. 11 est en argent et doublé d'une
feuille d'or qui a été pressée dans les creux. La décoration
est de style ionien, et l'ArtémisTtoTvta ô-ripwv y paraît à côté
de Silènes combattant des griffons, d'un lion terrassant
un taureau, de spliinx, de bouquetins, de béliers et de
sangliers'. Si l'on excepte le miroir à manche que nous
avons signalé plus haut*, tous les autres exemplaires
incisés sont des miroirs à boite, dont aucun ne parait anté-
rieur à l'extrême fin du v" siècle. La gravure se trouve
naturellement à l'intérieur et sur la paroi interne du cou-
vercle, qui, étant légèrement concave, ne servait qu'acces-
soirement de surface réfléchissante. La silhouette opaque,
à l'intérieur de laquelle de fines incisions venaient, comme
dans certaines peintures à figures rouges, indiquer les
détails intérieurs (fig. 6o3i)-', était, le plus souvent,
argentée et s'enlevait sur un fond d'or. Il n'est pas impos-
sible" qu'il faille appliquer à cette catégorie de miroirs le
motd'Élien parlanld'exemplaires dori's fabriqués à Corin-
the'; mais,noussommesaujoiird'iiui liorsd'étatde vérifier
ce point, tous les bronzes découverts à Corinthe ou qui
l'argenture et la dorure. Kn I8!t4 je n'ai guère relevé qu'une
vingtaine de ces monuments ', et la liste n'est pas aujour-
d'hui beaucoup plus longue, quoique quelques exem-
plaires aient été récemment acquis par les musées de
Berlin'', de Boston '", du Brilish Muséum " et duLouvre'-.
passent pour en provenir ayant été mis à jour dans des
fouilles clandestines. Les miroirs à boite gravés sont rares
et ont du sans doute l'êlre toujours, à cause de la délica-
tesse du travail et de la difficulté de bien fixer à la fois
' Arch. An:. 1808, p. ua, 15 (Musf'C de Dresde). — 2 lIAd. l'JO.i, p. 1G8, VI, 2
(Brilisli Muséum). Pollicrel Reioich, Nécrop. de Myrina, f.ïii. — i Arch. An:. XX,
1903, p. 58, Hliarmakowsky ; Radel, h'ijbebé, fig. iii, f .iU-l. ■- i Arch. An:. 1904,
p. 23, i (à Berlin). — ^ Four le rendu des ombres par les hacliiires, voir les observa-
lions i|ue j'ai présenlées dans Bull. corr. hell. l.sM, pi. u, p. 3l7-32i, à propos du
miroir du Brilish Muséum ici rcproduil. —6 Bron:. Soc. Arch. p. 4i. —^ H. Vur.
\i, 58. — « Uron:. .foc. Arch p. 41, 3. — 9 Ar
An:. 18911, p. 157,311.-
. 1904, p. 34, 5. — lejiT/i.
I> Ibid. 1903, i09; 1904, 213. _ liOull. des antiq. 1900,
Fig. 6535. — Korinlli
Le répertoire du bronzier graveur est à peu près le même
que celui du modeleur en relief. Il comprend Aphrodite,
nue et au bain, ou qui se joue avec Pan ou avec Eros,
un symplegma erotique, un hermaphrodite tenant une
torche, Eros ou un génie analogue au dieu, chevauchant
un dauphin, s'accompagnant d'une Ménade, couronnant
un iiermès, apportant des objets de toilette, tenant un coq
de combat (tig. 381), des Ménades dansant seules ou par
deux, une Nikè conduisant un ([uadrige, Aliiéna tenant
la lance et le bouclier ; enfin, sur un très beau miroir du
Louvre, la personnification de Leucade couronnant le
majestueux Korinthos (fig. 0535)". L'on peut encore
signaler un griffon passant, une tête de profil et des orne-
ments géométriques, tels qu'une rosace ou une étoile.
XI. Les miroirs étrusques'* se divisent, comme les
grecs, en miroirs à boîte, à pied et à manche, mais ces
derniers sont de beaucoup les plus nombreux. De même
les exemplaires gravés sont infiniment plus abondants
que les miroirs à reliefs, dont on ne connaît au plus qu'une
centaine''', alors que les disques incisés se montent
aujourd'hui à près de deux milliers. Les miroirs à
boîte n'ontrien de particulier, ni qui les dislingue essen-
tiellement des grecs, sauf qu'il y en eut des carrés"^ en
même temps que des ronds. La plupart des exemplaires
à reliefs que nous avons cités plus haut sont des cou-
vercles de miroirs à boîte, mais quelques-uns, par
exception, sont munis d'un manche". Certains pieds
de miroirs imitent les modèles archaïques grecs'*, avec
lions ou sphinx sur les épaules et avec sphinx, fruit ou
p. s, 59. — ■:! Dumoul-Cliaplain, 11, pi. xxxi. — 1' Gerhard, Elruakische Spiegel,
l-iv'. 1843-1867;t. V, par Klugmann cl Knrle, 1884-1897. — 15 II suffira de cilerquel-
ques exemplaires, Gerhard, I. I. pi. coïi.l-ccii.iii; Wallers, Bran:. Bril. Mus. 342,
pi. xvui, 720-738, p. 125-8 ; Schumacher, «roii:. A'ar(.«ru/i«, 253-i, p. 41-2 ; Babelon-
V,\mche\, Bron:. BM. Nat. 1350, p. 555 ; A'o(. Jl/ us. flai«(cm (Isst), 1282, p. 374;
Martha, Lart étrusque, p. 544-5, lig. 372-3. Plusieurs spécimens au musée du Louvre.
— 10 Marliia (. /. fig. 153, p. 199. — 1^ Monum. III, pi. xxui; Wallers, l. l. 542,
pi. xvui, p. 73. - 1» Gerhard, l. L pi. ccxi.in, A, II, p. 240 ; Walters, /. l. 548-332, p. 77.
SPE
1128 —
SPE
rolonibc dans la main ilroite étendue, tandis que la main
gauche relève à la hanche l'élotre du vêtement. Mais
d'autres « Aphrodites ", plus récentes, ont les seins
nus» ou le corps entièrement dévoilé-, et certains
supports sont virils, que l'homme lève les deux mains ou
c|ii"il dresse simplement le bras droit comme s'il lançait
le javelot '. — Les miroirs à manche, les plus nombreux
de beaucoup, se divisent chronologiquement en deux
séries : ceux dont le disque est rond et ceux où il s'allonge
en formi» de poire. Les derniers ont été trouvés surtout
à l'alestrine' et il n'est pas impossible '■ qu'ils y aient
été fabriqués. On peut, sous toutes réserves, les attribuer
au m' et 11' siècle avant notre ère, tandis que les pre-
miers sont antérieurs. Les manches sont, ou bien
fondus avec le disque réiléchissant, ou rapportés : dans
ce dernier cas la soie qui formait la partie inférieure du
miroir s'encastrait dans une poignée de bois, d'os ou
d'ivoire, laquelle a parfois été conservée °. Les figurines
servant de manche sont assez rares, mais sont plus nom-
breuses que les statuettes en forme de pieds. Les " Aphro-
dites '• sont vêtues'', demi-nues* ou dévoilées'. Assez
souvent elles se mirent '" et soutiennent le disque de
l'une" des mains ou des deux bras également levés'"'.
D'autres fois, elle tiennent une colombe'^ ou un vase à
parfum". L'éphèbe nu les remplace comme pour les
miroirs à pied' '. Les manches fondus avec le disque se
terminent plus simplement par des têtes de bélier, de
ciiien, de mulet ou de biche: certains sont formés de
serpents enlacés " : d'autres n'ont qu'un décor pure-
ment géométrii|ue. L'attache, indniinent variée '', se com-
pose géiiéralemenl d'un lleuron, d'une feuille d'acanthe ou
d'une palmette, mais parfois aussi d'une tête humaine ou
d'une prolome de cygne ou de dauphin. Quand le disque
était ovale et qu'il était n('cessairederelier à la poignée le
motif du champ principal, le segment de forme irrégu-
lière qui sert alors de transition est orné au Irait des
motifs les plus variés, tels qu'une étoile, un dauphin, un
sphinx, des animaux divers, ou tels que Dionysos.
Héraclès, les Lases, les fiorgones, des êtres fantastiques,
des ligures ailées, des Muses, des Moires et <les Nikés'*.
— La face du miroir qui était décorée au trait était le
revers, donc la face concave ; les Étrusques, comme les
Grecs, regardant leur image du côté convexe de manière
h l'agrandir. .Nous ne pouvons songer à donner ici une
idi'e même abrégée des sujets qu'ont traités les graveurs '";
il suftira de noter que lous ou presque tous les motifs
sont grecs. Les sujets nationaux, tels la légende de Celés
Vibenna-" ou celle de la louve allaitant les jumeaux
devant le dieu palatin et devant Rhea Silvia-', même,
chose plus surprenante, les divinités indigènes, sauf
<|uelques dieux falisques--, n'apparaissent qu'à litre
exceptionnel. On en comprendra facilement la raison si
Ion réllécliit à ce qu'ont pu être les modèles dont se sont
servis les loreuticiens. Il est douteux qu'ils aient jamais
eu des cahiers de calques, comme ou l'a cru et comme
I W.illiTç. (. /. .îiT, p. 7li-7. — 2 /4„/. 739, p. liS. liappioclicr l.nngpcricr,
/Iron:. Liiiiire. Ii7. — 3 lùid. 533, p. 78. — i .Vof. d. scavi, 1007, fig. 18-;:l,
p. »7'.i-18l, Vasiipri, — ^' IU«itïc8 dam Marllia. ;. /. p. 535. — C Schumacher, /.
/. 1114, pi. viii.V. p. li:(;crhard. (. /. I, pi. xtiii, I. —7 (;crhard, (. Ml, pi. cxxxviii,
p. 1 — » lialichin-Hlaiicliel, /. /. l-iiC. p. 334-5. — » .Micali, JUon. in. pi. xxjï, 'i.
— lu AJiis. Gicij. I. pi. uxi, I. — 1' Gerhard, II, pi. cvxxviii. — 12 S. liciiiach, lli^p.
II. p. 330. ». — 13ricrliard, IV. pl..;ci;v»\. —l'-lbid. I,pl. cxvu, p. 118. — \- .1 „„.
,/.«». II. 10-20, p. iS. - Ifi (icrhard. I, pi. m., 3. — 11 Mi,( I, pi. xxvii-xiix, p. 113-.
— 1» /'./</. I. |.l. xMiii-xxix, — l'J V.i-^uml- .laus M.iHlia, /. /. p. ïli-;>55. - M a,i/.
tendrait à le faire penser la présence simultanée de
reproductions directes et inversées '^^ Il est plus simple
de supposer^'' que les graveurs ont imité les vases peints,
qu'ils fussent ioniens et atliques ou campaniens et ita-
liotes. Ces derniers ont évidemment servi de modèles aux
miroirs de Palestrine, tandis que les premiers ont inspiré
les exemplaires archaïques et de beau style'-'. Si la très
grande majorité de ces gravures sont médiocres et
témoignent de méprises ou d'une incurie trop évidentes,
il y en a quelques-unes dont la composition est originale,
et d'autres, d'un dessin très sur, qui ne le cèdent guère
aux miroirs grecs incisés. Kien ne nous autorise à croire
«lue le graveur auquel nous devons le beau miroir de Dio-
nysos et de Sémélé (lig. liSS)-" ait été nécessairement un
(jrec expatrié, mais il n'est pas douteux qu'il s'est inspiré
d'un modèle grec et qu'il a su, jusqu'à un certain point,
en retrouver l'esprit. Il reste à dater ces miroirs ou à
chercher, tout au moins, quand a pu en commencer la
fabrication, laquelle, comme nous l'avons vu, s'est con-
tinuée 1res tard, peut-être jusqu'au ii' siècle avant noire
ère. M. Marlha pensait qu'aucun miroir étrusque n'esl
antérieur au m'' siècle-" ; j'estime, avec M. KiJrle-', que
certains exemplaires archaïques (lig. 6536) ■-', évidemment
copiés sur des peintures grecques ioniennes ou de style
sévère, ne peuvent être postérieurs aux dernières
années du vr siècle.
XII. Les miroirs romains procèdent des grecs et
des étrusques, dont ils reprodiiisi'iil les dispositions
- 21 Annali. 1870, p. 3S ; JJon. XI, pi. ni (Bol-
Kli'iisker, p. 7iiC, KSrlc. — 23 Marllia, /. /. p. 330.
\''i; Fiirtwacnglor, /. c, — 2o La distinction est
sur le ii.iroir de la collection Tyskiewicz
cepcndiint étrusque. — 26 (ierhard. /. /. I.
■r, Eh
lellino, 181,8, p. ilC (Boiscn
senc). - 22 l'auly-Wissowa, •
— 21 Pauly.Wissowa, (. /. p
«luelquefois iliriicile à faire
(l'rœhner, pi. iv), ipie je
pi. I xxxui. — 27 l,. t. p. 555 : cf. Schumacher, Eine in'œnest. Ciste, HeidellH
IS05, p. 18 s(|. — 28 /,. /. p. 7UI-i. — 2'J II suflira de citer le miroir de l.nynes au
Cahini't des Médailles Ibalielou-Blaucliel, I3U0, p. 517. noire lig. C33G,) et deux
miroirs ilii Bnlisli Muséum .\V;,ll,.is. /. (. 54i-3. pi. xvu-xvni, p. 73).
•>PE
— 1429 —
SPK
c.ssonlielles, sauf dos moditicalions de détail'. Les
formes communes, telles que les boîtes à décor géomé-
Iriqiie et les disques unis, qui ne méritent pas d'être au-
trement mentionnés, ne cossèrentjamais d'être en usage.
Il faut seulement signaler une prédilection, générale à
l'époque romaine, pour les mi-
roirs rectangulaires ou carrés
avec ou sans manche, dont nous
avons déjà constaté la présence
chez i(!S Étrusques; aux environs
de l'ère chrétienne, on les re-
trouve aussi bien en Asie-Mi-
neure - et à Carthage ' qu'en
Italie (fig. 6537) 'et dans tout le
monde antique ". A coté de
ces exemplaires de fabrication
courante, les miroirs de luxe re-
çoivent un support ou un manche,
de forme plus ou moins compli-
quée. Les supports en forme de
figurines reparaissent à Pompéi"
comme en Syrie''; seulement les
statuettes sont naturellement de
travail libre, que les éplièbes lèvent les deux bras ou
r|ue l'une des mains soutienne le disque, tandis que
l'autre se pose sur la hanche, du côté de la jambe
d'appui. — Les scènes gravées disparaissent dans les
miroirs ù manche *, et les cercles concentriques sont à peu
près le seul ornement de la partie médiane. En revanche,
le pourtour est, assez fréquemment, percé de trous qui se
suivent en série régulière'; il est probable que les
femmes y piquaient, comme dans une pelote, les aiguilles
dont elles se servaient pour leur toilette. Le bord
même, parfois uni '", est souvent découpé : les dents,
séparées par des courbes concaves, sonttantAt mousses"
ou arrondies comme des boules'-, tantôt formées d'une
double volute '■' et pareilles à des fleurons'*. La disposi-
tion n'est d'ailleurs pas nouvelle, et M. Héron de Villefosse
remarque avec raison"' que nous la retrouvons sur des
peintures de vases exécutées dans l'Italie Méridionale. —
Les miroirs d'argent, s'il fallait en croire Pline '", auraient
remplacé vers l'époque de Pompée, c'est-à-dire dans la
première moitié' du V' siècle avant notre ère, les miroirs
de bronze fabriqués à Krindes, grande ville industrielle
où il y avait beaucou]) <le bronziers, d'où le nom que
porte, aujourd'hui encore, l'alliage de cuivre et d'étain.
Pasitélès, le sculpteur et le loreuticien célèbre, aurait été
le premierà en ciseler et ils seraientdevenus si communs
que les servantes mêmes en auraient possédé '\ Il faut
faire ici sa part à la rhétorique déclamatoire de l'c-poque
impériale. Les miroirs de bi'onze ne cessèrent jamais
d'être en usage et les miroirs d'argent étaient connus.
t Cour k*5 miroirs magi(|ucs ou coinposiles, cf. Lucr. Dts nul. d. IV, :w.i ; Sen.
Q<i:ral. nal. I, IS, 1» ; I, 16, i. I, 17. — 2 /jev. Arcli. \mi, il. p. \i..i. — i lier.
Arch. 1808, 11, p. iU. — ^Not.d. scavi. Iti99, p. Uï : Mon. l'iut, V, p. 188.5
largcnl); Anliiiuariuimlc' Munich, 'J17-!l ; .t/us. BorO. IX, pi. xiv, 5. La lig. 0537
rt^produit un miroir trouvé dans un tomijeau clirélien, d'après BoldeUi, Osservaz.
sopra i cenwtericrist. di itoma, 1721, p. 501. — âCaylus, /fec. d'tint. VI, pi. cxxviit,
5, p. 39. — 6 Mau-Kclscy, Pompiii, p. 372, fig. 206 a. — '< Balielon-Blanclict,
Uron:. DM. Nal. 1358, p. 556. — » .\Uaclii! avec une 16le de Silène, Mus. Borb.
IX, pi. XIV, 2. — SGusman, l'ompiH, p. 315, fig.; Mon. Piot, V, p. 191, 5; miroir
du musée Calvcl cilé par 11. de Villilosse, Pio A lesia, I, 9. 1907, p. (> du lir. — "> Ibid.
— Il Ibid. p. 23, fig. — l'i Miroir de Boscorcale, Mon. Piot, V, pi. xii ; Jbid.
fig. VJ,p. 189. — laCaylus, Bec. dant. V, pi. i.xii (Naples) ; /"ra 4(<;jî.(, 1, 9, 1907,
pi. iix, ng.î7-8, H. de Villefosse. — n Bull, des anti,/. de /■rance, 1907, p. 202-.?,
nous l'avons vu, bien avant Pasitélès": l'innovation,
qu'on relève à la gloire de l'artiste, a pu consister dans un
cadrerichement travaillé dont il aurait entouré le disque,
ou dans les emblemata, semblables à ceux qu'on a
découverts à Boscoreale, dont il aurait orné le revers de
la face rédéchissante. Tout au plus peut-on admettre
que, les progrès du luxe aidant, les miroirs d'argent
furent relativement plus nombreux'» par rapport aux
exemplaires de bronze. Mais ils restèrent toujours assez
rares. De fait, on en a découvert très peu, et M. de Vil-
lefosse, en dehors des deux miroirs de Boscoreale-", n'en
trouvait que dix à citer en 1899-', dont un à Athènes et
huit au musée de Naples. Le manche se compose soit
d'un simple balustre '--, soit d'une massue, accom-
pagnée", ou non, de la peau de lion, soit de deux tiges
de saule élégamment entrelacées". L'attache est formée
d'un fleuron" ou d'une feuille entre deux chénisques-^
Le disque est, le plus souvent, découpé sur le pourtour
comme nous l'avons indiqué plus haut; au revers, l'em-
blèma, qui est conservé dans trois exemplaires, montre
un Eros -\ un buste de Bacchante -" ou le cygne de Léda '-'.
— Parmi les miroirs à boîte d'époque romaine, l'on peut
citer les miroirs <• monétaires ■>, dont le couvercle est
orné d'un relief surnioulé sur une monnaie impériale.
La mode s'en est surtout répandue à l'époque de Néron,
car on ne connaît pas moins d'une douzaine de miroirs
que décore la reproduction d'un grand ou d'un moyen
bronze de cet empereur^". L'un d'eux a récemment été
découvert près de Corinthe, sur la route du Lechœon^'.
.le signalerai de même un couvercle de miroir en
argent au musée d'Athènes, qui est orné d'incrustations
d'or d'époque tardive, mais d'un curieux travail. Le
centre est décoré de motifs floraux, tandis que le
pourtour est divisé en tableaux séparés représentant
les travaux d'Héraclès^^ Un
autre disque, venant d'Héraclée
et conservé au même endroit,
est orné des signes du zodia-
que ^^. — En terminant, je revien-
drai sur les petits miroirs de
plomb doublés de verre, qui, eux
non plus, n'apparaissent pas
avant l'époque impériale". La
forme en est très variée et la dé-
coration souvent très riche. Je
signalerai particulièrement un
exemplaire (flg. (5338) découvert
àAntinoé'*^. Une couronne, bor-
dée de petites roses saillantes et
décorée de deux filets perlés,
entoure le disque'"' ; en haut, l'anneau de suspension est
relié au pourtour par deux contreforts obliques" ; en
p. 203. — I" Mon. Piut, V, p. 191. — 16 flin. XXXIll, 45. — I' Id. XXXIV, 48 ;
Chrysosl. .S>™. XVII, p. 124. — I» Pour Rome même, cf. le texte curieux de Piaule,
Most. I, 3, 111. — '^ Miroirs à épaisse couche d'argent dans Vilr. VU, 3. 0.
— iO .170/1. Piot, V, pi. xix-xx, p. 88-92, p. 18G-19*. — 'il Ibid. p. 188. — 22 /bid.
pi. XX et fig. 46, H. 189. — « Jliid. fig. 45, p. 188. — 21 Jbid. p. 189. — '2^ Jbid.
pi. XIX et lig. 47, p. 193. — 20 Jbid. (ig. 46, p. 1X9. — 27 JbiJ. pi. XX. — 2S Ibid.
fig. 46, p. 189. — 2« Jbid. pi. XIX. — ■■>» Jbid. pi. xx. — 31 MonIfaucOM, Ant. expl.
Suppl. III. p. 55, pi. XXI bis; Sonner Jtthrb. LXXI.p. 117; Krœhner, fo//. Gréau,
611, p. 124; Ann. Sac. Numism. XIII, 1889, p. 398-402; Bahelon-Blanchet, Bronz.
Bibl. Nal. 1360-2, p. 556-7. Un exemplaire au Louvre. —32 Am. J. Arclt. 1902,
4, Scais. — 33 Sta'is, Guide .Mus. .\at. 7484, p. 3i2. — 31 |)e Uidiler, Bron:. Soc.
Arcb. 171, p. 48. — 3i Bull. arch. 1909. p 231-2511, fig. 1-0, Jlirhoii. — .''■ Ibid.
fig. 1, p. 10. — ''■ Jbid. p. 14-7, fig. fi.
Fig.
SPE
I'i30
SPE
b.-is une queue dallaflie de forme trapézoïdale. Au
revers de ces disques se lit souvent une inscription si-
giiilicative telle que -î] /«pu; Eiat ou t-7| xaX?, to owùo-j^.
A. nK. RuioEB.
SPKCns [AQi-Ai-nrcTis, p. 3 '(()].
SI'KLAEUM [miïiiha, p. itWl.
SI'KS ( 'K/.:ti,-). — L'espérance est ou une illusion
vaine ou une conviction fondée sur rexp('rience qu'au
delà d'un malheur présent il existe des compensations
heureuses dans l'aviMiir : noti, si maie niinr. sic et olim
erin. Sous cette douhle forme, dont les aspects ne sont
pas forcément contradictoires, ce sentiment a revêtu, de
très bonne heure, dans l'esprit des Grecs et dans celui
des Romains, les contours précis d'une personnification.
Chez. Hésiode, l'Kspérance est, avec tous les fléaux des-
tinés au châtiment de la race humaine, au fond de la
jarre de Pandore; et elle va s'en échapper la dernière,
lorsque la femme fatale se dépêche de replacer le cou-
vercle'-. Dans la pensée du poète, l'Espérance, ainsi
retenue, n'est pas un mal au sens exact du mot, puisque
même l'illusion trompeuse devient pour l'homme une
consolation'. La personnification, indécise en vertu de
son origine mythique, ne sortira jamais chez les Grecs
du domaine de la poésie pour entrer dans celui de la foi
populaire ; et en vertu de celte même origine, elle restera
surtout une puissance mauvaise, cause d'erreur et de
soulFrance, sans se refuser pour cela à représenter aussi
une influence bienfaisante à l'occasion.
Ainsi l'ont comprise Pindare et Kschyle, puis à leur
suite Tliéognis et Euripide : ils l'appellent un rêve
éveillé, une suggestion importune, aveugle, lui donnent
pour compagnon le danger et la considèrent, au même
litre, comme un daemon funeste à l'humanité*. Tantôt
elle est la plus fâcheuse cause d'erreur, puisqu'elle
exalte les âmes pour les jeter dans la présomption ; une
tentatrice séduisante qui fait à l'homme les yeux doux,
mais dont le charme est celui lïune Aphrodile de
malheur^. Tantôt, au contraire, elle est par les mêmes
bénie comme une force salutaire, comme la joie dernière
de l'homme qu'accable le malheur. Tliéognis qui l'a mau-
dite par endroits, dit ailleurs qu'elle est la seule divinité
favorable restée parmi les mortels, alors que les autres
ont quitté la terre pour l'Olympe " : « Aussi longtemps que
lu vivras et verras la lumière du soleil en vénérant les
dieux, attache-toi à l'Espérance et fais-lui les premiers
et aussi les derniers sacrifices ' ». « Demain sera meilleur
qu'aujourd'hui, dira un autre; l'Espérance réside parmi
les vivants, seuls les morts sont sans l'Espérance*. »
Malgré la vivacité de ces peintures et de ces invocations
chez les poètes, cette personnification d'idée morale n'a
f Arch. Anz. .\XI, 1900, p. 113-t (Punlicaptc). — BiiiMociur-Hcn. GerharJ,
EliuskischeSpiegcl, 1-IV, 1S43-1SG7 ; l. V. par Kliigmaim et Kôrle, 1881-1897; De
Willc, (es Miroirschtz les Anciens (Acad. îles Sciences de Belgique, Ami. XXVIll,
i' sl-r'ie, l. VIII); Mjlonas, 'E >.)i>, v i. a .«lonTfa, 1876; DiimoiilCIiaplain, Ce-
ramigues de la Grèce propre, 11, p. 1C7 -ait el p. 242-8, pi. xxxi-v (Potlicr) ;
Monuments grecs. 11, 19-20, 1891-2, p. 1-35, pi. xi, (Miclion).
SI'KS. I llor. Od. Il, 10, 17 ; cf. Tlieocr. i, 41 s(|. — 2 Op. et d. 42 sq. ; cf. Theoi/.
570 s»|. Schœmann. p. 212, el récemment P. Uirartl, /tei\ Etud. grecq. 1909, p. 218 ;
WalU, lliid. 1910, p. 49. — ^ V. Wtizsaecker, chez Rosclier, Ausf. Lexikon, d.
MylM. III. 1, p. 1322 (l'andora); pnouFTHurs, p. i;81.— l Pind. Nem. XI, 45 ;
1.1. ap. Sloh. lit, 12; Aescli. Prom. 250; Tlieog. i)37 ; cf. .Simon. Aniorg. I, 4-7;
Simon. Ceos I. 85, 5-7; Preller, Griecli. Slylh. 3' <^dit. I, p. 77 et Naegelsbacli,
Nachhum. Theol. p. 383. — /• Eiirip. Suppl. 379 sq. ; Phoen. 399 sq. : 'a.boS.'tiiv t.v'
«,Jtr.« .«.I.. Cf. Thucyd. 11. 62, 5 ; V, 103. —6 Theogn. 1135, 115.3; Pindare,
isthm. Vill, Iti, croil ti^cessaire, dans ce cas, de qualilier l'espérance : &r<^OâLv
î'miS'i.Sf'. iâi>.ti.. Cf. Anlipli. li, 5 ; Kurip. Troad. 683 ; llerc. far. 105. — 7 Theogn.
loc. cit. — » Theocr. 4,;4I . — 9 Pour les temples de Spes à Home, v. Becker, Topogr.
laissi» de traces nulle part, ni dans les cérémonies du
culte ni dans les productions de l'art religieux eu Grèce.
Il en fut autrement à Rome où elle semble avoir eu des
sanctuaires et suscité des hommages dès les premiers
temps de la République '. L'apogée de sa faveur date des
guerres Puniques, avec un regain de popularité reli-
gieuse sous l'Empire au i"'' siècle. Moins subtil que celui
des Grecs, l'esprit latin n'a pas raffiné beaucoup l'idée
d'espérance. Aussi la dualité de physionomie que nous
avons constatée chez les premiers est-elle moins accen-
tuée. Un poète de VAiit/io/of/ie, qui a écrit l'invocation la
plus complète s'adressant à celte divinité, l'implore, il
est vrai, en des termes que ne désavoueraient ni Tliéognis
ni Euripide : Spes fallnx, Spes dii/re maluin '" ; mais il est
évident que lui et d'autres encore s'inspirent de modèles
helléniques. A Rome, Spes est surtout connue sous le
vocable de Bonn, ce qui supposait que, tout au moins
par la pensée, on admettait qu'elle pût être le con-
traire ". Il y avait de même une Mala Fm-tuna, concep-
tion que Cicéron repousse, ainsi que celle des divinités
Hijbris {Contumelia) et Febris'^. La Bona Spes se
retrouve sur des monnaies de l'Empire : elle était le
numen qu'on invoquait pour que l'objet convoité devint
réalité. A ce point de vue, elle avait avec Forlunn des
rapports de nature et de circonstances ; et elle est associée
aussi, le cas échéant, avec Salus, Victoria, Opis, Vivtus,
Juventas'\ L'importance qu'elle avait dans la vie agri-
cole a fait supposer que Spes élail d'origine et de nature
champêtres. A part deux textes de Tibulle qui, par eux-
mêmes, ne prouvent rien '*, tous les autres lui prêtent
une signification très générale. Invoquée aux anniver-
saires de naissance, à l'occasion des mariages et des
prises de loge virile, elle est apparentée surtout à For-
tunn"^. Une image de Spes était vénérée au temple de
la Fortune à Préneste ; Horace la donne pour compagne,
avec Fides, à la Fortune d'Antium, ce que fait aussi un
distique daté de l'an 06 apr. J.-C. et gravé sur une tuile
au nom de Julia Concordia "^. Le sanctuaire du Meus
Loiigiis semble avoir été sous le vocable de Bonae Spei
déterminant Fortiina '". Il existe sur des pierres tom-
bales et ailleurs une exclamation de désenchantement
pour ceux qui ont tout perdu, même l'Espérance : Spes
et Fortuna vnlete 1 'EXirtç xai <7Û, Tû/T|, [iéya /aipsTs '".
Il est assez difficile de s'orienter parmi les renseigne-
ments que nous possédons sur la topographie el la chro-
nologie des temples voués à Rome en l'honneur de Spes,
Le plus ancien parait avoir été celui qui s'élevait devant
la porte Carmentale, les uns disent à S stades de la
ville, sur un emplacement resté inconnu, les autres sur
le Forum (llilorium qui élail hors de l'enceinte aux
p. G09 : Preller, Hegionen, p. 13 et 39 ; Jordan, Tupogr. II. 23-37. I.a .Vu/i(ia parle
d'une area Spei pour la 1 " région ; d'un lucus Sp. dans la 3' ; d'une aedicula Sp. dans
la 4' et la 6* : dans la 8', il y avait un Temptum Novnm Sp. el un vicus .Sp. majoris.
— Il) 1.0 morceau s'inspire de Tibulle (II, 6, 19 ; cf. infr.) pour la forme, mais est
singuliôreraeut plus môle d'idée. V. Anlfiol. latina de Riese, n» 415 ; cf. Burmann,
id. III. 82 ; Meyer, id. 932. — " V. Wissowa, /leligioii und Kultus, p. 273, noie 7 ; de
même Mens el Bvna Mens, Bona Valetudo, Bona Spes sur les monnaies, chez
Eckhel, Doclr. Num. Vil, l.U; el Corp. insc. lai. VIII. 9610. — 12 Cic. Leg. Il, 2S.
— 13 Preller-Jordan, /loem. Mytii. 11, p. 254 et n. 2; Plaut. Merc. 807 ; Bacch. 893.
— 1^1,1,9 : -Vtc Spes destituât sed fntgitm sempcr acervos Praeheat : II, 6, 19 sq.
surtout ; Spes atit agricolas, elc. — '^ V.p, t 431, pour la co'incideiicedu jourannivi-r-
saire de la naissance do Claude et du jour où Octave prit la loge. Pour les honneurs
rendus à Spes à l'occasion des mariages impériaux, v. les monnaies avec inscriptions :
Spi's Avgusta, EXt:\; crtSast.- chez Eckhel, Op. cit. VI, p. 238 cl Orelli, Jnscr. 1832.
— 1« llor. Od. I, 35, 21 el .\oti:ie nov. 1880, p. 425. — n Plut. De fort. Itom. 10 ;
Qiiaest. 7'om. 74: il parle du culte de TO/ii tiii-.;. — '8 Buecheler, Anthol. epigr.
w 1498, elO. Jahn, Anlliol. Pal. X, 49 : cf. Benndorf-Schoeue, Lnteran. p. 345 sc|.
SPE
1431
SPH
dnljuls de la Rcpulilique, Tite-Live y fait allusion pour
silucr un combat qui eut lieu eu 478 av. J.-C '. Nous le
retrouvons aux temps des guerres Puniiiues, où il
aurait été voué, puis dédié vers 218 par Atilius Caiatinus,
déiruit par le feu peu après avec les sanctuaires de
l-"..rluna et de Mater Matuta, et linalemenl reconstruit en
■212, date à partir de laquelle on le désigna sous le nom
de Templum Spei .Xovuni-. Sa dédicace avait eu lieu le
l'' août ; pour ce jour-là continue à figurer dans les
calendriers l'unique fête périodique de la divinité avant
l'empire. Cicéron mentionne l'à-propos de ce culte au
plus fort d'une guerre souvent malheureuse : l'espoir du
succès, dit-il, est encore ce qu'il y a de mieux pour rele-
ver le courage'. Un incendie le détruisit une fois encore
en 31 av. J.-C; Germanicus le reconstruisit, mais seu-
lement à la lin du règne d'Auguste. Durant le même
règne le Sénat ordonna une supplicatio en l'honneur de
Spes et de Jureiilas pour le 18 octobre, date à laquelle
Octave avait revêtu la toge virile '.
Comme la date du l" août se trouvait être celle de la
naissance de l'empereur Claude, la coïncidence fut cause
que la divinité de Spes revint en grande faveur, .\ussi
voit-on dès lors figurer son image sur les monnaies '".
En l'an 63, à l'occasion des couches heureuses de Poppée
à Antium et du retour à Rome de Néron, les Frères
.\rvales ajoutèrent Spes à la liste traditionnelle des dieux
honorés par la confrérie. C'est sans doute aussi à cette
occasion que fut fondé à Antium le Collef/iuin des ado-
rateurs de Spes Augustu que mentionne une inscrip-
tion '. Kn dehors de Rome, on rencontre encore des
traces du culte de Spes à Gabies où elle est vénérée en
compagnie de Salui Augusl {oruin), avec une prêtresse
spéciale ' ; d'autres à Osties, à Aricia, à Capoue ' ; il
n'en a été relevé encore que très peu dans les provinces.
.V Rome et dans le Latium elle recevait surtout les hom-
mages des laboureurs et des jardiniers, ce qui fournit
un argument à ceux qui tiennent pour son origine
rurale. L'n aedltuus du temple de Vénus, dans les jar-
dins de Salluste, lui a voué un autel'.
Spes, la chose n'est point douteuse, a connu les hon-
neurs de la statuaire '" ; mais parmi les femmes drapées
qui dans les musées ont été désignées par son nom, la
plupart représenteraient tout aussi bien la Fortune,
l'Abondance (Opisj, la Concorde, etc., ou toute autre per-
sonnification féminine du sort heureux. La seule dont la
signification est garantie par une inscription est dépour-
1 T. I,iï. ri, 5\.i:pugHatiim ad Spei; cf. Dion. Hai. IX, 24, i; Fronl. J</u«ed.V,
ISclc. ; Corp. insc. tat. X V,59i9. V. d'ailleurs sur la i|ucslion forl oljscurc de l'empla-
cement de CCS temples, Gilhcrl, Geschichti: und Topoyr. III, p. ItU et 96, aïec les notes
i celle page. — :! T. I.iv. XXV, 7, C. — 3Cic. Ivg. II. i8 ; ;Va(. Veor.U. l.l ; T. Liv.
XXI, Ci, 4: D. Cassiiis, I. 10, 30 ; Tac. Ami. Il, H et C. l. /. I, i. p. 3i3. CourTidée
morale i|ui suggéra ce ciille. cf. l'Iaut, fisMV, 1, 18, elOv. JrîJni. 1,443. — Hial.
Cum. XV, Kal. Nov : blhlicatjo spei kt jiv (entiiti). — '■' Eckhcl. /Joclr. num. VI.
p. 'i3K ; Colicii-Feiiardcut. Monnaies impèrtates, t. I, p. ioT : Spes Aiti/usta (n» 8^>1,
p. i59, n" 103 el 108 sq. ; p. iCO, n» lit, etc. — « C. i. /. VI, 2043 ; II. lin. 10;
cf. Jli. X, 604â et Wissowa, Op. cit. p. i74. — '' C. i. /. XIV, i804; cf. Orelli,
il93, qui parle de la prêtresse. — « III. XIV, 37.5 ; cf. Orelli, 388i; et Mommsen,
Ephem. epii/r. III, 319 sq. ; Orelli, n" SI 58 et C. i. l. 3773. V. encore ibid VI,
758,760; V, 7o7 ; s3i. — 9 l'rellerJordan. ùp. cit. 11,354; el le relief de Boissard,
mentionna'- ci-après. — "> Des simiilacra de Spes sont cilés, C. i. '.XIV. i833 ;
-s67 ; IX, 4663; X, Si9.i;v. encore la mention de son image au temple de la t'ur.mia
de f'rénestc, Orelli. 1T58 et .Uonttm. deW Instit. ISSb, p. ^5 : sa statue fait partie
de tout un groupe dans UM|uel ligurcnt celles de Fortuna et de l'empereur Cara-
callji. — Il V. le bas-relief, chez Boissard, .Anli(/. IV, 130. où une ligure de femme
en longue tunique avec des llcurs dan.'^ les clieveux et des épis dans U main gauche
est d6»ign^'e comme étant l'Espérance. Cf. C. i. I. VI, 757 ; la statue dont la signi-
lication est garantie pai' une inscription, a été étudiée par Schreil>er, Vil/a Liido
l'isi, no i'Ji. l'our d'autres représentations probables sur des bas-reliels et des
Fig. 6339. —Spe.
vue d'attributs ou de gestes carai;téristiques". D'autres
images sont mentionnées dans les inscriptions, mais
sans indication sur leurs traits dislinctifs. Le type le
plus probable de Spes est celui d'une
jeune femme vêtue de la tunique sur
laquelle est drapé un ample man-
teau dont elle relève l'extrémité infé-
rieure avec un geste harmonieux,
soit de la mai» droite, soit de la
main gauche; l'autre soutient une
corne d'abondance ou tient une fleur,
de préférence en bouton, c'est-à-dire
symbolique'-. Pour composer ce type
qui est de l'époque romaine et ne
parait pas antérieur à l'Empire, les
artistes ont exploité une représenta-
tion archaïque de Vénus (fig.6539)'^
Si cette conjecture est fondée, nous aurions l'image de
Spes dans une statue de la collection Blundell à Ince,
faussement dénommée étrusque; mal-
heureusement les avant-bras sont res-
taurés". Deux statues de la collection
Giusliniani, dont l'une tient la corne
d'abondance, l'autre une poignée de
fleurs, la main opposée relevant le bas
du manteau, en sont des reproductions , .^,„ „
' *^ i-ig. bo40. — .Spes.
modernisées '°. Les images de Spes que
nous trouvons sur les monnaies impé-
riales (Hg. 6540) sont par elles-mêmes fort peu carac-
téristiques et reconnaissables surtout par le nom en
exergue ". J.-A. Hild.
SPIIAERA. — 1. Sphère céleste [astronomi.\ .
II. Balle à jouer 'PIla \
SI'IIAERISTERIUM. — .)eu de balle [pila, p. 478.
SPHIXX ("H -s-i'y;). Sphinx. — Le monstre célèbre de
la légende tliébaine [cedii-l's, n'est qu'une application
particulière d'une conception générale, celle de dénions
ravisseurs, de génies funèbres qui enlèvent les vivants.
Les sphinx, dont le nom signifie étrangleurs\ sont de
la grande famille des esprits malfaisants, des Kères, des
Êrinyes, des llarpyes et des Sirènes -. Cette croyance est
fort ancienne en Grèce, mais le type plastique qui lui
servit de représentation décèle une origine orientale que
nous déterminerons dans la deuxième partie.
1. La première mention du monstre fabuleux se
trouve dans Hésiode' qui fait naître le sphinx d'Orthros,
pierres gravées, v. Mus. Piu Clim. IV, tab. S; Hirt, BUderbuch, tab. XII, II,
Hg. 26. — 1= l'rellcr.Jordan, Ram. Mytii. Il, p. Î33 ; cf. Wissowa, Op. cit. p. i74.
— 13 Gerhard, Ceber die Venusidole; 0. Mueller, ffandbuch, S 669; et surtout
Bernouilli, Aphrvdile, p. 68 sq. La fig. 653'J reproduit un camée du cabinet de
France (Babelon, Calai, des camées, n. I3i) d époque romaine. — I' Collecl.
Blundell, fl. un; Clarac, Mus. de sculpt., f\. dcclix, u» 1S99. — "5CoH. Gimlin.
pi. il. et XV ; cf. les statues: Uunicli, Glyptoth. n» 46, où l'Espérance avec la corne
d'abondance est reconnaissable au geste île la main gauche ; Clarac, Ibid.
pi. DCcLXVii, n» 4; dc3lxv i" i et I90i; 19Ui A. — I» Aux monnaies à
l'effigie de Claude, citées plus haut, il faut ajouter celles du régne de Domilien,
avec l'image de l'Espérance au revers; CokenFeuardent, Op. cil. I. p. 507,
n"' 444 sq. La déesse est en marche, tenant une fleur el relevant sa robe. Celle qui
est reproduite (fig. 6540) portant la légende ■ï.i.t\; ^i6iti-.r, a été frappée à Alcian-
drie ; Duruy, Hist. des Grecs, I, p. i30. Cf. encore, monnaies de Vespasien: Hpes
Augusla, Oolien-Feuardent, p. 40s, n" 513 sq.. où lEsoirance debout offre une Heur
à l'empereur casqué, entre deux soldats qui portent des étendards.
SPHINX. I Eoi'ii est à açJni., comme ZniWt k a,M.àa: cf. Henning, Ein kri-
tischer Kommentar zur Odyssée (1903), p. 361. — 2 llberg. Die Spbiiix m der
ijriech. Kunst und ■'iage, 1896, p. 16. Cf. Weicker. der Seelenvogel in der alten
Lilcratur und Kunst, 1902, p. 3 si|. Sur la 7Te:i, voir p. 1432, note 35. Four le
sphinx dans le lolklnre Wunat, Vôlkerpsgcliologie, III, 116 sq. — ^ Tlieogon.
316 sq. ; dans le dialcv,le béotien, le démon s'appelle 4>t;.
SPH
\',32
SPH
le cliicn (le Géryon, cl d'Kiliiilnn, la tillt' angiiiforine de
Phorkys'. Daiilres niythofçraplies donneiil au sphinx
comme parents Typiion el Hcliidna-. Dans VŒdipodie
de Pisandre\ le sphinx est anguipède comme sa mère
Kchidna. Les poètes tragiques en font une vierge ailée*
ou lui donnent le corps d'une chienne ' ou d'une lionne '.
D'après les mythograpiies à tendance evhémérisle,
la sphiiige était une lille naturelle de Laius ' ou d'Uca-
légon*. la femme de Macareus" el de Cadmus'", ou une
simple femme tliéliaine". Le monstre avait été envoyé
de la lointaine lîtiiiopie '^ aux Thébains par Héra,
.\rès'\ Dionysos " ou Hadès '". Il désolait la contrée";
les poêles rivalisent d'épithètes violentes qui marquent
son activité malfaisante. C'est un meurtrier (lAïai-iovo; ' ',
,8poToxTdvo;"),un vampire anthropophage (wfjioaiToi; '"), qui
dévore ses victimes sans être arrêté par leur taille-" ni
leur qualité. Mi Hémon, le lils du roi Créon, ni Ilippios,
fils du Lapilhe Eurynomos, ne sont épargnés-'.
Hésiode ne connaît pas la légende de l'énigme pro-
posée par le sphinx^ mais Pindare --, Sophocle-' et Euri-
pide-' y font clairement allusion. D'après une tradition
rapportée par Apollodore^", les Muses avaient inspiré au
sphinx les vers de sa mélopée célèbre, qui étaient con-
servés dans les TpavwooOfisvx d'Asklépiadès '"'. Chaque
jour, les Thébains se réunissaient en une assemblée
uniquement consacrée ;i résoudre le cruel problème.
Après chacun de ces congrès infructueux, le sphinx
di'vorait une victime sur la montagne-'. Ënlin, Œdipe
vint qui trouva la solution-* [oedipusj. Selon un mytho-
graphe, ce n'était qu'im ellet du hasard^'; par un geste
inconscient, le héros se serait montré, à peine le pro-
blème posé. Quoi qu'il en soit, le monstre se mettait lui-
même en pièces. Mais selon une autre tradition bien
répandue'" et conlirmée par un aryballe à reliefs trouvé
en Chypre", (Bïdipe était forcé de tuer le sphinx de la
pointe de sa lance, sa première victoire lui étant sans
doute contestée.
Si le sphinx thébain a joui dans l'antiquité d'une
célébrité sans rivale, il est certain qu'on aj(julait foi à
l'existence non seulement du sphinx de la légende
d'()|{dipe, mais à celle de nombreux sphinx; l'imagina-
tion religieuse primitive ne fait pas de dill'érence essen-
de la
t l'horcy* csl .1 iiis hi poi'sic hrsimli,|iie li. |icro lU' |lies.|uo Ions les
légende j;rccqne, la Cliimèrf, Lcliiiliia, les Ei-iiijcs, 1rs (jor};oiics, les Gi'ëcs, les
Hespéridcs, l'hydre de Lcriie, le lion de .Néinéc, Pégase el le Sphinx. Cr. Schoemanu,
Opuêcuta ncailem. Il, 173 si(. De l'horcijne ejiisqne familia. — 2 Apollod. III, .'î, 8 :
Schol. Euripid. Phuen.id cl 1020; llygin. .Vyth. piol.p. 12; Schol. cap. 151, 07.
— 3SchoL Eur. riiocii. 17110; llberg, O. r. p. 17, n. i, el Bclhc, Thebimisclie
Hi!tdenlieder,\,.\l n\.— 'Œd. Tfir. SOU : /'/loeii.SOO, 1019, 1042. — i Aescli. Krag.
Sphinx, 213 ; Eur. Ued. Tijr. 3'Jt. Cf. I.ykcphion, 609, |.-.Q.,,:«p9ivoî.i„^v. - «Eur. Frag.
•■>H N. — '• l'ausan. 0, 20, 3.-8 Scliol. Eur. l'Uom. 23. — » Ibid. - 10 Halac-
phal. 7,5 : lo Anl. fr. 12. — H Suid. s. u. o'j.Vouî : lo AnI. fr. S; l'ausan. 0, 2G, ï.
— 12 Apollod. III, 5, X ; Dio Chiysosl. Uia'. XI, 8, I, p. 117 (Arnim). — 13 Schol.
Eurip. l'hien. 1760 S(|. — H Euiip. Phnen. arguni. ^ li Schol. Iles. Theoff. 320;
Uugcr, Thelmiia Panidom, 1, 3«5. ~ 10 Eur. Phoen. 810; nivllt« vai^;, rtirf. 807.
— " Eur. Phoen. 1700. — 1» Epigrainnic gravée sur le sphinx de Giseli, Corp. insc.
i/rec. III, 4700. 0; llberg, O. c. p. 10. — 1» Acsch. Sept. 324; Eurip. P/iofii. 1025.
— 2» Eur. Phnen. 1700. - 21 Schol. Eur. Phoen. 1760 ; cf. 45 ; Apollod. III, 5, 8;
Wolcker, lipische Cijclus. Il, 317 ; llberg, O. c. l'J, n. I. — 22 pyth. IV, 203 :
Fragni. 177, 4. — 2J Œd. Tyr. 30. — 21 Phoen. 48; 1500, 1730. — ih Apollod.
III, 5, 8; cf. Eur. Phoen. 50. — 26 Schol. Eur. Phnen. 43; Fragm. Hist. graec.
III. 303, fr. 21 ; llberg, O. c^p. 10, n. 7 et p. 20.'— 27 fo ■f.'.io. ;«;. aujourd hui
i *«r«; ; cf. Bursian, Geoi/r. von Grkchenland. I, 231 ; Athcn .Willh. .XIII, 1888,
p. 86(Judeich). — i» Eur. Phoen. arg : Uiod. Sicil. 4, 64. de. — 29 Schol. Eurip.
Phoen. 45. — 30 Belhe, 'Iheli. Heldenlieder, p. 20 ; Schol. Eur. Phoen. 20; Corina
frag 33. — 31 Murray, Jomn. of hell. Slttd. Vlll(1887] p. 320, pi. i.nxi ; Wiener
Vorleueblâtler, 1889, pi. n, 0. — 32 Cf. Wdamowilz-MocllenJorf, Griechhche
Trwjidien, III, p. 7. — 33 Harrison, Prolegomena lo the study of qreek relii/ion
!903, p. 207 s.|. — 31 Kol.dc, Piyche, I, 316, 2; II, llu. - 3.. Bcrgk, Poet.
tielle entre l'unité et la pluralité'-; les Grecs ont vénéré
le vieux Silène sans préjudice de l'essaim des Silènes
de la Fable |^satyhi, p. lOUij. Ces sphinx de l'imagination
populaire se raltachaienl, d'ailleurs, à une famille plus
large de démons, celle di's esprits funèbres, analogues
aux vampires ; on les reiloute comme les Ki-res'', comme
les Harpyes, les Sirènes [sirknes, p. 13oo], comme Em-
pusa'* qui surgit à l'heure de la méridienne. Il y a aussi
une parenté entre le sphinx et la cTpcy-.'", qui désigne
un oiseau nocturne el nuisible qu'on repousse par exor-
cisme, comme les Kères à la fête des Anlhestéries.
Comme plusieurs des personnifications de l'àme [cf.
PSYCUÉ 1, les sphinx n'excitent pas seulement l'épouvante,
mais la volupté; on leur allribue un caractère lascif.
Plusieurs textes traitent ironiquement de sphinx les
hétaïres '', particulièrementcelles de Mégare'*. Plularque
compare au sphinx (qui est féminin en Grèce) la puis-
sance insinuante de l'amour ^^ Plusieurs monuments,
surtout des objets destinés à la toilette féminine, donnent
le sphinx comme attribut ou comme pendant à Aphrodite'".
IL Ueprésenïations nouiiÉES : 1" Genèse du type.
— C'est à l'Orient que les Grecs ont emprunté le type
figuré du sphinx : selon la croyance la plus répandue, les
Égyptiens seraient les créateurs de cet être fantastique.
Ils ont représenté Tun Harmachis'', le dieu d'Iléliopolis,
sous l'aspect d'un lion androcéphale. La plus célèl»re
représentation en est le sphinx de Giseli '^ |1V° dynastie).
Il existe aussi, dans l'art égyptien, des représentations
d'Ainmon, sous la forme du lion à tète de bélier"; telles
les statues qui bordent les dromos des temples de Louxor
el de Karnak. Ce sont des pseudo-sphinx. Le sphinx
féminin esttoulà fait une exception dans l'art égyptien ".
Par contre, le type du pharaon vainqueur sous les traits
d'un sphinx tenant son ennemi entre ses griffes, aurait
pu donner l'idée el le modèle du démon étrangleiir
des (irecs '''.
C'est toutefois dans une autre partie du monde oriental,
en Chaldée, qu'il nous faut chercher l'origine du sphinx
des Grecs, qui est un démon féminin ''. Une figurine de
sléatile,récemmenl trouvée dans le palais d'Ilaghiafriada,
en Crète, pourrait être un produit de l'industrie asiatique
(fig. 6341) *'. L'animal est aptère ; il est couché. Le
hir. III, 604; Koselici-, lt:rikon d,:r f/r. .ijy/hol. Il, 1 1 o.i (Crusius) ; lll.ei g.
O. c. p. Mi, noie 2; Weicker, Der Seelent:oi,el, p. 4, n. 4; Pelron. J 134. 11
se pourrail qu'il y eut une analogie verbale voulue entre S»(y; et St?!;.
— 3i llberg. U. c. p. 32, n. 1, cite Stobce, Fliriiey. 04, 31. Cf. Wcicker, Ver
Seelenvoi/el, p. 4. n. 4; Furl\v.Tngler, Die Sphinx von Aeyina, Âfiinchner
Jahrbnch dcr bitd. Kiinst. I, 1006, p. 7, n. I. — 37 Meincke, Fraym. corn. III,
348; Kock, II, 270. Ir. 22: V, 22. — 3ii Apost. .XI. 15; Diogen. 0, 33; Arsen. 33, 3ï;
Hesych. s. v. Mtjaii.a'; Suidas, Ihot. ; Arisl. Àchnrn. 738. — 39|'lularch. ap. ,<loli.
Floril. 04, 31. — su Voir p. 1438, noie 2. — 4i E. Naville, Le nom du sphinx
dans le livre des Morts, Sphinx, V, 193 (en égvplieu, /Inti) ; d'aulie.s i^stiuienl que
le sphinx androcéphale est simplement une persounilicationde la dynastie ; Borclmrdl.
L'eher dns Aller des Sphinx bei Giseh, Sitznnf/sber der preuss. Akad. der
Wtss. 1897, p. 739 ; Bissing, Denkmtiler der Aei/ypt. Skiilptur, texte des pi. xxxvii
el xxviii A. — 42 Pcrrot el Chipiez, ffist. de l'An, 1, p. 2t3 sq. ; Unzone, Dizio-
nario di niitol. e(jizia. pi. ecxxxvi, (6/(/. pi. ccxxxvn ; le roi Toulinès IV sacrifiant
au sphinx de (Jiseh = l.epsius, Denknmler, III, pi. i.xviii. — " perrol el Chipiez.
ibid. p. 31-1 ; i,cpsh\s, fJcnknitïler, IV, pi. xc ; Kbniijl. Mnseen zu tlcrlin, Aet/ypl.
Denkmâler, pi. ii ; Prisse d'Aveinies, Art égyptien, 2201 el pi. du tome 11.
cr. 0. Kcllcr, Die antike Tierwell, l'JlO, p. 323, lig. 114 6. — H Les fouilles fran-
çaises d'.Vbou-Koasch ont donné un sphinx de type ordinaire, mais point en jaune,
parlant féminin; de Bissing, 0. e. notice pi. xxxvu. — *^ Furlwhngler, Die Sphinx
von Aeyina, l. c. p. 3. La théorie de la mythologie optique esl exposée par Clcrmont-
Cannean, Imagerie phénic, 1880, pi xvii-xxui; cf. Ileuzey, Calai, des /iyurines du
Louvre, p. 8. — 16 llberg. /. c. p. 35; Dellu Sela, Hendic. deW Accad. dei Lincei.
1907, p. 712, La sphinqe di Haqhia Triade. - " DcllaSeU. '. c. lig. l. Noire lig. 0541
d'après Maraghiannis, Anliq. Cretoises, pi. xxiv, 2; cf. Mon. ant. dei Lineei,
190t, XIV, p. 749-733 (l'aribeni); AH J. Reinach, fleo. Hist. des flelig. 1909,p. 231.
SPH
\ïXi
SPH
Fi?. ir->41. - Sphinx
corps est celui d'un lëlin, plus rond et plus plein
que celui des sphinx grecs, l/atlilude de Tanimal et
les caractères du style rappellent les taureaux androcé-
pliales clialdéens. La
chevelure est féminine.
C'est par le pays des
Hittites et par l'art
hétéen que le type
ihaldéen du sphinx a
du s'introduire en Asie
Mineure, en emprun-
tant peut-être aussi
quelques traits aux
o'uvrfs de la vallée du Nil. On voit sur les monuments
lii'léens des grillons et des sphinx afi'rontés ', motif dé-
coratif qui fera fortune en Grèce. A Euyuk -, en Cap-
padoce, dans le territoire hétéen, on voit encore deux
sphinx aptères, debout près de la porte méridionale de
la ville; leur coifï'ure et leurs boucles d'oreilles les
rapprochent de la déesse syrienne Quadesh '. Ils rap-
pellent les démons ailés montant la garde aux portes des
palais assyriens, symboles de force et de vigilance que
l'on considère comme l'écho de prototypes chaldécns.
Dès le XII' siècle, des intailles syriennes présentent très
fréquemment des sphinx qui procèdent tanli'it de l'Egypte,
avec un surcroit de fantaisie % tantôt de la Chaldée ou
de r.Xssyrie ^. Dans ce dernier type qui devient prépon-
dérant, le sphinx est ailé et a les ailes recoquillées; le
motif favori est le groupement héraldique des démons,
autour de l'arbre de vie ; le type du sphinx féminin et ailé,
popularisé ainsi par l'imagerie phénicienne, péné-
trera même en Egypte, à l'époque du .Nouvel-Empire,
poui- y lutter avec le sphinx indigène qui est viril et
aptère '■.
C'est aussi ce type anatolien qui, par l'intermédiaire
des Phéniciens et de Chypre, fait son entrée en Grèce. \
.VI y cènes, vers lafin du u'millénaireav. J.-C, lesphinx a
bien la tournure que lui donnait l'imagerie orientale; le
démon est ailé, et ses ailes sont ornées de ces boucles que
présente aussi le grifl'on mycénien [grvps]; le visage a
des traits féminins; les seins sont faiblement marqués.
La tète est coiflée d'une tiare peu élevée, d'où part sou-
vent une longue houppe flottant en arrière. Cette coifl'ure
d'origine hétéenne était destinée à une fortune persis-
tante dans l'archaïsme grec. On voit des sphinx ainsi
llgurés sur toutes sortes d'œuvres de provenance mycé-
nienne, sur des peignes pecïen, fig. 553^ et d'autres
objets d'ivoire trouvés à Spala ' en Attique (lig. 6542),
sur des feuilles d'or repoussé trouvés dans le troisième
tombeau de l'acropole de .Vlycènes ', à lalysos ' et
I itoscher, Lexik. der gr. Mythot. I, 17,'.J (Furiwiingler) ; Ulinefalscli
KicliU-r, Kypros, p. «0, p. 33, fjg. 13, AUas, pi. xxxi, 14. Cf. Ilberg, O. c.
p. 35 et noie y. — 2 perrot, (iuillaume et Delbel. Ex/iéitition arcfn^ol. de
la Galalie et de la Bilhyitie, pi. i.«», nvu ; Hcrrol et Cliipiei, Uiat. de
lArl, IV, p. 661, fig. 3i3, 665, fig. 3J7, Sayce, The Hittiter, p. S5 ; Ma-
critly-bey, La porte des Sphinx à Eujuk, JJittheit. der vorderasiatischen
GeselUch. l'JOi, p. ITTsi). ; Uella Sela, O. c. T13,n. 3.-3 Cf. ilberg. O. c. p. 36.
— 1 Heuzcy, Origines orientale» de l'Art grec, p. 179. — ï Ilberg. O. c. p. 36 ;
Herrot et Chipiez. Hisl. de l'Art, NI, fig. 73 (sphini phéniciens} ; assyriens, Jbid.
Il, fig. i46: chaldéens et perses, Collection de Clereij, I. pi. x%\, 3il ; xisi, 33i,
337, 338 ; pi. .xxiii, 331. 35i, 331, pi. xxiix, 317 bis : II, pl. ut, 51 : Layard.
Culte de Milhra, pl. i., 6. Les sphint sont barbus sur les plus vieui cylindres
cités au début de celle note. — « Furiwiingler, Ùie anliken Gemmen, III, p. 43;
Pétrie, A history o/ Egypl, 1, 3i sq. — ' Ai;... VI, pl. i, fig. 4-7; ilull. corr.
hellen. Ib7», p. il7, pl. xvn ; Duruï, Uisl. des Grecs, p. 37. — » Schlicniann.
Hykenai, lig. i77; 'Ker,,. âf/. IS7», pl. iix. i. — t Furlwangler et Loiscbcke,
Myken. Vasen. p. 7, fig. i. — 10 Uogarlh, fxcaeatioas at Ephesus (1908,, pl. vu,
VIII.
Fig. C543. — Sphius
dans le trésor d'Éphèse'". L'art mycénien tardif, en
Chypre, présente parfois des spliinx clont les membres
antérieurs sont
ceux (le 1 homme" ;
c'est un corps hu-
main complet sou-
dé à un arrière-
train d'animal, so-
lution bâtarde et
caduque comme
celle des Centaures
ioniens, véritables
Silènes prolongés
en une croupe
chevaline [satvri,
p. 1092, n. 83]. Surles monuments mycéniens, le sphinx
est ligure tantôt couché'-, tantôt debout " sur les pattes
de devant, souvent de profil", parfois
complètement dressé ilig. i'iTiV.i)''.
Jusqu'ici on ne connaît qu'une seule
représentation mycénienne du protome
de sphinx, qui apparaît sur un stamnos
de Munich". Le motif se retrouve en
lonie '^
2" Époque arc/iaïf/iie. — Après l'inva-
sion des Doriens, le sphinx fit. pour la
deuxième fois, son apparition dans le
monde hellénique; il eut une place
d'honneur parmi ces figures ailées, ces
animaux fantastiques que r.\sie préfé-
rait alors aux animaux réels. On peul
attribuer à l'art phénicien les boucliers de bronze re-
poussé trouvés dans la grotte de Zeusidéen, en Crète. Les
iiitluences orientales sont très fortes sur cet art compo-
site. C'est de l'Egypte que vient le sphinx ailé, barbu,
coillé d'une tiare double qu'on observe sur une coupe de
bronze'*; c'est au contraire l'Assyrie qu'évoquentles deux
sphinx figurés sur un autre bouclier, comme des démons
vigilants montant la garde autour de l'arbre de vie'".
C'est enfin plutôt à l'influence syrienne qu'à l'influence
('•gyptienne, que l'on doit le grand sphinx coiffé d'une
sorte de casque, ciselé sur l'une des plus belles armes
de la trouvaille -". Une série de coupes d'argent,
découvertes en Chypre, doivent être également considé-
rées comme des produits de l'industrie phénicienne. Ainsi
la coupe de Dali -' qui présente cinq sphinx ailés groupés
autour d'un arbre, et cinq grillons qui maintiennent à
terre des victimes humaines; on voit (fig. 927) sur une
patère trouvée à Amallionte -^ des sphinx couchés; le
disque du soleil et l'uraeus sont gravés sur leurs fronts.
î et pl. vni, 9; cf. Schliemann. /lios, p. 013, n° 1 43i. - " Le \ase d Fnlomi,
Murray, Excaralions in Cyprus, p. 8, fi;;. 14 ; Waltcrs, //isl. of anc. pottery. II,
249 ; Furtwiingler, Die Antiken Gemmen, iNaclitrag, p. 4H1. Un relief d'ivoire trouvé
à Fnkoini figure un homme traînant par une laisse un sphinx couronné de plumes,
Murray, Excar. in Cyprus, pt. n, n" IliO, p. 9. Cf.JahrIi. des Insl. 1908, p. 176,
note 19. — la Perrot el Chipie/., VI, C37, lig. 28V. — ia74. fig. 418 ; Milchhiifcr.-liiAiW/e
der liunst, p. 10, fig. 7. — " Furiwiingler, Die ant. Gemmen, Ul, p. 42, lig. 17 :
liall. corr. hell. .\IX, 2. — 15 'E.r.i». A{/.. 1887, pl. xMi B ; Perrol et Chipiei. VI,
833, lig. 417 et III, 746 =r Furtw.îngier et Locschcke. Myk. Vasen, p. 74, pl. c,
no 9. — !'■ Jahrh. des K. arch. Insl. 1907, pl. », p. loi (llackl). — " Jabn,
\'asensamml. .ï53 ; Allien. .Vitih. 1900, p. 56. — '«Ilberg, II. c. p. 5. n. 3 ; Halbherr
et Orsi. iluseo italiano di antichita classica. Allas, pl. vi, 1. — " Ibid. pl. ni,
„. 3. — 20/6id. n''9,pl. IV-, Brunn, Griecli. Kiin.\lgesch. p. 9l,fig. 64 ; Maraghiannis,
Antiguités Cretoises, pl. xi.i. —21 perrot et Chipiez, JJtst. de l'art, lil. fig. 546;
Uuruy, Hisl. des Grecs, 1, p. 603; Ilberg, 0. c. p. 6, note I . Cf. la coupe d'argent
d Athiénan, Cesnola-Slern, Cyprus. pl. xii ; Ohnefalsch-llichler, Kyprus, Humer und
Oibel. pl. oxn, 5 et p. 437-440. — 22 perrot et Chipiez, Hist. de i.\rt, III, fig. 547.
18t>
SPH
U3i
SPH
Sur la coiipi' tl'ar^ciU (Ircinivcrlf ;'i Curion ' et cmi-
sei-vi-e au musée de New-York, tandis que la zone cen-
trale présente un sphinx égyptisanl et aptère, avec le
cartouche, on voit, sur la zone externe, deux sphinx
ailés, à roté de larbre de vie, comme dans les représen-
tations assyriennes.
Dans la (Irèce propre, le style géomélrii|ue, qui succéda
;\ l'invasion dorienne, marque une régression sensible
sur l'arl égéen. Durant le vni'' siècle et le vii°, et surtout
sous le couvert des intluences ioniennes et insulaires, on
voit s'introduire ,dans le décor géométrique ^ des
sphinx, des sirènes, etc., qui, dans les plus anciens mo-
numents, ont des formes barbares et lourdes. Sur un bas-
relief en argent, trouvé à Olympie ^ on voit des sphinx
debout, aux tètes massives, qui rappellent une statuette
trouvée à Dodone '. Deux plaques de bronze d'Olym-
pie ^ sont aussi décorées de figures de sphinx d'un
type composite, qui peuvent être rattachées à l'art phéni-
cien. On observe déjà dans les bronzes d'Olympie le
motif du sphinx à lèle unique posée sur deux corps que
nous retrouverons à toutes les époques ". C'est égale-
ment des ateliers de Sidon ou de Tyr que provient la
belle palère de bronze récemment trouvée dans le sanc-
tuaire d'Athéna Pronaia à Delphes '; un char de guerre
y est traîné par un sphinx mâle, au chef casqué.
l'ius tard, Argos devint en Grèce le centre de l'indus-
trie métallurgique. C'est là qu'on fixe généralement le
lieu de la fabrication des bandeaux ciselés et des manches
de miroirs (fig. 6327) qui ont été trouvés à l'Acro-
pole d'Athènes, en Béolie, dans le temple d'Apollon
Ptoos, etc. Les plaquettes de bronze du sanctuaire béo-
tien * sont dc'corées de sphinx marchant ou asssis : le
type du visage est archaïque; les corps sont élancés, les
ailes recoquillées par devant comme celles qu'on voit
sur des vases d'ancien style coi-inlhit'n aux(iuels ils ont
pu servir de modèle.
Si les objets de métal nous attestent très tidèlemenl
les origines orientales du sphinx grec, les terres cuites',
les pierres gravées'", les monnaies ", enlin la plastique
en marbre'- nous en font mieux comprendre la péné-
tration dans les diverses branches de l'arl archaïque.
Dans les peintures de Mélos, de Rhodes, de Naucratis, le
I Jl,kt. p. 'Hi, fi:;. .iSi ; OlinclalscliRichtcr, h'i/pros, p. 37, fig. 3i ; lllicrg, O. c.
|i. r., iiole 3.-2 Dra:jeiulorn', Thenrisclœ Gr,rlicr, p. il 3, 21 1 ; l'ernice, dans Alh.
MitlUeil. 1895, pi. m. — 3 Furlwnilglcr, Oie l)ron:efumle aus Olf/mpvi [Abh. de,-
Êierl. Akttd. t/ef W'iss. 1870), p. 57. — * Carapunos, /}odone et ses ruines, pi. x\,
I ; Akit. der Rerl. Akad. 1878, p. li-21 (Ciirlius). — 5 l''ui-lwaii;;lcr, (I. c. p. S7 ;
Kurtwiingler, Die Hrunzeu vun Olym/iia (1800), pi. xxwii, n« 692 ; llbcrg, p. 7, n. 0.
— 6 FiirlwRiigler, ibid. pi. xxii, 1 ; Bi-unsefunde, p. 07. Sur le ntotil', en gi^nôral,
Muri-ay.youni. of hell. sliid. 1881 , II, p. 318 pi pi. xv, Eartu persfiecliiv in Greek
art. — '• /■ouilles de Delphes. I. V, p. 24 cl pi. svin-xx (Pcrdrizeli. — s HnH.
coït. hell. 1892, p. 3*7 si|. pi. X .4, xiv I, xu 1-3; llbcig, O. c. p. 7, noie lu.
— 9 filtl, Avchâol. der KunsI, p. 515549; Winlcr, Ùie antikeu Ternikulla-
figuren, I, p. 229 : Mendel, Catal. des fii/urlnes t/reegues de t. c. du Musée
imp. ottoman (1008). n" 3108; Polliei-, Diphilos et les modeleurs de t. c.
pi. VI, n» 158; cf. /bid. p. .'iS. — m Kurtwiingler, Die ant. Oemmen, pi. vi, 2s,
33, 09 cl lome III, p. 10t.pl. vi, 31, pi. vin, 7, p. 217, p. 443. — H ImlioofBliinicr
cl Kcllcr, Tier-imd P/lniizenbilder, pi. xiii, S-12; Niimism. ebrun. 3-7, 1887,
pi. IV, 27-31 ; llriliah Muséum, Ciilalog. of greek coins, M;sia, pi. iv, 17 ; Lyein,
pi. Il, v; llill. Handh. of greek and roman coins, p. ï37 et pi. i. n° 10 (Cliios).
— la'Es. 'Ap);. 1883, pl.xii.\ [MF.sish.is, p. 1719, noleO| (Acropole); Kinvadias, K«:<i-
Viïjo; -.oj El.!...-! .Uo-jïiiou, n" 28 (Spalal, — '^Jnhrbucb. il. arch. Inst. 1887, pi. \ii,
211 (Bœlilau) ; Olinefalsch-Ricliler, Kypros, pi. r;\viii, 8 ; 'Eoïi.j, «?/■ 1894, pi. xu.
— H Arch. Xeitg. XXVll. 3* ; XX.V, 38 ; llull. corr. hell. Xixi p. 71; llberg. 0. c. S,
n. B; LongpiSrior, Musée Mapol. pi. ixwiii. — <•' .Scliliemann. /lias, a' 1432;
Dumont cl Ctiaplaiii, Les céramiipies de la Grèce propre, 1, p. 9, lig. 21 . — Ifi Jonrn.
of hell. «/«(/. VIII, pi. ixxix; l'clric, JVunkralis, 1, pi. v, 3ii:.\.-J. Reiuacli,
Journ. des Savants, lOOJ, p 301. — l'i Arch. Xcil . ISSI, pi. xi, 3 ; pi. xiii, 2,
30: pal6rc du l.ouvrc, E 007 = Bull. corr. hell. 1893, p. 238, (i^-. C ; Weicker,
Den Seetenrin/el. 14, fiif. 9 el p. 217 ; Itevue archéol. 1907, pi. m, cl n" 39
sphinx ofl're une grande parenté avec l'art mycénien ;
elle est surtout manifeste par l'appendice flottant ou
roulé en spirale qui se détache, en arrière, de la cheve-
lure. Observons-le sur des amphores de Mélos''', des plats
de Camiros", des tessons milésiens trouvés à llion '",
sur des vases découverts à Naucratis '*, à Cyrène "; dans
ces deux dernières fabriques, l'appendice dérive du
bouton de lotus qui est, on le sait, pour les égyptiens,
un symbole de l'àme'* ; il confère au sphinx le carac-
tère chthonien, ainsi que les petites hirondelles qui sont
parfois perchées sur sa queue". Le même type se retrouve
encore dans des monnaies de Cyzique'-" et dans un vase
priilo-altiiiue de Phalère -'. Un sarcophage de Clazo-
mène -- oll're une frise de douze sphinx ailés.
Les mêmes séries ioniennes ollrent aussi un type de
sphinx plus dégagé des survivances mycéniennes et
conforme aux traditions de l'art archaïque. Ionien d'ori-
gine est également le motif du sphinx assis, la tète
tournée dans le sens inverse du corps '", que l'on retrouve
dans les vases corinthiens.
En Grèce propre, l'Attique ofTre, sur une coupe du
Dipylon, au milieu du décor géométrique, le groupe
héraldique d'un sphinx et d'un centaure -* ; au vu' siècle,
dans les peintures du style dit de Phalère -^, el plus
tard, dans les amphores proto-attiques dites " tyrrhé-
niennes » '% on voit se multiplier les sphinx comme les
autres di-mons ailés el les fauves empruntés à l'Orient.
Mais, avant même que ce style soit arrivé en Attique à son
plein di'veloppemenl, les peintures corinthiennes '-'■ et
chalcidiennes-* présentent très souvent le sphinx, ou
isolé, ou groupé avec d'autres animaux; toutes ces
figures sont empruntées aux modèles asiatiques, au
décor ciselé sur les précieux vases de métal ou lissé dans
les étoffes somptueuses. Quelques représentations offrent
des particularités notables, soit des sphinx barbus ",
réminiscence de l'Egypte, ou le motif du sphinx à la
patte levée, souvenir de la Syrie '". Peu à peu, et notam-
menl dans les vases clialcidiens^' et ioniens, par exemple
dans les hydries de CaM-é^'-, les sphinx sont relégués au
revers des vases; c'est l'efTel d'un courant général qui
déprécie le décor animal. Le célèbre vase François^' qui
est atlique, présente le molif de deux sphinx all'ronlés,
(Dugas cl Laurent). — '* Weicker, 0. c. p. 14. — 19 Louvre E 638; Musfe liri-
laniiii|iic, .\ 090 et 099; Pollicr, Cala', des vases antiques. II, p. 320. —20 Imhoof-
Bluincr et Kcllcr, 0. c. pi. xii, n" 30; Wcickcr, O. c, p. 123, noie 2. — îl Jalin,
Vasensammlg, îi\; Itcrichle der Si'ichs. Gesellsch., 1893, p, 16 st\. — a Antike
Denkmâler d. Inst. I, pi. xi.iv ; Brunn, Gr. Kanslyesch. p. 158, fig. 133; liber.!;,
fi. c. p. 10, n" 4. — 23 A Kbodes, le spliins aux ailes éploy^es el recourbées,
Salzniaiin, .Xècropote de Camiros, pi. i.iv ; llbcrg, O. c. p. 9, n. 9 ; (jarduer,
iVaukralis, II, pi. xu ; Kayet et Collignon, Hisl. de la eérarnit/ue grecque, p. 49,
lig. ïs. — 2i Butl. corr. hell. 1898, pi. vu (Couve); Alh. Aliltb. 1893, XVIII.
li- 10, p. 1 13 l l'errol el Cbipiez, t. Vil, p. 222, fig. 90; llberg, it. c. p. 9, n. C ;
cl. l'cruice, Alh. Millh. 1893, p. 116 S(|. — -^ Jahrbueh des arch. Inst. 1903,
p. 740, fig. 12 (Nillson); Fiilzci-, die Hydriu, p. 39, n» 28; Robinson, Catal. uf
Ihe vases of Ihe muséum of fine Arts in Boston, n" 308. — 26 Tbicrscb,
Tijrrhen. Ampboren, p. 88, p. 93, fig. 1-0. — -~t Protocorinlliien : Waldstciu,
The argive Heraeum, 11, pi. c.xv, n» 3 et p. IW (lloppin); les ailes du spliinv
sont divisées en cbainps aUeniativcnicnt clairs et foncés; les champs clairs sont
semés de points; Duinonl cl Cliaptain, Céram. de la Grèce propre, p. 173 sf|. ;
British Muséum, A 132 (( et iVo//:iV d. scuri, 1893, p. 136, fig. 87. Style
corinthien développé: Baumeister, Denkmâler, III, pi. i.xxxviii ; Dumont el
Chaplain, O. c. p. 216, 253. — 2» Lan, Die griech. Vnsen, pi. m, lig. I
= Hoeber, Gr. Vasen, 1909, fig. 20 (pysis de Dodwcll). — 29 llberg, O. c.
p. 11. —M FiirUviiiigler, Coll. Sabouroff, I, pi. xi.vii, 1 ; Ath. Mitth. XX, 110.
Ur. llberg, p. 10, n. C, ipii cite une représentation analogue sur une coupe
corinlliienne inédite, au palais de Copenhague, — 31 Uumonl et Cbaplain, I). c.
p. 206; Furtw.ïngler. Besch. der Vasensam. in Berlin, n» 1232. — 32 Louvre li
099 Pollicr, Catuloijue, 11, p. 337; Foizer, Die Hydria (1900), p. 75, n. I.
_ 33 Furiwangler et Ueiclihobl. Gr Viisenmal. pi. m el fig. 10 ; Hoeber, Griech.
l'nieii (1905), lig D
SPH
li.l") —
SPH
Le S|ihirit ikv
à Uelphcs.
une patte de devant levée; ils sont séparés par un orne-
ment floral très stylisé. Deux grillons sont disposés de
la inéine façon, au revers du vase [gkvps, p. 1071 , note 8].
Le même motif réparait sur la zone supérieure; les sphinx
constituent aussi comme les deux agrafes décorées de la
ceinlurequi entoure le vase '. On les retrouvera fréquem-
ment dans la céra-
mique atlique à fi-
gures noires. Des
coupes signées par
Nicoslhènes-, Tléson'
et Glaukytés*, pré-
sentent un sphinx à
la tète détournée et
dont les pattes de
devant sont celles
d'un oiseau.
Quand la plastique
prit son essor, elle
se trouva en présence
de types absolument
. formés. Le sphinx
voué par les Naxiens
à Delphes^' (fig.
6.54ii rappelle, avec
quelques diflérences
légères, le type et la
pose qu'on voit sur
des poids ou mon-
naies de Chios (flg.
6545) ". Les statues
de sphin\ servant à décorer des tombeaux attiques,
présentent avec des variantes dans la disposition des
nattes de la chevelure qui sont lanlôl
séparées '' , tantôt réunies *, les motifs
favoris de l'archaïsme grec, soitlarégu-
i\ a^^^^J '<''''''*^ symétrique des plumes et la cour-
\]\ '^' / bure voulue des ailes dont les pointes re-
viennent derrière la tête.
r„ Cl _M ^^ rattache aujourd'hui à l'art ar-
iic ciiios. chaïquc grec la plupart des objets élrus-
([ues. Beaucoup de vases à reliefs, de la
catégorie dite <• bucchcro », sont ornés de timbres
figurant des sphinx affrontés'^ tels que nous les avons
rencontrés dans les anciennes fabriques d'Analolie et de
Grèce. Les fresques des tombeaux de Véies'" et de Vulci
présentent des spiiinx dont la tournure grotesque ne
peut cacher tout à fait l'origine orientale. Aux siècles
suivants, l'art étrusque use de ce type, surtout dans les
monuments funéraires, cippes, urnes, sarcopliages ".
I Bruon, Omch. KunHii'Sch. I, p. 168. Cf. Illierg, CJ. c. p. II. — 2 Geiiiartl,
Trinkadtahn,f\. \; W wmr Vorlegeblâtler, 1889, pi. vu, l:cr. fonU-r, Calai. Tod :
Whibley, Compan/on to (jrevk Claasicn^ fig. Ili. — 3 Le môme motif sur une coupe de
TU'SOn, Klein. Meistei'siijnatur. p. 75, n<» 33; Gardner, Vase^ of the h'itzwiUiam
Muséum, pi. XXV, n* 69 ; Wliibley, O. c. lig. 37. — ^ Baumeister, Denkmnler,
Ifl, 1077; Hœbcr, Griech. Vasen, p. 63, fig. 39, d'aprës Wiener Vorleije'iU'ttt .
I>'S9, pi. II, fig. i. — '" Hevue archéol. 1S03, p. 58 et pi. XI (Foucail) ; Bull, coi-r.
hell. «97, p. 587 (llomollc) ; Fouilles de Delphes, i. IV, p, il S((. et pi. v-vi ;
Pcrrol, H. de iart, VIII, p. 393; Neue JaUrh. fixr das Idass. AUerllmm. l'Jli^.
p. 3Î, fig. 3. — ù HeacJ, Hisl. niimoruin, p. 513 ; British Muséum, Guide, pi. i. S.
- 'I i;avva.lia5, \i « t vii. i -, ■, i xo; 'E 9 -. .M<,u«t{ou, u» 7ii, Sphinx du l'iipc:
Es. if-/. 1883, pi. IJ (Acropolei = Lecliat. .Vcu//;/ altique avant Phidias, lig. li,
p. 203. Cf. Jalirb. des k. /usliluls. XVHl, p. 131, noie 12. - 8 .ll/i. Mtlllt. IV,
1879. pi. V. Le sphinx de Spala. Jahrb. I. c. — 9 Hydrie du Musée brilanni(|uc. .\
106; t-ôizer. Zyje Ui/dria (1900), pi. n, u° 30</ctp. 40; Masncr, Vasen imôslerreich.
Muséum, n» ^14, p. 20, sphinx virils barbus. — 10 Martha, L'Art étrusque, p. 421,
Mais, nous ferons observer qu'aux âges préhistoriques
déjà, l'Ilalieavait fait bon accueil au sphinx gr(îc '-. Parmi
tant d'êtres fantastiques, créations hybrides de l'Orient
hellénique il fut seul àjouir d'une certaine faveur chez ces
peuples primitifs. On le retrouve dans les nécropoles de
Bologne", d'Esté ", de Golasecca'% de Santa Lucia'",
de Caverzano ''. Ces exemples sont trop nombreux pour
ne pas déceler une prédilection marquée pour le lion à
tète de femme.
3° Période classique. — Les potiers athéniens avaient
déjà renoncé à donner au sphinx ces ailes recoquillées
qui étaient propres à l'ionie et à Corinthe; un lécythe
blanc à figures noires" et un tesson d'amphore où est
figurée une mise au tombeau, présentent des sphinx dont
les ailes sont repliées ; les extrémités des rémiges sont
normales et retombent naturellement. Ce lype dont les
vases que nous avons énumérés fixent l'introduction
au vr- siècle, se retrouve tout à fait fixé avec la mode
nouvelle des figures rouges; un lécythe de Vienne'" et
une coupe célèbre du mus(;e Grégorien-" en attestent la
vogue au v' siècle (fig. 6547); dès lors, il persistera
jusqu'à la fin de l'hellénisme.
L'art de ce tem|js excelle à fondre les divers membres
dont l'imagination des artistes a-vait composé cet être
fabuleux-'. Dans un chef-d'œuvre récemment découvert
à Égine--, malheureusement très mutilé, la statuaire du
milieu du V siècle a achevé le plus beau type du sphinx
funéraire. L'artiste, dans lequel Furtwaengler inclinait
à reconnaître Calainis, a représenté l'animal à moitié
debout, posé seulement sur l'extrémité des pattes. L'ex-
pression du visage, un peu incliné et vu de trois quarts,
garde une grande noblesse et une beauté saisissante.
Kn quittant l'figypte pour la Grèce, le sphinx avait
changé de sexe^-", et l'esthétique y gagna. Le sphinx
d'Égine possède la beauté souveraine; avec lui, la mort
apparaît sous des traits enchanteurs et parée delà grâce
juvénile. Pour le corps même, c'est une chienne que
le sculpteur avait pris comme modèle vivant-'. Kn Grèce,
on n'avait guère alors l'occasion de voir une lionne;
on avait pris le même parti pour le griffon, qui participe
aussi de la nature léonine. Il était d'autant plus justifié
pour la spliinge, qu'Eschyle et Sophocle, nous l'avons
vu'-', ont parfois dénommé celle-ci la chienne (y.'Jujv).
D'autres monuments du milieu du v' siècle sont restés
plus fidèles à la loi de frontalité, ce pendant qu'ils
conservent aux traits du sphinx une expression de
beauté rigide. Citons un beau vase plastique du musée
Britannique", les bas-reliefs d'un monument funéraire
provenant de Xanthos -'', dans le même musée; enfin,
d'autres statues funéraires de Mantoue", de Londres''
(ig iS3. — " L:f. Ilbeig. ». c. p. 41, n. 0-8 ; cf. Mariha, O. c. p. 20:i, 34i, 217,
fig. 220; p. 300; Gerhard, Elrusk. .Spieyel, IV, 379. — 12 llorrues, l'ri/esehichie
der bild. Kuiist, p. 478 cl p. 061, pi. ixxvl, fig. 3. — " Uuerncs, O. c. p. i71, n. 1 :
Goziadini, Atli delta dep. d'Emilin, 1881, p. 7. — It Aoi. (/. scaii, 1882, pi. vi.
lig. 1 ; pi. vu, fig. Ml, — '5 Méin. des Antiquaires de /''rance, 1880, p. 3 ; Monlelius,
La civitis. primiliie en Italie, pi. si.v, fig. 18. — '6 .llarchcsctli, .Scari nella
necr. di Santa Lucin, 1893, pi. \x, fig. 9-12; lloeines, O. c. p. 477, n. 5.
— n Marcliesclli, O. c. p. 23.ï, n. I. — 18 Fuil»augler, Uie Sphinx ion Aeqina,
Mùndmer Jahrbuch der bild. Uunst, 1906, fig. C. — l'J Ibid. lig. 9. — 20 Kcnndorf,
Griech. und Sicil. Vasenbildrr, pi. xix, 4. — 21 llcibig-lieisch, Jùihrer, II, n' 186,
p. :88; Museo Greijoriana, II, pi. i.xix, 1 : Wiener Vorleijeltlûtter, 1889, pi. vin, 0.
— 22 Furtwangler, O. c. pi. i-iv, et fig. 5. — 23 Cf. Heuiey, Ctttat. des /ii/urines
de terre cuite du Louvre, p. 8. — 2t Furlwiinglcr, /. c. p. 4. — 25 Cf. noie 3,
p. 1432 et Uomolle, Fouille» de Delphes, IV, p. 47. u. 3. — 20 Journ. of hell. stud.
1887, pi. i.xxu. — 2- Biilish Muséum, Catal. of rjreek scutpt. I, p. 43 el n" 8!)
et 90. — 2* Kurtwangler, 0. c. fig. H et p. s. — 29 Ibid. fig. 40 et p. 8.
SPH
1436 -
SPH
et (lo Naples ' (lig. tilKÎ . Le casque de la Parthénos de
Phidias esl lonné de Irois aigrettes, celle du milieu esl
supportée par un sphinx (fig. '.Mlti) * ; les l)ras de son
Zeus d'Olympie étaient soutenus par des groupes en
ronde bosse re-
présentant des
sphinx enlevant
de jeunes Thé-
bains'.
Un superbe
vase plastique
conservé au
musée de l'Er-
mitage à Saint-
Pétersbourg',
nous montre
(fig. 6o46\ au
début du iV siè-
cle, un sphinx
paré des grâces
du style fleuri.
Les pierres
gravées du
iV siècle, avant
.\lexandre » et
présentent souvent
,lc s,.l""^
les vases de l'Italie méridionale *
ce type de sphinx devenu classique.
4" /■^poi/iic/ii'/lénisfu/iie. — On fitsurtout du type créé par
les âges précédents un emploi décoratif. Dans les objets
se rattachant à l'art alexandrin, le sphinx, par archaïsme
ou même par une recherche de couleur locale, est le
sphinx des Egyptiens; telles les statues du Nil, appuyé
sur un sphinx '' symbolisant l'Egypte, qu'on retrouve
sur la célèbre lasse Farnèse *, au musée de Naples,
ou, au même musée, le pied de talde, très égyplisant,
provenant de Pompéi '. Dans- l'art romain aussi, les
représentations de sphinx sont assez fréquentes ; on les
• (licrlK'ck-Mag, Pompei, *' cd. p. 3bi, fig. 2. — 2 Pausan. I, 21, 5; cf. Collignon,
Phidias, |i. 28. — 3 Paus. V, 11,2; ColIiguoD, 0. c. p. lOS. Mime molif sur un
vase conicmporain, Wiener VorkijebUilt. 1889, pi. ii, 8. — l C. rendus de la Corn,
de ^t-Pé(ersb. 1870-71, pi. i, 1, 2: Kayel et Collignon, Hist. de la cir. yrecqiie,
fig. 10*; llbcrg, O. c. p. 32, n. 2; Furtwângler, O. c. lig. 12 et p. !> : cf. un spliinv
eu silhouette blanche sur une amphore à figures rouges du musée d'Arezzo (début du
Ti- sicMe): Furtwhngler-lleichhold, Gr. Vn«cn»ia/erei. Il, pi. i.xvii. — 5 Furl-
wrmgler, Anl. Gemiiien.pl. im, 48 et Xlv, 12. Cf. tome III, p. 143. — G Le motif le
plus fréi|ucnl est celui du sphinx en silhouette blanche, peint sur le col du rase;
Heydcmann, Vasensamml. in Neapel, SA. n. I9D ; RC, 136 ; Stephani, Vasensamml.
der Ermitage, a' 1557, 1383, 2251, 2203, 2265, 2267. — ' Clarac, iliis. de sculiil.
p. 743, 749 c: Michaelis, Ànc. marbles in Great Brilain. Ashmolean mus. 104,
p. 582. — 8 Carginio, Ace. des mon. du i/usre ualinnal, t. III, pi. 1.-9 Itendi-
eonli dei lincei. XIV, 8- fascic. ; Khoden, Terrakolten von Vompeji. pl. ixxin.
- '0 Oierlieck, PompOi, lig., p. 332, 442 ; Thédenat, Pompii, Vie priv,-e, p. 69 et
84. — Il Kiescrit/ky, i/arbres antiques de l'Ermitnije. n" 260. — 13 Vatican,
Galerie des Candélabres, n» 32, a' 35; Otcrteck-Mau, O. c. p. 439. — 13 .Nous rc-
produisons la liste dounoc par llu-fer, art. oeiupis de Rosclier, Lexikon der Mij-
Ihul. p- 7111. complétant Overbcck, Die Bildwerke :um theban. wid Iroischen
Heldenkreis, p. 17. cl pl. i. (Kdipc combattant .ivec le sphinx; Furtwângler,
Heschreibuni) derijeschnill. Stelne, w 808, pi. xi; Calalof/. of engraved gems in
the Hrilish Muséum. ISS8, p. 157; De Wille, Calalog. Durand, n» 360; Mon.
deir Inst. Il, 53 ; Heydcmann, Mittheitunij. a. der. antiken Sammig. in Ober-
und Miltelilalien, 48, 46 ; cf. pour le lécylhe à dorures de Cypre, p. 1 432, note 31 .
I,e sphinx massacrant des Théli.nns en présence d'(Edipc : Inghirami, Monum.
etruschi, ser. 1. n" 07 et Os ; Brunu-Kurte, llilieri dclle urne ctrusche, II, pl. vi.
p. 20 si|- Le sphinx, a»ec une altitude sévère et noble, en face d'IEdipc seul et
debout: Steckclherr:, fii-.îAcr der Hellenen. pl. xti ; Overbcck, Bildwerke, pl. i,
II, p. 30 n* 28 ; floydr>niann, Vasensammlg in .\eapet, 102, p. 861 ; Gerhard,
h'Irutk. Spiegel, II. 177; de Liiynes. Description de quelques vases peints, pl.
XTii .= Pollier. Gazette arrhéol. 1885, 282, II; Baumeister, Denkmiiler
1050 = Overheck, O. c. pl- i. 10: Furtnângler. Berliner \aseosamml. n" 2355;
l'anofka. Musée Blacas. pl. iii, 3*; iccil Sniilh. Catal. of Vases in the British
Muséum, III, 150 *, p. 145; De Wilte, Catal. Durand, n" 364; Helbig, V,'and-
iiemûlde m Campniiien, n" 1 153, p. 239 ; Arch. pi,,,: Mitth. aus Œsterr. 1690.
emploie volontiers comme supports dans l'architecture
et le mol)ili,-r fig. 10-28, 4!tl3J"', ils s'adaptent fort bien
aux angles des sarcopiiages ", aux candélabres '^ aux
casques V.aleaI. etc.
II. .Nous avons suivi l'évolution du type figuré du
sphinx; il nous reste à examiner brièvement les divers
motifs où des sphinx apparaissent. Les monuments qui
mettent le sphinx en présence d'Œdipe ou au milieu
des Thébains ont déjà été signalés '^ oedipus, p. 1o4\
Ce ne sont pas les seuls où on le voit représenté.
« La redoutable figure du sphinx, dit M. Poltier, était
devenue peu à peu en Grèce un ornement usité des tom-
beaux et un symbole décoratif de la mort " ». Les Grecs
avaient emprunté ce décor funéraire à l'Orient, ;'i la
Phrygie, à la Lycie et à Chypre''. Des couples de sphinx
apparaissent sur le fronton du tombeau phrygien d'.\rslan-
Kaia "•, sur la frise du monument lycien des Néréides'",
sur un tombeau de Xanthos au musée Britannique '*. Sur
le fronton du beau sarcophage lycien de la nécropole de
Sidon ''^ des sphinx se tournant le dos ont les yeux fixés
sur un palmier qui les sépare; c'est l'arbre de vie, selon
le vieux symbole assyrien^". Enfin, on avait disposé des
sphinx sur plusieurs tombeaux cypriotes^', notamment
aux angles du sarcophage d'.\matbonte". Le sarcophage
des Pleureuses, au musée de Constanlinople, répèle ce
motif d'acrolère -'.
En Grèce, dès le vi' siècle, le sphinx est un emblème
funéraire. On pourrait se demander si une autre pensée
n'a pas guidé les Naxiens dans le choix du sphinx pour
décorer leur grand ex-voto de Delphes Jig. 6o4t); mais
M. Ilomolle pense que le sphinx pouvait apparaître comme
le gardien du tombeau de Python et le compagnon du
triomphe d'Apollon -'. .Nous avons mentionné plus haut
les sphinx funéraires trouvés à Spala et au Pirée'', dont
nous distinguerons des statues de même type qui sont
de simples ex-voto-'. Quand la ligure du sphinx, debout
ou assise, sert de symbole funèbre, elle est placée sur
p. 70; Overbeck-Mau, Pompeji, fig. 217, p. 417 ; Oelorme, Descr. du Musée de
Vienne, p. 199, 179, pl. i» ; An-irt/i </. Jnst. 1869, pl. d'agg. D ; l.e Bas. Voyage
archt'ot. en Grèeeet en Asie-Mineure, pl. i.xxxvii, 2 ; Heyderaaiin. Griech. Vasm-
bilder, p. S, pl. viii, fig. 3, 10*, lOc; Walters. Catal. of greek vases in the Brit.
J/iiscum,ll(1893), p. 93, il" 122; Micali, J/oni<m incrfifi, pl. il ; l'asseri, Lueeruae
/ictiles. II. 104 ; Arch. Anzeiger, 1898, p. 141, n» 21 ; Robert, Uomerische Bêcher
50, Winckelmannsprogr. 09 ; Overheck, ^iWircrAe jkhi Theban. Heldenkreis.
00 52-60 (pierres gravées) = Furtwnngicr, Beschreib. der geschnitt . Steine, pl. xi,
n" 802, 799, 39, 8252, 801, 804, 805, 806, 3896, 760O. (Edipe assis devant
le sphinx : Mus, Gregoriano, II. 80 (notre ligure 6547) ; Ouruy, Hist. des Grecs, I.
97; C. Smith, Catal. o/ greek Vases >n the Britisli Mus. IIIS»t2, p. 384. Même
motif, avec un troisième personnage : Overbcck, tj. c. pl. t, 13, Walters, Catal.
of the Greek vases in the British Mus. IV, 234, n" 539. lEdipe debout, devant le
sphini, scène à trois personnages: Furtwângler, Berliner Vasensanim. n" 2030;
Raoul-Rochette. .Xlonum. inédits, pl. vu ; Overlieck, O. c. pl. ii, 5. Scène à plus de
trois personnages : .Vo»i. d. Inst. VIII, pi. xi.v = \Vïe«er Vorlegeblntter, 1889,
pl. viii; Overheck, O. c. pl. i, 14 et pi. n, 2; Dubois. Catalogue Canino,
no ISS ; IteydemanD. Griech. Vasenbilder. pl. viir, fig. 3, 102 ; Jahn, Vasensamml.
in Mfinchen. n" 332. 424,077, 1313; Annali, 1871, Tav. d'agg. M. Ajoutons
une pélikc à figures rouges du musée de Genève, Collect. d'art et d'hist. de la
ville de Genève, notice de 1908 ; Furtwângler, Die antiken Gemmen, pl. xxiv. 21
et 22, 24 et 23. — U Potticr. Catalogue, p. 1032. — 1^ llberg, O. c. p. 38 sq.
— !6 Jour,,, hcll. stud. V. 18x4, pl. xi.iv, p. 241 ; (Ramsay); Perrot et Chipiez.
Hist. de lArt. V, 153. 156, fig. 108, 109; Ohnefaisch-Richicr, Kgpros. pl. txxviu.
1. _ 17 IVrrot cl Chipiez, O. c. Il, 383, fig. 270; llberg, O. c. p. 38, n. 7.
— I» Calai, of greek scutpt. in the British Mus. I, p. 45, n"' 69 et 90 = Overheck,
Griech. /'lastik, 4 'éd., p. 232. — 18 Hamdy bey cl Th. Reinach, i'ne nécropole
royale â Sidon, pl. xv, xvu ; Arch. Anzeiger, 1894. p. 159 (Winter). — 20 A. Tr«n-
delenbnrg, Ein Talisman {Bltïtter fur die Mitglieder des Wissenschaftl-Central-
Vereins), I, 1909, p. 8 et figure, p. 9; [s-tBC0PH-M;us], p. 1009. — 21 Ccsnula.
Atlas, pl. ,:iv. 80; P. Ilcrinann, 48' Progr. zum Winckelmannsfesl, p. 22; Ces-
nola, Cijprus, pl. xlviii, 4; llberg. p. 39, n. 3-5. — 22Cesnola, Cyprès, pi. xlviii. 4.
— 23 Ilanidy-bey et Th- Reinach. O. c. pl. vi-viii. - 21 Fouilles de Delphes, t. IV,
p. 34. — -'■■ Voir p. 1435, note 7. — 26 A Délos. Cro<|uis de M. Henri .Maiel, archi-
Ic-^lc à l'École française d'Athènes-
SPH
1437
SPH
la stèle', le plus communément, mais elle peut aussi
tlanquer un tleuron central el jouer le rcMe d'acrolère -.
Parfois le spliinx a un double corps sur lequel est posée
une tète unique '. De beaucoup le motif le plus usité
est celui du sphinx assis sur une stèle à chapiteau ioni-
que ' ; l'image en est si familière que les céramistes
l'ont souvent adoptée pour représenter le monstre de la
fable, en face d'Œdipe ou au milieu des Thébains; ils le
Juchent seul ou sur une haute colonnetle (tig. 6547)^;
" l'image est plus semblable à une réunion de jeunes
gens autour d'une tombe du Céramique qu'au sauvage
repaire du Cilhéron ■> ". Le cratère Vagnonville, au musée
lie Klorenc(! ', présente aussi le sphinx de Thèbes super-
])0sé à un tombeau de type usuel, simple tertre dressé
sur une plate-forme rectangulaire ; détail nouveau, deux
Silènes se sont attaqués au monument et le détruisent
Fig.
If'klipc cl le splii
par le fer el par le feu. Ou a vu dans cette représentai ion
l'éclio d'un drame satyrique; et en elTel, d'autres monu-
ments offrent aussi le commerce du sphinx avec Pappo-
silène que tigure un histrion '. Le sphinx, tout en restant
un .symbole décoratif de la mort, fut relégué aux angles
des stèles", dans les nécropoles grecques, et à Home, aux
coins des sarcopliages'", des urnes ",des cippcs et autels
funéraires (fig. (i3i2) '-. Dans les bas-reliefs, on exprime
quelquefois plus clairement l'allusion en mettant près
1 Conze, Altiuclie Grabreliefs, pi. cccv ; i:r. Ilôm. Alitth. 1908, p. 53, ii. 3.
Jahrbuch. des liist. XX, bl. 58. — 2 Conzc, AUiaehe Grabreliefs, ii" liiKO; Anlike
Sculpture» des Muséums zu Berlin, n" 886; Frietlerictis-Wollei's, Gipsnbi/usse,
ii" limt ; llbcrg, O. c, p. *1, II. 2. — 3 Journ. of liellenic Stivlies, 11, tS8l, p. 31»
el pi. XV. (Murray); von Sybel, Kataloij der Scntpturen zu Atbcti, n" 161.
— 4 Cr. Erimos Vindobonensis (18!i3;, p. «, Alhen. Grnbstaluen, (Wcisshâupl);
i./,t,o. op,.«,0A0Y..hv, 1889, 158, 2 = Corp. inser. allie. IV2 2iii7 b; Oljiic-
falsch-Kicljlcr et JiUres, Calai, of llie Ci/prus Muséum, n' 631S. Sur des vases:
Bcnudorf, (Sriecli. Vasenb. pi. .xix, i; Annali, 1867, pi. i; Arch. epi(/r. Millheil.
von (Hslerreich. 111, p. 63 ; Slackclbcrg, Die Gràber dcr Hell. pi. xxxvii ; Brilisli
Muséum. B, 6.ïn, B, 5(i4 ; Ës^i». Ap/, 1893, n. 18, 8. Nous reproduisons la peinture
d'une coupe du Musée de Vatican, J/j/s. Greyor. II, pi. r.xxxiv; Duruy, Uist. des
Grecs, I. 1, p 97; Atlicn. Millheil. 1906, p. 150, fig. 2 (Dœrpfeld). — ■■ Pollier,
Calaloi/ue, p. lOiO, Louvre Ii 228; Wiener Vurleyebl. p. 18s, pi. vue cl ix ,
une pëliké d'ilermonax, Klein, Meislersignal, p. 201 ; Hartwig, jl/eisfeis. p. (iOi;
Ajner. Juiirn. of Arcli. 1909, p. 437. — li PoUier, Calnloy. p. 1033. — 1 Milaui.
Sliid. e twiter. 1, p. 04-73 et frg. I, p. 65 (Mancini) ; Wien. Jahreshefle, Vlil,
p. 14Si X, 117el 103 Anz. —8 CrMius, Festsclir. fur Overbeck, p. 102; (satvih],
p. 1097. — 9 Von Sybel, Kataloif. der Sculpl. zu Alheii, 51. — 10 Gerhard,
Anlike Biltlir. pi. cvi, 3; Michaclis, Ane. marbl. in Great Brilain, p. 599,
n** 219; Ilberg, p. 42, no 2; Kieserilsky, Musée de scttlpl. ant. de l'Ermitage,
u" 2ii0. - unatscllkc, Ant. Bildtr. im Oherilalien, II, 363, 361, 473 111, 3V7,
du sphinx un crâne '\ la roue du temps" ou une tête de
bélier'".
D'autres monuments présentent l'animal dans son rùle
de démon funèbre, maintenant sa victime dans ses serres :
deux scarabées de style archaïque''', un groupe de bronze
pu musée de Constantinople'\ un bas-relief de Mélos
Fig. 6348. _ Le sphinx dévoranl sa viclinic.
(fig. 6548)'* et un fragment d'amphore à figures noires
de Munich " répètent ainsi ce motif décoratif que Phidias
avait choisi pour les accoudoirs du trône de son Zeus
Olympien -". Des vases attiques de l'époque de Phidias
présentent des sphinx emportant un défunt à travers les
airs-'. On a confondu, dans certains cas, les sphinx
avec d'autres démons de la même famille, en parti-
culier avec les sirènes [sirènes]. Comme tous les
génies funèbres, le sphinx passait pour une personnifi-
cation de l'Ame etparticipaitdeson essence protéiforme -- ;
on s'explique donc la création d'êtres hybrides qui
tiennent certains traits du sphinx, les autres de la sirène.
Un sarcophage de Clazoïnène, au musée Britannique-',
offre une sirène k pattes de lion, tandis qu'un sphinx à
bras humain est sculpté sur un cippe de Cologne";
enfin, des statuettes de terre cuite conservées à Berlin^",
à Boston-" et à Londres" présentent le type d'un sphinx
à queue d'oiseau'-'.
Le sphinx de Délos ^^ présente un autre aspect: il a
les pieds munis de serres, la main gauche est passée
dans les cheveux, sur laquelle il appuie sa tête. Ailleurs
l'équivalence des types du sphinx et de la sirène va
458; IV, 502; V, 772; Michaelis, O. /. p. 331, n° 51, p. 317, n» 49.— 12Clarac, A/as.
desculpl. p. 232, n. 339 ;[sepui.crum],p. 1245, note 14; cf. Allmann, Die remis. Grn-
ballfire der Kaiserzeit, n"* 35 et 42. — M Longpérier, /Notice des bronzes anl. du
Louvre, n" 412 ; llberg. p. 42, n. 8 ; Vatican, Galerie des candélabres, n" 3ï (la roue
est superposée aux llaniiues d'un sacrifice) ; ImhoorBlumer el Keller-, Tier-und
P/lan:enbiUer, pi. xni. 14. — n Ant. Scu'/t. d. kr/l. Musejms zu Berlin.
n» 1114; llberg, O. c. p. 42, n. 10. — 'S Raoul-Kochetle, Moniim. inédits, p. il.
— 16 Furiwiingler, Die anl. Gemmen, pi. vr, 32 et vni, 7. — n Weicker, O. c.
p. 123, 2, qui rcctihe Catalogue des bronzes et bijoux, no 234. — 18 Wiener
Vorlegebl. 1889, pi. ix, 11. — 19 Furiwiingler, £»ieApAinj:i'on^e,i/iHa, p. 4, fig. 9.
— M Voir p. 1436, n. 3. — 21 Wiener Vorl. 1889, pi. ix, S; Gazette arch. 1870, p. 77;
(Jollignon et Couve, tJatal. des vases du Musée d'Athènes, n" 1480. Cf. Jahrb. des
k. Inst. XVI, p. 21. — 22 Weicker, Der Seelenroijel, f. 127 cl n. 2. — '^3/4.
p. 128, fig. 54. — 2* Ibid. p. 128, n. 1 ; Arch. Anzeig. 1897, p. 19. — 25 Weicker,
O. c. p. 128; Allien. Mitlh. 1879. pi. xcx, 1 ; Kayel et Collignon. Histoire de la
cer. qr. p. 368, fig. 138. — 2B Annual report of tiie Muséum of fine arts, 190",
p. 82. a' 39. — 27 British Muséum A, 1237. — 28 Le type se retrouve sur des vases
peinis, Jahn, Vasensamml. in Miinchen, n' 948, et Slrena Uelbigiana, p. 148
(Karo) ; des pierres gravées, Furtwiingler, .\nt. Gennnen, pi. tx. 63; des bronzes
étrusques, Paris, Bibliolh. nationale, n" 723; Weicker, O. c. p. 187, n. 2. — 29 Ex-
péd. de Morée, III, 22, 1; NuoeeMem. il. Institut, pi. xiv, 9; Weicker, 0. c.
p. 128, n. 3.
SPH
I i38
SPH
jusiiu';! (loiiiUT au sphinx les formes d'une belle jeune
fille .-lilée qui n'a plus rien de la (igure des monstres'.
Les sphinx n'étaient pas seulement dans l'imagination
populaire des vampires avides de sang, mais encore des
démons lascifs, enclins à la volupté [psyché, p. 747,
n. I(>]. Aussi, les artistes leur donnent-ils un beau
visage; ils l'associent fréquemment à Aphrodite. Le char-
mant balsamaire, en forme de sphinx (fig. 05't6), del'Kr-
milage impérial à Saint-l^étersbourg- faisait le pendant
d'un autre vase plastique figurant .\phrodite Anadyo-
mène'.Des vases italo-grecs, en forme de sphinx, ofl'rent
des Kros ' et des monnaies cariennes ont comme em-
blème Aphrodite assise entre deux sphinx^. Ajoutons
que la statue d'Égine, décrite plus haut, servait d'acro-
tère à un temple d'Aphrodite".
La croyance unanime accordait aussi aux sphinx une
puissante vertu prophylactique. On imaginait communé-
ment que ces images écartaient les mauvais sorts et
détournaient les maléfices ; c'est pourquoi l'on en usaitsi
fréquemment pour décorer les tombeaux ; elles servaient
d'épouvantail aux esprits qui hantent les cimetières. On
plaçait aussi des figures de sphinx sur les vêlements',
les bijoux, les cachets, sans doute pour donner à ces
objets usuels la valeur de phylactères. Des pendants
d'oreilles trouvés en Chypre*, des bracelets provenant de
la Russie méridionale (fîg. 328)", des fibules de Préneste '"
et de Cliiusi (fig. 96), un collier de Vulci ", sont ornés de
sphinx, et ont servi d'amulettes. Un de ces bijoux étrus-
ques, au musée Britannique'-, en porte jusqu'à seize,
Hg. 0549. — Spliinx servant d'arauletlc.
figurés en ronde bosse par groupes de quatre et se fai-
sant face (fig. 6549'!; il en est de même des innombrables
intailles où des sphinx sont gravés ".
On ne manqua pas non plus d'utiliser cette vertu pro-
I l..-cyllie .'i li^rures rouges .le la colleclion Bourguignon, Plululogus. 1x94, pi. i ;
Weicker. O, c. p. i-f>. I)"une niani^-re générale, ohservous i|ue la sirène et le
spbinx èlanl lievcnus écliangeatiles sur les monuments funéraires, le mélange
«le ces types devient complet dans l'art décoratif. Cf. Weicker, t). c. p. 127, n. 2.
— 2C. rend, de St-Pctersb. 1S7U-71, pi. i, n" i el 4 ; llberg, U. c. p. 31, a. 3.
— 3 C. r. ibid. u. I et 3. — 4 Hcydcmann, Vasensaniml. iit Nmpet, p. 653,
n" 69, 71 ; llberg, 0. e. p. 32, n. *. — s Imlioof-Blumer, /Icmie suisse de luimism.
^9M. pi. vui, il, p. il, p. 204. - 6 lurlwangler, O. c. p. 7. Cf. p. 1435
note a. - ' Arislol. Oc mirab. auscult. §96; cf. hydric à lig. noirrs, Dumont
et Cbaplain, O. /. p 326, u" 4, frange du vêlement ; plaque» d'or cousues
sur les étoffes, Stepliani, C. r. 1S76, p, 145, 147; 1877, p. i55 ; lllierg, U. c.
p. 47, n. 1. — 8 Obncfalscb-Richtcr et Myres, Calai, of Ihe Cyprus muséum,
p. 35, I3l-I3i, n"- 437s et 4379 ; Perrol cl t:bipiez, O. c. III, p. 317 : Journ. hell.
.^^|rf. .\l, pi. V. 7;. VII, pi. XV, p. 314.— ^Anlifi.dH flo.îpA. Cmmer. I, 79,85, pi. xn
n i, xiii, I.— lOllelbig-Keiscb, /•'û/irt/ 1, p. 4iini llberg, O.c. p. 47, n. 4.— H Helhi^-
Ueisch, O. r. p. 357 ; llberg. O. c. p. 47, n. s. — 12 E. Fontenay, Les bijoux anc. et
modernes, l'aris, 1887, p. 126. V. aussi p. 128. — i'i Voir p. 1433, n. 4, et 1434 ;
llberg, O. c. p. 30 et 37. — » llberg, O. c. p. 43. — ls Aescb. Sept. c. Thei. 522; Scbol.
Eur. /"Aoen. 409. — 16 Kurtwângler, Vasens.in /)irlin,n'" 1708, 1712 ;FurlwSngler-
Keicbbold, Orieetiisc/ie Vasenmal. Il, pi. i.xxv. — n llberg, O. c. p. 7; Furtwiingler,
lironzenvon Olympia, f. 133, pi. i viii,n'' 980 ;pl. i.ix. — 18 ;Vo/i, <(. Inst. Vl,pl. ii.,9 ;
Jalin, Lauersforier Plialtra-, p. 9, pi. ], n ; llberg, O. c. p. 43, n. 7 ; (hui.hae,
p. 426, note 22J. — 1^ Micliaelis, Ancient vmrbles in (ireal Brilain.p. 290, n. 39 :
llberg, O. c. p. 44, n. 1. — 2" Furtwângler, Meislerwerke, p. 118, lig. 13 et 16.
— *l Koscber. /.ecik. der Hytkol. I. 699. Des vases ollrent le même motif, Benndorf,
Gr. und ■'iicil. Vasenbild. pi. xxxi, 1 ; Catal. of greci; rascx in the British Mus.
m, pi. XVI. — 22 llberg, O. c. p. 44. — 43 T«le d'Ares au Louvre; le cimier central
tectrice du sphinx pour les armes défensives ". En effet,
on voit chez Eschyle et Euripide ' ' et sur les vases peints '"
([ue le sphinx scrvaitd'épisème aux boucliers des héros".
C'était aussi, et pour les mêmes raisons, un décor fort
usité des cuirasses '* (fig. 3974), des poitrails (fig. 2727),
des phalères ffig. 5020) et des casques, dont le sphinx
supporte souvent le cimier (fig. 3'i73); quelquefois,
formant saillie latérale, il occupe la place d'un panache ou
d'une aigrette(fig. 2575) ; plusrarement, il décore les para-
gnathides (fig. 3475). Dans le casque de l'Athéna Par-
thénos de Phidias, l'aigrette médiane était supportée par
un sphinx (fig. 3476, 3323 etoU68), décor qui fit école, à
en juger par l'Athéna llope (fig. 5066) ''^ l'Athéna Far-
nèse '■''', l'Athéna Hygieiade Pyrrhos'', et par une héritière
plus jeune, la Den Roma--. L'iconographie des rois de
l'époque hellénistique et celle des empereurs romains
empruntèrent ce même décor à certaines représentations
d'Ares^'. Dans son Electre-'", Euripide coiffe Achille d'un
casque orné de ce même emblème dont il n'omet pas de
marquer le sens prophylactique (ôsi'fxaTa apixTà)^".
La vertu protectrice émanant du sphinx en recom-
mandait l'usage aux artistes, charmés d'ailleurs par les
qualités décoratives de ce motif. Les accoudoirs du
trône de Zeus, à Olympie, étaient supportés par des
sphinx enlevant leurs victimes-^. A l'époque de Phi-
dias, les dévols d'Olympie devaient éprouver encore
une crainte superstitieuse en reconnaissant les symboles
de la toute puissance du dieu sur la vie et sur la mort.
Mais ce sentiment s'émoussa et finit par disparaître-''.
Sans cesser d'être employé pour les amortissements
des accoudoirs-', les dossiers -', les pieds ^", l'escabeau
même ^' des trônes divins, le sphinx n'est plus qu'un
ornement.
A répO(|ue hellénistique, et plus tard, à Pompéi et à
Herculanum, on orna de figures de sphinx les pieds de
tables^- (lig. 4913), les trépieds^'', les lits''", les candé-
labres'° et des ustensiles de tout genre (fi g. 1028)"^; nous en
avons déjà observé dans l'art archaïque, sur des appliques
que l'on adaptait aux vases de bronze " ou à des objets
de plus grande dimension, comme le char de luxe de
Munich'*. Enfin, on choisit souvent aussi \v. sphinx
comme emblème pour des poids el des monnaies. Les
cslsupporU- par un sphinx: l'urUvangler, -l/f/sferir. p. HT ,clBesclireib.der Glypto-
tliek, n" 212, el flundevt Tafeln, pi. xxxin, complète, d'après ce modèle, une tète de
Munich. — 21 V. 471 ; cf. llberg, O. c. — 2» V. 456. — '26 fausan. V, II, 2. Petersen,
Die Kunst des Phidias, Berl. 1872, f, 55; l-'urtwiingler. Die Sphinx von Aegina,
p. 5. —'27 Cf. llberg, O. c. p. 46. — 28 Dcfrasse et Lecliat, Epidaure, p. 84 ; Arndt,
Glyptolhèque de Xy-Carts/ierg, texte de la pi. xvii (Bulle) ; télc semblable au musée
Fol à Genève, n° I57U. Cf. le trône de Zeus, dans la frise orienlale du Partliénon, et
les peintures de vases réunies par OverbecU, Atlas zur Kunstnujth. pi. i, 29 ;
autres exemples ap. Slepbani. C. rendus. 1859, pi. i et p. 64; 1864, pi. iv el p. 132,
143; Petersen, /. c. Cf. llberg, 0. c. p. 4li, n. i-:<: Milchbiifer, Ath. Mitth. 1876,
p. 67. n. 1 ; nous y ajouterons le monument des Harpyes, à Xantbos, Overbeck, Gesch.
der griech. Ptaslik, 4' éd. I, 227, lig. .SK ; Kavvadias, KaxàJioYo; tZ, j'ii,KT,»ï, n» 819.
— ■29 Le trône d'Apollon il Amycléi s, Paus. III, 18, 14; cf. Furtwângler, Meis-
lerwerke, p. 700, lig. 133 ; llberg, O. c. p. 46, n. 3. — 3» llberg, /, c. — 31 Tiié-
denat, Pompéi, Vie privée, j^. 69. escabeau de la statuetic de l'Abondance ; Mau-
Kelsey, Pompeii, fig. 182. — 32 Overbeck-Mau, Pompeji, 4' éd. fig. 289; Dendic.
deli Acad. dei Liticei, XIV, fasc. s. — 3:i (jargiulo, /lec. des uionum.du Musée
mit. Il, 30 : Anlich. d'Eroolano, III. p. 313. fig. 59 ; Mau-Kelsey, Pompeii, fig. 183,
p. 363; Blumncr, Kunstgewerbe m Allertum, 11, p. 160, fig. 81. — 34 Dans la
lente de Ploléniée Phdadelplie, à Alexandrie, Alben. V, 197 a. Cf. FIcckeisen,
Neue Jahrb. ISI13, p. 660, n. 2. — 3-ï Overbeck-Mau, O. c. p. 439, fig. 234;
Vatican, Galerie des Candélabres, n" 31 el 35; Mus. Uorb. I, 34; Blûmner,
'). c. Il, p. 71, fig. 32. — 36 Bassin à eau chaude, Mus. Uorb. V, 44; Ovcrbeck-
Mau. U. c. p. 442; Bliimner, O. c. p. lOS, fig. 53. — 37 Furtwângler, Col.
.S'nl.ouroff pi. cxLix, p. 3; Longpérier, Uronzes ant. du Louvre, n" 409, 410;
Nous avons signalé plus haut, noie 2. les balsamaires en forme de sphinx.
— 38 Furtwiîugler, Beschr. der Glyptoth. n° 71 ; Micali, .lyon. anlichi. pi. xxviii, 4.
SPH
1439 —
SPI
*;i^'^- fv
:ji ,i#
\
monnaies (fij<. 0545) et les poids ;(ig. tjMriO) de Chiosi por-
tent comme emblème un sphinx assis sur une ampliore;
une amphore ou un pampre
remplit le cliamp'; le sphinx
chlhonien est, selon llead, un
symbole du culte de Dionysos
qu'on révérait dans l'Ile ^
Des monnaies de Riiodes
offrent un sphinx assis à côté
d'une rose' et le prolome de
l'animal apparaît sur des
pièces de Cyzique ' ; celles
de Chypre ont le sphinx
Fij. (i5r,n. — Poids de chios. assis sur un lolus '. La
Carie '^ et la Cilicie " ont
pour type Aphrodite entre deux sphinx '. On peut
ajouter à ces exemples choisis dans l'époque la plus
florissante de l'art monétaire beaucoup de monnaies
iiellénisUques '", de la Képublique romaine " et de
l'Empire''. L'anneau de l'empereur Auguste élaitdécoré
de cet emblème'-'.
Le sphinx est parfois groupé avi'c des divinités ; nous
avons louclié plus haut la question de ses rapports avec
Aphrodite" et avec Dionysos '^ On le voit aussi associé
à Silène et aux Satyres, sous l'influence du drame saty-
rique [satvki, p. 1097] '^ à Hermès'', à Héraclès'" et,
comme symbole de l'Egypte, à Harpocrate" elau dieu Nil'-".
L(! sphinx apparaît aussi en dehors de l'histoire
d'tJEdipe au milieu des mortels; on voit, sur des scara-
bées sai'des de style égyplisant, un jeune héros tenant
deux sphinx suspendus par une patte ^'. Sur des vases
de Nicosthènes et d'Euergidès -'-, le sphinx est (jntouré
d'hommes armés. Ces scènes n'ont pas de rapport néces-
saire avec le mythe thébain.
Nous avons rencontré déjà le sphinx employé dans
l'architecture religieuse; on le trouve, comme acrolère,
en terre cuite ou en marbre, à Thermos-', à Olympie-',
à Égine-% dans les métopes et les frises sculptées des
' llead, llisl. numor. p. 513 si|., i'crcy-Gardner, Types of gree/c coins, pi. iv, 0,
X, U; Mionnel, /Jescr. des médailles, III, 303-278, l-lïS. Suppl. VI, 38S ; Imlioof-
Blmuei', .Uonn. gr. p. 297 sq. ; llberg, 0. c. 14, n. 9. — 2 cf. Inilioof-Hliiiiier,
Jleviie suisse de numismnt. 1908, p. 79 cl 80 (le sphinx porte un calallios). — 3 Head.
Hist. nu»!, p. 513. Cf. llberg, Le. — '' Percy-Uai-dner, 0. c. pi. x, 21 ; Mill, Hand-
liook of greek coins, p. 200. — 5 Iniliool'-Blumer el Kcller, Tier-und f/lanzenbU-
der. XIII, 10; llberg, O. c. 15, n. 1. — 6 Percy-Gardner, O. c. pi. iv, 40.— 7 Imlioof-
Blumer, Hei-uesitihse de num. pi. cmvjei, p. 201 et pi. vit, n.2t. — «Iralioof-Blumer,
iloHii. gr., pi. n, 15; Percy-Gardnei-, O. c. pi. x, 3t ; llberg, 0. c. p. 13,
il. 3. — 3 Voir p. 1438, note 3. — tu Voir les exemples r(5unis par lll.erg, 0. c.
p. 15, 11. 4, auxquels nous ajouterons pour Gabala de Syrie, ImlioorBluiner, Ziir
Syiisclten Munzkunde, Wiener numisin. Xeilung, 1901, p. 6, 7, pi. i, C, 7, 8 —
Mionnel, V, 235, 2:18, pour Alexandrie. Pour l.esbos. Calai, uj' gr. coins in llie
brilisli Muséum, Mysia. p. ;«, n» 220, cf. pi. ni. — 11 Cohen, Médailles consul.
p. 77, pi. x, 8. — li Pour Auguste, cl. linhoof-Blumer et Kcller, Cj. <■. pi. xiir, 13; Hill,
Handbuok of greek and roman coi„s, p. 172; Jlilani, (tiabrici) Lu uumismaliea
d'Auiiuslo,Sludiemaleriali,l\,p. 137; pour Albinus, [VAmer. Médaillons de l'Em-
pire romain, p. 130. — '^i Milaui, .S7«rfi e maleriali, L'annello siyillo di .iug. Il,
p. 172180, lig. 1-14. — 14 Cf. p. 1438, note 3. — 1. Ci-dossus, note 3. — 10 Cf.
sAïu.i, p. 1097, u. 9; l'urtwSnglcr, Ant. Gemmen, 111, p. 102, lig, 69. I.e cratère
de Sommavilla, Mon. d. Jnst. II. pi. i.v. — 17 Amphore coiinlhienne, Athen.
Millh. XVlll, 57 et pi. lÉ. — ISOenoclioé à fig. noires du musée de Boston, Jahrb.
des k. Institut. XIV, p. 143, n. 33. — it Pollier. Diphilos et les modeleurs de
ter. cuites gr. p. 87, n° 354, — 20 Micliaëlis, Ane. marliles in Great Britain,
p. ,Î82, n" 104. — 21 Kurtwïingler, Ant. Gemmen, p. 1 10, lig. 77 ; p. 104 el pi. vi, 31 .
— 22 Klein, Meistersiguatur. Nicoslhencs, n« 4, p. 54; u"' 21, 23, 23, p. 59-GO ;
Kucrgides, 9, p. 99. — 23 Ant. Denkm. des k. Instit. Il, texte pi. xi.ix, lig. 4 el 3.
Cf. l'otticr, Jjiphilos, p. 33, n" 180. — 2» Ausgrab. zu Olympia, 111. p. 1{,
pi. XXV 6. — 2S Knrlwiingler, (t. c. pi. i. — 2ii Calai, sommaire des marbres ant.
du Louvre, n° 2825 cl 2827; S. Heinïcii, Répert. des bas-reliefs grecs et rom .
(1909), p. 5 el li. — 27 Overbeck, Gescli. der griech. Plastik (4' édit.), I, p. 215.
— 2» l.ecliat, Sculpt. attique av. Phtdias, p. 203, lig. 1 i. — 29 cf. Puchsleiu,
temples d'Assos-", de Sélinonte'-'. Il orne les sanctuaires;
on l'apporte en ex-voto'-' ; il sert à décorer les bases des
statues ^'\ ou comme ménisque à en détourner les
oiseaux"'. Rappelons le motif d'origine ionienne^' du
sphinx dont lalêle, vue de face, surmonte deux corps vus
de profil. Cette variante de la panthère el de la lionne à
deux corps, fréquente sur les vases ioniens ^-, jouit
d'une certaine fortune dans la sculpture gréco-romaine ".
On voit un sphinx à trois tèles sur une monnaie d'Ha-
drien ^*. Citons en terminant, un sphinx barbu à queue de
serpent'\ le sphinx du cratère de Sommavilla, avec sa
tête entourée d'un disque rayonnant '^ enfin, sur une
amphore de Chypre ^'\ deux sphinx • échangeant dus
baisers. (jeorge.s Nicole.
SPICULUM. — Pointe de lame ou de flèche [dasta,
SAGiTTA. Ce nom a aussi été donné au pilum.
SPIXA — I. L'épine qui partageait l'arène d'un cirque
[ciBCL's]. — II. Cure-dents [dentiscalpium".
SPIMTHER. (Ssi-cxTrip, de tst^i'c(w, serrer). — - Sorte de
bracelet, dont le nom fait deviner la forme. Différent des
bracelets dont il a été parlé ailleurs [armilla], celui-ci
tenait au bras par la seule pression, grâce à l'élasticité du
métal'. Festus, qui seul nous renseigne, dit que c'était
une parure des femmes de l'ancien temps, qui se por-
tait au haut du bras gauche^. U ne semble donc pas
qu'il s'agisse, comme on le croit communément, de ces
bracelets qui figurent des serpents ou des rubans
enroulés, lesquels appartiennent aux meilleurs temps de
l'art et sont restés en usage pendant toute l'antiquité (il
y a aussi des bagues semblables, fig. 343) : ceux-là, qu'ils
fassent un ou plusieurs tours, n'ont pas besoin d'adhérer
étroitement pour rester en place; mais il en est d'autres
qui tomberaient s'ils n'étaient serrés ainsi ou attachés.
On pouvait bien les qualifier d'antiques au temps où les
grammairiens clierchaient l'origine et la signification des
mots, car ils sont de travail étrusque ou préétrusque ^ On
en conserve au Vatican i^lig. ti.^31) et au musée Britanni-
que'. Ces bijoux consistent en une bande d'or mince.
Die ionische Snule, lig. 41, p. 3V cl p. 33, noie. — 30 ■Es,,,.. i;i. I.s83, pi. xii,
A ; [MENiscosj, p. 1719. — 31 Voir p. 1434, n. 0. — 32 Furtwangler, Ant. Gemmen,
11, p. 104 el pi. VIII, 34, Nnmism. cttronicle, 1887, pi. iv, 30; Dummlcr, Kleine
Schriften. III, p. 240, 250, pi. vin; Pollier, Mélanges Perrot, p. 272; Reinacli.
ftép.de la statuaire. II, p. 703, reproduit un sphinx à quatre têtes. — l'^Mon.
d. Inst. VI, pi. X1.I, fig. 9; Curtius, Wappengebrauck und Wappenstil, 11g. 10.
— 31 Imboof-Bluiucr et Keller. U. c. pi. xiu, 14; llberg, O. c. p. 13, n. 4
(monnaie frappée à Alexandrie). — 357n/i/-i. des k. Instituts, Arch. An:. Vlll, p. 90.
n. I. Cf. Scliol. Euiip. l'hoen. 700, olj» Spa»«;viiî, Bclhe, Theban. Ucldenlieder,
p. 17 sq. — 30 Mon. d. Inst. Il, pi. iv. — 37 Murray, Smith et Walters, Ercav. in
lyprus, p. 109, lig. 1.39. Cf. Wcicker, Der Seeleni-ogeel, p. 121, cl un motif ana-
logue sur une amphore de Bonn, Jbid. lig. 40. — Biiuioiiiahuif.. Ouaranla, La
favrla delta Sfinge tebana. Naples, 1828; Forchhammcr, .Sphinx, Allgemein.
Monatschrift fur Wissens. und Liter. 1852; Jaep, Die griechische Sphinx, Gotlin-
"ue, 1834; Gargallo-Griiualdi, Observât, on certain allegor. represent. of the
ancients. Transactions of llie real Soc. of Literal. New série, V, 1855 ; Slephani,
Comptes rendus de la corn, impér. arch. 1804, p. 63, 103 ; Furlyvangler, Bronze-
fundeaus Olympia, Abhandl. der Bcrl. Akad. der Wiss. 1879, p, 57 sq. ; Atlien.
Mittheilung. IV, 1879, p. 43 sq. (Milclihofcr) ; Scliroeler, De Sphinge ijraecarnm
fabularum eommentatio mythologica, Rogasen, Progr. 1880; Baumcislcr, Den-
knutler des Klass. Altertums, III, p. 1688 sq.; Kurtwiingler, Die Bronzen run
Olympia, 1890, p. 99 sq. ; Curtius, Festselirift fur Overbeck, 1893, p. 102; loli.
llberg. Die Sphinx in der griechischen Kunst und Sage, Progr. Leipzig, 1896;
Purlwângicr, Die ant. Gemmen, 1900, p. 104 ; et Oie Sphinx von Aegina, Manchner
Jahrbuch der bildenden Kunst, I, 1900, p. 1-10; R. délia Seta, La Sfinge di
Haghia Triada, Itendiconti delf Accad. dei Lincei, XVI, 1907, p, 699 sq.
SPI.XTIllill. 1 Rapprocher le nom de oç.r""i? donné au muscle constricteur.
— s Fesl. p. 333 M : armillue genus quod mulieres antiguae yerere solebant
bracfào summo sinistro. —3 II est encore question dans une comédie de Piaule
(A/en. III, 3, 4 : V, 3, 8) d'un spiutlier en or. — * Grih, Monum. di Cere, III, 4;
Caiiina, Ètruria mcrit. 1, pl. iiv, 74-7; Fonleuay, Les bijoux anc. et modernes,
Paris, 1881, p. 204 sq. ; Heisch dans Helbig, Fuhrer, î' éd. 1899, n. 1406.
SPI
— 1440 —
SPO
/
/ \
A
\
•II.
S/jiiither.
couverte de figures estampées, qui entoure le bras, sans
en faire le tour complet, l'anneau couvrirait tout au plus
le poignet; lies chaînettes ou des brides tixées au bord
semblent des ornements
plutôt que des attaches
qui, au besoin, en arrê-
teraient la chute '.
Nous rappellerons à ce
propos, mais en évitant
de les confondre avec le
spinther, les bracelets
ouverts, pesants et mas-
sifs des âges primitifs,
dont le goût se transmit
jusqu'aux Barljares qui
envahirent l'Empire ; les
Romains paraissent
l'avoir partagé. Ils eurent
des bracelets ouverts,
plus légers et flexibles,
mais d'une mode nou-
velle, qui n'étaient pas ceux des mulieres antiqun-.
Les Tarenlins appelaient ditYXTiîp ^ la tunique, portée
probablement serrée comme un fourreau. Cette accep-
tion du mot s'estpeut-ètre généralisée, car on le retrouve
ainsi employé chez les écrivains byzantins' ; dans le latin
des bas-temps trcptYXTïip est l'équivalent de stricloriiim *
E. Saglio.
SIMTHAMA' (ST:tf»a[j.vî)2. Kmpan. Distance comprise
entre l'extrémité du pouce et celle de l'auriculaire ', quand
ces doigts sont sur une même droite, la main à plat et lar-
gement étendue'. Cette distance étant anatomiquement
la moitié de celle qui sépare l'olécràne du bout unguéal
du médius, on considéra toujours l'empan comme la
moitié d'une coudée et ces deux mesures, dès la plus
haute antiquité, furent admises, avec ce rapport, dans
les systèmes métriques égyptien " et chaldéen '.
En Grèce, l'unité de mesure étant le pied, nous ne
voyons d'abord le spithame mentionné que par les auteurs
ioniens: Hésiode\ Hippocrate", Hérodote. Ce dernier
l'emploie à propos des deux bas-reliefs de Nimfio' et du
Kara-Bel'" représentant le Pseudo-Sésosiris : àvvip i-^yé-
Y/.ijTtxai (ié-ceôoç TtÉfATt-rY,? <r7rt6a|ji.;,; ". Cette phrase, que
Ton traduit encore'- comme au temps de Larclier " ou
yrill. — » Wad.linglon, Kdil de
1 Hesycli. s. o. — 2 Du Gange, s. v. — 3 Glosi
Dioclélien, VII, 5C (p. iO).
SPITHAMA. f riin. H. nat. VII, 3, 19 : Trispithami, tcrnas spilhamas longi-
tudine. — '- La forme nftai*!^ est usitée depuis répoque byzantine (DucaDge,
nioss. mtil. et infim. grnec. s. v.). — 3 Hcsycli. s. v. - » l'ollux. II, 157. — 5 Sur
la coudée égyptienne conservée au Louvre (E. de Rougé, Aotice somm. des
moniim. égypt. nu Lomre, 1»73, p, 87, vitrine I), ainsi que fur la plupart des mo-
numents similaires, les empans sont mar(|ués par une patte d'oiseau, alors rjne
riiiéroglyplie de la coudée est nue main avec l'avant-bras en eitension. — ^ Aurcs,
Traité de métrol. assijr. p. -JS ; Oppert, Étalon des mesures assi/r. /ixées pur les
textes cuni-if. p. 3S sq. —7 fip. et d. (éd. Weiso) 4i4. — 'De /'met. XII, p. 241
qui emploie )ii».oi:ieii|».iiTo;. — ' Découvert par Texier {Descr. de l'Asie min. Il,
p. 30i sq.) ; cf. (i. l'errot el Cliipiez, Hist. de l'Art. 1887, IV, p. 742 sq. — 10 Dé-
couvert par M. Huniann($ayce, The Aeademy du IS oclob. 1879, p. is9). — " II,
106. — i'i P. Ciguel, Traducl. des Hist. d'Hérodote, 11.106. — 13 lid. de 1843,
vol. I, p. las : 1 homme de cini| palmes de haut. .. — "A défaut de l'éd.
de 1556, cf. éd. de IK64, p. I5'J; . un homme haut de cinq paumes ». — IBNote
ad /. c. dans son édit. de Strasbourg, Ifilti ; Lesicon Herodoteum, ISiO, II, p, 106.
— Ï6 A. F. Miol donne celte vcr^^ion exacte {Uist. d'fJér. Paris, 18^2, I, p. 30i
el noie 50, p. 413). — i' D'après 0. Weber, (/.e Si/njlos et ses monuments,
Paris. 1880. p 4i), le cadre de ce bas-relief a pour largeur, en bas, ± m. 50 ; en
haut. I m. i*Oet pour hauteur, i m. 50. Ln se servant de ces nombres, on trouve sur
une photographie de E. Kubelin (de Smyrne) que le Pseudo Sésostris de .Ninilio
doit avoir t m. 40. — •» La règle gravée sur la statue du palési Goudéa, au Louvre
est un empan de 0 m. J656 (M. Dieulafoy, Not. sur les coudées étalons perses
de P. Saliat'*, signifie, ainsi que le montra Schwei-
ghauser'S ^ un homme de cinq coudées moins un spi-
thame », soit quatre coudées et demie '" ; ce qui concorde
parfaitement avec les dimensions du has-relief, dont la
hauteur'' parait être de :2m. -40; ce qui prouvt; (|u'Héro-
dote employait l'ancienne coudée chaldéenne de (hii. 531i
dont l'empan de Om. SGrWiest gravé sur l'une des statues
de Tello'*. Aulu-Gelle a donc eu raison d'écrire que
sept coudées d'Hérodote font douze pieds romains un
quart"; la différence n'est que de neuf centimètres
et demi
C'est à partir d'.Mexandre -", et principalement dans
l'école d'Alexandrie-', qu'on employa communément le
spithame, puisque lacouilée resta l'unité légale de l'Asie
antérieure et de l'Egypte.
Quand les Romains commencèrent à traduire les ou-
vrages des Alexandrins, ils se servirent d'abord, pour
rendre aTriftajA-Zj, du mol dodrans — ; mais ils virent bienttjl
que leur mesure oflicielle de Om. 22179 ne tlonnait qu'une
fausse idée des différents empans en usage dans les
divers systèmes asiatiques ou africains; c'est alors que
les traducteurs créèrent, pour rendre les multiples ou
sous-multiples de la coudée, ces mots semipes, pah/wpes,
palmus, etc., qui ne figurent nullement dans les arithmé-
tiques romaines.
Pa/miis, qui signifiait déjà itaXatcT/] ou le quart du
pied grec, fut employé pour désigner le spithame '-' et
semipes, qui semblerait valoir un demi-pied, servit à tra-
duire les composés £iiT7i''0au.oç et ôtmiSafiaToç qualifiant
des grandeurs d'un pied et demi -'. Sorlin Dorkiny.
SI»LEIVIU\I(i;TTXy,vtov). - Petit morceau d'étoffe enduit
de manière à coller sur la peau, soit pour dissimuler un
défaut ou une cicatrice ', soit comme on y emploie les
mouches modernes, pour rehausser l'éclat du teint'-.
Il pouvait être découpé en diverses formes^ E. Saglio.
SPOM.A. — Par le terme technique de .ipolia, les Ro-
mains désignaientles armes d'un ennemi tuéà la guerre '.
Le combat dont elles étaientle gain pouvaitêtre un combat
singulier, résultat d'une provocation'-; en ce cas les
dépouilles du vaincu étaient dites spolia pi-ovocatoria :
lellesles sjtolia si nombreuses que s'étaient acquises, au
dire d'Aulu-Gelle, le tribun de la plèbe, L. Sicinius Den-
tatus^ Ce pouvait être aussi une bataille en règle. A la
suite de la victoire, le général avait le droit de prélever
et chald., dans Gaz. archéol. 1888, p. 188). .Neuf empans de Tello font i m. 3904;
la différence entre ce nombre el les i m. 40 du Pseudo-Sésostris ne serait pas d'un
centimètre, si les dimensions de G. Weber sont exactes. On s'étonnera moins de
voir Hérodote employer la coudée de Goudéa quand on saura que cette mesure est
encore employée en Grèce à il millimètres près. C'est « la pique de .'i6 centimè-
tres 11 dont parle E. About dans ta Grèce coutempornine, 1854; l'empan, la
liitumi, est de in cent. — '9 III, 10, 11. On a 7 X 0,5312 = 3,7184 et
12,25 X 0,29574 (longueur du pied romain d'après Biickh) = 3.6228. La dillé-
rence serait plus considérable si Aulu-Gelle avait calculé d'après les données
classiques alexandriues 2 coudées — 3 pieds ; elle serait moindre si nous pre-
nions les mesures ePfeclives trouvées en Italie et en Asie. — 20 Arislot.
Polit. Vil, 4, 6; ti. anim. IX, 27; X, 3Î ; Theophr. H. pi. II, I, 4. — 21 An-
thol. Pal. VI, 286, el 287, 27; XI, 117, 4. — " Plin. H. nat. VU, 2, 19;
cf. Bôckh, Melrolofi. l'ntersuchuntj. p. Ï4I. — 23 le palmi altitudine de Pline
(//. nul. XXI, lU') est la traduction du <tities|ii;t 'U; de Dioscorides, comme le
/inlmo alto caulc (XXV, 12) répond au r.i-A »c.«i.|ir.v t» n.'j.lo; et le Irium fere
palmorum (XX Vil, 4) au T-,i».!.'9aiv(i; xb îlo; du même auteur. — 2i Le semi-
pedali radiée de Pline (XXI, 62) est mis pour le 5ii>ii,9a|«;,o. de Dioscorides, du
même que le caulica o semipedali (XXVll, 113, I) pour le «aj'iov à.ir.T. *i(i«.»aiiatov
du botaniste grec.
SPLC.MVH. 1 Mari. II, 29, 10; X. 22, I ; cf. Plin. Ép. VI, 22. — 9 CL Ovid.
Art. uni. III, 202. — 3 Mart. VIII, 33, 22 : (un«(n splenia.
SPOLIA. 1 Liv. V, 36, 39; Vlll, 7 ; XXVII, 2; XI.IV. 45; Cic. Itosc. Amer. 50,
145 ; Caes. Bel. Gai. II, 3), etc. — 2 Liv. X\11I, 46; XLV, 39; Plin. Hist. nat.,
VU, lui. — 3Gell. II, Il : cf. Plin. Hist. nat. VII. lOS.
SPO
— 1441 —
SPO
sur lonsemble du bulin remis au trésor' I'Iiaeha:, un
cerlaiu nomhre d'armes et de les allribuer aux ofliciers
et soldats qui s'étaient l'ail remarquer parleur courage-.
Ceux-ci les gardaient pour eux et les exposaient dans leur
maison comme témoignages de leur valeur ' ou les con-
sacraient aux dieux dans quelque temple avec une ins-
cription commémorative [donakia].
Lorsque les dépouilles étaient celles du elief de l'année
ennemie, elles prenaient le nom de spo/ia o/iiiiifi. Il y en
avait plusieurs sortes, suivant que l'exploit était le l'ail
(lu gén('ralen chef lui-même, d'un oflieier ou d'un simple
soldai. Nous possédons à cet égard u n texte très précis dans
l'éslus '. Ce texte désigne trois espèces de spolia ojiiuia.
Les (erlia s/vo/Zrt étaient le fait des simples soldats, les
secunila spolia, des ofliciers, les prima spolia, qui sont
les seules appelées spolia opiiiin dans le langage cou-
rant, appartenaient au général, lorsqu'il avait enlevé les
armes du chef ennemi après l'avoir vaincu el mis à mort.
On conçoit que l'événement ne pouvait pas se produire
souvent ; on cite trois exemples au cours de lliistoirc
romaine '. Le premier est celui de Ilomulus, vainqueur
d'Acron, roi des Ca'niniens'^: « /sf/ue pri/nus, dit son
clogium ', (lux duce hostium Acrone retje Caeninensiuin
iiiWrfcclo spolia opi[»ia] Jovi Ferelrio consecru'vit] ;
le second, celui de A. Cornélius Cossus, qui, en 437
de Rome, tua le roi des Véiens Tolumnius*. Le troi-
sième vainqueur que l'on menlionne est le consul
M. Giaudius Marcellus, en 532 ; il frappa à mort de sa
main Viridomar, roi des Insubres'. Son exploit ligure
aux l''astes Iviomphaux'" : isguc spolia opima rcUidil
(lucf hiisiiiim Virduinaro ad Clastid[iu/n inlt;rfeclo\.
Dans ces Irois cas les armes des vaincus furent consacrc'es
à.lupiler Ferelriusdans son temple". Lacuirasse de toile
de Tolumnius, avec l'inscription dédicaloire (|u'elle por-
tait, y existait encore au temps d'Auguste'-, l-e texti; de
Varron rapporté par Festus indique que l'hospitalité de
ce temple était réservée aux spolia opiina de premier
rang; les autres étaient consacrées dans des sanctuaires
dillérents. II. Cagxat.
SPOMAIIIUAI. — Endroit dans ramphithéàtre où l'on
emptjrtait les gladiateurs tués dans l'arène et oit on les
dépouillait de leurs armes el de leurs vêlements |ola-
iiiAToH, p. liiOG]. — Endroit oii l'on se déshabillait dans
les bains [balneum, p. OoiJ].
SI'OXDA. — Traversée laquelle sont attachées les
1 Tac. Ann. XII, 3i. - 2 Liv. V, 3li ; VII, 39; XLIV, 45. — 3 L.v. .\, 7; .\XII1,
-n-. PropcTl. lll,'J,23;Sucl.7\'e(-. 3S.— i Feslus, p. 1SC6, 189 n M.resUluii ainsi i|u'il
suit par llertzberg. dans sa dissertation, De spoliis o/iiims f/uaestio i Phitoloijus do
.^clirieide«in, 1, p. 331 sq. l « M. Varro ail opima spolia esse eliamsi nianipularis milrs
deh'axerit <luminodo duci Iiostiuin. fScd prima esse nliipic, r{UBe dux ditci. Velaii
rnini <piac a rince recepla^ non sint, ad ae Icn; Jovis Keretrii poni. Testinionio esse
lihrus ponlilieuni in 'piibus sit: Pi-o primis spoliis liove, pro secnnilis solitaui-ilthus,
pro t^*rliis a;;no pnlilice (ieri debere; esse etiain t'oinpilii régis le^ein opiinornni
spolioruni talem. C.ui suo auspicio classe prociucta opima spolia capiinitnr dari acr.
(^I^G oporteat et boveni cacdito Jovi Tcretrio. Cujiis anspicio classe proeinclu
secnnda spolia capta, in .Marlis ara in campe Solitaurilia ulra vuluerit caedito;
<|ui capit ce aer. dato. I^ujus anspicio classe prociucta tertia spolia capta, Janiti
Onirino agnnni marem caedito. C qui ceperit ex aère dato. Itis {dacnlnni dalu. »
— ■ Icstus, loc. cil. — « Liv. î, 10; l'ropcrt. V, l(i, i à 10; l'iul. Hum. 111.
— -I Corp. insc. Ut. X, 809. — S Liv. IV, 19; Propert. V, 10, 17 : Plut. /lom. 10 ;
Val. Max. 111, ï, +; Serv. ail Aen. VI, 8t2. Cf. Pauly-VVissOHa, Jlealencijclop. IV.
col. liS'J. — 9 Plut. JJarc. S; Val. Max. 11,2,5; Liv. Episl. iO; l'ropcri. I, 1,41 ;
Serv. (Il/ Aen. VI, »50. — 10 C. i. /. I, p. 47. — H Loc. cit. — '2 Liv. IV, iO.
SrO.NDA. I Petron. Sal. 97; Ovid. Met. Vill, C.Ï7. - 2 lier. E/kkI. III, ii.
Mari. III, 91, 9. — 3 Suct. Caes. 49; Isid. Or. XX, 11,3.
SI'Oi\DKIO\. 1 Allien. XI, 71, p. 480; Pollnl, X, 18, 05.
Sl'OXDOCIIOÉ. 1 ISi.ll. corr. hell. VII, p. 111, lli. — 2 M. X, p, '.03. — ^ /./.
VI, p. 31, 117 ; Ditlcnberger, Sylloye inacr. 367 (I. 206).
VIIL
sangles d'un lit ' : plus particiilièii rnenl la traverse du
devant; c'est par ce coLé ouvert que l'on enlrail- |LiiCiis,
p. 1021] ; le coté opposé, muni d'un dossier, est quelque-
fois appelé sponda interior^ . E. S.
SPONDAULÈS, SPOXUAL'LIIJM [sACRli-lciUM, TiBlCENj.
SPOXDEION (i^Ttovoerov). — Vase à libation, comme le
nom l'indiiiue (aTtovo/j, libalio; voy. sachificiim, p. 9ti3).
On le décrit comme une coupe où l'on versait le vin des-
tiné aux sacriliees, tandis qu'on mettait de l'huile dans
un autre récipient du même genre, appelé lo'.^Amov ou
ÀoiSi;'. C'est donc un synonyme de la piiiala des Grecs
el de la pateka des Latins. E. P.
SPOXDOCIIOÉ (iJiiovoo/oY,, TTtovoo/otoiov). — Ce vase est
nommé dans des inscriptions énuméranl la vaisselle d'or
ou d'argent destinée aux cérémonies religieuses', ou
déposée comme offrande dans les temples ^ Comme son
nom l'indique, rapproché du mot cnors, c'est le petit
broc ou aiguière avec laquelle on versait le liquide dans la
phiale pour la libation [oinocuoé, fig. 5382 el PROcuors].
On trouve aussi le diminutif dérivé •ttiovoc/oiSiov \ E. P.
SPOA'DOPIIOROI (ÏTtovoo'i-Jpoij. — Fonctionnaires reli-
gieux qui assistaient les prêtres dans les sacriliees et
portaient la coupe el le vin des libations, ainsi que l'in-
dique l'élymologie du mol'. Ces fonctions'^ religieuses
paraissent avoir désigné de bonne heure les spondopho-
res pour remplir celles de hérauts et d'ambassadeurs \
el c'est ainsi que leur nom a pu traduire le latin i'etia-
Lis*. A Eleusis, àOlympie el ailleurs encore, ils étaient
chargés notamment d'annoncer dans toute la Grèce la
date des mystères ou des grandes fêles religieuses'' et de
proclamer la trêve sacrée' [iiieuomenia] ; à ce titre, on a
pu parfois les rapprocher des ruEoitoi '.
Les spondophores d'Eleusis étaient choisis dans les deux
familles sacerdotales des Eiimolpides el des Kéryces*.
On prenait ceux d'Olympie, ainsi que nous l'apprennent
les inscriptions'', parmi les lils ou les neveux, parvenus
à l'âge d'homme, des grands prêtres, appelés ïueokoloi,
et ils étaient assistés à leur tour par de jeunes enfants,
nommés epispondorcuestai '^ qui faisaient des danses
pendant les sacrifices el souvent représentaient ainsi
près de l'autel une troisième génération de la famille '".
Quand ils étaient chargés d'annoncer la trêve sacrée,
les spondophores étaient répartis en plusieurs ambas-
sades, de façon à parcourir tous les États. Avant leur
départ, ils prêtaient un serment'- et recevaient des ins-
SPOXDOPIIOUOI. I l.c sens élyrnologi<|ue s'est conservé dans le lerbc
»Boy8rio-.fÉu, cf. LuC. de Slji: Dca, \i : o\ iii-, râ. 'ijiin/. aai^ouiiv, ol Si 5ito.5o=0fiouTiv.
— 2 Les inscriptions en fout connailre à Oropos {Inser. CIraec. VII, 4IS), à Sparlc,
où ils élaient associés aux collcgesdes ephohoi el des suMOPaïLAKes, Cnrp. msci: gr.
1240 (cf. iiirf. I, p. 610), 1249 (cf. Jiin.BrK. Schoot Ath. Xlll,p.209j, 1252, 1253;
l.cLas Foucarl. ICO; Aivi. Bril. .ïoA. Alk. XU.p. 471; Tod et Wace, C'af. o/' (Ae
A>ar(a .1/us. (Oxford. 190B), p. 14), ainsi qu'à Eleusis et à Olympic. - 3 Arislopli.
Acimm. 210; Bckker, .inectl. p. 303. — '• Dion. Halic. I, 21 : Plut. Qnaest. /lom.
02, p. 279 6 :i«-v l.jovii'.uv *r,I-«»,iu», •EUt.«.«cI il oîo. lijwiio..^., <r=o.Soçiij..i».
— 5 Pindare les appelle «iju.i; iifSv [htlim. 2, 23, cf. scol. éd. BœcUli, II, p. 327).
_ 6 La trêve sacrée d'Olynopie portait souvent le nom de „T.o-,Sa(, Thuc. V, 4'J ;
Acschin. i)e fnhit leij. 12. Il on était du mdine i Eleusis; Michel, lltcueil, W.ili.
— 1 Par ex. à Cyzique, Strab. Il, 3, 4, p. 98 ; E^So^iv T,va KuÇ.xv^' H'-"?'-» »«'
„„-.S<,.<;;»v Toî T-.v K..pi;...v 4yJvi); ; cf. Poland, De légat. Graec. piM. (Leipzig,
1885). p.' 2S; NMsson, Griecù. fesle (Leipzig, 190C), p. 339. -« Michel, Hecueil.
904, 965; cf. Tœpflcr. Att. Oen. p 80 et 90 ; A. Mommsen, Fesle der Stadt Ath.
p. 209 ; Koucart, Gniniis mystères iCÉleasis, p. 80 sq. — 9 Insclir. von Olympia,
59 79 82, 89-92, 9J, 100-103, 110, 117, 118. 121, 122, 126, 413; Beiili', EtU'I. sur
lePélop. p. 269, p. 278. p. 300; «..ympia, IV, p. 1704; Wenij:er. A7,u, V (1905),
p. 214-218. — to C'est par erreur, semble-t il, que le mot est écrit î^ooiiovSosdjoi
dans l'inscr. d'OKmpie, n» 121, 1. 18. - " Cf. Beulé, Op. cit, p. 320. — 12 C'est
du [uoins ce qui avait lieu ii Delphes pour les liérauts sacrés ; Michel. Hecueil, 702.
1. 13.
181
SPO
— 1442 —
SPO
Iriiclioiis pour laccoinplissemenl de leur mission el des
lettres pour les accréditer auprès des cités qu'ils avaient
à visiter'. Ils trouvaient d'oi-dinaire dans les villes des
hôtes TiiEORODoKoi], qui avaient obtenu le privilège de
leur donner l'hospitalité. La proclamation dont ils étaient
chargés n'allait pas sans cérémonies en rapport avec
leurs fonctions religieuses^; c'est pourquoi ils portaient
la couronne \ un sceptre de héraut' et, sans doute,
aussi une coupe d'or destinée aux libations ^. Ch. Michel.
SPOXGI.X. Sttoyyo;. L'éponge — Les anciens n'avaient
que des connaissances vagues et imparfaites sur la
nature des éponges. Klles ont été exposées pour la
première fois par .\rislote ' ; c'est de celui-ci que s'ins-
pirent encore Dioscoride-, Pline', Rlien '•, qui n'ajoutent
que fort peu de choses à ses observations. Un savait que
les éponges étaient des êtres vivants, intermédiaires entre
le règne végétal et le règne animal, doués de la faculté
de sentir el de se contracter, adhérant fortement aux
rochers du fond de la mer. On croyait à tort qu'elles
se nourrissaient de vase, de petits poissons et de coquil-
lages, et l'on alléguait comme preuve la présence
de débris de coquillages dans leurs pores. Tous les au-
teurs distinguent trois variétés principales, qui portent
des noms grecs : le xpâ/o;, épais et rude, percé de trous
nombreux et petits ; le jaivo;, plus mou; rà/t'XX£ioç, très
lin et très serré. Les deux premières sortes servaient
aux usages domestiques et communs, la troisième aux
usages plus délicats. Pour les employer il était néces-
saire de leur l'a ire subi ru ne préparât ion; noirâtres et char-
gées d'impuretés au moment de leur capture, on devait
les nettoyer soigneusement et les exposer à l'air pour les
dessécher et les blanchir, en ayant soin de tourner au
dehors la partie par laquelle elles adhéraient aux rochers.
(In appelait à:tÀu<rL'a; une espèce d'épongé grossière et
peu estimée, d'un jaune sale, qu'il était impossible de
purilier et d'utiliser.
Beaucoup de régions du pourtour de la mer Méditer-
ranée produisaient des éponges, notamment les Syrles,
en Grèce les environs de Toron et du cap Malée, les rives
de l'Hellespont, d'où venaient les plus dures, Hhodes et
la Lycie, aux environs d'.\ntipliellus, d'où venaient les
plus douces. Les meilleures se rencontraient aux plus
grandes profondeurs elà l'abri des vents '.
Les Grecs avaient plusieurs noms différents pour dési-
gner le pêcheur d'épongés: i7Tioy;vji'\ aT.o'cio<ir/^:i; '■ ,
xo/,ujji.€Y,Tr,;', (T-oyvoTÔu.oç''. .\ucun mot particulier ne cor-
respondait chez les Romains à ces termes ; les pé-
cheurs d'épongés étaient rangés dans la catégorie géné-
1 Micliei, /Itctieii, 'J6V. Leurs frais de voyage êUicat pajês par le Irèsov ilu
lerople, DiUcnberger, Sjll. i' éd., 587, I. 4, lOC, iîl : cf. Foucarl, Grands myst.
•lÉl. p. 90. - 3 Aeschin. De fais. lerj. 13.1 ; cf. Paus. III, 3. 8. — 3 Par ex. les
spoudopbores des Jeus .Nêméens Jnkmf.a]; Xen. fjist. tjr, IV. 7, 3, — * Traces d'un
sceptre de ce genre sur la base d'nuc statue de spondopliore. Inschr. von Otympin ,
n« 414. — oCf. Uichel, Hccueil, Si7, A, I. 9 : tt.v etiir.v xr.v zjoTi;. r.i mtovSisoi.iT.t
ô iifiv;. — BiBi loiiiiAl'Hir. K. K. Ilcrmann, Lehrb. der gottesdienstl. Atlert. dtr
Ohtxhen, i' éd. (Ileidelbcrg, IkdSi, p. 5.=i, as, 333; le môme. Lehrb. der griech.
.Slaatsallerl. 5' éd. (Fribourp, I8«V>, p. 38; Sclioemann-Lipsius, Griech. Altert.
4- éd. Il (Berlin, I00i\, p. 54,5i,394; SIengel. GiiecA. Kullusallerl., f édil.,
p. ir.O, I7J. s<|.
SPONGIA. 1 Arislol. UU.anim. V, 16. i-C ; voir aussi : 1, I, 8; VIII, 1, 3: De
parlib. anim. IV, 5. — ^ Dioscorid. V, 137. — 3 plii,. !\'at. Iiist. IX, 148-150;
XX.XI. Ii3-i:il. — l Aciian. Aat. anim. VIII, 16. — 5 Aristol. cl Plin. lec. cit.
Martial <l^', 10, 5! parle d'une spongia piinica : allusion aux péciierics d'épongés
du littoral de rArrii|uedu .Nord, encore très frcr|uentécs aujourd'hui. — c Arislul.
//is/. oiiim. IX, 37, (!; Allien. VII, p. isic; Eusialli. lliad.f. lof.", 37. —7 Plul.
Mor. p. 95U t el c el 981 e: Poil. VII, 137. — » Lycurg. or. ap. Poil. (oc. cil.
— 9 Oppian. Halieul. Il, 436.— 10 Ibid. V, 6l»-«7i. — Il Cicéron {De nat. deor.
n. 53) et Martial (Xlll, 47) comparent aux éponges l'un le ti^su mou et absorbant
raie des plongeurs irinatorJ. Oppien a décrit leurs
plongées pénibles et périlleuses'".
De très bonne heure, les anciens pour les soins de la
toilette el le nettoyage des maisons ou du mobilier, ont
tiré parti dt? la propriété qu'ont les éponges de s'imbiber
de liquide et de l'exprimer ensuite quand on les serre
fortement". Ilest dt^jà question des éponges, à plusieurs
reprises, dans V/liade et VOdijssée ; les contemporains
d'Homère les employaient pour se laver le visage el les
mains et pour nettoyer à grande eau le sol de leurs
demeures et leurs tables'-. .\ux époques suivantes de
nombreux textes font allusion à la persistance toute
naturelle de ces usages domestiques lavatio, p. 999'".
En Grèce, pour noircir les chaussures, on les enduisait de
poixavec uneéponge ". .V Rome, \es peniculi*'" ou peni-
ci/li'^ qui servaient à enlever la saleté des murs '' eldes
souliers'* étaient, d'après Festus, des éponges longues,
spoiifjiae tongae'", c'est-à-dire sans doute fixées à
l'extrémité de baguettes ou à des poignées de bois. De
même, c'est avec un bâton muni d'une éponge que l'on
nettoyait les latrines-".
L'éponge jouait un certain rôle dans les bains'-', quoi-
que les gens bien portants aimassent
mieux, au sortir de l'eau, se frotter avec
le slrigile el s'oindre d'huile avec le gitl-
tus. Cependant slrigile, giitlus el éponge
sont souvent réunis sur les monuments
qui représentent des scènes du bain
ou de la palestre" (fig. 6352 et 3891).
On renfermait l'éponge dans un petit
sac ou filet [reticl'li'm, fig. 3936' '".
Les malades et les personnes délicates
s'épongeaient après le bain, sans se
frotter-'.
L'éponge avait sa place marquée dans l'écriloire des
anciens, à côté du calame ; quand on écrivait à l'encre
sur papyrus ou sur parchemin, elle était indispensable
pour laver la plume-'' el surtout pour faire disparaître les
caractères fautifs ou inutiles^*. Les auteurs scrupuleux
el difficiles prodiguaient les coups d'épongé, lilurae-',
qui équivalaient aux ratures des modernes. L'empereur
Auguste avait passé l'éponge sur tout le lexte de .sa tra-
gédie d'AJax, dont il n'était pas satisfait"".
Elle faisait partie également du matériel habituel des
peintres >icTrR.\. p. 464]. Elle servait à laver les pin-
ceaux", à corriger les fautes de dessin el de coloration :
un coup d'épongé détruisait tout le travail incorrect'".
C'est en jetant avec colère sur son tableau une éponge
du poumon, l'autre le pain du Picénum, <|ui se ïïoiille dès qu'on le trempe dans du
lait. Vespasien appelait spongiae les procurateurs impériaux qu'il envoyait s'enri-
chir dans les provinccâ, pour leur faire rendre gorge ensuite {Suet. Yesp. 16).
— 12 Hora. /(. XVIII, 414; Od. I, 111 ; XX, 131 ; XXII, 439. — 13 Par ex. Arisloph.
/lan. 187 et Tberm. H' : Cal. De re rust. 07; Lucrel. IV, 6iO ; Cic. Pro Sesl.
33 ; Martial. XIV. 144: LIp. Digesl. XXXIH, 7, li, etc. Voy. fig. 437i une femme
nettoyant une chaussure avec une éponge. Ln bronze, n" 1676 du britisli Muséum,
représente un nègre dans la même occupation. — '^ Aristoph. Vesp. 600. — *» Te-
reut. £1.1.. IV, 7, 7. — "ti Colura. XII, 18. — '^ Plaul. Slich. Il, i, Î3.
— I» Plaul. Menechm. II. 3, 40. — 19 FcsI. s. r. p. i08. — âo Senec. à'pisl. ad
ZiiciV. 70, iO; Martial. XII, is, 7. — 21 Athen. VI, p. iS8 a; Harlwit!, i/eisler.
sellai, p. i06, iô8. — 22 Par es. Gerhard. Anlike Bildirerke, pl. i.xvn (notre
fig. 653i) ; Auserles. Vas. i09, Î76 ; Arch. Zeitiing, 1884, pl. xvi ; 1883,
pl. six: Klein, /iupltronios^, p. i83 ; Id. Vtts. mit Liehlinqsinschrift p. 110.
fig. 30. — -23 Tischbein. 1 oses dBamilloi,. I, pl. mu. — 2t Galen. XV, 713-714.
— 2ô .inthol. Palal. VI, i93 (épigramroe de Plianias). — 2* Aeschyl. Agam.
I3i9 ; ,ln//io/. Palal. VI, 63 ; Vnrr. ap. .Non. p. 96, 15 {spongia delelilis) ; Suel.
Calig. ÎO ; Auson. VII, 31. — 27 Martial. IV, 10. — 28 Suet. Oclatrian. 83; Macrob.
Il, t. _ 29 Seit. Eropir. Pgrrli. hypotb. I, i8. — 30 Anthol. Palal. XI, 126 ; Val.
Max. VII, 11, exlr. ; Plin. XXV, 10.1; Dio Chrys. Or. LXIII, p. 391.
Fig. 655i,
— Slrigile,
vase et épougf
SPO
1143
SPO
imbibée de dilTérenles couleurs que Protogèno avait
trouvé, disait-on. la manière de repri'senter l'écume de la
mer; on racontait la même anecdote du peintre Néarque,
à propos do l'écume des chevaux rongeant leur mors'.
Avec les petites éponges très fines de l'espèce dite
î/iXXeioç on fabriquait, d'après Pline, une sorte de pin-
ceaux, penicilli ou penicilla, que l'on employait en
même temps que les pinceaux de poils-.
Il suflira d'indiquer un certain nombre d'autres usa-
ges, moins importants ou moins connus. On employait
parfois des éponges en guise de bouchons pour fer-
mer les vases ^ Les voleurs s'entouraient les pieds
avec des éponges, pour qu'on ne les entendît pas mar-
cher'. L'-i/ikltiK servait à rembourrer les casques et
les cnémides^; les soldats samnites s'appliquaient des
éponges sur la poitrine pour amortir les coups qu'ils
pouvaient recevoir". L'éponge était l'un des accessoires
desrétiaires dans les combats de gladiateurs ".
Klle ligurait enfin parmi les objets le plus couramment
usités dans la thérapeutique des anciens, l'n personnage
d'Aristophane, prêt à s'évanouir, demande qu'on lui
mette une éponge sur le cœur, pour le ranimer". L'éponge,
imbibée, selon les cas, d'eau froide, de vin au miel ou de
vinaigre chaud, calmait les maux de tète et les maux
d'yeu», séchait les ulcères humides, étanchait le sang
dans les opérations, adoucissait l'inflammation des plaies.
Non content de l'utiliser en compresses et dans les pan-
sements, on la faisait brûler et l'on prescrivait d'absorber
sa cendre pour arrêter la fièvre, les crachements de
sang et les hémorragies '. Les oculistes employaient
un collyre appelé citoyyiM-^ '", sponf/nrium ", dans
lequel devait entrer de la cendre d'épongés.
Maurice Resmfr.
SPOiXSA, SPONSALIA [matrimoniumJ.
SPO!\ISIO [iNTERCESSIO, STH'l-LATIo].
SPORTA (dimin. SPOIITELLA, SPORTULA). S7ruç,c'ç.
— I. Panier tressé, de jonc, d'osier ou de sparte, dont la
forme reste indéterminée; on ne peut (ju'en constater la
variété, en rapprochant les monuments des textes où les
emplois de l'objet sont indiqués [spyrisJ. La sporta de
sparte, fabriquée d'abord en Espagne, semble être de-
venue la plus commune ' : on voulait dériver sporla de
sparliim- ; en fait, \a,sporta antique se reconnaît dans la
espuerta espagnole, employée encore aujourd'iiui pour
toutes sortes d'usages, précisément dans la région où le
sparte était cultivé (de Valence à Murcie). La s])orl(i était
d'un prix insignifiant; on disait proverbialement: non
pluris aliijuU/ fnrere qiiam sporlam ^
Comme la spvris des Grecs avec laquelle elle peut être
idenliliée, une sporla peut contenir de la nourriture, du
I l'Un. lue. cil. ; l'Iul. .I/o,-, p. 'JD li. — 2 Clin. IX, Us. — 3 Aiis-
lopti. Acharn. 403. — 4 liuslalh. //. p. 1173. il. — ■• Arislol, /lisl. nriim-
V, 10, i. — t, \,i,. IX, H). — ■; Tcrhill. .Spectac. 2.=.. — » Arislopli. /lan. ixi.
Cel omploi esl quelquerois ngtiré sur les moîiumcnls; ainsi à Tonipéi : Raoul
ItoclieUc ; Amours ries dieux, pi. vu cl vign. : Zahn. Die scliônslen
OemClde, II, 30; cl sur un farcopliagc. Mvn. d. Inst. VI. pi. i.xvin A.
— 9 Sur Ions pcs usages niiiiicaux, voir l'iin. XXXI, ii, 31 cl, en oulre:
Ilippocr. p. tOO, 17 ; (Jels. VI, 6, I ; Dioscor, V, 137: Isid. XII, 6, CO se]. : Scrilion.
133 cl 158; Seren. lU; Plin. iun, 21, 3, 4-, elc. ; Marc, in, 1, elc. — '0 Alex.
Trall. Il, p. 127. — n Corp. iiiscr. lai. XIII, n» 1004138 (caclicl il'oculislc vu à
l.ynn au xvni" siàclc cl mainlcnanl disparu) : Sfion[g(arium)]. — Bnu.iiii:RAi'nii-:.
J. G. Iliimisch, /Jisserlalio de spongiarum a/nid veteres usit; Hermann-Bliinincr,
Lehrbuch der Uriech. Privalallerl. 1X82, p. 31; H. Bliimner, Teclmol. und Tei--
minot. der Oewerbe und Kùnste liei Griechen und Jifjmcrn, bipzig, ls«7,
p. 429-VJC : J, Marquardl, La Vie prirée des flomiiins, IraH, Iran,;. Paris. 1K'J3, 1,
p. 340; II, p. Wi.
Sl'ORTA. SPOnTELLA, SPORTULA. 1 Varr. ap. Oeil. XVII, 3, 4; Plin. //,
grain*, des pièces de monnaie", etc. Les pêcheurs y
mettent le poisson qu'ils ont pris' : c'est i\rn' s/)orta que
lient le vieux pêcheur de la Galerie des Candélabres, au
Vatican, et qu'on voit à la main de beaucoup de pêcheurs'.
La sporla sert aussi de fillre*; on enferme dans une
.tporla le sel qui, plongé dans un tonneau d'eau de pluie,
la transformera en saumure", ou la lie qu'on placera
sous le pressoir pour obtenir du vinuin faecnlum [cf.
r.oLi'MJ '". On fait aussi passer dans une sporta, après l'a-
voir fondue et lavée, la cire provenant des ruches '".
Les textes ne permettent de voir entre sporla et sjior-
lella (ou sporliild, quand le mot est employé au sens
propre) qu'une diU'i'^rence de dimension.
IL La sporlitla pouvant servir au transport des mets,
on fut amené à employer son nom pour désigner un repas,
quand ce repas consistait, à proprement parler, en une
distribution de vivres, à la suite de laquelle cliaque convié
emportait sa part dans une corbeille. Fuis, la portion en
nature pouvant être remplacée par un équivalent en mon-
naie, on en vintà désigner par sporlula la somme, repré-
sentative du repas, attribuée à cliacun des participants.
Employé de la sorte en parlant de sacrifices, de repas
de corps ou de confréries, de banquets publics donnés
par les empereurs, les magistrats ou les riches particu-
liers'-, le mot a une signification spéciale quand il s'agit
de la clientèle romaine à l'époque impériale. C'est cette
signification que nous avons à étudier spécialement.
Il n'y a presque aucun rapport entre la clientèle de
l'époque impériale et la clientèle des premiers siècles".
Sous les empereurs, le terme de cliens n'a plus la valeur
précise et juridiquemenldéfinie qu'il avait autrefois; un
I' client » est celui qui s'attache à la personne d'un homme
puissant pour profiter de son influence. Ce protecteur
peut être à son tour le client d'un homme plus puissant ;
d'autre part, un même individu a intérêt à avoir
plusieurs protecteurs, à être le client de plusieurs
patrons.
Dans la Rome impériale, le patron ne peut guère tirer
de ses clients que des satisfactions de vanité. Les devoirs
du client sont de venir saluer le patron le matin [salu-
TATio] et de l'accompagner en ville, quand il va à ses
afl'aires. En échange, leclient, qui est généralementpauvre
et paresseux, attend du patron sa nourriture quotidienne.
11 la reçoit, non sous forme d'invitation à la table du
maître (ce qui rappellerait les anciens usages de la civi-
lisation patriarcale), non sous forme de repas à empor-
ter '", mais sous forme de sporlula. La sporlula est une
somme d'argent, vingt-cinq as en général '"', remise au
client, dans le vestibule ou l'atrium, par un serviteur pré-
posé à cette distribution, sur l'ordre et sous la surveil-
nat. XIX 2, 26 cl 32 ; Vales, Te.tlrinum anliq. p. 318; Lcnz, Botanik. d. Orieeh.
p. 214 sq.; Bliininer, Teclmol. und Terminologie, I, p. 204. _ 2 Isid. Orig. 20,
'J, 10; V. Curlius, 6V. Etymal. 3« éd. p. 28S; .Non. Marc. p. 177, de s;wr(iim
ou de asporlo. — 3 Pelroil. Sati/r. 113. — 4 Varr. ap. Non. t. c. : L'Ip. Dig. 33,
0, 3, _ 5 l's. Ascon. in Cic. Verr. Acl. I, § 22. — u Marlial, 10, 37; Apul. Met.
cil. 24, 2.Î. — 1 S. Rciuacli, lUpert. d. In sculpl. I, p. 435, 350. De môme les
pôclieurs à la ligne, dans nombre de sculptures cl de pt-inlnrcs (piscatou]. — 8 piin.
XVIII, 7, 77. — 9i:olum. 12, 6. — lOCalo, De re rust. 11. — H Plin. XXI, 14,83.
— 12 Mommsen Marc|iianll, Manuel des Ant. rom. l. XIV, cli. v, p. 212 si{.
do la Irad. fr.; Mommsen, De collegiis et sodaliciis, Kiel, 1843, p. lOU; Heuzcn,
.4c(a Ar". fratr. 1874, p. 10. — 13 Moiiimson-Marquarill, /. c., p. 239 sq. cl les
références. — 1'» Aucun texlo ne permet d'cnlen.lre par sporlula un repas en
nature (par exemple de pain, de vi:uîde froide cl de Iruits) qui sérail dislribué
aux clieuls. Il ne laul pas se laisser tromper par Juvénal, Ill,'2i9 Sf[., où l'on voit
les clients remporter chez eux leur dîner, fumanl sur un réchaud : comme rexpli({uo
le scholiaste, pulmenlaria portant seeum comparatn ex sporlula. — i^Jiiv. I, 120 ;
Mari. 1, 59; 3, 7 ; 4,08; 0, 88, elc.
SPO
— 1444 —
SPO
lance du palron'. Avec oolLo soniiiic, le clieiil acliole non
seulement de quoi se nourrir, mais de quoi se vèlir et
se rliaullVr'-. Pour les gens i\ leur aise el les magistrats
qui, malgré leur situation de fortune el, leur situation
sociale, ne dédaignent pas de venir cherelier la sporlule,
elle est un supplément appréciable tle revenu '.
Mais le client ne peut pas compter qu'il louchera tous
les Jours la sporlule. I! y a des cas où elle n'esl pas dis-
li'il)uée du tout, par exemple quand le palron est ma-
lade'; d'une façon générale, quand le client n'a pas eu
l'occasion de faire acte de client en accompagnant le
palron dans ses démarches, il n'a droit à rien ; le
patron est toujours maiire d'accorder ou de refuser la
sporlule, et certains sont parliculièrenienl cliiches^.
Aussi est-il à peu près indispensable d'avoir plusieurs
patrons, quoiqu'il soit impossible, ou du moins très dif-
licile de toucher deux sporlules le même jour". Souvent
un personnage sans scrupules va réclamer une sporlule
à laquelle il n'a aucun droit, chez un palron auprès de
qui il n'a jamais fait acte de client''; une surveillance
attentive est nécessaire de la part du palron el de ses
serviteui's : le client véritable se fait reconnaître, el
s'ell'orce (l'apiloyer le maître en lui montrant ses charges
de famille". Des patrons généreux donnent des sporlules
supérieures aux 23 as ordinaires ': en outre des sporlules
exceptionnelles sont disiribuées à certains jours de fêle
(mariage, anniversaire de naissance, prise de loge
virile) '".
A quel moment de la journée la sporlule était-elle dis-
tribuée? D'après la description de Juvénal, c'est le ma-
lin, lors de la mlulnlio ". Cependant Recker croit que la
sporlule était toujours remise au client le soir, après la
journée finie, comme le salaire des services rendus; un
texte deMarlialconlirmecetteopinion '-. Peut-être l'usage
diirérait-il d'une maison à l'autre.
La coutume de la sporlule en argent semble s'être
établie dès les premiers empereurs ; elle dut êlre géné-
rale à partir de Néron '^ Il était dès lors tout à fait excep-
tionnel que le client oblînl, outre la sporlule, ou en
é'change de la sporlule, une invitation à dîner ''. Cepen-
dant un essai de rcUour à l'usage antique du repas pris
par leclienlà la lal)le du palron fut tenté sous Domi-
lien ; mais personne n'y trouva son compte: c'était un
gros embarras pour le maître de maison ; les clients,
traités à table de façon humiliante, regretlaienl la spor-
lule, celle sorte de renie dont ils disposaient à leur gré.
Klle fui bientôt rétablie'', el la prali([ue dut s'en main-
tenir, avec des vicissitudes dont nous ignorons le détail,
jusqu'aux derniers temps de la société romaine.
1 i:oniiiii. lo r.iil niii.ii^iii.i- ll.cL.T.il 05l iiiiililc île supposer avec liuUmann el Hu-
perli i|U<j laigcul prlipiii-époiii- la ilir.lnbuiion élail conleiiii ilaiis des corlieilUs. Spor-
//i(acslitipi-i,iluinuiisenslisiiiv. — 'J Juv. I, I iniio. — 3 Jirv. I.O.îsq. Dans ceUc
ilesci'iplioii. la plus pi'^ciseipic nous ayons, nu riciic alTranclii, un pr(>lcur, un Iriliun,
viouncnl chercher la sporlule. S il v a là c|ucli|ne exagéralion salirii|ue, rien n'autorise
pi'iedlaender il croire (|uil ne sagil pas dans co passage de la sporlule des clienls.
— i.Vlarl. 'J, 8 1. — SMarl. 4, iG ; 4, (,« ; 'j, lon. _ S. Mari. 3, 38. — 'iTcrlullien, 4rfr,
Marcioii. 3, 11), cile le proverbe : s/iu,'tiilaiii fiiriinci.liis caiitai. — 8 Juv. 1, lao si|.
C'csl ainsi rpie s cxplii|ue la priSsouce (d'ailleurs siuiuK'e, dans la scène décrilc par
Juv.nal) d'une femme à la saliifatiu. liecker s'éloinie à lorl de ce déUtil. — y Mari. 9,
|im (Irois deniers). — 10 Mari. 10. •JT;l'lin K/i.X, l|-;Apulae. ,l/io/. cii. SS. — Il I.cs
vers I, ti7-li8 soûl parliculièrenienl signilicalils — 12 Mari. 10, 7li, 13. - 13 Néron
(Sufl. A'cro, Iti) généralisa la siihslilulion de la xporttiln eu argenl à la ceiia recta
dans les r<'pas publics : celle mesure eut sans doiilc une répercussion sur les
rapporls des palrons cl des clienlf. — H Juv. 1, 13.'. — i.'i Mari. 3, 7; 3, 14; 3,
30 ; 3, (10 ; 3, 8S. I,a suppression de la sporlule ne dura pas plus de irois ou quaire
ans. — Ifi Mommsen, De colhgiis, p. 109; Boissinr, llelii,. romaine. Il, p. i97 ;
llenien, Actn fralr. An-alium, p. 16 ; Wallzing, Corpor. professionnelles clie: les
Des sporlules étaient aussi distribuées dans les corpo-
rations [sonALiTAs]"^ par de riches confrères; elles consis-
taient soit en vivres (pain, vin el autres Hliments\ soil
en sommes d'argent.
L'usage s'établit sous rRm])ire, pour les (/eciirioiics
nouveaux d'un sénat municipal de donner des spnrtules
ou pensiones ' '.
On appela encore sporlula les distributions d'argent
que faisaient sous l'Kmpire les consuls à leur entrée en
charge'". Eugf.ink Ai.iif.htim.
Par extension du sens primilif, les .fyjo^'/w/ffe ''sont, au
Bas-Rmpire, les frais de justice payés par les parties aux
employés des bureaux des magistrats, aux o/'/irin/es, en
guise de rétribution suppléineiilaire. Inconnus dans l'an-
cien droit, sauf l'enjeu du SACRAMF.iXTrM, ils paraissent
s'être développés, dès l'Empire, avec l'organisation des
OFFiciALES, en même temps que l'usage de donner aux
employés et même à des fonctionnaires des cadeaux, des
pourboires-" \app('\vsromnin(ia-' ,slc//fllul'ae-'-,pulvera-
ticium,/llicon^\epimel)•a■''. Dès l'époque classique, tous
les actes judiciaires où leur intervention est nécessaire,
en particulier, la rédaction el la délivrance des pièces, ont
dû donner lieu à des taxes plus ou moins licites'-'. Dans
l'édil du Maximum de Dioclélien en 301, Wid vocal us
touche 250 deniers par poslii/ntin, 1000 par cor/iii/in
(jugement final)". Il y a donc alors des règlements. Des
lois de Constantin de 331 -' veulent interdire, mais en fait
restreignent simplement comme le montre une loi de
333^*, les droits excessifs réclamés pour différents actes
de procédure par le princeps de l'office, les exceplores,
les adiii/ores el surtout les agents d'exécution el de
transmission, les exsecu/ores'-''. L'inscription deThamu-
gadi, entre 3lil et 3(i3^", renferme, pour la province de
Numidie, un fragmenlde tarif de droits, coinmodn, varia-
bles selon la dislance el payables soil en boisseaux de
blé, soit en argent : le princeps qui donne un officiaUs
sans doute, pour toute espèce de missions, louche : en
ville 5 boisseaux, en dehors de la ville 2 boisseaux en
plus par 10000 pas, au delà de la mer 100 boisseaux ; le
corniciilfirius el le commentariensis la moitié de ces
droits, probablement ensemble et dans les mêmes cas ;
les sc/in/aslicio boisseaux \\ar posliilalio, 10 par roulra-
f/iclio, 13 pour la (/e/iiiila causa ou pour le (/c/ini/iim
ncdolium, les exceptores 5, 12 el 20 boisseaux pour les
mêmes actes ; le libcllensis 2 par libellus. c'est-à-dire pro-
bablement pour les appels el les renvoisà l'empereur; les
parties peuvent réclamer une caria pour la /losliilalio,'
A pour la conlradictir,^ 6 pour le r/c/inilaiii ner/oliuiii.
\/d jins/u/u/io t'^y probablement le di'pi'il de la demande.
Jtumains. I, p. 3(li. — n l'iiu. Ji/tisl. CXIIl, UXIV; Kroiil. ù:pisl. ad a„uc. Il
7, p. 193, Naber, 1807 [cf. noNr.BAïuuM uj. — IS Co'l. Theod. ,\V, i), et le com-
mculaire de (iodefroy, 1. — Hibi-iuiiraphik.. Kretzschmar, Ite sporttilis, Dresde,
1758; Bulluiann, Ceher die Sporlula der llimer, dans la Krit. DibliotliL-k de
Seebodc, III (ISil). p. 301 -WJ ; Schmieder, De sporlula, progr. de Brieg, 1836 :
Heuermann, Veber die Clienten tinter iten ersten rnmisclirn Kaisern, Miîusler,
IS.ïll; Becker, Galliis, l|3 (1603), p. 104 sr|. ; Gullniann, Obserralionum in M.
Valerimi Marlialem pnrliculae V, BiTslau, 1800; l'riediaendor, Siltenijescliichle,
li», p. 391 sq.: lleuermanii, f'ntersiich.tnyen il/ter die Sporlula der Clienten,
Burgsleinfurl. 1875; Mommseu Marquardl, Manuel, l. ,XIV, cli. v.
l'J Première menlion officielle il Cod.Just. I, 3,33, 5 (Warcien el Zéuon). — 2" Déjà
Cic. Verr. 2, 78, 18i; h'ronlin. Ile aq. 118. — 21 V. Godefroy ad Cod. Th. 7, 4, Ss.
— 22 C. Th. 7, 4, 28; llisl. Auij. vit. Nig. 3, S; M. Sev. l.i.S. — 83 C. Jh. 13,
5, 32. _ 2V Jbid. 12, C. lii. — 2J Ainsi //iij. 49, 14, 43 § 7 ; 47, 2, 72 ; 2, ♦, 17; 2,
8, 7, 2 ; 30, 4, 5 § 27 ; 43, 4. 3 pr. ; 0, 1, 08 ; C. Just. 8, 23, i ; 7, 45, 0. — 20 C. ins.
lai. 3, suppl. 3, p. 1930. — '27 C. Th. 1, 10, G-7. — 2S /i,,/. 8, 9, 1. — 29 Synonv me
inlerce^sores (C. Tli. 2, 3u, 1 ; C. Just. 8, 10. 7i. _ 30 c. iiis. lat. S, sup|il. i.
17891'. V. Moniroseo, Ephem. epigr. 5, 302.
SPO
144.". —
S PU
ou aclionis editiu; \;icon/r(if/ir/io, la réplique du défen-
dinir'; la definiln causa, le jugement final. Une loi de
370 constate dos ;ihus dans la perception des droits"^.
A latin du v'^ siècle, depuis ioO jusqu'à Justinien,
[ilusieurs lois diminuent les tarifs habituels en faveur
de plusieurs classes de privilégiés et de leurs familles,
]>ar exemple des comtes du consistoire, des ufjontes in
ro/n/s, des gens des gchotae cX des scriuia, des soldats,
du clergé chrétien' et les suppriment en faveur des
avocats', des évèques, de l'église % du fisc °, et des
pauvres ''. L'adversaire des parties privilégiées a le
même privilège*. Les actes suivants comportent des
sporlules : 1° la postulai io du demandeur ; i° la récep-
tion par le défendeur de la citation [libellus cnnrenlio-
nis)'' ; .*J° la mise du procès au rôle ililis conteslatio —
prit inijresxu ; pro induccnda roffnilionr) ; 4" la rédaction
et la communication des pièces ledilio gesloruiit);
3° peul-éire la lecture des pièces '" ; G° la constitution de
procureur". Les employés qui reçoivent les sportules
sont maintenant surtout les e.Tseculores et les exreplorcs
[notai'ii devant les arbitres '-j ; on ne voit pas pourquoi
les chefs des offices qui figurent dans l'inscription de
Thamugadi et dans Lydus", à l'époque de Justinien, ne
figurent plus au code de cet empereur. Quelques magis-
trats touchent des taxes ; les arbitres ou juges pédanés
au moins depuis 484", les avocats du fisc, le préfet de
l'annona de Constantinople elles architectes officiels en
certains cas '\ Une loi de Justinien qui parait avoir
réglé" et diminué'' les tarifs ordinaires a disparu ; on
voit cependant qu'ils varient selon le rang du tribunal
et l'importance de l'alTaire". Ils sont généralement une
fois plus élevés devant les tribunaux supérieurs que
devant ceux des gouverneurs. Devant les premiers les
privilégiés paraissent payer en tout au maximum huit, gé-
néralement six sous d'or''-* ; devant l'arbitre généralement
deux sous-" ; les soldats un sou-'. Les gens ordinaires
versent un demi-sou jusqu'à une valeur de cent sous pour
les deux premiers actes de la procédure et ainsi de suite
d'après une progression inconnue'-. Mais à en juger par
les chill'res de Lydus, trente-sept sous pour un seul acte,
probablement la/JOS/«/«//f>, devant le préfet du prétoire '-',
les frais devaient être très (-levés sans parler des extor-
sions, punies de la restitution au quadruple-'.
Cil. Lf.cbivain.
I C. Jtal. 7, li, 3: C. Th. i, 14, I : libelli conlradklorii. — 2C. Th. I, 29, 5 ;
cf. .\uguslm. Ep. loi, U (Migne P. I,. T. 33). — 3 C. Jusl. I, 3, 33 § 2, 33 § 5;
li, 10, 2; 12, 19, li; 12, 21, 2; 12, 22, 8 : 12, 26, 4-; 12, 30, 2, 3; 12 30, 18.
— ' C Jutt. î. 8, 7, 6. — b lYov. 123, 28. — 6 Cassiod. Var. 9, 14. — 7 A'ur.
17, 3. — »t'. Jitst. 7, 36,6; 12, 19, 12. 4.-9 Ràclamalion abusive d'une la\e au
demandeur (C. Jiist. 12, 22, 8, 6). — »> C. Jusl. 1 >, 30. 3 g 2. — H Taxe lanlôl
auloiisée, lanlût iulerdile [C. Jusl. 12, 21, 8 ; 12, 29, 3, 1 ; 12. 19, 12, »). — 12 Uuel-
quos auUcs calégorics à C. Jusl. 10, 11, 8, 4; 12, 19, 12, 3; 12, 35, 18, i.
— 13 Ùe mag. 3, 24. — '* C. Jusl. 12, 21, 8, 7 ; 12, 19, 12, 1 ; 12,25,4, 4; Not:
82, 9. — 15 /biJ. 12, 19, 2, i; 12, 22,8; 12, 26, 4; 12, 19, 12, 1. — 10 /6i(/. I, 4,
2'J. 1 : 3. 2, 4; 1, 27, I §6; Xov. 17,3; 53, 3, 2; 82, 7 pr. ; 86. 9; 124, 3.
— 17 Lydus, de mag. 3, 2i-27. — «ï V. noie 3; Jnsl. 4, 6, 24, 33. — «T. Jusl.
12, 26, 4; 12, 22, 8; 12, 30,3, 1-2. La moilié ou le tiers ou uu sou pour les polîtes
airaires (12, 26. 6; 12, 22, 8; 12, 19, 12; 12,30, 3i. —20 C. Jusl. 12, 30, 3, 1.
— il lliid. 12, 36, 18; Aoi'. 49, I. — 2-2 Tlieophil. paiaplir. lust. 4, 0, 24.
— 23 l)tmag. 3, 25-27. Le cornicularius tirait 37 sous par mois de la nii-e au
rûle et 1000 (sans doute par an) de la délivrance des pièces. — 2» Jnsl. 4, 6, 23.
— Bii)i.io.:riAPHiF. Bellimann-llolneg, Der rrim. Ciiilprozess, Bonn, 1866, III, 200-
204; Merkcl, Aljhan.llungen nufJcm GMele des ràm. Ilechts, Halle, 1881, III, 123-
171; Pernice, Zvitschr. d. Saviguy-Stifun'j. 7, 2, 13S sq.
SI'OIITIA. 1 ll'apris Hcsycliius, s.v.
SPLRII. I Dig. 1, .'., r, S 2; 23, 2, ï4 ; 38, 17, 2 § I ; 38, 8, 2 ; Gai. I, 91-92.
— - Dig. 2, 4, 4 § 3, 5; LIp. 3,7; Gai. 1, 64. - 3 Ùiij. 31, 88, 12 ; 40, I 2, 3 pr. :
40, 2, tl pr.; 42, 5, 38; Paul. SenI . 3,6, 16; Gai. 1, 19. Corp, ins. /a(. 9, 888 ; 6,
7304; 10, 7822 (enfants issus d'un homme libre et d une esclave, d'un esclave et
SPORTIA (STtopTix). — Fête grecque', sans doute de
caractère agricole ((r^reîioj).
.SPt'RII. — Dans le droit romain les enfants nés hors
du mariage légitime, hors des jus/ur nii/iliae, soit d'un
contubi'rnhnn servile, soit d'un conciibinat, soit d'une
relalion passagère ou illégitime quelconque, sont
opposés dans leur ensemble aux enfants nés d'un
mariage légitime' et portent did'érenls noms, tous syno-
nymes : le plus large, vuUjo cnncepliis ou ijuaesUus- ;
celui qui exprime la situation de fait, /ilius {/ilia)
naluralis ' ; le nom officiel spurius ' ; le nom plus
familier, /?//«.9/C7', fitiaslra,(pa/raster)'\ Il n'y a aucune
distinction légale à élablir entre ces termes. C'est à tort
qu'on a quelquefois distingué deux catégories, les en-
fants naturaieg et les spurii. Le mot spurius, dont
l'élymologie est incertaine'^, est le plus ancien; l'enfant
naturel a dû s'appeler à l'origine sjiurius /i/ius, et peut-
être était-il alors dans une classe intermé'diaire entre les
ingénus et les afi'rancliis ; puis il a été considéré comme
ingénu et on a lu alors l'abrévalion S ou SP. F Spiurii)
/ilius ; c'est sans doute ainsi qu'il faut la lire dans les
inscriptions de l'époque historique', même quand le père
ne s'appelle pas Spurius' ; dans la nomenclature complète
de l'ingénu, ce mot remplace l'indication de la lilialiim '.
Dans le droit public, si nous laissons de cùW' les cas
où l'enfant naît et demeure esclave, l'enfant naturel
peut être soit ingénu, soiiairranchi ; il est citoyen '"; il a
les tria nomina ; il peut être inscrit, s'il est ingénu, dans
une tribu quelconque, généralement dans celle du père
ou du père de sa mère, et non pas seulement, comme on
l'a prétendu, dans la tribu Collina tribi sj " ; sous la Ré-
publique il n'a peut-être pas le jus honorum, mais il l'ac-
quiert sous l'Empire'-. Dans le droit privé, n'ayant pas
légalement de père, il suit la condition de la nière'^ et
prend son nom, qui se trouve être aussi celui du père"
quand elle est sa concubine et son affranchie. Il se ratta-
che à sa mère et à sa famille' ' à titre de simple cognât ;
il a place à son foyer, au culte de ses ancêtres, tout en
étant sui Juris "^. Sous l'Empire, par rapport, à la mère,
sa situation s'améliore peu à peu, sous l'influence des
mœurs ; il compte pour le jus liberorum de la femme *'
[liberori:m.iis] ; sa vocation prétorienne à la succession
de sa mère, par la bonorump ossessio unde cognati, est
étendue par les sénatus-consulles Tertullien et Orphi-
d'une femme libre) ; 5, 2323 ; 6, 7788. 8420, 21438 ; 8, 3909, 3910 ; 10, 1138; 12. 731.
3i79, 5194 (enfants issus d'un concubtnal). Les parents s'appellent pa^er, mater,
pareils naluralis. — 4 Gai. 1, 64 ; l'Ip. 4, 2 ; 7, 1 ; Coll. leg. Rom. C, 2, 4; Dig. 1,
3, 23; 22, 3, 29§ 1 ; 49, 15,23; Plut. (Juaest.rom. 103; Isidor. Or. 9,3,23; Feslus.
V. aothum ; Apul. .Melam. 6, 9, 23; C. ins. lat. 3, :i79 ; 6, 10 585, 14 310, 16 66.3;
20 171, 10, 2135, 4398, 1138. 3S84; H, 1037, 3967 (eoncubinat) ; 3,379,381 (lonfu-
ternium); 6, 11200 15 809,151, 14, 29 513 ; 5, 4049 ; 10, 3079; 14, 1808 (autres
relalion^ illégitimes;.— 5 Corp. inscr. lui. 6, 15 387, 13 101 ; 9, 4633; 10, 2201, 5154,
7.-.20, 390 ; 5, 2998. On trouve aussi larius ( Vil. lilag. 2 ; cf. C. ins. lai. 10, 3079 ;
11,901); .iA«;{lmcr. gr. Sicil. 1633). — 6 Ondoniic CTti;«, .iiofiîr., (Gai. 1, 04).
— 7 Festus, p. 174 v. noihum. Spurii est écrit en loiiles lettres à C. i. l. 3, 3804,
61 118; 9, 2696; 10, 3884,. 5947. A 12, 705 la lecture est incerlaine. Voir Moninisen.
Manuel, VI, 1 p. 80, note 5, SI ; Gagnai, Cours d'épigrapltie laline. p. 70-72 , contre
Mispoulet, Du nom el de la condition de l'enfant nolurelromaiu (Xoui'.rev. hist.
de droit, 1885, p. 13-36). — 8 Spurius n'a été employé comme prénom réel que par
quelques familles patriciennes. C'est uu nom gentiliceit Ci. /. 11,1791, I8'.ii>; .irch.
ep.MiUh. I893,p. 210. — 3 II y a quebiucfois (iliatioo fictive (C. ins. lat. 10, 4216).
— 10 Né d'une mère pal ricienne, il n'est sansdoute pas patricien. — U Voir iMispoulet,
(/. c. p. 43-33) qui, contre Uonimsen (Me râm. Trili. p. 100, note 78), cite des tribus
rustiques: C. i. /. 6, 3163, 5197, 2744, 10383, 11 191. — 12 10, 6490, 1138; 5, 4098
(bonneurs municipaux). Dans les alimenta, il louche une part plus faible que l'enfant
légiliiiie (11, 1147 praescr.]. — '3 Dig. 1, 5, 19. 23 ; Gai. 1, 04; Ulp. 4, 2.
— Il C. i. l. 6, 10344 a, 11 758 12156, 1912; !*, 9302; 9, 236S, 2316, 4248.
L'enfant de dcui esc'av, s ou d'une esclave et d'un libre a un nom d'esclave (6,
3343,6800 ; 9, 888). — >'" C. i. l. 6, 6887. — '6 L'Ip. 4,2. — 17 Paul. Seul. 4,10, 1.
SPU
— 1446 —
SPY
tien' ; la mère el IViifanl sont tenus l'un envers l'autre
de l'oblifçation alimentaire-; la mère peut être chargée
de sa tutelle par rescrit et lui choisir par testament, en
tant qu'héritier, un tuteur, avec confirmation par le
magistrat '. A l'i-gard du père, le spuriiis est un étranger ;
il n'a ni l'obligation alimentaire', ni le droit d'héritage
ab intestat, ni la bonoriim possessio unde coqnali ou
unde libei'i; il ne procure à son père ni le Jus liberorum
ni le droit de revendiquer les caduca''; cependant le nom
du père est généralement cité sur les inscriptions à coté
de celui du lils, le père peut lui laisser des legs el insti-
tuer pour cette libéralité un tuteur; de plus on tient
compte de cette filiation pour les empêchements du ma-
riage entre parents et pour les aflranchissements où elle
ligure parmi les justes causes'^. Un rescrit de Trajan
reconnaît comme héritiers des soldats ab intestat, au
rangdes cognais, les enfants naturels nés pendant leur
service". Il n'y a pas d'autre mode de légitimation que
l'adrogation par le père naturels
Sous l'Empire les simples soldats, citoyens romains,
n'ont pas, étant au service, le droit de mariage légal ' ;
un mariage antérieur est suspendu, sauf, depuis Septime
Sévère pourles cohortes urbaines el la légion II l'arthica'";
les enfants nés jiendant le service sont donc théorique-
ment illégitimes etassimilés àdesenfanisdeconcubine",
même pour les soldats des cohortes prétoriennes et
urbaines qui obtiennent dans leur diplôme de retraite
le jus ron II II /j i i a.\ec une femme étrangère. Pour atténuer
ce désavantage, les empereurs étendirent à tout l'Empire
l'institution des enfants ex cas(ris, née en Egypte, dès
.\ugusle el Tibère'-, d'après laquelle les enfants nés
pérégrins d'un mariage du droit des gens obtenaient le
droit de cilé romaine en entrant au service et prenaient
la tribu Pu/lia et, comme lieu d'origine, le camp, rn.it ra
(castris, rnsfr, cas, c«)'^ ; les enfants issus soit d'un ma-
riage suspendu ou d'un concubinal avec une femme qua-
lifiée pour le mariage, soit d'un concubinal quelconque
avaient de suite dans le premier cas la cilé et la tribu
Pollia, puis en entrant au corps le nom el la filiation du
père", dans le second cas, seulement en devenant sol-
dats, la dénomination castris, la tribu Pollin, le nom de
la mère el la filiation du père'\ Pour les privilèges malri-
riioniaiix accordés à leur retraite aux soldats pi-régrins,
nous renvoyons à l'article diploma.
.\u Bas-Empire la législation distingue les enfants
issus du concubinal, naturelles liheri, des autres enfants
illégitimes (A7>M/'//, vulf/oconrepti) "'■. Constantin les mal-
traite d'abord tous également en interdisant au père toute
donation, toute libéralité, de son vivant ou à cause de
< Jnst. 3, 3, 4; lliij. 3S, S, M ; l'aill. Senl. 4, 10. 1. — 2 Dig. 25, 3, 5 § 4.
— 3 /*,,/. iC. 1, IS ; ifi, 2, 4; 20. 3, 2. — l Ùig. 25, 3, 7. — 5 V. Meycr, DerrAm.
honkubinal, p. .15-57 sur frag. Vntic. l'Jt. — 6 Dig. 23, S, 14 § 2 ; 40, 2, 1 1 ; Gai.
'■ '^ — ^ Wilckeii, Papyr. Oeil. lUirar.l. lejrtes de ilruU romain, 3' éd. p. 157).
— »Gai.l,l»4.— 'JTac. Ann. 14, 27;DioCass. 60,2V; ffcrodian. 3, »,i:Popi,r.
Berl. .I/./J. 114. 140 ; Torlull. De isliort. cast. 12. Voir Monimseii, ad f. i„j. lat.
3 suppl. <fi/>fa»i. ; Caul .Meyer, Die •ïgypl. Irlitmileii und lias Eherecht der rôm.
.Soldaten (Zeitschr. der .Sarigny Slift. 1S'J7. p. 44-74) contre Mispoulcl, le
mariage des soldats rom. iJier. de phii. 18sl, p. II3-I2C). — 10 C. i. I. C, 3404
3:i!lC, 3399, 3307, 2SSI. 2887. - Il S. 3200-01. - 12 V. Mommsen, /Jerm'es, 19,'
p. 10 ; Kph. epigr. 5, 14-10 ; 4, p. 155 ; Wilmanns lambèse. la ville el le camp,
Irad. fr. p. 23-27. — 13 Eseniplcs ;i Lambi'se : C. i. l. «, 2.->05 69, 2580, SOIS.
— "8, 3101, 3151. 2848. — 1.'. 8, 2590, 3247. — 16 C. Jiist. 5, 27. 12 g 4; C. Th.
4. «, 7. Les eiifanis iiiceslueui, adullérius cl de calégories analogues perdent en
396 le droit de recevoir quoi que ce soil du père et de la mire. Jus'inien élend
cette interdiction aut fils naturels dune femme illustre, mère d'enrants légitimes
(C. Jusl. 5, 5, C ; 6, 57, 5). — I" Cod. Tlieod. 4, 0, 2, 3. — liCod. Just. 5, 27, 5. — 19 f.
mort, aux enfants naturels ou à la concubine ' • ; d'autre
part il établit, pour le passé seulement, la légitimation
des natura/es liberi, par mariage subséquent, à la con-
dition qu'il n'y ail pas d'enfants légitimes et que la con-
cubine soil ingénue'*. .\près lui la législation sur les
enfants naturels de concubins subit les lluctualions de
la législation sur le concubinal. D'après des lois de 371 el
de 403, les enfants naturels et leur mère peuvent recevoir
un douzième de la fortune du père, s'il y a des descen-
dants légitimes, un quarl s'il n'y en a pas '■'. En 443-" esl
créé le droit de succession des enfants naturels « per
oblalionem curiae », un curialepeul oITrir tous ses en-
fants naturels à la curie en leur attribuant sa fortune, à
défaut d'enfants légitimes ; quoique héritiers, ils ne sonl
pas assimilés aux enfants légitimes. En 517-' Anastase
crée la légitimation, pour l'avenir, par mariage subsé-
quent, avec une concubine quelconque--, quand il n'y a
pas d'enfants légitimes et sous la condition d'un contrat
dotal. Justin supprime celte légiliuialion pour l'avenir
et l'adrogation des enfants naturels par le père-^ Enfin,
après diverses dispositions transitoires-', .luslinien
accorde aux enfants naturels le droil de recevoir, en pré-
sence d'enfants légitimes, un douzième de la fortune pour
eux et leur mère {un vingt-quatrième pour elle, si elle
est seule), dans le cas contraire, toute la fortune, avec
institution d'un tuteur; un droit d'héritage ab intestat
pour une pension alimentaire en présence d'enfants légi-
times, dans le cas contraire pour le sixième de la for-
tune''. Il établit définitivement la légitimation": 1° par
mariage subséquent, aux conditions fixées par Anastase,
même en présence d'enfants légitimes, à la seule exclu-
sion des enfants adultérins el incestueux ; 2" per curiae
oblaliouem, même après la mort du père el pour des
enfanls pas encore alfranchis; 3" par rescril du prince,
sollicité du vivant ou par teslamenl du père, à défaut
d'enfants légitimes, quand la concubine esl morte ou
indigne du mariage. Cit. Lécriv.aix.
SPYRIS (ÏTrupii;, dim. oTïuptStov, <77r'jpiod),(Ov, cittjpyviov).
— iNom ' donné à des corbeilles faites de jonc, île, sparte,
d'osier ou d'autres tiges flexibles entrelacées. Il y en avait
de toutes grandeurb-, ayant les formes' el les emplois les
plus divers; le nom ne spécifiait pas une forme ou un
emploi déterminé; il en est de même de la plupart de
ceux [CORBIS, CISTA, CAPISTRUM, FISCl'S, KISCELLA, SPORTA,
sciRPEA, etc.] qui désignent les objets servant de réci-
pient, qu'ils fussent de vannerie, de métal ou d'argile.
Il y a cependant des corbeilles, parmi celles que l'on
voit figurées, à qui ce nom convient certainement ; car il
n'est pas douteux que sur beaucoup de vases peints où
Th. 4, 0, 4, n.— 20 c. Just. S, 27, 3- 1. — 21 Itml. 5, 27, G. — 22 Elle doit encore,
jusqu'à Juslinicu, qui supprime cette restriction, ^Ire ingénue pour les st-naleiirs et
gens do qualité iC. Just. 5, .5, 7; 5, 4, 23; Nor. 7S. 117). — " C. Jusl. 5, 27. 7.
— 2' Ibid. ô, 27, 8, 12; Non. 18, t.. — 25 Xoi: S'J ; C. Jusl. 5, 29, 4.-26 C,
Jusl. 5,27, 10, 11; Nov. 12, 4; 18, 11; 74 /,)•. ; 89, 2, 8; 74. — Binilor.nAPRii;.
V. I"arl. coscL-RiMATL's cl : Pilletle, Lettre sur k eoneubinatus {Hcv. hist. de droit,
1803); P. Gide, De la condition de l'enfant naturel et de la concubine dans la
tégisl. romaine (A'oKr. rei\ bist. de dr. 1880, p. 377 sq , 409 sq.); .\lispoulel,
Les Spurii (Bull, épigr. 1884) ; Ou nom et dt la condition de l'enfant
naturel romain {JVouv. rev. hist. de dr. 1885, p. 15-02): Paul SIeyer, iJer rôm.
Konkubinat, Leip., 1895 ; F. Girard, Manuel' de dr. romain, Paris, 1898,
p. 171-179.
SPVRIS. I Le mot est apparenté à ,1:1X^1 et au latin sporta ; Curtius, Grundzùge
d. Gr. Etymot. 5' éd. p. 715. — 2 Pallad. ad Paus. cité p;ir H. Eslienne, Thesaur. s. v.
ti (tiKfâ. — 3 V. Bekker, Anecd. p. 780, où la Tornie décrile e.'ïl celle duc
cf. Tlieocr. X\I, 9, ««<.«:,.,.
SPY
— 1447 —
STA
sont roprésenlées des scènes de banquels, les corlieilles
suspendues au-dessus des convives ou qu'apporlenl
les serviteurs ou les femmes, musiciennes et dan-
seuses, qu'ils
y appelaient
volontiers (lig.
6553 ) ' , ne
soient mis là
pour caractéri-
ser une réu-
ni 0 ri de ce
genre précisé-
ment appelée
5sÏ7tv&v aTto
aTtupiSoç ", par-
ce que c h a-
cun contri-
buait de cette
manière pour
sa part au fes-
tin
Les dirupioe; quon voit ainsi, suspendues par des cor-
dons, n'étaient pas excUisivemenl destinées à apporter
Fig. 03
; pour le banquet.
Fig. 6534. - Paniers de pêche.
et à emporter ' des victuailles; on les rencontre ailleurs,
_ dans des scè-
nes de bains,
où elles doi-
vent enfermer
du linge ou dés
véti'menls* ;
ailleurs encore
(fig. 0534, cf.
5034), sembla-
bles mais mu-
nies d'anses,
elles sont placées aux deux bouts d'un bàlon que tient un
' Coupe du Musée du Louvre; cf. flg. 169,4905. 49C7 5(|. Voy. svmm.shim et J/us.
Uni/oT. II, p. SI, »3, K4, Si) : Mus. C/iiiisin. 100 ; Mon. d. Inst. III, pi. xjc ; 0. Jahn,
Abhindl. d. Sàcks. GesMusch. 111 (IS61), pi. vu, p. 743; llarlwif;, Meislersciml.
pi. XV, XXIV 8(|. — ■■iAthcn. VIII, p. 363 a ; Arisloph.in. Ac/i'i))i. 1138 : th Seïivov, .T,
,T.r, Îj;,,vl«T*;;»c,t;S.;;cf. Xen. Memor. III. 14, t. — 3 .\llieu. iv, 130. — ■• Gcrliard,
Auselen, Vas. a9.î, 196. — 5 Micali, .Uon. p. In storin di /lopoli Uni. pi. xcvji.
— 6 Z.ff,,,; îoas.ioe- ,K»fi»...v, Anih. pal. VI, 25, 5. 'H !/.«jr,5« ,„»»;;, l'oll. VI, 94 ;
iJ. X, iSi; Aristopli. Paj-, \m:,. —' lieinaeh, Hépert. de. la stat. p(!clieur,(ig. 0333,
d après une statue du musée de Napics. .1/us. Borbon.\V,H.— » Tlicoci-. /. c. V.ca-
1 ATin:s. lig. 999. — '< l'our les formes très dilTcrentcs des corbeilles servant à cette
récolte, vov. les exemples réunis paru. Jalin. Ablmr.dl,d.Sichs.Gesellscli. IV.pi.vi;
ils sont de l'époque romaine, \otre lig. O.'ibô d'après un cofTrct d'argeut du iv<^ siècle
an.J C; voy. eAPS.i p. 31i, n. 100. — lOVoy. ceux, très divers, qui sont l'attribut
Fig. 0356. — Corbeille de lie
péclieur'. Un panier à anse, simple ou double, fait
partie de l'attirail des pèclieurs"^^, qui y mettent leurs
liametîons ou les poissons qu'ils ont pris [piscatio,
p. 493 et lig. 5(Wf)].
Ce panier '' (lig.
1)553), que désigne
couramment le nom
de iTiuptç, est géné-
ralement plus petit
que ceux qui ont été
figurés ci-dessus; il
peut être évasé com-
me celui qu'on ap-
pelle habituelle-
ment CALATimS *, à
fond plat ou pointu,
plus ou moins pro-
fond, rond ou allon-
gé, droit ou conique.Onen voit de pareils, proportionnés
à leur emploi, servant à la récolle des fleurs (fig. 6556) ',
des fruits '", des légumes,
à la vendange (fig. 1432,
4762et vim'm). Une petite
corbeille, tressée d'une
paille légère reproduite
ici (fig. 6557), d'après un
fragment de fresque du
musée de Naples ", con-
tient des laines ou des
ouvrages de femme. l'ig- «SS?. - Panior à ouvrage.
D'autres au contraire, de
grande capacité, étaient chargés de pains sortant de la
boulangerie (fig.4470), ou recevaient la poussière ou le
sable dont les lutteurs avaient besoin pour se frotter dans
les palestres'^. Ils étaient
construits assez solide-
ment pour résister, s'il
le fallait, au poids de
terres ou de pierres
accumulées".
Comme d'autres ou-
vrages du vannier, les
TTcupîôeç ont été repro-
duites en métal '* et ^. ,.„^ _ione.ror
aussi en ivoire '^ Le imitant la vanueiie.
goût pour les imitations
de ce genre date de fort loin, comme l'altestenl des vers
d'Homère ' ' eldes vases d'or trouvés à M ycènes (fig. 6558) ' ' ;
ceux-ci sont non des iitupî^eç, mais des coupes à boire,
qui ont eu des paniers semblables pour modèles.
E. S.\GL10.
STABULARIUS ', aubergiste qui loge à pied et à che-
val [V. STABULUM, 4°].
de l'aiitonine, ho«*e, p. 234, 235 ; .\nt. d'Erculaiio, t. V, p. 36 ; VII, p. 93 el 2(9 s.|.;
Musé.; Fol. à Genève, Catal. 1874, Anliq. n. 1302. — n Exposé sous le n« »0S9.
- 1-2 l'oll. X, 65; voy. skapheion, ng. 6483. — 13 Hippocr. p. 838 c: cf. AElio;
les sarcophages chrétiens ap. Garruci, Arte crist. 302, 307, 319, 329, 333, etc. C'est
dans un panier semblable, Sii ht.joUk-,, que saint Paul s'enfuit de Damas, Act.
apost. 9, 25. — li F.n bronze, panier de pécheur, au musée He Naples; petite
corbeille au musée Faino. à Oriieto. — l^' Athcn. IV, p. 130. - 16 lliad. XI, 630 :
j«)i»..a «d»s«; Od. X, 335, j(50<Tei» .ovca. — H Schlicmann, Mycé/ies, trad. fr.
1879, p. 374 et 395. On peut constater aussi celle imitation dans les monumeuls
assyriens. Pour les vases incisés de style géométrique, voy. Excavations al
Plijlakopi, pi. IV, 19.
STABULAHIUS. i Ulp. Dig. IV, 9, 1 ; VI, 9, 3 : Gains, iliid. : Sencc. llcnc/'. I,
14 j Apul. A/et. I, p. n.
STA
I4i8 —
STA
STABULlTM(STx9|ji.o;).GitPOùs(''ioiirnenl desanirnaiix'.
1° {Boau>,0(;, poOdTaOjjiov, 'ÉTtau),'.;, hori/c, huvilv) - oUibleJi
lni'iifs. Kii (irèce comme en Italie les Ijœul's élaienl sou-
vciil l'iilreteinis en plein air dans des parcs isolés, hors de
riialiilalioii, (|iielriiiefois même assez loin [nrsriCA res,
p. 91l{ el 9:27]; c'élaienl des espaces nus, qu'on enlourail
de JKUiles palissades pour protéger le bétail contre les
attaques des fauves [seftuim] ; sur les côtés s'ouvraient
les cabanes des bergers (z^iiia!, ct^w.). Une peinture de
manuscrit (fîg. (Joo!)) nous donne de ces enclos une
idée sommaire, mais assez lidèle ; on voit au fond,
/'\^yf
Kig. 0539. — Élablt'.
enfermé dans la clôture, une sorte de hangar, d'où les
bergers pouvaient surveiller le troupeau ^ Cependant on
dut aussi sentir de bonne heure la nécessité d'avoir des
élabl'es dans la ferme, ou à proximité, là où les bœufs,
employés comme animaux de trait, servaient journelle-
ment aux travaux de culture. A ré])oque romaine
li'lahh' destinée à ce service est comprise dans les bàli-
iiienls lie la ferme [villa] : les bœufs sont attachés devant
la crèche {prncsi'/w,. où l'on apporte les feuillages dunt
on les nourril, el le sol est recouvert d'une litière ix/ra-
iitenlniii', sans cesse renouvelée; une faille de Phèdre
nous montre avec quel soin l'œil du maiire veiMait à
l'entretien de ce local'. Les agronomes recommandent
que les étables ne soient ni trop chaudes, ni trop
froides ; l'exposition du midi est considérée comme
la meilleure, pourvu qu'il y ait du côté du nord des
fenêtres qu'on puisse ouvrir pendant l'été. Il est mèLue
bon que les bœufs ne soient pas trop loin de l'àtre
el qu'ils puissent en voir la llamme. Huit pieds d'es-
pace suflisent à une paire de bœufs lorsqu'ils se tien-
nent debout, et quinze lorsqu'ils sont couchés. Les
lifiuides devront avoir un écoulement facile pour que la
corne.de leurs pieds reste saine; il faut donc ménager
une pente sur le sol, qui sera pavé, couvert de gravier
ou de .sable". Les auteurs qui ont enregistré ces prin-
cipes prévoient cepenilanl eux-mêmes que dans les
grandes exploilalions on veuille avoir deux sortes
d'étables : l'élable d'hiver et l'étable d'été. Dans ce cas
l'étable d'été n'est pas autre chose que l'antique lioùmxf)-
jAov, espace à ciel ouvert, entouré d'une enceinte.
Là on n'a pas à s'occuper de la nourriture des bœufs;
STAUILUM. I M.>,„c sauva^-cs : Virg. .-U-,,. VI, 1711; X, 723. - 2 ||o„,. Jt. Il
i70; V, UO, o57; XII, Sut; XVI, 6VJ ; XVII, 110; XIX, 377; 0,1. IX, i5l ■ XVl'
M: XVII. 20, iC, 200. 221 ; llesiod. Tlwog. 29», U4 ; Aescll. Prom. 397, 033; Ag.
896:Eur. Andr. 281; Iphi,/. Aul. 76; Helen. 29, 303; Sopli. Oed. lyr. 1138;
Callini M. in. Del. 102 ; Tla-ocr. XXV, 108 ; Apoll. Rliod .111, I28K ; Poil. I, 2i3 ; Aral!
1U9; Varr. iiny. lat. VIII, 30; Cal. //csnij<.4; Viliuv. VI.O; Colum. 1, 6; Vl.23 •
Liicr. ll.360;Virg. «eoij. IV, 433;Pallad. 1.21; IV, 12; riiae'li. Il, 8, -' 3 Valic'an
Cod. Verpil, 5225 ad Gcor,j. III, 163-107: Codices \attc. phototypice expvess,
pl. .11 = Mai, Vir,j. picl. ont. (1835) pi. III; Rich, Dict. des ant. ai-l. ttubilc.
Voyci aussi le Cod. lioiiianus de Virgile dans Mai, pl. iv, v = d'Agiucouil
Hm. de fan, l. V, pl. i.xv, 6. — * I liaedr. II, 8. — s'vair. /I. rust. \,
13; II, 5; Vilruv. VI, 9; Colum. I, 6; VI, 23; l'allad. I, ;1 ; IV, la!
chaque .jour ils vont pailie au dehors ; il faut seulement
placer auprès de l'enclos des auges remplies de sel, dont
ils s'approcheront le soir, lorsqu'on les ra[ipellera au son
du cor [huccina] ''.
2° (Ori/e et ro/trile), bergerie pour les moutons et les
chèvres. Comme ]iour les bœufs, ces slnbula sont sou-
vent des parcs en pleine campagne [ri'stica res, p. 91.5
et 927]; mais les (ircgcn riUalici'' exigent aussi une
autre installation plus confortable dans la ferme même.
La bergerie sera exposée au levant ou au midi, basse el
spacieuse et plus longue iiue large ; il est important d'y
concentrer autant que possible la chaleur en hiver, parce
que ce bétail est naturellement frileux: il faut prévoir
un espace de quatre pieds el demi à six pieds par bête.
On préviendra les maladies en éloignant toutes les
causes d'humidité el de pourriture; certains agronomes
recommandent un plancher percé de trous. La nourriture
sera versée dans des mangeoires el il y aura, aussi bien
que dans les parcs, des cloisons {septa), pour isoler les
animaux malades el les mères*. On voit ici représentée
^lig. 0560), d'après une mosaïque romaine, une de ces
constructions à demeure, faites pour abriter dans la
ferme même le petit bétail ; debout sur le seuil, le
berger rappelle ses moutons et ses chèvres, qui reviennent
du pâturage".
3° Écurie pour les chevaux [eohile] '".
V Auberge, hôtellerie. Dans ce sens il n'y a qu'une
seule distinction à faire entre le slubiilum et la cai'pona ;
c'est que le sttibulum comprend une écurie, d'où son
nom ; el par conséquent on y loge à cheval aussi bien
qu'à pied; on ne loge qu'à pied dans la caupona " .
Il est probable, d'autre part, que les clients du stabn-
luin se contentaient souvent d'y remiser leurs bêtes
et leurs voitures les jours de marché, comme on le fait
encore dans toutes les petites villes ; eux-mêmes n'y cou-
chaient pas; le soir venu, ayant terminé leurs all'aires,
ils reprenaienl avec leurs bêles le chemin de la cam-
pagne '-. Il y avait à côlé de l'écurie un cabaret el aussi
— n Colum. Le.—'' Vair. H. r. Il, 1. — » Honi. /. c. ; Viig. Oeonj. III, iVj, Mi,
537; Aen. X, 727; TibuU. II. 1, :i7 ; Ov. Met. XIII, 828; Trist. IV, I, 79; Varr.
Ji. r. Il, 2 el 3; Colum. VII, 3. S ; Vilr. VI. 9 : Mari. Vlll, 28, 3; Val. Flac-. I.
«62, VI, 613. — 9 Gauckler. Fondation Piot, Moniimaits et mémoirei^. III IIS90|.
p. 200 el pl. XXII. — 10 Virg. Oeorg. 111, 18i. Écurie de la poste publique : Orelli,
Inscr. 3329. V. ci iisus plulicus. — H Ulp. Di;,. IV, 0, I j 5 ; VI, S), 5 ; Pelrou. 6 cl
K; Miirl. VI, 9i; Plin. Ep. VI, 19; Apul. Met. I, 15 el 17 ; Spailian. 5e;)t. Sec. 1;
Siiet. Vitell. 7. — 12 Ulp. /lig^ IV, 9, 5 pr. ; Caupo {mercedem acciptl), ut
viiitores manere tn caupona pat iatur ; staoutariu.^, ut permiltat jumenta iipud
fum stabulari. Cf. Gaius, ibid. Il tt'csl pas i|uosliou lii, à propremenl parler,
d'une " pension pour chevaux », comme le croil Kicli, Oict. d. antigu,, s.
V. Slabularias.
STA
— 1ii9
STA
LVW
±
quelques chambres pouvant servir en cas de rK'cessité :
en un mot, le stabulum, c'est par excellence l'auberge des
rouliers, Vnxli'riii f|u'on renconlre au bord des grandes
roules, à l'enlrée des villes'. Plu-
sieurs auberges ont été découver-
tes à Fompéi-. Nous donnons
^1 dans la fig. 0561 le plan d'une de
'' celles qui paraissent le mieux
correspondre à l'idée que l'on
peut se faire d'un i,labu/um ; elle
est située tout près de la porte de
Stables '. Sur la rue. de chaque
(. I g j côté de l'entrée, s'ouvrent deux
-JjJ ^" cabarets [h d)\ le corridor («) est
r\s iv,eA —flan omé d'une peinture, où l'on voit,
dune auLoi-ïe de ioii.|»i. auprès de ses Lares et de son
Genius, un personnage nommé
Hermès, occupé à transvaser du vin, sans doute l'au-
bergiste lui-même. Au delà s'étend la cour oii l'on
remisait les voitures, avec un abreuvoir dans un coin,
puis l'écurie 7i), qui remplit toute la largeur de l'habita-
tion. La cuisine se faisait sur un fourneau dans le vesti-
bule; egli désignent des cliambres à coucher: il y en
avait certainement d'autres à l'étage supérieur, aux-
quelles on accédait par des escaliers
I encore visibles*. Le plan (fig. O.o62)
B n d'une autre hôtellerie de Pompéi
présente une disposition analogue :
six chambres [h, c, il, e, f, g) sont
rangées sur deux côtés de la salle
commune (o) où l'on mangeait; la
cuisine (//}, sur le troisième côté, est
I 1 - Il à la même place que dans le plan
: J I précédent, mais elle est séparée de
la. salle par un mur. Un couloir (/)
mène aux écuries (A-) et à l'abreu-
voir; les voitures ont leur remise
^wi)à gauche de l'entrée. A droite est
un logis qui ne communique pas avec le reste de la mai-
son, mais qui a derrière la salle n) où l'on entre de la rue
deux chambres réservées (o, p). Ces établissements
n'avaient pas toujours une bonne réputation , on était
exposé à y rencontrer une société peu choisie et le
xldhulum, comme la cavpona, devenait facilement un
lieu de d|■■bauche^
o° [Ornilhim, gaUinnrium)'\ poulailler, basse-cour
[ villa].
6° Vivier^ , vivarum .
1 Vojci Bcctcr el KM, Charikles (1877-1878), II, p. 5 ; flallut (1880-1882). III,
|i. i7; llermann el HliininiT, Or. l'rUalall. (I88J;§ 5J ; Kricll.ïn.ler. .9i»enj«c/i.
//oMj, 6'éil. (I8s9), II, p. 37, 15 , .\laii|i>ardlclSlau, Vie/iriivi; ilts lloiiiains, iiîil.
Henry (l)s'J3J, II, p. 101 ; Mau.arl. faupona dau? l'auly el Wissowa, HeaUiictjcIop.
■I. Allerlh. (1H9ÏI). — aOveibeck et Slau, Pom/jeji.p.iS, 35, 173, 30i, 359, 377, 37'J.
~'l ;Maii, Ponij,>'ii in Leùen undKiinsl, ±- ^.(ejnfj, p. il!), ciiap. ii.ii. — 3 Kég. I,
ile l".,n. s. — 'Mau, PoMptii,p.4iO,(ig. iV). Aulre aulierg.-du ni«niclype, curieuse
par les grafiili qu'y ont tracés les clienls, Ibid. lig. ilSIrég. Vil. ile M. a. 3r,).
— 3 1'laul. />o<;ii. 1, J, S3; Cic. /'/ii(. II. 18. V, les graflili cilés par Jlau. — "l'.olum.
VIII, I el 1 1. — 1 Colum. VIII. 17. — s Virg. Georg. IV, U, 191 ; Colum. 1X,C.
STVDItîM. ' Dans un mime passage, Thucydide (Vil, 78, emploie une fois Tii! a
et deuil fois iit./.S.'ojî: cf. l'Iiol. Lkj-ïc. (é.l. 1805, U, p. 173) s. v. ; pour Ik-rodote,
cf. ScliMcigliaûscr. iej . Iterodot.. I8ii, s. v. M«nic anomalie avec axaS/o;,
«f'.ii'io;, etc. — -Ce mol p.iraît formé couimc (p*«aTf,3-io-v, Àr.dî^.p-so-v, aj>.-;o-v,
v«*«/,^f.-., iA«i'>uovt- o— /. tkv.t',xiau ïo-v, CtHz-^t-v, 'll9«-T'>-/, (|uaiiliês il lorl de nom
de lieu, désignant lous des édifices spéciaui — 3 Isid. Eiym. XV, l'I, 3. (éJ.
Higne i.XXXII, 537). — t //. VII, Ml : XIII, 31V, 314, 713; XV, ÎS3. LTa-Sto ;
lilléra!enient • se le janl debout», cf. Fr. liopp, Urnm. comp. l'aris, IS89, IV,
p. an. — ô G. Curlius, L. Windiseli, Grundz. der g,: tilijm. 1879, p iTi et
Vin.
lig.
7° {Apiarium), rucher* [apes, mel]. G. Laf.we.
STADH'.M. ilriàîov. — Stade. 1° Course pédestre athlé-
tique sur une piste droite et longue de (JOU pieds ;
"2" carrière spécialement aménagée pour ces courses ;
3° mesure de longueur de 000 pieds grecs ou 4(XI cou-
dées. De ces trois significations, on ne saurait distinguer
le sens primitif d'avec les deux dérivés, car i-iS-.ov resta
toujours un terme équivoque; son genre même ne fut
jamais fixé', et son origine étymologique demeure
inconnue"^. Les anciens inventèrent une légende', pour
rattacher ce mol à l'adjectif homérique (TTiSioç*; les mo-
dernes crurent que sa parenté avec le latin spaliinn per-
mettait de le considérer comme appartenant au fond
primitif de la langue^; mais s/npiiim, transcription ''' de
TTfioiov, n'est qu'un doublet de sladium marquant l'un de
ces nombreux emprunts que les domains avaient déjà
faits, directement ou non, aux colonies éolo-doriennes ''
de l'Italie avant d'asservir la Grèce : spatium doit dater
de l'institution des ludi magni i^ide la célébration de ces
jeux dans le Circus mnximii.i, où l'arène, contrairement
à tous les usages grecs, servait tour à tour pour les
luttes gymnastiqiies cl les concours hippiques ' ; de
là ces expressions purement latines : equos xpaliri pro-
bant ^; exspalianfur ef/ui'". C'est même à l'époque où
furent institués les///f// mngni h Kome ", que l'on trouve
en Grèce uTtioiov sur les inscriptions'- et cTàoiov dans les
auteurs ; Théognis'^ l'employa peut-être au vi" siècle
ainsi que Simonide'' ; mais ce furent les écrivains de la
première partie du v" siècle, et plus spécialement Pin-
dare '% qui firent le plus fréquent usage de ce terme
dont la lan.gue homérique et les poésies d'Hésiode ne
fournissent aucun exemjile.
L Course du stade. — A toutes les époques et chez tous
les peuples, la course athlétique figure parmi les réjouis-
sances publiques; en Grèce, où l'on prisait le ttoowv
àoETf, " et où l'on se glorifiait d'épithèles comme Tcooiç
Ta/û;'', Ttookç ôjx'j; '*, iioôcûxuî '", il était habituel de décer-
ner des prix de vitesse, to/ut/.to; âsâXa'-", lors des maria-
ges, de l'arrivée d'un hôte -' ; mais aucune des courses
de l'âge héroïque n'est qualifiée de course du stade,
même celle qui eut lieu entre Ajax, Ulysse et le fils de
Nestor pour les funérailles de Patrocle ^^. C'est à vue dt;
pays qu'.\chille montre le but, TÉpixa-^, et rien n'indique
que sa distance fût à GOO pieds du point de départ, àTtc.
v'J7Tr,i;-*. On ne sait, d'une façon certaine, où el quand
l'expression homérique Ttoôscci Toé/eiv'^, fut remplacée
par TiiBiov Tpé/Eiv^'', mais il est probable que ce fut à
Olympie. Primitivement, le téménos de r.\ltis était un
097; L. .Meyer, Haiid'j. der <jr. F.tym. 1901, III, p. 130-131 .(ui le rattache à la
racine „r. de ««So;. — » E. Koss Wliailon (litijin. Uil. 1890, s. v.) y voit un mol
étrusi|ue. — 'M. Bréal, C.-r.Acad. des inscr. 1883, 7 décemb.; JJicl. élym. Int.
1358, s. e. ; /fer. des élud. ijr. 1890, p, 1Î9. — « Til, Liv. I, 33: Dion. liai.
Ant. rom. VII, 73 — 9Tac. Oral. 39 ; cf. Enn. Ann. XVIII. il. — lOOvid. Met. Il,
ioa (éd. Korn) ; cf. VI, W7, — u Titc Live '/. c.) place la construction du Circus
miiximus sous le règne de Tarijuin l'ancien, au comn.enceraenl du vi* siècle.
— 12 l.chas-Foucarl, l'oi/. archéol. Il, 108, pi. vj, 15 = C. ins. gr. M = C. iii«. yr.
J'elop. 501. — 13 Elci,. 1306. — " Andi. Pal. Xlll, 19; Dcrgk, PueC. liji: gr.
IS8i, m, 501; Ara. Hauvelte. De l'aulhenl. des^pigr. de Sinwnide, n + 16.
(Jnant à l'épitaplic d'un sladiodrome argien {Anl. Pal. Xlll, U; Bcrgk, III,
p. 473, a"» 1^3 = llauvcUe, 4- 51), on la croit postérieure à l'an 473. — '"^ Pindar.
01. X,70; Xlll, 41 el50; Pijth. XI, 74; A'em. VIII, 20; /s. I, 31 ; liacchyl. (éd.
Blass, VI, C el 13 ; IX. 21. — ICTyrt. Fr. XII, 2(Th. Bergk, O. c. 1882, II, p. 18).
— n II. VI, 514, Xlll, 249 et 482; XVIII, 2; Tlieogn. 715. — 18 //. I, 38, 84, 148,
301, elc. — eJ U. X, 310, clc. —20//. XXIII, lW. — t\ndxjSi. Vlll, 120 si|. [LU1.I
lTm...;i. p. 1302|. — 2-'//. XXIII, 740 s.|. - 23 M. 757. — 21/4.738. Cf. Iloll-
mann, Quaeit. homer. I, p. 130, u. 3 ; Biichliolz, Hom. Itcal. Il, p. 2Su
— 23//. XVIIl, 599. — 26 Pind. 01. XI, 76 ; PIntarcli. Moral. 179 d.
182
STA
1450 —
STA
carré ;\ peu jirès parfait do 300000 pieds ou 30 pUUhres
de superficie '. D'après une légende, propagée par les
éloliens d'Élis et les Héraclides-, ce fut Hercule qui
mesura la surface dece tcménos el <|ui prit l'un des côtés
de ce carré comme longueur de la carrière des courses
pédestres. Il se peut qu'avant la construction de la ter-
rasse nord de l'Allis les coureurs eussent à parcourir la
distance de 000 pieds qui s'étend du Prylanée au point
où fut construit, en 380, le trésor de Uéla (lig. 5397),
tandis que les chars devaient faire le tour complet des
quatre côtés du péribole de l'AItis. De là serait venue
l'idée de donner au àpéfioi; du stade une étendue de 000
pieds, et à l'iTtnioç opo(jio<; ^ une longueur quatre fois plus
grande Quoi qu'il en soit, s'il est permis, avec la légende,
de conjecturer que c'est à Olympie qu'on fixa arbitraire-
ment à 000 pieds l'étendue de la course pédestre, tous
les indices semblent montrer que ce fut seulement après
l'invasion dorienne qu'on décida de conserver à jamais
cette même longueur pour tous les concours qui devaient
périodiquement se succéder. Les poèmes homériques '
ne connaissent point de jeux célébrés près du tombeau
de Pélops, fondaleurde laplusillustredynastieachéenne ;
le titre d'éXXavoD./ca'', réservé à l'agonothéte olympique
ne peut se rapporter qu'aux descendants de ces Hellènes
dont l'Iliade ignore presque l'existence'' et que VUdyn-
sée' place encore en Thessalie. Si les Héraclides eurent
réellement part à l'ordonnance des courses olympiques",
leurs règlements durent être formulés immédiatement
après le pacte de famille' qui créait la Messénie pour
l'attribuer à Cresphonle '"; mais, à la mort de celui-ci, ses
états ayant été conquis par l'Arcadien Aepytos, l'Iîiide
se trouva séparée du monde dorien et les réunions pour
les courses devinrent précaires. Ce fut pour remédier à
cette situation et pour rendre la fète« plus solennelle et
plus fixe " » qu'au i\' siècle, l'Oxylide Iphitos, s'ap-
puyanl sur un oracle de Delphes '-, conclut cette conven-
tion qu'Aristote « considérait comme le monument le
plus important de l'histoire du Péloponnèse ''. »Ce traité,
instituant la trêve olympique pour chaque cinquième
retour du solstice d'été '•, n'eut son entier elTet que vers
oOO, époque où, par suite de la paix conclue avec Tégée,
les Héraclides furent reconnus comme héritiers des Pélo-
pides et de l'hégémonie d'Agamemnon '■'. Jusqu'alors,
'CcUe superficielle trois >loiizaincs île plèllirosira aucun caracl rc sacré; d'autres
propriC'li^s (le foncières avaient une, deux ou trois douzaines de piithres ; un conlral
i-Uen (Dialekt. inscr. 1 lOSl est relalif à une (ene de IS plelhres, soit la moitié de
l'Allis. — 2 Le fond prédorien de la légende parait ciétots et relatif auï Dactyles
(Diod. Sic. V, fllelTi; ; l'ausan. V, 7, 6-9 ; li, 7 ; Strali. VIII, 3, 30) : on semble lavoir
ratlaclié au mUlie d Hercule par l'Iiisloire du taureau de l'asipliaé (Uiod. Sic.
IV, li). Les Oxylides iiuraieni iiivenlé la fal.le d'Hercule venant célébrer, dans le
boisdePise. un 4.™, iT,v;„o; il'iud. W. 11,3; III, Jo et 3; ; VI, IIS; X. 3U sq.). bien
r|uc cette forme de triomphe fut inconnue au» Achéens (l'agôn de I Iliade XXlll est
eu riionneur de l'alrocle ol non pour fêter la mort d'Ileclor). La version de l'iv,.,,
is.Tis.o; (("ausan. V, 13) serait due aux Héraclides, qui au vi' siècle, se donnaient
comme héritiers légitimes des l'élopides. — 3 liippocr. fle v,ct. Il, C3 ; Eurip.
Klectr. 8i0; l'Ililostr. Gijmn. .57; Boeckli. Cor. ins. i,r. I, p. 703; Alb. iMarlin,
Vamliers Athén. p. JOV. _ * Nestor, ipii prit part à de nombreux concours et éclipsa
tous ses rivauvà liouprasion dans riilide scptentrioua'e (//. XXlll, lii!) sq.), ne piiilc
jamais d'Olympie, bien que lui-même régniit sur les bords de l'Alpbée (//. V, 5it).
L'allusion, que li-s anciens «oyaient déjà (Strab, VIII. 3, 301 dans les vers OtlS-70î
lie l'Iliade X I, n'a aucun fondement et peul se rappurt.r aux jeux de Bouprasion, etc.
- ^Korme employée fur une inscr. d'Olympie (hirrbbolV, Arch. ZcU. XXXVIII,
I8S0, p. UO, n. 3lii) qui scndde antérieure à 580. éporpie oii l'on nomma deux bella-
nodikes. -cil, |-,.|is3; IX, 303, 473; XVI, 605. - -i I. 341; |V,7ir,, SIC; XV, Sn.
- «Jusqu'à l'heidon, les Acbéens furent oclus du concours olympiipic ; cf. E. Cur-
tius, HiHt. f/r. l'aris, 1880, 1, p. 273. - » l'Iat. /.ej. Gsl. _ lu 0. Muellcr, Oorier,
I, lii, 80 ; E. Curlius, O. c. p. 187. — Il Plularcb. /.,jc;rg. Ï3. - 12 Pansan. V, 4.
- 13 E. Curtius. O. c. I, p. :;7U. - 11 La fêle olympi,,ue, cpii était nmbile, se célé-
brai! lors de la pleine lune, ^i,v ,xt,.r,., qui suivait le solstice d'élé. — ir. E. Cnrtius,
Pise avait souvent combattu les prétentions des Oxylides
et même Pheidon, tyran d'Argos et « créateur du système
métrique péloponnésien "■' », chassa les Spartiates et les
Éléens d'Olympie et y organisa les jeux '''. Par suite de
ces guerres et de la rivalité séculaire de Pise et d'Élis,
l'histoire des courses olympiques jusqu'au vi" siècle fut
toujours mal connue, même des anciens. Pausanias. à
propos de l'ér^^ction du Trésor des Mégariens, dit qu'en
ces temps lointains on ne dressait point de catalogues
d'olympionikes '* ; l^lutarque accuse Hippias d'avoir
composé ses listes d'après des documents qui méritent peu
de conliance"; quant àTimée, en créant sa chronologie
des Olympiades, inconnue aux historiens du v'^ siècle-",
il avait moins en vue d'étudier les divers modes de con-
cours olympiques que de doter l'histoire d'une ère fixe,
préférable au systèmi» des l'ponymes qu'abandonnaient
ses contemporains, et de remplacer par des années vraies
ces années de 35'i, 300 ou 365 jours-'. On ne doit donc
admettre qu'avec rt'serve l'assertion attribuée -'- à Hippias
et à Timée, d'une véritable course du stade à Olympie en
juillet 770, et, dans l'état présent de nos connaissances,
on ne peut aflirmer que le mot cTaStov, ou cTtàôiov, lût
connu (les contemporains de Koroibos. C'est seulement
dans la |iremière moitié du vi'' siècle que les jeux olym-
, piques furent imités dans beaucoup de viilesgrecques, et
bien que Solon ait reconnu, avec raison, que les pugi-
listes et les coureurs de stade, cTaîtsiç. étaient peu utiles
à leur patrie -', on chercha alors à créer des luttes athlé-
tiques auprès de la plupart des sanctuaires, soit en ren-
dant périodiques d'anciens ày^viç ètzit-I-iw. dont les
inythographes avaient transmis le souvenir, soit en ins-
tituant de nouveaux concours par la voix des oracles-'
ou le caprice des tyrans'-''. C'est ainsi que les jeux pytiii-
ques furent organisés en 590 ; les isthmiques en 582 ;
les néméens en 573 ; les panathéna'iques en 500, etc.
Pour l'organisation el les règlements de la course du
stade, depuis les g4ierres médiques jusqu'à l'édit de
Théodose, à Olympie, voy. Olympia et uellanodikai ; à
Delphes, pvtuia ; dans l'Isthme, istumia; à Némée,
n'emea; à Athènes, panatiienaia. Pour l'admission et la
préparation des concurrents, voy. crRsrs et Luni publki,
p. 1305; leur division en catégories d'après l'âge, TjXixiai,
ATIILETA, uni l'i iii.iri, p. 1305; en groupes, tiU-i;, cuksls.
O.c. 1, p. ii.7;cL llRii.iiiîs, p. m. Hercule, ancétic .les Héraclides, est considéré
commo f..ndalcup du culte de Pélops. — l« Herodot. VI, 157. l'h. SniiHi (Diction,
of tjr. ami rom. aittiq. s. e. .Sladiiiui] admet comme probable '|ue Pbeidon, :iprés
avoir fixé la longueur tlu slade-iiiesure, en donna réleiidiie à la pisic d'Olympie pen-
dant son agoiiolliésie. - '' Le texie de l'ausanias (VI, i2, i) lui fait célébrer la
K° (Hj olympiade, mais llirodote (VI, l:;!7)dilqnc le lils de l'Iieidon se troiivail
parmi les prétendants de la lillc de Clistliénes (peu après la ai' Olympiade, .37;! i. Ou
n'a pas encore résolu celle ({ueslioii clironulogique, d'une extrême imporlance pour
la métrolo,;ie, puisque l'heidon passe pour avoir introduit en Grèce les étalons
nionêlaires ol les mesures de longueur ■■ calquées exactement sur les types asiati-
ques. » (E. Curtius, O. c. I, p. 30i . Kr. I.enorinant {Monnaies roy. de Lydie,
p. 15) place le règne de Pheidon vers 718. Jl. E. Babelon (Te. des monnaies i/r.
et rom. 1907. I, i. 015) classe au vu" siècle les statères égiiiétiques allribués à
l'heidon, lig. ;ilns, v. note. - '» VII, 10, 13. — 19 A'um. I. — 20 jlérodole el
Thucydide (111, S : V, 40, 1) distinguent les olympiades par le nom d'un idyni-
pionike aulre ijiie le slailiodrome. Xénopbon. coiilemporain d'Ilippias et vivant en
Élide, est le premier historien connu qui cite une olympiade par son rang ordinal
'Hell. I, 2) ; le contexte prouve qu'on avait iléjà établi dans la première inoilié i\u
IV" siècle la concordance avec les épliores Spartiates et les archontes alliéDiens. Sur
la valeur de Tiraée, cf. l'oly. XII, II. — 2' Ile même aiec l'année civile de
305 jours (Herodol. I, 3i), un avait sur l'année tropique un retard de O'i jours par
centaine d'o'ynipiades. — 22 (lu ne peul s'en rapporter en somme qu'aux lexlos
d'Eusèbe deCésarée et du Syncelle. I'au«.inias noninic Sdo|<..; la course <iù Koroibus
fut vainqueur (V, 8). - 23 Diod. Sic. IX, fr. S (éd. Didot, I, p. 3i!l). — 2t Herod. I.
07. — 2;i Herod. VI. 126, établissement d'uu dromos à Sicyonc par Clistlièiie pour
le mariage de sa lille.
STA
— 14ol
STA
p. 1645 ; pour les juges du concours, agonothetes, epi-
MELETAi ; la proclamulion du vainqueur par le héraut,
PRAEco, p. 608; les récompenses, cokona, p. )5-20; lldi
piBLici, p. 1361).
II. Slade pour les jeux. — 1° Le c7riotov est une piste,
ofcii'y;', longue de 600 pieds, droite, plane-, encaissée,
excai'ulum, entre deux talus, margines, formant ter-
rasses, seinilae, et garnis de gradins ^ Les .\chéens
d'Homère désignent la carrière des lutteurs par deux
termes : loaûXuiv ', espace plnlet découvert, qualilié /.a).o;,
sôpûç"; c'était la place du marché, àyosâ", ou les alen-
tours immédiats de l'aulel funéraire : Ajax, en courant,
trébuche dans le sang des victimes ' ; 2° ôpofjioi;, champ de
course, le plus souvent dans un pré, Xecjxaiv ', ou dans
l'ombreuse allée d'un
bois. C'est la carrière
la plus facile à établir
et à entretenir ; les
Hellènes la conser-
vèrent et certaines
villes, comme Spar-
te^, n'en eurent ja-
mais d'autre ; son
usage se répandit
dans toute l'Asie ro-
maine et y subsista
jusqu'à la fin de
l'Empire'": son
grand inconvénient
est de ne permettre
qu'à un millier seu-
lement de spectateurs
de voir la lutte.
Bien que le terme
aù/.ôç " se rattache
à d'anciens vocables homériques'-, ni l'Iliade, ni l'Odys-
sée ne mentionnent ce prototype du slade " ; d'après son
étymologie'Sl'a'j/.oi; était une carrière encaissée, véritable
boyau, entre deux collines, deux terrasses ou une colline
et une terrasse artilicielle comme le serait à Ulympie
une piste établie entre les pentes du Kronos et le mur
sud de la terrasse des trésors. AùXo: ne nous est guère
• EnSIou S;o^o; (Fini). 01. XIII, 30) signifie, d'apics le coiileile, la pisie
du stade ou la course du slade. — 2 Hesycli. s. v. -ttwSiov '-rôiio; iii^a; àsliôuq
^uX ^jAttÂô;. — ^ Les li'ois termes latins sont cmpruuiis k Teiplicalion
que Vitruve (V. Il) donne d'un porticus sladiuta. l'Iiilaiider avait df'jà reconnu
que radjeclif signiGe en forme de stade, mais il a couTondu ces cdiliccs grecs avec
les vystcs couverts des Byzantins. .M. l'ougères fait sladialtts synonyme de stadialis
{tenloria sla-lialia (Ael. Var. hist. IX. 3); tu/er stadialis; etc.) et Iraduil Ivnif
d'un stade ce qui l'amène il modifier le texte reçu [i^vmnasilm, p. li»9o n, 7 et s.]
Pour voir ce que Vitruve veut dire, il faut se représenter certaines de nos rues avec
la chaussée entre deux trottoirs élevés de plusieurs marches, un égoul avecle radier
entre les deux banquetles latérales, certaines gares oii la voie passe entre deu i quai«
garnis de marches. Cette disposition permet, à un grand nombre de spectateurs d'a-
voir plus d'espace pour regarder les atlilcles sans être incommodés par ceux-ci.
— '•/(. XXIII, i73, 1*8, »3, 531, 65i, Ii83, 710, 799, 847, 8S6. — ■• /(. XXIII, i5» :
cf. Odijs. VIII. 3C0. — c Odys. VIII, 19. — 7 //. XXIII, 775, cf. Virg. Aen.
V, t:t3. —8 Odys. IV, 6u.ï. —9 l'ausan. III. 15; Leake, Trar. in. the Morea.
I. p. 17» : AI. Bertr.ind, Maizicres, Beulé, Miss, scient, f. III, |s53, p. 396 : •■ Entre
le Plataniste et la première colline de Sparte, s'étend une vaste plaine oîi l.oake
place le Dromos. » SI. G. Fougères (Guide Joanne, 1S9I, II, p. i34) met le
Uromos sur une petite coitine a<i N. de Limnae. Ce champ de course était a-sez
vaste pour que Eurycics ait pu y faire construire des gymnases, (l'aus. /. c).
— I" Cf. inscr. de l'an ir.S de l.aodicéc (C. inscr. </r. 4V7i). — il l.ycophr. «>.
— fi .V.\i„ (cf. H . Ehcling, Lex. homer. s. v.) ; .i,.r. (cf. H. L. Alirens, Aiiô «nd
Villa, llannov. 1874; Klein. .!>cAf</(. t89l, p. 479 sq.l; al!i.r.=:; (/(. V, ISi; :
Si>'»;/.«u»o; (H. Ebeling, 0. c. suh. v). — 13 Etym. magn. s. v. «o'..i); et »;i8.ov- .a-.i
Ti àp^.lov Ua»irto ai
-ik Artiv(tfvm. J/c-
. 6563. — Le Stade d'Athènes.
f. Ilultscli, .Metrolog. script, rel. I, p. 347 et 35i.
istoph. I
no, gorge, dédié, ou «vîLtK;, sillon.
connu que par son dirivé oia-JÀo; signifiant soit une
course de demi-fond '% soit un péristyle bordant les
cotés rectangulaires de la cour"', n-jk-r,, des palestres et
des gymnases [gym.nasum, lig. 3666\ On ne sait à quelle
époque, ni pourquoi, l'ïJ/.o; fut remplacé par le
uxiotov ' ' .
En Grèce, beaucoup de cantons sont comme Ithaque
et n'ont pas de prairies, àeiiaiôv '*, seuls endroits natu-
rellement plats où les athlètes ne risquent pas de sou-
lever ces nuages de poussière qui dérobent aux specta-
teurs la vue descourst'S ". Quand on ne pouvait disposer
d'un terrain propice à un firomns, on consiruisait un
stade sur les flancs d'une colline. Deux solutions se pré-
sentent : couper horizontalement la pente du sol ou
sui\Te le sens même
de celte pente. Il
semble qu'on ait d'a-
bord adopté le pre-
mier système et que
plus tard on se soit
rallié au second. Les
stades d'OIympie, de
Delplies et d'Amrith
s'allongent latérale-
ment suivant l'hori-
zontale ; leur côté
nord n'est autre que
le sol qui s'élève na-
lurellement ; leur
rc')té sud est formé
l>ar un talus artifi-
ciel reposant sur un
mur de soutènement
qui a toute la lon-
gueur du stade -" ;
bien souvent les eaux torrentielles dévalant du sommet
emportèrent ce talus qui leur formait comme une
digue de plus de 200 mètres. On changea alors^a
manière d'asseoir le slade sur une pente et on
l'élalilit dans une de ces ravines d'érosion que les eaux
pluviales ont cavées sur le flanc des collines. Je
ne sais comment est posé, par rapport à la déclivité
Av.i92. Le sens primilifcst incertain; les contemporains d'.\ristopliane l'emploieni
dans le sens général de retour (Acscit. Ai/am. 344 ; Eurip. f/erc. fur. 1 lOi ; &ec.
i9) ; c'est la seule acce|ttion <)u'on puisse lui donner au sujet des courses hippiques
des PAueolOTiA (Foucart, tiull. cor. tielt. 1885, p. 431. C. ins. gr. Aley. Orop.
Voiot. 2871). Artomid. (IV, 24. p. 214) S.au'.oSjiii';' * » r'f 'V «"'«-i;? '?■'/'•
En'in Vitruve ((. c.) et VEtym. mayn. font i.'auio; = S:axd$to;. — '« Vitr. /. c.
— t7 On ne peut invoquer que secondairement la raison d'éviter une confusion
avec ajli; signiUant flûte cl ses dérivés. — 1* Odyss. IV. 6U5. cf. Horat. Epist.
I. 7, 41. — l'J Odyss. VIII, 122. Même dans nos pays oii l'on n'observe jamais
de ces tourbillons de poussière i(ui s'élèvent si fréquemment dans les plaines de
l'Attiquc, on établit toujours les champs de course sur un sol hcrbeu.\. Pour •< ce
que coûte une pelouse » à .\tljènes. cf. Ed. .\bout, la Grèce contemp. IS54, p.
Ui;. _ M A Olympie fUloux et lionceaux, ttest. dOtympie. p. 14V| » le slade
se creusait sur la pente du Kroniou » au nord; il était limité « des trois autres
côlés par des remblais artificiels... tes terrassements fort anciens furent soutenus
à t'cpofjue luacédoniennc par nu mur de circonvallatiou >■ ip. 145). En outre, ou
avait construit une longue chaussée parallèle ou stade pour le préserver ain-^i que
l'Hippodrome et l'AItis contre les inondations de l'.VIphée (p. 147). Puiir Del-
phes, cf. Ilomoile. Bull. cor. llélt. XXIII (1899;, p. 611 : « autant la déclivité du
terrain otTrait de facilité en amunl, autant en a^al, elle se prélait peu a l'établis-
sement de gradins ou même â celui d'une piste: la piste aiatt du être conquise,
formée artilicietlement et étayée par d'énormes murailles. " Les Phéniciens ne
se contentaient pas d'entailler la montagne; ils creusaient dans le roc toute la
largeur du slade: E. Renan, ///■ Jl.ip/i. a l'Empereur (lier, arcif-ol. 1862),
V. p. 3'tO; J/isj. de Phrnicie, p. 90: à Amrith les gradins «au nord étaient,
d'un bout à l'autre, creusés dans le roc; sur la face sud, la moitié inférieure seu-
lement était taillée dans le rocher, et le reste était complété par des constructions ^ .
STA
1452 —
STA
générale du sol, le slatlf (i'fi|ii(l;uiri' ', ce honn spé-
cinit'ii du V" si('cle-, mais celui d'Allièiics, conslruil
vers 330 av. J.-C. ^ nesL pas parallèle à la rivière
perinaiienlo, il est perpemliciilairo aux rives de celle-
ci ; 011 l'a placé sur les dernières pentes de l'Hymelle
enlrc deux contreforts naturels dont les cimes, éloi-
gnées l'une de l'autre d'environ 200 mètres, dominent
l'Ilissus d'une hauteur de 30 à 30 mètres (fig. (J5t)3) '•
Le stade des jeux islhmiques est également dans une
échancrurc '■ au tiers inférieur d'un coteau de 120mètres
d'altitude ; bien que la largeur de ce stade ne soit
(|uc d'une vingtaine de mètres, il y a une différence de
niveau de plus de huit mètres entre l'aire actuelle delà
piste et ia place qu'occupaient les derniers gradins
lali'raux. A Messène, le stade ", édifié après 370, au
point le plus faible des remparts'; suit la pente
générale du mont Ilhome et la rivière qui coule de
la Clepsydre a maintenant son lit dans toute la lon-
gueur de la piste (fig. 6o6-i). *. Ce second mode, que
les anciens nommaient (rrioiov aùrocpueç ', nécessitait
moins de travail'" pour les remblais et le mur qui les
soutenait était plus court que dans le type delphique.
Ou voit à Sicyone un bel échantillon en pierres polygo-
nales de ces terrasses, construites à l'époque helléni-
que", pour y placer l'extrémité d'aval d'un stade; il ne
reste que la partie médiane soutenant la piste et avan-
çant de plus de 20 mètres au delà des soubassements
latéraux des gradins : c'est un quadrilatère dont les
trois cotés libres sont curvilignes et formés par des
murs à la fois concaves sur leur longueur et inclinés,
il'arrière en avant, de dedans en dehors, de près de
I mètri! sur une hauteur d'environ 7 mètres'-.
2" L'écou/eiiienl des eaux du fond supérieur devait
être dans les deux types de stade la préoccupation des
constructeurs ".maison manque de renseignements posi-
tifs et précis pour l'époque hellénique ''•. M. llomolle
a retrouvé à Delphes, au milieu du mur sud et sous la
plus basse assise, « une large bouche qui ne peut être
que l'exutoire d'un égout » '\ On attribue au iv^ siècle
les restes de deux conduites parallèles placées chacune
sous le couloir qui séparait de l'arène le premier rang
des gradins du stade d'Athènes ">. C'est l'époque romaine
qui offre les plus beaux types de conduites d'eau; il était
facile de préserver un petit stade de l'inondation quand
on exécutait de si beaux collecteurs sous les amphi-
théâtres de Pergauie'", de Cyzique '», etc.'^ et qu'on
' Ce sladc. coiuriie ccni dOlympie et d'AniriUi, salloi]f,-e iiarallikineiil k un
cours dcau dont il n'est éloigné ipie de 250 m. Mil. Alpli. Defrassc cl II. I.cchal
(ICpidaure (I6'J.5), p. ii'.i) supposent .|ue ce loricul « sétail pcul-èlie orif;iiic-lle-
nienl fray<; sou passade plus au noid cl on laurail détourné alln de prolilcr du
creusement déjà opéré i,ar lui ... Cf. la carte, p.- 23(1 du Guide Joanne Grèce, II
(16'JI) (le^lade y est inallieurcuscmenl représenté avec une spliendoné), et la carte
■ pic M. Kavvadias a placée â la fin de son ti 'Umv t,î A^.À,,. — 3 piu-
dar. /sll,. VII, 150; Atm. I, <15. _ 3 Le d.crct en faveur dEudé.nos est de
ÎM-Mi a». J.C. ; Corp. i,,s. ail. Il, 17G. - 4 l'aus. 1, 19 : ,, Sur les bords de lllissus
s'élève un mont i|ui forme un croissant dont les dcui cvtrémilés vont rejoimlre la
rive du lleuve ». Notre (ipure daprcs Duruy, Hist. des Gr. III, p. 173. - ^.iMauceaux,
Gaz. archvol. IS83, p. 207 : .. Icxtrén.ilé (du stade) fermait une gorge sauvage ...
- 6 Pausanias (IV, 32) le mentionne à propos d'une statue d'Aristomcnc.
— ■> M. G. Kougcres a reconnu dans Us mines adjacentes les restes d'un gymnase
(JïnNAsiLa. fig. 3669]. Précisant davantage on montrerait ipi'il y avait là le can-
tonueroenl des jeunes soldais (épliébes. etc.). C est à partir de cette époipie. et
depuis la con.|uéte romaine que l'on tiouie d. s stades en dedans des murs cl au
point critique de la fortiftcation. I.c plus beau spécimen est celui diasos : Tcsier,
llticrift. de lAs. min. III, pi. cxxxxn, p. If,4. _ 8 Ijlouet, Expvd. scient, de
.Uorre. I, pi. xxiv; Kerd. Aldenlioven, Jlin. descripl. de lAltiq. et d<i Prlopon.
Allicncs, ISH, p. 197 sq. - 0 Philoslr. Vitae soph. V, 2. - 10 |.c cube des char-
rois peut se calculer dans les deux modes et se comparer. Les mille bœufs
poussait le soin jusqu à drainer les promenades plantées
d'arbres avoisinanl les théâtres-".
3° Le plan général des stades a varié selon les
époques. Ou admet qu'ils eurent d'abord la forme d'un
quadrilatère oblong. Les deux grands ciHés étaient-ils
égaux et parallèles '? On ne saurait l'aftiriner en étudiant
le stade de Messène(lig. (mB il et en se rappelantque dans
les cirques romains l'un des cotés oblique légèrement en
dehors (lig. 1517). .\ Olympie, le talus sud est plus long
que celui du nord, et cette inégalité ne résulte pas des
l'ig. 6361. — Le Sladc de Messcue.
remaniements de l'époque macédonienne, mais de la
situation même du Trésor de Gela bâti vers 582. Peut-
être qu'à cette époque, il n'y avait pas encore de talus
sur les petits côtés du stade ^' ; à Épidaure, on n'en
trouve point et on ne voit de sièges que sur les talus
latéraux. Il est impossible de dire comment étaient les
extrémités de ces monuments construits sur plan quadri-
latéral et c'est par hypothèse que l'on joint les bouts des
ctjtés longs par une droite qui leur est perpendiculaire.
Le plan gém-ral du stade pythique ((ig. 5yO't') peut être
considt'ré co;nme une courbe fermi-e se composant de
quatre arcs de cercles qui se raccordent-- : deux grands
arcs forment les ct'tlés longs; la corde qui sous- tend chacun
d'eux parait-^ avoir 178 m. 30 et la flèche, un peu moins
de 2 mètres. Quant aux petits arcs des exlréinilés est et
ouest, ils ont respectivement -* une sous-tendante
de 23 m. 65 et une de 32 mètres avec 10 m. 40 et 13 m. 30
de flèche. Aux époques hellénistique et romaine, les
stades sont construits sur le même plan que celui que
Domitien -'^ fit élever au Palatin (tig. 54oo) : trois des côtés
offerts par Eudémos (C hificr. ait. Il, 171») ne prouvent rien, puisqu'on ignore
la durée des travaux. — " E. Beulé, Elud.sur le Pélop. 1855, p. 359 . — "2 Blouet.
0. c. m, pi. ixxxi pour rcnscmlileet pi. uxxn (n. 8. 9 et 10) pour le plan,
profil et face du soubassement. — '3 On a vu que le stade de Messéne était traversé
par un ruisseau (Blouet, 0. c. I, pi. xxiv). Pour ristlinie cf. Monceaux, O. c. p. 20S.
— t^Les types de conduits et il'égoùls découverts à Dlympie sont représentés pi. ci.
en, cm dans les tfoiirfenA'm. io« Oli/mp.\ol. II.— Hfl.c. p.1303. — "> Polilis. ie 5<.
panathén. (I8D6), p. 33. — 17 Cli.Texier, /^cscr. </e /' .4s. miii. pi. I2(t-t22; As. min.
{i'nivers pittor..). Il, p. 217 sq. L'auteur pense que .. les eaux du ruisseau élaienf
arrêtées, et que l'arène de l'ampliilliéâtre était convertie en un vaste bassin... en
uaumachic «. — ^^G. Pcrrol, E.rpl. arch. de la Gn/a^ p. 75 et pi. m. — 19 St'abon
(XIV, I, 43) signa'e l'ampbiiliciilre de .Nysa, près Tralles, construit sur deux
collines et •< sous les voûtes durpicl passaient, comme en un canal souterrain, les
eaux du torrent. — -0 Vitr. V, 9. — 21 Tout le monde reconnaît que le clic-
min ouest n'a été voCilé qu'à l'époipie macédonienne (cf. I.a'oux cl .Monceaux. (/. c,
p. I4i sq. — 22 Exception pour l'ange N.-E. où lou ua pas abattu le roclier qui fait
nu ressaut; le raccordement du S.-l'l est coupé par l'ancieu chemin conduisant au
stade. - -a D'après M. Uomoile iBtill. corr. hell. 1899, p. 603, n. I) le plan-
croquis donné pi. xiu n'est pas d'une exaclifude absolue par suile d'une erreur
ilans les relevés ou le dessin. — 2V Ifomolle, G. c. p. 605. — 2û Pour l'époque de la
construction de cet édifice et les » arq. des briques, cf. Dcgiane, Met. de l'Ecote
fr. de nome, 1883, p. 206, n. 1.
STA
1453 —
STA
sont droits, le quatrième est curviligne, sa courbe
variant de l'arc surbaissé ou bombé, comme dans
l'exemple précédent, jusqu'à Tare surliaussé et même à
l'arc outre-passé dont on retrouve déjà un spécimen
dans le vieux stade phénicien d'Amrilli '. Il est à noter
((u'il existe rarement une symétrie parfaite par rapport
au grand axe de la piste, l'n des côtés longs est souvent
|)lus large que l'autre : la dill'érence, à Olympie, est d'une
vingtaine de mètres: nous verrons pour Delphes qu'il a
douze gradins sur le côté nord et six seulement sur celui
du sud -. Falkener ' a fait une remarque semblable au
-,tade d'Eplièse, qui s'appuie sur les pentes occidentales
du Pion ' parallèlement à l'ancien estuaire, aujourd'hui
comblé, du CaTstre. Même asymétrie à Cibyra-', à Priène
sur les pentes rapides du Mycale '''; à Délos, sur le ver-
sant sud-est de la colline de l'ancienne citerne ''.
Ch. Benoit ' pensait même qu'on retrouvait là un spi'-
cimen ilu inâotov (xtà Tt/.eupà.
i" L'emplacement réservé aux spectateurs se trouve
toujours sur les talus qui encadrent la piste et la dominent.
Que ces talus se profilent sur la pente d'une montagne
ou qu'ils soient formi's de remblais, les (îrecs les nom-
maient YYiç /wuLï. Cette expression semble ne désigner
que le gros reuvre' et si Pausanias l'emploie à propos
des stades de Tlièbes'", d'Olympie", d'Épidaure '' et de
la plupart de ceux que l'on voyait en Grèce " à l'époque
des Antonins, c'est pour mieux montrer combien
ci"s édifices rustiques, mais illustres, établis par simples
lerrassements, dilTéraient des amphithéâtres tout en
charpente" ou des stades de marbre, de pierres el de
briques que l'on voyait alors h Home '" et en Asie Mineure
et que l'on avait construits avec la même richesse déco-
rative que les cir([ues et les théâtres"^. M. Kavvadias'' a
l'mis l'idée que le mot Osarsov trouvé deux fois jusqu'ici
en relation avec Tràotov '"désignait l'emplaceuient des
spectateurs, le théâtre du stade. L'idée est heureuse",
mais ce terme ne convient probablement qu'à l'hémicycle
placé à l'extrémité d'amont des stades du type athénien.
Celte c«tY'«, xoîÀov, que les archéologues appellent d'un
nom byzantin -", <Ti.ev5ôvT|, et que l'on retrouve dans
tous les monuments postérieurs au iV^ siècle av. J.-C,
I lir. Ittiiaii, Miss, de Phénicie, pi. viii ; — 2 Moniollc, U. c. p. (iOû :
•> I-a (lilTcrciice lient à la nature diverse du terrain ; au X. il s'abaisse en
pente douce cl sl- pixMait à merveille à l'inslallalion de liancpiellcs aussi
nombreuses ijue l'on voulait... au S. l'arène elle-même est en grande partie
en remblais, 1>î podium lout entier et les gradins sont pour ainsi dire en
porlc à faux ... — 3 Edw. Falkener, Ephexiis and Ihe tem;,le of llitimi I86i,
p. lOS. La restiti.lion donnée dans le Smilk's Okt. of gr. and rom. anlii/. Il,
p 69*, est donc fort liipoUi.:li.|uc. — l C'est le nom que donn.nl les médailles;
Mionnet. .S'iip. VI, IH. — s SpraU et Forbes, Trai: in L;/c. Myl. and tl.c Cihyr.
1«*7). p. 250. _ 6 Rich. Cbandicr, Trav. in As. Min. (1775), p. :;oli si).^
- 1 li. Wheler. Voi/aq. ilCS'.ii, p. Oi) ; Koss, Iles, auf den i/r. Insein (islc.
I, p. 33. —8 Arcli. des miss, scicnl. (185), III, p. 30. Cependant l'auteur ajoute
qu'au tiers moyen du bingcûlé ^nd est » on avait bâti en pierres une tribune longue
d'environ 1.5 pas ipii pouvait avoir 3 ou l rangs de sièges .. Cf. L. Lacroix, Iles de
la GriCi- (IS53), p. i.it ; Lebègue, Ileclt. sur Uélus (I87t',), p. :ili. n. il.
- 9 M.M. Al. Uefrasse el II. Leclial (O. c. p. Î29) sont d'avis contraire cl
voient une conlradiclion entre l'ariirmation de l'ausanias et la présence de
sièges conslalcc il Epidaure par de nombreux voyageurs ; ils traduisent <. tout en
lerre battue suivant l'usage grec » et pensent que les bancs furent placés <. très peu
d'aailécs après le passage de Pausanias. .. Cf. h'awadias, Tô Hp^iv toJ 'Awk'at.iï. p. 97.
- 10 iX, Ï3, I. — Il VI, ;o. 3, 0. — 12 II, 27, 0. — 13 /*. : .al «toSio-, iw "EVat.,,
Ta «..Xià, ,);; /.r.,,a. — H Tac. Ann. IV, 02 Ci, etTondrement de l'ampbilbéâlre de
Fidènes. — is Sncl. iJomit. 4 el 5 ; Dio. Cass. LXXVIll, 23 : Anim. Marc. XVI, 10-
U; Eulrop. VII, 23; .\otit. reg. IX — i*. Cf. Lanckoronski, Les villes de Pam-
phylie (1890) p. r.O el lig. p. 97. — 17 U. c. p. 98. — '» C. inscr. ail. Il, 176 :
noiiisi; -en m'Ainj >ai toi; Htwm toj navalr^vaisoù. Ib. Slipp. IU34 d : -i, ae'aT;<.« li
i«\ d.S.'oj sur une insc. d'Eleusis, probablem ni de 3:U av. J.-C. — 19 On ne saui ait
expliquer la mention à Alliines en 330 av. J. C. d'un Ibéàire panalliéna'i'que ; cf. la
remarque de l'éditeur du C. inscr. ail. , l/f. — 20 Mipi-uoiiomus, p. 207 B ; cf.
est aménagée le plus souvent en .\sie Mineure de façon à
former au besoin une salle spéciale de spectacle.
G. Wheler -' en fil la remarque à Éphèse au xvir siècle ^^.
.3° Les places des speclaleiirs étaient-elles marquées par
des sièges'? On admet qu'à Olympie" les assistants
s'asseyaient comme les compagnons d'Énée « sur un lit
d'herbes verdoyantes-'» ; systèmedangereux, causant une
grande perle de terrain ou pouvant amener des accidents
d'autant plus graves que la foule, parfois énervée, se pres-
sait sur des pentes de 15 à 2t) centimètres par mètre-".
De prochaines découvertes montreront peut-être que les
habiles charpentieft hellènes avaient su garnir ces rem-
blais de gradins en planches, potOpa^*, comme il y en
avait dans le cirque des Tarquins à Rome" et dans le
théâtre d'.Vthènes à l'époque où Aristophanefaisait allusion
au TtotôTov ;ùXov-*. Ce premier banc réservé aux autorités
religieuses, civiles et militaires, aux proxènes et aux
théores étrangers et en général aux personnes honorées
delà PROEDRiA, était-il occupé également parles juges du
concours"'? Pausanias dit seulement pour Olympie que
les hellanodikes avaient leur place, xaOÉôpa '°, du côté de
l'hippodrome et en face du pojfiô; à^'^ou XeuxoO sur lequel
s'asseyait la prêtresse de Déméter ". Dans tous les autres
stades, à l'exception d'Olympie, on a trouvé des sièges
sculptés dans le rocher ou faits de pierres rapportées. En
Grèce, ce sont des blocs équarris, polis sur leurs faces
visibles etalignés en gradins formant des étages que sépa-
rent un ou deux paliers, o!aÇ(uu.aTa, auxquels on accède
par des escaliers'-, perpendiculaires aux longs côtés de
la piste ou, dans la partie cintrée du xoïXov, convergeant
vers le centre de l'hémicycle" [Tiieatri'm]. Ces bancs, sur
chacun desquels pouvaient s'asseoir une ou deux per-
sonnes '', n'onl aucun ornement à l'exception de ceux qui
sont près des marches'^ et de ceux qu'on nommait Ti
Ttpùjxa et qu'on trouve aux premier et dernier rangs de
chaque précinction "*. Kn Kiirope, on se contentait de
poser ces sièges directement sur le sol nu ilii y'V /«"K-"'
ou sur un lit de pierres el de chaux qui l'en séparait '' ; en
Asie, les sièges reposenl sur le gros œuvre en maçon-
nerie, substruction analogue à celles des théâtres et
formant des voiites dont la disposition change selon les
llcron. byz. Gtodesia, i\ol. el erlr. des mscc. (ISj»), XIX, p. 360 ; llciske, Lomm.
in Coiisl. Porphyrog. Bonn (1830), II, p. 312 sq. - 21 Voyages (1089) p. 233:
.. il semble qu'il v avail une espicc de lliéâtre à l'eulrémilé, qui était rond cl qui
était sépan! du reste par une muiaille. .. Ce sont les extiéinilés de cette muraille
qui sont marquées bb dans la restitution de Krausc citée plus liant. — 22 Hamillon,
Hesearch. (1842) I, p. 103, el Texier, As. mm. p. 403, voient même à Aizanis deux
monuments différents dans le stade et sa spbcndoiié; ils considèrent celle-ci
comme un lliéi'itre séparé. - 2'i l.aloux et Monceaux, O. c. p. 143 : » les spectateurs
s'assevaient simplement sur les penles. .. Cf. Defrasse et Eecbat, O. c. p. Ut.
M. Fou<;èies iCnide Joanne en Gi: II, p. 318) concède que .. le versant inlérieui
des talus était taillé en gradins de terre, velus de gazon. .. Il aurait fallu refaire
<e travail tous les jours, car le terrain n'esl pas vierge, mais rapporté. I.i question
arcbéologiqnc à résou.lre dépend du sens plus ou moins général donne au if,i /.r.jia
de l'ansanias. — "2' Virg. .Xen. V, 388 — 25 Cf. bi coupe schématique des lalus dans
Ad. Boelticbcr, Olympia, (IS80), fig. 31. — « Une inscription de Uelpbes men-
tionne la pose de sièges. sàBpwaiv, parmi les installations temporaires à elTccluer
avant les fêles illomollc, 0. c. p. Cil). — 27 Tit. Liv. I, 33. — 28 Vesp. 90 ; Ach.
23; cf. Poîlnx. IV, 121 ; llesvcb. s. v. Virgile emploie dans le même sens le mol
p<-ima {Aen. V. 341). — 29 Homollc, O. c. p. 607. .. C'est la procdrie ou l'cslra 'c
des juges .. — "> VI. 20, 8. — 31 Ib. l'our les divers sens de Joii^i;, cf. Eust. ad.
II. VIII. 411 et AiiA, p. 3i7 A. — 32 Pour Uelpbes, cf. Homollc, 0. c. p. 003. n. I.
— 33 (juand le . .,;■...,. a la forme d'un arc surhaussé, comme à Messén ■, il n'y a de
«ijx'Siî que dans la partie postérieure au diamètre transversal ; en avanl, les escaliers
perpendiculares au grand axe divisent les travées reclangulaires comme sur les côtés
longs. — 31 Kaviadias, O. r p. 98. - 3.ï A Atlién s, ils élaienl décorés d'une léle
de , bouclte; à Uelpbes, « de piods en forme de patte d'animal ... - 3>i Ces sièges
d'honneur ont généralement un dossier cl cliaciiii d'eu o.-ciipe la place de deux
sièges ordinaires; cf. Polilis. 'J. c. p. 38 ; lloraolle, O. c. p. 609. — 37 polilis, O.
c. p. 38.
STA
lioi —
STA
époques i4 les régions; tanlôl ce sont de longues voûtes
parallèles au grand axe de Tédilice, tantôt c'est une suite
lie petites voûtes perpendiculaires à cel axe et fermant
comme à Perge ' des chambres s'ouvranl sur l'extérieur
et qu'on a pu louer à des bouliiiuiers. Les gradins sont
rarement en nombre égal sur les deux côtés longs du
stade. On n'observe de symétrie que dans les édifices
asiatiques construits en terrain plat comme à Magnésie
du Méandre-', Aizanis, Perge, etc. Partout ailleurs, il
y a une différence d'autant plus grande que l'un des côtés
repose sur une pente plus rapide. .\ Delphes, on trouve
si.\ rangs sur le côté sud et douze i^h- le côté nord ' ; à
Épidaure. il semlile qu'il y ait eu une trentaine de gra-
dins sur le côté nord et une douzaine seulement sur le
flanc sud, le plus rapproché du torrent qui coule au fond
de la valb'e sacrée. Ce manque de symétrie empêche
souvent de se rendre compte du nombre des spectateurs
que pouvait contenir un stade : on estime que celui
d'Éphèse contenait 76 000 personnes*; celui dWthènes'
47 000 ou 69000: d'Olympie" /loOOO; de Delphes' 7000.
6° Les portiques que l'on devait construire, d'après
Vitruve% pour préserver les spectateurs de la pluie, ne
nous sont guère connus. On cite celui de Tralles" comme
exemple ; Blouet a donné une restauration de celui
de Messène '", dont le plan rectangulaire encadre la
courbe surhaussée que dessine la cavea.
7° La piste qui s'allonge entre les talus et(|ui formait
le (iromos es{ toujours droite eloblongue. Elle n'est rec-
tangulaire que dans le stade d'Épidaure". A Olympie,
elle ne l'est pas. On voit nettement dans la partie ouest
déblayée par les Allemands, que les deux côtés longs
obliquent en dehors'^. L'écartemeut progressif bien
qu'insensible '^ fait soupçonner un plan hexagonal ou
mieux octogonal, cette forme-ci rppondant mieux à la
courbe que dessine chacun des grands côtés dans les
stades pythique" et panathénaïque'". Les limites de la
piste sont toujours nettement fixées; à Olympie, par un
« petit seuil de pierres'"; » à Delphes, par un « socle
élevé, xpriTTiç ou podium " ; » à Athènes '* par un mur de
marbre qui « avait une hauteur constante de 1 m. 66. »
En dedans de ci'tte barrière, et parallèlement, on trouve
d'ordinaire une rigole entaillée dans la pierre, faisant le
tour de la piste et communiquant avec des cuvettes rec-
l e. Tri'maïu. lij-plor. urch. en As. Vin. ]il. Perge n, plan liu slaile H
coupe de la splieudoué ; pi. ■!, vue pliolopr. de Iinscmble ; cf. Lanckoronski, O. c.
p. lil. — -' 01. liayol cl Alh. Thomas, i/ilet et le yolfe Latm. (\$T7), I. p. 131 :
— ... le siade im-uagé dans iiii pclil lallon ». La piéciiiclioii iDKr. avait \i degrés,
la supérieure l.t. - 3 Homolle, O. c. p. 6U6. — < Edw. Falkeiier, O. c. p. lOli;
.\iig. de Korbin, Vny. dans le Levant (llli), p. 58 : « Le stade devait, ce me
semble, conloiiir Irois fois plus de spectateurs que le Coisée de Rome». — â Po-
luis, O. c. p. 3S. — 6 u. Fougères. O. c. p. 348, — ■: Homolle, O. c. p. 6o;i.
— * V, 9. — 9 Jb. Trullilms porticiis ex- ulraque parte scenae supra slailiuin.
01. Itayct (O. c. p. 50) dit que : - il ne reste plus quedes substruclious grossières >
de ce stade. — lo 0. c. 1, pi. xxv. — il Kavvadias, 0. c. p. <M. La largeur est au
milieu, comme aux extrémités, de i:i m. Il5. — 12 Ce détail est très uettemcntrcndu sur
le plan de M. K. Borrmann {/iaudenkm. von Otymp. (IS82) 1 pi. xnii, 4.). — 13 La
dilTérencc parait i^lrc de UO centimètres, sur une longueur de 12 mètres. — li Homolle,
0. c. p. B03: « la lai-geur est aux deux extrémités 0. cl K. de iS m. 25 et i3 ra. 03;
au milieu de 2S m. .lO. C'est une courbe voulue et calculée comme Venlasis des
colonnes, comme la llcxion des ligues horizontales de- édifices. » — 15 Politis, O. c.
p. 37. » La difléreiice de largeur est de 1 m. 18. . Cest la différence qu on aurait
il Olympie si l'on adnict que chaque coté loiiu- était lorm.- de trois droites égales
dont les deux extrêmes auraient lobliquité qu'indique le plan de iM. Borrmann.
— l'-' Laloux et .Monceaux, O. v. p. 1 13. Il devait être plus élevé au V siècle,
puisque pour le frauchir, Hhéréniké laissa voir qu elle était la mère de Pei^irodos ;
l'aus. V, 6, 7 : cf. oi ïHpi*, p. 180. — 17 Homolle, O. c. p COC et li<^. 3. — 18 po-
lilis, O. c. p. 37. — 19 Pour Olympie, cf. Haudenkm. I. pi. xi.vii ; pour Epidaure,
Kavvadias, O. c. p. lOfi. L'intervalle moyen entre deux cuvettes est de 30 m. .îu.
— S« Cic. De Ug. V, 2, I ; Suet. C'aei. 39: Hes.ch. s. v. lïlfÎMou, -iondî ùSaT«l..
tangulaires placées à égale distance les unes des autres ".
On ignore le nom et l'usage de celte canalisation qui est
peut-être le prototype de VEuripe-" des arènes ro-
maines. Le champ de la course du stade est marqué par
deux raies blanches formées de dalles plates » plantées
dans le sol comme des pavés-' " et barrant presque la
piste ;\ ses deux extrémités. Ces dalles portent sur leur
face libre une suite de deux sillons parallèles incisés en
biseau et séparés des suivants par une surface unie au
centre de laquelle est un trou carré pouvant recevoir un
piquet. Tout concurrent se plaçait entre deux piquets et
emboîtait chacun de sespieds dans les entailles des lignes
parallèles. .\ Olympie, il y avait vingt postes de cou-
reurs " ; à Delphes, dix-sept ou dix-huit-'; à Épidaure,
onze -' ; à Sicyone, Beulé les décrit sans les compter - '.
Ces deux raies blanches sont appelées Ypau.jji.-f| -S par les
auteurs du v» siècle-' et le mot désigne aussi bien celle
du but'-* que celle du départ-' ; celle-ci, dans .\ristophane,
est plus spécialement nommée paXoi'ç '" par les .\théniens
et iiuTzliyU^', par le héraut Spartiate ; les grammairiens
de l'empire et les archéologues préfèrent les expressions
âa.£<7tç-^-, TÉpfia'^, xïu.7rT-r|0£; '''.
La distance entre ces deux raies blanches varie en
raison de la longueur du pied employé; elle est de
[9i m. 27 à Olympie '^ ; 181 m. 08 à Épidaure^" ; 177 m. 55
à Delphes^'; on estime qu'elle devrait être de 177 m. VA)
à .\thènes^*. Ces quantités représentent la longueur du
stade local de 600 pieds ou 6 plélhres; les pléthres sont
marqués, à Épidaure, par des colonnettes de tuf et les
demi-pléthres par les cuvettes du canal bordant la
piste ^". M. Homolle a remarqué qu'à Delphes, les esca-
liers sont également placés « de demi-pléthre en demi-
pléthre'" » par rapport au champ même de la course".
A" A//'ectation des stades. Ces monuments servaient
pour la course du stade qui durait de seize à vingt
secondes, le diaule *^ le doliçhos, la course armée
[l'.rRsrsl et les courses de jeunes tilles [ueh.ah, v. p. 77],
la lutte [li'ctaI, le pugilat et le pancrace [piciL.vns], le
pentathle [on.N'Oi'ERrirM], et, parfois, la danse'". Avant
chaque concours, on mettait en adjudication les travaux
d'aménagement et de nettoyage, rkv ÈxxaSapfftv dit une
inscription de Delphes*'. On retournait la terre de la
piste, et on l'aplanissait, <Txâ'J/iv, 6u.àXiîiv'^ [skapueio.nJ,
— 21 Homolle, o. c. p. 604. — 2- Laloux et Monceaux, U. c. p. 101; cf.
Uatidenkin. pi. l, xi.vli, 3. — " Homolle, O. c. p. 6U4. — 'i' Kavvadias,
O. c. lig. p. 112 et les 2 phologi-. p. 104. Le nombre des postes fut réduit à
quatre quand on eut placé les cinq colonnes en pierre et les deux cuvelles.
— -'3 0. c. p. 339. — 26 Pollux, Hl, 147. — 27 Kavvadias, 0. c. p. lit n. I.
— 28 Piud. Pyth. IX : Sv «jii«oc» 4v.:vo,- du vers 200 est la périphrase de
r»"!»!'? du vers 208. D'oti la métaphore d'Euripide {.iniiy. fr. 13; Eleclr. 955),
imitée par Horace : Mors, iiltima linea rerum est {Kpist. I, II!, 7'J). — 29 Aris-
toph. /Ic/i. 483.— ^0 Equit. IIS'.I; cf. Schul. graec. in Aristoph. éd. Didot.
p. 72. — =*1 Lysi&tr. lÛOO ; 'ûffsXaïî; semble désigner l'action de quitter la ligne
plutôt i|ue la ligne même nommée par Pollux (/. r.) iwiiifi-;; et en dorien
;,„■„:. _ 32 pollux, /. c. ; cf. HippoLiiouos. — 3J H. XXIII, 309, 323, 333,
338, 4G2, 465. 757; Odyss. Vlll, 193: Pollux, 111, 30, 147. — 3t Pollux,
/. c; Elym. mayn. p. 186, 20. Ce mot désigne les deux extrémités, les
lournanls de la spîna ; on le relrouve cependant à propos du .-taile pythique dans
une inscr. citée par M. Homolle, O. c. p. 014. — -IS Laloux et .Monceaux, II. i
p. 145. — 36 Kavvadias. p. 1 I9. — 31 Homolle {O. r. p. 615) explique pouri|
ce nombre est préférable aux 17s m. 35 relevés par M. Couvert. — 3S politis, O. <
p. 44. G. Fougères donne le nombre 178 m. {.Kthèn. et ses environs, 1900, p. II.,.
— 39 Kavvadias. p. lus. — tu Homolle, O. c. p. 008. — " Ad Sophocl.
Electr. 091. Aucune découverte na permis de vérifier l'assertion d'un sclioliasle
qui prétend qu'une borne portant l'inscription cst-jât se trouvait à mi-distance du
départ et du but mari|ués également par deux autres bornes ; la première avec le mol
àj;<rTiui;ladci-nicre. avec xànio>. —'2 Kavvadias (p. 113, n. I) croit que dans celle
course ou p irtaitdu terma et on y reven.Til après être passé par rajdiésis. — •' Lur.
Ion, 497. — '■• Homolle, 0. r. p. i.l i. _ ■■'■• Ib.
STA
— ivrio —
STA
puis on rôpandait <à la surface une terre blanche, vï
ÀHuxa '.Avant les lullesâ main plate, la boxe, le pancrace,
lin disposait des installalionï- spéciales, toÙç ttuxtixoû;'-.
Pour les concours musicaux ou lyriques, dans des
villes ne disposant pas d'un spacieux Odéon, mais où
se trouvait un Osaxp&v i-\ iTao^'ou ', comme à lîleiisis,
à Alhènes, à Delphes, elc, on séparait ce théâtre
et son orchestre d'avec l'arène en élevant « un proské-
iiion, l'videmment de bois ''. » Ce système qui existait ;i
Delphes ' au m" siècle av. J.-C.,fut perfectionné en .Vsie:
nous avons déjà vu que l'on trouve àÉplièse'', à Aiza-
nis\ à Perge ^, sur les deux longs murs parainélraux
de la piste, des éperons ou doubles écoincons en maçon-
nerie sur lesquels venait s'appuyer le proscenium, décor
mobile ou toile de fond fermant cette scène improvisée
qui s'ouvrait devant les spectateurs assis dans la
inreu.
Au commencement de l'Empire, les ftomains firent
élever, à Rome, des stades' pour les Jeux gymniques '"
et, en Orient, des amphithéâtres" pour les luttes de gla-
diateurs et les combats de bêtes [venatio] ; mais beau-
coup de cités levantines n'eurent jamais qu'un seul
(■'dilice pour toutes les l'eprésenlalions; on l'aménagea
pour qu'il servit successivement au rcr/ainen f/rurnuii
et aux ioj[Aa;-/ lorsque, sous les règnes d'Hadrien et
des Antonins. « les jeux furent remis en honneur
dans une foule de villes grecques '- ». C'est alors
qu'on suréleva le mur vertical du podium ou xç,Y,7ri; des
stades pour en faire une barrière semblable à celle des
ampliilhéàlres '■', catirelli, pecloralia, rizifi-t^. Hérode
Alliciis construisit dans le stade d'Athènes un mur de
1 m. ()ti de haut sur le((uel étaient scellés des barreau.x
de fer formant une grille continue ". Grâce à celle instal-
1/6. — s lU.— 3 r. mscr. ail. Siipp. I05i rf. — i Iloiiiolle, O. t. p. III t.
— ■* Jb. — C G. Weber. Guide dit puyaij . it Ephesi- (Smyine, l>*'.i|) p. iD.
— ^ (ili. Texier (As. min. (L'niv. pitlor.) p. 405) fait deux tiioiiunieiils
répares ilii stade cl du Uiéâlre. — » I'. ïpi?niau«, Kj^plur. arcli. en As. .Miti.
Pergc-, pi. IV — « Sud. (nés. 33 : Alhletae. sladio ad lempiis cxiti-iiclo.
Cf. Aiiij. 43 : Edidil alhlelas ejlructis in campo marlio sedilibus ht/neis.
Cf. Ùomil. ii. — )0 a. Liidw. IriedlHndcr dans J. Maripiardl, Le culle
chez les llum. Taris. IS'JO), II, p. 300 s.|. el 3i9. — U l'Iolénipc avait ins-
lilud en 3i^av J.-C. un U.^ùç,»; 4|,;.. ilaiis sa capitale en l'honneur d'Alciandre
(hiod. Sic. .VVIII, ^8); cependant Auguste fit construire un ampliitlié.'Ure pr^s du
stade et Je l'hippoilronie à .Nicopolis d'Alexandrie en Egypte (.--'Irab. XVIII. I, lui.
I <' stade fjiie Slrabon mentionne dans la Nicopolis qu'Angusle lit élever en Épire
11,7, 0) paraît ùlre un anipliith^'âtre d'après la description de Leake {Xorth Gr. i,
lui): " iscircular al botli end «. - 12 E. Miller, jl/em. de l'Ac. des inscr. XXVII,
i>7:i,ll, p. 50, à propos d'une inscr. relative aux courses du stade à l.arisse cl aux
chasses qui y furent donn*'*cs. — '3 Cf. AMPHiTu^ATia'M el la «Icscript. de l'ampliitlu-àlre
de Conipéi (TliMenat, MepiMiq. l'Joli, p. 01,. Il est souvent bien diflicile de donner
le nom véritable des édilices (ju'on éleva alors pour les jeux: le fameux stade
d'Aphrodisias est plutôt un amphithéâtre avec ses deux théâ<res {tttrnque cnven.
Terliil. de .Specl. XXX). Cf. (h. Tcxior, Oescr. de lAs. mm. III, pi. «xiv.
— " Tnlitis, 0. c. p. 37, ajoute i|ue pour élever ce mur, « on abattit les rangées
Mifér. des bancs de Lycurgue ... — 1= Ael. Spart. Uadr. iim, XIX. — 16 A Rome,
le collège des préteurs avait la présidence des jeux et la ilire<;tion des fêles
|iublif|ues orriinaires ; cf. pnAerOB, p. ii3l, n. t'.i\ i.udi. — f^ Ancien usage grec
(Herod. VI, lil) adopté par Flaminins, en Itl7, après la bataille des Cyuoscépliales
l'olyb. XVIll. 30). — I» Celle coutume persista à Byzance où il y avait des jugis
du Vcluiu et de l'Hippodrome Inu-ponrinnos. p. ïlo a.J ; cf. Ch. Vilanlios, 'Il Ku.t-
T«.tiy-,i.,.,;, 1851, III, p. l'.lO; 0. Schlnmberger, Siijillogr. hyzant. p. 5il s.|.
— 19 Cf. ilippoi.Fioiios, p. ilo. — 20 Twtul. de Sp'Cl. XIX. — 21 AIT.
Itambaud, De byz. hippudr. {Is70l p. 8 si( — 22 Moncouys (l^ourn. f/e5 V'iyay I,
p. 4^1) a vu et décrit le stade'ijuand il y avait encore tes gradins en pierre ; cf. Ta-
vernier Voi/ni/. (I7i4) I. p. lOi; Tourneforl, Voy. au Levant 11717), III, p. Ki ;
Ciiandler, I, p. 138 ; Ann. de la propag. de la foi, XIII (1841) p. 9i : C. Iconomns
B. V. Slaars, litud. sur .Smijrne ilsr.-), p. 4». — 23 Fhiloslrate ( 1;7. Soph. Pokm.
1 et 8) dit qu'on y célébrait des jeux olympiques en l'honneur d'Hadrien.
— 2l|ivagr. Epist. eccl. Smi/rn.; Euseb. //ist. eccl. IV, 131 sq. — 2r, H. Lecicrcq,
Ad Heslias dans Oicl. d'archéol. chri't. et de liturii. par ftom Cabrol (1007) I, ». v.
Bien qu il soit fait mention du stade dans la / ad Corinlh. IX, i», el que ce
mot soil rendu par Stadiitm dans la Vulgale. on ne le n-ncoulre presque jamais
dans les Synaxaria el les ménoioges. Callinique raconte que le préfet Léonce
lalion, il fut possible de voir iinechasse de mille fauves
donnée par Hadrien lors tle sa présidence des Jeux pana-
thénaïques'^ On transforma également la xaOéooa des
agonothètes en loge impériale, xiOtapLï, TçiêouviXiov,
irévÇov, pour que l'empereur ou le représentant du pou-
voir présidât lesjeux '", (it lire les proclamations ''.rendit
la justice", prononçai les peines capitales''' et assistât
aux exécutions ^^ qui, même sous le Bas-Empire, conli-
ntièrentà avoir lieu =v -7, <;oev5ov'f/'. C'est au stade, dont
les ruines existent encore-- sur les pentes occidentales
du l'agus, à Smyrne-', que saint Polycarpe fut conduit,
jugé et condamné à morl-^ Comme ces exécutions de
chrétiens-' avaient liiMi indifféremment dans les cirques,
les amphithéâtres, les hippodromesel les stades, les noms
de ces dillérenls édifices furent confondus par les hagio-
graphes et leurs traducteurs-"; les poètes byzantins
ayant pris la licence d'appeler stade leur hippodrome-',
cette confusion persista et se retrouve encore dans les
écrits des voyageurs-' et des meilleurs humanistes''".
III. Métrologie. Hérodote, l'un des plus anciens
auteurs qui aient mentionné le stade comme mesure de
longueur'", rapporte que de son temps'" c'élait l'unité
itinéraire des contrées plus petites que l'Egypte el la
Perse ^-, mais plus grandes que les pays où l'on comptait
par orgyios^'. La remarque, vraie pour l'IIellade, ne
convient-elle pas à certaines monarchies de l'Asie
Mineure, la Lydie, par exemple, où furent, dit-on,
inventés les Jeux, ludi^\ et la monnaie '°".' Brandis"'
considérai! le stade comme originaire de l'Asie et il en
retrouvait même le' prototype à Babylone, oubliant que
le stade grec vaut 4(M) coudées et que la mesure babylo-
nienne qui s'en rapproche le plus el à laquelle il l'assi-
milait sur la foi d'Oppcrt ■■', ne vaut que .'{OK coudées".
(oulul renouveler les jeux olympiques i. tÇ SiiTj... .Vai.r.Sivoî ( \ |7. S. f/i/iml. 45)
S. Jérôme, à propos de la passion de Saint Polycarpe, dit : sedente proconsule in
umptiilheatro ; de Viris iltu.sl. XVII (éd. Migiie XXIII. C35) que le Ira.luctenr grec
renti par cv T<r, ùi&stOcâxo.:!. — '-'* I.a ti-ail. latine de la passion île S. Polycarpe emploie
pour iriâ?*u)v arena. Jean Kacinc. Œunes (éd. des fir. ècr. de ta Fr. |I8«7) V,
p. 564, 560) traduit ^tàSiov de la lettre d'Ëvagrius \l. c.) |iar ampltilliéntre.
— « .\nlh. Planud. 348,305, 37i,373, 375sq.0n Irouvcégaleinentcomme synonyme
Sfinoî (3S7), ti.xfo, (3S51, etc. — 28 la plupart nonl d'aulrc crilérium que la
longueur de l'édilice (Spon, Voyaij. I,. p. 3u7i. Ch. Texier dit que : .. la s/,ina est
apparente dans toute la longueur de la pisie ■> d'un monument d'Aiiazarbe qu'il
nomme le slade {As. min. p. 502). — 2» Beulé parle de piquets | our atlacher les
chevaux dans le stade de Sicyone(/. c). Voir ce qui a été dit à cini:i s. p. 1187 A ;
cf. (i. l'errot et Chipiez, Hist. de l'Art, VII, p. 30i. — 30 |, M; |1, 7, s, 149,
158 i IV, 85, ICI ; V, 53, 54; VI, 30, 112; VH, 34. — 31 Hérodole
écrivit le VII" livre après l'an 430 (Vil, 137). — 32 II, 6. - 33 |,'auteur désigne
ainsi les îles de l'Archipel et les colonies grecques de l'Asie Mineure; lui-même
compte souienl par orgyics. II, 2.S ; III, 00; IV, 41, 80, 195, etc. — 34 Tertul. De
spect. V. — 3ûXenophan. Colopli. ap. Pollue, onomast. I.X, 83; G. Bawlinson.
On Ihe invent, of coin, nnd Ihe cari. spec. (tiad. d'Hcrodot. I lin); Fr. I-enor-
mant, .l/o«n. roy. de la Lydie (Is70), p. I 4 sq. — 3fi Dos .Mùnz-Mass u. Gewic/tl
m Vorderasien. p. 21 sq. — 37 y^. «3, où il cile Expédit. de A/ésopot. Il, 321 .
— 38 M. Fr. Thuriau-Dangin a montré (./oiiin. Asiat. 1909) que » l'unité linéaire
des Babyloniens fut la coudée •■ Ip. 79; et qu'en Chaldée ■• les dill'érentes l'chelles
de mesure se conslituèrenl conformément au système sexagésimal qui était à la base
de la numération •• (p. 100). Donc, dans ce système sexagésimal, le nniltiple se
rapprochant le plus du stade grec ne peut avoir 40U coudées, mais 0 x 00 ou
300 coudées, il en est de ce stade chaldéen comme du prétendu slade italique de
025 pieds romains dont parlaient n >s anciens métrologues (J. Girod du Saugey,
.Manuel mèlrol. de l'antiif. (1837) p. 53) el que l'on passe sous silence depuis
que le passage de Pline est mieux compris {Hisl. nat. il, 21, I). Le premier
auteur grec qui employa la progression sexagésimale des ( Jialdécns ^Iteure, iiiinule,
seconde, etc.) fut ilipparquc el le plus ancien où nous la retrouvions est liypsiclès
dans sou 'Avu^o^ixo;. Les Alexandrins l'employèrent à propos t\n zodiaque et ils don-
nèrent à la trentième partie de l'heure aux jours éqninoxéaux, de la dodécalémoria,
le nom de ativ.ir, x-ji).^-., ilnscr. rhodienne trouvée par Hitler von liaertringen, cf,.
P. Tannery,/n5cr. a»(ro».(/fep. (t. jr. 1895) ou de îjoî (Ach. Tatius, Isay. in Arat.
18), probablemeni le àj.7,; perse d'Iiésychios ou mieux le ^af-;; babylonien. Manilius
a rendu ces termes divers par slndium (Aslron. III, 279) ; cf. I.cironne, De lu diiiis.
de l'équat. el du jour, cliez les Cliald. {Journ. des .San. 1817), p. 738 sq. ; P. lan-
nery, La Coudée astron. dans Aeu. arcA. (1880) i. p. 27-37; Ib. 189.-., I, p. 359 sq.
STA
— U;ifi —
STA
Il csl vrai qu'IIérodolo a connu ci'tto dernière mesure'
et qu'il lui a donné par analogie le nom de arioiov-,
ainsi qu'il la donne à des soiis-mulliples de la parasange
perse ', du chêne i-gv plien el à toutes mesures étrangères
d'une longueur de 150 à ^Oit et quelques mètres', t^elle
assimilation fut d'autant plusaisi'e que le véritable stade
grec, le trxio'.&v s;ï7tX£0cov de 000 pieds ou 400 coudées '',
variait de longueur selon les villes. On a vu plus haut
qu'il élail de l'M m. ^7 ;\ Olympie, de 177 m. 55 à
Delphes cl en Allique, de ISI m OS A Épidaure (longueur
de l'ancien stade argien du v' siècle selon M. Kavvadias").
Les Alexandrins adoptèrent le stade cotnme unité de
mesures itinéraires el ils s'en servirent pour mieux con-
vertir toutes les longueurs exprimées en pléthres ou
pieds grecs, schènes égyptiens, coudées orientales et
brasses marines^; leur slade de (iOO pieds plolémaïques
valait ISi m. 8H75. On ignore si Éralhoslhène* l'em-
ploya dans sadéogra/i/iie ou s'il en déduisit un autredes
dimensions mêmes du globe terrestre ; il estimait la
longueur d'un méridien à 250000 stades". 0"and les
Itomains tracèrent la carie de leur empire [forma, v.
p. 1251 J el dressèrent leurs itinéraires'*, il conservèrent
leur mille jiassiiain, mais admirent que le stade alexan-
drin en serait la huitième partie" el serait compté pour
123 pas ou (i23 pieds romains '-, ce qui a permis de l'éva-
luer à 184 m. 8375. Cependant, on ne trouve jamais de
bornes milliaires romaines avec l'indication liodométri-
que en stades; même si l'inscription est purement grec-
que'', les lettres numérales indiquent toujours un
nombre de milles romains". On a prétendu qu'en Asie
et en Égyple, les empereurs n'avaient fait que convertir
en milles les stades inscrits sur les bornes que les monar-
chies liellénisliques avaient placées'^ en remplacement
des bornes perses "'. Le fait est peu probable, puisque,
même en Égyple, les explorateurs de Néron corrigèrent
les anciennes évaluations des Alexandrins '' el il n'est
nullement prouvé que les successeurs d'Alexandre aient
jalonné de bornes les oî&i j5astXixai ". On ne connaît
pour les périodes helléniques que deux inscriptions qui
puissent être considérées comme (jlétdov ôîciropia; : la
première, transcrite par Cliandlcr " sur la route du Pirée,
C'esldu |iassa.!:p ri-iicssuscilr ilu Talln« ,|iii> 1'. Tauncry i-l les inélrolosislc-s couliTii-
jiorains oui pris l'Iiypallièsc suf rori!;iiu- du sladc grec i|ui représeulcrail » l'espace
parcouru pai' un niarclicur ordinaire en un Ircnliùine d'heure », soil en i|ualre
niinules, puistpie l'ancien nyclilliénière ^tai( divisé en douze lioures. I.'aulre liypo-
tliôse « distance normale (ju'un coureur peut parcotirir à toute vitesse sans
soufller .. vient d Isidore de .Séville, Elym. .VV, IG, 3. — 1 Hérodote dit i|ue
lialiyloue Tormait un carré de 120 stades de côté, soil 480 stades pour toule l'en-
ceinte ; or, l'inscription dite de la Compagnie des Indes, giaviSc en licaux car.icléres
sur lin bloc de liasaUe, porte nctleinenl que le mur de iJaljylonc avait 480 animal
ijngnri de long ; Uawliiisou el .Norris, Ciineif. inscr. of West. Asia (1861) I.
pi. 1 vil, col. 8, lig. tri; cf. Oppcrt, /i'x//W. de Mrsopot. Il, p. 3iO ; J. Menant,
Htthijl. fl In Ihald. ■ 1875, p. 207. - 2 I, 17S. - 3 V, !i3 : cl. Xenopli. Auatj. Il,
i, 6. Ilérodule dit (pion faisait I.ï0 de ces stades par jour, soit 9 parasanges en dix
de nos heures. Précédemment ilV. lui) il coiuplait 200 slades par journée de
marche. Le slade grec iiitait donc rpie les trois ipiails de la mesure asialiipie que
ces auteurs nommenl o-iS-.... — H:f. «bwuiia. p. l7i9A,siir les diverses mesures
en slades données par llérodole el .Xénophoii. — " Uerod. Il, U9. — S ?y. c.
- ^ Heiod IV, 8ti ; cf. IV, H ; II, 5, 28, etc. - S MnnsuiiA. p 1730 li; cf. Pauly-
Wisso»a,/(.n( /iMcyW. s. v. ; Eratosth. Cl sq. ; Colunilia, Jùalosth. c ta mmirnz.
ilcl miri'l. terrest. l'alernie, I8U.Ï. — s l'Iin. //is(. mil. I, 112, 8; Strab. I
33 cl 3'J ; II, 5, 31. Gcaiiiius donne Ht stades : « Les deux pôles de la terre sonl à
120 slades l'un de l'autre » (/«.«/o». in Aral. 13ô|. — 10 Fallu de Lesserl, Lauvre
•lé'iir. d'Aijrippa et d'Aufi. (l/i/ni. des Anliq.d-: Fr. 1008, p. 287 sq.) Il Isid.
Uisp. XV, Ifi, 3 (éd. Aligne LXXXII, Iib7). — 12 Min. Hist. nat. Il, 21, I.
— '■» M. L. Ileiiiey attribue ce Tait à une n manie de CaracaPa u, .Mi\sion artU. en
Mwéil. p. 3tt. - Il Alb. Uiimonl. Inscr. el mon. fi,,, de la Ihrnce, IS7li, p. s :
To hh'a-o. r. Cf. pour les bornes delà roule d'iîphése à Tralles H llaiissoullier ( Ace.
de fUilol. XXIII, 1S9a, p. Ï!IU). — '!• B, llaussoullier. (. c, ne p.irle que des roules
construites par les Séleucides cl que les Romains s'approprièrent ; il ne fait nulle
mentionne une dislance de 40 slades depuis l'autel des
Douze dieux ; la seconde copiée également en Altique -",
mais par Fotirmont, serait un spi''cimen de ces légendes
versifiées que Fisistrate-' lit écrire sur des hermès
[iiERMAE, p. 131] à mi-distance d'Athènes et des bourgs.
Les Byzantins nommaient iiTa3'.oopo[i.[xov une note,
remise au commandant de la llolle à la veille dune expé-
dition, et comprenant la nomenclature des échelles et
l'indicalion en milles des dislances qui les séparent-- ;
c'était un extrait des (iTa3ta(i|j.&t -c-\e; oXtfi &'!x&u[ji.£v-r|Ç -^
Le slade n'a point de multiple-'. Sorlin Dokicnv.
STA.MiXOS (SrafÀVoc, crTaixviov, CTafjiviVx&i;). — Nousavons
indiqué à l'article hyiiria (p. 31ft) toutes les réserves que
l'on doit faire sur la fat^'on d'identifier les formes des
vases grecs avec les termes employés par les auteurs ou
les lexicograpiies anciens. Les archéologues modernes ont
voulu, bon gré mal gré, rendre précise et rigoureuse une
nomenclature qui est restée vague el flottante dans l'anli-
quilé; Letronne l'a démontré dans un remaniuable mé-
moire que nous avons souvent cité '. Le mot .ilai/nios a eu
le même sort que les autres. Depuis Panofkaet Gerhard,
on l'emploie couramment pour dési,gner un vase qui
lient le milieu entre l'amphore et l'Iiydrie (fig. G5(io)-,
mei.liou ,1e bornes placées par les successeurs d'Alexandre et sur lesquelles M. Aqui-
linus " n'eut qu'à ajouter les eliilTres latins aux nombres grecs ». — 16 fteiK
arcftt'oi. (1908) 11, p. 150. On ignore si les i^erses lireiil placer des bornes avec
inscript, araméennepour indiquer les parasanges. Il est certain que les Persans n'en
placèrent poiill pendant le moyen âge ; ils n'avaient alors, comme les Byzantins, que
des Routiers, des Mémen! os pour les maiti-es de poste, ilirigeant les ff^a6[toi, »i nsiones:
cf. E. Miller, fériple de Marc. d'Hèracl. (1839). — 17 Pliii. Hisl. nal. p 2.Î7,
VI, 33, G: Verum omnis haec finila dUjwlalio est tfnoniam IVeronis exptnra-
tores reniniciavere /lis rnodis. — 1« Opinion contraire soutenue sans preuve aucune
ilans flc-e. arcliéol. (1908) 11, p. 150. — '9 Varp. inscr. ail. Il, 1078 ; cf. la noie du
n. 11.77. - 20 C. in.'!, i/r. 12 = Inscr ail. veliist. .î22. — 31 Plat, /iipp (éd. Ilidol,
p. 558). L'auteur ne dit niillemenl qu'il fût fait mention de stades dans l'une mi
1 autre des inscrip'ions. — 22 Const. Porpli. l/e Kereiii. Il, 45 (éd. lionn, p. 076) : cf.
l'afel, Oe/.roi: p. 17 ; Allr. Itambaud, L'emp. grec, au A» siècle, p. 4.30. — '» Coust.
Porphyr. lie lliem. I, p. 18 ; / e adm. praef. (éd. B..nn, p. 66). — 2V a;.i,>.,;, ;,r,.,;
i-.t,'/.;-, il Si'/.,/»; soiil des termes purement agouisliqiies, bien que certains lexirn-
graplies les qu.alilienl de -.i;; ^iTiv.. IJcpendant MM. Hullsch {.U'irolo,,. (Ifs2)
p. 38, 81, C12, 097) el Babelon (,Gr. lùicijcl. s. v. .-^laile, les adiuettclll comme
mesures île longueur.
STMtlIVIIS. I Ohserralions mr les noms des rases i/recs, ilans llCiirres choisies,
éd. F.ignan, I, p. 334 si|. — 2 .Notre ligure est faite d'après un vase du Louvre,
(i 1 1 4. la même forme esl donnée dans la plupart des ouvrages céramographiques :
Panofka, Jteclt. sur les vè. ■< ibles noms des vases grecs, p. 13 et 47, pi. m,
n" 23: Gerhard, ihiiis les Annnd dell' InsI 1830. pi. c,!!» 16 : Letronne, Observai.
p. 432, planche, n» I ; Krause, Angeioloijie. pi. m, lig. 16, 17, !S: Wallcrs-Bireli,
Uist. une. Poltery, I, p. 163, lig. 82 ; Collignon, Arc/iéoloij. grecque, i' édit.
p. 272, fig. J 17. Les sujets représentés sont le plus souvent des scènes de ban-
ipiels ou des processions bachiques, ce qui précise la destination de ce vase a
vin ; cf. PolUw, Calahg. cas. du Louire. p. I loi.
STA
— li.'iT —
STA
plus court (il plus Irupu (]\in raiiipliore, les anses
pareilles à celle de l'Iiydrie, mais au nombre de deux
seulement'.
11 est probable que celle forme renlre, en ell'el, dans la
série des vases que les anciens appelaient ijtïu.vo; on
(7Ta[xv;ov-, mais ce qui est inexact, c'est de croire que
cette forme seule ait droit à celte appellation. Comme l'a
dit Letronne ", il ressort des textes que ce mol est syno-
nyme, au sens large, d'amphore et devait désigner beau-
coup de variétés de récipients à vin ou à huile ', tantôt
avec deu.x anses % tantôt avec une anse '^, ou même sans
anse'. Chez les lexicographes ou dans les inscriptions,
on le rapproche de I'amphora, de Iiiydria, de la kalpis et
du CRATER*. .\illeurs on l'assimile au iukos'. C'est évi-
demment un récipient d'assez grande taille, d'argile ou
de métal '". Dans les temples, des jarres de ce genre ser-
vaient à conserver l'argent produit par les revenus du
sanctuaire ; on placaitdessus une inscription indiquant la
quotité de la somme, la provenance du revenu, l'année
et le mois du dépôt, les noms el qualités des magistrats
chargés de celle comptabilité, l'année de leur magistra-
ture ". Ailleurs, ce sont de menus objets de bronze qui
sont déposés dans une hydrie ou dans un stamnos'-.
D'autres inscriptions qui énumèrent la vaisselle de bronze
ou d'argent apportée en ollrande par les pèlerins ollrenl
le même mot avec des épithètes qui parfois en pré-
cisent un peu la forme ou la nature : grand stamnos
à une seule anse, stamnos béotien, stamnos à huile, etc.' '.
Letronne reproche avec raison à Panofka d'avoir fait du
(7Ta(jLv;ov un vase did'érent '* ; c'est un synonyme ou peut-
être un diminutif de <j-iu.vciî. On connaît des TTativia
/oïaîa, c'est-à-dire n'ayant que la capacUé d'un chois
(= 3,2S3 litres)'". C'est aussi un réciijient d'argile,
ou même de verre "^, dans lequel on mettait du vin ''. Un
dit encore (TTajiv'^/.o; " et ïTaavàp'.ov ''-' dans le même sens.
Le <jTa(ji.vt'ov est également synonyme d'ày-tç, vase de nuit
[amis, matila] ''", ce qui montre bien ([ue le mot s'ap-
plique à des formes très variées. E. l'oniKn.
STAI\i\L'M {Ka<7(7iT£foçj. L'élain. — Ses noms. — Le
mot xa(Tat'T£po; se rencontre déjà dans V/liade', oii l'on a
voulu, à tort peut-être, (|u"il désignât un alliage d'étain
et d'argent'- ou des objets simplement étaa»és% plutôt
I Moccis Ali. teiicou Allie. Anjoçia, -.m i{ut<,<, =^ii»,<,» (cil. Kotli.li-iiuij,', lis:iii,
p. 41); Elymot. Maijn. s. v. iiii^çsis, t;, I««^£ju(iiv Si»xov oxanviov. — - Voy. les
lexlcs rassembles par Hauofka, Op. t. p, 47 ; Krause, Op. t. p. ilM.ll'i ; Letruiiiie,
/. c. p. 34S-353. Je lie crois pas ipie Kurlwaeilgler ait raison de dire que uuiis
appelons u à lorl >• ce geure de vase stamnos {Oriech. Vasenmaterei, I, p. N^t); nous
avons seulenieol lorl de réserver uni<|Uemelil ce mot potir celle forme. — ^ Op. l.
p. 34K-:i:i3. — 4 Dans Arislopl.ane (/(an. 32) D/ouysos sinlilule i,>.; î;t«^,;.,u ; cf.
Scliol. ad II. l. ; cf. beinoslli. Cuiili-. Lacril. p. 93.3; l'Iiryiiicli. p. 4lin. éj. I.obeck ;
l'olluï, X. 30el7i; Allien. I, p. i'J E ; Tliora. Magisl. |.. I;i, 2, Mit. HiUcId. Dans
liesycll. s. V. 2:t«|ivcit;pot, vases à huile pour les épljches daiis les {jcynmases (IXsc'ou
9iK|&vQi); dans une inscription de I)6los, «lût^vo; U«L(r,3<;ç (Huit. corr. ftelt. XIV,
p. 413). — 5 Voy. noie I. — 6 llomolle,/yuJf. corr. hell. XIV, p. 413 (,r:<iixv,.; ut,.; v-,
où; E7Mv). — 7 Ce serait la' forme du ntsos, par exemple. Ilesycbius dêlinit le ?ix'.; un
slamuos ninoi d'anses (bikos], el Ussing, Ùt- nom. eus. jruc. p, 341, a voulu eu
conclure qu'ordinairement le stamnos n'a pas d'anses. Krause, A?igéiotvgw, p. 271-
272, conteste avec raison celte idée, en s'appuyaut sur les leites oii sont mculionnées
les anses du slamnos; cf. liomolle. Op. l. XV, p. 15«. — sllesycb. 5. v. xà>.«r, ;
l'ollut, VII, p. lUi ; liomolle, Op. l. V(. p. 117; XIV, p. ill, 413 ; XV, p. Ijij.
— 9 liesych. s. i'. — 1" Aristopli. l'iiil. .')4j ; Ueniostli. (. c. p. 'J34 {.sjiii.,«); lio-
molle. Op. t. ,XIV, p. 413 (,,.)i.î). — Il liomolle. Op. t. Il, p. 330-342. ;i7U-57C ; VI,
p. 60; XIV, p. 4W, Moteï; p. 45s, noie 3. — >i Ibid. XIV, p. 411. — I" Ihid. XIV,
p. 413.— l'O/j. /, p. 333. — tû II est vrai qnec est une correction au texte de .Siidas
(s. ti. joV«,a| proposée par M. Zekiilis (Allwnisch. MUlheil. l'JOC, p. 237). — ni t'ollu»,
VI, t4. — 17 IIjiU. : Aristoph. Lysht. 1% ; Tliemisl. IV. p. 72, éd. Dind. ; l'Iiol.
A».'/-, s. r. j:T«;*yia, t« *«9i« aîfôttta. Il s'a^'it saus doule des grandes ampbores dans
desquelles on mettait le vin de Tbasos si renommé; cf. Uuniout, Inscriplions céra-
miq. de Grèce, p. 14, 18, 39 eq. : lollui,X, 7î. — 1» Follui, VII, 162. —i'^lbid. X,
Vin.
<|ue le métal pur. Dans les textes postérieurs* son sens
n'est pas douteux; c'est bien l'élain, ellui seul, que les
Tirées entendaient sous ce vocable; ce n'est pas à la fois,
comme on l'a prétendu, l'élain et le zinc% ou l'élain elle
plomb". D(! là viennent: l'adjectif xacffsTÉpivcç'', fait en
l'tain ; les substantifs za^rrriTEpoTtoioç *. xaTiixîpo'jpYÔç', ou-
vrier travaillant l'élain ; le verbe xadctrepow-iû '", étamer.
Pline prétend que le mol xaTTÎTspoç a été créé par les
Grecsii. Quelques auteurs anciens le rattachent au verbe
xaito ou au verbe T£ip&u.a! ■'-. M. L. Siret se demande s'il
ne dériverait pas, par échange du x en t ou par méta-
Ihèse et par redoublement, de xaxcpriç, fondant, qui rend
fusible, allusion à la qualité la plus remarquable de
l'élain et à son alliage avec le cuivre pour former le
bronze'^ Festus ,\vienus l'explique parle nom du mont
(-'assiu.s, situé dans une région riche en mines d'étain,
la péninsule ibérique '*. D'autre part, on l'a rapproché
depuis longtemps du sanscrit kaslira et de l'arabe kas-
(lir, qui ont la même signification que lui el lui sont
évidemment apparentés'" ; mais la forme sanscrite est
plus récente que la forme grecque, car l'Inde dans l'anti-
quité, comme on le verra plus loin, faisait venir de
l'Occident, par l'intermédiaire de l'Egypte, tout l'élain
dont elle avait besoin; kastira e\kusdir ne sont que des
transcriptions tardives de xaiiiTôpoç. Sayce croit trouver
dans l'accadien ou le sumérien kasduru, et Lenormanl
dans l'assyrien kfi.sncatirra le prototype du nom grec
de l'élain "^ ; en réalité, le prétendu mol kasduru n'a
jamais existé ctkasnsatirra ne s'appliquait pas, semble-
t-i 1, à un métal, in;iis à des étoffes '\ M.Saloinon Reinacii a
proposé récemment une autre hypothèse, beaucoup plus
vraisemblable: xaiff'Tepoç, quoi qu'en ait dit Pline, serait
un terme d'origine celtique"'. .\u lieu d'admettre, comme
on le fait généralement, que les îles Cassitérides devaient
leur nom à l'élain qu'on allait y chercher, il estime au
contraire que le métal a pris celui du pays d'où on le
lirait. Le cuivre n'esl-il pas le métal de l'ile de Chypre et
le bronze le métal de Hrundisium? L'élain lui-même
ne s'appelle-l-il pas en lurcel dans les idiomes voisins
i/fi/(iï, du nom que donnent ces langues à la presqu'île
de Malacca, oit sont les gisements les plus considérable*
que l'on connaisse ''■''.' Dans le mol Cassitérides il faut
72. — -u liesycll. s. v. i^i; ; cf. IJekkcr, Aiiecdol. p. 217 (2s), coniincutant un pas-
sage de IkMiiostb. Cuntr. CoHun. p. 12;»7, t7,
STAMVUH. I llom. //. XI, 23 et 34; XVIll, 471 et 013; XXI, 392; XXIII, 503
et 501. — 2 M. Bertlielol.dansle Jourii. des Savants, IKS^I, p. 380. — 3 W. Ilcibig.
L't'ltopëe homérique, trad. fr. Paris, 1894, p. 303. — * Ils sont tous énumérés et
reproduits par A, lloldcr, Altcettisclier .Spracliscfints, 1, Leipzig, 1S90, p. 828-832.
lorme allique : .aTt,'tsj'.5, Inscr. graec. I, u" 319 I. 3; IX, li> 303, I. 15-10.
— '- llnfer, Hist. de la chimie, Paris, 1800, I, p. 133. Coiilra : K. B, Hofmann,
dans la Uenj-und IJûUenmûnn. Zeil. 1882, p. 515. — 6J.-B. beckmann, Beitr.
zur GescU. dcr Jirfind. Leipzig. 1780-1805, IV, p. 340; A. Riedunaucr, Uandwerk
und llandmerker in der homer. Zeit, Erlaugcn, 1873, p. 112 et 200; Fraulz, dans
la llerg-und H&llenmiinn. Xeit. 1880, p. 437. — ' plut. Mor. p. 1073 c; Aristid.
Il, p. WO;Gllcil. XIV, p. 99. 0, p. 309. 18; XIX, p. 432, 19; Ilippiatr. p. 48, 14.
h'orine atlique : xntixifi.cî, Inscr. gr. Il, n« 652 B I. 28-29. — 8 l'roc. l'araphr.
l'Iol. p. 251. — '■> Corp. gtossar. latin. Il, p. 339, 29. — lu Uioscor. I, 33 et 38.
— Il Plin. XXXIV, 130. — 12 Eustatb. p. 1154, 18 ; 1107, 57; Ulym. magn. p. 493,
27. _ 13 L. Siret, dans l'.ln^/iropo/ojie, 1908, p. 153. — 14 Fesl. Avicu. Ora
mûrit. 200. — '» A. von Scblesel, Indische BMiuthek, XI, Bonn, iS24, p. 393;
Clir. Lassen, Indische .Mlerlhnmskunde, I, Bonn, 1843, p. 239 ; A. von iiumboldt,
Kusmus, II, bluttgarl, 1847. p. 409, n. 29, etc. — '6 Sayce ap. .<cblieinanu, Itios,
trail. fr. Paris, 1887, p. 013; Kr. Lenurmaul, Les premières cirilisations, I,
Paris, 1874, p. 147; Trans. of thc Soc. of Oiblic. archnnl. VI. 1878, p. 337.
Cf. 0. Sclirader, Sprachvergleichung und t/rgesch., 2' éd. léna, 1890,
p. 313. — 17 Opinion de J. 0p|iert, citée par G. Bapsl, dans les C.-Jt. de l'Acad.
des Inscr. 1880, p. 253. — 18 S. Rcinach, L'rtain celtique, dans VAnthropo-
logie, 1892, p. 275-281. — '3 Cf. M. Bertlielol, Sur les iiomi Qalai, QaUais
et sur ceux de l'élain, dans le Journ. des Savants, 1889, p. 379-382.
183
STA
— 1irj8
STA
dislingiier la di'siiu'iice îS£;, ajoiiléo par les Grecs, el
doux 01011101118 colLiquos, rassi, sorlo do superlatif, qui
roparail dans beaucoup de nouisd'hommoselde peuples ',
et teros, adjectif, qui voulait dire extrême ; les Cassité-
ridos étaient les îles très reculées, Icr/aTai v-ficoi, insulac
exthnne-, el lo xauuirspc-; le métal (jui provenait de cette
contrée lointaine. La principale difliculto que soulève la
théorie de M. S. Reinach, c'est qu'elle conduilâ supposer
que dès le ix" ou le viu" siècle av. J.-C. les Grecs auraient
eu connaissance d'un terme do la langue des Celles, alors
que l'invasion de ceux-ci dans l'Europe occidentale passe
pour n'olrepas antérieure, tout au plus, au vu" siècle.
L'étain pur était appelé proprementen lalin, à la belle
C'\>oquii, /i/umbum (ilbum ou plitinbum candidiiin', par
opposition au plomb, plinnbum tiKji'um [plumbumJ. On
réunissait sous la môme désignation générale, mais en
les distinguant d'après leur couleur, deux métaux assez
voisins l'un de l'autre, dont les gisements coexistaienl
souvent dans les mêmes régions et dont la connaissance
a dû se répandre à peu près simullanémenl en Italie.
L'interprétation du mol stannum ou stagixum * (d'où
dérivent l'adjectif .v/«n«e«s ou slar/neus'\ d'étain, el plus
tard le substantif s/«nna/o/' ou slat/nnlor^ , ouvrier en
éUiin, ainsi que le verbe slaffnare\ étamer) esl plus
diflicile. Pline l'Ancien donne à ce terme deux acceptions
diflérentes: il nomme ainsi le plomb d'œuvre, métal de
première coulée oblenu parle traitemenldu plomb argen-
tifère", et aussi un métal dont on recouvrait les objets
de bronze afin de leur donner meilleur goût et de les
empêcher de se rouiller '' — emploi qui convient bien
à l'étain, nullement au plomb ; pour comble, un peu plus
loin, il oppose dans la même phrase le plumbum album,
c'esl-à-dire rélain, au slaiinum ou plomb d'œuvre '".
Quelque sens que l'on donne à slannum dans les textes
de Pline", il esl impossible d'admeltro avec Beckmann
que l'élain n'a jamais porté ce nom avant le iv" siècle de
notre ère '- : en effet. Piaule parledéjà de rasa stannea ",
qui ne peuvent être que des vases d'étain ou étamés, el
dans un passage de Suétone'S de bien peu postérieur à
Pline, le slaïuiuiii ne peut être aussi que l'élain. Berthe-
lot fait observer qu'il faut tenir grand compte de l'incer-
lilude et des variations de la nomenclature scientifique
chez les anciens; il est arrivé souvent qu'un seul mol
ail désigné tour à tour, sinon même simultanément,
un métal pur el toute une série d'alliages'". D'après lui,
le mot slannum ne convenait d'abord qu'au plomb
d'(euvre; puis on l'étendit des composés, qui naissent
dans la préparation du plomb, à l'étain ou plumbum
album; il finit par être réservé à celui-ci "'. Schade est
d'un autre avis : il croit que stannum était le nom pri-
mitif de l'étain à Home; celui de plumbum album ne lui
1 lioldcr, Op. cit. 1, p. JSJV-.si5: les Cassi, peuple breloil ; Cnssii'cUaunus, roi
breton; Vercassivellaunus, c\ic( JirvcTac; les dii Casses, divinilés rhénanes; les
Vetiocasses, Viducasses, Bajocasscs, peuples belges cL colles, etc. — 2 S- Kei-
nacli, Op. cit. p. 280 : Timagène lap. Aniiu. Marc. XV, 9) rapporte que, d'après les
ilniiiles, une partie tle la population de ta Gaule venait prt^cisémenl d'insutae
exfimae, lesquelles ne peuvent ôtre que les lies liritannirgues, identiGécs par S. Rci-
nach avec le» Cassitéridcs. — 3 l.ucrot. VI, 1077 ; Cacs. DM. gntt. V, li; ['lin.
iV, 112; XXXIV, 150 sq. — * Voir les textes rlmis par Holder, Op. cil. Il, 1904,
p. (6:ti-IC;n, s. !•• stagno; aucun n'est ant^-rieur à Pline. — j Plaut. fragm. ap.
Kcst. ». v yarica, p. IliS; IJoluni. XII, ii, 1 ; l'Iin. XXIX, 35; XXX, 38 el 57 ;
.\pul. iletam. X, il: Ulp. Digcst. XI.VIII, in. 9. — 6 Cor/i. glossar. latin. Il,
p. <.!3;i, "9. - ~< l'Iin. Valerian. I, :il et III, 4. - » l'Iiu. XXXIV, 159. — 9 /,/.
I6n. — 10 IIMl. — Il II. Blfininer, Tixlmul. iiivl Tirminul. ,1er (n-wcrhe nml
Kitnstc bei Oriccficn und JtOmern, Leipzig, I><S7, p. 82, incline à croire que par-
tout Pline entend par stannum un métal distiucl de l'étain. — 12 Beckmann, Op.
aurait été appliqué que plus lard, pour le différencier
des alliages communsàbase de plombquel'on employait,
à cause de sa cherté, en ses lieu el place, el en les qua-
lifiant eux aussi, très improprement, de slannum ''.
D'où vient ce mot controversé '.'Un admet généralement
qu'en France, à reiubouchure de la Vilaine, le village de
Péneslin (Morbihan) représente un cap (;>c;i«) de l'élain
(en breton sien, en lrlandaiss/«7i). Les Gaulois, croit-on,
auraient emprunté slannum aux Romains'*. M. llolder
suppose, à la suite de PIclel, que ce sont les Romains qui
l'ont reçu des Gaulois " ; slannum, dans cette hypothèse,
serait, comme xac-cÎTEpoç, une adaptation d'un mol celte.
Prorenance [voir la carte des mines el carrières dans
l'antiquité grecque el romaineà rarticleMEïALLA,p. 1846,
fig. 4974, et la carte du groupe hispanique, p. 1848,
lig. 4!(7o]. — L'élain existe dans la nature à l'état d'oxyde
(cassitérile), sous forme de filons^", où il esl mélangé en
petites quantités à des roches dures qu'il faut broyer el
triturer, ou sous formes d'alluvions-', beaucoup plus
faciles à exploiter, parce que le minerai n'y est pas enve-
loppé de gangue el qu'il suffit de laver les sables pour le
mellreen liberté. Ses gisomcntssonl relativement rares"
et son aspect ne ressemble à celui d'aucune autre sub-
stance métallique. On s'étonne, dans ces conditions, qu'il
ail étéj très anciennement connu et que l'on ail pu en
faire, dès les temps préhistoriques, une consommation
énorme. Il esl certain cependant ([ue des quantités prodi-
gieuses d'étain ont été nécessaires pour forger les objets
de bronze qui caractérisent le premier des âges des
métaux et qu'on trouve partout répandus, même dans
des contrées qui ne possédaient pas de gîtes stannifères.
l-a circulation de l'élain a donné lieu à l'un des com-
merces tout à la fois les plus importants et les plus
mystérieux de l'humanilé primitive. On n'a pu dt'termi-
ner encore de quels centres les hommes de l'âge du bronze
faisaient venir ce métal qui leur était indispensable'-'''.
<i Aucune des hypothèses proposées ne répond aux exi-
gences d'une fabrication aussi prolongée, aussi générale,
aussi considérable; il a dû y avoir des transports régu-
liers de masses d'étain venant de mines abondantes et
inépuisables-''». Faut-il chercher ces mines à l'extrémité
orientale du monde antique, dans l'Indo-Chine et l'Insu-
linde, ou bien au contraire à l'extrémité occidentale, dans
les îles Cassitérides, ou encore dans quelque région
intermédiaire d'Asie ou d'Furope"?
La première opinion est maintenant abandonnée. Elle
a été soutenue principalement par Schlegel, Lassen et
llumboldt'". La ressemblance du sanscrit kaslira et du
grec xaccÎTEfoç donnait lieu de croire que l'Asie Occiden-
tale el l'Europe s'approvisionnaient d'étain, aux origines,
dans l'Inde, qui l'aurait tiré elle-même des gisements si
cit. IV, p. 330. — 13 Plaut. ap. Fesl. s. i- Marica, p. Klfl. — 14 Suet. Vitcll. 5.
- 15 M. Bcrthclol, dans le Journ. des Savants, 1889, p. 379. — 16 Du même,
CoHect. desanc. alcliimist,-s ijrecs. I, Paris, ISS", Introil., p. 55. — " 0. Scliade,
Alldeuls-hes Wôrterbuch, i' éd. Halle, I8771S82, p. 1267. — 18 S. Keinach,
dans l'Anthropoloi/ie, IS9i, p. 277. — l'J llolder, loc. cit. — 20 Oiod. V, 22 et 38 :
Slrab. III, p. 1*7. — •■il l'Iin. XXXIV, 157. —22 Ed. Huclis el L. de Launay, Traité
des gites minéraux et métallifères, II, Paris, 1893, p. tOI-158. — 23 Von Baer,
Von wo das Zinn zu den alten /ironzen gekommen sein mag, dans VArchiv.
fur Anthropol. 1876, p. 263 sq. ; Daubrée, (ibserv. sur l'exploit, antique
de l'étain, dans la Uev. nrchéol. 1881, I, p. 332-336; G. Bapsl, Sur la prove-
nance de l'élain dans le monde anlit/ue, dans les C.-/t. de l'Acad. des inscr.
1886, p. 2*7-235; Eil. Meyer, «tsc/i. des Alterlums, I, 2" éd. 2, Slullgart t90!l,
p. 151 cl 74* ; II, f éil. Slullgarl, 1893, p. 137. — 2V M. Bcrlbclol, Coll. des anc.
alchimistes grecs, i, introd. p. 227. — 25 Voir les ouvrages cités plus haut,
p. 1*57, n. 15.
STA
14S9
STA
abondants de lacolo du Siam, de la presqu'île de Malacca
et de l'île Banka. Mais on sait par Pline l'Ancien ' el par
l'auteur anoiiynie du l'crijt/e de la mer Erijlhréc' que de
leur temps, à la fin du i"'' siècle de notre ère, l'Inde rece-
vait l'étain de l'Occident, par l'entremise des négociants
égyptiens-'. Les alluvions de Malacca et de la Sonde
n'étaient donc pas encore exploitées. M. S. Reinach pense
que le premier texte qui les concerne est un fragment
conservé par Etienne de Byzance et extrait des Bauaaptxà
d'un certain Denys,quiesl peut-être Denys le Périégèle'".
Aucune des régions intermédiaires entre l'Extrêine
Orient el l'Rxlrème Occident, sauf peut-être laDrangiane,
ne paraît avoir jamais fourni beaucoup d'étain aux peu-
ples de l'antiquité. Fr. Lcnormanf' et Dufréné'', s'ap-
puyantsur des rapprochements d'ordre philologique plus
ou moins fondés, supposent que ces peuples le faisaient
venir tout d'aboi-d du Caucase. On ne saurait l'admettre:
les géologues n'ont constaté nulle part dans le Caucase
l'existence de gîtes siannifères'. La seule contrée d'Asie
dont les mines d'étain aient été exploitées parles Anciens,
et à laquelle on ait pu penser comme pays d'origine du
métal consommé sur les bords de la MiMiterranée*, est la
Drangiane, le Khorassan d'aujourd'liiii', où le voyageur
Ogordnikoir a retrouvé, aux environs de Méclied, les
exploitations déjà signalées par Strabon '". Ln Europe,
Scymnus de Cliios (b'clare que deux îles du fond de
l'Adriatique donnent un étain excellent" ; il n'existe pas
de gisements dans le voisinage immédiat; peut-être le
métal était-il amené, par caravanes, des pays plus sep-
tentrionaux où .sa présence et même sa mis(! (;n valeur,
dès une époque reculée, nous sont attesté(!S '- : la Carin-
thie '\ la Bohème et la Saxe, dans le Boehmerwald, le
Ficlitelgebirge et l'Erzgebirge '•. On a relevé aussi en
Italie, sur la côte de Toscane, à Campiglia Marilimaet à
Cento Camerellc, au Monte Valerio et au Monte Rombolo,
les traces probalîtes d'une très ancienne exploitation de
l'étain'". Tout cela, en somme, est fort peu de chose, en
comparaison de ce qu'exigèrent, pendant une longue
suite de siècles, les besoins de l'industrie du bronze.
Les contrées de l'Europe occidentale riveraines de
l'Océan Atlantique, la péninsule ibérique, la Gaule, les
îles Britanniques, étaient beaucoup mieux pourvues.
C'est de là que provenait sans aucun doute, à répo((ue
classique, l'étain utilisé dans le monde méditerranéen.
Il est difficile de savoir s'il en était déjà de môme à l'âge
du bronze et de dire dans laquelle de ces trois régions
doivent être localisées les fabuleuses Cassitérides, qui
avaient donné leur nom à l'étain et que l'on serait anlo-
' (Min. X XXIV, 103. —iPa-.mar.Erythr.-, 28, 49, 56. Cf. B. Fabricius, /to- /'«-
i-i/iliisdfs Kri/l/ir. Mecres, l.pipiiig, IS»3, p. 15ti-i;)7. —3 Cf. A. Webcr, Oie Verl/iii-
ditny Indiens mit den Landern. im Westcn. dans la Deutsche Monntsschrift, l.s;.:t,
1170 ; Fr. K. MoïtTS, Vie Planizier, III, I, Bonn. IS5li, p. 03. — * S. lieinitcli, dans
VAntlirapoloj/ie, iK'rl, p. 270. ii. 4. — ■' Fr. I.cnorinanl, Prem. civilia. 1. p. HC-132.
— '' Dufi'én^!, Etude sur l'hist. de la production et du commerce de l'étain.
Paris, 1«S1, p. 22. — "' G. Bapst, Les métaux dans l'antit/. et le moijen ùije :
l'rtain, Paris, l'ssi, p. 7 ; E. Chantre, /lech, anthrop. dans te Caucase, Paris,
1S8.5, p. SI. — S Par ci. : G. Pcrrol, Uist. de l'art dans l'untiq. VI, Paris, IK'Ji,
p. 1I.Ï2. — » Von liacr, loc. cit., G. Bapst, dans C.-ll. de l'Ac. des Inscr. ISSO,
p. 217 sq. ; Tomasclifit, dans les Mittk. der anthropol. Gesellsch. in Wien,
f>it:unysber. ISS8, p. ». — tO Slrab. XV, p. 721. — " Scymn. 3(11. — 12 V. lié-
rard, Ua Phéniciens et l'Odyssée, I, Paris, 1902, p. 439. — 13 A. B. Meycr,
Gurina in Obmjaithaks {Kârnthen), I8R5, p. 03. — r» Gurll, dans les flonner
Jahrh. I.XXIX, issg, p. 253. P. BaUillard, Mém. de la Soc. d'anthro/j. \S1^,
p. 5113; 187S, p. .HliO, et Hi.'itorif/ue et prélimin. de la question de Vimporl. du
bronze, Paris, IS7S, aUrihnc aux Tziganes nomades la propagalion de lélair] ii
lr.ivcrs l'Knropc. — 15 Daubri''e, llev. archéol. 1881 , I, p. 335-330, d'après Gliarlon,
Annales des Mines, T s(lrie. IX, 1870, p. II!», el P. Blanchard, Atti dei /.incei.
Trnmunti, I, IM8. p. ISi: : A. Mosso. L-i,r,iiini d^ll,, riiill.i mi-dilerinnen. Turin.
risé, par conséquent, à regarder comme le premier centre
de production de ce métal.
Les auteurs anciens nous appreniH'ntqu'il y avait des
gisements stannifères enbcaucoupd'endroits delà pénin-
sule ibérique", et surtout en Lusitanie, en (lallécie
chez les Artabres, en Tarraconaise '''. D'autre part, on a
découvert des vestiges considérables d'exploitations
remontant à l'antiquité sur le territoire d'Ablanéda, près
d'Oviédo, el à Salabé, dans l'ancien pays des Cantabres,
où plus de quatre millions de mètres cubes ont été jadis
extraits"*. Pour la Gaule nous avons aussi quelques
témoignages littéraires à invoquer: l'auteur du traité l>e
mirabilibus Auncullal.ionibus, faussement attribué à
Aristote, décerne à l'étain l'épithète de celtique " ;
Scymnus de Chios assure que l'étain qu'on trouve à Tar-
tessus, c'est-à-dire sur les marciiés de l'Espagne méri-
dionale, vient des alluvions fluviales de la Celtique^" ;
Pomponius Melarattache à laCeltique les îlesde l'étain -'.
Des minesconnues etfouillées, semble-t-il, dès l'époque
préhistorique ont été retrouvées dans le Limousin,
notamment à Vaulry (Haute-Vienne), à Montebras et à
Cieux (Creuse), au voisinage de gisements aurifères, et
dans le Bourbonnais, que se partageaient jadis les Bitu-
riges et les Arvernes, près de Néris et d'Ebreuil, au voisi-
nage de gisements de kaolin ^- ; les plus intéressantes
sontcellesde Montebras; elles consistent en une série
d'excavations superfîcielhîs, en forme d'entonnoirs, dis-
posées suivant les alignements réguliers et creusées à
20 mètres de profondeur au maximum -^. D'autres
excavations apparaissent dans W Morbihan, à la Villeder,
ainsi que des alluvions slannifères, qu'on retrouve égale-
ment dans la Loire-Inféri(^ure, à Piriac el à Péneslin ; le
pays des Venètes a dû, à un certain moment, fournir
unequantité assez importante d'étain -*. Polybe -% César-S
Diodorc^ surtout-' et Strabon-* font mention de l'étain des
îles Britanniques ; ils attestent l'importance de ses gise-
ments et de son commerce. Diodore de Sicile, qui s'ins-
pire de Timée, parle d'une île située en face de la Bre-
tagne et appelée [dis, où l'on venait en chars, à marée
basse, apporter l'étain, que les marchands dirigeaient
ensuite, par voie de terre, sur la vallée du Rhône-'.
Pline, citant Timée, donne à cette île, marché du plum-
bum album, le nom de .Uictis, et la place à six jours de
navigation de la Bretagne, d'où l'on s'y rendait sur des
barques de cuir'". La plupart des modernes identifient
/dis ou Midi.^ à Veclis, l'île de Wight; on a proposé
aussi d'y reconnaître soit l'île de Tiianet, à l'embouchure
de la Tamise, soit le Mont Sainl-Miciiel ". L'extrémité
ItUO. p. 307-3)0. — I» Ce sonl les lernies mômes de lliodore, V, 38. — 17 Slrah.
III, p. l47(ArUlires); l'Un. IV, 112 (Tarraconaise); XXXIV, 150 (Lusitnnie cl (ial-
lùcio) ; FesL. Avien. Ora mûrit. 259-202 Imonl Cassius, près de renibonelinre lïf
VAnas, anjoiird'hui Guadiana). — '^ G. Schullz cl A. Paiticlle, dans le Ilullet.
de la Soc. i/éotof/. de France, 2- série, VII, 1849-1850, p. 183 sr|. ; V. Bérard,
Op. cit. p. 445. — 19 Ps. Arislol. /Je mirab. auscult. 50. — 20 Scymn. 104-103.
— 21 pomp. Mel. III, 47. — 22 Mallard, Gisements slannifères du Limousin, dans
les Ann. des mines, série VI. l. X, ISOti, p. 321-352; Daubrée, Aperçu historique
sur l'exploit, des mines métalliques dans la Gaule, //eu. arch:ol. 1808, 1,
p. 305-397 ; el Notice supplém. ibid. 1881, I, p. 274-284 (avec une carte, p. 279) ;
E. Desjardins, Géographie de la Gaule rom. 1, Paris, 1870, p. 420-122; G. JuUian,
Hisl. de la Gaule, I, Paris, 1908, p. 78. — 23 M. B(oule), d après de Launay,
dans \'Anthropolo(jie, 1901, p. 49.Ï-496. — 24 Voir, outre les travaux d'ensemble
cités à l'avant-derniérc note: de l.imur, dans le Ilullet. de la Soc. polymath. du
Morbihan, 1878, p. 124 et 1893, p. 08 ; V. Bérard, Op. cit. I, p. 444. — 2r. pol. III,
57, 3. — SCCaes. Bell. (jall. V, 12. — 27 Diod. V, 21, 22 et 38. — 28 Slrab. III,
p. 147. _ 29 Diod. V, 22. - 30 |>lin. IV, 187. — 31 Voir les textes, la bibliographie
de la rpicstion et la discussion des hypothèses dans T. Bice Holmes, Ancient
Drilain and the inrasions ot Julius Cacsar, Oxford, 1907, p. 499 et 314 : Ictis and
the hritish trade in tin ; Holmes se prononce eu faveur du Mont Saint-Michel.
STA
— 1160
STA
sud-ouest de rAnj^lclorrc, Cornounillos et Dovonshire
(ancien pays des Diimnoîiii), possède des liions sUinni-
fères 1res abondanls'. On y a trouvé un linji;ol antique
anépigraphe [mktalla, fîg. o017, p. 186.")]; deux autres
lingots, aujourd'hui au Britisli Muséum, ont (Hé recueillis
;\ Londres, dans la Tamise; ils portent inscrits d'un cnlé
le nom de Syagrius et de l'autre le elirisine conslanti-
nieii-; sur un (juatriènie on croit lire les traces d'une
estampille impériale [d{nminorum)] n{oslroruni) ■'.
D'après M. Cox l'exploitation des mines de Cornouailles
dut cesser au délxil de l'ère ciirélicnne: les auteurs qui
les mentionnent sont antérieurs à celte épO(jue ou s'ins-
pirenldes sources plus anciennes, Timée et Posidonius ;
Pline les ignore et ne connaît Midis que par Timée''.
D'après M. Ilaverfield, qui s'appuie sur la découverte
d'inscriptions et d'objets d'élain de basse ('époque dans
TAnglelerre méridionale, l'exploitation aurait recom-
mencé très activement à partir de la fin du iiT siècle
ap. J.-C. ^
La quesUon de la localisation des Cassitcrides est
extrêmement délicate et discutée ^ Le plus ancien auteur
qui les cite est Hérodote : il se borne à dire que la Grèce
reçoit l'élain, comme l'ambre, de pays éloignés, et si lue
les Cassitérides aux exlrémilés du Couchante Le J'éri-
jtle d'Himilcon, dont le poème de Feslus Avienus nous
a conservé la substance, connaît les îles de l'élain sous
le nom d'Œstrymnides; il les place dans la dépendance
et en face de l'Espagne*. Diodore de Sicile, (jui tient ses
informations de Posidonius, leur donne le même nom
qu'Hérodote et les rattache à l'Espagne comme Himilcon.
nies distingue nettement des îles Britanniques'. Slrabon
fait de même et entre dans plus de détails: les Cassité-
rides, au nombre de dix, sont au delà des Colonnes
d'Hercule, en pleine mer, au nord du port des Arlabrt's;
leurs habitants échangent le plomb, Tétain et les pelle-
teriescontre des poteries, du sel etdu cuivre ; P.Crassus
est le premier qui en ail ouvert l'accès aux Romains'".
Pomponius Mêla voit en elles des îles de la Celtique ' '.
Pline sait que les Grecs les cherchent au large de la Cel-
tibérie'% mais il ne croit pas qu'il existe de l'étain dans
les îles de TAtlanlique; c'est de la Lusilanie et de la
Gallécie qu'on le tire". Denys le Periégèle appelle Hespé-
rides les îles de l'étain voisines du cap Sacré et habitées
par des Ibères". Enfin Plolémée détermine la position
astronomique des dix îles Cassitérides, à une centaine de
kilomètres à l'ouest de la (iallécie''. La majeure partie
des textes établit donc un rapport étroit entre les Cassi-
térides et la péninsule ibérique.. \ussi MM Hildebrand "•,
Unger'\ Kidgeway '% Haverfield ", Blasquez-" proposent-
ils de les localiser le long des côtes de l'Espagne ou <lu
< H. Ed. Fuchs cl !.. de Launav, Oji. cil. p. llS-127. — 2 Corp. inscr. latin.
VII, n« 1221. — 3K. Ilavcrlicld, ilans les l'roceed. o[ the Soc. of antiq. of Londnn,
XVIll, 1900, p. 117. — i J. Cil. Cox, riic mining opérations and mctallnnjy of
llip Homans in Enijlnnd nnd Wnles, Archaeol. Journ. Ml, IS95, p. i!5-ij.
— â K. Havcilield, Cornislt lin, dans les MiHiinyes /loissinr, l'aiis, l'JO.'t, p. 24!)-
253. — 6 Cf. G. Srnilli, The Cmsilcridc.s, Londres, 1803, cl, en ileriiiei- lieu, avec la
liibliographieanlérieuic: T. Hice Holmes, O/i. cil. p. t83-49S : The Cnssitrridis ;
!.. Sirel, Les Castitérid-t cl l'empire colonial des Phéniciens, dans VAnlhmpo-
loijie, 1908, p. 129-lli.ï. Dapris C. Torr, iam Wicadrmy, XI.VIII. IS93, p. Ws,
les Cassilt^ridcs n'aiiratcnl jatnais existé. — 7 Herod. III, ll.-i. — s l'esl. Avion.
Ora maril. 90 ii\. — "J Uioil. V, 38. _ 1" Slral.. Il, p. I io cl 120; III, p. U7 el
surloul p. 177. — Il Pomp. Mcl. III, M. — li l'Iiii. IV, Iji. _ 11 /r(. XXXIV, V.M.
— l'Dion. f'crieg. SB.'i-lîC.i. — l'i l'iolem. Il, 0, 7:1. - 1" II. Ilii.lehiand, Conijns
intern. d'anthrop. el d'urchéol. prrhisl. SlocUinlni, Is7i, 1, p. :.7'.i.;iNi. — 17 c, K,
L'user, flhein. A/us. I88:i, p. Iliil. — I» \V. Hidgeway, /■nlk./.ore, I, IsM, p. 91-92.
— l'J K. Ilaverlleld, Archaeol. Journal, XMX. 1892, p. 178, cl Proced. oflhe soc of
Portugal, sans s'accorder d'ailleurs entre eux sur le
point particulier du littoral qu'il conviendrait de leur
assigner. .Mais il est fort possible que les Grecs el les
Uomains aient parlé de la Péninsule ibérique à leur
propos uni<| Il enu^nl parce qu'ils étaient entrés en relations
avec elles ])ar l'inlermédiaire des ports de commerce de
l'Espagne méridionale; comme le remarque justement
M. .Iiillian, « les anciens ont presque toujours confondu
pays de production et pays d'expédition-'». D'après
l'opinion la plus répandue, les Cassitérides se trouvaient
beaucoup plus au nord, en Grande-Bretagne. Pour la
plupart des modernes, ce sont les petites îles Sciliy ou
Sorlingues, qui ne contiennent pas d'étain, mais qui
auront servi d'entrepôt au pays de Cornouailles--. Pour
George Smith -', Mommsen-*, H. Berger'-'', elles repré-
sentent la péninsule de Cornouailles elle-même, avec ses
filons stannifères. MullenhofT '" et M. Salomon Reinach-''''
y reconnaissent les îles Britanniques tout entières —
seules îles de l'Occident de l'Europe qui produisent
de l'étain. M. Riee Holmes admet en bloc ces trois
hypothèses et s'ell'orce de les concilier : selon les cas
etles époques, le nom de Cassitérides fut appliqué tantôt
;i l'archipel Britannique, tantôt spécialement aux îles
Sorlingues et au pays de Cornouailles-'. M. Siret ne veut
entendre parler ni de l'Espagne ni de l'Angleterre ; il
propose d'identifier les Cassitérides avec une partie de la
F'rance, le pays des Vénètes en Armorique, depuis le
Morbihan jusqu'à l'embouciiurede la Loire '-'.Diodore de
Sicile -'"et Strabon " connaissent trois régions stannifères
dans l'Europe occidentale : la péninsule ibérique, les
Cassitérides, les îles Britanniques; les gisements d'étain
forment en efl'et trois groupes : Gallécie, Armorique,
Cornouailles ; r.\rmorique correspond donc aux Cassité-
rides. D'autre part, toutes les indications données par
les auteurs anciens sur l'emplacement de ces dernières,
au nord de l'Espagne d'après les uns, en Celtique d'après
les autres, conviennent à merveille aux îles du Morbihan
et ne conviennent qu'à elles seules. Enfin, s'il s'agit de
l'Armorique el seulement dans celte hypothèse, on com-
prend bien le rôle assigné par Strabon à P. Crassus :
n'est-ce pas ce personnage, lieutenant de César pendant
la guerre des Gaules^-, qui soumit les peuples Armori-
cains en 47 av. J.-C? C'étaient les alluvions stannifères
du littoral venèle que l'on exploitait ; elles durent s'épui-
ser assez vile: plus lard on leur préféra les filons de
Cornouailles ; toutes les confusions commises au
sujet des Cassitérides viendraient de la décadence
rapide de leurs gisements, succédant à leur prospérité
b'gendaire^^.
Il rest<'rait à savoir par ijurlles roules l'étain de
anli,/. of london, XVlll, 190(1. p. 119. — i" Anl. lilasquei y Delgado Aguilcra, El
prriplo de Himilco, Madrid, l'.)U'.l. — 21 C. Jullian, //isl. de la Gawk, I, p. 3S7.
_ ii Camden, Ilrilannia (I" éd. I3<0), éd. .le Londres, 1007, p. 8.57 ; (iosselin, Itcch.
sur la yi'ogr. des anciens, IV, Paris, 1813, p. lOl-lSK; 11. Kicpcrl, Lehrbuch der
niten Géographie, lierliu, ts7S, p. 528, n. 3; Ed. Meycr, Gesch. des Alterl. II
(1893), p. 091-692. — 2:J (j. Smilli, Op. cit. p. S2. — 2k Th. iVlommsen, Hist.
romaine, trad. franc. Vil, l'aris, 1809, p. 17. —i^ II. Berger, Gesch. '1er toissenscli.
hrdkiiwle der Gnechen, i' éd. Leipzig, 1903, p. 330 cl 312. — 2« MûlIenholT,
/leiilsche Alterlhiimskiindc, I, !• éd., Berlin, 1870, p. 91-92. — 2' S. Keinacli. dans
\ Anthropologie, 1892, p. 275-270. A. Mosso, Op. cil. p. 27-29, adople la lliéorie
ili' S. Reinacli et eroil ipie Télain do la Méditerranée, dès les origines, venait de la
(iiaiidc-llrelagne. — 28 l'. iiice Holmes, Dp. cit. p. M7. Pour A. Korliiger, llandbuch
drr allcn Géographie, f M. Il, Hambourg, 1877, p. 239, n. 2.5, le nom dcsCassilé.
rides désigne à la fois les Sorlingncs el la pivs.|nile de Cornouailles. — 2» L. Sirel,
loc. cit. — 30 Dind. V, 38. — 31 Strah III, p. U7. — J2 ijacs. Bell. gall. Il,
3V. _J3L. Sirel, for. eil. p. 148. >
STA
lUil —
STA
rExtrême Occidont pénétrait dans le monde méditer-
ranéen. Pline atlrilme la di-eoiiverle des Cassilérides,
du plomb et de l'étain à un certain MidacriLiis '. On voit
en général dans ce personnage le héros national des
Phéniciens, Melkarl^ Mais l'invention du plomb et de
l'étain est rapportée par llygin^ et Cassiodore ' à
Midas, roi de Plirygi<!. M. S. lloinach propose de corriger
dans le texte de Pline, comme le faisait déjà le P. Har-
douin, Midacrilus en Midas Phrijx. Les premières
relations directes des peuples de la Méditerranée orien-
tale avec les régions stannil'ères de l'Occident remonte-
raient au temps de la thalassocralie phrygienne, vers la
seconde moitié du x'' siècle av. J.-C. '"•. Le bronze à celle
époque était déjà connu el utilisé depuis près d'un
millier d'années : nous ne sommes pas en mesure de
dire de quelle contrée provenait l'étain nécessaire jus-
qu'alors à sa fabrication el quels intermédiaires le Irans-
mctlaienl. Pour les siècles suivants, jusqu'à l'ère chré-
lienne, on peut distinguer trois phases dans l'histoire
de ce commerce". — Pendanlla première, qui correspond
à l'apogée de la colonisation phénicienne, l'étain entrait
dans la Méditerranée pai' les Colonnes d'Hercule; l'I'^s-
pagne en avait le monopole; Gadès en élait le grand
entrepôts Ezéchiel, vers l'an 380, cite l'étain parmi les
produits que les Syriens faisaient venir deTarsis% c'est-
à-dire de l'Espagne méridionale. Celle-ci le recevait des
Cassilérides, Armorique ou Angleterre ; d'après Slrabon,
tout d'abord les Phéniciens se livraient seuls au com-
merce avec les îles de l'étain, parlant de Gadès el cachant
à tous le but de leur navigation'. C'est du trafic de ce
métal si demandé qu'ils tiraient certainement leurs plus
grands profils '". Carlhage se substitua ensuite à Tyr, sa
métropole: le périple d'Himilcon, au début du V siècle
avant notre ère, avait pour but de lui permettre d'entrer
elle-même en rapports avec l'Europe occidentale". — Dans
la seconde phase,**le commerce de l'étain est aux mains
des Grecs ; Marseille, fondt-e vers l'an 6U(), devient le
grand port de l'étain, comme de l'ambre, qui tous deux
lui sont amenés du nord par caravanes '-. Le voyage de
Pythéas, vers .'128-3:21, permit aux Marseillais de recon-
naître la voie maritime de l'Armorique ou de la Grande-
Bretagne, fréquentée par les Pliéniciens et les Carthagi-
nois ". En même temps, ils utilisèrent les raccourcis que
leur offraient les vallées fluviales de la Gaule, pays
d'isthmes, pour établir une voie terrestre plus directe el
détourner de Gadès les convois de métal''. L'étain venait
alors principalement de Cornouailles ; sous forme de
lingots cubiques, il était transporté en trente jours, à dos
de cheval, jusqu'à l'embouchure du Rhône '^ Le point de
dépari de la principale voie terrestre devait être situé
sur le territoire des Vénètes, ou plus exactement sur
1 Clin. IX, l'JI. - 2K. Miillc'nhoir, Op. cit. (1870), I, p. ill ; H. Blumner.
Teclmol. !<«<( Terminal. IV {1«87), p. 87, n. 1 ; 0. Scliracicr, Sprachvcnjlcichunrj
und Uryeschichle {î' iâ. 1890), p. 313; d'Arbois de Jubainvillc, ies premiers
habitants de l'Europe, î' éd. Paris, ISDi, I, p. 195. — 3 llygin Fabiil. a7i.
— *Cassiod. Variar. III, 51. — 5 s. Reinacli, Midas el Midacrilus, un nou-
veau texte sur l'oriijine du commerce de l'étain, dans V Anthropologie, 1899,
p. 397-W!', et Cultes, mythes et religions, III, Paris, 1908, p. 3i«-337. A. Mosso,
Op. cit. p. 200-iOl et 230, conlcste également aux Phéniciens le rôle de précurseurs
et d'initiateurs qu'on leur attribue d'ordinaire. Pour lui la légende des voyages
d'HéralcIès, le héros national des Hellènes, à travers l'Europe et dans rAtlanlique,
ferait allusion auv voies de commerce de l'étain àl'épotiue préhistorique — 6 L. .--iret,
lue. cit. p. H8-164, carte h la p. 149. — 'i V. Bérard, Op. cil. I, p. iUHn ;
G. Jullian, Hist. de la Gaule. I, p. 1S7 et 231. — 8 Ezcch. XXVII, I*. — •' Slrab.
III, p. 177. — 10 G. Perrot, /list. de l'art dans Vantiq. III. Paris ISs:., p. 35.
— 1' C. Jullian, Op. cit. I. p. 385. — ii V. Bérard,- Hp. cil. I, p. »40 et 45i.
celui des Namnètes, leurs alliés et vassaux, à Corhiln
(Nantes) "' ; elle remontait la vallée de la Loire et, après
avoir franchi le seuil de Bourgogne, elle redescendait
celle du Rhône. Il faut bien admettre, en elTet, l'interven-
tion d'un peuple maritime qui allait chercher l'étain de la
Graiide-Brelagne au delà de la Manche; seuls les Vénètes
peuvent avoir joué ce rôle '\ Vraisemblablement aussi,
la Seine a dû servir, comme la Loire, de chemin de
pénétration ; les caravanes de l'étain la suivaienl jusqu'à
la renconlre du grand sillon de la Saône et du Rhône. Le
grand nombre des fonderies gauloises dont on a noté les
traces en .Normandie'*' atleste que la basse vallée de
la Seine devait recevoir facih;menl, elle aussi, l'étain delà
(irande-Brelagne. — Une troisième phase commence avec
l'établissement des Romains en Gaule. Narbonne lit con-
currence désormais àMarseille", soit que l'étain quittât
le Rhône à la hauteur d'Arles pour se diriger vers le sud-
ouest-", soit que l'expédition de Crassus en Aquitaine
(.jG av. J.-C.)-', suite de sa campagne de 57 en Armo-
rique, ait permis d'utiliser, après un nouveau trajet
maritime, du Morbihan à l'estuaire de la Gironde, la voie
fluviale de la Garonne et de l'Aude reliées par le seuil
de Lauraguais --. Aux premiers siècles de l'ère chré-
tienne, le témoignage de Pline est formel", il n'est plus
question des Cassilérides, de r.\rmorique ni du pays de
Cornouailles ; les Romains font venir leur étain de la
péninsule ibérique 2'. Si plus lard l'étain de la Grande-
Bretagne a été de nouveau exporté, il aura pu franchir
la Manche à son point le plus étroit et s'acheminer vers
la Méditerranée, grâce au réseau des voies romaines,
par Boulogne (Gesoriacum), Langres {Andematnnum),
Lyon et Marseille-Narbonne.
Usages. — Les anciens se sont servi principalement
de l'étain pour l'allier au cuivre, dans des proportions
variables, el fabriquer ainsi le bronze [aes, metalla]. En
Egypte le bronze apparail dès la fin du Haut-Empire;
il ne contient tout d'abord que très peu d'étain, de 5 à
IS p. 100-'. Les premières civilisations de la Mésopo-
tamie le connaissent-''. La deuxième en date des villes
superposées d'Hissarlik a livré un grand nombre d'objets
de bronze, qui contiennent en général de 8 à 11 p. 100
d'étain -' . C'est peut-être en Crète, où existaient des
mines de cuivre comme à Chypre, que l'alliage fut réalisé
pour la première fois dans le monde égéen ; à l'époque
de Kamarès, vers l'an 2000, l'art du bronze y était déjà
porté à sa perfection-*. La poterie des Cyclades primi-
tives suppose l'existence de vases de métal antérieurs
qui auront servi de modèles pour les vases de terre
cuite -". En ce qui concerne l'Europe occidentale on tend,
avec M. Monlelius et l'école suédoise, à fixer entre les
années 2 000 et 830 avant l'ère chrétienne la durée de
— 13 C. Jullian, Op. cit. I, p. 410 et H9, — 14 Ibid. I, p. J22 et 410 ; II, p. 225.
— lîDiod. V, 22 et 38. — 10 Corbilo était très florissante au temps de l'ylhé.is :
Strab. IV, p. 19", d'après Polybe. — " C. Jullian, Op. cit. Il, p. 492. — 18 Cf. E. de
Bcaurepaire, La fonderie de Port-enBessin, dans le Bull, des Antiq. de Norm.
X. 1882, p. 503 sq. avec la bibliographie de trouvailles antérieures. — 'il Diod.
v, 38. — 20 Jullian, Op. cit. I, p. 410. — 21 Caes. Bell, ijall. III, Il et 20-27.
— 22 L. Siret, loc. cit. p. 101-162. — 23 p|i„. XXXIV, 1.ÎC. — 24 p. Haverlleld, dans
les Mélanges Boissier, p. 230. Contra : T. Rico Holmes, Op. cit. p. 508-311.
— -M G. Perrot, Op. cit. I (1882), p. 829; Ed. Meyer, Op. cit. I, 2 (2» éd. 1909|,
p. 150-131, d'après de Morgan. —26 G. Pcrrol, Op. cit. Il (1884), p. 719 ; Ed. Meyer,
Op. cit. I, 2, p. 410, d'après Kawlinson et de Sarzec. — 27 Ed. Meyer, Op. cit. I, i,
p. 066, d'après VV. Deerpfeld, Troja und /lias, Athènes, 1908, p. 366. —28 A. Mosso.
dans les .Uemorie deW Accnd. dei Lincei, Scienze viorali, série V, fasc. XII,
1907, et Le origini délia cirillà mediterrnniM, p. 229-247. — 20 Ed. Meyer. Op.
cit. I. 2, p. 097 et 707.
STA
Iifi2 —
STA
l'âge du bronze'. L'emploi de ce métal s'est perpétué,
d'ailleurs, aux âges du fer, et II resta très usité jusqu'j'i
la liu de ranliquité, non plus, il est vrai, dans rarmeuienl
comme jadis, mais dans l'art, la parure et l'industrie
domestique.
De bonne heure, cependant, l'élain pur, en dehors de
loul mélange de cuivre, a été employé de son coté
comme matière décorative. Sa rareté et sa belle couleur
lui donnaient du prix. Aux débuts de l'àgc du bronze,
les habitants des cités lacustres de la Suisse l'appré-
ciaient-. On a retrouvé dans les ruines de leurs établis-
semenls de petits lingots en forme de barres triangu-
laires, plus épaisses d'un coté, s'amineissant Jus(iu"à
rexlrémité\ et un lingot discoïde, pesant 1 800 grammes,
muni d'un anneau de bronze pour en faciliter le trans-
port : indices d'une circulation étendue et d'une consom-
mation notable. On a retiré des lacs suisses un certain
nombre de petits objets d'étain fabriqués sans doute sur
place: mince plaque séparant les deux segments d'une
boule d'ambre, rouelles destinées à l'ornementation du
vêtement, bagues, etc. L'élain permettait aussi de décorer
d'incrustations la panse de vases d'argile; les lacs de
Neuchàtel et du Bourget ont fourni plusieurs spécimens
de cette poterie. L'objet le plus remarquable qui ait été
recueilli jusqu'ici provient du lac de Bienne ; c'est un
canard en argile noire, grossièrement modelé, jouet
d'enfant ou ex-voto religieux: les pieds, les yeux, les
ailes ne sont pas indiqués; sur le cou et le dos de petits
fdets d'étain, irrégulièrement éloignés les uns des autres,
le colorent de zébrures blanchâtres '.
liCs textes des poèmes homériques relatifs au xixcyi-cs-
çoç posent deux problèmes''. Il est singulier d'abord
qu'ils appartiennent tous à V Iliade : le xacuÎTSf&ç est
mentionné, lors du siège de Troie, comme une matière
précieuse, en même temps que l'or, l'argent et le bronze'^ ;
au contraire, il n'en est plus question ànnsV Odyssée; on
ne saurait admettre cependant qu'il ail disparu dans
l'intervalle des deux poèmes. M. Bérard suppose très
justement qu'à l'origine l'élain n'arrivait sur les rives de
la mer Egée qu'en d'exceptionnelles occasions et en petites
quantités; il n'était pour les hommes de ce temps qu'une
variété d'argent plus rare et peut-être plus recherchée,
ne s'oxydant jamais. Dans la suite, après la découverte
de grands gisements jusqu'alors inconnus, iladùdevenir
un métal courant, abondant et à vil prix. D'autre part, on
s'est demandé si le zacctTspo; d'Homère et d'Hésiode est
identique à celui des écrivains grecs poslérieurs, au
plumbum (ilbiim des Romains, à l'élain des modernes.
C'est en ce métal que sont faites les jambières d'Achille "'
qui résonnent quand on les frappe" : or l'élain n'a pas
assez de consistance pour (|u'iin en fabrique des pièces
d'armement, et le son qu'il irnd au toucher est sourd.
1 Monteliiis, iiasV Anthropologie, 1901, p. G09-Ci3, d'après VArchiv. fur An-
throp. ISUO, p. 90S-I0I2 {Ciironol. der ait. Pron:e:cit). Voir en sens contraire:
S. Millier, fJrgescliiclite Europas, Slrasli. 1905, p. 49; (J. Jullian, Op. cit. 1
(1908), p. I6il63. en noie. — 2 H. (jinllii-, lleber dvn eirusk. TanscUauilcl
nach dem iS'orden, Franiïforl 1873, p. 4s si|. ; V. Gross, /.ts l'roto-HeUttes ou lei
premiers colom tur les bords des lacs de llieiine et de .\euclidtel, Paris, 1883;
I'. Nicard. L'élain dans les habitations lacustres (d'après F. Keller), Hev. archéol.
IS8I, I, p. 3ii-3i«: U. hapsl, LHain, p. il-29. — 3 Kig. dilns la Hev. archéol.
1881, 1, p. 3iC. — * Fig. ihid. p. 3ii cl 3i5. — '. A. Iii..dciiaucr, Handwerk und
llnndwerker in der homer. Zeit (1873), p. Ili cl i(iii ; U. Hucliiiolz, llomer.
Iteatien, I, i, Leipzig, l»73,p. 3t3-34« ; II. bliinmcr. Op. cil. IV, p. .'53 ; 83.n. i ;377;
W.llelliig, L'épopée homér. (\H'H), p. 301-303 ,(;. l'crrol, IJp. <-i(. VI (IS94). p. 975
clMI (1898). p. 23*; V. Bérard.O/). ci/. I (ISOi). p. 436. — 6 ||otn. /(.XVIII, 474 :
UéptiaislOB travaille tous ces métaux ; cela seinlile indiipiiT i|uc les contemporains
Les autres passages de VIliade semblent faire allu-
sion à des placages ou à des incrustations décoratives :
les garnitures du char de Diomède', la bordure de la
cuirasse de bronze d'.Xsleropaios '"', les zones de la cui-
rasse d'.\gamemnon " et les ûiJL:f.aXo! de son bouclier'-,
la haie de vigne représentée sur le bouclier d'Achille''
sont en xota-iriTeoc;. De luèine dans Hésiode, sur le bouclier
d'Héraklès, Héphaistos ligure, avec le xKjciTspo; le plus
pur, un port de forme ronde oii nagent des dauphins
d'argent et des poissons de bronze". M. Perrot, à la
suite de Beflhelot, suppose qu'il s'agissait, dans ces
différents cas, d'un alliage d'étain, d'argent et de plomb,
analogue à celui qu'on voit incrusté dans l'airain d'une
lame de Vaphio '■■ : ce serait un métal blanc et lendre,
(juoique plus ferme que l'élain pur, el présentant une
autre teinte que l'argent, ce qui permettait de varier les
effets. M. Helbig penserait plutôt à du bronze élamé ;
mais le procédé de l'élamage élail-il déjà connu?
L'exemple allégué d'une ceinture A'Allifae '" est unique
et douteux. Peut-être vaut-il mieux conclure, avec
M. Helbig lui-même, que le poète, pour renforcer l'im-
pression de richesse qu'il voulait produire, a parlé im-
proprement, à propos des jambières d'Achille, du véri-
table xaTTiTspo;, qu'il connaissait mal; les trouvailles
des cités lacustres aideraient à comprendre les autres
passages; partout le mot xaniriTspoç s'appliquerait à
l'élain.
L'emploi de l'élain, à l'époque classique, parait avoir
été toujours assez limité, el les textes qui s'y rapportent
sonten petit nombre. Quelques inscriptions fontallusion,
semble-t-il, à son usage dans les constructions'''. Il faut
meltre à part tout ce qui concerne les miroirs'*, dont il
est (lueslion à l'article spec.iili'm. L'élain était peu propre,
par sa mollesse, à l'exécution d'œuvrcs plastiques ou de
bijoux. L'auteur du traité De mirabilibus Auscullatio-
nibiis parle cependant d'une statue en xaccÎTEpoç, œuvre
fabuleuse de Dédale'". On a voulu voir aussi dans un
texte de Plutarque la mention de petites images de divi-
nités en étain'-". Des pendants d'oreilles en même matière,
consacrés à Artemis Brauronia, figurent dans un inven-
taire du temple de cette déesse à .\lhènes-'. Pour l'orfè-
vrerie domestique, les vases d'usage commun, les auteurs
anciens sont moins sobres d'indications. Il est facile de
comprendre que l'élain dans ce domaine avait un certain
r(jle à jouer. Sou bon marché relatif, comparé au prix
des métaux précieux, l'éclat de sa coloration, qui riva-
lisait avec celle de l'argent, sa parfaite salubrité, qui
contrastait avec le caractère malsain du plomb, le recom-
mandaient. C'est surtout pour conserver les parfums de
toilette el les remèdes médicinaux qu'on avait recours
à des vases ou à des boites d'étain ■*-. .\rislote les com-
pare aux vases d'argent-'. .\ Home, Piaule connaît déjà
d'Homère savaient fon«lre ciiv-mômes le *(tiff<Tî&oç. — '* Ibid. XVIII, 613. — f Ib.
XXI, 592. — 3 Ib. XXIII. 503 (les garnitures sont en or et en .aas.'TîpoO- — '" Ib.
XXIll, 501. — «1 /A. XI, 25. — 12/6. XI, 34. —13 76. XVlll, 565. Sur ce niAnie
bouclier, les taureaux sont en xciiToîttpo; mélange d'or {ib. 574). — U Hesiod.
Scut. 208. — 1» "Eçiii. if/.. 1889, p. 149-150, pi. vn, I. — K Anunli dtW
Instit. 1884, p. 2iC. — 17 Inscr. Qraec. I, u' 319, 1, 5 (à Athènes, comptes d'arclii-
Icclcs ; achat d'étain) ; IX, n« 303,1. 15-16 (à Oropos, réparation d'un temple el
remise en place des donaria apposés au mur : âiso;ùï(v tïiv xaT-cÎTefav. C'est peut-être
û une destination analogue (|u'étail réservé l'élain oITei'l à Asklépios dans son temple
de Corcyre, {Corp. inscr. ijraec. ll* 1838 A, I. 3). — <8 Senec. (.tiuiest. nat. I, 17;
l'Iiu. XXXIII, 130, etc. Cf. Héron de Villefosse à propos d'un miroird'Alise. dans Pro
Alesia, 1, I90C-I907, p. liO-l.lS. — 19 f's. Arist. De mirab. aiiseult. 81. — i3 p|„i.
Adf. stoic. 31, p. 1075 C. — 21 Inscr. yraec. Il, n" Oïi B, I. 28-29. — 22U. Bapst.
Op. cit. p. 38. — '23 Aristol. .Soph. t/. I, p. 1 64 B, 2* ; cf. Œcon. Il, p. 1349 A, 36.
STA
I itiS
STA
les slanufa rasa'. Culuint'llu coiisfille d'ciiipluyur di'
prélërence des murmiles d'étiiin pour faire cuire le vin
el les conlilures de coinj;-. Pline engage à ne se servir
que de pyxides el de vases détaiu pour les onguents el
les pastilles '. Oalien, Scribonius Largus el Fliuius
Valerianus énoncent des prescriptions identiques : les
antidotes doivent être ramassés dans des vases de verre,
de corne, d'argent ou d'étain*, el certains collyres actifs
dans des pyxides délain ^ ; il faut faire bouillir l'huile
dans des vases d'étain *, etc. .Vpulée parle, lui aussi,
d'un slayneum cnsculum ' .
Bien peu d'objets antiques en élain saut parvenus
jusqu'à nous; ce métal est susceptible et périssable ; il n'a
pas duré comme le plomb. M. Bapst n'énumère que cinq
trouvailles, deux en Italie et trois en France*. La plus
riche est la plus ancienne en date : à Pesaro, dans la
deuxième moitié du xviii" siècle, on a recueilli une série
de statuettes (Vénus, Minerve, César à cheval) el de
vases de différentes formes, ainsi qu'un trépied et un
candélabre, le tout très mince el finement travaillé; on
voulut y voir un laraire d'enfant'-'. 11 faut en rapprocher
la trouvaille faite en 1836, à Kuvo, dans un tombeau :
des fourchettes, couteaux, pincettes, trépieds, candé-
labres, poteries, les uns en plomb, les autres en élain,
trop fragiles pour avoir servi, présentaient là aussi un
caractère votif et rituel '". En 1806, l'anse oxydée d'un
vase d'élain provenant de Néris fut analysée; on constata
qu'elle renfermait une petite partie de plomb (élain :
0,6008 ; plondj : 0,3042) ". Entre 180!» et ISIG plusieurs
boulons d'étain furent découverts à Vézelise (Meurthe)'-.
Dans l'Artois, on a rencontré un petit plat circulaire,
avec renllemenlau milieu, les cotés légèrement rabattus,
renfermant un style à écrire " el, à Bélricourl, un autre
plat, où l'on a prétendu reconnaître une marmite légion-
naire du iv^ siècle'". Postérieurement à la publication
du livre de M. Ba^t, un bracelet d'élain a été découvert
à Lazer (Haules-Alpesj, dans une tombe conlenant une
parure complète, en bronze el en fer (collection de
M. G. deManleyer).L'.\nglelerre, pays producteur d'élain,
a fourni des vases en ce métal, tous du Bas-Empire, por-
tant des inscriptions ou anépigraphes ; presque toujours
des monnaies de la fin du m" siècle ou du iv" les accom-
pagnent'-'. Signalons notamment à Sklingham (SufTolk)
douze patt'llae, sur chacune desquelles est gravé un nom
romain de possesseur au nominatif" ; ailleurs, un bassin
avec l'invocalion utere felix*'', un autre vase avec le
chrisme constanlinien '* ; en revanche, une palère, à
laquelle l'aspect des lettres assigne cependant une date
assez tardive, est encore dédiée au dieu Mars''.
L'élain n'est pas propre à la frappe de la monnaie -°.
Les pièces faites avec ce métal s'allèrent vile, surtout au
I l'iaul. fragni. ap. Kcsl. s. V Narica, p. lOe. — -iColum. XII, il, 1. — 3 flin.
X.X1X, 35 ; XXX, 38 cl 57. — i Galcu. De anlid. I, 15 (XIV, p. 59). Cf. De defin.
medtc. 3^4 (XtX, p. 43^). Galien compare udc contusion à la tôle au bosguage
d'un vase d'élain ; c'est la preuve (|uc les objets de ce genre étaient répandus ; De
theriac. ad Pamph. {XiV, p. 3ûy). — 5 Scrib. Largus, l/c compos. mtdic. 4.
— 0 l'iin. Valerian. I, 31 ; III. 4. — ' Apul. Metam. X, il. — » Bapst, Op. cil.
p. 41-4i. — 'JOlivicri, Memorie pcr ta storia delta chitsa Pesarene, Pesaro. 1779.
— to Sclilulz, dans le Bull, delf Jnstil. tS3ii, p. 7.Î. — <1 Mongez, Mém. de llnsl.
classe d'kist. el de littêr. anc. III, 1818, p. 23. — 12 Mêm. des Aiitû/. de
France, III, 18il, p. iM. — n A. Terninck, Jissai sur l'industrie gallo-romaine
en Atrébatie, Arras, IS74, p. 85. — H Du niénic, L'Artois suulerrain, Arras,
1879-1880, III, p. 78. l-'ig. ap. BapsI, Op. cit. pi. ii. — 15 F. Ilavcrlield, JUelanijes
Boissier, p. 251 (avec la bibliographie). — Iti Cvrp. inscr. latin. VII, u^ 1270.
— 17 nid. n- 1271 (à Welney, dans le Norfolk). — 18 Jbid. a' 1272 (provenance
inconnue) ; F. Uaverlield, loc. cit. eu note, fait remarquer que la prétendue
conlact de l'eau, qui les décompose. Les faux monnayeurs
n'iiésitaienl pas néanmoins, dans l'anliquilé, à en fabri-
quer , une loi romaine, citée au Ditjesle, défend l'usage
des immiiii slannci el ptuinliL'i-^. Les ateliers officiels,
dans des circonstances exceptionnelles el particuliè-
rement critiques, ont ils imité les faux monnayeurs'? La
question est controversée, du moins en ce qui concerne
la Grèce et Home, car on sait ((ue les rois de Numidie
du ir siècle avant l'ère clirélienne ont frappé des mon-
naies d'étain--. VŒconomii/ite d'Arislotc " el Pollux ^S
prétendent que Denys de Syracuse l'aurait fait aussi ;
M. Six le conteste el croit que ces textes concernent une
monnaie de cuivre, avec une proportion d'alliage d'élain,
dont l'apparition était en rapport avec une réduction de
la litra par Denys-'. La collection Kécamier, à Lyon,
possède sept cents pièces d'élain trouvées dans la même
ville el frappées avec les coins de deniers d'argent à
l'effigie de Seplime Sévère el de sa famille". M. Babelon
y voit des fausses monnaies. Lenormanl se demandait
si Seplime Sévère, après son expédition de Bretagne,
n'aurait pas organisé à Lyon la frappe de l'élain, avec le
métal venu d'Oulre-Manche, pour remédier à l'insuffi-
sance des envois de cuivre faits de Rome par l'atelier
sénatorial; si l'essai ne fut pas continué, c'est peut-être
parce que la monnaie d'élain se confondait trop faci-
lement avec celle d'argent.
Les anciens connaissaient l'élamage. Pline rapporte
aux Gaulois, el plus particulièrement aux Bituriges,
l'honneur de l'avoir inventé ; le plomb blanc (étain), dit-
il, ne peut servir pour les soudures qu'à la condilion de
le mêler de plomb noir, sinon il corrode l'argent; mais
dans les Gaules on en recouvre des objets de cuivre, qu'il
rend semblables à l'argent même, el ou les appelle alors
incoctitiri ; la mode vint ensuite de recouvrir d'argent,
et non plus d'élain, les pièces du harnachement des
chevaux et les voitures ; le mérite de l'application revient
à Alésia, « le reste aux Bituriges-' ». On a pensé à faire
remonter plus haut la découverte de ce procédé métal-
lurgique ; volontiers on l'attribuerait à quelque peuple
très ancien el nomade de l'Asie Centrale ou de l'Europe
Orientale, les Tziganes par exemple, qui l'aurait do bonne
heure propagé partout-*. Celte hypothèse permetlrail de
donner au mol zatrciTcio; dans Homère le sens d'objet
étamé, aux adjectifs xœcdtTeptvoç et stanneus dans les
textes grecs et lalins que nous avons cités plus haut, le
sens d'étamé : jamais peut-être il ne sérail question
d'objets en étain massif. Elle expliquerait aussi qu'on
ail cru constater des traces d'étamage sur la garniture
en bronze d'une ceinture trouvée dans la nécropole
d\i lli/'ae (Samnium)-', en dehors de toute inlluence
bilurige. Mais ces suppositions paraissent aventu-
lamelta stunnea du Corp. inscr. latin. VII, u» 1 40, peut bien rcnionicr au i" siècle
de notre ère, niais qu'elle est en plomb, el non en élain. — 19 Ephem. epigr. VII,
n" 812 (au musée Aslimolécu d'Oiford). — 20 J.-H. Eckhel, Doctr. num. 1, prolegom.
p. 19; Fr. LeDormaut, La monnaie dans iantig. I, Taris, 1878, p. 211-214;
E. Babelon, Traité des monn. gr. et rom. 1, Paris, 1901, p. 371-374. — SI Iligest.
XLVlll, 10, 9. — 22 E. Baiclon, Op. cit. p. 372. — '23 Arist. Oecon. Il, 2.
— 2k Poil. IX, 79. —-25 Sii, dans la Numism. Chron. XV, 1875, p. 28. — 26p. Dis-
said. Collection Récamier, Catal. des plombs antiques, e(c. Paris cl Londres, 1905.
— 27 l'jin. XXXIV, 162. i;e texte est obscur el très discuté. Le sens des mots religua
glaria u'apparait pas neltcnient; il semble bien cependant qu'ils désignent, par
opposilion aux applicaliuns ultérieures réalisées à Alésia, l'mvention primitive, due
aux Bituriges. Cf. L. Berthoud el K. Durand, dans ProAtesia.H, 1907-1908, p. 317-
322 ; C. Julliail, Bc'J. des Études anc. 1908, p. 209. — '2» Tbéorie de P. BaUiilard,
dans les publications citées plus haut, p. 1459, n. 14. Ct. G. Bapst, Op. cit.
p. 51 sq. — 2a Ann. dell . Inatit. 1884, p. 24« ; W. Helbig, Op. cit. p. 363, note 1.
STA
lifii —
STA
reuses ; aucun texte, aucun fait certain ne les autorisent.
Homère, on l'a vu, peut se comprendre sans ([uon y ait
recours; xa<îC[Téf.'.voç et stanneu.i ont ilù naturellement
désigner tout d'abord des objets en étain, avant d'être
étendus à des objets étamés ; enfin, les traces d'étamage
relevées, dit-on, à AUifae, et nulle part ailleurs pour
une époque aussi archaïque, restent incertaines. Il est
plus sage de s'en tenir à la lettre du passage de Pline,
toujours si curieux d'indiquer l'origine des industries et
découvertes humaines. — on l'a vu précisément pour
l'étain lui-même et Midacritus. Deux observations tendent
à contirmer l'assertion du naturaliste et à lui donner une
singulière vraisemblance. La première, c'est que les
vases et ornements aotiques étamés sont particulière-
ment nombreux dans la Gaule, patrie présumée de l'éta-
mage. Il suffit de rappeler ceux qu'énumère M. Bapst ' :
vases des musées de Dijon et de Saint-Germain, aux
manches élégamment ciselés-, patère de Bourgogne ^
série de palères, bassins, plats et cuillers à encens trouvés
dans le Dauphiné en 1760*, vases de la Haute-Norman-
die', fibules élamées dWrtois et de Flandre'', etc.
.\joulons-y, à titre simplement d'exemple et pour la seule
région bourguignonne, aux abords des ateliers d'Alésia
que cite Pline, trois patères de bronze avec traces d'éta-
mage à l'extérieur, découvertes, la première vers 1860
à Visignot (Côle-d'Or), la seconde en 1833 à Couchey
(Côte-d'Or) — l'une et l'autre sont dédiées au dieu Ali-
sanus' — la troisième à Alésia même en 1883 *, et enfin
huit vases plais de bronze étamé recueillis encore à Alésia
en 1!»09, non plus cette fois dans les ruines de l'époque
gallo-romaine, mais dans un puits-cachette du temps de
rindépendance celtique". En second lieu, nous devons
remanjuer aussi que le peuple des Hituriges et la ville
d'Alésia, dont l'Une prononce les noms, étaient bien placés
pour tenir le rôle qu'il leur assigne. La (Jaule centrale,
nous l'avons dit, possédait d'importants gisements stan-
nifères, déjà exploités à une date reculée; on en a
retrouvé justement aux confins des Bituriges et des
Arvernes, auprès de .\éris, d'où provient cette anse de
vase de 1806, qui atteste une persistance de l'industrie
locale sous l'Empire romain ; en outre, cette région
appartient à la vallée de la Loire, grand chemin de terre
que prenait l'étain des Cassitérides, d'Armorique et de
Grande-Bretagne, au temps du commerce grec, pour
gagner la Méditerranée. Quant à Alésia, les fouilles qui
s'y poursuivent depuis 1905 munirent bien (lu'elle était,
dès avant la conquête romaine, l'un des centres prin-
1 a. Bapsl, Op. cit. p. 53 s,|. — -> IIltou ili- Villefossu, dans le Uutl. ,1c la
suc. des antiq. de France, 1881, p. il:>. — i Ibid. — « (jiylus, Ilec. daiUi(j.
V, l'aris, l.l.i, p. i»». — 5 Cochet. Séputl. gauloises, romaines, sic. l'aris,
IS57, p. ii; Huit, de la Comm. des AiUig. de In Seineinf. III, IS/S-ISÎS,
p. 3VJ. — 0 A. Teniiack, f Artois souterrain. Il, p. ï»2; J. de Basl, Mer. dantiq.
trouvées dans la Flandre, Gaud, l«64, 1, p. Sis. — ' Corp. inscr. latin. XIII, n" ÏS43
el5*fiS. —8 Jbid. Il* 2S75. — 9M. Ilcsnier, Lesvasesdemélat dicourertsà Alésia
en l9Uii, dans fro Ateaia, fL-vricr-mars l'JIO, p. 041-649. Un de ces va>cs a un bord
ïodrouué, qui comprenait, quand il cUiil inlacl, une soiiaulaine du grains de clia-
pelcl au repoussé. Un autre, ovale, porte au centre nn jKiisson. la tète à droite,
dessiné au burin : emblème religieux sans doute. Trois des vases circulaires ont
élé retrouvés emboîtas exactement l'un dans l'autre: or il en est de même pour
les trois bassins, nu peu plus grands (0 ra. H cm. de diamètre au lieu de 0 154),
découverts par labW- Cocliel, toc. cit., dans l'arrondissement de Dieppe en 1856:
peut-être ce détail présente-til, lui aussi, quelque signification religieuse.
— 1" I.. iMatriirliut, /.'industrie des brunziern d Alésia, dans l'rv AUsia III
la»S-l'iU9, p. «6-43'J, et dans les Cil. du Conijr. de lAss. frane. /.our la'ranr.
des scienc^-s à Lille en 19113. - H Cf. I,. Gallois, dans les Ann.de géographie,
19U7, p. 141; Ad. J. Keinacb, dans Pro Alésia, II, 1907-1908, p. iti (avci la
bibliograpbie antérieurel. — Bibmogkipiiii: : Caryopbilus, Ùeanliguii aun, argmti,
stanni, aerit, ferri plumbique fodinis. Vienne, 1754; J.-B. Beckinaun, Beitrâg'e
cipaux de l'industrie du métal en Gaule. Non seulement,
on a retrouvé sur le plateau du Mont-Auxois, avec les
vases de bronze étamé de 1900. les produits d'une fabri-
cation incontestablement celtique, mais encore on
connaît depuis 1908 qinîlques vestiges authentiques des
ateliers d'où ces produits sont sortis, moules en terre
cuite et creusets en terre réfractaire qui servaient à
fondre le bronze '°. On n'en est pas surpris quand on
songe à la position géographique d'Alésia, sur le seuil
de Bourgogne ", au passage des routes de l'étain remon-
tant les vallées de la Loire et de la Seine pour allerrejoi ndre
celle de la Saône et du Rhône. Maurice Bes.nier.
STAPHYLOBOLEIO.V (STatuXoÇoXeîov). — Ce mot dé-
signe soil un vase à contenir le vin', soit une corbeille à
mettre le raisin-, suit le local même dans lequel on foulait
aux pieds les grappes pour faire le vin^ [vinum. E. P.
STAPIIYLODROMOl, .STAPHYLODROMOS [karxeia,
p. 803\
STATER (ïlTaTYjp). — Ce nom qui, originairement,
veut dire « poids » quelconque mesuré à la balance,
comme le terme sémitique sclieqel, fut le plus souvent
employé par les Grecs, pour désigner l'unité monétaire
de l'or'; voilà pourquoi il a pour synonyme le mol
/puG-oSç. Le statère était le double de la drachme, c'est-
à-dire l'équivalent pondéral du didrachme, et dans cette
acception pondérale, on pouvait l'employer indilFérem-
ment pour l'or ou l'argent et même le bronze. Dans les
textes grecs littéraires et épigrapiiiques, on mentionne
fréquemment les ctïttiOeç Kuv.xy,v&!, Aapetzo!', BotoÔTixot,
KopivOiot, ICaXxiotxoi, •l'wxixoi, Aau.^|<axY|Vt;•', 'E<pÉ(7!&i, 'Aiyt-
viLO!, Kc/oxupaioi, KpY,Ttxo!, etc. ; les uns sont en or, les
autres en electrum ou en argent. Cependant, à partir
d'Alexandre, le mot(rraTY,p, employé seul, désigne pres-
que toujours et exclusivement la pièce d'or étalon ; c'est
le slalère d'or de poids allique (S gr. 60) qu'il faut
entendre lorsque le contexte n'indique pas qu'il s'agit
d'une autre espèce de statère.
L'échelle des multiples et des divisions du slalère
était calquée sur celle des multiples et des divi-
sions de la drachme, dont le statère avait deux fois le
poids :
4 Téli'aslulùrc
2 Distati-re
1 Statère ou Clirysus
1,2 HéiiiislatOi'e
i/3 Tfilc
1/4 'lY-luitù
égal en jioids à S diacliiues d'ai'geiit
— 4 —
tcliobole
ti'iobole
(l'argent
zur Gescitichte der Erfindunijen, Leipzig, 1780-180.>, IV; i'. Bayen, Opuscules
chimiques. 11, /tecliercltes sur l'êtatu, l'aris, an VI ; Mougez, Mèm. sur l'étain
des Uoiuains, dins les .Vém. de l'Institut, classe dUist. et de littêr. une. III,
1818. p. i3-i':i ; F.-H.-M. Zippe. Gesehichte der Metalle, Viemie, 1857 ; H.-O. I.eni,
Minéralogie der Griechen und Itomcr, Gotha, 1861 ; G. Smith, The Cassitérides,
Londres, 1863; Rossignol, Les métaux dans l'antiquité, Paris, 1863; Fr. Lenor-
m^al, Les premiiTes civilisations, I, l'aris, 1874; A. Franlz, Blei und Zinn im
Alterthum, ûdiUs la, Berg-und llùttenmûnnische Zeitung, 1880, XXXXIX,p. 365s<|.;
Durréné, Etude sur l'histoire de la production et du commerce de l'étain,
l'aris, IS81 (extrait des Annales du génie civil); G. bapst, Les métaux dans
l'antiquité et au moyen âge: rèlain, Paris 1854 (paru d'abord en articles dans la
Revue archéologique, I88ï-i884); H. blûmoer. Technologie und Terminologie
der Gewerbe und Kànste bel Griechen und itàmern, IV, Leipzig, 1887 : lui. Fuchs
et L. de l.auuay. Traité des gites minéraux et métallifères. II. l'aris, 1S93.
STAI'IIVLIIBULEION. ■ l'bal. s. v. p. 535, M, édil. l'orson ; Bekker, Anecdol.
p. 3113. 15. — -'l'ollux, X, li'.i; Bekter,/. c. — ^ Fbol. /.<■.; Bekker, /. c. ; Hesych.
s. F. ; Suidas, s. e. !:T«»liii ; l'ollux, VII. 151. Cf. Krause, Aageiologie, p. 304, n.2.
STATEH. I Aristopli. iVii*. 1041; flut. 817; l'Ial. Euthydem. p. i'J9; Eryx,
p. 400; Isocrat. p. 365 ut 367; Pollul, III, 87; IV, 173; VU, lOi ; IX, 57 et 84;
Uesycb. Suid. cl l'hot. s. v. [E. Babclon. Traité des monn. gr. et rom. 1^' part,
t. I, p. 436].
STA
Ud.ï —
STA
1/6 Heclé
1/8 HémiU-larté
1/li Hémiheelé
1/lfi iVom inconnu
1/24 MyshéiiiilieclDn
1/48 Moin inconnu
l/9r, _
,'al en poiils au ilioliole il ai-;;iTil
— ti-ihiMiiiolMil,. —
— (iIhiIo —
— li-ilV'morinn —
— hi^niioliole —
— taiiéinorion —
— tioiiiilarliMiiririfin —
A Athènes, d'après le témoignage de quelques inscrip-
tions', on désignait les divisions du statère aussi bien
par les noms des monnaies auxquelles elles correspon-
daient comme poids dans la nomenclature de la série
d'argent, « drachme d'or », « tartémorion d'or » -, que
par les appellations particulières que nous venons
d'indiquer.
I.e statère d'or valaitSO, 22, 24 ou 23 drachmes suivant
que le rapport de l'or à l'argent était de 1 à 10, à 11, à 12
à 12 1/2. Quelquefois, comme chez les Perses [daricus],
on taillait le statère sur un autre poids que la drachme
d'argent pour lui faire valoir exactement 20 drachmes,
quand l'écart de valeur des deux métaux était de plus
de 1 à 10.
On rencontre dans les monnaies, comme dans les
textes, des espèces différentes de slatères dont voici
l'énuméralion :
Stateres Aeginaei (Atyivaioi cxaTripei;). Cette monnaie
sert de base aux calculs dans de nombreux comptes,
par exemple dans une inscription de Delphes aujour-
d'hui au Musée du Louvre ^ Les stateres d'Egine sont
aussi mentionnés à plusieurs reprises dans les docu-
ments épigraphiques d'Athènes'. Il s'agit de pièces
d'argent puisqu'Kgine n'a jamais monnayé l'or. C'est
évidemment le même statère qui, dans une autre ins-
cription de Delphes", compose des sommes dont les
fractions n'atteignent jamais 2 drachmes. 11 faut on con-
clure que dans la monnaie d'Egine, comme dans celle de
Corinthe, on désignait sous le nom de statère le
didrachme d'argent. Le didrachme (12 gr. 57) est, en
effet, la pièce la plus forte et la plus multipliée dans la
série monétaire d'Egine, depuis l'âge de l'hidon jus-
qu'aux beaux temps de l'art''.
Les monnaies d'argent d'Egine ont loulos pour
type (Og. 636C et 6367) une tortue, de mer sur les pièces
primitives \ de terre sur les plus récentes* et, au
revers, un carré creux divisé en plusieurs parties, qui
contiennent, dans les exemplaires frappés aux beaux
temps de Tari, les lettres initiales du nom de la ville,
Air (tig. 6367). Ce type constant leur avait fait donner
le nom populaire de larliies (/eXojvai) '. D'après le témoi-
gnage de Pollux, cllis avaient une grande circulation
1 Corp. inscr. graer. n" liio. — 2 V. l.cnormaiiL, //t'w. numism. 18ii>i,
p. m. — 3 c. i. nr. n' 1688. — * C. i. gr. n" 145 el 150; ETinnf',;
4.,/«.o»iY"»r„ n»' 38r.9 et 4nV8. Voyez il'aulres mentions dans C. i. Alt. t. 1,
n«' l!i* à as. Pic. — " C. i. r/r. n. 1090. — » Vasi|nez Qucigio, Stjslrme miHr.
et moncMiVe, table XXVI, n" 314-413; ;i;ri7. Mus. calnl. Allka,c\.e.,f\. .vxiii sr|.
— 7 Mionnet, t. II, p. 144 sr|., u" i-ti : Sujipl. t. III, p. 5!I4 sq.. n" i-îi.
VllI.
dans le F'éloponèse. On en voyait aussi un assez grand
nombre sur le marché d'Athènes, el le poète Eupolis
dans une de ses comédies faisait recevoir par un per-
sonnage une obole bien marquée de la tortue, oêc/ô;
y-aXXiyéXwvoç. Les mentions fréquentes de stateres d'Egine
dans les inscriptions attiques, inventaires des trésors
sacrés ou comptes de dépenses publiques, condrmenl
cette donnée.
[On donne aussi dans les comptes le nom de stnti'res
éyinétifjues à des pièces d'argent de toute origine et à
types variés, non frappées à Egine, mais étalonnées
suivant le système éginétique, c'est-à-dire dont le statère
pesait environ 12 grammes.]
Alexandrei stateres [ale.vandrei].
AthenieNSES stateres ( 'AQv.vaïot cxaTYiÇEç, '.Vttixoi
7TaTY|pEç). — Pollux '" nomme les slatères d'Athènes
parmi les monnaies d'or du monde grec. C'est à tort
qu'EcklieP' a voulu contester la valeur de son témoi-
gnage, et nier l'existence de cette pièce athénienne. On
connaît non seulement quelques slatères d'une incontes-
Fii:. OSTll. — nu.irt ili
slatùri' ou L/'Iarli'-.
FignSVl. — Sil
statère ou heclt^.
Slalnrcs aUii|ii
table aulhenlicité aux types ordinaires de celte ville, la
lèle de Minerve sur le droit, et, sur le revers, la chouelle
avec les lettres AGE, mais aussi des exemples de toutes
les divisions du statère, jusqu'aux plus minimes. [Cepen-
dant, ces monnaies d'or n'ont été frappées qu'à l'état
d'exception, dans des circonstances critiques de l'histoire
de la capitale de l'Altique, comme lors du siège de 407,
lors de la bataille de Chéronée, en 338, ou à l'occasion
de l'alliance avec Mithridate en 88 av. J.-C. '2. Ces pièces
d'or furent retirées de la circulation aussitôt que les
circonstances qui en avaient nécessité le monnayage
eurent disparu ; de sorte que l'on peut dire, avec Eckhel,
qu'Athènes, sauf ces exceptions, n'a jamais monnayé
que l'argent et le bronze. Aussi, les TTarvipEç 'Attixoî
mentionnés dans les comptes sont, le plus souvent, non
pas des monnaies d'or d'Athènes, mais des monnaies
d'or de toute provenance et de tous types, frappées dans
le système atlique, c'est-à-dire des stateres d'or du
poids étalon de 8 gr. 72 à'8 gr. 60 : tels, les slatères
d'or d'Alexandre el ceux de la plupart des Diadoques.
Ceux-ci, en elfet, en Macédoine, en Thraco, en Syrie el
en général dans tous les pays d'Europe et d'Orient, ont
_ » Mionnel, O.c. t. M. p. Ii7s.|., n- 23-33 ; .Siipp/. t. III, p. 308 s(|., no- 33-42 ;
(cf. le Catalogue 'lu Hril. Muscuni et Babelon, Traité, i- part. Descr. /.«/. I. I,
pi. xxi« et xxx]. - 9 l'ollux, IX, 74 ; llcsych. ■/_,l,:.;n. — "> IX, 57. - " Hoclr.
niim. ret. t. Il, p. îOfi. — '2 lieulf, Les monnaies d'Athmes, p. 59.72; K. liabclon,
lier, des lituâes greci/iw», t. Il, IS89. p. 135; Mélnnges mimism. I. I, p 18»;
Ul. Kiihler, Zeit. fur Num. t. XXI, 1898, p. 5 sq.
184
?TA
— 14(16 —
STA
frappé des monnaies d'or, el les ont (Malonnc^es comme
celles d'Alexandre, suivant le poids atliqnc (S gr. ('.(t en-
viron) ; voilil pourquoi on les englobe généralement
dans les comptes sous le nom de sUi/rres altiqucs ou
xtalères alexandrins. Mais on a pu aussi les désigner
parfois sous les noms des princes dont ces statères portent
les noms : Antiijonei. DcmeIrieL Lijximnc/ipi, Se/eucei,
Antiochei, etc. Il va exception pour les monnaies d"or
des rois d'Kgypte, les Plolemnei, qui n'étaient pas éta-
lonnées suivant le système altique, mais suivant un
étalon spécial à l'Egypte.]
BoF.OTici STATEHEs (BoicoTtxo! cTaTï^fEç), — Monnaie
mentionnée dans les fragments des inventaires du trésor
public athénien du temps de la guerre du Péloponèse'.
L'analogie de
r.cxpression
statères
d'Egine pour
désigner les
didrachmes
de la grande
ile du golfe
Saroniqiie, et l'absence de monnaies d'or des Béotiens,
doivent faire attribuer le nom de statères aux gros
didraclimes d'argent de poids éginétique-, au type du
l)ouclier béotien (lig. 6573)% qui, lorsque l'inventaire en
question fut gravé sur marbre, étaient les plus pesantes
et les plus multipliées des espèces monétaires fabriquées
en Béotie.
CHALCIDli:i STATERES (XaXxiS'.xo! rjTXT'r^çEi). — Monnaie
mentionnée dans la même inscription que la précé-
dente'. Ce sont évidemment encore des pièces d'argent.
[Il s'agit vraisemblablement des statères archaïques, au
type de la roue, avec un carré creux au revers, de l'iie
d'Eubée, attribuables à Clialcis ou à Érétrie, qui ont pour
type une tète de Gorgone et un mufle de lion dans un
carré creux, et des statères moins anciens qui, frappés
de 480 à Wi. sont aux types de la roue et de l'aigle
volant, avec la li'gende 4'AV ; ces statères de Chalcissont
de poids euboïque et pèsent environ 17 grammes \]
CoKCVRAEi STATERES (Kopxupaîoi cTaTTips;). — Cette mon-
naie est mentionnée, avec quelques autres espèces
d'argent, dans les comptes des questeurs du temple
d'Alhéna, antérieurs à
la .vciv" Olympiade ".
Il s'agit évidemment
des plus grosses pièces
I l'argent de Corcyre au
type de la vache
allaitant son veau ''
(fig. 0.j74\ qui pèsent
de 10 gr. .'i.'i à 11 gr. liO», el sont par conséquent des di-
drachmes du système babylonien ou perse [draciima]. Ce
poids se reproduit dans la numismatique de Dyrrha-
chium, colonie de Corcyre '^ Les pièces de Corcyre de
plus petit module au même type, pesant de 3 gr. 82 à
4 gr. 38'", sont le tiers des. grosses ou statères. A Dyr-
rhachium, au contraire, on frappait comme monnaie
1 Rliangabé, Anl. litlU-n. n- M: ; [C. i. Alt. l. I, n» i07J. — 2 V.is<|ucz
Oucipo, l«b. XXV, n" 10-59. — 3 MionncI, O. c. t. Il, p. 100 sq., Il" li-58 ;
K. B.nbclon, TraiU, I" pari. t. I ; p. 493: Brit. JUus. Calai. Central Greeee,
VI. V s,|.;. — (Rliangab«, /. c. ; [C. i. AU. l. I, n. Ï07]. — 5 fE. liabclon, Trait,;
Z' pirl. Descr. hiilorii/w^, l. I, p. 0D7 S(|.]. — « Rhangabé, O. c. n» liS; [C.
1. AU. I. 1, n- lOi à liSl. — 1 Hionocl. t. M, p. lis, n' 1 ; [Bri(. .1/uj. fatal.
Fig. ir.74. — suivre do Cor
divisionnaire une drachme de poids asiatique [draciima],
qui servit de type au victoriatus romain [victoriatis].
CoRi.xTiiu STATERES (KopîvOiot TTïTripEç). Pollux " men-
tionne cette monnaie, et pendant longtemps les numis-
mates, croyant qu'il s'agissait de statères d'or, comme on
ne connaitaucune monnaie de ce métal frappée àCorinthe,
traitaient de mensonger le témoignage du grammairien
d'Alexandrie, appuyé cependant sur la grave autorité
d'un fragment d'Aristote. C'est à Mommsen qu'appar-
tient l'honneur
d'avoir reconnu le
véritable sens du
passage de Pol-
lux '^ Il y est dit
que le statère co-
rinthien valait 10
litrae siciliennes.
C'est donc d'une monnaie d'argent qu'il s'agit et d'après
le poids de la utra, il est manifeste que, dans la phrase
d'Aristote, citée par Pollux, le nom de statère désigne ces
didrachmes de poids attique ;8gr. 60) qui étaient l'espèce
monétaire la plus constamment émise par les Corinthiens.
Ces pièces, toutes marquées delà lettre Ç, initiale de l'or-
thographe primitive du nom de la ville, portent, dans
l'ancien style, la
figure de Pégase et,
au revers, un carré
creux (fig. 6.ï7o); à
la belle époque de
l'art, la tète de Vénus
armée ou de Vénus
sans armes ", au
droit, et le Pégase sur le revers (fig. 6576). Les monnaies
de Corinthe et d'.\thènes ont exactement le mémo étalon
pour base, mais le tétradrachme ne se rencontre jamais
dans la série corinthienne, tandis que le didrachme est,
dans la série athénienne, une exception. Leake " a ingé-
nieusement conjecturé de là que les deux villes avaient
dû conclure une convention par laquelle l'une se réservait
de frapper des didrachmes, et l'autre des tétradrachmes,
afin de ne pas se trouver en lutte sur les marclu-s de la
Grèce et de l'étranger.
Au reste, si le statère d'argent corinthien était origi-
nairement un didrachme de poids altique, s'il pouvait
circuler à ce litre à Athènes et
sur tous les marchés de la Grèce, /^ï=v, ,.5^
à Corinthe même on prit de j /^^i^\1
bonne heure l'habitude de le divi- V-j|f^^^< XT"'^
ser d'une manière particulière,
par tiers, sixièmes et dix-hui-
tièmes, c'est-à-dire sur le modèle
des divisions du statère d'or dans toutes les cités helléni-
ques '". Plus tard, on frappa aussi, en moins grand
nombre, des pièces des 2/3, du dixième, du douzième el
du vingtième, mais, à ce qu'il semble, spécialement pour
le commerce étranger. Les tiers de statère ont pour
type le Pégase entier, les sixièmes un demi Pégase :
ceci est l'indication certaine que les uns étaient consi-
Tliessaly to .\elatia, p. Il', cl pi. xi.(^. — s Va^quci (Jiii'ipo. lablc XXI, n»' 51
55 ; [Urit. .Vus. Calai, cilo. — 9 Vasquez Queipo, lablc XX, n" I i9-l57 ; | Brit.
Mm. Calai. cit6, p. i',.îl. — lo Vasquci.Uucipo, lable XXI, n" 41-M. — n IV, 17*.
— 12 Gesch, tl. tlom. Mùnzwesens, p. 7tf. — 13 F. Lcnormanl, ftev. ntimism.
1806, p. 73-77-, [Brit. Mm. Calai. Corinlh. pi. i si].). — " Weitjhls of
ftreek coins, p. ili. — •'• Mommsen, 0. l. p. 57-63.
STÂ
dOré.s coiiiiiK' (les ilracliincs, les iuilrcs coaiiiio dus In'uii-
drucliiiies ou lriol)ol(.'S (fig. (5377). Ainsi, de ccUr nou-
velle division du slatère d'argent de Coriullie, ê(iiiivalanl
coniuie poids ù un didraelime atliciue, en Irois unilés,
naquit une dracliine parliculière, la drachme coriii-
Ihienne' de "2 gr. ill [iihaciima], divisée à son tour en six
oboles, comme toutes les drachmes grecques.
Mommsen, partant de ces données que l'on peut tenir
pour certaines, a dressé de la manière suivante le tableau
de la valeur pour laquelle les monnaies frappées à
Corinthe étaient admises sur le marché de cette ville et
sur celui d'Athènes. Dans ce lableau les valeurs, à
Corinthe, se rapportent à la drachme corinthienne, et les
valeurs, à Athènes, sont exprimées au moyen de la
drachme altique et de ses divisions :
TAILI.F. MUNETAIIIE
BN PHKSANT I.K
VAI.Ei
liS
STATKK
i: HOL'K U.MTK.
i colin
m
A AlllË
1
3 ili'ucliiiif
i (Irachiiic
2/3
2 —
1 dracliiiiu,
1/-
1 iliaclimi'
U
ubu
es
1 .Irai-liriie
13
1 ilrailime
3 ubok'S
4 oijoles
1/lU
1 l/.'i -
1 1/u -
illi
1 1/2 -
1 —
1/lS
1 —
2,.' 3
1/iU
9/11) —
3/., -
11 existe toute une série de stalères d'argent ou didra-
chnies de poids attique aux types corinthiens, frappés
pendant le cours du siècle qui précéda Alexandre, dans
diverses parties des con-
trées helléniques. On y
voit les noms, les mono-
gramuKis ou les syndjoles
accessoires d'Actiuia,
d'Alyzia d'Acarnanie,
d'Ambracie, d'Argos
Amphilochique, d'Anac-
torium d'Acarnanie (llg. Co78), de Corcyre, de Dyrrha-
chium, de Leucadc, des Locriens, de Naupacte, de Syi-a-
cuse,de Tauromenium de Sicile, deThyreum d'Acarnanie,
d'Agrigente, des l.éontins de Sicile, et d'autres cités en-
core. Eckliel- et Cousinéry ' ont supposé que ces pièces
désignaient les villes où elles ont été frappées comme
des colonies de Corinthe. Haoul Hochette* a pensé
qu'elles avaient plutôt dû être émises à l'occasion de
l'expédition de Timoléon pour la délivrance de Syra-
cuse par les di-
vers peuples qui
y prenaient part
sous la supréma-
tie de Corinthe '.
Les statèresou
didrachmes de
Corinthe, à cause
du Pégase qui
leur servait de type, avaient reçu le nom populaire de
poulains, itwÀoi"; c'est à ce nom que faisait allusion
1 Tliucyi]. I, n . Corp. iiis. ,jr. n" Is4:,. — 2 iJoclr. „um. I. II. p. ^43-255.
— ^ Monnaies dv lu liyne aciuxnnc et des colvnioi Ue Corinthe, p. 107 sq.
— 1 Ann. de CInst. iircli. t. I, p. 330 si|. — S [Urit. Mm. Catat. Corinth.
colonies of Corinth, iiilro.l. p. 48]. — C poilus, IX, 78. — 7 IX, T.'i. — 8 Homolle,
BnlL eorr. hell. 1. VI, p. 132. —9 Homolln, loc. cit. p. 131. — 10 \/trit. Mus.
C'atal. lonia, pi. \%, lig. 8; BaLcloii, Traité, V pari. Ùeacr. Uist. I. Il,
p. I099J. — Il HonioU.-, loc. cit. p. 134. — 12 [Brit. Mus. fatal. lonia, pi. ix,
; d'Épliûse.
1467 — STÂ
i;uri[iidi', dans les vers tie son drame satyrique de Sttron
sur les courtisanes de Corinthe, que cite i'ollux\
[ ciiliTlci sïAïEUlcs (Kç.-riTixoi cTatTipE;). I']s[)èce mentionnée
dans les comptes Déliens* ; il s'agit des didrachmes d'ar-
gent de poids éginéli(iue qu'ont émis laplu|)art des villes
de la Crète (fig, (jo79), du v" au m" siècle avant notre ère. 1
C.liOESIil STATEIiES (KpoiTsToi (îTOtTTipe?) [ciiOESEUUÎS |.
CVZICENl STATEIiES [cYZlCENl].
El'liESll STATEIIES ('E(f.£(7t&i CTaxfips;). — Cette espèce
i|ui figure dans l'énumération des comptes des hiéropes
sacrés à Délos, en 279', désigne probablement les tétra-
drachmes de poids
rliodien(lSgr.28),
si abondants,
qu'Ephèsc lit frap-
per de 390 à 295,
aux types de
l'abeille et d'une
protomé de cerf '"
(fig. 6380). Cepen-
dant, comme ces pièces sont qualifiées tétradrachmes
(T£Tpa3pâ/|Aov 'EcpÉgiov) dans les mêmes inventaires ", on
a pensé qu'il s'agit plutôt, dans l'expression cxaTT.psç
'Etùéaioi, des rares tridrachmes d'argent, de poids rhodien
fil gr. 46), qu'Ephèse frappa de 394 à 387, aux types
de l'abeille et d'Héraclès enfant étoufl'ant les serpents 'K
LAMPSACENI STATERES fXpucoù cxaTTipei; Aa[j.tj/axY,voi). —
Cette monnaie est mentionnée dans divers textes épigra-
pliiques, notamment dans un compte de recettes publi-
ques athénien, datant de l'an 3 de la Lxxxvi' Olympiade ".
Les statères d'or de Lampsaque sont bien connus des
numismates. Ils portent au droit une tète qui varie, ou
bien un sujet tel que Hercule
enfant et les serpents", ou
Tliétis apportant les armes
d'Achille '% et constamment
au revers, dans un carré des-
siné par quatre traits, le demi-
hippocampe ailé qui était l'em-
blème monétaire invariable delacilémysienne (fig. 6581).
Tous ceux que l'on connaît jusqu'à présent sont du même
style et paraissent avoir été frappés pendant un espace
de temps assez restreint, de la fin du V- au milieu du
iv siècle avant notre ère. Les statères de Lampsaque
sont donc exactement contemporains des cyzicènes
[cyzice.m], mais ils en diffèrent entièrement par leur
poids et la nature de leur métal. Ils sont d'or pur et
pèsent de 8 gr. 36, à 8gr. 49 '". Ainsi c'est sur ladarique
d'or [uARicus] et le statère attique, non sur le cyzicène
d'electrum, que ces pièces sont modelées".
[l'IlILII'PEI STATERES(<I>'.XÎ7t7tEioc (TTaTTipeç, /pu^oi <I>'.Xl'7t7r£tOt,
J'/iiltijpei, P/iilipj)i.) Sous cette appellation il faut com-
prendre généralement les célèbres statères d'or de
l'hilippe de Macédoine, le père d'Alexandre, qui ont
pour types la tète d'Apollon et le bige(fig.6o82), rappelant
les victoires de Philippe aux jeux 01ympi([ues. Ces pièces
qui ont le poids attique un peu aHaibli, de 8 gr. 60, sont
13 HhanL-alic
114;
lig. U; E. liabtloii. Traité, 1' pari. I. Il, lue.
\C. i. AU. Il"' 301 à 311; C. i. Ur. Sept, n' Ï4I.S cl 2425]. — H Scslini,
Staleri anlichi, pi. iv, n" 3-'J et pi. il, d» 10 ; [E. IJaLcIon, Traité, i' pari. l. Il,
pi. ci.xxi cl cr.xxii, où lous les slalèi'cs connus de Lampsaque sonl rcpioiluits].
— !■> Scsiiui, pi. VI, w 13. — ifi Mommsen, /lœm. .Vûnci/vs. p. in. — n [■•, |,o-
uormaul, Hev. num. isiis, p. 423 sq. ; [E. Babclon, Traité, 1" pari. l. I, p. 4'JQ ;
2" pari. l. Il, p. 1300
STA
— I 1()8 —
STA
souviMil iiienliomu-es par les auteurs el les textes épi-
grapliitjuos'. On sait que les Gaulois les imitèrent et
frappèrent, jusque chez les Arvernes, des pliiUppeg et
des doubles philippes dor'. Mais après Alexandre, les
deux rois Pliilippe IV Ar-
rliidée et Philippe V ont
frappé à leurs noins des
slatères d"or (lig. 6oS3;,
aussi de poids allique
(8 gr. GO) comme les sla-
tères d'Alexandre, aux-
quels s'applique égale-
-£!&i'. La popularité de ces
ment le nom de a-xz'r.zi^ •^c
ig. 65^3. — Stature d'or
de Philippe Arrliidée.
monnaies chez les Komains après la conquête de la Macé-
doine fait que par extension, à Rome, on donnait le nom
de philippi à toutes les monnaies d'or. Ce nom fui
remis en honneur à partir du
règne des deux empereurs
appelés Philippe. Dans un
rescrit de l'empereur Valé-
rien au procurateur de Syrie,
citée par Trebellius PoUion,
on lit: ilubin Claudio phi-
lippeosnostri cullux annuos
centum quinquayinta''. Le nom de philippi a même
fini, au m"' siècle, par désigner abusivement les mon-
naies de loulmétal: Vopiscus cite des urgenlci pliilippei
minululi el des aerei pliilippei".
PUOCAÏCI STATERES («l'wxocixoi (;Tary,p£;, ttxtYiOcç ow/.atTai,
çtoxalÔEç). Ce terme désigne les monnaies d'électrum de
Phocée, frappées depuis le vr siècle Jusqu'à l'époque
d'Alexandre le Grand. Ces pièces eurent une vogue
immense aux V el i\' siècles, et longtenjps encore après
quelles eurent cessé
d'être frappées. Thucy-
dide parle d'une somme
de deux mille cTa-Tipa;
zio/.'tX-xi ', et Démos-
Llièneles mentionne éga-
lement ". Les inventaires
du trésor du Parthénon,
de 434 à 407, les comptes des hiéropes du temple
d'Apollon à Délos, encore vers 280, attestent que cette
espèce de monnaie figurait abondamment parmi les
offrandes des fidèles*. La division appelée proprement
statère du poids normal de 15 gr. 90, est très rare, mais
l'hecté pesant 2 gr. 65 est au contraire fort répandue et
commune dans les médailliers. Les types en sont extrême-
ment variés, mais ils sont tous accostés d'un symbole, le
phoque, emblème parlant de l'atelier de Phocée (fig. 6584).
« Diod. Sic. XVI, 3; Pollui, IX, 84, dans Hullsch, iletrol. Scripi. l. |,
p. 283 el 294; C. ins. AU. l. IV, n. 834 li, col. H, I. 88 cl 89; comptes des
hiéropes de Délos, lluH. eoir. hell. t. VI, 188», p. 131 ; comptes du temple
d'Eleusis, id. t. VIII, I8K4, p. 198, etc. — 2 H. de La Tour, Allas de
monn. yatiloises, pi. ïi, fig. 3614 sq. — 3 Ce sont ces phiiijipes aussi bieu i|ue
ccui de Philippe, père d'Alciaudre, qui sont iiienlionués dans Tite-Live, XXXIV
5i; XXXVU, 59; XXXIX, 5 et 7 ; XUV, 14. Cf. aussi chez les auteurs latins.
Plaul. Ilud. V, î, 27; Atin. I, 3, 1 ; Trin. IV, 2, 112; llor. Epiai. Il, I, 233
— »Trcbell. Poil. Clau4. 14; cf. Oiijett. XXXIV, i, il, 4; VII, I, 28. — s'vo-
piscus, Aiirel, 9 et 12; Probut, 4. Cf. Momniscn-Blacas, Monn. rom. t. III, p. 08,
note 4 et p. 72, DOte ; K. Lenormaut, Hev. num. 1808, p. 238; Z« monn. dant
l'Anlii/. t. I, p. SI: [E. Bahelon, Trailt}, I" part. t. I, p. 4S0]. — <■ Thucvd. IV
3i. — 1 Uemosth. Conlra Uoeot. p 1019, §36. — s f. ins. Gr. a. 150, J 19 el 22 •
C. ins. AU. l. I, n" 199, 207; l. Il, n" 704. 708, 709; t. IV,' u. 632"*.
— ' Couze, Ustios, pi. VI, I (fac-similé) : Fr. Lenormaut, //et', num. 1868
p. 242; [B. Ilcad, Brit. Mut. calai, lonia, inlrod. p. 22; Ch. Michel, Itecucîl
d'inscr. grccq. p. 4, n« 8]. — 10 [Homollc, Bull. rorr. hell. I. VI, 1882, p. 132. ]
Fig. C584. — Statère de Pliocée (électrura).
Fig. 65Sà. — llecté
J électrum de Uytilcue.
t;3so — Drachme
de Phocidc.
On a aussi, dans l'anliquilé, étendu rappellalioii de pho-
c;i'ideso.u\ hectés d'('lectruni(lig. 6385) frappées à Mylilène
de Lesbos; vers la tin du v"^ siècle, en effet, un traité dont
la teneur nous a été conservée, fut
conclu entre Phocée et Mylilène
pour la frappe en commun, dans
les deux ateliers, de ces hectés
d'électrum de même poids el de
même litre'. Les types de celles
de Mylilène sont aussi très variés,
mais elles ont en symbole un petit coq, à la place du
phoque. Dans les comptes sacrés de Délos, les pho-
caïdes étant en électrum sont naturellement groupés
avec le /oudi'ov Xe-jxov ""; leur métal les fait ranger, par
les auteurs des bas temps, parmi les monnaies de mau-
vais aloi ".]
puocici STATEKES f<t>ojx!xo'; (>TXT?ip£i;). — Tel esl le nom
d'une monnaie que mentionne, parmi d'autres, une inscri-
ption athénienne contemporaine de la guerre du Pélo-
ponèse'-. Les slatères dont il esl ici question doivent
être des pièces d'argent comme ceux de la Béotie el de
Chalcis que mentionne la
même inscription. Les mon-
naies d'argent de la Phocide,
qui débutent dès le milieu du
VI- siècle, ont pour type une
tête de bœuf vue de face, el au
revers une léle d'Artémis.
Klles appartiennent au sys-
tème éginélique. Parmi celles que l'on a jusqu'ici
pesées, les plus fortes sont (lig. 6586) des Irioboles
(3 gr. 10) ". Mais Seslini en a publié une de plus grand
module", dont malheureusement il n'a pas donné le
poids, et rien ne s'oppose à ce que l'on pense qu'il en a
existé de la valeur de deux drachmes que l'on aurait
appelées slatères, car jamais ce nom n'a été appliqué à
des pièces d'argent inférieures au didi-achme '^.
F. Li;X()RMAXT. [E. BaBELON.]
STATER.\ ;libra, p. 1225\
STATIO, STAT10.\.\RIUS. — Le mol stalio désigne
le local el les employés d'un service administratif,
surtout fiscal, d'une slalion postale [cursus publicus,
p. 1635; RATIO, p. 812]'.
C'est aussi le nom du local où se réunissaient à Home,
sous l'Empire, les députés des villes-, ou les groupes
d'étrangers, surtout d'Orientaux^.
Au point de vue militaire, il désigne un poste, c'esl-à-
dire l'endroit el le local aussi bien que la Iroupe ', surtout
celle qui est préposée à la garde des camps, des portes \
de la tente du chef, aux principia^, el aussi les déla-
— tt Hesycli. dans Hullsch, Melrol. Script, l. I, p. 3i8. Sur les phocaides,
Uommsen-Blacas, Monn. rom. t. I, p. 6 ; F. Lenormaut, Bev. num. 1868, p. 238 ;
[B. Head. Brit. Mus. Calai, lonia, intr. p. 20 ; E. Bahelon, Traité, I" part. t. I,
p. 489 ; surtout, 2« part. l. II, p. 1195 à 1230 et pi. clviu à «.iij. — 12 Rhaiigabé,
An/, hetlén. n» 125 ; [C. ins. AU.l. I, n«.307j. — 13 V. Vas<|uez Queipo, table XXIII,
n" 93-110; [B. Head. Bisl. numor. p. 287 ; Bril. Mus. Calai. Central Gretce,
pl. ni] — ^^ Descriplio numorum veterum, p. 171, n* 20. — 15 (•'. Lenormaut,
Berne numismatigue. 1868, p. 430 ; [E. Bahelon, Traité, l" part. t. I, p. 493 :
2- pari. t. I, p. 982 cl pl. lui.
STATIO, STATIoaiABIL.». I Cod. T/ieod. 8, 5, 65. II y a des slationarii du
portorium eu Afrniue (C. Th. 4, 12, 2, 3, 321). — 2 pliu. Bisl. nnt. 16, 86, 1 ;
Suet. .Ver. 37. — 3 V. Turlzewilsch, Orbis in i'rbe: Die Zenlralstiïllen und
Genossenschaften der Landsleute in kaiserliclter Bom, ISieshiu, 1902. —4 Suet.
Tib. 37 : Tac. Ann. 13, 24; 14, 8; Li». 10, .12 3, 3; 5, 44; Caes. Bel. gai. 6,
4t ; Bel. cic. I, 59. — i Tac. Ann. I. 25, 28, 32, 35; It, 13; 13, 35; lies.
Bel. gai. 5, 15; 7, 69; Amuiian. 19, 6, 7. — c llygin. De munit, casl. 10, 32;
Tac. Uial. 1,28.
STA
Ui9
STA
chcmenls chargés (l'un service pcrinatienl '. lin ce dernier
sens tout soldai pourrait s'appeler slulionnrius ; mais
ce mot a été appliqué essentiellement aux postes do
police, tant de l'État que municipaux.
Slalio est aussi le lieu où une flotte est rasseuililée
[CLASSIS].
Contre le brigandage el la piraterie, (léaiix endémiques
dans le monde romain [latifundia, p. 069, LAïitoaMUM,
pihatae], l'Empire a dû établir en beaucoup d'endroits,
outre les frumenlarii rFRi'MENTARius], des postes de po-
lice. A Rome les cohortes urbaines fournissent des stu-
lionarii aux différents quartiers- [uhbanae couoktes].
En Italie, Auguste et Tibère établissent de nombreuses
slationes aux endroits favorables ^ Oe système a dû être
développé par leurs successeurs, surtout par Septime
Sévère', dans l'Italie" et dans les provinces. Les sol-
dats sont fournis par les légions ou par la garde impé-
riale": les postes sont établis soit dans les grandes
villes, Ephèse, Utique', Nicomédie, Byzance ', soit
dans la campagne, sur les grands domaines impériaux '',
dans les districts miniers'", surtout au croisement, à la
bifurcation des routes". Ils sont commandés par des
centurions, par des beneficiarii '^, peut-être aussi par
des curalore^'^, et des curiosi'*. Ils ont les listes et les
signalements des malfaiteurs, poursuivent et arrêtent les
brigands, les esclaves fugitifs''. Ils ont une juridic-
tion sommaire'". Ils s'occupent aussi de la poste. En
Egypte on les voit recevoir les dénonciations pour pil-
lages, voies de fait, désordre public'^. Ils existent encore
sous Dioclétien et sous Constantin, qui interdisent
aux stulionarii de recevoir les plaintes au lieu du
gouverneur, d'avoir des prisons, de s'occuper de la
levée des impôts '*. Mais ils sont remplacés ensuite
par d'autr(« milices, les ageiiles in rébus, les curio.si,
les praef'ectiani. Le mot stutionarius ne désigne plus
que les soldats de garde dans les garnisons et aux
frontières '^
Outre les diogmites, les irénarques, les liméuarqueset
les magistrats spéciaux, assistés d'esclaves publics-"
[dIOCMITAE, IRENAHCUA, LIMEMAHCUA, MAGISTRAÏUS MUNir.I-
l'ALES, p. lo43J, la police municipale a eu aussi ses sla-
lionurii jusqu'au Bas-Empire; ils sont classés parmi
1 C. ins.lat. S, 253i. — ^Dig. 1, 12, 1 § 12. — 3 Suel. Am/. 32 ; TU,. 37. — 4 Tci-
Iq\I. Apol. 2-3. — ô Juv. 3, 306-7 (gardes dans les marais poulins) ; C. ins. /al. 4,
30«1 (àPorapéi) ; Notiz. dei Scai:i, 1902, 08 (iiu soldai de la secundii Parthica
stationarius à Aveia chez les Vcstiui). — 6 A Ephèse {C. ins. lui. 3, 7130) et à
Uli<|ue (Cagiial, Année épigraph. 1899, ii" 1), .'^alls doule par honneur pour les
proconsuls d'Asie et d'Afrique. — 7 C. i. L 3, 7130 ; .133 (légionnaire aijais
curam carccris). — « PMu. Ad Trai. 10, 74, 77-78. — "J Grenfell et Huul,
OxijrincU. Papyr. n« 02; C. i. /. 8, 14 003. V. Roslowzcw, fhUolog . 04,
1905, 297-307; von Doraaszewski, Itôm. Mitth. 17, 1902, p. 334, noie 2, — m C.
i. l. 2, 5181. — tl Iliid. 3, 33S5 ; 10, 312-313 (en 185, en l'annonie) ; S, 11107 ;
Waddinglon, Voj.orc/i. 2524 (Syrie); Gagnai,;, c. 1895, n° ISI (Madeha en Arabie) :
Orelii-Henzcn, 1685 ; Alh. Mitth. 1883, p. 77 (Mislhia en Gilieie). - 12 l'Iin. .\d
Trai. 10, 77-78; Sterrett, Papers. 2,93 (Antioche de l'isidie) ; Grenfellet llunl,
(. c- n"' 02, 64, 05; Gr. L'rlc. Berl. Mus. 522; Waddinglon, l. c; C. i. t. 3,
14329; 3, 17208, 17634; S, 17626, 17 C2S {exacta. expktu statione); 3, 825
[ayensin numere stationis); 7, 990 ; 13, 2, I, 6037 (prima statione); 4,3949, 13,
2, 1, 0137, 6440 (statione iterata). V. von Doinasz.;wski, Westd. Zeitsclir .21,
1902, p. 158-211 ; Wallzing, Mus. Belge, 7, 1903, p. 337-340; Greek Papijr. of.
Ihe Urit. .Mus. i, p. 138, 173; .Nieole, Papyrus de Genève, n" 17. — 13 Gauer,
Eph. epigr. 4, 435, n»> 23-37. _ 14 Mol qui apparaît dans Terlnllien [de fuga, 13).
— ISTerlull. ;. c; Dig. 1 1, 4, 1 § 2, 4. — 1» Or. Urk. Ucrl. Mus.Tii, 321, 322;
Dig. 5, I. 01 g 1 où le tatruncutatur, le chef de posle. ne peut pas juger en matière
pécuniaire. Voir Mitteis, Hermès, 30, 56. — 17 c. Th. s, 5, 1. — I» C. Jusl. 9, 2,
8 (Dioclétien et Maxiniicn) ; C. TU. 8, 5, 1 ; 8, 4, 2 et C. Just. 12, 38, I (loi do
Constantin i our l'Afrique. Les statîonarii primipitariuin sont les suliailernes des
centurions). — '9 C. TU. 7, 20, 2 g 2 (320| ; Amuiian. 18, 3, 3.— 20 /Jig. Il, 4, 1
J 0; 47, 2, 52 § 12; Hin. Ad Trai. 19, 20. — 21 C. i. l. 9, 2438; 2, 2011 ;
C. Th. 6, 29, 1 ; 16, 2, 31 ; C. Jutt. 12, 1, 6 ;.Oplat, Schitm. Donat. 1, 14, 27 ; Actn
les appariteurs elles tninisteria^' . On peut les rapprocher
des 7tapaij,uXaxïTï.t qu'on trouve dans beaucoup de villes
de l'Asie Mineure sous la direction d'un itapatpûXa; ou
d'un àp/iTtapacpuXa?^-, à l'imitation de Pergame sous les
.Xttalides^', et aussi sous les Lagides et à répo((uc
romaine dans les villages d'Egypte^*. En Orient, à l'épo-
que de Justinien, l'empereur met des troupes à la dispo-
sition des gouverneurs, mais leurdéfendd'envoyer pour
la police des XTi(jT&5iojxTa!, des P'.&xioXÛToet, des àTtosXiTTai-"''.
Les grands domaines, les saltus^^', soit des villes^', soit
des particuliers, ont eu aussi leurs gardes, généralement
esclaves ou affranchis, appelés en Occident saltuar-ii^',
en Orient cip£oa.ûXaxeç, ôpo({.ijXaxe(; ^''. Cii Lécrivain.
STATOR. — Au temps de la République romaine, on
trouve désignés sous le nom de statores des appariteurs
de magistrats et particulièrement de gouverneurs de pro-
vinces. Cicéron en parle dans ses lettres', mais sans
qu'on puisse deviner quelles étaient leurs fonctions spé-
ciales et en quoi, par exemple ils diflerent des licteurs.
Les stdtores que les inscriptions signalent, à l'époque
impériale, ont un caractère militaire très net. Ils sont
attachés soit à des préfets d'ailes auxiliaires ^ soit à des
légats légionnaires ^ soit à des gouverneurs de pro-
vinces : il y en avait, en particulier, en Egypte auprès
du préfet ; ils formaient même là une compagnie, sous les
ordres d'un pruefeclus slutorum ' .
Les textes les plus nombreux que l'on possède se rap-
portent aux slulorcs Aiujusli de Rome"; comme tous
ces soldats de police ou d'apparat, qui étaient nHiiiis
autour de l'empereur, ils étaient subordonnés au préfet
du prétoire et constituaient un numerus spécial '', divisé
en centuries ^ Cette troupe étaithiérarchiquement supé-
rieure aux coliortes de vigiles et inférieure aux cohortes
urbaines*. On ne saurait définir la nature propre de
liuirs attributions C'était, dit-on, des ofliciers de justice
et de police ■■'. Dans le camp décrit par Hygin, les slutores
sont établis derrière le praetorium, qu'ils couvrent de
ce côté'". K. Gagnât.
ST/VTUA. — Définilions. Les Anciens ont employé un
grand nombre de termes pour nommer les statues. Ils
les distinguaient d'abord suivant leur destination reli-
gieuse ou profane, suivant le personnage humain ou
Saliirn. Fel. Dat. Migne, Patroi.lut. 8, p. 088. —^^/ourn. of hell. slud. 15, 117;
17, 411 ;/nscr. ùrit. Mus. 3,^19 a;C. ins. ,;r.4 413 c ; 4360 x; Bull. decorr.Uell.
2,202;7, 273; 9,76,346; 10, 54 ; 10, 432 ; Waddinglon, Voy. arcU. 1093 (.; Ath.
MiltU. 8, 329 ; 19, 306 ; Kamsay, Ciliés, p. 307, n° 1 15. — 23 FrHnkel, InscUr. von
Pergam. 1, p. 174. — 21 Voir Bouclié-Leclercq, Histoim des Lagides, Vi , ^.^(i-Gt.
— !iô Bull, de corr. hell. 1893, p. 501-520 ; Justin. Nov. 8, 12, 13, 128,21.
— 26Rostowzew,i. c. — 27 C. i. (. 5,715; Gagnai, An. epigr. 1900, n»25. — 28ûij/.
32, 1, 6; 33, 7, 12 § 4; 33, 7, 15 § 2; Petron. .Sut. 53 ; C. i. l. 5, 2383, 5548,
5702; 8, 0970, 10895; 6, 9874 ; 9, 706, 3421 ; 10, 1085, 1409; Gagnât, L c. 1904,
no 55. _ 20 Ramsay. Geogr. of Asia Mm. 175, 178 ; Ciliés and liish. of Phryyia
1, 2, 615; Corp. ijloss. Il, 177, 48; 111, 330. — BiBi.iOfinAPHiE. Godefroy ad Cod.
ï'/teorf. G, 29 ; Naudet, Oe la police des Bomains sous l'Empire [Mém. Acad. Se. mor.
0, 703-770); llirschfeld, Die SicUerUeitspolizei im rôm. KaiserreicU (Sitz. Ber.
Berl. Akad. 1891, 24, 804; 1893, 411); Mominsen, SlrafrecUt, Leipzig, 1899,
p. 319-322 (trad. fran<;aise, I, p. 358-377) ; Von Domâszewski, Inschrift eines
stationarius [Bôm. Mitth. 1902. 17, 330-335) ; Hohlwein, Note sur la police
égyptienne de l'époque romaine; la police des villages égyptiens à l'époque
romaine {Musée belge, 1902, p. 159-100; 1905, p. 189-194, 394-399]; Bouché-
Leclercq, Histoire des Lagid.s, Paris, 1907, l. IV, p. 50-62.
STATOR. 1 Gic. Ad fam. Il, 17, 1 ; 19, 2 ; X, 21, 2. — iCorp. ins. lat. III, 4369,
4379, 12 356 ; XIII, 8670. — 3 Ibid. III, 8117; Inscr. gr. rom. I, 501. — 4 C. i. I.
III, 0859; Inscr. gr. rom. I, 1262 — 5 C. l. /. VI, 29-49, 2930, 2952, 2950, 29j7,
2958, 32 746, 32 747. — i> Numerus statorum praetorianorum, Ibid. 2951, 2952,
2954, 2955 ; X, 1766. — 7 Ibid. VI, 1009, 2949, 2952, 2953, 2954, 2935, 2938 : XI, 3646.
— 8 Ihid. VI, 1009 : centuriones cohortium praetorianarum et urbanaruîn
statorum, taocati; XI, 5046. — '' Bôm. MiUUed. ->;V1I, 1902, p. 33U s.|. ; Von Do-
niaszewski, Oie Hangordnung der jom. Ueeres, p. 28. — 10 Lib. de niM.
castror. 19.
STA
— 1170
.liviii quelles lepréseulaioiil. Ou tnnivcra «lis .-xiiIkm-
lions pour les mois iooç el iôavov' à larticK- i.un.mium :
pour âYaXjia, àvoptaç, eU.iv, à Tînlicle imai;ii : il
existait chez les tirées .iuol.[ues autres ilésignalions
plus rares-. Chez les Lalius, la statue s'appelle
siijnum, simulacniin, Kftitiia, ('//"/.'/'<'■''• '"'«.'/" '• ^'"
elasse encore les statues, suivant leurs dimensions, eu
colosses, statues de grandeur naturelle, et statuettes
[SIGILLI'M, KiCLi.MM opis \ Suivant leur type, on lesdétinit
comme statues on pied, [-zû.dj. e-xoiv), bustes, (TtiOTOu./,,
imago), hermès [heiîmae: ; ou, comme statues pédestres,
(e'ixwv tteC/,, T.Bltxi.slatiia pedesl ris), ùques.lres Jo' ï--ou,
êotniro;, sKiHifi l'f/in'stris), statues sur chars, [sKiltiae
in bigix, in (jundrigis) '. l/usage était de spécifier par des
termes particuliers de quelle matière étaient faites les
statues, et quel aspect elles présentaient d'après leur alti-
tude et leur costume '.
Nous n'éludions point ici la leclinique de la statuaire
(voir pour les statues de marbre ou de-pierre, sclli'ïi'ka,
pour les statues de bronze, stati'akia ars) : nous nous
occupons seulement de l'origine el du rôle des statues,
de leur disposition dans les monuments sacrés ou pro-
fanes, publics ou privés, enfin de leur mise en place,
de leur entretien, et de leur destinée.
I. Origine el rôle des slalues. — En Grèce, le prin-
cipe créateur de la statuaire est d'origine religieuse ;
les premiers sculpteurs d'idoles ne visent pas à satis-
faire quelque instinct eslliétique, mais obéissent plutôt
au besoin inconscient d'élucider la notion divine par
limage. C'est une des raisonspourlesquelles la plastique
débute assez tard ^ 11 fallait que son apparition fût
préparée parun premier travail de réflexion, organisant
au préalable le type des puissances supra-humaines.
Avant la période d'existence de la statue, on adore les
dieux comme des forces le plus souvent invisibles, et
capables d'animer à l'occasion n'importe quel objets
Les souvenirs de celte époque de croyance subsiste-
ront assez tard. Longtemps après la création de la sta-
tuaire, à l'époque classique, certains xoana étaient
considérés encore comme de véritables fétiches". La
divinité passait pour s'y incorporer temporairement ; ils
étaient la divinité même^ A cette période tout à fait
primitive succède la période aniconique, où la statue
STATUA. ) Arliclc DoNAniuii, noie 130; ajoulcr Scbub,irt, de l'. ortcr i»»'» ]iii,
.i.-v, ïo«vov, ivSçiKî. Philol. l. XXIV, 5C1-5S7; Maj. FrâiiLcl, De verbis
poliuribiis quibus opéra staluaria Graeci notabant, llièsv, Leipzig, 1873.
— 2 II. bliininer, Techiioloijit unU Terminulogie tlcr Oi treibc uni Kùnsle bel
Griechen und Itâmern^ p. 180-1 : Efiao^a, ^t;iii(ia, -luswiia, eïSo;, îSia, Ççov ; pour
les stalueUes, tiÂM^ov, ^ûStf» ; la plupart de ces lermes sont ambigus, parce
qu'ils désignent ^■gaiement des représentaLious peintes ; de mùmc -i^oi se
rencontre tantût dans le sens de relief, Herodot. Il, I3r>, 1; l'ans. Il, 19, 7,
lautût dans le sens de statue, Anth. l'ai. VI, 56, ■>. Sur le mol pp£T«;, cf.
11. Blijmner, o/>. /. p. 180; on reucoutre dans les inscriptions la fornie ^oâvtov,
cl. yn»cr. imul. rnur. Aeijei, III, p. 55, n' US. — 3 U. bliinmer, o/,. l. p. 184 sq. ;
Thésaurus antiquitatum romanarum, congestus a J. 0, Gracvio, 1699, V,
IJ9 sq. ; VII, ÎI8S: X, 5S5 sq., 807 sq. — ' E. Kuhnert, Die Hlaluen su /loss
und zu Wagen bei den Griechen, dans les Jakrb&cher f. klass. Philol. h. v.
A. FIccleisen, 14- Supplenieutbaud, 1885, p. 3i9 sq. — S Elitiv Xili'vr,, n«p-
!>•;■'><, I««i>i, l«i'^ i=;7fuoo;, /.puaii; «jalu» T i« m f «x i«nt y ov ;
staluae ciyili habilu, togatae, hiibitu militari, thoracatae, iconicae, aehilleae.
rour la défmilion de ces termes, voir imago, el Lexicon antiifuitalum roma-
narum, aucl, S. Pilisco, Ml, s. v-. statua. — »» Collignon. //. de la sculpt. ijr.
I, p. I à 100. — 7 Keichel, Veber rorhellenische Gôtierkulte; S. Reioacb,
tter. cril. XLIV, 1897, p. 391 ; Karo, ArcAii-. f. Jleligionswissensch. VII, 1904,
p. 139, lis, 155. — » l>. Foucarl, Le culte de Dionysos en Attigue, 1904,
p. 173; Cb. Uicbel, Jlev. d'hist. des relig. IM'J, p. 141 sq. — 3 Sur la ressem-
blance que présente à ce sujet la religion grecque avec l'aucienuc religiou
égyptienne, G. Foucarl, Jlev. des iJéa, 15 uov. 1908 ; Maspcro, El. de mgthol.
li if.ii-rhéot. égypt. Il, p. 104-5, cbâsses sacrées animées par la présence
iiiteruiiUenlc du dieu. — '0 Overbeek, Berichte '1er Sachs. Gesetlsch. der Wi»-
ig. 63SS. — fie
d'Apbrodile à Papbos.
STA
n'existe pas véritablement, mais se pressent sous les
formes de plusen plus anthropomorphiquesdu symbole'".
Les dieux sont daburd généraleinenl des pierres brutes,
[aiujoilithoi], très sou vent des aérolilhes",
qui, par leur origine mystérieuse, leur
couleur noire, leur forme, frappaient vive-
ment l'imagination populaire. Jusquàla
(in de la vie grecque, on conserva dan's
certains sanctuaires'-' ces symboles natu-
rels que l'on considérait comme la mai-
son d'un dieu iîaetylia] ". Encore à l'épo-
que de la décadence hellénique, les fidèles venaient les
arroser d'huile ou les couronner de bandeleltes '". Peu
à peu, l'instinct de symétrie con-
duisit à façonner ces pierres
suivant des formes régulières el
géométriques; on eut ainsi des
pyramides, des cônes, des co-
lonnes, ou des piliers (lig. (5587,
C388) ''. Beaucoupdecessymboles
avaient subsisté en divers points
de la Grèce et du monde antique
à l'époque de Pausanias. Le plus
célèbre était le cône sacré de
Delphes [ompiialoS'. On leur rendait un culte", mais
en certains endroits on ne comprenait plus leur valeur
symbolique, et on les interprétait comme des sièges ayant
servi à des dieux ou à des héros'\ Un progrès décisif
vers la création de la statue fut fait
lorsqu'on eut l'idée d'envelopper
certaines de ces idoles avec des cha-
pes empruntées à la garde-robe des
temples ;tig. ()o8!)), quelquefois de
les couronner avec des mitres ou des
diadèmes'*. Pour que le symbole
flit en rapport plus étroit avec la di-
vinité, on inventa alors d'y ajouter
quelijues parties caractéristiques
de l'être vivant; en même temps, ces transformations
devaient faciliter la mise en place des ofiTrandes ; on eut de
la sorte des piliers pourvus d'une tête, de bras rudimen-
taires, d'un phallus"; Thermes était créé (fig. 6590),
forme intermédiaire entre le pilier et la statue, qui devait
senscb. 1^64, p. 151 sq.; Baumeister, Denkm. d. kl. Altert. art. Gôtterbilder,
p. 001 ; W. de Visser, Die nicht menschenyestaltigen Gôlter der Griechen, 1903;
Overbeek, Gricch. Kunslmythol. I, 1879, p. 3 sq. ; Gruppe, Griech. iîgthol. und
lïcligionsgesch. p. 77i si|. ; Collignon, B. de la se. gr. l, p. 101 sq. — <* Pausa-
nias mentionne comme aérolitbes les trois pierres d'Orcbomcne, IX, 38, I. — 13 Paus.
VII, ii, 3 ; IX, H, 3 : i7, I ; 35, 1 ; Luc. CAaion, 23; Alej: 30; le galet d'Autibes
est une de ces pierres sacrées ; cf. Cb. Michel, Itec. d'inscr. grecques, n'* 1351.
— 13 Ajouter F. Moore, Uaetylia, dans l'Americ.joum. ofarch. 1903, p. 198 sq.
— liCleni. Al. .y/rom. VII, 1, 4; 4, 2ii ; VIII, 713; Luc. Philops. 30; Tbeopbr.
Char, Iti; Aruob. .\dv. nat. 1, 39; Apul. Florid. I, 1. — 15 S. W. Head, Uisl.
Hum. p. 270, lig. ISl (Apollon d'Ainbracie) ; G. F. Hill, Cat. greek coins Drit. JJus.
pi. ivii lApbrodile de Papbos) ; Paus. I. 41, 2 ; 11, 9, 6; Overbeek, Griech. Kunsl-
myth. v, Apollon, p. 1 à 5 ; Mûnzlaf. 1 à 7. 1, Zeus; p. 5; à Pbarac, en AcbaTc,
trente piliers quadrailgulaires portant cbacuo le nom d'un dieu, Paus. V|[, it,
3-4 ; autres eicniples : VI, 20, 5 ; VIII, 39. 6. — "1 Sur le culte du pilier en Crélc,
Evans, J/^cenuetin tree and pillar cuit and ils mediterran. relations, Joum.of
hell. slad. 1901, p. 99-204; Girard, Ilev. d. il. grecg. 1905, 34 sq. — " Paus. I,
423, 5 ; I, 35, 3 ; IX, 10,3 ; Arisloph. Eguit., scbol. au vei-s 785 ; autres légendes expli-
quaullecullcdesbélyies. Pans. IX, 34, 2: X,24, 6; Ucsiod. rAeoj)on. V, 68 sq.; Plut.
tjuaesl.gr, 137;(nolrc fig. 2394). — l^La Ggure représente ie revers d'une monnaie
de l'impératrice Etruscilla; cf. Fr. Gerbard, idoles cryptocépbales des monnaies de
Samos, Pergé, lasos ; Akad. Abhandl. pi. iix, no* 2, 3, 4-7 ; Baumeistcr, Denkmùler,
I, p. 003, lig. 645 S4[. ; survivances de cet usage à l'ëpoiiue classique ; dans Albcnes
aux Plyntéries, le XW-itt d'Albéna Potias est recouvert d'un voile, paré de bijoux
et piirté dans les rues, Xenopb. Ucllen. I, 4, 2 ; PUil. Alcibiad. 34 ; Foucart, Culte
de Dionys. en Alt. p. 157, t77. — l'J Idoles pourvues de têtes; cf. Artémis de Pergé,
llill, Cat. of greek Coins of Lycia, Br. Mus. pi. xxiv, 6g. 5 et 6 ; pour l'analogie
SÏA
1471 —
STA
Hermès de Di<
se conserver pendant toute la vie antique [hermae]. On
njoulait r|nel(|iiplnis au symbole certains accessoires,
amulettes ou armes'; celle idée conduisit à imaginer
le poZ/fit/iiim (lig. Ojfll), symbole déjà presque complè-
te m en l an-
'i^V^. l 11 ro porno r-
pliique -. Des
lors, la forme
humaine se
dégagea de
plus en plus
de sa gaine;
si, dans cer-
taines statues
de culte, l'ap-
parence rigi-
de, hiérati-
que, devait
subsister lou-
jours ( fi g .
G592)', on peut considérer néanmoins que la statue
existait h \'v\!\i iiulépendanl au début de la période des
xoana.U faut noter qu'avant celle
date la pierre n'avait pas été
seule ;'i fournir les symboles di-
vins ; on adorait pareillement
l'arbre [AHiiOREs sacrai;], et les
animaux. Or ces formes primi-
livês du cLille ont eu aussi leur
iniluence sur le développement
(le la statue. I^azoolali-ie a fourni
à la sculpture des types hybrides
. '^' f|ui' l'esprit grec réussit diflicile-
lii;. i.i'H. — l'niia.iiiuM mont à éliminer"; d'autre pari,
certains xoaiui gardèrent le type
de l'arbre, de la])lanche, ou de la poutre ■; jusqu'à la lin
de la vie grecque, il y oui aussi des divinités arbres''
(fig. 6593; cf. lig. 4«, 2237), auxquelles on atlacliail,
comme aux arbres sacrés, des bandelettes et des figu-
rines. Cette évolution du symboh; aniconique à l'idole
cxpliqnecerlaines particularilés du type des statues ; elle
fait comprendre même ce que fut primitivement le rôle des
effigies sacrées, issue du symbole, laslatue ne vise point
d'abord à être un portrait véritable du dieu: elle est sur-
avcc les tfliàsses éiîyplicnues onu'cs ili" U'Ies en roiule-bosse, Maspcro, Et. de nnjt/i.
cl U'ardi. égypl. I. c. ; Hermès pourvus d'une lèlc avec la harlie en coin, a.nvç-
lïwvwv, ArtemiiJ. Il, 37; les bras des liermès se réduisent souvent à des moignons
en saillie auxigucls peuvent âlrc accrncli^es les courouucs ; cf. Aliillcr-Wieseler,
llcilkm. il. ait. h'iiiisl. I, 3 (fig. 2003]; pour laRg. 0S91, Uerliard. A/m'. Mihamll. Il,
pi. i.»ni, 4. — ' ['. (Jiraid, /tel', des et. grecq. XVllI, lUO.-i, p. 1 sq. Mômes étapes
de transformation pour certains ftïticlics des Gycladcs, Tsountas, 'F.î. àp/_. I.StsT,
p. liiisq., pi. X, n" t ; sur l'Iioplolalrie dans la (jrôce priinilive, A.-J. Keinacli, llt;>\
Uist. des rcliij. ItlO'J, p. 101 s.|. ; p. 30'J s(|.; liUO. p. 1!I7 sc|. — 2 JaMi. il. arch.
Insl. 'Anzeiij. I89G, p. :iii ; Uoschcr, AusfûM. Lexik. der Myth. art. Pnllu-
diiin; E. (iardner. Palladm from A/iikenae, Joiim. of hellen. Slml. 18i)3, p. 11-
±^\ A.-J. Heinacli, /. c. p. 331. Des patladia dérivent les déesses armées encore
existantes au temps de l'ausanias, III, la, 10. — 3 La lig. tt51>3 représente une
statue de culte. d'a|irès Millingcn, Peint, des Vases r/r. pi. i.i; Zeus Teleios de
Tégée, l'aus. VIII, 48, C ; Apollon Amydéen, l'aus. II, 10, 2; Jiiill. corr. Iiell.
l'JoO, p, 430 st|. ; Arlémis d'Epliôse, Roscher, Lexikun, art, .Xrtemis ; f'auly-
Wissowa, Iteal-Encycl. art. Ephesia, p. Util; Apollon Clurinos ix Mégare, f'aus. I,
44, 2 ; Zeus de Cliios, en forme d'tdiélisiiue, Quatrcmère de Ijuincy, Jttp. Olijmp.
p. 11 ; Ilérayiuv d'Argos, l'Iioronis, daris^llcm. Al Strom. i, 24, p. 41S; Dionysos
iifi.iov.oî à Thèlics, ihid. I, p. 348 ; llomolle, De antii/uiss. Dianae sirr.ulacris
drlincis, p. 72 sr(. ; Miillcr-Wicselcr, 0. (. I, pi. u, n" 12, 13, 14. La forme de la
gaine ou du pilier est encore conservée dans les hennés; on rivait des platpics de
métal sur la gaine (ligure 931). — i Démétcr do l'Iiigalie à tétc de cheval, l'ausan.
VIll, i2 ; slaluetles k tétc de v^ichc ou do hrehis, du temple de la Dcspoina à l.yco-
sour.i, l'erdrizel, llidl. de curi: helléii. .X.KIII, IS'J'J.p. «35, avec uno liste du divi-
tout le signe de sa présence, son enveloppe apparente.
La raideur el les conventions d(>s premiers .ronnn ont
pour cause non setilemenl les diffieiillés rniili'i-ieni^s de la
représentation plasliqui;, mais le respecl du lype divin,
le désir de reporter l'esprit aux
primitifs objets d'adoration.
Celte piété fulassez longtemps
un obstacle aux progrès de la
statuaire; les nouveaux ar-
tistes ne cherchèrent d'abord
(ju'à reproduire les idoles an-
ciennes ';dans les colonies, on
imitait exactement les statues
de la métropole". — Kntre le
symbole et la statue, il y avait
pourtant une différence capi-
tale. Tandis que le bétyle ou
l'arbre sacré sont considérés
comme recelant originaire-
ment un esprit mystérieux qui s'y incorpore, la statue ne
devient demeure sacrée que par le l'ail de la consécration
l''ig. (iS!13. — llinnysos arbre.
(iopu(7ii;),(iiii y attire l(Mli(ui ; c'est même la consécration
qui, primitivement, détermine ridenliti' de laslalue, tous
les types divins étant semblables. Celle diff(''i'ence capitale
provoquera toute l'évolution de la statue grecque. Nous
nilészoocéphalcs en Grèce; Gnigniaut. [tcUfi. de rantii). III, p. I 221 . — :>r,ollig!ion,
Sciilpt. f/r. I, lot sq.; les Dioscures de Sparte étaient figurés sous forme de deux
poutres [niose.i:!.!, p. 2.55J; Plut. Oe frat. nmore.p. 478 a; Clem. Al. Slrom. I,
p. 41s ; sur la liera «lavi; de Samos, Callim. Euseb. Prnep. eranff. III, 8 ; t;lem.
Al. Protrept. IV, p. 40; Démêler Karia il Eleusis est représenlée par un tronc
d'.arbre; Tertull. .\pol. llî : Ad mit. I, lî; do môme l'Athéua de Lindos est un
V.t'oï î5o; ; voir encore Arnob. Advers. i/mt. VI, 2. — iJ AiinniiKs saciiar : la lig. 0594
reproduit un vase peint du Louvre; [Irnppe, Or. .Vi/llml. p. 779; Woiichor, l.'e/ier
den Bamnknttus der Bellen. und /(ôm.;Otto Kern, dans l'anly-Wissowa, /leal.
Encycl. III, p. 155 sq., nie l'existence de divinités arbres, four les relations
avec les religions orientales, Maspero, Et. de tmjtli, et d'nrch. égypt. Il, p. 2S7 ;
cylindres chaldéens, lleuzcy, /ter. arcU. 1887, II, p. 267 sq., fig. 8; Di'couv. en
Chnidèe. pi. \\\ bis, n' 17 h, el 4» livr. fasc. 2, p. 287, (ig. g. En tirèce, Zeus
Endcndios de Itliodes, Ilesych. s. v. 'EvSe»Sfo;; Arlémis A„,<;S.^|»« de Laconic.
l'aus. III, lli, 11 ; Artémis Knryatis, l'aus. III, 10, 7 ; Girard, lieo. des et. r/recq.
1905, p. 40. Les dieux manifestent des préférences pour certains bois, llerodol.
V, 82 ; arbres sacrés on rclalion avec la vie des dieux ; Plin. Xiit. Uist. XII, 1 1 ;
l'aus. VIll, 2?, 5; Theoplir. Hisl. plant. IV, 13, 2, etc. — 7 OuaUs reproduit
exaclemenl la Déméter Mélaina de l'higalie, ilétruite d.ins un incendie, Paus.
VIII, 42; Myron sculpte suivant l'iincien lype l'Hécate d'Egine, Overbeck, .Vc/iri/"(7.
335 sq. ; Calamis refait PAthéna Nike d'Olympic d'après un j:on/ion d'Athènes,
lienndorf, Ueller dasCuUbild der Athena Nike ; Festselirift z. 50* r,rîmdmiijsfeier
des Arch. Inst. in llam. Vienne, 1879; SIrabon VIll, 0, 10, mentionne des
.rniinn de Polyclèle qui onl du être exécutés de la même façon. — » Sur ces
statues dites ào,5oC.,x.t«, Diodor. XV 49; Strab. VI, p. 179.
STA
1'.'
STA
-^â
Fig. G59+. —
Xoaiion il'Artémis
trouvé à Délos.
la voyons pordrc peu à pou son raraclt'rp rcligioux, à
mesure que la notion première s'eiVace, el que le rite de
consécration devient moins important.
I,es plus anciennes statues sont dosxoann' (li},'(io!K{,
6o!li: cf. 11^. 1910, i>3(17j, généralement taillés dans le
bois, moins souvent en pierre'-. Malgré leur gaucherie,
ils témoignent déjà d'un grand progrès technique, et sur-
tout d'une profonde évolution religieuse. L'homme est
désormais capable de représenter à sa ressemblance des
dieuxtiont il commence^ fixer l'image et le caractère. Les
tirées avaient conscience de cet efTort, et ils
attribuaient les plus perfectionnés des .roflwrt
au légendaire Di'dale [DAEnALUs]. C'est à
]u-opos de ces idoles, encore toutes proches
des origines, que nous concevons le mieux
ce que représente primitivement la statue à
l'esprit grec. Le .roaiwn est le dieu en per-
sonne', agissant et vivant, tourmenté des
mêmes instincts, des mêmes besoins que
l'homme. Dans le culte qu'on lui rend, on
chi'rche surtout l'occasion de le servir el de
le soigner à la manière humaine : on le lave,
on l'alimente, on l'habille*. 11 est le substitut
du dieu dans le culte et exerce les préroga-
tives sacrées". Souvent, on cache son nom
pour empêcher qu'un ennemi n'agisse sur
lui par puissance magique ". Xon seulement
il a des serviteurs attentifs à contenter ses
désirs \ mais pour réjouir son regard, on
place sous ses yeux d'autres divinités et ses
adorateurs mêmes *. Il est vrai qu'on l'attache pour l'em-
pêcher de quitter la contrée qu'il protège, ou de venir
troubler la tranquillité des mortels'; car on est persuadé
qu'il peut marcher, qu'il est animé d'une vie secrète, au
besoin hostile, et toujours prête à se manifester"; fi
l'occasion, on n'hésite pas à agir sur lui par des moyens
I Sur le sens .lu mol j-onnon, II. BIHmncr, Tichn. imrf Terminol. II. 1T7 ; 0. Jlûllcr,
Arch. d. Kunsty par. GS-69: pour la figure 6595, tlontollc, Deantiq. Dianae simul.
detiacis : CollignoD, Se. gr. lOV sr|. Le mot dérive du verbe lim, gratter, polir,
el s'appli<|ue par conséquent à des œuvres d'un art déjà perfeclionnê, à des eçya
tâîoc, par opposition à l'âïooi uavi;. Le début .le la période des xoaua ne saurait
être fixé exactement ; selon Uelbig, /v«5 Borner. Epos, XXXII, 410 sq., les
Grecs avaient déjà commencé à tailler des statues à forme humaine lors de la
construction des premiers temples. C'est à une époque assez récente que l'on
distingua les xùana par leur attitude et les parlicularilés de leur type, Diodor. I,
98; IV. 76: Apollod. II, 2, 2. — '2 Gardner, Journ. of hell. stud. 1890,
p. 133-1^4, semble attacher une importance excessive au fait qu'on a pu appeler
xoana certaines statues en pierre, ou recouvertes de ptar{ues métalliques. La
majeure partie des xoana était taillée en bois. — 3 pjal, Leges, XI. p. 931 A;
Flularch. De Itid. el Osir. LXXII. — * Voir plus loin à propos de l'entretien
de la statue. — 5 Mariage mystic|ue de la Basilissa avec le .ronnon de Dionvsos
à Limnai, lors île la félc des Aolhesiéries ; Mommsen, Die Féale der Sladt
Alhen^ p. 393 sq. Aux Grandes Dionysies, le xoanon du dieu est amené
au théâtre et siège â l'orchestra pendant la durée des jeux; Mommsen, ibid,
p. 436 sq. — f* Fans. VIII, 25, 4 ; sur le même usage à Rome, cl sur les evocaliones,
voir plus loin. — '* Sur le sens précis du mot : serviteur de la divinité; Marlha,
Les sacerd. alhéti. p. 51. — s C'est là l'origine des à-'à't.^^ztt [&rà'A'i», orner,
parer;, et des ivutiiKaTi ; voir plus loin. — » Xoanon d'Eurynomé prés i'higalie
attaché, f'aus. VIII, 41, 4; slatucs enchaînées à Cliios, Erylhrées, d'après Polémon,
Fraijm. hist. ijraec. III, 146: Aphrodite de Sparte enchaînée, f'aus. ill, 15, Il :
sur une explication locale, légendaire et tardive, de cet usage, ibid. III, 15, 7.
l'origine réelle semble avoir été orientale, l'Iutarch. (Junest. rom.6l : Uio<lor. XVII,
41, 9; yuint. Curt. IV. 31. — 10 Les statues de Dédale marehaienl; Luc.
Philopi. 19: les Khodiens passaient pour avoir appris d'Athéna à fabriquer des
statues vivantes, l'iiidar. Olymji. VII, vers :•:; el jcAo/. ; les xoana (rompaient
les héros el même les dieux par leur apparence de vie; l'Iat. JJenon, 97;
iciiol ad h. l. p. 302 ; sur l'erreur de liera et la fétc des Oaidala en Béotie,
l'aus. IX, 3, I. — 1' Arisloph. Vcsp. 926, et schol. ad h. t.; Schoemanu, Griech.
Allert. Il, p. 474. " Paus. Il, 4, 5 : li.tf,-,,, Si ô^j ti .«', f.(i«, ,oi,„; ; forphyr.
De abtiinenl. Il, IS. — '3 C'est pour cette raison que l'on continue à fabriquer des
xoana à l'épcfiuecLissique, At/ien. Afittheii. XIV, 1^89, p. 9t. Un xoanon est con-
sacré à Juniler CynUiiin au i" siècle avant J.-C, l.cbègue, flécher, siir Délos
matériels pour le contrtiindre à satisfaire aux désirs des
(Idèles; à .Xtliènes. aux Skirophories, on coiivrail un
.roannn de poussière i>our lui faire comprendre que In
campagne desséchée avait besoin de pluie". — Ces figures
conservèrent leiii- puissance sainte et leur caractère divin
longtemps après que la foi populaire eût commencé à
décroître'-. Le .roanonétaitordinairement statue de culte
dans le temple"; on entourait son histoire de légendes
surprenantes ou terribles. Il passait pour être tombé du
ciel ", ou pour avoir été créé selon la volonté des dieux '•\
Souvent on le croyait capable de provoquer la cécité, la
folie ou la mort, pour se venger de ceux qui eussent osé
porter la main sur lui'". Lorsque le xoanon ne pouvait
manifestement se recommander d'une origine divine, on
le disait venu parla merde lointaines régions, ou apporté
par des personnages mythiques'". Les cités se dispu-
taient la possession des plus anciens, des plus illus-
tres"*. On allait jusqu'à se les voler, par piété, de ville
avilie". Dans une place menacée, on les emportait à la
veille de l'assaut-". En cas de péril, le .roanon offrait
un refuge aux suppliants, qui venaient embrasser
ses genoux (fig. 1:208, 2367, 2369, 5673); le dieu
punissait toute atteinte au pouvoir protecteur de sa
statue '-'.
C'est à partir du v' siècle que commence à apparaître
en Grèce le mouvement d'esprit qui changera tout à fait
le rôle et la signihcation des statues. La foi religieuse
n'est pas morte, mais un autre instinct déjà germe et
grandit : l'instinct artistique. Cette puissante tendance va
peu à peu supplanter l'esprit religieux, qui fut toujours
moins vif en Grèce qu'en Orient, parce qu'on ignorait
en grande partie le symbolisme des rites primitifs.
Jusqu'au v' siècle, il n'y a en Grèce que des statues reli-
gieuses ; même les statues d'homme se justifient par un
intérêt de piété. Mais après cette date, la statue tend
à devenir seulement une œuvre d'art ou un [ivT||xa
p. ICO, inscr. 14; au temple d'Apollon Epikourios à Bassae, la statue de culte était
une idole en bois : on n'a pas remarqué de trace de fondatiuns pour une base dans
la cella. Une statue plus récente se dressait au dehors, sur un grand socle donl on a
retrouvé les substructions au sud-ouest. — tt A Troie, le l'alladion est un StoceTé;,
Apollod. III, 12, 3; cf. pour l'Athéna Polias, Paus. 1, 26, 6 ; Lysias, Fragm. 214;
Euripid. Jpfng. Taur. 87 ; Suidas, s. v. Ssokïté; ; W'ôrner, art. Palladion du Lexikon
de Rosciier, col. 3424; sur le StoscTi; i>a/i[Aa d'Ephèse, cf. Kukula, Forsch. in
Fphesos, I, p. 247 sq. — J5 Cn oracle a désigné le bois dont devaient être faites
les statues de Damia et Auxesia, Herodol. V, 82. — 16 L'Artemis Xu^ôScv^ia rend
fous ceux qui l'ont trouvée ; Tirésias devient aveugle pour avoir vu se baigner le
Palladion d'Alalkomenai; cf. pour l'époque romaine, Serv. ad Aen. IV, 166; Satnt-
Augustin. De civil, dei, III, 7 ; Cic. Pro Scattro. 4S. A Ephèse, on entretenait par
des moyens matériels la croyance au pouvoir meurtrier de ta statue ; Isidor.
Peliola IV, ep. 207; Migne, Palrol. gr. LXXVIII, 1299; CEcumen. Ad Acta
aposl.XW. li<U [Palrol. yr. CXVIII, 251). — 17 Paus. III, 23, 2; 23, 4; VII, 5, 5;
X, 19. L'Athéna d'Athènes aurait été le Palladion même d'Ilion; Paus. I, 28, 9. Le
xoanon il'Apollon à Délos aurait été consacré par Erysichtiion, Plutarch., De
Daedal. Plataeens. Frg. X, éd. Didot : voir encore Paus. IX, 40, pour un xoanon
apporté par Thésée et .Ariadne. — '8 Strabon, VI, I, 14, constate que Rome, Lavi-
niuin, l.ucérie, Siris, veulent toutes avoir le réel Palladion de Troie ; sur les p,réten-
tions de Rome, Oviil. Fasii, V!, 423 : sur la façon dont est gardé ce Palladion, Cic.
i 1' Philipp , 23 ; on réclamait l'Arlérois enle»ée parOresle et Iphigénie enTaurideà
la fiis à Brauron, Paus. I, 23, T, à Limnai, ibid. III, 16, 7, à Sparte, ibid. III, 16,
8, el en outre d.ins plusieurs villes d'Asie-Mineurc; Slrab. XII, 2, 6. — 19 Paus.
VIII. 46; llarllia, Sacerd. alh. p. 46. — 2u Dans sa pièce des AoanepAoroi,
Sophocle montrait les dieux d'Uion emportant les xoana à la veille de la prise de la
ville, Schol. Acschyl. Sept, in Theb. V, 310; Fragm. Sopliocl. p. 361, Didot.
Muand Alexandre marche contre Tlièbes, le feu prend au palladion conservé dans
la ville; Aelian., Var. hist. XII, 57. La croyance à la surveillance exercée par
les dieux sur leurs statues survécut longtemps; Zeus aurait empêché lui-même
le rapt el le transport de sa statue d'Ûlympie, Suelon., Caliguta X.XIl ; Dio.
Cassius, LIX, 28, 3. — 21 Strah. VI, I, 14. Scènes sur les vases : hydrie de
Naplcs, Furlwaenglcr-lteicliold, Griech. Xasenmaterei, pi. ixxiv ; amphore de
Vienne, Annali, 1849, p. 159 sq., pi. D ; amphore de Noia, Cat. of vas. British
.Vus. ill. p. 230; n* E, 336; cf. encore une peinture de Ponipéi, Uverbeck,
Apollon, p. 16, lig. 2,
STA
1473
STA
profane. On sera aussi (latlé de posséder dans un temple
une belle statue d'un maître récent quele plus vénérable,
le plus mystérieux xoanon . On commence même à remar-
quer le ridicule des anciennes idoles; on ne se prive pas
de railler leurs postures étranges, leur raideur'. Les
nouvelles divinités provoquent une admiration assuré-
ment plus enthousiaste, mais nullement religieuse; on
croit fort peu à leur vie secrète ^ ; le caractère grave ou
terrible des dieux archaïques s'est atténué dans la sta-
tuaire comme dans la légende'; à la place des xoana
barbares, disparaissant sous les étoffes, les attributs et
les offrandes, les dieux nouveaux ont l'air de splendides
athlètes ou de gracieuses jeunes femmes, et ne sont que
des mortels « en état de gloire » ; comme leurs traits
détendus font paraître une grâce bienveillante, l'art prend
des libertés avec eux ; on s'habitue à les considérer avec
des sentiments tout humains''. Dès le iv" siècle, on a tel-
lement oublié déjà le sens religieux des effigies divines
que r.\plirodite de Guide inspire à un jeune homme une
passion sacrilège"', l'ius tard, Lucien composera avec les
traits des déesses de Calamis, Phidias, ou Praxitèle, le
type idéal d'une beauté complaisante ". Le même
Lucien hiérarchise les dieux « selon leur mérite, c'est-à-
dire la matière dont ils sont faits n''. On ne craindra plus,
à telle époque, de voler aux statues divines les allri-
buls de leur puissance '.
En même temps que la statue devient surtout
œuvre d'art, la sculpture cesse de s'intéresser uni-
quement à la glorification des dieux. Elle consent,
au service des particuliers et des villes, à illustrer le
souvenir des bons citoyens et leurs mérites publics.
Par là encore, la statue perd de son caractère reli-
.gieux. Avec la décadence des mœurs, l'art se mettra de
plus en plus au service de la flatterie; on peut dire
que le respect des effigies de toutes sortes diminue à
mesure que le nombre en augmente. Dans la province
d'.\sie, à l'époque romaine, on est devenu incapable de
distinguer entre les honneurs divins et les honneurs
humains. De simples gouverneurs, à plus forte raison les
I l'iat. Hippias Maj. p. >J : dans .\tbcnéc, .\IV, OU 6, anccdole sur la I.i-lo
de Dt-los; Acusiias, dans Apollodor. Il, 2, i. — 2 Luc. Philops. m; de
Sacrif, H ; Jupit. conf. 8; Jup. trag. H. — 3 I.'anccdole banale racontée par
Slrabon, VIU, p. 353, et par Macrolje, Snlimi. V, 13, p. Î3, sur le Zcus
d'Olympic, est suspecte. — * On pourrait dater approximativement ce changement
d'esprit : en 360, les gens de Ces préfèrent encore l'Aphrodile drapt'^e il IWplirodite
nue. Pour les sentiments nouveatu, voir les commentaires des visiteurs du temple
d'Aphrodite de Cnidc, ),uc., De amorib. 1 1 sr]. ; cf. encore la phrase de
(Juinlilicn, Inst. orat. .\ll, 10, 5, sur le Zcus de Phidias. — ^ Luc , de Amorib.
13 sq. Il ne faut voir dans cette anecdote qu'une légende significative ; voir aussi
Aelian. Yar. hisl. LK, 39. — « Luc. Imaijin. 0. — "> Luc. Deor. rom:
passim ; Jap, trag. 1 k li. — •* Luc. Jup. trag. ±b, 10 ; Deor. Dialoy. 7, 10 ;
Justin, XXXLX, i. — 9 Frânkel, Inschr. v. Pdrgumon, n" lVt\ Beurlier, De divinis
honorib. quos acceperuiU Alexandt:r et sucfcssores ejus, p. 102, — lO Dédicace
d'une statue d'Isis, à Éphèsc, Hicks, Inscr. of British Mus. Itl, n" 303 ; à Blaundos
deMvsie, même cas; cf Lebas, Voy. en As. Min. 1044; Rei: de pldlol. 1, 1845,
p. dl8. — 1' L'usage avail commencé à l'époque macédonienne; Seleucus I*' est
représenté comme iwuso^ifw;. Appain. Stjr, 37, Libauius, I, p. 301 ; Lysiiua({ue sous
les traits d'Héraklès, Anth. Palai. 11. p. 654; Auguste est figuré à Césaréc sous les
traits de Jupiter, Joseph. lictt. jicd. 1, ±\ (fig. 3902) ; ^'é^on prend le premier
la corona radiata; son exemple est suivi par Gallien, cf. Trebcllius, 16, 18;
Commod.: est figuré en Hercule, Lamprid. 9 (v, fig, 3810) ; à ce sujet cf. une
épigramme de Dion (bassins dîins les Aor. coll-ctan. de Mai, II, p. 225; Beurlier,
Hissai sur te culte rendu aux empereurs romains, p. 41 sq. — 12 Temples-
musées : cf. l'Asklcpieion de Cos, Herondas, mime IV; galerie de tablcaui et de
sculptures dans l'Heraion de Samos ; Slrab. XIV, ch. 14. — 13 Chariles de
Boupalos conservées dans les apparlemenis d'Attale, Paus. IX, 33, 6; Inschr. v.
Perijamon, VIIM, n" 40, 48,50. Sur la collection d'art des Altalides, Conze, Sitz.
der Berl. .\kad. der ^^isseusch. 1893, p. 207 sq. ; Krankel, Jahrb. des arch.
Inslil.M, 1S9I, p. 49; l'onlremoli et CoUignon, Pergame, p. 151, 190. Sur le
musée de Juba 11, voir, à propos des statuts trouvées à Chercliell, Ac. des Inscr.
VIU.
rois, ont un temple et des prêtres pour leur statue".
Les formules des dédicaces reflètent le changement d'es-
prit ; non seulement hommes et dieux y voisinent d'égal
à égal, mais il arrive que l'on consacre la statue d'un dieu
à un homme "'.A Rome même, il devient de règle de figurer
les empereurs sous les types consacres en Grèce pour les
dieux, et de traiter leur statue comme effigie sacrée".
Pour achever de détruire le sens religieux des sta-
tues, l'ornementation privée s'en empare; à partir de
l'époque macédonienne, la statuaire de genre s'em-
ploie à décorer les maisons et les parcs; on n'apprécie
plus alors les statues que pour leur valeur esthétique ; les
temples eux-mêmes deviennent des musées '-, avec les-
quels rivalisent les collections des particuliers et des
rois ".C'est le moment où une société raffinée commence à
s'intéresser historiquement à l'art". On pourchasse en
Grèce et en .^sie, jusque dans les sanctuaires, les origi-
naux célèbres. On les copie, on les adapte à outrance.
Jamais la statuaire n'a eu tant de diffusion '», et en appa-
rence plus de gloire; l'ErosdeThespies attire les touristes
du monde entier avant que Néron l'enlève à la ville
déchue '^ Aux fêtes de cour données par les souverains
d'Egypte et d'Asie, de magnifiques statues, vêtues d'or,
défilent en processions". Mais cette gloire est suspecte.
.\ partir de l'époque hellénistique, la statue vise à l'effet ;
elle a conscience, semble-t-il, de plaire surtout par
ses dimensions colossales, ou pour des circonstances
piquantes, bizarres". Comme on a moins de respect
pour elle, on l'utilise à des emplois matériels ; elle de-
vient clepsydre, lampadophore, ou fontaine", à moins
qu'elle ne serve au charlatanisme des faux devins -".
C'est la superstition populaire qui garde le plus pieu-
sement, de la Grèce à Rome et jusqu'aux temps
modernes, un souvenir décoloré du sens originel de
la statue ; le peuple croira longtemps qu'elle est
vivante-', comme à l'époque où le dieu habitait mysté-
rieusement sous son enveloppe de bois ou de pierre.
II. l'emploi et LA DISPOSITION DES STATUES. — La StatUC
étant aux origines en relation étroite avec la vie reli-
C. r. m. p. lO-lS. — 1» Sur 'a naissance de l'élude de la statuaire, au point de vue
critique et historique, C. Kobert, Arch. Maerchen, p. 40 sq., p. 1 13-120 ; Ilauser,
Die neu-att. Jieliefs, p. 180-1. — 13 Au i" siècle, la statuaire grecque a porté
son influence jus(iu'aui Indes; Philost., Vita Apollon. III, 11; cf. Fouclier, Les
bas reliefs gréco-bouddhiques du Gandhdra; voir aussi Monum. Piot, VII,
1900, monuments gréco-bouddhiques. — 16 cic. In Verrem, II, 4, 2. — 17 Cal-
lixen. ap. Atlien. V, p, 190 sq., fèlc de Ptolcmée II ; Polyh. XXX!, 3, 13.
— 1** Colosse de Khodes, Zeus de l'Agora de Tareote, par Lysippe; statue de
Sérapis à Alexandrie, où le sculpteur passe pour avoir amalgamé les éléments de
façon magi()ue, Jlev. arch. 1902, II, p. 3-21 ; 1903, II, p. 177-204. Sur une slalue
magique d'Hécate, Euseb. Praep. evang. V, 14; le Zeus de Lysippe à Tarcnte est
une statue équilibrée, (|ui résiste aux plus violents orages, mais ((u'on peut remufr
à la main; Plin. l\. hist. XXXIV, 40; on adrnire le Laocoon. à Konie, parce
qu'il est taillé d'un sful bloc, Plin. A'. Hisl. XXXVI, 5. — 19 HcrmJs-clepsydre
de l'agora de Pergame. Insch. v. Pergamon, VIII, n« 183; Conze, Zur Topogr. v.
Perijamon d..ns les Sitz. d. Berl. A/cad. 1S84, p. 10-11 ; éphèbc de Ponipéi
lampadophore, Mon. antichi, X, 1901, p, G41-654; Artémis lampadophorc
d'Éphèse, Hicks, Jiiscr. Drit. .Vus. 111. p. 4, u" 481, 1. 81 ; le Faune Barberini con-
servé à Munich servait de fontaine, probablement dans les jardins de Néron ;
II. Bulle, yo/lrj. d. arch. Inst. XVl, 1901, p. 1 à 18; hydrophorc fontaine, Monum.
Piot, 1903, X, p. 8 sq. avec une liste de statues-fontaines; voir encore Monum.
Piot, 1890,111, p. 167 sq. pi. XIX, et p. 171, avec liste de statues utilisées de même
sorte; statues pour foutaioes, à Pompéi : Overbeck, Pompeji, p. 483 sq. : ibid.
p. 488, petits bronzes employés comme supports. L'utilitarisme dans la statuaire
sévit particulièrement à Byzance ; A. Michel. H. de l'art, I, p. 280 ; il te continue
pendant le Moyen Age ; tête de centaure du Musée de Spire transformée en peson de
balance; S. Reinach, Bronzes fig. de ladaule rom., p. 114, n" 117.— 20 Gusman,
Pompéi, p. 80, A Rome, on appelait ncurospastes ^seL-RospASTosj des statues mues
mécaniquement el qui rendaient des oracles. Les prêtres mithriaqucs utilisaient
(es statues de leur dieu pour organiser de prélendus miracles : cf. Cumont ; Textes
et monum. relatifs à Mtthra, II, 233 sq. fig. 280, p. 373. — 21 La croyance à la
185
STA
— UTi
STA
gieusc, c'est d'abord pour les besoins du cullo qu'où
l'emploie: ensuite seuleinenl, elle sert à la décoralion
des villes, aux liommages rendus dans la vie publique ;
en dernier lieu, on en dispose pour la salisfaclion des
besoins des particuliers. L'ordre logique que nous allons
suivre se trouve donc être à peu prés un ordre chronolo-
gique, autant qu'une séparation systématique peut cor-
respondre i\ la réelle et historique évolution de la statue.
A. Les staties et la vie relicieise. — 1. Statues de
(lieux /tors des temples. — En Grèce, dans la vie reli-
gieuse, et même à l'époque classique, la statue, étant le
substitut du dieu, est plus nécessaire au culte que le
lemple. Lorsqu une statue venait à disparaître d'un
sanctuaire, il arrivait qu'on abandonnât la place'.
D'autre part, dans une ville comme Athènes, un dieu
de l'importance de Zeus Soter se passait fort bien de
lemple, et se contentait dune simple statue-. Beaucoup
de centres religieux^ étaient établis en plein air, autour
d'effigies placées sur les montagnes ou sur les collines ',
dans les bois sacrés^, près des fontaines et des
sources '' [aoiae, llg. 395], au bord des mers ', au long
des routes', sur les limites agraires '; les symboles
divins qu'on y trouvait, souvent des xoana fort
antiques'", étaient protégés par de simples édicules ",
ou placés dans des niches'-; lorsqu'on le pouvait,
vie des statues a son origine en Orient et en Egypte: G. Foucart, Bel', des îdèes,
i5 nov. 1908; statues magiques des Assyriens, d'après les fragm. de Cliérémon,
dans une lettre de Psellus, Bull, de corr. heîlèn. 1, p. 205 cl note :: : Psellus,
M(ff<rRi«y txfi ^i61to6^xTi, V, p. 478 ; statues magiques et vivantes ^iu palais
d'Héphaistos. Honier. Iliad. XVlll, 4l7-i20. Le point de départ en Grèce est la
croyance à la vie du .rortnon ; les statues des Telchiues ont un renom d'êtres
magiques, et les Telcliines eux-mêmes passent pour de malicieux enchanteurs ;
cf. Pindar. Ohjmp. VU, 50. Les xoana voyageaient ; It^gende de l'Hèraklès
<i'Erytlirèes, Paus. Vil, 5, 7 ; statues de Diomède en Daunie qui, jetées à la mer,
reviennent d'elles-mêmes en place, Tsetzès. Comm. a't Ltjcophr. 015 ; une légende
analogue dans Paus. III, 23, 2; sur les miracles des xoana^ Strab. VI, I, 14;
Lycophr. Cass. 9TS-99J ; Athen. XU, 4; Eurip. Iphig. Taur. 11C5 sq. ; le regard
do certains xoana cause la démence; Paus. 111, Itî, 7; l'Artémis de Pellène a la
propriété de dessécher les arbres, et d en faire tomber les fruits, Plutarcli. Arattts,
Zi. Le j-oanon a une volonté qu'il manifeste : voir pour Artcmis Orlliia, Paus.
Il, 24, 6; pour la statue d Wmraon, Diodor. Sic. XVII, 50; pour les prodiges
des statues au temple d'Hiérapolis, Luc, l/e dea Syr. 10, 30, 37 ; nombreux
miracles cités par Plutarch. De orac. XXlll; certaines statues passaient poiu- des
êtres humains encore viiants sous la pierre, Paus. IX, 21, 1 et î. Elles agissaient
comme des humrtins ; anecdote de la statue de Théagénès qui, insultée, se laisse
choir sur l'ennemi, le tue et est mise en Jugement, Paus. VI, 11, 0-8. En plusieurs
autres occasions. les statues sont traitées comme des êtres animés ; histoire du tau-
reau de Corcyre, Paus. V, 27, 910 ; X, 9, 3-4; voir aussi V, 27, 1-7, pour une statue
eusorcelèe. Nombreuses anecdotes dans Lucien sur des stalues vivantes, Philops.
sq. ; l'une guérit la lièvre et fustige les voleurs ; une autre liante la demeure
comme un revenant ; statue guérisseuse, Deor. convent. 12. On crevait certaines
statues douées de la parole; origine de celle superstition en Egypte, Maspero,
Hisl. anc. des peuples de l'Orient cluss. I, 119-120; en Chaldée, ibid. 1, 079;
statues parlantes, statues prophétiques, mentionnées par Plutarch. De fort.
Rom. IX. De orac. XVIII. Celle croyance se renouvelle au temps d Apollonius
de Tyane; cf. V. Chapot, La prov. rom. d'.isie. p. 52t. Dans les circonstances
graves, les stalues manifestaient leur angoisse; elles pleuraient, saignaient ou se
couvraient de sueur; ainsi l'Héraklès donné par Lysippc à Alexandre prédit la
mort du roi; Martial. IX. 44; Stat., .S'i/r., IV, I ; voir encore Jul. Obsequens,
XXI, et les prodiges des statues à la mort de César; Virgil. Georij. I, 480; voir
aussi Plutarch. Timol. 12, Coriol. 3s. Anecdote du rire de la statue de Zeus,
Sueton. Catig. 22. La croyance à la vie des statues dure pendant toute l'époque
romaine ; cas de la statac d'Apollon qui tombe d'un toit et se retrouve
couchée dans un lit, Vopisc. Florian. p. 232 ; statue qui descend de son piédestal,
l.iï. X, 21 ; lors des invasious barbares, les stalues repoussent lenvahisseur,
Pholii Biblioth. éd. Bekker, p. Ou. I. 25 s.|., p. 'in, I. 22. On pourrait suivre
celle curieuse super^liliun à travers tout le Moyeu Age. — I Paus. IX, 33 '6. On a
de bons exemples à Dclos de limportance primordiale accordée à la statue : c'est
elle qui quelquefois détermine le tcmplejusque dans sa forme architecturale ; ainsi,
dans le temple des Athéniens, dit Temple aux sept slatues, le plan est conformé aux
dispositions de la base demi-circulaire où reposaient les dieux : pour laisser aper-
cevoir du dehors les effigies sacrées, on avait même ouvert dans le mur du naos en
plus de la porte, deux fenêtres : à ces ouvertures correspondaient les piliers du pro-
domos. — 2 Celle statue était placée dans le voisinage du Porlir|ue Koval. Paus I
3, 2; Judeicb, ropojr. der Sladt Athen, p. 302-3, note p. 303. Même usage
â Komc. Le Mars de la voie Appicnne n'a; pas île temple; Liv., XI, 3.-3 paus.
on les abritait dans les grottes ou les cavernes " :
quelquefois on les logeait dans les arbres (fig. 448 ,i"
[AEDICLLA, AMiiORES SACRAE. Daus Ics viUes, Ics Porti-
ques et les Propylées avaient leurs stalues sacrées'^;
l'Acropole'*, l'Agora'', les monuments publics destinés
à la vie civile ou aux fêtes'* regorgeaient d'effigies
de diiMix : il y en avait encore de ci de là par les
rues, sans compter les liermès I^uermae^, qui, dans
les carrefours, étaient honorés d'offrandes non san-
glantes par la piété publique.
i. Slatues de dieux dans les /eitiples. — Le temple
n'est primitivement que la maison de protection du
symbole divin. La lai'on dont y sont disposées les slatues
révèle en détail l'évolution que nous avons déjà sommai-
rement signalée : on va des principes religieux aux
principes esthétiques. .\u début, on veut, par le moyen
des effigies sacrées, créer une sorte d'enseignement
visuel, mettre sous les yeux des fidèles un dieu, une
famille de dieux, ou quelquefois un cycle de légendes.
Plus tard, on cherche surtout à compléter l'efTel de la
décoration architecturale ", en même temps qu'on vise
à réunir dans les temples le plus grand nombre possible
de chefs-d'œuvre.
C'est dans la cella que se trouve la statue de
culte, l'î'ooç-". Elle est parfois invisible aux fidèles, ou
II, 20, 10, 26, 3; Vlll, 30, 10; IX, 25, i; 34. 3; 38, 5; 41,6. — ' Pans. 1, 32, 2;
41, 9 ; .4 nth. Pat. VI, 208 ; IX, 249 ; E. Kuhnert. Statue und Ort in ihrem \erhattn.
hei den Griecli. dans les Jahrà. (. cl. Philol. 14' Suppl. 1885. — i Paus. IX,
30, 9 ; 34, 4: Plut. .4/ei. 14. — 6 Curlius, flnstik der Oriech. an Quellen, Abh.
d. Berl. Akad. 1870, p. 139; aménagement des slatues près de la source Pirénc
inférieure, à Corinlhe ; cf. fons. Ce sont surtout des stalues de Muses, Plat. Phaedr.
I, 1 ; Paus. IX, 12, 6 ; quelquefois de Pan. Anth. Pal. IX, 330 : ou d'Hermès, Paus.
II, 31-10; pour d'autres divinités. Paus. II. 2, 8, 3, 5 ; groupes jusliliés par des
légendes locales, Theocril. Vil. 0. et schol. Les sources enfermées daus les sanctuaires
recevaient une statue du dieu du temple : Paus. 111, 20, 7; IV, 33. 4. — ' Paus. I,
I, 3, II, 3, 4, VII, 21, 10; Poséidon du môle de Cenchrées, II, 2, 3; du port du
Nymphaion, III, 23, 2; v. encore Strab. VIII, 313; Serv. ad Aen. III, 12; Paus.
ni, 24, 5. — s Hermann. De lerminis ; slatues d'Hermès 'EvoS,,; : Theocr. 25. 4;
Anlh. Pal. VI, 299; IX, 314; Paus. Vil, 27, 1 ; Strab. Vlll, p. 313 ; Plal. Hip-
parch., 228 d.; autres divinités, Curlius, Ablt. Berl. Akad. 1854, p. 252 sq.
— ^Surtout des Hermès, Paus. Il, 38, 7; Vlll, 31, 6; quelquefois aussi d'autres
dieux, ou même des héros; Paus. Vlll, 35, 2; Anth. Pal. IX, 316. — i^ Xoanon
d'Âlhéna sur une roule, Paus, III, 19, 7; .roona de Pan, en grand nombre, dans Pile
de Psyttaleia; Paus. 1, 36, 2. — " Slrab. Vlll, 343 : aediccu. - '2 Paus. IX, 29, 6 ;
Decharmc, Arch. des miss, scient. 1867, p. 176. — 13 Paus. Il, 23, I; Vil, 25,
10; Vlll, 42, I: X. 32, 3; Luc. Deor. dial. IV, I: grotte de Pan à PAcropole
d'Athènes, Simon, (ragm. 136 ; Paus. I. 28, 4; Vlll, 56, 6; c'est quelquefois la
position do la grotte qui amène à y placer une statue; Paus. II, 25, 4; III, 23,
2 ; quebiucfois c'est une légende loca'e, Paus. IX, 39, 2 ; X, 32, 4. — 1* Athen. XV,
70tc: Plin. XII. 5; Paus. 11,31, 10; .ln(/i. Pal. IX, 314; on installait volontiers les
stalues sous le feuillage des platanes ; Philostral. V, 2, 1-10; Plut. Dern. XXXI:
Philetis de Cos, ap. Athen. XUI, 508 F; Anth. Pal. IX, 314. — '5 Paus. 11. 3.
2; IV, 33, 3. — '6 Stalues de Zeus et d'Alhéna, sur presque toutes les acropoles:
outre Athènes, voir Paus. Il, 24, 3 ; 29, 1 ; lU, 21-9; 22, 9; 26, 5; IV, SI, 0;
autres divinités; Paus. I. 15, t ; II, 2, 6 : 2, 8; 9, 8; 34, 1; III, II, 11; Vil. 22, 2;
Inseltr. r. Pergamon. VIlli, n" 183; Plut. Cimon, H ; Paus. III, 21,8. — 17 L'agora
est surtout la place de Zeus : Strab. VI, 3, I ; souvent aussi d'Hermès, des dieux
protecteurs de la ville, ondes divinités d'intérôl local: Kuhnert,/. c. p. 295 s<|.
— 18 Kuhnert, /. c. 290 sq. — 19 Perrol, -1/éf. Weil. 1898, la scutpt. dans le temple
grec. — 20 5ur le terme -So;, voirnoNARicM, note 156; à l'époque classique, chaque dieu
a sa statue de culte : Pausanias mentionne comme une rareté l'oriental Altis qui
est adoré sans effigie ; VII, 20. 3. Ce ne peut-être (|ue par exception qu'on voit
des statues de culte placées ailleurs que dans la cella : le cas se produisit à Délos,
après l'abandon du temple archai'que dit Porinos Naos: l'Apollon de Tektaios et
d'Angelion fut alors transféré, vers 270 au plus tard, dans le grand lemple nou-
vellemeul édillé; en attendant la lin des travaux, il y fut installé, semble-t il, d:.ns
le prodomos. C'est une «juestion de savoir si, à l'époque homérique, il existait
déjà des stalues de culte; Vlliade niontionnc seulement ime Alhéna assise, placée
dans un temple troyen, VI. 9 0. 273, 303. Laslatue paraît bien exceptionnelle à celle
époque ; partout ailleurs il est simp'cnient question d'un .5c;»i; ; Iliad. VIII, 47 :
XXIU, 148 ; Odyss. Vlll, 162.3, 363. A l'époque post-homérii|ue, l'usage le plus ancien
semble avoir été d'installer la statue de culte loutau fond de la cella. contre le mur;
ainsi dans les trésors de Sélinonle et de Gela, à Olynipie : puis, peu à peu, la statue
s'avance dans la cella du côté du proiiaos ; ce n'est d'ailleurs pas une loi absolue:
dans le temple de la Despoina à Lycosoura, la base du groupe de Damophon est tout
au fond de la cella, contre le mur d'arrière du temple, et elle est isolée par une grille.
STA
STA
visible seulement certains jours '. Quelquefois elle
est placée, bien en vue, sur une colonne; quelque-
fois elle a pour base un piédestal (cf. plus haut
lig. 6594; cf. iig. 3-2G), ou un trône (fig. 6595)=. Il arrive
qu"on l'abrite derrière un voile ou dans une aedicule
en forme de cliàsse ou de chapelle ; il arrive aussi qu'on
la sépare du reste du naos par une balustrade, Ip'jiAa.
soit pleine, soit à jour, s'éle-
vant à hauteur d'appui'.
Elle est debout ou assise,
et disposée de façon à rece-
voir commodément les ado-
rations '*. .\ l'origine, c'est
Hg. C39Ô. — .stalue de ciille . °
sur un (ronn. Monnaie ilAiuos. d Ordinaire Un XOttHOÎl l 11X16
statue de bois était plus
facile à transporter pour les besoins des cérémonies.
En certains endroits, cette effigie, souvent grossière,
était honorée directement par la piété des fidèles ; on
la couvrait de guirlandes, de tablettes votives, ou même
d'offrandes plus singulières, par exemple de chevelures '.
A mesure que les principes esthétiques triomphent'',
on tend à remplacer le xoanon par des statues d'exé-
cution plus moderne, richement travaillées dans le
marbre, le bronze, et souvent dans l'ivoire et l'or; le
demi-jour de la cella était particulièrement favorable
aux statues chryséléphantines ^ebir]'. Dès lors, les
xoana disparaissent des nouveaux temples et sont relé-
gués dans les vieux édifices, où on les conserve surtout
comme reliques*. Rarement les anciennes et les nou-
velles statues coexistent dans la cella'; en tout cas, les
effigies les plus récentes prennent de plus en plus l'impor-
tance principale. Parfois le désir de rappeler le passé fait
placer dans leurs mains les antiques xoana '". Mais elles
ne sont le plus "souvent que des adaptations très libres
des types primitifs". Peu à peu leurs dimensions gran-
dissent jusqu'à excéder les proportions du temple'-^.
Ces statues colossales expriment le suprême effort des
cités rivales et de l'art dans la représentation des dieux.
Les anciens sanctuaires devaient étr" d'abord des édi-
fices restreints, comparables aux laraires pour le peu
f l>anâ certains anciens lenipie:^ comme â Séliuonle, et eu quelques autres
sanctuaires, il existe en arrière de la cella uu adijton, tabernacle de la stalue
invisible. Statues visibles certains jours seulement; cf. l'aus. il, lit; VIII, H, i-5 ; IX,
i3, 3. Mioïc usage en Italie; Llic. Jn l'en-. Il, i, 45. — 2 La base de la statue
de culte porte assez souvent des décorations en relief, se rapportant à l'bistoire du
dieu; ainsi, à Manlinée, Taus. Vltl. ?, le socle de la stalue de Lalouc el de ses enfants,
aujourdhui au uiusi^e d'Alliènes, salle VI , u" i 1 5-2 1 7. Le trône a une importance encore
plus grande, cf Reicbel, Vorheilen. Gôtlur/cuHe. La Iig. (>59lj reproduit une monnaie
d'.Ainos en Tbracc ; Poole, Cai. u/'gr. Coins Brit. Mus, p. SO ; pour le Irôue du Zens
d'Olympie, cf. les restaur. proposées par tjualremère de (Juincy el autres, Jiipit.
Oli/mp.fi. VI et vil : cf. Duruy [ffis;. des Grecs, l,p. 33l,.lr<r/i. Zeit. I1S32, pi. xuii.clc.;
à propos du trône de lApollon Amycb'en, BuU. dfcorr. helL 1900, p. 430 sq : Frazer.
Pausan. III, IS.O, p. 351 sq. — 3 Statues de culte protégées par un voile, l*aus. V, \i,
% : statues de culte dans une édicule [aediclla] ; statues isolées par une balustrade ;
Fans. V, 11, i-i). A Olvmpic. balustrade en marbre blanc, décorée de peintures sur
les cotés, avec une porte pour l'accès. — l Aescli. Sffit. adv. Theh. 93 : les dieux
sonl dits : ïjîSjo!. — ^ Eurip. éJippolyt. v. 73 à 84 ; pour les otTrandes de chevelures,
l'aus. Il, 11, C. — 6 L'usage a pu commencer assez tôt; la têlearclia'iquede la Héra
d'Olympie semble avoir appartenu à une stalue de culte, Colliguon, //. de la se. gr. I,
fig. 115. — 7 Voir, à l'article ebcii. les précautions prises à Olmypie, à Allièoes, à f'cl-
lène, pour les statues cbrysélèphantines. — 8Sirab..VlV, 1, 20, p. 6UJ ; à Éplièsc, les
roaiia sont placés dans les vieux temples du Solmissos ; à Atliéues, le xoanon
d'Alliéna Polias était de même dans l'Eiccblbeion ; la plus ancienne efligiede Dionysos
d'Eleutlières est dans le plus vieux temple. Mommsen, Die Festc d. St. Athefi,
p. i3ii, note 4; de même à Liiniia, iOid. p. 392; xoanon conservé uniquement
comme relique, Pans. IX, 40, 3.-9 Pans. Il, 17, 3. — <0 Ainsi lArlérois de Killion,
à Cliypre, œuvre de Praxitèle, Jahrb. d. Kais. Sainml. d. Oiter. Kaiserh. V, 1887,
pl. I. Luc Aphrodite de .\aples (n" 1323) s appuie sur une idole peinte. — " Ainsi
l'Apollon sminthien de Scopas, l'Apollon sauroctunc de Praxitèle, ou l'Artémis
de BraurOD, dont la Diane de Gabies. au Louvre, semble être une réplique.
d'étendue ". Le maître du lieuy avait seul son effigie, sauf
le cas de temples dédiés à plusieurs divinités parèdres,
Qsol 5ÛVVÏ01 '* ; on resserrait alors les statues de culte sur la
même base '% ou bien on divisait le naos en deux par un
mur de refend, de façon à ce que chaque statue occupât
un des côtés de la cella "■'. La première infraction à cette
simplicité primitive se produit lorsqu'on place, .à côté de
la divinité principale, d'autres dieux qui ont avec elle un
rapport plus ou moins étroit de filiation mythique, ou
dont la présence ne peut s'expliquer que par des légendes
locales". On est alors amené à constituer de véritables
familles de dieux " ; les statues secondaires sont rangées
autour du simulacre principal, quelquefois sur des de-
grés en contre-bas '^ Ces groupes exposent la destination
du temple, l'histoire des dieux qu'on y honore ; ils com-
plètent l'instruction qu'offrent les sculptures décoratives
des frontons el des frises -". Il est vrai qu'avec le temps,
la Ihéoxénie devenant plus large et les statues plus
nombreuses, on renonce à l'étroitesse rigoureuse du
principe ; sans aucune parenté avec le rnaitre du temple,
des tlieux nouveaux s'introduisent dans la cella-'.
Ces dieux habitaient depuis longtemps au voisinage,
mais sans avoir obtenu d'abord l'accès de la partie vraiment
sacrée de l'édilice. Leurs statues formaient les aYiÀjjiaTa,
placés ordinairement dans le pronaos. Ils figuraient là
comme la cour du dieu principal, et semblaient venus
en bons voisins pour le réjouir de leur compagnie. Leurs
statues étaient dédiées au mailre du sanctuaire^- ; elles
se mêlaient à celles des dieux locaux dépossédés, des
héros introducteurs du culte, fondateurs des jeux ou du
culte". Lorsque le principe religieux se fut affaibli,
on fut conduit à multiplier les àYaXuaTa : un mouvement
général faisait souhaiter partout, même dans les plus
humbles cités et les pays les plus reculés =', quelques-uns
des chefs-d'œuvre que créaient les artistes des grandes
villes d'art. Naturellement les centres célèbres profilèrent
les premiers de l'abondance des statues ■'. .\vec la
facilité accrue des communications, la religion était
devenue moins locale; on apportait dans les temples
principaux les effigies des petits possesseurs de sanc-
— I^Strab. VIII, p. 353. —>■> Il semble qu un souvenir des dispositions primitives
se retrouve jusqu'au bout dans l'étroitesse de la cella iempi.umI. _ Il Paus. I, 8, 4 ;
VII, 20, -4, etc. — 15 Pans. VI, 2i, 7: VIII, 9, 1 ; 37, 3. (Juelqucfois les statues
sont taillées dans un même bloc, Paus. VIII, 37, I. — 16 C'est le cas du .«ôî
S:s)ioJ;; Paus. Il, 10; VIII. 9-1 ; à Athènes, au Parthcnon, un seul des deux côtés
du naos servait au culte; l'autre formait le Parihénon proprement dit et l'opistlio-
do-ne, Bitil. corr. hell. 1908, p. 50S. — ''i Kuhuerl, /. c. — I» Paus. IX, 33, 3 ; I,
2, 4; I, 28, 6 ; par exemple les groupes doubles du temple d'Asklépios à Messène,
ibid. IV, 31, 10. — '9 Paus. VIII, 37, 1. — 'X Sur le rôle des sculptures décoratives
du temple, à ce point de vue, Americ. journ. of arch. 1893, p. 20-27; l'exacte
correspondance des sculptures décoratives du temple avec lliistoire du dieu n'est
pourtant pas une règle absolue. — -< Paus. VII, 20, 7 : Isis et Sérapis dans un temple
d'Apollon. — i- Sur cet usage, Jlei: arch. 1844, I, 439 ; 1848, V, 248 ; Longpérier.
fat. des Or. du Loutre, n° 69, p. 17; Bull. corr. hell. I, 308; Annali, 1834.
p. 223; sur le sens précis d'à;akni, Bekker, .4nccrf. 324, 4. — 23 Paus. Il, 11,
6; III, 20, 5; V, 10, 10 ; VIII, 31, 7; c'est à titre d'introducteur du Culte que Pégase
est placé à Athènes dans le bois sacré de Dionysos, Paus. I, 2, 5. — 24 Platées
ne se contente pas de la liera de Callimac|uc, mais veut aussi faire travailler Praxi-
tèle ; Paus. IX, 2, :. Les Tégéales tiennent k posséder uue statue de Scopas; Paus.
VIII, 47, i sq.; Lysippe va travailler polir le petit sanctuaire d'Alysia, en Acar-
nanic ; Collignon, Lysipp. p. 76. On cilait comme une rareté Tilhronion en Phocidc,
où le temple d'Apollon n'avait pas de statue; Paus. X, 33, II. Ou appelle Scopas
en Asic-.Mincure, el à Cortyue, en Crète, Paus. VIII, 28, I. — 25 P. ex. le sanctuaire
d'AskIepios à Messène, Paus. IV, 31, 10 ; llleraion de Samoa, Slrab. p. 037; ou
l'Heraion d'Olympie, Paus. V, 17, I. La quautité des statues présentes dans Iss
temples parait être en rapport avec l'importance et la diffusion des cultes: dans
les sanctuaires d'intérêt local, les statues soûl à la fois moins nombreuses el plus
groupées : ainsi, Paus. I, 8, 4 ; 43, 0 ; 44, 2 ; II, 24, 5; X, 2, 7, 34, I : d'autres lois
la pauvreté de la contrée est seule cause de la rareté des statues ; ainsi en
Phocide; Paris, Elalée, p. 120 si|.
STA
liTG —
SI A
tuaires' ; il fallul à la longue les reléguer jusque sous
les portiques, dans le péristyle -. Là même, ces statues
gardaient au moins leur signification esthétique. Elles
étaient comme les annexes du temple, détachées et
éloignées des parois murales, mais unies à lédifice dont
elles étaient les« membres dispersés ». Leurs piédestaux
ramenaient la pensée vers les supports des architraves.
Les colonnes qui les soutenaient semblaient sœurs des
colonnes du temple^.
3. Sladies d'/iomines dans les temples. — Outre la
statue de culte et les k-filax^Ti. les temples recèlent
encore la multitude des statues d'oflTrandes, àvaôr, ^axa
^noNARiiM. Ce sont le plus sou-
vent des statues de mortels.
L'usage est ancien et révèle bien
l'étroit rapport primitif de la sta-
tuaire avec la vie religieuse. On
veut rester sous le regard même
de la divinité, pour mieux s'as-
surer sa constante faveur ; d'autre
part, on espère, étant placé dans
le temple, bénéficier de la vie
divine et du profit matériel des
sacrifices. Car, à l'origine, la
statue d'homme, comme la statue
de dieu, est la personne même ;
elle participe dès lors à tous les
besoins des êtres vivants : dans
les dédicaces de consécration, on
a soin de recommander tel ou tel
aux dieux en général, mieux
encore à un seul protecteur par-
ticulier ; cet usage s'est conservé
jusqu'à la fin de la vie grecque '.
Mais plus tard cette précaution
pieuse ne fut plus, semble-l-il,
qu'un détour; comme on n'osait
s'ériger à soi-même ou ériger à ses proches une
1 Cela ne va pas pourlauL jus(|u'a la couâlilutiuu de l'aiilliéoDs, assez rares en
Grèce: Paus 1, 10,9; II. î, 8, iô, f>: III, ii. 8; IV, i2, l ; Jmcr. gr. XII, 8, n> 374.
— 2 a Olympie, on a relevé de nombreuses iraets de bases sur le pavement du
péristyle de rileraion el du temple de Zeus ; ce sont en majorité des statues de
bronze. ilt:rm>s ou xoana de divinités dans le péristyle des temples, Paus. 11, 1 1, 8 ;
VIII, 31, IT. — 3 l.ecbal, .4ii Musée de l'Acropole, p. iCO. — » S. licinacli,
Epiyr. grecq. p. 37^; la dédicace est faite à to:is les dieuv, ou à un eu particulier;
i|ucb|uerois uni> prière accompagne la dédicace. — 5 p. Foucart, Itcv. arcJt. t86tï,
I, p. tii3. — C La volonté des fîd^'les lui donne une destination; c'est pourquoi,
pir exemple, les Korés ont toutes un avaul-br.>s rapporté; le sculpteur complétait la
slatue selon le désir de l'aclictcur. — ' Telle est la destination des statues clivpriotes
ililM les Mai.res du sacriliec, flee. arc/i. 1679, I, p. 3i3 ; Perrol. U. de l'Art. III,
iSV sc|., et aussi de certaines statues espagnoles de style gréco-phénicien, lleuzcv
//(///, de rorr. hellén. XV, ISl'l, p. CI5 : citons enfin, à Athènes, le Moschophore de
l'Acropole, Léchai, A» M. de t'Âcrop. p. 106. — « Léchai, Au JJ. de i.Acrop.
p. iG4 sq. La statue reproduite par la hg. G597 est l'œuvre du sculpteur Anténor;
Musée de l'Acropole d'Alhéncs; cf. Anlike Denkm. I, pi. un; l'errot, Hisl. de
l'Art, t. Vlll, pi. 11. — 9 La statue reproduite à la fig. 039S est celle du Kouros dit
de Tliéra; sur cette slalue et sur les Apollons archa'iques eu général, cf. Déonna,
Ces .ipotlons- archaïques, p. 9 sq. On reconnaît aujourd'hui que certains de ces
Kouroi ont bien pu ô!re des Apollons cl m5me des statues de culte: cf.
lleonna. /. e.. n'» 77, 81, Ii7 ; d'autres, de simples athlètes. Pour !a plupart,
ce sont cependant des types impersonnels; il est bon de noier <{u'on en
trojie une preuie dans le fail que le Colosse îles .Xaviens, oITert à Apollon Délien
comme à,i«r..«, est appelé i.îj.'.; dans la dédicace. — 10 La base, transition entre
le sol et la slalue, a une importance assez grande qui vient des idées orientales :
on attribuait une inlluence mystérieuse à ce (|ui touchait le sol ; des statuet-
tes très anciennes sont déiii préparées pour s'enfoncer dans la terre par une base
prophylaclique en forme de pointe. Les létes de bélier et le Gorgoneion sculptés
sur la bas; d'Iphira tidés (tig. 6599) ont la même signification : ce sont des apo-
tropaia. Kn tirêce la for.ne de la base dérive de la plinthe, support des statues
archarqucs : à l'origine, les bas^s, dans la rainure desquelles la statue s'encaslre
sont Ires |cu élevées, llomolle, Bull, de corr. Iiellén. XII, p. iC7 ; Deonna, Les
. 6396. — Koré
d'Aoténor.
,-^i:X^.
Apollon
effigie, privilège à l'origine divin, on évitait l'uSoiç en
consacrant la statue aux Immortels". Primitivement,
on satisfaisait aux prérogatives
des dieux en se gardant d'élever à
des hommes des statues iconiques.
C'est assez tard que l'àviOr.aa
s'achemine à reproduire le portrait
individuel. Il n'est d'abord qu'une
effigie impersonnelle °, destinée à
charmer, par sa beauté el même
par sa seule présence, le cœur du
dieu. Son rôle est de rappeler, à
l'occasion, un sacrifice ou une
offrande ', mais non les traits précis
du sacrificateur, du donateur. Telles
sont les célèbres Korés de l'Acro-
pole (fig. 6596), interprétées
d'abord, lors de leur découverte,
comme statues d'.\théna, prê-
tresses, ou orantes*. Tels sont
aussi, en grande partie les Kouroi
archaïques (fig. 6597', impropre-
ment appelés Apollons^. .\vec eux,
nous avons le type primitif de la
slatue d'offrande. Plus tard, les idées ont changé. Les
hommes veulenl surtout
défier la mort, en faisant
fixer dans le marbre ou
le bronze un souvenir exact
de leurs traits 'IMAG0^
— Les statues d'offrande
sont généralement placées
dans le péribole des tem-
ples, ou dans les bâtiments
accessoires. Ellessonl dres-
sées sur des colonnes ou
sur des bases (fig. 6589) '"
petites aedicules; àdemi-cacltées par les arbres, animées
Apoll. arclt.. base de Xénopliaiitos, n" I-; base du colosse de Délos, n» SI ; base
de Cliaropinos le (*arien, n* Û9; base du Kouros du Sounion. u" 7; voir aussi
que ques bases de monuments funéraires atliques, qui supportaient peut-être des
A'oiiroi, Aihen. .Vilthcil. IV, p. SS9 sq. Pour les «têtues funéraires seulement, la
base est parfois pyramidantc : cf. la base de Vourva, Perrot, IJ. de l'.Xrt, VIII, p. 82,
fig. 30. Ou peut diviser les bases en bases simples, sans ornement, arrondies ou
é4|uarries, quelquefois ovales ; et en bases architectouiques, qui portent un décor
sculpté, quelquefois peint. L'idée des bases sculptées est assez ancienne:
voir ci-dessus (fig. 1)590) la base d'une statue d'Iphicartidès, Huit, de corr.
Iie'.l. I. XII, pi. mu; Collignon, U. de la se. gr. I, p. 131, fig. 65. Les orne
menis sculplés sont variés; cf. Jaltrl/. des arch. /nsl. IV, 93, n» 7 ; JIus. Dorbou.
8, 56; 11, 26; pour les bases des /l'otifoi archaïques, Deonna, Les Apoll. arch.
55-46; pour les bases des Korés <le l'Acropole, Collignon, H. de ta .Çc. gr. I,
349 sq., 365, 39Î; Lechat, Au Mus. de l'Acr. p. i37; Perrol, U. de l'.in. VIII,
p. 593, fig. 298 ; p. 82, fig. 50. Voir une base à chapiteau supportant un Kouros
trojvé à Délos, Deonna, Les Apoll. arch. n* 107. Plus tard les bases s'élargissent et
s'étendent ; p. e\. la base du monument des Progones, près du Portique d'Anligone à
Délos; elles deviennent quelquefois circulaires ou demi-circulaires ; base du temple
des Athéniens à Délos, dit « temple des sept statues » ; base du Pliilippeion â
Olvmpic; base de la tholos de Marraana. ii Delphes. Plusieurs eveniples de bases
triangulaires : base d'Iphicartidès à Délos, base de la Nit^è de Paconios à Olynipie, etc.
De nombreuses bases ont porté des ornements peints ou en relief; ainsi les bases
de l'Athéna du Parthénon. du Zeus d'OIympic; autres exemples à Olympie, à
Eleusis, etc. : les sujets de ces décors sont souvent en rapport étroit avec la statue
qui domine la base; .^tiisi pour le socle du groupe de .Manlinée. découvert par
M. Fougères; cf. Paus. VIII, 9, 1 ; voir encore une base de Sparte, Friedericlis-
Wolters, 7i : Beriiner Wiuckelmansprogr. 1676; Paus. i, 3, I. Certaines bases
ont une forme insolite cl très curieuse; ainsi celle en forme d'osselet supportant
un Kairos, trouvée à Olympie ; cf. Benn lorf, Gelant, stud. ziïr Kunstgesch.'. eine
Festgabe ;ûni 4 mai I88^, /ûr4. Springer, I8îï5. D'ordinaire, il semble que les
bases aient élé confiées à des artistes de second ordre, exception faite peut-être
pour quelques-unes: on n'hésite pas à employer pour elles de la pierre à
bon marché ; leur polychromie contraste souvent avec cel!e de la statue, surtout
Fig. 6598.— Base d'une statue
archa'ique, œuvre d'Iphicartidès.
à ciel ouvert ou .sous de
STA
par l'ombre mobile des feuillages, elles forment un peuple
pressé aux couleurs papillotantes; la patine sombre des
bronzes fait taclie au milieu delà polychromie des marbres.
Les statues s'unissent parfois en groupes'; au milieu
d'elles, dans les grands sanctuaires, les ex-voto de haute
stature semblent jaillir d'un plein essor vers le ciel-.
Point n'est besoin de mérite éclatant, ni même d'un
litre quelconque ù la faveur céleste pour otl'rir au dieu
sa propre statue. L'usage est absolument libre % et les
motifs de consécration très divers: pour un succès,
pour un service reçu ou même demandé, chacun peut
faire édifier son effigie*. On consacre aussi les membres
de sa famille, ses bienfaiteurs, ses amis". A partir du
v' siècle, le progrès du luxe et delà vanité entraine toute
la Grèce à un débordement d'offrandes. Les statues de
personnalités insignifiantes, reproduitesavecl'exactitude
de portraits, abondent dans les temples et les lieux
sacrés'^; comme on hésite à les détruire de temps en
temps avec les ex-voto de moindre valeur [favissae], on
en encombre l'opisthodome, transformé en garde-meuble,
et les chapelles particulières ou Trésors [donakiim, '.
Si l'on songe que les temples contenaient encore les
groupes mythologiques d'ofirande* et les consécrations
publiques dont il sera parlé plus- loin, on comprendra
comment, à la longue, certains sanctuaires devaient
ressembler à des expositions permanentes, à nos musées
actuels. On finissait par y collectionner les statues unique-
ment pour le plaisir des yeux" Ainsi, dans l'Heraion de
Samos, on avait cherché à réunir les plus célèbres chefs-
d'œuvre'"; dans l'Heraion de l'Altis, on apportait du
dehors les pièces rares qu'on enlevai ta d'autres iditices ";
on avait constitué de la sorte toute une série de sta-
tues chrysélépliantines, rassemblées pour le plaisir des
visiteurs et la commodité de l'entretien matériel'-.
1477 — STA
B. Les staties et la vie i'iblioie [imago . — A une
époque où l'on commençait déjà à oublier l'origine reli-
gieuse et le sens primitif des effigies, la Grèce invente
de récompenser les mérites des citoyens par l'érection
de statues honorifiques, àvop''avT£ç. Il semble qu'on ait
commencé par celles des athlètes, qui n'étaient pas à
l'origine des portraits, mais des représentations imper-
sonnelles destinées à conserver la mémoire de la force
ou de l'agilité des vainqueurs '^ En dehors de ces statues,
les offrandes publiques sont rares au
début, et supposent toujours des motifs
exceptionnels ''. Le /aXxoOvnva tt-ï.iïi était
presque alors une /ipwDtT) tiu.-/,. Les pre-
mières statues iconiques élevées à Athènes
l'ont étéen l'honneur de Solon'', puis plus
tard des Tyrannoctones'" (fig. 6599, 6600]
et de Conon. — Bien que de telles effigies
aient été installées postérieurement jusque
dans les temples, au milieu des offrandes privées, leur piin-
cipe est tout difl'érent: elles sont moins un acte de piété
aux dieux que l'expression d'une décision de la cité,
dont le pouvoir commence à gran-
dir et à s'affirmer à côté du pou-
voir divin. 11 s'en suit que, tandis
que l'érection d'une statue d'of-
frande est toujours libre, c'est
la cité seule qui concède l'hon-
neur des statues iconiques. La
décision émane soit du peuple
soit du conseil, ou à Athènes, à
l'époque impériale, de l'Aréo-
page '" Le droit peut com-
porter des limitations ; les frais sont ordinairement à
la charge des intéressés ou de leurs amis ; la placi' du
«|uand laslaLuc est de Lois on de liroiue. Pour les statues sur colonnes, cf. coi.lmna;
pour l'eiTet de ces statues, voir le petit bronze d'Olynjpie monté sur colonuctle,
Oli/mpitt. Die Ilron:en, IV, pi. vin, p. lit, u» 31 ; il y avilit, à Olynipio même, près
du Pœcile, dt-s statues de Ptolémée l'iiiladelplie et de sa femme Arsinoé, portées sur
des colonnes ioniques hautes de div mètres ; statues sur colonnes représentées sur
des vases : cf. le cratère do Bologne; Jahrb. Il, 1887, p. 3Si; iùiU., p. iW. Une
étude d'ensemltle sur les bases des statues grecques est à écrire. — 1 A Delphes,
Olynipie, l'abondance de ces groupes est considérable. Jusqu'à l'époque hellcnistitjuo,
les figures ue sont pas liées ; elles s'alignent en files, jus la] o^ées sur des bases rectan-
gulaires ou carrées, comme les statues des frontons archa'ifjues ; quelquefois elles sont
abritées dans de grandes niches spéciales, même, plus tard, dans des sortes de chambres
particulières; Oull. corr.hull. XXI, 1897, p. 59S-C0O ; Sauer, /in/'ii'njc der Statuen-
grupj,e. — 2 Ainsi laNikéd'Olympie, la colonne aux acanthes de Delphes. Dans l'Hiérou
de Uélos il y avait aussi une colonne aui acanthes, dont i|ueli|ues fragments ont été re-
trouvés. — s On s'est demandé si le prêtre avait le droit d'iulei-dire la consécration d'une
statue d'offrande ; Kuhnert, /. c. p. ^58 : d'après les textes le prêtredécide seulement de
la place de l'offrande ; llerodot. Il, 1 10 : Diod. I, 58 ; la statue d'offrande ne dépend
pas non plus d'une permission de la cité; la déférence de Crésus envers les Laccdé-
moniens. Ilerod. I, 69-70, est une précaution diplomatique, que n'imite pas, vis-à-vis
d'AtlièiK-s, la reine Olympias, Hjperid. Pro Euxenip. 35 si], 11 y a bien des décrets
de ri)'*.j}tziov;xii 8o'j'*.ii autorisant des c.jusécrations à Olynipic, Arcfi. Zeit. 1877,
n'"8i, 97,98, 101, mais c'est une formalité qui n'est pas obligatoire ; i4ii/. n"36, 39,41,
47. 59, 93, 9j. — i. Nombreuses statues de vainqueurs aux jeux, qui sont plutôt des
;5o;i»r,;i«i« que dcs à»»».;fi«-:o, Paus.V, iO, 8 ; VI, I», i ; Furtwaeu'gler, Ath. Mit.
I, ISSU, Î9 sq. ; l'urgold, Arch. Zeit. 1881, p. 89; simples cs-voto de fidèles, Paus.
II, 7, 8; 29, C-7, Ilerod. I, SI. 9, elc. Le désir d'attirer la faveur du dieu ou de la
reconnaître explique les nombreuses statues de poètes dans les temples d'.\pollon
cl des Jluses ; Paus. 1X,2C, 9 ; X, 7, 4 ; 24, 2; de même, la statue de Phryné dans le
temple d'Eros à Thcpsies, Paus. I.V, 2"*, 5 ; cf. encore Paus. 1, 24, 7 ; 27, 5 ; I.V, 4, 2.
L'usage est libre ; Phèdre, dans Platon, Pliaedr. XI, parle de consacrer, sans raison
particulière, sa statue, en or, à Delphes ; nous savons que Gorgias y avait la sienne,
Arch. Zeit. 1877, n^ oi. — ^ Statue d'Isocrate, consacrée de son vivant par sou fils,
dans rOlympieion ; une autre, à Eleusis, consacrée par son ami Timotbéos ; Ps.
Plut. X, Orat. lit., Isocrjt. 838 ; Lycurg. C. Leocrat. p. 231 ; slatues dédiées par les
membres il'unc même famille, I.œny, Jmchr. gr. BilJh. n» 301 ; slatues résultant de
dispositions leslameutaires, Sniyrne, G. i. yr. II, 3192; Bev. arch., août 1885, inscr.
d'Hypaepa ; Diog. Laert. V, 15 ; Ps. Plut. l. c. p. 839 d ; Bull. corr. hell. IV, 188U,
p. 07. l'our les formules des dédicaces privées, I. tjr. III', 931 ; Corp. i. fji'. Il, 213! ;
ig. 60U0. — Groupe de
ryrannoctonos. Tetra
drachme d'Athènes.
souvent la formule est abrégée ; le nom du dieu à rjui la dédicace est faite disparait,
cf. lleuzey. Le monl Olympe, p. 475, a" 10; quehiuefois, c'est le dédicant (jui ne
mentionne pas son nom, Biitl. corr. heliéii. 1882, p. 324, n" 15. — (J Les nom-
breuses statues de guerriers ou de chasseurs qui encombrent l'Acropole, Paus, I,
passiin, ne peuvent être que des offrandes privées ; encore Pausauias ne noinme-t-il
(jue les statues célèbres par leurs tilulaires ou leurs auteurs. — '• Les trésors ne
devaient contenir originairement qu un petit nombre de statues sacrées en relalion
avec les fondateurs; mais déjà au temps d'Hérodote, I, 50-51, IV, 1C2, ils sont
encombrés de toutes sortes d'elligies qu'on ne pouvait loger ailleurs; Paus. VI,
19, 7 à 10; des étrangers consacrent de nouvelles offrandes dans des trésors déjà
en place, Paus. VI, 19, 6; à l'époque romaine, les statues iconiques elles-mêmes
envahissent les trésors, Paus. VI, 19, 10. — 8 Groupes nombreux surtout à Delphes,
où l'oracle attire rois et particuliers, et à Olynipie, à cause de la vanité des villes.
Ordinairement en bronze, ils sont l'œuvre des plus grands artistes; Paus. X, 1 ; X, G ;
X, 9, 5-7 ; X, 10, 1 ; X. 13, 5 ; à Alhèues, ex-voto d'Attalc; I, 23,2. — 9 A Delphes,
copies en marbre de l'ex-voto en bronze de Daochos, dont l'original était ailleurs:
Bull. corr. hell. XXIIl, 1899, 421-485. — 10 Slrah. 037 c. — » Paus. V, 17, I ;
VI, 19, 8-12. Ou apporte dans l'Heraion de l'Altis les slatues des Ilcspérides de
Théoclcs, venues du trésor d'Épidamne, l'Athéna du trésor des Mégariens, plus tard
de nouveaux groupes disposés en vis-à-vis. A différentes dates, l'Heraion s'enrichit
encore de l'Hermès portant Dionysos, groupe praxit^-lien retrouvé en place, de
l'Aphrodite en bronze de Cléon de Sicyone, près de laquelle on placera l'enfant doré
de Boclhos; Paus, V, 17, 4. — ^2 Slatues chrysélépliantines des princes macé-
doniens, apportées du Philippeioo. — 13 La statue ne devient icoi'ique i|u'après tiois
victoires, Plin. N. hist. XXXV, 34; sur les premières slatues d'athlètes
à Olympie, Paus. VI, 10, 1; 14, 2; 13, 4 ; 18, 5. — « Kohier, Cebtr
die khre dcr Bildsaùlen, Schr. der JUùncli. Akad. vol. VI, p. 07 ; Hirl,
Aùh. d. Berl. Akad. 1814-13; p. 6; Bœckh, C. i. gr. I, p. 18 sq., p. 878
sq, A Olympie, jusqu'au vi* siècle, toutes les statues sont des cx-volo privés, sauf
celles de Lysandrc et d'Archidamos, Paus. VI, 3, 15-17, 15, 7, — i^ Paus. 1,
10, 1; Demoslh. XXVI, 23; Aelian. Var. hiU. VIII, 10.— 1» La fig. 0000
reproduit un statère île Cyzique, Percy Gardner, Ttjpes of tjreek coins^ 1,
pi. %, n" i. Pour le télradrachme d'Ahènes (lig. 0001), cf. Beulé, l/o«n. d'Athènes,
p. 335 ; Percy Garder, o, c. pi. xv, n» 30. Les statues en marbre du Musée de
.Naplcs sont des imitations postérieures de laucien groupe en bronze; Colliguon,
H. de la se. I, p. 307 sq. — •" Pour ces formules, S. Reinach, /i'/jiijr.gr. p. 307,
379; les formules sont gravées quehjuel'ois sur la base même, quelquefois sur une
plaque de bronze lixéc i la statue ; G, Gcrlach, Griech. tihreninschr. Halle, 190S.
STA
— 1478
STA
monument est souvent assignée. A Alhcnes, il a été
défendu, au moins à certaines époques, d'élever des
statues à côté du groupe d'Harmodios el d'Arislogiton,
isolé en évidence sur lAgora '. Seuls ceux qu'on appela
les Sauveurs, Démélrius Poliorcète et Antigone, et plus
lard les nouveaux Tyrannicidcs, Brutus et Cassius, eurent
droit de voisiner avec les premiers libérateurs du peuple -.
Une petite partie des statues honorifiques aujourd'hui
connues provient des temples. L'usage est tardif et excep-
lionneP. Les plus grands mérites étaient souvent récom-
pensésauxorigines par une simple peinture'. Quand la cou-
tume des statues est adoptée, c'est la haute antiquité des
sanctuaires et leur célébrité qui déterminent à y placer de
préférence les personnages récompensés à titre public.
L'honneur est d'autant plus estimé que la statue se trouve
plus rapprochée du dieu'. 11 est assez rare cependant
qu'un mortel ait obtenu de prendre place dans la cella
avant l'époque de décadence'; généralement, on choisit
à l'intérieur de l'enceinte sacrée un autre endroit plus ou
moins en vue selon l'importance du personnage honoré ■.
Dans le péribole, c'est le côté de l'entrée qui est le plus
recherché. Les vainqueurs aux grands concours sacrés,
les fondateurs de cérémonies ou de jeux y trouvent place
assez naturellement. Les statues de sculpteurs ou d'ar-
chitectes, de prêtres et de prêtresses, qu'on rencontre à
côté sont presque toujours des offrandes privées *. On
compte plutôt comme ofTrandes publiques les statues
d'orateurs ou hommes d'État', puis, à partir du m' siècle,
les rois, empereurs'", villes, peuples, ou corps adminis-
tratifs". Dans bien des cas, l'érection d'une statue de ce
«Ciirlius, Stadti/eaeli. ton Allien, Schrifq. z. topngr. >• Alh. p. lï: Paus. I,
8, 5; M. Caroll, The Allica ofPaus.H' sq. Sur les avatar» de ce groupe, CoUignou,
h. de la te. gr. I, p. 308-373. — - Slalues des Sau .ears, dorées, sur char ; Curlius,
Sladtgesch. iliid. p. i.ui ; Belocli, Griecli. Gesch. III, p. 1 et 133. Pour liDlcrdiclion
eu général, Inscr. jr. II, n" 300,p.'.ti3 ; ou avec la formule de style, ulr.v ov o! vo^oi
4«7«j.0=i,<r.., /. gr. Ibid. n» i65, p. Î42 ; 11, ii" 410, complété par lV,p. W9 ;sur les
slalues de Brulus cl Cassius, Dio Cass. XLVII, ÎO. — 3 Beaucoup des statues des
temples soûl des ollraodes privées; Lœ«y, Insch. gr. Bildh. 116, 117, IJ4, statues
d'ergaslines, dédiées par leurs parents. Kulmerl, op. l. p. i6i, fait remarquer
qu'une des statues de prétresse au temple de Héra à Mycéues, Paus. II, 17, 7, était
celle de la prêtresse Clirysis qui, par sa négligence, avait laissé briller le temple;
ce ne devait pas être une offrande publique ; à Athènes, tous les serviteurs de
l'Alhéna Polias lui dédient leur sUtue, Alh. Hitlheil. VI, ISSI, pi. vi à xi ; ISSC,
pi. II, 3; cf. Paus. 1, i7, *; II, 17. 13; 35, S : Slartba, Sacerd. alh. p. 148; la
coutume se prolonge assez lard, C. i. gr. I, 3S7 ; /. gr. Ili*, 720 ; Kaibel, 803,
605; elle eiisle encore au tpmps de Julien, Lebas, Voij. en Grèce et en A. iJin. li,
I lî (i ; pour la plupart, les stat ues placées dans les temples peuvent donc être
considérées comme des olTraudes privées ; cependant l'usage des consécrations à
titre public est en certains cas indubitable. Xencph., hiero, IV, 3. — ' Paus. I,
i6, 2.-5 Dio. Chrys. XXXI. 013. — 6 Au début, la cella est interdite, semble-t-il,
aui statues houorilir|ues : le Cheirisoj>lios, Paus. VIII, 53, S, doit être une offrande
privée. Dans le temple de Léto à Argos, la .Mobide Chloris, ijui n'est peut-être
|ias d'ailleurs une Xiobide, est considérée comme héroîsée, Wid. II, -I, t' ; les
statues de Pausanias, roi de Sparte, dans la cella de l'.Xthéna Chulkioikos sont
là à litre cipiatoirc et non honoriti<|ue, ibid. III, 17, 7.9; exemples douleui :
l'jus. Il, io, s ; VI, :i-lo, 17 ; IX, 4, i: les statues d'Amasis, dans l'Hcraioa d'Argos
sont placées seulement près des portes, Herodot. II, 1S2. C'est déjà à l'époque de
décadence qu'Altale III de Pergamc installe son efligie près de celle d'Asklépios.
Kr«nkel, Inschr. v. Pertjam. itô; ua prêtre de Cnide est mentionné comme
étant devenu o-Jv^av; de la déesse qu'il servait, Lebas. Vo^a^c, III, 157^; voir
les bouaeurs rendus en Egypte 'a Ptolémée Epiphanès, C. i. gr. III, 4697 ; ses
statues sont placées dans chaque temple, près du maître du sanctuaire ; pour
Tusagc à l'époque hellénistique, cf. C. i. gr. Il, 3393; Liv. XXXVI, iO; Liban.
LXI, 335 ; à Rome, il devient légal que les statues d'empereurs soient inler
ii^iulacra deorutn ; Dio Cass. XLIII, 45 ; la coutume se propage en Grèce ;
Paus. I, 40, »; V, IS, 6, liO, 9; le .Vlétroon d'Ùlympie est converti, à répo<|ue
romaine, en temple d'Auguste et des empereurs ; leurs statues sont dressées dans
la cella ; nombreux autres cas analogues; au début, protestations de Tibère contre
cet honneur; Suetou. Ttber. 26; Hadrien les renouvelle ; Plin.J. Paneg ,r. hi.
— '' Surtout à l'époiiue tardive, les décrets dcmaudeul souvent que la statue
soit placée iv tû istsaverràTw -:«v vâo-J tôr.«, C. t. gr. Il, 3595, — 8 La statue
de Thémistocle dans le temple d'Artémis sur l'Acropole est sans doute une
ofTrandc privée, Plut. Them. XXII ; mais les statues d'Hadrien dans l'Olympieion,
C. i. gr. I, 1625 sont la à litre ofliciel. Pour les statues de vainqueurs élevées
genre était avant tout une mesure politique; aussi les
changements de régime bouleversaient-ils le peuple
des temples '-. — Comme les statues honoriTiques
des sanctuaires risquaient d'être confondues avec
des offrandes privées, il arrivait qu'on élevât à la fois
deux statues à un même personnage, l'une dans un
temple, l'autre en quelque endroit profane. 11 semble
même qu'on ait préféré les places ou les monuments pu-
blics aux lieux sacrés. Cela explique comment, pour la
plupart, les statues mentionnées par Pausanias surl'.^cro-
pole sont des oft'randes privées. En dehors des temples,
l'Agora, centre delà vie des cités, est la place de prédilec-
tion pour les slalues iconiques. Elles s'y ressemblent en
foule, placées en plein air, ou sous les portiques, ou
dans des niches spéciales tantôt rectangulaires, tantôt
demi-circulaires '^ Elles rappellent le souvenir des héros
locaux, des éponymes, des protecteurs de la ville ou de
la constitution, des généraux victorieux ; les prêtres et
vainqueurs de jeux sont rares; par contre, les rois el
princes abondent, aussi bien que les hommes d'Étal, les
poètes, les artistes". Souvent la statue résulte de l'ini-
lialive d'une cité étrangère, honorant pour service rendu
certains citoyens d'une autre ville '°. Les divers monu-
ments profanes ne sont pas moins bien partagés que
r.\gora. Le Prytanée, le Bouleulérion semblent avoir été
réservés à des mérites de premier ordre'*. -\ partir du
iv siècle, les théâtres et les odéons s'enrichirent d'efligies
de poètes, d'acteurs, de musiciens ; à l'époque romaine,
ils recurent les statues iconiques des princes''^. Aux
hippodromes, aux gymnases, aux stades, aux palestres
par décret public dans les cités d'origiuc, Paus. I, 19, G; II, 19, 3; un décret
de ce genre à Didymes, C. i. gr. Il, 288S. — 9 Paus. II, 23, 4; VIII, 31, 1:
C. t. gr. I, 363 ; statue de Decimus CossuUus dans l'Olympieion ; -voir aussi
Paus. VIII, 53, 7-S. f'our les statues de prêtres et de prêtrcsst s, les cas d'offrande
publiigue sont rares, Lebas, Voyage, 111, 1572. Les statues des Branchides, de
Ithodes sont des offrandes privées. — lo Paus. I, 2K 7 ; 27, 5 ; 11, 20, 8 ; IV, 32, 1,
31, 10 ; IX, 4, 2 : X, 10, 1 : 33. 3. — " Statues de princes ; .tlian. Var. hisl. VI,
tl; Liv. XXXVI, 20; Paus. I, 24, 7; 40, 2 ; V, 12, 6; 20, 9; 4-9; VI, 11, I;
12. 1-4; 5; statues de villes et peuples, Polyb. XXXI. 16. Bul'.. de corr. helt. IV,
311; statues de la déesse Rome à Athènes, Curtius, iyladtgesch. 240 sq.; Paus. I,
3, 2 ; à Délos, /Jull. de corr. hell. VII, 1883, p. 404 sq. Sur le culte de Rome, Tacit.
Ann. IV, 56; Liv. XLIII, 6. — 1'- .\ Ephèse, à Samos, pendant la lutte entre
Athènes et Sparte, on place successivement dans les temples les vainqueurs des
deuv partis, Paus. VI. 3, 16 et 17: Fraenkel, /««cAr. c. Per^uwon, 246; Rangbabé,
Ant. hellén. 089 ; Corp. ins. gr., I, I6i5; Lebas, Voyage, III, 1618 ; Coi-p. ins. gr.
II, 2771, 2775 c et d\ I. gr. lUI, 023. — 13 Homolle, Uêlos, B<dl. de corr. hell.
IS81, p. 390; groupes sous des portiques d'Agora, Paus. Il, 31, 7; III, 11, 3;
statues dans des niches, surtout ii l'époque lielléiiislii|ue; niches du Portique
d'Alhéna Polias, à Pergamc. Allerl. von Pergam. II. p. 45, pi. mvi-i.\ïii; Ponlrc-
lUoli-Colligiion, Pei'yame, p. 113-115. — 14 Strab. X, 403; Paus, VIII, 4S, 8-9,
statues des éponymes à Athènes, consacrées sous Clistbènes, Wachsmulh, Der
Sladt .ilhen, 1, ti-5; elles servent à certains actes de la vie publique: c'est là que
les parcdres lies enthunoi vieuneut recevoir les plaintes conlie les magistrats préva-
ricateurs, Arislot. Besp. Athen. XLVllI ; on expose sur le piédestal les documents
relatifs à la tribu désignée par l'éponyme, Arislopli. Pas, 1183. A Etalée, la statue
du fondateur de la ville se trouvait exceptionnellement près d'une porte. Pans.
Vil, 20, 7. Les T^ rauuocloncs à .ACièiics occupaient l'Orchestra. Statues de géné-
raux vainqueurs, Paus. I, 8, 2 ; I, 16, 2, C. Xepos, Cliabrins, 1; Paus. l.X, 12,6;
rares statues da vainqueurs de jeux : Paus. VIII, 40, I, 48, I : queb|ucs prêtres,
Corp. ins. gr., 3057. Pour les rois et princes, Id. II, 3137; Lebas, Vogage, III,
40; Paus. 1, 3, 2; 16. 1: III, 11,10; Dinarcb. Conlr. Ùcmosth. 53; Ins.gr. IM, 311,
312. Statues d'Hadrien à Athènes, Paus. 1. 3, 2, à Kynaitha, VIII, 19, 1. Pour les
grands hommes, statue de Soloii à Athènes et à Salamine, Paus. VIII, 48, I, i, 10,
I : de Polybe, à Mégalopolis et à Tégée, VIII, 30, 8; 4S, s ; de Lycurgue, de
Uémostbèuc, de Démocharcs à Athènes, I, 8, 2 ; 8, 4 ; la statue de Démocbarès fut
transportée plus tard dans le Prytaneion, Ps-Plut. X Orat. rilae, 369; statue du
rhéteur Aelius Aristidés à Suivme, Pbilostrat., Vit. Sophist. II, 9, 2 ; nombreuses
sUtues de poètes, Paus. I, 8, 4 ; IX. 27, 5 ; Suidas, s. v. £i=f»«; Plut. Alex. XVII ;
de musiciens, Paus. IX, 12, 5. — li /. gr. IP, 251, 287 ; C. i. gr. Il, 3655. — 16 Slil-
liade et Thémistocle dans le Prytanée d'Athènes, Paus. I, 18, 3 ; 26, 3 ; statue
d Olvmpiodoros, Paus. I, 26, 3 ; d'Autolykos, Plin. A'. Uist. XIX, 17 ; statue de
Sappho dans le Prytanée à Syracuse, Cic. in l'en-. II, IV, 57; dans le Bouleulérion
de Svracuse, statues de Marcellus. de Verres (par ordre), Cic, l'n Verr. II, 21 ;
C. i. gr. Il, 2000. — '" Paus. 1, 8, 6 9, 3, 4 ; 1 1, I ; Wood, Ephesus, p. 47; Paus.
STA
— 1479
STA
appartenaient de droit les portraits de ceux qui les
avaient fait construire'. Us voisinaient là avec les
maîtres de la jeunesse [ephebi], avec les triomphateurs
de la beauté, de la force, de Tintelligence -. Restaient
encore aux amateurs de bustes ou do statues les écoles,
les bibliothèques, les jardins, sans compter les rues, où
les personnages de marbre et de bronze, placés sur des
piédestaux bas, semblaient vouloir se mêler encore à
la foule des vivants '.
C'est à partir de la guerre du Péloponèse que les
statues iconiques, à Athènes et dans toute la Grèce,
se multiplièrent à l'infini. .^^ l'époque de la décadence
on les accordait par dizaines à un même homme; on
ne les refusait à personne ; toutes sortes d'inconnus
durent alors encombrer les places et les temples '*.
Pour les rois et les grands personnages on ne put long-
temps se contenter des honneurs permis à tous : il fallut
créer des sanctuaires spéciaux, honorer lesstatues iconi-
ques comme des statues de culte"'. A cette période
d'héroïsation, de divinisation à outrance, il semble que
la Grèce se souvienne qu'entre les dieux et l'homme elle
a mis seulement une différence de degré. A la longue,
les statues devinrent si nombreuses qu'on ne put suf-
fire à tailler les nouvelles ; on réemployait les bases,
quelquefois même la statue presque entière, en chan-
geant la tête et l'inscription". Encore est-on surpris, en
constatant le nombre des décrets où l'honneur de la
statue est concédé, que si peu de monuments soient
parvenus jusqu'à nous. Comme les frais étaient à la charge
des intéressés, il faut penser que le souci de l'économie
fit adopter souvent I'eîxwv YpaxT-/,, peinte sur bouclier
[cLiPEisJ '. Peut-être aussi bon nombre de statues res-
tèrent-elles à l'étal de principe dans les archives publiques.
C. Les statues et la vie privée. — La statue achève
logiquement son évolution lorsqu'elle se met au service
des particuliers. Pourtant, historiquement, à cause de
son rôle tout d'abord religieux, elle a commencé de
bonne heure à s'employer dans les cultes privés et dans
l'ornementation funéraire.
Les chapelles de culte privé ont existé partout en
Grèce malgré les grands temples, centres du culte
public. On a remarqué dans les villes hellénistiques,
à Priène par exemple, que les deux formes de piété
sont en rapport étroit: les dieux des grands temples
sont aussi les dieux des petites chapelles. .Mais le plus
1, il, 1; I, -lî, 2„. . gr. HU, 120, 709; AUieu. 1, 10 b-c. Héros, géniîraux,
princes, Paus. Il, 7, 5; VIII, V.'. I ; nf«,Tix«, 1882, 23-29; Thera, Ul,p. 259-
261. — I Paus. I, 17, 2; C. 1. ijr. I, 300: II, 2384, 352*; statues du gymnase
Je Priène, Priene^ p. 269 ; bustes de cosniètcs dans les palestres, Dumont,
Céram. de la Cr. pro/^re, 11, 213-221. — 2Mi>u». »«1?i81. 1876, p. 22,
Ui; 1878, p. 22; /. gr., Mil, ilOi; Bu!l. de corr. Iicll. I, 229 sq. ; Paus. VII,
27, S; X, 30, 9; statue d'athlète à Délos, /liill. corr. hell. 1895, XIX, p. 4S2;
pour les statues de poètes, orateurs, Lebas, Voi/iiije, III, 1018; Paus. I, 17,
2; Pliu. A'. Hisl. vu, 37. _ 3 Bustes et statuts dans les bibliothèques,
Uiog. I.aerl. III, 25, V, 31-32; Plin. ^V. f/Ut. XXXV, 2: sur les statues
dans les biblioliièques à l'époque romaine, cf. Ja/ireêUefte, 1904, Bciblatt,
p. 53 ; [Voy. aussi imago, bibi.iothkca^. Sur la disposition des statues dans lesavrjnues
de Tilles, à Priène, Jalirb. XII, 1897; Anzeig., p. 183; à Corinihe, statues
placées tout au long de la rue du Lecliaion, — 4 OéméIrius de Plialères reçoit
300 slatui'S d'après Plin. iV. Hist. XXXIV, 0 : Dion Clirysost., XXXVII, p. 122,
en porte le nombre à 1500. Sur les statues d'Hadrien, C. i. g'-. 32! sq. ; un
décret accorde 20 statues à un môme personnage. Jîull, de corr. beit. 1885,
IX, p. 513. Sur les statues honoriliques à l'ompéi, Overbeck, Pompcji, 492 sq,
— » L'usage dérive eut-étre des habitudes des Egyptiens, qui renilaienl un
culte aux statues de eurs rois ; il n'apparaît guère en Grèce rpravec Alexandre.
Cependant l'honneur de l'héro'i'sation avait été accordé déjii à Lysandre, Plularch.
lys.., XVIII; et à Brasidas, Thucyd. V, 11. Décret de Skepîis sur la divinisation
d'Antigone, Jotfn. of helkn. stud. XiX, p. 330; Beurlicr, Ile divin, honoiili.
l-'ig. 06IU.
slique
souvent les cultes privés se sont développés surtout dans
les villes d'importance secondaire, où il n'y avait pas de
temple public
pour tous les
(lieux; dans ce
cas, certaines
statues sacrées
habitaientchez
des particu-
liers, qui en
étaient prê-
tres*. .Nous
avons là
l'exemple de
cultes arrêtés
à mi-chemin
de leur déve-
loppement et
qui n'ont pas
franchi la pé-
riode de l'or-
ganisation par
yévr,. Dans la
campagne,
chaque domaine avait ordinairement son lieu de culte,
muni d'une statue ou de statuettes. Certaines contrées
étaient ainsi peuplées de petites
chapelles dédiées à Artémis, à
Aphrodite, aux Nymphes ". Her-
mès promettait la fécondité aux
enclos. Les pâtres décoraient les
grottes des bois et des monts avec
des effigies rustiques de Pan '". Sur
certaines représentations an tiques,
on voit un hermès dressé sur une
colonnette à l'abri d'un arbre con-
sacré , devant lequel est une table
d'offrande (fig. 6601) ";telsdevaient
être ces lieux de culte. Dans les
villes, les maisons avaient toutes
leurs sanctuaires privés [lares, si-
GiLLUJi] : à chaque partie delà demeure étaient assignés des
dieux spéciaux, ordinairement figurés par des statuettes
en bois, en argile ou en plâtre, sans grande valeur artis-
tique; on les plaçait tantôt dans des édicules 'fig. 6602),
fliios accepcrunt Alej\ et succès, ejns ; Essai sur le culte rendu au.r emp.
romains. On adore les statues impériales ; elles sont «consacrées » comme des
statues de dieux; les rois étrangers leur font des sacrifices; Dio. Cass. LX, 5;
LIX, 27; Claude interdit cet usage, ibid. LX, 5; sous Tibère, on sacrifie
même aux sUtues de Séjan, ibid. LVllI, 4, 8 ; Suetoii. Tib. 48 ; les soldats rendcut
un culte aux effigies des princes; Corp. ins. lat. VII, 2554; Tac. XV, 54; Hcrod.
IV, i, 5 ; cette altération dure jus()u'aprè3 l'inslallulioa de l'empire à (lonslanti-
nople et le triomphe du christianisme; saint Jérôme, l'i Daniel. UI, 18; saint
Ambroise, He.ramer. VI, 9, 57 ; saint Jean Damasc. Orat. de imaginib. III,
41; Cod. Theodos, XV, 4, 1; Dio Chrys. De taud. S. Pauli, Homel. Vil.
— 6 Surtout à Rome; cf. plus loin; mais le fait, dit : )t.ita.yA^i\'', s'est produit
en Grèce même ; on voit encore à l'Acropole la plinthe des statues des cavaliers
de Lykios qui, retournée, a été utilisée pour une statue de Germauicus. L'u
groupe exéculé par l.éocharès et .^thennis pour la famille de Pastclès fut rem-
placé, sur la môme base, par des statues de la famille d'Auguste. — 7 Bull,
coir. hell. 1885, t. IX, p. 132-133. — 8 A Aigion, culte privé de Zeus et
d'iiéraklès, Paus. Vil, 24, 4; à Messénc, culte privé de Zeus ; à Mantinée, de
Pcrséphone, Paus. IV, 32, 2 ; Ann. de l'Ass. des El. grecques, IX, 32S ;
culte privé du sceptre de Zeus à Chèronée, Paus. IX, 40, 42. — a Strab.
VIII, p. 343. — 10 Leonid. Tar. 25, 35; chez les Romains, Tibull. I, 1; Virg.
fiijlog. VII, 33; Kaibcl, 812; Leonid. Tarent. 20; Theocr. I, 21; Longus,
Pasl. p. 7 ; Luc. l'imon, 42. — Il La figure reproduit un gobelet d'argent,
de Vicarello, Arch. Zeit. XXV, p. 78, pi. cc\xv. 2, 3. Voy. aussi notre lig. 714.
Fig. 6002. — Edicule
de culte privé.
STA
1480
STA
•]j
âA.
ou des niches, lantôl dans des coiTres, des amphores ;
quelquefois on les fixait avec des chevilles sur les slèles
en place'. La coutume des statues de grandeur natu-
relle dut naître assez tard et resta rare -. Kn Atlique.
devant la porte des maisons on dressait
Hermès, ou Hécate, ou la pyramide
d'Apollon Agyieus; Hermès Slrophaios
surveillait rentrée; Zeus était dans
rrJXr,. Les 6£0! irarfùjot et Ics Oeo; x.-cf,(jwi
se partageaient les appartements, et jus-
qu'aux cuisines''. Chacun honorait chez
sol, librement, les protecteurs de son
travail ou de sa vie^
Les statues funéraires se rattachent
déjà moins étroitement que les statues
dos cultes privés au principe religieux.
.Vucune croyance à la nécessité du double
pour la survie du mort, comme en
Egypte, ne justifie en Grèce la coutume
de telles effigies °. Le mort a ses amulettes
dans la tombe [sioillum, kiglinum opls,
SEi'ULCRUMj ". La statue funéraire n'est
donc point pour. lui un fétiche. A la vérité,
elle se rattache comme la stèle au prin-
cipe du ff-rijAa ; elle est destinée à repré-
Kig. tii.iKi. — Apollon senter le mort en état d'héroisation,
.lo Tonéa. c'esl-à-dire avec un caractère déjà semi-
divin; c'est par cette intention qu'elle
s'explique et se justifie à l'origine. Elle est restée rare.
Quoique confiée d'ordinaire à des praticiens de second
ordre", elle était coûteuse pour des particuliers. Or les
' La Piirurc 6002 reproduit une pierre gravée de Florence; cf. akdicula, p. 93,
sA,:itit'iciDu, p. 968. Petites aedicules avec statuettes de dieux, Berlin, Antiquar.
n*~(îTS ;ccs dieux sont le plus souvent Dionysos ou Zeus, Antli. Put. 295 ; Suidas,
s. ï. «T'.oio;: statues de plitre. Paus. IX, 35, 1 ; slatuelles de dieux placées dans des
amphores, Allieu. XI, 473, «-c, Elyri. Maqn. s. v. ij;id5,„ ; Rlioden, Terrak. r.
PompeJifP.iè ; Plat. Coni-iv. 210; niclics nombreuses dans les maisons Uellcuisliques,
à Délos, Uull. de corr. hell. 1893, p. 495; 1900, p. 511, 312, 630 ; à Tliéra, Thera,
lli, p. 189. — 2 En 250 av. J.-C. le P.-Diccarr|ue constate encore la pauvreté
•les maisons dAlliènes : Fragm. 1, Millier, I; à Tliéra, Theni, III, p. 162-3, scul-
ptures du Palazzo, statuette d'HérakIôs, à la p. 173. fragment de la p. 170 ; maison
de Pothitos, maison du Pliallos, statue de Tyclié, p. 131, 191. Beaucoup de terres
cuites, pi. de la p. 172. et de la p. 17j. A Oêlos, on a trouvé ((uelques statues de
dieui dans les maisons, Bull, de corr. hell. XIX, p. V70-4S3, p. 491-2. Mais une part
de la découverte provientd'un atelier de marbrier, itml. p. 510, 615-0 ; les principaux
morceaux sont le Dionysos assis, ibid. XXXI, 1907, p. 511 S(|., et le groupe
Aphrodite, Pan, Eros, 1900, p. 6 10 sq., trouvé dans l'établissement des Poseidoniastes;
i|uaul à la maison dite de Kerdon, elle semble avoir été un atelier de sculpteur,
ihid. 1905, p. 52. Pour Priéne, voir Prime, p. 178 et p. 306 si|. - 3 Hermès
dans les maisons de Priéne, Prient, p. 313; à Oélos, Bull, de corr. Iiell.
1906, p. 589, 607; pour Hécate, scbol. de Theocr., Il, 30; Aristoph. Vesp. 798;
pour Apollon Agyicus, Arislophan. Vesp. 870 ; pour Hermès iltposaTo;, Pollux,
VIII, 32; Suidas, s. ï. Sifosaî,; et 'Eo|ii!; ; Rail, de rorr.hell. 1903, p. 16; pour
Zeus, Paus. Il, 24, 3 ; d'autres dieux se rencontrent naturellement dans les
maisons, Bull, de corr. hell. I90C, p. ,52"-55S ; Hesych., s. v. x«5;«xo; ; AUien.
XI, 47't b ; par exemple Aihéna Ergané dans l'appartement des femmes, Alcipliron,
III, 41 ;ailleurs, Hépliaistos, Agathe Tyché, Agatliodaimon; voir, pour iuie maison tie
Théra, Thera. III, p. 130. — '. Sanctuaire de la maison de Pindarc, Paus. IX,
Î5, 3, avec l'an et Cybélc ; Pindar. scliol, Pylli. III, 137. A Pricne, beaucoup de
maisons ont des slatueltes en terre cuite de Cybélc, de la déesse Baubo, Priéne,
p. 330 sq. Voir sii.ii.ixii. — »G. Foucart, lier, des Idées, 15 nov. 1908. — sPoltier,
fjuam oli causam Graeci iii sepulcris fifflina siijilla deposutrint ; Haussoullier,
IJuomodo sepulcra Tanagraei decoraverint , p. 88-89. — 7 Qy coniiail pourtant
des statues funéraires de grands maîtres ; le cavalier en '.^iw^^M de tombeau men-
tionné par Pans., I, 2. 3, attribuabie à Praxitèle ; les flenlcs matronaedc Praxitéfe
le Jeune et de Sllicnnis ; l'Iin. .V. fjist. XXXIV, 90 ; XXX VI, 70, — 8 perrol, H. de
l'Art, Vlll, 68 sq. ; rapprocher de la loi de Solon une loi de Msyros, interdisant
,1e dresser sur la tombe un celffsafLa quelconque; fîerl. phil. ^'ochensch. 1896,
p. 190; Jahrb. XI, 2t, 43. Démétrius de Plialcres promulgue encore une loi restric-
tive analogue, mais où il n'esl pas question de statues tombales ; Cic, De Legib,
II, 66 — 9 Cic. De Legib. H, 26, 65 : sepulchrum neque opère tectorio ex-
ornari, ne^ue hermas bos quoi voeaui licebat imponi. — <"> Pour le rôle funéraire
des Sirènes, Weicker, Der Seetenvoge ; Rohde, Psyché ; Sirène sur le tombeau
/.Oâi
;, 6604, — Statue funéraire
dite Hermès d'Andros.
I Grecs, au contraire des Orientaux, ont toujours tendu, à
partir de l'époque mycénienne, à restreindre le luxe de
la demeure funèbre*. Même, une loi sompluaire de Solon
avait défendu quelque temps la mise en place d'Hermès
sur les lombes', A part les êtres mythologiques, Sphinx,
Sirènes, Harpyes, Néréides, et
les animaux fantastiques ou
réels qui symbolisent, comme
en Orient, les génies de la mort
veillant surle tombeau '".la sta-
tuaire funéraire traite le type
humain". File a eu sans doute
les mêmes antécédents que la
statuaire ordinaire '-. Elle sem-
ble avoir débuté à une date fort
ancienne. Plusieurs des pré-
tendus « Apollons » archaïques
(lîg, 6G03), et même quelques
Korés doivent être considérés
comme nous offrant le type des
premiers (rrijAara en ronde
bosse''; plus tard, sans aban-
donner encore la représenta-
tion impersonnelle, on prête
au mort héro'isé une figure
idéale et les attributs divins ; ce
sont les types de la grande sta-
tuaire avec un travail un peu plus rapide. Les morts sont
souvent groupés par couples. Les hommes sont en
Hermès, debout près d'un tronc d'arbre où s'enroule le
serpent (fig. ()604), ou appuyés sur un cippe ". On voit
de Sophocle, Paus., I, 21, 2 ; Philostrat. Vita sophist. I, 17; sur le tombeau d'Iso-
crale. Plut, in Rhet. de /jocra/e ; Satinas, Rer. arch. 1S64, p. 369, pi. xu ; Anth.
Pal. VI, 491 ; Vil, 710. Sur les Néréides, Marllia, Quid significaverinl sepul-
ehrales Nereidum figurae-^ Pour le Sphinx, cf. Athènes, -Uns, imf, salle VI, n'"28,
76 ; Spl.iUK de Spata, du Pirée ; c'est probablement un sphinx qu'il faut resti-
tuer au.dessus de la base de Larabrika [Lamptrae^ ; Colliguon, U. de la se. gr.
p. 383, ûg. 198 ; sphinx sur lécythes, WeisshaupI, Attische Grabslatuen, dans VlCranos
Vindobon. p, 49. Avec le sphinx, le lion est le principal gardien des tombes. Sur
le type du lion funéraire, Perdrizct, Rev. arch. ,\X.\, 1897, p. 134; l'idée vient do
l'Orient; lions en Lycie, Phrygie: Perrot, H. de l'Art. V. 6g. 64-65; Steuart,
Ane. monuni. of Lgd. ftnd Phnjq. Pour la Pliénicie, Perrot, /, cit. III, p. 152;
dans VOdyssée, il est fait mention de chiens ('?i gardant le palais d'AIkiuoos. Lion
deCnide, Collignon, //. de la Se. gr. Il, p. 3<3 ; voir encore Perrot, /. cit. Vlll,
518; Collignon, .S'(re?m lle'.bigiat}a, il^q. Pour d'autres animaux, taureaux, aigles,
chiens, voir Cat. of Brilish Mus. I, n" 680; Journ. of hell. stud. VI, p, 32, pi. c;
sur le chien du Céramiiiuc, Satinas, Mon. sepulcrati scop. pesso la chiesa délia
S. Trinila, ISG3, p. 17, pi. iv, fig. I. — <* Représentations de statues funéraires
sur un lécythe d'Érétric, 'tiç. 'Atr, 1886. pl, IV bis, (fig. C322 du Dictionnaire) ;
statues avec leurs heroa, sur des reliefs funéraires, Jahrb. XX, I90.'>, 66, 132 ; sur
des vases taientins, Coll, Ciputi, à Ruvo ; Jalta, Cat. délia Coll. Caputi, III, 28
sq.;Jalirh. XV, 1900, p, 154, Auzeig. Sur la statue funéraire en général, Percy
Oardner, Sculptured Tombs of Hellas, 1890; documents céramographiques dans
WeissIiJiupl, AU. Grabstat., Eranos Vindobon. p. 4S sq. ; voir encore Furtnacn-
glcr, Coll. Sabouroff \, p. 53 sq., 150: Perrol. B. de l'Art, VIII, p. 127-8,
p, 656; Ath. .M'ittheil. 1897, p. 109; Bonner Jahrb., 1890, pl. x ; W'ien. Jahresh.
1898, 1 sq, ; Gaz. nreh. 1887, 92 si|, : Ree. arch. 1903, l, p. 3 sq. ; Momm.
antichi. l. 790: 1908, p. 132, note 1, etc.; Collignon, les Statues funéraires
dans l'art grec, 1910. — 12 pilier funéraire de Sardes, Berlin, Bescbreib. p, 354,
n« 8S3: Curlijs, Antike Herme, p, 18 sq,, fig, 12-14: Jahrb. 1906, p. 197;
ce monument, hennés d'un côté et relief de l'autre, est l'antique v?t*a; le pilier
funéraire a subsisté pendant toute l'antiquité : il est quelquefois surmonté d'une
figure, Periy Gardncr, op. c. p. 110: Jahrb. XX. 1905. p, 79, — U Sur les débuts de
la statuaire funéraire : Alhen. .Viltheil. IV, 1S79, 299 sq,; Milchhôfcr, ibid. 64;
Lœws, lnsch.gr. Bild. n»' II, 12, 395; pour les ^oiu-ot funéraires, voir Deonna,
Les Apoll. arch. p. 187 sq., .\pollonde Ténéa, ibid. p. 227 (fig. 6604) ; statue du Lou-
vre, Gaz. arch. 1887, pl, xi; statue dcMarion, Déonna, /, c. p. 238, n» 141; lorse de
Mégara Hyblaea, ibid. p. 247, n° 155 ; Kouros de Kalyvia-Kouvara, 'Hz. 'Aoj, 1902,
p. 43-50, pl. m, IV ; pour les Korés funéraires, cf. la base de Vourva, Lechat, Se. ait.
av. Pbid. p. 2 lu, note 2 ; la statue funéraire archa'ique du type féminin a souvent asusi
l'attitude assise, Athènes, -!/««. nat. n'>^Ci. 7, 7a. 107; Rayot-Thomas, Milet, pl. xxi.
— IV Hermès dAiidros;fig. 66051, Athènes. .1/. nn/ . S.nlle VI, 218; Collignon, U. delà
Se. gr. l,ll, p. 382, Hermès d'-tEgioii, ibid. Sal;e Vlll, n''241 ; Hermès d Allanti, cic.
STA
iiSl
STA
paraître quehiuL'l'ois comme sur les stèles les person-
nages conventionnels du cavalier, de l'homme armé'.
Les femmes, drapées, souvent voilées (rig. 6605), sont de-
bout ou assises ^ Seul un geste discret indique la mélan-
colie de la mort. Quelquefois, surtout pour les femmes,
la statue se réduit à un buste '. A mesure qu'on tend vers
l'époque romaine'', et surtout après l'invention du
modelé sur cadavre, la statue funéraire, comme la sta-
tue d'offrande, vise déplus en plus à la représentation
réaliste ° ^imagoJ.' En même
temps, des sujets nouveaux
apparaissent " ; les sépul-
tures se compliquent ; des
esclaves, hommes et femmes,
assis sur un rocher, sur
le tertre du tombeau, dans
le dromos des sépultures de
famille, pleurent la destinée
de leurs maîtres. Peu à peu,
la vogue passe aux grands
groupes, aux tombeaux or-
nés d'une profusion de sta-
tues''. D'autre part, ainsi
(|ue l'clzwv honorifique, l'efli-
gie funéraire devient à la
longue ■ un véritable ïooç.
Elle est placée parfois au ci;nlre d'un Lemple-tombeau,
dont les abords et les cnlrecolonnements sont ornés
d'autres statues*. Dans la mort comme dans la vie,
l'homme s'efforce à conquérir les honneurs divins.
Les Grecs s'avisent assez tard de donner aux statues un
rôle uniquemenldécoratif, esthétique. L'usage date sur-
tout de la période hellénistique ; il n'a pu se développer
qu'avec les progrès du luxe ella décadence de l'esprit reli-
gieux. A partir de l'époque alexandrine, la sculpture
fournit auxbesoins nouveaux de grands groupes pittores-
ques, faits pour orner les bosquets artificiels etlesabords
des sources'. Les statues humaines peuplent les parcs.
Ilérode Atticus avait fait placer partout, dans les bois, près
des fontaines, ses fils adoptifs morts prématurément '".
1^'ornementalion des maisons utilise surtout la statuaire
de genre; en outre, on place chez soi les effigies de ses
1 Cavalier .lu Vari. .-U//^■/l. Mitlheil. IV, I87'J, pi. iii; lioninics armés, t'aii«.
VII, i, 0 ; archers, Hci: arcli. 1804, pi. mi, p. 360. — 2 l'ri'tciiiluc l'énclope ,clu
Valican, AiU. lletikm., I, IbSS, pi. xxxi a. p. 17 (fig. GGÛO) ; autres exemples,
Alliênes,.1/w5. nat. 380, 825 ; Coll. Saboui'o/f, pi. xi ; on aparu croire ((ueliiucfois i|iie le
Ivpe debout était réservé aux mortes ; statue du Louvre, Collignoii, //. de la Se. gr.
Il, lig. 200, p. 381 ; statue d'Andros, Athènes, JU. nat. 219 ; Kocrle, Alh. Miitlwil.
m, p. 'J3 à 103; statue d'.«gion. Athènes, M. nat. 2V2; Koerle, ibid. III, p. 25;
le type assis aurait apparteuii plutôt aux pleureuses; Colli^non, Hev. JCt. f/r. XVI,
11103, p. 29'J ; .Von. Piot, IV, 225; Furtwacngicr, foH. Subour. pi. xv, xvil ; Th.
Heinacli et Ilanuly-Bcy. i'ne nécrop. royale à Sidon, p. 244, note 3 ; mais ce n'est
pas là une règle absolue ; on a eu efTel des exemples lie mortes assises: Collignon,
.l-'o«. Piot^ IV, 220-227; et le type ditdela pleureuse est souvent employé pour la
morle elle-même, Collignon, ibid. — 3 Les bustes funéraires n'existent pas, à
notre connaissance, en Alti({ue, mais on en a trouvé à iMilo, Anaphi. Cyrènc, sur-
tout à Tliéra ; l'usage semble avoir été propre surtout aux cités doriennes :
IJcnndorf, Wien. Jaliresh. 1, 1898, 1 S(|. ; Collignon, /feu. de l'Art anc. et mod.
1\, 1901, p. 377, 384; le célèbre buste d'Elcbé, trouvé en Espagne, était pro-
bablement funéraire et servait .de tronc à cendres ou à offrandes. Jahrb. XV,
1900, An:cig. p. 23. — 4 L'usage des statues funéraires se piolont-e très long-
temps ; cf. Weissliiiupl, Die Grabgediclile der rjr. Anthol., Abhnndl. des arch.
epitjr. .Semin. der Vniversitat, Vienne, 1889, Vil, p. i04; dans Kaibel, pour
rép0(|ue romaine, 108, 180, 200; du m' au iV s. après J.-C. 406, 5'i0 ; Hadrien
l'ail placer une statue funéraire sur la tombe d'Alcibiade à Melissa; Atlien. XIII,
574, t" ; Anth. Pal.. VII, 049 ; statues funéraires à liorae, Corp. ins. lai. Il, 1923,
2000, 4020; Pelron. Sat. 71 ; Kicssling, Anecd. Basil, p. 6 ; Kuhnert mentionne
comme dernière statue fiméraire celle du stéphanopliore Lamachos : Cons-
tant. Porphvr. He admin. imper. 33, p. 133. — o flin. A', hist. XXXV, 133.
VIII.
ancêtres, les bustes des personnages qu'on vénère parti-
culièrement". Les délicats collectionnent les statues de
prix, les répliques d'œuvres fameuses '-. D'ordinaire,
pourtant, le luxe de l'habitation, en Grèce, reste modique.
Les maisons de Délos et de Priène contiennent bien
moins d'œuvres d'art qu'à Pompéi, où, il est vrai, les
larges péristyles semblent appeler plus naturellement un
décor de statues '■'. Dans les demeures helléniques, il n'y
a que de petites cotirs, point de grands espaces, point de
jardins ; on orne surtout avec des terres cuites. Mais aussi
la sculpture d'appartement, là où elle se rencontre, est-
elle supérieure à la moyenne des décorations de Pompéi ;
à Pompéi, on ne voit guère que des répliques; dans les
maisons grecques, au contraire, les petits morceaux de
genre, les statuettes à taille réduite, dérivées des types
praxitéliens, ont une grâce élégante qui reporte quel-
quefois l'esprit aux meilleurs modèles.
L'Etrurieet Rome. — La statuaire a débuté de bonne
heure en Elrurie" [etrusci], mais elle y est toujours
restée un art d'importation. Elle met en œuvre principa-
lement l'argile et le métal [figlixum opus, statuaria] ;
nous la voyons surtout employée pour les besoins reli-
gieux et funéraires ; elle a produit pourtant des portraits
LMAGo \ Il y a eu dans le culte des Etrusques, au début,
une période aniconique. où l'on vénérait des pierres et
des idoles en tronc d'arbre ' '. Si la statue ne tarda pas
beaucoup à apparaître, son développement fut lent, la
forme abstraite et mystérieuse des dieux locaux se
prêtant mal à une interprétation plastique; on s'em-
pressa, dès qu'on le put, d'adopter le type des statues
divines helléniques. — La sculpture funéraire a une
originalité plus marquée; elle dérive de l'idée de l'urne
canope, telle qu'on la voit dans la nécropole de Chiusi.
Celte urne prend peu à peu l'aspect humain [etrl'si:i,
p. 837j '^ et vise à représenter le défunt lui-même '' ; on a
trouvé en Etrurie des cippes funéraires terminés par un
buslede femme, et rappelant les xoana grecs ".Delà, on
passe à l'idée de la statue assise, avec tète et membres
mobiles; le corps creusé reçoit les cendres". Au lieu de
celte statue-urne simple, représentant le mort, on ren-
contre quelquefois tout un groupe'". La sculpture funé-
raire étrusque traite en outre les types d'animaux protec-
On peut considérer la statue de Xénoplion à Scillonic. Paus. V,, «0, comme un
des plus anciens portraits funéraires. — '' Tel le type de la statue de femme couchée,
Kuluiert, (. c, p. 319-320. — ' Collignon, Mon. Piol, IV, p. 221 ; groupe funé-
raire en pierre calcaire du musée il'Alexandrie ; le lombcau de Tliéodectc de Pliaselis
était orné de nombreuses statues de poètes [sepli.chlm^. — tt Statues de Mausole
etd'Artémisia.dans le Mausolée, Journ. ofhell.stud. XXV, 1903, p. 1 àl3;XXIlI
1903, p. 121-120. — '•> Groupes pittoresques ; Collignon, /J. de la se. gr. II, p. 532
s(|. ; statues de Na'iades, — <i' Philosirat. II, 1-10 ; statues de Polydcukion,
Corp. ins. gr. L 989 ; Jn.i. gr. III 1, 813-814. — H Philostr., V, 217 ; Luc. Kigrin. Il ;
Plin. iV. hist. XXXV, 2; Luc. Philops. 21. —12 Luc. Pliilops. 18; la maison
d'Eucralès. — i^ Priene, p. 360 ; sur la décoration à Pompéi, Overbeck. Pompeji,
470 st\. Dans le péristyle de la maison des Vetlii, nombreuses statuettes envoyant
rie l'eau dans des bassins de marbres ; ce sont des putti de marbre ou de bronze ;
cf. Mus. de iXapIcs, n"' 818, 819, statue de Priape, de satyres ; nombreux petits
bronzes placés au milieu de l'impluvium de maisons privées. Les statuettes d'argile
sont rares ; la qualité des œuvres est géuéralemenl médiocre, beaucoup plus ((u'à
Herculanum; el'. Cusman, Pompéi, p. iîT-»; Jatirb. XIX, 1904, p. 101, lOù, 107,
108.— Il Plin. N. hist. XXXIV, 33. — 15 Idoles adorées sous forme darbi-es. Virg.
Aen. Vil, 178 ; Propert. Eleg. IV, 2, 39 ; Jupiter de Populouia en bois de vigne,
l'Iin.iV. /a's(.XlV, 9; le Véjovis duCapitolc, à Rome, était en cyprès, iii'c/. XVl, 216.
— ISMartha, L'art /■tnisque, p 333 sq.; voir dans le Dictionnaire les figures 2806
à 2809. — iiMilani, Mus. liai. I, pi. su, 2; Denuis, Tbe cities and cemet. o(
Elruria, II, p. 310, 311 ; Micali, Mon. ined. p. 188, pi. ixxni; le mort, en forme
de xoanon, est dressé sur sou urne, entouré de petites figurines ijui ressemblent à
despleureuses. — '« Dennis.flp. i. II, p. 299. — o .Micali, Op. /.pi. xxvxi; Inghirami,
Mus. Chius. pi. xvn, xvi.i ; Dciinis, Op. l. II, p. 299, 314 sq. — 20Milani, Notiz.
d. sctti-i, 1888, p. 222; Monumenti, VI, pi. i.x ; .innali 1800, lav. d'agg. N.
186
STA
1182 —
STA
U'iirs de la tombe ', et les statues coiicliées sur sar-
cophages, soit gisants, soit personnages tle banquet -
[SARCOPUAGlSj'.
A Rome, nousrctrouvons, comme en Grèce, la statuaire
sous ses trois formes, en relation avec la vie religieuse,
la vie politique et l'ornementation privée. Mais en pays
latin, on fut toujours plus occupé d'administration et de
guerre que d'art. On semble un peu avoir pris à la lettre
le excudenl alii spirantia moUius aéra'. La sculpture
a surtout vécu de l'adaptation des types grecs ; d'ailleurs,
il la statue les Romains préféraient le bas-relief, qui se
prétait davantage à leur goût pictural, narratif, et docu-
mentaire '. — La statue a moins d'importance dans le
culte qu'en Grèce; au dire de V'arron, les Romains
restèrent cent soixante dix ans sans posséder d'effigies
pour leurs dieux: un édit de Numa passait pour avoir
interdit cet usage ". On représentait les divinités par des
symboles; les dieux étaient des esprits mystérieux dont
on cachait les noms, dont les prêtres seuls connaissaient
la forme '^; leurs substituts gardèrent longtemps le carac-
tère de véritables fétiches '. La statuaire religieuse
commence seulement avec les Tarquins, d'abord sous
l'inlluence étrusque ^ Elle se développe assez rapide-
ment ; on prit l'habitude de couler des statues pour les
temples avec le produit des biens confisqués ou le butin
des guerres'. .Mais ce fut surtout l'apport extérieur qui
multiplia à Rome les effigies divines. Pendant toute
l'époque républicaine, les familles italiennes amenaient
dans la ville leurs dieux locaux '". Dans les guerres on
I Deuois, 0. l. 1,33 sq., i50 ; BuUfl. delf Insl. di corr. arcli. 1841. p. <J\
Annali, (832, p. 273, 295. — i Marllia, Op. t. p. 3tl sq. — 3 Virg. ,4en. VI,
8i7 sq. ; Fricdliiodcr, ï;ehcr d. Kunstsinn d. Borner in der A'aiserzeit ; Id. DarstPt-
Itingerit III j, 267 sq.; pour 1.^ Ihèse coutrairc, Hcrniann, Ueber d. Kunstsinn d.
y^àmer; sur la rarelédesnomsde sculpteurs romains, Bruiin, Gesch. d. f/r. Kûnstler,
I, 529 sq. — iCourbaud, Le bas-relief romain à représent, hislor. Il n'est pas
rare de voir la statue représentée en Ironipc-I'œil sur des bas-reliefs ; cf. E. Strong,
liomun sculpt. from Augustus to Constantine, p. 90, 97, pi. .kxxii. La statue est
môme assez souvent imitée en peinture; cf. .Uon. ined. Xll,pl..\si.v, 1, à propos d'une
statue arclia'i'i|uc grecque ayant ser\i de modèle aune peinture trouvée sur l'empla-
cement de la Farnésinc. D'autre part, à Rome, la statue a toujours eu peine à se déta-
cher du mur; on le constate par l'abondance des pseudo-reliefs qui sont des statues
attenant encore aune paroi : voirl'aulcl des Vicomagislri, li. Strong, Up. l. p. 74,75,
pi. xsrv ; voir encore les Nations Soumises, à la basilii|ue de Neptune, sur des
pilastres qui décorent les enlrecolonnemenU, Ibid. p. 243, 245, pi. t.xxv ; très sou-
vent, à Rome, la sUtue n'est qu'un expédient architectural destiné à justifier l'uti-
lilê d'un ressaut, qui n'est là lui-môme ([ue pour juslilier une colonne; voir l'arc de
triomphe de Constantin, Uid. p. 328, pi. eu; C. i. /. III-', 2922. — -1 Varr.
cité par saint Augustin, De civil, dei, IV, 3! ; Plut. jVuma, S ; Clem. Alex. Slrom,
I, 15, 71; Tertull. Apolog. 25. Pline, A', tiisl. XX.MV, Il sq., fait remonter à tort
i l'époque de .Numa un Janus qui, dit-on, indiquait l'heure en pliant les doigts.
— « Sur la première période de la représenlalion des dieux, Arnob. Adv. nal. 0.
Il; Uleni. Al. J'rotrepl. +, 4(i ; Plut. Romul. 29; Justin. 43, 3; le silex était le
symbole de Jupiter, Serv. Ad Aen. VIII, 641 ; sur le fétichisme, Servius, /. cit.
II, 351 : Ad Geonj I, 498 ; Plin. A. I,isl. X.VVI1I, 18 ; pour les Pénates et leur
caracléro, Serv. Ad Aen. 111. 12; Plut. Qiinest. rom. 61. — 7 Certaines slatues
étaient allachées, par exemple la statue de Saturne, de la Regia, que l'on déliait
seulement aux Saturnales ; iMacrob. i'a/. I, 8, 5; Luc. Cronosol. 10 ; Saturn.
' ; be sali. 37 ; on ciicliainail, pour les retenir, les dieux protecteurs. Plut.
(Juaest. rom. Cl ; Lobeck, Aijlaophamiis, p. 275 ; Bôtlicher, Tektonik, II-, p. CIO
SI). Les empereurs romains avaient dans leurs appartements une statue d'or de la
Fortune (|u on remeltait, ii chaque changement de règne, au successeur. D après
une tradition, d'ailleurs suspecte, Constantin aurait fait encore attacher la Tyché de
sa ville nouvelle; Anonym. Ijjnduri, Imp. Orient, p. 10-12. Sur la créance au
pouvoir prophétique des slatues, Dio Cass. XLIV, 18; XLVl, 33. Après une
guerre, on emmène en captivité les slatues des dieux vaincus; Pulyb., Marcell.,
21. A l'époque impériale, pour se venger d'un homme, on traîne encore sa slalue
en prison. Ibid., LXV, 21. — 8 Pliu. .V. hist. XXXV, 157. — 9 Statue de Cérès en
bronze, coulée avec le produit des biens de Spurins Cassius ; statue de Jupiter
Capitolin. olferle après la défaite des Sacnnites par Spurins Carvilius, Liv., IX,
4(1, X, 3S : devant clie se Irouvail la statue de Carvilius lui-raéme, fondue en
limaille de fer; l'iin. i\. hist. XXXIV, |. ; aussi bien pour les slalues résultant
d amendes que pour celles qui provenaient du butin des guerres, l'usage dérive
de la Grèce. — i» Marquardt-Mommsen, i1/<in. f/crj anî. rom. trad.fr. p. 155 noie.
— •' Liv. XXVI, 34, 12 ; sur les dieux du Capitole, Jordan, Topogr. der Stadt
Hum in Allert. I'-, p. 13 sq ; Ions les dieux sont honorés au Capilole, Serv. Ad
éror/uait les prolecteurs delà cité adverse; après la vic-
toire, leurs statues, remises aux pontifes, allaient peu-
pler le Capitole et les temples". Sous l'influence hellé-
nique on réussit enfin à constituer un groupe de douze
grands dieux, les DU consentes [du], qui eurent leur
effigie sur le Forum '-. La réforme d'Auguste installa
un peu partout ces dieux officiels'^; mais à côté d'eux
vécurent fréquemment les dieux orientaux, apportés
d'Asie Mineure, de Syrie, ou d'Egypte '\ — On ne sera
pas surpris qu'à Rome et dans l'Italie, comme en Grèce,
les progrès du luxe et de l'art aient provoqué à la longue
le triomphe du principe artistique sur le principe reli-
gieux. Le changement est sensible dans la disposition
des statues de culte, et dans l'aménagement des sacrai-ia
et des Laraires'^ [sacrarivm, sacellum .
La statue honorifique, à l'imitation delà Grèce '", appa-
raît à Rome assez tard" [imagoL Mais comme celte cou-
tume plaît tout à fait à l'esprit romain, elle prend vile
une extension considérable, qui provoquait déjà la mau-
vaise humeur de Galon r.\ncien '^ .\ la fin de la seconde
guerre punique, le Forum et le Capitole étaient encombrés
de statues de bronze, élevées à toutes sortes de person-
nages, vivants ou morts, hommes et femmes, Romains
ou étrangers". Il fallut, en 158, que les censeurs fissent
enlever toutes celles qui n'avaient pas été érigées par dé-
cret du peuple ou dit sénat"-". En principe, en effet, c'est
le sénat qui accordait les statues : et, sauf plus tard pour
les empereurs, il resta toujours écrit dans la loi qu'on
n'érigerait aux vivants ni bustes, ni effigies complètes.
.ien. Il, 319 ; Tertull. De spect. 12 ; transport des statues de culte étrusques après
la chute de Vcii, de Volsinii ; Liv. V, 22, Plin. .V. hist. XXXIV, 34; après la prise
de Capoue, Liv. XXVI. 34, 12. — !2 Varr. De re rust. I, 1, 4; Belker, Topogr.
p. 31S; C. i. lai. VI, 102 ; sur les statues de dieux exécutéesà Rome par des Grecs,
Plin. i\'. hist. XXXVI. 35. — 13 Auguste consacre ses élreunes à installer les dieux,
Lafayc, Jieo. del'hist.des relig. 1889, XX, p. 34sq. — 14 Sur la résistancede FÉtat
à cette intrusion, Tertull. Apol. 6 ; Ad nation. 1, 10. Arnob. 2, 73 ; ouv rage général
sur la question : Cumont, Les religions orient, dans le paganisme rom. — 15 Cer-
laincs prescriptions religieuses, malheureusement peu connues, réglaient la dispo-
sillon des statues sacrées dans les temples. .\ Pompêi, d ms le temple d'Apollon nous
voyons ({u'.\rlémisct Apo'.lon ont leur statue de chaque côté de t'entréc; ces statues,
en bronze, ne sont pas plus grandes que celles des autres dieux accueillis dans le
temple. A Pompéi encore, le temple de Jupiter présente au fond trois cellae étroites
po:ir abriter les effigies de la triade capiloline; au moment de la calaslroplie, les
slatues avaient été transportées hors du tem])le déjà en ruine ; elles étaient dans le
sanctuaire de Zens Meilichios. où on les a retrouvées dans la cella, sur une base
commune. A l'époque républicaine, il était interdit de consacrer une cella à plus
d'une divinité; de même chaque dieu avait droit à une otTrande spéciale, sauf s'il
s'agissait des eer/i" de* ; Liv., 27, 2J : sur les ctrii" tfei, Serv. Ad .ien.,U, 141 ; Arnob.
Adr. gent., 2, 05. Ces prescriptions durent être oubliées k la longue. Dans les La-
raires ou plaça à l'origine peu de statues ou même de statuetles, le Lare étant en
principe unique; mais plus tard, nous \ oyons installer dans les chapelles privées les
efflgies des hommes à qui l'on voue une particulière reconnaissance; Capitol. Vita
M. Anton. III, 5; après Actium, le genius .iùgiisti prend place parlent dans les
sncraria; Ovid. Fast. V, 14). A propos du progrès des tendances artistiques, il faut
noter qu'à l'époiine de Cicéron, /n Verr. Il, 4, 2 à 4, les particuliers recherchaient
déjà pour leurs chapelles privées les œuvres do maîtres: le sacrarium d'Hcius à
Messine passait pour avoir contenu un £ros de Praxitèle, un lléraklès de Myron,
deux canéphores de Polyclète, un a-oanon d'Alhéna Tyelié. — lu I.''i<léede la statue
honorificiue lient de la Grèce ; au début, les inscriptions, à Rome, reproduisent la
fornuile grecque, C. inscr. lat., I, 533 ; 193 av. J.-C. — '7 Sur les débuts de cette sla-
luaire, cf. Pinza, Mon. antichi, 1905, J/on. priinitivi di lioma e dcl Lazio anlico ;
les slatues ilc Romulus, de Numa, d'Aucus Martius et des héros de la légende répu-
blicaine, que mentionne Pline, -V. hist. XXXIV, 14, 23, 2<, sont certainement poslé-
rieures aux débuts de la République, comme le prouve le type idéalisé du visaee et la
convention de la nudité ; ce sont probablement des œuvres de facture gi ecque ; Uriichs,
Grieclt. atatuen in Hepublik Boni, IS80. — 'S Figrelius, De slaluis illuslr. Borna-
norum, 1056; sur la destination des statues à Rome, Friediituder, Darslell. 111, 5,
183.239. Sur les protestations de Caton, qui unit d'ailleurs lui aussi par avoir sa statue.
Plut. Pracc. ger. reip. 73. — 19 Pline, iV. hist. XXXIV, 26, mentionne sur le
Forum des effigies d'Alcibiade. de Pylhagore, consacrées sur ordre d'un oracle au
temps de la guerre samnite, voy. forum ; il y a aussi une statue d'Hermodore
d'Éphèse, JOid. .VXXIV, 21 ; pour les statues de femme, ibid. XXXIV, 6, 31; voir
l'article mA<.o ; C. i. l. V2, 3332. Il ne parait pas ([ue la place des statues sur le
Forum fùl assignée par ordre : C. i. l. X, 5S53. Sur l'encombrement des statues
daus les Curiae, ibid. X, 1126. — M Pliu. \. hist. XXXIV, 6.
STA
— 1483 —
STA
Mais ces restrictions, après une certaine date, demeu-
rèrent profondément oubliées. On se passa fort souvent
d'un décret quelconque. D'autre part, vers la fin de l'épo-
que républicaine, nous voyons honorer d'une statue de
simples petits magistrats, même, dans les municipes, des
particuliers'. On trouva moyen d'étendre abusivement
Jusqu'à la loi qui concédait une effigie au.\ triomphateurs-.
D'ailleurs l'exemple de la famille impériale encourageait
à multiplier les statues : Auguste avait garni son forum
avec les effigies des grands généraux et des citoyens
illustres de la Rome républicaine; les municipes s'em-
pressèrent de l'imiter'. .\vec César, les honneurs divins
commencent à être rendus au princeps. Dès lors, l'adu-
lation donne naissance à un nombre grandissant de sta-
tues ; peu à peu le mailre du pouvoir, sa famille, ses fa-
voris, occupent les forums impériaux, se répandent dans
toutes les provinces ; bientôt chacun veut avoir non seule-
ment le portrait des princes, mais son propre portrait à
leur exemple '. Cet abus amena Claude à enlever le droit
tant convoité à ceux qui n'avaient pas au moins élevé ou
réparé un édifice public '. Même après cette décision,
les templeselles monuments continuèrentàs'encombrer
d'effigies, souvent colossales*. L'usage des bustes, en
plâtre ou en marbre, et des hermès-portrails ne se propa-
geait pas moins, d'autant que, dans les constructions pri-
vées et les maisons particulières, chacun pouvait sans con-
trainte s'entourer des images des vivants ou des morts \ On
commença dans les ateliers de sculpteurs par adapter les
types de la Grèce; on ne se gênait pas, à l'occasion,
pour transformer en portraits latins des liermès de divi-
nités helléniques *. A partir de l'époque impériale, pour
1 Sur le droH à la stalue. Oiyesl. XIJII, 0, 2 ; C. i. l. '., 40: elorjia 7 à 10 ; en
principe, les empereurs seuls ont droil de leur vivant à une slatue; sur les stalues
d'Auguste, Hiibner, 28* Proijr. fur Winc/cehnanns/'este^ ISliS, p. 7; sur l'oubli de la
défense légale, Ascon. /il Pison. p. 12; Ci. /. I, p. 278; II, lO.îô ; d'autre pari, c'est
le sénat quidoit autoriser Icsslalues. mais on se passe de sa permission. Cic. In Vl'i-i-.,
Il, IV, fi2 : plus tard le droit appartient à l'empereur, Suclon. Caliy. XXXI V, 3 ; C. i. I.
XII, 6038 ; Arcadius et Honorius, I, c. Oc stat. et imarj. ; Claude le rend au
sénat, Dio Cass. LX, 081 D; Pliu. J. Episl. XI. 7; dans les municipes, nom-
breuses statues de protecteurs et de patrons; Wilmans, 65.1, G5t; Mommsen, /.
Neap. 1084;m6me de siiuples particuliers outleurefligie, Wilmans, 655; les prétextes
allégués pour l'érection des statues deviennent de pins en plus éti-nnges; C. (. /.
II, 13u5. On élève des slalucs même à des enfanls, iiiii. XIV, 324 : l'abus porte
également sur les formes et la matière des statues ; l'Un. X. hisl, XXXIV, 6 et 7 :
primitivement les statues in bigis avaient été réservées à des mérites assez excep-
tionnels ; bientôt on place des statues in quadrigiti jusque dans les maisons des
intendants, Martial. IX, 00; Tacit. />.' ornïor. 8, 1 1 : Juven. Vil, tili; Apul. Florid.
p. 136; sur l'abondance des statues honorifiriues à Fompéi, Overbeck, Pompfji,
492 sq. Les statues de marbre ou de bronze ne suffisent pas ; on met en usage les
statues dorées, l.iv. XL, 34; Cic. P/a'/i/jp. IX, 0;C'.i«s. lut. III2, 214; Plin..V. Iiist.
XXX1I1,4; môme, pour les empereurs, les statues sont faites entièrement d'argent
et d'or; riin., N. hisl. XXXIll, 12; l'iularch. /iom. 15; Suct. Uomil. 13 ; Stat.
Sitv. V, I, lot s(]. ; Trebell. Pollio, Claitd. Vit. 2 ; certains empereurs fixent des
limites au poids et aux dimensions de leurs sta'ues, Ilio. Cass., LXXVIIl, 12.
— 2 Tacit. Agricol. 40: l'iin. .Y. hisl. XXXIll. 13 ; IJio Cass. LV, 10 ; Marquardt-
Mommsen, iVmt. des anl. rom., On/, milit. XI, p. 341; voir imai;©. — 3 Suct. .luy.
31 ; Moral. Carm. IV, 8, 13; c'est dans le Forum d'Auguste que, jusqu'à
Trajau, on continue à placer les généraux honorés du triomphe: Tac. .inn. IV,
15; ensuite, on les installe au Forum de Trajan, C. i. l. I, 282 a. Les stalues
des municipes créées â l'imitation de celles d'Auguste nous sont connues par
les elogia des bases; Fliu. iV. hisl. XXXIV, 17; Mommsen, C. i. l. 1, p. 281.
— 4 Statues d'empereurs dans les maisons; Suet. Aug. 72; Tac. Ann. I, 73;
Ovid. Pont. IV, 0, 105: Hisl. August., Tacit. 9; Fronlo, p. 74; statues de la
famille impériale dans les écoles, C. i. t. VllI, 2554. Certains empereurs répan-
dent particulièrement le goût des statues; Lamprid. Alex. .S'efer. vit. 25;
fierod. IV, 8. A l'imitation des empereurs, stalues des favoris, de Séjan ; Dio
Cass. LVII, 21, 3; LVIII, 2, 7; 4, 4; on mentionne même des statues de
délateurs. Pline J. L'pist. IV, 2, 5; Dio. Cass. LVUl, 14. Pour les statues
décernées par des assembb'cs provinciales, C. i. l. XII, 6038, I. 13 ; Itev. arch.
18?5, VI, p. 105. Statues de prêtres, f. i. l. Il, 4188 sq; XII, 6038. L'érection
des slalues élait l'occasion de festins, C. i. L 11. 10-46, 1047, 1258, 1278, 1330,
1338, 1341, 1441, 2100, elc. : V2, 7000. — ■• Dio Cass. LX, p. 783. — » Sur l'rn-
combremcnt de l'Ara Capitolina, Cic. Ail. Allie. VI, 1, 17; Sueton. Caligul.
34 ; le iliéâtrc de Scaurus possédait 3000 stalues de bronze dans ses entrecoloune-
satisfaire à l'universelle manie, plus tard aussi, pour
suffire à la multiplicité des effigies nécessitées par les
cliangements sociaux et les révolutions militaires, les
praticiens se firent une règle d'avoir chez eux des types
tout préparés, auxquels on ajoutait rapidement les têtes
en faveur. Il est un moment oii les statues changent de
visage aussi fréquemment que le gouvernement change
de maître''. — L'usage des bustes et des stalues honori-
fiques survit à Rome, même après que l'empire s'est trans-
porté à Byzance'". Au temps de Théodoric, le peuple des
statues égalait en nombre, nous dit-on, le peuple des
vivants ". Ce fut surtout avec l'apport des chefs-d'œuvre
helléniques, aux deux derniers siècles de la République,
que se forma à Home le goùl des amateurs '-. On ne se
contente plus alors de regarder avec admiration les statues
exhibées dans les triomphes et placées dans les temples.
On veut faire travailler pour soi des artistes grecs '^ ; des
Romains de grande famille ne dédaignent pas d'aller sur
place acheter des marbres, guider le choix de leurs amis
dans la décoration de leurs demeures'". Il se forme
autour des atria auctionuria toute une classe d'experts,
de courtiers, de marchands d'antiquités, de restaurateurs
de statues''. Le goût des amateurs, qui resta toujours
un peu inexpérimenté, nousa valu les nombreuses copies
et adaptations par lesquelles nous connaissons surtout,
encore aujourd'hui, la statuaire lieilénique'^ A cette
époque, dans les vieilles cités grecques besoigneuses et
même dans les villes nouvelles, fonctionnaient des ateliers
spéciaux, chargés d'exécuter des répliques industrielles
des types consacrés auxquels s'attachait surtout la vanité
des parvenus romains''. Beaucoup de statues furent
ments Pliii. XXXIV, 36 ; XXXVI, 5 et 1 14. On sail .pic le premier IhéJIre de Pompée
fui pourvu abondamment de statues par les soins d'Allieus : Cic. .\d Attic. IV, 9 ;
Plin. -V. Hist. X.XXV1, 41 : Suet. Nero, 40 ; on a retrouvé dans les thermes
de Caracalla plusieurs centaines de stalues de marbre ; le Panthéon d'Agrippa u'éUit
pas moins riche. Il y aurait encore à tenir compte du nombre des statues placées
sur des colonnes autour des édifices, Plin. iV. hist. XXXIV, 5; ou sur des
arcs de triomphe, Plin. A', hist. XXXVI, 5. — 7 A Pompéi. presque tous les
propriétaires ont leur herraès à l'entrée de leur maison ; l'usage des slalues est si
répandu dans loule l'Italie qu'on en voit demander par testament. C. i. /. Il, 3105 a ;
XIV, 2934. Hermès et bustes dans les bibliothèques : Juv. Il, 4. 5; Marlial, IX, 47 ;
Plin. iV. liist. XXXV, 9-10; Cic. Ad Attic. IV, 9: Plin. J. Epiit 1, 17, 3; bustes
dans les columbaria et sur les lombes ; voir, pour le tombeau des Halerii, la
ligure 3977 du Dictionnaire. Cippes funéraires en forme d'hermès, à Pompéi, Overbeck,
rumpeji, p. 3GG, lig. 210; édifices funéraires ornés de stalues, C. i. i. XIV, 2795.
— «Ainsi l'hermès de L. Caecilius Jucundus, â Naples, est un aucien licrmès
de dieu grec ; voir l'article hiuuae. — 9 César met sa propre lôte sur le torse
de l'Alexandre de Lysippe, placé au Forum ; Stal. Sitr. I, 1, 86 sq.; à Pompéi,
télc de Ilolconius Rufus sur un torse vôlu du costume impérial, Gusman, Pompéi,
p. 441. M. von Kohdeu, Donner Sliid. li. Kekule gewidm. 1890, a montre la fré-
cpience de cet usage pour tes staluae thoracatae. Pour les statues d'empereur,
l'usage est encore considéré comme sacrilège â l'époque de Tibère, Tac. A nn. I, 74 ;
mais plus lard, un Néron devient un Commode, Herod. I, 15;DioCass. LXX11,22;
pour la fréquence de ces transpositions â répocpie byzantine, Euseb. Hist. ecctes.
X, 11. — It' Nombreuses statues honorifiques à Byzance ; on en accorde môme à
lies danseuses; Planud. Anth. IV, 283 sq. - HCassiod. Var. VU, 13 sq.
— 12Collignon, B. de la se. gr. Il, p. 611 ; Pelcrsen, Allgcm. Einleil. in d.
Studium dcr Archâol. Irad. Friedriehseu, Leipzig, 1829. — "Collignon, Op. l. Il,
p_ 010. — 14 FriedISnder, Darstell. 11-^ 168-170: Boissier, Cic. et ses amis,
p. 148. Sur la manie des collections, Horat. A'aJ. II, 3, 64; II, 2, 180; Scnec.
Â'pist. 1 15, 8 ; voir les 'Ei<;^a,ii; de Callistrate, qui sonl des descriptions d'œuvrcs
d'art; Nicole, Un eatal. d'œuvres d'art, Genève, 1906; les collections sont gardées
par des esclaves spéciaux appelés a statuis C. i. L VI, 4032, — 1^ Sur le
prix des œuvres d'art, Uriichs, op. L; Cic. Verr. II, IV, 7 ; Plin. iV. hist. XXXIV,
55 ; un type curieux d'expert est ce C. Avianius Evander, il fjui Cicéron achète des
statues, et qui restaure une Artémis de Timothéos, Brunn, Criech. Kùnstler, I,
p. 547. — 16 Pline, N. hisl. XXXIV, 2, se moque de Piguorance des amateurs de son
temps; elle était pourtant de mode, Cic. Verr. IV, 59; 132, 60, 134; II, 35.
87; VI, 2, 4, 3, 5, 43, 94; Fricdliinder, Darstell. 111», 270 s.q On connaissait
surtout la valeur marchande des statues, plutôt que leur mérite; Plin. XXXV,
24; sur Mummius, Vcll. Palerc. I, 13; Uio Chrys. XXXVII, 137; pourtant
il y avait à Kome des discussions esthétiques et de prétendus connaisseurs ;
sut. Silo. IV, 6, 24; Plin. JV. hist. XXXIV, 4, 8; Furtwaeugler, Slaliienkopieen
im Allerth., 1896. — •' Overbeck, Cesch. der gr. Plaslik, 11^, p. 425.
STA
1484
STA
alors transformées ou retaillées'; il eût été élranp;e que
le faux ne sévit point-. A partir de l'époque impériale'
la manie des statues d "ornementation suit les progrès
du luxe de la vie privée ; les Jardins, les portiques, les
thermes (voy. fig- 178:2) s'emplissent d'œuvres d'art
enlevées à la Grèce^ Certains empereurs, Néron par
exemple à la Maison Dorée, assemblent de véritables
trésors'. Point de riche demeure, où les marbres ne
prennent place sous les péristyles, dans les cours, dans
les salles de repos.
III. — Mise kn i-l-xce. emketikn et destinée des st.\-
Ti ES. — Mheen p/iicedesstalue.i. — La mise en place des
statues !'o:'jci;, i^oxsecb.m'io^ exige à la fois des rites
religieux et une surveillance profane. Les rites reli;5'ieux
ont surtout leur importance à l'époque primitive, et pour
les statues sacrées ; ils dérivent de l'idée (ju'on se fait, à
l'origine, du rôle de l'efligie. On les retrouve aussi bien
dans les cérémonies privées que dans les cérémonies
publiques; ils se reproduisaient chaque fois qu'une
statue était changée de demeure. Nous savons ((u'ils
ont existé aussi bien à Rome qu'en Grèce" jconsecr.atio .
Pour ce qui est de la surveillance profane, l'érection
des statues était souvent confiée à des délégués spéciaux,
£:T!i7TiTa!, ciiralores fEPiMELET.^i '"', sur les attributions
desquels nous avons quelques renseignements, en Grèce
comme à Kome, mais surtout à partir de l'époque
romaine". L'office du curateur de statues est essentielle-
ment temporaire et occasionnel ; il ne constitue point
une fonction rétribuée; le décret qui décide la statue
désigne en même temps, d'ordinaire, le curateur, très
souvent parmi les plus hauts fonctionnaires des cités,
archontes, stratèges, éphores, membres du conseil,
prytanes, secrétaires, proconsuls, questeurs, etc.*.
Quand il s'agit d'effigies honorifiques, le rang du cura-
teur est d'autant plus élevé que le titulaire de la statue
a plus d'importance sociale. Mais il arrive aussi que l'on
choisisse de simples particuliers, voire, à l'époque
tardive, les parents ou amis de l'intéressé'. Si celui que
Ton honore est vivant, il s'occupe quelquefois en
personne de faire dresser son efligie '". Les pouvoirs
publics se bornaient dans ce casa donner une simple auto-
Alelicrs i Aplirodisias, k Allièiies ; Wiin. Jaliresh. lOul, p. IsslS'J : le l'agihduie
Je Naples, Irouré à Sorrenle, porle la signaluie d'un sculp(cur d Aplirodisias :
Xotizie. 1889, p. i85. — i Types de t«les changées. DM. coït. Iiell. Xl.\,
1895, p. W3 ; Caligiila remplace la I6le des divinilés par la sienne propre, Suelon.
Calig. XXII; on modifie au besoin les dédicaces, S. Keinach. E/iigr. yr. p. 539;
on arrange on bustes l'I en liMes des stalues brisées ; ainsi le bronze d'ilercu-
lanum, trouvé en 1756 sans doule d.ins la villa dite des Pisons. Télés relaillécs et
transformées i'd têtes de statues funéraires, lleuze; . Jleclienhes s:ir les fiy. île
femmes Koilfes dans iart ijrec, p. + à 5; Gaz. arch. III, 1S77. p. toi ; J/on.
Piot, I, 189*. p. 7l-7i, noie 1. — 2 B.rckli, De nomin. arlifie. in moniini. arlh
interpolai. lS3i. — 3 Jardins de Sallusle, L. .Mariani, Biillel. </. Commiss. arch. tli
Jloma, XXIX, 1901, p. 71-sl, pi. vr; statues des Thermes de Diorlélien, Paulin,
He»taurat. des Iherm. de lliocl. Paris, 1800. Statues du Ihéàlre de Pompée, des
Thermes dAntonin, de Conslanlin, el surtout de Trajan. Le groupe de Laocoon i|ui
y a été retrouvé provenait de la Maison Dorée de Néron. On place dans les Thermes
les stalues qu'on veut mettre en vue, C. i. /. IX, 1588, X, 37U ; Agrippa eiil désiré
r|ue toutes les statues fussent exposées ainsi, Plia. XXXV. 9; statues mises en évi-
dence pour lornementation, f. i. /. Vlll, S935, IX, 15C3; collections dn Porlir|ue
d Octavie ; bustes de savants dans les bibliolli6i|ues. Pers. Prol. V : luven.'ll, 4, VII,
i"). — * Sur les colleclions de .Néron dans la .Maison Dorée, E. Slroug.o/J. /. p. 103 ;
■uncparlieesl transportée par Vespasien dans le temple de la Paii, Pliu. XXXIV St.
— ~Arislopb. Plut. Il tu ; pour cette cérémonie le préire porte une torche cl est
accompagné d'une femme portant une marmite de fèves bouillies : Athen. XI, p. i73 c.
Sur la consécration des statues à Rome, C. i. I. Il, I9i3, «li ; .Mommscn-Marquardt,
Op. l. XII, Culte, I, p. 330; pour le= riles accompagnant le transport d'une sUtue,
/luf/i. ion .l/«jne»ia, n> 100. —^KaUncrUDe curastatunrum apud Graeeos, 1SS3.
— 7 Avant l'épor|ue romaine, /ns.gi: l|l, iôl, 300, 312. 331, 592. Formules de curatelle
de statues, dans des dédicaces trouvées ï Dclos ; Bull. corr. hell. 1879, p. 151, 157,
138. — «Kuhnerl, p. 1 1 à 16. Il arrive souvent qu'il ne soi! fait mention d'aucun
risation, et la cité évitait ainsi d'accroître outre mesure
l'orgueil des particuliers. Dans le cas où une ville accor-
dait à un étranger une statue, un ou plusieurs curateurs
allaient préalablement demander l'emplacement néces-
saire". Bien des ambassades furent ainsi envoyées à
Athènes, après l'achèvement de l'Olympieion '-, lorsque
les cités, à l'envi, firent dresser des monuments à
l'empereur Hadrien. Des lois spéciales réglaient l'érec-
tion des statues aux vainqueurs des jeux, soit que
l'initiative vint des pouvoirs publics, ou de particuliers,
ou du personnage lui-même ' '. Il y a quelques exemples
de collectivités ou de villes, s'occupant de la curatelle
de statues au nom de communautés plus vastes dont elles
font partie ".A Kome, le nom du personnage ou de la com-
munauté qui élève la statue est inscrit sur la base, ordinal,
rement après le nom du personnage honoré. La formule
indique dans quelles conditions la statue a été érigée,
el quel a été le curateur. Il arrive souvent que le person-
nage honoré prenne à ses frais l'érection du monument;
sa libéralité est alors mentionnée sur la base '°.
L'office du curateur consiste d'abord à faire la
commande de la statue'"; lorsque celle-ci est mise au
concours'', ou en adjudication '*, le curateur règle les
détails d(! l'entreprise: quand la statue est terminée, il
verse aux artistes et aux praticiens le prix du travail,
tel qu'il l'a reçu de l'intéressé, ou d'un magistrat désigné
à l'avance". Au besoin, c'est lui qui s'occupe des four-
nitures, du transport du matériel, et, dans le cas où la
statue est entourée d'une balustrade, de la mise en place
de cet ipuijLa. Pour les statues placées en plein air, il fait
faire les fondations de la base. et. s'il le faut, la base elle-
même -".
Entretien des statues. — La piété que les Grecs mon-
trent envers leurs statues n'a rien, à l'origine du moins,
du souci esthétique dont nousentourons les chefs-d'œuvre
de nos musées. Elle est dictée par l'idée qu'on se fait de
la présence du dieu dans le symbole-'. Il faut défendre
l'iiùte invisible de la pierre et du bois contre les acci-
dents, les intempéries, lui donner tous les soins néces-
saires à sa vie [sacerdosj. — On lave et on polit les. rf^ffna
plusieurs fois l'an (fig (itîOÔ;: si im ne les renouvelle
cur.iknii-. surtout rjuand la statue est élevée par un part iru lier ; sur la désignation des
curateurs. Schol. Arislophau. Paj-. 000. — '■» Lorsqu'on choisit des particuliers, leur
nombre varie de un à quatre ;(,'. i. yr. 1, 107S, II, ïlôi; S371 : III, JSS4, 401i; 58»t ;
à mesure qu'on avance vers l'époiiue romaine, les curateurs sont pris plus souvent
parmi les amis ou parents, Kuhnert. /. cit. p. 17 ; C. i. l. .XIV, :L6±^. — 10 ilo-jo.
X. ^iSX. 1878, p. d3 : 'A4r,v. Il, 4Si ; même formule dans les inscr. romaines.
C. i. l. vlll, p. 7. — It La formule comporte dans ce cas la mention iià
-5î»Sewv, /. yr. IM. i?>\ ; Aïr.v. V, 9: pour l'époque poster, â notre ère, C. i. yr.
351, 53G0 4; /. (/)•. IIM, Ci', 688; formules dilTérentes. /. yr. IIU, 479-481.
— I2paus. I. 18, G; y. yr. IIP, 471. 47i, 475, 47C, 478. 479. 483, 48C ; il est
notable que la plupart des ambassadeurs sont des particuliers. — 13 Kuhnert.
/. cit. 20 sq. — 'i .Arch. Xeil. Ks7i. p. 188: Le Bas-Waddiuglou. Voijaye,
758, i308 : voir un décret de Cyziquc autorisant l'érection île statues en l'hon-
neur d'une prétresse de Cybé'e Plakiauè, C. i. gr. 3657. — 1.» Gagnât, Epiyr.
lat. p. 2i6-i30; sigles : HCIK, HAÏR: voir partica'. roment C. i. l. Xi, 3903.
— n'i Lebas. Voyaye, III, I60i A. — 17 Statues mises en adjudication. Plut.
ilaral.. 498, E: Bull. corr. hell., 1888, p. 42i et note 1; 1890, p. 369-594.
— t!^ Statues mises au concours, Furtwaengler, .iegina, p. ^73; Id. Sitzungstt.
lîay. Akad. 1901, p. 379 ; mise au concours des statues d'acrotéres à Olympie :
une inscription mentionne la victoire de Paeonios: concours f'?J pour la slalue
d'Amazone du sanctuaire d'Arlémis à Ephése. lin. XX.XIV, 53 ; voir encore Plin.
XXXV, 17; Tiel/és, CUil. Vlll, 353. — «Sur les prii des statues, Frie<l-
ISnder, Acta Acad. Albertir.ae, 1S05. _ 20 paus. V, iO, 4 : C. i. gr. III,
3884; Lebas. Voyage, II, 116 a, IJuelquefois le soin de faire faire la statue et
celui de la faire mettre en place sont confiés à deux curateurs dilférents,
Lebas, /. c. 1002 a ; à Erythrées, le S^û'i^a^x**** officiellement curateur des
statues de la ville, les paye quelipi<-fo s ; mais c'est une libéralité volontaire ;
cf. Ci. yr. add. iHA. iStI, 3130, 3lil.— 21 Ce sont les mémos usages qu'on trouve
d aboiil eu Kgyple. en l'ha'dée; Bail, Procedings, XIV, p. 100 G. Foucart,
STA
— usa —
STA
pas à chaque fête, on les repeint, on les redore ' ; on
entretient de même la polychromie des statues de pierre
tendre ou de marbre scilptira' -. Comme ce soin
Ty|K.
Fig. CCOC. — Lavage d'un heimfs.
parait un naturel hommage, il ne semijle pas qu'on ail
évité de laisser en plein air même les marbres, moins
résistants pourtant aux intempéries
que les bronzes : on remédiait à leur
détérioration par de régulières appli-
cations d'un enduit protecteur^. Mais
la preuve qu'on n'hésitait pas à expo-
ser des statues, mêmes divines, à
la pluie, c'est qu'on citait comme
miraculeuse l'Artémis de Bargylia
qui n'était mouillée ni par les ondées
ni par les neiges '.Contre les oiseaux
attirés autour des temples, on employait le ménisque
[mkmskos ^.
A la longue, le souci estliélique prévalut aussi sur le
Miili. compnr. pour l'hibt. lies religions, p. S3 sr(.: pour l'us.ige en Grèce, Marllia,
Sncerâ. ntli. p. 43 5i|. — i Cuil. corr. Iiell. I8S9, .Xlll, p. t03, ligne 2r, ; çnr
It-nlrclicn des xoana, Scliubjrt, Rhein. Mus. 1860, N. F. XV, p. 111; iuscirplion
(le Délos sur le rcoonvellement du xoanon de Dionysos :i chaque fiSIe, Bull. corr.
hell. XIV, 1800, p. 302-3 ; pour les xoana doiés, i-tVoj!7a, Paus. Il, iC : Xen. Ex.
Cyri. V, 3, li; Eur. TroJ. I0T4; Scllubarl l.cit. p. 98; l'usage de dorer les slaluos
de marbre se répand à Home à l'époque impériale ; sur le Dionysos doré du
sanctuaire des dieux orientaux au Janic'jle, Mél. Ec. de Home, XXIX, 1909,
p. 36. avec une liste de salues, cntièreinenl ou en partie dorées; C. rend Acad.
ils. 1909, p. 619: 1910, p. 393; ajouter une Aphrodite à tdte dorée de tapies,
ip 418 î une statue d'Isis dorée et peinte, n" 9i>>, ibid.; sur les statues dorées en gé-
néral, Amolung. Wien. Jahresheft. 1908, p. 183. Sur la toilette spéciale des statues
de culle pour les fêles, Itull. corr. hell. XIV, 1890, p. 182, 1. 18-lii, p. 186; i
Athènes, les Kallyntéries étaient la fétc du ncltoyagc des statues; Momtnsen, Fcst.
Stndl.itlieit, p. 4SG sq.; voir aussi une inscription Cretoise, 'Es. 'Aç-^. 1908, p. 200.
Pour le soin des statues ii Home, C. i. l. V2, 6333, 7906 ; VIII, 8933, 9055 : X, 58.Î3.
1. 16; XII, 4397 ; XIV, 367. La (igure6007 reproduit un bas-relief du Àlus. Worsleyan.
t. I, pi. XV ; cf. Slallcr Wieseler, Denkm. ail. Kimsl, l. 1. pi. i, n» 4, — 2EntiClieu
du Dionysos de Simmias à Athènes; Clem. \\. Proptr IV, 4i; Overbeck, A'c/iri/'/j.
316 !.q. — •'Léchai, l'ohjclirum. dessiat. ijrtcq.. lier, dex Élud. anc X, 1908, p. 161 ;
Jnhrb..Anzeig. XII, p. 134, — 4Polyb. XVI, li; cas de statues de bronze placées près
des sources et noircies par riiumidité, Philostrat. \ita Sopkist. I, 21. — "J L'usage
du ménisque semble disparaître quand le souci esthétique l'emporte sur le principe
religieux. — '' La hgure 66118 reproduit wne monnaie do la province d'Asie, datant de
l'époque d'Hailrien ; cf. E. l'inder, i'eber die Cistoph. uitd iieber die Kaiserl. Silter-
medaillons der rômisch. Provinz Asia, dans les Aàliandl. der K. Xkad. der
VCissensch. -u Uerlin 1835, p. 393, n" 76, et pi. viii, (ig. 3. Statues habillées :
Ovcrbcck, Griecli. Kunstmijth. II, Mùn^taf. 1; Pcrcy Garchier, Ti/pes of yreek
coins, pi. XV, n'» 3 ; sur la garde-robe des statues, UubI, L'vber lielcleidung ant.
Statueu, Càs-el. 1848; yuatremêre de Ouincy. Jupit. Olymp., 8 sq. Inventaires ;
garde-robe de la liera de Samos, Curtius, Jnsc/tr. und .Slud. :ur Gescli. ron Samos,
p. 10, n" 6; Atb. Millli. VII, 1882, p. 367 ; garde-robe de l'Artémis Braurouicnno,
Athènes, J. yr. Il', 754 ; sur le manteau des hernies, Paus. VIII, 39, 4; Diod.
Sic. XVII, 50, Diog. LaerL V, 82; voir encore OuU. corr. hell. Il, p. 420 ; V.
p. 364; statues vêtues sur les vases, EUledes mon. céramoyr. III, pi. ix ; Anuali,
1K78, Tav. d'agg. G ; .Vonum. d. Insl. 1800, pi, ixxvn ; Le Bas-Fourart. /user, du
Pélop. 332 h-, p. 213, col. 1, I. 2 à 7. Fréquentes mentions de ces vêlements sacrés,
l'aus. IL 11,6; 11, 30, I; VM, 23, 4-5; VII, 15, 5; 33, 5; 25, 9; la Héra argieiine
se venge d'avoir été dépouillée de ses parures par les lilles de l'roitos, Serv. ad
r.ql. VI, 48. L'usage d'habiller les dieux existe en pays latins; liste d'objets de parure
olferts à la Diana .Nemorensis, Hermès, 1871, s sq.; à une Isis, en Espagne, Ibid.
1^06, p. 313 ; slatues habillées à Mome, Plin, .V, Bist. VIII, 74, xxxiv, 7 ; C. i. I.
principe religieux dans l'entretien des statues: il n'y a
plus rien d'un rite dans les précautions qu'on prend par
exemple pour la conservation des statues chryséli'phan-
tines fEBi'R].
.Nous avons déjà dit qu'on habillait les statues. Pres-
que toutes, et lesxoffMrt surtout, avaient une garde- robe.
.\ux fêtes, elles paraissaient couvertes de vêtements pré-
cieux et de parures, comme certaines madones rusliijucs
des églises de campagne (fig. (jtJOT)". Les étoffes d'habil-
lement étaient données aux dieux soit comme dime de
travail, soit comme offrande de remerciements, ou, en
certains cas, pour le paiement d'amendes ^ Non seule-
ment, on habillait les statues, mais on les parfumait, on
les couronnait, on leur mettait des anneaux '.Cette toilette
appartenait à un personnel de serviteurs spéciaux, à
qui était aussi confiée la garde des vêtements'.
Un des rites les plus importants du service sacerdotal
était la nourriture du dieu. On ne peut douter que les
Grecs, comme les Égyptiens et les Chaldéens, aient ob-
servé la coutume de donner à manger aux statues sa-
crées'". On plaçait dans leurs mains la chair et les entrailles
des victimes ; peut-être barbouillait-on leurs lèvres avec
le sang des sacrifices " . A Rome on nourrissait les Lares ;
on oignait debeurre, on baignaitde lait la tête de certains
dieux'-. Le sens de ces rites primitivement journaliers
de purification, d'habillement, de nourriture delà statue,
alla en s'elTaçanl à travers la vie grecque. Il en resta un
souvenir décoloré et comme exceptionnel dans les fêtes.
Certaines divinités avaient encore une fois l'an leurs
baignades sacrées '^ On promenait dans Athènes, aux
grandes Panathénées, le péplos d'Athéna". Si la nourri-
ture quotidienne des statues, destinée à réjouir et à for-
VIII, 1887; IX, 5177; Sueton. Calig. 22; Petron. Sat. 62; Vopisc, Vrob. 10;
Lactant. Il, 4-7, 6-13; mention de vestitores divinorum simulacrorum, Firmicus,
1(1, 12; Ci. I. XIV, 44 ; sur les stolistes et l'habillement des divinités alcxandrines,
Lafaye, //. du culte des div. d'Alex. 134 sq. — 7 Voir à l'article dûxaiiiu.m lé
relevé des différentes pièces de costume offertes ordinairement à des statues divines.
— * Bull.de corr. hell. 1882, p. 119; 1886, p. 4'i3, ligne 108; 1890, p. 498;
Longpérier, Œuvres, II, p. 434. L'usage existe aussi à lîome, Cic. Verr. Il, IV, 35 ;
C. i. l. V2, 7900, VIII, 1842; X, 6303; on couronne les Lares, Fest. £p. p. 60;
Plant. Aulal. 385; Juven. IX, 137; XII, 85; on couronne en général tous les
dieux; Pliu. XXI, 3 ; Cic. Ad AU. XV, 27; dans les fêles et les circonstances
mémorablfs, on couronne enfin toutes espèces de statues, même de mortels. Plut.
Alex. H. 28; Capitolin. M. Anlon. 4; Justin. XVIII, 2, 9; Martial, IX, 24; Cic.
Pro .y/ureii. 41 ; Dio. Cass. XLIV, 4. — s Celle fonction s'appelle «a|.Hï, «ff.mO,,,,
l'ollux, I, 14; Eurip. /on, 94-111 ; Le Bas-Foucart, Jns. du Pélop. 332 A, I. 7; les
femmes chargées de l'habillement d'une déesse sont appelées xoojir.Taî, xoffur.Tttùot,,
»îi7^;.t5i«i: Bull, con: hell. 1882,p.48, I. 179-180 ;C'. 7. gr. 2823, 30U2, 3003, etc. ;
ailleurs xotritoGrCTai ; cf. Délus, comptes de 269-230, ligue Cl ; à Olympie, les serviteurs
de Zens sont les =«i8fa/T«i, Paus. V, 14, 3; Philol..X\Ul, 214 sq,; cL encore
Marlha, Les sacerd. ath. 54, Les soins de la toilette des statues sont d'ordinaire le
privilège de cerlaines faïuiltes, les descendants de Phidias à Olympie, les Praxier-
gides à Athènes; Hesych. !:oo;,ij-.;S«i ; Plut. Alcib. 34;/. gr., 111,374, I. 17-18; voir
encore Hesych. 't.oxiz^i&t^; Etym. mayn. Tta.zti.-AT.-r,^ ; Le Bas-Foucart, Op. l. 352 h.
A Eplièse, la parure d'Artémis était portée dans les processions par une confrérie de
ytio^'.-^àa'ii, C. i. gr. 2903; à Eplièse encore, il est fait mention de arEtjoïôoot,
ou porteurs du voile, Wie«, Jahresh. 1904, Beiblatt, p. 44, I. 19 à 23 ; cosmo-
pliyla(|ues dans un décret de t^yzique, Ath. Mitt. VII, 1882, p. 155 ; sur les servi-
teurs de la slatue à Rome, saint Augustin, De Cic. Dei, VI, 10, — 10 Repas do la
statue en Egypte, Maspero, Jnscr. des pyram. de ^aqqarah, et Table d'offrande,
dans la Itev. d'hist. des Helig., XX ; en Chaldée, Thureau-Dangin, Jnscr. de Siimer
et d'AkIcnd, slatues de Gudea, p. 106 sq.; Scheil, ie culte de Gudea, Bec. de
travaux, 1896. p. 64, — U' Arislopli. Ares, 518; cet usage explique les tables
d'offrande des temples, Aristopb, /"/ii^., 678, scli. ad h. L; Bull. corr. hell.
V, 76-78, y. gr. Il', 631; même usage à Rome, Mommsen-Marquardt. op. l. Cnlle,
I, p. 197 sq. — 12 On offre aux Lares des gâteaux, du miel, de l'encens;
Theophr. Caract. 10 ; Tibull. I, .3, 34; Juv. IX, 137 ; XII, 90; qucl(|uefois on
leur sacrilie un porc; Horat. Carm. III, 23, 4; Sat. Il, 3, 163; offrandes à
Jupiter Dapalis, Cal. de agric. 132. — '3 Enripid, Jphig. Taur. 1199;
fête d'Artémis Dailis à Éphèse, Wien. Jahresh. VII, 1904, 210-215: bain
rie la liera d'Argos, Callimach, Bymn. XIII ; Ovid, Fast. IV, 135 ; Elym.
magn. s. v, 'Hfi^iSi;, — 'H), Jahn, De anliq. Miner'me simulaeris atticis;
Wellhauer, Études sur la Fêle des Pnnathénées dans l'ancienne Athènes ;
Momrascn, D'ie Feste, 41 sq.
STA
— 1486
STA
lilicr leilieu, dcvinl ;\ la longue llclive, il y cul toujours
en Grèce des banquets solennels auxquels le xoanon
assistait, couché sur un lit de parade [uxtisterma] '.
linlin la trace des promenades iiabituelles de la divi-
nité se retrouve dans les processions ou cxodni. A
l'occasion de ces cérémonies, il arrivait que la statue
fût transportée solennellement dans un temple autre
que le sien ou dans un édifice public: elle assistait là
à des réjouissances, à des cérémonies en son hon-
neur-. Quelquefois, elle émigrait plusieurs jours de la
celln pour aller, comme en villégiature, dans les sanc-
tuaires voisins; certaines statues, qui n'avaient pas
de demeure propre, empruntaient régulièrement un
temple à l'époque de leurs fêtes ^ Voy. RKUfiio, ritis,
SACKiFiciiM, pour la participation de la statue au culte.
Les statues étaient placées sous la protection divine,
représentée par l'intermédiaire des prêtres et des pou-
voirs publics*. On n'osait souvent y loucher, même pour
une restauration, qu'après décision d'un oracle^. Les
dégrader était un sacrilège [asebeia, sacrilegium], parti-
culièrementgrave lorsqu'il s'agissait de statues sacrées".
Il suffit de rappeler le scandale qu'e.xcita dans Athènes
l'affaire de la mutilation des hermès. Lorsque acciden-
tellement unestatuese trouvait détériorée, les prêtres ou
les pouvoirs publics la faisaient restaurera Certains
xoaiia furent ainsi bardés de bronze pour prévenir la
ruine du bois; on confiait cette tiîche à des artistes en
renom*. Parfois on remplaçait une tête vermoulue, de
caractère par trop archaïque, par une tète en marbre; on
refaisait les extrémités d'une vieille idole ; ainsi naquirent
vraisemblablemen t les acroli thés [acrolitius]. On réparait
' Il est important «le nolcr que les lectislcrnia peuvent être décernés à des
slalucs de mortels; Val. Mai. II, 10, I. — 2 U. Foucarl, /(. iks Idées, nov. 1008,
p. 15 : à Torigine la procession est la promeuade du dieu ; sur l'usage eu Grèce,
l'aus. I, ?!I,S , 20; 111, 38, 8 ; X, 19 ; Pliilostrat. l'i(. sophist. H, 13; Monuiisen,
Op. I. p. «6 sq. ; Marllia; Op. l. p. 53; Joiirn. hdl. stud. XIV, p. iG-2 ; Bull,
corr. hell. 1883,p. 3s ; char servant pour les promenades, Uidl.corr. Iiell. XIV,
501; mention d'un aurige de l'allas, chargé de conduire la statue de la déesse au
temple, /. «r. IIM, liOi.l. 14; voir encore Bull. corr. hsll. XI. 1887, p. 383; 1891,
XV, p. 17i, p. 178; Hicks, Jus. of British Mus. 111, n» 481; etc. Voir aedicui.a,
représentations de châsses portatives de divinités. Statues portées en procession à
Magnésicdu Méandre, 0. Kern, Inschr. Maç/n. p. Si, n" 98, I. 41-42. — 3 La statue
d'.\rtémis à Ephèse va régulièrement passer f|ueli|uesjoursdans un temple au hord de
la mer, U l'en. Jahresk. 1904, 210 sq. ; elle séjournait aussi sans doute dans les
temples du Solniissos, Hicks, Jyiscr. Brit. Mus. 111, n" 483 ; pour des transports
de statues, lors des fêtes, avec ou sans processions, l'aus. 11, 7, 5; 7, 8 ; II, 7.
— l Cf. dans l'inscription sur les mystères d'.^ndanie, Lehas-Koucart. Il, 326 a. I.
85 Sfj., les prescriptions sur l'entretien de la statue placée près de la source et
conllée à -Mnasistvatos ; oracles ordonnant 1 érection de statues. Plat. Le;/. V,
138<-;Plin. XXXIV, 26; à Athènes, dans l'assemblée des grandes Dionysies, l'archonte-
roi est tenu de prouver qu'il a conservé en bon élat la statue de Dionysos ; Demostli.
J/irf.,;9, sch. ail h. I. En Italie, le Sénat connaissait de l'enlèvement des statues, Cic.
Verr. il, 4. 39, 43; on ne pouvait même les déplacer sans permission de l'auto-
rité, C. i. /. VIII. 798, I6VS, 5290; voir la Lex parieti faciundo de Pouzzoles,
C. i. /. I, 577; Plin. J. Kpisl. X, 73 ; un citoyen est arrêté pour avoir touché a la
couronne d'une statue; Plin. iV. hisl. XXI, 3; une femme est mise à mort pour
manque de respect à une statue de Domitien, Dio Cass., I.XVII, 12; sur les trans-
ports et déplacements des statues à Rome ou en Italie, C. i. l. X, 3714, 5961.
— 6 /. gr. 1111, 71. — 0 Peines portées contre loute atteinte à des statues, Hicks,
Jnser. Brit. Mus. p. 4, a" 481. 1. 121 sq. ; voir le second des trois d.'crets de
Jlylasa punissant des crimes de lèse-majesté; Dittenberger, Stjll.2, n' 93; il
s'agit d'une olTense à une slatue royale. A Rome, les statues d'empereurs sont
considérées comme sacrées; voir Beurlier, Culte rendu aux eiiip. rom. ; elles ont
droit de proteclion et d'asile; Digest. I.XVIII, )9, 28, 7 ; loi d'Antonin contre les
abus de ce droit ; I.acour-Gaycl, Anloniu le Pieux, p. 264 ; il est défendu de les
vendre ; Tacit. Ann. I, 73 ; de maltraiter son esclave réfugié près d'elles ; (.lande
fait déplacer une statue d'Auguste pour lui éviter d'assister à des exécutions judi-
ciaires ; la stalue devra tout au moins être voilée pendant Us supplices, Dio Cass.
LX. 13; on ne peu', sous peine de sacrilège, changer de vêtements devant la
statue de l'empereur, Sucton. Tilier. 58. — " Voir scri-pinu. Sur la rcsiauration
du colosse de Dêlos, renversé par la chute du palmier de bronze de Xicias
Déonna, Les Apoll. arcli. p. 195. Réparations de statues mentionnées. 7ns. gr. IV,
2, p. 02, w 198 c; 11, 839 ; IV, 2. p. 169, n- 023 e ; sur les réparations de l'Athcna
Parthénos, Kôhler. .Ulien. Miltli. V, 1880, p. 89; Sehreiber, Allana Parrlinios,
pareillement les bronzes elles statues chryséléphantines'.
-Malgré ces soins, les stalues~vieillissaient ; beaucoup,
surtout celles qui se trouvaient placées en plein air,
étaient en fort mauvais état. Lucien parle de bronzes creux,
où logeaient rats et musaraignes". Les passants ne se
gênaient pas pour inscrire des grafjili sur les statues
mises à leur portée ' ' . D'ailleurs la piété des fidèles n'était
pas ce qui dégradait le moins les effigies saintes. Selon
Cicéron, la bouche et le menton d'un Héraklès, à Agri-
genle, avaient été usés parles baisers de dévt'tts'^ Lucien
cite une stalue qui avait été matelassée de feuilles d'or
sur la poitrine et garnie d'oboles collées à la cire sur les
cuisses, par les soins de malades reconnaissants'". Les
temples contenaienlbeaucoup de reliques qui étaient des
statues brisées, ou abattues par la vétusté''. On les
entassait dans l'opislhodome; quelquefois on les relé-
guait dans les v'avissae. 11 semble qu'on ail dû, de temps
en temps, procéder à leur destruction ou à l'ensevelis-
sement rituel exigé par le respect des choses saintes. On
a retrouvé de véritables nécropoles de statues'-".
Destinée des statues. — Lorsque le sentiment reli-
gieux qui protégeait les statues se fut afi'aibli, elles ne
restèrent pas garanties des déprédations. Dans les petits
temples, plus d'une avait mystérieusement disparu à
l'époque de Pausanias '". On peut admettre néanmoins
que ces enlèvements furent e.xceptionnels. Les change-
ments sociaux influèrent pendant toute la vie antique
sur les statues honorifiques: on les brisait quand elles
rappelaient un régime odieux ;par contre, un bouleverse-
ment politique pouvait les remettre en faveur''. Pour les
statues religieuses, le plus grand fléau fut la guerre et
p. 628. Mention de pareil travail surdeu\ bases de statues d'Agasias, découvertes à
Délos, C. i. gr. 2285 4 ; Bull. corr. hell. V, p. 462 ; C. i. I. V2, 5558 ; VIII,
734; IX, 441, 3U6; restauration de la statue du proconsul tiillienus, à Délos:
un Dionysos en marbre trouvé à Home au Janicule porte des restaurations antiques.
Mil. Ecole de Jlome, XXIX, 1909, p. 42.- » Paus. Il, 20; IX, 12, 4; Strab. VIII,
0, 10. — 9 V. KacH, sT.viL-AniA : pour la restauration du Zens d'Olympie par
Damophon, Paus. IV, 31,6. — 10 Luc. Jup. trag. S; Gall. ïl. — Il Déonna. Les
Apoll. arch. p. 193 ; inscription du colosse d'Abou-simbul, C. i. gr,, 3120: k l'époque
romaine, \cs graffiti satiriques sur les statues abondent. — 1- Cic. In Verr. îl, IV,
43. On suspendait communément aux statues des dieux des tablettes votives. Dans
.\escliyl. Suppl. 463, les Danaïdes menacent de se pendre aux statues des dieux et
les orner ainsi depinakes d'un nouveau genre. — 1^ Lue. Pliilops. 20 ; cf. Philostral.
UeruJca, III, 2 ; stalue devenue méconnaissable par suite du zèle de ceux qui y
suspendent des tablettes votives et qui l'oignent. — 14 Tôle de la coll. Blacas, au
British Mus. ; S. Uoinach, Têtes antiq. pi. cxcv, trouvée dans uue grolle-sanctuairc,
où elle avait été consacrée à titre de relique ; on conservait dans le temple de Dio-
nysos à Tanagre un Triton déca|iité : Paus. IX, 20, 4t. Dans le temple d'Apollon à
Délos, le vieux xoanon deTektaios cl .\ngelion fut gardé jusqu'au n' siècle av. J.-C. ;
les inventaires mentionnent l'existence dans les temples des reliques sacrées assez
mutilées ; Bull. corr. heilén. 1882, p. 127 et notc4; p. 128 et 129 ; à Délos encore, on
montrait au temps de Pausanias un j:janon d'Artémis, à base de pilier, devenu man-
chot ; Ovcrbeck. .Schriflq. 99, 1 18 ; ailleurs Pausanias, II, 10, mentionne un Hypnos
dont il ne reste que la tête. — 1^ Jtev. arch. VI, 1862 ; p. 215 ; on a retrouvé aussi
desdéptits de statuettes d'offrande; Pottier, Quant oh causam Graeci in sepul-
cris, etc.; Paris, Elatée, p. 139 sq. — iiLue. Jup. trag. 10. 25; Dial. deor.
7, 1; Juvcn. XIII, 147; sur les vols de Verres, Cic. Verr. De .Signis, H, IV;
Verres n'est pas seul dans son cas; Cic. Tuscul. V, 35, 102; Kacius, Collectanea
sur griec't. und rom. AUertumsk. 1811. En 298, Lacliarcs vole les joyaux de
l'Athéna chrysélépbanline du Parlliénon ; Isoerat. C Callim. 57 ; Suid. s. v.
«ttXoja.iî;, «tiAîa; : Paus. I, 25, 6 ; Athen. XI, p. 465 F; autres vols. Plut. De /s.
et Osir. LXXll; Aelian. Var. hisl. I, 20, 29 ; vols à Rome, Cic. Xat. deor. I, 29,
89. .\ répo(|ue impériale ou vole les pierres précieuses formant les oihiles des
statues de bronze; eulîn on vole quelquefois la slatue elle-même, C. i. l. VIII, 7063.
— 1^ Statues de Démétrius de l'halcres détruites. Plut. Praec. ger. respubl.
LXXVl ; la slatue de Démade est fondue, ibid. ; à Athènes, destruction des statues
de Philippe, Liv. XXXI, 44; statues des Romains brisées en Asie lors du triomphe
de Mithridate, App. Mithrid. 21; décret de Chio ordonnant la restauration d'une
stalue de tyrannoctone, Hicks, Manuel of greek hist. inscr. p. 126; martelage
d'inscriptions de statues en Grèce, /nscr. jurid. gr. II. p. 2i sq. n» .XXII, I. 33,
et commentaire, p. 40. Destruction de statues à Rome, Tac. .4/jMtt/. III, 14, 5;
Plin. XXXIV, C: Juven. X. 56 sq. ; Plin. J. Panegyr. 52, 3; Sueton .Domit.
21, 2; DioCass. LXVIII, 1 ; XXXI, 1 ; XLVlll, 31 ; Ll, 19; I.VIll, Il ; LXXV, 10;
Eus. IX, II; l.amprid. Heliog. 13.
STA
— 1487 —
STA
l'invasion : la venue des Perses à Athènes, en 480 cl 479,
laissa l'Acropole déserle ; à la place du peuple des statues,
il ne resta que des charbons et des pierres noircies qu'il
fallut mettre à la fosse commune; rien n'échappa que
les xoana emportés sur les navires'. Dans le grand
désordre qui suivit la mort d'Alexandre, d'autres dévas-
tations tout aussi funestes vinrent de temps en temps
ruiner certains temples-. Cependant, dans l'ensemble, la
destinée des statues grecques eût été encore assez tran-
quille sans l'intervention des Romains^ Pour des gens
habitués à la décoration en terre-cuite, les beaux mar-
bres helléniques furent une révélation. L'avidité romaine
vit en eux de superbes proies. Les premiers chefs-
d'œuvre vinrent à Rome de l'Italie du sud' ; quand ils
eurent fait apprécier la statuaire d'origine grecque,
partout, dans les provinces, les gouverneurs et les publi-
cains organisèrent plus ou moins ouvertement le
régime du rapt^ C'était une forme d'hommage au génie
des vaincus qui s'accordait parfaitement avec l'esprit
pratique des conquérants. Aux premiers siècles de la
République, c'est une quasi obligation, pour tout général
revenant de Grèce ou d'Asie, que de fonder à Rome un
temple orné des plus beaux morceaux de la statuaire
hellénique**. On se défend d'abord de piller les sanctuaires;
le collège des prêtres est là pour prévenir tout sacri-
lège ". Mais peu à peu, le goût des œuvres d'art fait passer
outre aux interdictions ; on enlève d'abord les offrandes;
bientôt, on ne respecte même plus les simulacres des
dieux. On en arrive à la longue à un pillage systématique
et brutal; Corinlhe dévastée fournit des chefs-d'œuvre
à toute l'Italie*. Mais souvent les plus belles pièces
périssent mutilées dans l'assaut des villes, fondues pour
1 Hcrod. Vm, 53 : Pans. I, 27, C ; sur rcnicvcmcnt di' lApoUou de
Kanakhos à Didynics, Hcrod. VI, 19; l'aus. I, 10,3; VIII, 46, 3. — 2 Colyb.
IV, IS. Ci, CT; V. 9, 11; IX, 31, 3ô ; Philippe ravage deut fois Thermos
el y enlève îllOO slaliies. i'olyb. V, 9; XI, 4; môme dévasialion au >icé-
phoiion de Pergame, Ibid.. XVI, I; sur les pillages de Prusias, ibid. XXXIl,
i5 : xoana renversés par MéDOpliaue, Paus, lit, t'i, -. — 3 || y a eu deux causes
du déplacemenl des slalues que nous signalons seulement, mais qui mériteraient
d'ôtre étudiées à part ; c'est d'abord le transport matériel pour la vente : il n'est
pas certain que les primitives statues aient pu ûtre transportées loin de leur
chantier d'origine ; le fait a pourtant dû se produire ; mais beaucoup de statues ont
été taillées sur place, soit par des ateliers permanents, soil par des ateliers
nomades; à partir de l'époque classique, le transport pour ta \onte est constant,
Philosir. Yita Apoll. V. iO. Il faudrait d'autre paît étudier la diffusion des cultes
par la statue : cette dilTusiou se fait soit à la suite de guerres (l'aus. H, 2fr, 3,
i;ic. Verr. Il, IV. 3t; les dieux sont alors enlevés parmi le butin); soit par
importation pacifique, Paus. I, 18, 3: III. 18,4: VII, 19; VIII, 31,3; IX, 40, 3;
Plut. Ihes. SI : de Is. et Oiir. 26. — 4 Liv. XXV. 40; XXVI. il, 8 ; XXVI, 34,
li; XXVIl, 16, 7; Colin, Jiome et In Grèce de iOO à 146 ai'. J.-C. p. 97 sq.
— JChapol, La province d'Asie, p. 60: sur le pillage en général, Juven. VIII, 100;
pillages de DolaLella, Cic. Phiiipp. .XI, i; pillage du Paecile à Athènes par un
proconsul, Synos. Ep. 135, p. iTi. — 6 En 194. triomphe de (luinctins Flamininus ;
l.iv. XXXIV, Si, 4: XXXII. 16, 17; eu 189, triomplicde Scipion l'Asiatique, Liv.
XXXVIl, 59, 3; Plin. -Y. Ai;/. XXXIll, U8, 9; eu 187, triomphe de Fulvius
Nobilior; Liv. XXXIX, 5, 13; XXXVIII, 9, 13; 43. «; en 167, triomphe de l'aul-
Emilc, Plut. Paul. Aem. XXXII; en 146, triomphe de llctellus, Vell. Paterc. I,
1 1. 3, 4 ; en 143, triomphe de Mummius ; Colin. Op. laud. p. 363 sq. — 7 Modéra-
tion de Marcellus, Cic. \eri-. II, 4, 34; IV, 3, 3i; de O. Fulvius, Liv. XXVI,
34; de Fabius, Liv. XXVIl, 16; voir pourtant Strab. VI, p. 278; Marcellus
aurait enrichi même des temples grecs, Plut. Marcel. XXX : reproches adressés à
Fulvius Xobilior pour avoir pillé les temples, Liv. XXXVIII, 44.-8 Strab. VIII, 6,
i3 ; Plin. -V. hist. XXXIll. 149; X.XXIV, 36; XXXVIl, li; on s'adressait à Mum-
mius comme à uu courtier, pour oruer les péristyles de ses villas ou les temples
nouveaux. — 9 Polyb. XL, 7 : statues naufragées dans les trausports. ttec. des
Et. i/r XIV, 1901, lii sq. ; Luc. ZeuxZ; 'Eçr.,.. A»/. I9ûi, 145 sr|. ; ^ourn. Iicil.
stud. 1903, p. I5Î sq. ; pillages des pirates, Plut. Pomp. i4; en 1909 des fouilles
au large de Tunis ont amené la découverte d une cargaison de statues naufragées ;
J.de$ Sac. août 1909, p. 374; C.-rend. Acad. Inscr. 1910, p. ii3, Î43, i48. lii,
383. — 10 Sallust. Calilin. II; -Strab. XII, 3, li; Plin. N. hist., XXXIV, 7;
VœlLcl, VCegfùhr. d. Kunslic. aus d. eroli. Landern nach Rom, 1798 : Sickler,
Weynahme u. Âljfùhr. vorzùglicher Kitustw. aus. d. erob. Ltïndern in d. Lânder
der Siéger, 1803 ; VVunderer, Atanubiae .Mexandrineae, Wurzburg, 1894.
les besoins de la guerre, ou quelquefois naufragées dans
les transports'. Les déprédations sont loin de cesser au
temps des compétitions et des guerres civiles'"; les
rapines dWntoine étaient demeurées fameuses en Asie;
Auguste se vante de les avoir en partie réparées". Lui-
même était amateur d'art, et surtout d'art arcliaïque, mais
il achetait, au lieu d'enlever de force '-. Ses successeurs
n'eurent pas toujours les mêmes scrupules '^. — On pouvait
croire au moins que l'exode des statues s'arrêterait à
Rome. Pourtant, lorsque l'Empire latin tombe à son tour
et se transporte à Byzance, la plupart des belles œuvres
grecques suivent la destinée de leurs nouveaux posses-
seurs ; surtout à l'époque de Constantin, elles s'en vont
orner les monuments, les portiques, et les places de la
nouvelle capitale''". Elles ne tardèrent pas à y être rejointes
par tout ce que le hasard avait laissé en place dans la
Grèce et en Asie Mineure ''. Ce fut là, il est vrai, leur
dernière aventure; celles qui échappèrent aux accidents
de l'exil périrent victimes du triomphe chrétien, ou plus
misérablement encore pendant les invasions barbares
par l'incendie des palais"*. C'est l'époque où l'on fond
les bronzes, soit pour le rachat des captifs, soit au profit
des églises nouvelles '^ Une décision impériale ruine
d'un coup le Serapeum d'Alexandrie, avec toutes ses
richesses d'art '*. A travers le monde païen, le zèle
des néophytes sévit et n'épargne certains chefs-
d'œuvre que grâce à des confusions singulières'". Par-
fois la haine du christianisme militant pour les vieilles
divinités anthropomorphiques et les souvenirs du monde
païen s'apaise. Une intervention passagère arrête le mal
causé par la main des hommes -". Mais c'est pour les
statues le court répit d'une agonie : aussi bien, l'esprit
— Il Plin. A'. Mst. XXXIV, S, 38; Mon. iVAnci/re, IV, 49, ch. xsiv;Strabon cite
queh|ues exemples de ces restitutions, d'ailleurs pai-tielles, faites par Auguste.
XIII, p. 593; XIV, I, 4. —12 Plin. XXXVI, 13; Paus. VIII, 16, tà4; à ce goût do
l'empereur serait due la dillusion de l'art grec archa'iquc en Italie; Lcewy, Inscli.
ijr. hildh. 497, ^inscription douteuse): Strab. VIII. i, 19. — U Pillages de Cali-
gula, Winckelmann. V!, I, p. i33 ; pillages de Néron, à Athènes, Delphes, Olympie,
ibid. p. 237 ; Paus. V, 26, 2. — liEuscb. Vit. Constant. III, 34; De laud. Constant.
8; /te«. Etud. gr. IX, 40 ; Anthol. éd. Jacobs, I, 37 : description des statues du
gymnase de Zeuxippe. Banduri, Jmp. orient. Il, p. 862 ; sur un manuscrit de saint
Grégoire de Naziance, représentation de statues grecques sur colonnes, au milieu
d'une place publique à Constantinople; A. Michel, M. de l'Art, I, p. 246, lig. 135.
Le Zeus d'Ulympie, œuvre de Phidias, fut transporté à Constantinople ; il était dans
la maison de Lausus, t^lcdrenus, Comp. histor. p. 3iiB ; Overbcek. Schriftq. 680-
690, 744-734. L'Athéna Parthénos du mémearlisie existait encore en l'an 375 de notre
ère ; on a pu croire, d'après un texte, il est vrai suspect, qu'elle avait été transportée
aussi à Constantinople ; .Sc/iol. Aristid. Orat. 50. — 1^ Constantin pille le temple
d'Athéna Lindia pour orner sa résidence. — Iti Les chrétiens d'Afrique, Tertuliieu,
Saint Augustin, Clément d'Alexandrie condamnent à la fois la plastique cl la pein-
ture ; le concile d'Illibcris. un peu mieux disposé en faveur de la peinture, n'est pas
plus favorable aux statues que les doctrinaires d'.\fric|ue; Griincisen, L'eber die
L'rsachen und Grûnzen des Kunsthasses in deti drei erslen Jahrh. n. Christ,
1831 ; dans une inscription d'Fphèse, Forsclt. in Eplteso^. I, p. 103, un chrétien se
vante d'avoir détruit une idole d'Artémis. L'ordre direct de détruire les temples ne
commence qu'avec les fils de Théodose ; on se réjouit de pouvoir montrer au peuple
l'intérieur poudreux d'un colosse chryséléphantin, Ëuseb. Vita Constant. III, 34 ;
Nicetas Choniat. p. 738 ; statues fondues au moment des invasions barbares,
Zozim. V, 41 ; statues enlerrèes, Itev. arch. X, 1864, p. 3i9 ; sur les incendies, voir
principalement l'incendie du Lauscon, du bain de Zeuxippe ; Cedrenus, 348 A :
Zonaras, Ann. XIV, p. 62. Le Lauseon fut détruit sous Zenon. A Rome, ta dévas-
tation continue tout au cours du moyen âge ; P^icbutir, Kleine Schrift. p. 433 ;
Heyne, De interitu operitm tum antiqitae cum serioris artis quae Capitoti fuisse
memorantur, Comm - Gotting. XII, p. i73 ; Laneiani, The destruction of ancient
Jlom. — 17 Voir l'article stati-.viii.i — '» Le Sérapis de Bryaiis, Jleo. arch.
19022, p. 5, 21 ; 19032, p. 177-204. est brisé à coups de hache. — '^ Gardner,
H andbook of greck .Seulpt. I, p. 6 ; on respecta d'une façon générale les monuments
de caractère funéraire. — 20 En 382, édit de Gralien, protégeant les œuvres d'art en
Orient ; Cad. Theod. 16, 10, 8. A Rome, on crée un centurion, plus lard un
tribun, puis un cornes rerum nitentium pour la protection des œuvres d'art; Vales,
ad Ammian. XVI, 0 ; au temps de Cassiodore, il existe pour cet ofDcc un • cornes
romanus », dont la fonction est appelée comi/ira romana; Cassiod. Var. Vil, 13,
Tertullian. Apolog. 29 ; Arnob. VI, p. i05.
STA
— 1488 —
STA
qui les avait créées el animées allail Unir; elles ne pou-
vaient survivre. Si quelques-unes demeurèrent intactes,
ce fut pour permettre aux croisés d'attester par de nou-
velles destructions la vivacité de leur foi '. Que Ton
pense à toutes ces ruines, en y ajoutant l'eiïet des Iléaux
naturels, du vandalisme, de lignorance- : on cessera
d'èlre surpris du petit noml)re de pièces conservées sur
l'immense quantité des chefs-d'œuvre connus de la
statuaire antique ^ Charles Pic.aru.
STATU.VUIA. — Le passage bien connu de Pline',
concernant Pasitélès, distingue nettement les unes des
autres : la plastique en terre, plastice [figlimm opls, ni'-,
la toreutique caelatiraP, la statuaire en bronze, sta-
tuaria, et la sculpture en pierre [sc.ilptira J. La sta-
luaria, chez les écrivains de l'époque impériale, consiste
dans l'exécution de statues en bronze par les staluarii'.
Si les Latins donnaient à ces mots une signification
bien précise, les Grecs n'avaient pas d'expression exac-
tement correspondante ' ; un passage de Quinlilien est à
cet égard signilicatif '^.
I. Latecuxioie de lastatiaria ". — 1° La fonte pleine,
le sphijrelalon et les origines de la fonte creuse. — La
fonte du bronze, dans les pays de l'antiquité classique,
remonte à une époque très reculée aeSj '. La fonte
pleine, qui fut d'abord la seule connue', ne permettait
pas d'obtenir des figures de grandes dimensions, carplus
la masse coulée est considérable, plus s'y font sentir les
effets de la rétraction provoquée parle refroidissement '".
Aussi, toutes les figures en fonte pleine que nous a
léguées l'antiquité " sont-elles petites par les nécessités
mêmes du procédé employé. Si l'on voulait obtenir des
figures plus grandes, on était obligé de recourir au pro-
cédé consistant à river entre elles des feuilles de métal
battues au marteau [sphi/relaton)'-. Ces deux procédés,
lors de l'apparition d'une technique plus perfectionnée,
ne furent pas abandonnés : la fonte pleine continua à
être employée pour les figurines, le sphyrelaton transmit
1 NiceU*,.Vtirra/io desUitttis aiitiquisguas Franc i destrtixenmt : itev. dt-s Et.
gr. 1907, p. 399. — 3 Statues foudroyées, iuccniiices par accident ; statues employées
ilaus les fours â chaux (Agora des Italiens, à Délos\ statues utilisées comme pierres
brutes daus les reconstruclions ; ce deruier usage, i|ui a fait disparaître tant de pièces
de valeur, eiistait dès ranti<|uité ; Thucyd. I, 90; on a retrouvé, maçonnés dans le
mur de Tliémtstocle, un grand nombre de fragments sculptés provenant, soit de
stèles, soit de statues eu ronde-bosse; à Idalium, statues transformées en socles,
S. Keinacli, Chron. d'Orient, p. 190 ; voii- encore Déonna, Les Apnlt. arcli., i9j-106 :
llomolle. Mon. yrecs, li^7i-81, p. ôl. — 3 On peut prendre une idée de l'aboniaocc
des statues antiques par quelques chiffres que nous donnent les anciens; à Rhodes,
après les pillages, un ami de Vespasien compte encore, selon Pline, .V. Hisl. X.KXiV,
17, 3000 sutues : sur l'abondance des statues à Délos, Ovid. Ueroid. XXI, 98 ; de
peUles tics comme Bacchion, près de Phocée, conlenaieiil un nombre surprenant
d'œuvrcs d'art, Liv. XXXVII, 31, Sur le nombre des pièces conservées et connues
aujourd'hui, S. Reinach, Itèpertoire de la statuaire ijrecqite et romaine.
sr.^TUARIA. 1 Hist. nat. XXXV, 130 : [.auaat (Varroi et Pasilelen gui plas-
ticen matre-n caelaturae et statuariae scuipturaeque dixit. — *- Deouna, Les
statues de terre cuite en Grèce, 1906 ; Les statues de terre cuite dans ranliguité,
1908; La statuaire ccramique à Chypre, 1907. — 3 Blûmner, Technologie und
Terminologie der Oewerlte und Kùnste, IV, p. Si9 sq. ; IJuatremère de (Juincy,
Le Jupiter Olympien, p. 73 sq. ; n'iener Jahreshefle, 190+, p. lôtsq.; 1905,
p. 51 sq. — ' Cf. encore l'emploi du mot statuaria cLei Plio. .XXXIV. 35, Gô :
XXXVl, 15 ; sur la signihcation de ce mol et sur les textes des auteurs anciens qui
s'en servent, cf. Blûmner. Op. l. Il, p. 175, 186; IV, p. 3i4 ; Ouatrcmère de Quincy,
Op. l. p. S7 sq., 9" sq. ; Pauly-Wissona, Jleal- Encyklopâdie, s. v. Erzguss, p. COS;
Walters, Catal. of the Bronzes in the Brit. J/its. p. Ï9 ; Americ. Journ. of arch.
1907, p. 414; sur les statuarii, cf. les références précédentes, en particulier
Blûmner, Op. l. Il, p. 186. Le mot statuarius désigne d'une façon très spéciale le
fondeur de statues en bronze. Sénèque, £p. Ss, 18, dislingue nettement les sta-
tuarii des marmorarii. — ô Bliimoer, Op. l. IV, p. 3il sq.; Wallers, l. c. — «11.
il, 10 : .Vam si guaeras quae sit materia statuarii, dicetut- a^s; si guaeram,guae
sit excusoris, id est faliricae ejus guam Graeci yalxcuTtvr.v vocant, simtliter aes
respondeant ; atgui plurimum statuis differunt casa. — 7 Cf. Pauly-Wissona.
Op. l. s.v.Erzguss, p. 007 sq. (Blûmner); C!u8lremère de (Juincy, Op. t. p.90sq.,
sa technique à la statuaire chryséléphantine ebur".
Tous les arts anciens ont commencé par pratiquer la
fonte pleineet le sphyrelaton. Les statues trouvées à Kom-
el-.\hmar, que l'on croit du temps de Pioupi I'''(VI' dynas-
tie), sont faites de pièces de cuivre repoussées au mar-
teau et jointes par des attaches mécaniques''. Cependant,
les Egyptiens connurent de bonne heure le procédé de la
fonte en creux, qui, à l'époque des rois saïtes, est très
perfectionné. Même les petites figurines, que les Grecs
de l'âge classique fondaient d'habitude en plein, étaient,
en Egypte, fondues en creux, d'une manière très habile,
avec des parois déjà très minces". Les statues de l'an-
cienne collection Posno, au Louvre '°, que M. Maspéro
place quelques années avant l'avènement de Psam-
métik I"'"', c'est-à-dire avant 664 ; la statue d'Horus, pro-
venant de la même collection, au même musée", datant
aussi du vu' siècle, sont coulées d'une seule pièce, sauf
les bras, qui, suivant un procédé usité aussi en Grèce,
sont rapportés ; la fonte en est légère, et la figure, sortie
du moule, est soigneusement retouchée au ciseau. Les
bronzes de la reine Takoushit, au Musée d'Athènes'', de
la reine Karomàmâ, au Musée du Louvre'*, tous deux
de la période saïte, sont des chefs-d'œuvre de fonte. Ces
monuments ne sont pas de très grandes dimensions, car
l'Egypte ne nous a laissé qu'un petit nombre de grandes
statues en bronze, mais les débris de forte taille que
possèdent les collections privées et publiques montrent
que les habiles fondeurs égyptiens n'ont pas craint les
diflicultés multiples de leur art '^. On peut encore citer
le fragment d'une statue du roi Petoukhànou exécutée
aux deux tiers de la grandeur naturelle'".
Dans le bassin du Tigre et de l'Euphrate, on connut
aussi, dès une époque très ancienne, la fonte en creux.
La statue de la reine .\apir-.\sou, trouvée en Susiane par
la mission de Morgan-', date du xiv^ siècle avant notre
ère; elle est de grandeur naturelle, fondue en creux et
remplie d'une seconde coulée de métal qui l'a trans-
ita sq.. IH sq. ; Baumcisler, Dimkmùler.s. v, Erz, p. 5lH sq.; Cata\ gt-nér. des
antiquités êggpi. du Musre du Caire, X. Edgar, Greek Moulds, p. 6 sq. (tireek
bronze casting) : Blûmner, Op. l. IV, p. 178 sq. ; Walters, Op. l. p. 17 sq. : Dic-
tionn.de t'Acad. des Beaux-Arts. s. v. Bronze; Lûer, Tecknikder Bronzeplttstik
(Monograp. des Kunslgcwerbes IVj : Viiener Jalireshefte, l*.>ûi, p. 154 sq.,
1909, p. t\i S(i. (Pcrnice, Untersiieh. zur antik. Torentik: cf. /ter. des Etudes
grecgues, 1906, p. 119); Jahrbuchdes arch. deutsch. Inslit. 1903, .XVI. .\nzeiger,
p. 14 s(|.; Tarbell, Hnt. of ijreekart. p. 120 sq. ; Gardner. A Handttook of greek
.Sculpture, I, p. i3 sq. ; Pcrrot, /Jigt. de l'Art, VIII, p. 168 sq.; Clarac, Musée de
scutpt. \, p. 55 sq. ; Lewin, l'eber die Technik antik. Bronzen, Jahrbuch.,
XVI, Beiblatt, 16. — ** Wallers, Op. l. p. ±i sq. : origine du bronze, Hoerues.
Lrgeschichte derhild. Kunst in Europa, p. 906 sq. : Dussaud, Les civilis. préhel-
lèniqves, p. 189 sq. ; .Morgan, Les premières civilis. p. 205. — 9 Sur la fonte en
plein, cf. Blûmner, Op. l. IV, p. 279 sq. : Walters, Op. l. p. 29 sq. — 10 Perrol,
Op.l. Vlll, p. 170. — tl Ex. les statuettes en bronze mycéniennes ; M ùnchenersitzbe-
richte, 1899, II, p. 5'j9 sq. (Furtwaengler, cf. Bev. des Et. grecques, 1900,
p. 373) ; Walters Op. l. p. 37 sq. — 12 Cf. s. v. cieuiliia, aes: Waltcre, Op. t.
p. 30 s*i., .XX.XVI; IJuatremère de (juincy, Op. l. p. 154 sq. ; Marquardt, Mauufl
des Ant. rom., XV, Vie privéi; 2, p. 327. — 13 Perrol, Op. t. Vlll, p. 171, noie I ;
J.meric. Journ. of arch. 1S99, p. 243, 097-8: Capart, L'art égyptien, 1908, p. 13,
pi. XN ; Springer-Michaelis, {(>), I, p. 21, tig. .^2; Maspéro. L'arch. égyptienne, 1907,
p. 292. —u Pcrrot, Op. ;. I,p. 650 sq. ; Pauly-Wissowa, /. /.; J/oiium. PioMV,p. 15;
Collignon, Sculpt. grecque, I, p. 133; Mûnch. Sitzungsberichte, 1897, 11, p. 114
(Furtwaengler).— 15 C.rend. de l'Acad. des Inscr. 1873, p.345 ; Longpérier était
enclin à les placera une date beaucoup trop reculée. Cf. Perrol, Op. l. I, p. 630 sq.
fig. 434-5 ; Monum. Piot, IV, p. 10 ; Pauly-Wissowa. /. /. ; Collignon, Op. l. I, p. 158,
note 4; Maspéro, Archéol. égypt. p. 292. — 16 Perrot, Op. l. I, p. 64, fig. 44;
Tarbell, A history of greek art, p. 31, lig. 11. — 11 Gaz. archéol. 1883, p. 185,
pi. i.\xxiii-iv ; Maspéro, L. l. p. 292; Id. dist. anc. des peuples de l'Orient, 11,
p. 534, pi. III ; Monum. Piot, IV, p. 16. — 18 Monum. Piot. IV. p. 13 sq., pi. m.
— 19 Ibid. p. 13 ; les aiiistes égyptiens .idoptèrcnt sans doute de bonne heure a
fonte dite en carton, Jbid. p. 24. — -0 Ibid. p. 16 ; Maspéro, .\rch. égypt.
p. 292. — 21 Gaz. des B.-irts, XXXV, 1906, p. 10-11, fig. ; Berue de VArt anc.
et moderne, XIX, 1906, p. 266, 269.
STA
1489
STA
formée en un bloc massif. Diverses slatuelles de bronze
provenant des mêmes fouilles ' sont aussi exécutées en
creux par un procédé analogue à celui de la cire perdue,
mais où le bitume tenait le rôle joué par la cire.
Il semble qu'on ait songé, en Grèce, dès l'époque
mycénienne, à fondre en creux. Un petit cerf, trouvé à
Mycènes -, fait d'un alliage d'argent et de plomb, est
creux, et présente sur son dos un tuyau qui a servi à la
fonte. L'ouvrier, ayant modelé en cire le cerf, l'aura
recouvert d'argile, fait une ouverture sur le dos de
l'animal et fondu la cire au feu. Dans cette forme ainsi
préparée, il aura versé le métal en fusion, puis, dès que
celui- ci se sera un peu refroidi et attaché aux parois
intérieures, vidé le reste du métal encore liquide. Si
cette explication est exacte \ on voit que ce n'est qu'une
variante de la fonte pleine, qui témoigne cependant du
désir de fabriquer des figures creuses, plus légères. Ce
n'est là qu'un exemple isolé. Dans les régions helléni-
ques, les procédés de la fonte en creux ne furent mis
en usage qu'à une époque assez récente.
2° Les procédés techniques de la fonte en creux. —
Les anciens attribuaient aux Samiens Rhoecos et Théo-
doros, qui vivaient au vil'' siècle', l'invention de la fonte
du bronze'. En réalité, ces artistes se bornèrent à intro-
duire en Grèce des procédés déjà connus de longue date
par les Orientaux, et c'est en Egypte sans doute qu'ils
apprirent à pratiquer une technique qui leur était nou-
velle". L'histoire que rapporte Diodore' sur la statue
d'Apollon Pythien fabriquée en deux parties par Théo-
doros et son père Téléklès, peut être rejetée au nom de
la vraisemblance, mais il n'y a aucun motif de douter
que Téléklès et Théodoros aient fait, comme il le dit, un
séjour en Egypte et qu'ils s'y soient instruits dans
leur art*. Il en fut sans doute de même pour Rhoecos,
l'artiste samien '. On sait combien étroites sont à
cette époque les relations de l'Ionie, de Samos, de
Milet, de Rhodes, de Chypre, avec l'Egypte '". La
technique nouvelle dut s'introduire à Chypre vers le
même temps qu'à Samos, car on a trouvé dans le sanc-
tuaire de Limniti des figurines de bronze, qui ne sont
pas postérieures au vi" siècle, et qui sont fondues en
creux, suivant le procédé égyptien, c'est-à-dire avec le
noyau laissé à l'intérieur".
Mais quel genre de fonte les Samiens mirent-ils en
œuvre'-? Les textes ne le disent pas et on est réduit à
des hypothèses. M. CoUignon'^ ne pense pas qu'ils aient
employé le procédé à cire perdue, technique trop
savante, dit-il, pour l'époque. La méthode adoptée aurait
été celle de la fonte au sa/jle, en plusieurs morceaux.
Voici en quoi elle consiste. Le modèle en plâtre ou en
argile de la statue est débité en morceaux, qui sont
moulés séparément dans un moule de sable fin et un peu
1 Gaz. des B.-Arts,\i. 16; llevue de l'Art anc. et mod., 1900. I, p. 2859 ; Morgan,
0/j. l. p. 43i, note 2. Cf. sur la fonte en carton en Chaldée, Heuzey, Catal. des anti-
quités chaldéetines, p. 291, 293, 321, 322. — 2 Schliemann, Mykenae, p. 296,
rig. 370. — 3 Arch. fur Anthrop., XII, p. iK; BlGraner, Op. I. IV, p. 285, note 1.
— t Testes relatifs à ces artistes, Overbeck, Schritfqml. n« 273 sq. — 3 Paus.
VIII, 14, 8: Ovcrbcck, Op. l. n" 273, 277; id. X, 38, 6.-6 Sur l'invention
de Rhoecos et de TliOodoros, cf. Collignon, Sciitpt. ^r., 1, p. 154 sq.; f'errot,
Hist. de l'art, VIII, p. 169 sq. ; Waltcrs, Op. l. p. 49 sq. — ' Uiod. Sic. I,
89; Overbeck, Op. l. n» 279. — « Léchai, Au musée de l'Acropole, p. 412.
— 9 Pétrie, Naucratis, II, p. 6b; Bull, de corr. hellén. 1890, p. 153; Colli"non,
Op. l. I, p. 139; Léchai, Op. l. p. 412. — lO Sur les relations de Samos avec
l'Egypte, cf. Lecliat, p. 410 sq. ; en général, sur les relations enire la Grince
et l'Egypte à cette époque, cf., Mallet, Les premiers établiss. des Grecs en
Egypte; Deonna, Les Apollons archaïques, p. 201, 295, 302. — il Xrcli
VIII.
gras. Ce moule est ensuite rempli par un noyau en sable
soutenu par une armature, auquel on donne, en le
refoulant, un retrait calculé sur l'épaisseur de bronze
qu'on veut obtenir. Les pièces sont ainsi fondues séparé-
ment, puis assemblées. On peut croire cependant que le
procédé de la fonte à cire perdue éia'd connu des Grecs'*.
On façonnait une maquette '^ (Trpd7rX7.iT[Aa, argilla), en
terre, ou en plâtre, soutenue par une armature de fer ou
de bois, xivaiBo;, crux [crux, m] '". Plusieurs monuments
anciens montrent Prométhée, ou un simple ouvrier, mode-
lant des figures dans la terre, comme le devaient faire les
bronziers ". Une peinture de vase montre aussi Athéna
Fig C60S. — Moilolago en terre.
modelant un cheval (fig. 6608) ". Sur ce modèle, on éten-
dait une couche de cire d'une épaisseur suffisante pour
pouvoir modeler soigneusement la statue à l'aide de
l'ébauchoir. Une fois le modelage terminé, la maquette
était recouverte d'un manteau d'argile, appliqué par
couches successives à demi-liquides, qui épousait exac-
tement les détails de la cire. On mettait au feu, on faisait
fondre la cire entre le noyau et le manteau, on la faisait
écouler au dehors par des ouvertures spéciales; elle
laissait ainsi la place nécessaire au métal '\ On coulait
le bronze ; après refroidissement, on enlevait la chape
extérieure et le noyau intérieur, au moyen de crocs de
fer, par la semelle des pieds, ouverture par laquelle on
avait coulé le métal. Tel est, dans ses grandes lignes, le
])rocédé à cire perdue, auquel font souvent allusion les
auteurs anciens'", et qu'on pratique encore de nos jours.
Anzeig. 1889, p. 88; Mùncli. Sit::ungsber., 1897, II, p. 114-3 (Furtwaengler).
— 12 Sur les différents genres de fonte du bronze, cf. Clarac, Op. l. I,
p. 67 sq., 100 sq. — 13 Op. l. I, p. 157. — U Sur ce procédé : Blûmner, Up. L
IV, p. 286 sq., 326; Wallers, Op. l. p. 31; Catal. des ant. du Musée
du Caire, Edgar, Greek moulds, p. 7, IX; Mon. anticki, 1909, 19. p. 118,
note 1. — lo Sur les maquettes, cf. figlinom opus, p. 1132; Deonna, Les
stat. de terre cuite en Grèce, p. 20, (référ.). — 16 Deonna, p. 17. — n Ces
monuments sont énumérés dans Roscher, Lexikon, s. v. Prometheus,
p. 3103 sq.; cf. Deonna, Op. l. p. 18-9. — ii Annali delt Ist., 1880, pi. K, p. 56.
— 19 Cf. la description de ce procédé de fonte: Liier, Die Technik der Brouze-
ptastik, p. 19 sq.; Wiener Jahreshefte, 1904, p. 156. noie 4; on voit dans les
pieds de l'éphèbe Sabourotf et de l'éphébe de Pompéi. l'ouverture qui a servi à
retirer le noyau; Wiener Jahr., IV, p. 177; IX, p. 13i. — 20 Cf. ci-dessus les
références sur la fonte à cire perdue, où sonl réunis les passages qui v ont li-ait.
187
STA
— 1490 —
STA
La slaluc pouvait être fondue dun seul jet. Le plus
souvent cependant, les bronziers la fondaient par parties
séparées, comme nous rapprennent les textes ' et les
monuments. Voici une coupe bien connue du Musée de
Berlin (li;;. ()G09), montrant un atelier de fondeur-. On
remarquera qu'un ouvrier est en train de travailler une
statue colossale de bron/.e, dont la tète, fondue à part,
est encore séparée du tronc et git à terre. Si on examine
les statues de bronze, ou les fragments de statues que
nous possédons, on constatera que l'usage de fondre la
statue par morceaux était courant, et que bien rares
sont les figures fondues d'un seul jet^ Dans une statue
féminine de Munich' par exemple, on verra que le fon-
deur a coulé à part : le bas du chiion jusqu'au manteau,
le manteau jusqu'au.x grands plis obliques, le haut du
manteau, le chiton sur la poitrine, les bras, la tête°. Les
pièces fondues séparément se multiplieront dans les
oeuvres romaines, avec la décadence de la statuaria.
C'est ainsi qu'une statue féminine du musée de Naples
est faite de 10 morceaux °.
Les pièces fondues n'étaient pas toujours sans défauts;
quelque bulle d'air, quelque scorie, pouvaient avoir
endommagé l'épiderme, et il fallait y remédier au moyen
de petits rapiècements, qui sont nombreux sur les
lironzes antiques'. Afin de faire disparaître le défaut, on
agrandissait la cavité, de manière à lui donner la forme
d'une fente allongée, à bords nets; puis, dans une mince
feuille de bronze, on découpait des triangles minuscules,
très aigus au sommet. On les insérait, la pointe en
avant, dans les petites fentes ainsi préparées, on coupait
' Philo Byz. De sept, siiect. i: (Juiiilil. Il, I, 12; VII, pr. i. — 2 Caej.atlba,
p. -90-I, fig. 937-9; Blûraner, Op. I. IV, pi. v, p. 330 (iiSfér.) ; Wallers, Op. l.
p. 33; llartnig, 3/eislerschalen, p. 381 (référ.); Iwau von Slûller, VI, Himdhucn
ihr Areh. p. 405; Paiily-Wissowa, Op. l. s. y. Erzguss, p. 61 1 ; Wiener Jahresh.,
I. 189S, p. 37; Jahrb. der arch. Imt. XXU, 1901, Arch. Anzeig. p. 15; Mar-
quardl, Manuel des ant. rom. XV, Vie des Jtom. Il, p. 315, noie 8 ; Baumoisler,
Venk.. s. t. En, p. 306, lig. 317; MiLcIiell, llist. of anc. sciilpl. p. 198; Colli-
pnon. Op. 1. 1, p. 158; Gardnor, Handbook of ,jreek sculpt. I, p. iC ; Marllia. Art
•'trusijiie, p. 301. — 3 Cf. sur celte niilliode : Blûniner, Op. t. IV, p. 127 ;
l'auly-Wissowa, L. l.-.Monum. Pwt, X, p. 70; Arch. Anzeig., 1901, p. 15-6;
Wallers, Op. I. p. 33. — l Furlwaeiiglcr, Dtschrcib. der Otijpt. p. 366. u- 4ti!
— 5 Aulnes eseinpies de pièces fondues à part : boucles de cheveux : Furlivacu-
yler, Jntennezzi, p. 4-5; Olympia, IV, p. I i. n" 21 ; Fouilles de Delphes. V
(1° fasc), p. 41-2; lérres : Olympia, IV, p. 10, n. i ■ 1,'te el boucles: ibid. pi. i,
n- 1, Icile, p. 9; ira» : iiirf. p. M, n' ï ; corne de taureau: ibid. p. lî, n« 4;
parties sej-uelles : Furlwaengler, Beschreib. der Clypt.p. 372, n»457. _ 6 IVientr
Jahrcshefle, IV, 1901. p. 187. — 7 Fouilles de Delphes, V {fasc. I), p. 3;,,
le surplus à l'extérieur, et on limait*. Une statuette
d'Aphrodite trouvée fi Dodone ' est ainsi toute hérissée à
l'intérieur de ces petites pointes. Quelquefois, la surface
était plus sérieusement endommagée: le bronzier ajus-
tait alors des lamelles de métal rectangulaires, qui
pansaient la blessure. Un bras de statuette, trouvé à
Delpiies (fig. GGlO'i '", tout couturé de ces pièces de répa-
ration, est un exemple frappant de ce procédé.
Les pièces fondues à part étaient assemblées entre
elles. Le plus souvent, c'était au moyen d une soudure" :
celle-ci était généralement peu solide; aussi les pièces
des statues se sont-elles facilement détachées et per-
dues '-. On les unissait aussi par des rivets; ils occu-
paient le centre d'un petit carré creux ; quand ils avaient
été enfoncés, el que la tète en avait été limée de façon à
ne faire aucune saillie au dehors, on remplissait l'étroit
Fig. 6612. — Cils d'une
slatue de bronze.
carré avec une pellicule de bronze que fixait en place
une fine soudure '^ On remarque aisément ce mode
d'attache dans la figurine d'Aphrodite de Dodone, formée
de deux parties se rajustant à la ceinture (fig. 66H)'*.
Le pubis dune statue d'Olympie, fondu à part, était
attaché au corps par trois clous '\ Parfois, les longues
tresses pendantes de la chevelure étaient fixées par des
crochets"'. Dans plusieurs bronzes gallo-romains, comme
le Jupiter d'Evreux, la grande statue de Lillebonne, et
celle du Musée de Vienne (isèrel, les pièces fondues à
part sont raccordées au moyen
de petites lames de métal très
adroitement repolies''.
Toutes les parties de la statue
n'étaient pas fondues. Certains
détails étaient découpés dans
des feuilles de bronze battues au
marteau. Tels étaient les cils, c[ue l'on imitait aussi
fidèlement que possible [scilptlr.\, p. li4o\ La sta-
tuaire moderne a perdu l'habitude de représenter les cils
et fait les yeux glabres, comme le reste du corps, mais
les artistes anciens, eux, ont rendu les cils avec la même
n»> 3'J, 42 : Bull, de corr. hclL, 1891, p. 470 sq.; Perrot, Op. l. Vlll, p. 175;
Momim. Piol, III, p. 'j3 ; Forschungen in Sphesos, I, p. 188; Olympia, IV,
p. 16 ; Alh. Millh. XXlV.p. 481, note 1, lier, arch., 1909, I. p. 178. Ces défauts de
fonledans les bronzes égyptiens sont souvent boucliésavcc du mastic ; Mon. Fiot^
IX, 1902, p. 121 — 8 Bull. corr. hdl. 1S91. p. 471-2 ■ Lecbal) ; Perrol, Op. l.
Vlll, p. 175. — SBull. corr. Iiell. 1891, pi. ri-x. — 10 fouilles de Delphes, V
{fasc. I), p. 41, n" l")8, ûg. 128. — 'I Sur la soudure, cf. caglatcba, p. 793 sq. ;
Bliimncr, Op. t. IV, p. 290 sq.; Ja!>rb. d. arch. Jnst. Il, 1887, p. 98: IV,
18S9, p. 116; Monutn. Piol, XII, p. 56; Potlicr-Heinacli, Aécrop. de
Myrina, p. 403 ; dans l'art myci'nien. Bull. c. hell. 1894, p. 9. — H El. corne
de taureau soudée au plomb, Olympia, IV, p. 12, n» 4; doigt: Fouilles de
Delphes, V (fasc. I}, p. 41, n» 71 ; bras: Monum. Piot, I, p. 109 ; 11, p. 146; parties
brisres a'icientteinrnt et resoudées, ibid. III, p. 56. — ^"^ Bull. corr. hell. 1891.
p. 470; Perr..!, Op. l. Vlll, p. 174-3. - f> Bull. corr. hell. 1891. p. 470,
fig. 3-4; Wallers, Op. l. p. 3). — '5 Olympia, IV, p. l.H, n» 32. — '«Fouilles de
Delphes, V (fasc. 1), p. i2, n" 76. — 17 Reinacli, Bronzes fig. de la Gaule romaine,
p. 29; Uonsc, Chefs-d'œurrc des musées de France, p. 192.
STA
li-9l —
STA
oxacUtude minutieuse que les poils du pubis ou du
ventre. Aussi trouve-t-on fréquemment de ces bandes de
bronze découpées en forme de cils qui proviennent de
statues, tel l'exemplaire reproduit ici (fig. 0612), trouvé
à Delphes'. Ailleurs, c'était le vêlement que fournissait
le travail du bronze au repoussé, comme dans une petite
statue de Bacchus trouvée à Pompéi, dont la nébride est
faite d'une pièce battue au marteau et rapportée'.
La statue, une fois montée et réparée, était loin d'être
achevée. Il fallait enlever les croules métalliques qui
restent souvent adhérentes à la surface des objets sortant
de la fonte ; il fallait elTacer les joints des pièces soudées
entre elles. C'est à ce travail de polissage que sont
près la foule.
occupés des ouvriers, sur la coupe du Musée de Berlin
(fig. 6613). A l'aide de lames recourbées, ressemblant à
des strigiles, ils polissent un colosse armé de la lance et
du bouclier. Ce travail soigneux fera défaut dans les
œuvres de la décadence. Sur la statuette dite de Charle-
magne, datant de l'époque carolingienne, on aperçoit
encore les lignes de suture des diverses parties'.
Tout ce travail mécanique était confié à des praticiens
qui, lorsqu'il s'agissait de pièces de grandes dimensions,
montaient sur des échafaudages dressés autour de la
statue, comme ceux que l'on voit sur la coupe de Berlin
déjà citée, et contre lesquels on pouvait appuyer des
échelles [scalae] '. Une inscription mentionne les
dépenses faites pour des échafaudages destinés à per-
mettre de travailler des statues de bronze ".
Puis intervenait de nouveau l'artiste qui avait conçu
et fondu la figure. Une statue qui vient d'être fondue est
dans un état à peu près semblable à celui d'une figure
de marbre sortant des mains d'artistes secondaires pour
passer dans celles du sculpteur qui y met les finesses
de détail, l'expression, et des recherciies de travail qu'on
pourrait comparer aux demi-teintes et aux reflets de la
peinture °. Le bronzier ciselait sa statue au burin, ren-
dant les divers détails, la chevelure, les draperies, etc.,
en un mot, lui donnait le fini qui lui manquait. Dans
l'antiquité, l'artiste ne confiait pas à un autre le soin
d'achever son œuvre '. Aussi les plus grands bronziers
étaient-ils renommés comme loreuticiens, tel Myron,
1 l-'ouilles de Delphes, V ifasc. Ij, p. 4.1, u» 87, fig. 131 (divers el.|;
Carapauos, Dodone, p. il'J : cf. lAurige de Delphes, etc. Môme déiail dans
les œuvres de marbre, cf. la Coré d'Anlcnor, Leclial, An musée de t'Àcrop.
p. il'J. — i Bull. deW Ist., 1849, p. 156. — 3 Wiener Jaliresh. IV, l'JOl,
p. 108. — i BUimncr, Op. l. IV, p. 33i.3. — 5 Wiener Jahresh. 1, IkOS,
p. 57. — 6 Clarac, Op. l. 1, p. 61. — 7 Ihid. p. 58 ; Collignon, Op. t. I, p. 477
sq. — « Clarac, 1, p. 59. — 9 VVallers, Op. l. p. 33. — 10 Cf. la base dUlympie
avec un pieJ de bronze, Olympia, IV, pi. m, p. Il, u° 3. — 11 Sackeu, Ant.
Bronzen, p. I l'J ; de même cerlains reliefs soûl remplis de plomb, pour empùelicr
dont on vantait les coupes ciselées. Le statuaire grec
avait une conception différente de celle de nos artistes
modernes qui, imparfaitement au courant des pratiques
de la fonte, ne sachant pas se servir des instruments du
ciseleur, sont obligés d'abandonner leurs statues aux
soins d'ouvriers qui sont loin d'être des artistes, ou
encore suppriment tout le travail du ciseleur *. Le sta-
tuaire grec se livrait au même travail que le coroplaste,
et ciselait avec le burin ce que son humble confrère
retouchait à l'ébauchoir dans la terre molle de ses figu-
rines sorties du moule.
Un caractère des fontes anciennes est leur extrême légè-
reté. Lastatue de l'Adorant de Berlin 'plus loin, fig. 6623),
par exemple, peut être portée par un seul homme ^
Aussi fallait-il consolider les statues de quelque manière.
Elles étaient scellées sur leurs bases, et nombreuses
sont les bases dépourvues de leurs statues qu'on a
retrouvées, et qui permettent d'étudier le mode de fixa-
tion '". Le pied tout entier pouvait être rempli de plomb,
pour donner plus de stabilité à la statue". On avait
rempli avec des pierres l'intérieur du colosse de Rhodes,
œuvre de Charès de Lindos'-. La statue élamite de la
reine Napir-Asou, que nous avons citée, avait été remplie
d'une seconde coulée de bronze, évidemment pour lui
donner plus de poids et de stabilité. On peut comparer
ces procédés à ceux qui étaient usités parfois dans les
statues de terre cuite, que l'on remplissait de chaux dans
le même but".
3° La polychromie du bronce. — ai Par lea a//iar/es.
— Plutarque'* se demandait si la coloration des sta-
tues des vainqueurs d'Aegos-Potamos à Delphes n'était
pas le résultat d'un alliage, d'un traitement particulier
du bronze. Nous savons en effet que les anciens, en
variant la composition de leur bronze, obtenaient des
teintes très diverses'" [aesj. Le bronze de Corinthe
comportait trois variétés, de couleurs différentes : celle
où dominait l'argent en recevait une teinte claire et
blanche; celle où l'or entrait en plus grande dose parti-
cipait à la couleur de ce métal ; la troisième se recon-
naissait à une combinaison égale des. trois substances
métalliques'". Il existait en Grèce quelques statues dont
on recherchait le métal pour la singularité de sa couleur,
appelée hepaCison '\ parce qu'elle approchait de la cou-
leur du foie'". Le statuaire savait à merveille utiliser
ces diverses teintes du bronze suivant la nature du sujet
qu'il avait à représenter'"; il se plaisait à établir entre
la couleur réelle ou artificielle du métal et le sujet de son
œuvre des rapprochements de ton. De même par exemple
que le marbrier taillait dans le marbre noir les statues
du -Nil, parce que ce tleuve traversait le pays des Ethio-
piens-", de même le staluaire, pour rendre le ton des
corps d'athlètes brunis par le grand air et la gymnas-
tique, employait un bronze d'une couleur semblable^'.
Par ce moyen, les artistes savaient pratiquer une
véritable polychromie du métal-'. Le statuaire Silanion
les déformalious. Atli. Milth. XXIV, p. 474, noie 1. — i- Collignon, Op. l. Il,
p. 489. — 13 Dconna, Op. l. p. 2V. — H De Pyth. orac. 395, B sq. — '3 Cf. aes,
p. lîî; Qualremcre de Quiney, Op. l. p. 37; Blûmner, Op. l. IV, p. I8i,
3iU; Walters, Op. l. p. 34; Rei\ {arch. 189G, I, p. 193; II, p. 335.
— icgualrcmère de Quiney, l. e. — n plin. B. n. XXXIV, 9; cf. Bliimner,
Op. l. IV, p. 330, noie I. — '8 IJualremère de Quiney, p. 5S. — 19 Id. p. oS ;
Blumner, IV, p. 3i9. — 20 pays. VIU, il ; Quatrcraère de Quiney, p. 59. — 21 Dio
Chr;3. Or. XXVIll, p. i89 M. : t!/.t Si «cl Tb )..fSi»a o>.oiov x«).rç «ojaniv.).. Cf.
Blurâuer, IV, p. 33o. — ^2 Rei: arch. IS96, II, p. 336.
STA
1492 —
STA
avait fait en bronze la statue de la reine Jocasle,
représentée morte ; il imagina d"y introduire une
apparence de pâleur, en mêlant dans le métal dont
il forma le visage, une assez forte dose d'argent '.
Une statue d'Aristonidas à Rhodes représentait Alha-
mas se réveillant de sa folie sanguinaire, et son
visage était rouge de honte'. Callistrate, à propos
des statues attribuées par lui à Praxitèle et à Lysippe,
signale d'autres raffinements de coloration plus remar-
quables encore'. Que, dans ces histoires, on fasse
aussi large qu'on voudra la part de l'exagération,
toujours est-il que les anciens savaient, grdce à la
diversité des alliages, dans une même œuvre, fondue
naturellement en plusieurs pièces, obtenir certains effets
de polychromie.
b) Par l'incruslation de métaux ou de pierres'' ^scilp-
TiRA, p. 11-44 sq.; c.\elatira]. — Le bronzier pouvait
varier l'aspect de sa statue et en marquer certains détails,
par l'incrustation de métaux et de pierres de couleurs
diverses. Rien de plus fréquent que les incrustations des
mamelons des seins en cuivre rouge % que les lèvres
recouvertes d'argent ou de cuivre*, qu'une lame d'argent
indiquant la blancheur des dents \ que des yeux en
argent ', parfois avec iris d'or *. Pausanias cite une
statue dont les ongles étaient d'argent '", et nous consta-
tons en efTet ce détail dans plusieurs bronzes". Dans
r.\pollon de Piombino, les sourcils, les lèvres, les seins,
sont incrustés de cuivre '-. On employait aussi dans ce
but la pâte de verre, l'émail, le marbre, les pierres
précieuses, qui offraient au bronzier une riche gamme
de teintes permettant d'imiter de près la nature. Dans
l'éphèbe de Sélinonte", les sourcils sont indiqués en
pâte blanche, ainsi que
le globe de l'œil, dont la
prunelle était rapportée
encore en une autre
matière. Dans la tète
barbue d'Anticythère, les
yeux sont aussi en pâte
blanche '*. C'étaient en
effet les yeux que traitait avec soin le bronzier, qui
s'efforçait de leur donner le plus de vie possible
[ocLLARiis]. Les yeux rapportés, taillés soit dans le
marbre, soit dans l'ivoire, sont presque de règle dans
les statues de bronze '^. Voici, entre autres exemples,
un œil de pierre blanche, trouvé à Dodone (fig. 6614),
dont la prunelle renferme un cercle en cristal de roche
entouré d'un anneau ; ce dernier a disparu avec la
matière colorée qui marquait au centre le point visuel '^
On peut comparer ce travail minutieux avec celui
I Plut. Qaaest. cono. V, i. 1 6; fie aud. poetis, 3. a. Quatremère de Quiocy, Op.
l. p. Ô9-C0 ; Revue arch. 1896, 11, p. 33C. - 2 Plin. XXXIV, 14, § i io. — 3 lu sonl
éuumérés dans IJualremfredeQui.icy.p.liO sq; flec. arch. 1S9G, II. p. 330. — iCf.cn
général, Perrol, Op. l. Vlll, p. 17s ; /lev. arch. 18S6, 1, p. 193 s,, ; (Jualremère de
«Juincr, p. 40 sq. ; ciihtsogkaphia, p. 1136. -5 El. EpUcbe d'Éphèse, forsch.
in Ephe$os, I, p. 188 ; autres ejemples : Sackcn, Op. I. p. 100 : Babelon, L'ronzes,
p. 1, »' 3 ; p. 50, n- 105. — 6 Saclen, p. U, lOi-105; Lelrooiie, Annali d. ht.
M, p. 230. — ■< El. : Aurige de Delphes, ilonuments Piot. IV, p. 193; léle de
Calane, Reioach, /tee. de tètes, pi. cnxiii. — t .innali dht. VI, 1894, p. i30;
Sacken, Op. l. p. 18, 23, 38, 40, 41, ii, 46, 48, 90 ; Wallers, Op. I p 34
- S Sacten, p. lOÎ. _ 10 |, n, 3. - Il Ann. d. ht. 1S34, p. S30; L'ualremère
de IJuincr, p. 42. - 12.4„„. rf. /,,. 1834, p. ±30. - 13 Penol, Op. l. Vlll, p. 495.
- H/ourn. helt. S. 1903, p. 233, f.g. 4. - 15 Sur les veux rapporlés, et. Qualre-
niére de C'uincy, Op. t.; Marquardl, Op. l. p. 346, uole 7 (référ.); Carapanos.
Vodone, p. Ht; Olympia, IV, p. 14, n« 18 sq.; Fouillet de Delphes, V ,fasc. I);
p. 43; Wiener Jahresh. IV, 1901, p. 175; Ar^h. Anzeig. 1889. p. lui, fi-..
Furlwaengler, Aej/ina. p. 4J6, llg. 333 Bull. eorr. hell. 1890, p. 453. - iii'cara-
I pierre et cristal.
par lequel on a indiqué l'œil dans le scribe accroupi
du Louvre : un morceau de quartz opaque, dans
lequel on a incrusté une prunelle de cristal de
roche transparent, au centre de laquelle est planté
un petit bouton métallique ; tout l'œil est enchâssé
dans une feuille de bronze qui remplace la paupière
et les cils '\ La matière qui formait l'œil était en
effet contenue dans une coque de bronze qui la
maintenait, et dont on retrouve souvent des exemplaires
détachés des statues '*.
Puisque l'artiste n'hésitait pas à varier de la sorte la
teinte des parties vivantes de son œuvre, on comprend
aisément qu'il ait aussi appliqué le même procédé aux
parties accessoires, draperies, etc. Les exemples abon-
dent : le bandeau dune des danseuses d'Herculanum est
incrusté d'argent et de cuivre", comme celui de l'Aurige
de Delphes ; l'inscription du pied gauche de l'Apollon de
Piombino est incrustée en argent '-" ; sur la pardalide d'un
Dionysos sont inscrustés des grenats-'; ailleurs, un
diadème est orné de pierres précieuses^'.
L'incruslation sur métal ou sur pierre^' a été, dit-
on, empruntée par l'artiste grec à l'Orient, où le pro-
cédé est très ancien. Il est souvent usité dans l'art clial-
déen, où l'œil, les sourcils, les vêtements, le pelage des
animaux, sont incrustés de métaux ou de pierres multi-
colores-'. En Egypte, de même, les bronzes à incrus-
tations sont nombreux, tel le bronze de la reine
Karomàmâ, déjà cité, tout bigarré d'or, d'électrum et
d'argent. Ce goût pour la polychromie par incrustations
se retrouve ailleurs encore : les Gaulois aimaient à
relever l'éclat du bronze par celui de cabochons de
corail, technique qui leur est propre, et qu'ils rempla-
cèrent vers 200 av. J.-C, par celle des émaux -*.
c) Par des accessoires rapportés en métal d'une autre
couleur. — Callistrate décrit une statue en bronze d'Or-
phée, placée sur l'Hélicon, dont la tiare et le baudrier
étaient en or-^. Ces pièces rapportées sont fréquentes
dans les bronzes anciens que nous possédons: ici, c'est
une nébride en cuivre ^', ou une peau d'animal en
argent; ailleurs, ce sonl des bracelets d'or, d'argent, des
colliers'-'.
d) Par la dorure, l'argenture-^. — L'épiderme du
bronze pouvait être recouvert en tout ou en partie ^^
d'une couche d'or ou d'argent fixée sur le bronze, soit
directement, soit au moyen du mercure soumis à l'action
du feu ". Parmi les restes de bronzes dorés trouvés
à Olympie, Furtwaengler '- distingue deux genres de
dorure, l'une, la plus ancienne, en lamelles se détachant
facilement, l'autre plus solide, qui a été passée au feu.
Les textes anciens mentionnent souvent des statues en
panos. Op. l. p. ÎIS, pi. li, 6. — n Uid. p. 219. — 18 Olympia, IV, p. 14, n« IS.
— 19 H'i«ier/oA)-es*.IV, 1901, p. 134. — M) Jnn. (/•/iM834, p. 199. — 21 Babelon,
Bronzes, p. 165, n» 369. — 22 Sacken, Op. I. p. III. — 23 Les sourcils des sculptures
égvptieuues, chaldéennes, palmyréeunes sont souvent incrustés. Cf. J/o». Piot,
II, p. 187; /(«•. tl.gr. 1904, p. 98. — 21 Heuiey, Si rena Belhiyiana, p. 132 sq.;
Honum. Piot, Vil, p. 7 sq. : Calai, des ant. chald. du Louvre. — 25 Bee. arch.
1905, II, p. 309 ; Michel, Bist. de l'Art, 1 (2), p. 934, note I. — 26 Callistr. Descr.
VII. — 27 Sacken, Op. I. p. 71. — î»lbid., p. 41, 42 ; Roux et Barré, Berculanum
et Pompei, VU, p. 18. — 29 Sur la dorure et Targenlure des statues de bronze, cf.
Perrot, Op. I. Vlll, p. 178; Iwan von Muller, Bandb. der Arch. VI, p. 403;
Blûmner, Op. l. IV, p. 308 sq. 319 ; Bull, de la Soc. des Antiq. de France, 18S3,
p. 120 sq.; 1869. p. 74 sq. et SIéin. 1869, p. 55 sq.; ^lualremère de yuincy, p. 8i,
161; Walters. Op. I. p. 35 sq.; Jahrb. des arch. Inst. V, 1S90, p. 149: on
trouvera à ces références l'indication des textes anciens et de nombreux exemples
de statues. — 30 Dans une statue de Munich, les lèvres seules sont dorées ;
Furlwaengler, Beschreib. der Gtypt. p. 372, n» 457. — 31 Walters, Op. t, p. 36.
— 32 Olympia, IV, p. 16.
STA
1493 —
STA
bronze doré'. Telles élaienl la stalue de Pliryné, par
Praxitèle-, la statue d'un enfant, de Boéthos'. Pline
mentionne* une statue de Lysippe que Néron ordonna
de dorer. On employa pour cette opération le procédé le
plus simple, et aussi le plus ancien, par application de
feuilles d'or, car on ne pouvait, à cause des grandes
dimensions de la stalue, la passer au feu^ Ce passage
de Pline montre que les anciens ont blâmé l'emploi de
la dorure dans certains cas : on s'aperçut en effet que la
dorure avait détruit le charme du travail, on enleva l'or,
et l'on remit tant bien que mal la statue dans son premier
état. Les protomes des Xé6riT$? de Préneste et de la Garenne
(Musée de Saint-Germain), qui sont dorés, témoignent
de l'ancienneté de cette pratique". Plusieurs statues de
bronze ont conservé, plus ou moins bien, leur dorure ;
tels le Marc-Aurèle du Capitole, l'Hercule du Vatican,
l'Apollon de Lillebonne au Louvre, etc.
On remarquera que ce sont surtout les statues
romaines qui sont dorées. 11 ne semble pas que le bron-
zier grec ait souvent recouru à ce procédé. II y avait là
une sorte de tricherie, qui répugnait à son goût sobre
et réaliste, et qui consistait à faire passer une statue de
bronze pour une statue en or, comme le faisaient les
coroplastes pour leurs figurines \ On peut dire que
l'emploi fréquent de la dorure dans la statuaire est une
preuve de décadence artistique '. L'argent ne parait pas
avoir été employé aussi souvent que l'or, comme parure
du bronze. Les textes ne mentionnent pas de statues
argentées, mais les fouilles en ont livré, tels l'éphèbe
de Pompéi ^ le buste de Galba au Musée de Naples, etc. '".
e) Par la peinture. — On peut se demander si la pein-
ture ne servait pas aussi à l'artiste à rehausser et à varier
l'aspect de ses bronzes. Si aucun texte ne permet de
l'affirmer, on trouve parmi les monuments des argu-
ments en faveur de cette hypothèse " . Un gorgoneion du
Musée de Berlin porte encore des traces de couleur
antique '- : le globe de l'œil est vert clair, l'iris noir, les
coins des yeux rouges, les dents vert clair, la langue
rouge. Un protome de griOTon, de travail étrusque, est
peint en rouge '^ Parmi les monuments de l'art moderne,
on trouve îles applications du même procédé'''.
Aussi peut-on hésiter, en présence des textes des
auteurs anciens qui parlent de la coloration des bronzes,
et se demander si cette couleur était due à la nature de
l'alliage (cf. p. 1491), ou si elle provenait simplement d'une
couche de peinture appliquée sur la statue. Les textes
sont trop peu précis pour permettre de trancher la ques-
tion ; mais, en lisant certaines descriptions de Callis-
Irate, on conçoit fort bien que le bronze ait pu être peint.
Dans le Dionysos en bronze de Praxitèle '% « le métal
rougissant, quoique inanimé, semblait prétendre à
exprimer les apparences de la vie. Le lierre qui ornait
son front semblait verdoyant, et la peau de chevreuil
1 WaUcrs, Op. I. p. 33, 1; Uualremcre de Ouincy, Op. I. p. 81, 162;
Blumner, Op. l. IV, p. 309 sq. — 2 Paus. X, 14, 7. — 3 |d. V, 17, 4; Qua-
Ireinèrc de Quincy, p. 81. — * a. n. XXXIV, C3. — 5 Blumner, VI, p. :ilO,
noie i. — " Fouilles de Delphes, V (fasc. I), p. 83. — ^ Mélanges Graux,
p. 157; Poltier-Reinach. Nécrop. de Myrina, p. 139, 1G3. — » Bull, de la Soc.
des Ant. de Fr. 1869, p. 75. — 9 Wiener Jahresh. IV, 1901, p. 174, lig. 186
(cf. ci-dessus p. 1504). — iO Blumner, Op. l. IV, p. 319 ; Babclon, Bronzes, p. 147,
„. 3i7. _ 11 Jahrb. des arch. Inst. 190G, p. 180; Furlwaenglcr, Aegina, p. 303.
— iiJahrb. des arch. Inst. VII, 189i, Arch. Anzeig. p. 110, a' 8. — 13 Manche-
nersitz. 1905, p, 249, n» 6. — 1* Manteau rouge de la statue en bronze du cardinal
de Birague, Busle de Jean d'Alézia au Louvre, Mém. des .\ntiguaires de Fr. 1882,
p. 93-90, noie i. — 'ÔE!; tb tov ûioviiaou Hia.'k.^a. — '» E':? rt iv EixuSvi »T«ina
qu'il portait en contrefaisait la couleur ». Les joues du
Kairos de Lysippe étaient « colorées d'un incarnat sem-
blable à la rose.... tout bronze qu'il était, il rougissait » '".
Les joues de l'iîros de Praxitèle étaient rouges '^ On a
prétendu que ces diflérences de coloration étaient dues
à des alliages difîérents ", que les parties colorées étaient
faites de pièces fondues à part et rapportées '". Il semble
qu'il eût été difficile de cacher les sutures entre deux
pièces de bronze de teintes diverses, surtout quand il
s'agit d'endroits aussi délicats et visibles que les joues;
la peinture permettait d'obtenir facilement des transi-
tions insensibles d'une couleur à l'autre.
f) Par la patine''". — Les bronzes antiques présentent
des patines de teintes variées, qui se répartissent en trois
groupes bien tranchés : patine bleue, patine vert-sombre,
patine noire ^'. On s'est demandé si ces colorations ne
sont que des oxydations d'un genre particulier, dues à
des circonstances favorables, ou si elles ont été voulues
et préparées par l'artiste, qui les aurait obtenues, soit
grâce à un alliage spécialement préparé à cette fin, soit
par l'application d'une sorte de vernis ou de teinture arti-
ficielle. Cette question de la patine préoccupait déjà les
anciens. Plutarque se demandait, devant les statues des
navarques de Delphes ^^ si le métal avait été coloré par
l'artiste, mais penchait cependant à croire que la colo-
ration vert-bleu des bronzes de Delphes n'était due qu'à
une oxydation causée par l'air". M. Heuzey, le premier,
a attiré l'attention sur la possibilité d'une patine artifi-
cielle", et cette hypothèse a été reprise et développée
par M. Lechat'' ', qui montre que la patine est voulue par
l'artiste et fait partie intégrante de son œuvre au même
titre que la polychromie des statues de marbre. Ces
patines voulues se partagent en deux catégories : les
naturelles, qui sont, suivant le mot de Plutarque,
« exhalées » par le bronze grâce à des formules parti-
culières d'alliages calculées en vue de la production de
la patine, et les artificielles, qui consistent en des vernis
colorés capables de suppléer la patine naturelle dont
la production est toujours lente et capricieuse. Plu-
tarque cite parmi les industries d'art d'Athènes des paaiefi;
/pucoQ qui avaient pour profession de teindre l'or en
diverses couleurs; peut-être y existait-il aussi des [Jai^etç
/aXxoij dont le métier consistait à teindre le bronze-".
Pour M. Lechat, la patine, qu'elle soit produite par les
agents extérieurs, ou qu'elle soit un vernis, est toujours
le produit réfléchi de la volonté de l'artiste. Il n'admet
pas de patine accidentelle due au hasard. On remarquera
pourtant que les bronzes d'une même région, faits d'un
alliage différent, ont souvent la même patine, due évi-
demment à l'action du sol'", tels les bronzes de Pompéi,
à la patine vert-bleu, ceux d'Herculanum, à la patine
noire, les bronzes étrusques du lac de Fallerone, à la
patine vert-brun, etc. Toutefois, l'emploi d'une patine
Toù Kaîfou. — " EU x"o -■■■^ "Eji.,105 !j.^»Xv■o.. — " Oualrcmère de Quincy, p. 62 sr(.
— la Re». arch. 1896, II, p. 330. — 20 Cf. l'exposé de la question: Wallers, Op. l.
p. 34; Perrol, Op. l. VIII, p. 170 sq.; Monum. l'iol, I, p. 113; Collignon, Op. L
II, p. 166 ; Pernicc, Bronze Patina und Bronzctcchnik im Allertum, Zeitschrift
fur bild. Kunst, 1910, p. 219 sq ; Dicl. Larousse, s. v. Patine (cf. ta. A, 1892, 1,
p. 411) ; Kekule-Winnefeld, Op. l. ; Wocli. Idass. Phil. 1909, p. 853. — 21 Itev.
arch. 1896, I, p. 206. - - 22 Oe Pyth. or. 393 B. sq. — 23 Hall. corr. hell. 1891,
p. 474 ; Becue arch. 1S9C, I, p. 67. — 2'. Carapanos, Dodone, p. 217. — 25 Bull.
coït. hell. 1891, p. 474; Itev. arch. 1896, II, p. 331 sq.; cf. aussi Mon. anlichi,
1909-10, p. 120 sq. — 20 Cf. de Villenoisy, Bel', arch. 1896, I, p. 07 sq.; 194 sq.
Cette thèse est aussi corobaltue dans KekuIe-WinuefelJ, Bronzen au» Dodonu,
p. 32. — 27 Walters, Op. l. p. 33.
STâ
— 1494 —
STA
artilicielle semble prouvé. Pline allesle formellcmenl
l'existence dun usage qui consistait ;\ appliquer sur le
bronze un enduit coloré'. On avait donc lliabilude
d'enduire et de teindre les statues de bronze soit avec du
bitume pur, soit plutôt avec un mélange dont le bitume
constituait la partie principale-. Sacken remarquait
déjà, sur certaines figurines de bronze du musée de
Vienne, l'existence d'un vernis foncé qu'il distinguait de
la patine habituelle, et qui avait pour but, disait-il,
d'empêcher l'oxydation'. On pourrait rapprocher cet
usage de la patine de celui des coroplastes, consistant
à recouvrir la statue ou statuette d'un vernis noir, destiné
peut-être, non pas à imiter le bronze, mais à préserver
la terre, comme on le voit sur une tète de Zeus d'Olympie,
sur un dauphin en acrotère, de même provenance, sur
une tète du musée Chigi à Sienne *. Cette couche protec-
trice affectait aussi l'apparence d'un vernis transparent,
comme sur un sphinx en terre cuite du Louvre '\ Ce vernis
serait, pour les modeleurs si étroitement unis aux bron-
ziers, l'équivalent de la patine artificielle des bronzes.
Peut-être que cette méthode de patiner le bronze est ori-
ginaire d'Egypte, à qui les Grecs, qui lui étaient déjà
redevables du procédé de la fonte en creux, ont pu l'em-
prunter. On a constaté en effet que plusieurs bronzes
égyptiens ont été frottés, encore chauds, d'un vernis
résineux qui en remplissait les pores et laissait à la sur-
face une patine inaltérable".
On voit que l'habitude de la polychromie était univer-
selle dans l'art antique, et s'appliquait non seulement au
marbre, à la terre cuite, mais aussi au bronze. « Sous
le ciel gai, au milieu des statues de marbre aux vives
couleurs, au milieu des temples, splendides demeures
des dieux où l'or étincelait parmi le rouge et le bleu,
quel air maussade et attristant auraient eu des bronzes
ternes et noirâtres, comme sont trop souvent aujourd'hui
ceux de nos places publiques qui paraissent faits surtout
pour les temps de pluie » '. La statue de bronze, pen-
saient les anciens, ne devait pas plaire seulement par la
beauté de ses lignes; elle devait être aussi, par sa poly-
chromie obtenue grâce à la teinte variée des alliages, par
l'incrustation, par la dorure et l'argenture, par la pein-
ture, par la patine, une douceur et une joie pour les yeux.
4° La slaluaria et la plaslice". — Si Pausanias attri-
buait à Rhoecos et à Théodoros l'invention de la fonte
du bronze, Pline voyait en eux les inventeurs de la
plastice '. Les deux techniques, celle de la fonte du
bronze et celle du modelage de la terre, sont en effet
étroitement unies l'une à l'autre. Pour que la statue
puisse être fondue, il faut auparavant qu'elle ait été exé-
cutée en terre aux mêmes dimensions qu'elle doit avoir
dans le métal. Pasitélès disait donc avec raison que la
plastice était la mère de la statuaria, et Pline'" pouvait
afiîrmer l'antériorité de la plastique en terre sur l'art du
bronze. C'est dans les régions où la plastique en terre lut
I £f. n. XXXIV, *, 15; XXXV, 15, liij; Wallcis, p. 35. - ! Jl^e. arch. 18D6, H,
p.3W.— s Op. t. p. 51,118, 70.— *Dcoiina, p. S-i. — 5 /iirf. p. «5. — SMaspcro,
L'arch. égypt. p. 289; licvue det éludes grecque», 1897, p. 309, rem. i.
— 7 Léchai. Bull. corr. helt. 1891, p. +80. — 8 Je résume ici ce que j'ai eiposc
dans rocs éludes ; Les slat. de terre cuite en Grèce, p. iO ; Les stat. de terre
cuite dans tant. p. i9 sq. — ^ U. n. XXXV, 152. — 10 B, „. X.XXIV, 7 : . quo
apparet antiquiorem hanc fuisse scienliam quant fundendi aeris ». — Il Deonna,
Les stat. de 1er. cuite en Grèce, p. 26. — 12 Id. Les stat. de ter. cuite dans
tantiq. p. 26. — 13 Ciarac, Op. I. I, p. 135: . quelque solide cl dure que soit
une flatue de bronze, si on considère la série des moycni employés pour la
produire, on sent qu'ils ne sout que le résullal de la plastique en terre ■.
le plus en iionncur que l'art du bronze fut le plus déve-
loppé. Corinliie, avec ses vases et ses statues de terres",
était célèbre à l'époque archaïque, et l'on sait que de
bonne heure la fonte du bronze y fut pratiquée. En
Étrurie, où les bronziers sont renommés, le modelage en
terre est presque devenu un art national.
Ouest donc autorisé à se demander si les deux branches
de l'art antique n'ont pas inilué l'une sur l'autre, et si
l'on ne retrouve pas dans les produits de l'une des pro-
cédés particuliers à l'autre. Certains détails ont passé du
métal dans la terre cuite, tels les yeux faits en une ma-
tière différente'-. Mais la réciproque est vraie aussi, ce
qui se conçoit aisément, puisque la statue de terre pré-
cède celle de bronze, qui n'en est en quelque sorte que le
moulage '^. On le constatera par quelques exemples.
M. Conze a remarqué au revers de certains bronzes un
trou analogue au trou d'évent des terres cuites, qui
pourrait provenir du modèle en terre". Les incisions,
les lignes tracées au burin dans l'œuvre de bronze, ne
sont que la transposition dans le métal des lignes inci-
sées par l'ébauchoir dans la terre fraiclie. Dans certaines
tètes de bronze archaïques, ou dans des têtes de marbre
copiées d'oeuvres de bronze, les boucles de la chevelure,
surtout celles du front, s'étalent sur plusieurs rangs et
s'enroulent en une double volute dont le centre fait une
saillie assez marquée. M. Collignon a remarqué que ces
boucles sont produites tout naturellement par l'ébau-
choir dans le modèle d'argile '^ ; le vase de Cléoménès"',
la tète de Zeus en terre cuite d'Olympie (fig. 4224)'",
en offrent la preuve. C'est aussi dans la maquette en
terre qu'ont été conçues les boucles de chevelure en
tire-bouchon que portent certains bronzes, comme la
tète d'Herculanum '*, à com-
parer pour ce détail avec une
lèle de terre cuite de Chypre "
(fig. 6615), ou les boucles lon-
gues, qui tombent jusque sur la
poitrine, comme celles de r.\pol-
lon de Pompéi. .V une époque
plus récente, la chevelure
fouillée des têtes lysippiques a
été créée dans l'argile avant di
passer dans le bronze et le
marbre ; on en verra des exem-
ples en terre cuite dans le beau
torse d'éphèbe du Musée de la
villa Giulia à Rome '-", dans des statues d'éphèbes du
Musée de Naples-'. Ce que nous venons de dire suffit
sans doute à montrer que bien des détails que l'on con-
sidère comme particuliers à l'art du bronze sont nés en
réalité de la statue en terre. Les progrès de la sculp-
ture antique sont dus surtout aux bronziers ; on
pourrait dire plus justement : au inodeleur que devait
être tout bronzier.
— liJalirb. d. arch. Inst. II, 1887, p. 133-4. — 1» Bu«. corr. hell. 1892,
p. 4'il ; Monum. grecs, 1895-7, n"' 23-5, p. 01 ; Lectiat, Sculpture attique,
p. 451 ; Reiuacli, lïec. de tètes antiques, p. 16, note 4 ; Deouna, Stat. de t.
cuite dans l'ant. p. 33-4. — <« Monum. grecs, 1895-7, pi. xvi-ivu ; liev.
arch. 1900, II, pi. xii ; Deonna, Stat. de t. cuite en Grèce, p. 26 (rêfér.).
Furtwacngler arccounufînalenienl raulbeulicilé de ce vase ; cf. Gaz. B.-Xrts, 1906,
11, p. 442, note 2. — 17 Olympia, III, pi. VII, 4; Deonna, Stil. de t. cuite en Grèce,
p. 57, n' 9 (référ.). — is Brunn-Bruckniann, pi. ovi (cf. ci-dessous), p. 1498.
— isOUnefalsch-Ricliler, Kypros, die Bibelund Borner, pi. xliv, I. — 20 Deonna,
Stat. de t. cuite dans tant. f. 117, fig. 5. — 21 /ii'rf., p. 203, n» 11; p. 208. fig. 2:
Gusniau, Pompéi, p. 443.
Fig. 6SI3. — Tète nuvlcl.v
en lerrr.
STA
— 1493 —
STA
5° La statufiria et la Rrulptura. — Les marbriers
ont emprunte aux bronziors certains détails de leur
art. De même que le bronzier incrustait ses statues,
de même le marbrier, pour varier l'aspect de son
œuvre, pouvait recourir à des matières autres que le
marbre. C'est ainsi que les yeux sont parfois rapportés.
Un exemple de ce procédé est offert par la Coré d'An-
ténor [sTATiA, fig. 05!)7|' où tout, de plus, trahit l'in-
fluence du travail du bronze, ce qui n'a rien d'étonnant,
puisqu'Anténor était un bronzier. Les yeux rapportés,
fréquents dans les bronzes, sont cependant rares dans
les marbres S et on peut croire que ce détail a passé
du bronze dans le marbre'.
L'usage des pièces rapportées dans les œuvres de
marbre pourrait avoir été emprunté à la technique du
bronze. \f. Lechat a étudié minutieusement ce travail du
marbre par pièces rapportées dans les Corés de l'Acro-
pole*, et l'explique par la crainte qu'avait le marbrier,
en entreprenant sur la statue même la ciselure de pièces
délicates, qu'un coup mal porté ne gàtfit le marbre ; il a
mieux aimé réserver ces parties tout entières, et, sa statue
une fois terminée, rajuster d'une main sûre les morceaux
manquants ^ Mais n'est-ce pas l'habitude du bronzier
de procéder par pièces rapportées (cf. ci-dessus, p. 1490)?
Dans la Coré 672 de r.\cropole, tout un pan de l'iiimation
a été rapporté ; le morceau venait s'engager dans un
large sillon creusé au liane de la statue, et il était main-
tenu par trois chevilles de plomb; l'orifice des trous de
scellement était dissimulé par une petite rondelle de
marbre collée à la chaux, qui rendait invisible toute trace
de l'opération ""'. Cela ne rappelle-l il pas les procédés de
rivage des diverses parties d'une figure de bronze, que
nous avons constatés dans l'Aphrodite de Dodone, où de
même, les tètes des rivets étaient cachées par une mince
plaque de bronze ?Dans un torse de marbre, le sculpteur
avait modelé les pectoraux sans se soucier de la légère
saillie que font les mamelons ; le torse achevé, il a percé
un petit trou à la place des mamelons, et y a inséré une
fiche de marbre qu'il a laissé dépasser de quelques mil-
limètres'. Le bronzier procédait de même pour incrusier
les seins de ses statues.
M. Lechat fait remonter à la sculpture en pierre tendre
l'origine de ce procédé '. Cette pierre était cassante, aussi
l'artiste composait-il son œuvre de plusieurs morceaux
habilement rajustés les uns aux autres. Quand le marbre
fut substitué à la pierre tendre, les mêmes nécessités
matérielles n'existaient plus, mais l'habitude était prise
et subsista. Ailleurs cependant, M. Lechat accorde que
la grande statuaire chryséléphanline, qui ne pouvaitpro-
céder que par pièces de rappport, a dû influer à ce point
de vue sur la statuaire en marbre ^ On pourrait croire
plutôt que la statuaire en bronze, qui procédait de même,
soitpourunir les unes aux autres les pièces séparément
fondues, soit pour réparer les défauts de fonte, a trans-
mis cette méthode au marbre. L'influence delà technique
du bronze sur les Corés du vi' siècle, où ce procédé est
1 I.eclial, An musée de l'Acrop. p. 2V2 ; Pei-rot, Op. t. VUI, p. lS!i
— i I.eclial, 0/1. l. p. m ; Bull. corr. hell. iS91!, p. 4b3-4ô+. — 3 FurtwacngliT
Meisterv. p. \\.—'*0p. l. p. it'i sq. — i Ibid. p. 23t. — ^ Ibid. p. 23)
— 1 1bid. p. iiiO, note. — 8 Ibid., p. 238-9. — 9 Ibid., p. 240, noie 1. — 10 lieu.
Et. grecq. 1903, p. 139-140. — " Sculpt. atHque, p. 34iî, uole I ; cf. Deonna
.S'(a<. de t. cuite daus l'anl. p. 40. — 12 Deonna, p. 40, p. 36 sq. (La plastit|ii(
en terre et la slaluaire tn pierre), — 1-1 Ueinacli, Rec. de tctcfi, p. 70
— IV Sur les bronzes copiés en marbre, Annal, d. Jst. ISaO, p. 239
fréquent, a en effel été constatée par M. Pottier'", et se
trahit dans le costume, la chevelure, les ornements. Ce
serait un tour de force pour transporter dans le marbre
les délicatesses minutieuses du mêlai, dont les statues
ont gardé souventla sécheresse et la rigidité. M. Lechat"
admet cette influence, tout en pensant qu'elle se sera
exercée d'une manière indirecte sur le type féminin, par
l'intermédiaire des figures masculines nues, qui, con-
trairement aux Corés, ont dû être plus fréquentes en
bronze qu'en marbre. L'influence de la technique du
bronze a été fréquemment constatée dans les œuvres de
marbre de toutes les époques, et, devant un marbre d'un
travail sec et précis, on peut supposer généralement
rimilation d'un original de métal. La sculpture en
marbre, qui copie souvent les œuvres de bronze, a dû
aussi, par ce fait même, hériter d'un certain nombre de
détails conçus dans la terre; la plastique en terre, la
technique du bronze, sont à l'origine de beaucoup de
conventions adoptées par les marbriers '^ C'est par
exemple la technique de la terre, par l'intermédiaire de
celle du bronze, qui a appris aux marbriers à fouiller
les boucles de la chevelure, à les évider, à les disposer
en pyramides, en torsades, toutes combinaisons que le
travail du marbre seul n'aurait jamais suggérées '^
Les œuvres les plus célèbres des bronziers anciens ne
nous sont plus connues que par des copies en marbre.
Mais, transportée du bronze dans le marbre, la statue
nécessitait l'emploi de procédés particuliers à la nouvelle
matière mise en œuvre". Le bronze, par sa légèreté et
sa ténacité, permettait de réaliser les conceptions artis-
tiques les plus hardies, les mouvements les plus libres,
les plus violents '^ C'est dans le bronze seul que Myron
avait pu concevoir son Ladas, qui, dit une épigramme de
l'Anthologie, dressé sur la pointe des pieds, semblait
s'élancer en avant. Le marbre ne permettait pas cette liberté
d'attitude, et la copie en marbre d'un bronze devait être
étayée de supports qui la consolidaient. De
là tous ces attributs divers, ces troncs
d'arbres, ces draperies, qui alourdissent les
copies de bronzes. Comparez par exemple la
Vénus Callipyge'% où la draperie ne fait
que jouer le rôle de support, avec le petit
Hermaphrodite en bronze d'Épinal'", répé-
tant le même motif, mais que la matière
employée a permis de dégager de cet acces-
soire. Rarement le marbrier s'est hasardé à
supprimer ces supports nécessaires. L'Agias
de Delphes cependant, afin d'imiter de plus
près l'allure libre et dégagée du bronze
original, les a omis " ; la statue n'a pour
appui que la base étroite et fragile de ses ''
chevilles, à peine renforcée en arrière des
deux pieds par un accotoir de marbre dont la largeur est
dissimulée par la jambe.
L'œuvre du bronzier pouvait s'allieràcelledu marbrier.
Les ornements en métal rapportés sur les statues de
— la Sur les qualités slaluaircs du bronze : Dictionnaire de l'Ac.
des Beaux-Arts, s. v. Bronze; Guillaume, Études d'art ant. et moderne,
p. 180, 280, 286, 402 ; Id. La stat. en bronze ; Pcrrot, Op. l. Vlll,
p. 143 sq., 180 sq. — '^ Bruua-Bruckmann, ni.xiviii, et lexlc, fig. 1-2.
— n Id. lexlc de la pi. dlx.wiii, p. 5, dg. 4-5; Reinach, Bronzes fig. de
la Gaule romaine, p. 110, n» 118; Conse, Ch.-d'teurre des musées de
France, p. 180, fig. et pi. — l» Bull. corr. hell. 1S99, p. 444; Ayneric.
■lourn. of. arch. 1907, p. 414 3.
STA
1496
STA
marbre sont rri-quonls'. Dans une slaluelte d'Asklépios
imberbe du Louvre- i^tlg. IIGIG), les parties drapées
élaienl en bronze, et les parties nues en marbre.
Inversement, à une époque tardive, les œuvres de
marbre ont été parfois copiés en bronze, et à certains
détails, on peut reconnaître dans quelle matière à été
conçue l'œuvre originale. C'est ainsi que dans les
bronzes copies des marbres, on remarque parfois sous
un pied relevé, un petit support, qui est nécessaire dans
le marbre, mais sans motif dans le bronze^ Ce sont
surtout les bronzes de grandeur moyenne qui répètent
les œuvres de la grande sculpture en marbre *.
L'intluence du bronze sur la sculpture en pierre a été
considérable. N'est-ce pas par désir d'imiter de plus près
l'œuvre de bronze que l'artiste a employé certaines
matières spéciales, comme le basalte, qui rend le ton du
métal ^ ■? On est enclin, dans l'histoire de l'art antique,
à accorder une part trop grande à la statuaire en marbre,
au détriment de celle en bronze. C'est à tort, car les plus
grands artistes grecs furent des bronziers, et la majeure
partie des marbres que nous possédons ne sont que des
copies d'originaux en bronze disparus. Comme l'a dit
avec raison Quatremère de Quincy * « la sculpture en
pierre ne fut pas celle qui donna jadis le Ion aux travaux
et au goût des statuaires. »
6° Le moulage et la slatunria. — Dans l'histoire de
l'art grec, le moulage des statues est une invention de
date récente " i^sr.iLPTiR.A, p. 1150]. M. Reinach, à ce
propos, a admis une dilTérence entre les bronzes et les
marbres, les premiers pouvant toujours être moulés sans
inconvénient, les seconds, polychromes, ne supportant
pas cette opération*. A cela, nous ferons une légère res-
triction, si nous admettons que la peinture était parfois
usitée pour les bronzes comme pour les marbres (cf.
p. 1493). Mais il n'y a aucun doute que les statues de
bronze furent souvent moulées. Tel est le cas de cet Hermès
Agoraios, que Lucien fait parler en ces termes' : « je me
trouvais récemment enduit de poix par des bronziers sur
la poitrine et sur le dos. Une cuirasse ridicule était façon-
née et attachée autour de mon cou par un art imitateur,
modelant l'empreinte entière du bronze. » On a prétendu
que les statues en bronze des Lutteurs au Musée de
Naples sortaient d'un même moule'". M. Pernice",
qui les a étudiées attentivement, montre que les torses
sont identiques, mais que les extrémités, pieds, mains,
tètes, présentent entre elles, des divergences. On a
moulé toutes les parties qui auront pu l'être avec un ou
deux moules seulement, comme le torse, les jambes, les
bras, une partie du visage. Quant aux parties plus
délicates, qui auraient exigé l'emploi de plusieurs
I U><>>i''^n>(''° de IJuiucy, Op. l. p. 41; Pcrrot, Op. I. VIII, p. 189;
Léchai, Au mutée de t'Acrop. p. 236, Dole 2. — s Monum. Piol,[H, p. 65'.>, li-. I ;
neti. Et. gr. 1897, p. 345-6. — 3Alh. Mitt. XXIV, p. 469; Hie«tT Jahresheftè,
IV, 1901, p. 143, 177. — * BruDQ-Bruckmann, Icxle Je la pi. dliv (à la fin).
— 5 /lec. Kt. gr. 1896, p. 206 ; cf. slalue dV-phèbe du nuisée des Thermes, Bôm.
.Vin. X, 1895 pi. I. — 6 Op. t. p. 41. — ■ Sur le moulage des statues, cf. Blûmner,
Op. l. Il, p. 143 5c|.; /lei: arch. 1900, 11, p. 381; 1902, II. p. 5 sq. (référ.) (Cultes,
Mythes, II. p. 338 si|.); Joubiii, Sculpt. ijrecgue, p. 41, note 1 ; Wiener Jahresh.,
I904,p. 175 sr|. (Pernice); Gaz. BeauxArtt. 1902, I, p. 143 sq.; Acad.imcr. 1900,
p. 535 s<|. ; ner. critique. 1910. p. 388. — 8 Itev. arch. 1901, I, 131 ; 1902, 11,
p. 12-13; Gaz. des Beaux-.irts, 1902, I. p. 143; Bec. de têtes, p. 130; Loclial,
Pijlhagorat de llhegion, p. 68, note 5 ; Bet>. Et. i/r. 1908, p. 23. — î'Lucian. Jup.
Trag. 33; cf. Bec. arch. 1902, II, p. 8; Wiener Jahresh. 1904, p. 180.
— 10 Wiener Jahresh. IV, 1901, p. 173. — n Jbid. 1904, p. 174.3; Bev.
d. El. gr. 1906, p. 109. — IS H'iener Jahresh. 1904, p. 174-5, 179. — 13 i4,rf_
p. 157 »q. ; Catal. du musée du Caire, Edgar, Greek iloulds ; Hauscr
moules, elles ont été travaillées à la main. Jusqu'à
l'époque hellénistique, dit M. Pernice, on n'a pas fait
usage de moules partiels pour copier des statues de
bronze, et même après cette époque, l'emploi de ces
moules partiels fut très restreint'-. Cependant, en ce
qui concerne du moins les petits bronzes, on sut em-
ployer des moules divisés en un grand nombre de par-
ties, comme le prouvent les petits moules en plâtre du
Musée du Caire (des i-ii' siècles ap, J.-C), qui ont servi
à reproduire des objets de bronze. Toutefois leur emploi
était indirect: on en lirait des épreuves en cire qu'on
fondait ensuite en métal ''.
Le moulage sur le vif, attribué à Lysistratos'S fut
sans doute une invention profitable aux bronziers, qui
pouvaient reproduire exactement par la fonte les traits
individuels. Elle coïncide avec le grand développement
du portrait réalisé en Grèce, attribué aussi au même
artiste''. Plusieurs portraits en bronze que nous possé-
dons, tel le prétendu Sénèque de Naples, pourraient n'être
qu'une reproduction fidèle d'un moulage pris surnature.
M. Collignon a prouvé l'influence du moulage sur le
portrait, en étudiant un buste en terre cuite du Musée de
Bruxelles, datant du i" siècle après notre ère, portrait
funéraire obtenu par un moulage sur le cadavre'*; l'exem-
ple peut aussi servir pour l'art du bronze, étant donnée
l'étroite union entre la « plastice » et la « statuaria ».
II. Lliistoire et les tnonumeîils de la statuaria. —
I. L'histoire de la statuaire en bronze dans l'antiquité a
été esquissée par Pline", qui s'est inspiré des ouvrages
de ses devanciers, comme Xénocrate de Sicyone'*, des
inventaires d'objets d'art", ou qui a décrit les statues
qu'il voyait lui-même. Aucun ouvrage d'archéologie
moderne n'a encore été consacré à l'histoire de la sta-
tuaria, et on a toujours étudié ensemble les œuvres de
bronze et celles de marbre. C'est que les grands bronzes
anciens sont rares, car le métal a été recherché avide-
ment de tout temps. La plupart des chefs-d'œuvre des
bronziers antiques ont péri, brisés et jetés à la fonte.
Lors de la prise de Constanlinople par les Croisés, les
statues de bronze qui ornaient la ville furent brisées et
converties en pièces de monnaies par les envahis-
seurs. Nicétas a donné l'énumération des principales'-".
C'était la statue colossale de Junon; il fallut un chariot
attelé de quatre paires de bceufs pour en transporter
seulement la tête dans le grand palais où se faisait la
fonte. C'était l'Hercule colossal de Lysippe, dont la
jambe était de la grosseur d'un homme, et bien d'autres
encore'-'. Les chevaux de bronze que Théodose II avait
fait enlever de l'île de Chios, furent peut-être les seuls
objets qui échappèrent à la fonte ; ils allèrent décorer la
Wiener Jahresh. 1903, p 83 sq. reconnaît dans un de ces moules le portrait
de Ptolémée IV, ce qui permettrait de dater ces objcls des environs de
200 av. J.-C; Edgar {ibid. 1906, p. 27) combat lopinion de Hauscr, et
maintient la date <]ue nous avons donni5e. Cf. Americ. Journ. of arch. 1906,
p. 436.— Itl'Iin. H. nat. XXXV, 153; cf. Bei\ arch. 1902, II, p. 11 ; 1903,
I, p. 7 [scCLPTURA, p. 1150]; Collignon, Lysippe, p. 92; le moulage sur le
cadavre est plus ancien, cf. Bev. arch. 1903, 1, p. 5 sq. ; masque en
plâtre de ^Khouniatonou, Maspero, Causeries d'Egypte, p. 75-6. 79.
— ta Bev. arch. 1902, II, p. 11; sur le portrait, cf. imago. — '^ Bev.
arch. '903, I, p. 3 sq., pi. i-ii ; Deonna, Statues de t. cuite en Grèce,
p. 70, n° 23. — 17 H. n. XXXIV. — 18 Blake-Sellers, The elder Plinys
chapters, p. 25 ; Collignon, Lysippe, p. 10-11. — i^Jahrb, des arch. Inst.
1901, p. 93 sq. ; 1905, p. 114 sq. ; Bev. Kt. gr. 1902. p. 396; Americ. journ.
of arch. 1902, p. 199; Bôm. îlitt. 1903. p. 206 si]. — 2» Xicct. Chon. ap.
Banduri, Imperium orientale. Antiq. Constant. I. p. 107. — 21 Labarte, Hist.
des arts industriels, 1, p. 56.
STA
1497 —
STA
façade de l'église du Sainl-Marc à Venise '. Ce n'est pas
sans raison que N'icélas donne le nom de barbares à ces
seigneurs francs qui convertirent en gros sous ces
statues inestimables. A Rome, si la statue équestre de
Marc-Aurèle a échappé à la destruction, c'est grâce à la
légende populaire qui voyait en elle le héros de la foi
chrétienne, Constantin -. Brisées par les chrétiens,
parce qu'elles rappelaient une époque abhorrée, recher-
chées pour la matière dont elles étaient faites, les
statues de bronze étaient encore attaquées par un autre
ennemi, le temps. Rongées à l'extérieur par l'oxydation,
elles l'étaient à l'intérieur par les restes du noyau dont
on ne débarrassait pas toujours entièrement la figure '.
2. Ln « staluaria » en Grèce. — a) Généralités. — Les
bronzes grecs étaient renommés. Pline vante ceux
d'Égine, de Délos, de Corinthe, ce dernier comprenant
lui-même trois variétés ^ Le bronze de Délos était la
matière préférée de Myron ; Polyclèle se servait exclu-
sivement de celui d'Égine.
Le bronze fut la matière de prédilection de l'artiste
grec, et tous les grands artistes furent des bronziers.
Pourquoi cette préférence^ ? L'artiste a aimé le bronze,
parce qu'il s'adaptait mieux que toute autre matière à
rendre avec fidélité la pensée créatrice. La création artis-
tique, modelée dans la terre docile à refléter la moindre
pensée de l'artiste, était ensuite, par des moyens méca-
niques, qui ne l'altéraient en rien, lixée dans le bronze.
Pas de tâtonnements, comme dans la pierre, pas le péril
d'avoir à réclamer le concours d'un sculpteur en sous-
ordre. Fidèle, la méthode était aussi rapide, plus que
le marbre, dans lequel la forme ne se dégage que petit à
petit. Le bronze permettait toutes les attitudes violentes
qu'interdisait le marbre. Aucun autre mode de travail
u'ofl'rait à l'artiste les mêmes attraits et ne le provo-
quait plus directement à multiplier ses ouvrages. Si
Lysippe n'avait pas eu le bronze à sa disposition,
aurait-il laissé les 1500 statues que lui attribuait la
tradition ' ?
On remarquera que l'art du bronze a fleuri surtout
dans le Péloponnèse. C'est que là, on se plaisait davan-
tage à la représentation du corps masculin, dans sa
nudité robuste, et que le bronze plus que le marbre était
propre à faire valoir les contours durs et les formes
précises''. Au vi" siècle, les ateliers insulaires, celui de
Chios, préféraient le marbre, dont les qualités spécifiques
s'accordaient mieux avec leur sentiment secret de l'art,
qu'ils aimaient souriant, coquettement paré, tel qu'ils
l'exprimaient dans leurs Corés. Le bronze sera avant tout
la matière dans laquelle s'immobilisera le corps de
l'athlète, et les grands bronziers du v" siècle, Myron,
Polyclète, et au iv siècle, Lysippe, représenteront de
préférence la forme athlétique. Au iv" siècle, Praxitèle
sera le sculpteur de la grâce féminine et du corps
ambigu de l'adolescent ; il préférera le marbre, dans
1 Ibid.: Friederichi-WoUcrs, GipsabgUssc, \t. 683, n" 1698. — 2 Gardncr, Hand-
book of greek sculpture, I, p. 0. — 3 Monum. Piol, IV, p- 23 ; Olympia, IV, p. 9.
— 4 Sur les divers bronzes [aes] ; Clarac, Op. l. I, p. 62 sq. ; yualcetnèrc de Quincy,
Op. l. p. 68; Bluniner, Op. l. IV, p. 183 ; WaUcis, Op. l. p. 27. —3 l'errol, Op. I.
VUI.p. 180 SI). — « [Min. fl. nat. X.VXU', 37 — 1 Léchai, PAirfias, p. l2;Kcinacli.
Esquisses arcli. p. 229, note I. — 8 Carapanos, Dodone, pi. lx; Kekulê-Wiunefelil,
Dronz. aus Dodoni. — 9 Olympia, IV, p. 9 5(|. — n' CoUignou, Op. l. I, p. 1(13,
lig. 73; Brunn-Bruckmann, pi. i.vi. — M Lecliat, .lu Musée de l'Acrop. p. 393 si|.
_ 12 Ibid.p. 403, noie 3. — I3jal,rb. des arch. Inst. 1899, p. 73 sq. — " V. l'espos.'-
de la fiueslion par Léchai, /. c. — '^ DuU. corr. Itell, 1886, pi. iv; Deonoa. les
Apollons arcliaigues,ji. 153. n» 28.— "•\.fc-M. Op. l. p. 4(3: Millier. Nacklbeii
Vin.
lequel il pourra rendre mieux que dans le bronze les
formes alanguies et douces de ses modèles.
On verra combien sont rares les originaux grecs,
dont les plus nombreux appartiennent à la période
gréco-romaine. Les grandes fouilles méthodiques n'ont,
en général, dans ces dernières années, donné que des
fragments de statues de bronze: Dodone*, Olympie'',
Délos, Priène, Pergame. Delphes s'enorgueillit de son
.\urige, précieux original du v« siècle.
b) V introduction de la fonte en creux en Grèce. —
C'est avec l'introduction de la fonte en creux à Samos
par Rhoecos et Théodoros que commence l'histoire de la
staluaria en Grèce. .\u vi" siècle, à Samos, la matière
préférée est le bronze. On s'est efforcé de se représenter
quel était le style des bronziers samiens du vi« siècle.
On a reconnu leur influence dans l'Héra de Samos au
Louvre '" et dans les deux statues féminines de l'Acro-
pole (n" (J19, 077)", dont on a même voulu un instant
attribuer l'une à Théodoros de Samos '-. L'abus de
l'incision qu'on y constate a rappelé les lignes tracées au
burin dans le bronze ; d'autre part, M. Winter '^ a voulu
prouver que la forme même de ces statues trahissait la
copie d'oeuvres de bronze : l'art samien, débutant dans
la technique nouvelle du bronze, se serait efforcé de
réduire les difficultés de la fonte au minimum, et
pour cela aurait ramené le corps à une forme quasi cy-
lindrique, afin que deux moules pussent servir, l'un
pour la face, l'autre pour le revers". Ce sont donc, pour
la majorité des archéologues, des œuvres samiennes, qui
ont servi à rattacher à l'école de Samos d'autres monu-
ments : un « Kouros •> du Ptoion (Athènes) '% des
torsesdeNaucratis ", des figurines en bronze d'Olympia ''',
d'Amyclées", d'Espagne ", une tête en poros de Samos ^''.
Mais c'est là un groupement hybride. Loewy a combattu
la théorie de Winter et montré que la forme cylindrique
desdites statues samiennes s'explique autrement que
par les nécessités de la fonte -' ; si la statuette d'Olympie
était samienne, elle devrait être, semble-t-il, en fonte
creuse, or elle est en fonte pleine; les statues récemment
trouvées à Samos montrent un style tout différent, qui
est identique à celui de Milet -- ; en revanche, la tête de la
statue 677 de l'Acropole et celle du Kouros du Ptoion
présentent une étroite ressemblance avec le Sphinx de
Delphes-', et sont, à n'en pas douter, des œuvres naxien-
nes, comme le prétendait déjà Sauer, mais pour d'autres
motifs -^ Il ne subsiste donc rien de ce groupe samien,
et il faut renoncer à se figurer l'apparence des premiers
bronzes de Samos.
C'est au VI" sii'^cle cependant qu'on voit apparaître les
premiers bronzes fondus en creux--'. Le lébès que les
Samiens consacrèrent dans l'Héraion-" au vu" siècle,
était sans doute orné de têtes de griffons exécutées au
repoussé comme celui du tombeau de Préneste-' : le lébès
consacré dans l'Héraion au temps de Crésus -' était
und Enlblôssung, p. 112-3; Mallel, Premiers établ. des Grecs en Egypte,
p. 263-6. — " Olympia, IV, pi. vu, 7i. — 18 Perrol, Op. t. Vlll, p. 290,
uoïc 3. — 13 Americ. Journ. of arch. 1907, p. 180, fig. 4. — 20 A(/i. Mitl.
1900, p. 152, Gg. — 21 Die Naturwiedergabe, p. 33 sq. ; cf. aussi A/A. Mitt.
1906, p. tC7 (Curlius). — 22 Ath. Mitt. 1906, pi. 1-xii, XIV. — 23 Fouilles de
Delphes, IV, pi. v-vi; Fci-rol, Op. l. Vlll, p. 395; fig. I8ï. - ii Alh. Mitt.
XVII, p. 119, a' 3, p. 44; cf. aussi Klein, Gesch. d. griech. Kunsl. I, p. 133 ; Muller-
Wieselei-, Denkmûler (4' éd. Graef), Apollon, p. 272. Sur la discussion de celle
école dilc samienne, Deonna, les Apollons arcliaii/ues, p. 285 sq. — 2ô Mùnch.
Sitzungsberichte, 1897, 11, p. 113 (Furlwaeugler). - 2« Herodol. IV, 132.
— 27 Olympia, IV, p. Il9 5q. —2» HcrodnI. I, 7m.
188
STÂ
l'.98 —
STÂ
déjà oxi'Ciik' suivanl lo nouveau procédé. Dans un tom-
beau do Corneto. on a trouvé, parmi des vases qui
remontent au vu' siècle, ou en tout cas au commence-
ment du VI' siècle, des têtes de gritTons fondues en
creux'.
Le premier monument de la statuaria fondu de
la sorte que nous possédons, est, au dire de Furl-
■waengler, une
tète masculine
trouvée à
Sparte- (fig.
6617), qui serait
contemporaine
d'une protome
de griffon fondu
en creux trouvéà
Olympie, et date-
rait du milieu du
vr siècle '; cette
date parait trop
reculée '% mais la
tète appartient
bien encore au
vi' siècle. Un au-
tre exemple est
fourni par une statuette de Delphes^ du type des « Apol-
lons » à bras détachés ; elle date de la deuxième moitié
du VI' siècle, et est sans doute le produit d'un atelier
ionien.
M. Studniczka s'est efforcé de prouver' que la fonte
en creux n'avait été introduite dans le Péloponnèse que
vers 300, qu'auparavant on n'y faisait de grandes figures
qu'au repoussé. Les plus anciennes statues fondues en
creux de l'art péloponésien seraient l'Apollon Philésios de
Kanacbos, vers 500, dont serait à peu près contemporain
l'Apollon de Piombino [fig. 6619)''. Comme l'œuvre du maî-
tre sicyonien était en bronze éginélique, la technique de la
fonte en creux aurait été introduite dans le Péloponnèse
par Égine, qui elle-même l'aurait reçue de Samos, avec
qui elle était en relation*. C'est d'Égine aussi que cette
technique nouvelle serait venue à Athènes, dont l'œuvre
la plus ancienne serait la tête barbue de l'Acropole, appa-
rentée au style éginétique.Anténor, auteur du groupe des
Tyrannicides, aurait été, par la technique de son œuvre,
élève des Êginètes. Les théories de M. Studniczka ont
été combattues par Furtwaengler '. La tête de Sparte,
qui est une œuvre laconienne, prouverait, dit-il, que
la fonte en creux était connue dans le Péloponnèse dès
le milieu du vie siècle; elle aurait été introduite à Sparte
non pas par Égine, mais directement par les Samiens :
la tradition mentionne en efi'et les étroits rapports qui
unissaient Sparte à Samos : Théodoros de Samos avait
élevé la Skias, et Bathyklès de Magnésie, auteur du trône
I Olympia, IV. p. Ii3. — ^ Mùnch. SilzungsOericlite, 1897, II, p. lli s.|.,
pi. i; l'errol, Op. l. VHl, p. 171, fig. 92. — 3 A/ûnch. Silzungsb., 1897, II, p. 115.
— i Lcchal, /ler. Ét.gr. 18118, p. 181. — S Deonna, Op. l. p. 271, n» 87; Fouilles
dr Delplies, V (!• fasc), pi. iv, p. 33, a' 39. — 6 Bôm. Min. II, 1887, p. 108 sq. ;
cf. ililncli.Sil:unosber. 1897, II.p. 113 ; Joubin, Sculpl.gr. p. 20, noie 2. — 7 Pwrot,
Op, l. Vlll, pi. m; Deonna, Op. I. p. 274, n' 102. — » Furl«aenglcr a récemment
constaté l'influence samicnne dans les frontons d'Egine, Aegina, p. 3i2, 603 ; cf.
Bev. de l'Arl. anc. et moderne, l'JO', p. 190, note 3 (Pottier). —9 Mûnch.
Silz. li<-r. 1897, II, p 113 si|. Cf. Mon. antichi, li, p. 771. — 10 md. p. m.
— Il Collignon, Op. l. I, p. 219. — 12 Amelung, Fùhrer durch die Anl. in Floreu:,
p. 2"3 8i|., n» 2i7 (réf.) ; Furlwaengler, Meislerw. p. 294, rcni. p. C78.
— lîHclbig, /-'fiArerfi), I, p. 429,39, n°638 ; Baumeisler, Ocnfona/er s.v.Etriirien,
d'Amyclées, étailsansdoute un artiste du cycle sainien '".
Nos connaissances sur la statuaire en bronze au
vr siècle se réduisent à peu de chose. Dans le Pélopon-
Fig. C018. — U Louve du Capitole.
nèse ", Corintheest le centre d'une école de bronziersqui
exporte jusqu'en Sicile et en Elrurie. L'école d'Égine,
dont la prédilection pour l'art du bronze est marquée, ne
nous est guère mieux connue pour la période primitive.
De bonne heure, l'art de la fonte fut
en faveur à Argos, à Sparte, dont
l'école est représentée par Gitiadas,
à qui Furtwaengler attribue la tête
de Sparte. Le xi' siècle est pour le
bronzier une période de conquête
patiente, qui lui donne une technique
perfectionnée, dans laquelle excel-
leront les maîtres du V siècle.
Peut-être est-ce à la fin du vi' siè-
cle, sinon aux premières années du
V siècle, qu'on peut rapporter la
Chimère d'Arezzo (fig. 1364), œuvre
grecque qu'Âmelung voudrait attri-
buer à un atelier de Corinthe ou de
Sicyone '-, la Louve du Capitole
(fig. 66l8j ", qui pourrait être de
travail ionien (Helbig), la tête de
Cylhère '*, considérée tantôt comme
une œuvre péloponésienne '', tan-
tôt, et plus justement, comme une
œuvre ionienne "^.
c) V siècle. — L'activité d'Égine grandit au v'' siècle, et
sa fonte {aeginetica teinperatura) est si renommée, qu'à
Sicyone, Kanachos ne se fait pas faute d'en adopter le
procédé. Le maître le plus célèbre de l'école éginétique
est alors Ouatas "; l'Héraklès Oppermann nous conser-
verait peut-être le souvenir de son Héraklès consacré
à Olympie par les Thasiens'^ Deux têtes détachées de
statues de grandeur naturelle peuvent être rapportées aux
Êginètes, la tête d'éphèbe d'Herculanum '% et la tète
barbue de l'Acropole ^''.
A Sicyone, l'art du bronze est en honneur ; Kanachos est
p. 510, fig. 552; Rayet. Monum. de l'Art antique, , pi. 27; Mari|uatdt, Antiq.
rom. (trad. fr) XV, l'ie priiée, 2, p. 314; Martlia, Art. étr. p. 303, note 1.
On y a vu aussi une œuvre étrusque ou une œuvre carolingienne. — '* Collignon,
Op. l. I, p. 240, fig. 110; Kelulé, Griech. Sculptur. p. 49, 51, fig. — 15 Collignon,
;. c. _ 16 Klein, Gescli. d. griech. Kunst, 1; Joubin, Sculpt. gr. p. 218;
Kekulé, t. c. ; Deonna, Op. l. p. 113, note 8. — 17 Collignon, Op. t. I, p. 282 si|.
— 18 Babelon, Bronzes, no 518 (référ.). D'autres archéologues ont attribué cette
ligurine à l'école allique ou béotienne. Maliler a suggéré le nom d'Hégias,
fleti. et. gr. 1899, p. 432, 1900, p. 377. — 19 Collignon, Op. I. I, p. 303, fig. 150 ;
Rayet, Moiwm. de fart ant. I, pi. 20 ; Wiener Jahresh. IV, 1901, p. 171 (référ.) ;
Brunn-Bruckmann, pi. Lvi (référ.); Reinacli, Recueil de tètes, p. 19, pi. ixiii,
uailmet pas l'attribution à l'école d'Egine. — so Collignon, Op. l. 1, p. 301,
6619. — Apollon
de Piombino.
STA
— U99
STA
. ti iio. — ItcproJuclû
dAïéladas.
célèbre par son Apollon Philésios, qu'on a reconnu sans
motifs suffisants dans l'Apollon de Piombino ' (fig. 6619 .
Dans les ateliers d'Argos, un grand nom domine tous
les autres, celui d'Agéladas - ; c'est le style de l'école
argienne de son temps qu'on veut reconnaître dans le
petit bronze de Ligourio', dans le bronze Sciarra ',
dans des statuettes
du Louvre ' (fig.
6620) et dans une
tête déphèbe d'assez
grandes dimen-
sions, au Musée de
Berlin". On peut
encore attribuer à
l'art des bronziers
du premier quart
du V* siècle la léte
barbue d'Olympie '
(fig. 42-20 .
En Attique, le
groupe de bronze
des Tyrannicides
[statua, p. 1477],
dû à Anlénor, avait
été remplacé en
477 par celui de
Critios et de Nésio-
lès, dont les statues
de Naples seraient
des copies*. C'est à Hégias, le maître de Phidias, qu'on
rapporte d'ordinaire la petite tête de l'Acropole'. Outre
les monuments datant du premier quart du v' siècle que
nous venons de citer, il en est d'autres encore, dont on
discute encore l'attribution à telle ou telle école. Ce
sont : l'Aurige de Delphes, attribué à Pythagoras de
Gg. 131 ; de Ricidcr, Catal. des bronzes de l'Acropole, ii" 708 ; l'cn-ol, Op. l. VIII,
p. 526-7, Gg. 271-2; Kcinacli, Hec. de tètes, p. 4, pi. v-vi. Celle lôte pouirail
ôtre délacliée d'une staluc d lioplilodrome, lier. et. gr. 1896, p. 251. Dafls ces deux
têtes les sourcils sont indiqu^-s en saillie, de méaie que dans l'Apollon de Piombino,
l'éphèbe Sciarra, la pelite tôle de l'Acropole, le Poséidon de Créusis, œuvres
attribuées à des ateliers différents. A cause de ce détail commun, Arndt les
réunit en un groupe corintlio-sicyonien ; cT. Brunn-Bruckmann, teste de la pi. i.vi.
— < Duruy, Hist. des Grecs, I, 420; Perrot, Op. I. VIII, pi. xi, p. 472 ; Lollignon,
Op. l. 1, y\. v; Dconna, Op. L p. .339. — 2 CoUignon, Op. L 1, p. 31C sq
— 3 50* Winckelmannspr. (Berlin), p. 123 sq., pi. i ; Joubiu, Hculpt. (jr.
p. 109, Gg. 30; Colli^noD, Op. l, I, p. 322, Gg. 162. Furlwacnglcr a remarqué que
les bronzes qu'on peut attribuer à l'école argienne sont brillants et de couleur
foncée, caractères provenant de l'alliage spécial du bronze, ïiO^ M'inckelinannspr.
p. 127. — t Studuiczka, Hôm. Mitt. Il, pi.; Joubin, Op. l. p. 146. fig. 41;
p. 73, fig, 8 : Furtwaengler reconnaît en lui une œuvre ilalique du cycle de
Critios et de Nésiotés. Cf. Mûnch. Silzàer. 1897, 11, p. 1)2, 128; 50' Winc/iel-
mannspr. p. 151, 'noie 90; ileisterw. p. 77, 6SL — ^ Furtwaengler, Br. von
Olympia, pi. vm, p. 18 [jcpiter, p. 701] : Monum. Plot, I, p. 105 sq., pi. xv-xvi.
— 6 Furtwaengler, Meisterw.T^. 675 sq., pi. xxxii. — " Olympia, IV, pi. l ; CoUignon,
Op. ?. 1, p. 326, fig. 164 ; Perrot, Op. (. \ III, p. 467-8, fig. 2 J5-6. — » Cf. sur ce groupe.
Léchai, Sculpt. attique, p. 438 sq. ; articles récents ; Hauscr, îtôm. Mitt. 1904,
p, 163 sq (= Jlev. des Et. gr. 1906, p. 134); Studniczka, Jahrbuch. kl. Alt. XVII.
1906, p. 344 (= Americ. Jotira. ofarch. 1907, p. 214). Kcconslitution au musée de
Bnjnsv\ick,/<ôm. Mitt. 1905, pi. xi. — 9 Furtwaengler, Meisterw. p. 80, 684 ; CoUi-
gnon, Op. l. I, p. 323, Gg. 163 ; de RiJder, Catal. des bronzes de l'Acrop. n" 767;
Perrol, Op. t. VIII, p. 679, fig. 347; Furtwaengler, Intermezzi, p. 9 ; id. HO Win-
ckelmannspr. p. 140-1. D'autres archéologues l'attribuent à l'art du Péloponnèse.
— 10 P'ùuilles de Delphes, IV, pi. xlix-l ; Reinach, Itec. de Têtes, p. 6, pi. ix-x
(référ.); Joubin, Op. l. p. 141 sq., fig. 4:1, 43-7; Léchai, Phidias, p. 31-2, Gg. 9.
Articles récents : Studniczka, Jahrb. des arch. Instit. 1907, p. 133 sq. ; Pontow,
Mûnch. Silzber. 1907, p. 2U sq. Pour von Dubn, la slatue serait un original
de Pythagoras de Khegion {Alh. Mitt. 1906, p. 421 sq.), opinion combattue
par Furtwaengler {Miatchenersitz. 1907), qui y reconnaît le style de Crilios. Lechat
{Pythagoras Je Ithegion, p. 100) la rapporte à l'école d'Egine. L'hypothèse la plus
récente voit dans l'Aurige l'œuvre d'Araphion de Cnosse. Cf. liev. arch. 1903, i, p. 126
sq. ; 1907, II, p. 3'30; lier. Et. grecg. 1908, p. 177, 348 sq. ; Ausonia, 1907, p. 22
(varielà) ; Americ. Journ. ofarch. 1906, p. 132 sq.; 190S, n" 2 (Washburn. référ.).
6621. — L'Au
de Delphes.
Rhegion, à Calamis, à Onatas, à Glaukias, à Critios,
à Ampliion de Cnosse, etc.'" (lig. 6621); le Poséidon
de Créusis", œuvre éginétique (Lechat) ou attique
(Philios, Joubin); léphèbe de Sélinonte'-; le " Spi-
nario " du Capitole '■' , dans lequel on a reconnu l'art de
Myron, de Pythagoras, celui d'Argos
ou de Sicyone; la tête Chatsworth,
pour Furtwaengler œuvre originale
de Pythagoras de Pihegion, opinion
combattue par M. Lechat'*; le torse
de Florence, trouvé à Livourne, ori-
ginal grec que Furtwaengler rattache
au cycle de Critios ''. On pourrait
encore mentionner l'e.x-voto de Platées
à Delphes, qui se trouve maintenant
à Constanlinople" et qui, dans un
autre genre, témoigne aussi de l'habi-
leté des bronziers du premier quart
du V siècle.
Nous avons mentionné quelques-
unes des hypothèses qui ont été
émises au sujet de ces bronzes. Mais
aucune n'entraîne la certitude. \os
connaissances sont trop imparfaites
pour nous autoriser à reconnaître
dans telle ou telle œuvre le style d'un bronzier plutùt que
celui d'un autre, lequel peut être entièrement inconnu '^
Il faut nous résigner à ignorer l'œuvre des bronziers
célèbres que furent Calamis ", Pythagoras de Rhegion ",
et bien d'autres encore. Les grands bronziers du milieu
du V^ siècle sont Myron et Polyclète. Si leurs œu'vres
nous sont connues par des répliques en marbre ou par
de petits b^onzes-^ aucune grande statue de bronze ne
peut leur être attribuée-'. Polyclète continuait la tradi-
tion des bronziers argiens, et les anciens étaient una-
p. 198 sq.; 221 ; Robert, Xachrichten der Gcseltsch. d. Wiss. Ootiingen, 1901 ;
Kœpp, A'euc. Jahrb. 1909, p. 463; k'craraopculos, Ath. Mitt. 1909, p. 33 sq.
— 11 Eph. arch. 1899, pi. iv-v; Itcv. Et. gr. 1900, p. 374 (Lechat) ; Joubin, Wp. /.
p 100 sq., Gg. 32-3. — 12 Perrot, Op. l. VIII, p. 494 sq., fig. 253-3; Arndt, Ein-
zelaufn. 509-572. — '3 CoUignon, Op. l. I, p. 416 sq., fig. 215; Friederichs-
Wollers, Cipsabgûsse,f. 102, n» 213; FurUvaen^'Ier, Meisterw. p. 685-6; Joubiu,
Op. l. p. 131, 133 sq.; Helbig, Fùhrer (2), I, p. 427, n» 637 (référ.); Anielung,
Fûhrer durch dieAnt. in I'lorenz,6g. 12; Le:hat, Pylhag. de Rhegion, p. 101-3.
— IV Furtwaengler, Interm^^zzi, p. 3 sq. ; pi. i-iv ; Joubin, Op. l. p. 96-7, Gg. 20-1 ;
Lechat, Pythag. de Ilhegion, p. 102. — 15 Furtwaengler, Meisterw. p. 676,
note l;Mùnch. Sitz, berichte, 1897, II, p. 112; Jahrb. d. arch. Inat. 1892, p. 132;
Amclung, Op. l. p. 273, n» 209 (référ.). — IS Fricderichs-Wolters, Op. l. p. 110,
n" 227 (référ.); Jahrbuch, 1886, p. 176; Mûnch. Sitz. ber. 1904, p. 413 sq.
— 17 C'est ce que dit Furtwaengler à propos de l'.Aurige de Delphes, Mûnch. .Sitz.
ber. 1907, p. 160. — i» Rejsch a voulu prouver récemment qu'il y avait deux
Calamis. Le premier travaillait vers 4S0-460 ; le second, sou petit-fils, n'étail plus
exclusivement bronzier, et ses œuvres s'échelonnaient de 385 à .162, Wiener
Jahresh. 1906, p. 199 sq. ; Studniczka a accepté en partie celte théorie, Sâchs.
.\bhan-il. XXV, p. 1 sq. Pour Furtwaengler, celte hypothèse n'est pas soutenable,
Calamis le Jeune est une fiction, Mûnch. Sitz. ber. 1907, p. 160 sq. Cf. encore :
Jieu. Et. gr. 1907, p. 250-1; Americ. Journ. of arch. 1907, p. 216, 439;
CoUignon. Scopas et Praxitèle, p. 16; Deonna, Peut-on comparer l'Art
de la Grèce à l'Art du Mayen-àge. 1910, p. 78, note 23, référ. — '9 Sur
cet arliste, cf. Léchai, Pythag. de Ilhegion, 1903. — 2y Ex. : Le Jlarsyas
de Myron se retrouve dans un petit bronze du Bril. Mus. : CoUignon. Op. l.
p. 468, fig. 2i4; Wallcrs, Catal. Bronzes Bril. Mus. p. 35, n' 209. On a
voulu reconnaître le souvenir de la célèbre vacbe de Myron dans uu bronze
du Cabinet des Médailles : Babelon, Bronzes, n" 1137 ; dans uue statue de
marbre du Palais des Conservateurs, /iôm. Mitt. 1901, p. 42 sq., pi. iv ; Jiev.
étud. Gr. 1901, p. 420-7; fouilles de Delphes, V (!• fasc), p. 53. Un petit
bronze de Munich reproduit le Discobole, Friederichs Wollers, Op. l. p. 192,
n" 433, etc. Remarquer que parmi les petits bronzes on ne trouve aucune réplique
exacte du Doryphore ; Furtwaengler, Slatuencopien. p. 56. — Si On a voulu
reconnaître, mais sans motifs sérieux, le LaJas de Myron dans un des Lutteurs
en bronze du Musée de Naples; Mahler, Polgklet, p. 16; Amelung a rejeté
cette hypothèse; Reinach pense cependant qu'elle n'esl pas invraisemblable,
Recueil de têtes, p. 36.
STA
l.jUO —
STA
nimes à louer i-ii lui la pcrfeclioii (Je la teclmiqui' '■
Bien que Phidias ne fùl pas exclusivement bronzier
comme Myron et Polyclèle, on vantait certaines de ses
statues en bronze, comme la Lemnia, la Promachos-.
La statuaire en bronze fut en honneur pendant tout
le V' siècle, surtout dans 1 école dWrgos, oii les dis-
ciples de PolyclMe continuèrent la tradition de leur
maître.
C'est à la deuxième moitié du V siècle ([uon peut
attribuer les monuments suivants : les statues de Tarse,
au Musée de Constantinople', l'une sans tête \ l'autre,
réduite à la tétc et au haut du torse", qu'on a rattachées
à la tradition myronienne, et qui datent de la fin du
V siècle"; 1' '• Idolino '" de Florence, original grec de
iiO-tSO, œuvre éclectique trahissant l'influence attique
sur un type polyclétéen '• ; la lèle dite de Bénévent,
au Louvre, œuvre attique très apparentée à l'Athéna
de Bologne, et sans doute du même atelier (Phidias?) * ;
le buste en bronze de Munich, original du temps
de Phidias et de Polyclèle ' : l'éphèbe Sabouroff,
œuvre argienne de la fin du V siècle '". Citons encore
une petite tète de la Villa Albani, reproduisant le type
de l'Athéna Hope", le fragment d'une statue colossale
d'Ares, trouvé en Grande-Grèce, au Britisli Muséum et
datant du milieu du v" siècle '-.
d) /F' siècle. — L'art du iV siècle accorde au bronze une
place moins exclusive. Scopas, élève des fondeurs du
Péloponnèse, débute par des statues de bronze, comme
celle de r.\plirodite Pandémos, mais, plus tard, semble se
vouer à la sculpture de marbre, qui a fait la gloire de
l'école attique. Praxitèle est surtout un marbrier, et les
anciens affirmaient qu'il réussissait mieux dans le
marbre que dans le bronze '^ Le rythme nouveau de ses
œuvres a été conçu dans le marbre : ces torses déhanchés,
qui s'appuient contre un support et permettent de
mettre la figure hors d'aplomb, de donner au corps des
lignes plus onduleuses, naissaient tout naturellement
dans le marbre qui nécessite des appuis, mais ce sont des
atlitudescontraires aux qualités mêmes du bronze, faites
d'indépendance et de mouvement. Les chefs-d'œuvre de
Praxitèle sont des marbres; c'est dans cette matière qu'il
trouve, sous son ciseau, les délicatesses les plus
subtiles, pour traduire, dans un corps de femme ou
1 Plin. H. 11. .XX.XIV, 36. — 2 ;;ur Mn.lias, cf. le* lécenles éludi's .le Léchai,
l Acropole d'Athènes, Phidias, 1909. Sur la Promacbos, article récent :
Jieriie areh. 1905, I, p. iil si|. (= liev. iHud.. i,r. 1906, p. 156). Rciiiach reconnail
la Tromachos ilans un petit bronze de Boston : Bronzes de la Gaule rom. p. iO, n" It ;
Oa:. U.-Arls, 1902, II, p. 407-9. L'attribution de la Promachos à l'raiitèle LAncien
est abandonnée. — 3 Ca;. orc;(CO^ Vlll, 1883, p. 85 sq. pi, i-ii ; Heine areh. 1899,
IL p. t9 5<|..pl. XMi-xiv(Joubinl; Rev.ét. i/i: 1899. p. 453 sq. (Lechat) : Friederichs-
Wolters, Op. I. p. 197, n" 461; Furtnaengler, J/eis<prir. p. 348. note 2. — » Gaz.
arch. pi. u. — • /Ud. pL i : Collignon Op. l. p. 479, hg. 246, — 0 Jouhin, Sciilpt. rjr.
p. 1^5 sq., les place à tort vers 460. — 7 Rcinach, Ree. de tètes, p. 57, pi. vu
(référ.); B.-unn-Bruckmann, tcitc de la pi. Dfivii, p. 6 sq. ; Furtwaengicr, Meisterw.
p. 497 sq., (Ig. 89 ; 49' Winckelmannspr. (Berlin), p. 3 sq . , pi. i-ii ; Wiener Jahresh.
IV, 1901, p. 179, (ig. ; Amelung, Fnhrerdurchdie Ant. m Florenz, p. 372sq. (référ.).
— « Reinach, flee. de tètes, j>. 58.pl. i.xxn (référ .) ; Collignon, Op. L 11, p. 169, pi.
(l'attribue à l'école polyclétéenno) ; id. Scopas et Praxitèle, p. 21. Celle tête provient
en réalité d'Herculanum, /lev. et. r/r. 1896, p. 30i. — 9 Furlnaengler, Beschr. d.
«/i//!/. p. 372, n» 457 (référ.); id. .l/eis(ei-w, p. .507 ; Collignon, Oj,. l. I, p. 421, (ig. 217.
L'éphèbe en ba.saltc du musée des Thermes serait une œuvre du même artiste ; Hauser
prononce même le nom de Calliclès, fils de Tliéocosmos de Mégare ; Bôm. Milt.
IS95. p. 97 sq., pi. I : /(«■. él. i/r.lS90. p. 266. — 10 Furlwaengler, Coll. Saboiiroff,
I, pi. viM-ii; Ketulé, Griech. Sculpt. p. 160, lig. : Wiener Jahreshefte, IV, 1901,
p. 1743, Gg. 187 ; Beschr. deranl. Sciilpl. (Berlin) n" I, Furlwaengler. après avoir
attribué cette statue à la tendance péloponésienne du iv« siècle, la rapporte ensuite à
l'école d'Euphranor, Meitterw. p. 583. — n Ilelbig, Ffilir'rr (2). Il, p. 22, n° 793 ;
Furtwaengicr, a/ei8(en/-. p. 1 1 1-2, — li Waltcrs, CatnI. oitlte Bronzes, p. 33, n° 265
(référ). — 13 Plin. a. n. XXXIV. 19. in: marmore f.licior. — U^tic/i. Anz. 1903,
Fij. 6622. — L'Ado-
rant de Berlin.
dt'phèbo, le moelleux de la chair et la souplesse de la
vie. C'est à la tendance praxitélienne
qu'on peut rapporter le bronze d'Hyp-
nos, de Berlin", la tète d'Hypnos de
Pérouse, au Musée Britannique ''.
L'Athéna d'Arezzo, au Musée de Flo-
rence'", serait une œuvre grecque du
cycle de Praxitèle; Amelung y verrait
même une œuvre de jeunesse de ce
maître.
Lysippe, lui, est avant tout un bron-
zier'", et le bronze lui rendait possible
l'exécution de statues aussi hardies que
celles de son Kairos, debout sur une
sphère qu'il touchait seulement de la
pointe des pieds ; la tradition de la fonte
se maintient dans son école avec ses
successeurs, Daippos, Boédas, Charès
de Lindos, etc., qui continuèrent à
rendre dans le bronze la précision
du corps athlétique. C'est à Boédas
qu'on attribue généralement la statue de l'.Xdoranl de
Berlin" fig. G6-2-2),
C'est encore du iV siècle qu'on peut dater : la tète
d'ErzindJan, au Musée Britan-
nique", qui, pour M, Reinach'-".
est une œu\Tedu début du iv' siè-
cle, encore inspirée des grands
niaitresdu V siècle; pour M. Col-
lignon -', une œuvre de la fin du
iV siècle, sous l'influence sco-
pasique ; la tète de Satyre de
Munich--, onivre du temps
d'Alexandre,
.\vec le iV siècle, la fonte du
bronze a atteint en Grèce son
apogée, et ne fera dès lors plus
de progrès-'. Musée ,les Thc"rmcs.
e) Kpofjue heUénistique et
greco-7'omaine. — C'est à l'époque hellénisti(|ue qu'il
convient de rapporter-' un fragment de statue féminine
drapée du Musée de Berlin (m* siècle\ la tète de
Lybien du British Muséum -\ trouvée à Cyrène, où
p. 33, lig. 1 ; K.'kulé, Gricc/i .Skiilplm: p. 262. fig. — li Walters, Op. t. p. 34, n" 2J7
(référ.). Cette tête n'est nullement de travail étru«(|ue, comme le croit Aiartha,
Art /'Strus(/ue,p. 303. — 16 Amelung, Fùhrer in Florenz, p. 256, n* 24S (référ.),
— 17 Lysippe cependant a aussi travaillé le marbre. Peut-être qu'une tête masculine de
marbre, trouvée à Olympie, serait celle de Philandridas, mentionnée par Pausanias
comme œuvre de ce maître ; ce serait donc un marbre original de Lysippe.
L'Agias de Delphes ne serait pas une copie d'un original de bronze, mais lui-
même wn original de la main de Lysippe. Ces hypothèses, très contestables, ont
été émises récemment par M. Walter Woodburn Uydr. Amer. Jonm. of arch.
1907, p. 396 sq. Cf. Collignon. Lysippe (bibliogp.). Un relief d'ivoire reproduit
l'Hcraklès de Tarente, Furlwaengler, .Uimch. Silz. ber. 1902, p. 433 sq.;
.imeri'c. Journal of arch. 1904, p. 475. — 1» Collignon, Op. l. Il, p. 483, fig. 252;
Kekulé, Op. l. p. 266, fig.; Collignon. Lysippe, p. 96 ; Friederichs-Wolters, Op. l.
a' 1562; Beschr. derant. Skulpt. (Berlin), n' 2. — 19 Walters, Op. l. p. 33, n' 266
(référ.). — 20 Bec. de tètes, p. 108, pl.cxïxix (référ.l. — 21 Op. l. Il, p. 477, fig, 247.
— 22 Fricderichs-Wollers. Op. l. n, 1497 ; RrunnBruckmann,pl. v b; Furlwaengler,
Beschr. der Glypl. p. 369, n» 430. — 2:) Pline après avoir ènuméré les maîtres du
brome, dit ; « cessarit deinde ars (il n'entend que Vars stotuaria), ac rur.ius
Olympiade ci.vi revixit », ce qui ne signifie pas qu'il y ait en cessation de la
statuaria, puisipi'il cite encore après des bronziers : il veut dire ijue l'arl du
bronze avail atteint avec Lysippe et son école le plus haut point, et qu'après
il V eut arrêt dans les progrès de la fonte du bronze ; //. n. X.VXI V, 52 ; Baumeistcr,
nenkmûler. s. v. Perg.imon, p. 1229. — ^i Beschr. d. ant. Skulpt. (Berlin.,
n" 3; Brunn-Bruckm,inn, tcxie de la pi. r.i.vni, fig.; Kekulé, Op. l. p. 267 fig.
— -25 Collignon, Op. l. Il, p. 567, fig. 292; Rayet, Monum. de '.art. ant. Il, pi. 57;
Arndl-Bruckmann, Gr. uni rôm. Porir. pi. xii-ii. Walters, Op. l. p. 34, n» 26s
STA
laOl —
STA
s'anîrnie le réalisme artistique de celte époque. Le
pugiliste des Thermes' est d'un style déjà plus avancé
(vers 200) (fig. 66-23 , de même que la tête dathlèle
d'Olympie-, la statue du Musée des Thermes, dans
laquelle on a parfois voulu reconnaître Alexandre Bala
de Syrie (149 av. J.-C.)'. Du ii' siècle date encore une
belle tète de Centaure du Musée do Spire ', décou-
verte dans le Palatinat ; c'est un original grec, trans-
formé en peson de balance dans cette région à demi-
barbare, produit tardif, comme le Laocoon qu'elle
rappelle, de l'art pergaménien. Citons encore la têle de
Sophocle, à Londres", provenant de Constantinople.
Les bronziers grecs n'ont plus de souci d'originalité ;
ils se bornent à copier les œuwes de leurs devanciers.
L'Apoxyoménos d'Ephèse" est une copie romaine d'une
œuvre de l'école lysippique, à propos de laquelle Hauser
a prononcé le nom de Daippos, fils de Lysippe. L'Hé-
raklès de la Glyptothèque Xy-Carlsberg ' reproduit un
type attique du iv" siècle, où se mêlent les éléments du
style polyclétéen et du style scopasique ; il est parent de
l'Héraklès Lansdowne, et montre même technique que
r.Vpoxyoménos d'Éphèse et que le bronze d'Anlicythère,
son contemporain. La statue de Dionysos (.\pollon '?) du
British Muséum*, qui provient d'Egypte et date du
1" siècle av. J.-C, est la copie d'un original que Furt-
waengler attribue à Euphranor. Le navire naufragé à
Anticythère, aui" siècle de notre ère, contenait une riche
cargaison d'œuvres d'arts .\ucune des pièces conservées
n'est un original; ce sont des copies libres, faites pour
l'exportation, et destinées, semble-t-il, au marché de
Rome'". Parmi les grands bronzes, une statue d'éphèbe
a pu être restaurée" ; une tète barbue est la copie d'un
beau portrait de l'époque iiellénislique '-.
Le Musée de Xaples contient un grand nombre de
bronzes provenant de Pompéi ou d'Ilerculanum. Plu-
sieurs rappellent par leur style l'éphèbe d'Anticythère,
et proviennent peut-être des mêmes ateliers d'.\thènes".
On a souvent discuté s'il fallait voir dans les bronzes de
Naples des originaux ou des copies relativement récentes.
Benndorf a montré que sauf la tête éginétique d'Hercu-
(référ.) propose de 1 aUribucr à Lysisiralos. — • Collignou. Op. t. Il, p. 49i.
Iig. i36: Hdbig, Fûhrer (i;, II, p.5J8, n» 113 (K-fér.); Kei-. Éi. gr. |S59, p. 201,
— 2 Collignon, Op. l. Il, p. «î, fig. 235-3 6is ; Kekulé rialc celle lile du
v« siècle, Ceber fien Bronzekopf eines .Siegers in Olympia, 190:». Cf. de la mCme
époque : pied d'une statue d'Olympie, Friedericlis-Wolters, Op. t. p. 915,
n" 324; autres fragments d'Olympie, ibid. p. 146, n* 325-7. — 3 Collignon, Op. l.
II, p. 49.->, ng. 257; Helbig, Fûhrer, li), II, p. 231. n" 1114 (référ.) ; Arndl-
Bruckraaun, Op. t. pl. cccLvni-ccci.x. Cette statue n'a pas de ressemblance
avec les monnaies d'Alexandre Bala ; ce serait une copie romaine d'une statue
d'atlilcte du ai' siècle; Journ. hell. stud. 1903, p. 96, n» 1. — 4 Keinacli,
Bronzes fig. de la Gaule rom. p. 114, n" 117; id. liée, de têtes, p. 189,
pl. r.cixxiu-iv (référ.). — 5 Walters, Op. t. p. 153,| n" 847; Bemoulli, Gr.
tkonofjr. I, pl. XV, p. 13i sq. — ^-Forsch. in Ephesos, I, pl. vi-ix, p. 181 sq. ;
Collignon, Scopas et Praxitèle, p. 22-3. — 7 Furtwaengler, Meisterw. p. 518 ;
Arndt, Olypt. Xy-Carlsberg, pl. lxxxiX'Xci. — 8 Furtwaengler, Op. l. p. 585,
g.; Walters, Op. l. a' 828 (référ.). — ^ Eph. arcli. 1902. p. 143 sq. ;
Journ. hell. stud. 1903, p. 152 sq.;/(ei'. Et gr. 1901, p. 445; 1904, p. 94; Stais.
Ta \t '.\»Tiir-j9r, wv Èjpr,^«T«, 1905. Cf. aussi Ic navire naufragé de Uabdia,
Rer. arch. 1909, II, p. 132, 455; 1908, 11, p. 131, 416; yourn. des Sav. 1909,
p. 374 sq. ; t. rend. Acad. d. B.-L., 1908, 243 sq., 3S6 sq., 532 sq. ; 1909,
p. 649sf|., p. 420, 436 Sf|., 442; 1910. p. 585 ; Jrc/l. ^n;eij. 1909,;p. 2C7 sq.; À'Wo,
IX. 2, 1909, p. 232 sq.; Bull. Soc. Antiq. de France, 1909, p. 203 sij. ; 6a:. S. A.
1909, p. 191, 195 ,Amer. Journ. ofnrch. 1909. p. 102 sq.; Rev. Et. grecques. 1909,
p 290 ; Bei: ont. 1906, II, p. 22, .308; Woch-Klass. P/iilot. 1908, p. 1103; 1909,
p. 10: Clttssic. /(«ieic, 19ty nov. p. 229. — 10./ourn. Af». stud. 1903, p. 217 sq. ;
Her. Et. gr. 1905, p. 120. — " Saus doute copie d'une œuvre bcllénisliquc, bien
qu'on ait voulu y reconnaître le style de Scopas, de Praxitèle, ou même d'Alcamène.
{.(.Journ. hell. stud. 1903, p. 221 ; reproductions : /4i</. pl. viu-ix; 1904, p. 1295q. ;
Eph. arch. 1902, pl. vui-x : Stais, Op. I. pl. : Collignon, Scopas et Prax. fig. 2 :
Ilev. Et. gr. 190», p. 94. lig. — 12 Journ. hell. stud. 1903, p. 2.'Î3, fig. 4; Eph.
lanum (cf. p. 1498;, et des portraits d'arl local, ces
bronzes étaient des répliques du temps d'Auguste, faites
sans doute à Athènes, et importées en Italie peu de
temps avant l'éruption du Vésuve ". Le buste du
Doryphore, qui porte la signature d'Apollonios, tils d'Ar-
chias. Athénien, en est à lui seul une preuve évidente.
A cette époque, il se passait à Athènes ce qui se passe
de nos jours en Italie, surtout à Naples : on copiait
industriellement les bronzes célèbres pour l'expor-
tation''■. Les originaux de ces bronzes remontent à
diverses époques. Les Danseuses d'Herculanum "^
répètent le type cher il l'art de la première moitié du
v* siècle, celui de la femme en chiton dorien [péplos,
fig. Ô0Ô9 ; r.Apollon de Pompéi ''' dérive d'une œuvre
argienne antérieure à 450; le buste du Doryphore de
Polyclètea été fidèlement copié par -\pollonios '*, tandis
que le buste qui lui faisait pendant reproduit les traits
d'une .\mazone polyclétéenne ''' ; deux bustes d'éphèbes -°
sont des copies de types polyclétéens- '; les deux lut-
teurs-' reproduisent, diversement modifiés, un original
grec du V siècle ; d'un original de la fin du v' siècle
dérive la tête de Dionysos barbu'--' longtemps appelée
Platon. L'Hermès assis répète un motif lysippique'-'* ; la
tète d'.\rtémis (dite longtemps Bérénice') dérive d'une
œuvre du iv" siècle, qui, pour lieinach, pourrait être du
Léocharès-"; l'éphèbe de Pompéi reproduit une œuvre
éclectique, oti le style attique se mêle au style argien ^' ;
le satyre endormi est un type hellénistique du iir siècle -',
comme le satyre ivre -' ; le Dionysos (dit Narcisse) est
une copie d'un type attique de l'âge hellénistique-';
l'Apollon et l'Arlémis du temple d'Apollon" remontent
aussi à des originaux du iii= siècle.
Les portraits hellénistiques sont nombreux. Celui qui
a passé pour représenter Sénèque, d'Herculanum, est le
plus connu". Ce sont encore: le portrait de Seleucus I
Nicator '-, le buste dit de Sappho", deux bustes de
princes hellénistiques'*, des têtes de Grecs et de Grecques
inconnus, etc. ^'. On rencontre dans toute l'Italie ces
portraits grecs comme ceux du Musée de .Naples, qui
sont peut-être des copies importées de Grèce.
arc//. 1902, pl. xui, — 13 Journ. hell. stud. 1903, p. 234 si|. : Bev. El. rjr.
1903, p. 120. — li Wien. Jahresh. 1901, p, 109 sq. ; Bei: Et. gr. 1902, p VOii.
— "1 Mien. Jahresh. 1901, p, 188-9. — «SCollignon, Op. t. I, p. 424, fig. 219; te-
chat, Phi'iias, p. 23 ; Rayct, Mon. del' art ant. I, pl. 37 à 39 ; Wien. Jahresh. 1901 .
p. 180 sq., fig. 193 sq. (référ.). — ''' .Mahler, Polyklet. p. 66 sq., fig. 16-17 ; Colli-
gnon, Op. L II, p. 666, fig. 350 ; Furtwaengler, Meisterw. p. 79, fig. 3 ; Amelung.
Fûhrer durch die Ant. in Floren:, fig. 38 ; Rev. Et. gr. 1896, p. 453-3 (référ.) ;
Furtwaengler, Intermezzi, p. 47 ; Collignon, Scopas et Praa itéle, p. 22. — 1» Colli-
gnon, Op. l. I, p. 493, fig. 252; Gaz des B.-Arts, 1902, 11, p. 463, fig. ; Rcinacb.
Rec. de tètes, p. 37, pl.xi.vi-vn ; Friedericbs-Wollers, Op. l. p. 228, no 505 (référ.).
— 19 Gaz. des B.-Arts, 1902, 11, p. 464, fig. ; Reinacli, Op. I. p. 43. pl. i.vii (référ.'.
— 20 Ravel, Mon. de l'art ant. Il, pl. 51; Rcinach, Op. l. p. 46, pl. i.viii (référ.).
— 21 Rayel, Op. (.Il,pl.66; Furtv\aengler, J/eijferif. p. 495sq., fig. 87-8.— 22 Rci-
nach, Op.l.p. 56, pl. i.xx (référ.); WienerJahresh. IV, 1901, p.172-3. — 23 Rcinacli,
Op. l. p. 99, pl. cxiv (référ.); Friedericlis-Wolters, Op. l. p. 464, u» I2S3; Raycl,
Op. l. Il, pl. 54; Wien. Jahresh. IV, 1901, p. 172. — 24 Rayet, Op. l. Il, pl. 36;
Reinacb, Op.l. p. 176, pl. ceux; Collignon, Lysippe, p. 121, fig. 24. — 25 Fricdericlis-
Wollers, Op. l. a' 1003; Rayet, Op. l. Il, pl. 31 ; Rcinach, Op. l. p. 177, pl. ccxx.
— îi Bei: Et. gr. 1901, p. 465 (référ.); IVien. Jahresh. 1901, p. 174 sq.,
fig, 186 sq.: Collignon, Scopas et Prax. p. 12. — 27 Wien. Jahresh. 1901,
p. 173; Reinach, Op. l. p. 212, pl. cci.i (référ.). — -* F^icde^ichs-Wolte^^.
Op. l. p. 588, a' 1199; n'ieu. Jahresh. 1901, p. 172. — 29 Collignon,
.Sculpt. gr. U, p. 451, fig. 234; Id. Scopas et Prax. p. 22; Wien. Jahresh.
1901, p. 172; Amelung, 0. l. fig. 21; Rayel, Op. l. Il, pl. 48. — 30 Friederichs-
Wolters, Op. I. p. 604, n» 1329-3' (référ.}; Wien. Jahresh. 1901, p. 173.
— 31 Collignou, Op. t. Il, p. 600, fig. 317 ; Raycl, Op. l. Il, pl. 59 : Bemoulli,
Griech. Jkonoyr. Il, pi. xxiii, p. 161, n» 1 (référ.). — 32 .\rndl-Brucknianu Cr.
und rôm. Purlr. pl. ci-cii. — 33 Friederichs-Wollcrs, Op. L p. 6(8, n' 1604.
— 34 Arndt, Op. l. pi. ici-ii, jciiiiv. — 35 Und. pl. ciui-iv, civii-viii, .j.ix-ci.x.
STA
lo02 —
STA
3" La « .ttatuarin » en Etrurie. — La pierre n"a j
jamais joué un grand rôle dans larl étrusque';
l'argile fut la malièrc préférée des artistes, et nom-
breuses sont les statues de terre cuite qui sont par-
venues jusqu'à nous-. On comprend donc, étant donnée
l'union qui existe entre la <- plasiice » et la « sta-
tuaria «, que celle dernière fut aussi florissante en
Toscane. Les ouvrages des bronziers étrusques étaient
renommés: les signa tuscanicu étaient colportés dans
le monde entier, dit Pline', et lors de la prise de Vul-
sinii (-201 av. J.-C), les Romains y trouvèrent à emporter
2000 statues de bronze. Vulsinii, .Arretium paraissent
avoir été les centres principaux des bronziers étrusques,
car de là proviennent la plupart des statues de bronze* ;
l'art du bronze florissait dans le pays compris entre
la haute vallée du Tibre et la source de l'Arno.
Pendant longtemps, ces ateliers ont été en pleine
activité et ont répandu leurs produits dans lllalie
centrale ^
Un emploi spécial des statues de bronze en Étrurie
consistait à leur faire orner le tympan des temples qui,
en bois, et placé en porte-à-faux, ne permettait qu'une
décoration très légère, en terre cuite ou en bronze do^é^
Les mêmes procédés techniques qu'en Grèce étaient
usités en fitrurie ; cependant, les statiiarii étrusques ont
poussé plus loin que les Grecs le désir de rendre l'expres-
sion de la vie dans leurs œuvres. Dans une tète en
bronze de Florence", il y avait peut-être à l'intérieur
une lampe, dont la lumière brillait à travers la matière
transparente des yeux, et donnait au regard une vie
intense; de même dans le bronze Sciarra*.
L'art du bronze a passé en Étrurie par les mêmes
phases qu'en Grèce. On commença par le sphyrélaton,
dont le buste de Vulci, au Musée Britannique, qui est
antérieur à GOO, est un exemple bien connu (tlg. 2820/".
La fonte en creux semble avoir été introduite dans ces
régions plus tard qu'en Grèce'". Une tête de la collec-
tion Tyszkiewicz", de grandeur demi-nature, travail
étrusque de 500 av. J.-C, ou des premières années du
V siècle, est encore en fonte pleine. La technique
nouvelle fut sans doute importée de Grèce au début
du V"' siècle.
Les grands bronzes étrusques ne sont pas nombreux '-.
La louve du Capilole, qui, pour certains, serait étrusque,
est plutôt de travail grec ' fi g. 66 1 8 ; , de même que la Chimère
d'Arezzo(fig. 1364), la tête d'Hypnosde Pérouse, r.\théna
d'Arezzo, dans laquelle 'Winckelmann reconnaissait déjà
une œuvre grecque. Ceci prouve que, malgré la renom-
mée des bronzes étrusques, les œuvres des bronziers
grecs leur faisaient concurrence dans leur pays même.
On n'a laissé à l'art étrusque que ce qu'on ne pouvait
lui otersans in\Taisemblance. C'est l'Arringatore de Flo-
I ilarUia, Art étrusque, p. 30î sq. ; p. 49T sq. ; Waltor*, Op. I, p. U sq. ;
MarqiiardI, Manuel de» ant. mm. XV, Vie prirée, i. p. 3U; Baumeister,
Vtnkm. s. r. Etruricn. p. 510; Ernusci, p. 6V0. — 2 Sur la plasiice étrusque,
Uroona. Slat. de t. euile dam l'Anl. p. 79 sq. — 3 fl. n. XXXIV, 3t. Les
bronzes étrusques pén^lraicnt môme eu Grèce; cf. Wallers, Op. /. p. 49.
— * llartlia, Op. l. p. 499, 303. — ô Terlull. Apolog. i5 : ingénia Tuscorum fin-
ijendiM iiniulacris Vrbem inundaterunt. — 6 Vilrur. III, i, 5 : cf. Slartha, Op.
l. p. S71S-9, îsi, 328-9; Dconna. Op. cit. p. 93. — ' Amcluug, Fùhrer durch die
Ant. in Florenz. p. 253. — » Jiôm. ililt. Il, p. 94-5. — 9 Etbi'sci, p. 840,
rig. iSîO ; Wallrrs, Op. I. p. 59, n' 434 (rcl.T.). — 10 Mûneh. Sils. ter. 1897, 11,
p. llî. ncili- i (Furlnacnglcr). — " Frûliner, Collect. Tyszkieirie:, pi. lui.
— I^UarlIia. Op. l. p. 303. — 13 Erias.;!, p. 8W, Og. i8l9 ;Amcluug. Op.l. p. 257,
n*249 (référ.l ; Itaumeisler. Op. I. s. v. Elrurien.p. 5IJ, Og. 5.13 ; .'Vradt-Rruckmann,
Griech. unff rôm. Porlr. pi. i.xxivi-MX\nii. — 14 KTrii-sci, p. 840, fig. 2817; Ravel.
rence lig. 66-24'; '\ portrait de .Metilius, qui, l'inscription
l'indique, fut commandé par la veuve du défunt, Aulcsi
Clensi, à l'artiste TenineTuthinas ;
cette statue est contemporaine des
guerres puniques. Le Mars de Todi,
au Vatican (fig. 2817, '*, imite, au
m' siècle avant J.-C, un original
grec du milieu du iV siècle. Les
fragments d'un attelage monté par
des divinités (sans doute .\pollon
et Diane), trouvés à Chianciano,
près de Ctiiusi, et conservés au
Musée de Florence, datent sans
doute aussi du m'' siècle'". Une
statue féminine de Vulci, à la
Glyptothèque de Munich '*, est un
travail étrusque des ii^-i" siècles
av. J.-C, imitant un type praxité-
lien. La statue de Zeus imberbe n'est pas antérieure
aux iiiMi= siècles et reproduit un type idéal de l'époque
d'Alexandre ''. Les œuvres de bronze de dimensions
plus restreintes ne manquent pas. .Nous mentionnerons
seulement les diverses statues d'enfants (fig. 2831) qui
sont un motif fréquent '^
Les Étrusques furent plutôt d'habiles techniciens que
des artistes et leur réputation fut surtout celle de fabri-
cants industriels, fournissant des candélabres, des cistes,
des miroirs". Dans leurs statues, ils imitent les œuvres
des bronziers grecs, et leurs imitations peuvent être con-
fondues avec les originaux de la Grèce ; ou encore, ils
créent des œuvres d'un goût local portant la marque du
style étrusque, tel r.\rringatore : bien que lourd et
emprunté dans sa démarche, bien que les plis du pallium
soient mal rendus, que les proportions ne soient pas
irréprochables, ce n'est pas une œuvre vulgaire, et le
réalisme cher aux Étrusques et aux Romains s'y fait for-
tement sentir. Les Romains avouaient cette infériorité
de la statuaire étrusque sur celle de la Grèce -".
4° La <• slatuaria « à Home. — Les mœurs à Rome
furent simples, jusqu'à la conquête de la Grèce et de
l'Orient, disaient les anciens. La statuaire céramique
suffisait à décorer les temples et à représenter les divi-
nités-'. On peut croire cependant que de bonne heure
les bronzes étrusques pénétrèrent à Rome, comme ceux
de l'Italie méridionale, qui possédait des ateliers de fon-
deurs célèbres". La première statue de divinité faite en
bronze que Pline mentionne à Rome est celle de Cérès,
faite avec les biens confisqués de Spurius Cassius-''.
Les grands bronzes antérieurs à l'époque impériale
sont rares. Le Dionysos des Thermes, datant des iir-
II' siècles, serait une œuvre campanienne importée, ou une
œuvre romaine subissant l'influence des bronziers de la
!l, pi . C8 ; UelLig, Fùhrer (i.. Il, p. 375, n« 1382. — 13 Aniclung. Op. l. p 252-3.
— 16 Friederichs-WoUcrs, Op. l. a' 1685 ; Furlwaengler. B.^schr. d. Olypt. p. 366,
n» 444. —'7 ArndUBruckmann, Op. /.pi. c(.issvcn-li ; Furlwaengler, Op.l. p. 375,
n» 463. — 18 El. : enfant assis, avec bulle, Vatican, Helbig, Fùhrer (2,1, II, p. 379,
no 1390; enfant assis tenant un oiseau, Vatican, Ibid. II. p. 371, n" 1370; méoie
motif, Lcyde, Friedericlis Wolters, Op. l. p. 96, n« 1209. — 19 Waltcrs, Op. l.
p. 48, 50 sq. — 20 Quint. XII, 10, 1-7: nec solum specie ut signum signo, S'd
génère ipso ut Graecis Tuscanicae statua-*... duriora et Tuscaniris proxima
Callon algue Hegesias. — 21 plin. B. nat. XXXIV, 34 : mirumgue mihi lidelur,
Cum statuarum origo tam velus Haliae sit, lignea potius aut fictilia simulacra in
dcliibris dicata, iisgue ad dei-iclam Asiam, undc tuxi.ri,i. Cf. Ueonna, Les slat.
de t. cuite dans fantiq. p. 86 sq. — 22 bliîmncr. Die gewerbt Tkâtigkeit
der Vùlker dfs ktass. Alterth. p. 1 16 (Campiuie), p. 121 f,Rhegion), p. 125 (Sicile).
-?)ff. n.XXXIV, 15.
STA
— iri03
STA
Fig. 602
Campanie '. De l'époque républicaine dale le Camille du
Palais des Conservateurs-, qui, au dire dUelbig, pour-
rail être la création d'artistes grecs travaillant à Rome.
A partir de l'époque impériale, les monuments abon-
dent. Mais le bronzier romain est de beaucoup inférieur
au bronzier grec. L'art de la fonte est en décadence^ et
Pline l'avoue en mentionnant le colosse fondu par Zéno-
dore'. Les bronzes romains sont d'une fonte plus
épaisse, plus lourde, moins fine, d'un alliage moins
parfait. Si la qualité déchoit, la quantité et les dimensions
des bronzes ne diminuent pas. La statue de Zénodore
était de dimensions colossales, et les colosses ou frag-
ments de colosses romains que nous possédons ne sont
pas rares : au Vatican, un Héraclès en bronze doré, qui
date du temps de Pompée ou de Tibère % les fragments
d'une statue de Neptune, du temps
de Trajan ' ; au palais des Conserva-
teurs, une tète dans laquelle on a re-
connu Néron, Domitien, Commode',
un pied de statue'; dans la collection
OuvarofT, une tète de Zeus' ; au Louvre,
un buste de Titus, etc. "*.
Si on veut saisir la différence qui existe
entre un bronze grec même de basse
époque, et un bronze romain, il suffit
de considérer les bronzes du Musée de
Naples. Les bronzes de Pompéi et d'IIerculanum sont,
nous l'avons dit, de deux sortes: les uns, copies d'ori-
ginaux grecs exécutées à Athènes, sont d'un travail soi-
gné et d'une fonte légère; les autres, des produits
romains, telle la tête bien connue deCaecilius Jucundus
(lig 662.3)", sont d'un travail plus rude, d'une fonte
moins fine. On peut dire que les œuvres originales de
Naples sont romaines, et sans mérite artistique, tandis
que les œuvres artistiques ne sont que des copies
grecques''^. Aussi les Romains préféraient-ils à leurs
bronzes nationaux les œuvres des bronziers grecs, et
recouraient-ils à tous les moyens pour se les procurer.
Antoine avait proscrit Verres, parce que celui-ci avait
refusé de lui donner ses bronzes corinthiens '^ et
Auguste agissait de même '^ Les trésors artistiques de
la Grèce furent mis au pillage par les conquérants, et
vinrent enrichir l'Italie.
A Rome, comme en Élrurie, l'art du portrait était eu
grande faveur ; aussi de nombreux bronzes nous livrent-
ils les traits de personnages célèbres En voici quelques-
uns : tète de Jules César, à Berlin '^ ; tète de Scipion {?),
1 Ik-lbig, /^S/irfir (2), 11, p. 233, n" 117 (i-érC-r.). — ^ Ibid. 1, p. 422, n" 027,
(riifcr.) ; FriedericUs-Wolleis, Op. l. n" 1301. Au Musée de Naples se
trouve une copie moderne de ce brouze, (pii a longtemps été considérée
comme antique. Cf. ^'le^jer Jahresh. IV, l'JOl, p. lljy. Une statue de bronze de
IScw-York, dite Geta, serait plutôt uu Camille; elle date du i'' siècle av. J. G.
Mùnch. Sitz. ber. 1905, p. 262, pi. u. — 3 Quatremcre de Ouiocy, Op. t. p. 36 ;
Clarae, Op. l. I, p. 58 ; Baumeister, Denkm. s. v. Erz, p 507; Mitchell, Bist. of
anc. sculpt. p. GOtl. — ^ H. n. XX.\IV, 5 ; adeoque exolevit fundendiaeris preliosi
ratio ; itid. 46. ea statua indicavit interisse fundendi acris scientiam. — ^Mém.
Um Ant. de France, 1869, p. 51 S(|. ; Helbig, Fahrer (2), I, p. 194, n" 306 (référ.).
_ C Friederichs Wolters, Op. l. n" 1615; Helbig, Op. t. II, p. 367, n" 1333
— -■ Helbig, Op. l. 1, p. 373, n» 553 (référ.). - »Id. I, p. 426, n" 634. —9 Rei-
nach, Itec. de têtes, p. 194, pi. ccxxxix. — 10 Longpérier, no 637; Beruo.uUi,
Itôm. Ikonogr. U (2), p. 34, n» 22, pi. xi a-b. — H Viiener Jahresh. IV, 1901,
p. 187; Arndt-Bruckmann, Op. /. p'. cdlv-vi. — 12 V, iener Jahresh. IV, 1901, p. 187
— 13 Plin. a. n. XXXIV, 6. — U Suet. Aug. LXX ; cf. Blake-Sellers, Elder
Pliny'a ehapt. XXXIV, p. 7, note 18. — 15 Arndt, Op. I. pi. ccliv-vi.
— 10 Ihid. pi. cxciu-iv ; Bernoulli, Ram. Jkonog. I, p. 35, pi. m. — n Ànn.
d'ist. 1803, p. 437 ; Helbig, Fûhrer (2), II, p. 17s, n" 1005 (référ.). — i» Helbig,
Op. l. Il, p. 232, n" 1013. — 19 Amelung, Op. l. p. 277, n» 276. — 20 Helbig, Op. l.
Il, p. 172, ni 1006 (réft'-r.V — 31 Arnill. O/i. I. pi. cdwwv-vi, — 22 /i,V.
à Naples '" ; tète d'Auguste, à la bibliothèque Vaticant! ' ' ;
tètes de Tibère, au Musée de Thermes'* et à Florence'^;
tète de Néron, au Vatican-"; tête de Lucius Junius
Brutus, au palais des Conservateurs^'; tète de Narbo-
nus Sorex, à Naples--; tête de llamen, à Naples^'; têtes
d'inconnus, à Naples-*, au Musée des Thermes^"; tète de
jeune romaine, à Parme ^' ; tête de Galba, à Naples '•'', etc.
Ces bronzes datent pour la plupart du i"' siècle de l'Em-
pire. Au II' siècle appartiennent la statue équestre de
Marc-Aurèle, au Capitole", une tête féminine de Flo-
rence-", dont la coiffure rappelle celle de Fausline,
épouse d'.\ntonin le Pieux, une tète d'AntinoQs'". On
peut attribuer au m" siècle des tètes de Septime Sévère",
de Balbin'-, à la bibliothèque Vaticane, une tête de Tre-
bonianus Gallus, au Musée étrusque du Vatican '^ et
une statue du même personnage, à New-York''.
A part le genre du portrait, il n'y a aucune originalité
dans les bronzes romains, qui répètent les types créés
parles Grecs. Un joli buste de Zeus, à Vienne ^% repro-
duit un original grec de la fin du iv' siècle, qui sortait
peut-être de l'atelier de Bryaxis (Reinach); le cheval du
Palais des Conservateurs pourrait dériver d'une œuvre
de Lysippe, qui étaitcélèbre comme animalier" ;onpeut
le comparer avec une tête de cheval de Florence", d'un
magnilique travail. Mentionnons encore la Victoire de
Brescia^', celle de Calvatone, à Berlin", un quadrige
monumental d'Herculanum'", une tête féminine (Athéna)
à Berlin *', l'Iléraklès de Boston'-, copie romaine d'une
œuvre hellénistique du m" siècle av. J.-C.
Les copies de portraits grecs, dont nous avons déjà
cité quelques exemples du Musée de Naples, sont aussi
nombreux, et remontent à des originaux hellénistiques.
Nous mentionnerons ceux d'Homère ", de Sophocle **, de
deux Grecs inconnus '% au Musée de Florence, qui tous
quatre décoraient une villa romaine près de Livourne ;
celui de Socrate, à Munich", celui d'un Grec inconnu, à
Madrid '^
L'amour du luxe, le goût de la décoration des
demeures, des jardins, favorisa le développement de l'art
du bronze à Rome. Nous avons cité les portraits grecs,
qui ornaient une villa de Livourne ; il en était de même
à Pompéi, où nombreuses sont les statues décoratives,
telles le P'aune à l'outre ''*, le Silène dansant ", les figures
d'enfants, d'Eros'", de iiècheurs (fig. 5490)^', etc.
5° La « statuaria » en Gaule et dans les colonies
romaines'-. — L'industrie était développée en Gaule,
mais la statuaire n'existait pas avant la conquête de César,
pi. CDLVII-HU. — 2; ibiJ. pi. CULXI-n. — 2i ibid. pi. CDLIX-LX. — 25 Hclblg,
Op. l. II, p. 99, n« 918 (référ.); Friedericbs-Wolters, Op. l. p. 663, n» 1638.
— ^OArndl, Op. t. pi. xcviu-xc. — 2Ï Bernoulli, liôm. Ikonog. H (2), pi. 1, p. 3.
— 28 Helbig, Op. l. I, p. 237 (réfèr.) ; Arndt, Op. L pi. ccxïi-ii. — 29 Amelung,
Of. t. p. 277, n« 273. — 31) Ibid. p. 278, u» 278. — 3' Helbig, Op. I. Il, p. 171,
„o 1003. — 32 [bi.l. p. 171, n' 1004. — 33 Jbid. p. 370, n» 1366 (rcfur.). — 34 Bull.
o( the Metrop. Muséum of art, I, 1003, p. 12, fig. ; Bernoulli, Op. L I, p. 165 ;
Reinach, Jiépert. de la stat. Il, p. 571, 3; Americ. Journ. of arch. 1900,
p. 363. — 35 Reinacli, Rec. de tètes, p. 192, pi. cc.vxxvie (réfcr.). — 36 Helbig,
Op. l. 1, p. 420, u» 633 (référ.); Friedericlis-Wolters, Op. l. p. 082, n» 1697; Col-
lignon, Lysippe, p. 113, fig. 22. — 37 Ameluug, Op. l. p. 270, n» 270 ; sans doule
Friedericbs-Wolters, Op. l. n» 1699 — Si Friederichs Wollers, Op. l. p. 56i,
n" 1433 ; Furtwaengler, Meisteraierke, p. 63. — 39 Beschreib. n" 3 ; Schroeder,
6T Wmcketmaiinspr. (Berlin). — M Jiei'. arch. 1007, II, p. 167. — 41 Beschr. n« 6.
— 42 Roscber, Lexik. I, p. 2180 (2); Americ. Journ. of arch. 1906, p. 377 sq.;
pi. xiv-xv. — "Amelung, Op. l. p. 276, n" 272. - H Ibid. p. 277, n" 274.
— iilbid. p. 276, n»271;p.277,n»273; Anidl. O^.l. pl.cDV-vi. — »6Furtwaengler,
Beschr. der Glypt. p. 368, n" 448. — " ArnJt, Op. l. pi. coxci-U[. — *» Gusman,
Pompéi,f. 433, fig. — 49 Friederichs-Wollers, Op. l. p. 390, n» 1504, Gusman,Op.;.
p. 431, fig. — 50 Reinach, Bec. de têtes, p. 207. n» 269 ; Gusman, Op. l. p. 437.
-3' Fric.lerichs-Wollers, Op. I. p. 114. n" Inl'J r-fr.}.-3T.f.W.VIcrs, Op. l. p. un.
STA
\:m -
STA
parce que la ropi-i-seiilalioii de la liiiuie liumaiuc en
sculpture était probablement interdite par la religion '.
Aucun monument de la « staluaria » n'est antérieur à la
domination romaine.
L'art gaulois du bronze est représenté par des monu-
ments très grossiers, comme certains bustes'-', le cheval
de Neuvy', qui date sans doute du u" siècle après J.-C.
Peu de pièces s'élèvent au-dessus du médiocre ou du
mauvais'. Une preuve de l'inhabileté des artistes locaux
à fondre le bronze, est l'emploi fréquent qu'ils font de
la technique au repoussé, même pour de grandes ligures,
comme celle du sanglier de Neuvy ■', de grandeur natu-
relle. C'est là un signe irrécusable d'infériorité technique,
qui persistera pendant tout le moyen âge.
Mais l'inlluencedes bronziers grecs se faisait sentir en
Gaule. Zénodore avait fondu un colosse de bronze pour
la cité gauloise des Arvernes, avant de travailler à Rome
pour Néron ". Plusieurs bronzes trouvés en Gaule ou
dans les pays du Rhin, du Danube, sont des œuvres
grecques importées ; nous avons mentionné déjà la tête
de Centaure de Spire. Au i"' siècle av. J.-C, l'importa-
tion des bronzes campaniens de Capoue était déjà consi-
dérable en Germanie ^
Les imitations d'oeuvres grecques par des bronziers
romains sont nombreuses dans la Gaule et les pays ger-
mains. Nous en citerons quelques-unes. Le Jupiter
d'Évreux (fig. 4"288), du u" siècle, est conçu dans la tradi-
tion lysippique*, comme le bronze de Coligny, au Musée
de Lyon-'. La tète du Cabinet des Médailles, qui aurait
été commandée par la municipalité de Lulèce, serait
une copie d'une œuvre d'Alcamène (Furtwaengler) ou de
Phidias (Reinach '"). La tète de Dionysos, de Lezoux, du
1='' siècle après J.-C, dérive d'un type de Phidias"; un
buste d'éphèbe trouvé à Saint-Barthélémy de Beaure-
paire'-, rappelle la copie du Doryphore d'Herculanum ;
la tête d'éphèbe de Lillebonne, au Musée de Rouen", bien
que médiocre, trahit cependant aussi l'inlluence grec-
que. Ce sont encore : la tète de la Maison Carrée à
Nimes'*, portrait d'un grec inconnu, la tète de Junon à
Lyon'', le Zeus de Lyon, du m' siècle '^ la Fortune,
trouvée à Aosle (Isère), au Musée de Lyon''; l'Apollon
du Musée de Troyes, trouvé à Vaupoisson '*, des
ii-iii'' siècles ; l'Apollon de Lillebonne, au Louvre".
Les bronzes gréco-romains ont pénétré plus loin
encore. L'éphèbe d'Helenenberg (Carinthie), au Musée
de Vienne '-", reproduit, au i"' siècle av. J.-C, un type
polycléléen. L'éphèbe de Xanten, au Musée de Ber-
lin ■-', date des i"'-irsiècles après J.-C. Une tète d"Isis,au
Musée de Vienne, a été trouvée dans le Danube'-. Nous
citerons encore un griffon, qui faisait partie d'une
statue d'Apollon", une tête de Zeus, provenant du
Tyror-'",une tête de jeunehomme-% des pieds destalues,
trouvés à Carnuntum, à Vienne, etc. -".
1 Reinach, Bronzes fig. de la Gaule rom. p. t. — 2 /l,ul. p. iSC, n° il8i23.
— 3Jbid p. i50, n« 247. — * lOid. p. 23. — i Ibid. p 25i, n» 249. —Hlbid.
p. 2; Uonum. Piot, IV, p. 13 ; Jteo. arch. 1905, 11, p. 3li. — T Rhein. Mus, LXU,
1907, p. 133 sq. (Willcrs) ; Willc-rs, .Veiie L'ntasuchungen «ber die rôin. Bronze
industrie von Capua, 1907 ; Americ. Journ. of arch. 1907, p. 478. — 8 Heiuacb,
Op. l. p. 29. ; Gonsc, ChefS'd'œttv. des Musées de France, p. 192, fig. et pi.
— » Monum. Piot, X, pi. ix; /Itl: d. Et. gr. 1905, p. 127 ; Goliso, Op. l. p. 240,
pL; Gaz. des B.-.irts, 1900, 1, p. 344, (ig. — loilcinacli, /iec. de tètes, p. S7 ; Ga:.
des B.ArIs. 1902, I, p. 459. — " Rcinacii, Uec. de tète-, p. 83. — 12 Jbid. p. 50,
pi. Lsiii: Bronzes fig. de la Gaule rom. p. 222, n''213. — 13 Reinach, Bronzes fig.
p. 223, n« 21t. — li Arndl, Op. l. pi. cuxciv-vi ; Gonse, 0;). l. p. 141, fig —ir^ Bull,
d/sl. 1860, p. 217 ; Gonse, O/i. t. p. 241, fig. — 16 Bull. IsGO, p. 210 ; Gonse, Op. l.
p. ;ll. _ 17 Cnnse. Op. I. p. 2H. fi-r. — 19 «id. p. 3U, fi- — l'i l.onr'pc'iirr.
Comme témoignage de l'expansion des bronzes
romains, mentionnons encore la tète d'Hadrien, trouvée
dans la Tamise-', le buste de Julie, tille de Titus, trouvé
à Emporiae (Espagne)", la tête de Gordien III, trouvée
à Rudanovo (Bulgarie)!, au Musée de Sofia'^'.
6° La décadence de la « statuaria »'". — L'art de la
fonte, quoique déjà déchu, et ne pouvant rivaliser avec
l'art des bronziers de la Grèce, se maintint cependant
encore pendant les siècles de la décadence latine. Cons-
tantin avait rassemblé à Constantinople les chefs-
d'œuvre des bronziers antiques. Là se voyait entre
autres un Apollon colossal, attribué à Phidias, qui, par
l'adjonction d'un sceptre, de rayons et du globe du
monde, avait été transformé
en une statue de Constan-
tin. Les bains de Zeuxippe,
commencés par Sévère, et
que Constantin avait embel-
lis, furent enrichis de plus
de 60 statues de bronze, qui
périrent dans l'incendie al-
lumé sous Justinien, dan&
l'émeute de 532. Les succes-
seurs de Constantin sui-
virent son exemple, et la vue
de tous ces chefs-d'œuvre
stimula d'une vive émula-
tion les artistes qu'ils em-
ployèrent. Les fondeurs,
aerariifusores, étaient com-
pris parmi les artistes qu'une
loi du Code Ihéodosien exem-
ptait des charges person-
nelles. Théodose le Grand
avait fait exécuter sa statue ^^ ^^ ^ _ ^.,„,„. wi,.==«..
équestre en bronze dans le .leBaiiciu.
Milliaire. C'est cet empereur
que représente peut-être la statue colossale de Barlelta"
(fig. 6626), le plus grand bronze que nous possédions;
bien que d'un art de décadence, il atteste que les
bronziers étaient encore habiles dans les procédés de
la fonte. Il en fut de même dans la suite'-. Procope
décrit la statue équestre en bronze de Justinien, colosse
élevé dans l'Âugusleon, et une place embellie par cet
empereur de nombreuses statues de bronze, si bien tra-
vaillées « qu'on les croirait sorties des mains de Phidias,
de Lysippe ou de Praxitèle ».
Avec les empereurs iconoclastes et la défense du con-
cile, convoqué en 754 par Constantin Copronyme, de
représenter aucune figure religieuse sur toile, bois,
pierre, marbre, or, cuivre, l'art du bronze dut, comme
les autres arts, décliner rapidement. Du ix" au xi° siècle,
les artistes byzantins se vouent uniquement à la prati-
ii»71.— 20Furlwacngler,.l/L"ii((;/'u'.p."i"ii : Bi-uuu-Biuckmann.pl. cocsxv; Schneider,
Mbum der .kntiken Sammlung, p. li, pi. iwiu ; Sacken, Op. L pi. ïxi ; Jahrb.
d. kunsthist. Samml. XV, p. 103 sq.; pi. xi-xiv. — 21 Beschreib., a- 4,
— 22 Reinach, Ilcc. de télés, p. 121, pi. cclxiiv-v. — 23 Schneider, Op. l. p. 13,
pi. XISIV. — 2W4ld. pi. IV, p. 13. —25 Ibid. pi. II, 2, p. 113. — 26 /«,d. p. US,
9, pi. XLViii, 9. — 27 Bernoulli, Boni. Ikonog. Il (2), pi. jjxix, p. 115, n" 92.
— 28 /{CD. arc/i. 1896, II, p. 163 sq., pi. v. — ^i Ibid. 1S99, I, p. 123, n» 15.
— iO Sur celle période, cf. Labarle, Hist. des arts industr. I, p. 19 sq.; 177 sq.;
Michel, Hist. de l'Art. 1 (1), p. 280 ; Venluri, Storia deU'arte italiana, IV,
p. 117 sq.; 967 sq. — 31 Mus. Borbon. XIV, p. 25 ; Baumeisler, Denkm. s. v. Tlieo-
dosius, p. 1763, lig. 1846-7; Venluri, Op. l. I, p. 414, p. 164, fig. 151 (réKr.) ;
Arch. Zeitung, 1860, p. 33 sq,; pi. cxsivi; Bernoulli, Itôtn. Jkonogr. Il (3),
pi. 1 VI. p. ?n7«,|. — n2|,a\,a,.(e, Op. . I. p. 29 s.].
STA
— IoOd —
STE
que des arls industriels'. C'étaient des œuvres pure-
ment industrielles que ces coqs, boucs, béliers, qui
lançaient leau dans un bassin de pierre, devant la basi-
lique de Basile r' (867-884)-. La fonte des grandes sta-
tues ne se fait plus, et si le moine Théopiiilefx-xi" siècle;,
dans sa Schedula diversarmn artium, donne les instruc-
tions nécessaires pour la fonte du bronze à cire perdue,
elles ne s'appliquent qu'à des cloches, des ostensoirs.
Il en fut de même en Occident. Les monuments que
mentionne le Liber Ponlifira/is^, à partir du v" siècle,
sont des œuvres industrielles, candélabres, portes de
bronze, etc. On ignore la fonte des statues. A la fin du
viii° siècle, quand le pape .Adrien I" a besoin de sta-
tues, il les fait faire en bois recouvert d'argent travaillé
au repoussé*. La fonte industrielle décline à son tour,
et, au xi" siècle, on peut dire que l'art de fondre le
bronze n'est plus connu en Italie. C'est de Constanti-
nople que l'abbé Didier, du Mont-Cassin, fit venir des
portes de bronzes et des candélabres pour l'église de
Saint-Benoit, de même que Hildebrand, sous le pape
Alexandre II (I061-1073j, pour la basilique de Saint-
Paul-hors-les-.Murs. W. DEo.ViV.i.
STATU LIBEU. — Dans l'alTranehissement testamen-
taire, le legs de liberté peut être fait à terme [ex die) ou
sous condition {sitl/ condicione). Dès l'adiiion d'héré-
dité, l'esclave devient slatu liber; il est sous la puis-
sance de l'héritier ; mais dès que le terme est arrivé ou
que la condition est réalisée, ou dès que l'héritier en
rend l'accomplissement impossible, il devient aussitôt
libre, même s'il a été aliéné' [libertis, p. 1202\
Cri. LÉCRIVAIN.
STATUS. — En droit romain ce mot, synonyme de
cnpul, exprime l'ensemble des qualités qui constituent
la capacité juridique. On dislingue plusieurs étals ou
degrés de xluliis, suivant qu'une personne jouit de la
liberté [liberlas], des droits attachés à l'agnation dans
une famille [fuinilia], de la cité romaine <civilas)\
Chacun de ces états peut être détruit par une déchéance
dite cnpitis deininu/io capit]. G. Humbert.
STATl'S QUAESTIO. — Ce mot désigne les procès
relatifs à l'état d'une personne, sur la question de savoir
si elle est libre ou ingénue ou enfant légitime de tel
individu. Le slatus étantassimiléà un droit réel, l'action
en reconnaissance du status est considérée à l'époque
classique comme une action in rem'. Dans la procédure
formulaire c'est probablement sous la forme d'un prae-
judirium de libertate ou de inrjenuitnte ou de partu
a'jnoscenilo, plutôt que sous la forme d'une action réelle
que le procès s'engage pour un vivant, qu'il y ait en jeu
un intérêt moral ou simplement un intérêl pécuniaire^.
A l'égard d'un mort la question d'état n'est discutée que
préalablement à une autre question, devant le juge
même de cette dernière ; et depuis .Nerva, l'étal ne peut
plus être contesté après les cinq années qui suivent la
mort, sauf pour faire donner au défunt un état meilleur'.
Pour les trois procès de libertate (ou liberalis cnusa),
de inr/enuitate, de partu agnoscendo, nous renvoyons
à l'article i'R.\Ejrr)icirM. Ajoutons seulement que pour les
deux premiiTS, il y a la procédure extraordinaire devant
les consuls au moins dès l'époque d'Anlonin*; ensuite
aux consuls a été adjoint le préleur de libet aliius cou-
sis [pr.\etor1, qui après Dioclétien a seul juridiction en
celte matière. L'Empire a généralement favorisé par tous
les moyens la revendication de la liberté [favor liberta-
tis) ;LIBERTIS, p. 1206]. Cu. Lécrivain.
STELLA ('AcTôSitrx'jç). — Les anciens arpenteurs ;agri-
mensores, mensores] désignaient ainsi un instrument de
topographie, qui se composait essentiellement de deux
règles assemblées par leur milieu à angle droit, et à
chacune des extrémités desquelles se trouvait un fil à
plomb. Ni Columelle, qui appelle de même la croix for-
mée, dans le treillage de la vigne, par la perche hori-
zontale avec les pieux verticaux qui la traversent', ni
Héron d'Alexandrie, qui en a fait une critique défavo-
rable-, ne renseignent davantage sur lastel/a. On sait
seulement, par le célèbre ingénieur alexandrin, que
l'usage de cet appareil présentait des difficultés prove-
nant de ce que les fils à plomb, au lieu de se placer
proraptement dans le sens de la verticale, oscillaient un
certain temps, surtout lorsque le vent agissait sur eux.
« C'est pour cela, dit Héron, que quelques personnes,
afin de remédier à ce désavantage, introduisent les fils
dans des tubes de bois. Mais alors, quand les plombs
viennent frotter contre les parois de ces tubes, les fils
ne restent plus rigoureusement perpendiculaires à l'ho-
rizon. » On souhaiterait d'autres détails et plus de pré-
cision. On ne voit pas, notamment, de quelle manière
les tubes étaient placf'S, et il est probable qu'ils repo-
saient à même sur le sol ; mais la Stella, abstraction
faite de cet accessoire, se conçoit sans aucune peine.
Les deux règles qu'elle comportait ne pouvaient être
utilisables qu'à la condition d'être placées en équilibre
(perpensa) dans un plan horizontal, sur un support quel-
conque, tel qu'une tige reposant elle-même sur un tré-
pied. Elles fournissaient, alors, par les plans perpendicu-
laires que déterminaient les fils, le deuxième côté d'un
angle droit dont on connaissait, ou dont on se donnait le
premier. Nous verrons plus loin de quelle manière.
Selon Venturi^, la Stella ainsi décrite ne serait pas
différente de la groma dont les Romains se servaient
pour la mesure des champs. « Saumaise, dit-il, avait
bien deviné que celle-ci était une espèce d'équerre en en
faisant venir le nom, sur l'autorité de Festus* et des
glossaires, du mot grec vv.ôawv ; mais ensuite il se trompe
étrangement en la confondant avec le chorobale de
Vitruve ^chorob.^tesj. Lagroma était précisément l'étoile
critiquée par Héron... L'arpenteur embrassait de l'œil
deux des fils opposés, c'est-à-dire dirigeait par ces lils un
1 Labaplc, op. l. I, p. 49, 54. — 2 Michel, Op. l. I (I), p. 2«0. — 3 Inventaire
de tous les i>l>jel5 d"art auxquels l'ilalie a donné naissance du iv« au ix' siècle.
Cf. l-abarlo. Op. I. 1, p. 64 sq., cl lédilion do Mgr. L. Ducliesne. — 4 Labarte, Op. l.
I. p. G6-- : celle leclini(|uc, qui est un retour au sphyrélaton dea Grecs, a persisté
jusqu'au début du xiV siècle; A. Micliel, Hist. de l'Art, II, (2), p. 930. Au
XV" siècle, elle esl démodée, tbid. III (i) p. 87Î.
ST.\TU LIBEK. 1 Dig. 4iJ, 7 ; Clp. i, l-li; Gai. 2, iOI ; Festus, s. i: slaluliljer.
• — BiEu.iu(jitAi*Hn:, Voir celle de l'art, libeiitus.
STATtS. I Oig. 38, 17, 1 § S ; Ulp. Il, 13; Intl. I, 12, I ; 1, 16.
STATCS (Jl'AtSÏIO. I /nst. 4, C. 13. — 2 C. Jmt. 3, S, 2 : 7, 10, 21 ; Dig.
18, 14, 6; 40. 12, 24 J 4. <Jnc!qucs-uns, dont l.cnel, Edict. perpel. p. 3uii,
VIII.
tiennent cependant pour l'action réelle d'après Dig. 40, 12, 30 cl Gai. 4, 44 ((ui ne
cite que le procès aliqiiis libcrtua sit. — 3 C. Jmt. 3. 8, 1 ; 7, 21, 3; 8, IC, 13:
Dig. 40, 15. 1 pr. § 4. — 4 Dig. 35. 1. 50. — Bibi.iocbaphie. V. art. UDEarus,
PKAEjuDiciu» et Wlassak, Zeitsckr.de Grfmhut, 19, 18'J2. p. 3-20; SclIlo^snlann,
Zeitschr. a. Sangny-Sli/'t. 13, 1892, p. 225-213.
STELLA. 1 Coluniell. IV, 13, 17, 26. — 2 nto't J.d-Tjaî, dans Notices et extraits
des manuscrits de la Bibliolh'gueimp.. t. .XIX, p. 298. — 3 Commentari sopra la
sloria e le teorie delV otlica, Bologne, 1814, traduit et cité par Viuceul, ifotices
et extr. t. XIX, p. 302. — 4 Groma {qruma ap. Nonium) appellatur genus ma-
chinulae cujusdam, quo regiones agri cujusque cognosci possunt, quod genus
Graeci dicunt ivùj^'.vu ( Z/e cerb. signif.].
STE
— ir;o6 —
STE
^i/VEBVTIV5LL
'^TV5MEN5(?
iRRIAE'qi'yV\^CTAl/]
jr yxdRi'ET'syisiEj
rayon visuel ; et c'est ainsi qu'il dictait les rigo/'es et les
vielne sur le terrain. Puis il plaçait les interversurac et
les /cirantes en visant parles deux autres fils. »
Les arpenteurs romains nomment, sans les distinguer,
la yvomn et le ferramenliim. Venturi lait, de celui-ci, le
support de la Stella ou de la i/roma, mais en reconnais-
sant (|ue l'appareil tout entier a pu être désigné également
sous le nom de ferra menlum. Hase et Biot',el après eux
Vincent', sont du même avis que Venturi pour ce qui
regarde la synonymie des mots Stella et ;/roma, et les
mots tjroma et /'erra met} tu m doivent bien être pris l'un
pour l'autre, seulement ce serait la groma, qui aurait
donné son nom au ferramenium, dont elle n'était que la
pièce principale, c'est-à-dire, l'ensemble des deux règles
et deslilsà plomb. D'après Hudorff enfin, et son opinion
nous parait la meilleure, le mol groma, dans un sens plus
précis, se serait appliqué à la lolalilé de l'instrument
composé de deux parties : les règles, ou Stella, avec
leurs fils (tieroiae, fila, perpendiculi), et le support
ou ferramenium^ . En soi, d'ailleurs, cette question n'a
qu'un intérêt relatif. Ce
qui importe le plus, est de
savoir si la groma comp-
tait une Stella dans ses
éléments, ou se confon-
dait avec elle ; or, il ne
semble pas que, sur ce
point, les avis soient par-
tagés, encore, nous le
répétons, que tout témoi-
gnage précis fasse défaut.
Jusqu'à ces dernières
années, on ne possédait,
de la Stella ou de la
groma , qu'une image ,
fournie par Tépitaphe d'un
mensor, conservée au mu-
sée d'Ivrée*. Le person-
nage, un ancien affranchi,
appelé Aebutius Faustus,
parvenu au sévirat, avait,
de son vivant, fait sculp-
ter, sur sa tombe, les
insignes de sa fonction
religieuse, c'est-à-dire le
bisellium, garni d'un
coussin et les faisceaux,
puis, au-dessous, l'instru-
ment de sa profession.
Celui ci se composait,
ainsi qu'on le voit (fig.
G627), d'une sorte de tige,
représentée verticalement, et de deux règles croisées,
entre les bras desquelles, à droite et à gauche, sont
suspendus deux Tds à plomb. La tige, dont la forme est
légèrement tronconique, est pourvue, à sa partie infé-
rieure, d'un renflement accompagné de deux volutes et
se termine, à l'autre bout, par un bourrelet et un court
cylindre de très faible diamètre. Les deux règles, mi-
* Journal des Sac, mars et avril 1S49. — i Nolices et exir. t. Xl,\, p. 205.
— 3 Kudorff, Gromatitche Jnslilulionen (tlôm. feldmeiscr, l. 11;, p. 335. — t Corp.
intcript. lut. V, 6780. Voy. aussi Uaiicra, Mém. de l'Arad. des se. de Turin, série II,
vol. XIV. p. iô et pi. 1»; Promis, Storia dell' anlico Torino, 1869, p. 455; |d.
Pig. f»627. — Insignes d'un mensor.
partie biseautées sans raison bien apparente, ne sont pas
assemblées rigoureusement à angle droit; mais cette cir-
constance, presque sûrement imputable à la maladresse
du sculpteur, et aussi cet autre fait, tenant sans doute à
la même cause, qu'il n'a été représenté que deux fils à
plomb, au lieu de quatre, en admettant, ce qui serait à
vérifier sur l'original, qu'il n'ait pas existé deux autres
fils à plomb dans la partie inférieure, assez endommagée,
de la pierre, n'empêchent d'aucune sorte de reconnaître
une groma dans l'instrument figuré. Tous les éléments,
tels que Hudorff les conçoit, s'y retrouvent. La tige tron-
conique est le ferramentuni et les deux règles, avec leurs
fils aplomb, forment la Stella. Nous avons ainsi l'appa-
reil démonté en deux parties; pour se le représenter
dans sa position normale, il suffit de faire reposer, par
la pensée, la Stella sur le bourrelet du ferramenium, en
engageant le court cylindre de celui-ci dans le logement
qui devait lui correspondre au point d'assemblage des
règles. Le support étant
tenu verticalement, les
quatre branches [corni-
cula) des deux règles se
trouvaient alors horizon-
tales et se mouvaient,
suivant les besoins, à la
manière d'un tourni-
quet.
Cette explication, déjà
donnée depuis long-
temps par Cavedoni ',
est confirmée par la dé-
couverte d'une groma à
Pfunz.près d'Eichstaelt,
où elle est conservée
dans la collection Win-
kelmann. D'après la des-
cription qu'en a faite M. Schône^, cet instrument,
incomplet de ses plombs, qu'on n'a pas retrouvés, ne
diirère que par certains détails de celui qui est repré-
senté sur la tombe d'Ivrée.
Les deux règles non biseau-
tées, de 0 m. 27 de long sur
0 m. 010 de large et 0 m. 009
d'épaisseur, en fer plaqué
d'argent, assez fortement ron-
gées par la rouilleaux endroits
où le placage s'est détaché,
sont assemblées à angle droit,
en laissant entre elles un
œilleton etcoudées versle bas, pig. fifi29. — i.a steiia.
à leurs extrémités, sur une
longueur de 0 m. 032 (fig. 662R et 6629). Les crochets
ainsi formés, larges de 0 m. 015 et épais de 0 m. 004 à
0 m 003, sont percés, dans la direction de la règle à
kujuelle ils appartiennent, d'une ouverture circulaire
où se trouve encore engagée (sauf pour un crochet
moins bien conservé) une tige de fer assez semblable à
un gros clou dont la pointe serait écrasée. Le support
tronconique, comme sur la tombe d'Ivrée, a une longueur
Vocab. lat. di archilett. p. 133; Kossi, Oroum e sijnadro. li*7T, p. 43 et lig. 3;
Canlor, Vorlesunt/en ùber Geschielde der Math'malik, I', p. 501 ; Lcgnazzi, Ve
Cataslo ronumo, 1887, p. 51 et pi. xxvin. — ^ BuUet. arch. .\apolit., 185i,
p. 69. — <• Jahrbuchder deulseh. arcliûolog. Instituts, 1901, p. liT à US.
La (jroma.
STE
1507 —
STE
de 0 m. 355 et se termine, ;ï chacun de ses bouts, par
un petit cylindre Celui du liant s'engage parfaitement
dans l'œilleton des règles ; l'autre, d'une longueur un
peu plus grande, semble avoir été fait pour entrer dans
du bois. M. Schone a supposé que les tiges de fer qui
traversaient les crochets servaient à relier les règles à
un cadre de bois destiné à les protéger contre les défor-
mations. Les figures 6628 à 6630 montreraient de quelle
façon cette liaison se serait opérée; mais le savant alle-
mand a fait observer, avec juste raison, que le cadre ne
faisait nécessairement pas partie de la r/i'oma et pour-
rait tout aussi bien avoir une autre forme ou man-
quer sans que l'appareil cessât, pour cela, de pouvoir
servir. Partant de ces don-
nées, M. Schone a donné
de la groma, découverte
à Pfunz, la restitution ci-
contre (fig. 6630). Son
mécanisme lui a paru
plus difficile à expliquer.
Contrairement à ce que
l'on a cru jusqu'ici,
M. Schone ne pense p.is
que les directions aient
été prises, en visant d'un
fil à plomb sur celui qui
lui était opposé. L'opéra-
tion n'aurait pas été pos-
sible, à son avis, en rai-
son de l'épaisseur du sup-
port qui se serait inter-
posé entre les deu.v fils. 11 émet l'opinion que les
directions à angle droit s'obtenaient en visant d'un lil à
plomb sur le fil voisin, puis de celui-ci sur le lil qui fai-
sait face au précédent. Ainsi, l'angle droit aurait été
déterminé, non pas par les directions des règles, mais
par celles des côtés du carré que formaient les fils à
plomb. >L Schone s'appuie sur ce passage de Xipse,
indiquant de quelle manière on devait pratiquer l'arpen-
tage: " Itfjes f'errumentum ad lapidem ilfi, ne in rit/ore
liinitis fi(jas : fixa f'erramenlo concertes utnbilicuin soli
supra jiunctum lapidis et sic perpendes ferruinentuin :
perpenso ferramento ab umbiUco soli emittes perpen-
diculum ita, ut in puncto lapidis cadat : comprehendes
[qunttuori] signa ea quae posuisii in limitem: aliis
cor/iiculis tenebis aliuin limitem ' ». 11 lui semble,
d'après ce texte et surtout d'après les mots ad lapidem,
que le rigor limitis n'était pas au centre de l'appareil,
c'est-à-dire sur la verticale fournie par l'axe du support
(ferramentum), mais à côté, au-dessous de l'un des fils à
plomb, celui précisément qui, d'après sa méthode, aurait
constitué le sommet de l'angle droit et porté le nom
technique d'umbilicus soli. Tout cela est possible, encore
que Rudorif ait pensé différemment'-; mais la disposition
du ferramentum par rapport à la pierre ne ressort pas
assez du texte pour qu'on doive renoncer complètement
au système de visées auquel les auteurs se sont ralliés
jusqu'à ce jour. L'argument que lire M. Schone de l'épais-
i /-'fW/nesser, t. I, p. isT. Cf. également Frontio. De limit. {Feldm.
I. 11, p. î*T). — 2 Fetdmesser, t. 11, p. 33S. — 3 Dijî Sio=i;«;, daus
?iolkys tt exlr. l. .KIX, p. 30ci. — ' H. Vincenl. yolices et extr. i. XIX,
p. 157 à 337.
STEI.LIO.NATBS. 1 Les Romains font dériver le mot tleltionatus de stclliv,
om d'un Iczartl venimeux, dont la peau est tachetée de points étoiles. Columell. De
seur du support disparaît d'ailleurs, si l'on suppose que
les fils avaient une longueur suffisante pour que les
plombs vinssent aboutir au-dessous du plan de la
tablette du trépied dont il admet l'existence, et qui,
effectivement, était plus particulièrement de nature à
donner à l'appareil la stabilité dont il avait besoin.
Cette hypothèse de longs fils est, du reste, d'autant
plus vraisemblable, qu'on engageait parfois les plombs,
ainsi que nous le savons par Héron d'.\lexandrie ■'. dans
des tubes de bois destinés à les soustraire à l'action du
vent. .\vec des fils courts et des règles à hauteur d'homme,
il aurait fallu donnera ces tubes, s'ils reposaient, comme
c'est probable, sur le sol, une longueur trop grande, pré-
judiciable à leur propre stabilité.
De toute manière, l'arpentage des anciens et le lever
des plans (mensuratio) ne pouvaient se faire que par la
méthode dite encore, de nos jours, « par abscisses et
ordonnées », c'est-à-dire au moyen démesures convena-
blement pratiquées suivant des lignes perpendiculaires.
L'idée de remplacer les fils à plomb par des pinnules et
de rendre mobile l'une des règles, en la faisant tourner
sur un cercle gradué permettant, par rapport à la règle
Vi\e, des visées de toute valeur angulaire dans tous les
sens, conduisit à la dioplre, dont la description est trop
connue pour qu'il soit utile de la rappeler [geodesiaI^
Avec les perfectionnements que la science leur a fait
subir, la groina est devenue le graphomètre et la dioptre
le théodolite. Em. Espérandieu.
STELLIOXATUS. — On entend par slellionat', dans
le droit moderne, cette espèce de dol qui consiste à
vendre ou à engager une chose qui ne nous appartient
pas ou qui est déjà engagée ou hypothéquée à une autre
personne. A Kome, le slellionat comprenait non seule-
ment le fait de vendre ou d'engager une chose apparte-
nant à autrui ou déjà engagée, mais aussi tous les faits
d'escroquerie et d'abus de confiance qui ne tombent pas
sous l'application d'une disposition positive et précise
du droit pénal'-. Ce crime est, du reste, d'origine récente
et on n'en saisit les premières traces que sons le règne
des Sévères. Il donne lieuà une poursuite extraordinaire ■'
et à une peine arbitraire, qui ne peut toutefois excéder
celle des mines pour les plébéiens, et qui est ordinaire-
ment pour les personnes revêtues de quelque honneur la
rélégalion à temps ou l'exclusion de leur ordre*. L'ac-
cusé peut d'ailleurs prévenir la condamnation en di-sin-
téressant la victime '. Bien que le stellionat ne constitue
point un .udicrim plblicl'm, la condamnation entraine
cependant l'infamie"^. L. ItEAtcuET.
STEM.ua (i^Teaax). — 1° Couronne, bandeau, bande-
lette [CÛKO.NA, DIADEM.4, INFILA, LEMNISCUS, \aTTA, SERTAS
CONSECRATIOj.
i" Tableau généalogique exposé dans l'atrium des
grandes maisons romaines. Les noms et les portraits
des ancêtres y étaient reliés par des bandes peintes :.s7e//i-
inata), indiquant par leurs ramifications l'extraction et
les degrés de parenté et de consanguinité des personnes
nommées ou représentées'. L'usage s'en est conservé
dans les arbres généalogiques des modernes.
re rust. IX, 7, 3 ; Ovid. Mer. VMI, +,i8 ; Fest. s. f. stellionem ; Plin. Hist. nal. X.VX ,
89.— ïL. i.fliy. XLVII.SO.Oecrim. j(eW. — 3L. \.Cod.Just.\\,Zi. — 'l. I. i,
3 pr. ibid. — 5 L. 3 § 2, ibid. — « L. 3 § I, X), De stelUon. .XLVll, iu ; I. i, ibid.
STEHMA. — 1 Senec. De benef. IH, ii; Plin. H. nal. XXXV, 2, 2; Suel.
iVero, 37; Galb. i; Matr. IV, 40, 1. Voy. Raoul-Koclietle, Peint, ont. inéd.
p. 3W; 0. Jahn. ad Pcrs. 111, 28.
STE
!o08 —
STE
Les hommes de loi se servaient du mémo moyen pour
élablir, au point de vue du droit, les rapports entre les
membres dune famille'. E. Saglio.
STEXIA. — [TUESMOI'UORIa].
STÉPIIAXÈ (i:t6ç,iv7,). — i. — Ce mol, synonyme de
cTÉj-avoç avec la signitication de couronne [corona], a
aussi une acception plus restreinte; il désigne alors
une parure de femme'. On semble s'accorder à y voir
cette couronne spéciale, qui ne fait pas le tour entier de
la tête, mais qui est posée sur le devant et dont le bord
supérieur, décrivant une courbe, est plus haut ordinai-
rement en son milieu qu'à ses extrémités. C'est ce que
la bijouterie moderne appelle diadème [diademAj, s'éloi-
gnant en cela du sens ancien du mot. Les monuments
Fig. 6'j3i. — Déesse portaut
une Stéphane.
- Stéphane d'or.
et les te.\les nous le montrent sur la tête de Héra
[jLNo\ d'Alhéna-, d'Artémis ^, d'Aphrodite* et d'au-
tres déesses et aussi de mortelles ° ; de dieux ^ ou
d'hommes pour lesquels il est
. l'insigne d'une fonction, d'un
_^ -> oVV^ rang supérieur, ou la marque
--, ^ - d'unluxe extraordinaire, quel-
^: - \_ quefois d'une origine étran»
" gère''. Le haut diadème d'or,
précieusement travaillé, sou-
vent enrichi de pierreries ou
de perles, fut en effet connu
d'abord en Asie, et certaine-
ment il se passa beaucoup de
temps avant que des femmes
grecques * prissent l'assu-
rance de mettre sur leur tète
la tiare et la couronne d'abord
réservées aux divinités ou à leurs ministres. Dans les
exemples que nous possédons on ne distingue pas tou-
jours les stéphanés qui ont pu appartenir aux unes et
1 Isid. Orig. IX, 6, 28.
STÉPHANE. 1 Kd«;.<,5 T>"«""1'«î. ap.Scliol. Hom. Itiad. VII, 1:1. On ne trouve dans
les poèmes homériques <|uc la forme féminine, l'cur l'emploi des deux formes, cf.
Alhcn. V, p. 201, iui: l'hol. sf«5,i5,i,,i.» -j,ai«.to. ; Bekkcr, Aiiecd. p. 301, 29;
■;jo: «ioi>oj, l'ollui. V,95. —2 Pollicr, Les statuettes Je terre cuite, p. 41. fig. 13;
Wioler, .ln(. Terrakott. 1, p. 230; cf. mcxerva, fig. 3031; Winler. /. c. p. 4S sq.,
pi. cciï ; Heuiev, fig. de terre cuite du Louvre, pi. svni. — 3 Di.axa. lig. 3377 ;
Clarac, JUus. de Sculpt. p. 284; Winler, I, p. 91 sq. — * Winler, II. p. 268 sq.:
Btbelon el BlaocUet, Bronzes de la Bibl. Nat. a. 274, 2'.'2 sq. — 5 Aciian. Var.
hisl. 1. 18. ;=", ri;; jesaii;; <r:e:d.r,v UsrJStvTo îl'.ir.» aî-à «': siva ««Vi:»:. — 6 V.
pour Dionysos les lerres cuiles de Tarcnle, Winler, 1. p. 199-206 ; Farnell, Cuit of
the greek stnles, V, pi. xixvn, ixxviii. — ' Arisloph. Eq. 977 ; Herodol. Vil. 1 18 :
Herodian. V, 5, 4. — 8 Ael. i. l.\ Luciau. Amor. 41. Nous laissons de colé, mais
non sans les menlionner ii:i, les diadèmes de Slycèues (.^clilieraann, ilijcénes,
fig. 281-284), qui oui appartenu à des femmes d'un autre âge. — 9 D'après l'ori-
ginal du Louvre ; cf. Kontcnay, Les bijoux aiic. et modernes, 1S89, p. 385.
— 10 V. p. ex. Poltier cl Rcioach, Nécropole de .l/yrinn, pi. ii; Winler, O. I. I,
p. 167; 11, p. 219, îtO. — H /liad. Vil, 12; X. 31 ; XI, 96;cf. Plut. A'yîii;,. Vlll.C ;
de même, Hesiod. TIteog. 578. — '2 V. Uelbig, L'Épopée homérique, p. 390 de la
Irad. franc. — '3 Vitruve, 11, 8, emploie de niC-uic coroiui. — H Oeuteron. 22, S.
— IS Eur. Uec. '.HO ; Tro. 763. — 16 Hesrcli. s. r. — i^ Apoll. Kli. II. 9IS el schol.
— 18 Jos. .In/. Jud. VUl, 3, 7. — 19 Moscb. 11, 33. — '.iO Folyb. XII, 1«, I) et 18.
— 31 Eur. /lec. '.'10 ; Aull.. pal. IX, 97, 8.
aux autres. Celle qu'on voit (fig. 6631)' peut avoir été
portée ou bien consacrée dans un temple; elle est
de pur style grec el contraste par ses proportions mesu-
rées el le goût de ses ornements avec les dimen-
sions exagérées et la décoration surchargée, plus asia-
tique qu'hellénique, dont beaucoup de statuettes d'un
temps postérieur nous montrent les modèles '". La
fig. 663-2 reproduit une petite tète en terre cuite du musée
du Louvre, d'un type qui se rencontre assez fréquem-
ment, où est imitée l'orfèvrerie des diadèmes de la
période hellénistique, ileuronnés ou dentelés, ciselés,
repoussés, repercés et garnis de pierres précieuses.
IL — Dans la langue homérique" (rTSiivT, désigne
encore un casque ou la partie du casque qui entoure et
couvre le front '-.
IIL — Le même nom a été donné aux parties saillantes
qui forment couronnement au sommet d'une construc-
tion quelconque '•", maison ", tour ' ', autel '^ tombeau",
d'une table même " ou d'une corbeille '^, aussi bien qu'à
la précinction supérieure d'un tliéàtre '", ou à l'enceinte
crénelée d'une ville -'.
IV. — Sh'jj/iani' est aussi un piège disposé en couronne
pour prendre les bétes sauvages [pedicaj. L. Saglio.
STEPHA>"ÈPHORIA,ST£7iïvï,iop'a).— C'était l'usageen
Grèce de ceindre son front d'une couronne dans les fêtes ',
ou quand on allait offrir un sacrifice xorona - ; mais en
dehors de ces cas généraux, certains personnages por-
taient, constamment, semble-t-il, une couronne comme
insigne de leurs fonctions : ainsi les chorèges et les Ihes-
molhètes^. L'entrée en charge du prêtre de Panamara,
qui n'a point le litre de stéphanéphore, se dit 7:aoaÀT,'i'.ç
ToCi (TTsoav&j '. Il est donc singulier que ce titre ait été
réservé à un seul dignitaire dans un certain nombre de
villes. Ses attributions, variables et mal connues, devaient
être surtout religieuses, concerner le culte du dieu, prin-
cipal protecteur de la cité% et elles entraînaient la préro-
gative de réponymie" [eponymosj. Cette stéphanéphorie
se rencontre principalement en lonie", à Milel", à Héra-
clée du Latmos', à .\egialè dans l'ile d'Amorgos '", à
.\myzon", à Priène où le prylane est remplacé, comme
éponyme, par le stéphanéphore à l'arrivée d'.Mexandre
dans le pays'-, etc. '^ .\ l'époque hellénistique et au
début de l'époque romaine, elle a surtout un caractère
très honorifique" ; aussi la décerne-t-on volontiers à un
souverain : .\lexandre fut éponyme de Milet '""; dans la
STEPllA\ÈPnORIA. 1 Plut. iVor. 184 A ; Dem. XXI, 31. Des décrets ordonnent
aux cilovens de se couronner en signe de réjouissance : Dittenberger, Sf/lloge'^, 175,
190, 277ielc. ;Monro.yourn. »/■ Ae/i. 5<. XlX (1899), p. 330 sq. 11,1. 23 el 33, Hitler
von Gaeriringen, Inschr. v. Priene, Berlin, 1906, 14, I. 2": »T!s«vT.=ootrv [Tj^fùJ;
io«i'[t]«î a-«vlï(i;] ; add. 1 1 , 1. 22. — 2Cf. COBOSA, p. 1 525 ; Corp. ins. gr. 3595, 1. 31 :
2144,1.7.-3 Pind. Olymp. VllI, 10; Eur. EUctr. 862; Poil. III, 152; Plul.
Mor. 358 B. Pour les arclionles, Eschine (I, 19) dit : «rsaoïvT.îdao; *. 4o,.i. — * Bull.
coiT. hell. XV (1S91), p. 173. I.a couronne de prêtre ne se rencontre point dans les
pays de langue latine; on connaît seulement un coronatus en Dacie {Corp. i. lot. 111,
1433); add. pour l'.Wrique, Terlull. De idol. 18. — 5 Atlien. V, 54, p. 213 B : "r^o
-f ; r-.^-.M-i rtE=«.r.çiiso; «UtSt'.î, TO..T.5T., Ujlù; 'Hoixiio-j; ; Id. XU, +3, p. 533 E, dit
de Tliéniistocle à .Magnésie : tt.» uTtçavr.çijov 4;/.r,« «««iaSi.™ iJon Ae^vî. — 6 L'épo-
nvmie peut être ordinairement supposée là oii les termes de l'inscriptioa ne l'im-
pliquent pas. — TMais aussi ailleurs, ainsiàTénos: Corp. inscr. yr. 2336 ; Laodicéedu
l.ycos : ibid. 3942. — » Wicgand, Berlin. Sitzungsber. 1903, p. 343. A Milet, les
slépbauépliores sont en même temps aisymnetes. — 9 Uaussoullier, Rev. de philol.
XXIll (1S99), p. 162, uole 1 et 288; Ditlenberger, Dr. «r. Inscr. sel. 439.
_ 10 Inscr. gr. Xil. 7, n»' 416-418. — n Insehr. v. Priene. 51, I. 3. — 12 Ibid.
i-i. — n Cjinipléter avec ma Province d'Asie. Paris, 1"01, p. 161, note 5, et
W. Liebenam, Stâdtereru-altung im rôm. Kaiserreiche. l.eipiig, 1900, p. 336-
55g_ U A Tarse, le sléplianépliore, prêtre d'Héraclès, revêt une tunique
blanclie à large bande de pourpre et des brodequins blancs (Atlien. V, 54,
p. 213 B.) — 1» Wicgand, loc. I.
STE
— isng
STI
liste d'Héraclée ', on trouve plusieurs personnages
appelés Kaîcap, qu'on ne peut exactement identifier, mais
qui semblent être Auguste et divers membres de sa
famille; à Milet encore, un empereur reçut la même
faveur ^ .Naturellement, la stéphanéphorie ne larda pas
à devenir une charge aristocratique et dispendieuse,
comme la plupart des magistratures municipales de ces
contrées. A P^iène^ le stéphanéphore Zosimos invile
tout venant, citoyen ou étranger, à un repas fin {•;Xux.{'7-
|jl6;), terminé par un concert et des exercices de panto-
mime ; il donne des bains gratuits, consacre à une divi-
nité locale une phiale d'argent de grand prix. A lasos,
un habitant a promis de s'acquitter de cette éponymie
dans deux ans ; les citoyens supportent avec peine ce
délai; pour les faire patienter, il donne un acompte de
2000 deniers'. Une inscription de Nysa° constate
les libéralités d'un
personnage qui a
voulu rendre la sté-
phanéphorie « immor-
telle >i;craignantqu'on
ne trouvât personne
pour y subvenir, il
a fait une fondation
destinée à en couvrir
les frais". La dignité
est probablement élec-
tive en principe ' ,
mais il faut avant tout
être riche; par suite,
une femme peut être
désignée. Pour faire
honneur aux plus gé-
néreux, on n'indique
pas toujours dans les
inscriptions le nom
du stéphanéphore en
exercice ; les textes
portent quelquefois :
kixl (7Te<i(XVTj(pdpOU TOi
TupojTOu (SeuTÉpou y.z/ -
[AETÏ (tÔV OEÏva) *. Si
personne ne se pré-
sente, et que le tré-
sor du sanctuaire soit
en mesure d'y suffire,
l'éponymie est con-
férée au dieu le plus vénéré de la ville". Apol-
lon est stéphanéphore à Antandros '", à Priène "
avec Zeus '-. Quand le même honneur est réservé au
héros éponyme d'une tribu (Ajax, Acamas, Cécrops,
1 Ditlenberger, loc. cit. 1. 26 : KaTtroiD -h TÉiopTov. — 2 Haussoullier, Étud.
sur l'histoire de Milet, Paris, 1902, p. 260. — 3 Inschr. 113 (i" siècle
av. J.-C). — 4TL. Reinach, Hev. d. et. gr. VI (1893), p. 157 sq., n» 3 A.
— 5 M. Clerc, Bidl. corr. hell. IX (ls85), p. 128 ; cf. I. 4i. — G Add. les lar-
gesses des stéphanéphores de Ténos (Uraiodor, Mus. belge, XI (1897), p. 107,
no- 2-3), d'un autre de Dorylée (G. Mirbcau, Échos d'Orient, X (1907), p. 77, n» 1).
— 7 L'oe épigramme relative au « stépliaaépliore d'Hestia et Apollon », à Délos,
dit S,i,Oii {Bull. corr. hell. XXVI, (1902), p. 509). — » Le lias, Inscr. p. 87
(lasos). — 9 Kern, Inschr. v. Maijn. Berlin, 1900, 90, 1. 1 : 5Tia.aïr,Bopo;yTo; toJ
ÔEoy ; add. Insch, r. Priene, 51, I. 2 (Héracléo) ; Haussoullier, Milet, p. 200. n" 5.
— 1» Fabricius, Berlin. Sitzungsbcr. lS9i, p. 905-907. — " Inschr. o. l'riene,
4i, I. 31-32. — ii ibid. 1+1. — 13 Ihid. 108,1. 79; I. 28, elc..., 1. 89, 1.20, elc...,
I. 31, etc. — 14 P. Paris, Quatenns feminae res publicas... attigerint, Parisiis,
1891, p. 79-83.— <5 Délos, Bull. corr. hell. XXIX (1905), p. 225, n° 83 : iip;»; Tr.v
(Tttçavy.aîôpov àpy.»iv ; add. Atben. XII, 45, p. 533 E. — IGSur la couronne des stépba-
Fig. 6633. — Le stibadium.
Hippothon, etc.)", on voit moins nettement qui en fait
la dépense. On s'est demandé "si, à l'époque romaine, la
stéphanéphorie était une magistrature ou une liturgie.
'Af/f,, disent les textes plus anciens '^ ; mais la question
n'offre qu'un intérêt théorique; comme toutesles anciennes
magistratures, celle-ci a évolué vers la liturgie '".
A Athènes, l'atelier monétaire se trouvait, à ce qu'il
semble, dans un héroon dédié à un personnage dit sté-
phanépliore etqui devaitètre Thésée; delà cette formule,
transmise par une inscription '^ de drachmes du stépha-
néphore [riRACU.MAE STEPUANEPHORi]. V. ClIAPOT.
STEPÏERIOX fSEPTERIONJ.
STHE.MA. — Fêle argieune '. Au dire de Philarque-,
célébrée d'abord en l'honneur de Danaos, elle fut consa-
crée plus lard à Zs'j; i-Oévto;, qui avait un autel entre
Trézône et Hermione'. Emile Caeen.
STlBADIUM(STipi-
ciov). — Le mol grec
est un diminutif de
dTiSiç', qui signifie
une couche grossière,
li'lle f[u'on put en
I aire d'abord, d'herbes
et de feuillages mis
en las sur le sol -. Les
Grecs opposaient aux
lits véritables ces cou-
ches primitives, sim-
ples litières, à l'usage
des pauvres gens ou
des soldats dans les
camps ^
Chez les Romains,
le nom de stibadium
fut adopté pour dési-
gner le lit en demi-
rercle ou sifjma [lec-
lus], quand on com-
mença, vers la fin de
la République, à avoir
des lits semblables
pour les repas, auprès
des petites tables ron-
des dont la mode vint
dans ce temps-là '.
Trois, cinq, six", sept ^
huit' convives y pre-
naient place (fig. 1699, 1704, 4973); on en fit même
pour un plus grand nombre de personnes, comme on le
voitsurtouldans des peintures des bas temps (fig. 6633)';
le demi-cercle s'y allongeait avec la table à laquelle il
ncphores de l'époque impériale, Hill, Prieslerdiademe, Jahreshefte d. Œslerreich.
Instit. 1899,p. 2i5sq. ;cf. É. Micbon, /(ei'. art/leo/. 1901, 11, p. 399. — " /«scr. jr.
Il, 476. I. 29 et 31. — BiBi.ioGiiAPBie. Aul. Vau Uale, Dissertationes, Amstclodami,
1702, p. 360-389 ; Eckhel, Ùoctrina num. IV, p. 212 sq.; Cl. Gnacdinger, De Grae-
corum magistratibns eponi/mis ijuacstiones selectae, ArgeniOTaii, 1892, p. 3 et 14.
STIIE.MA. 1 Hcsycb. s. ti. — 2 plut. De mus. p. 1140 c. — 3 Cf. Paus. II, 32, 7.
STIBADIUM. I DeuTciS»., fouler. — 2Aristoph. P/uM51,et .Schol; VUL Bep. II,
p. 372 B ; Athtn. IV, p. 138 F ; Lucian. Tox. 31 ; Phot. aitfd; : cf. Pliii. d. nat.
V.ll, 193. — 3Iiur. Tro. 515; Xeu. Hell. VII, 2, 22; Plut. Inst. Lac. p. 237, B;
Philop. 4 ; Polyb. Il, 17, 10. — 4 Varr. Ling. lat. V, 1 18 ; Scrv. Ad Aen. I, 698 :
Antiqui slibadia non habebant sed strutis tribus Icctis epulabmlur ; cf. Schol.
Juvcn. V, 17. — SAuson. Eph. p. 58 Bip.; Jlart. IX, 59, 9. - 6 Mart. X, 48, 6 ;
Athen. Il, p. 47, 1. — lllart. XIV, 87 ; Lampr. Heliog.ïl; Sid. Apoll. I, U ; Arist.
Mir. anse. 1. Il y en a neuf dans une peinture de Forapéi (lig. 1703) ; cf. Capitol.
Ver. 5. — 8 D'après la peinture du musée du Louvre : cf. Campana, Due sepolcri
STl — ISIO —
devait s'adapter; ou bien toute lahle était supprimée, par
exemple quand on mangeait en plein air, en s'élendanl
sur le gazon'. Même à l'intérieur des maisons il y eut
un moment où l'on voulut avoir un stibadiiim bas,
poséà terre-'. E. Saglio.
STIGII.V. — Marque imprimée avec un fer chaud sur
une partie du corps. Il en a été parlé ailleurs d'une ma-
nière générale înota]. On a vu aussi [servi, p. 1262, 1278]
que kl i)eine de la marque était fréquemment appliquée
aux esclaves fugitifs ou coupables de quelque méfait ;
on les appelait à Rome, notis comprincli ou inscripti,
l lierai i, stiginatiue,sti(jinosi ' ; aux termes de la loi Aelia
Sentia, quand ils étaient ensuite aH'ranchis, ils n'obte-
naient que la condition de dediticu-. La marque est éga-
lement indigée aux individus condamnés pour calumnia
(c'était la lettre K sur le front) ', et aux criminels envoyés
aux mines*: pour ces derniers, Constantin remplaça la
marque sur le front par la marque au mollet ou à la
main». Au Bas-Empire on marqua aussi, aux bras ou
aux mains pour empêcher leur fuite, les recrues, les
ouvriers des fabriques d'armes impériales, à Constanti-
nople les aquarii, chargés du soin des aqueducs ^ La
marque des prisonniers de guerre, quelquefois pra-
tiquée chez les Grecs \ ne l'a été que fort rarement à
Rome'. Cd. Lécrivain.
STILLATUR.X. — De tout temps il fut d'usage,
sinon de droit, dans l'armée romaine que les soldats
fissent à leurs chefs des cadeaux, soit en échange d'exem-
ptions de service, soit dans certaines circonstances
[legio]. LAStillalura est une contribution de cette sorte,
prélevée en nature sur les fournitures touchées par les
soldats et s'ajoutant à celles qui revenaient aux chefs,
particulièrement aux. tribuns, ou une somme d'argent
équivalente en principe. Pendant les premiers siècles, les
empereurs, observateurs de la discipline, tentèrent de
s'opposer à cet abus ' ; il allaient pour le combattre jusqu'à
condamner à mort les commandants coupables- ; au v' siè-
cle ils Jugèrent plus simple de reconnaître la coutume
en la i-églementant '. Une loi de 406* décida que la stilla-
tura, payée en argent, ne pourrait pas être supérieure
au prix de la stillalura en nature, calculée au cours du
marché, et qu'elle devait représenter au maximum sept
jours de l'annone annuelle d'un soldat. Ailleurs» le
prix de la stilUitura est fixé conformément au tarif offi-
ciel réglant les fournitures en nature accordées aux
troupes. R. Gagnât.
STr
lUl secolo di AiigitstOy 1843, pi. xiv. Le support eu niaooimei-ie de la fresque
du Louvre esl couservé dans une maison de Hompéi, Tliédenat, Pompéi. 1906. 1,
p. 83. fig. 50. — ' l'ar eiLeinpIe. sur une fresque, 0. Jalin, WawhjemâUe des
Columbariums in der \ilia Pamjiii^ pi. vi, 17. Il n'y a pas de lable sur le bas-
relief de MonlfaucoD. Ant. expliq. pi. m, p. .57. — 2 Lampr. Heliog. iO.
STIUM.A. > Dig. Il, ♦, i : Gai. I, 13 ; l'iaul. Ctuin. i, 6, 49 ; Plin. Uist. nat.
18, 3; Juv. 10, 183; I*. îl-ii; i'elron. Sat. 103-107; Apul. iletam. 9, p. 185;
Mart. 8, 75, 9; Cic. Off. 8, 7 ; Pro Rose. 7 ; Val. Ma\. 6, 8 ; Auson. Epigr. 13 ;
Claudiao. In Eulrop. t. 344. — 2 Gai. I, 13; Ulp. /leg. 1, II. — 3 Cic. Pro Sext.
Jlosc. ia, 57; Plin. Pan. 35; Senec. De ira. 3, 3. fl; Dig. iî, 5, 13 (integrae
frontis homo). V. Mommsen, Strafrecht, p. 435, note 2.-4 Suet. Gai. il ; Pont.
VU. Cyprian 7. — 5Corf. Theod. 9, lo, 1. — 6 C. Th. 10, Ji, 4; Cod. Just. Il,
lî, 10: Vcgel. 1, 8 ; 2. 5. — 7 Plut. Per. i'j ; Vilruv. i, S. — 8 Ce.Ircnos, p. 373
(sur des Arménicas par Coostantin). — BuiuiucRAPuit : Godefroid, Ad. Cod. Theod.
9, 40, i.
STIIXATDRA. < Vila Uadriaui, 10; Vita l'cscenn. 3; Vita Alex. 15.
— i V. Pesc. I. c: V. AIct. I. c. — 3 Cod. Theod. VII, 4, 28, 29, 36; Zosim.
V, 46; Waddington, Insc. de Syrie, 1906 a. — 4 Cod. Theod. Vil, 4, 28 = Cod.
Just. Xll, 87, 12. — 5 Ibid. 29, 36. — Bibliographie : Godefroid, Commentaire
du Code Théodosien (VU, 4, 28).
STILCS 1 Styttjs est certainement une mauvaise orthographe ; «rrJlkQs n'a pas
pu donner stilus et n'a été employé avec te même sens qu'à une basse époque
STILLICIDIUM [SERVITLS, p. 1293J.
SïILUS'. — Style, tige droite, rigide et pointue-.
l°{^pï5Î;^ yoT.zitîov^, graphium'). poinçon à écrire*^.
C'était une tige de la longueur de nos porte-plumes, en
os', en ivoire ou en métal, très finement aiguisée en
pointe à son extrémité inférieure, dont on se servait
pour écrire sur du plomb
ou sur des tablettes en-
duites de cire (oéXro!,
tabulae). L'extrémité su-
périeure , ordinairement
droite, quelquefois cou-
dée (fig. 6634) *, était
arrondie ou conique, plus
souvent aplatie en forme
de palette ou de racloir,
afin que l'on put étaler la
cire, lorsqu'on voulait
effacer l'écriture, d'où
l'expression « vertere sti-
lum », retourner le style,
pour dire corriger". L'usage du poinçon et des tablettes
était aussi commun que celui du calame et du papyrus,
et même certaines personnes le préféraient, notamment
dans les écoles, parce qu'il dispensait de recourir à l'en-
crier "*. Le slilns était donc un objet très répandu, qu'on
portail volontiers sur soi avec les tablettes (pugillares).
Plusieurs monuments nous en oITrent l'image, par
exemple la peinture
des catacombes re-
produite fig. 623, une
autre (fig. 464) au Mu-
sée Kircher, etc. " ;
on remarquera
la forme évasée et
plate de la partie su-
périeure. La fig. 6635
représente une jeune
femme, dans l'atti-
tude de la médita-
tion, qui se prépare
à écrire sur ses ta-
blettes, en portant à
ses lèvres la pointe du style '^ On conçoit qu'un instru-
ment si acéré, facilement transportable dans un pli du
comme une Iranscrcplion hellénisée du mol latin. Stiius doit se rattacher à la même
racine que stinf/uo et stimulus. Bréal, Dict. étymol. lat. p. 367-368. — 2 Pousse
d'asperge, Colum. .\l, 3; scion d'olivier, V, tu. — 3Plat. Protag. p. 326 c ; Arislot.
Phys. VII, 4, 4: Anlhol. Pat. VI, 63, 65, 67, 66; Athcn. III, 106 c ; Schol.
Aristoph. «an. 1497. — 4 Pollui, IV, 18; X. 59; Athen. Xll!, p. 582 c; Plut.
Eumen. 1; Sol. an. p. 968 E; Mor. p. 859 E, 868 c; Schol. Arisloph. Vesp.
848; Eust. Opusc. p. 333, 47, 69; p. 336, 66. — »0t. .4>nor. 1, 11, 23; ScneC.
Clem. I, 14; Plin. fl. nat. XVl, 73. I : Suet. Caes. 82; Cal. 28; Isid. Orig. VI,
9, I. Graphiolum : Not. Tir. p. 124. — 6 Plaul. Bacch. IV, 4, 63, 76 ; Ov. Met.
IX, 522, 571; Son. Clem. I, 14: Mart. XIV, 21; Plin. ff. nat. XXXIV, 139;
Quinlil. X, 4, I ; Apul. Met. X; Prudent. Peristeph. IX, 51 ; Augustin. De ver.
rel. 39 ; Isid. Orig. VI, 9 ; Sympli. .ienigm. 1 . — " Isid. f. c. — « Au musée d'Évrem,
Bonuin, Anliq. des Eôuroriqucs, III, xxsvu, 6. La Dg. 66:i4 reproduit aussi un style
d'ivoire, provenant d'Érétrie, en Eubèe, au Musée Britannique : Greek and rom.
life, a. 456, lig. 1!'3; el un slyle trouvé à Home, d'après BoldeIti, Osserv. sopra
i cimeteri di flowd. 1720, p. 512. — 9 Cic. Verr. Il, 41, loi ; Hor. Sat. 1, 10,
72; Prudent, Symph. Augustin, l. c. — 10 V. uddcs, p. 1362. a. eddcaiio, p. 103
et 106. — Il Perret. Calacomb. de fl.pl. lsiui, 6 [c\u»>u;5, fig. 995]; Mus. Borbon.
XIV, 31, 2 = Pitt. d'Ercol. Il, 45, p. 237; Helbig, Wandgem. Campan. n. 1721.
Autres : Mus. Borbon. 1, 12, 2 = Helbig, n. 1726; Mus. Borb. XIV, ta». AB =
Helbig, n. 1722. — ii Mus. Borbon. XIV, 31, 1 = Htibig, n. 1422; Mus.
Borb.Vl, lav. xsxv = Helbig, n. 1420. Fresques analogues : Helbig, u. 1425 1426
— TabliUc5 et slyle.
STI
iriii —
STl
\l:
vêtement, pouvait à l'occasion devenir une arme dange-
reuse et tenir lieu de poignard, comme nous le montrent
certains récits'.
Nos musées possèdent un très grand noml)re de bâton-
nets en os, en fer ou en bronze, qui peuvent
passer pour des styles et qu'on a classés comme
tels -, précisément parce que la forme, la plu-
part du temps, devait en être très simple;
mais on les confond trop souvent avec des
objets similaires qui ont pu avoir un emploi
tout différent. On en a vu plus haut plusieurs
dont l'emploi est clairement déterminé. Le style
représenté dans la fig. 6636 a été trouvé àOr-
vieto avec d'autres antiquités étrusques; il est
en bronze doré; le fût est orné, en haut, de la
figure d'un écolier, tenant lui-même un style
dans la main droite et un diptyque sous le bras
gauciie;ses yeux devaient être en argent. Le
bouton conique qui se dresse au-dessus de sa
tête, a dû servir à égaliser la cire-'. Certains
de ces objets portent des inscriptions qui en
déterminent sûrement l'usage '. On appelait
grapltiarium ou fjraphiuria theca un étui,
analogue à nos plumiers, dans lequel on enfer-
mail les styles ; les écoliers, les copistes et les
scribes de tout ordre en avaient souvent sur
eux ■.
2° Cliausse-lrape employée autour des places
de guerre, en avant du retranchement, pour
arrêter la cavalerie de l'assiégeant; il y en
avait de deux sortes : de gros pieux aiguisés
du bout, plantés à intervalles réguliers et
dissimulés sous des broussailles [lUia] ; des
bâtons armés de pointes de fer, complètement
enfoncés en terre [stimulus]. Le mot stilus se
rencontre comme un synonyme désignant
soit le premier de ces engins, soit le second,
mais plutôt le second*^.
3° Aiguille (aTct/siov) d'un cadran solaire '
[UOROLOGIUMJ.
■i» A la campagne un style en bois ou en bronze
pouvait rendre différents services, par exemple pour
cf. 698. [imago, fig. 3975]. Nous citerons pour les Grecs une terre cuite .ircliaïque
du Louvre {Pottier, Diphilos, pi. vi. no 154) et ([uelques vases peints ; El. céram.
1,77 [M1NF.BVA, fig. 5047]; Arch. Zeii. XXXI, pi. [bducatio. fig. 2598]; Gerhard,
Arclt. Zeit. I, pi. u ; Ann. Ist. arch. 1809, p. 0; Hartwig, ileislerseli. p. 460.
fig. 59, etc. —1 Suet, ;. e. elClaud. 35; Prudent., Augustin. /. c. - 2 Attributions
plus ou moins certaines : Carapanos, Ùo-lone, pi. lui, 9,10; Montfaucon, Ant. ej:pt.
111, 2, pi. cxcMi ; Grivaud de la Vincelle, Arts et met. (les anc pi. viii; Oesnoyers,
Calai du mus. d'Orlmits. p. 112, n»' 22C-264 ; p. 114, n. 285-289 ; Babelonet blan-
chet, ftronz.ant.dela BM. nal. p. 609, n. 1607 ; S.Reinach, Catal.dii Mus. deSainl-
Germam 11892), p. 86 et 97, vitrines 27 et 5G ; Arch. Zeit. XXXVII (1S79), p. 104 ;
Comarmond, Antiqu. de hjon, p. 321, n. 409-419 ; p 446, n. 16, 18; Fricdericlis,
Klein. Kimst. im Alterth. p. 135, n. 548-564; Jahrh. d. Alt. freunde im Rheinl.
IX (1846). p. 33, 39; LXXXVII |(IS89), p. 20; Walters, Cntal. of hronz. British
Mus. 2374 sq ; ;682 si|. ; Guide lo thc exhib. of (jreek and. rom. li/'e, p. 180 ;
Bull, de la Soc. des Antii/. de France, 1858, p. 97, 1K82, p. 179; Mon. iX,
p. 57 ; Lindenschmidt, Alterth. uns. heidn. Vor:eit, IV, 46, 23, 27, 28 (?) ;
Graevius, Thés. ant. rom. XII, p. 961, pi. ix, 1. — 3 Arch. Zeit. XXXV (1877),
pl. XI, n. 4= Baumeislcr, Ant. Denkm. p. 1585, fig. 1G43. Le style, comme les
tablettes de cire, est resté en usage jusqu'au xui" et au xiv» siècle ; Jahrb. d. Alt.
freunde im Rheinl. XLIV, p. 133. — 4 Par exemple {H)ego scribo sine manu, ou :
Dicta felix, felicior scribe. Corp. inscr. lat. XIII, 10 027, n. 228, 229, 233;
10 028, n. 3; 10 032, n. 15. Cf. VIII, 22 657, n. 3. - 6 Mart. XIV, 21; Suet. Cluud.
33. — 6 Hirt. Bell. o/V. 31 : Sil. liai. X, 414. Cf. Caes. Bell. gall. V, 18 ; VII, 73 ;
Bell. civ. I, 18. Dans ces passages il n'est pas question du tribulus (Veg. III, 24),
qu'on jetait à la main sur le champ de bataille au moment d'engager l'action.
— ^ Martian. Cap. VI, 194. — « Colum. XI, 3, 53 ; Pallad. IV, 9. Greffe vient de
graphium. — S) Pallad. IV, 10.
Fig. 6636.-
Style en
bronze dori'*
greffer' ou pour gratter l'écorce des arbres attaqués par
les chenilles et les insectes nuisibles '. Georges Lafaye.
STI.VirLUS ', KÉvToov, xevTocç. — Aiguillon, instrument
pointu servant à piquer les esclaves, les bo'ufs, les ânes,
les mulets et les chevaux. Klvxo&v serait l'un des mots
les plus anciens de la langue grecque s'il entre, comme
on l'a dit, dans la composition du nom des Centaures'-;
ï Iliade l'emploie déjà comme terme générique désignant
même le fouet, fiàiTi;^ [flagellum]. Plus tard, on le trouve
avec le sens d'éperon ' [calcar]. D'où cette conclusion que
/cévToov s'applique moins à un instrument de forme déter-
minée qu'à toute une série d'instruments divers armés
d'un aiguillon '.
L — Tige rigide servant à stimuler les chevaux attelés '^
ou montés '; on ne doit pas la confondre avec la cravache
des cavaliers (fig. 3079] ou avec ces baguettes flexibles
des conducteurs de chars figurées sur les vases du
Dipylon (fig. 2203). Ordinairement le xévxpov est droit
(fig. 2207, 2219) ; mais on trouve sur le vase Burgon * un
spécimen terminé par une crosse recourbée, armée de
deux pointes (fig. 6637); presque toujours cet instrument
est assez long pour atteindre latête du cheval; cependant
on voit sur une stèle de Cyzique ' un spécimen formé
Fig. 6637. — Aiguillon de conduclou
d'une pointe, peut-être en pierre, s'emmanchant à angle
droit dans une courte poignée (fig. 6638).
II. — BotjxevTpov '", pouxévrpiov", ^ouTtlr^l'-, fj.û(o']/ '^. Les
bouviers ayant l'habitude de placer un aiguillon à l'extré-
mité de leur aiguillade, axaiva, les Grecs confondirent les
STIMCLUS. 1 D'après MM. Bréal et Bailly (Dict. étym. lat. 1883, p. 368) stimulus
serait le diminutif d'un vocable perdu dérivé du primitif stinguo. — - Ser-
vius, AdGeorg. Ill, 115, donne pour étymologie «EvT£Tv-t-TaJpoç. Cf. Sch.ad Pind.
Pyth. Il, 7S; Beurlicr, Mém. des Antiq. de Fr. 1887, XLVIII, p. 57 sq.; Panofka
[Ann. de l'Inst.corr. V, p.285) a proposèxevTelv-f-aùpoî, lièvre. — 3 (Juand Ulomède
perd son fouet, ità.<rtl, ses chevaux restent sans aiguillon, «veu aivTpoio (XXVIII,
387). Les Troyens sont qualifiés de «iviopi; '.'i:!..-, (/(. V, 102). Môme confusion appa-
rente dans Plant. Menech. V, 2, 12 et Ovid. Metam. I, 127. — 4 Cf. Stimulare
i^quos calcaribus dans Val. Maxim., Ht, 2, 9. — ^ Sur les grosses et très anciennes
monnaies d'argent des 'Offo"»"» (O''"'''^ de Mionnet, III, 83 ; cf. V. Duruy, fi . des
/lom.n, p. 34; Babclon, Traité des monn. II, p. 1059 sq. pl. xi.v,1059), le héros con-
duisant les deux taureaux tient dans sa droite soit deux « javelots » soit un fouet
à deux lanières termiuées par des boules ; ces prétendus « javelots » et ce fouet
avaient probablement le même nom de xévtoov. — 6 Voy. les conducleurs sur
les monnaies de la Sicile : Agrigente {Cat. P. Dupré, n. 101); Camarine (Cat.
J. Gréau, n. 703) ; Hiéron I" (Ib. n. 952); Syracuse (G. Romans, Sopra aie.
monete scov. in Sicilia, fig. I et 8); Ros-Meikarth (Ib. fig. 2); etc. — 1 Dans
une course hippique représentée sur un vase (Gerhard, Trinkschalen u. Gefâsse,
XIV|, le second cavalier frappe la tète de son cheval avec un instrument à petite
pointe recourbée à angle aigu, alors que le troisième cavalier tient un fouet à deux
lanières. — B Mon. d. Islit. X, pl. XLVin ; Brit. Mus. Cat. Il, 13ii. — » Bull, de
corr. hellén. 1894, p. 493 ; Bel', des et. gr. 1910, p. 189. — 1» Greg. Naz. I,
p. 891 B; Etym. mug. p. 43, 30 (î.aiva). — " Suidas, s. v. .ivif.ov. — l2Eus-
tathe explique ce mot par Poûxïvtçov. — 13 Etym. m. p. 785, le donne comme
synonyme de poùxe.Tpov pour expliquer uitiç^ïi;, l'aiguillon du porcher. Dans l'Antho-
logie, on trouve pour l'aiguillon du laboureur ; (Anlipliil., VI, 95) ^ouorpôsov , àxpoatSapov
l»iu,(. ; (Philipp., VI, 104) ,.-,tjo. T'<in,<t9(..u,ii ; (Açathias, VI, 41) poirX,,tpov i..,v.,.
STI
1512
STI
deux mots cl les employèrent indifTéremmenldansle sens
de poOxsvToov. D'après les peintures de vases, on voit qu'il
y avait plusieurs formes d'aii;uillades : d'ordinaire, c'est
une longue gaule droite et rigide (llg. 430, A3-2, 1943; ;
une coupe du Louvre représente un poûxEvrpov dont
rexlrémilé est recourbée à angle droit (fig. 433).
Le stimulus ' du bouvier italien est une longue
gaule rigide, droite et de même forme que Vagolum ou
la pertica. avec lesquels on le confondrait s'il n'était
armé à son extrémité d'un petit aiguillon pointu.
Stimulus cuspidatus rallo- [ralum, fig 436eto91G].
Les laboureurs y mettaient un racloir servant à net-
loyer le soc de la charrue.
m. — Stimiila', xévTpa. Instruments de torture em-
ployés par les Perses* elles Grecs °; ceux-ci donnaient
à l'esclave méritant ce supplice le nom de xévTpiov %
que Piaule traduit par les périphrases stimu-
lorum seffes\ stimulorum locuhis^, stimu-
lorum Iritor''.
l'V. — Clou, ï,).o!;, ou croc de fer, hamus,
implanté dans de larges planches ou des
piquets que l'on dissimulait en terre à de
petites distances les uns des autres pour pro-
léger les retranchements. Ces chansse-trapes,
simple modification d'un vieil engin asiatique
employé contre les éléphants de guerre ">,
furent inventées par Damis au siège de Méga-
lopolis" (318 av. J.-C); Jules César s'en ser-
vit devant Alesia '-. On a retrouvé à Alise-
Sainle-Reine six de ces stimuli^^ (fig. 6639).
SORLIN DoRIGNY.
STIPEXblU.M. — Le mol stipendium se rencontre
dans deux sens difTérenls. Il sert à désigner: 1° la solde
attribuée aux troupes ; 2° une sorte d'impôt direct.
I. — Solde. — L'élablissemenld'unesolde pourl'armée
romaine ne date, dil-on, que du siège de Véies '. Aupa-
ravant on payait seulement aux cavaliers I'aes eol'Estre
ell'AES noRDEARiCM, destinés à l'achat et à la nourriture
de leurs chevaux de guerre; pour l'infanterie, on s'en
I Ovid. iletam. XIV, 647 ; Tibul. I, I, 10; Colum. H, i. J6. —2 Plin. ff. nat.
XVUI, 49, 4. — 3 Plaul. Mo,l. 54: Cic. Pkil. 11, 3V. - » Horod. 111. 130.
— 5 Xcnoph. Uell. III, 3, Il cf. n.AGr.i.njM, p. 1155. _ 3 Soph. fr. 309.
— 1 Aulul. 45. — 8 Cas. 4i7. — 9 Pera. 784. — 10 Diod. Sic. XIX, 84.
— Il Ici. XVllI, 71. — 12 Caes. B. Gall. VU, 73 el 82. Cf. V. Duruy, Hhl. des
Uom. 1S81, III, p. 213, qui donne une vue de la restitution que M. Al. Bertrand
avait placée au mus^'e de Sl-tiermain. — n Napoli-on 111 {Hist, de J. César^
1860, II, p. 304 et fig. 7, pi. x«vn) en décrit cinq; un si^iiùnie exemplaire a été
découvert l'an dernier par M. Espéramlieu.
STIPEMDIDM. i|.iv. IV, 5'J, V. 4; Florus, I, 12; Diod. XIV, 10; Lydus, De
Fig. Co:!9.
Cliaussc-
trapc.
remettait aux tribus qui devaient trouver l'argent
nécessaire à son entretien-. Les choses changèrent en
348=: 406. Le trésor public dut désormais fournir aux
militaires une indemnité, semestrielle, si le service au-
quel on était appelé durait moins de six mois ; annuelle,
s'il dépassait celle mesure'. Decelle indemnitéon dédui-
sait les fournitures faites par l'Étal pour l'habillement,
les armes et les vivres ''. Le taux ne nous en a été con-
servé par aucun auteur avant l'époque des guerres puni-
ques. 11 faut arriver à Polybepour obtenir un renseigne-
ment précis sur la question \
De son temps, le légionnaire touchait par jour deux
oboles, le centurion quatre oboles, le cavalier une dra-
chme. La valeur de ces « deux oboles » a donné lieu à
plus d'une interprétation qu'il n'est pas possible de rap-
peler ici L'opinion reçue généralement, qui est celle de
Le Beau", de IluUsch ', de Marquardl*, est que ces deux
oboles équivalaient à 3 as 1/3. « Les deux oboles, dit Le
Beau, équivalent le 1/3 de la drachme et par conséquent
du denier romain, toujours regardé comme équivalent
de la drachme. Je puis donc supposer avec vraisemblance
que la paye du soldat fait toujours le 1/3 du denier.
Avant la deuxième guerre punique, le denier contenait
10 as ; la paye journalière était donc alors de 3 as l/'3 ».
Ce qui porte la solde annuelle, pour 360 jours, à 120 as
ou 120 deniers. Le centurion, par suite, aurait touché
240 deniers, et le cavalier 360 deniers.
M. Babelon s'est élevé contre celte évaluation, beau-
coup trop faible, à son gré. i< Polybe, a-l-il écrit ', se sert,
comme tout le monde, de l'as libral comme monnaie de
compte, et le terme d'obole signifie dans ce passage as
libral de 327 grammes. Dès lors, nous aurons le tableau
suivant pour la solde des soldats romains. Fantassin :
2 oboles ou 2 as libraux, soit 634 grammes ou 24 as on-
ciaux. Centurion : 4 oboles ou 4 as libraux, soit 1308 gram-
mes ou 48 as onciaux. Cavalier : une drachme valant
6 as libraux (puisque la drachme a 6 oboles), soit
1962 grammes ou 73 as onciaux environ. Ces sommes,
traduites en argent romain du temps de Polybe'", c'est-
à-dire dans le système oneial, nous donnent : Fan-
tassin : 2 deniers et 4 as onciaux par jour. Centurion :
4 deniers et 8 as onciaux. Cavalier : 7 deniers et 3 as on-
ciaux ». Mais, ainsi qu'il a été dit, celte indemnité, quelle
que fût la valeur des 2 oboles de Polybe, n'était pas ver-
sée inlégralemenl aux hommes, puisque le soldai devait
payerlà-dessus sa nourriture, son entrelien elson équipe-
ment. Aussi la solde elTeclive était-elle très inférieure à
lasomme énoncée par Polybe. M. von Domaszewski, dans
un article important ", sur lequel nous nous appuierons
dans la suite, l'évalue à 73 deniers seulement par an'-.
César, le premier, apporta à cet étal de choses des
modifications. Suétone nous apprend qu'il doubla la
solde des légionnaires " ; c'est-à-dire, qu'il ajouta un
second stipendium à celui qui existait déjà; la solde
entière d'un légionnaire se composa donc désormais de
mny. I, 45. — 2 Momnisen, Die rôm. Tribus, p. 31. — 3 Varr. d'après .Nonius,
p. 532 ; Liv. XXIV, H; XL, 41, XLII, 34; Diod. XIV, 16; Dionys. VIII, 68, IX, 36,
9; Polyb. VI, 19. Cf. Langcn. Uelier die H eeresverpflegung der Rimer, p. 9.
— i Polyl.. VI, 39. — 5/6irf. _ 6 Mdn. de lAcad. des Inscr. XLI, p. 185.
— 1 Métrologie, p. 252 sq. — * Organis. financière, p. 118. — 9 C. rendus de
l'Acad. des /iiscr. 1900, p. 468. — 10 A^ue Heidelberger Jahrbùclier, X,
p. 218 Sf|. — 1' La proportion du triple pour la solde entre la cavalerie et
rinfautcrie subsisla, tant que la cavalerie fit partie de la légion. Cf. Le Beau,
/. cit. p. 195. — I'.! L. c. p. 219. — 13 Suet. Caes. 26 : leijionibus stipendium
in perpetnum duplicarit.
STI
lois —
STI
deux stipendia de l'époque républicaine, soil 75x2 ou
150 deniers par an'.
Auguste, à la suite des guerres malheureuses qui mar-
quèrent la dernière partie de son règne, crut devoir
améliorer le sort des troupes; il ajouta un troisième sli-
penilium aux deux qui étaient payés depuis César- : la
solde annuelle fut de 225 deniers ou 3000 as, soit dix as
par jour; somme nettement indiquée par Tacite comme
établie à ravènement de Tibère ^
Les clioses restèrent en cet étal pendant plus d'un
demi-siècle. Leslégionnairescontinuèrenl à loucher trois
fois par an 75 deniers, tous les quatre mois ; c'est la
pratique qui était appliquée pour l'armée d'Egypte en
81 ap. J.-C, d'après un papyrus latin '■ : il y est dit qu'un
légionnaire reçoit, en l'année troisième du règne
de Domitien, « stipendium I, slipendium II, slipen-
diiun III ».
Deux ans après, un nouveau ciiangement se produisait.
En 83, à la suite de l'expédition heureuse qu'il lit contre
les Châties, voulant s'assurer la fidélité des troupes,
l'Empereur augmentait encore d'un slipnedium la solde
des légionnaires « addidit et quarlum slipendium
militi' », si bien que, désormais, chacun d'eux lou-
cha 100 deniers tous les quatre mois, soit 300 deniers
par an.
L'accord constant qui se remarque entre la somme des
stipendia et les taux desdiflerenles gralilications accor-
dées par les empereurs aux troupes dans les circons-
tances solennelles [donativa] a permis à M. von Doinas-
zewski de suivre jusqu'au règne de Caracalla l'histoire
des variations de la solde. D'après lui, la réglementation
de Domilien demeura en vigueur pendant un siècle
environ. .\u bout de ce temps, l'empereur Commode,
poussé par les circonstances, surtout par la nécessité
de satisfaire aux ap|)élits toujours croissants des
prétoriens, dul élever la solde de ces soldats d'élite.
La solde des légionnaires s'accrut dans les mêmes
proportions ; un cinquième stipendium vint s'ajouter
aux autres, et le total annuel fut porté de 300 à 375
deniers ^.
Nouvelle au gmenlation sous Septime Sévère. A
l'exemple de ce qu'avait fait Domilien, ce prince ajouta
à chaque stipendium établi avant lui un aureus, c'est-à-
dire 25 deniers, ce qui donne pour les cinq stipen-
dia 125 deniers de plus ; en toul 5(tO deniers ou
2000 sesterces''. Ce sont les « larrjissima stipendia »,
dont font mention les inscriptions légionnaires de
l'époque*.
Enlin Caracalla, voulant faire oublier aux troupes le
meurtre de Géta, leur accorda un supplément de solde
égal à la moitié de ce qu'elle était antérieurement. Dès
lors, les légionnaires reçurent annuellement 750 deniers,
ce qui esl précisément, comme on le verra et comme l'a
1 Von Uoinaszewski, /. c. p. iîïO. — 3 lad. p. ^11 sq. D'autres rappor-
tent la mesure à César, f{\i\, au lieu d'un stipendium de liiUU as anciens,
aurait payé 3 stipendia en as nouveaux, c'est-à-dire une solde de 3ti00 as. Cf.
Marquardt, op. cit. p. 119 avec les notes. — ^ Tac. Ann. I, 17; dents in diem
assihus animam et corpus aestimari. — 4 l'apyrus de Genève ; J. Nicole et
Cil. i\oTc\^ Archives militaires du i" siècle, I, col. a; cf. Journ. des Savants,
l'JOO, p. 378 srj. ; C.-rendus de l'Acad. des Inscr. 190n, p. 4U; Klio, 1903,
p. '-). I.e môme document nous apprend fine pour le paiement des sommes régle-
mentaires OQ tenait compte de la valeur variable de l'argent dans chaque province;
cf. Mommscn, Hermès, XX.VV, p. 4W ; von l'renicrstein, Klio, toc. cit. p. SI.
— 3 Sucl. JJomit. 7; Zonaras, XI, 10; cf. lisell, h'ssai sur le reijne de
Domitien, p. 15G. — 6 Von Domaszewski, /oc. ci^ p. -30. — "t Vita Severi, y;
VIII.
fait remarquer M. von Domaszewski, le taux delà solde
des prétoriens sous Auguste ^
Pour les auxiliaires on ne peut pas arriver à un résul-
tat sérieux. A l'époque républicaine, onsail que les .vocîî
n'avaient droit à aucun stipendium, mais ils recevaient
gratuitement, durant toute la campagne, les fournitures
de toute sorte qui étaient, pour les légionnaires, dé-
duites de leur solde théorique '".
A l'époque impériale il n'est question de solde qu'une
seule fois dans les auteurs, à propos de troupes auxiliaires,
lescoitortes Balaves. Tacite nous apprend qu'elles récla-
maient un duplex stipendium ". De ce passage M. von
Domaszewski conclut que les iiommes étaient payés
comme tous les soldats de l'époque républicaine, 73 de-
niers par an ; ce qui est loin d'être évident. On peut, au
contraire, établir avec quelque probabilité le taux du sti-
pendium ou plutôt des 5<«/>enf/«a successifs attribués aux
troupes de Rome, prétoriens ou soldats des cohortes urbai-
nes. D'un passage de Tacite on peut déduire que les pré-
toriens recevaient, au début du règne de Tibère, deux de-
niers par tête et par jour ''^ ; c'est-à-dire 2 X 363 = 730 de-
niers par an, s'il faut prendre le chifl're de Tacite à la
lettre, ou si, comme le veul M. Domaszewski, l'historien
n'a mentionné qu'un chiffre rond, 750 deniers'^. S'ap-
puyant sur cette donnée, confirmée à ses yeux par
d'autres témoignages annexes, ce savant esl arrivé aux
conclusions suivantes : Époque ré|iublicaine, solde
annuelle de 125 deniers, pour la coiiors praetoria du
général''*. César double la solde des légions; la même
mesure doit s'étendre à la cohors praetoria ; le stipen-
dium est porté à 2.50 deniers par tête"'. Sous Auguste,
cette somme est élevée successivement à 300 deniers'"
et, à la tin du règne, à 750 deniers (3 stipendia). Le
quatrième stipendium, ajouté par Domitien, nous
conduit, pour son époque, au total de 1000 deniers '\
Pour le iV et le m'' siècle, la progression de la solde
des prétoriens ayant été constamment parallèle à celle
des légionnaires, comme le prouvent tous les textes rela-
tifs aux libéralités impériales envers l'armée, nous ad-
mettrons que Commode ajouta aux 1000 deniers un nou-
veau sa'/je/u/<uwi, soit 1250 deniers"; Septime Sévère
18 aurei ou 450 deniers, soit 1700 deniers"; et enfin
Caracalla un dernier supplément qui porta la solde
annuelle des prétoriens à 2 500 deniers'".
Le sort des soldats des cohortes urbaines, toujours
d'après M. von Domaszewski, se serait pareillement amé-
lioré peu à peu. Au temps d'Auguste elles auraient reçu,
par tête d'homme, d'abord 250, puis 375 deniers^';
500 deniers après Domitien-^; b23 après Commode;
850 sous Septime Sévère, et 1250 sous Caracalla -^
Les différentes soldes successives des simples soldats
jusqu'à Dioclétien pourraient donc se résumer dans le
tableau suivant, qui reproduit à peu près celui qu'a
qui etiam [ljtna]sestertiii qwid nemo unquain principum militibus dédit. La corrcc
lion bina est de Jl. Domaszewski, loc. cit. p. 331 — 8 Corp. ins. lat. Vlll, 2353,
2304 ; .4nn. épifir. 1S98, 108 ; 1809, 00, etc. — 9 Loc. cit. p. iiô sq. — m l'olyb.
VI, 39. — "1 Tac. Oist. IV, 9. — 12 Tac. Ann. \, 17 : praetorias cohortes quae
binos denarios acceperint. — '3 Loc. cit. p. i-.;0. — 1* Le texte de Kcstus (£>!/.
p. i23 M) où il est dit r(uc Scipion emmena au siège de Numance une cohors
praetoria et qu'il donna ii cliarjne homme scxquiplex stipendium nous amène au
chiffre de 180 deniers annuellement, dont il faut déduire les fournitures en nature,
comme pour la légion. — 15 Tac . Ann. I, 8; Sucl. Aug. 100; Dio. LVI, 32;
LIX, i. — IC Von Domaszewski, p. 221, avec référence à Dion. (LUI, 11),
corrigé. — " Ib. p. 220. — 1» Ib. p. 230. — '9 llj. p. 230. —20 /4,
p. 333. — -il Ib. p. 220. Cf. Dio, I.IX .2. — 22 Ib. p. 2 S. — 23 Ib. 23«.
190
STI — loli —
dressé M. von Domaszcwski à la suite de son article :
STI
Légions
Prétoriens
Cohortes urbaines
République
75 deniers
li'a
■•
César
150
l'bO
■■
Auguste
225
Mi)
750
250
275
Doiuitien
300
lUOO
500
Coin m ode
375
1250
625
Sévère
500
1700
850
Caracalla
750
2o00
1250
La solde des centurions légionnaires était naturelle-
ment beaucoup plus élevée que celle de leurs hommes.
Au temps de Polybe, ils recevaient une somme d'argent
double des simples légionnaires'; mais l'importance de
ces officiers ne tarda pas à augmenter dans des propor-
tions considérables, si bien qu'au temps de la guerre
civile, d'après Appien-, ils toucliaienl non plus deux
fois, mais cinq fois plus que les simples soldats. Plus
tard, la solde s'accrut encore. M. von Domaszewski ^ se
basant sur le texte d'Appien d'une part, de l'autre sur
une inscription du début du m' siècle*, admet que le
mipenfiiiiin (quartier de solde) pour les centurions, au
début de l'Empire, est de 1-250 deniers, c'est-à-dire cinq
fois la rémunération d'un prétorien. Dès lors, il suffit de
se reporter aux différentes variations de la solde des pré-
toriens sous l'Empire pour avoir celle des centurions.
Au temps d'Auguste, ils auraient reçu 5 X 500 deniers
= 2500 deniers, s'ils n'appartenaient pas aux primi ordi-
nes, ôOOO deniers dans le cas contraire ; 5 000 deniers ou
10000 après Domilien; 6250 ou 12500 après Commode.
Septime Sévère n'aurait point amélioré ces derniers trai-
tements, puisque ce sont précisément là les deux sommes
qui figurent sur l'inscription à laquelle il a été fait
allusion quelques lignes plus haut et qui date de Cara-
calla \ La solde des prhnipUi parait avoir été, ainsi
qu'il est logique, du double de celle des primi ordines,
c'est-à-dire de 10000 deniers ^
Quant aux sous-officiers et aux officiers supérieurs
(principales), leur solde peut se calculer d'après la
hiérarchie qui existait entre eux : c'est encore M. von
Domaszewski qui a posé à cet égard les règles essentielles.
Il a montré que, dans les collèges militaires, la somme
payée sous le nom d'anu/ariuw aux vétérans qui les quit-
taient était en corrélation étroite avec la solde qui leur
était attribuée lorsqu'ils en faisaient partie et pouvait
servir à la déterminer'. Ainsi les immunes de rang
subalterne [corniceji, tubicen) recevaientla même somme
que les simples soldats (.500 deniers au temps de Seplime
Sévère). Les sous-officiers et les immunes qui leur étaient
assimilés [librarii, exacti, immunes attachés à Voffi-
cium du général en chef, du légat légionnaire, du préfet
de la ville), étaient payés une fois et demie plus cher
< Polyb. VI. 39. - 2 Uel. ci,: IV. 10». _ 3 /,„ lUngordnu.iy de, rom.
aeeres.p. I M. - t Corp. inscr. lui. III, 1U16. N„us „.. ponvous pas entrer ici dans
ia.liscuBsiondtfdéUiil. - 5 Von Uomaszcuski, Wc /M;i,or(/n„,ij, p. m. — i là.
p. IW. - - ///. p. 71. — » Vegcl. Il, 7; cf. von Uoraasienski, /oc. cit. p. 57
- ' 74. p. 7i. - .0 U. p. nu el I H. - Il C. i. t. XIII, 3102. _ 12 Les chiffres
(soit 750 ou 800 deniers). Les bénéficiaires avaient double
solde (1000 deniers) ; el les officiers en passe d'arriver
au centurionat (cornicularius, optio, aquilifer), triple
solde (1500 deniers). C'est aussi le taux de la solde attri-
buée au décurion d'une aile de cavalerie, au centurion
et au décurion d'une cohorte auxiliaire qui, eux aussi,
peuvent arriver de là au grade de centurion, tandis que
le duplicarius co/iorlis était payé deux fois comme un
légionnaire et le sesrjuiplicarius «/oe une fois et demie*.
Même gradation entre les ditVérentes charges des
principales parmi les prétoriens, en tenant compte
de la situation privilégiée faite à la garde impériale : au
temps d'Auguste, les sous-officiers recevaient 1125 de-
niers, les bénéficiaires, 1500 deniers, et les officiers
voisins en dignité des centurions, 2250 deniers'.
Pour les officiers stipérieurs au grade de centurion,
et dont lesfonclionsrenlrenldans lacatégorie des milices
équestres, il suffira de transcrire avec quelques petites
modifications le tableau récapitulatif que M. von Do-
maszewski a dressé de leurs émoluments'". Il l'a établi
en considérant d'une part la hiérarchie de ces différents
grades et, de l'autre, leur place dans la carrière équestre
avant ou après des procuratèles dont les appointements
sont connus [sexoijenariae, centenariae, ducenariae).
Tribunus Icg. seiuestris
25 000 sesterces".
Tribunus leg. angusticlavius
50 000 —
l'raeleclus caslrorum
sous Auguste 60 000 —
suus Domilien 80 000 —
sous Commode 100 000 —
Praelectus coliortis
plus de 25 000(40000?) '■■' —
l'raelectus alae
entre 50 000 el 60 000. —
Tribunus laticlavius
entre 6U 000 et lUO 000(80 000?) —
Tribunus vigilum
Id.
Tribunus cohortis urbanae
100 000 environ. —
Tribunus cohortis praetoriae
entre 100 000 et 150000(1 20 000?)—
Prinius pilus iteruiu
Id.
.\ous n'avons que peu de renseignements sur la solde
de l'armée après les réformes de Dioclélien. Les auteurs
n'en parlent presque pas; et dans le Code Théodosien '^
qui a consacré un livre entier à l'organisation militaire,
il n'est point question de slipendium, mais seulement
de commoda, c'est-à-dire des fournitures en nature
faites aux troupes, pain, vin, viande, huile, vêtements,
armes ; il n'y est fait mention d'argent que dans les cas
oi^i cet argent est destiné à remplacer des fournitures en
nature, de même valeur". C'est que, à cette époque,
en dehors desdites fournitures et de cadeaux extraor-
dinaires, il n'existait plus de solde pour les troupes'".
Le mot stipendium, lorsqu'il se rencontre au w' siècle,
désigne ce qu'on appelait antérieurement un rfo7ia/ù'(/ /H ".
Tant que les tribus durent verser elles-mêmes
l'argent nécessaire à l'entretien des légionnaires, c'est
entre pareullièscs sont ceux (|u'a liuet M. von Domaszewski dans son tableau.
— M Sur le sens du mol cf. Godefroid, C'O't. Theod. IV, p. 3t»i, à propos de la loi,
VU, l. 10. — li l'ar ei. Cad. Tlieod. Vil, li. +. — i; Cf. 0. Seeck, Gesch. de»
UtUergangs der antiken Well, II, p. iî4 et 339; Miiller, Philol. 1905, p. 623.
— 16 Par «. Amm. Marc. XVII, 9, 0 • XXIX, 3, 37; XXXI, II, I.
STI
i3i;
STI
naturellement aux tribuni aeraril qu'il appartenait de
payer la solde. Quand l'État eut pris la dépense à sa
charge, ce soin revint aux questeurs'. Plus tard, sous
l'Empire, où l'armée dépendait directement et unique-
ment du prince, les questeurs furent remplacés par les
procurateurs provinciaux-.
Il n'y eut point, au commencement, de terme fixe pour
l'opération. On payait aux légionnaires l'argent qui leur
était dû, soit tout à fait à la lin de la campagne, soit seu-
lement lorsqu'on avait récupéré sur l'ennemi l'argent
suffisant pour couvrir les frais de l'expédilion'*. Aux
derniers temps de la Uépublique, probablement sous
César*, on établit que les militaires loucheraient leur
solde trois fois par an, tous les quatre mois : le 1" jan.
vier, le l*' mai et le l'"'' septembre. La règle subsista
même après que Domitien eut augmenté d'un quart le
taux de la solde : les dates de paiement ne furent point
modifiées; la quotité de la somme touchée chaque fois
fut seulement élevée d'un douzième".
II. — Impôt. — Le premier soin d'un vainqueur, à la
suited'une guerre heureuse, est de prélever sur le vaincu
une contribution pécuniaire, qui le couvre amplement
des frais de l'expédition. Les Romains oni naturellement
appliqué ce principe^: ils condamnaient les peuples
soumis à supporter les dépenses qu'ils avaient faites
pour les soumettre : ceux-ci devaient même, pendant la
trêve qui précédait la paix, payer la solde des troupes
victorieuses '. D'où le nom de stipendium donné à la
contribution de guerre, puisque cette prestation est véri-
tablement vicloriae praemium ac puena bclti *. Le
terme, une fois passé dans l'usage, servit à désigner les
taxes imposées aux provinciaux, dont le pays était réuni
au domaine du peuple romain, comme signe de sa pro-
priété sur ce nouveau territoire, même lorsqu'elles
étaient employées à un tout autre usage que l'entretien
des troupes. Il devint synonyme d'impôt provincial. La
différence entre les deux mots qui caractérisent l'impôt
direct, stipendium et tribuliim, n'étant pas toujours
nettement observée par les auteurs, surtout à l'époque
impériale où ils arrivèrent à se confondre presque com-
plètement', il est très difficile de séparer l'étude du
stipendium de celle du tributum. Nous reviendrons
donc, à propos de ce dernier terme, sur cette matière
délicate et nous donnerons alors sur le stipendium,
impôt, les détails que comporte le sujet. R. Cagxat.
STIPS. — L'origine et l'étymologie du mot paraissent
avoir été inconnues des anciens. Varron le dérive, non
sans hésitation, du grec ctoi?/, : slips ab gto t ê/, fartasse
graeco verbo. Il le rapproche également du xerhe stipare:
a stipando stipem dicere coeperunl' . Festus exprime
la même opinion: stipem dicebant pecuniam si(/natam,
i/dod stiparelui'-. llesl peu vraisemblable que slips soit,
dans la formation verbale, postérieur à stipare: le con-
1 l'olyb. IV, 3!1; Uic. Verr. I, 15, 40; Pro Flacco, 44; Tac. Ann. XI. 2i.
— 2 Slrali. III, te: ; Dio. LUI. 15. — : Liv. V, 3i; VIII. i, iH; IX, 41 ; X. 46.
— * Marquardt, Or^oïi/i. financière, p. 119; MommseD, Epli. epigr. VII, p. 4^0 ;
cf. le papyrus de Genève de l'année 81 (v. p. 1313, note 4). — ■'■ Eph. epigr.
VIII, p. 4j8 (document qui dale de l'année 156). — 6 Cf. à ce sujet Uommscn,
Droit pvtlic Tom. IV, J, p. 364 sq. — '' Liv. V, 27, 3i ; IX, 41; Dionys.
VIII, 6S; IX, 17, 36, 59, etc. — 8 Cic. Verr. III, 6, IJ. — S Bouché-Leclercq,
Man. des Institutions romaines, p. ^33, note i. — Bibliographie. Le B-'au, De la
paye 'tu soldat légionnaire, dans les Mém. de l'.icad. des Jnscr. \L\, p. ISl sq. ;
bureau de la Malle, Économie politiqite des /ïomains, 1, p. 134 sq. ; Mommsen,
Die rôm. Tribus, p. 31 sq. ; Laogen, Ceber die Heeresverpflegung der Borner im
letzen Jahrh. der Ilepublik (Brieg, 16S0), H, p. 1 sq. ; von llomasiewski, Dfr Trup-
traire est plus probable. Le mot peut être rattaché à la
racine uxtê, d'où sont issus les mots (îTi'So;, cxtÇâç, cTiip oç,
cTispôç, etc. La notion fondamentale exprimée par
tous les mots de celte famille est celle d'un objet ou
d'une matière foulée, d'un groupe ou d'un tas compact.
Le sens primitif nous est indiqué à la fois par la
double définition de Festus et par un passage signifi-
catif de Tacite ". « Stipem dicebant pecuniam signatam :
— Stipem essenummum sif/naium testimonio est,e\.c., ■■
nous dit Festus. Quant à Tacite, il rapportequ'au moment
de l'inauguration du Capilole reconstruit par Vespasien,
passim injectae fundamentis argenti aurique stipes et
metttllorum primitiae nullis fornacibus victae, sed ut
f/ignuntur. Argenti aurique stipes, ce sont des pièces
monnayées ; metallorum primitiae, ce sont des lingots
bruts. Mais, à l'origine, les Romains ne monnayèrent que
le cuivre, et le mot stips fut d'abord appliqué aux as
tibrales'. Plus tard, il resta synonyme de aes ou aéra ',
et fut surtout employé pour désigner la menue monnaie,
modica aéra. Va texte de Pline l'.^ncien nous permet de
croire que le mot s'appliquait à Yuncia comme àl'rts'^ ; il
est vraisemblable qu'il pouvait servir également pour
les autres subdivisions de l'as. Le Cabinet des Médailles
possède un as romain qui porte au revers l'inscription
Fortunai slipe ''.
C'est du sens très ancien de menue monnaie que déri-
vent la plupart des significations, que le mot s//y« acquit
plus lard. Stips ou stipes, c'étaient les pièces de petite
valeur qu'on donnait soit aux mendiants, qui tendaient
la main aux passants sur le Pons Sublicius ', soit aux
membres des confréries Isiaques ou aux Galles de
Cybèle quêtant par les rues de Rome ' ; c'étaient encore
les pièces que l'on aimait par jeu à donner aux élé-
phants'". Tacite applique le mol à la distribution d'ar-
gent que Néron fit au peuple lors des ludi Juvenales ".
Mais le sens qui parait avoir élé le plus usuel fut celui
>■ d'offrande en pièces monnayées aux divinités »'^.
Chaque dieu, chaque temple semble avoir eu une caisse,
un trésor alimenté par de telles offrandes. Les textes des
écrivains et les inscriptions nous font connaître à Remo
une stips Apollinis '\ unestips CererisetProserpinae'^,
une stips Aesculapii et une stips Jovis Jui'arii''; dans
le sanctuaire de Diane duMons Tifata, voisin de Capoue,
une stips Dianae '8. Les pièces monnayées offertes à
ces divinités et destinées à grossir les trésors de leurs
temples étaient déposées, comme les epulae et les liba-
tiones, sur les mensae qui se trouvaient immédiatement
devant l'image du dieu ou de la déesse "'. L'as du Cabinet
des Médailles, que nous avons signalé plus haut, pro-
vient peut-être d'un temple de la P'orlune. Les fonds,
constitués par toutes ces offrandes, étaient employés en
œuvres diverses : on s'en servait pour desconslructions ",
pour ériger des statues", pour aciieler des terrains-".
pcnsold JerKaiserzeil, dans les iVeue Heidelberger Jultrbùckcr, X, IS, p. il8 sq. ;
Liebenara,art. Exercitus,àaas Pauly-Wissowa, /(en/encyciopai/ie, VI, col. 1669 sq.
STIl'S. 1 Varr. De ting. Int. V, 18i. — 2 6'. e. aiipem. — i Hittor. IV, 53.
— t Varr. toc. cit. — » bip. Dig. L, 16, I. 27. — « ,Y«(. Iiist. XXXIV, H : unciara
stipe collata. — ' Babelon, Traité des monnaies gr. et rom. I, p. 679. — * Sencc.
De vita beata, 25; Sucl. Aug. 91. — » Val. Mai. VII, 3, 8; Cicer. De Ug. Il, 9
cl (,;. — 10 Plin. Nat. hist. VIII, 3. — 1' Annal. XIV, 15. — 12 Sente. De benef.
VU. 4, 6; Epist. 113, 5. - 13 Liv. XXV, 12: Apul. De magia, 42. — H Jul.
Ohseq. Prodiij. lib. eu, ct., cxiii. - 15 Corp. inscr. lut. I, 1105 ; VI. 7; Besnier,
Uile Tibérine. p. 189 et 236. — ic C. i. /. X, 37S1. — " Macrob. Satum. III,
II. 16. - 18 Besnier, /. cit. - 19 C. i. l. XII, 839 1840 21s6 2378, 2388, 2526,
3,3V. _ 20 C. i. t. X, 37S1.
STI
— lol6
STI
Les pièces de monnaies, oITerles aux divinités des eaux,
élaient jetées dans les sources on les fleuves ; cet usage
était très répandu : l'expression stipein ou slipesjacere
n'est pas moins fréquente que stipein ponereK l'iine
le Jeune signale les nombreuses pièces visibles au fond
de la source du Clitumnus-. Sénèque mentionne les sli-
pps jetées par les prêtres dans les eaux du Nil, non loin de
Piiilae \ Plusieurs trésors de monnaie onl été trouvés
au fond de sources sacrées, par exemple à Vicarello en
Italie ' ; dans la fontaine de la Dea Covenlina ou
Conventina à Procolilia, le longdu îy/Z/mw Hadriani au
nord de la Bretagne ^ ; en bien d'autres points encore ^
Un autre sens du mol slips, qui souvent parait se
confondre avec le sens d' « offrande aux divinités », mais
qui néanmoins doit en être distingué, est celui de sous-
cription en vue d'une œuvre ou d'une cérémonie spé-
ciale. Parfois r(Cuvreou la cérémonie, à laquelle la 6//7>s
est destinée, a un caractère religieux : c'est, par exemple,
la construction d'un temple-, un leclisternium *, un
taurobol ium^ ; mais ce peut être aussi une œuvre pure-
ment laïque, des jeux '°, l'érection d'une statue", la
construction d'un pont'-, etc.
A ce sens de souscription spéciale, exceptionnelle,
s'oppose le sens de cotisation régulière que le mol a eu
également. Le terme slips menslrua est le terme en
quelque sorle officiel dont on se servait pour désigner
la cotisation mensuelle que devaient payer les membres
des collèges funéraires'^.
S/i/is ou .ç///;ps, c'étaient encore les étrennes en espèces
que les Romains se donnaient au début de l'année
[strenae] ; cet usage était courant ; Ovide le signale dans
[esFasles'^, et Caligula sut en profiler pour extoniuer
à ses courtisans des sommes considérables ''.
Enfin il est possible que le mot s/(/js ait signifié:
amende en numéraire. Mais le texte de Valère Maxime"^
où il semble avoir ce sens, paraît être corrompu ; dans le
membre de phrase : nodosam exsolvile slipeni, le mot
nodosa est très douteux. Slips peut avoir été employé
ici dans le sens de <i contribution. » 11 s'agit dans le pas-
sage bien plus d'un impôt sur les célibataires que d'une
amende au sens pénal du mot. J. Toltain.
STIPIILATIO. — Ce terme du droit romain a une
double acception : il désigne soit une forme de contracter,
soil le contrai qui résulte de l'emploi de celle forme.
L'usage de la stipulation est une conséquence du prin-
cipe de l'ancien droit, d'après lequel l'accord des volontés
ne suffit pas pour créer une obligation. Le simple pacle
n'est pas sanctionne par la loi; il doit en général être
revêtu d'une forme solennelle. La plus répandue est celle
de la stipulation'. Elle a pour but, comme son nom
l'indique, de rendre ferme l'engagement contracté '-.
1. — Formes de la srii'iLATioiv. — La stipulation consiste
en une interrogation du créancier suivie d'une réponse
IS.:n. De lieiief. VII, k, 6; Suijl. Aug. 75 - 2 plin. Epist. Vlil, 8.
— 3 Sencc. Quaent. uni. IV, i, 7, — * L. Marclii, La stifte tributata aile acque
ApoUinari; cf. L. Milaor, /Uritta ilal. di iiumism. IV (1691), p. i7. —S A>A.
Epifir. III, p. 3l4-3ir. ; Hermès, XII (IS7G), p. S57 s(|. - « Babelon, Traité
des monnaies ijr. et rom. I, p. «73.074. — 7 Ovid. Fast. IV, 351 ; C. i. l. Il, 5439 :
^ I.XXll. — 8 Macrob. Snt. I, C, 13. — 9 f. i. l. XII,43J1. — 10 plin. Nat.
lisl. XXXIII, 48. — Il Id. Ibid. XVlll, 4; XXXIV, 11. — lï c. i. l. Il,
70U. - 13 Ùi,,. XLVII, Si, I. 1 ; C. i. (. XIV, ill2 ; Wallziiig. Et. kislor. sur
tes corporations professionnettes chez tes Itoniains. I, p. I4i-I43, p. 451-453.
- il 1, 189 si|. — li Sud. Calig. 4i. — l« Val. Max. Il, 9, 1.
STII'l/'I.ATIO. — 1 L'usage de la slipulalion au vi' siècle de Rome csl allcslé
par l'Iaule. ftud. V, 3, 2i el par le s^'nalus-eonsullc des Bacclianales de 568 ; Corp.
inscr. lit. I, 193, I. 13. — l'aul. .SVn(. V, 7, 1 : Stipulum.... reteres firmum
concordante du débiteur', l'une et l'autre conçues en
termes consacrés'. La stipulation exige la présence des
parties, mais non celle de témoins solennels comme
il est de règle dans la mancipatinn. Les contractants
doivent être capables de parler et d'entendre, ce qui
exclut les muels,les!/!/"o?!/t's et les sourds". Il faut aussi
que la réponse suive immédiatement la demande : l'acte
doit être accompli sans désemparer (conliittitts aclus)'^ ;
on ne tolère qu'un bref intervalle ''.
Anciennement, le terme consacré pour la demande et
pour la réponse était celui de spondere^. Le créancier
demandait : ccnlum dare spondesne'^Le débiteur répon-
dait : centum dure spondeo. Le mol spondere, dont
l'élymologie rappelle un acte religieux, une libation'
{u-KivZeiv = fuîidere), désigne uniquement à Home un acte
formel de volonté'". L'usage en était réservé aux
citoyens romains ; une seule exception était admise pour
la conclusion d'un traité entre le peuple romain et une
nation étrangère". Mais d'assez bonne heure on admit
des équivalents : dabis ? promiltis f fideprotniltis ? fide-
Jubes? faciès'^ On pouvait même s'exprimer en grec '^.
Dès lors, la stipulation devint accessible aux pérégrins.
La distinction entre les formes de la stipulation n'a pas
perdu son intérêt pratique depuis l'édil de Caracalla qui,
en 2liJ, accorda la cité romaine aux pérégrins. La portée
de cet édit est loin d'être aussi large qu'on l'avait cru
jusqu'ici sur la foi de quelques textes''. Un papyrus du
musée de Giessen, publié récemment ", prouve que l'édit
ne s'appliquait pas aux déditices. Celte catégorie de per-
sonnes est formellement exclue par Caracalla : elle com-
prend les pérégrins habitant les régions qui n'étaient pas
organisées en cités, et soumis à l'impôt de capitation '°.
Telle était en Egypte la situation de la classe inférieure
de la population indigène ; le régime municipal, introduit
par Sévère en 202 dans cette partie de l'empire, n'y a
reçu qu'une application restreinte.
Au 111° siècle de notre ère, le formalisme fut atténué,
dans la stipulation, de plusieurs manières. On n'exige
plus que la réponse concorde exactement avec la
demande : les parties peuvent employer chacune un
terme difTérent'^ Si le débiteur promet une quantité
plus forte ou plus faible que celle qu'on lui a demandée,
la stipulation n'est pas nulle : elle vaut jusqu'à concur-
rence de la quantité la plus faible ". De même on valide
les pactes qui précèdent ou qui suivent la stipulation :
on les considère comme faisant corps avec elle'*.
Le formalisme fut atténué surtout par l'usage de rédi-
ger par écrit les conventions ". Cet usage, emprunté à la
Grèce, facilitait la preuve en justice; mais à Rome, où
l'on joignait au chirogvaphum une clause de stipulation
(stipulutio subjecln) -", il eut un autre avantage : il dis-
pensait en certains cas de prouver que les paroles de la
stipulation avaient été prononcées. Lorsque l'écrit avait
apiiellaverunt ; cf. /nst. III, 19 pr. D'autres êtyniologies ont été proposées par
Isidor. Orig. V, 24, 30 ; Fest. vo slipem. — 3 Ulp. Diy. XLV, 1 , 1 pr. — * Pompon.
eod. 5, I : verltorum conccptio. — ■• Gaius, IV, 105-109. — ti Venul. Dij/. XLV, I.
137 pr. —7 L'Ip. eod. 1, 1. — » Gaius, III, 92. — « Honier. /liad. Il, 339; III,
155. L'usage des libations dans les temples de l'Egypte subsistait encore à l'époque
romaine. Un papyrus du musée gréco-romain d'Alexandrie {a« 122) de l'an 65 de
noire ère mentionne le «noySsiov ; cf. Vilelli, Mél. Châtelain, p. 288. — 10 Varro,
Linij. lai. VI, 7, (10. Cf. loi de Gorlyne, S§ 25 et 30. — U Gaius, III, 94. — 12 7ft,rf.
93. _ 13 LIp. Vin. '. 5, 17; Dio Cass. 77, 9, 4: Augustin. De civit. Dei, 5, 17.
— U Oriech. l'apyri im .Muséum des fJberhess. Geschichtsi'ereins zu
Uiesseii, 1910, I. 2, n' 40, 1. 8-9. — 1= Cf. l'aul M. SIeyer, ibid. p. 30. — 16 Ulp.
Dig. XLV, 1, 1, 2. — 17 ibid. 1, 4. — 18 Paul. eod. 134, 3 ; Dig. Il, 14, 4, 3 ; XII,
1, UI pr. -13 Cic. P. Caec. 18, 51 ; .4(; Alt. XI, 17, 2. — 20 Paul. Dig. XLV, I,
STI
— 1517 —
STI
élé rédigé par le débileur ou en sa présence, on présu-
mait que la stipulation avait eu lieu ' ; lorsque l'écrit
constatait la promesse du débiteur, on présumait que le
créancier l'avait interrogé^. Le mot stipulation est
employé par Ulpien pour désigner l'écrit {inslrumen-
lum}^. Désormais, la forme antique n'est plus indis-
pensable : la présence des parties est seule nécessaire.
La stipulation ainsi modifiée s'introduisit dans les
pays de civilisation grecque. On la trouve en Egypte,
appliquée à un contrat de mariage, dans un papyrus
d'Ûxyrhynchos de l'an 170 de notre ère'. On l'employait
parfois pour confirmer des actes juridiques autres que
des conventions, par exemple des testaments, dans un
papyrus du Fayoum, de l'an 235 \ Ici également, on
confondait la stipulation avec l'écrit ''.
Au Bas-Empire, une constitution de Léon de 472 sup-
prima les paroles solennelles '; la présence des parties
à l'acte n'est même plus nécessaire : il suffit d'être pré
sent dans la cité le jour où l'acte a été rédigé '.
H. — Caractères et objet de la STiPiLATroN. — La sti-
pulation est un contrat unilatéral par lequel une personne
(promissor) s'oblige envers une autre [slipulator). A
l'origine, cette obligation devait avoir pour objet une
somme d'argent déterminée. On put ensuite promettre
une chose certaine autre que de l'argent, par exemple,
telle quantité de blé, un fonds de terre ; puis on valida
les stipulations qui avaient pour olijet un fait ou une
abstention '. Dès lors, la stipulation s'appliqua à toute
sorte d'obligation.
La stipulation est un contrat de droit strict. Lorsqu'on
l'invoque en justice, le juge a un pouvoir d'appréciation
limité par les termes de la formule délivrée par le magis-
trat et qui reproduit elle-même les termes de la stipula-
tion '". Par exemple, le débiteur d'un corps certain n'est
tenu que de son fait actif " : il ne répond ni des cas for-
tuits ni de ses négligences. Le juge ne peut, d'après les
Proculiens, tenir compte des faits postérieurs à la de-
mande : satisfaction fournie par le défendeur'-, perte
fortuite de la chose. Il ne pouvait même au début recher-
cher si le débiteur avait été victime d'un dol ou dune
violence'^ [jirisco.nsulti, p. 72il].
Avec le temps, le caractère strict de lu stipulation fut
atténué par l'insertion de la clause de dol dans la formule
du contrat "•. Le débiteur promettait de s'abstenir de tout
dol dans l'exécution du contrat, soit dans le présent, soit
dans l'avenir. Cette clause conférait au juge un pouvoir
d'appréciation analogue à quelques égards à celui qu'il
avait dans les actions de bonne foi : il pouvait tenir compte
des événements que les parties n'avaient pas prévus ' '.
III. — Modalités de la stipulation. — La stipulation, à
la différence des actes juridiques de l'ancien droit
romain [aclits legitinii), comporte l'apposition d'une
modalité, telle que le terme, la condition, l'allernative,
Vaccessio personne. Pour le terme et l'alternative, voir
i3i, 2. Ulp. ùi,,. II. I i, 7, \1. Papyrus du Louvre, n' .\XI bis. — 1 Ulp. ùiy. XLV,
1, 30. Cr. In.U. III, iO, S. — 2 Paul. Stnl. V, 7, î. Scv. Carac. Cod. Jusl. Ylll,
38, 1. — 3 Ulp. Dirj.W, 13, 1,4 : JCUere stipulationem loiam ; cf. ConslanLin. Cod.
Jiist. IV, 32, i5, où la sliputalioil est appelée chirographum. — ♦Grenfell-Hunl,
The Oxi/rhynchos l'apyri, VI, 90.5. — ô Wcsscly, ^'iener Studien, I.X, 2*1.
— c Paul. Diy. XVI, 3, iii, I. Papyrus .Nicole, Jiav. de philologie, XX, 50, I. ii.
Papyrus grecs du Muséedu Louvre, n" XXI bis, I. 30 ; Aetjyptische L'rkunden ans den
K. Museen zu Berlin, Gr. U. 1, 3i9. — T Cod. Jmt. VIII, 37, 10. — « ihid. 14,
2. — « Imt. III, IS, 7; 19 pr. 1, 2 cl 22. — 10 Oaius, IV, S3. — H Paul. là,/.
XLV, 1, 91, 3. — 12 Les Sabinicns ont fait prévaloir l'opinion contraire : onmia
jitdicia esse absohiloria, Uaius, IV. 1 14. — l3Cf. Edouard Cuq, Inslilul.Jiirid. des
dies, p. 177, et jioDUS, p. 19."59. Il y a «rce.ç.s/o iiemouae
lorsqu'on stipule pour soi ou pour un tiers '". Ce tiers,
adjeclus solationisr/ra/ia, estune sorte de mandataire ",
chargé éventuellement de recevoir le paiement avec ou
sans obligation de rendre compte'*.
La condition est un événement futur et incertain
duquel les contractants font dépendre la perfection ou
l'extinction de l'obligation. Cet événement ne doit pas
consister en un fait impossible, illicite ou immoral, à
peine de nullité '^ Il ne peut non plus dépendre de la
pure volonté du débiteur : la condition si voluero exclut
l'intention de s'obliger^". La stipulation sous condition
suspensive n'est pas, dans l'opinion qui a prévalu, con-
sidérée comme inexistante tant que l'événement prévu
reste incertain -' : elle produit divers eflets ; par exemple,
elle confère un droit transmissible aux héritiers; elle
permet au créancier de prendre des mesures conserva-
toires". Mais le créancier ne peut invoquer en justice
un droit qui n'est pas parfait -^ ; de son côté, le débiteur
qui par erreur paie la dette peut répéter l'indu ^'. Si la
condition ne se réalise pas, la stipulation est non avenue.
Si elle se réalise, la stipulation devient parfaite : elle
prend la dale du jour oii les parties se sont mises d'accord.
La condition extinctive n'a pas d'effet d'après le droit
civil; mais en vertu du droit Prétorien, le débiteur peut
paralyser par une exception l'action que le créancier
exercerait contre lui, contrairement à la convention -°.
C'est ce qui a lieu dans le cas d'une stipulation de rente
viagère.
IV. — Sanction de la stipulation. — La stipulation a
été de bonne heure sanctionnée; elle l'était au milieu du
v= siècle de Rome : le second chapitre de la loi Aquilia
prévoit une fraude commise au préjudice du stipulant
[lex, p. H30, n. 8, 16 à 19j. Quelle était à cette
époque la procédure à suivre pour faire valoir l'obliga-
tion résultant de la stipulation? La question est dis-
cutée-''. Il est douteux qu'on ait eu recours à l'action di;
la loi par serment. La stipulation donne naissance à un
droit très différent de celui qui se forme per aes et
libram en vertu d'un nexum. Il est vraisemblable qu'on
employait l'action de la loi per condictionem, créée par
la loi Silia pour sanctionner les dettes d'argent certaines
{acVioa certae peciiniae), puis étendue parlaloi Calpurnia
aux dettes qui ont pour objet une chose certaine autre
que de l'argent {condiclio Iriticaria] [lex, p. 1164, n. 20 ;
113.3, n. 7]. Cette action ne sanctionne que les stipulations
certaines, celles où les paroles prononcées font connaître
quelle est la cliose due, quelle en est la qualité et la quan-
tité ^\ Les stipulations incertaines furent d'abord sanc-
tionnées indireclement par une stipulation de peine,
puis directement par une action nouvelle, l'action ex
stipulntu qui existait au début du vu' siècle de Rome (loi
Rubria, c. 22 : lex, p. 1162, n. 14;. Cette action confère
au juge le pouvoir d'estimer l'intérêt du demandeur, de
Romains, II, 3"i, n. 3. — H Cette clause figure toujours dans les slipuiations
prétoriennes et judiciaires ; elle est d'usage dans les slipuiations conven-
tiounelles. — ISJul. Dig. XLV, 1, 53. — 16 Paul. Dig. XLIV, 7, 44, 4. — n Jul.
tlig. XLVl, 3, 51), 2. Gains, eod. 106. — 1» Scœv. eod. 131, 1. — '9Caius. III, 97.
98. _ 20Ulp. Dij. XLV, 1, 17; Paul. eod. 46, 3. — 2i Ulp. Dig. XLIV, 7, 42;
Paul Dig. XLV, 3, 26. - 22 Gains, Dig. XXXV, 2, 73, 1; Paul. ftiq. XVIII,
1, 8 pr. Papin. llig. XLII, 0, 4 pr. — 2' Marc. Dig. XXI, 13, 3. lien est ainsi
même dans la stipulation préposlére dont Justinien admit la validité, Inst.
m, 19, 13. Cod. VI, 23, 23. — 21 Pompon. IHg. XII, C, 16 pr. — '25 Paul.
Diij. XLIV, -, 44, 1. — 2iiCf. E. Cu.|, rip. cit. |2, 212, n. 3. — 27 Gains,
Dig. XLV, I, 74.
STl
~ lîilS
STI
tenir compte des fruits et des inlérêls moratoires,
comme dans une action de bonne foi'.
V. — Applications de la stipilation. — On ne citera
que les principales, en distinguante elles qui résultent de
la volonté des parties islipulations conventionnelles), et
celles qui sont imposées par le magistral ou par le juge-.
A. Stipulations conrentionnel/es. — 1° La stipula-
tion sert ;\ rendre obligatoires des conventions qui par
elles-mêmes n'ont pas de valeur juridique.
n) Pacte de donation [dunaïio. p. 384]. Au Bas-
Empire, Juslinien lit de la donation un pacte légitime;
dès lors la promesse de donner fut oliligaloire indépen-
damment de toute stipulation ^
b) Promesse d'une dot [nos, p. 395]. La stipulation
peut être remplacée par une forme plus simple, celle
de la (lotis dictio. Ici encore, le simple pacte a été rendu
obligatoire par une constitution de Tliéodose le Jeune '.
c) Promesse de restituer la dot. Celte stipulation eut
d'abord une application restreinte au cas de répudiation
{cautio rei nxoriae ') ; le mari promettait, lors de la cons-
titution de la dot, de restituer, en cas de répudiation, la
i-es u.voria, c'est-à-dire les biens acquis du chef de la
femme, soit à titre de dot, soit par l'effet de la maniis.
Sous l'Empire, le mari s'engage à restituer la dot, quel
que soit le mode de dissolution du mariage'"'. A cette
époque, la restitution peut avoir pour objet la totalité de
la dot " ; on ne sait s'il en était de même à l'époque anté-
rieure, ou si le mari devait rendre seulement la quotité
fixée par un arbitre*. Depuis Justinien, cette stipulation
est sous-entendue et sanctionnée par une action exstipu-
latii, transmissible aux héritiers et qui ne comporte
aucune retenue, si ce n'est pour les impenses néces-
saires '.
d) Stipulation d'annuités payables pendant un temps
limité. Telle est la stipulation anima, bina, trima die,
usitée pour la restitution des quantités composant la dot
(denrées, argent monnayé). Le mari les restitue par tiers
dans un délai de trois ans depuis la dissolution du ma-
riage'". Cette faveur lui est refusée quand le divorce a
lieu pour adultère; pour toute autre faute, le délai
est réduit de moitié" [divorthm, p. 323; lex julia,
p. 1149. n. 10].
e) Stipulation de rente viagère. Le créancier stipule
une certaine somme payable chaque année, durant sa
vie. Cette stipulation était, en théorie, perpétuelle'-, car le
terme n'était pas à Rome un mode d'extinction des obli-
gations. Mais le débiteur avait la faculté de paralyser,
par une exception de pacte, l'action que les héritiers du
crédi-rentier auraient exercée contre lui". Lorsque le
créancier était obligé d'agir en justice pour réclamer
une annuité échue, il devait avoir soin de faire insérer
une praescriplio dans la formule pour se réserver le
droit aux annuités subséquentes'''. A défaut de celle
précaution, son droit était épuisé [litis contestatio .
f, Stipulation d'intérêts. Le prêt étant un contrat à
l PapiD. il, Quae&t. IHy. XXII, I. i pr. — 2 Porapon. 27 atl Sab. Dig. XLV,
I, 5 pr. — 3 Cod. Ju<t. IV, il. 17. — » Cod. TUeoâ. III, 13, 4. — 5 A. Uell. IV, 3.
— « Val. Call. Cod. Jtut. V, IS, 5; Just. Cod. V, 13, I, 4 el 6. — 7 Afric. 7, Quœst.
Oij. XXIV, 3, 33. Cod. Just. V, 13, I, 7. — » Boct. lilj. VI, in Cic. Top. 17 |G5 ; cf.
Edouard Cuq, Inttitutiont juridiques, t. Il, p. 109. — 9 Inst. IV, 6, 37. — '0 L'ip.
Reg. VI, 8. Paul. Dig. XLV, 1, liO, I. — 11 LIp. Iteg. VI, I2cl 13. — 12 Pompon.
Dig.W.V, 1,10, t.— 13 Jul. 52, Dig. XLI, I, 56,4. — U Gaius, IV, 131.— l-îPlaul.
Hud. V, 3, 22. Cf. sur l'usage du pari, Jobbé-Duval, Éludes sur l'hist. de ta
procédure cioile chez les Rom. I, 35. — 16 Cf. Scaev. Dig. XLVI, 3, 68. Ccrlains
auteurs pensent que celle stipulation est conclue par le banquier avec les ache-
titre gratuit, le prêteur ne peut exiger d'intérêts qu'en
vertu d'un contrat spécial, d'une stipulation jointe au
muluum [mutuum, p. 2132]. Par exception, la stipu-
lation est inutile et le simple pacte suffit pour rendre
productifs d'intérêts les prêts consentis par des cités,
ainsi que le prêt à la grosse ^nalticim foems, p. 13].
g) Pari '^ et dette de jeu. La stipulation d'une dette de
jeu n'est admise par la loi que pour les jeux de force et
d'adresse (rirlutis causa) [lex, p. 1138, n. 111.
/(} Stipulât io ai'ffenfaria, conclue par le banquier,
chargé d'une vente aux enchères, avec le propriétaire
des objets vendus. Lorsque le banquier ne lui paie pas
comptant le produit de la vente, il promet de lui en payer
le montant, sous déduction d'une commission {cpnle-
sitna). Celte stipulation''^ est mentionnée dans la lex
metalli Vipascensis'^' ,&iAiinîi les tablettes d'un commis-
saire-priseur de Pompéi '*.
/; Promesse de constituer une servitude '% ou de n'en
pas empêcher l'exercice ^° [servitus, isusfricti'S .
2° La stipulation sert à préciser les obligations résul-
tant de certains contrats, tels que la vente et le mutuum.
C'est la stipulation debiti'-'. Le créancier stipule le prix
de vente ^-, le montant du prêt et des intérêts-^ Cette
stipulation accessoire facilite la preuve en justice; elle
est sanctionnée par une action qui diffère de celle du
contrat principal lorsqu'il est de bonne foi comme la
vente. Jointe au mutuum, elle sert en même temps à
faire courir les intérêts. L'efficacité de la stipulation était
subordonnée à la réalisation du prêt, quand le promet-
tant s'était engagea rendre la somme prêtée -'. Si, aucon-
traire, on avait stipulé l'objet du prêt, le promettant était
tenu même s'il n'avait pas reçu l'argent ; il pouvait toute-
fois réclamer sa libération ou opposer une exception de
dor-\
3° La stipulation sert à transformer une obligation pré-
existante. C'est la stipulation novatoire-*. Elle a lieu
tantôt entre les mêmes personnes, tantôt entre personnes
différentes. Dans le premier cas, on transforme un con-
trat de bonne foi en un contrat de droit strict en vue de
restreindre le pouvoir d'appréciation du juge; ou bien
on modifie l'obligation antérieure en ajoutant ou en
retranchant un terme ou une condition ^'. Dans le second
cas, lastipulationnovatoire permet de prendre à sa charge
la dette d'autrui ^ex7J;'om/.s's/«)[iNTERCESSio,p. ool, n. 15].
Pour être valable, la stipulation novatoiredoit avoir le
même objet que l'obligation antérieure-*; la forme seule
de l'obligation est changée. Mais celte condition a été
atténuée vers la fin duii' siècle de notre ère; on peut sti-
puler la valeur pécuniaire de la dette primitive-'. Au
Bas-Empire, l'identité d'objet n'est plus exigée: on peut
augmenter ou diminuer la quantité due ■"'•, et pour savoir
s'il y a substitution d'une dette à une autre, ou création
d'une obligation co3xistant avec la première, il faut re-
chercher si les parties ont exprimé la volonté de nover ".
La stipulation novatoire a pour effet d'éteindre l'obli-
tcurs. Cf. sur celte question, Karlowa. Rôm. Reclilsgesch. l. I, p. 804; i. II,
p. 26. — 17 Corp. inscr. lai. II. 5181, 1. 1 ; cf. Flach, .Youi-. Réf. Hist. de droit,
1ST8, p. 635. — 18 Corp. in-cr. lat. IV, n» I, IV, V. etc. : mercede minus. Cf.
Cailleraer, .Voui\ Rev. hist. de droit. 1877. p. 401. — 19 Cato ap. Paul. Dig. XLV.
1, i, 1 ; Ulp. eod. 72 pr. CL pour les fonds provinciaui, Gaius, 11, 31. — 2« Jul.
ap. Ulp. eod. 38. 6; Pompon, eod. Itl. — 2i AIL Dig. XVII, 2. 71 pr. — M Corp.
inscr. lat. III, p. 396. 941, 94.H. 95».— 23 /6id. vol. III, p. 935. CL i'Ua. Bist. nat.
XXXIll, 1,28. — 2lPaul. Lig. \ll, I, 30. — 2S Uaius, IV, 116; LIp. Dig. XLIV, 4,
2, 3. - 25 Vlp. Dig. XLVI. 2, I pr.— 27 Gaius, III, 177, 179. —28 LIp. Dig. XLVI,
2, 4. - 29 Papin. eod. 28. — 30 Cod. Just. VIII. 42. S. — 31 Jnst. III. 29, 3.
STI
1SI9 —
STI
galion antérieure et de créer une obligation nouvelle'.
Avec la dette antérieure s'éteignent les sûretés person-
nelles ou réelles qui pouvaient en garantir l'exécution -.
La novation produit un autre efTet: elle arrête, s'il y a
lieu, le cours des intérêts de la dette primitive'.
Parmi les stipulations novatoires, il faut mettre à part
la stipulation AquHienne\ dont la formule a été com-
posée par le jurisconsulte Aquilius Gallus [jurisconsilti,
p. 718, n. 17]. Elle s'applique non seulement aux obli-
gations, mais aussi aux droits réels; elle se compose
d'une stipulation et d'une acceptilation: la première sert
à transformer en une créance unique tous les droits réels
ou de créance qu'on a contre une personne ; la seconde
à éteindre la créance ainsi formée. On l'emploie par
exemple à la suite d'une transaction, ou lorsqu'on veut
donner décharge à un mandataire général à la (in de
sa gestion". Il s'agit le plus souvent d'un droit liti-
gieux.
La stipulation novatoire peut également servir à faire
une tlélégution: un débiteur donne à son créancier ou
à la personne qui lui est désignée un autre débiteur qui
s'oblige à sa place". C'est la delegalio c/ebiloris, qui
exige le concours de trois personnes : le délégant qui
prend l'initiative de l'acte, le délégataire qui en bénélicic,
le délégué qui s'obligea la place du délégant. Cette délé-
gation se dislingue de la delegalio pecuniae, dans
laquelle le délégué, au lieu de s'obliger, fait un paiement
au déiégataire pour se libérer envers le; délégant'.
La délégation, usitée dès le temps de Caton r.\ncien'',
se faisait souvent par l'intermédiaire d'un banquier.
Elle permettait aux commerçants de faire ou de recevoir
des paiements partout où leur banquier avait des corres-
pondants. Les papyrus en contiennent de nombreux
exemples. Les contribuables payaient leurs impôts par
une délégation donnée au percepteur sur leur banquier ;
le percepteur, à son tour, faisait ses versements aux
caisses publi([ues par l'intermédiaire de son banquier '.
4° La stipulation sert à créer une obligation au jirolil
de plusieurs personnes qui ont un droit égal (correi sti-
pulandi), ou dontl'unc est un créancier principal, l'autre
un créancier accessoire (adstipulalor). Dans le premier
cas, la stipulation est faite dans une forme spéciali' :
chaque créancier interroge le promettant qui ne doit
répondre qu'après la double interrogation '". L'obligation
ainsi formée est appelée corréale ou solidaire. Elle con-
fère à chacun des créanciers le droit d'agir pour le tout
contre le débiteur commun, mais le paiement fait à l'un
libère le débiteur à l'égard des autres" qui perdent
leur droit. Il y avait là un risque pour les créanciers. Ce
risque était écarté lorsqu'il existait entre eux une com-
munauté d'intérêts résultant par exemple d'une société;
en pareil cas, le créancier qui avait reçu le paiement
devait partager avec les autres.
Vadstipulalor esl une personne qui stipule à côté du
stipulant principal en qualité de mandataire'^. On a
conjecturé qu'anciennement ce mandat était donné pour
le cas où le mandant serait empêché d'agir en justice:
) Gains, 111, 176. — 2 Hanl. Dig. XLVI, 2, IKcli9; Carac. Cod. Jiml. Vlll,
40, 4. — 3 Papiii. Diij- XLVI, 2, 27. — 4 Ulp. Dig. Il, 15, 2; Taul. eod. i:i.
- ■ lust. III, 29, 2; Flor. VUj. XLVI, 4, 18, 2. — 6 Ulp. fliV/. XLVI, 2, 11.
— ^ Jul. Dig. XVI, ï, 19,5; Ncrat. ap. Ulp. Dig. XXlll, 3, 5, 8. — » Calo, De re
rust. 146. —9 Cr. frcisigkc, Girowesen im griech. Aegypten, 1910. — '» Inst.
III, 10 pr. — Il Javol. ûig. XLV, 2, 2 ; Veni.1. Dig. .XLVI, 2, 31, I ; cf. Lai), ap.
Paul.Z»i!/. Il, 14, 27 pr. — liUaiiis, III, 110, 111 ; Cic. In Pis. 9: l'Iin. Uist.nat.
c'était un moyen d'écarter la règle qui défendait d'agir
en justice au nom d'aulrui [leois actio, p. 1094,
n. 14"j : Vadstipulutor faisait valoir une créance qu'il
avait personnellement acquise. Au ii° siècle de notre ère,
Vadsti/julatio n'a plus qu'une application restreinte : elle
est employée pour rendre valable une stipulation post
morlem siiain'^. Le droit d'action acquis par le stipulant
accessoire ne compte pas dans son patrimoine"; il est
intransmissible à ses héritiers: il doit être exercé dans
l'intérêt du mandant. Vadstipulatio a disparu lorsque
Justinien a validé les stipulations^^o.s'/ mortem'^.
5° La stipulation sert à fortifier le droit du créancier,
lorsqu'il se fait promettre la même prestation"^ par plu-
sieurs débiteurs solidaires [correi promittendi) ou par
un débiteur principal et par des cautions (adpromissores).
Dans le premier cas, chacun des codébiteurs est tenu
pour le tout, mais le paiement fait par l'un libère les
autres ''. Ici, comme pour la solidarité entre créanciers,
il importe de savoir s'il y a communauté d'intérêt entre
les codébiteurs; lorsqu'ils sont associés, celui quiapayé
toute la dette a un recours contre les autres. Pour le
cas à'adproinissio, voir l'article inïercessio, p. .')5i.
6° Stipulation de peine. C'est en général une stipulation
accessoire qui confère au créancier un droit à une indem-
nité, fixée à forfait, en cas d'inexécution de l'obligation
principale. A l'origine, l'inexécution d'une promesse
était traitée comme un délit; le débiteur était frappé
d'une peine tixée par les parties lors du contrat. Sous
l'Empire, lorsque la jurisprudence distingua les idées
de peine et d'indemnité, on conserva l'usage de la sti-
pulation de peine, qui subsiste encore en droit moderne
sous le nom de « clause pénale ». Elle avait l'avantage
d'écarter l'arbitraire du juge pour la fixation des dom-
mages-intérêts, avantage précieux lorsque l'obligation
avait pour objet un fait ou une abstention ". — Elle était
également employée pour faire un cowîyjrowi/s. On donne
ce nom à une convention par laquelle deux personnes
s'engagent à confier la décision d'un dilTérend à un
arbitre choisi d'un commun accord, à faciliter l'accom-
plissement de samission etàexécutersa sentence '".Cette
convention, subordonnée à l'acceptation de l'arbitre-",
était confirmée par des stipulations réciproques [com-
promiltere). — La stipulation de peine servait aussi à
valider la stipulation pour autrui et la promesse du fait
d'autrui-'. La stipulation pour autrui est nulle soit à
l'égard du tiers qui ne peut invoquer une convention à
laquelle il n'a pas pris part, soit à l'égard du stipulant
qui n'a pas en général d'intérêt pécuniaire^-. Cette der-
nière cause de nullité disparaît grâce à la stipulation de
peine qui prouve l'intérêt du stipulant. Il en est de
même pour la promesse du fait d'autrui: on la rend
valable en stipulant une peine pour le cas où le tiers n'ac-
complirait pas ce qui a été convenu. Dans les cas de ce
genre, la stipulation de peine forme le contrat principal:
le paiement de la peine est subordonné à l'inexécution
de la prestation stipulée pour autrui ". La peine est due,
même si le débiteur a été empêché par un cas fortuit
XXIX, 3; Ouinlil. /.!.!(. ora(. XI, 3. — 13 Gaius, III, 117. — iilljitl. 114. — 13 y;i5(.
III, 19, 13. — 16 Inst. 111, u; pr. : Uïia res i-crtilur; Paul. Uig. XLVI, 8, 14.
— n Ulp. Dii/. XLV, 2, 3, I ; XLVI, 1, 5. Il en était de méroe dans le droit baby-
lonien, à rùpoque de Hamraonrabi ; cf. Ed. Cui[, N. flev. hisl. de droit, 1910,
XXXVI, 44b. — 18 /,ist. 111, l;i, 7. — 19 Paul. JJig. IV, 8, 1. — 20 Ulp. eod.
IV, 8, 13, 2. — 21 y. Mue. Ùig. L, 17, 73, 4. Paul. Oig. XLIV, 7, 11. — 22Ulp.
Dig. XLV, 38, 17. — 23 papin. Dig. XLV, 1, 115, 2.
STI
1520 —
STI
d'accomplir le fait posé en'xondilion '. Lors, au contraire,
que la stipulation de peine 'pst accessoire, la peine est
due à moins que l'inext^cutibn résulte d'une cause indé-
pendante de la volonté du débiteur-. Sauf convention
contraire, cette peine ne se cumule pas avec l'obligation
principale ^ On permet seulement au créancier d'opter
entre les deux actions, et s'il a d'abord exercé la moins
avantageuse, il peut exercer l'autre pour le surplus ^
Quant aux dettes d'argi^nt, la peine se cumule, pourvu
qu'elle n'excède pas le taux légal de l'intérêt.
La stipulation de peine était facultative dans l'action
de la loi per condicionem : lo débiteur d'une somme
d'argent pouvait stipuler du créancier un tiers de la
somme réclamée, pour le cas où la demande serait mal
fondée: réciproquement, il devait promettre de payer
un tiers en sus, s'il était condamné: sponsioel reslipu-
lalio tertiae partis j^percondictionem actio].
7° Stipulations de garantie. — a) Garantie contre
l'éviction [tvicrio, p. 8G5]. Celte garantie donne lieu
à trois stipulations distinctes : 1° stipulation secundum
mancipium °. Elle est usitée lorsque l'acquéreur par
mancipation veut faire garantir par des cautions l'obli-
gation de l'aliénaleur de lui payer le double du prix s'il
ne lui prête pas assistance contre un tiers revendiquant;
:2'' stipulation du double, usitée dans la vente des l'es
inanctpi, réalisée par une simple tradition " ; 3°slipulation
rem habere licere, usitée dans les ventes de ?'es iiec ?iian-
cipi'. Ces deux dernièi'es stipulations assurent à l'ache-
teur un recours que la loi ne lui accordait pas avant la
fin du 11° siècle*. Dans l'une, l'indemnité est fixée à for-
fait au double du prix de vente; dans l'autre, elle est
égale au préjudice causé par l'éviction et varie suivant
l'appréciation du juge.
b) Garantie contre les vices rédliibitoires. Le vendeur
promet d'indemniser l'acheteur du préjudice que lui
causerait la découverte de vices non déclarés au moment
de la vente et qui rendent la chose impropre à l'usage
auquel elle est destinée \
c) Stipulations e/«/j;«e et venditae hercditatis. L'ache-
teur et le vendeur d'une hérédité stipulent respective-
ment, l'un que le vendeur lui transmettra tout le béné-
fice de la succession, l'autre que l'aciieteur l'indemnisera
de toutes les sommes qu'il débourserai titre d'héritier '".
d) Stipulations partis et pro parte. Le légataire par-
tiaire et l'héritier stipulent respectivement, l'un que
l'héritier lui tiendra compte des sommes payées par les
débiteurs héréditaires, l'autre que le légataire parliaire
l'indemnisera des sommes payées aux créanciers de la
succession" [legatum, p. d044].
B. Stipulations imposées pur le magistrat ou par le
juge. — 1. —Stipulation prétorienne. — Le Préteur
prescrit de faire cette stipulation, en vue de procurer à
une personne un droit que la loi ne lui accorde pas'^
C'est un expédient destiné à combler une lacune de la
loi. Elle est imposée parl'édil pour assurer la marche et
le résultat d'une procédure engagée devant le Préteur.
a) Stipulation de 25 sesterces. La procédure ;je;' spon-
sionem, usitée au temps de Cicéron et sous l'Empire, en
1 a. Paul. D,g. IV, 3, 18, .-i; IV, 8. 21, 9 ; IX, 2, 22 ,„■. - 2 L'jp. Diy. XI.V
1, 63. - 3 Paul. /;.,. XI.IV, I, 46. - *Jul. Dùj. .VVll, 1, 28 ; Ulp. Dig. X\l\,
2, H et 42; Papin. Dig. XXII, 1, 9 pr. —& Cic. Ad. AU. \, i ; C. i. I. 11,5042.
- 6 Varr. De re ,us(. Il, 10, 5. - ^ Ulp. Dig. XLV, I, 38 pr. ; Varr. De re rusl.
11,2, ô. — SJavol. 9 Episl. Dig. XLI, 3, 23, 1; Jul. Dig. XIX, 1, 11-14 Ulp
Dig. XXI, 2, 37 pr. - 9 Ulp. Dig. XXI, I, 10 pr. ; 1, 8; 14, 10; Plaut. Cure
cas de revendication, s'engage au moyen d'une stipula
tion faite devant le Préteur : le revendiquant stipule
2.J sesterces de son adversaire pour le cas où il prouve-
rait son droit d(> propriété '^ C'est une manière indirecte
de soumettre au juge le litige; les 23 sesterces ne sont
pas elFectivement payés : la sponsio est préjudicielle et
non pénale. Le montant de la stipulation est porté à
123 sesterces par la loi Crepereia, lorsqu'on plaide
devant les centumvirs '''.
6) Stipulation pro pruede lilis et vindiciarum. Dans
la procédure jier sponsionem, le demandeur stipule de
son adversaire une somme égale à la valeur du litige
[uTis AESTi.MATio. p. 127i)], poiir le cas où le posses-
seur condamné ne lui restituerait pas la chose et les
fruits perçus au cours du procès. Cette stipulation tient
lieu des praedes litis et vindiciarum de la procédure
par serment'^ [sackajie.ntijm, p. 933].
c) Stipulation judicatum solci. Elle remplace la pré-
cédente dans la procédure par formule pétitoire. Le
défendeur promet de payer le montant de la condam-
nation, de défendre au procès, de s'abstenir de tout dol
fcAUTio, p. 979 ; judicatum, p. 6i31.
d) Stipulation fructuaria. Cette stipulation peut être
rapprochée des précédentes bien qu'elle soit facultative.
Elle est usitée dans la procédure de l'interdit uti possi-
detis. Elle a lieu lorsque les parties ont fait régler la
possession intérimaire par le magistrat et qu'elle a été
adjugée à celui des plaideurs qui a ollert la plus forte
somme pour le cas où il succomberait. Son adversaire a
la faculté de stipuler de lui la somme promise. Le posses-
seur inlorimaire, qui perd son procès, doit payer cette
somme à titre de peine, sans préjudice de son obligation
(le restituer la possession et les fruits '^
e) Stipulations in Judicio sisti, amplius non peti,
ralam rem dominum Uabiturum. La première de ces
stipulations garantit la comparution d'une personne au
jour fixé par le magistrat". Dans la seconde, celui qui
plaide au nom d'autrui promet que le mandant ne
renouvellera pas la poursuite ". Dans la troisième, le
mandataire promet que le mandant ratifiera ce qui a été
fait en son nom ".
Les stipulations prétoriennes ont une autre application :
elles servent à garantir un droit éventuel ou déjà né.
Telle est la stipulation par laquelle l'usufruitier promet
de jouir en bon père de famille [ususfructusI, le tuteur
de conserver intact le patrimoine du pupille [tutela] ;
l'émancipé, appelé par le Préteur à la succession pater-
nelle, promet à ses frères restés en puissance, d'apporter
à la masse les biens qu'il a acquis depuis son émanci-
pation [boxorim collatio, p. 733]. Celui qui refuse de
contracter l'obligation imposée par le Préteur est passible
d'une action fictice'". Le magistrat peut aussi vaincre sa
résistance par voie de coercition [pignoris capio] ou par
un envoi en possession -' [missio m possessionem]. Le
Préteur exige souvent que la promesse soit garantie par
des cautions: elle reçoit alors le nom de satisdatio.
2. Stipulation édilitienne. L'édit des édiles oblige le
vendeur d'esclaves à garantir l'acheteur contre les vices
V, 2, 4 cl 67; 3, 31. — lUGaius, IV. 232. — U Gaius, IV, 2.î4. — 12 Ulp. 70
ad Ed. Dig. XLVI, 5, 1, 2. — '3 Cic. 2 /n Verr. I, 45, 135; Gaius, IV, 93.
— H Gaius, IV, 95. — <■> Gaius, IV, 91, 94; Ulp. 77 ad Ed. Dig. XI.VI, 7,
g. 2. _ 16 Gaius, IV, 166-170. — "Ulp. 7 ad Ed. l'ig. II, 10, I, 3. — 18 Jul.
Dig, XLVI, , 23. — H l'ompou. 20 ad Sab. cod. 18. — 20 Loi Kuhria, c. XX;
Ulp. Dig. 1, 7, 19, 1. — 21 Insi. I, 24, 3 ; Ulp. Dig. XXXVI,4, 5pr.
STL
— 1321 —
STO
cachés sauf convention contraire, et à promettre le double
en cas d'éviction ' [aedilis,p. 97].
3. Stipulation tril)unitienne. Les tribuns de la plèbe
autorisent le mari, qui a promis de restituer la dot, à sti-
puler de sa femme le remboursement des impenses ou
des obligations qu'il a contractées pour elle ^.
4. Stipulation judiciaire ^ Le juge prescrit, suivant
les cas, diverses stipulations, telles que la stipulation de
dol. qui garantitle demandeur contre la détérioration do
lachose par le fait du défendeur, ou contre la constitution
d'un droit réel ', la stipulation sur le partage des
créances dans Faction familiae erciscundae ^ la stipu-
lation par laquelle le défendeur à la revendication pro-
met de restituer la chose après que le demandeur aura
prouvé son droit " [rei vindicatio\ Il y a aussi des stipu-
lations communes, qui sont imposées tantôt par le juge
et tantôt par le magistrat, comme la stipulation rem
pupilli salca/n fore [titelAj. Ed. Ci;q.
STLATA ou STLATTA '. — Transport de commerce,
sorte de chaland servant à la navigation fluviale. Une
épitre d'Ausone- mentionne la sllata parmi diverses
rtatJes o/ie/'fl/'ifle employées sur la Garonne et sur le Tarn.
La mosaïque d'Althiburus fMedeina en Tunisie)' place
ce navire dans le voisinage immédiat du fleuve couché
qui occupe l'une des extrémités du tableau, l'opposant
ainsi aux vaisseaux de mer qui sont groupés à l'autre
bout, auprès d'une tète d'Océan ; elle le représente
comme un ba-
teau large et
plat, ce qui ré-
pond à la défi-
nition de Fes-
=.=. tus : genus
'~°~ navigii la tu m
_„-^ magis quam al-
,£, tum (rig.6640j.
Fiy. 00 io. - La .iiiaïa. L'avanl et l'ar-
rière sont peu
relevés. La coque est ronde et massive. Le bordage
est renforcé d'une préceinte saillante à laquelle sont
accrochés des cordages. Le navire se manœuvrait à la
rame. Sur la mosaïque d'Althiburus, il est monté par
un rameur, dont la figure est à demi-détruite, qui des
deux mains manie un aviron unique. Au-dessus de
l'image est inscrit le nom du bateau: stlatta ; au-des-
sous un hexamètre d'un poète inconnu, peut-être d'En-
nius', qui prouve que la stlatta était parfois utilisée pai'
les Romains pour les transports militaires : hinc legio
stlattis juin transportacerat amne... P. Gaucki.er.
' LIp. Dirj. XXI, 1, I, 1. — 2 LIp. Heu. VM, 3; l'aul. Dig. XXIV, i.
25, 4; b5. Cf. Cujas, Opéra, VIII, lO.ïli. Voir cepcndanl KuWcr, Festschrtfl
fur BirscUfeld, p. 52, cl la coiijeclure proposée par E. Lefèvre, Du rôle
des Iribuns de la plèbe en procédure cirile, l'JIO, p. 160. — 3 Gaius, 7 ad
Ed. piov, Dig. VI, I, 18 et 20. - t Ulp. )9 ad Ed. Dig. X, 2, 2. 3 ; Insl.
IV, i7, 2 cl 3. —5 Paul. 21 ad Ed. Dig. VI, 1, 27, 4. — 6 Pompon. Dig.
XLV 1, ppr. Ulpicn enlcnd aulrcmcnt les sUpulalions judiciaires : ce sonl
celles qui assureul la marche dune iiislance, Dig. XLVl, 5, I, I. — Bmuo
(.baphie: Liebe, Die Slipulalion und dos einfache Verspreclien. 1840; CncisI,
Ùie formelle Vertrâge, 1845 ; Cirlanner, Die Stipulation und ihr Yerh.Utniss
ziim W'esen der Vertragsobli galion, 1859; Orlolan et L.iLbi-, Les Instituts
de Justinii-.n, 1884, 12' éd. l. III. p. 153; Acoarias, Précis de droit romain,
4" éd. 1891, t. Il, p. 23; Kariona, Kmnische Itechtsgescl.ichte, t.JI, 1895,
p. 099 ; MorilE Voigl, Bômisclte Reclilsgesckichte, 1892-I9f;, I. I. p. 42 ; 399;
I. Il, p. 890: l. III, p. 340 ; H. John Roby. Koman priralc Lam in tite limes of
Cicero and the Antonines, 1902, vol. Il, Il ; Emilio CosIa, Lor.io di slorm del
dirillo romano, 1903, vol. 11,210; P. F. Girard, Manuel élémentaire de droit
romain, 4" éd. 1906. p. 482; Edouard Cuq, Les Institutions juridiques des Ho-
Vin.
STLOPPUS. — Jeu, amusetlc d'enfant, qui consis-
tait à gonfler ses joues et à taper dessus, du bout des
doigts, pour en chasser l'air avec bruit i.
Ce mol a dû être à l'origine une onomatopée; un poêle
latin l'emploie par métaphore pour désigner une parole
retentissante et creuse-. G. Lafaye.
STOLA (SxoXr,). — Les Grecs employaient le mol
îToXv- dans un sens 1res général pour désigner le vêle-
ment, quel qu'il fût, d'un homme ou d'une femme, àpeu
près comme nous nous servons du mot habit. Le mot
latin ,s7o/fl, comme le remarque Nonius, fut à l'origine
d'une acception aussi vague '. Mais bientôt il ne s'appli-
qua plus qu'à une forme de vêtement déterminée. Il dési-
gna la robe des dames romaines. Le costume habituel
des matrones se composait de trois pièces: la tunica [in-
terior ou intima], qui tenait lieu de cliemise ; la stola,
qui était la robe proprement dite; et la palla, simple
manteau carré, pareil au pallium grec, qu'on jetait
lii)rement sur le tout [pallum, tumca].
Les textes, on il est fait mention de la stola, nous la
montrent comme une longuevohe[ad lalosslolademissa-)
qui tombait à terre avec de nombreux plis'. C'était, sauf
les exceptions qu'on verra plus loin, un vêlement exclu-
sivement féminin*. Le droit de la porter était le privi-
lège des matrones". Le mol stola en vint par suite à
s'employer comme synonyme de malrona''.
Quand on passe de l'examen des textes à celui des
monuments, il apparaît que la stola est dans sa forme
identique au chiton des femmes grecques [tunica]. Les
flgures, peintes ou sculptées, de
dames romaines qu'on doit nécessai-
rement supposer vêtues de la stola,
ne portent jamais sous le pallium
qu'une même sorte de vêtement:
la longue tunique plissêe, dont
l'usage s'était généralisé en Grèce
à partir du vi= siècle. Ce n'est pas
comme le pe'plos dorien un habit
sans coutures [péplos], mais un am-
ple fourreau cousu, retenu à la taille
par une i;einture. laissant parfois
les bras à découvert, parfois ayant
des manches cousues ou agrafées.
Cette robe ne se distingue par
rien d'essentiel de la tunica
intima, qu'elle recouvre. Ce n'est ,, .,,, ,, ,
qu'une seconde tunique, plus ample romaine,
et généralement plus longue. Quel-
quefois, lorsqu'elle est sans manches, elle laisse voir
mains, t. I, 2' éd. 1905, p. 208 ; t. Il, 1908, p. 373, 833, et Vindex, p. 930; BekkcT,
Vermutunyen ûber den Ursprung der Stipulation [Zeils. der Saviyny-Stiftung
R.-A., 1909, XXX, 411.
STLATA ou STLATTA. 1 Gell. Noct. attic. X, 25. — 2 Auson. Efiist. 22, 31.
— 3 |,a Bl inchère et Gauckler, Catal. du musée Alaoui, 1897, p. 32, n» 166; Gau-
ekler, C. rendus de l'Acad. des inscr. 1898, p. 642, et Monum. et Mém. Piot.
XII, 1905, p. UOctsniv.,n'' lOetlig. 24; ?.Kicl\e\er, Neptunia prata, Hf. liliein.
Mus. LIX, p. 325, D° 17. _ 4 L'épithcle stlatlaria, dérivée de stlatta,
i|u'emploicnt Pétrone (Sa(!/ricon, 108) et Jnvénal (Salir. VII. 131), se trouve drjâ
dans Ennius: Schol. ad Jui\ Sat. VII, 134.
STLOI*rLS. 1 A la forme adoptée jusqu'ici par les lexicographes on doit
vraiseinblableineiilsubstituer 5c/o/)/)u5, leçon des m tlieurs manuscrits; Pers. V, 13,
3- éd. Jahn et Biichclcr (1893). — 2 Pers. /. c. et schol. ad h. I.; Prrscian. so.
STOLA. 1 Nonius, p. 337, 24; Enn. Frag. 285, 2S7, Ribbeck. — 2 lloral,
Sat. i. 99. — 3 Mart. III, 93. — 4Sen. Vit. beat. 13. — 5 Paulus Sent. 125, 15,
{matrouas appellabant ea^ fere quibus stotus Itabendijus trat) -. cf. Varr. Ling.,
Lat. VIII, 28; IX, 48; X, 27 ; Ovid. Pont. 3, 31 ; Mart. I, 33, 8 ; Ulp. Dig. 34, 2,
24. — 6 Slat. SiU. 2, 235.
191
STO
1522 —
STO
les manches de la luniqiie (fig. fi641) ' ; lorsqu'elle esl un
peu coui'le, elle découvre la bordure inférieure de celle-ci
(fig. mM) •'. Mais à l'ordinaire rien ne dépasse du vête-
menl de dessous, el par suile les ligures romaines qui
porlenl la stntn par-dessus la lunica sont nialaisémenl
discernables de celles qui sonl, à la mode grecque, vêtues
du seul c/iiloii.
La ceinture qui lixe à la taille cette robe matronale
esl tantôt visible', tantôt cachée par le pli retombant de
réiofl'e qu'elle retient. A la bordure inférieure et à
Fig. 66iJ. — La di^esse Roi
l'échancrure du col, court souvent une broderie I^pata-
GiUM^. Parfois, une large bande ornée descend dans l'axe
du corps, de la ceinture jusqu'aux pieds (fig. 3835). Par
son nom, comme par sa forme identique à celle du c/ii-
ton^lastola dénonce son origine hellénique. Dans les pre-
miers siècles de Rome le vêtement commun des deux sexes
était la toge [toga]. C'est la loge sans doute que conti-
nuaient de porteries femmes du peuple elles courtisanes,
auxquelles l'usage de la slo/a semble avoir été inlerdil ^
11 faut probablement identifier avec la utola celle
loiif/a veslis qui esl mentionnée comme étant, à l'époque
de la deuxième guerre punique, le privilège de certaines
femmes mariées. Pour un lectislerne l'État accepta,
dit Macrobe, la contribution de celles des libertinae qui
avaient droit à la longue robe^. On entend généralement
qu'il s'agit ici des affranchies ayant épousé des citoyens
romains. On ajuslemenl rapproché de ce texte l'épi-
laplie d'une femme, d'abord affranchie, puis mariée à un
citoyen, où se lisent ces mots « lia leibertate il/et me,
liir me decora(r)at atola ». Dans quelques inscriptions
funéraires, du ir et du ni" siècle ap. J.-C, des femmes
mariées fout suivre leur nom du titre de slulata
femina '•. 11 n'est pas vraisemblable que ces mois
1 J/iK. BorOoii. Ml, pi. xjxvu. — i Arcli. Zeit. 1SS3, pi. iv; voy. homa, ûg. 5954.
— 3 l/us. Uorhon, XI, pi. i.ij; Baunioisler, Denkmûl. p. ISil, Bg. 193) [cixgdi.im,
fig. 1506]. — * IJoniiiie le remarque Hûliner (Comm. phil. in lion. Alommsen,
p. toi el suiv.), quand Ulpien {Dig. 47, 10, 15, § 15) oppose la meretricia
veitia à rAa6i(i« malroualis. cela ne veul pas dire que les courlisanes avaient
un costume spécial, mais qu'il leur était interdit de porter la slola. — 5 Ma-
cro!). Sul. I.C, 13. —0 Cor;/, ins. /,i(. I. 1 19i = BûcUeler, Anthol. epigr. ], i3.
Ces inscriptions ont été réunies par Iliibner, p. HH et suiv. et Hernies, Xlll
1»7S), p. 4i3 et suiv. ; cf. Corp. in*c. lai. 111, 52i3, 5-.!li3, 5i93, 6155. '• l"ro-
perl. IV, 11, 61.— «Suet. Caet, ^i (leclkarum usum, Hem concliyliiitae veslis et
margaritarum nisi eerlis personis el aelalibus ....udemilj; ProporI, III, îi, 45.
— 'Jllor. Au/. 1, 1, S9 (Cluariim subsiila lalos legil inslila vesle ; instila. M le
sclioliaste, erat teniiissima fateiuta qune praelexlae adiiciebalur. — lOCf. en outre
du vers d'Horace déjà ciW, Ovid. Ars amat. 3i {Quaeqiie teijit médias, inslila
veuillent seulement signilier la qualité de citoyenne. Ils
désignent un privilège plus rare et qu'on a supposé
identique au liiîerorlm .)i:s. Un texte de Properce, com-
menté par Hïibner, laisse entendre qu'un costume
spécial était l'insigne de ce droit '. Cornélie, femme
d'.Vemilius Paulus,se vante de n'être point resiée stérile
el d'avoir ainsi obtenu les generosos vestis honores. Le
titre de stolata femina, les veslis honores et le jus
liberorum ne sonl apparemment qu'un seul el même
privilège. On sait que ce privilège n'était pas seu-
lement reconnu aux matrones mères de trois enfants el
plus, mais à toutes celles qu'on voulait honorer d'une
dislinclion officielle. La robe des stolatae feminae
n'était évidemment pas la slola commune, que toute
matrone avait droit de revêtir, mais une slola d'un type
particulier que sa décoration sans doute dislinguaitentre
les autres. Hiibner suppose qu'elle était bordée d'une
bande de pourpre. On sait en effet que des lois spéciales
réglementaient l'usage de la pourpre pour les habits
d'hommes et de femmes ". Rien d'étonnant à ce que pour
les femmes, comme pour les citoyens et les magistrats,
la pourpre ail été l'insigne de certaines distinctions.
La stola avait pour habituel ornement une pièce
d'étoffe qu'on nomme inslila et dont la forme prèle à
discussion. D'après le scholiasle d'Horace, V inslila, que
les Grecs appelaient Trsp'.TûÉotÀov, était une bande d'étoffe
cousue au bas de la robe"*. Plusieurs textes semblent
confirmer ce renseignement'". Mais il n'est pas de monu-
ment figuré où Vinstita se laisse reconnaître avec certi-
tude. Rich voulait y voir une sorte de traîne, rectangu-
laire, fixée à la ceinture et tombant de là jusqu'à terre.
Mais la peinture antique qu'il citait à l'appui de cette
opinion ne lui était connue que par un dessin fort
inexact et n'a rien à faire avec Vinstita". Le sens ha-
bituel du mol (ceinture, lien) ferait plutôt penser à une
bande courant en cercle au bas de la robe, et s'accorde
avec l'inlerprélalion du scholiasle.
En outre de la robe des matrones, le mol slola pouvait
aussi désigner la longue -tunique flottante des cilha-
rèdes'-, celle qu'on appelle encore la palla et que nous
montrent des images d'.Xpollon [pallium, fig. 5467]. Quel-
quefois aussi le même nom était donné à la robe que por-
taient les prêtres ou les princes chez certains peuples de
l'Orient. Dans Apulée l'initié aux mystères d'Isis est
revêtu de douze slolae. Le plus beau de ces vêtements,
et le plus sacré, auquel l'auteur applique d'ailleurs quel-
ques lignes plus haut le terme de chlamys, s'appelait,
nous dit-il, stola olijmpiaca. La Yulgate désigne encore
communément du même nom le costume des rois etdes
prêtres '^ Enfin, dans la littérature chrétienne, la stola
randida esl le vêtement sacré que doivent revêtir les
élus el qui symbolise la pureté du ca:'ur". G. Lerocx.
iuiiga, pedes). De môme nue slola, le mol inslila s'emploie comme synonyme de
rnalroiia. Ibid. "00. — " Rich, Dict. anliq. rom. s. v. stola. La ligure reproduite
par Rich est lirée de Barloli, Admirand. /lom. niiliq. 1693, et Collect. de pein-
tures anliques, Rome, 1781, pi. m. L'original (une fres<|ue des thermes de Titus)
esl reproduit dans Ponce, Collect. de tableaux antiques, Paris, 3* éd. 1819, pi.
i.vu, sous des traits fort din'érenis el la Iraiuc en question n'y est plus visible.
— 12 Varr. Des. riisl. 13. — 13 Apul. ilelam. 11. — 1* Vitlg. Interpr. Gen. 41,
4i; 45, ii;Eslher, 6, lOct \{\.Marc. li, 38; LeM. 16, Si; Luc. 15, îi.
Ibid. Apoc. 7, 9 (5(o/ls albis ) ; Eccl. 6, 32 [stolam gloriae), etc. — Bii)r.ioGKA-
l'HiE. Il p irait inutile de rappeler des ouvrages antérieurs à ceux dont les
noms suivent: on pourra consulter Beckcr-Liœll, Gallus, Ml, p. â5i et sniv.;
Weiss, Koslûmkunde, Altcrt. Il, p. 97i ei s.; Marquardt, .Manuel des antiquités
romaines. Vie privée, Irad. Henry, p. i\6 sq. ; Baumeistcr, Denkmûl. Klass.
Altertk. III, p. 1841 sq. (Millier) ; Uubner, Comment pliil. in. Iionor. Momms.
STR
1323 —
STR
STOLARCHUS (S-ôXas/oç, (rToXàp/-f,ç). — Commandant
naval. On ne sait pas d'une manière certaine si ce
litre, qui est romain, désignait l'amiral cliefd'unellolte '
ou celui qui était à la tète dune de ses divisions, dune
escadre-, dune station ^. E. S.
STOREA ou STORIA. — Couverture, natte, faite de
joncs, de roseaux, de corde, dont on se servait pour pro-
téger les récoltes, les machines de siège, etc. '. E. S.
STRAGULL'M, STRAGULA VESTIS i ïlTçiSaaj. I. Cou-
verture, tenture, tapisserie, rideau [tapete, velim,
vESTis] et en général, tout ce qu'on étend sur le sol ou
sur les lits 'lectus, coena, funus] ' et sur d'autres meu-
bles [CATiiEiiRA, SELLA, solium], aussi bien que le long
des murs et dans leurs intervalles. .Nous renvoyons
aux articles dont les litres sont ici indiqués.
Slragulum est aussi la housse ou le caparaçon d'un
cheval epiiippiim]. E. S.
II. Terme d' a rc/ii lecture. — Straguhun se rencontre
dans un formulaire mélrologique^ qui fait partie de
l'œuvre du géomètreromain Vitruviusliufus.oùilsignifie
lelilde pierre, formant l'assise d'un tambour de colonne.
Il y a autant de slragula que d'assises, et le principal est
celui de la première assise reposant sur la base, lequel
dans sa taille comprend, outre ses éléments propres,
une section de pierre sur laquelle la colonne vient
s'adapter ; c'est l'ïosœ des Grecs, point de départ de la
mesure du fût. V. Murtet.
STRATÉGOS (i;TpaTY|Yoç;. — Le mot désigne tantôt,
d'une manière vague, un chef d'armée quelconque, et
tantôt un magistrat nommé dans des conditions détermi-
nées pour remplir des fonctions également déterminée?.
Ce dernier sens est le seul à considérer ici. Nous parle-
rons d'abord des stratèges d'Athènes, parce qu'ils nous
sont les mieux connus.
I. ATHÈNES. — Origine des stratèges. — .\.\thènes, les
stratèges constituent un collège de dix personnages élus
chaque année par le peuple, dans le but, avant tout, de
commander la (lotte et l'armée, mais dont, de fort bonne
heure, les attributions se sont étendues au delà des
choses de la guerre. Leur institution remonte à Clis-
thène (501 av. J.-C.i'.Une fois le peuple réparti en dix
tribus, ce groupement nouveau dut servir de base à
toute l'administration athénienne : la direction des
all'aires militaires fut confiée, comme le reste, à des
représentants des diverses tribus, aux dix stratèges. .\
vrai dire, .\ristote affirme qu'au début, le polémarque,
c'esl-à-dire celui des archontes qui avait hérité des attri-
butions militaires du roi, conserva le commandement
suprême de l'armée', l^a chose n'est pas impossible.
Elle fut du moins de peu de durée ; car, onze ans après,
p. lOt s.|. : Id. /fermes^ XUl (187S), p. 4i5 st|. Sur l'^tote, vilement ecclésiastii|ue
qui u'a de cunimun que le nom avec la stola antique, M.irtigtir, Dict. des antig.
chri't. s. V. Vêtements ccclésiustiques ; Wilpeii, i'n capitufo de storia dei
restiarii. Rome. 1899. pi. ;, ti, 66.
srol-ABCBLS. " GaiTucci, Class. ifisen. mon. n. 47 ; Momnisen, /nscr. rej.
yeap. 2685; Corp.- ins. lut. X, 3336el p. 1131. — 2 Orelli-Hcnzen, Inscr. III,
ti. 6870 et p. 521 ; Marquardt, Manuel des ant. rom. trad. fr.XI, p. 246. — 3 Ainsi
le comiiiaDdant de la slalion du Poiil, C. i. f/r. 3694.
STOREA ou SJOEIA. I Plio.tf. nat. XV, 18, 1 ; Cacs. Bell. cie. Il, 0 ; T. I,iv.
XXX. 3, 9.
STRAGILI'.M. i UIp. Oig., 16. 45 : o Neque dutfium est quin stragula vestis
sit omne patttuw, quod Graeci cEîîcxowJa vacant «. — 2 V. Mortel, Cn nouveau
texte d'arpeitlnfje et de géométrie d' Epaphroditus et de Vitruvius Hufus,
ins. latin, de la bibl. roy. de Munich, 1896, Notices et extraits des manus-
crits (l. XXXV. i* pari.). Cr. V. Mortel, Ca mesure des colonnes à la fin de
l'é/joqne romnme, extr. de la flilil. de l'École des Charles, t. LVII, 1896.
STRATÉGOS. — 1 D'après Aristote CAt. tioI. IV, 2), il est déjà question de
l'année de Marathon, si le polémarque Callimaque est
encore admis avec voix consultative au conseil qui pré-
cède la bataille', et si, au moment de l'action, il a sa
place marquée à l'aile droite", Hérodote spécilie bien
que les .Mhéniens sont sous lesordres des dix stratèges ■• ;
et c'est l'un d'eux, Miltiade, non le polémaripe, qui
décide du jour où il convient d'engager le combat '^.
.Wode de nomination. — Comme pour toutes les fonc-
tions militaires, l'élection des stratèges, du moins au
temps d'Arislote, se fait par un vote à mains levées
(/E'poTovî'al \ Elle a lieu, sur un avis préalable du Sénat
(^po6û'JÀ£ijij.a), dans l'Assemblée du peuple, sous la prési-
dence des proèdres en exercice. La date n'en est pas abso-
lument fixe . elle ne doit pas être antérieure à la 7'" pry-
lanie, soit environ au début de février ; mais, à partir de
ce moment, il faut que les présages aient été jugés favo-
rables *; l'attente peut se prolonger. Ainsi s'explique sans
doute l'élection de Sophocle à la stratégie après le triom-
phe de son ^;U((/ci?ie aux Grandes Dionysies, c'est-à-dire
en .Mars ou Avril 441 : des signes funestes auraient, cette
année-là, retardé d'un mois la désignation des stratèges,
à moins encore que l'usage n'ait varié du \' au iv'' siècle.
A l'origine, on avait posé en principe qu'on prendrait
régulièrement un stratège dans chaque tribu. Plus
tard', il n'en est plus de même : on est libre de les
choisir parmi tous les Athéniens sans distinction (è;
aTiivTtov) '". Nous ignorons à quel moment précis fut
abolie la règle primitive. Ce fut, en tout cas, avant -441 ;
car, pour cette année, nous avons la liste des dix
stratèges qui participent à la répression de Samos :
Périclès et un de ses collègues appartiennent à la tribu
Acamantis ". Quant aux causes qui ont dû amener cette
moditication, nous en sommes réduits aux conjec-
tures '- ; et notre embarras est d'autant plus grand
que, si nous voyons à diverses reprises deux stratèges
appartenir, pour une même année, à une même tribu,
voire à un même dème, par contre, après 440, pendant
plus d'un siècle nous n'avons pas d'exemple de deux
tribus possédant chacune deux stratèges: ilfaut descendre
jusqu'en 3-23 pour trouver quatre stratèges issus de la
même tribu ''. C'est dire qu'en règle générale les .Mhé-
niens continuent à respecter le principe de la représen-
tation égale des tribus; ils sont libres d'y déroger, mais
c'est une faculté dont ils ne paraissent avoir usé que
modérément.
Tous les magistrats athéniens, qu'ils soient nommés
par l'élection ou par le tirage au sort, subissent, avant
d'entrer en charge, une sorte d'examen appelé ôoztaa-
^■'a. Les stratèges n'y échappent pas plus que les autres.
Peut-être cependant les formalités sont-elles pour eux
stratèges et d'Iiipparques dès le temps de Di-aron ; mais tout le elian. IV, ronsaeri
à la constitution de Dracon, est des plus suspects. — 2 ^j. -,/,,. XXII, 2. — ' llcrod.
VI, 109. — i Id. VI, lit. — 5 Id. VI, 103. — 6|d. VI, no. — I 'AS. -oi. LXI, I.'
— « Id. XLIV, 4. — '• l.a rédaction de l'A». r.cV. se place entre 331 et 325.
— 10 'a«. -tX. LXI, t. — 'I Tous les exemples connus de ce genre sonl réunis
dans Ilauvette, Les stratèges athéniens, p. 24 sq., ou Beloch, Die attischc Poti.'ik
seit Perikles, p. 276 sq. Sundwall {Epigr. Beitriïge. p. 19 sq.l prrseutc autrement
le5 choses. D'après lui, il y aurait à cet égard trois périodes à distinguer : 1" jusque
vers le milieu du v siècle, chaque tribu choisit elle-même son stratège; 2" de
441 à 335 environ, les dii stratèges sont nommés par le peuple entier, à raison d'un
par tribu ; S» après 335 seulement, l'élection a lieu U ir.iyi».. Si celte conception
est exacte, il faut convenir ipie la loi, dans la seconde période, a souffert bien d^s
exceptions. — 12 Peut-être la création de phylarqucs et de laxiarques choisis dans
les tribus pour commander la cavalerie et llufantcrie de chacune d elles rendait-
elle moins nécessaire lappilcation du même principe i l'élection des stratèges.
Mais la date de leur institution reste assez indéterminée : on hésite entre les
débuts de la ligue maritime et 4i5. — U llauvell-, p. 27 sq.
STR — '«^24
moins compliquées que pour les arcliontes. En elTet
ceux-ci se présenleiit successivement devant le Sénat,
puis devant les héliastes; les stratèges semblent n'avoir
allaire qu'aux derniers'. De même, on fient à les
savoir citoyens atiiéniens-; on ne les contraint pas à
produire trois générations dancétres citoyens. L'obliga-
tion d'avoir contracté un mariage légitime et d'être pro-
priétaire foncier en .\ltique est assez douteuse ^ Quant
à la fortune, elle ne constitue pas non plus une condi-
tion al)solue; et tel stratège, comme Lamachos, devait,
disait-on, faire figurer dans ses dépenses une petite
somme pour s'acheter une tunique et des chaussures ^
Mais, en général, les pauvres aiment mieux se réserver
l'emploi déjuges, et laisser la stratégie aux riches °.
Ceux-ci d'ailleurs s'en accommodent volontiers ; et, au
iV siècle encore, les orateurs citent plusieurs familles où
l'on est couramment stratège de père en fils". Un mini-
mum d'âge était probablement imposé, et il ne peut pas
être inférieur à trente ans, puisque les stratèges ont,
dans certains cas, à présider des tribunaux. Chose
curieuse, on ne parait avoir exigé d'eux aucune con-
naissance spéciale. Sans doute, la plupart du temps,
le peuple comprenait la nécessité de choisir des géné-
raux expérimentés. Toutefois nous avons déjà rappelé
l'exemple de Sophocle, élu stratège à la suite d'un grand
succès théâtral. Il ne dut pas être unique ; car mora-
listes et orateurs se plaignent également de la facilité
avec laquelle on s'improvise général à .\thènes ''. Par
contre, les opinions politiques d'un citoyen peuvent
suffire à le faire rejeter lors de sa Soxiaa(7''a*.
Cette épreuve une fois subie, à quelle époque les stra-
tèges prennent-ils possession de leur charge ? Pour la
plupart des magistratures, l'entrée en fonctions coïn-
cide avec le début de l'année'; mais, le mois Héca-
tombéon, premier mois de l'année athénienne, répondant
à peu près à notre mois de Juillet, et les armées
anciennes ayant coutume d'ouvrir leurs campagnes
dès le printemps, on voit de suite quel inconvénient il
y avait à ne pas donner plus tôt l'investiture officielle
aux généraux, ou à les changer au cours même des opé-
rations. L'objection est ancienne; et la découverte de
V '\')r^ix(u)v -oXtTS'a la fortifie encore, en nous apprenant
que l'élection des stratèges a lieu un mois ou deux avant
celle des autres magistrats '". Toutefois les difficultés
ne sont pas moindres à placer au printemps l'entrée
en charge des généraux. En effet, non seulement pareille
conclusion ne se déduit avec certitude d'aucun texte
historique"; mais .Aristole n'en dit rien dans le cha-
pitre consacré aux stratèges, alors qu'à propos d'autres
fonctionnaires il a soin de signaler les exceptions à la
règle commune'-. De plus, s'il avait réellement existé
à .Athènes une sorte d'année stratégique distincte de
l'année civile, Thucydide, en parlant des inconvénients
' '*'■ "^- '■^'' 2. — 2 II n'y a pas lieu de tenir pour des stratèges proprement dits
les trois personnages auiqucls ce litre est donné par lanteur du dialogue platonicien
de IVon Ip. 5*1. c-d). — 3 Elle est indiquée par Diuarque, in Demoslh. 71 ; mais plu-
sieurs crili(|ues modernes lont révoquée en doute. Cf. Meier-Schômann-I.ipsius, Der
attitehe Process, p. ii'.i, n. \H. — * l'iut. .\ icios, 13. - 5 Ps. Xen. ttesp.
Alhen. 1. 3; Arisl. Polit. III, C, II. Ces passages montrent clairement que la
dignité de stratège était gratuite, au moins en ten)p5 de paix : il n'est pas sur, Lien
quon l'ait soutenu de divers côtés, que les stratèges recevaient, eu campa-ne, une
solde régulière (cf. Ilauvetle. p. 137 s.|.) -6 Haiivette. p. i- n 5 - 7 Xen
Hem. 111,5, il: Dem. XIX, i37. -3 l.ys. .Xlll, 10. -» A vrai dire, cette coïnci-
dence n'est iiarraiteraenl eiacte qu'à partir de ilO : auparavant, les dii prvtanies
correspon.laicnt mal aui douze mois de Tannée, et l'entrée en fon-jlions des ma<-is-
STR
de la seconde pour sa chronologie '*, n'aurait sans doute
pas manqué de noter qu'il adoptait simplement la pre-
mière. La coïncidence entre l'année civile et l'année de
charge des laxiarques " fournit encore, sinon une
preuve, du moins une présomption dans le même sens.
Nous admettrons donc que les fonctions des stratèges ne
commencent officiellement qu'au I "■ Hécatombéon : mais
il ne faut pas oublier qu'ils sont désignés assez long-
temps à l'avance, et qu'ainsi, en cas de campagne pro-
longée, ils peuvent s'entendre avec leurs prédécesseurs.
L'ne dernière formalité est imposée aux stratèges
avant leur entrée en charge : ils ont à prêter serment.
Un texte de Dinarque nous apprend que la cérémonie a
lieu entre une certaine statue et une certaine table '^;
mais nous ignorons si c'est sur l'Agora ou sur l'Acro-
pole. La formule complète de leur serment ne nous est
pas parvenue. Bien certainement on leur demande,
comme à tous les magistrats, de jurer fidélité à la cons-
titution et de ne pas se laisser corrompre. Mais, de plus,
des engagements spéciaux répondent à la nature propre
de leurs fonctions, comme celui d'enrtjler tous les
hommes qui n'ont pas fait campagne précédemment"^,
sans compter les prescriptions que les circonstances
peuvent imposer momentanément : c'est ainsi qu'au
temps de la guerre du Péloponnèse, on ajoute au serment
ordinaire des stratèges qu'ils devront faire, deux fois
par an, une invasion sur le territoire de Mégare".
Le collège des stratèges dispose d'un local particulier,
le <;-oaT-/iYc?ov. Il en est plusieurs fois question dans les
auteurs'* ; sa place exacte ne nous est pas connue.
Situation respective des siratèf/es. — Une autre ques-
tion serait plus importante à résoudre: y avait-il égalité
de pouvoirs entre les dix stratèges, ou l'un d'eux avait-il
autorité sur ses collègues'.' De divers ctjtés, on a voulu
établir que, chaque année, l'un des stratèges est le pré-
sident du collège '". Il est vrai que, dans les inscriptions,
on rencontre parfois des formules comme (jTparTiyoTç
'l7i7To/.piT£i Xo?\apY^' ""■ ^uvipyouiTiv -" ; mais, si elles indi-
quent certainement un président et ses collègues, il ne
s'en suit pas du tout que les stratèges sont placés d'une
façon régulière sous la direction de l'un d'entre eux, ni,
moins encore, que ce président demeure le même pen-
dant toute l'année. Il parait plus exact ici de distinguer
les époques et les circonstances. En principe, à la suite
de leur élection, les stratèges sont exactement sur le
même pied. Tant qu'ils restent à Athènes, ils s'occupent
donc tous ensemble des devoirs de leur charge ; et, jusque
vers le milieu du iv' siècle, ils sont jugés aptes à rem-
plir, les uns aussi bien que les autres, n'importe quelle
fonction militaire. Même égalité en campagne, du moins
à l'origine : en 490, les stratèges commandent à tour de
rôle, chacun pendant un jour, l'armée qui doit vaincre à
Marathon'-'. Cette stricte observation de la loi plaisait
trats avait lieu avant le I*' Hccatoml>éon (cf. Keil, Atltens Amts-und Kalender-
jtthre itn V. Jahrh. : Hermès, XXIX, 1894, p. 32 sq.). Toutefois la difîérence est
peu considérable, et pour nous il s'agit seulement de savoir si les stratèges com-
mencent leur année de charge avant ou avec les antres magistrats. — '0 Celle-ci
n'a lieu qu'en Munycliion (Avril). Le décret iiiscr. yr. Il, 4l(i donne, comme date
précise pour les ào/a-.oE(7t'a;, le ii Munycliion ; ce décret, il est vrai, est du ii« siècle
av. J.-C.; mais, comme tes opéi-ations se font xaTà tr,v [la^TE-'av, il doit s'agir d'un
usage ancien. — " Hauvette, p. 31 s.|. — 12'.*!. „«. XLIII, 1. — 13 Thucyd. V, io.
— I* /lis. yr. Il, lil4; 11, 5, 331 c. — Ii Din. i« Philocl. i. — 16 Lys. IX,
15. — 17 Plut. Perides, 30. — 18 Hauvette, p. 55, n. i. — I» Droysen (Hermès,
IX, 1875, p.^3)il.'lScllcVc (De lilulisaliquot atticis,p. ii): Belocli [.illische Polilik,
p. iSO). — 2«/n5. yr. I, J73, a-b, 1. 3. —21 Herod. VI, MO.
STR
1525 —
STR
aux ALhéniens ; vers la fia de la guerre du Péloponnèse,
nous voyons encore la flotte des Arginuses ' et celle
d\Egospotamoi " passer successivement sous les ordres
de tous les stratèges présents. Cependant si, en temps
de paix, ou, à la rigueur, durant la période de prépa-
ration d'une guerre, iln'j' avait pas trop d'inconvénients
à procéder de cette manière, devant l'ennemi le danger
était si manifeste à ne pas mieux assurer l'unité du
commandement que, dès la seconde guerre médique,
Thémistocle à Salamine ', Aristide à Platées '% Xanthippe
à Mycale ° ont la haute main sur tout le contingent
athénien. Pareil fait se renouvelle couramment : dans
beaucoup d'expéditions, les armées ou les flottes
d'Athènes ont à leur tête plusieurs stratèges ; mais
l'un d'eux est le chef de tous, et lui seul le plus sou-
vent est cité par les historiens".
Le généralissime est nommé non pas, comme on l'a
dit parfois ', par ses collègues mêmes, mais par
l'Assemblée du peuple, dans un vole distinct de celui où
a été élu le collège entier de l'année (àXÉcôat arçxT-r^yh^ ix
Twv xE/£'.poTovY,u.£vcov) *. L'exprcsslon technique qui le
désigne nous est fournie par Thucydide, dans des
phrases comme : n£|XT:ou<7tv KaÀÀîav tôv KaÀXiiôou Tt£[jiTCT&v
olÙtôv (TToaxTiYOv ^ ; nEicxÀéou; ocxoctou aÛToO (TTpaTriYOûvxo!;,
èvauu.»./T|i7av '", etc. lîlles signifient, comme cela res-
sort nettement du contexte, non pas qu'au moment
précis dont parle l'historien, Callias et Périclès ont
auprès d'eux, l'un quatre, et l'autre neuf de leurs col-
lègues, mais qu'ils ont alors, pour toute la campagne
en question, la direction suprême d'une armée compre-
nant, en dehors d'eux, quatre ou neuf de leurs collègues
qui leur sont subordonnés. En effet, au moment, par
exemple, de la bataille navale dont il s'agit dans le
second passage, Périclès a détaché une division de sa
flotte à Chios, et une autre sur les côtes de Carie : deux
stratèges au moins doivent être absents.
On trouve parfois aussi, appliqué à un général en
chef, le titre de (jTpaTTjvbç aÙTûxpàxwp ; mais, dans ce sens,
c'est toujours chez des auteurs d'époque romaine,
comme Diodore ou Plutarque", accoutumés à traduire
parla les termes étrangers de diciateuv et d'empereur ; il
ne s'en suit pasnécessairementque Thémistocle, Aristide,
ou même Alcibiade aient reçu ce nom de leur temps'-.
Ce n'est pas à dire d'ailleurs que l'expression nr^x-
TYiYÔç aÙToxpy.Twp ne se rencontre pas à l'époque classique.
En 416, les Athéniens décident d'envoyer en Sicile trois
(TTpaTr,Y&c aÙToxpiTopc;, Alcibiade, Nicias et Lamachos,
pour y soutenir les Egeslins et les Léontins, et préparer
toute l'île en leur faveur. En 411, lors de la révolution des
Quatre Cents, la constitution provisoire prévoit la
nomination d'un collège de dix aroiTr^yoX aÙToxpàTopEç,
auxquels il sera permis de prendre part ;i leur gré aux
délibérations du Sénat '^ ; ils sont en effet installés dans
ces conditions, et gouvernent la ville de concert avec le
Sénat'*. En So"? encore, Charès porte le titre de aTaxx-r^-
yb; aÙToxpâxtop, quand il est chargé d'aller dans l'Helles-
Diod. Xlll, ny, 6. — î Diod. XIII, 106, 1.— Spiul. Aristid., 8. — »l'lul. AristiU.
ll._ôHerod. VIII, 131: IX, 114. — 6 Hauvcltcp. 75 sq. —T Arnold, Z»t;i(Aeiiien-
siiim praloribus, Oiss. I, p. 10. — 8 Yn». gr. 11,62, 1. 13. — DThucyd. 1,01, 1.
--I0 Thucyd. I, 110, 1. — •< Plut. Arislid. 8 (à propos de Tliémislocio) : id. iiiV.
1 1 (à propos d'Arislide) ; id. Alcibiad. 33 ; Diod. Xlll, 60 (à propos dAlcibiaile).
_ 12 Thucyd. VI, 8. — "'AS. lîoÀ. XXXI, i. — 14 -Al.,»». XXXII, 3. — 15 Dfm. XXIII,
173.— leC'étailla théorie d'Aruold {de Atheniensium pnftoribus, biss. 1, p. 17 s(|.).
Cf. la discussion dans Hauveltc, p. 83 sq. — ^'^ Telle a été, en fait, la situation de
pont imposer à Charidème et aux princes de la Thrace
la cession de la Chersonnèse '". Du seul fait qu'il peut y
avoir à la fois trois et même dix arpax-fiYoi' aÙToxpâxope;, il
résulte clairement que cette expression n'est pas syno-
nyme de TptTo; ou ôÉxaroç aÙTÔç. Il n'y a pas lieu d'admettre
davantage qu'il s'agi-sse de généraux choisis en dehors
du collège des stratèges, et dégagés des obligations aux-
quelles ceux-ci sont soumis ; car il est impossible d'éta-
blir avec certitude, même pendant la guerre du Pélopon-
nèse, l'existence d'aucun cas de ce genre '^ La solution
la plus vraisemblable, en reprenant les exemples cités et
en examinant les circonstances auxquelles ils répondent,
c'est que les nTpaT-fiyoi aùioxpiTops; sont élus suivant les
règles habituelles, mais investis ensuite, soit isolément,
soit en nombre plus ou moins considérable, de pouvoirs
extraordinaires. Ceux-ci, comme l'autorité même des
stratèges, ne s'étendent pas seulement aux opérations
militaires: ils peuvent comporter des négociations diplo-
matiques au dehors, une action politique à l'intérieur.
Le plus souvent ils sont limités à une mission déter-
minée. Pourtant, dans les circonstances graves, les stra-
tèges qui en sont revêtus ont parfois à leur disposition
toutes les ressources de l'État : ils exercent alors une
véritable dictature '\
Durée (les fonctions et redditions décomptes des slra-
lèffes. — Comme la grande majorité des fonctionnaires
athéniens, les stratèges ne sont nommés que pour un
an. Mais, à la différence des fonctionnaires civils, parmi
lesquels les sénateurs seuls peuvent exercer deux fois
leur charge, ils sont indéfiniment rééligibles "'. Nous
voyons donc, au V siècle, Tolmidès, Hagnon, Phormion,
Nicias, Démosthène, Alcibiade commander trois, quatre,
cinq et six ans de suite'' ; Périclès garde sans interrup-
tion le pouvoir de 454 à 430; et, au iv" siècle, Phocion,
nous dit-on, a été quarante-cinq fois stratège'^".
Cette faculté laissée aux stratèges de rester à la tète
de leurs troupes pendant un temps indéterminé cons-
titue, au point de vue militaire, un avantage indéniable.
Par contre, il devient assez difficile, s'ils sont réélus, de
leur demander des comptes précis à la fin de chaque
année. Ils ne sont pas, bien entendu, exempts de tout
contrôle; mais ce contrôle a pour eux quelque chose de
moins sévère. Leur reddition de comptes a même, dans
sa forme, quelque chose de particulier : ils n'ont pas
affaire, comme les autres magistrats, auxeulhynes et aux
logistes : ils sont examinés par les thesmothètes -'.
Néanmoins, on le pense bien, une démocratie aussi
soupçonneuse que celle d'Athènes ne reste pas désarmée
vis-à-vis justement des plus considérables de ses magis-
trats. Tous, à la première séance tenue par l'Assem-
blée dans chaque prytanie, doivent obtenir du peuple
un vote de confiance (âTii/etpoTovia). Pour les stratèges,
cette formalité prend sans doute une importance spé-
ciale ; car Aristote, après l'avoir signalée d'un mot
en parlant de rAssemblée^% n'y revient plus à propos
des autres magistrats; il y insiste au contraire dans
Périclès en 4i'J, et d'Alcibiadc en 408. Pourtant il n'est pas sur qu'ils aient reçu
oflicicllcment le titre de .ij-/.T,,r4î «;ToxjiT..f. I^our Périclès, Thucydide dit seule-
ment (II, 05) : ,Tf«T„,o. .i'iovTo, «.; K'i.t» Ti -fâTl»»" isitj.i... Pour Alcibiade,
Diodore (Xlll, 69, 3) et Plutarque (Afci/i. 33) l'appellent bien ,if «m-ybî aOto.sdTuj ;
mais ils ont pu se servir improprement d'une expression inspirée de liome ; Xéno-
phon (HeU. 1, 4, 20) emploie une périphi
ito'i. LXIl, 3. — 19 Cf. Hauvette, p. 30, i
LIX, 2.-22 -M. ,,),. XUll, i.
. — '8 AO.
. iO Plut, Phoc.
STR
— lî)2(j —
STR
son cliapiire sur les slialôges. « A cliaquo pryUinie,
dit-il, le peuple estime par un vote à mains levéus la
façon dont les stratèges remplissent leurs fondions. Si
l'un deux est mis en minorité, il passe en jugement
devant le tribunal; en cas de condamnation, celui-ci fixe
la peine ou l'amende; en cas d'acquittement, le stratège
continue à exercer sa charge ' ». On couiprend des lors
à quel point les stratèges restent toujours dans la main
du peuple. 11 ne peut guère être question, h chaque
prylanie, d'examiner à fond leur gestion financière;
mais, (ju'ils éprouvent un échec à la guerre, que le
peuple, à tort ou à raison, leur retire tout à coup sa
faveur, ou simplement que des ennemis personnels orga-
nisent contre eux une cabale, dix fois par an ils sont
exposés à un votede défiance (iTro/sipoTovia), et, par suite,
à des procès, le plus souvent politiques, où ils risquent
également leur honneur et leur vie. Ni Miltiade, ni Thé-
mistocle, ni les vainqueurs des Arginuses n'y onléchappé ;
une campagne aussi grave que l'expédition de Sicile est
compromise dès le début par le brusque rappel du géné-
ral qui l'a conçue; et l'histoire d'Athènes, au iv" comme
au V^ siècle, est pleine d'exemples de ce genre-.
Fonctions militaires des stratèges. — Les fonctions
des stratèges, comme il est naturel, sont avant tout
d'ordre militaire. A Athènes même, dès qu'une guerre
a été résolue par l'Assemblée du peuple, ils doivent faire
les levées prescrites à celte occasion'. Pour l'armée de
terre, s'il s'agit d'une levée en masse (îtavarpaTtï) ou d'une
levée partielle parclasses expressément déterminées (ffTfa-
T£Îa Iv Toî: ê7tiovO|ji.oi(;), leur rôle est des plus simples : ils
n'ont qu'à faire connaître aux citoyens la décision de
l'Assemblée et à leur ordonner de se présenter devant
eux ou devant les taxiarques au jour donné. La chose
devient plus délicate si le peuple a seulement fixé le
chiffre d'un contingent à enrôler ((irpaTsia èv toïç [iépe'ji).
11 leur faut alors éviter d'envoyer toujours en campagne
les mêmes citoyens, tandis que d'autres seraient indéfi-
niment exemptés: c'est à cette préoccupation que répond,
dans leur serment, la formule: toù; àurpaTsÙTouç xa-aXÉ-
;£iv. Pour la flotte, les stratèges disposent d'un pouvoir
analogue ; car ce sont eux qui désignent chaque année
les triérarques à qui, le cas échéant, sera confié le soin
d'armer et de commander les vaisseaux appelés à prendre
la mer '. Hien mieux, au moins pendant la plus grande
partie du v' siècle, ils semblent avoir eu le droit d'assi-
gner à tel triérarque tel navire qu'ils voulaient : on devine
les abus qui pouvaient en résulter °. Aussi ne sommes-
nous pas surpris de voir plus tard répartir les navires
par le sort entre les triérarques ", ou placer à côté des
stratèges, pour les contrôler dans cette partie de leurs
opérations, des représentants des citoyens intéressés '.
Quant aux troupes de mer, les stratèges n'ont à fournir
que les hoplites embarqués, en fort petit nombre, sur
chaque vaisseau (èvtiÇiTCd) ; l'équipage proprement dit est
recruté directement par les triérarques '.
Une fois en campagne, les stratèges prennent inditle-
' A». -■,'.. I,X1, 2.-2 l.'inilicalion des principaux procès se liouvc dans
HauvcUc, p. 107 sq. — 3 Limporlancc de ces levées est. d'ordinaire fixdc par
l'Assenil>l<.c. Parfois cependant le peuple laisse aux slratèges le soin d'évaluer
cui-niùnies le coulingent nécessaire : c'esl ce qui arrive pour l'expédition de
Sicile (Thucyd. VI, 20). — 4Au v siècle, il y a chaque année 400 triérarques
(ps. Xcu. Hftp. Aihen. III, 4). Plus lard, l'organisation de la marine est
prorondément transformée: mais ce sont toujours les slraléges, ou du moins
un d'entre eux, qui président à la triérarcliie (Dem. .XXXIX, S; XXXV, 4S ;
remment le commandement des armées ou des flottes.
A peu de chose près, ils partagent la vie de leurs sol-
dats. Sur terre, ils vont généralement à pied, et portent
l'armure ordinaire des hoplites '. Sur mer, ils choisis-
sent la trière où ils veulent monter; mais le vaisseau
qui devient ainsi vaisseau-amiral (-^ cTpat-fiyt'i;^ ne parait
recevoir pour cela aucun aménagement particulier : Alci-
biade fait scandale en apportant avec lui un lit do sangles,
au lieu de coucher sur la planche'".
La discipline, dans les armées athéniennes, n'a jamais
été bien sévère. Sans doute, en principe, le stratège est
maître de ses officiers et de ses hommes ; mais d'abord
la loi même, ou l'usage, assignent déjà des limites à ses
pouvoirs. Ainsi il a le droit de condamner tout citoyen
placé sous ses ordres, voire un triérarque, à la prison
(S-rifTai), à la dégradation militaire (êxx-fipûçai), ou à
l'amende (è7tt6o)vY|v É'^îêaXsTv) ; mais l'amende, ditArislote,
n'est pas dans les mœurs" ; et surtout c'est seulement
après le retour à Athènes que sont jugés devant un tri-
bunal spécial les délits graves d'insoumission, désertion,
abandon de poste, perte des armes, etc.'- : l'exemple de
Lamachos, faisant périr sous le bâton un soldat coupable
d'avoir fait des signaux àl'ennemi.est tout à fait excep-
tionnel'^ Ensuite l'Athénien tient trop par nature à sa
personnalité, il est trop épris d'égalité, pour obéir aveu-
glement même au chef qu'il a élu. Alors les soldats
prétendent donner des conseils à leurs généraux ' ' ; leur
a-t-on assigné un poste, ils trouvent meilleur d'en clioi-
sir unaulre, quitte à se voir bientôt, àleur honte, obligés
de regagner le premier ' = . A tout instant, le chef doit les
persuader par des discours, comme ferait un orateur
s'adressant à l'Assemblée. Une anecdote contée par
Démosthène est caractéristique à cet égard : un jour,
dans un camp, il se produit quelque tumulte entre sol-
dats ; on s'adresse de suite au stratège; et celui-ci, au
lieu de sévir, prononce une harangue, qui reste d'ail-
leurs sans effet '^ Enfin n'oublions pas que le stratège se
sent toujours responsable de ses actes devant le peuple.
.\on seulement, comme il est naturel, il doit envoyer
par écrit ou faire oralement au Sénat et à l'Assemblée
des rapports sur ses opérations'^; mais les soldats, pla-
cés sous ses ordres durant la campagne, peuvent deve-
nir, quelques mois après, ses accusateurs ou ses juges.
Delà des faiblesses, des compromissions trop fréquentes.
Un exemple suffit à en donner l'idée : un stratège pres-
crit à un de ses triérarques une croisière déterminée ;
un simple matelot signale au triérarque qu'on veut lui
l'ait prendre un banni à son bord ; la trière revient sans
avoir accompli sa mission'*. Vers le même temps, il est
vrai, Iphicrale ose, sans autre forme de procès, percer
lui-même de son épée une sentinelle trouvée endormie
à proximité de l'ennemi" ; mais il a alfaire à des merce-
naires: ceux-ci, à côté de beaucoup d'inconvénients,
offrent du moins sur les troupes nationales l'avantage
«le se plier à une discipline plus ferme.
Fonctions politit/ucs et adininistratires des stra-
A9. na\. LXI, I). — iJ Cf., sans les prendre absolument à la lettre, les menaces de
Cléon dans Aristophane {Equit. yi2-9IS). — 6 Les inscriptions de la marine, dont
la plus ancienne xenionte à 373 {Ins. tjr. \{. 789), désignent pai' le mot ivEitm^pwTd;
toute trière qui n'a pas de triérar(|ue. — ^ 1ns. gr. H, 804, pars A, col. 6, 1. 71 sq.
— 8 Hauvette, p. 71. — 9 Ilauvelte, p. 98 sq. — '0 Plut. Alcib. 10. — il 'A4,
T^a. LXI, 2. - 12 Cf. plus bas. — " Lysias. Xlll 67. — 14 Plut, /•/locio, 25.
— 15 Id. ibid. — l« Dcm. LIV, 3-5. — " Thucyd. Vil, 10 ; Xen. Helten. I, 7, 3.
— 18 Dcm. L, 46 sq. — 19 Fronlin. Stratag. 111, 12, 2.
STR
— 1o27 —
STR
tèges. — Les stratèges ne se bornent pas k com-
mander les armées ou les flottes ' ; leurs fonctions les
amènent fréquemment à jouer un rôle dans la poli-
tique et dans l'administration d'Athènes. D'abord nous
les voyons intervenir au Sénat et à l'Assemblée. Dans
bien des cas, il est vrai, ils se contentent de présenter
un rapport, écrit ou verbal; le projet proprement dit
de TrpoooOXsujAa OU de décret est développé ensuite par
un membre de l'assemblée compétente - : ils sont alors
sur le même pied que tout citoyen revêtu de fonctions
publicjues, magistrat, ambassadeur, ou prêtre. Mais ils
peuvent aussi introduire directement leur demande, soit
isolément ^ soit au nom du collège tout entier *. C'est
là celle fois une prérogative qu'ils possèdent seuls dans
l'État ". Rien d'étonnant dès lors s'ils sont admis aux
délibérations, même secrètes, du Sénat '\ et s'ils ont leur
place à l'Assemblée, tout comme les sénateurs \ Il y a
plus: pourne pas rendre illusoires leurs privilèges, on va
jusqu'à leur permettre de faire passer leurs proposi-
tions avant toutes les autres *, et de convoquer au besoin
le peuple en assemblée extraordinaire '. Sans doute, ils
doivent recourir pour cela à l'intermédiaire des prytanes,
et ils ne président pas l'Assemblée ; ce n'est donc pas
pour eux l'équivalent à\i jus arjendi eu m populo chez les
Romains. Il n'y en a pas moins là de quoi leur assurer
une situation considérable au point de vue politique '".
Très souvent aussi ils ont à faire œuvre de diplomates.
Par exemple, au cours d'une campagne, ils concluent
avec l'ennemi trêves ou conventions de toutes sortes" ;
ils envoient à .Mhènes, non seulement sur leurs opéra-
tions militaires, mais encore sur la situation générale,
des rapports qui contribuent à faire cesser ou continuer
la lutte'-; et, si la paix se conclut, ils figurent dans une
forte proportion parmi les signataires du traité '^ S'agit-
il, au contraire, des peuples amis ".'Comme ce sont eux, en
somme, qui représentent .\lhènes au dehors, de la dou-
ceur de leurs procédés, de l'habileté de leurs négociations
dépendent, pour une bonne part, l'affection ou la haine
des alliés, et, par suite, la solidité de la ligue maritime
sur laquelle repose la puissance de leur patrie'^. Enfin
ils constituent les intermédiaires habituels entre l'État
athénien et les étrangers : au besoin ils les introduisent
devant le Sénat'" ; ils demandent pour les bienfaiteurs
d'Athènes des récompenses honorifiques '" ; ils prennent
soin d'eux quand ils leur ont obtenu le litre de proxè-
nes'^; et ils leur envoient, en les timbrant du sceau
de l'Étal, la copie officielle du décret qui les concerne '*.
Leur rôle, en matière de finances, ne manque pas non
plus d'importance. Dira-t-on qu'ils sont toujours obii-
I Aux fonclioDS mililaircs des siralèges se raltaclie naturellement la mission
de garantir la sécurité sur toute l'étendue du territoire (1ns. gr. I. Suppl. 27 u, I.
76), avec le concours des éphèbes pour l'Attiquc proprement dite ('AO. zi)..
XLII, ■i'i) ; d'intervenir en cas de révolte grave des esclaves (comme c'est le
cas au Uurium, >ers la fin du ii< siècle : Athen. VI, p. ilî, e; Paul Gros. V,
2); de répricner la piraterie (»«-'» «iXarra., na-i ijorOlv çi,l««ji : Ins. gr. Il,
80* B, col. 4. I. 32; Dcm. VII, 1H5); et de protéger les convois de blé
destinés au l'irée (sa^ason-r. toî »i'tou : Ins. gr. II, SOS, col. a, 1, 37 ; Dem. L,
17). — 2 I)e là des formules comme ; un tel tt-t>" cEgÈ wv "aé-jh, à=o=ŒtvÉi,
Ui.ttaiv, i«^in«oTOfT,xc- ; sTj.TTji; (/«». çt. Il, 55, ISO, 100 b AJd., 389).
— 3 lns.gr. 1, Suppl. 61 o. 1. 2'i ; 026, 1. 6; 1ns. gr. 11. 5, 54 6. 1. 4. - ilns.gr.
11. 5, II e : T"^ii.T^ (TipaTr.Ywv. — ^ Les ;uYY5a=Eîç du v« siècle l'ont possédée
également; mais, avec euv, il ne s'agit pas d'un collège permanenl. — C Flut.
Nicias, D ; Diod. XIII, 2, 0; Uem. XVlll, 105. — '• Uem. XVIll, 170. - » Nous
en avons la preuve pour l'Assemblée [Ins. gr. I, 40, I. 54) ; i devait en être de
même pour le Sénat. A l'époque des Ouatre-Cents, le même privilège leur
est d'ailleurs expressément reconnu ('A6. t.i>.. XXX, 3 : XXXI, 3). — 9 Tliucyd.
IV lis, U; Plut. Phocio, 13. Le Sénat, se réunissant à peu près tous les
gés de faire voter par r.\ssemblée les crédits dont ils ont
besoin'', qu'ils doivent justifier de toutes leurs dépen-
ses-", et que d'ailleurs ils ne sont pas libres de tenir
leurs comptes sans l'intermédiaire de trésoriers'-' et
d'esclaves publics --, dont l'aide ressemble un peu à un
contrôle '? Malgré tout, en temps de guerre, la meilleure
part du budget passe entre leurs mains. En outre, assez
souvent nous les voyons chargés de lever les tributs des
alliés " : on sent tout le parti qu'ils peuvent tirer
d'une pareille mission. Dès le v' siècle, Alcibiade prétend
déjà trouver chez les sujets d'Athènes l'argent nécessaire
pour assurer à ses soldais une solde égale à celle que
Lysandre donne auxsiens, grâce aux libéralités de Cyrus ;
et, une fois engagé dans la voie des percepfions arbi-
traires, il en profile pour s'enrichir personnellement'-''.
Le mal ne fait qu'augmenter au iv° siècle, quand Athè-
nes recourt de plus en plus aux armées mercenaires,
sans s'inquiéter de les payer. Elle ne peut plus dès lors
être bien sévère sur la gestion financière de ses géné-
raux ; ceux-ci mêlent étrangement les razzias aux opé-
rations stratégiques ; il faut s'en remettre à leur cons-
cience du soin de distinguer l'intérêt de l'État, celui de
leurs soldats, et le leur -^
Les stratèges ont encore des pouvoirs judiciaires assez
étendus. Qu'un soldat soit accusé d'insoumission,
d'absence illégale, de désertion, de trahison ou d'espion-
nage"; qu'un citoyen se croie illégalement appelé à rem-
plir les fonctions de triérarque" ou à faire l'avance des
contributions extraordinaires de guerre {npoetc-f opi) 2* ;
qu'à ce propos il réclame le bénéfice de ràvTiôo<7iî ^' ; ou
qu'il ail des difficultés avec l'Élat, au moment où il doit
rendre le vaisseau qui lui avait été confié " : dans tous
ces cas, les stratèges ne tranchent pas eux-mêmes la
question; il faut avoir recours à un tribunal soit d'hé-
liastes ordinaires, soit de citoyens dont l'.Vthénien incri-
miné était ou aurait dti être le compagnon d'armes ; mais
les stratèges sont chargés de recevoir les plaintes, d'ins-
truire l'affaire, de convoquer le jury compétent, et de le
présider^'. En outre, ils exercent une sorte de haute
police, en aidant à réprimer toute entreprise touchant à
la sûreté de l'Élat. Un décret du m' siècle résume assez
bien leurs attributions à cet égard : un certain Phœdros
est félicité d'avoir, en qualité de stratège, <c travaillé au
salut de l'Étal, et contribué à garantir l'indépendance de
la ville, l'intégrité du gouvernement démocratique et
l'aulorilé des lois" >■. Dans cet ordre d'idées, le peuple
ordonne aux stratèges de veiller àla sécurité deMénon,
l'accusateur de Phidias"; en 4H, au temps des Qualre-
Cenls, la constitution nouvelle prévoit que tout magis-
jours, n'a pas besoin de convocations spéciales. — "> Sur ce point, cf. Snoboda,
Bemerkungen :ur poUtischen SuUung d<:r uthenischen Slrategen Uth. Mus.
XLV, 1890, p. 288 sq.;. — " Ces conventions ont toujours besoin d'cl.-e ratifiées
par lé peuple (//H. «r. 1, Suppl., 61 a). - i2/ns. yr. Il, 109; Isocr. VII, SI. - "Thu-
cyd. V, U : sur 17 ambassadeurs qui signent la paii de Nicias, Il ont été slralèges
après ou avant 421. — It Timolliée, en particulier, rendit ainsi les plus grands
services (cf. Hauvetle, p. 127). - '» 1ns. gr. II. 5, 3S5 c, I. 34. — "i 1ns. gr. II,
55, I. 6. - " Textes dans Hauveltc, p. 128, n. 4. — 1» 1ns. gr. 11, 443. - 19 Thu-
cvd. VI, 22; VI, 93. — 20 l'Iut. Pericl. 23; Nioias. 15. -2' Aeschin. I, 56.
1 î2 Dem. VUI, 47 ; Scol. ad Dem. H, 23, 19. - 23Tbucyd. Il, 69 ; 111, 19; IV, 50
et 75 _ 24 Plut. A;ci6. 33-30. — 25 Les orateurs se plaignent souvent des abus
commis par les slralèges (Dem. VIU, 21-25; Isocr. VIII, 134; elc). - 26 Sur lo
noM.bre des chefs d'accusation de ce genre, cf. Hauvclle, p. 140 sq. -Nous avons
parlé plus liant des alTaircs disciplinaires soumises directement aux slralèges.
_ 27 Ins. gr. Il, S09, col. «, I. 205sq. -2S Uem. XLII, 25: L, 8.-29 Dem. XLIl.S.
- M 1ns. gr. Il, soi A, col. 6, I. ,03 sq. - 31 Ils peuvent, au besoin, se faire
suppléer par les laxiarques (Dem. XXXIX, 17). - 32/;is. g<: II, '.H, I. 38. _ 3! Plut.
Peric. 31.
STR
1528
STR
Irai coupable d'avoir voulu empêcher un ciloyen de
présenter une proposition, même réactionnaire, sera
amené aux stratèges, qui le livreront aux Onze pour
être punidemort'; et, parconlre, Tannée suivante, après
l'écliecde celte révolution, les stratèges encore arrêtent et
traduisent ses auteurs devant le tribunal démocratique-.
Enfin, dans maintes circonstances, les stratèges
sont mêlés aux cérémonies religieuses. Au moment
d'entreprendre une campagne \ avant d'engager une
bataille ', aprèsavoir remporté un succès % en concluant
une trêve «, ils oll'rent des sacrifices en compagnie de
devins qui leur sont indispensables, mais sur lesquels
la loi leurdonne oflkielleiuenl le pas'. Ils ontégalement
leur place dans les grandes fêles de la cité. Bien entendu,
ils sont d'institution trop récente pour en avoir la prési-
dence et l'organisation ; mais, comme ces fêtes compor-
tent presque toujours une procession dont on lient à
rehausser l'éclat par le concours de la cavalerie, les stra-
tèges, en tant que chefs de l'armée, sont à la tête de
cette escorte. L'inscription du oEptiaxixov nous atteste leur
présence aux grandes Panathénées, aux Dionysies du
Pirée, aux Lénéennes, à des sacrifices en l'honneur
d'Hermès Hégémonios, d'Eirènè, d'.\mmon, de la Démo-
cratie et de la Bonne Fortune '. Xous savons qu'ils
prenaient même part à des processions hors d'Athènes,
comme celle qui se rendait à Delphes, au sanctuaire
d'Apollon Pythien " ; et sans doute, dès le iV siècle, le
plus clair de leur activité se dépensait de ce côté, puis-
que Démosthène leur reproche dépasser leur temps avec
les hiéropes plutôt qu'à la guerre '".
Place des stratèges dans l'Etat. — Telles sont les prin-
cipales fonctions des stratèges. Quelle place leur don-
nent-elles dans l'État? 11 est assez malaisé de la définir
d'un mot; car leur pouvoir, d'après la constitution
même, olTre un singulier mélange de faiblesse et de
force. D'une part, en effet, faire dépendre leur nomina-
tion d'un vote où la faveur du moment n'a pas moins
d'importance que le mérite ; les laisser ensuite à la
merci d'une assemblée populaire dont rien ne garantit le
sang-froid ni l'impartialité, c'est d'avance rendre bien
difficile au talent de s'affirmer, à une personnalité quel-
conque de former et de poursuivre un grand dessein poli-
tique. Mais, d'autre part, ces hommes qui déjà tiennent
en mains l'armée et la flotte se trouvent appelés encore
à conduire des procès considérables, à mener des négo-
ciations diplomatiques, à manier des sommes fort élevées,
à jouer même un rôle actif dans les délibérations du
Sénat et de r.\ssemblée ; et, plus ils restent de temps en
charge, moins ils ont de comptes précis à rendre de leur
conduite. De ces contradictions résulte, dans la situation
des stratèges, quelque chose de forcément incertain. En
fait, leur imporlance a beaucoup varié suivant les époques.
A l'origine, dans la pensée de Clisthène, ce sont de
1 -A», r.l. XXIX, 4.-2 Ps. l'Iul. .Y Urat. Antiphi, H si|. — 3 Tliucyd.
VI, 32. — * Hcrod. VUl, 01. — û /«s. fjr. I. Suppl, 27 a, 1. IJ7. — 0 Tl.ucyd. V,
19 et 47. — ^ Plal. Lach. 199 a. — 8 Jns. gr. U, 741. — 9 Cf. G. Colin, Z.J ciitte
d'Apollon Pythien a Athmes. — 10 Dcni. IV, îi ; 35-36.— Il C'est le jugc-
mcnl de Thucydide {II. 05). On s'est demandé souvent si, une fois au moins, Périclès
n'a pas outrepassé se* pouvoirs, >piand, pendant l'invasion d'Aixliidanius, par
défiance d'un coup de tùle de la foule, il évitait avec soin loulc réunion do l'Assem-
blée (Thucyd. Il, iî). La loi, il est vrai, prescrivait aux prylanes do réunir h
peuple quatre fois par prytanie ('A6. tm. XLIH, 3). Mais Alljcncs se trouvait alors
dans dcâ conditions particulières ; lotis les citoyens valides étaient occupés à la
garde des remparts ; et. comme l'armée péloponésiennc n'est pas restée plus de 25
à 30 jours en Attit|uc (Busolt, Griech. Gescit. III, 2, p. 931), pendant cette période
relativement courte, où tout était à organiser, on dut songer a<sez peu à délibérer
simples chefs militaires, aux fonctions strictement limi-
tées. Peu après, surviennent les guerres médiques, et la
subite expension de l'empire athénien qui en est la con-
séquence. On rêve sans cesse de s'agrandir ; on doit
défendre ce qu'on a acquis; de toute façon, on vit dans
un état de guerre presque continuel qui met les stratèges
en relief: et, comme la démocratie ne répugne pas encore
à accepter un guide, s'il fait sa force et sa gloire, Péri-
clès peut, pendant quinze ans de suite, rester à la tête
des affaires, et, sans sortir de ses attributions légales,
jouir d'une autorité presque absolue". La chose s'expli-
que fort bien. A ce moment, les anciennes magistratures
ont perdu leur prestige; les archontes sont tirés au sort;
l'Aréopage est dépouillé de ses prérogatives essentielles;
les stratèges représentent le pouvoir exécutif. Que l'un
d'eux ait assez d'autorité pour grouper autour de lui des
collaborateurs de son choix : il devient le vrai chef du
gouvernement. C'est l'époque la plus brillante de leur
histoire. Périclès mort, pendant quelques années les
hommes qui dirigent Athènes sont parfois encore des
stratèges (Nicias, Alcibiade) ; mais, déjà avant la fin
de la guerre du Péloponnèse, la démagogie l'emporte.
Les projets de constitution oligarchique, en 411, compor-
tent bien le rétablissement des privilèges des stratèges;
après l'échec de cette révolution, l'autorité passe aux
mains des orateurs. Désormais, les stratèges en sont
réduits de nouveau à n'être plus que les commandants
de l'année et de la flotte ; ils peuvent se rendre célèbres
par des innovations tactiques, par leur habileté à tirer
parti des troupes mercenaires qui, de plus en plus, se
substituent aux soldats citoyens ; mais, à de rares excep-
tions près, ils perdent toute influence politique. Il faut
attendre l'époque romaine pour les trouver de nouveau
à la tête de l'État.
Modifications apportées à la stratégie après l'époque
classique. — Dans l'exposé qui précède, nous avons sur-
tout considéré les stratèges à l'époque classique, c'est-à-
dire dans la seconde moitié du v° siècle et la première
moitié du iV. Au temps d'Aristote, la constitution du
collège est assez profondément modifiée. Désormais les
stratèges n'exercent plus indifféremment un commande-
ment ou un autre : chaque année, le peuple assigne à
cinq d'entre eux une mission bien définie. L'un (ÈTtl toùç
ôTTÀtTaç) commande les hoplites en eus d'expédition au
dehors ; un autre [i~\ tt,v /ojoïv) est chargé de protéger
l'Altique contre toute invasion du côté de la terre, tandis
que deux de ses collègues (iîç ty|v Mouvt/i'av, e!ç tY|V
'AxTr^vj surveillent les côtes et les arsenaux du Pirée ;
un cinquième [Itzi. tkç (iu[A|xopia;) dresse la liste des trié-
rarques, et, au besoin, procède aux échanges de fortune,
ou instruit les contestations auxquelles donne lieu cette
liturgie; les cinq derniers reçoivent des missions diver-
ses, suivant les nécessités du moment'"^. Les choses
sur l'Agora. En tout cas, ce sont les historiens modernes qui ont soulevé la ques-
tion ; les contemporains de Périclès ne semblent lui avoir adressé aucun reproche
à ce sujet. — '2'Ae. iîoà. LXI, I. Ces indications sont confirmées par nombre de tes les
épii,'raphiqucs, postérieurs, en général, à Arislote (cf. les noies de l'édition de
Sandys). Nous connaissons aussi, par les in-criplions, quelques-unes des missions,
plus ou moins temporaires, qui étaient coniiées aux cinq derniTS stratèges: par
exemple, la garde de la paralie {Ins. ^r. Il, 1 19V, 1195) et du territoire d'Eleusis (/«s.
ijr. Il 5, 014 6, 019 6t, la surveillance du matériel de guerre (Ins. gr. II, 331, 985),
le commandement de la marine {Ins. gr. Il, 331) et de la cavalerie (fiuH. corr. lied.
XXX, 1900, p. 226), les procès concernant les élrangers {Ins. gr. Il, 331), Enfin,
(lès les trente dernières années du iV siècle, nous trou> ons également des siralèges
chargés du eommandemeiit supérieur dans certaines clérouchies, à Salamine, à Myrina
et à IlépbzBstia dans l'ile de Leiimos, à Syros (renvois dans Gilbert, Uaudbuch d. gr.
STR
— 1529
STR
sont ainsi réglées à parlir de 325, au plus tard'. Mais
nous ignorons à quelle date remonte l'organisation nou-
velle; car aucun historien ne nous renseigne expressé-
ment sur ce point, et nous trouvons peu de mentions
fortuites de stratèges à attributions distinctes avant
325. Notons du moins un droaTriVÔ; ô l-i tY|V auÀx-
y.Y,v TT,; /'ipaç, dès 352-. Démosthène, en 351, parait con-
naître le stratège des hoplites, bien qu'il ne le désigne
pas expressément '; et, pour les symmories triérarchi-
ques, tandis qu'en 325 il existe un 7-:poi.TT,Ybi;o ètû xiç cju.-
jjLopi'aç ■/■|pï|U.ivoç *, en 334 elles sont encore sous la sur-
veillance de tout le collège des stratèges'. De ces faits
il semble résulter deux conclusions : la spécialisation
des stratèges n'a pas été décidée d'un seul coup, et
on ne s'en est guère avisé avant le milieu du iv'^ siècle.
Par la suite, une seule chose esta relever dans l'his-
toire de la stratégie, la prépondérance croissante du stra-
tège des hoplites. Elle se marque déjà, dès le premier
quart du m' siècle; car nous connaissons, à celte date, la
carrière d'un certain Phaidros : il n'arrive à la charge de
cTTsaT-riyoç iiù. ri otzXx qu'après avoir été, successivement,
età plusieurs reprises, •y-ç.xTrijoi èti'! tyjv ■ira|;a(jxEu-/-v, £7:1x7,7
/(ôpav et ÈTti Toù; çevù'j; ". Elle apparaît mieux encore un
peu plus tard : le stratège des hoplites devient éponyme
à côté '' , ou même à la place, de l'archonte principal ' ;
plus d'une fois, le simple mol de nzz,3.-:-r,-;6:; suffit à le
désigner"; et, seul parmi les stratèges, il possède un
siège réservé au théâtre de Dionysos'". Ce n'est pas à dire
pourtant qu'il reste seul survivant de l'ancien collège" ;
mais lui seul désormais fait figure dans l'Élat. Cliargé,
au moins dans certains cas, de convoquer le Conseil et
l'Assemblée du peuple'-, d'assurer l'approvisionnement
de la ville en vivres et en blé ", de surveiller les poids
et mesures et, en particulier, de punir les esclaves publics
employés à la fabrication des monaies", de présider
aux éludes des éphèbes et à leurs examens '% il occupe
de nouveau dans Athènes, avec le héraut de l'Aréopage,
un des rangs les plus considérables. Mais alors, il est
vrai, ses fonctions ne sont plus guère que des fonctions
administratives ; et le commandement d'une milice locale
est tout ce qui répond au titre uième de sa charge.
II. HORS D'ATuiiNES. — llors d'Alhènes, le titre de ttoï-
TfiYoç se rencontre aussi fort souvent, et cela indistincte-
ment dans toutes les parties du monde grec, qu'il
s'agisse d'Étals continentaux ou insulaires, ioniens ou
doriens, démocratiques ou oligarchiques. Ces stratèges
peuvent être soit les magistrats particuliers d'une cité,
soit ceux d'une confédération, soit môme ceux d'un des
royaumes issus de l'empire d'Alexandre. Pour les villes,
les exemples sont extrêmement nombreux '^ Citons :
dans la Grèce centrale et le Péloponnèse, Mégare,
Slaatshausall. I, p. ÔO'J, n-, I) cl. à Samos (H. v. Gacrlringcn, Inschr. i\ Priene,
n'^ : peu a^aiit 3-6j. — » Nous avons déjà rappelé que la coniposilioa de r'AÔTi-aîcv
iioli.Tt.'K se place entre 334 et 323. — 2 1ns. gr. H, 5, 104 n, 1. 19. —3 Dcm. IV,
Ï6. On a voulu parfois trouver, des le v* siècle, la trace de ce stratège ; mais,
en réalité, on ne peut tii-er une telle conclusion ni de Lysias, XXXIl, 5, ni de
Xen. Hell. IV, 5, 13. — 4/ns. gr. M, 809, col. a, I. 208. _ ô /nj. gr. 11,804 A, col.
b, 1. 73. — 6 Int. gr. II, 331. — 1 1ns. gr. Il, 481. — » Ins. gr. H, 393 ; Samml.
gr. dial. Inschr. n« 2089. De même, le nom du stratège des hoplites parait avoir
été gi-avé le premier an revers des monnaies d'argent du nouveau style (TIi. Keinach,
dans hev. des et. gr. 1, 1888, p. 103, sq.) — 9 C'est le cas dans les deux dernières
inscriptions mentionnées ci-dessus. — l"* Ins. gr. III, 248. Le siège porte seulement
le mot •Tiaxr.-oj ; mais nous ne pouvons guèi'e douler qu'il s'agisse du stratège des
lioplites. — u Vers 128 av. J.-C-, cinq stratèges viennent à Delphes pour la
Pythai'de ; ils portent les titres de Ir.i ta SnÀK, è-t t^ vauTtxôv, Izi tb Îiï-ixôv, It.X
in Dufa.S et iT.\ 'EitueTïva (G. Colin, Le culte d'Apol. Pytk. à Âth. p. 72). En
VIII.
Corinthe, Argos, Tégée, Messène; en Thessalie, Lamia,
Phères, Larissa, Oloosson ; en Eubée, Erétrie et Carys-
tos; dans l'Arciiipel, Imhros, .\ndros, Coresia, Carthaia,
Tenos, Paros, Minoa, Arcésinè, Calyinna ; en Asie
Mineure, Cyzique, Lampsaque, Ilion, Mytilène, Per-
game, Stralonicée, Temnos, Erythrées, Smyrne, Sardes,
Téos, Ephèse, Magnésie du Méandre, Nysa, Milet, Aphro-
disias, Sébastopolis, Laodicée du Lycus, Hiérapolis,
Cos, Rhodes ; dans le Pont, Olbia : dans les îles
Ioniennes, Corcyre ; dans la Grande Grèce, Tarente, Thu-
rion; en Sicile, Tauromenion, Syracuse. Pour les confé-
dérations, sans compter les lignes étolienne et achéenne
dont les stratèges sont bien connus, nous trouvons
des fonctionnaires de ce nom chez les Acarna-
niens et les Phocidiens (dès l'époque classique), les
Arcadiens (après Leuclres), les Béotiens (quand ils sont
rattachés à la ligne étolienne), les Épirotes (après la sup-
pression de la royauté), les Thessaliens et les Magnètes
(au temps de la conquête romaine), les Lacédémoniens
(après la chute de Nabis). Enfin il existe aussi des stra-
tèges parmi les hauts dignitaires créés par les Séleu-
cides, les Atlalides, ou les Lagides.
Est-il besoin de le dire? à ce titre uniforme répondent,
malgré certains points communs, des fonctions assez
diverses. Empruntons simplement un exemple à chacun
des trois groupes que nous venons de distinguer. Chez
les Étoliens '\ le stratège est le magistrat le plus élevé
de la confédération. Nommé chaque année, sous la seule
condition d'êlre Élolien et âgé d'au moins trente ans, et
rééiigible ensuite indéfiniment après un intervalle d'un
an, ses pouvoirs sont avant tout d'ordre militaire :
dès qu'une guerre a été décidée, il convoque les troupes
qui doivent y prendre part, se met à leur tête, et dirige
les opérations ; après la victoire, il préside au partage
du butin, et décide, en cas de besoin, de la légitimité
des prises ; dans le même ordre d'idées, il veille aussi à
ce que les princes étrangers, en quête de mercenaires,
ne fassent pas en Étoile des levées d'hommes capables
de compromettre le recrutement de l'armée nationale.
En même temps, avec le conseil permanent des i.iiix.Ar^-
Tot, il a une part importante dans la direction des
atlaires extérieures de la confédération, traite avec les
puissances étrangères, introduit leurs ambassadeurs
dans l'Assemblée, et envoie des Ihéores chargés de
représenter l'Étoile aux jeux des États alliés. Il joue
également un rôle dans la politique intérieure ; car, de
concert encore avec les àTiozXT|Toi, il convoque l'Assem-
blée et peut y faire des propositions. Enfin il intervient
dans le jugement de certaines afiaires, et son nom figure
en tête de tous les documents officiels. — Tout autres sont
les attributions d'un stratège chez les Lagides'*. Celui-ci
102-94, la liste des à-ap/af de l'ennéotcridc delphiqne lait mention du ■yzf^zr.yhi
i-l -i ï-'«a, du i;TsaTr,v4î UX Tr,-. sajuinîJV' tr.v Iv Utih et du OTpaTr.j'o; i-'i xi
vauTixdv {Ins. gr. Il, 983). Kiihier suppose que le otouttit'os l-'i ii îi'a» subsiste seul
après Pharsale ; mais, dans une inscription éphébique postérieure à 48, il est question
d'ordres donnés iri te toû i.o.i.iiit«j xa'. -.'«w »ij«T7-,Y.-y {1ns. gr. Il, 481, I. 52). Enfin,
vers la lin du i" siècle de noire ère, une liste de prylanes mentionne encore un
,rTî«T,7is à côté du oTfair.YOî iiîi t4 ô'bU {/ns. gr. m, 1020). Il n'en résulte pas,
bien entendu, que le collège comprenait encore dix membres, conmie autrefois.
— 12 Ins. gr. 111. 38, I. 49. — «3 Philoslr. Vit. sophist. I, 23. — '4 Ins. gr. II,
470, 1. 4li. — li fini. (Juaest. conv. IX, I, I. — »'• Il est impossible ici de donner
toutes les références ; je nie borne à renvoyer aux .Manuels d'institulions (en parti-
culier a Gilbert, Uandàuch der gr. StaatsaU. t. Ill, et ^mlndices des deux
SiiHoge de Diltenberger. — 11 M. Dubois, Les lignes étolienne et achéenne,
p. 194 s(|. : Breen, De Aetolorum institutis publias (.1/nem. XXIX, 1901, p. 400
sq.). _ 18 Bouché-Leclercq, Hist.\des Lagides, t. III, p. 137 sq. Le mot
192
STR
lo.iO —
STH
est, au nom du roi, le gouverneur d'une province. Dans
les limites de son nome, il réunit à peu près tous les pou-
voirs; l'adminislralion tinaneière lui échappe seule,
parce qu'elle est fortement centralisée sous la direction
du dioccète d'Alexandrie ; mais il commande les troupes,
s'occupe de la police, reçoit les pétitions, rend la justice,
s'intéresse à l'agriculture, et administre spécialement le
domaine royal. — Quant aux stratèges particuliers des
villes d'.\sie Mineure', s'ils restent bien, en générai,
même sous la domination romaine, les premiers magis-
trats de leur cité, de bonne heure ils perdent tout carac-
tère militaire. Ce sont de simples administrateurs : ils
instruisent, discutent, soumettent à l'Assemblée les me-
nues questions d'intérêt local où se réduit alors pour eux
toute la vie politique ; leur activité se dépense en
paroles ; ils n'ont guère en outre qu'à ofl'rir des sacrifices,
à présider des jeux, el à faire ériger les statues votées
par le peuple.
Dans tout cela, on le voit, les attributions des stratèges,
en exceptant peut-être les fonctionnaires royaux, ne
dillerent pas essentiellement de celles de leurs collègues
d'Athènes. Mais, d'un pays à l'autre, telle de ces attri-
butions prend une importance plus ou moins grande :
tantôt nous avons affaire à un stratège unique, et tantôt
à un collège plus ou moins nombreux ; ici le stratège
est éponyme, là il ne l'est pas ; et d'ailleurs, dans le
même pays, les choses peuvent changer avec les époques.
Bref, pour nous faire une idée précise de la situation
des stratèges hors d'Athènes, le problème devrait être
posé successivement pour chaque État. Dans- bien des
cas, les documents sont trop rares ou de date trop ditlé-
rente pour permettre pareille étude; et, dans les limites
mêmes où elle est possible, elle dépasserait de beau-
coup l'étendue de notre article.
Mentionnons seulement encore le sens du mot cTcaT-r,-
Yo; dans les textes relatifs à l'histoire romaine. Employé
seul, cTpaTT^yô; est la traduction de praetor. Mais on
trouve aussi les expressions composées c-piTYiYo; û'xotToç
et <7Tpx-Y^-pî àvOÛTraTo;; dans ce cas le second terme a seul
une valeur précise : il rend consul ei proconsul \<i-ziJa.Tf^-
fôç n'est qu'une addition imaginée pour marquer aux
yeux des Grecs que le consul ou le proconsul agit comme
chef militaire-. G. Colin.
STRATOR. — Ce nom était dans l'armée romaine
celui des soldats chargés du soin des chevaux elde l'écurie
o:;«-r.-.-i;. Cil Egjpic, peul d'ailleurs di'siguer aussi des cumiuaudacils de U-oupcs
spéciales (police, apparilcuis, clc), ou même des officiers de vénerie.
— ' V. Cliapol, La province romaine proconsniaire ifAsie, p. iiO si|.
— a H. Koucarl (flen. de Philo!. XXUI, ISO'.i, p. SJl s((.). — BiuuouBAraiE,
Arnold, fie Atheniensium saeculi a. Chr. n. qiiinti prœloribus (Uiss. 1 et II,
Dresde, l(iT4 et 1876); Droyscn, Bemerkungen ûter die atlischen Slralugcn
{Uermi's. IX, 1875, p. 1 sq.) ; (iilbert, Beilrâge ziir innent Geschichle Atlltns
iin Zeilaller des peloponnesisclien Krieges, Leipzig, IS77; Fischer, Quaestionum
de praetoribiis alticis saeculi quinli et guarti a. Chr. n. spécimen. Kônigsberfr,
1881 ; llauvellc-Uesuaull, Les slratéges athéniens, Paris, 1881 (le travail
d'ensemble le plus complet sur la question; ; Beloch, Die attiédie t'olitik seit
Perikles, Leipzig, 1884 (avec, en appendice, un essai de liste chronologique des
stratiges connus) ; Swoboda, Uemerkmgen zur polillscheit Stellung der alhe-
nischen .Strategen {/them. .Vus. XLV, 1890, p. 288 sq.); Sundwall. Epiyru-
phische Beitrûye zur sozialpolitischeit Geschichle Athens im Zeitaller des
Ùemosthenes, Uipzig, lOno, (liste des stratèges conuus de 360 à 3i3) ; iNcubauer,
Atheniensiii7n reipublicae guaenam Ilomanoram temporibus fai-rit condicio (Diss.
Halle, 1»8i) : Spaugeabcrg, fie Atheniensium pnblicis institutis aetale Alaced.
commutalis iDiss. Halle, 188V); Sundnall, De in.ilititlis reipublicae Atheniensium
post .iriHolelis actatem commutalis, HehingfoTS, l'ioiî; Guâdin-er, VeGraecorum
magistrat, cpongmis (Diss. Strasbourg, JS9â).
STRA-roil. I Eph. epigr. IV, p. 4«C, n" 1-18; /nsc. gr. rom. III, liS7.
— s Hid. p. 407, D" 19, iO, îl, i4, J5. — 3 Jbid. w 28-30. _ 4 J„sc. gr. rom.
des officiers généraux, leurs écuyers (en grec àvaSoÀsû;
ou cxptoTT,;). On en rencontre à côté des commandants de
corps d'armée' et des légats légionnaires-, mais non
auprès des tribuns, auprès des procurateurs gouverneurs
de province', auprès des préfets d'ailes auxiliaires*, des
préfets du prétoire^ et même de certains gouverneurs de
provinces dépourvues de garnisons ^ par exemple de
proconsuls'. En ce cas, on les détachait d'une armée
voisine; c'est ce qui advenait en Afrique donlVof/icium
était composé de soldats venus deNumidie'.
Les stratores, que mentionnent fréquemment les ins-
criptions, étaient les uns des soldats d'élite {iiitinunes)^,
qui continuaient à taire partie des cadres réguliers des
cohortes'" et passaient de cette fonction à quelque
autre, les autres des décurions ", des centurions '-, même
des priinipiles'^. 11 est évident que ces derniers étaient'
les chefs du groupe que formaient les premiers "^.
Les empereurs avaient aussi leurs slralores^'. A la
lin de l'Empire, ceux-ci formaient une scola '", à la tête
de laquelle était un /ribuiius stabuli, dépendant du
magisler of/iciorum ". Ces stratores, comme aussi sans
doute les siralores de l'époque antérieure, s'occupaient
de la remonte ; ils étaient envoyés en mission dans les
différentes provinces pour vérifier la qualité des chevaux
demandés comme impôt aux provinciaux {equorum col-
latio] et eu prendre livraison"*. R. Gagnât.
STREXAE. — Présents que les Romains échangeaient
à l'occasion de certaines fêtes, et particulièrement aux
calendes de janvier (élrennesy. — L'origine du moistrena
est fort douteuse : pour certains auteurs, c'est un mot
sabin synonyme de Snnitas' ; d'autres le rapprochent
de stfenuus- ou même de (remis pour ternus', par une
hypothèse plus ingénieuse que vraisemblable. Mais tous
s'accordent à lui donner le sens primitif de /jo/îmw o»ie;(,
heureux présage, qu'il a notamment dans deux passages
de Plaute '. 11 semble, d'autre part, qu'une confusion se
soit anciennement établie entre l'usage des strenae et le
culte de la déesse Slrenia, personnification de la santé,
qu'il faut rapprocher de Sahis ' : Symmaque " fait remon-
ter à l'époque du roi Sabin Tatius, l'habitude d'olTrir
comme don de nouvel an des rameaux sacrés coupés
dans le bois de S t renia '. Un sacellum Streniae entouré
d'un luciis devait exister au commencement de la voie
sacrée, près du Colisée ' ; mais il est impossible d'en
fixer l'emplacement avec plus de précision.
m. loai. — 3 Corp. ins. Int. VI, 3W8. — 6 Ibid. III, i06T. — ^ Ui,j. I. Iii, 4^1.
Xeyno proconsulum stratores sitos habere potest ; sed vice eorum milites ministeno
in provinciis fiinquntur. Aussi en trouve-t-ou auprès du proconsul d'Afrique
(Uuiuarl. .\ct. sincera, p. il7). — » Cf. mon Armée d'Afrique, p. Sût sq.
— 3 Dig. L, G. 7. — 10 C. i. /. Vlll, 2307, 25C8, 2309, etc. — " Jbid. 9370. On
pourrait rependant admettre <iue le personnage mentionné dans ce texte n'a èlé
promu décurion (ju'après avoir ({uitté la charge de strator ilu gou\erncur.
— '^Ibid. II. 4lli : Vlll, 2749. — '^ Ibid. Vlll, 7030. — H Cf. Mommsen, Eph.
epigr. IV, p. 409. — 15 Vila Curacallae, 7 ; Vi/o Macrini, 4 ; Animian. XXX, 3 ;
C. i. l. X, 3757 : ;)ri»io//î(oris [/es.] X\'I militans sllrator in praetorio] imp.
CncsaWs (reslilulion de M. von Domaszewski). — "^ Cad. Theod. VI, 31 (cf.
Codefroid, t. II. p. 242). — !■! Anmiiau. XXX, S: Sjramach. Episl. X. 31.
— 18 Ammian. XXIX, 3, 5 ; Cod. Tlieod.. loc. cil. ; Syniniach. loc. cit.
STHENAK. I Elpidian. ap. J. I.yd. De mensitr. 4, 4. — 2 Pompon, ap. Non. t,
.30; Svmmach, Ep. 10. 33. — 3 Fest. s. v. Strena, Millier, p. 313. •■ Utrenam
vocamus quae datur die religioso, ominis boni gratta, a numéro, quo signifi-
catur, alterum tertiumque vtulurum similis commodi, veluti trenam praepo-
sila .V. littera, ut in loco et lile solcbaiit anliqui. » — t l'Iaul. Slich. .';, 2, 24 et
3, 2. 8. Cf. Ovid. Fast. I. l^: : » Omeil causa est ., etc. — ^ Preller, Itœm.
Mijlh. 2, 231, Voy. sALUs, p. 1037. — 6 ioc. Cl*. — 7 Cf Lyd. et Fest. (oc.
cit. — « 11. Jordan, Topogr. d. Stadt Rom im Atterth. 1907, I Bd. 3 Ablh.
p. 259, Der Esquilin; cf. Varro, Lin'i. lai. V, 47; Fest. 293; August. Civ.
D.
16.
STR
— IS-'^I —
STR
De tous ces témoignages il résulte que les slrenae ont
toujours eu une valeur symbolique et une significa-
tion religieuse. La nature même des objets qui étaient
offerts comme présents confirme cette interprélation ; à
l'origine, on donnait, outre les rameaux sacrés [verbr-
ii(ii') de laurier ou d'dlivlcr, des dattes, des figues, du
miel ', " pour que
I "ann(''e dans son
cours soit aussi
douce que le don; ■>
quelquefois les
IVuits étaient revê-
ius d'une mince
couche d'or : Mar-
tial mentionne no-
tamment des dattes
dorées ^. Mais les
fruits ne tardèrent
pasà être considérés
comme un présent
trop humble, que
seuls les pauvres
gens pouvaient se
permettre, en l'ac-
compagnant d'une
petite pièce de mon-
naie ^ L'argent peu
à peu se substitua
... ,.,,, ,. ,, aux cadeaux primi-
[■1^. (.1.4!. — \(i'n\ il .■Irciiiii's. _ ^
lil's, dignes de la
simplicité de l'âge d'or; Ovide fait dire plaisamment au
dieu Janus, que l'argent est encore plus doux que le
miel*^. On donnait
suivant ses moyens
des pièces de cuivre
ou d'or '.Enfin, sous
l'Empire, on échan-
geait des coupes '^
ou des lampes de
terre cuite portant
l'inscription : An-
num nomnn faus-
luin felicem tnihi
(ou filti), ou simple-
ment : A7inum no-
vum, Annitm fauKlum feliceiii\ et quelquefois des
représentations d'objets qui semblent figurer des cadeaux
d'étrennes, tessères, fruits, guirlandes, as portant un
Janus bifroîis, et autres monnaies, cornes d'abon-
dance, etc.; sur d'autres, on voit ifig. (1643) une Vic-
toire qui tient un bouclier ou un médaillon contenant
la formule des vœux». On possède aussi des tablettes en
terre, en verre, en métal ou autres matières ', notamment
* Qyiii. Fast. 1, Is5-i88; ."^en. JTp. >7. — 2 Jlai-L VIII, .i3, 11; XIII, il.
— ^ Ibid. - 4 Ovid. Fast. 1, 1(1» ; cf. Spon, Des élrennes. dans Heclierches
ciirieusfs dnnt. p. 480, 4.S7. — 5 Qiid. Fast. 1, îiO-iiV,. — 6 Orclli, 4306.
— '' Cor/j. ins. lai. X, 8M3 à S0.5.Ï ; XV, l)i»C, à 6210 ; Opclli 4304, .4303, «07,
Sur un fragmenl de terre cuilc, on lit : Anniim novim faustum felicem mihi el
/ilio, Caylus. Hec. d'ant. IV, pi. i.sxxvu. 3. Cf. BœUigor, Kleine Scht. III, 3lii.
pi. IV ; Jahrb. des Vereins von AUerthumslrem.de im Jiheinl. iî, 36-40; Huit.
Neap. i (1843-1844), 1.3'.i. — » p,isseri. Luceriiae ficliles, I ; BôUigcr. /. c. pi. iv,
p. 316 ; Bull, des ont. de Fr. ISDil, p. 140. — 9 Tour les diplyques d'ivoire, qui
^-taienl aussi envoyés aux calendes de janvier v. diptycuox. — '0 Gori. Thés. dipt.
1. p. iOi; voy. encore MalFei, Gemme anl. I, p. 113; Cay'us, /. c. ; KurtwHengler,
Beschreih. ge-ichnitt. Steiiie, n. 8100. — u Eior,.,« se trouve une fois dans
Atiien. 97 D, qui blàroe l'emploi dans ce sens du mol Im.o^;,, gratification;
plusieurs en cristal, où sont représentés les cadeaux
d'étrennes, comme celle qu'on voit (fig. 6644), qui était
destinée à l'empereur Commode, d'après l'inscription
qui l'entoure et celle de la médaille qui y est gravée '".
Mais l'argent demeura le présent caractéristique, le plus
en vogue; c'est ce qui explique pourquoi Dion Cassius
ayant ;\ parler des slrenae, pour lesquelles il n'exis-
tait pas de mot équivalent en grec", dit simplement
'/pyùotov '".
L'iuibitude d'échanger des cadeaux, chez les Romains,
n'était pas limitée aux calendes de janvier; certaines
fêles servaient de prétexte ;\ des largesses réciproques et
les riches qui traitaient luxueusement leurs hôtes les
comblaient de présents [apopuoreta, saturnalia. xe.nia].
Mais, à cause de leur signification symbolique d'heureux
présage [ominis boni gratia^'), on réserva presque
exclusivement les slrenae pour le début de l'année con-
sulaire, c'est-à-dire pour les calendes de janvier {die
re/iffioso'^); ces étrennes sont parfois désignées sous
le nom de calendariae sfrenae''^. Cet usage s'étendit
sous l'Empire à toutes les classes de la société; la modi-
cité même des cadeaux le prouve; des souhaits oraux,
des festins souvent licencieux et des mascarades com-
plétaient la fête "'.Sous forme d'étrennes, certains collèges
religieux faisaient des distributions d'argent [slrennas,
p. s/renas, dividere), soit au début de l'année, soit pour
la fête d'un empereur". Mais les étrennes devinrent
aussi une pratique vexatoire, qui dépouillait le pauvre
pour le riche, l'écolier pour le maître, le client pour le
patron et le citoyen pour le prince'*. Dès le commen-
cement de l'Empire, la coutume s'établit d'offrir des
strenae aux empereurs : en vertu d'un sénatus-consulte,
,\uguste put recevoir des présents en argent, qui lui
étaient portes au Capilole, le jour des calendes de janvier,
même quand il était absent de Rome; il employa cet
argent à l'achat de statues qu'il répartit entre les divers
quartiers de la ville". L'emper(iur devait rendre ces
cadeaux, et cet échange s'appelait strenarum commer-
cium. Tibère rendait au quadruple ce qu'on lui donnait "';
mais bientôt, obsédé par la foule des donateurs qui se
succédaient pendant tout le mois de janvier sans inter-
ruption, il limita l'échange des slrenae au jour des
calendes, puis s'absenta de Rome pour échapper à la
cérémonie, et enfin ne rendit plus rien ^'. Par cupidité,
Caligula fit revivre la coutume et reçut en personne
l'argent qu'on lui apportait dans le vestibule de son
palais--. Claude supprima cet abus-^ mais sans faire
disparaître l'usage, puisque nous le retrouvons encore
sous Commode, sous Claude H, sous Théodore et sous
Arcadius •'''. Sous ces derniers empereurs, c'él;iit le
praefeclus urbis qui apportait des strenae solemnes au
prince, de la pari du sénat, et le prince en faisait dis-
tribuer aux fonctionnaires du palais et à ses amis.
5i<iov signifie présent en (jinéral; tOaj/.Tiiis n'est pas do la bonne grécité,
non plus que (l«U'o;, rameau, pris avec l'acception particuliiire de verbena,
rameau sacré. — 12 Mio Cass. 37, 17, — 13 Festus, (. c. — I* Ibid.
— lo llicronyni. Comm. .1 in ep. ad. Ephes. C, 4. — 1» Ovid. Fast. I, 17i'. sq. ,
Hlin. H. nat. XXVUI, 51; Augustin. Serm. 3211; 1. Chrysost. Bomil. XXIII:
Faustin. in Ad. Sanctar. I, p. 3. — ^' Statuts d'un collège d'Esculape et
d'Hygie, Fabretli, p. 7i5, n« 442, 1. 12; Orelli. 2417; Tinscription est com-
mentée par Spon, 0. c. p-. 23>i sq. — '8 Jlaxini. Turin, Homil. ap. Mabillon,
Ber. ital. Il, p. 18. — 19 Suct. Aug. S7 ; Oio Cass. 54,3 5. Cf. Friediaendcr,
Sittenr/esch. Itoms, I, p. SI. — 'JO Suct. Tib. 34. — 21 Suct. Ibid.; Dio Cass.
37, 9 : Friedlaender, /. c. — 'i^ Suet. Calig. 42. — 2:1 Dio Cass. 60, 6.
— 2*Auson. Ep. 18, 4; Symmach. £>. 10, 28, Cod. Theod. VU, 24, 1; Cod.
Just. XII, 49.
STR
— 1532 —
STR
La coutume des étrennes, pour parvenir jusqu'à nous,
eut A vaincre la résistance el rinterciiclion formelle de
l'église clirétienne qui condamnait dans les réjouissances
et les libéralités du déliiil de l'année la persistance d'un
usage païen
E. Mavnial.
STREi\IA [SALUS, p. 10:i7 ; strenae, p. 1530].
STIIEPTIKDA (ïlTpETCTÎvoa). — Jeu en usage chez les
Grecs, ainsi décrit par Pollux : « On lançait une coquille
sur une coquille, ou une monnaie sur une monnaie, de
façon à retourner (uTpÉsEtv) avec la pièce qu'on lançait
celle qui était à terre » ' ; ce qui nous oblige à supposer
qu'on dressait le but sur un support. Ce jeu pouvait soit
se jouer pour iui-méiiie, soit servir de prélude à I'epue-
DRiSMOS, qui en est une variété. D'autre part il dilTère un
peu du simple jeu de palet, où il ne s'agit que de se
placer le plus près possible du but. C'était en somme
notre jeu de bouchon. Georges Lafaye.
STRICTORIUM [SPINTUER II; tunica].
STKIGILlSi (StXsyyi;^). — Strigile, curette longue à
bord mousse ^ On ignore l'origine de cet instrument, dont
on n'a point encore trouvé de spécimens parmi les anti-
quités égyptiennes ou mycéniennes ; les trois plus anciens
auteurs qui en parlent sont contemporains* et vécurent
dans les v' et iv"" siècles.
Le strigile servaitprimitivement à enlever cette grande
quantité d'huile dont se couvraient les lutteurs, non pas,
comme on le dit trop souvent, pour s'assouplir les mus-
cles et les articulations, mais uniquement pour empêcher
de donner prise, liè-ri, à l'adversaire^ [LUCTA,*p. 1346].
Un homme couvert d'une couche huileuse glisse dans la
main comme une anguille'"; on ne peut le saisir qu'après
l'avoir renversé dans le sable. La lutte finie, vainqueur
et vaincu brillants d'iiuile, (jtiX6(ov \ XtTrapô/pio; ', ou
maculés de boue, se rendaient au bain où, dans une salle
près la porte d'entrée', on procédait à un premier net-
toyage mécanique avec le strigile. Si la consommation
d'huile dans les gymnases était considérable'" et si
c'était un titre de gloire c immortelle » que d'en faire les
frais pendant une année " , les raclures d'h u ile, u-:Xéynuii.a,
vX&iôi; '^, ToC ÈXai'ou yXoCo!; pÛTtoi;'', strigmenta olei, don-
naienL de grands profits : Pline parle de 80 000 sesterces
de raclures vendues pour faire des pessaires ainsi que
des liniments contre les douleurs névralgiques ou rhu-
matismales'*.
1 Tcrlull. Du ulolalr. 10 et 14; Frudent, C. Symmach. I, I3G et sq,; Augustin.
Serin. 19S. 2 [de kaleiid. Januariis ; Ilieroiiym. O. c. 3, 0, 7, p. 60G : Ciirysost.
BomiL 23. BiBLiocnAPHiF.. — Pii. Horst, De strenis^ Jena, 1032 ; M. Liponius,
ùe strenis, dans Thcs. antiqu. de Gra;vius, XII, p. 409-552; Spon, Hecherches
curieusesd'antiquité, Lyon, IGS3, 30" dissertât. Des Estrenes, p. 4S5 et suiv. ;
Spon, De origine slretiarum, dans T/ies. Antigit. de Grouovius, IX, p. 208 ; llieron.
Ross. Janotatins de strena, dans Thés, dntiyu. de Sallengre, 11, p. 1410, 1 US ;
Boeltigcr, Amatlhea, III, p. IbS sq,; Morgenhl. 1846, n» tiO sq.; Sclicin'clc, Die
Gelûbde der Allen, der erste Jannar im allen liom, Strenae, Jamts, Àcsciilnp.
Stuttgart, 1851, 4, p. 15-17; PrcUer, Ilœm. Myth. I, 180 et 11, 234; Mari|uardt,
Staatsverwalt. III, 14; et Priratlehen der Jicemer, I, 251 sq. et I, 9t, n. 0;
Fncdlacnder, Sitlengesch. Homs, T Au!\. I, p, 81 ; Martigny, Oicl. </<;.s anHij.
cftri'tiennes, s. v. étrennes et janvieh (cai.endks dr).
STIIKPTINDA. I Poil. IX, 117, — Biiu,ioi,baphii:, V. celle de i.ui.i, jeux imiives,
STnUllLIS, I De slrinrjo ; Bréal et Bailly, Oict. éljim. lai. 1885, — 2 Héraclide
de Tarente écrivait «TTjtv;,'^, forme plus voisine du latin {Erot, Gloss. p, 328). Sous
l'Empire, on employa le mot l'jtrx^i avec le môme sens et Lucien considère comme
une alTcctation d'archaïsme de dire 4-ï,(TT'fcE7Yi'fTaoeni au lieu de àT:'j;û<Ta(rOat {Jihet.
praec. 17). — 3 Bien que notre mol étrille soit un doublet de strigile et dérive de
strigilis par «/ri/Za [Coitslil. P'red. régis .Sic, 113), on ne devrait pas remployer
dans le sens de <n'AEYY<;, puis(|uc il désigne un instrument toujours denté.
— ^ Hippocratc, Aristophane et Platon, — li Pour la même raison, les lutteurs
albanais et les pelilivants orientaux se versent, pour cliaijue lutlc, sur le corps
et le caleçon de cuir plus de 300 grammes d'huile, alors ([u'il en faut à peine
25 grammes pour masser un aduhe, — G Lucian. Anacit. I. — 7 Theocr. Il, 80.
Fig.6645.-
Mauche
de strigile
Ouand il fut de bon ton de se livrer aux exercices du
corps, et quand tout le monde y prit part, chacun eut son
strigile qu'il faisait porter au bain par un esclave'''.
Tous ces désœuvrés qui hantent les étuvcs se font don-
ner un coup de strigile soit pour enlever le peu d'huile
ou de ceroma qui reste sur le corps après le massage,
soit même pour enlever la sueur et ces débris
épidermiques nommés « copeaux balnéa-
toires""' ». Bien que cette coutume fût nuisi-
ble''', on l'appliquait même aux malades con-
trairement aux conseils d'IIippocrate '*. Les
femmes avaient également leur strigile", qui
servait au bain, pour enlever surtout la pâte
épilatoirefpsiLOTiiuLMl, dont elles s'enduisaient
le corps ^''.
Bien que le strigile se compose toujours
d'une longue cuillère creuse [luiula] et d'un
manche, capulus, la forme de cet instrument a
subi de telles modifications qu'on ne peut
encoreessayer une classification chronologique
et géographique^'. Cependant, on reconnaît
déjà que les plus anciens spécimens sont faits d'une
feuille de métal bronze ou argent travaillée à la lime et
au marteau. La cuillère dessine un
demi-cercle-'^ dans sa longueur; elle
est fortement concave dans sa largeur
et se termine en s'évasant. « Le manche
est en forme d'anneau long où l'on
passait les doigts-^ ». Plus tard, les
deux tiges du manche sont rappro-
chées : la première est une table
plate; la seconde est ronde, filiforme
et vient se terminer sur le dos de la
cuillère, sans y adhérer toutefois, par
une petite plaque lancéolée ou foliée'^*
sur laquelle on appuyait soit le
pouce, soit l'index (fig. 6643). Quand
l'usage prévalut de fondre les strigiles au moule, la
cuillère forma un angle droit avec la poignée, qui se
composait de deux longues tables semblables, paral-
lèles, distantes de 3 ou G millimètres sur les neuf
dixièmes de leur longueur, mais adhérentes l'une à
l'autre aux deux extrémités (fig. 6646) -^ Souvent
même le manche est cylindrique '■^^ ou, comme dans les
— » Ib. 102. — 9 Probablement la pièce nommée destriclarium (cf. balneum,
notes 130 et 179j. — 10 V, oïiinasiari;hia, p, 1082; cïms/.sium, p, 1089), — " Rev .
iltiid. qr. 1890, p, 09. — 12 Scol. Aristoph. Nub. 4i9. — 1^ Ib. ; cf. Galcn. (éd.
Kuhn, XIII, p. 225), — H H. nal. XV, ,5 et XXVllI, 13. — 16 Voy. balneum, fig. lU ;
Lucian. Lexiph. 2 ; Pcrs. Soi, V, 126. — '6 Théoph. Gautier, Consinntino-
pie., 1853, p. 239. — 17 Cf. Suet. Ocl. 80, — l» De acut. morb. 31. » On doit
se servir d'épongés au lieu de strigiles, » Cependant Aristole constate que la
sudation est plus abondante avec le strigile (Prahl. Il, 12, éd, Didot, IV,
p. 121). — 19 Aristoph. Tliesm. 550. V, Stephani, C. rend, de la comm. arcli. .S.
Pvtcrsbourg, p. 1803, p. 149; p. 1S05, p. 191; p. 1870-1871. p. 28, — 20Galen.
.S'ec, loc. 1, 4 {éd, Kiihn, XII, p. 435) : .< Elles s'enduisent le corps (d'un épila-
toire), ensuite elles se rendeiit dans une chambre tiède du bain, et quand elles
commencent à transpirer, elles enlèvent avec un strigile le médicament d'une
parlic du corps. » Traduct, Cli. Darcmberg. (Eufres d'Oribase, 1854, II, p. 687.
— 21 Voir le classement adopté par H. 15. VValters [Calai, bronzes, Brilish .\fus.
1899). Sa série la plus ancienne remonte à 550-460 av. J,-G, Feruique, Étude sur
Préneste, 1880, p, 140, a pu écrire qu'à Prénesle : « les strigiles sont loujours
exécutés d'après le même modèle » : il n'en est pas de même à Pompéi, si l'on
compare seulement les deux types donnés l'un par E. Breton {Pompeia, 1809,
p. 170) et l'autre par A. llich (Oict. des antiq. 1S61) s. v. ci.ausula. — 22 Uennis,
The cities and cemeteries uf Etruria, 1848, H, p. 426. —23 A. de Ridder, Cal.
des br. de la Sou. archéol. d'Athènes, p. 105. — 21- Ce détail est bien visible
dans la lig. 06 15; l'arapanos. Dodone et ses ruines, pi. xxvr, 8 bis. — 25 Strigile de
Pompéi, Mus. Borbon. Vil, pi. .^ivi. — 2e Babclon et Blanchet, Cat. des br. de
la llihl. nat. 1811 et 1814; /Jril. Mus. guide. Cr. and. rom. life, fig, 98, p, 113,
Fig, 6646. — Strigile
de forme coudée.
STR
— 133:^
STR
Fig. OCi
sirigiles des musées d'AiiUin ' el de Bourges-, il se
compose d'une seule lable, à
arêtes vives et angles droits,
dont la largeur est double de
l'épaisseur. A Cyzique (cime-
tière de Bulgar Keuï), les spéci-
mens les plus récents ont une
poignée formée de deux tables
plates, parallèles, longues de
10 centimètres, adhérentes à
leurs extrémités; la cuillère,
longue de 27 à 28 centimètres,
forme d'abord un angle obtus
avec le manche, puis se recourbe
presque à angle droit au pre-
mier tiers de sa longueur, là
où se trouve la plus grande
largeur.
Lalongueur desstrigiles varie
d'ordinaire entre 16 et 30 cen-
timètres ; M. A. de Ridder en
décrit un u de provenance inconnue, long de 7 centimè-
tres, manche, 3 centimètres, percé d'un trou » et le con-
sidère comme un monument votifs ; de semblables
olfrandes '• étaient, on le sait, dans les habitudes de l'an-
tiquité.
Les strigiles se faisaient ordinairement en fer et les
plus renommés venaient de Pergame' ; mais la plupart
de ceux que l'on conserve dans les collections sont en
bronze. On en trouve aussi en argent'', en électrum \
en plomb', en corne ^, en ivoire'", en os" ; les Lacédé-
moniens en avaient en roseau, zaÀaiAi'vai ' - ; les Agri-
gentins en or ou en argent''. Dans l'Inde, on les fabri-
quait en ébène '*.
Les strigiles portent fréquemment des inscriptions''.
L'ornementation est le plus souvent formée de lignes
sinueuses, de (leurs, de cannelures'", de masques ''; il
y a aussi de véritables sujets : .\pollon assis". Centaure
dressé et jouant des cymbales '% Hermès, etc.-". On a
I Musée Rollni, vilr. L. — 2 Hroveuaace intonilue. — 3 O. c, n. 575. — * Antli.
pal. VI, »8S ; Sciic-c. Epist. 'J5, 17. cf. dusakia, p. 370. — i Mari. XIV, 51.
— tJ Musée (lu Louvre, salle des bijoux, n. 73:19 ; Aniiq, du Ùosphore cimmêrien.
|il. xixi. ±. .1. — 7 Haoul-RochcUe, ilém. de L'Ac. dut Jnscr. 1838, XIII. p. 032.
— 8 Bull, il:! riml. Ifciï), p. 204 ; 1830, p. 236 (peul ùtro volifs; ; Mart. XIV, ni.
— 9 Brelon, Pompeia, 1809, p. 170. — m Ib. — Il CouloD, De l'usat/e des slrir/.
dans l'antiq. Paris. 1895, p. 0 et 45, pi. m, ii. 3. Spécimen trouvé dans le Camhrcsis.
— 12 Hlut. Inslit. lac. p. 239, A; Scol. Plal. CItarm. p. 324. —13 Uiod. Sic.
XIII, 8i; Aelian. Var. hist. XII, 29. — I* Slrab. XV. 907. — 15 Dédicices à
Ai-lémis, liev. arclièot. 1900, p. 450. Noms de fabricanls ou de possesseurs ; la plus
ancienne de ces inscriptions parait être la marque du Corinlliien Kalistralos
(vi' siècle), Brit. Muséum, a' 254; cf. P. Kretsclincr, Ùie griech. Vaseninsclir.
Gulersloh. IVJ4, p. 241. Parfois le nom est au nominatif, 'Eoji.,.., Bril. Mus., 322 u;
cf. 322 //. Parfois au génitif précédé de iiiç, suivi ou non de iV^i .-ainsi t:».^ EajiiAà/oj,
pi-ovenanl de ituvo, ih. 325. Les inscriptions sont ^Tavces au pointillé, au trait et
même incrustées en argent, comme la maripie arcliaiV|'je de KO.uv, flritish Mus.
n. 250 ; ou bien elles sont accompagnées ou remplacées par des ligures poinçonnées,
homme barbu dansant (strigile de Kalislratros (hippogrilfc) musée do Saint-Uer-
raiin, a.ilrefois au Musée de Cluny, Catal. 1S83, u. ;90l) ; parfois t'est un nom
propre qui est poinçonné (Frfibner, Catal. des hr. de la coll. Gri'-au, 1885,
n. 402. V. encore Friedrichs, BerLin Ant. Bildwerke, II, lîronz. p. 89 sq. ;
de Witle. Coll. Beuijnot, 1840, n. 327, etc.).— •" Pottier-Hcinach, Cn(. des l.
cuites de AJyiina. n' 483, p. 220. — 1' Babelon el Blancbcl, O. l. n, IslO.
— 18 De Ridder, Cal. des br. de la S. areh. d'Athènes, n. .542. — l'J Jb.n. 543.
— 20 l'otlier-Reinacb, Nécropole de .Myrina, p. 201. lig. 20; Collignon, il/an.
d'urclieol. ijr. !■ éd. lig. 13»; de Ridder, O. c. n. 531. —21 Fornique, lit. sur fré-
nésie, p. 140. — ii tb. n. 132 el 134 de la coll. Barberini. — 23 British Mus.
n. 005 ; autre spécimen ap. Friibner, Catal. des bronz. Coll. Gréau, 1885, n. 582.
— -^ Voy. Décbeletlc, Hev, archéol. 1902,1, p. 248. K. Brizio, romôe* expt. ùAion-
teforttno ; deux strigiles eu fer dans la tombe 40 de Monteforlino : Iroison bronze
ddus une tombe à Boissiércs (Gard), Corp. îns. lat. XII. 3098, 13 ; A. Aurês, Alarq.
de (abriq.dumusée de Nimes, 1870, p. Sl,n. 223 el 224, pl. ixui; Pollicriieinach,
6048. — Trousse
de baigneur.
Fig. 0649. — Alhl;-le
se frollaul avec
le sirigilc.
trouvé à Préneslc plusieurs strigiles dont le manche
rapporté-' est fait d'une figurine
en bronze^-. Le plus célèbre re-
présente une femme nue tenant un
petit strigile dans la main gauche
\fig. 6647) ".
On a découvert des strigiles dans
toutes les parties de l'ancien
monde, etsurtoutdans les lombes.
En règle générale, on peut dire
que les strigiles sont d'autant plus
nombreux dans la nécropole d'une
ville, que les habitants ont mené
une vie de mollesse et d'oisiveté.
En Asie Mineure, comme en Eu-
rope, il n'est pas rare de rencontrer
deux ou trois strigiles dans la
même sépulture'": quelques-uns
ont encore la courroie de cuir qui
les reliait" ; d'autres sont réunis par une chaînette^
un anneau -^ ; on a trouvé de véritables
trousses (fig. 66iH) qui répondent à l'ex-
pression consacrée «^'/(/(/«e^ a/«/JM//a-'.
C'est ainsi que les peintres représentaient
sur les coupes à figures rouges le ctÀ£yy''ç
zai ),r|)cu6oç -' OU ;u(7TpoÀ7,>'.ii9o; appendu
aux murs des gymnases et dans les
salles de bain ifig. 748, 5936), à côté
de sacs à iponges ^". Ces mêmes vases
montrent également comment on tenait le strigile à la
main et comment on s'en servait ".Le type de l'éphèbe^-
ou de la femme^', destrint/ens se^*, se rencontre aussi
sur les miroirs"^, les intailles fig. 6649)^'^. Le sujet fut
traité au v" siècle par un sculpteur inconnu''' et par
Polyclète ^' ; au iV par Lysippe ". L'Apoxyoménos*" de
Lysippe est célèbre. Agrippa l'avait placé à Rome devant
ses thermes ; on en possède une bellecopie dans l'homme
au strigile du Vatican ''. En Grèce '•^ et en Anatolie on a
trouvé plusieurs apoxyomènes" ; il en existe également
Nécrr,p. de Myrina. p. 93. — i- Geffroy, Lettre de Borne du W juin 1879 {C.r.
Acad. inscr. 1879, p. 152). - 2S Antiq. du Bosphore, XXXI, 3 ; Catal. Coll.
Euy.Piot (1864), p. 55, n. 13. — 27 Fig. 6648, it/us. Borbon. VII, pl. xvi ; De Wille,
Catal. de la coll. Castellani, Paris, 1806, n. 270 ; De Ridder, Catal. des br. de la
Coll. de Clercq, p. 351,n. 044 ; Bril. Mus. Gr. and. rom. life, p. 113. — 28 pJaul.
SlicU. 230; Cic. Fin. IV, 12. four ampulla olearia, cf. fig. 292, :93, 544.
— 29 Aristopli. fr. Dactal. ap. scol. Eq. 577; Plat. Hipp. min. p. 368 c;
Heysch.s. v. Pour le sens des mots Tïy.-YiSo"/.;.»j6-.ï et wiTT9oir,.ueo;, cf. H. Estienne,
Thés, liiitj gr. s. v ct>î-.tÎî; Letronne, Brcompense promise, p. 46 sq. — 30 Ga-
lerie Pourtalès, n« 290 ; dans le Dict. lig. 74S, 307S, 3891 , 5936, 0552, etc. ; Gerhard,
Auserles. gr. Vaaenbild. IV, p. 277, 280 el 283, n. 1. On les voit aussi (fig. 939) dans
l'atelier d'un fondeur. — 31 Caylus, ftecueil, 11, pi. xsxvn ; cf. Grivaud de la Vin-
celle, O. c. ; Catal. J'ourtales, n» 200, 293 (Briinstcd, V'oj/. de la Grèce. I, p. 287 :
f'anofka, Antiq. du cnb. l'ourlaHa, pl. v, p. 28-30), 297, 29S, 361 ; on portait sur
l'épaule tous les ustensiles de bain, voir lig. 774. Jamais le baigneur n'est repré-
senté, comme on l'a dit, avec la trousse suspendue à sa ceinture. — 22 Tischbein,
O. c. pl. [.XIV ; L. Muller, Descr. du Musée Thorwaldsen (Coponh. 1S4T) I, n» 112,
p. 81 sq. ; le n. 797 du musée de Berlin (Gerhard, Antik. Btldw. pl. i.xm; Coll.
Lichtcnstein. Arcli. cpigr. Mittb.nus f;e*itr. 1881, pl. iv).Surles vases à fig.noin s,
les éphèbes emploient ordinairement l'éponge et non le strigile; cf. Cat. Gai.
Pourtalès, n» 294. — 33 Arch. Anzeiij. z. Jahrb. des d. arch. Instil. 1893, p. 90,
n. 30 et invcnL 3218. — 34 E.xpression de Pline pour traduire 'a-o;u»(«i»«î. B. nat.
XXXIV, 19. 6 et I3i. — 3r. Mon. d. Inst. IX. pl. xxvcii et Anit. 1871, p. 117 ; cf.
notre lig. 749. — 3li Coll. de Sloscli ; Furtwângler, Gesch. .Sleiue, Berlin, n. 195.
— :nAihléledeThcspies,.fleu. élud.gr. 1888,p. 405. — 3» plin. II. nat. I.c. — 3i/li.
19, 13. — 40 'Ai:i>;vi|*ivoç = inooTisjri!;»!'»'»'; employé encore i l'époque d'Aristole
{Prob. 11, 12, éd. Didot, IV. p. 121); Plin. B. nat. xxxiv, 19, 13. - il Mon. d.
/nst. V, 13; liruriii-Bruckmanci, Benitm. n. 2.S1 ; Coilignon, f/ist. de la sc.ulpt.
gr. Il, p. 218; V. Duruy, B. des Bom. I8.S0, II, p. 203. — S2 Bas-reliefs de
Delphes, du Pirée (Cavvadias, Catal. 888 : Le Bas. pl. i xii, 2 ; Coulon. O. c. pl. i ;
U. Kiiblcr, Torso eines Apoxyom. ap. Milheil. d. déutsch. Inst. in Athen, 1877.
— 13 0. Benndorf, Forschung. in Ephesos, Vienne, 1906, p. 181. sq. et fig. 127-129.
STR
— 1534
STR
en lerro-cuile provenanl de lÉolide'. Les sculpteurs
gallo-romains ont reproduit ce thème dans la décoration
archilecturale de Mediolanum '-. En Italie, les peintres
décorateurs se servirent également de ce motif pour
l'ornementation des palestres' -.on trouva au viii' siècle
dans une cliambre sépulcrale de la voie Appienne « une
fresque représentant une esclave en train d'étriller la
cuisse d'une femme avec un slrigile » ((ig. 223)'. Des
slrigiles ont été figurés sur quelques stèles funéraires
(flg. 3GG8) d'athlètes ou de gymnasiarques^
SORLIN DûRir.NY.
STRIGI.IS, stria'. PàÇôo;-, oioL-uc^in'. — Noms donnés
aux cannelures ou moulures curvilignes, parallèles,
creusées à la surface des colonnes, pilastres, baignoires,
tombeaux, etc. Vitruve' considère cet ornement comme
l'imitation des plis de la robe\
I. Cannelures verticales. — On les trouve à Mycènes
sur les demi-colonnes du ii' tombeau à coupole'^ et sur
des colonnettes d'ivoire provenanl de meubles'. Toutes
les colonnes doriques grecques étaient cannelées verti-
calement ainsi que les plus anciennes colonnes ioniques '
[coLUMNAj. Les peintres de vases n'oubliaient point de
figurer ce détail par des lignes droites'.
La l'orme des cannelures est toujours une courbe con-
cave ou ondulée, mais jamais une entaille abords droits
ou en biseau '" comme celle des triglyphes. La courbe
varie selon les ordres : dans le dorique, elle est moindre
qu'un demi-cercle ; on peut regarder les cannelures du
Parthénon comme des sixièmes de circonférence"; celles
du grand temple de Pestum (fig. 6G50), comme des
' l'ollicr-Ficiuach. Catal. lies t. cuites de Mijriiut, issiî, n° 298 (salle B du
Louvrej: à C) tiii^, Keinach, Cat. Alusèe de Constantino/ile, 1882, p. 81 ; « Er-os
se frottant avec le strigile >'. — 2 Espérandieu, /îeetieil des bas-rel. de la Gaule,
1908, M, p. 274; L. Audiat, Calai, du musée de Sainles, 1888. n. 183 cl ISi.
— 3 H. Tliédenat. PompéiJ\,p. 92. — * Ficoi-oni, La bullad'oro, p. 43. — SMordl-
mann, Inscr. de Brousse [Sup. archéol. du Syllogue de Constant inople, 1875,
|.. Vlll ; le P. Gcrmcr-Uurand, Moniteur Oriental du 23 juillet 1897), etc.
STRIGI.IS. 1 Vitruve nomme indifféremment stria la concavitt'- de la cannelure,
l'ariïle vive et le listel; pour mieux préciser, il appelle 5in'/;/i5 la concavité et
stria le listel : striglium cuva et angulos striarum ilV, 4, 3). — 2 La signification
longtemps indécise (H. Eslienne, 7'hes. graec , s. v. 'PùSSiutri;) est précisée par les
inscr. de rErechlliéion distinguant les colonnes non cannelées, toù; xi<)-/«; àfia5â,^Tou<;
[Corp. inscr, attic. vetust. n. 322, 1. 66) d'avec les colonnes coucliécs, xstï^É.wv
.•.ivo.v (/é. I. 49). Cf. Aug. Choisï, Etud. sur farchitect. <jr. 1SS3, p. 91 si|.
— 3 Diod. Sic. XIII, 82. — * IV, 1, 7. Celte tbéorie ne scnihlc plus admise. On
peut croire (lue les cannelures sont les témoins transformés de l'ancienne coutume
de recouvrir les colonnes d'un enduit prolecteur, ou d'une enveloppe métallique.
Charles Blanc {Gramm. des arts du dessin, {ïè'G, p. 139) les considérait
comme une réminiscence des colonnes primitives formées de liges liées ensemble.
Léonce Reynautl, Traité d^archit. 1867, p. 226. y voyait une pratique d'exécution.
Sa théorie adoptée par Aug. Choisy {Bist. de l'Archit. I, p. 300), développée par
Ch. Chipiez et fi. l'crrot (Bisl. de V.krt, I, p. 544 et 549: II, 217 ; VI, 525 sq. ;
vu. 424), semble contraire à ce que l'on sait de la lcchnii|ne primitive. On a
montré à l'art. scuLprcn.v, p. 1139 que la gouge [caecum) servit d'abord à abattre
les arêtes des surfaces sciées (fig. 0224) cl non ii faire des cavités que l'on obtenait
par un procédé analogue â celui Au menuisier creusant une mortaise , pratique
ancienne que l'on peut étudier dans les ornements de répo(|uc Ihinite. Les monu-
ments de la v" din.-istie conservés au Louvre montrent que toutes l.>s moulures caves
sont limitées par des faces planes alors que les courbes ne s'obscr\enl (pie dans les
reliefs, comme celle frise formée de bagueltes demi-rondes, convexes, parallèles cl
contiguës, véritables '{«iSSiii que l'on retrouve dans les merlons sur la Al-\e du roi
Serpent, le mastaba d'Akhoutolep, le linlcau du sépulcre de Meri (R. 49, a), elc,
— s Dans la statuaire archaïque, les plis ne sont jamais rendus par des moulures
(aves, mais par des baguettes convexes, ■pàôSo(, comme le montrent deux statues
du Louvre ; la liera samienne que Chéramyès consacra au vi' siècle et l'image de la
reine asiati(|ue NapirAsou du xvc siècle (Salle de Susc). — 0 H. Schlieniann, AJycénes.
1879, p. 218, fig. 214 a. CL Bull.corr. hell. 1891, p. (i52. — 7 '£=»,;.. 1888. pi. vin,
fig. 8; G. Ferrol et Chipiez, O. c. VI, p. 525, (ig. 204 et 205. — 8 Alex. Murray,
Sculpt.columns of Ihe temple of Diana Epites. lap. Jouni. instit. ofbrit. archit.
III, 2; FI. l'cirie, Naukratis, I, pi. ill. — 9 Kig. iSO, 506, 610, 921, 1308,
U2C, 147", 1790 sq. — 10 Une exception apparente se voit daijs les grandes
colonnes en biiques de l'enlrée de la Basili(|ue à Honipéi (H. Thédenat, Pompéi,
II, p. 34. fig. 40). — Il Cet arc do cercle csl décrit du sonunct d'un triangle
équilat(>ral .ayant pour base la soustendantc de la cannelure; .Noiau, Antiq.
Les colonnes corinthiennes
quarts de circonférence
ont les cannelu-
res les plus con-
caves '■' , attei-
gnant parfois les
deux tiers d'une
circonférence ".
La colonne
d'acanthe trou-
vée à Delpiiesest
canneléedefaçon
particulière :
c'est une courbe
symétriquement
ondulée compa-
rable à l'arc en '''*-'■ '^■''^"- " '^""""i'"'''- 'i-nqucs.
accolade '^
La largeur des cannelures ne dépend pas seulement
de leur nombre et de la grosseur de la colonne '" ; elle
varie également dans une même colonne selon l'étage des
tambours et diminue depuis le sol jusqu'au chapiteau '''.
Le nombre des cannelures est toujours divisible
par 4, de sorte qu'une cannelure correspond au milieu
de chacune des faces du chapiteau ". Le dorique
comporte de seize" à vingt-quatre-^" cannelures'-' ; on en
trouve 44 sur la colonne asiatique, qu'elle soit perse'--,
éphésienne -^ ou naxienne^'. Au v^ siècle, on adopta le
plus souvent "JO cannelures pour les deux ordres ^^
La séparation des cannelures est toujours une arête
vive dans les monuments archaïques-'''. A partir du
d- Athènes, Alb. Is50, pi. xxvii, fi-. I; F'cnrose, An inresti,/. of Ihe princ.
of Athen. archit. 1851, pi. xxi, fig. 14 et 15; cf. Diet. de l'.icad. des beaux-
arts, s. v. Cannelure, lig. B; L. Reynaud. O. c. pl. ix, fig. 3; mais comme
le fait remar(pier Fein'ose [L. c. p. 52) ces courbes u'ont jamais la sécheresse que
donne le compas. — 12 Arc de cercle décrit du centre d'un carré dont le côté est la
sous-lendante de la cannelure (Dict. dx l'Ac. des b.-a. I. c. fig. A). Vilruvc indique
ce procédé, IV, 3. 9. — '3 Pour l'ordre ionique, Vitruve recommande de donner
à la courbe des cannelures la forme d'une demi-circonférence, c'est-à-dire d'un arc
de cercle dont la sous-lendaule esl l'hypotbénuse d un triangle rectangle isocèle qui,
en pratique, était une équerre, nouma (111, 5, 13). C'est la forme adoptée pour les
trois colonnes corinthiennes du temple de Castor et Pollnx à Rome, dont le moulage
esl à l'École des Beaux-Arts ; ces cannelures ont une corde de 1 54 mill. et une llèclie
de 77 mill. — 14 Temple de Vespasien à Rome; la corde qui sous-lend l'arc esl la
base d'un Irianglc équilaléral inscrit. Cf. Diet. de CAc. des b.a. lig. C.
— IS Courbe qui semble formée par deux talons de cymaise adossés ; chacune des
deux parties symétriques est convexe dans son tiers postérieur et concave dans les
deux tiers antérieurs. Moulage au Louvi'e ; Fouilles de Delphes. II pl. xv. — 16 Les
colonnes de l'Olympieion d'Agrigcnte, plus grosses (lue noire colonne Vendôme,
avaient, d'après Diodore de Sicile ()CIII, 82), « des cannelures, ti SiaEùoii-jTo, pou-
vant contenir chacune le corps d'un hotnme. u Près du chapiteau ces cannelures ont
encore 51 centimètres de largeur. — 17 Les cannelures de la colonne d'acanthe de
Delphes ont 107 mill. de larg. à la base du premier tambour cl 90 seulement au
sommet du cinquième : Th. Homolle, Bull. corr. hell. 1908, p. 207. — '» L. Rey-
naud, 0. c. p. 2.U. On cite, comme exception, les colonnes du pronaos .\ Assos
(pii ont 18 cannelures, (Tacher Clarke. A dorie shaft and base found al Ass.,
.\m--r. journ. o/ Archueol. II), .ilors (lue celles du pteruiua (fig. 1752) n'en ont que
18. Est-ce pour ohlenir cet elîel d'optique signalé par Vitr((ve (IV, 4, 2) * — ISTemple
(le Suniuin, Artemisiou de Syracuse, ancienne colonne dans l'IIeraion d'OIympie
(Baudenkm. pl. xxi, fig. 1), colonne trouvée à Vulci (lig. 1773). — 20 Temple sur
l'Acropole (le Tareule, de Poséidon à Pestum (fig. 1753) el celui de Démêler (C. Perrot
et Chipiez, O. c. VII, (ig. 223), etc. — 21 G. Perrot et Chipiez (O. c. VU, p. 429,
n. I) signalent connue des exceptions 28 cannelures « dans (me colonne Irouvée
parmi les fondations du temple d'Kphèsc el 32 dans deux fûls de Samos décrits par
Ross. » L'exception n'est qu'apparente, puisque ces monuments sont asiatiques.
22 Une colonne perse, an Louvre, portant le nom d'Arlaxerxès, a 18 cannelures.
— 23 Al. Murray, O. c. ; Perrot el Chipiez, O. c. VU, pi. x, fig. C. — 2i Moulage
au Louvre ; colonne du Sphinx, Fouilles de Delphes, \\, p\. xiv. — 2r, Colonnes
de l'IIeraion ("lympia, Baudenkm. pi. xxe, fig. 2 sq.), du temple de Zcus ;
colonnes ioniques (M. pl. i.xxn) et corinthiennes (/4. pl. (.ixv) de la Palestre;
colonnes du I'rylan(?iou (//). pl xi.iv, fig. 3 b), du Philippeion (/6. pl. i.xxx();
à Olympie ; lemple du vi» siècle à Delphes, l'ancien et le nouveau Parthénon
d'Athènes; cf. Choisy, Uist. de l'Archit. I, p. 314. —20 Les colonnes perses
des Akhéménides sont à vive aréle comme celle des Xaxicns à Delphes et
celles de l'Arlémision d'Ephèse recoiiilruit avec l'aide de Crésus (llerodol. I, 92).
STR
— 13:;<3 —
STR
y" siècle, ce mode ne fui conservé que pour le dorique
^lig. 6650). On remplaça dans la colonne ionique
l'arête vive par un
lilet ou listel (fig.
66olj, dont la lar-
geur égale le tiers
ou le quart de celle
de la cannelure'.
Sur la colonne
d'acanthe de Del-
phes, le listel est
creusé en son milieu
d'une rainure à sec-
tion triangulaire; sur les deux colonnes en marbre
phrygien du Panthéon à Rome, il est orné d'une baguette
en relief-; sur un pilastre sassanide, le listel est chargé 1
d'un filet décoré d'une mince baguette'. Parfois à
l'époque romaine, le listel seul est indiqué et fait l'effet
d'un filet posé sur une colonne lisse; la partie convexe
comprise entre deux listels se nomme cannelure plate.
On en voit un exemple au tiers inférieur des colonnes
de l'intérieur du Panthéon à Rome^
La lerminaison des cannelures vers la base elle cha-
piteau se fait par une section horizontale % une calotte
sphérique* ou un amortissement insensible sous la
courbe de l'échiné''. D'après Perrault, au palais des
Tutèles, à Bordeaux, la cannelure s'échancrait en demi-
cercle pour laisser voir le fût lisse de la colonne ^
Les rudentures sont des moulures planes ou convexes
qui semblent enchâssées dans les cannelures pour en
rendre les arêtes moins saillantes et les protéger. Les
Romains employaient ces cannelures rudentées dans le
tiers inférieur de leurs colonnes et de leurs pilastres".
Les Hellènes avaient préféré émousser les arêtes vives"*
ou laisser lisses les tambours inférieurs qui conservaient
alors, en Asie, la forme tronconique " et, en Europe,
celle d'un tronc de pyramide à base polygonale'-. Ces
spécimens sont très rares et on les attribue d'ordinaire
au non-achèvement de l'éditice".
La sculpture des cannelures, 'piôooj^i;, se faisait quand
les colonnes étaient dressées en place ; il aurait été
difhcile de bien raccorder les tambours à cause de la
diminution progressive des cannelures dont le dessin
est plus artistique que géométrique. On connaît les
noms de la plupart de ceux qui cannelèrent les co-
lonnes de l'Erechthéion et le prix qu'on paya à ces
sculpteurs ".
' L. Reyuaud, 0, c. p. 23G. Les colouoes du Didymeioil milésieu. dont
deux bases furenl rapportées au Louvre par CL Rayei, ont uu listel de 31 millim.
pour des cannelures larges de 2i ceulimètres. — 2 Dici. de t'Ac. des ti.-a. t. c.
lig. L — 3 Moulage au Louvre des pilastres du Tagli-i-Bostan de Chosrocs II.
— 4 Dicl. df l'Ar. des B.-À. I. c. (Ig. M. — 5 Temple rond à Tivoli, fig. I7T*.
— 6 Coloimes du Uidymeiou milésieu au Louvre. — 7 Colonne Paladiiie à
Mélaponte (G. l'errol et Chipiez, O. c. Vil, fig. 240). — » Les X tiircs
d'archit. de Vitruve, p. 2IU. Même système sur les pilastres des angles du sarco-
pliaçe 791 du Lou^Te iCIarac, pi. ci.i bis) et sur une colonne de Pérouse, fig. G337.
— y Nomltrcux exemples dans i'arcliilccture romaine : le plus souvent cité est celui
ilu tombeau de C, Cestius [coh-mnAj. En Afrique,les pilastres d'une maison romaine
de Bulia Kcgia sont rudenlôs dans la moitié ioférieuic; K. Gagnât, ('arthage^
limgad, l'JO», p. 110. — '« Aug. Clioisy {O. c. I, p. 314) en cite un exemple pro-
bant â Sélinoiitc. — *' Les colonnes ioniennes semblent avoir été taillées d'après le
sjstème employé par les Mycéniens pour les colonnes du Trésor d'Alrée. de la l'orte
de^ lions, etc. Le fût était rendu curviligne avec la gouge, alors que les Doriens se
cuulentaient d'en faire un tronc de pyramide à ba=e polygonale avant de le canneler ;
mais de celte façon, ils obtenaient un fût moins grêle avec des pierres de même
dimension. — '2 Colonne à Olympie {Bandetikm. pi. xliv, fig. 3 b): portique à Porto-
Mandri (route de Sunium) ; temple de Ségesle ; temple de Cora â 15 kil.
de Velletri (L. Reynaud, O. c. p. i31). — 13 Perrot et Cbipiez, O. c. Vil, p. «3.
. — Cannelures liari
zontates.
On en distingue deux
H. Cannelures horirontales. — Elles sont creusées
circulairemenl autour des
bases de colonnes. Signalée
déjà dans l'ancien Héraion
deSamos '"'cette base cannelée
fut retrouvée en Perse, à Pa-
sargade(tig.6652; parM.Dieu-
lafoy '^,puis à .\aucratis dans
le plus ancien temple d'Apol-
lon ''' et enfin à Locri '* en
Calabre.
m. Cunnelurex hélicoïdales. —
genres selon que la colonne est
à fût droit'" (fig. 66,')3) ou torse;
dans ce dernier cas, les mou-
lures sont dites cannelures
torses-".
IV. Cannelures ondulées. —
Elles décorent principalement
les faces planes des baignoires
(lig. 6654) et des sarcophages
romains (lig. 6111) ^'. Chaque
cannelure est bordée d'une arête
qui la contourne de sorte que
deux cannelures contiguës sont toujours séparées par
deux arêtes distinctes. Souvent l'ondulation est svmé-
Fig. Gli
Fig. G654. — Cannein
triquement dirigée vers la figure placée au centre du
monument". Si cette figure centrale n'en occupe pas
toute la hauteur, l'artiste a recours à diverses combi-
naisons pour raccorder les courbes divergentes de ces
cannelures. C'est la difficulté du raccord qui empêcha
d'employer cet ornement pour les colonnes ; ou eu pos-
sède cependant un bel exemple dans un monument
funéraire qui est au Louvre'^'. Sublin DoRni.NY.
STROBILUS [kHOMBUS, TURBO.]
STROMATODESMOS (SxpwiJLïTÔSe'ju.oç). — Sac, enve-
loppe de bagage ^sarclsa, p. 1063].
— " Corp. inscr. vetust. 3ii ; Clioisy, Elud. sur l'arch. rjr. p. 146. Ces cannelures
ont été étudiées par Penrose (O. c. pL xii, fig. 16) qui trouve que leur courbe a
4 centres. — lïTourncforI, Yoy. du Levant, 1717, II, p. I-.3; Anliq. of lonia,
I8il, II, ch. V. pi. T. L'une des bases a des listels entaillas comme ceux de la
colonne d'acanthe de Delphes. — '^ Base du portique du tombeau de Cyrus; Flandin
et Cosie, Perse ancienne, pi. clxxvii; Dieulafoy, Art antiq. I. fig. 46 ; Perrot et
Chipiez, O. c. V, fig. 51. — 11 FI. Pétrie, O. c. I, pi. m. — 1» Pctersen, Tempel
in LocrUÀlittheil. d. d. arck. ram. Jnst. 181ID, p. 161 sq). — '«Très nombreux
exemplaires à répartir en 3 classes : 1° monuments funéraires romains d'Italie et
d'Afrique, tels que ceux de la fig. 6343; de Cn. Turiiilius Bioticus (Clarac,
pi. cci.nc, n. 602); Qiuntilia {/6. pi. ccxLix. n. 513; Licinus ; Cornélius Satiir-
ni'îiw, etc. conservés au Louvre): i" Sarcophages asiatiques {lig. 6115) dont les
plus beaux proviennent d'Aphrodisias (TexiiT, Asie mineure, pi. iiix) ; deux
fragments au Louvre donnés par M. Gaudin; sarcophage Richmond {Bev. étud.
i/recq. l'JOS, p. 35'J); 3- sarcophages chrélicns, qui semblent dériver de ceux-ci
(Le Blaat, Sarcoph. chrél. de la Gaule, 1886, pi. ir,2 cl 3 ; pi. vu, 1 : pL ix, i, etc.)
Voir la thèse de V. Chaiiol, La Colonne torse et If décor en hélice, 1907.
— 20 Le Diction, de l'Acad. des Beaux-Arts (1. c.) nomme torses toutes les can-
nelures hélico'idalcs que le fut soit droit ou torse. — -' Sur le travail préliminaire au
forci, cf. scoLPTCBA, p. 1 1 4 sq. — 22 Clarac, pi. ccliv, n» 64; pi. cclïi, n" 624 et
623. Pour le raccord, Ib. a." 6i5, 628, etc. — ^3 Musée du Louvre, n» 965.
STR
1536 —
STR
STIIOIMIII'M (ï;Tpoa.'.ov), diiii. smoruioMM. — Cordon
ou lini;i' (Miroulé, principalement l;i bande employée par
les femmes pour soutenir les seins, fascia pcclorath,
dont l'usage a été suffisamment expliqué ailleurs
[fascia, p. !).S0\ C'est aussi le bandeau que l'on porto
comme une couronne autour de la tète', une corde
quelconque, un cable- [struppi's]. Ce nom est donné à
une courroie formant anneau autour des doigts du pugi-
liste [pir.iLATis, p. 136]. \l. S.
STRl'OTOR. TÉXTiov, otxoodfAo;, otxo-otdç'. — Nom
commun de tous ceux qui ont part à la construction d'un
édifice, architecte, maçon, charpentier, leur emploi spé-
cial pouvant être
d'ailleurs indiqué
plus précisément par
une épithèle ou un
nom particulier, tel
qwQpariclarius^car-
pentaî-ius, lapida-
rius'-. Celui qui diri-
geait l'ouvrage, archi-
tecte, conducteur de
travaux, contremaî-
tre, s'appelait chez
\eiiWoma.ins iiin ff i s/ er
.....o.L ., un «,,uiu,. xtruftor^. Plusieurs
.tlnirtores dont les
tombeaux ont étc' conservés, y sont représentés avec
les instruments de leur profession. Celui qu'on voit
(fig. 66o5) provient d'Autun'. Le personnage, Caius
Getuli (filius), tient une règle et une truelle ; il a auprès
de lui une scie et une ascia.
Structoren latin, TpaTreÇoîTot'i; ouTpxTici^oxou.ôç en grec%
est encore le nom d'un esclave chargé dans les
grandes maisons de dresser, c'est-à-dire de disposer les
plats sur la table ou sur des plateaux [ferculum, reposi-
torium]^, quelquefois aussi de découper et de servir'.
Il pouvait y avoir plusieurs de ces serviteurs sous les
ordres d'un cbe^praepositus struclorum)*. E. Saglio.
STIirCTUR.-V. — De précédents articles ont déjà
traité plusieurs questions qui se rapportent à l'archi-
tecture antique [mlhus, paries, columna, camara, fornix,
. Struppus : Tcrl. Ce
STROPIIIUM. I Plin. flisl.uat. XXI, 2 (5); Fcst
15. — iApul. Met. XI, 16 (p. 2ii3).
STRUCTIIR. 1 Pti-Mi a eu chez les Grecs un sens général, comme fuber chez Icî
Romains, aianl de d.'signei- phis paiaiculiih-emcnt louvricr qui travaille le bois,
Voy. fAbEU et lîiedenauer. Uandwerk m dvr liomer. Zeittn. Erlaugcn, 1873,
p. 10*. 0-.<,J<;;ios et o..«o„„d; dans Carp. Gloss. Il, 1S9, 33 ; 111, iOI, 3i; d7l, 34.
— 2 Promis, Architettura pri-sso i liomnni, p.
p. 155 : Corp. inscr. lat. VI, '.191. Il y en avait
^3 Mommsen, Insc. reg. Neap. iOOO ; Pro
musée de .Saint-Ucimain ; Uuruy, Hist. des Ho
raadieu, B.-reliefs de la Gaule rom. III, p.
— t Serv. Ad Aen. I, 70
Sat. 35; Lampr. Heliog
5;Jinr. V, liO, XI; 130.
>; Id. Vocaboli di archîtetlura,
collogc à Rome, C. i. l. VI, 44*.
, Architettura, p. 34. — * Au
ins. V, p. 037 ; Mieux dans Espé-
3.-5 AUienac. IV, p 170-171.
ferculorum composHor : cf. Juvca. VII, I.Si. PcIron.
; Corp. mscr. lat. VI, 4034, 4i; si|. — '' Mart. X, 48.
> C. i. l. VI, 9043.
STRCJCTUnA. I Choisy, UUt. de V Architecture, I, p. 22S ; cf. Durm, Handbucli
der Arcldteklur, die Baukunst der 6')-iecAe/i (Darrasladt, 189â). 2« éd. p. 27.-2 Les
moellons des murs de Tirynlho ont en moyenne une longucurdc 1 m. 50 à 2 métrés
cl une haulcur de \ mètre. Le linteau de la porte des Lions mesure 12 mètres
cubes, celui du trésor d'Alrée 43 mètres cubes et pèse une centaine de tonnes.
— 3 Les Egyptiens balaient de même les matériaux de leurs édilices sur des plans
inclinés à pente douce. [Is se servaient pour les pierres de plus petites dimensions
de machines élcvaloircs à bascule : ce sont dos cerceaux en bois, composés de deux
joues en segment de cercle réunies par des traverses; on les mauiEuvrait avec des
leviers. Maspéro, Guide du visiteur au musée du Caire, p. 181 ; Moret, Hevue de
Paris, dcc. 1906, p. «33-4. Nous ignorons si les conslruoleurs de tnossos et de
Tiryothe connaissaient des machines de ce genre. — » On travailla d'abord les
pitrres tendres (gypse à Cnossos, luf â Athènes) en se servant du môme outillage
CAEJiENTUM. ctci. Nous reprendrons ici l'étude de la
construction et, pour cela, nous suivrons pas à pas le
travail de l'entrepreneur, depuis le moment où il
reçoit les instructions de l'architecte jusqu'à celui où il
livre le monument aciievé aux fonctionnaires cliargés
de la réception.
Grèce. I. Période primitive. — Les procédés de cons-
truction s'expliquent par l'insuffisance de l'outillage.
On emploie les matériaux faciles à travailler, l'argile,
qui, mélangée à de la paille hachée, sert à la fabrication
des briques crues [later], le bois qu'on débite avec la
hache et la scie [ligna]. En combinant ces deuxéléments,
on obtient la construction en « brique crue armée ». Pour
la construction en pierre, on utilise les éclats de rocher,
ou bien on extrait des blocs en introduisant des coins
dans les fissures naturelles des bancs de carrière et en
les chassant à coups de masses'. Les moellons restent
à l'état brut ou sont sommairement dégrossis sur leur
face externe. Les interstices entre les gros blocs sont
remplis par de petites pierres. Le tout est lié par du
mortier de terre [mlrus]. La construction se réduit à un
empilement de blocs. La seule difficulté résulte des
dimensions des matériaux-: les pierres étaient sans
doute montées sur des rouleaux de bois et poussées sur
de longs plans inclinés jusqu'à la place qu'elles devaient
occuper. On suppléait à l'absence de machines par le
nombre de travailleurs ^
Les perfectionnements de l'outillage et, enparticulier,
la substitution des outils de fer [ferrumJ à ceux de
bronze permirent de travailler la pierre * et d'établir des
faces de joint pour assurer la parfaite adliérence des
moellons entre eux^ La construction appareillée sera dès
lors le type classique de la construction grecque.
11. Période helléniffue. 1° Préparution des travaux.
— Lorsqu'une cité veut élever un monument ^, et que le
peuple a voté la mise en adjudication des travaux',
l'architecte officiel [ARr.uiTECTi'sj établit un devis détaillé
et minutieux sous la forme d'un contrat (<7UYY?a?"'i) ,
passé entre la ville et l'entrepreneur [ergolabos]. Au
devis* sont joints des croquis, des plans cotés (ûtto-
Ypaç-iî', forma), des modèles en relief (îrapioEiYua) '".
L'entrepreneur doit se conformer exactement aux
que pour le bois. IJf. pour les œuvres de sculpture, Lechat, Au Musée du l'Acro-
pole, passim. — » L'ne des variétés les plus intêrcssautes au point de vue du travail
est l'appareil polygonal â joints courbes (mur de la terrasse du temple de Delphes).
— 6 four les travaux des |iarticu'.icrs, celui qui Taisait construire passait sans
doute un contrat analogue avec le directeur des travaux qui, le plus
souvent, devait être à la fois l'arcliitectc et l'entrepreneur. Plat. Leg. Xî,
920. — 7 Les marchés d'entreprise sont régis par une loi générale, comme
celle de Tégée; Le Bas-Foucarl, 340 e. Sur les entreprises do travaux publics,
vuir Guiraiiri, La main d'œurre industrielle dans l'uncienne Grèce, p. 78-86
— 8 Comme exemples de devis, voir celui de l'arsenal («suo^x,;! du Piréc
{Jnscr. i/r. Il, i, 1034; Foucart, Bull. corr. hell. VII (1S82), p. 540; Fabricius,
Hermès, XVII {tSS2), p. oïl ; Choisy, Etudes èpigr. sur l'arclnt. grecque, p. 1)
on celui du dallage du temple de Lébadée | /user. gr. Vil, 3073) ; Dareste. Ann. de
l'Assoc. pour l'vncourag. des étud. grecques, 1877, p. 107 ; Fabricius, De archit.
graeca commentationes epigraphicae, p. 5; Choisy, Et. épigr. p. 173. — 9 Ho^;
tè [vÉTpa vaX Ti;v ûitoyçaïiiv Ti;v [SoftETuav ûitô toS àp/iTÉxTovoç], inscr. de Délos
Bull. corr. hell. XIV (1890), p. 463. — 10 Taôt» Kita,,» i;.f74.ovT«- =':
oji;^ 0 iç/iTÈxTMï, devis de Lébadée, 1. 94-96. A Délos, un modèle de la porte
du Propylée est fait d'une tablette en bois de palmier, Bull. corr. hell. XIV
^1J^90^ p. 395, 1. 74-.S. Ou établit des modèles en cire pour certains ornements
d.- rÉrnchlheiou, tnscr. gr. I, 3i4, fr. c col. II. I. 1. Cf. Bull. corr. hell. \l
(I8K2), p. 133, XXIX (19031. p. 461, 467; Jnscr. gr. Il, 807, col. Il, I. ïuj,
I. 126, 1051 f, 1. 22, elc. l'hilon de byzance (IX. 3, Jlev. de philologie. 11!
(IS79), p. 140 et la note) reconunande d'établir pour la taille des pierres des
gabarits de bois (;;xSoV,tî; -ùX.ïo.) qui pcrmctiroul aux ouvriers de .. Iraiailler
bien et vite n.
STR
1337 —
STR
indications données (àirEiSoTrûisiv) ' : lout est prévu dans
le devis, mesures, matériaux, méthodes de travail,
outils. Le choix des matériaux est dicté par la nature
des constructions. Pour les habitations privées, on use
de la maçonnerie à petits éléments, et on continue la
technique de la brique crue armée-. On réserve aux
édifices publics les matériaux les plus solides et les plus
beaux. Les parties non apparentes, les fondations,
sont construites en matériaux moins précieux que le
reste de l'édifice : le Parthénon a des subslructions en
tuf (irwpo;), le temple d'Athéna Aléa à Tégée des fonda-
lions en conglomérat et en calcaire tendre'. On uti-
lise les matériaux légers et moins résistants pour
les refends et pour les murs de l'étage qui supportent
une charge moindre'. De plus, on a préféré, selon les
époques, telle ou telle pierre de construction ; le choix
des matériaux peut souvent fournir un indice chrono-
logique pour dater le monument. Ainsi, à Athènes, on
employa d'abord le calcaire de l'Acropole et des collines
voisines, le tuf jaunâtre ou poros de la presqu'île d'Akté
(àxTtTT|Ç Ài'9o;) ; au VI'' siècle, la pierre de Kara, travertin
dur, gris bleu, de l'Hymelte est en faveur' ; pendant la
période classique, le marbre du Pentélique élimine à peu
près tous les autres matériaux " ; à l'époque helh-nis-
lique, on emploie le marbre gris bleuâtre de l'Hymette'^;
à l'époque romaine, la pierre de Kara est de nouveau
employée [lapis, marmor]*.
En principe, on choisit les matériaux que l'on trouve
sur place pour éviter les frais de transport". Les car-
rières de Saraki, à une heure d'Olympie, ont fourni le
calcaire coquillier du temple de Zeus; celles de Doliana,
à deux heures et demie de Tégée, le marbre tirant sur
le gris bleu du temple d'Athéna Aléa; celles de Saint-
Élie, à huit heures de Delphes, le calcaire bleuté du
temple d'Apollon. Les carrières de Kara sont à environ
6 kilomètres, celles du Pentélique à environ 17 kilo-
mètres d'Athènes. A Délos, une centaine de carrières
ont fourni les gneiss et les granits qui ont servi à l'édifi-
cation de la ville'"; souvent on a extrait les matériaux
d'une maison du sol même qui allait la porter. Au besoin,
on fait venir des matériaux de l'étranger: ainsi des mar-
bres de Paros sont apportés à Délos, des tufs de Corinthe
à Delphes". Dans ce cas, les achats ne se font pas sur
échantillon ; mais on envoie au pays d'origine une com-
mission chargée de faire la commande '^
Les travaux sont exécutés sous la surveillance de l'ar-
I Insc. du DidymeioD, Haiissoullier, Edai. sur l'hist. de Milet cl du Didymnion.
p. IfitJ. — 2 Xéaoplioii (.l/em. 111, 1, 7) indique les éléments dont se composent
les murs ordinaires : le souba:^âcment en pierre ((Àt'ôoi), le corps du mur en brique
crue armée (;jAa xal îtXtvfloi), le Loit en luiles cuites («toaixoç). Les murs d'euceinte
étaient souvent construits en brirjue crue armée, avec un socle de pierre (devis
pour les murs d'Athènes, /nscr. fjr. Il, 1G7 ; Clioisy, Et. épig., p. 43); ainsi
établis, ils supportaient, pensaiî-on, plus aisément les coups de bélier sans se
rompre. — 3 /Jutl. corr. hell. XXV (19UI), p. 217. — * A Uélos, le luf est em-
ployé à l'étage, dans les galeries supérieures, dans les murs de refend, Uult. corr,
hell. XXIX (I9U3), p. 43, 490 ; XXX 11906), p. 4S8, 520. — S 11 est employé par
exemple au vieux temple de Dionysos Elcutliereus ; Judeicli, To/jographie von
Atheti, p. 283. — •> Le calcaire bleu foncé d'Eleusis n'est employé qu'acces-
soirement pour obtenir des effets de polychromie {par exemple Irise de
rÉrechthcioo). — 7 Par exemple à la stoa d'Attalc ; Judeich, Op. l. p. 301.
— 8 Judeich, Op. L p. 2-4. Les marbres de couleur, tachetés et veinés, ne sont
employés qu'à répof|ue alcxandrine. A Delphes, l'usage de la brèche du l'amasse
date surtout du iV siècle, Huit. corr. /le//. XX.iilll (1909), p. 210, 223. — 'J Vitruve,
I, ri, S, recommande d'avoir égard, pour la construction des murs d'enceinte, aux
ressources du pays. Les mêmes préoccupations ont existé à l'époque primitive,
alors surtout que l'absence de machines rendait plus difticile le transport des blocs
de pierre : les matériaux de Tirynthe proviennent d'une carrière située à environ
une demi-heure de là; Durm, Bauk. der Criech., p. 22. — 10 De même les lato-
chitecte et de commissions nommées à cet effet. Ils
avancent lentement. Périclès, qui disposait de ressources
considérables en argent et en hommes, pouvait en treize
ans faire construire le Parthénon. Mais souvent des diffi-
cultés de tout genre, des embarras financiers faisaient
traîner l'entreprise en longueur et obligeaient parfois à
laisser le monument inachevé '^ Afin de jouir le plus
tôt possible de l'aspect général de l'édifice, on exécute
d'abord les parties les plus apparentes : à Ségesle, la
colonnade extérieure est élevée avant la cella ; au grand
temple de Sélinonte, on commence par la façade princi-
pale '*; à l'arsenal du Pirée, on part de l'extrémité qui
regarde le propylée de l'agora, c'est-à-dire du point qui
est le plus en vue, et on avance par tronçons, en établis-
sant la toiture à mesure que la galerie s'allonge'".
2° De la carrière au chantier. — Le premier travail
est fait dans la carrière. Une fois extrait, le bloc de
pierre est sommairement dégrossi et reçoit la forme
générale de ce qu'il doit être, architrave, tambour de
colonne, chapiteau, statue: on allège ainsi la masse à
transporter [jietalla] '".
La carrière est desservie par des chemins spéciale-
ment aménagés pour le transport des pierres. Au Penté-
lique, la carrière ouvre sur une piste dallée; les blocs,
montés sur des rouleaux de bois, glissaient sur les
dalles et étaient retenus par des câbles, qu'on roulait
autour de gros pieux plantés de distance en dislance '■".
Sur les chemins qui menaient au chantier, on se servait
de chariots", ou de machines spéciales {\i.-r;/ a.-^-\ ÀiOa-
vcoi-o;)", comme celles que Chersiphron el Métagénès
avaient inventées pour le transport des colonnes et des
architraves [machl\a, fig. 4753, 4734]. Par suite du
mauvais état des routes-", les charrois étaient longs,
difficiles et coûteux. Pour mener du Pentélique à Eleusis
(40 kilomètres environ) un tambour de colonne qui
mesure au plus 2 mètres cubes, il faut un attelage de
37 à 40 paires de bêtes de trait, le voyage dure de 2 jours
et demi à 3 jours, la dépense s'élève de 230 à 4(J0 dra-
chmes"'. Le transport de Kirrha à Delphes d'un bloc de
tuf, qui a coûté Gl drachmes, revient à 240 drachmes,
soit près de quatre fois le prix d'achat^-. 11 fallait des
voies aisées et bien entretenues pour que le coût du
transport descendit à 23 drachmes, comme pour les blocs
menés du port au hiéron d'Épidaure-''. Les transports
par mer étaient moins coûteux et on y avait recours
chaque fois que la chose était possible''.
raies de Syracuse. — H Bull. corr. liell. XXVI (1902), p. 31. — 12 Bull. corr.
hell. XlVi IS90), p. 406. — 13 Les Propylées (DBrpfcld, Mheu. Milt. X (1883), p. 38,
131), l'Ércchtheion (A/., ibid.. XXVIU (1903), p. 465) n'ont pu recevoir lout le dé-
veloppement prévu dans le plan primitif. — 14 Choisy, ffist. de l'arch., L p. 284.
A Ségeste, Koldcwey et Puchstein admettent (jue la cella a été complètement
détruite, Griech. Tempel in Unteritalien und Sicilien, I, 1899, p. 133. Au
Didymeiou, la colonnade est établie peu à peu et on y travaille encore à l'époque,
impériale, HaussouUier, Op. l., p. I»9. - lo Choisy, Et. épiyr., p. 27. — lt> Les
carrières du monde romain sont étudiées dans Dubois, Et. sur l'administration
et l'exploit, des carrières dans le monde romain, Paris, 1908. Celles de
Grèce y sont mcnlionnées, et la plupart des détails sur l'exploitation sont valables
pour la période licllénir]ue, comme pour la période romaine. — l'' Les trous, où
s'encastraicut ces pieux sont encore visibles, Ross, Ùas fentelikon bei Athen und
seine Marmorbrûche, Kunstblatt, IS37, n" 2-4. Cf. sur des mines de Sardaignc,
Léger, Trarau.i publics des Domains, p. 704. — I» Jnscr. ;,r. M, S34 c. 1. 11-44.
— 19 Pollux, X, 148. — 20 Les comples de construction du grand temple d'Eleusis
meationnenl des* travaux faits pour remettre en élat les routes, Inscr. gr. 11,
834 c, I. 4. — 21 Ibid. I. 64-87. — 22 Bull. corr. hell. XXVI (1902), p. 57.
— 23 "E oïit*. âp/atoÀ. 1S92, p. 96. — 2V Ainsi étaient transportées sans doute
les tuiles de Corinthe à Athènes : la tuile qui, prise sur place, vaut 5 oboles
revient à une drachme rendue à Athènes, soit 1/3 du prix d'achat pour le trans-
port (Inscr. gr. Il 834 b, 1. 71-73, p. .^24). Pour le bloc de tuf mentionné plus
193
STR
— 1538
STR
Le cluinlier de construction est réservé aux ouvriers
et isolé du public : un chantier de Délos est entouré d'un
mur en briques crues que Ton démolit à la fin des tra-
vaux'. On établit des ateliers (ÈpYaTTT,ota), où travaillent
tailleurs de pierre et sculpteurs. On montrait à Olympie
l'atelier de Phidias, dont toutes les dispositions corres-
pondaient à celles delà cella du temple et qui avait per-
mis, disait-on, à l'artiste de juger l'ell'el produit par sa
statue avant la mise en place-. Près du Parlhénon, un
bâtiment allongé, divisé en plusieurs salles, est peut-être
l'atelier établi pour la construction de l'ancien temple et
utilisé pour les travaux ultérieurs'. .\ Delphes, l'atelier
est établi assez loin du temple en construction, dans le
faubourg de tiuiat '. A l'atelier, les travailleurs sont
groupés par équipes ^. Bien que la division du travail ne
soit pas poussée aussi loin que de nos jours, les ouvriers
ont le plus souvent une spécialité : au Didymeion, ils se
divisent en deux catégories d'après la nature des maté-
riaux qu'ils travaillent, les uns ne taillant que les car-
reaux de marbre qui forment les parements du mur, les
autres que les blocs de pierre qui en constituent le
noyau central". Les ouvriers sont sous la surveillance
de l'architecte et des épimélètes qui suivent l'exécution
des travaux: à Lébadée', l'ouvrier, convaincu de malfa-
çon, est expulsé du chantier, et, s'il refuse d'obéir, il est
passible d'amende, ainsi que l'entrepreneur. Les pierres,
dégrossies à la carrière, sont taillées à l'atelier. Les
lignes à suivre sont tracées en battant sur la pierre une
corde frottée de couleur [lixea] ; les angles sont vérifiés
avec l'équerre [norma]. Les blocs sont débités à la scie,
■izo'Mi Xi6oTïp!'^ï,«* [serra], attaqués avec un marteau
courbe et tranchant, tûxoç ' [ascia, dolabra], aplanis
avec le ciseau (;ot;, ^Xaplç, etc), chassé à coups de maillet
[lAPICIDA, CAELIM, MALLEUS].
Le travail de taille, exécuté à l'atelier, n'est pas déti-
nitif. Le principe est: « ne s'exposer jamais par un rava-
lement anticipé aux risques d'une épaufrure ; ajourner
les ravalements autant que les exigences du chantier le
permettent" «.Les parties qui resteront visibles et même
la face supérieure du bloc sont seulement ébauchées :
seules la face inférieure et les faces verticales de joint
sont achevées. Au vi' siècle, les joints sont aplanis sur
toute leur étendue; puis, au v° siècle, pour éviter les
accidents que pourrait produire l'interposition de corps
durs entre les deux moellons, on évide la partie centrale
et on se contente d'aplanir le rebord du lit. De même
les tambours de colonne ne portent que par les bords et
par le cintre. Les opérations de la taille sont nettement
définies dans le devis de Lébadée (fig. 6656). La face
inférieure et les faces verticales de chaque dalle compren-
nent u ne partie centrale grossièrement taillée (r, g ) avec un
haut lUutl. corr. hcll. XXVI (l'-'O^), p. 57), le Iransporl par mer île Lecliaeon à
Kirrba revieul à 2i4 drachmes : celle somme élevée comprend sans doule des frais
accessoires qu'il nous esl impassible d'évaluer. — ' Bull. corr. hell. XIV (1890)
p. 394, 1. 55-6. — 2 Pausan. XV, 13, 1 ; Krazer, Pausaniass descr. of Greece,
III, p. 565. Un b&timeut silué enlrc le Parlliénou el le mur de Cimon a pu de
môme servir d'alelier (DôrpfeUI, Atlt. JJitt. XII (I887j, p. iH ; XXVII 11902),
p 401): une des pièces a les dimensions de la cell.i du ('arlliénon. — 3 Kawerau,
fieiitsche Bauzeitung, 1884, p. 4; Judeich, Oj,. I. p. 235-6. On connail aussi un
Ifirairrripiov pour les travaui de l'Éreclilheion, Jnscr. yr., I, suppl. p. 74, u» ii\,
col. 111,1. 38. — » Bull. corr. hell. XXVI (190i), p. 48-9. — 5 Les tailleurs de pierre
qui travaillent aui cannelures des colonnes de l'ÉrecklIieiou sont par groupes de 5 à
7 ; /mer. gr. I, 3i4, fr. c, col. I, 1. 33 sq. — >• Haussoullier, A«i'. île philolotjie,
XXIX (I90S), p. 254. — 7 Devis de Lébadée, I. 19-i;. Nous reproduisons ce levle
d'après Choisir, El. é/,igr. I, p. 191, ainsi que le croquis explicatif (fig. 665C).
— » Pollui, X, llK. Les outils sont énumérés par Pollux. Vil, Ii5; X, 147.
outil à grosses dents (;oiç/aoaxtT| xia/sîi") et un enca-
drement soigneusement ciselé (rt, 6, ;«, 7i\ dressé avec la
plicalif ilu devis de l.éliadce.
laie fine à dents serrées (;oiç /asaxTv, Tt^xv-r, £7tT,xovTfi[j.svT, '^),
le taillant à profil en biseau (iotç àp-t'crofio; ''), avec le
ciseau sans dents (XsicTciov Aeîov è7rY,xovr,y.Évov '^). Les
faces verticales d'attente des anciennes dalles avaient été
laissées brutes ; le ravalement n'en est fait qu'au moment
de la pose du nouveau dallage et exécuté sur le même
modèle avec une partie centrale ébauchée («', //) et un
cadre bien dressé [v').
Pour vérifier les surfaces de joint {Tp<.y.^L3.T:o/.o-(eïv ''),
on use du procédé dit« dressage au rouge >> (jjhàtoÀ&yeïv '*).
On présente contre la surface à dresser un plateau ou
une règle de marbre (xavwv Xi'S'.voi;), que l'on a enduit de
sanguine délayée dans de l'huile. Tous les points où la
sanguine décalque sont en saillie et doivent être retail-
lés'\ Le dressage au rouge s'applique aux pièces de
charpente, comme aux pierres'*.
Dans le chantier, il est utile de pouvoir reconnaître
facilement les pierres. De là, les marques qu'elles por-
tent et qui leur constituent une sorte d'état civil. Les
unes permettent de savoir par qui a été fait le travail.
.Vu Didymeion, les carreaux portent soit le nom de l'en-
preneur ou de l'ouvrier qui les a livrés, soit la mention
îEsov, c'est-à-dire fourni par les esclaves du dieu ". 11
esl impossible le plus sou vent de dire à quel travail se rap-
porte l'inscription, extraction de matériaux dans la car-
rière ou taille de pierres sur le chantier: on retrouve
sur des pierres du temple de Delphes le nom d'entrepre-
neurs qui ont fait faire la taille dans la carrière-".
D'autres marques sont destinées à faciliter la mise en
place, en indiquant où doit se poserchaque pierre. Dans
l'appareil isodomon, les moellons de même dimension
peuvent être remplacés indilïéreinment les uns par les
autres : les carreaux ou les parpaings des murs du Par-
thénon sont interchangeables. 11 n'en était pas de même
dans un édifice comme le trésor des .\théniens à Delphes,
où les assises n'ont pas exactement la même hauteur-'.
Voir Bliimner, Technol. und Termin. dtT Gewerbe u. Kùnste, II, p. 186 sf].
— 9Arisloph. Av. 113S, et schol. — 10 Choisy, Et. épiyr., p. 207. — )1 Devis
de LébaJéc, I. 107, 121. — 12 lt,id. I. 104, 163. — li itiid. 1. 168. — H Mirf.
I. 119, 136, ir.8. — i" Ibid. I. 162. — 1^ Jbid. 1. 120, 123, 133, 136, 164.
— *■ A Lébadée les règU-s dont on se serl sont comparées à une règle étalon
déposée dans le temple, devis de Lébadée, 1. 124-5. — IS Bull. corr. hell. XXIX
(1905), p. 463; /nser. gr. I, suppl. p. 74, n. 321, col. 11,1. 17,42. — 13 Haus-
soullier, i'(. sur l'hist. de .Milet. p. 52; Ilev. de Philologie, XXIX (1903),
p. 233. A Uélos. deux pierres du Petit Portique portent l'une linscription ôj^aal
jjil', l'autre une indication de mesure semblable et un nom d'entrepreneur {Butl.
corr. hell. XXVI (1902|, p. 543 ; XXIX (1903), p. 243). Cf. Bru/za, Annal, dell. Isl.
archeol. XLII (IS70), p. 100 si|. ; Dubois, El. sur l'admin. et l'exploitation des
carrières, \>. XLV. — M Bull. corr. hell. XXVI (1901), p. 46; cf. XX (1896)
p. 650, 688 ; C. rendus de l'Acad. de» insc, 1695, p. 332. — 21 C. r. du
Congrès intern. d'archéol., Athènes, 1905, p. 167. Les différences d'épais-
STR
— 1539 —
STR
Il importait en ce cas de ranger séparément sur le chan-
tier les pierres appartenant à une même assise. On eut
assez tard l'idée de graver sur la pierre des marques
d'assemblage' : tantôt on inscrit la même lettre sur les
deux blocs qui doivent êti-e conligus ^ tantôt comme
au portique de Philippe, à Délos, on donne un numéro
d'ordre à chacun des membres de la construction.
Avant d'èlre mises en place, les pierres doivent être
acceptées par l'archilecte et les épimélètes. A Lébadée,
on vérifie par le son si les plaques de dallage n'ont ni
défaut, ni fêlure 'K Au Parthénon, des tambours de
colonne ont été refusés et enfouis comme rebuts dans les
remblais.
3° Le gros œuvre. — Les murs peuvent être construits
soit en pierres appareillées, soit en pierres non appa-
reillées, soit en briques et en terre. Nous étudierons
surtout le premier type, auquel appartiennent la plupart
des monuments publics.
Après avoir établi les fondations {û-KoAoyr^), on construit
le corps {Tzltiiç,i) de la muraille [taries]. A mesure que
la construction s'élève au-dessus du sol, il est nécessaire
d'élever des échafaudages, ixp'ojjjLa', y.ocv8f|),io;^ ê-r/a-
peïov". En cas de besoin, on établit des constructions
provisoires pour faciliter le travail : au temple de Delphes,
on bâtit, entre les deux jambages de la grande porte,
un mur provisoire qui aide à la mise en place des
grosses pièces d'architecture''. On prend des disposi-
tions pour protéger des chocs et des dégradations les
parties déjà construites : ainsi on habille de planches les
chambranles d'une porte pendant la pose de statues*.
Dans les travaux de réparation, on
soutient par des étais (âvtripi'ç) les
parties voisines'.
Les échafaudages servent non
seulement à porter les ouvriers [ma-
cuiNA, fig. 4738], mais aussi à sou-
tenir les machines employées au
levage des pierres. Pendant long-
temps, on continue à user du plan
incliné : au temple d'Éphèse, au
vi" siècle, Chersiphron fait rouler les architraves sur des
plans inclinés faits de sacs de sable '". Mais les progrès
de la mécanique font adopter des machines élévatoires,
chèvres ou grues", comme celles que décrit Vitruve
[machina, fig. 4744,4751]. On use de divers procédés pour
lever les blocs *^. Le plus simple est de lier la pierre par
desélingues; pour faciliter l'attache des cordes on mé-
nage des tenons saillants (fig. G6o7), que le ravalement
fera disparaître '^ Un procédé plus perfectionné consiste
seur entre les trois murs sont assez minimes pour qu'on les atlriliue au travail
de ravalement. — 1 Les pierres des grands éditiccs de l'époque classique ne
portent pas de marques d'assemblage; elles ont pu, il est vrai, en avoir (|ne le
ravalement des faces externes aurait fait disparaître. — '^ C'est le procédé fré(iuem-
mcnt employé pour les bases; voir, par exemple, Bull. corr. hell. XXXI (l'.IOT),
p. 4U, lig. l'i, 7. — '.1 Devis de Lébadée. I. 103, ItiS. — 4 InscT . gr. 1, 3i'4, 1. 14.
Une inscription décrit 1 écliafaudaKe avec une plate-forme, Tçà^iti^ï et des échelles
ou plans inclines, «X.'^a.iî (////</. I, 319, 1. C-aO). Le môme dispositif est appelé
[4r,/_«Yï; T£Tpo.»wAo; dans nnc inscription du Didymeion, Haussoullier, EL sur ikist.
de Milet, p. 164. — S Jnscr. gr. 11, 167, 1. 73. — o Jijid. Il, 834 b, [col.
Il, 1. 96. Le terme È<r)r«po. désigne aussi, semble-t-il, un échafaudage ou
une machine à porter les pierres dans une inscription de Uélos (Bull,
corr. hell. VI (ISS2), p. 135) où il faut lire S»,àj«v iit,vi,, au lien de U/épav
i,i8;.v'. —'• Bull. corr. Ml. X\\[ (I90ij,p. 62, 1. 18-20,p. 68. —ilnscr. ffr.1,319.
- 9 Ibid. Il, 167, I. 49. - 10 Plin. hist. nat. XXXVI, 21 (14l. - H Bull,
corr. hell. XIV (1890), p. 395, 1. 66. Une inscription du Didymeion mcnlionne
une machine à deux pieds (nr./avii A'tKwV.o;) ou bigue, qui sert à monter un
linteau de porte, Haussoullier, Et. sur l'hisl. de Milet, p. 104. — 12 Voir l'errot
Fig. 6637. — Tenons
d'attache.
à creuser dans les faces de joints des rainures par où
passeront les câbles : telles les rainures en U que pré-
sentent les triglyphes et les chapiteaux du grand
temple d'Agrigente". Un chapiteau trouvé sur l'Acro-
pole nous fournit l'exemple (fig. 0659)
d'un conduit creusé dans l'épaisseur de
l'abaque'"; il est difficile de dire s'il était
destiné à recevoir une corde ou les deux
branches des tenailles de fer, xapxtvot 'S
dont on se servait aussi pour soulever les
pierres forceps, fig. 3167]. Enfin la pierre
pouvait être soulevée au moyen d'une
louve (fig. 66601, coin en fer calé dans une
mortaise, dont le fond va en s'évasant''.
Avant de poser les pierres d'une nou-
velle assise, on doit achever de dresser la
face supérieure de l'assise précédente.
Ainsi à Lébadée, la face de lit des sub-
slruclions (fig. 6636, A) est laissée brute et n'est ravalée
qu'au moment de la pose des nouvelles dalles'*; àl'Érech-
theion, le lit supérieur exige un ravalement sur tas, avant
de recevoir une nouvelle assise'". Pour que le contact
soit aussi parfait que possible, les deux joints sont tra-
vaillés selon les mêmes procédés et avec les mêmes
outils-". Pour les colonnes du Parthénon on a, sem-
ble-t-il, imprimé aux tambours un mouvement de rota-
tion sur une couche de sable fin, afin d'obtenir par usure
des faces de lit bien planes ^'. Une fois le ravalement
exécuté, on vérifie l'horizontalité du lit avec le niveau,
StaSTÎTr,; -'- ; le devis de Lébadée invile les fonctionnaires
chargés de la vérification à se méfier des procédés de
Fig.(i65S.
Procédés de le\a;;e
calage, qui dispenseraient l'entrepreneur de dresser
exactement les surfaces".
La pierre est généralement posée sur lit de carrière :
toutefois, lorsqu'elle doit porter une lourde charge, elle
est posée en délit. On diminue les chances de rupture
d'une architrave en remplaçant le bloc unique par plu-
sieurs dalles accolées : l'accident arrivé à l'un des
et Chipiez, Hist. de l'art. Vil, pi. xmi —13 Dans les édifices inachevés, les tenons
ont subsisté, par exemple aux Propylées, Bohn, die Propylâen der Akrop. zu
Athcn ; Choisy, Sist. de l'archit. I. p. 23; Art de bâtir chez les Romains, p. 109,
fig.61.— UChoisy, ff. rfeTarc/i. p. 274. — 15 Durm, Bnu/,;. i/er GrifcA. p. 80. fig. 63,
1. Cf. les chapiteaux de l'ordre supérieur de la relia d'Égine. — 10 Pollux, X, 148 ;
Vitruv. X, i. — " /*. La louve est employée pour les pierres du temple A de
Sélinonte. — l» Devis de Lébadée, 1. 147-S. — 19 Inscr. gr. I, 321, 1. 17; Choisy.
Et. épii/r. p. 102. — 20 a Lébadée, la substruclion longitudin.ale (fig. 06.i4. A) est
taillée avec le même outil que la bordure de la dalle (m) ijui doit porter sur elle,
1. 148, 168 ; de même les éperons transversaux (B| et l'encadrement {n), 1. 147, 104,
163. — SI Choisy. Sist. de l'arch. I, p. Ï72. Dans un fragment de devis pour les
substructions d'un temple de Lesbos (Ephem. epigr. II (1875), n" XVI), Choisy
{Et. épii/r. p. 228) voit dans l'expression Sia-lc«niA..'.iaî «maJou; un indice de
l'emploi du sable pour aplanir les faces de lit. L'inlerprétaliou n'est pas certaine.
On n'a pas coutume de prendre de telles précautions pour les assises de fondation,
et l'emploi du sable peut s'expliquer si l'on se rappelle i|ue certains édifices reposent
sur une couche de sable ou de gravier de rivière; Durm, Bauk. der G> iech.
p. 69. — 2i /nscr. yr. Il, 1034, I. 9-10. — '-i» Devis do Lébadée, I, 164.
STR
— 1S40 —
STR
6661. — Procédés d
en place.
Fig. 6062.
éléments n'entraîne pas la ruine de l'ensemble '.
Les appareils de levage permettent rarement de poser
du premier
coup un e
pierre à sa
place défini-
tive. On doit
l'y amener et
la serrer con-
tre la pierre
voisine au
moyen de pin
ces et de le-
viers-. Aussi adopte-t-on diverses dispositions qui puis-
sent donner prise plus facilement à ces outils. Ainsi
l'assise inférieure
présente des enco-
ches où s'engage la
pince (fig. 6661); ou
bien le bloc porte
un tenon où vient
s'appuyer le levier et
qu'il faudra faire
disparaître après la
pose ffig. 6602) ; ou, si l'on veut éviter ce dernier tra-
vail, on ménage à la partie inférieure de la pierre une
cavité qui recevra l'extrémité du levier (fîg. 6663). Pour
la mise en place, on est parfois guidé par des lignes
de repère : dans les maisons de Délos, on trouve,
tracés sur les dalles du péristyle, des traits qui corres-
pondent à d'autres traits sur les tambours inférieurs
des colonnes ^
Durant toutes les opérations de levage et de pose, il
faut veiller à ce que la pierre ne subisse aucune dégra-
dation ; les parties les plus exposées aux accidents sont
les arêtes, où l'intervention du moindre corps dur peut
faire éclater la pierre. De là les précautions prises au
moyen de certains
artifices de taille. A
Ségeste, pour les
blocs du stylobate,
on a ménagé une
ciselure tout le long
de l'arête, sauf aux
angles, qu'une ré-
serve cubique pré-
serve des chocs (fîg.
blocs de l'architrave ont des bourrelets
6664)
protecteurs en bordure partout où ils doivent être mis
« Au iri- siècle, rarcliilrave est le plus souvent d'un seul bloc- au v elle est
faite de dalles accolées de champ, deux au Th.'.seion, trois au Pai-thénon.
- 2 Cho.sy, H. de Varch. p. 294. _ 3 Bull. corr. hell. XXX (190(i|, p. 303.
-* tr Choisy, HUl. de Varch. I, p. 273, fig. 6 V. _ ;. Perrot et Chipieî, Hist. de
larl. VII, pi. I,.,, „. ,„. _ 6 Les termes r|ui désignent la liaison des blocs sont énu-
mérés par Collux, IV. 12 V. -1 Devis de Ubadée, 1. 171. - » Judeich, Top. von Uh.n
p. 1. A Delphes, les crampons en double queue darondc datent du v.» siècle ceux
!" lt\ :'; """■ """■ '""■ '^^•'"" <"""'• P- -'«--"■ - ' U""^ ^^ Lèbadèe, I.
7f. U. 1 bilon de Bjiance. ttev. de philotof/ie, III (1879), p. lU. _ lOQn trouve
des seellemenU faits uniquement de plomb, lorsquil sagit de firer des pièces
d appl„|ue légères. Perrot et Chipiez, //,„. de far,. Vil, p. .,,3. _ Il Les colonnes
du Parthénon ont des crapaudines en bois de cyprès, dont quelques exemplaires
sont conservés au musée de lAcropole. A Délos, la même disposition est emplovce
pour un pilier des Propvlécs : iù,,, ,!; ,à. ii.s,. .,,. , j.. , , g' f.
eorr. Heil. XIV (.890;, p. 393, I. 7. p. 474-5. A Orvmp:e, les colonnes rîrn;ple"de
iem oni, outre les crapaudines de bois, des tenons de métal, Olympia TeUband
1, p. 6. Les bases des colonnes ioniques de la façade ouest de lÉrechllieioù I
f)iiC4. — Saillie de
protection.
en contact*; le tailloir du chapiteau présente aux
quatre angles des prismes rectangulaires qui protègent
les arêtes ^ On protège encore les parties saillantes
du chapiteau en ménageant un vide entre l'abaque
et l'architrave, qui repose
sur une partie surélevée
[abacus].
Malgré les précautions,
des accidents arrivent et
endommagent la pierre. De
là des réparations, qui con-
sistent le- plus souvent en
pièces rapportées par incrus-
lalion. Ainsi, au portique nord de l'Érechtheion, les
caissons du plafond nous fournissent plusieurs exemples
d'ornements sculptés sur une baguette de marbre et
glissés dans une rainure en queue d'aronde.
Dans la construction appareillée, les carreaux sont
posés les uns sur les autres à joints vifs, sans interposi-
tion de mortier [paries]. Pourassurerla parfaite cohésion
de toutes les parties de l'édifice, on les lie les unes aux
autres (Tuvosiv) ^ par des scellements de fer. Les uns
sont des crampons (o£(j[xi) réunissant les pierres d'une
même assise horizontale, les autres des goujons (yôix^oi)
réunissant verticalement les pierres d'une assise à celles
de l'assise supérieure. La forme en varie selon les épo-
ques. A .\thènes, les scellements en ~L sont de la plus
ancienne époque et se rencontrent jusqu'au vi' siècle; du
vi'^au iv'siècle, on emploie les crampons en Xi à l'époque
hellénistique ceux en ri, dont les deux pointes s'enfon-
cent verticalement dans les pierres. Les tenons en queue
d'aronde (TreXsxtvoç) ' sont faits primitivement de métal,
plus tard de bois et rarement de pierres '. Les scelle-
ments de fer sont noyés dans un bain de plomb (TtEpijjto-
ÀuêooyETv) ' : des rainures sont creusées sur la face de lit
pour permettre la coulée du plomb de l'extérieur aux
cavités où sont placés les tenons '". Les tambours de
colonne sont le plus souvent réunis simplement par des
crapaudines de bois (à'iiç") ; dans les colonnes ioniques
ou corinthiennes, qui sont plus grêles, on y ajoute sou-
vent des crampons '-.
La construction en pierres appareillées est celle des
grands édifices publics et sacrés. Les murs des maisons
sont faits le plus souvent en pierres non appareillées,
en moellons de dimensions variables '^ reliés par un
mortier de terre et de sable, sans chaux'* [paries, mûris].
La construction non appareillée exige moins de soins.
Les moellons sont grossièrement taillés, disposés en
assises plus ou moins régulièrement parallèles, de hau-
portcnl la trace des crapaudines qui les reliaient aux colonnes primitives et de
crampons de métal qui ont été placés pour les demi-colonnes engagées dans le mur
à l'époque romaine. D'après un devis d'Eleusis (/»s. gr. Il, 3, p. 236, n. 1U54 f.),
l'ajustage des tambours est fait au moyen de crapaudines cylindriciues, •^0)101,
engagées dans des dés cubiques, t^x-ô'^îa ; les deux pièces sont de bronze.
— 12 A rolympeion d'Athènes, les tambours de colonne ont quatre goujons,
Durro, Op. t.. p. 2S9, lig. 206. — 13 Par exemple, à Athènes (quartier du versant
ouest de lAcropole), Athen. Mittlml. XX (1895), p. 164-5, lig. 1-3: à Délos,
Bull.corr. hell .XXX (1906), p. 487-493 ; à Tliéra, Hiller von Gartringen, Tliera.iU.
p. 139 ; à Magdola, Uiill. con: hell. XXV (1901), p. 388, Og. 3. On trouvait aussi
dos murs de clôture en pierres sèches, a'ijiaoîa, Ilerod. I, 180 ; Tbucyd. IV, 43.
— 1* La iiuestion du mortier de chaux a été traitée [paries]. Aux exceptions
citées dans cet article, il faut ajouter (juclqucs rares exemples observés à Délos,
Bull. corr. hell. XXX (1906), p. 391. A Goulas, on a noté en quelques points
l'existence d'un mortier formé de chaux pétrie avec de petites pierres et de menus
morceaux de briqoe, /ùid. XXV (1901), p. 293, 297, fig. 4: mais c'est peut-èlre là
un levéleiueut sériant de soutien ii des peintures murale>, Evaus, Ami. of Ihe Brit.
STR
— 1541 —
STR
leur inégale; les interstices laissés entre les pierres sont
remplis par de petites cales. Ce système de construction
a le défaut de répartir inégalement les charges, ce qui
peut amener des tassements et des ruptures. A Délos,les
murs sont faits de deux parements sans aucune cohésion
entre eux. Il y a là un procédé de construction encore
usité aujourd'hui en Grèce. Les maçons établissent deux
échafaudages de part et d'autre du mur à élever et mon-
tentséparément chacun des parements. Le travailavance
ainsi plus vite, mais les parements sans boutisse n'ont
aucune cohésion et peuvent se dissocier '.
Les murs de brique crue -, si fréquents à l'époque
primitive, sont encore communs à l'époque classique,
soit dans les habitations privées ^ soit dans l'architec-
ture militaire '. La construction n'en présente, semble-
t-il, aucune particularité intéressante. Les briques sont
liées par un mortier de terre. Pour les réparations, on
opère par repiquage (TiÀtvOoSùXeîv)^
On rencontre, dans quelques maisons de Délos % des
murs faits simplement de terre, d'une terre argileuse
mélangée de sable assez gros. On peut conjecturer com-
ment ils étaient construits. Sur l'emplacement du mur
à élever, on dressait une forme en madriers et en planches,
et on y versait en la pilonnant la terre préparée comme
pour la fabrication des briques '' [^figlinum opls]. Lorsque
la masse était suffisamment séchée et consistante, on
retirait la forme de bois" et il ne restait plus qu'à
poser les stucs, qui donnaient au mur de terre l'appa-
rence des murs de maçonnerie '.
Les murs portent les plafonds et le toit. L'étude des
bois de construction et de la charpente a sa place ailleurs
[materia, LACuiVAR, tectum]. Lcs procédés de la construc-
tion en bois rappellent ceux de la construction en pierre :
ainsi, au plafond de l'Érechtheion, les surfaces supé-
rieures des poutres sont dressées au rouge et égalisées
après la pose, comme les blocs des assises'".
4° A chùvement des travaux. — Pour éviter toute dégra-
dation au moment de la pose, on a laissé à l'état d'ébau-
che les faces à parer. Le ravalement", qui est «poussé
achool at Alhens, t89S-6, p. 188. Dans les consiruclions i|ui devaient lître en
coalact avec l'eau, on emploie un mortier de chaux : ainsi dans les citernes de
UMos ou de Théra. dans les constructions maritimes de Di-'los, Cayeux, Ann. de
géographie, XVi |1!I07), p. 100-8. — i Bull. corr. Iiell. XXX (1006), p. 4'JI.
— 2 L'emploi des brir|ues cuites est très rare avant Alexandre. Pausanias cite
par erreur le Philippeion d'Olympie comme construit en briques cuites ; les
fouilles ont montré qu'en réalil(î l'édifice est de tuf revôtu de stucs rouges,
Uurm, Op. /.,p. 17. —3 Wiegand cl Schrader, Prime, p. 3Ui. — 4 Devis des
murs d'Athènes, Inscr. gr. Il, 167. Pour les temples, «oir Mums, pAniEs. Dans
les murs de fortification, on voit dans la maçonnerie des poulres de cliène,
formant des chaînages séparés pour n*i/,ei;, Philon Byz. III, 3 {Hev. de Ptiii.
III (1879), p. ils). — ^ Inscr. gr. Il, 167, 1. 53, 08. Enlever des briques
se dit èxTCAivQtjoj, Isac. ap. Harpocr. s. v. — 6 par exemple maisons de Kerdon,
de rinopos. — 7 Pour la fabrication des briques crues, on se sert de moules
en clayonnage, t.jooI «aiifiuv (Suid. s. v.), flM. corr. Iiell. XXVI (19Ui) p. 41,
I. 10-15, p. 45-6, — S Des murs en terre sont signalés par les écrivains latins
en Afrique, en Espagne (Plin. Uist. nat. XXXV, 48), à Tarente ( Varr. Hes rust. I,
H). Ces murs, dits formacei mûri [foumaj, devaient être consiruils comme ceux
de D''Ios. — y Notons encore nue parfois le rocher même est entaillé et dressé
pour former la paroi d'une chambre: ainsi à Délos dans la maison de l'inopos,
à Théra, dans la maison de « Pothilos .., à Goulas, Bull. corr. hell. XXV
(l!)OI), p. a99. — 10y,iscr. gr. I, suppl. p. 74, n. 321, col. II, I. 17, 42; Choisy,
Et. épigr. p. 149 ; cf. Bull. corr. hell. XXIX (19Ù5), p. 460, 465. — H Suidas,
s. V., distingue la ÀtQouoTtxi- (-rix-r,) et la )ii6îToi8i»r, ; le pi-emier terme désigne
le travail des carriers ; le second celui des tailleurs de pierre qui achèvent la
décoration. Le travad de ravalement est exprimé par les composés de ;£ïv,
iv.îiî» (Inser. gr. I, suppl., 321, col. Il, 1. 45), à,o;.lv {ibid. II, 834 6, col. Il,
I. 41), xaTaierv (àxaxi-cjto;, non ravalé, ibid. I, 322, I. 54). L'ouvrier qui tra-
vaille au ravalement est dit Siaido;, Bull. corr. Ml. XXVI (1902), p. 64, I. 1-3,
p. 73. Le ravalement des faces verticales est dit xaTaTo[ji,i {Inscr. gr. I, 322,
1. 27-8,52), celui du dessous d'une pierre ;„oTotLn (Devis de Lébadée, 1. 1130,11,
114). — 12 Choisy, Hist. de l'arch. I, p. 284. — 13 /feu. de philol. 1905, p. 257.
jusqu'au polissage » [murus], n'est exécuté que lorsque
la construction même est achevée, et il est commencé
par les parties supérieures de l'édifice '-. C'est alors que
disparaissent les tenons qui ont servi pour l'attache des
cordes, les marques gravées sur les blocs ".
Le travail de ravalement est préparé avant la pose. Sur
le pourtour de chaque bloc, on taille le long des joints
(àvaOup&Ov)''' une ciselure qui encadre la partie centrale
laissée à l'état d'ébauche, et qui servira de repère. 11 suf-
fit en effet, lors de la pose, d'aligner toutes les ciselures
directrices, et on n'a plus ensuite qu'à ravaler le champ
qu'elles circonscrivent. Pour les faces horizontales, il
faut s'assurer que toutes les ciselures sont dans un
même plan horizontal. Pour cela, on pose sur elles des
dés en bois (xtJSo'.)''\ et sur ces dés une longue règle, qui
peut ainsi franchir les parties rugueuses (fig. CG06). Le
niveau est appliqué sur la règle '^ Pour les colonnes, les
cannelures sont généralement'' amorcées au tambour in-
férieur et au-dessous du chapiteau ; grâce à ces lignes di-
rectrices, elles sont achevées facilement après la pose'*.
Les refends ciselés qui encadrent la pierre n'ont été
d'abord que des entailles directrices, destinées à faci-
liter les travaux de pose et de ravalement. Ils sont plus
tard conservés comme ornements, soit sur les lignes de
lit", soit également le long des joints verticaux. Le sys-
tème décoratif qui en résulte devient d'un emploi si
liabituel qu'on le retrouve régulièrement dans les revê-
tements de stucs, qui imitent la construction en marbre
[tectoru'm]. La partie laissée en bossage est taillée plus
grossièrement quelerefendsoigneusementaplani,etcette
opposition des deux parties est encore un élément déco-
ratif-" : une maison de Priène a sa façade construite en
gros blocs à bossages qui rappellent l'appareil rustique
des palaisflorentins-'. L'amorce des cannelures peut elle-
même devenir un élément décoratif--.
Il ne reste à faire subir au mur de marbre qu'une der-
nière opération, celle de la yivoiaîç. Après l'avoir lavé
avec de l'eau mélangée de nitre ^', on le frotte avec de
l'huile et de la cire ■'■'. L'application de cet enduit avait
— '» Devis .le Lébadée, 1. 121, 142. — lô V. une inscription de Délos, Bull. corr.
helt. XXXIl (1908), p. 13, no 3, face B. fr. 6; p. 46. — 16 Devis de Lébadée,
1. 187. Les xùSoi de Lébadée sont en olivier, bois très résistant, qui ne joue ou ne
se déforme presque pas (Vitruv. I, 5, 3). — HA Ségesle, ces cannelures ne sont
môme pas amorcées. — 1» Un fragment de fût dorique, trouve à Olympie, a,
sur une moitié exacte de la circonférence, des cannelures achevées, sur l'autre
des facettes {Olympia, pi. 33). Faut-il voir là une colonne inachevée et
supposer qu'on commençait par tailler des facettes et qu'on y creusait ensuite les
cannelures! 11 y aurait là un surcroit de travail peu utile, car il suffisait de
tracer sur le fût des lignes correspondant aux arêtes pour délimiter nettement
les cannelures. Dans les autres exemples do colonnes inachevées, nous ne trou-
vons que l'amorce des cannelures en haut et en bjs et le reste du fût est lisse.
On peut donc se demander si le fragment d'Olympie ne nous fait pas connaître
un type spécial de colonne, cannelé sur sa face antérieure et simplement
à facettes sur sa face postérieure. On trouve à l'époque hellénistique des colonnes
à simples facettes, par exemple à Délos, Bull. corr. hell. XXVI (19U2), p. 494.
_ 19 Monument de Lysicratc, Stuart et Revett, Antiq. d'Athènes, I, p. 139.
— z(i Murs de Messéne {Expédit. de Marée. I, pi. xxxiv), mur d'enceinle de
Delphes, Bull. corr. hell.XWm (1909),p. 233. — 21 Wiegand et Schrader, Priene,
p. 300, Ug. 318. — 2i L'amorce des cannelures, à Rhamnonte, est raccordée à la
partie lisse par un profil soigneusement établi, Choisy, Uist. de farchil., I, p. 289,
Certaines colonnes (par exemple à l'agora de Pergame, au .. petit portir|ue .. de
Délos, Bull. corr. hell. XXVI (1902), p. 545) présentent la disposition suivante:
au pied les cannelures amorcées sur quelques centimètres, puis une partie du
fût lisse, enliu les cannelures reprenant à une certaine hauteur. L'identité
des colonnes prouve que nous ne sommes pas en présence d'un travail
inachevé, mais d'un parti adopté sans doute pour des édifices consacrés au
commerce, où la manutention des marchandises pouvait amener des heurts et
endommager les arêtes des cannelures. - 23 Devis de Lébadée, 1. 169.
— 2: Vitruv. VII, 9, 3 ; Plutarch. Qituest. rom. p. 287 b ; Bull. corr. helt. XIV
(1890), p. 184, 497 ; BIHraner, Techn. und Terminal. 111, p. 201. Le raéioe procédé
était appliqué aux statues.
STR
— 1542 —
STR
pour oft'et d'atténuer Féclal du marbre et de lui donner
un ton analogue à celui de fivoire.
Pans les murs de maçonnerie, l'appareil jj;rossier de la
construction était masqué par des stucs, destinés à
imiter tant bien que mal la construction de marbre. Les
procédés de stucage seront étudiés à l'article tectoru'm.
Rome. — Les populations primitives de l'Italie élevaient
des constructions analogues à celles de la plus haute
antiquité grecque. Les villages sur pilotis des Terra-
mare étaient formés de huttes rondes, aux murs de
branciiage et de pisé, telles que nous les représentent les
urnes cinéraires' domis, lig. ^oOS-iiolOl. Les murs d'en-
ceinte rappellent les murailles cyclopéennes: l'appareil
polygonal se rencontre à .\orba, à .\latri; il devient de
plus en plus régulier (murailles de Vollerra) et aboutit
aux assises bien réglées des murs de Paieries, d'Ardée.
Les Étrusques construisent à Cervetri, à Orvieto, des
voûtes en encorbellement, semblables à celle du trésor
d'.Mrée; ils connaissent la voùle à claveaux, mais n'en
usent que rarement, dans les aqueducs, les ponts, les
portes de ville [korxix.
Les Romains appliquent les mêmes modes de construc-
tion. La cabane de Romulus, que l'on conservait pieuse-
ment sur le Palatin, était une « paillolte » analogue à
celles des Terramare'. Les architectes étrusques, appe-
lés par les rois, avaient appris aux Romains à construire
des voûtes appareillées, comme celle de la Cloaca Maxima
[cloaca], et des murs de grand appareil en assises bien
réglées, comme le mur de \ARoma (juadruta du Palatin ',
ou celui de Servius Tullius*. A l'époque républicaine,
les édifices privés et publics restent très simples : on ne
connaît guère d'autres matériaux que le tuf du sol
romain^, le pépérin des monts Albains* [lapides], et
surtout la brique crue'; on fait grand usage de la
charpente. Vitruve* énumère les matériaux employés
dans les maisons : pierres pour les fondations [pilae lapi-
deae), briques pour les murs {strtictiirae testaceae),
éclats de pierre pour les refends {parietes caeinenticii),
bois pour les planchers et la charpente [contignationes).
Les progrès de l'architecture romaine sont dus à l'in-
fluence de la Grèce. Les architectes grecs transmettent
aux Romains leurs types architectoniques, leurs maté-
riaux ', leurs procédés techniques. Ainsi nait et se
développe l'architecture gréco-romaine de l'Empire. C'est
surtout dans les monuments de l'époque impériale que
nous pouvons étudier les méthodes de construction des
Romains. Nous n'insisterons que sur les procédés qui
leur sont propres. La construction romaine diffère de la
I Pour NoacL (Oralliaus unrf Palwst in Kreta), les palais crélois dériveut d'une
maison primitive ovale. A ce lype se rattachent peut-être les sanctuaires arcliaî<|ues
circulaire!^, comme ceu\ de Thermos, d'Égine cl, à répO(|ue classique, les liio,.
— 2 0vid. III, 113, VitruT. Il, 1, 5 :de Rossi, Pianle di Jioma, p. 3. —3 Middieton,
Thfremaim ofanc. flome, 1. p. It5,ng. 17 ; Richler, Topogr.der Sladt Itom,f.Zi.
— * Parker, The primitite fortifie, of the city of Home, î' éd. pi. iiu; Lanciani,
The ruin$ and eicaral. of anc. Rome, p. 67, fig. if. — 5 Brocchi, Dello stalo
fisico det iuolo il Roma. Les murs de la Roma i|uadrala et ceui de Servius Tullius
sont en LIocs de tuf, assemblés sans mortier. Les blocs portent des maripies de
maçon. Bruzza, Ann. deW Istit. arch. LUI (1878); Jordan, Topogr. der ."iladt
Rom im Mierth. 1, p. 259. — 6 par eiemple à la Cloaca Uaxima. Le travertin de
Tibur est employé â la fin de la République et Iris estimé. Sur les pierres de
construction, voir Vilruv. Il, 7. — 1 Les briques cuites ne deviennent d'un usa^e
courant qu'à l'époque d'Auguste. On continue encore à cette époque à construire
hors de Rome des murs de briques crues, parietes Uitericii. — » Vitruv. II. 8,
17. — 9 Sur les marbres grecs apportés à Rome, voir Bruiza, Ann. d. Istit. ar-
eheol. XLVll (1870), p. 106- S04: Dubois, El. <suriadmm. et lexploU. des carrières
dans le monde romain. On continue cependant de se servir pour le tos œuvTe
d«» matériaux d'autrefois. Auguste se vantait d'avoir troové une ville de brique cl
construction grecque par la technique. Les Grecs pré-
fèrent la construction appareillée, où les pierres sont
superposées à joints vifs ; les Romains emploient plus
volontiers la maçonnerie faite de petits éléments et don-
nent une importance spéciale au mortier de chaux,
« sorte de gangue plastique, propre à réunir des cailloux
en une agglomération artificielle»'" i^mlrisj. Les Grecs
disposent les éléments de la construction en plates-
bandes; les Romains font de la voûte de multiples
applications et s'en servent couramment pour couvrir
leurs édifices [forxix].
La construction romaine diffère encore delà construc-
tion grecque par les méthodes de travail et les préoccu-
pations di; l'entrepreneur. Les Grecs ont su donner à
tout ce qu'ils faisaient un caractère artistique et ont
toujours recherché le fini de l'exécution, la perfection
du travail. Les Romains, plus ingénieurs qu'artistes,
demandent surtout à leurs monuments d'être solides et
durables. Ils veulent que l'exécution en soit aussi facile,
aussi rapide, aussi peu coûteuse que possible. Ils
recherchent les procédés les plus simples et évitent sys-
tématiquement tout ce qui n'est que provisoire, tout ce
qui peut ralentir le travail, tout ce qui ne mène pas
directement au but qu'ils ont en vue". Ils restreignent,
autant que possible, les travaux qui exigeraient des
ouvriers spécialisés et expérimentés : ils peuvent, pour
leurs constructions simples et grossières, se contenter
de n'importe quels manœuvres; les corvées de provin-
ciaux, les légions fourniront par tout pays une main-
d'œuvre peu habile, mais abondante et à bon marché.
1° La construction de grand appareil. — C'est celle
qui rappelle le plus la construction grecque. Les murs
sont faits de blocs réguliers, de dimensions à peu près
constantes (2 pieds en hauteur et en profondeur sur
4 en longueur), disposés en assises alternées de car-
reaux et de boutisses. A l'époque républicaine, on ne se
sert que des pierres du pays, tufs calcaires ou volcani-
ques, très faciles à débiter '-, mais peu résistants, par-
fois gélifs et attaquables même par la pluie ". Sous
l'Empire, on utilise les marbres italiens et grecs \marmorL
Dans les constructions les plus anciennes, on trouve
parfois, entre deux assises, une couche de mortier, des-
tinée non à lier entre eux les blocs, mais à égaliser les
surfaces de joint et leslits". Lorsqu'on sutmieux tailler
la pierre, on n'eut plus besoin de recourir à cet expé-
dient; sous l'empire, les pierres sont à joints vifs et
scellées le plus souvent'" les unes aux autres, comme
en Grèce '^ par des goujons el des crampons de métal
den avoir laissé une de marbre (Suet. Aug. 28); toutefois ses architectes construi-
saient l'enceinte du forum d'Auguste en gros blocs de tuf et de travertin,
revêtus d'un placage de marbre (Borsari. Il foro d'.itignsto,p. \0t). — 10 Clioisy,
.\rt de bâtir chez les Rom., p. 115. Auv murs de pierre, il conviendrait de
joindre les murs de bois, employés dans les cloisons cl les refends (\'itruv. Il,
8}; la construction, qui se rapprocherait plutôt de la cliarpeute, n'eu présente
aucun caractère spécial. — U Jttid. p. 20. — 12 Les tufs blanchâtres de l'Ombrie,
du Picenum, de la Vénétie, étaient assez tendres pour se couper à la scie,
comme du bois, Vitruv. II. 7 ; Piin. H. nal. XXXVI, +8. — 13 Vitruv. II, 7, i-2.
A l'ompéi, les murs anciens sont construits en gros blocs de calcaire ou de tuf
(Overbeck-Mau, Potnpei. p. 500, 502) ; la façade d'une maison présente un
travail extrêmement soigné, avec des moellons de tuf soigneusement encadrés
lie refends ciselés (/6irf. p. 502). — U par exemple au temple de Jupiter S'.ator,
sur le Palatin, ou dans le mur de pépérin, au pied du Tabularium (Middieton,
Remains of anc. Rome, I, p. 377, lig. 48; II, p. 94, llg. 61). — là Us pierres
de l'arc de Titus ne sont pas liées par des scellements, Valadicr, Aarrazione
artist. deli operato finora nel ristauro deli arco di Tito. Roma, 1812.
— i>i Les Étrusques n'ont pas connu l'usage des scelIcmeDts; Cboisy, Biat. de
larch. I, p. 514.
STR
— 1543
STR
noyés dans du plomb (lig. 66t}3). Les scellements sont en
forme de I ou de (-i[mirl'S, lîg. 5197]. On en trouve
Kig. G665. — Procédés de sccllcmenls.
aussi en queue d'aronde, faits de métal, de bois ou
même de marbre ' .
2° La construction en blocage. — La construction
appareillée présentait aux yeux des Romains l'inconvé-
nieal d'exiger trop de soins et de nécessiter des travail-
leurs habiles, tailleurs de pierre et maçons. Aussi lui
préférait-on la construction en blocage, sorte de matière
plastique, qui s'élevait au gré de l'architecte, sans qu'il
fallût recourir à des ouvriers spéciaux.
Les éléments dont est constilué le blocage sont de
petites dimensions, éclats de pierre ou morceaux de bri-
que. On utilise les déchets que l'on trouve sur placée
On emploie même des vases de terre cuite hors d'usage
que l'on noie dans le blocage ^ La liaison de tous les
éléments est assurée par le mortier. Tandis que les
Grecs n'ont, sauf de rares exceptions, connu que le
mortier de terre', les Romains ont employé de très
bonne heure le mortier de sable et de chaux ^ Four
fabriquer ce mortier, on se sert soit du sable « fossile »,
soit du sable de rivière, soit du sable marin. On pré-
fère le sable « fossile », dont il existe quatre sortes,
distinguées par la couleur, et qui est sans doute une
sorte de pouzzolane [arena] ; il a l'avantage de sécher
rapidement, mais il doit être employé dès qu'il est
extrait du sol, sinon il perd ses qualités. Le sable marin
est long à sécher, et le sel qu'il contient détériore les
enduits ; aussi vaut-il mieux le lavera grande eau avant
de l'utiliser. Le bon sable ne doit pas contenir de terre el
se reconnaît à ce qu'il crépite lorsqu'il est frotté dans la
main". On connaît aussi l'usage de la pouzzolane, qui
donne un mortier particulièrement résistant et qu'on
emploie dans les constructions élevées sous l'eau ^ La
chaux est fabriquée avec les pierres calcaires*. Celles
qu'on extrait des carrières donne de la chaux meilleure
que celles qu'on prend sur les bords des fleuves ". La
meilleure chaux provient de la pierre meulière'" ; celle
qui est faite avec les pierres denses et dures est meilleure
I Choisy, Art de 'jàtir chez les Rom. p. 115. Lorsque, au .\vi' siècle, on déinolil
une partie de l'enceinli' du forum d'Auguste, on retrouva les crampons de bois,
laillés en iiucue d'arondc, qui reliaient les pierres entre elles; leur état de con-
servation était remari|ualile iBorsari, Il furo d'Aniju$to,f. 40:). l'Iiue avait signale
Icicellence des bois employés à la construction du forum d'Auguste : on les avait
coupes au> époc|ues où, disait-on, le bois se conservait le mieux (Plin. Uist. nal.
XVI, "V). — 2A Rome, fragments de tuf, de travertin, de marlire ; à Siniitlu (Afrique),
éclats de marbre numidique, Cagnat, Exptor. en Tunisie, \\, p. Itl9. — '■'Cbnisy,
Op. L, p. 96-7. — l Les Romains ont également usé du mortier de terre, i|ui est
la liaison naturelle pour les murs en briques crues. A Pompéi, on trouve couram-
ment le mortier de clikux et le mortier de terre (Overbeck-Mau, Pompei, p. 4'J0|.
— s Voir les eiemples donnés plus haut, pour les substructioDS du Tabularium, le
et utilisée pour la construction ; celle que donnent les
pierres poreuses sert pour les enduits " . La chaux
devient meilleure à mesure qu'elle vieillit ; d'anciennes
lois interdisaient à l'entrepreneur d'employer de la
chaux qui eût moins de trois ans'-. Le mortier se fait
en mélangeant 2 ou 3 parties de sable pour 1 de chaux.
Lorsqu'on emploie du sable de rivière ou du sable marin,
on peut ajouter de la brique pilée et passée au tamis".
Pour la construction des citernes, on prépare le mortier
avec 3 parties de sable, 2 de chaux et des fragments de
silex". On verse le sable et la chaux dans un augel
[iMORTARiUM, LACus], et OU gàchc le mortier avec un outil
fait d'un fer recourbé et d'un manche, que l'on appelle
ascia, parce qu'on s'en sert comme de l'ascia pour le bois
ou la pierre [ascia, fig. 563, 564]. Pour la confection
du blocage, le mortier est étalé à la pelle; lorsqu'on
veut crépir les murailles, on se sert de la truelle'"
[trulla].
Les Romains ne mélangent pas à l'avance les pierres
et le mortier pour en faire un béton, qu'il suffit ensuite
de couler dans des formes. Ils connaissent pourtant cette
méthode qu'ils emploient pour les monuments cons-
truits en mer. Mais, pour les murs ordinaires, ils esti-
ment que la fabrication du béton est une perle de lemps
et accroît sans profil le nombre des travailleurs. Aussi
évitent-ils ce surcroit de besogne et de dépenses'*. Le
mortier el les pierres sont posés séparément à mesure
que la bâtisse avance. Le mélange et la liaison en sont
faits selon deux procédés: ou bien la maçonnerie est
établie par compression [fartura, caementim], ou bien
elle est établie sans compression, par lits alternatifs de
mortier et de moellons.
La maçonnerie par compression s'exécute entre deux
parois rigides, qui constituent comme un moule, une
forme, où le blocage est versé et se prend. Entre les deux
parois, on commence par étendre une épaisse couche de
mortier, puis on verse à la pelle des fragments de pierre,
de façon à obtenir une seconde couche de même hauteur
que la première. On soumet le tout à un battage
énergique, sans doute avec l'appareil en forme de
pilon, appelé fisti'ca '''. Pour éviter que le mortier
n'adhère aux inslrumenls ou aux pieds des travail-
leurs, on a soin de saupoudrer le tout de poussière de
pierre ".
La maçonnerie par compression a l'avantage d'être
aussi simple que possible et peut être exécutée par n'im-
porte quels manoeuvres. Mais le pilonnage a l'inconvé-
nient d'exercer de fortes poussées latérales. Si l'on veut
y avoir recours, il faut d'abord établir un châssis de bois,
capable de résister aux efl'orts. C'est ce qu'on fait pour
les murs de larve, foritiacei mûri [forma]. Mais le plus
souvent on cherche à éviter ces travaux supplémentaires,
assez difficiles à bien exécuter, el on réserve l'emploi de
vieux temple de Jupiter Stator. Le mortier de ciiaiix est mentionne dans l'inscripliuri
arciiaïque de Houzzoles, Corp. ii,scr. lat. I, 577. — 6 Vilr. Il, 4, 1-3 ; Pallad. I, 10.
— 7 Vitr. Il, 0, i ; V, 12, 2; Plin. Hisl. nal. XXXV, 47. — « Sur rétablissement
des fours à cliaux, Cat. De re riist. :)8. — 9 Plin. XXXVI, 53. — 10 Ihid.
— 11 Vilr. Il, 5, I; Plin. XXXVI,|d3; Pallad. 1, 10. - 12 Plin. XXXVl, 45.
— 13 Vilr. Il, 6, I ; Plin. XXXVl, 54; Pline conseille d'ajouter la brique
pilée dans la proporlicn d'un tiers. — H Plin. XXXVl, 52. — 15 bliimner, Op.
L, III, p. no, fig. 7; p. 183, fig. 23. — 1» Choisy, Op. !.. p. 19. — n Vilruve
signale l'emploi de la fistnca pour pilonner les terres meubles où l'on veut établir
des fondations, III, 3, 1 ; cf. Cat., De re riist. 18; Pline conseille de pilonner
le fond et les parois des citernes avec .les masses ferrées, ferratae vecles
(ffi5<. nat. XXXVl, 53). — 1» Choisy, Op. L, p. 13-14.
STR
1544 —
STR
la maçonnerie par compression aux seuls cas où l'on dis-
pose déjà d'une enceinte très résistante pour recevoir le
blocasc. Lesarcliiteclesromainsréduisentcescasàdeux :
1° entre deux parements de pierre' ; 2° dans les fonda-
tions-. Le premier type est assez fréquent et associe à un
noyau en blocage des parements de pierres appareillées ^
Dans les parements, on fait alterner une assise de car-
reaux et une assise soit de boutisses seules, soit de bou-
lisses et de carreaux mélangés*. Les boutisses, en péné-
trant dans la masse du blocage (fig. 6666), assurent la
liaison des deux parties du mur, sans toutefois morceler
à l'excès le mortier puisqu'elles ne reparaissent que de
deux en deux assises. La maçonnerie par compression
s'emploie encore dans les fondations. On creuse une tran-
chée à parois verticales; mais, bien que ce travail soit
facile dans les tufs qui composent le sous-sol de Rome,
on est souvent obligé de soutenir les bords de la tran-
chée en les habillant d'un revêtement de planches et de
poutres. Des traces de ce blindage se voient nettement
dans certaines substructions du Palatine
Dans la plupart des cas, les Romains ont recours à la
maçonnerie sans compression, au blocage ordinaire, où
alternent régulièrement un lit de mortier et un lit de
pierres. Le travail est presque aussi facile et marche
aussi rapidement que dans la maçonnerie par compres-
sion. Une équipe d'ouvriers répand àla pelle une couche
de mortier, une autre équipe pose au fur et à mesure
les moellons ; on se sert du pilon pour renfoncer les
pierres dans le mortier et établir l'horizontalité du lit".
L'épaisseur de la couche de mortier varie selon les épo-
ques: en général, plus le lit est mince, plus la construc-
tion est ancienne ; au m" siècle, dans les murs de brique,
la couche de mortier est plus haute que la brique elle-
même \ Comme dans la maçonnerie par compression,
les éléments constitutifs du blocage sont de petites
dimensions. Tandis que dans notre maçonnerie moderne
la quantité de mortier est très inférieure à celle de la
pierre de taille, dans les murs romains mortier et moel-
lons sont mélangés à peu près à volume égal. Les archi-
tectes romains voulaient éviter que les pierres, souvent
poreuses, dont ils se servaient, absorbassent aussitôt
l'humidité du mortier et, en le desséchant, ne le réduisis-
sent en une poussière incapable d'assurer la liaison. On
prévenait cet inconvénient en augmentant la masse du
Vilr. n.
2 Vilr. Vlll,
3 On lu
«pic
outre somcnl dans les
Scus, Bull. arch. du
eom. des trav. kist., 1903, p. 2^5, lig. 1, — S Choisy, (/p. l,, p. 112-3 fig. 65.
— ^ Jt/id. p. 16, fig. i. — c SoUlal occupé à pilonner une assise d'un mur
(FrùliDcr, Col. Trajan. pi. xi.i ; ustica, fig. 3059). — ^ Lauciani, The ruin
ofanc. llom,pM. —* Vilr. Il, 7 IV, i. — 9 Pour les types de revùtement {opus
mortier. « Les murs pénétrés dans toutes leurs parties et
comme abreuvés de mortier de chaux et de sable, dit
Vitruve, se conservent plus longtemps*. »
Dans cette maçonnerie de petits éléments, il importe
d'assurer la liaison de l'ensemble. Or les murs, construits
sans compression, n'ont pas de parements où les bou-
tisses puissent jouer ce rôle. Le parement n'est qu'une
enveloppe protectrice, un revêtement de pierres et de
briques disposées plus ou moins régulièrement". Pour
liaisonner le blocage, on établit à divers niveaux des
assises isolées de très grandes briques. Celles dont
Vitruve recommande l'emploi, soit carrées, soit oblon-
gues, ont 30 centimètres environ sur leur plus grand
côté". Un autre procédé de liaisonnement consiste à
t'ig. 0067. — Blocages liés par des madriers.
introduire dans l'épaisseur du mur des pieux de bois;
Vitruve conseille l'usage des pieux d'olivier, passés au
feu, qui sont très résistants et ne se corrompent ni dans
la terre, ni dans l'eau". On peut aussi pour cela aban-
donner dans la maçonnerie les traverses des échafauda-
ges (fig. 6667) : au lieu de les retirer, au risque d'ébranler
la construction, on les scie au ras du mur à mesure
qu'elles deviennent inutiles, et ces poutres en formant
soit parpaings'-, soit boutisses '^ contribuent à lier
les divers éléments du mur ".
La maçonnerie présente toujours un aspect grossier et
peu artistique ; aussi est-elle masquée soit par des pla-
cages de marbre, soit par des stucs peints [tectoril'mI,
ou sculptés.
3° La voûte. — Pour couvrir leurs édifices, les Romains
ont fréquemment recours à la charpente ; ils inaugurent
des procédés plus perfectionnés que ceux des Grecs,
comme la ferme à tirant, et savent même déjà remplacer
le bois par le métal '^ [tectum]. Mais ils ont encore un
autre système de couverture, la voùle, dont ils semblent
avoir emprunté le principe aux Étrusques, mais dont ils
ont beaucoup étendu l'emploi [fornix]. Ils usent de la
voûte en berceau pour couvrir les surfacesrectangulaires,
de la coupole pour les surfaces carrées '". Les voûtes
romaines sont construites selon deux méthodes : ou
incerlum, reliciilalutn, elc.), v. muiu-s. — m Vilr. Il, 3, 1-4; l'Iin. XXXV,
49 fFiGLisu.M opns]. — 11 Vitr. I, b, 3. — 12 f. ci. à la villa d'Iladricn.
— 13 P. ex. dans les thermes de Caracalla. — t4 Choisy, Art de bâtir
clie: les Rom., p. 23-5, fig. 7. — lô Choisy, Uist. de l'arch. 1, p. 530, 533-4.
— 16 Us connaissent également la voûte d'arôte, mais évitent autant ijue possible
de l'employer, parce qu'elle est plus difficile à cODSlruire.
STR
— 1545 —
STR
bien ce sont dos voûtes appareillées, où chaque claveau
doit être soigneusement taillé et s'adapter exactement
aux claveaux voisins: ou bien ce sont des voûtes non ap-
pareillées, construites comme les murs, par concrétion,
constituant une agglomération de cailloux et de mortier,
telle que « la voûte fait corps avec le mur et les
deux ensemble ne sont pour ainsi dire qu'un mono-
lithe .)'.
Le problème qui se pose pour la construction des
voûtes est celui du cintrage, c'est-à-dire de l'armature de
bois qui doit soutenir les matériaux pendant la cons-
truction. Bien que les voûtes romaines soient faites
autant que possible de pierres légères '\ elles exercent
une pesée qui nécessite l'établissement de cintres solides
et indéformables. En particulier, dans les voûtes par
concrétion, qui n'ont pas de claveaux appareillés, la
masse, tant qu'elle n'est pas solidifiée, repose unique-
ment sur le cintre, dont le moindre fléchissement entraî-
nerait des ruptures et la ruine de l'édifice^ Les cintres
sont donc nécessaires et doivent être établis avec le plus
grand soin. Mais ce sont là, précisément, de ces ouvrages
temporaires qui répugnent à l'esprit pratique des
Romains ; ils sont difficiles à établir, exigent des ouvriers
spéciaux, des charpentiers très habiles ; ils causent une
perte de temps et un surcroit de dépense. Aussi la préoc-
cupation constante des architectes romains sera-t-elle
d'échapper, dans la mesure du possible, à « la sujétion
des cintres provisoires » *.
On essaie de construire les petites voûtes sans cintre.
Dans un aqueduc d'Eleusis % la voûte est formée de trois
briques en forme de secteur circulaire : les deux pre-
mières se posent facilement à la naissance de la voûte,
et, dès que le mortier en assure l'adhérence aux murs
qui les portent, la troisième, faisant clef de voûte, est
posée dans l'intervalle laissé vide (fig. 6668).
Mais ce procédé se prête à de trop rares emplois ; il
faut bien en
venir au cin-
trage. On en re-
tarde la pose
autant que pos-
sible : on conti-
^ nue à élever le
^ ; YJ.i^''-'^ ■""!' ^t 1"^ voûte
direc tement,
Fig. (iOGs. - Voùie .lo bii.iiics. aussi longtemps
que la résistance
du mortier peut contrebalancer la pesanteur et que les
pierres restent en surplomb sans tomber fùrnix]. Au Pont
du Gard, on ne cintre que la partie haute de la voûte, et
l'on dispose à certaine hauteur des voussoirs saillants
pour recevoir le cintrage*. On réduit au minimum la
charpente du cintre ''. El surtout, on établit rapide-
ment une arinature faite d'arcs de pierre ou de brique,
qui formeront comme la carcasse de la voûte, et sup-
f Choisy, tlist. d. l'arch., I, p. 521. — 2 p. ex. la pierre ponce, <|ue l'on Irouvc
daoslesvoùlcs des Ihermes de Subies à Poropéi (Ovcrbeck-Mau, /"omp^i, p. +!i(ii.
— -^ La maçonnerie des voùi.es n"esl jamais établie par compression ; car le pilonnage
énergique que nécessite ce procédé aiigmenlerail encore la poussée de la voùle vers
le cinlre. — ' Clioisy, Art de bàlir chez tes Ilom. p. 39. — 5 Iliid. p. «1, fig. nj.
— 6 Ibid. p. liT, (ig. 77. — 7 .Nous n'avons pas de documents sur la façon doul
élail établie la cliarpenle des cintres, et nous devons la conjecturer par l'exauien
de la voùle elie-niême. (>boisy rappelle plusieurs procédés presque ruilimcntaires,
employés aujourd'liui en Italie ou dans le midi de la France, où il voit, non sans
vraisemblance, la survivance d'usages romains 'tonNrxJ. — SJd. yjst de l'arch
VIII.
SiJ:-^
pléeronl aux cintres de bois en soutenant eu.x-mèmes la
masse de la voûte et en empêchant la maçonnerie de
peser sur la char-
■^:::IZ
WS^"1
.^rr
//
Fig. 6069, — Voûte à arceaux.
penteprovisoire.
Ce procédé est
employé dans les
voûtes appareil-
lées. Au Pont du
Gard, la voûte est
formée d'arceaux
étroits juxtapo-
sés : on a pu,
pour chaque tronçon, ou bien réemployer successivement
le même cintre*, ou plutôt réduire le cintrage à des fermes
posées au joint entre deux arceaux, de façon que chaque
claveau s'appuie directement par ses deux extrémités sur
deux fermes successives ^ Une simplification consiste à
espacer les arceaux, qui jouent alors le rôle de nervures
et supportent des dalles clavées (fig. 6669; voy. for.mx,
fig. 3224, 3223) '°.
Le même procédé est plus utile encore et plus souvent
employé dans les voûtes par concrétion. L'ossature en
est constituée par des arcs de brique dont les joints sont
convergents, comme dans une voûte appareillée, tandis
que la maçonnerie de remplissage est établie, comme
dans les murs, par lits horizontaux ". Ce système avait
le double avantage de soulager les cintres de bois et de
simplifier le travail : seuls les arcs nécessitaient l'em-
ploi d'ouvriers habiles, le corps de la voûte pouvait
être exécuté par les mêmes manœuvres que les sim-
ples murailles. L'armature la plus complète consiste
en une séries d'arcs, espacés de deux pieds d'axe
en axe, et reliés deux à deux par de grandes briques
carrées'-. Par économie on en vient à substituer au
réseau continu de simples nervures engagées dans la
maçonnerie ".
Un autre procédé consiste à constituer une armature
ininterrompue avec des briques de grand échantillon,
(de 0 m. 43 à 0 m. 60 de côté), posées à plat, et formant
comme un dallage courbe". Sur les fermes du cintre,
on cloue des tringles espacées selon la dimension des
briques, et on y pose le dallage à grands carreaux '°. On
peut même se dispenser du cintrage et exécuter le tra-
vail directement dans le vide : on commence par les
quatre coins et on avance par redans, de façon que cha-
que brique se trouve toujours maintenue par deux côtés
aux briques déjà posées". On se sert pour sceller les
briques d'excellent plâtre ou d'un mortier à prise rapide.
On double le dallage d'une seconde enveloppe sembla-
ble en briques de plus petites dimensions, soudées aux
premières par un lit de plâtre ou de mortier. Dans
l'épaisseur de ce carrelage, on fiche d'autres briques
debout, qui pénètrent dans le blocage et assurent la liai-
son entre le dallage et la maçonnerie ''.
Outre les voûtes de maçonnerie, les Romains construi-
1, p. 616. — 'J Id. Art de bâtir chez les Rom. p. Iî9, Hg. 80. — lO Par exemple
au£ « bains de Diane .. de Mmes (/rf. Art de bâtir chez les Bom., p. 130,
lig. 81), dans un aqueduc entre Conslantine el Biskra Ud., Hist. de l'arch. ^\^
p. 517). On peut comparer ce système à celui du moyen âge, à la croisée
d'ogives, par exemple, où les arcs forment un réseau de nervures sur lesquelles
reposent simplement des carreaux légers. — U Id. Art de bâtir chez tes
Rom. p. 34, fig. 8. — 12 md., p. 47, Gg. IS; pi. l. — '3 Ibid. p. 49.
— " Par exemple au cirque de Maxence. Ibid., pi. iv, lig. I. — '5 Ibid., p. 63.
— 16 Cboisy, Hist. de larch., I, p. 5S5, fig. Il C. — <7 Id., Art de bàlir chez
les Rom., p. 60-63,
194
STU — lSi6
sent dos voûtes légères où la carcasse est faite soit de
solives réunies par des lits de roseaux*, soit de bandes
et d'arceaux de métal-, et recouverte ensuite de mortier
ou de stuc 'camahaI. A. Jardk.
STRri'PLiS, STnOPPlTS(du grecdToôio;). —I. Cordon,
lacs, bandeau. Tel le bandeau, simple ou garni de
feuillages et de fleurs, dont on se couronnait dans les
cérémonies, et les faisceaux qui remplaçaient dans le
lectisterneles tètes des dieux [lectistermlm, p. 1010 ets.J ' .
II. Le même mol désignait une courroie servant aux
porteurs d'une litière [lectica] ^ et sans doute encore
d'autres fardeaux [sarcina, fig. 6097].
On le trouve aussi appliqué à la corde qui attache un
aviron àsonlolet\ E. Saglio.
STruilS (.\). — Il est probable que les citoyens riches
et instruits de Rome avaient des esclaves chargés de faire
pour leur compte des recherches dans les bibliothèques,
sur des points de droit, de science ou de littérature ' ;
mais de ces studia privés aucun souvenir n'est parvenu
jusqu'à nous, et nous n'avons qu'une idée assez vague
d'un service de ce genre auprès de l'Empereur^.
Le cabinet du prince s'est formé et agrandi peu à peu •.
la plupart des charges qui en dépendaient se trouvent
constituées sous Claude ; au début de son règne
apparaît Va studiis;le premier qui porta ce titre fut
un de ses affranchis, Polybe, ce lettré à qui Sénèque,
vers 43-44, adressa une consolatio^. Il semble qu'il ait
eu en même temps les fonctions d'à libellis [libellvs],
c'est-à-dire le devoir d'examiner les pétitions adressées à
l'Empereur par des particuliers ; ou bien peut-être y eut-
il d'abord combinaison des deux emplois, plus tard
séparés. Suétone '', en effet, ne donne à Polybe que le pre-
mier titre; au moment donc oîi fut rédigé le document
qui a servi de source à l'historien, a sl.udiis était son
seul titre officiel, et dans le jeu de mots de Sénèque^: ut
te velitabducere ab occcupationibus tuis, id est a studio
et a Caesare, le mot studio, venant avant Caesare, ne
peut faire allusion aux études personnelles de l'affran-
chi. Ailleurs ^ Sénèque mentionne au contraire surtout
les libelli à examiner et à classer. Polybe, mis à mort
en 47, eut pour successeur Calliste, qui peut-être aussi,
d'après lépitre dédicatoire de Scribonius Largus^ réunit
les attributions de Va sludiis et de Va /ibelli.s. Celles-ci,
en tout cas, furent ensuite distinctes.
L'a sludiis était une sorte de conseiller du prince, non
point tant dans ses travaux littéraires ou philosopliiques
que dans son activité administrative et juridique, pour
laquelle il le documentait. Aussi Hadrien mit à ce poste
(Èict Traioeiaç) le savant L. Julius Vestinus, d'abord direc-
1 Vjlr. VII, 2, i; 8, 1-3; Pallad., 1, 13; Cic. Atl. 0"i"t- /'■■ III, I, I-
— 2 Vitr., V, 10,3 ; l'alla.1. I, 10.
STBUI'I'US, STROPPUS. 1 Fcst. p. 313 : Stroppus est, ut Attcius Philologus
existiinat, guod ijraecc azii^m-r vocatur^ aut (/uod pro insigni liabent in capite.
Quidam coronam esse dicuni aut ijitod pro cofona insigne in caput imponatur,
quale sit strophium. llaque apud Faliscos diem festunt esse^ q'ii vocatur strup-
pearia, quia coronati ambulant et a Tusculanis, quod in pulvinari imponatur
Castoris struppum cocaii. l'Iiil. U. nat. XXI, 3, cf. Pollux. VlU, 94. — SGraccli.
ap. Gell. X. 3. —3 Liv. Aiidroii. ap. Isid. Or. XIX, 4, 2; cf. Ricli, Dict. des Antiq.,
s. r. Slnippus.
STUDII.S(A.). < De mime dans l'induslrie du livre ; cf. K. Dziatzko, L'ntersuch.
iber ausf/ew. Knpitel des antik. Buchwesens, Leipzig, 1900, p. 161. — 2 Fried-
làndcr, Sittengesch. Itoms^, III (1890), p. 139. — 3 M. 1 (18S8), p. 106-109, 177
sq. - i Claud. ix. — '•> Cons. ad Pol. V, 2. - 6 Ibid. VI, 4. — T F. Bûclicler,
HUein. Mus. XXXVll (1882), p. 327 s<|.; cf. les doutes espiiinés par Fricdiander,
loc. cit. — 8 Corp. inscr. graec. 5900; Kaibel, Jnscr. gr. Sic. It. 10S5.
— 9 Epigr. V, 5. — 1» Friedliinder, Op. cit. 1, p. lO'l. Mommscn (ap. Harnack,
Texte und Vntersiichungen, N. F. IX, 3 (19031, p. 111 sq.) place sous le coulrôle
STU
teur du musée d'Alexandrie, bibliothécaire en chef et
secrétaire du cabinet grec de l'Empereur' ; de même le
Sextus auquel s'adresse Martial' paraît avoir cumulé la
direction de la bibliothèque Palatine et les fonctions
d'« sludiis pour Domitien '". U fallait à l'Empereur un
auxiliaire au courant des publications littéraires ou
scientifiques, et pouvant indiquer l'opinion des auteurs
sur la question à résoudre", notamment en matière
religieuse : un haruspice devint magisler a studiis'"^.
On comprend que les Grecs soient nombreux dans ce
groupe d'agents-secrétaires. Au i" siècle, on les prend
parmi les affranchis '' ; la charge est déjà assez absor-
bante pour qu'on voie apparaître un proximus a studiis
avec son ofpcium '*. Mais là comme pour tout le reste de
son cabinet, Hadrien donna un privilège à l'ordre
équestre '^. Au m" siècle, l'a studiis, pareillement à
l'a cognilionibus, devient un PR0CURAT0R'^ et plus tard
il prend régulièrement la qualification de mar/ister '' ;
ses appointementsatteignaientprobablement 200000 ses-
terces : ce grade figure dans un cursus honorum '*, après
celui de proc ducenarius stalionis hereditatium, et,
bien qu'inférieur à celui d'à cog?iitionibus'^, il devait
être trop élevé pour un simple centenarius. Par excep-
tion, on le trouve cumulé avec la fonction d'à consi-
fiis^". Au début de sa carrière, sous Dioclétien, Caelius
Saturninus est dit sr.ragenarius studiorum adjutor-',
et c'est bien, semble-til, la dernière trace-- laissée par
ce service des studia, qu'aura supprimé la réforme
conslantinienne. Plus tard, en 362, la formule magistri
studiorum doctoresque-' désigne simplement des pro-
fesseurs-'. On a supposé -^ que l'a memoria dérivait de
de Va studiis ; mais les deux fonctionnaires se rencon-
trent simultanément, et leurs deux titres ne supposent
pas le même genre de travail'-'*. Victor Chapot.
STULTORL'M FER1.\E | forxacalia].
STL'PP.\. Étoupe [li.nlm, p. 1263] '.
STUPPATOR {ST-UTlTIStOTTwXTjÇ, (ÏTUTITIIÛTIOIÔ;, (jTÛïTTta?),
marchand d'étoupe'. — Il fournissait la matière néces-
saireàla fabrication des cordes [restiarius] etsansdoute
lui donnait la première façon-, qui consistait surtout à
battre et à peigner le lin [linuaiJ et le chanvre. Peut-
être même faisait-il quelquefois le premier fil, dit « fil
de caret » ; Pollux en effet mentionne un appareil de
filage, que les s/ayj/ja/o/vs appelaient « le vieux » (yÉpiov) ;
c'était une colonnette i'xiôviov) de bois, ayant la forme
d'un hermès à quatre faces et surmontée d'une tête de
vieillard. L'ouvrier s'en servait « pour filer l'étoupe qu'il
y avait suspendue. » Nous n'avons aucune idée du rôle
que jouait cet appareil dans la fabrication du fil (cf. res-
clc la studiis les bibliollièques impériales non publiques ; mais lexislencc miîuie de
celles ci est assez douleuse. — >' Gell. Noct. att. 111, 10; Lamprid. Alex. Sev.
10, 3. Alexandre Sévfrc rechercliait ce qu'avaient di!cidé, dans des cas analogues,
ses prédécesseurs ou les souverains élraugers. — J2 Corp. inscr. tat. X, 4721.
— 13 Ibid. VI, 8636. — Il Jbid. 837. — 15 /*. XIII, 1779. — 16 74. VIII. 1 1 340,
18 909 : procurator ad studia; VI, 3839 = 31776. — 17 Jb. VI, 1608; X,
47J1. _ )S /b. X, 4721. — 1"/*. V, 8972. — 20 Cf. note 19. — ,21 /é. VI,
1704. 22 Dans un document de 338 {Cod. Theod. XII, I, 20), la leçon magistri
studiorum est à corriger en seriniorum, d'après l'opinion la plus rfpiindue.
— 23 f. Th. XIII, 3, 6. — 2V Mommsen, .Vemor. d. Istituto, Il (1805), p. 329.
2.Ï Id. ap. Harnack, Texte und Untersuch. loc. cit. p. 112. — 26 Friedliiuder,
Op. cit. I, p. 100, note 5. — Bibe ioubapuie. Éd. Cuq, Mém. sur le consilium
principis (.Uem. Acad. des Inscr. Saxi. étr. 1- Sér. IX, i [(1884), p. 171-173) ;
0. Hirsclifeld, />ie A-aisei/icAm \erwaltunijsbeamten bis anf Diocletian, Berlin,
190"), p. 332-334.
STL'PPA. .^jouter l'arl. usvsi dans la Hcal-EncyclujiûUie de Pauly-Wissowa.
STUPPATOR. 1 Arisloph. h'qu. 129; Poil. VII. 72. — 2 Poil. (. c. l'appelle
Ttyvi'tiis.
STU
— 1347 —
STi^
TiARiis) '. LessUippalores formaient à Ostie une corpora-
tion, qui semble avoir eu beaucoup d'importance. On
les a pris, tantôt pour des calfats, tantôt pour des mar-
chands en gros, tantôt pour des cordiers. Il est assez
probable que, sans fabriquer eux-mêmes les cordes, ils
centralisaient dans leurs entrepôts et apprêtaient
l'étoupe, dont le port d'Ostie devait faire une très grande
consommation -. G. Lafaye.
STUPRl'M. — En droit romain, ce mot désigne au
sens large le commerce illicite avec une personne de l'un
ou de l'autre sexe, et en ce sens il comprend même
l'adultère, auquel plus lard il s'opposa; au sens étroit
les rapports illicites avec une fille ou une veuve de vie
honorable, ou avec une personne du sexe masculin '.
I. Stuprun cum feminis. — Sous la République, ce
délit commis par une fille ou veuve de vie honorable, à
l'exclusion des courtisanes, des esclaves et des affranchies,
pouvait être puni par le tribunal domestique, même de
mort - ; le complice mâle, qu'il fût ou non marié, pouvait
aussi être condamné par son tribunal domestique, s'il
était sous la puissance paternelle, ou par le peuple, sur
la poursuite des édiles ^, ou en cas d'attentat à la
pudeur sur une inalerfamilias ou un enfant*, considéré
comme une injure, être l'objet d'une action pénale privée
comportant une condamnation pécuniaire. En 18 avant
J.-C, laloi d'Auguste atteignit le stupruin comme l'adul-
tère Iadulterrm]. Elle épargne encore le concubinat et
les relations avec les courtisanes et les femmes de con-
dition vile, esclaves, affranchies, comédiennes^, tout en
laissant subsister l'action que le maître peut exercer pour
injure, dommage ou corruption de son esclave" ; elle
traite comme sluprum les relations entre fiancés" ; elle
exige les mêmes conditions que pour l'adultère, inten-
tion délictueuse, consommation de l'acte; elle assimile au
délit principal la complicité [lexocinicm] ; elle fixe le
délai de cinq ans à partir du délit pour l'extinction de
l'action '. La peine, qui atteint également les deux délin-
quants, est la rélégation et la confiscation de la moitié
du patrimoine, la correction corporelle pour les per-
sonnes de basse condition, et dans tous les cas l'in-
famie''; des circonstances aggravantes, telles que la
corruption d'une fille impubère, d'une pupille par son
tuteur, amènent des peines encore plus sévères '". Au
Bas-Empire la peine est la mort, nlie stupruin est excepté
des amnisties comme l'adultère".
II. Sluprum cum moxcu/is. — La pédérastie '-, vice
très répandu à Home de bonne heure '\ et surtout à la
fin de la République" et sous l'Empire'", dans les plus
hautes classes de la société, fut immédiatement l'objet
d'une répression sévère, soit devant le tribunal domes-
tique qui infiigeait la peine du fouet "^, soitsous laforme
d'une action publique de violence et d'une action privée
d'injure, soit devant le peuple, sur la poursuite des
édiles qui demandaient la mort ou des amendes, ou des
peines infamantes '\ Ce crime pouvait aussi entraîner
l'expulsion du sénat'*. A la fin de la République une loi
Scalinia ou Scantinia, de date inconnue, mais antérieure
à Cicéron, le frappa d'une amende de 10000 sesterces",
peut-être sous la forme d'une action populaire devant le
tribunal civil. La pédérastie ne paraît pas avoir été visée
directement par la législation d'Auguste'-" ; mais dans la
suite les pénalités furent aggravées; il y eut la peine de
mort contre la corruption d'un jeune garçon libre, contre
la violence exercée sur un homme ; la déportation dans
une île contre la simple tentative, la confiscation de la
moitié des biens contre le patient volontaire '-' . Alexandre
Sévère et Philippe tentèrent vainement de supprimer la
prostitution publique des exoleti -^ Les empereurs chré-
tiens poursuivirent la pédérastie avec une extrême
rigueur. Constance et ses successeurs prescrivirent la
mort contre les patients, Justinien contre tous les
coupables '^^
III Viol. — Ce crime fut d'abord puni, d'après le droit
commun, tantôt comme une injure, tantôt comme une
violence [injiria, vis]-*. Laloi Julia sur l'adultère ne le
punit pas spécialement, mais décida que la femme vio-
lentée ne devait pas être considérée comme adultère-^
L'auteur du viol tomba sous le coup de la loi Julia de vi
pub/ica, mais put aussi être puni extraordinairement
dans le cas d'attentat à la pudeur sur homme libre-'.
Pour l'enlèvement, voir l'article baptl's. Ch. Lecrivain.
STYLIS (StuXi;), — Ce mot, dont le sens ordinaire est
petite colonne [columna, pila], est devenu le nom d'un
petit mat, dressé sur la poupe des navires grecs'. Son
rôle primitif consiste à servir de support aux aphlasta,
[aplustreI, mais, de bonne heure, on parait avoir pris
I Poil. VII, 73; Slob. Floril. LXXXVili, 6 : Bliimncr, Technol. ii. Terminol. il.
Gewerbe u. Aùnste bei Gr. ti. J1. I, p. 180, 183. V. surlout p. 182, note 6.
- 2 Corp. inscr. lut. XIV, 44, 257 et aussi 287 (7) Pcul-dire lin^cr. de Rome,
Ibid. VI, îiH?, vient-elle d'Ostie: Waltzing, Corpor. pTofessionneites chez les
Rom. t. IV, p. «.
STUPRUM. 1 Festns, s. h. «.; Non. Marc, lï, «; Isidor. 15, i6 ; Dig. 48, 5,
34,35 : 50, 16, 101. — 2 Suel. .\ug. 55; Val. Maj. 6, 1, 3. 6; Plut. Paraît. 27;
Plaut. Ciircul. I, 1, 25 ; JUercat. 4, 6, 1. — 3 l.iv. 8, 22 ; 10, 31 ; 25, 2 ; Val.
Max. 8, 1,7'J (amendes et exil). — * Gai. 3, 220; Dig. 47, 10, 10. — ô Tac. Ann. 2,
85 ; Suet. iVer. 26; Gell. 9, 2: Hor. Sut. I, 2, 47; Augustin. Serai. 153, 5;
HierOD. Ep. 84; Dig. 23, 2, 43 pr. § 1-3; 48, 5, 13, 2; 47, 10, 13, 15; 25, 7;
Cod.Jutt. 9, 9, 29; Imt. 1, 10, 13.— 6 Dig. 47, 10, 9, 4 ; H, 3, 2, 4, 9; I, 18, 21.
Plus lard il y a même, en ce cas, poursuite criminelle contre les décurions (C. Th.
6, 23, 6). — 7 Le mariage du Gis avec la concubine du père passe aussi plus lard
pour sluprum, ainsi que le mariage d'uu rouclionnaire supérieur avec uue femme
de sa province iC.Just. 5, i, 4; Oig. 23, 2, ti3 ; 24, 1,3, 1). — ^ Dig. 48. 5, 12,
4: 48, 18, 1. 10; 48, 3, 30, 5-8; C. Just. 9.9, 27. — ^ Jn.it. 4. 18, 4; Paul. .Sent.
2, 26, 13; f. Jual. 9. 9, 18, 20; Collât. 3. 2 ; Dig. 23, 2, 43 g 12. — 10 Dig. 48,
19, 38 I 3 ; 48, 5.7; C. Just. 9. Il, I ; Paul. Sent. 5, 4, 14. — " C. J h. 9, 7, 2;
9, 38, 7, 8 : Insl. 4, 8. 14; Non. 13V, 10. — 12 Appellations du prostitué masculin :
pellex. bimarilus, exoletus (Paul. Diac. s. r. pellices, intercutem ; Cic. Pro Plane.
12; Priscian. 6, p. 719). — 13 Dionys. 7, 2. — U Gell. 7, 12; Liv. 39, 13; Cic. pro
Sest.7, 8,9; Pro Jtabir.perd. 3; Phil. 2, 18; 13,9; Pro rerf. i;Pro dom. 24, 28;
l'Iul. Apoph. rom. Cic. 4; SgtI. 2; Suet. Caes. 2, 22,49, ;i2 ; Oct. 68, 83; Dio.
Cass. 43, 20; Catull. 29,57. — 15 Suet. Tib. 43; Gai. 36; Claud. 29; Oth.i;
Vitell. 12 ; Dom. 8 ; Tac. 4nn. 4, 1 ; 5, 3 ; 6, 5 ; 1 1, 36 ; I 5, 37 ; Senec. IJuaest.
nat. I, 10; Cons. ad Marc. 17; Dio. Cass. 59, U; 63, 13; 68, 7; 77, iO ; 79, 3,
13-16; Vit. Hadr. 2, U ; Ver. 3; Macr. 4; Commoi. 3, 10; Reliog. 5, 10, 12,
20 ; Herodian. 1, 16: 3, 10; Cyprian. Ep. 1, 10 ; Lactant. De mort. 3, 9 ; 6, 23 ;
Auson. Epig. 90: Salv. Deg«b. Dei.-, 19.— I6 Polyb. 6,37, 9. Il y ala mort dans
Val. Mai. 6, 1, 3. — " Val. .Max. 6, 1,3, 9; Diouys. 16,8, 9; Plut. J/arc. 2; Liv.
8, 28 ; Sext. Emp. Hypot. I, 152. — '8 Liv. 39. 42 ; Plut. Cat. mnj. 17 ; Flam. 19.
— 10 Cic. 4d div. 8, 12, 14 ; Phil. 3, 6: Ad Quint. 2, 13: Suet. Dom. 8; Juv. 2,
29;3,44; Tertull. De mono/. 12; Ka^ou. Epigr. 89; Prudent. Perist. 10,204;
Quintil. 4, 2, 69; 7, 4, 42 ; Scnec. Contr. 4 pr. I. — 20Cependaut à Dig. 48, 5, 8
pr., celui qui prèle sa maison pour le stunrum d'un jeune garçon libre encourt la
mdme peine que le fauteur de l'adultère. — 21 Paul. Sent. 3, 4, 14; Inst. 4, 18, 4;
Collât. 5, 2, 1-2. — 22 Vit. Alex. 24, 34, 39 : Vicl. Caes. 28. — 23 c. Th. 9, 7, 3,
6 ; Collât. 5, 3; Firm. Mat. De error. prof. rel. p. 24 ; C. Just. 9, 9, 31 ; Aon. 77,
141. _ 2t Cic. Pro Quel. 30. — 25 Dig. 48, 5, 39 pr. - 21 Paul. Sent. 2, 26, 12.
BiBLioGHAPHiB. — Rciu, Das Criminalrecht der Rômer, Leipzig, l«4l, p. 858 sq. ;
Christius, Histor. leg. Scandn. Halle, 1727 ; Mommsen, Strafrecht, Leipzig, 1899,
p. 688-698, 431-432 (Irad. fr. U, 1002. p. 411-426); Esmiers, J/e/any. dhist.du
droit et décret, p. 201, sq.
SrïUS. i Le sens de ot-j"m; rèsuUe surlout des passages d'Eustathe, 1039, 37,
et de Pollui, i, 90 (li Si i«j« xil; noùji»!;? â=Xa<rta »aXir-«., S. i«ib; ïùiov opO'.v
sii.r.vEv, S .»i.î«. <rT<//.;J« oi -.■■, U f.i<,1-^ .,l;.i|X.v,. f d.->; tai.;« i-oni^tx..)- UésychiuS,
». i: le désigne seulement comme une partie de lliéméolie; Eraloslliène, Calast. 35,
semble y voir plutôt 4a pointe du grand mal. Dans le passage où Plularquc (Pomp.
24, 2) montre les pirates ornant leurs bateaux de irpi^.'ii xe"««T;. •' pcut s'agir de
mâts aussi bien que de banderoles. Toutefois, on a pris l'habitude de désigner par
stylis le vexillum naval.
STV
— lois
STY
Fig. 6670. — Stylis soulciianl
lapluslre.
l'iiabilude d'attacher une flamme à son sommet; on croit
la distinguer déjà sur des vases du Dipylon'. Grâce à
celle flamme, même quand le grand mal était baissé, les
marins étaient constamment renseignés sur la force et
sur la direction du vent. Comme il fallait souvent abais-
ser le grand mât, il n'eût pas été pratique do fixer celte
banderole à son sommet- ; c'est probablement pour cela
que l'on fut amené à rallaciier de préférence à la poutre
qui étançonnait l'apluslre ; grâce
à cette taenia qui l'ornait, stylis
a pris le sens de pavillon alors
qu'elle n'était, à l'origine, que le
support de l'apluslre. Le pavil-
lon proprement dit se nomme
-apiistov ^ ou Taivîa '.
La forme de la stylis résulte de
son rôle primitif: ellea éléd'abord
et est parfois restée une simple
poutre verticale soutenant la re-
tombée des aphlastes ; plus sou-
vent, elle est munie d'une traverse sur laquelle les aphlas-
tes semblent reposer ou même s'eraboiter (fig. 6670).
Cette s/y/<s cruciforme présente de nombreuses variétés :
la traverse peut être plus ou moins proche de l'extrémité
de la hampe, ou fixée sur cette extrémité même ; des
boules peuvent orner ou le bout de la hampe ou les bouts
^^ y. y '^ f-
Fig. 6671. — Slylis (igiirée sur des monnaies.
de la traverse 'fig. 6671), ou les trois bouts à la fois ; fré-
quemment, les extrémités de la traverse sont coudées,
ce qui donne à l'enseigne, au lieu de l'apparence d'un
T ou d'une croix -|-, la forme
d'un trident; quand, entre ces
bras et la pointe de la hampe, on
intercale d'aulres dents l'aspect
devient celui d'un râteau. Il est
possible que ces formes en trident
ou en râteau, qui ne s'expliquent
guère autrement, soient dues à
la schématisation du vexillum à
bord dentelé qui y aurait été atta-
ché. Une longue flamme flotte
souvent au haut de la stylis : parfois elle figure au
' Furiwaengicr-Lœscbckc, ilyken. Vasen, pi. xiii; Annati, 1880, |,l. i su ;
Walters, Calai. Brit. Mus. greek vases, p. 372, f. 85. Au Yiu'-vn' s. on
le Irouve aussi dans uu baleau grave sur une Gbule béotienne. Mm. des
Autiq. de Fr. 1894, 170. R. Dussaud, Les ckilisations préhelléniques,
1909, p. J76, veut déjà roconnaîlre une flamme à l'arrière d'un navire sur un
tesson bas-mycénien de l'bylakopi de iMélos. — 2 On Irouve aussi la flamme
alUchéc au grand mal. Cf. Babclon. La stylis, lig. 13; Uraser, Oemmen mil
Schitfe, pi. 1, «0, 90 ; ilûnz.n mil àchiffe, pi. D, ;39 6, arl. navis, lig. 5i93.
Cf. Luc. Xarig. 5 : ;,; ;,-,j ,^ casàm»» cj^aj^i;. Daus la description du navire
de Ploléniée l'hilopalor, l'iv>., i; ,.j.„,o, (Athen. V, S06 c) parait designer plutôt
la bordure de la voile i|u'une banderole. — V Outre le passage de ['oUux cité p. 1 547
n. 1, voir Uio Chrys. Or. 74, l. 1 1, p. 397 : i„,p ,.» à, -.i. i,..„ ,r,^„l....„.. ,.,.;...
— "'routes les monnaies dont ces indications sont tirées sont réunies par E. Babelon
dans son article sur /<i Slgtis, dans la /ternie Aumismalique, 1907, 1-39. Les
principales sont les slatéres d'or d'Aleiandre, les didrachmes de Leucas, les mon-
naies d'argent d'Histiée et de l'hasélis (lig. 6670). Quelques autres monnaies sont
reproduites dans B. Graser, Dieaetteslen Schiffsdarstellunyen aufantiken Àlfmzen
(Berlin, 1870| et des gemmes dans l/te Gemmen des kùn. .Muséum ;u Uerlin mit
Uarstetlunijen antiker Scitiffeda même (Berlin, l«67) ; notre lig. 667i est tirée de la
I. I, 89. (.(uelques bateaux à stylis cruciforme, vertical, traversant l'apluftre, sont
peints dans des maisons de Délos, cf. Cliamonard, Bull. corr. Iiell. l;i06, 550. La
stylis avec la pi/na est reproduite à lart. »»vis. lig. 5i73-4; la itijlis avec les
Victoires dans Babelon, Op. cit. Og. 1, 35, ainsi «jue la stylis de la pourpre rupestre
Fig. 667Î. — Slylis à boule et
double banderole.
. — Stylis cruciforme à
cordelettes.
sommet de la hampe dont la traverse porte le vexillum
(fig. 6672). Pour fixer la traverse, ses extrémités pou-
vaient être reliées au sommet de la hampe par deux cordes
l^fig 6673) ; parfois ces extrémités sont richement ornées,
une pigna ou de riches volutes forment celle de la hampe,
des Victoires s'élancant de celles de la traverse^.
La présence de ces Victoires se comprend d'autant
mieux que lastylis estellc-même devenue de bonne heure
un symbole des succès emportés sur mer. L'apluslre,
dont elle fait partie, était comme le pavillon des navires
que l'on essayait de s'arracher dans les batailles navales.
Bien que l'existence de pavillons nationaux soit attestée,
chez les Grecs comme chez les Perses, dès l'époque des
guerres médiques " [signa;, la stylis ne nous est guère
connue que par les monnaies d'époque hellénistique où
elle ligure soit dans saposilion
naturelle à la proue d'un vais-
seau, soit entre les mains
d'une A'iké debout sur cette
proue. On a même voulu con-
sidérer comme une stylis la
hampe cruciforme que porte
la xNiké qui occupe le revers
des statères d'or d'Alexandre,
les uns la croyant copiée de
l'Athéna .Niké peinte sur les amphorespanathénaïquesde
336-5 et de 313-2, les autres y retrouvant la hampe sur-
montée d un croissant, combinée ou non avec un globe,
qu'Astarté porte sur des monnaies phéniciennes '.
On n'est guère mieux renseigné surle rejnllum navale^
des Romains. Sur les quelques monuments qui repré-
sentent leurs navires, on peut distinguer :
1° Les hampes placées obliquement de manière à
servir aussi de support à l'apluslre, et qui se combinent
parfois avec une autre hampe verticale ; la hampe se
termine en un bouton sculpté où s'enroule une flamme ;
au-dessus, une sorte de lablette portail sans doute le
nom du commandant ; quand elle est absente, c'est
apparemment que le vaisseau n'est pas un vaisseau amiral
(fig. o273-4, 5-278;.
2° Les hampes dressées perpendiculairement à l'aplus-
lre, elles ont de même une sorte de pigna à l'extrémité
d'où part une double (lamme (fig. 5272, 5273).
3° Les hampes, dressées de même sur l'apluslre, qui
portent un morceau d'étoffe carré à franges, le vexil-
de Lindos. p. 29 ; la stylis aux volutes est celle de la Balustrade des tropliées à
Pcrgame (S. Reinach, Répertoire des Reliefs, I, p. 215, 2, 4). — 6 Le navire de
Tliémislocle se reconnaît par -■, «r.fiH^iv tî;; (rc?aT,i-:S<i;, Hcr. VIII, 9i. Cf. VII, 128;
Tliuc. I, 49 ; 11, 90 : Uiod. XIV, 46 ; Polyaeu. 1, 4S, 2. — 7 Voir l'article cité de
Babelon où il reprend ce <(u'il avait écrit dans ses Mélanges numism-itiques, I (ts02).
p. 203, et où il répond à E. Assmann, Zeitscnr. f. Num. 1906, p. 215, et à Hifl,
xbid. 331, qui pensent que c'est à l'Astartêdes monnaies pliéuiciennes qu'Alexandre
aurait emprunté sa Nikè portant \s.slylis. Babelon a publié, pi. u, les deux vases sur
lesquels se fonde sa tliéorie \^Monum. d. Inst. X, 47 a et 6 : Walters, Brit. Mus.
catal. Vases. Il, B. 607-8): .Alexandre, en mettant la .Nikè porteuse de Isl stylis sur
ses monnaies, aurait cbercbé à flatter l'amour-propre des Albéuions, et ses succes-
seurs l'auraient imité sur leurs monnaies en donnant la stylis ou à la Victoire
isolée (ajoutez Batielon-Reinach, Recueil, Bithynte, pi. xxxi, 16, et Macdouald,
Bunter. Cat. Il, pi. xxxii) ou à la Victoire montée sur un avant de navire, à partir
de Démétrios Poliorcète et de sa victoire à Salarainc qu'aurait commémorée la Victoire
de Samotbrace (sur cette hypothèse et sa restitution une stylis sur l'épaule, cf.
J. HatifeUl, Reu. arch. 1910, 1, 133). Il faut, avec il. Th. Reinach (C.-r. du
Congrès du Caire, 1909, 269) distinguer les Xikè isolées du type des statères
(l'Alexandre, (|ui portent la liamiic d'un vexillum ordinaire, de celles qui sont posées
sur des rostres: ce u'est que pour ces dernières, symboles des victoires navales, que
la hampe cruciroriue qu'elles tiennent doit être prise puitr un vej:illum naval.
— » Suct. Cal. 15; Clau lian. De laud. Stil. I, 17.1. On ignore si, d,-ins l'équipage
des vaisseaux de guerre romains, il existait des matelots à qui la garde du cexittum
STY
1549
STY
lum ordinaire (fig. H86, 1187, 5381, 5293, 5294)'.
4° Les hampes qui sont placées, non à l'arrière, mais
à l'avant du navire (fig. 6072, 6673)-.
Chez les Grecs comme chez les Romains la pourpre
parait avoir été la couleur du pavillon de l'amiral ^ ; il en
fut de même chez les Byzantins, à en croire celui qui
flotte à l'arrière des navires peints sur des manuscrits*.
Le drapeau amiral servait, comme de nos jours, à com-
muniquer les ordres par des signaux [voir navis, si-
gm'm] ". A. J.-REiNAcn.
STYLOBATES (ou Stijlobala). ^T^Xo^A-rfi, eù^u-i--r^Uy.,
xpT|Ti;';. — Les architectes et les historiens modernes de
l'architecture appellent souvent slijhbate le soubasse-
ment tout entier de l'édifice kpéristasis, le massif à degrés
qui sert de piédestal au temple'. Le mot grec !itu)vo6!ïtt,ç
avait un sens plus restreint. Il désignait tantôt le degré
ou l'assise sur quoi repose directement la colonnade-,
tantôt les dalles dont se compose ce degré '. On disait
« construire le stylobate » et u tailler les stylobates ' ».
Quant à l'ensemble du soubassement à degrés, aucun
texte ne permet d'affirmer qu'on lui ait appliqué le terme
stylobate. Dans une inscription d'Eleusis, on appelle rb
È!7Tp«)fi£vov, TÔ Toïç xiô(T!v°. DaHS les couiptcs de i'Érech-
theion c'est lui, semble-t-il, qu'on nomme xpr.'ztç".
Fig. 61574.
Primitivement le mot cruXoSirriç ne dut se dire que
delà dalle qui supportait un fût, que de la pierre qui,
dans l'architecture préhellénique, servait de base à la
colonnedorique. l'nbloc carré s'interpose entre son fût et
la terre. Telle est la disposition que nous montrent les édi-
fices in antis représentés surle vase François (fig. G674et
327) \ Telle est celle qu'on observe encore dans les ruines
de Troie et de Thermos, et que l'on conserva par la suite
pour les ordres placés à l'intérieur des édifices*. Chaque
colonne avait son stylobate. Quand on donna pour support
à la colonnade, non plus des dalles isolées, mais une
plate-bande continue, faite de blocs parés à joints, c'est
était particulièrement confiée. C'est parce ([u'ils sont formés en légion f|up l'on voit
des marins réclamer un aigle et des enseignes tSuet. Galba, ii). De même le
vexillam et les enseignes qu'on voit à l'arriére des bateaux sur la colonne Trajanc
(fig. 5281) sont celles des troupes qui les montent. — t On croit voir doux ensei-
gnes : l'une à la poupe, l'autre à la proue sur une monnaie d'Alexandrie (Torr,
Ancient sitips, fig. 27) et sur uue monnaie de Kios en Bitliynic {BaLclon-ncinacli,
Hecueit. 1, p. SIG) d'ép0f|nc impériale; une sorte de vexillum fixé à l'avaut sur
une monnaie de Tarse (Uraser, Mûnzen mit Sckiff'sffarsteltuiiffen, 29 b) ; le môme
à l'arrière sur une monuaie d'Alexandrie (ibid. 6t4 6). — 2 (iraser, Gemmen mit
DarsteUungen antiker Schiffe, pi. i, 82. — 3 Polyaen. I. 48, 2; l'iin. N. hist.
XIX, 5; Tac. Bist, V, 22. — 4 Voir notamment G. Sclilumberger, Nicéphore
Phocns, p. 55, 57. — i Cf. Lco, Tact. XIX, 41 elles textes cités par Torr,
Ancient s/iips, p. 101 et art. navis, p. 39.
STYLOBATKS. i Perrol et Chipiez, Hist. de iÀrt, Vil, p. 415 ; Uurm, Uaulcunst
dcr Griechen3, p. iu9 si|. — 2 Cf. le devis de l'Arsenal du Pirée, Dillcniierger,
Sijllof/.iôi, 4U = Inscr. Ilo, 1054: nf,TU toù; «.'ova; ùtioSi'i; i7tu)ioSàTïiv. —3/nscr.
yr. 113, 105^ c 1. 29 {<rTu"/io5àTa; Ê;epyâ(raT6Ki) ; Cavvadias, Fouilles d'Epidaure,
h cet élément nouveau que passa le nom de stylobate'.
Dans l'inscription d'Eleusis déjà citée, qui décrit par
le détail les premiers travaux de la construction d'une
colonnade, les blocs de cette plate-bande ne sont pas
appelés <TT'j>,oSàT7.!, comme on l'attendrait, mais xaraXT)-
7tTï,p£ç. L'assise continue que forment ces x3;TaÀT,7tTr,pEç est
nommée, non pas (7TuXo?àTT,i;, mais £Û6uvTY,p''a. KaTaÀ-f)7rTT)p
semble bien être exactement synonyme de (T-u),&6iTï|;
désignant un bloc du degré où pose la colonnade. Le mot
£u9'jvT7-,p!0f, d'un emploi plus fréquent, est d'un sens plus
large. Il se dit de toute surface aplanie, nivelée pour
servir de base à la construction '°.
Dans sa forme la plus ancienne, alors qu'elle consiste
en un simple pieu fiché dans le sol, la colonne ne com-
porte pas de stylobate. Mais on reconnut la nécessité de
faire porter le fût en bois sur une dalle de pierre avant
qu'on eût songé à le dégager entièrement du sol. Dans
le vieux mégaron de Dhimini ", qui nous montre l'édi-
fice grec à colonnes sous son aspect le plus primitif, les
cavités du sol qui marquent l'emplacement des fûts, con-
tenaient des débris de pierres, ayant servi pour eux de
cales ou de coussinets '-. A Délos, dans une ruine très
archaïque récemment découverte, exemple plus clair
d'une colonnade enfoncée dans le sol, des dalles rondes
sont encore en place au fond des cavités circulaires Ce
sont ces dalles, qui ramenées à la surface du sol, quand
la colonne cesse d'être un pieu, deviennent les slyloba-
tes. A Hissarlik dans le mégaron à double vaisseau de
la VI' couche de ruines (époque mycénienne), le stylobate
précise et complique sa forme. Chaque bloc support de
colonne se compose de deux éléments, une large dalle
rectangulaire, et une rondelle saillante, qui s'en détache,
marquant la place et l'amorce du fût". Le même type
de socle se retrouve dans les ruines Cretoises et mycé-
niennes. A Knossos, avec le stylobate continu, sur quoi
les fûts de bois reposent directement, apparaît un mo-
dèle singulier de base avec trou d'encastrement". Un
pa I 0 1 h
lOlj p
long bloc rectangulaire porte à sa face supérieure une
sorte de coussinet saillant et carré, mais qui est recreusé
d'une cavité circulaire oij le fût était maintenu comme
dans une mortaise.
Dans les plus anciens temples, doriques à. péris/nsis,
le degré supérieur servant de stylobate comprend des
n. 242. — 4 De même qu'on appelait triglyplic, tantôt chacun des blocs de la frise,
tantôt la frise tout entière, et do même que le mot geison peut désigner l'assise
de corniche ou l'un des blocs qui la composent. Cf. Lalermann, iT/io. VI, p. 154, n. 4.
— 5 Ib. p. 140 sq. — 6 Choisy, Études épigr. p. 91. — ^ Perrol, 0. I. Vil,
p. 410, 443; fig. 221, 222, VUl, p. 58 sq., fig. 42; et v. notre lig. 327.
— 8 Durm, 0. l. p. 425.— 9 Klio, p. 140 sq. — 1» Sur ces divers mots, cf. sur-
tout Latcrmann, U. l. p. 1 53 sq. ; les commentaires do Clioisy (El. epigr. I), et
Dittenberger (.%/(. 332) sur le devis de l'Arsenal du Pirée ; Hesycli. s. o. .à6uv-
,,ç;„. _ U Tsountas, n p o ioto f . « «'. à» j on i )... ; a > |xr,v îo u, Athènes, 1908,
p. .50 sq., fig. 9 (fin du 3" millénaire av. J.-C). — '2 On a contesté, d'ailleurs sans
raison suffisante, que ces cavités fussent des trous de colonnes (A. Jolies, Anzeig.
1909, p. 406). Comme plusieurs contenaient des débris d'ossements, on s'est
demandé s'il ne s'agissait pas de ^dS?,., de fosses à sacrifier, telles que celles des
maisons préhistoriques d'Orchomène. La position des trous, accouplés suivant le
grand axe du bâtiment, position (|u'on retrouve ideutit|ue dans la ruine de Délos
citée plus loin, confirme l'interprétation de M. Tsouutas. - 13 Springcr-.Michaclis,
Uandbmh (Altert.i), p. 93, fig. 195. — H Durm, L. c. p. 59, fig. 3C.
Sl'B
— looO —
SUB
blocs de dimensions 1res variables, assemblés sans souci
de symétrie par rapport aux colonnes qui portent sur
eux. Il en est ainsi à l'Héraeon d"01ympie(fig.6673) ' et au
temple dAssos'^. Les architectes de Paestum el d'Égine
réalisent, dès le vi' siècle, le type de stylobate régulier^
Chaque colonne repose en plein centre d'une dalle carrée,
de dimension constante. Les dalles intermédiaires entre
celles qui supportent les fûts sont aussi semblables entre
elles. .\ Paestum (temple de Poséidon) ces dernières
sont ornées, en pourtour, d'une ciselure à leur face supé-
rieure. .\ux Propylées de r.\cropolu d'Athènes les dalles
où posent les colonnes sont légèrement ravalées, avec
un étroit rebord, percé d'une échancrure pour l'écoule-
ment des eaux. Jusqu'au iv" siècle, il est exceptionnel
que les tambours inférieurs des colonnes soient scellés
sur le stylobate, même alors que les scellements inter-
viennent aux autres joints du fut.
Vitruve emploie, comme en grec, le mot stylobaies au
pluriel, pour désigner les blocs directement placés sous
les colonnes'. Le mot de forme similaire slereobata,
signifie chez lui le mur appareillé qui dans le temple à
podium règne sur trois côtés de l'édifice, servant, par
l'intermédiaire des slylobatcs, de soutien à trois côtés
de la peristasis" [templim]. G. Leroux.
SUADA, SUADELA. — Déesse de la persuasion chez
les Romains, la même que peitho chez les Grecs ' . Elle est
souvent associée à Vénus et à son cortège-. Suivant Ser-
vius', elle n'aurait même été qu'une incarnation, un
simple nom de Vénus , mais cette assertion est contre-
dite par l'assimilation que l'on fait généralement de
Suada et de Peitho, laquelle, d'après Hésiode, était lille
d'Océan et de Thétys*. Andrk Bauhrillart.
SUARIUS [la.MUsI.
SL'BAEDIAXUS [intesti?,tmoi'IS,marmorarius, p. 1G061.
SUBALABE. — Ceinture, baudrier passant sous l'ais-
selle [al(i) '.
SCB.'VBMALE. — Partie du vêtement ou équipement
qui passe sous l'épaule {annus) [balteus, ciNcruM,
PALUIM, TOGA, zona].
SUBCBllNDA. — Avance du toit, auvent 'tectlmj.
Sl'BGRUXDABllJM. — Endroit où l'on déposait le
corps des enfants morts avant leur quarantième jour
FiMS, p. 1393\
SUBtlGACULUM, SUBLIGAR. l\eyX,i^^%, 5iiî;a)[jLa. —
Il a été dit ailleurs [cinctis] que les hommes, en Italie
aussi bien qu'en Grèce, quand, pour travailler ou pour
éviter la chaleur, ils se débarrassaient de tout autre
vêtement, en conservaient ordinairement un très élémen-
taire, qui couvrait, comme on le lit déjà dans Homère,
les parties du corps qui doivent rester cachées'. Ce
pouvait être une simple pièce d'étoffe passée entre les
jambes et nouée autour de la taille, comme celle qu'on
voit sur les vases grecs aux athlètes (fig. 6676; cf. 5860),
1 Olijmpia, Baudenkm. 1, pi. xvcii. — 2 l'crrol, L. c. Vil. pi. x\siv.
— 3Furlwângler, .^Faina, pi. xxxïi ; Perrol, VII, pi. v. — »Vilru». 111, iv. •—i'ibid.
SUADA, SUADELA. 1 Cic. Brut. 15, 59; de Senecl. 14, 50; Ennius, ap.
Ciccr. Drut. l. cil. : Aul.Gell. li, 2 ; cf. IJuinlil. Jnst. or. i, 5,4. — 2 lierai. Ep.
), 11, 3 8: Capella, 9, 307. — 3 Sciv. Ari Aen. 1,731. — i Hesiod. Thcor,. 934.
SUBALAHE. t Edict. Dioclet. X, 12. Voy. le coinmcnlaiio de BUimner et la
Gg. 5809, au mol PUGlo.
SUDLIGACl/XrM, SUBLIGAR. > Itiad. Il, 2C2 : » tViSù i|k9i«a>0iCTC>. Non.
&1arc. p. 29 : subligaeulum est quo pudendae partes corporis teguntur^ et il cite
Ciccr. Jie off. I. 35, qui dit que les acleurs le porlaieut, de peur de se découvrir à la
scène par quelque mouTemenl di'sordonné. Aiusi encore lioninies el femmes au bain,
Uarl.lll, £74. Les enraots.sousleur tunique à l'école (lig. 2614), ainsi que les esclaves
sont pas entièrement nus [athleta,
quand ils ne
p. 321] =. C'est
la forme de ce
vêtement qui
répond le plus
exacteme nt
aux noms pla-
cés en tête de
cet article;
mais on a vu
qu'il pouvait
aussi bien con-
sister en une
draperie, un
pagne, un ju-
pon envelop-
pant le haut
des cuisses. De
véritables ca-
leçons ajustés
sont figurés sur quelques vases; sur un miroir gravé
on en a vu un
pareil porté par
Âtalante, luttant
contre Pelée [ata-
LANTA, fig. o'J2] ;
mais ordinaire-
ment ce sont des
acteurs ( fig .
1462)^ des dan-
seurs (fig. 6057),
des faiseurs de
tours [CERNUUS],
des baladins des
deux sexes*, qui
exhibent ce vête-
ment, souvent ri- ^''g• SBTT. - Danseuse avec
chement orné et ' '
certainement destiné à être vu. L'exemple que nous en
donnons (fig. 6677), est tiré d'un vase peint du iv' siècle,
du Musée de l'Ermitage à Saint-Pétersbourg ^ E. Saglio.
SLIBSCRIBEXDABIUS. — Officier ou employé chargé
sous le Bas-Empire de faire distribuer aux soldats les den-
rées tirées des greniers militaires Phorreim, p. 275], où
l'on déposait le produit de l'impôt en nature [anno.n'a mi-
LiTARisJ. On ne connaît pas exactement la différence qui
séparait les fonctions du subscribendarius de celles de
I'actuarius. Les nctuarii sont mentionnés souvent dans
le code de Juslinien ; il n'y est plus question du subscri-
bendarius. G. HlMBERT.
SUBSCRIPTIO. — Ce mot désigne: 1° la signature
soit des parties contractantes, soit des témoins, qui sert
à valider un acte, des comptes et constitue une preuve
quand ils servaient nus. Ciai. 111, 192 : c . Suit. Calig. 26. — 2 De méuie à Rome.
Dion. Hal. VI, 72. La fig. 6fi70 d'après de Riddir, Vases de "a BiOl. mit. 252, fig. 22.
— 3 Dans celle peint ure les acteurs du drame salyrique ont revêtu le caleçon de peau
velue e|ui leur esl liabituel, cf. fig, 1420, mais l'un d'eux (Eu*ixoî) porle un calei^on
brodé. — * Des monuments du temps de l'Empire, lampes (Barloli, Liicern. I. 44),
peinluies (Jahn, Wninlgenuv'lc der Villa Pamfiti, pi. iv, 12), pierres gravées,
montri'nt des danseurs grotesques portant un linge noué en stihligactilitm.
— '•> C.-r. de la commiss. imp. archéot. 1864, p. 239 sq.
SCBSCBIBENDABIUS. Bibliographie. — Godefroy,Piira(i(/.adCorf.7'/(forfo«.VII,
I, p. 25';, 236 el Vlll, 1, p. 170, éd.Killcr: Gaupp, 6'ernion. .4 iisierf/. p. 79 à 81 ; Ser-
rigny, Droit public et administr. romain, tome 1, n"' 414, 417, l'aris, lï'62 ; Reio,
article Actv-arius, dans Pauly, Jtealencyctopadie, I, I, 2» éd. p. 148, Stutlg. 188Î.
SUR
1531 —
SUB
en justice '. Elle est généralemenl accompagnée du sceau
cachet [signlim, signaculum]. Au Bas-Empire la souscrip-
tion des parties et des témoins et la rédaction par les
tabellions [tabellio, tabulakuis] sont devenues peu à
peu des conditions de validité des actes importants-.
2° Ce nom désigne spécialement la signature de l'Em-
pereur dans les rescrits [rescriptum, p. 845].
3° Dans la procédure accusatoire de la République et
du Haut-Empire, quand se présentent plusieurs accusa-
teurs, il devait y avoir un accusateur principal, prin-
veps in agendo ' ; les autres qui signent aussi l'acte
d'accusation (in.icriptio) sont les subscriplores^. Cette
hiérarciiie est déterminée soit à l'amiable, soit par le
niagistrat, de sa propre autorité ou selon la procédure de
la DIVINATIO ■'.
Le mot suùscriplio désigne quelquefois aussi la cause
spéciale de la poursuite dans l'acte d'accusation '•, et par
extension la poursuite elle-même ' [judicia publica,
p. 631].
4° L'apposition de la nota par les censeurs se dit aussi
subscriiiere, suiiscriptio ^ [ce.nsorI. Cn. I^écrivai.n.
SUBSELLIUM (Biepov). — Siège en forme de banc; il
est plus simple et, quand il est honorifique, il l'est à un
moindre degré que la sella (s«6.'(e//a)', généralement plus
bas et sans scabellum pour les pieds, mais moins étroit,
assez long pour porter plusieurs personnes-, ou une
seule étendue '. Si d'ordinaire il n'a pas de dossier, l'ex-
pression subsellia calhedi-aria ' paraît impliquer des
exceptions à cette règle. C'est une question délicate de
savoir si scamnum équivaut à subsellium ; pratiquement
il en a pu être ainsi, mais le dernier terme seul appar-
tient au langage officiel.
Il y désigne le banc des chefs de la plèbe '. César
reçut en 70tî le privilège de s'asseoir ètti toO o7i[4.ap;(ixoD
pâôpou'', expression technique de son droit au siège Iri-
bunicien. Bien que .ùibselliinn, comme piôoo-j, soit sou-
vent employé au pluriel à propos des tribuns, le collège
paraît, dans sa réunion plénière, s'être régulièrement
assis sur un banc unique; ce qui n'empêche point de
déplacer le subsellium sur l'ordre d'un seul d'entre eux'.
En dehors des tribuns', les édiles de la plèbe ont droit
à ce siège et à nul autre; une monnaie de deux édiles,
M. Fannius et L. Critonius', les montre [aediles, fig. 139]
assis tous deux côrte à côte sur le même banc'", dont la
faible hauteur et le caractère collectif expriment la condi-
tion de ces personnages : ils ne sont, pas plus que les
tribuns, magistralus populi Romani. Le subsellium
SCBSCniPTIO. 1 Dig. 2, 13, 6; 20, (i, 8; 3S, 1, 80; 40, 7, 40; 48, 10, 5.
— 2 Bruns, Fontes Juris. 5' éd. p. 253; Cod. Just. 4, 21, 17 ; 4, 38, 15; Mabill. de
re HipL 3ttppl. p. 89 ; Marini, Papiri diplom. n" 92. Voir Bethmann-HoUweg, Der
rom. Civilproeess. 111 § 144; Bruns, Die Unterschriftcn in den rôm. Rechtsur-
kundeik {Kleine Schriften, II, 37, 118). — 3 Cic. Div. in Caeec. 15, 47, 48; Pro
Ftacc. 33, 82. — ^ Siibscriptor^ suhscribere, sultscriptio, Cic. Pro Font. 16, 36;
Adftuint. i, 1, 5, i%; Ep.Z, 1 ; 4, 1 ; Ascon. p. 19, 30, 54; Vcll. 2, 69; Tac. Ann.
1, 74 ; l'iin. Ep. 5, I ; l'Iaul. Poen. 3, 6, 5. — 5 Ùiy. 48, 2, 16; 48, 5, 2, 9 ; Gcll.
2, 4; Cael. Ad fam. 8, 8, 3; Cic. Oiu. 13, 4S ; 10, 50; Ep. 2, 1 ; Verr. 1, 6, 15.
Ce classetnonl ne d(!-lermine peul-ôtre pas toujours l'ordre des plaidoiries ; on préfère
quoiquorois la dcinicre place (Tac. Ann. 2, 30). — 6 Cic. Z)e irni. 2, 19, 58. — 7 Dig.i»,
2,7 pr.; 47, i, 3 ;47,2, 93 ; V. Just. 9,2, 13; !), 20, 3; Tac. Agric. 45 ; Apul. Apoi.
79 ;Senec. Benef. 3, 26 ; Apocol. fin. — 8 Cic. Clu. 42, 45. — Biùliographie. Voir
celle de l'art, jurnci* puhlica. Add. Monimscn, Strafrecht. Leipzig, 1899, p. 373
(trad. fr. 1, p. 42-43); Giry, Manuel de diplomatique, Paris, 1894, p. 592-593.
SUBSELLIUM. 1 Varr. De l. lat. V, 12S : quod non erat plane sella.
— 2 C'est donc une variété du BisF.r.r.aiM (Varr. ibid.). — 3 Gels. VII, 26, I.
— 4 Paul. Dig. XXXIII, 10, 5, pv. — 5 On dit qnelquerois : des magistrats
inférieurs, qui n'ont pas le siège curule, en se fondant sur Ascon. Jn
Verr. 15, 48 (p. 118 Orelli) : sunt tribunorum, triumvirorum, quaestorum
et hujuamodi minora iudicia exercentium ; cette scholie, acceptée par II. de
symbolise la subordination, la sella le commandement.
En réalité, le premier a eu souvent, dans l'État, plus
d'importance que la chaise curule; la distinction spéciale
accordée à César est très nette en ce sens"; Auguste
eut la même prérogative, lorsqu'il reçut en 718 la puis-
sance tribunicienne '■-, comme conséquence de cette potes-
tas, et également ses successeurs ; Claude en fit souvent
usage au Sénat.
Les sièges des sénateurs., aux séances de la curie, s'ap-
pellent aussi subsellia^^, et encore ceux où, dans les tri-
bunaux, s'asseoientlesjurés, avocats, témoinsetparties"
Tibère, assistant à un procès criminel dirigé par un
autre rjuaesitor, ne prenait pas toujours place au tribu-
nal, mais parfois sur les bancs des jurés '^ et parlait
ensuite e piano '".
Siège subordonné, le subsellium est, dans les repas,
.Subsellium décoré.
Fig. 6678. — B;
celui des parasites '^ parfois qualiliés imi subsellii
viri '* ; on y admet
l'élément servile ";
Térence esclave fai-
sait, sur un pareil
banc, la lecture i'i
Caecilius attablé -".
Pourtant dans le
théâtre, l'amphi-
théâtre ou le cir-
que, on désignait de
ce nom toutes les
rangées de sièges
entourant en cercle
l'intérieur de l'édi-
fice {cavea), par gradins superposés-'.
iMous resle-l-il de l'antiquité des subsellia'! Ce nom
paraît convenir à quelques sièges bas retrouvés à Pompéi
ou figurés dans des peintures campaniennes^^; peut-être
la plupart étaient-ils en bois, matière périssable ; d'autres
en métal. La fig. 6679 reproduit un subsellium en
bronze, très élégant, trouvé au théâtre d'Herculanum" ;
la fig. 6678 un banc conservé dans le tepidarlum des
Longpérier, Recherches sur les insignes de la questure {Rev. arch. 1868,
11,* p. 64), est dénoncée comme erronée par Moramsen, Droit pabl. rom. II,
p. 40, noie 1 : Asconius a confondu avec la procédure des questions [judicia
rOBLicA] et les quaesilores. - 6 Uio Cass. XLIV, 4, 2; par opposition il
Si.o», if,..'<i5. «Ha curulis. Id. LX, 16, 3. - 7 Id. XXXVII, SO, 2. - S Suet.
ciaud. 23, 2. - 9 Longpérier, ;. ci(. pi. wii, n» 9; Babclon, ilonn.
de la Rép. rom. Paris, (1885), 1 p. 443. - l» Alors que, sur leurs pièces,
les questeurs Cèpion et Pisoa ont chacun leur sc//o ; ndd. Plut. ilar. 5, 1-2.
_ il Suet. Caes. 78, 2; Dio Cass. XSII, 20, 3. Au théâtre, sa place était l%\
x,ù S,,.„.«.; ?i8eo. ^.xà X.-V 4.-, S,n.;,oOvw. (Id. XLIV, 4, 2). - M Id. XLIX,
15 6- LUI 27, 6. - 13 Cic. Catil. I, 7, 16. - "Md. Brut. 84, 289 et 200;
De Orat. 1, 8, 32; 62, 264; II, 33, 143; .4d fam. III, 9, 2; XIII, 10, 2 (iiersatus
in utrisque subselliis, à la fois judex et patronus] ; Divin, in Q. Caecil.
15, 48; Phil. V, 7, 18; in Vatin. 14, 34; Pro Rose. 6, 17; Pro Cluent. 34,
93'; 40, lit; Sen. De ira, 11, 25, 4; QuiiHiL Inst. or. X, 5, 18. - 15 Dio
Cass. LVU, 7, 6. - 16 Suet. Tib. 33. - " Plaut. Stich. 93, 489, 703. - 18 Id.
Capt. 471. - "Sen. De const. ad Seren. 15, I. - 2»Suet. Vit. Tcrent.
p 292 Roth. - 21 Plant. Amph. prol. 65; Poen. prol. 5; Martial. I, 29,
1 ; V, 8, 2; 27, 3; Suet. Auq. 43, 4; 44, I ; /Ver. 26, 2; Auson. Gripli. 72.
- 22 Pitt. dErcolano, II, p. 167 ; III, p. 221 ; Mus. Borb. VU. 53 ; IX, 18 ; XI, 5
et 47 ; Overbeek, Pompei, 1884, p. 426, fig. 227. - 23 Mus. Borb. H, pi. xxx, 3.
SUB
1352 —
SUB
FiK. liCSO et COSI
ancinns bains, à Pompéi ; il est onn- de peliles têles
df vaclics, allusion au nom de Nigidius Vaccula, quj
en ('lait le donateur'. Des siil):<cl/ia innrmorea sont
mentionnés dansles
Actes des Frères Ar-
vales -. Les mon-
naies seules don-
nent des représen-
tations certaines,
mais minuscules, du
siibxellium oftii'iel :
un denier de L. Ca-
ninius Gallus ((ig. GG80)^ montre que le dessus était un
treillage à claire-voie '; sur un autre, de Sulpicius Pla-
lorinus (fig. 6681) '\ on voit Auguste et Agrippa, en
même temps titulaires de la tribunicia potestas ; leur
subscl/ium est sur une estrade à piédestal orné de trois
proues de navires. Il est connu que ce banc pouvait,
comme le siège curule, être placé n'importe où" ; nous
ne savons si des dispositions spéciahîs en facilitaient le
déplacement, mais le souvenir a survécu d'un pnb/icyus)
a subsel{/iis) tinbiinorum' . Vicron CriAPor.
Sl'BSTIxrTIO. — I. Droit grec. — Le droit attique
admet plusieurs espèces de substitutions. Le testament
peut d'abord renfermer ce que l'on nomme une substitu-
tion vulgaire, c'est-à-dire une institution d'héritier subor-
donnée à la condition que l'héritier institué en première
ligne ne pourra ou ne voudra pas recueillir la succession.
Les plaidoyers des orateurs en renferment plusieurs
exemples '. On rencontre du reste, en dehors d'Athènes,
notamment dans une inscription laconienne -, d'autres
exemples de substitutions vulgaires.
Le testament peut, en second lieu, contenir une dispo-
sition semblable à la substitution pupillaire du droit
romain. L'adoptant, en ell'et, même en ayant des enfants
légitimes, peut, dans le but d'assurer la continuation de
son culte domestique, faire par testament une adoption
conditionnelle, subordonnée à la circonstance que les
enfants mineurs qu'il laissera atteindront leur majorité.
L'adoption sort alors son efTet si ces enfants viennent à
mourir avant d'avoir atteint leur dix-huitième année et
d'avoir pu eux-mêmes prévenir par un testament l'ex-
tinction du culte ^ [adoptio]. C'était la substitution pupil-
laire que la pratique romaine avait admise de même
pour empêcher que le patrimoine et les sacra fussent
transmis à des indifférents, et qui a peut-être été em-
pruntée au droit attique par la coutume romaine.
Le droit attique a connu, d'autre part, les lldéi-com-
mis[FiDEicoMMissuM]. On en trouve des exemples dans les
plaidoyers des orateurs* et dans d'autres sources'. Les
dispositions de ce genre ne paraissent pas toutefois avoir
eu un caractère obligatoire pour le grevé, mais ils appa-
raissent, de même que dans le droit romain primitif,
comme un simple vœu adressé à la bonne foi du grevé ^
II. Droit romain. — En matière de succession, le mot
sub.sli/ulio désigne une institution faite en sous-ordre \
' Mus. Uorb. Il, pi. uv; Monimscn, /nsT. Neap. 2308. — 2 c. i. lut. VI, 2104,
I. 30. — 3 Longpéricr, pi. xvil, n' G ; Cohen, i)(d. cons. pi. .\, Canin. 1 ; Borglicsi,
Œmr. Il (I80*), p. lïa sq. ; Bobeloii, 0/,. I. I, p, 311, n» 2. — i On devait y poser
des coussins; cf. ùif/. l. cit. — t. I.ongpéiier, n" 8 ; Cohen, Sulp. 6-7 ; Babelon, II
(1886), p. 470, n- II. - 6 Val. Max. Il, 2, 7. —1 llonien, 6554. — Bibl.ocmiaphif.
H. do Longpérier, Ilei: arch. 1868, II, p. 61-72, 100-103; Bccker-Gœll, (Jalhts,
II, p. 106 et 348; Mommsen, /)roi7pué(ic rom. Ir. fr. 11 (1802). p. 40-41.
SUUSTITUTIO. 1 Isac. Va Uagn. hered. % S; De Philoct. hered. § 7.
c'est-à-dire destinée à produire son effet pour le cas où
l'institiilion ne le produirait pas. A l'époque classique
on distinguait deux sortes de substitution : la substitution
vulijnris (vulgaire), et la substitution pupillaris (pupil-
laire). Justinien y ajoute une troisième substitution
ijuasi-pupillaris [fideicommissum].
1° La substitution vulgaire ainsi nommée parce que
c'est la plus usuelle, par opposition à la substitution
pupillaire, plus rare, plus anormale, avait été imaginée
pour écarter, autant que possible, les chances de mourir
intestat. Sous sa forme la plus simple elle est ainsi
conçue: Tilius hères esta: si Titius hères non erit,
Maevius Itères esto. L'institué est donc institué en pre-
mière ligne, primo grudu ; le substitué est institué en
seconde ligne, secundo çjrada. A son tour le substitué
peut recevoir un second substitué, et le testateur peut
ainsi continuer autant de fois qu'il le veut*, en ayant
habituellement soin de mettre à la fin de la série des
substitués un de ses propres esclaves, affranchi par le
testament, qui sera ainsi un héritier nécessaire, dans
le cas où tous les institués précédents viendraient à faire
défaut '^ . Les substitutions étaient aussi usitées pour
empêcher que les hérédités ne restassent trop longtemps
vacantes, car X^crelio était ordinairement accompagnée
d'une substitution pour le cas où l'héritier institué
primo gradu ne ferait pas adilion dans un délai déter-
miné. L'usage des substitutions devint plus fréquent
après les lois caducaires ; elles fournissaient un remède
aux nombreuses causes de caducité, dont ces lois frap-
paient les institutions d'héritier.
La substitution vulgaire n'étant au fond qu'une insti-
tution conditionnelle est soumise d'abord à toutes les
régies de forme requises pour la validité des institutions.
D'autre part, l'effet de la substitution vulgaire pour le
cas où elle s'ouvre, c'est-à-dire quand il est certain que
l'héritier institué primo gradu ne fera pas adition, est de
permettre au substitué de prendre exactement la situa-
tion qu'aurait eue l'institué, activement et passivement.
2° La substitution pupillaire destinée à remédier à
l'incapacité de tester des impubères, est la disposition
testamentaire par laquelle un père de famille nomme
un héritier à l'enfant impubère placé directement
sous sa puissance, pour le cas où cet enfant viendrait
à mourir sui juris et impubère, c'est-à-dire pupille,
sans avoir pu tester : c'est là une exception notable
à la règle générale d'après laquelle il n'est pas permis
de tester pour autrui. Elle apparaît comme un attribut
dernier et remarquable de la puissance paternelle se pro-
longeant dans son effet au delà de la mort du père, car
le substitué pupillaire est en réalité un héritier du père,
un substitué que se désigne celui-ci pour remplacer
l'impubère au cas où ce dernier mourrait ante puberta-
tem. Elle s'expliquait à l'origine par l'idée que le père
de famille en donnant un héritier à son enfant impubère
ne faisait, en réalité, que disposer des biens provenant
de lui '". Mais ultérieurement l'institution s'élargit et
— 2 Rœhl, Inscr. graec. aiilii/. 08 B. — 3 Deniosth. C. Steplian. Il, I2t; Isae.
De Cleon. hered. §4.-4 Isae. De Cleun. Iwred. §4.-6 Uillenbergei-,
S!/Uo(/e, w m ; Diog. Laerl. V, 1, 13, et 14. — 6 Guiraud, p. 238; Beauchet,
I. 111, p. 706. — BiBMOiMiAPHiE. Guiraud, La propriété Conciére en Grèce jusqu'à
In conquête romainet p. 225 sq. ; Beauchet, Histoire du droit privé de ta
/1,'piiUique athénienne, t. III, p. 704 sq. — '' De sub. instituere ou sutj statnere ;
Accarias, t. I, p. 713, note 1. — 3 Gains, II, 174. — 3 Instit. De vutgari substit.
II, 15. — to Cicer. De innent. rhetor. Il, 21.
suc
1553
SUC
le père pouvait, à l'époque classique, disposer de louL le
patrimoine que l'enfant laisserait à son décès, mèmedes
biens provenant d'une autre source que la succession
paternelle. Il put même faire la substitution pour l'en-
fant qu'il aurait exhérédé '.
La substitution pupillaire, de même que la substitu-
tion vulgaire, est une institution conditionnelle. Origi-
nairement, le père, pour pouvoir instituer un substitué
pupillaire, devait d'abord instituer son enfant comme
héritier; mais celte condition disparut à l'époque clas-
sique, puisque le père pouvait désigner un substitué à
l'enfant qu'il exhérédait. Comme institution la substi-
tution vulgaire est soumise aux formes ordinaires des
testaments. Le père de famille peut la faire soit avec son
testament et dans la même forme, soit plus tard et dans
une forme différente. Mais la substitution pupillaire étant
une dépendance du testament paternel, toutes les causes
qui anéantissent le testament du père entraînent, par
voie de conséquence, la nullité de la substitution pupil-
laire'. Mais la nullité de la substitution, à l'inverse,
n'entraîne pas celle du testament paternel. D'autre part,
le père peut désigner comme substitués pupillaires tous
ceux qu'il peut se choisir à lui-même pour héritiers, alors
même que le fils ne pourrait les instituer'.
Les militaires jouissaient entre autres privilèges, en
matière de substitution pupillaire, de celui de faire la
substitution même à un fils émancipé '.
3° Substitution quasi pupillaire. — La folie, comme
l'impuberté, peut rendre impossible la confection d'un tes-
tament. Aussi, dès avant Justinien, des décisions isolées
des empereurs avaient permis à des ascendants de nom-
mer des héritiers testamentaires à leurs descendants
atteints d'aliénation mentale. Justinien permit d'une ma-
nière générale à tout ascendant de donner un substitué
à son descendant atteint de folie (furiosus ou mente cait-
lus )^C'eslla substitution quasi-pupillaireou exemplaire,
c'est-à-dire faite ad exemplum pupillaris subslitu-
tionis. Elle diffère de la substitution pupillaire en ce qu'il
n'est pas nécessaire que le descendant auquel on donne
un substitué soit impubère, et en ce que la substitution
quasi-pupillaire peutétre faite non seulement par l'ascen-
dant qui a la puissance, mais par tout autre ascendant,
quelque soit son sexe. L. Bkaixiiet.
SUBUCULA [tu.mcaI.
SUBULA. — Poinçon, alêne à l'usage des cordonniers
et des autres ouvriers qui travaillent le cuir [sutou].
SUBUXCTOR. —Ouvrier de la flotte romaine ', donton
ne peut que conjecturer l'emploi d'après le nom : grais-
seur, calfat''';on peut aussi supposer qu'il était attaché à
des bains; un pareil emploi existait dans l'armée
[l'.nctorI. E. s.
SUCCESSIO. — Droit grec. — I. Généralités. — A l'épo-
que oii le système de la propriété familiale était encore
en vigueur dans le droit grec, il n'était pas question de
succession, dans le sens moderne du mot. Les enfants
n'étaient point, à proprement parler, les héritiers de
leur père, car, du vivant de ce dernier, ils étaient déjà
1 Insl. § 4 ; /Je pupiU. suhslit. Il, 16. Cf. Gaius, Comm. M, ITli-lsV; L'Ip. Kt-.
XXIll. 7-1 ; Dii/. De viily. et pupille sulistit. il, a ; (J. De impuh. et aliissiihsiu. fi,
2. — 2 inst. § b, ht. — 3 L. 10 § t, L. lit. cit. — »!,. 15 Z>. (/(. cit. — iL. 1,
C. De impub. et aliis suistit. 6, 26; § 1 Inst. tit. cit. — Bibi,iocii»puie.
Accarlas, t'récis de droit romain, 3* édit. t. 1, p. 3to sq. ; May, Éléments de droit
romain, 8< édit. p. 411 sq. ; Tctit, Tr. élém. de dr. romain, ï' éiiil. p. 5t3 s<i.;
Girard, Manuel de dr. romain, t' édit. p. 806 sq. ; Cuq. Les instit. jurid. des
Vin.
réputés copropriétaires du bien familial'. Mais le régime
familial, qui excluait toute dévolution véritable de suc-
cession, disparut peu à peu sous l'inlluence du senti-
ment individualiste qui prévalait chaque jour d'avantage,
et l'apparition de la propriété individuelle entraîna
l'établissement d'un régime successoral où cliaque
membre du groupe plus restreint qui se formait autour
du père par la réunion de ses enfants, reçut son lot dis-
tinct à la mort de celui-ci, l'indivision n'étant plus qu'un
étatexceptionnel et toutvolontaire de la part desliériticrs.
Toutefois, même à l'époque où le droit grec admit une
véritable dévolution des successions au profit soit des
enfants, soit d'autres parents, dans l'ordre établi parla
loi ou par l'usage, l'intérêt collectif de la famille demeu-
rait encore sauvegardé par l'impossibilité où se trouvait
le père de famille de transmettre son patrimoine à
d'autres personnesquecellesqui, par la proximité de leur
parenté, étaient légalement appelées à le recueillir. Le
testament est, en effet, en Grèce, une institution relati-
vement récente [testamentum].
Nous ne reviendrons pas sur ce que nous avons dit de
la succession ab intestat dans la loi de Gortyne, où l'on
trouve des traces de la communauté primitive [gorty-mo-
RiM LEGES, p. I(j3!)l ; nous bornerons notre étude au droit
atlique. La matière des successions est une des plus
délicates et des plus obscures de ce droit. C'est ce qui
explique les nombreux procès soumis aux tribunaux
athéniens concernant les questions d'héritage-. Les ora-
teurs athéniens avaient prononcé sur ces procès un grand
nombre de discours, malheureusement perdus ; mais
nous possédons encore pour nous éclairer onze plaidoyers
d'Isée, trois de Démosthène et un d'isocrate.
D'une manière générale, au surplus, il n'y a point in-
compatibilité entre l'hérédité testamentaire et l'hérédité
légitime, et une succession peut être déférée tout ensemble
à des héritiers légitimes et à des héritiers testamentaires.
La règle romaine neino pro parte testatus, pro parte in-
testatus decedere potest, est étrangère au droit atlique'.
II. Ouverture des successions. Qualités requises pour
surcéder. — La mort seule peut ouvrir la succession.
L'atimie, qui se rapproche de la mort civile du droit
moderne, ne produit pas cet effet. En effet, de deux choses
l'une : ou l'atimie est accompagnée de la confiscation
des biens, et le coupable n'a plus de patrimoine à trans-
mettre ; ou elle n'en est pas accompagnée, et alors elle a
seulement pour effet de priver le coupable condamné de
ses droits civiques et politiques, mais elle lui laisse
celle des droits civils [atimia] '.
Dans le droit attique, comme dans le droit romain, il
n'y a lieu à l'hérédité ab intestat qu'à défaut de l'héré-
dité testamentaire, du moins à partir de l'époque oii le
testament fut autorisé. Seulement, à Athènes, la déla-
tion de l'hérédité s'opère, dans tous les cas, à la mort du
de cujus '. En ce qui concerne la propriété des étran-
gers, les principes du droit attique sont plus libéraux
que ceux du droit romain. Ainsi d'abord un métèque, et
même un simple étranger peut laisser une succession, et
flomains, I. Il, p. 55i sq. ; Mayiiz, Cours de druU romuin, 4" édil. t. III, p. 336 sq.
SUBU.NCTon. I Corp. insc. lat. X. 3498. — 2 Cf. Vcgcl, IV, 37 : itngere soient
naws. — 3 Fcrrcro, Vordinamento délie armate rom. 1870, j). 60.
SCCCESSIO. 1 Cf. Guicaud, La propriété /oucim en Grèce, p. 51 ; Ecauclict,
Hist. du dr.priié de la HépiMique athénienne, t. III, p. 123 sq. — 'J Arislol.
Const. des Alhen. c. 9. — 3 Boauchet, t. III, p. 432. — * Beauclicl, t. III, p. 437.
V. toutefois Guiiaud, p. 102. — 5 Bcauchcl, III, p. 498.
193
snc
— i:m4
suc
celle succession esl régie par la loi allM'iiienne. 11 ii'esl
pas nécessaire, daulre pari, pour pouvoir succéder,
davoir le droit de cité athénienne. Les étrangers n'ont
point cependant, à cet égard, une capacité aussi grande
que les citoyens, car ils ne peuvent, sans en avoir obtenu
la concession spéciale, devenir propriétaires fonciers,
n'étant pas citoyens [egtésisI. Ceux-là seuls, d'ailleurs,
peuvent recueillir une hérédité qui vivaient déjà au jour
de la mort du de cujus. Mais la conception équivaut sur
ce point à la naissance'.
III. Den divers ordres de succession. — A Athènes,
comme dans la plupart des cités antiques, le législateur
règle la dévolution des successions en tenant compte
moins de l'allection présumée du défunt, que de l'organi-
sation sociale et des institutions politiques ou religieuses
de la cité. 11 en résulte que certains parenls qui, d'après
le droit naturel, devraient marcher au premier rang, sont
rejetés assez loin d'après le droit positif et même sont
complètement exclus. Le texte qui sert de base à la
théorie de la dévolution des successions est la loi de
Solon, citée dans le discours attribué à Démosthènes
contre Macarlalos-. Il en résulte que le système succes-
soral du droit atlique esl fondé, non point sur la proxi-
mité du degré de parenté, mais sur le principe des
parentèles, combiné avec le privilège de masculinité
a) Des descendants. — Le législateur appelle en pre-
mière ligne la parentèle du de cujus lui-même, c'est-à-
dire les lils et leurs descendants et, à défaut de fils, les
filles et leurs descendants.
Les descendants appelés tout d'abord comprennent
non seulement les enfants légitimes nés du défunt, mais
aussi les fils seulement adoptifs, car l'adoption confère
au lils adoplif tous les droits d'un fils légitime [adoptioI.
Les enfants légitimes succèdent tous, sans distinction
entre les dillérents fils et sans que, par exemple, les
enfants du premier lit aient un privilège quelconque sur
ceux du second mariage. Dans l'élude du droit de suc-
cession des descendants, il y a lieu d'examiner trois
hypothèses suivant que: 1° le défunt ne laisse que des
fils; 2° le défunt laisse en même temps des fils et des
filles ; 3" le défunt ne laisse que des filles.
i° Si le défunt ne laisse que des lils, ceux-ci et leurs des-
cendants succèdent indéfiniment et par portions égales,
les descendants de lils prédécédés venant par représenta-
tion de leur auteur. L'opinion ^ qui prétend limiter
la successibililé des descendants aux trois premiers
degrés, les autres étant exclus et primés alors par les
collatéraux, ne repose sur aucune base sérieuse et elle
est, du reste, aujourd'hui généralement abandonnée'.
Les descendants (abstraction faite de la représentation)
succèdent par portions égales, sans qu'il y ait lieu à
l'application d'un droit d'ainesse, comme dans d'autres
législations. Dans la société grecque primitive, le privi-
< Bcaudicl, t. I, p. 3'JC ; l. III. p. 4W. — s Dcnioslb. C. JJacart, § 51.
— 3 Uoicr, ScbûDiann et Lipsius, Ùer atliselie Process, p. 5li, note il3 ; Her-
niaiin-Thalboiin, Rechtsalterlùmer ,f. 61, noie i ; Bcaudicl, I. III, p. 447. — t Bunsen,
Oe jure heredilario Atheniintsium, p. 17. — 5 Gans, Dos Erbrecht in wellget-
chiehtticher Enteviclcelung^ p. 351 ; Grassliof. Symbolae ad doctrinamjuris atlic.
de heredilatibua. p. 15 et 19 : Guiraud, p. ilo ; Darcsic, Plaid, cir. de Démoslh. l. I,
p. 27 ; B. W. I.eist, Oraeco-italiscke. HeclUsgeschicftte, p. Ti ; Schelliug. De Sohnis
tegibu» aj'itdoratores atticos, p. 106 ; Mcier, Schoniann el Lipsius, p. 574; Milteis,
Heichtrecld und Volkrcchl in den ôtttic/icu Pruvinzen <ltr rôinisdt. Kaisereicits,
p. 319; Caillemcr, Z.t' droit de succession légitime â Athènes, p. 10; Hermann-
Thalheim, p. 67, noie 3; Bcaudicl, l. III. p. 4«9. — 6 Meicr, Opusc. aco'l. 1, p. 2J7 ;
ScbulUicss, Vormundschaft nach attisehem Recht^ p. lâO; Klcicr, Scbômaan et
lègedel'ainé n'a jamais eu qu'un caractère religieux et,
par suite aussi, politique^. Quant aux droits que, pos-
térieurement aux réformes soloniennes, on prétend avoir
appartenu au fils aine, ils sont fort contestables ou tout
au moins ils sont insignifiants. i\insi, d'abord rien n'éta-
blit d'une manière certaine l'existence, au profit de
l'aîné, d'un préciput légal nommé i^çin'pv.x, préciput qui,
à notre avis, ne pouvait résulter que d'un testament*.
Rien ne démontre non plus que l'aine ait eu lors du par-
tage des biens héréditaires, le droit de choisir le loi qu'il
préférait \ L'ainé ne retire de sa primogéniture d'autre
avantage que celui de porter le nom de l'aïeul paternel ".
Il peut tenir aussi, sinon de la loi générale de succes-
sion, du moins d'un décret spécial du peuple, le droit
de succéder, par préférence à ses frères mêmes, à cer-
taines distinctions honorifiques concédées à son père'.
Lorsque l'un des fils du défunt est mort avant son
père en laissant lui-même une postérité, les petits-
enfants, issus de ce fils, viennent alors à la succession de
leur aïeul par représentation de leur père prédécédé. Le
partage s'opère en conséquence par souche entre eux et
les fils survivants'". Rien ne prouve que, comme on
l'a prétendu", la représentation soit limitée à certains
degrés. Elle doit plutôt être admise à l'infini'-.
i" Lorsque le défunt laisse des fils el des filles, lalégis-
lation athénienne, conformément aux idées admises chez
presque tous les peuples anciens, consacre le privilège
de masculinité : xpaTefv ok toÙç ipcevaç xat Toùç Èk Tiùv
àppÉvtov, dit la loi précitée de Solon. L'exclusion des filles
par les fils n'est pas, du reste, spéciale au droit atli-
que ; elle esl admise, au contraire, dans toutes les cités
grecques ". Peut-être le droit grec comportait-il cer-
taines exceptions au privilège de masculinité : ces excep-
tions sont, en tout cas, fort contestables '*. La loi de
Gortyne seule parait avoir fait aux filles une situation
plus favorable [gortymorim leges".
Le privilège de masculinité produit ses effets non
seulement dans les rapports respectifs des descendants
au premier degré, fils et filles, mais encore vis-à-vis des
descendants d'un degré plus éloigné '°. Il entraine aussi
celte autre conséquence que les descendants par les fils
excluent les filles et les descendants par les filles, alors
même que ces derniers se trouveraient à un degré plus
rapproché du défunt"^.
3° Le défunt ne laisse que des filles. Celles-ci sont alors
héritières de leur père en qualité d'épiclères îepikleros .
Les descendants des filles décédées avant leur père
viennent à la succession de leur aïeul maternel par repré-
sentation de leur mère, avec tous les droits que celle-ci
aurait eus. Les descendants par les filles passent ainsi
avant les collatéraux ''. Il ne parait nullement prouvé,
d'ailleurs, que les filles soient obligées de partager avec
leurs propres enfants la succession paternelle, el nous
Lipsius, p. 575, noie i57 : Caillemre, p. 30-, Guiraud. p. i30 ; Gra&sbof, p. il.
Contra Daresle, Op. cit. Il, p. 107, noie 16; Bcrniaun-Tballicim, p. 62, noie 2. Cf.
Boissonade, Hist. de la réserve héréditaire, p. 4S, — 7 Bcaucbcl, l. 111, p. 45t.
— 8 Caillemcr, p. 33 ; Bcaucbcl, l. III, p. 455. — 3 Bcaucbcl, tbid. — '0 Grasshof,
p. t5; Scbelliug, p. 117 ; Meicr, Scbôniann cl Lipsius, p. 574, noie 255; Caillemcr,
p. 32 ; Bcaucbcl. l. III, p. 456. — n De Boor, i'eber das atlisclu- Intestaterbrecht ^
p. 31. — 12 Grassbof, p. 19; .Meicr, Scbûmauu el Lipsius, loc. cit.; Caillemcr,
p. 33 : Bcaucbcl, t. III, p. 457 — 13 Bcaucbcl, l III, p. 460 el les textes citis.
— it Girauil, Ùtt droit de succession chez les Athéniens, in /férue de législation^
I. XVI, p. 3; Bcaucbcl, t. III, p. 461. — lô Caillemcr, p. 33; Beauchet, t. 111,
p. 465. — 16 Caillemer. p. 33 ; Beaucbet, p. 464. — 17 Cailleroer, p. 15 ; Bcaudiet,
t. 111, p. 468.
suc
looo —
SUC
croyons que Ips lUios oxcluonl leurs enfants '. Enfin,
lorsque le défunt laisse à la fois des filles et des pelits-
enfants issus de filles prédéeédées, les petils-enfantsonl
le droit de venir, par représentation de leur mère, à la
succession de leur aïeul, en concours avec leurs tantes '.
b) Des ritllalérnux paleriwls. — Après la parenlèle du
de cujus, le législateur athénien appelle la parenlèle du
père du t/e ciijiis. Mais une dilTiculté a été soulevée tout
d'abord, celle de savoir si le droit attique plaçait le père
lui-même au nombre des héritiers. La majorité des
auteurs, s appuyant, soit sur l'esprit du droit attique.
soit sur certains passages des orateurs, admettent le père
au nombre des héritiers, mais ils sont loin de s'accorder
sur le rang à lui attribuer, les uns disant qu'il exclut
tous les collatéraux, même les frères, les autres, le trai-
lanl moins favorablement'. Dans une seconde opinion,
tout en ri'connaissant que les lois de Solon n'avaient
attribué au père aucun droit sur la succession de ses
enfants, on enseigne qu'à l'époque des orateurs on
s'elTorcail d'arriver par voie d'interprétation à faire attri-
buer aux ascendants le droit que leur avait refusé la
législation solonienne'. Enfin une dernière opinion
n'admet pas le père au nombre des héritiers, et elle se
fonde principalement sur le silence que gardent à l'égard
du père les lois de succession qui nous sont parvenues,
et notamment la loi de Solon citée par Démosthène °.
La parentèle du père, à qui la succession est dévolue
à défaut de descendants, comprend tous les parents
collatéraux qui se rattachent au père du défunt par un
lien direct de descendance. Elle comprend donc en pre-
mier lieu les frères et sœurs germainsou consanguins du
défunt et leur postérité.
Lorsque le défunt laisse à la fois des frères et des
neveux issus de frères prédécédés, les neveux, grâce au
bénéfice de la représentation, viennent à la succession
en commun avec leurs oncles, mais ils ne peuvent
réclamer que la part qui aurait été attribuée à leur père,
si celui-ci avait vécu'''. C'est, du reste, une question très
délicate de savoir si le droit de représentation est limité
aux fils des frères prédécédés et si les petits-neveux
peuvent, en cas de prédécès de leur père et de leur
grand-père, venir par représentation de ceux-ci à la
succession de leur grand-oncle, concurremment avec les
frères et les neveux de celui ci".
Lorsque le défunt laisse des sœurs consanguines,
celles-ci ne viennent qu'en seconde ligne après les frères
et leurs descendants ^ Le privilège de masculinité s'ap-
plique en ligne collatérale, comme en ligne descendante,
et s'y explique par des raisons semblables. Ce privilège
n'emporte point toutefoiscetle conséquence qu'un parent
mAle, même d'un ordre ultérieur, l'emporte sur une
femme comprise parmi les successibles d'un ordre anté-
rieur'*.
Lorsque tous les successibles sont des sœurs, celles-
1 Cf. CD ce sens Grasfhof, p. 24: Caillenicr, p. 12; tlcicr, Sckômaiin cl
Lipsius, p. 376, noie !!61; Beaucliel, I. Ul, p. 469. Contra bunsen, p. 16 $<|. :
Gains, p. 38i. — 1 Isac. /)e Apollod. her. § ÎO. Cf. Bcaudicl. I. III. p. 47»,
— 3 Bunscu, p. il ; de Boor, p. 47 ; Hcrniann, v. nolamment Griech. nntit].
III (i- M.t p. 497. 501: Van Slcfrcren. IJe comlil. eirili ftrtnin. atlm. p. 110.
1-5; Scliclliu^', Ve Solotus tegibni apud orat. attic. p. lOS; GirauJ. p. 11$:
Caillcmcr, p. 6t. — 4 ï'crrol, Etoq. politique, p. 377. — 6 Scbôinauu sur Iséc.
p. 3it : Ueier, Scliôniaun et Lipsius, p. 578; L'arcstc, Op. cit. I, p. iS; Guiraud,
p. iiu : B. \V. Lcist, Craeco-itatiscke Btchttyrtckichte, p. 4i et 7IS; beauchet,
I. III, p. 474sq. — < Caillcmcr. p. 83, 93: llcaucliel, I. III, p. 5«j. — '■ Cf. beauchet.
t. III, p. 503 et les autoritiïs cit^s en divers sens. — 8 Isae. De Uagn. htr. t -■
ci partagent également, sans qu'il puisse être question
d'un privilège quelcomiue au profit de l'une d'elles, de
l'ainée par exemple'". S'il existe à la fois des sœurs et
des neveux issus de stvurs encore vivantes, celles-ci ne
sont pas, bien qu'on ail prétendu le contraire, exclues
par leurs propres enfants ".
A défaut de successibles dans la parentèle du père, la
loi appelle la parentèle de l'aïeul, c'est-à-dire les succes-
sibles qui ont le même aïeul paternel que le défunt.
Quant à l'aïeul paternel lui-même, la question de savoir
s'il est au nombre des successibles est discutée comme
elle l'est pour le père. En tout cas, le droit de l'aïeul ne
peut se fonder sur aucun texte'-.
On s'est demandé, d'autre part, si l'on doit comprendre
parmi les successibles les oncles, Ssîo:, et les tantes, tt,-
6:oE;du défunt. La vocation héréditaire de ces personnes,
quoique contestée, paraît cependant justifiée '^ : à défaut
de l'oncle et de la tante, la succession est déférée à leurs
enfants ou petits-enfants, cousins germains ou enfants
de cousins germains du de ciijti.i ". Entre les divers suc-
cessibles de la parentèle de l'aïeul on applique d'ailleurs
le privilège de masculinité'*.
.\ défaut de successibles dans la parentèle de l'aieuI,
la loi appelle-t-elle les parents compris dans la parentèle
du bisaïeul paternel, c'est-à-dire ceux qui se ratta-
chent à ce bisaïeul par un lien direct de descendance'? La
question n'a jamais été sérieusement examinée que pour
l'un des parents compris dans cette parentèle, le cousin
issu de germain, et elle paraitdevoir être résolue négati-
vement ' •. Aplus forte raison, doit-on écarter le bisaïeul'".
c) Des rollntéraux maternels. — Lorsque, dans la
ligne paternelle, il n'existe aucun successible pouvant
se rattacher au défunt par le père ou l'aïeul de celui-ci,
la succession passe aux parents maternels'*. Mais la
mère parait, comme le père, devoir être exclue de la
succession par ses enfants, car les lois athéniennes gar-
dent le silence à son égard ". Si l'on admet que la mère
ne succède pas à son fils, l'ordre à suivre entre les colla-
téraux maternels doit être calqué sur celui que nous
avons indiqué pour les collatéraux paternels. En première
ligne donc viennent les frères et sœurs utérins du de
cujus et leurs enfants. A défaut de successibles se ratta-
chant à la mère du défunt par un lien de descendance,
on appelle les parents compris dans la parentèle de l'aïeul
maternel, c'est-à-dire les oncles et tantes maternels du
défunt et leurs descendants. Lorsqu'il ne se rencontre
pas de successibles dans la parenlèle de l'aïeul matt-rnel,
on ne peut remonter plus haut et appeler la parenlèle du
bisaïeul maternel. La succession est alors dévolue aux
parents paternels non compris dans l'anchistie-".
d) Des successibles non compiis dans l'anc/iistie.
Des 5JYV£V£!ç. — D'après la loi de succession citée par
Démosthène, lorsque la ligne maternelle n'a aucun
représentant jusqu'au degré de Traîç àvEj/t&u du défunt
— 9Cf. Caillcmer, p. 18, 90j Beauchet, t. III, p. 511. — lO Caillenier, p. 96;
Beauchet, t. III, p. 5i3. — n Cf. Caillcmer, p. toi ; Bciuchct, t. ill. p. 5i7. — "âCf.
Caillcroer. p. 105 : Beauchet, t. III, p. 531. — «3 Caillcmer, p. 105: Beauchet, t. Ill,
p. 533. — "' Isae. /oc. cil. — «s Beauchet, t. III, p. 537. — 16 V. eu ce sens nolam-
ment : Schclliug, p. liS: Giraud. p. ISO: Darcslc, Op. cil. I, p. i9 : Moy, Étuilcs
sur Ut plaidoyers disve. p. i6i ; .Meicr, Schriuiaiin et Lipsius, p. 586, telle et
noie 276-, Grasshof. p. 35; Hcrmann-Tlialhcim. p. 68. noie I : Caillenier, p. 113;
Miltcis, p. 321 : Beauchet, I. III, p. 538 s<|. — <" Beauchet. t. III, p. 517. — IS De-
mosUi. C. i/aearl. % 31. — 19 Cf. en ce sens: ScliSmaon ap. Isae. p. V5I : Darcslc,
/ourn. (fet 5aran<t, I8S5, p. 269: Guiraud, p. 222 : M.ier. Schùniann et Lipsius.
y. 580 ; Beauchet. I. III, p. 548 s.]. — »' Caillcmer, p. lit ; Beauchet, t. III. p. 559.
suc
IS'iG —
SUC
inclusivomont,on revient à la ligne paternelle, et la suc-
cession est déférée au parent le plus proche parmi ceux
qui se rattachent au défunt par son bisaïeul, par son
trisaïeul, et ainsi de suite'. Ces parents ne sont point
toutefois appelés suivant les mêmes principes que les
ÔL-r/icrt'.a. Pour ceux-ci, en elfet, ce n'est pas la proximité
du degré, mais la place dans telle parcntèle qui déter-
mine le rang. S"il sagit, au contraire, de simples cognais,
c-jffsts'.^, c'est le plus proche par le degré qui passe
avant les autres. .\ défaut de simples cognats paternels,
la succession ne revient point une seconde fois à la ligne
maternelle, c'est-à-dire aux simples cognats de cette
ligne-. 11 parait conforme à l'esprit du droit successoral
athénien ainsi qu'aux termes généraux de la loi qui éta-
blit le privilège de masculinité, d'appliquer ce privilège
entre les parents appelés à litre de simples cognais^.
e) Droits du yé^jo-, et de la phratrie. Successions en
déshérence. A défaut des héritiers que nous avons précé-
demment nommés, la succession est-elle déférée au
■(•Évoç 'ge.ns] ou même à la phratrie [puratria]? En ce
qui concerne d'abord cette dernière, on ne peut sérieu-
sement affirmer sa vocation héréditaire, car elle ne
repose sur aucun texte*.
Quant au ^évoç, certaines considérations paraissent
militer en faveur de sa vocation héréditaire. Mais elles
sont fort contestables. A supposer d'ailleurs que le
YÉvoi; soit appelé à succéder, des difficultés sérieuses
s'élèveraient en ce qui concerne la manière dont doit
s'opérer à son profit la dévolution de la succession».
En écartant le droit de succession du y^voç et, à plus
forte raison, celui de la phratrie, ce n'est pas une rai-
son pour dire que la succession de celui qui est mort
sans laisser de parents successibles va tomber en déshé-
rence et être acquise au fisc. Le maintien d'une maison
et d'un culte domestique a toujours paru plus désirable
aux Athéniens que le profit que le fisc pourrait retirer
d'une succession en déshérence. A supposer que le
défunt n'eût pas pris soin de pourvoir par un testament
à la continuation de sa personne et de son culte domes-
tique, on peut admettre " que l'archonte est chargé de
pourvoir par une sorte d'adoption posthume à la trans-
mission de l'héritage et du culte menacé de s'éteindre.
L'iiéritier ainsi désigné devait s'engager à continuer le
culte domestique du défunt".
Ce n'était point, du reste, la présence du conjoint sur-
vivant qui aurait pu faire obstacle aux droits des simples
cognats ou même du trésor, car à Athènes la loi ne
reconnaît aucun droit de succession au conjoint survi-
vant, qu'il s'agisse du mari ou de la femme *. Il ne paraît
pas non plus qu'en dehors d'Athènes, bien qu'on ait
prétendu le contraire, la femme ail un droit sur la
succession de son mari'.
f; Des surressions eclraordinaires. — 1° Succession
des affranchis. L'esclave aflranchi [apélkituéroij ne pou-
vant avoir d'autre famille légale que cette qu'il se crée
1 lit-auchcl, I. III, p. 539. — îMcicr, ScliSmann fI Lipsius. p. 387; Braiichct,
I. III. p. 5<i3. — 1 Beauchel, t. III, p. 565. — t Cf. Bcauchel, t. III, p. 564.
— -Cf. Boaiichcl, I. III, p. 368 sq. — «Uac. /te Apoll. htr. §31.-7 Sclmoidor,
Oe jure hered. Athen. p. Ï4; i:aillcnicr, p. 133; Guiraud, p. ïi\\ Bcauclicl,
I. III. p. 571. — » l.ewy. De cMli condil. mulier. graecarum. p. 63:
Guirauil, p. ill ; Bcauchel, t. III, p. 37i. — 9 Bcauclicl, /iirf. — 10 Bunfcil,
p. 51; Urassliof, p. 8i; Schômaan sur ls*e. p. ÎH: Guiraud, p. 145;
Caillemcr, p. 135 ; Hermann-Tliallicini, p. ts ; Bcauchel, l. III, p. 574. — Il Caille-
incr, p. 137 ; Bcauchel, I. III, p. 575. - 1! Foucarl, Mëm. sur ra/franchhsem.
par le mariage, les descendants de l'affranchi sont seuls
appelés à recueillir la succession de leur père mort intestat
et, à défaut de descendants, la succession, par une sorle
de continuation de la puissance dominicale, revient au
patron de l'atlranciii'". 11 semble même que les héritiers
du patron aient eu le droit de recueillir la succession de
l'alTranchi mort sans postérité". Les actes de Delphes
relatifs à des affranchissements sous forme de vente à la
divinité, font souvent allusion au droit de succession du
patron. Ils mentionnent aussi cerlaines clauses spéciales
destinées à garantir le droit de succession du patron, et
interdisent à l'afTranchi d'aliéner tout ou partie de son
patrimoine, clauses qui vraisemblablement devaient être
également en usage à Athènes "^.
2° Succession des métèques. — Les métèques sont, au
point de vue du droit privé, dans une situation bien
supérieure à celle des affranchis. La cité charge un
des plus hauts magistrats athéniens, le polémarque, de
veiller sur les héritiers et les héritières (épiclères) des
métèques". Lasuccession des métèques est doncdévolue
en première ligne à leurs descendants, fils et, à défaut,
lillesépiclères. Adéfaut de descendants, la succession est
dévolue aux autres parents du métèque. Mais, à défaut
de descendants, il est fort douteux que, à l'exemple de ce
qui se passait pour le patron de l'atTranchi, la succes-
sion du métèque soit dévolue à son prostate [metoikoi] '*.
Quant aux étrangers proprement dit, çsvo;, c'est-à-dire
à ceux qui ne sont même pas compris parmi les métè-
ques, il est vraisemblable qu'ils avaient le droit de trans-
mettre leur succession non seulement à leurs propres
enfants, mais encore à leurs autres parents, le rang
héréditaire de ces derniers étant même déterminé d'après
les principes de la loi athénienne''.
3° Succession au pécule des esclaves i^SERvus].
IV. De l'acquisition des slccessioxs. — C'est une ques-
tion assez délicate que celle de savoir si l'on rencontre
dans le droit attique des héritiers à qui s'impose la dévo-
lution de la succession, ou, suivant l'expression romaine,
des héritiers nécessaires. Pour les successeurs autres
que les enfants légitimes, y compris les enfants adoptés
par acte de dernière volonté, on est d'accord pour dire
qu'ils sont libres d'accepter l'hérédité ou de la refuser.
Mais pour les enfants légitimes ainsi que pour les en-
fants adoptés entre-vifs, on a voulu les considérer comme
des héritiers nécessaires". Si toutefois cette théorie
renferme une part de vérité, en ce sens qu'elle a pu être
celle du droit attique, et même du droit grec, en géné-
ral, à une époque où le régime de la propriété familiale
était encore en vigueur en Grèce, et où il n'y avait pas, à
proprement parler, de dévolution successorale, elle nous
parait clairement contredite par les textes '^ à l'époque
des orateurs. Elle est d'autant plus difficile à admettre
à celte époque que la loi de Gorlyne '* consacre formel-
lement le droit de répudier la succession '^
Pour qu'un successible puisse renoncer à la succcs-
des escinvcs. p. 24; Beauchel, t. III, p. 378 sq. — i3 Arisl. Conslit. des Athèn.
p. 68. — " Cf. Bunsen, p. 50; Caillemer, p. 141; Beauchel, l. III, p. 581.
— 15 Caillemer. p. 14i.U3 ; Beauchel, l. III, p. 338. — '6 Fuslel de Coulaugcs,
Cité antique, liv. II c. 7; Giraud, p. 101; Scliulin, Das griechiache Testament,
p. 17; t'errol. Op. cit. p. 373; Meier, Schômaun cl Lipsius. p. 573, noie 27i ;
llcrmann-Thalheini, p. 83, note 1 ; Caillemer, p. 149 ; Schneider, De jure
hered. athen. p. 48. — " Denioslh. Sauaim. § 7. — i» XI, l. I. — I» Uaresle,
Plaid, ci». I, p. 19, cl Journ. des savants, /oc. cil. ; Guiraud, p. iîô; Beauchel,
l. m, p. 591 sq.
suc
lSo7 —
SUC
sion qui lui est déférée, il est nécessaire qu'il n'ait point
manifesté l'intention de l'accepter, car l'acceptation est
irrévocable. Cette manifestation de volonté peut, du
reste, être tacite, etrésulter, par exemple, de la prise de
possession des biens héréditaires '.
Si les descendants légitimes ne sont pas liéritiers
nécessaires, ils se distinguent cependant profondément
des autres successibles à un autre point de vue fort
important, en ce sens qu'ils sont investis de la saisine
légale, c'est-à-dire qu'aussitôt après l'ouverture de la
succession, ils peuvent, sans aucune formalité, et sans
avoir à recourir au magistrat, se mettre en possession
des biens paternels au moyen de ce que l'on nomme une
È|j.paT£U(7ii;'''. Les autres héritiers, au contraire, c'est-à-
dire les enfants adoptés par testament et les collatéraux
doivent, avant de prendre possession des biens hérédi-
taires, s'adresser au magistrat compétent et se faire
autoriser par lui au moyen de la procédure èir'.otxQtu'a, à
appréhender l'hérédité^.
Si, dans la prise de possession à laquelle l'autorise
la saisine légale, l'héritier saisi rencontre un obstacle de
fait, provenant d'une violence légale ou simulée exercée
par un tiers {klxyuiyri), il peut agir contre ce tiers au
moyen delà ôix-r] s;otJ>,Y,(; [exoulès dikéj. De plus, si l'hé-
ritier saisi est un mineur ou une femme, l'auteur de la
violence peut être poursuivi par une eiTay-i'EXta zaxujijEwç.
[eisaggélia], action susceptible d'entraîner contre lui
des conséquences très graves'.
Lorsqu'un tiers s'oppose à la prise de possession par
l'héritier saisi, en élevant lui-même des prétentions sur
la succession, l'héritier peut répondrepar une procédure
incidente nommée ^ diamartyria, procédure qui n'est
pas du reste spéciale à la matière des successions.
La saisine ne nous parait pas d'ailleurs conférer
à l'héritier qui en est investi, l'acquisition de la posses-
sion elle-même, sans qu'il lui soit nécessaire de faire
aucun acte d'appréhension. La théorie contraire" repose
sur une notion assez délicate de la saisine, notion qui a
fini par être consacrée par le droit moderne, mais que
le législateur athénien ne parait pas avoir aperçue ^
Quant à l'héritier non saisi, il est obligé de recourir
à la procédure d'èiriôijcauia, qui peut elle-même provoquer
celles de StïStxaai'a [diadikasia] et d'àu.',f.t(7J3-jÎTT,ctç [amphis-
BÉTÉsis]. La décision de l'archonte qui homologue la
>.Yi;tç du demandeur lui confère par cela même une sai-
sine,judiciaire dont les etTels sont identiques à ceux de
la saisine légale accordée à l'héritier sien. Lorsque d'ail-
leurs l'héritier non saisi meurt sans avoir fait l'adition qui,
selon nous, résulte du fait de présenter laX-?i;t;, son droit
s'éteint avec lui, et les continuateurs de sa personne ne
peuvent l'exercer de son chef; ils sont alors exposés à
être exclus par d'autres successibles qui auraient été
obligés de subir le concours du leur auteur, s'il avait
v('cu et fait adilion*.
Toute personne qui croit avoir des droits préférables
à ceux du possesseur de l'héritage, peut les faire valoir
au moyen d'une action, qui est une sorte de pétition
d'Iiérédité. Les personnes qui peuvent agir ainsi sont
1 Caillcmcr, p. (53. — 2 Isac. De Pyrrh. her. 102. — 3 Cf. Bcauchet, l. III,
p. 595. — 4 Caillcmer, p. 155; Beaucliet, loc. cit. — s igae. De Philoct. her.
— 6 Dubois, Nom. rev. hist. du droit, 18SI, p. 133. — ^ Boaiichct, t. III,
p. 398. — 8 Caillcmci', p. 174; Beauclicl, l. III, p. ili. — 9 Mikt, ScIiS-
mann et Lipsius, p. 612; Caillpmer, p. 160. — 10 Beauchet, l. III, p. 02^.
— 11 Isae. De Pyrrhi her. § 58. Cf. Bunsen, p. 'Jl; Uaresle, Pluld. civ. l. I,
celles qui n'ont pas figuré dans la procédure d'envoi en
possession, car on ne peut plus leur opposer une épi-
dicasie à laquelle elles sont demeurées étrangères'.
Celles qui ont figuré dans la procédure d'épidicasie, ou
plutôt de diadicasie, peuvent aussi quelquefois excep-
tionnellement former ultérieurement une pétition d'hé-
rédité contre le possesseur, notamment quand l'envoi en
possession a été prononcé par défaut'". L'action en péti-
tion d'hérédité se prescrit par cinq ans, comme les autres
actions en général".
L'héritier, quand une fois il a accepté la succession,
devient activement et passivement le continuateur de la
personne du défunt; il succède, en principe, à tous les
droits, mais aussi, par contre, à toutes les obligations
de son auteur. Il peut donc, notamment, intenter contre
les débiteurs du défunt les mêmes actions que celui-ci
aurait pu exercer'^. Toutefois, un droit, même d'ordre
pécuniaire, peut, par exception, être intransmissible aux
héritiers si, par sa nature ou d'après la convention des
parties, il doit, comme le droit d'usufruit, être considéré
comme ayant un caractère exclusivement personnel.
D'autre part, les distinctions honorifiques qui ont pu être
accordées au défunt, même si elles ont pu comporter un
avantage matériel, ne sont pas transmissibles à ses héri-
tiers. Tel est notamment le droit si recherché par les
Athéniens, de prendre chaque jour ses repas dans le
Prytanée aux frais du trésor public'^.
L'héritier, s'il recueille tous les droits du défunt, suc-
cède par contre passivement à toutes ses obligations et
il en est tenu comme l'aurait été le de ciijus lui-même.
Les créanciers du défunt peuvent donc s'adresser à l'hé-
ritier pour lui demander le remboursement de ce qui
leur est dû, et cela quelle que soit l'origine de la dette.
A ce principe, l'action prononcée contre les débiteurs
du fisc ou contre ceux qui s'étaient rendus coupables de
certains crimes d'une gravité exceptionnelle, est trans-
missible à la postérité du condamné [atimiAj ''. Lorsqu'il
y a plusieurs héritiers, les dettes se divisent entre eux
proportionnellement à leur part héréditaire '^
L'héritier est tenu des dettes du défunt, non seule-
ment sur les biens héréditaires, mais encore sur ses
biens propres. L'acceptation d'une succession insolvable
(û^iô/pecoç) pouvait donc compromettre sa fortune person-
nelle'^. Le droit attique ne paraît pas avoir connu le
bénéfice d'inventaire.
Outre les obligations précitées, et qui sont la contre-
partie des droits pécuniaires auxquels il succède, l'hé-
ritier est tenu envers le défunt de certaines obligations
d'ordre religieux ou moral. Ainsi d'abord, l'héritier non
seulement est tenu de donner au défunt une sépulture
convenable, mais en outre il doit accomplir ce que l'on
nomme ri vo[ji.tÇou.£va, c'est-à-dire faire à la tombe du
défunt les visites prescrites par l'usage, et ofTrir chaque
année à ses mânes, ainsi qu'à ceux de ses ancêtres, le
repas funèbre et les libations destinées à assurer le repos
et le bonheur des morts. L'accomplissement des rites
funèbres est, dans les idées des anciens, indissoluble-
ment lié à la transmission de l'héritage". Les visites et
p. 49 : Meier, Schômann et Lipsius, p. 013; Hermaun-Thalheim, p. 14, note 2;
Caillemer, p. 168; Beauchet, t. III, p. 030. — 12 Beaucliet, t. III, p. 031. —13 (Jail-
leraer, p. 188; Beauchet, t. III, p. 032. — i* Beauchet, t. III, p. 388 et 634.
— 'a V. infra. — It» Isae. De Arist. her. § 10. — nCf. Schœmann, sur Isée, p. 222 ;
Meier, Schômann et Lipsius, p. 598, noie 307 ; Becker (Hermann), Cliariklès, t. III,
p. I2U srj. ; Hcrmauu-Blunnier, Privataltcrlûmer. p. 372.
suc — •3-^8 —
les offrandes à la lomhe du défunl sont rigoureusement
oblis;aloires pour riiérilier; l'absence, la maladie ou
lage ne peuvent len dispenser. Il doit, s'il est absent
ou malade, être remplacé par un de ses parents ou par
ses amis'. Si l'héritier est mineur, c'est un tuteur qui
doit accomplir à sa place et en son nom les vouiÇôiieva-.
Pour mieux assurer l'accomplissement des cérémonies
funèbres et se prémunir contre la négligence de ses
héritiers, le mourant peut charger un de ses afîranchis
du soin d'accomplir les vofiiCoiAEva. Les actes d'affran-
chissement de Delphes témoignent des préoccupations
des maîtres à cet égards
V. Du PARTAOE DES siiXESSiûxs. — Le partage des suc-
cessions donnait lieu, à Athènes, à de nombreuses con-
testations, et, sous la pression de cet esprit processif et
intéressé qui soulevait tant de litiges en matière des
successions, les cohéritiers se comportaient souvent en
ennemis plutôt qu'en frères\ Pour prévenir les discus-
sions entre ses descendants, le père de famille peut faire
lui-même, de son vivant, le partage de sa fortune. Il y a
là une sorte de démission de biens dont on trouve des
exemples, dans les orateurs °. La démission de biens
n'est d'ailleurs, dans le droit attique, qu'une faculté
pour le père de famille et jamais elle ne peut lui être
imposée. A Gortyne, au contraire, la loi ^ autorise, dans
un cas exceptionnel, un enfant à exiger le partage anti-
cipé du patrimoine paternel [gûrtyniorim leges\
Les cohéritiers ont la faculté de rester dans l'indivi-
sion, et les orateurs athéniens signalent plusieurs cas
de frères vivant en communauté', et l'on peut même
supposer que l'état d'indivision était assez fréquent à
Athènes, comme d'ailleurs dans d'autres cités grecques.
Cet état pouvait toutefois faire naître entre les cohéri-
tiers, en ce qui concerne l'acquittement des charges pu-
bliques, des difficultés auxquelles le législateur avait dû
pourvoir*. Au surplus, en aucun cas l'indivision n'était
obligatoire, même entre frères, et les cohéritiers avaient,
pour en sortir, l'action en partage, eU BaT-fiTtov aïpcstv,
[datètai]. D'autres actions peuvent aussi concourir avec
celle-ci pour le règlement des contestations que provo-
que un partage, notamment la oix-r, tooixôç*.
Droit romain. — A. Généralités. — A Rome, la suc-
cession ou hérédité constitue un des modes d'acquisition
per universitatem du patrimoine, mode organisé par le
droit à la suite du décès d'un individu. Ce patrimoine,
nommé dans l'hypothèse heredilas, continue après la
mort de son propriétaire, à former une unité juridique,
composée de droits et d'obligations, qui passe à un nou-
veau titulaire nommé hères, héritier [beres, hereditas].
Comment sont désignées les personnes appelées à
recueillir cette hérédité, comment celle-ci s'acquiert-elle
et quels sont les effets de cette acquisition ?
1° Délation de l'hérédité. — Les fiomains ont connu
les deux modes de délation de l'hérédité que l'on nomme
la succession testamentaire et la succession ab intestat,
l'une réglée par la volonté du défunt, l'autre par la loi.
Il est probable qu'au début, les Romains n'ont connu
que la successionabintestat comme les anciens Hindous,
1 Isae. De Aslyp. lier. § i. — 2 Kcauchcl. l. Il, p. 2î0; l. III, p. 037.
-JWcschcr cl Foucarl. /nsrr. iMipli. n" i4, 66, 131, elc. — « Flularcli. De
frai, amore, li. — ^ Di'moslli. Adv. .Vacurt. § 19. Cf. Hernu-iiniTliallicini,
p. 63 , n. S. — 6 IV, i9-31. Cf. Daresle. Haussotillier cl Roinacli, /user. jiir.
p. *6i. — 1 Acsch. C. Timarch. g tdi. Cf. Rrauchct, I. III, p. 039 si|.
— 8 Cf. Thumser, De civ. alhen. niuneriàut, p. 119, Caillenier, p. 3i; Beau-
SUC
Germains ou Grecs. Ce dut être la conséquence de la
pratique à Rome du régime patriarcal dans lequel la
famille constitue une unité puissante, ayant seule des
droits sur le patrimoine familial dont le pater n'est, en
quelque sorte, que le dépositaire et l'administrateur pen-
dant sa vie. Mais, après sa mort, ce patrimoine retourne
à ceux dont il était le représentant temporaire, aux mem-
bres survivants du groupe familial, sans pouvoir modi-
fier celte dévolution par un acte de sa volonté '".
Une faut pas croire cependant que la succession testa-
mentaire n'ait été introduite à fiome que par la loi des
XII Tables par le texte célèbre et ainsi conçu : <• Uti paler-
familios legassit .tuper pecunin tulelare suae rei, ita
jus esta '^ ». Il est plus vraisemblable que la succession
testamentaire a existé beaucoup plus tôt, et même, si l'on
en croit la légende de la nourrice de Romulus, Acca
Larenlia, instituant celui-ci son héritier'-, la société
romaine aurait connu le testament dès son origine. Quoi
qu'il en soit, la loi des XII Tables n'a fait que consacrer
une coutume depuis longtemps en vigueur. Mais, avant
celle époque, le testament apparaissait plutôt comme un
rite anormal, et d'une pratique peu courante, car il ne
pouvait se faire que dans l'assemblée populaire et avec
l'autorisation de celle-ci [testamentim]. La loi des
XII Tables vint, par le texte précité, soustraire au con-
trôle du peuple les dernières volontés du joa/e;*, décla-
rées suivant les formes solennelles requises. Mais, à
défaut de cette déclaration, la loi consacre les droits
attribués anciennement à la famille, aux heredes
legitimi.
A partir de laloidesXIl Tables, qui consacrait ainsi la
prééminence de la succession testamentaire sur la suc-
cession légitime, l'emploi du testament se généralisa
tous les jours davantage, el cela d'autant plus que les
liens de la famille se relAchèrent et que les formes du
testament devinrent d'un accès plus facile. Aussi presque
toujours le palerfamiUas testait-il avant de mourir, et
mourir intestat finit même par être considéré comme
une déchéance, presque un malheur.
La succession ab intestat fut donc de plus en plus relé-
guée au second plan, el l'on chercha, par tousles moyens,
à écarter l'arrivée des héritiers légitimes et à donner à
la volonté du défunt le pas sur la désignation de la loi.
Celle prééminence de la succession testamentaire sur
la succession ab intestat aboutissait à ce principe, consa-
cré du reste par la loi des XII Tables elle-même, que les
héritiers ab intestat ne peuvent venir à la succession que
s'il n'y a aucun espoir d'un héritier légitime '^ Les juris-
consultes en avaient déduit, d'autre pari, cette règle logi-
que, mais rigoureuse, qyi est ainsi formulée par Justi-
nien : nemo ex parte teslafiis ex parte intestatii.^
decedere potest^^, c'est-à-dire qu'il ne peut y avoir à la
fois pour une même succession un héritier testamentaire
et un héritier ab insteslat. Soit qu'ils se présentent
ensemble, soit qu'ils viennent l'un après l'autre, la
prétention de l'héritier ab intestat est écartée.
B. Détermination des héritiers légitimes. — La suc-
cession ab intestat doit revenir aux membres de la
chel. t. III, p. 641. — ' Mcier, Scbômann el Lipsiiis. p. 4S*; Eeaucliel, l. III.
p. 647. — 10 Cf. May. Élnnents de droit romain. 8» éd. p. 481 ; Girard, J/anue/ de
droit romain, i' éd. p. "7i ; Sumnicr-Maine, L'ancien droit, p. 86 sq. — •' .VII Ta-
bles, 5, 3: (iaius, 2, 224; lusl. pr. De leg. Falc. II, ii; Llpian. XI, 14, — 12 Aiil
Oeil. Vil, 7, 1. — 13 Ulpiaii. XXVI, § I ; I. 89, Dig. De r,-g.ji:r. L. IT. — 1* liisl.
S 5, De hered. insl. Il, 14; I. 7, 1). De reg.jur. I. 17.
suc
1539
SUC
famille du défunl. Mais ces parents ne sont pas lous
appelés en bloc. Or la notion méine de leur parenté qui
sert do base à leur vocation héréditaire n'a pas toujours
été la même, et elle a subi le contre-coup des variations
qui se sont produites à Rome dans la notion même de la
famille. Quatre systèmes ont, à cet égard, été successive-
ment ou même simultanément en vigueur, depuis la loi
des XII Tables jusqu'à Juslinien: 1" c'est d'abord le sys-
tème du droit civil ancien, tel qu'il est consacré par la
loi des XII Tables et dont nous avons précédemment
exposé les traits généraux [ukhes, uerehitas] ; 2° c'est
en second lieu le système du droit prétorien, imaginé
par le préteur en vertu de son droit indirect de législa-
tion [edictl'm] pour remédier aux iniquités du droit
ou pour combler ses lacunes, et qui se réalise au moyen
des bonoruin possessione.i [bonorum possessio]; 3" puis
les sénalus-consultes et les constitutions impériales
vinrent continuer et développer l'œuvre du préteur
[iiERES, liEHEDiTAs] ; 't" enfin les Novelles de Justinien
vinrent consommer ce travail de transformation et con-
sacrer détinilivement les droits méconnus ou restreints
de la parenté naturelle, en adoptant un nouveau sys-
tème de succession entièrement fondé sur la cognation
[UERES, UEHEDITAS].
C. (Juveriure et acquisition de la succession ab intes-
tat. — (a) Ouverture. — La succession ab intestat ne peut
s'ouvrir cjue s'il n'y a pas de succession testamentaire.
Il en est ainsi lorsque le défunt n'a pas de testament ou
n'a pu en faire, étant incapable, ou lorsque son testa-
ment est devenu ineflicace jure civili pour l'une des
causes que nous indiquerons ultérieurement [tesïamex
tum], ou enfin lorsque l'héritier institué est incapable,
refuse ou est insLituésous une condition qui ne se réalise
pas'. Le moment de la délation delà succession ab intes-
tat ne coïncide point d'ailleurs nécessairement avec le
jour du décès, car l'inefiicacité du testament peut n'être
pas reconnue immédiatement-.
C'est, d'autre part, au moment de l'ouverture de la
succession ab intestat qu'il faut se placer pour apprécier
la capacité, la qualité et le degré des héritiers légitimes '.
C'est ainsi que celui qui, étant citoyen romain (qualité
nécessaire pourrecueillir une succession légitime au jour
du décès) a perdu le droit de cité au jour de l'ouverture
de la succession, ne peut la recueillir'. Il est nécessaire
d'ailleurs que l'héritier légitime soit au moins conçu lors
du décès de celui auquel il succède, la durée la plus lon-
gue delà gestation étant alors reculée jusqu'à dix mois-'.
b) Acquisition de Vhérédité. — l..a manière dont
s'acquiert l'hérédité varie suivant la qualité des divers
héritiers appelés à la recueillir.
S'il s'agit d'abord d'héritiers siens, sui [uehes, ueredi-
TAs], ils sont en même temps héritiers nécessaires
[sui et necessarii), et ils acquièrent la succession ab
intestat à leur insu et malgré eux''. C'est là une consé-
quence de la communauté familiale ayant existé entre
eux et leur auteur. La possession est, du reste, acquise
à l'héritier nécessaire sans qu'il ait besoin de faire un
acte d'appréhension matérielle.
Pour les autres héritiers, étrangers à la communauté
de famille, simples agnats ou rjentiles, quuliliés en ce
1 liisl. pr. De heredU. quae ab intest, dcfer. III, I. — 2 Insi. lOid.
— 3Ciaius, III, 13. — » Faul. Sent. IV, 10 § 3. — 5 D. 3 §11 D. De suis et leg.
her. XXVIII, 16. — 6 Gaius, II, I56;lnsl. § i,De hered. quae ab intest. — T Gains,
sens d'e.iiiranei, ils sont héritiers volontaires et peuvent
accepter l'hérédité en faisant adition, ou la répudiera
Dans l'intervalle entre la mort du défunt et le moment
où l'héritier accepte la succession, l'hérédité est dite
jacente, hereditas jaret, situation fâcheuse pour l'héri-
tier futur, notamment en ce que les esclaves héréditaires
ne peuvent augmenter la succession par leurs acquisi-
tions, faute d'un maitre dont ils pussent emprunter la
capacité. Mais les jurisconsultes remédièrent aux incon-
vénients de la jacence par une fiction généralement
admise à l'époque classique, et en vertu de laquelle l'hé-
rédité tient la place du défunt, qui est censé survivre en
elle: hereditas personam defuncti sustinet^.
A l'origine, aucun délai n'était imposé aux héritiers
volontaires pour prendre une décision. Mais pour remé-
dier aux inconvénients que pouvait entraîner une incer-
titude trop prolongée, le préleur, à la demande des
créanciers héréditaires, pouvait imposer à l'héritier un
délai de cent jours pour délibérer. Ce délai expiré sans
qu'il eîit pris parti, il était exclu de l'hérédité '■•. Justi-
nien, tout en conservant à l'hérilier volontaire le droit
de délibérer, lui donne un délai de neuf mois, passé
lequel il était réputé acceptant'".
Si, après avoir délibéré, l'héritier se décide à accepter
l'hérédité, son acceptation, ou adilion d'hérédité, doit,
au début, comme lous les actes juridiques, être orale et
solennelle, suivant les formes de la cretio". Mais plus
lard, on se contenta d'une simple manifestation de volonté,
7iuda voluntns, résultant d'une déclaration verbale ou
écrite, faite en termes quelconques. On admit enfin l'adi-
lion tacite, pro herede gestio, résultant de tout acte de
l'héritier impliquant chez lui l'intention de se compor-
ter en maître de l'hérédité, comme, par exemple, du fait
d'aliéner la chose héréditaire '-. L'hérilier peut d'ailleurs,
à l'inverse, répudier la succession par une simple décla-
ration de volonté ' '.
Les effets de l'acquisition d'hérédité peuvent se résu-
mer en celte proposition, que l'héritier devient le conti-
nuateur de la personne du défunt. En conséquence, tous
les biens du défunt, corporels ou incorporels, sauf ceux
qui étaient allachés à sa personne, comme l'usufruit,
passentà l'héritier. Celui-ci, par contre, succède à toutes
les charges, comme l'entretien des sacra, l'acquittement
des dettes. Celles-ci viennent augmenter ses dettes per-
sonnelles, de sorte qu'il y a confusion complète des deux
patrimoines, les créanciers du défunt venantau concours
avec les créanciers personnels de l'héritier.
Cette confusion des patrimoines pouvait porter préju-
dice soit aux héritiers légitimes, soilaux créanciers héré-
ditaires. Le droit civil et le droit prétorien remédièrent
à ces inconvénients par difl'érents bénéfices, à savoir le
Jus abstinendi, le bénéfice d'inventaire et la séparation
des patrimoines. Le Jus abstinendi, ou bénéfice d'abs-
tention, permettait aux héritiers siens et nécessaires de
se soustraire aux charges d'une hérédité qu'ils savaient
mauvaise. Ce bénéfice s'obtenait par une simple déclara-
tion de volonté de l'héritier devant témoins de son inten-
tion de s'abstenir, mais à la condition de ne pas s'immiscer
dans la succession et de n'en rien détourner'*. L'hérilier
qui usait de ce bénéfice soustrayait ses biens personnels
II, 161, 162. — 8 !.. 34, D. De adq. rcr. dom. XLI, I. —9 Ciaius, II, 1C3, 164.
— 10 L. 22 § 13, 14, C. De jure delib. VI, 30. — " Gaius, II, 166. — 12 Gaius,
II, 167. — 13 Gaius, 11, 169. — i* L. 12, D. De adq. vel. omitt. her. XXIX, î.
suc
— ISliO —
suc
à la poursuite des créanciers héréditaires el, d'autre part,
il échappait à l'infamie si ces créanciers faisaient vendre
les biens du défunt, ces biens étant vendus au nom du
défunt. Le bénélice d'inventaire a pour but de protéger les
héritiers externes contre les conséquences fâcheuses que
pouvait entraîner pour eux l'acquisition d'une hérédité
acceptée par eux dans la croyance qu'elle était solvable,
alors qu'elle ne l'était pas. Juslinien, en établissant à leur
profit ce bénélice, s'efforça de concilier la faveur due à
l'héritier externe avec les intérêts légitimes des créan-
ciers héréditaires. Moyennant l'observation de cer-
taines formalités, et notamment la confection d'un
inventaire destiné à constater exactement les forces de la
succession et à prévenir une dissimulation de l'actif, les
deux patrimoines du défunt et de l'héritier demeurent
séparés, etl'héritier spécialement n'est tenu depayerles
délies héréditaires que jusqu'à concurrence de l'aclif
constaté, et il ne peut être poursuivi sur ses biens per-
sonnels'. La séparation des patrimoines, 6ono?'t</« se/ia-
ralio, est enfin un bénéfice accordé par le préteur aux
créanciers de la succession et aux légataires, lorsque l'hé-
rédité est acquise par un héritier moins solvable que ne
l'était le défunt. Grâce à cette séparation, qui doit, du
reste, être demandée dans les cinq ans qui suivent l'ac-
quisition de l'hérédité, et sous la condition qu'il n'y ait
pas eu confusion de fait entre les deux patrimoines, les
créanciers iiérédilaires peuvent se faire payer sur l'actif
de la succession avant les créanciers personnels de l'hé-
ritier, mais en revanche, les créanciers personnels de
l'héritier passent avant les créanciers du défunt, sur les
biens de l'héritier ^
La succession prétorienne [bonorum possiîssio] ne s'ac-
quiert qu'autant qu'elle est demandée, et le préteur
n'impose à personne la qualité de bonorum possesso?'.
Mais, pour éviter les inconvénients d'une incertitude trop
prolongée, le préteur exigeaitque celui à qui \d.bonorum
possessio était offerte prît parti dans un certain délai,
délai qui, comme celui de la credo, était de cent jours.
Ce délai écoulé sans que les successibles appelés eussent
pris parti, leur vocation s'évanouissait et le droit à la
bonorum possessio passait aux successibles du degré
suivant, conformément au successorium edictum.
L'acquisition de la bonorum possessio confère au bono-
rum possessor le titre d'hères avec tous les avantages
effectifs qui dérivent de la si<ccew/o inuniversumjus^.
Mais si le bonorum possessor était sûr de les conserver
quand la bonorum possessio était cum re, il n'en était
plus de même quand elle était si?ie re. Au surplus, ainsi
que nous l'avons précédemment expliqué, tous les bono-
rum possessoi-es finirent par devenir cum re, et l'on
aboutit sous Justinien à une fusion de la bonorum pos-
sessio et de Ylieredilas, de sorte que, soit pour l'acqui-
sition, soit pour les effets, il n'y eut plus de différence
entre l'une el l'autre [boxorl'm possessio].
D. Partage de la succession. — Depuis la loi des
XII Tables, lorsque plusieurs personnes sont appelées à
une même succession, chacune d'elles est autorisée à
demanderle partage des biens héréditaires. Telest l'objet
de l'action familiae erciscundae [familiae erciscundae].
La masse à partager comprend quelquefois des biens
qui n'appartiennent pas au de cujus : c'est ce qui a
1 L. îî G. De jure delib. VI, 30. — 2 L. 1 J I D. /le séparai. XI.M, C. — i L.
p. ùe bon. poat. XXXVIl, 1. — ♦ L. 9, D. Ile hered. pet. V, 3.
lieu en cas de collatio bono7'um [bonorum collatio].
Lorsque d'ailleurs plusieurs personnes sont appelées
simultanément à recueillir une même succession ab intes-
tat, la part de l'héritier qui fait défaut estdévoluesuivant
les règles du droit d'accroissement [accrescendi ji;s].
E. Sanction du droit héréditaire. — Le droit hérédi-
taire est sanctionné d'une manière différente suivant
qu'il a sa source dans le droit civil ou dans le droit pré-
torien. Le droit héréditaire sanctionné par le droit
civil est protégé par la pétition d'hérédité el par l'action
en partage [familiae erciscundae]. La pétition d'hérédité
est donnée à celui qui, se prétendant hères, veut faire
reconnaître ce titre qui lui est contesté, et, en consé-
quence, demande la totalité ou une quote part de l'héré-
dité. C'est une action analogue à la revendication [rei vin-
DiCATio] ; elle en diffère seulement par l'étendue du droit
du demandeur. La pétition d'hérédité est une action uni ver-
selle tandis que la revendication est une action spéciale,
ayant pour objet des choses envisagées à titre particulier.
La pétition d'hérédité est donnée à celui qui se
prétend héritier, en vertu du droit civil, testamentaire
ou ab intestat, et qui n'est pas en possession de l'héré-
dité ou qui n'en possède qu'une partie. Il doit, pour
triompher, prouver sa qualité d'héritier. L'action ne
peut d'ailleurs être exercée contre tout possesseur,
mais seulement contre ceux qui possèdent pro herede
ou pro possessore. Possède pro possessore celui qui
détient un bien héréditaire, ou refuse de payer une
dette en se disant héritier. Possède p)-o herede celui
qui retient un bien héréditaire sans produire d'autre
litre à l'appui de sa possession que le fait de cette pos-
session elle-même*. Tout autre possesseur, invoquant
un titre spécial d'acquisition, vente ou donation, par
exemple, ne conteste pas la qualité d'héritier, chez le
demandeur, et, par suite, ne peut être poursuivi par la
pétition d'hérédité, mais seulement par la /t/ vindicatio.
La pétition d'hérédité, commelarevendication, s'intenta
successivement per sacramentum [actio, legis actioJ , par
sponsio et par formule pétitoire [rei vindicatio], tout en
passant un peu plus lentement par les différentes phases.
Quant aux effets de l'action, ils sont également les
mêmes que dans la revendication. Les deux actions
diffèrent toutefois en ce qui concerne les restitutions à
effectuer par le défendeur. Notamment depuis le séna-
tusconsulte Juventien, rendu conformément à une
oratio d'Hadrien ^ le possesseur de bonne foi de l'héré-
dité, de même qu'un possesseur de mauvaise foi, ne doit
rien conserver des profils qu'il a pu retirer de sa pos-
session. Ainsi, il est tenu de restituer le prix des choses
héréditaires qu'il a aliénées avant d'être actionné parla
petitio hereditatis. Il doit également restituer les prix
des fruits qu'il aperçus, s'il ne lésa pas encore consom-
més : ces fruits sont considérés comme un capital qui
vient augmenter l'actif héréditaire''. Par contre, dans
la pétition d'hérédité, tout doit être réglé suivant l'équité,
et le juge est investi d'un pouvoir plus large que dans
la rei vindicatio. C'est ainsi notamment que le posses-
seur de mauvaise foi peut réclamer une indemnité à rai-
son de ses impenses nécessaires ou utiles, sous la con-
dition que la plus-value qu'elles ont occasionnée
subsiste encore'.
— 5 L. iO,
D, Ibid.
D. De hered. pet.
L. iO, § 6, 1. 40 § 1, Ibid. — IL 38,
SUF
— Uifil —
SUF
Le montant des restitutions à opérer par le défendeur
à la pétition d'hérédité fait l'objet du Jussux Judicis,
suivi, à défaut d'exécution, de la condamnation, comme
dans la rei vixdicatio.
Le bonoriun possessor, n'étant pas héritier, n'avait
originairement ni les actions particulières du défunt qui
passent à l'héritier du dioit civil, ni la pétition d'héré-
dité fondée sur la qualité d'héritier. Mais le préteur lui
donna l'interdit olûrim boxorum, dont l'objet et le but
ont été indiqués. La protection accordée au bonoriun
/tossessorful complétée parl'inlerdit qundlegatorum, lui
permettant d'acquérir la possession des biens hérédi-
taires dont s'est emparé un légataire '.
Les actions fictices permirent aussi au bonoriun pos-
xessorde faire valoir les droits réels et de créance appar-
tenant au défunt, en agissant sous la fiction de la qua-
lité d'héritier, ficto se herede. En même temps, le préteur
permettait aux créanciers héréditaires de le poursuivre
avec la même fiction-.
Enfin, le préteur alla plus loin en créant V/iereditali.s
petitio possessoria, donnée au bonorum possesnor dans
les mêmes conditions que la pétition d'hérédité à l'héri-
tier, à savoir contre les possesseurs /j/'o coherede ou pro
possessore pour réclamer toutes les valeurs héréditaires
rentrant dans le domaine de la pétition d'hérédité*.
L. Beaiciiet.
SUCCIXGULUM [cingi-u-m] .
SIJCCIIVUM [electrum] .
SUDARIUM [orarium].
SL'FFIBULUM. — Etoffe carrée, rica, servant de voile,
attachée au-dessous du visage au moyen d'une broche
{/Ibuta). Cette pièce de l'ancien costume romain resta
l'attribut de certaines fonctions religieuses'; c'était le
voile des vestales [velim, vestales'. E. S.
SUFFI\IEi\TA. — Substances que l'on brûlait dans
certaines cérémonies, chez les Romains, pour des fumi-
gations purificatoires [lustratio, p. 1426, 1432; palilia,
p. 283; SAECVLARES ludi, p. 991, sq.].
SUFFLAMEX. — Enrayure, frein de voiture. C'est
G. Budé qui détermina le sens propre de ce mot, que
les auteurs emploient métaphoriquement '; on ignore
si c'est un terme général ou s'il désigne le z^oyoïzior^, plus
particulièrement que le sabot.
Le xpo/orÉo-fi ^, nommé également Itio/eûî^ n'est pas
un instrument spécial ; les charretiers se servent d'une
barre de bois, [ao/Xôç, ou simplement de leur bâton
qu'ils mettent entre deux rayons de la roue et qu'ils
inclinent de façon que la pointe bute contre le sol.
Le sabot est formé d'une plaque en fer de la forme
d'un trapèze oblong et dont les deux bords latéraux,
sont relevés à angle droit sur la dernière moitié de la
longueur, de façon à emboîter la partie de la jante la
plus rapprochée du sol. On a découvert un de ces sabots
1 Dig. Oi(od lerjatorum, XLIII, 3.-2 Oaius, IV, 31. — 3 l). /je pos-
sessoria hercditatis possessione, V, 5. — BiDLiocnAPHip. (partie citEcttuE).
BcftucheL, /list. du droit privti de la Itépubligue at/irni/mne, t. IV, p. 423 sf].;
de lioor, Uubcr dus attische Jntestate?-brt;cfU, liamhouT^, IS'iS ; Buiiscn, ZVe Jure
hereditario apud Athenienses, GôtUil°cn, I(il3 ; Caillcmcr, Le droit de succession
légitime a Athènes, Paris, 1879 ; Gans, Das Erbrecht in W'eltqcschiclUlicher
K ntwickcluntj , Herlio, 1824; Giraud, Du droit de succession chez les Athéniens,
in Ileeuede législation, t. XVI, p.97(si|. ; .'^cliiicider. De jure hereditario Athenien-
sium, Monacliii, 18ÔI ; Soiferl, De jure haeredilario Athemensium, Gve'dswM,
1842. — (pAiiTiF. HoMAi>E). SuF Ips succcssious ab ioLcslal à Rome : Accarias, l'récis
de droit romain, i' édil. t. Il, p. 1 sq. ; Cui|, Les Institutions juridigues des Ro-
mains, t. I, p. 2T8 sq. et l. Il, p. Cl 1 sq. : Gir.ird, Manuel de droit romain, V édil.
p. 6l'J sq. : May, Eléments de droit romain, 8' édil. p. 4'J8 si|. ; Maynz, Cours de
VIII
en Italie, mais ce n'est probablement pas une pièce uni-
que, comme on l'a dit'; elle présente la plus grande
Fi^'. MHi. — Saliot de voiture.
analogie avec deux fers que Grivaud publia comme des
socs de charrue [aratrim, fig. 437]". Ceux-ci sont de
forme losangiqueel les bords latéraux sont relevés dans
la partie médiane; toutefois l'absence de dessin coté et
le manque de renseignements sur les proportions des
instruments empêchent de contredire formellement l'opi-
nion du savant châlonnais.
On a prétendu que les anciens enrayaient avec une
chaine. Il se peut, mais on a tort de citer comme exemple*
le bas-relief découvert à Langres' en 1759 i fig. 0682). De-
vant la roue de derrière du chariot, il n'y a pas « deux
chaînes >> et l'objet suspendu horizontalement n'a pas cette
forme de « crochet » ou de faucille que lui donne Caylus '.
C'est un fuseau, long de 3.5 millimètres, pointu à ses deux
extrémités, renflé en son milieu oîi le diamètre est de
8 millimètres; cet objet ne figure donc pas un crochet
Fig. (!683. — Sabol poi
d'enrayure à la chaine, mais on peut y voir le profil
horizontal d'un sabot. Une mosaïque, découverte à Orbe,
en Suisse (fig. 6683) ', représente un char, sous lequel est
suspendu un fer courbé dans lequel on reconnaît mieux
la forme du sabot. Sorlin Dorigny.
SUFFRAGI.\ SEX [eqlites, p. 772; comitia, p. 1378,
1396].
droit
Mil. l. III, p. 193 sq.; l'clil, Tr. de ilr. romain, i' édil.
79 sq.
SOFFIBULUM. 1 Varr. De lintj. lai. VI. il ; Fost. Ep. 340.
SUFFLAMEN. 1 Juven. Vlll, 148; Prudenl. Psychom, 417.; Senec. Lud. de
mort. Ctaud. XIV, 3; Ej:c. contr. IV, praef.— 2 lier. Allie, .ipud Atlicn. III, 99 e
et Scliweighaôser ad l. — 3 Simarisl. De synom/m. ib. Euslalhe (p. 1944, 26)
donne la forme Uo/lii;. — 4L. A. Milani, Studi e matcriali. 1S99, I, p. 138,
fig. 42. — s Grivaud de la Vincelle, Arts et métiers des Anciens, 1819, pi. xxv,
n«' 3 et 5. — 6 Ricli-Chéruel, ùict. des Antiq. s. v. — 7 Au musée de Laugrcs ;
notre fig. a été dessinée d'après un moulage du musée de SainlGcrniain, n» 2.Ï849.
— 8 Rec. danliquit. Paris, 1761, IV, pi. cxxic, n. 2 et 3.-9 Mittheil. d. antiguar.
Oesellsch. in Zurich, XXXII, 1868. Voir aussi un bas relief au musée de
CbaUllon-sur-Seine, Espérandieu, B.-relie/s de la Gaule rom. t. III, p. i87.
196
SUG
1562 —
SUM
SUFFRAGIIIM. — On a dit dans do prôccdenls articles
en quelles circonstances cl de quelle manière on volait
dans les assemblées d'Athènes et de RonKî [ekklêsia,
niKASTAi, AiiKOB'AGiis, coMiTiA, soRTiTio]. Nous ne revien-
drons ici que sur le nom même et sur sa signilication
]wcimL'ro,(\mreslci]ou\Quse. Siiff'rngi 11171 ou sitbfrnf/ii/))!,
qui veut dire fragment, semble indiquer l'emploi de tes-
sons de poterie', mais cette indication ne s'accorde pas
avec la nature du vote romain, qui est une réponse à
une question posée par le magistrat-. Cette réponse a
été orale jusqu'aux derniers temps de la République, où
fut introduit par les legks ïabellariae le vote par écrit
au moyen de tablettes [tabvllae). Il n'est jamais fait
allusion à l'usage de tessons de poterie. Divers passages
des auteurs anciens autoriseraient à penser qu'avant
ces lois on votait tantôt de vive voix, tantôt en se servant
de cailloux blancs ou noirs'. Denys d'IIalicarnase, même
pour les premiers temps, se sert des verbes ÈTtKpépetv*,
àvioiorivï!, àTioTiôstrôat, àvaXa[ji.6iv£iv, porter^ j^eniettre le
sufl'rage; il ne fait qu'user sans doute des expressions que
lui fournissait la langue grecque ou qui étaient en usage
à l'époque où il écrivait. On disait : sup'raf/ium ifiire ',
sii/f'rnghim ferre^. Les mots su/fraglum, suff'ragave
étaient depuis longtemps courants et classiques'.
Celui qui avait à Rome \c Jus su/frcif/ii était en pos-
session delà cité complète, ojitimo/ia'e[i..ivn as, p. 12lSj.
E. Saglio.
SUGGESTUS. — Nom de toute élévation formée de
matériaux apportés [sub gero), et en particulier :
I. — La tribune du président des comices et celle d'où
les orateurs adressaient la parole aux membres de l'as-
semblée [coMiTiUM,p. 138'< et 1394]. La tribune aux haran-
gues, qui était consacrée par les anciens, par conséquent
un temple [tejiplumI, n'a pas d'autre nom connu avant
l'époque où elle fut décorée des proues des vaisseaux
pris aux Antiales ;368 av. J.-C,) ; on l'appela alors les
Rostres ' [forum, p. 1297 sq.].
IL — Le podium supportant le cubiculum d'où
l'empereur assistait aux jeux publics-; c'était une loge
close de toutes parts, sauf sur le devant; de là il voyait
sans être vu [ampqitueatrum, p. 215], Un autre suggestus
constituait le tribunal judicum de ces jeux [circus,
p. 1188].
III. — La chaire, dominant les auditeurs, oùse tenaient
les lettrés qui se faisaient entendre dans les lectures
publiques ' [lector], et la « barre » de l'avocat*.
IV. — Le tribunal d'où le préteur rend la justice
[triru.\al] ^ et sur lequel est posée lasella curulis [sella] .
V. — L'estrade d'où un général harangue son armée".
Ce suggestus est très nettement indiqué sur plusieurs
SUFFRAGIUM. 1 On lu rapproché aussi de su/frago, un osselet; cf. Wunder,
Codcj: Erfurtemis, p. i.r.ïxvir, Var. lect. p. 167.-2 Mommsen, Droit public rom .
VI, 1, p.46S de lalrad. fr. — 3 0vid. A/e(. XV, 41. —«-Dion. Hal. [1,14; IV, 12; V,
0; VII, 174; X, 41 ; XI, 5i, elc— 5T. Liv. I, 17, 9 ; II, S6, 10 ; III, 17, 4; VI, 33,
7; X, i:i. 11. — 6Cic. De rfom.XVII, 45; Hep. 1, 31; Ad fam.E il ,1 : Pro Sesl
51, 100. l'oniponius et Siscnnaap. Non. Marc. p. 4C8. - ^ Sitffragalor àsLr.s IMaul.
t'ajin. Il, 420. Suffragiim se rciiconlrc conslanimcnt chez Cicéron.
SUGGESTUS. I Flin. H. nat. XXXIV, 5, 20 : C. Maenius in suggestu rostra,
deviens Antiatibus, fixerai ; Liv. VIII, 14, 12. — 2 Suel. /. Caes. 7C, 1 ; cf. Aer.
12, I ; l'iin. Pan. Tr. 51, 4-.5 ; Klor. Il, 10. — 3 pers. I, 17. — « Cic. ùivin. I, 54 :
iltuj SMjijeatuw, in quo causant dixernl, ascenticns : aild. T'use. V, 20. — 5 Liv.
XXXI, 2'J, 9. — 6 Cao9. n. Gall. VI, 3, 0 ; Tac. l/isl. I, 30 et 55. — 7 H. A. Oiueher
et R. s. PooIc, Jloman iledallions in Ihe Dr. Mus. London, 1874, pi. xxxvu, 2 ;
XXXVIII, 5 ; XLI, S et 0. — » C. Cichorius, Die Heliefs der Traiansàule, Berlin
1896, pi. XI, XXI, i.vi, Lxxvii; S. Rcinach, Dépert. de reliefs, Paris, I (1909)i
p. 333si|. — 9pt.iersen-Doniaszcwski,Z>ie .Marcus-Sûule, Mûni-hen, 1S90. pi. LXniA :
Reiuath, 0. l. p. 308, 5i; cl 31 1, U7. — 10 Dûlschke, A„l. iUtw. iii Oberitulieti,
monnaies ou médaillons, qui représentent Vndlocutio
(fig. 106, 2837) del'Kmpereur, chef militaire \ et dans plu-
sieurs scènes de la colonne Trajane ' et de celle de Marc-
Aurèle'. C'est de cette hauteur que le général assiste à
une bataille et dirige les opérations, comme le montrent
divers bas-reliefs de sarcophages '° ; qu'il lient un conseil
de guerre". Il y reçoit des
ambassadeurs'^, préside à un
congiaire ou à toute autre
distribution (fig. 6011, 6012).
Des médaillons et d'autres
monuments représentent
l'Empereur assis sur le sug-
gestus, où l'on peut accéder
par des degrés (fig. 6684 et
5876) '^ [congiariumJ.
Dans les camps permanents, f-„ 6684. - Estrade.
le suggestus consiste en une
maçonnerie, qui compte de quatre à sept assises de
pierres de tailles'^ ; il atteint à peu près sur les monu-
ments le tiers ou la moitié d'une hauteur d'homme,
mais l'échelle en est peut-être réduite à cause de l'étroi-
tesse du cadre. Vlmperator y est souvent entouré de
plusieurs officiers '^
VI. — L'échafauil sur lequel un condamné est exposé
ou subit son supplice [crux, siipplicium]. Victor Ciiapot.
SUMMA IIONORAUIA [uonoraria summa].
SUMMAIVUS. — Ce vocable religieux qui en rappelle
d'autres semblables, tous s'appliquant à d'anciennes
divinités romaines ou latines [sorani's], se rencontre
pour la première fois chez Plante : le dieu qu'il
désigne est invoqué par un esclave voleur, et le verbe
summanare est employé ailleurs comme un synonyme
pittoresque de furtum facere '. Dans l'histoire du culte,
il ne remonte pas au delà des guerres contre Pyrrhus ;
c'est en 278 av. J.-C. qu'une statue en argile qui le repré-
sentait, ou sur le fronton, ou au faite du temple de Jupi-
ter Capitolin, fui frappée de la foudre et la tête projetée
dans le Tibre où on la retrouva plus tard-. Pour expier
ce prodige on voua à Summanus un sanctuaire auprès
du Grand Cirque, dans le voisinage de celui de Juventas;
la dédicace en eut lieu le 20 juin, date à laquelle on
continua de lui offrir des sacrifices. Parmi les prodiges
de l'an 197 av. J.-C , au cours de la seconde guerre
Punique, on mentionne que la foudre frappa également
le sanctuaire'. Tous les témoignages des historiens sont,
en ce qui concerne la nature du dieu, ou obscurs ou
ambigus ; pour les uns Summanus est une divinité spé-
ciale, pour les autres seulement un vocable donné à
Jupiter Capitolin*. On les peut concilier en admettant
I, 60 ; 11, 105 el 401. — " Cichorius, Trainnsûnle, pi. ix et lsxviii. — 12 Marcns-
Sûule, pi. ivi A. — 13 Gruebcr et Poole, Op. cil. pi. xlvm, 2; Frœhncr, Les
médaillons de l Empire romain, Paris, 1878, p. 175 (add. fig. 1800). — t» Traian-
siïule, Murcus-Sûule, loc. cit. — '5 Sur un médaillon de l'robus, Krœhner, 0. c.
p. 86, 09 (p. 238), des captifs sonl groupi'S au bas de la tribune comme s'ils la sou-
tenaient. Sur l'arc de Conslantin à Rome, ou voit l'empereur faisant une allocution
du haut d'une tribune eu bois ; les clous sont indir|uiis très netlcmeut (Reinach,
Op. cit. p. 241-243, 247, 248; cf. la colonuc Aurélienne, ihid. p. 325, n. 123).
SUMMANUS. 1 Plaut. Bacchid. 895; Curcul. 413, 543. — 2 Cic. Diein. I, 10 ;
T. Liv. Epit. XIV. — 3 Ov. Fast. VI, 729 sq.; T. Liv. XXXll, 29, I; Plin.
Hist. n. XXIX, 67; Corp. i. lut. 12, p. 320; Kal. Venus. Esq. Amit. summan (o) ad
orne (um) MAXIM (um). Pline, par erreur, a placé l'image en argile du dieu, non au
Capitolc, mais au sanctuaire du Grand Cirque. —4 De mOmo dans les inscriptions
OrelU, 1216, juvi alto summano que Preller-Jordan, floem. Myth. I, p. 244, corrige
et explique à lorl : Jori alto tonanti et Summano. L'inscripliou chez OreHi. 3250,
est en l'Iiouneur de Jupiter Summanus. Cicéron, loc. cit., dit expressément que ce
fut la statue de Summanus qui fui renversée par la foudre : Tile-Livc, Epit. XIV,
SUM
lf)63
SUO
qu'à l'origine Summanus exprimait une fonction de ce
dernier et que peu à peu le vocable se délaciia du dieu
pour désigner une personnalité distincte
D'après Varron, Summanus est un dieu d'origine
Sabine, introduit dans le culte romain par T. Talius
et qui personnifia ou le ciel nocturne ou la foudre qui
frappe durant la nuit'. Il semble avoir fait partie du
groupe de terminus, de juviî.ntas, de fides, dont les
noms sont également des vocables donnés à Jupiter el
transformés ensuite en divinités distinctes de lui-. Dans
la discipline des auspices postérieurs, on distingua la
foudre diurne attribuée à Jupiter (fuUjur diuin) et le
fulfjur noclurmtm qui était lancé par Summanus ; et
même Summanus, interprété par sub mane, se serait
appliqué au seul phénomène qui se produisait vers le
matin. Les uns et les autres étaient l'objet d'une céré-
monie d'expiation qui se résumait dans le verbe coii-
dere^. On enterrait les foudres diurnes en immolant des
béliers blancs, les autres en sacrifiant des béliers noirs ^
Tout à fait au déclin du paganisme, le vocable Summa-
nus était mis en rapport avec les Mânes et le dieu qu'il
désignait identifié avec Dis Pater ou Pluton".
On comprend, à la lumière de ces faits que, de très
bonne heure, la religion populaire ait fait de Summanus
un dieu des voleurs. Ce fut par une association d'idées
semblable à celle qui donnait Laverna, forme double de
Lara, la mère des Lares, comme patronne aux voleurs :
l'un et l'autre devinrent leurs protecteurs à la faveur
des ténèbres qui couvraient leurs méfaits''. Au déclin
de la République, on avait cessé d'avoir du dieu une idée
précise, et Ovide, quand il rencontre son culte dans les
Fastes, se tire d'afi'aire par un quisquis is est, qui
témoigne de son embarras". Comme Cicéron remarque,
en parlant de la statue frappée par la foudre en 278,
qu'elle était alors en argile, il faut admettre qu'on la
remplaça par une image en bronze : elle devait se dresser
sur le toit, probablement dans la partie ouest, le qua-
drige de Jupiter couronnant le fronton*. Outre les
victimes animales qui étaient immolées au dieu, d'après
les actes des Frères Arvales, on offrait à Summanus des
gâteaux nommés suinmanalia. Ils avaient la forme d'un
disque, symbole du char du tonnerre, et ils rappellent
les disques, ceux-ci en métal, qui figurent dans le culte
de Dius Fidius [semo sa.\cus]\ J -A. Hu.d.
SL1MPTITS, SUMPTUARLAE LEGES. — L'Ëlat romain
lutta de bonne lieure contre les excès du luxe, surtout
pour le costume, la table, le mobilier, les funérailles el
les tombeaux. En laissant de coté des textes apocryphes
de l'époque royale, interdisant certains poissons ou
l'usage d'arroser de vin le bûcher funéraire, c'est dans la
loi des XII Tables qu'on trouve les premiers règlements
de ce genre, pour les funérailles [kim's, p. 1392-1398] '.
Sous la République, les progrès du luxe, l'invasion des
p. 124
Fidea,
Hisl.
fut la statue de Jupiter; Pline, avec Cicéron ; Summanus in fastif/io Jovis
— * Varr. Ling. lat. V, 74 2 cf. Wissowa, Religion und KuUus, etc.,
; dans le Dict. fidbs, II, 2, p. IIIC ; jlvf.stas, III, t, p. 7S5. Cicéron nomme
de off. m, 104, vicina Jovis 0. M. — ^ Pest. p. ^29; Paul. D. p. 75; Plin.
n. Il, l3s;Aug. Cio. D. IV, 23; Corp.ins. lat. VI, 206: purcua summamm
■h; BuUett. arcll. comm. I.X, 1881, 8; et Wissowa, ibid. p. 107. V. encore
i, lYotizic, 1880, p. 405; et les articles eidestal, puteai.. — '» llenzen, Acta
rv. p. 140; et Acta, .\LIII. C. i. l. V .'ioeo. — 5 Summanus Summus
m; Arnob. V, ." et VI, 3; llart. Cap. II. 161; Aug. Civ. D. IV, ii.
'. l'reller-Jordan, Op. cit. I, p. 2i4. — J'\t8t. \'l 731 reddita, guisquis
, Summano templa feruntuT. — Gilbert, Gcschichte und Topoyr. III,
, note 2; surtout p. 382, note 4 p. -iSZ, note 1. Pour la f|uestion lopo,!,'ra-
mœiirs grecques et orientales amènent successivement,
el d'ailleurs sans aucun résultat sérieux, les lois somp-
luaires suivantes : Ojipia, Orchia, Fania, Didia,Aemilia,
Licinia, Cornelia, Antia, Pompeia, Licinia (simple
projet), Julia (de César, renouvelée par un édil de Marc
Antoine) ^ [lex, p. 1J56, ll'ii, 1142, 1128, 1152, 1141,
1128, HOO, 1147], Les édiles et les censeurs étaient char-
gés de les faire appliquer el pouvaient aussi dans leurs
édils prendre des dispositions analogues (aedilis, cen-
sor]. Sous l'Empire nous trouvons d'abord une loi Julia
d'Auguste [lex, p. 1L51]. Tibère restreignit les dépenses
des jeux de gladiateurs et des spectacles el demanda au
sénat de diminuer le luxe du mobilier et de fixer tous
les ans le prix des denrées ; les édiles devaient surveiller
les cabarets el les tavernes et empêcher la mise en vente
des pâtisseries; un édit restreignait en outre aux
calendes de janvier l'échange des étrennes''. Au début
du règne de Néron, une loi du même genre et aussi inu-
tile restreignit les dépenses el défendit la vente, dans les
cabarets, d'autres plats que des légumes cuits '. Les
dernières mesures analogues sont des règnes d'Antonin^
et de Marc-Aurèle sur les jeux scéniques et de gladia-
teurs ; Marc-Aurèle défendit de donner plus de dix pièces
d'or aux acteurs et provoqua un sénalus-consulte qui
diminuait en dehors de Rome les frais des jeux de gla-
diateurs [gladiator, p. 1570-72] ^ Cu. Lécwv.^ix.
SUOVETAURILIA, SOLITAURILIA '. — Sacrifice où
les trois pièces principales du ijccus, porc (.sms), bélier
Fig. 068
(oti/.v), taureau (/a«/'Ms) étaient réunies comme victimes.
Les Romains l'oflraient à Mars, le dieu protecteur de leurs
champs el de leurs armes [mars, p. 561], dans toutes les
phique. V. encore Bcckcr, Topogr. p. 473 et Jordan, Topogr. I, 2, p. 08. — 9 Ecst.
p. 318; cf. T. Liv. VIII, 20, 8; Hesych. U..r;Sfovta et 5e>fi. SA^cus, p. 1184; pour
la signification des disques de ce genre, Crimm, DeuUche lilylholog. 1.51.
SUMPTUS, SUMPTDARIAB LEGKS. 1 Plin. Hist. nil. 32, 2, 10; 14, 12
Testus, p. 2.Ï3, V. po«uccre. —2 .M acrob. 2, 13. — 3 Suet. Tib. 34. — iSuct. Ner
10. _ 5 V,(. PU. 12, 3. en lisant avec llirsclifcld imminuit pour imtUuit. Cf. C
ins. lat. 5, 7637. - 6 C. ins. lat. 2, 6278 ; Vit. Marc. 1 1 , 4 ; 27, 6. - Bidiiocoa
PHie. (iormîu, De legibus flomanorum sumpluariit, Leydc, 1810; Rein, art,
Sumplus, dans Pauly's lieat-Iincijclop. VI, 2, 1505-1511.
SUOVETAUBILIA, SOLITAURILIA. ' Sur ces deux noms dont le rapport ne
parait pas délinitivement établi, ». Feslus, p. 161, 189, 293; Val. Ma». IV,
1, 10.
SUP
1364
SUP
circonslances où lalustralion élailjugéc nccessaiicpour
la purilkalion et la préservation des terres du pagus, de
la cité, de larmée ' [listratio]. Les animaux avant d'être
immolés étaient promenés [pompa trois fois autour de
ce qui devait être purifié.
On a vu (fig. 4G9-2; la procession des trois victimes
autour du camp. l,a ligure 6G8.5 représente les stioretau-
rilid au retour de l'armée à Home. E. Saglio.
SUPELLEX. — Les opinions des jurisconsultes sur
la signilïcalion du mot supellex sont réunies dans le
Digeste (XXXllI, 10, de supellcctile Icrjata). Daprès ce
texte, la supellex comprend les meubles nécessaires au
train ordinaire de la maison, lits, tables, sièges, appareils
d'éclairage, armoires, la batterie de cuisine, la vaisselle '.
Elle ne comprend pas les objets qui servent à l'exercice
d'un métier déterminé, non plus que les livres et tablettes
à écrire -. La supellex est distincte de Vargentum et de
la veslis^ : entre elle et ces deux autres catégories d'ob-
jets la démarcation est difficile à préciser. Dans le langage
courant il peut arriver que vestis se confonde avec
supellex ' : les jurisconsultes s'ingénient à être plus
exacts. Il va de soi que la supellex ne comprend pas les
vêlements". La literie rentre dans la supellex, exception
faite pour les couvertures {strngulaj, qui font partie
de la vestis °. Les tapis des sièges sont compris dans
la supellex, mais non les tapis employés dans les
voitures '.
Le progrès du luxe ne permit pas toujours de faire la
même distinction enlr la supellex et Vargentum : ce ne
fut plus la matière, mais la forme et l'usage de l'objet
qu'il fallut considérer*, .\insi les meubles inscrustés d'ar-
gent, d'or et de pierres précieuses, furent compris dans la
supellex, au même titre que les meubles de bois sans
ornements de métal. L'objet ne cesse pas de faire partie
de la supellex même quand il est tout entier en métal
précieux^. Les vases murrhins [mlrrhina] font partie de
la supellex au même litre que la verrerie'". 11 serait
logique aussi que la vaisselle de métal précieux fût com-
prise dans la supellex au même litre que la vaisselle
d'argile ou de bronze ; mais l'accord ne s'est pas fait sur
ce point Tandis que la langue courante, suivant les pro-
grès de la civilisation et du luxe, a étendu peu à peu le
mot supellex des objets d'argile, de bois, de verre el de
bronze, aux objets d'ivoire, d'écaillé, d'argent et d'or",
la langue juridique n'admet pas cette extension. Cepen-
1 Pour le champ privé on pouvait avoir dos sitovetaitrilia lactentia {porcus)
aynua, titulus. Cal. fi. rust. 141 ; ordinairement on sacrifiait des hostiae ma-
jora. T. Liv. XXX, 21, 16; XXII, 1, 15 ; XXX, ïl, 10 , XL, 2, i; XLIll, 13, 7. Cf.
.VXXVU, 3, G. Voy. Cal. /. c. la prière adressée au dieu.
SUPELLEX. 1 Dit]. /.. c. .5 3 (énumération de ï'aul). Mais quoique les boilesel 1rs
armoires en général Tassent partie de la supellex, celles i|ui sont spécialement
alTectécs à des objets distincts de la supellex , livres, outils, vêtenientsi sont
attribués, non au légataire de la supellex, mais au légataire de ces objets {ibid. ;
cf. Paul. Senl. III, 6, G7, Jurispr. antejustin., éd. Husclike, p. 468). — i L. c.
§ G (opinion d'Alfenusj : Supettectilis eas esse respecta, guae ad usinti communem
patris familias paralae essent, quae nomen sut generis separalim non haberent :
quare quae ad artificii yenus aliquod pertinerent 7iegue ad communem usum
patrts familias aecommodatae essent, siipe'lectilis non esse. Hed nec pugillares
et codicea m supellectili sunt. Cf. le § 3, où Paul eiclut de la supellex : libres,
vestes, armamenta. Et voy. Ulp. ùig. XXXÏII, 7, lî. — 3 £. c. § I (défmition de
Pomponius) : supellex est domeslicum pntris familiae instrumenlum. guod negue
aryento auroce facto rel vesti adnumeretur. (.Argentum seul s'emploie avec la
môme valeur que argentum aurumve factum). Cf. g 7 (définition de Tubéron).
— * V. l. e. § 10 (cas cité par Labéon) : gui i-cstem omnem rt res plurium generum
supetlectilis expenso ferre solitus erat, etc. Cf. g 7 (opinion de Scrvius».
— 5 i. c. § 7 (Scrvius). — 6 i. c. § 3, el § 5 (opinion de Paul). — ' L. c. ^ S,
(opinion de Paul). Pour les tapis des voilures, dicendum est potius instrumenti
viatorii ea esse. — f i,. c. § 3 (Paul) et § 7 Itjelsus) : speciem potins rerum guain
materiam intueri oportet. — ^ L. c. g 3 (Pautj et § y (Papinicu;. C'e>t |iar iiuc
danl la limite ne peut être qu'arbitraire : l'embarras des
jurisconsultes, quand ils ont à la fixer, se traduit par le
vague des critères qu'ils indiquent : Trebalius et Labéon
excluent de la supellex « ce qui est fait pour le plaisir
plutôt que pour l'utilité " '- ; Servius veut qu'on ait égard
dans une certaine mesure à l'intention du testateur".
En définitive, l'opinion qui prévaut est celle qui exclut
de la supellex Vargentum escarium vel potorium ".
Le serviteur, esclave ou afifranchi, qui est chargé de la
surveillance du mobilier ainsi défini, s'appelle a supel-
leclile'^. Le Digeste mentionne les supellecticarii
serci'^; ce texte mis à part, l'existence de l'a supel-
lectile ne nous est connu que par des inscri plions. Toutes
celles qui nomment celle fonction se rapportent à des
esclaves ou à des afl'ranchis de la maison impériale'''.
On trouve des a supellectile parmi les serviteurs de
Livie, de Tibère, de Caligula, de Marcella Minor '*; on
rencontre aussi un a supellectile clumus aurine (sic) ",
un affranchi de l'empereur qui est a superlectile (sic)
p{uerorum) Cae{saris) nostrif, un autre qui est a
supell. castrensi-^. Enfin le titre de ad supellect. (sic)
se lit sur l'épilaphe d'une femme'-. E. .Xlbeistim.
SUPERFICIES. SUPERFItlUM'. — Lasuperficie dans
le langage desjurisconsultes romains, super/icies, est une
surface en hauteur, distincte de la surface horizontale
ou soluni au-dessus de laquelle elle est élevée".
A Rome la propriété du sol entraînait en principe
celle de la superficie. Mais, de bonne heure, le proprié-
taire du sol a pu concéder à un tiers le droit d'y bâtir
une maison dont il jouirait pendant un long terme ou
à perpétuité comme un vrai propriétaire, en payant
une redevance dite solarium, ou aussi pensio, merces'.
Dans un second cas moins fréquent, c'est le pro-
priétaire du sol qui construit la maison et en con-
cède la jouissance, moyennant le remboursement du
prix et le paiement du solarium. Dans les deux cas
la lex locationis sire conductionis peut sans doute
prévoir que si la redevance cesse d'être payée pendant
un certain temps, le propriétaire aura le droit de vendre
l'immeuble '. Selon le droit civil le superfîciarius n'avait
aucun droit réel sur l'édifice élevé sur le sol d'aulrui ;
il ne pouvait qu'agir contre le concédant, comme loca-
taire dans le premier cas {ex conducto\ comme acheteur
dans le second {ex empto), et obtenir des dommages-
intérêls si le trouble venait du concédant ou la cession
faute de langage qu'un candélabre d'argent, par esemple, peul se trou\er, dans un
testament, classé parmi Xargentum (cf. g 3 ; error jus facit, et g »). — 10 /,. c.
S 3 (Paul), et g 1 1 (Labéon). — *1 L. c. %' : nec mirum est morihus cicitatis et
usu rerum appellationem... mutatam esse: nam fictili aut lignea aut vitrea aitt
aerea denigue supellectili utebantur, nunc ex ebore atque testudine et argenlo,
jam ex auro etiam algue geinynis supellectili utuntur. — *2 ^. c. g 11 : Si guid..
magis deliciarum quam usus causa paratum esset. Exemple : les fontaines de
bronze. — IS £. c. § 7. — i^L. c. g 7 (Servius) et g 8 (Cbrodestiuus). En sens
contraire, v. Paul. Sent, lll, 6, 67. — 15 La maison impériale, à côté des
a supellectile, comprend des officiâtes rationis vestiariae, des ab argento, nb
auro gemmato, ab auraturis, des praepositi auri escari, potori, argenti potori,ele.
iCorp. inscr. lut. VI, 8729 sq.). Il semble doue que les divisions établies par les
juristes aient été observécsdans la répartition du travail entre les dilTérenls serviteurs.
— *ô Oig. XX.XlIt, T, § 12, 31. — ''' Exception faite pour uu certain Philargyrus
qui est dit simplement supellect{icarius) dans une inscription de Pouzxoles {Corp.
inscr. tat. X, l'J60). M. Dubois {Pouzzoles antigue, p. 13l| fait de lui un fabricant
de meubles (eu rétablissant supellectiliarius). — **■ Corp. inscr. tat. VI, 4035, 4036,
5358, 8654, 4-357, 4471. — 19 Ib. VI, 3719. — 20 /*. VI, 8973. _ 21 Ib. Vi,
8335. _ 22 U. VI, 904<1.
SUPERFICIES, SUPERFICIDM. 1 Voy. les inscriptions où se trouve cette
ortliograpbc, réunies p.ir Promis, l'ocflô. tat. di archttettura (i/em. delV Accad.
d. Se. di Toriuo, Ser. Il, t. XXVIII) 1875, p. 192. — » Dig. 43, 18, 1 : cf. 39, i,
B; Cod. Theod. 13, 1,9. —^ Dig. 43, 18 : 13, 7, 16 §2; 6, t, 74. — » Ibid. 13, 7,
IG g 2. Ce temjis est |ieut-èlre de deui ans.
SUP
— 1565
SUP
de ses actions, et interdits si le trouble venait d'un
tiers'. Mais de bonne heure le préleur est venu à son
secours en lui accordant d'abord un interdit spécial, à
l'exemple de l'interdit lUi possidetis et, probablement
plus tard, des actions réelles utiles. L'interdit qui pro-
tège la jouissance {f'rui) est double et suppose l'absence
dos trois vices vi, clam, precario. L'action n'est accordée
que cofjtiita causa, probablement parce que dans Yin-
tentlo de la formule la location doit être de longue durée
ou perpétuelle-. I^a reconnaissance au superficiairc de
la propriété prétorienne de l'édifice lui a donné peu à
peu tous les droits afTérents à la propriété, droits d'alié-
ner, de transmettre, d'hypothéquer, de créer des servi-
tudes, et toutes les actions qui les protègent ^ L'origine
du droit de superficies se trouve probablement dans le
droit de bàlir sur un terrain public, concédé, moyen-
nant redevance, par l'Etat ou les villes [solarius] '\ Mais
il y a toujours eu des dilTérences entre ces deux droits.
Cii. Lécrivain.
SUPERIIVDICTIO. — Ce mot, qui a de nombreux
synonymes, superindictum, superindiriitium, superin-
dictilii lituli, augmenlum, extraordinaria indiclio,
désigne au Bas-Empire les taxes supplémenlaires ajoutées
en cas de besoin à l'impôt foncier ordinaire, à Vindiclio '
[thibutum]. Théoriquement l'Empereur se réserve le droit
de les établir, sur le rapport des préfets du prétoire ;
mais en fait, comme le montrent de nombreuses lois,
qui répriment cet abus, ces fonctionnaires les ont sou-
vent levées de leur propre autorité^ Les textes con-
fondent souvent avec la superindictio proprement dite
les tnunera exlraordinuria, prestations extraordinaires,
ajoutées aux prestations ordinaires qui complètent
l'impôt foncier, telles que les angariae, les operac, les
fournitures de chevaux et de soldats'. La superindictio
frappe régulièrement toutes les terres, sauf celles du
domaine impérial et de quelques catégories de fonction-
naires, tels que les chefs des bureaux de la chancellerie
et les silentiaires*. Cii. Lkcrivain.
SUPPARUM ou SIIPPARUS ' (i:i7:ap&;j. — l. Voile
de navire, triangulaire, que l'on hissait au haut du
mat, au-dessus de la grande voile carrée, pour proliter
de la plus légère brise, quand le vent était faible
[velvmJ.
IL Vêtement de femme-, en toile', introduit à Rome
dès le 111° siècle av. J.-C. '. 11 venait peut-être de la Grèce
et de l'Orient, si l'origine du mot est aiTtapoç ou l'hébreu
sepher (voile); d'après une indication de Varron, il
aurait passé par la langue osque°. C'était une tuni-
que'', un indusium, à mettre par dessus la tunique inté-
rieure, subucula \ qui se portait sur la peau; elle cou-
' 43, 18, l § I. — 2 43, 18, 1§ 2-3.— 3 6, 2, 12 § 3 ; 10, 2, 10 ; 39, 1 , 3 § 3 ; 30,
2, 13 § 8; 39§2;43, 18, 1 § 8-9; 13, 7, IC § 2. — ^ V . Degmkôlb, Plat::rechl und
Miele, p. 103. — BiDuoGRAPiiiE. Pcllat, Propriété, i' éd. Paris, 1833, p. 97 ; Dcrn-
burg, Pandelclen, Leipzig, 1894,2° (îd., pi. 23,46; Karlowa, Itnm. RechtsgeschiclUe,
Leipzig, 1901, I, 3. p. 1260-1208; Aecarias, Précis de dr. romain, Paris, 1882,3' (jd.
I, p. 689-091 ; P.-r. Girard, Manuel de droit romain, Paris, 1901, 3- éd. p. 381-383.
SUPKUIKDICTIO. ) Cod. Theod. H, 6 ; 6, 23, 3, 4; G, 20, 14; 11, 1, 23, 29, 30 ;
II, 5, 2; 11, 16, 1, 3, 16, 20, 23; 11, 19, 4 ; 11, S, 2; 11, 20, 3; 15, 1, 33; No«.
Major. 2, 1 pr. ; Cassiod. Var. 1, 20; 3, 14; 9, 10 ; Sidon. Ep. 2, 1 ; Syncs. Ep.
79; Arabros. Ep. 24. — 2 c. Ih. Il, 10, 1,7, 8, 11; Araraian. 17, 3; Salv. De
ijub.Dei, 5,0; Anibros. /)e obil. Valent, c. 21. — 3 C. Th. Il, 10. — 4 Ibid. Il,
l. 36 ; 11, 10, I, 2, 9, 13, 20; C, 23, 4; 0, 20, IV; II, 19, 4. — Iiiiii.io..ic.M'iiii:.
Godefroy, ad Cod. Theod. XI, 6 et 16.
SUPPAnUJI. 1 On trouve aussi siparum, sipharum, sipharis, ^îiaso;.
— ipesUis, Ep.p. 311; Afranius, ap. Non. p. 140 ; Ilibbcck, Corn. lut. /r. I|2, p. 180;
Verba Achillis inParthenone, iuWernsdorf, Poet.lat. minor, l\, p. 425;Tertull.
De pall. c. IV. — 3 Novius ap. Non. p. 540, s, et Afranius, Comm. Bern. Lucan. Il,
vrait les bras que lusubucula laissait nus, et descendait
des épaules jusqu'aux talons*.
Il ne faut pas essayer sans doute d'en trouver le type
dans les œuvres de la sculpture antique. Le supparutn
plus ample, moins serré au corps que la stola,
serait, semble-t-il, plus facile à reconnaître, mais il de-
vait être négligé par les artistes parce qu'il n'offrait pas
pour draper une statue les plis abondants et harmo-
nieux de la palla. Nous en chercherions plutôt des
exemples dans les rares peintures qui représentent des
scènes de la vie familière au temps où déjà \& palla et la
stola disparaissaient de plus en plus dans l'usage jour-
nalier. Ainsi dans des peintures de Pompéi " on voit des
femmes hors de chez elles, vêtues d'une robe qui est
comme un large surtout couvrant les épaules et tombant
droit jusqu'aux pieds {fig. 4922).
On rencontre encore le mot supparus '" à la fin de l'an-
tiquité, mais alors avec le sons de tunique de dessous
[subucula, camisia). E. Saglio.
SUPPLICATIO. — D'après l'étymologie, le mot sup-
plira/io désignait en latin l'acte de s'adresser à la divi-
nité, de l'implorer en prenant l'attitude d'un suppliant,
supplex. Celte altitude est définie par les termes précis
que Tite-Live emploie, quand il décrit les matrones
romaines parcourant les sanctuaires en l'année tâ4- '2, l"^
av. .1 -C, au moment où l'on apprend la marche d'ilan-
niijal sur Rome: ... circa deuui délabra discurrunl...
nexae r/enibus, supinas rnanus ad caelum et Deos ten-
denfes'. En fait, le terme supplicalio, supplicationes,
a été surtout appliqué à un rite public cl collectif, que
les principales autorités, politiques ou religieuses, de
l'Etat romain décrétaient dans certaines circonstances,
sinon exceptionnelles, du moins particulières et déter-
minées.
Les sup/)licationes étaient célébrées lorsque des pro-
diges, des calamités publiques, des malheurs extraor-
dinaires semblaient attester la colère de ladivinité envers
la cité romaine. La plus ancienne supplicalio de ce
genre que nous connaissions paraît être celle de l'an
464 av. J.-C.^; la plus récente, que les textes signalent,
date de64ap. .I.-C, l'année même de l'incendie de Rome
qui en fut la cause'. Outre les prodiges proprement dits
[prodigia], donnèrent lieu à supplicatio des épidémies
meurtrières*, des paniques provoquées par de graves
insuccès militaires ou la crainte d'un siège", plus rare-
ment des disettes". La supplicatio, dans tous ces cas-là,
était destinée à apaiser les dieux irrités : Tite-Live se
sert à deux reprises difTérentes de la formule caracté-
ristique : pacein deum exposcere''.
Parfois, mais rarement, semble-l-il, une supplicatio
36 4. — i Naevius ap. Fesl. Ep. p. 310, 13. Naevius, L. t. dit : et puniceum, ce
qui peut s'entendre soit de l'orifjine carlbaginoise, soit de la couleur rouge ;
Novius, (. c. (cf. Ribbcck, Comic. rom. fr. 2, 1898, p. 321) parle d'un supparus
parus melitensis linteus. Pour la «pialification de l-elit^nsem ou beltiensem dans
les manuscrits, cf. Isid. Orig. XIII, 21 : vetensis tunica est quae nffertur ex insulis.
V. aussi Ock s. i). Flaclis. dans Pauly-Wisaowa, Iteal-Encycl. — 6 Varr. Ling.
lat. V, 131. — c ,\ov. Naev. Afranius, l. c. ; Plant. Epid. Il, 2, 48. — ^ Varr.
/. c. ctap. Non. p. 542, 22; cf. p. 539, 32. — «Lucan. Phars. II, 363 humarisque
haerentia primis suppa>-a nudatoi cingunt attgusta lacertos; Nonius, p. 310, 8 :
Supparum est linteum fémorale (lire humorale avec Ruper, Varron. Eumenid.
reliq. Il, p. 12 s<|. Gcdani, 1802) usque ad talospcndens. —^Pitt. d'Ercolano,
III, 41 et 42; 0. Jahn, Ahhandl. d. sûchs. Gesellsch. V, 1808, pi. i, I et n, I.
— 10 Corp. gloss. lat. VII, p. 310.
SUPPLICATIO. I Liv. XXVI, 9. — 2 I.iv. III, 5. - 3 Tacit, Ann. XV, 41.
- 4 Liv. III, 7; IV, 21 ; X, 47; XXVII, 23; XXXVIII, 41; XL, .37 ; XLI, 1\ ; Jul.
Obscq. LXXll, LXXXI. — = Liv. V, 18; XXII, 9 si].; XXVI, 9. — Mul. Ubsc.|.
LXXII, LXXXI. - 7 Liv. III, 5 et 7.
SUP
— 1566 —
SUP
av.iil lieu au dél)ut d'une guerre importante, pour assurer
aux aruies cl à la politique romaine l'appui de la divi-
nité. Les consuls et le sénat décrétèrent une siijip/icatio
en 20(), lorsque la décision eut été prise de déclarer la
guerre à Philippe de Macédoine' ; de même en 191, au
moment de la rupture avec Antiochus de Syrie -.
Beaucoup plus fréquentes furent les siipplicationes
décrétées pour remercier les dieux des victoires rem-
portées par Home. Les textes nous en font connaître
une longue série depuis le premier siècle de la Répu-
blique romaine' jusqu'au temps de César' et d'Octave".
\ celte dernière catégorie doivent être rattachées les
supplicationes en l'honneur d'Auguste et des empereurs.
Ce ne fut plus seulement après des victoires remportées
sur les ennemis du peuple romain et une fois, ce fut
à propos de tous les événements heureux qui se pro-
duisaient dans la vie du prince et, dans certains cas au
moins, tous les ans au jour anniversaire de l'événement.
Sous Tibère, une supplicalio fut votée par le Sénat après
l'échec du prétendu complot de Libo Drusus'^; sous
Néron, des supplicationes eurent lieu, à la suite des
victoires de Corbulon en Arménie^; après le meurtre
d'.Vgrippine'; après l'exécution de Sylla et de Plautus
accusés d'avoir conspiré' ; et même si nous en croyons
Suétone, lorsque Néron fut monté sur la scène pour y
déclamer des poèmes lyriques '". Des supplicaliones du
même genre furent encore célébrées, au ni'' siècle, au
temps deMacrin" ; après le meurtre de Maximin et de son
fils Maxime'^ ; lors de l'avènement de l'empereur Tacite '\
1/existence de supplicationes annuelles est attestée par
plusieurs documents épigraphiques. Le calendrier des
Frères Arvales et celui d'Amilernum signalent pour le
troisième jour avant les Nones de septembre (le 3 sep-
tembre) : Feriae et supplicationes ad omnia pulvinario
quodeo die Caesar Aug. in Sicilia vicit^^. Un fragment
de calendrier religieux trouvé à Cumes énumère seize
jours de supplicationes en l'honneur et en souvenir soit
d'Auguste lui-même, soit de membres de sa famille,
par exemple les jours anniversaires de la naissance
d".\uguste (le 23 septembre), de la naissance de Drusus
(le o octobre), de la naissance de Germanicus (le 24 mai),
de la naissance de César (le 12 juillet), de la naissance
de Tibère (le IG novembre); ou encore les jours anni-
versaires de la dédicace de VAra Fortunae lieducis
(le 13 décembre), de la dédicace de VAra Pacis (leSO jan-
vier), de la première salutation impériale d'Auguste
(le 13 avril), etc. ' '. Enfin une inscription connue de Nar-
bonne " nous apprend que dans cette colonie des suppli-
cationes avaient lieu chaque année le neuvième et le
huitième jour avant les Kalendes d'octobre (23-24 sep-
tembre), aux Kalendes de janvier (le 1" janvier), le
septième jour avant les Ides de janvier (le 1 janvier) et
la veille des Kalendes de juin (le 31 mai). De ces dates
I l,iv. .\XX1, 8 5i|. - 2 Liv. XX.XVI, I 5q. — 3 La plus ancienne i|uc Tite-Livc
mentionne fut célébrée à la suite d'une double victoire remportée sur les Sabius en
■USav. J.-C. : Liv. 111,63. — * Caes. De B. fi. II, 35; IV, 38; Vil, 00. Cf. Cicer. iie
prov. cons. 10; Suetoo. Caesar, îi. — 5Cic. Pkilipp. XIV, 5, 8, 11, 14; cf. Ad
Famil. XI, 18. — 6 Tacit. Ann. 11,32. — 1 Id. ibid. XIII, 41. — 8 Id. ibid. XIV, Ii.
— 9 Id. ibid. XIV, 59. — 10 Siieton. Aero, 10. — 'I Hcript. Hist.Aug. XVI, 3. — 12 Id.
XX. if,.— 13 Id. XXVII, \î.—nCorp. imcr.lat.\ï, p. 3J8. — I5C. i. (o(. X, 8375.
— '« C. i. lat. XII, 4333. - " Le 9— jour avant les kalendes d octobre (le 23 septembre)
était le dies natalis A uyiisti, le 7"»*' jour avant les ides de janvier (7 janvier) était le
jour où il avait pour la première fois revêtu les insignes du consulat. — 18 Pridie
K(alendas) Junias, quod ea die T. Stalilio Tauro M. Aemitio Lepido cos. judicia
plebi» deciirionibut conjunxil. — 19 Obsecratio : Liv. IV, il; XXVI, 23 ; ,XLII, 20 ;
les unes étaient importantes dans la vie d'.\uguste "; la
dernière n'avait d'intérêt que pour la juridiction muni-
cipale " ; quant à la date du i" janvier, elle avait depuis
longtemps dans la vie romaine un sens analogue à celui
qu'elle a chez les modernes. Les supplicationes, qui se
célébraient tous les ans à des dates flxes, différaient,
précisément par ce caractère régulier, des supplicationes
de l'époque républicaine, que le sénat ou les magistrats
décrétaient à propos d'événements spécialement graves
ou importants et qui n'avaient lieu qu'une fois.
Si l'on fait abstraction des variétés et des dilTérences
de détail, les supplicationes peuvent être divisées en deux
classes principales : les oôsecrationes, ou supplications
destinées à apaiser les dieux irrités ; les gratulationes,
ou supplications destinées à remercier les dieux de leurs
bienfaits. Les deux termes obsecrationes et gratula-
tiones sont parfois employés pour désigner ces deux
genres de supplications".
En général, les supplicationes s'adressaient à tous les
dieux qui possédaient un temple dans Home ; les expres-
sions omnia dclubra -"; ad ou circa omnia pulvi-
naria '-' ; omnibus diis, quorum pulcinaria lîomae
essent^'-; par cornpita tota Urbe^^ \ in omnibus cotn-
pitis^^; circa omnia templa-'^, ne laissent aucun doute
à cet égard. Parfois cependant la cérémonie était
limitée à une divinité ou un groupe de divinités ; elle
n'était célébrée que dans un sanctuaire : en 292, la
supplicalio décrétée à l'occasion d'une peste ne fut
adressée qu'à Esculape-'' ; en 218, l'année où les légions
furent vaincues par Hannibal sur les bords delaTrébie, il
y eut, outre une supplicalio générale universo populo
circa omnia pulvinaria indicta, une supplicalio à la
Fortune sur le .Mont Algide, élu ne. ';i/y>y;//cff//o particulière
à Rome même au temple d'Hercule-' ; plusieurs autres
csiS de supplicalio ainsi limitée sont mentionnés parles
textes". Dans certains cas graves, \a. supplicalio était
décrétée non seulement dans Rome, mais dans tout le
territoire romain et même chez les peuples voisins'-'.
La durée de la supplicalio était de même variable.
Souvent elle ne durait qu'un jour'"; déjà au iii® et au
II' siècle avant J.-C, des supplicationes furent édictées
pour deux ou plusieurs jours '' ; mais à la fin de la Répu-
blique, les supplicationes décernées en l'honneur des
victoires remportées par Pompée, par César, par Octave,
se prolongèrent pendant 10, io, 20 et même 50 jours'-.
Si la supplicalio consistait essentiellement dans
l'acte d'adresser aux divinités des prières, de s'age-
nouiller dans les temples et dans les lieux consacrés en
tendant les mains vers le ciel, elle était souvent, semble-
t-il, accompagnée d'autres rites qui faisaient corps avec
elle. Tile-Live, à deux reprises diflérentes^', décrit les
matrones romaines balayant les temples de leurs cheve-
lures dénouées, crinibus passis aras verrenles, crifiibus
Sueton. ClauJ. 22. Cf. Liv. XXXI, 9. Gratiilatio : Liv. VIII, 33 ; XXX, 40 ; Ciccr.
Catilin. IV, 10. — 20 Liv. 111, 5 et 7. _ -21 Liv. XXII, I ; XXVII, 4, 1 1 ; XXXII, l ;
XXXIV, 55; XL, 19; XLIII, 13; XLV, 10; Jul. Obse.|. LXlll, etc.; C. i. tat. 12,
p. 328. — 22 Liv. XXIV, 10. — 23 Liv. XXVII, 23. — 2iLiv. XXXVIII, 30. - 2iJuL
Obseq. CIV. — 26 Liv. X, 47. — 2; Liv. XXI, 62. — 28 Liv. XXVII, 4 ; XLI, 13, 28 ;
Tacit. Annal. XV, 64; Val. Mav. I. 8, G ; II, 7, I ; C. i. lat. X, 8375 ; XII, 4333.
— 29 Liv. VII, 28 ; XXII, 10; XL, 19, 37 ; cf. Jul. Obseq. CIV. — 30 Liv. X, 47 ;
XXV, 7 ; XXVI, 23; XXVII, 4, 11, 23, 37; XXIX. 14 ; X.XXII, I, 9 ; XXXVI, 37 ;
XXXIX, 22 ; XL, 2, etc. - 31 Liv. X, 23 ; XXII, I, 10 ; XXX, 17, 21, 10 ; XXXIV,
42. 55; XXXV, 40; XXXVIII, 36, 44; XL, 19, 28, 37, 53; XLV, 2, 3. — 32 Cicer.
De prov. cons. 10 sr|. ; Cacs. De B. G. II, 35; IV, 38 ; VU, 90; Ciccr. Philipp.XlX,
11,14.-33 Liv. III, 7; XXVI, 9.
SUP
— 1567 —
SUP
templn verrentes. C'était là une marque de désespoir,
tout à fait exceptionnelle même dans les obsecrationes et
qui ne se serait nullement trouvée à sa place dans une
(jratulatio. Quelquefois le peuple se rendait en proces-
sion dans les temples, et cette procession était guidée
par des magistrats'. Parfois aussi, les suppliants
devaient être couronnés ou tenir à la main des brandies
de laurier-. Mais on se tromperait fort, si Ton géné-
ralisait ces détails exceptionnels. Plusieurs textes nous
apprennent au contraire que le plus souvent la foule se
répandait librement dans les temples ^ Il est vraisem-
blable que le plus souvent les si/pplicaliones étaient
accompagnées de sacrifices, les uns expiatoires lorsqu'il
s'agissait d'apaiser la colère des dieux*, les autres
d'actions de grâces ou honorifiques, lorsqu'il s'agissait
de remercier la divinité [sackificium] '. Ces sacrifices
étaient ofTerts au nom de la cité par des magistrats".
Parfois l'Etat fournissait aux particuliers l'encens et le
vin nécessaires aux libations'. Mais d'autre part il faut
se garder de confondre la supplicalio avec d'autres céré-
monies, qui furent parfois célébrées en même temps et
dont le caractère était tout à fait dissemblable, telles que
les lectisternia, les sellisternia et certaines processions
de vierges, dont le sens lustratoire ressort sans aucun
doute possible des textes qui les mentionnent*. Mar-
quardt nous parait commettre une erreur très grave
lorsqu'il considère comme partie intégrante de la suppli-
cation célébrée en l'an 207, \a. pompa extraordinaire men-
tionnée pour la même année par Tite-Live ' ; il suffit de
lire attentivement le chapitre de l'historien pour constater
que la supplicalio d'une part, la pompa d'autre part
sont deux cérémonies tout à fait distinctes, qui n'ont
pas été célébrées pour la même cause et qui n'ont pas
eu lieu en même temps. Toutes les conclusions que
Marquardt tire de cette confusion sur le caractère de la
supplicalio sont par là même réfutées '".
Si nous avons insisté sur ce point, c'est parce que la
supplicalio a été considérée par divers savants comme
appartenant, dans la religion romaine, au l'ilus graecus.
Telle est l'opinion de Marquardt, adoptée par Wissowa".
Les arguments, sur lesquels cette opinion a été fondée,
sont les suivants : les supplicaliones sont inséparables
des lectisternia, parce qu'elles avaient lieu ad omniu
pulvinuria ; or le mot pulvinar est le terme technique
qui désigne les lieux où les lectisternia étaient célébrés ;
— les rites des supplicaliones sont étrangers : les célé-
brants portent des couronnes de laurier ; on chante et on
joue de la lyre ; les suppliants parlent du temple d'Apol-
lon ; — enfin la célébration des supplicaliones était
ordonnée, quelquefois présidée par les decemviri sacris
faciundis, dont on sait qu'ils étaient tout spécialement
chargés à Rome des cultes et rites étrangers '^ Aucun
de ces arguments ne nous semble irréfutable. En pre-
mier lieu, le rapport étroit que l'on veut établir entre les
supplicaliones et les lectisternia n'a jamais existé. Il y
I Liv. IV, 21 ;XLI, 21 : Suelon. Claud. 22; Jul. Obscf|. LXXXI, C.IV. — 2 Liv.
XXXIV, 55; XXXVI, 37; XL, 37 ; XLIII, 13; Val, Max. 1, 8, G. — 3 Liv. III, 5, 7,
C3; V, 18, 23 ;X, 23; XXII, )0 ; XXVI, 9; XLV, 2; Val. Mal. III, 7, 1. — 4 Liv.
XXXll, 1,9; XXXVII, 3; XL, 2; XLII, 3, 20; XLIII, 13 ; XLV, 16. Cf. Jul. 0bsec|.
LXIll. —6 Liv. VIII, 33; XXX, 21; XXXVIl, 47; XLI, 28; C. i. lai. X, 8375.
_ c Liv. XXXII, 9 ; XXXVIl, 3 ; XLIII, 13 ; XLV, 10; XXXVIl, 47. - 1 Liv. X, 23 ;
cf. C. !.ia/.XII,4333. -8Jul.01.se(i.LXXXVI, XCIV, XCVI, CIII, CVI, CVIII, CXIII.
Dans tous ces textes, les VirQÎnes viginti septem ou Virgines ter jiovenae, t[ui
parcourent la ville en chantant uu carmen, accomplissent un rite de lustratiun.
a eu à Rome des supplicaliones avant que le rite du
lectisternium y fût introduit : Marquardt lui-même le
reconnaît : « nous savons d'une façon sûre que le pre-
mier lectisterne eut lieu en l'an S-'ir)-.*?!)!) av. J.-C, con-
formi'ment aux prescriptions des Livres Sijjyllins '•'».
Or Tite-Live mentionne des supplicaliones en i6i, 4(33,
449 et 436 av. J.-C. Marquardt ajoute : « Si les suppli-
caliones ont été pratiquées dans la Rome primitive, les
lectisternes en ont changé le caractère. » Pour que cette
raison fi'it valable, il faudrait que les supplicaliones
aient toujours eu lieu en même temps que les lectis-
ternia. Il n'en est rien. Bien au contraire, les textes ne
mentionnent presque jamais le lectisternium en même
temps que la supplicalio : nous n'en connaissons que
deux exemples ". Quant à la formule ad ou circa omnin
pulcinaria. elle est sans doute fréquente, mais elle n'est
pas employée exclusivement; dans plusieurs passages,
les supplicaliones sont dites avoir eu lieu dans les(/e/M-
bra'^, dans les templa '^ dans les compila''', dans les
sacella". En outre, il est exagéré, pour ne pas dire
inexact, d'attribuer au terme pulvinaria la valeur que
Marquardt veut ici lui donner. Ad omnia pulcinaria
n'a point dans les textes le sens exclusif : dans tous les
sanctuaires de rite grec. En 168, lorsqu'on apprend
à Rome la victoire décisive de Paul-Emile sur Persée, le
consul en résidence à Rome ordonne que tous les temples
(otnnes aedes sacrae) soient ouverts ; la foule s'y préci-
pite pour rendre grâces aux dieux; puis le Sénat,
siégeant dans la Curie, décrète cinq jours de suppli-
caliones circa omnia pulvinaria'^. Si l'on ne veut pas
admettre dans ce passage la synonymie des deux termes :
omnes aedes sacrae, omnia pulvinaria, il faut en con-
clure que le sénat aurait limité aux sanctuaires de rite
grec les supplicaliones que déjà le peuple avait com-
mencé de célébrer dans tous les temples sans exception.
Celte conclusion est invraisemblable. Aussi bien Servius,
le commentateur de Virgile, nous apprend formellement
que le mot pulviiiaîna était employé couramment
comme synonyme de templa-". Nous ne pensons pas
que les supplicaliones aient eu à Rome des relations
plus étroites avec les lectisternia ou avec les cultes grecs
qu'avec d'autres cérémonies, telles que les sacrifices
proprement dits, ou avec les anciens cultes romains.
Quant aux rites étrangers qui, d'après Marquardt,
caractérisaient les supplicaliones, la plupart de ceux
qu'il cite ne sont point mentionnés par les textes. Nous
avons noté plus haut la confusion, qui se trouve à l'ori-
gine de celte erreur. Nulle part, il n'est dit qu'une pro-
cession de suppliants soit partie du temple d'Apollon,
que les célébrants aient chanté ou joué de la lyre, que
la supplicalio se soit terminée au temple de Juno in
Aventino^'. Le seul détail exact, dans l'argumentation
de Marquardt, est celui qui concerne les suppliants cou-
ronnés ou tenant à la main des branches de laurier. Ce
détail, qui n'est signalé par les textes qu'exceplion-
Urlmn luslraverunt est l'expression constante donl se sert Julius Obsequens.
— 9 Liv. XXVII, 37. — 10 Marquardt, le Culte che: les Romains (tr. franc.)
I. p. et et p. 224, n. 2. — il Marquardt, Op. cit. I, p. 59 sq., 223 sq. ; G. Wissowa,
lieligion und Kultns der Mmer, p. 358 sq. — '2 Marquardt, Op. cit. I,
p. 59 sq. — 13 Marquardt, Op. cit. I, p. 50. — "' Liv. XXII, 9, 10; XXXVl, t.
- 15 Liv. 111,5, 7 ; VIII, 33. - 16 J. Obs. CIV ; Liv. XXX, 40. - " Liv. XXVII,
23; XXXVIII, 36; J. Obs. LXXIl. - 1» J. Obs. LXXll. - '9 Liv. XLV, 2.
- 20 Ad Gearg. III, 533. — 21 Tous ces détails sapplbiuent à la pompa extraordi-
naire de Tannée 207 av. J. C, qui na rien de commun avec la supplicalio.
SUP
— 1S68 —
SUP
nellement, est Iransformc par Marquardt en un trait
général, commun ;\ toutes les sujip/icntiones. Il y a eu
quelques cas fort rares où les suppliants ont porté des
couronnes ou tenu des branches de laurier'. On n'en
saurait conclure que ce fût là une habitude et qu'en
raison de ce fait la siippUcn/io f lU ;\ Rome un rite grec.
Quant au rôle des decemviri sacris faciundis, il est
exact qu'en plusieurs circonslances les textes en font
mention; mais d'autres autorités soit religieuses, soit
politiques sontraentionnéesavec eux ; en outre il convient
de bien préciser le rôle qui leur est attribué. Il est
d'abord toute une catégorie de supplicalioiies, et ce ne
sont pas les moins nombreuses, ;\ propos desquelles les
decemviri ne sont jamais nommés : ce sont les supp/icn-
tiones d'actions de grâces. Les textes, relatifs à ces
.lupplica/iones, sont assez nombreux et assez précis
pour que l'on puisse reconstituer la procédure adoptée
en pareil cas. Il s'agissait presque toujours de remercier
les Dieux à l'occasion d'une victoire remportée sur les
ennemis du peuple romain. La nouvelle de la victoire
était apportée au Sénat; le Sénat délibérait et décidait
ou non que des suppiicationes auraient lieu^. Si la
plupart des textes signalent des suppiicationes décrétées,
nous savons par Cicéron que le Sénat les refusa à Gabi-
nius^ C'est encore à, Cicéron que nous devons quelques
détails précis sur la discussion qui se produisit alors
dans le Sénat. Lors de la guerre de Modène en 43,
Octave, après avoir vaincu Antoine, sollicita du Sénat
une siippliciilio. A cette occasion, Cicéron prononça la
14= Philippique; là nous trouvons la formule employée
par cliaque orateur pour résumer son opinion :
« C. Pansa, A. I/irlius consules, imperatores, aller
ainbove, aut, si aberunt, M. Cornutus, pi-aelor urba-
niis, suppiicationes per dies quinquaginla ad omnia
pulvinaria constituât »''. Sous l'empire encore, ce fut
le Sénat qui décida les suppiicationes extraordinaires
en l'honneur des empereurs ^
La même procédure était appliquée aux suppiicationes
préventives, si l'on peut appeler ainsi les prières publi-
ques décrétées au début d'une entreprise importante,
pour assurer à Rome l'appui bienveillant des divinités".
Lorsque le sénatus-consulte, décrétant les suppii-
cationes propitiatoires ou d'actions de grâces, avait été
volé, l'exécution en était assurée par les plus hauts
magistrats présents à Rome, consuls ou préteurs
urbains '. Dans aucun cas, à aucun moment de ces céré-
monies les decemviri sacris faciundis n'apparaissaient
ni n'intervenaient.
Il n'en était pas de même dans les suppiicationes des-
tinées à apaiser les dieux irrités. Mais ici le problème
doit être étudié de près. Et d'abord les decetnviri ne sont
pas mentionnés dans tous les cas que rapportent les
textes. Si nous laissons de côté les cas pour lesquels
aucune autorité religieuse n'est signalée, et qui par
conséquent ne fournissent aucune indication précise,
nous constatons que parfois, quand des prodiges ou
des calamités extraordinaires se produisaient, le Sénat
1 Cf. p. ir,67, n. i. — 2 1.1,. 111, (,3; V, 23 ; X, 21 ; XXX, 17, 21; XXXIV,
42; XL, 28; XLV, 2, 3; Cic. Catilin. III, 0; IV, lO; De prof. cous. tO sq. ; Caes.
De B. G. IV, 38. — 3 Cic. Ve prov. cons. 6 : Hoc slatuit senalus, quum freqtiens
sufiplicationem Gahinio denegavil. — * Cic. Philipp. XIV, 14. — 5 Tacit. Ami.
Il, 32; XIII, 41 ; XIV, 12, 59; Script, hùt. Aug. XXVII, 12. — 6Liv. XXXI, S ;
XXXVI. 1,2. -7 Liï. XXXI, 8; XXXVI, 2; XXXVII, 47; XLV, 2;C>ccr. P/iilipp.
XIV, 14. — 8 Liv. XXVII, 4, 37; XXXIX, 22. —9 Liv. XXIV, 10; XXXll, 1 ; XL, 2
consultait les Pontifes' ou les Haruspices' ; les suppii-
cationes étaient alors décrétées e.x décréta Pontifîcum ou
bien ex Aruspicum responso. Plus souvent, il est vrai,
le Sénat ordonnait aux Decemviri de consulter les livres
Sibyllins, afin de savoir comment il fallait procéder
pour apaiser le courroux des dieux'"; dans ces cas-là,
les suppiicationes étaient décrétées conformément à la
réponse des Decemviri. Mais plusieurs passages de Tite-
Live précisent leur rôle; ils sont consultés; leur avis
est fidèlement suivi ; néanmoins c'est le sénat qui vote
et ce sont les magistrats romains qui édiclentles suppii-
cationes. En 344 av. J.-C, libris iiispectis, le Sénat
décide la norainalinn d'un dictateur feriarum consti-
tiiendarum causa ; et c'est ce dictateur, P. Valerius
Publicola, qui ordonne la supplicatio ". En 292, les
livres Sibyllins ordonnent l'introduction à Rome du
culte de l'Esculape d'Epidaure. Mais les consuls étant
absorbés par la guerre cette année-là, rien ne put être
fait ; on se contenta de célébrer une supplicatio d'un
jour en l'honneur d'Esculape '^. Le rôle des Decemviri
ressort ici nettement du texte : ils sont chargés de con-
sulter les livres Sibyllins, mais ils ne peuvent présider
à l'exécution de l'ordre qu'ils en tirent. En 217, l'année
de Trasimène, les Z>ece//a?/ri consultent les libri fatales
sur l'injonction du Sénat; ils rapportent au Sénat ce
qu'ils y ont lu ; mais la seule cérémonie à laquelle ils
président en effet est le lectisternium^^. En 181, les
Decemviri consultent les livres Sibyllins : « eorum
decreto supplicatio circa omnia pulvinaria Romae in
diem unum indicta est; iisdem auctoribus et se?iatus
censuit et consules edixerunt ut per totam Ilaliam tri-
duum supplicatio et feriae essent'^ ». Le rôle des divers
pouvoirs est ici encore précisé avec une netteté parfaite:
les Decemviri consultés indiquent quelles sont les
mesures à prendre ; le sénat censet, les consuls edicunt.
Les Decemviri n'interviennent dans tous les cas pré-
cités que parce que le Sénat juge nécessaire de consulter
les livres Sibyllins; c'est la consultation des livres Sibyl-
lins qui explique le rôle des Decemviri; la supplicatio
en elle-même ne les regarde point directement.
En ce qui concerne l'accomplissement ou la présidence
soit de la supplicatio soit des sacrifices qui se célé-
braient en même temps, les textes nous apprennent que
l'un et l'autre revenaient parfois aux Decetnviri*',
plus souvent aux magistrats, spécialement aux consuls '".
On doit conclure que la supplicatio était, à l'origine,
de rite romain ; que plus tard, à mesure que les
influences lielléniques pénétrèrent davantage et plus
profondément dans la vie romaine, des éléments grecs
se mêlèrent à l'antique cérémonie, sans cependant l'en-
vahir tout à fait ni obscurcir complètement son caractère
primitif. J. Toutain.
SIJPPLICIUM. — Ce mot qui vient, comme supplex et
supplicare, de plicare, pleclere, a désigné primitivement
l'acte de plier les genoux pour la décapitation par la
hache, c'est-à-dire la peine de mort '. Mais de bonne
heure il est appliqué à la peine en général, à différents
XM, 13; J,il. Û1jsc,|. cm. — I" Liv. VII, 2S; X, 47 ; XXI, 02; XXII, ri; XXXIV, 53;
XXXVI, 37 ; XXXVII, 3; XXVII, 3, 4; XIXL, 19, 37, 43; XLl, 21; XLII, 2;
XLIll, 13; XLV, 16; Jiil. Obseq. LX, LXXII, LXXXI, CIV. — " Liv. VII, 428.
— 12 Liv. X, 47. - 13 Liv. XXII, 9, 10. — H Liv. XL, 19. — 15 Liv. IV, 21 ;
XXXVII, 3 ; XLV, 16 ; Jul. Obsoq. LXXXI (?). — 1» Liv. XXXV, 7; XXII, ; XLl,
21 ; Xl.lll, 13 ; Jiil. Obscr|. LXIII, CIV ; Sueloii. Claml. 22.
SliPPLIClUM. 1 FestUb, p. 309.
SUP
— 1569 —
SUP
genres de peines ', el alors les épilhèles summiany capi-
tale, uKlmum, opposent tantôt le supplice comme peine
de mort aux peines non capitales ■', tantôt la peine de
mort aggravée, à la peine capitale simplet
Pour l'étude des peines en général et de la pénalité,
nous renvoyons à l'article poena, aussi bien pour le
droit grec que pour le droit romain.
A . — A Rome, sous la République, des huit catégories de
peines connues, mors, servitus, rincu/a, verbera, lalio,
ignomuila, exsiliuin, damnuin ', trois seulement, la
mort, les coups, le talion rentrent dans lacatégorie des
supplices ; les coups ne sont alors que des peines de coer-
cition [MAGiSTRATUS, p. lo:î3 ; LicTORj ; le talion de l'époque
primitive, en cas de blessure à la figure et de rupture
d'un membre, est déjà remplacé par l'amende à l'époque
républicaine ^talioj '. Sous l'Empire, il y a dix catégories
de peines: mort; perte de la liberté ; condamnation aux
travaux publics et au métier de gladiateur; perte du
droit de cité; emprisonnement; exil, déportation el rélé-
gation ; peines corporelles; contiscalion, amendes;
dégradations civiques; seules sont considérées comme
supplices la mort et les peines corporelles.
1. Il y a eu dix formes principales de la peine de mort
sous la République et sous l'Empire [poexa, p. 539".
i° La décapitation. Elle a lieu, d'abord par la hache,
symbole de Vimperium ; la légende la mentionne pour
les fils du premier consul de la République^; mais le
droit d'appel au peuple [provocatio] la fait disparaître
dés le début de la République, sauf pour les sentences
prononcées à Rome sans appel contre des citoyens par
le dictateur^ et à l'égard des prisonniers de guerre' ;
et en dehors de Rome pour les exécutions ordonnées par
des magistrats romains, soit de citoyens', soit d'étran-
gers'". L'emploi de la hache disparait après l'époque de
Claude " ; elle est remplacée par l'épée [gladius). Dans
le supplice par la hache, le condamné, attaché nu à un
poteau, les mains liées sur le dos, est d'abord battu de
verges, puis couché sur le sol et décapité'-.
I Plaul. Asin. 2, 4, 75 ; Mil. glor. 2, 6, 22 ; Caes. Bell. gall. 7, 4 ; Cic. Mnnit.
S ; Phil. 10, 13; Tac. Ann. 6, 20 ; Plin. Hiêl. nat. 29, 14, 1 ; C. Th. 12, I, 108.
— 2 Paul. 5, 23, 14; 3, 12, 2; Plin. Ep. 2. 11,8; S, 14, 24; 10, 3!i ; Tac. ^nn. 3,
49; 15, 61 ; Dig. 1, 5, 18; 47. 12, H ; 48, I, 13 ; 48, 19, 21, 2S pr. 29. —3ûig.
48, 9, 9, 1. -4 Augustin. De civ. Dei, 21, 11; Cic. Veorat. 1. 43, 194. — s Feslus,
p. 303 ; Ml Tab. 8, 3 ; Priscian. 0, 09 (Cal. Orig.). — 6 Uv. 2, 5 ; Dionvs. 5. 8, 9.
— '• Liv. 2, 18 ; 8,33. — «Liï. 8, 20, 7 ; 26, 13, 15; 9, 24. 13; Epit. Il ; Polyb. I,
7.-9 Liv. 2, 59, Il ; 8, 7, 19; 28, 29, 11. — 10 Liv. 9, 16. 10; 24, 30; Cic. Verr.
1, 1,30; 5,27,C8;3,43-46;Plul. Anton. 36. — n Scnec. De ira, 2, 5, D;JohaDn.
Apocal. 20, 4 ; Suet. Ctaud. 25; Vit. Carac. 4 ; Dig. 4<, 19, 8, 1. — 12 Liv. 2, 5 ;
8, 7, 19; 26, 13, 13; 28, 29, 11; Cic. Verr. 5, 46, 121 ; Sencc. Conlrov. 9, 2, 21.
VIII.
2° l.,a crucifixion [cRix, furca].
3° Le CM//t'M.V I^CLLLEtS, PARRICIDIUM^
4° La crémation, où on attache le condamné, nu, à un
poteau, au pied duquel on allume un bûcher" [poexa,
p. 539j.
o° La décapitation par l'épée [poena, p. .o39]. On
paraît avoir continué jusqu'à la fin de l'antiquité à faire
plier le genou à ceux qui devaient avoir la tète tranchée,
et les récitsde divers martyres ''attestent qu'on leur ban-
dait les yeux. C'est ce que montre aussi une peinture
(fig. 6686] exhumée à Rome, oii l'on voit trois person-
nages agenouillés, les mains liées derrière le dos, les
yeux bandés au moment de leur exécution '"'.
6° La livraison aux bêles, besliis objici [venatio], ou
aux jeux de gladiateurs [ad gladium ludi) [gladiator,
p. 1572-1573 ; poe.xa, p. 540]. Dans le premier cas, où la
peine est souvent réclamée par les spectateurs aux cris
de « ad leonem « *^, les condamnés sont généralement
livrés aux bêtes, attachés, sans armes, à un poteau'^-
C'est la scène représentée (fig. 6687) sur une lampe ro-
maine du musée de Lyon ", où le supplicié et ses
bourreaux sont remplacés par de petits .\mours, et les
bêles féroces sortant de leur cage [carcer, circus, p. 1189]
par des colombes; le médaillon est divisé en deux regis-
tres; on voit dans celui du bas le cortège qui conduit le
condamné au poteau fatal ; on porte à sa suite, sur un
brancard, ses dépouilles, son arc, son casque, ses flam-
beaux. — La peine peut être aggravée arbitrairement".
7° La précipitation du haut de la roche Tarpéienne
[poEXA, p. 5-'iO|. Elle est précédée de la ilagellation par
les verges et faite sous la République par le tribun seul,
sous l'Empire par le bourreau -''.
8° L'exécution non publique, en prison [poena, p. 540].
— i3Tac.<lnn. 15, 44 ; Ac(o Po/ycarp. 13-14; Aeta Pion. H. — ^^ Acta »ineera,
p. 208, 218, 248, 235, 236 ; cf. Le Blant, Rev. archéol. 1889 (Eilr. p. 16). — 15 Ger-
mano, .Ausgrahung. dans liôm. Ouartalschrift, 1808 ; cf. Le Blanl, £. c. — 16 Vit.
Comm. 18 ; Terlull. Apol. 4041 ; De apect. 21. — " Amraian. 29, 3, 9; Eusnb.
Hist. r.ccl. 5, I, 41 ; Acta Perpet. 17. — 18 Lafayc, dans .Vél. de l'École fr. d.
Rome. X, 1890, pi. i; cf. Id. ih. XII {Mil. de flossi , p. 9. — 19 Martial. Epvir. 7;
Stiab. p. 273 ; Tcrtull. Apol. 15 ; Sud. Gai. 27. Crucifiiicn et crémation des
chrétiens (Tac. .\nn. 15,44). — 20 .Y/7 Tab. 8, 13; Liv. 24, 20, 6; 25, 7,
14; Scnec. Conirov. 1,3, 1,0, 7.— Bibliooraphce. Voir la bibliographie des
art. jUDiciA puBr.icA, poena, et Mommsen, Strafreekl, Leipzig, 1899, p. Il,
916-1030.
197
SUT
— 1570 —
SUT
9° Le suicide par ordre, dont les moyens principaux
sonl le poison, Touverlure des veines [poena, p. S40].
10° l/exéeution populaire mise hors la loi (POE^A.p.oiOj.
II. Peines corporelles [poena, p. 540 ; flagellim].
B. — Supplices des esclaves [crix, firoa, poena.
p. 541 ; SKRvis, p. 1277] ; des soldats [militim poenae].
C. — Supplices et tortures pour obtenir des aveux ou
des témoignages [01" AESTio per tormenta]. Cn. Lécrivaiin.
SI'PI'OSITIO PARTi:S. — La supposition d'enfant
était considérée comme un faux. LatEX c.ornelia de kalsis
autorise la poursuite, mais de la part de ceux-là seuls qui
y ont un intérêt personnel ' . E. S.
SUSCEPTORES. — Receveurs chargés dans les pro-
vinces de l'Empire romain de recueillir les impôts, soit
en numéraire, soit en nature, qui étaient dirigés vers les
dépôts de la province ou de l'armée [ax.nonariae species,
ANXOXA MILITARIS, ARCA PRAEFECTURAE].
SL'SPE.NSl'R.V. — Bâtiment, chambre ou plancher
soutenu par des piliers, des massifs de maçonnerie, des
arcades. Ce nom est surtout appliqué au sol de chambres,
suspendues pour le chauffage au-dessus d'un hypocauste,
particulièrement dans les bains [balneum, p. 655; uvpo-
CAisTiM, p. 347J. E. S.
SUTOR, cordonnier; SUTRIXA, atelier ou magasin de
cordonnerie. — Les cordonniers recevaient le cuir [co-
rium], tout préparé, des mains des tanneurs ', corroyeurs,
mégissiers [coriariisI. Pourtant le même mol, en Grèce,
(TxuTOTÔjxoç (ou sKuTEÙç) désignait à la fois lous ceux qui
travaillaient le cuir (<7x3-oç) et, plus étroitement, les fabri-
cants de souliers- ; cxu-o-op'a^ ou (rxuTOTou.'.y.r; (t£/vT|) ' tout
travail du cuir, et la cordonnerie ; même largeur de sens
pour les ateliers (txutotojjleîov ou «txuto-ojjliov =). Tailler le
cuir est la première opération du savetier ; coudre, la
seconde, celle qu'ont surtout retenue les Romains, dont
les termes les plus communs sonl en l'espèce su/or *, ars
sulrina', taberna sutrina', [pour le corroyeur voy.co-
riarius, II], tandis qu'elle ne se manifeste en grec ' que
dans les formes de basse époque, comme Û7:ooT|[j.a-o3-
piao; '". Le latin n'a pas de terme général désignant
n'importe quelle chaussure, mais en grec on rencontre
isolément OTrooTijxaTci-otôç " , et ÛTtoor^irr^z iç\oq dans une
inscription de Thessalie '-. Peut-être d'ailleurs le x.p,Tu-
SoTtoiôî" ou xpT,7nàoupYÔç '* ne faisait-il pas, et le xo-r^izi-
So:rwÀY,ç '' ne vendait-il pas, que des crépides. Chez les
Romains, on peut croire que la spécialisation fut pous-
sée très loin : on connaît caligarius, CREPinARiis, gal/i-
carius[GALLWA\,calceolarius'^, solearius '" ousandalia-
rius '*,baxearius''\ dont il faut distinguer les sobriquets
créés par les auteurs comiques : diabatitmrius -" et
Sl'Pl>OSITIU PABTCS. I Dig. X.XV, 3, 1 ; Xl.Vlil, ici. 30, I.
SITOR. 1 HcroDilas, VII, Î9, - 2 Aristoph. Av. 491 ; Eq. 740; Plat. Hesp. X.
601 C; Gorg. UT D, 491 A; .Xen. ilem. I, i, 37; IV, 4, 5 ; Cyr. VI, i. 37;
Aristol. fol. IV, 3, li; Lys, 414, 416; Poil. VII, 80; Herood. VU (lilrc).
— 3 Plal. Hesp. III, 397 E; X, COI A ; Charm. 173 D. — * Aesch. XIV, 1 ; Plal,
Theael. HàC; Pot. iso C. i8S E; Aristot. Eud. Il, 1. — i Ljs. I7C, 9; Athen.
XIII. 5»! D. — 6 Plaul. Au/. 1, 1, 34 ; Mari. IX, 73 ; Gell. XIII, il ;'juv. III, 293 ; Cic.
Flaec. ;\Corp. >n$cr.lal.[\\ l'.l93 ; V, 2728, 5919, 7265; VI, 9050; VIII, 812,9329,
IX, 3702, —^ Vilr. VKpraef. 7; Varr. ap. Non. p.l68, 17; Plin. VII, 196, Sulrinum
ap. Senec, Ep. 90, 23, — «Tac, Aim. XV, 34; ou sulrina tout court : Plin.
VII, 196; X. 121; XXXV, 112; Scnt-c. de Ben. VU. SI; TertuU. Pall. 5.
— i Cf. Poil. VII, 81 : f«:.,»., îito5.ii»«-i>. — 10 Chrysosl. vol. Il, p. 317 ; Synes.
117 A; Arcacl. p, 84, 26 sq. ; cf, Hesycli, ja^SosoJo., — H Cbrys, /. c: add. Plat,
Corg. 447 0: Ji^Sr.^it.y S«n.oiifii;. — 12 /nscr gr. IX, 2, n« 16, — U Athen.
III, 568 E, — 11 Poil. VU, 183. — 15 Synes. Ep. 52, — 16 Plaut, Aul. III, 5, 38.
— nibid.M. — '»Corp.imcr. <a/.X, 3981. — l'J Id, VI, 9404 [pABni], — 20p'laul,
Md. 39. — Jl Poil, VU. 82 ; Allien, XV, 669 C ; Uoroud. VU, 39 ; latelicr ,„i,j,o. :
Poil, ibid.; Pliol. p. 431, 2. — 22 poU. ibid. — M plat. Eulh. 294 B ; Poil, ibid.;
TtiiTuYYoç", l'homme qui manie la poix {tUggx). Un com-
merce à part, sans doute, était celui des raccommodeurs
qui, travaillant dans le vieux (■:i3.Ay.:o\)oyo(--), n'avaient
guère que deux opérations à accomplir: appliquer de
nouvelles semelles (xittûeiv ou xao'<7tJEtv, è^tiKaTTÙe'v, tites-
vt'teiv-'), ou consolider en recousant avec des nerfs (veS-
pov), veupoppaçEïv ^\ d'où vEupoppiao;". On désignait chez
les Romains cet artisan inférieur en ajoutant à sutor
le mot certlo, qui indique un métier déprécié, ou
encore t'ele-
rainen/ariiis-".
Le cordon-
nier opérait
assis-' devant
sa table, (fig.
6688 ". Il tail-
lait le cuir avec
son Iranchet,
T0U.£Ù;0U7:£p!T0-
[AEÛ; -', culte?'
rrepidarius ^"^
OU encore (tjaiat,
ou CULÎXtOV ^',
scalpru?H '-
[SCALPTURA, II].
Cette dernière Fg. or.SS,- Cordounicràlouvrage,
variété avait
probablement le tranchant droit, le toueùç lavait en demi-
lune^', comme on le voit dans nos figures. Il est possible
que, parmi les instruments de bronze de forme courbe,
que l'on considère généralement comme des rasoirs
[novacula], il y en ait qui aient servi à couper le cuir ; tel
est celui de r.\ntiquarium de Berlin, provenant de Pom-
péi, ici reproduit (llg. 6689)". Il
y avait du reste un grand nombre
de types de ces outils tranchants,
ainsi qu'il ressort do la trouvaille
faite à Mayence en 1857 ^'. On
aiguisait ces instruments à l'aide
de T.('/y.x.zz en bois dur (souvent en
poirier sauvage, à/piç^'^), ou en
pierre''". Pour toute cette techni-
que, il fut fait de larges emprunts
aux usages égyptiens •"*. Souvent
le travail de l'artisan se bornait à
donner à la sandale le contour du
pied. Sur un vase attique ^'i
on voit (hg. 6690 une boutique de cordonnier : le client
pose une jambe sur la table, et l'ouvrier, avec son cou-
Arislopli. Eq. 314 ; Pliot. p, 130. |s. La pièce rapportée s'appelle r.aXivSojîa (Plat.
Coni, in Com.fr. U, 0i;7) ; Poil, VI, 164; VII, 82; Hesycli. s, v. : Phol, p, 373. 14.
— 2» Plat, ibid.: Xen. Cyr. Vlll, 2, 5; Poil. VU, 81. — î5 AristopU. Eq. 739;
Plat. Re$p. IV, 421 A ; Lucian. Gall. 26. — 26 Suct. ViUU. î. — 27 Aristoph,
Plut. 162 ; Suid, s, v, <r»uTo-d[io;, — 2» Coupe du Musée Britannique; 0, Jahu,
Berichle d. sâchs. Gesellsch. 1867, pi. iv : Blûmner, Op. c. p. 283, lig. 31.
— 29 Plat. Aie. 1, 129 C ; Poil, VU, 83 : X, 141, — 30 Gell, XIU, 22, S. — 31 Plat.
l. c. et Pol. I, 353 A; Lucian. l. c. et Catapl. 15 et 20; Hcrond, VU, 119.
— 32 Horal, Sat. II, 3, 106, — 33 Olympiod. 210; Schol. ad Plat. Pol. t. c.
— 31 Blunmer, lerminol. nnd Technologie d. Getcerbe und Kùnste, I, p. 282,
lig. 30; add. p. 280, fig. 27, cl Friedrichs. Bertins ant. Bildw. Il, pi. liv.
— 33 Blunincr. p. 281, Gg, 29 a-e [comuii, p, 1506 sq,], — 36Theophr, H. pi. V,
5,1 ; Schneider ad Theophr, III, p, 436. — 31 Hesych, s, v, «îyaxa;, — 33 Bliimner,
p, 285-6, Gg. 33-41. — 39 A lAshraolcan Muséum dOxford, J.-D. Beaziey, yourn.
of hell. studies XXVIII (1908j, p. 313 sq. pi. xix a (notre lig 6684);
cxenqilairc analogue à Boston, anc. coll. Boui^uignon de Naples, Mon. d.
Islit. XI, tav. XXIX; Schreibcr, Atlas, p. 71; S. Reinach, Bépert. des
vases peinls, 1, p. 224.
Fiï, 6689, — Tranchel,
SUT
teaii, coupe le cuir loul autour du pied; sur la lablc,
la meule à aiguiser; à cùlé, le vase où tombent les
débris de cuir' ; le chef d'atelier surveille l'ouvrage; au
mur, h un rayon, sont suspendus les outils nécessaires.
Pour un soulier montant, il fallait une semelle et une
empeigne, qu'une fois taillées on cousait-. Parfois ces
différentes opérations étaient accomplies par divers
ouvriers ^ mais en général par le même. Il perçait les
trous dans le cuir avec une alêne (oTrsaç, ôuy^tiov ',
xevTY|Tr|ftov ''), siibitlu '^ , fhtula suloria '',
outil dont on a trouvé un modèle ;fig. (1G91) à
Pompéi ', et cousait avec des nerfs d'animaux
[nervus] ^.
La plupart des chaussures étant à deux for-
mes, il est probable qu'on en faisait aussi sur
mesures ; une peinture ancienne'" parait avoir
pour sujet un artisan prenant la mesure du
pied de son client. On travaillait sur la forme,
x.aliTzouQ, xxlô-KOuç, xaXoTToSiov [forma SUTORIS,
p. l^oS], peut-être appelée encore mitutri-
cula'^ : une statuette de Ciialon-sur-Saône '^
Alêne représente un savetier appliquant sur la forme
des pièces de cuir. On égalisait ainsi la peau
et on faisait disparaître les plis avec un
instrument dont Platon" ne donne pas le nom grec
(tentipellium en latin), et qui devait être une forme
revêtue de fer'*. La semelle peut être en bois ou en
liège [solea], alors non cousue, mais clouée [caliga].
1 Kc,a.u'<,;.iTi». (Ai-islopli. £Vy. 4'J ; llfsycll. cl Sujd. s. v.). i<i.6afY,i (Nie. Ther.
«i: Hesycli. 8. v.) ou ^f.Tix.a (Moer. 20tl, 30). — 2 Coll. VII, 81. — 3 Xon. Cyr,
Vlll, 2, 3. — * Holl. VII, 83; X, 141 ; llerodot. IV, 70; Hippocr. tl33 U. — Si Lu-
cian. Calapl. 50; Ualcii. Gloss. Hipp. XIX, 131. — 6 Jlait. III, 16, i ; Apul.
Flor. 9, p. 44-7. — ^ Hlin. H. n. XVII, 100. — «Celui quo l'on voil ((ig.6li85) re-
produit, d'après l{ic\i, Dict. des ant.,p. 61 1, une alône j^ravéc sur la lombe d'un cor-
donnior Irouvée sur la via Cassia;add. Blumner, p. 280, lig. 28. Autre (douteuse) :
Espérandieu, /fec. des bas-rel. de ta Gaule rom. n" 1872. — 'J Des nerfs de boeuf dans
Hesiod. 07J.S44-. De Iàvtuoo9fiooî(«i/p™, p. 1570, n. 2.5); add. fo^oiï; (llesycli. s.v.).
— 10Jahn,4Wi. d.sSclis. Ues.d. Wiss. pli. -h. Cl. 1808, pi. i, 2, p. 272-6. — Il 41'ian.
ap. Fest. ; Paul. p. U7.2;Keller, iVeue ./«/.r6. /. /'/litoi. t. GXXXIII, 10. — 12 Rei-
nach, lUp. de la stal. Il, p. 815, 1. — 13 Sympos. 191 A. — !'• Test. 304, 16.
— '6 Hlin. U. n. XV, 34. — ic Galcn. XII, 962 et 983; add. 201. — n II y avait
aussi dos chaussures rouges (««««.'«.î) ; cf. Hcrond. VII, Cl. — IS Aristot. Pol. IV,
1; Dioscor. V, 117; l.ucian. C'adip/. 1-5 : ScriLon. Comp. 2US. — 19 Cic. Ad
fam. IX, 21, 3 ; Pliu. H. n. XX, 123 ; XXXIV, 112 et 123; Cels. V, 8. — 20 Marc.
Empiric. VIII, 2. —21 Slrab. p. 103 cl 048 ; Dioscor. V, 88, 114 et 117 ; Orph. An;.
963 ; Galen. Comp. med. p. 490 4 et 790 d ; add. Plin. U. n. XXXIV. 123 ; Cels. V,
4. Blumner, p. 278,doaue le détail de la préparation. — 22 Rapprocher une peinture
— 1S71 — SUT
Pour assouplir la peau, on la trempait dans riiuile'';
celle des souliers de femmes était polie avec un mi-
néral, l'ày/ipaToc; "^ ; puis On colorait avcc un noir '^ dit
u.eXavTTipia"', atrarnentum sutorium'' ou xutoricium'"',
tiré du sulfate de cuivre (yaXxavOéç ou /âXxavOov^').
Le vii° mime d'llérondas(ï)xuT£ijç) met en scène un cor-
donnier, Kerdon, établi probablement;! Cyzique, posses-
seur d'un riche assortiment de chaussures, invitant et re-
cevant la clientèle, clientèle féminine '"et peut-être, à en
juger par ses libertés de langage, recrutée dans le monde
de la vie galante. U a treize ouvriers qui paraissent être
ses esclaves, car il les nourrit mal et les traite brutale-
ment ^^ Chaque variété de chaussures formt; un groupe
à part-' ; les divers rayons sont enfermés dans une
armoire-^, d'où on les retire pour les mettre sous les
yeux de la cliente (fig. 3197).
Pollux^* parle d'un cordonnier qui avait dédié à
Athènes l'image en pierre d'une sandale (ô ètci pXaûxri).
On a retrouvé sur une pente de l'Acropole une stèle
votive avec une sandale en relief-\ où quelques per-
sonnes voudraient reconnaître ce monument: mais c'est
plus probablement un ex-voto offert pour la guérison
d'un mal de pied^'.
A l'époque romaine, le métier de cordonnier était fort
peu considéré 2'; il était pourtant exercé principalement
par des hommes libres, même par des ingénus'". Comme
les tanneurs, ces artisans formaient un des plus anciens
collèges, dont l'institution était attribuée à Numa^'. Ils
s'assemblaient à Rome dans Yalrium xulorium, où
s'accomplissait le 23 mars la cérémonie du tubilus-
trium'^; l'emplacement exact en est mal connu, mais
voisin de VArgiletum où se tenaient beaucoup de sutri-
nae " ; près de là, au quartier de Subure, se trouvait le
iiicus Sandaliariim ", orné d'une statue élevée à
VAjiollo Sandaliariiis^-. Il existait d'ailleurs des col-
lèges par spécialités '^ Certains de ces artisans font
le commerce en gros et vendent surtout des chaussures
de fabrication étrangère ; l'un d'eux, coinpnrdtor mercis
suloriae^'', a réalisé une belle fortune; il compte dans
son entourage des affranchis des deux sexes. D'autres
prennent à bail les boutiques, /a^ernr/e^' ; dans le i1/e/fl/-
lum Fïyoa.5ce«.s-e [mei'alla, p. 1871], toute la cordonnerie
est affermée par contrat à un conductor^^. A Bologne,
un savetier opulent donne des jeux*"; un autre, à Béné-
vent, eut sous Néron une véritable influence*' ; l'empe-
reur'Vitellius lui-même était originaire d'une famille de
cordonniers '-. D'autres corporations du même ordre
sont signalées sur divers points du monde romain*' ; il
canipanicnnc : uii ronlonnier offrant des chaussures à des femmes assises (Jahn,
tor. cil. pi. 11, 2; Uusnian, Pompéi. Paris [1900], p. 281). — 23 Esclave nègro
nettoyant un soulier, au Brit. Mus. {Guide to grcek aiid roman life, Lond. 1908,
fig. 122, p. 134). — 21 Cf. V. 19 cl 53 : ««pL6.io(.x>l., »a|.6«iou,.;Sa;. — 25 v. 15 :
,tii[plYrSa. — 20VII, 87. —27 Tsoundas, 'Eç. if/.. 1900, p. 243.2i8. Voy. aussi lasltle
de Xanthippos au British Muséum et les discussions aux(|uellcs elle a donné lieu :
Ancient marhles. X, pi. xsxiii. p. 70 (Hawkins) ; Smith, Catal. I.oudon, I (1892),
n" 628 ; Michaelis, Arcli. Zeit. 1871, p. 4, Anm. U ; P. Carihier, Scidpt. tovibs,
(1890), p. 105; Friedrich-Wollers, 1019; Conze, AU. Grabreliefs, pi. cxix,
no 696, p. 147. - 2S H. Sehradcr, Ath. Milth. XXIX (1904), p. 212. - 29 Cf.
Juv. III, 293. — 30 Un apprenti ingenuus fut blessé par son patron, qui
voulait le punir d'un travail mal exécuté (Ulpian. IHg. IX, 2, 5, 3). - 3' Plut.
Aum. 17. — 32 Varr. L. l. VI, 14 ; Fest. p. 332 A, 22 ; Culend. Praenest. (C. i. l-
I, p. 313). — 33 Mari. Il, 17, 3. — 34 C. i. l. VI, 448. — 35 Suet. Aug. 57; Jord.m,
Topoyr. I, 2, p. 452: J. Jung, Geogi: v. Italien, Miinclien, 1897, p. 307.
_ 36 Cf. le coller/ium fnbrum soliarium et baxiarium (C. l. /. VI, 9404) [fabhi].
_ 31 lbi,i. V, 5927. - 38 Manceps M(rinae (Plin. H. n. X, 122). - 39 C. i. L II,
5181, I. 25 sq. - «0 M,irt. III, 16 et 59. - 41 Tac. Ann. XV, 34: Juv. V, 46,
_ li Suet. \Uell. 2. - 43 Pompéi (C. i. l. IV, 1995) ; Usama (Tarracon.), id. II,
SLIU
1572 —
suu
y avait à Philadelphio ili' Lydie une Upk (puÀJ) twv cxu-
TÉtov' et à Apamée Kilj("ilos une « place des cordon-
niers" ». VlCTOn CllAPOT.
SUUS. — L'adjeclif .«««s reroit une signiRcalion par-
ticulière dans certaines expressions de la langue du droit
romain. On groupera ici celles qui présentent un inté-
rêt pour l'histoire des inslilutions juridiques.
1. Suus /lercs. — Suus, qualiliant /wres, désigne une
classe d'héritiers qui se rallachentau decujits par le lien
de l'agnation. Les héritiers siens sont lesagnatsles plus
proches', ceux qui, au jour du décès, sont placés sous la
puissance immédiate du dectijus: l" les descendants nés
en légitime mariage, fils ou fdles, petits-fils dont le père
est mort ou sorti de la puissance du de cujus\'2,° les
enfantsadoplifs -.3° la femme i?i manu qui esl /il in eloco'.
La jurisprudence a de bonne heure étendu la qualité
d'héritier sien au posthume^ [postuumus, t. IV, p. 60.j].
L'adoption et la manns produisent le même effet que
iemariage, quant à la création d'un héritier sien. Mais
il ne dépend pas d'un chef de famille de donner à son lils
des héritiers siens malgré lui'. D'où l'on a conclu :
1° qu'un petit-fils ne peut se marier avec le seul consen-
tement de son grand-père, chef de la famille : il doit
obtenir en outre le consentement de son père ; 2° qu'on
ne peut adopter un enfant à titre de petit-fils sans le con-
sentement du fils °.
La puissance paternelle et la 7nanus étant des droits
réservés aux hommes, les femmes ne peuvent avoir
d'héritiers siens °.
La qualité d'héritier sien n'est pas indélébile : elle se
perd par la capitis deminuiio '' [caput, t. 1, p. 913].
Les héritiers siens ont une situation privilégiée à plu-
sieurs points de vue : 1° ils recueillent la succession
légitime à l'exclusion de tous, autres agnats * ; 2° ce
sont des héritiers nécessaires ' : ils acquièrent la succes-
sion légitime ou testamentaire de plein droit, sans avoir
besoin de faire adition '". D'où la dénomination qu'ils
ont reçue dans la loi des XII Tables : ils semblent
recueillir des biens qui leur appartenaient déjà " ; c'est
une conséquence du régime de la propriété familiale
admis par l'ancien droit Romain '^ Les héritiers siens
ont conservé cette dénomination dans la suite, alors
que le régime de la propriété familiale avait fait place
à celui de la propriété individuelle; 3" la qualité d'héri-
tier nécessaire entraînait pour l'héritier sien une consé-
quence rigoureuse, en cas d'insolvabilité de la succes-
sion : il était tenu de payer les dettes du défunt ultra
vires '^ ; il n'avait pas, comme l'héritier externe, la
faculté de répudier la succession. Les Préteurs jugèrent
équitable de tempérer la rigueur du droit: ils accordèrent
à l'héritier sien le bénéfice d'abslenlion ". Ce bénéfice
lui appartient de plein droit, sans qu'il ait besoin d'en
faire la demande'^ mais il ne peut s'en prévaloir qu'à
laconditionde ne pass'imiuiscer dans rhérédité'\ Celte
Ï8I8 ; Thyïlira {Bull. corr. Iiell. X (IsisC), p. 4iS, n« i) ; Mylilèue (Ath. Miilli.
XI (1880), p. 28i, n" 43) ; Terniessos (Laiickoronski, Htôdte Pisid. Il, p. iso.
n" 93). — 1 M,».. ,. p,S>.. T. il.Yr. o/. I (l!s73-.n), p. 131, n" 50. — 2 fiei'. et. gr.
Il (I88'J), p. 30. — BioLioGBAPHiK. II. lilïïiniici-, Technol. und Terminal, der
Gewerbe und Kùnste bei Griechen und liùmern, Leipzig, i (1875), p. i!<i8-â86 ;
Mari|uardt, Vie privée d. tiom. Il, p. :!-i:î S(].
SLUS. > Paul. Difj. XXXVllI, 10, 10, 3 : P,oiimio,;s tx aynntis sui dicun-
tur. — 2 Gaius, Cutlal. lerj. Mot. et Itom. XVI, i, i-i. — 3 /iirf XVI, ï, 4.
— ' Imt. I, 11, 7. — s Jul. ap. Haul. Ùifi. 1, 7, ij. — c Gains, III, 51. — ^ Paul.
Diij. XXXVll, 1,6, 1. — 8roHu(. XVi,4, 1. — SGaius, 11, lifi. — I0(iaius, II, 157.
Faul. 6ctiMV,8, 5. — u Uaius, ibid. ; bip. Diy. XXX VIII, 9, \,lî:Paene ad propria
condition était, il est vrai, écartée pour l'impubère '\
et c'était un danger pour les créanciers de la succes-
sion : on leur permit de demander qu'un délai fût fixé
pour délibérer si l'impubère avait intérê ta conserverl'hé-
rédité. Jusqu'à l'expiration de ce délai, aucun bien héré-
ditaire ne peut être aliéné sans la permission du magis-
trat et l'avis d'un homme de bien '*.
L'héritier sien ne garde que le titre d'héritier " ;
en fait il est étranger à la succession. Il peut revenir
sur sa décision tant que les biens n'ont pas été vendus
par les créanciers-". En général, le bénéfice d'abstention
ne se conçoit pas lorsque la succession esl solvable. Ce-
pendant, si l'héritier sien a eu de justes raisons de
s'abstenir d'une succession parce que les afl'aires étaient
trop compliquées, la jurisprudence a admis, sous l'in-
fluence de Papinien, qu'on lui permettrait de réclamer
le legs fait à son profit-'.
4° L'héritier sien doit être formellement institué ou
exhérédé -- : le testateur ne peut le passer sous silence,
à peine de nullité du testament. L'héritier sien est ainsi
protégé, au moins en la forme, contre une exhérédation
injuste. Cette règle fut introduite parles Prudents, pour
le cas où le testateur avait cru que son fils était mort-^
On l'a étendue au cas où il l'aurait omis ^'. L'institution
ou l'exhérédalion doit être nominative : cette prescription
a toujours été maintenue pour les fils. Pour les filles et
pour les petits-fils, le tribunal des centumvirs, dès le
temps de Cicéron ^% n'exige plus une exhérédation
individuelle; il suffit qu'elle soit collective ■-" {inler cèle-
ras) [EXHERED.4TI0, t. II, p. 924],
3" L'héritier sien est également protégé contre une
usucapion pj'o herede'^'' : aucun bien héréditaire ne peut
être usucapé à son préjudice [usucapio].
6° Les héritiers siens ont droit à la bonorum posses-
sio iinde liberi. Ils conservent ce droit même s'ils ont
perdu la qualité âe suus par une capitis deminuiio'^',
comme celle qui résulte de l'émancipation [bonorum pos-
SESSiu, t. I, p 733]. Les héritiers siens peuvent aussi
demander la bonorum possessio unde legitimi, s'ils ont
laissé écouler le délai d'un an utile'", fixé par l'Edit pour
demander la bonorum possessio unde liberi. S'ils négli-
gent de demander la bonorum possessio unde legilimi
dans le délai prescrit, ils ont encore un an pour solliciter
la bonorum possessio unde cognati.
7° Lorsque l'édit du Préleur appela l'enfant émancipé à
la succession paternelle concurremment avec les ««/, il
donna aux héritiers siens une compensation pour le pré-
judice qu'ils allaient subir. L'émancipé doit promettre,
sous caution ^^ {satisdalio), d'apporter à la masse à par-
tager tous les biens qu'il a acquis depuis qu'il est de-
venu sui Juris et qu'il possède encore au décès de son
père : c''eslla. collutio bonorum ^'. Cette collatio n'est pas
admise dans les successions testamentaires^-. Peuvent
seuls l'exiger les héritiers siens qui ont obtenu la bono-
bona veniunt. Paul, Oig. XXVIIl, 2, 1 1 : quasi olim hi domini essent, qui etiam
lÎL'opatre quodammodo domini existimantur. — 12 Cf. Edouard Caf[,lnititutions
juridiques dis Ilomaiiis, l. \", i' é.l , p. 73 et 1S3. — 13 Ulp. Dig. XXIX, 2, 8 pr.
— H Gaius, 11, 13«, 159 ; Jul. Vig. XXX, 89 ; Paul. Dig. XXIX, i, 7, 1. — 16 Ulp. Dig.
XXIX, -i, li. — '<i Gaius, eo(i. 57, 1.- 17 Ulp. ùiy. XXVIIl, 8, 7 pr. — 18 Gaius, flij.
XXIX, 2. 12 pr. — '9 Ulp. Dig. XXXVIll, 17, 2, 8. — -20 Paul. Dig. XI, 1, 12 pr.
— 2lpapin. ùig. XXX, 87. —22 Ulp. XXII, llel 16. — 23 Cic. /»e or. I, if. — iitnst.
Il, 13, 1 . - 25 cic. De Or. I, 38, 57. Val. Ma». VII, 7, 1.-26 Cod. Just. VI. 28,
i ,„.. _ 27 Gaius, II, 58. — 28 Ulp. XXVIIl, 8.-29 Jbid. XXVIIl, 11. — 30 Pompon,
ap. Ulp. Diy. XXXVll, f>, 1, 9. — 31 Ulp. Diq. XXXVII, 6, 1 pr. Cf. Edouard Cuc),
Jnslit. jurid. t. Il, p. 030. - 32 Alex. Sev. Cod. Just. VI, 20, 1 ; Diocl. eod. 9.
suu
— 1573 —
SUU
l'iun possessio contra tabulas ou unde /iberi et à qui la
présence de l'émancipé cause un préjudice '.
L'émancipé a la faculté de faire son apport en nature
ou en moins prenant-: tel est même l'usage au Bas-
Empire. En cas de refus de l'émancipé, la succession
paternelle reste aux mains des héritiers siens. Par une
interprétation bienveillante, la jurisprudence admit,
sous l'inlluence de Papinien, que l'émancipé pourrait
revenir sur sa détermination et offrir la caution pendant
un an, à dater de la délation de la bonoritm possessio ^
Si l'émancipé ne peut pas fournir caution, on nonime un
curateur pour administrer sa part en attendant qu'il
trouve des fidéjusseurs *.
8" Les héritiers siens, sauf les femmes, succèdent aux
droits de patronat, même s'ils ont été exhérédés". La
loi Papia Poppaea [le.x, l. III, p. 1137] assimile aux héri-
tiers siens le fils de la patronne, lorsqu'il a un enfant*^
[liberorum jus, t. III, p. 1294, n. 4].
y Les héritiers siens sont exempts de l'impôt du ving-
tième établi sur les successions par la loi Julia heredi-
tatlum^- [lex julia, t. III, p. 1150, n. 3]. Cette exemption
fut d'abord réservée aux anciens citoyens : les enfants
d'un pérégrin ne pouvaient l'invoquer lorsque leur père
avait obtenu la cité romaine après leur naissance. iNerva
accorda l'immunité à ceux dont le père avait obtenu la
puissance paternelle. Trajan étendit aux nouveaux
citoyens sans distinction la règle établie pour les
anciens ^ Un édit de Domitien de l'an 87/S8 avait
exceptionnellement accordé aux vétérans qui avaient
pris part au siège de Jérusalem, à leurs femmes et à leurs
enfants, le droit d'être oplumo jure cives romat^i^.
10° Au Bas-Empire, d'après une loi de Valentinien,
Théodose et Arcadius, les petits-fils furent appelés à la
succession de leur grand-père maternel à la place de leur
mère prédécédée : c'était une atteinte aux droits des
héritiers siens du de cujus. On en limita la portée en
accordant aux nouveaux successibles les deux tiers seu-
lement de la part de leur mère '".
II. Sui juris. — Y.s\. sui juris la personne qui a la
capacité juridique ", le chef de famille. On dit aussi
qu'elle est suae potestatis parce qu'elle n'est pas sou-
mise à la puissance d'autrui '■'. On l'oppose aux per-
sonnes alieni juris qui sont soumises à la puissance
paternelle ou dominicale, à la manus ou au mancipium.
Une personne sui juris, capable en droit, peut être
incapable en fait : tels sont les impubères et les femmes,
placés en tutelle, les fous, les prodigues, certains mineurs
de vingt-cinq ans pourvus d'un curateur '^. Une per-
sonne sui juris \>ii\\\, être dans une certaine dépendance,
comme l'affranchi vis-à-vis de son patron [libertus].
Un tils de famille devient sui juris, soit à la mort de
son père, lorsqu'il était sous sa puissance immédiate,
soit par une émancipation. L'esclave devient sui juris
lorsqu'il est all'ranchi ; la femme /« manu, au décès de
celui qui a sur elle la manus. Lorsfiue lu manus a été
acquise par cueintio, lu femme devient sui juris par
1 Ulp. Diy. XXXVII, 6. 1, 5; XXXVII, 8, 1, 13. — 2 Ulp. Diq. XXXVIl, «, ,1
§§ 11 el M. — 3 Fapin. eod. S. Ulp. eod. 1, § 10. — * Ulp. eod. Paul. eod. 2,
9. — 5 ijaius, m, .58. — 6 Gaius, III, 53. - ^ Plin. Paneg. 37. — 8 Ibid. 38.
— 9 Bntletïu (te ta Société archéologique d'Alexandrie, 1910; Rev, archéol.
1910, XVI, 336, n. 75. — 10 tW. Tlieod. V, 1, i. — n Gaius, I, 48 ; Dig. I. C, 1 pr.
— 12 Ulp. ûig. m, 2, 17; XLVIII, 5, îl. Paul. Dig. XUV, 7, 42. — " Ulp. Dig.
XXXII, 50, 1 et 2. — U Uaius, I, 115 a. — 'ii Ulp. Dig. XXVI, 7, 9, 1. NeraU
Dirj. XXVIII.S, 55;Javol. /'i». XXVIII,6, 39pr. :Ulp. Dig. XXX,32pr. ; Paul. Dig.
XXXII, 5, § 4. - '<; i'apin. Dig. V, 1, 39 pr. — n dp. Dig, XXXII, 50 § 6.
une remancipation suivie d'un airranchissement ". On
cesse d'être sui juris lorsqu'on est adrogé on qu'on
devient esclave à litre de peine.
L'acquisition de la capacité de fait s'exprime d'une
manière analogue à l'acquisition de la capacité de droit.
L'impubère sui juris, qui devient pubère et par consé-
quent cesse d'être en tutelle, devient suae tutelae, ou
in tulelam suam pervenit^'. Le fou qui recouvre la
raison est suae mentis^'', le mineur de vingt-cinq ans,
qui devient majeur, est suae aelalis'''.
III. Sua lis. — Dans l'expression jude.x litem suam
facit [lis, t. III, p. H&\,sua lis indique la responsabilité
encourue pour le juge qui ne se rend pas au forum au
jour fixé par le magistrat": il fait le procès sien, c'est-
à-dire qu'il s'expose à la manus injeclio que le deman-
deur aurait exercée contre le défendeur, alors que la
procédure des actions de la loi était en vigueur [manis in-
jECTio, t. III, p. lo87]. Le Préteur a étendu cette respon-
sabilité à d'autres négligences (inobservation des délais
d'ajournement", ou des instructions du magistral rela-
tives à la condamnation)^", et au dol commis parle juge
dans l'exercice de ses fonctions-'. En même temps, le
Préleur a modifié la sanction : le juge est passible d'une
action en réparation du préjudice -% action in bonum
el aequum qui se donne contre les héritiers^^.
IV. Suo nomine. — En droit classique, on peut exercer
une action en justice ou y défendre en son nom personnel
ou au nom d'autrui. Il en était autrement au temps des
actions de la loi: sauf quelques exceptions on devait
toujours agir suo nomine [legis actio, t. III, p. 1094,
n. 14]. A l'époque classique elau Bas-Empire, il n'est pas
indifférent de savoir si l'on agit en son nom personnel:
1° il y a des personnes qui peuvent plaider suo nomine,
mais qui ne sont pas admises à plaider au nom d'au-
trui ^' ; tels sont les mineurs de dix-sepl ans, les femmes,
les sourds, les aveugles, les infâmes en général'-' ; 2° il y
a des actions qui sont infamantes, uniquement lorsque le
défendeur est condamné suo nomine: actions de fiducie,
de société, de mandai, de tutelle -^ ; 3° les fils de famille
peuvent exercer certaines actions suo nomine'-'.
V. Pro suo. — Pro suo possidere désigne toute posses-
sion tendant à l'acquisition delà propriété, soit en vertu
d'un acte juridique tel que la vente, la donation, le legs^',
soit en vertu d'un acte d'occupation (animaux pris à la
chasse ou à la pêche) ou par application de la théorie de
l'accession (alluvion) ^^. Dans le premier cas, la posses-
sion pro suo se cumule avec la possession pro emtore,
pj'odonato, pro leijato. Il n'en est pas de même dans les
cas de la seconde espèce, où il n'existe pas d'acte juri-
dique motivanU'acquisition.
La possession pro suo (côç l'oiov)'" est une possessio
civilis ^' [possessio, l. IV, p. 603]. Il y a des cas où,
lorsqu'elle est de bonne foi, elle fait acquérir la propriété
par usucapion, bien qu'il n'y ait pas de juste titre: le
possesseur croit à la validité d'une vente qui est nulle
parce qu'elle a pour objet une chose volée^- ;à la validité
Modest. Dig. III, 5, 20.— 1» Macroh. Sut. H, 12. — ISA. Gell. XIV, 2, 1.
— il Gaius, IV, Si. —21 (Jlp. Oig. V, 1, 15, 1. —22 Gaius, Dig. L, 13, 6. — 23U|p.
loc.cit. cf. Lenel, Edit perpétuel, I, 180; Karlowa, Jlom. Rechtageschichte, II,
1349 ; Edouard Cuq, Instit. jurid. 2« édil. I, 148. — 2i Cf. Edouard Cuq. Op.
cit. Il, 747. — 25 Ulp. Dig. ill, 1, 1 §§ 3, 5, 6.— 26 Frg. dEsle, I. 1. Ulp. Dig.
III, 2, 6,2. Cf. Cil. Appleton, Revue générale de droit, XXIV, 193. — 27 cf. Ed.
Cuq, dp. cit. Il, 121 . — 28 Ulp. Dig. XLI, 10, 1 . — 29 Paul. eod. 2. — M Basilic, lib.
L, lit. X (éd. Heimbach. t. V, p. 7(l). — 31 Paul. Dig. XLI, 2, 3, 21. Cf. Riccoliono,
Zeitschrifld. Navigiig-Sliftnng, R.-A., lOlû, XXXI, 333. — 32 Pompon, eod. 4 pr
SYC
— 1574
SYC
d'un partage dascendanl, comprenant des choses
appartenant ;i autrui' ; à la réalisation prochaine d'une
condition tacite :\ laquelle est subordonnée une dation
à litre de dot-.
Les jurisconsultes classiques ont discuté la question
de savoir quelle portée il convenait d'attribuer à l'usu-
capion pro sito\ Les uns exigeaient que l'erreur ail été
motivée par un fait positif (fausse déclaration d'un
mandataire qui dit avoir acheté l'objet délivré au
mandant'). D'autres voulaient que la bonne foi de l'ache-
leur persistât jusqu'à l'achèvement de l'usucapion
[usucAi'io] \ Edouard Ccq.
SYBÉiVÉ (ïupT-vT,). — Etui en peau de cochon (su?),
servant à renfermer ou une flûte [tibia], ou des flèches
[puARETRAj '. Plus rarement ce terme aurait désigné une
de ces casaques de matelot, qu'on n'a pas cessé de tailler
dans le même cuir'^ lien est fait mention dans deux
vers d'Aristophane', qui montrent que, de son temps,
sybéné était un nom populaire du carquois.
La sijbéiié a été dès l'antiquité confondue avec le jave-
lot appelé siGVXA. A. J.-Reinwch.
SYCOPHA.NTA, SuxooivTr.ç, sycophante '. — Il n'exis-
tait à Athènes aucune magistrature, chargée, comme
notre ministère public, de rechercher les délits et les
crimes -. Le soin de la répression étant ainsi laissé à
l'initiative individuelle, il se forma une classe d'accusa-
teurs de profession: les sycophantes\ qui ont laissé un
fâcheux renom. Non pas, pourtant, que le rôle d'accu-
sateur volontaire, à Athènes, emportât par lui-même
aucun déshonneur. Des personnages d'une haute valeur
morale et d'une intégrité reconnue, comme l'orateur
Lycurgue, Font plus d'une fois assumé' ; mais toujours
ils avaient grandsoin, comme le montrent les plaidoyers
conservés, de justiiier leur poursuite par l'un ou l'autre
de ces deux mobiles que la morale grecque regardait
comme presque également honorables: le dévouement à
la chose publique, ou la vengeance personnelle '. Le
sycophante, au contraire, est un dénonciateur de profes-
1 Ibid. 4. I. — 2 Jul. Dig. XLI, 9. 1, J. — 3 Dapris Inst. i, 6, 11, l'erreur
sur la cause exclut l'usucapion. — * Afric. I>ig. XLI, -V, II. — ^ Pompon. Dig,
XLI, 10, 4 pr. Cf. Edouard Cuq, Jnstit.jurid. Il, S47.
SYBÉN'É. 1 Hesych. : «ujr.vn- a.jUtf,ty^, TOÎoev-.r. J, i vaui,»o; j,t,iv; Suid.is :
av^ri^Ti ti' Sc^t&aTÏvr, aj«.oftijxr,, î{ fi çaaÉT^a; PhotiuS : ^.j^i^vii' -r, SEai&a-ivîj aiï^odijii] i^
^ s<(iT;a : Pollui. VII, 153 : f, ii t;:> a:X~> tr.xr, svSiivr,. — ^ Hcsycll. I. c.
— 3 Arislopli. 7'hesmofth. 1197. A Euripide réclamant de l'argent, l'archer
scythe répond : &'f./'oùx cvûSev > i'tXi -i trjSiivr,, /.âSÉ. Le sclioliaslc explique :
SVCOPilA\TA. 1 Les anciens eus-mèmcs ne s'accordaicul pas sur l'étymoiogie
du mot <Tuit.>ïàvT,î;. Leurs essais d'interprétation i>euvent se répartir en deu\
groupes. D'après certains auteurs, l'exportation des figues hors de l'Attique aurait
été, à une certaine époque, prohibée par ta loi ; il y eut des contrebandiers, el ceux
qui dénonçaient la fraude furent appelés sycoplianles (Plut. Sol. 24; ûe curiosit.
16, p. 5i3: Athen. III, p. 74 E ; .SchoL Plat, fietp. p. 340 1): Schol. Aristoph.
Plut. 31. 873; £'(./!«. .Varjn. s. v. «-j.oçïv:.:.). Selon d'autres, il existait à Athènes
des figuiers sacrés, dont les fruits ne devaient pas être utilisés pour la consom-
mation. Une année de disette, fpielques airanu's osèrent voler de ces figues ; on
nomma sycophaotes leurs dénonciateurs (Schol. Arisloph. Plut. 31 ; Suid. s. v.
ffuYosâyrn; ; Cf. Kest. p. 303, éd. Muller). Les modernes, à leur lour, ont imaginé
des explications très diverses. Boeclh, reprenant une idée de Dacier, |tensait (|ue
le sycophante est « celui qui accuse a propos de figues >, ou, comme nous dirions « à
propos de boites » {Boeckh, Staatshauihalt. d. Athen. éd. Fr.inket. I, p, 56 note 0).
Siltl se demande si le sycophante n'a pas été primitivement celui qui outrage en
faisant le geste qu'on appelle « faire la figue ». par suite un -jp^KrTr,; (Siltl,
Geb'lrden der GriecU. und Rômer^ p, 103, note 1). Plus récemment, M. S. Heinach
a attribué au mot »-jx!,oi»Tr„- une origine religieuse. De inèrae que. dans le culte
Eleusinien. riiiéruphante révélait aux fidèles les ttsd et eu particulier l'épi sacré
de même le sycophante, à l'origine, était le préire, qui dans le culte athénien du
figuier célébré |iar la famille des Phytalides, réoélait la ligue. Si le mot sycophante
a pris dans la suile un seus iléfavorable, c'est i|u'une antre fonction de ce prêtre
Iconiiiie aussi de l'hiérophaulei itait la «iiif>i»i5, ou proclamation par laquelle il
excluait des mystères, el parfois en les dénonçant nonnuémcnt, les sacrilèges,
sion, inspiré par le seul appât du gain '. Nombreuses
étaient pour le sycophante les sources de profit. Dans cer-
tains procès (tels que la çiii;, l'àTro-cpïtivi, etc.), une part
des biens du condamné ainsi que de l'amende prononcée
revenait à l'accusateur'. Bien qu'assez mal famé*, ce
moyen de s'enrichir était, du moins, strictement légal.
11 n'en était pas de même de maintes pratiques malhon-
nêtes, couramment employées par les sycophantes. Par
exemple, après avoir intenté un procès, ils vendaient à
l'accusé leur désistement. Bien souvent même, ils n'a-
vaient pas besoin d'entamer la procédure : une sim|ile
menace amenait la victime à composition '. Parfois
encore, sans poursuites ni menaces préalables, les cou-
pables prenaient les devants et, par un pot-de-vin olTerl
aux sycophantes, s'assuraient leur silence complaisant'".
Enfin beaucoup de ces individus n'agissaient pas pour
leur propre compte : ils étaient aux gages d'un patron,
ordinairement d'un homme politique, qui les employait
contre ses rivaux et ses ennemis ". Délation, escroquerie
el chantage, ces trois termes résument assez exactement,
comme on le voit, l'industrie complexe du sycophante.
Ses victimes désignées étaient les riches '-. Les
riches vivaient, à Athènes, sous le régime des suspects.
En vain la plupart s'abstenaient systématiquement de
toute participation i\ la politique'^. Il ne leur servait pas
davantage de mener une vie irréprochable ", d'ouvrir
largement leur bourse à tous les solliciteurs ''. Pour peu
que l'un d'eux fût connu comme timide, ennemi des
tracas, dépourvu d'éloquence, il devenait la proie des
sycophantes". Généralement, il était trop heureux de
transiger. Qu'eùt-il gagné à aller en justice? « Les
tribunaux, dit un client d'Isocrate, ne prononcent pas
toujours comme on s'y attend; c'est le hasard plus
souvent que le bon droit qui règle leurs décisions. Mieux
vaut, pour une somme médiocre, se délivTcr d'une grave
accusation que de courir de grands dangers » '\ Parmi
les riches .\théniens dont toute l'existence fut ainsi
empoisonnée par les sycophantes, on peut citer: Nicias,
blasphémateurs, espions, etc. En se laïcisant, le mot serait devenu synonyme de
dénonciateur frivole (flco. des élud. grecq. t. XIX, 1906, p. 335-358). Enfin
M. P. Girard, se tenant plus près des traditions anciennes, propose de recoun.-iître
dans le sycophante « celui qui apparaît dans le figuier u, c'est. à-dire le voleur qui
est pris sur le figuier uiéuie. en flagrant délit. Comme le vol de figues élait un
incident des plus comniuns, le coupable ne manquait pas de renvoyer l'accusation
à son dénonciateur, et «ruxooavTtcv aurait pris aussi le sens de dénoncer sans
preuves, à tort et à travers \Rev. des étud. grecq. t. XX, 1907, p. 143-163). On
trouvera, dans ce dernier article, tous les textes cités et commentés. — 2 Lycurg.
Arfc. Leocrat. 3-3; Arisloph. Plut. 911 sq. — 3 Synonymes de o'jxoçivîr.; ,
ajxtKTT,;;, ff-jxoSio;, ff-jxwoo;, <rjxo.Sr;, ffuxoloYo;, çtVoffjxo; {£tym. magn. S. V.
«nixooivTa:), auxo<r=«S;«; (Hesych. S. V.), rjx.iaodfo; (Id. S. V.). Mais cc sont là,
vraisemblablement, des termes forgés par les comiques. — * Voir art. ghaphè.
— â Le second mobile est, ualurel'ement, de beaucoup le plus souvent invoqué :
Lys. .idi: Eratosth. 1 ; Ado. Aijorat. I ; Ad«. frument. 1 ; Adi: Alcib.X. l-i ; Uem.
.Ùv. Androl. I : Ade. Timocrat. S: Adi: Mid. i; Aih: Aicostr. 1 ; [Adv. Theocr.],
l, 59 ; [Adv. .Xeaer.], 1 ; Aesch. Adv. Tim. I ; [Arist.; Rhel. ad Alex. p. 75 Spengel.
Cf. 0. -Navarre, La rhétor. grecq. av. Arist. p. i33.239. — 6 Définitions du syco-
phante : Lys. Sr.iA. xa-at.. àxo'A. 3 ; Isocr. Adv. Eiithyn. 5; Antid. 24; Dem. .\dv.
Eubulid. 34. — 7 Exemples : Lys. Adr. .Aijorat. 63 ; De caed. Eratosth. 4t.
— 8 c'est ce que prouve, par exemple, la déclaration préalable d'.\pollodoros, dans
une affaire de ce genre : « Les trois quarts, tjue la lot accorde au dénonciateur,
je les abandonne à l'Etal : c'est assez pour moi de me venger >. (Dem. Adv.
Xicostr. i). — 9 Antiph. Tetral. I, i, 13; De caed. Herod. SO ; Lys. P. Polyslr.
15; Isocr. Adr. Callim.l ; Adv.Euthgn. ô,S; Antid. ;4;Dera. Arfr. Arislog.\,H :
[.\dv. Theocr.], 28, 32 sq. ; Aesch. De fal. Leg. 93; Plat. Crit. 43 A. — 10 (Dem.
Adv. Theocr. 64; Isocr. Anlid. 24. — H Dem. .4rfe. Arislog. I, 39; .idr. ilid.
103 ; [Adv. JKeaer.\, 43 ; Xenoph. Slem. Il, 9, 1 1. — <2|socr. Adv. Eulhyn. 5 ; Xe-
noph. Com. IV, 30 ; ilem. L. l. ; Arisloph. Equit 258, 261 Arist. Polit. : Vlll(V), 5,
1. _ 13 Xenoph. Mem. L.l. —"Lys. Sf>. .«To.i. «=oi.,3;P. Catl.i; Isocr. Anlid.
24; Adi'. Callim. 22. — !<• Plut. Xic. 4.— 16 Arisloph. Equil. 264 : Tiv «oi.TCv îir:.;
ÊT^iv àavoxûv, x^LoùffLO; xut |ir, «ovr,^b; xai raÉ]4feiv Ta iipd^aTa ; cf. 258 ; IsoCr. Adv.
Euthyn. 5 ; Xenoph. Mem. L. l. — «7 Isocr. Adv. Callim. 9 sq. ; Lys. P. Polyslr. 13.
SYC
— 1573 —
SYC
Charmide, Crilon. Nicias donnail à tous venants, amis
et ennemis. « Sa pusillanimité était un revenu pour les
sycophanles. Telle était la crainte qu'ils lui inspiraient
qu'il n'acceptait aucune invitation, ne prenait part cà
aucune réunion d'amis, et se renfermait chez lui le plus
qu'il pouvait' ». Quant à Ciiarmide, les sycophantes,
alors qu'il était riche, lui avaient rendu la vie si insup-
portable que, léduit à la pauvreté, il se félicitait, comme
d'un bonheur, de ce revers de fortune-. Enfin Crilon,
en butte à des accusations incessantes, avait dû, sur le
conseil de Socrale, prendre à sa solde un individu de
cette espèce, moins malhonnête que les autres, qui,
« comme un chien vigilant écarte les loups », donnait la
chasse à ses ennemis^.
(1 ne faut pas croire que le fléau dos sycophantes fût
spécial à Athènes. C'était un mal endémique de toutes
les démocraties grecques. " On ne conçoit pas plus une
démocratie sans sycophantes, disait Simonide, qu'une
alouette huppée sans huppe » '. Et Aristote énumère
plusieurs États, Ces, Rhodes, Héraclée, Mégare, Cumes,
où les excès des sycophantes, en forçant la classe
riche à s'unir et à conspirer [uetairiai], avaient pro-
voqué la chute du gouvernement populaire \ Ce
n'est pas que la loi ne prescrivit des peines contre les
accusations calomnieuses. Selon Diodore, le législateur
de Calane, Charondas, avait édicté que tout citoyen
convaincu de ce crime serait promené par les rues,
la tète ceinte d'une couronne de tamaris, « comme
ayant remporté le pri.x de la scélératesse »'. Ce qui est
plus sûr, c'est qu'à Athènes l'accusateur qui, dans un
procès criminel, n'obtenait pas le cinquième des sufl'ra-
ges encourait une amende de 1000 drachmes et une
atimie partielle, emportant déchéance du droit d'accuser
à l'avenir, et que la môme peine atteignait l'accusateur
qui, sans motif légitime, s'était désisté de sa plainte.
Dans certaines actions privées, le demandeur qui suc-
combait sans avoir réuni un cinquième des voix était
frappé également de I'épôhélia ''. Malgré ces précautions,
les sycophantes, à Athènes, pullulaient *. Il y en avait
de plusieurs sorte». Tout au bas de l'échelle il faut pla-
cer ces pauvres hères qu'Aristophane nous montre par
courant la place du marché, flanqués de leur témoin
instrumenlaire (xXyit-^p), et épiant, pour les dénoncer,
toutes les contraventions de police ^ Un peu supérieurs
peut-être à ceux-là étaient les sycophantes qui vivaient
de procès privés '" ; tout en les méprisant, on les redoutait
fort, et, à l'occasion, on les flattait". Enfin, bien au-
dessus de ces chicaneurs vulgaires, il y avait les
sycophantes politiques, dont la fonction consistait essen-
tiellement à intenter des actions d'illégalité'^. Généra-
lement, ils étaient aux gages d'un parti, dont ils ser-
1 Plut. Nie. i. — 2 Xenoph. Conv. IV. 30. — 3 M. AJem. II. 9, t s,|.
— * Plut. Timol. 37. — 5 Arist. Polit. VIII (V), 3, I. Selon toule appa-
rence, Héraclée fur le l'ont, et Cumes en Campanie. — ^ XII, 12. — '' Voy.
DIKÊ et FPOUEI.IA. — 8 ALhen. VI 234 B: QtôiïoiAiîOî ô çvi-raq iïX»içeiç tlvai xâ;
'Aeijv.; «u»o=«.T.r,v. — fi Acharn. 818 st|. 90S sq. Plut. 850 sq. — l» Xen.
Mem. L. t.: Deni. Adv. Aristog. 1. 40. — 11 Aristopli. Av. 1430, 1435, 1450.
Plut. 903. 910; Deni. Adv. Mid. 103; Xen. Com. IV, 30. — 12 Deni. Adv.
Mid. L. l.;[Adv. Neaer.]. 43 ; [Arfu. Theocr.], 45; Ipocr. Antid. 24;Aristot.
Polit. L. I. — 13[Dera.J. Adv. Neaer. 43. — I* Isocr. Antid. 314 sq. — is Ibid.
— Il» Voyez chez Aristophane, Plut. 911, l'apologie très spécieuse que fait un
sycophanle de sa profession. — n Isocr. Antid. 315; Dem. Adv. Àristoi/. I, 42.
— <»[Dem.], Adv. Theocr. 43; cf. 34, 63. — 19 Dem. Adv. Aristoi/. I, 40.
— 20 Arisloph. Plut. 900 : [Dem.], Adv. Thmcr. 30. — 21 II faut lire dans Démos-
tliène, Adv. Aristor/. I, 51 sq., le portrait d'Aristogiton. — 22 C'est ainsi que dans
les Oiseaux d'Aristophane (v. 415) un sycophante s'intitule t'kr,ir,^ vt,.>.uxi»dî.
valent les intérêts et les haines ". Sur leur compte
l'opinion publique était très partagée. Certes, personne
ne méconnaissait leur impudence, leur méchanceté,
leur vénalité ". Pourtant c'est dans cette classe que le
peuple allait chercher de préférence ses accusateurs offi-
ciels et ses nomothètes '°. Et il n'était pas éloigné de les
considérer comme un des rouages nécessaires de l'Êlat.
Sans l'accusateur volonlairequileurlivrailles coupables,
qu'auraient pu, en efl'el, la loi et les tribunaux? Et pour
une telle besogne, dont ne se chargeaient pas volonliers
les honnêtes gens, ne fallait-il pas des hommes sans
scrupule et sans vergogne'*. Par leurs vices mêmes, les
sycophantes rendaient donc service à l'État''. Ils ne
manquaient pas eux-mêmes d'affirmer et de faire sonner
haut l'utilité de leur mission. L'un d'eux se représentait
comme un « soldat à son poste », qui monte la garde
contre les auteurs de propositions illégales ". Un autre
se proclamait « le chien du peuple », laissant entendre
qu'il aboyait pour la défense de la démocratie '*•. Tous
se donnent pour de zélés patriotes ((piXÔTroXi;) ^''. Certains
de ces sycophantes, comme Théocrinès et Aristogilon,
ont eu une sorte de grandeur sinistre^'. Us ne bornaient
pas, du reste, leur action à la mère patrie. Ils s'atta-
quaient même aux alliés, les forçant à venir à Athènes
défendre leur fortune ou leur vie'-'^ Les vexations des
sycophantes furent, selon Isocrate, une des principales
causes qui rendirent impopulaire l'empire d'Athènes et
qui poussèrent ses alliés à la défection ^'. Ajoutons que,
comme toutes les injures indéfiniment répétées, le
terme de sycophante avait fini par perdre son sens précis,
pour ne plus désigner qu'un coquin^'. Les orateurs
politiques, en particulier, se renvoient à l'envi cette
épithète -". 0. Navarre.
SYCOPHAIVTIAS GRAPHE (Xluxotpavxîa; ypaipiî). — On
a vu plus haut [sycopuanta] les peines édictées par la loi
contre l'accusateur qui avait laissé tomber sa plainte, ou
qui, devant le tribunal, n'avait pas obtenu le cinquième
des suH'rages. Mais l'amende de 1000 drachmes et l'atimie
partielle étaient-elles encourues ipso facto, ou fallait-il
pour cela une décision judiciaire? La question est
obscure [grapeé, II, p. I63'i]. 11 existait, en tout cas, une
(Tuxocciï.vTiai; Ypacpii, dirigée spécialement contre celui qui,
en vue d'extorquer à une personne de l'argent, ou pour
tout autre motif intéressé, lui intentait ou menaçait de
lui intenter un procès, sans motif sérieux'. C'était une
action à estimation (àytov Ti|xT,Tdi;) ■^ présidée par les
thesmothèfes '. La peine pouvait être très élevée : c'est
ainsi que, d'après Lysias, Agoratos fut frappé d'une
amende de 10000 drachmes*. Mais il n'est pas croyable,
quoiqu'on en ait dit, que jamais la peine de mort ait été
prononcée -^ Outre la a'jxotpavTÎa; Ypaï-zî ^ la loi permettait
— 23 Isocr. Antid. 315. — 2'. Aesch. De fnl. kg. 99. Cf. Dem. Adv. Arxslog. I,
45, lia, 97 ; [Adv. Theocr.], 27. — 25 Aristoph. Equit. 442 ; Aesch. De fais. leg. 93 ;
Adv. Ctesiph. 51, 2i2. — Bibliographie. Pauly, Healencyclop. art. Euxoçàvtïiî
(Westermann) ; W. Smith, Diction, of greek and roman Antiquities, art. Syco-
phantes (Kennedy); S. Reinach, Sycophantes, dans Itevue des Etudes grecq.
t. XIX, 1907, p. 335-358 ; P. Girard, Quelques réflexions sur le sens du mot
sycophante, laid. l. XX, 1907, p. 143-163.
SYCOPIIANTIAS GRAPHE. 1 Meier-Schiimann-Lipsius, Der attische Process,
II, p. 413-414. — 2 Lys. Adv. Agorat. 65. — 3 Harpocr. s. v. iJYefiovîa S,»a,t,.p;ou ;
l'oll. VIII, 88; lex. Heguer. p. 310, 4. Le renseignement remonte à Aristote.
- 4 Lys. L. l. - s Dans deux des textes allégués (Plut. Pkoc. 38, et Andoc. Mysl.
20), il ne s'igit pas d'une uunooavT.'a; Yfuji- Quant aux condamnations capitales
prononcées contre les sycophanles par le Sénat sous la tyrannie des Trente, c'était
là une mesure révolutionnaire et exceptionnelle (Xen. tiell. II, 3, 12). — *• Isocr.
Antid. 3t4;PoU. VIII, 47.
SYM
— 1576 —
SYM
encore contre les sycophanles d'autres procédures : Iei-
SANGÉUA, la PROBOLÉ, la PHASIS. 0. NavaBRE.
SYGKLÈTOS [SY.NODOS].
SYLAI (SùXi!). — Droits de représailles reconnus en
Grèce, entre des cités ou des individus leur apparte-
nant [koedis, p. 1204 .
SYLLOGEIS (i;-jXXoY£ïç) — Ce mot désignait à Mhènes
deux catégories distinctes de fonctionnaires.
I. — Les lexicograplies ' donnentle nom de si/llogeis à
des commissaires spéciaux, élus par le peuple pour
dresser Tluvenlaire des biens qui devaient être vendus
au profit du trésor. Les procès qui résultaient de ces
enquêtes étaient portés devant les syxdikoi'. Bien que
les textes ne le disent pas formellement, il est probable
que ces fonctionnaires n'ont été nommés que dans le
cas particulier des poursuites exercées contre les
oligarques après l'expulsion des Trente Tyrans'.
II. — Les inscriptions seules nous font connaître les
cuXXoYeï; toO oijulou*. C'était une commission du Conseil,
composée de trente membres, trois par tribu, et présidée
par les trois représentants de la tribu qui avait la
prylanie. Les syllogeis du peuple étaient ciiargés de
convoquer les membres du Conseil et de l'ecclésia ». Avec
l'aide des lexiarques'', munis des listes des citoyens,
ils contrôlaient les présences et distribuaient les jetons
(si/mbola) qui donnaient droit aux misthoi [ekklésia,
p. 518]. Ils avaient aussi à accomplir, au nom de
l'État, des sacrifices à Athéna\ et, lors de la fêle des
Olympia, à Zeus Olympien*. A leur sortie de charge,
ils pouvaient obtenir des couronnes honorifiques'.
Kœliler"'a supposé que cette institution remontait au
V siècle av. J.-C. Les témoignages épigraphiques sont
du IV' siècle. On ne sait pas jusqu'à quelle époque les
sijllogcis du peuple ont subsisté. Ch. Michel.
SYMBOLA, SYAIBOLOX [siGMM, UOSPITIUM, tessera,
DIKASTAI, SYNALLAGM.'V].
SY.MBOLAIOX ^SYXALLAGMA, SYNTUÈKÈ, SY.XTHEKON,
PARABASEOS IiIliÈ.
SYM.MACHIA (luu.u.œ/!'a). — Tliucvdide nous a con-
servé les instruments diplomatiques qui règlent ce
qu'on a appelé la Paix de Xicias, conclue entre Sparte et
Athènes à la (in de la première partie de la guerre du
Péloponèse. Il y a d'abord un traité d'armistice pour un
an, Èxs/£tpta', conclu au printemps de -422 ; avant l'expi-
ration de l'année, un traité de paix est conclu, aizovZaî-,
pour une durée de cinquante ans; enfin, peu après, les
SYLLOGEIS. - I Bekker, Anecd., p. 304, 4 : avilovtt,. ijj„Ti; isb -.j Sr,,ioj
IiifoTovTiTo', oitivi; à=îT5à=5,To Ta; oiuiiî tJv dXiYaçj.xiy. Cf. Harpocr. s. 1-.
— 2Meier-Scliocmanu-Lipsius, Oer attisclie Praccss, p. Ii5. — 3 Scbocmann. /îe
eomitiit Athéniens., p. 317 ; Smilh, Diction, of greek and rom. Ant.. 3- éd.. Il,
p. 733. ScboemaDD adjstingué cessyUogcis des syllogeisdii peuple, tandis que Boeckh
les avait coDfondus, Staatsh. rler Athen., Il, p. 115. — ' Koebler, Athen. Mitt.,
VII (ISSi), p. loi sq.; Michel, Rec, 8i4, 1029; Inscr. Gr., Il, 607; Ditlenbergcr,
Syll., i'M., Il, p. 110. — 5 LjiUjr. Ti;; ?<,/*ii; ,.\ toî ^^^j : /nicr. Gr., Il, 390,
40S, 417, 4i5, etc. — 6 Poil., VIII, lot : )i,=;.pj,.. î; ..«;„.,„ ,;, «i„3, irr'Tf'i'-
|uv.> è> livià;utTt, »«î T;iù<vtiz i.i^i, «ÙTot; <;oiiai9I<f>-t>iv Toi; |»T, ij.lllaiiîo.TO;
IÇiiiiTsav ..\ T«i; ti.lii»id;o.-:«; Ur.taX»,. — 7 Jnscr. Gr., Il, 607. — 8 Michel,
Recueil, 854. Ils remettaient au Trésor le produit de la vente des peaux des vic-
times ; A. Morornsen, Feste der Stadt Athen, p. 46f. foLvsipiA, p. 194'. — 9 Michel.
Recueil, 1029; cf. A. Wilhclm, Athen. Milt.. ï\l 1896), p. 435; Le même, Irk.
dram. Auffûhr., p. ill. _ 10 Athen. Mitt., VII (1S8Î), p. 108. — BiBiiocRAPBif.
KuehIer, /oc. cil. : Gilbert, Handb. der griech. Staatialt., 2' éd., I. p. 322 s<i. ;
Ueier-Schoemaua-Lipsius, AU. Process., p. tir., 310, 759, 959; Boeckh, Stants-
hawsh. der Athen., 3- éd., I, p. 192 sq. ; p. 272; II, 107 sq. ; lUsq.; 123,
Wilaraowitz, Ari<<ot. undAthen. il, p. 166 sq.; Schœniaan-Lipsius, Griech. Atlert.
1, p. 394 sq.
8TMHACHIA. 1 IV, 118.-2 V, 1819. - 3 V, 23-24. Les ,™«.S.; furent con-
clues au commencement du printemps, après les Dionysies urbaines (V, 29) ; la
deux peuples s'unissent, encore pour une durée de cin-
quante ans, par un traité d'alliance, a^ju-^nx/ix'. Mais un
an ne s'était pas encore écoulé après cette alliance
avec Sparte, que les Athéniens s'alliaient avec les enne-
mis de Sparte, les .\rgiens, les Éléensetles Mantinéens'.
Thucydide nous a conservé aussi ce traité; et, par un
hasard heureux, un fragment du texte officiel a été
trouvé sur r.\cropole^ Thucydide a pris soin de bien
indiquer le nom particulier qui désigne chacun de ces
quatre traités. Il emploie pour cela les mêmes expres-
sions, on peut dire la même formule, qui revient ainsi
chaque fois avant etaprès le texte de chaque traité, .\insi
IV, 117, 3: •[{•{yeT'xi oùv £Xê/£ip;'a "rfiî. 119, 2: V] [iàv OY,
èx£/£[p;'a auTT; èyé-jezo. De même pour CTtovSat, V, 18, i et
20, i; et pour cju.u.rty(x, V, 22, 1 et 24, 2.
Pour le traité conclu par .\thènes avec Argos, Elis et
Mantinée, la formule change un peu ; il est question à la
fois de <77:ov5it et de 'jj^u.a.yix^. C'est qu'en effet le traité
comprend les deux choses : d'abord des (rit&vSï'', qui sont
conclues pour cent ans, et en vertu desquelles les peu-
ples contractants s'engagent à s'abstenir de tout acte
d'hostilité les uns envers les autres; ensuite une TuptuLa-
/l'a, qui est aussi conclue pour cent ans et qui n'est autre
chose qu'une alliance, dont les clauses sont réglées.
Cette fois encore, Thucydide distingue donc les rj-ovoxide
la iju-iLa/ix. Il en est de même pour le traité conclu entre
Argos et Sparte après la bataille de Mantinée ; les
Argiens du parti aristocratique veulent conclure un
traité de paix pour arriver ensuite à une alliance''.
Le mot <j7tov3a!, en vertu même de son sens primtif,
signifiant « libations », prenait un sens plus étendu
que celui qui lui est attribué ici et s'appliquait à
toute convention qui devait être ratifiée par une céré-
monie de ce genre: Thucydide lui-même l'applique au
traité d'armistice dont nous avons parlé. lien est de
même des mots opxoc, <!•J'l^r^x.x■., ojAOÀovta'; le mot e;p/;VT,
ne parait dans les textes épigraphiques qu'à partir du
iv siècle'. A côte de la .'njminachia. Thucydide parle de
Vépiinachia, qui serait un traité d'alliance purement
défensive '" Le mol ne s'est pas encore rencontré, avec
ce sens, dans les inscriptions.
La sijminacliia est de beaucoup la plus fréquente de
ces conventions internationales". Dans nos textes, ce
mot est souvent accompagné des mots '6'i:f.o;,, ot/.i'a, bjio-
XoYi»'". La formule la plus usitée consiste à dire: nous
aurons les mêmes amis et les mêmes ennemis ''. On
»un;ia/.;i le fut où soliôi OVisfov (24, 2 et 28, 1). — 4 V, 47. — ô Corp. insc. att.
IV, 1, 46 i; V. Scala, Staatsvertr. p. 76 ; Uicks-Hill, A Manual of gr. hitl. intc.
î' éd. n» 69. — 6 Thuc. V, 46, 5; 48, 1 : \\ i«sv »i:ovi<£\ .«! i, ni;i(i«/.;i oÎt»; ^i^i.n-i>.
— 7 V, 79, 1 : llKovSà; xccl <r>;i(ia^tav. — 8 Sur tous CCS termes et leurs divers sens,
cf. P. Graetzel. De pactionum inter çraecas cil'itates fact. p. 18 sq. — 9 On
trouve, pour la première fois, ce mot employé avec ce sens dans le traité conclu
par les Alhéiiiens avec Cbios en 3S6, Corp. insc. att. IV, 2, p. 9, n. 15 c et 11, 15;
Dittenberger, Syll. 75 ; Scala, 122. Le sens n'est pas le même dans C. in^c. att. IV,
2, 1 6, I. 14 el 21, et II 1 *; Dittenberger, 56: Michel, 80. — lO I, 14i, 1 ; V. 4S, 2;
Xeo. Cyr. m, 2, 23; Aristot. Resp. III. 5, 13 = liSO 6 7. Le sens est différent dans
Th. V, 27, 2 ; VI, 79. I. Cf. Graelicl. p. 42. — n Les deui traités les plus anciens
qui nous ont élé conservés par des inscriptions sont celui qui a été conclu entre les
Héréens et les Eléens (Roehl, Insc. i/r. ant. 110; MicheL 1. .Scala 27) el celui entre
les Anéléens et les Mélapiens (RochI, 118 ; Michel, 2 ; Scala, 33j. Le premier est
une symmacbia. le second une philia. — *'- ^lu^^a^-a ïaî Saxot, Corp, insc. att. IV,
p. 13 iSic :67);ibid. IV, 33 a (Oillenberger. 24; Michel, 4 ; Scala, 48). Le traité avec
les Boltiéens de l'an 422, fournit les noms de çi>ji:*ay!a, çtÀîa, ôito'Ao-rt'a. Corp. ins.
att. I, 52 ; Dittenberger, 36; Scala. 82. Dans le Irailé avec Uhios cf. n. 9) on trouve
e!jiivT„ 5j»ot, oi'«i'«. Cf. encore C. i.att. Il, 108. — l3Traité avec les Bottiéens,
cf. n. 12; traité avec Sélymbria, C. i. att. IV, 1 p. 18, 61 a; Dittenberger, 53 ;
Scala, 93. a. Thuc. III, 70, 6 ; 75, 1 ; VII, 33, 6 ; Xen. Anab. Il, 5, 39 ; Aesch. III,
100 ; les autres textes dans Graetzel, p. 45.
SYM
— 1377
SYM
promet aussi d'exécuter le traité loyalement', d'être des
alliés fidèles et sûrs'. Le plus souvent les conditions de
l'alliance sont indiquées en détail: elles consistent, en
général, dans l'obligation de se porter mutuellement
secours en cas d'attaque et de ne pas faire la paix sépa-
rément''. 11 ne s'agit le plus souvent, nous l'avons dit,
que d'une alliance défensive. Souvent ces conditions
sont répétées dans la formule de serment que les deux
parties doivent prêter*. La durée des traités à partir
du iv= siècle est généralement pour un temps indéfini ".
Tout traité était sanctionné par des cérémonies reli-
gieuses, qui consistaient en un sacrifice, des libations et
un serment". Le serment comprend une invocation aux
dieux protecteurs de chacune des cités qui contractent
alliance''. Il est prêté par les magistrats, les autorités
militaires, par des corps entiers, comme les cavaliers, les
juges, tous les citoyens adultes *. Il est quelquefois
stipulé que le serment sera renouvelé '.
Les décrets atliéniens sont assez souvent gravés au-
dessous de bas-reliefs, dont les sujets sont empruntés
aux décrets eux-mêmes ; ce sont, en général, des figures
Fig. 6692. — Corcyre et le Démos atliéuicn.
allégoriques. Ainsi, pour le traité conclu en 375 entre
Athènes et Corcyre '", la sculpture représente (fig. 6092)
un homme assis, qui est le Démos athénien: devant lui
une femme debout, qui est la cité de Corcyre, et qui
1 Cf. Iraité de paix avec Sparle, Thuc. V, 18, 2; la première partie du traité
avec Argos, Elis et Maiitiuée, ncsl .lu'un traité de paix, Jbid. 47, I. —2 Traités
avec les Bottiéens. cf. n. \-l de la p. 1576 ; avec Léontini {Corp. inscr. ait. I, 33
et IV, I, I, p. 13; Uillenberger 25; Scala, 681: entre les cités Cretoises Ûlos et
Latos, C. insc. gr. 255i; de même, 2556. — 3 Traité entre Athènes et Sparte,
Thuc. V, 2, 1-3; entre Athènes, Argos, Elis et Manlinée. V. 47, 3-6; avec Corcyre
{C. att. 11, p. 398, n. 49 b ; Uiltcnberger, 84 ; Michel, 9 ; Scala. 143) ; entre Hiera-
pytna et Rhodes, Caiier, Delectus, 181, 1. 73; entre Hierapytna et latos, Cauer,
117. — * f . es. l'insc. de Chalcis {C. i. att. IV, 1, 1, p. 10, 270; Ditten-
bcrger, 17 ; Michel, 70) et celle des Bottiéens, cf. n. 12 de la p. 1576. — b Le
traité entre les Eléens et les Héraiens (cf. n. 11, p. 1576) est conclu pour cent ans;
de même entre Alhènes, Argos, Elis et Manlinée, Thuc. V, 47, 1. Poiu' cin(|uaute
ans. les Anétécns (même note) ; les deux traités de paix et d'alliance d'Athènes
avec Sparte, Thuc. V, 18, 2 ; 47, 1 ; avec Corcyre (cf. p. 1576, n. 3): avec Denys. C.
i. att. 52 ; Dittenberger, 90 : Scala, 159 ; avec les Arcadiens, les Achéens, Elis et
Phliunte, C. i. ait. 11, 57 6 p. 4o3 ; Dillenb. 105; Scala. 171; avec les Thessaliens,
C. i. att. IV, 2, 59 6, p. 21 ; Dittenb. 108; Scala, 176; Michel, 11.-6 Sch.imann-
Lipsius, Gr. Altrrtii. II, 253, 278; K. F. Hermann-Thumser, Lehrb. der gr.
Anliq. I, aiaatsattert. p. 71 ; P. Stengcl, Ùie gr. KuUiisalterl. (Manuel Iw.
Millier}; p. 121 ; Fuslel de Coulauges, Cité antique, 248. Pour ce qui concerne
les ambassadeurs chargés de concluie et de sanctionner les traités, M. Hey^o, De
légation, attir.is, Golt. 1882 et surtout Fr. Poland, De légat. Grâce, pulilicis,
Leipzig, 1885, — 7 On me permettra de renvoyer à mon ouvrage cité à la Bibliogra-
VIII.
semble lui parler; Athéna debout préside à la scène.
Le bas-relief, qui décore le décret conclu en 362 entre
Athènes, les Arcadiens, les Achéens, Élis et Phliunte",
représente Zeus,armé de la foudre et assis sur un trône;
deux femmes debout représenteraient l'une le Pélopo-
nèse '- ou la Symmachia ", la seconde Athéna. Sur le bas-
relief (fig. 6693) du décret relatif à l'alliance avecNéapolis
Fig. 6693. — .Néapolis et Athènes.
de Thrace, en 3oo, la jeune fille, riapfiÉvoç, qui représente
Xéapolis '*, est beaucoup plus petite qu'Athéna. On
admet cependant que c'est une figure d'.\rtémis. C'était
l'usage de représenter les États par leur divinité protec-
trice'".Dans un décret d'Athènes relatif aux Samiens'%
les deux peuples sont représentés par leurs déesses,
Athéna et Héra. L'usage de ces bas-reliefs commencerait
vers le milieu du V' siècle '^
Nous n'avons pas parlé des symmachies qui ne sont
autre chose qu'une réunion d'états fédérés. Telle fut la
symmachie à laquelle présidaitSparteaux vi» et V siècles.
Le lien fédéral était, en somme, assez lâche. Il n'en fut
pas de même de la confédération athénienne, organisée
par Aristide: de bonne heure, les alliés furent réduits à
l'état de sujets. Au iv' siècle, Athènes tenta de rétablir
ce système d'alliances, mais sur des bases nouvelles et
sans succès durable. C'est surtout à partir de l'époque
des diadoques que les ligues fédérales se multiplièrent ;
les plus connues sont lesliguesdesNésiotes, desÉtoliens,
des Achéens ". Albert Martin.
phie: cf. cil. ii-iv. - S Ibid. ch. vii-viu. — 9 Cliap. vi. — 10 Voir n. 3. Alb.
Dumont, Bull, dccorr. hell. II, 1878, p. 539; MMheil. d. arch. Inst. 1, 197.
11 Sur ce traité v. n. 5. — *- Explication de Koeliler (C. iîi«. att. II, 57 b), adoptée
par A. Dumont, Op. /. 561. — la Explicat. de Hicks-HiU, Manualof gr.hist. insc.
n, 110. _ 14 C. i.alt. Il, 66; Ditteub, 115; Hicks-Hill, 132; Scala, 191 ; Sclioene,
Griech. fteliefs, Vil, 48 ; A. Dumont, L. l. 562. — là A. Dumont, 563. — 16 C. i.
att. IV, 2,1 b; Dittenberger, 37; Michel, 80 ; Erunn-Bruckmanu, Denitmtiler,
n. 475 a; Collignon, Uist. de la sculpt. gr. Il, 117. Le bas-relief du décret
relatif à Denys (voir n. 5) représente Athéna et la Sicile. — '^ Sur toutes ces
questions, cf. Dumont, L. I. — 1» Il suflH de reuvoier à Schomann-Lipsius,
Griech. Slaatsalt. II, 80-92 et 101-163, et à G. F. Hill, Handhook ofgreek.
a. rom. coins, p. lOO-tlS. — Bhu.iogbapuiiî. VVachsrautll, Jus gcntium quale
obtinuerit apud Graecos anle bellorum cum Ferais gestorum iiiilium, 1822;
Id. Hellen.-Altertumsk. I, 183; F. Laurent, Hist. du droit des gens. II, p. 23,
117; C. F. VV. MuUer, De ritibus et cerimoniis qutbus Graeci commercia publica,
foedera. belli pacisque sanxerunt, 1854; E. Egger. Eludes hist. sur les traités
publics chez les Grecs et les Romains, 1866 ; M. Heyse, De legationibus alticis,
18S2; Kr. Poland, De légation. Graec. publicis, 1885 ; P. Ciraetzd, De pactionum
inler graecas civilates faclarum ad bellum pacemque pertirientium appellalio-
nihus formulis ratio'ie, 1885 ; Albert Marliu, Quoinorto Graeci ac peculiariter
Alhenienses foedera publica iureiurando sanj-erint, 1886; Schi'miann-Lipsius,
Griech. Alterth. II, 244, 253, 278 ; (lermann-Thumser, Lehrbuch der gr. Anliq. !,
Staats allert. p. 71, 80 ; G. Gilbert, Handbucli d. gr. Staatsalterl. Il, 367.
198
SYM
— ir)78 —
SYM
SYMMETRIA (SufjiixETpia). — Tunique longue dont le
pourtour inférieur était bordé [cf cyclaSi'. E. S.
SYMIMIOXIA (i:ju.i.u)V!a). — Le inol cuti^iovi'a dans le
grec classique n'a jamais que le sens d'accord consonant
ou celui de concert de roix ou d'htslriimenls : nous
n"avonspas;i nous en occuper ici ;misica]. Mais il semble
bienqu"à l'époque post-classique et plus particulièremeiil
dans les derniers siècles de l'antiquité on ait également
désigné sous ce nom un instrument de musique spécial,
dont la nature reste assez énigmatique en présence de
témoignages contradictoires. Pour Fortunal c'est un
instrument à vent' et tel parait être aussi l'avis des
scholies de Berne- sur Virgile l'V siècle). D'autres glos-
sateurs en font une espèce de lyre ' ou de harpe
isambyque)'. Kniin d'après Isidore de Séville, qui en
a donné la définition la plus explicite, la symphonie
serait un tambour à deux faces, recouvertes d'une
peau tendue, que l'exécutant frappait en même temps
de ses baguettes de manière à produire 1' » accord >>
d'un son grave et d'un son aigu : d'où le nom de
l'instrument". Il semble bien que déjà Prudence, qui
attribue aux Égyptiens l'emploi de la symphonie à la
bataille d'Actium, la considère également comme un
tambour*.
Chose singulière : cette multiplicité de significations
attestée pour le mot latin se retrouve pour ses dérivés
dans les dilTérentes langues romanes. C'est ainsi que le
français chifonie ou cifoine « instrument dont les
aveugles jouaient en chantant les chansons de geste » '
parait désigner tantôt une vielle, tantôt un tambourin*,
tandis que l'italien sampogna, dont l'étymologie est
d'ailleurs contestée, est toujours un instrument à vent,
flûte de Pan. pipeau ou cornemuse'.
On a cru trouver une mention de cet instrument bien
plus ancienne que toutes celles que nous avons men-
tionnées : c'est dans un verset deux fois répété du livre
de Daniel (m, o et loi où on lit : <i Dans l'instant où vous
entendrez le son du cor, des Iliites, des cithares, de la
sambyque. du psaltérion, de la symphonie (n»3301D) et
de toute espèce (d'instrument) de musique ». La Septante
traduit par duiAsouviaç, la vulgate par symphoniae, et, en
effet, le mot hébreu, vocalisé çoumponya, parait bien
n'être qu'une transcription du grec (jju.^covtx : on sait que
Daniel esi contemporain d'.Xntiochus Epiphane, et dans
le verset même qui nous occupe il y a plusieurs autres
noms d'instruments transcrits du grec. C'est à tort que
certains commentateurs modernes '", se fondant sur le
SYMMtTRIA.-l Poil. IV, liO : ,..Tiv ^oSr.jr,; i/ioupir.î .i"» : Jiev. de, É(ud.
gr. 1899, p. Ml.
SVMPBO.MA. — I Fortuual. De vila J/arfini', IV, 48 « doncc plena suo
cecinit symphonia llatu ». Tout le passage éUnI mélaphoriquc, il est impossible de
savoir <|uel ÏDslrument précis le poêle a eu vue : il pourrait mi^me s'agir simpteraenl
del'orcbeslre. — iSchol. Bern. aii Georg., Il, 193: • apud Tiiscos enim a Tyrrlieno
symphonii ysic) el libiae usus inventus -. — 3 Mamolreclus ad I Paralip.. 12 :
- Uris id esl srnipboniis » (cité par Du Gange). — l (Jloss. Hrov. (ms. rcg. 76 571):
• symphonia, sambuca • (Du Clange). — S Jsjd. Qrig. 111, 21 fin. « Sym-
phonia vulgo appellatur lignuni cavum, e\ ulra(|ue parte pelle eilensa, i|Uara vir-
gulis hinc cl inde musici feriuut. Ilb|iie et ea concordia gravis et acuti suavissimus
canlus ». Cf. le canoniste Ugulio cité p.ir Du Gange : • tynipanuni est média pars
sympboniae, in simililudiueni cribri, et virgula percutitur ut svmphonia <•
— 6 Prudent. Adr. Symmacli., 11, 527 : . Fluotibus Acliacis signum symphonia
belli Aegypto dcdcral. clangebat bucina conlra „. — ^ Corbichon ap. Godefrov,
s. y. chifonie. — » C'est le tambourin chifonie que M. Heck croit retrouver dans
dem figures de mss. reproduites à la pi. i (p. ',li de sa Miisii/iie des Iroiiha-
do'jri II9I0). — 9Tommasco et Bellini, Oizion. ibU. s. v. Cf. Caiiello, ,lrc/i.fio
gtollologieo, III. 3S9. Les dilTérentes formes romanes données par Koerting
llMleinitcli-romanisches Wùrlerbueh, 1891, ». ». symphonia) sont : italien zam-
verset m, 10 où le mot est écrit X':ï'D isiphnia], ont
voulu le rattacher à un prétendu mot grec iriçwvta (de
distov, le tuyau); à plus forte raison ne saurait-on accepter
les étymologies fantaisistes qui tirent ce mot d'une
racine hébraïque". Le contexte où apparaît ici la sym-
phonia, dans une énumération d'instruments de mu-
sique, mène naturellement à penser qu'elle doit éga-
lement être rangée dans cette catégorie, et telle parait
avoir été de tout temps l'opinion des rabbins. La Mi-
schna, qui l'accouple avec la nùte '-, parle d'une " gaine
de symphonie » '^. Saadia y voit une cornemuse '* comme
l'italien sampoyna. Des rabbins juifs cette interprétation
a sans doute passé chez les plus anciens commentateurs
chrétiens de la Bible. AJale quidam de Latinis, écrit
saint Jérôme, symphoniam piitant esse geniis organi,
cum concors in Dei laiidibu.i concentus hoc vocabulo
signi/icetur^'°. Malgré cette contradiction, la plupart des
interprètes modernes persistent, probablement avec
raison, à voir dans la symphonia de Daniel un instru-
ment de musique. Les uns en font avec Saadia une corne-
muse (quoiqu'un joueur de cornemuse se dise àffxaûÀY,?
en grec, itriculariis en latin), d'autres un orgue " ou
une tlùte de Pan'". On a voulu même" retrouver une
autre mention de notre instrument, à peu près contempo-
raine de Daniel, dans un texte de Polybe", où il est dit
qu'.\ntiochus Epiphane aimait à surprendre des jeunes
gens en train de festoyer en se présentant inopinément
parmi eux jie-à xEpa-iou '"' (fifre en corne?) xa't Tunstovia;.
Ici encore le contexte est favorable à l'idée d'instrument
el l'on pourrait en conclure que le nom et la chose sont
d'origine gréco-syrienne. Th. Reinach.
SY.MPHO.\IACUS, AÙXtiTt;?, Tcrr.oxùÀï,;. — Sur les na-
vires antiques, les rameurs réglaient la marche et entre-
tenaient leur ardeur par un chant accompagné le plus
souvent de la tlùte. Le flûtiste, sur les navires grecs,
s'appelait aù/.T,TT,ç, TpiT|SatOX-f,; '. Ce joueur de flûte semble
avoir été employé chez les Romains. A propos d'un pas-
sage du plaidoyer de Cicéron contre Q.Caecilius, où l'ora-
teur rappelle qu'un commandant des vaisseaux d'.\ntoine
avait enlevé à une certaine .\gonis de Lilybée des esclaves
syimphonlsies. symj)hon iaros serras, qu'il voulait, disait-
il, employer sur sa flotte, .Vsconius Pedianus s'exprime
ainsi-: « Cani remigibus celeusma per symphoniacos
solebat el per assam vocem, id est ore prolatam, et, ut
.\rgo navi, percitharam' ». On voit que le symphoniacus,
s'il se servait de la voix, s'accompagnait d'un ou plusieurs
instruments, sans doute ordinairement de la flûte' [cf.
potjnn, sampogna : roumain cimpoae : provençal sinphonia : français symphonie,
chifonie; espagnol zaïnporia ; portugais snnfonha. Le sens de cornemuse pour
zampognn ne parait pas primitif : le mot aurait d'abord désigné le tube à soupape
qui sert à gonfler l'oulre de la cornemuse. — *0 p. es. Behrmann p. I.\ dans le
Handkommentar zitm alten Teslament de Nowack, III, 3, i. — H Gf. Fiirst,
BebrTiisch. iind chald Wôrterbuch (IS7C), s. i: — 12 Mischna, Kelim. c. 10,
§6. — t3 /tid., c 18, § 8. — li Ad Dan. (. c. — lô Ep. ïl ad Damasum,
n. 29. — 16 S. Cahen, Bchrmauu. — '' Bar Bablul. Gf. Ugolini, fhes. 3î,
p. 39-42; Benzinger, Hebr. Archâotorjie, p. 276; J. Wciss, Die musikal.
Instrumente in den heiligen Schriften des A. T. 1895, p. 85. — 18 Gesenius,
s. ,.. — 19 Polyb. fr. XXVI, 1. Bûllner-Wobsl ap. Alh. V, 193 E et 4.39 A :
Diodor. fr. XXIX. 32. — 20 Les mss. d'Alhénée ont iesh^ii'ou, qui donnerait un sens
ivoir le conim. de Schweigbauser); la correction «tçùTtoj est fournie par Diodorc.
.\ la rigueur xeçotiov pourrait être une petite corne à boire.
SVMPIIO.MACDS. — I Demosth. De corona, 129; l'hilodeni. De mtisica, col.
VII. in Hemil. ruliim. (/une sitpersunt, I, N'apl. 1793, p. 39; cf. aussi l'édition
lie Kemke ap. Tcubner: Duris ap. Athcnae. Xll. p. 533. — 2 /n. Q. Caeeil. divinat.
XVll. — 3 Sur le vaisseau de Cléopàlre sur le Gvdnus. il y avait des flûtes el des
cithares. Plut. ,-l«/on. 133; les rameurs répondaient par un chant cadencé;
cf. Sil. 11. VI, 3S3. — * Mai. Tyr. Dissert. XXXIX, t. Il, p. 243, éd. Reiscb.
SYM
— iS79 —
SYM
s«iphoma]. Le symjj/ioniacus mentionné plus lard dans
des inscriptions serait le TpnfipaûÂY|Ç des Grecs.
C. De La Berge.
II. Le même nom, symphoniacus, désigna des musi-
ciens de toutes sortes, chanteurs ou instrumentistes,
dont il fut de mode à Rome, au dernier siècle de la
République el au premier de l'Empire, de former des
troupes dans les riches maisons '. E. S.
SYMPOSIUM (SujxTto'uiov). — Le symposton (littérale-
ment « buverie en commun ») était une coutume parti-
culière aux Grecs. On appelait ainsi la seconde partie du
souper(o£ï7tvc,v|. Pendant toulela première, qui constituait
le repas proprement dit, les convives mangeaient sans
boire* ; le vin n'y faisait apparition que tout à fait à la
iin, sous la forme d'une libation religieuse « au Bon
Génie » ou << à la Santé »: chaque convive avalait alors
une gorgée de vin pur (âxpaTov), en prononçant la for-
mule 'A-caOcû Aa''u.ovoç OU 'Tyisi'aç '^. Puis, après que les
serviteurs avaient enlevé les tables (àipatosïv, èxcpâociv riç
TiscTTÉÇaç), el nettoyé le sol de tous les débris et reliefs
qui le souillaient, le symposion commençait ^ II se pro-
longeait souvent jusqu'à l'aurore.
On ne saurait énumérer toutes les occasions dans les-
quelles se donnaient les symposia. Citons, en particulier,
les différentes cérémonies de famille, mariage*, fête du
dixième jour (oexiTc,) °, anniversaire de naissance °, les
victoires remportées aux jeux'', le départ ou le retour
d'un ami*, et cent autres événements de ce genre. En
toutes ces circonstances on conviait parents et amis à un
souper, toujours suivi d'un symposion. Mais souvent
aussi le goùl du plaisir tenait lieu de tout prétexte. On a
vu ailleurs [meretrices, p. 1828] la vie dissipée que
menaient, à Athènes, la plupart des jeunes gens de
famille riche, dans les années qui séparaient l'éphébie du
mariage. Les soupers, en compagnie des courtisanes, y
tenaient la première place.
Les convives du symposion n'étaient pas toujours
exactement ceux du Seî^vov, qui l'avait précédé. Après
celui-ci les personnes graves avaient coutume de se
retirer. Par contre, il n'était pas rare qu'une bande de
jeunes fous (xw[ji.o;)*, plus ou moins avinés, fît soudain
irruption dans la salle du banquet, et s'invitât d'elle-
même sans façon: cet incident se produit même deux
fois dans le fia«7we/ décrit par Platon '". De ces réunions
les honnêtes femmes elles enfants étaient naturellement
exclus ". En revanche, les courtisanes en étaient une des
principales attractions : dans les buveries de jeunes
gens, chacun amenait sa maitresse ou du moins une
1 Cic. Ad fam. VI, '), 3: P.n j)Jil. XXI, 55; In Vcrr. V, 29. 6i ; Pro Hosc.
Am. XLVI. I3t; Pelroii. 5n(. ii, :I3, 47; Macrob. II, i, iS ; Corp. inscr. lui.
VI, «7-!, 904U. ar.SO; V. Marquai-dl, Privalall. Irail. Ir. I, p. I7S; Fiicillhn.lt.r,
.Sittengeschiscli. lioms'', III, 353, 337.
SYMPOSIUM. — 1 Au Icmps de Plularquc sélail inlioduilc la mode de Vnpf-
rilif (-coi^-^.^x) avant le repas (Quaesl. conv. VUI, 9, 3). Voir les levles recueillis
dans Beckci-Goll, Charihles, II, p. 3J5 et 335. — 2 Ibid. p. 3i3. — 3 Plat. Conv.
îii C. — i Isac. Ùe fyrrhi hered. 70 ; Arisloph. Ai-. 493. — S Luc. Call. 9.
— 6 Xenoph. fonr. I, 1; l'Iat. Conv. 173 A; 183 A; Plut. Phoe. 20.
— 7 Anliph. A'owrc. IG; Plut. O. l. IV, 3, 2; V, 5, 1; Luc. Amor. 9.
— 8 Plut. Pericl. 7 (.ï,», ,;.v ,„.,S,;.v). — 9 Voy. sur le nom xo,,,,,-, Welcker
ad Philoslial. Imai/. 1825, p. 2(i2 cl sq. — 10 21i C el 223 B : cf. Zenob. Il, 40 ;
Luc. Lexi/.h. 9. — 11 Arisl. i^o/i(. VII. 17; Cic. 1er;-. I, 26, CS. Dans Xénoplion
le jeune vaini|ucur Autolycos, qui est le héros de la fêle, assiste au bancpicl, en
compagnie de son père, mais assis et non couché (I, S), et se relire avant la
pantomime linale (IX, I). — 12 Luc. Ùial. menlr. I, 1 ; 1 1, 1 ; 1». 1 ; là, I .
Voyeï lari. MrnKTi.iCEs, p. 1829. - 13 Diod. Sic. I V, 3 ; Alheu. Il, p. is I) ;
XV, p. G7d c. — U Plat. Conv. 171 A; Xenoph. Conv. 2, 1 ; Plut. Sejjt. sap.
cofto.,'5. — li Xeoophan. frag. I Bergt '; Alljeo. XV, 6B5 D; Coru. Nep.
hétaïre louée pour la circonstance '-. Ce sont ces femmes
que nous voyons, dans tant de scènes bachiques repré-
sentées sur les monuments, au milieu des hommes : leur
mise et leur attitude dénoncent, du premier coup d'oeil,
leur profession (lig. WtiG-4907, 4970, 4971, 6G90;.
De même que la fin du oeTtivciv, le début du symposion
était solennisé par une libation faite cette fois, non avec
du vin pur, mais avec du vin mélangé (x£y.pa|xÉvoç), en
l'honneur de Zeus Sôter (Atb; i)<uTT|poç) '•'. Ensuite avait
lieu le chant du péan (TraiaviÇeiv**, des couronnes étaient
distribuées aux convives, souvent même on leur répan-
dait sur la tête des parfums '°. Restait enfin à élire le pré-
sident du banquet, (ju|X7co(n'ap/o;, padiÀeûç, généralement
désigné par le hasard des dés "'. La première (onction
du symposiarr/ue était de déterminer le dosage de l'eau
el du vin'\ Les Grecs, en effet, ne buvaient pas le vin
pur, ce qui s'explique par la force alcoolique de la plu-
part de leurs vignobles [vinum]. Boire pur (ixpaTov) était
regardé comme une pratique barbare, digne des Scythes
ou des Thraces'*, et qui produisait des effets funestes,
tels que la paralysie el la démence ". Même le mélange
du vin et de l'eau à parties égales ('tcov tVioi passait pour
excessif et dangereux -". Les mesures généralement
admises étaient : 3/4 d'eau (proportion recommandée
par Hésiode, mais que les plaisants appelaient" un breu-
vage de grenouilles »)-', ou plus ordinairement 2/3 ou
3/5 -'-. Selon la saison el le goût des convives, on se ser-
vait, pour tremper le vin, d'eau chaude ou froide ^•'.
L'usage des vases réfrigérants était déjà connu [psycter].
On employait aussi dans le même but la neige et la glace,
qu'on savait conserver jusqu'en plein été, en l'envelop-
pant de paille ou d'étoffes de laine non foulées'^'. Le
mélange se faisait d'avance dans un grand vase, appelé
pour celle raison crater. L'esclave puisait dans le cratère
à l'aide du cyalhe ou d'un autre vase, oivo/dY|, àpuuT/ip,
xjaOoç f^r.YATUus et fig. 109.5], et versait ensuite dans la
coupe ". Des échansons (oivo/ooi) étaient dressés spécia-
lement à ce service, qui demandait beaucoup d'adresse
et de célérité-". Quelquefois, surtout dans li^ssymposia
de jeunes gens, le service était fait par des hétaïres".
Il appartenait aussi au symposiarque de fixer d'avance
le nombre de coupes que devrait vider chaque convive:
cela s'appelait iriveiv irpbç p.'av'-*. Il fallait avaler tout le
contenu d'un seul trait el sans reprendre haleine (à(xuc;T!,
àTrvEutTTt TtivEtv, àauiTTiÇEiv) "" . A Athènes l'usage était de
débuter par de petites coupes et de finir par des grandes^",
en sorte que le banquet dégénérait presque inévitable-
ment en orgie ^'. Ce n'est que par exception, quand, d'un
.iijesil. 8. — l'Plal. O. (. 213E; Luc. Saturn. 4; Cf. Plat. lc<,. I, (;4li II. Il parait
y avoir eu aussi un «m|i»fx<>4. J»!'"! Vasen-^amml. 378; licrhard, Aiisdries. Vas.
188 ; Klein, (ir. Vas. mit Lieblingsnamen, p. 67 et fig. 9 ; et notre fig. 1 V;!9, oii le
chef du x.T.iio; est désigné par ce nom. — 17 « Leges quae in poculis poncltanlur -
(Cic. Yerr. V, 11, 28), « leges insanae » (Hor. .Sut. Il, 6, (57). — 18 Plal. leg. 1,
037 E; Athcn. X, 427 B. — '9 Athen. Il, 30 B; Herodot. VI, 84. — 2» Atlien.
L. l. ; cf. Arisloph. Plut. 1132. — 21 Hesiod. Op. et D. 590; Allicn. X, p. 43U C ;
Zenob. Il, 7S. — 22 phit. Qaaest. conv. 111, 9; Alhcn. X, 420 C; Euslalh. ad
Odyss. IX, 2ur. (p. 1024); cf. Bccker-Cftil, Gallv.s, I, p. 200, n. 7. - 2^1 Plal.
Resp. IV, 437 D; Xenoph. il/em. 111, 13, 3: Athen. III, p. 121-123. — 21 Xenoph.
O. (. 11, I, 30 ; Plut. Quaest. conv. VI, 0, 1 ; Atlien. III, 124 A ; Cf. Beckcr-Ufill,
Charik'.W, p. 340. — 25Theophr. Char. 13 ; Poil. Onom. VI, 9 ; X, 75 ; Pro.l. ad
Hesiod. Op. et d., 744. Plus raremenl, le mélange se faisait direclomciit dans
chaque coupe (Xenophan. fragm.\,v. 8).— 26 Xenoph. f.onr. Il, 20 ; 6>r. I, 3, s;
Luc. Dial. deor. IV, 5; Poil. Onom. VI, 95. — 27 Voy. un bas-relief dans
Micali, L/talin avanli il dominio dei Romani, p. 107. — ' 2* Plat. Conv.
p )7C B. — 29 Plut. Quaest. conv. III. 3, p. 650 C; Luc. Lesiph. 8; Suid. s.v.
l,l..,t;: Schol. Arisloph. Ach. 1229 - 30 Alh. XI. 403 E. - 31 Diog. LaerL I,
103.
SYM
1580
SYM
commun accord, l'assemblée l'avait préalablemenl décidé,
qu'il était permis à ctiacun de boire à son gré. 11 en est
ainsi, par exemple, dans le Banquet de Platon, où les
convives, qui tous se ressentent encore, plus ou moins,
d'une orgie de la veille, ont besoin de se ménager'.
Mais, hors ce cas, chaque convive devait absorber la
mesure prescrite, sinon s'en aller [aut hibat, aut
abeaty-, ou, du moins, subir une pénitence intligée
par le symposiarque \ Ces pénitences n'étaient pas
toujours, on le devine, du meilleur goût : on obligeait,
par exemple, le récalcitrant à s'accabler lui-même des
injures les plus malséantes, il danser tout nu, à faire
trois fois le tour de la salle en portant dans ses bras
la joueuse de llùte: on commandait à un bègue
(ij/cUoç), de chanter, à un chauve de se peigner, à
un estropié de sauter à cloche-pied, etc *. Une autre
occasion encore de boire avec excès, c'étaient les toasts ;
chaque convive était tenu do porter successivement la
santé de tous les membres de la réunion (TipoirivEiv çùotyi-
ci'aç) '. Cet usage était même si caractéristique des
banquets grecs qu'à Rome, où il fut plus tard adopté, on
appelait cela yraero more bibere''. Les écrivains anciens
nous ont rapporté plusieurs exemples, véritablement
stupéfiants, des prouesses accomplies par certains bu-
veurs. Dans le £««(/?/?/ de Platon, nous voyons Alcibiade
et Socrate, qui ont déjà bu pendant toute la soirée, tarir
tous les deux d'un seul trait un vase qui contient huit
cotyles, c'est-à-dire un peu plus de deux litres. On con-
taitmème qu'.\lexandre et Protéas ayant parié un jour de
vider chacun une coupe d'une capacité de 6 litres et demi
(oi'/ûuv), Protéas vainquit le roi en renouvelant immédia-
tement le même exploit'. Pour entretenir la soif, en
même temps que pour donner au vin plus de saveur, on
servait pendant le sijinposion certains mets très simples,
sucrés ou piquants, analogues à nos hors-d'œuvre ou à
nos desserts : miel, fromage, fruits frais ou secs, sel
pur ou pilé avec du thym, cumin, ognons, ail, silphium
et surtout gâteaux salés (ÈTtiiradTa). Plus lard on ofirit
même aux convives un véritable second souper
(SeÛTEsat TpâireCîtO, OÙ l'on servait de la viande: ragoûts,
volailles, gibier. Mais ce sont là des excès de gourman-
dise, propres à l'époque macédonienne".
Les banquets, comme ceux que nous décrivent Platon
et Xénophon, où l'esprit et l'imagination des convives
eux-mêmes tiennent lieu de tout divertissement matériel,
étaient assurément très rares. Ce sont là des peintures
fort idéalisées. Nul doute cependant que le charme d'une
conversation légère, vive, enjouée, ne fût pour les Grecs
l'un des principaux attraits des sijmposia. Ce qui le
prouve à l'évidence, c'est cette littérature symposiaque,
si riche, dont les auteurs, sous la forme fictive de propos
tenus à table par des personnages illustres, ont traité,
ou du moins eflleuré, les sujets les plus divers, philoso-
phie, politique, lettres, sciences, arts. De toute cette
littérature il nous reste encore les Banquets de Xéno-
phon, Platon, Plutarque, Lucien, Athénée. Mais ce n'en
IPUt. Conr. 176 A-C. — 2 Cic. Tusc. V, 41, lis. — 3 Luc. Satiirn. i. — i L. L;
Plut. Quaest. coni'. I, 4, 3. — 6 l.uc. Oitll. ii. Alciplir. Episl. III, .ïï; Ikliod.
Aelhiop. 111, Il ; Alh. X, Mî D ; 1.X, WS C. — ' Cic. Tusc. I, 40; Verr. I, 2(i ;
l'Iaul. Cure. Il, 3, 81. 0*^1 usage étail interdit â Sparte, comme uoe provocation à
1 ivresse (Alh. X, 43» 0). — '■ Conv. 213 E: Alli. X, 4:U A. — » Voir les leiles
recueillis par Berker-GBU, Charikl.W, p. 327 sq. — 9 Plut. Quaest. conv. 1, praef.
p. 012 U. — '" Plat. Protag. 3k7 C. — " Plut. Sept. sap. conv. 5; Com.
Vil, 8, 4. — '•; Plat. Conr. 170 E; Protag. 347 C; Xonoph. Conv. 2, 1,
est que la moindre partie ; il existait également sous ce
titre des écrits d'Aristote, Speusippe, Épicure, Prytanos,
Iliéronymos, Dion'. Toutefois, en dehors de la conver-
sation, il y avait un certain nombre de divertissements
traditionnels en usage dans les banquets grecs, et qui,
aux yeux des convives vulgaires, avaient plus de prix'".
Au premier rang il faut nommer la musique. La flûte
était indispensable pour les libations et le péan" ; il y
avaitdonc, dans tout banquet, des joueuses de flûte (aùX-ri-
xpiosç) '■-, souvent aussi des joueuses de lyre (']/a)>Tp;ai) '^
A ces instruments on voit joints dans les peintures,
les crotales et le tambourin'*. Tous sont souvent aux
mains des convives eux-mêmes et accompagnent la danse
aussi bien que le chant. La danse, d'ailleurs, était un art
beaucoup plus étendu en Grèce, comme on sait, que chez
nous: il comprenait, outre les mouvements rythmés des
pieds, ce que nous appelons mimique et pantomime'"
[sALTATio, p. 104S1. Dans le Banquet de Xénophon, c'est
une véritable troupe dont le riche Callias olïre le spec-
tacle à ses hôtes : elle se compose, sans compter le Syra-
cusain qui en est le directeur, d'une joueuse de flûte,
d'une danseuse acrobate et d'un jeune garçon à la fois
cithariste et danseur. Les trois artistes font admirer d'a-
bord, chacun séparément, leurs talents. Puis la représen-
tation se termine par une pantomime passionnée, jouée
par toute la troupe, qui figure, en une série de tableaux
vivants, l'hymen d'Ariane et de Dionysos ". Outre cette
orchestique savante exécutée par des professionnels, les
convives eux-mêmes, surtout dans les banquets d'éphè-
bes et d'hétaïres, se livraient souvent aussi au plaisir de
la danse. Les danses symposiaques (ôçyj^aBi^ Ttapotvtot,
(7U[X7:GTixat''') [sALTATio, p. 1045] ne restaient pas toujours
sava ntes et régulières Elles dégénéraient facilement, sous
l'empire du vin, en mouvements désordonnés ; ou bien, au
contraire, les buveurs se plaisaient à montrer qu'ils
étaient assez maîtres d'eux-mêmes pour accomplir d'ex-
traordinaires tours de force et d'adresse; par exemple,
ils tenaient en équilibre, en dansant (fig. 6(j94j ou en se
plaçant dans les positions les plus risquées (fig. 6695),
les vases contenant le vin ; c'est ce qu'on voit dans beau-
coup de représentations de banquets'*. Les femmes
qu'on y amenait s'en mêlaient aussi (fig. 4966). 11 y en
— 13 Plat. Protag. 347 D. A leur art de musiciennes ces femmes joignaient,
d'ailleurs, presque toutes le mi-ticr dliétaïrcs. —I' Millin, Peint, de Vases, I, i7 ;
Millingen, Vases de CogliiU. pi. vni -, Harlwig, Meisterschalen, II, 1 ; voy. nos
fig. 4905, 4071. — 1 ■ Chez Homère di-jà, la musique et la danse fiaient l'ornement
des banquets (Orf. 1, 132). — 16 IX, 2 sq. — " Alhen. XIV, p. 029 E ; Lucian. Oall. 34.
— 18.1/1,5. Borbon.l. XV.pI.xv; C. re ni us de Saint-PétersO. 1881, p. 63 ; .1/oniim.
Piot, t. IX, p. 157 et 104; Harlwig, 0. c. II, pi. vin; cf. II, 1 ; Gerhard, Trinkschal.
u, GeAiss. vu, vm,ïiv;Pollier, Vas. ant. du Louvre, pi. 73 F120;et97G 79.
SYM
— 1581
SYN
avait qui étaient des acrobates de professions [voy.
CERNLLSj.
Tout ce qui pouvait conlriluior au charme ou à la
gaitéde laréunion
y était bien venu
[acroama]. Le
chant y avait une
place d'honneur.
La chanson de ta-
ble, variée et trans-
formée dans le
cours de plusieurs
siècles, a été pour
les Grecs, en même
temps qu'un amusement, un genre littéraire qui a son
histoire ' [skouo\\
Nous n'énumérerons pas, après Pollux, uno cinquan-
taine de jpuxque
ce lexicographe,
en un chapitre
spécial (Tteo! -Mv
év (TujATiûaî&'.i; Ttai-
Suôv) ^ , nomme
comme ayant été
en usage dans les
banquets. Laplu-
part, à vrai dire,
ne sont que des
amusements
d'enfants. De
cette liste rete-
nons cependant,
en particulier,
les jeux d'esprit
qu'on divisait en
deux genres
principaux : aivt-
YLiaTa (énigmesK
et YP'ï'O' (devi-
nettes, attrapes)
[GRipuLS',lesjeux
d'adresse, cotta-
bos, dés [kotta-
Bos, tau], etc.
Chaque joueur
prenait son tour
comme pour le
chant, en allant
de gauche à droite [kmoilix) '. La proclamation du vain-
queur avaitlieu à lasuited'un vote,émisparfoisau scrutin
secret ^ Les récompenses étaient, outre les applaudisse-
ments de l'assistance, des couronnes, des ténies, des gâ-
teaux, un baiser °. Quant au vaincu, sa pénitence consistait
1 A. el M. Croiset, Hisl. de la litt. gr. lr2, p. 121-214; 1112, p. i:5T-C5S.
— 2 Onom. IX, 7.-3 Plut. Quaest. conv. I, 1, 5; Hesych. s. v. t»,v
U:St;i.v. — 4 Xenopli. Conv. 5, 8. — 5 Poll. L. l; Xcnoph. 2. /. — 6 Alh.
X, 457 c; Poll. L. L — ' Becker, Anecd. 1, p. 298; Pbol. et Suid. s. v.
lw>.o»9««.a; Stephani, C. r. de la Commis, arch. d. Pelersti. 1S66, p. 89;
Bcnndorf, Gr. tind iicil. Vas. p. 93. — » Mus. Ureç/or. II. pi. i.xxxv; Duruy,
Jlist. des Grecs, II. p. 603. Les peinlures représenlant le symposiun et
le cômos sont 1res uombreuses. — t On en conserve dans les colleclions,
mais elles ne sont pas toujours de celles uue Tou peut exposer. Nous nous
contenterons de citer une peinture qui a été publiée (4rcA. Zeitung,
l»70, pi. xxiix). où l'on voit les convives dausant au son des llùtes el l'un
d'eux se précipilant de son lit pour frapijer ses compagnons à coups d'oreiller.
Fig. 6096. — Scènes de banquet.
d'ordinaire en une rasade de vin, mélangé de sel, à vider
d'un trait". A ces jeux ajoutons encore toutes les plaisan-
teries etles farces, plus ou moins spirituelles, que l'imagi-
nation et l'ivresse inspiraientaux convives. Quand un des
buveurs s'endormait avant d'avoir absorbé la ration pres-
crite, il était d'usage de le réveiller en lui versant sur la
tête les sauces du repas de la veille ; cette plaisanterie
traditionnelle avait un nom, ï(û\oy.^y.<!ir>.' .
La fig. 6696 représente, d'après une coupe du musée
du Vatican ', un de ces banquets par écot [xno cTruptotov)
où chacun apportait sa part dans un panier [spyrisj, pareil
à ceux que l'on voit suspendus aux murs. Les convives
chantent ou mêlent leurs voix au son des flûtes et des
lyres. L'heure n'est pas encore venue des danses et
des plaisirs qu'entraîne l'ivresse. Les représentations
figurées montrent jusqu'à quel excès on pouvait se
laisser aller'. Enfin la description d'un symposion ne
serait pas com-
plète, si nous ne
faision s au
moins allusion
aux scènes de
jalo usie, aux
querelles, aux
rixes '"mêmequi
souvent écla-
taient, surtout
dans les ré u-
nions de jeunes
gens [meretri-
CESj". Il a été
traité des ban-
quets romains à
l'article cùmissa-
TIO. G. N.W.^RRE.
SYMALLAGMA
(SuviXXayjJLa). —
Il n'y a point,
dans le droit at-
lique, d'expres-
sion technique,
comme celle de
contractus à Ro-
me, pour dési-
gner les contrats
et, sur ce point,
comme sur beau-
coup d'autres, la
terminologie est très incertaine. L'expression la plus
généralement employée est celle de auvaUaYH-"'- On
trouve également les expressions b^olo'[ia, cuv9Y)xifi,
(7ufi.pdÀatov. Le mot biAoÀovt'a parait plutôt réservé aux
contrats purement oraux. Mais il est aussi employé pour
- 10 Rixe sanglante, Harlwig, Meisterschalen, pi. lx. - " Luc. Dial. meretr. 3,
1 ; 12, I ; 15, 1-2. Mémo dans les aijmposia de personnages murs et dislingués, ou
l'on gardait plus do Icnuc, il n'était guère, cependant, de convive qui pùl échapper
à rivressc. Cela ncnlrainait, du reste, aucune mésestime (Plal. Conv. 176 \;Leg.
1. 637 A; VI, 755 B). - B.buograpuie. Cornarius Ue conviv. Graecorum (dans
Gronovius); S lern, ^îerizm convivalium adumOralio, 1833; A. Maltos, n.p. t».
5u^ito.;«.. tSv •£«»,.•■», 1660; Pauly, ReaUncycloijadie, t. Il, p. 1^99 sq. s. v.
coNv.vitjM (Naehtrâge lum zweilem Bande); Becker-Uôll, Chariktes. Il (18. 7;,
p. 335 sq. .1, T fi
SïiNALLAGMA. I Phot. s. v. ,i|.sa,,.: Demoslh. 907 R. f. r.mocr. p. 7^6 ,
C. Onetor. p. S60-nig. Il, 14; 16, 19, V. Uaresle, HaussouUier et Remach, Hec.
des inscript. Jurid. grecques, p. 2SÛ el 294.
SYN
— 15S2 —
SYN
désigner les contrats écrits '. Le mol cJu^olov ou (TÙ[ApoXoi
pitrait exclusivement réservé aux conventions interna-
tionales-, et c'est seulement aune époque récente qu'il
est appliqué aux contrats entre particuliers'. Le fait de
contracter est alors désigné par les mois (iu[ji.paXÀ£iv'
ou duvaXÀixEtv », elplus rarement par le mol (juvriOscOai''.
Au surplus, les expressions ffuvàÀXayjjia et nufifiôXaiov, bien
que désignant habituellement la convention, sont aussi
appliquées, mais à une époque ultérieure, à l'écrit dressé
par les parties pour constater leur convention '.
Le mol (TuafioXaiov a, dans le droit atlique, un sens
large et désigne tout acte juridique*. C'est ainsi que les
testaments sont compris dans les auiAfioXaia", d'oii il ne
faut pas conclure que les Athéniens aient considéré les
testaments comme des contrats'". L. Beauchet.
SVXAXOUBI.ASTAI (SuvavouSiaaTat'). — Membres d'une
société religieuse qui existait à Smyrne au commence-
ment du m" siècle av. J.-C. Quatre des associés étaient
des Égyptiens ; la plupart étaient probablement des étran-
gers'. Dans les pays grecs, Anubis est presque toujours
honoré avec Isis, Osiris ou Sérapis ; cependant c'est à lui
seul qu'est consacrée l'olTrande des SiJvavouo[a<iTat '.
P. FoUCART.
SYIXDICUS (ilûvôixoç). — Ce nom littéralement signifie :
qui prend part à un procès, inlervienldans une cause (aùv.
Six-/)). Aussi est-il parfois synonyme de duvY-yoûo; [auvo-
c.Mio, SYNEGOROS] et désigne-t-il quelqu'un qui plaide la
cause d'un autre, en justice ou ailleurs' ; «iuvôixeïv s'em-
ploie alors inditféremment pourijuvfiyopEïv, cuvaY'ovt'ÇEijôai,
ouvsraeiv'-. Les états % corporations, simples particuliers',
peuvent se faire ainsi représenter. Les cinq orateurs pu-
blics ^ chargés à Athènes de défendre les lois anciennes
contre les innovations [nomoi] sont appelés (jùvôixot '^ ou
ffuvYÎYOfoc'' ; d'autres plaident la cause de leurs compa-
triotes devant le conseil des Amphictyons; Eschine eut
cette mission à propos du len'iple de Délos, mais, pour
une raison mal connue ', l'Aréopage le rappela et le rem-
plaça par Hypéride'; ces envoyés spéciaux s'opposent
aux pylagores, députés amphictyoaiques ordinaires [am-
l'HiCïvoNES, p. 236] ; leur élection était entourée de garan-
ties et prescriptions spéciales ; elle ne pouvait être renou-
velée'" et de bonnes mœurs étaient exigées ". Des
syndics, élus chaque année, prenaient part à la SoxijAaffia
des nouveaux membres d'une association '- ^eranos].
Une autre catégorie de syndics apparaît après le i-en-
1 Meier, ScliiimaDii et Lipsius» Der attische Process, p. 678, note 538 ;
(iineist. Die formellen Vertrûge der neuen rôm. ObligalionenreclUs, p. 435.
— ! Harpocrat. s. v. oùpijoia. — 3 Corp. inscript, allie. IV, ii» Cl, a. 1. 17.
Cf. Mcier, Schumann et Lipsius, p. 676, note 530. — i V. nolammeut Isae. De
Arisl. her. § 10. —5 Cf. Bcaucliet, Hist. du dr. privé de la Ilépub. athén.
l. 4, p. 16. - 6 Meier, Sclioniaim et Lipsius, p. 076. — 1 Gneist, p. 435, 430 ;
Meier, Schôraaiin et l.ipsiiis, p. 684. — « Meier, Schnriiami el Lipsius. p. 395,
noie i97. — 9 Isae. De Micottr. Iiered. § 12 ; l'ialo, Leqes. p. 9iL b. — '" Bunsen,
De jure hered. Alh. p. 53 ; Beaucliet. l. Il, p 364; t. III, p. 071.
SVNANOUUIVSTAI. — I Foucarl, Assoc. religieuses chez les Grecs, p. 117
cl i34. — 2 Un petit bronze du Musée du Louvre représente le dieu avec la tôle de
cliacal couronné d'un diad&mc, tenant de la main droite une torche et de la gauche
une épée; t)e Louj;péricr, Bronzes antiques du .Vus. du Louvre, n» 537.
SVNOICUS. I Hesych. et Suid. «. v.: Aeschyl. .'Suppl. 7i6 ; £um. 761; l'ind.
Ut. IX, 148 ; Plat. Leg. 9i9 e : »iJv8ixoi nàotu?!;; 938 b : ,uvSi«:.. — 2 Plal. Leg.
9.17 a ; Eur. Med. 157 ; Dcm. XX, 153 ; XXXII, 12 ; XLV, 84 ; LI, 16 ; Andoc. I,
150. — 3 (juand ileux villes soumettent â l'arbitrage leurs contestations, chacune
choisit des «ivSi.ot (SchœmannLipsius, Grierh. Altert. Il (1901), p. 7).
— * Leurii syndics sonl choisis ordinairement dans leur Iribu (Andoc. L. t. ; Uem.
XXIII, 406). — 5 Dem. XXIV, 23 {lex). — 6 bl. XX, ii. — 1 Id. XXIV, 36.
— * Philostp. V.soph. I, 18. 4.-9 Dem. XVIll, 134 : aivS.xo; ; ll'lut.J. Vit. .V m:
840 E; ,r..^Y,j,;. — 10 Dem. XX, 152: ^i, i-iTva, zi.foto.^di.O' S.b toJ S/;h«u
■Xiiov i, «maj iruiSixtloui. — 1' AescblD. 1, 19 : ûi i.ç 'A«iiï«iiov ÏKUpr.r/i ... nr.Sj
versement des Trente; ils durèrent peu, à tout le moins
de 398 à 387 '^ Leur juridiction s'étend sur tous les
procès dans lesquels les biens d'un particulier sonl
revendiqués par l'Étal, et ceux dans lesquels un particu-
lier revendique contre le lise ses biens conlisqués [diaih-
kasia| '* ; c'est à la pitié des syndics que fait appel celui
qui prétend retirer des biens d'Ératon une somme de
trois talents que son aïeul avait prêtée au condamné '■ ;
à une autre époque, ces contestations ont dû rentrer
dans la compétence des Onze [hendeka]. Ces syndics
tenaient des piiylarques leur information contre les per-
sonnes qui avaient servi sous les Trente comme cavaliers
el qu'un décret du peuple avait obligés de restituer la
xaTiijTaai; à eux fournie par le trésor pour leur équipe-
ment'*.
Lorsqu'un dème altique ne recevait pas le loyer que
lui devait un de ses fermiers, celui-ci se voyait pour-
suivre devant l'assemblée des démotes par le démarque,
assisté de syndics''. Nous ignorons leur mode de dési-
gnation elles conditions d'âge et de moralité auxquels
ils étaient soumis'*. La sentence rendue, l'assemblée
pouvait les récompenser de leur zèle dans la défense de
ses intérêts, leur accorder les éloges et privilèges ordi-
naires'^ Des TÛvoixoi assistent aussi le démarque quand
il défend le dème attaqué devant les héliastes [dèmos, p. 86J.
Il y avait à Sparte des ctùvSixoi, dont la qualité reste
obscure; Roeckii inclinait à y voir des magistrats véri-
tables et de haut rang, faisant office de juges -". AOrclio-
mène, le mot prend un sens tout autre, celui d'IyY"''' î ^'^
trésor public, asséché, avait été obligé d'emprunter ; des
citoyens s'étaient portés garants sous ce nom-'.
A l'époiiue romaine -^, le dûvàixoç est un avocat du
peuple'-', élu-* et envoyé devant l'Empereur ou le gou-
verneur de la province, pour plaider une cause où la
ville est engagée -^ ; le sens s'est restreint", et il esl
devenu un peu flottant. En principe, le syndic s'oppose
à l'ambassadeur (Troetrêsû;), qui ne fait qu'une visite d'éti-
quette, et aussi à l'exSixoç [ekdikoiJ, qui reste dans sa
ville et sert d'avocat permanent devant les juges que le
pouvoir central y envoie; le syndic, lui, désigné ad li-
tein'^', va plaider au dehors-* et peut recevoir souvent
■ celte mission '^^ Pratiquement, la distinction s'atténue ; le
même personnage a d'ailleurs peut-être éléuuvôixo;, sans
cesser d'être 'éxotxoç'"; il ne serait même pas impossible
que le sens eût ciiangé de ville à ville". On retrouve
(7ovS.»r,oiTi.> TfflS>iiio'';'{'. — ^^Corp.ins. n«. 111,23 :Beauchel, Hist. du dr.priv.de
la rèp. alh, Paris, 1897, IV, p. 356; F. Poland, Gesch, des '/riecft. Vereinsu^esens,
Leipzig, 1909, p. 405. — 13 Meier-Schœmann, Der ait. Process, I, p. 124 ; ils
étaient élus ou tirés au sort, ce point esl controversé ; Lys. XLK, 32. — 1* Add.
leur rôle (temporaire) dans rAPoCRAi'HK (Meier-Schœmann, p. 310) el dans la
PHASis (/6ii;. p. 2991.— li' Lys. XVII, 10; Sigou. De rep. Alh. IV. 3 (Opcra
Mediol. (936), V, p. 170) ; Beauchel, Op. cil. III. p. 72ii. — 16 Lys. XVI, 7 ; Harpocr.
s. V. — 17 Corp. inscr. ait. II, 009,1. 12 sf|. — '» B. Haussoullier, La lie 7nunicip.
en Atlique, Paris. 1883, p. 88-90. — 19 Lolling. Ath. .Vitlh. IV, 1879, p. 196 ; cf. 203.
— 20 Corp. i. gr. I, p. 610. — 2I Darcste, Haussoullier, Reiuacb, /nscr. jur. gr. I
(1891), p. 304, I. 10 : «oOvS..»o(,]. — 22 Cf. I.icbenam, Slndteverwalt. I.eipz. 1900,
|,. 303. — 23 s ,oOrS<i:iou(.4?-c/(. ep. iUi7(/i. XVIII. p.228). — 2V Le Bas-W,iddinglou,
499: aoiOii't. — 2i Ex. Corp. inscr. ait. III. 38 là propos de Lédil d'Hadrien sur les
exportations d'huilc); le sophiste Polémon est s. de Smyrne dans uue alTaire con-
cernant un temple (Pbilostr. V. soph. I, 25. 8). — 26 pourtant toute collectivité
peut encore se faire représenter par un syndic (Gaius, ûig. III, 4, I, 1 ; LIIp. ibid.
XLIII, 24, 5, 10). — 27 Arcad. Charis. Dig. L, 4, 18, 13 : Defensores, quos Graeei
sj/nilicûs vocant, el gui ad certani causant agendam vel Jefendendam eligunlur.
— 25 Philostr. toc. cit. — 29 2i.,S.x,-,avT« ^o'»>.ix.; (Le Bas-VVadd. 1176). — 30 Le
Bas, 499, 1176; Arch. ep. Mitlh. XV, p. 94. — si D'où les confusions des
jurisconsultes tardifs : Herinogen. Dig. L, 4, I. 2 ; Defensio cioitutis, id
est, ut sijndicus fiai; el Juslinien (.Vor. 15) traduit par «S.xo^, de/'ensor
civitalis.
SYN — 1383 —
encore, au lieu de tjvoixo; elde duvoixi'a, T'jvrivopo; el t'jvy,-
yopt'a'. Récemment, on a découvert en Syrie la mention
d'un ff'Jvôixo; voaaowv ; c'csl à tort qu'on a vu en lui un
« cheikh» reconnu vassal de l'Empire ^ carie nom qu'il
porte ;Théodoros) n'est pas arabe; c'est plutôt un Grec
clioisi comme porte-parole par une tribu, ou par son
etlinarque ou stratège^. Victor Ciiapot.
SYXÉDROS (SOvEopo;). — Le mot (jùvô5o&;(qui siège avec
cjv, Éopa) est employé dans ce sens en poésie; c'est ainsi
que Sophocle dit que la Justice est la 7Jvcoç,o; de Zcus ' . Ce
sens implique ici que les personnes qui siègenteusemble
sont en petit nombre'-. Il en est de même dans les pre-
miers exemples que nous fournil la prose. Dans Hérodote,
le mot uùvîSfOî désigne les conseillers de Cambyse ' et le
mot duvéopiov le conseil de guerre tenu par les généraux
des Grecs avant la bataille de Salamine'. Le sens est
encore plus précis dans Thucydide. Quand les Spartia-
tes, au moment de l'alFaire de Sphactérie, se résignent à
faire aux Athéniens des propositions de paix, ils leur
demandent de nommer des sijnèdi'es, en petit nombre,
pour qu'ils puissent discuter avec eux, loin des agita-
tions de la foule". Le mot cruv€opiov gardera ce sens un
peu restreint; c'est par là qu'il se distinguera des
termes comme cûvoôoi;, ÈxxÀT,(j!a, quoique tous ces mois
soient parfois employés comme synonymes. Au iv' siècle,
les orateurs désignent plus particulièrement par le nom
de cuvéôpiov le conseil Amphictyonique et l'.Xréopage^ Le
premier de ces deux corps ne comprenait que vingt-
quatre membres ; nous ignorons le nombre moyen des
membres de l'Aréopage ; on peut cependant admettre que
ce corps, recruté en grande partie par les anciens
archontes, était sensiblement inférieur en nombre au
conseil des Cinq Cents. Pour les associations de parti-
culiers, tels que les thiasotes, éranistes, artistes diony-
siaques et autres, le mot «rtjvsopoç, et encore moins le
mol (ïuvÉopiov sont rarement employés; de telles associa-
lions sont désignées généralement par les termes -h xoi-
vôv, Tj (T'Jvooo; ' . On trouve assez souvent le mot cuvsoptov,
pris dans un sens général pour désigner une assemblée,
un Conseil ; c'est ainsi qu'Eschinedilque tous les grands
corps de la ville, tï [AÉvujTa -rwv èv t?, -ilt\ Tuvsopiiuv,
doivent des comptes aux logisles ; et par le mot cuvé-
ôpta, il désigne l'Aréopage et le conseil des Cinq Cents'.
Le plus souvent cependant le mol synèdre désigne le
délégué à un congrès, si l'on entend par ce mot de con-
grès une assemblée composée des députés de plusieurs
Étals, qui se réunissent pour régler des alfaires inlerna-
iCorp. inscr. r/r. i7!iô;Le Bas, 1598 6.-2 Hrenlice./'ui/. ofan American arch.
Erped. lo Sijria in IS99-IV00. \e«-Vork, Pari ll> (190S), ji. 303, u» 3«i.
— 3 Waddinglon, Inscr. de Syr. 2196; cf. ilM. — Bibuugraphie. R. Schœll,
Qttestiones fiscales Juris Attici ex Lysia>i orationihiis iUustratae, Beroljni,
1873 : Heier, Schcemanu, Lipsius, Der attische Process, Berlin. 1 (1883-87;,
p. li3-5; SmiUi, Dict. o(. gr. and. rom. antiq. -i s. v.; Is. Lévy. Itev. et. gr. XII
(ISI'l), p. i75 5.|.
SV.'VEDROS. 1 Œd. Col. 13S3. — 2 Calclias fait partie du stjnedrion des rois
lirecs, Soph. Ajax. 749; cf. aussi Eur. Iph. A. l'Ji : HIat. frotag. 317, [i. l,c
mol parèdre est pris, en poésie, comme svDOnynie de svnèdre ; mais ce mol a le
plus souvenl le sens d'assesseur, ce qui marque un d<?gré d'infériorité envers la
personne prés de laquelle siège l'assesseur (Aristoph. Ares, 1753). — 3 Herod. Vlll,
34, — 4 Ibid. 75, 79. — -^ TIi. IV, li. Le sens du passage est confirmé par V, 27,
i : 47:o5îf;ai i-ySfBi; o'^-'^oj; 'ioyr.v aÙTOKpaT'.ja;. Le mot synèdres est employé
pour désigner les délégués des Mélie:is, qui sont venus discuter avec les Athéniens.
Tli. v, 85, -. Pour le premier de ces deux textes. Xriiger, dans son édition de
Thucydide, donne comme explication ■■ un comité ". Le terme serait exact si les
délégués Mélieus avaient été pris dans un corps plus nombreux, analogue, par
exemple, au Conseil des Linc] Cents, dans Athènes ; mais cela n'est pas dit. Isocrale
(Areop. 58) emploie le mot dans le môme sens ; il rapproche les synèdres des dix
ffi>YTP«?«'r» à^ **1. — ^ 'n ^ow'*r, n i; "Afitou lïâ^ou (Corp. inscr. att. Il, ioi) est
SYN
tionales, politiques, religieuses, commerciales. Ces
étals peuvent régler ces allaires de deux façons. Ils
s'enlendentpourun temps plus ou moins long et pour un
but précis, la guerre, les échanges monétaires, l'admi-
nistration d'un temple ; c'est là, sous une formule géné-
rale, des Élals alliés. Ils s'entendent, d'autre part, pour
constituer une association permanente ; ils forment ainsi
un seul Étal collectif, pour ce qui concerne toute la poli-
tique générale : ce sont des États confédérés.
Les Amphiclyonies [ampuictyones] sont les plus
anciennes de ces associations. Nous connaissons des
amphiclyonies à .\rgos. Chestos, Calaurie, Délos, Del
phes. La mieux connue, et aussi la plus imporlanle,
est celle de Delphes". Sur cette question de l'amphic-
tionie Delphique, nous n'indiquerons que les particula-
rités qui concernent notre sujet. La ligue tenait par an
deux sessions, l'une au printemps, l'autre à l'automne,
TtuXaiot âapivT, etiruXaiï ÔTroji'.vT, ; avec ces adjectifs féminins,
il faut sous-entendre le substantif uOvooo;. .\ la session
d'automne avaient lieu, chaque pentétérie, les grands
jeux pylhiques. Aux deux sessions, le ouvéoptov, ou Con-
seil de l'Amphiclyonie, tenait ses s<;ances. Il était com-
posé des délégués des douze peuples ou races qui for-
maient la ligue ; chaque peuple avait deux voix dans les
délibérations et par là, très probablement, deux délé-
gués'"; ces délégués nommés hiéromnémons auraient
donc été au nombre de vingt-quatre. A Athènes, le hiéro-
mnémon était désigné par le sort ; ses fonctions duraient
un an, soit deux sessions ".A côté d'eux siégeaient les
pylagores; pour Athènes, ils étaient ordinairement au
nombre de trois, élus à main levée et pour une seule
session. C'étaient le plus souvent des hommes politiques,
qui étaient chargés de défendre les intérêts du pays.
Dans les assemblées du synédrion, ils n'avaient que
voix délibérative; les hiéromnémons seuls sont maîtres
du vote '-. Le nom de pylagore n'a pas été fourni par
les inscriptions. A l'époque étolienne, nous trouvons à
leur place les kyooxz'.oi. Ainsi le synédrion amphictyo-
nique était composé de vingt-quatre hiéromnémons ayant
seuls droit dévote, et d'un certain nombre de pylagores
qui n'ont que voix délibérative. Dans les textt-s officiels,
le synédrion est désigné par les noms des hiéromné-
mons présents à la délibération; les àyopiToo! sont sou-
vent nommés. Quelquefois nous trouvons dans ces textes
les mots cJvcôpr^i et duvÉoptov'^ Dans le langage courant,
ces derniers mots, plus souvent employés, désignent
tantôt les hiéromnémons seuls, tantôt les hiéromnémons
désignée sous le nom de ,„^Sf,o. par Eschine. I, 82 ; L;c. C. Leoe. H, 5t ; Dioarch.
C. Item. 9, 66-67, 83-87 ; [Ucm.]. C. Seaer. 8J: cf. aussi les textes de la note 8.
— - Foucart, Assoc. relig. chez les Grecs, voir les textes à la (in du volume ;
le mot le plus usité est xoivi, ; il y a quelques exemples de ,ivo8o;. Sur le
sens de ces mois, voir Poland, De collegiis artificum Uionysiacorum, 1895, p. 7.
— 8 Aesch. III, 19 ; cf. encore, I. 9i ; Isoc. Areop. 37 (ce corps est excellemment
recruté £(r:t tlx'âTu; S.s.eYitî. t™v i. 'E'^r,»! ..av.Sj.'uvI ; Lyc. C. Leocr. 12. Il n'est
pas question de l'Aréopage dans iLySj. IX, U; Xcn. Bell. I, 1, 31. - « Nous ren-
vovons aussi à larlicle Amphictyonia de Caucr dans Pauly-Wissowa. I, p. 1904.
11 nous suffira de renvover ici aux ouvrages généraux ; K. F. Heimann-Thuraser,
.'itaatsaltert, p. 96 ; Gilbert, Handbuchd.gr. Staatsalt.. Il, Wi, Scl.omanu-Lipsius.
Griech. Alterl. Il, 33; Busoll, Griech. Gesch. I, 672 ei Oie griech. Staats und
Rechtsalt. (Manuel Iwan Mûiler), p. 60. - «0 Le texte principal est celui d'Eschine,
H 116 Sur la question des 24 hiéromnémons, cf. (Jilbert, Haudb. 11. 413, n. 2.
— 11 P. Foucart, Dfcrels des Ampliictyons de Delphes, dans le Bul. de cor. helt.
VII, 4H ; voir à la p. 436 un exposé sur la composition du Conseil au» d.nérentos
époques — 12 Sch. ad Dem. XXIV, 130 : ■>\... <,...«?« ».; -i?^'» '■■•'• '''.?"' "'t»»"
:.„^>Ti.,vi- - 13 Cauer, op. laud. p. 1926, conlesle ce fait. Le texte de Dem.
XVIII,' 154 n'est pas aulhenlique, mais ou a les quatre inscriptions en Phonneur
■isloclès; Michel, n-cueil d'inscr. gr. 241-244 : de même le
m. Jbid. 252, I. 19 : ces insc. sont du m" siècle
du héraut i
décret en l'honneur d'Auliochus,
SYN
— 1584
SYN
et les pylagores ou les agoralroi. On ne peut dire si le
xotvôv (Tuvéoçtov est distinct du xotvbv tùjv 'AjiipDCTiôvwv ' .
Au moment où éclateront les guerres contre la Perse,
Sparte était devenue le plus puissant État de la Grèce. Elle
avait formé une grande confédération qu'elle dominait et
qui comprenait la plus grande partie des peuples du Pélo-
ponèse. Dans l'automne de l'an -Wl, à la veille de l'inva-
sion de Xerxès, les députés, ou probouloi, des villes bien
disposées pour la Grèce- se réunissent en synédrion ^
à Corinthe ; le nom de ces trente et une cités nous a été
conservé sur la colonne de TAlmeidan '. Le synédrion
décida que les Spartiates auraient le commandement sur
terre et sur mer, la plupart des alliés refusant d'obéir à
d'autres qu'à des Spartiates". Dès que les hostilités ont
commencé, nous ne trouvons plus mention de ce syné-
drion des probouloi. C'est le synédrion des stratèges qui
a la direction générale; il est toujours présidé par le
général Spartiate. Ce général a le droit de donner des
ordres aux chefs des contingents alliés ". C'est lui que
Thémistocle fait agir pour amener le synédrion à ses
vues'. Le synédrion n'avait pas seulement la direction
des opérations militaires; il pouvait aussi conclure des
conventions, régler certaines affaires, admettre de nou-
veaux alliés dans la ligue*. Après la bataille de Platées,
les Grecs, sur la proposition d'Aristide, décidèrent qu'un
synédrion, composé de probouloi et de Ihéores, se réu-
nirait à Platées pour y faire des sacrifices, et qu'une
fête penlétérique serait instituée. Plularque, qui nous a
conservé ce renseignement, ajoute que cette réunion se
tenait encore de son temps ' ; et son témoignage est
confirmé par une inscription'".
.\u printemps de 477, la flotte des Grecs alliés était
réunie à Byzance, quand les chefs des contingents
Ioniens rompirent violemment avec les Spartiates et se
mirent sous la direction d'Athènes. La Grèce se trouva
par ce fait divisée en deux grands systèmes d'alliances,
qui présentaient ce trait commun, qu'un des États
alliés exerçait l'hégémonie sur tous les autres.
Sous l'hégémonie de Sparte", les alliés gardaient leur
autonomie; ils ne payaient pas de tribut et n'étaient obli-
gés qu'à fournir des troupes en cas de guerre. Le conseil
de la ligue était composé des délégués de chaque cité:
par un usage que nous verrons appliqué presque cons-
tamment, ciiaque cité, qu'elle soit grande ou petite, a
le même droit dévote'-; les décisions de l'assemblée sont
obligatoires pour tous, sauf empêchement de la part des
dieux ou des héros'". Nous voyons, dans Thucydide'*,
que lorsque ces réunions se tenaient à Sparte, ce qui
était le cas ordinaire, il y avait d'abord une assemblée
des Spartiates, È/.xÀTiTÎa, qui examinait l'affaire en
V. J.-C. Il faut citer aussi Tinsc. 203 du Delectus de L. Cauer. — I Busolt,
Griee/i. Gesch. 1,689; Cauer, Op. laud. 1926. — 2 Herod. Vil, I7i ; cf. Ibid..
143. — 3 Gilbert, Uandb. Il, 94; Busolt, Gr. Gesch. I, 667. — *Rôlil, /nsc. rjr.
anl. 1 ; Dillenljergcr, Sylloge, 7; Michel, Hecueil, 1118. — B Herod. VIII, i;
cf. VII, ICI. — 6 Herod. Vlll, 61, C3, — 1 Sur le synédrion dos stratèges, voir
surtout Busolt, Uie Lakedaimonior u. ihre Bundesgf^nossi:n, p. 408. Sur les
séances du synédrion à Salaminc, Herod. VIII, 49, 50, .58,75; Hauvelle, Hérodote,
p. 400. — » Herod. VIII, 123 ; IX, 81, 90 ; Tl.uc. Il, 71 ; III, 00 ; cf. Busolt. ùie
Laked. 413. — 9 Hlut. Arist. 19 et il ; confirmé par Thuc. 11,71 sq. — lODillen-
berger, Hylloge. 393. — 1< Sur la ligue lacédémonienue, cf. Schômann-Lipsius. Gr.
Allen. Il, loi ; Hermann-Thumser, Staatsalt. 213; Gilbert, Handb. I, 97 ; Broiclier,
iJesociia Lacedaemonii.rum, 1867; Busolt, Uie Lakedaimoiiier . — 12 Thuc. I, 123,
I : K.i ^.;!;<„i ,«', r»«»»ovi ndXn; I, 141, l : i.y,.; !«;,,=-,.. — 13 Thuc. V, 30, 2.
— liThuc. I, 67; 118,3; 119. — 15 Thuc. I, 96-97; Aristol. Pol. 4M. 23, 3;
Plul. Arist. 25; Schômann-Lipsius. Gr. Allert. Il, 107 ; llerniann-Thuraser,
StcMlsalt. 064; Gilbert, Handb. 468 ; Busolt, 5(oo/«. u. Hechlsalt. 320; H. Nothe,
question et prenait une décision; ensuite cette aflFaire
était soumise au Conseil des alliés. Après la défaite
d'.\thènes, Sparte victorieuse fit sentir plus lourdement
sa domination sur les alliés : on sait de quelle manière
rigoureuse furent traitées Manlinée et Phlionte.
La confédération athénienne '" fut constituée à
Byzance par l'entente des ciiefs Ioniens avec .\ristide. Elle
avait pour objet la continuation de la guerre contre la
Perse. Pour cela, chaque ville alliée devait fournir un
contingent en hommes et en vaisseaux, ainsi qu'une
contribution, adoo;, dont le chiffre fut fixé par Aristide.
Les alliés avaient pensé qu'ils garderaient leur autonomie
et que les résolutions seraient prises dans les assemblées
communes '*. Ces assemblées, cûvoSo;, truvÉôpiov '\ se
tenaient à Délos, centre de l'ancienne amphiclyonie
délienne. Ici encore toutes les cités, grandes ou petites,
étaient 'ino-yr^aoi ". Le synédrion réglait les affaires com-
munes; il pouvait aussi agir comme tribunal ".On sait
combien celte situation fut debonne heurechangée. Les
alliés, sauf quelques peuples qui surent conserver leur
autonomie, devinrent de véritables sujets; le trésor de
la ligue fut transporté de Délos à Athènes ; le tribut
payé par chaque cité fut augmenté. Quant au Conseil
des alliés, en admettant qu'il ait encore subsisté, il ne
devait guère se composer que des délégués des cités
autonomes et n'eut plus aucune importance^".
En 378, .Athènes essaya de former une seconde confé-
dération -'. Les conditions, sauf quelques restrictions
contre la domination d'Athènes, étaient à peu près les
mêmes que celle de la première ligue. l..e Conseil de la
confédération était un synédrion composé de députés de
chaque cité ; le principe de l'égalité du suffrage était ici
encore appliqué ^^ Nous voyons cependant quelques
cités importantes, tellesque Mytilène, Carystos, Ténédos,
envoyer plusieurs synèdres-\ Il semble bien que la cité
qui avait l'hégémonie de la ligue, Athènes, n'aurait pas
été représentée dans le synédrion^'. U était permanent
et siégeait à Athènes. Les inscriptions nous fournissent
quelques renseignements utiles sur ce Conseil des alliés.
Quand une affaire se présentait, il avait le droit de pro-
poser une résolution, îdyjjLa, qui était présentée au Conseil
des Cinq-Cents; celui-ci la transmettait au peuple .athé-
nien, qui prononçait en dernier ressort". Le Conseil des
Cinq-Cents peut aussi demander au synédrion de porter
directement l'affaire devant le peuple". Le synédrion
décide de la guerre et de la paix de concert avec le
peuple ^^ ; il prend part à la confirmation des traités par
serments réciproques '" ; il a des fonctions judiciaires et
peut juger et condamner ceux qui violent les traités d'al-
liance ". Au bout de vingt ans, la guerre sociale porta un
Der delische Bund, 1889-1890; L. Guiraud, Condition des alliés pendant la pre-
mière confédération athénienne, 1882. — 16 Thuc. I; 97, 1.— n Thucydide emploie
le mot «il.oSoî, I, 97, 1 ; Diodore le mol de synédrion, XI, 70, 4. Cf. Bocckh, Htaals-
aush. d. Ath. H, 353. — '» Thuc. III, 11,3; de môme, 10, 5. — 19 Gilbert, Handb.
469, n. 3. — 20 Nothe, Der delisclie Hnnd, II, 5 ; Busolt, Philologus, 41, 700.
— 21 Schômann-Lipsius, Gr. Ait. 113; Hermann-Thumser, Staatsalt. 740;
Gilbert, Handb. 494 : Boeckh, Staatsausli. I, 494; A. Schacfer, Den'osl. u. s.
Zeit. I, 25 ; Busoll, Der zw. ath. Bund. dans Jahrb. f. k. Ph. Supplbd. VII,
C64; Man. Iw. MuUer, Gr. Staats. 329. — 22 Diod. XV, 28, 4; Plut. Mor. 850.
23 Mytilène envoie plusieurs synèdres (Corp. insc. Att. Il, 32 c ; Diltenberger
Syll. 91, 28) ; Carjstos et Ténédos n'en envoient qu'un {Corp. insc. Att. II. 64 cl
117, 32 c; DiUenbcrgcr, Si/ll. 109 et 146. — 2i- Busolt. Gr. Staats, p. 334, n. 2.
— 25 Corp. insc. 4". Il, 57 b;BusoU, Staats, 334.— 26 Corp. i. Att. 11,31 (alliance
avec Dcnys). — 27 Ibid. 49 b ; Xen. Hell. VI, 3, 19 : de même pour l'admission de
nouveaux membres de la ligue, Corp. insc. .Ut. Il, 51, 57 b. — '2» Jbid. IV. 2,
18 b; 49; Aesch. Défais. leg.iS.— ^^ Ibid. 17,1.41,51 Cette inscription est le ducu-
SYN
lo8a —
SYN
rude coup ù l'œuvre nouvelle des Alliéniens ; la défaite
de Cliéronée la fil disparaître.
Signalons seulement encore ce fait que, pendant la
guerre lamiaque, Tirnoslhène, député de Carystos au
synédrion de la ligue, et proxéne d'Athènes, avait été
envoyé au camp des Grecs et des alliés et qu'il y avait
défendu très activement les intérêts des Athéniens'.
I.aconfédération béotienne était unedes plusanciennes
de la Grèce-: elle était aussi une des plus imjiortantes
[boeoticlm foedus]. Elle était composée d'abord de quatre
cités, plus tard de quatorze. Il est fait mention des quatre
Conseils^: peut-être formaient-ils, réunis, le synédrion
de la ligue ''. Ce synédrion est mentionné par Xénophon ■•
et par une inscription''. Dans une série de textes épi-
graphiques du second siècle av. J.-C, les synèdres de
diverses villes sont mentionnés comme agissant tantôt
avec le peuple, tantôt avec les polémarques ou les ar-
chontes''. Mais, comme nous le verrons plus loin, il s'agit
ici de sénateurs, non de délégués à un congrès.
L'époque de Philippe et d'Alexandre est marquée par
la constitution de la grande ligue nationale des Grecs
contre les Perses". Bœckli pense même que c'est à par-
tir de cette époque que le mot de 5'jvÉoptov s'est surtout
répandu'. La ligue a pour objet de venger l'impiété
commise par le barbare contre les temples de la Grèce '".
Elle était constituée sur le modèle des anciennes symma-
chies péloponésienne et athénienne. Chaque cité était
autonome, exempte de tribut; un synédrion, composé
des députés de chaque cité, siégeait à Corinthe ; dans
celte assemblée, le système de l'isopséphie était encore
la règle ; pour la guerre prévue, chaque cité devait en-
voyer un contingent de soldats ; le roi de Macédoine était
CTpaxYjYO; aÙTOxpaTcop ".
Des ligues si nombreuses qui se formèrent à partir de
celte époque, nous parlerons surtout des deux ligues
achéenne et étolienne [acuaicum foedl's, aetûliclm
FOEDLs]. Dans la première de ces ligues''', il y avait deux
assemblées, l'une restreinte, l'autre générale. L'assem-
blée restreinte, appelée généralement synédrion''',
était composée des députés de chaque peuple, ayant
tous même droit de vote'*. Elle siégeait à Aegion, jus-
qu'en 169, et tenait deux sessions par an, l'une au
printemps, l'autre en automne, à l'exemple du Conseil
Amphictyonique. Elle réglait les affaires courantes,
nommait les magistrats, s'occupait des affaires exté-
rieures: son action fut de plus en plus réduite par
l'action des stratèges. L'assemblée générale est ouverte à
lousles Achéens âgés de trente ans; elle est convoquée
selon les circonstances el siège trois jours; le vole est
ment le plus iniporlanl que nous poss^-dions sur la seconde ligue allK^nJeniie.
— l/«irf. il9; DiUi-nbeiger, 180 ; l)i-oysm, Uist. de l'hcll. Il, 5i, 473. — 2Gill.erl,
HanM. Il, 45 ; Busoll, Slitats. :i:i5 ; Freemann, Hisl. of. fcU. i/ov. — 3 Tliuc. V, 3» ;
d'après Gilbcil, loc. cil. 57. — * D après Gilberl, Hamlb. Il, p. 57. - & /Jell. VII,
I, i:'. — «Gilberl, Han'lhuch, 58, 2, d'aprè, B. Keil, Insc. liocot. n. 31. — 1 Synè-
dres nienUonnès avec le peuple, Corjj. insc. Gr. Sept, à Tliisbi^*, 41 39 ; Michel, 2^0 ;
à Acraei.hia, t't/r/j. Ï708 ; Michel 2'i3 ; avec les archonles. à Acraephia, Corp. 4127
el 4132; Michel 234, 230 ; avec le polémari|UC, i Orclionn'-ne, à Thi'bcs, Michel, 232.
— S Droyseii, fJmL de VUellén. I, 41 cl III; A. Scliai-fer. Uem. u. s. Zeil, III,
51 et 07; Nicse. GescA. d. gr. u. AJaked. St. I. 3S ; Weil, Les haraiiijues de
Oém. 401. On ne sail si l'insc. rolalive i une décision arbitrale des Argiens se
rapporte à la ligue de Corinlhe ou au Conseil Amphictioni(|ue; Insc. mar . Aeg.
II, 123!); Ilitlenherger, 428; Michel, 14. — 9 Staaisaiish. 1, 4'J4. — 10 Oiod. XVI,
«g. _ Il Diol. XVI, 89; XVIII, 50; Slrab. VIII, 301, 365, — 12 Noua renverrons
simplement à Freemann, Hisl. of [éd. Goo. ; Uroysen. his/. de l'hell. Il, 617 sq.,
III, 319 si(. ; Dubois, Les Ugu.es acii. et élril. 113; Gilberl, Uandh. Il, 110; Busolt,
Stnals. 3i7. — 1^ Polybe emploie les nomsde;ioj'/.r,, dûvoior, Uy'Aiivi'a. La question
est assez embrouillée : cf. Dubois, Op. luud. 113-148; Busoll, p. 357-358; Gilberl,
VIII.
compté par peuple el non par tête de citoyens présents.
La constitution de la ligue étolienne'^ i)résenlail avec
la ligue achéenne bien des traits communs. Le premier
magistrat était un stratège annuel, éponyme ; il avait
près de lui un synédrion permanent, dont les membres
sont appelés ordinairement cûveôso!, quelquefois SouXeu-
Tït"^. Chaque ville est représentée par un nombre
différent de synèdres'''; ils ont dû être environ 600;
la présidence est exercée par les irpouTÎTat twv «jijvéîpoiv ;
il y a un 'iç,<x\LUL(x-:i6^ éponyme. Là aussi, une assem-
blée plénière se réunissait au printemps et à l'automne.
A partir du iv'^ siècle, les confédérations, comme
nous l'avons dit, deviennent de plus en plus fréquentes;
elles prennent un nom, qui lui aussi devient d'un emploi
de plus en plus fréquent ; c'est le koino.n. Pour la plupart
de ces ligues, nous voyons que le Conseil fédéral est un
synédrion ; c'est ainsi pour les Mésioles ", une des plus
anciennes de ces confédérations, pour les Magnètes ",
les Phocéens-", les Cretois^', les Ioniens-^, les villes
de Troade^^ etc.
Dans tous les faits que nous avons cités jusqu'ici,
nous voyons que le mot synédrion a gardé le sens par-
culier de congrès, réunion de députés de divers pays.
De bonne heure, cependant, ce sens s'élargit el nous le
trouvons employé aussi pour désigner soit des députés
d'un même pays réunis pour former une assemblée
politique, soit les délégués d'associations privées, qui,
sous la forme d'un comité ou d'une commission, s'oc-
cupent des affaires de celle association.
Nous avons vu que pour Athènes, c'est l'Aréopage,
plutôt que le Conseil des Cinq-Cents, qui est qualifié de
synédrion. Dans la plupart des autres villes, ce nom est
donné à l'assemblée politique, Conseil ou BouXvî, char-
gée des affaires publiques'^*. Ainsi à Élalée, le peuple,
après une première décision des synèdres, vote l'affran-
chissement de l'esclave Sléphanos ^'. A Chalcis, en
Eubée, une donation est acceptée par acclamation,
d'abord par les synèdres, ensuite par le peuple ". La
même procédure est constatée aussi à Érétrie ", àTré-
zène-*. A Épidaure -'' les synèdres sont mentionnés après
les archonles ; enfin les synèdres sont seuls nommés à
Dymé^", à Andanie", à Acraephia '-, dans le discours
de Néron rendant la liberté à la (îrèce.
Nous voyons, par plusieurs textes, que les synèdres
ont un YpaixpLaTEÙ;". Quelquefois ils sont désignés par le
nom de leur président ".
Nous trouvons enfin des synédria pour des sociétés
privées, ainsi à Astypalée'^ tô... (ruviSpiov tïç ysçoijutaç; à
Théra '' l'iîpov T'jvéop'.ov tt,i; èv Ci;». TraXxtCTçaç.
p. ili. — 14 T.-I.iv. X\XII, 22.23; XSXVIII, 32. — 15 Gilbert, Uandb. Il, 21 ;
Dubois, Op. laud. p. Ib3; Busolt, Slaala. 362; art. do Wilchcn, dans la Heal
encijclop. Pauttj-Wissowa, I, 119. — iS Sanclius conailium, T. Liv., XXXV, 24;
de nièmc senatus, dans les insc. ciiviSpo. el pouiiuTai ; Polybe àid»'*»,m el d'après
lui Tite-Live, apocleli. La question des Apoclèlcs est très discutée. — " Busolt,
Op. laud. 309, n. 8. — 1» Dittenb. Syl. 202 et 47 I ; Miche 373 cl 370. La ligue
était sous la dépendance des rois d'Egy|ite. — 19 Insc. en l'honneur du -}«iinaTtii; des
synèdres, Michel, 3u7. Cf. art. kotson, p. S38. — 2" Michel, 277, 278 ; art. koino»,
p. 839. - 'il Michel, 439. — 22 || g'agil du xo.vb. T.r,. t.<,<7.«(8.»« r.àU^v. Ditlenb.
I89;arl. KoiN0!i,«42. — 2.1 Dittenb. 109 cl303; Michel, 522. — 'il .Nous avons déjà
relevé le fait pour certaines villes de la conrédération thébaino, voir note 7 de celle
page. - 25 Ditlenb. 842 ; Michel, 2i3. — 21. Dittenb. CU7 : 1. 13, iîdi.sa» '.i «0.,tSo......
I. 28, i5i,,f- ; S^ii.,,-. —'27 Ditlenb. 93-.. — 2S /nsc. Gr. t. IV (Argolide) : 2, les
svnèdrss el le peuple; 738, les archonles cl les synèdres. — 29/4,'rf. 948 ; cf. 924.
_ 30 Dittenb. 316. — 31 Lebas-Foucart, 320 a; Uiltenb. 033; Michel, 69».
_ 32 Hollcaux. But. de cor. hall. XII, p. 5lu; /use. Gr. Sept. I, 2713; Dillrn-
bcrger, 376. — 33 Imienh. 316, 053, il2, elc. — 34 Dittenb. 310. — 35 J„sc. mur.
Aeg. Il, 12. -36;6W. 531, S.
l'jy
SÏN
— 1386
SYN
En somiiu' deux idées essenlicllcs sont oxpi-iiiiéos le
plus souviMil par le mol synèdroi.
1° Ce sont (les délégués de divers Klats iiui se réunis-
seiil et forincnl ce que nous appelons un congrès des
puissances; mais bienlol, nous trouvons sous ce nom
di's députés d'un même pays réunis pour former une
assemblée politique; enfin des membres d'associations
particulières.
i" Ces réunions sont, en général, peu nombreuses; c'est
le conseil ampliicljoniciue qui ne comprend que vingt-
quatre membres; c'est un conseil de guerre formé des
généraux d'une armée d'Étals confédérés ; dans un sens
plus général, c'est un Conseil, un Sénat, et il s'oppose au
mot comices; quelquefois, mais très rarement, il sert à
désigner les comices. La ligue atlié'nienne de 378 est
dirigée par les synèdres des alliés ; pour la ligue de
Délos, au siècle précédent, le mot synédri(m est employé
par Diodore, mais Thucydide ne se sert que du mol
synode. Polybe désigne, par ce nom de synédrion, le
Si'nal de Rome, le Sénat de Carthage ; dans le Nouveau-
Testament, c'est le sanhédrin des Juifs: toujours un
corps politique composé de députés, et en nombre le
plus souvent restreint. Ai.bkrt Martin.
SY.XÉGOKOS (Ijv/.voso;). — Ce mot, formé de !7jv et
ày&pc'Ju), désigne ordinairement à Athènes des orateurs
chargés de porter la parole au nom de l'État, .\insi, quand
une loi nouvelle était proposée, et qu'après certaines for-
malités remplies la question était portée devant un tri-
bunal de nomothètes NO.Mor convoqué à cet ellel, la con-
stitution voulait qu'avant de voter la nouvelle loi, celte
espèce de corps législatif abrogeât l'ancienne '. Or on ne
pouvait admettre que, devant les nomothètes, la parole
appartint seulement à celui qui attaquait la loi. Il serait
peut-être arrivé parfois, pour un motif ou pour un autre,
que personne nese présentât pour la justifier et la défen-
dre ; on lui donnait donc des avocats d'office, qui étaient
chargés, avec le titre de tuv-z-vcsoi ou de cJvû'.x&t (ces deux
mots sont employés souvent comme synonymes -), de la
soutenir devant le tribunal. C'était, on le voit par Démos-
Ihène, le peuple qui désignait ces orateurs^; mais on
ne sait s'ils étaient toujours en même nombre. La loi de
Lepline avait quatre de ces patrons, que Démoslhène
réfute l'un après l'autre*. Ces avocats étaient naturelle-
ment choisis parmi les plus capables et les plus sérieux
des orateurs, parmi ceux qui jouissaient de la plus réelle
considération. Comme il y avait là une excellente occa-
sion de faire apprécier son talent de parole et de se mettre
en vue, on devait presque toujours s'acquitteravec con-
science de la lâche que l'on avait acceptée : à eux tous,
ces quatre ou cinq avocats arrivaient certainement ci réu-
nir toutes les raisons, bonnes ou mauvaises, que l'on
pouvait alléguer en faveur de la loi menacée. Cette com-
mission avait une telle importance el était si recherchée
que, d'après la loi, une même personne ne pouvait en
SV>tllcr.nnuS. _ l l)H,no5th(ne insiste sur ruIiJilé de celle disposilion,
C. Timocr., 31, :t3. — ■! l)iSmoslli,Mie if. Timoc. .llî) appelle ,„v...ofo. ces
d^reiisciirs élus de l'ancienne loi. Ilans la Lepliniennc (liii, loi, 133i il se serl
p.irlau( du mol «ivS..»; [svNoiccs]. — » C. Timocr., W ; C. Lirplin., loi. — t La
loi conlciiuc dans le discours contre Timocrale (J 23) lixc à cinq le nombre de ces
patrons de la loi. En adniellanl niAïue que oc k-xie, comme la plupart des docu-
ments prétendus aullienli(|ues insérés dans les u-uvres des orateurs al tiques, eût
été' composé à une époque postérieure par ud grammairien, c'est là un détail iiu'il
était facile de prendre chel T'hilocllore, cliei Arisloto. ou dans quelque autre des
auteurs qui avaient di'crit la conshlution alliéuienue. — i l)cni. C. Leptiu. )5i.
— s £lem. De corona, 13*. Démosllièue, de même que l'auteur incouim de la
être chargée deux fois dans sa vie\ On avail craint sans
doute que certains orateurs ne lissent d'une aussi hono-
rable fonction un métier ou une alVaire, qu'ils ne l'exploi-
tassent dans l'intérêt deleiir ambition ou de leur eu pi dite.
Nous voyons pourtant, par Démosthène, que, dans la
pratique, on ne tenait pas toujours compte de celte pres-
cription. C'est que l'on devait sentir le besoin de dési-
gner pour cette mision, quand on en trouvait, des
hommes de mérite et d'expérience qui eussent quelque
connaissance des lois. Le nombre des citoyens remplis-
sant ces conditions n'était pas grand; on revenait donc,
en dépit de la loi, à ceux qui avaient déjà joué ce rt')le
avec quelque distinction.
Ce titre de (TJvSixij;, que nous pouvonsconsitlérer comme
synonyme de T'jv/i-ppo; [sv.vdicis\ nous le trouvons encore
donné à l'orateur qui est chargé de soutenir les droits de
la cité, engagée dans une contestation avec quelque
autre ville, devant l'arbitre auquel a été contit' le juge-
ment du procès". On appelait de même ceux qui, dans
certains cas dWioLf^E/AoL, quand la république prenait en
main la cause et se portait partie contre ceux qui étaient
inculpés de trahison, recevaient la mission de dévelop-
per l'accusation devant le tribunal. D'après un décret
que nous a conservé l'auteur inconnu des Vies des dix
orateurs, ces accusateurs publics, dans le procès d'An-
tiphon, étaient au nombre de dix. Dans le procès de
Démosthène el dans celui d'.Xristogiton, lors de l'alTaire
d'Harpale, nous trouvons le même nombred'accusateurs ■".
Tous les (fuvVjvopo! que nous venons d'énumérer
n'étaient choisis qu'accidentellement, et leurs fonctions
cessaient avec le débalmême où ils avaient à représenter
la république. Il parait y avoir eu d'autres synégores qui
formaient un collège de magistrats adjoints au collège
des logistes el des euthynes [logist.\i]. C'étaient, autant
qu'on peuten juger en l'absence de tout détail, les orateurs
qui portaient la parole devant le tribunal présidé par les
logistes, quand ceux-ci avaient découvert de graves
irrégularités dans une reddition de comptes et décidé
qu'il y avait lieu à poursuivre*. C'est peut-être ce même
collège que nous voyons employé, sous le nom de triJvSt-
xoi, après le rétablissement de la démocratie, à faire
rentrer les sommes que certains citoyens avaient indû-
ment touchées, au détriment du trésor, des mains des
Trente'. Ces magistrats auraient appartenu à la catégo-
rie de ceux que désignait le sort.
Enfin on nommait dJv/iYOfoç celui qu'un accusé appelait
à son secours, qu'il chargeait de prendre part au procès
à ct')té de lui, pour l'aider et le suppléer ; c'était, avec
certaines différences, ce que nous appelons un «rocrt/'".
On aurait donné le même nom à celui que l'accusateur
aurait appelé à son aide; mais le cas parait avoir été
bien plus rare, l'accusation ne pouvant invoquer, pour
se fortifier ainsi, les mêmes prétextes que la défense".
Georcks Perkot.
première vie d'Eiscliioe. se scrveni de l'evpression «JvSi.oî; mais Polliu (111. lia)
cile un discours d'Hypéridc, qu il appelle .juvr.-ooi»oî, qui ne peut guère
être (|ue le discours prononcé par llypéride, nous ne savons devant ipiel arbitre,
<|uand il avait élé chargé par r.\ri'opase, à la place d'Escliinc. de soutenir coulre
les Déliens les droils d'Athènes sur le temple de llélos. — ' \ il. .V ur. Anli-
phon, iô. Uuand il s'agit de ce rôle d'accusateur, on emploie plus rréquemnieni
le mol .a-Viïofoi. Aeschin. C. Clesiph. 5i ; llinarch. C. Ùemoslli., 31, i.s. ll4,
C. Arislogit. 6. — » Scliol. Aristoph. Vesp. liSl ; BcUer. Aneclol. p. 301, ^.
— « Lysias, XVI. 7 ; .VVllI, iï ; llarpocraliou, s. v. «i.Si.c. — '0 Voy. Eggcr. A'i tet
Atlit'niens ont connu lu [irofession d'aeocat (Mémoires de Littérature ancienne,
XI V). — 11 U;perid. Pro Eaxen. 10. M Eggcr ue parait pas avoir counu ce passage
SYN
— loS7 —
SYN
SYXGRAPIIÈ (S'jyyoï^y;). — Droit nisF.r.. Lo mol ^vcc
Ypaï.Tj, absiraclion faite du point do savoir s'il possèdi^ un
sens leclinique, désignait probablement, à l'origine, lus
actes écrits au moyen d'un style sur des tablettes de cire,
par opposition à ceux qui étaient écrits avec de l'encre
sur un papyrus '. A l'i-poque des orateurs, la syngraphè,
quel que soit son mode de rédaction, est un écrit sur
lequel les parties constatent leurs conventions -.
C'est maintenant une question fort délicate et très
controversée que celle de savoir si l'expression o-'JYvpa'i/,
ne possède point dans le droit grec un sens spécial et
teclinique et si l'on doit considérer la syngraphè comme
un contrat sui generis. doué d'une force ou d'une vertu
particulière. Dans une première opinion, on enseigne que
les Grecs entendaient par là un acte ayant un caractère
public, au moins par l'assistance de nombreux l('moins
et emportant exécution privée, c'est-à-dire pouvant être
mis à exécution sans jugement à terme échu '.
Une autre opinion voit dans la (TDYYr^'f'î d" droit grec
une sorte de contrat littéral et formel, analogue au con-
trai liflcris du droit romain et permettant même de
réaliser dans la pratique certaines des combinaisons aux-
quelles se prétait ce dernier'. Mais cette théorie est fort
contestable. Il est certain tout d'abord que, dans le droit
grec, l'expression (j'JYYP^'fi "C désigne point une caté-
gorie spéciale de documents: c'est, au contraire, une
expression très générale et applicable à toutes sortes
d'actes, non seulement au contrat de prêt', mais à d'autres
contrats comme le louage ou la vente", et même à des
actes comme les formulaires des locations des biens
sacrés' ou à des règlements pour les sacrifices". Le mot
<7JYY?3ti-r, est usité, d'autr(; part, dans les contrats bilaté-
raux, tels que la vente ou le louage, aussi bien que dans
les contrats unilatéraux''. 11 est donc impossible d'at-
tribuer un sens technique à l'expression syngraphè, et
elle apparaît à Athènes, de même que dans d'autres
cités grecques, comme synonyme de TuvOr,zyi ou même
d'ôaaoYta'».
Il est difficile, d'autre part, d'admettre que l'écriture
renfermée dans une <:\>y;o3.Yh ou dans un autre acte ait
eu par elle-même une force obligatoire suflisanle pour
sup[)léer à l'absence de cause. On doit plutôt dire que
dans le droit grec les écrits ne servent, jamais (\\ie ad pro-
hiitioiieiti. La question ne se poserait même pas sans le
texte sur lequel on se fonde dans l'opinion précédente,
et qui est une scholie de Pseudo-Asconius sur les Ver-
rines de Cicéron ", qui attribue aux syngrapliae le pou-
voir d'obliger même contra fulem verttutis. Or, il
semble bien difficile d'attacher une grande autorité au
ti'moignage d'un scholiaste qui vivait au V siècle après
J.-C, à une époque par conséquent fort éloignée de celle
où les institutions grecques fonctionnaient dans toute
leur pureté et qui a pu, par conséquent, en méconnaître
iiiiporl.iiil. 'lui proii\e i|iic chaque accus- avail, an moins du temps d'Hypéi'ide,
siiinu le di'oil.au moins la lilierlé de faire cnlemli'c un dérenseur oflicieux. l'oiirvn
qu'il demandai une permission qu'on ne lui rel'iisail pas. il appelait un vërilahle
avocat H sa défense. Acschin. Ile Légat., 170; Ucmoslli. In A'(e/<A. Il, in; In
,Veaer. 14. — 12 Acscliin. C. Ctesiph. 199.
SYNGRAPIII::. I Uneist, /lie formelUn \o tri'ige der ncui^ren nmischen
Ohlif/ationenr..chls, p. 423. — 2 /6..p. 432; Mei»r, Scliiimann et Lipsius, /Jcf
altisrhe Process, p. iîT»*- — •'* Dar-esie, Hidl. 'le corresp. hetlénique, VIII (18»t,,
p. 3'ii sq. : Dareslc, HanssouUier et iieinacli, Itecueil des iitscripl. juridiques
firecques, p. oOO. — 4 Millets, Itticlisrecht uiid Yotkrecht in den ôstlichen Pru-
rinzen der rôm. Kaiserreicks, p. 468 sq.; .Sieveking, Das Seedarlehun des
Mtertiims, p. 28 sq.; Heimann.Tlialheim. /lechlsnllerlûmi-r, p. 109. - S Ue-
moslh. C. Laeril. §10.-6 Dem. Pro cor. § 132. — " Bii«. cor. hel. Vlll,
le caraclèri'. La Iht'orie ilii contrat littéral grec ne nous
semble point siiflisainmenl justifiée, jusqu'à présent du
moins, ni surtout par les documents grecs de la pure
époque. Peut-être y eut-il dans les usages grecs quelque
chose d'analogue à Vexpensilatio romaine; mais cela
n'est nullement prouvé '-.
Dhoit romain — Gains, après avoir observé que les
pérégrins ne peuvent, sauf dans un cas exceptionnel,
s'obliger par les nomina tra.nscrii'Titia, ajoute que cepen-
dant il semble y avoir pour eux unelillerarum ob/ir/atio
à la suitt^ d'actes qui leur sont propres cl dont les noms
mêmes indiquent qu'il devait s'agir de pérégrins de civi-
lisation grecque: les cliirograplia et les s ijii(/raj)/iae '■'.
Ces deux sortes d'actes paraissent avoir dillëré matériel-
lement en ce que les premières étaient des écrits éma-
nant du débiteur seul, et les autres des actes émanant
des deux parties, revêtus du sceau des deux contrac-
tants, et remis par eux à un tiers, à un homme de con-
fiance qui en aura la garde.
Le rhirogru/ihum n'est, selon toute vraiseinblanci",
qu'un simple titre probatoire, constatant une obligation
préexistante et valable d'après le droit grec. Quant aux
sgiif/rap/iae, d'après la scholie du Pseudo-Asconius, elles
oliligeraienlmémewn^/Y/ /idem verilntis, de sorte qu'on
n'aurait pas à rechercher si la remise de valeurs qu'elles
mentionnent est réelle ou fictive.
La même controverse s'est élevée néanmoins sur le
caractère des sijngrap/me que celle que nous avons
exposée dans le droit grec. L'opinion qui voit dans ces
écrits de simples titres probatoires est celle qui s'accorde
le plus littéralement avec le texte de Gaius.
Kn tout cas, à supposer qu'il y ait eu là un contrat
formel propre aux pérégrins de langue hellénique, il -a
dii disparaître avec la constitution de Caracalla confé-
rant le droit de cité à ces pérégrins'*. L. Bealchet.
SYXODOS (i^'Jvooo;). — Des acceptions diverses de ce
mot qui se rattachent à l'idée de réunion, nous en re-
tiendrons seulement deux en matière d'institutions
grecques : 1° assemblée politique des ligues étolicnnc et
achéenne ; 2" association privée.
L — Chez les ÉLoliens [ aeïolicl.m koeuus], toute assem-
blée fédérale peut être inditVéremmenl appelée ky.x.A-i,a(cLOu
.7JV000;'. En dehors des assemblées extraordinaires, qui
n'ont ni date ni lieu fixe, il en existe deux régulières
chaque année : l'une se tient toujours à Thermos, aussitôt
après l'équinoxe d'automne [i) twv 0£ç,[jiixwv .jOvùSo;) - ;
c'est là qu'on procède à l'élection des stratèges et des au-
tres magistrats de la ligue ; l'autre siège, à la fin de l'hiver
ou aux premiers jours du printemps, dans une des prin-
cipales villes de la confédération, désignée sans doute à
tour de rôle {î] twv Ilava-TioÀixtôv (.-^Jv&o&ç)^ Leur nom leur
vient des deux grandes fêtes étoliennes avec lesquelles on
les fait co'incider, les ÔEpixixî et les navotiTo..Aizi '. Leur
p 523. — s l/'i'l. IV, p. 227, 1. +7 ~q. — a Cf. Beauchcl, Hi-tt. du dr. prM de
la Hép. ttlliéii., l. iV, p. 77. — i» l'hilippi, Symbolac <.d doctrinam Juris
atlici de ei/ngraplns, p. 5 ; Glieist, p. 480. — " l's. Ascouius, In Vcrrevi, 11, 1. ib.
— 1-2 Cf. Ueauchet, O/i. cil. t. 111, p. 70 sq. — '» Gains, III. 134. Cicéron. dans
une de ses lettres â Atlicu6(Vl, l, 15), fait aussi allusion aux syngrapliae. On joint
ordinairement a ces textes la scholie précitée du Iseudo-Asconius, In Verr., Il,
I 37 _ 11 Cf. sur les atingraphae en droit romain : Uirard, iVan. de dr. romain,
2« édit. p. 4S'J ; Cuq, Us instit.jurid. des fiomams. t. 2, p. 379 ; Gncist, loc. cil. ;
Savigny, Vermischle Scliriften, I, 23t) ; Gide, Aoialion. p. 219; Milleis, toc. cil.;
Uarcste, toc. cit.; Kcvilloul, /.es oblig. en droit njijptien, p. .-1.
SV.MIUOS. 1 t'olyb. (éd. Uidol, IV', 15. S; .'iXVlll, l, 1 (U>V.r,,-'«) : IV, 26, ti;
(.i.oSoî). — - l'ol- livill, 31, 5. — 3Liv. .V.V.M, 32 (avec l'inlcrprétalion de .Nissen,
Kirt. Unlerauch. p. 29) ; Lebas-Wadd , Asie Min. 83. — » Kern, Jnsclir. von Mu-
SYN
_ I088 —
SYN
mission osl de prendre les résolutions graves ', ou d'ap-
prouver les acles du stratège et du conseil des à1:oxXY|TOl^
Chez les Achéens [acuaicim foedis^, nous trouvons
deux assemblées désignées par les noms de ctùvoSo; et de
BÙyxlr^xo^; el, si nous sommes assez bien fixés sur la se-
conde, nous le sommes beaucoup moins sur la première.
La (rOvxÀvo; est formée, suivant les époques, soit par
l'armée tout entière constituée en assemblée \ soit par
l'ensemble des citoyensàgés de plus de trente ans* ; elle
ne se réunit pas régulièrement, comme la^jùvoSo; -; mais,
dans certains cas, il est indispensable de recourir à elle,
en particulier quand il s'agit de délibérer sur une alliance
ou sur une guerre, ou encore (au ii"^ siècle), d'entendre les
messages du Sénat romain*. Il est donc clair que la aOvoîo;
est une assemblée moins nombreuse et de compétence
plus restreinte que la (tûyàxt,t&;\ Mais, dès qu'il s'agit de
préciser sa nature, les opinions se partagent : pour les uns
(Belocli), 5'Jvooo; est toutà fait synonyme de pcjÀ/,, c'estle
Conseil sous deux noms dilTérents ; d'autres (Busolt) voient
dans la tùvoBoç une sorte d'assemblée privilégiée dont
l'accès est réglé par des conditions de cens ; d'autres enfin
(Lipsius,Francotle) en font l'assemblée générale ordinaire
des Achéens. Nous ne pouvons entrer ici dans le détail
de ces discussions ' ; d'ailleurs les textes dont nous dis-
posons, avec leur terminologie variable, n'ont rien de
décisif, et il n'est pas invraisemblable que chacun des
systèmes proposés contienne une part de vérité. Ainsi,
dans plusieurs passages, Polybe semble confondre la
5ÛV000Ç avec la po'jXr, '; il est difficile de croire que, cha-
que fois, il y ait simplement là une erreur de Polybe ou
de l'auteur des Excerpta, d'autant plus que nous voyons
le pouXcUTTjpiov servir de lieu de réunion pour la aûvoSo;'".
Mais, d'autre part, si la tjvooo; est simplement le Conseil,
comment expliquer qu'elle soit désignée aussi par les
expressions oi 'A/aioi'", oi -o),Xo;'^ tô -âXtiOo;", et même
TolOvoc"? Dans aucun État la nation tout entière n'a
accès au Conseil : on exige au moins des pouXeuTai un cer-
tain âge. Or précisémentil est question chez les Achéens
d'une vEpouaix; elle essaie, par exemple, de calmer les
esprits dans la (tOyxXyj&ç où Critolaos pousse la Ligue à
rompre avec Rome'° ; n'est-il pas naturel d'y reconnaître
le Conseil? Admettons, si l'on veut, que le Conseil est
nombreux ", qu'il assiste en corps à chaque (njvoôo;, et
qu'il y constitue une majorité assez forte pour jouer un
rôle prépondérant; mais, à côté de lui, pour former la
(rùvoSoç, doivent figurer aussi d'autres citoyens. Ceux-ci
pourraient bien être les Achéens qui atteignent un cer-
tain cens; car, si Polybe nous vante comme égalitaire et
démocratique la constitution de son pays'\ on n'était
ynetia, 91 c; Lcbas-Wadd, Asie Min. 83 ; Bull. curr. he/t. X, ISsil, p. I>.7. — 1 Liv.
/. /. — 2Pol. XX, 10, II. — ai'ol. IV, 7,5. — M'ol. XXIX, 9,0. - .■• l'ol. XXXVIll,
4, 2 (l'arrivée d'une ambassade roraainc coïncide par liasard avec une a'j-^ti.r^ia^\ .
— 6 pol. XXIII, ii, ti. C'est ainsi qu'eu ll>8 les ambassadeurs des deux t'ioicmées,
iuvo(|uanl l'appui de la Lij,'ue contre Antioclius, sont renvoyés de la ojvo^o; de
(^orintbe iiunc aj^n'Ar^To; convoriuée à Sicyoue (Fol. XXIX, 8-9,i, ou que les Oropiens,
en 155, sollicitant le secours de la Ligue contre Alliènes devant la (rjvoSo; de
Coriutlie, doivent aller ensuite devant une aOvx.r.-toi à Argos {Inscr. qr. Vil. 4H).
— '' C'est sans doute pour cela que le terme d'àvo^i se tt-ouve appliqué exclusi-
vement à la 5Ù,o«oî (Pol. XXVIll, 7, 3; XXIX, 9, 5), tandis que celui d'i«<'iT.»;a
sert indisliuctcraenl pour la smaW, (l'ol. IV, 7, I ; V, 1, C; XXI, 7, ï) el pour
U <r:t>'AT,Tot (XXIII, 10, 10; XXIV. 5, Ifi). — il Cf. les articles cilés à Id biblio-
graphie. — 9 Pol. IV, 26, 7-8; XXVIll, i, 7-10; XXIX, 9, 6. — 10 pol. II, 50, 4
cl 10: XXIIi, S), 6. — Il Pol. IV, 26, 7; IV, 37, I ; V, 311, 7. — 1'! Pol, XXV, 1, 3.
— 13 Pol. V, 1, 7; XXVIll, 7, It. — Il Pol. XXIV, 12, 12. — fôpol. XXXVIII, 5,
I. — 1C> Ëuméne propose de lui afTecler la rente de 12lt talents iPol. XXIII, 7. 3).
— l'! Pol. Il, 38, C. — I» Imcr. gr. VII, 188 : des arbitres sont choisis ,!X.,uT;vSa
lù icKtivia. Cr aussi ce que Polybe (X, ïi) et Plularque [Pliilop. 7; disent de
pas sans y tenir compte, dans les élections, delà richesse
en même temps que du mérite"; et on s'expliquerait
mal sans cela comment Eumène, pour s'attirer les bonnes
grâces des Achéens, leur offrait de payer non pas tous
lescitovens qui prendraient part aux ndvoôo:, mais, parmi
eux, les seuls membres du Conseil".
Bref, nous entendrions assez volontiers par cJvooo;,
chez les .\chéens, une sorte d'assemblée primaire", com-
prenant tout le Conseil, assisté de représentants des
dill'érentes villes élus parmi les possesseurs d'une for-
tune déterminée. Cette cùvoSo; suffit, sauf dans les cas
graves énumérés plus haut, àassumer la responsabilité
des actes politiques de la Ligue: en ce sens, elle con-
stitue l'assemblée ordinaire des Achéens, élit les magis-
trats^', décerne les distinctions honorifiques'-, et appa-
remment ratifie les mesures prises par le stratège et les
oifAtopyo'! au sujet des afi'aires courantes. Elle tient au
moins quatre sessions par an (oi Ix xwv voawv, ai xaO-/|xou-
(rat cùvoSoî) en avril-mai, juin, fin juillet et octobre".
Elle se réunitpour cela jusqu'en 189 à ,1'^gion '^'•; ensuite,
sur l'initiative de Philopœmen, dans les diverses villes
de la Ligue à tour de rôle -".
IL — Le mot trùvoooc; sert aussi à désigner, dans tout le
monde grec, bon nombre d'associations privées ; en ce
sens, il se rencontre, semble-t-il, dès le iv'' siècle-'' ; mai.s
il ne devient courant qu'à l'époque romaine. Peut-être, à
l'origine, était-il réservé de préférence aux sociétés assez
restreintes. En tout cas, à partir du n" siècle, la distinction
disparait : cOvoSo; devient exactement synonyme de xoiviv,
de OiïToi;, d"épavoçOU d'opYEÙive;^' [koino\, eranos, orgeônes,
TiiiASOsJ. Il y a là, onlevoit, une terminologie assez vague :
elle se complique encore du fait que le terme (xùvoSo;, déjà
employé à propos de l'association entière, s'applique en
outre à l'assemblée générale de ses membres, au comité
directeurqui en forme pour ainsi dire le bureau, et même
parfois à un groupe détaché de l'ensemble^*.
Il ne peut s'agir ici d'énumérer toutes les associations
qui, à notre connaissance, portent le nom de gûvoooi -''.
iNoLons seulement qu'il s'en rencontre à peu près dans
tous les genres. Les plus importantes sont les associa-
tions religieuses vouées au culte d'un dieu ou d'un prince
divinisé, et les sociéti's d'acteurs et d'auteurs dramati-
ques, au temps où les gens de théâtre se groupent sous
le nom pompeu.x d'artistes dionysiaques [dionysiaci arti-
fices]. Mais d'autres sont des corporations profession-
nelles de commerçants ou d'artisans ; d'autres s'occupent
d'assurerune sépullureà leurs membres; d'autres réunis-
sent, dans une ville, les jeunes gens, les chasseurs, les
vieillards, ou simplement les amateurs de joyeuse vie; les
l'imporlancc des Ir.^iX; — 1» Pol. XXIII. 7, 3. — 20 Sans doute cette juxtaposition
d'une ?oa)ir„ d'une »ivoSoi et d'une oj»»'/.r,ii,-, est peu fréquente; mais Sparte n'a-
t-elle pas eu 'pend.inl assez longtemps une v.oojffîa, une ;*i.ûi Ux^r.aia. el nue
i,i'a«'? - 21" Pol. V, 30, 7; XI-, 2, I. - 22 Pol. Vlll, 14, S: XXVIll, 7, li.
— 23 Krancotle, La Polis gre'que, p. 245, n. I (risunianl les conclusions de Lipsius
et de Belocb). — 21 Pol. V, 1, 7. - S5 Liv. XXXVIII. 30. - 2» Isocr. .Mcocl. 54 :
il s'agit là de clubs politiques analogues aux hélairies. Je ne vois pas de raison
pour écarter cette inlerprélalion, comme le fait Poland (Gesch. d. gr. Vereins-
wcseiis, p. 159). — 2" Par exemple, l'association tSv Tuj™-/ 'Hfii»Vtiir:.l;ï iujidjuv
.a', yaux'tôei..v, à Uélos, est .ippïlée dans la même inscription 81»«oî, xi.vd« et aO.oSo;
(Inscr. ■/>•., 2271. I. 26, 35 et 4'J); celle des SuT^ip «ht»; d'Athènes se nomme tô
xoivôv ou *i ir-jvo5o;, tandis que Ses membres se qualilieul d'î.avnTa,', et ont pour
chef un «;zeo«vi»tV,5 {Inscr. ijr. 11, 52, 630 *) ; les ;;7c.r,vi; du Piréc félicitent leur
secrétaire de son zèle envers leur «Jvoio; {Inscr. (jr. II, 5. IV2, 62» b); etc. Ici
encore, je doute de l'exactaudc des distinctions établies par l'oland entre tous ces
mois. — 2» e,i//. corr. hell. XXIII. 1699. p M et s.]. — 23 On en trouvera le cata-
logue dans les ouvrages cités à la biblograpliie ; la plus grande partie d'enire el'es
ne nous sont connues que par les inscriptions.
SYN
i:i8î) —
SYN
citoyens d'un même pays vivant à l'étranger peuvent
former des aûvoîoi ; et nous trouvons encore, toujours sous
le même nom, des sociétés de savants, comme les hôtes du
Musée d'Alexandrie ou certaines écoles philosophiques.
Bref, le mot TÙvooo; parait pouvoir s'appliquera la plupart
des associations de l'antiquité grecque ;il répond, suivant
les cas, à ce que nous appellerions aujourd'hui confrérie,
corporation, syndical, cercle ou société quelconque.
On le pense bien, les statuts de ces TÛv&oot varient de
l'une à l'autre. D'une façon générale, elles ont une orga-
nisation très complète, calquée sur celle de l'État'.
S'agit-il d'abord d'y être admis? Les formalités ne sont
guère moins compliquées que pour l'obtention du droit
de cité : il faut faire par écrit acte de candidature, subir
une oox[[iai7i'a, être accepté par un vote des membres, par-
fois prêter un serment. Dès lors, on appartient à une
véritable république qui a ses règlements à elle (elle les
appelle vo|ji.&i), son administration centrale, son lieu de
réunion (le plus souvent un temple), ses assemblées, ses
fonctionnaires, sa juridiction, ses archives, ses finances.
Suivant les temps et suivant les pays, l'Étal exerce sur
les associalions une surveillance plus ou moins étroite ;
en général, il se contente d'exiger que leurs statuts spé-
ciaux ne heurtent pas les lois proprement dites du pays.
Celle réserve faite, la (tùv&ô&i; peut rendre des décrets
rédigés sur le modèle de ceux des villes, conférer des
distinctions honorifiques, les proclamer officiellement
dans ses réunions ; elle envoie même des ambassades, el
celles-ci parviennent parfois à intéresser à leurs affaires
les gouverneurs romains et jusqu'au Sénat de Kome.
G. CoLIM.
SYi\OIKIA (Suvoixta). — Fêtes célébrées à Athènes,
en mémoire de la concorde établie par Thésée entre les
cités atliques el de leur réunion autour d'un seul foyer
et d'un seul prylanée'. Ces fêtes formaient une sorte de
prélude aux Panathénées el avaient lieu le 16 du mois
d'Ilécalombéon^. Nous n'avons guère de renseigne-
ments sur les cérémonies qu'elles comportaient. Nous
savons seulement qu'on y faisait un sacrifice à la Paix^
Le sacrifice était olVert sans doute dans l'ancien pryla-
née, au nord de l'Acropole, devant la statue d'Eiréné que
Pausanias' y a signalée [i'RYTankion]. Au témoignage
d'Aristophane % ce sacrifice se faisait sans effusion de
sang. Cependant une inscription de l'an 333 av. J.-C'
mentionne un sacriiiceà Eiréné, qui doit être celui des
1 Cf. la i' partie ilii mi-nioirc de Zicbaitli, ou les ciiap. ]v el v de clui .le Polaiid.
BiBr.iuGRAHHiE. — l. M. Duhois, Les ligues t^tolienne et ac/téennc, p. 113 ; llollcaux,
Sur les assemblées onlinaives de In ligue étolienne (fini', corr. hell. XXi.V,
IJiJj. -p. 362); Busolt, Griech, Altertfiiim. 2' éd. p. 3.ïG ; Lipsius, Beitrnye zur
Gcsch. griech. Bnndesverfassungen (Jter. Si'ichs. Gcs. d. Wiss. zu Lei/izig,
I8!I8, p. 143); Belocli, Griech. Oesrh.. III, 2, p. 181 ; l'iancollc, le Conseil el
t' .issemblée générale chez les Achêens {Wusèe belge^ 1906 = la Polis grecque,
1907, p, 231). — II. Foucarl, Des associations religieuses chez tes Grecs, l'aris,
1K73 ; Zicliartii, Bas griech. Vereinswesen, dans les Pr,-issckviften gekrônt und
herausgegeben von der fûrstlichJablonowskischen Gesellschaft zu Leipziy,XX.\\\\
UU6. (Oii trouvera dans ce mémoire la biljlio<,'raplMe spéciale des diverses sortes
d associations) ; Id., Zu den griech. Vereininschriften {/fhein. Mus, 1900,
p. 501); (Eliler, Zum griechischeu Vereinswestn, Vieuue, 1905 ; Poland, <ies-
chichte des griech. Vereinswesens, dans les Preisschriften d. kùnst. Jahlu-
nowskischen Gesellsch. z. Leipzig, XXXVIl, 1909.
SVNUIKIA. — 1 Thucyd., il, 13; flot. Thés. 24. C'est par erreur que les mss.
nomment ces fêtes Metoiliia ; voir Wilamowilz, Aus Kydathen, p. 1.0, n. 36.
— 2 Scol. Arislopli. Pax, v. 1019, Le scol. parle de Synoikesia, mais c'est sans
doute une erreur; cf. A. Mommsen, Fexte, p. 30. — 3 Jàid. — '' l'iusau. I, 18, 3.
niioi<|ne Fniisanias ne le disr^ pas, il n'est pas lém6rairc de suppuser ip.e la Paix
a\ait nu autel au l'rylanêe, conmie llestia. — ^ fax, v. 1019 sq. — t^Alichel.
Jlecueil, 824, 1, I. 30. Cf. Boeckli, Staatsh. der Athencr, i' éd., Il p. 1,11. — ^ La
vente des peaux des victimes avait rapporté cette aunëe 874 drachmes (inscript.
SijnoUdu, puisqu'il a lieu au début de l'année, peu
avant les Panathénées, mais qui implique un grand
nombre de victimes''. On a supposé, pour expliquer
celle contradiction, qu'à l'ancien sacrifice non sanglant
des Sijnoikia, offert au prytaneion, sans doute par
l'archonte-roi, on avait, lors de l'institution du culte
officiel d'Eiréné en 371 av. J.-C, ajouté un sacrifice
avec immolation de nombreuses victimes. Isocrate' et
Cornélius Népos' nous apprennent, en effet, que le culte
d'Eiréné fut introduit en Atlique, après les batailles de
Naxos et de Leucade gagnées par Chabrias et par Timo-
thée, lors de la paix qui suivit. Il ne peut s'agir que
d'un renouvellement'", d'après ce que nous avons vu.
La cérémonie nouvelle a d'ailleurs un caractère très
différent de l'ancienne. Elle est célébrée par les stratè-
ges", ce qui ne pouvait pas être le cas pour la vieille
fêle traditionnelle du prylanée. Le sacrifice sanglant est
offert en plein air près de la Tholos el des images des
héros éponymes'-, à l'endroit même où vient de s'éri-
ger une nouvelle statue de la Paix portant dans ses
bras le jeune Ploulos, el due à l'art de Céphisodote '■'
TpAxl. Cil. .Michel.
SYNTIIESIS (ilùvOer;:;). Littéralement ce que l'on met
ensemble. — On donna ce nom à des objets que l'on
avait l'habitude de réunir pour l'usage que l'on en faisait :
telles les pièces qui composent un service' ; celles qui
sont assorties pour un costume ^ Le nom est particulière-
ment employé dans celle acception par les Romains, sous
l'Empire. La Hijntkesis était pour eux un vêlement d'inté-
rieur. La loge encombrante ne semblait plus bonne que
pourle dehors et pour l'apparat [i'oga]; dans la maison on
se contentait de la tunique el dans les circonstances oii,
sans cesser de se mettre à l'aise, il fallait être, comme nous
disons, plus habillé, on avait la sy/i//«esis. C'est ainsique
lesARVALES l'RATRES, OU Ic voitpar leurs acta^ , quand ils
avaient accompli les cérémonies du culte de Dea dia, se
débarrassaient de la robe prétexte ; mais pour le repas
qu'ils prenaient en corps, ils avaient soin de revêtir la
sijnlkesis. Ce vêtement, ])lus commode pourle long loisir
du souper, est ailleurs nommé cenatoriuin '' ou accubi-
toriuinve.^tiineiUum\C'esl,auUnl qu'on en peut juger
par les textes el par les monuments oii des repas sont
représentés (fig. tiO!)")'', une robe [Indunentutn] qui se
mettait comme une tunique ^ souple et fiollante {sine
cinctu); un palUumesl étendu sur les jambes.
citée). Pour éviter la contradiction, .M. G. liobcrl (l'rcllor, Griech. Mylh. I, 4' éd.
p. 479) suppose que, par dérogation a l'usage, le sang de ces victimes n'était pas
répandu sur l'autel et que c'est ainsi i|u'il faudrait comprendre le passage cite
d'Arislopliane. — 8 Isocr. Antidos ., 109 sq. — 3 Corn. INcp. Timoth, 2.
— '0 Plut. Cim., 13, nous apprend (|ue déjà des fêtes en l'Iiouneur de la Paix
avaient été instituées à la lin des guerres Médiques. — H n«pi (rtsatf.j.;-, dit
l'inscription citée. Cf. VVilamowitz, Aus Kydathen, p. 120. - 12 Pausan. I. 5. 1 ;
S. 2. _ 13 Pans. IX, 16, 2. Voir la statue, pax, fig. 5520; cf. S. Reinacli, ftépert.
de la Htat., I, 374, 4 ; Collignou, Hist. de la sculpt. gr.. Il, p. 180 ; Kurlwai-nglcr,
Masterpieces of grcek sculpture, p. 293 sq. — BiDiiuiiiiAi-Hif. M. Collignon,
Annuaire de fAss. des lit. gr., 1882, p. 106 sq. ; Brunn, Kleine .Schriften, II,
p. 328 sq.; Schoemann-Lipsius, Griech. Attrrl., II, p. 484; A. .Mommsen, Feste
der Stadt Alhen, p. 35 sq.
SY.M'IIUSIS. — 1 sut. Sylv. IV, 9, 44; Mart. IV, 40, |.>. — 2 Digest.
XXXIV, 2, 38 § 1 ; Sauniaise, ad Vopisc. Honosus p. 477, éd. Paris, 1640. —3 Corp.
insc. lat. VI, 2067 lad ann. 219, v. 7) et 2068, 7, lleuzcn, Acla Are. p. 12,
15 el 27. - * Mari. X, 87, 12, XIV, 135. — 6 Pelron. .Sa(. .30. — 6 Sujet
fréquent sur les tombeaux. Nous rappellerons celui qu'a déjà publié Monl-
raucon, Ant. expliquée. Suppl. III, 66; on le retrouve fort tard, dans les
pio>i[ices éloignées; voy. Mém. de fAcad. d'Amsterdam (noire (ig. 6697)
t. VIII, pi. 11. Cf. Allmann, Bom. Grahallûre, p. 190. — 7 X. :,;.>«. ; c'est par ce
mot que Uion Cassius (LXIll, 13) traduit ce ((ue Suélouc (Nero, 51) appelle
synthesis, el sine cinctu par i><,to;
SYX
— 1o90
SYR
Le tissu el la couloiir ' du vèlonu-nl vnriaiont suivant
'a IcmptTalure -, ou suivanl le j^oùl, la ricliessc de la
personne qui le portait. La même pouvait en posséder
un grand nombre el en changer souvent pendant un
Hep:.
ftynlhesis.
-'-J^.
repas'. Il y en avait pour lus feinines comme pour les
hommes'; elles consliluaient tout un vestiaire".
Il paraissait clioquanl de se montrer en public avec
la si/nl/iesis ; maison sortait ainsi vêtu aux Saturnales '^,
Dù rexhibition de la toge eût été non moins inconvenante.
E. Saglio.
SYXTIIÉi;Ô.\ PAB.XBAStÔS IHKÉ (AJxr, (;uv9t.xwv
-ïçx'j-j.7u<>:. oixf, (Tjaoo/.xHov . — Dans le droit altique, ou
nomme ainsi l'action générale qui est à la disposition du
créancier pour faire valoir les droits qui naissent à son
prolilde l'inexécution du contrat '.Celte action appartient
d'ailleurs au créancier dans tous les cas oii il y a violation
de la convention, et son exercice n'est nullement subor-
donné à l'exislence d'un contrat écrit. Les mots c:'jv6t|Zt,
el (jufiSi/aiov ont, en ell'et, un sens large el s'appliquent
aussi bien à la convention même des parties qu'à l'écrit
qui la constate'-.
L'emploi de la Sixy, cjvOf/.wv -içaoi^soj; est très fréquent
et nous est signalé dans les sources, notamment à propos
de la constitution de dot, du louage, du prêt, de la
société, du si'-questre el des diverses conventions qui
peuvent intervenir en matière d'hypothèques. Cette action
peut être mise en mouvtîuient toutes les fois que le
créancier se prévaut dune violation directe ou indirecte
des engagemenls contractés par le défendeur. Elle peut
concourir avec d'autres naissant également au profil du
' L.i Mjnthesis des Anales est lilaiiclie (t. p. 1569 noie 3); on en cilc de pour-
prées (['elrou. 3u), «le vcrles (prmina. Mari. X, S9, ♦) ou couleur de safran
(Alhanas. Il, p. 4CI); il y en a de loutcs couleurs (.Mari. Il, 46, 4); celle
lie Néron (Mail semée de lleurs, i.'iiviv /..-r.i.,,. (l)io Cass. /. /.) — 2 Mari. X,
71'. — 3 JOid. — » Mari. X, i9. 4.-5 Toutefois il uest pas sur que les
ayiithesi! de femme daus le telle cité note i, p. 1589, comprenant des niauleauii
cl des tuniques, fussent appareillées pour les repas. — 6 Mari. VI il ; XIV,
I. el 141.
SVKTIIKKU.'M PAHAIIASÉÙS DIKK. - t l'ollux, VIII, 31 ; Meier, Scbômann el
Lipsius. Oer allische P.occss, p. S'.'T. _ 2 licauchcl, Hi^t. du dr. privé de la
Hèpuhl. Alhi'menni!, t. IV, p. 53. — ■< Meier, Scliomanu el Lipsius, p. 097.
— * Beauchel. l. IV, p. 4lii et 416. — à Aesch. C. Timarch., Illi:!. —6 V. en ce
sens Meier, Scliô.nanii el Li|)5iu5, p. Îi3 et 634 : Ilermauu-Tliallieim, Rechtsal-
terlnmtr, p. lil ; lliuig, 0<u grieschische PfandreclU, p. 107 ; Uarestc, Plaid,
civ. d< Oémotihénc, l. Il, p. 1 : Beauchel, /l,st. d„ dr. privé de la Répubt.
Athén., t. III, p. 395 sq. V. toutefois su^ra larticlc de Gide, blasés diké.
— 7 Beauchel, t. IV, p. 396 cl 417.
SVvrHOPlIul. - 1 Xen. A«ab., I, 9, 3 ; Cyrop. I, i; ||, | ; E. Mever,
GiKhichte ./e. Alterihumt. III, p. 3(i. - i I. Belocli, Griech. Getcltichtè
III. I, p. 390 ; E. H. Bcvau, The house of Seileucui, II. p. Js3. — 3 Suidas s. v.
Mi;iù«( ni;i«>S;ou; cf. la tradition <|ui montre Alexandre p.irlageanl son empire
entre ses ri.-!fo=«i, Chronica Minor.t (éd. Fricki, I, p. 417 ; j JJacc, Il G.
créancier du même lait iuridi(jue, comme en matière
de prêt '.
La compétence, eu re qui concerne l'action (7'jvOf,x(ôv
Tixzx^ii.'îU'): doit varier suivant les circonstances de la
cause, car il s'agit d'une action très générale qui, comme
l'aclion fiXior,; [blaiucs dikk; ne peut, a priori, être attri-
buée exclusivement à l'hégémonie spéciale de tel ou tel
magistrat. L'hégémonie devait appartenir aux divers
magistrats compétents pour connaître des faits sur les-
quels était fondée l'action en violation de la convention '.
En ce qui concerne la procédure de la Sî'xy, 5i»v6t,xôjv
7rapa,8i(7£o)î, on esl autorisé à conclure d'un texte d'Es-
chine 'que la partie perdante est condamnée à l'épobélie
[epoeélia] lorsqu'elle n'obtient pas au moins la cin-
quième partie des suffrages.
On peut se demander si le créancier ne peut point,
pour obtenir la réparation à laquelle lui donne droit la
violation du contrat, exercer une autre action, la 5;xt,
oXà?r|Ç. C'est là une question controversée, mais qui nous
parait devoir être résolue aflirmativement ^. 11 faut
admettre d'ailleurs que si l'action êXiSY,; est exercée
pour ce motif, le créancier ne peut obtenir qu'une con-
damnation in id i/itod in/ercst, et que la loi qui pro-
nonce la condamnation au double en cas de GàiSo;
=xou<;t'<,v est étrangère à cette hypothèse^. L. Bevichet.
SY.\TIU)l»IIOI ÏJvTpoiO'.i. — A la cour de Perse', il
était d'usage délever avec les princes des enfants de
familles nobles. La même coutume se retrouve à la cour
de Macédoine el dans les empires hellénistiques*.
L'historien Marsyas de Pella passe pour avoir été
c;iJvT|;oi,c.; d'.Mexandre ^ ; le lils de Uoxane esl élevé avec
d'autres enfants'; Samos, lils de Chrysogonos, est syn-
trophos de Philippe V de Macédoine-'.
Même usage à la cour séleucide °, chezles Lagides ',àla
cour de Pont ^ et particulièrement à celle de Pergame'.
Ces enfants, privilégii's parmi les ïa^tÀixo'; Traîos; so.ma-
TOPnvLAKEs\ recevaient la même éducation que les princes
et les princesses '" de sang royal ; ils étaient sans doute
plact's sous la direction du même gouverneur (Tooï.ej;j " ;
plus tard, leur familiarité avec le prince, encore plus que
leur naissance, les désignaient pour les postes impor-
tants et les missions difticiles, comme on le voit pour
Andronicos à la cour de Pergame. L. Jalabert.
SVIU.V l)K.\ ou Deri Si/rin, traduction de il'jpi'a 6ôô; ',
que la prononciation populaire corrompit en Diaxura e[
inême en lasura -, est le nom communément appliqué
— * Diod. XIX, 5i, 4. — ^ l'ol. V. 9, 4.-6 DiUenherger, Orientis graeci inscr.
sel., *47 ; Dull. corr. fiell.. 111, p. 3('.4 ; Col. V. Si, 8; .XXXI. SI, 2: 11. Hacc, IX.
il.— iPol. XV, 33, 1 1 ; Lunitiruso, Recherchcssar l'Economie polit, de C Egypte,
p. 208. — 8 Ditlenherger, Op. cit., 37i : cf. Strab. X. 4, 10: Diltenberger, 373:
cf. Plut. Pomp.. 4i ; Tb. Kcinacli, MithriJate Eit/ja/or, p. :,i et J5J ; Bevan.
(/p. cit.. Il, p. J83, 3.-9 Diltenberger, 3i3 {probablement .\ndronicos: cf. App.
Mithr.. 4: Pol. XXMI, iS, i [iS, 23]); 331 (Sosandros, cf. Pol. .XXII, 27. lo
[i.5, lOj; Diltenberger, 315 C. VI; 334 : Fraentel, Inschri/ten ron Pergamon, II.
p. 504, D* 176 a. où il faudrait rétablir, non pas <rj-;-ji^f„ comme fail Kraenkel,
mais »i.-5o=ov (Slrack, /Ifiein. Miu., LV (1900) p. 180, 5 ; cf. G. Cardinali, // regno
di Pergamo, p. ÎO", li : .Itittheit'-Àthen. Abt., 1904, p. 174, n" 16 (cf. Cardinali,
Op. cit., p. 207. 1): Cardinali. Op. cit., p. 207. — 10 Pol. XV, 33, II. — " A la
cour des Séleucides, Dillenbergcr. 250; Diod. XXXI, 20, 3; des Lagides, Dilten-
berger, 14; Bevan, Op. ci(.. II. p. 283.
SVIIIA DEA. — ' .Siiria dea : Cor,,, inscr. lot. IX, 6099 ; Dea Syria : III, 78G4 ;
VI, 116; VU, 272, 759; Gagnai, Aim. épigr.. 190.=;, n. 29. Ùea Suria: VI, 399;
VII, 758. Lesauieurs donnent ùia Syria : Apul., Aletam.. VUI, 24, 25 ; 9, 10; Suel.,
Xero, 56 ; Florus, II. 7. Kn grec, sur les monnaies »i.i £uji« (cf. iofra fig. 6700);
i,iiii*, E»Bi'«: Corp. inscr. tir. 7041; >; Sjsi>i «li; : Lucian. ; «sb; ÏJîi« : Pausan.,
IV, 31.2, cf. VII, 20, 7.-2 Ùiusuria, gen. Diasiiriaes : Ephem. Epiijr. IV, 873 :
dal. Diaauriae: Corp. inscr. lat.. III. 10393; ^t■.I■t^,y.ll : Zeitschr. Veutt. Morg.
Ges., 1885, p. 43. Oiasyr.a) : X, 1554 ; Oiaiura : VI, 1 15 ; Jasura dans Chronica
SYR
— 1591 —
SYR
en OccidfiU à la déesse Alargalis ou Dercoln'. \l/(ir'(tUi
est proprement \'A(t)lar (ou AslarU') femme du dieu Atè-,
el l'on a voulu considérer ce dernier comme l'équivalent
de l'AUis phrygien. Son culte aurait été importé en Syrie
parles Hittites; ainsi s'expliqueraient les ressemblances
qu'il oITre avec celui des temples d'Asie Mineure ^
D'autres indices tendraient à le faire regarder comme
d'origine babylonienne '•. Des inlluences diverses s'y sont
certainement déjà confondues avant que nous puissions
l'étudier. Un fait est certain : quoique le nom d'Attar
soit une variante dialectale de celui d'Astarlé, el qu'en
certains lieux les deux déesses aient pu être confondues,
il faut distinguer la « déesse syrienne » Atargatis= de
l'Astarlé phénicienne'''. A Ascalon, dans le pays des
Philistins, chacune d'elles avait son temple particulier''.
Atargatis y a probablement été introduite à une date
relativement tardive, comme dans quel([ues autres villes
de Palestine ou de Phénicie où elle s'installa *. Ce n'est
pas dans celte région, mais dans la Syrie proprement
dite, qu'elle règne en souveraine avec son époux Iladad.
A l'est du Liban, on les adore dans les grands temples
d'iléliopolis (Baalbek)', et de Damas'", et les inscrip-
tions qui les mentionnentsont assez nombreuses. Notam-
ment une dédicace à Atargatis, pour le salut d'Agrip-
pa II et de sa sœur Bérénice, a été relevée à Qal'at
Fakra". La déesse avait des prêtres à Kefr-Ouar'-, et
même h Palmyre, elle est associée à Malachbel et à la
Tychè Taïmi comme divinité nationale '^
Mais le sanctuaire le
plus célèbre de la Dea
Si/ra, s'élevait à Mam-
bog ou Bambykè, qui
pour ce motif fut appe-
lée par Séleucus Nica-
tor Iliérapolis ". Déjà
Ki\-. 06'js. — A lardai i~. Ctésias Connaissait la
légende de la déesse
de Bambykè ' ' et, à l'époque d'Alexandre, le buste de
'Alar'atha apparaît sur les monnaies à légendes sémi-
tiques frappées par le dynaste local Abd-Hadad
(lig. 0G98"^. Sa tête est coiffée d'une mitre richement
ornée et elle porte au cou un collier; les longues tresses
de sa chevelure pendent symétriquement sur ses épaules ;
parfois le disque solaire et le croissant lunaire sont
gravés dans le champ. Nous retrouvons à peu près
minora, I. p. Ii7, ii, Monirascn ; rf. Jordan, Hermès, VI, p. 315. — 1 Atargatis,
aiirég/^ en 1 ar^atha par les Syriens, a donné en grec Atax£T<i. J'ai réuni dans l'auly-
Wissowa, Itealenc. s. u. eL supplément, les formes diverses du nom. Cf. Gruppe,
Griech. Mythot.. p. 1.Î85. n. 4. — 2 Nfildeke, Xeilschr. Deuts. Morij. tivs-,
XXIV (1870), p. 'ii; Eli. Meyer, Ibid., XXXI (1S77), p. 730. — 3 Edouard iMiycr,
Gesch. des Allerlums, I. î. p. 650 sq. {i' éd.). — 4 Dnssaud, Notes de mytlio-
lofjie syrienne, p. llSel pass. — î^Terlull., Adr. nat., 11,8 : Atarijatin Syrorum.
— I' Kaelligcn, Beilrilge zur Semitisclien Jleliyionsyeschiclite, 188S, p. 74;
Diissaud, Xolcs, p. 8i. — 7 l'rès de la ville, ii'colédun grand élaiisr, se trouvail
le Ti'iAtvo; lie Uerkelo suivanl Diodore(ll, 4, i; cf. I.uciau., De dea S., \'t; Pliilo,
l'e frovid.. Il, «46 M.) Ce leniple élail distincl de l'Ipiiv Oùoavia; 'AsioSiTr,;
iiui pas>uit pour le plus ancien fancluaire d'Astarlé (Herod., I, lOj ; Pausau., 1,
1 4 ,li ; cf. Slark, Oazo, p. Î30 sq. ; i5S si|. el Uussaud Aotes, p. VU). Une dédicace
lia Oùpiwi xai 'ATTàpT,i( IWha.i'nivTr.i xoil 'A5&o4iT,)i Oùoavt'ai découverte à Délos semble
identincr de niOmc les deux déesses, cf. Ciermont Clanneau, C r. Acad. Iiiscr.,
l'.iU'.!, p. 3ns ; 1910, p. 412: Leroux, Fouilles de i'étos, fasc. H, p. 58. — «A Kar-
nion (AshlaroCh Karnaïni) s'elevail un 'A-î«si«Tttc,v suivant II, AJocchab., 12, 26.
Dans la même région, on trouve Atargatis à Namara (Le bas-Waddniglon, 2l72i.
Mais la fabulusa Ceto adorée à Joppe selon Pline, iV. h., V, OU, n'est proliablo
meut pas une DL-iceto, mais nn.î déesse poisson (»iito,-, cf. Plin., IX, 5; Hygin.
Astron., Il, 31). Atargatis pénétra à lialiala p.ir la voie de Répliauée, et ailleurs
eu Pliénicie ( Unssaud, Ao/«, lli;). — 9 Jlacroli., I, 33. 18. U'Héliopiilis elle passe
dans la colonie rumaiuc de Béryte; cf. Cagnal, Année épiyr., Itlûa, n. 29.
— lu Elym. Magu., s. v. a«n«»,i;. Cf. luslin., XXXVl, 2, où il faut lire Atbares
le même type sur une terre cuite de style archai(|ue
découverte à Hiérapolis (lig. titi!»!» ) ' '. Mais on voit de
plus que la déesse, conservée jusqu'à mi-corps, se pres-
sait des deux mains les seins pour
rappeler sa fécondité, un geste fré-
quent dans la plastique orientale.
Le vieux temple dont les légendes
locales attribuaient la fondation à di-
vers dieux et héros'*, fut rebâti peu
après l'année 300 par Slralonice,
femmede Séleucus, en style ionique '^.
et passa dès lors pour le plus grand
et le plus riche de la Syrie '-". Ses
trésors furent convoités par Antio-
clius IV '^', et il fut mis au pillage par
Crassus, dont la défaite parut une
punition de ce crime •'■-. Mais la piété ' -'»
des populations rendit bientôt au
culte son ancien éclat, comme en
témoignent, au commencement de l'Empire, Strabon et
Pline '-^ Au 11° siècle, Lucien donne dans le traité De
dea Syra (c. 28, 30, ss.), considéré parfois à tort comme
apocryphe, une description du vaste sanctuaire, laquelle
est pour nous un précieux rapport d'un témoin oculaire,
bien qu'elle soit due à un observateur superficiel et iro-
nique. Plus lard, il n'est plus question qu'incidemment
de la ville sainte d'Alargatis'-'. Un fragment d'Eunape
sur une prêtresse de la Supîa Osoç se rapporte probable-
ment au passage de l'empereur Julien à Hiérapolis en
363 après J.-C. '^''. Nous ignorons quand le temple l'ut
détruit ou désall'ecté. On n'en voit aujourd'hui à la
surface du sol que des restes insignifiants, mais l'étang
sacré, qui se trouvail à coté, subsiste encore, large el
profond, alimenté par des sources vives, qui dans un
pays désolé durent sans doute, dès les temps les plus
lointains, donner à ce lieu un caractère sacré. Des fouilles
pratiquées à Membidj —sous cette forme survit le vieux
nom sémitique de Mambog ou Mabbog— seraient certai-
nement très productives el très instructives'-^*.
La renommée de ce temple d'Hiérapolis s'étendait au
loin. Non seulement les Syriens, mais les Cappadociens,
les Arabes et les Babyloniens s'y rendaient en pèleri-
nage -■". Les écrivains syriaques elle Talmud de Babylone
parlent de Tar'atha comme la déesse de Mabbog-*. C'est
probablement de là que le culte de celle-ci fut trans-
pour Aratins. a. PaulyWissowa, lieaU,ic., s. v. « Uamasceuns .. ; Jalahort,
ilél. fac. or. Heyroiith, 11, p. 2»3 ; Uussaud, Xotes, p. 100. — O l'uclislein,
Jabrb. /nst., 19Ù2, p. 49; cf. Dussand, p. 110, n. 3. - 12 Fossey. ««//. cor,-.
helL, XXI, 1897, p. 60. — 13 Le Bas-Waddington, 2588: Vogué, Inscri/itions
sémitiques', i. — !4 liabelon, fatal. Bibl. Nat. /lois de Syrie, p. 81. - '» Slrab.
XVI, 4, 27, p. 785 C; cf. in/Va, P- HO l, note 13.— 16 Babelou, (.'«(a/. Bi/jl. Xal . les
Perles Àcbéménides, pi. vu. 10, 17, p. i.i, p. 45. Cf. Uussaud, Xotes, p. U7,
n». 24. La coilVure me parait être une milre, nou Iccalalhos. — n Ua|ircs llogarlb,
.\tln. Dritish school .iCIiens, XIV (l'JO?), p. 100. — <» Lucien, Ue d. S., 12 s(|.,
les appelle Ucucalion, Atlis, Bacchus. — I» Lucian., 10. 19 sq., 30 (J<oio.. .r.où; iv
■l„.,i>, ,.!.isoi,<i,) : cf. Ael., Nat an., XII. 2. — 20 Luc, 10 sq. — 2' Cranius Lie.
p. 9. éd. Bonn. Cf. cependant Preller, /iom. .Uyllt., I|3, p. 397, 1. — -'2 Plut.,
Crass., 17. — ■" Strab , XVI, I, 27, p. 748 C; Plin., H. n., V, 87. — " l.'4jj,i,
Nïvo; d'i.nt parif Pbilostrate, Vit. Apoll., I, 19. est peut-être Hiérapolis ; cf. K<\-
deke', Hermès, V, p. 403. — 25 Ennap., fr. 94 {/■rai/m. bist. Or. IV, p. 54).
La description que donne Macrobe, I, 17, UG, de la slatue d'Apollon dans le
leraplc d'Hiérapolis (cf. Luc, De dea A'., 35) est probablement tirée de Porphyre
ou do Jamblique, comme tout ce passage, et remonte donc à une époque
aulérieurc. - 'if' Sur l'histoire et les ruines de llenibidj, cf. Kitler, Erdicmde,
VII (Zehnter Teil), p. 1U31 sq. : Sacbau, Iteisr in Nord Syrien, 1883, p. 347 ;
Hogarth, Amuml Uritisb school Athens, XIV (1007), p. 180 sq. ; Cumont,
Itevue bist. religions, XLII (I91U), p. 119 sq. - 27 Luc, Ùe d. S.. 10. 13.
-■i» Doctrine of Addal, éd. Philipps. p. 24; Jacqurs de Saroug dans Zeitscbr.
Dsut. Morg. Ues. XXIX, p. 132; Talomd Bab., Aboda Zaro., Il b.
SYR
— lo92 -
SYR
porte- au delà de IKiipliraU" dans l'Osroène, où le
roi Abgar aurait mis fin aux inutilation.s cruelles de ses
galles, et à Carrhae (llarràn)'. On signale même sa pré-
sence à Nisihis et jusqu'à Besechana (Begezi en Mésopo-
tamie-. D'autre part, en Kgyple une colonie hellénique
avait établi depuis le m' siècle dans le Fayoum un culte
en l'honneur de la déesse syrienne, associée à « Aphro-
dite Bérénice » •'.
De même en Occident le culte de la dea Sijra s'éten-
dit jus(|ue dans les contrées les plus lointaines. La pro-
pagation y fut favorisée par l'existence d'un bas clergé
nomade, qui parcourait le pays en accomplissant devant
une image portative de la déesse ses cérémonies rituel-
les. Un des serviteurs de celte <■ maîtresse » se vante
dans une inscription de Kefr-Ouar d'avoir rapporté de
chacune de ses tournées soixante-dix sacs d'offrandes '.
Ces prêtres mendiants étendirent leur champ d'opérations
dans les pays d'outre-mer. On connaît les descriptions
peu édifiantes que Lucien et Apulée" nous ont laissées
de ces galles de mœurs équivoques [galli, p 1438] qui,
après s'être livrés à leurs exercices de derviches dans
les bourgs ou les cours de fermes, faisaient parmi les
assistants une fructueuse collecte et savaient augmenter
leurs prolits par d'habiles larcins ou en débitant pour
un prix modique des oracles familiers. Ce tableau pitto-
resque, qui remonte à un roman de Lucius de Patras, est
sans doute poussé au noir. En réalité, les prêtres itiné-
rants satisfaisaient les besoins de dévotion des nombreux
esclaves syriens dispersés dans les exploitations agricoles
et restés fidèles à leur grande déesse nationale. Déjà les
guerres contre Antiochus le Grand avaient provoqué le
transfert en Italie d'une foule de prisonniers syriens
(190 av. J.-C), et durant le w" siècle la traite continua à
peupler les latifundia de serfs de même origine "'. La
grande révolte servile qui désola la Sicile en 134 av. J. -G ,
fut provoquée par un esclave d'Apamé, serviteur d'Atar-
galis, qui simulant une fureur sacrée appela ses com-
pagnons aux armes'.
En même temps, ou peu antérieurement, la déesse était
transportée par les marchands syriens dans les Cyclades
el sur toutes les côtes de la mer Egée : à Mylasa, à
Smyrne, à Nisyros, à Astypalée*. Au Pirée on voit les
orgéons de la Grande Mère partager depuis le u= siècle
l'usage de leur temple avec les fidèles de r'AcpooS'TYi
Supîa ou Oùpavi'ï', et l'on y trouve mentionnée à l'épo-
que impériale une prêtresse Supiaç ôeoO '". Pausanias
signale des sanctuaires de la même déesse sur l'Acro-
pole de Thuria en Messénie et sur la côte d'Achaïe
à Aégira". Toutefois, on peut se demander s'il ne
s'agit pas plutôt ici de l'Astarté phénicienne que
1 Bardesane daos Curelon, Si.icil. Suriac, p. iO, IraJ. p. 31. Cf. Dmal, Histoire
tl't'desté, i89i, p. 65, 78 ; Jaci|ucs du Saroug /. c. - 2 Nisibis (Meiizpiiii :
Moïse de Cliorèiie dans Laiiglois, Hisl. Arm., Il, p. 94: cf. Léroubiia, /bid. I,
p. 3iO ; Charax, Ceogr. gr. min.. I, p. iVi (It^v 'A-cf.i^i à Bcsccliana). — 3 OUo,
Priester und Tempet im heltenintisi-hen Aegypten^ I, p. 172. — 4 Fosscv, Buil.
corr. Ml.. XXI (1897), p. 60 . cf. Ileissniann. Urht ion Oaten. IWS, p. 73.
— 5 Luc. Lucitti, 35 s.|.; Apul., ilaam.. VIII, H 5<|. - C Cf. mes Btliyions
orientaUi. i' éd., p. In6. - 7 Oioil. Sic., (r. XXXIV, i, 5 ; Flor., Il, 7 (III, 19) :
Fanniico furort simutalo dam Syriae deae comas iavlal (cf. l.uc. . De d. S., liu) ;
Til.-Lîv.. Perioch.. LVI. Un sodalicium de la dea Syra se trouve plus lard à
Syracuse (Kaibel. Jnscr. .Sic. liai., 9). — 8 .Mylasa : '.ntù,- As^oSi-r,: Ejoi«;
Alhen. JUitt. XV, p. 259. Stnyriic : cf. DiUenl.ergcr, .Sijll.l, 5Si; sur l'.tplirodile
E-f«-«»;»i';, cf. Creller-Roberl, Gi: Mylli.. I. p. 3so, ii. ; Nisyros : Tlilase
•Aso<.Ji5iMtJ» ïûjiu-. x«l Aib; Miài/ianTiv, Allien. Mitt. XV, p. 131. Aslypalée:
dc^dicace 'AtiiiiaTtrt-, Bu//, corr. hell.. III, p. 407. - 9 Corp. tnscr. atl-, 11, 168;
cf. 136,011 (i, 615 c; Foucarl, Associations religieuses, p. 68 sq.; 196 sc|. ; Maas,
d'.Vtargatis, ou plutôt il'une assimilation des deux divi-
nités '-. Particulièrement nombreuses et instructives sont
les inscriptions de Délos où, depuis la fin du n' siècle,
non seulement des gens d'Hiérapolis font des dédicaces à
" leurs dieux nationaux lladad et Alargatis », mais où
des citoyens Atliéniens adorent cette dernière sous le
nom de àyvYi Oei 'AcppooiTY,, contribuent à orner son
temple et y sont même revêtus de la prêtrise ''. Le
téménos des divinités syriennes, voisin de celui des
divinités égyptiennes, a été en partie déblayé, mais nous
ne possédons encore que des indications provisoires sur
ces fouilles qui se poursuivent ".
Esclaves el marchands orientaux introduisirent sans
doute vers la fin de la Hépublique '^ le culte de la déesse
syrienne à Rome. .Néron eut un caprice dévot pour
cette étrangère, que bientôt il délaissa '*. C'est probable-
ment au règne de ce prince que remontent certaines ins-
criptions qu'on a reconnues depuis longtemps provenir
d'un temple de la dea Sijra situé trans Tiberim en
dehors de l'enceinte du pntnoerium^' . Ce temple a été
retrouvé par M. Paul Gauckler sur le versant nord du
Janicule près du lucits Furrinae, où coulait une source
sacrée, et les fouilles qui y ont été exécutées durant ces
dernières années ont amené des découvertes du plus
haut intérêt'*. On y a trouvé les ruines de trois édifices
superposés : le premier, qui date sans doute du temps
de Néron, était un téménos à ciel ouvert entourant une
humble chapelle, et fait face à un vivier où l'on pouvait
nourrir les poissons sacrés. Au ii' siècle fut élevé un
second sanctuaire, semblable au premier par sa disposi-
tion, mais construit avec plus de luxe. Sous le règne de
Commode un Syrien hellénisé, Gaïonas, cisliber Augits-
toriim, l'avait édifié ou tout au moins enrichi de ses
oflfrandes. Ce monument parait avoir été détruit par le
feu. Au commencement du iv^ siècle, ou peut-être sous
le règne de Julien, fut enfin bâti un troisième temple,
dont le plan a pu être très exactement relevé. Il conti-
nuait à s'appeler temphim deae Sijrae {/asurae), parce
que celle ci y avait été la première installée". Toutefois
déjà au II" siècle on adorait à côté d'elle non seulement
son parèdre Hadad, maisd'autres dieux syriens {Jupiter
Maleciabrudus, etc.), tout comme à Hiérapolis. Puis au
iv' siècle, le syncrétisme régnant fit admettre à la fois
des images de divinités grecques comme Dionysos,
Hécate, Hadès, et jusqu'à une statue en basalte d'un
Pharaon. Le modeste téménos de la déesse exotique était
devenu le lieu de rendez-vous de tout le panthéon païen.
Le culte de la dea Syra, dont nous pouvons en quel-
que mesure suivre l'histoire à Rome, s'établit aussi en
Italie, non seulement dans les ports de Brindisi et de
Orpheus, lS95,p. 72 si). — lu Corp. inscr. (Ut., III, 1289 6, 40. — H Pausan., IV,
31, 2; Vil, 26. 7. — 12 Cf. Corp. inscr. ait., l «, 615 c: Michel, Hecueil, 546 I.
32. — 13 BuU. corr. heU., VI, p. 490 s(|. , VU, p. 473; VIII, 131 s(|. : Dillen-
berger, SyU.^, 767. 769, 771 ; cf. Schoeller, De Deti insulae reliai, p. 191 5i|., 237.
— >'• Cf. Holleaui, C. r. Acad. des Inscr., 1910, p. 300. — '5 Cf. Plut , V. Starii,
17, et mes Religions orientales, 2* éd.. p. Ii7 sq. — '6 Suet.. yero, 50.
— n Corp. inscr. lut., VI, 115, 116; cf. 399 (du marché des esclaves', 3U970,
32 462: cf. Mommsen, Cliron. minora, 1, p. 147. 23 : {ttmplum /asurae) el
Jordan. Hermès, VI (1872), 311 sq. — 18 Ces fouilles cl leurs résultais onl élé
exposés dans une monographie de MM. ÎVicolc et Uaricr, Le sanctuaire des dieux
orientaux au Janicule {.ViH. h'c. Franc, t. X\1X, Rome, 1909) el dans une série
d'articles de 51. Paul Gauckler, BuUetlino communale di Borna. 19117, p. 5 s(|. Cf.
Iialsen, .\liU. Insl. Bom., XXII, 1907, p. 225 sq. ; C. r. Acad. Jnscr., 1907,
p. 135 sq.; 1908, p. 5l0s(|. ; Mélanges Éc. Borne, XXVIII, 1908, p. 283 sq. ;
C. r. Acad. Jnscr., 1909, p. 617 sq. ; i910, p. 378 sq. — <9 .Uoniaiseu, Cluun.
min., l. c.
SYR
1 393
SYR
Pouzzoles, mais au cœur de la péninsule'. Il pénétra
même dans les provinces : on le trouve à Salone, en Dal-
malie, à Philippopoli en Thrace% et les Iroupes le propa-
gèrent en Dacie, en Pannonie et en Bretagne jusqu'aux
confins septentrionaux de l'empire '.
Conformément à la conception que le paganisme
sémitique se faisait des dieux*, Atargatis était regardée
comme l'épouse d'un Baal, adoré à C(Mé d'elle, qui por-
tait le nom de Hadad. Elle était la maîtresse (xupia)
comme lui était le « maître >> [ba'al], et ses serviteurs
étaient conçus comme ses esclaves'. C'est pourquoi en
Occident on unit souvent la dea Syria à un « Jupiter °»
et les Grecs l'identifient avec Héra'. Au couple primi-
tif on adjoignit, au moins dans certains temples, un troi-
sième membre pour former une de ces triades qu'afl'ec-
tionnait la théologie babylonienne, qui marque ici son
influence '. Ce fut le cas à Hiérapolis comme à
Héliopolis dont les trois divinités, Hadad, Atargatis et
Simios, deviennent dans les inscriptions latines Jupiter,
Vénus et Mercure'. .\ l'origine, le couple souverain
était regardé comme protégeant spécialement la tribu
ou la communauté qui l'adorait : Atargatis resta toujours
en Orient la patronne des villes (TtoX-oO/o;) qui lui ren-
daient un culte, et elle portait pour ce motif la couronne
lourelée '". On voyait en elle la fondatrice de la cité et
les dynastes locaux faisaient sans doute remonter à elle
l'origine de leur race". Elle passait pour avoir organisé
la vie civile et religieuse en enseignant aux hommes
la justice et le culte'-, et, plus généralement, on la
célébrait comme la divinité bienfaisante à qui l'on
devait toutes les inventions utiles". Elle était, d'autre
part, comme épouse de Hadad, une déesse de la géné-
ration et de la fécondité". Dans les parvis du temple
d'Hiérapolis vivaient en liberté des animaux de toute
espèce, consacrés à la déesse de la reproduction, et
selon Lucien, qui s'étend sur ce sujet avec complai-
sance, le phallus jouait un rôle capital dans son culte''.
On comprend dès lors sans peine que les Grecs aient
assimilé la dea Syra à leur .\phrodite, et les Latins
à Vénus '*.
Ce caractère d'Atargatis explique la transformation,
accomplie de bonne heure, de l'antique déesse tutélaire
d'une tribu en une grande divinité delà nature, dont les
théologiens interprètent diversement le caractère compli-
1 Corp. inscr. lat., IX, CogS (Brindisi) ; X, 1354 (Pouzioles) ; IX, 4IS7 (Aiiii-
lernuni). - 2 Salone : Corp. inscr. lat. IH, 1961. Philippopoli : lli.
Rcinach, lier, études grecques, XV (lOOÎ), p. îî. _ 3 En Dacie : Corp.
inscr. lat., III, 7S6i, cf. 950. En Panoooie : Jbid., 1039:) (Ai|uincum) : Tem-
plum Battis et Diasuriae. En Bretagne : VII, iïi, 736. 759 = Biicheler, Carm.
epitjr., ii (par des olGciers d'uoe cohorte Hamiorum; cf. Uoroaszewski, ftetiyion
des rû'm. Ueeres, p. 5ii. Cr. aussi Inscr. Sic. It., i5a3. — V Cf. mes Religions
orientales, ï' éd., p. 174 sq. — 5 Kusia et S-.Jiio; dans l'inscr. de Kefr-Ouar
(BuH. COÏT. lielL, XXI, 1897. p. eO). —6 Corp. insc. lat., VI, 116 sq., 399: lori
O. il/, et deae Suriae; cf. Luc, 31 el supra, s. v. jcpiteh, p. 700. — ^ Luc.
De d. S., I sc(. ; liul., V. Crass., 17. — 8 ftelig. orient, p. 183. Sur l'influence
babylonienne à Hiérapolis, cf. infra, p. 1594. — 9 Hiérapolis ; Luc, De d. S., 33 ;
cf. Dussaud. .Voies, p. 115. Héliopolis: Perdrizcl, Rev. et. anciennes, 111(1901),
p. 358 ; Dussaud, .\otes, p. i4 ; Jalabert, C. H. Acad. inscr., 1906, p. 97 s<j. el Mél.
foc. orient. Beyrouth, I, (1900), p. 175 sq.— lOLuc.fl. d.S., 13 el 32 (sjoTosopii,).
— 11 Juslin, XXXVI. î (lire Atliares pour JraMis). Oerkelo, mère de Sémiramis,
Uiod., Il, 4, 3 sq.; Luc, De d. S., 14; Hyg., Fab., îîZ; Muaseas, fr. 3i, dans Fr.
hist. Gr., III, p. 155. Cf. n. IS. - 12 Corp. inscr. lat., VII, 759 = Bucheler,
Carm. epi'jr., 24 ; lusti inventrii, urbium conditrix, ex quia muneribus nosse
eontigit deos. — 13 .Mgid. Figul., p. 1Î6 Swoboda ; Plut, CraM., 17: ir.v
KavTuv lî; 4v6fù-'^iiï ào/r,v kf<xH«,-* xataScUaTav. Ceci est conforme au caractère des
dieux asiatiques ; cf. Relig. orient, p. 49, 323, n. 4. — I4 Plut., l. c. : ttv
*?/.»! "' ««t?l>»-« "if" «; àr?-"' »«î«<rx.o7««' a'.zUv »al çii»iv. Apul., .t/e(., Vlll,
25 : Omniparens ; Corp. inscr. lat., VU, 759 : .Spicifera. — 15 Luc, De d. S.,
16, 28 s.|. - 16 Plut., (. c. : Plin., Bitt. Nat., XXXII, 17; Luc, De d. S..
Vlll.
que '". .\ cause de ses rapports avec l'eau et avec les
poissons (cf. p. 1594 , quelques-uns voulurent recon-
naître en elle le principe humide qui produit la vie dans
tout l'univers". D'autres la considéraient comme la
Terre nourricière", et on l'identifiait alors avec Rhéa
ou la Cybèle phrygienne, la Grande Mère des dieux-".
Les deux cultes se confondirent parfois"^', et peut-être,
nous l'avons dit (p. 1391), la tradition qui établissait
de vieilles relations cultuelles entre Hiérapolis et l'Asie
Mineure repose-l-elle sur un fondement historique.
Certains exégètes voyaient en elle la lune el l'adoraient
comme une Diane syrienne". Mais celte assimilation et
d'autres encore-' ne sont jamais exactes que partielle-
ment, et les Grecs avaient conscience qu'aucune divinité
de leur Olympe n'avait un caractère aussi complexe que
celui de la déesse d'Hiérapolis-'.
Les images que nous possédons d'elle sont variables
comme les aspects de sa nature multiforme. Certaines
monnaies impériales d'Hiérapolis, datant du 111*= siècle,
nous montrent .\targatis, assise sur
un lion : complètement grécisée, elle
est vêtue du chiton et du péplos et
porte sur la tête le calalhos (fig.
6700) ". D'autres monnaies la repré-
sentent comme Cybèle : assise sur
un trône accosté de deux lions, elle
tient le sceptre de la main droite
et le tambourin de la gauche-*. La
statue du temple, telle que nous la
décrit Lucien^', se rapprochait de ce type: Héra-.\targalis
s'y trouvait à côté de Zeus-Hadad, la première soutenue
par des lions, le second par des taureaux, tous deux
dorés^'. La déesse tenait d'une main unsceptreelde l'au-
tre un fuseau, emblème du Destin ; elle avaitla tête entou-
rée de rayons, comme divinité astrale, et surmontée d'une
couronne tourelée, comme patronne de sa cité sainte:
ses vêtements étaient d'or et surchargés de joyaux, et
elle portait la ceinture brodée d'Aphrodite ; enfin sur sa
tête étincelail une pierre, dont la nuit les feux illumi-
naient le temple. C'est à peu près de même que la
déesse était représentée à Héliopolis, autant que nous
pouvons en juger par la description de Macrobe-% à
Néapolis 1 Naplouse), et dans d'autres temples de Syrie '".
.Mais parfois, par exemple à Gabala, des sphinx sont
32. A llelos, à^vi; 'Aiço^i-rr. : cf. note 9. — 17 Le nom même d*'Atartate ne
désigne peut-être pas seulement 1' *Alar épouse d' 'Aie. mais celle qui a absorbé le
dieu adoré d"abord à côté d'elle cl est devenue ainsi une dirinité universelle
(Bâlhgen, Beilrâge :ur .Semit. Jleligionsgtscb.. p. 73). — 18 Plut., Cross., 17
et Symp. Probl., Vlll, 8, p. 730 E; Cornut., .V«(. rfeor., 6. — " Jlacrob.,
Sut., I, 23, 18 sq. — 20 Kbéa : Luc, De d. S., 32; Cornut., Aal. deor.,6;
Euscb. l'raep. erang., VI, 10, 42, où Tar 'atha est traduit par 'Pia: cf. Corp.
inscr. sem., I, 17", el Etym. magn., s. v. '.4,i;»«. Cybèle: Bull. corr. r.ell., VI,
p. 502 = Dillcnbcrger, Sijll.^, 771 : Mr,Ti.i |Kl^iX■r„ Ibid., p. 300 : Mr.f/. ti~-, :
Corp. inscr. lat., VII, 759 : .Mater dicum; VI, 30970: Mater deorum et .Mater
Syriae; Apul.. Alet., IX, 10: deum Mater soror deae Syrine. Comparer la
figure 6700. Au Pirée. cf. p. 1392, n. 9 ; à Brundusium, Corp. inscr. lat.. IX,
4137 : Sacerdos Matris magnae et Suriae deae et sacrorum Jsidis. Cf. Ditten-
berger, Syll.'^. 771 ; ««TosfsoTaYiia 'Oott'fiSo;. — 21 Luc, De d. 5. 15. - 22 Diane:
Luc, De d. S.. 32; Corp. inscr. lat. IX. 4137: Diana Syra; Granius Licin., p. 9.
Cf. iufra la figure 0701 avec le croissant. — 23 Corp. inscr. lat. VII, 759 : Pax.
Virtus. Ceres. — 2' Luc, De dea S., 32; Plut.. Crassus, 17. — 25 VVrolh, Greek
coins Br. Mus. Gnlatia Syria, pi. inu, 13 (Caracalla); p. 145 (Philippe;;
cf. Dussaud, ;Vo/es, p. 97. — 26 Wroth, Op. cit.. pi. x'ii. 14 et 17. Cf. Uussaud.
Ibid. — 27 Luc, De dea S., 31-32. — 2» Sur le sens de ces animaui voir Dussaud,.
A'otes. p. 181 sq. — 29 Macrob., I. 23, 18 : Simulacrum Adad insigne cerniiur
rndiis inclinatis... Adargatis simulacrum sursum rersum reclinatis radiis
insigne est... sub eodem simulacro spccies leonum sunt. La source de ce passage
est Jarablique de Chalcis ou Porphyre (Rcinliardt, De Graecorum theologia, 1910,
p. 101). — 30 Dussaud, Notes, p. loO sq.
200
SYR
— lo9i
SYIl
substitués aux lions'. Au contraire, à Ascalon, Derce'.o
était adorée sous la forme dune femme à queue de
poisson, sans doute par suite d'une idenlilication avec
quelque déesse marine-.
C'est du premier type, où se combinent des éléments
grecs et orientaux, que se rapprochent les images de la
I II-. f.7iil. — Aulcl Jii Mi.sée du CapiUili-.
dea Si/ria sculptées en Occident, comme le montre un
bas-relief du musée du Capilole (fig. 6701)'. La déesse
y siège toujours entre des lions — à Délos son trône
était doré'; — mais elle tenait de la main gauche le
miroir d'Aphrodite et de la droite une grenade, ce semble,
symbole de la fécondité, ou peut-être un fuseau garni de
lin, comme à Hiérapolis. Sa coiffure étrange est formée
d'une sorte de mitre triangulaire où (les trous de scelle-
ment l'indiquent) des ornements étaient fixés et qui est
munie de deux côtés de sortes de fanons et surmontée
du croissant lunaire. Sur un autre monument romain,
' Ibid., p. I»3. Comparer Ki slaluc de Baaibek publiée par S. Reinacli, Het.
archéol., 1902, I, p. 19-33. = ttèp. de Ut Stttl. III, {i\ 9—2 Luc. De d. S.,
\i. Cf. Diod.. II. ♦, î: Oiid., Met., IV, 46; V, 331. Cf. Dussaud, Xoles,
p. 99. — 3 .Nous devons une pholo^aphie de ce monument curieui à M. Haui
tiauckler, rjue nous remercions sincèrement de nous avoir autorisé à le repro-
duire ici. Cor/,, inscr. lat. VI, 115, cf. 116 sq., 30 970. — ^ DuH. corr.
helt., VI. p. V-'* : litùtvii* Ti» Ibok»* -ri;; Sîâ;. Cf. aussi Corp. inscr. tat.^ X,
1Ô5V : leonloiama. — 5 Corp. ituûr. lai. VI, il3. Ce monument, qui
provient probablement du temple du Janicule, est reproduit par Gauckler, Bail,
areh. communale, 1907, p. 27, lig. 5; .^meluag. Dte Sculpt. des Iode.
3/useiimt, I, p. 279 et pi. ixx. n» 133. — 6 Cf. tlelijions orientales, î' éd..
p. 183 si|. — 7 Luc , De dea S., Ui: f,i, Si „ Xtiié«.«; ,«1 Mo.jiu.... y(,f', f,„
iîjïito.. Cf. Eralosth.. Caiasl., '.'; Schol. Uermanic, 63, éd. Breysig : Virginem
diciinl atii Arlargalin, alii Fortunam: cf I3.î. lnvo>|uée i côté de Tvchè :
Corp. inser. Sem., 3. Ainsi s'explique l'étymologic transmise par Simplicius (/n
Arial. physic, IV, 6»l, 39, Oiels) : -.i,, Sjs;..,, '.v,»,,..-,- i< -isov (,l, . .i.»;,:.,
c'est â-dire • Alliar Gadé ■ •> lieu des Fortunes • ; sur l'emploi du pluriel, cf.
l'ayne .^roith. Thés. Syriac, I. 619: .Vildeke dans Hastings. Diction, of Reliy.,
1. 661 (Manavvâl). — » Apul., Met., VIII, i5 : Omnipoleiis et omniparens
dea Syria; B'jU. corr. hell., VI, p. 30i = Dillenberger. Syll.i, 771 : -f
riYt»v ïç.ioio,.. tf. Macrob., I, S3, 18. — » Corp. inscr. lat. VII, 759. Ces vers
que Biicheler lui. même n'a pas compris (Carm. epigr., n^ ue peuvent être
au-dessus d'une colonne portant une dédicace au Jupiter
Héliopolitain, elle est représentée debout, toujours entre
ses deux lions, coilTée du calathos, tenant de la main
gauche une corne d'abondance et posant la droite sur
un gouvernail '", c'esl-à-dire qu'on lui prête les attributs
distinctifs de Tychè.
Ce rapprochement avec la divinité du Destin se pro-
duisit sous l'action de l'astrologie babylonienne, qui
transforma peu à peu tout le paganisme syrien*. L'an-
tique Baalat sémitique ne devint pas seulement une divi-
nité lunaire, comme le montre le croissant, ou stellaire,
comme l'indiquent les rayons qui entourent sa tète, elle
fut regardée comme la Fatalité souveraine qui gou-
verne toutes choses', comme la cause « toute puissante,
et toute féconde » qui produit les phénomènes de l'uni-
vers, où elle éveille la vie*. Dans un poème curieux qu'un
officier syrien composa en Bretagne en l'honneur de sa
déesse nationale, elle est célébrée à la fois comme la
Caelestis punique, la Mère des dieux, la Paix, la Vertu et
Cérès, et de plus, conformément à de très vieilles idées
astrologiques, cette Vénus devient l'Épi de la Vierge, le
signe zodiacal voisin du Lion, son animal sacré'.
L'infiuence de ces doctrines « chaldéennes»,qui durent
pénétrer de bonne heure à Hiérapolis '", se manifeste
aussi dans les légendes qu'on racontait de la déesse
syrienne ". Nigidius Figulus rapporte d'après une source
inconnue '- que des poissons ayant trouvé dans l'Euphrate
un œuf d'une grandeur merveilleuse, l'auraient déposé
sur la rive où, couvé par des colombes, il aurait donné
naissance à ]adea Siji'ia : plus tard, la déesse reconnais-
sante aurait obtenu de Jupiter que les poissons fussent
placés dans le zodiaque. Ovorinn pfogenies dii Syri,
dit Arnobe, et peut-être les œufs retrouvés près d'une
statue entourée d'un serpent dans le temple du Janicule
rappellent-ils celte croyance '\ Suivant une autre tradi-
tion qui remonte à Ctésias ", .\targalis serait tombée
dans l'étang de Bambykè et aurait été sauvée par les
poissons, qui auraient ensuite été transportés au ciel.
D'après une troisième version, évidemment remaniée,
la déesse se serait jetée dans l'Euphrate avec son fils
Cupidon pour échapper à Typhon; tous deux s'y se-
raient changés en poissons, singulier mélange des my-
thologies grecque, syrienne et égyptienne '\ A Asca-
lon avait cours une autre légende encore"". Accablée
de honte après une faute commise avec un jeune Syrien,
la déesse se serait jetée dans l'étang sacré et aurait été
expliqués que p;ir les théories astrologiques. Ishlar se manifeslait à la fois dans
Vénus, la plus brillante des planètes, et dans l'Épi de la Vierge, la plus brillaute
des étoiles voisines de l'écliptique ; voir Kugler, Sternkunde und .Stemdienst,
II, p. 83 sq., et Im Bai.nkreis Babels. 1910. p. 123: cf. aussi Boll, Sphaera,
p. 480. Les mots Lance iura pensilans rappellent que la Vierge céleste est sou-
vent figurée portant une balance. — '<> Les plus anciennes monnaies portent déjà
les signes du soleil et de la lune (supra, p. 1391). Dans Mélilon de Sardes (Cor/i.
apoloy., I.\, p. 426) .Nébo et Zardusbt [Zaralliustra, qui est identiljé avec le
dieu Hadraii, sont mentionnés comme recevant un culte à Mabbog. — '• Ces mytlics
ont été étudiés en détail par Roberlson Smilb, English nistorical reoietc, il (1887),
p. 303 s>|. — 12 Schol. Gerinan., 81. 145, éd. Brevsig ; Ampel., Il, 12; Hvgin.
Faà. 197. Cf. Aigidii rel-, éd. Swoboda, p. 120. — '3 Arnob , I, 36. Cf. Gauckler,
La nalicilé dAtargalis (C. /I. Acad. Inscr., 1910, p. 424). Autre evplicalion
dans Nicole et Dirier, op. cit., p. 61. - H Eratoslh.. Catast. 3«, 128 sq.. éd.
Robert ; Schol. Gcrman., 176, éd. Breysig où il faut lire Bamhyce pour hoec-
mice; Tlieon., Schol. in Arat., 239, p, 282 Buhle: Hygin., .Kstron. Il, 41:
Athenag., leg. ad chr., 156; Anonym. dans Weslermann, Paradoxogr., 213.
— 15 Hygin., .4s(ron., Il, 30; Ovid.. Fast.. 11. 460: Manilius, II, 397 sq. La
source sérail un certain Diogène d'Érytlirée : cf. Mûlier, Script. Alexandri
Magni, p. 134 note. — t^ Celle légende, déjà connue de .Xanthos le Lydien
{Fragm. hist. graec. I, 38). est racontée aussi par Diodore, II, 4, 3. CS. Ovid.,
Met., IV, 46; V, 331; Tretics, Chil.. IX, 302.
SYR
139r
SYR
métamorphosée en poisson ; la fille née de cet amour
coupable, Sémiramis, aurait été nourrie par des
colombes. Tous ces mythes, selon la remarque de Robert-
son Smith, ont un caractère étiologique et veulent
expliquer le fail, souvent signalé^ que les Syriens ne
mangeaient pas de poissons et tenaient la colombe pour
sacrée : c'est ainsi que finit d'ordinaire le récit. « De
tous les oiseau.x, dit Lucien ^, la colombe est le
plus saint pour les gens d'Hiérapolis : ceux-ci ne se
croient pas permis d'y toucher, et s'ils en touchent une
involontairement, ils sont impurs durantcette journée ».
La colombe appartenait à la déesse de l'amour, dont elle
est restée le symbole, et elle était nourrie dans les
sanctuaires d'Astarté comme dans ceux d'Atargalis'. Les
poissons, au contraire, étaient propres à celle-ci. Ils
étaient nourris dans des viviers à proximité des temples'*
et personne ne pouvait ni les pécher ni les manger^,
car la déesse punissait le sacrilège en couvrani son
corps d'ulcères et de tumeurs''. Mais dans certains repas
mystiques les prêtres consommaient cette nourriture
prohibée et croyaient ainsi s'unir à la divinité elle-
même''. Cette vénération et ces usages répandus dans
toute la Syrie, et qui n'y ont pas complètement disparu
de nos jours*, ont probablement inspiré à l'époque chré-
tienne le symbolisme de Vlchtliijs''
Nous dépasserions les limites assignées à cet article,
si nous voulions nous étendre sur les autres prati-
ques et cérémonies décrites par Lucien dans son livre
sur la déesse Syrienne. Un commentaire de ce curieux
traité nécessiterait un exposé détaillé de la théologie et
du rituel sémitiques. La grande fête du printemps, que
marquait un sacrifice solennel (c. -49), se rencontre sous
des formes diverses dans tout l'Orient; les solennités
qu'on allait célébrer sur le bord de la mer (c. 48),
rappellent celles de Maiouinas que les Romains accom-
plissaient à Ostie '°. Le sacrifice de la chevelure (c. 60;,
comme le rite qui obligeait à revêtir la peau d'une
victime immolée c. 33) pour s'identifier avec elle, se
retrouvent fréquemment chez les Sémites ".On pourrait
multiplier ces rapprochements. Nous nous contenterons
de noter que les prostitutions sacrées, qui sont tradi-
tionnelles dans le culte phénicien et punique d'Astarté,
ne se rencontrent nulle part dans celui de la déesse
Syrienne '^, mais que par contre ici régnait l'usage de
s'émasculer en l'honneur de la déesse ". Ce rite cruel
fut probablement, comme l'affirme Lucien (c. 13),
1 F'oissons : Xenoph. Anab.y I, 4, sq. : Cic, Nat. rf., 111, 39 ; Plut., Si/mp. probL,
VIII, 8, p T30 D;ClcmensAlei. ,CoA., iâ ; cf. Pofpli.,Z)e aisim., IV, 7. Colombes:
XeDoph., /. c. ; Sexlus Emp., Byp., III, 223; Clenieiis, l. c. Cf. Hehn, Cultur-
p/f<in:en6 p.33li. —i DeileaS., li ; cf. 34 ; Jup. Irag., ii: Diod. 11,4, 6: Cornulus,
A', rf., 6, Cf. Baudissin, Slud. -»r sem. Beiii/ionsg., Il, p. 170. — 3 A Ascalon :
Pliilon. De provid.. Il, 1U7 (H, 6 16 11.) ; cf. Tibull. 1, 7. Au moiU Eryx en Sicile : Ael.,
Aa(. An.. IV, 2, etc. — ' A Ascalon : Diod., Il, 4, 2; Luc, De d. S. 14 ; à
Hiérapolis ; l.uc, Ib.. 43; Ael., Hist. an.. XII, 2; Plin., U.N., 111, 17; à Èdcsse :
Duval, Hisl. d'Édesse. p. 65, 78. Cf. Charax, Geogr. Gr. Min., I, p. 239, avec la
noie de JlûUei- ; à Rome, Gauckler, C. R. Acad. Inscr., 1910, p. 3S0 sq. ;
cf. Baudissin, Sludien, 11, p. I6.i sq. — 5 Ditlenbergei-, Syl!.'2, 384 ; Alhen., Vlll,
310 C; Anlhol. Pal. VI, 24; Arlemid., Oneirocr., 1, 18 [qui écrit 'A^tiativ pour
'Arào|aTi-.]. — "^ Les auteurs anciens font souvent allusion à cette superstition des
Syriens. Les textes ont dcijà été réunis par Selden, Dédis Sijris, II, C. 3, p. 268 sq.,
éd. de 1072. —^ Muas. Patar., fr. 3Î {Fragm. hist. Gr., 111, p. 153); Diog.
Laerl., VIII, 34; cf. Dillenberger, (. c , H infra, p. 1306, n. 2. — 8 Cf. mes Reli-
gions orientales, i' éd., p 337, n. 30. — 9 Usener, Sint/lutsaf/en, 1899, p. 223 sq.
Cf. 5. Kcinacli, Cultes, Mythes, 111, 1908, p. 43 sq. — 10 Lydus, Demensib.. IV,
80 ip. 133, Wiinsch). Cf. Drexicr dans Rosclicr, Leiikon, s. v. ■■ Maiumas ». Voyez
aussi Is. Lévy, Cultes syriens dans le Talmud {Revue Études juives, XLUlj, 1901,
p. 13. — 'iRobertsonSmitli, Religion of the Sémites, î' éd. p. 436 sc|. — i^Eusub.,
Praep.erany.. IV, 10, 22, confond probablement llc-liopolis et Apbaca, où les pros-
importé à Hiérapolis d'Asie Mineure, car les galles sont
communs au culte de la f/ca Siji-a et à celui de la Grande
Mère et absolument semblables dans l'un et dans l'autre
[galli, p. 1438]. Autrefois on admettait généralement
que l'origine de ces castrations sacrées devait être cher-
chée chez les Sémites et que ceux-ci les auraient intro-
duites en Phrygie ", mais l'opinion contraire, conforme
à la tradition antique, est beaucoup plus probable si,
comme on l'admet aujourd'hui, les cultes du nord de
la Syrie ont fortement subi l'influence des Hittites''.
Nous savons que ces galles servaient la déesse
Syrienne en Occident comme en Orient, mais, sauf ce
point, nous ignorons à peu près complètement comment
ce culte exotique fut organisé dans les t/iiases grecs et
les sodalicia romains '*. Les fouilles du Janicule ont
prouvé que la liturgie des dieux syriens était, comme on
pouvait s'y attendre, restée conforme en Italie à celle de
leur pays d'origine". La découverte au fond de l'abside
du temple, dans une cavité rectangulaire ménagée sous
la statue divine, d'une calotte crânienne, semble bien
prouver la persistance du vieux rituel de fondation qui
faisait enterrer des victimes humaines sous les murail-
les des constructions nouvelles"*. .\ la vérité, il est
fort invraisemblable qu'on ait pratiqué encore dans la
Rome impériale ces immolations abominables, inter-
dites par Hadrien sur toute l'étendue de l'empire '^
mais un simulacre peut avoir remplacé l'ancien sacri-
fice et le crâne d'un mort avoir été substitué à la
victime. Plus énigmatique encore est la découverte
d'un dépôt de consécration, qui était caché dans un
autel ou soubassemment triangulaire, situé au centre
d'une chapelle octogonale qui paraît avoir servi aux
initiations. On y trouva cachée une statuette de bronze,
étroitement engainée, entourée sept fois par les replis
d'un serpent dont la tête vient se placer sur le crâne
de l'idole. Entre les circonvolutions du reptile, sept œufs
de poule avaient été déposés sur le corps -°. Est-ce une
figure masculine semblable au » Kronos » ou « Éon », qui
dans les mystères de Mithra personnifiait le Temps
principe de toutes choses [mitura, fig. 3090] ? Faut-il au
contraire la rapprocher des statues féminines « ceintes
de l'enroulement sinueux d'un dragon » qui, selon
.Macrobe'^', étaient placées dans le temple d'Hiérapolis.
Les œufs rappellent-ils la naissance d'Atargatis et en
général celle des dieux syriens (cf. p. 1594)? Ou sont-
ils simplement un symbole de fécondité et de résur-
titutions sacrées se maintinrent jusqu'à l'époque de Constantin (Euseb., Vit.
Const., 111, 53) ; Sozom. 11, 3; cf. Mûllcr, Geogr. Min., Il, 318.. 30. — 13 Luc.
De d. S.. 15, 27, 50 sq. En Occident : Corp. inscr. lai. VI, 32162 :
Galtus Diasyriues;L\iQ.,Lucius,3i;Aptil.,.Vet., VIII, 26 sq. — liCf. Hcpding,
Altis, 1903, p. 102, 178. — 13 Ed. Meyer, Gesch. des .iltertums, |2, p. 051;
cf. Kau, De loris Doticheni cuitu, 1901, p. 2 sq. A la vérité, on a voulu
retrouver la castration rituelle à Babylone (Lagrange, Etudes sur les relif/ions
sémit., 2« édit., p. 241) et chez d'autres Sémites (Hcpding, p. 101. n. C). Sur les
diverses explications qui ont été proposées de cette pratique religieuse, cf. Pauly-
VVissona, Realencycl., s. v. » Liallus », § 111. — 10 A Uélos, on trouve un prêtre
élu cliaque année, x.iooio.ïiO.'t; Uotii; {Bull. corr. hell., VI, 489 sc|., 493; cf. Athen.
Mitl., XV, p. 239) et un Çixofo; également annuel {Bull. corr. hell., Jbid. 497 Sfj.i.
En llalie, un sacerdos {Corp. inscr. lat. X, 6099 ; cf. Inscr. Sic. il., 9) et des
praesidenles, ii;05T«Tai, du collège {Ibid.). — " Cf. Macrob., I, 23, § Il : ili(u
.issyrio. Sur la persistance des rituels orientaux en Occident, cf. mes Mon. miist.
Mitnra, I, p. 314. — 18 Gauckler, C. r. .icad. Inscr., 1908, p. 59 sq.; 1910,
p. 380 sq. ; Dussaud, Revue hist. retig., 1908, p. 330 sq. Cf. Uuaues Vincent.
Canaan, p. 191 sq. ; Nicole et Oarier. Op. cit., p. 9, 32, 84, émettent l'hypotlièse
dune inhumation partielle analogue à l'os resectum des Romains. — 19 Porphyr.
De Abstin.,\l, 56. Cf. Tertull., ApoL, 9. — 20 .\icole et Darier, Op. cii., p. 20,
p. 50 sq. et pi. x; Gauckler, C. r. Acad. /nsc, 1909, p. 424 sq. — 2i Macrob., 1,
SYR
io96
SYR
reclion'? Il faudrait, pour pouvoir proposer une inter-
prétation quelque peu certaine, que le bronze de la
slatuelle eût été préalablement dépouillé de la gangue
(]ui en empâte les formes.
L'épi taphe du Syrien qui bâtit ou meubla le second
temple du Janicule, Gaionas, nous fait pénétrer plus
sûrement dans les croyances des fidèles qui s'y ras-
semblaient. Il dit qu'après avoir présidé à l'allégresse
des banquets, il git dans sa tombe, « n'étant dû en
rien à la mort - ». iNous voyons ici, comme dans
d'autres cultes orientaux, la participation à des repas
sacrés devenir pour les mystes le moyen d'obtenir
une immortalité bienheureuse ^ Des découvertes faites
récemment à Hiérapolis ont prouvé que les sectateurs
de la déesse Syrienne se figuraient qu'après leur décès
un aigle emportait leur âme vers le Soleil, source divine
de toute vie terrestre'. Franz Clmont.
SYRIARCHA [asi.\RCUA, p. 469; koinon', p. 848'.
S"i'Rli\X. — La syrinx ou flûte de Pan (uapiv; ou
cùsty;, fislula, le c. sifflet », de supiÇo)), est un instru-
ment à vent portatif qui remonte à la plus haute
antiquité et se rencontre chez un grand nombre de
peuples indépendants les uns des autres. On l'a trouvé
en Chine, au Mexique et au Pérou avant la conquête
espagnole. Pollux ' le signale chez les Celles et les
0 habitants des iles de l'Océan. » En Allemagne on a
recueilli les traces d'une syrinx préhistorique'-. On
reconnaît le même instrument dans la maschrokitha du
livre de DanieP. Au moyen âge il a été fort répandu
dans toute l'Europe, particulièrement en Angleterre, où
il est encore usité dans les exhibitions populaires. Les
Roumains, qui le connaissent sous le nom de naïou, y
ont acquis une grande virtuosité. Dans la plupart des
pays civilisés la syrinx est aujourd'hui retombée au rang
d'un modeste instrument rustique, qui annonce le pas-
sage du chevrier. Ce fut d'ailleurs de tout temps son rôle
principal et son signe particulier : elle est, essentielle-
ment, l'apanage des bergers qui l'ont inventée et qui
en conservent la tradition.
Pollux en a donné une définition exacte, au moins
pour le modèle usité de son temps : « La syrinx est un
assemblage de roseaux, reliés à l'aide d'une ficelle (Xi'vo))
et de cire, j'entends la syrinx improvisée {auToc/éôtoç'j ;
elle se compose d'un grand nombre de tuyaux placés en
retrait les uns des autres, de manière à diminuer
insensiblement depuis le plus long jusqu'au plus court ;
du côté de l'orifice ouvert (TTÔaaTa) ils sont de niveau; à
l'autre bout, par suite de leur longueur inégale, ils
1 Nicole cl Danci-, p. 01. — 2 Oaiimas, iiuuiie iiiscn|iliou appelle Ss cvo.jtt:,
(Uauckicr, C. H. Acad. Inscr. 1907, p. 14i), dil dans son épilaplie {Corp.
iascr. lat., VI, 32316; Kaibel. Epiyr. Gr., 389) ; Si-tvo!; »;i;.«î loUà
ii(t' tls^^ffjvr,; xttiJL«t tç &avàt.;i (at.Sèv ùscùojLtvo;. Nous ne savons pas ce que
Gaionas " jugeait » dans les lian<|uels sacrés (cf. cependant le repas des Oonorum
iadicio iudicati, s. v. saba^ids, p. 930], mais le sens du dernier membre de
phrase est certainement celui que nous lui attribuons: cf. Aidh. Pal., XI. 103 :
eavâï.,» «àvTe; ôsttAo^itta; Hor., Epist. l'ison.^ 6i : debemur morti, etc.). — 3 Pour
les cultes s6mitii|ues, cf. mes /lelig. orient, i' éd., p. 3.59, et en géniïral, p. 32li,
u. 33. — t Cumont, L'aigle fMéraire -les Syriens (/ieii. kist. des relig., XLU,
p. 119 sc|.), 1910. — BiDuocRAPHiR : Sclio;i. Uôlzendienst und Zauberwesen bei
den Hebrûem, IS77, 301 sq. ; Bftibgcn, Ueilriuje ziir Semit. Religionsgesch.
1S8S. p. 08 sq. ; von Baudissin dans Herzog-Hauek, llealencycl. [. piot. Théo-
logie, II3, J). 171 sq. (où l'on trouvera citts les ouvrages plus ancicnsi ; Dussaud,
Xotes de mythologie syrienne, 1903, pp. 77 sq., 81 sq., 96 sq. et passim.
SYillNX. 1 l'oll. IV, -7. — i Zeitach. r. Ethnologie, 29 (1907), 189, trou-
vaille de Klein-Kulinau près Dessau. Celte trouvaille n'est pas mentionnée par
il. DL^clieletle, ipii rappelle en revaucbe les découvertes « de petits tubes en os
d'oiseau, polis à l'orifice et dont quelques-uns porleut un Irou latéral » où l'ictte
forment des gradins, de sorte que l'ensemble rappelle
l'aspect d'une aile d'oiseau*. »
Les tuyaux (aùÀot, xaÀau.oi', calami, acenae '") sont
ouverts à leur embouchure, qui parait avoir été taillée
en biseau ; l'exécutant, appliquant sa lèvre contre le bord
extérieur, donne à l'instrument une direction oblique et
souffle " non pas dans le sens du tuyau, ce qui ne pro-
duirait aucun son, mais contre une paroi de ce tuyau,
laquelle renvoie le courant qui lui arrive en biais et met
ainsi en vibration la colonne d'air intérieure" ». Les
tuyaux sont taillés dans des tiges de canne ou de roseau '.
La variété de roseau employée de préférence en Grèce,
dite CTupiYyi'aç, avait la lige très creuse, presque dénuée
de pulpe et de fibres ligneuses'. Quelquefois, au lieu de
roseaux, on employait des tiges de ciguë ^ A son exlré-
mité inférieure le tuyau est bouché à l'aide de cire'".
C'est aussi de la cire, aussi blanche et lisse que pos-
sible dans les instruments soignés, qui opère la cohésion
des tuyaux accouplés" ; dans les pays du iNord, la poix
remplaçait la cire'-.
Pour assurer la stabilité de cet assemblage, on serrait
la galette de roseaux à l'aide d'un cordon de lin ou de
toute autre substance propre à cet usage ". Tantôt il y a
un lien, tantôt plusieurs; ils sont minces ou renforcés,
lisses ou ornés de rondelles, largement espacés ou très
rapprochés, conligus même. Parfois, au lieu de plusieurs
■ Types di
courroies, il y a une sorte de large gaine ou enveloppe
unique, qui couvre toute la surface de l'instrument et ne
laisse émerger que les extrémités des tuyaux : cette gaine
peut être décorée d'ornements ou de reliefs ; elle peut
voit les éléments d'une flùle de fan, l'abbé Breuil des éluis à aiguilles (Déclielede,
Manuel d'arcin-ol. prêhist. I, 202). — 3 Dan. III, 5; 7 ; 15. La racine de ce
mol signifie « siffler ». On n'a pas constaté avec certitude la flûte de Pau en
Egypte malgré l'eiislcnce d'un signe biéroglyphique (|ui parait en reproduire la
forme. Cf. V. Lorct, Les flûtes égyptiennes antiques (Journ. astat. 1890), p. 21.
— t Follux, IV, 69 (leile de Bethe). — » J'ai pêne à croire que dans les telles
assez nombreux où les tuyaux de la syrini sont désignés sous le nom d'at^ena
(Ovid. Trist. V, 10, 25; Tibull. II, I, 53, etc., cf. Bliimner, Technol. II, 393), il
s'agisse véritablement de tiges d'avoine : un spécialiste m'écrit qu'il est impossible
de siffler dans une lige pareille ; tout au plus pourrail-on, en pinçant l'extrémité,
s'en servir comme d'un Iiaulbois. — 6 Loret, loc. cit. p. 25. — 7 Virg. Ed. VI, 8 ;
Hom. Btjmn. in Pan. 13 ; Thcocr. VIII, 2i, etc. D'où l'inslrunient tout entier
s'appelle en poésie xu'/.a^o;, arundo, calamus, canna ; voir les références dans
Blumner, loc. cit. — » Tbeophr. Bist. plant. IV, II, 10 = flin. XVI, 26.
— 9Lucret. V. 1381 ; Vivg. Ecl. Il, 36; V,83 ; Calpuruius, passim : Sid. Apoll. I, 15.
— 10 Arist. /»ro6. XIX, 23. — " Ovid. ilet. I, 703; Alli. IV, 184 A, etc. — «2 Ovid.
Trist. V, 10, 25. — 13 Dans la flùle de Pau anglaise du Conseivaloire de Bruxelles
(Calai. Mabillon n° 202) les 1 3 tuyaux de roseau sont rallacbés par « des liens deroseaui
Ircssés .. Kien n'empéclie de croire que les bergers grecs aient employé ce procédé.
SYR
se terminer par des bourrelets renforcés, quelquefois elle
paraît être maintenue elle-même par un fil dont les brins
viennent se croiser en X sur sa face extérieure. Enfin un
cordon d'attache, fixé par ses deux bouts aux sangles,
sert à suspendre l'instrument ou à le porter en sautoir
(fig. 6702 abcdef}'.
A côté de ces flûtes de Pan « improvisées », rustiques
et fragiles, l'époque hellénistique et romaine a connu
des instruments plus perfectionnés', exécutés dans des
matières plus durables, et
dont quelques spécimens
nous sont parvenus : le
bois (syrinx d'Alésia) ^
(fig. 6703), le bronze{syrinx
duMusée d'Agen)\ l'ivoire,
matière du petit sifflet qui
tempérait la voix- ton-
nante de Caius Gracchus^.
Quand il s'agit de bois (ou
d'ivoire), l'instrumentnese
compose plus de tuyaux
taillés séparémentet assem-
blés après coup : on
l'obtient en perçant dans
une tablette compacte le
Fig. 6703. — Syiinx cnbois, dAiésia. nombre de canaux néces-
saire, puis on alèse la ta-
blette à l'épaisseur voulue, et l'on en décore la surface
de lignes et d'ornements géométriques rappelant la
gaine et les sangles de la syrinx de roseaux.
Les dimensions de l'instrument sont généralement
modestes. La flûte d'Alésia ne dépasse pas 1 15 millimètres,
celle d'Agen 64-; sur bien des monuments la syrinx parait
avoir la longueur de la main (18 centimètres environ).
Cependant on en voit de plus grandes et qui atteignent
•40 centimètres *. Mais on hésitera à donner le nom de
syringes aux deux instruments en bronze découverts à
Pompéi en 1876 et en 1899 et que conserve le Musée de
Naples^: ni leurs dimensions (environ 50 centimètres
sur 40), ni leur structure ne paraissent justifier cette déno-
mination. Les tuyaux — 9 dans un cas, 11 dans l'autre —
de longueur décroissante, émergent d'une haute boite
rectangulaire en bronze dont ils laissent libre près de
la moitié. La surface de la gaine est décorée de trois
1 a Garrucci, Mus. Lat. pi. sxix iBeiinilorf-SclK'me n» 24); b Mon. dell
Inst. IV, 14; c Paiiolka, Mm. Blactis. pi. vi. ; d Mon. IX, 52; e FuilwSiigler-
Rcichliold, Vasenm. Il, 89 ; /■ Stepliani, Compterendit de la comm. arch. pour 18!)2,
pi. IV. Noter aussi (fig. 67u8) la gaine de la syriuï du groupe Pau-Uapliuis de N'aples
(0320, n" 255 Ruescii), décorée d'un joli bas-relief (Eros tendant une couronne à Pan ;
à dr. Priape}. Des interprètes ou des dessinateurs peu familiers avec ces transfor-
mations de la syrinx ont parfuis pris cet instrument pour un diplycjue (Gerhard,
Aput, Vasen, pi. xi, etc.). — 2 D'après Martial, XIV, G3, c'est seulement la
syrinx primitive {primuni) qui était failede roseaux et de cire. — 3 Tli. lleinacli,
Pro Alcsia, mai 1907. Trouvée eu I9ui;. — '• Th. Kcinacli, Iliid. Trouvée en 1890.
— 5 L'instrument est diversement dénommé : fiUtila eburneola (Cic. De oratore,
111. 00, T^-àfiov (Ouintil. I, 10, 27), lusî^ov (Plut. Mor. 456 A), o«,va,7..>'ov oo-a-ov
(Plut. Tib. Grac. 2). 11 n'est pas sûr qu'il s'agisse d'une syrinx polycalame. — 6 Urne
de Vollerre, supra fig. 65, etc. — ' Musée de .Naples, u»' H 1055 (découvert en 1876;
Mau, Bull, delf inst. 1877, 99; fig. 86 dans A. Rucsch, Guida illustrata, etc.,
n» 1708) ; et 125 187 (découvert en 18'.i9, Sogliano, .Vo(. scavi 1899, p. 442 et fig. 6).
Je n'ai pas |iu mesurer ces instruments placés dans une vitrine. Les dimensions mar-
quées par Mau (4.90 X 3.60) sont incomprélicnsiblcs. — »Sic déjà Abdy Williams,
Ciass. Heview, 1902, 409; Tillyard, Jour», hell. stud. 27, 168. C'est exactement
l'instrument décrit par Poilux, IV, 70, sous le nom de T'j&jr.vôî «j'aû;, àvT£iiT9«(iiAïvr,
— 1597 — SYR
petits temples. Les tuyaux, ouverts au sommet, présen-
tent en outre, près de l'embouciiurc, un trou latéral. Il
semble impossible que de pareils instruments aient été
mis en jeu par le souffle humain. Les tuyaux ont dû être
mis en vibration par en dessous, la boite formant un
sommier où pénétrait un courant d'air lancé par un
soufflet ou un appareil hydraulique : ce ne sont pas des
syringes, mais des orgues de salon' [hydraulls].
Revenons à la syrinx proprement dite. Le nombre des
tuyaux y est extrêmement variable. Le chifl"re le plus
fréquent est 7, ou 8, de même que pour les cordes de la
lyre, dont la syrinx est en quelque sorte le pendant
parmi les instruments à vent'-*. Sur quelques monuments
on compte 5 ou C tuyaux seulement'". La syrinx de
9 tuyaux est fréquente à l'époque où
la lyre atteint ce nombre de cordes ' ' .
Celles de 10 à 13 tuyaux sont rares ''^
Je n'en connais pas au-dessus de ce
chiffre : seul le Polyphème d'Ovide"
manie une flûte de Pan à 100 roseaux.
Quant aux syringes à deux rangées de
tuyaux ", ce sont, sans exception, des
restaurations modernes.
En ce qui concerne la forme exté-
rieure de la syrinx, il importe de
distinguer, avec Furtwiingler, entre
l'époque archaïque et classique (avant
Alexandre) et l'époque postérieure. /.£ .' jl
Sur les plus anciens monuments, il -..
depuis le vase François (fig. 6704) \{
jusques et y compris les belles mon- ]k
naies arcadiennes du iv= siècle '', la m^
syrinx, vue par une de ses faces, a P^, .1;^ ^
la forme d'un rectangle parfait, tantôt
'-' * , l-ig. 6.U4. — Musc
plus large que haut, tantôt à l'in- avec syrinx.
verse '", dont tous les tuyaux sont
égaux : cette disposition « hellénique » ofl're une analogie
frappante avec celle des cordes de la lyre. Pour obtenir
d'un pareil instrument une progression sonore, on ne
pouvait profiter de l'inégalité du calibre des tuyaux, dont
l'influence sur la hauteur du son est insignifiante'', ni,
comme on se l'est imaginé'*, de l'emplacement variable
d'un nœud naturel du roseau qui arrêterait la vibration.
Eu réalité, on introduisait dans le fond de chaque tuyau
r
(la correction ûSît/aô; de Saun
adn
par Bekiie
est pas
grecque : c'est avec raison r|ue Betlie l'a rejelée). — 9 Sept ; syrinx de Corydon (Virg^
Ed. II, Ï6), d'Apollon (Ovid. Met. 111, 682) ; relief Zoega, I, 14 ; syrinx d'Agen, etc.
Huit : .Naples 6800 (table de marbre), 1 1881 (peinture) ; relief de Sainte-Colombe (Es-
pérandieu.n» 384); syrinx d'Alésia, etc. — 10 Cinq tuyaux : Hermès archa'ique au Musée
de l'Acropole (Lechat, Au Musée de l'Acropole, p. Il 1); sarcophage 421 du Lalran
(4 tuyaux seulement d'après Garrncci pl.i) suivant Benndorf-Schëne ; sarcophage
du in« siècle ap. J.-C. au Musécdejaormine. Six tuyaux (?) : Millingen, Vases Cogitill,
pi. xc.vi [Elile, 1, pi. xxvi). — 11 Theocr. VlU, 19. Naples 0329 (statue). Monnaies
arcadiennes du iv« siècle. — 12 10 lujaui : coupe en verre de couleur (Naples:.
il tuyaux : une des syringes de la coupe dos Ptoléraées à la Bib. Nat. (Baumeisler,
lig. 478) ; Naples, 6022 ; Mon. 111, 5 (Naples). 12 tuyaux : peinture d'ilcrculanum,
Héraclès et Téléphe, Helbig 1143, llerrmann-Bruckmami, pi. lxx.s; cralére de
Naples, Cat. p. 91. 13 tuyaux : autre syrinx de la coupe des Ptolém.'es. — " Ovid.
Met. XUI, 78*. -l'> P. ex. Amelung, Mus. CInaramonti, 5S8. - 1^ Exemples.
1» Vases. Calliope (noire lig. 6704) du vase François, Mon. IV, 54 = Furtwhnglcr
Reichhold, 1, pi. i : Dr. Mus. Cat.Wl pi. ix (liydriede Cyrène, Og. rouges) .Arch. Zeil.
1883, pi. VI (vase apulien vers 380) ; Vasede Canossa, funérailles de Patrocle (Naples
3254. .1/ on. IX, 32= FurtwSngler Reicbhold, II, pi. lxxxix). 2» Marbres. Vase delà
villa Borghése (Annali, 1865, lav. d'agg. L, 1) ; groupede l'an tt Daphnisaux tlflices
(Clarac, Mus. deSculpl. 726 B, ce qui semblerait indiquer une époque préalexandrine
pour l'original) ; relief Nani (Cal. Berlin, n" 709) ; 3« Miroirs, i/o». X, lav. d'agg. M
(lierlin) ; Gerhard. Etr. Spiegel, 150. 4" Monnaies. Monnaies de la ligue arcadieiine
depuis 380 (British Mus. Cat. Peloponnesus, pi. xxiii, 10 sq.) ; Syracuse, bronze (ib.
xxxn, 1 7, mal classée) ; monnaies de la ligue acliéeiiuc frappées à Mégalopolis (ib. 11,
8) ; monnaie de Messana, fin du V siècle, Percy-Gardncr. Types, II, 42 = Ilill, Coins
of'sicily, VUI, 13.-16 p. ex. sur le lampadaire de Cortone, i/on. III, 42 [j uceiixa,
fig. 4602]. — 17 Les tmaux plus élroits donueut, à dimensions égales, des sons plus
<^aves. Plut. Mor. 1095; Gevaert, Prob. d'Arislole, p, 123; Nicom. Enchir. 10
Tp 253 Jan) ne s'explique pasclairement. - liTillyard.yown.Ae;.'. «(ud.XlCVII, 156.
SVR
lo!)S —
SV1{
un l)Ouolion de firc qui limilail la liaulcur de la colonne
dair vihranle el l'on réglait l'épaisseur de ce bouchon
de lUiUiière à obtenir l'intonation voulue. Les « accor-
deurs de syringes » savaient que le bouchon de la nète
devait monter jusqu'à moitié du tuyau, celui de la quinte
au tiers, tandis que celui de Ihypate, se réduisante une
mince plaquette de cire, fermait tout juste roritice infé-
rieur'.
Au contraire, à l'époque hellénistique et romaine, la
syrinx présente, en général, iadisposilion décrite par l*ol-
lux, comparée par les grammairiens et les poètes '^ à
une aile d'oiseau : les tuyaux res-
tant alignés par leurs bords supé-
rieurs, les bords inférieurs sont
successivement en retrait \ des-
sinant un escalier (fig. 6703) qui
descend de la nète à l'hypate '.
Ce dispositif, qui rappelle celui
des instruments à cordes d'iné-
gale longueurde type asiatique %
(trigone, magadis, etc.), a proba-
blement été adopté pour alléger
„. .... , , , des instruments dont les dimen-
Fig.o.Oa. ~.\uIoselsynnx.
sions étaientdevenues plus gran-
des ou la matière plus lourde qu'à l'époque antérieure;
peut-être aussi s'était-on aperçu que les gros bouchons
de cire fondaient à la chaleur
et désaccordaient l'instrument.
Pour accorder la syrinx du nou-
veau modèle en roseau, on pro-
cédait probablement comme pour
la sjrinx rectangulaire, puis on
coupait toute la partie du tuyau
occupée par le bouchon, sauf
un mince opercule'. Quand l'ins-
Irumentélait en bois ou en métal,
la longueur des canaux à forer
était déterminée par le calcul ou
le tâtonnement ; on pouvait corri-
ger l'incertitude du résultat en
introduisant après coup dans les
tuyaux trop longs des graines ou du plomb, comme font
les joueurs de naïou roumains.
X côté de ces deux formes vraiment typiques, on peut
signaler des formes bâtardes ou irrégulières:
1° Dispositif en paliers : les extrémités inférieures des
tuyaux dessinent une succession de plans en retrait
comportant chacun un ou plusieurs tuyaux de même
longueur (type de Sainte-Colombe) (lig. 6700) ".
'2° La syrinx commence comme une aile d'oiseau et
I Arislol. Prob. XIX, 2:1: 50; Acliau. ap. f'orpli. in Plol. Hurm. p. ii:,
Wallis. — 2 l'ollux, IV, ca; 0>i.l. Mel. I, 170; VIII, loi; Tjhull. Il, 5, 31 !
Clauilian. Epilhal. Pall. 3V. I.e poiiiie aUribui! à Tliéocrite (e.o.jï^j ,<,■,:■,■,),
Anlh. Pal. XV, il, composé de 10 couplets de vers dactyliqucs de longueur
décroissanle, présente la rorinc dune syrinx en aile d'oiseau, mais lallribulion
est forl doulcuse, et l'on peut se demander si Théocrile connaît déjà ce type
de syrini : les vers VIII, 19 paraissent faire allusion ii la forme rectangulaire
"«y «4;«, Ito» àvi.9tv. — 3 Bien entendu, la dilTcreucc entre deuï giadins suc-
cessifs n'est pas conslanlc comme le prétend Achille Tatius, VIII, 0. — 4 Exemples.
Kelief d'un autel d'AUis. villa Albani (Zoëga, lia.isirtlien, I, 14; notre fig. STO.î).
Pied d'autel eu marbre, .Xaples, ÛC7i. Base de candélabre au Louvre" {su/.ra
(ig. 3Ht). l'our l'art 'gallo-romaiu : manche de patère en brome, n- 403
(Musée de Saint-Oermain, p. 319 du Cal. des bron:e.s). Pour l'art éirusquc :
brunn, ItUieei délie urne elr. I, pi. xccr, 3. 11 y a cependant, a l'époque romaine^
quelques exemple» de syringes recUngulaires (liguriaes de Pan, Babelou-Blanchel'
bronzes de la B,b. Xat. n" %\i k 415), tandis qu'on Irouverail difficilement, i!
Kip. 0706. — Sy
linit (aux tuyaux les plus longs) comme une syrinx rec-
tangulaire (type de la syrinx gallo-romaine, lig. 6907)'.
3° Rectangle terminé par une sorte
d'éperon ou de bec où viennent se
loger les extrémités des plus longs
tuyaux (type du groupe Pun-Dapli-
nis de Naples, fig. 6708) *; peut-être
cette apparence est-elle due à une
fracture et y avait-il simplement
deux paliers.
La syrinx se compose, nousl'avons
dit, de tuyaux fermés , or, l'on sait
que les tuyaux de ce genre sonnent
l'octave aiguë du tuyau ouvert de
même longueur. ^Néanmoins, la
syrinx avait, en général, une tes-
siture fort élevée, en raison de la
petitesse de l'instrument '% ainsi
qu'un timbre perçant*'. La hauteur '-i^. «'"■• - Syinx
absolue de chaque son est donnée g^Uo romame.
par la formule : h = . —
4 /
où n représente le nombre de vibrations complètes à
la seconde, v la
vilessse du son
(environ 340 mè-
tres à la seconde),
l la longueur du
tuyau. Pour la sy-
rinx d'Alésia, dont
les tuyaux onl de
17 à 3i millimè-
tres, on obtient
ainsi approximati-
vement la gamme mi bémol '" à mi bémol ', placée
immédiatement au-dessus de la
limite supérieure d'une voix de
soprano. Nos flûtes de chevrier ont
à peu près le même diapason. Les
petites syringes de 7 ou 8 tuyaux
embrassent l'étendue d'une octave,
el les intervalles en sont probable-
ment ceuxde la gamme diatonique,
selon le mode du pays. Quant aux
syringes de plus de 8 tuyaux, on
s'est demandé si les notes supplé-
mentaires servaient à insérer des
intervalles chromatiques ou à
étendre l'amplitude de la mélodie;
l'analogie delà lyre nous incline vers la seconde opinion.
Syrinx d u
u et Uaphi
Fig. 6709. — Syrinx d'un
groupe de Satyre et Bacchus.
l'époqu
lile d'oi!
5 II est peut-être lui-même
d'origine asiatique, spécialement phrygienne ; le fait qu'on ait attribué l'in-
vention de la syrinx à Marsyas ou à Cybèle prouve que cet instrument était
indigène en Plirygic, mais je ne connais pas de monument préalexandrin qui re-
présente la forme d'une syrinx phrygienne. — 6 Gevaert, Proh. dWristote, p. 121.
— 'I Naples, >i800 {table en marbre, 8 tuyaux en deux paliers) ; 1 1 S8I (peinture;.
Statue de Saiule-Colombe au Musée de Vienne (Espérandieu, Bns-relie/s de la
Oaiile, n' 3S4, notre fig. CTOli;. — » Figurines en argile blanche, Mus. de Saiul-Ger-
main.n" 6663, 6CS+ (noiro fig. 6707), Ï3 183 ; syrinx d'Alésia; Satyre et Bacchus,
marbre, Naples n» 0 0i2 (Mus. Borbonico, H, pi. xxv, notre fig. 6709). très bien
décrite par Barthobnus. — «Groupe n° 6 329 (S. Reinach, Bip. Il, 70, 3 ; Kuesch,
n" 255) ; le dessin donné dans la plupart des ouvrages est inexact; xoyezia pbot.
brogi 5166, que reproduit la fig. 6708 — '0 Aristot. Prob. XIX, 1 4 (qui compare la
syrinx au phœnikion); Prob. iiied. Par 91 Ip. 1 1 1 Jan). Dans le fr. d'.irchytas, Diels,
Vorsokraliktr, p. 271 (Porph. In Ptol. harm. p. 237 W.), fajiav {conjecture vrai-
semblable de Mullach) n'a (lu'un sens relatif. — " Ion, fr. 45, aS^t-fl 'iSaTo; iXlit-nto.
SVR
— \;m —
SVH
On jouait de l'instrument assis ou debout, en le tenant
verticalement ou obliquement' des deux mains, appli-
qué contre la lèvre inférieure. Sur plusieurs monuments
on voit les tuyaux les plus longs (c'est-à-dire donnant les
sons les plus graves] à la droite de l'exécutant-, contrai-
rement à l'usage moderne qui, dans les orgues et instru-
ments semblables, veut que les sons graves soient tou-
jours à gauche. La face interne était parfois légèrement
concave, pour s'adapter à la forme de la lèvre'. Le jeu
de la syrinx consistait surtout en gammes ascendantes
ou descendantes, sortes d'arpèges, obtenus en promenant
la bouche d'un mouvement rapide successivement sur
toutes les embouchures '. .Mais des artistes habiles
savaient aussi sauter d'un trou à un autre, assez éloigné
du premier, et exécuter ainsi des dessins mélodiques plus
variés", .\ristote parle de «Fart des syringes «qu'il place
d'ailleurs après le jeu de la cithare et de Taulos*^. Dans
un autre texte", il signale l'impression de solitude
(èsTiaia) que produisait le chant de la syrinx, et qu'il
attribue à son acuité : n'est-ce pas plutôt le résultat
d'une involontaire association d'idées "? En tout cas,
tenons pour certain que de chaque tuyau l'exécutant ne
lirait qu'un son unique, le son premier et fondamen-
tal, car les tuyaux bouchés ne font pas entendre d'Jiar-
moniques *. Rien ne prouve non plus que les Grecs
aient su, comme les Roumains actuels, abaisser d'un
quart de ton ou d'un demi-ton tous les sons en cou-
vrant l'orifice davantage et en relevant le plan de
rinstrumenf.
D'origine rustique, d'emploi pastoral et cela dès
les temps homériques'", la syrinx a conservé pendant
toute l'antiquité ce caractère " : elle charme les loisirs
des bergers, réveille ou endort les troupeaux, hypnotise
dit-on, les cerfs eux-mêmes '-. Si le Socrate de Platon,
qui proscrit de sa république tous les instruments à
vent, fait exception en faveur de la syrinx, c'est pour
les bergers seulement '^ Toutefois, en dehors de
cette sphère traditionnelle, la syrinx trouve quelques
applications : elle règle des danses populaires ", figure
dans certaines processions très anciennes '', s'intro-
duit dans des pompes dionysiaques '", tient même
sa place dans certains festins ' \ Nous venons de voir
I Mais jamais IjorizoïUalcini-ut comme le croil Cevaerl, Pio'j. U'Arisl.
t±i. — '- Voir nolammenL les ligunues citées du Musée (1*: Saial Germain,
p. Ib'JS, noie 8. — 3 niai /lUo; iii.Td-.. TheOCr. I, liT. — 4 llaji-t.v is:' «Ot^;
To irriiu. »at T«j»5£çi.y, Poll. IV, C9. — 5 Ach. Tat. VIII, 6 i.iT«=«*î a./.oï'
ÎTï* àV;.ov 0Z9Î -ot' à. avTov ^ Tov xoo'j^a-o; ij;i'.v'a la mélopée du morceau)
.•'.ï.. Claudian. Epilhal. Pall. U. — 6 Poet. 1, 3. — ■; Prob. ineJ. ['aris. 91
(p. 111 jan). — 1* Gevaert, loc. cit. p. 121. C'est encore un trait commun avec la
lyre. Dans la syrinx d'Agcn (comme dans les >• syringes » de Pompéi] certains
tuyaux présentent cependant uu trou latéral ou même deux. — 9 .Mahillon, Catal.
Conjero. UraxelUs, \t. *T ; Gevae.-t, p. lil. Un texte de Plut. Mor. 1096 ;. semble-
rait dire qu'en ri-levant l.i syrinx on haussait le son, mais ce texte ne concerne (as
(comme je l'ai cru jadis a^ec Gevaert) la flûte de Pan 'tibia'. — '"^ Iliad. XVIII,
525. — Il Apoll. liliod. 1,577; DionyS. Perieg. 961); Tlieocr. Virg. Longus.
passim. — 12 Plut. Mor. 691 E; 713 B. — 13 Jlesp. 111, 399, C-D. — Il Hesiod.
.Sent. 278. — r. Celle des .. HypcrI.oircns - a Délos. Plut. D". .»/./s. c. 14.
— <6 Diod. XVII, 70 (Alexandre à Perscpolis). — '^ Urne de Volterre, supra
lîg. 65. — >8 Mais raut-il, avec Jan, compter dans le nombre Mimnernie à cause du
fr. d'Hermesiaoax (Atb. XIII, 71] ::«'a'av S 'j-zt s-.VAâv. V.miù;? >.u-o; en parlant de la
syrinx serait insolite. — I' Pàus. VIII, 3), 3; .InM. Val. IX, 341 ; .Nonnus, 27,
2il4, etc. Les bergers consacrent des syringes à Pan, cf. Longus, IV, 26. — 20 Cf.
WernicU, art. Pan dans Roscber, Li-xik. p. Ii02 sq. Huprà, fig. 5188, 5492,
5494, clc. — 21 Pans. Vl:l, 30, r.. — 22 Virg. Ed. VIII, 21 ; Plin. VII, ïnsi; Horat.
Carm. 1, 17, 10 (Fauous = Pan). — 23 Marsyas d'apri-s Métrodore de Chios (Fr. h. gr.
III, 205). Silène d'après Eupborion ifr. 33), Marsyas n'ayant invente que de lier les
tuyaux avec de la cire flcxlcs conservés par Athénée. IV, 1S4 A). Il est faux,
comme on l'a prétendu 'Jessen, art. Mars'jus, Roscber, 2410), que Platon {/iesp.
III, 399 E) attribue l'invention de la syrinx à Marsyas. — ■:!* Ilom. f/ijmn. in
qu'elle a eu ses virtuoses, qui n'étaient pas tous des
bergers ".
Dans la Grèce d'Europe, le pays par excellence des
bergers est r.\rcadie : aussi est-ce de ce canton qu'on
disait la syrinx originaire, et elle figure comme emblème
national sur les monnaies frappées dans l'Arcadie à la
plus glorieuse époque de son histoire. Le grand dieu arca-
dien Pan est le cuptxTYjç par excellence ". Il n'est presque
jamais représenté sans cet accessoire -";on croit l'en-
tendre en jouer dans la grotte de r.\cropole, sur le
Ménale -' ; on lui en attribue l'invention '''. quoique
d'autres récits en fassent honneur à Silène ou à Mar-
syas ", ou encore à Hermès '-' ou à Cybèle '■'. Une
légende, d'origine sans doute érudite, fait de Syrinx une
nymphe, fille du lleuve arcadien Ladon : poursuivie.'par
le dieu Pan, elle échappe à son étreinte en se muant en
roseau; le dieu se console en taillant sept liges de l'ar-
buste qu'il relie avec de la cire ; la flûte de Pan esl
créée ^°. Une monnaie en bronze de Thelpousa (.\rcadie ,
du temps de Septime Sévère, représente ce mythe gra.
cieux '■'''. D'après certaines versions, l'invention aurait eu
lieu à l'endroit dit yii'/..-.=<.7. près de Lycosoiira, où s'élevait
un sanctuaire du dieu'*.
Du dieu Pan, l'usage de In syrinx passa, dans l'art et
la poésie, aux Panisques et Panines, qui sont comme la
monnaie du grand dieu-bouc arcadien ; puis aux Satyres
et aux Silènes, purement dionysiaques à l'origine, mais
que l'époque alexandrine revêtit d'un caractère champê-
tre et bucolique -^ Daphnis, élève et amant de Pan,
symbolise le berger sicilien, aussi épris de la syrinx que
son confrère d'Arcadie'". Plusieurs autres divinités ou
demi-dieux sont représentés avec cet instrument. Nous
avons déjà mentionné Marsyas '', Hermès '-, Cybèle.
Ajoutons, sans prétendre épuiser la liste, Apollon •■%
.\ttys "'', Cadmus^', Argus '% le cyclope Polyphème '', les
Sirènes '', les Grâces ", les Amours '•".
n. .\ côté de la syrinx polycalame que nous venons
d'étudier, et qu'il faut généralement entendre lorsqu'il est
question de la syrinx tout court", on désignait égale-
ment sous le nom de syrinx (avec l'épithète distinctive
monocalame) '- ou encore de iijnx ", un flageolet com-
posé d'un seul tuyau, percé de trous latéraux, dont
Merciir. 512 (interpolation). — 21 Diod. 111, 58. Reilzenstein (Epiijr. iinJ .Sko-
lion, 244) se trompe en dc.iuisanl de Tlicocr. 1, 126, que les Siciliens revendi-
quaient l'invention pour Daphnis. — 2G Virg. £cl. Il, 31 ; Georg. III, 391 ; Ovid.
Met. I. 691 ; Martial, IX, 63 : Hygin. 274; Serv. ad. Virg. Ed. II, 31 ; X, 2(5 ; Ach.
Tat. VIII. 6 ; Longus, II. 39 ; Mylb. Vat. I, 127, etc. —27 Brit. Mus. Cal. Pelo-
pounesus, pi. xxxvii, 23 ; Imhoof, Zeilsdi. (. Xumism. I, 134. — 28 Pans. VIII, 3v,
1 1 . — 29 F urtwacngler, JJer Salyr icn Pirgamon, p. 30 s<|. Pour la syrinx associée
aux satyres cf. la lampe reproduite ci-dessus (ig. 708, le lampadaire (tig. 4602),
peut-être aussi le ■ torse » du Belvédère (Schreiber, Cenlralblalt, 1895,
503). — Sf' Theocr. I, 124 ; Vlll passim. Serv. ad. Ed. V, 20, etc. .Nombreuses
répliques du groupe Pa» et Oapbnis (Wernicke, Pan dans Roscber, col. 1454-5).
— 31 .^arcophage du Louvre. sii;,r« lig. 6138. — 32 Ov. Met. I, 714 (il s'en sert
pour endormir .\rgus) ; Apo lodor. III, I 15. Cylix à fig. noires de Xénoclés (Over-
beck, Gatlerie Iwroischcr Uidic. IX, 2j ; Lcchat, Au mus. rfc i'Acrop. p III.
— 33 Ovid. Met. II, 682, — 3» La syrinx est fréquente sur les aulels consacrés à
Cybèle et à Atlys ou à .\ltys seul. Cf. Dessau, Inscr. sel. H I 4, U43, 4145 (Paris),
4152-3, 4162(Latran),elc. — 35,\onn, 1,413. — 36 Gerhard. Ai/« /Jildw. ll^>: 'Elite
céram. I, 25). — 3^ Ov. Met. XIII, 784. — 38 Bruun. Irneetrusdie, pi. xcsq. ; Pcrrol,
H. de /'Aî-^, IILCUO, fig, 410 (Louvre, Chypre vi- siècle : lasirènecst mâle et barbue,
l'instrument carré), — 39 PUit, De mus. c, 14 (slaliie primitive d'Apollon à Dêlos),
— MMonum. X, lAV. d'agg. M.; Hermann-Bruckmaim, pi. i.xxix, .Mais il n'est pas
exact que sur l'hydric de Berlin représentant le ii.ythe d'Io {Cal. BeHin, 3l6i;
Lenormant elJ.de Wilte, Elite, l.pl. xxv : Overl.eck, Allas :ur Kimstmyth, VII, 8)
Pan olfre la syrinx a Eros. —41 Mais non toujours, p. ex, Aristot, Prob. XIX, 23,
où le mot est successivement pris, sans prévenir, dans les deux sens, — 42 Eupborion,
fr,33(AtUen. IV, 184 A), — »3 Etym, Magn, 4)'0. I : 'ii-ivaiii ». i?»;; ,Op,j- >io,.,,i-
\a.^t^\ Bckker, Aneed. I, 205 ;:uv; ^^^t^; {to>ox«Xfi[t4; xaîôovEoy, Cet oiseau Cut d'abord
SYR
1600 —
SYS
l'exécutant débouchait lanlol l'un, tantôt l'autre de ma-
nière à obtenir un son plus ou moins aigu. Cet instru-
ment qui, d'après certain textes, sérail plus ancien que
la .syrinx polycalame ', se rapproche par son aspect exté-
rieur et notamment par l'évasement de son bout infé-
ri -ur S qui parait avoir été ouvert, du monaulos et
ipcme de l'aulos double avec lequel on l'a souvent
confondu'. Il se distingue de l'aulos par l'absence d'une
embouchure spéciale' munie d'une anche battante : on
l'insuflle directement par une ouverture biseautée %
comme la lli'ite de Pan. Son étendue normale est d'une
octave', sa matière ordinaire le roseau. Il doit avoir
été en usage spécialement chez les barbares du Nord, à
en juger par la tradition qui en attribue l'invention à
deux héros maediques ■.
III. Enfin on appelailencorctfjpiY;, en raison desares-
semblance avec la syrinx (polycalame), un appareil spé-
cial, de nature obscure, adapté à l'aulos perfectionné et
dont nous parlerons à propos de cet instrument [tibi.^J.
Théodore Reixach.
SYH.MA, YRTOS (SOpaa, cuotôç)- — Longue robe
Iraiuanljusqu'à terre '.C'était le costume spécial et carac-
téristique des tragédiens - [uistrioI ; à tel point que le
mot sijrma. chez les poètes latins, désigne parfois par
métonymie la tragédie elle-même ^ Non pas que ce
vêtement ne pût être, à l'occasion, porté par les co-
médiens. Mais le grammarien latin Donat, qui le
mentionne parmi les pièces du vestiaire comique, laisse
entendre, toutefois, que l'adoption du Kijrma dans la
comédie datait d'une époque tardive, où le luxe avait
envahi la scène \ De plus, il parait y avoir été unique-
ment réservé à certains rôles exceptionnels d'essence
tragique, dieux, héros, rois, ou aux personnes en
deuil °. S'autorisant d'un témoignage, à la vérité peu
explicite, de Pollux^ M. .\lbert Millier a cru que le syrma
était un costume exclusivement féminin'. C'est là.
certainement, une erreur; les poètes latins, en efTet,
altribuenl le syrma à Bacchus et à Thyesle aussi bien
u'à .\ntigone*. Quant à la question, jadis discutée, de
savoir si le i'yrwirt était un c/iilo)i ou un manteau', cer-
taines peintures pompéiennes (fig.6710)'° permettent au-
jourd'hui de la trancher dans le premier sens. Mais les
textes eux-mêmes sont décisifs : le syrlos y est maintes
fois appelé cupToç /itojv".
Autre problème: le syriiia étail-il un c/iiton de coupe
.Chiusap. .411). IV. ISiA,
uucmmphe.GllcdePancld KchooiidcPeilho.— < Melrodo
Marsyas invente la syriux polycalame, à Cètèues, tùv t;9ote9wv l-A xaAàiiu, o-js-.^ovtuv ;
Elipliorioil, iltùt. -ir.'. tiiv tts.oxà'ikait'ïv 'Ef-^fy tjSEÏv, T!»à; S'IoioDiTv ïlEuOr.v ra\
'Puvà«>)> Tij; >lat5'.-j;. On a cm reconnaître divers « sifflets «• préhistoriques de ce
genre, en os de renne, de cerf, de cygne, ou de lièvre, tantôt perforés d'un seul trou
{Uéclielelte, Manuel. I, fig. 82) tantôt de plusieurs : Guide o/ the lirit. Mks.
Stoneage^ fig. 71 fKeni'sliole] ; Pélis. //Ut. géncrale de ta MusJque^i^iG = Maliil-
lon, op. cit. p. 43 ^Poitiers, copie à Bruiellcs . Cf. S. Keinacli, .Allueions et
cavernes, p. iiO cl i95 irintcrprélaliou de beaucoup de ces prétendus sifflets est
douteuse). — 2 P. ci. Elite, 1, pi. cm A. — 3 Suprà lig. 5*95; Roscher, col
1 168, etc. — * Cela résulte de l'anecdote de .Midas, Scliol. Pind. Pgth. XII
— 5 Exemplaire de Poitiers. — 6 Arislol. Prob. XIX, 23. — ^ Eupliorion
/. c. — K1111.101.RAPH1C. I^asp. Barlholious, De liOiis velerum (Amst. 1079),
p. 210 s(|.; (ievaert, IJixI. de lu mus. dans tantiq. Il (1881), p. 275 sq.; Furtwaen
l-lcr, Annali deW /nslitulo, 1877, p. 212 sc|.; Bliiniuer. Tedmologie, II, 395
Th. Kcinach. Pro Alesia, mai-juillet 1907; J.-W. Tillyard, /nstnimenlal music
■'. (/.« romau âge. Journ. hell. sliid. XXVIl (1907), p. 160 sq.; R. Wallaschek,
Anft'inge der Tonkunst (l'.'03), p. 99 (syrio?es des sauvages actuels).
SVnMA, SVRTOS. I 1,'idenlificatiou du »«[.. cl du „j,-.i- résulte, non seu-
lement de rélymologie («rûpw, tirer, traîner), mais encore des délinitions données par
les leiicographes. Poil. VII, 67 : »Oa(i« Ji îtt-. xça-i»Jv oifijn» i=i<rjji,.i,o« ; Suid.
8. V. ôsî^irrâSttt* '.i ■frctt'it /iT.T,vt; ôfd«cr:â{(oi, o: Si wsôj&tvot c-jf^o: ; cf. Hesych. s. V.
ist.— .*„. ; Phol. ». eod. V. : Scliol. Arislopli. I.ysist. U. — i hw. VIII, 2i9 :
Sonec. Oed., 423 ; llerc. Inr. 474. On («l'ait romonler jusqu'à Fscliylc l'iincntion ilu
spéciale, ou bien ce nom désigne-t-il simplement le
chlton talaire, porté, par exception, sans ceinture 'Celte
seconde opinion, défendue par Becker'% parait peu sou-
lenable. Le chiton talaire, sans ceinture, porte en grec le
nom de /itÙjv ôp9ûC7Ti3io;; or, comme Vorllwstadios et le
syrtos sont, dans
plusieurs textes ,
opposés l'un à
l'autre '\ il faut
bien que ce dernier
ait été autre chose.
En réalité, le syrma
ou syiHos était une
tunique d'apparat,
plus longue par der-
rière que la per-
sonne qui la por-
tait, cequ'on appelle
clieznous une « robe
à queue». Le terme
syr/;ia,pris dans un
sens plus étroit,
semble avoir été
aussi le nom de
cette queue ou traîne". La longue robe traînante, en
grandissant la taille des acteurs, leur prêtait plus de
majesté : c'est pourquoi elle avait été adoptée pour les
héros de tragédie. Elle était généralement de couleur
pourpre, symbole de la puissance souveraine '^ Chezles
personnes en deuil, le syrma avait toutefois une autre
signification"' : il était le signe de la mise négligée qui,
dans les idées des anciens, convenait à la douleur (syr-
mala in lurtuosis personis incuriam sui per negligen-
tiam sigiii/icanti '\ En ce cas, la couleur n'était plus
pourpre, mais noire". 0. Navarre.
SYRMAIA ii:upu.ai'ï). — D'après Hésychius', c'était, à
Lacédémone, le nom d'une lutte [îifw-j) dont le prix était
une espèce de brouet portant le même nom, fait de
graisse et de miel. E. S.
SVSSITI.A (Sjttltiï). Repas en commun. — 2j(r7iTia
àv5ç£!0(, oiSiTix sont les noms donnés particulièrement à
Sparte et en Crète aux repas que les citoyens étaient
tenus de prendre ensemble. L'origine et la persistante
coutume de ces repas dans le monde grec ont été expli-
quées ailleurs [epula]. En Crète, où tous les hommes
Fig. 0710. — Acteur \i\a du si/r
sijnna, Cramer, Anecd. Par., I,p. 19; Porphyi
XII, 95; IV, 49, 8; Juv. XV, 30. — 4 Don:
dicta sunt ab eo quod traliuiitur, quae res a
— S Ibid. — 6 Pollux semble bien, en deux
syrma au sexe féminin : -vuvatcc'a; Si ((Pfiui;;)
. ad Hor. Art poeL.i'S.— SJIart.
t. De corn, et trag.; « syrmala
I sceuica luvuria inslituta est ».
passages, attribuer en propre le
•jfTi.; -«f=uoovs ;IV, lis); Ti;; S'i.
oai«=oj« 0 iiîv »jjT>,; i«iAit; [ibid.). Mais, d'autre part, la délinition générale, don-
née VIL ^7 (voy. plus haut n. 1), ne comporte aucune distinction de sexe.
— 1 Lehrb. der griech. Bùhnenalterih., p. 232, n. 2. — 8 Sen. Oed. 423 : • et
sinus laxi fluidumf|ue syrma u ; Juvcn. VIII, 229 : >< longum lu pone Thyestae syrma
vel Anligones ». — SBoclliger {Kl. Schrift. 1, p. 40>, 32, 33) el Schneider {Alt.
Theat. p. 160) prenaient le syrma pour un manteau. Cf. Dierks, Oe tragic. tiis-
trion. habitu scaenico ap. Graecos, p. 37, n. 4. — lo Monum. deti' Inst. XI,
pi. 30, 31, 32, fig. 3, 6, 11, 15, 17. Cf. Wicseler, Denkm. des Bùhnenwes. VIII,
12; XI, 5 et p. 51, 86. — n Suid., Hesych., Phot.. Scol. .Arisloph. L. l. noir
n. I). — 12 Charikles, H, p. îi». — 13 Voir note 1. Poil. VII, 48 ; j«i. JjtoTriS.o;
0 où ^uvvù-^Evo;; Sommerbrodt, Scaenica, p. 189, n. I. — •* Hesych. a. v. wuj*-
^.TO.V r.So,.. v„,...,.To. ^o5i;oe; où. i,... «Jj^L.. PoU. VII, 54. - "3 Poil.
IV, 118 (voir n. 6). — '« Ibid. — n Donat, L. l. 11 est possible, cependant,
que dans ce cas on Jono;it, par abus, le nom de syrma à la tunique talaire,
portée sans ceinture. — '* Poil. L. l. — On trouvera la bibliographie du
sujet dans Alb. Mûller, Lehrbucli. der griech. Bùhnenaltertbumer, p. 232,
n. 2.
SYRMAIA. 1 Hes. s. V. Le même nom est donné par les auteurs médicaux à
diverses boissons pi'rsjalives. V. H. Eslienne, Thésaurus, s. r.
SYS
— 1601 —
SYS
étaient formés, jeunes garçons dans les agelai, adultes
dans les hétairies [uetairia, hetairos^ qui en étaient la
prolongation, à la discipline militaire ; à Lacédémone.
où cette discipline réglait, dès l'enfance, toutes les actions
comme dans un camp, les compagnons de table étaient
réellement des compagnons de tente (>;j(rxY,vo'.) '.
Lessyssities étaient le repas des hommes (àvôpeîa) ; les
femmes n'y prenaient pas part-. A Sparte, les citoyens
se rassemblaient chaque soir \ dans l'ivoocïov ou otôi-
Ticv*, par tables de quinze plus ou moins, que présidait
un àp/u)>''. S'il s'y faisait un vide, on volait pour rem-
placer le manquant; le vole devait être unanime ^ On
mangeait assis'. Personne ne pouvait manquer à la
réunion, ceux-là seuls étaient excusés que retenait le
soin d'un sacrifice domestique ou qui n'étaient pas, à la
tin de la journée, revenus de la chasse*. Les rois de
Sparte, s'il est vrai qu'ils furent un temps dispensés de
venir au ocoixiov, y furent ramenés par les éphores". Ils
y avaient pour commensaux ceux qu i les accompagnaient
ordinairement à la guerre'" L'ne double portion leur
était servie, et l'Étal en faisait les frais"; les autres
hommes avaient à fournir chaque mois un médimne el
demi d'orge, onze à douze choés de vin, une certaine
quantité de fromage et de figues et un peu d'argent,
environ dix oboles d'Égine ''^. Le fameux brouet noir "
(uLÉXaç Ç(ou.ô;), fait de sang et de viande de porc (aifjiiTia,
8âi.a) accommodés au sel et au vinaigre, était le plat
obligatoire et de fondation : chacun en recevait sa part
exactement mesurée ; après quoi il était permis '* de
goûter d'autres mets, (â-iuXa), que l'on faisait quel-
quefois venir de chez soi ; on se faisait volontiers hon-
neur des produits de son champ, de sa chasse ou de
son troupeau '". Avec le déclin des mœurs le frugal
repas primitif se changea en un festin luxueux "'.
.\ Sparte il fallait être en état de soutenir toutes les
charges de la syssitie pour garder sa place parmi ceux
qu'on appelait les Égaux ('Oacot)''. Les cités en Crète
y pour «oyaient Chaque citoyen versait à son hétairie
le dixième de ce qu'il pouvait récolter '*, lui ou ses
tenanciers, et un statère d'Égine par tête pour tout
homme à son service '^ La masse ainsi formée était
partagée en deux moitiés, dont l'une était réservée
pour la syssitie, et de cette manière servait à l'en-
SVSSITIA. — I Xcnoph. Jicsp. Lac. V. S ; VII, 4 ; IX, 4 ; XV, I ; Plat. Lerj., II.
p. 666; Isocr. Arched., 81; Uioll. Hal. II, 23.— 2 l'Iul. Lyeurrj. 13 cl i5 ; Apojih.
lac, p. 2il. — 3 i^es \ieillards liaient reconduils clicz eux avec des flambeaux,
Xen. 0. c, 73; Plut. iyc. 12. — * El plus lard o.S t« ou sE:5ma, Arislot. /'ol.,
II, 20. Sur ces noms, v. (iotlIiaT ad Arist., Oecon. p. 190 ; 0. Miillei-, Dorinr,
11,278; Scliûmann, Gr. Altertiiùmer, 3« éd. I, p. 280; Bielschowsky, O^. Spart.
Syitit, p. 12. — 5 IMul. L.l.\ Hcracl. Pool. 3, ap. Mïïllci-, Fr. hisl. gr. 2, 212.
— c Plul. Lijc. 12; Scliol. Plat. Leg. I, p. 22.t. — '' Longtemps eucorc après qu'où
cul pris rbabilude de manger couché, Heracl. Pont. /. c. ; Atlien. IV, p. 142 u,
XII, p. .Ï12 e ; Cic. Pro Muren. 33. — 8 plut. ;. c; .Xeo. R. Lac. XV, 4 ; Hesycb
àçiS.o; t.fif,. — 9 Plul. (. c; cf. Herod. VI, 37. — 1» Xen. O. c. XIII, I.
— " Plul. l. c. ; Xen. XV, 4. — 12 Dicaearch. ap. Alhen. IV, p. 141 ; ce sont là,
il le dit, les mesures atti<|ue5 ; Plutarque, t. c. donne les mesures de Sparte.
ï. Bielcliowsky. O. !.. p. 23 sq. — 13 plul. /. c; Id. San. pracc. î ; Dicaearcb.
/. c. ; r.ic. Jusc. V. 32; Pollux, VI, 5. — H Sur le ^y.uiiii-.^.i, t|ui partageait les
viandes, r. Plul. Symp. quaest. 11. s. v., 2 ; c'était un oflicier public; de même
la cbarge de pétrir le pain, celle de taire le mélange du vin étaient ofncielles et
héréditaires. Herod. VII. 130: Wide, Lakon. huile, p. 2:«. l'Iularque nomme
tretien des familles : en effet, les femmes, les enfants,
les esclaves n'avaient pas de place au repas public; mais
les hommes qui y étaient admis avaient droit, quel que
ftit leur apport, à une part égale, el ainsi, riches ou pau-
vres, l'hétairie subvenait aux besoins de tous. '•
Il y avait en tout endroit, dit l'iiistorien crétois^", deux
maisons pour les syssilies: l'une était l'àvîpcïov, la salle
du repas des hommes, où deux tables étaient aussi dres-
sées pour les hôtes de passage^' ; l'autre où ceux-ci pou-
vaient coucher, le xo'.u.Y|T'ripiov. Les jeunes garçons n'at-
tendaient pas, comme à Lacédémone, d'avoir l'âge
d'homme pour entrer à l'à'/Spîîov ; ils s'y tenaient assis
sur des escabeaux auprès de leurs pères, on leur donnait
une demi-portion de viande et ils ne recevaient pas
autre chose; les orphelins avaient droit à une part
entière -^ Les plus jeunes faisaient le service. L'ne
femme était chargée de le diriger avec l'aide de trois ou
quatre hommes du pays, cliacun accompagné de deux
serviteurs, qu'on appelait les porteurs de bois (zaX&tpô-
poi). Elle devait choisir les meilleurs morceaux jiour Ips
présenter aux hommes qui s'étaient distingués par leur
valeur à la guerre ou par leur sagesse dans les conseils. Le
vin était mêlé, à chaque table, dans un cratère commun ;
les jeunes garçons avaient le leur, mais qui n'était pas
renouvelé, comme il l'était pour les hommes plus âgés,
s'ils le désiraient; on buvait toujours sans excès -''.
Ces repas des Cretois passaient pour être gais. On y
célébrait les exploits guerriers, on y faisait l'éloge de
ceux qui avaient mérité d'être loués ; on s'y entretenait
aussi des alTaires publiques.
Les syssilies, chez les Cretois aussi bien que chez les
Spartiates, apparaissent comme une institution militaire et
politique organisée dès la conquête ou conservée parles
émigranls doriens pour maintenir parmi les populations
qu'ils avaient désarmées le sentiment d'une supériorité
fondée sur la force elsurla richesse. Les groupes étaient
plus étroitement fermés à Lacédémone, où les membres
se recrutaient au choix et se gardaient le secret ; plus
ouverts et penchant vers la démocratie en Crète, où les
hétairies comprenant un grand nombre de personnes
devinrent plus facilement (ce fut cependant assez tard)
des assemblées populaires (Èxy.),f|aiat) -', disposées à se
révolter contre l'antique autorité des xotiaoi. E. Saglio.
aussi un V;i-.«iri;, Apoph. lac. p. 214. - 1'' .Xen., Plut., Albeo., /.. (. — '« Pli»
larch. ap. Alhen. IV, p. 142. — " Arisl. Pol. II, C, 21. — 18 V. ce que 'dit pour
Lyklos, Dosiadas ap. Alhen. IV, p. 143; Arislot. Pol. II, 7, 4; Plat. Leij. Vlll,
847 ; Ephor. ap. Strab. 480 ; cf. Jlûllcr, Dorier, II, 203 ; cf. Schfimann, Gr. Atterlh..
p. 323 ; Gilbert, Gr. Stanlsalt. Il, p. 22S. - 19 Esclaves ou ipHAMioTAi, cf. 0. Mûl-
ler, Oorier, II, p. 31; Gilbert, O. c. Il, p. 219-20; Dosiad, /. c. i«.ti/oï
*xTà Ti-.v KsiîTiiv 'iZtt: 5j'j T«?; TjffT-.TÎa (. — 20 H ne s'agil pas d'étrangers, mais de
Crétoià d'une autre ville ; cf. Corp. inscr. gr. 2534. 49 ; 2)36, 39 sq. — '2' Pyrgîon
ap. Alhen. IV, p. 143 e. Le président de la syssitie (îf^o.-,) av.nil quadruple part; Hcracl.
Pont. 3,6.— 22 Plat. .)/,„. p. 320 ; cf. Plat. Leg. 1, 367 a. — 23 Plul. (Ja. symp.
Vil, p. 332: ,3ou>.E-j:r.j.oi in^jsr.T» ««■ (7J.i?;:« 4jiiT0«>iT-.«i. — 2'> [OBF.TESSIUM HES-
pubuca;, Gilbert, 0. c. p. 226. sq. — Bnji.tocBAPHiE. Olf. Mûller, Die Dorier,
Breslau, 1824, t. II, p. 201, 273 sq. ; Hoeck, Kreta, t. III, 120, sq. Goelling.
1826; Schômann. Griech. AUerthûmer. 3' éd. Berlin, 1871, I, p. 254, 334;
Fustel de Coulanges, .Acad. des se. morales, 1879 (nov. et déce(nbre) ; Id. A^oii-
velles recherches, p. 85, sq. : Bieischiwsky, De Spartanorum syssitiis, Breslau,
1SG9; Gilbert, Uandbuch d. griech. Staatsalterlh. Leipi. 1881-1883, I, p. 70;
II, p. 222.
Vlll.
201